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Full text of "Le grand dictionnaire géographique : historique et critique"

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BOSTON     PUBLIC   LIBRARY. 


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LE     GRAND 


CTIONNAIRE 


GEOGRAPHIQUE, 

H   ISTORIQUE 

£    T 

CRITIQUE. 


P.  G.  Le  Mercier*  Imprimeur-Libraire  ,  rue  S.  Jacques. 
J.  L.  N  Y  o  n  ?  Libraire  ,  Quai  des  Auguftins. 
A.  B  o  u  d  e  t  >  Imprimeur  du  Roi ,  rue  S.  Jacques. 
C.  J.  B.  B auche  ,  Libraire ,  Quai  des  Auguftins. 
Ch.  Saillant,  Libraire  ,  rue  S.  Jean  de  Beauvais. 
P.  N.  De  Lormel,  Imprimeur-Libraire ,  rue  du  Foin. 
Chez    ï  P h.  Vincent,  Imprimeur-Libraire , rue  S.  Severin. 
P.  A.  LePrieur,  Imprimeur  du  Roi  ,  rue  S.  Jacques. 
M.Lambert,  Imprimeur-Libraire ,  rue  des  Cordeliers* 
N.  Desaint,  Libraire ,  rue  du  Foin. 
P.  E.  G.  D  u  r  A  n  d  ,  rue  S.  Jacques. 
J. Th.  Hérissant,  fils,  rue  S.  Jacques^ 
N.  A.  Del  al  ain,  me  S.Jacques. 


LE     GRAND 

DICTIONNAIRE 

GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE 

E    T 

CRITIQUE, 

Par  M.   BRUZEN   DE   LA   MARTINIERE, 

Géographe    de    Sa    Majcflé    Catholique    PHILIPPE    V. 

Roi  des  Efpagnes  ôC  des  Indes. 

Nouvelle  Édition,  corrigée  Sz  amplement  augmentée; 

TOME    Q  U  ATRIÉME. 

M-P 


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A    PARIS, 

CHEZ   LES  LIBRAIRES  ASSOCIÉS. 


M,  D-  CC   LXVIII 

AVEC  APPROBATION  ET  PRIVILEGE  DU  ROI, 


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LE    GRAND 


DICTIONNAIRE 


GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE    ET    CRITIQUE, 


« 


MAA 


MAC 


AACHA  ,  félon  D.  Calmet  dans  fort 
dictionnaire  ,  ou  Maachati  ,  ou 
Beth-Maachath  ,  petite  province 
de  S)  rie  ,  a  l'orient  Se  au  feptentrion 
des  fources  du  Jourdain  fur  le  chemin 
de  Lamas.  Abd  ou  Abclu  étoit  dans 
te  pays,  ce  qui  fait  que  cette  ville  étoit 
appellée  Abd-  Beth  ■  Mâcha.  Jofué , 
f.  13.  dit  que  les  Israélites  ne  voulurent  pas  détruire  les 
Maachatéens  ,  mais  qu'ils  les  laifferent  dans  le  pays  au 
milieu  d'eux.  On  lit  dans  le  fécond  livre  des  Rois ,  c.  10. 
qi  e  le  roi  de  Maacha  donna  du  fecours  aux  Ammonites 
centre  David  -,  Se  au  chapitre  20  du  même  livre  ,  on  y 
trouve  que  Séba  fils  de  Bochri ,  s'enferma  dans  Abela  ville 
du  pays  de  Maachati.  Le  partage  de  la  demi-tribu  de  Ma- 
11a  fie  au-delà  du  Jourdain  ,  s'érendoit  jusqu'au  pays  de 
Maacha.  Jofeph  dans  fes  antiquités  ,  /.  7.  c.  6,  en  parlant 
des  rois  avec  lesquels  les  Ammonites  fe  liguèrent ,  dit  que 
le  troifiéme  fut  le  roi  du  pays  de  M/^«ç,  par  où  il  entend 
le  roi  de  Maacha.  *  Dent.  3.  14.  &  Jofué,  11  ,  1  j. 
MAALATA.  Voyez.  Malatha. 
MAALO.  Voy.z.  Mello. 

M  AAMETER,  ville  de  Perte  qu'on  appelle  aufii  Ba- 
ïrouche.  C'eft  ainfi  qu'écrit  Tavernier  dans  fon  voyage 
de  Perte  ,  /.  3.  p.  401.  &  non  pas  Barfourche  ,  comme 
l'écrit  M.  Corneille  ,  qui  cite  néanmoins  ce  voyageur.  La 
ville  de  Maameter  eftfituéeà  77  deg.  3;  min.  de  longitude, 
&  à  36  deg.  jo  min.  de  latitude. 

M  A  ARA  DES  SIDONIENS.  Les  uns  l'entendent  d'une 
ville  ,  ainfi  que  D.  Calmet  dans  fon  dictionnaire-)  les  au- 
tres d'une  caverne  ou  d'une  prairie  dans  le  pays  des  Sido- 
riens.  Mais  il  vaut  mieux  l'entendre  avec  Junius  du  fleuve 
Magoras  ,  qui  tombe  dans  la  Méditerranée  entre  Sidon 
&  Bérythe  ,  fuivant  Pline  ,  f.  j.  c.  18.  On  peut  fort  bien 
prononcer  l'hébreu  par  Magora  au  lieu  de  Maara.  Ce 
qu'il  y  a  de  certain  ,c'elt  que  depuis  il  y  a  eu  dans  ces  quar- 
tiers une  ville  forte  nommée  Marra.  Voyez.  Casarda. 
M A AR AT ,  ville  de  la  tribu  de  Juda.  Le  livre  de  Jofué  , 
i.\K-  v,  ff>.  en  fait  mention.  Voyez.  Mareth, 
MAARSARES.  Ko^Baarsare*. 


MABAR.  D:Herbelot,  dans  fa  bibliothèque  orientale  K 
rapporte  que  c'eit  un  pays  des  Indes  fitué  au  troifiéme  cli- 
mat ,  félon  les  géographes  arabes.  Ce  mot  fignifie  en 
arabe  p.ijjuge  ,  comme  c'étoit  le  paflage  des  Indes  à  la 
Chine.  On  pourroit  fcxipçonnerque  c'eftle  Malabar  ;  mais 
les  géographes  le  placent  entre  le  huitième  Se  Je  douzième 
degré  de  latitude  feptentrionale. 

MABARTHA  ,  dont  parle  D.  Calmet  dans  fon  diction- 
naire ,  eft  le  nom  que  ceux  du  pays  donnoient  du  rems  de 
Jofeph,  dans  tes  antiquités,  /.  j;  c.  4.  à  la  ville  de  Si- 
chem ,  autrement  Neopolis ,  Neapolïs  ou  Naploufs.  Voyez. 

NEAPOLïS    Se  SlCHEM. 

MABEDIÉ  ,  ville  d'Arabie  ,  félon  l'hiftorien  de  Timur- 
Bec,  /.  j .  c.  38.  Elle  ne  doit  pas  être  loin  du  Tigre. 

MABRA  ,  félon  Corneille  dans  fon  dictionnaire  ,  lieu 
d'Afrique  au  royaume  d'Alger  dans  la  province  de  Con- 
ftantine  fur  le  golfe  de  Bonne,  au  couchant  de  la  ville  de 
ce  nom.  M.  Baudrand  cherche  en  ce  lieu  l'ancienne  Aphro- 
difium. 

MABUC,  c'eft  le  nom  fyrien.  Les  Sarazins  nommoienc 
ce  lieu  Membich.  Suivant  Métaphrafte  que  cire  Surius  dans 
la  vie  des  Saints ,  on  appelloit  ainfi  une  ville  des  Hiéra- 
politains.  *  De  imag.  D.  N.  J.  C.  Ortel.  Thcfaurui. 

1.  MAC^E,  peuples  d'Afie  dans  l'Arabie  heureute  fur  le 
golfe  Perfique.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7.  Se  Strabon  ,  /.  6. 
p.  -765.  les  placentdans  le  même  lieu.  Les  Grecs  appelloient 
ces  peuples  mô.ko.1.  Arrien  nomme  leur  pays  Maceta  Ma- 
xêT*.  Etienne  le  géographe  les  met  entre  la  Carmanie  Se 
l'Arabie.  *  Ortel.  Thefaurus. 

1.  MAG£&Maces  .peuples d'Afrique  au  voifinagede 
la  Cyrénaïque.  Hérodote  ,  La,-  c.  ij$.  dit  que  le  Cinyps" 
traverfoit  leur  pays  Se  s'y  déchargeoit  dans  la  mer.  Pline , 
/.  5.  c.  ;.  les  place  après  les  Nafamons  &  les  Asbyftes  Pto- 
lomée  ,  /.  4.  c.  3.  qui  les, appelle  Ua.na.iot  Iv^'n-cti ,  Macœi 
Syrtitx ,  les  met  au  deiTous  des  NycpiiSe  des  EUoni.  Voyez. 
Maget^e.      e. 

MACALLA  ou  Macella  ,  ville  d'Italie.  Arifiote  ,  lihi 

de  audit,  mirabilib.  dit  quelle  étoit  éloignée  de  Crorone 

de  120  fiades.  Lycophron.en  faifant  mention  de  cette 

ville ,  te  contente  de  la  nommer.  Tzetzes  ajoute  qu'on  y 

Tome  IV,  Partie  l  A 


MAC 


MAC 


voyoit  un  tertre  &  un  temple  dédié  à  Philoélete.  Ceft  la 
même  ville  qu'Etienne  appelk  Macç Ha.  Voyez.  Macella. 
*Oue\.Tht:jaurus. 

MAC  AN  ,  ville  de  CorafTane.  On  ht  dans  1  hiftoire  de 
Timur  Bec ,  /.  3.  c.  1  8.  qu'elle  eft  fituée  à  95  deg.  30  min. 
de  longitude  ,  8c  à  37  deg.  35  »lin-  de  latitude. 

MACANIT,£,  peuples  de  la  Mauritanie  Tingitane, 
Ptolomée,  /.  4.  c.  1. place  les  u**mÏt*i,  Macanïu,  fous 
\tsBaeuau.\)\on,h'Jf-R»m-  l-  75 -V-  8/<*-  nomme  ces 
peuples  Maceiwitœ  8c  leur  pays  Macennhïde.  Il  dit  que  les 
Macénniu  habitoient  aupiès  de  la  Mauritanie  inférieure  , 
8c  que  le  «ont  Atlas  étoit  dans  le  pays  Macennian,  Les 
Bacuetes  &  les  Macénites,  peuples  baibares  ,dit  Antonin , 
itiner.  demeuroient  fur  le  bord  de  la  mer  dans  la  Mauri- 
tanie Tingitane. 

1,  MACAO.  Ce  mot  fignifie  un  port  en  langue  chi- 
noife. 
2.M  AC  AO,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Quang- 
tung  au  département  de  Quangcheu  première  métropole 
de  la  province.  Elle  elt  de  3.  deg.  10.  min.  plus  occidentale 
quePéking  par  les  22.  deg.  19  min.  de  lar.  Elle  eu  bâtie 
dans  une  petite  pénimule  ou  plutôt  fur  la  pointe  d'une  ifle 
nommée  Hoeicheu.  Sa  figure  eft  à  peu  près  comme  celle 
d'un  bras.  Elle  eft  baignée  par  la  mer  ,  fi  ce  n'elt  du  côté  ou. 
elle  tient  au  relie  de  lifte  ,  par  une  gorge  fort  étroite  où 
l'on  a  bâti  une  muraille  de  feparation* 

Selon  les  letrres  edif.  1. 1.  p.  93.  la  ville  de  Macao  peut 
être  regardée  comme  une  place  forte.  Ses  murailles  font 
bonnes  j  fon  terrem  elt  fort  avantageux.  Elle  elt  fournie 
de  qi  antiré  de  canons ,  mais  la  garniibn  eft  mal  entretenue. 
Les  maifons  font  bâties  a  1  Européenne,  quoiqu'un  peu 
baffes.  Gemelli  Careri  prétend  que.  les  églifes ,  par  rapport 
au  pays  ,  peuvent  palier  pour  très-belles,  fur-tout  celle 
des  Jéfuires.  Elle  a  un  portail  magnifique  ,  orné  de  belles 
colomnes.  On  conferve  dans  cette  égfife  une  relique  de 
S.  François  Xaviei.  Ceft  l'os  du  bras  droit  depuis  l'épaule 
jusqu'au  coude.  Les  églifes  de  S.  Auguftin  ,  de  S.  François, 
de  S.  Laurent  &  de  la  Mifericorde  font  bâties  régulière- 
ment cV  alïez  proprement  ornées. 

Toutes  les  rues  de  la  ville  font  pavées ,  la  pierre  ne  man- 
que pas  a  Macao  On  y  compte  un  peu  plus  de  cinq  mille 
Portugais  8c  plus  de  quinze  mille  Chinois.  Il  y  a  près  d'un 
ficelé  &demi  que  les  Portugais  jetterent  les  fondemensde 
cette  ville  Gemelli  Careri  dit  que  lorsqu'ils  alloient  de 
Malacca  trafiquer  à  la  Chine  ,  leurs  vaiflèaux  furpris  de 
la  rempê:e,  périfibient  fouvent  faute  d'un  bon  port  dans 
les  ifles  qui  font  aux  environs  de  Macao.  Ils  demandèrent 
quelque  place  de  fureté  pour  pouvoir  hiverner ,  jusqu'à  ce 
que  la  faifon  leur  permit  de  retourner  chez  eux.  Les  Chi- 
nois leur  accordèrent  leur  demande:  ils  leur  donnèrent  cet 
a  igle  de  terre  ,  plein  de  rochers ,  &  qui  n'étoit  habité  que 
par  des  voleurs  qu'il  falloir  chaffer  de  ce  pofie.  Les  Portu- 
gais en  vinrent  à  bout-,  8c,  après  avoir  gagné  les  Mandarins, 
iL. bâtirent  de  folides  maifons  &  conftruifirent  même  des 
forrs.  Il  y  en  a  un  à  l'entrée  du  port  :  on  l'appelle  le  fort 
delà  Barre,  ce  fort  a  une  muraille  qui  va  joindre  l'her- 
mitage  des  pères  Auguftins  fur  la  montagne.  Sur  cette  mê- 
me montagne  eft  un  autre  fort  plus  gtand ,  on  le  nomme 
le  fort  de  la  Montagne.  11  y  a  un  troifiéme  fort  fur  un  en- 
droit très- élevé,  on  l'appelle  le  fort  de  noflra  Senhorada 
Guia  ,  ou  Notre  Dame  de  la  conduite. 

Avant  que  cette  conceffion  eût  été  faite  aux  Portugais 
(a)  ,'û  y  avoit  dans  l'endroit  où  ils  ont  bâti  la  ville  de 
Macao,  un  temple  où  l'on  révéroit  une  idole  nommée 
Ama;  8c  comme  il  y  avoit  un  port ,  que  les  Chinois  ap- 
pellent Gao  dans  leur  langue  ,  d' Ama  8c  de  Gao  ,  on 
avoit  fait  le  nom  Amaçao  ,  quoique  dans  la  règle  on  eût  dû 
dire  Ama^ao  (  b  ).  Ferrarius  s'eft  trompé  dans  fon  diction- 
naire géographique  ,  lorsqu'il  a  dit  que  Macao  apparrenoit 
au  roi  de  Portugal ,  &  que  cette  ville  fut  affiégée'  8c  prife 
en  1668.  par  l'empereur  de  là  Chine.  11  eft  certain  que  de- 
puis fa  fondation  elle  n'a  fourlert  aucune  révolution  ,  & 
que  ce  n'eft  qu'une  colonie  de  Portugais  établis  par  une 
ancienne  conceffion  de  l'empereur  ,  à  qui  cette  nation 
paye  un  tribut  annuel ,  outre  la  douanne  des  marchandifes 
8c  le  droit  fur  les  vaiflêaux  ,  comme  les  Maures  8c  les  An- 
glois;  aucune  barque  ne  peut  entrer  ni  fortir  fans  la  per- 
miffion  des  Chinois  qui  gardent  l'entrée  du  port.  Ce  petit 
rocher  qui  n'a  pas  plus  de  trois  milles  de  tour  ,  ne  fournit 
pas  de  provisions  feulement  pour  un  jour  ;  on  y  apporte 


tout  des  habitations  des  Chinois,  qui  ont  renfermé  les 
Portugais  comme  dans  une  prifon  ,  ayant  eu  foin  de  fer- 
mer ce  petit  efpace  de  terre  qui  eft  entre  les  deux  mers  par 
une  bonne  muraille  ,  8c  une  porte  qu'ils  ouvrent  quand  il 
leur  plaît  ;  par  ce  moyen  ils  peuvent  les  affamer  auffi  fou- 
vent  qu  ils  en  ont  envie.  (  a  )  Allas  Sintnjis.  (  b  )  Gemelli 
Careri, 

Les  Chinois  ont  laifle  aux  Portugais  dans  Macao  l'admi- 
niftration  de  la  juftice,  8c  les  Chrétiens  lei.r  payent  pour 
cette  perrniflion  un  tribut  de  fix  cens  tacs  tous  les  ans: 
chaque  taes  valant  environ  fix  livres  :  outre  cela  ils  payent 
au  Mandarin,  que  Ion  nomme  Oupou,  la  taxe  des  vais- 
feaux  qui  eft  plus  ou  moins  forte  ,  félon  la  grandeur  ;  mais 
le  plus  petit  paye  mille  taes.  La  ville  élit  un  juge  pour  le 
civil  8c  le  criminel  -,  mais  il  n'a  aucun  pouvoir  fur  les  Chi- 
nois qui  y  font  établis.  Le  roi  de  Portugal  y  nomme  un 
capitaine  généial  pour  le  commandement. 

Il  y  a  à  Macao  un  eveque  qui  a  le  foin  du  fpiritue!.  Tous 
ces  officiers  8c  commandans  font  payés  par  la  ville  ,  qui 
donné  une  pièce  de  huit  par  jour  au  capitaine  gênerai,  8c 
trois  mille  tous  les  trois  ans  ;  lcvêq*.e  en  a  cinq  cem  ;  les 
capitaines  quinze ,  8c  les  folda  s  à  propor  ion  ;  cet  argent 
fe  prend  des  dix  pour  cent  qu  on  exige  de  toutes  les  mar- 
chandifesdes  Portugais,  &  des  deux  oour  cent  lur  1  argent. 
Quoique  ce  foit  le  roi  de  Portugal  qui  nomme  le  capitaine 
général,  il  ne  lui  alloue  pas  un  liai  d  d'appointement.  Ou- 
tre toutes  ces  chaires  dont  eft  accablée  cere  pauvre  viile  , 
elle  doit  encore  loger  8c  régaler  les  Mandai ins  qui  vien- 
nent de  Quangrung  ,  ce  qui  va  a  une  gia;  de  dépenfe< 

Comme  tousies  habitans  de  Macao  font  le  commerce  de 
la  mer,  c'eft  de-la  queaépend  tout  le  revenu  de  cette  ville. 
Quand  le  commerce  du  Japon  floi  iffoit ,  cecte  ville  étoit 
fi  riche  qu'elle  auroit  pu  paver  les  rues  avec  de  l'argent: 
mais  après  le  mailacte  de  tant  eie  Chrétiens,  le  ci  afic  île 
Nârîgà  Sake  fut  entièrement  interdit  aux  Portugais  fur 
peine  de  mort.  Voila  ce  qui  fit  tomber  Maeao  dans  la  pau- 
vreté où  on  la  voit  aujourd'hui  ;  il  ne  lui  relie  que  cinq 
vaifieaux  pour  trafiquer  ,  &  ils  ne  lâpportentpas  trois  cens 
pour  cent  comme  ils  faifoienr  en  revenant  du  Japon  :  mais 
un  très-petit  profit,  qui  diminuera  encore  par  l'établiue- 
ment  de  la  nouvelle  compagnie  des  Indes ,  à  eau  le  de  plu- 
sieurs ports  où  ils  ne  pourront  plus  entrer,  8c  de  certaines 
marchandifes  qu'on  leur  défendra  de  porter. 

On  trouve  encore  dans  les  lettres  édifiantes  que  lors- 
qu'on a  mouillé  au  dehors  de  Macao  ,  on  ne  voit  de  tous 
côtés  que  des  ifles  qui  font  un  grand  cercle  ;  8c  l'on  ne  dé- 
couvre que  deux  ou  trois  forterefles  fur  des  hauteurs,  8c 
quelques  maifons  qui  font  au  bout  de  la  ville.  On  diroit 
même  que  les  forts  8c  les  maifons  tiennent  à  une  terre  fore 
élevée,  qui  borne  la  vue  de  ce  côté-là.  Mais  entre  cette 
terre  qui  fait  une  ifle  afiez  grande  8c  Macao  ,  il  y  a  un  beau 
port ,  8c  la  ville  s'étend  par  dedans  le  long  du  rivage.  Il  y 
a  d'anciennes  relations  qui  la  nomment  Lampacaoi 

MACAPA  ,  fort  de  l'Amérique  méridionale  au  Brefil , 
fur  le  bord  occidental  de  la  rivière  des  Amazones  vis-à  vis 
l'ifle  de  Caviana.  Les  Portugais  à  qui  ce  fort  appartient, 
l'ont  transporté  deux  lieues  au  nord  de  l'ancien.  Le  canal 
de  la  rivière  qui  dans  cet  endroit  a  plus  de  1 2  lieues  de 
large  ,  eft  rétréci  par  de  petires  ifles  à  l'abri  desquelles  on 
navige  avec  plus  de  fureté.  De  la  dernière  de  ces  ifles  à 
Macapa  on  compte  encore  plus  de  deux  lieues.  Le  fol  de 
Macapa  eft  élevé  de  trois  toifes  au-deflùs  du  niveau  de  l'eau* 
Latitude  feptenttionale ,  3  min.*  Voyage  de  l'Amérique 
par  M.  de  la  Condamine. 

MACAR  ,  fleuve  d'Afrique  aux  environs  de  Carthage. 
Voyez  Bagrada  2. 

1.  MAC  ARA  ,  ville  de  Sicile.  Orrelius  dans  fon  thréfor , 
après  Héraclide  ,  dit  que  M^cara  fut  enfuite  nommée  Mi- 
ma. Fazel  veut  qu'anciennement  on  l'ait  appellée  Machari; 
8c  que  de  fon  tems  on  la  nommoit  vulgairement  Citta- 
della.  Cicéron  ,  contre  Verres  ,  écrit  Macbara. 

1.  MACARA  ,  ifle  de  l'Afie  Mineure  fur  la  côte  de 
Lycie ,  félon  Etienne  le  géographe. 

MACAREj'E,  ville  de  l'Arcadie.  Son  nom  grec  étoit 
Meticaptaî".  Les  Romains  ,  à  ce  que  dit  Etienne  le  géogra- 
phe ,  la  nommèrent  Beat  a.  Paufanias -, Àrcaa.  I.  S.  c.  3. 
écrit  Maxafiaç ,  8c  afllire  dans  fon  liv.  8.  chap.  16.  qu'on 
voyoit  les  ruines  de  cette  ville  à  deux  ftades  du  fleuve 
Alphée. 

MACARENA  ,  en  grec  Max*p»'»i.  Onélius ,  dans  fou 


MAC 


MAC 


rf  éfor  ,  croit  que  c'eft  une  contrée  de  l'Afie.  Etienne  le 
géographe  y  place  le  fleuve  Maxates  ,  auffi-bien  que  la  trei- 
zième Alexandrie. 

i.  MACARESE ,  nom  que  l'on  a  donné  à  un  étang  de 
l'Italie  dans  l'Etat  de  l'Eglife  ,  près  de  la  côte  de  la  mer  , 
dans  le  Patrimoine  de  faint  Pierre.  Son  nom  latin  ,  ou 
plutôt  fon  nom  italien  eft  Matarefa.  On  compte  quatre 
milles  de  Fiumïcïno  à  cet  étang  ,  &  douze  milles  de  cet 
étang  à  Palo  ;  c'eft  le  fentiment  du  perc  Labat  dans  fon 
voyage  d'Italie  ,  t.  8.  p.  72.  Il  peut  avoir  trois  milles  de 
longueur ,  &  un'mille  dans  l'endroit  le  plus  large.  Il  eft 
allez  profond  Se  fort  poiffonneux.  Vis-à-vis  de  fon  entrée  > 
ou  du  canal  par  lequel  il  communique  à  la  mer ,  il  y  a  une 
petite  ifleou  groffe  motte  de  terre  fur  laquelle  il  ferait  aifé 
de  foire  une  batterie  fermée  ,  ou  un  fortin  qui  défendroit 
aifément  l'entrée.  Cornélio  Mayer  ingénieur  Hollandois 
avoit  propofé  d'en  faire  un  port ,  dans  lequel  on  auroit  fait 
paffer  une  partie  du  Tybre  par  un  canal  qu'on  auroit  tiré 
au-deflus  ou  au  deffous  de  la  ville  de  Porto  ,  par  le  moyen 
duquel  on  auroit  ouvert  un  commerce  très-commode  en- 
tre la  ville  &  la  mer  :  outre  qu'on  auroit  de  beaucoup  di- 
minué la  force  du  Tibre  &  les  ravages  qu'il  fait  quand  il 
déborde.  Ce  projet  fut  examiné  à  bien  des  reprifes,  <Sc  à 
la  fin  on  le  jugea  Se  poffible  &  avantageux  ;  mais  en  même 
tems  on  le  trouva  d'une  trop  grande  dépenfe  pour  la 
Chambre  Apoftolique.  D'ailleurs  on  eut  peur  que  l'ou- 
verture des  terres  Se  les  évacuations  qu'il  faudrait  faire  ne 
produififTent  des  vapeurs  épaifTes  Se  infectées  qui  corrom- 
praient l'air  ,&  cauferoient  des  maladies  contagieufes,  Se 
peut  être  mortelles. 

2.  MACARESE  ,  fujvant  Corneille  dans  fon  diction- 
naire ,  eft  un  château  en  Italie  dépendant  du  Patrimoine 
de  faint  Pierre.  Il  eft  fitué  fur  un  lac  de  même  nom  entre  la 
ville  de  Porto  Se  l'embouchure  de  l'Arone. 

MACAREY,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale  nom- 
mée entre  les  Lucaies.Herrera  la  met  à  la  hauteur  de  vingt 
degrés  :  mais  on  eft  perfuadé  qu'il  fe  rrompe.  Cette  ifle 
eft  environnée  d'une  mer  fort  peu  profonde ,  Se  pleine  de 
plufieurs  bancs.  *  Laët ,  Defcription  des  Indes  occident, 
ïiv.  i.  c.  16. 

i.  MAC  ARIA,  ville  de  l'ille  de  Cypre,  félon  Prolomée, 
/.  5.  c.  14.  Il  la  place  au  nord  de  l'ille  fur  la  côte  ,  entre 
AphroAïfiumSe  Ceraunia.  Niger  ,  à  ce  que  dit  Ortelius, 
la  nomme  Jalines.  Voyez,  Cypre  I. 

2.  MACARIA  ,  fontaine  célèbre  à  Marathon ,  félon 
Paufanias ,/.  i.c.  32. 

3.  MACARIA.  Strabon  ,  /.  S.p.  361.  donne  ce  nom  à 
une  plaine  de  la  Meffénie  dans  le  Péloponnefe. 

4.  MACARIA,  ifle  du  golfe  Arabique,  félon  Ptolo- 
mée  ,  7.4.  c.  8.  qui  dit  qu'elle  fe  nommoit  auffi  Ifle  For- 
lunée. 

MACARIE.  Voyez.  Macaria. 

MACARMEDA.  Marmol ,  dans  fa  defcription  de  l'A- 
frique tt.  2.  /.  4.  c.  23.  dit  que  c'eft  une  ancienne  ville  d'A- 
frique dans  la  province  de  Fez  propre.  On  en  voit  les 
ruines  à  fept  lieues  de  Fez  du  côté  du  levant.  Elle  fut  bâtie 
par  les  Africains  de  la  tribu  de  Cinhagie  dans  une  fort  belle 
plaine  fur  le  bord  d'une  petite  rivière.  Cette  ville ,  dont 
les  murs  font  encore  debout ,  fut  détruite  dans  les  guerres 
deSayd,  &  ne  s'eft  jamais  repeuplée  depuis.  Cependant 
le  pays  eft  fort  bon  Se  abondant  en  bled  Se  en  pâturages  ; 
mais  il  eft  poffédé  par  des  Arabes  qui  n'aiment  pas  à  fe 
renfermer  dans  des  villes.  Quelques  hiftoriens  difent  que 
Macarméda  a  été  fondée  par  le  roi  Jofeph  qui  bâtit  Ma- 
roc :  mais  a  la  ftrudture  des  murs  on  voit  bien  que  c'eft  un 
ouvrage  plus  ancien  ,  Se  fait  par  les  Africains  -,  car  pres- 
que tous  les  conquérans  de  l'Afie  ont  eu  une  différente 
façon  de  bâtir.  Marmol  croit  que  c'étoit  une  ville  des  Her- 
piditam  ,  que  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  2.  place  au  pied  des  mon- 
tagnes Cnicorkbiu 

MACARON-NESOS  ,  en  grec  M*xap&>mVoç.  C'étoit 
le  nom  de  la  citadelle  de  Thébes  en  Béotie  ,  félon  Héfy- 
chius.  Hérodote  en  parle  dans  Thalie  ,  Se  Ifacius  à  Lyco- 
phton  dit  que  la  ville  de  Thébes  portoit  le  même  nom. 
Voyez.  Oasis  &  Thébes  2* 

MACARON.  Voyez  Crète. 

MACARSKA.  Baudrand  dans  fon  édition  de  170J  , 
dit  que  c'eft  une  petite  ville  de  Dalmatie  dans  la  Primorie, 
dont  elle  eft  la  principale  fur  la  côte  du  golfe  de  Venife  au 
pied  d'une  montagne  ,  entre  Spalato  Se  Narenta  près  du 


détroit  de  Mortaro ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Brazza.  Elle  a 
un  affez  bon  port ,  Se  eft  le  fiége  d'un  évêque  fuffragant  de 
l'archevêché  de  Spalato. 

MACARTA,  ville  d'Afie dans l'Osroene.  Elle  étoit  le 
fiége  d'un  évêché  fuffragant  d'Edeffe  métropole. 

MACAS.  C'étoit  autrefois  une  ville  confidérable  de 
l'Amérique  méridionale  au  Pérou ,  dans  l'audience  de 
Quito;  on  l'appelloit  Sevilla-del-Oro  :  elle  étoit  capitale 
d'un  gouvernement  au  nord  de  celui  de  Jaen.  Cen'eft  plus 
aujourd'hui  qu'un  hameau;  Le  nombre  des  naturels  du 
pays  a  été  confidérablement  diminué  par  les  travaux  des 
mines  Se  par  les  maladies  épidémiques ,  fur-tout  par  là 
petite  vérole  inconnue  parmi  eux  avant  l'arrivée  des  Euro- 
péens. *  Voyage  de  M.  de  la  Condamine  dans  l'Amérique. 

MACASSAR  ,Macaçar,  ou  Mancaçar  ,  comme 
on  le  nomme  dans  le  pays.  C'eft  un  royaume  des  Indes 
dans  la  partie  méridionale  de  la  grande  ifle  de  Célébes.  On 
écrit  encore   Macazar. 

Gervaife  ,  hiftoire  du  royaume  de  Macaffar ,  p.  1.  & 
fuiv.  dit  que  dans  fa  longueur,  qui  fe  prend  du  feptentrion 
au  midi ,  il  peut  avoir  environ  fix-vingr  lieues  ;  &  il  n'en 
a  gueres  moins  de  quatre-vingt  dans  fa  plus  grande  lar- 
geur ,  qui  eft  celle  que  l'on  donne  communément  à  cette 
ifle. 

Quoiqu'il  ait  toujours  paffé  pour  un  des  plus  puiffans 
royaumes  des  indes ,  il  n'y  a  gueres  plus  de  cent  dix  ans 
qu'il  ncs'étendoit  encore  que  depuis  le  quatrième  jusqu'au 
fixiéme  degré  de  latitude  méridionale  ;  car  les  royaumes  de 
Mandar  Se  de  Bouguis ,  qui  le  bornoient  du  côté  du  fep- 
tentrion ,  n'ont  été  unis  à  la  couronne  de  Macaffar  que 
dans  ce  tems-là.  Le  prince  qui  regnoit  alors ,  paffionné 
pour  la  gloire ,  fe  propofa ,  dès  fa  plus  tendre  jeuneffe  ,  la 
conquête  entière  de  l'ifle.  Le  fucecs  de  fes  premières  cam- 
pagnes le  flata  de  cette  efpérance  :  mais  une  mort  impré- 
vue arrêta  le  cours  de  fes  victoires.  Non  content  du  grand 
nombre  de  concubines  qu'il  avoit  ,  il  voulut  enlever  la 
femme  d'un  des  premiers  ïeigneursde  fa  cour  -,  mais  le  mari 
l'épia  un  jour  qu'il  donnoit  à  fa  maîtreffe  le  divertiflemenc 
de  la  pêche  ,  fe  jetta  fur  lui  Se  le  poignarda. 

Ce  prince  infortuné  laiffa  en  mourant  deux  fils  auffi 
braves  que  lui.  L'aîné  qui  s'appelloit  Craén  Sombanco  n'é- 
toit  encore  que  dans  fa  vingt-deuxième  année  quand  il 
monta  fur  le  thrône.  Il  fe  mit  auffi-tôt  à  la  tête  d'une  puis- 
fante  armée ,  Se  en  moins  d'un  an  acheva  la  conquête  des 
provinces  de  Mandar  &  de  Bouguis.  Il  retourna  à  Macas- 
far  chargé  de  leurs  dépouilles  ,  Se  cinq  princes  qu'il  avoic 
faits  pi  ifonniers  firent  l'ornement  de  fon  triomphe.il  pou- 
voit  en  même  tems  s'emparer  du  royaume  de  Toraya  ; 
mais  l'amour  des  plaifirs  l'emportant  chez  lui  fur  celui  de 
la  gloire  ,  il  s'abandonna  à  toutes  fortes  de  débauches. 

Les  Hollandois,à  qui  il  avoit  permis  de  s'établir  dans  Ces 
Etats ,  Se  qui  cherchoient  l'occafion  de  pouvoir  s'y  forti- 
fier ,  profitèrent  de  fa  mauvaife  conduite.  Us  engagerenc 
la  province  de  Bouguis  à  fe  révolter  ;  Se  à  la  fin  ce  mal- 
heureux prince  fut  contraint  de  s'accommoder  avec  eux  à 
des  conditions  deshonorantes.  Après  un  traité  fi  honteux 
il  ne  penfa  plus  qu'à  fe  divertir ,  Se  s'étant  épuifé  par  l'ex- 
cès d'une  vie  voluptueufe ,  il  finit  fes  jours  comme  la  plu- 
part des  rois  des  Indes  ,  qu'on  voit  aller  rarement  jusqu'à 
quarante  ou  cinquante  ans. 

Daén-Ma-allé  fon  frere,  Se  père  des  deux  jeunes  prin- 
ces Loii\s-D  aên  Ronron  Se  Louis  Dauphin  Daén  Toulôlo  , 
que  le  roi  de  France  Louis  XIV.  fit  élever  à  Paris  dans  le 
collège  des  Jéfuites,  devoit  naturellement,  Se  félon  les  loix 
de  l'Etat  fuccéder  à  la  couronne  de  Macaffar  ;  mais  il  y 
avoit  déjà  quelques  années  que  les  Hollandois  ,qui 
l'appréhendoient  ,  parce  qu'il  étoit  plus  politique  que 
fon  frere  ,  avoient  trouvé  moyen  de  le  rendre  fufpect , 
Se  de  l'éloigner  de  la  cour. 

Craén  Bifet  ,  fils  unique  de  Sombanco  ,  fe  prévalut  de 
l'abfencede  Daén-Ma-allé  ,  &fefit  proclamer  roi.  Il  ne 
fut  pas  plutôt  fur  le  thrône  qu'il  déclara  la  guerre  au  roi 
de  Toraya.  Il  remporta  une  victoire  fignalée  qui  lui  as~ 
fura  toutes  les  conquêtes  qu'avoient  fait  avant  lui  fes  an- 
cêtres ,  8c  qui  lui  donna  toute  cette  partie  de  l'ifle  de  Cé- 
lébes ,  qui  s'étend  depuis  la  ligne  équinoxiale  jusqu'au  fi- 
xiéme degré  de  latitude  méridionale. 

Comme  ce  pays  eft  au  milieu  de  la  Zone  torride,  il  y 
fait  extrêmement  chaud.  Il  ne  ferait  peut  être  pas  poffible 
d'y  vivre,  fi  ces  chaleurs  n'écoient  modérées  par  des  pluies 

Aij 


4 


MAC 


MAC 


allez  abondantes  qui  tombent  j  ou  6  jours  devant  Se  après 
les  pleines  lunes ,  &  rafraichiffent  la  terre.  Il  tombe  auffi 
de  la  pluie  pendant  les  deux  mois  que  le  foleil  y  parte  en 
parcourant  les  fignes  du  zodiaque.  Ce  mélange  de  pluies  & 
de  chaleurs ,  joint  aux  vapeurs  qu'exhalent  continuelle- 
ment les  mines  d'or  &  de  cuivre  qui  font  en  allez  grand 
nombre  dans  le  pays,  y  excite  presque  tous  les  jours  au 
coucher  du  foleil  des  tonnerres  furieux. 

L'air  feroit  fans  doute  très-mal  fain  ,  s'il  n'étoit  purifié 
par  les  vents  du  Nord  ,  qui  y  régnent  la  plus  grande  partie 
de  l'année.  Si  tôt  qu'ils  cèdent,  ce  qui  n'arrive  que  très- 
rarement  ,  tout  lé  pays  eft  affligé  de  perte  ,  de  petite  vé- 
role &  de  plusieurs  autres  maladies  contagieufes.Mais  aurti 
quand  les  vents  continuent  de  fouffler  de  même  force , 
tout  le  monde  fe  porte  bien  -,  la  plupart  des  hommes  y 
jouilTent  d'une  famé  parfaite  jusqu'à  l'âge  de  cent  ou  de 
fix-vingt  ans. 

De  toutes  les  provinces  qui  compofent  ce  royaume,  il 
n'y  en  a  point  qui  n'ait  quelque  avantage  particulier  qui  la 
rend  néceiiàire  aux  autres.  Celles  où  l'on  ne  voit  que  des 
rochers  &  des  montagnes  inaccelîibles  ,  des  plaines  inha- 
bitables ,  des  chemins  fi  difficiles  que  les  chevaux  Se  les 
éléphans  même  ont  de  la  peine  à  s'y  foutenir  ,  ne  lairtent 
pas ,  toutes  ingrates  qu'elles  paroiflent ,  de  contribuer  au- 
tant que  les  autres  à  la  richefle  du  pays;  car  dans  quel- 
ques-unes il  y  a  des  carrières  d'où  on  tire  de  très-belles 
pierres  ,  ce  qui  ne  fe  trouve  presque  en  aucun  autre  en- 
droit des  Indes,  Dans  d'autres  il  y  a  des  mines  d'or ,  de 
cuivre  Se  d'étain.  Les  mines  Se  les  rivières  de  la  province 
deTroja  fournifient  une  afiez  grande  quantité  de  poudre 
d'or. 

Les  forêts  font  remplies  d'ébéniers  ,  de  bois  de  Calam- 
bone  ,  de  calamba,  de  fandale,  &  d'autres  espèces  dont 
on  fe  fért  pour  teindre  en  verd  Se  en  écarlate.  Mais  le  bois 
le  plus  commun  ,  c'eft  celui  de  charpenre  Se  de  menuife- 
rie  -,  car  il  ne  fe  vend  pas  davanrage  que  celui  qui  s'achète 
en  France  pour  brûler.  De-là  vient  qu'on  y  bâtit  des  vais- 
feaux  à  meilleur  marché ,  qu'en  aucun  port  d'Europe.  On 
trouve  encore  dans  les  forêts  des  bambous ,  ce  font  des 
cannes  fort  droites  ,  qui  peuvent  avoir  quatre  ou  cinq  toi- 
les de  hauteur  Elles  font  fi  folides  Se  fi  dures ,  quand  elles 
font  en  maturité  ,  que  les  naturels  du  pays  en  font  des  ca- 
bannes ,  de  petits  bateaux  Se  des  flèches.  Leurs  branches 
font  armées  de  longues  épines  venimeufes  qui  en  défen- 
dent les  approches.  Lorsqu'elles  commencent  à  germer  on 
les  coupe  par  tranches ,  Se  on  s'en  fert  dans  les  meilleurs 
ragoûts. 

Il  y  a  d'autres  provinces  que  la  nature  femble  n'avoir 
fait  que  pour  le  plaifir  des  ^habifans.  Les  campagnes  font 
couvertes  de  citroniers  Se  d'orangers,  les  oifeaux  chantent 
toute  l'année  ;  il  y  a  des  fruits  murs  dans  toutes  les  faifons, 
La  campagne  Se  les  jardins  ne  font  jamais  fans  fleurs.  La 
plus  belle  de  toutes  ces  fleurs  eft  celle  qu'on  nomme  Boit- 
gna  Gêné  Maura  :  elle  a  quelque  choie  du  lis  j  mais  fon 
odeur  eft  plus  doues  Se  fe  fait  fentir  de  plus  loin.  Les  na- 
turels du  pays  en. tirent  une  eflence  admirable,  dont  ils 
fe  parfument  pendant  leur  vie  ,  Se  qui  fert  à  les  embaumer 
après  leur  mort.  Sa  tige  peut  avoir  deux  pies  :  elle  eft  pro- 
duite par  une  grofie  racine  fort  amére  ,  Se  dont  on  fe  fert 
pour  la  guérifon  de  plufieurs  maladies ,  fur-tout  des  fièvres 
pourpreufes  Se  peftilentielles. 

Parmi  les  oifeaux  qui  y  naifient ,  ou  que  la  beauté  du 
pays  y  attire  des  ifles  voifines  ,  il  y  en  a  quelques  uns  qui 
ne  fe  voient  point  en  Europe.  On  y  a  auffi  des  bœufs ,  des 
vaches ,  des  chèvres  ,  des  cerfs  ,  des  fangliers  ôc  des  liè- 
vres. Il  n'y  a  point  de  tigres  ,  de  lions,  d'éléphans,  ni  de 
rhinocéros  ;  mais  les  finges  y  font  fi  forts ,  fi  méchans  ôc 
en  fi  grande  quantité,  qu'on  en  feroit  très-incommodé  , 
fi  la  nature  n'y  avoit  fait  naître  une  espèce  de  ferpens  qui 
leur  donne  continuellement  la  chafie.  Quelques-uns  de 
ces  ferpens  font  d'une  grofieur  prodigieufe ,  de  avalent  un 
finge  tout  entier  ,  quand  ils  peuvent  l'attraper. 
.  On  a  dans  ce  pays  ,  &  en  grande  abondance  ,  les  can- 
nes de  fucre  ,  le  poivre ,  le  bétel  &  l'arek.  Ces  peuples 
ont  reconnu  fans  doute  que  leur  terre  n'etoit  pas  propre 
pour  la  noix  mufeade  ,  ni  les  autres  épiceries ,  puisqu'ils 
n'ont  point  coutume  d'en  planter  -,  mais  ils  ne  biffent  pas 
d'en  avoir  autant  qu'il  leur  en  faut  pour  leurs  befoins  ,  Se 
pour  en  vendre  même  aux  marchands  étrangers;  car,  mal- 
gré la  vigilance  des  Hollandois ,  les  Macaflarois  tirent  des 


ifles  de  Bouton  Se  d'Amboine  ,  lacharge  de  quatre  on  cinq 
grands  vaifieaux  de  toutes  fortes  d'épiceries.  Le  ris  eft  ad- 
mirable Se  beaucoup  meilleur  qu'en  aucun  autre  endroit 
des  Indes:  il  y  en  a  de  blanc  Se  de  noir.  Tous  les  fruits  y 
font  d'un  goût  plus  fin  Se  plus  exquis  que  par  tout  ailleurs. 
Les  meilleurs  de  tous  font  les  mangues,  les  oranges,  les  me- 
lons d'eau  ,  les  figues.  A  la  vérité  la  vigne  ne  profite  point 
dans  tout  le  Macaflar  ■■,  auffi  n'y  boit-on  point  de  vin.  Mais 
la  providence  a  fuppléé  à  ce  défaut  par  le  grand  nombre 
de  palmiers  qui  croiflent  dans  le  pays  :  la  liqueur  que  Ton 
tire  de  ces  arbres  eft  fans  exagération  auffi  agréable  que  les 
meilleurs  vins  de  France  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  tout-à- 
fait  fi  faine.  On  voit  de  vaftes  plaines  couvertes  de  coton- 
niers ;  Se  le  coton  que  produisent  ces  arbres  eft  un  des  plus 
fins  des  Indes ,  quoiqu'il  y  croifle  auffi  un  coton  plus  gros 
&  plus  commun. 

Tout  le  royaume  n'eft  arrofé  que  par  une  feule  rivière  , 
qui  du  feptentrion  au  midi  le  traverfe  par  le  milieu ,  depuis 
un  bout  jusqu'à  l'autre.  Son  embouchure  eft  dans  le  détroit 
de  Macaflar  >  environ  le  cinquième  degré  de  latitude  méri- 
dionale. Elle  a  dans  cet  endroit  plus  d'une  demi-lieue  de 
large  ;  plus  haut  elle  peut  avoir  trois  cens  pas  ,  &  par- tout 
ailleurs  elle  n'eft  pas  plus  large  que  la  Seine  l'eft  à  Paris. 
Elle  mouille  les  murailles  deMANCAssARA  ,  qui  eft  la  ca- 
pitale du  royaume.  Elle  fe  répand  dans  le  pays  par  une  in- 
finité de  bras ,  qui  l'enrichifient  beaucoup  ,  à  caufe  de  la 
facilité  qu'ils  donnent  au  commerce.  Entre  plufieurs  fortes 
de  poiflbns ,  il  y  a  dans  de  certains  endroits  qui  ne  font  pas 
habités  des  firénes  d'une  prodigieufe  grandeur.  Leurs  na- 
geoires de  devant ,  que  la  nature  a  taillées  en  forme  de 
mains ,  n'ont  rien  de  différent  de  celle  qui  fe  voit  à  Paris 
dans  la  bibliothèque  de  l'abbaye  de  fainte  Geneviéve.Quoi- 
que  monftrueufes  ,  elles  ne  font  pas  à  beaucoup  près  fi 
dangereufes  que  les  crocodiles ,  dont  cette  rivière  eft  par- 
tout infectée ,  principalement  quinze  ou  feize  lieues  au- 
deflus  de  fon  embouchure.  Le  lit  de  cette  rivière  eft  afiez 
profond  pour  porter  les  plus  grands  vaifieaux  ;  mais  il  eft 
fi  inégal  qu'une  barque  de  cinquante  tonneaux  ne  peut  pas 
naviger  plus  d'une  demi-lieue  fans  y  échouer.  Les  Macas- 
farois  fe  donnent  bien  de  garde  d'y  faire  entrer  leursgrands 
vaifieaux  ;  ils  ont  des  ports  fins  Se  commodes  dans  plu- 
fieurs provinces. 

Il  n'y  a  peut-être  point  de  peuples  dans  les  Indes  qui 
naiflent  avec  de  plus  grandes  dispofitions  que  les  Macafla- 
rois ,  pour  réuffir  dans  les  armes ,  les  feiences  Se  les  arts.  Ils 
comprennent  aifémentles  chofesles  plus  difficiles  :  ils  rai- 
fonnent  afiez  jufte  ,  &  n'oublient  presque  jamais  rien  de 
tout  ce  qu'ils  ont  une  fois  appris  ;  mais  ils  manquent  de 
bons  maîtres  qui  fâchent  mettre  en  œuvre  tous  ces  riches 
talens  de  la  nature. 

Les  qualités  du  corps  répondent  à  celles  de  refont:  ils 
font  grands  Se  robuftes  -,  ils  aiment  le  travail  Se  font  capa- 
bles de  réfifter  à  la  fatigue.  Leur  teint  n'eft  pas  fi  bafané 
que  celui  des  Siamois  ;  mais  ils  ont  le  nez  beaucoup  plus 
plat.  Ce  nez  qui  les  défigure  à  nos  yeux,  eft  une  beauté 
chez  eux.  Si-tôt  qu'ils  font  venus  au  monde,  on  les  couche 
nuds  fans  langes  Se  fans  maillot  dans  un  petit  panier  d'o- 
fier  :  leurs  nourrices  ont  foin  presqu'à  toutes  les  heures  du 
jour  de  leur  applatir  le  nez  ,  en  appuyant  doucement  la 
main  deffus ,  &  en  le  frotant  avec  de  l'huile  ou  de  l'eau 
tiède.  On  leur  frote  de  même  toutes  les  autres  parties  du 
corps',  dans  la  penfée  que  cela  contribue  à  les  faire  croître 
Se  à  les  rendre  plus  agiles  Se  plus  fouples.  De-là  vient  fans 
doute  qu'il  n'y  a  ni  boffus,  ni  boiteux  chez  eux,  Se  qu'ils 
ont  tous  hommes  Se  femmes  la  taille  afiez  dégagée.  On 
les  fevre  un  an  après  leur  naifiance.  On  s'imagine  qu'ils 
auroient  moins  d'efprit,  fi  on  les  laifibit  tetter  plus  long- 
tems. 

Les  enfans  de  qualité  ,  d'abord  qu'ils  ont  atteint  l'âge 
de  cinq  ou  fix  ans  ,  font  mis  en  penfion  chez  un  parent, 
ou  un  ami  de  la  famille  ,  de  peur  que  les  carefies  de  la 
mère  n'amollifient  leur  courage ,  Se  qu'une  tendrefie  réci- 
proque ne  les  retienne  à  la  maifon  ,  lorsqu'ils  font  en  âge 
d'aller  à  la  guerre.A  fept  ou  huit  ans  on  envoyé  les  garçons 
à  l'école  chez  les  Agguis ,  quiibnt  les  prêtres  du  pays.  Ces 
Agguys  donnent  leçon  deux  fois  le  jour,une  heure  le  matin 
&  ufté  heure  l'après  midi  :  ils  leur  apprennent  à  compter, 
,  à  expliquer  l'alcoran  ,  à  lire  Se  écrire.  Leurs  caractères  ap- 
prochent afiez  des  lettres  arabefques.  Deux  ans  fuffifent 
pou*  rendre  un  écolier  favant ,  parce  que  ces  Agguys  font 


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gens  extrêmement  féveres.  De  crainte  que  l'oifiveté  né 
corrompe  les  bonnes  inclinations  des  enfans ,  on  les  tient 
incelTamment  occupés.  Au  fortir  de  l'école  on  les  applique 
au  travail ,  &  il  n'y  en  a  point  qui  n'apprenne  quelque 
métier.  Us  font  des  boucliers  d'ofier ,  des  nattes  ôc  des  cor- 
beilles; &  outre  cela  ils  ont  encore  leurs  heures  réglées 
pour  apprendre  à  danfer,  pour  s'exercer  à  la  courfe  ,  ôca 
Les  enfans  du  menu  peuple  font  occupés  à  la  pêche,  à 
l'agriculture ,  à  battre  le  fer ,  à  couperdu  bois ,  aux  ouvra- 
ges de  menuifcrie  ôc  d'orfèvrerie  ,  ou  à  faire  des  tiiTus  d'or, 
de  foie  ôc  de  coton. 

L'éducation  des  filles  cft  toute  différente.  Elles  font  éle- 
vées dans  la  maifon  paternelle ,  d'où  elles  ne  fortent  pres- 
que jamais  quand  elles  font  de  qualité.  Leurs  mères  leur 
apprennent  à  lire,  à  écrire  ,  à  coudre,  à  broder,  à  filer 
de  la  foie  ôc  du  coton  ,  dont  elles  font  elles-mêmes  leurs 
habits ,  car  il  n'y  a  point  de  tailleurs  dans  le  pays  :  ce  font 
les  femmes  qui  habillent  les  hommes  ôc  qui  s'habillent  el- 
les-mêmes. Les  filles  de  baffe  naiffance  fortent  plus  fou- 
vent  ,  mais  ce  n'eft  jamais  avant  le  jour  ni  après  ie  foleil 
couché.  Les  unes  s'occupent  à  faire  de  la  toile  ôc  des  étof- 
fes de  moindre  prix  qu'elles  débitent  dans  leurs  boutiques  : 
les  autres  vont  travailler  aux  champs,  vendre  au  marché 
des  legumes ,  &c. 

Les  viandes,  dont  les  Macaffarois  ufent  le  plus  commu- 
nément font  le  bœuf,  le  cabri  &  la  poule.  Us  les  mangent 
plus  fouvent  bouillies  que  rôties,  parce  qu'ils  font  entrer 
dans  le  potage  ôc  les  étuvées  quantité  de  poivre  ôc  de  doux 
de  gérofle ,  qui  en  relèvent  le  goût  ôc  leur  rendent  l'appé- 
tit que  la  trop  grande  chaleur  leur  fait  perdre  fort  fouvent; 
mais  ils  aiment  encore  mieux  le  poiîlon  ôc  le  fruit.  Ils  ne 
font  guéres  que  deux  repas  par  jour:  entre  les  repas  ils 
mangent  du  bétel  ôc  de  l'arek  ;  ils  prennent  du  tabac  ,  & 
boivent  du  forbec.  Us  prennent  encore  du  caffé  ,  du  thé  & 
du  chocolat  qu'on  leur  apporte  des  Philippines.  Us  man- 
gent toujours  en  famille  :  ils  le  traitent  fouvent  les  uns  les 
autres ,  ôc  leurs  feftins  font  affez  réjouiffans ,  car  ils  ont 
l'imagination  fort  vive.  Us  ne  fe  fervent  ni  de  cuillers ,  ni 
?de  fourchettes  ,  ni  de  ferviettes  ,  ni  de  napes  ;  chacun 
mange  le  riz  avec  les  mains. 

S'ils  ne  font  pas  propies  à  table,  ils  le  font  dans  leurs 
habits ,  plus  qu'aucune  autre  nation  des  Indes.  Les  gens  de 
qualité  font  vêtus  d'une  longue  camifolc  ou  verte  qui  leur 
descend  presque  jusqu'au  genou.  Elle  efl  ordinairement 
d'un  brocard  d'or  ou  d'argent ,  ou  d'un  drap  de  belle  écar» 
late  que  les  Hollandois  leur  apportent  d'Europe.  Les  bou- 
tons qui  la  ferment  par  devant  font  d'orfèvrerie  ,  les  man- 
ches en  font  fort  étroites  ,  ôc  fe  boutonnent  jusqu'au  poi- 
poigner.  La  culotte  qu'ils  portent  deffous  efl  femblable  aux 
nôtres.  Leur  ceinture  efl;  d'un  brocard  d'une  couleur  dif- 
férente de  celle  de  la  camifole;  elle  efl  fort  large  ,  &  les 
deux  bouts  qu'ils  laiffent  pendre  jus^u'au-deffous  du  ge- 
nou ,  font  brodés  d'or  ou  d'argent  à  la  hauteur  d'un  pied. 
Quand  ils  vont  en  ville  ,  ils  mètrent  par  deffus  tout  cela 
une  petite  vefle  de  Mouffeline.  Leur  ci  it  efl  paffé  du  côté 
droit  dans  leur  ceinture  ;  fa  poignée  ôc  fon  foureau  font 
presque  toujours  d'or  maiïif;  Se  à  l'autre  côté  ils  portent 
dans  la  largeur  de  cette  même  ceintnre  un  petit  couteau  , 
du  tabac,  du  bétel  &  leur  bourle  ,  parce  qu'ils  n'ont  point 
de  poches.  Les  foldats  ,  quand  ils  vont  en  campagne, 
porrent  avec  le  ait  un  labre  qu'ils  paffent  auffi  du  côté 
droit  dans  leur  ceinture.  Leurs  habits  font  de  coton  ou  de 
foie ,  félon  le  plus  ou  le  moins  de  folde  ou  de  revenu 
qu'ils  peuvent  avoir. 

Le  chapeau  efl  en  horreur  chez  eux  ,  comme  chez  tous 
les  mahométans  ;  ôc  le  turban  y  efl  en  fi  grande  vénéra- 
tion ,  qu'ils  ne  s'en  fervent  par  respect  qu'aux  jours  dé 
fêtes  ôc  de  réjouiffances  publiques.  Us  portent  ordinaire- 
ment un  petit  bonnet  qui  a  la  figure  d'une  forme  de  cha- 
peau. L'étoffe  dont  il  elt  fait  efl  blanche  ôc  plus  ou  moins 
précieufe ,  félon  la  qualité  des  perfonnes  ;  il  y  a  autour  un 
petit  bord  d'or  ,  d'argent  ou  de  foie.  Leur  turban  n'eft 
point  fermé  comme  celui  des  Turcs  ;  ce  n'eft  qu'une  large 
bande  d'étoffe  ou  de  toile  qu'ils  ajuflent  autour  de  leur 
tête.  Celui  des  prêtres  ôc  des  perfonnes  avancées  en  âge 
efl  blanc  -,  les  jeunes  gens  les  portent  rouges ,  ou  verds , 
ou  rayés.  Les  prêtres  ont  de  longues  barbes;  les  autres  la 
rafent,   mais  ne  coupent  jamais  leurs  cheveux. 

C'efl  une  propreté  ôc  même  une  obligation  indispenfa- 
ble  que  d'entretenir  les  ongles  dans  une  teinture  rouge  , 


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qu'ils  commencent  de  leur  donner  dès  l'enfance ,  ôc  de  les 
couper  une  ou  deux  fois  par  femaine.  Us  font  auffi  curieux 
dépeindre  leurs  dents,  quelquefois  en  noir,  quelquefois 
en  verd  ,  ôc  le  plus  fouvent  en  rouge.  Si- tôt  qu'ils  ont  at- 
teint l'âge  d'onze  ou  douze  ans  l'opérateur  efl  appelle.  Il 
fait  coucher  l'enfant  fur  le  dos ,  lui  met  un  bâillon  de 
bois  dans  la  bouche  ;  il  fépare  avec  une  petite  lime  toutes 
les  dents  de  la  mâchoire  d'en  haut  les  unes  des  autres  ;  il 
les  rend  toutes  égales  j$c  les  polir.  Enfuite  il  frotte  les  dents 
de  l'enfant  avec  du  jus  de  citron  ,  qui  les  rend  fusceptibles 
de  la  couleur  qu'il  doit  leur  donner. 

Les  femmes  font  encore  plus  propres  que  les  hommes 
dans  leurs  habits  ,  quoiqu'elles  ne  fuient  pas  tout-à  fait  fi. 
magnifiques  :  leur  chemife  efl  faite  d'une  belle  moufleline; 
elle  leur  defeend  jusqu'au  genou  ;  les  manches  en  font  forr 
étroites  ,  mais  fi  courtes  qu'elles  ne  paffent  pas  le  coude. 
Le  col  en  efl  fi  étroit  ôc  fi  bien  arrangé  que  le  fein  ne  pa- 
roît  point.  Elles  portent  deffous  un  petit  pantalon  fait  de 
brocard  d'or  ,  d'argent  ou  de  foie  ,  félon  la  différence  des 
conditions  :  il  efl  femblable  à  celui  des  hommes  ,  fi  ce 
n'efl  qu'il  efl  plus  long  &  qu'il  paffe  autour  du  gras  de  la 
jambe.  Il  ne  fe  peur  rien-voir  de  plus  beau  que  la  broderie 
dont  les  extrémités  de  ce  Pantalon  font  enrichies.  Elles 
ont  par  deffus  un  jupon  femblable  à  celui  des  Françoifes; 
il  n'eft  que  de  roile  ou  de  quelque  étoffe  commune  ,  quand 
elles  demeurent  au  logis  ;  mais,  quand  elles  fortent  les  jours 
de  fête  ,  elles  en  prennent  un  de  mouffeline.  Elles  n'ont 
point  d'autre  coëfture  que  leurs  cheveux.  Peu  d'enu'elles 
ont  des  bagues  ou  des  pierreries  ;  il  n'y  a  guères  que  les 
hommes  qui  en  portent.  Pour  collier  elles  n'onr  qu'une 
petite  chaîne  d'or  qu'ils  leur  donnent  le  lendemain  de  leurs 
noces  ,  pour  les  faire  fou  venir  qu'elles  font  leurs  premières 
efclaves. 

Le  nombre  des  domeffiques  cft  fixé  par  la  qualité  des 
perfonnes.  Il  n'eft  pas  permis  aux  roturiers  d'en  avoir.  La 
nobleffe  efl  extrêmement  fiere.  Ce  rang  s'acquiert  de  diffé- 
rentes façons.  Celle  que  l'on  y  confidére  davantage  efl  at- 
tachée à  certaines  terres  concédées  par  les  rois,  &  qui  font 
inaliénables.  Ces  anciens  nobles  èv  leurs  descendans  s  ap- 
pellent Daéns.  Us  marchenr  immédiatement  après  les 
princes  du  fang,  ôc  leur  nombre  n'efl  pas  grand. 

Il  n'en  efl  pas  ainfides  Car  es  qui  les  fuivenr.  Le  toi  en 
fair  autant  qu'il  lui  plaît.  Pour  peu  qu'ils  ayent  de  faveur , 
ils  obtiennent  aifément  de  la  cour  l'érection  de  leur  vil-' 
lage  en  titre  de  Caré.  Leurs  enfans  y  fuccédent  ôc  fonc 
Car  es  comme  leurs  pères. 

Les  Lolos ,  qui  font  la  troifiéme  claffe  ,  font  ennoblis 
par  des  lettres  particulières. 

Le  gouvernement  de  Macaffar  efl  puremenr  monarchi* 
que.  Les  rois  qui  y  régnent  depuis  près  de  neuf  cens  ans,  y 
ont  toujours  été  abfolus ,  craints  ôc  refpeétés.  La  couronne 
y  efl  héréditaire  ;  mais  les  frères  fuccédent  à  l'exclufion  des 
enfans.  Cependant  ,  malgré  le  pouvoir  abfolu  des  rois , 
le  Cracn  Caron-rvn  ,  ou  premier  miniflre  d'état,  ne  laiffe 
pas  défaire  bien  des  choies  fans  leur  panicipation.  11  eft 
le  maître  de  la  police  :  c'efl  lui  qui  fait  le  choix  des  inten- 
dans  des  ports ,  des  gouverneurs  des  villes  ôc  des  provin- 
ces ,  des  juges  fouverains  ôc  des  juges  fubalternes  :  enfin  de 
la  plus  grande  partie  des  officiers  du  royaume:  il  fe  con- 
tente d'en  donner  la  liiîe  au  roi  &  de  lui  en  demander  la 
confirmation,  qui  ne  lui  efl  jamais  refufée.  Le  roi  ne  fe 
réferve  que  la  connoiffance  des  affaires  de  fa  maifon  ôc  la 
discipline  de  fes  troupes.  C'efl  lui-même  qui  entend  les 
comptes  des  revenus  de  l'érat ,  qui  en  ordonne  la  diflri- 
bution  ,  ôc  qui  recompenfe  de  fa  propre  main  les  fervices 
qui  lui  fonr  rendus  par  fes  foldars.Une  ou  deux  fois  le  mois 
il  les  fait  paffer  en  revue  ,  ôc  il  n'y  en  a  guères  qu'il  ne 
connoiffe  par  leur  nom. 

Outre  les  garnifons  des  ports  de  mer  ôc  des  places  fron- 
tières ,  il  y  a  du  moins  dix  mille  hommes  de  troupes  ,  tanc 
infanterie  que  cavalerie ,  tous  gens  choifis ,  qui  font  en 
tout  tems  prêts  à  le  fuivre.  11  ne  leur  donne  aucune  folde  ; 
il  les  entretient  feulement  d'habits,  d'armes  ,  de  poudre 
&  de  plomb.  Il  leur  aflîgne  certains  mois  pour  vaquer  à 
leurs  affaires  domeffiques.  En  tems  de  guerre  ils  fond 
entièrement  défrayés  aux  dépens  du  roi,  ôc  récompenfés 
à  proportion  de  leur  valeur  ôc  de  leurs  fervices.  Si  on 
remporte  quelque  victoire  ,  le  butin  fe  partage  de  bonne 
foi  en  trois  lots  égaux  :  le  premier  efl  réfervé  pour  le 
roi  ;  le  fécond  pour  les  princes  &  les   principaux  ofïi- 


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ciers  de  l'armée  ;  &  le  troisième  fe  distribue  aux  foldats. 
Par  rapport  à  l'adminiftration  de  la  juftice ,  les  princçs 
8c  les  Daéns  font  toujours  renvoyés  au  roi  qui  feul  a  droit 
de  connoître  des  affaires  civiles  8c  criminelles  qui  les  re- 
gardent. Le  roi  affemble  alors  fon  confeil  compofé  de  fon 
premier  miniftre ,  des  princes  du  fang  &  des  premiers  offi- 
ciers de  fa  couronne.  L'inftrucciondu  procès  criminel  a  dû 
fe  faire  auparavant  par  le  gouverneur  de  la  ville  ,  le  pré- 
vôt des  marchands  &  les  principaux  habitans  du  lieu  où  le 
crime  a  été  commis. 

Le  prévôt  des  marchands  eft  le  juge  ordinaire  de  tous 
les  différends  qui  naiffent  dans  le  commerce  :  fi  néanmoins 
il  s'agit  d'une  affaire  où  le  public  foit  intérefle  ,  elle  elL  por- 
tée au  confeil  du  roi.  Il  y  a  un  prévôt  des  marchands  dans 
toutes  les  villes  &  tous  les  ports  du  royaume.  11  eft  ordi- 
nairement fort  riche  ,  parce  qu'en  bien  des  endroits  il  eft 
le  feul  juge ,  8c  que  d'ailleurs  c'eft  la  coutume  de  lui  faire 
quelques  préfens ,  quand  on  a  gagné  fon  procès.  Il  n'en 
reçoit  point  qu'il  n'ait  rendu  fon  jugement ,  &  il  ell  rare 
qu'il  fe  laifle  corrompre.  Il  eft  le  maître  abfolu  de  la  po- 
lice i  il  met  le  prix  à  tout  ce  qui  fe  vend  :  il  règle  les  poids 
&  les  mefures  ,  &c. 

Il  n'y  a  point  d'avocats  ni  de  procureur  ;  chacun  expli- 
que le  fujet  qui  le  fait  plaider  ;  &  le  défaut  de  fincérité  , 
quand  il  eft  reconnu  ,  eft  une  raifon  fuffifante  pour  être 
condamné. 

Les  affaires  criminelles  ne  font  pas  à  beaucoup  près  en 
fi  grand  nombre  que  les  civiles ,  parce  que  la  loi  du  Ta- 
lion eft  régulièrement  obfervée  :  chacun  fe  fait  juftice  à 
foi  même  \  on  rend  fort  exactement  les  coups  de  bâton 
qu'on  reçoit  ;  &  fans  appréhender  d'être  recherché  par  la 
iuftice  ,  on  peut  tuer  les  voleurs  8c  les  adultères ,  qui  font 
trouvés  en  flagrant  délit. 

On  prend  de  grandes  précautions  dans  les  mariages  ;  on 
les  célèbre  avec  pompe  8c  cérémonie ,  parce  qu'on  penfe 
que  c'eft  l'action  la  plus  importante  de  la  vie  civile ,  & 
l'acte  de  religion  le  plus  faim.  A  peine  un  garçon  a-t'il  at- 
teint l'âge  de  trois  ou  quatre  ans ,  que  fon  père  penfe  déjà 
à  le  marier  :  il  voit  chez  fes  païens,  ou  dans  fon  voifinage 
s'il  n'y  a  point  quelque  fille  de  même  âge  &  d'une  condition 
égale  à  la  fienne  ,  qu'il  puifie  lui  faire  époufer.  Quand  il  en 
a  trouvé  ,  il  va  voir  la  mère  ;  car  elle  eft  chargée  du  foin 
d'inftruire  8c  de  pourvoir  fes  filles ,  comme  le  père  eft 
chargé  de  l'éducation  des  garçons.  Si  fa  recherche  eft  bien 
reçue  ,  il  convient  avec  elle  de  la  dot  qu'il  doit  donner  à 
fon  fils  ;  car  on  marie  les  filles  pour  rien.  Le  père  retour- 
ne chez  lui  ,  &  envoyé  à  la  future  époufe  des  préfens  ré- 
glés par  l'ufage  ;  il  prend  enfuite  le  futur  époux  par  la  main 
&  vient  le  préfenter  à  la  future  époufe.  Après  quoi  le  no- 
taire eft  mandé ,  8c  on  pafle  un  acte  par  lequel  la  mère 
s'oblige  de  donner  fa  fille  quand  elle  fera  nubile.  Les  futurs 
conjoints  demeurent  féparés  jusqu'à  ce  que  l'un  8c  l'autre 
ayent  atteint  l'âge  de  quinze  à  feize  ans.  Le  mariage  fe  cé- 
lèbre alors  avec  toutes  les  formalités  &  les  cérémonies  qui 
font  d'ufage  dans  le  pays. 

Quoique  le  mariage  des  Macafiarois  foit  fort  folemnel , 
il  n'eft  pas  pourtant  indiffoluble ,  pas  même  après  fa  con- 
fommation.  Quand  le  mari  eft  mal  fatisfait  de  fa  femme, 
&  qu'il  la  croit  infidèle  ,  car  l'adultère  eft  la  caufe  la  plus 
ordinaire  du  divorce ,  il  va  trouver  fon  Agguy  ,  pour  fe 
plaindre  de  la  mauvaife  conduite  de  fa  femme  ;  il  lui  dé- 
couvre fes  foupçons  ou  les  autres  raifons  qu'il  a  de  la  ré- 
pudier. Lorsque  l'Agguy  les  approuve ,  le  mari  va  au  juge 
féculier  qui  prononce  fur  la  féparation  ,  8c  en  règle  les 
conditions.  Une  femme  répudiée  peut  fe  marier  à  qui  bon 
lui  femble  ,  ou  plutôt  à  celui  qui  en  veut  ;  mais  il  lui  feroit 
honteux  de  fe  marier  dans  le  lieu  où  elle  a  été  répudiée. 

Il  n'y  a  guères  qu'un  fiécle  &  demi  que  les  Macafiarois 
croient  encore  payens  ;  enfin  dégoûté  de  l'Idolâtrie ,  le 
roi  réfolut  avec  fon  conleil  d'embraffer  une  autre  reli- 
gion. Ils  envoyèrent  en  même  tems  des  ambafl'adeurs  au 
gouverneur  Portugais  de  Malaca  8c  au  roi  d'Achem  dans 
l'ille  de  Sumatra  ,  qui  étoit  Mahométan  ,  déterminés  à 
Tuivre  la  religion  de  ceux  dont  les  millionnaires  viendroient 
les  premiers.  Les  Mahométans  étant  arrivés  les  premiers 
les  Macafiarois  embraflérent  leur  religion  ,  à  laquelle  ils 
font  fuperititieufement  attachés. 

Le  roi  de  Macafiar  devenu  ainfi  Mufulman  ,  crut  qu'il 
étoit  de  fon  devoir  8c  de  la  gloire  de  fes  états,  d'engager 
les  princes  (es  voifins  8c  fes  tributaires  à  fe  faire  Mahomé- 


tans comme  lui.  Les  propofitions  qu'il  leur  en  fit ,  furent 
très- mal  reçues ,  car  ils  étoient  déjà  prévenus  en  faveur  de 
la  religion  Chrétienne,  Tous  fe  déclarèrent  ouvertement 
les  ennemis  jurés  de  la  religion  de  Mahomet,  8c  pour  mar- 
quer plus  ouvertement  la  haine  qu'ils  avoient  pour  elle  en 
fa  perfonne  ,  ils  refuferent  de  lui  envoyer  les  tributs  qu'ils 
avoient  coutume  de  lui  payer  tous  les  ans.  Ce  fut  ce  qui 
donna  lieu  à  une  guerre  des  plus  fanglantes  8c  à  l'établis- 
fement  de  la  religion  Mahométane  dans  la  plus  grande 
partie  de  l'ifle.  Tous  ces  princes ,  après  avoir  courageufe- 
ment  défendu  leur  liberté  pendant  plufieurs  années  ,  fu- 
rent à  la  fin  vaincus  par  les  rois,  de  Macafiar  ,  8c  la  pre- 
mière loi  que  leur  impoferent  les  vainqueurs ,  fut  de  fe 
faire  circoncire. 

2.MACASSAR0U  Macaçar,  [  le  détroit  de]  C'eft  un 
bras  de  mer  dans  les  Indes  orientales ,  entre  l'ifle  de  Bor- 
néo à  l'occident  8c  l'ifle  de  Célébes  à  l'orient.  La  ville  de 
Macaçar  donne  le  nom  à  ce  détroit. 

3 .  M AC ASSAR  ,  ou  Macaçar,  ouMancaçara. Cette 
ville  ,  fuivant  Gervaife  ,  p.  75.  eft  fur  la  côte  occidentale 
de  l'ifle  de  Célébes.  La  capitale  eft  le  fejour  le  plus  ordinai- 
re des  rois  de  Macafiar.Elle  eft  la  plus  grande,  la  plus  belle 
8c  la  mieux  fortifiée  de  l'ifle.Elle  feroit  encore  plus  forte  fi 
les  Hollandoisn'avoient  point  ruiné  les  premières  fortifica- 
tions que  lesPortugaisy  avoient  faites  long-tems  avant  qu'ils 
en  fuffent  chaffés.  Elle  eft  fituée  un  peu  au-defius  de  l'em- 
bouchure de  la  rivière  ,  environ  le  $  dcg.  de  lat.  mérid. 
bâtie  dans  une  plaine  très-fertile  &  abondante  en  riz,  en 
fruits,en  fleurs  &  en  toutes  fortes  de  légumes.Les  murailles 
delà  ville  font  battues  d'un  côté  par  les  eaux  de  cette  grande 
rivière ,  qui ,  fe  détachant  de  fon  lit  par  de  petits  canaux 
fouterrains,  va  humecter  &rafiaichirlcs  racines  des  arbres 
&  des  plantes  ,  des  jardins  de  la  ville  8c  de  la  campagne. 
Les  rues  font  fort  larges  8c  très  propres  ,  quoiqu'elles 
ne  foienr  pas  pavées  ,  patee  qu'elles  font  naturellement 
toutes  fablées.  Les  arbres  dont  elles  font  bordées  des  deux 
côtés  font  fort  touffus  ,  8c  les  habitans  ont  un  grand  foin 
de  les  entretenir,  parce  qu'ils  donnent  de  l'ombre  à  leurs 
maifons ,  8c  qu'ils  font  la  commodité  des  paflans  pen-  * 
dant  la  chaleur  du  jour. 

Il  n'y  a  que  le  palais  du  roi  &  quelques  mosquées  qui 
foient  de  pierre.  Toutes  les  autres  maifons  ne  font  faites 
que  de  bois.  Cependant  elles  ne  laiffent  pas  d'être  fort 
agréables ,  car  ces  bois  font  de  différentes  couleurs ,  celui 
d'ébenne  y  domine  toujours  ;8c  ils  font  tous  travaillés  avec 
tant  d'art ,  8c  fi  bien  affemblés  les  uns  avec  les  autres ,  qu'il 
femble  que  toute  la  maifon  ne  foit  faite  que  d'une  feule 
pièce  de  bois  de  diverfes  couleurs.  Le  plus  grand  de  ces 
bâtimens  ne  pafie  pas  ordinairement  quatre  ou  cinq  toi- 
fesde  long  fur  une  ou  deux  de  large.  Les  Fenêtres  en  font 
fort  étroites.  La  couverture  eft  ordinairement  faite  de  gran- 
des feuilles  très  -  ép^iffes  que  la  pluie  ne  perce  point. 

Presque  toutes  ces  maifons  font  élevées  8c  foutenues 
en  l'air  fur  de  grandes  colonnes  d'un  bois  fi  dur  ,  qu'il  pa- 
roît  incorruptible.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plaifant ,  c'eft  qu'on 
n'y  monte  qu'avec  une  échelle,  que  chacun  a  grand  foin 
de  tirer  en  haut  quand  il  eft  entré  ,  de  peur  que  les  chiens 
n'y  montent  après.  Car  comme  les  habitans  font  de  tous 
les  Mahométans  les  plus  fuperftitieux  ,  ils  fe  croiroient 
fouillés.  Il  faut  qu'ils  courent  à  la  rivière ,  dès  qu'un  chien 
les  a  touchés.  Sur  le  toit  de  la  maifon  qui  eft  bas  8c 
fort  plat ,  il  y  a  toujours  trois  croiflans.  Les  deux  qui  tien- 
nent les  extrémités  ,  font  droits  ,  celui  du  milieu  eft 
renverfé. 

Il  y  a  un  grand  nombre  de  boutiques  où  on  trouve  tout 
ce  qu'on  peut  defirer.  On  voit  auïîi  de  grandes  places  pu- 
bliques ,  où  fe  tiennent  les  marchés  deux  fois  par  jour;  le 
matin  avant  le  lever  du  foleil ,  8c  le  foir  une  heure  avant 
qu'il  fe  couche.  On  n'y  voit  que  des  femmes ,  8c  un  hom- 
me n'oferoit  y  paroître  fans  fe  rendre  méprifable  ,  fans 
s'attirer  la  raillerie  de  tout  le  monde  ,  &;  s'expofer  à  être 
lapidé  par  les  enfans.  On  eft  perfuadé  que  les  hommes  font 
réfervés  pour  des  occupations  plus  férieufes  8c  plus  im- 
portantes. C'eft  un  plaifir  d'y  voir  aborder  presqu'en  mê- 
me tems  de  tous  les  bourgs  8c  villages  circonvoifins  de  jeu- 
nes filles  chargées ,  les  unes  de  poiflbn  d'eau  douce ,  qu'on 
prend  dans  un  gros  bourg  nommé  Galez.on  *  où  la  pêche 
eft  établie ,  8c  fitué  à  cinq  ou  fix  lieues  de  la  ville  fur  le 
bord  de  la  rivière  ;  les  autres  chargées  de  marée  ,  de  raies  , 
de  foies  8c  de  plufieurs  autres  poiffons  de  mer  qui  ne  font 


MAC 


MAC 


point  connus  en  France.  Il  en  vient  auffi  d'un  gros  vil- 
lage qu'on  appelle  Bantaïm  ,  éloigné  de  la  ville  de  deux 
lieues  feulement ,  pour  y  vendre  des  fruits ,  du  vin  de  pal- 
me ,  des  volailles  ,  de  la  chair  de  bœuf  8c  de  buffle ,  car  la 
boucherie  n'en:  point  féparée  du  marché.  Les  Macauarois 
ont  fait  autrefois  grand  fcrupule  de  manger  du  bœuf;  mais 
ils  s'y  font  inlènfiblcmcnt  accoutumés.  Ils  croyenr  aujour- 
d'hui que  c'eft  bien  affez  de  s'abftenir  de  la  chair  de  porc , 
dont  la  loi  de  Mahomet  leur  défend  l'ufage. 

On  ne  voit  point  de  gibier  dans  ces  marchés  ,  parce 
qu'il  n'y  a  que  le  roi  &  les  princes  du  fang  royal  qui  ayent 
droit  de  chafler  indifféremment  en  tous  lieux  ;  8c  les  fei- 
gneurs  particuliers  ne  peuvenr  chafler  ailleurs  que  fur  leurs 
terres  Les  uns  8c  les  autres  font  fort  jaloux  de  ce  droit  ;  8c 
l'on  punit  févérement  ceux  qui  entreprennent  de  chafler 
fur  les  terres  d'autrui. 


7 


enfuite  une  partie  de  l'Epire  &  une  partie  de  la  Thrace. 
Premièrement  donc  ,  félon  M.  de  Tourreil ,  FUm.  fur  la 
i.  Philipp.  la  Macédoine  étoit  bornée  au  nord  par  la 
Migdonie  8c  par  la  Pélagonie;  à  l'orient  par  la  Bottiée  8c 
parla  Piérie  ;  au  midi  ;  par  les  montagnes  de  TheiTalie  , 
8c  au  couchant ,  par  les  Lynceftes. 

On  croit  communément  que  la  Macédoine  fut  peuplée 
par  Cethim  fils  de  Javan  ,  8c  que  toutes  les  fois  que  le 
texte  hébreu  ^  comme  dans  la  Cenefe  ,10,4,  porte  Ce- 
thim ,  il  faut  l'entendre  de  la  Macédoine.  Voyez.  Cethim, 
Tire-Live,  /.  40.  c.  3.  dit  qu'on  la  nomma  premièrement 
Pœonie  ,  à  caufe  fans  doute  des  peuples  P&ows  ,  qui  habi- 
toient  vers  le  mont  Rhodope  ;  qu'elle  fut  enfuite  appellée 
Emathie;& enfin  Macédoine.Ce  dernier  nom  lui  fut  donné 
par  un  certain  Macedo,  dont  l'origine  8c  l'hiftoire  font  fort 
incertaines.  Selon  Juftin  ,  elle  fut  connue  fous  le  nom 


Avant  les  guerres  dont  le  fuccès  accrut  fi  fort  le  royaû-     ÛJErnaihie  avant  que  d'être  appellée  Macédoine.  Pline  fai 


me  de  Macafiar ,  8c  avant  la  perte  qui  arriva  il  y  a  environ 
un  demi-fiécle ,  deux  chofes  qui  onr  extrêmement  dimi- 
nué le  nombre  des  habitans  de  cette  ville,  on  trôuvoit, 
tantdans  l'enceinte  de  fes  murailles  que  dans  les  villages 
qui  lui  font  contigus ,  cent  foixante  mille  hommes ,  tous 
gens  bienfaits  8c  capables  de  porter  les  armes,  mais  il  n'en 
refte  plus  aujourd'hui  qu'environ  quatre-vingt  mille. 

MACATU17E  ,  peuples  d'Afrique  dans  la  Pentapole , 
félon  Ptolomée  >  /.  4.  c.  4.  11  dit  qu'ils  habitoient  fur  les 
montagnes  Velpi. 

MACBENA  ,  ville  delà  tribu  de  Juda.  Elle  fut  bâtie 
dit  D.Calmet,  ou  fondée  par  Sue.  *  I.  Paralip.  ch.  2.  v.  45. 

MACCALA,  ^jk-cMassala. 


C( 

Etienne  le  <jeograpne  en  rau  mcimun  cv  cite  1  neopompe. 

MACCES.dont  il  elt  parlé  dans  le  III.  livre  des  Rois, 
c.  4.  v.  9.  eft  apparemment  une  ville  de  la  tribu  de  Dan. 
Dom  Calmet  foupçonne  que  c'eft  la  même  que  Machtès, 
ou  la  Dent  Macheliere,  marquée  dans  les  Juges,  c.  15. 
19.  8c  dans  Sophonie  .  c.  1  ,  11.  hahtatores  PiU,  l'hé- 
breu ,  hub'uaturts  Machtej.  Ortéiius avoir  cru  que Maccés 
étoit  le  nom  d'une  contrée  de  la  Syrie. 

MACCHIA.  Baudrand  dans  fon  édition  de  170J.  dit 
que  c'eft  un  bourg  d'Italie  au  royaume  de  Naples  dans  la 
Capitanate  aux  confins  du  comté  de  Moliffe,  8c  au  cou- 
chant de  la  ville  de  Volturara.  Ce  bourg  aie  titre  de  prin- 
cipauté. Un  prince  de  ce  nom  fut  un  des  principaux  au- 
teurs des  troubles  qui  arrivèrent  dans  la  ville  de  Naples 
le  2j  de  feptembre  1701. 


MACCHIDA.  Voyez.  Maceda. 


entendre  qu'elle  porta  le  nom  de  Piérie,  8c  Euftathe  veut 
qu'elle  ait  eu  celui  de  Macétie  d'une  de  fes  provinces  ap- 
pellée Macétia.  Il  eft  bonde  remarquer  encore  que  la  Ma- 
cédoine eu  quelquefois  confondue  avec  la  TheiTalie. 

Selon  M.  de  Tourreil  ,  Remarq.Jur  La  z  Oiymh.  p.  97. 
la  Macédoine  étoit  un  royaume  héréditaire  5  mais  fi  peu 
confidérable  que  fes  premiers  rois  ne  dédaignoient  pas  de 
vivre  fous  la  protection  ,  tantôt  d'Athènes  ,  tantôt  de 
Thèbes.  Les  Athéniens  du  temsde  Perdiccas ,  un  des  pré- 
déceffeurs  de  Philippe  ,  regnoient  plus  que  lui  dans  fort 
royaume.  Nicias ,  que  Démofthéne  met  au  nombre  àes 
héros  de  l'ancienne  Athènes  ,  commanda  un  jour  à  Per- 
diccas de  s'oppoier  à  la  jonction  des  Theflaliens  avec  les 

font  les  prô- 
nons voyons  en- 
l'cntrée  de  la 

Macédoine  ,  pour  avoir  embraiTé  l'alliance  de  Lacédé- 
mone  ÔcdArgosau  mépris  de  la  leur  ,  8c  refufé  de  fe 
joindre  à  eux  dans  une  autre  expédition  ;  refus  qui  fie 
échouer  leur  entreprife  8c  défener  leur  armée  Perdiccas 
devint  enfin  leur  Tributaire ,  ce  qui  dura  depuis  qu'ils  eu- 
rent établi  une  colonie  dans  Amphipolis  ,  fous  la  con- 
duite d'Agnon  fils  de  Nicias ,  environ  quarante-huit  ans 
avant  la  guette  du  Peloponèfe ,  jusqu'à  ce  que  Brafidas , 
général  de  Lacédémone ,  vers  la  cinquième  ou  fixiéme  an- 
née de  cette  guerre  ,  fouleva  contre  eux  tout  ce  canton  ,  8c 
les  éloigna  des  frontières  de  Macédoine. 

Lorsque  Philippe  eur  conquis  une  partie  de  la  Thrace 
avec  une  partie  de  l'Illyrie  ,  le  royaume  de  Macédoine 
commença  à  devenir  célèbre  dans  l'hiftoire.  11  s'érendoit 
alors  depuis  la  mer  Adriatique  jusqu'au  fleuve  Strymon. 


MACC1 ,  en  grec  MetKxoi ,  peuples  de  la  Lybie  inté-     Mais  il  étoit  réfervé  à  Alexandrele  Grand, fils  de  Philippe, 
rieure ,  félon  Ptolomée ,  /.  4.  c.  6.  Cet  ancien  géographe     d'ajouter  à  la  Macédoine ,  non  feulement  la  Grèce  en'iere, 
les  place  au  pied  du  mont  Girgiris.  Quelques  éditions  de 
ce  même  auteur  écrivent  Mancï.  Seroit-ce  les  Maces  ,que 
Silius  Italiens,  /.  3.  v.  27J.  furnomme  Chiyphii. 


MACCLESF1ELD.  Selon  l'état  ptéfent  de  la  grande 
Brer.-îgne  ,r.  i.p.  46.  eft  une  petite  ville  d'Angleterre  en 
Cheshire.  Elle  n'a  rien  de  remarquable  que  le  droit  de  te- 
nir marché  public  avec  une  forêt  de  même  nom  ,  qui  eft 
unedes  plus  grandes  de  la  province. 

MACCOCAL1NGI  ,  anciens  peuples  de  l'Inde  fur- 
nommés  Brachmanes ,  comme  bien  d'autres.  Pline ,  /.  6. 
c.  17.  en  fait  mention. 

MACCURiE  ,  en  grec  Mctw^cti ,  peuples  de  la  Mau- 
ritanie Céfarienne,  fuivant  Ptolomée  , /.  4.  c.  z.  qui  les 
place  avec  les  Nacuenfu  8c  les  Myccni ,  au  pied  des  Mon- 
tagnes Garaphi. 

MACE ,  en  grec  MaVji ,  ville  des  Celtes ,  félon  Etienne 
le  géographe,  qui  n'en  dit  pas  allez  pour  nous  faire  con- 
ncr.ie  de  quelle  ville  il  entend  parler. 

MACEDA  ou  Makeda  ,  Ville  de  la  tribu  de  Juda,; 
dont  il  eft  parlé  dans  Jofué,  15,  41.  Cette  ville  eft  à  huit 
milles d'Eleuthéropolis  vers  l'orient,  dit  Eufebe  :  Jofué 
s'avança  de  Lebna  vers  M acéda,  Jofué  ,  10,  29.  c'eft  la 
remarque  que  fait  D.  Calmet  fur  cette  ville.  Jofephe  ,  /. 
$.c.  1.  la  nomme  Ma.iyiS'a.  ,  Macchida. 

MACEDOINE.  Cellarius  dans  fa  géographie  ancienne.* 
/.  2.  c.  13.  rappoi  e  que  c'eft  un  royaume  entre  la  Grèce 
&  l'ancienne  Thrace.  Les  limites  de  ce  royaume  n'ont  pas 
toujours  été  lès  mêmes.  Sous  les  premiers  rois  elles  étoient 
affez  étroites.  Ce  ne  fut  que  fous  Philippe  que  la  Macé- 
doine commença  à  s'aggrandir.  Il  y  joignit  la  Theffalie  ,  ôi 


mais  encore  toute  l'Afie  8c  une  partie  de  l'Afrique.  Voyez. 
Grèce. 

Ptolomée,  /.  3.  t.  13.  borne  la  Macédoine  du  côté  du 
nord  par  la  Dalmatie  ,  par  la  Myfie  fupérieure  8c  par  la 
Thrace  ;  8c  au  couchant  par  la  mer  Ionienne  ,  depuis  Dyr- 
racbium  8c  Epidammim  jusqu'au  fleuve  Pepylychnus. 

Aujourd'hui  la  Macédoine  a  des  limites  extrêmement 
étroites.  Elle  eft  bornée  au  feptentrion  par  la  Servie  8c  par- 
la Bulgarie  ;  à  l'orient  par  la  Romanie  ,  proprement  dire  .< 
8c  par  l'Archipel  ;  au  midi  par  la  Livadie ,  8c  à  l'occident 
par  l'Albanie.  J'ai  donné  au  mot  Grèce  une  table  àes  dif- 
férentes parties  de  la  Macédoine  ,  auffi-bien  que  le  rap- 
port que  ces  différentes  parties  ont  avec  les  anciennes  pro- 
vinces de  la  Macédoine. 

La  Macédoine  a  eu  l'avantage  d'être  un  des  pays  aux- 
quels S.  Paul  annonça  en  perfonne  l'Evangile.  Dom  Cal- 
met ,  dans  fon  dictionnaire  ,  dit ,  ainfi  qu'on  lit  dans  \e$ 
Actes ,  16,9.  Cet  Apôtre  fut  invité  à  y  aller  prêcher  par 
1  Ange  de  cette  province,  qui  lui  apparut  à  Troade.  De- 
puis cette  apparition  ,  faint  Paul  ne  douta  plus  que  Dieu 
ne  l'appellât  à  prêcher  dans  la  Macédoine,  8c  la  bénédi- 
ction que  le  Seigneur  répandit  fur  fa  prédication  ,  le  con- 
firma de  plus  en  plus  dans  fon  fentiment.  11  y  fonda  les 
Eglifes  de*  ThelTaJonique  8c  de  Philippes  ;  &  il  eut  la  con- 
folation  de  les  voir  floriffantes ,  nombreufes  8c  abondan- 
tes en  toutes  fortes  de  grâces  &  de  dons  fpirituels. 

Les  Turcs  appellent  la  Maccdoine  Macdonia  ,  ils  la 
nomment  auffi  FiliA  Vïlaieti  ,  àcaufe  ,  dit  M.  d'Her- 
belot  dans  fa  bibliothèque  orientale ,  de  la  ville  de  Philip- 
polis  ,  qui  en  eft  comme  la  capitale; 


MAC 


MAC 


MACEDONIUM  Mare  ,  c'eft-à  dire  la  mer  de  Ma- 
cédoine. Tite-Live  donne  ce  nom  à  la  mer  qui  baigne  le 
cap  de  Canafto.  C'eft  aujourd'hui  la  mer  de  Theflaloni- 
que. 

MACEDONICUS   Sinus.    Voyez.    Pelasgicus  & 

Therm^eus  Sinus. 

MACEDONUM  Portus.  Pline  ,  /.  6.  c.  2;.  met  ce 
porc  dans  la  Carmanie  fur  le  golfe  Perfique ,  auprès  du 
ïieu  nommé  Alexandri  Ar&. 

MACELATH ,  un  des  campemens  des  Israélites.  Il  en 
eft  fait  mention  dans  le  livre  des  nombres  ,  c.  3  3.  v.  15  & 
26.  où  on  lit  MaiceXctô,  que  faint  Jérôme  "écrit  Ceeleiba. 
Voyez,  Maceloth. 

MACELIUM.  Cédréne  ,  cité  par  Ortelius ,  dit  que  M«- 
k(mov  efl  un  lieu  près  du  mont  Argée  ,  au  voifinage  de  la 
ville  de  Céfarée  en  Cappadoce.  Sozomcne  cV  Callifte  li- 
fent  MeutîlXov  ;  8c  Xylander  jage  que  c'eft  MarceUi  fon- 
dus. C'eft  auiTi  le  Marcellum  de  Sozomene. 

MACELLA  ,  en  grec  Mï«Mï.  Ortelius  ,  dans  fon 
thréfor ,  dit  que  c'eft  une  ville  d'Lalie  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Barri  en  fait  une  ville  épiscopale  dans  la  Ca- 
labre  ,  8c  prétend  que  c'eft  aujourd'hui  Strongili  ,  à  trois 
milles  de  la  mer.  Il  ajoute  qu'un  certain  écrivain  la  nomme 
"Iyropolis.  Seroit-ce  Tyrus  ?  Lycophron  lit  indifïéum- 
ment  Macella  &c  M.icalla.  Tite-Live  %  %6.  c.  2  1.  &  Po- 
lybe  ,  /.  1  c.  24,  font  mention  de  cette  ville,  8c  la  placent 
dans  la  Sicile.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  4.  la  met  aufli  dans  cette 
ifle  entre  Acres.  8c  Schera,  dans  l'intérieur  des  terres.  Cia- 
conius ,  in  lib.  Columna  roftratœ,  ,  rapporte  ce  fragment 
d'une  ancienne  infeription  :  Macel.  .  .  .  ugnando  ce- 
tit  ',  ce  qui  veut  dire  Macellum  pugnando  cepit  ;  car  il  efl 
queftion  que  Duillius,  qui  effectivement  fe  rendit  maître 
de  cette  ville.  Voyez.  Macalla.  D.  Matthaeo  Egitio , 
dans  une  lettre  à  l'abbé  Lenglet  du  Frcsnoi  ,  dit  Ma- 
cella ,  &  ajoute  :  d'autres croyent  que  Petilia  e(l  Strangoli, 
près  du  fleuve  Ncaetus ,  petite  ville  épiscopale  qui  a  porté 
Je  nom  de  Mzcella  &  de  Tyropolis, 

MACELOTH  ,  que  les  Septante,  mim.  33  ,  2j  ,  16. 
écrivent  MclmPw.  Cétoit  un  des  campemens  des  Israélites 
dans  leur  voyage  du  défert  ,  &  c'eft  apparemment  le 
même  lieu  que  Malathis ,  qu'Eu febe  &  faint  Jérôme  met- 
tent environ  à  vingt  milles  d'Hébron  dans  la  partie  méri- 
dionale de  Juda.  Foye-z  Malatha.  Ptolomée  ,  /.  $.c.  17. 
met  Muliattba  près  d'Eluza  ou  Luza.  Voyez,  de  Luza. 
Ortelius  croit  que  Maceloth  8c  Macelath  font  le  même 
lieu.  *  D.Calmet,  Dictionn. 

MACEPRACTA ,  village  dans  la  Méfopotamie ,  félon 
Ammicn  Marcellin  ,/.  24.  c.  ïi.  éd.  Valefiï.  Il  dit  qu'on 
y  voyoit  des  ruines  d'une  muraille  qui  avoit  été  bâtie  pour 
mettre  l'Affyrie  à  couvert  des  irruptions  des  étrangers.  Il 
ajoute  que  l'Euphrate  fe  partageoit  en  deux  branches  au- 
près de  ce  village  ,  que  l'une  fe  rendoit  dans  la  contrée  de 
Babylone  ,  8c  que  l'autre,  nommée  Mahamalcha  ,c'eft- 
à-dire  le  fleuve  des  rois ,  couloir  du  côté  de  Ctéfiphonte. 
Zozime  ,  Hérodote  &  Pline  dilent  à  peu  près  la  même 
chofe.  Ce  derniet  écrit ,  /.  4.  c.  16.  que  l'Euphrate  fe  par- 
tage auprès  du  Village  Maflice.  Ainfi  Majfwe  efl  la  même 
chofe  que  Maccprabla. 

1.  M  ACER  ATA  ,  ville  d'Italie  dans  l'état  de  l'Eglife 
dans  la  Marche  d'Ancone  ,  fur  une  montagne  près  de 
Chiento  ,  cinq  lieues  au  deflïisde  fon  embouchure  ,  à  en- 
viron dix  milles  de  Recanati  8c  deTolentin  ,à  quinze  de 
Lorette  ,  8c  à  pareille  diflance  de  la  mer  Adriatique.  On 
croit  qu'elle  fut  bâtie  des  ruines  de  Helvïa  Ricina ,  ville 
détruite  par  les  Goths,  Macérata  efl  aflez  grande  8c  bien 
peuplée.  C'efl  le  fiége  d'un  évêque  fuffragant  de  l'arche- 
vêché de  Fermo  ,  &  auquel  efl  uni  l'évêché  de  Tolentin 
depuis  l'an  1 586.  Il  y  a  aufli  une  petite  univerfité.  *  Bau- 
drand, èàn.  1705. 

2.  MACERATA  ,  bourg  d'Italie  dans  l'état  de  l'E- 
glife au  duché  d'Urbin  ,  entte  la  ville  de  Macérata  & 
celle  de  faint  Léon.*  Baudrand,  édit.  170J. 

3.  MACERATA  ,  bourg  d'Italie  au  royaume  de  Na- 
ples  dans  la  terre  de  Labour,  environ  à  une  lieue  de  Ca- 
poucen  allant  vers  Naples.  *  Baudrand  '  édit.  170J. 

MACElU/E  ,  nom  latin  de  Maisieres.  T.  Voyez.cz 
mot. 

MACERIAS.  Voyez  Magetrobia  8c  Amagetq- 
briga.  Confultez  ce  dernier. 

M  ACES.  Voyez.  Mac.£  ,  peuples  d'Afrique. 


MACESTUS  ,  en  grec  Mcuttçcç ,  ruifleau  de  la  Myfie 
Afiatique.  Il  fe  jette  dans  le  Rhyndacus.  Pline  ,  /.  j  c.  3  2. 
8c  Strabon ,  /.  1 2.p.  576.  parlent  aufli  de  ce  ruifleau.  Or- 
telius croit  que  Maceftus  pourroit  être  le  même  que  Me- 
giftus.  Voyez  Rhinda eus  I. 

MACET^E  cV  Macetia.  Voyez.  Macédoine. 

MACHACACA  ouMachicaca  ,  c'efl  le  même  que 
Machasaco. 

MACHAMALA  ,  montagne  d'Afrique  dans  le  royau- 
me de  Serra  Lione  près  des  ifles  Bannanes.  Les  rivières  de 
Capar&deTambalines  ont  leur  fource  dans  cette  mon- 
tagne ,  qui  efl  remarquable  par  une  merveille  de  la  na- 
ture. On  y  voit  une  grande  roche  de  crillal  ,  où  font  di- 
verfes  pyramides  de  même  matière  ,  renverfées  8c  comme 
fufpenduesen  l'air.  Quand  on  les  touche  avec  un  bâton, 
elles  rendent  un  fon  ftmblable  à  celui  d'une  cloche.  On 
croit  que  c'eft  une  congélation  faite  par  la  chaleur  du  fo- 
ieil  qui  a  fondu  le  pied  de  la  roche  ,  8c  fait  demeurer  ces 
poini.es  fuspendues  en  l'air.  On  trouve  dans  cette  monta- 
gne trois  fortes  de  finges  ;  &  il  y  en  a  d'une  efpéce  qu'on 
nomme  Baris.  On  les  piend  lorsqu'ils  font  petits,  ëcon 
les  apprivoife  fi  bien  ,  qu'ils  rendent  presque  autant  de 
fervices  qu'un  esclave.  Car  ils  marchent  ordinairement 
tout  droit  comme  les  hommes  ;  ils  pilent  du  millet  dans 
un  mortier  ;  ils  vont  puifer  de  l'eau  dans  une  cruche  ;  ils 
témoignent  de  la  douieur  par  leurs  cris  lorsque  la  cruche 
vient  a  tomber  ;  ils  tournent  la  broche  ,  8c  ils  font  mille 
petits  tours  d'adrelîe  qui  diverrifient.  *  Dapper  ,  descrip- 
tion de  l'Afrique  ,  pag.  247  &  249. 

MACH^ERUS  j  en  grec  Max«<po?ç.  Voyez.  Mache- 
ronte. 

MACHAGENI ,  M*x*?wol ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c. 
14.  8c  Macbetegi ,  fuivant  l'exemplaire  delà  bibliothèque 
Palatine.  Cétoit  un  peuple  de  la  Scythie,  en  deçà  de  l'I- 
maus.  Voyez.  Scythe. 

MACHANAUM.  PVy<^  Manaim. 

MACHAON,  Voyez,  Matisco. 

M  ACHAO VILLA  ,  lieu  où  les  Lombards  8c  les  Saxons 
campèrent  pendant  quelque  tems  ,  dans  Pinvafion  qu'ils 
firent  dans  la  gaule  ver;,  le  fixiéme  fiécle.  Voyez.  Matisco. 

MhCHkKk.Voyez  Machara  I  ,  8c  Mactorium. 

MACHhTl.Voyez.  Maacha. 

M ACHECOU  ,  Machecol  8c  Machecolac  ,  en  la- 
tin Macbecum  8c  Macbicollum ,  petite  ville  ou  gros  bourg 
de  France  dans  la  Bretagne  ,  diocèfe  Se  recette  de  Nantes. 
On  l'appelle  aufli  Sainte  Croix  de  Machecou.  C'eft  le  chef- 
lieu  du  duché  de  Retz  (a)  ,8c  il  a  fuccédé  à  l'ancienne 
bourgade  de  Retz  qui  ne  fubfifte  plus.  Il  eft  fitué  fur  la 
rivière  de  Tenu  qui  fe  perd  dans  la  Loire ,  après  avoir 
reçu  l'écoulement  du  lac  de  Grand-Lieu.  Ses  anciens  fei- 
gneurs  qu'on  connoit  depuis  Garfîle  8c  Gouelin  fon  frère , 
qui  vivoient  en  1138.  portoit  le  nom  de  Machecou.  On 
trouve  la  fuite  de  leur  généalogie  dans  Auguflin  du  Pax.  Il 
remarque  qu'après  la  mort  de  Jean  de  Machecou,  tué  au 
fiége  de  la  Roche-Derien  en  1 347.  il  trouvoit  la  terre  de 
Machecou  unie  à  la  baronnie  de  Retz ,  fans  qu'il  fut  à 
quel  titre.  Elle  n'en  a  pas  été  féparée  depuis.  Les  armes 
des  feigneurs  de  Retz  étoient  tiois  chevrons ,  peut-être  de 
gueules  en  champ  d'argent ,  telles  qu'on  en  voit  (b)  au 
tombeau  d'Alix  duchefie  de  Bretagne ,  femme  de  Pierre  le 
Mandera  (  a  )  Piganiol ,  Defcription  de  la  France,  t.  5, 
p.  228.  (  b  )  Nouvelle  H'tfl  de  Bretagne. 

MACHED-RABA  ,  manière  de  forterefle  en  Terfe, 
dans  un  défert ,  à  cinq  journées  de  la  ville  d'Anna  fur  la 
route  d'AIcp  à  Ispahan.  Elle  cft  fur  une  butie  ,  au  pied  de 
laquelle  on  trouve  une  fontaine  ,  qui  fait  comme  unbaflin, 
ce  qui  eft  fort  rare  dans  les  déferts.  Ce  font  de  hautes  mu- 
railles ,  avec  quelques  tours  qiiarrées ,  &  au-dedans  de  mé- 
chantes hutes  où  les  habitans  tiennent  du  bétail.  Comme 
il  ne  fe  trouve  point  de  fourage  dans  ce  lieu-là  ,  ils  font 
obligés  d'en  aller  chercher  fur  les  bords  de  l'Euphrate, 
dont  à  la  vérité  ils  ne  font  pas  fort  éloignés.  *  Tavernier$ 
voyage  de  Perfe  ,  t.  1.  1.  3.  p.  3  16. 

M  ACHEL  A,  félon  Ortelius  qui  cite  Guillaume  de  Tyr, 
ou  bien  Meciîela  ,  village  de  la  Meufe  fuivant  l'hiftorieni 
anonyme  des  Croifades.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui 
Mechelcn  ,  village  à  un  grand  mille  au-deflbus  de  Ma- 
liricht. 

MACHELONES.%^  Macrones. 

MACHENLETH,  ohMacleneth,  bourgade  delà 

Grands 


MAC 


MAC 


Grande  Bretagne,  dans  la  principauté  de  Galles  en  Mont- 
gomeryschire.  Cambden ,  Brkannia  ,  femble  la  prendre 
pour  Magltna ,  cité  des  Ordovices  ,  où  les  Romains  tin- 
rent garnifon  du  tems  de  l'empereur  Honorius. 

i.  MACHERET  ou  Mâchera  y  ,  dans  la  Champa- 
gne au  diocèfe  de  Troies ,  n'elt  point  une  abbaye  comme 
l'a  marqué  le  dictionnaire  univerfel  de  la  France  ,  Se 
la  Martiniere  après  lui  ;  c'eft  une  maifon  de  l'ordre  de 
Grammont  où  il  n'y  a  jamais  eu  d'abbaye  que  Gram- 
iTiont  feul  ,  qui  ne  l'eft  que  depuis  l'an  13  11.  Elle  eft 
fifuée  fur  le  territoire  de  la  paroifle  de  faint  Juft ,  du  côté 
de  Séfanne .  Ce  prieuré  fut  fondé  en  titre  d'hermitage  dans 
les  bois  de  Macheret  par  Henri  I  du  nom  ,  comte  de 
Champagne ,  &  par  les  Seigneurs  de  Dampierre  ,  de  Plan- 
ci  Se  de  faint  Juft.  Les  religieux  de  la  Charité  fur  Loire 
qui  habitoient  le  prieuré  de  faint  Juft ,  cédèrent  à  ces  Gram- 
montins,  peu  après  leur  établiffeinent ,  une  partie  de  leur 
territoire  dont  on  peut  voir  le  titre  chez  Desguerrois  ,  à 
l'an  1 168.  On  les  appelloit  alors  les  Bons  Hommes  de 
Macheray.  Leur  vie  patfoit  pour  être  aflez  femblable  à 
celle  des  Chartreux  ,  excepté  leurs  vêtemens  qui  étoient 
noirs.  Desguerrois  rapporte  à  l'an  1  237.  que  Gui  de  Dam- 
pierre feigneur  de  faint  Jult  Se  de  Planci,  tenant  beaucoup 
de  biens  de  fes  ancêtres  »  vint  un  jour  dans  leur  monafterc 
à  main  armée  ,  tua  le  prieur  Se  coupa  la  gorge  à  tous  les 
moines  en  plein  midi ,  s'empara  de  tous  leurs  titres  Se  de 
leurs  biens;  ce  qui  fut  caufe  qu'on  l'excommunia,  Se  qu'à 
la  fin  ,  fe  repentant  de  fon  crime  ,  il  reftitua  tout  ce  qu'il 
avoit  enlevé  ,  &  rétablir  des  religieux  du  même  ordre  dans 
ce  prieuré.  Il  y  a  dans  cette  maifon  plufieurs  reliques  ,  Se 
notamment  il  y  en  a  de  confidénblesde  faint  Eutrope  évê-  * 
que  de  Sainte  ,  tirées  du  prieuré  des  Bons  Hommes  d'ifle- 
lès-Troies,  d'où  Nicolas  de  Renepont  prieur  de  Macheret 
les  fit  transporter.   Le  prieuré  de  Macheret  eft  préfente- 
nient  habité  par  fix  religieux  réformés.  On  croit  qu'avec  la 
menfe  du  prieur  il  vaut  environ  6000  liv»  de  rente.*  No- 
tes manu]  entes  de  M.  l'abbé  le  Bœuf, 

2.  MACHERET  ,  bois  de  France  dans  la  maîtrife  des 
eaux  &  forêts  d'Alençon.  11  contient  205  arpens. 

M  ACHERONTE  ou  Mach^rus  (a),  ville  Se  châ- 
teau au  delà  du  Jourdain  dans  la  tribu  de  Ruben  ,  au 
nord  Se  à  l'orient  du  lac  Asphaltite ,  à  deux  ou  trois  lieues 
du  Jourdain  ,  pas  loin  de  l'embouchure  de  ce  fleuve  dans 
la  mer  Morte.  Ce  château  avoit  été  fortifié  par  les  As- 
monéens.  Cabinius  le  démolit  (b).  Ariftobule  le  fortifia 
de  nouveau  (c  ).  Hérode  le  Grand  lerenditbeaucoupplus 
fortqu'aupara-«*nr.  Il  y  avoit  dans  cet  endroit  ou  dans  le 
voifinage  une  fource  d'eaux  chaudes,  très- utiles  pour  la 
fanté.  Saint  Jean  Baptifte  fut  mis  en  prifon  Se  décapité  à 
Macheronrc  (  d  )  par  les  ordres  d'Hérode  Anripas.  (a)  D. 
Caimet , Difti  ( b  )  Jojephe  ,  Antiq.  1.  14. c.  10.  (c)  Ibid, 
Antiq.l.  14.  c.  11.  (d)  Jofepbe ,  Antiq.  1.  18.  e.  7.  Matt. 
14.  1.  2.  Sec.  Se  Marc  ,  6.  16.  17.  Sec. 
MACHEKOUX  .  abba.ye.  Voyez.  Marcheroux. 
MACHIA  ,  ifle  de  l'Archipel  ,  au  voifinage  de  celle 
d'Amorgos  5  felor.  Pline  ,  /.  4.  c.  1 2. 

MACHIAN  ,  l'une  des  ifles  Moluques,  dans  l'Océan 
oriental.  Elle  a  environ  fept  lieues  de  tour.  Il  y  a  dans 
cette  ifle  une  montagne  ronde  aflez  haute.  Les  habitans 
étoient  fous  la  domination  du  roi  de Ternate,  qui  leschar- 
geoit  beaucoup.  Elle  éroit  après  Bachian ,  la  plus  fertile 
des  Moluques.  Elle  pouvoit  fournir  aflez  de  fagu  pour  fes 
habitans  &  même  pour  en  faire  quelque  part  à  fes  voi- 
fîns.  *  Htft  de  la  conquête  des  Moluques,  t.  3.  p.  23. 

MACHIAN  A  (l'ifle  de),  ifle  de  l'Amérique  méri- 
dionale au  Brefil  ,  au  nord  de  l'ifle  de  Marayo  ,  &  à  l'eft 
de  celle  de  Caviana  ,  à  quelques  minutes  au  fud  de  la  li- 
gne équinoxiale.  Aujourd'hui  cette  ifle  eft  déferre  :  an- 
ciennement elle  étoit  habitée  par  la  nation  des  Arouas. 
Le  terrein  eft  entièrement  noyé  ,  Se  presque  inhabitable. 
Voyage  en  Amcrkq  te  par  M.  de  la  Condamïne. 

MACHIAS.  C'eft  le  nom  de  la  colonne  ,  qui  fert  à 
tnefurer  l'accroiflement  du  Nil. 

MACHICO.  Petite  ville  de  l'ifle  de  Madère  ,  à  l'ex- 
trémité fud-oueft  de  l'ifle.  L'ancrage  y  eft  excellent  fui- 
douze  ,  quinze ,  dix-fept  &  vingt  brafles.  Quoique  fon 
nom  ne  paroiiTe  pas  fur  la  plupart  des  cartes  ,  on  apprend 
cependant  des  géographes  qu'elle  a  une  fort  belle  églife 
avec  un  couvent  de  Bernardines.Son  nom  lui  for  donné  par 
Gonfalyo  Zarco ,  en  mémoire  de  Macham  qui  y  eft  mort. 


9 


MACHïCORE  ,  grand  pays  de  l'ifle  de  Madagascar. 
Il  s'étend  depuis  la  terre  d'Yuouronhehoc  jusqu'à  Car- 
canofli.  Il  eft  borné  au  nord  par  le  pays  de  Coucha -,  du 
côté  de  l'eft  Se  de  l'eit-fud-eft,  par  la  rivière  de  Man- 
dretei  Se  par  les  pays  des  Manamboulles  Se  d'Alfiflach  ; 
du  côté  du  midi ,  par  le  pays  des  Ampatres  Se  par  celui 
des  Mahafales;&  du  côté  du  couchant,  par  les  pays  de 
Houlouue  Se  de  Vouronhehoc.  Sa  longueur  eft  égale  à 
celle  de  la  rivière  d'Yonghelahé  ,.  Se  peut  avoir  foixante- 
dix  lieues  de  l'eft-nord-eftà  l'ouefl-fud-oueft,  &  autant  du 
nord  au  fud.  Il  y  a  envion  cinquante  lieues  depuis  Yon- 
ghelahé  jus%faux  provinces  d'Ampatre  &  de  Mahafale. 
Tout  ce  pays  des  Machicores  a  été  ruiné  par  les  guerres  : 
il  ne  reconnoiflbit  autrefois  qu'un  feigneur  ,  qui  étoit  pa- 
reillement maître  des  pays  de  Chonca ,  de  Manaboule— > 
d'Alfiflach  Se  de  Mahafale  :  il  fe  nommoit  Dian  Baloua- 
len y c'eft-à-dire  maître  décent  mille  parcs.  Le  pays  Se  les 
enviions  étoient  floriffans  Se  riches  fous  fa  domination- 
mais  après  fa  mort,  fesenfansfe  maflacrerent  la  plupart 
les  uns  les  aurres.  Dian  Manhelle&  les  Zaffeenrenavoulle 
s'enrichirent;  mais  les  autres  ,  favoir  ,  Dian  Sorats  ,  Dian 
Raual ,  Dian Rahotci ,  Dian  Mananghe,&  quelques  au- 
tres demeurèrent  ruinés.  Depuis  ce  teins  les  terres  n'ont 
presque  plus  éré  cultivées  ;  les  habitans  ne  vivent  aujour- 
d'hui que  de  racines  Se  de  bœufs  fauvages  ,  Se  la  crainte 
de  leurs  ennemis  les  oblige  de  fe  tenir  cachés  dans  le» 
bois. 

Dian  Baloualen  avoit  laiflé  plufieurs  enfans.  L'aîné  que 
l'on  appelloit  Dian  Mandreandanghits  ,  voulut  attaquée 
Dian  Manhelie  ;  maisjil  fut  tué  dans  le  combat  qu'il  livra  ; 
fon  corps  fut  coufu  dans  la  peau  d'un  taureau  ,  transporté 
dans  les  bois  du  côte  de  la  mer  ,  &  mis  fur  la  fourche  d'un 
grand  arbre  ,  dans  le  lieu  le  plus  épais  de  la  forer.  Son  fils 
nommé  Dian  Raual  offrit  au  vainqueur  une  grofle  rançon 
pour  le  corps  de  fon  père  ;  mais  il  ne  put  l'obtenir.  Il  ne  fut 
pas  plus  heureux  par  la  voie  des  armes  :  on  le  tua  dans 
une  embuscade  en  16;  3.  *  Flacourt ,  Hift.  de  l'ifle  de 
Madagascar.. 

MACH1NG,  ville  de  la  Chiite  ,  dans  la  province  de 
Huquang  ,  au  département  de  Hoangcheu,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  3  deg.  10.  min.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  les  3  1  deg.  38  minutes. 
*  Atlas  Sinenfis: 

MACHIONTE.  Voyez.  Chalonitis. 
MACHIR  ,  lieu  de  la  Paleftine ,  félon  Ortelius.  Il  cite 
le  cinquième  chapitre  des  Juges  ;  mais  dans  ce  chapirre  il 
eft  feulement  queftion  de  Macbir ,  chef  Se  prince  de  la 
famille  des  Machérites. 

MACHL/EI,  en  grec  ua.x^ctlci  ,  peuples  de  l'Inde, 
félon  Lucien  ,  in  Baccho.  Il  dir  que  ces  peuples  s'éten- 
doient  le  long  du  fleuve  Indus  jusqu'à  la  mer ,  qu'à  la  gau- 
che en  descendant  il  y  avoit  un  petit  bois  facré  rout  cou- 
vert de  pampres  &  de  lierres,  qui  ftifoient  un  ombrage 
très-agréable.  Dans  ce  bois,  ajoute  t-il ,  il  y  avoir  trois 
fontaines  d'une  eau  claire  &  argentine  :  l'une  confacrée  à 
Pan  ,  l'autre  à  Silène ,  Se  la  troifiémé  aux  Satyres.  Les  jeu- 
nes gens  buvoient  de  la  première  ,  les  vieillards  de  la  fé- 
conde ,  Se  les  enfans  de  la  rroifiéme.  On  s'y  affembloit  tous 
les  ans  à  certain  jour  pour  ce  fujer. 
MACHLESNA.  Ko^Cydarus. 
MACLOVlUM  ,  Se  Macloviopolis  ,  nom  latin  de 
faint  Malo  ,  ville  épiscopale  de  Bretagne. 

MACHLUBA  ,  ancien  village  de  l'ifle  deMalthe,  à 
quelques  lieues  de  h  Valette  ;  Se  dont  il  ne  refte  plus  au- 
jourd'hui qu'un  petit  cloître  ,  appelle  S.  Matbeo  délia  Ma~ 
cluba  ,  avec  une  petite  églife  qui  ell  auprès.  Aujourd'hui 
on  ne  reconnoit  point  d'autres  traces  du  village.  Soit  qu'il 
ait  été  abimé  ,  foit  qu'il  ait  fauté  en  l'air  par  quelque  ou- 
verrure  de  rerrequi  s'eft  faite  en  cet  endroir-là  :  on  n'y  voie 
plus  qu'un  grand  creux  ou  précipice  de  quarante  ou  cin- 
quante toifes  de  profondeur ,  Se  d'environ  cinq  cens  pas 
de  circuir.  Au  fond  de  ce  précipice ,  il  y  a  un  jardin  d'arbres 
fruitiers  Se  d'autres  plantes.  Quant  à  Péglife  de  S.  Matbeo 
délia  Macluba  ,  on  y  voit  venir  tous  les  ans  fur  des  âneâ 
une  grande  foule  de  monde  ,  que  la  dévotion  y  attire; 
Quelques  merciers  Se  payfans  y  accourenr  d'ordinaire  , 
avec  des  tourniquets  Se  plufieurs  marchandifes  qu'ils  dis- 
pofent  Se  étalent  tout  à  l'entour  ,  ou  fe  placent  fur  des 
rochers  dans  l'efpérance  du  gain  Se  du  prix,  qui  eft  afli- 
gné  à  celui  qui  fe  trouve  le  mieux  aflbrti  :  ce  prix  con- 

Tom.  IV  B 


MAC 


10 

fille  en  certains  gâteaux  faits  de  chenevis  Se  de  quelques 
autres  graines ,  avec  du  miel,  de  la  farine  &  d'autres  chofes 
femblables.  Il  n'y  a  point  de  maifon  aux  environs  de  ce 
quartier-là.  *  De  la  Croix,  Rel.  d'Afrique,  t.  4.  p.  194. 

MACHLYENSES  ,  peuples  de  Scythie  ,  auprès  des 
Palus  Méotidcs, félon  Lucien,  inToxari. 

MACHLYES  ,  en  grec  M^te;  ,  anciens  peuples 
d'Afrique  aux  environs  des  Syrtes,  &  dans  le  voifinagedes 
Lotophages ,  félon  Hérodote  ,  Melpom.  1.  4.  p.  178.  qui 
ajoute  que  ces  peuples  setendoient  jusqu'à  la  rivière  Tri- 
ton. Pline  ,/.  7.  c.  2.  fait  au/fi  mention  d'eux  Al  les  place 
au-deffus  des  Nafamones ,  fur  la  foi  de  Calrrphanes  ,  il 
dit  que  ces  peuples  avoient  les  deux  Ccxes,  Se  fur  la  foi 
d'Ariitote,  que  leur  mammelle  droite  étoit  comme  celle 
d'un  homme  &  la  gauche  comme  celle  d'une  femme. 

MACHMAS  ou  Michmas  ,  ville  de  la  Paleftine  , 
à  l'orient  de  Béthaven.  Eufébe  dit  que  Mackmai  étoit 
de  fon  rems  un  grand  lieu  ,  à  neuf  milles  ,  ou  à  trois  lieues 
de  Jérufalem  vers  Rama.  Il  efl  auiîî  parlé  de  ce  lieu , 
dans  Ifaïe  ,  c.  10.  v.  28.  où  S.Jérôme  lit  Magmas.  Jo- 
fephe  ,  Annq.  6.  5.  écrit  Max/**  ,  Machma.  Ortelius  dit 
que  Breirenbach  appelle  ce  lieu  Barra  ,  <Scque  Brochar- 
dus  l'appelle  Bira.  Voyez,  ce  mor  à  Bir.  ,  on  dit  aulïï 
El-Bir.  *  /.  Keg.  13.  6. 

MACHMES.  Voyez.  M azyf.s. 

MACHMETHATH  ,  ville  de  la  demi -tribu  de 
Manaffé ,  au  deçà  du  Jourdain  ,  fur  les  frontières  d'E- 
phraïm&de  Manaffé,  à  la  vue  &  vis-à-vis  de  Sichem. 
*  Jojué ,  16.  6.  17.  7. 

MACHOIRE ,  lieu  nommé  la  Mâchoire .  Voyez.  Le- 
chi. 

MACHORB.£,  port  de  l'Arabie  Heureufe  du  côté 
de  l'orienr ,  félon  Ortelius.  Pline  ,  /.  6.  c.  28.  fait  men- 
tion de  ce  port. 

MACHOU  ,  groffe  bourgade  d'Ethiopie  au  royaume 
de  Sennar ,  fur  le  bord  occidental  du  Nil  dans  la  pro- 
vince de  Fungi.  M.  Poncet  fe  trompe  ,  en  la  plaçant  fur 
le  bord  oriental.  Il  fe  contredit  lui-même  ,•  car  dans  un 
autre  endroir  de  fa  relation  il  dit  qu'il  traverfa  le  fleuve 
(  le  Nil  )  pour  aller  à  Dongola  ,  qui  efl  ,  ajoute-t-il ,  fur 
le  bord  oriental.  Ce  fleuve  forme  en  cet  endroit  deuxifles 
remplies  de  palmiers ,  de  fené  Se  de  coloquintes.  Machou 
eil  le  commencement  du  pays  des  Barbarins. 

MACHOVILLA  ,  ville  de  la  Gaule  Narbonnoife , 
félon  Paul  Diacre  ,  /.  3.  c.  8. 

MACHRES  ,  ouMahara  ,  village  d'Afrique  dans 
la  province  de  Tripoli  propre.  Il  efl:  fitué  à  l'embou- 
chure du  golfe  de  Capes ,  à  rreize  milles  de  rifle  de  Zer- 
bi.  On  y  a  bâti  une  citadelle  pour  la  garde  du  golfe.  *Corrié 
Diétionn. 

MACHTES.F"^  Lechi  &  Pila  I. 

MACHUREBI  Se  Machures,  peuples  delà  Mauri- 
tanie Céfarienne.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  2.  les  nomme  m«- 
£fcp/2o/.  Pline,  /.  j.  c.  2.  écrir  Macurebii ,  Se  les  mec 
dans  la  Mauritanie  Tingitane. 

MACHURIBI ,  en  grec  Ma^ap/jSo/  ,  peuples  de  la  Ly- 
bie  intérieure ,  félon  Ptolomée ,  /.  4.  c.  6, 

MACHUSII  ,  peuples  de  la  Mauritanie  Céfarienne. 
Lecir  nom  grec  étoit  uaxwioi.  Ptolomée ,  /.  4.  c.  2.  les 
place  à  l'orient  des  Telad/t/îi ,  Se  les  étend  jusqu'à  l'em- 
bouchure du  fleuve  Cb'malaph. 

MAO  ou  Mazi  ,  peuples  voifins  de  l'Arachofie,  fé- 
lon Pline  ,  /.  6.  c.  23. 

MACICRATIS ,  ville  d'Egypte  ,  félon  Ortelius  qui 
cite  la  chronique  d'Eufébe.  Il  dit  qu'elle  fut  fondée  par 
les  Athéniens.  Voyez.  Naucratis. 

MACIDOS.  C'efl  ainfi  que  portoient  quelques  an- 
ciennes éditions  de  Pomponius  Mêla  *,  mais  les  dernières 
éditions,  /.  2.  c.  2.  n.  6$.  écrivent  Madytos.11  y  en  a  qui 
croyent  que  c'eft  le  Madi  de  Ptolomée  ,  qui  fe  trguve 
feulement  dans  l'exemplaire  de  la  bibliothèque  Palatine, 
qu'a  fuivi  l'interprète  latin.  Il  ne  fe  trouve  point  dans 
les  exemplaires  grecs  ordinaires.  Etienne  le-  géographe  & 
Xénophon  écrivent  m<*<JW  -,  &  Leunclavius  veut  que 
ce  lieu  s'appelle  aujourd'hui  Maitos. 

MACIE,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Kian- 
gfi.  Elle  efl  à  l'orient  de  la  ville  d'Iaocheu.  Le  P.  Mar- 
tini dans  fon  atlas  Chinois  ne  fait  aucune  mention  de 
cette  ville  ,  qui  ne  fe  trouve  pas  non  plus  dans  nos  meil- 
leures cartes. 


MAC 


MAC1NIUM.  Voyez  Macynia. 

MACISTIA.  Voyez.  Macistus. 

MACISTUM  ,  ville  de  l'Arcadie  ,  félon  Pline  ,  /.  4. 
c.  6. 

1.  MACISTUS,  ville  de  la  Triphylie  dans  le  Pélo- 
ponnèfe.  Elle  efl  aufîï  appellée  Flatamflus  par  Strabon  , 
/.  8.  p.  34;.  qui  nomme  le  territoire  de  cette  ville  Ma- 
cijïïa.  Voyez  Magistus  Se  Mecistus. 

2i  MACISTUS  ,  montagne  de  l'ine  de  Lefbos ,  félon 
Pline  ,  /.  j.  c.  3  1. 

MACNA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolomée, 
/.  6.C.7.  la  place  dans  les  terres  entre  Tapara  Se  Ane  aie. 

MACOCO  ou  Anzico  ,  grande  contrée  d'Afrique , 
au  nord  de  la  rivière  de  Zaïre.  Elle  efl  bornée  au  nord 
par  le  royaume  de  Mujac  ;  au  nord-efl  par  le  royaume 
de  Gingiro  ;  à  l'orient  par  le  royaume  de  Nimeamamie  ; 
au  midi  par  le  pays  des  Jagos  &  par  la  rivière  de  Zaïre  ; 
Se  à  l'occident  par  le  pays  de  Bokkemeale.  Le  royaume  de 
Macoco  efl  à  deux  ou  300  lieues  de  la  côte  de  Congo  Se 
de  Lovango.  Les  habitans  s'appellent  Monfoles  ou  ivleti- 
tas.  Ce  font  des  anthropophages ,  auflï-bien  que  les  Ja- 
gos ,  &  peut-être  que  les  Jagos  tirent  leur  origine  de  ces 
Monfoles  ,  félon  Dapper  ,  Defer  de  l'Afriq  p.  539.  Quoi 
qu'il  en  foit,  le  roi  dAnzico  commande  a  treize  royau- 
mes, Se  pane  pour  le  plus  puiflant  prince  de  l'Afrique; 
on  le  nomme  le  Grand  Maaco.  On  prétend  que  l'on  tue, 
p.  355.  tous  les  jours  dans  fon  palais  deux  cens  hommes  * 
foit  criminels  ,  foit  esclaves  de  tribut.  On  apprête  la  chair 
de  ces  malheureux  pour  le  dîner  du  roi  Se  de  fes  courti- 
fans ,  comme  fi  c'étoit  du  boeuf  Se  du  mouton.  C'efl  par 
un  rafinement  d'une  délicateffe  barbare  qu'on  fait  cette 
cruelle  boucherie  -,  car  on  ne  manque  dans  le  pays  ni  de 
bêtes  ,  ni  d'autres  proviflons. 

Le  roi  de  Macoco  a  un  train  fuperbe  ,  Se  un  palais 
fomptueux  pour  le  pays.  Les  richeffes  de  ce  prince  eon- 
fiflent  en  esclaves,  en  Simbos  ou  coquilles  de  Lovando,. 
en  boesjes  ou  coquillages  des  Indes  ,  en  quelques  petites 
pièces  d'étoffe  ou  femblables  bagatelles  ,  qu'on  ellime 
dans  ce  pays- là  autant  qu'on  ellime  l'or  Se  l'argent  en 
Europe.  Il  efl  obligé  d'entretenir  aux  frontières  de  fes  états 
du  côté  du  nord  ,  un  grand  nombre  de  foldats  pour  ga- 
rantir fon  royaume  des  courfes  des  peuples  voifins. 

On  trouve  dans  le  pays  deux  fortes  de  bois  de  fandal , 
du  rouge  &  du  blanc,  p.  338.  C'efl  ce  dernier  qu'on  elli- 
me le  plus.  Les  habitans  en  font  un  onguent  pour  fe  frot- 
ter le  corps  Se  pour  fe  conferver  la  famé.  Ils  le  réduifent 
en  poudre  Se  le  mêlent  avec  de  l'huile  de  piflme.  On  y  a 
des  mines  de  cuivre  ,  beaucoup  de  rhinocéros  ,  de  lions 
Se  d'autres  bêtes  féroces. 

Les  habitans  font  vigoureux  Se  leftes.  A  les  voir  grim- 
per fur  les  montagnes  ,  on  les  prendroit  pour  des  chè- 
vres. Les  femmes  ne  font  pas  mal  faites.  En  général  ils  fe 
foucient  peu  de  ia  vie  ,  ce  qui  les  rend  intrépides  dans 
leurs  entrepri fes.  Ils  font  francs:  leur  brutalité  les  rend 
néanmoins  fuspects  aux  Européens.  On  n'ofe  entrer  en 
commerce  avec  eux.  Ils  ne  mangent  guères  autre  chofe 
que  de  la  chair  humaine.  On  en  tient  boucherie  publique. 
11  fe  trouve  des  esclaves  qui  ennuyés  de  la  vie  s'offrent  à 
leurs  maîtres  pour  être  égorgés.  On  n'enterre  point  les 
morts;  le  ventre  des  vivans  leur  fert  de  tombeau.  Les 
gens  du  commun  ,  hommes  Se  femmes ,  vont  nuds  de- 
puis la  ceinture  jusqu'en  haut ,  Se  ne  portent  point  de 
fouliers.  Mais  ceux  qui  veulent  fe  diltinguer  ,  onr  des 
bonnets  rouges  ou  noirs,  faits  de  velours  de  Portugal, 
avec  de  longues  robes  de  foie  ou  de  drap.  Ils  prennent  au- 
tant de  femmes  qu'ils  veulent ,  &  fouvent  ne  fe  mettent" 
point  en  peine  de  nourrir  les  enfans.  11  fe  trouve  même 
àcs  mères  qui ,  des  que  leurs  enfans  font  nés ,  les  tuent 
Se  les  mangent.  Ils  n'ont  ni  champs  ,  ni  héritages ,  ni  de- 
meures fixes  ;  ils  errent  comme  les  Arabes  ;  ils  ne  fement 
ni  ne  moiffonnent ,  Se  ne  vivent  que  de  vol  Se  de  car- 
nage. Us  mènent  des  esclaves  de  Nubie  Se  de  leur  pays 
dans  le  royaume  d'Angole,  &  en  échange  ils  en  rem- 
portent les  coquillages  dont  il  a  été  parlé  ci-deffus ,  avec 
du  fel ,  de  la  foie,  des  verres,  des  couteaux ,  &c 

Leurs  armes  font  de  petits  arcs ,  mais  forts  j.pour  les 
renforcer  Se  en  même  tems  pour  les  embellir ,  ils  les  cou- 
vrent de  peaux  de  ferpens.  La  corde  efl  un  rejetton  d'ar- 
bre femblablt  au  rofeau  :  elle  cil  fouple  ,  mince  Se  ne  le 
rompt  jamais.  Les  flèches  font  courtes ,  légères  Se  d'un 


MAC 


MAC 


bois  extrêmement  dur.  Ils  ont  des  haches  de  guerre  qui 
Servent  à  deux  ufages  :  un  des  bouts  eft  aigu  Se  tranchant 
comme  une  coignée  ,  l'autre  eft  plat  comme  un  marteau. 
Le  manche  qui  eft  enchaffé  au  milieu ,  eft  de  la  moitié 
plus  court  que  le  fer  :  il  eft  arrondi  par  le  bout  comme 
une  pomme ,  &  garni  d'une  peau  de  ferpent.  Ils  fe  cou- 
vrent du  plat  de  leur  hache  comme  d'unécu  ,  Se  remuent 
cet  inftrument  avec  tant  d'agilité  ,  qu'ils  parent  toutes  les 
flèches  qu'on  leur  tire.  Ils  portent  aufli  des  poignards  Se 
des  boucliers. 

Le  foleil  eft  leur  première  divinité  ;  ils  le  représentent 
fous  la  figure  d'un  homme.  Us  adorent  aufli  la  lune  fous 
la  figure  d'une  femme.  Us  ont  encore  une  infinité  d'ido- 
les :  chacun  à  la  tienne.  Ils  leur  font  des  facrifices  ,  lors- 
qu'ils vont  à  la  guerre. 

MACODAMA ,  ville  maritime  de  l'Afrique  propre, 
fur  la  petite  Syrte  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  C'eft  une 
des  Macomades  d'Antonin  qui  en  connoït  trois  en  Afri- 
que ,  &  il  y  a  apparence  que  c'eft  aujourd'hui  la  ville  de 
Mahomette. 

MACOLlCUM  ,  ville  de  l'Hybernie  dans  les  terres , 
félon  Ptolomée ,  /.  2.  c.  2.  Mercator  prétend  que  c'eft  au- 
jourd'hui un  lieu  nomméMalck  dans  les  cartes  modernes. 

MACOMACA.  Voyez.  Calvmacvma. 

MACOMADA  ou  Macomadia,  lieu  fur  la  grande 
Syrte  ,  félon  l'itinéraire  d'Antonin.  La  conférence  de 
Carthage  en  fait  une  ville  épiscopale  de  la  Numidie.  On 
y  lit ,  p.  260»  édit.  de  Dupin  :  Aurelïus  cpiscopns  ecclefim, 
Catholicœ  civitatïs  Magomagienfis,  où  Magomagir.nfis  eft 
pour  Macomadienfis ,  La  notice  des  évêques  d'Afrique 
fait  auifi  mention  d'un  évêque  de  Macomadia  ,  qu'elle 
nomme, p.  65 S.  Vardalius  Macomadienjis.  Voyez.  Ca- 

1UMACUMA. 

MACOMENA  ,  village  près  de  Jérufalem  ,  félon 
Guillaume  de  Tyr ,  cité  par  Ortelius. 

MACOMER ,  château  Se  village  de  l'ifle  de  Sardai- 
gne  dans  fa  partie  feptentrionale  Se  à  l'orient  d'Alghieri. 
On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Macopjifa.  *  Baudrand , 
édition  1705. 

MAÇON.  Voyez.  Mascon. 

MACOPIN  ,  nom  que  l'on  donne  depuis  peu  à  une 
partie  de  la  rivière  des  Ilinois ,  comprife  depuis  la  ri- 
vière de  Chécagon  jusqu'aux  Miamis. 

MACOPSISA,  ville  de  Sardaigne.  Ptolomée ,  /.  $.c. 
3.  marque  Muxo-^ia-a.,  Mac opfifa  dans  les  terres.     . 

MACORABA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolomée, 
1.6.  c.  7.  place  MaKopdjia.  ,  Macoraba  dans  les  terres, 
entre  Bx.ma  Se  Sata. 

MACORIS  ,  rivière  de  l'ifle  Espagnole  ,  qui  fe  dé- 
charge dans  la  mer  à  la  côte  du  fud  ,  à  fix  ou  fept  lieues 
de  San-Domingo.  C'eft  la  plus  navigable  Se  la  plus  pois- 
fonneufe  des  rivières  de  cette  ifie.  On  ajoute  qu'elle  eft 
pour  le  moins  aulîi  large  que  la  Charente  à  Rochcfort, 
mais  fon  cours  n'eft  pas  fort  long.  *  Le  Pi.  de  Cbarle- 
voix  y  Hift.  de  S.  Domingue  ,Li< 

i.MACOUBA,  rivière  de  l'Amérique  dans  une  des 
Antilles.  Elle  donne  fon  nom  à  un  bourg  Se  à  une  pa- 
roiffe  de  la  bande  du  nord  de  la  Martinique.  Elle  tombe 
comme  les  autres  des  montagnes  voifines  ,  Se  court  entre 
deux  falaifes  escarpées  Se  coupées  presqu'à  plomb.  On 
trouve  fous  les  falaifes  de  grandes  voûtes  comme  des 
arcades  naturelles ,  avec  des  trous  ronds  de  leurs  ceintres , 
qui  percent  fort  avant  Se  paroiffent  comme  des  tuyaux 
de  cheminée.  Cette  rivière  a  environ  quarante  pieds  de 
large  &  deux  pieds  d'eau. 

2.  MACOUBA  ,  bourg  Se  paroiffe  de  l'Amérique  dans 
l'ifle  de  la  Martinique  à  la  bande  du  nord.  L'églife  parois- 
fiale  eft  dédiée  à  fainte  Anne  -,  elle  eft  deffervie  par  les 
Jacobins.  Le  père  Labat  qui  en  a  été  quelque  tems  curé , 
trouva  qu'en  i(594.elle  étoit  compofée  de  deux  cens  vingt- 
neuf  communians ,  foixante-dix-huit  enfans,  &fixcens 
quatre-vingt-feize  Nègres  grands  &  petits.  Il  îfy  avoit  que 
cinq  habitations  où  l'on  fît  du  fucre  ;  plufieurs  des  autres 
s'occupoient  à  la  culture  du  roucou  ,  de  l'indigo  &  du 
cacao.  11  y  avoit  un  nombre  de  différens  ouvriers  Se  plu- 
fieurs autres  qui  ne  s'occupoient  qu'à  la  culture  dû  ma- 
nioc ,  «à  la  nourriture  des  beftiaux  Se  des  volailles  ,  qui 
n'étoit  pas  le  moins  confidérable  du  commerce  ,  puisqu'il 
vient  du  fond  de  la  terre.  Le  nom  de  Macouba  lui 
pourroit  venir  de  la  quantité  de  poiflbns  que  l'on   y 


I  t 

pêche ,  que  l'on  nomme  indifféremment  Teflar  ou  Ma- 
coubas.  Ils  ont  la  tête  large  &  charnue  ,  leur  corps  eft 
presque  rond  ;  leur  peau  eft  noire  Se  fort  fine ,  Se  leur 
chair  eft  blanche  ,  graflê  Se  délicate. 

MACOURIA  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
à  l'oueft  de  Cayenne  ,  Se  qui  ne  peut  avoir  un  cours  fort 
long.  Il  y  a  à  l'embouchure  de  cette  rivière  un  banc  de 
fable  qui  s'étend  fort  au  large  dans  la  mer ,  Se  fur  le- 
quel il  n'y  a  que  peu  d'eau.  C'en  eft  aflez  pour  des  ca- 
nots ,  mais  non  pour  des  barques  ,  ni  pour  des  vaiffeaux  , 
cependant  cela  fuffit  pour  le  commercé  qui  fe  fait  le 
long  de  cette  côte  qui  eft  remplie  d'habitans  qui  ont  des 
fucreries ,  ou  d'autres  manufactures.  *  Voyage  du  Che- 
valier des  Marchais ,  t.  3.  p.  200. 

MACPHELA.  Ce  terme  hébreu  fignifie  Double  ,  fé- 
lon D.  Calmet ,  Diïi.  de  la  Bible  ,  8c  l'auteur  de  la  Vul- 
gate  l'a  pris  dans  ce  fens  ;  en  parlant  de  la  caverne  qu'Abra- 
ham achera  auprès  d'Ephron  dans  le  territoire  de  la  ville 
d'Hébron ,  pour  y  enterrer  Sara  fa  femme.  Mais  d'autres 
croient  avec  aflez  dé  raifon  ,  que  Macphela  en  cet  endroit- 
là  eft  le  nom  du  champ  où  étoit  fituée  cette  caverne ,  ôc 
qu'il  faut  rraduire  Speluncam  duplicem  par  la  caverne 

qui  cfi  à  Macphela  ;  c.  2  3 .  8.  Se  plus  bas ,  c.  1 7.  Ager 

in  quo  eratfpelunca  duplex  ,  par  le  champ.  ...où  étoit  la 
caverne  Macphela.  Un  homme  favant  dans  la  langue  ara- 
be nous  a  averti  qu'en  cette  langue  Macphela  fignifie  fer- 
mé,  muré.  11  croit  que  la  caverne  Macphela  étoit  uri 
tombeau  creufé  dans  le  roc  ,  &  fermé  exactement ,  ou 
même  muré  de  peur  que  l'on  y  entrât ,  ou  que  les  voleurs 
ne  s'y  retiraflent ,  ou  qu'enfin  on  ne  la  violât,  ou  qu'or» 
ne  la  profanât  en  quelqu'autre  manière.  On  voit  encore 
dans  l'orient  des  tombeaux  àinfi  fermés  Se  murés.  Cette 
conjecture  eft  certainement  fort  probable.  Ainfi  il  faudroic 
traduire  la  caverne  fermée  ,  au  lieu  de  la  caverne  Mac- 
phela. Saurin  parle  de  cette  caverne  dans  fes  discours 
hiftoriques  ,  critiques  ,  théologiques  Se  moraux  fur  les 
événemens  les  plus  mémorables  de  l'ancien  Se  du  nouveau 
reftanaent.  Dans  cet  ouvrage  qui  eft  rempli  d'une  érudi- 
tion aufli  profonde  que  fage  Se  choifie  ,  il  dit ,  1.  parti. 
Disc  11.  p.  154.  edit.fol.  Abraham  demanda  aux  princi- 
paux desHétiensdefe  joindre  à  lui  pour  perfuader  Hé- 
phron  qu'il  lui  cédât  un  champ  dans  lequel  étoit  une  ca- 
verne que  le  texte  hébreu  appelle  Macpela.  Soit  que 
c'eût  été-là  un  nom  propre  ,  ce  qui  paroît  fe  prouver  pan, 
le  verfet  17.  du  vingt-troifiéme  chapitre  de  la  Genèfe  i 
dans  lequel  le  champ  où  étoit  cette  caverne  eft  appelle 
Macpela,  foit  qu'elle  ait  été  double,  félon  la  fignifica- 
tion  de  ce  mot.  Les  mouvemens  que  les  favans  fe  font 
donnés  pour  trouver  les  raifons  qui  auroient  fait  appeller 
cette  caverne  Double ,  ne  nous  paroiffent  pas  devoir  être 
rangés  parmi  les  foins  les  plus  importans  qu'ils  ont  pris 
à  cette  occafion. 

Si  l'on  pouvoit ,  pôurfuit-il ,  ajouter  foi  aux  relations 
des  voyageurs ,  nous  aurions  des  fecours  pour  nous  for- 
mer une  idée  exacte  de  la  caverne  de  Macpela,  Plufieurs 
prétendent  l'avoir  vue,  Se  nous  en  font  des  deferiptions 
circonftanciées.  Mais  ces  relations  ,  presque  toujours  fu- 
fpeétes  ,  doivent  l'être  particulièrement  dans  ce  qui  con- 
cerne ces  lieux  que  l'Ecriture  fainte  rend  mémorables. 
Que  ne  prétend-t  on  point  faire  voir  à  ceux  qui  entre- 
prennent le  voyage  de  la  Paleftine  ?  &  que  ne  leur  pro- 
duit-on point  pour  les  dédommager  de  leurs  fatigues  ? 

1.  MACRA  ,  lieu  de  la  Macédoine  ,  félon  Tite-Live  ," 
/.  32.  c.  1 3.  Il  dit  qu'on  l'appelloit  auffi  Come. 

2.  MACRA  ,  rivière  d'Italie  ,  qui  féparoit  I'Etrurîe  de 
la  Ligufie.  Pline,/.  3.  c.  f.  en  fait  mention.  Ptolomée  , 
h$.c.x.  appelle  cette  rivière  Maxpa'Ma,  Macralla.  C'eft 
aujourd'hui  le  Magra. 

3.  MACRA  ,  lieu  d'Italie  ,  félon  Strabon  ,  /.  5.  p.  222.' 
Il  dit  que  plufieurs  écrivains  le  prenoient  pour  la  borne 
entre  l'Etrurie  Se  la  Ligurle. 

4.  MACRA  ,  ifle  du  Pont-Euxin  dans  le  golfe  de  Car- 
cine,  félon  Pline,  /.  4.  c.  13.  Ce  nom  lui  venoit  fans 
doute  de  fa  longueur. 

y.  MACRA  ,  ville  de  Macédoine.  Elle  a  été  aufli  nom» 
mée  Orthagoria.  Son  ancien  nom  étoit  Stagira» 
Voyez,  ce  mot. 

MACR/E  ,  lieu  au  voifinage  d'Athènes,  où  Erichto- 
nius  ,  à  ce  qu'on  difoit ,  avoit  été  englouti  par  la  terre  3 
félon  le  témoignage  d'Euripide  ,  in  Ion.  cité  par  One- 

B  i; 


MAC 


12 

Sius.  C'étoit  une  caverne  dans  le  rocher  de  Cecrops ,  fé- 
lon Paufanias  m  Atticis. 

M  ACR^EUM ,  montagnes  de  la  Troade  ,  félon  Etiea  - 
ne  le  géographe  ,  cité  par  Orrelius. 

MACRALES ,  peuple  d'Italie  ,  l'un  des  cinquante 
trois  peuples  de  l'ancien  Latium  ,  qui  ne  fubfiftoient  dé- 
jà plus  ,  Se  dont  il  ne  reftoit  plus  aucune  trace  du  teras 
de  Pline,  /.  3.  c.  r. 

MA  CRAN.  Voyez.  Mecran. 

MACRA*NESUS,ou  Macris.  Voyez.  Hélène  i. 

MACRANI ,  bourg  ou  petite  ville  des  Volsques  ,  fé- 
lon Caron  dans  fes  origines  \  il  eft  cité  par  Ortélius. 

1 .  M ACRAS  ,  nom  d'un  champ  dans  la  Cœléfyrie , 
félon  Strabon  ,  /.  16.  p.  75-  y.  Il  étoit  limitrophe  d'un 
canton  nommé  Marfyas  dans  la  même  contrée  ,  félon 
Niger  cité  par  Ortélius.  Ce  champ  fe  nommoit  MarzÀ. 

2.  MACRAS  ,  ou  Macrai,ou  même  Acrai  ,  lieu 
près  de  Syracufe  où  campa  Dion ,  félon  Plutarque ,  in 
D'ion. 

MACRE.  Voyez.  Macres  2. 

MACRENI  ,  peuple  de  l'iûe  de  Corfe.  Ptolomée,  /. 
3.  c.  2.  place  les  Mautpwo) ,  Macrenii,  dans  la  partie  fep- 
tentrionale  de  l'i/le ,  au-defTous  des  Licmini ,  Se  audeflus 
des  Opini. 

1.  MACRES ,  petite  ville  de  la  Turquie  en  Afie,  fur 
la  côte  méridionale  de  l'Anatolie,  au  fond  d'un  golfe  ,  à 
l'entrée  duquel  l'iile  de  Rhodes  eft  fituée  ,  &  que  les  an- 
ciens appelloient  Glaucus  Sinus.  Il  prend  maintenant  le 
nom  de  golfe  de  Macres,  fi  nous  en  croyons  Baudrand. 
De  l'Ifle  l'appelle  golfe  de  Macri.  Berthelot  ne  fait  de 
cette  prétendue  ville  qu'une  mauvaife  bourgade  ,  nom- 
mée Macari. 

2.  MACRES  ,  ou  Magra.  Voyez.  Cinyps  i. 

1.  MACRI ,  village  de  la  Turquie  en  Europe  dans  la 
Romanie  ,  fur  le  détroic  des  Dardannelles ,  auprès  de 
Rodofto.  C'étoit  anciennement  une  ville  appellee  Ma- 
crontichos ,  parce  qu'elle  étoit  à  l'extrémité  de  la  longue 
muraille  ,  que  les  empereurs  de  Conftantinople  aboient 
bâtie  depuis  la  Propontide  jusqu'à  la  mer  Noire ,  afin  de 
garantir  la  capitale  des  infultes  des  barbares ,  qui  venoient 
fouvcnt  jusqu'aux  portes.  Baudrand  parle  mal  à  propos  à 
ce  fujet  de  l'ifthme  de  Corinthe  ,  avec  lequel  cette  mu- 
xaille  n'a  rien  de  commun.  *  Baudrand  retlifJ. 

2.  MACRI ,  bourg  de  l'Archipel  dans  l'iile  de  Samos , 
fur  la  côte  de  la  Natolie.  On  croit  qu'il  eft  fur  les  ruines 
de  la  Y anormus  des  anciens.  Voyez,  ce  mot ,  n.  2.  *  Bau- 
drand retTifiê. 

j.  MACRI ,  lieu  dans  la  Mauritanie  Céfarienne  ,  fé- 
lon l'itinéraire  d'Antonin.  Il  le  met  fur  le  chemin  de  Sitifi 
à  Céfarée,  entre  Cellas  &Sabi,  à  vingt-cinq  mille  pas 
de  la  première  ,  Se  à  même  diftance  de  la  féconde.  La  ta- 
ble de  Peutinger ,  au  lieu  de  Macri ,  lit  Magri.  La  notice 
d'Afrique  dans  la  Mauritanie  Sitifenfe,  fait  mention  d'un 
évêque  nommé  Emeritys  Macrenfis  ,  Se  la  conférence 
de  Carthage  parle  d'un  autre  évêque  appelle  Maximas 
Macrenfis . 

1.  MACRI  A  ,  ifie  des  Rhodiens  ,  félon  Pline ,  /.  j.  c. 

3i. 

2.  MACRIA,  montagne  de  l'Ionie  chez  les  Te»,  fé- 
lon Paufanias ,  in  Achaic.  I.  7. e.  5.  Il  dit  qu'il  y  avoit  des 
bains  dans  cette  montagne. 

MACRIADES  ,  écueil  dans  la  Propontide  ,  dans  le 
voifinage  de  Cyzique ,  félon  Ortélius ,  qui  cite  Apollo- 
nius .1.1. 

MACRI/E.  Voyez  Machlyes. 

MACRIANENSES.  Voyez.  Macri  i. 

MACRIANENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Mauritanie  Sitifenfe  ;  la  conférence  de  Carthage  four- 
nit Félix  Macrianenfu ,  ôc  la  notice  d'Afrique  ,  Reflua- 
nts. *  Harduin.  CollcdE  conc. 

MACRIANENSIS-MAJORIS,  fiége  épiscopal  d'A- 
frique dans  la  Byzaccne.  Fcrox  fon  évêque  fouscrivir  au 
concile  de  Carthage  ,  tenu  l'an  397-,  &  la  conférence  de 
Carthage  fait  mention  de  Pomponius  Macnanenfis-Ma- 
joris  ,  évêque  Donatilte.  Harduin.  Collect.  conc. 

MACRIE/E.  Voy cz.Macrohv.s. 

1. MACRIS,  iilede  la  merde  Pamphilie  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.  12. 

2.  MACRIS ,  ifie  dans  la  mer  de  Rhodes  ,  félon  PH- 
ae  ,  /.  $<*c.  31. 


MAC 


3 .  MACRIS  ,  ifie  de  la  mer  Ionienne  ,  félon  Tite- 
Live ,  /.  37.  c.  1 3.  Ce  fut  dans  les  ports  de  cette  ifie  que 
Polyxénidas  fe  rendit  ,  pour  attaquer  avec  avantage  la 
flotte  des  Romains  à  fon  partage. 

1.  MACROBII  ,  peuples  d'Ethiopie  fur  l'Océan  At- 
lantique, félon  Denysle  Périégete ,  v.  559  ,  &  c.  33.  Ils 
habitoient  principalement  I'Erythea.  Voyez  ce  mot.  On 
croit  qu'ils  étoient  Phéniciens  d'origine.  *  Solinus  ,  c.  16. 

2.  MACROBII ,  nom  que  l'on  donna  aux  habitans  de 
l'ifle  de  Méroé  ,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  3.  c.  10.  Il 
prétend  qu'on  les  appella  de  la  forte  ,  parce  qu'ils  vivoient 
très-vieux.  Sénéque  ,  Pline  &  Solin  mettent  aufii  des  peu- 
ples nommés  Macrobii  dans  l'Ethiopie  orientale. 

MACROBIORUM  Insul^  ,  ifles  du  Gange  ,  félon 
Ortélius  qui  cite  Glycas. 

MACROCEPHALI  ,  peuples  d'Afie  ,  voifins  de  la 
Colchide ,  félon». Etienne  le  géographe.  Ils  étoient  ainfi 
nommés  à  caufe  de  la  longueur  extraordinaire  de  leur 
tête.  Pline ,  /.  6.  c .  4.  Se  Pomponius  Mêla  ,  /.  1 .  c.  1 9.  v. 
80.  les  placent  au  voifinage  de  la  ville  Cerafus.  Théo- 
phrafte  ,  de  aère  &  aquis ,  fait  auffi. mention  de  ces  peu- 
ples. Voyez.  Macrones. 

MACROCREMINI ,  montagnes  aux  environs  des  ri- 
vières Iftrus  &  Tyra  ,  félon  Pline ,  /.  4.  c.  24. 

MACRONES  ,  peuples  du  Pont  ,  fur  les  bords  du 
fleuve  Abfarus  ,  Se  dans  le  voifinage  du  fleuve  Sydenus, 
félon  Pline ,  /.  d.  c.  4.  &  c.  40.  Euftathe  les  dit  plus  orien- 
taux que  les  Bécbiri ,  &  Xénophon  les  place  dans  le  voi- 
finage des  Scythini.  Strabon ,  /.  12.  Se  Etienne  nous  ap- 
prennent que  de  leur  tems  ces  peuples  fe  nommoienc 
~2.£.vvoi ,  Sanni  ;  ôe  on  lit  Sami  dans  la  traduction  latine 
de  Strabon  par  Xylander  ,  mais  il  y  a  apparence  quec'cft 
une  faute  d'impreiîîon.  Euftathe  ajoute  que  de  fon  tems 
ces  peuples  étoient  auffi  appelles  Sanni ,-  mais  plus  ordi- 
nairement t'Çô.voi  ,  Tzani.  Pintaut  croit  qu'Arrien  les  ap- 
pelle  Macbelones  ,  ôc  qu'Apollonius  ,  /.  Ar^on.  1.  les 
nomme  Macriea ,  ôc  qu'on  leur  donna  ce  nom  ,  parce 
qu'ils  étoient  une  colonie  des  Eubéens  ;  car  l'Eubée  avoie, 
été  aufii  appellee  Macris.  Mais  il  eft  confiant  que  Xéno- 
phon ôc  Arrien  ,  Pont.  Eux.perip.  p.  11.  font  deux  peu- 
ples différens  des  Macrones  ôc  des  Sanni. 

MACRONISI ,  ifie  de  Grèce ,  dans  l'Archipel ,  félon 
La  Guilletiere ,  Athènes  ancienne  &  nouvelle ,  l.  1.  pag. 
106.  Les  Italiens  l'appellent  ifolalonga  ;  ce  qui  fignifie  la 
même  chofe  que  le  mot  grec  Macronifi.  Au  nord-eft  de 
cette  ifie  on  trouve  des  bancs  de  fable  très  dangereux.  Sa 
longueur  qui  eft  de  deux  lieues  ,  court  de  l'eft-nord-efl  à 
l'oueft-fud-oueft  ,  mais  fa  largeur  n'eft  pas  de  plus  d'une 
demi-lieue.  On  la  nommoit  autrefois  ifie  a" Hélène ,  parce 
qu'Hélène  y  aborda  à  fon  retour  d'Ilion.  Elle  n'eft  habi- 
tée que  par  des  Caloyers  qui  y  demeurent ,  Se  qui  y  vivent 
avec  beaucoup  d'auftérité.  Ce  font  des  religieux  de  faine 
Bafile. 

i.MACRONTICHOS,  c'eft-à-dire  longue  muraille. 
C'étoit  une  ville  de  la  Thrace  ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.  1 1. 
Elle  étoit  bâtie  fur  l'ifthme  même,  ôc  de  cette  ville  qui 
étoit  fur  la  côte  de  la  Propontide  ,  jusqu'au  golfe  Me- 
lanis ,  on  avoit  tiré  une  muraille,  qui  féparoit  la  Cher- 
fonnèfe  du  continent.  Les  anciens,  félon  Procope,  JEdijic. 
I.  4.  c.  10.  avoient  bâti  fur^ifthme  une  muraille  qui  pou- 
voit  être  prife  fans  peine ,  ôc  qui  étoit  aufii  baffe  ,  que  fi 
elle  n'eût  été  faite  que  pour  enclore  un  jardin.  Ils  avoient 
élevé  aux  deux  côtés  de  l'ifthme  deux  moles  fi  foibles  ôc 
fi  méprifabîes,  qu'ils  fembloient  plus  propres  à  faire  en- 
trer l'ennemi  qu'à  le  repouffer..  Us  s'imaginoient  cepen- 
dant que  ces  murailles  ôc  ces  moles  étoient  imprenables  , 
&  fur  cette  imagination  ,  ils  n'avoient  élevé  aucune  for- 
tificafion  dans  la  Cherfonnèfe,  quoiqu'elle  eût  le  chemin 
de  trois  journées  en  longueur.  Juftinien  qui  veilloit  avec- 
une  application  continuelle  au  bien  de  fes  fujets,  fit  abat- 
tie  entièrement  la  vieille  muraille  ,  fans  en  biffer  le  moin- 
dre veftige,  ôc  en  fit  élever  au  même  endroit  une  autre 
d'une  hauteur  &  d'une  largeur  fort  raifonnable.  Au-deffus 
des  créneaux  il  fit  faire  une  galerie  voûtée  ,  afin  que  les 
foldars  fu fient  à  couvert  -,  ôc  au  deffus  de  cette  gaflerie ,  il 
fit  faire  un  autre  rang  de  créneaux  ,  afin  de  doubler  le 
nombre  des  foldats.  Aux  deux  bouts  il  fit  confiruire  deux 
moles  ,&  il  les  fit  élèvera  une  hauteur  égale  à  celle  des 
murailles.  Il  fit  nettoyer  les  foffés ,  5c  les  fit  creufer  d'une 
largeur  ôc  d'une  profondeur  extraordinaires.  Il  y  mit  de 


■ft 


AC 


MAD 


plus  une  gnrnifon  nombrcufe  ,  Se  capable  de  garder  la 
grande  nui i  aille  »&  de  repouffer  ceux  à  qui  il  prendroit 
envie  de  l'attaquen, 

2.  MACRONTICHOS  ,  c'étoit  le  nom  d'une  autre 
grande  muraille  ,  àùffi  bâtie  dans  la  Thrace.  Procope  en 
parle,  Mdific*  l.  4.  c.  9.  II  dit  que ,  pour  garantir  l'ifthme 
de  la  Thrace  des  courfes  des  ennemis ,  l'empereur  Ana- 
ftafe  avoit  fait  bâtir  à  quarante  milles  de  Conftantinople 
une  muraille  longue  de  l'efpacede  deux  journées  de  che- 
min ,  &  qui  touchoient  d'une  mer  à  l'autre.  Ce  prince 
s'imagina  avoir  pourvu  à  la  fureté  des  maifons  qui  étoient 
dans  cette  enceinte.  Mais  ce  qu'il  avoit  fait ,  fut  trouvé 
plus  incommode  qu'utile ,  &  la  muraille ,  pour  avoir  trop 
d'étendue  ,  n'eut  pas  allez  de  folidité.  Il  falloit  un  nom- 
bre prodigieux  de  foldats  pour  la  garder ,  Se  de  quelque 
côté  que'viniïcnt  les  ennemis ,  ils  en  prenoient  une  p€(ftie 
&  chaflbient  l'autre.  L'empereur  Juftinien  fit  réparer 
tous  les  endroits  des  murailles  qui  étoient  tombés  par  ter- 
re ;  Se  de  plus ,  pour  la  fureté  de  la  garnifon  ,  il  fit  bou- 
cher les  portes  par  où  l'on  alloit  d'une  tour  à  l'autre  ;  & 
il  fit  faire  une  porre  par  en  bas  Se  un  degré  à  chaque  tour. 
Ceux  qui  gardoient  ces  tours,  fermoicntles  portes  quand 
il  étoir  néceflaire,  Se  ,  fe  tenant  à  couvert ,  ils  méprifoient 
les  efforts  des  ennemis.  Evagrius,/.  3.  Nicéphore,  /.  \6. 
c.  34.  Se  Suidas,  in  Avaçàa-to? ,  parlent  auiîi  de  cette  mu- 
raille. 

3.  MACRONTICHOS  ,  autrement  les  Jambes  ,  en 
latin  Criera  ,  Se  en  grec  IkIùh.  Grandes  murailles  qui  joi- 
gtioieht  là  ville  d'Athènes  au  Piree.  Selon  Plutarque  ,  in 
Cimone  ;  elles  furent  véritablement  bâties  après  Cimon  ; 
mais  ce  fut  lui  qui  des  fruits  de  la  victoire  qu'il  avoit 
remportée  fur  les  Perfes ,  fit  jecter  les  premiers  fonde- 
mensdeces  murailles,  avec  beaucoup  de  travail  &  une 
grande  dépenfe.  Car  comme  le  terrein  où  l'on  étoit  obli- 
gé dé  les  alïcoir ,  fe  trouvoit  au  milieu  des  eaux  Se  des 
marais,  il  fallut  deflecher  Se  confolider  les  marais  ,  à  force 
de  cailloux  Se  de  grofiè  pierres  de  taille  qu'on  y  jettoit ,  Se 
faire  ainfi-ecs  fondations  à  pierres  perdues.  Selon  Thucy- 
dide,/, t. p.  lo^on  appella  aulïï  une  de  ces  murailles  la 
muraille  du  FWFe  ,  Se  l'autre  la  muraille  de  Phalere.  La 
première  étoit  longue  de  quarante  ftades  ,  Se  la  dernière 
de  trente-cinq. 

MACROPOGONES  ,  peuples  de  la  Sarmatie  Asiati- 
que aux  environs  du  Pont-Euxin ,  félon  Strabon,  /.  ir. 
p.  492.  Ces  peuples  laiffoient  croître  leur  barbe  ;  carie 
mot  grec  Màutf)Q7rœyw0  ,  fignifie  longue  barbe. 
MACROPROSOPI.  Voyez  Hipi-iotrosopi. 
MACROS.  Voyez.  Bagrada. 
MACR.OS.  Voyez.  Macodama. 
M ACRYES.  Voyez  Machly? s. 
MACR1NIUM.  Voyez  Macynia. 
MACTARUM ,  ou  Macïari  ,  ville  de  l'Afrique  pro- 
pre. Il  ne  faut  point  confondre  cette  ville  avec  celle  de 
Matari  ou  Mattari.  Dans  la  notice  épiscopale  d'A- 
frique de  la  province  deByfacène,  on  trouve  deux  fiéges 
presque  de  même  nom  ;  favoir  ,  Maclaritana  ,  n°.  j.  Se 
Mattàfitana  >  n°.  50.  Se  dans  la  conférence  de  Carthage 
il  paroît  deux  différens  éveques  de  ces  fiéges  ,  favoir: 
Comparât er  episcopus  Mallaritanus ,  donatifte ,  &  Culta- 
fius  episcopus  pleins  Mataritan&  ,  catholique  ,  encre  les 
cvêquesqui  affilièrent  au  concile  de  faint  Cypricn  ,  tou- 
chant le  baptême  des  hérétiques  :  il  eft  fait  mention  de 
Marcus  à  Mattari  ,  qui  étoit  évêque  de  Maffarum,  fi 
on  lit  comme  il  y  a  dans  faint  Cyprien  ;  mais  qui  auroit 
été  évêque   de  Mattari  ,  fi  on  lifoit  comme  lit  S.  Au- 
guftin  ? 

Pline  ,  /.  y.  c,  4.  parle  d'une  ville  nommée  Matterenfe 
oppidum  ,  qu'il  met  dans  les  terres,  Se  Caffiodore ,  de 
Divinis  Inflituttonih,  c.  29.  fait  mention  d'un  Victor  Mar- 
tariter.us  ,  évêque  d'Afrique  3  Martaritanus  eft  peut- 
être  mis  pour  Mattaritanus. 

MACTOIllUM  ,  ville  ancienne  de  la  Sicile  ,  au-deffus 
de  celle  de  Gela  ,  félon  Hérodote,  /.  7.  c.  153.  Aretius 
prétend  que  c'eit  la  ville  de  Ma  char  a  ,  dont  parle  Cicé- 
ron  ,  c\:que  c'elt  aujourd'hui  la  petite  ville  de  Mazarino. 
Mais  Fazelln'cft  point  de  ce  fentiment.  Fulvius ,  au  lieu 
de  Matharertftrs  ,  lit  dans  Cicéron  ,  Imacharenfcs.  Voyez 

MACHARA    Se,  ÏMACHARENSKS. 

MAÇU  .  rbrtèreffe  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Suchuen.  Elle  eft  de  quinze  degrés  quarante  minutes  plus 


Î3 


occidentale  que  Péking  ,  fous  les  27  deg.  44  min.  de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenfis. 

MACUAouMacum,  bourg  ou  petite  ville  d'Ethio- 
pie fous  l'Egypte ,  félon  Pline,  /.  6.  c.  29. 

MACUN  AH  ,  ville  du  pays  nommé  Habafchah  ,  c'eft- 
à-dirc  des  Abyffins  ou  de  l'Ethiopie  ,  félon  d'Herbelot , 
Biblioth.  orient.  Elle  eft  fituée  fur  la  mer  rouge ,  à  l'orient 
de  la  ville  Calgiun. 

MACYNIA  ,  ville  de  l'Etolie  ,  félon  Strabon,  /.  10. 
p.  45  1.  &  460.  qui  la  place  au  pied  du  mont  Taphiafus. 
Il  écrit  indifféremment  Mautwia  Se  Mcwlvw.  Au  lieu  de 
Macynia  on  ttouve  Macyna  dans  Plutarque  ,  in  moralib. 
Se  dans  Pline ,  /.  4.  c .  2.  ©n  lit  Macynia  ,  ville  d'Etolie  , 
Se  Macynium  ,  montagne  de  la  même  contrée. 

MACZARAT ,  alfûdân,  nom  des  cafesou  habitations 
des  Nègres.  C'eft  une  maifon  grande  ,  fpatieufe  Se  force 
à  leur  manière.  Ils  s'y  retirent  pour  fe  garantir  des  in- 
curfions  de  leurs  ennemis.  Edriffi  en  fait  fouvent  mention 
dans  le  premier  climat  de  fa  géographie.  Mais  il  femble 
qu'il  faille  plutôt  lire  Macforat,  ou  que  le  mot  Maczarat 
foit  ufité  par  corruption  dans  le  pays  de  ces  Nègres ,  qui 
habitent  l'intérieur  de  l'Afrique  fur  le  Niger  ou  Nil  occi- 
dental. *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

MACZUA  ou  Matzua  ,  ifle  de  la  mer  Rouge  fur  la 
côte  occidentale  près  du  port  d'Arkiko.  Elle  appartient  à 
préfent  aux  Turcs,  qui  font  maîtres  du  port  d'Arkiko.* 
Ludolfi,  Hiftor.  /Ethiop.  1.  1.  n°.  29.  2.  Voyez  Mazua. 

MADABA  ,  Madeba  ,  Medaba  ou  Medara,  ville 
de  la  Paleftine  au-delà  du  Jourdain  ,  dans  la  partie  méri- 
dionale de  la  tribu  de  Ruben  ,  Jofué ,  1 3.  16.  Les  Moa- 
bites  s'en  emparèrent ,  Ifaïe,  \6.  2.  Eufébe  dit  que  Me- 
daba n'étoit  pas  loin  d'Efebon  ou  Chesbon.  Les  habitans 
de  Médaba  ayant  tué  Jean  Gaddis  ,  frère  de  Judas  Ma» 
chabée,  comme  il  alloit  au  pays  des  Nabathéens,  Jofephe, 
antiq.  1.  13.  c.  1.  /.  Mach.  9.  16.  er  fuiv.  bientôt  après1 
Simon  Se  Jonathas  fes  frères  vengèrent  fa  mort  fur  les 
fils  de  Jambri ,  qui  menoient  une  fille  de  Médaba  dans  la 
maifon  d'un  homme  de  qualité  du  pays  qui  l'avoit  épou- 
fée.  *  D.  Calmet ,  Dictionn. 

MADJEl.  Voyez    Media  Se  Medie.  Confultez   ce 
dernier. 

MADAGASCAR  ,  ifle  le  long  des  côtes  orientales  de 
l'Afrique.  C'eft  la  plus  grande  que  l'on  connoifïè  dans 
l'univers  (  a  ).  Elle  tient  depuis  les  1 1  degrés  1 2  minutes, 
jusqu'à  25  deg.  50  min.  de  latitude  méridionale,  ce  qui 
fait  336"  lieues  françoifes  de  longueur  (b).  Elle  a  120 
lieues  dans  fa  plus  grande  largeur  ,  &  elt  fituée  nord- 
nord  eft  Se  fud-fud-oueft.  Sa  pointe  au  fud  s'élargit  vers 
le  cap  de  Bonne-Efpérance  -,  mais  celle  qui  eft  au  nord  efl 
beaucoup  plus  étroite  Se  fe  courbe  vers  la  mer  des  Indes. 
L'on  croit  qu'elle  a  800  lieues  de  tour.  Elle  a  été  vifitée 
de  toutes  les  nations  de  l'Europe  qui  navigent  au-delà  de 
la  ligne,  Se  particulièrement  des  Portugais,  des  Anglois, 
desHollandois  Se  des  François.  Les  premiers  l'appellerent 
ifle  de  S.  Laurent  ,  parce  qu'ils  l'avoient  découverte  le 
jour  de  la  fête  de  ce  faint  en  1492.  Les  autres  nations  l'ont 
nommée  Madagascar  ;  les  François  lui  donnèrent  pour- 
tant en  i66j.  le  nom  d'ifle  Dauphine,  8e  les  natutels  du 
pays  la  nomment  MadécafTe.  Les  anciens  géographes  l'ont 
auffi  connue ,  quoiqu'aflèz  imparfaitement.  Voyez  Cerne 
1 .  (a). Flacourt ,  Hift.  de  l'ifle  de  Madagascar  ,  c.  1 .  (  b ) 
Renncfort  ,  Hift.  des  Indes  orientales,  c.  23. 

Toute  la  côte  de  l'eft  courr  au  nord-nord-eft  Se  fud- 
fud-oueft,  depuis  la  pointe  d'Itapete  dite  Fitorah  jusqu'à 
la  baie  d'Antongil  ;  Se  de  la  baie  d'Antongil  jusqu'au 
bout  de  l'ille  ,  la  côte  court  droit  au  nord.  *  Flacourt , 
cap.   1 . 

Depuis  la  pointe  d'Itapere  jusqu'aux  Caremboulles  ,  la 
côte  court  à  Poueft  en  faifant  une  efpéce  de  quart  de 
cercle.  Le  long  de  cette  côte  font  l'anfe  Dauphine ,  nom- 
mée par  les  gens  du  pays  Tolonghare,  l'anfe  de  Ranou- 
fouthi  nommée  par  les  Portugais  l'anfe  aux  Gallions,  Se 
l'anfe  de  Caremboulle  nommée  par  les  Hollandois  leur 
Cimetière  ,  parce  qu'un  gros  vaifleau  qui  leurappartenoir, 
fit  naufrage  dans  cet  endroit ,  Se  que  la  plus  grande  par- 
tie de  l'équipage  fut  mafîacré  dans  la  province  de  |Ca- 
remboulle. 

La  pointe  d'Itapere  eft  fituée  fous  les  2  y  deg.  6  min. 
de  latitude  méridionale  ;  la  pointe  de  l'anfe  où  eft  le  fort 
Dauphin  eft  fous  les  25  deg.  10  min.  de  latitude  méri- 


/ 


i4         MAD 

dionale,  à  deux  lieues  de  la  pointe  d'Itapere;  &  î'ânfc 
Dauphine  fe  trouve  entre  ces  deux  poinres.La  variation  de 
l'aimant  eft  au  nord-oueft  19  degrés.  Depuis  l'anfe  Dau- 
phine il  peut  y  avoir  cinquante  lieues  jusqu'à  l'anfe  de 
Caremboulle  qui  eft  fous  les  25  deg.  30  min.  de  lar.  mér. 

Enfin  ,  depuis  Caremboulle  jusqu'à  la  bouche  de  la 
rivière  Sacalite ,  la  côte  s'étend  au  nord-oueft  depuis  la 
Sacalite  jusqu'au  1 7  degré  de  latitude  méridionale ,  elle 
va  presque  au  nord  en  déclinant  un  peu  au  nord-quart  de 
nord-eft  ;  ôc  depuis  le  17  deg.  jusqu'au  14  la  côte  s'étend 
au  nord  qui  eft  le  bout  de  l'ifle.  Toute  cette  côte  eft  entre- 
coupée de  belles  ôc  grandes  rivières ,  de  baies  &  d'anfes  , 
où  il  y  a  de  très-bons  ports. 

L'Intérieur  de  l'ifle  eft  plein  de  montagnes  hautes  ôc 
droites.  Il  ne  laide  pas  d'y  avoir  des  plaines  fpacieufes  , 
des  pâturages  très-gras  ,  des  rivières  ôc  des  étangs  où  le 
poiflbn  abonde  j  des  fontaines  agréables  dont  l'eau  eft 
peut-être  la  meilleure  de  l'univers  ,  &  de  grands  bois 
toujours  verds.  Dans  plufieurs  endroits  les  citroniers  ôc 
les  grenadiers  fe  mêlentavecd'autres  arbres  qui  produifenc 
des  fleurs  femblables  à  celles  du  jasmin  d'Espagne ,  ôc  ce 
mélange  forme  naturellement  des  berceaux  qui  furpaffent 
route  l'adreffe  &  la  régularité  de  l'art.  Ces  beaux  lieux  fe 
rencontrent  fur-tour  à  quelques  milles  de  la  mer ,  &  le 
fable  délié  que  le  vent  y  porte  eft  propre  à  les  entre- 
tenir dans  leur  beauté.  On  fe  plaint  pourtant  de  ce  que 
dans  la  plupart  des  bois  il  y  a  des  foffes  où  l'amas  des  feuil- 
les ôc  des  branchages  ,  des  eaux  de  pluie  ôc  de  fource ,  en- 
gendrent une  pourriture  qui  corrompt  l'air  ,  ôc  rend  les 
habitations  voifines  un  peu  malfaines  aux  étrangers. 

Cette  ifle  fe  divrfe  en  plufieurs  provinces  ôc  régions , 
habitées  par  diverfes  nations  qui  ont  toutes  un  même 
langage  ,  mais  qui  font  de  différentes  couleurs,  de  diffé- 
rentes mœurs  ôc  presque  toutes  fans  religion.  Il  faut  en 
excepter  les  peuples  que  l'on  nomme  Zafferamini  ou  Rhai- 
mima  qui  habitent  la  bande  du  fud.  Ils  font  entichés  de 
quelques  fuperftitions  de  la  religion  Mahométane.  Il  y 
en  a  d'autres  vers  la  bande  du  nord  ,  qui  fe  difent  Zaffehi- 
brahim  ,  c'eft-à-dire  lignée  d'Abraham ,  ceux-ci  tiennent 
quelque  chofe  du  Judaïsme  ,  ôc  ne  connoiffent  point 
Mahomet. 

Depuis  la  baie  d'Antongil  en  venant  vers  le  fud,  tout  le 
pays  le  long  de  la  côte  a  été  découvert  par  les  François 
jusqu'à  la  baie  de  S.Auguftin,comme  aufli  toutes  les  terres 
qui  font  dans  le  milieu  de  l'ifle  ,  depuis  le  pays  des  Vohits- 
Ânghombes  ,  qui  font  fous  le  dix-neuviéme  degré  jus- 
qu'au bout  du  fud  ■-,  ainfi  on  a  découvert  toutes  les  pro- 
vinces fuivantes  : 

Vohits-Anghombes,  Anachimoufi  , 

Eringdranes ,  Matatanes 

Antavares  ou  Mananzari ,     Alhffach  pays  de  la  vigne , 

Ambohitfmenes  ,  La  vallée  d'Amboulle , 

Enghallenvoullon  ,  Anoflî  ou  Androbeizaha , 

Noflîhibrahim  ou  ifle  Ste      Ampatres , 
Marie ,  Caremboulles , 

Lamanouf ,  Machicores , 

Journboin ,  Mahafalles , 

Itomampo ,  Jouronhehoc , 

Manamboulle ,  Houlouue , 

Icondre ,  Siueh. 

Toutes  ces  provinces  font  aflez  grandes  \  la  moindre 
eft  comme  la  Brie.  Machicore  la  plus  grande  de  toutes  a 
environ  70  lieues  de  longueur  &.40  de  largeur.  Les  plus 
peuplées  font  les  Vohits-Anghombes  ôc  les  Eringdranes. 
Ces  pays  font  en  perpétuelle  guerre  les  uns  contre  les  au- 
tres. Ces  guerres  ont  pour  prétextes  de  vieilles  querel- 
les, &pourcaufe  véritable,  le  defirde  fe  piller  les  uns 
les  autres  &  de  s'enlever  des  beftiaux. 

Divers  petits  tyrans  qui  ont  ufurpé  l'autorité  s  ou  par 
force  ou  par  adreffe  ,  gouvernent  ces  provinces.  Les  en- 
fans  fuccedent  aux  pères ,  ôc  la  même  famille  tient  ainfi 
les  habitans  de  fa  contrée  fous  un  joug  continuel. 
Les  principales  rivières  de  cette  ifle  font , 
Franshcre ,  Vohitsmenes , 

Manampani  ou  Mana-      Mandreiei , 

tengha  ,  Yqnghelahé  ,  ou  de  S.  Au- 

Mangharac ,  guflin. 

Mananzari, 

La  quantité  des  bœufs  ôc  des  vaches  que  l'on  trouve 
dans  l'ifle  de  Madagascar  eft  prodigieute.  On  y  voit  des 


MAD 


bœufs  de  trois  espèces.  Les  uns  ont  des  cornes  comme 
ceux  de  France ,  d'autres  les  ont  pendantes  ,  ôc  d'autres 
n'en  ont  point.  Tous  portent  entre  les  épaules  une  boffe 
de  graiffe  en  forme  de  loupe  ,  ce  qui  les  avoit  fait  prendre 
par  quelques  voyageurs  pour  des  chameaux. 

Les  moutons  ont  une  queue  qui  traîne  de  demi-pied 
par  terre.  Il  y  a  des  cochons  domeftiques  ,  des  cochons 
fauvages  ôc  beaucoup  de  cabris.  On  y  rencontre  aflez 
fouvent  un  animal  de  la  nature  du  loup  ôc  encore  plus 
vorace.  Les  habitans  le  nomment  farafe  -,  ils  le  craignent 
extrêmement  ,  ôc  entretiennent  dans  leurs  cafés  du  feu 
jour  ôc  nuit  pour  lui  faire  peur.  Il  y  a  des  endroits  peu- 
plés de  finges  fort  méchans.  Les  chiens ,  les  porcs-épis  3 
ôc  les  chars  fauvages  y  font  en  grande  quantité  i  ces  der- 
niers font  aufli  peureux  que  nos  lièvres. 

}gs  couleuvres  font  communes  dans  cette  ifle  ;  on  en 
voit  de  la  groffeur  de  la  cuiflè  ,  mais  elles  ne  font  au 
cun  mal.  Il  y  a  aufli  des  caméléons. 

Dans  les  rivières  ôc  les  étangs  on  pêche  de  toutes  fortes 
de  poiflbn  d'eau  douce  ;  ôc  fur  les  côtes  de  la  mer  on  prend 
des  raies,  des  foies,  des  dorades,  des  rougets,. des  tur- 
bots &  des  bonites.  Les  huitres  y  font  grandes  comme  la 
main ,  mais  un  peu  douces. 

Il  y  a  quantité  de  perdrix  rouges  ôc  grifes  ;  elles  font 
d'environ  la  moitié  plus  petites  que  celles  de  France  ,  ôc 
moins  fucculentes.  Les  tourterelles ,  les  ramiers  ôc  les 
séroquets  gris  font  aflez  communs.  Ces  derniers  fur-tout , 
orsqu'iîs  font  jeunes ,  ont  un  goût  exquis  -,  les  canards  ÔC 
es  farcelles  s'y  trouvent  en  abondance.  On  voit  aufli 
des  faifans ,  des  poules  pintades ,  des  poules  communes  , 
des  poules  d'Inde  dont  la  race  y  a  été  portée  d'Europe  ,  ôc 
des  oifeaux  aufli  grands  que  des  cygnes  ,  on  les  nomme 
flamans  ,  ils  ont  les  pâtes  rouges  ,  ôc  volent  extrêmement 
haut.  Les  mouches  à  miel  ôc  les  vers  à  foie  y  travaillent 
fur  presque  tous  les  arbres. 

On  trouve  à  Madagascar  une  noix  qui  fenr  toutes  for- 
tes d'épiceries ,  de  la  groffeur  de  la  muscade  ,  plus  brune 
ôc  plus  ronde  ;  cette  noix  eft  très  commune.  Le  poivre  eft 
en  petite  quantité  vers  le  fort  Dauphin  ,  parce  qu'il  n'eft 
pas  cultivé  ;  il  vient  par  grapes  fur  des  aroiifleaux  rem- 
pans  ,  ôc  les  grains  font  fort  éloignés  les  uns  des  autres. 
Le  raifin  n'arrive  pas  à  maturité ,  non  plus  que  le  bled  ; 
l'orge  ôc  l'avoine  viennent  mieux.  Les  arbres  nommés  ta- 
marins portent  un  fruit  de  la  longueur  d'une  grande 
écorcede  fèves.  Il  y  a  des  racines  rouges  ôc  blanches  très- 
bonnes  à  manger.  Le  riz  blanc  croît  en  abondance  ,  quand 
il  eft  cultivé  dans  les  marais  ;  le  rouge  produit  beaucoup 
furies  montagnes.  Entre  les  arbriffeaux  ,  on  en  remarque 
un  dont  la  feuille  eft  femblable  à  celle  du  philariat ,  ôc 
propre  à  chaffer  les  humeurs  malignes  du  corps  humain. 

Outre  les  citrons ,  les  oranges  ôc  les  grenades  qui  font 
d'un  goût  charmant ,  l'ananas  peut  paffer  pour  un  fruit 
merveilleux.  Il  fort  de  terre  comme  un  artichaud ,  ôc  a  la 
figure  d'une  pomme  de  pin  ,  fa  peau  eft  moins  dure  que 
celle  du  melon  ;  il  eft  plus  agréable  que  les  meilleurs 
fruits  de  France  i  il  en  faut  pourtant  manger  avec  modéra- 
tion, à caufe  de  fon  froid  exceflif.il  y  a  des  bananes  comme 
au  Cap-verd  ,  des  lamothes  femblables  aux  petits  pruneaux 
violets,  des  vontaques  qui  ont  l'écorce  comme  des  cale- 
baffes.  Le  tabac  eft  très- violent  ôc  en  grande  quantité.  Tout 
ce  que  la  terre  produit  fe  peut  recueillir  deux  fois  l'an- 
née ,  excepté  les  cannes  de  fucre,  qui  doivent  êtrelaiffécs 
deux  ans  fur  pied  pour  parvenir  à  une  groffeur  utile.  * 
Rennefort ,  c.  2  j . 

On  remarque  quatre  fortes  de  miels  à  Madagascar  ; 
favoir ,  le  miel  d'abeilles  nommées  Voatenteles ,  le  miel 
des  mouches  vertes  nommées  Sih  ;  le  miel  des  fourmis 
de  deux  fortes  ,  celui  que  les  fourmis  ailées  font  dans  le 
creux  des  arbres  ,  &  celui  que  d'autres  fourmis  plus  gros- 
fes  font  dans  des  mottes  de  terre  élevées  en  pointes  du- 
res ôc  percées  de  divers  trous  ;  tous  ces  miels  font  très- 
agréables  au  goût.  Il  y  a  aufli  le  T'entête  facotidre ,  que 
font  de  certaines  mouches  nommées  Sacondro ,  qui  fe 
convertiffent  après  en  papillons  verds,  jaunes  ôc  rouges. 
Ce  miel  fe  fait  fur  les  feuilles  d'un  arbriffeau  appelle  Sa- 
condro ;  il-  eft  bon  à  manger  :  c'eft  un  remède  excellent 
pour  les  maladies  de  poitrine  ôc  pour  l'âiihme.*  Flatonrta 
Hili.de  Madagascar,  c.  39. 

Il  fe  fait  à  Madagascar  différentes  huiles  ,  dont  les 
hommes  ôc  les  femmes  fe  fervent ,  foit  pour  fe  graiffer 


MAB  MA 


la  tête  Se  le  corps,  foit  pour  remèdes.  L'huile  de  Palma-  pend  fur  leur  tête.  Communément  ils  n'ont  pour  cacher 

Chrijïi   entr'autres,  eftimée  un  grand  remède  contre  la  leur  nudité,  qu'un  petit  morceau  de  toile  par  devant, 

goutte ,  eft  fort  en  ufage.  Les  hommes  Se  les  femmes  en  Se  un  autre  par  derrière ,  ou  une  ceinture  dont  les  deux 

prennent  le  fruit  pour  fe  noircir  les  dents  :  il  approche  du  bouts  pendent, 
maron  d'Inde.  E'if  ie  deMadagascar  n'eft  pas  peuplée  à  proportion  de  fon 

La  gomme  de  Tacamaca  ,  l'encens  &  le  benjoin  fe  étendue.  On  n'y  compte  pas  plus  de  feize  cens  mille  per- 

trouvent  en  abondance  à  Madagascar.  L'ambre-gris  fe  re-  fonnes.  Tous  les  habitans  font  noirs ,  excepté  ceux  d'une 

cueille  fur  la  côte.  C'eft  le  frai  d'un  poiflon  ;  il  fe  durcit  petite  province  au-deffus  des  Maratanes  ;  Se  la  plupart 

au  foleil,  Se  elt  jette  fur  le  fable.  Si  on  en  voit  de  gran-  des  Grands  ,  qui  font  descendus  des  Arabes  ,  Se  qui  cort- 

des  pièces  ,  c'eft  l'affemblage  fortuirdu  frai  de  pluiieurs  fervent  encore  quelque  chofe  de  leur  teint  ,  quoiqu'il 

de  ces  poiffons.  Puisque  parmi  les  animaux  terreftres  il  y  fe  noircilie  infenfiblement  par  l'habitude  qu'ils  ont  avec 

en  a  qui  nous  fournifient  la  civette  Se  le  musc:  il  n'eft  les  véritables  originaires.  Les  Arabes  qui  s'emparèrent  de 

pas  difficile  de  croire  qu'un  poiffon  puiffe  donner  un  par-  Madagascar  au  commencement  du  quinzième  fiécle,  éta- 

fiirn.  *  Kenmfort ,  c.  27.  blirent  des  commandans  dans  tous  les  quartiers  de  cette 

On  trouve  du  talc  dont  on  garnit  les  fenêtres  au  défaut  ifie  ,  Se  fixèrent  le  lieu  principal  de  leur  domination  au- 
de  verre -,  des  mines  de  charbon,  de  falpêtre  ,  d'acier  Se  deffus  des  Matatanes.  C'eft  ce  qui  fait  que  leurs  descen- 
de fer  ,  dont  les  Nègres  font  des  rafoirs ,  des  fagaies  Se  dans ,  que  l'on  appelle  les  Lavaleffes  ,  font  encore  blancs» 
des  inftrumens  à  couper  le  bois.  ou  du  moins  nommés  tels  •,  car  ils  le  font  de  moitié  moins 

Quant  aux  minéraux  Se  aux  pierreries  ,  on  en  trouve  que  la  plus  noire  Bohémienne  qui  foit  en  France, 
dediverfes  fortes ,  comme  dhryftaux  ,  topafes  ,  grenats ,         Les  habitans  de  Madagascar  font  grands ,  agiles;  &  ont 

améthiftes  ,  gyrafoles  Se  aigues-marines.  La  pierre  fan-  une  démarche  fiere.  Ils  prennent  quelquefois  un  air  riant , 

guine  y  eft  très-commune.  On  a  aulii  des  agathes ,  des  Se  cachent  une  forte  paillon  avec  autant  d'art  que  les  plus 

caffidoines  Se  de  diverfes  efpéces  de  jaspe.  *  Flatourt ,  grands  fourbes  des  nations  les  plus  diffimulées.  Ils  ont 

cap.  37.  des  loix.  On  perce  les  mains  aux  voleurs,  Se  l'on  coupe 

Il  y  a  dans  cette  ifle  des  villes  ,  des  bourgs  Se  des  vil-  la  tête  aux  meurtriers.  C'tft  le  rohandrian  ou  le  grand  de 

lages  ;  des  nobles  Se  des  esclaves  Les  villes  font  au  moins  la  province  qui  juge  avec  les   maîtres  de  village.  Il  ne 

de  mille  cafes,entourrées  defoUésde  6  pieds  de  profondeur  prend  rien  pour  les  fentences  des  criminels  :  il  croit  ga- 

&  d'autant  de  largeur,  paliliadées  en  dedans  fur  la  crête  du  gner  affez  en  purgeant  fon  pays  d'un  fcélérat.  Mai»  dans 

foffé.  Le  donac  ou  la  mailbn  du  feigneur  eft  conftruite  les  caufes  civiles  ,  félon  la  conféquence  des  procès  ,  les 

de  planches  ,  élevée  de  la  hauteur  d'un  homme  Se  cou-  parties  amènent  des  bêtes  ,  qui  demeurent  au  grand  pour 

Verte  de  feuilles.  Quand  le  foleil  eft  couché  ,  les  habi-  fon  droit.  Le  vaffalfuit  toujours  fon  feigneur  à  la  guerre  ; 

tans  de  la  ville  les  plus  alertes  viennent  tous  les  foirs  au-  il  fuit,  quand  il  voit  qu'il  fuit ,  ou  qu'il  a  été  tué-.  Il  fouffre 

tour  du  donac  faire  des  poltures  Se  des  cris  de  joie.  Ils  la  mort  fans  murmure,  lorsqu'il  ne  peut  s'en  défendre, 

battent  de  toute  leur  force  la  terre  de  la  plante-des  pieds ,  ik  Ce  préfente  avec  fermeté  aux  coups  qui  le  doivent  faire 

6e  entrent  dans  des  emportemens  qui  les  feroient  croire  mourir.  Si  le  grand  eft  vainqueur ,  il  eft  cruel  ;  il  exter- 

poflédés.  Ils  racontent  en  hurlant  les  grands  exploits  des  mine  ordinairement  la  race  de  fon  ennemi  :  s'il  efi  vaincu 

ancêtres  de  leur  feigneur  ;  ils  exaltent  fa  valeur  ,  Se  en  Se  que  fon  ennemi  lui  laiffe  la  vie  ,  le  chagrin  le  prend 

prédifent  des  merveilles.  Les  femmes  danfent  en  rond  au  quelquefois  jusqu'à   fe  faire  mourir.  Ils  font  capables' 

l'on  d'un  infiniment  fait  d'une  grofi'e  canne  ,  fur  laquelle  d'apprendre  &  d'exercer  les  arts  &  les  feiences  ,  Se  il  y  a 

il  y  â  des  fils  tirés  qui  fervent  de  cordes.  Elles  en  jouent  même  peu  de  métiers  en  Europe  dont  ils  n'ayenr  l'idée 

presque  toutes;  elles  fe  l'appuient  fur  la  mammellegau-  &  l'ufage  jusqu'à  un  certain  degré..  Cependant  ils  font 

che;  qu'elles  font  entrer. dans  une  demi-calebaffe  qui  eft  affez  généralement  pareffeux  :  pour  la  moindre  infirmité 

attachée  au  bout  de  l'inltrument.  Elles  touchent  les  cordes  ils  fe  repofent ,  Se  demeurent  enfuite  long-tems  fans  rien 

delà  main  droite  en  chantant.  *  Renefurt ,  c.  28.  faire.  Quand  ils  font  quelque  chofe  ,  ils  travaillent  très- 

Les  autres  habitations  font  fcmblables  à  celles  du  Cap-  lentement  ,  le  tems  ne  leur  coûte  rien.  Ils  écrivent  en. 

verd ,  Se  fi  baffes  qu'on  ne  peut  y  demeurer  debout.  Les  caractères  arabesques  ,  de  la  droite  à  la  gauche.  Ils  s'ap- 

bourgs  font  entonnés  de  pieux  ;  les  villages  n'ont  ni  pieux  pliquent  à  Pathologie,  Se  font  des  prédictions  par  des 

ni  foffés  ,  Se  font  ambulatoires.  Quatre  Nègres  élèvent  points  nombres  ,  qui  fe  rapportent  affez  à  la  nomancie  Se 

une  café  fur  leurs  épaules  Se  la  transportent  où  ils  veu-  à  la  roue  de  Pythagore. 

lent.  Ils  vivent  de  la  même  manière  que  dans  les  villes.         Les  femmes  de  Madagascar  font  foumifes  aux  loix  des 

Quand  ils  fe  rendent  vifite  de  feigneurie  en  feigneurie  ,  le  hommes.  Il  s'en  eft  vu  pourtant  qui ,  par  leur  courage  Se 

vifité  prête  à  celui  qui  le  vifite  celle  de  [es  femmes  en  qui  leurs  belles  qualités  ,  fe  font  tirées  de  cet  ordre.  On  fait 

il  trouve  le  plus  d'agrément.  mention  entr'autres  d'une  Diane  Rena,  qui  avoir  conquis 

Les  richefïès  des  habitans  de  Madagascar  confiftent  en  toute  l'ifle.  En  général  elles  font  belles  &  bienfaites  ;  elles 
troupeaux  ,  que  les  hommes  gardent ,  Se  en  plantages  de  ont  les  yeux  beaux  ,  les  dents  blanches  Se  la  peau  fort 
riz  Se  de  racines  que  les  femmes  fement.  L'or  Se  l'argent  douce.  La  galanterie  &  la  tendreffe  ne  leur  font  point  in- 
né fervent  qu'à  l'ajuftement.  La  manière  de  femer  eft  connues  ,  Se  leurs  maris  font  fort  complaifans. 
particulière.  Les  femmes  portent  un  bâton  avec  lequel  Pour  le  mariage  on  ne  fait  point  d'information  touchant 
elles  font-un  trou  dans  la  terre  ,  où  elles  biffent  tomber  les  mœurs  des  filles  ;■  tant  qu'elles  ont  été  libres  ,  il  leur 
les  grains  de  riz-,  s'ils  tombent  à  côté  ,  elles  les  pouffent  a  été  permis  dedispofer  de  leurs  faveurs.  Un  grand  aqua- 
dedans  avec  le  doigt  du  pied.  Elles  plantent  les  racines  rre  femmes  ordinairement  logées  féparément  ;  car  il  fe- 
de  même  avec  le  bâton.  roit  difficile  qu'elles  s'accordaffent  fur  un  intérêt  auffi 

On  fait  à  Madagascar  des  pagnes  ou  tapis  de  coton  fenfible  que  celui  de  l'affection  de  leur  mari.  Quand  un 

de  plufieurs  couleurs  ,  avec  des  fils  paffés  au  travers  d'au-  homme  veut  fe  marier ,  il  demande  la  fille  à  (es  païens, 

très  fils  étendus  comme  la  trame  du  rifferan.  L'ouvrier  ne  Se  pour  l'obtenir  il  leur  donne  des  bœufs ,  des  moutons  , 

va  pas  fort  vite  &  n'a  pas  de  métiers  dreffés  comme  les  des  menilles d'or  Se  d'argent,  ou  autre  chofe  fe.lon  fon 

nôtres  ;  mais  des  bâtons  à  terre  ,  qu'il  élevé  &  qu'il  baiffe.  pouvoir.  Tout  lui  doit  être  rendu  fi  fa  femme  vieflt  à  le 

La  nourriture  de  ces  infulaires  eft  ordinairement  du  quitter.  Il  n'y  a  point  de  cérémonie  de  religion  pour  le 

lait  de  vache  ,  du  riz  Se  des  racines.  Ils  rôtiffent  quelque-  mariage. 

fois  des  morceaux  de  bœuf  avec  la  peau  nettoyée  comme         Les  enterremens  fe  font  avec  plus  ou  moins  d'appareil, 

celle  du  cochon  que  l'on  mange  en  France.  Ils  ont  de  félon  la  qualité  Se  la  fortune  du  mort.  On  l'enveloppe 

trois  fortes  de  vins;  le  plus  commun  eft  celui  qu'ils  font  de  fes  pagnes;  on  le  met  dans  un  cercueil  fait  de  deux 

avec  du  miel  ;  il  a  le  goût  de  vin  d'Espagne ,  Se  on  le  nom-  troncs  d'arbres  bien  joints.  Si  c'eft  un  grand ,  on  porte  le 

me  Sich.  Le  vin  de  cannes  de  fucre ,  qu'on  appelle  Jouach  cercueil  dans  une  maifon  de  bois  qu'on  appelle  Emonou- 

ou  Jouaparc ,  eft  un  peu  amer  ;  le  vin  de  bananes,   a  ques  ,  &  fous  laquelle  on  l'enterre:  fi  c'eft  un  homme  du 

le  goût  un  peu  aigre.  commun  ,  on  le  met  entre  des  pieux.  On  laiffe  auprès  du 

L'habillement  le  plus  pompeux  pour  ces  infulaires ,  c'eft  mort  une  pipe  ,  du  tabac ,  du  feu  ,  des  pagnes  Se  des  cein- 

le  pagne  qu'ils  portent  fur  leurs  épaules.  Ils  en  ont  un  tures  ;  &  il  eft  fervi  quelque  tems  des  mêmes  mets  dont 

autre  qui  les  couvre  de  la  ceinture  aux  genoux.  Ils  por-  il  ufoit  pendant  fa  vie. 
tent  des  fandales  de  cuir ,  &  une  manière  de  panier  qui         Les  habitans  de  Madagascar  comptent  comme  les  né- 


ï  6 


MAD 


M  AD 


•dons  de  l'Europe  depuis  un  jusqu'à  dix.  Ils  ajoutent  l'unité 
&le  refie  des  autres  nombres  jusqu'à  vingt,  &  de  vingt 
jusqu'à  cent,  &c.  Il  y  a  des  écrivains  qui  ont  avancé  que 
ces  peuples  ne  favoient  compter  que  jusqu'à  dix;  mais  ils 
îi'étoient  pas  bien  informés.  A  la  vérité  quelques  Nègres 
des  montagnes  ou  du  pays  des  Machicores  ,  qui  ne  plan- 
tent ni  ne  cultivent ,  ne  lavent  point  compter.  Les  poids 
dont  on  fe  fert ,  font  comme  les  nôtres  ;  ils  ne  patient 
point  la  dragme  ou  gros.  On  ne  fe  fert  ni  de  l'once  ni  de 
la  livre.  Les  poids  ne  font  que  pour  pefer  l'or  &  l'argent , 
Je  refte  ne  fe  pefe  point.  *  Flacourt ,  c.  28. 

Quant  au  commerce  ou  trafic  qu'ils  ont  entr'eux ,  il  ne 
fe  fait  que  par  échange.  Ils  n'ont  aucun  ufage  de  raon- 
noie  ;  les  merceries  Se  verotteries  que  les  Chrétiens  leur 
portent ,  leur  en  tiennent  lieu.  Quand  ils  vont  dans  un 
pays  éloigné  acheter  des  bœufs ,  du  coton ,  de  la  foie  , 
des  pagnes  ,  du  fer  ,  des  zagaies ,  des  haches,  des  couteaux 
Se  autres  chofes  femblables ,  ils  échangent  du  cuivre  pour 
de  l'or  ,  de  l'argent  &  du  fer  ,  Se  font  ainfi  leur  trafic.  S'ils 
ont  quelques  pièces  de  monnoie  d'or  ou  d'argent ,  il  les 
font  fondre  pour  en  faire  des  menilles  ou  braflelets.  Us 
n'ont  pas  encore  la  connoifiance  du  commerce  ;  c'eft 
pourquoi  ils  négligent  de  ramafier  la  plupart  des  chofes 
que  leur  pays  produit.  Ils  eltiment  plus  une  menille  de 
cuivre  que  la  plus  belle  pierre  brute  ;  Se  ils  fe  moquent 
des  étrangers  qui  leur  difent  de  leur  en  apporter.  Dans  la 
plus  grande  partie  du  pays  on  mange  la  cire  avec  le  miel , 
les  bœufs ,  les  moutons ,  les  cabris  avec  leurs  cuirs.  Vers 
le  nord  de  l'ifte ,  on  jette  la  foie  Se  on  mange  le  vers , 
quand  il  eu:  en  fève.  On  brûle  ordinairement  l'ambre-gris 
dans  les  facrifices;  Se  vers  le  fud  on  ne  daigne  pas  le  cher- 
cher ni  le  ramafier  fur  le  rivage  de  la  mer.  Celui  qui  a 
befoin  de  coton  porte  du  riz  ou  mené  du  bétail  au  lieu  où 
on  cultive  lecotoa  ;  Se  celui  qui  a  du  coton  Se  a  befoin 
de  riz ,  va  vendre  fon  coton  dans  les  endroits  où  il  y  a  du 
riz.  Il  n'y  a  ni  foire, ni  marché-,  la  foire  &  le  marché  font 
où  il  y  a  abondance  ;  chacun  y  va  ou  y  envoyé  pour  faire 
fa  provifion.  *  Re/tnefort ,  c.  28. 

Les  habicans  de  Madagascar  ,  félon  Flacourt,  c.  30. 
n'ont  point  de  temples  ,  ni  d'autre  divinité  connue  qu'un 
infecte  qui  efi  une  efpéce  de  grillon  :  mais  leur  circonci- 
sion &  quelques  autres  pratiques  dénotent  que -des  Juifs 
ou  des  Mahométans  y  ont  abordé  1  Se  laifie  quelques  ve- 
rtiges de  leur  religion. 

MADA1N,  ville  d'Afie  dans  l'Iraque  Babylonienne  ou 
Chaldée,  Elle  efi  fituée  fur  le  Tigre  au  midi  de  Bagdad  , 
dont  elle  n'efi  éloignée  que  d'une  journée  de  chemin.  Les 
tables  arabiques  lui  donnent  foixante  &  douze  degrés  de 
longitude,  Se  trente- trois  degrés  dix  minutes  de  latitude 
Septentrionale  ;  mais  il  y  a  faute  ,  Se  il  faut  lire  foixante 
Se  dix-neuf  degrés  au  lieu  de  foixante  Se  douze.  Quelques 
géographes  arabes  écrivent  qu'elle  àj  tiré  fon  nom  de  Ma- 
dain  ,  frère  de  Madian,  qui  étoient  tous  deux  enfansd'Is- 
maè'l.  Mais  il  ell  plus  vraifemblable  que  le  nom  de  Ma- 
dain  ,  qui  fignifie  en  arabe  deux  villes ,  lui  a  été  donné  , 
ou  à  caufe  de  fa  grandeur  ,  ou  parce  qu'elle  étoit  bâtie  fur 
les  deux  bords  du  Tigre  ,  Se  paroiflbit  comme  deux  villes 
qui  n'étoient  jointes  que  par  un  pont  ;  c'eft  ainfi  que  la 
capitale  de  l'Egypte  fut  nommée  Mesraim  ou  Misraim , 
aufii  bien  que  l'Egypte  même  ,  au  nombre  duel,  à  caufe 
qu'elle  s'étendoit  fur  les  deux  rives  du  Nil.  Nos  géogra- 
phes modernes  prétendent  que  cette  ville  eft-1'ancienne 
Ctéfiphonte  ;  mais  les  hiftoriens  Perfiens  veulent  que  Scha- 
bur  ou  Sapor  ,  furnommé  Dhoulaktaf ,  l'ait  fondée  fous 
le  nom  de  Madain  ,  Se  que  Khosroes  ,  furnommé  Nus- 
chiruan  ,  l'ait  augmentée  notablement ,  Se  embellie  d'un 
fuperbe  palais  qui  a  pafle  pour  l'ouvrage  le  plus  magni- 
fique de  tout  l'Orient.  Ce  palais ,  que  les  Orientaux  ap- 
pellent Thack  Kefra  en  arabe ,  ou  Thack  Khosru  en  per- 
fien ,  c'eft-à-dire  la  voûte  ou  le  dôme  de  Khosroes  , 
fut  pillé  avec  la  ville  l'an  feiziéme  de  l'hégire  par  Sâad, 
général  du  Khalife  Omar  ,  après  qu'il  eût  remporté  la 
vidoire  fur  les  Perfans  dans  la  fameufe  journée  de  Ca- 
défie.  Les  Arabes  trouvèrent  dans  ce  pillage  le  trône  ,  la 
couronne  ,  le  tapis ,  &  retendait  royal  des  rois  de  Perfe , 
qui  étoient  d'un  prix  inefiimable  ,  avec  des  magazins  de 
camphre  odoriférent  que  l'on  brûloir  pour  éclairer  Se 
parfumer  en  même  tems  ce  palais.  Et  Ben-Schohnah  rap- 
porte que  les  Mufulmans  furent  fi  furpris  à  la  vue  de  tant 
de  lichettes ,  qu'ils  s'écrièrent  :  Voici  l'effet  des  promejjes 


que  Dieu  nous  a  faite  s  par  la  bouche  de  fon  Prophète  ;  car 
quelques  -  uns  de  leurs  docteurs  ont  écrit  que  Mahomet , 
frapant  avec  une  malle  de  fer ,  une  roche  qu'il  falloit  bri- 
fer  pour  continuer  le  retranchement  qu'ils  faifoit  faire 
contre  fes  ennemis ,  excita  un  feu  fi  lumineux  ,  qu'il  fit 
voir  aux  habitans  de  Médine  les  voûtes  du  palais  de  Ma- 
dain ,  Se  qu'il  leur  en  promit  la  conquête.  Kondemir  rap- 
porte dans  la  vie  d'Abugiafar  Almanfor  fécond  Khalife 
de  la  maifon  des  Abbaflides ,  que  ce  prince  ayant  entrepris 
de  bâtir  Bagdad  Se  fon  château ,  commanda  que  l'on  dé- 
molît le  palais  de  Khosroes ,  pour  en  employer  les  pier- 
res à  la  ftruéture  de  fa  nouvelle  ville.  Son  vifir  l'en 
difiuada  ,  Se  lui  dit  que  la  démolition  d'un  ouvrage  fi  fo- 
lide  ne  fe  pouvoit  faire  fans  un  miracle  qui  étoit  réfervé 
au  Prophète  ,  Se  que  l'on  pourroit  lui  reprocher  un  jour 
qu'il  n'auroit  pas  eu  aflez  de  puiflance  pour  faire  un  nou- 
veau bâtiment  fans  en  ruiner  un  ancien.  Almanfor  ne 
laiflapas,  nonobstant  cet  avis  ,  de  perfifier  dans  fa  réfo- 
lution ,  Se  employa  un  très-grand  nombre  d'ouvriers  pour 
exécuter  fes  ordres  »  mais  ce  fut  inutilement  ;  car  la  dé- 
penfe  Se  la  difficulté  croifibient  tous  les  jours  de  telle 
forte  ,  qu  il  s'ennuya  à  la  fin  de  la  longueur  de  cette  en- 
treprife ,  Se  défendit  que  l'on  continuât  ce  travail.  Son  vi- 
fir lui  dit  alors  qu'il  n'étoit  plus  tems  d'abandonner  ce  qu'il 
avoit  commencé  ;  car  en  le  faifant ,  la  poftérité  auroit  fu- 
jet  de.direqu'Almanfor,  avec  tout  fon  pouvoir  n'auroit 
pu  renverfer  ce  qu'un  autre  prince  avoit  élevé.  Un  poëte 
perfien  fit  un  difiique  fur  ce  palais  ,  dont  voici  le  fens: 
Voyez  la  récompenfc  que  l'on  reçoit  d'un  ouvrage  excel- 
lent ,  puisque  le  tems  qui  confume  toutes  chofes ,  a  épar- 
gné jusqu'à  préfent  le  palais  de  Khosroes.  *  D'Herbtlot . 
Biblioth.  orient. 

MADAMS.  On  appelle  ainfi  dans  les  Indes  orientales  , 
du  moins  dans  le  royaume  de  Maduré  ,  un  bâtiment  'drefie 
fur  les  grands  chemins  pour  la  commodité  des  pafïans.  Ce 
bâtiment  fupplée  en  quelque  manière  aux  hôtelleries  donc 
on  ignore  l'ufage.  Dans  certains  madams  on  donne  à  man- 
ger aux  brames  ;  dans  d'autres  on  leur  donne  de  la  canje  ; 
on  appelle  ainfi  l'eau  où  l'on  fait  bouillir  le  riz  :  il  y  en  a 
d'autres  où  l'on  donne  le  petit  lait  ;  communément  on  n'y 
trouve  que  de  l'eau  Se  du  feu ,  il  faut  porter  le  refte.  On 
ne  voyage  pas  commodément  dans  ce  pays-là ,  Se  cepen- 
dant ce  n'eft  pas  encore  ce  qu'il  y  a  de  plus  rude.  La  cha- 
leur exceflive  du  climat  incommode  plus  que  tout  le  refie. 
On  ne  fait  gueres  de  voyage  que  l'épiderme  du  vifage  ne 
foit  tout-à-fait  enlevé  :  on  s'en  confole  aifément  ;  car  il  en 
renaît  bientôt  une  autre  à  la  place.  *  Lettres  édifiantes , 
t.  12.  p.  113. 

MADARA,  village  d'Afrique  en  Barbarie  au  pays  de 
Tunis ,  entre  Bonne  Se  les  ruines  de  Carthage.  On  a  cm 
quec'étoit  l'ancienne  Madaure.  Voyez,  ce  mot. 

MADARAVAN  ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Fez 
dans  la  province  de  Fez  ,  à  trois  lieues  du  grand  Atlas  fur 
le  bord  du  Bourregreg  du  côté  du  nord.  Elle  a  été  bâtie  par 
Abdulmumen  fécond  roi  de  maroc  ,  à  caufe  de  quelques 
mines  de  fer  que  l'on  trouve  aux  environs.  Elle  étoit  fort 
peuplée  du  tems  de  ce  prince,  &ily  avoit  des  palais  Se 
des  mosquées;  mais  les  Béramérinis l'ayant  détruite  en  la 
guerre  qu'ils  firent  aux  Almohades ,  les  habitans  allèrent 
s'habituer  à  Salé.  Les  murailles  étoient  encore  debout  du 
tems  de  Marmol ,  Afriq.  t.  2.  /.  4.  c.  10.  mais  on  y  fai- 
foit quantité  de  brèches ,  &  il  n'y  refioit  plus  que  quel- 
ques mosquées.  Entre  cette  ville  &  la  montagne  font  de 
grands  bois  remplis  de  lions.  Les  Chaviens  fréquentent 
fort  en  ces  quartiers-là  l'été ,  à  caufe  de  l'eau  Se  des  pâtu- 
rages. 

MADARSUMA.  Voyez.  Madasumma. 
MADASARA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  7. 

MADASUMMA,  ville  d'Afrique  propre.  Antonin  la 
metfurla  route  à'Aqu&  RegU  kSitfes,  à  ijoco  pas  du 
premier  lieu,  &  à  18  mille  pas  du  fécond.  L'édition  de 
Zurita  porte  Madarsuma.  Primulien  évêque  de  ce  lieu 
aflîfiaà  la  conférence  de  Carthage,  Se  eft  qualifié  Epis- 
coptf.r  Ma ndassumitanus  ;  &  dans  la  notice  épiscopale 
d'Afrique  on  trouve  entre  les  évêques  de  la  Byzacène  le 
fiége  de  Madassuma  ,  qui  étoit  alors  vacant. 

MADAURA,  ancienne  ville  d'Afrique  dans  l'Afrique 
proprement  dite  ;  c'étoit  la  patrie  d'Apulée.  La  Madaure 
d'Apulée  Se  le  Madurus  de  Ptolomée  étoient  dans  la  Nu- 

midie. 


MAD 


MAD 


inidie.  La  notice  épiscopale  d'Afrique  met  Pudentius  Ma- 
daurenfis  entre  les  évêques  de  Numidie  Apulée  qui  dit 
dans  un  pafïage  ,  Mctamorpb.  I.  ii.Se  de  Platon.  Pbil.  l. 
3.  qu'il  etoit  né  à  Madaure  ,  dit  dans  un  autre  ,  in  apolog. 
qu'il  étoit  demi  Numide  &  demi  Gétule,  parce  que ,  dit-il, 
fa  patrie  étoit  fituée  aux  confins  de  la  Numidie  Se  de  la 
Gétulie.  Cependant  le  Madurus  de  Ptolomée  étoit  bien 
loin  de  la  Gétulie  Se  des  Gétules ,  à  moins  qu'on  n'en- 
tende les  Gétules  dont  les  ancêtres  dépendoient  de  .Juba 
roi  de  Numidie  r&  qui  ayant  reçu  quelques  bienfaits  de 
Caius  Marius ,  quittèrent  le  parti  de  Juba  pour  embras- 
fer  celui  de  Céfar.  Il  ne  conviendroit  gueres  à  la  faine 
géographie  de  transporter  la  Madaure  d'Apulée  aux  fron- 
tières de  la  Gétulie  proprement  dite.  Madame  devoir 
n'être  pas  fort  éloignée  de  Tagaite ,  patrie  de  S.  Auguftin , 
car  il  dit  lui-même  dans  Ces  confeffions,  /.  2.  c.  3.  Cette 
année-là  on  me  fit  revenir  de  Madaure ,  ville  voifine  du 
lieu  de  ma  naifïance ,  où  l'on  m'avoit  envoyé  d'abord  pour 
apprendre  les  lettres  humaines  Se  les  principes  de  l'élo- 
quence; &  il  y  eut  de  l'interruption  à  mes  études  pendant 
que  mon  père,  qui  n'étoit  qu'un  fîmple  bourgeois  de  Ta- 
gaft e  Se  des  moins  accommodés,  mais  à  qui  fon  courage  & 
l'envie  qu'il  avoit  de  m'avancer  faifoit  faite  plus  qu'il  ne 
pouvoit ,  travailloit  à  faire  le  fonds  néceffaire  pour  m'en- 
voyer  à  Carthagc  où  il  falloit  aller  pour  les  achever.  Ce 
Saint  écrit  Madauris  à  l'ablatif  pluriel.  /Ethicus ,  Cosmog. 
dit  de  même  Madauros  à  Paccufatif  pluriel.  On  difoit 
aufll  Medaura.  Une  ancienne  infeription  rapportée  par 
Gruter,p.  600.  n.  10.  porte  Joservil.  Medaurianus. 
Cette  ville  avoit  anciennement  appartenu  à  Siphax ,  com- 
me Apulée  le  témoigne  dans  fon  Apologie.  Les  Romains 
la  donnèrent  enfuite  à  Mafiniffe ,  Se  avec  le  rems  elle  de- 
vint une  colonie  très-floriflante ,  parce  que  des  foldats  vé- 
térans s'y  établirent.  Cette  ville  de  Madaure  n'a  rien  de 
commun  avec  le  Matarenfe  oppidum  de  Pline.  *  fjiflor. 
A  fric,  bell.  c.  25.  &  3  2. 

MADDALA,  pour  Magdalena. 

MADDENI.  Voyez.  Madena. 

1.  MADELEINE  ,  (La)  bourg  de  France  en  Poitoui 
élection  de  Loudun. 

2.  MADELEINE ,  (  La  )  abbaye  de  France  au  diocèfe 
de  Chat  très.  Ce  font  des  Chanoines  réguliers  de  la  Con- 
grégation de  France.  On  en  rapporte  la  fondation  à  Char- 
lemagne. 

3.  MADELEINE,  (La)  prieuré  de  France  en  Nor- 
mandie dans  la  ville  de  Rouen.  Il  eft  double  :  il  y  a  des 
hommes  Se  des  filles  ,  Se  les  uns  Se  les  autres  font  de  l'or- 
dre de  faint  Auguftin ,  Se  deftinés  à  fervir  les  pauvres  de 
l'Hôtel-Dieu.  Il  a  été  uni  à  la  congrégation  de  France 
vers  l'an  163-4.  Le  roi  qui  y  nommoit ,  l'a  uni  à  cette  con- 
grégation qui  lui  préfente  trois  fujets  ,  dont  le  roi  en  choi- 
sît un.  On  neconnoît  point  d'acte  qui  prouve  l'exiftence 
de  cette  maifon  avant  le  douzième  fiécle. 

•  4.  MAGDELEINE  ,  (  La  )  léproferie  de  France  en 
"Normandie,  à  un  quart  de  lieue  de  la  ville  de  Séez  au 
midi.  Le  fief  du  lieu  y  cft  attaché  ,  Se  elle  a  droit  de  foire 
le  jour  de  la  fête  de  la  fainte  fa  patrone.  Ce  droit  lui  fut 
accordé  par  Guillaume  comte  de  Ponthieu  vers  l'an 
1 150  ,  Se  elle  fut  unie  à  l'hôpital  de  Séez  par  un  arrêt  du 
confeil  en  165)5. 

5.  MADELEINE  de  Chessy  ,  (La)  prieuré  de  Fran- 
ce au  diocèfe  de  Paris. 

6.  MADELEINE  fur  Heudre  (  La  )  ville  de  France  en 
Normandie  au  Diocèfe  d'Evreux. 

7.  MADELEINE  ,  (  La  )  prieuré  de  France  en  Nor- 
mandie près  de  Vernon.  Il  dépend  de  l'abbave  de  Bernai. 

8. MADELEINE,  (  Le  Cap  de  la)  cap  de  l'Amé- 
rique dans  la  nouvelle  France.  Il  eft  à  l'embouchure  de 
la  rivière  de  Meifiabirofine  ,à  deux  lieues  de  la  ville  des 
Trois  -  Rivières. 

9.  MADELEINE,  (  La  prairie  de  la  )  terre  de 
l'Amérique  feptentrionale  au  Canada,  au  gouvernement 
de  Montréal ,  vis-à-vis  de  Ville-marie  ,  qui  eft  la  ville 
même  de  Montréal.  Il  y  a  un  fort  bon  port  à  trente  pas 
du  grand  fleuve  de  S.  Laurent;  il  s'y  eft  donné  un  com- 
bat très-  rude  fous  les  ordres  de  M.  Callieres  ,  pour 
lors  gouverneur  de  Montréal. 

10. MADELEINE  ,  (Rivière  de  la  )  ou  de  Gua- 
deloupe en  Amérique  dans  la  Louifiane.  Elle  prend  fa 
fource  dans  les  montagne;  qui  féparent  la  Louifiane  du 


17 


nouveau  Mexique  ,  &  après  un  cours  d'environ  cent  lieues 
nord-oueft  fud-eft ,  elle  fe  rend  dans  la  mer  au  fud-oueffc 
de  la  baie  de  S.  Louis.  Cette  rivière  arrofe  de  belles  cam- 
pagnes remplies  de  bœufs  fauvages ,  Se  fréquentés  de  plu- 
fieurs  peuples  errans  dont  les  plus  confidérables  font  les 
Kinocofl'es. 

1 1.  MADELEINE  ,  (  Rivie-re  de  la  )  autre  rivière 
dans  la  Louifiane.  Elle  fe  dégorge  dans  le  golfe  de  Mexi- 
que, entre  la  rivière  de  Cénis  Se  le  Miiîiilipi  ;  après  un 
cours  de  foixante  à  foixante-dix  lieues  dans  de  belles  prai- 
ries. Le  haut  de  fon  cours  eft  bordé  de  peuples  ,  la  plu- 
part fedentaires -,  mais  le  bas  11 'eft  fréquenté  que  par  des 
peuples  fauvages  ,  errans  ,  vagabonds,  Se  très-cruels.  Ou 
la  nomme  ordinairement  petite  rivière  de  la  Madeleine  , 
pour  la  diitinguer  de  l'autre  dont  il  eft  parlé  dans  l'article 
précédent, 

1 2. MADELEINE  eft  encore  une  grande  rivière  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  qui  prend  fa  fource  dans  le  nou- 
veau royaume  de  Grenade,  d'où  elle  coule  au  nord  jusqu'à 
une  ville  de  la  province  de  fainte  Marthe  nommée  Ten- 
crife  ,où  elle  fe  joint  avec  la  Cauca.  Enrichie  par  les  eaux 
de  cette  rivière  qui  elt  confidérable  ,  elle  continue  de  cou- 
ler fur  le  même  rhumb  de  vent  fous  le  nom  de  Riogrande  , 
faifant  la  réparation  de  Carthagène  Se  de  celle  de  fainte 
Marthe,  jusqu'à  fon  embouchure  dans  la  mer  du  nord. 

MADENA  Regio  ,  pays  d'Afie  dans  l'Arménie  ,  donc 
il  eft  le  meilleur  canton  ,  au  jugement  de  Sextus  Rufus. 
Le  même  auteur  dit  dans  un  autre  endroit:  Marc-An- 
toine étant  entré  dans  la  Médie  que  l'on  appelle  préfen- 
tement  Madena,  porta  la  guerre  chez  les  Parthes.  Marcits 
Antonius  Mediam  ingrejjits  ,  qita  mine  Madena  appella- 
tur  ,  bellum  Partbis  intulit.  Cuspinicn  croit  qu'il  faut  lire 
Mygdonia  au  lieu  de  Madena.  Procope  appelle  Maddent 
les  5arazins  fujets  des  Homérites,  au  rapport  d'Ortelius, 
Tbefaur. 

MADENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  trouve 
dans  la  notice  épiscopale  d'Afrique  entre  les  évêques  de 
Numidie  ,  Petrus  Madenjîs  ,  Se  la  notice  de  l'empire  faic 
mention  deMADENSiA  castra  ,  mais  dans  la  Tripo- 
litaine.  Elle  nomme  aufli  Madenfis  Limes  dans  la  même 
province. 

MADERASPATAN.Toy^  Madras. 

MADERE,  (  L'ifle  de  )  ifle  de  l'Océan  Atlantique.  Le9 
Espagnols  la  nomment  Madera  ,  Se  les  Portugais  Ma- 
deira  ,  c'eft-à-dire  bois  ou  forêt ,  parce  qu'elle  étoit  toute 
couverte  d'arbies  &  de  forêts ,  lorsque  les  Portugais  la 
trouvèrent.  Elle  elt  environ  à  treize  lieues  de  Porto frnto9 
Se  à  foixante  des  Canaries,  fous  le  30  degré  31  min.  de 
latitude  feptentrionale  ,  entre  le  détroit  de  Gibraltar  Se 
les  Canaries.  Elle  eft  en  forme  de  triangle  ,  Se  a  ,  fuivanc 
Sanut ,  140  lieues  d'Italie  de  circuit,  ou  33  d'Allemagne, 
ij  de  longueur  de  l'orient  à  l'occident  ,  Se  fix  de  lar- 
geur. Ovington  dans  fon  voyage  de  Surate  nous  apprend 
qu'en  1 344  ,  un  gentilhomme  Anglois  nommée  Machan  , 
voulant  paner  de  Briftol  en  France ,  fut  jette  dans  cette  ifle. 
II  y  prit  terre  ;  mais  la  trouvant  fins  habitans  &  fans  cul- 
ture, il  tomba  dans  une  mélancolie  dont  il  mourut.  Ce- 
pendant les  matelots  regagnèrent  la  côte  de  Barbarie  ,  Se 
firent  à  quelques  Portugais  le  récit  de  leur  voyage  ,  en 
s'offrant  de  les  y  conduire.  On  profita  de  ces  inflructions. 
Se  le  prince  Henri  y  envoya  une  colonie  fous  la  conduite 
de  Jean  Gonzalès  Se  Triftan  Vaz.  Etant  arrivés  à  cetre 
ifle ,  ils  voulurent  abbattre  une  partie  des  bois  dont  elle 
étoit  toute  couverte.  Mais  comme  il  auroit  été  trop  long 
de  couper  les  arbres ,  ils  y  mirent  le  feu.  Cet  embrafe- 
ment ,  dit-on  ,  dura  plusdefept  ans,  Se  rendit  la  terre 
fi  fertile  ,  que  dans  les  commencemens  elle  produifoic 
foixante  pour  un  -,  que  les  vignes  avoient  plus  de  grapes 
que  de  feuilles ,  Se  que  plufieurs  de  cesgrapes  avoient  deux 
ou  trois  palmes  de  long.  On  jouit  à  Madère  d'un  air  tempé- 
ré Se  d'un  ciel  toujours  pur  Se  ferain.  *  Ovington,  Voyages. 

Cette  ifle  fut  divifée  au  commencement  en  quatre  par- 
ties ,  qui  font  Mancbico  ,  Santa  Cruiz. ,  Funcbal ,  Se  Ca- 
méra de  Lobos  ,  c'eft-à-dire  chambre  des  loups ,  qui  fut 
ainfi  nommée ,  parce  qu'au  tems  de  la  découverte  de  cette 
ifle ,  on  n'y  trouva  point  d'autre  place  qui  ne  fut  plantée 
d'arbres  ,  qu'une  grande  caverne  en  forme  d'une  cham- 
bre voûtée,  autour  de  laquelle  il  y  avoit  desveftiges  de 
loups  de  mer.  La  principale  ville  eft  Funchal ,  qui  eft  le 
fiége  de  l'évêque  Se  la  refidence  du  gouverneur.  Il  y  a  fix 

Tom.  IV.  C 


18 


MAD 


M  AD 


paroifles ,  trois  monafières  d'hommes ,  trois  de  filles ,  & 
un  magnifique  collège  de  Jéfuites.  L'églife  de  ces  pères 
eft  une  des  plus  belles  de  l'ifle.  Les  jours  de  fête  on  y  fait 
le  fervice  divin  avec  beaucoup  d'appareil  ;  la  veille  on 
met  un  grand  nombre  de  lumières  autour  du  clocher  dès 
que  le  foleil  fe  couche  ;  cette  illumination  offre  à  une 
certaine  diftance  un  fpetfacle  furprenant.  Funchal  eft  le 
feul  lieu  de  commerce  d'où  l'on  transporte  dans  les  pays 
étrangers  les  vins  &  les  fucres  du  pays  dont  la  qualité  eft 
très-eftimée.  La  contrée  voifmeeff  pleine  de  fertiles  mon- 
tagnes qui  offrent  un  coup  d'œil  auffi  agréable  que  celui 
des  vallées  ;  mais  les  unes  Se  les  autres  font  bien  déchues 
de  leur  première  fertilité  ;  car  au  lieu  de  foixante  pour  un 
qu'elles  rendoient  autrefois ,  préfentement  elles  rendent  à 
peine  trente  pour  un  ,  fouvent  même  on  eff  obligé  de 
laiffer  la  terre  trois  ou  quatre  ans  fans  y  rien  femer.  Il  y  a 
une  montagne  près  de  la  ville  de  Funchal  d'où  il  fort  une 
fi  grande  quantité  d'eau  ,  que  bien  fouvent  elle  caufe  une 
inondation  qui  renverfe  Se  entraîne  les  ponts ,  les  églifes, 
les  maifons  &  les  autres  bâtimens. 

Une  autre  ville  moins  confidérable  ,  qui  eft  appellée 
Manchico ,  a  une  églife  fous  le  titre  de  fainte  Croix  ,  Se 
un  couvent  de  Bernardines. 

Il  y  a  ,  fuivant  Mocquet ,  dans  toute  cette  ifle  beaucoup 
de  châteaux  Se  de  maifons  de  plaifance.  L'évêché  comprend 
trente-fix  églifes  paroiffiales  ,  cinq  cloîtres ,  quatre  hôpi- 
taux Se  8z  hérmkages.  L'an  1625,  on  compta  dans  cette 
ifle  jusqu'à  6096  maifons  ,  Se  le  nombre  en  a  été 
beaucoup  augmenté  depuis.  Le  clergé  de  cette  ifle  eff 
nombreux  &  fort  riche.  Ceux  qui  descendent  de  Maures 
ou  de  Juifs  ne  font  point  admis  aux  ordres  facrés. 

L'ifle  eft  arrofée  par  fept  ou  huit  rivières  Se  plufieurs 
ruifleaux  qui  descendent  des  montagnes.  Quoique  ces  mon- 
tagnes foient  hautes  Se  escarpées,  elles  ne  laiffent  pas  d'être 
euhivéescomme  des  plaines. Le  bled  y  peut  croître  jusqu'au 
fommet;  mais  le  raifin  n'y  vient  pas  fi  heureufement. 

La  principale  production  de  cette  ifle  elt  la  vigne  ,  dont 
le  plant  a  été  apporté  de  Candie ,  &  qui  donne  trois  ou 
quatre  fortes  de  vins.  L'un  reflemble  par  fa  couleur  à  ce- 
lui de  Champagne  ,  Se  n'eft  pas  eftimé  -,  l'autre  eff  un  vin 
blanc  qui  eff  beaucoup  plus  fort  que  le  premier ;  le  troifié- 
me  eff  délicieux,  Se  s'appelle  Malvoifie;  le  quatrième  a  la 
couleur  de  vin  d'Alicante  ,  mais  il  lui  eft  fort  inférieur  en 
goût  :  on  ne  le  boit  jamais  que  mêlé  avec  les  autres  fortes 
de  vins  ausquels  il  donne  de  la  couleur  &  la  force  de  fe 
conferver.  Le  vin  de  Madère  a  cela  de  fingulier,  que  la 
chaleur  du  foleil  le  rend  meilleur ,  quand  on  l'y  expofe 
dans  le  tonneau  dont  on  a  ôté  le  bondon.  On  recueille 
dans  toute  l'ifle  environ  vingt  huit  mille  pièces  de  vin, 
dont  huit  mille  font  bues  dans  le  pays  ,  le  refle  fe  trans- 
porte ailleurs;  la  plus  grande  partie  va  aux  Indes  occi- 
dentales ,  &  fur  tout  aux  Barbades. 

Comme  on  ne  recueille  pas  affez  de  bled  dans  l'ifle  pour 
la  nourriture  de  fes  habitans ,  on  y  prend  des  mefures  as- 
fez  juffes  pour  prévenir  la  famine  ;  c'eff  d'obliger  les  vais- 
feaux  qui  y  abordent ,  d'aller  chercher  une  certaine  quan- 
tité de  grains  aux  ifles  Açores  :  on  ne  leur  permet  point 
de  commercer  dans  l'ifle  avant  qu'ils  fe  foient  acquittés  de 
cette  efpéce  de  corvée. 

Le  pays  porte  beaucoup  de  limons ,  dont  on  fait  une 
excellente  confiture.  On  en  charge  même  tous  les  ans 
deux  ou  ttois  petits  bâtimens  pour  la  France.  Les  oran- 
ges Se  les  bananes  y  font  auffi  en  grande  abondance. 

Le  fucre  que  l'on  fait  dans  cette  ifle  fe  transporte  rare- 
ment ailleurs ,  parce  qu'il  peut  à  peine  fuffire  pour  fesbe- 
foins.  On  y  trouve  une  grande  quantité  de  pêches  ,  d'a- 
bricots ,  de  prunes ,  de  cerifes ,  de  figues  Se  de  noix.  Les 
marchands  d'Angleterre  qui  s'y  font  établis,  y  ont  apporté 
des  grofeilles ,  des  noifettes  &  d'autres  fruits  femblablcs, 
qui  y  viennent  parfaitement  bien. 

Parmi  les  arbres  dont  on  fait  le  plus  de  cas ,  il  y  en  a 
quelques-uns  qui  produifent  la  gomme ,  Se  de  ces  der- 
niers l'arbre  qui  produit  lefang  de  dragon  eft  celui  qu'on 
effime  le  plus.  Il  y  a  aiifluine  certaine  espèce  de  Gayac  , 
nommé  Palosfatita  ,  ou  bois  faint ,  qui  n'eff  pas  fi  bon 
que  celui  qui  croît  aux  Antilles.  On  y  trouve  encore  de 
groffes  grenades  d'un  aigre  tirant  fur  le  doux. 

Cette  ifle  abonde  en  animaux  domeffiques  Se  en  toute 
forte  de  gibier.  On  trouve  fur  les  montagnes  des  fangliers , 
Se  presque  dans  toutes  les  campagnes  des  perdrix ,  des  ra- 


miers Se  des  cailles.  On  n'y  voit  aucune  forte  d'animaux 
venimeux  ;  il  ne  s  y  trouve  ni  ferpens ,  ni  crapauds ,  quoi- 
qu'ils foient  très -communs  dans  les  Indes.  Les  lézards 
feulement  y  font  en  grand  nombre  ,  Se  caufent  beaucoup 
de  dommage  aux  raifins  Se  aux  autres  fruits. 

Les  habitans  font  beaucoup  plus  honnêtes  &  plus  trai- 
tables  que  ceux  des  Canaries  ,  Se  trafiquent  fort  amiable- 
menr  avec  toutes  fortes  de  nations.  La  fobriété  eff  leur 
vertu  favorite,  Se  les  garantit  des  fièvres  que  leurs  excès 
dans  les  plailirs  de  l'amour  leur  cauferoient,  &leurren- 
droienr  très-dangereu fes.  Leur  habillement  eff  toujours 
noir.  Perfonne  ne  va  fansépée,  ni  fans  poignard;  lesfer- 
viteurs  les  ont  a  leur  côté  dans  le  tems  même  qu'ils  fer- 
vent leurs  maîtres  a  table.  Les  maifons  n'ont  rien  de  ma- 
gnifique :  elles  font  toutes  en  plates-formes  ;  les  fenêtres 
n'y  ont  point  de  vitres;  on  les  laiiïe  ouvertes  pendant  le 
jour  pour  y  fane  entrer  de  nouvel  air  ,  Se  on  les  ferme 
la  nuit  avec  des  volets. 

1.  M  ADLRE  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ;  les 
Portugais  l'ont  appellée  Rio  da  Madeira  ,  ou  rivière  du 
bois ,  a  caufe  de  la  quantité  d'arbres  déracinés  qu'elle  cha- 
rie  dans  le  tems  de  fes  debordemens.  Parmi  fes  différentes 
fources,la  plus  éloignée  eff  voifine  des  mines  de  Pctofi  , 
Se  peu  diitante  de  l'origine  du  i  îlcomayo ,  qui  va  fe  jetter 
dans  le  grand  fleuve  de  la  Plata.  Faifanr  un  demi-cercle 
veislefud,  ellepiend  fon  cours  du  côté  du  nord ,  tra- 
verfe  les  millions  des  Moxeso,  où  elle  eff  appellée  Ma- 
moré  ;  Se  va  fe  rendre  dans  l'Amazone  au  -  défions  de 
l'embouchure  du  Rio  Negro.  En  1741,  les  Portugns  re- 
montèrent ceue  rivière  jusqu'aux  environs  de  Sama  Cruz 
de  la  Sierra  ,  ville  episcopale  du  haut  Pérou  par  les  17 
deg.  &demi  de  huit,  aufirale.  *  Carte  du  cours  de  ï 4~ 
maz,one ,  par  M.  de  la  Condaminc. 

MADERNO,  ruines  d'une  ancienne  ville  dlralie  au 
duché  de  Caffro  dans  les  é'ats  du  duc  de  Parme  fur  la  ri- 
vière deFiore,  un  peu  au  deffous  des  ruines  de  Caffro. 
Cetre  ancienne  ville  étoit  de  l'Eu  une,  &  s'ap^dioii  Tu- 
deRjTudernum  ou  Sudernum.  Léandre  écrit  Muder- 
NO.  *  Baudrani  ,  édir.  1705. 

MADGIAR.  C'eff  le  nom  que  les  Arabes  donnent  au 
pays  de  la  Hongrie. 

1.  MADIA  ,  ville  d'Afie  dans  la  Colchide,  félon  Pto- 
lomée,  /.  5 .  c.  1 5.  II  la  met  dans  les  terres. 

1.  MAÔIA  ou  Magia  ,  nvieie  de  Suifle  au  bailliage  de 
Locarno  en  Italie.  Elle  a  fa  fource  au  mont  S.  Gothard  , 
d'où  ferpentant  vers  le  midi  oriental  Se  fe  chargeant  en 
chemin  de  plufieurs  ruifleaux,  elle  baigne  la  vallée  qui  en 
pren.l  le  nom  de  Val  Madia  ,  ou  Val  Magia.  Les  Al- 
lemands qui  nomment  Meyn  cette  rivière  ,  appellent 
cette  vallée  Mevnthal. 

i.  MADIA  (  Val  )  ou  Magia  ,  ou  Meinthal ,  pays  de 
IaSuiffeaux  confins  du  Milanez.  C'eft  le  quatrième  Se 
dernier  bailliage  des    douze  Cantons  en  Lombardie.  II 
confine  d'un  côté   au  Milanez  .  6c   de  l'autre  au  haut 
Valîais  Se  au  canton  d'Uri.  Ce  n'tff  qu'une  longue  vallée 
étroite,  ferrée  entre  de  hautes  montagnes ,  exarrofée  dans 
toute  fa  longtieur  par  une  rivière  qui  lui  donne  l'on  nom  , 
Se  qui  de-la  paffe  à  Locarno.  Les  principaux  endroi  s  de 
ce  bailliage  font  la  ville  de  Magia  ,  firuée  fur  la  rivière  de 
ce  nom  ,  avec  le  bourg  de  Gevio  fur  la  même  rivière.  Ses 
principaux  villages  font    Laizera  ,  Bugnasco  ,  Prolio  , 
Rouana  ,  Sec   Ce  bailliage  faifoit  autrefois  partie  de  celui 
de  Locarno  ,  Se  les  deux  cnfemble  compofoienr  une  belle 
terre  que  les  nobles  Rusca  de  Côme  poffédoient,  avec 
titre  de  comté.  Dans  la  fuite  ce  comté  fut  partagé.  Le  Val 
Madia  fut  détaché  de  Locarno  ;  Se  ces  deux  terres  vin- 
rent en  la  puiffance  des  ducs  de  Milan  dans  le  XV.  fiécle. 
Au  reffe ,  ce  bailliage  &  les  trois  autres  font  pofledés  en 
commun  parles  douze  premiers  Cantons  qui  y  envoient 
tour  à  tour  des  baillis  de  deux  en  deuxans.L'an  1  jn.Maxi- 
milien  Sforce,  duc  de  Milan,  ayant  chaffé  d'Italie  les  Fran- 
çois par  le  confeil  du  pape  Jules  II.  Se  par  le  fecours  des 
Vénitiens ,  des  Suifles  Se  des  Grifons  ,  crut  ne  pouvoir 
mieux  témoigner  fa  reconnoiffance  à  ces  Républiques , 
qu'en  leur  faifant  part  d'une  portion  de  fon  duché.  Ainfi 
il  donna  ces  quatre  bailliages  aux  Suifles,  Se  la  Valteline 
aux  Grifons.  Trois  ans  après,  lavoir  en  1  ;  1  y  ,  François 
I.  roi  de  France  ayant  battu  les  Suifles  à  la  journée  de  Ma- 
rignan  ,  fit  la  paix  avec  eux  ,  Se  leur  confirma  la  dona- 
tion de  ces  bailliages  ;  la  même  chofe  a  été  faite  dans  la 


MAD 


MAD 


fuite  par  ceux  qui  ont  pofledé  le  Milancz.  Les  baillis  que 
l'on  envoie-la  ,  ôc  que  les  habitans  appellent  commiflai- 
res  ,  ont  une  autorité  abfolue  pour  le  civil  &  pour  le  cri- 
minel. Ils  mènent  toujours  avec  eux  un  interprète  pour 
parler  à  ces  peuples  qui  font  Italiens  de  langue  ,  auiïi-bien 
que  de  mœurs,  &  unhuifiierde  leur  nation  qui  leur  ferc 
de  garde.  Ils  ont  un  procureur  fiscal  ,  un  intendant  des 
péages,  ôc  un  lieutenant  qui  remplit  leur  place  en  leur 
abfence.  De  ces  trois  officiers  les  deux  premiers  fontehoi- 
fis  par  les  Cantons ,  ôc  le  troisième  par  les  baillis.  Tous  les 
ans  les  douze  Cantons  envoyent  chacun  un  député  ,  qui 
vont  enfemble  fin."  les  lieux  pour  recevoir  les  comptes  des 
baillis ,  pour  donner  les  péages  à  fermes ,  &  pour  y  pren- 
dre connoiflance  des  affaires  les  plus  importantes.  Ces 
députés  n'y  manquent  pas  d'occupation  ;  car  la  plus 
grande  partie  du  pays  eft  remplie  par  un  petit  peuple  très- 
fcélérat. En  159^  entr'autres,  il  s'y  commit  unefi  grande 
quantité  de  vols  ôc  d'homicides  ,  que  les  Cantons  furent 
contraints  d'y  envoyer  des  troupes  pour  y  rétablir  la  fu- 
reté. *  Etat  &  délices  de  la  Suijfe  ,  t.  3 .  p.  216. 

1. MADIAN,  pays  d'Afiedans  le  voifinage  de  la  Pa- 
lestine ,  à  l'orient  de  la  mer  morte  ,  au  midi  du  pays  de 
Moab,  Euftb.  ôc  Huronym.  Loc.  Hebr.  Il  y  a  appa- 
rence qu'il  fut  peuplé  par  Madan  ôc  par  Madian,  troi- 
fiéme  &  quatrième  fils  d'Abraham  &  de  Cethura  ,  Genef. 
2.J.  2.  Les  Madianitesdont  il  eft  parlé  dans  le  livre  des 
nombres ,  c.  22.  4 ,  7  ,  25  ,  1  j  ôc  3 1  ,  2.  ôc  dont  les  filles 
engagèrent  les  Ifraëlites  dans  le  crime  &  dans  l'adoration 
de  Phégor  ,  étoienr  des  descendans  de  Madian  ,  fils  d'A- 
braham» Les  Madianires,  qui  furent  battus  par  Adad  ,  fils 
de  Baclad  roi  d'Idumée  ,  dont  il  eft  parlé  dans  la  Genéfe , 
c.  36.  35.  &  ceux  qui  opprimèrent  les  Ifraëlites  fous  les 
Juges  ôc  qui  furent  défaits  par  Gédéon  ,  Jud.  G.  1.2.  & 
[eq.  ôc  7.  1.  2~  d>~c.  étoient  auifi  de  ces  descendans  de  Ma- 
dian .  fils  d'Abraham  ôc  de  Cethura.  Leur  capitale  étoit 
nommée  Madjan. 

2.  MADîAN  ,  ville  d'Afiedans  le  pays  de  même  nom 
dont  elle  éroh  capitale  ,  à  l'orient  de  la  mer  morte.  Elle 
étoit  fur  l'Arnon  ,  &  au  midi  de  la  vilie  d'Ar ,  ou  Aréo- 
polis  On  en  voyoit  encore  des  refies  du  rems  de  S.  Jérôme 
Se  d'Eufébe.  *  D.  Calmet ,  Didionn. 

3.  MADIAN  ,  paysd  Afie  dans  l'Arabie  à  l'orient  de  la 
mer  Rouge  ,  ôc  qui  félon  les  apparences  fut  peuplé  par 
Madian  fils  de  Chus ,  puisque  Séphora  femme  de  Moyfe , 
laquelle  étoit  Madianite ,  eft  cependant  appellée  Chufîte , 
Nitm.  1 2.  in  Hebr.  ôc  qu'Habacuc ,  /.  3.  7.  in  Hebr.  met 
les  Madianites  avec  les  Chufites ,  comme  fynonymes ,  ou 
du  moins  comme  voifins.  C'eft  dans  ce  pays  que  Moyfe 
fe  fauva ,  ôc  qu'il  époufa  Séphora ,  fille  de  Jéthro  ,  Exod, 
2- ij.&c.  Ce  font  ces  Madianites  qui  tremblèrent ,  lors- 
qu'ils apprirent  que  les  Hébreux  avoient  paffé  la  mer 
Rouge  à  pied  fec  ,  Habac.  3.  7.  *  D.  Ctlmet ,  Didionn. 

4.  MADIAN  ou  Madyan  ,  capitale  du  pays  de  même 
nom ,  a  lorient  de  la  mer  Rouge.  Voyez,  Madyan. 

MADIANIT/E  ,  en  françois  les  Madianites ,  peuples 
d'Afie,  où  ils  habitoient  deux  pays  très-difiérens  l'un  de 
l'autre,  l'un  fur  la  mer  Morte  ,  l'autre  fur  la  mer  Rouge  , 
vers  la  pointe  qui  fépare  les  deux  grands  golfes  de  cette 
mer,,  félon  D.  Calmet  dans  fes  cartes. 

M  AD1ENA  ,  Maftirn,  ville  d'Arabie  fur  la  mer  Rou- 
ge. C'étoit  la  capitale  ,  &  peut  être  l'unique  ville  du  peu- 
ple Madianite  de  ce  canton-là.  Jofephe  ,  Antiq.  I.  2.  c.  j. 
en  fait  mention.  EMenne  le  géographe  en  nomme  les  ha- 
bitans Madreni  ,  uetSfmoi.  C'eft  une  faute,  il  faut  lire 
M*JWo«,  Madieni  Ildit  auffiMANDiANiTyE  pour  MA- 
DIANITE. 

MADlGOUBBA  ,  bourgade  des  Indes  dans  le  royau- 
me de  Carnate,  au  paysd'Andevarou.  Les  pères  Jéfuites 
y  ont  bâti  une  églife  avec  la  permiflion  du  prince.  *  Let- 
tres édif.  t.  16.  p.  237. 

MADIN/EI,  ancien  peuple  de  Sicile,  félon  Diodore 
de  Sicile,/.  1 6.  ciré  parOrtelius,  Thefaur. 

i.MADION  ou  Masdion  ,  Masdio  ,  Mafum  Diony- 
fii,  Masdiuthim ,  monafière  d'hommes  ,  ordre  de  faint 
Benoît,  fous  l'invocation  delà  fainte  Vierge.  Il  eft  fitué 
dans  la  Saintonge  au  diocèfe  de  Saintes  ,  environ  à  quatre 
lieues  d'Archiac  dans  la  paroiffe  de  fainr  Germain  de 
Seudie.  La  petite  rivière  de  Seudre  arrofele  bas  du  rocher 
fur  lequel  ce  monafière  étoit  autrefois  placé-  On  ignore 
le  tems  ôc  les  auteurs  de  la  fondation  de  ce  monafière  ,  ôc 


il  a  été  détruit  par  les  Calvinifies.  C'eft  encore  un  titre 
d'abbaye  valant  deux  cens  livres  de  rente. 

2.  MADION  ,  principauté  d'Afiedans  l'ifledejav** 
au  nord- eit  de  Mataran.  C'étoit  autrefois  une  fouverai- 
neté;  mais  aujourd'hui  le  prince  eft  vaffal  de  Mataran. 

MADISAN1TES  ,  golfe  d'Afie  au  golfe  Perfique ,  dont 
il  fait  partie  fur  la  côte  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon  Pto- 
lomée  ,  /.  6.  c.  7.  D'autres  exemplaires  portent  Mesani- 
tes  ,  qui  eit  plus  jufie.  Etienne  le  géographe  dit  auifi  Ms- 
tr«j/miî,  Mefanites.  Dion  Caiiuis ,  /.  68.  y  place  une  ifie 
appellée  Mess ana  ;  ôc  Nicéphore  Califte,  /.  9.  c.  19.  p. 
784.  après  Philofiorge  dit  que  l'embouchure  du  Tigre  ôc 
de  l'Euphrate  forme  une  ifie  habitée  par  un  peuple  ap- 
pelle Meseni. 

MADOCE  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  7.  dans  fa  partie  méridionale. 

MA  DON  ,  ville  du  pays  de  Chanaan.  Johab  roi  de 
Madon ,  fe  ligua  avecJabin  roid'Afor,  ôc  avec  plufieurs 
autres  contre  Jofué  ,  1 1.  i.  &  11.  19.  mais  il  fut  pris  ôc 
tué  ,  ôc  fa  ville  fut  détruite  ôc  pillée.  On  ne  fait  pas  quelle 
étoit  la  fituation  de  cette  ville  de  Madon  ,  Ôc  il  n'en  eft 
parlé  que  dans  Jofué.  Dom  Calmet  dans  fon  didionnairè  , 
croit  qu'il  faut  lire  Maron  ,  au  lieu  de  Madon.  Oncon- 
noit  un  lieu  nommé  Maronie,  dans  la  Syrie,  à  trente 
milles  d'Antioche  ,  au  nord  du  mont  Liban.  Maron  fe 
lit  dans  l'hébreu  de  Jofué  ,  c.  12.  v.  20,  *  Huronym,  in 
vita  Malachi. 

MADONIA,  Madroniœ,  Montes ,  anciennement  Ne- 
brodes  ,  Nevrodes  Mons  ,  montagnes  de  Sicile.  Elles 
font  dans  la  vallée  de  Démona  ,  ôc  s'étendent  en  long  en- 
tre Traina  à  l'orient  ôc  Termine  à  l'occident.  *  Baudrand, 
édition  1705. 

MADRA  ,  royaume  d'Afrique  dans  la  Nigritie.  Il  a  le 
royaume  deBorno  au  feptentrion  ,  celui  de  Gorhan  au 
levant  ,  celui  de  Semen  au  midi  ,  ôc  celui  de  Dauma  au. 
couchant.  La  capitale  eft  à  45  deg.  10  m.  de  longitude, 
&  à  1 1  deg.  20  min.  de  latitude  lëptentriohale. 

MADRAN  ,  en  latin  Madranum  ,  village  d'Allema- 
gne dans  la  Catinthie  ,  entre  Wfilach  &Saltzbourg.  Quel- 
ques auteurs  le  prennent  pour  l'ancien  Magiftrica  ,  bourg 
du  Norique.  *  Baudrand  ,  Didion.  édit.  170J. 

MADRAS  ou  Madraspatan  ?  que  les  Indiens  nom- 
ment  Gennrpattenam.  Ville  des  Indes  fur  la  cô:e  de  Co- 
romandel  ,  à  une  lieue  au  nord  de  S.  Thomé.  Cette  ville 
qui  eft  fort  belle  ,  appartient  aux  Anglois.  Elle  s'eft  corn- 
fidérablement  augmentée  depuis  par  la  ruine  de  S.  Thomé, 
des  débris  de  laquelle  elle  s'eft  accrue.  Elle  eft  ceinte  de 
murailles.  Il  y  a  un  fort  quarté  ,  mais  fans  ouvrages  exté- 
rieurs: on  l'appelle  le  fort  faint  George.  On  y  voit  une 
féconde  ville  habitée  par  les  Arméniens  Ôc  par  les  mari- 
chands  des  nations  étrangères  -,  ôc  enfuite  une  troifiéme 
où  réfident  les  Indiens  -,  cette  dernière  eft  beaucoup  plus 
grande  que  la  première  ,  quoiqu'elle  en  foit  comme  le 
fauxbourg.  On  compte  dans  les  trois  villes  près  de  cent 
mille  âmes.  Les  Anglois ,  à  ce  qu'on  dit ,  en  tirent  plus  de 
foixante  mille  pagodes  de  droits  ;  ce  qui  fait  trente  mille 
piftoles.  Les  Millionnaires  catholiques ,  qui  font  quelque- 
fois obligés  d'aller  à  Madras  i  fe  louent  fort  de  la  poli- 
tefie  des  Anglois ,  &  des  marques  d'amitié  qu'ils  en  ont 
reçues.  *  Lettres  édifiantes,  t.  15.  p.  25. 

MADRE,  rivière  de  la  Turquie  en  Afie  dans  la Na- 

tolie.  C'efi  le  Méandre  des  anciens.  Voyez,  ce  mot,  »".  i„ 

MADREBOMBE  ,  rivière  -d'Afrique.  Voyez.  Scher- 

BRO. 

MADRENI.  Voyez.MAmtn a. 

1.  MADRID  ,  ville  d'Espagne  dans  la  nouvelle  Ca- 
ftille ,  ôc  la  réfidence  ordinaire  des  rois  d'Espagne.  On 
croit  afiez  communément  que  c'eft  là  Mantua  Carpeta- 
norum  des  anciens,  &  on  lui  donne  ordinairement  ce 
nom  dans  le  pays  ,  lorsque  l'on  parle  latin.  Cependant 
d'autres  prétendent  qu'elle  s'eft  accrue  des  ruines  de  Villa. 
Manta ,  qu'ils  croyenr  être  un  refte  de  Mantoue  des  Car- 
petains.  Ce  n'étoit'  autrefois  qu'une  bourgade  inconnue  ôc 
rrès-peu  confidérable,  qui  appartenoit  en  propre  aux  ar- 
chevêques de  Tolède  i  mais  depuis  que  l'empereurCharles 
V.  &  fes  fucceffeurs  l'ont  choifie  pour  y  faire  leur  féjour 
ordinaire  ,  elle  eft  devenue  la  première  ville  d'Espagne  j 
&  a  en  quelque  façon  enlevé  à  Tolède  le  nom  de  ca,  Laie 
de  cette  vafte  monarchie.  Elle  eft  grande,  extrêmement 
peuplée ,  fituée  fur  une  hauteur  ôc  bordée  de  collines  dif 

Tome  IV.  C  ij 


AD 


MAD 


côté  des  portes  Foncaral  ôc  Alcala,  à  fix  lieues  de  cette 
univerfité ,  à  fept  de  l'Escurial  ,  ôc  à  neuf  de  Puerto  de 
Guadarama.  Tous  ces  lieux  ont  des  montagnes  très-éle- 
vées  ,  dont  on  voit  de  loin  les  fommets couverts  déneige. 
La  ville  de  Madrid  n'a  ni  fortifications  ,  ni  fofies  ;  elle  n'eft 
fermée  que  par  de  très-mauvailes  murailles  ,  que  les  pro- 
priétaires des  maifons  flruéesaux  dernières  extrémités  de 
la  ville  font  &  entretiennent  pour  fermer  leur  terrein  du 
côté  des  champs.  On  y  voit  néanmoins  quelques  portes; 
mais  elles  n'ont  rien  qui  réponde  à  la  grandeur  de  la  ville  : 
elles  font  fermées  de  nuit,  excepté  celle  de  Ségovie.  Elles 
font  gardées  par  des  commis  bien  armés  pour  empêcher 
les  fraudes  Ôc  la  contrebande.  Une  partie  de  ces  commis 
eft  à  cheval  &  l'autre  a  pied ,  &  l'un  d'eux  fe  détache  pour 
accompagner  les  marchandifes  aux  bureaux  des  droits 
d'entrée  &  de  fortie  ;  car  ils  ne  les  perçoivent  pas  eux- 
mêmes.  *  AI  moires  communiqué}. 

Les  rues  de  Madrid  ,  que  l'on  appelle  Callc  ,  font  pres- 
que toutes  larges ,  longues  &  droites  ;  mais  afiez  mal  pro- 
pre >  &  pavées  de  médians  petits  cailloux  ,  qui  les  rendent 
fort  incommodes.  Les  plus  belles  font  la  calle  Major,  la 
calle  de  Tolède,  la  calle  d'Atocha  ,  ôc  la  calle  d'Alcala. 
Il  y  a  auflî  divèrfes  belles  places  publiques  ,  entr'aimes 
celle  deSan-Domingo  ,1a  calle  Anchade  San-Bernardo, 
deSan-Geronimo,  los  Carios  del  Perral  Anton  Martin, 
où  il  y  a  un  grand  hôpital  ,  de  celle  de  la  Sebada  ,  où  fe 
tient  le  marché  aux  chevaux.  La  plus  grande  ôc  la  plus 
belle eft  celle  où  l'on  célèbre  la  fête  des  rameaux  :  on  l'ap- 
pelle la  Plaça  Mayor.  Elle  eft  au  milieu  de  la  ville  ;  fa 
longueur eft  de434pieds,  fa  largeur  de  334  pieds  ,  & 
fon  circuit  de  1536.  Il  y  loge  plus  de  quatre  mille  per- 
fonnes  dans  cent  trente-fix  maifons ,  dont  elle  efl  envi- 
ronnée. Ces  maifons  font  toutes  femblables.  Elles  font 
les  plus  hautes  de  Madrid  :  chacune  a  cinq  étages ,  avec 
un  balcon  à  chaque  rang  de  fenêtres.  Tontes  ces  maifons 
font  foutenues  par  des  pilaftres  ,  qui  forment  autour  de 
la  place  une  longue  ôc  belle  galerie ,  où  l'on  peut  fe  pro- 
mener à  couvert.  Ce  font  des  négocians  qui  habitent  ces 
maifons.  Les  marchands  drapiers  en  occupent  la  plus 
grande  partie.  Dans  le  milieu  de  la  place  fe  tient  le  marché 
de  Madrid.  Les  hommes  y  vont  faire  leurs  provifions  pour 
les  befoins  du  ménage  ;  car  les  femmes  ne  s'en  mêlent 
point.  Les  rues  ôc  les  places  de  Madrid  font  Ornées  d'une 
infinité  de  belles  fontaines,  de  marbre  &  de  jaspe,  ôc 
embellies  de  ftatuts.  Les  plus  grandes  fourniflent  d'eau  à 
une  grande  partie  de  la  ville.  Les  eaux  en  font  très-bonnes 
&  très-légères. 

L'air  ett  aufli  très-pur  6c  très  fubtil  à  Madrid  ;  maïs 
froid  dans  certains  tems ,  à  caufe  du  voifinage  des  mon- 
tagnes. 

Les  pierres  n'y  font  pas  chères ,  parce  qu'on  les  tire  à 
cinq,  fix  ou  fept  lieues  de-là.  Les  maifons  font  belles, 
fpacieufes ,  commodes ,  bâties  de  brique  ôc  de  plâtre  ,  Ôc 
entrelacées  de  bois.  Elles  ont  presque  toutes  une  cour  ;  les 
hôtels  des  grands  ôc  quantité  d'autres  ont  des  portes  co- 
cheres.  Ce  qui  fert  d'ornement  font  de  grandes  fenêtres 
de  menuiierie  bien  façonnées ,  &  les  balcons  garnis  d'une 
jaloufic  fouvent  colorée.  Les  femmes  fortent  plus  fré- 
quemment qu'on  ne  le  prétend  dans  les  pays  étrangers  ;  & 
quand  elles  font  au  logis ,  elles  fe  mettent  au  balcon  pour 
regarderles  paflansek  refpirer  l'air  après  le  foleil  couché. 
On  trouve  plufieurs  maifons  fans  vitres,  non  parce  que  le 
verre  y  eft  rare  ,  comme  on  le  fuppofe  ,  mais  parce  que  , 
fuivant  la  coutume  ,  les  locataires  font  mettre  le  vi- 
trage à  leurs  frais,  ôc  lorsqu'ils  délogent,  ils  ont  foin  de 
l'emporter. 

Quand  on  bâtit  une  maifon  ,  le  premier  étage  qu'on 
élevé  appartient  au  roi,  qui  peut  le  vendre  ou  louer ,  à 
moins  que  le  propriétaire  ne  prenne  le  parti  de  l'acheter. 
Les  grandes  maifons  ont  ordinairement  douze  ,  quinze  ôc 
vingt  pièces  de  plein  pied  à  chaque  étage  ;  ôc  il  y  a  un  ap- 
partement pour  l'hiver ,  de  un  pour  l'été.  Quelques-uns 
en  ont  pour  chaque  faifon  de  l'année. 

Hors  de  la  ville  on  voit  une  petite  vallée  au  milieu  de 
laquelle  patte  le  Mançanarès.Ce  n'eftni  un  ruiiTeau,  ni  une 
rivière ,  ôc  fi  l'on  veut  s'y  baigner  ,  il  faut  y  creufer  une 
fofle.  Ccft  -  là  que  Philippe  II.  fir  bâtir  un  magnifique 
pont  ,  que  les  connoifieurs  trouvent  aufli  beau  que  le 
Pont- neuf  fur  la  Seine  à  Paris  ;  on  l'appelle  Tucme  de  Se- 
govia.  Ce  pont  large ,  grand  ôc  fuperbe  n'eft  d'ordinaire 


mouille  cTeait  qu'au  pied  de  quelques  piles  :  ce  qui  a  fait 
dire:  Que  ce  feroit  un  beau  pont,  s'il  avoit  une  rivière. 
Il  paroit  d  abord  allez  fingu lier  qu'on  ait  bâti  un  tel  pont 
dans  un  lieu  qu'un  enfant  peut  pafler  à  pied  fec  en  été. 
Mais  il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  Philippe  IL  ne  l'ait  fait 
bâtir  que  pour  fervir  à  traverfer  ce  ruifi'eau.  11  y  a  de  l'ap- 
parence qu'il  n'entreprit  cet  ouvrage  ,  qu'afin  qu'on  pût 
pafler  plus  commodément  le  fond  de  la  vallée.  D'ailleurs 
le  Mançanaiès  n'eft  pas  toujours  fi  petit  ;  il  grofiit  quel- 
quefois en  hiver  fi  confidérablcment  par  les  torrens  qui 
s  y  jettent,  qu'ils  couvrent  les  campagnes  voifines;  ôc 
roule  alors  fes  eaux  avec  tant  de  rapidité  ,  qu'il  entraîne 
tout  ce  qu'il  trouve  en  fon  chemin.  Ce  pont  a  onze  cens 
pas  de  longueur  fur  vingt-deux  de  largeur  dans  l'espace  de 
fept  cens  pas  ;  le  refte  eft  plus  étroit  de  la  moitié.  Il  eft 
tout  bâti  de  pierres  de  taille ,  ôc  bordé  des  deux  côtés 
d'une  muraille  à  hauteur  d'appui ,  fur  laquelle,  de  trois  en 
trois  pas ,  on  voit  de  grof.es  boules  de  pierre ,  fupporrées 
par  des  quarrés  de  même  matière.  Cet  ouvrage  a  coûté 
plufieurs  centaines  de  milliers  de  ducats.  Il  y  a  appaicnce 
qu'on  lui  a  donné  le  nom  cie  pont  de  Ségovie  ,  parce  qu'il 
femble  avoir  été  bâti  a  1  imitation  de  cet  ancien  &  fuperbe 
aqueduc  ,  qui  fubftfte  encore  a  Ségovie.  Le  Mançanarès 
qui  coule  fous  ce  magnifique  pont ,  n'entre  point  dans  la 
ville-,  il  pafle  a  côté  ,  vis  a-vis  du  palais  royal, 

A  l'une  des  extrémités  de  la  ville  ut  le  palais  du  roi.  Il 
eft  fitue  uu  midi  fur  une  eminence  ,  qui  a  fa  pente  du 
côté  de  la  rivière,  &  une  glande  teuafie.  L'aile  du  palais 
a  la  vue  fur  la  cami  agne  ,  fur  le  Mançanarès  ôc  les  char- 
mantes promenades  qui  régnent  le  long  de  fes  bords,  ce 
qui  forme  un  afpcâ  des  plus  agréables.  Les  avenues  de 
ce  palais  foni  très  belles.  Au-devant  de  la  façade  on  trou- 
ve une  grande  place  ;  deux  pavillons  termineur  la  façade  * 
ôc  trois  grandes  portes  d'aichitedture  afiez  fimple  con- 
duifentàdeux  grandes  cours.  Au  fond  eft  l'escalier  qui 
mené  à  l'apparttment  du  roi  ôc  de  la  reine.  Il  y  a  auffi  plu- 
fieurs autres  cours  conftruites  toutes  en  quarré  ,  &  envi- 
ronnées d'un  rang  de  colonnes  qui  foutienntnt  les  galeries. 
Ces  fortes  de  portiques  font  à  la  mode  en  Espagne  ;  on 
dit  qu'ils  ont  pris  cet  ufage  des  Maures.  La  plupart  des 
grandes  maifons  font  bâties  de  cette  manière.  On  va  en 
caroffe  jusqu'aux  portes  du  palais  ,  ce  qui  e fi  presque  im- 
poiEble  ,  quand  il  y  a  des  feux  de  joie  ou  autres  fêtes ,  à 
caufe  de  la  grande  affluence  du  peuple.  Autrefois  un  pe- 
tit nombre  de  hallebardiers  fe  tenoient  aux  portes.  Il  s'en 
falloit  beaucoup  que  le  roi  n'eût  une  garde  proportionnée 
à  fa  puifiance&  à  fa  fplcndeur.  La  raifon  que  l'on  en  don- 
noit  ne  fouffae  point  de  réplique.  On  difoit  qu'un  mo- 
narque qui  règne  fur  le  cœur  de  fes  fujets,  n'a  pas  befoin 
d'avoir  une  garde.  Mais  depuis  l'avéncment  de  Philippe 
V.  il  y  a  dans  la  grande  place  deux  corps  de  gardes  ;  l'un  , 
pour  une  compagnie  de  cent  hommes  de  gardes  espagno- 
les ,  &  l'autre  ,  pour  un  pareil  nombre  de  gardes  walo- 
nes  ,qui  gardent  enfemble  les  dehors  du  palais.  Les  portes 
extérieures  des  appartemens  font  gardées  par  les  halle- 
bardiers ,  &  les  intérieures  par  les  gardes  du  corps  du  roi, 
dont  il  y  a  trois  compagnies,  chacune  de  deux  cens  hom-, 
mes  ;  favoir ,  espagnole ,  italienne  ôc  flamande.  Les  por- 
tiques des  cours  font  occupés  par  des  boutiques  de  mer- 
ciers ôc  clincaillcrs;  &  divers  confeils  qui  étoient  dans  les 
appartemens  qui  donnent  fur  ces  cours  ,  ont  été  transfé- 
rés depuis  peu  d'années  au  palais  de  la  rcine-mere,  vis-à- 
vis  de  Nueftra  Senora  de  Almudena ,  de  même  que  la 
tréforerie  Ôc  les  conradoreries. 

Les  appartemens  font  beaux  ;  les  chambres  ôc  les  gale- 
ries font  ornées  de  ftatues  rares  ôc  de  buftesbien  travaillés. 
On  voitauiîi  de  tous  côtés  de  riches  &  excellens  tableaux 
de  la  main  des  meilleurs  maîtres.  Il  y  en  a  un  enn  'autres 
de  Michel  Ange  qu'on  dit  avoir  coûté  quinze  mille  pifto- 
les  à  Philippe  IV.  Il  repréfente  Notre  Seigneur  dans  le 
jardin  des  Oliviers.  Les  chambres  font  encore  parées  de 
très  belles tapifieries  ôc  de  meubles  magnifiques,  en  un 
mot ,  dignes  de  la  grandeur  du  maître.  Enrre  les  falles  on 
remarque  celle  àcs  armes  ,  qui  eft  à  l'autre  bout  de  la 
grande  place  ,  vis-à  vis  le  palais.  Elle  eft  longue  de  cent 
pas,  toire  peinte  ôc  garnie  de  tous  côtés  d'un  grand  nom- 
bre de  garde-robes ,  où  l'on  voit  les  armes  de  Cha:  les  V. 
de  Philippe  II.  de  Philippe  III.  &  de  Philippe  IV  Les 
unes  font  argentées  ,  les  autres  dorées  ,  &:  quelques-unes 
eifelées.  Elles  font  accompagnées  d'une  infinité  de  pifto- 


MAD 


Jets  ,  d'épèes  de  diverfes  façons  ,  de  harnois  de  chevaux , 
ëe  d'armes  antiques ,  comme  dards ,  flèches  >  Sec.  On  y 
voir  fix  hommes  a  cheval ,  armés  de  routes  pièces  Se  parés 
d'émeraudes.  Ce  l'ont  des  préfens  que  Philippe  II.  reçue 
du  duc  de  Savoyc ,  Se  de  divers  aunes  princes.  Les  armes 
chinoifes  de  fer  émaillé  ,  la  botte  d'un  duc  de  Saxe  pres- 
que aum*  grofle  qu'un  homme  ,  Se  l'épée  du  fameux  Ro- 
land, ne  font  pas  les  pièces  les  moins  cuiieufes.  Au-des- 
fous  de  cette  fallc  font  les  écuries,  où  l'on  entretient  or- 
dinairement cent  chevaux  d'Andalonfic.  La  grande  cha- 
leur qu'on  fent  en  ce  pays-là,  oblige  les  Espagnols  à  don- 
ner peu  de  jour  à  leurs  appartemens  ,  afin  d'en  fermer 
l'entrée  aux  ra,ons  du  fclcil.On  a  obfervé  cette  pratique 
dans  la  conftruction  du  palais;  de-là  vient  qu'on  y  trou- 
ve plufieurs  appartemens  dont  les  pièces  font  un  peu  ob- 
feures.  Tout  ce  palais  eft  bâti  d'une  pierre  fort  blanche,  à 
la  réferve  de  deux  pavillons  de  la  façade  qui  font  de  bri- 
que. Les  fenêtrages  font  de  marbre  fin  ,  Se  les  vitres  de 
crvflal  :  Se  tous  les  appartemens  font  accompagnés  d'une 
infinité  de  balcons  dotés ,  qui  font  un  très-bel  efret.  La 
chambre  d'audience  eft  dorée  depuis  le  bas  jusqu'au  lam- 
bris ,  &  le  foyer  en  eit  de  jaspe.  Les  jardins  font  fermes 
de  murailles ,  Se  donnent  du  côté  de  la  ville  qu'on  nom- 
me la  I'riora.  Us  font  un  peu  bornés ,  mais  jolis. 

La  bibliothèque  ,  qui  n'en  elt  pas  éloignée  ,  a  fon  en- 
trée pour  le  public  vis-à-vis  los  Cafios  del  Perral.  Elle  s  e- 
tend  jusqu'au  coin  de  la  calle  del  Teforo  ,  Se  cotoye  toute 
cette  rue  qui  aboutit  au  palais.  Outre  les  galeries  qui  font 
très-vaftes ,  il  y  a  plufieurs  beaux  appartemens  garnis  d'ar- 
moiries &  de  caifles  bien  ordonnées  Se  exécutées ,  tou- 
tes fermées  à  la  clef ,  mais  dont  l'intérieur  eft  vifible  par- 
les glaces  &  les  fils  de  laiton.  Elle  contient  une  quantité 
prodigieufe  de  rout  ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux  en  livres 
ôc  mamiferits  ;  Se  parmi  un  grand  nombre  de  pièces  rares, 
il  y  en  a  une  qui  mérite  l'attention  d'un  chacun.  C'ait  une 
table  repréfentanr  une  ville  avec  fes  fortifications  régu- 
lières ,  fes  attaques  Se  défenfes  ,  tour  en  argent.  Il  y  a 
plufieurs  bibliothécaires  pour  donner  les  livres  que  les 
particuliers  demandent  ,  Se  pour  que  le  tout  foit  toujours 
bien  arrangé.  C'eft  à  Philippe  V.  que  l'on  doit  ce  noble 
établiflèmenr. 

On  descend  de-là  dans  le  F;  ado  Nucvo.  C'eft  un  grand 
quai  largepoury  promener  cinq  carofifes  de  front, qui  com- 
mence a  peu  de  di fiance  de  la  porte  de  la  Floride  ,  Se  abou- 
tit au  pont  de  Ségovie;  les  côtés  plantés  fervent  aux  pié- 
tons. Le  bord  de  ce  quai  qui  donne  à  la  rivière  eft  de  huit 
à  neuf  pieds  d'élévation  de  briques  &  pierres  larges  au- 
defius  ,  avec  des  boules  de  diihnce  en  diftanee  Se  de  même 
espèce  qui  fervent  d'ornement,  auiïi-bien  que  trois  fon- 
taines de  dihérens  goûts  avec  des  baftïns.  Ii  y  a  vers  le  mi- 
lieu un  grand  escalier  double  de  pierres  bleues  pour  des- 
cendre a  la  rivière  ,  8e  1  on  voit  près  du  pont  de  Ségovie 
une  chapelle  bien  folide  Se  de  bon  goût ,  dédiée  à  nueftra 
Sehora  del  Puerto,  avec "un  logement  pour  un  chapelain 
Se  ceux  qui  en  dépendent.  A  côté  de  cette  chapelle  on 
voit  nombre  d'arbres  tirés  au  cordeau  ,  avec  des  allées  qui 
conduisent  à  une  belle  fontaine  qui  eft  directement  dans  le 
milieu.  Cet  embcllifîemcnr  éternifera  le  nom  du  marquis 
de  Badillo  corregidor  de  Madiid.  Il  ne  s'eft  pas  contenté 
d'orner  le  dedans  par  des  fontaines  ,  il  a  augmenté  les 
agrémens  de  dehors  le  long  de  la  rivière  du  côté  de  la 
Fuente  de  las  Damas.  C'eft  une  promenade  charmante 
qui  fe  nomme  ainfi ,  Se  qui  eft  furie  chemin  du  Pardo  , 
autre  maifon  royale  à  deux  lieues  de  la  ville.  Le  pont  de 
Tolède ,  qui  ne  cède  ni  en  beauté  ,  ni  en  grandeur  à  celui 
de  Ségovie,  eft  encore  fon  ouvrage.  Le  quartier  des  gar- 
des du  corps  l'eftauffi.  Il  eft  à  la  porte  del  Conde  Duque, 
conftruit  de  briques  Se  pierres  ,a  quatre  pavillons,  avec 
une  chapelle  magnifique  ;  il  eft  afiez  grand  pour  conte- 
nir huit  cens  hommes  ;  &  les  écuries,  qui  font  fuperbes, 
mille  chevaux.  Outre  ce  quartier ,  il  y  en  a  encore  deux. 
L'un  ,  pour  un  bataillon  des  gardes  espagnoles  ;  6Y  l'autre  , 
pour  un  des  gardes  Walone^, 

Outre  le  palais  du  roi ,  il  y  a  aux  portes  dé  Madrid  deux 
autres  maïfons  royales,  qui  peuvent  être  regardées  comme 
desmaifons  de  plaifance ,  la  Cafa  del  Campo  &  Buen 
Retiro.  La  première  fe  voit  du  palais  royal ,  de  l'autre 
côré  du  Mançanarès  ,  à  une  portée  de  fufil  de  la  ville  ,  Se 
à  cinq  ou  fix  cens  pas  du  pont  de  Ségovie.  C'eft  un  eu- 
droit  délicieux  ,  de  grande  étendue,  fei&ié  de  murailles , 


2.1 

mais  l'édifice  en  eft  un  peu  négligé.  On  voit  à  l'entrée  du 
jardin  la  ftatue  de  bronze  de  Philippe  III.  achevai,  Se 
tour  armé.  Elle  eft  placée  fur  un  grand  pié  d'eftal  de 
marbre.  On  la  compare  pour  la  beauté  à  celle  de  Henri 
IV.  for  le  pont-neuf  à  Paris.  Plus  avant  on  trouve  une 
fontaine  de  bronze  ,  qui  repréfente  un  château  très-bien 
fortifié,  avec  du  canon  Se  des  foldats  qui  le  gardent ,  Se 
rout  cela  jette  de  l'eau.  Le  parc  eft  le  long  de  la  rivière 
qui  baigne  fes  murailles.  C'eft  la  ménagerie  du  roi.  11  y  â 
de  belles  allées  qui  conduiiènt  à  trois  ou  quatre  étangs 
aflèz  grands.  II  y  en  a  un  bordé  de  grands  chênes  ,  Se  tour» 
revêtu  de  murailles.  On  y  tient  d'ordinaire  une  petite 
gondole  ,  dans  laquelle  le  roi  prend  ,  quand  il  veut ,  le 
divertifièment  de  la  promenade  fur  l'eau.  C'eft  une  foli- 
tude  des  plus  charmantes. 

Le  Buen  Retiro  eft  à  une  autre  extrémiré  de  la  ville» 
fur  le  penchant  d'une  colline  près  de  Prado  Viéjo.  Voyez. 
Buen  Retiro. 

La  Floride  eft  une  autre  maifon  fituée  à  peu  près  com- 
me le  palais  pour  la  vue.  Elle  appartenoit  au  marquis  de 
Calîel  Rodrigo  ,  gouverneur  des  Pays-Bas  en  1668.  On 
y  voit  plufieurs  jardins  en  rerrafle  ,  embellis  d'un  très- 
grand  nombre  de  ftatues  apportées  d'Italie  ,  Se  faites  de  la 
main  des  meilleurs  maîtres. 

On  voit  dans  Madrid  divers  autres  bâtimens  confidé- 
rables,  comme  églifes,  couvens ,  hôpitaux  Se  hôtels  de 
grands  feigneurs.  L'Amirante  de  Caftille  a  auprès  de  Buen 
Retiro  une  maifon  qui  eft  petite  ,  mais  ornée  de  jets  d'eau» 
de  tableaux  anciens  Se  nouveaux  ,  &  de  ftatues  de  la 
main  des  plus  habiles  mairies.  Le  marquis  de  Liche  ,  fils 
de  LouisdeHaio,  premier  miniftre  de  Philippe  IV.  a  bâti 
près  du  palais  royal  une  maifon  qui  furpaffe  tous  les  édi- 
i. ces  des  particuliers  ,  pour  la  grandeur  Se  les  richeffes. 
Elle  feroir  encore  plus  belle ,  fi  Philippe  IV.  n'eût  ordonné 
au  marquis  de  retrancher  une  partie  des  bâtimens  qu'il 
devoir  élever  fuivant  fon  defièin.  La  même  choie  étoit  ar- 
rivée au  duc  de  Lerme  fous  Philippe  III. 

La  prifon ,  en  espagnol  Carctl  de  Corte  ,  eft  belle.  Elle 
eft  à  l'extrémité  de  la  rue  d'Atocha  Mais  l'hôtel  de  ville  , 
ou  Cuba  del  Ayuntamiento ,  qui  a  aufli  des  cachots  Se  ap- 
partemens pour  lesprifonniers  ,  lafuipafiede  beaucoup. 
Il  eft  orné  d'un  portail  fuperbe  compofé  de  trois  portes, 
Se  s'élève  en  fronton  par  deflus  le  toit  :  au  -  defl'us  de  la 
porte  du  milieu  il  y  a  une  fenêtre  avec  un  balcon.  Ce  por- 
tail eft  fourenu  jusqu'à  ce  balcon  par  quatre  rangs  de  co- 
lonnes ,  chargés  d'un  fécond  ordre  au-deflus.  Le  fronton 
porte  les  armes  du  roi  d'Espagne  :  il  finit  en  figure  trian- 
gulaire ,  Se  les  trois  angles  font  chargés  chacun  d'une 
ftatue  qui  repréfente  une  vertu.  Celle  qui  eft  au-deilus 
des  autres  repréfente  la  juftice.   Le  bâtiment  eft  maflif, 
long  &  large;  a  deux  étages,  Se  toutes  les  fenêtres  font 
fermées  de  barreaux  de  fer ,  qui  fervent  autant  pour  l'or- 
nement que  pour  la  fureté  ;  car  ils  font  dorés  &  bien  tra- 
vaillés. Au-devant  des  prifons  fe  voit  une  fontaine  affez 
belle ,  dont  le  jet  façonné  en  quarré  ,  foutenu  par  un  pi- 
lier ,  eft  chargé  d'une  ftatue.  Quatre  têtes  d'animaux  ver- 
fenr  l'eau  dans  un  baflîn  qui  eft  fait  en  angles  faillans  Se 
rentrans.  Les  fontaines  de  Madrid  font  presque  toutes  or- 
néesde  ftatues ,  ou  de  quelques  groupes  de  figures.  Les 
plus  belles  fe  trouvent  à  la  place  de  Sebada ,  à  la  Puerta 
del  Sol ,  Se  à  la  place  de  Saint  Domingue.  Le  jet  de  la 
première  eft  un  pilier  quarré  fort  épais  ,  façonné  en  deux 
ordres ,  comme  deux  étages  ornés.  A  chaque  étage  on 
voit  aux  quatre  côtés  les  armes  d'Espagne.  Entre  le  pre- 
mier ordre  Se  le  fécond  paroilTenr  à  chaque  façade  deux 
animaux  qui  jettent  l'eau  dans  quatre  peri.s  baifins  pofés 
au-defius  de  quatre  petits  piliers,  d'où  elle  coule  dans  le 
grand  baflm  qui  eft  quarré    Au-deflus  de  l'ordre  d'en- 
haut ,  s'élève  une  façon  de  dôme  ,  qui  fupporte  une  ftarue 
de  femme  avec  un  petit  enfant.  La  fontaine  de  la  porte 
du  foleil  eft  d'un  delîein  femblable ,  mais  d'une  autre  ar- 
chitecture. Son  jer  eft  un  pilier  exagone  fort  épais.  Au- 
defius  du  pilier  font  placées  quatre  figures  de  harpies ,  qui 
jettent  l'eau  par  les  tettafies  dans  quatre  baifins  faits  en 
coquille,  fur  lesquels  elles  font  pofées,  &  de  ces  baifins 
l'eau  tombe  à  grands  flots  dans  le  grand  baflin  qui  eft  rond. 
Le  pilier  s'élève  en  pointe  au-deflus  des  harpies ,  Se  fup- 
porte une  ftatue  que  l'on  nomme  Maria  bianca  :  la  place 
où  eft  cette  ftatue  n'eftpas  grande  ,  Se  fe  trouve  au  centre 
d'une  croifée  que  forment  quatre  belles  rues  qui  y  abou- 


MAD 


22. 

tiffent ,  Se  la  Callc-raayor  eft  en  face.  La  fontaine  de  la 
place  de  San-Domingo  a  aufiï  fes  ornemens  ;  fon  jet ,  qui 
eft  fort  élevé  ,  fe  termine  en  dôme  ,  8c  le  dôme  eft  fur- 
monté  d'une  itatue.  De  l'endroit  où  le  dôme  commence 
l'eau  coule  de  la  gueule  de  plusieurs  têtes  d'animaux  dans 
de  petits  bafîîns  faits  en  coquille  ,  &  plus  bas  encore  par 
d'autres  têtes  dans  le  grand  baiîîn.  On  voit  fur  le  jet  les 
armes  d'Espagne  :  la  place  où  eft  cette  fontaine  n'eft  pas 
fi  belle  que  les  autres  ■-,  elle  eft  élevée  8c  allez  inégale.  Il  y 
a  fur  une  autre  place  tout  auprès ,  qu'on  nomme  Plaz.uela 
de  San-Domingo  ,  une  fontaine  nouvellement  faite  ,  plus 
unie  ,  mais  de  bon  goût. 

Lesmaifons  confacrées  au  fervice  de  Dieu ,  comme  les 
églifes  Se  les  couvens ,  ne  le  cèdent  ni  en  magnificence  , 
ni  en  richeffe  aux  édifices  profanes.  L'églife  de  Nueftra 
Senora  d'Atocha  par  corruption  ,  &  proprement  d'An- 
tiochia  ,  eft  des  plus  confidérables.  Elle  eft  à  un  quart  de 
lieue  de  la  ville  dans  l'enceinte  d'un  vafte  couvent  de  Do- 
minicains ,  où  l'on  va  par  une  très-belle  allée  couverte. 
C'eft-là  que  les  rois  font  chanter  le  Te  Deum ,  lorsque 
quelque  heureux  événement  en  donne  occafion.  A  côté  de 
la  nef  de  l'églife  on  découvre  une  chapelle  ornée  de  plus 
de  cent  groffes  lampes  d'or  8c  d'argent  qui  brûlent  nuit 
6c  jour.  C'eft  dans  cette  chapelle  que  l'on  voit  une  figure 
miraculeufe  delà  Vierge.  Elle  eft  noire  ,  8c  tient  un  petit 
Jcfus  entre  les  bras.  Dans  les  gtandes  fêtes  elle  eft  magnifi- 
quement vêtue  8c  couverte  de  pierreries.  On  voit  autour 
de  fa  tête  un  foleil  dont  les  rayons  éblouiffent  -,  &  les  ri- 
cheffes  que  l'on  y  voit ,  font  dignes  de  la  magnificence  des 
rois  ,  qui  ont  une  tribune  dans  cette  chapelle  avec  une 
jaloufie  au-devant.  Les  religieux  du  couvent  où  eft  cette 
chapelle  mènent  une  vie  fort  auftere  :  l'une  de  leurs  ob- 
fervanecs  confifte  à  ne  jamais  mettre  le  pied  hors  de  la 
maifon. 

L'églife  de  Nueftra  Senora  de  Almudena  eft  auiîî  des 
plus  belles ,  8c  la  Vierge  qui  y  eft  a  fait  de  grands  miracles. 
On  raconte  entr'autres,  qu'anciennement  les  habitansde 
Madrid  étant  preftes  par  les  Maures  qui  les  aflïégeoient ,  & 
réduits  à  la  famine,  laVierge  leur  envoya  une  grande  quan- 
tité de  bled  qu'on  trouva  dans  une  tour  ;  ce  qui  fur  caufe 
de  leur  délivrance.  On  ajoute  que  l'on  déterra  dans  cette 
tour  l'image  de  la  Vierge  ,  où  S.  Jacques  l'avoit  apportée 
de  Jérufalem.  On  bâtir  une  chapelle  fous  fon  invocation  ; 
&  on  y  peignit  en  fresque  cette  merveilleufe  avanture. 
L'autel ,  la  baluftrade  8c  toutes  les  lampes  font  d'argent 
maffif. 

La  chapelle  de  faint  Ifidore  eft  la  plus  belle  de  toutes. 
On  dit  que  ce  Saint  qui  eft  patron  de  Madrid  n'a  été  qu'un 
pauvre  laboureur.  11  faut  remarquer  que  l'Espagne  a  un 
autre  Saint  de  même  nom  ,  qui  a  été  archevêque  de  Sé- 
ville  ,  8c  on  ne  doit  pas  les  confondre.  Le  dôme  de  cette 
chapelle  eft  orné  en  dehors  des  figures  des  douze  Apôtres. 
Quand  on  y  eft  entré.on  voit  au  milieu  le  tombeau  du  Saint, 
au  deffus  duquel  eft  une  couronne  de  marbre,quirepréfen- 
te  des  fleurs  au  naturel ,  fupportée  par  quatre  colonnes  de 
porphyre-,  le  tout  eft  parfaitement  bien  travaillé.  Les  mu- 
railles de  la  chapelle  font  incruftées  de  marbre  de  diverfes 
couleurs  avec  des  colonnes  de  même.  Il  y  a  beaucoup  de 
peintures  toutes  d'une  grande  beauté.  Le  dôme  eft  fort 
éclairé  ,^  l'or  &  l'azur  y  brillent  de  toutes  parts.  Philippe 
IV.  fit  bâtir  cette  chapelle  ,  &  on  prétend  qu'elle  lui  coûta 
près  de  quatre  millions.  Dans  l'églife  ancienne  qui  joint 
celle-ci ,  fe  voit  une  autre  chapelle  de  marbre  blanc  ,  or- 
née de  plufieurs  figures  en  relief  auiïî  de  marbre.  On  y  die 
tous  les  jours  une  meffe  pour  Je  repos  de  Pâme  de  Phi- 
lippe IV.  Il  n'y  a  pas  long-rems  qu'on  voyoit  dans  la  cour 
de  la  maifon  un  laurier  fi  prodigieux  ,  qu'on  n'auroit  pu 
trouver  dans  aucune  forêt  un  arbre  plus  haut  que  celui-là  : 
c'étoit  une  merveille  de  la  nature.  Les  chanoines  qui  de- 
meurent dans  cette  maifon  font  très-richement  rentes. 

Dans  l'églife  de  Saint  Sébaftien  on  remarque  une  chai- 
fe  magnifique  qui  fert  à  la  Fête-Dieu  ;  elle  eft  de  velours 
çramoifi  en  broderie  d'or ,  garnie  de  doux  d'or  8c  cou- 
verte de  chagrin.  Le  tour  eft  orné  de  grandes  glaces  ,  & 
l'impériale  eft  chargée  d'une  faconde  petit  clocher  ,  rem- 
pli de  clochettes  d'or.  Quatre  prêtres  la  portent ,  lorsque 
quelque  perfonne  de  qualité  fouhaite  de  recevoir  le  Via- 
tique. On  le  porte  ordinairement  le  foir  avec  beaucoup 
de  cérémonie.  Le  S.  Sacrement  eft  fuivi  de  plus  de  mille 
perfonnes  de  la  cour,  éclairé  de  mille  flambeaux  de  cire 


MAD 


blanche,  8c  accompagné  de  plufieurs  inftrumens.  On  s'ar- 
rête dans  les  grandes  places  qui  fe  trouvent  en  chemin  , 
tandis  que  le  peuple  qui  eft  à  genoux  ,  reçoit  la  bénédi- 
ction ,  &  que  les  muficiens  chantent  8c  jouent  de  la  gui- 
tarreoude  ia  harpe.  C'eft  la  reine  Marie-Anne  d'Autri- 
che ,  féconde  époufe  de  Philippe  IV.  qui  a  fait  faire  cette 
chaife.  Cette  même  reine  a  fait  bâtir  à  Madrid  un  hôpital 
pour  les  filles  enceintes  ;  ces  malheureufes  peuvent  y  aller 
accoucher ,  &  l'on  a  foin  d'elles  8c  de  leurs  enfans.  Phi- 
lippe IV.  a  fondé  auili  une  maifon  où  l'on  retire  les  en- 
fans  trouvés.  Quand  on  y  met  un  enfant ,  on  prend  des 
adminiftrateurs  un  certificat  qui  coûte  deux  Patagons.  Ce 
certificat  fert  pour  retirer  l'enfanr  quand  on  veur.  Tous 
ces  enfans  font  cenfés  bourgeois  de  Madrid  ,  8c  même  , 
ce  qu'il  y  a  de  plus  fingulier ,  ils  font  réputés  gentilshom- 
mes ,  car  ils  peuvent  entier  dans  un  ordre  de  chevalerie 
qu'oji  appelle  Habito. 

L'hôpital  de  Anton  Martin  dans  Madrid  eft  très  bien 
fervi  :  on  y  entretient  tous  les  jours  un  bon  nombre  de 
perfonnes.  Il  eft  deftiné  à  recevoir  ceux  qui  font  attaqués 
du  mal  de  Naples.  Les  religieux  qui  y  demeurent  ont  foin 
des  malades.  Une  églife  de  Notre-Dame,  qui  eft  dans 
fon  enceinte  ,  eft  éclairée  de  vingt-quatre  lampes  d'ar- 
gent. Outre  cet  hôpital,  il  y  en  a  un  autre  près  la  porte 
d  Atocha,  qu'on  nomme  l'hôpital  général  qui  eft  vafte. 
Le  collège  des  Jéfuites  eft  un  édifice  remarquable.  Le  roi 
Philippe  IV.  en  a  fait  une  académie,  8c  lui  adonné  dix 
mille  écus  de  rente. 

2.  MADRID,  château  royal  dans  Pifle  de  France  ,  à 
la  tête  du  bois  de  Boulogne  ,  qui  lui  fert  de  parc  8c  fur  la 
rivière  de  Seine  de  l'aune  côté.  Ce  château  eft  un  des  ou- 
vrages de  François  premier ,  qui  ,  félon  Corneille  8c 
Piganiol ,  le  fit  bâtir  fur  le  modèle  du  palais  royal  de 
Madrid  en  Espagne.  Mais  c'eft  une  erreur  manifefte  ; 
ces  deux  édifices  n'ont  aucune  reffemblance.  La  forme 
de  cet  édifice  eft  un  quatre  long.  On  veut  qu'il  ait  au- 
tant de  fenêtres  qu'il  y  a  de  jours  en  l'année.  Il  confifte 
dans  un  grand  corps  de  bâtiment  de  trois  étages  ,  fans 
compter  le  rez  de  chauffée.  Au  pourtour  du  rez  de  Chaus- 
fée  8c  du  premier  étage  ,  règne  une  galerie  formée  par  des 
arcades  foutenues  par  des  colonnes  couplées.  Ces  arcades 
ont  un  ornement  affez  fingulier  •■,  c'eft  une  espèce  de 
fayance,  qui ,  lorsque  le  foleil  y  donne  ,  jette  beaucoup 
d'éclat.  Ce  corps  debâtiment  eft  flanqué  de  deux  grands 
pavillons  qui  forment  des  avant-corps  fur  chacune  des 
deux  faces.  A  chacun  des  angles  de  ces  pavillons  font 
d'autres  petits  pavillons  quarrés ,  8c  au  milieu  des  faces 
des  deux  grands  ,  font  deux  tours  rondes  couvertes  eh 
dôme  d'un  petit  campanille.  Ce  château  eft  entonné  d'un 
forte  ,  8c  placé  au  milieu  d'une  grande  esplanade  ,  aux 
angles  de  ^laquelle  on  voit  de  petits  pavillons  quarrés  ou 
guérites  de  pierre  •,  il  eft  à  une  lieue  &  demie  à  l'occident 
de  Paris.  *  Piganiol ,  Description  de  la  France ,  tom.  3. 

pag.  r-72. 

1,  MADRIGAL  ,  ville  d'Espagne  dans  la  vieille  Ca- 
ftille  au  voifinage  d'Olmedo ,  à  quatre  lieues  de  Médina 
del  Campo.  Elle  eft  fituée  dans  une  plaine  fertile  en  bled 
8c  en  vin  très-excellent.  Cette  ville  eft  célèbre  par  la  nais- 
fance  de  deux  favans  hommes:  le  premier  eft  Alphonfe 
de  Madrigal ,  évêque  d'Avila  ,  furnommé  Toftat.  11  étoit 
d'un  favoir  fi  profond  ,  que ,  quoiqu'il  n'ait  vécu  que 
quarante-trois  ans ,  il  a  écrit  vingt-fept  gros  volumes  va- 
folio.  L'autre  eft  Juan  de  Pineda  ,  Franciscain ,  qui  a  écrie 
fur  la  monarchie  eccléfiaftique.  *  Délices  d  Espagne  , 
tom.   1.  p.  212. 

2.  MADRIGAL  ,  ville  de  l'Amérique  méridionale  , 
éloignée  de  la  ville  de  Popayan  de  trente-cinq  lieues  pres- 
que vers  le  midi.  Les  Indiens  l'appellent  CHAPANcm- 
Ca.  Elle  eft  dans  une  contrée  rude  8c  pierreufe ,  où  l'on 
ne  feme  aucun  froment ,  &  où  il  n'y  a  point  de  pâturages 
pour  les  troupeaux.  Le  maïs  ne  laiffe  pas  d'y  venir  affez 
bien  deux  fois  l'année.  On  y  a  rrouvé  des  mines  d'or.  Les 
Indiens  qui  habitent  les  lieux  rudes,  font  fort  difficiles  à 
dompter.  *  Laet ,  Indes  occident.  1.  9.  c.  17. 

MADRIGALEJO,  petit  village  d'Espagne  dans  l'Es- 
tremadure ,  entre  Truxillo&  Gtiadaloupe.  Il  étoit  presque 
inconnu  il  y  a  deux  fiécles  -,  il  devint  célèbre  par  la  mort 
de  Ferdinand  le  Catholique.  Ce  prince  ajoutant  rrop  de 
foi  à  des  Aftrologues  ,  qui  lui  avoient  prédit  qu'il  mour- 
roic  dans  Madrigal ,  ne  voulut  jamais  entrer  dans  cette 


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ville  delà  Cafiille  ,  &il  l'évitoit  avec  foin.  Mais  comme  il 
rraînoit  fon  mal  de  lieu  en  lieu  ,  cherchant  du  foulage- 
ment  Se  craignant  la  mort ,  il  vint  mourir  dans  un  village 
de  même  nom  ,  ou  du  moins  presque  le  même.*  Délices 
d'Espagne,  t.  2.  p   374. 

MADR1GALESCO  ,  petit  village  d'Espagne  dans  la 
vieille  Cafiille  au  pied  des  montagnes  Sierras  de  Cogollo* 
Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  Madrigalejo. 

MADROGAN  ,  que  d'autres  nomment  Banamata- 
pa  ,  ville  d'Afrique  ,  capitale  du  pays  de  Monomotapa. 
C'eft  une  grande  ville  à  fix  journées  d'un  palais  nommé 
Simboë  ,  Se  à  vingt  milles  de  Sofala  vers  le  couchant.  Les 
maifons  font  de  bois  ou  de  terre ,  blanchies  par  dedans  Se 
par  dehors,  ce  qui  leur  donne  un  air  de  propreté.  Les  toits 
font  larges  Se  finiffent  en  pointe  comme  une  cloche.  Plus 
les  perfonnes  font  qualifiées ,  plus  leurs  maifons  font  hau- 
tes. Le  palais  impérial  eft  fort  grand  :on  y  entre  par  quatre 
grandes  portcs,où  les  gardes  de  l'empereur  font  tour  à  tour 
ientinelle.  Les  dehors  font  fortifiés  de  tours,  Se  les  dedans 
font  divifés  en  plufieurs  chambres  fpacieufes,  garnies  de 
tapifferies  de  coton  ,cù  la  variété  des  couleurs- le  dispute  à 
l'éclat  de  l'or.  Le  plancher ,  les  poutres  Se  les  foliveaux 
font  dorés ,  ou  même  couverts  de  plaques  d'or.  Des  chai- 
fes  dorées  ,  peintes  &  émaillées ,  Se  des  chandeliers  d'y- 
voire  fuspendus  avec  des  chaînes  d'argent  embelliffent  ces 
fomptueux  appartemens.  L'empereur  fe  fait  fervir  à  ge- 
noux dans  un  grand  filence.  Il  a  quantité  d'officiets  qui 
n'approchent  de  fa  perfonne  qu'avec  un  extrême  respect. 
Ils  font  tous  vêtus  de  toile  de  coton  ou  d'étoffes  de  foie 
de  différentes  couleurs  ,  avec  des  ceintures  enrichies  de 
pierreries  ,  &  de  grands  couteaux  à  manche  d'or  ,  cifelé , 
émailié  Se  garni  de  pierreries.  *  Dapper  ,  Description  de 
l'Afrique,  p.  390, 

MADRUZZO  ou  Madruce  ,  en  latin  Madrucium  , 
bourg  de  l'évêché  de  Trente  ,  entre  la  ville  de  Trente  Se 
celle  de  Riva.  Madruzzo  a  titre  de  baronnie ,  Se  a  donné 
le  nom  à  deux  cardinaux ,  l'oncle  &  le  neveu  ,  qui  ont  été 
cvêques  de  Trente.  *  Baudrand  ,  DicL.  édit.  17c/. 

MADUATENI  ,  peuple  de  Thrace.  Ce  nom  ne  fe 
trouve  que  dans  Tite-Live  , /.  38.  c.  40.  Onelius,  Thef. 
le  tient  pour  fuspeét  ;  il  conjecture  qu'il  faut  lire  M^€do- 
Bithyni. 

MADUI ,  ancien  peuple  entre  les  Belges  ,  félon  He-' 
dor  Boece  de  qui  Meyer  l'a  emprunté.  Ortelius ,  Thef. 
a  raifon  de  dire  qu'il  ne  connoît  point  d'auteurs  anciens 
qui  en  ayent  parlé  avant  ces  deux  chroniqueurs. 

MADURE  ou  Madura,  ifle  de  la  mer  des  Indes, 
entre  les  ifies  de  Java  Se  de  Bornéo ,  mais  bien  plus  près 
de  la  première ,  par  les  travers  de  la  pointe  de  laquelle 
elle  gît  presque  nord-eft ,  Se  dont  elle  n'eft  féparée  que 
par  un  canal  de  demi-lieue.  Cette  ifle  eft  de  forme  lon- 
gue ,  très-fertile  &  fi  abondante  en  riz  ,  qu'elle  en  fournit 
à  fes  voifins  qui  vont  le  chercher.  Le  fond  en  eft  fi  gras , 
qu'on  aurait  de  la  peine  à  en  trouver  un  meilleur  dans 
toute  la  Hollande  ;  mais  il  eft  fi  fouvent  couvert  d'eau  , 
que  les  hommes  &  les  buffles  qui  le  labourent ,  enfoncent 
quelquefois  jusqu'aux  genoux.  La  même  chofe  leur  arrive 
quand  ils  font  la  récolte  du  riz. 

Cette  ifle  eft  presque  inacceflîble  aux  grands  vaiffeaux  , 
àcaufedesbas  fonds  dont  elle  eft  environnée.  Ses  habitans 
ïcflemblent  entièrement  à  ceux  de  Java  ,  tant  par  leurs ru- 
fesSe  leurs  autres  qualités  ,  que  par  leurs  vêtemens,  par- 
leurs armes  ,  &c.  Ils  vivent  la  plupart  des  pirateries 
qu'ils  exercent  avec  de  petits  bâtimens ,  fans  que  leurs 
voifins  ofent  s'y  oppofer ,  parce  que  Madure  eft  leur  gre- 
nier ,  Se  qu'ils  craignent  de  fe  le  voir  fermer. 

Les  Hollandois  que  les  Javans  avoient  maltraités  près 
de  Cidaïo  ,  arrivèrent  au  mois  de  décembre  1 696.  à  la 
vue  de  l'ifle  de  Madura.  L'approche  de  quelques  piro- 
gues armées ,  fur  lesquelles  étoient  le  roi  &  le  grand- 
prêtre  de  l'ifle ,  leur  ayant  fait  craindre  une  furprife  ,  ils 
envoyèrent  quelques  volées  de  canon  fur  la  pirogue  du 
roi ,  qui  eut  les  bras  emportés  :  Se  presque  tous  ceux  qui 
l'accompagnoient  tombèrent  morts  les  uns  fur  les  autres. 
Cette  action  les  empêcha  d'être  reçus  dans  l'ifle.  *  Pre- 
mier Voyage  des  Hollandois  aux  Indes  Orientales ,  t.  1. 
pag.  405. 

1.  MADURE  ,  royaume  des  Indes  orientales ,  au  mi- 
lieu des  terres  dans  la  grande  peninfule  qui  eft  en-deçà 
du  Gange.  Il  eft  borné  au  nord  par  les  terres  de  Mayffur 


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8c  celles  qui  appartiennent  au  gouverneur  de  Gingi  ;  à 
l'<  «eut  par  les  états  du  roi  de  Tanjaor  ;  au  midi  par  la 
mer  méridionale  des  Indes  ;  Se  à  l'occident  par  les  états 
des  princes  de  Malabar.  Ce  royaume  eft  aufli  grand  que 
le  Portugal ,  Se  fon  revenu  eli  d'environ  huit  millions. 
On  y  compte  foixante-dix  Palleacarens  ;  ce  font  des  gou- 
verneurs abfolus  dans  leurs  petits  états  ,  Se  qui  ne  font 
tenus  qu'a  payer  une  taxe  que  le  roi  de  Maduré  leur  im- 
pofe.  Ce  prince  peut  mettre  aifément  fur  pied  vingt  mille 
hommes  d'infanterie  Se  cinq  mille  de  cavalerie.  Il  a  près 
décent  éléphans  qui  lui  font  d'un  grand  fecours  pourla 
guerre.  *  Lettres  édifiâmes,  t.  ii"p.  9.  &  t.  ij.  p.  60. 

Dans  le  royaume  de  Maduré  ,  comme  ailleurs ,  on 
trouve  des  riches  Se  des  pauvres  ,  des  gens  d'une  haute 
naiffance,  Se  d'autres  dont  la  haï  (Tance  eft  vile  Se  obscure. 
Mais  dans  ce  'royaume  les  pauvres  font  peut-être  en  plus 
grand  nombre  qu'ailleurs.  On  voit  une  infinité  de  mal- 
heureux mourir  de  faim  ,  d'autres  contraints  de  vendre 
leurs  enfans&  de  fe  vendre  eux-mêmes,  afin  de  pouvoir 
vivre.  Il  y  en  a  qui  travaillent  toute  la  journée  comme 
des  forçats  ,  Se  gagnent  à  peine  de  quoi  fubfifter  ce  jour- 
là  même.  On  voit  une  multitude  de  veuves  qui  n'ont 
pour  tout  fonds  Se  revenu  qu'une  espèce  de  rouet  à  filer. 
On  trouve  plufieurs  perfonnes  ,  tant  hommes  que  fem- 
mes ,  dont  l'indigence  eft  fi  grande  ,  qu'ils  n'ont  pour  fe 
couvrir  qu'un  méchant  morceau  de  toile  tout  en  lam- 
beaux ,  Se  qui  n'ont  pas  même  une  natte  pour  fe  coucher. 
Les  maifons  des  payfans  d'Europe  font  des  palais  en  com- 
paraifon  des  miférables  taudis  où  la  plupart  de  ces  mal- 
heureux font  logés.  Trois  ou  quatre  pots  de  terre  font  tous 
les  meubles  de  leurs  cabanes.  Plufieurs  Chrétiens  y  pas- 
lent  les  années  entières  fans  fe  rendre  à  l'églife  ,  faute 
d'avoir  la  petite  provifion  de  riz  ou  de  millet  néceffaïre 
pour  vivre  durant  le  voyage.  *  Lettres  édifiantes ,  t.  12. 
pag.  59.  &fuiv. 

Généralement  parlant,  c'eft  un  crime  aux  particuliers 
de  ce  pays  d'être  riches.  Il  n'y  a  point  d'aceufation  à  la- 
quelle on  prête  plus  volontiers  l'oreille  ,  ni  de  crime 
plus  févérement  puni.  De -là  vient  que  les  riches  ca- 
chent avec  foin  leur  argent  ,  Se  que  fouvent  avec  de 
grandes  richefles ,  ils  ne  font  ni  mieux  logés  ,  ni  mieux 
vêtus ,  ni  mieux  nourris  que  les  plus  indigens.  Mais  fî 
d'un  côté  on  affecte  à  Maduré  de  paraître  pauvre  au  mi- 
lieu des  richefles ,  d'un  autre  côté  on  y  eft  très-jaloux  des 
diftinctions  Se  du  rang  que  donne  la  naiffance.  Il  n'y  a 
guères  de  nation  qui  ait  tant  de  délicateffe  que  celle-ci  fur 
ces  fortes  de  prérogatives.  Tout  le  peuple  eft  partagé 
en  plufieurs  caftes  ,  c'eft-à-dire  en  plufieurs  claffes  de  per- 
fonnes qui  font  du  même  rang  Se  d'une  égale  naiffance  , 
qui  ont  leurs  ufages,  leurs  coutumes  &  leurs  loix  parti- 
culières; car  on  peut  bien  acquérir  par  de  belles  actions 
de  l'honneur  Se  des  richefles,  mais  la  nobleiïè  ne  s'acquiert 
pas  de  même.  C'eft  un  pur  don  de  la  naiffance  •-,  le  roi  ne 
peut  la  donner  ,  Se  les  particuliers  ne  peuvent  l'acheter. 
Le  roi  n'a  aucun  pouvoir  fur  les  caftes  ,  il  ne  peut  pas  lui- 
même  paffer  à  une  cafte  fupérieure.  Celle  du  prince  qui 
regnoit  en  171 3.  éroit  des  plus  médiocres.  On  voit  fou- 
vent des  conteflations  Se  des  disputes  entre  les  caftes.  Il 
y  a  telle  cafte  fi  baffe  Se  fi  méprifable ,  que  ceux  qui  en 
font ,  n'oferoient  regarder  en  face  un  homme  d'une  cafte 
fupérieure.  S'ils  le  faifoient  ,  ils  auraient  droit  de  les 
tuer  fur  le  champ. 

A  l'égard  du  rang  que  tiennent  les  Européens,  il  n'eft 
point  réglé  \  Se  rien  n'eft  plus  faux  que  ce  que  Robbe 
avance  dans  fa  géographie  ,  de  la  prétendue  eftime  que 
les  Indiens  leur  portent.  Cette  eftime  eft  telle  qu'un  Chré- 
tien de  la  lie  du  peuple 's'accu foi t  un  jour  comme  d'un 
grand  péché,  d'avoir  appelle  un  autre  Chrétien  Fils  de 
Prangui  ,  c'eft-à-dire  fils  d'Européen  ou  de  Portugais. 
Toute  l'attention  des  miflîonnaires  eft  de  cacher  à  ces  peu- 
ples qu'ils  font  ce  qu'on  appelle  Pranguis.  Le  moindre 
foupçon  qu'ils  en  auraient ,  mettrait  un  obftacle  infur- 
montable  à  la  propagation  de  la  foi. 

Les  hommes  ont  divers  emplois  ;  les  uns  fervent  le 
prince ,  les  autres  cultivent  la  terre  ;  ceux-ci  s'appliquent 
au  commerce  ,  ceux-là  travaillent  aux  arts  méchaniques  , 
Se  ainfi  du  refte.  Mais  on  ne  voit  ni  financiers  ,  ni  gens 
de  robe.  Les  intendaus  ou  gouverneurs  font  chargés  tout 
à  la  fois  &  de  l'adminiftration  de  la  juflice ,  &  de  la  levée 
des  deniers  Se  du  gouvernement  militaire.  La  juftice  f« 


^4  MAD 

rend  fans  fracas  &  fans  tumulte.  La  plupart  des  affaires  , 
fur  tout  celles  qui  font  de  moindre  importance  ,  fe  termi- 
nent dans  le  village  ;  chacun  plaide  fa  caufe  ,  &  les  prin- 
cipaux font  l'office  de  juge.  On  n'appelle  guercs  de  leurs 
fentences  ,  principalement  fi  ces  juges  font  ,  comme  il 
arrive  presque  toujours  ,  des  premiers  de  la  cafte.  Quand 
on  a  recours  au  gouverneur ,  pour  l'ordinaire  il  met  les 
deux  parties  à  l'amende  ;  il  fait  le  moyen  de  les  trouver 
coupables  toutes  deux. 

Le  dedans  de  l'état  efl  communément  aflez  paifible. 
Les  gouverneurs  lèvent  de  tems  en  tems  des  foldats  ,  fé- 
lon les  befoins  où  ils  fe  trouvent.  Le  roi  envoyé  quelque- 
fois des  corps  d'armée  dans  les  provinces  ;  mais  ce  n'eft 
guères  que  pour  foumettre  quelque  feigneur  rebelle ,  qui 
refufe de  payer  le  tribut,  ou  pour  châtier  ceux  qui  font 
des  injuftices  trop  criantes.  Pourvu  que  le  coupable  ait  de 
l'argent  ôc  qu'il  veuille  bien  en  venir  à  une  compofition 
honnête  ,  on  lui  fait  bon  quartier  ;  du  refte  à  lui  permis 
de  fe  dédommager  par  de  nouvelles  vexations  dont  il 
accable  le  pauvre  peuple.  Ces  feigncurs  dont  je  parle , 
font  comme  de  petits  fouverains ,  qui  commandent  ab- 
folument  fur  leurs  terres  ;  ils  font  héréditaires ,  au  lieu 
que  les  gouverneurs  ôc  les  intendans  fe  révoquent  ôc  fe 
reftituent  au  gré  du  prince.  Tel  gouverneur  n'eft  pas  qua- 
tre jours  en  place  ,  ôc  dans  ce  peu  de  tems  il  ne  laiflé  pas 
de  s'enrichir,  s'il  eft  habile.  On  met  fouvent  ces  gouver- 
neurs à  la  qneftion  pour  leur  faire  rendre  gorge  ,  après 
quoi  ,  quelques  vexations  qu'ils  ayent  commifes  ,  on  ne 
laifle  pas  de  les  rétablir  dans  leurs  charges. 

On  n'eft  pas  fort  févére  par  rapport  à  l'exercice  de  la 
juftice  criminelle.  J'ai  dit  plus  haut  qu'on  étoit  coupable 
quand  on  étoit  riche  ;  je  puis  dire  pareillement ,  fans  tom- 
ber dans  aucune  contradiction ,  que  ,  dès  qu'on  eft  riche , 
on  eft  innocent. 

La  levée  des  deniers  publics  eft  la  fonction  des  in- 
tendans. Comme  la  taille  eft  réelle  ,  ils  eftiment  le  champ 
ôc  le  taxent  comme  il  leur  plaît.  Ils  trouvent  tant  de 
fortes  d'expédiens  pour  chicaner  le  laboureur  ,  que  quel- 
quefois il  ne  retire  aucun  fruit  de  toutes  les  peines  ;  ôc 
que  la  récolte  fur  laquelle  il  fondoit  fes  espérances  ,  pafle 
toutes  en  des  mains  étrangères.  Outre  la  taille  Se  plufieurs 
autres  droits  qu'on  levé  fur  le  peuple,  il  y  a  quantité  de 
péages ,  de  cette  forte  d'impôt  s'exige  avec  beaucoup  de 
rigueur. 

Pour  ce  qui  eft  des  femmes  elles  font  moins  les  compa- 
gnes que  les  esclaves  de  leurs  maris.  Le  fty le  ordinaire  eft 
que  le  mari  tutoyé  fa  femme  ,  Se  que  la  femme  ne  parle 
jamais  à  fon  mari ,  ni  de  fon  mari ,  que  dans  les  termes  les 
plus  refpeétueux.  Elle  n'eft  jamais  admife  a  fa  table  :  elle 
le  fert ,  comme  fi  elle  étoit  fon  esclave  ,  Se  fes  en  fans , 
comme  fi  elle  éroit  leur  fervante.  Delà  il  arrive  que  les 
enfans  s'accoutument  peu-à-peu  à  la  regarder  comme  telle, 
à  la  traiter  avec  mépris  Se  quelquefois  à  la  fraper.  D'ail- 
leurs la  belle  mère  eft  une  rude  maîtreffe  ;  elle  fe  décharge 
toujours  fur  fa  bru  de  tout  le  travail  domeftique.  Cepen- 
dant les  femmes  ne  laiflent  pas  de  réduire  aflez  fouvent 
leurs  maris,  ens'enfuyant  de  la  maifon  Se  fe  retirant  chez 
leurs  païens,  qui  prennent  leur  parti.  La  femme  ne  re- 
tourne point  à  la  maifon ,  que  le  mari  lui-même  ou  fes 
païens  ne  viennent  la  chercher.  Lorsqu'elle  s'eft  rendue  à 
leurs  prières,  on  donne  un  feftin  au  mari;  on  le  récon- 
cilie avec  fa  femme ,  Se  elle  le  fuit  dans  fa  maifon. 

Les  femmes  s'occupent  dans  le  domeftique  à  aller  cher- 
cher de  l'eau  ,  à  ramafler  du  bois ,  à  piler  le  riz  ,  à  faire 
la  cuifinev  à  tenir  la  maifon  &  la  cour  propres ,  à  faire  de 
l'huile  &  autre  chofe  de  cette  nature.  L'huile  fe  fait  du 
fruit  d'un  arbrifleau  nommé  par  quelques  -  uns  de  nos 
arboriftes  Talma  Cbrifti.  On  fait  cuire  ce  fruit  légère- 
ment ,  on  fexpofe  deux  ou  trois  jours  au  foleil  ;  on  le 
pile  jusqu'à  le  réduire  en  pâte ,  on  délaye  enfuite  cette 
pâte  dans  l'eau  ,  en  verfant  deux  mefures  d'eau  fur  deux 
mefures  du  fruit  qu'on  a  pilé  ,  Se  on  fait  bien  bouillir  le 
tout.  Quand  l'huile  fumage  ,  on  la  tire  avec  une  cuiller , 
ou  par  inclination.  On  lave  enfuite  lefédiment  dans  l'eau, 
Se  l'on  en  tire  encore  un  peu  d'huile. 

La  manière  dont  on  pile  le  riz  a  quelque  chofe  de  fin- 
gulier.  Le  riz  naît  revêtu  d'une  peau  rude  &  dure ,  comme 
celle  de  l'orge.  Dans  cet  état  il  fe  nomme  Nellon  ;  on  le 
fait  cuire  légèrement  dans  l'eau  ;  on  le  fait  fécher  au  fo- 
leil ;  on  le  pile  à  plufieurs  reprifes  ;  Se  quand  on  l'a  pilé 


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pour  la  première  fois ,  il  fe  dégage  de  fa  grofie  peau.  La 
féconde  fois  qu'on  le  pile ,  il  quitte  la  pellicule  rouge  qui 
eft  au  deflbus ,  Se  fort  plus  ou  moins  blanc ,  félon  l'espèce 
de  nellon  ;  car  il  y  ena  de  plus  de  trente  fortes.  Quand  il 
eft  ainfi  pilé  ,  il  s'appelle  Arifi.  Deux  litrons  de  bon  nel- 
lon rendent  un  litron  à'AriJîXl  ne  fort  pas  farineux  &  con- 
caflè  ,  comme  notre  riz  d'Europe  ;  mais  il  eft  beau  Se  en- 
tier. Au  refte  le  riz  des  Indes  n'a  pas  la  propriété  de  gon- 
fler comme  celui  d'Europe.  Les  Indiens  le  fouhaiteroient 
fort.  Ils  font  étonnés  lorsqu'on  leur  raconte  le  peu  de  riz 
qui  fuffit  en  Europe  pour  remplir  une  marmite. 

Le  tems  que  les  femmes  ont  de  refte  après  le  travail  du 
ménage  ,  elles  l'employent  à  filer:  Se  c'elt-la  leur  occupa- 
tion ordinaire.  Elles  ne  font  aucun  travail  à  l'aiguille.  Il  y 
a  de  certaines  caftes  où  il  n'eft  pas  permis  aux  femmes  de 
filer ,  d'autres  où  elles  ne  s'occupent  qu'à  faire  des  pa- 
niers Se  des  nattes  ;  Se  celles-ci  ne  peuvent  pas  même  pi- 
ler le  riz.  Dans  d'autres  elles  ne  peuvent  pas  aller  quérir 
de  l'eau  ;  c'eft  la  fonction  d'une  esclave  ou  bien  des  maris. 
En  général  le  bel  ufage  ne  permet  pas  aux  femmes  d'ap- 
prendre à  lire  Se  à  écrire  ;  on  laifle  ce  foin  aux  esclaves 
des  pagodes  ,  afin  qu'elles  puiflent  chanter  les  louanges 
du  démon  Se  les  cantiques  impurs  dont  fes  temples  re- 
tentiflent. 

DansleMaduré  l'eau  eft  Jaboiflbn  ordinaire  ;  ce  n'eft 
pas  qu'on  n'y  faflè  des  liqueurs  qui  enyvrent  :  mais  il  n'y  a 
que  les  perfonnes  de  la  lie  du  peuple  qui  en  nfent  :  les 
honnêtes  gens  en  ont  horreur.  La  principale  de  ces  li- 
queurs eft  celle  qui  découle  des  branches  de  palmier.  On 
fait  auffi  avec  une  certaine  écorce  &  de  la  caflbnade  de 
palmier  une  eau-de-vie  qui  prend  feu  comme  celle  d  Eu- 
rope. Le  vin  dont  les  miffionnaires  fe  fervent  pour  la  niefle, 
vient  d'Europe.  Ils  le  cachent  avec  foin  de  crainte  qu'on 
ne  le  leur  enlevé.  Le  riz  eft  la  nourriture  la  plus  commu- 
ne. Ceux  qui  font  à  leur  aife  lui  font  un  court-bouillon , 
ou  bien  une  fauce  de  viande  ,  de  poifion,  ou  de  légumes. 
Quelquefois  ils  le  mangent  avec  des  herbes  cuites,  ou 
bien  avec  une  espèce  de  petites  fèves  ;  mais  tout  cela  s'ap- 
piête  à  l'indienne  ,  c'eft-à-dire  fort  mal.  On  le  mange  en- 
core avec  du  lait  ;  quelquefois  on  fe  contente  d'y  jetter  un 
peu  de  beurre  fondu.  Comme  tout  !e  monde  n'a  pas  du 
riz  ,  on  y  fupplée  par  le  millet  dont  on  a  cinq  ou  fix  for- 
tes ,  toutes  inconnues  en  Europe.  Il  vient  d'affez  beau  fro- 
ment fur  certaines  montagnes  ;  mais  il  n'y  a  guères  que  les 
Turcs  Se  les  Européc  ns  qui  en  tifent.  Les  Turcs  en  font 
une  galette  en  forme  de  gaufre.  Les  Européens  qui 
font  fur  la  côte  en  font  du  pain  ou  du  biscuit  „  comme 
du  biscuit  de  mer. 

Ce  royaume  n'eft  pas  autrement  garni  d'arbres  fruitiers: 
on  n'y  voit  presque  aucuns  de  ceux  que  l'on  a  en  Europe. 
La  banane  &  la  figue  d'Inde  y  font  communes  ;  mais  ces 
dernières  difiérent  beaucoup  de  nos  figues  par  la  figure  ôc 
le  goût.  II  y  a  des  mangles  du  côté  des  montagnes ,  des  ates 
Se  des  goyaves  dans  les  jardins.  On  voit  des  treilles  qui 
fe  chargent  allez  de  raifins  ;  mais  les  oifeaux  Se  les 
écureuils  ne  les  laiflent  guères  venir  à  maturité.Quant  aux 
légumes ,  la  terre  y  porte  des  citrouilles  ,  des  concom- 
bres ,  ÔVc.  On  n'y  connoît  point  l'ofeille  ;  elle  eft  rem- 
placée par  le  tamarin.  Il  y  a  des  ciboules ,  des  choux  ,  des 
raves  Se  des  laitues.  On  ne  voit  ni  chênes ,  ni  ormes ,  ni 
pins ,  ni  noyers.  11  y  a  autant  Se  plus  de  différence  entre  les 
arbres  de  ce  royaume  ôc  ceux  de  l'Europe ,  qu'il  y  en  a 
entre  les  habitans  des  deux  pays.  On  peut  dire  à  peu  près 
la  même  chofe  des  fleurs ,  à  la  réferve  des  tubérenfes,  des 
rournefols,  des  jasmins  ôc  des  lauriers-rofes. 

On  trouve  dans  les  montagnes  des  éléphans ,  des  tigres, 
des  loups  ,  des  linges ,  des  cerfs  ,  des  fangliers ,  &c.  mais 
on  laide  le  gibier  affez  en  repos ,  quoique  la  criafie  foit 
permife  à  tout  le  monde.  Les  feigncurs  chaflent  néan- 
moins de  tems  en  tems  par  divertiflement.  Ils  ont  auffi  la 
chafle  à  l'oifeau  ,  mais  rarement.  Quelques  princes  ont 
des  éléphans  privés  ôc  des  chevaux.  Les  chevaux  qui  nais- 
fent  dans  le  pays  font  petits  &  foibles  ;  on  les  a  à  bon 
marché.  On  fait  venir  des  pays  étrangers,  ceux  qui  fer- 
vent dans  les  aimées ,  Se  ils  coûtent  cher.  Il  y  a  apparen- 
ce que  ce  climat  n'eft  pas  favorable  à  ces  fortes  d'ani- 
maux. Il  faut  des  foins  infinis  pour  les  conferver.  Comme 
il  n'y  a  point  de  prairies  dans  ce  royaume  ,  ôc  qu'on  n'y 
recueille  ni  foin ,  ni  avoine ,  on  ne  donne  aux  chevaux  que 
de  l'herbe  verte ,  qui   même  eft  quelquefois  difficile  à 

trouver. 


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trouver.  Au  lieu  d'avoine,  on  leur  donne  une  espèce  de 
lentille  qu'on  fait  cuire.  Les  bœufs  fonr  de  grand  ufage: 
on  ne  niefure  les  richeffes  d'un  chacun  que  par -le  nombre 
qu'il  en  a.  Ils  fervent  au  labourage  ôc  aux  voitures.  La 
plupart  ont  une  groffe  boffe  fur  le  cou.  On  les  attelle  aux 
chars  fur  lesquels  on  place  les  idoles,  que  l'on  rraîne  en 
pompe  par  les  rues.  On  ne  fait  à  Maduré  ce  que  c'eft  que 
caroffe  ;  les  grands  feigneurs  fe  font  porter  en  palan- 
quin 5  mais  ils  doivent  en  avoir  la  pei  million  du  prince. 
C'eft  un  crime  digne  de  mort  que  de  tuer  un  bœuf,  une 
vache,  ou  un  buffle.  Il  y  a  apparence  que  c'eft  dans  la 
vue  de  favorifer  la  multiplication  de  ces  animaux ,  que 
la  défenfe  en  a  été  faite.  Us  n'y  multiplient  que  médio- 
crement ,  &  font  fujets  à  de  fréquentes  maladies.  La  chè- 
vre ,  le  mouton  ,  la  poule  font  les  viandes  d'ufage.  On  a 
une  espèce  de  poule  dont  la  peau  eft  toute  noire  ,  aufli- 
bien  que  les  œufs  ;  cependant  elles  ne  font  pas  moins 
bonnes  que  les  autres.  On  mange  aufli  du  poiffon,  mais 
on  le  fait  fécher  au  foleil ,  &  on  ne  le  mange  gueres  qu'il 
ne  foit  tout-à-fait  gâté  ôc  corrompu.  Ils  le  trouvent  alors 
excellent,  parce  qu'il  eft  plus  propre  à  corriger  ce  que  le 
riz  a  d'infipide.  Il  y  a  dans  le  pays  des  ânes  femblablesà 
ceux  d'Europe ,  ôc  ils  ferveur  aux  mêmes  ufages.  On  a  en- 
core quantité  d'autres  animaux  ,  des  chiens  extrêmement 
laids,  des  chats  domeftiques ,  des  chats  fauvages ,  une  es- 
pèce de  chat  qui  produit  le  musc,  des  rats  de  plufieurs 
espèces  ,  des  ferpens  de  diverfes  fortes ,  des  mouches 
vertes  qui  luifent  pendant  la  nuit,  des  fourmis auffi  de  di- 
verfes fortes  ôc  des  mouches  à  miel  ;  mais  on  ne  fe  donne 
pas  la  peine  de  leur  bâtir  des  ruches!  On  ne  manque  pour- 
tant ni  de  cire  ni  de  miel ,  parce  qu'on  en  tire  des  ruches 
que  les  abeilles  fauvages  fe  bâtifient  elles-mêmes  fur  les 
montagnes. 

L'habi'  que  portent  les  millionnaires  dans  le  Maduré  eft 
une  fimple  toile  de  coton  qui  n'eft  ni  rouge  ni  jaune  ■■,  mais 
dont  la  couleur  tient  de  l'un  &  de  l'autre.  En  voyage  ils 
portent  ordinairement  à  la  main  un  vafe  de  cuivre  ;  com- 
me on  ne  trouve  pas  de  l'eau  par  tour,  ôc  que  celle  qu'on 
trouve  n'eft  pas  toujours  potable,  ils  (ont  obligés  d'en 
avoir  presque  toujours  avec  eux,  pour  fe  rafraîchir  fous 
un  ciel  aufli  brûlant. Leur  chauffure  eft  extraordinaire;  c'eft 
une  espèce  de  foque  affez  femblable  à  celle  dont  fe  fervent 
en  France  quelques  religieux  de  faim  François  :  à  la  vérité 
celles-ci  s'attachent  avec  des  courroies ,  au  lieu  que  les 
foques  des  Indes  ne  tiennent  que  par  une  cheville  de  bois, 
qui  fe  mer  entre  l'orteil  ôc  le  fécond  doigt  du  pied.  Cette 
manière  de  fe  chauffer  n'eft  pas  particulière  aux  million- 
naires ;  le  roi  &  les  grands  feigneurs  ufent  de  foques 
comme  eux.  Il  y  a  cette  différence  ,  que  les  foques  du  roi 
ôc  des  feigneurs  font  d'argent ,  ôc  que  celles  des  million- 
naires font  de  bois.  Les  naturels  du  pays  fe  fervent  de  fan- 
dales  ;  ce  n'eft  qu'une  fimple  femelle  de  cuir ,  fans  empei- 
gnes ôc  qui  tient  aux  pieds  par  des  courroies.  Elles  font  in- 
commodes ■■,  le  fable  ôc  les  pierres  s'y  gliflent  aifément  & 
caufent  beaucoup  de  douleur. 

Les  modes  ne  changent  guère; ,  fur-tout  pour  la  ma- 
nière de  s'habiller.  Les  gens  du  commun  s'entourent  le 
corj)S  d'une  fimple  toile  de  coton  ;  ôc  il  arrive  fouvent 
que  les  pauvres  ont  bien  de  la  peine  à  avoir  un  morceau 
de  cette  toile  pour  fe  couvrir.  Les  grands  feigneurs  s'ha- 
billent affez  proprement ,  félon  leur  goût  &  eu  égard  à  la 
chaleur  du  climat.  Ils  le  couvrent  d'une  robe  de  toile  &  de 
coton  fort  blanche  &  même  très-fine ,  transparente  ôc  qui 
leur  descend  jusqu'aux  talons.  Ils  ont  un  haut  de  chauffes 
ôc  des  bas  de  couleur  rouge  d'une  pièce  ,  &  qui  ne  vonr 
que  jusqu'au  cou  de  pied.  Ils  font  chauffés  d'une  espèce 
d'escarpins  de  cuir  rouge  brodé  ,  dont  les  quartiers  de  der- 
rière fe  plient  fous  les  talons.  Ils  portent  des  pendans  d'o- 
reilles d'or  ou  de  perles  -,  la  ceinture  eft  d'une  étoffe  de 
foie  brodée  d'or  ;  les  braffelers  font  d'argenr.  Ils  portent 
au  cou  des  chaînes  d'or  ;  les  dames  ont  à  peu  près  le  même 
habillement  .  cv  on  ne  les  diftingue  des  hommes  ,  que  par 
la  manière  différente  dont  elles  ornent  leurs  rêtes. 

Comme  chaque  miffion  comprend  une  grande  érendue 
de  pays,  où  les  néophytes  font  disperfés  ,  les  miffionnai- 
les  ont  plufieurs  églifes  dam  lesquelles  ils  entretiennent 
des  caréchiites,  qui  inftruifent  les  Chrétiens  &c  les  Caté- 
chumènes ôc  qui  gagnent  tous  les  jours  quelques  idolâ- 
tres à  J.  C.  Les  converfions  font  plus  ou  moins  nombreu- 
fes  à  proportion  du  nombre  des  catéchiiks ,  que  l'on  a 


-#ié  J> 


le  moyen  d'entrerenir.  Soixante  oii  quatre-vingt  francs 
fuffifent  pour  l'entretien  d'un  catéchifte.  Les  millionnaires 
parcourent  ces  églifes,  Ôc  font  dans  chacune  quelque  fé- 
jour  pour  adminiitrer  les  facremens  aux  fidèles  ôc  baptifer 
les  catéchumènes.  Us  ont  auprès  de  chaque  églife  une  ca- 
banne  ,  ôc  quelquefois  un  petit  jardin  ;  c'eft-là  qu'ils  fe 
retirenr.  Pendant  leurs  voyages  ,  qui  font  fréquens ,  ils 
vont  loger  chez  les  Chrétiens ,  s'il  y  en  a  dans  le  lieu ,  ou 
chez  les  gentils  qui  veulent  bien  les  recevoir ,  ou  dans  les 
M  a  dams  publics. 

z.  MADURÉ  ,  ville  des  Indes  orientales  ôc  la  capitale 
du  royaume  de  même  nom.  Elle  eft  environnée  d'une 
double  muraille;  chaque  muraille  eft  fortifiée  à  l'antique 
de  plufieurs  tours  quarrées  avec  des  parapets ,  ôc  garnies 
d'un  bon  nombre  de  canons.  La  fortereffe  dont  la  forme 
eft  quarrée  ,  elt  entourrée  d'un  folié  large  ôc  profond  avec 
une  escarpe  &  une  contrescarpe  très-forre.  Il  n'y  a  point  de 
chemin  couvert  à  l'escarpe.  Au  lieu  de  glacis  on  voit  quatre 
belles  rues  qui  répondent  aux  quatre  côtés  de  la  fortereffe. 
On  en  peut  faire  le  tour  en  moins  de  deux  heures.  Les  mai- 
fons  qui  bordent  ces  rues  ont  de  grands  jardins  du  côté  de 
la  campagne,  qui  eft  belle  ôc  fertile.  L'intérieur  de  la  for- 
tereffe fe  divife  en  quatre  parties;  celles  qui  font  à  l'o- 
rient Ôc  au  midi ,  contiennent  le  palais  du  roi.  C'eft  un 
labyrinthe  de  rues  ,  d'étangs  ,  de  bois ,  de  fales  ,  de  ga- 
leries ,  de  colonnades  ôc  de  plufieurs  maifons  fermées  çà 
ôc  là.  Quand  on  y  a  une  fois  pénétré  ,  il  n'eft  pas  aifé  d'efx 
trouver  l'iffue.  Lorsque  les  rois  de  Maduré  y  faifoient  leur 
féjour  ,  on  n'y  rrouvoit  que  des  femmes  &  des  eunuques. 
Le  fameux  Troumoulanaiken  ,  qui  a  le  plus  contribué  aux 
embslliffemensdece  palais,  y  tenoit  plufieurs  milliers  de 
femmes  renfermées.  Les  fales  publiques  où  l'on  donne  au- 
dience ,  étoient  magnifiques.  A  l'entrée  fe  rrouvoit  une 
grande  galerie  foutenue  par  vingt  groffes  colonnes  de 
marbre  noir  bien  travaillées.  De-là  on  paffoit  dans  une 
grande  cour ,  où  l'on  voyoit  quatre  corps  de  logis  qui 
répondoient  aux  quarte  parties  du  monde  ;  chaque  corps 
de  logis  avoir  au  milieu  un  dôme  fort  élevé  ôc  chargé 
d'ouvrages  de  fculpture.  Ces  quatre  dômes  étoient  réunis 
par  huit  galeries  dont  les  angles  étoint  flanqués  de  rou- 
relles.  On  prétend  que  ce  palais  a  été  bâti  fur  les  deffeins 
d'un  Européen.  On  y  voit  effectivement  divers  ornemens 
de  notre  architecture  mêlés  avec  l'architeéture  indienne. 
*  Lettres  édifiantes  ,  t.  i  r.  p.  6r. 

Dans  la  féconde  partie  de  la  fortereffe  eft  le  temple  de 
Chocanaden ,  c'eft  l'idole  qu'on  adore  au  Maduré.  A  l'o- 
rient du  pagode  fonr  plufieurs  beaux  portiques.  Au  nord 
d'un  de  ces  portiques  fe  voit  un  char  magnifique  deftiné 
à  porter  l'idole  en  triomphe  le  jour  de  fa  fête.  Le  pagode 
eft  environné  d'une  triple  muraille  ;  &  entre  chaque  mu- 
raille font  plufieurs  belles  allées  de  grands  arbres  ,  unies 
ôc  fablées.  On  trouve  quatre  grandes  tours  à  l'entrée  des 
quatre  principales  portes  du  pagode.  Lès  brames  préten- 
dent qu'elles  ont  coûté  des  fommes  immenfes.  Texéira 
rapporte  qu'il  y  a  à  Maduré  des  tours  dorées ,  on  n'en 
voit  point  de  cette  espèce.  Le  refte  de  l'espace  intérieur 
de  la  fortereffe  eft  partagé  en  plufieurs  rues  ,  en  étangs  ôc 
en  places  publiques* 

La  rivière  qui  paffe  auprès  de  Maduré  ,  feroit  belle,  il 
on  ne  la  faifoir  pas  couler  dans  de  grands  étangs  ;  qui  la 
lariffent  ;  elle  dégénère  presque  en  ruiffeau.  Au-deffous  de 
la  ville  on  a  fait  un  canal  qui  va  du  nord  au  Aid  ,  ôc  fe  jette 
dans  cinq  beaux  étangs  à  l'oueft  de  Maduré.  Il  y  a  dans 
ce- étangs  d'autres  canaux  ,  qui  conduifent  l'eau  dans  les 
foffés  ,  lorsqu'on  le  fouhaite. 

A  l'orient  de  la  fortereffe  on  voit  trois  autres  chars  de 
triomphe  ;  ils  font  magnifiques ,  quand  on  les  a  ornés. 
Le  plus  grand  ne  peut  être  tiré  »  à  ce  que  difenr  les  In- 
diens ,  que  par  plufieurs  milliers  de  perfonnes.  Cela  n'eft 
pas  fin-prenant  ;  la  machine  eft  énorme,  on  y  fait  monter 
jusqu'à  400  perfonnes  dont  les  fonctions  font  différentes  ; 
de  groffes  poutres  forment  cinq  étages,  ôc  chaque  étage  a 
plufieurs  galeries.  Quand  cette  machine  eft  couverte  de 
roiles  peintes,  de  pièces  de  foie  de  diverfes  couleurs, 
de  banderoles ,  d'étendards  ,  de  parafols ,  de  fefitohs  de 
fleurs  repréfentées  fous  différentes  figures,  ôc  que  tout 
cela  fe  voit  au  milieu  de  la  nuit  à  la  clarté  de  mille  flam- 
beaux ,  on  ne  peut  nier  que,  le  fpecLacle  n'en  foit  agréable. 
Le  char  eft  traîné  au  fon  des  tambours  ,  des  trompettes  , 
des  hautbois  &  de  plufieurs  autres  inftrumens ,  &  il  eft 

Tom.  IV.  D 


2,6 


MAD 


MAE 


traîné  fi  lentement ,  qu'on  mec  trois  juins  à  faire  le  tour 
de  la  forcèrent.  Tels  font  les  honneurs  que  cette  aveugle 
gentilite  rend  aux  dânons. 

Du  côté  du  nord  ,  au-dertiis  de  la  forterefle  >  dans  la 
rue  qui  va  eft  &  ouell,  étoient  autrefois  les  éghfesdes 
Chrétiens.  Une  de  ces  églifes  avoit  été  fondée  par  le  père 
de Nobil&us;  l'autre, qufétoit  plus  ancienne  , étoit  fous 
l'invocation  de  Noue  Dame&  deffervie  par  des  Jéfuites. 
Ces  églifes  furent  renverfees,  lorsque  la  ville  fut  prife  ôc 
ruinée  en  partie  par  le  roi  de  Maylfur.  On  en  a  bâci  une 
nouvelle  dans  un  des  fauxbourg",  auprès  de  la  rivière  ,  qui 
s'appelle  Vaighei.  Maduré  a  beaucoup  perdu  de  fon  an- 
cienne fplendeur  depuis  l'irruption  des  Mayffuriens ,  Se 
depuis  que  les  derniers  rois  ont  transporté  leur  cour  à 
Trichirapali ,  qui  par-là  eft  devenue  la  capitale  du  royau- 
me. La  latitude  de  Maduré  eft  à  peu  près  de  10  deg.  2,0 
min.  &  fa  longitude  de  97  deg.  3  2  min. 

MADURNUM  Voyez.  Adurnum. 

MADUKUS.  Pcolomée  dit  que  MaSbpoç  étoit  une  ville 
de  l'Afrique  propre.  Voyez.  Madaura. 

MADUS  ,  ancienne  ville  de  lifte  de  la  Grande  Bre- 
tagne. Il  en  eft  fait  mention  dans  le  premier  fragment  de 
la  table  de  Peuringer  -,  &  Cambden  ,  Britann.  l'explique 
par  Maydston. 

MADUSSAMA.  Voyez.  Madasumma. 

MADYAN  ,  ville  d  Afie  dans  1  Arabie  ,  fur  la  côte 
orientale  de  la  mer  Rouge.  C'eft  une  ville  ruinée.  Elle 
étoic  fituée  fur  le  côté  oppofé  à  Tabuc ,  dont  elle  étoit 
éloignée  d'environ  fix  journées  de  chemin.  C'eft  a  Madyan 
qu'étoit  le  puits  fameux  dont  Moyfe  abieuva  les  trou- 
peaux deSchoaïb:  Madyan  eft  aulli  le  nom  de  la  tribu  de 
laquelle  étoic  iffu  Schoa.'b  ,  &c  enfuice  la  ville  donc  nous 


lybe ,  excerpt.  i.  10.  t.  38.  écrit  ce  nom  de  Mutai  par  une 
diphtongue  WidS'oio ,  &  Strabon  par  un  c  fimple  ,  Médoi  ; 
ce  qu'Ortehus  defapprouve  ,  parce  que  ,  dit-il  ,  il  faut  di- 
ftinguer  Medi  peuple  de  la  Thrace ,  &  Me ii ,  les  Medés , 
nation  d'Afie, 

fVLEDO-BlTHYNI.  Voyez.  Mjedi  ,  ci-defius. 
MvELTEl.  Voyez.  \Aaota. 
MyEGORES.  Voyez.  Metor.es. 

M  AELSTRAND  ou  Marstrand  ,  place  forte  de  la 
Noiwcge  dans  le  gouvernement  de  Bahus  &  au  pays  de 
Vickes  ,  fur  un  rocher  escarpé  en  forme  de  presqu'ifie  , 
avec  un  château  allez  bon  à  l'embouchure  du  Wener  dans 
la  mer  de  Danematck ,  ou  le  Schager  Rack.  Elle  apparte- 
noit  autrefois  aux  Danois  qui  l'avoient  bâtie ,  &  qui  la 
cédèrent  en  i6j8.  aux  Suédois  qui  en  onc  joui  depuis.  Les 
Danois  s'en  étoienc  emparés  en  1676.  mais  ils  la  rendi- 
rent aux  Suédois  par  le  traité  de  paix  fait  a  Fontainebleau 
en  ICÎ79.  *  Baudrand,  Dictionn.  edit.  1705, 

MAELSTROM  ,  gouffre  de  l'Océan  feptcntrional  fur 
la  côte  cle  N 01  Wege -,  quelques  t'ns  le  non, ment  en  latin 
Umbilicus  maris.  11  eli  au  nord  du  gouvernement  de 
Drontheim  fur  la  côte ,  entre  la  petite  ifte  de  Wero  au 
midi  &  la  partie  méridionale  de  l'iftt  de  Lofïouren  ou 
Loffout  aunoid  .  par  les  68  deg.  10  à  ij  min.  de  lati- 
tude ,  ik  le  28  deg.  de  longitude.  On  voyageur  François 
qui  vivoit  vers  le  milieu  du  liécle  palié  ,  «N:  qui  s'appelloit 
la  Martiniere ,  dit  dans  un  nouveau  voyage  du  fepten- 
trion  :  Ce  Maelftrom  eit  un  tournant  d'eau  ie  plus- grand 
de  couce  la  mer  de  Noiwege ,  où  les  navires  pétillent  a  la 
dnîance  de  cinq ,  de  fix  ,  ou  de  fept  lieues  des  cô.es.  Ceux 
qui  en  ont  la  connoùTance  &  qui  lavent  la  route,  s'en  éloi- 
gnent de  huit  ou  dix  lieues  ,  courant  au  large  pour  éviter 

de  mer, 


parlons  prit  ce  même  nom ,  ce  qui  eft  artefté  par  la  parole  un  grand  nombre  de  rochers  ik.  de  pareils  toui nans 

du  Très-Haut ,  qui  dit  :  Le  chef  ou  le  gouverneur  de  Ma-  qui  le  rencontrent  en  divers  endroits.  D'autres  voyageurs 

dyan  eft  frère  de  Schoaïb.  Selon  Ibn  Saïd  ,  la  largeur  de  dilent  qt.e  ce  tournant  eft  formé  par  un  gouffre  où  les 

la  mer  Rouge,  en  ce  lieu  la,  eft  d'environ  cent  mule  pas.  eaux  s'aby  ment  en  tournoyant  ,  &  entraînent  avec  elles 

Il  y  a  auprès  de  Madyan  un  château  nommé  Mafamiyah  ,  tous  les  vauleaux  ,  de  quelque  grandeur  qu'ils  foienr ,  qui 


bàifurla  côce  occidencale  de  cecce  mer.  *  Abui-jcdu 
Deferip.  de  1  Arabie  ,  p.  303. 

MAD YTA  ,  (génitif  arum  pluriel)  Nous  dirions  en 
françois  Madytes ,  fiége  épiscopal  fous  le  patriarchat  de 
Conuantinople.  11  rcconnoiiloit  d'abord  Heraclee  pour 
métropole  ,  mais  il  en  fuc  détaché  ,  &  devint  lui-même 
métropole.  La  notice  du  vieux  Andronic  Paléologuc  porte 
qu'elle  tint  d'abotd  le  foixante-huiciéme  rang ,  &  qu'elle 
eut  enfuite  le  quatre-vingtième.  Celle  de  Nilus  Doxapa- 
trius  dit  au  foixante-  quatrième  rang  Mudyta  ab  Hcru- 
clea  avulfa» 

MADYTOS.Voyez.  Macidos. 
IAALA.  Voyez.  MaIA. 
M/EANDLR.  Voyez.  Méandre  I. 
M./EANDRIA  ,  ville  d'tpue  ,  félon  Pline,  le fetil  an- 
cien qui  l'ait  nommée. 

MjEANDRIjnI.  Didis  de  Crétenomme  ainfi  un  peu- 
ple d'Afie  ,  apparemment  voilin  du  Méandre. 

M/£ANDROf  OlIS  ,  ville  de  Magnéûe  ,  dit  Etienne 
le  géographe.  Mai*ify*7ie\iç  ,Mu-yvwriei;  UohKt  Je  crois  que 
c'eft  une  bévue  de  fon  abréviateur,  tk  que  cette  ville  dont 
Phlégon  a  parlé  dans  fes  olympiades  ,  n'eu  autre  choie 
que  Magnésie  fur  le  Méandre.  Voyez  Magnésie  2. 

MALATAL  ,  ancien  peuple  de  l'ifle  de  la  Grande  Bre- 
tagne. Zonare  &  Dion  Caihus  dans  la  vie  de  Séveie  en 
font  mention.  Ils  étoient  auprès  du  mur  qui  coupoic  l'ifle 


onc  le  malheur  de  le  trouver  élans  la  fphere  de  leur  cour- 
billon.  Un  vaifleau  qui  y  eft  engagé  fuie  malgré  l'arc  du 
pilote  le  fil  de  l'eau  qui  le  porte  par  une  ligne  fpirale  vers 
le  centre  où  il  disparoir.  L'eau  qui  revient  fix  heures 
après,  fore  comme  une  montagne  de  ce  gouhre,  ik  rap- 
porte avec  elle  les  débris  du  vaiileau  entièrement  fiacauë 
par  les  roches  qui  l'ont  en  quelque  façon  broyé.  Entre  ce 
flux  ëc  ce  reflux  ii  y  a  ,  difent  ces  voyageurs  ,  un  intervalle 
que  les  matelots  des  environs  lavent  prendre  ,  &  pendant 
cet  état  où  le  gouffre  eft  dans  une  espèce  d'équilibre ,  &c 
qu'il  n'attire  ni  ne  repoufle  les  eaux  ,  ils  peuvent  y  pafter 
fans  danger  ;  mais  dans  le  teins  que  le  gourire  eft  en  fu- 
reur ,  pour  parler  ainli  ,  il  fait  un  bruit  épouvantable  que 
l'on  entend  à  quelques  lieues  de-là. 

Nous  avons  remarqué  au  mot  Charybde  qu'il  y  avoir 
bien  à  rabattre  delà  peinture  que  les  poètes,  les  hifto- 
riens  «Se  les  voyageurs  en  ont  faite  en  différens  tems„  Il  en 
eft  apparemment  de  même  du  Maeljhum.  François  Néri 
Italien,  qui  voyageoit en  NoiWcge  après  le  chirurgien  la 
Martiniere ,  dit  qu'il  n'y  a  aucun  gouffre  en  cet  endroit-là, 
mais  feulement  un  courant  de  mer  qui  fait  grand  bruit  en 
montant  tous  les  jours  durant  fix  heures  ;  après  lesquelles 
il  eft  plus  calme  pendant  le  même  espace  de  tems.  Il 
ajoute  que  tant  que  ce  calme  dure  ,  les  petites  barques 
peuvent  aller  d'une  ifle  à  l'autre  fans  courir  aucun  dan- 
ger ,  tk  que  le  bruit  que  fait  ce  courant  n'eft  caufé  que 


en  deux  parties.  Lloyd  croit  que  leur  pays  eft  aujourd'hui     par  de  petites  ifles  ou  rochers  qui  repouflent  les  vagues  , 


la  Lothiane  en  Ecofle ,  ce  qui  n'eft  guères  vraifemblable 
Cambden  die  que  c'eft  le  Northumberland. 

M/£CEN  AS.  Vairon  au  liv.  VIL  de  fon  ouvrage  fur  la 
langue  latine  ,  dérive  ce  nom  d'un  nom  de  lieu. 

M/ECIA,  nom  d'une  famille  d'Italie,  qui  choie  fon  nom 
d'un  certain  château  ,  félon  Feftus.  M.  Dacier  dans  fes 
notes  ajoute  que  ce  château  s'appelloit  M^cium  cas- 
trum  ,  &  étoi:  près  de  Lanuvium. 

M^EDI ,  peuple  de  Thrace  aux  frontières  de  la  Macé- 
doine. On  les  nommoit  MjEdo  Bithyni  ,  au  rapport  d'E- 
tienne  legéographe.Ptolomée,  /.  3.  c.  1 1  .appelle  leur  pays 
M^EDicA.Tite  Live,  (.  26.  c.  15.  nomme  le  peuple  Mj£di  , 
le  pays  Mjîdica  la  Médique  dont  la  capitale  étoit ,  félon 
lui,  Jamphokina.  Il  parle  ,  l.  4&.  c.  22.  encore  de  Pe- 
tra  ,  autre  ville  de  ce  peuple.  Pline  ,  /.  4.  c  1  1.  les  met 
au  bord  du  Strymon ,  au  voifinage  des  Daifelates.  Po- 


tantôt  au  feptentrion  ,  taneôt  au  midi ,  de  manière  que  ces 
vagues  paroiflent  tourner  en  rond.  Peuc  être  que  cette 
réduction  eft  plus  conforme  à  la  vérité  que  le  fracas  poé- 
tique qui  eft  attribué  au  Maelftrom  dans  beaucoup  de 
vovageurs,  &  fur  tout  dans  le  Qiriofas  Antiqitaruti  ;  li- 
vré allemand  qui  en  donne  une  idée  fore  effrayante, 

M^EMARSUS.  Etienne  le  géographe  dit  par  occafion  , 
au  fujet  du  peuple  Agathyrsi  ,  MxmarJttJ  urbs  lftn* 
Ce  partage  n'eft  pas  aflez  net  pour  rien  déterminer. 

M/FNALA.  Voyez.  M^nalus. 

M./ENALES.  Voyez,  Macrales. 

M^ENALIA,  ville  d'Afie  dans  la  Galarîe,  félon  Etien- 
ne le  géographe,  Thucydide  en  parle  auifi  quelque  part. 
Orrelius  le  cite  fans  dire  dans  quel  livre. 

MiEN  Al  IU  M  ,  nom  commun  à  une  montagne  &  à  un 
canton  del'Arcadie,  félon  Paulanias,  in  Arcadic.  c.  36, 


MAE 


M^ENALIUS  MONS  ,  montagne  du  Péloponnèfe 
dans  l'Arcadie.  C'eft  la  même  que  M^nalus.  Voyez,  ce 
mou 

MjENALUS.  montagne  du  Péloponnèfe  dans  l'Arca- 
die. Strabon ,  /.  8.  p.  3  38.  &  Pline ,  /.  4.  c.  6.  en  font  men- 
tion ,  Se  Virgile,  eclog.  8.  v.  11.  dit  : 

M&nalus  argutumque  nemus  pinosque  loquentef 
Semper  habet  :  femper  Tafterum  ille  audit  amorcs* 

11  dit  aufli  au  pluriel ,  eclog,  10.  v.  5$. 

Interea  mixtis  lujîrabo  Mxnala  Nymphis. 

Cette  montagne  avoir  plufieurs  bourgs  ;  entr'autres  > 
'Aléa,  Pallantium ,  Helifiori ,  Dipxa  ,  &c.  dont  les  ha- 
bitaus  furent  rafiemblés  dans  la  ville  de  Mégalopolis.  En- 
tre ces  bourgs ,  il  y  en  avoit  un  nommé  M«£nalum  Op- 
pidum ,  dont  Pauianias  ,  in  Arcad.  c.  36.  dit  qu'on  ne 
voyoit  plus  que  les  ruines.  Le  Scholiafie  de  Pindare,  in 
Clymp.  9.  verf.  88.  dit  que  Mœnalum  ,  Ma.1va.X9v,  eft  une 
monragne  tk  ville  d'Arcadie-. 

M./ENARI/E  Insulte  ,  iiles  de  la  mer  Méditerranée > 
près  de  l'ifle  de  Majorque,  vis-à-vis  de  Palma,  félon  Pline. 
Le  R.  P.  Hardouin  croit  que  la  mer  les  a  détruites. 

MA.NOV>k.  Voyez.  Manoba. 

M/ENOBORA  ,  ancienne  ville  du  peuple  Mastieni  > 
félon  Etienne  le  géographe.  Voyez,  Mastia  Se  Mastia- 
MI. 

M/ENOMENA.Cenomeftgrec,Ma/i.'o/*efa,  &  Pto- 
lomée  le  donne  aux  montagnes  de  Sardaigne ,  que  Tite- 
Live&Florus  ont  nommées  Insani  Montes.  Ortelius 
croit  qu'on  les  nomme  préfentement  Cakelle. 

MvÉON.  Voyez.  M/eotis  Palus. 

M/EON ES,  peuple  de  la  Méonie.  Pline  dit  que  les 
Méons  occupèrent  quelque  tems  le  bord  du  Palus  Méo- 
tide. 

i.M^EONIA,  contrée  de  l'Afie  Mineure.  Voyez. Ly- 
die. 

2.  MyEONIA  ,  ville  de  l'Afie  Mineure  dans  la  pro- 
vince de  Méonie,  avec  laquelle  il  ne  faut  pas  la  con- 
fondre. Elle  éioit  fituée  ,  fuivanr  Pline  ,  /.  5.  c.  29.  au 
pied  du  Tmolus  ;  mais  du  côté  oppofé  à  celui  où  étoit 
Sardes  :  Et  ipfi  ,  dit-il ,  in  radite  ïrnoli  Cogamo  flumini 
adpofîti  Mxonii ,  Tripolitani.  La  notice  d'Hiérocles  ôc  celle 
de  Léon  le  Sage  placent  Mmvia. ,  la  ville  de  Méonie  dans 
la  Lydie.  Une  autre  notice ,  au  lieu  de  Mwow'a  ,  on  lit  Ma/o- 
v'tet.  *  Cellarins ,  Geogr.  antiq.  1.  3.  c.  3. 

M/EONII ,  habitans  de  la  Lydie.  Siliusltalicus  nomme 
Mxe/iia  gens ,  les  Lydiens  établis  dans  l'Etrurie.  C'eft  à 
l'occafion  de  leur  ville  Vetulonia. 

Mxon'uque  decus  quondam  Vetulonia  Gémis. 

M/EONUS  ou  M^onos  ,  rivière  d'Afie  dans  la  Ly- 
die au  canton  de  F  Achats ,  félon  Etienne  le  géographe. 

M/E017E  ,  peuple  Scythe  au  bord  du  Palus  Méotide. 
C'efl  Pline  ,/.  4.  c.  12.  qui  les  nomme  ainfi.  Hérodote  , 
/.  4.  c.  23.  les  appelle  M/eeive  ,  m«;»t«(.  Tous  les  peuples 
qui  habitoieni  autour  de  cette  mer  éroienr  compris  fous  le 
nom  général  de  MytoTici ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  1. 
c .  1 9.  Ils  donnoient  le  nom  à  cette  mer  ,  félon  Pline. 

M/EOTALIMNOS  &  M^otalmnos  ,  Maiord^i/xvoe , 
Se  U<uàraXy.voi ,  noms  corrompus  dans  le  lexique  de  Pha- 
Vorin  pour  Ma/&>V/ç  aI/jlv»  ,  Maotis  Talus. 

M/EO TIS  PALUS.  Voyez.  Le  Palus  Méotide. 

M/EPA  ;  Mafai*  ,  ville  de  la  grande  Arménie  ,  félon 
Ptoloméc  ,  /,  j.  c.  13, 

Mi£PHA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon  Ptolo- 
mée  ,  /.  6.  c.  7.  Il  la  qualifie  de  Métropole.  Elle  n'efi  point 
différente  de  la  ville  deMEPHRA,  dont  parle  Ammien 
Marcellin. 

M^PHATH  ,  village  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7.  Quelques  exemplaires  portent  Me- 
thath. 

M/ERAS  ,  lieu  du  Péloponnèfe  dans  l'Arcadie  ,  félon 
Paufanias ,  in  Arcadic. 

MAERSEN  ,  village  fur  la  gauche  du  Vecht  ,  à  une 
lieue  &  demie  d'Utrecht.  *  Ditl.géog.  des  Pays-Bas. 

MAES ,  nom  que  les  Flamands  donnent  à  la  Meufe  ; 


MAG       2.7 


delà  les  noms  de  Maeseck.Maesland  ,Maestricht» 
&c.  qui  ont  tous  le  nom  de  la  Meufe  pour  origine. 

MAESECK  ,  ville  de  l'Evcché  de  Liège  fur  la  rive 
gauche  de  la  Meufe ,  à  cinq  lieues  au-deflbus  de  Maftrichr, 
&  trois  lieues  au-deflus  de  Ruremonde.  Elle  fut  prife  par 
les  François  le  ij  mai  1672.  *  Dillionn.  géograph.  des 
Pays-Bas. 
MitSlA.     -j 

MUSEUM.  \  Voyez.  M&sin. 
M^SIUS.  J 

MAESLAN  D  ,  petit  pays  dans  le  Brabant  hollandois  J 
entre  Bois-le-Duc  &  la  feigneurie  de  Ravenftein.  *  Dift. 
géograph.  des  Pays-Bas. 

MAESLANT-SLUYS  ou  Maes-Sluys  ,  gros  village 
de  Hollande  dans  le  Delfland,  à  deux  lieues  de  Delft, 
proche  de  la  Meufe ,  à  une  grande  lieue  de  la  Brille  ,  la 
rivière  entre  deux.  *  Dicl.  géograph.  des  Pays-Bas. 
MAESTRICHT,  ^«.Mastricht. 
M^ESOCA.  Voyez.  Mausoca. 
MyESOLIA  ,  ancien  pays  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée.  Ce  peuple  eft  nommé  M^soli  par  Àr« 
rien  ,  in  Indic. 

M/ETONA ,  ancienne  ville  de  la  Perfe  proprement 
dite  ,  ou  Perfide  »  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  4.  Etienne  le 
géographe  la  nomme  Métone. 

M/ETONIUM ,  ancienne  ville  de  la  Sarmatie  en  Eu- 
rope ,  félon  Ptolomée ,  /.  3.  c.  5.  C'eft  aujourd'hui  Roha- 
tih ,  bourg  de  la  Ruifie  rouge  près  de  Léopold. 

M/EVIUS  &  Meulus.  Selon  Vibius  Sequcfter  ,  c'eft  la 
même  chofe  que  Vesevus  ou  Vesuvius.  Voyez,  ce  mou 
MACEA  ,  fontaine  de   Sicile  au  territoire  de  Syra- 
eufe  ,  fefon  Pline  .  /.  3 .  c.  8. 

1 .  MAGADOXO  ou  Macdoscho  ,  rivière  d'Afrique. 
Elle  prend  fa  fource  vers  le  nord  du  royaume  des  Machi- 
das ,  elle  traverfe  enfuite  le  royaume  de  Magadoxo  ,  &  va 
fe  jerter  dans  la  mer  d'Oman  ,  auprès  de  la  ville  de  même 
nom.  D'Herbelot  dit  qu'elle  prend  fa  fource  au  pied  des 
montagnes  de  la  lune  ,  auffi-bien  que  le  Nil .  qu'elle  dé- 
borde au  folftice  d'été  de  même  que  le  Nil  d'Egypte  & 
celui  des  Nègres  ;  de  forte  que  c'eft  comme  un  troifiéme 
Nil.  *  Biblioth.  orient. 

2.  MAGADOXO  ,  royaume  d'Afrique  fur  la  côté 
orientale.  ïl  efl  borné  au  nord  par  le  royaume  d'Adel ,  à 
l'orient  par  la  côte  Déferte  ,  au  midi  par  les  terres  de  la 
république  de  Brava ,  &  à  l'occident  par  le  royaume  des 
Machidas.  *  De  l'ifle ,  Atlas. 

3.  MAGADOXO  ,  ville  d'Afrique  fur  la  côte  orienta- 
le, capitale  du  royaume  de  même  nom,  ôc  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Magadoxo.  Elle  eft  habitée  ,  fui* 
vaut  d'Herbelot  ,  par  des  Mahométans  ,  qui  s'y  établi- 
rent du  tems  des  khalifes  d'Egypte.  Cette  ville  eft  grande 
&  belle  ,  environnée  de  murailles  avec  un  palais  au  cen- 
tre. Elle  eft  à  cent  treize  lieues  de  Mélinde.  Latitude  fep- 
tentrionale  3  deg.  j8  min.  *  Biblioth.  orient. 

MAGALA,  lieu  où  les  Ifraélites ,  I.  Reg.  17.  zo. 
étoient  campés  ,  lorsque  David  combattit  Goliath. 

MAGALA  CivitAs.  H  paroît  qu'il  y  a  eu  une  ville 
d'Espagne  de  ce  nom ,  fi  l'on  s'en  rapporte  à  une  an- 
cienne infeription  rapportée  par  Morales.  *  Ortelius, 
Thefaur. 

MAGALONENSIUM  Civitas  ,  ancienne  ville  de 
la  Gaule  Narbonnoife.  Voyez.  Maguelone  I. 

M  AGARAVA,  montagne  d'Afrique  dans  le  royaume 
de  Trémecen.  Elle  s'étend  l'espace  de  quatorze  lieues  le 
long  de  la  côte  de  la  mer  Méditerranée  ;  &  fur  fa  pente 
elle  a  deux  villes  ,  favoir  Mazagran  &  Moftagan.  Elle 
porte  le  nom  des  Bereberes  qui  l'habitent.  Parmi  ces  peu- 
ples il  y  a  plufieurs  braves  gens  qui  font  riches  en  bleds 
&  en  troupeaux  ;  mais  ils  fuivent  les  pâturages  ,  comme 
les  Arabes  ,  fans  avoir  de  demeure  fixe.  Ils  parlent  un 
arabe  corrompu  -,  ce  qui  a  fait  croire  à  quelques  auteurs 
que  ces  peuples  éroienr  Arabes.  Mais  ce  font  des  Bere- 
beres delà  rribu  desZénétes,  de  la  lignée  de  Magaroas , 
&  des  dépendances  de  Moftagan.  Cette  montagne  s'étend 
jusqu'à  la  rivière  de  Chilof ,  qui  fépare  cette  province  de 
celle  de  Tenez.  *  Marmol ,  Du  royaume  de  Trémecen, 
pag.  588. 

MAGAR1ASSUS ,  village  d'Afie  dans  la  Cappadoce. 
11  en  efi  fair  mention  dans  la  vie  de  faint  Théodofe  abbe, 
par  Siméon  le  Méuphrafte. 

totn.  TV.  Dij 


2,8 


MAG 


MAG 


MAGARIS  ,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange  ,  félon 
Ptolomée  ,  l.j.c.  i. 

MAGARMELITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique. 
On  trouve  dans  la  conférence  de  Carthage ,  Secundiis  epis- 
copusptebis  Magramelitana  ,8c  dans  la  notice  épiscopale 
d'Afrique  ,  Jiduts  Vagarmelitànm ,  entre  les  évéques  de 
la  Numidie.  Ce  même  évêque  Secundus  pourroir  bien 
être  le  même  qui  foi.fcrivit  au  libelle  deLeporius  en  ces  ter- 
mzs:S<cundus  épiscopm  eccléftdAquenfis five Megarmitana. 
MAGARSOS  ,  ville  d'Afie  dans  la  Cilicie  ,  félon  Pli- 
ne, l.  5.  c.  27.  U  la  met  auprès  de  Mallos  &  de  Thar- 
fe,  peur  être  fur  une  colline  de  même  nom,  qu'Etienne 
Je  géographe  place  auprès  de  Mallos. 

MAGASE,  ancien  peuple  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte  , 
félon  Pline  ,  /.  6.  c.  29. 

MAGAVA,  montagne  de  .l'Aile  Mineure  dans  la  Ga- 
latie  ,  non  loind'Ancyre  ,  félon  Tite-Live. 
MAGAZA.  Voyez.  Mazaga. 

MAGDALA  ,  MAGDALUM  ,  MAGDOLUM  ou 
Migdol.  Ces  termes  lignifient  une  tour,  &  fe  trouvent 
quelquefois  feuls,  &  quelquefois  joints  à  un  autre  nom 
propre. 

i.MAGDALA.villedela  Paleftine  proche  la  Tibé- 
riade  &  de  Chammatha.  On  lit  dans  le  Talmud  de  Jéru- 
falem  (  a  )  qu'un  certain  pafteur  ,  homme  avancé  en  âge  , 
dit  au  rabbin  qu'il  fe  fouvenoit  d'avoir  vu  les  habitans  de 
Magdala  aller  un  jour  de  fabbat  à  Chammatha  ,  traverfer 
cette  ville  &  s'avancer  jusqu'au  pont  du  Jourdain.  Sur 
quoi  le  rabbin  avoit  permis  aux  mêmes  habitans  de  Mag- 
dala de  faire  le  même  chemin  un  jour  de  fabbat.  De  ces 
paroles  (b)on  peut  conclure  que  Magdala  étoit  au-delà 
du  Jourdain  ,  du  même  côté  que  Gadara,  &  qu'elle  n'é- 
toit  éloignée  de  cette  dernière  ville  que  du  chemin  qu'il 
étoit  permis  de  faire  dans  un  jour  de  fabbat.  11  eft  dit  dans 
faint  Matthieu ,  c .  1 5.  39.  que  Jefus  fe  rendit  aux  confins 
de  Magdala.  Quelques  maiiufcrits  cependant ,  au  lieu  de 
Magdala,  écrivent  Magedan.  Eufébc ,  in  Onomafl.  dit 
que  de  fon  tems  le  pays  autour  de  Gérafa  s'appelloit  m«- 
jdiifrw.  ».  Voyez.  Magedo  ,  qui  eft  peut-être  la  même  ville. 
(a)  Erttbin.  fol.  23  ,  4.  ( b  )  Lightfoot ,  Centur.  chorogr. 
C  7.  D.  Decad.  chorogr.  c.  j. 

2.  MAGDALA  ,  ville  de  la  Paleftine  au  voifinage  de 
Jérufalem.  Il  eft  dit  dans  le  Talmud  ,  fol.  7;  ,  2.  que  le 
feribede  Magdala  préparoit  les  chandelles  chaque  foirde 
fabbat ,  &  qu'il  alloit  à  Jérufalem  ,  qu'il  faifoit  la  prière  , 
qu'il  retournoit ,  &  qu'il  allumoit  les  chandelles  avant  que 
le  fabbat  fût  commencé.  Il  n'en  faut  pas  davantage  pour 
voir  que  Magdala  éroit  peu  éloignée  de  Jérufalem  ,  puis- 
que le  feribe  faifoit  tout  cela  dans  un  fi  court  espace  de 
tems.  Les  glofiaires  ajoutent  que  cette  ville  s'appelloit 
Magdala  Zéb  ùm  ,  cv'  qu'elle  fut  détruite  à  caufe  des  adul- 
tères qui  s'y  commettoient.  *  Ligh'foot ,  Hor.  Hebr. 

MAGDALEL  ,  ville  de  la  tribu  de  Nephthali,  Jofuc , 
19, 38.  Ce  mot  MAGDALELfignifiela  Tour  de  Dieu.  C'eft 
l'interprétation  que  lui  donne  D.  Calmet. 

^  i.MAGDALENA,(  f.l  Rio  de  la)  c'eft-à-dire  ri- 
vière de  la  Magdeléne,  rivière  de  l'Amérique  méridionale 
au  royaume  de  la  nouvelle  Grenade.  Elle  fe  grolht  des 
rivières  de  Carara  ,  Pati ,  Guali ,  Se  de  quelques  autres  ; 
enfuite  elle  fe  ped  elle  même  dans  la  rivière  de  Sainte- 
Marthe,  dans  la  province  de  Sainte-Marthe,  félon  An- 
toine Herrera  ,  cité  par  Baudrand  ,  édit.  1682. 

2.  MAGDALENA.  Confultez  Fornello. 

3.  MAGDALENA ,  en  François  baie  de  la  Magdeléne, 
baie  de  l'Amérique  feptentrionale ,  au  midi  de  la  Cali- 
fornie, à  l'orient  de  la  baie  de  faint  Martin,  vers  les  25 
degrés  de  latitude  nord,  &  les  263  degrés  de  longitude. 
*  De  ilfle  ,  Atlas. 

MAGDAL-GAD  ,  ville  de  la  tribu  de  Juda,  .7*/^,  15, 
37.  Ce  mot  Magdal  Gad  lignifie  la  Tour  de  Gad.  C'elt 
l'interprétation  que  lui  donne  D.  Calmet. 

MAGDALONUM.  Voyez.  Matalone. 

MAGDALSENNA  ,  ville  à  fept  milles  de  Jéricho  vers 
le  feptentrion  ,  fuivant  Eufébe  ,  in  loch  ,  cité  par  Dora 
Calmet. 

MAGDALUM.  Moyfe  dit  que  les  Ifraélites  étant  for- 
tis  d'Egypte,,  ExoJ.  14.  2.  le  Seigneur  leur  dit  d'aller  cam- 
per vis  a-vis  Pjoilairoth  ,  entre  Magdalum  &  la  mer  vis- 
à-vis  Béelfephon.  On  ne  fait  fi  c'etoit  une  ville  ou  une 
fimple  tour.  Les  prophètes  parlent  allez  fotivent  de  Mag- 


dalum dans  labaile  Egypte  ,  oppofée  à  la  ThébaVde.  L'iti* 
néraued  Antonin  marque  Magdalum  à  douze  milles  de 
Pelufe.  *  je.  en:.  1  3  ,  2.  &   14.  Ez,ech.  29  ,  10. 
MAGDALUS.  Voyez.  Magcchos. 
MAGDEBOURG  ,  ville  d'Allemagne  au  cercle  de  la 
Balle  Saxe,  dans  le  duché  de  même  nom  dont  elle  eft  la 
capitale.  Elle  eft  fituée  fur  le  bord  de  l'Elbe  ,333  deg.  jo 
mm.  de  longitude  ,  &  à  62  deg.   18  min.  de  latitude  ,  fé- 
lon lkrtius  ;  mais  Bcrtius  fe  trompe  ,  c\.  nos  cartes  lui  don- 
nent 29  deg.  ;o  min.  de  longitude  ,  &  ;  2  deg.  1 8  min.  de 
latitude ,  entre  Halberftat  qui  en  eft  éloigné  de  neuf  mil- 
les ,  &  Wittemberg  qui  en  eft  à  douze.  Cette  ville  qui  eft 
bien  fortifiée  ,  eft  auflï  très  confidérable  à  caufe  du  grand 
commerce  que  lui  procure  l'Elbe  ,  fur  laquelle  grande 
quantité  de  vaifieaux  marchands  partis  de  Hollande ,  de 
Hambourg  &  d'autres  lieux  maritimes  remontent  jusque- 
là  ,  &  fe  rangent  le  long  d'un  grand  quai.  Cetie  rivière 
forme  devant  la  ville  une  iflequi  a  des  fortifications  faites 
de  terre ,  quelques  maifons  &  de  grands  chantiers  ou  ma- 
gazins  de  bois  de  fapins.  Ce  bois  ,  qui  eft  propre  a  con- 
ftruire  des  vaifieaux  ,  lé  transporte  à  Hambourg,  où  di- 
vers étrangers  fe  rendent  pour  l'acheter.  L'ifie  eft  jointe  à 
la  campagne  &  à  la  ville  par  deux  ponts  ,  dont  le  pre- 
mier eft  défendu  par  un  fort  bâti  de  pierres  de  taille.  * 
Mémoires  communiqués. 

Quelques  auteurs  croient  que  cette  ville  eft  fort  an- 
cienne. Plufieurs  veulent  que  ce  foit  le  Mefuium  de  Pto« 
lomée.  Jean  Pomarius  qui  a  fait  un  fommahe  des  chroni- 
ques de  Magdcbourg,  où  il  étoit  curé  d'une  paroifle, 
prétend  que  Drufus,  général  Romain  ,  avoit  jette  les  fon- 
demens  de  cette  ville  dans  l'endroit  où  le  cloître  de  Ste 
Magdeléne  a  été  placé  depuis  -,  &  que  l'ancienne  tour  de 
brique,  qu'on  voit  encore  près  de- là  ,  eft  un  reftedes  for- 
tifications romaines.  Mais  cet  Analifte  auroit  eu  de  la 
peine  à  montrer  ,  par  le  témoignage  de  quelqu'auteur  an- 
cien, que  la  domination  des  Romains  fe  foit  étendue  pour- 
lors  jusque-là.  Quoi  qu'il  en  foit,  le  même  Pomarius  eft: 
porté  à  croire  que  cette  ville  tire  fon  nom  de  celui  de  Ma- 
gada,  fous  lequel  Venus  étoit  connue  &  adorée  en  ces 
quartiers  ,  d'autant  que  d'anciennes  annales  afturent  que 
cette  Déefie  y  avoit  un  temple  fameux  ,  qui  fut  refpeété 
parles  Huns  &  les  Wendes  ou  Wandales  ,  lorsqu'ils  ra- 
vagèrent ce  pays  ,  Se  fubfilia  même  jusqu'au  tems  de  Char- 
lemagne.  Mais  Bertius  &  d'autres  rejettent  cette  étymo- 
logic  ,  Se  veulent  que  Magdebourg  ait  pris  fon  nom  de 
deux  mots  germaniques  Magd  &  Burg  ,  dont  le  ptemier 
fignifie  une  vierge  ,  Se  qu'elle  ait  été  ainfi  appellée  par 
l'impératrice  Edithe  qui  l'avoir  reçue  en  prefent  denoces, 
de  l'empereur  Othon  fon  mari  ,  Se  qui  lui  procura  en- 
fuite  la  plupart  des  avantages  dont  elle  a  joui  depuis.  De- 
là viennent  les  noms  de  Parthenopyrga,  de  Parthe- 
nope,  Se  de  Parthenotous  ,  que  lui  donnent  certains 
auteurs  qui  ne  veulent  jamais  s'exprimer  que  d'une  ma- 
nière favante.Quoi  qu'il  en  foit  du  nom ,  la  place  ou  l'ha- 
bitation avoit  fubfifté.pluficurs  fiécles  auparavant  ;  Char- 
lemagne  qui  y  avoit  fait  quelque  féjour  &  en  avoit  trouvé 
lafituation  commode,  l'avoit  fort  embellie.  Ce  prince  y 
avoit  fait  bâtir  une  magnifique  églife  fous  l'invocation  de 
faint  Etienne ,  après  avoir  fait  renverler  le  fameux  tem- 
ple de  Vénus ,  dont  j'ai  déjà  parlé  ;  il  y  avoit  aulfi  élevé 
une  forterciïe  pour  tenir  en  bride  les  Saxons  de  ces  quar- 
tiers. Mais  tous  les  ouvrages  de  ce  grand  prince  ayant  été 
détruits  après  fa  mort  par  lesWendes,  qui  ravagèrent  ce 
lieu  à  diverfes  fois,  ce  fut  uniquement  dans  le  bonheur 
que  cette  place  eut  de  faire  partie  du  douaire  d'Edithe . 
qu'elle  trouva  le  principe  de  la  grandeur  où  elle  eft  par- 
venue. Othon,  à  la  confidération  de  cette  princelTe,  lui 
donna  une  plus  grande  enceinte  Se  de  rrès-grands  privi- 
lèges ,  la  revêtit  de  murs  ,  y  établit  des  foires ,  &  y  trans- 
féra l'évêché  que  fon  père  Henri  I.  avoit  mis  à  Wallers- 
lcben.  Il  y  avoit  d'abord  fondé  un  magnifique  monaftère 
de  l'ordre  de  fainr  Benoît  ;  mais  il  le  transféra  enfuite  fur 
une  montagne  voifine,  pour  faire  place  à  l'églife  cathé- 
drale dont  il  commença  l'édifice  ,  qui  fut  achevé  après  fa 
mort  par  l'évêque  Geron  fon  exécuteur  teftamentaire, 
auquel  il  laifia  de  grandes  fommes  à  cette  intention.  Cet 
empereur  avoit  même  obtenu  du  pape  que  l'évêché  feroit 
érigé  en  fiége  archiépiscopal ,  Se  qu'il  auroit  fous  lui  les 
évêchés  de  Merfebourg ,  de  Meificn  ,  de  Zeirs ,  de  Ha- 
veiberg  ,  Se  de  Brandebourg.  Après  la  mort  d'Othon , 


MAG 


MAG 


Magdebourg  ,  voulant  honorer  la  mémoire  de  ce  prince, 
qu'elle  avoit  lieu  de  confidérer  comme  fon  fondateur , 
lui  fit  drefler  vis  a  vis  de  la  maifon  de  ville  une  ftatue 
cqueftre  ,  accompagnée  de  celles  de  fes  deux  femmes, 
Ediihccv  Adélaïde,  &deplufieurs  figures  d'hommes  ar- 
més ,  qui  tiennent  les  armoiries  de  fes  principaux  do- 
maines héréditaires.  Ce  monument  fublilte  encore  ;  il  eft 
enfermé  dans  une  espèce  de  loge  percée  d'une  manière 
à  laiilér  voir  de  tous  côtés  ce  qu'elle  contient. 

11  elt  clair  que  cette  ville  ne  fur  pas  d'abord  fujette  à 
fon  archevêque  pour  le  temporel ,  ôc  qu'elle  relia  foumife 
immédiatement  aux  empereurs  ;  mais  ces  princes  lui  per- 

■  mirent  enfuite  de  fe  gouverner  elle  même,  félonies  loix 
néanmoins  qu'elle  avoit  reçues  de  leurs  prédécefleurs ,  ôc 
moyennant  qu'elle  reconnût  toujours  la  haute  fouverain- 
netédu  chef  de  l'empire  ;  dans  la  fuite  elle  s'eft  foumife 
en  partie  à  la  jurisdidtion  temporelle  de  fes  archevêques, 
qu'elle  regardoit  pourtant  plutôt  comme  les  premiers  com- 
miflaires  impériaux  ,  que  comme  fes  véritables  fouverains. 
Auflï  a-t'clle  toujours  eu  quelque  démêlé  avec  eux  ôc  le 
chapitre  ;  ôc  enfin  du  tems  de  fes  derniers  archevêques  . 
elle  avoit  presque  retiré  à  elle  toute  l'autorité  dont  ils 
s'étoient  emparés.  Joachim- Frédéric  de  Brandebourg, 
fut  obligé  de  lui  céder  par  convention  le  droit  de  dispofer 
de  toutes  les  charges  féculieres  ,  ôc  même  de  quantité  de 
polies  eccléfialliques  ,  ne  fe  réfervant  de  jurisdiction  que 
dans  les  caufes  matrimoniales.  Encore  ne  devoit-il  en 
connoître  que  conjointement  avec  un  certain  nombre  de 
confeillers  eccléfiaftiques  ôc  laïques  nommés  par  elle. 
Comme  il  y  avoit  déjà  eu  beaucoup  de  disputes  au  fujet 
d'une  porte  de  la  ville  qui  eft  proche  de  la  cathédrale  ,  ce 
même  archevêque  confentit  aulïî  que  les  bourgmellres  en 
enflent  les  clefs  ,  pourvu  qu'ils  s'obligeaflent  de  la  lui  ou- 
vrir à  quelque  heure  qu'il  voulut  entrer  dans  la  ville,  ou 
en  fortir. 

Le  fiége  épiscopal ,  qui  fut  transféré  de  Wallersleben 
dans  cette  ville  ,  eft  le  même  qui  avoit  été  établi  par  l'em- 
pereur Charlemagne  à  Schieder  ou  Styde  fur  l'Emmer , 
dans  le  comté  de  Schwalembourg  ,  qu'on  nomme  aujour- 
d'hui le  comté  de  la  Lippe.  L'empereur  Henri  I.  Pavoic 
transféré  de-là  à  Wallersleben  ,  d'où  Othon  I.  fon  fils , 
Iota  pour  le  placer  à  Magdebourg ,  &  le  fit  ériger  en  ar- 
chevêché ,  comme  nous  l'avons  dit.  L'archevêque  obtint 
même  dans  la  fuite  le  titre  de  primat  de  Germanie  ;  mais 
il  n'a  jamais  été  reconnu  en  cette  qualité  par  les  trois  éle- 
cteurs eccléfialliques ,  ni  par  l'archevêque  de  Saltzbourg. 
Adalbert,  qui  fut  tiré  du  monaflère  de  faintMaximin  de 
Trêves,  fut  le  premier  archevêque  de  Magdebourg  l'an 

?  968.  Norbert  inftituteur  de  l'ordre  de  Prémontré  ,  ôc  le 
treizième  archevêque  de  cette  ville  ,  accompagna  l'em- 
pereur Lothaire  jusqu'à  Rome  ,  Ôc  vint  à  bout  de  termi- 
ner les  différends  d'Innocent  ôc  d'Anaclet  qui  fe  dispu- 
toient  la  chaire  de  faint  Pierre.  Ce  fervice  lui  valut  le  ti- 
tre de  primat  de  Germanie  que  fes  fuccefleurs  ont  con- 
firmé.Albert  de  Brandebourg ,  fils  puîné  de  l'électeur  Jean 
I.  fut  fon  quarante-deuxième  archevêque.  Ce  prélat ,  qui 
avoit  été  facré  en  1 5  1 3.  eut  le  chagrin  de  voir  Luther  pu- 
blier fa  nouvelle  doctrine  dans  Magdebourg  même,  ôc  ne 
manqua  pas  de  s'oppofer  fortement  à  fon  progrès.  Ce- 
pendant, pour  avoir  la  paix  ,  il  permit  l'an  1  j 36.  à  la  no- 
blefle  ôc  au  peuple  des  diocèfes  de  Magdebourg  ôc  d'Hal- 
berflat  le  libre  exercice  de  la  nouvelle  religion  ,  a  condi- 
tion que  les  chapitres  ,  les  monaflères  ôc  cloîtres  fubfifte- 
roient  en  leur  premier  état.  Jean-Albert  de  Brandebourg, 
fon  coufin  ,  lui  ayant  fuccédé  en  1545.  les  habitans  »  qui 
avoient  presque  rous  embrafle  les  opinions  de  Luther , 
chaflerent  les  chanoines ,  &  furent  foutenus  par  Jean- 
Fredéric  électeur  de  Saxe,  ce  qui  fit  mettre  cette  ville  au 
ban  de  l'empire.  Sigismond,  fils  de  Joachim  IL  électeur 
de  Brandebourg  ,  quarante-cinquième  archevêque  ,  prit 
goût  pour  la  confeffion  d'Ausbourg  ,  ôc  voulut  abolir  en- 
tièrement les  cérémonies  de  Péglife  catholique  dans  fon 
diocèfe  -,  mais  il  mourut  en  1556.  lorsqu'il  travailloit  for- 
tement à  cette  entreprife.  Son  fuccefieur  Joachim  -Frédé- 
ric de  Brandebourg ,  déjà  évêque  de  LIavelberg  ôc  de  Le- 
bus  ,  fut  poflulé  la  même  année  par  le  chapitre.  Mais  ce 
prince,  ayant  ouvertement  embraffé  la  réformation  &  s'é- 
tant  marié ,  ne  put  obtenir  de  l'empereur  les  régales  de 
cet  archevêché  ,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  refier  en  pos- 
fiflîon  jusqu'à  l'an  1  j?8.  où  il  fuccéda  à  fon  père  Jean- 


29 

George  dans  l'électorat  de  Brandebourg  Il  fit  auflî  tor  bo- 
itiller l'on  rilsChnltian-Guillaume  pour  cei te  prclat Lire  Ce> 
lui-ci  fe  maria  aulli ,  ôc  relia  néanmoins  en  pollèiiion  de 
cet  archevêché  ,  jusqu'à  ce  que  les  troupes  impériales  le 
firent  piï.onnier  en  1651.  ôc  l'emmenèrent  à  Ncuitadt  en 
Autriche  ,  où  il  abjura  la  religion  protellame.  Le  chapi- 
tre avoit  déjà  quelques  années  auparavant  élu  a  fa  place 
Jean-Auguite  fils  de  l'électeur  de  Saxe.  D'un  autre  côté 
l'empereur  Ferdinand  IL  avoit  obtenu  des  bulles  du  pape 
pour  cet  archevêché  en  faveur  de  l'archiduc  Léopold  fon 
fils ,  après  avoir  fait  défenfe  au  chapitre  de  procéder  à 
aucune  élection.  Néanmoins  Jean-Auguite  trouva  moyen 
de  fe  mettre  en  pofleflîon ,  ôcy  fut  confirmé-  quelques  an- 
nées après  par  l'empereur  même.  Il  fut  le  dernier  arche- 
vêque de  Magdebourg  ,  parce  qu'il  fut  ftipulé  par  le 
traité  deWeftphalie  qu'après  la  mort  cet  archevêché  fe- 
roit  poflédé  en  fief  perpétuel  de  l'empire  par  l'cleéteur 
de  Brandebourg,  en  compenfation  de  la  Poméranie  cité- 
ricure&de  rifle  de  Rugen ,  que  ce  dernier  cédoit  aux 
Suédois.  Ainfi  depuis  l'an  1666.  auquel  Jean-Auguite 
mourut  ,  Magdebourg  ôc  le  reflc  de  l'archevêché  qui 
fut  fécularifé  ,  font  en  puiflance  de  cet  électeur. 

Au  refte  ,  cette  ville  a  beaucoup  fouffert  par  les  guer- 
res &  divers  autres  accidens.  En  1  o  1 3 .  elle  fut  presqu'en- 
tiérement  ruinée  par  Boleflas  ,  roi  de  Pologne.  En  1 1 80. 
un  incendie,  qui  commença  pendant  les  fêtes  de  Pâques , 
la  réduifit  presque  en  cendres.  En  12 14.  l'empereur  Othon 
IV.  vint  camper  devant  elle  avec  une  armée  nombreufe  , 
ôc  en  détruifit  les  dehors  ôc  les  fauxbourgs  oit  étoient  les 
églifes  de  faint  Pierre  ,  de  faint  Jacques  ôc  de  fainte  Ca- 
therine ,  qui  après  leur  rétabliffement  furent  renfermés 
dans  la  nouvelle  enceinte.  Les  mouvemens  qui  furent  les 
fuites  des  opinions  nouvelles,  y  ont  auflî  caufé  de  gran- 
des délblations  ,  en  l'expofant  plufîeurs  fois  au  ban  de 
l'empire  &  à  de  longs  fieges  ;  favoir  ,  en  1 547.  lorsqu'elle 
eut  charte  les  chanoines  ,  fe  fiant  fur  l'appui  de  Jean- 
Frédéric  électeur  de  Saxe  :  en  1/49.  lorsqu'elle  eut  refufé 
de  recevoir  l'intérim  de  Charles  V,  le  nouveléledteur  de 
Saxe,  Maurice,  qui  avoit  eu  la  commiflîon  de  la  contrain- 
dre ,  lui  fit  fourbir  un  fiége  de  quinze  mois.  Mais  celui 
qu'elle  foutint  en  163 1.  contre  les  Impériaux  qui  étoient 
fous  la  conduite  du  comte  de  Tilli,  lui  fut  bien  plus  fu- 
neite  ;  car  ayant  eu  le  malheur  d'être  prife  d'aflaut ,  elle 
fut  abandonnée  à  la  fureur  du  foldat  qui  y  commit  tous 
lesdéfordres  imaginables  ■-,  fix  grandes  églifes  paroiffiâles 
ôc  celles  de  plufieurs  cloîtres  ,  dont  la  plupart  étoient 
couvertes  de  plomb  ôc  quelques-unes  même  de  cuivre  , 
du  moins  en  partie ,  furent  entièrement  ruinées  ;  ôc  de 
toutes  lès  maifons  particulières,  il  n'en  échapa  aux  flam- 
mes que  cent  trente-neuf.  Magdebourg  a  été  fort  long- 
tems  à  fe  remettre  de  ce  malheur  -,  préfenrement  elle  ell 
en  auflî  bon  état  qu'elle  ait  jamais  été. 

La  cathédrale  de  cette  ville  eft  un  bel  édifice,  dont 
l'Archevêque  Albert  I.  jetta  les  fondemens  en  1 210.  Car 
celle  qu'Othon  avoit  fait  bâtir,  ôc  la  principale  paroifle 
avoient  été  détruites  par  le  feu.  Cette  féconde  cathédrale 
qui  n'a  pas  été  placée  fur  les  fondemens  de  la  première , 
a  été  conftruite  avec  des  proportions  peu  ordinaires.  Elle 
devoir  avoir  quatre  tours  d'une  égale  hauteur  ;  mais  i!  n'y 
en  a  que  deux  qui  ayent  été  achevées  ■■,  lesdeux  autres  n'ont 
que  la  moitié  de  l'élévation  qu'elles  dévoient  avoir.  La 
hauteur  de  la  voûte  du  milieu  eft  égale  à  la  largeur  de 
tout  le  vaifleau,  ôc  fa  longueur  eft  égale  à  la  hauteur  des 
tours  qui  font  finies.  Derrière  le  grand  autel  du  chœur  fc 
voyent  les  tombeaux  de  l'empereur  Othon  ôc  de  l'impéra- 
trice Edithe  ,  dont  les  ofiemens  ont  été  retirés  des  ruines 
de  l'ancienne  cathédrale.  Sur  le  devant  du  même  chœur 
eft  une  belle  ftatue  de  marbre  qui  repréfente  faint  Mau- 
rice patron  de  cette  églife  ,  tenant  d'une  main  un  écu  avec 
l'aigle  de  l'empire ,  Se  de  l'autre  un  étendard  qui  eft  celui 
dont  les  habitans  ,  ou  les  milices  de  la  ville  fe  fervent , 
lorsqu'ils  ont  à  marcher  contre  l'ennemi.  Cette  cathé- 
drale eft  dédiée  à  ce  Saint ,  parce  que  la  première  l'avoit 
été  en  conféquencé  du  vœu  qu'Othon  I.  fon  fondateur 
avoit  fait  avant  la  bataille  qu'il  donna  aux  Hongrois  près 
du  Lech  l'an  650.  au  cas  qu'il  pût  remporter  la  victoire. 
Il  y  a  proche  de  la  chaire  du  prédicateur  une  chapelle  que 
l'on  nomme  communément  la  chapelle  d'Orhon  ,  parce 
que  cet  empereur  y  eft  repréfente  avec  l'impératrice  Edi- 
the, en  bas- relief  au- dcflïis  d'un  autel.  Othon  y  tient  de 


3° 


MAG 


MAG 


la  main  droite  une  espèce  de  table  chargée  de  dix  neuf 
petites  tonnes ,  qui  marquent  que  ce  prince  avoit  employé 
dix-neuftonnesd'oralaconftrucT:ion  de  la  première  ca- 
thédrale. L'orgue  eft  un  très-bel  ouvrage.  Son  plus  grand 
tuyau  en;  long  de  trente  deux  pieds ,  &  fi  gros,  qu'un  hom- 
me peut  à  peine  l'embraser. 

Sur  le  grand  marché  fe  voit  la  ftatue  de  Roland  ou  Ru- 
land,  telle  que  Charlcmagne  la  failbit  mettre  dans  les 
villes  qu  ilfondoit  ou  qu'il  reftauroit.  A  l'oppofire  eft  celle 
d'un  grand  cerf  que  le  peuple  dit  avoir  été  tué  par  Roland. 
Maison  ne  fait  pointau  jufte  pourquoi  ces  ftatues  portent  le 
nom  deRuIand.Plufieurs  difent  qu'elles  l'ont,parce  qu'elles 
repréfentent  un  neveu  de  Charlemagne,  appelle  Roland 
ou  Ruland  ,  qui  lui  avoit  rendu  de  très-grands  fervices 
dans  la  Saxe  ôc  ailleurs.  Ils  ajoutent  que  ce  vaillant  ca- 
pitaine fut  furpris  ôc  tué  par  les  Gascons ,  lorsqu'il  rame- 
noit  fon  armée  vicLorieufe  d'Espagne.  D'autres  préten- 
dent que  ce  font  les  ftatues  de  cet  empereur  même  ,  d'au- 
tant qu'elles  tiennent  de  la  main  droite  une  épée  ôc  de  la 
gauche  l'aigle  de  l'empire  ,  ôi  que  d  ailleurs  on  ne  trouve 
aucune  hiftoire ancienne  de  Germanie,  qui  fafle  mention 
des  victoires  remportées  par  quelque  capitaine  nommé 
Roland.  Enfin  d'autres  les  regardent  fimplement  comme 
une  marque  de  jurisdiétion  impériale  ,  avouant  qu'ils  ne 
favent  pas  ce  qui  peut  leur  avoir  procuré  le  nom  qu'elles 
portent.  Néanmoins  je  crois  qu'il  n'eft  pas  impofliblede 
le  deviner  ,  ôc  qu'on  pourroit  rencontrer  aflez  jufte  ,  en 
prenant  ce  nom  pour  un  terme  compofé  du  mot  Land  , 
qui  figniiîe  pays ,  ôc  de  Rulen  ancien  mot  faxon  ,  qui  fi- 
gnifioit  gouverner  ,  régler  :  un  figne  de  jurisdi&ion  ne 
pouvoic ,  ce  femble  ,  avoir  de  nom  mieux  approprié  ou 
plus  convenable  à  fon  ufage.  On  doutera  peut-être  que  le 
mot  Kukn  ait  été  de  l'ancien  Saxon  ,  parce  qu'il  n'eft  plus 
en  ufage  dans  la  langue  get manique  ;  mais  deux  raifons  le 
prouvent.  En  premier  lieu,  le  terme  fe  trouve  avec  lefim- 
ple  changement  de  terminaifon  dans  la  langue  angloife  , 
qui  a  confervé  une  grande  quantité  de  mots  faxons  :  en  fé- 
cond lieu  la  langue  faxonne  d'aujourd'hui, n'ayant  plus 
pour  la  fignification  dont  il  s'agit  ici  qi:e  des  termes  em- 
pruntés des  autres  langues  ,  fait  aflez  voir  qu'elle  a  perdu 
celui  qu'elle  avoit  de  fon  propre  fonds. 

MAGDEBOURG,  (  le  Duché  de  )  pays  d'Allemagne 
au  cercle  de  la  Bafle-Saxe.  C'étoit  autrefois  le  diocèfe  ÔC 
l'état  fouverain  de  l'archevêque  de  Magdebourg  \  c'eft  à 
préfent  un  fimple  duché  ,  depuis  qu'il  a  été  fécularifé  en 
faveur  de  l'électeur  de  Brandebourg  qui  en  jouir.  Il  eft 
borné  par  la  vieille  Marche  de  Brandebourg  au  fepten- 
trion ,  par  la  moyenne  Marche  à  l'orient ,  par  les  princi- 
pautés d'Anhalt  &d'Halberflat  au  midi,  Ôc  par  le  duché 
de  Brunswic  à  l'occident.  Cet  archevêché,  qui  eft  très-con- 
fidérable  par  fon  revenu  ôc  par  la  dignité  de  primat  de 
Germanie  ,  a  été  long-tems  pofledépar  des  princes  de  la 
maifon  de  Brandebourg.  C'eft  fous  leur  régence  que  la 
confefiîon  d'AugsbGiug  s'y  eft  introduite-lLa  été  fécularifé 
par  les  traités  de  paix  de  Weftphalie  ,  qui  en  aflurerent  la 
polîelfion  à  l'électeur  de  Brandebourg  ,  après  la  mort  de 
Jean-Augufte  de  Saxe  fon  dernier  archevêque ,  ou  plutôt 
adminiftrateur.  Il  fait  donc  aujourd'hui  partie  des  états 
du  roi  de  Prufle  ,  à  titre  de  duché  féculier.  Néanmoins 
le  chapitre  fubfifle  encore  à  Magdebourg  capitale  de  ce 
nouveau  duché.  Les  villes  qu'il  renferme  ,  font  : 
Magdebourg  ,  capitale ,  Saltz , 

Bergen  ,  monaftère,  Wolmerftadt, 

Burg  ou  Borch  ,  Kalbe , 

Staffurt  ou  Stasfurt ,  Loburg. 

Le  duché  de  Magdebourg  comprend  aufli  un  petit  can- 
ton fur  la  rivière  deSaale,  nommé  der  Saale  Kreift,  où 
font , 

Halle ,  Giebigenftein ,         &  Pètersberg. 

Weutin  ,  Lebeguin  , 

MAGDHIELou  Magdiel, lieu  delà  Paleftineà  cinq 
milles  de  Dora  ,  tirant  vers  Ptolémaïde  ,  félon  Dom 
Calmer ,  Diction,  qui  croit  que  c'eft  Mageddo  ,  ou  Mag- 
dolos.  Saint  Jérôme  écrit  Magdhiel;  les  Septante  M*y- 
«TaA/wX  -,  ôc  Pagnin  ,  Migdahel. 

MAGDOLOS  ou  Magdolus  ,  ville  d'Egypte.  Jéré- 
mie ,  c.  46.  en  parle  ,  auffi  bien  qu'Hérodote ,  /.  2.  c. 
1/9.  &  Etienne.  L'itinéraire  d'Antonin  femble  la  placer 
aux  environs  du  Delta ,  du  côté  de  l'orient  à  douze  mil- 
les de  Pelufe.  Ortclius ,  Thejaur.  croit  que  Magdolos 


eft  la  même  ville  que  Magdalum  ,  dont  il  eft  parlé  dans 
l'Exode  ,  14.  2  ,  où  au  lieu  de  Magdalum  ,  Pagnin  écrit 
Migdol.  On  lit  Mctyiïaxlruv  fur  une  médaille  de  l'empe- 
reur Antonin  Pie  ,  in  Goltz..  Thefaur.  D.  Calmet  juge 
que  Magdolos  ôc  Mageddo  font  la  même  ville. 

i.MAGDUNUM,  ancienne  ville  de  la  Gaule  Aqui- 
tanique  dans  le  voifinage  d'Orléans  fur  la  Loire.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  la  vie  de  faint  Lifard  folitaire.  Voyez. 
Mehun  fur  la  Loire.  *  Adrian.  Valef.  notir.  Gall.p.  z i2„ 

2.  MAGDUNUM  ,  ancienne  forterefle  aux  confins  du 
Berri  fur  la  rivière  d'Yeure.  Aimoin ,  /.  3.  hifl.  Francicœ  i 
dit  que  de  fon  tems  ce  château  fe  nommoit  Cafirum  Me- 
diolanenfe  ;  ôc  que  du  tems  de  Grégoire  de  Tours  il  étok 
appelle  Magdunum.  Voyez.  Mehun  fur  Yeure. 

MAGEDAN  ,  ou  Majedan  ,  ou  Medan  ,  lieu  de  la 
Paleftine  dans  le  canton  cie  Dalmanutha  Saint  Marc  ,  8. 
10.  dit  que  Jefus-Chrift,  s'érant  embarqué  fur  la  mer  de 
Tibériade  avec  fes  disciples,  vint  à  Laimanutl.a.  Saint 
Matthieu  ,  15.39,  rapportant  le  même  événement  ,  dit 
que  le  Sauveur  alla  à  Magedan  ;  ôc  plufieurs  manuscrits 
de  faint  Marc  lifent  de  même.  Le  grec  de  faint  Matthieu 
porte  Magdala,  Le  fyriaque,  l'arabe  ôc  plufieurs  exem- 
plaires grecs  portent  Magdan  ;  il  s'agit  de  favoir  où  font 
fituées  Magedan  &  Dalmanutha.  Brocard  ,  Defcr.  Terra 
[and.  c.  3.  a  cru  que  Magedan  ou  Medan  ,  étoit  la  fourec 
du  Jourdain  nommé  Dan  ,au  pied  du  mont  Liban.  Il  eft 
certain  ,  voyez.  Rtland.  PaUft.  t.  1.  c.  41.  p.  265.  qu'aux 
environs  du  lac  Phiala  ,  qui  eft  la  vraie  fource  du  Jour- 
dain ,  il  y  a  pendant  tout  l'été  un  grand  nombre  de  Sara- 
zins ,  d'Arabes  ôc  de  Parthes  ,  qui  y  font  une  foire ,  ôc 
qui  y  demeurent  à  caufe  de  la  beauté  du  lieu  &  de  la 
commodité  du  commerce  \  ce  qui  lui  fait  donner  le  nom 
de  Medan  ,  c'eft  à-dire  foire  en  arabe.  Hégeflppe  ,  pag. 
108.  donne  à  cet  endroit  le  nom  de  Melda  ou  Meldan, 
qu'il  intetptéte/oîVc  ou  marché.  De  Meldan  on  peut  faire 
Delmana,  ou  Delmanata  ,  ou  Delmanutha.  Ainfi  Me- 
dan ,  Magedan ,  Delmana  ôc  Delmanutha  ne  feront  que 
la  même  chofe  ;  ôc'ù  faudra  dire  que  Jefus-Chrift  ,  ayant 
pafle  le  lac  de  Tibériade  ,  s'avança  vers  les  fources  du 
Jourdain ,  ôc  alla  à  Medan. 

Eufebe&  faint  Jérôme  placent  Magedan  aux  environs 
de  Gérafa  au-delà  du  Jourdain.  Ils  difent  que  de  leur  tems 
ce  canton  s'appelloit  encore  Magedene  :  or  Gerafa  étoic 
au-delà  ôc  à  l'orient  de  la  mer  de  Tibériade.  Cellarius  & 
Lightfootfuivent  la  leçon  qui  porte  Magdala  ,  au  lieu  de 
Magedan.  Ils  placent  Magdala'au  voifinage  de  Gadare  &  de 
Tibériade  ,  à  l'orient  du  lac  de  Genefareth  ,  ôc  difent  que 
c'eft  au  voifinage  de  cette  ville  de  Magdala  qu'étoit  celle 
de  Dalmanutha.  Hammon  ôc  quelques  autres  prétendent 
que  S.  Marc  a  voulu  parler  de  la  ville  de  Magedo  ,  nom- 
mée Magedan  dans  Zacharie,  12.  11.  fameufepar  la  mort 
des  rois  Ochofias,  IV.  Reg.  9.  27.  ôc  Jofias,  IV.  Reg.  23. 
29.  qui  y  furent  mis  à  mon.  Jefus  Chrift  n'alla  pas  jusqu'à 
Magedo  ;  mais  jusqu'aux  confins  de  Magedan,  comme  por- 
te le  texte  de  faint  Marc.  Dom  Calmet ,  de  qui  j'emprunte 
cet  article  ,  avoit  fuivi  dans  fon  commentaire  fur  faint 
Mathieu  >  15.  39.  le  fentiment  de  Cellarius  ôc  de  Light- 
foot  ;  mais  après  fa  découverte  touchant  Medan ,  ou  la 
foire  qui  fe  tient  auprès  de  Phiala  ,  il  a  préféré  l'opinion 
qui  y  place  Dalmanutha. 

MAGEDO,  ou  Mageddo,  ou  Megiddo,  ville  delà 
tribu  de  ManafTé ,  Jofué ,  11.  17.  cékbre  par  la  défaite  du 
roi  Jofias  ,  vaincu  ôc  bleité  à  mort  par  Nechao,  roi  d'E- 
gypte. Hérodote ,  /.  2.  c.  159,  parlant  de  cette  victoire  dit  : 
Que  Ncchos  ou  Necho  la  remporta  à  Magdolos.  Il  eft; 
parlé  des  eaux  de  Mageddo  dans  le  livre  des  Juges,  c.  ;.  1 9. 

MAGELLA,  ancienne  ville  d'Italie  en  Sicile,  félon 
Tite-Live.  On  croit  que  e'eft  aujourd'hui  Mongellino 
dans  la  vallée  de  Noto. 

MAGELLAN  ,  (  Détroit  de  )  dans  l'Amérique  Méri- 
dionale. Ce  fameux  détroit ,  qui  a  été  découvert  par  Fer- 
dinand Magellan  Portugais,  ôc  en  a  pris  le  nom ,  eft,  félon 
Acofta ,  fur  42  d.  ou  environ  de  la  Ligne  vers  le  Sud  ,  ôc  a 
de  long  90.  ou  1  co.  lieues  au  plus ,  d'une  mer  à  l'autre ,  & 
une  lieue  feulement  de  large  où  il  eft  le  plus  étroit.  On 
avoit  perfuadé  au  Roi  d'Efpagne  d'y  bâtir  une  forterefle  , 
afin  de  fermer  le  pafîage  de  la  mer  du  Sud  aux  autres  Na- 
tions. La  mer  y  eft  fi  profonde  en  quelques  endroits ,  qu'on 
n'en  peut  trouver  le  fond  ;  en  d'autres  elle  n'a  que  1;  ou 
18  brades.  Des  cent  lieues  que  ce  détroit  a  de  long  ,  la 


MAG 


MAG 


iner  du  Sud  en  occupe  trente ,  ôc  la  mer  du  Nord  foi- 
xante  ôc  dix  \  ce  que  l'on  connoît  par  une  réparation  ma- 
nifeftc  entre  leurs  eaux ,  ôc  par  une  certaine  réeiproea- 
tion  des  marées.  Dans  cet  efpace  de  trente  lieues  ,  le 
détroit  eft  moins  large ,  ôc  tellement  fermé  de  côté  ôc 
d'autre  par  de  hautes  montagnes ,  toujours  couvertes  de 
neige  ,  qu'il  femble  de  loin  que  leurs  lbmmets  fe  tou- 
chent. Ainfi  l'embouchure  du  détroit  ne  fauroit  être  dis- 
cernée fans  peine  par  ceux  qui  v  viennent  de  l'Queft.  Il 
eit  fort  profond  dans  ce  même  efpace  ,  ôc  la  côte  de  cha- 
que côté  y  eft  fort  droite  ,  de  manière  que  les  ancres  y 
peuvent  difficilement  tenir.  Les  Espagnols  donnèrent  di- 
vers noms  aux  lieux  qui  font  entre  le  détroit ,  lorsque  Ma- 
gellan le  découvrir.  La  plus  grande  partie  de  ces  noms 
font  abolis ,  excepté  ceux  des  deux  caps  qui  font  fur  l'une 
ôc  l'autre  mer.  Celui  qui  eft  fur  celle  du  Nord  à  la  droite 
quand  on  y  entre  ,  elt  appelle  Qtbo  de  las  Virgines  ,  par- 
ce qu'il  fut  découvert  le  jour  de  fainte  Urfule ,  ôc  celui 
qui  s'avance  dans  la  mer  Auftrale  ,  eft  nommé  encore  au- 
jourd'hui Cabo  Dejfcado  ,  c'eft-à-dire  Cap  Defiré. 

Fardinand  Magellan,  ayant  fait  voile  le  i4d'Août  1720, 
de  la  baie  faint  Julien  où  il  avoit  hiverné  ,  alla  dans  la  ri- 
vière de  fainte  Croix ,  d'où  étant  parti  dans  le  mois  d'Octo- 
bre ,  il  courut  le  long  de  la  côte  vers  le  Sud  ,  ôc ,  ayant 
effuyé  de  rudes  tempêtes ,  ôc  furmonté  de  grandes  diffi- 
cultés ,  il  arriva  enfin  au  Cap  qu'il  nomma  des  Vierges. 
Là  ,  ayant  découvett  un  grand  canal  qui  entroit  dans  le 
continent ,  il  y  envoya  deux  navires  pour  ledécouvrir.  L'un 
ne  rapporta  rien  de  certain  ,  ôc  l'autre  donna  beaucoup 
d'efpérance  que  ce  détroit  étoit  ouvert  aux  grands  bâti- 
mens.  Ayant  mis  pied  à  terre  ,  environ  à  une  lieue  de  l'em- 
bouchure du  détroit  ,  il  y  trouva  une  petite  loge  ,  ôc 
plufieurs  fépulcres  de  Sauvages.  Il  y  trouva  auffi  une  gran- 
de baleine  ôc  plufieurs  os  répandus  fur  le  rivage,  ce  qui  lui 
donna  lieu  de  croire  que  ces  lieux  étoient  fujets  à  de  gran- 
des tempêtes.  Vers  la  fin  d'Octobre  il  pafia  le  cap  de  Saint 
Severin  ,  fur  52  degrés  ôc  55  fcrupules  au  Sud  de  la 
Ligne.  Comme  les  Espagnols  virent  plufieurs  feux  la  nuit 
dans  le  continent ,  ils  en  appellereut  cette  partie  Terra 
del  F  uego  ,  ôc  ,  ayant  enfin  franchi  tout  le  détroit ,  ils 
arrivèrent  fur  les  derniers  jours  de  Novembre  dans  la  mer 
.Auftrale.  Magellan  mourut  peu  après  ce  voyage. 

Garfias  de  Loyala  entra  dans  le  même  détroit  au  mois 
d'Av.  i  525,5c  lepaffaaffezheureufement  fur  la  fin  de  Mai. 
11  y  vit  des  Sauvages  de  fort  grande  taille  ,  ôc  les  nomma 
Géants  &  Patagons.  Alors  la  longueur ,  les  partages  étroits , 
les  divers  reculs ,  les  ports  ôc  les  rades  de  ce  détroit  furent 
remarqués  plus  exactement.  Après  avoir  franchi  les  fé- 
conds partages ,  il  trouva  un  port  qu'il  nomma  S.  George  , 
&enfuite  un  autre  qui  fut  appelle  Porto  Frio  ,  à  caufe 
du  grand  froid  que  lui  ôc  fes  gens  y  endurèrent ,  ôc  dont 
plufieurs  moururent. 

Simon  de  Alcazova  fut  le  troifiéme  Espagnol  qui  en- 
treprit d'aller  au  même  détroit.  Il  partit  de  l'irte  de  Go- 
mera  au  commencement  d'Octobre  1534,  ôc  arriva  le 
7  de  Janvier  fuivant  à  25  lieues  du  détroit ,  où  il  entra 
peu  de  tems  après  ;  mais ,  par  la  mutinerie  de  fes  gens  , 
il  fut  contraint  de  retourner  au  port  des  Lions  où  il  périt 
malheuieufement. 

Enfin  trois  navires ,  envoyés  en  1539  ,  par  I'Evêque  de 
Plaifancé  ,  partirent  d'Espagne  au  mois  d'Août  ,  ôc  vi- 
rent le  détroit  le  20  de  Janvier  1540 ,  l'un  des  rrois  le  paf- 
fa  heureufement  ôc  arriva  à  Araquipa.  L'autre  fut  brifé  , 
ôc  le  troifiéme  s'en  retourna  en  Espagne  fans  rien  faire  , 
après  qu'il  tut  hiverné  dans  le  détroit  même  au  port  de 
las  Zonas ,  qui  fut  ainfi  appelle  à  caufe  du  grand  nombre 
de  renards  qu'on  trouva  dans  ces  terres. 

Depuis  ce  tems  jusqu'en  1578,  perfonne  n'ofa  entre- 
prendre de  parter  de  la  mer  du  Sud  dans  celle  du  Nord  , 
jusqu'à  ce  que  le  chevalier  François  Drake  ,  Anglois  fort 
expert  dans  la  marine  ,  étant  parti  d'Angleterre  avec  peu 
de  navires  au  commencement  d'Avril  1577  ,  arriva  au 
Bréfil  fur  les  trente- trois  degrés  au  Sud  de  la  Ligne,  ôc 
entra  fur  là  fin  de  Juin  au  port  S.  Julien  ,  d'où  il  fit  voile 
le  17  d'Août ,  ôc  atteignit  le  détroit  de  Magellan  le  20  de 
ce  même  mois.  Y  étant  entré  il  trouva  trois  ifles  ;  il  nom- 
ma l'une ,  fainte  Elifabeth  ,  l'autre  faint  Barthelemi ,  ôc  la 
troifiéme  faint  George.  Il  paffa  affez  heureufement  le  dé- 
troit au  commencement  de  Septembre  ,  ôc  mouilla  l'an- 
cre fous  une  ifie  qui  en  ferme  presque  l'embouchure  vers 


3* 


la  mer  du  Sud.  Ayant  envoya  fâ  chaloupe,  il  fit  vifiter  foi- 
gneufement  le  canal  qui  s'ouvre  du  côté  du  Nord  <  ôc 
xencontia  dans  cette  ifie  un  canot  de  Sauvages  fait  d  ccorce 
d'aibres ,  ôc  coufu  dune  manière  fi  induftrieufe  avec  des 
courroies  de  peaux  de  loups  marins  ,  qu'il  y  entroit  fort 
peu  d'eau  par  les  jointures.  Ce  canot  avoit  les  deux  bouts 
recourbés  en  manière  de  croilTant.  Ces  Sauvages  étoient 
de  médiocre  grandeur ,  ôc  avoient  le  vifage  peint  de  rou- 
ge. Il  trouva  dans  la  même  ifie  une  petite  cabane  faite  dé 
gazons  &  couverte  de  peaux  d'animaux  ,  dans  laquelle  il  y 
avoit  du  feu  ,  de  l'eau  dans  des  vaifleaux    faits  d'écor- 
ces  femblables  à  celle  des  canots  ,  de  la  chair  de  loups 
marins ,  des  moules  ôc  autres  provifions  de  même  na- 
ture. Le  6  de  Septembre  les  Anglois   entrèrent  dans   la 
mer  du  Sud  ,  où  une  fi  furieufe  tempête  les  agita  pendant 
50  jours  ,  qu'ils  furent  emportés  jusques  fur  la  hauteur 
de  57  degrés  d'élévation  du  pôle  Antarctique  ,  ôc  con- 
traints par  la  violence  des  vents  de  regagner  la  grande  mer. 
Delà  la  même  tempête  les  porta  jusques  fur  la  hauteur  dé 
55  degrés  vers  le  fud  de  la  Ligne  ,  entre  plufieurs  ifles  au- 
près desquelles  ils  s'arrêtèrent  jusqu'à  ce  qu'elle  s'appai- 
sât.  Ces  ifles  qu'ils  nommèrent  Elisabethides  ,  font  la 
partie  de  la  terre  Auftrale  que  l'on  croyoit  autrefois  con- 
tinent. Elles  font  divifées  par  des  canaux  ,  qui,  à  caufe  de 
leur  largeur  ôc  profondeur  paroifioient  autant  de  golfes. 
Ils  y  rencontrèrent  des  Sauvages  avec  leurs  petits  canots 
qui  alloient  de  l'une  à  l'autre  de  ces  ifles ,  ôc  portoient  leurs 
enfants  fur  leur  dos.  Le  vent  étant  devenu  moins  violent 
fur  la  fin  d'octobre  ,  ils  prirent  leur  route  vers  le  nord. 

Thomas  Candish  étant  parti  d'Angleterre  pour  la  même 
entreprife  au  mois  de  Juillet  1586,  avec  trois  navires, 
fut  porté  fur  la  fin  de  Dec.  au  continent  de  l'Amérique 
fur  40  degrés  de  la  Ligne  vers  le  Sud ,  &  arriva  dans  un 
port  qu'il  nomma  Port  Dcfîré.  En  étant  forti  le  6  de  Jan- 
vier ,  il  entra  dans  le  détroit  de  Magellan  ,  où ,  s'étant  url 
peu  avancé  ,  il  prit  un  Espagnol ,  qui  avec  vingt-trois  au* 
très  étoit  refté  de  quatre  cens  que  le  roi  d'Efpagne  avoit 
envoyés  en  ce  lieu  pour  y  bâtir  quelques  villes.  Le  lende- 
main il  franchit  les  premiers  partages  étroits,  qui ,  fuivant 
fon  rapport.font  à  quatorze  milles  anglois  de  l'embouchure 
du  détroit.  De-là  s'étant  avancé  dix  milles  jusqu'aux  ifles 
de  Penguins ,  il  tourna  vers  le  fud-oueft ,  ôc  vifita  Philip- 
peville  ou  Ciudad  del  Rey  Phelipe  ,  qui  avoit  été  bâtie 
peu  d'années  auparavant  auprès  d'une  rade  affez  fûre  par 
Pedro  Sarmiento ,  lorsque  celui-ci  avoit  été  envoyé  par 
dom  Francisco  de  Toledo  viceroi  du  Pérou  ,  pour  pour- 
fuivre  Drake  vers  le  détroit  de  Magellan.  Thomas  Can- 
dish nomma  cette  ville  Port  famine  ,  parce  que  la  plu- 
part de  ceux  que  Sarmiento  y  avoit  laifles  y  étoient  morts 
de  faim.  Il  en  fit  voile  le  14  de  Janvier ,  Ôc  ayant  parte  le 
cap  le  plus  auftral .  de  tous  qu'il  nomma  cap  Froxvarâ 
fur  54  dégrés  de  la  Ligne ,  il  mouilla  l'ancre  le  21  dans 
une  baie  qui  elt  au  côté  du  détroit,  &  la  nomma  la  baie 
d'Elifabeth.  A  deux  lieues  delà  il  trouva  une  rivière  qui 
descend  du  continent ,  où  il  fit  entrer  une  chaloupe  qui , 
étant  montée  environ  à  trois  milles,  trouva  une  contrée 
champêtre  ôc  verte  des  deux  côtés  du  rivage.  De-là  ils 
entrèrent  dans  le  canal  nommé  S.  Jérôme  par  les  Espa- 
gnols à  cinq  lieues  de  la  rivière.  Enfin  le  24  de  Février 
ils  parterent  dans  la  mer  du  Sud.  Le  même  Candish  tâ- 
cha d'y  parter  une  autrefois  en  1591  ;  mais  il  ne  put  en 
venir  à  bout  ôc  mourut  dans  ce  voyage. 

Le  chevalier  Richard  Hawkins  entreprit  la  même  cho» 
fe  en  1593.  Après  avoir  couru  la  côte  du  Brefil  &  la 
rivière  de  la  Pîata  ,  il  fut  porté  par  le  vent  contraire  à  une 
terre  inconnue  ,  ôc  qui  apparemment  étoit  une  partie  du 
continent  auftral ,  fi  tant  elt  qu'il  y  ait  là  quelque  terré 
continue  ,  presque  fur  cinquante  degrés  de  la  Ligne  vers 
le  Sud.  11  courut  le  long  de  cette  côte  au  Nord-eft  envi- 
ron foixante  lieues  ,  ôc  vit  une  fort  belle  contrée  ,  où 
beaucoup  de  feux  qu'on  apperçut  la  nuit ,  firent  juger  qu'il 
y  avoit  aurti  beaucoup  dhabitans.  Enfuite  il  découvrit 
un  cap  qu'il  nomma  point  Tramontaïn.  A  douze  ou  quin- 
ze milles  de  ce  cap  vers  l'e/t ,  il  trouva  une  ifie  devant  la 
terre  ferme  ;  ôc ,  comme  elle  étoit  d'un  afpect.  fort  verd  , 
il  l'appella  Fair  IJland  ,  c'eft  à-dire  belle  ifie  ,  ôc  toute 
cette  terre  Haxv\(ins  Maid-Land.  Le  vent  étant  devenu 
favorable  ,  il  entra  heureufement  dans  le  détroit  de  Ma- 
gellan qu'il  paffa.  Après  avoir  couru  toute  la  côte  du  Chi- 
li ,  ôc  presque  toute  celle  du  Pérou  ,  il  fut  pris  dans  la 


32, 


MAG 


MAG 


mer  Auftrale ,  par  les  Espagnols  ,  auxquels  il  apprit  beau- 
coup de  chofes  qui  leur  étoient  encore  inconnues  tou- 
chant la  partie  auftrale  du  détroit ,  &  leur  fit  connoître 
que  toutes  les  terres  qui  le  touchent  vers  le  fud  ,  ne  font 
que  des  ifles  entrecoupées  par  divers  canaux. 

Après  les  Espagnols  &  Jes  Anglois ,  les  Hollandois com- 
mencèrent la  navigation  par  le  détroit  de  Magellan  en 
1598,  avec  deux  flottes  équipées  par  divers  marchands. 
La  première  ,  qui  étoit  de  cinq  navires,  partir  de  Hollan- 
de le  mois  de  Juin ,  6c  arriva  avec  tous  fes  vaiflaux  au 
mois  d'Avril  de  l'année  fuivante  au  détroit  même.  L'hi- 
ver commençant  déjà  à  fe  faire  fenrircn  ces  quartiers-là  , 
ils  allèrent  premièrement  aux  ifles  des  Pinguins  ,  &  mouil- 
lèrent l'ancre  le  1  3  dans  une  large  baie  que  les  Anglois 
avoient  déjà  appellée  baie  aux  Moules  ,  à  caufe  de  la 
grande  quantité  que  la  mer  en  fournit  dans  ce  lieu.  Au 
côté  droit  de  cette  baie  il  y  a  une  rivière  qui  s'y  jette  &c 
une  ifle  couverte  d'arbres ,  de  foire  qu'on  s'y  fournit  d'eau 
&  de  bois  fort  commodément.  Enfuite, ayant  couru  fud- 
oueft  &  peu  après  nord-oueft  ,  ils  furent  contraints  de 
tourner  voiles ,  &  de  jetter  l'ancre  dans  une  baie  qui  eft 
au  côté  feptentrional  du  détroit  ,  &  qu'ils  appellerent 
baie  verte.  Dans  cette  baie  qui  cil  à  54  degiés  de  la  ligne 
vers  le  fud  ,  il  y  a  trois  ifles  éparfes  où  l'on  peut  mettre  les 
navires  à  fec  &  les  radouber.  Pendant  qu'ils  demeurèrent 
dans  cette  baie  ils  envoyèrent  une  chaloupe  a  une  de  ces 
ifles  ;  ceux  qui  la  montoienr  firent  la  rencontre  de  i'ept 
canots  de  Sauvages  ,  qui ,  ayant  gagné  aura  -  tôt  la  terre 
les  couvrirent   d'une  grêle  de  pierres  ,  &    les  contrai- 
gnirent des  en  retourner.  Les  Sauvages,  devenus  alots  plus 
hardis  ,  rentrèrent  dans  leurs  canots  cV  pourfuivirent  les 
Hollandois  jusqu'à  ce  que  cinq  des  leurs  eurent  été  tués  à 
'coups  de  mousquet.  Ces  Barbares  étoient  nuds ,  hauts  de 
dix  ou  onze  pieds  t  de  couleur  rouge  avec  les  cheveux 
épars.  Ils  avoient  pour  armes  des  dards  d'un  bois  extrê- 
mement dur ,  auxquels  des  pointes  de  boiscrochues étoient 
liées  avec  des  nerfs  d  animaux.  Les  Hollandois  fortirent 
de  cette  baie  qu'ils  appellerent  Coi  des  baie  du  nom  de 
celui  qui  cemmandoit  la  flotte  ,  &  ,  ayant  paflé  le  détroit, 
entrèrent  le  3  Septembre  dans  la  mer  Aultrale  »  d'où  la 
tempête  les  repoufia  enfuite  dans  ce  même  détroit. 

L'autre  flotte  des  Hollandois  .  compofée  de  quatre  na- 
vires ,  fous  la  conduite  d'Olivier  de  Noort ,  après  beau- 
coup de  dangers ,  arriva  fur  la  fin  de  Septembre  IJ99. 
au  port  que  les  Anglois  avoient  nommé  Port  Déliré. 
De-là  ces  vaiflèaux ,  étant  entrés  le  4  Novembre  dans  le 
dérroit ,  ils  en  franchirent  les  premiers  paflages  étroits  le 
22  du  même  mois,  &,  après  avoir  mouille  fous  les  ifles  des 
Pinguins ,  ils  entrèrent  enfin  dans  la  mer  du  Sud  le  dernier 
jour  de  Février  de  l'an  1600.  Pendant  qu'ils  luttoient  con- 
tre les  vents  dans  le  détroit,  ils  rencontrèrent  quelques 
Sauvages  qui  leur  apprirent  que  le  continent  vis-à-vis  de 
la  plus  petite  ifle  des  Pinguins  vers  le  nord ,  étoit  appelle 
Colli  &  habité  par  la  nation  des  Enoos  ;  que  la  petite  ifle 
étoit  appellée  Talka,  &  la  grande ,  qui  en  eft  proche,  Tal- 
kamme  ;  qu'il  y  avoit  dans  cette  dernière  grande  quan- 
tité de  penguins  efpece  d'oifeaux  ,  dont  les  peuples  de  ces 
quartiers  prenoient  les  peaux  pour  couvrir  leurs  épaules  j 
que  ces  mêmes  peuples  avoient  la  poitrine  latge  &  rele- 
vée ;  que  les  uns  fe  peignoient  le  front  de  certaines  cou- 
leurs ,  &  les  autres  tout  le  vifage  -,  que  les  femmes  fe  cou- 
poient  les  cheveux  autour  du  front  ,  &  qu'au  contiaire 
les  hommes  les  portoient  longs  ;  que  le  milieu  du  pays 
étoit  habité  par  les  Tirumencos,  nation  d  une  taille  gigan- 
tesque &  ennemie  de  toutes  les  autres  qui  vivoit  de 
chair  humaine  ,  quoiqu'elle  eût  abondance  de  venaifon  6c 
d'autres  vivres. 

George  Spilberg  Hollandois  entreprit  une  autre  navi- 
gation par  ce  détroit  fous  les  auspices  de  la  compagnie  des 
Indes.  Il  fit  voile  de  Hollande  au  mois  d'Août  de  l'an 

1614.  6c  après  avoir  été  fouvent  repouflé  par  les  tempê- 
tes ,  il  franchit  les  premiers  paflages  étroits  le  3  d'Avril 

1615.  Le  17  du  même  mois  il  prit  de  l'eau  ,  du  bois  & 
les  autres  chofes  nécefiaires  dans  la  baie  de  Cordes,  &  en- 
tra dans  la  mer  du  Sud  le  6  de  Mai.  C'eft  celui  de  tous 
qui  a  parte  le  détroit  en  moins  de  temps. 

Les  difficultés  que  tous  les  navigateurs  conviennent  qu'il 
y  a  à  paflTer  ce  dérroit  ,  ont  engagé  quelques  marins  à 
eflayer  fi  vers  le  midi  ils  ne  rrouveroient  point  un  pafla°c 
moins  long  ôc  moins  dangereux.  Braur  prit  fa  route  plus 


au  fud  ,  &r  donna  fon  nom  au  paflage  qui  eft  à  l'orient 
de  la  petite  ifle  des  Etats  Depuis  on  a  trouvé  la  nouvelle 
mer  du  Sud  au  midi  de  la  terre  de  Feu  ,  où  le  paflage 
de  la  mer  du  Nord  dans  l'ancienne  mer  du  Sud  eft  très- 
libre  ;  puisqu'on  y  eft  toujours  en  pleine  mer.  Cela  a  fait 
négliger  le  détroit  de  Magellan  comme  fujet  à  trop  de 
périls  &c  de  contre  tems.  Ce  détroit  ne  laifle  pas  d'être  im- 
portant à  la  géographie  ,  parce  que  fa  pofition  fert  à 
d'autres  déterminations  avantageufes  aux  navigateurs. 
Voici  quelques  obfervations  de  M.  de  l'ifle  que  j'insère 
ici  avec  plaifir. 

SUR    LA    LONGITUDE 

DU    DÉTROITDE   MAGELLAN 

Par  M.     de     l'I  s  l  e. 

On  fait  qu'il  eft  très -important  à  la  navigation  de 
s'aflurer  de  la  longitude  des  lieux  fréquentes  par  nos  vais- 
feaux.  On  ne  peut  pas  disconvenir  non  plus  qu  il  ne  l'oit 
très  avantageux  de  profiter  de  toutes  lesoccafions  que  l'on 
aura  de  rectifier  les  connoiflanees  que  nous  en  avons  , 
non- feulement  par  les  obfervations  aftronomiques ,  mais 
aufli  par  dauties  voies.  En  ehet  ,  les  obfervations  faites 
par  deux  navigateurs  fur  le  vaifleau  le  làint  Louis,  que 
j'ai  rapportées  élans  les  mémoires  de  l'académie  de  1710. 
font  von  300  lieues  d'erreur  dans  la  carte  de  Pitergos  fur 
ladillance  du  détroit  de  Magellan  aux  roches  ou  ifles  de 
Triftan  de  Cugne  ,  que  cette  tireur  auroit  caufé  la  perte 
du  vaifleau  ,  fi  heureuftment  ces  rochers  n'eunenr  ete  ap-  • 
perçus  de  jour ,  6c  que  cette  grande  différence  de  lelcime 
des  officiers  avec  une  carte  dont  tous  les  navigateurs  fe 
fervent  ,  avoit  fait  prendre  mal-a  -propos  à  l'équipage  ces 
ifles  pour  une  nouvelle  découverte. 

J'ai  avancé  dans  le  même  mémoire  que  dans  les  meil-< 
leures  cartes  cette  diftance  étoit  encoie  trop  grande  de 
170  lieues,  entre  autres  dans  la  carte  des  variations  de 
M.  Halley  ,  dans  laquelle  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Gailégue  à  la  partie  orientale  du  détroit  de  MageHan  , 
étoit  marquée  de  dix  degrés  plus  à  l'occident  qu'il  ne 
falloit.  J'ai  appuyé  cette  correction  ,  non-feulement  pat 
l'eftime  de  ces  Meflieurs ,  mais  aufli  par  une  obfervation 
faite  par  le  P.  Mascardi  à  la  vallée  de  Bucalene  au  Chili , 
dont  la  diftance  étant  connue  à  la  rivière  de  Gailégue, 
j'en  ai  conclu  fa  longitude  par  rapport  à  Paris ,  &  fa  dif- 
tance du  cap  de  Bonne  Efpérance.  M. Halley  dans  les  trans- 
actions philofophiques  du  mois  de  Décembre  1714.  ne 
convient  pas  de  cette  coireétion  ,  6c  dit  qu'il  ne  comprend 
pas  qu'il  ait  pu  fe  tromper  de  dix  degrés  pour  la  longi- 
tude du  détroit  de  Magellan.  Il  dit  que  les  1350  lieues 
que  le  vaifleau  le  S.  Louis  à  faites  depuis  le  détioit  de  Ma- 
gellan jusqu'au  cap  de  Bonne- Efpérance  ,  confhme  au 
lieu  d'aftoiblir  ce  qu'il  a  établi  fur  la  longitude  du  cap  de 
Bonne-Efpérance  ,  &  fur  celle  du  détroit  de  Magellan  ; 
mais  il  faut  remarquer  que  quoique  la  route  de  ce  vais- 
feau  ait  été  en  général  eft  nord-eft ,  ce  vaifleau  n'a  pu 
fuivre  précifément  ce  rumb  de  vent  pendant  une  fi  longue 
traverfe  ,  tirant  quelquefois  plus  au  nord  ,  &  d'autres  fois 
plus  à  l'eft  ,  6c  que  l'eftime  de  ces  Meflieurs  ne  donne  que 
8y  degrés  50  min.  entre  ces  deux  terres  ,  ce  qui  revient  , 
comme  j'ai  dit ,  à  un  degré  &  demi  près ,  au  réfultat  des  ob- 
fervations du  P.  Mascardi.  M.  Halley  rend  compte  de  ce 
qui  l'a  déterminé  à  donner  cette  longitude  au  détroit  de 
Magellan  :  c'eft  premièrement  l'éclipfe  de   lune  du  18 
Septembre  1670.  dont  le  commencement  a  été  obfervé 
par  Jean  Wood  au  port  de  faint  Julien,  juftement  à  huic 
heures  de  nuir ,  6c  à  quatorze  heures  2.1  minutes  par  M. 
Hevelius  à  Dantzick  ,  dont  la  longitude  eft  connue  par 
rapport  à  Londres  ,  d'où  il  conclut  la  différence  des  mé- 
ridiens entre  Londres  6c  ce  port  de  76  degrés.  Seconde- 
ment ,  l'eftime  du  capitaine  Strong  dont  il  a  le  journal 
qui  donne  45  degrés  de  longitude  ,  entre  le  détroit  de 
Magellan  ,  6c  l'ifle  de  la  Trinité  ,  dont  M.  Halley  dit  aufli 
favoir  la  longitude  par  rapport  à  Londres  ;  d'où  il  con- 
clut que  la  partie  orientale  du  détroit  de  Magellan  eft  de 
7j  degrés  plus  occidentale  que  Londres  ,  comme  il  l'a 
marqué  dans  fa  carte  ■-,  qu'enfin  les  courans  portent  les 
vaiflèaux  à  l'oueft  vers  les  côtes  d'Amérique  ,  ce  qui  faîc 
paroître  ces  terres  plus  orientales  qu'elles  ne  font  en  effer. 

J'oppofe 


MAG 


MAG 


J'oppofe  à  ces  raifons ,  i°.  Que  1  obfervation  faite  par 
îe  P.  Mascardi ,  ôc  que  le  PtRiccioli  dit  avoir  été  exacte  , 
paroît  préférable  à  celle  que  M.  Halley  rapporte  de  Jean 
Wood  ,  quoique  bon  navigateur,  z9.  Que  les  courans  qui 
portent  a  l'oueft  vers  la  côte  de  l'Amérique  ,  ne  vont  tout 
au  plus  que  jusqu'au  trentième  degré  de  latitude  méri- 
dionale ,  ce  qu  il  y  a  des  endroits  où  le  courant  eft  tout 
contraire  ,  portant  a  1  eft  ,  comme  je  l'ai  rapporté  dans  les 
mém.  de  17 10.  a  l'occafion  du  voyage  de  M.  Bigot  de  la 
Camé.  Enfin  ,  que  le  P.  Feuillée ayant  obier vé  exactement 
en  1709  plulicurs  immerfions  du  premier  Satellite  de  Ju- 
piter ,  a  la  Conception  ,  ôc  à  Valparaife  ,  villes  du  Chili  , 
voifincs  de  Bucalenc  ;  ces  oblervations ,  comparées ,  avec 
celles  qui  furent  faites  en  méme-tems  à  Paris  ,  confirment 
non-feulement  en  général  celle  du  P.  Mascardi ,  mais  au- 
torife  encore  davantage  la  longitude  que  j'avois  donnée 
au  détroit  de  Magellan  ;  au  lieu  que  ,  félon  l'hypothèfe 
de  M.  Halley  ,  la  partie  orientale  de  ce  détroit  étant  fup- 
pofée  de  75  degrés  plus  occidentale  que  Londres,  ôc  par 
conféquent  77  ôc  demi  plus  que  Paris  ,  comme  le  P. 
Feuillée  trouve  feulement  7^  deg.  &  demi  entre  Paris  Ôc 
la  Conception  ,  il  s'enfuivroit  de-là  que  leimée  du  dé- 
troit de  Magellan  ,  du  côté  de  la  mer  du  Nord  ,  feroit 
plus  occidentale  de  deux  degrés  que  la  Conception  fur 
les  côtés  de  la  mer  du  Sud  ,  ce  qui  elt  contre  toute  vrai- 
fcmblance,  *  Mémoires  de  l'académie  des  jciences ,  année 
\j\6.  p.   110. 

MAGELLANIQUE  ,  (  La  terre  )  c'eft  ainfî  que  l'on 
appelle  la  pointe  la  plus  méridionale  de  l'Amérique  au 
midi  du  Bréfil  ôc  du  Paraguai ,  à  l'orient  ôc  au  midi  du 
Chili  ,  &  au  nord  du  détroit  de  Magellan.  Ce  pays  a 
beaucoup  de  côtes ,  ôc  commence  dès  1  embouchure  de  la 
rivière  de  la  Plata  ,  s'étend  jusqu'au  détroit  ,  ôc  depuis 
l'extrémité  du  détroit  du  côté  de  la  mer  du  Sud  jusqu'à 
Rio  Sinfundo  ,  vis-à  vis  de  l'ifle  de  Chiloé.  Les  Espagnols 
le  regardent  comme  une  dépendance  du  Chili,  a  laquelle 
il  ne  manque  rien  pour  être  aulîi  Fréquentée  que  le  relie, 
finon  quelque  befoin  de  s'étendre.  Les  bornes  de  ce  pays 
du  côté  des  terres  ne  font  pas  fort  dillindtement  connues. 
Quant  aux  côtes ,  on  n'en  connoît  du  côté  de  la  mer  du 
Nord  que  quelques  baies  ,  ou  ports  ,  où  des  navigateurs 
ont  relâché  en  partant  ,  foit  pour  quelque  befoin  ,  ioit 
pour  attendre  le  vent.  Depuis  le  cap  S.  Antoine ,  qui  en 
elt  fa  partie  la  plus  avancée  vers  l'orient ,  la  côte  va  vers 
le  fud  ouelt  plus  ou  moins  ôc  eit  hachée  d'anlés  ,  de  baies 
ôc  de  caps.  Voici  l'ordre  où  l'on  les  trouve.  Après  le  cap 

DOS   CORRIENTES    ,   OU    d'ArENAS    GoRDAS  Clt  AnGRA 

dos  Arras  :  de-là  jusqu'à  la  baie  Anegada  ,  eft  une  côte 
balle  dans  les  enfoncemens  de  laquelle  fe  peuvent  retirer 
les  petites  caravelles  de  la  côte  qui  ne  tirent  que  fix  ou 
fept  palmes  d'eau.  Il  y  a  en  cet  endroit  les  Basses  ôc  le 
cap  de  S.  André  ,  enfuite  une  chaine  de  récifs  le  long 
de  la  côte  ,  qui  à  caufe  de  cela  elt  nommée  Costa  de 
Baxas.  Entre  la  baie  Anégada  qui  elt  par  le  quarantième 
degré  de  latitude  fud  ,  jusqu'à  la  Baie  sans  Fond  ou 
de  S.  Matthias  ,  il  y  a  une  côte  déferte  ,  terre  balle  ôc 
le  cap  nommé  Aparcellado  ,  ou  pointe  de  terre  baffe. 
De  cette  baie  jusqu'à  la  baie  de  los  Camarones  elt 
le  cap  Redondo  nommé  par  les  Portugais  Punta  de 
Marco,  parce  qu'ils  prétendent  que  c'elt-là  que  finit  la 
démarquation  de  la  rivière  de  Portugal.  Au  midi  de  ce 
cap  elt  le  port  des  Lions  ,  enfuite  Ancon  de  Sardi- 
nis  ,  Se  le  cap  de  sainte  Héiéne.  La  rivière  de  los 
Camarones  tombe  au  quarante  cinquième  degré  de  la- 
titude fud  dans  la  baie  de  même  nom  fermée  au  midi 
par  le  cap  de  Matas.  La  côte  court  enfuite  vers  le  midi 
jusqu'au  cap  Blanc  ou  de  Barreiras  Blancas.  A 
peu  de  diltance  de-là  font  le  Port  désiré  ,  lisle  des 
Penguins  ôc  Spiring  Bay  :  enfuite  on  trouve  le  port 
ôc  la  rivière  de  S.  Julien  ,  le  Morne  &  la  baie  de  S. 
Yves  ,  la  rivière  de  fainte  Croix  ,  la  rivière  de  Galle- 
gos  ,  la  baie  des  Sardines  ôc  le  cap  des  Vierges  , 
à  l'entrée  du  détroit.  Le  cap  Victoire  le  termine  à 
l'autre  bout  au  couchant  ,  ôc  en  remontant  vers  le  nord , 
dans  la  mer  du  Sud  ,  on  trouve  les  quatre- vingt  ifles  de 
Sarmiento.  La  rivière  de  los  Apostolos  ,  le  Puerto 

DE    NUESTRA   SENORA    ,   RlO    DE    LOS    MARTYRES   ,   le 

cap  d'Ochavaria,  le  cap  S.  André,  ou  de  très 
Montes.  Le  cap  Carco  ou  de  Gaiera,  Rio  Gal- 
legos ,  les  ifles  de  Chonos  ,  de  Guacane  ôc  de  Guafo  , 


3? 


les  rivières  de  S.  Domingo  &  de  Sinfondo.  On  connoîc 
peu  les  habitans  de  cette  valle  contrée.  On  appelle  Pam- 
pas un  grand  peuple  qui  en  occupe  la  partie  feptentrio- 
nale  ,  ôc  Patagons  ,  ceux  qui  habitent  au  midi  entre  la 
mer  du  Nord  ,  le  détroit  ôc  la  mer  Pacifique.  Les  Ces- 
sares  dont  nous  parlons  amplement  en  leur  lieu  , 
font  à  l'orient  de  la  fource  de  la  rivière  de  S.  Domin- 
gue.  Les  P  u  É  c  h  e  s  ôc  les  P  o  y  a  s  n'en  font  pas  fore 
éloignés. 

MAGELLI,  ancien  peuple  d'Italie  dans  la  Ligurie  , 
felon-Pline  ,  /.  5.  c.  j. 

MAGEMPURI ,  peuple  de  la  Lybie  ,  félon  Vibius  Se- 
quefter. 

1.  MAGETH.  Stace  ,  Archdleid.  1.  2.  dit , 

Qjio  Mage  ta  fua  Gxfa  citent ,  quo  turbine  Cafium. 
Sauramata. 

Ortclius  croit  que  c'eft  un  peuple  d'Afrique  ,  ôc  peut- 
être  le  même  que  Mac^e  ou  Maces.  Voyez,  ce  mot. 

2.  MAGET/E,  ancien  peuple  de  1  Arabie  heureufe  , 
félon  Ptolomée ,  /.  6.  c.  7. 

1.  MAGETH  ,  ville  de  la  Paleftine  au-delà  du  Jour- 
dain ,  ôc  qui  fut  prife  par  Judas  Machabée.  Elle  elt  nom- 
mée Maked  dans  le  grec.  C'eit  fuivant  D.  Calmet ,  Dicl. 
la  même  que  Machat  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans 
Jofué ,  13.  11.  15.  &  12.  j\ 

2.  MAGETH  ,  en  grec  Mctyîtèç  ancienne  ville  d'Es- 
pagne dans  la  Bétique  ,  fuivant  Tzetzes,  Chil.  8.  num  nj. 

MAGETIANA.  Voyez.  Mogetiana. 
MAGETROBIA.  Voyez.  Amagetobrica. 
MAGGARITANUS   episcopatus.  Voyez.  Narag- 

GARRITANUS. 

MAGGEDAN.  Voyez.  Magdolos  ôc.  C^sarée  I. 

MAGGIANOS,  ou  Maianos  ,  accufatifde  Maggia- 
ni  ou  Maiani  ;  ce  nom  fe  trouve  dans  Juftin  ,  au  qua- 
rante-unième livre  ;  mais  c'eft  une  faute ,  il  faut  lire  avec 
Bongars  ôc  Ortclius,  Margianos. 

MAGHIAN,eft  une  des  plus  illuftres  villes  de  l'Ye- 
men  ,  à  trois  (tarions  de  diftance  de  Zabid  ;'  elle  a  deux 
grandes  mosquées  d'aflemblée.  Sa  fituation  eft  dans  une 
plaine  ;  elle  clt  comprife  entre  les  villes  de  la  région  ma- 
ritime ôc  fituée  entre  le  nord  ôc  l'orient  de  Zabid  ,  à  fix 
ftations  d'éloignement  de  Sanaa.  D'Aden  à  la  ville  de 
Maghian  ,  dit  le  Cherif  Edrifi  ,  il  y  a  fix  ftations  ;  de  Ma- 
ghian  à  la  ville  de  Chayvan  vingt-cinq  parafangues.*^#/- 
féda ,  Desc.  de  l'Arabie  Heureufe. 

MAGI.  Etienne  le  géographe  nomme  ainfî  un  peuple 
de  la  Médie -,  Hérodoj^e  de  même  ,  /.  i.c.  101.  S.  Clé- 
ment d'Alexandrie,  Stromat.  I.  6.  fait  mention  du  pays  des 
Mages  dans  la  Perfe  ôc  de  trois  montagnes  qui  y  étoient. 
Pline  ,  /.  6.  c.  16.  ôc  Solin  ,  difent  qu'ils  avoient  une  for- 
terefie  nommée  Passagard^e.  Ortelius  croit  que  les 
Mages  qui  vinrent  adorer  Jefus-Chrift  ,  étoientde  ce  peu- 
ple là.  Le  vulgaire  dit  qnec'étoient  des  rois  venus  d'A- 
rabie. Cela  ne  fe  contredit  point.  L'Arabie  s'étendoit  fore 
avant  dans  l'orient ,  ôc  ils  l'avoient  paffée  pour  venir  de 
la  Médie  à  Jérufalem. 

1.  MAGIA,  ville  d'Illyrie  ,  félon  Etienne  le  géogra-; 
phe.  Voyez.  Mogetiana. 

2.  MAGIA  ,  rivière  de  Suiffe.  Voyez.  Madia  2. 
MAG1DA  ou  Masinda  ,  félon  les  divers  exemplaires 

de  Ptolomée,  ville  de  la  Carmanie  auprès  de  l'embou^ 
chute  du  fleuve  Saros. 

MAGIDUS.  Voyez.,  Matylus, 

MAG1NA,  place  delà  Pannonie  ou  du  Noriqne,  fé- 
lon la  notice  de  l'empire  Jett.  58.  Elle  avoir  fa  flotte  ,  ÔC 
celui  qui  la  commandoit  ,commandoit  auffi  celle  d'Are- 
lape.  Prœfetius  cla/fis  Jrelapet/fîs  &  Ma^inenfis. 

MAGINDANÂ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  au  pays 
des  Gerréens  ,  félon  Ptolomée,  /.  6.  c.  7. 

MAGINI.  Voyez.M&etm. 

MAGINTUM,  ou 

MAGIONIUM ,  ou 

MAGIOV1NIUM  ,  ou 

MAGIOVINTUM  ,  félon  les  divers  exemplaires  d'An* 
ronin  ,  dans  fon  itinéraire,  ancien  lieu  de  l'ifle  de  Breta- 
gne entre  Lallodorum  ôc  Durocobrivx  ,  à  dix-fept  mille 
pas  de  la  première,  ôc  à  douze  mille  pas  delà  féconde. 
Cambden  a  prérendu  que  c'étoit  Ashwell  ,  bourgade  aux 
confins  d'Herrfordshire  en  tirant  vers  Cambridge.  Gale 
remarque  que  le  nom  même  s'y  rapporte  aflfez  ,  fur-tout  fi 

tom.  IV.  E 


34 


MAG 


MAG 


on  lit  Magioninium  ,  qui  alors  fignifiera  le  bourg  des 
Frênes  :  car  Mag  donc  les  Latins  ont  fait  Magiu ,  fignifie 
une  petite  ville  ,  un  bourg ,  Se  Onen  lignifie  Frêne.  Cela 
convient  au  nom  moderne  &  a  la  qualité  du  terroir  qui 
poulie  des  frênes  en  quantité  :  ajoutez  à  cela  que  l'on  y  a 
trouvé  des  monnoies  romaines ,  &  qu'il  y  reite  des  traces 
des  anciens  foffés.  D'un  autre  côté  ,  ajoute  Gale  ,  cela 
s'accorde  mal  avec  la  diftance  qui  eft  beaucoup  trop  gran- 
de entre  Ash-well  Se  Lallodorum  ,  Se  feroit  de  dix  mille 
pas  plus  que  ne  marque  Antonin  ;  Se  celle  que  l'itinéraire 
a  marquée  ramené  à  Dunftable.  Il  y  a  là  deux  chemins  ro- 
mains qui  Ce  coupent  obliquement  ,  &  dont  l'un  vient  de 
l'eft  ,  l'autre  du  fud  ,  Se  au-defibus  du  bourg  il  y  a  une 
grande  plate-  forme  entourrée  d'un  foffé  allez  profond.  Les 
habitans  l'appellent  Maiden  Bovtr.  Je  n'ofe ,  dit  Gale, 
affiner  ce  que  nos  ancêtres  entendoient  par  Maiden  ,■  mais 
lemotdeiWg  femble  être  reconnoilïable  dans  celui  de 
Bowr  ;  Se  d'ailleurs  il  y  a  bien  d'autres  lieux  ausquels  le 
nom  de  Maiden  eft  commun  ,Sc  qui  tous  fe  trouvent  fur 
des  routes  militaires.  De  ce  nombre  font  Maiden  Caille  , 
auprès  de  Dumovaria  »  un  autre  Maiden  Caflle  auprès 
de  Lavatra  ,  Se  même  le  grand  chemin  qui  va  de  Galla- 
cum  à  l'ancien  rempart  ,  eft  appelle  Maiden  -  Way.  Si 
néanmoins  dans  une  fi  grande  incertitude  quelqu'un  vou- 
loit  dériver  Magiovintum  ou  Magiovinium  des  mots  bre- 
tons Mae  s  Se  Gwin,  le  terroir  couleur  de  craie,  Se  les  cam- 
pagnes blanchâtres  qui  environnent  la  ville ,  s'accordent 
allez  avec  cette  idée  ,  Se  femblent  autorifer  cette  étymo- 
logie.  J'ajouterai  ceci  feulement ,  dit  Gale ,  que  la  diftan- 
ce  entre  Lallodorum  Se  Dunftable  convient  beaucoup 
mieux  au  nombre  de  milles  déterminé  par  Antonin,  que 
la  diftance  entre  Lactodorum  &  Ash-well  ;  quoique  ,  à  di- 
re vrai ,  elle  ne  s'y  accorde  pas  tout-à  fait  &  à  la  rigueur. 
L'anonyme  de  Ravenne  ,  /.  5 .  dont  la  géographie  eft  pres- 
que toute  tirée  des  itinéraires  ,  met  avant  Virolanium  ou 
Verolamium  ,  Verulam  ,  un  lieu  qu'il  nomme  Jacio 
Duima  ,  ou  même  deux  lieux  diftingués  ,  dont  l'un  s'ap- 
pelle Jacium  Se  l'autre  Dulma.  Que  ce  foit  un  nom  ou 
plufieurs ,  on  ne  peut  deviner  ce  que  c'étoit ,  à  moins 
qu'on  ne  life  avec  Gale  Statio  Dulma  ,  comme  le  même 
auteur  dit  ailleurs  Statio  Deventia  ,  Se  alors  Statio  Dulma 
reflemblera  beaucoup  à  Dunftable. 

MAGISTRICE  ,  contrée  des  Taurisques  qui  font  près 
des  Alpes  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Lazius  croit  que 
c'eft  préfentement  Madran  dans  la  Carniole.  Magis- 
trica  ,  Se  non  pas  Magistrice  ,  étoit ,  félon  Etienne , 
une  ville  du  Norique  au  rapport  de  Baudrand ,  Si.  non 
une  contrée. 

MAGISTUS,  uiyiçoç,  ou  Magistum  ,  udyiçov  ,  an- 
cienne ville  du  Péloponnèfe  ,  Si  l'une  des  fix  que  les 
Eléens  bâtirent ,  félon  Hérodote  ,  /.  4.  c.  148.  Se  appa- 
remment l'une  de  celles  qu'ils  avoient  détruite  de  ion 
tems ,  comme  il  le  rapporte. 

MAGn\£  ,  Mcv)ut&i,  peuple  de  l'Arabie  Heureufe, 
félon  Ptolomée ,  /.  6.  c.  7.  Il  y  a  en  marge  Mauchb. 
Voyez,  Malicha. 

MAGIUM  VINIUM.  ^«.Magiovintum. 

1.  MAGLIANO,  ville  d'Italie  dans  la  terre  de  Sa- 
bine ,  fur  la  cime  d'une  montagne  auprès  du  Tibre  (a). 
C'eftla  réfidence  de  l'évêque  de  la  Sabine,  qui  eft  toujours 
un  des  fix  plus  anciens  cardinaux.  Elle  eft  affez  peuplée 
(  b  ) ,  quoique  petite  ,  Se  eft  fituée  à  vingt  milles  de  Ro- 
me ,  à  quatre  Se  au-deffus  de  Citta  Caftellana.  Le  nom 
latin  eft  Manliana  ou  Manlianum.  (a)  Baudrand ,  Dict. 
(  b  )  Leander  ,  Defc.  di  tut.  Irai. 

2.  MAGLIANO,  maifon  de  campagne  en  Italie  dans 
la  Toscane  ,  à  quatre  lieues  d'Orbitelle  vers  le  nord.  * 
Leander  ,  Defcr.  di  tut.  Irai. 

3.  MAGLIANO,  château  d'Italie  dans  le  patrimoine 
de  faim  Pierre ,  à  cinq  milles  au-deffus  de  Rome  près  du 
Tibre.  C'eft  un  lieu  très-agréable.  *  Leander ,  Defcr.  di 
tut.  Irai. 

4.  MAGLIANO  ,  (a  )  château  d'Italie  au  royaume  de 
Naples  dans  l'Abruzze  ultérieure  fur  une  colline,à  fix  mil- 
les du  lac  de  Celano.  Il  eft  remarquable  (b)  par  la  grande 
victoire  que  Charles  d'Anjou  ,  roi  des  deux  Siciles ,  y 
remporta  en  1268.  fur  Conradinduc  deSuabe  (a) Lean- 
der,  Defcr.  di  tut.  Ital.  (b)  Baudrand,  édition  de  l'an- 
née 1705. 

MAGLOVA  ,  place  de  l'ifle  de  Bretagne.  Il  en  eft  fait 


mention  dans  les  notices  de  l'Empire,  fetl.  6z.  Cambden 
croit  que  le  nom  moderne  eft  Machlenit. 

MAGMAS.  Voyez.  Machmas. 

MAGNA  ,  uàyva.,  ifle  delaLybie,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  dit  que  les  Lybiens  l'appellent  Samatho  , 
Safiaâw ,  mot  qu'il  explique  paiM/>«%i,  grande  ;  ainfi 
le  nom  Magna  eft  latin ,  Se  n'eft  pas  le  nom  propre  ,  mais 
une  épithéte  de  cette  ifle. 

MAGNA  GRACIA.  Voyez,  au  mot  Grèce  ,  l'article 
Grande  Grèce. 

MAGNA  LRBS.  Voyez,  Ninoe. 

MAGNATA.  Voyez.  Nagnata. 

MAGNA  VACCA.  Voyez,  Caprasia. 

MAGNE,  en  latin  Magnacum  ,  bourg  de  France  dans 
la  Saintonge  ,  élection  de  Saint  Jean  d'An^cly.  Il  y  a  un 
chapitre  compofé  d'un  doyen  ,  d'un  chantre  ,  de  trois  cha- 
noines ,  &  de  deux  femi  prébendes. 

MAGNELAY  ,  marquifat  de  France  en  Picardie ,  au 
midi  de  Montdidier.  Il  fut  érigé  en  pairie  fous  le  nom 
d'Halluinen  1587.  en  faveur  de  Charles  de  Tiennes j  en 
16 11.  pour  Henri  de  Nofoaret,  comte  de  Candale,  Se  en 
1 620.  pour  Charles ,  maréchal  de  Schomberg.  Ce  dernier 
étant  mort  fans  enfans  en  1656.  la  pairie  a  été  éteinte. 

MAGNES.  Voyez.  Magnésie. 

1,  MAGNÉSIE,  province  de  la  Macédoine,  annexée 
à  la  Theflalie  ,  félon  Mine  ,  /.  4.  c ■  9.  Strabon  ,  lib.  9.  la 
met  hors  de  la  Theflalie ,  à  laquelle  elle  fut  fouvent  join- 
te. Scylax  ,  en  parlant  des  peuples  de  cette  contrée  dit 
qu'ils  habitoient  le  long  de  la  mer,  &  qu'ils  avoienr  les 
Perrhabi,  nation  grecque  ,  pour  voifins  dans  les  terres. 
Ptolomée  n'a  pas  donné  une  table  particulière  des  villes 
de  ces  peuples:  il  les  mêle  avec  une  partie  des  villes  de  la 
Pclasgiotide,  Se  avec  celles  de  la  partie  inférieure  de  la 
Phthiotide.  Voici  les  villes ,  les  montagnes  Se  lespromon- 
toires  que  le  père  Briet  place  dans  la  Magnéfie. 

Plieras  ,  aujourd'hui  Sidé-  Pegagfte  , 

ro ,  Jérufat  ou  Jénifar ,  Tempe  , 

Ofla  ,  montagne ,  Bœbeïs ,  marais ,  aujour- 

Olympe  ,  montagne ,  d'hui  Efero , 

Pelion,  montagne,  Magnéfie  ,  promontoire, 

Melibsa  ,  aujourd'hui  Cabo  S.Gre- 

Iolcos ,  gorio , 

Demetrias  ,    aujourd'hui  Sepias,   promontoire ,  au- 

Dimitriada ,  jourd'hui  Queatumo. 

*  De  regno  Macedonico  ,  part.  2.  1.  3. 

2.  MAGNÉSIE  ,  ville  de  la  Macédoine  dans  la  pro- 
vince de  Magnéfie.  Apollonius  ,  /.  1.  v.  J84.  écrit  Mag- 
nesa  ,  pour  la  commodité  du  vers.  Paufanias ,  in  Achai- 
cii ,  c.  7.  met  Magnefia  au  nombre  des  trois  villes  que  Phi- 
lippe ,  fils  de  Démétrius  ,  appella  les  clefs  de  la  Grèce.  Il 
la  dit  aufli  fituée  au  pied  du  mont  Pelée.  Il  y  en  a  qui 
nomment  Démétriade  Magnéfie.  Ils  veulent  que  Démé- 
rriade  ait  eu  ce  nom  ,  par  la  même  raifon  que  Pline  La 
appeilce  Pegafa  ;  favoir  parce  qu'elle  s'accrut  des  ruines 
de  Pégafe ,  de  Magnéfie ,  Se  de  divers  autres  lieux.  Il  eft 
vrai  que  Démétriade  fut  une  ville  corrfidérable  Se  affex 
forte  pour  tenir  les  Theffaliens  en  bride;  mais  elle  é.toic 
éloignée  du  mont  Pelée.  *  Cellarius ,  Geogr.  an  1. 1.  2.  c.  15. 

x .  MAGNÉSIE ,  en  latin  Magnesia  ou  Magnésium, 
promontoire  de  la  Macédoine  dans  la  partie  feptenttionale 
de  la  Magnéfie  fur  le  golfe  de  Thermée.  Ortelius  dit  que 
quelques-uns  le  nomment  aujourd'hui  Cabo  Verlichi.Selon 
le  père  Briet ,  c'eft  Cabo  San  Gregorio. 

4.  MAGNÉSIE,  Magnesia  ad  M/eandrum  ,  ville 
de  l'Afie  Mineure  dans  l'Ionie  fur  le  Méandre,  d'où  elle 
tiroir  fon  furnom  d'AD  M^andrum  ,  qui  la  diftinguoit 
deMagnefia  ville  de  Lydieau  pied  du  montSypile.Diodore 
de  Sicile  ,l.i.c.f  1.  fait  mention  de  cette  ville.  Il  dit  que 
A  rtaxercès  donna  trois  villes  àThémiftocle,  Se  que  Matfvn- 
o-Iol  h)  tu  Ma/ai •S'fu  ,'c'eft-à  dire  Magnéfie  fur  le  Méandre , 
étoit  de  ce  nombre.  Suivant  Pline,/,  j.  c.  29.  c'étoit  une 
colonie  des  Magnéfiens  de  Theflalie;  Se  il  ajoute  qu'elle 
étoit  éloignée  d'Ephefe  de  quinze  mille  pas,  &  deTrallesde 
trois  mille  pas  davantage.  Elle  n'étoit  pas  précifément  fur 
le  Méandre  ;  la  rivière  Letheus  en  étoit  plus  près  que  ce 
fleuve, comme  nous  l'apprend  Strabon  ,  /.  14.  pag.  6^-j, 
Prima,  dit- il,  ab  Epbcjo  efi  Magnefia,  Acolica  urbs  , 
cognomentofuper  Mxandrum.  Vicina  efi  enim  Wiflumini  ; 
fedvicinierurbi  amriu  Leih.ua ,  aui  ex  monte  Ephtfiorum 


MAG 


MAG 


Pattyaorfus  ,in  Mxandruminfluit.  Scylax  donne  à  Ma;- 
gnéfie  le  tirre  de  ville  grecque.  Patercule  ,  /.  i.  c.  4.  lui 
donne  celui  de  colonie  des  Lacédémoniens.  Dans  la  vie 
d'Homère  ,  Hérodote  ,  c.  1.  la  dit  plus  ancienne  que  ce 
fameux  poëte;  mais  il  ne  la  place  pas,  comme  Strabon  , 
parmi  les  villes  de  l'^Eolide.  Je  la  mets  ,  après  Pline ,  dans 
l'Ionic  ;  ôc  Strabon  lui-même  n'eft  pas  abfolument  con- 
traire à  cette  opinion  ■■,  puisqu'il  la  place  in  Méditer  ranci  s 
loniét  Maritime.  Souvent  on  l'appelle  Magnisia  ,  fans 
y  joindre  le  furnom  ad  M&andrum ,  parce  qu'elle  écoit 
beaucoup  plus  confidérable  que  Magnéfia  ad  Sipylum  , 
qui  avoit  befoin  de  ce  furnom.  C'eft  ainfi  qu'on  en  a  ufé 
dans  les  médailles  qui  appartiennent  à  ces  deux  villes.  La 
première  eft  ordinairement  fans  furnom  ,  ôc  la  féconde  en 
a  toujours  un.  Une  des  médailles  de  Magnéfia  porte  cette 
infeription  :  MArNETON  EBAOmH  TH2  A2IAS  ,  c'eft-à- 
dire  Magneutm  feptima  Afi&  j>-  car  il  y  avoit  un  ordre  par- 
mi les  villes  des  provinces. 

La  ville  de  Magnéfia  a  été  épiscopale  fous  la  métropo- 
le d'Ephefe.  *  CéUarius,  Geograph.  anr.  1.  3.  c.  3. 

j.MAGNESIA  ad  Sipylum  ,  Magnésie  ou  Mana- 
chie,  ville  de  l'Afie  Mineure  dans  la  Lydie  au  pied  du 
mont  Sypilc.  La  victoire  que  les  Romains  remportèrent 
fur  Antiochus  auprès  de  cette  ville,  la  rendit  célèbre,  ôc 
illullra  la  montagne  au  pied  de  laquelle  elle  eft  bâtie.  Sous 
l'empire  de  Tibère  Ôc  du  tems  de  Strabon  ,  cette  ville  fut 
ruinée  par  des  tremblemens  de  terre  ,  félon  Strabon  ,  /. 
12.  Elle  fut  rétablie  à  chaque  fois. 

Après  la  prife  de  Conltantinople  par  le  comte  de  Flan- 
dres ,  Jean  Ducas  Vatace  ,  gendre  &  fucceffeur  de  Théo- 
dore Lascaris ,  établit  le  fiége  de  fon  empire  à  Magnéfie  > 
ôc  y  régna  pendant  trente-trois  ans.  Les  Turcs  fe  rendi- 
rent les  maîtres  de  cette  ville  fous  Bajazet  ;  mais  Tamer- 
land  qui  le  fît  prifonnicr  à  la  fameufe  bataille  d'Angora  , 
après  avoir  pillé  Prufe  ôc  les  villes  des  environs  ,  fe  ren- 
dit à  Magnéfie,  &  y  fit  transporter  toutes  les  richeiies  des 
villes  de  Lydie. 

La  guerre  de  Sicile  étant  finie  entre  le  comte  de  Valois 
ôc  Frédéric  roi  de  Sicile  ,  fils  de  Pierre  d'Arragon ,  les 
Catalans  qui  avoient  fervi  fous  Frédéric  ,  pafferent  dans 
les  troupes  d'Andronic  ,  empereur  de  Conftantinople, 
qui  étoit  en  guerre  avec  les  Turcs.  Roger  de  Flot ,  vice- 
amiral  de  Sicile  ,  pafla  en  Afie  à  la  tête  des  troupes  cata- 
lanes, &  battit  les  Mahométans  en  1304  ôc  1305.  Mais 
les  desordres  ôc  les  violences  que  commettoient  les  Cata- 
lans contre  les  Grecs,  ayant  obligé  ceux  de  Magnéfie, 
foutenus  d'Ataliote  gouverneur  ,  de  fe  foulever  contre  la 
garnifon  catalane  &  de  l'égorger.  Roger  qui  y  avoit  laide 
fes  tréfors ,  vint  mettre  le  fiége  devant  la  place ,  qui  fe 
défendit  fi  bien  ,  qu'il  fut  contraint  de  fe  retirer. 

Amurat  II.  choifit  Magnéfie  pour  y  pafièr  en  repos  le 
refte  de  fes  jours ,  après  avoir  mis  fur  le  trône  des  Otto- 
mans fon  fils  Mahomet  II.  Cependant  les  guerres  que  lui 
fusciterent  en  Europe  le  roi  deLiongrie  &  Jean  Hunniade, 
l'obligèrent  de  quitter  fa  folitude  ;  car  fon  fils  étoit  trop 
jeune  pour  foutenir  un  fi  grand  fardeau.  Amurat  pnfi'a  le 
canal  de  la  mer  Noire  ,  ôc  marcha  contre  les  princes 
Chrétiens.  Le  roi  de  Hongrie  fut  tué  ,  ôc  Hunniade  fut 
mis  en  fuite. 

Après  cette  fignalée  victoire,  lesvifirs  obtinrent  que  le 
fultan  reprendroit  le  foin  des  affaires  ,  ôc  Mahomet  fe 
retira  à  Magnéfie.  Les  Turcs  firent  des  environs  de  cette 
place  une  petite  province  dont  Magnéfie  étoit  la  capi- 
tale ,  ôc  où  Corcut ,  fils  de  Bajazet  II.  a  régné.  Le  grand 
Solyman  II.  fit  auffi  fa  réfidenec  à  Magnéfie  jusqu'à  la 
mort  de  fon  père.  Sultan  Selim  s'en  rendit  le  maître  ,  ôc 
en  chafla  un  autre  Corcut ,  prince  Ottoman.  *  Toumefort, 
Voyage  du  Levant,  p.  196. 

Cette  ville  ,  pag.  195.  eft  fituée  dans  un  pays  aflez  plat, 
terminé  par  une  grande  plaine  bornée  au  fud  par  le  mont 
Sipylus.  Le  plus  haut  fommet  de  cette  montagne  refte  au 
fud-eft  de  Magnéfie  ,  «Se  cette  ville  n'eft  guères  plus  gran- 
de que  la  moitié  de  Prufe.  Il  n'y  a  ni  belles  églifes ,  ni 
beaux  caravanferais  dans  Magnéfie  ;  &  l'on  n'y  fait  com- 
merce qu'en  coton.  La  plupart  de  fes  habitans  font  Maho- 
métans.  Les  Juifs  qui  y  font  en  plus  grand  nombre  que  les 
Grecs  ôc  les  Arméniens ,  y  ont  trois  fynagogues.  11  y  a 
fur  une  petite  colline  un  château  que  les  Turcs  n'ont  pas 
beaucoup  de  foin  d'entretenir  ,  ôc  qui  commande  telle- 
ment à  la  ville ,  qu'il  en  peut  être  regardé  comme  la  cita- 


5/ 


délie.  Trois  méchantes  pièces  de  canon  en  compufent 
toute  l'artillerie.  Ce  fort  étoit  apparemment  plus  coi.ndé'- 
rable  autrefois  ,  puisque  la  colline  fur  laquelle  il  eu  fuué 
étoit  environnée  de  trois  murailles  flanquées  de  tours, 
dont  il  refte  encore  quelques  débris.  Le  ferait  eft  aulli  né- 
gligé ;  il  tombe  en  ruine ,  ôc  tout  fon  ornement  confutc 
en  quelques  vieux  cyprès.  *  P. Lucas,  Voyages,  r.  1.  p.  1 41. 

6.  MAGNESIE,  belle  plaine  aux  environs  de  la  ville  de 
même  nom  au  pied  du  mont  Sipyle.  Cette  plaine ,  quoique 
d'une  beauté  furprenante  ,  eft  presque  toute  couverte  de  ta- 
maris, ôc  n'eft  bien  cultivée  que  du  côté  du  levant.  La  ferti- 
lité en  eft  marquée  par  une  médaille  du  cabinet  du  roi  j 
d'un  côté  c'eft  la  tête  de  Domitia  ,  femme  de  Domiticn  ; 
de  l'autre  un  fleuve  couché  ,  lequel  de  la  main  droite  tient 
un  rameau  ,  ôc  de  la  gauche  une  corne  d'abondance.  Du 
haut  du  mont  Sipylus  la  plaine  paroît  admirable  ,  ôc  l'on 
découvre  avec  plaifir  tout  le  cours  de  la  rivière.  Ceft  dans 
ces  vaftes  campagnes  que  ces  grandes  armées  d'Agefilaiis 
ôc  deTilTapherne,  ôc  celles  de  Scipion  ôc  d'Antiochus  le 
font  disputées  l'empire  de  l'Afie.  Paufanias  allure  qu'Age- 
filaiis  battit  l'armée  des  Perfes  le  long  de  l'Hermus  ;  ôc 
Diodore  de  Sicile  rapporte  que  ce  fameux  général  de  La- 
cédémoniens descendant  du  mont  Sipylus  ,  alla  ravager 
tous  les  environs  de  Sardes.  Xénophon  prétend  que  la  ba- 
taille fe  donna  le  long  du  Pactole  qui  fe  jette  dans  l'Her- 
mus. A  l'égard  de  la  bataille  de  Scipion  ôc  d'Antiochus  , 
elle  fe  donna  entre  Magnéfie  ôc  la  rivière  d'Hermus ,  que 
Tite-Live  ,  ôc  Appien  appellent  le  fleuve  de  Phrygie. 
Cette  grande  action  qui  donna  une  fi  haute  idée  de  la 
vertu  romaine  en  Afie  ,  fe  paffa  fur  le  chemin  de  Magné- 
fie à  Thyatire ,  dont  les  ruines  font  à  AckiiTar  ou  Châ<- 
teau  Blanc.  Scipion  avoit  fait  avancer  fes  troupes  de  ce 
côté-là  ;  mais  comme  il  apprit  qu'Antiochus  étoit  ve- 
nu camper  avantageufement  autour  de  Magnéfie  ,  il  fie 
palier  la  rivière  à  fon  armée  ,  ôc  obligea  les  ennemis  de 
forcir  de  leurs  retranchemens  ôc  de  combattre.  On  voyoii  , 
dit  Florus ,  dans  l'armée  de  ce  roi  des  éléphans  d'une  gran- 
deur épouvantable  ,  qui  brilloient  par  l'or ,  l'argent ,  l'y- 
voire  ôc  la  pourpre  dont  ils  étoient  couverts.  Cette  ba- 
taille qui  fut  la  première  que  les  Romains  gagnèrent  en 
Afie ,  leur  aflura  le  pays  jusqu'aux  guerres  de  Mithridate.  * 
Tournefort ,  voyage  du  Levant,  pag.  19;. 

MAGNI  ,  en  grec  uàjvoi ,  peuple  de  Perfe  ,  felor» 
Strabon  ,  /.  15.  à  moins  qu'il  ne  faille  lire  udyoï.     . 

NAGNIA.  Voyez,  Maina  2. 

MAGNIANA  ,  ville  de  la  Haute-Pannonie ,  félon  Pto- 
lomée  , /.  2.  c.  15.  Voyez.  Mogetiana. 

MAGNICA  ou  Magnice  ,  fleuve  d'Afrique  ,  donc 
l'embouchure  eft  à  27  degrés  40  min.  de  latitude  méri- 
dionale. Les  Portugais  l'appellerent  d'abord  Rio  dos  Lagos$ 
mais  l'an  1745.  Laurent  Marches  lui  donna  le  nom  de 
Rio  do  Spirito  Sanclo.  On  dit  quelle  prend  fa  fource  du 
lac  Goyame ,  ôc  qu'après  quelques  lieues  de  chemin  elle 
fe  divife  en  deux  bras ,  dont  le  méridional  conferve  le 
nom  de  Magnice  ,  &  fe  va  jetter  dans  un  golfe  tout  con- 
tre le  cap  des  Poiffons.  Il  reçoit  trois  rivières  dans  fon 
fein  ,  un  peu  avant  que  de  fe  décharger  dans  la  mer  :  La 
première  eft  celle  qu'on  nomme  de  S.  Chriftophe  ,  parce 
qu'elle  fut  découverte  le  jour  de  la  fête  de  ce  faint  ;  mais  les 
habitans  la  nomment  Nagoa  :  la  féconde  porte  le  nom  du  pi- 
lote Laurent  ;  elles  fortent  toutes  deux  des  monts  de  laLune, 
qui  font  dans  la  province  de  Toroa  :  la  troifiéme  qui  fe 
nomme  Arroë  ,  vient  du  côté  du  nord  ôc  des  montagnes  où 
font  les  mines  d'or  deMonomotapa.  Le  bras  feptentrional 
porte  le  nom  de  Cuama ,  Quama  ou  Covanga  ,  qui  eft 
celui  d'un  château  que  les  Turcs  ont  bâti  fur  fes  bords  ; 
un  peu  au-deiïus  de  cette  fortereffe  les  habitans  appellent 
ce  fleuve  Sambreré.  Il  eft  beaucoup  plus  grand  ôc  plus 
profond  que  l'autre  bras  du  Magnice  ,  parce  qu'il  eft  groflî 
par  les  eaux  de  fix  grandes  rivières  qui  font  Panhames , 
Luangoa  ,  Arruya  ,  Maniono  ,  Inandire ,  ôc  Rucnie ,  qui 
traverfant  les  terres  du  Monomotapa  ,  enrichiffent  leur 
fablon  dans  les  mines  d'or  de  ce  royaume.  Ce  fleuve  fe 
décharge  dans  la  mer  par  fept  embouchures  ,  où  il  y  a 
autant  d'ifles  fort  peuplées.  Dans  l'année  1500.  Les  Por- 
tugais bâtirent  un  fort  près  des  embouchures  du  Cuama , 
pour  réduire  les  Caffres  fous  leur  joug  ;  ôc  depuis  ils  font 
demeurés  maîtres  abfolus  du  pays.  *  Dapper  ,  Defcr.  de 
l'Afrique  ,  pag.  395. 

MAGNI  CAMPI  ,  étendue  de  terre  en  Afrique  aux 

Tome  IV.  E  ij 


36 


MAG 


MAG 


enviions  de  la  ville  d'Utique.Tite-Live  ,  /.  30.  c.  8.  en  fait 
mention. 

MAGNIEL ,  bois  dans  Pifle  de  France  ,  maîtrife  de 
Chevilly.  Il  contient  J94  arpens. 

MAGNILOCUS  ,  en  françois  Manlieu  ,  bourg  8c 
abbaye  de  France  en  Auvergne  au  diocèfe  de  Clermont 
Air  la  rivière  de  Dore  ,  vers  le  pays  de  Forez.  L'abbaye 
fe  trouve  décrite  dans  la  vie  de  S.  Bonnet.  *  Topogr.  des 
Saint  s  ,  p.  622. 

MAGNI-SIAH  ,  ville  d'Afie  dans  la  province  de  Ser- 
han  ou  Saroukan  ,  au  pied  d'une  montagne  arrofée  de 
plufieurs  ruifiéaux.  Les  eaux  en  font  metveilleufes  ,  & 
l'air  eft.  fort  doux  ,  même  en  hiver.  Les  Orientaux 
lui  donnent  60  degrés  de  longitude  &  40  de  latitu- 
de. Tout  cela  reflemble  beaucoup  à  la  Magnésie  du 
mont  Sipyle.  Voyez,  ce  mot.  *  D' Herbelot  ■■,  Biblioth. 
orient. 

MAGNOAC  (  a  ) ,  petit  pays  fur  les  confins  du  pays 
d'Aftarac  ,  8c  qui  fait  aujourd'hui  partie  de  celui  d'Ar- 
magnac. C'étoit  anciennement  une  des  quatre  vallées  qui 
compofoient  la  baronnie  de  la  Barthe.  Les  feigneurs  de 
la  Barte  8c  d'Aure  pofféderent  ce  pays  jusqu'à  la  fin  du 
quatorzième  fiécle  (  b  ).  Ce  fut  alors  que  Jean  de  la  Bar- 
the, feigneur  d'Aure  8c  de  Magnoac  ,  mourant  fans  en- 
fans  ,  donna  tous  fes  biens  à  Jean  II.  comte  d'Armagnac  , 
&  depuis  ce  tems  là  la  vallée  de  Magnoac  a  été  poffédée 
par  ceux  qui  ont  joui  du  comté  d  Armagnac.  Le  lieu  prin- 
cipal eft  Château-Neuf  de  Magnoac  \  8c  c'eft  un  des  ar- 
ehidiaconés  de  l'Archevêque  d  Auch.  (a)  Pigjniol ,  Def- 
cript.  delà  France  ,  tom.  4.  p.  469.  (  b  )  I^onguertit  >  Defcr. 
de  la  France  ,  part.  1.  p.  201. 

MAGNOPOLIS.  Voyez.  Eupatoria  I. 

MAGNOTES.  (Les)  Voyez,  Maina  2. 

MAGNUS ,  Magna,  8c  Magnum,  adjectif  latin  , 
qui  figniRc  grand  8c  grande. 

Les  anciens  appelloient  Magnum  Promomorium  ou  le 
grand  Promontoire  ,  le  cap  d'Afrique  nommé  Deyp.at 
Uneyn  par  les  Africains  ,  &  Cabo  de  One  par  Mar- 
mol.  Ils  donnoient  le  même  nom  au  cap  de  Lisbonne 
dans  la  Lufitanie.  Ptolomee  appelle  de  même  un  cap 
de  la  Sicile  :  mais  le  grec  porte  m«k/w ,  c'eft-à-dire  lon- 
gum  ,  long. 

Ils  appelloient  Magnum  Ofl'utm  ou  la  grande  embou- 
chure ,  l'une  des  bouches  du  Gange  ;  8c  Magnum  littus  , 
le  grand  rivage  ,  un  lieu  de  l'Arabie  Heureufe  ,  &  un  au- 
tre de  l'Ethiopie. 

Ils  donnoient  le  nom  de  Magrii  C  impi  à  des  plaines 
d'Afrique  au  voifinage  d'Utique  i  de  Magnus  Campus  ou 
le  grand  champ  ,  à  une  plaine  de  la  Paleftine  ;  ils  nom- 
moient  Magnus  Portus  ou  le  grand  port ,  une  ville  de 
la  Lybie  intérieure  ,  8c  un  port  de  l'ifie  de  Bretagne  vis- 
à-vis  de  l'ifle  de  Wigth ,  8c  un  troifieme  port  fitué  dans 
l'Efpagne  Tarraconnoife.  Magnum  Sinus  ou  le  grand 
golfe ,  ell  le  nom  que  Ptolomee  donne  à  une  partie  de 
l'Océan  Oriental. 

MAGNUS  PADUS.  Voyez,  Spineticum  Ostium  , 
&  lifez  Spina. 

MAGNY  (a) ,  petite  ville  de  l'ifle  de  France  dans  le 
Vexin  François ,  fur  la  route  de  Paris  à  Rouen  ,  &  à 
quatorze  lieues  de  chacune  de  ces  villes.  L'églife  paroif- 
fiale  elt  dédiée  à  Notre-Dame  {b  ).  Il  y  a  des  Benédi&ins  , 
des  Cordeliers ,  des  Urfulines  8c  un  hôtel-Dieu  pour  les 
malades.  Son  teiritoire  eft  arrofe  d'une  petite  rivière  & 
produit  de  bon  bled.  On  y  tient  un  grand  marché  tous  les 
mercredis  8c  les  famedis.  Il  y  a  une  haute  juftice  avec  une 
élection  qui  eft  une  branche  de  l'élection  de  Chaumont , 
qui  dépend  de  la  généralité  de  Rouen  ,  &  qui  reflbrtit 
à  la  cour  des  aides  de  Normandie  (a)  Piganiol ,  Defcr. 
de  la  France  ,  part.  3.  p.  88.  (b)  Corn.  Dict.  Mémoires 
drejjésfur  les  lieux.  Le  P.  Briet  croit  que  Magny  eft  une 
ancienne  ville,  8c  qu'en  examinant  les  diftances  de  l'iti- 
néraire d'Antonin ,  elle  doit  être  le  Petromantalum  de  cet 
ancien. 

MAGO  ,  ville  de  la  petite  îfle  Baléare  ,  félon  Pline  , 
1.  3.  c  j.  Pomponius  Mêla,  /.  2.  c.  7.  dit  demêiw.CaJïella 
funt  in  minore  Jamno  &  Mago.  Ce  même  lieu  eft  nommé 
Magona  dans  une  lettre  de  S.  Sever ,  publiée  au  cinquième 
tome  des  annales  de  Baronius.  C'eft  ptéfentement  Port- 
Mahon  dans  l'ifle  de  Minorque. 

MAGOA  ,  ville  de  la  Perfide  vers  la  Sufiane  ,  félon 


Pline  ,  /.  6.  c.  27.  qui  la  place  fur  l'Aduna  rivière  qui  ve* 
noit  de  la  Sufiane. 

MAGODIA  ,  contrée  d'Arabie  ,  félon  S.  Epiphane  qui 
en  fait  venir  les  Mages.  On  peut  voir  ce  qu'en  dit  Baro- 
nius au  premier  tome  de  fes  annales. 

MAGCEDENSES  ou  Magœdensium  Civitas  ,  ville 
d'Afie  dans  la  Pamphylie.  Il  en  eft  parle  au  cinquième  con- 
cile de  Conftantinople  ;  c'étoit  un  fiége  épiscopal  nom- 
mé Magidi  8c  Magydus  dans  les  notices  de  Léon  le 
Sage  8c  d'Hiérocles. 

MAGOG.  Voyez,  Gog. 

MAGOMAG1ENSIS  Plebs  ,  ou  Macomadiensis  , 
diocèfe  d'Afrique  dans  la  Numidie.  Voyez.  Macomadia. 

MAGON  ,  rivière  des  Indes  ,  où  elle  fe  perd  dans  le 
Gange  ,  félon  Arrien  ,  in  Indicis. 

MAGONTIACUM ,  félon  Tacite  &  Ammien  Mar- 
cellin  ;  Mocontiacum  ,  félon  Ptolomee  \  Magoncia  , 
félon  Eutrope  :  nous  difons  aujourd'hui  Mo  gu  n  ti  a. 
Voyez.  Mayence. 

MAGORA  ,  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte  ,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  29. 

MAGORAS.  Voyez,  Tauyras. 

MAGORUM  Sinus  ,  Ma>«i>  k&atw  ,  golfe  de  l'Arabie 
Heureufe  ,  félon  Ptolomee,  /.  u.c.  7. 

MAGOSA.  Voyez.  Masoga. 

MAGOT1ENSE  Concilium.  Ce  concile  fouventeité 
au  recueil  de  Gratien  eft  le  concile  de  Mayence  -,  car 
pour  le  mieux  défigner,  il  y  eft  dit  qu'il  fut  tenu  dans  le 
cloître  de  S.  Aubin  -,  or  ce  cloître  eft  encore  dans  un 
fauxboug  de  cette  ville. 

1.  MAGRA,  (La)  ou  la  Macra  ,  rivière  d'Italie. 
Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  de  l'Apennin,  coule 
dans  la  vallée  de  Pontremoli  où  elle  fe  groiiit  par  la  jon- 
ction d'une  petite  rivière.  Avant  que  de  fe  rendre  a  Fila- 
terra  ,  elle  s'accroît  des  eaux  de  la  rivière  Crama.  Elle  tra- 
verfe  enfuite  la  vallée  à  laquelle  elle  donne  le  nom  ,  & 
dans  fa  courfe  elle  reçoit  les  rivières  de  Villa  f  ranca  , 
de  Zauaglione  ,  de  Tauarone  ,  d'Ulella  &  de  Votra  \  après 
quoi  elle  arrofe  la  ville  de  Sarzana ,  8c  va  enfin  fe  perdre 
dans  la  mer  auprès  du  cap  del  Corvo.  *  Magin  }  Cartes 
de  l'Italie. 

2.  MAGRA  ,  (  La  vallée  de  )  vallée  d'Italie  dans  la 
Toscane  Son  nom  latin  eft  Vallis  Macr&  ,  8c  les  Ita- 
liens l'appellent  V.dle  di  Magra.  Elle  efl  fituée  entre  l'A- 
pennin au  feptentrion  ;  les  états  de  Parme  ,  de  Modéne  , 
&  de  Mafia  à  l'orient ,  la  mer  de  Gènes  au  midi  ;  &  les 
états  de  la  république  de  Gènes  à  l'occident.  Sa  longueur 
n'a  guéres  plus  d'onze  lieues,  fa  largeur  eft  de  fix.  Elle 
appartient  au  grand  duc  de  Toscane  ,  à  la  réferve  du 
marquifat  de  Fosdinovo  quia  fun  fouverain  particulier, 
&  de  la  ville  de  Minucciano ,  avec  deux  ou  trois  villages 
qui  appartiennent  a  la  république  de  Lucques.  La  ville  de 
Pontremoli  ell  la  capitale.  Ses  autres  principaux  lieux  fonc 
Villa  Franca  &  Ulella. 

3.  MAGRA  ,  rivière  de  Barbarie  au  royaume  de  Tri- 
poli. Elle  fe  rend  dans  la  Méditerranée  près  de  la  ville 
de  Lebeda.  C'eft  celle  que  Ptolomee  a  connue  fous  le 
nom  de  Cnyphus  ,  8c  qu'Hérodote  ainfi  que  Pline  ont 
appelle  Cinyps. 

1.  MAGRADA  ou  Magrida  ,  rivière  d'Afrique  au 
royaume  de  Tunis.  Elle  s'appelloit  autrefois  Catade. 
On  croit  que  c'eft  une  branche  de  la  rivière  Guadilbar- 
bar.  Mais  la  Malagrada  qui  eft  le  Bagradas  des  An- 
ciens ,  ne  peut-être  une  branche  de  la  rivière  de  Guadil- 
barbar  ,  8c  ces  deux  rivières  n'ont  rien  de  commun.  Après 
qu'elle  a  arrofe  le  pays  de  Choros ,  elle  va  fe  jetter  dans 
la  mer  auprès  de  Mar.fa.  *  Dapper  ,  Defcription  de  l'A- 
frique, pag.  189. 

2.  MAGRADA.  Voyez.  Menlascus. 
MAGRAMMUM  ,  ville  de  l'ifle  Taprobane  félon  Pro« 

lomée  ,  /.  7.  c.  4.  il  la  qualifie  de  Métropole  ,  8c  la  place 
dans  les  terres. 

MAGRAN  ,  montagne  d'Afrique  au  royaume  de  Ma- 
roc, dans  la  province  de  Tedla.  Elle  eft  bordée  au  couchanc 
de  celle  Scgême ,  &  s'étend  de  ce  côté-là  depuis  la  mon- 
tagne du  Grand-Athlas  qui  regarde  la  province  de  Farca- 
la  vers  le  midi  jusqu'à  celle  de  Dedez ,  fur  la  frontière  àes 
déferts  de  la  Libye.  Les  habitans  logent  fous  des  fuites  d'é- 
corces  d'arbres  qu'ils  changent  de  tems  en  tems  pour  fui- 
vre  les  pâturages ,  à  caufe  qu'ils  ont  grand  nombre  de  gros 


MAG 


MAG 


6c  de  meiui  bétail.  Ils  font  moins  braves  que  les  ZcniiguCs 
quoiqu'ils  ayent  autrefois  vécu  en  liberté.  On  les  nomme 
ordinairement  Mugaroas.  Ils  étoient  gouvernés  ancien- 
nement par  un  chèque  qui  les  falloir  obéir ,  ainfi  ils  ont 
fort  fouvent  repouffé  leurs  ennemis  par  le  fecours  des  Nu- 
mides. Le  cherif  Hamet  les  fournit  dans  la  première  jour- 
née de  Tafilet ,  ôc  depuis  ils  furent  fujets  à  fon  frère  & 
à  fon  neveu,  Comme  ils  n'ont  point  de  demeure  fixe  ,  ils 
errent  tout  l'été  par  ces  montagnes  avec  leurs  femmes  ôc 
leurs  ënfans  ,  &  fe  placent  à  un  endroit  tout  l'hiver ,  fai- 
fant  leurs  cabanes  fort  baffes  à  caufe  du. froid.  Il  elt  fi  grand 
en  ce  pays-la  ,  que  le  haut  de  leur  montagne  e(l  couvert 
de  neiges  toute  l'année.  Leurs  cabanes  cependant  ne  font 
couvertes  que  de  branchages  ;  mais  pour  empêcher  que 
leur  bétail  n'ait  froid  la  nuit ,  ils  font  de  grands  feux  tout 
à  l'entour  ,  ôc  y  lai  fient  deux  ou  trois  portes  pour  fe  fau- 
ver  en  cas  de  befoin.  Cette  montagne  eft  pleine  de  lions 
qui  attaquent  les  hommes  auffi  bien  que  les  troupeaux.  * 
Marrnol  ,  Afrique  .  t.  i.  1.  3.C.7J. 

MAGRI  Locus  ,  en  grée  Mc/^pa  toW.  Ptolomée ,  /.  4. 
r.  j.  place  ce  lieu  dans  la  Marmarique  ,  au  pays  des  Au- 
giles  ôc  des  Nafamones. 

MAGRI  ,  ifle  de  la  mer  Méditerranée.  Voyez.  Ma- 
cris. 

MAGROM  ou 

MAGRON  ,  village  de  la  Paleftine  affez  près  de  Gabaa. 
Saiil  fe  retira  avec  6co  hommes  dans  la  caverne  de  Rem- 
non  au  voifinage  de  Magron  ,  /.  Rcg.  14.  2.  *  D.  Cal- 
met ,  Dict. 

MAGSTAT  ,  bourgade  de  Lorraine  au  voifinage  de 
Mariait  Sanfon  a  cru  que  c'étoit  X  Amagetobriga  des 
anciens. 

MAGUA.  C'étoit  le  nom  d'un  des  cinq  royaumes  qui 
compofoient  lifte  Espagnole  ,  lotsque  Chriftophe  Colomb 
en  fit  la  découverte.  Magna  dans  le  langage  du  pays  li- 
gnifie le  royaume  de  la  l'iaine  ,  ôc  celui  ci  comprenoit 
en  effet  ce  qu'on  a  depuis  appelle  la  Vega  Real,  la  plai- 
ne royale,  ou  du  moins  il  en  comprenoit  le  milieu  Se  la 
meilleure  partie  ;  cette  plaine  a  80  lieues  de  long  ôc  dix 
dans  fa  plus  grande  largeur.La  plaine  du  cap  François  en  elt 
la  partie  feptentrionale.  Barthelemi  de  Lcscafas  affure  qu'il 
y  coule  plus  de  trente  mille  rivières,  parmi  lesquelles  il  y 
en  a  douze  aufli  larges  que  l'Ebre  ôc  le  Guadalquivir  : 
cela  elt  exagéré  ;  mais  il  elt  vrai  que  cette  plaine  paroît 
comme  un  grand  jardin  ,  tout  coupé  de  rivières  ôc  de  ruif- 
feaux  d'une  eau  vive  ôc  charmante. 

MAGUALBARl ,  rivière  d'Afrique  ,  la  même  que  Rio 
Galinhas.  Voyez,  Galinhas. 

1.  MAGUANA  elt  un  autre  royaume  de  l'ifie  Espagno- 
le ,  qui  renfermoit  la  province  de  Qbao  toute  remplie  de 
mines  d'or ,  &c  presque  tout  le  cours  de  l'Artibonite  la  plus 
grande  des  rivières  de  l'ifie. 

2.  MAGUANA  (  S.Jean  de).  Voyez.  Sanjouan. 

MAGUARI  (cap  de)  cap  de  l'Amérique  méridiona- 
le au  Brefil ,  au  nord  de  l'ifie  de  Marayo  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Muju  que  d'autres  appellent  Para.  Ce 
cap  e(l  éloigné  de  plus  d'un  demi-degré  de  celui  de  Tigio- 
ca.  Il  eft  très-dangereux  ,  même  aux  plus  petits  batimens, 
étant  couvert  de  bancs  de  fable  qui  s'étendent  fort  loin  au 
large.  Voyage  en  Amérique  par  M.  de  la  Condamine. 

MAGÛDA  ,  lieu  de  la  Méfopotamie  , félon  Ptolomée, 
l.  5.  c.  18.  Il  le  met  dans  une  lifie  de  villes  ôc  de  villages 
fur  l'Euphrare. 

1.  MAGUELONE  ,  Magalo  ,  Magalona  &  Ma- 
GAlone  ,  ville  ruinée  dans  le  bas  Languedoc.  Elle  étoit  fi- 
tuée  au  midi  de  Montpellier  dans  une  ifieou  péninfule  de 
l'étang  de  Manguelone  fur  la  côte  méridionale  de  cet 
étang  ,  qui  eft  à  l'orient  de  celui  de  Thau  (  a  )  Infula  Ma- 
galo ,  &  il  y  a  apparence  que  c'eft  ainfi  qu'il  fe  nommoit 
originairement.  On  a  fans  doute  dans  la  fuite  dit  Maga- 
toNA  ,  d'où  l'on  a  fait  le  nom  vulgaire  Maguelone  , 
autrement  Magalone  ,  comme  de  Narboneon  a  fait  Nar- 
bona  ,  de  Rarcinone  ,  Barcinona  ôc  Rarcilona  ,  ôc  d'Qlifî- 
pone ,  Olifïpona.  Il  n'eft  fait  aucune  mention  de  Maguelo- 
ne dans  les  anciens  géographes  (b) ,  ni  dans  aucun  écrit 
avant  la  domination  des  Wifigoths  ;  c'en:  pourquoi  nous 
pouvons  leur  attribuer  l'origine  de  cette  ville  ôc  de  fon 
évêché  inconnu  -avant  la  fin  du  fixieme  fiecle  ,  &  le  règne 
de  Recaréde.  Ce  fut  fous  ce  roi  des  Wifigoths  que  Géné- 
iius  comparut  l'an  jS^ ,  au  troifiéme  concile  de  Tolède  au 


37 


nom  de  Eol'ce  éyêque  de  Maguelone  ,  les  évêques  de  ce 
fiége  ,  que  quelques-uns  veulent  marquer  avant  Bocce  , 
n  étant  appuyés  fur  aucun  témoignage  certain.  Sanfon  a 
cru  que  Maguelone  avoit  été  appcllec  autrefois  Agatho"- 
polis  ,  Ôc  qu'elle  étoit  la  même  chofe  que  l'ifie  marquée 
par  Ptolomée  ,  ôc  qu'il  dit  avoir  porté  le  même  nom  que 
la  ville  d  Agde  ,  Agathe  ,  qui  étoit  voifine  de  cette  ifie  ôc 
de  celle  de  Blascon  ,  aujourd'hui  nommée  communément: 
Brèscou  -,  mais  Ptolomée  ne  parle  point  en  cet  endroit  d'une 
ville  ;  il  marque  feulement  une  ifie  plus  proche  dAgde 
que  Brescou  ,  ce  qui  ne  convient  nullement  à  Maguelone  \ 
ainfi  il  faut  que  l'ifie  d'Agde  ,  Agathe ,  ait  été  jointe  à  la 
terre  ferme  après  le  tems  de  cet  ancien  géographe ,  étant 
d'ailleurs  certain  que  la  mer  s'efi  retirée  de  toutes  les  côtes 
de  Languedoc.  De  Valois  ,  net.  Gall.  p.  3 1  2  ,  prétend 
qu'il  pourroit  bien  fe  faire  que  Maguelone  fût  Aloriis  in- 
jula  &  urbs  Majjilienfiupi ,  dont  fait  mention  Etienne  le 
géographe  après  Arremidore  ,  en  ces  termes  :  h>wkvn<j-oc 
y.eti?roXiç  Ua.Tira.'Kia.ç.  (a)  De  Valois  ,  not.  Gall.  pag.  3  12  ,  (b) 
Longuerue  ,  Dcfcr.  de  la  France,  part.  1.  p.  249. 

Quatre  notices  des  provinces  ôc  des  villes  de  la  Gaule 
font  mention  de  Maguelone.  L'une  la  nomme  civitas  Ma* 
galoncnfis ,  ôc  la  met  la  dernière  des  villes  de  la  première 
Narbonnoife  :  les  autres  lui  donnent  le  fixieme  rang  ,  &  la 
nomment  civitas  Megalonenfium  ou  Magoloncnfium.  La 
divifion  des  diocèfes  faite  par  le  roi  Wamba  lui  donne  le 
fécond  rang  après  la  métropole. 

Maguelone  qui  étoit  venue  au  pouvoir  des  Sarrazins  après 
la  ruine  de  la  monarchie  des  Wifigoths ,  fut  prife  ôc  dé- 
truite par  Charles  Martel  l'an  737  ,  ce  qui  obligea  l'évê- 
que  avec  fon  clergé,  ôc  la  plupart  des  habitans,  à  fe  retirer 
en  terre  ferme  à  une  petite  ville  ou  bourgade  nomméSofian- 
tion  ou  Sufiantion  >  qui  eu  marquée  dans  l'itinéraire  deBour- 
deaux  à  Jérufalemj  fait  fous  Confiantin  le  Grand  ôc  dans 
la  carte  de  Peutinger.  Ce  lieu  nommé  Sufiantion  a  été  en- 
tièrement détruit.  Catel  dans  fes  mémoires  de  Languedoc  * 
affine  que  de  fon  tems,on  voyoit  encore  les  ruines  deSuftan- 
tion  à  mille  pas  du  grand  chemin  qui  va  de  Montpellier  à 
Nïmes  3ôc  à  pareille  diliance  de  la  ville  de  Montpellier , 
près  des  villages  deCafielnau  ôc  de  Clapiers.  Sufiantion  a  eu 
long-tems  ôc  depuis  le  dixième  fiécle  ,  fes  comtes  qui  ne 
relevoient  d'aucun  autre  feigneur.  Ce  furent  ces  comtes  de 
Sufiantion  qui  donnèrent  aux  évêques  de  Maguelone  l'ifie 
où  étoit  leur  ancien  fiége  épiscopal ,  ôc  outre  cela  ils  leur 
donnèrent  des  biens  en  terre  ferme.  Ces  prélats  ayant  de- 
meuré à  Sufiantion  environ  près  de  trois  cens  ans  ,  l'évê- 
que  Arnauld  rebâtit  vêts  l'an  1060  ,  Maguelone  ôc  l'églife 
cathédrale  ,  au  lieu  où  elle  avoit  été  dans  l'ifie  -y  il  y  réta- 
blit fa  réfidence  du  tems  de  Raymond  comte  de  Sufian- 
tion ,  &  de  la  comteffe  Adèle  fa  mère.  A  l'égard  du  comte 
Raymond  ,  il  quitta  auffi  Sufiantion  ,  &  alla  demeurer  à 
Mauguio  ,  place  fituée  fur  l'étang  de  Thau  ,  laquelle  eft 
appellée  en  latin  dans  les  anciens  livres  Melgorium  ôc 
en  françois  Melguel  ,  où  étoit  la  plus  célèbre  monnoie 
de  ce  pays  là  ;  de  forte  que  dans  les  anciens  titres  de  la 
province    ôc   des  pays  voifins  ,  il  eft  marqué  que    les 
payemens  fe  dévoient  huefolidis  Melgorienfibus  ,  en  fols 
de  Melgoire  ou  Melguel  ,  c'efi-à-dirc  de  Mauguio.  Ces 
comtes  étoient  feigneurs  temporels  de  l'évêché  de  Ma- 
guelone ,  de  forte  que  Pierre  comte  de  Melgoire  dans  fa 
chartre  de  l'an  1085  ,  donne  le  comté  de  Sufiantion  ,  ôc  le 
temporel  de  l'évêché  de  Maguelone  au  pape  Grégoire  VII, 
ôc  à  fes  fucceffeurs  ,  ce  que  ce  comte  croyoit  pouvoir 
faire,  parce  qu'il  renoit  fon  comté  librement  &en  franc- 
alcu  ,  in  allodutm  ,  ôc  non  en  fief  d'aucun  autre  prince 
ou  feigneur.  Les  papes  remirent  la  propriété  de  ce  comté 
aux  héritiers  du  comte  Pierre.  Beatrix  qui  descendoit  des 
comtes  de  Mauguio  dont  elle  fut  héritière  ,  époufa  Ber- 
nard Pelet  feigneur  d'Alais ,  dont  elle  eut  une  fille  nom- 
mée Hermefende  qui  époufa  Ravmond  fils  &  héritier  du 
comte  de  Touloufe  ,  à  qui  la  comteffe  Béatrix  avoit  faic 
l'an  1 1 72  ,  une  donation  de  tous  fes  biens  ;  ôc  Hermefende 
mourant  l'an  1176  ,  confirma  par  fon  teftament  cette 
donation  en  faveur  de  fon  mari  Raymond  ôc  du  comte 
de  Touloufe. 

Depuis  ce  tems-là  les  comtes  de  Touloufe  furent  auffi 
comtes  de  Mauguio  ,  ôc  fe  firent  reconnoître  pour  fei- 
gneurs de  fief  par  le  feigneur  de  Montpellier  dont  les  pa- 
pes furent  mécontens ,  de  forte  que  durant  la  guerre  des 
Albigeois  le  pape  Innocent  III  envoya  ordre  l'an  1209  à 


MAG 


MAH 


fcs  légats  de  fe  faifit  du  comté  de  Mauguio  ,  comme  étant 
un   patrimoine  de  1  Eglife  Romaine. 

Le  même  pape  Innocent  III  donna  l'an  121  j  à  Guil- 
laume Raymond  évêque  de  Magnelone  &  à  fon  églife  le 
comté  de  Mauguio  ,  moyennant  une  redevance  de  vingt 
marcs  d'argent  par  an  ;  cependant  le  comte  de  Touloufe 
ayant  fait  l'a  paix  avec  le  pape  &  le  roi ,  fe  mit  en  pofief- 
fïon  du  comté  de  Mauguio  ,  cela  attira  l'excommunica- 
tion de  Grégoire  IX  .  ôc  au  comte  de  Touloufe  ôc  aux  ha- 
bitans  de  Mauguio  qui  avoient  pris  fon  parti.  Ce  diffé- 
rend dura  plufieurs  années  ,  &  jusqu'à  la  mort  du  comte 
dciTouloufe.  Alors  faint  Louis,  prelïé  par  les  follicitations 
de  Clément  IV  ,  fit  remettre  l'évêque  de  Magnelone  en 
polTeflîon  du  comté  de  Melgoire ,  que  les  papes  foutenoient 
être  un  fief  de  l'églife  Romaine. 

Les  évêques  ont  joui  des  biens  Se  des  droits  qui  leur 
avoient  été  conteftés  i  mais  les  prétentions  des  papes  fur 
le  comté  de  Mauguio  ont  été  anéanties  après  la  mort 
de  S.  Louis.  Les  évêques  ont  toujours  eu  leur  fiége  ôc 
leur  églife  cathédrale  dans  l'ifle  de  Magnelone  jusqu'à  l'an 
1  j  36  ,  ôc  ce  fut  pour  lors  feulement  que  le  pape  Paul  III 
transféra  le  fiége  épiscopal  de  ces  prélats  dans  la  ville  de 
Montpellier  ,  parce  qu'on  n'y  pouvoir  plus  demeurer  en 
fureté  ,  à  caufe  des  incurfions  des  pirates  Maures  ôc  Sar- 
razins  qui  y  faifoient  fouvent  des  descentes  ;  de  forte  que 
ce  lieu  de  Magnelone  en  plufieurs  anciens  titres  eft ,  au 
rapport  de  Catel ,  appelle  le  port  Sarrazin.  Le  chapitre 
de  l'églife  cathédrale  qui  étoit  régulier  ôc  de  l'ordre  de 
S.  Auguftin  ,  fut  féculaiifé  par  le  même  pape  dans 
le  tems  de  cette  tranflation.  *  Lotiguerue  ,  p.  250. 

2.  MAGUELONE  ,  étang  du  Languedoc  ,  ainfi  nom- 
mé de  la  ville  de  Magnelone  qui  étoit  fur  fa  côte  méri- 
dionale. Comme  les  villages  de  Latte  ôc  de  Peraut  fe  trou- 
vent auffi  fur  fes  bords ,  on  l'appelle  quelquefois  l'étang  de 
Latte  &  l'étang  de  Peraut.  Il  s'étend  le  long  de  la  côte  de- 
puis le  port  de  Sette  jusqu'auprès  du  fort  de  Pecais.  Il 
communique  à  l'occident  avec  l'étang  de  Thau.  Il  fe  dé- 
charge dans  la  mer  Méditerranée  par  plufieurs  endroits. 

MAGUIBA ,  rivière  d'Afrique  dans  la  Guinée.  Voyez. 
Nugnez. 

M  A  G  U  I  L  A  ,  petite  ville  d'Afrique  en  Barbarie  au 
royaume  de  Fez.  Elle  eft  bâtie  fur  la  pointe  de  la  monta- 
gne de  Zarhon  qui  regarde  l'orient  du  côté  de  Fez  ;  les  Ro- 
mains la  fondèrent.  Elle  a  fur  la  montagne  une  grande 
contrée  d'oliviers  ,  ôc  au  bas  une  belle  plaine  qu'on  arrofe 
de  plufieurs  fontaines  qui  fortent  des  environs.  Elle  rap- 
porte beaucoup  de  bled  ,  de  chanvre  ,  de  camomille,  de 
carvi  d'Alhegna  ôc  de  moutarde.  Ses  habitans  font  com- 
merce déroutes  ces  chofes ,  auffi  font-ils  à  leur  aife.  Ce- 
pendant ils  n'ont  que  de  méchantes  maifons  ,  &  les  mu- 
railles de  la  ville  font  ruinées  en  plufieurs  endroits.'"  Mar- 
mot ,  Afrique  ,  t.  2.1.  4.  c.  32. 

MAGULABA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon  Pto- 
lomée  ,  /.  6.  c.  7.  qui  la  place  entre  Jula  ôc  Sylxum. 

MAGUNIHIE,baronnie  d'Irlande  dans  la  province  de 
Munfter.  Elle  eft  fituée  dans  le  milieu  du  comté  de  Kerry 
dont  elle  eft  une  des  huit  baronnies.  Etat  préfent  de  l'Ir- 
lande ,  pag.  jo. 

MAGÛR.  Voyez.  Nargur. 

M  AGURA,  en  grec  Mctyapa,  petite  ville  de  la  Lybie  in- 
térieure. Ptolomée  ,  /.4  c  6.  en  parle  ,  ôc  la  marque  fur 
la  côte  entre  Tagama  &  Ubrix. 

MAGUSA  ,  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte ,  fuivant 
Pline ,  /.  6.  c.  29. 

MAGUSiEI.  Eufébe  dans  fa  préparation  évangélique  , 
/.  6.  parle  d'un  peuple  ainfi  nommé  ôc  qui  étoit  de  la  Per- 
fe,  Il  dit  qu'ils  époufoient  indiftinctement  leurs  filles  , 
leurs  foeurs  ôc  leurs  mères ,  ôc  S.  Clément  en  fait  auffi 
mention  ,  in  recogn. 

MAGUSiEI  Hf.rculis  Fanum  ,  temple  d'Hercule  à 
l'embouchure  de  l'Efcaut.  Il  en  eft  fait  mention  dans  une 
Ancienne  •  infeription  trouvée  à  Befteappel  en  Zélan- 
de.  La  voici  telle  que  le  rapporte  Ortelius  ,  Thefaur.  qui 
l'a  bien  examinée. 

H  e  r  c  u  l  1. 
Magusano. 

M.       P    R    I    M    I    I   u    S. 
T    E    R    T    I    U    S. 

V.  S.  L.  M. 

Le  nom  Se  la  figure  de  cet  Hercule  ftunommé  Magu* 


fait!  fe  retrouvent  fur  une  médaille  de  Poftume  en  bronze» 
Trebcllius  Pollion  nous  apprend  que  cet  empereur  com- 
manda fur  la  frontière  du  Rhin  ,  ôc  fut  fait  préfident  de 
la  Gaule  par  l'empereur  Valérien. 

MAGUSTANA  ,  ville  de  la  grande  Arménie,  fuivanc 
Ptolomée. 

MAGUSUM  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  &  l'une  de 
celle  que  les  Romains  détruifirenr  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  28. 
MAGUSA  ,  Ma'î«£t,  ville  de  l'Arabie  Pétrée ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  5.  c.  17. 

MAGYDIS.  Voyez.  Matylus. 

MAGYDUS  ,  ville  épiscopale  d'Afic  dans  la  Pamphy- 
lie  ,  la  même  que  Magœdensis  Civitas. 

MAGYNI  ouMagini  ,  nation  Scythe,  dont  Tibulle, 
/.  4.  ehg.  I.  fait  mention  dans  ce  vers  146. 
Çhjaque  Htbrus  Tanaïsque  Getas  rigat  atqtte  Magynos  , 
Ce  peuple  eft  peu  connu  d'ailleurs. 
MAHA  ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  dans  la 
Louifiane  au  nord  du  Miffouri  ôc  des  habitations  les  plus 
feptcntrionalcs  des  Padoucas  ,  ôc  à  l'oueft  des  Tintons  par 
les  4f  degrés  de  latitude  feptentrionale  ,  ôc  à  deux  cens 
lieues  de  l'embouchure  du  Miffouri  dans  le  Miffiffipi.  Les 
Maha  font  errans  ;  il  y  en  a  plufieurs"  familles  établies  au- 
près des  Aiaouez. 

MAHAFALLES  ,  province  de  l'ifk  de  Madagascar  dans 
la  partie  méridionale.  Elle  eft  bornée  au  noid  par  les  Ma- 
chicures ,  à  l'orient  par  les  Ampatres  au  midi  par  la  mer 
des  Indes  ,  ôc  à  1  occident  tlle  a  les  ifies  Nafumentb  ;  cette 
province  eft  remplie  de  bois.  Les  habitans  ne  cultivent 
point  la  terre  ,  fi  ce  n'eft  le  grand  ôc  quelques-uns  de  fes 
païens.  En  récompenfe  ils  font  riches  en  bétail  dont  ils 
tirent  leur  nourriture ,  auffi  bien  que  du  laitage  ôc  des  ra- 
cines qui  croifient  en  quantité  dans  les  bois.  Ils  n'ont  au- 
cuns villages  ni  aucune  demeure  fixe  ;  ils  changeur  de  de- 
meure à  mefure  que  les  pâturages  manquent  dans  une 
étendue  de  trente-cinq  ou  quarante  lieues  de  pays  qu'ils 
ont  à  eux.  Ils  font  leurs  hutes  ou  cabanes  dans  les  bois , 
éloignées  les  unes  des  autres  ,  fuivant  les  parcs  où  ils  reti- 
rent leurs  belliaux.  Les  femmes  font  de  bonnes  pagnes  de 
coton  &  de  foie  ,  ôc  d'une  efpece  d'écorce  qu'ils  appellent 
Try  ,  qui  approche  de  la  douceur  de  la  foie ,  mais  qui  ne 
dure  pas  tant  que  le  coton. 

Il  y  a  dans  cette  province  un  arbre  nommé  Anadzahé 
qui  eft  monftrueufement  gros  ;  il  eft  creux  dedans ,  ôc  fon 
vuide  eft  ordinairement  de  douze  pieds  de  diamètre  ;  il 
eft  rond  ,  il  fe  termine  en  voûte,  au  milieu  de  laquelle  il 
y  a  comme  un  cul  de  lampe ,  ôc  cette  voûte  a  vingr  cinq  à 
trente  pieds  de  hauteur.  Il  y  a  une  porte  qui  a  quatre  pieds 
de  haut ,  ôc  trois  de  large  :  le  refte  du  corps  de  l'arbre  eft 
épais  d'un  bon  pied.  L'arbre  en  rout  peut  avoir  trente  cinq 
pieds  de  haut.  Il  n'a  que  quelques  petites  branches  en 
quelques  endroits  fur  fon  fommet  Par  fa  figure  ,  il  refiem- 
ble  à  une  tour  pyramidale  ;  c'eft  une  merveille  de  la  na- 
ture. *  Flacourt ,  Hiftoire  de  Madagascar ,  p.  1 3. 

MAHAGEN  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  où  elle  fé- 
pare  deux  provinces  de  ce  pays-là  ,  fçavoir  Jemamah  ôc 
Temamah.  Elle  eft  fituee  dans  une  plaine  fertile  à  l'orient 
feptentrional  de  la  ville  de  Zébid ,  de  laquelle  elle  n'eft 
éloignée  que  de  deux  journées.  Le  géographe  Perfien  la 
met  dans  le  premier  climat ,  ôc  dit  qu'elle  eft  petite  ,  mais 
fort  peuplée.  Edriffi  qui  la  ptace  dans  la  fixieme  partie  du 
même  climat  ,  écrit  qu'elle  eft  à  fept  journées  de  Sanâa 
capitale  de  l'Icmen,  &  à  huitd'Aden  ;  cV'que  le  petite  pays 
nommé  Dahés  s'étend  entre  ces  deux  villes.  *  D 'Herbelot % 
Biblioth.  orient. 

MAHALEU  ,  ville  d'Egypte  ,  capitale  de  la  Garbie  9' 
l'une  des  deux  provinces  du  Deltha.  Le  fieur  Lucas ,  dans 
fon  voyage  fait  en  17 14  ,  &c.  t.  1.  /.  4.  p.  277  ,  qui  la  dé- 
crit ,  dit  qu'elle  eft  (ans  contredit  une  des  plus  belles  de 
l'Egypte  ,  ôc  qu'elle  lui  parut  la  mieux  bâtie  &  la  plus  gran- 
de après  le  grand  Caire.  Les  bazarda  y  font  très- beaux  ôc 
fort  commodes  ,  ôc  on  y  fait  un  grand  commerce  en  toi- 
les de  lin  ôc  de  coron.  On  y  fait  auffi  beaucoup  de  fel  ar- 
moniac  dont  le  débit  eft  fort  confidérable  11  y  a  dans  ccre 
ville  des  fours  à  faire  éclore  les  poulets  par  la  chaleur. 
Un  très-beau  canal  du  Nil  arrofe  les  maifons  de  Maha- 
leu  ,  ôc  les  Turcs  qui  habitent  cette  ville  ont  eu  foin  d'y 
bâtir  un  pont  de  brique  .  fur  lequel  on  pafie  pour  aller 
dans  une  très-belle  campagne  qui  eft  de  l'autre  côté, 
MAHAM  ou  Petchi  (  le  royaume  de  )  eft  dans  la  Cot 


MAH 


rée.  Il  y  avoit  autrefois  trois  pays  dans  la  Corée  qui  por- 
roient  le  nom  de  Han.  Le  premier  étoit  appelle  Mahan  , 
le  fécond Chinhan  ,  &le  troifieme  Pienchin.  Celui  de 
Mahan  étoit  le  plus  occidental  ôc  occupoit  une  grande 
étendue  de  pays.  Le  fécond  étoit  fitué  du  côté  de  l'orient , 
ôc  Te  troifieme  au  milieu.  Dans  les  commencemens  ces 
pays  ne  faifoient  point  partie  du  royaume  de  Tchaofien , 
ni  de  celui  de  Kaoli  :  ils  avoient  leurs  rois  particuliers.  Le 
dernier  des  rois  de  Tchaofien  ayant  été  chaiïé  de  fes  états 
par  un  ufurpareur  ,  fc  fauva  dans  le  pays  de  Maham  ,  où 
il  vint  à  bout  de  fe  faire  proclamer  roi  ;  mais  lorsque  fa 
poftérité  fut  éteinte ,  les  Maham  rétablirent  un  roi  de 
leur  nation.  Ils  envoyèrent  fouvent  des  tributs  aux  Chi- 
nois ,  de  même  que  les  deux  aunes  Royaumes.  Il  paroît 
qu'il  faut  comprendre  dans  ces  pays  plufieurs  ifles  voifi- 
nes.  Dans  la  fuite  ils  furent  fournis  par  les  Petci  ôc  les 
Sinlo. 

Les  rois  de  Petci  descendoient ,  comme  ceux  de  Kaoli , 
des  rois  de  Fougu  ,  pays  fitué  dans  la  partie  fcptentrioriale 
de  la  Corée ,  ôc  qui  étoit  précifément  au  nord  du  royau- 
me de  Kaoli ,  à  l'occident  des  Nieutche ,  ôc  à  l'orient  des 
Tartarcs  Sienpi.  Ces  princes  font  fort  anciens  ;  mais  ils 
nous  font  inconnus.  On  leur  donne  ,  comme  à  plufieurs 
fouverains  de  ces  cantons  ,  une  origine  fabuleufe.  Ils 
avoient  beaucoup  d'officiers  qui  gouvernoient  fous  eux  : 
les  habitans  de  ce  pays  cultivoient  les  Sciences  :  ils  avoient 
adopté  la  doctrine  des  Samenéens  -,  mais  on  ne  voyoit 
point  parmi  eux  de  Bonzes.  Taofu-Kieoutai  avoir  dans  ce 
pays  un  temple  où  l'on  alloit  facrifler.  L'an  66q  les  rois 
de  Petci  fe  fournirent  aux  Tam ,  ôc  leur  pays  fut  réduit 
en  Province.  Les  Chinois  s'emparèrent  par  la  fuite  de 
cette  province  ,  ôc  y  rétablirent  la  famille  royale  qui  s'étei- 
gnit presqu'auffirôt ,  ôc  les  Sinlo  ,  les  Pohai  ôc  les  Moko 
partagèrent  ce  royaume  enn'eux.  *  Hifi.  générale  des 
Huns  par  M.  de  Guignes ,  t.  i.  p.  141  ôc  fui v. 

MAHAN  ou  Makhan  ,  ville  de  Pcrfe  dans  le  Kho- 
raffan  auprès  de  Meru  Schagehan.  Lorsque  les  Seigiuci- 
des  eurent  paffé  l'Oxus  ,  une  famille  d'entr'eux  qui  fe  di- 
foit  descendue  d'Oguzkhan  s'y  arrêta  ôc  y  commanda  jus- 
qu'à l'irruption  de  Genhiskan  ,  alors  Soliman  Schah  qui 
descendoit  de  Caïkhan  chef  des  Oguziens  ,  voyant  fon 
pays  ruiné ,  l'abandonna  ôc  vint  à  Akhlath  ou  Khelath  , 
ville  d'Arménie  où  il  s'établit.  D'Herbelot  fait  cet  article 
double  ,  une  fois  fous  le  titre  de  Makhan  ôc  Mahan  , 
ôc  l'autre  fous  celui  de  Mahan  ôc  Makhan.  Il  dit  dans 
ce  dernier  ce  qu'on  vient  de  lire  ;  ôc  dans  l'autre  il  avoit 
déjà  dit  que  cette  ville  donnoit  fon  nom  à  une  grande 
plaine  qui  s'étend  entre  les  villes  de  Bavurd  Se  de  Meru 
dans  le  Chorafan.  Ben  Arabschiah  écrit  que  Tamerlan  la 
ruina  avec  toutes  les  bourgades  qui  la  peuploient ,  lors- 
qu'il fit  fon  irruption  dans  cette  province.  C'eft  de  ce 
lieu  que  fortit  Soliman  Schah  père  d'Ortogrul  ôc  ayeul 
d'Othmftn  fondateur  de  la  dynaftie  des  Othmanides  ou  des 
Othotr.ans.  *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

MAHAN  AIM  ou  Manaim  (a  ) ,  ville  des  Lévites  de 
la  famille  de  Merari  dans  la  tribu  de  Gad  ,  fur  le  torrent 
dlabok  (b).  Ce  nom  de  Mahanaïm  lignifie  les  deux 
camps.  I  e  patriarche  Jacob  lui  donna  ce  nom  1  parce  qu'en 
cet  endroit  il  eut  une  vifion  des  anges  qui  venoient  au- 
devant  de  lui  (  c  ).  Mahanaïm  fut  le  fiége  du  Royaume 
d'Ifbofeth  après  la  mort  de  Sai.il  ;  ce  fut  au  même  en- 
droit que  David  fe  retira  pendant  la  révolte  d'Abfalon 

(d)  ;ôcce  fils  rebelle  fut  vaincu  ôc  mis  à  mort  afiez  près 
de  cette  ville.Elleeft  quelquefois  nommée  dans  la  vulgate 

(e)  fimplement  Caftra ,  le  camp,  {a)  D.  Calmet ,  Diét. 
(  b  )  Jofué ,  2 1  ,  3  8  ,  29 ,  30.  &  I.  Par.  6.  80.  (c)  Genefe , 
32.  i.(d)  U.Reg.i,  9,  12,  17&18.  (e)  Genef.  32, 
21.  &  IIReg.  Ii,9,i2,2i&i7,24,i9,32. 

MAHANASAR.  L'hiiloriende  Timur-Bec ,  /.  3.  c.  19. 
nomme  ainfi  trois  bourgs  de  Perfe  fur  la  mer  Caspienne , 
à  quatre  lieues  de  la  ville  d'Amol.  Ce  lieu  eft,  félonies 
géographes  du  pays  ,  à  quatre-vingt  huit  degrés  huit  min. 
de  longitude ,  ôc  à  trente-fept  degrés  cinquante  min.  de  la- 
titude. 

MAHAOLA  ,  royaume  d'Afrique  dans  l'Abyfïînie,  fé- 
lon Corneille ,  qui  le  met  tout  proche  de  celui  de  Zeth. 

MAHARAZ  ou  Machres  ,  place  maritime  d'Afrique 
dans  la  Barbarie ,  au  pays  de  Tripoli  ,  félon  Marmol , 
Afrique  ,  tom.  2  ,  lib.  6  ,  cap.  39.  Elle  eft  forte,  ôc  a  été 
bâtie  par  les  rois  de  Tunis  à  l'embouchure  du  golfe  de  C«- 


MAH        39 

pez  ,  pour  le  garantir  des  pirates  Chrétiens  qui  avoient 
coutume  de  venir  ravager  toute  cette  côte.  Les  habkans 
n'ont  ni  terres  labourables  ni  troupeaux  :  ce  font  des  pau- 
vres mariniers  ou  pêcheurs  qui  vont  en  courfe  avec  les  na- 
vires turcs.  Il  y  a  parmi  eux  quelques  tiflèrans  qui  fonr  de 
la  toile  ôc  des  faies  à  la  moresque.  Ils  parlent  la  langue 
africaine  des  Bercberes ,  comme  ceux  des  ifles  de  Gelves  où 
elt  leur  principal  trafic  ,  ôc  d'où  ils  ne  font  éloignés  que  de 
dix-huit  lieues. 

MAHIGHIR  ,  canal  d'Afie  dans  l'Tndouftan  ,  entre 
Pendgir  ôc  Cabul.  Il  a  cinq  lieues  de  long,  ôc  futereufé 
par  les  ordres  de  Timur-Bec ,  félon  l'hifiorien  de  ce  prin- 
ce. /.  4.  c.  5. 
MAHMOR.  Voyez.  Mamore. 
MAHMOUDAÎ3AD  ,  plaine  d'Afie  dans  la  Géorgie  , 
félon  l'hiftorien  de  Timur-Bec  ,  /.  3.  c.  50. 

MAHO  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Quei- 
cheu  ,  au  département  de  Tucho  ,  huitième  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pékin  de  neuf 
degrés  58  minutes  par  les  26  degrés  31  min.de  latitude. 
Atlas  Si  tien  fis. 

MAHOMETE  ,  ville  d'Afrique  fur  la  côte  de  Barba- 
rie ,  au  pays  de  Tunis.  C'eft  la  même  que5  Hamamet. 
MAHON.  Voyez.  Port-Mahon. 
MAHOUZA  ,  ville  d'Afie  dans  l'Iraque  arabique  ,  fi- 
tuée  afiez  près  de  Bagdat  ;  car  c'eft  fans  doute  cette  ville 
que  d'Herbelot  ,  dans  fa  bibliothèque  orientale  ,  entend 
par  Babylone.  Cosrocs  fils  de  Cobad  ôc  furnommé  Nous- 
chirvan  ,  y  établit  une  colonie  des  habitans  d'Antioche 
qu'il  avoit  conquife  ,  ôc  cela  fut  caufe  qu'elle  en  porta 
quelque  tems  le  nom  ,  mais  elle  reprit  enfuite  celui  de 
Mahouza. 

MAHRAH ,  contrée  de  l'Arabie  Heureufe.  Son  nom 
qui  fignifie  la  Porte  du  Défert,  marque  fa  fituation.  Elle 
eft  à  trente  journées  de  Hadgre  ;  il  n'y  a  ni  palmiers  ni 
terres  cultivées.  Les  habitans  n'ont  pour  tout  bien  que  des 
chameaux.  Leur  langue  eft  barbare  ôc  très-difficile  à  ap- 
prendre. On  élevé  parmi  eux  d'excellens  dromadaires.  Il 
y  croît  de  l'encens  que  l'on  porte  dans  les  autres  pays, 
*  Abulfeda  ,  Defcr.  de  l'Arabie. 

1.  MAHU  .  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Su- 
chuen  où  elle  a  le  rang  de  huitième  métropole.  Elle  eft  de 
treize  degrés  dix-neuf  minut.  plus  occidentale  que  Pékin  , 
fous  les  vingt-neuf  degrés  cinq  minutes  de  latitude.  On  l'a 
bâtie  fur  la  rive  feptentr.  d'une  rivière  qui  porte  le  même 
nom  ,  ôc  dans  le  voifinage  d'un  lac  aulfi  nommé  Mabu. 
Elle  n'a  aucune  ville  fous  fa  dépendance ,  cependant  elle 
a  plufieurs  bourgs  ôc  diverfes  fortereffes  dans  fon  voifinage. 
Son  fondateur  fut  l'empereur  Hiaouvu  -,  ôc  l'époque  de  fa 
fondation  eft  marquée  au  tems  que  ce  prince  paffa  dans 
le  pays  ,  lorsqu'il  entreprit  fon  expédition  contre  l'Inde. 
Il  la  nomma  Jangco.  Depuis  la  famille  Tanga  elle  porte 
le  nom  qu'elle  a  aujourd'hui. 

Mahu  ,  en  langue  chinoife  ,  fignifie  le  lac  du  Cheval. 
On  prétend  qu'on  vit  autrefois  dans  le  lac  voifin  de  cette 
ville  un  cheval  qui  avoit  la  figure  d'un  dragon ,  ôc  que  c'eft 
ce  qui  a  fait  donner  le  même  nom  à  la  ville  ,  au  lac  &  à  la 
rivière.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  MAHU  ,  lac  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Su- 
chuen.  Voyez,  l'article  précédent. 

3.  MAHU  ,  rivière  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Suchuen.  Voyez.  Mahu  ville. 

MAHURAH  ouMahourat  ,  ville  d'Afie  dans  I'In- 
douftan ,  à  peu  de  diftance  de  celle  de  Cambaye.  Les  Per- 
fans  l'appellent  Scheér  Barahema  ,  c'eft-à-dire  la  ville  des 
Brachmanes  où  habitoient  les  Bramines.  Un  auteur  dit  que 
Mabura  eft  la  même  queMAssouRAT  ,  qu'on  appelle 
aujourd'hui  par  abréviation  Sou  rat.  *  Corn.  Diét.  D'i/<?r- 
belot  ,  Biblioth.  orient. 

MAIA  ,•  ville  d'Afie  dans  la  province  de  l'Hellespont  , 
félon  Etienne  le  géographe. 

MAIACARI ,  (  La  rivière  ce  )  rivière  de  l'Améri- 
que méridionale  dans  la  France  équinoxiale.  Elle  fe  dé- 
gorge dans  la  mer  du  Nord ,  à  vingt-deux  lieues  au  fepten- 
trion  du  cap  Nord.  Elle  coule  d'occident  en  orient ,  ôc  fon 
cours  eft  d  environ  quatorze  lieues  depuis  fa  fource  jusqu'à 
fon  embouchure. 

MAIAGU  AN  A  ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale  au 
nord  de  l'ifle  Espagnole  entre  les  ifles  Lucayes. 

MAIANDARA.  Voyez.  Malandara. 


MAI 


40 

MAIANI.  Voyez.  Maggianos. 

MAIDA,  petite  ville  d'Italie  au  royaume  de  Naples  ■ 
dans  la  Calabre  ultérieure  au  pied  du  mont  Apennin  fut 
l'Amato ,  &  à  huit  milles  de  Nicaftro  au  midi  en  allant 
vers   Monteleone.  Voyez.  M  al  an  1  us.  *  Baudrand  , 

édit.  I70J- 

MEIDENBEATH,  bourg  d'Angleterre  dans  la  province 
de  Barck.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  Etat  préfent  de 

la  Gr.  Bret.  t.  1. 

MAIDSTONE,  en  latin  Madus  ôc  Vagniacum,  ville 
d'Angleterre  au  pays  de  Kent  ;  c'eft  une  des  meilleures 
villes  de  Kent  ,  félon  l'auteur  de  l'état  préfent  de  la  Gran- 
de Bretagne,  t.  1.  p.  76.  On  y  tient  marché  public , 
elle  envoie  fes  députés  au  parlement  ,  &  on  y  tient 
les  arfifes.  Cependant  Baudrand  ôc  Corneille  n'en  font 
qu'un  bourg  à  deux  lieues  de  Rochefter  fur  le  Medwai. 
Ce  dernier  dit  que  les  archevêques  de  Cantorbcri  y  ont  un 
palais  commencé  pat  Ufford  l'un  de  ces  prélats  ,  ôc  achevé 
par  Simon  Iftip. 

MAIED ,  ifle  d'Afie  dans  l'Océan  oriental  furla  côte  de 
la  Chine.  Elle  eft  à  quatre  journées  de  navigation  de  l'ifle 
de  Soborma.  Les  géographes  orientaux  mettent  Maïed  au 
nombre  des  ifles  qu'ils  nomment  Gezair  Almoagiat  ; 
c'eft  la  plus  grande  ôc  la  plus  fertile  de  toutes ,  ainfi  il  y 
a  toujours  dans  Ces  ports  un  grand  nombre  de  vaiffeaux 
chinois  qui  viennent  y  trafiquer.  Elle  eft  à  l'orient  de  l'ifle 
de  Dhalah  ,  dont  elle  n'eft  éloignée  que  de  trois  journées 
de  navigation  ,  félon  ce  qu'écrit  Edriflï.  *  D'Herbelot  , 
Biblioth.  orient. 

MAIELLANICATES  ,  montagne  d'Italie  au  royaume 
de  Naples  dans  l'Abruzze  citérieure  ,  près  de  la  rivière 
de  Pescaire  vers  Popoli ,  ôc  à  quatre  milles  d'Aqnila  à  l'o- 
rient. *  Baudrand ,  édit.  1705. 
MA1ENCE.  Voyez.  Mayence. 
MAIENFELD.  Voyez.  Meyenfeld. 
MAIENNE  ,  (  La  )  ou  Le  Maine  ,  rivière  de  France , 
en  latin  Meduana.  Elle  a  fa  fource  à  Linieres  aux  confins 
du  Maine  *:  de  la  Normandie  ,  ôc  a  tout  fon  cours  dans 
la  feule  généralité  de  Tours.  Elle  reçoit  la  Sarte  &  fe  jette 
dans  la  Loire  à  deux  lieues  au-defïous  du  pont  de  Ce  en 
Anjou.  Cette  rivière  eft  navigable  par  elle-même  depuis 
fon  embouchure  jusqu'à  trois  lieues  au-deflus ,  Se  paréclu- 
fes  jusqu'à  Château-Gontier ,  ôc  de-là  jusqu'à  Laval.  Cette 
navigation  fert  pour  amener  à  Laval  &c  dans  le  pays  des 
environs  des  vins  d'Anjou  ,  de  Blois ,  de  Gascogne  ,  des 
ardoifes  d'Angers  ,  des  pierres  de  tuf  de  Saumur  ,  des  pier- 
res de  moulage  deTouraine  &  du  Poitou  ,  8c  autres  grofles 
marchandifes.  Les  voituriers  fe  chargent  à  leur  retour  de 
fer ,  de  verres  8c  de  bois  de  merrain.  Le  cardinal  Maza- 
rin  avoit  eu  le  deflein  de  continuer  à  rendre  cette  rivière 
navigable  jusqu'à  Maïenne-,  mais  la  mort  de  ce  miniure 
empêcha  l'exécution  de  ce  projet  ,  qui  feroit  d'une  très- 
grande  utilité  ,  non  feulement  pour  tout  le  pays ,  mais 
encore  pour  les  provinces  de  Normandie  &  de  Bretagne. 
*  Piganiol  de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  j.  p.  454. 
MAIENNE  ,  ville  de  France  dans  la  provincedu  Mai- 
ne. On  l'appelle  ordinairement  Maïenne  la  Juhée  ou 
1A  Juhel  ,  en  latin  Meduana  Jitcbelli.  Elle  elt  fur  la  ri- 
vière de  Maïenne ,  Se  a  pris  fon  furnom  de  Juhel  premier 
du  nom  ,  feigneur  de  Maïenne  ,  qui  fit  bâtir  le  château  de 
cette  ville  ,  place  autrefois  confidérable.  Ce  Juhel  eft  ap- 
pelle en  latin  Jithellus  ,  Jitchellus ,  Joshelus ,  Gihellus  , 
Joshellits  8c  Judicael,  qui  eft  le  vrai  nom ,  dont  Juhel  eft 
la  contraction.  Cette  ville  étoit  autrefois  fi  confidérable 
par  fes  fortifications  8c  par  l'aflktte  de  fon  château  fur  la 
croupe  d'un  roc  ,  qu'elle  étoit  regardée  comme  impre- 
nable. Elle  fe  défendit  en  1424  ,  durant  trois  mois  contre 
l'armée  angloife ,  commandée  par  le  comte  de  Salisberi , 
&  après  avoir  foutenu  quatre  aflauts ,  elle  fe  rendit  par 
compofition.  La  ville  8c  le  fauxbourg  font  fort* peuplés; 
il  y  a  deux  paroifles  deflervies  par  un  nombre  confidéra- 
ble de  prêtres  habitués  ,  plufieurs  couvens  &  quelques 
maifonsde  piété.  On  y  trouve  divers  tribunaux  ,  la  barre 
ducale,  l'élection  ,  le  grenier  à  fel ,  la  maîtrife  des  eaux  8c 
forêts  ,  la  maréchautfée  ,  l'hôtel  de  ville.  La  terre  8c  fei- 
gneurie    de    Maïenne    étoit   une  baronnie    à    laquelle 
Claude  de  Lorraine ,  premier  duc  de  Guife  ,  ayant  joint 
Sablé  &  la  Ferté-Bernard ,  elle  fut  érigée  en  marquifat 
par  François  I ,  l'an  1544,  8c  en  duché-pairie  l'an  1 J73  , 
en  faveur  de  Charles  de  Lorraine  ,  lieutenant  général  de 


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la  ligue.  Cette  érection  fut  faire  pour  lui  &  fes  fucces- 
feurs ,  tant  mâles  que  femelles.  Cette  terre  ayant  paffé  de- 
puis dans  la  maifon  de  Gonzague-Mantoue  ,  Charles  de 
Gonzague  fécond  du  nom,  duc  de  Mantoue,  la  vendit 
en  1 6;  4,  au  cardinal  Mazat  in-,  elle  eft  actuellement  pos- 
fédée  par  Paul-Jules  de  la  Porte ,  duc  de  Mazarin ,  fils 
d'Armand- Charles  de  la  Porte  ,  duc  de  Mazarin  ,  8c 
d'Honence  Mancini ,  nièce  du  cardinal  Mazarin.  *  Figa- 
nïol de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France  ,  t .  j .  p.  49 1 . 

MAIGNAC,  ville  &  première  baronnie  de  la  Ba fie- 
Marche  ,  à  deux  petites  lieues  à  l'orient  du  Dorât ,  ôc  à 
cinq  lieues  à  l'occident  de  la  Sonteraine. 

MA1GNANE,  (  la  )  bourg  de  France  dans  l'Anjou. 

MAIGNINE  ,  ifle  d'Afie  dans  la  mer  de  Marmora  fur 
la  côte  de  la  Natolie  devant  le  golfe  de  Polimeure.  Elle 
eft  fort  petite ,  ôc  eft  à  trente  milles  de  Burfe  au  couchant. 
Baudrand ,  édit.  1705,  dit  que  le  nom  latin  eft  Besbri- 
cus,  &  Corneille  dit  qu'on  la  nomme  auiTi  Calonio. 

1.  MAILLAC  ,  en  latin  Caftrum  de  Mailliaco  ,  bourg 
de  France  dans  le  Berri ,  fur  la  rivière  de  Benaife  ,  au 
diocèfe  de  Bourges,  &  dans  l'élection  de  Blanc. 

x.  MAILLAC  ,  fontaine  d'eau  minérale  en  France, 
dans  le  Languedoc. 

MAILLE  ,  petite  ville  de  France  en  Tourraine  ,  à 
deux  lieues  de  Tours,  au  bord  feptentrional  de  la  Loire. 
Il  y  a  un  bon  château  ,  une  collégiale ,  deux  paroifles  ,  un 
monaftère  de  religieufes  de  faint  Auguftin ,  &  un  d'Hos- 
pitalières. Elle  a  donné  le  nom  à  la  grande  maifon  de  Mail- 
lé ,  connue  depuis  le  quinzième  fiécle.  C'étoit  un  comté, 
avant  qu'elle  fût  érigée  en  duché-pairie  fous  le  nom  de 
Luines  en  1619. 

MAILLEBOIS  ,  en  latin  Molli  Boscum  ,  feigneurie 
de  France  dans  le  Timerais ,  au  diocéfe  de  Chartres  & 
dans  l'élection  de  Verneuil.  Elle  fut  érigée  en  marquifat 
par  Louis  XIV.  en  faveur  de  M.  Desmarets  ,  controlleur 
général  des  finances ,  qui  l'avoir  acquife.  Ce  miniftre  en 
fit  porter  le  nom  8c  le  titre  à  fon  fils  aîné  ,  lieutenant 
général  des  armées  du  roi,&  maître  de  la  garderobe.  Jean- 
ne le  Baveux  ,  fille  du  baron  de  Tilleres ,  porta  cette  fei- 
gneurie à  Robert  d'O  huitième  du  nom ,  qu'elle  avoit 
époufé  avant  l'an  1314,  8c  François  d'O  ,  furintendant 
des  finances  ,  mort  en  IJ94,  la  pofTédoit  encore.  Il  v  a 
une  collégiale  bien  entretenue ,  avec  une  paroifie  du  titre 
de  fainte  Geneviève. 

MAILLERAYE  ,  (  la  )  château  de  France  en  Nor- 
mandie ,  au  pays  de  Caux  fur  le  bord  de  la  Seine ,  fix 
lieues  au  deflous  de  Rouen  ,  entre  Jumiege  &  Caudebec. 
Il  eft  orné  d'une  grande  baluftrade  de  pierres  fur  le  canal 
de  la  rivière  ,  ôc  accompagné  de  jardins,  de  grandes  ave- 
nues d'arbres  ,  &  d'une  large  route  à  travers  la  forêt  de 
Brotone.  Il  y  a  dans  fon  enceinte  une  chapelle  deflervie 
par  quatre  Capucins  ,  qui  ont  un  hospice  joignant  cette 
chapelle.  La  terre  de  la  Maillcraye  comprend  en  feigneu- 
rie ôc  patronage  les  paroifles  de  Gerbeville ,  de  Blietuit 
&  de  Vatteville,  qu'on  trouve  vers  le  rivage  de  la  Seine. 
*  Armoires  dreffés  fur  les  lieux  en  1704. 

MAILLEZAIS,  en  latin  Malliaarm  Tïclonum  , 
ville  de  France  en  Poitou  ,  dans  une  ifle  que  forment  la 
Sevré  Niortoife  8c  l'Autize.  Elle  étoit  autrefois  épisco- 
pale  ;  mais  les  marais  dont  elle  eft  environnée  ,  en  ren- 
dent l'air  fi  mal  fain  ,  qu'on  a  transféré  l'évéché  à  la  Ro- 
chelle. Bouchet ,  dans  fes  annales  en  parle  en  ces  termes  : 
L'anfixiéme  du  règne  du  roi  Robert ,  qui  fut  l'an  de  notre 
falut  mille  cr  trois  ,  Guillaume  ,  duc  de  Giiicnne  ,  &  Ado- 
malefa  femme  ,  au  mois  de  Juin  affemblcrcm  à  Poitiers 
l'évêque  dudit  lieu  ,  nommé  Gilbert ,  l'archevêque  de  Bour- 
deaux  ,  nommé  Gombaut ,  Çr  autres  évêques  ,  &  fondè- 
rent en  leur  préjence  t  abbaye  dr  monaftère  de  Maillezaif, 
qui  de  préfent  eft  l'un  des  trois  évêchés  dudit  pays  de  Poi- 
tou :  laquelle  fondation  fut  confirmée  par  le  p./pe  Sergïus  , 
quatrième  du  nom  ,  quatre  ans  après  ou  environ.  Le  duc 
de  Guienne  donna  à  cette  abbaye  entr'aimes  biens  qui  lui 
appartenoient  ,  la  ville  de  fainte  Marie  de  l'Ermenaud  , 
près  de  Fontenai-le  Comte ,  où  il  y  avoit  un  château  8c  un 
prieuré  qui  fut  uni  à  la  menfe  épiscopale  ,  lorsque  Mail- 
Iezais  fut  érigée  en  éveché.  Pierre  ,  religieux  de  cette  ab- 
baye ,  compofa  une  chronique  contenant  plufieurs  remar- 
ques curieufes  8c  utiles,  dont  l'original  fe  trouve  parmi 
les  manuscrits  de  meflieurs  du  Pui ,  qui  font  à  la  biblio- 
thèque du  roi.  Ce  fut  le  pape  Jean  XXII,  qui  érigea  l'ab- 
baye 


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baye  de  Maillezais  en  évêché  l'an  1 5 17 ,  &  Geoftroî  de 
Rouville  ,  qui  en  étoit  abbé  ,  en  fut  le  premier  évoque. 
Louis  XIV  obtint  en  1648,  des  bulles  du  pape  Innocent 
X  ,  pour  transférer  à  la  Rochelle  l'évêché  de  Maillezais  . 
Voye^.  La  Rochelle.  *  Piganiol  de  la  Force  ,  Defcr.  de 
la  France,  t.  j.  p.  119. 

1.  MAILLI ,  terre  &  feigneuriede  France  dans  le  Bou- 
lenois ;  elle  s'appelloir  autrefois  Montcaurel.  Elle  a 
«té  érigée  enmarquifat  en  faveur  du  marquis  de  Nèfle. 

2.  MAILLI ,  bourg  de  France  en  Picardie  dans  l'éle- 
ction de  Péronne.  lia  titre  de  marquifar ,  &  a  donné  le 
nom  à  une  des  plus  illuftres  &  des  plus  anciennes  mai- 
sons de  la  province. 

3.  MAILLI ,  bourg  de  France  en  Champagne  ,  diocèfe 
ôc  élection  de  Rheims. 

4.  MAILLI-LA-ViLLE  ,  bourg  de  France  en  Bourgo- 
gne ,  dans  l'Auxerrois  fur  l'Ionne  ,  que  l'on  y  paffoit  au- 
trefois fur  un  pont  qui  eft  rompu. 

5.  MAILLLLE-CHATEAU  ,  ville  de  France  en  Bour- 
gogne dans  l'Auxerrois  ,  au  couchant  de  l'Ionne  fur  des 
rochers  &  éminences.  C'eft  le  fiége  d'une  châtellenie 
loyale  ,  Se  il  y  a  mairie  Se  police. 

1.  MAINÂ  ,  port,  bourg,  fortereffe  Se  pays  de  Grèce 
dans  la  Morée. 

i .  M  A1NA ,  (  Le  port  de  )  eft  fitué  dans  la  partie  oc- 
cidentale du  golfe  Colochine  ,  nommé  par  les  anciens 
golfe  de  Lacédémone  ,  Lacoriïcus  Sïtiits.  Il  y  a  à  fon  en- 
trée trois  écueils  ;  il  eft  d'ailleurs  très  mauvais,  Se  à  peine 
y  a-t'il  affez  de  fond  pour  des  chaloupes  ;  aux  environs 
font  quantité  de  baffes  &  de  bancs  de  fable.  *  La  Gtàile- 
tiere  ,  A<hènes  ancienne  Se  nouvelle,  p.  29. 

3.  MAINA ,  (  Le  bourg  de  )  eft  autour  du  port  ;  il 
eft  ouvert  de  tous  côtés,  comme  le  font  toutes  les  habi- 
tations des  Magnotes  ,  ce  qui  eft  général  pour  route  la 
Grèce  ,  où  il  y  a  peu  de  villes  qui  ayent  une  enceinte  com- 
plctte  de  murailles.  On  compte  près  de  fept  heures  de 
chemin  de  Bytilo  à  Maina ,  Se  Corotta  eft  à  moitié.  De 
Mainaa  la  pointe  de  Matapan  ,  on  ne  compte  que  deux 
heures.  Quelques  géographes  ,  entr'autres  Baudrand  , 
croyent  que  Maina  eit  la  ville  de  Leuches  des  anciens  , 
mais  comme  le  remarque  l'auteur  cité  ,  ils  fe  font  bien 
égarés.  Leuétres  étoit  fur  le  golfe  de  Coron  ,  &  c'eft 
préfentement  le  bourg  d'Iftechia  ;  au  lieu  que  Maina  eft 
dans  le  golfe  de  Colochine. 

La  Ginlletiere  croit  que  le  Château  de  Maina  eft 
l'ancienne  Messa.  Il  eft  fur  la  hauteur  de  la  côte.  Sui- 
vant les  mémoires  hiftoriques  Se  géographiques  de  la 
Morée  par  le  père  Coronelli ,  les  Turcs  bâtirent  autrefois 
une  fartefeffe  ,  qu'ils  appellerait  Turcotogli  Olimio- 
nas  ,  que  les  Grecs  interprètent  Castro  de  Maini, 
Se  les  Turcs  Monige,  Se  que  leur  deffein  étoit  de  tenir 
en  bride  leshabitans  de  la  Zaconie.  Ce  père  ajoute  qu'en 
1570.  le  capitan  du  golfe  Quirini  étant  parti  de  Candie  , 
&  s'étant  rendu  à  Corfou  avec  vingt  quatre  galères  ,  il  y 
fut  informe  qu'on  avoit  bâti  ce  fort  pour  ce  deffein ,  Se  ré- 
folut  de  l'aller  attaquer.  Il  donna  avis  de  fon  entreprife 
aux  Magnotes  ,  qui  le  fécondèrent  avec  zèle.  Après  un 
combit  fanglant  ,  le  capitan  demeura  maître  du  fort  * 
qu'il  fit  auffitôt  démolir.  La  Guilleviere  ,quiy  futcçnt  ans 
après  cette  deftruction,  parle  de  ce  château  comme  d'une 
chofe  exiftante.  Il  dit  qu'à  l'afpcct  d'une  côte  escarpée  , 
qu'on  appelloit  Thyrides  ,  c'eft-à-dire  fenêtres ,  il  juftifia 
qu^  Maina  étoit  autrefois  Meffa  ,  &  vit  aifément  d'où  ve- 
noit  le  nom  de  Tyrides  :  Car ,  pourfuit-il ,  regardant  cette 
fituation  de  notre  vaiffeau ,  nous  vîmes  quantité  de  grottes 
taillées  dans  la  hauteur  des  rochers  ,  Se  dispofées  d'une 
manière  qui  reffemble  à  une  longue  fuite  de  fenêtres. 

4.  MAINA  ,  (  brazzo  di  )  contrée  de  Grèce  dans  la 
Morée  ,  où  elle  occupe  la  partie  méridionale  du  fameux 
pays  de  Lacédéijjone.  Le  Brazzo  di  Maina  eft  renfermé 
entre  deux  chaînes  de  montagnes  qui  s'avancent  dans  la 
mer ,  tirant  à  peu  près  du  nord  au  fud  ,  Se  forment  le  cap 
de  Matapan ,  nommé  par  les  anciens  le  promontoire  de 
Tenare  ;  de  forte  que  ce  cap  fait  à  l'oueft  le  golfe  de  Co- 
ron ,  autrefois  golfe  de  Meflene ,  Se  à  l'eft  le  golfe  de  Co- 
lochina  ,  appelle  par  les  anciens  le  golfe  Laconique.  On 
préfume  qu'il  y  a  près  de  trente  mille  habitans  dans  le 
Brazzo  di  Maina.  Ils  font  nommés  Mainotes  ou  Ma- 
gnotes. Pour  ce  qui  regarde  les  mœurs  ,  on  n'a  jamais 
parlé  fi  diverfement  d'aucun  peuple.  Quelques  uns  le  font 


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pafTer  pour  brutal ,  perfide  Se  naturellement  porté  au  bri- 
gandage. L/autres  le  confiderent  comme  la  véritable  po- 
ltérité  de  ces  Grecs  magnanimes,  qui  ont  préféré  leur  li» 
bette  a  leur  propre  vie  ,  Se  qui ,  par  bien  des  actions  hé- 
roïques ,  ont  donne  de  la  terreur  Se  du  refpect  aux  autres 
nations.  Ainfi  leurs  pattifans  foutiennent  que  les  vio- 
lences Se  la  férocité  des  Magnotes  font  l'effet  du  jufte  res- 
ientiment ,  où  ils  font  portés  tous  les  jours  par  les  barba- 
res perlècutions  que  leur  font  également  fournir  les  Turcs 
Se  les  corfaires  Chrétiens.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  de  tous  les 
peuples  de  la  Grèce ,  il  ne  s'eft  trouvé  que  les  Epirotes , 
aujourd'hui  les  Albanois ,  &  les  Magnotes ,  déplorable  s 
reftes  des  Lacedemoniens  ,  qui  ayent  pu  disputer  le  ter- 
rem  aux  Turcs,  Les  Albanois  ont  fuccombé  dès  l'an  1466. 
que  mourut  Scanderbeg ,  leur  prince  ,  Se  dans  la  disper- 
fion  qui  fe  fit  alors  de  fes  fujets  Se  de  fes  troupes ,  une 
bonne  partie  fe  retira  parmi  les  Magnotes  ,  qui  les  recu- 
rent avec  joie  ,  &  leur  donnèrent  des  habitations  dans 
leurs  montagnes  escarpées. 

Pour  la  religion  ,  ils  confervent  encore  celle  des  autres 
Grecs  i  ils  ont  parmi  eux  beaucoup  de  Calogers  ,  qui  font 
des  moines  de  l'ordre  de  faint  Bafile  ,  Se  beaucoup  de  pa- 
pas ,  qui  font  les  prêtres  ;  mais  les  autres  Grecs  jugent  fi 
mal  de  leur  piété  >  qu'ils  ont  coutume  de  fe  dire  en  riant  : 
Si  tu  veux  devenir  un  nouveau  faint ,  va-t-en  demeurer 
avec  les  Magnotes.  Ils  ont  une  vénération  particulière 
pour  la  fainte  Vierge  ,  faint  George  Se  faint  Dimitrio  ,que 
route  la  Grèce  tient  pour  fon  protecteur.  Sur  les  fom- 
mets  des  montagnes ,  on  voit  une  infinité  de  petites  cha- 
pelles ,  la  plupart  dédiées  au  prophète  Elie ,  qu'ils  recon- 
noilTent  pour  le  premier  qui  ait  embrafl'é  la  vie  monafti- 
que.  Toute  la  côte  de  la  mer  eft  pleine  de  grottes  taillées' 
dans  le  roc.  Elles  fervent  presque  toutes  d'hermitages  à 
ces  calogers  ,  qui  font  comme  autant  de  fentinelles ,  pour 
découvrir  de  ces  hauteurs  les  vsifTeaux  qui  font  en  mer. 
Quand  cela  arrive,  ils  courent  dans  les  bourgades  voifi- 
nes  avertirles  capitaines  de  chaloupes,  &  exciter  le  peu- 
ple au  pillage ,  ou  à  s'en  garantir.  Les  calogers  des  autres 
quartiers  de  la  Grèce  peuvent,  fans  contrevenir  aux  règles 
de  leur  initiait ,  faire  négoce  de  vins ,  de  fruits ,  de  miel  „ 
d'huiles  ,  Se  généralement  de  toutes  les  récoltes  qui  vien- 
nent de  leur  propre  culture  &  du  travail  de  leurs  mains. 
Mais  les  calogers  Se  les  papas  du  Brazzo  font  métier  Se 
marchandife  d'aller  en  courfe  avec  leurs  pirates,  &  pour 
exeufer  ces  actes  dhoftilité  ,  iisdifent,  en  s'embarquant  , 
qu'ils  vont  recueillir  Jadixme  du  butin  pour  les  droits  de 
l'églife.  11  s'en  trouve  pourtant  cte  fort  pieux  Se  de  très- 
au  Itères. 

Le  grec  vulgaire  des  Magnotes  eft  plus  corrompu  qu'ail- 
leurs ;  car  faifant  inceffamment  trafic  de  ce  qu'ils  ont  pris 
en  courfe  ,  Se  traitant  journellement ,  tantôt  avec  une 
nation  ,  tantôt  avec  une  autre  ,  ils  fe  font  fort  artachés  à 
la  langue  Manque  ,  c'eft-à-dire  à  une  méchante  expreifion 
italienne  ,  qui  n'employé  jamais  que  l'infinitif  de  chaque 
verbe  pour  tous  les  rems  Se  modes  de  la  conjuguaifon  , 
&  qui  avec  cette  locution  eftropiée ,  ne  laiflc  pas  d'être 
généralement  entendue  fur  toutes  les  côtes  du  Levant. 

Le  plus  grand  trafic  des  Magnotes  eft  celui  des  esclaves. 
Ils  font  des  captifs  par-tout  ;  ils  enlèvent  des  Chrétiens 
qu'ils  vendent  aux  Turcs ,  Se  prennent  des  Turcs  qu'ils 
vendent  aux  Chrétiens. 

Leurs  tv.aifons  n'ont  qu'un  étage.  On  y  monte  par  un 
degré  de  trois  ou  quatre  pierres ,  pofées  à  fec  l'une  fur 
l'autre  ,  la  porte  y  ferr  de  fenêtre,  Au  milieu  de  la  cham- 
bre ils  élèvent  un  échafaud  de  bois  où  ils  couchent  tour 
habillés.  Les  délicats  &  les  malades  y  ajoutent  quelques 
paillaffes.  On  descend  de  cet  échaffaut  à  droite  Se  à  gau- 
che par  deux  échelles ,  dont  l'une  répond  à  une  cheminée, 
où  ils  font  la  cuifine  ,  Se  l'autre  à  l'étable  de  leurs  chè- 
vres. Comme  ils  fe  fe  haïffent  les  uns  les  autres  ,  Se 
que  d'ordinaire  leur  plus  proche  voifin  eft  leur  plus 
grand  ennemi ,  il  y  a  toutes  les  nuits  quelqu'un  de  la  fa- 
mille qui  fait  fentinelle  fur  le  toit  de  la  maifon.  Sans  cela 
le  voifin  trouve  le  moyen  de  lever  adroitement  quelques 
tuiles ,  Se  de  fe  faire  un  paffage  pour  tirer  un  coup  de  fu- 
fil  fur  ceux  qui  dormenr.  Il  s'en  eft  trouvé  qui  ont  fait 
un  trou  fous  la  maifon  de  leur  ennemi  ,  Se  qui  l'ayant 
rempli  de  poudre,  comme  un  fourneau  ,  ont  fait  fauter 
en  l'air  route  une  famille.  Ils  portent  toujours  un  poi- 
gnard fur  leur  poitrine  y  Se  fourré  par    le  bout  dans  la 

Tom.  IV.  F 


MAI 


42 

ceinture.  Leur  bonnet  eft  une  calotte  de  fer  ou  un  pot  en 
tête,  pour  fe  garantir  des  coups  de  fabre  que. le  voifin 
^eur  prépare  au  coin  d'une  haie  ou  au  détour  d'une  rue. 
Quelques-uns  portent  ce  bonnet  publiquement ,  d'autres 
le  cachent  fous  leur  calpé ,  ou  bonnet  d'étoffe  à  la  grec- 
que.* La  Guillctiere ,  Athènes  ancienne  8c  nouvelle  ,  p. 
zS.Sc  Corn.  Diction. 

Leurs  grandes  querelles  arrivent  au  mois  d'avril  ,  à 
caufe  des  pois  chiches  qu'ils  recueillent  en  ce  tems-là. 
Cet!  leur  mets  ordinaire ,  8c  c'eft  à  qui  pourra  le  pre- 
mier piller  le  champ  de  fon  voifin. 

Depuis  la  prife  de  Candie  ,  en  1 669.  dans  la  crainte  de 
voir  opprimer  leur  liberté  ,  la  plupart  de  ces  Mainotesou 
Magnotes  ont  cherché  d'autres  habitations.  Les  Génois  en 
ont  reçu  cinq  ou  fix  cens  familles  en  Corfe ,  &c  le  grand 
duc  de  Toscane  a  donné  des  terres  dans  fes  états  à  quan- 
tité d'autres.  Les  poftes  que  les  Turcs  ont  fortifiés  dans  le 
Ikazzo  ,  font  gardés  chacun  par  un  aga,  qui  y  commande 
quelques  Janiffaires. 

MA1NBRAY  ou  Mayenbray  ,  village  de  France  fur 
la  petite  rivière  de  Fonvens  ,  en  Franche-Comté ,  proche 
delà  ville  de  Rey.  C'eft,  félon  quelques-uns ,  le  lieu  de 
Magetobria  ou  Amagetobria  ,  dont  parle  Céfar 
dans  fes  commentaires.  Robe  a  fait  une  differtation  fort 
curieufe  fur  ce  fujet.  Sanfon  n'eft  pas  de  ce  fentiment  ; 
car  il  croit  que  Y  Amagetobriga  eft  aujourd'hui  Magfiat. 
Voyez,  ce  nom.  *  Corneille ,  DicL 

MAINE  ,  (  Le  )  province  de  France.  II.  eft  borné  au 
levant  par  le  Perche  ,  au  nord  par  la  Normandie  ,  au  cou- 
chant par  l'Anjou  8c  la  Bretagne ,  au  midi  par  la  Tou- 
raine  8c  le  Vendomois.  Sa  longueur  du  levant  au  cou- 
chant eft  de  trente-cinq  lieues  ,  fa  largeur  du  midi  au 
nord  de  plus  de  vingt ,  8c  fon  circuit  de  quatre-vingt-dix. 
*■  Piganiolde  la  Force  ,DcCct.  de  la  France,  t.  5.  p.  453. 

Le  nom  du  Maine,  auffibien  que  celui  du  Mans  ,  fa 
capitale  ,  vient  des  peuples  Celtiques  Cenomani,  nom- 
més auffi  Aulerci ,  nom  qui  leur  étoit  commun  avec  quel- 
ques-autres peuples  d'entre  les  Celtes.  Les  François  fe 
rendirent  maîtres  de  ce  pays  peu  après  leur  arrivée  dans 
les  Gaules  ,  8c  ce  fut  dans  la  ville  du  Mans  que  Clovis  fit 
tuer  un  de  fes  païens  nommé  Regnomer ,  comme  nous 
l'apprenons  de  Grégoire  de  Tours,  qui  ne  dit  point  que 
ce  prince  Regnomer  fût  fouveràin  de  cette  ville,  ni  qu'il 
y  fût  établi  ,  comme  quelques  modernes  l'ont  deviné.  Le 
Maine  fous  la  féconde  race  fut  fouvent  défolé  par  les 
Normands;  &  enfin  vers  le  dixième  fiécle  ,  fous  le  règne 
de  Louis  d'Outremer,  il  vint  au  pouvoir  du  comte  Hu- 
gues ,  qui  prétendoit  être  descendu  de  Charlemagne ,  8c 
laiffa  ce  comté  héréditaire  à  fa  poftérité.  Son  arrière  pe- 
tit-fils Herbert ,  dit  le  Jeune ,  étant  mort  fans  enfans ,  eut 
pour  fucceffeur  fon  neveu  Hugues,  fils  de  fa  fœur ,  la- 
quelle avoit  époufé  en  Italie  le  marquis  Azon  ;  mais  Hu- 
gues vendit  fon  comté  a  fon  coufin  le  comte  Hélies ,  fils 
de  fa  tante  paule  &  de  Jean ,  feigneur  de.  la  Flèche.  Ces 
comtes  du  Maine ,  étant  entre  le  duc  de  Normandie  8c  le 
comte  d'Anjou  ,  furent  fouvent  attaqués  par  l'un  ou  par 
l'autre  ;  de  forte  qu'ils  ont  été  quelquefois  forcés  de  re- 
cevoir la  loi  du  duc  ,  quelquefois  du  comte.  Enfin  Foul- 
ques, comte  d'Anjou,  qui  fut  depuis  roi  deJérufalem, 
unit  le  comté  du  Maine  au  fien  en  époufant  Hérimburge , 
fille  8c  héritière  du  comte  Hélies.  Foulques  eut  pour  hé- 
ritier fon  fils  Gcoffroi ,  furnommé  Plantageneft ,  dont  le 
fils  Henri  fut  roi  d'Angleterre  &  duc  de  Normandie ,  à 
caufe  de  fa  mère  Mathildc. 

Philippe  Augufte  conquit  le  Maine  fur  Jean  fans  terre , 
fils  de  Henri  8c  petit-fils  de  Mathilde ,  &  faint  Louis  don- 
na le  Maine  8c  l'Anjou  en  partage  à  fon  frère  Charles ,  qui 
fut  depuis  roi  de  Sicile  8c  comte  de  Provence.  Charles  II. 
fon  fils  donna  le  Maine  avec  l'Anjou  en  dot  à  fa  fille  Mar- 
guerite ,,  qui  époufa  Charles  fils  de  France  ,  comte  de  Va- 
lois ,  dont  le  fils  Philippe  parvint  à  la  couronne.  Enfuite 
fon  fils  le  roi  Jean  donna  le  Maine  avec  l'Anjou  à  fon  fils 
Louis  I.  duc  d'Anjou  ,  qui  le  laiffa  à  fon  fils  Louis  II. 
roi  titulaire  de  Sicile  ,  &  Louis  IL  laiffa  le  Maine  à  Char- 
les, le  plus  jeune  de  fes  fils.  Charles  fon  fils  eut  le  comté 
du  Maine  après  fon  père,  8c  mourut  en  poffeffion  de  la 
plupart  des  états  de  fon  oncle  le  roi  René  ,  après  avoir 
inftitué  fon  héritier  univerfel  Louis  XI.  roi  de  France  8c 
feS  fucceffeurs. 

Depuis  ce  tems-là  le  Maine  eft  demeuré  uni  à  la  cou- 


MAI 


ronne  ,  ayant  néanmoins  été  quelquefois  donné  en  app> 
nage  aux  enfans  de  France,  comme  à  Fîenri  III.  avan- 
qu'ilfutroi,  &  à  fon  frère  François,  qui  mourut  avant 
lui.  Ceux  qui  ont  poffédé  le  pays  du  Maine  ,  n'ont  jamais 
eu  que  le  titre  de  comte,  celui  de  duché  ayant  été  feule- 
ment donné  à  l'Anjou.  *  Longuerue ,  Defcription  de  la 
France ,  1 .  part.  p.  9J. 

On  trouve  dans-cette  province  des  terres  labourables  » 
des  coteaux  chargés  de  vignes  du  côté  du  Château  du  Loir, 
des  prairies  ,  des  collines  agréables ,  des  forets,,  des  étangs 
8c  plulîeurs  rivières,  dont  les  principales  font  la  Maïenne, 
l'FIuisne  ,  la  Sarte ,  8c  le  Loir. 

Il  >  a  des  mines  de  fer  dans  les  paroiffes  d'Andouillé  , 
de  Chailon ,  de  Sillé  &  de  Bourgon,  &c  environ  une  dou- 
zaine de  forges.  Il  faut  qu'il  y  ait  eu  autrefois  des  mines 
d'or  8c  d'argent  dans  cette  province ,  ou  tout  au  moins 
qu'on  crût  qu'il  y  en  avoit ,  puisque  l'article  LXX.  de  la 
coutume  du  Maine  porte  que  la  fortune  d'or  trouvée  en 
mine  appartient  au  roi ,  &  la  forturft  d'argent  trouvée  en 
mine  appartient  au  comte ,  vicomte  de  Beaumont  &  baron. 

Les  eaux  minérales  de  Baignols  au  bas  Maine,  8c 
celles  de  Linieres  font  ferrugineufes  ,  8c  ont  quelque 
réputation  dans  la  province. 

On  trouve  auffi  dans  le  Maine  deux  carrières  de  mar- 
bre; l'une  à  faint  Berthevin,  à  une  lieue  de  Laval  fur  le 
chemin  de  Bretagne.  Le  marbre  en  eft  jaspé  ,  rouge  8c 
blanc.  L'autre  dans  la  paroiffe  d'Argentré  à  deux  lieues  de 
Laval ,  fournit  du  marbre  tour  noir  ,  du  jaspé  noir  8c 
blanc ,  8c  du  jaspé  noir  ,  bleu  &  blanc.  Il  y  a  auffi  des 
carrières  de  pierres  blanches  à  Bernai ,  à  Ville-Dieu ,  8c  à 
Vouvré.  On  trouve  enfin  dans  cette  province  quelques 
ardoilieres  ,  mais  l'ardoife  en  eft  fort  groiîïcre.  "*  Figanïol 
de  la  Force. 

On  dit  en  proverbe  qu'un  Manceau  vaut  un  Normand 
8c  demi.  La  Fontaine  dit  : 

Auprès  du  Mans ,  pays  de  Sapience, 
Genspefant  l'air,  fine  fleur  des  Normands. 

La  province  du  Maine  à  fa  coutume  particulière ,  &eft 
du  reffort  du  parlement  de  Paris.  Il  y  a  un  préfidial ,  qui 
eft  au  Mans  ;  huit  fiéges  royaux  qui  font  : 


Château  du  Loir , 
Memers , 
Beaumont, 


Fresnai ,  Laval , 

Sainte  Sufanne ,  Bourg  nouvel. 
Longosné , 


Quant  aux  finances  le  Maine  eft  de  la  généralité  de 
Tours.  On  y  trouve  une  juftice  royale  pour  les  traites , 
établies  à  Laval.  Quatre  élections  ; 


Château  du  Loir. 


Le  Mans ,  Maïenne 

Laval , 

Dix-huit  greniers  à  fel, 


Le  Mans ,  Memers  , 

Laval ,  Eresnay , 

Château  du  Loir  ,    Beaumont, 
La  Ferte-Bernard ,    Loué , 
Sillé  le  Guillaume,  Bouloire  , 
Bonneftable ,  Sablé , 

Cinq  maîtrifes  des  eaux  8c  forêts  -, 


Erné, 

La  Gravelle  , 

Conneré  , 

Malicornc , 

Montdoubleau, 

Ballon. 


Le  Mans ,         Château  du  Loir  ,        Maïenne  ; 
Memers ,  &  Laval. 

Il  y  a  un  lieutenant  de  mar échauffée  au  Mans ,  avec 
un  affeffeur ,  un  promueur  du  roi  8c  un  greffier  ,  qui  font 
fous  le  prévôt  général  d'Angers. 

Les  gens  de  la  campagne  dans  cette  province  s'adon- 
nent au  labourage  des  terres  8c  au  commerce  de  leurs 
denrées  ;  ceux  des  villes  s'appliquent  aux  manufactures  » 
dont  les  plus  confidérables  font  la  fergeterie  ,  la  tifferte  , 
&îa  birncbijjerie  des  toiles  8c  de  la  cire.  Celle  de  fergeterie 
rapportoit  autrefois  confidérablement ,  mais  elle  eft  fort 
diminuée  dans  les  élections  de  Laval  8c  de  Maïenne , 
parce  que  les  laines  y  font  trop  dures  pour  y  être  em- 
ployées à  la  fabrique  des  étoffes.  11  s'en  fait  encore  dans 


MAI 


MAI 


l'élection  du  Mans ,  Se  les  étamines  de  ce  nom  font  con- 
nues Se  recherchées  dans  toiu  le  royaume.  On  dit  que  la 
manufacture  des  toiles  fut  établie  à  Laval  vers  l'an  1 299. 
par  quelques  ouvriers  Flamands  qui  avoient  fuivi  Bea- 
trix  ,  femme  de  Gui  de  Laval  neuvième  du  nom  ,  Se  qui 
enfeignerent  leur  fecret  à  ceux  du  pays,  lesquels  trouvè- 
rent enfuite  celui  de  blanchir  ces  toiles.  Cette  manufa- 
cture occupoit  autrefois  jusqu'à  vingt  mille  ouvriers  ; 
mais  il  n'y  en  a  pas  aujourd'hui  le  quart.  Dans  la  fuite  ,  à 
l'exemple  de  Laval ,  on  établit  des  manufactures  de  toiles 
au  Mans  ,  à  Maïcnne  Se  dans  l'élection  de  Château  du 
Loir.  Mais  on  n'y  fait  que  de  groffes  toiles ,  que  l'on 
vend  toutes  écrues  ,  au  lieu  que  celles  de  Laval  font  fi- 
nes Se  blanchies. 

Il  y  a  dans  le  Maine  plufieurs  verreries.  Les  plus  confi- 
dérables  font  celles  de  Gaftines  ,  de  Mardi  &  de  faine 
Denvs  d'Orques. 

Le  Maine  fe  divife  en  haut  Maine  ,  qui  eft  vers  le  Mans 
Se  du  côté  du  midi  ,  Se  en  bas  Maine  ,  qui  eft  vers  le 
feptentrion  du  côté  de  la  Normandie  ;  à  quoi  on  ajoute 
le  comté  de  Laval ,  qui  eft  proprement  la  partie  occiden- 
tale du  haut  Maine. 

Les  villes  Se  lieux  les  plus  confidérables  de  cette  pro- 
vince font  : 

Le  Mans,  Gorron  ,  Laffay  , 

Laval ,  Mamers ,  Montfort , 

Maïenne  ,  Montdoubleau,    Ballon, 

Château  du  Loir ,  Fresnay  ,  Bonne/table , 

Sillé  ,  La  Ferté  -  Ber-    Sainte  Sufanne  , 

Saint  Calais ,  nard ,  La  Sufe, 

Ambrieres,  Sablé,  Vibrais, 

Evron,  Entrasme ,  Gravelle. 

Ernée ,  Beaumont , 

MAINEVILLE,  bourg  de  France  en  Normandie,  à 
neuf  lieues  de  Rouen  ,  à  trois  de  Lions  Se  de  Mortemer , 
à  deux  de  Gournai  Se  d'Etrepagni  ,  à  une  d'Udicourt 
&  de  Boucheviller.  La  paroiffe  ,  qui  eft  fous  le  titre 
des  faints  Gervais  Se  Procais,  portoit  autrefois  le  nom  de  S. 
Jean-Baptifte.  On  tient  à  Maineville  un  marché  tous  les 
famedis  fous  des  halles  couvertes  ,  Se  tous  les  ans  une 
foire  à  la  S.  Simon  S.  jude.  La  mai fon  feigneuriale  eft  au 
pied  de  la  forêt  de  Lions ,  au-deffus  d'un  moulin  à  eau  , 
fur  un  ruiffeau  qui  va  tomber  dam  la  perite  rivière  d'Etré- 
pagny  ,  entre  Baifu  Se  Neaufïe.  On  fait  des  dentelles  dans 
le  bourg  de  Maineville ,  Se  fon  territoire  produit  des  grains 
&  des  fruits.  *  Corn.  Dict.  Mém.  drejfésfur  les  Lieux. 

i.MAINLAND  (l'Islede),  iiîe  iituce  au  nord  de 
TEcoiTe  entre  celles  de  Schetland.  Elle  s'étend  en  longueut 
l'efpace  de  foixante  milles ,  &  dans  fa  plus  grande  largeur 
jusqu'à  feize.  Ses  côtes  font  les  plus  fertiles  &  les  plus  peu- 
plées ;  les  parties  méditerranées  font  montagneufes  Se 
pleines  de  lacs  Se  de  marais.  Il  y  a  deux  petites  villes  ;  fça- 
voir,  Lerwich  Se  Scollowai  ;  celie-la  à  l'orient  ,  Se 
l'autre  au  couchant  de  l'ifle.  Lerwich  eft  la  plus  confi- 
déiable  à  caufe  de  fon  commerce  ,  Se  l'on  y  compte  jus- 
qu'à trois  cens  familles  ;  mais  Scolloway  eft  la  plus  an- 
cienne ,  &  il  y  a  un  château  à  quatre  étages.  Ce  que  cette 
iile  a  de  commun  avec  les  autres  ifles  de  Schetland  ,  fe 
nouveau  mot  Schetland.  Elle  eft  à  la  couronne  Britan- 
nique. 

2.  MAINLAND  ,  l'une  desOrcades.  Fov^Pomona. 
MAINSAT,  prieuré  de  France  au  diocèfe  de  Limo- 
ges ,  frontière  d'Auvergne.  Il  fut  fondé  par  Guillaume  duc 
d'Aquitaine  ,  l'an  912  ,  fous  le  titte  de  S.  Laumer ,  dont 
les  reliques  y  avoient  été  apportées  dès  l'année  précé- 
dente j  ce  prieuré  fut  dans  la  fuite  fournis  à  S.  Laumer  de 
Blois  ,  mais  ce  fut  contre  l'intention  du  fondateur ,  qui 
avoit  prétendu  que  ce  monaftere  fût  une  abbaye  ,  Se 
«voit  même  obtenu  qu'elle  ne  dépendrait  que  du  Saint 
Siège. 

MA1NTENON  ,  bourg  de  France  avec  un  château  fur 
la  rivière  d'Eure  ,  à  quatre  lieues  de  Chartres ,  dans  une 
Vallée  entre  deux  montagnes.  11  y  a  une  églife  collégiale 
fous  le  titre  de  S.  Nicolas  ;  le  chapitre  eft  compofé  d'un 
doyen  Se  de  fix  chanoines ,  une  paroiffe  bâtie  en  1687  par 
Louis  le  Grand  ,  Se  dédiée  fous  l'invocation  de  S.  Pierre. 
Le  doyen  du  chapitre  eft  le  curé  du  château.  Il  y  a  ,  outre 
cela  à  Maintenon  ,  un  prieuré  commendataire  fous  le  titre 
de  faime  Marie  ^  à  la  nomination  de  l'abbé  de  Marmou- 


45 

tier.  Le  territoir  produit  des  grains  ,  Se  H  y  a  quelques  vi- 
gnes Se  des  prairies.  Deux  choies  ont  rendu  ce  nom  célè- 
bre. 1 .  Ce  fut  près  du  bourg  de  Maintenon  que  Louis  XIV 
fit  faire  de  prodigieux  travaux  en  1684  Se  les  années  dri- 
vantes ,  pour  conduire  une  partie  des  eaux  de  la  rivière 
d'Eure  à  Verfailles.  Ces  travaux  ont  été  célébrés  par  un 
poëme  de  l'abbé  Régnier  Desmarais.  11  commence  par  es 
quatrain. 

Quels'ouvrages  nouveaux  s'élevant  dans  les  airs, 
A  leur  vafte  grandeur  font  céder  toute  chofe  ! 
C'eft  ainfi  que  Louis  dans  la  paix  fe  repofe , 
Et  jouit  du  loifir  qu'il  donne  à  l'univers. 

On  les  abandonna  en  1 688  à  caufe  de  la  guerre  qui  fur» 
vint  alors  ,  &  ils  font  reftés  inutiles.  On  y  voit  encore  un 
magnifique  aqueduc  d'une  prodigieufe  longueur  qui  tra- 
verfe  l'Eure  Se  la  prairie. 

La  terre  de  Maintenon  appartenoit  au  feiziéme  fiecle  à 
la  rnaifon  de  Cotereau ,  qui  y  commença  le  château  ou 
font  les  armes.  Cette  terre  paffa  à  Jacques  d'Angennes  , 
(leur  de  Rambouillet ,  par  lfabelle  de  Cotereau  ,  &  fut  le 
partage  de  Louis  leur  ftxiéme  fils.  Ses  descendans  la  ven- 
dirent à  Louis  XIV  vers  l'an  1679.  Ce  roi  l'érigea  en  mar- 
quifat ,  Se  en  fit  préfent  à  Françoife  d'Aubigné  ,  qui  paf 
les  qualités  de  fon  efprit ,  Se  par  les  foins  qu'elle  avoit  eu9 
de  l'éducation  des  enfans  du  roi  Se  de  la  marquife  de  Mon- 
tespan ,  s'étoit  acquis  l'eftime  Se  la  confiance  de  ce  monar*» 
que.  Elle  fçut  fe  les  conferver  fans  aucune  diminution  du- 
rant trente- fix  années  ,  quoiqu'elle  fût  plus  âgée  que  lui. 
Elle  prit  le  titre  de  marquife  de  Maintenon  fous  lequel  elle 
devint  très-célèbre.  Elle  étoit  veuve  de  Paul  Scarron  ,  fa-. 
meux  par  fes  poéfies  burlesques.'*  Mémoires  du  tems. 

MA1NUNGEN,  ville  d'Allemagne  en  Franconie  .  au 
milieu  du  comté  dé  Henneberg  fur  la  Verre.  C'eft  la  réfi- 
dence  ordinaire  d'une  branche  de  la  maifon  de  Saxe  -  Go- 
tha ,  Se  le  chef-lieu  d'un  petit  état  dont  elle  jouit,  dans 
lequel  on  trouve 

Masfeld  château  Se  bailliage  , 
Wafungen ,  petite  ville  &  bailliage  fur  la  Werre  ; 
Salczungen  ,  petite  ville  avec  des  falines. 
*  Habiter  ,  Geogr.  p.  484. 

MAINXE  ,  bourg  de  France  dans  l'Angoumois,  éleo» 
tion  de  Coignac. 

MAIOCARIRUM  ,  lieu  de  la  Méfopotamie.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  la  notice  de  l'Empire  ,  [elt.  z6. 

MAJOMA  ou  Majuma  ,  port  de  mer  de  la  Palefîine» 
Voyez,  Gaza, 

M  AJOR  ADA  ,  ville  de  l'ifle  Espagnole  ,  bâtie  au  milieu 
des  mines  d'or ,  qui  ayant  été  bientôt  fermées  faute  d'ou- 
vriers, cette  ville  ne  fubfifta  pas  long-tems. 

i,  MAIORQUE.  C'eft  ainfi  qu'on  doit  écrire  ce  nora 
pour  le  prononcer  comme  s'il  y  avoit  Muyorqite ,  Se  appro- 
cher de  la  double  /.  des  Espagnols  qui  écrivent  Mallorca  , 
Se  prononcent  ces  deux  //.  mouillées  comme  nous  faifons 
dans  meilleur  ,  mouiller  ,  fille ,  Sec.  iile  de  la  Méditerranée  . 
Se  l'une  de  celles  que  les  anciens  ont  connues  fous  le  nom 
de  Baléares.  Voyez,  ce  mot.  Us  ont  connu  celle-ci  fous  le 
nom  de  Balearis  Major.  Elle  eft  entre  l'ifle  d'ivica  au 
couchant ,  Se  celle  de  Minorque  au  levant.  Elle  a  environ 
cent  dix  mille  pas  de  circuit ,  Se  eft  naturellement  divifée 
en  trois  parties.  11  femble  que  la  nature  fe  foit  jouée  agréa- 
blement dans  la  dispofition  de  tout  ce  terrein.  Elle  eft  ter- 
minée à  fon  nord  par  des  montagnes  affez  hautes  ,  dont 
tous  les  fommets  font  autant  de  rocs  escarpés  quis'entr'ou- 
vrent  en  une  infinité  d'endroits.  Il  fort  de  ces  ouvertures  , 
ôe  de  ces  fentes  des  oliviers  fauvages  en  fi  grand  nombre  , 
qu'ils  y  compofoient  une  efpecc  de  forêt.  Les  habitansin- 
duftrieux  ont  pris  foin  d'enter  ces  oliviers  fauvages.  Ils  en 
ont  fi  bien  choifi  les  greffes ,  qu'il  n'y  a  guèr'es  de  meilleures 
olives  que  celles  qui  en  proviennent ,  ni  de  meilleure  huile 
que  celle  qu'on  en  fait.  Ces  rochers  &  ces  arbres  entremê- 
lés ,  forment  de  près  Se  de  loin  un  coup  d'œil  charmant. 
On  voit  au  bas  de  ces  montagnes  de  fort  belles  collines  , 
où  règne  un  vignoble  très-bien  expofé  ,  qui  fournit  d'ex- 
cellent vin  en  abondance.  Au  bas  de  ce  vignoble  commen- 
ce une  belle  plaine  qui  produit  d'auffi  bon  froment  que 
celui  de  la  Sicile.  Cette  diverfiré  de  terrein  a  donné  lieu  à 
un  auteur  Espagnol  d'appliquer  aux  Maïorquins  ce  paffa- 
ge  du  pfeaume  ;  Affu&ufrumenti ,  vini  & oleifuimnk 

ïom.  JV.   F  ij 


•s 


MAI 


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ùplicau  funt.  Le  ciel  y  eft  très-beau  ,  Se  les  vues  y  font 
agréablement  diverfifiées  de  cous  côtés.  11  n'y  a  nulle  riviè- 
re ,  mais  on  y  trouve  un  grand  nombre  de  belles  fontaines 
&'des  puits  dont  l'eau  eft  excellente.  A  deux  lieues  de  fa 
capitale  on  voit  un  ruiffeau  qui  devient  quelquefois  comme 
un  torrent ,  Se  qui  quelque  tems  après  eft  à  fec.  Au  milieu 
de  fon  lit  on  découvre  un  puits  que  l'on  voit  auffi  à  fec 
en  certains  tems ,  Se  »  lorsque  ce  ruiffeau  ne  coule  plus ,  ce 
puits  fe  remplit  par  intervalles ,  Se  regorge  avec  abondance 
pendant  quelques  heures, &  quelquefois  pendant  des  jours 
entiers.  Les  habitans  de  Majorque  font  robuftes  ,  &  ont 
l'esprit  délicat.  Il  y  a  dans  cette  ifle  de  beaux  édifices ,  tant 
anciens  que  modernes ,  &  fur- tout  d'une  extrême  magni- 
ficence. Les  Maïorquins  font  de  très-bons  hommes  de  mer. 
L'i/le  n'eft  féparée  deMinorque  que  par  un  détroit.  Quoi- 
que fon  nom  fignifie  qu'elle  doit  être  grande  ,  ce  n'eft 
qu'une  grandeur  relative  à  celle  de  Minorque  ;  car  on  voit 
par  le  circuit  que  nous  avons  déterminé  ,  qu'elle  n'eft  pas 
auffi  grande  qu'on  la  fait  ordinairement  fur  lescartes.C'eff  en 
cette  ifie  qu'on  fait  la  plupart  des  réaies  Se  doubles  réaies 
qui  ont  cours  dans  le  monde.  Ses  habitans  réfiftent  vigoureu- 
fement  aux  corfaires  de  Barbarie  qui  les  attaquent  fouvenr. 

Les  lieux  les  plus  confidérables  font ,  Maïorque  ,Alcu- 
dia  ,  Arta  ,  Hingua  ,  Manacor  ,  Soller  ,  Se  Pollcncia. 

2.  MAÏORQUE.  Les  Espagnols  écrivent  Mallorca  , 
en  quoi  de  l'ifle  les  a  fagement  imités.  Les  Latins  Pont 
connue  fous  le  nom  de  Palma  qui  a  été  abandonné 
en  faveur  de  celui  de  l'ifle  même  ,  dont  elle  eft  la  ca- 
pitale. Elle  eft  fituée  dans  un  enfoncement  dont  l'ou- 
verture eft  au  fud-oueft  de  l'ifle.  Elle  eft  grande  ,  allez  peu- 
plée ,  Se  le  fiége  d'un  évêché  érigé  depuis  qu'elle  a  été  re- 
prife  fur  les  Maures.  Elle  renferme  environ  dix  mille  ha- 
bitans ,  une  partie  eft  bâtie  fur  un  terrein  uni ,  Se  l'autre 
fur  un  terrein  élevé.  Il  y  a  huit  pottes ,  &  la  ville  eft  en- 
tourée d'un  folfé  très-profond,èV  bien  fortifiée  à  la  moder- 
ne. Les  maifons  y  font  grandes ,  bâties  de  pierres  de  taille  , 
&  l'architecture  en  eft  affez  régulière.  On  y  compte  jus- 
qu'à vingt-deux  églifes  ,  fans  parler  de  quantité  de  cha- 
pelles Se  d'oratoires.  La  cathédrale  a  cinq  cens  quatre- 
vingt-fix  pas  de  longueur ,  Se  deux  cens  foixante-douze  de 
largueur.  Elle  a  trois  grandes  voûtes  ,  outre  l'efpace  qu'oc- 
cupent les  chapelles  des  côtés  ;  ces  voûtes  font  foutenues 
par  fept  belles  Se  fortes  colomnes  :  le  chœur  eft  presque 
au  milieu  ,  Se  on  fait  grand  cas  de  fon  architecture.  Toute 
l'Eglife  eft  éclairée  par  diverfes  croifées  ,  dont  les  vitrages 
méritent  l'attention  des  curieux  par  ladiverfité  Se  la  fineffe 
de  leurs  couleurs.  On  y  entre  par  trois  fuperbes  portes  , 
au-deffus  d'une  desquelles  s'élève  un  clocher  d'une  ftructure 
admirable.  Le  roi  Jacques  I  en  eft  le  fondareur,  Se  Jacques 
II ,  fon  fils ,  y  a  fon  tombeau.  Les  églifes  paroiffiales  Se 
celles  des  couvents  font  auffi  très  belles.  *  Vayrac ,  Etat 
préfent  de  l'Espagne  ,  t.  i .  p.  45  2.  &  feq. 

Il  y  a  un  hôpital  général  où  l'on  entretient  quantité  de 
malades ,  d'enfans  Se  autres  perfonnes  abandonnées  ;  un 
autre  où  l'on  pourvoira  la  fubfiftance  de  plufieurs  pauvres 
vieillards  qui  font  hors  d'état  de  gagner  leur  vie  ;  un  rroi- 
fiéme  pour  les  prêtres  malades  ;  un  quatrième  pour  reti- 
rer les  orphelins  ;  un  cinquième  pour  les  orphelines  ;  & 
enfin  un  fixiéme  pour  les  lépreux.  Ces  deux  derniers  font 
dans  le  fauxbourg.  Outre  ces  hôpitaux  ,  il  y  a  encore 
trois  maifons  de  Piété  ,  dans  l'une  desquelles  on  reçoit  des 
filles  de  bonne  famille  dont  les  pères  font  pauvres  ;  on 
leur  donne  une  bonne  éducation  ,  Se  on  les  garde  jusqu'à 
ce  qu'elles  Trouvent  un  honnête  établiffement.  La  féconde 
eft  pour  des  filles  qu'on  veut  garantir  de  la  féduction  ;  on 
les  élevé  dans  tous  les  exercices  de  vertu  jusqu'à  ce 
qu'elles  fe  marient ,  ou  qu'elles  entrent  en  religion.  On 
renferme  dans  la  troifiéme  les  femmes  de  mauvaife  vie. 

^  Le  palais  royal  dans  lequel  le  capitaine  général  fait  fon 
féjour  eft  fupeibe  ,  Se  défendu  par  de  fortes  tours  Se  par 
de  bons  foffés.  La  maïfon  de  la  Contratt aûon  peut  aller  de 
pair  avec  les  plus  belles  de  L'Europe.  C'eft  où  fe  traitent  les 
affaires  du  commerce. 

Les  rues  font  larges  Se  les  places  fpacieufes  ,  fur-tout 
celle  qu'on  appelle  le  Born.  Elle  eft  environnée  d'édifices 
fuperbes  ,  Se  ornées  de  belles  galeries ,  dans  lesquelles  les 
gens  de  diftinction  fe  placent  lorsqu'il  y  a  des  courfes  de 
taureaux  ,  des  tournois  ou  autres  fpectacles.  Le  Mole  eft 
vafte  ,  Se  toutes  fortes  de  vaiffeaux  y  peuvent  entrer  fans 
danger. 


MAI 


Le  capitaine  général  ,  conjointement  avec  l'audience 
royale  ,  a  le  gouvernement  abfolu  de  tout  le  royaume  ,  Se 
juge  par  appellation  de  toutes  matières  militaires ,  civiles 
&  criminelles  ,  fans  qu'aucun  tribunal  puiffe  prendre  con- 
noiflancedes  fentences  qu'il  prononce,  excepté  lesconfeils 
fuprémes  que  les  rois  Catholiques  ont  établis  à  Madrid 
pour  la  révifion  des  procès  jugés  dans  les  jurisdictions  des 
royaumes  Se  provinces  qui  compofent  la  monarchie  d'Es- 
pagne. 

La  ville  eft  gouvernée  par  fïx  jurats  qu'on  élit  tons  les 
ans  ,  trois  jours  avant  la  Pentecôte  ,  l'un  desquels  doit 
être  gentilhomme  :  l'élection  fe  fait  dans  le  grand  confeil 
en  préience  du  capitaine  général.  Ils  s'affembient  tous 
les  jours  dans  la  maïfon  -  de  -  ville  pour  y  traiter  des 
affaires  qui  regardent  le  bien  public ,  la  provifion  des  den- 
rées ,  les  droits  des  privilèges ,  des  franchifes ,  Se  autres 
chofes  qui  concernent  l'adminiftration  politique  de  tout 
le  royaume  ;  de  forte  que  non-feulement  ils  font  obligés 
d'avoir  foin  de  la  police  de  la  ville  ,  mais  même  de  celle 
de  toute  1  ifle.  Ils  peuvent  faire  des  ftatuts  Se  des  établnTe- 
mens  du  confentement  du  roi  ou  du  capitaine  général ,  Se 
pour  cet  effet  ils  font  en  droit  de  convoquer  le  confeil 
général  ,  lequel  eft  compofé  de  tous  les  états  de  l'iiie  , 
c'eft-à-dire  ,  des  gentilshommes ,  des  bourgeois  ,  des  mar- 
chands ,  des  artifans  Se  da,  fyndics  des  villes.  Les  jours  fo- 
lemnels  ils  font  vêtus  d'une  longue  robe  couleur  de  pour- 
pre ,  qu'on  appelle  Gramdlla.  Lorsqu'ils  affilient  à  quel- 
que fonction  publique ,  ils  font  précédés  par  deux  maffiers 
vêtus  d'une  tunique  rouge  Se  portanr  des  mafles  d'argent. 
Le  premier  jurât  eft  gentilhomme ,  Se  le  fécond  Se  le  troi- 
fiéme font  bourgeois  ,  le  quatrième  Se  le  cinquième  fons 
marchands ,  Se  le  fixiéme  artifan. 

La  juftice  ordinaire  s'exerce  par  un  bayîe  Se  un  viguicr, 
I  a  jurisdiction  du  ba)  le  s  étend  dans  la  ville  fur  toutes  les 
caufesde  cenfives ,  &  dans  toute  l'ifle  il  eft  juge  en  fecoi.de 
inftance.  Le  viguier  connoît  des  désordres  publics,  comme 
concubinages  ,  vols,  brigandages ,  Sec.  Dans  les  matietes 
civiles  il  eft  juge  en  première  inftance  des  différends  qui 
s'élèvent  entre  les  habitans  de  la  ville  ;  mais  fa  junsdiétion 
ne  s'étend  pas  au  delà  des  fauxbourg";.  Ces  deux  officiers 
n'exercent  leur  emploi  que  pendant  une  année.  Ils  ont  cha- 
cun un  aflefleur  que  le  roi  nomme. 

Outre  les  jurats  ,  il  y  a  d'autres  officiers  qui  ont  tous 
pair  au  gouvernement  &  à  la  police  de  la  ville  ;  i°.  Un 
procureur  royal  qui  connoît  des  caufes  du  fife ,  des  droits 
royaux  ,  Se  généralement  de  tout  ce  qui  concerne  le  do- 
maine du  roi  >  dont  il  eft  le  juge  ordinaire  ,  aidé  de  l'avo- 
cat fifcal.  Il  connoît  auflî  des  naufrages ,  des  droits  allo- 
diaux  ,  des  limites  .  des  dunes  Se  de  plufieurs  autres  cho- 
fes qui  regardent  les  revenus  du  roi.  Il  a  l'infpedtion  fur 
tous  les  officiers  qui  font  la  régie  du  domaine.  Il  a  des 
lieutenans  à  Minorque  ,  à  Iviça  Se  en  plufients  villes  qui 
lui  doivent  rendre  compte  de  tout  ce  qu'ils  font.  Il  com- 
mande dans  le  royaume  pendant  l'abfence  du  capitaine  gé- 
néral. Dans  le  rribunal  où  il  préfide  ,  il  y  a  un  maître 
des  comptes  ,  un  tréforier  régent  de  la  tréforerie  ,  un 
aide  du  maître  des  comptes ,  un  procureur  fiscal  doma- 
nial ,  plufieurs  écrivains  év  officiers  inférieurs.  20.  Un  chan- 
celier qui  décide  fur  la  compétence  lorsqu'il  y  a  conflir  de 
jurisdiction  entre  les  juges  eeelefiaftiques  &  féculiers.  30» 
Un  Almotaz.en  ou  juge  des  poids  Se  mefures.  Il  a  foin  de 
la  propreté  des  rues  «Se  des  places  publiques  ;  c'eft  propre- 
ment un  juge  de  police.  40.  Des  confuls  Se  defenfeurs  de  la 
marchandée  ■>  leur  jurisdiction  regarde  les  affaires  mariti- 
mes ,  la  contractation ,  les  changes  ,  les  marchandifes  ,  les 
frets  des  navires,  Se  autres  choies  qui  ont  rapport  au  com- 
merce. Ils  jugent  fommairement,  fans  miniftère  d'avocac 
ni  de  procureur  ,  les  procès  qui  font  portés  devant  eux  •> 
l'exécution  de  leur  lentence  eft  prompte  &  rigoureufe.  Ils 
n'ont  d'autre  code  que  le  livre  du  confulat  >  ils  ont  pour 
afleffeurs  deux  prudhemmes  qui  opinent  avec  eux.  Dans 
les  affaires  qui  dépendent  de  la  dispofition  du  droit  com- 
mun ou  municipal ,  ils  décident  fuivant  l'avis  de  deux  avo- 
cats. Ils  tiennent  leurs  audiences  dans  la  maifon  de  la  Con- 
tractation ,  Se  ont  fous  eux  un  écrivain  &r  deux  maffiers  qui 
font  obligés  d'affilier  a  leurs  audiences  &  de  les  accompa- 
gner dans  leurs  fonctions  publiques  avec  leurs  maffes  d'ar- 
gent. Ils  font  élus  la  veille  de  la  S.  Jean  ,  en  préfence  du 
capitaine  général  &  des  jurats.  On  peutappeller  de  leurs 
fentences  pardevant  un  magiftrat  qu'on  appelle  juge  d'ap- 


MAI 


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pellations  ,  lequel  ert  obligé  ,  de  même  que  les  confuls .  de 
Jjugér  fommaireraent ,  félon  le  ftyle  du  livre  de  la  contracta* 
tion  \  6e  ou  ne  peu:  appeller  de  fes  fentences ,  fi  ce  n'eft  à 
l'audience  royale  ,  en  cas  de  déni  de  jullice  fculemenr.  j°» 
Un  exécuteur  quiconnoït  judiciairement  de  toutes  les  cau- 
fes  qui  regardent  les  revenus  de  la  ville,  les  impofitions 
Se  autres  choies  qui  en  dépendent.  Ses  fentences  font  fans 
appel,  fi  ce  n'elt  pardevant  lui-même  en  révifion  de  pro- 
cès ,  6c  pour  lors  il  t  Il  obligé  d'appeller  les  jurats  pour  dé* 
cider  conjointement  avec  lui.  6°.  Les  Clavarios  chargés  du 
recouvrement  des  rentes  de  la  ville.  L'un  elt  pris  de  l'état 
militaire  ,  Se  l'autre  de  la  bourgeoifie.  Le  premier  doit  être 
originaire  de  la  ville  de  Maïorque  ,  Se  le  fécond  de  quel- 
que ville  de  l'ifle.  y°.  Le  préfet  de  la  menfe  nummaire 
elt  le  chef  d'une  banque  où  les  habirans  de  l'ifle  mettent  leur 
argent  en  dépôt  ,  avec  droit  de  le  retirer  quand  il  leur 
plaît  ,  fans  qu'il  leur  en  coûte  aucun  frais  ni  intérêt.  Il  a 
fous  fes  ordres  deux  payeurs  qu'on  nomme  Libros ,  6c  un 
caiffier.  8°.  Les  morberos  ou  magiftrats  de  la  fanté  furent 
établis  en  1475  ,  à  l'occafion  d'une  pelle  univerfelle  ,  dont 
le  royaume  fut  affligé'.  L'un  d'eux  doit  être  gentilhomme, 
l'autre  bourgeois  ,  6c  le  rroifiéme  marchand.  Ils  doivent 
veiller  afin  que  la  pelte  6c  autres  maladies  contagieulês  ne 
s'intrbduifent  point  dans  l'ifie  ^  c'elt  pourquoi  ils  font  en 
droit  de  procéder  contre  les  bayles  des  lieux  lorsqu'ils  ne 
les  avertirent  pas  des  maladies  qui  y  régnent.  Dans  les 
encans  publics  on  ne  peut  vendre  ni  linge  ni  habits  fans 
leur  permiffion  ,  laquelle  ils  ne  doivent  jamais  donner 
fans  avoir  fait  examiner  par  le  médecin  de  la  Morbcrie 
fi  ceux  auxquels  cela  appartenoit  font  morts  de  maladie 
contagieufe.  Les  navires  étrangers  qui  arrivent  ne  peuvent 
être  déchargés  fans  avoir  obtenu  une  attestation  des  mor- 
beros ,  qui  porte  expreflëment  que  l'équipage  elt  exempt 
de  mal  contagieux.  Lorsque  ces  navires  viennent  d'en- 
droits fufpeéts  de  pefte  6c  d'autres  maux  qui  fe  commu- 
niquent aifément  ,  les  morberos  leur  font  faire  la  quaran- 
taine dans  un  lazaret ,  &  fi  après  ce  rems  ou  un  plus  long 
il  relie  de  grands  foupçons  de  contagion ,  ils  font  brûler 
la  cargaifon  du  navire.  Le  royaume  paye  un  médecin  6c 
un  chirurgien  pour  affilter  les  morberos  dans  leurs  vifites 
6c  leurs  informations.  90.  Les  adminiftratcurs  ont  foin  de 
faire  venir  d'ailleurs ,  6c  de  distribuer  dans  l'ifle  des  grains 
étrangers  ,  lorsque  l'ifle  n'en  produit  pas  afiez.  io°.  Le 
cequiero  préfide  à  la  distribution  de  l'eau  ,  tant  pour  la 
boiflbn  des  habitans ,  que  pour  l'arrofement  des  champs  , 
des  prés  ,  des  enclos  6c  des  jardins.  Il  peut  condamner  à 
des  amendes  pécuniaires  ceux  qui  violent  les  loix  établies 
pour  la  distribution  des  eaux  ;  mais  il  faut  qu'il  appelle 
des  adjoints  du  corps  des  jardiniers  ,  (ans  quoi  fes  fenten- 
ces ne  feroient  pas  exécutées.  Cet  office  fut  établi  en  1556 
par  le  roi  D.  Pedro.  Le  mot  de  cequiero  vient  de  ceqitia  , 
qui  fignifie  une  rigole  pour  conduire  les  eaux.  ii°.  Le 
maître  de  Gayeta  a  l'infpeétion  fur  les  esclaves  Maures, 
qu'il  elt  en  droit  de  châtier  lorsqu'ils  commettent  quel- 
que faute  notable  ;  mais  comme  à  préfent  il  y  a  peu  d'es- 
claves dans  l'ifle  ,  cet  emploi  eSt  presque  fans  exercice. 
12°.  Le  mayol  enfin  prend  garde  que  les  enfans  ne  com- 
mettent des  désordres  dans  les  rues  ni  dans  les  places  pu- 
bliques. C'elt  proprement  un  chajfe-coquin.  Il  fe  promené 
dans  les  rues  avec  un  grand  fouet  à  la  main  ,  pour  châtier 
les  libertins  6c  les  vagabonds  qu'il  rencontre  en  faifant 
fes  rondes. 

Comme  l'ifle  de  Maïorque  efl  continuellement  expofée 
aux  incurfions  des  Africains  ,  le  royaume  entretient  vingt 
compagnies  d'infanterie ,  cinq  de  cavalerie  6c  deux  de  ca- 
noniers  pour  la  défenfe  de  la  capitale  ,  6c  quatre  régimens 
pour  celle  des  villes  6c  fortereffes  de  toute  l'ifle.  Douze 
compagnies  font  la  garde  6c  fentinelle  fur  les  remparts  & 
dans  les  tours  de  la  capitale.  Deux  font  deitinées  pour 
s'oppofer  au  débarquement  des  ennemis ,  Se  pour  pour- 
fuivre  les  malfaiteurs  -,  deux  montent  la  garde  au  château 
de  Belver  6c  à  la  forterefle  de  faint  Charles  ;  une  occupe 
le  poite  de  Romani  ,  6c  une  autre  celui  de  Gréells.  La 
première  compagnie  de  cavalerie  accompagne  le  capitaine 
général  6c  les  juges  de  la  cour  ,  lorsqu'ils  font  leurs  tour- 
nées dans  l'ifle  ,  6c  dans  toutes  les  autres  occafions  où 
leur  affiftance  eft  néceflaire.  Outre  cela  ,  deux  cavaliers 
doivent  fe  rendre  aux  pofles  de  Romani  6c  de  Gréells  , 
6c  pour  juflifier  qu'ils  ont  rempli  leur  devoir  ,  ils  portent 
un  bâton  blanc  au  corps-de-garde ,  le  remettent  à  l'offi- 


4* 


cier  qui  y  commande,  6c  en  prennent  un  noir.  Il  y  a  quatre 
ter cios  ou  bataillons  pour  la  défenfe  des  villes  ,  des  ports, 
des  fortereffes  &  des  tours  de  toute  l'ifle ,  lesquels  doi- 
vent toujours  être  prêts  à  marcher  lorsqu'ils  fonteomman* 
dés,  fans  compter  un  corps  de  cavalerie  que  les  villes  Se 
les  villages  doivent  fournir ,  lequel  n'ell  pas  réglé  ,  mais 
qu'on  augmente  6c  diminue  à  proportion  du  befoin  qu'on 
en  a.  Le  capitaine  général  elt  le  juge  ordinaire  de  toutes 
ces  troupes,  affifté  d'un  affefieur  qu'il  prend  du  corps  de 
la  milice. 

Il  y  a  outre  cela  un  tribunal  de  Pinquifition  ,  Se  un  évê- 
que  fuffragant  de  Valence ,  &  non  de  Tarragone ,  comme 
dit  Baudrand ,  édit.  170J.  Sa  cathédrale  regarde  la  mer 
qui  en  elt  fi  proche ,  que  les  matelots  peuvent  entendre  la 
melTe  fans  fortir  de  leurs  navires.  *  Corn.  Dict. 

2.  MAÏORQUE  ,  (  Le  Royauîvîe  de)  petit  royaume 
qui  comprenoit  les  ifles  de  Maïorque  ,  de  Minorque  t 
d'Iviça  6c  quelques  annexes ,  tantôt  plus  ,  tantôt  moins  , 
comme  on  va  voir.  Les  Maures  s'étant  établis  en  Espagne  » 
afilijettirent  ces  ifles,  6c  y  établirent  un  royaume.  Quelques 
prifes  faites  de  part  6c  d'autre  ayant  brouillé  Jacques  I  „ 
roi  d'Arragon  6c  le  roi  de  Maïorque  ,  les  Catalans  p reliè- 
rent Jacques  de  taire  la  conquête  de  cette  ifle ,  Se  d'en 
chaffer  les  Infidèles.  Ce  prince  convoqua  les  états  à  Barce- 
lone en  1 228 ,  6c  y  réfolut  cette  guerre.  L'entreprife  s'exé- 
cuta l'année  fuivaiue  ;  Jacques  y  alla  en  perfonne ,  affiégea 
la  capitale,  la  prit  daflaut ,  l'abandonna  au  pillage,  prit 
le  roi  Maure  6c  fon  fils  âgé  de  treize  ans  ,  acheva  la  con- 
quête de  l'ifle  ,  Se  fe  rembarqua  le  premier  Novembre 
pour  repafler  en  Catalogne.  Après  fon  départ ,  les  habi- 
tans fe  révoltèrent  ,  il  y  retourna  l'année  d'après  ,  les  ré- 
duiSit  entièrement  ,  Se  ajouta  l'ifle  de  Minorque  à  fon 
domaine.  Jacques  I  mourut  l'an  1 276  ,  âgé  de  foixante- 
huit  ans  :  il  en  avoir  régné  foixante-deux,  dix  mois  Se  quin* 
ze  jours.  Ses  trois  fils  étoient  D.  Pédre  qui  lui  fuccéda 
pour  l'Arragon  ;  D.  Jacques  II ,  roi  de  Maïorque  ,  Se  D. 
Sanche  ,  archevêque  de  Tolède  ,  qui  mourut  entre  les 
mains  des  Maures.  Il  avoit  formé  à  Jacques  fon  fécond 
fils  ,  du  confentement  de  D.  Pédre,  fon  fils  aîné,  un  royau- 
me compofé  des  ifles  Maïorque  ,  Minorque  ,  Se  Iviça  , 
avec  les  comtés  de  Rouffillon  ,  de  Cerdagne  Se  de  Con- 
flans ,  à  condition  de  relever,  lui  Se  fes  fuccefleurs,  de  la 
couronne  d'Arragon  ,  Se  d'affiiter  aux  états  de  la  Catalo- 
gne quand  ils  feroient  convoqués.  Après  la  mort  de  Jac- 
ques II  ,  en  1 502  ,  fon  fils  Jacques  III  s'éranr  fair  religieux 
de  l'ordre  de  S.  François ,  D.  Sanche,  frère  de  ce  religieux 
fut  fait  roi  de  Maïorque  ,  alla  trouver  le  roi  d'Arragon 
à  Girone  ,  6c  lui  fir  hommage  de  rous  fes  états.  L'an  1345 
D.  Pédre  IV  ,  roi  d'Arragon  ,  voulut  dépouiller  le  roi  de 
Maïorque.  Celui  ci  qui  s'appelloit  Jacques ,  Se  qui  éroic 
le  cinquième  de  ce  nom ,  refolut  de  lui  faire  tête ,  Se  alla 
au-devant  de  lui  avec  quatre  mille  hommes  d'infanterie  & 
trois  mille  chevaux  :  mais  les  fiens  l'abandonnèrent  Se  il  fur 
fait  prifonnier.  D.  Pédre  acheva  de  fubjuguer  l'ifle  en  fore 
peu  de  tems  -,  6e,  fur  ce  que  le  pape  Clément  VI  lui  en- 
voya le  cardinal  de  Rhodes  pour  l'exhorter  à  traiter  fa- 
vorablement le  roi  de  Maïorque,  il  témoigna  de  la  dispofi- 
tion  à  mettre  le  différend  en  arbitrage. Le  roi  de  France  s'en 
mêla  Se  envoya  quelques  ttoupes  au  fecours  de  Jacques  ; 
mais  les  Arragonois  s'étant  faifis  des  partages  des  Pyrénées  , 
en  défendirent  l'entrée  au  comte  de  Cominge  qui  com- 
mandoit  les  François.  Alors  le  roi  d'Arragon, perfuade  qu'il 
n'avoir  plus  rien  à  craindre ,  aceufa  Jaeques  d'avoir  fait 
une  ligue  contre  lui  avec  les  rois  de  France  Se  de  Caftille  , 
les  Génois  Se  les  Pifans ,  & ,  fous  ce  prétexte  ,  il  confisqua 
fes  états.  Jacques  fe  retita  dans  le  Rouffillon  où  D.  Pédre 
le  fuivir  avec  une  armée.  L'archevêque  d'Auch ,  commis 
par  le  pape  pour  ménager  un  accommodement  entre  les 
deux  rois ,  propofa  à  D.  Pédre  que  Jacques  fe  remettroic 
entre  fes  mains  avec  roure  fâ  famille  ,  pourvu  qu'il  don- 
nât parole  qu'il  le  traiteroir  fans  aucune  indigniré.  Jac- 
ques fe  jerta  aux  pieds  du  roi  d'Arragon  ,  mais  toutes  fes 
foumiffions  n'empêchèrent  point  que  D.  Pédre  ne  fît  pu- 
blier la  réunion  du  royaume  de  Maïorque  à  fes  érars.  Jac- 
ques ,  n'en  avant  pu  rien  obtenir  ,  fe  retira  à  Berghe  qu'on 
lui  avoit  affigné  pour  fa  demeure  ;  Se ,  ayant  manqué  une 
entreprife  fur  le  comté  de  Cerdagne  ,  il  alla  en  Guienne 
chercher  un  afyle. 

L'an  1 349  ,  il  vendit  à  Philippe  de  Valois  roi  de  Fran- 
ce ,  tout  le  droit  qu'il  avoit  fur  la  ville  de  Montpellier  Se 


46 


MAI 


MAK 


fin  fon  reflbit,  moyennant  fix  vingt  mille  écus  d'or  qui 
lui  fervirent  à  équiper  une  flotte  avec  laquelle  il  pafla  dans 
ï'ifle  de  Maïorque.  Lorsqu'il  y  fut  descendu,  Gilbert  Cu- 
villier  qui  en  étoit  gouverneur  vint  au-devant  de  lui  avec 
vingt  mille  hommes  de  pied  &  huit  cens  chevaux.  Le  com- 
bat fut  opiniâtre ,  le  roi  Jacques  y  perdit  la  vie  ,  &  un  fol- 
dat  lui  ayant  coupé  la  tête  la  mit  au  bout  d'une  pique.  Le 
prince  fon  fils  Jacques  VI  fut  blefle  8c  demeura  prifonnier. 
On  le  mena  dans  le  château  neuf  de  Barcelone ,  où  tous  les 
foirs  on  l'enfermoit  dans  une  cage  de  fer.  Sa  prifon  dura 
jusqu'en  1362,  qu'ayant  fait  faire  de  faufles  clefs ,  il  poi- 
gnarda Ces  gardes  8c  Nicolas  Rouira ,  gouverneur  de  ce 
château  ,  après  quoi  il  fe  fauva  à  Naples  où  il  époufa  la 
reine  Jeanne  ,  veuve  de  Louis.  L'an  1375  ,  Henri  roi 
de  Caltille,  le  voyant  chaffé  du  Rouflillon  ,  voulut  fe  fer- 
vir  de  lui  pour  arrêter  les  progrès  de  D.  Pédre  roi  d'Arra- 
gon.  Henri  fit  en  forte  que  le  roi  de  Navarre  lui  donna 
partage  fur  fes  terres  pour  entrer  dans  ce  royaume  :  mais 
cette  armée  fe  diflipa  fans  combattre,  parce  que  l'Arragon- 
nois  lui  coupa  les  vivres  &  l'affama.  Jacques  en  mourut  de 
chagrin.  Après  fa  mort  ,  fa  fœur  lfabelle  céda  tous  les 
droits  qu'elle  avoit  fur  le  royaume  de  Maïorque ,  les  com- 
tés de  Rouflillon  8c  de  Cerdagne  à  Louis  duc  d'Anjou 
qui  aflembla  de  nombreufes  troupes  pour  s'en  mettre  en 
porteflion  :  mais  D.  Pédre  y  accourue  aufli-tôt ,  8c  garda  fi 
bien  cous  les  partages  ,que  Louis  ne  put  entrer  par  aucun 
endroit.  Depuis  ce  tems  Ï'ifle  de  Maïorque  eft  demeurée 
unie  à  l'Arragon  ,  avec  lequel  elle  a  été  unie  à  la  Caftille , 
8c  aux  autres  parties  qui  compofent  la  monarchie  d'Espa- 
gne. *  Mariana ,  hift.  Hispan.  8c  divers  Mémoires. 

i,  MAIRA  ,  (  La  )  petite  rivière  d'Italie  au  Piémont. 
Elle  a  fa  fource  au  pied  des  Alpes  fur  la  frontière  du  Dau- 
phiné ,  d'où ,  coulant  par  le  marquifat  de  Saluées ,  elle  fe 
rend  dans  le  Pô  un  peu  au-deflbus  de  Montcallier, 

2.  MAIRA  ,  (  La  )  ou  la  Mera  ,  rivière  de  Suifle.  Elle 
a  fa  fource  dans  la  Caddée  au  pays  de  Pergel ,  au  mont 
Maiols  ,  ou  plutôt  au  Mont-Seae  ,  félon  Scheuchzer, 
carte  de  la  Suifle  ,  aflez  près  d'une  des  fources  du  Rhin , 
d'où,  coulant  vers  le  midi  occidental  entre  des  montagnes, 
elle  fe  groflït  d'une  autre  fource  qui  vient  de  Gaudenz  , 
elles  fe  joignent  à  Caiaccia.  Elle  circule  de  là  vers  le  cou- 
chant ,  fe  recourbe  vers  le  midi ,  arrive  à  Chiavenne  ,  & , 
enflée  de  quelques  ruifleaux  ,  elle  fe  perd  enfin  dans  le  lac 
de  Côme  dans  fa  partie  la  plus  feptentrionale. 

1.  MAIRE.  (  Le)  C'eit  le  nom  d'un  marchand  d'An- 
vers. On  a  appelle  Détroit  de  le  Maire  à  caufe  de 
lui ,  un  détroit  au  fud  de  celui  de  Magellan.  Ces  détroits 
font  devenus  inutiles  ,  depuis  que  l'on  fait  que  la  Terre  de 
Feu  elt  entre  ces  détroits  &  la  mer  ;  on  fait  le  tour  8c  on 
évite  les  longueurs  8c  les  dangers  du  venteontraire»  des  cou- 
rans  ,  8c  du  voifinage  des  terres. 

2.  MAIRE  ou  Maires.  Honoré  Bouche  nomme  In- 
fula  de  Maires  une  ifle  de  Provence.  Le  dictionnaire  de 

la  France  porte  que  Maire,  en  latin  Madra  ,  elt  un 
port  de  la  même  province  ,  8c  qu'il  en  elt  fait  mention 
dans  l'itinéraire  d'Antonin. 

MAIRE  L'EVESCAULT  ,  en  latin  Mariacum  Epis- 
copale  ,  lieu  de  France  dans  le  Poitou.  Clotaire  I  le 
donna  vers  l'an  jj8  à  S.  Junien  pour  y  bâtir  un  mona- 
ftère  dont  il  fut  abbé.  11  y  eut  pour  fuccerteur  S.  Ane- 
mond  ,  qui  y  mourut.  Ce  n'eft  plus  qu'un  prieuré  dépen- 
dant de  l'abbaye  de  Noaillé  depuis  l'an  830. 

MAIS ,  nom  d'une  rivière  de  l'Inde  ,  entre  le  fleuve 
Indus  8c  le  Gange,  félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  un 
des  périples  d'Arrien. 

1.  MAISIERES  ,  en  latin  Maceri^c  ,  ou  Maifîeresfur 
'jluthie ,  village  ou  bourg  de  France  en  Picardie  en  Pon- 
thieu.  Haimon  qui  en  étoit  le  feigneur  vers  l'an  644  ,  le 
donna  avec  la  terre  à  S.  Furcy.  11  y  vint  mourir  vers  l'an 
650  ,  &  le  lieu  s'efl  appelle  depuis  Froheins  ,  par  cor- 
ruption du  nom  de  Fourshem  qui  veut  dire  la  maiibn 
de  Fourcy  :  fon  corps  fut  transféré  enfuite  à  Péronne. 
*  Baillet ,  Topogr.  des  Saints. 

2.  MAISIERES  ,  en  latin  MacerijE  ,  ou  Maifieresfur 
Oife  ,  lieu  de  France  dans  la  haute  Picardie  ,  vers  les  con- 
fins du  Vermandois  &c  du  Tiérasche.  C'eft  le  lieu  de 
la  naiffance  de  faint  Humbert  de  Maroilles.  *  Baillet ,  To- 
pogr. des  Saints. 

3.  MAISIERES  ,  Macert^ï  ,  abbaye  d'hommes  en 
France ,  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  filiation  de  la  Ferté  dans 


la  Bourgogne ,  au  diocèfe  de  Châlons  fur  Saône  ,  8c  k 
deux  lieues  au  fud-eft  de  Beaune  ,  fondée  l'an  1 1 3  2.  Voyez. 
Mezieres. 

4.  MAISIERES  en  Brenne,  lieu  de  France  au  diocèfe 
de  Tours  vers  les  limites  du  Berri.  On  le  nomme  aufli  au- 
trement Mazeres  ou  Mezeires.  *.B#j7/ef ,  Topogr.  des 
Saints. 

MAISON  DIEU  ,  (  La  )  abbaye  de  France.  Voyez. 
Noiulac. 

MA1SONCELLE  .  bourgade  8c  prieuré  de  France  dans 
le  Maine  ,  élection  de  Laval. 

MAlbONN  AIS ,  bourg  de  France  dans  le  Poitou ,  dio- 
cèfe de  Limoges. 

MAISONS  ,  château  de  France  dans  Ï'ifle  de  France  , 
au  bord  de  la  Seine  ,  a  quatre  lieues  au-deflous  de  Taris  , 
8c  une  lieue  au  deflus  de  faint  Germain  en  Laye.  Ce  châ- 
teau elt  magnifique.  La  beauté  de  fon  architecture  8c  de 
fa  lculpture  ,  aufli  bien  que  celle  des  écuries  qui  font  un 
grand  corps  de  bâtiment  féparé  ,  font  du  deliein  du  fa- 
meux François  Manlard.  René  de  Longueil ,  furintendant 
des  finances ,  n'a  rien  épargné  pour  en  faire  une  maifon 
propre  a  loger  commodément  un  grand  prince.  Ce  châ- 
teau ,  qui  joint  la  forêt  de  S.  Germain  ,  elt  accompagné 
de  plulieuis  pavillons  détachés,  8c  de  plufieurs  longues 
étendues  d'arbres.  Ses  grandes  portes  de  fer  font  des  chefs- 
d'œuvres.  Le  territoii'e  produit  d'allez  bon  vin  ,  8c  l'on  y 
recueille  aufli  de  bons  fruits.  Il  y  a  un  bac  de  partage  fut 
la  Seine  devant  le  château ,  8c  un  moulin  à  eau  bâti  fur 
de  grandes  arches  de  pierres  ,  faites  en  forme  de  pont. 

*  Corn.  Dict.  Mémoires  drejfésjur  les  lieux. 
MAJSSUR  ou  Maissour  ,  royaume  des  Indes  ,  borné 

au  Nord  par  le  Carnate  ,  au  midi  par  le  Maduré,  &  au 
couchant  par  les  terres  du  Samorin  ,  8c  des  autres  princes 
du  Malabar  ,  qui  le  bornent  du  côté  de  la  mer. 

Ce  petit  état  eit  de  tous  ceux  que  le  Mogol  n'a  pas 
fubjugués  ,  celui  qui  elt  devenu  le  plus  confiderable  par 
les  conquêtes  que  fes  princes  ont  faites  de  plufieurs  for- 
tereflts ,  foir  dans  le  royaume  de  Maduré  ,  ,  foit  dans  le3 
autres  états  voilins.  On  lui  donne  près  de  quinze  millions 
de  rente  •■,  il  elt  en  état  de  mettre  fur  pied  des  armées  de 
trente  mille  hommes  d'infanterie  ,  &  de  dix  mille  de  ca- 
valerie. Les  états  de  Maiffur  s'étendent  depuis  le  commen- 
cement de  1  onzième  degré  de  latitude  fepientrionale ,  jus- 
qu'à la  fin  du  treizième  8c  au-delà. 

Les  Maiflliriens  font  devenus  redoutables  à  leurs  voifins 
par  la  manière  cruelle  8c  ignominieufe  dont  ils  traitent 
les  prifonniers  de  guerre  :  ils  leurs  coupent  à  tous  le  nez  -y 
on  met  enfuite  les  nés  coupés  dans  un  vafe  de  terre  ,•  on 
les  fale  pour  les  garder  &  les  envoyer  à  la  Cour.  Les  offi- 
ciers 8c  les  foldats  font  récompenfés  à  proportion  du 
nombre  de  prifonniers  qu'ils  ont  traités  avec  cette  inhu- 
manité. Chirangapatnam  eft  la  capitale  de  ce  royaume. 

Voye^    GiRANGAPATNAM. 

MAITABIROTINE  ,  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale dans  le  Canada  ,  où  elle  tombe  dans  la  bande  du 
nord  du  fleuve  S.  Laurent ,  auprès  de  la  ville  deT,  ois  Ri- 
vières. Cette  proximité  la  fait  appeller  par  plufieurs  ,  Ri- 
vière des  trois  Rivières,  ils  la  compofent  même  de 
trois  rivières  qui  viennent  l'une  de  l'autre.  M.  de  la  Pothe- 
rie  croit  qu'elle  a  communication  avec  le  courant  de  la 
rivière  de  Saguenay  ,  dont  elle  n'eft  fé parée  ,  félon  lui  , 
que  par  un  portage.  Plufieurs  nations  des  Sauvages  voifins 
de  la  baie  d'Hudfon  descendent  par  cette  rivière  ,  &  ap- 
portent les  plus  belles  pelleteries  du  Canada. 

M  AIT  A  S  Campus  ,  campagne  auprès  de  Con- 
ilantinople.   Cedréne  8c  Curcpalate  en  font   mention. 

*  Ortel.  Thef. 

MAITTAVONIUM  ,  lieu  de  la  Gaule  ,  félon  Ortelius 
qui  cite  l'itinéraire  d'Antonin.  L'édition  de  Surita  porte 
Mautavonium  :  quelques  manufciits  ont  Matabonio  , 
&  Mautavonio  ;  d'autres  difent  Amplement  Mauto.  Ce 
lieu  doit  être  entre  Forum  Julii ,  Fréjus ,  8c  Aqiu  Sextia , 
Aix  en  Provence. 

MAJUCENSlS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie.  La  notice  épiscopale  d'Afrique  le  meta  la  tête 
des  évêchés  de  cette  province  qui  n'avoient  point  alors 
d'évêques. 

MAJUMA.  Voyez.  Gaza. 

MAKANNA  ,  petit  royaume  d'Afrique  dans  la  Ni- 
gritie  ,  à  l'elt  de  la  rivière  de  Falemé  ,  8c  au  midi  de 


MAL 


MAL 


Barhbuk.  Dambanna  eft  le  principal  lieu  de  ce  royaume , 
qui  d'ailleurs  n'eft  pas  fort  connu  des  Européens.  *  Cours 
des  rivières  de  Falemé  &  du  Sénégal ,  levé  fur  les  lieux 
■par  M.  Compagnon. 

MAL  ,  bourg  de  l'Afie  Mineure  dans  la  Galatie  ,  au 
diocèfe  d'Ancyre  ,  à  treize  ou  quatorze  lieues  de  la  ville. 
C'eft  où  étoient  les  reliques  Se  le  culte  de  Paint  Valens  ,  de 
faint Théodote  PAubergifte ,  Se  d'autres  martyrs.  *  Baillet) 
Vie  des  Saints  ,  1 8  Mai. 

MALA  ou  Malla  ,  vallée  de  l'Amérique  méridionale 
au  Pérou  ,  à  trois  lieues  de  celle  de  Chilea  ;  elle  eft  pres- 
que toute  couverte  de  forêts  épaifles ,  Se  traverfée  d'une 
petite  rivière.  Acofta  la  met  à  treize  lieues  de  la  ville  de 
los  Reyes ,  &  dit  qu'il  s'y  trouve  une  forte  de  figuier  qui 
pouffe  &  produit  fon  fruit  du  côté  qui  regarde  le  fud  Se 
les  montagnes ,  lorsque  l'été  eft  dans  ces  montagnes  ;  Se 
qu'il  le  produit  de  l'autre ,  quand  il  eft  Pété  dans  la  plaine. 
*Laet  ,lnd.  occid.  1.   io.  c.  24. 

MALABAR  (  La  côte  de  ).  Quelques-uns  compren- 
nent fous  ce  nom  toute  la  partie  occidentale  de  la  pres- 
qu'ifle  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange  ,  depuis  le  royaume  de 
■Baglanaau  feptentrion,  jusqu'au  cap  Comorin  au  midi; 
mais  d'autres  la  commencent  feulement  à  l'extrémité  fep- 
rentrionale  du  royaume  de  Canara ,  Se  la  terminent ,  com- 
me les  premiers  ,  au  cap  Comorin.  Dans  ce  dernier  fens 
elle  ne  renferme  que  le  royaume  de  Canara ,  l'état  du  Sa- 
morin  Se  celui  de  Travahcor.  On  y  remarque  entr'autres 
les  ports  fuivans  : 

£•  Onor, 
Royaume  de   j  Barcelor, 
Canara.       j  Mangallor, 
{_  Cananor. 
C  Calicut , 
Etat   du  Sa-     j  Tanor, 
morin ,         y  Cranganor , 
(_  Cochin. 

Ç  Coilan , 
Etat  de  Tra-   j  Reytura , 
vancor.  J  Tangapatan , 

C  Periapatan. 

En  prenant  la  côte  de  Malabar  dans  fa  plus  grande  éten- 
due ,  on  y  comprend  la  côte  des  rovaumes  de  Concan  ,  du 
pays  de  Balagate  &  du  royaume  de  Vifapour ,  dont  les 
ports  les  plus  confidérables  font  : 


Royaume  de 
Concan. 


Pays  de  Bala- 
gate. 


Daman  . 
Baçaim , 
Bombaim, 
Chaoul , 
Dabul. 

Zanguifar , 
Dobetelle , 
Aldea , 
Valdepatan, 
Chopra. 


Royaume  de  Vi-  S  Mourmougon  , 
fapour.  £  Dangoli  ou  Coroval. 

Le  Malabar  peut  paner  pour  le  plus  beau  pays  des  In- 
des au-deçà  du  Gange.  On  y  voit  une  infinité  de  villes , 
des  bois  confidérables ,  des  toufes  de  cocotiers  ,  de  pal- 
miers Se  d'autres  arbres  ,  fous  lesquels  on  fe  promené  à 
couvert  des  ardeurs  du  foleil.  Les  cocotiers,  qui  font  tou- 
jours verds  Se  chargés  de  fruits,  fe  trouvent  ordinaire- 
ment dans  les  endroits  les  plus  bas ,  proche  le  rivage ,  où 
les  brifans  de  la  mer  vont  arrofer  leurs  racines ,  fans  que 
v  l'eau  falée  leur  nuife.  Des  campagnes  de  riz  ,  des  prairies , 
des  pâturages ,  de  grandes  rivières,  de  gros  ruifleaux  ,  des 
torrens d'eaux  claires,  contribuent  à  la  beauté  du  pays. 
Cependant  les  rivières ,  ni  toutes  los  eaux  douces  n'ont 
pas  allez  de  profondeur  pour  porter  de  grands  bâtimens. 
Dans  les  terres  on  trouve  de  grands  étangs ,  des  rivières , 
des  bafllns  ,  Se  d'autres  eaux  pour  fe  baigner  Se  pour  tou- 
tes fortes  d'ufages.  Ces  eaux  nourriflent  une  quantité  pro- 
digieufede  poiflbns.  La  terre,  comme  les  arbres,  con- 
ferve  une  perpétuelle  verdure  ,  parce  que  ce  climat  n'eft 
fujet  ni  à  la  gelée  ,  ni  à  la  neige  ,  ni  à  la  grêle.  *  Voyage 
de  la  Comp.  aux  Indes  orient,  t.  6.  p.  424.  &  fuiv. 


47 

Presque  tout  le  long  de  cette  côte  ,  les  rois  ,  les  prin- 
ces ,  la  noblefle ,  &  une  partie  du  peuple  même  ont  quel- 
que idée  de  la  majefté  du  vrai  Dieu  ,  Se  font  en  même 
tems  livrés  à  l'idolâtrie  &  aux  fuperftitions  les  plus  ridi- 
cules. Ils  croient  que  Dieu  récompenfera  ou  punira  les 
hommes  félon  leurs  bonnes  ou  mauvaifes  œuvres,  &  que, 
comme  le  gouvernement  du  monde  ne  lui  laifiêroit  ni  re- 
pos ,  ni  plaifir  ,  il  en  donne  la  direétion  à  d'autres  dieux  , 
qui  ont  un  empire  fuprême  avec  lui. 

Sous  ces  dieux  fouverains ,  ils  en  établiflent  un  grand 
nembre  d'autres  d'un  ordre  inférieur  ,  à  qui  ils  donnent 
des  titres ,  attribuent  des  qualités  ,  ôc  rendent  des  hon- 
neurs. Ces  dieux  fupérieurs  ôc  inférieurs  font  repréfentés 
fous  de  monftrueufes  figures.  Ils  leur  mettent  fur  la  tête 
des  couronnes  d'argille,  de  métal,  ou  de  quelque  autre 
matière  Se  dorée.  Les  pagodes  où  font  ces  dieux  ,  ont 
des  murailles  épaifles  ,  bâties  de  grofies  pierres  brutes ,  ou 
d'argille.  On  trouve  de  pareils  édifices  dans  les  villes ,  les 
bourgades,  fur  les  chemins  Se  le  long  des  promenades, 

La  plupart  brûlent  leurs  morts  dans  un  trou  qu'ils  font 
exprès. 

Outre  ces  Malabares  idolâtres ,  il  y  a  fur  toute  la  côte 
beaucoup  de  Chrétiens,  tant  Malabares  qu'Européens;  un 
grand  nompre  de  Mahométans,  de  Maures ,  de  Juifs ,  de 
marchands  de  Malaca,  de  Bengale,  de  Coromandel ,  de 
Ceilan,  de  Cambaie  ,  de  Perfe  ,  des  côtes  de  la  mer  * 
Rouge  ,  &c. 

Les  Malabares  Chrétiens  difent  que  l'Apôtre  S.  Tho- 
mas a  prêché  l'Evangile  dans  ce  pays  ,  fur  la  côte  de  Co- 
romandel ,  dans  la  Chine  Se  à  Méliapour  ,  qu'on  nomme 
aulli  S.  Thomé.  Ces  mêmes  Chrétiens  ont  corrompu  l'an- 
cienne dodhine  ;  ils  admettent  deux  perfonnes  en  J.  C.  Se 
joignent  au  neftorianisme  quantité  d'autres  erreurs. 
Les  prêtres  des  idoles  &  les  religieux  laiflent  croître  leurs 
cheveux  ,  Se  ne  les  attachent  point.  Ils  portent  fur  la 
tête  un  morceau  de  toile  de  coton  ,  qui  y  fait  un  tour  ou 
deux.  La  plupart  font  nuds  depuis  la  ceinture  en  haut ,  Se 
ont  une  toile  qui  les  entoure  depuis  la  ceinture  jusqu'aux 
genoux.  Ceux  qui  veulent  parler  pour  les  plus  graves, 
font  descendre  cette  toile  jusqu'à  la  cheville  du  pied.  Us 
ont  des  anneaux  d'or  aux  oreilles ,  Se  portent  tous  autour 
du  cou  ,  ou  autour  de  la  partie  du  corps  qui  eft  nue,  une 
petite  corde  ou  gros  fil ,  par  où  l'on  diilingue  qu'elle  eft 
leur  cafte.  Leurs  conditions  font  différentes  ,  auflî-bien 
que  la  vie  qu'ils  mènent.  Les  uns  s'entretiennent  du  feul 
fervice  qu'ils  rendent  aux  idoles  ;  d'autres  font  marchands 
Se  courtiers -,  d'autres  exercent  la  médecine,  Se  d'autres 
font  foldats.  Ce  ne  font  pas  feulement  les  gens  du  com- 
mun qui  honorent  les  bramines,  ils  font  auflî  fort  efti- 
més  des  princes  &  de  la  noblefle.  Ils  ont  la  liberté  de  vi- 
firer  les  princeffes  en  l'abfence  de  leurs  maris,  qui  pour 
la  plupart  tiennent  à  honneur  qu'un  bramine  ait  com- 
merce avec  leurs  femmes. 

L'ordre  établi  pour  la  fuccefllon  à  la  couronne  a  quel- 
que chofe  de  fingulier.  L'aînée  des  fœurs  du  roi  porte  le 
titre  de  reine  ;  ce  font  Ces  enfans  qui  font  princes  &  prin- 
cefles  ,  Se  c'eft  l'aîné  qui  monte  fur  le  trône  après  la  more 
du  roi  fon  oncle.  La  reine  eft  ainfi  la  perfonne  la  plus 
confidérable  de  l'état  après  le  roi  ;  car  fes  femmes ,  ni  fes 
concubines  ne  participent  pas  à  fa  grandeur,  &  leurs  en- 
fans  ne  fuccedenr  point  à  la  couronne.  Si  l'aînée  des  fœurs 
du  roi  n'a  point  d'enfans  ni  de  l'un  ,  ni  de  l'autre  fexe , 
la  fuccefllon  pafic  aux  autres  fœurs  ,  ou  au  défaut  dtf 
fœurs  aux  plus  proches  païens  ,  toujours  à  la  ligne  fémi- 
nine par  préférence.  Les  fils  n'héritent  point ,  parce  que 
leur  état  eft  incertain  ,  les  bramines  de  la  cour  ayant  tou- 
jours commerce  avec  leurs  mères.  Il  en  eft  de  même  par- 
mi le  peuple.  Cela  vient  de  ce  que  les  *mmes  font  en 
quelque  manière  communes ,  Se  que  l'on  n'eft  certain  de 
l'état  des  enfans  que  du  côté  de  leur  mère.  Ils  n'héritent 
point  du  mari  de  leur  mère ,  quoiqu'il  puiffe  être  fou- 
vent  leur  père  ;  en  récompenfe  ils  héritent  des  frères  de 
leur  mere  ,  Se  fuccédent  à  leurs  biens ,  à  leur  commerce  s 
Se  à  leurs  dignités.  , 

Les  Malabares  font  divifés  en  deux  ordres  de  perfon- 
nes -,  les  Nairs  ou  Nairos,  Se  les  Poliars.  Les  premiers 
portent  les  armes;  les  autres  font  artifans,  laboureurs  ou 
pêcheurs.  Les  Nairos  font  fort  fiers  de  leur  noblefle,  Ils 
ne  fe  marient  point  ;  ils  voient  les  femmes  des  autres  au- 
tant qu'il  leur  plaît  ;  de  forte  que  les  femmes  lubriques 


48 


MAL 


MAL 


onc  beau  jeu  dans  ce  pays-là.  Il  n'y  a  que  les  Nairos  qui 
peuvent  porter  les  armes.  Le  refte  du  peuple  n'ofe  même 
converfer  avec  eux.  Si  un  Poliar  rencontre  un  Nairos 
fur  fon  chemin  ,  il  fe  retire  à  côté  avec  beaucoup  de 
refped.Les  uns  ni  les'autres  ne  dépenfent  pas  beaucoup  en 
habits  :  ils  n'ont  qu'un  morceau  d'étoffe  de  foie  à  fleurs 
ou  de  toile  de  coton  ,  qu'ils  fe  tournent  trois  ou  quatre 
fois  autour  du  corps ,  depuis  la  ceinture  jusqu'aux  talons  , 
ou  feulement  jusqu'aux  genoux.  Les  hommes  ont   des 
cheveux  longs ,  aufîi  noirs  que  du  jais ,  bien  unis  par  der- 
rière ,  par  devant  &  aux  côtés  de  la  rêre ,  Se  lies  avec 
un  cordon  fur  le  haut  un  peu  vers  le  derrière.  Les  fem- 
mes ne  lient  point  leurs  cheveux  avec  un  cordon  ;  elles 
les  unifient  ,  Se  y  font  un  nœud  d'une  manière  fort  adroi- 
te ,  d'où  ils  leur  pendent  par  derrière  ôV  aux  côtés  de  la 
tête,  avec  quelques  boucles  01:  frifures  Les  hommes  & 
les  femmes  porrent  quanrité  de  bracelets  d'or,  d'argent, 
d')  voire,  de  cuivre  &  d'autre  métal.  Les  bouts  des  oreil- 
les leur  pendent  jusqu'aux  épaules-,  plus  il  y  a  de  nous, 
pinson  en  fait  d'état-,  tout  le  monde  fe  garnit  leso/cilles 
de  quelques  orne  mens.  Les  riches  y  mettent  des  pierre- 
ries. Les  femmes  mariées  ne  font  regardées  que  comme 
on  regarde  ailleurs  les  concubines ,  à  caufe  de  la  facilité  du 
divorce. 

Presque  toutes  les  maifons ,  ou  du  moins  la  plupart 
font  fort  baffes  &  conftruires  d'argilleou  de  terre.  Il)  en 
a  fort  peu  de  pierres.  Elles  font  couvertes  de  paille  ,  ou 
de  branches  de  palmiers  Se  de  cocotiers.  Les  muis  &  le 
pavé  font  enduits  de  fiente  de  vache.  Les  portes  des'mai-, 
fous  font  fi  balles  ,  qu'on  ne  peut  y  entrer  qu'en  fe  baif- 
fanr.  Il  y  a  peu  de  fenêtres  ,  mais  beaucoup  de  petits 
trous  fans  vitres  ,  par  où  les  chambres  reçoivent  la  lu- 
^miere.  Les  chambres  n'ont  ni  cheminées ,  ni  lits.  On  fait 
Ja  cuifine  à  l'air  ,  Se  l'on  fe  couche  fur  des  nattes  éten- 
dues par  terre  ,-ce  font-là  presque  tous  les  meubles  des  In- 
diens: le  relte  ne  confiite  qu'en  des  pots  où  l'on  cuit  les 
vivres  ,  &  en  des  écuelles  de  bois  Se  des  cuilliers  faites  de 
noix  de  cocos. 

Les  Malabares  ont  leur  langue  particulière.  II  y  en  a 
beaucoup  ,  fur  tout  dans  les  cours  des  rois  Se  les  villes 
marchandes  ,  qui  parlent  portugais  Se  hollandois. 

A  l'égard  des  chofesque  la  côte  de  Malabar  produit , 
elles  font  en  grand  nombre.  Il  y  a  des  cocotiers  en  quan- 
tité :  1  arbre  trifte  Se  l'arbre  fenfitify  croiffent,  de  même 
que  l'herbe  nommée  dutroa  ou  datura ,  le  cardamome  , 
le  riz  blanc  Se  noir ,  le  kitferi ,  le  catiang ,  le  poivre , 
l'oignon,  le  borreborri ,  les  caramboles,  les  ananas,  le 
tamarin  ,  Sec.  La  mer  &  les  rivières  fourniflent  d'excel- 
lent poiffon,  Se  fur  la  terre,  outre  la  plupart  des  ani- 
maux connus  en  Europe ,  il  y  en  a  plufieurs  particuliers 
au  pays. 

MALABRIGO  ,  port  de  l'Amérique  méridionale ,  au 
Pérou  dans  l'audience  de  Lima.  Son  nom  ,  qui  ne  veut 
dire  que  mauvais  abri ,  marque  affez  qu'on  n'y  eit  pas 
à  couvert  des  vents.  Il  elt  a  onze  lieues  du  port  Cherepe 
&  à  cinq  de  Pascamayo  ,  en  allant  au  fud  elt,  vers  Tru- 
iillo.  A  deux  lieues  de  Malabrigo  ,  ou  environ,  il  y  a 
une  baie  fabloneufe  ,  dont  la  côte  eit  fort  baffe  ,  qui  s'é- 
tend jusqu'à  Malabrigo  ,  Se  où  l'on  trouve  quelques  bas 
fonds  ;  de  forte  qu'on  doit  toujours  avoir  la  fonde  à  la 
main  pour  venir  à  l'ancrage  ,  Se  fe  tenir  à  cinq  ou  fix  bras- 
fes  d'eau.  Lorsque  vous  approchez  d'une  petite  montagne, 
au-deffus  du  vent ,  vous  n'en  avez  que  quatre  braffes  Se 
demie  ,  vous  voyez  alors  une  fente  fur  cette  montagne , 
Se  après  l'avoir  amenée  au  fud ,  il  faut  mouiller.  11  en 
tombe  de  rudes  bouffées ,  qui  caufent  d'ordinaire  de  gros- 
fes  Lames.  Si  vous  y  venez  tout  droit  de  la  haute  mer  , 
vous  verrez  une  autre  petite  baie  au  fud  &  à  l'extrémité 
de  la  première.  La  côte  au  nord  eit  raboteufe  Se  crevaffée, 
&  au  milieu  on  voit  une  montagne  ronde  qui  elt  la  mar- 
que du  Havre.  De  Malabrigo  au  port  de  Guanchaco, 
qui  elt  fous  le  huitième  degré  de  latitude  méridionale  ,  il 
y  a  quatorze  lieues.  *  Supplément  aux  voyages  de  Woodes 
Roger  s,  pag.  38. 

1.  MALACA ,  ancienne  ville  d'Espagne  dans  la  Béti- 
que  ,  fur  la  Méditerranée.  Ptolomée  ,  /.  z.  t.  4.  la  nomme 
UctXctxct.  Pline  ,  /.  3.  c.  I.  la  nomme  aufïi  Malaca  ;  Se  dit 
qu'elle  appartenoit  aux  alliés  du  peuple  Romain.  Ma- 
laca  citm  ftuvto  ,f  céderait)  um.  Il  y  avoir  une  rivière.  An- 
tonhi  dans  fon  itinéraire ,  décrit  une  route  de  Caitulon  à 


Malaca  ,  Se  une  autre  de  Malaca  à  Gades.  Il  compte  deux 
cens  quatre-vingt-onze  milles  dans  la  première ,  Se  cent 
quarante-cinq  pour  la  féconde  ;  il  met  Malaca  à  douze 
mille  pas  de  Ménoba  ,  &  à  vingt-un  mille  pas  de  Siuel  ou 
Suel.  Strabon  ,  /.  3.  p.  156  ,  dit  que  c'étoit  une  colonie 
des  Charhaginois  ,  Se  une  ville  de  grand  commerce  ,  pour 
les  habitans  de  la  côte  qui  elt  à  l'oppofite  ,  Se  que  l'on  y 
faloit  beaucoup  de  vivres  II  la  met  a  autant  de  diltance 
de  Calpé  ,  qu'il  y  en  avoir  de  Calpé  à  Gades.  Le  nom  mo- 
derne de  la  ville  elt  Malaga.  Voyez,  ce  mot.  Celui  de  la 
riviereellGuADALMEDiNA.  L'une  &  l'autre  font  du  royau- 
me de  Grenade. 

2.  MA  LAÇA  ,  ville  dlralie  .  félon  Fhavorin  ,  Lexic. 
i.MALACCA  ,  ou  Malaca  ,  ou  Maiaquf.  ,  grande 
péninfuie  des  Indes  au  midi  du  royai  me  de  Siam  ,  entre  le 
golfe  de  Siam  à  l'orient  ,  Se  le  golfe  de  Bengale  Se  it  dé- 
troit de  Malaca  à  l'occident.  On  eflime  que  la  longuèut' 
de  cette  péninfuie ,  le  long  de  la  côte,  ell  d'environ  270 
lieues.  Le  terrein  en  ell  humide  tk  bourbeux.  Il  fournie 
cependant  des  bleds  ,  divers  animaux  &  d'excellens  fruirs  , 
quoiqu'en  affez  peti-c  quantité.  Dan;  cette  étendue  de 
terre  font  compris  (ept  royaun  es-,  fçavoir, 

Ligor,  Pahang        Malaca  Queda , 

Patane  ,         Ihor ,  Pcra , 

^Voyage  de  la  compagnie  aux  hidi  s  orientales  ,  t.  2  p.  207. 

2.  MALACCA  ou  Malaca,  rm'aumc'îes  Indes  orien- 
tales dans  la  presqu'ifle  de  Malacca  ,  dans  fa  panie  occi- 
dentale ,  &  fur  le  détroit  de  même  nom.  Cet  état  releva 
anciennement  du  royaume  de  Siam  ;  mais  dans  la  fuite 
un  nommé  Mamudes  ,  originaire  d'Arabie  ,  s'en  empa- 
ra. Sa  largeur  elt  de  huit  à  dix  lieues ,  ëc  fa  longueui  de 
trente.  *  Voyage  de  la  comp  g.  aux  Indes  orient,  t.  2.  p. 
207  &  238. 

Les  habitans  ont  le  teint  couleur  de  cendre.  Us  portent 
les  cheveux  longs ,  font  fort  adonnés  aux  plaifirs  charnels  , 
Se  fe  regardent  comme  les  gens  du  monde  les  plus  lenfés. 
Auffî  peut-on  dire  qu'ils  font  fort  intelligens.  Ils  aimenc 
beaucoup  la  po'éfie  ,  Se  compofent  quantité  de  chantons 
d'amourettes  Se  de  comédies.  Us  fe  porrent  à  cet  exercice 
par  une  inclination  naturelle  &  par  l'efpérance  dont  ils  fe 
flattent  d'acquérir  une  réputation  immortelle. 

On  convient  que  leur  langue  elt  compofée  des  meilleurs 
termes ,  &  des  expreflions  les  plus  énergiques  de  toutes  les 
langues  des  peuples  des  Indes  qui  les  environnent,  Se  on 
la  regarde  comme  la  plus  belle  Se  la  plus  agréable  de  tou- 
tes les  langues  d'Orient  ;  de  forte  que  ceux  qui  ne  la  fça- 
vent  pas  ne  font  propres  qu'à  demeurer  dans  leur  pays ,  Se 
font  regardés  avec  mépris. 

3.  MALACCA  (  Le  détroit  de  )  dans  les  Indes  ,  entre 
la  péninfuie  de  Malacca  qui  lui  donne  fon  nom ,  &  l'iflc  de 
Sumatra.  Il  communique  du  côté  du  feptenrrion  au  golfe 
de  Bengale  ,  Se  du  côté  du  midi  à  la  mer  qui  fépare  l'ifle 
de  Sumatra  de  celle  de  Bornéo.  Les  Portugais  nomment  ce 
détroit  le  détroit  de  Sincapour. 

4.  MALACCA  ,  capitale  du  royaume  du  même  nom  , 
dans  la  partie  méridioi  aie  de  la  péninfuie  de  Malacca  (a  ) , 
fur  le  détroit  auquel  elle  donne  fon  nom.  On  prérend  qu'il 
y  a  environ  deux  fiécles  &  demi  que  l'endroit  où  cette 
ville  eft  fituée  ,  étoit  une  campagne  inculte  où  il  n'y  avoir 
que  fept  ou  huit  cabanes  de  pécheurs  ;  qu'avec  le  rems 
d'aunes  pêcheurs  de  Pégu  ,  de  Siam  Se  de  Bengale  s'y  étant 
auifi  habitués,  y  bâtirent  une  ville  où  ils  établirent  des 
loix  ,  Se  en  quelque  forte  une  nouvelle  langue  ,  afin  de 
n'avoir  rien  de  commun  avec  leurs  voifins.  Ils  nommèrent 
cetre  ville  Malacca  ,  Se  en  peu  de  tems  elle  s'accrut  telle- 
ment,pat  le  grand  concours  d'étrangers  qui  s'y  rendirent  de 
toutes  parts ,  qu'elle  devint  enfin  la  capitale  d'un  royau- 
me (b).  Les  Portugais  s'en  emparèrent  fous  la  conduite 
du  général  Albuquerque  ,  non  fans  beaucoup  de  fang  ré- 
pandu -,  mais  elle  leur  fut  enlevée  en  1640  par  les  Hollan- 
dois après  une  réfiltance  de  fix  mois.  (  a  )  Voyage  de  la. 
compagnie  aux  Indes  orientales ,  t.  2.  (b)  Gemelli  Careri , 
Voyage  du  tour  du  Monde,  t.  3.  p.  323. 

Les  anciens  ont  cru  que  Malacca  étoit  une  iffe,  à  caufe 
de  la  grande  quantité  de  canaux  qui  coupent  fon  terrein. 
Les  modernes  mieux  inftruits  nous  apprennent  le  contrai- 
re (a).  Il  s'y  rend  une  rivière  qui  enfuire  fe  jette  dans  la 
mer. En  baffe  marée  l'eau  en  eft  douce  ,  Se  faumache  quand 
la  mer  a  monté  :  cette  rivière  a  cent  pieds  de  lare,e.  Le 
flux  Se  reflux  y  font  rapides  (b).  Elle  traverfe  la  vile  de 

Malaca 


MAL 


MAL 


Malacaquieft  habitée  par  des  Chrétiens  Pcrtugals,des  gen- 
tils de  différents  endroits  ,  des  Mantes  Se  des  Chinois  que 
l'on  appelle  au  Chapeau.  Cela  eft  caufe  que  le  gouver- 
neur ,  lorsqu'il  a  quelques  ordres  à  donner ,  eft  obligé  de 
les  faire  mettre  en  ces  quatre  langues ,  fans  compter  la 
hollandoife.Les  maifonsfont  debois  ;lesmurs&:  les  toits 
de  la  plus  grande  partie  font  couverts  de  nattes  ,  elies 
font  environnées  de  tant  de  palmiers  Se  d'autres  arbres  > 
que  de  loin  on  croit  que  c'eft  plutôt  une  forêt  qu'une 
ville.  On  y  compte  environ  cinq  mille  habitans  %  dont 
la  plus  grande  partie  confifte  en  Portugais  Catholiques. 
Cependant  l'exercice  de  la  religion  Catholique  y  eft  défen- 
du ,  &  ceux  qui  profeflent  cette  religion  font  contraints 
de  s'enfoncer  dans  lepaiiTeur  des  bois  pour  y  faire  l'office 
divin.  Il  y  a  dans  la  ville  des  mosquées  pour  les  Maures  ; 
un  temple  dédié  aux  idoles  de  la  Chine  ,  Se  exercice  public 
de  toutes  fortes  de  fectes.  (  a  )  Voyage  de  la  compagnie  , 
t.  3,  p.  z8j.  (b)  Voyage  du  tour  du  Monde  ,  t.  3.  p.  324. 

La  forterefle  qui  eft  fur  la  droite  entrant  dans  le  canal , 
peut  avoir  un  mille  de  circuit.  Elle  eft  flanquée  de  fix  pe- 
tites tours  garnies  de  canons  ,  avec  un  fofle  du  côté  de  la 
mer  ,  auffi-bien  que  du  côté  du  canal.  On  y  entre  par 
deux  portes  ;  l'un?  du  côté  de  la  rivière  ,  Se  l'autre  du  cô- 
té du  midi.  Le  gouverneur  de  la  ville  en  eft  le  comman- 
dant. Sa  garnifon  confifte  en  deux  cens  quinze  hommes 
Se  fix  cavaliers.  Une  petite  colline  s'éleve  au  milieu  de  la 
forterefle,  &  c'eft-là  que  les  Jéfuites  avoient  leur  maifon 
Se  leur  Eglife  ,  dans  le  tems  que  les  Portugais  étoient 
maîtres  de  Malacca.  Depuis  que  les  Hollandois  s'en  font 
emparés  ,  ils  ont  abattu  les  dortoirs  ,  Se  n'ont  confervé 
que  l'ég  lifepour  l'exercice  de  leur  religion  ,  avec  une  tour 
où  ils  arborent  leur  pavillon.  Outre  cette  églife  il  y  avoit 
celle  de  la  Miféricorde,  mais  elle  fert  présentement  de 
magazin. 

Cette  ville ,  fituée  à  deux  deg.  20  min.  de  latitude , 
jouit  toujours  d'un  parfait  équinoxe.  Son  climat  eft  très- 
tempéré  ,  Se  fon  terroir  aflez  fertile-,  parce  qu'il  ne  fe pafle 
pas  de  jour  qu'il  ne  foit  arrofé  de  quelque  grande  pluie. 
11  produit  presque  tous  les  fruits  qu'on  voit  à  Goa  ;  mais 
les  cocos  y  font  trois  fois  plus  grands.* Leiu  édif»  t.2.p.  76. 

Le  gouvernement  hollandois  de  Malacca  ne  s'étend  pas  à 
plus  de  trois  milles  autour  delà  ville,  parce  que  les  gens  du 
pays,  qui  font  des  fauvages  ,  ne  font  pas  d'humeur  de 
îubir  le  joug.  On  les  appelle  Manancavos.  Voyez,  ce 
mot.  *  Voyage  du  tour  du  monde ,  t.  3.  p.  323.  &  fuiv. 

Le  port  de  Malacca  eft  fort  bon,  &  il  s'y  fait  un  grand 
commerce  ,  tant  de  l'Orient  que  de  l'Occident.  On  y 
trouve  dans  les  bazars  les  plus  belles  marchandifes  du  Ja- 
pon ,  de  la  Chine  ,  de  Bengale  ,  de  la  côte  de  Coroman- 
del ,  de  Perfe  &  d'autres  royaumes.  Ce  n'eft  pas  fon  feul 
avantage;  la  ville  commande  à  tous  les  navires  qui  pas- 
fent  par  fon  détroit  ;  Se  elle  les  oblige  de  payer  l'ancrage  ; 
foit  qu'ils  entrent  dans  le  port ,  foit  qu'ils  panent.  Les 
vaifleaux  espagnols  &  portugais  payent  cent  pièces  de  huit 
chacun ,  Se  les  autres  moins.  Les  Hollandois  ufent  de 
cette  rigueur  envers  ces  deux  nations,  parce  qu'ils  difent 
avoir  payé  la  même  fomme,  lorsque  les  Portugais  étoient 
maîtres  de  Malacca.  Les  Anglois  feuls  font  exemts  de 
cette  douanne. 

De  Ceilan  à  Malacca  il  y  a  340  lieues  espagnoles.  La 
route  eft  oueft  quart  au  fud-oueft ,  Se  on  rafe  les  côtes 
de  Bengale  &  de  Pégu  ,  qui  eft  un  pays  haut.  L'ifle  de  Su- 
matra eft  à  la  droite,  Se  la  péninfule  de  Mala  à  la  gau- 
che. De  Malacca  à  la  Chine  on  prend  d'abord  fon  cours 
à  l'oueft  -  nord  -  oueft  ,  Se  enfuite  au  nord&  au  nord- 
quart-de-nord-oueft.  Il  y  a  380  lieues  d'Espagne.*  Voyag. 
de  la  Compagnie  des  Indes  orient,  t.  2.  p.  238. 

La  ville  de  Malacca  eft  célèbre  dans  l'hiftoire  eccléfia- 
ftique  par  les  prédications  Se  les  travaux  apoltoliques  de 
faint  François  Xavier ,  qui  en  a  été  le  patron  après  fa 
mort.  *  Baillet ,  Topogr.  des  Saints. 

MALADES  ,(  Mont  aux  )  prieuré  d'hommes  de  l'or- 
dre de  faint  Auguftin  en  France  ,  dans  la  Normandie  au 
diocèfe  Se  près  de  Rouen  ,  du  côté  du  levant ,  au  haut 
d'une  montagne.  On  y  confervé  un  bras  de  faint  Vincent  ; 
l'églife  eft  fous  l'invocation  de  faint  Jacques.  Le  prieur 
jouit  de  fix  mille  livres. 

MAL/ETA  ,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange  ,  félon 
Ptolomée  ,  l.j.c.ï.  qui  la  donne  au  peuple  Poruari. 

MALAGA,  ville  d'Espagne  au  royaume  de  Grenade 


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fur  la  Méditerranée  ,  à  fept  lieues  Se  au  midi  d'Antequc- 
ra.  Elle  eft  confidérablc  ,  Se  les  anciens  l'ont  connue  fous 
le  nom  de  Malacca.  Voyez  ce  mot ,  «.  i,  C'eft  le  fiége 
d'un  évêché  ;  Se  elle  tire  beaucoup  de  luft re  de  l'impor- 
tance Se  de  la  bonté  de  fon  port  Se  de  fes  fortifications. 
Les  auteurs  du  pays  difent  que  les  Phéniciens  l'ont  bâtie 
plus  de  huit  cens  ans  avant  la  venue  de  Notre  Seigneur. 
Nous  avons  déjà  rapporté  ce  qu'en  dit  Strabon.  Elle  eft 
fituée  fur  le  rivage  de  la  mer,  à  vingt  deux  lieues  de  Gi- 
braltar ,  au  pied  d'une  montagne  aflez  escarpée  ,  qui 
laiflè  juftement  aflez  d'espace  entre  elle  Se  la  mer  pour 
y  bâtir  une  ville.  Son  port  eft  grand  -,  le  mole  qu'on  y  a 
conftruit ,  eft  revêtu  d'un  beau  quai  long  de  fept  cens  pas 
Se  large  à  proportion ,  avec  de  gros  piliers  de  pierres  où 
l'on  attache  les  navires.  Il  y  a  toujours  grand  abord  de 
monde ,  Se  d'ordinaire  deux  ou  trois  cens  bâtimens  à 
l'ancre  ,  ce  qui  fait  que  la  ville  eft  fort  marchande  ,  fort 
riche  Se  fort  peuplée  ,  quoique  médiocrement  grande. 
Tous  les  automnes ,  en  tems  de  paix  ,  il  vient  un  très- 
grand  nombre  de  vaifleaux  marchands  des  pays  étran- 
gers ,  pour  charger  les  fruits  exquis  &  les  vins  délicieux 
qu'on  recueille  en  abondance,  Se  les  transporter  en  An- 
gleterre &  aux  Pays-Bas.  La  ville  eft  belle;  on  y  voit  de 
très-beaux  bâtimens,  entr'autres  l'églife  cathédrale.  Cette 
place  étant  vis-à-vis  de  l'Afrique,  Se  par  conféquent  ex- 
pofée  aux  attaques  des  Maures,  on  l'a  très-bien  fortifiée, 
Se  on  y  entretient  à  grands  frais  un  arfenal  pourvu  de 
toutes  les  munitions  de  guerre  néceflaires ,  non-feulemenc 
pour  défendre  la  ville ,  mais  aufli  pour  rafraîchir  Se  pour 
renforcer  les  garnirons  de  quelques  places  que  les  Es- 
pagnols ont  en  Afrique.  Outre  une  bonne  enceinte  de 
murailles  &  les  remparts,  Malaga  eft  encore  défendue 
par  deux  châteaux  qui  la  commandent  ,  Se  pofés  l'un 
fur  l'autre.  Le  premier  eft  au  fommet  de  la  montagne  nom- 
mée Giblalfarro  ,  d'où  l'on  découvre  toute  la  ville  Se 
fort  avant  dans  la  mer;  l'autre  fitué  au-deflbus,  eft  ap- 
pelle Alcazzava  ,  bâti  au-deflus  de  la  ville  fur  le  pied  de  la 
montagne.  Tous  ces  ouvrages  la  rendent  11  forte ,  que , 
lorsque  Ferdinand  V.  conquit  le  royaume  de  Grenade  , 
il  ne  put  la  prendre  que  par  famine.  L'auteur  des  délices 
de  l'Espagne,  p.  517.  nomme  Guadalquiverejo  la  pe- 
tite rivière  qui  coule  auprès  de  Malaga.  Les  anciens  la 
nommoient  du  même  nom  que  la  ville  ,  Se  de  l'ifle  l'ap- 
pelle Guadalmedina.  L'auteur  des  délices  dit  que 
c'eft  la  Saduca  de  Prolomée. 

L'évêché  de  Malaga  eft  ancien.  Le  premier  évêque  donc 
on  _ait  connoiflance  eft  Patrice  qui  aflifta  au  concile  d'illi- 
beris  en  300,,  Depuis  ce  tems-la  on  ne  trouve  point  fes 
fucce fleurs  dans  l'hiftoire  ,  Ci  ce  n'eft  Sévère  qui  vivoit  en 
580.  Delui  jusqu'à  l'invafion  desMaureson  a  une  fuite  d  e- 
vêques.  Henri  IV  ayant  repris  Malaga  fur  les  infidèles  en 
1484  ,  fit  ériger  leur  mosquée  en  cathédrale  ,  Se  le  cardi- 
nal Gonçales  de  Mendoza  la  confacra.  Pierre  de  Tolédç 
chanoine  de  Séville  en  fut  le  premier  evêque  après  la 
reftauration.  Ce  diocèse  s'étend  fur  108  paroifles ,  &  l'é- 
vêque  jouit  de  vingt  mille  ducats  de  revenu.  Son  chapitre 
eft  compofé  de  fept  dignitaires,  fçavoir  ,  trois  archidia- 
cres ,  Un  chantre  ,  un  écolâtre ,  un  thréforier  ,  un  doyen  ; 
de  vingt  -  quatre  chanoines  ,  de  douze  prébendiers  ,  de 
douze  femi-prébendiers  Se  de  douze  acolytes.  L'évêque  de 
Malaga  eft  fuffragant  de  Grenade.  *  Vayrac ,  état  préfenc 
de  l'Espagne  ,  1.  4.  t.  2.  p.  374. 

Quelques  François  difent  Malgue  au  lieu  de  Malaga* 

MALAGINA.  Cédréne  nomme  ainfi  un  lieu,  &Or- 
telius,  Thefaur.  croit  qu'il  étoit  de  l'Arménie. 

MALAGON  ,  lieu  d'Espagne  dans  la  nouvelle  Caftille, 
à  quatorze  lieues  de  Tolède.  *  Davity. 

MALAGRA  ,  ancien  bourg  de  la  presqu'ifle  de  Roma- 
nie  fur  la  côte  près  de  Sefto  ,  félon  Baudrand  ,  qui  dit  que 
c'eft  l'AcoRAdes  anciens.  D'autres  écrivent  Melagra  , 
d'autres  Malgara. 

MALAGUETTE  (La  côte  de)  ou  Maniguette, 
côte  d'Afrique  dans  la  Guinée  ,  le  long  de  la  mer.  De 
l'ifle  a  eu  tort  de  la  faire  commencer  au  cap  de  la  Ver- 
ga  ;  elle  ne  commence  qu'à  Rio  Sanguin  ,  jusqu'au  cap 
des  Palmas.  Elle  eft  partagée  en  plufieurs  fouverainetés  » 
dont  la  principale  eft  le  royaume  de  Sanguin.  Elle  eft  ai- 
rofée  de  quantité  de  rivières  Se  de  gros  ruifleaux  ,  aux 
embouchures  desquels  il  y  a  des  villages  qui  portent  les 
noms  de  ces  mêmes  rivières.  Ainfi  en  fuivant  la  côte  de 

Tom.  IV  G 


yo 


MAL 


MAL 


l'oueft  à  l'eft  ,  on  trouve  les  rivières  Se  les  villages  de 
Sestre-Crou,  de  Broua  ,  de  Baffon  ,  deZiNO  ,  de 
VAPPO,de  Batow,  du  Grand  Sestre  ou  grand  Paris,  du 
pecit  Scftre  ou  petit  Paris,  de  Goyane.  Le  nom  de  Paris 
le  trouve  en  ce  pays  la  ,  parce  qu'en  1366  ,  les  Dieppois 
s'établirent  au  grand-Seftre  ,  il  y  bâtirent  un  comptoir  au- 
tour duquel  les  naturels  du  pays  s'établirent  en  h  grand 
nombre  ,  &  firent  un  bourg  fi  confidérable  ,  que  les  Nor- 
mands lui  donnèrent  le  nom  de  grand  Paris.  Les  Nègres 
du  pays  confervent  encore  chèrement  le  fouvenir  des  Fran 
cois  ,  Se  ont  retenu  quelques  mots  de  notre  langue.  Leur 
langue  naturelle  eft  ,  dit-on  ,  la  plus  difficile  de  toute  l'A- 
frique; on  y  manque  d'interprètes  ,  mais  on  eft  dédomma- 
gé par  la  facilité  qu'ils  ont  de  s'expliquer  par  des  fign'es  , 
Se  par  quelques  mots  françois  qu'ils  difent  encore  dans 
l'occafion.  Ils  ont  appris  àcs  François  le  fecret  de  tremper 
le  fer  ,  Se  ils  l'ont  perfectionné.  Leur  trempe  eft  meilleure 
que  celle  des  plus  habiles  taillandiers  de  l'Europe.  Ces 
peuples  font  forts ,  grands  Se  vigoureux  ,  ils  n'ont  pas  l'u- 
fage  de  fe  couvrir  la  tête  ;  ils  fupportent  ,  fans  en  être 
incommodés  ,  les  plus  grottes  pluies  &  le  ibleil  le  plus  ar- 
dent. Les  hommes  Se  les  femmes  font  plus  nuds  qu'en  au- 
cun autre  lieu  de  la  Guinée  ,  ils  n'ont  tout  au  plus  qu'un 
fort  périt  chiffon  fur  ce  qui  diftingue  un  fexe  de  l'autre. 
Usnourriffent  quantité  de  beftiaux  Se  de  volailles  de  tou- 
tes efpeces  ■■,  beaucoup  moins  pour  eux  que  pour  traiter  , 
car  ils  en  mangent  rarement  &  vivent  presque  toujours  de 
poiflbn  ,  de  légumes  Se  de  fruits  qu'ils  ont  en  abondance  , 
Se  d'une  excellente  qualité.  Leur  pays  qui  eft  bas  ,  uni  , 
gras  &  fort  coupé  de  ruifleanx ,  de  rivières  &  de  fontaines , 
eft  extrêmement  fertile  &  propre  à  produire  tout  ce  qu'on 
en  veut  retirer.  Il  eft  mal  fain  pour  les  étrangers ,  ils  y 
font  expofés  à  de  longues  Se  dangereufes  maladies,& avant 
que  de  s'accoutumer  à  cet  air  groffier  &  pefant,  beaucoup  y 
perdent  la  vie.  Outre  les  rivières  Se  les  rafraîchiflèrnens 
qui  font  à  très-vil  prix  fur  cette  côte  ,  on  en  tire  de  l'y- 
voire  ,  des  efclaves  &  de  l'or  en  poudre ,  Se  fur-tout  de  la 
maniguette  ou  malaguette  ,  qui  eft  la  marchandife  la  plus 
ordinaire  qui  donne  le  nom  au  pays.  C'eft  une  graine  à 
peu  près  de  la  grofleur  du  chenevi ,  d'une  fuperficie  près- 
que  ronde  ,  mais  anguleufe>  d'une  couleur  rougeâtre  avant 
que  d'être  mure ,  plus  foncée  quand  elle  a  toute  fa  plus 
grande  maturité  ,  Se  noire  quand  elle  a  été  mouillée  ,  Se 
qu'on  l'a  embarquée  en  bon  état  -,  cela  la  fait  fermenter  Se 
lui  ôte  beaucoup  de  fa  bonté  ;  fon  goût  doit  être  piquant 
Se  approche  a  fiez  de  celui  du  poivre.  Quelques  écrivains  , 
comme  Lemeri  Se  Pomi  ,  difent  qu'elle  a  pris  fon  uom 
d'une  ville  d'Afrique  appellée  Mélcga.  Ils  ont  entendu  par- 
là  le  même  lieu  où  les  François  avoient  fait  des  établifle- 
mens.  Mais  Malaguette  ou  Maniguette  n'eft  le  nom  ,  ni 
d'une  ville,  ni  d'un  bourg,  ni  d 'un  village  .  mais  d'une 
graine  que  quelques-uns  appellent  poivre  de  Guinée;  Se  les 
François  ont  nommé  côte  de  Maniguette  ou  de  Malaguette  , 
la  côte  où  ils  alloient  chercher  cette  graine.  On  en  trouve 
par  toute  la  côte  ,  bien  en-de-ça  de  la  rivière  de  Seftre  ,  & 
bien  au  delà  du  cap  de  Palmes  ;  mais  le  pays  qui  eft  entre 
ces  deux  bornes  en  eft  beaucoup  mieux  founi  que  tous  les 
paysvoifins.  *  Divers  Mémoires. 

MALALITANA  Civitas.  Ortelius  ,  Thefaur. 
trouve  qu'il  en  eft  fait  mention  dans  la  vie  de  S.  Grégoire 
pape  ,  /.  i.c.  11. il  croit  qu'il  faut  lire  Malacitana ,  nom 
formé  de  M  A  l  a  c  a.  Ce  lieu  avoir  un  évêque  nommé 
Janvier. 

MALAMANTUS  ,  fleuve  de  l'Inde.  Il  fe  perd  dans 
le  Cophene  ,  félon  Arrien ,  va  Indicis. 

MALAMOCCO,  Metaumacum  ,  Metamaucum  , 
petite  ville  d'Italie  dans  l'état  de  Venife  au  Dogat ,  dans 
une  ifle  de  même  nom ,  avec  un  port ,  dans  les  Lagunes  de 
Venife,  devant  l'embouchure  de  la  Brentc.  C'elV l'idée 
qu'en  donne  Baudrand.  Corneille  dit  après  le  journal 
d'un  voyage  de  France  &  d'Italie  ;  Malamoceo  eft  une 
ville  épiscopale  d'Italie,  dont  le  fiége  fut  transféré  à  Chiog- 
gia  :  elle  étoit  autrefois  fameufe  à  caufe  que  le  doge  de  la 
république  de  Venife  y  faifoit  fa  réfidence  :  aujourd'hui  , 
pourfuit-il ,  elle  eft  célèbre  pour  être  le  port  de  cette 
fuperbe  ville  qui  n'en  eft  éloignée  que  de  fix  milles.  De 
faint  Didier,  dans  fon  livre  intitulé,  La  ville  &  la  ré- 
publique de  Venife  ,  dit  plus  Amplement  en  parlant  des  ou- 
vertures ou  ports  par  lesquels  on  pafTe  de  la  mer  dans  les 
lagunes  :  Le  troifiéme  eft  le  port  de  Malamoque  avec  la 


village  de  ce  nom  ,  où  arrivent  tous  les  grands  vajfieaux  , 
à  caufe  que  l'eau  y  eft  plus  profonde  qu'aux  autres  ports  , 
Se  que  la  rade  y  eft  très-bonne  &  capable  d'en  contenir  un 
fort  grand  nombre. 

MALANA  ,  lieu  maritime  à  l'extrémité  du  pavs  du 
peuple  Oritâ.  ,  félon  Arrien,  in  Indicis. 

MALANDARA  ,  Maiandara  ,  ou  Maramdara  , 
ancien  lieu  d'Afie  dans  la  Cappadoce  ,  fur  la  route  deSe- 
baftopolis  à  Céfaréc  ,  entre  Scanatum  Se  Armaxa  ,  à 
trente-huit  mille  pas  de  la  première  ,  Se  à  vingt- huit  mille 
de  la  féconde  ,  félon  Antonin  ,  dans  fon  itinéraire. 

MALANGIT^.  Voyez.  Melangit/e. 

MALANGO  ,  ville  de  l'Inde  en- deçà  du  Gange.  Ptoîo- 
mee  ,  l.  y.c.  1.  dit  que  c'étoit  la  réfidence  du  roi  Bafaro- 
nages. 

MALANGOU  ,  horde  des  Tartares.  Il  en  eft  parlé 
dans  l'hiftoire  de  Timur-Bec,  /.  3.  c.  9. 

MALANIUS  ,  ville  d'Italie  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe qui  cite  Hécatée.  Elle  étoit  dans  les  terres  Se  dans  le 
pays  des  Oenotriens.  Gabriel  Barri  croit  que  c'eft  aujour- 
d'hui Maida  ,  ville  de  la  Calabre  ultérieure.  *  Ortel.  The- 
faur. 

MALAO.  Fojk^Maleos. 

MALASSAIS  ,  royaume  d'Afrique  dans  la  haute  Ethio- 
pie ,  attez  près  des  frontières  de  l'Abiflinie.  *  Baudrand 
Si  Corneille. 

MALAT  ,  montagne  de  l'Amérique  feptentrionale  au 
Mexique  ,  dans  la  province  de  Seiton.  C'eft  un  des  plus 
grands  volcans  de  routes  les  Indes.  Outre  cinq  bouches 
qu'il  y  a  au  bout  de  cette  montagne ,  elle  en  a  deux  au 
milieu  beaucoup  plus  grandes  que  toutes  les  autres.  Elles 
vomiffent  le  feu  avec  une  furie  furprenante;  ce  n'eft  tou- 
tefois que  par  intervalles.  Quelquefois  il  n'en  fort  que  de 
la  fumée  ;  Se  d'aunes  fois  ,  fur-tout  quand  il  règne  un  cer- 
tain vent ,  ce  font  des  pierres  ardentes.  Pendant  qu'elles 
font  pouffèes  au-dehors ,  on  entend  un  bruit  terrible  au- 
dedans.  *  Vincent  le  blanc ,  Voyag.  Corn.  DicF. 

MALATHA  ,  château  de  l'idumée.  Le  jeune  Agrippa, 
félon  Jofeph ,  Antiquit.  I.  1 8.  c.  8.  s'y  retira  pendant  quel- 
que tems  ,  après  qu'il  eut  dépenfé  tout  fon  bien  a  Rome. 
Dom  Calmet ,  Dïcl.  de  la  bible  ,  croit  que  Malatha  eft 
la  même  place  que  Maceloth  ,  dont  il  eft  parlé  au  livre 
des  Nombres ,  c.  3 1.  v.  25.  &  16.  Eufebe  parle  fou  vent 
de  Malatha  dans  fon  livre  des  lieux  hébreux  ;  Se,  en  com- 
parant les  divers  endroits  où  en  il  fait  mention,  il  paroît 
que  cette  ville  étoit  dans  la  partie  méridionale  des  pays  de 
Juda  ,  environ  à  vingt  milles  d'Hebron.  Voyez  aulfi  Mo- 

LADA  &  MOLATHA. 

MALATHIA  ,  ville  d'Afie  en  Turquie ,  dans  l'Aladu- 
lie,fur  la  rivière  d'Arzu.  C'eft  la  Mélitene  des  anciens. 
Il  y  a  un  archevêque  du  rite  grec  ,  félon  Baudrand  ,  qui 
écrit  Malatiah.  D'Herbelot ,  Btblioth.  orient,  dit  :  Ma- 
lathie  ,  ville  capitale  de  la  petite  Arménie  :  les  anciens 
l'ont  appellée  Mélita  ou  Mélitene  ;  elle  eft  fituée  à 
61  degrés  de  longitude  ,  Se  à  .39  degrés  8  minutes  de  la- 
titude. Cet  auteur  ajoute  :  Les  Arabes  qui  conquirent  cette 
province  fur  les  Grecs,  la  perdirent  l'an  1 38  de  l'hégire  , 
fous  le  khalifat  d'Al-Manfor  :  l'empereur  Conftantin  Co- 
pronyme  la  reprit  Se  la  fit  démolir,-  mais  le  même  Al- 
Manfor  envoya  l'an  1 40  fon  neveu  Abderaman  ,  fils  de 
l'Iman  Ibrahim  ,  avec  foixanre  Se  dix  mille  hommes  ,  s'en 
remit  de  nouveau  en  poffeffion  ,  Se  en  releva  les  murail- 
les. Ben  Schounah  ,  hiftorien ,  dit  dans  la  vie  d'Alman- 
for ,  que  lorsque  Conftantin  Copronyme  eut  démoli  la 
ville  de  Malathia  ,  il  en  fit  transporter  les  habitans  Armé- 
niens Se  Géorgiens  à  Conftantinople  ,  afin  de  repeupler 
cette  capitale.  Les  Grecs  ôrerenr  une  féconde  fois  Mala- 
thia aux  khalifes ,  mais  elle  fut  reprife  par  Mafibud  ,  ful- 
tan  de  la  branche  des  Selgiucides  ,  qui  s'étoit  établie  dans 
le  pays  de  Roum  ,  ceft-à-dire  dans  la  Natolie.  tes  Turcs 
Othmanidcs  avant  leur  grandeur  ,  tenoient  les  pays  de 
Mélitene  Se  d'Aklat  au  tems  de  Soliman  Schah  Se  d'Or- 
togrul.  Zein  Eddin  Mohammed  qui  étoit  natif  de  cette 
ville,  eft  furnommé  Almalathi.  Les  Turcs  appellent  ordi- 
nairement l'Arménie  Mineure  Malathia  Vilaieti  ,  à 
caufe  que  cette  ville  en  eft  la  capitale.  Il  ne  faut  pas  la 
confondre  avec  celle  de  l'article  fuivant. 

MALATIA  ,  ville  d'Afie  fur  l'Euphrate  à  72  deg.  de 
longitude  ,  Se  à  37  de  latitude  ;  elle  dépend  de  la  Syrie  , 
Se  en  eft  frontière ,  félon  le  traducteur  François  de  l'his- 


MAL 


MA  L        ft 


to're  dcTimur-Bec  ,  /.  5.  c.  7.  Je  dis  que  fi  ces  indices 
font  vrais  ,  elle  eft  différence  de  Malathia  ;  parce  que  l'une 
eft  fur  l'Euphrate  ,  ôc  que  l'autre  eft  fut  une  autre  ri- 
vière ;  qu'il  y  a  deux  degrés  de  différence  dans  leur  lati- 
tude. 

MALATIAH  ou  Malathia,  ville  de  la  Turquie  en 
Europe  dans  la  Romanic  ,  fur  la  côte  de  la  mer  Noire, a 
environ  i<j  lieues  du  détroit  de  Conftanrinople. 

MALATIS  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  félon  Ortelius ,  Tbe- 
faar.  qui  cite  S.  Jérôme  dans  ion  livre  de  Lotis  Hebraicis. 
Voyez  Malatha. 

MALATOUR  ,  anciennement  Mars-la  Tour,  en 
latin  Martïs  Tunis  ,  ville  de  France  au  pays  Meffin.  Elle 
cil  le  chef-lieu  d'un  territoire  ,  dont  l'étendue  eft  fort  pe- 
tite ,  ôc  qui  confine  avec  celui  de  Gorze.  Elle  avoit  autre- 
fois pluficurs  feigueurs  propriétaires ,  qui  jouiffoient  du 
domaine  utile ,  mais  qui  ont  reconnu  la  feigneurie  directe 
des  éveques  de  Metz ,  dont  on  voit  les  actes  ôc  les  re- 
connoiffances  depuis  l'an  13 17  jusqu'en  1500.  Les  ducs 
de  Lorraine  prétendoient  à  la  fouveraineté  de  Malatour  , 
&  étoient  maures ,  comme  étant  les  plus  forts.  De  forte 
que  durant  long-tems  les  feigneurs  de  ce  lieu  n'ont  pas 
reconnu  les  éveques  de  Metz.  La  coutume  même  de  Nan- 
ci  y  avoit  aufTi  été  reçue  depuis  long-tems.  Ces  différends 
ont  été  vuidés  par  le  neuvième  article  du  traité  de  Vin- 
cennes  ,  qui  porte  que  le  duc  renonce  en  faveur  du  roi 
à  tous  droits  de  fouveraineté  ôc  de  propriété  ou  autres  , 
fur  le  lieu  de  Malatour,  ôc  ce  qui  en  dépend;  laquelle  fou- 
veraineté ôc  propriété  appartiendront  à  l'avenir,  fans  con- 
tredit ,  à  fa  majefté  ,  tant  fuivant  fes  anciens  droits  &  pré- 
tentions, qu'en  tant  que  befoin  feroit ,  en  vertu  de  la  re- 
nonciation ôc  ceifion  du  duc.  *  De  Lon guérite  ,  Defcr.  de 
Ja  France,  1.  part.  p.  202. 

MALA-VALLE.  Voyez.  Malevale. 

MALAVERT  ,  petite  ville  de  Perfe  à  12  lieues  d'Ispa- 
han  ,  en  tirant  à  l'orient.  Son  territoire  produit  les  meil- 
leures piflaches  du  monde  ,  ôc  comme  il  eft  fort  étendu  , 
il  y  en  vient  en  telle  abondance  ,  qu'il  en  peut  fournir 
toute  la  Perfe  ôc  toutes  les  Indes.  *  lavemier ,  Voyage 
.de  Perfe  ,  tom.  1 . 1.  1 .  c.  j. 

MALAVILLE  ,  bourg  de  France  dans  l'Angoumois  , 
élection  de  Cognac. 

M  A  L  A  U  S  E  ,  marquifat  de  France  dans  le  Quercy , 
près  de  la  Garonne  ,  fur  les  frontières  de  l'Agenois. 

M ALAYE  ,  ville  des  Indes  dans  l'ifle  de  Ternate  ,  l'une 
des  Moluqties,  Elle  appartient  aux  Hollandois  qui  l'ont 
fortifiée.  *  Mandejlo  ,  Voyage  des  Indes. 

MALAZIAR  ,  ville  d'Afie  au  Curdiftan  ,  au  bord  du 
lac  de  Van.  On  la  nomme  auiTi  Alichgherd. 

MALBAYE  ou  Malebaye  ,  paroiffe  de  l'Amérique 
feptentrionale  au  Canada  ,  fix  lieues  plus  bas  que  la  baie 
de  S.  Paul. 

MALBODIUM  ou  Malobodium  ,  lieu  dont  il  eft 
parlé  dans  la  vie  de  fainte  Aldegonde.  C'eft  Maubeuge 
qui  fubfiftoit  déjà  dès  ce  tems  la.  *  Ortel.  Tliefaur. 

MALBORGHETTO  ,  village  de  la  Carinthie  aux 
frontières  du  Frtoul  ,  fur  la  rivière  de  Fella ,  au-deflus 
de  Ponteva  Impériale.  C'étoit  anciennement  Burgium  , 
ville  du  Norique.  *  Baudrand ,  édit.   \~jo^. 

MALCECA  ,  ancien  lieu  d'Espagne  fur  la  route  de 
Cordoue  à  Mérida  ,  entre  Caxiliana  ôc  Salacia  ,  à  feize 
mille  pas  de  la  première  ,  ôc  à  douze  mille  pas  de  la  fé- 
conde. C'eft  préfentemenc  Marateca  ,  village  de  Por- 
tugal dans  l'Estrémadure. 

MALCHIN  ,  prononcez  Malkin  ,  ville  d'Allemagne 
en  baffe  Saxe ,  au  duché  de  Meckelbourg  dans  la  Van- 
dalie ,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  la  Pêne  dans  le  lac  de 
Cummcrow.  Cette  ville  donne  le  nom  à  un  lac  que  la 
même  rivière  traverfe  au-deffus ,  ôc  on  le  nomme  Mal- 
■chinsche-Sée,  c'eft-à-dire  le  lac  de  Malchin.Elle  eft  entre 
les  villes  de  Suite  au  nord  ,  de  Demnin  au  nord-eft  ,  de 
Treptow  à  l'orient  ,  de  Waren  au  midi ,  ôc  de  Guftro"W 
au  couchant. 

MALCHUBII.  Voyez.  Marchubii. 

MALCOTE  ,  ancien  peuple  de  la  Libye  intérieure  , 
félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  6. 

MALDEN  ou  Maldon  ,  ville  d  Angleterre  dans  la 
province  d'Effex  ,  fur  le  Chelmer  ôc  le  Blackwater  à  dix 
ou  douze  milles  de  Colcheller  ôc  dans  la  même  diftance 
de  la  mer.  Voyez.  Camulodunum  l> 


MALDIVES  ,  ifies  des  Indes  orientales  ,  en-deça  du 
Gange  ,  dans  la  grande  mer  des  Indes.  Elles  commencent 
à  8  deg.  de  la  ligne  Equinoctiale  du  côté  du  nord  ,  ôc  ri- 
niffent  à  quatre  degrés  du  côte  du  fud.  Leur  longueur  eft 
ainfi  de  200  lieues  ,  mais  elles  n'ont  que  30  à  35  lieues 
de  largeur.  Elles  font  éloignées  de  la  terre  ferme  ,  ôc  à 
cinquante  lieues  du  cap  Comorin.  *  Voy.  de  Fr.  Tyrard , 
part.  1.  c.  10. 

Ces  ifles  ont  été  divifées  par  les  Portugais  en  treize, 
provinces ,  qu'ils  nomment  Atollons.  La  divifion  eft  na- 
turelle ,  félon  la  fituation  des  lieux.  Chaque  Atollon  eft: 
féparc  des  auttes ,  ôc  contient  une  grande  multitude  de 
petites  ifles.  Rien  n'eft  plus  admirable  que  de  voir  cha- 
cun de  ces  Atollons  environné  d'un  grand  banc  de  pierres  , 
qui  forme  comme  une  muraille  tout  autour.  Ces  Atollons 
font  ou  ronds  ou  ovales.  Ils  ont  chacun  environ  trente 
lieues  de  tour  ;  les  uns  un  peu  plus  ,  les  autres  un  peu 
moins.  Ils  font  tous  de  fuite  &  s'étendent  du  nord  au  fud, 
fans  fe  toucher  ni  les  uns  ni  les  autres.  Il  y  a  entre  deux 
des  canaux  de  mer ,  les  uns  larges ,  les  autres  étroits.  Quand 
on  eft  au  milieu  d'un  Atollon  ,  on  voit  ce  grand  banc  de 
pierres ,  qui  environne  ôc  défend  les  ifies  contre  l'impé- 
tuofité  des  flots  de  la  mer  ;  mais  c'eft  quelque  chofe  d'é- 
pouvantable que  de  voir  les  vagues  fe  brifer  avec  furie 
contre  ce  banc  :  le  fallain  ou  bouillon  eft  plus  gros  qu'une 
maifon  ;  ce  qui  fait  comme  une  montagne  blanche ,  prin- 
cipalement quand  la  mer  eft  haute. 

Au-dedans  de  ces  enclos  fe  trouve  une  infinité  d'ifles  , 
tant  grandes  que  petites.  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  4 ,  en  parlant 
de  ces  ifies  ,  qu'il  met  devant  celle  de  Taprobane  ,  dit  que 
de  fon  tems  on  vouloit  qu'elles  fuffent  au  nombre  de  treize 
cens  foixante-dix-huit.  Les  habitans  du  pays  prétendent 
qu'il  y  en  a  jusqu'à  douze  mille  ;  Ôc  le  roi  des  Maldives 
marquoit  ce  nombre  dans  fes  titres.  Il  fe  difoit  N.  Sultan 9 
roi  de  treiz.e  provinces  dr  de  douz.e  mille  ifles.  Quoi  qu'il 
en  foit .  il  eft  confiant  que  le  nombre  en  eu.  grand,  Il  dimi- 
nue pourtant  tous  les  jours  ,  par  les  courants  ôc  les  gran- 
des marées.  Si  on  regarde  le  dedans  d'un  de  ces  Atollons , 
toutes  les  ifies  qu'il  contient  ôc  la  mer  qui  eft  entre-deux  , 
ne  font  qu'une  baffe  continuelle  :  le  tout  femble  n'avoir 
été  autrefois  qu'une  feule  ifie.  La  mer  y  eft  pacifique  ,  ôc  a 
peu  de  profondeur.  Elle  n'a  pas  vingt  braffes  dans  les  en- 
droits les  plus  profonds ,  ôc  presque  par-tout  on  voit  le 
fond  ;  de  forte  que  quand  la  mer  eft  baffe  ,  il  feroit  facile 
d'aller  fans  bateau  dans  toutes  les  ifies  d'un  même  Atol- 
lon ,  fi  deux  chofes  n'y  mettoient  obftacle.  Les  Paimo- 
nes ,  fotte  de  grands  poiffons  qui  dévorent  les  hommes 
quand  ils  les  rencontrent  ,  ôc  les  rochers  tranchans  & 
aigus  qui  font  au  milieu  de  la  mer  ,  ôc  qui  ne  petmettent 
guères  qu'on  marche  deffus. 

Entre  ces  ifies ,  il  y  en  a  beaucoup  qui  ne  font  point 
habitées  -,  les  unes  ne  font  couvertes  que  d'arbres  ôc  d'her- 
bes \  d'autres  n'ont  aucune  verdure  ôc  ne  font  que  pur  fa- 
ble mouvant  -,  d'autres  font  fubmergées  aux  grandes  ma- 
rées ,  ôc  fe  découvrent  quand  la  mer  eft  baffe.  Enfin  il  y 
en  a  qui  font  toutes  couvertes  de  gros  crables  Se  d'écré 
vifles  de  mer ,  ou  bien  d'une  quantité  d'oifeaux  qu'on  nom- 
me Pinguy.  Les  ifles  qui  ne  font  point  habitées ,  paroiffent 
toutes  blanches  de  loin  ,  comme  fi  elles  étoient  couvertes 
de  neige.  C'eft  l'effet  de  la  blancheur  du  fable ,  dont  elles 
font  formées.  La  plupart  de  ces  ifies  n'ont  point  d'eau 
douce  :  celles  qui  font  couvertes  ,  foit  qu'elles  foient 
habitées  ou  non  ,  n'en  manquent  point. 

Ces  treize  Atollons  ont  chacun  leur  nom.  Les  voici 
fuivant  leur  ordre  ,  en  commençant  a  la  pointe  du  nord 
qui  en  eft  la  tête,&qui  eft  fous  les  huit  degrés  de  latit.  fep- 
tentrionale ,  précifément  à  la  même  hauteur  que  Cochin 


Tilladou  Matis  ,  Ariatollon  , 

Milla  dove  Madone ,    Poulisdous, 
Padypolo  ,  Molucque  , 

Malos  Madou ,  N  illandous  , 

Addou  &  Poua  Mollucquc. 


Collo  Madus, 
Adou  Matis, 
Maie  Atollon, 
Souadou , 


Ces  deux  derniers,  quoique  féparés  comme  les  autres  ; 
ne  font  cependant  comptes  que  pour  un,  parce  qu'ils  font 
fort  petits. 

Un  grand  bâtiment   ne    fauroit  tenter  de  paffer  les 

Tom.  IV.  G  ij 


î 


MAL 


MAL 


canaux  quiféparent  Ces  Mes,  fans  courir  risque  de  fe  perdre, 
principalement  ia  nuit  ;  car  quoique  plufieurs  l'oient  affez 
profonds  pour  le  paffage,  d'espace  à  autre,on  rencontre  des 
baffes  &  des  roches ,  que  les  habitans  du  pays  feuls  ont  l'a- 
dreffe  d'éviter.  Un  autre  inconvénient  vient  des  courants  , 
qui  portent  tantôt  à  l'eft  ,  tantôt  à  l'oueft ,  entre  les  ca- 
naux des  ifles  8c  en  divers  endroits  de  la  mer  :  communé- 
mcntilscourent  fix  mois  d'un  côté  &  fix  mois  de  l'autre.Ce 
cours  n'eft  pourtant  pas  tellement  réglé ,  qu'il  ne  varie  ja- 
mais. C'eft  ce  qui  trompe.  Les  vents  font  aufli  ordinaire- 
ment fixes  que  les  courans  ,  foit  du  côté  de  l'eft ,  foit  de 
l'oueft  ;  mais  ils  varient  encore  davantage  ,  prenant 
quelquefois  au  nord  ,  quelquefois  au  fud.  Il  y  a  princi- 
palement quatre  de  ces  canaux  qui  font  navigables  pour 
les  grands  bâtimens.  On  les  fuit  pourtant  le  plus  qu'on 
peut;  mais  les  Maldives  font  fituées  de  telle  façon  au  mi- 
lieu de  la  mer ,  8c  elles  font  fi  longues ,  qu'il  eft  mal  aifé 
de  les  éviter.  Les  courans  y  portent  les  navires  malgré  eux  , 
quand  les  calmes  ou  les  vents  contraires  les  furprennent. 

S'il  n'y  avoit  qu'une  ouverture  à  chaque  Atollon  ,  il 
ne  feroit  pas  poffible  de  paffer  de  l'un  à  l'autre  à  caufe  de 
l'impétuofité  des  courans.  L'auteur  de  la  nature  y  a  pour- 
vu ,  en  ménageant  plufieurs  entrées ,  qui  font  que  malgré 
les  courans  on  peut  aller  d'un  Atollon  à  l'autre  en  toute 
faifen.  Chaque  Atollon  eft  ouvert  en  quatre  endroits  qui 
répondent  aux  ouvertures  de  fes  deux  voifins.  Par  exem- 
ple ,  il  y  a  une  ouverture  du  côté  de  l'eft ,  laquelle  eft  près- 
que  oppofée  directement  à  l'entrée  de  l'autre  Atollon  ;  8c 
du  côté  de  l'oueft  il  y  en  a  une  autre ,  qui  eft  de  même  vis- 
à-vis  de  celle  de  PAtollon  voifin  ;  de  forte  que  fi  le  cou- 
rant va  de  l'eft  à  l'oueft  ,  on  ne  peut  pas  traverfer  directe- 
ment d'entrée  en  entrée  :  mais  dans  ce  cas ,  on  fort  par 
l'entrée  de  l'eft  ,  qui  eft  alors  le  deffus  du  courant ,  8c  en  le 
fuivanr  de  biais  on  gagne  l'entrée  à  l'oueft  de  l'autre  Atol- 
lon. De  même  on  peut  revenir  promptement ,  fans  atten- 
dre le  changement  de  faifon  -,  mais  alors  il  faut  forcir  par 
l'ouverture  de  l'eft  ,  qui  eft  oppofée  à  celle  d'où  l'on  eft 
parti  :  on  va  en  biaifant  8c  l'on  entre  dans  l'autre  Atollon 
par  l'ouverture  de  l'oueft.  Quand  le  courant  eft  changé  8c 
qu'il  porte  de  l'oueft  à  l'eft  ,  il  faut  faire  le  contraire  ;  c'eft- 
à-dire  fortir  par  le  deffus  du  courant ,  8c  entrer  par  l'ou- 
verture de  l'autre  Atollon  ,  qui  eft  au  bas  du  courant  à 
l'eft. 

Toutes  les  entrées  des  Atollons  font  fcmblables  pour 
leur  pofition  ,  mais  elles  différent  pour  la  grandeur.  Les 
unes  font  affez  larges ,  les  autres  fort  étroites.  La  plus  lar- 
ge n'a  tout  au  plus  que  deux  cens  pas  ;  8c  il  y  en  a  qui 
n'en  ont  que  trente  &  encore  moins.  A  chaque  côté  de 
ces  entrées  ,  dans  tous  les  Atollons ,  il  y  a  une  ifle. 

Par  la  pofition  de  ces  ifles  ,  on  peut  juger  que  la  cha- 
leur y  eft  exceffive.  Les  jours  y  font  égaux  aux  nuits  en  tout 
tems ,  8c  les  nuits  très-fraïches  &  amènent  toujours  une 
rofée  abondante.  Cette  fraîcheur  eft  caufe  que  l'on  fup- 
porte  plus  facilement  la  chaleur  du  jour ,  que  les  herbes 
poufient  8c  les  arbres  produifent  malgré  l'ardeur  dufolcil. 
L'hiver  commence  au  mois  d'Avril  &  dure  fix  mois,  8c 
1  été  commence  au  mois  d'Octobre.  Ce  ne  font  pas  les  ge- 
lées qui  font  l'hiver  :  car  il  n'y  gèle  point ,  ce  font  les 
pluies  continuelles.  Les  vents  font  auiîi  fort  impétueux  en 
ce  tems  là  du  côté  de  l'oueft  ;  au  contraire  il  ne  pleut  ja- 
mais l'été  ,  8c  les  vents  font  alors  du  côté  de  l'eft. 

On  tient  que  les  Maldives  ont  été  autrefois  peuplées  par 
les  Chingulais ,  c'eft  le  nom  que  l'on  donne  aux  habitans 
de  l'ifle  de  Ceylan.  Les  habitans  des  Maldives  ne  reffem- 
blent  guères  néanmoins  aux  Chingulais  qui  font  noirs  8c 
aflez  mal  faits ,  au  lieu  que  les  premiers  font  bien  propor- 
tionnés &  ne  différent  guères  d'avec  les  Européens  que  par 
la  couleur  qui  eft  olivâtre.  Ce  changement  peut  venir  du 
lieu  &  de  la  longueur  du  tems  :  peut-être  aufli  vient-il  des 
étrangers  8c  des  Indiens  qui  fe  font  établis  dans  le  pays 
après  avoir  fait  naufrage.  En  effet,  le  peuple  qui  habite 
depuis  Malé  jusqu'à  la  pointe  du  nord  ,  fe  trouve  plus  poli 
&  plus  civilifé  ,  parce  que  c'eft  le  paffage  le  plus  fréquenté 
par  les  étrangers.  Du  côré  du  fud  ,  vers  la  pointe  d'en  bas , 
les  peuples  font  plus  greffiers  en  leurs  manières  &  leur  lan- 
gue :  leurs  corps  ne  font  pas  fi  bien  formés ,  8c  font  d'une 
couleur  plus  noire. 

Généralement  parlant ,  les  habitans  des  Maldives  font 
fort  fpiriruels.  Ils  s'appliquent  à  toutes  fortes  d'ouvra°es  ; 
en  quoi  ils  excellent  :  ils  font  grand  cas  de  l'aftrologie.  Ce 


font  des  hommes  prudens  &  avifés ,  fins  dans  le  commer- 
ce ,  vaillans  8c  courageux  ,  adroits  à  manier  les  armes  ;  ÔC 
parmi  eux  il  règne  une  grande  police. 

Les  Maldives  font  très  fertiles.  11  y  vient  du  mil  8c  du 
riz  ,  des  racines  de  plufieurs  fortes  ,  des  arbres  qui  ne  por- 
tent point  de  fruit ,  8c  d'autres  qui  en  donnent  beaucoup. 
La  banane  entr'autres  eft  délicieufe  ;  le  coco  eft  plus 
commun  qu'en  aucun  lieu  du  monde.  En  un  mot ,  il  y  a 
une  grande  abondance  de  toutes  chofes  ,  &  tout  y  eft  à 
bon  marché. 

La  religion  des  habitans  eft  celle  de  Mahomet  :  il  n'y  en 
a  point  d'autre,  fi  ce  n'eft  parmi  les  étrangers  qui  s'éta- 
bliffent  dans  ces  Ifles  ;  encore  le  plus  fouvent  font-ce  des 
Indiens  de  Sumatra  ,  des  Malabres  8c  des  Arabes  ,  qui  font 
tous  Mahométans. 
A  l'égard  du  gouvernement,  il  eft  monarchique,  abfolu  & 
fort  ancien.  On  dillingue  quatre  fortes  de  perfonnes.  î.  Le 
roi  8c  la  reine ,  les  princes  8c  les  princeffes  du  fang.  i.  Ceux 
qui  poffédent  des  offices  &  dignités  que  le  roi  diftribue. 
3.  Les  nobles.  4.  Le  commun  peuple. 
MALDON.  Voyez.  Maiden. 

MALDRA  ,  nom  latin  de  la  Maudre  ,  petite  rivière 
de  l'ifle  de  France. 

MALDUNENSE  Monasterium  ,  monaftere  d'An- 
gleterre,  nom  latin  de  Malmesbury.  Voye z,  ce  mot. 

MALE  ,  ifle  des  Indes,  l'une  des  Maldives  dont  elle  eft' 
la  principale.  Elle  eft  à  peu  près  au  milieu  de  toutes  les 
autresifles,  8c  peur  avoir  une  lieue  &  demie  de  tour.  Il  n'y  a 
aucune  ville  clofedanscetteiflequielt  remplie  deçà  &  delà 
de  maifons  ,  foit  des  kigneurs  8c  des  gentilshommes ,  foie 
du  commun  peuple.  Ces  maifons  font  diftinguées  par  rues 
8c  par  quartiers  avec  un  affez  bel  ordre.  L'if.e  de  Maie  eft 
la  plus  fertile  de  toutes  les  Maldives;  c'eft  auffi  la  plus  ha- 
bitée 8c  la  plus  mal  faine.  Les  habitans  dirent  pour  raifon 
que  de  toute  antiquité  les  rois  des  Maldives  y  ayant  fait 
leur  féjour,  beaucoup  de  perfonnes  s'y  font  établies;<.;u'on  y 
enterre  chacun  en  particulier  -,  de  forte  que  toute  l'ifle  étant 
remplie  de  ces  corps ,  le  foleil  qui  eft  fort  ardent  donnant 
deflus  ,   il  s'en  élevé  des  vapeurs  mal  faines.  Ainfi  les  eaux 
y  font  fort  mauvaifes  ,  8c  on  en  va  quérir  pour  le  roi  8c 
pour  fa  maifon  dans  une  aiure  ifie  où  l'on  n'enterre  per- 
fonne.  Le  palais  du  roi  eft  conftruit  de  pieues  ,  composé 
de  plufieurs  logemens  a  un  feul  étage,  fans  beaucoup  d'ar- 
chitecture. 11  et  environné  de  vergers  8c  de  jardins,  où 
font  des  fontaines  8c  des  réfervoirs  d'eau  enclos  de  mu- 
railles ,  8c  pavés  par  le  bas  de  grandes  pierres  polies.  Ces 
lieux  font  gardés  fans  ceffe ,  parce  que  le  roi  s'y  lave  ainfi 
que  les  reines  Ce  palais  nommé  Gandoïr  (  ou  Gandour  ) 
eft  d'une  giande  étendue.  Il  y  a  autant  de  cours  que  de  lo- 
gemens ,  8c  au  milieu  de  chacune  eft  un  puits  garni  de 
fort  belles  pierres  blanches.  C'eft  dans  l'une  de  ces  cours 
que  iont  les  deux  magafins  du  roi.  11  fait  mettre  fes  canons 
dans  l'un  ,  8c  de>  armes  de  toutes  fortes  dans  l'autre.  A 
l'entrée  du  palais  eft  un  corps-de-garde  avec  quelques  pie- 
cesde  canon,c\C  plufieurs  espèces  d'armes. Le  portail  eftfaic 
comme  une  tour  quarree  ,  8c  fur  le  haut  des  joueurs  d'in- 
ftrumens  jouent  &c  chantent  dans  les  jours  de  fête.  De-là 
on  trouve  une  première  fale  où  fe  tiennent  les  foldats  , 
8c  plus  avant  on  en  trouve  une  autre  pour  les  feigneurs  8c 
les  gens  de  qualité.  Perfonne  ,  de  quelque  condition  qu'il 
foit ,  homme  ,  femme  ou  fille  n'oie  paffer  plus  avant ,  à 
l'exception  des  officiers  demeftiques.  Le  pavé  de  ces  fales 
eft  élevé  de  trois  pieds  de  terre  ,  8c  planchéié  d'un  bois 
fort  poli ,  8c  proprement  aflèmblé.  C'eft  pour  remédier 
aux  fourmis  qu'on  l'exhaufle  de  la  forte.  Ces  fales  font  ta- 
piffées ,  8c  le  roi  y  vient  pour  s'entretenir  d'affaires  avec 
ceux  qui  s'y  rendent  pour  faire  leur  cour.  Les  principaux 
de  l'ifle  de  Maie  font  obligés  de  venir  tous  les  jours  falucr 
le  roi  après-midi,  8c  s'arrêtent  dans  la  féconde  fale.La  no- 
bleffe  des  autres  ifics  vient  aufli  fouvent  à  la  cour ,  &  ne 
paroït  jamais  devant  le  roi  fans  lui  apporter  quelqueo  prér 
fens.  Dans  les  chambres  des  reines,  des  princeffes  8c  des 
grandes  dames ,  il  n'y  a  point  d'airre  clarté  que  celle  des 
lampes  qui  y  demeurent  toujours  allumées.  Elles  fe  reti- 
rent en  un  endroit  de  ces  chambres  où  elles  font  enfer- 
mées de  quatre  ou  cinq  rangs  de  tapifferic  ,  qu'il  faut  le- 
ver avant  qu'on  arrive  où  elles  font  ;  mais  il  n'y  a  homme 
ni  femme ,  foit  domellique  ,  foit  de  dehors,  qui  ofe  lever 
la  dernière  tapifferie  fans  touffer  auparavanr ,  8c  dire  qui 
c'eft  \  alors  elles  appellent  ou. renvoient ,  félon  qu'il  leu« 


MAL 


MAL 


plaît  d'être  vues  ou  de  ne  pas  l'être.  *  Pirard ,  Voyages  , 
i.  part.  c.  1 1  &  1 1. 

i.  MALEA.  Voyez,  Malée  promontoire, 

2.  MALEA  ,  cap  de  l'ifle  de  Lesbos ,  vis-à-vis  de  Mi- 
tylène  ,  félon  Thucydide  ,  /.  3.  C'eft  peut-être  le  même 
lieu  de  Malée,  où  Pline,  /.  19.  c.  45.  dit  qu'il  croît  des 
éponges ,  &  qui  doit  avoir  été  ,  félon  lui ,  vers  l'Helles- 
ponf. 

5.  MALEA  ,  montagne  de  la  Taprobane.  Proloméc  , 
/.  7.  c.  4  ,  y  met  la  fource  de  deux  rivières  qui  font ,  le 
Soanas  ,  l'Azanos  ,  ou  félon  d'autres  exemplaires  , 
i'Axanas  &:  le  Baraces. 

MALEAS  ,  (Les 5  Peuple  de  l'Inde  dans  la  prèsqu'ifie 
cn-deça  du  Gange ,  dans  les  montagnes  de  Balagate ,  aux 
confins  du  Malabar  Se  du  royaume  de  Maduré.  Les  Chré- 
riens  de  S.  Thomas  font  les  principaux  d'entre  ces  peuples , 
&  Angamaïe  eft  la  plus  confidérable  de  leurs  places  ,  félon 
Corneille. 

1.  MALEE  ,  promontoire  du  Péloponéfe,  dans  la  La- 
conie ,  où  il  fait  l'angle  qui  unit  la  côte  méridionale  avec 
la  côte  orientale.  Les  auteurs  Grecs ,  Polybe ,  /.  ; .  c.  1  o  1 . 
Scylax  ,  Feripl.  Stephan.  6c  Ptolomée  ,  l'ont  nommée 
communément  Malea  ,  Ud^U .  Pline  le  Jeune,  /.  10. 
Epïfl.  16.  dit  auflî  en  grec,  uWf  MaAear.  Le  feul  Strabon  , 
/.  i.p.  2j.  /.  8.  p.  363.  378.  389.  dit  MaXicti  au  pluriel. 
Hérodote,  /.  i.p.  82.  dit  d'une  manière  ambiguë  fj.txf' 
MuMocv  ;  il  dit  ailleurs  ,  /.  4.  c.  179.  KaW  Ma*.w  au  fingu- 
lierjles  Latins  ont  dit  Malea,  entr'autres  Tite-Live,  /. 
34.  c.  3  2.  &  Pomponius  Mêla ,  /.  2.  c.  3 .  Virgile ,  A^ntid. 
I.  $.  v.  193.  dit  : 

Ionienne  mari ,  Male&qiie  fieqnacibus  undis. 

Il  fait  la  féconde  fyllabe  brève  ;  Ovide  &  Stace  la  font 
longue.  Le  premier  dit  dans  fes  élégies amoureufes,  Arnor. 
1. 1.  eleg.  xi. y.  20. 

Ouo  lateant  Syrtes  ,  qiiove  Malea  finit. 

L'autre  dit ,  Tbebaid.  I.  7.  v.  16. 

Et  rauca,  circumtonat  ira  Malea. 

Le  même  Stace  a  fait  auflî  la  même  fyllabe  brève  dans  fes 
Silves  ,l.i.  carm.  3.  v.  97. 

Si  Malea,  credenda  ratis  ,  Siculosqiie  per  <&ftus  , 
Sit  via. 

La  mer  eft  fort  orageufe  auprès  de  ce  cap.  C'en1  ce 
qui  fait  dire  à  Malherbe  dans  fon  ode  pour  la  reine  mère 
du  roi  pendant  fa  régence. 

Ce  n'eft  point  aux  rives  d'un  fleuve , 
Où  dorment  les  vents  &  les  eaux  , 
Que  fait  fa  véritable  preuve , 
L'art  de  conduire  les  vaifleaux. 
11  faut  dans  la  plaine  falée, 
Avoir  lutté  contre  Malée  ; 
Et  près  du  naufrage  dernier  , 
S'être  vu  deflbus  les  Pléiades , 
Eloigné  des  ports  &:  des  rades , 
Pour  être  cru  bon  marinier. 

Strabon ,  /.  8.  fait  mention  d'un  proverbe  qui  fait  con" 
noître  combien  ce  cap  étoit  réputé  dangereux.  Doublant 
le  promontoire  de  Malée  ,  oubliez,  votre  maifon.  Properce 
dit  dans  une  de  fes  élégies,  /.  3.  eleg.  ij.v.  $. 

Flamma  fer  incenfas  citius fedetur  arifias , 
Fluminaqite  ad  fontis  fmt  redit  lira  caput , 

Et  placidum  Syrtes  portum  &  bona  littora  nantis , 
l'r&beat  hosphiofœva  Malea  Juo. 

Lvcophron  ayant  parlé  de  Malée ,  v.  94.  Tzetzes  fon 
commentateur  dit ,  qu'à  caufe  de  fa  figure  ,  on  l'avoit 
aufli  nommé  Tafxçtààç  wm  ,  c'efl-à-dhe  les  mâchoires  de 
l'âne  ;  mais  il  s'eft  trompé  en  confondant  le  cap  Malée 
avec  in  cap  voifin  nommé  par  les  Grecs  ,  ovs  TvàOov,  Onu- 
gnatort ,  la  mâchoire  d'âne.  Le  nom  moderne  efl  Cabo 
Malio  ,  ou  même    Cabo   Malio  di  sant  Angelo. 


S3 


Bteidcnbach  dit  que  les  mariniers  François  rappellent  les 
ailes  de  faint  Michel. 

2.  MALEE  ,  en  grec  Maxict,  ifle  entre  les  Ebudes ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  2.  C'eft  préfentement  l'ifle  de  Mul. 

MALEG  ,  (  le  )  rivière  d'Ethiopie  dans  l'Abifllnie. 
Elle  prend  fa  fource  dans  le  mont  Gança  au  royaume  de 
Damot,  d'où  coulant  vers' le  couchant  dans  des  vallées 
bordées  de  hautes  montagnes  ,  elle  fe  recourbe  vers  le 
nord ,  &  va  le  grofiîr  des  eaux  de  l'Anguet  ,  autre  ri- 
vière avec  laquelle  elle  prend  un  cours  parallèle  à  celui 
du  Nil  dans  le  pays  de  certains  peuples  peu  connus ,  nom- 
més Boren  Galla.  Enfuite  pourfuivant  fa  courfe  vers  le 
nord,  elle  arrofe  des  peuples  Ethiopiens  nommés  Schan- 
kala  ,  qui  n'ont  point  d'établiflement  fixe ,  mais  qui  errant 
çà  Se  là  le  long  de  fes  bords ,  dans  une  vafle  étendue  de 
pays  d'environ  une  centaine  de  lieues ,  Se  fe  recourbant 
vers  le  nord  oriental,  elle  va  fe  joindre  au  Nil  dans  le- 
quel elle  perd  fes  eaux  Se  fon  nom.  *  Ludoljf.  Carte  de 
LAbifiinic. 

MALEGUETTE.  Voyez,  Malaguette. 

MALEK  ,  ifle  d'Afie  au  bas  de  l'Euphrate  ,  félon  l'hi- 
ftoire  de  Timurbec  ,  /.  5.  c.  38. 

MALEMBA  ,  royaume  d'Afrique  dans  la  baffe  Ethio- 
pie ,  au  midi  du  royaume  de  Metamba.  11  eft  borné  au 
nord  par  la  petite  Ganghele  ,  au  nord-oueft  par  la  pro- 
vince de  Bondo  ,  au  midi  par  le  lac  Saxia  que  traverfe  la 
rivière  de  Coanza.  On  ne  fait  pas  trop  quels  peuples  il  a 
pour  voifins  à  l'orient.  La  Coanza  dont  la  fource  efl  in- 
connue ,  coupe  ce  pays  d'orient  en  occident  ,  Se  en  laifl'e 
au  midi  une  lifiere. 

MALEMIR  Chal  ,  village  de  Perfe  dans  le  Fars,  en- 
tre la  rivière  d'Abchob  Se  le  fleuve  Cavedan,  félon  l'hi- 
florien  de  Timurbec  ,  /.  3.  c.  24. 

MALEMORT,  bourg  de  France  en  Provence  fur  la 
Durance  ,  à  trois  lieues  au-deflus  de  Cavaillon  ,  à  cinq 
d'Avignon  ,  6e  à  fept  d'Aix.  *  Baudrand  ,  édit.  170J. 

MALENA ,  lieu  d'Afie  dans  l'Atarnitide  ,  félon  Héro- 
dote, Erato. 

MALENAIRE  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cîteaux, 
en  Portugal  au  diocèfe  de  Lisbonne. 

MALENOUE,  Mainoue,  ou  Malnoe  ,  en  latin 
Mala  Noda ,  abbaye  de  filles  dans  l'ifle  de  France  au  dio- 
cèfe de  Paris ,  ordre  de  faint  Benoît.  Elle  fut  fondée  en 
1171  ;  on  la  nomme  aulli  Notre-Dame  ee  Footel  , 
6e  le  Bois  aux  Dames.  Voyez.  Malnoue. 

MALEOS.  Voyez.  Malée  2. 

MALEPAIRE  ,  forêt  de  France  en  Anjou.  Elle  fut 
donnée  dans  l'onzième  fiécle  à  l'abbaye  de  faint  Aubin 
d'Angers  par  Agnès  ,  dame  de  Clairvaux  en  Anjou  ,  fem- 
me de  Renaud  de  Maulevrier. 

MALER,  lac  de  Suéde.  Voyez.  Mêler. 

MALERITUM  ouMalrito.  Barri  a  cru  que  c'étoit 
la  même  chofe  que  Temfa ,  6c  Cluvier  ne  s'éloigne  pas 
beaucoup  de  ce  fentiment.  Voyez,  Temsa. 

MALES  ,  ville  d'Afrique  dans  laByzacene ,  au  pied  de 
quelques  montagnes.  Procope  en  parle  au  fécond  livre  de 
la  guerre  des  Vandales.  *  Ortclius  ,  Thefaur. 

MALESTROIT  ,  lieu  de  France  dans  la  Bretagne  (a  ) 
au  diocèfe  de  Vannes ,  à  fix  lieues  de  cette  ville  ,  6c  à  dou- 
ze de  Rennes  fur  la  rivière  de  l'Ouft  (b).  Ce  lieu  n'a 
point  de  commerce  ,  &  n'eft  remarquable  que  parce  que 
c'eft  une  baronnie.  (a)  Baudrand  ,  édit.  de  i7°J«  (^) 
Figaniol  de  la  Force  ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  $.  p.  236. 

MALET,  boisdeFrance.  Il  eft  de  deux  cens  rrente- 
fix  arpens  trente-cinq  perches  ,  dans  la  maîtrife  des  eaux 
6c  forêts  de  Laon. 

MALETHUBALUS  ,  montagne  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie  Céfarienne,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  2. 

MALETUM  ,  nom  d'un  lieu  dont  parle  Paul  le  Dia- 
cre. Lazius  croit  que  c'efl  M  a  lz  an  dans  le  Trentin . 

MALEVAL,  en  italien  Malavalle  ,  vallée  d'Italie 
dans  la  Toscane.  Elle  n'étoit  qu'un  affreux  défert  ,  que 
l'onappelloitETABLE  de  Rode  en  iiyj,  lorsque  faint 
Guillaume  vint  y  fixer  fon  domicile.  Elle  quitta  depuis  ce 
nom  pour  prendre  celui  de  Malavalle.  Elle  eft  dans  le 
territoire  de  Sienne  au  diocèfe  de  Groffero,  à  une  lieue 
&  demie  environ  de  diflance  égale  entre  les  villes  de 
Châtillon,  de  Pescaire,  de  Buriano  &  de  Scailino.  Le 
pape  Grégoire  IX.  fit  bâtir  fur  fon  tombeau  vers  l'an 
1 2  3  $  ,  une  églife  de  fon  nom  ,  au  lieu  de  la  petite  chapelle 


MAL 


5*4 

qu'on  y  avoit  dreffée  ,  il  s'en  fit  depuis  une  abbaye  ,  d'où 
on  prétend  qu'eft  venu  le  nom  de  Guillemins ,  plutôt  que 
de  la  perfonne  de  ce  Saint;&  ce  fur  depuis  ce  tems-là  qu'on 
ôta  le  nom  d'Etable  de  Rode  à  l'abbaye ,  pour  lui  don- 
ner celui  de  Maleval.  L'abbaye  fut  mife  en  commende 
l'an  1564  -,  «Se  les  abbés  commendataires  y  ont  tait  depuis 
tant  de  dépenfe  ,  qu'ils  font  venus  à  bout  défaire  de  cet 
affreux  défert  un  fejour  très-agréable.  *  Bailla ,  Topogr. 
des  Saints,  p.  288. 

MALEVENTUM.  Voyez.  Benevent  i. 

MALEVILLE  ,  bourg  de  France  dans  le  Rouergue , 
élection  de  Viilefranche. 

1.  MALEUS,  montagne  de  l'Inde.  MartianusCapella 
dit  ,  /.  6.  c.de  India  ,  qu'elle  eft  au-delà  de  la  ville  de 
Paliborhra ,  que  l'hiver  l'ombre  tombe  vers  le  fepten- 
trion  ,  &  que  l'été  elle  tombe  vers  le  midi ,  ce  qui  cit  alter- 
natif tous  les  fix  mois.  Dans  ce  lieu  ,  continue  t'il  ,  le 
pôle  arclique  n'eft  vifible  que  durant  quinze  jours  en  tou- 
te l'année.  Les  hommes  y  font  bafaaés.  Pline  Se  Solin  en 
parlent  aufll. 

1.  MALEUS.  Voyez.  Malée  2. 

3.  MALEUS  Sinus  ,  le  golfe  de  Malée.  Florus ,  /.  3. 
c.  6.  parlant  de  la  guerre  des  Pyrates ,  dit  :  Ils  n'exerçoient 
leurs  brigandages  qu'entre  l'ifle  de  Crète  Se  la  ville  de 
Cyrenes ,  l'Epire  ,  l'Achaïe  &  le  golfe  de  Malée  ,  qu'ils 
avoient  nommé  le  golfe  d'Or ,  à  caufe  des  riches  prifes 
qu'ils  y  faifeient  ;  Simtmque  Maleum  quod  àfpoliis  aurcitm 
ïpfivocavere ,  latrocinabanmr.  Ce  golfe  ékoit  fans  doute 
près  du  cap  Malée. 

MALEZAT  ,  forêt  de  France  en  Bourgogne.  Elle  eft 
de  cent  quatre-vingt-huit  arpens  dans  la  maïtrife  d'Autun. 

MALGEIA  ,  nom  latin  de  M  auge  ,  petit  pays  de 
France  dans  le  bas  Anjou.  *  Corn.  Dict. 

MALGRANGE  ,  maifon  royale  des  ducs  de  Lorraine, 
&c  aujourd'hui  du  roi  Stanislas ,  au  voifinage  de  Luneville. 

MALGUE  ,  quelques  François  nomment  ainfi  Mala- 
ga  ,  ville  d'Espagne. 

MALHBERG  ,  feigneurie  d'Allemagne  dans  la  Suabe 
au  margraviat  de  Bade ,  entre  l'Ortnaw  Se  le  Brisgaw.  Elle 
a  été  long-tems  pofiedée  par  les  feigneurs  de  Geroldfeck. 
Gautier  Se  Henri  fils  de  Gautier  de  Geroldfeck  l'eurent  en 
partage  avec  les  feigneurs  de  Lahr.  Leur  poftérité  finie 
l'an  1339,  en  Henri  qui  n'eut  point  d'enfans  d'Urfule 
d'Eberftein.  Adélaïde  fa  fœur  ,  comteffe  de  Sawerden  , 
ayant  hérité  de  ces  feigneuries  ,  vendit  celle  de  Malhberg 
êe  une  partie  de  celle  de  Lahr  au  margrave  de  Bade,  vers 
le  commencement  du  XVi.  fiécle.  *  D 'Audifret ,  Géogr. 
tome  5. 

MALHEURS  (la  rivière  des  ) ,  rivière  de  l'Améri- 
que feptenttionale  dans  la  Louifiane.  Elle  eft  large  Se  rapi- 
de ,  Se  M.  de  la  Sale  penfa  s'y  noyer  dans  fon  premier 
voyage  aux  Cénis.  Il  paroit  que  c'eft  la  même  rivière  que 
l'on  a  depuis  nommée  rivière  des  Cenis  &  rivière 
de  la  Trinité. 

M ALHOMINIS,  peuple  fauvage  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  dans  la  nouvelle  Fiance.  Voyez.  Malomines. 

MALHOMINICAN  ,  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  dans  la  Louifiane  au  pays  des  Nadoueffi.  Elle  fort 
d'un  lac  des  Outaouacs ,  Se  après  un  cours  de  vingt  lieues 
elle  fe  rend  dans  la  rivière  de  Bon-Secours  au  pays  des 
Nadoueffi  de  l'eft.  On  la  nomme  auffi  rivière  de  Baque- 
ville  ,  nom  que  les  Normands  lui  ont  donné. 

MALI.  Voyez.  Malli. 

1.  MALIA  ouMalias,  ancienne  place  d'Espagne.  Ap- 
pien ,  in  lbericis,p.  196.  dit  qu'il  y  avoit  une  garnifon 
de  Numantins.  Les  Maliens  ayant  égorgé  la  garnifon }  fe 
donnèrent  à  Pompée. 

2.  MALIA.  Voyez.  Mania  i. 

M  AL1ACA  ,  ville  d'Espagne  dans  l'Afturie  ,  félon  Pto- 
lomée  ,/.  2.  c.6. 

MAL1ACHI  ,  MaX/'a^o;.  Prolomée nomme  ainfi  deux 
ifies  du  golfe  Arabique.  Quelques  exemplaires  portent 
Meleachi;  c'eft  l'ifle  de  Malchu  ,  dont  parle  Pline, 
/.  ).  c.  29.  Elles  font  fur  la  côte  d'Arabie. 

MAL!  ACUS  Sinus,  le  v.olfe  Maliaque  ,  ancien  nom 
d'un  golfe  de  Grèce  dans  l'Archipel.  Il  eft  ainfi  nommé 
par  Tite-Live  ,  /.  35.  c.  43  &  35.  c.  29.  par  Thucydide  , 
/.  8  Se  par  Polybe,  KoXrrcç  u>\>ituç,  Melieus  Sinus;  il  prenoit 
ce  nom  d'une  campagne  appellée  Ager  Malïenfis  par 
Tite-Live.  Ce  champ  cil:  nommé  Métis  (  gen.  Melidis) 


MAL 


par  Hérodote,  légat.  i3.m«A/ç.  Paufanias ,  /.  42.  c.  4. 
appelle  le  même  golfe  Lamiacus  Sinus  ,  à  caufe  de  La- 
mia  ville  voifine.  Le  golfe  Lamiaque  a,  dit  il,  /.  7.  c  198. 
un  fond  de  vafe  près  des  Thermopyles ,  Attic.  c.  4.  Vi- 
bius  Sequefier  dit  que  le  fleuve  Achelous  fe  dégorge  dans 
le  golfe  Maliaque  -.,  c'eft  une  faute  ,  comme  nous  avons 
remarqué  dans  fon  lieu.  Le  golfe  Maliaque  eft  aujourd'hui 
appelle  le  Golfe  de  Zeiton.  Quelques  uns  ont  dit  par- 
abus  que  c'étoit  le  golfe  de  Volo  ,  c'eft  une  erreur  ;  ce  golfe 
de  Volo  eft  le  Sinus  Felasgicus  des  anciens. 

M ALIANDE.  Pline  dit ,  /.  5.  c.  3  2.  que  c'étoit  un  des 
anciens  noms  de  la  Bithynie.  LeR.  P.  Hardouin  foupçon- 
ne  qu'au  lieu  de  ce  mot  il  faut  lire  Maryandine.  On  lie 
dans  une  chronique  grecque  que  la  Bithynie  étoit  ancien- 
nement nommée  Maryandine.  Le  peuple  de  Marian- 
dine  faifoit  partie  de  la  Bithynie,  comme  nous  le  difons 
dans  l'article  particulier  de  ce  peuple. 

M  ALI  AN  A  ,  ville  del'Arachofie ,  félon  Ptolomée,  /.  6. 
chap.  20. 

MALIANENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie  Céfarienne.  La  notice  épiscopale  poire  Me- 
lianenfis.  C'eft  une  faute  ,  il  faut  lire  Maliarn  m  fis ,  & 
même  Mall'unmfis  par  une  double  LL.  Il  s'agit  ici  de  la 
Malliana  à' Amomn ,  itiner.  Saint  Auguftin  dans  une  let- 
tre à  Deuteiius,  epifr.  236.  parle  de  Victorin  ,  diacre  de 
Malliana  ,  de  la  fecte  des  Manichéens.  Il  fait  aufiî  men- 
tion de  la  ville  de  Mullïana.  Viétor ,  l'un  des  évêques  de 
la  conférence  de  Carthage,  p.  273.  édit.  Du  Pin,  y  eft 
qualifié  epu  copia  plcbis  Malianenfis. 

MALIAS.  Voyez.MAiiA  1. 

MALIATTHA ,  ville  ancienne  ou  village  de  l'Arabie 
Pétrée  ,  félon  Ptolomée ,  /.  5.  c.  17.  Car  dans  fa  lifte  il  ne 
diftingue  point  les  villes  d'avec  les  villages. 

MALIBA  ,  ville  de  l'ifle  en -deçà  du  Gange,  félon 
Ptolomée,  /.  y.  c.  1. 

MALICHA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  au  pays  des 
Nabathéens  ,  dont  elle  ell  la  capitale  ,  félon  Arrien  ,  pe- 
ripl.  On  trouve  dans  Ptolomée,  /.  6.  c.  7.  un  peuple  de 
l'Arabie  Heureufe  nommé  Magit^î  ou  Malich^e  ,  fé- 
lon les  différens  exemplaires. 

MALICHA.  Voyez,  l'article  précédent. 

1.  MALICORNE,  bois  de  France  dans  la  maïtrife 
d'Argentan.  Il  a  quatre- vingt  dix-huit  arpens. 

2.  MALICORNE  ,  bourgade  de  France  dans  le  Maine, 
élection  de  la  Flèche ,  à  trois  lieues  de  cette  ville  Se  à  fept 
du  Mans ,  au  confluent  des  rivières  de  Fibou  ,  Lobié  &  la 
Sarte.  Il  y  a  un  château.  Cette  fituation  fit  d'abord  noiTir 
mer  cette  terre  Condé.  Ses  premiers  feigneurs  s'appel- 
loient  Malicornant.  On  foupçonne  que  ce  nom  leur  avoit 
été  donné  à  caufe  que  quelqu'un  d'entr'eux  fonnoit  mal 
du  cor  de  chaffe.  Leur  château  porta  ce  même  nom  pen- 
dant que  le  bourg  étoit  appelle  Condé ,  enfuite  il  le  lui 
donna  La  terre  de  Malicorne  relevé  de  Sablé  ,  Se  on 
trouve  ces  particularités  dans  l'hiftoire  de  la  maifon  de 
Sablé.  On  y  apprend  aufli  que  ces  feigneurs  y  fondèrent 
un  prieuré  pour  l'abbaye  de  faint  Aubin  d'Angers ,  &  on 
les  trouve  connus  depuis  l'onzième  fiécle.  Baudrand  en 
fait  une  ville. 

MALICUT ,  ifle  des  Indes  fur  les  côtes  de  Malabar  au 
nord  ,  Se  à  trente-cinq  lieues  des  Maldives.  Elle  eft  en- 
vironnée de  bancs  dangereux  ,  Se  n'a  que  quatre  lieues 
de  tour.  L'air  y  eft  fort  fain  Se  fort  tempéré  ,  Se  le  terroir 
y  abonde  en  toutes  fortes  de  fruits  -,  il  produit  fur -tout 
beaucoup  d'arbres  de  cocos  Se  de  bananes.  Cette  ifle  dé- 
pend du  roi  de  Cananor ,  Se  la  pêche  y  eft  fort  bonne.  Les 
habitans  parlent  le  même  langage  &  fuivent  les  mêmes 
coutumes  que  ceux  des  Maldives.  *  D  avili  Se  Corneille  , 
DicLion. 

MALIEUS  ou  Melieus  Sinus.  C'eft  le  même  que 

Maliacus. 

MALIGNI  ,  bourg  de  France  dans  la  Champagne  , 
dans  l'élection  de  Saint  Florentin. 

MALINE  (  La  )  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale. 
Elle  a  fa  fourcedans  les  montagnes  des  Kanoatinos ,  entre 
la  Louifiane  au  levant ,  &  le  nouveau  Mexique  au  cou- 
chant. On  la  nomme  aufll  la  rivière  de  Bâti  &  la  rivière  de 
faime  Thérèfe.  Bâti  eft  le  nom  que  lui  donnent  les  Amé- 
ricains;les  Espagnols  lui  ont  donné  celui  de  fainte  Thérèfe, 
Se  les  François  l'ont  appellée  la  Maline.  Elle  a  fon  cours 
du  nord  au  fud-fud  eft,  Se  enfuite  au  fud  eft.  Sur  fes  bords 


AL 


MAL 


?y 


on  trouve  à  l'orient  les  Etiopen  ,  les  Merouan  ,  &  les 
Toaux  ,  peuples  écrans»  Elle  va  fe  perdre  au  pays  des 
Quelair.oucchcs  dans  le  golfe  du  Mexique. 

M  AUNES  fur  la  Dylle  ou  Tylle,  ville  des  Pays-Bas 
dans  le  Brabant ,  ôc  capitale  de  la  province  à  laquelle  elle 
donne  fon  nom.  Il  y  a  archevêché  ,  ôc  un  confeil  fouve- 
rain ou  fénat.  Cette  ville  eft  nommée  Maîines  par  les 
i  rançois ,  Mechelen  par  les  Flamands  ,  ôc  Machel  par  les 
Allemands.  Mechlima  ,  qui  eft  le  nom  latin  qu'on  lui 
donne  aujourd'hui ,  ne  diffère  guèces  de  celui  que  lui  don- 
nent les  anciens  écrivains.  Le  MS.  du  martyrologe  de 
Cambrai  écrit  Maflinas  ,  d'autres  lifent  Màghiînia  ,  Ma- 
glinia  ,  Machela  ,  Melina  ôc  Melinia.  Benjamin  ,  in  Ma- 
ximilian.  t.  inner.  affine  que  cette  ville  fut  anciennement 
nommée Sa  lin  te  ,  ôc  du  Vivier  ,  Jac.  de  Viviario  ,  /.  i.  c. 
lo.  prétend  que  le  véritable  nom  eft  Walinium  ;  mais  ni 
l'un  ni  l'autre  ne  cite  les  auteurs,  de  forte  que  leur  opi- 
nion ne  paroït  fondée  que  fur  des  conjectures.  Parmi  les 
diverfes  étymologics  du  nom  de  Malines ,  la  plus  raifon- 
nable  eft  fondée  fur  une  chartre  de  Pépin,  datée  de  Paris 
l'an  75  3  ,  &  dans  laquelle  il  donne  à  fon  Parent  Adon  ter- 
rain in  Bratuspjiini  medio  ,  ubi  Scalda  Tylam  excipit , 
didam  Francis  Maflinas ,  quod  nobis;  ajoute  cette  chartre, 
fonat  maris  lincam.*  Grammaycamiq.  urbis  Mechlinienfts. 

La  valeur  de  fes  habitans ,  fuivanr  une  chartre  de  fes 
privilèges ,  lui  fit  donner  vers  l'an  ijgo  ,  le  furnom  de 
Belliqueiije.  En  1450  ,  lorsque  le  pape  lui  accorda  un  jubi- 
lé ,  elle  fut  furnommée  X  Heur  enfle  Malines.  Le  parlement 
qui  y  fut  établi  environ  l'an  1474»  lui  fit  donner  le  fur- 
nom  de  Prudente  ,  comme  la  propreté  de  fes  places  ôc  la 
magnificence  de  fes  habitans  la  firent  appeller  Malines  la 
Belle.On  la  nomme  encoreMalines  \a.Viergc,  parce  quejus- 
qu'aux  guerres  du  dernier  fiécle  elle  n'avo'it jamais  été  prife. 

Amand  de  Ziriczée  veut  que  Malines  aie  été  autrefois  au 
bord  de  la  mer.  Il  fe  fonde  fur  les  annales  d'Utrecht  , 
qui  portent  que  S.  Servat  fit  retirer  la  mer  du  pays  des 
Tungres  ;  &  il  y  en  a  qui  affurenr  que  l'on  trouve  dans 
la  terre  des  mats  de  navires ,  des  planches  goudronnées 
&  divers  autres  débris  de  vaiffeaux.  Quoi  qu'il  en  foit , 
la  fituation  la  plus  certaine  c'eft  celle  que  lui  donne  la 
chartre  de  Pépin  ,  qui  place  cette  ville  au  milieu  du  Bra- 
bant ,  au  confluent  de  la  Dyle  ôc  de  l'Escaut.  Cependant 
quoiqu'elle  fut  au  milieu  du  Brabant ,  elle  ne  lailfoit  pas 
d'avoir  fon  territoire  féparé  ,  ainfi  que  nous  l'apprend  la 
vie  de  S.  Rumold.  Aujourd'hui  elle  eft  encore  fituée  au 
milieu  du  Brabant ,  à  quatre  milles  d'Anvers ,  ôc  à  pareille 
dilfanec  de  Bruxelles  &  de  Louvain.  Philippe  le  Bon  donna 
au  territoire  de  Malines  le  titre  de  province  ;  elle  a  le  der- 
nier rang  entre  les  dix-fept  provinces  des  Pays  Bas. 

La  chronique  de  Cambrai  fait  mention  de  la  ville  de 
Malines  ,  ôc  donne  à  entendre  qu'originairement  elle  étoit 
bâtie  au  delà  de  la  rivière  par  rapport  au  monaftère  de  S. 
Rumold.  On  y  lit  ces  paroles  :  Apud  Maflinas  qitoque 
monajicrium  eft  canonicorum  ,  ubi  quiescit  pretioflus  mar- 
tyr Rumoldus génère  Scotus ,  qui  vit am  heremiticam  ducens 
jnibi  martyrijatits  eft.  Or  ,  fi  S.  Rumold  menoit  la  vie  he- 
rémitique  ,  la  ville  étoit  donc  au-delà  de  la  rivière  ;  ôc  û 
le  monaftère  étoit  apud  Maflinas  ,  il  n'étoit  donc  pas 
dans  la  ville.  Ce  fut  vers  l'an  930  que  la  crainte  des  dépré- 
dations des  Barbares  obligea  d'étendre  les  murailles  de  la 
ville  au-delà  de  la  Dyle.  Il  eft  confiant  que  du  tems  deNot- 
ger ,  évêque  de  Liège  ,  le  côté  qui  prend  depuis  la  porte 
de  Stanvwyck  ,  anciennement  appellée  la  porte  de  Liège, 
j.isqu'à  la  porte  de  Meckerspol  ,  étoit  fortifié  d'une  mu- 
raille ôc  d'un  foffé  ,  &  que  l'autre  côté  avoit  feulement 
une  enceinte  de  bois;  mais  avant  l'année  1300  ,  ce  côté 
fe  trouvoit  fortifié  comme  l'autre.  Depuis  on  y  a  ajouté 
divers  ouvrages. 

Suivant  la  chartre  de  Pépin,  qui  donna  en  753.  la 
ville  de  Malines  à  titre  de  fief,  il  paroït  que  les  rois  de 
France  avoient  alors  le  domaine  direét  du  pays  ;  ôc  qu'il 
n'y  a  aucun  doute  que  les  rois  fuccefièurs  de  ce  prince  ou 
les  empereurs ,  &c  enfuite  les  ducs  de  Lorraine  ,  n'ayent 
joui  du  même  droit.  Ils  y  établirent  des  comtes  en  différens 
tems,  mais  ils  cédèrent  avant  l'an  100c.  Néanmoins  l'em- 
pereur Frideric  ,  par  un  diplôme  du  10  Janvier  de  l'année 
1490  ,  érigea  le  domaine  de  Malines  en  comté  noble  & 
perpétuel.  Charles  V  ne  prit  point  dans  fes  titres  celui 
de  comte  de  Malines  -,  on  en  ignore  la  raifon. 

Charles  IV ,  duc  de  Bourgogne  ,  &  fouverain  des  Pays- 


Bas  ,  établit  à  Malines  en  1  tfi,  un  confeil  ou  parlement , 
à  l'imitation  de  celui  de  Pans.  Il  futeompofé  de  35  mem- 
bres ,  au  nombre  desquels  étoient  compris  le  duc  ôc 
fon  chancelier  ,  ôc  ces  juges  connoifioient  des  appella- 
tions de  diverfes  provinces.  Jusqu'en  1503  ,  ce  confeil 
fuivoit  ordinairement  le  fouverain  ;  mais  il  fut  rendu  fé- 
dentaire  à  Malines  par  Philippe  roi  de  Caftille  ,  qui  en 
changea  la  forme  &  les  ftatuts. 

Le  fénat  eft  compofé  d'un  fchout,  qui  adminiftre  la  jufti- 
ce  au  nom  du  prince,  ôc  le  repréfente  en  quelque  manière. 
Il  eft  chargé  d'arrêter  ôc  d'aceufer  les  criminels ,  de  leur 
faire  fubir  la  peine  prononcée  par  le  fénat,de  veiller  fur  les 
officiers  de  juftice  ;  &  par  un  privilège  du  duc  Jean  ,  il 
peut ,  du  confentement  du  fénat ,  convertir  la  peine  des 
homicides  en  une  amende  pécuniaire  ,  ôc  remettre  ou  faire 
payer  les  amendes  ordinaires,  dont  latroiuéme  partie  tour- 
ne à  fon  profit.  Les  autres  officiers  font  deuxconfuls  ou 
bourgmettres  ,  fix  échevins  ou  fénateurs  qui  jugent  les 
affaires  des  bourgeois ,  à  la  charge  d'appel  ,  Se  qui  font 
chargés  de  veiller  à  la  confervation  des  privilèges  de  la 
ville.  Ces  échevins  font  affiliés  de  jurats  ,  dont  le  nombre 
a  fouvent  varié.  Il  eft  fixé  aujourd'hui  à  quatre  ,  leur 
fonction  confifie  à  veiller  qu'il  ne  foit  fait  aucun  tort  aux 
bourgeois.  Il  y  a  encore  deux  fyndics  ôc  deux  fecrétaires. 
Le  tréfor  public  étoit  autrefois  adminiftré  par  deux  no- 
bles &  deux  fujets  tirés  du  corps  des  métiers.  Aujourd'hui 
deux  membres  de  la  nobleffe  avec  un  bourgeois  ftatuent 
fur  les  charges  extraordinaires  ,  de  le  trésorier  paye  fur 
leurs  ordonnances. 

Du  tems  du  paganisme ,  on  adoroit  à  Malines  une  idole 
fous  le  nom  de  Nachker  ,  c'elt-à-  dire  le  maître  de  la  nuit , 
ôc  ce  nom  fe  conferve  encore  dans  celui  de  Neckers'pol , 
auprès  de  cette  ville.  On  croit  communément  que  S. 
Willebrod  commença  à  jetter  quelques  femences  de  l'é- 
vangile ;  mais  il  eft  certain  que  S.  Lambert  ôc  S.  Hubert, 
évêques  de  Liège  ,  y  établirent  la  religion  Chrétienne,  ôc 
que  le  chapitre  de  la  métropolitaine  doit  fon  origine  ou 
du  moins  fes  premiers  accroiffemens  a  S.  Rumold.  Le 
nombre  des  chanoines  n'a  pas  Toujours  été  le  même  :  il 
s'efi  augmenté  jusqu'au  nombre  de  feize  ,  outre  douze 
prébendes  fondées  en  nyo  par  ArnouldScllarius  ,  cha- 
noine ôc  écolâtre  de  cette  églife.  A  la  téte'de  ce  chapitre 
il  y  a  un  prévôt  qu'on  nommoit  anciennement  abbé  ,  ôc 
un  doyen. 

L'archevêché  de  Malines  n'eft  pas  ancien.  L'églife  col- 
légiale de  faint  Rumold  avoit  premièrement  été  foumife  à 
la  jurisdicb'on  des  évêques  de  Liège  ,  &c  enfuite  à  celle 
des  archevêques  de  Cambrai.  En  1 JJ9  elle  fut  érigée  en 
métropole  par  le  pape  Paul  IV  ,  qui  établit ,  à  l'inftance 
de  Philippe  II  ,  roi  d'Espagne ,  un  archevêque  avec  un 
titre  de  primat  des  Pays-Bas  ,  ôc  d'abbé  d'Afffigcm  ;  ôc 
pour  former  la  menfe  archiépiscopale  ,  on  prit  la  moitié 
des  revenus  de  cette  abbaye.  On  lui  donna  pour  fufffagans 
les  évêchés  fuivans  : 

En  r   Anvers  , 

Brabant.  t   Bois  le  Duc. 

-  Gand  , 
)    Bruges, 
|^  Ypres. 

£  Ruremonde. 


En 

Flandres 


En 
Gueldres. 

Antoine  Perrenot  de  Granvelle  ,  déjà  évêque  d'Arras , 
premier  miniftre  de  Philippe  II ,  roi  d'Espagne  ,  fut  le  pre- 
mier archevêque  de  Malines  en  1 55 9. 

Depuis  l'érection  de  cet  archevêché  ,  il  s'efi  tenu  trois 
conciles  provinciaux  :  le  premier  à  Malines  en  1 J70  ,  fous 
Martin  Rithove  ,  évêque  d'Yprcs  ,  qui  y  préfidoit  en  l'ab- 
fence  du  cardinal  de  Granvelle  qui  étoit  à  Madrid  :  le  fé- 
cond fut  tenu  à  Louvain  fous  le  même  évêque  d'Ypres , 
en  IJ74  ;  le  troifieme  à  Malines  en  1607  ,  par  l'archevê- 
que Hovius. 

On  compte  ,  foit  au-dedans  de  cens  ville  ,  foit  au-de- 
hors  ,  fept  églifes  paroiiliales  :  celle  de  S.  Rumold  dans 
l'églife  métropolitaine  ,  dont  le  bâtiment  cit  vafie  &  beau. 
Il  fut  commencé  en  iifo  ,  &  fini  feulement  en  1454;  la 
grande  tour  fut  commencée  en  1 45  z  ,  des  offrandes  des 
pèlerins  qui  y  avoient  gagné  les  indulgences  du  jubilé  en 
145-1.  La  féconde  paroiffe  eft  la  collégiale  de  Notre-Da- 
me ,-  au-delà  de  la  Dyle.  En  1643.  Disme  deBriamont  , 
chanoine  de  la  métropolitaine  ,  fonda  le  chapitre  qui  eft 


S  6 


MAL 


MAL 


de  dix  chanoines  ,  avec  un  prévôt  ôc  un  dsyen.  Ce  dernier 
eft  le  curé.  Le  nombre  des  habitans  de  Malines  s'étant 
accru  confidérablement ,  on  rie  vers  le  commencement  du 
XlII.fiécle  deux  paroilTes  des  chapelles  de  S.  Jean  &  de  S. 
Pierre.  Dans  la  fuite  on  Ht  encore  deux  paroiiies  des  cha- 
pelles de  fainte  Marguerite  Se  du  faim  Esprit  dans  le  faux- 
bourg  de  Neckerspol.  Enfin  ,  le  fondateur  du  prieuré  de 
Hanswyck ,  &  qui  étoit  en  même-tems  curé  du  village  de 
Mufenen ,  obtint  que  l'églife  de  Notre-Dame  de  Hans- 
vyck  feroit  féparée  de  l'églife  de  Mufenen  ,  ôc  unie  au 
prieuré  de  chanoines  réguliers  qu'il  avoir  fondé. 

Les  couvens  d'hommes  font  en  grand  nombre ,  ôc  dans 
•la  plupart  il  y  a  noviciat.  Celui  des  Récollets  fut  fondé  en 
1 23 1  par  Walter  Barthout ,  feigneur  de  Malines.  En  1 2j  2 , 
les  Hermites  de  faint  Auguftin  s'établirent  à  Malines  avec 
l'approbation  du  pape  Alexandre  IV.  Des  Carmes  chaffés 
de  la  Terre-Sainte  furent  reçus  à  Malines  en  1254,  &  fe 
bâtirent  un  couvent  des  Aumônes  que  leur  fit  Jean  Ber- 
thout.  Les  frères  Alexiens  y  furent  appelles  en  1 305  ,  pour 
prendre  foin  des  enterremens.  Les  Capucins  s'y  établirent 
«n  1  y  96  ,  les  Jéfuites  en  16 1 1  ,  les  pères  de  l'Oratoire  en 
1630  ,  les  Carmes  Déchauffés  en  i6jo,  ôc  les  Domini- 
cains en  1 6 j  1 . 

Il  y  a  aufli  plufieurs  monaftères  de  filles.  Le  plus  confi- 
dérable  eft  celui  des  Béguines.  Elles  demeurèrent  d'abord 
dans  la  rue  à  laquelle  elles  ont  donné  leur  nom.  Comme 
elles  s'accrurent  beaucoup  avec  le  tems ,  une  partie  fut 
transportée  en  1 249  ,  hors  de  la  ville  .  près  la  porte  d'An- 
vers ,  où  elles  ont  bâti  le  grand  Béguinage  qui  reffemble 
à  une  petite  ville.  Il  eft  tout  entouré  de  murailles ,  ôc 
on  y  compte  ;usqu'à  fept  cents  Béguines.  Le  monaftèrede 
Bleyenberg  appartient  à  des  chanoineffes  régulières  de  S. 
Auguftin  ,  fondées  ,  à  ce  qu'on  croit  ,  dès  le  tems  de  S. 
Rumold. La  prévôté  de  Liliendael.de  l'ordre  de  Prémontré, 
fondéeeni23 1  -,1c  prieuré  deMuyfen.de  l'ordre  de  Cîteaux, 
fondé  en  1 5  80  ;  le  prieuré  de  Béthanie  ,  où  font  douze 
chanoineffes  de  l'ordre  de  S.  Auguftin,  fondées  en  1 42 1 5  ce- 
lui de  Thabor.  de  la  même  règle,  fondé  le  4  Janvier  1459. 
Ces  cinq  monaftères  ont  tous  été  fitués  à  la  eampagne  > 
.mais  les  religieufes ,  laffes  de  fe  voir  exposées  aux  fureurs 
de  la  guerre  ,  fe  font  établies  dans  la  vilie.  Les  autres  mo- 
naftères font  le  Ter  Siecken  ,  ôc  ceux  des  feeurs  Noires  ou 
de  l'hôpital  de  Galilée  ,  des  Urbaniftes  ou  Riches  Claires , 
des  Pauvres  Claires,  des  Carmélites  ôc  desUrfulines. 

L'églife  de  fainte  Elifabeth  de  Pitzenborch  eft  une  com- 
menderie  qui  appartient  aux  chevaliers  Teutoniques.  Elle 
dépend  du  bailliage  de  Coblentz ,  &  elle  doit  fa  fondation 
aux  feigneurs  deBerthout. 

11  fe  fait  à  Malines  un  grand  commerce  en  grains ,  en 
couvertures  de  lit ,  en  fil .  mais  principalement  en  den- 
telles ,  qui  font  renommées  par  toute  l'Europe. 

MALINOPOLIS  ,  ville  d'Afie,  vers  laPhrygie  ou  la 
Bithynie,  comme  il  paroît  par  la  lettre  des  évêques  de  ee 
canton  la  à  l'empereur  Léon.  Elle  eft  dans  le  recueil  des 
conciles. 

M  ALIOTVE ,  Scythes  près  du  Bosphore ,  félon  le  fcho- 
liafte  d'Apollonius  ,  Argon.  I.  3. 

MALIPIERO  ou  Marpiero  ,  (  L'ifle  de  >  fon  vrai 
nom  eft  l'ifle  de  Santo  Vito  (  a  ).  L'autre  eft  proprement 
le  nom  d'une  illuftre  famille  Vénitienne.  Elle  eft  fituée , 
félon  Cotovic  (  b  )  ,  à  deux  cents  pas  de  la  ville  de  Corfou 
du  côté  du  nord.  Elle  eft  pleine  d'oliviers  &  de  divers  ar- 
bres ,  ôc  nourrit  un  grand  nombre  de  fangliers.  (  a  )  Corn. 
Dict.  (  b  )  Itinéraire  d'Antonin. 

MALIPPALA  ou  Manipala,  ville  de  l'Inde  en- de- 
çà du  Gange ,  félon  Ptolomée  ,  l.y.c.i.  Les  exemplaires 
varient  entre  ces  deux  orthographes. 

MALLA.  Voyez.  MaspHa. 

MALLABA  ,  ville  de  l'Arabie  Heiueufe  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  6.  c.  7.  Quelques  exemplaires  portent  Mall ada. 
Voyez,  ce  mot. 

MALLADA  ,  ville  de  Perfe,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  qui  cite  Martien.  C'eft  apparemment  la  même  que 
Ptolomée  ,  /.  6.  c  7.  donne  à  l'Arabie  Heureufe.  Elle 
étoit ,  félon  lui ,  fur  le  Sein  Perfique ,  ôc  la  principale  du 
peuple  Leanit^c. 

MALLjETA  ou  Mal^ta  .  ville  de  l'Inde  en-deçà  du 
Gange  ,  félon  Ptolomée  ,l.j.c.  1 . 

MALLE.  Voyez.  Maspha. 

MALLEENS,  (  Les)  peuples  des  Indes  dans  les  mon- 


tagnes de  Malabar ,  félon  Davity.  Ils  n'ont  rien  de  com- 
mun avec  les  Malliens  d'Alexandre. 

MALEGONDE  ,  bourgade  de  France  en  Guienne ,  fur 
une  rivière  produite  par  une  fontaine  qui  a  flux  ôc  reflux , 
environ  à  deux  lieues  de  Tarascon. 

Corneille  ,  de  qui  eft  cet  article  »  l'a  pris  d'un  At- 
las qu'il  ne  nomme  point.  Mais  il  eft  difficile  de  com= 
ptendre  qu'une  bourgade  de  la  Guienne  puiffe  être  à  deux 
lieues  de  Tarascon.  C'eft  un  myftère  géographique  qu'il 
auroit  bien  dû  expliquer. 

MALLEN  ,  bourgade  d'Espagne  dans  la  Vieille  Caftille. 
Voyez.  Manliana  I. 

MALLEO  ou  Malus  Léo.  Quelques-uns  nomment 
ainfi  en  latin  la  ville  de  Mauleon.  *  Corn.  Dict. 

MALLER AY ,  bourg  de  France  dans  le  Bourbonnois- , 
élection  de  Moulins  ,  à  neuf  lieues  de  cette  ville.  On  y 
distingue  la  paroiffe  ôc  le  donjon. 

MALLERETou  Maleret,  bourg  de  France  dans  la 
haute  Marche  ,  élection  de  Gueret ,  à  4 lieues  de  Fillérin. 

MALLERSDORF  ,  abbaye  dhommes  ,  ordre  de  S. 
Benoît ,  dans  la  baffe  Bavière ,  entré  User  ôc  le  Danube  , 
au  fud  oueft  de  Straubing. 

MALLI  ,  en  françois  les  Malliens  ,  ancien  peuple 
des  Indes ,  voifin  des  Oxydraques  ,  vers  la  fource  de  1  In- 
dus. Strabon  dit,/.  15.  p.  701.  Les  Malliens  ôc  les  Oxy- 
draques font  de  grandes  nations.  Les  Malliens  font  le 
peuple  chez  qui  Alexandre  risqua  d'être  tué  en  attaquant 
une  place.  Cet  auteur  ôc  Etienne  le  géographe  écrivent 
Maliens  ,  MaAoî ,  par  un  fimplex.  Quinte  -  Curse,  /.  9, 
c.  4.  dit  que  cet  exploit  d'Alexandre  arriva  chez  les  Oxy- 
draques. Arrien  raconte  fort  au  long  leurs  guerres  ôc  le 
fiége  de  leur  ville  en  fon  fixiéme  livre  des  guerres  d'A- 
lexandre. Elle  étoit  voifine  du  fleuve  Hydraot  ,  ôc  peu 
éloignée  de  fa  jonction  avec  l'Acéfine. 

MALLIA  AQUA  ou  Malia  par  une  /  fimple.  On  lit 
dans  Catulle  ^carm.  68.  v.  54. 

Cum  tuniiim  arderem  quantum  Trinacria  rupes 
Lymphaque  ?»  Oettis  Malia Thermopylis. 

Turnebe  croit  que  ce  mot  eft  pour  Manlia ,  ce  qui  lui 
a  fait  naître  cette  pensée  ,  c'eft  que  le  nom  de  Manlius ,  à 
qui  ce  petit  poème  eft  ndreffé  ,  y  eft  fouvent  répété.  Mais 
il  n'eft  point-  là  queftion  de  ce  nom.  Cette  eau  Malia  , 
doit  avoir  été  une  fontaine  bouillante  pour  quadrer  avec 
1  Etna.  Son  nom  s'accorde  bien  avec  celui  du  golfe  Ma- 
liaque,  qui  étoit  voifin  du  mont  Oeta  ôc  des  Thermopy- 
les  dans  la  Theffalie. 

i.MALLlACUM  ,  nom  latin  de  Maille  enTouraine. 

2.  MALLIACUM,  nom  latin  de  MARiiVoyez,  ce  mot, 

MALLI^E,  lieu  d'Italie  chez  lesBiutiens  entre  Nicc- 
teta  ôc  la  fameufe  colomne  d'où  l'on  paffoit  en  Si- 
cile ,  à  vingt-quatre  mille  pas  de  la  première  ,  &  à  qua- 
torze mille  pas  du  lieu  de  l'embarquement.  *  Anton.  Itin. 

MALLlG  ,  bourg  d'Angleterre  dans  la  province  de 
Kent.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  Etat  préfent  de 
la  Gr.  Bret.  t.  1. 

1.  MALLO  ,  bourgade  de  l'AnatoIie  entre  Tarfe  Se 
Laiazzo,  Voyez.  Mallus. 

2.  MALLO  ,  ville  d'Irlande  dans  la  province  de  Muns- 
ter ,  au  comté  de  Corck.  Elle  envoie  fes  députés  au  par- 
lement. Etat  préfent  de  l'Irlande ,  p.  48. 

MALLOEÂ  ,  ancienne  place  de  la  Perrhsbie  ,  félon 
Tite  -  Live.  Cet  hiftorien  marque  ,  /.  31.  g.  41  ,  que 
cette  ville  fe  rendit  aux  Etoliens  dans  la  guerre  qu'ils  fi- 
rent à  Philippe.  Elle  fut  prife  par  Ménippe  ,  l'un  des 
capitaines  d'Antiochus  , /.  16.  c.  10.  reprife  par  Philippe  , 
c.  1 3 .  ôc  enfin  par  les  Romains  qui  la  mirent  au  pillage  , 
/.  42.  c.  6j. 

MALLON  ou  Mallen  ,  ancien  bourg  d'Espagne  au 
royaume  de  Navarre ,  aux  confins  de  l'Arragon  ,  fur  la 
rivière  de  Quejes ,  à  ttois  ou  quatre  lieues  au-deffus  de 
Tudelle  ,  félon  Baudrand  ,  éd.   i70j\ 

MALLORA  ,  petit  rocher  d'Italie  dans  la  Toscane, 
fur  la  côte  devant  le  port  de  Livourne  ,  dont  il  n'eft  qu'à 
trois  milles.  Il  eft  fi  bas ,  qu'à  peine  l'appeiçoit-on  dans 
un  beau  tems  :  cependant  il  fait  la  bonté  de  la  rade  de 
Livourne  ,  ôc  on  prétend  qu'il  a  été  autrefois  plus  grand. 
Ce  fut  proche  de-là  qu'il  y  eut  un  grand  combat  naval 
entre  les  Pi  fans  ôc  les  Génois.  *  B.uuirûnd  ,  éd.  1705. 

Cette  ifle  a  été  appellée  Lamellum  par  Platine  ,  cité 
par  Ortelius. 

MALLORCA 


MAL 


MAL 


MALLORCA.  Voyez.  MaÏorque. 
i.  MALLOS.  Voyez,  Mallus  2. 
2.  MALLOS ,  Ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte ,  feloiî 
Pline ,  /.  6.  c.  29. 

MALLOTES  &  M allotide.  Voyez.  Mallus  2. 

1.  MALLUS  ,  montagne  des  Indes  au  pays  des  Mai- 
liens  ,  félon  Pline ,  /.  6.  c.  1 7. 

2.  MALLUS  ,  ville  d'Afie  dans  la  Cilicie  Se  dans  les 
terres  affez  près  du  fleuve  Pyrame ,  que  l'on  remontoir  pour 
y  arriver  par  eau  quand  on  venoit  de  la  côte.  Pompo- 
nius  Mêla ,  /.  1.  c.  1 3.  dit  auffi  que  cette  ville  étoit  fur- 
cette  rivière.  Quinte  Cuise  ,  /.  3.  c.  7.  dit  qu'Alexandre 
pafla  la  rivière  fur  un  pont  pour  arriver  à  Mallos. 
Etienne  femble  donner  le  nom  de  Mallus  ou  Mallos  , 
au  pays  même ,  dont  le  véritable  nom  étoir  la  Mallo- 
tide  ,  comme  il  paroît  par  un  palïage  de  Strabon  ,  /.  14. 
p.  Gj6.  Cette  ville  de  Mallus  n'étoit  pas  précifément  au 
bord  du  Pyrame  ,  mais  fort  près  fur  une  hauteur  ,  félon  le 
même  ,  p.  67 ç.  Elle  avoir  été  bâtie  par  Amphiloque  Se 
Mopfus  fils  d'Apollon  >  &  de  la  nymphe'Manto.  De-là 
venoit  cet  oracle  ,  dont  parle  Dion  Caffius ,  /.  12.  p.  820. 
dans  la  vie  de  Commode  ,  où  il  dit  que  l'oracle  d'Amphi- 
loque  répondit  par  des  fonges.  Or  i!  dir  que  cet  oracle 
étoir  à  Mallus  -,  ville  de  Cilicie.  Strabon  donne  le  fnrnom 
de  Mallotes  au  grammarien  Crates ,  fous  lequel  Panétius 
avoir ,  difoit-on  ,  étudié  *  Scylac.  Peripl. 

3.  MALLUS  ,  rivière  du  Péloponnèfe  dans  PArcadie  , 
où  elle  fe  jette  dans  l'Alphée.  Le  génirif  de  ce  mot  eft 
Malluntis.  Paufamas ,  1.  8.  c.  35. 

MALMEDI  ,  en  latin  Mallemundarium  ,  abbaye 
d'Allemagne  fur  les  frontières  du  pays  de  Liège  Se  de  Lu- 
xembourg ,  à  4  lieues  de  Limbourg  vers  le  midi ,  fur  la 
petite  rivière  de  Recht.  Elle  cil  accompagnée  d'une  pe- 
tite ville ,  Se  occupée  par  les  Bénédictins.  Elle  eft  ordinai- 
rement unie  avec  l'abbaye  de  Stavelo  ,  avec  laquelle  elle 
forme  un  petit  E:at  où  l'abbé  elt  fouveram  Se  prince  de 
l'empire.  Cette  abbaye  a  été  fondée  dans  le  fepnémefié- 
cle  par  S.  Remacle  ,  éveque  de  Macftricht  ,  Se  enfuite 
abbé  de  Stavelo.  Voyez  Stavelo.  Acla  j  j.  Septembris. 

MALMESBURI ,  bourg  d'Angleterre  en  Wiltshirefur 
î'Avon.  11  eft  moins  remarquable  par  fon  état  préfent  > 
que  par  la  fameufe  abbaye  nommée  Maldunum.  Cette 
abbaye  fut  bâtie  vers  lan  660  ,  par  Maidulphe  ,  folitaire 
Se  philofophe  Irlandois  Saint  Adelme  ,  après  y  avoir  été 
religieux  dès  les  commencemens ,  la  gouverna  ea  qualiré 
d'abbé  depuis  l'an  671  jusqu'en  70J.  Après  fa  mort  ,qui 
arriva  en  709 ,  fon  corps  y  fut  reporté ,  Se  fort  religieu- 
fement  gardé  jusqu'au  iems  de  la  révolution  anglicane  , 
fous  Henri  VIII.  L'abbaye  fat  alors  ruinée  &  changée  en 
une  paroiffe  proteftante.  Ce  même  lieu  eft  célèbre  à  caufe 
de  Guillaume  de  Malmefburi  ,  auteur  du  douzième  fié- 
cle ,  moine  Bénédiclin  de  cette  abbaye  ,  dont  on  a  une 
hiftoire  eccléfiaftique  d'Angleterre  Ce  bourg  eft  la  patrie 
du  fameux  Hobbes.  Il  y  naquit  le  5  Avril  1  j8S  ,  Se  mou- 
rut le  4  Décembie  1679  à  Hardowic  ,  chez  le  comte 
de  Devonshire  fon  patron.  *  Baillet  ,  Topogr.  des 
Saints. 

MALMIR.  C'eft  le  même  lieu  que  Malemir. 

i.  MALMISTRA  ,  rivière  d'Afie.  Baudrand  dir  qu'on 
la  nomme  auffi  Cornui.  Voyelles  articles  Adena  2,  Se 
Cornui. 

2.  MALMISTRA ,  ville  fituée  fur  une  rivière  de  même 
nom  en  Afie ,  dans  la  Caramanie.  Baudrand  ,  édit.  1705, 
lui   donne     pour   noms    latins    Malmistra  ,     Ma- 

MISTRA    ,     MAMESTRA   ,   MAMISTA    ,    MoPSUESTIA   & 

Mopsus.  li  fe  trompe.  Dans  une  ancienne  lifte  grecque 
des  villes  qui  ont  changé  de  nom  ,  on  lit  Kttf*Çàxx*  K1X1- 
xictç  »'  vî!v  Mct/juç* ,  c'eft-à-dire  Caftaballa  de  Cilicie  à 
préfent  Mamifta.  Or  ,  la  notice  de  Hiérocles  met  fous 
Anazarbe  métropole  ,  Mopfueftie  Se  Caftaballa  ,  comme 
deux  villes  épiscopales  ,  dont  les  fiégcs  étoient  très-diffé- 
rens.  La  notice  de  Léon  le  Sage  ,  met  Cartabala.  A  cela 
près ,  cette  ville  eft  encore  ie  fiége  d'un  évêque  grec.  On  y 
diftingne  la  vieille  ville  Se  la  neuve;  la  rivière  les  fépare. 
Elle  eft  encore  affez  peuplée ,  Se  eft  fituée  entre  les  ruines 
de  Tarfe  &  d'Adena. 

MALMODIUM  ou  Malbodium  ,  noms  latins  de 
Maubeuge. 

MALMOE  ou  Malmuyen  ,  ville  de  Suéde  dans  la 
Sehone  ,  fituée  fur  le  détroit  du  Sund  ,  vis-à-vis  de  Kop- 


*7 


penhague ,  à  quatre  lieues  de  Landskroon  &  de  Lundtn* 
Cette  ville  eft  petite  ,  mais  fort  peuplée.  On  en  rapporte 
la  fondation  au  commencement  du  quatorzième  fiécla 
fous  le  règne  de  Magnus  Schmeek.  Les  Flamands  l'appel- 
lent Ellebogen  ,  c'eft  à-dire  Coude  t  parce  qu'elle  eft  dans 
une  manière  de  recoin.  On  y  voit  un  bon  château  qui  y 
fut  bâti  dès  l'an  1434.  La  ville  de  Malmoe  a  été  fous  la 
domination  des  rois  de  Danemarck  jusques  en  i6;8 
qu'elle  fut  cédée  par  le  traité  de  Roschild  à  la  couronne 
de  Suéde  qui  la  poffede  depuis  ce  tems-là.  Les  Danois 
l'affiégcrent  inutilement  en  1676  &  1677,  les  fortifica- 
tions en  ont  été  démolies ,  &  on  en  a  fait  une  ville  de 
commerce.  *  D'Audifret ,  Geogr.  t.  1. 

MALMUNDARIUM  ,  non  latin  de  Malmedi. 

MALNOUE,  Malnoda,  abbaye  de  filles  au  Dio'céfe  % 
Se  à  quatre  lieues  de  Paris  ,  près  de  Lagny  ,  fondée  en 
1 171  :  elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît.  On  l'a  réunie  depuis 
quelques  années  à  l'abbaye  de  Bon-Secours  ,  du  même- 
ordre  ,  dans  le  fauxbourg  S.  Antoine  à  Paris. 
_  MALOBODIUM  ,  nom  latin  de  Maubeuge  ,  félon 
Baudrandi 

MALOCHAT  ,  petite  ville  de  la  Mauritanie  Tingi- 
tane  dans  les  terres  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  1. 

MALODES  ,  montagne  dans  l'Espagne  Tarragonnoife. 
Fcftus  Avienus ,  après  avoir  parlé  de  Baicelone  Se  de  Cy- 
pfela,  ville  qui  ne  fubfiftoit  déjà  plus  de  fon  tems  ,  conti-. 
nue  à  décrire  la  côte  Se  dit ,  Ora.  mar.  p.  /34  Se  fuiv* 

rofi  Littus  illud  quod  jacere  diximus 
Trattu  fupino  ,  fe  Malodes  exferit 
Mon  s ,  mter  undas  extumemfcopuli  duo 
Geminusque  vertex. 

Car  c'eft  ainfi  que  je  crois  qu'il  faut  lire  au  lieu  de 

Se  Malodes  exferit 
Mon  s  inter  undas ....  Tument  Sco  * 

Geminusque  ver  *. 

comme  on  lit  dans  la  plupart  des  éditions. 
MALODUNUM,  nom  latin  deMALDON. 

MALCETA  ,  rivière  du  Péloponnèfe  dans  l'Arcadie  ; 
félon  Pâufàniàs. 

MALOGNITI ,  petite  rivière  de  l'ifte  de  Candie.  Elle 
coule  dans  la  partie  méridionale  du  territoire  de  Candie 
où  elle  fe  rend  dans  la  mer  près  du  château  Priotifià  , 
félon  Boschini  ,  cité  par  Baudrand,  édit.  170J. 

MALOIGNE  ,  abbaye  de  chanoines  réguliers  ,  &  an- 
ciennement de  Bénédiétins  dans  les  Pays-bâs  ,  au  comté 
de  Namur  ,  quoique  du  diocèfe  de  Liège  entre  la  Sambré 
Se  la  Meufe ,  à  la  droite  de  la  première ,  à  une  lieue  au- 
deffus  de  Namur. 

MALOIS  ,  lieu  ainfi  nommé  par  Etienne  le  géographe 
qui  en  parle  fur  la  garantie  de  Thucydide ,  /.  3.  Il  y  avoit 
un  temple  d'Apollon.  Ce  lieu  eft  nommé  Malus  ,  (  au 
génitif  Maluntis  )  par  Strabon  ,  /.  1 3.  pag.  602.  11  étoir. 
près  de  l'ifte  de  Tenedbs  ,  entre  PaUscepfîs  Se  Acheium  \ 
Se  le  Carefe ,  rivière ,  en  descendoit.  Straboii  fait  enten- 
dre que  c'étoit  un  lieu  élevé. 

MALOMINES  ,  petite  nation  de  l'Amérique  fepten- 
crionale  dans  la  Nouvelle  Fiance.  Elle  ne  confifte  que 
dans  une  bourgade  établie  fur  une  rivière  qui  fe  jette  dans 
là  baie  des  Puants  du  coté  de  l'oueft.  On  l'appelle  la  rivière 
des  Folles  Avoines  ,  nom  qu'on  donne  communément  à 
cette  nation  ,  parce  qu'elle  fe  nourrit  ordinairement  de 
folle  avoine  ,  dont  toutes  les  rivières  Se  les  lacs  de  ce 
canton  font  couverts.  On  prétend  que  ce  bled  eft  auffi 
fain  Se  auffi  nourriffant  que  le  riz. 

MALOMONS ,  nom  latin  de  Maumont,  château  de 
France  en  Limoufin. 

MALOS.  Voyez  Mallus  I. 

MALOTHA.  Ortelius ,  Tbcfaur.  conjecture  que  Stra- 
bon ,  /.  16.  nomme  ainfi  un  village  de  l'Arabie  Heureufe. 

MALOUINS.  (  Les  )  On  appelle  ainfi  les  habitans  dé 
S.  Malo  ,  ville  maritime  de  France  en  Bretagne.  Les  Ma- 
louins  font  très-bons  hommes  de  mer. 

MALOWOUDA ,  rivière  de  la  petite  Tartârie.  Elle  fe 
rend  dans  la  mer  de  Zabache  ,  dans  fa  partie  occidentale , 
à  quinze  lieues  du  lac  de  Suka  Morzi ,  vers  l'orient ,  felort 
Guillaume  le  Vaffeur.  On  croit  que  c'eft  VAgarus  ,  fleuve 
delà  Sarmatie  européenne.  *  Baudrand,  édit.  1705. 

1.  MALPAS  ,  moncagne  de  France  dans  le  Languedoc* 

Tom.  IV.  H 


MAL 


*8 

On  l'a  percée  pour  y  faire  paner  le  canal  de  Languedoc. 

2.  MALPAS  ,  bourg  d'Angleterre  dans  le  Theshirc.  On 
y  tient  marché  public.  Etatpréf.  delà  Gr.  Bret.  t.  1. 

MALPH1TANUM.  Oppidum.  Voyez.  Amalphi. 

MALSANE  ,  moWmi,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe. 

MALTA.  Voyez.  Malthe. 

MALTACIA.  Ortelius  l'oupçonne  que  PIfle  de  Malthe 
a  été  ainfi  nommée  par  Antonin.  En  effet ,  dans  l'itiné- 
raire maritime,  éditions  des  Juntes  Se  d'Aide,  on  lit  In- 
Sula  MaltacijE  fest  ,  Se  Phalacron.  Cet  endroit  a 
été  rbrteonompu  par  les  copiftes.  11  faut  lire  Melita  , 
Icesia  et  1hai.acr.on  ;  alors  il  eft  queftion  de  trois  ifles , 
&  tous  ces  noms  font  connus. 

MALTANA  ou  Maltanum  ,  port  de  mer  de  la  Tos- 
cane. Le  même  intineraire  le  met  entre  Graviscx  & 
OuifiHana. 

MALTECOR.E  ,  peuple  de  l'Inde  ,  félon  Pline  ,  /.  6. 

c.  20. 

MALTHACE  ,  ifle  voifine  de  celle  de  Corfou  ,  fé- 
lon Pline,  /.  4.  c.  11.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  14.  la  nomme 
aulfi    uatâaxn. 

1.  MALTHE  ,  en  latin  Melita  ,  ifle  de  la  mer  Médi- 
terranée ,  entre  les  côtes  d'Afrique  Se  l'ifle  de  Sicile  ,  qui 
n'en  eft  éloignée  que  de  quinze  lieues  au  feptentrion.  Elle 
a  à  l'orient  la  mer  Méditerranée  qui  regarde  l'ifle  de  Can- 
die ,  au  midi  la  ville  de  Tripoli  en  Barbarie  ;  Se  à  l'occi- 
dent les  ifles  de  Pantalarée ,  de  Linofe  Se  de  Lampadoufe. 
*  Ver  tôt ,  Hift.  de  Malthe  ,  t.  ?.  1.  9. 

Du  côté  du  midi  ,  on  ne  trouve  que  de  grands  écueils 
êe  des  rochers  fans  cales  ni  ports  ;  mais  vers  le  levant, 
on  rencontre  d'abord  la  cale  de  Marza  Scala  ;  Se  en  re- 
tournant à  droite  vers  le  fud-oucft  celle  de  Marza  Sirac- 
co  ,  qui  peut  contenir  plufieurs  vaifleaux.  En  continuant 
fa  route  vers  le  Lebesche  ,  Se  entre  le  midi  Se  le  couchant, 
on  trouve  deux  grands  golfes  ,  l'un  appelle  Antiféga,  Se 
l'autre  Mufiarro  *  Se  à  l'extrémité  de  l'ifle  de  ce  côté , 
vers  le  ponant  ,  cil  l'anfe  Meleca  ,  fort  propre  pour  fe 
mettre  à  la  rade  :  elle  n'ell  féparée  de  l'ifle  de  Goze  que 
par  un  canal  d'environ  quatre  milles  de  trajet.  Au  milieu 
de  ce  canal  font  fituées  les  petites  ifles  de  Comino  Se  de 
Cominote.  Si  on  continue  de  ranger  la  côte  Se  en  appro- 
chant de  l'endroit  de  rifle  qui  eft  oppofé  à  la  Sicile  ,  on 
trouve  la  cale  de  S.  Paul  ,  ainfi  nommée   parce  que  le 
vaifleau  qui  portoit  à  Rome  S.  Paul  prifonnier  ,  y  fut 
jette  par  la  tempête.  La  cale  de  S.  George,  tournée  du 
côté  du  nord  ,  n'eit  pas  éloignée  de  celle  de  S.  Paul  ;  en- 
fin ,  en  avançant  vers  l'endroit  de  l'ifle  qui  regarde  dire- 
ctement le  cap  de  Paffaro  ,  on  rencontre  deux  grands 
ports  ;  dont  l'un ,  qui  eil  à  main  gauche  ,  s'appelle  Marza 
Miuet.au  milieu  duquel  on  voit  une  petite  ifle  ,  proche 
de  laquelle  les  vaifleaux  qui  viennent  du  levant ,  ou  d'en- 
droits fuspeds ,  font  la  quarantaine  ;  l'autre  ertapellé  Am- 
plement Marza  ou  le  grand  Port  ,  qui  eft  au  levant.  Ils 
font  tous  deux  féparés  par  une  langue  de  terte ,  fur  la- 
quelle ,  comme  je  le  dirai  plus  bas  ,  on  a  conftruit  le 
fort  de  S.  Elmc  ,  qui  défend  l'entrée  des  deux  ports.  Il  y 
a  dans  le  grand  Port  deux  langues  de  terre  parallèles  , 
qui  s'avancent  dans  la  mer  en  forme  de  deux  doigts ,  & 
qui  ont  plus  de  longueur  que  de  largeur.  Le  château  S. 
Ange ,  eft  fur  celle  de  ces  pointes  qui  approche  le  plus 
près  de  l'embouchure  du  port.  L'autre  pointe  de  terre 
eft  appellée  l'ifle  de  la  Sangle  ,  quoique  ce  ne  foit  qu'une 
presqu'ifle.  On  y  a  auffi  confiant  un  fort  avec  un  bourg. 
Enfin  ,  derrière  ce  fort  de  la  Sangle  ,  on  rencontre  un 
autre  port  defiiné  autrefois  à  recevoir  les  vaifleaux  étran- 
gers ,  que  leur  commerce   ou  la  crainte  des  Corfaires 
obligeoit  de  relâcher  dans  l'ifle.  *  Vertot ,  Hifi.  de  Mal- 
the ,  liv.  12. 

Suivant  la  tradition  du  pays  ,  cette  ifle  avoit  été  an- 
ciennement fous  la  domination  d'un  prince  Africain  ,  ap- 
pelle Battus.  Les  Carthaginois  s'en  empâtèrent  depuis  ■> 
&  lorsque  les  chevaliers  de  S.  Jean  de  Jérufalem  en  fu- 
rent mis  en  poffeifion  ,  on  y  trouvoit  encore  fur  des  mor- 
ceaux de  marbre  des  colonnes  brifées  ,  des  inscriptions 
en  langue  punique.  Les  Romains ,  pendant  les  guerres  de 
Sicile  ,  en  chafferent  les  Carthaginois.  Lorsqu'ils  s'en  fu- 
ient rendus  maîtres  ,  ils  y  mirent  un  gouverneur  avec 
titre  de  préfet  ou  prince ,  Upureç ,  comme  il  eft  nommé 


MAL 


dans  les  a&es  des  Apôtres ,  c.  28.  7.  aufli  bien  que  dans 
une  ancienne  infeription  où  on  lit  HPirms,  mEaitaion 
Elle  dependoit  cependant  du  prêteur  de  Sicile.  *  Cella- 
rïus  ,  Geogr.  ant.  1.  2.  p.  12. 

S.  Paul  ayant  fait  naufrage  fur  les  côtes  de  Malthe 
(a)  1  y  fut  très-bien  reçu  avec  fes  compagnons.  On  leur 
donna  le  couvert  &  on  leur  alluma  du  feu  pour  les  fé- 
cher.  Mais  S.  Paul,  ayant  pris  un  fagot  de  farment  pour 
le  jetter  au  feu  (  b)  ,  une  vipère  qui  s'y  étoit  cachée  ayant 
fenti  la  chaleur  ,  le  jetta  à  la  main  de  Paul ,  qui  ians  s'ef- 
frayer la  jetta  dans  le  feu.  Les  allifians  fe  diioient  l'un  à 
l'autre  :  Il  faut  que  cet  homme  foit  un  homicide  ,  puis- 
qu  après  avoir  échapé  du  naufrage  4  la  vengeance  divine 
le  pourfuit  encore.  Us  s'attendoient  à  tout  moment  de 
le  voir  tomber  mort  ;  mais  confidérant  qu'il  ne  lui  en  étoit 
rien  arrivé,  ils  commencèrent  à  le  regaidtr  comme  une 
divinité.  (  a  )  D.  CAmet ,  Dict»  (  6  )  Au.  28.  1  Se  2. 

Publius  ,  gouverneur  de  l'ilie  ,  les  reçut  ik  les  traita 
fort  bien  pendant  trois  jours.  Comme  l'on  père  étoit  ma- 
lade de  ne  vie  &  de  dyilenrerie  ,  S.  Paul  i'alla  voir ,  lui 
impofa  les  mains  Se  le  guérit.  Alors  tous  ceux  de  T. fie  qui 
avoient  des  malades  les  lui  amenèrent  ,  &  il  leur  rendit 
la  l'anté  :  ik  lorsque  S.  Paul  Se  fa  compagnie  le  rembar- 
quèrent ,  ils  les  pourvurent  abondamment  de  tout  ce 
qui  étoit  néceflaire  pour  le  voyage.  On  allure  (  a  )  que 
depuis  l'arrivée  de  S.  Paul  à  Malthe ,  il  n'y  a  plus  ni  vi- 
pères ,  ni  aucun  autre  animal  venimeux  ;  ik  que  ceux 
même  qu'on  y  porte  d'ailleurs  n'y  peuvent  vivre  ,  fur- 
tout  dans  l'endroit  où  S.  Paul  fut  mordu  ,  qui  eft  une 
caverne  ,  d'où  l'on  emporte  tous  les  jours  de  la  terre  Se 
des  pierres  pour  chaflèr  les  animaux  venimeux  ,  Se  pour 
iervir  de  préfervatif  &  de  remède  contre  les  morfiires  des 
feorpions  ik  des  ferpens.  Un  voyageur  affine  qu'on  y 
voit  des  petits  enfans  manier  les  feorpions  fans  danger. 
Plufieurs  Maltois  fe  convertirent  à  la  prédication  de  S. 
Paul  (b) ,  ik  la  maifon  de  Publius  ,  qui  en  fut  le  premier 
évêque ,  fut  changée  en  églife.  S  Paul  y  demeura  trois 
mois  entiers,  (a)  'Quiminui  JEduus  ,  B.iron. an.  j8.  Fro-, 
mond.  alii.  {b  )  Chryftfi.  Humtl.  54.  in  Acla,  471. 

Les  Arabes  s'en  emparèrent  vers  le  neuvième  fiécle.' 
Roger  le  Normand,  comte  de  Sicile  ,  vers  l'an  1190, 
fit  la  conquête  de  cette  ifle  fur  les  Barbares  ;  Se  depuis  ce 
tems  elle  demeura  annexée  au  royaume  de  Sicile  ,  donc 
elle  fuiyit  toujours  la  fortune.  *  Vertot ,  Hifi.  de  Malthe  » 
liv.   12. 

Depuis  la  prife  de  Rhodes ,  le  grand  maître  Villiers  de 
l'ifle- Adam  fe  trouvoit  errant  avec  fes  religieux  ,  fans  de- 
meure fixe  Se  fans  ports  pour  retirer  fa  flotte  ,  Se  pour 
continuer  Ces  arméniens  contre  les  infidèles  ,  il  jetta  les 
yeux  fur  l'ifle  de  Malthe ,  qui ,  par  les  différais  potts  qui 
s'y  trouvoient ,  étoit  propre  à  faire  la  réfidence  de  fon  Or- 
dre. Il  envoya  des  ambalTadeurs  à  Madrid  où  étoit  alors 
l'empereur  ,  ik  fit  demander  à  ce  prince  qu'il  lui  plût ,  par 
une  inféodation  libre  ik  franche  de  tout  affujettiffement, 
remettre  à  la  Religion  les  ifles  de  Malthe  &  de  Goze. 
L'envie  de  devenir  le  reftaurateur  d'un  Ordre ,  qui ,  de- 
puis plufieurs  fiécles  ,  s'éroit  confacré  à  la  défenfe  des 
Chrétiens, &  l'avantage  de  mettre  à  couvert  des  incur- 
fionsdes  infidèles  les  ifles  de  Sicile  Se  deSardaigne,  le 
royaume  de  Naples  Se  les  côtes  d  Italie  ,  déterminèrent 
Charles  V.  à  donner  à  perpétuité,  tant  en  fon  nom  que 
pour  fes  héritiers  &c  fucceffeurs  ,  au  très  révérend  grand 
maître  de  l'ordre  de  Malthe  ,  &  à  la  Religion  de  S.  Jean  , 
comme  fief  noble ,  libre  Se  franc  ,  leschâteaux  ,  places  Se 
ifles  de  Tripoli ,  Malthe  Se  Goze,  avec  tous  leurs  terri- 
toires Se  jurisdiétions  ,  haute  &  moyenne  jufiiee,  Se  droit 
de  vie  &  de  mort ,  avec  toutes  autres  maifons  ,  apparte- 
nances ,  exemptions ,  privilèges ,  rentes  &  autres  droits 
&  immunités  ,  à  la  charge  qu'à  l'avenir  le  grand  maître 
&  les  chevaliers  tiendroient  ces  places  de  lui  Se  de  fes 
fueccefleurs  au  royaume  de  Sicile  ,  comme  fiefs  nobles , 
francs  &  libres ,  Se  fans  être  obligés  à  autre  chofe  ,  qu'à 
donner  tous  les  ans  au  jour  de  la  Touflaint  un  faucon  ; 
cV  que  dans  la  vacance  de  l'évêché  de  Malthe  ,  le  grand 
maître  &  le  couvent  feroient  obligés  de  lui  préfenter  à  lui 
&à  fes  fucceffeurs  trois  perfonnes  pieu  fes  &  finalités, 
dont  il  en  choifiroit  une  pour  remplir  cette  dignité ,  Se 
que  le  préféré  feroit  honoré  de  la  croix  de  l'ordre ,  avec 
le  privilège  en  cette  qualité  d'entrer  au  conieft. 


MAL 


MAL 


Le  pape  confirma  ce  traite  en  plein  confiftoire  ,  &  en 
fît  drelïer  Se  publier  une  bulle  en  date  du  2;  Avril  15-50, 
Peu  de  tems  après  le  grand  maure  envoya  en  Sicile  delà 
part  de  la  Religion  ,  le  général  des  gale  1  es  de  l'ordre  e<  le 
bailli  de  Manosque,  en  qualité  d'ambailadeurs,  pour  prê- 
ter le  ferment  de  fidélité  entre  les  mains  du  viceroi  de  Si- 
cile. Apres  s'être  acquités  de  ce  devoir,  ils  reçurent  l'acte 
dinveftiture.  Le  viceroi  nomma  enfuite  fix  commiflaires, 
qui  fe  rendirent  à  Malthc  avec  les  ambafiadeurs,  qui  fu- 
rent mis  en  poffeilion  de  l'ifle  ,  &  firent  ferment ,  au  nom 
de  l'ordre  ,  de  conferver  aux  habitans  Se  au  peuple  leurs 
droits ,  coutumes  Se  privilèges. 

Ily  eut  quelques  difficultés  au  fujet  des  droits  de  traite 
pour  les  bleds ,  que  l'ordre  feroit  venir  de  Sicile  ,  &  par 
rapport  au  droit  de  battre  monnoie.  Mais  ces  obftacles 
ayant  été  levés  à  l'avantage  de  la  Religion  ,  le  grand  maî- 
tre ,  le  confeil ,  Se  tous  les  chevaliers  paflêrent  dans  1  i/le 
le  16  d'octobre  de  la  même  année,  ils  fe  rendirent  au 
bourg  fitué  au  pied  du  château  faim  Ange  ,  la  feule  place 
de  defenfe  qu'il  y  eût  dans  l'ifle  ;  le  grand  maître  s'y  logea 
avec  le  confeil ,  Se  les  chevaliers  s'étendirent  dans  le 
bourg,  qui  n'étoit  qu'un  amas  de  cabannes  de  pêcheurs. 
Pour  n'être  pas  furpris  par  les  corfaircs ,  ce  bourg  fut  fer- 
mé de  murailles  :  on  y  ajouta  enfuite  des  flancs ,  avec  des 
reffauts  d'espace  en  espace  ,  &  par  rapport  à  1  inégalité  cv 
a  la  pente  du  terrein. 

Dès  la  première  année  qui  fuivitcet  établiflement ,  la 
flotte  Ottomane  fe  préfenta  devant  l'ifle  de  Malthe  ;  les 
Turcs  y  firent  une  descente,  Se  tentèrent  en  vain  de  fe 
rendre  maîtres  de  Melita  ou  Malthc  ,  capitale  de  l'ifle. 
Cette  attaque  ,  à  laquelle  on  ne  s'écoit  pas  attendu  ,  fit 
prendre  des  mefures  pour  la  fuite.  On  fortifia  par  de  nou- 
veaux ballions  le  bourg  du  côté  qu'il  étoit  commandé  par 
le  mont  faint  Julien  ,  espèce  de  langue  de  terre,  qui  s'a- 
vancoit  dans  la  mer.  On  y  ajoura  des  flancs  Se  des  cafe- 
mates;  Se  les  foflés  furent  creufés  Se  élargis  pour  y  faire 
entrer  l'eau  de  la  mer.  En  moins  de  fix  mois  le  bourg  fut 
en  état  de  ne  pas  craindre  un  fiége  ;  le  mont  Sceberras 
fut  muni  d'un  château  ,  garni  d'artillerie ,  Se  auquel  on 
donna  le  nom  de  fort  S.  Elme,  en  mémoire  d'une  des 
tours  qui  défendait  l'entrée  du  port  de  Rhodes,  Se  qui 
portoit  le  même  nom ,  Se  fur  le  mont  S.  Julien  on  bâtie 
un  fort,  qu'on  nomma  le  fort  S.  Michel.  *  Vertot,  Hift. 
de  Malthe.  1.  1 1. 

Claude  de  la  Sangle ,  grand  maître  de  l'ordre  ,  fit  ajou- 
ter de  nouvelles  fortifications  au  fort  faint  E!me,&  au 
bourg  ,  réfidence  ordinaire  du  couvent  ;  mais  la  plus  gran- 
de défenfe  qu'il  fit ,  ce  fut  à  l'ifle  de  faint  Michel.  Cette 
langue  de  terre  qui  s'avance  dans  la  mer,  étoit  ouverte 
de  tous  côtés  i  Se  n'avait  qu'un  petit  château  pour  défen- 
fe. Le  grand  maître  fit  enfermer  Se  clore  d'épaifles  mu- 
railles l'endroit  de  ce  château  oppbfé  au  rocher  du  Cor- 
radin.  On  fortifia  ces  murailles  de  boulevards  &  de  ca- 
ftions ,ausque!son  ajouta  en  differens  endroits  des  flancs 
néceffaires  ,  Se  on  fit  entrer  l'eau  de  la  mer  dans  les  fos- 
rés.  Toutes  ce';  fortifications  fe  firent  de-z  deniers  du  grand 
maître;  8e  par  reconnoiffance  les  chevaliers  donnèrent  ion 
nom  à  cette  pfesqu'ifie,  qui  s'appeiioit  auparavant  l'ifle 
de  S.  Michel,  Se  qu'on  a  appcîlée  depuis  i'ifle  de  la  San- 
gle. *  Vcrtot  ,  Hiftoire  de  Malthe  ,  1.  1 2. 

Sous  le  magiftere  de  Jean  de  la  Valette  ,  l'ifle  de  Mal- 
the fut  affiégée  en  vain  par  les  Turcs,  qui  perdirent  jus- 
qu'à trente  mille  hommes.  La  perte  avoit  été  grande  du 
côté  des  chevaliers.  La  ville,  ou  ce  qu'on  appelloit  alors 
le  Bourg  de  Malte  ,  reflêmbloit  moins  à  une  place  bien 
défendue ,  qu'à  une  ville  emportée  d'affaut ,  rafée  ,  dé- 
truite après  le  pillage  Se  abandonnée  par  l'ennemi.  Plus 
de  deux  cens  foixaire  chevaliers  avoient  été  tués  en  dif- 
ferens aflâurs  :  oncomptoit  jusqu'à  huit  mille  hommes, 
foldars  ou  habitans ,  qui  avoient  péri  pendant  le  fiége  ;  Se 
à  peine  ,  quand  les  Turcs  fe  retirèrent  ,  reùoit  il  dans  le 
grand  bourg  &  dans  le  château  de  faint  Michel  ,  en 
comptant  même  les  chevaliers ,  fix  cens  hommes  portant 
les  atmes ,  Se  encore  la  plupart  couverts  de  blefTures.  Le 
grand  maître  confidciant  tous  les  périls  auxquels  fes  che- 
valiers Se  fon  peuple  de  Malthe  avoient  été  expofés  par- 
le dernier  fiége  ,  de  concert  avec  le  confeil  de  l'ordre  , 
&  pour  s'oppofer  à  de  nouvelles  entreprifes  de  la  part 
des  barbares ,  forma  le  deffein  de  conftruire  une  ville  fur 
le  mont  Sceberras  ,  Se  y  pola  la  première  pierre  le  jeudi 


Ï9 


vingt  huitième  du  mois  de  Mars  1566.  *  Vertot ,  hnh, 
de  Malthe  ,1   15. 

Lierre  de  Monté  ,  gtand  maître  de  l'ordre  ,  étant  venu 
à  bout  d'achever  la  conftruction  de  la  nouvelle  ville, 
qui  fut  nommée  la  cité  de  la  Valette  ,  y  transféra  la  ré- 
fidence du  couvent.  *  Vertot ,  Hift.  de  MaLhe  ,  1.  14. 

Le  grand  Maure  Alof  de  Vignacourt  fit  faiie  en  1616 
un  aqueduc  ,  qui  conduit  une  fource  abondaive  ,  depuis 
la  cité  de  Malthe  ,  appellée  communément  la  cité  No- 
table,  jusque  dans  la  cité  de  la  Valette  ,  ouviage  digne 
de  la  grandeur  des  Romains.  Le  même  giand  maître  fie 
faire  de  nouvelles  fortifications  a  la  cale  de  faint  Paul  , 
de  Marza-Siiacco  ,  de  Marza  Scala ,  &  dans  la  petite 
ifle  de  Comin,  fituée  entre  MaLhe  Se  le  Goze. 

La  prile  de  l'ifle  de  Candie  fit  craindre  que  les  Turcs 
ne  tournaient  leurs  armes  contre  l'ifle  de  Malthe.  Pour 
achever  de  la  mettre  en  état  de  réfifler  à  tous  leurs  efforts, 
le  grand  maître  Nicolas  Cotoner  ordonna  de  nouveaux  . 
ouvrages.  Le  premier  fut  nommé  la  Cotonére.  Il  ajouta 
enfuite  de  nouvelles  fortifications  à  la  Floriane  ,  avec 
une  faufie  braie  Cxdeux  boulevards  ;  l'un  du  côté  du  porc 
Muzet,  Se  l'autre  vers  le  grand  port  ;  Se,  afin  de  défendre 
entièrement  l'encrée  du  grand  Port ,  on  conftruifit  un  fort 
royal ,  appelle  Ricalbii ,  du  nom  d'un  commandeur  qui 
donna  a  l'ordre  trente  mille  écus  pour  cet  ouvrage.  Ni- 
colas Cotoner  établit  encore  le  Lazaret  dans  le  fort  de 
Marza  Muzet ,  ouvrage  que  de  nos  jours  le  grand  maî- 
tre Manoe'l  a  fait  revêtir  de  fortifications  très  néceffaires. 
Ce  dernier  grand  maître  a  fair  aufll  conftruire  le  fore 
Manoe'l  dans  la  petite  ifle  de  Marza  Muzet,  dont  les  In- 
fidèles auroient  pu  s'empaier  aifément. 

Avant  que  l'ifle  de  Malthe  eût  été  cédée  à  laReligion  ,' 
ce  n  étoit  qu'un  rocher  de  pierres  de  tuf ,  qui  pouvoir, 
avoir  fix  à  fept  lieues  de  longueur  ,  fur  trois  ou  quatre 
de  largeur  ,  Se  environ  vingt  lieues  de  circuit.  Ils  ne  trou- 
vèrent fur  fa  fuperfkie  que  trois  ou  quatre  pieds  de  ter- 
re ,  encore  toute  pierreufe ,  peu  propre  à  produire  du 
bled&  d'autres  grains  ;  mais  abondante  en  figues, en  me- 
lons Se  en  autres  fruits.  Le  principal  commerce  des  habi- 
tans confiftoit  en  miel  ,  en  coton  Se  en  cumin  ,  qu'ils 
échangeoient  contredes  grains.  On  ne  trouvoit  dans  ce  te 
ifle  ni  fontaine,  ni  puits  ;  il  n'y  avoit  que  de  l'eau  de  ci- 
terne. Le  bois  n'y  étoit  pas  plus  commun  -,  on  le  vendoic 
à  la  livre  ,  Se  les  habitans ,  pour  faire  cuire  leur  viande  , 
ttoient  réduits  à  fe  fervir  de  fienre  de  vache  féchée  au 
foleil ,  ou  de  chardons  fauvages.  Avec  la  capitale  de  l'ifle 
appellée  la  cité  Notable  ,  fituée  au  milieu  de  l'ifle  ,  il  y 
avoit  le  château  S.  Ange ,  qui  défendoit  le  grand  Port. 
Au  pied  de  ce  château  étoit  une  petite  ville  ,  appellée 
communément  le  Bourg.  Il  y  avoit  encore  quarante  cafa- 
lesou  bourgades,  compofées  de  plufieurs  hameaux  ré- 
pandus dans  la  campagne  ,  Se  où  1  on  trouvoit  environ 
douze  mille  habitans  ,  hommes ,  femmes  Se  enfans ,  la 
plupart  pauvres  Se  mifi-rables  ,  à  caufe  de  la  ftérilité  du 
terroir.  *  Vertot  ,  Hiftoire  de  Malthe ,  1.  9. 

Malthe ,  par  les  foins  Se  par  la  valeur  des  chevaliers  , 
eft  devenue  d'année  en  année  plus  floriffante.  Toutes  les 
chofes  nécetlaires  à  la  vie  y  font  portées  en  abondance. 
La  terre  eft  cultivée  ,  autant  que  la  qualité  du  terroir  peut 
le  permettre  ,  Se  le  nombre  des  habitans  c'eft  accru  con- 
fidérablement.  On  en  fit  l'énumération  en  1662  ,  fous  le 
magiftere  d'Antoine  de  Paule  ;  outre  les  religieux  de 
l'ordre  ,  les  eccléfialliques ,  Se  ce  qu'on  appelle  à  Malthe 
Familiares  de  l'inquifition,  on  trouva  j  1750  habitans, 
hommes  ,  femmes  Se  enfans  ,  y  compris  les  habitans  du 
Goze. 

En  1636,  le  grand  maître  Paul  Lascaris  Caficlard  par- 
tagea tous  les  habitans  de  Malthe  en  différentes  compa- 
gnies ,  ausquclles  on  fait  prendre  les  armes  :  des  cheva- 
liers font  prépofés  pour  leur  apprendre  à  s'en  fervir  con- 
tre les  courfes  Se  les  descentes  des  Turcs  Se  des  Cor- 
faires. 

De  l'ifle  a  remarqué  ,  Mémoires  de  i Académie  royale 
des  Sciences ,  1720  ,  p.  475.  que  le  portulan  de  Jacques 
Colomb  ,  celui  de  van  Keulen  ,  Se  les  autres ,  conve- 
noient  que  de  Malthe  à  Alexandrie  il  y  a  deux  cens  qua- 
tre-vingt trois  lieues  de  vingt  au  degré  ,  en  cinglant  à 
l'eft-fud  eft-,  ce  qui  donne  fous  ce  parallèle  quinze  degrés 
cinquante  huit  minutes  entre  ces  deux  places  ,  à  quel- 
ques minutes  près  du  réfultat  des  obfervations  de  M.  de 

Tem,  IV,  H  ij 


éo 


MAL 


MAL 


Chazelles  ,  quî  mettent  fix  ou  fept  degrés  moins  que  les  rie,  il  n'y  a  ,  fuivant  ces  portulans,  que;  3  lieues,  en  tirant 

cartes  ordinaires.  au  ^llc*  un  (luan:  a  l'oueu>ce  qui  donne, à  peu  de  chofe  près, 

'  De  la  même  ifle  de  Malthe  ,  au  lien  de  1 1  o  lieues  que  la  fuuation  refpeclive  de  ces  deux  places ,  conclue  par  les 

les  cartes  communes  marquent  jusqu'à  Tripoli  de  Barba-  obfervations  du  P.  Feuillée,  p.  697  &fniv.  en  cette  fortes 


Différence  des  Méridiens , 
en  .  en 


.  Alexandrie  I. 

'Malthe , 

.Tripoli  de  Barbarie. 


2.  MALTHE  ,  la  Cité  ,  ou  la  Ville  Notable  ;  c'en: 
la  capitale  de  l'ifle  de  Malthe  ,  &  l'ancienne  réfidence  de 
ion  éveque  (  a  ).  Elle  eft  fituée  dans  le  fond  des  terres  ôc 
au  milieu  de  l'ifle ,  éloignée  du  bourg  &  du(grand  port 
d'environ  fix  milles.  Les  anciens  l'ont  nommée  Meiita , 
du  nom  commun  à  toute  l'ifle.  Cétoit  la  feule  ville  qu'il 
y  eût  anciennement  (  b  ).  On  croit  que  fon  nom  lui  vient 
de  la  grande  quantité  de  miel  qui  s'y  trouvoit  autrefois. 
(  a  )  Vertot ,  Hift.  de  Malthe  ,  1.  1 1 .  (  b  )  D.  Calmet , 
Diction. 

Une  ancienne  tradition  veut  que  les  Carthaginois  en 
fufiènt  les  fondateurs  ;  il  eft  au  moins  certain  qu'ils  l'onc 
poffédée  ;  que  les  Romains ,  après  avoir  détruit  Carthage, 
s'emparèrent  de  cette  ifle  ;  que  les  Arabes  la  prirent  en- 
fuite  ,  ôc  lui  donnèrent  le  nom  de  Médine. 

Diodore  de  Sicile ,  /.  ;.  c.  1 1 ,  après  avoir  loué  la  bon- 
té des  ports  de  l'ifle  de  Malthe ,  fait  mention  de  la  capi- 
tale. 11  dit  qu'elle  étoit  bien  bâtie  ,  qu'il  y  avoit  toutes 
fortes  d'artifans ,  ôc  principalement  des  ouvriers  qui  fai- 
saient des  étoffes  extrêmement  fines  •■,  ce  qu'ils  avoient 
appris  des  Phéniciens  qui  avoient  peuplé  rifle.  Cicéron  , 
Verr.  de  Signis ,  c.  46.  reproche  à  Verres  de  n'être  jamais 
entré  dans  la  ville  de  Malthe ,  quoique  ,  pendant  trois  ans, 
il  y  eût  occupé  un  métier  à  faire  une  robe  de  femme. 

3.  MALTHE.  Corneille,  Diïl.  dit  que  c'eft  une  ifle 
de  Dalmatie  ,  appellée  Milet  par  les  Esclavons ,  en  latin 
Melita.  11  ajoute  qu'Athénée  ,  /.  12.  fait  mention  des 
petits  chiens  de  cette  ifle.  Corneille  fe  trompe.  Cette  ifle 
de  Dalmatie  nommée  Melite  ou  Melita  par  les  an- 
ciens ,  ne  s'appelle  point  Malthe  ,  mais  Meleda. 

MALTHON  »  ville  d'Angleterre  en  Yorckshire  fur 
une  rivière.  On  y  tient  marché  public  toutes  les  femaines, 
&  elle  envoyé  fes  députés  au  parlement.  *  Etatpréfent  de 
la  Grande  Bretagne ,  t.  1 .  p.  1 26. 

MALTHURA.  Voyez.  Mareura. 

i.MALVA,  rivière  de  la  Mauritanie Tingitane,  fé- 
lon Ptolomée , /.  4.  c.  1.  Antonin  fait  connoître  qu'elle 
féparoit  les  deux  Mauritanies,  favoir  la  Tingitane  ôc  la 
Céfarienfe.  Marmol  la  nomme  Maluya  ,  &  Caflald , 
Mululo  -,  de  l'ifle  écrit  Meluya  ,  &  dans  fa  carte  pour  la 
notice  eccléfiaftique  d'Afrique  ,  cette  même  rivière  eft 
nommée  Malva  ,aliàs  Molochat,  ôc  Malvana.  Ce 
dernier  nom  eft  pris  de  Pline. 

2.  MALVA  ,  petite  rivière  de  France  ,  auprès  d'Or- 
léans. Il  en  eft  parlé  dans  la  vie  de  S.  Liphard.  C'eft  la 
Mauve,  qui  tombe  dans  la  Loire  auprès  de  Meun.  * 
Ortel.  Thef. 

3.  MALVA ,  ifle  des  Indes  entre  les  Molucques  ,  à  cinq 
lieues  de  celles  de  Timor.  Elle  a  de  hautes  montagnes ,  ôc 
fes  champs  abondent  en  poivre ,  que  l'on  nomme  Lada. 
Les  habitans  font  fort  fauvages.  *  Corn.  Diclion. 

MALUA  (  Vu  eft  voyelle  )  royaume  d'Afie  dans  l'In- 
douftan  ,  où  il  fait  partie  des  états  du  Mogol.  Il  eft  fitué 
à  l'occident  de  Bengale  &  du  Halabas  -,  l'on  y  comprend 
les  paysde  Raja-Rana  ,  de  Gualear  ôc  de  Chiror.  Mando, 
ville  ,  eft  un  des  plus  beaux  ornemens  de  la  province ,  qui 
eft  très-fertile  &  produit  tout  ce  qu'il  y  a  dans  les  autres 
lieux  des  Indes.  Ratipor  en  eft  la  capitale  ,  ôc  en  même 
tems  la  ville  la  plus  marchande  de  toutes.  Chitor  eft  aufli 
très-fameufe ,  mais  presque  ruinée.  Cette  province  a  plu- 
fieurs  autres  villes ,  où  le  commerce  fe  fait.  Il  y  a  dans  ce 
pays  deux  espèces  de  chauve-fouris ,  dont  l'une  reffemble 
à  celle  de  l'Europe,  l'autre  eft  fingulicre.  On  en  peut  lire 
ladefeription  dans  le  voyage  des  Indes  de  Thevenot,?. 
41.  Le  P.  Catrou  ,  H  ft.gén.  du  Mogol,  p.  369.  obferve 
que  ce  royaume  de  Malua  eft  divifé  en  onze  jarcars  ,  ou 
provinces  ,  &  en  deux  cens  cinquante  petits  parganas,  ou 


d.     m. 

/• 

d. 

m. 

/ 

1.  51. 

36  or. 

27- 

54- 

0.  or. 

0.  48. 

40.  or. 

42. 

10. 

0.   or. 

0.  43. 

1.  or. 

10. 

45- 

ij.  or. 

Hauteur  de  Tôle  ,' 

ou  latitude  en 
d.      m.     f. 
jo.       7.     o.   fep.[ 

15-     54-   l6-  ftp> 
32.     Jj.  40.  fep. 


gouvernemens ,  ôc  ne  rend  que  quatre  vingt  dix-neuf  lacqs, 
fix  mille  deux  cens  cinquante  roupies  de  revenu  au  Sou- 
rain.ll  dit  Mallua  en  un  endroit  ;  ôc  ajoute  à  la  page 
361 ,  que  c'eft  la  capitale  d'un  royaume  qui  porte  le  mê- 
me nom.  Elle  eft  au  26  degré  de  latitude ,  ôc  au  103  deg. 
;o  min.de  longitude.  Le  pays  eft  fertile  en  grains  ,  ôc 
abondant  en  toiles  blanches  ôc  en  toiles  de  couleur  ;  Se 
à  la  page  2 jo  ,  il  dit  qu'on  y  entretient  fept  mille  che- 
vaux. Ce  P.  écrit  une  fois  Malua  ,  ôc  deux  fois  Mal- 
lua. Baudrand  écrit  Malvay,  en  quoi  il  a  été  fuivi 
par  Corneille. 

1.  MALVANA  ,  rivière  de  la  Mauritanie  Tingitane, 
félon  Pline  ,  /.  j.  c.  2.  C'eft  la  Malva  de  Ptolomée  ÔC 
d'Antonin.  Pline  dit  qu  elle  eft  navigable. 

2.  MALVANA  ,  lieu  des  Indes  dans  l'ifle  de  Ceilan  , 
fur  une  petite  rivière  à  trois  lieues  de  Colombo.  C'éroic 
une  maifon  dcplaifance,  où  les  capitaines  généraux  Por- 
tugais rcfidoient  ordinairement.  Ils  y  avoient  un  beau 
palais  appelle  Ros  a  Pani  ;  ôc  ,  comme  on  tient  que  l'air 
y  eft  meilleur  que  dans  le  refte  de  l'ifle  ,  on  y  envoyoit  les 
officiers  Ôc  les  foldats  convalescens  pour  rétablir  leurs 
forces.  Il  y  avoit  une  églifè  ôc  un  chapelain.  Toute  la 
côte  eft  préfenrement  aux  Hollandois.  *  Ribeyro  ,  Hift. 
de  Ceylan  ,  1.  1 .  c   12.  Corn.  Diéhon. 

1.  MALVASIA  ,  ou  Malvesia  ,  ou  Malvoisie,  pe- 
tite ifle  de  la  Grèce  ,  dans  la  mer  qui  baigne  la  partie 
orientale  de  la  Morée.  Elle  n'eft  éloignée  de  la  terre 
ferme  que  d'une  portée  de  piftolet.  On  pafle  de  l'une  à 
l'autre  fur  un  pont  de  pierre.  Sous  ce  pont  le  canal  n'a 
que  quatre  pieds  de  profondeur.  Le  territoire  de  cette  ifle 
n'a  en  tout  que  trois  milles  de  circuit  ■-,  ainfi  il  ne  peut 
contenir  que  la  plus  petite  partie  des  vignes  qui  donnent 
les  vins  appelles  de  Malvoifie  ;  la  plus  grande  vient  des 
plans  de  même  nature  qui  font  fur  la  côte  oppofée  ,  ôc 
qui  en  occupent  environ  huit  lieues ,  commençant  un  per 
au-defibus  de  Korion  ,  ou  de  la  bourgade  d'agios  Paulos  , 
ôc  finiffantaux  environs  de  1  orto  délia  botte  ,  appelle  au- 
trefois Cyphanta  ,  qui  eft  à  quatre  lieues  de  Malvafia 
vers  le  Nord.  On  venoit  autrefois  de  tous  les  endroits  de 
la  Grèce  dans  cette  petite  ifle  pour  y  adorer  le  dieu  Escu- 
lape.  Ce  culte,  qui  la  rendoit  fameufe  par  toute  la  terre ,  y 
avoit  été  apporté  par  ceux  d'Epidaure  ,  qui  étoient  partis 
du  territoire  d'Argos  ,  pour  venir  fonder  une  colonie  en 
ce  lieu  ,  ôc  lui  avoient  donné  le  nom  de  leur  ancienne 
habitation.  Lorsque  les  Latins  fe  furent  rendus  maîtres  de 
Conltantinople  ,  ôc  eurent  élevé  fur  le  thrône  impérial 
d'Oiient  Baudouin,  comte  de  Flandre ,  l'ifle  de  Malvoifie, 
ou  l'Epidaure,  fut  donnée  en  fief  à  un  feigneur  François, 
appelle  Guillaume ,  qui  avoit  rendu  des  fervices  fignalés 
dans  cette  grande  expédition  ;  mais  le  fils  de  celui-ci  fut 
contraint  de  la  céder  à  Michel  Paléologue,  qui  reprit  fuç 
les  Latins  l'empire  Grec.  Ce  feigneur  dépouillé ,  s'etant 
échapé  des  mains  de  Paléologue ,  s'en  alla  à  Venife ,  où  il 
fit  une  nouvelle  ceflîon  de  les  droits  à  la  République, 
difant  qu'ils  n'avoient  pu  être  infirmés  par  la  renoncia- 
tion qui  avoit  été  extorquée  de  lui  par  violence  ,  pendant 
qu'il  étoit  détenu  en  prifon.  Les  Vénitiens  fe  prévalurent 
en  effet  des  droits  qui  leur  avoient  été  cédés,  mirent  en 
mer  une  bonne  flotte ,  ôc  s'emparèrent  de  l'ifle.  Ils  la  gar- 
dèrent jusqu'en  l'an  1540,  auquel  Soliman  ,  empereur 
des  Turcs  ,  s'en  rendit  maître  par  compofition  ,  après 
plufieurs  autres  tentatives  à  force  ouverte ,  qui  avoient 
été  fans  fuccès.  Aloyfio  Badoario  ,  qui  traita  avec  le  ful- 
tan  au  nom  de  la  République  ,  eut  le  malheur  d'en  être 
désavoué  ,  ôc  d'être  enfuite  exécuté  à  Venife  ,  comme 
ayant  été  caufe  de  la  perte  de  ce  domaine. 
'  2.  MALVASIA  ,  ou  Malvesia  ôc  Monembasia  , 


MAL 


A  M 


6 1 


Ville  fituée  dans  l'irte  de  ce  nom.  Elle  ert  au  pied  d'un 
■rocher  escarpé  ,  au  Commet  duquel  eit  une  bonne  forte- 
refle. Les  murailles  de  la  ville  donnent  fur  le  bord  de  la 
nier  ,  Si  font  en  bon  état.  Celles  de  la  forterefle  font  as- 
fez  mauvaifes;  mais  la  fituation  de  ce  porte  le  rend  com- 
me imprenable ,  parce  qu'on  n'y  fauroit  monter  que  par- 
un  fentier  dangereux.  Les  Turcs  ont  rempli  Se  muré  des 
cavernes  qui  étoient  dans  l'épaifleur  du  roc,  &  à  moitié 
de  fa  hauteur  ,  pour  ôcer  l'envie  aux  Vénitiens  d'y  faire 
une  mine. 

Il  ne  faut  pas  confondre  cette  ville  avec  Epidaurus 
Limera  ,  dont  les  ruines  fubfiltent  encore  à  une  lieue 
de-la,&  portent  le  nom  de  Malvasia  la  Vieille.Quoj- 
que  cette  dernière  foit  déferre  ,  les  galères  &  les  vaifleaux 
ne  laiflent  pas  d'aller  jetter  l'ancre  dans  fon  port ,  dont  la 
bonté  reconnue  lui  avoir  fait  donner  par  les  anciens  le 
furnom  de  Limera.  Parmi  les  ruines  de  cette  ancienne 
ville  on  voit  encore  les  débris  du  remple  d'Esculape  ,  où 
l'on  venoit  detous  les  côtés  de  la  Grèce,  pour  obtenir  la 
guérifon  des  maladies  les  plus  désefpérécs.  Le  port  de  la 
nouvelle  Malvafia  n'ell  pas  fi  bon  que  celui  de  l'ancienne; 
néanmoins  la  ville  ert  fort  peuplée.  Les  Grecs  y  ont  un 
archevêque  ,  qui ,  félon  les  réglemens  de  l'églife  orientale 
faits  fous  Andronic  Paléologue  ,  avoit  le  trente -qua- 
trième rang  fous  le  patriarche  de  Conrtantinople.  La  ca- 
thédrale, qui  ert  dédiée  fous  l'invocation  à' Agios  Geor- 
gios ,  c'eft-à-dire  de  S.  George  ,  cil  célèbre  dans  la  Morée 
pour  les  miracles  qu'on  afliue  y  avoir  été  faits  par  Fin- 
terceflion  du  faint.  Le  plus  illurtre  de  fes  archevêques ,  fi 
l'on  en  juge  au  gré  des  Latins ,  a  été  le  favant  Arsène  , 
qui  eut  des  liaifons  patticulieres  avec  le  pape  Paul  III. 
Se  fitfoumiflion  à  l'églife  Romaine.  Cette  démarche  le  fit 
excommunier  par  le  patriarche  de  Conrtantinople  ,  Se  a 
rendu  fa  mémoire  odieufe  parmi  les  Grecs  ,  qui  affinent 
même  qu'après  fa  mort  il  devint  broucolakas  >  c'eft-à-dire 
que  le  démon  anima  fon  cadavre  ,  &  le  fit  errer  dans  les 
lieux  où  il  avoit  vécu. 

MALVAY.  Voyez,  Malua»  royaume  d'Afie. 

MALUAM ,  bois  de  France  ,  dans  la  maitrife  de  S. 
Pons.  Il  eit  de  cent  quarante-fix  arpens ,  trente -cinq 
perches. 

MALVERNES  ,  montagnes  d'Angleterre ,  qui  fépa- 
rent  la  province  de  Worcefter  de  celle  de  Kereford.  Elles 
s'élèvent  à  la  hauteur  de  fept  milles.  Il  s'y  trouve  une 
fontaine  appellée  la  Fontaine  facréc,  à  caufe  de  la  ver- 
tu qu'elle  a  de  guérir  plufieurs  maladies  ,  Se  particu- 
lièrement le  cancer ,  pourvu  qu'on  air  foin  de  l'appliquer 
de  bonne  heure  ,  &  avant  que  le  mal  foit  invétéré. 

i.  MALUNG  ,  forterefle  de  la  Chine  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  département  de  Xunning  ,  douzième 
métropole  de  la  province.  Elle  elt  de  13  degrés  50  min. 
plus  occidentale  que  Peking ,  fous  les  25  degrés  44  min. 
de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  MALUNG-QUENSO ,  montagne  de  la  Chine  dans 
la  province  d'Iunnan  ,  dans  le  voifinage  de  la  ville  de 
Kiocing.  Cette  montagne  ert  fort  élevée.  On  y  a  bâti  une 
forterefle  pour  la  garde  du  pays.  *  Atlas  Sinenjîs. 

MALVOISIE.  Voyez.  Malvasia. 

MALZIEU,  (  Le  )  perite  ville  de  France  dans  le  Gc- 
vaudanau  diocèfe  de  Mende,  fur  la  Truyere  aux  con- 
fins de  l'Auvergne ,  à  fix  lieues  de  Saint  Flour.  *  Janfon  , 
Atlas. 

MAMA  ,  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  6.  c.  29. 

MAMADEBAD,  ou  Mamed-Abad,  ville  d'Afie, 
dans  l'Indouftan  au  pays  de  Guzcrat  ,  entre  Broudra  Se 
Amédabad,  félon  Thevenot ,  Voyage  des  Indes,  c.  18. 
Il  ajoute  qu'il  s'y  fait  beaucoup  de  toiles  ,  Se  qu'elle  four- 
nit le  fil  de  coton  à  la  plus  grande  partie  du  Guzerat  Se 
des  autres  pays  voifins.  Mandeflo  dit ,  /.  1.  p.  133  :  cette 
petite  ville  ert  fituée  à  cinq  lîeues  de  Nariad  fur  une  ri- 
vière aflez  grande  &  fort  abondante  en  poiflbn.  Elle  ert 
belle  Se  agtéable  ,  &  a  été  bâtie  par  deux  frères  ,  qui  ont 
fait  un  fort  beau  château  dans  la  partie  feptenrrionale  de 
la  ville.  Ses  habitans  font  Banians ,  &  il  s'y  fait  une  gran- 
de quantité  de  fil  de  coton,  dont  ils  font  un  grand  trafic. 

MAMAGAN  ,ifle  de  l'Océan  oriental,  l'une  des  irtes 
des  Larrons ,  ouIsles  Marianes.  Nous  ne  con- 
noiflbns  aucune  ifie  de  ce  nom  parmi  les  irtes  Ma- 
rianes. 


MAMALA,  village  de  l'Arabie  Heureufe  ,  félon  Pro- 
longée ,  /.  6.  c.  7.  Ce  lieu  n'ell  peut-être  point  différent 
de  Mamalis  ,  dans  l'Arabie  Heureufe  ,  duquel  parle 
Théophrarte  ,  &  où  il  dit  que  l'on  recueille  de  l'encens , 
du  cinnamome,  de  la  myrrhe  &  delà  café.  *Orteljus, 
Thefaur. 

Quoique  Gnnamvmum  Se  Cafia  foient  des  espèces  ap- 
prochantes des  caneliers  ou  arbres  où  fe  prend  la  ca- 
nelle  ,  ce  n'elt  pas  précifément  la  même  chofe  ,  c'ert  pour- 
quoi je  conferve  ies  anciens  noms  ,  pour  ôter  toute  équi- 
voque. 

MAMANTIS  Angusti^  ,  le  défilé  de  S.  Marnas. 
Zonare  en  fait  mention  -,  Suidas  parle  aufll  d'un  lieu  ap- 
pelle Marnas.  C'étoit  un  monaftere  auprès  de  Conrtan- 
tinople. *  Ortclius  ,  Thefaur. 

MAMAPSON  ,  fiége  épiscopal  ,  l'un  des  douze  qui. 
avoient  pour  métropole  Rabba  ,  furnommée  la  Moabite  , 
dans  le  patriarchat  de  Jérufalem  ,  félon  une  ancienne  no- 
tice. Un  autre  nomme  ce  même  fiége  Mampsis  ,  fous 
la  métropole  de  l'Arabie  Pétrée. 

MAMARS1NA  ,  ville  d'Aufonie  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

MAMAS  ,(  génitif  amis,  )  colline  de  l'Afie  Mineure  , 
félon  Cédrene.  Ortclius  ,  Thefaur.  foupçonne  qu'elle 
étoit  vers  la  Galatie.  Voyez.  Mamantis. 

MAMAUS.  Voyez.  Pamisus. 

MAMBARI  Pvegnum  ,  royaume  de  l'Inde  auprès  du 
golfe  de  Barigaza.  C  ert  ,  dit  Arrien ,  où  commence  l'In- 
de en  général  ,  Se  aurtî-tôt  il  trace  les  bornes  de  l'Inde. 
Ortelius ,  pour  avoir  lu  ce  partage  trop  rapidement ,  a  cru 
qu'il  y  étoit  queftion  des  bornes  du  royaume  de  Mam- 
bare.  Ce  n'eft  point  cela.  *  Péripl.  Alar.  Erythrai ,  p.  44. 
c  dit.  Oxen. 

MAMBLIA,  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte,  félon 
Pline  ,  l.6.c.  29. 

MAmBOLEIUM  ,  nom  barbare  né  de  l'ignorance  des 
copirtes,  qui  au  lieu  de  ces  mots  ,  in  agro  Venetum  Am- 
buleio,  lifoient  in  Acroventu  Mambuleio.  Voyez.  Ambu- 
leius  Ager. 

1.  MAMBRÉ  ,  nom  d'une  vallée  delà  Palertine.  Abra- 
ham (a)  demeura  aflez  long-tems  fous  une  chenaye  Se 
dans  une  vallée  appellée  Mambré  ,  près  d'Hébron.  C« 
lieu  fut  célèbre  dans  la  fuite  parmi  les  Chrétiens  Se  parmi 
les  étrangers  ,  qui  y  venoient  pour  honorer  la  demeure 
d'Abraham ,  où  lui  apparurent  trois  anges ,  qui  lui  an- 
noncèrent la  naiffance  d'Ifaac.  On  y  montroit  encore  au 
quatrième  fiécle  le  Terebinthe  fous  lequel  on  prérendoit 
que  le  patriarche  avoir  reçu  les  trois  anges  (  b  ).  Ce  Te- 
rebinte  étoit  à  quinze  milles  d'Hébron  ,  Se  à  vingt-cinq 
milles  de  Jérufalem  (c).  Jofephe  (d)  ne  met  le  Tere- 
binthe qu'à  fix  miiles  d'Hébron,  &  il  dit  qu'il  étoit-là  dès 
le  commencement  du  monde.  On  afluroit  cependant  que 
ce  Terebinthe  étoit  né  du  bâton  d'un  des  trois  anges ,  qui 
l'avoit  fiché  en  terre,  (a)  Genèfe ,  c.  3 ;.  v.  27. D.  Calmet , 
Di€c.(b)  Eufebe,Demon(l.  J.  j.  c.  9.  &  de  vitaConflantini, 
1.  3. c. 52.  (c)  Soz,omen.  1.  41.  c.  4.  Ecclef.  hift.  (d)  De 
bello ,  1. 5.  c.  7. 

Cette  vallée  a  été  diverfement  nommée  ,  fcfpa  \hn , 
Elon  Mamre ,  Vallis  ,  Mambré  ,  Met//.Çf»  Jpj  ,  Quer- 
cus  Mambré  ,  ou  Quercetum  Mambré  ;  c'ert-à-dire 
la  Vallée  de  Mambré,  le  Chêne  ,  ou  la  Chenaye  de 
Mambré.  D'autres  l'ont  nommé  le  Térébinrhe.  Voyez. 
ce  mot. 

2.  MAMBRE,  (  Le  Torrent  de  )  torrent  d'Afie, 
duquel  il  ert  parlé  dans  le  livre  de  Judith  ,  félon  la  Vul- 
gate.  Dans  ia  verfion  desSepranteil  y  a  le  torrent  d'Ar- 
bona.  Voici  le  partage  :  //  pajfa  l'Euphrate  ,  &  vint  en 
Méfopotamie  ;  il  força  toutes  les  grandes  villes  qui  étoient 
là  ,  depuis  le  torrent  de  Mambré  jusqu'à  la  mer ,  &  il  fe 
rendit  maure  depuis  la  Cilicie  jusqu'aux  confins  de  Japher, 
qui  font  au  midi  ,  Sec.  Cette  idée  qu'Holopherne  pafla 
l'Euphrate ,  Se  vint  en  Méfopotamie  ,  Se  l'habitude  de 
nommer  Méfopotamie  le  pays  qui  ert  entre  l'Euphrate  Se 
le  Tigre ,  ont  donné  lieu  à  quelques-uns  de  chercher  ce 
torrent  de  Mambré  dans  ce  pays-là  :  mais  il  ert  quertion 
ici  d'un  torrent  en  deçà  de  l'Euphrate,  en  tirant  vers  la 
mer  Se  la  Cilicie.  Nous  faifons  voir  ailleurs  qu'il  y  a  eu 
plus  d'une  Méfopotamie ,  cv  que  ce  nom  convient  à  di- 
vers pays  finies  entre  des  fleuves. 

MAMBRI ,  fort  d'Afie  dans  l'Euphratenfe.  Dioclétien 


6% 


MAM 


MAM 


I  avoit  fait  conftruire ,  pour  brider  ks  Perfes  qui  faifoient 
des  courfes  fur  les  Romains  ;  Juftinien  le  répara.  Ce  fort 
étoit  à  cinq  milles  pas  de  Zénobie  ,  ville  bâtie  par  la  reine 
de  même  nom  ,  félon  Procope  ,  JEdific.  L  i.  c.  8. 

MAMBUTA  ,  ville  de  la  Méfopotamie  dans  les  terres, 
félon  Ptolomée  , /.  ;.  c.  18. 

MAMCATOU  ,  Hordes  de  Tartares  établis  en  Géor- 
gie ,  du  rems  de  Timur-Bec  ,  Hifl.  I.  3.  c.  ;?. 

MAMERS ,  ou  Memers  ,  en  latin  Mamerciœ ,  ville 
de  France  dans  le  Maine,  fur  la  Dive.  Elle  paffe  dans 
le  pays  pour  être  une  ancienne  ville,  &  on  tient  qu'il  y 
avoit  autrefois  un  temple  fort  célèbre  dédié  au  dieu  Mars, 
qui  fut  détruit  par  faint  Longis.  Cette  ville  ayant  été 
conquife  par  les  Normands  ,  fut  prife  par  le  comte  de 
Bélesme  fur  la  fin  du  onzième  fiécle  ;  mais  les  Normands 
la  reprirent  quelque  tems  après  ,  ôc ,  ayant  rétabli  les  ou- 
vrages qui  avoient  été  détruits  pendant  la  guerre  ,  ils  bâ- 
tirent aufli  des  forts  tout  autour  de  cette  place ,  &  y  firent 
des  recranchemens  ôc  des  lignes  de  communication  ,  que 
l'on  appelle  encore  lesFofles  de  Robert  le  diable.  Tous 
ces  ouvrages  furent  faits  ,  afin  de  rêfifter  à  Hélie  de  la 
Flèche  ,  qui  s'étoit  rendu  maître  d'une  partie  du  Maine. 

II  y  a  à  Mamers  liège  royal ,  grenier  à  fel  &  maitrife  des 
eaux  ôc  forêts.  On  y  compte  fept  cens  cinquante  -  deux 
feux.  *  Piganiol  de  la  Force  >  Defcript.  de  la  France  , 
tom.  5.  p.  496. 

MAMERTINS  (  Les  ) ,  ancien  peuple  d'Italie  dans  la 
Campanie.  Ils  pafièrent  en  Sicile  ,  ôc  s'établirent  à  Mes- 
fine  ,  où  ils  devinrent  fi  puiffans,  qu'ils  fe  rendirent  maîtres 
de  la  ville ,  dont  les  habitans  eurent  plus  le  nom  de  Ma- 
mertins  que  celui  de  Meflinois  ;  ôc  comme  ce  pays  effc 
très-fertile  en  excellent  vin  ,  ce  vin  ne  s'appelloit  pas  chez 
les  Romains  Mejfanhtm  vinum ,  mais  Mamertinum.  Po- 
lybe,  /.  1.  remarque  que  les  Campaniens  étant  venus  fer- 
vir  en  Sicile  fous  Agathocle ,  trouvèrent  la  fituation  de 
Mefline  fi  à  leur  gré  ,  qu'ils  s'y  arrêtèrent.  Il  obferve  aufli 
que  les  Campaniens  fe  donnèrent  le  nom  de  Mamertins  , 
après  qu'ils  fe  furent  emparés  de  Mefline  ,  Sec.  Plutar- 
que  dit  dans  la  vie  de  Pompée:  Les  Mamertins  qui  habi- 
toient  la  ville  de  Mefline,  &c.  11  avoit  dit  dans  la  vie  de 
Pyrrhus,  Vies  des  hommes  illuflres ,  t.  4.  p.  57.  De  tous 
les  barbares ,  ceux  qui  habitoient  la  ville  de  Mefline  ôc 
qu'on  appelloit  Mamertins ,  étoient  ceux  qui  incommo- 
doient  le  plus  les  Grecs  ;  car  ils  les  avoient  fait  la  plu- 
part leurs  tributaires,  Se  les  accabloient  d'impôts,  étant 
plus  forts  ôc  en  plus  grand  nombre  ,  ôc  d'ailleurs  très-bel- 
liqueux ;  c'eft  pourquoi  même  ils  eurent  le  nom  de  Ma- 
mertins ,  qui  dans  la  langue  latine  fignifie  Martiaux.  Pyr- 
rhus ayant  pris  leurs  collecteurs  qui  levoient  les  impôts  , 
les  fit  tous  mourir,  ôc  les  ayant  défaits  eux  mêmes  dans 
un  grand  combat ,  il  rafa  toutes  leurs  forterelles.  A  caufe 
d'eux  on  appelloit  le  fare  de  Mefline  Mamertinum 
F  r  E  t  u  M.  *  Strabon  ,  1.  6.  p.  2.6S. 
MAMERTIUM ,  ou 

MAMERTUM  ,  ancienne  ville  de  la  grande  Grèce  , 
dans  les  terres  au  pays  des  Brutiens.  Strabon  ,  /.  6,  écrit 
Mamertium,  ôcdïx.  qu'il  y  avoit  dans  le  voifmage  une  fo- 
rêt où  l'on  recueiiloit  d'excellente  poi.;.  On  l'appelle  au- 
jourd'hui Martorano.  Voyez,  ce  met. 

MAMIA  ,  ville  métropolitaine.  Ortelius  ,  Thef.  trouve 
dans  l'hiftoire  eccléfiaftique  d'Eufebe  ,  que  les  réponfes 
des  patriarches  d'Orient  font  mention  de  Flamias  ,  fiége 
épiscopal  fous  la  métropole  Mamia.  Je  ne  connois  ni 
l'un  ,  ni  l'autre  de  ces  deux  fieges  ,  ôc  je  n'en  trouve 
aucune  trace  dans  les  anciennes  notices. 

1 .  M AM1LLA.  Fabricius  dans  fes  voyag?s ,  dit  que  l'on 
a  appelle  ainfi  en  latin  clans  les  chroniques  Ceitz  ,  ou 
plutôt  Zeitz  ,  ville  d'Allemagne  dans  la  Saxe.  *  Or- 
telius ,  Thef. 

2.  MAMILLA  ,  ville  épiscopale  d'Afrique  dans  la  By- 
zacène ,  félon  la  notice  de  Léon  le  Sage.  Ce  fiége  doit 
avoir  été  très-différent  de  celui  qui  fuit. 

MAMILLENSIS  ,  ou  Mammilensis  ,  ou  Mammil- 
iensis  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la  Mauritanie  Cé- 
farienfe.  Vidor ,  fon  évêque,  eft  nommé  dans  la  confé- 
rence de  Carthage ,  p.  273.  édit.  Dupin  ,  ôc  on  voit  dans 
la  notice  d'Afrique  ,  Pascbafius  Marnmilcnfis  ,  numéro 

78. 

MAMISTA  ,  ville  d'Afie  dans  la  Cilicie.  Elle  fut  prife 
par  l'empereur  Phocas,  au  rapport  de  Glycas,  C'eft  peut- 


être  la  même  que  Mamistra  ,  dont  Guillaume  de  Tyr 
fait  fouvent  mention  ,  Se  que  Malmistra  ,dont  on  peut 
confulter  l'article. 

MAMLUCS  (Les)  ont  poflédé  toute  l'Egypte  &  une 
grande  partie  de  la  Syrie.  On  les  divife  en  deux  branches 
ou  dinafties  ,  favoir  ,  les  Mamlucs  Baharites  ,  ôc  les 
Mamlucs  CircaJJiens. 

Les  Mamlucs  Baharites  étoient  des  esclaves  que  les  Mo- 
gols ,  fous  la  conduite  de  Batou-Kan  ,  petit  fils  de  Gen- 
giskan ,  firent  dans  le  Capthaq  qu'ils  avoient  fournis.  Plu- 
lieurs  marchands  de  Syrie  achetèrent  un  grand  nombre 
de  ces  esclaves^Capthaqs  ,  les  amenèrent  en  Egypte  ,  ôc 
les   vendirent  à  Nodgemeddin-Ayoub  ,  prince  de  la  fa- 
mille de  Saladin  ,  ôc  fultan  d'Egypte.  Il  les  fit  élever  avec 
beaucoup  de  foin  à  Roudah,  ville  fituée  fur  le  bord  de  la 
mer  ,  où  il  fit  bâtir  une  forterefi'e.  Le  voifinage  de  la  mer 
qu'on  appelle  Barh  en  arabe  ,  fit  donner  à  cette  troupe 
le  nom  de  Bahria  ,  c'eft-à-dire  Marine.  De -là  on  a  ap- 
pelle cette  troupe    Baharites.  Ils  furent   enfuite  divifés 
par  bandes  ,  &  chacune  portoit  le  nom  du  prince  au- 
quel elle  avoit  appartenu.  On  leur  fit  apprendre  l'exer- 
cice des  armes  ,  pour  les  élever  enfuite  aux  premières 
charges  de  l'état.  Ils  formoient  proprement  la  garde  du 
fultan,  ôc  portoient  fes  armes,  qui  étoient  d'or  fin,  ôc 
on  les  diftinguoit  par  des  barres  de  vermeil ,  des  oifeaux  , 
des  griffons  ,  &c.  Parmi  ces  Mamlucs ,  il  y  en  avoit  qui 
étoient  huifliers  de  la  chambre  du  fultan  ;  d'autres  occu- 
poient  différentes  charges  ,  Se  ceux  qui  fe  diftinguoient  le 
plus  dans  la  guerre,  parvenoient  aux  premières  dignités 
de  l'état.  Enfin  cette  milice  du  fultan  d'Egypte  étoit  une 
école  pour  la  guerre  ôc  pour  le  gouvernement.  Ce  prince  , 
en  élevant  ainfi  une  milice  étrangère  ,  préparoit  la  ruine 
de  fa  famille.  En  effet  fon  fils  Malek-el-Moadhem ,  ayant 
pris  faint  Louis  prifonnier  à  la  bataille  de  Manfoura,  fit 
la  paix  avec  lui  à  la  follicitation  des  petits  Mamlucs,  qui 
lui  repréfenterent  que  les  grands  Mamlucs  avoient  toute 
l'autorité,  &  que  pour  pouvoir  réprimer  leur  audace,  il 
falloit  faire  la  paix.  Les  grands  Mamlucs ,  indignés  de  voir 
qu'il  eût  fait  ainfi  la  paix  fans  leur  participation,  le  tuè- 
rent ,  &  proclamèrent  fultan  un  d'entr'eux  ,  nommé  Ibek, 
qui  commença  à  régner  en   1254  de  Jefus-Chrift.  Ces 
Mamlucs  pofléderent  l'Egypte  13e  ans  ôc  fept  mois  ,  ôc 
tenoient  leur  cour  au  grand  Caire. 

Les  Mamlucs  Circafliens  étoient  aufli  des  esclaves  que 
les  fultans  d'Egypte  envoyoient  acheter  parmi  les  Cir- 
ca,Tes  établis  à  l'occident  de  la  mer  Caspienne ,  ôc  en  firent 
une  milice  ,  pour  contrebalancer  celledes  Boharites  :  mais 
loin  de  remplir  l'intention  de  leurs  maîtres,  ils  fe  réuni- 
rent aux  Boharites  pour  les  accabler.LesCircafliens,voyant 
que  .'e  thrône  étoit  paflè  dans  la  nation  des  Boharites  ,  ré- 
foîurent  de  le  faire  paffer  dans  la  leur.  Ce  fut  up  certain 
Barkok  ,  qui  exécuta  ce  projet.  Il  fut  acheté  par  un  cer- 
tain Otliman  ,  qui  le  conduisit  en  Crimée ,  d'où  il  paffa 
en  Egypte  ,  &  fut  vendu  à  l'émir  Ilbogha.  11  parvint  à 
être  un  des  Mamlucs  des  enfans  du  fultan.  Dans  la  dis- 
pute d'Inbegh  ôc  de  Cortai  ,  il  fe  déclara  pour  le  pre- 
mier ,  qui  fut  vainqueur  Se  le  fit  Emir.  Il  fe  révolta  en- 
fuite  contre  fon  bienfaiteur,  ôc  s'empara  du  thrône  l'an 
1364  de  Jefus  Chrift  ,  d'autres  difent  1382.  Tous  ceux 
qui  lui  ont  fuccédé,  étoient  Circafliens  comme  lui.  Mais 
Selim  ,  ayant  défait  dans  un  combat  Touman-Bai  l'an 
1517,  conquit  l'Egypte  ,  qui ,  depuis  ce  tems  a  toujours 
été  une  province  de  l'empire  Ottoman.  *  Hiftoire  géné- 
rale des  Huns ,  par  de  Guignes ,  1.  j.  p.   110. 

MAMMiEA  ,  lieu  d'Afrique  dans  la  Byzacene.  Orte- 
lius croit  que  c'étoit  une  ville.  Procope  en  parle  ainfi  au 
fécond  livre  de  la  guerre  des  Vandales ,  c.  1 1.  Lorsque  Sa- 
lomon  fut  arrivé  au  champ  de  Mammée  ,  où  les  quatre 
capitaines  des  Maures  étoient  campés ,  il  y  fit  un  retran- 
chement. Il  y  a  en  cet  endroit  de  hautes  montagnes ,  au 
bas  desquelles  font  des  plaines  où  les  Barbares  fe  ran- 
geoient  en  bataille. 

MAMM^EyE  Palatium  ,  le  Palais  de  Mammée,  pa- 
lais d'Italie  dans  le  golfe  de  Bayes.  11  fut  bâti  par  Alexan- 
dre Sévère ,  qui  lui  donna  le  nom  de  Mammée ,  fa  mère. 
*  hamprid.  in  Sever. 

MAMM/EUS  Pons  ,  pont  d'Italie  fur  le  Téverone.  Il 
portoit  le  nom  de  cette  même  princeffe.  Platine  fait  men- 
tion de  ce  pont  dans  la  vie  du  pape  Pascal  II.  Il  eft  à 
préfent  nommé  Ponte  Mammqlo. 


M  AM 


MAMMIDA  ,  ville  de  la  Perfide  ,  ou  Perfe  propre- 
ment dire  ,  félon  Ptolomée,  /.  6.  c*  4. 

MAMMILLENSISi,  F^s-Mamillensis. 

MAMMINIZZA  ,  bourg  de  Grèce  dans  la  Morée  fur 
la  côte  occidentale ,  à  dix  ou  douze  milles  de  Patras  ,  des 
deux  côtés  d'une  rivière ,  ôc  à  trois  milles  de  la  mer.  Spon 
dit  dans  fes  voyages ,  t.  2. p.  4.  Ce  lieu  étoit  fans  doute  au- 
trefois la  ville  d'OLENUs  ,  ôc  la  rivière  celle  de  Pirus  , 
que  Paùfanias ,  t .  i.p.6.  met  à  80  ftades  de  Patras ,  c'eft-à- 
dirc  à  dix  milles  de  cette  ville.  Wheler  ou  fon  traducteur 
barbouillent  beaucoup  ce  qui  regarde  ce  lieu  ;  c'eft  d'a- 
bord une  ville  ,  &  trois  lignes  plus  bas  c'eft  un  village  j  il 
eft  d'abord  à  fix  lieues  de  Patras ,  enfuite  à  cinq  lieues  ,  ôc 
on  met  cette  féconde  dil tance  fur  le  compte  de  Paùfanias, 
qui  dit  au  contraire  huit  cens  pas  moins  de  quatre  lieues. 
Ce  feul  exemple  fait  voir  quelles  fottifes  on  court  risque 
dédire  &  d'imputer  aux  anciens,  quand,  à  l'exemple  de 
Corneille  ôc  Baudrand  ,  on  les  cite  fans  lesconfulter  ,  ôc 
fur  la  bonne  foi  de  certains  modernes. 

Remarquez  que  le  bourg  auquel  Spon  donne  ici  le 
nom  de  Mammit/yzza ,  eft  nommé  ailleurs  Caminitza 
par  le  même  écrivain. 

MAMMUCIUM.  Voyez  Mancunium» 

MAMOHRE  ou 

MAMORE  (.La  ) ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Ma- 
roc ,  dans  la  province  de  Fez  propre.  Jacob  Almanfor  la 
fitbâur  à  quatre  lieues  de  Salé  du  côté  de  l'orient ,  ôc  à 
demi-lieue  de  la  côte  de  l'Océan ,  près  de  l'embouchure 
de  ia  rivière  de  Subu  ,  pour  en  défendre  l'entrée  ;  mais 
Sayol  la  détruifit  avec  plufieurs  autres  places  de  la  pro- 
vince ,  ôc  on  n'en  voit  plus  aujourd'hui  que  les  ruines. 
Les  campagnes  d'alentour  font  des  fables  entièrement  fté- 
riles  ,  fi  ce  n'eft  auprès  de  la  rivière  ,  où  il  y  a  d'aflèz  bons 
fonds  de  terre  que  pofiedent  les  Arabes  d'ibni  Méfie  So- 
fian.  LV.n  1 5  1  j  ,  Emanuel ,  roi  de  Portugal ,  envoya  une 
armée  navale  pour  conftruire  une  forterefie  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Subu  ,  où  font  les  ruines  de  la  ville  de  la 
Mamore.  Il  y  avoit  dans  cette  armée  douze  cens  vaiffeaux, 
tant  grands  que  petits,  &  quelques  caraques,  avec  huit 
mille  hommes  de  combat  fans  les  matelots  &  les  artifans. 
La  floite  arriva  la  veille  de  la  S.  Jean  à  l'embouchure  du 
fleuve  ,  fans  y  entrer  à  caufe  qu'il  étoit  tard.  Auiïi-tôt  An- 
tonio de  Noragna,  général  de  cette  flotte  ,  envoya  une 
caravelle  mouiller  l'ancre  à  l'endroit  où  l'on  avoit  réfolu 
de  bâtir  la  forterefie,  ôc  tous  les  autres  entrèrent  avec  les 
Vaiffeaux  qui  portoient  l'artillerie  &  les  gens  de  guerre  ;il 
ïi'y  eut  que  les  caraques  que  leur  grofleut  empêcha  d'en- 
trer. Après  avoir  reconnu  le  lieu  que  l'on  avoir  défigné  , 
on  trouva  à  propos  de  bâtir  la  forterefie  plus  proche  de 
l'embouchure  ,  où  il  y  avoit  quelques  fontaines ,  ôc  où  la 
descente  étoit  plus  facile.  Quand  l'infanterie  eut  mis  pied 
à  terre  »  on  drefla  un  château  de  bois  que  l'on  porroit ,  ôc 
ôc  on  travailla  avec  tant  de  diligence  à  la  ftructure  du 
fort ,  qu'on  le  mit  presque  en  défenfe  en  très-peu  de  jours 
avec  un  fofTé  à  l'entour  de  neuf  pieds  de  haut  fur  vingt  de 
large.  Pendant  ce  rems  le  roi  de  Fez  ,  ayant  raffemblé  fes 
troupes  ,  manda  à  fon  frère  ,  qui  étoit  feigneur  de  Mé- 
quinez  à  vingt  lieues  de  la  Mamore  ,  d'aller  traverfer  cette 
emreprife  avec  le  plus  de  gens  qu'il  pourroit  ôc  fix  pièces 
d'artillerie ,  lui  promettant  de  le  fuivre  avec  le  refte  de 
fes  troupes.  Il  ne  tarda  point ,  après  cet  ordre  ,  de  pren- 
dre la  route  de  la  Mamore  avec  trois  mille  chevaux  ôc 
trente  mille  hommes  de  pied  ,  ôc  fut  fuivi  du  roi  fon 
frère  ,  qui  avec  un  nombre  infini  de  cavalerie  ôc  d'infan- 
terie ,  le  joignit  à  quatre  lieues  de  la  forterefie.  Ils  envoyè- 
rent de-la  leur  cavalerie  pour  traverfer  cet  ouvrage,  que 
les  I  ortugais  ne  huilèrent  pas  de  continuer  ôc  d'achever. 
On  l'eût  défendu  contre  les  troupes  des  Maures ,  fi  le  gé- 
néral n'eût  pas  voulu  fe  rendre  maître  des  fix  pièces  d'ar- 
tillerie qu'avoient  les  Maures  aune  demi-lieue  de  la  for- 
terefie avec  peu  de  gens  pour  les  garder.  Il  envoya  douze 
cens  foldats  pour  s'en  faifir;  cesfoldats  arrivèrent  avant  le 
jour  où  l'artillerie  étoit,  ôc,  trouvant  les  fentinelles  endor- 
mies ils  l'emmenèrent  plus  de  deux  traits  d'arbalète  avant 
qu'on  s'en  apperçûr  ;  mais  à  la  fin  ayant  été  découverts  , 
on  fonna  Pallarme  par-tout ,  &  le  frère  du  roi  de  Fez  vint 
fondre  fur  eux  avec  toute  la  cavalerie.  Ils  marchoient  en 
fi  bon  ordre ,  qu'encore  que  l'ennemi  voltigeât  de  tous 
côtés  pour  retarder  une  marche ,  en  attendant  que  fon  in- 
fanterie fût  venue,  ils  s'ouvroient  par -tout  un  partage 


MAN        £} 

i'épée  à  la  main,  ayant  les  fix  pièces  d'attillerie  encloies 
dans  leur  bataillon.  Lorsqu'ils  furent  proche  de  la  forte- 
refie ,  ils  virent  toute  la  campagne  couverte  de  Maures  , 
ôc  l'épouvante  les  prit ,  enforte  que  les  plus  craintifs  rom- 
pirent leurs  rangs  pour  fe  trop  hâter  ,  ce  qui  donna  lieu 
aux  Maures  de  percer  ce  bataillon  ,  qu'ils  mirent  en  piè- 
ces. Enfuite  les  victorieux  s'étant  approchés  de  la  forte- 
refie ,  fe  retranchèrent  à  l'embouchure  du  fleuve ,  ôc  y 
pointèrent  leur  canon.  Le  général  des  Portugais ,  à  qui 
les  vivres  ôc  les  munitions  commencèrent  à  manquer , 
parce  que  le  canon  des  ennemis  défendoit  l'entrée  du  fleuve 
aux  vaiffeaux  qui  en  pouvoient  apporter  ,  fe  tetira  par 
l'avis  des  officiers  ,  ôc  partit  d'une  manière  fi  précipitée  , 
que  la  plupart  périrent  dans  l'embarquement ,  foit  par  le 
fer ,  foit  dans  l'eau.  On  y  perdit  plus  de  cent  vaifleaux 
avec  toute  l'artillerie.  L'an  1614,  les  Espagnols  armèrent 
une  flotte,  èV  s'étant  rendus  maîtres  de  l'embouchure  du 
fleuve,  ils  en  chaflèrent  les  Anglois,  qui  s'en  éroient  empa- 
rés, Ôc  y  firent  bâtir  une  forterefie  pour  affiner  Iceommerce. 

les  Maures  font  préfentement  les  maîtres  de  cette  côte. 

MAMORE  ,  rivière  del'Amérique  méridionale.  Voyez 
Madère  2. 

MAMORTHA.  Pline  dit ,  1$.  c.  ij.  que  c'étoit  l'art- 
cien  nom  de  Néapolis  ,  ville  de  la  Paleftine.  Jofephe , 
debell.L  5.  la  nomme  Marbotha  ouMabartha,  fé- 
lon les  divers  exemplaires.  VoyezSicmu  ôc  Napj.owe. 

MAMPSARUS  ,  montagne  de  l'Afrique  propre  ,  à  la 
fource  du  Bagradas ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  Le  même 
auteur  met  dans  le  même  canton  un  peuple  nommé  Mam- 
psari.  Quelques  copiftes  négligens  ont  écrit  ce  mot  par 
un  C.  Campfari* C'eft  une  faute,  le  nom  de  la  montagne 
décide. 

MAMPSYSTA  ,  nom  de  lieu.  11  en  eft  parlé  dans  le 
code  Théodofien  ,  Tit.  de  conlaûone  donat. 

MAMUA  ou  Mamum,  forterefie  d'Afrique  »  dans  la 
province  de  Segelmeffe.  C  eft  une  des  places  que  les  Afri- 
cains de  ce  pays-la  élevèrent ,  après  la  deftruction  de  leur 
ville  capitale.  Elle  eft  grande  ,  bien  peuplée,  ôc  a  quan- 
tité de  marchands ,  tant  Maures  que  Juifs. 

MAMUCENSIS  Limes.  On  trouve  entre  les  officiers 
deftinés  à  la  confervation  des  limites  en  Afrique  ,  ôc  fub-> 
ordonnés  au  commandant  de  la  province  Tripolitaine  * 
prapofîtus  lim'uis  Mamucenfis.  Ortelius ,  Thefaur.  foup- 
çonne  que  Mamm&a  a  donné  lieu  à  ce  nom.  *  Notit.  di- 
griitat.  imp.  fett.  3  ; . 

MAMUGA  ,  ville  de  Syrie  ,  félon  Ptolomée.  Mafius 
croit  que  le  nom  moderne  eft  Mabuga.  Orrel.  Tbejaur. 

MAMURRARUM  Urbs.  Horace, /.  1.  Satyr  $.v. 
37.  fe  fert  de  cette  périphrafe  au  lieu  du  nom  Formiœ,  la. 
ville  de  Formies ,  qui  ne  pouvoir  entrer  dans  fon  vers  ; 
&  il  la  nomme  ainfi ,  foit  parce  que  les  Mamurra  en 
éroient  originaires  ,  foit  qu'ils  en  fuiîent  propriétaires. 
D'acier  obferve  que  cette  famille  pofledoit  de  très-grands 
biens. 

i.MAN,  ifle  du  royaume  d'Angleterre  dans  la  met 
d'Irlande  ,  à  dix  lieues  de  Cumberland.  Céfar ,  /.  j,  c.  13. 
l'appelle  Mon  a.  Ptolomée,  /.  1.  ci,  la  nomme  MwaWk, 
Monaœda  ,  &  la  met  beaucoup  plus  au  nord  qu'elle 
11  eft  effectivement.  Pline,  /.  4.  c.  16.  dit  Mon  api  a,  qu'il 
faut  lire  Monabia  ,  félon  Cambden  ,Britann.  ôc  Orofe 
dit  Menavia  ,  que  quelques  exemplaires  changent  eu 
Mevania.  Bededit  aulfi  Menavia.  Elle  a  environ  tren- 
te milles  en  longueur  ,  quinze  dans  fa  plus  grande  lar- 
geur ,  ôc  huit  dans  la  moindre.  L'air  y  eft  froid ,  ôc  le  ter- 
roir fertile  en  avoine.  Le  bétail ,  le  gibier  ôc  le  poiflbn  y 
font  en  grande  abondance.  Elle  contient  cinq  villes  ou 
bourgs,  favoir  , 

r  Ramfay , 

Sur  la  côte  orientale ,     <  Laxi , 

L  Douglas. 

Sur  la  côte  méridionale,  |  Rushin,  capitale. 
Sur  la  côte  occidentale ,  |  Peel  ou  Pyle. 

Il  y  a  deux  châteaux  j  favoir,  celui  de  Rushin,  &  ce- 
lui de  Peel.  Il  y  avoit  à  Rushin  un  monaftere  fondé  en 
1  H4  ,  par  Olaw.  Il  y  âvoit  aufii  dans  l'ifle  un  évêque , 
dont  le  fiége  avoit  été  érigé  par  le  pape  Grégoire  IV.  Sa 
jurisdiclion  fpirituelle  s'érendoit  fur  les  petites  ifles  voi- 
fines  :  il  eft  à  préfent  de  la  religion  Anglicane  ,  ôc  fait  fa 
réfidence  à  Balacuri.  Sa  jurisdiclion   eft  bornée  à  la 


64  MAN 

feule  ifle  de  Man  ;  ôc  comme  il  eft  à  la  nomination  du 
comte  de  Derbi ,  propriétaire  de  l'ifle  ,  il  n'a  aucune  féan- 
ce  au  parlement  dans  la  chambre  haute.  L'archevêque 
d'Yorclc  le  facre.    Cette  ifle  a  eu  quelque  tems  titre  de 
royaume ,  Se  a  eu  tes  rois ,  dont  la  domination  s'étendoit 
fur  les  autres  ifles  voifines.  On  en  peut  voir  la  fucceflion 
dans  une  chronique  confervée  &  publiée  par  Cambden. 
Les  habitans  ont  une  langue  particulière  ,  leurs  loix  & 
leurs  coutumes ,  &  même  leur  monnaie;  Les  femmes  ne 
fortent  jamais  du  logis  ,   fans  être  envelopées  dans  le 
même  linge  qui  doit  leur  fervir  de  fuaire  après  leur  mort. 
Celles  qui  ont  mérité  la  mort ,  font  coufues  dans  un  fac 
&  précipitées  du  haut  d'un  rocher  dans  la  mer.  L'ifle  eft 
féparée  en  deux  parties ,  l'une  méridionale  ,  l'autre  fep- 
tentrionale.  Celle  ci  approche  allez  des  Ecoffois  pour  le 
langage,  &  l'autre  des  Irlandois.  On  ne  fait  chez  eux  ce 
que  c'eft  que  voler  ou  mendier  de  porte  en  porte.  Les 
différends  &  les  procès  fe  jugent  ,  fans  qu'il  en  coûte  rien 
aux  patries  pour  les  frais.  Au  milieu  de  l'ifle  font  de  hau- 
tes montagnes.  La  plus  élevée  eft  celle  de  Scheafell  , 
d'où  ,  lorsqu'il  fait  un  tems  calme  &  fercin ,  on  découvre 
l'Angleterre ,  l'Ecofle  &  l'Irlande.  L'ifie  manque  de  bois, 
&  on  y  bruk  des  tourbes ,  comme  en  Hollande. 

i.  MAN  ,  les  Portugais  écrivent  Magn  ,  Se  pronon- 
cenr  Man, comme  nous  écrivons  Pacn  &  Laon  ,  quoi- 
qu'on prononce  Fa»  êc  Lan  ,  mais  d'un  fon  plus  lourd. 

MANAATH  ou  Manahath,  lieu  dont  il  eft  parlé 
au  premier  livre  des  Paralipomènes ,  t.  8.  v.  6.  On  ne 
fait  où  étoit  ce  lieu. 

MANACARONHA.contréedt  lifie  de  Madagascar, 
limée  de  même  que  la  contrée  des  Matatanes,  entre  ies 
rivières  de  Mananghare  &  de  Mananzari,  du  côré  de  la 
mer.  Ces  pays  font  bornés  a  l'ouut  par  les  monagnes  qui 
les  féparent  des  Anachimoi.fli  &  des  Eringdranes.  Us  ren- 
ferment les  petites  provinces  dluoiuhon  &  de  Saca, 
donr  les  habitans ,  voifins  des  Matatanes  ,  font  remplis  de 
leurs  fuperfiii  ions ,  &  adonnés  aux  charmes  &  aux  fous. 
*  Flacourt ,  Hift.  de  Madagascar  ,  c.  7. 

MANACCENSER1TANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afri 
que  dans  la  Mauritanie  Céfarienle  ,  i'elun  la  notice  épis- 
copale d'Afrique,  où  l'on  trouve  Victor  Manaccenjerita- 
nus  entre  les  prélatsde  cette  province.  Ce  même  fiége  eft 
diversement  expiimé  dans  la  conférence  de  Carthage.  On 
y  voit  Félix  tpucopm  Manazenensium  Regiorum. 

MANACHIE  ,  nom  moderne  de  l'ancienne  Magnéfie 
du  mont  Sipyle.  Nous  avons  1  apporté  fon  ancien  état  au 
mot  Magnésie.  Voici  ce  que  le  fieui  Paul  Lucasdit de  fon 
état  préfent.  Cette  villeeft  fiuiéeau  pied  d  une  irès-haute 
montagne,  &  peut  avoir  une  bonne  lieue  de  longueur  ; 
elle  ei\  grande  ôc  peuplée  ;  il  y  a  fur  une  petite  colline  un 
château  que  les  Turcs  n'ont  pas  beaucoup  de  foin  d'entre- 
tenir, &  qui  commande  tellement  la  ville,  qu'il  en  peut 
ë:re  regardé  comme  la  ciadclle  ;  trois  méchantes  pièces 
de  canon  qui  ne  tirent  quepout  faluer  les  pachas  a  leur 
arrivée ,  en  compofent  toute  l'artillerie.  Ce  fort  étoit  plus 
coi  (idérable  autrefois  :  la  ci  lline  fur  laquelle  il  eft  firué 
étoit  environnée  de  trois  morailles  flanquées  de  tours, 
dont  il  relie  encore  quelques  débris.  Les  Turcs  qui  habi- 
tent cette  ville  ,  m'allurerent  que  les  montagnes  voifines 
produifent  plufïeurs  plantes  fingulieres ,  &  qu'il  y  en  a 
une  enrr'autres  qui  éclaire  pendant  la  nuit  comme  un 
flambeau.  Je  voudrais  l'avoir  vue  moi  même,  pour  juger  fi 
les  herboriflesde  ce  pays  ne  confondent  pas  la  plante  avec 
un  amas  de  vers  luifans  qui  s'aflemblent  defliis.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  on  voit  de  très  beaux  bazars  dans  la  ville 
de  Manachie  ;  les  mosquées  y  font  allez  bien  bâties  , 
ôc  l'on  y  trouve  trois  hôpitaux  :  l'un  pour  les  malades , 
l'autre  pour  les  lépreux,  ôc  le  rroifiéme  pour  les  fous, 
à  peu  près  comme  les  petites  maifons  de  Paris.  On  trou- 
ve hors  des  murs  de  la  ville  un  très-beau  ferrail,  avec 
un  jaidin  affez  fpacieux.  C'étoit  autrefois  le  palais  des 
princes  Ottomans ,  avant  qu'ils  fufient  maîtres  de  la 
ville  de  Bioufle  où  ils  transférèrent  le  fiége  de  l'empire. 
Le  pays  efl  très  abondant ,  &  l'on  y  trouve  tout  ce  qui 
eft  néceflaire  à  la  vie.*  Voyage  de  la  Turquie  en  A(k , 
1. 1.  p.  141. 

MANADELI.  Davity  &  M.  Corneille,  Dit},  mettent 
une  ville  de  ce  nom  dans  l'Ethiopie  au  royanme  de 
Dancali.  Elle  eft  peu  éloignée,  difent-ils,  de  Çorcora, 
&  on  y  compte  mille  feux. 


MAN 


MANvEANA  ou  Man  li  an  a  ,  ville  de  la  Maurîra^ 
nie  Céianenie,  félon  Ptolumée,/.4.r.2.  Marmol  croit 
que  le  nom  moderne  eft  Miliana. 

MANA1M  ou  Mahanaim  ,  leu  de  la  Paleftine  dont 
il  ett  parlé  en  plufieurs  livres  de  1  écriture  fainte.  *  Dt 
Calmée ,  Diction. 

MAN  A  IN  ,  rivière  de  la  Gedrofie  ,  félon  Tline,/.  6, 
c.  23.  Le  P.  Hardouin  lit  Manaïs. 

MANA1T1,  contrée  de  l'Arménie.  Elle  étoit  confa- 
crée  a  une  divinité  de  même  nom,  félon  Dion  Caflïus, 
/.  3 6. p.  23. 

MANAMBA,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar.  Elle 
descend  du  pays  des  Machicores ,  où  il  y  a  quantité  de 
bœuts  fauvages.  Elle  court  au  fud,  &  fon  cours  n'a 
pas  plus  de  douze  lieues.  La  côte  commence  à  décli- 
ner au  notdouelt-quan  douelL*  Flacouit ,  Hift.  de 
Madagascar  ,  c.  1 3 . 

MaInAMBATOU,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar: 
elle  a  l'on  embouchure  fui  la  côte  orientale  de-  hfle, 
a  deux  lieues  de  Manghabia.  On  trouve  une  quairué 
ptodigieulé  de  roches  a  Ion  entrée.*  Flacourt ,  Hiit. 
de  Madagascar,  c.  2. 

MANaMBONdROU,  rivière  de  l'ifle  de  Mada- 
gascar ,  dont  l'embouchure  fe  trouve  entre  celles  des 
rivières  de  Sandiauinangha  &  de  Malfianach  fur  licôte 
occidentale  de  l'ifle  ,  environ  les  23  dtgtés  de  latitude 
méiidionale.  *  Fiacourt ,  Hift.  de  Madagascar ,  c.  4. 

MANAMBObLE,  grand  pays  dans  liflede  Mada- 
gascar ,  borné  a  l'elt  par  la  rivière  d  Itomampo  ;  à  l'eft- 
nord-eit  ôc  au  nord  par  les  Anachimouffi  >  à  l'oueft 
par  le  pays  d  Alfisfach  ,  où  on  a  dts  vignes  &  de  la 
l'oie  en  quantité  ;  ôc  au  fud  par  les  grandes  montagnes 
d'où  fort  la  rivière  dYonglahé.  C'eft  un  pays  mon- 
tueux,  fertile  en  riz,  fucre  ,  ignames,  légumes,  &  qui 
abonde  en  gras  pâturages.  11  y  a  des  mines  de  fer  & 
d'acier.  11  elt  tellement  cultive ,  que  le  bois  y  eft  fore 
rare  :  il  le  faut  aller  chercher  dans  des  monragnes  bien 
hautes.  *  Flacourt,  Hift.  de  Madagascar,  c.  5. 

MANAMBOUVE,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar, 
Elle  court  vers  Caramboulle  &  la  fepare  du  pays  des 
Ampatres.  Eile  eft  profonde,  descend  du  pays  des  Ma- 
chicores, &  fon  cours  eft  de  quinze  ou  vingt  lieues. 
Tout  le  long  de  cette  rivière  il  y  a  beaucoup  de  bœufe 
qui  font  devenus  fauv.iges.  La  Manambouue  efl  éloi- 
gnée de  Mandrerei  d'environ  trente  lieues.  La  côte  gît 
eft  &  oueft.  C'eft  l'extrémité  méridionale  de  l'ifle.  * 
Flacourt ,  Hift  de  Madagascar ,  c.  13. 

MANANCARE  ,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar, à 
quatre  lieues  de  celle  de  Manghafiouts.  Elle  eftaflez  mé- 
diocre. *  Flacourt ,  Hiftoire  de  Madagascar ,  chap.  7. 

1.  MANANGHARE,  rivière  de  l'ifle  de  Madagas- 
car, à  quatre  lieues  au  nord-ert  de  la  rivière  de  Maflia- 
nach ,  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle.  Elle  a  fept  embou- 
chures ,  mais  toutes  font  bouchées  ôc  remplies  de  ro- 
ches.  Cette  rivière  descend  du  pays  d'itomampo  qui 
efl  à  l'oueft  ,  &  elle  fe  forme  de  trois  autres  rivières 
aiïez  belles ,  favoir ,  de  l'Ionghaïvou  ,  de  l'iromampo  , 
ôc  de  la  Mangharac  ,  qui  tomes  trois  perdent  leur  nom 
en  fe  joignant  à  celle  de  Mananghare.  *  FLcourt ,  Hift. 
de  Madagascar  ,  c.  4. 

2.  MANANGHARE,  province  de  l'ifle  de  Mada- 
gascar :  elle  eft  fituée  le  long  de  la  rivière  de  même 
nom.  Quoique  fon  terrein  foit  afiez  fertile  de  fa  nature, 
il  n'eft  point  habité  préfentement,  perfonne  ne  vou- 
lant entreprendre  de  le  cujtiver,  de  peur  d'y  attirer  les 
armes  de  divres  feigneurs  des  provinces  voifines,  qui 
prétendent  également  y  avoir  droit.  Ainfi  il  fert  feule- 
ment de  retraite  aux  fangliers  &  aux  bufles  qui  y  font 
en  fort  grand  nombre.  La  rivière  de  Mananghare  des- 
cend de  la  momagne  d'Hyela  du  côté  du  fud-oueft,c\: 
va  fe  jetter  dans  une  autre  rivière  appellée  Mandre- 
rei. *  Flacourt ,  Hift.  de  Madagascar  >  c.  13. 

MANANGHOUROU  ,  rivière  de  l'ifle  de  Mada- 
gascar ,  qui  descend  d'une  haute  montagne  firuée  vers 
le  milieu  de  cette  ifie ,  dans  le  pays  des  Ancianacles. 
D'abord  elle  prend  fon  cours  de  l'occident  à  l'orient, 
puis  elle  fe  divife  en  quatre  branches  ,  dont  la  première 
conlérve  toujours  le  nom  de  Mananghourou.  La  fé- 
conde qui  s'éloigne  de  celle  ci  jusqu'à  la  diflance  de 
quatre,  lieues  ,  fe  rend  dans  la  mer,  fous  le  nom  de 

Mananfauan  : 


MAN 


MAN 


Mananfatran  :  fon  entrée  eft  difficile  a  catife  de  la  barre 
qui  en  eft  dangereule.  La  troiiîéme  nommée  Marinbou  , 
qui  s'éloigne  de  trois  lieues  environ  de  Ja  précédente , 
iroit  fe  rendre  dans  la  mer  à  l'oppofite  de  la  petite  ifle 
No/Te  Ibrahim,  fi  elle  avoit  une  embouchure.  Simia- 
me  qui  eft  à  trois  lieues  de  cette  dernière  ,  eft  grande 
ôc  fpacieufe  à  fon  ouverture,  ôc  continue  fon  cours 
jusque  dans  la  mer.  Elle  a  fept  ou  huit  pieds  de  pro- 
fondeur à  fon  embouchure.  Le  pays  que  ces  quatie 
rivières  arrofent  eft  peuplé  de  gens  femblables  a  ceux 
de  Challenboulou  ouGhallenboulou  ,  qui  le  difent  tous 
ZatTe-Ibrahim ,  c'eft-à-dire  race  d'Abraham.  Outre  ce 
patriarche,  ils  reconnoilîent  encore  Moyfe  &  David,  mais 
ils  n'ont  point  connoiffance  des  autres  prophètes  ,  ni 
de  Jefus-Chrift.  Ils  ne  connoifient  pas  plus  Mahomet. 
Ils  font  circoncis  ôc  ne  travaillent  point  le  famedi.  Il 
n'y  a  point  de  prières  ni  de  jeûnes  chez  eux ,  mais  feu- 
lement des  facrifices  de  taureaux ,  de  chèvres  ôc  de 
coqs.  Leurs  habitations  ou  villages  font  gouvernés  par 
des  chefs  nommés  Philoubei ,  qui  vont  au  fecours  les 
uns  des  autres ,  û  la  guerre  fe  fait  contre  ceux  qui  ne 
font  pas  de  la  lignée  l'amre  ;  mais  il  la  querelle  ell 
entre  quelques  Philoubei  de  cette  lignée ,  ils  les  laifient 
combattre,  ou  ne  s'entremettenr  que  pour  les  accorder 
à  l'amiable.  Le  long  de  ces  rivières,  ôc  fur  tout  de  la 
principale  ,  qui  conferve  le  nom  de  Mananghourou  ,  on 
trouve  de  belles  pierres  de  cryltal ,  dont  quelques-unes 
font  de  quatre  pieds  de  diamètre.  *  Flacuurt ,  Hilt  de 
Madagascar  ,c.  9. 

MANANHANE,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar. 
Elle  eft  fott  poiflonneufe.  Cell.ee  que  fignifie  fon  nom  ; 
Mananhane  veut  dire  qui  a  beaucoup  de  vivres.  * 
ilucourt ,  Hift.  de  Madagascar ,  c.  7. 

MANANPANI.  Voyez.  ManatengHa. 

MANANSATRAN  ,  rivière  de  l'ifle  de  Madagas- 
car. C'eft  une  des  branches  de  la  rivière  Mananghou- 
rou. Elle  a  fon  embouchure  dans  la  mer  fur  la  côte 
orientale  de  l'ifle  ,  à  la  hauteur  du  dix-ieptiéme  degré 
de  latitude  méridionale.  Son  entrée  eft  difficile  à  caufe 
de  la  barre  qui  elt  dangereule.  *  Flucourt ,  Hill.  de 
Madagascar  ,  c.  9. 

MANANZARI,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar  au 
pays  des  Antauares.  C'eft  une  grande  rivière  où  il 
peut  entrer  des  barques.  Il  y  a  eu  autrefois  fur  fes 
bords  une  habitation  de  François  ,  qui  furent  maflacrés 
par  les  habitans  du  pays.  Elle  descend  des  montagnes 
Ambohitsménes  ,  c'eft-à-dire  montagnes  Rouges ,  Ôc 
qui  font  au  nord  ôc  à  l'oueft  ,  éloignées  d'environ  vingt 
lieues.  Le  pays  qa'clle  arrofe  elt.  très-fertile  :  il  produit 
du  riz,  des  ignames,  des  bœufs ,  des  cabris ,  des  bana- 
nes i  en  un  mot,  de  tout  ce  qui  eft  néceflaire  à  la  vie. 
La  volaille  y  eft  fort  commune  ,  airifî  que  les  cannes 
de  fucre  5c  le  miel.  Son  embouchure  eft  fur  la  côte 
orientale  de  l'ifle ,  environ  à  vingt-un  degrés  de  latitu- 
de méridionale.  *  Flacourt ,  Hilt.  de  Madagascar  ,c.  8. 

MANAOS,  nation  de  l'Amérique  méridionale  furies 
bords  du  Rio-Negro,  félon  les  relations  des  PP.  d'Acunna 
ôc  Frite:  ils  étoient  autrefois  très-belliqueux,  ôc  redou- 
tés de  tous  leurs  voifins.  Ils  ont  long-temps  réfifté  aux 
armes  des  Portugais  dont  à  préfent  ils  font  amis.  Quel- 
ques uns  font  encore  des  courfes  dans  les  terres  chez 
des  nations  fauvages ,  Se  les  Portugais  fe  fervent  d'eux 
pour  leur  commerce  d'esclaves. 

MANAPAR  ,  bourgade  remarquable  des  Indes  fur- 
la  côte  de  la  pêcherie  entre  le  cap  de  Comorin  ,  ôc 
Tutucurim.  long.  98.  45.  lat.  8.  27.  Il  y  avoit  autrefois  à 
Manapar  une  belle  églife ,  mais  elle  fut  convertie  en 
magafin  par  les  Hollandois,  ôc  on  a  été  obligé  d'en 
bâtir  une  autre.*  Lett  éd.  rec.  ij. 

MANAP1A  ,  ville  d'Hibernie.  Prolomée  qui  la  nom- 
me ,  met  aiilli  dans  la  même  ifle  un  peuple  nommé 
Manapii.  Ses  interprètes  croient  que  c'eft  préfentemenc 
Waterford  dans  l'Irlande. 

i.MANAR,  ifle  des  Indes  au  couchant  de  l'ifle  de 
Ceïlan  ,  dont  elle  eft  une  dépendance ,  n'en  étant  féparée 
que  par  un  canal  allez  étroit.  Son  nom  en  langue 
malabare  lignifie  rivière  de  fable.  Cette  ifle  {a)  a  été 
convertie  à  la  foi  par  faint  François  Xavier  ,  &  arrofée 
du  fang  de  plus  de  fix  cens  martyrs  que  le  roi  de  Ja- 
fanapatan  fit  mourir  peu  de  tems  après  en  haine  de  la  re- 


6f 


ligion  Chrétienne.  Cette  cruauté  attira  contre  lui  les  ar- 
mes des  Portugais.  Conftantin  de  Bragance  y  pafla  en 
1560  ,  y  porta  le  fer  &  le  feu,  démolit  plufieurs  bourgs 
&  pagodes  ,  enleva  la  dtnt  d'un  finge  ,  que  ces  idolâtres 
adoraient  comme  une  relique  du  dieu  Budu.  L'ifle  de 
Manar  a  été  autrefois  trè:>  fameufe  par  la  pêche  des  per- 
les ;  mais  depuis  ce  tems  leshuitres  fe  font  épuifees  ou  re- 
tuées ,  ôc  il  faut  les  aller  chercher  du  côté  de  Tuticorin 
fur  la  côte  de  la  Pêcherie.  Quoique  cette  perte  ait  dimi- 
nué la  richeffe  des  habitans  de  l'ifle  ,  ils  ne  laifient  pas  d'ê- 
tre toujours  en  très -grand  nombie  ,  ôc  l'on  trouve  encore 
de  gros  bourgs  dans  ce  petit  espace  de  terre.  Les  Portu- 
gais y  avoient  établi  un  gouverneur  (  b  ) ,  dont  le  diftric"fc 
sétendoit  plus  de  dix  lieues  dans  l'ifle  même  de  Céïlan  , 
ôc  toutes  les  terres  de  Mantolteen  relevoient.  Le  fort  de 
Manar  n'étoit  qu'un  très-petit  quatre  ,  avec  deux  petites 
redoutes  aux  deux  angles  qui  font  fur  le  bord  de  la  mer. 
Tout  auprès  eft  un  gros  bourg  où  il  y  avoit  plus  de  cent 
cinquante  familles  Portugaifes,  ôc  environ  deux  cens  des 
naturels  du  pays.  C'eft  dans  ce  bourg  que  demeuroit  le 
capitaine.  Les  Hollandois  (  c  )  s'en  rendirent  les  maîtres 
en  i6ç8  ,  après  la  mort  d'Antonio  Amaral  de  Menezès, 
qui  fut  tué  d  un  coup  de  fauconeam  Ce  coup  étonna  tel- 
lement les  Portugais  que,  quoiqu'ils  fufientbien  retranchés 
Ôc  enaiiez  grand  nombre,  ils  prirent  l'épouvante,  &fe  fau- 
verent  tous  à  Jafanapatan.  Lorsqu'on  examine  le  lit  du 
détroit  qui  fépare  Manar  de  la  terre  ferme ,  on  trouve  un 
lit  élevé  où  l'eau  a  fort  peu  de  profondeur ,  ôc  qui  fcmble 
un  refte  d'une  langue  de  terre  qui  joignoit  autrefois  l'ifle 
de  CeÏJan  a  la  prèsqu  ifle  d'en-deça  le  Gange.  L'ifle  où  eft 
la  fameufe  pagode  de  Ramanancor  ôc  l'ifle  de  Manar  font 
aux  deux  extrémités  de  ce  lit  plus  élevé  que  le  refle  * 
qu'une  imagination  indienne  a  faitappeller  le  Pont  Adam. 
Voyez.  Pont-Adam.  (  a)  Le  Grand ,  Addit.  à  l'hiltoire 
de  Céilan ,  par  Ribeyro,  p.  100.  (b)  Ribeyro  ,  Hift.  de 
l'ifle  de  CeïJan  ,  p.  93.  (  c  )  Le  Grand  ,  Addit.  à  l'hift.  de 
Céïlan  ,  par  Ribeyro  ,  p.  1 00. 

2.  MANAR.  (Le  Détroit  de  )  On  appelle  ainfi  le 
détroit  qui  fépare  l'ifle  de  Manar  de  celle  de  Céïlan. 

3.  MANAR.  M"  Sanfon  dans  leur  carte  de  l'In- 
de au  delà  du  Gange  ,  mettent  fur  le  Menam  au  nord  du 
royaume  de  Siam  ,  ôc  dans  l'état  du  roi  de  Pégu,  une  bour- 
gade appellée  Manar.  Baudrand  en  fait  la  capitale  d'un 
royaume  de  même  nom.  Mais  cette  carre  a  été  faite  fur 
des  mémoires  que  les  nouvelles  découvertes  convainquent 
de  faufleté» 

MANARICIUM}lieu  de  la  Belgique.  Voyez.  Man- 

NARITIUM. 

MANASSA.  Corneille  fait  un  article  de  cette  ville, 
tiré  du  voyage  de  Jouvin  de  Rochefort.  Il  dit  que  c'eft 
une  grande  ville  d'Afie.  Elle  n'eft  point  différente  de  Ma- 
nachie  ,  ni  de  Magnéfic. 

MAN ASSÉ  ,  l'une  des  douze  ttibus  du  peuple  de  Dieu, 
compoféc  de  la  poftérité  de  Manafle ,  fils  aîné  de  Jofeph  , 
ôc  petit  fils  du  patriarche  Jacob.  La  tribu  de  ManalTé  (  a  ) 
fonit  de  l'Egypte  au  nombre  de  trente-deux  mille  deux 
cens  hommes ,  propres  à  combattre  ôc  au-deflus  de  vingt 
ans  ,  fous  la  conduite  de  Gamaliel  ,  fils  de  Phadafiïir  (  h  )„ 
Cette  tribu  fut  partagée  à  l'entrée  de  la  Terre  promife. 
La  moitié  eut  fon  partage  au-delà  du  Jourdain  ,  ôc  l'autre 
moitié  en  deçà  du  fleuve. La  demi  tribu  de  Manallé,qui  de- 
meuroit au-delà  du  fleuve,  pofiédoit  le  pays  de  Bafan  de- 
puis le  Jabok  jusqu'au  mont  Liban(^  y,  ôc  la  demi-tribu  de 
ManalTé  de-deçà  leJourdain  avoit  fon  partage  entre  la  tribu 
d'Ephraim  au  midi ,  ôc  celle  d'ifiachar  au  nord ,  ayant  le 
Jourdain  à  l'orient ,  ôc  la  Méditerranée  au  couchant  (  d). 
Ces  villes  que poflédoient  ces  deux  tribus,  ne  font  point 
marquées  ,  ni  dans  le  livre  des  Nombres,  ni  dans  Jo'ié„ 
On  y  trouve  feulement  le  pai  rage  des  erres  que  Moyfe  ÔC 
Jofué  donnèrent  a  ces  deux  demi-tribus.  Voyez.  Nùra, 
32,  3  3.  Jofué,  13  ,  7>&  l6>  l7  (a)Genef.^i,  50,3  1. 
(b)  Num.  2,  20  ,21.  (c)Nunt.  3*  >  33.  34,  &c.Jo* 
Jué ,  i},7.(<0  Jofué,  16,  17. 

MANATENGHA  ou  Mananpani  ,  grande  rivière 
de  l'ifle  de  Madagascar.  Elle  coule  dans  la  vallée  d'Am- 
boule  ,  ôc  va  le  jetter  par  quatre  bouches  dans  la  mer ,•  à 
l'orient  de  l'ifle  fous  le  tropique  du  capricorne  ,  à  même; 
hauteur  que  la  baie  de  faint  AugufHn.  A  l'embouchure  de 
cette  rivière  il  y  a  de  grands  étangs  &  iflets ,  &  une  fi  gran- 
de quantité  de  roches  ,  que  l'on  n'a  pas  encore  eflâyé  d'f 

Tom.  IV.  I 


66 


MAN 


MAN 


faire  entrer  des  barques.  Cette  rivière  descend  des  mêmes 
montagnes  d'où  celle  de  Fanshere  prend  fa  fource.  Elle  eft 
formée  des  fources  &  ruifleaux  qui  tombent  des  monta- 
gnes d'Encalilan  ,  d'Hiéla  &  de  Manghaze.  Elle  fe  nomme 
Mananpani  jusqu'à  une  petite  diftance  de  fon  embou- 
chure ,  où  elle  prend  le  nom  de  Manatengha.  Elle 
baigne  toute  la  vallée  d'Amboule  ,  8c  reçoit  beaucoup  de 
rivières  &  de  ruifleaux  qui  viennent  des  hautes  monta- 
gnes au  travers  desquelles  elle  pafle.  Son  cours  eft.  droit 
à  Tel  t.  *  Flatourt .  Hift.  de  l'ifle  de  Madagascar  ,c.  3. 

MANATES,  ancien  peuple  d'Italie  dans  le  Latium. 
Pline,  /.  3-  c.  5.  le  nomme  entre  les  peuples  à  qui  on  di- 
flnbuoic  de  la  viande  au  mont  Albane. 

MANAZENtNSIUM  Regiorum  ,  fiége  épiscopal 
d'Afrique  dans  la  Numidie  ,  félon  la  conférence  de  Car- 
thage,  que  fournit  Fehx  ,  évêque  donatifte.  On  croit  que 
c'eft  le  même  que  Man  ace  enfer  nantis. 

MANCALOUT.K^  Manpelou. 

i.MANÇANAKES  (Le)  ,  petite  rivière  d'Espagne 
dans  l'Algarria.  Elleafa  fource  dans  la  Sierra  Gadarama  , 
qui  fépare  la  vieille  8c  la  nouvelle  Caltille ,  auprès  de 
Mançanares,  lieu  dont  nous  parlons  enfuite.  De-la  ,  pre- 
nant fon  cours  en  ferpentant  vers  le  midi  ,  elle  pafle  à 
Coïmenar  Viejo  ,  au  Pardo  ,  &  ,  le  courbant  vers  l'orient , 
elle  pafle  au  fud-oueft  de  Madrid  ,  &  va  fe  jetrer  dans  le 
Xarama ,  autre  rivière  qui  fe  dégorge  dans  le  Tage  au-des- 
fous  d'Aranjuez.  Nous  avons  parlé  ailleurs  de  cette  ri- 
vière ,  8c  du  pont  fur  lequel  on  la  paffe  ;  qu'on  appelle  le 
pont  de  Ségovie  ,  quoiqu'en  certains  tems  de  1  été  le 
Mançanares  ne  foit  qu'un  ruifleau  très  foible  ,  ce  qui  don- 
na lieu  a  un  voyageur  de  l'appeller  une  rivière  méraphy- 
fique  ;  un  poète  Espagnol  n'a  pas  laiflé  de  la  nommer 
Ysirchiduc  des  fleuves.*  Voyez,  l'article  de  Madrid. 

2.  MANÇANARES  ,  petite  ville  dEspagne  dans  la 
nouvelle  Caltille  aux  confins  de  la  vieille,  au  pied  des 
montagnes  de  Gadarama  ,  qui  partagent  les  deux  Caftil- 
les ,  Se  afiez  près  du  paflage  nommé  Fuente  Frio  ,  &  de 
la  fource  du  Mançanares,  à  huit  lieues  de  Madrid.  On  y 
trouve  des  beftiaux  &  du  gibier  en  abondance.  Elle  appar- 
tient au  duc  de  l'infantado  à  titre  de  comté. 

5.  MANÇANARES  (  El  Real  de  )  ,  petite  contrée 
d'Espagne  dans  la  nouvelle  Caltille  ,  dans  le  voifinage  de 
l'Escurial.  Elle  prend  ce  nom  ,  ou  de  la  ville  de  Mançana- 
res ,  qui  en  eft  le  chef-lieu  ,  ou  de  la  rivière  de  même 
nom,  qui  la  traverfe. 

i.MANCENILLE  ,  la  baie  de  Manccnille  à  la  côte 
méridionale  de  Cuba  ,  formée  par  le  cap  de  Cruz. 

1.  MANCENILLE  .  baie  de  l'ifle  Espagnole  à  la  côte 
feptentrionale  ,  à  trois  lieues  de  l'ett  de  Bayaha  ,  &  à  trois 
lieues  a  l'oueftde  la  Grange.  On  y  peut  mouiller  à  quatre 
ou  cinq  bradés.  C'eil  dans  cette  baie  que  fe  rend  la  ri- 
vière d'Yaqué. 

MANCHANA  ,  ville  de  la  Méfopotamie  auprès  du 
Tigre  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  18. 

MANCHARA.  Ottelius  foupçonne  que  c'eft  le  nom 
d'un  lieu  dont  il  elt  fait  mention  dans  le  livre  des  fecrets 
attribué  a  Galien. 

1.  MANCHE  (  La  ) ,  contrée  d'Espagne  dans  la  nou- 
velle Caftille  ,  dont  elle  eft  la  partie  méridionale  ,  le  long 
de  la  Guadiana  qui  la  traverfe.  Elle  eft  bornée  au  cou- 
chant par  l'Eftrémadure  ,  au  midi  par  le  royaume  de  Gre- 
nade 8c  par  l'Andaloufie ,  au  levant  par  la  Sierra,  ou 
pays  de  la  Montagne  ,  8c  par  les  royaumes  de  Valence  8c 
de  Murcie ,  &  au  nord  par  le  Tage  ,  qui  la  fépare  de 
l'Algarrie.  La  Guadarména  ,  qui  fc  perd  dans  la  Guadal- 
quivir ,  8c  la  Ségura  ,  qui  arrofe  le  royaume  de  Murcie  , 
ont  leurs  fources  dans  la  Manche.  On  diltingue  dans  la 
Manche  Campo  de  Calatrava  au  couchant ,  Campo 
de  Montiel  au  milieu  ,  entre  celui  de  Calatrava  &  le 
Déferra  l'orient.  Cette  contrée  eft  devenue  tres-fameufe, 
parce  qu'il  a  plu  à  Miguel  Cervantes  d'y  placer  la  fcène 
de  fon  roman  de  Dom  Quichote.  Les  principaux  lieux  font 
Orgaz. ,  petite  ville  «5c  comté  ;  Confuegre  ,  commanderie 
de  l'ordre  de  Malthe  ;  la  Matanca  ,  ou  la  Tuerie  ,  cam- 
pagne où  les  Maures  égorgèrent  beaucoup  de  Chrétiens 
dans  une  bataille  ;  Maïagon  ,  bourg  peu  confidérable  ; 
ÇiuAad  Real  8c  Calatrava  ,  villes  -,  Calatrava  ,  bourg  &C 
chef-lieu  d'un  ordre  illuftre  de  même  nom  ;  Miguelturra, 
Elvifo  8c  Almodavar  del  Campo  ,  autres  bourgs  ,  dont  les 
deux  derniers  font  au  pied  de  la  montagne  Noire  i  Mon~ 


ticl  &  Villa  Nova  de  los  Infantes  ;  les  lagunes  de  la  Gua- 
diana. Le  village  du  TuboJ'o  n'eft  remarquable  que  par  le 
caprice  de  Cervantes  ,  qui  y  a  placé  la  Dulcinée  de  D. 
Quichote. 

2.  MANCHE  (  La  ).  On  appelle  ainfi  cette  partie  de 
la  mer  qui  fe  trouve  reflerrée  entre  l'Angleterre  au  nord  , 
&  la  France  à  l'orient  &  au  midi  ,  8c  qui  s'étend  entre 
une  ligne  que  l'on  conçoit,  tirée  depuis  l'extrémité  occi- 
dentale de  la  province  de  Cornouailles  en  Angleterre  , 
jusqu'à  l'ifle  d'Oueflant  qui  eft  au  couchant  de  la  Breta- 
gne ,  &  une  autre  ligne  du  port  de  la  Rie  en  Angleterre 
à  Ambleteufe  ,  qui  cit  en  France.  Ce  qui  eft  au  nord-ert 
eft  le  détroic ,  8c  s'appelle  le  pas  de  Calais.  Comme  les 
Anglois  poflédent  les  ifles  de  Grenefey  8c  de  Jerfey  du 
côté  de  la  France  ,  ils  prétendent  que  toute  la  Manche  cft 
de  leur  domaine.  Quelques-uns  l'expriment  en  latin  par 

OCEANUS  BRITANNICUS. 

Baudrand  étend  ce  nom  à  plufieurs  autres  parties  de 
l'Océan.  Ainfi  il  dit  la  Manche  de  Bothnie  ,  partie  de  la 
merBal:ique,lamêmeque  l'on  appelle  le  golfe  de  Bothnie. 

3.  MANCHE  de  Bristol  (  La  ) ,  bras  de  la  mer  d'Ir- 
lande fur  la  côte  occidentale  de  l'Angleterre,  cime  la 
côte  méridionale  du  pays  de  Galles ,  8c  les  provinces  de 
l'oueft  à  l'embouchure  de  la  Séverne  auprès  de  Briftol. 

4.  MANCF1E  de  CeÏlan,  (la)  entre  la  partie  méri- 
dionale de  la  presqu'ifle  en-deça  du  Gange  8c  l'ifle  de 
Ce'ilan  depuis  le  cap  de  Comorin  jusqu'au  détroit  où  eft 
le  Pont  d'Adarr». 

$.  MANCHE  de  Coge  ,  (La)  petite  baie  de  la  mer 
Baltique  au  détroit  du  Sud,  au  midi  de  la  ville  de  Cop- 
penhague  ,  fur  la  côte  orientale  de  la  Séelande ,  près  du 
port  de  Coge. 

6.  MANCHE  de  Danemark  ,  (La)  partie  de  l'Océan 
entre  le  Danemark,  la  Suéde  &  la  Norwége.Ceuxdupavs 
l'appellent  la  Schager  Rach  ,  les  Flamands  8c  les  Hoï- 
landois  la  nomment  Cattegat. 

7.  MANCHE  de  l'Est,  (La)  Les  matelots  François 
nomment  fouvent  ainfi  la  partie  de  l'Océan  qui  eft  entre 
les  Pays-Bas,  &  les  provinces  méridionales  de  l'Angleterre, 
qui  s'avancent  le  plus  à  l'orient ,  comme  font  celles  de 
Kent ,  d'Effex  ,  de  Surlolck ,  de  Norfolck  8c  de  Lincolne. 

8.  MANCHE  de  Finlande  (La)  c'eft  le  golfe  de 
Finlande ,  entre  la  Einlande  au  nord  8c  la  Livonie  au  midi. 

9.  MANCHE  de  France  ,  (La)  n'eft  point  différente 
de  la  Manche  proprement  dite. 

10.  MANCHE  d'Irlande,  (La)  partie  de  l'Océan 
entre  l'Irlande  au  couchant  8c  l'Angleterre  à  l'orient.  C'eft 
ce  que  les  matelots  appellent  la  Manche  de  l'Ouest  , 
par  oppofition  à  la  Manche  de  l'Est* 

11.  MANCHE  de  Madagascar,  (La)  eft  entre 
l'ifle  de  ce  nom  &  le  continent  d'Afrique. 

12.  MANCHE  du'  Nord,  (La)  Quelques  marins 
nomment  ainfi  la  mer  qui  eft  encre  l'Angleterre  8c  l'Ecofle 
au  couchant,  le  Danemark  8c  la  Noiwege  au  levant,  8c 
1  Allemagne.  Les  Hollandois  la  nomment  Nord-  Ze'e ,  ou 
la  mer  du  Nord. 

13.  MANCHE  de  l'Ouest,  (La)  ne  diffère  point  de 
ia  Manche  d'Irlande. 

14.  MANCHE  de  S.  George  ,  (La)  partie  de  l'Océan 
fur  la  côte  occidentale  de  l'Angleterre,  entre  le  pays  de 
Galles  qui  la  borne  au  nord  jusqu'au  cap  de  S.  David  ,  8c 
les  provinces  de  l'Oueft  qui  la  reflerrent  au  fud ,  jusqu'au 
cap  de  Cornouaille  qui  la  fépare  de  la  Manche  de  France. 
C'eft  la  partie  méridionale  de  la  mer  d'Irlande.  Elle  com- 
prend la  Manche  de  la  Severne  ou  de  Briftol. 

15.  MANCHE  de  S.  Jean  de  Lua  ,  (I>a),  partie  de 
la  mer  du  Nord  en  Amérique  fur  la  côte  de  la  nouvelle 
Espagne  ,  près  du  port  de  la  Vera-Crux  ,  8c  de  la  Forte- 
refle  de  S.  Jean  de  Lua  ,  où  la  mer  fait  une  courbure  ou 
façon  de  golfe. 

16.  MANCHE  de  la  Saverne  ou  Severne  ,  (La) 
eft  la  même  que  la  Manche  dt  Briftol. 

17.  MANCHE  du  Sond  ,  (La)  partie  de  la  mer  Balti- 
que proche  du  Sond ,  entre  la  province  de  la  Scoone  8c 
l'ifle  de  Séeland. 

18.  MANCHE  du  Sud  ,  (La)  c'eft  la  Manche  propre- 
ment dite. 

1. MANCHESTER  ,  ville  d'Angleterre  en  Lancashire, 
fur  le  Spelden ,  aux  confins  de  Cheshire.  Elle  furpafie  Lan- 
calter  capitale  de  la  province.  Elle  eft  belle,  riche  8c  bien 


MAN 


peuplée  ,  a  un  très-beau  collège  &  une  fort  belle  place  où 
le  tient  le  marché  public.Son  églife collégiale  avecfachaire, 
qui  eft  remarquable ,  en  eft  un  grand  ornement.  Elle  s'en- 
richit beaucoup  par  fes  manufactures  de  laine  ,  de  coton  & 
de  toile.  Cette  ville  a  titre  de  comré.  C'eft  la  Mancunium 
des  anciens ,  félon  quelques-uns.  Voyez,  ce  mot. 

2.  MANCHESTER  ou  Mancester  ,  lieu  d'Angle- 
terre en  Waiwickshire.  Ileft  remarquable  par  fes  carrières 
de  pierre.  On  croit  que  c'eft  le  Ma  NDUESSEDUMd'Antonin. 
Voyez,  ce  mox. 

MANCOI.  Voyez.  Macci.   r 

MANCOUNAH  ,  ville  d'Afrique  dans  l'Ethiopie  fur 
la  mer  Rouge  ,  à  cinq  journées  de  chemin  de  Zaleg.  C'eft 
le  port  où  l'on  arrive  pour  pafler à  la  ville  deCaligioun 
fituée  dans  le  milieu  du  défert  d'Ethiopie.  *  D'Herbelot , 
Bibl.  orient. 

MANCUNIUM,  M  amucium  ou  Manucium  ,  ancien 
lieu  d'Angleterre.  Antonin ,  dans  fon  itinéraire,  le  met  fur 
la  route  du  rempart  à  Stonar ,  à  Vallo  adportum  Ritupas  , 
entre  Cambodunum ,  Almombury,  Se  Condate,  Congleton  ; 
à  dix-huit  mille  pas  de  l'un  &  de  l'autre.  Sur  quoi  Gale 
obferve  que  c'eft  Manchefter  ou  Mancaftle  qui  en  eil  un 
lieu  voifin.  Il  y  a ,  dit  cet  auteur ,  p.  48.  en  cet  endroit  des 
ruines  Se,  pour  ainfi  dire,  le  cadavre  d'une  ville,  &  des 
pierres  chargées  d'inferiptions  qui  font  autant  d'antiquités 
romaines.  Edouard  furnommé  le  Vieux  fortifia  un  château 
au  près  de  Manchefter  ;firmavit  caftrum  apud  Manceftriam: 
c'eftainfiquece  nom eft  écrit  par  Alfrid  ,  parHuntingdon, 
Se  ailleurs.  Il  dérive  ce  nom  du  mot  breton  Maen ,  qui 
fignifie  pierre  ;  car ,  comme  dit  Cambden ,  ce  lieu  eft  fitué 
fur  une  hauteur  qui  eft  toute  de  pierres,  Se  au-deflbus  de 
la  ville  font  des  carrières  fort  célèbres.  Dans  une  autre 
route,  fçavoir  de  Glanoventa  Gebnn,  à  Mediolanum  Mey- 
vod  ,  on  retrouve  ce  nom  de  Mancunium  à  dix-huit  mille 
pas  de  Condare.  Cette  diverfité  d'orthographe  n'empêche 
pas  que  ce  ne  foit  le  même  lieu. 

M  ANCUP ,  ville  de  la  petite  Tartarie  dans  la  Crimée  , 
fur  la  montagne  de  Baba,  près  de  la  rivière  de  Cabane, 
entre  legolfe  au  couchant  &  Biaferai  au  \c\u\t*  Baudrand, 
Ôc  Corn. 

MANDA ,  rivière  de  l'Inde,  en  deçà  du  Gange ,  félon 
Ptolomée,  /.  7.  c .  1. 

MANDACADENI  ,  ancien  peuple  d'Afie  dans  la 
Troade,  félon  Pline,  /.  5.  c.  30.  Ce  n'eft  que  le  furnom 
d'une  colonie  de  Ciliciens  ,  qui  s'étoit  établie  en  cet  en- 
droit. Il  les  nomme  Cilices  Mandacadeni. 

MANDAETH  ,  village  de  l'Ethiopie  dans  le  golfe 
Adulique  fur  la  mer  Rouge  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4,  c.  7. 

1 .  M  ANDAG  AR  A,  ville  de  l'Inde  enhdeçà  du  Gange  *. 
Arrien,  peripl.  la  nomme  Mandagora.  On  croit  que 
c'eft  aujourd'hui  Zetapor.  *  Vtolom.  1.  7.  c.  1 . 

2.  MANDAGARA,villede  la  Médie,  félon  Ptolomée, 
/.  6.  c.  2. 

MANDAGARSIS ,  ville  de  la  Médie,  félon  Ptolomée, 
/.  6.  c.  1. 

MANDAGORA.  Voyez.  Mandagara  I. 

MANDAGR4LUM  Flumen  ,  rivière  de  la  Scythie 
Afiatique  ,  félon  Pline  cité  par- Ortelius.  Voyez.  Man- 

DRAGyEUM. 

MADALIC AON ,  lieu  de  l'i/le  de  Java ,  à  cinq  lieues 
de  Japare.  11  n'eft  habité  que  par  des  pêcheurs. 

MANDALUM  ,  lac  de  l'Ethiopie  auprès  du  promon- 
toire j4z,aniumd  ,  félon  Pline,  /.  6.  c.  29. 

MANDANAUCENS1S.  Voyez.  Metaumaucensis. 

1.  M  AND  AR,  province  de  l'Ifie  des  Célébes,  dans  la 
mer  des  Indes ,  au  royaume  de  Macaçar  dont  elle  oc- 
cupe la  partie  feptentrionale.  La  ville  capitale  porte  le 
même  nom  que  la  province.  M  a  Mo  y  A  en  eft  la  fé- 
conde ville.  *  Baudran  ,  édit.  1705. 

2.  MANDAR,  ville  du  royaume  de  Macaçar  dans 
la  proviiKe  de  Mandar ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle 
eft  à  environ  fept  journées  de  chemin  de  la  ville  de  Ma- 
caçar. 

MANDAR/E,  Mac<f<*pa<,  partie  de  la  ville  de  Cyrrhe 
en  Macédoine  ,  félon  Etienne  le  géographe. 

MANDAREI  ,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Alla- 
tique  ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  7. 

MANDASUM1TANUS  ,  ou  Madasummitanus  , 
ou  Mandassumitanus  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Byzacéne,  Primulien  fon  évêque  eft  nommé  dans  la 


MAN        67 

conférence  de  Carthage,  p.  279.  édit.  Du  Pin.  Se  on 
trouve  dans  la  notice  épiscopale  d'Afrique  Madassuma 
entre  les  fiéges  qui  étoient  alors  vacans. 

MANDE.  Voyez  Mende. 

MANDEB ,  Mandab  ,  ou  comme  l'on  prononce 
vulgairement  ,  Mandel  ,  montagne  Se  promontoire 
d'Afrique  dans  l'Ethiopie  ,  au  détroit  de  la  mer  Rouge, 
qui  en  prend  le  nom  de  Bab^al-Mandeb  ,  ou  comme 
d'autres  prononcent,  Bee-el-Mandel.  Voyez.  Bab-el- 
Mandel  I. 

MANDEI ,  peuple  de  l'Inde  fur  le  Gange.  Pline  ,  /.  6. 
c.  17.  le  met  au  voifinage  du  peuple  Malli  &  du  mont 
Mallus. 

MANDEL.  Voyez.  Mandeb. 

MANDELA  ,  village  d'Italie  dans  la  Sabine.  Horace 
dit,  epift.  18.  /.  1.  v.  104. 

Me  quotics  reficit  gelidus  Digemia  rivus , 
Qitew  Mandela  bibit ,  rugofus  frigore  pagus. 

On  croit  que  ce  village   eft  préfentement   Poggio 

MlRTETO. 

MANDEMENT  ,  en  latin  Manda mentum.  Ce  mot 
dans  les  chartulaires  ôc  dans  les  actes  du  moyen  âge  , 
qui  regardent  le  Dauphiné ,  la  Provence  &c  autres  pays 
de  ces  cantons-là  ,  fignifie  la  même  chofe  que  ,  diftritl, 
territoire  ,jurisdiclion.  Dans  laBrefle ,  dans  le  Lyonnois, 
dans  le  Dauphiné  ,  on  comprend  fous  le  nom  de  Man  - 
dément  un  territoire ,  où  eft  un  certain  nombre  de  pa- 
roifies  qui  en  dépendent.  C'eft  ce  qu'on  nommeroit 
ailleurs  un  Bailliage.  Il  y  a  des  cartes  où  ces  mande- 
mens  font  très  bien  marqués. 

MANDEO,  petite  rivière  d'Espagne  dans  la  Galice. 
Elle  a  fa  fource  presqu'au  milieu  de  la  province,  un 
peu  au-deffus  de  la  fource  de  l'Ulla  ,  pafle  à  Betanços, 
Se  fe  décharge  près  de-là  dans  l'Océan  vis-à-vis  du  port 
de  la  Corogne.  *  Délices  de  l'Espagne ,  t.  1.  p.  123. 

MANDEPA  ,  forterefle  de  Thrace  ,  dans  la  province 
de  Rhodope.  Elle  fut  bâtie  par  Juftinien.  M.  Confira 
écrit  Mundete  dans  fa  traduction  de  Procope,  édifie. 
1.  4.  c.  11. 

MANDER  AN  de  Sainte  LyfTe,  prieuré  de  France  au 
diocèfe  de  Tarbes. 

1.  MANDERSCHEID,  petit  pays  d'Allemagne  dans 
l'électorat  de  Trêves ,  avec  titre  de  comté.  Les  principaux 
lieux  font  : 

Manderscheid  ,  Kayl  ,  Blanckenheim  ,  Gerolftein. 

2.  MANDERSCHEID  ^  château  ,  ville  8c  village 
d'Allemagne  au  pays  de  même  nom.  On  diftingue  le 
Haut  Se  le  Bas  Manderscheid.  Le  haut  eft  fur  une 
côte ,  &  c'eft  la  ville  de  ce  nom  ;  le  bas  n'eft  qu'un  village 
avec  un  château.  Ils  font  féparés  par  une  petite  vallée 
où  coule  la  rivière  de  Lezer.  Dans  cet  arrangement 
j'ai  fuivi  Baudrand.  La  carte  de  l'électorat  de  Trêves 
par  Sanfon  ,  fait  une  dispofition  toute  contraire.  La 
ville  y  eft  à  l'orient  &  à  la  gauche  de  la  rivière  ,  le 
château  Se  le  village  font  au  couchant  &  à  la  droite. 
Cette  place  ,  pourfuit  Baudrand  ,  édition  170 f.  eft  à 
vingt  milles  de  Trêves ,  en  allant  vers  Bonne.  Elle 
étoit  à  des  comtes  de  ce  nom  qui  la  vendirent  à  l'élec- 
teur de  Trêves. 

MANDETRIUM ,  ville  de  la  Dalmatie  ,  félon  quel- 
ques exemplaires  de  Pline  ,  /.  3.  c.  22.  C'eft  une  faute 
de  copiftes  qui  ont  joint  l'A/"  finale  de  Burnum  au  mot 
Andetrium  qui  eft  le  vrai  nom. 

MANDEURRE  ,  bourg  de  France,  en  Franche-comté» 
fur  le  Dou  ,  au  comté  de  Montbeliard,  à  une  lieue  de  la 
ville  de  Montbeliard.  Voyez.  Epamanduodurum  *  Bau- 
drand ,  édit.  170J. 

MANDI ,  petit  lieu  de  la  Morée ,  dans  la  Zaconie.  On 
croit  qu'elle  occupe  la  place  de  Mantinée.  Voyez,  ce 
mot.  *  Baudrand,  édit.  170J, 

MANDIADINI  ,  peuple  de  l'Inde,  félon  Arrien  , 
in  Indicis. 

MAND1ANHVE.  Voyez.  Madianitve. 

MANDIE  ,  (La)  petite  rivière  de  France  dans  l'Anjou. 
Elle  fe  jette  dans  l'Erdre  à  S.  Denys  de  Candé ,  à  fix 
lieues  Se  au  couchant  d'Angers. 

MANDINGUES  (a),  (Les)  peuples  d'Afrique  dans 
la  Nigritie ,  à  cent  quatre-vingt  milles  de  la  côte  ocçiden-, 

Tarn.  IV.  I  ij 


68 


MAN 


MAN 


taie ,  fur  la  rivière  de  Gambie ,  au  fud  du  Bambouc^ 
Leur  contrée  cil  appellée  par  les  Espagnols  Mandi- 
Mença  ,  Se  par  Marmol  Mani  Inga.  Leur  principale 
ville  eit  Songo.  Ils  étoient  autrefois  idolâtres  :  ils  font 
maintenant  fort  attachés  au  Mahométisme.  La  puiffance 
de  leur  roi  s'eft  étendue  fi  loin  ,  que  presque  tous  les 
princes  voifins  étoient  fes  vaiTaux.  Tels  étoient  les  rois 
de  Burfali ,  des  Jalofes  ,  des  Casangas ,  Se  la  plupart  de 
ceux  qui  ont  leur  domaine  le  long  de  la  rivière  de 
Gambie.  Mais  préfentement  ces  princes  ou  chefs  de 
peuples  dépendent  peu  de  lui.  Les  Nègres  de  ce  quar- 
tier font  mieux  faits  que  ceux  de  Guinée.  La  fécon- 
dité de  leurs  femmes  les  a  mis  en  état  Se  même  dans 
la  néceflité  d'envoyer  hors  de  chez  eux  des  colonies 
qui  fe  font  établies  dans  beaucoup  d'endroits  de  l'Afri- 
que ,  &  fur-tout  dans  ceux  où  il  y  a  quelque  com- 
merce avantageux  à  faite.  Les  principaux  établiflemens  (A) 
qu'ils  ont  faits ,  font  dans  les  pays  de  Jaga ,  de  Galam , 
de  Bambouc  Se  de  Barre.  Ils  font  en  très  grand  nombre 
dans  celui  de  Galam ,  &  fi  unis  entr'eux ,  qu'ils  com- 
pofent  une  efpece  de  république ,  qui  ne  craint  point 
le  roi  de  ce  pays ,  Se  ne  le  reconnoît  que  par  bien- 
féance.  Tout  le  commerce  y  eft  entre  leurs  mains,  (a) 
De  la  Croix  ,  Hift.  d'Afrique,  t.  2.  (/>)  Labat ,  Afrique, 
occident,  t.  3 .  Se  4. 

Ils  font  civils ,  honnêtes ,  hofpitaliers ,  laborieux  ,  Se 
propres  à  apprendre  les  feiences.  Néanmoins  toute  leur 
habileté  en  ce  genre  ,  fe  borne  à  fa  voir  lire  Se  écrire 
la  langue  arabesque.  Ces  Mandingues  font  venus  de 
Jaga ,  où  ils  s'étoient  établis  en  premier  lieu.  Ceux  qui 
fe  trouvent  dans  le  royaume  de  Bambouc ,  s'y  font  tel- 
lement alliés  avec  les  naturels  du  pays ,  qu'ils  ne  com- 
poient  plus  avec  eux  qu'une  feule  nation  ,  dans  laquelle 
la  religion  ,  les  mœurs ,  Se  les  coutumes  des  Mandin- 
gues régnent  fi  abfolument  ,  qu'on  n'y  reconnoît  plus 
aucun  veftige  de  celles  des  anciens  habitans.  Les  Man- 
dingues qui  habitent  le  royaume  de  Barre ,  y  font  en 
lï  grande  quantité  ,  Se  tellement  les  maîtres ,  que  le 
roi  elt  de  leur  nation  ,  &  qu'ils  furpalTent  de  beau- 
coup les  naturels  du  pays.  Ils  font  fort  rigides  obfer- 
vateurs  de  la  loi  de  Mahomet ,  c'eft  chez  eux  que  ré- 
fide  toute  la  feience  qui  fe  trouve  dans  ces  quartiers. 
Ils  tiennent  des  écoles  publiques ,  où  leurs  marabous  , 
ou  docteurs  enfeignent  aux  enfans  à  lire  &  a  écrire. 
Leur  langue  propre  ,  qui  eft  la  Mandmgue  ,  &  qu'ils  ont 
répandue  dans  tous  les  endroits  où  ils  fe  font  établis , 
n'a  point  de  caractères  particuliers ,  de  forte  que ,  pour 
l'écrire  ils  empruntent  ceux  de  la  langue  arabesque. 
Ces  Nègres  font  fort  habiles  dans  le  commerce  ,  Se  en- 
treprennent pour  ce  fujet  de  grands  voyages  ,  qui  leur 
donnent  en  même  tems  lieu  de  fignaler  leur  zèle  pour 
le  Mahométisme ,  en  l'introduifant  par  tout  où  ils 
peuvent  pénétrer.  Ils  font  allez  fidèles  ,  mais  fins  Se 
rufes.  Ils  s'aiment  Se  fe  fecourent  volontiers  les  uns  les 
autres ,  Se  ne  font  point  esclaves  ceux  de  leur  propre 
nation,  à  moins  qu'ils  ne  les  veuillent  punir  pour  quel- 
ques crimes  atroces.  Il  s'en  faut  bien  que  les  docteurs 
Mandingues  fuient  auifi  durs  fur  le  chapitre  des  femmes 
que  leur  prophète  Mahomet.  Voyant  que  ce  législateur 
avoit  placé  en  paradis  fon  chameau  ,  fon  chat  Se  plu- 
sieurs autres  animaux  ,  ils  ont  cru  devoir  y  admettre 
auifi  les  femmes ,  Se  pour  leur  en  donner  quelques  afïu- 
rances ,  ils  les  font  circoncire  d'une  manière  convenable 
à  leur  fexe,  &  par  d'autres  femmes,  afin  que  leur  pu- 
deur n'ait  rien  à  fouffrir  dans  cette  opération. 

MANDO,  félon  d'autres  Mandoa  ,  ville  de  l'In- 
douftan  ,  dans  la  province  de  Malva  ,  au  midi  de  Ra- 
tipor.  Thevenot ,  dans  fon  voyage  des  Indes ,  nous  ap- 
prend que  cette  ville  eft  un  des  plus  beaux  ornemens 
de  la  province. 

MANDOA.  Voyez.  ManoÉ. 

MANDONIUM,  ville  d'Italie,  félon  Plutarque.  Il 
dit ,  dans  la  vie  d'Agis  :  Agefilas  eut  un  fils  nommé  Archi- 
damus  ,  qui  fut  défait  Se  tué  dans  un  combat ,  par  les  Mef- 
fapiens ,  devant  une  ville  d'Italie,  appellée  Mandonium. 
Le  P.  Lubin  croit  que  c'efl  préfentement  Casal  nuevo  , 
dans  la  terre  d'Otrante  ;  conjecture  fort  légère. 

MANDORI  ,  peuple  de  la  Libye  intérieure.  Ils 
s'étendoient  jusqu'aux  Darades ,  félon  Ptolomée ,  /.  4. 
c.  6. 


MANDOVA  ,  rivière  des  Indes ,  dans  la  presqu'ifle 
en-deçà  du  Gange.  Elle  a  fa  fource  au  royaume  de 
Vifapour ,  dans  Jes  montagnes  ,  au  pied  desquelles  la 
capitale  eft  fituée.  De-là  ferpentant  vers  le  fud-oueft 
d'un  cours  presque  parallèle  à  une  longue  chaîne  de 
montagnes,  elle  pafTe  allez  près  d'Omguerry  ,  &,  après 
avoir  coulé  encore  vers  le  même  point ,  elle  fe  courbe 
vers  le  couchant  ,  baigne  Ponda  ,  g.  Ditauli  d.  &,fe 
parrageant  en  plufieurs  bras ,  elle  forme  pluiieurs  iiles 
dans  l'une  defquelles  la  ville.de  Goa  eft  fituée.  Elle  lui 
fert  de  port ,  Se  fe  perd  enfin  dans  la  mer  de  Malabar. 
De  l'ifle  écrit  Mondoa. 

MANDRA.  Une  Mandre.  Les  fçavans  conviennent 
du  fens  de  ce  mot  ,  qui ,  dans  les  écrivains  ccclefiaftiques  , 
fur  tout  de  l'églife  d'Orient,  fignifie  un  couvent,  un 
monaittre.  Les  Grecs  modernes  l'emploient  dans  cette 
Signification  Se  les  Latins  auifi.  Alcuin,  dans  fa  vingt- 
feptiéme  épine  dir ,  cœleltis  Mandra  agmina.  il  dit  auifi 
dans  la  vie  de  S.  Wiibrod ,  /.  2. 

Cratit  ideirco  vigil  hoc  tutamine  Mandras , 
Nomimbus  mr.ritis  ut  Chrijii  augeret   Ovile. 

Les  Grecs  ont  formé  de  ce  nom  celui  de  Mandrita 
pour  dire  un  moioe  ,  Se  celui  d  Archi-Mandrita  pour 
defigner  un  abbé ,  le  fupérieur  d'une  mandre  ,  d'un  mo- 
naftere.  Ein.enold,  dans  la  vie  de  S.  Sol  »  c.  9.  dit  Man- 
drins è  à  ■verjo  vtmtnùbus.  Valafrid  Strnbo ,  abbé  de 
Reichenau,  dans  la  vie  de  S.  Othmar,  dit,  t.  1.  Boni 
Mandrita  ftudium  in  eo  exetutus.  Et  S.  Avit  de  Vienne, 
dit ,  epifl.  2.  Copoft  mu'titudinis  pr&pofnus  fuit  ,  cujus 
officii  perfonas  ep:scopi  Orientales  arebimandritas  t.ppel- 
lant.  Dans  l'Eglife  Grecque  Se  dans  la  Rufllenne  les 
archimandrites  font  des  prélats  très-refpeétcs  Se  fort 
employés  dans  les  fondions  publiques  dont  les  évêques 
fe  repofent  fouvent  fur  eux. 

On  ne  confient  pas  de  l'origine  du  nom  Mandra. 
Dans  la  langue  grecque  ,  les  gloflaiies  appellent  une 
caverne,  une  grotte  ua.S^et.  Les  foliaires  d'Orient  ont 
ancienntment  logé  dans  les  grottes.  Le  Carmel ,  le  mont 
Liban ,  le  mont  Sinaï ,  Se  la  haute  Egypte  font  pleins 
de  grottes  qui  ont  fervi  de  retraite  à  des  folitaires.  Le 
mot  Mandre  ,  dans  le  fens  de  monaftere  convient  afiez 
à  cette  origine. 

D'autres  ont  cru  que  le  mot  Mandre  a  pu  également 
être  pris  di  latin  Mandra,  que  les  auteurs  Latins  ont 
employé  dans  le  fens  de  troupeau.  Martial ,  /.  y.  tpiç.  22. 
edit.  Juvencu  s'excifant  envers  un  ami  de  ce  qu'il  ne 
l'alloit  pas  voir»?  raconte  les  embarras  du  chemin ,  Se 
marque  entr'autres  la  difficulté  de  fe  faire  jour  à  travers 
une  multitude  de  mulets. 

Vixque  datur  longas  mulorum  rumpere  Mandras, 

Juvenal,  dit ,  fat.  3.  v.  237.  aufli  dans  la  defeription 
des  embarras  de  Rome  , 

Rhedarum  tranfitus  arilo 
Vicorum  inflexu ,  @°ftuntis  coovlcia  Mandra 
Eripient  Jomnitm  Dr  use. 

Il  eft  plus  naturel  de  préférer  l'origine  grecque  pour 
ce  mot ,  puisque  les  folitaires  Orientaux  ,  qui  favoient 
le  grec  Se  point  le  latin  ,  font  les  premiers  oui  ayenc 
mis  ce  mot  en  ufage ,  pour  fignifier  un  monafiere. 

MANDRA  ,  lieu  particulier  de  la  Paleftine  fur  la 
route  de  Mafphat ,  vers  le  pays  des  Ammonites ,  félon 
Jofeph  ,  Antïq.  1.   10.  c.   11. 

MANDRACIUS  Portus  ,  port  d'Afrique  auprès  de 
Carthage,  félon  Procope  ,  Vandal.  1.  1. 

MANDR/E,  lieu  de  Thrace  au  voifmage  de  Con- 
ftantinople ,  félon  Denys  de  Bysance ,  collett.  Oxon. 
t.  3.  Ceft,  dit-il,  un  lieu  où  il  y  a  un  bon  abri,  Se  la 
mer  qui  le  baigne  eft  fort  tranquille. 

MANDRAG/EUM  Flumen  ,  rivière  delà  Scythie  , 
félon  Pline,  /.  6.  c.  17.  Quelques  exemplaires  porrenc 
MandagrvEum. 

MANDRALtE  ,  peuple  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange  , 
félon  Ptolomée  ,  /  7.  c.  1.  Il  dit  qu'ils  s'étendoient 
jusqu'à  ce  fleuve.  Il  leur  donne  pour  villes  :  Afthagura  , 


MAN 


MAN 


Et  le  long  du  fleuve, 

Sambalaca ,       Paîibothra  capitale  , 
Sigala ,  Tamalites ,  Et  Oreophanta. 

Voyez.  PalibothrA. 

MANDRE.  Voyez.  Mandra. 

MANDREREl,  rivière  de  Pifle  de  Madagascar.  Son 
embouchure  eft  fous  le  vingt-fixiéme  degré  de  latitude 
méridionale  ;  elle  eft  comme  un  torrent  fort  rapide. 
Elle  fépare  le  pays  de  Carcanofll  de  celui  des  Ampatres. 
Elle  descend  des  montagnes  ,  court  au  fud-oueft ,  &  . 
après  avoir  reçu  plufieurs  petites  rivières ,  comme  Ma- 
ropia ,  Manamboulle  &  Mananghafe ,  elle  va  fe  jetter 
dans  la  mer  ,  au  fud  de  l'iflc.  *  Flacourt ,  Hiftoire  de 
Madagascar,  c.  7. 

MANDRI  ou  Mandi.  Selon  les  divers  exemplaires 
de  Pline,  /.  7.  c.  3.  il  dit  qu'ils  ne  paflbient  point  l'âge 
de  quarante  ans ,  Se  qu'ils  vivoient  de  fauterelles.  Il 
ajoute  qu'ils  couroient  fort  vite  ,  que  Clitarque  Se  Mé- 
gasthéne  leur  comptoient  trois  cens  villages  ,  Se  que 
leurs  femmes  commençoient  à  être  mères  dès  l'âge  de 
fept  ans.  Ce  peuple  étoit  dans  les  Indes. 

MANDRIA  pour  Mandra.  Evagre  nomme  ainfi 
lin  monaftere  fitué  à  trente  ftades  de  Théopolis ,  c'ell- 
à-dire  d'Antioche.  *  Ortel.  Thef. 

MANDRIA.  Corneille  dit  ,  petite  ifle  de  l'Archi- 
pel. Elle  donne  fon  nom  à  la  partie  de  cette  mer  qui 
eft  à  fes  environs,  Se  que  les  anciens  appelloient  mare 
Myrtoum.  Elle  eft  fituée  entre  l'ifle  de  Samo  Se  celle 
de  Lango  ,  Se  portoit  autrefois  le  nom  de  Minya  :  cette 
ifle  eft  petite  Se  déferte.  Il  n'eft  pas  vrai  que  la  mer 
où  eft  cçtte  ifle  ait  été  "nommée  Myrtoitrn  mare.  La 
mer  de  ce  nom  étoit  fur  la  côte  de  la  Grèce  ,  de  l'autre 
coté  de  l'Archipel  ,  comme  on  le  peut  voir  au  mot 
Mare.  Baudrand  dit  beaucoup  mieux  ;  Mandria  , 
ifle  de  l'Archipel ,  près  de  la  côte  de  la  Natolie.  Elle  eft 
petite  Se  déferte  ,  avec  un  vieux  château  ruiné  ,  Se  toute 
environnée  de  rochers  entre  l'ifle  de  Samo  au  fepten- 
trion ,  Se  celle  de  Lero  8c  de  Calamo  au  midi ,  à  quinze 
milles  de  celle  de  Palmofa  (Pathmos)  au  couchant  en 
allant  vers  celle  d' Agathonifi  (Gaitonifi). 

MANDROGIA  ,  village  d'Aile ,  dans  la  Natolie. 
Quelques-uns  le  prennent  pour  l'ancienne  M  andropolis. 
Les  maifons  y  font  de  terre  &  de  chaume  ,  Se  il  y  a 
un  camp ,  où  l'on  voit  cinq  ou  fix  colonnes  fort  anti- 
ques ,  qui  donnent  lieu  de  croire  que  ce  lieu  a  été 
plus  confidérable  qu'il  n'eft  aujourd'hui.  *  Spony  Voyage. 

MANDROPOLIS,  ville  de  Phrygie  ,  félon  Etienne 
le  géographe.  Tite-Live,  /.  38.  c.  15.  en  parle  aufll , 
Se  la  met  entre  le  Palus  Caralite  Se  la  ville  de  Lagos , 
à  peu  de  di fiance  de  Cibyre  Se  de  Termefle. 

MANDRUENI,  peuple  d'Aile  vers  la  Bachïane. 
Pline,  /.  6.  c.  16.  le  nomme  avec  les  peuples  Ochani... 
Comani ,  Maruc&i ,  Se  Jatii.  Et ,  comme  immédiatement 
après  il  nomme  les  rivières  de  ces  mêmes  pays ,  Se 
entr'autres  Mandrum  ,  le  P.  Hardouin  en  conclut 
que  le  peuple  Mandrueni  droit  fou  nom  de  cette  rivière 
dont  il  occupoit  les  bords. 

MANDRUM  Flumen.  Voyez,  l'article  précédent. 

MANDUBII,  ancien  peuple  de  la  Gaule.  Céfar  dit, 
Bell.  Gall.  I.  7.  c.  68.  Vercingentorix  prit  le  chemin 
d'Aléfia  ,  ville  des  Mandubiens.  Strabon ,  /.  4.  dit  de 
même ,  que  les  Gaulois  fe  battitent  contre  Céfar  auprès 
d'Aléfia  ,  ville  des  Mandubiens.  On  fait  qu'Aléfia  eft 
Alife,  en  Bourgogne-,  fur  quoi  Nicolas  Sanfon  raifonne 
ainfi  dans  fes  remarques  fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule  : 
Le  Duesmois  ,  où  eft  Alife,  femble  retenir  quelque 
chofe  de  l'ancien  nom  Mandubii  ;  ce  quartier  eft  tout 
engagé  dans  le  diocèfe  de  Langres  ,  Se  néanmoins  il 
dépend  du  diocèfe  d'Autun  :  cela  m'a  fait  juger,  pour- 
fuit-il ,  ou  qu'ils  ont  été  Pagus  Lingormm ,  pays  de  ceux 
de  Langres ,  ou  qu'ils  ont  été  peuple  en  chef,  Se  qu'après 
la  prife  Se  la  ruine  d'Alife  ,  les  parties  de  ce  peuple 
Mandubii  auront  été  données  en  partie  à  ceux  d'Autun, 
en  partie  à  ceux  de  Langres. 

MANDUESSEDUM ,  ancien  lieu  de  la  Grande  Bre- 
tagne. Antonin  le  nomme  fur  la  route  du  rempatt,  au 
port  de  Stonar  ,  à  vallo  a&  portum  Riu/pas  ,  entre  Etoce- 
inm  Se  Venons.  On  croit  que  ceft  Mancester  ou 
Manchester,   en  W.uwickshire. 

1.  MANDUR1A  ,  ville  delà  grande  Grèce,  au  pays 


69 


des  Salentîns.  Pline,  /.  2.  c.  105.  dit  qu'auprès  de 
cette  ville  eft  un  lac  toujours  plein  jusqu'aux  bords  Se 
qui  ne  s'augmente  point  par  toutes  les  eaux  qui  y 
tombent  ,  Se  ne  décroit  point  par  toutes  celles  qui 
en  fortent»  Tite-Live  ,  /.  27.  met  aufll  Manduria  dans 
les  Salentins  ,  Se  Etienne  le  géographe  dit  Mandurium 
dans  la  Japygie  :  c'eft  le  même  lieu.  Il  eft  préfente- 
ment  reconnoiffable  à  caufe  du  lac  qui  conferve  l'an- 
cien nom  :  on  l'appelle  Andoria.  Voyez,  ce  mot.  Le 
nom  moderne  de  Manduria  ,  eft  Casal  nuovo  , 
félon  Léandre.  Voyez.  Mandonium. 

2.  MANDURIA  ,  petite  ville  d'Italie  au  royaume 
de  Naples  dans  la  Pouille.  Elle  eft  très  différente  d'An- 
doria  ,  qui  eft  dans  la  Capitanate.  *  Baudrand ,  éd.  ^oy. 

MANEDO  ou  Magnedo  ,  petite  ville  de  Portugal 
dans  la  province  d'entre  Duero  Se  Minho.  Elle  étoit 
épiscopale ,  mais  elle  eft  réduite  en  village ,  Se  fon 
fiége  a  été  transféré  à  Porto.  *   Baudrand,  éd.   170J. 

MANEGA, petite  ifledel'Amérique,  l'une  desLucayes, 
dans  la  mer  du  Nord ,  à  vingr  cinq  lieues  de  l'ifle  de 
la  Tortue.  Elle  eft  remplie  de  montagnes  Se  environnée 
de  bancs  Se  de  roches.  *  Baudrand,  édit.  I70J. 

MANEGORDUS.  Voyez.  Manezardus. 

MANEl,  ancien  peuple  d'Espagne  ,  vers  l'embouchure 
du  fleuve  Bartis  ,  félon  Feftus  Avienus  ,  cité  par  Ortelius, 
Thefaur. 

MANES.  Voyez.  Boagrio. 

MANESIUM  ,  ville  de  Phrygie,  félon  Etienne  le 
géographe. 

M  A  NETHUSA ,  ville  de  Crète.  Voyez.  Marathus  a. 

MANEZARDUS  ,  c'eft  ainfi  que  porte  l'exemplaire 
de  l'itinéraire  d' Antonin  5  qui  eft  en  manuferit  dans  la  bi- 
bliothèque du  Vatican.  Zuritalit  Manegordus.  Ce  lieu 
étoit  en  Afie  fur  la  route  de  Conflantinople  à  Ancyre  ,  à 
vingt  quatre  mille  pas  de  cette  dernière  ville. 

MANFELOU  ,  félon  d'autres  Manfalu,  ville  delà 
haute  Egypte ,  au-deflus  dti  grand  Caire  fur  le  bord  du 
Nil.  Le  nom  de  cette  ville  fignifie  en  arabe  ,  Lieu  d'exil 
de  Loth  ,  parce  qu'un  certain  homme  ,  appelle  Loth ,  y 
fut  exilé  par  fon  frère  ,  qui  étoit  un  ancien  roi  d'Egypte  , 
félon  la  tradition  des  Coptes.  Cette  ville  eft  fameufe  par 
le  commerce  des  toiles.  Le  grand  feigneur  y  tient  cinq 
cens  janiflaires ,  Se  deux  cens  fpahis  en  garnifon ,  pour 
empêcher  les  excurfions  des  Arabes ,  qui  défolent  tout  ce 
pays.  *  Voyage  de  Po/icet  en  Ethiopie, 

MANFREDONIA  ,  ville  d'Italie  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  province  de  la  Capitanate  ,  3U  pied  du 
mont  Gargan  ou  mont  S.  Ange  ,  avec  un  château  Se  un 
port  fur  la  côte  du  golfe  de  Venife.  Elle  eft  ainfi  nommée 
de  Mainfroi ,  en  latin  Manfredus  ,  bâtard  de  l'empereur 
Frédéric  II.  Il  la  fit  bâtir  en  1 256  ,  Se  lui  donna  fon  nom. 
Elle  s'eft  accrue  des  ruines  de  l'ancienne  Siponte,  qui  en 
étoit  à  un  mille ,  Si  dont  l'archevêché  y  a  été  transféré. 
Elle  eft  petite  &  mal  peuplée  ,  depuis  qu'elle  fut  prife  Se 
pillée  par  les  Turcs  ,  qui  s'en  rendirent  maîtres  en  1620, 
y  mirent  le  feu  ,  en  emportèrent  toutes  les  cloches ,  avec 
vingt  quatre  pièces  de  canon  ,  huit  cens  barils  de  poudre 
Se  force  munitions  de  guerre.  Son  port,  qui  eft  fur  le  golfe 
particulier  ,  auquel  elle  donne  fon  nom  ,  eft  tout  gâté  ,  6c 
ne  reçoit  plus  que  de  petits  bâtfmens.  Manfredonia  eft  à 
vingt-cinq  milles  de  Nocera  ,  Se  à  vingt-deux  milles  de 
l'embouchure  de  l'Ofante. 

MANFREDONIA.  (  Le  Golfe  de)  Voyez  au  mot 
Golfe.  Les  Romains  l'ont  connu  fous  le  nom  de  Sipon- 
tinus  Sinus. 

MANGALIA  ,  port  de  la  Turquie  en  Europe  fur  la 
côte  occidentale  de  la  mer  Noire  dans  la  Drobugie  ,  en- 
tre le  Carahirmen ,  l'une  des  bouches  du  Danube  ,  Se  la 
rivière  de  Varna.  C'eft  un  des  quatre  meilleurs  ports  de 
cette  mer.  *  Tavemier ,  voyage  de  Perfe  ,  /.  3.  c .  7. 

MANGAL1N  ,  place  d'Afie  dans  l'ifle  de  Célébes  au 
royaume  de  Macaflar.  *  Voyages  de  la  Compag.  Holland. 
tom.  3.  p.  169. 

MANGALOR ,  ville  de  l'Inde  fur  la  côte  de  Mala- 
bar ,  au  pays  de  Canara ,  à  dix-huit  lieues  de  Baliepâtan  » 
félon  Dellon  ,  Voyage  des  bides.  Thévenot ,  Voyage  des 
Indes  ,c.  1.  dit:  Elle  eft  fituée  à  dix  degrés  quelques  mi- 
nutes de  la  ligne,  &  appartient  au  roi  de  Banguel.  Cette 
ville  eft  petite&  mal  bâtie  ;  elle  eft  à  douze  lieues  deBar- 
celor.  Le  port  de  Mangalor  ,  dit  Pietro  de  la  Valle  ,  eft  à 


MAN 


7° 

l'embouchure  de  deux  rivières.  La  plus  feptentrionale  s'y 
rend  des  contrées  de  Benghel  (  Banguel)  ,  la  plus  méridio- 
nale vient  des  contrées  d  Olala.  Ces  deux  rivières  forment 
un  golfe  avant  que  d'entrer  dans  la  mer  ;  c'elt  un  havre 
allez  fpacieux  ,  qui  a  la  figure  d'un  croiffant.  La  violence 
du  reflux  le  remplit  d'eau  falée ,  Se  enfuite  elle  le  dégorge 
dans  la  mer  par  divers  petits  canaux.  Ceft  fur  ce  golfe 
que  Mangalor  eft  limée  vis-à-vis  de  l'entrée  du  port.  La 
citadelle  qui  elt  au  fond  ,  eft  fort  petite ,  très-foible  Se 
très-irrégnliere ,  Se  mérite  moins  le  nom  de  forterefle  que 
celui  de  Ample  maifon  d'un  gentilhomme.  La  ville  ,  qui 
eft  médiocrement  grande  ,  eft  aulTi  unie  à  lacitadelle ,  Se 
environnée  de  murailles  qui  ne  font  pas  de  grande  dé- 
fenfe,  &  au-dedans  de  laquelle  les  maifons  des  habitans 
font  conllruites.  Les  Portugais  étoient  maîtres  de  cette 
place,  &  y  entretenoient  garnifon  ■-,  mais  ils  l'ont  retirée. 

MANGANEA  ,  lieu  d'Afie  ,  quelque  part  vers  la  Pa- 
lestine. Eufebc  de  Céfarée  en  fait  mention  dans  fon  hi- 
ftoire  eccléfiaflique ,  /.  8.  c,  u.  au  fujet  d'Adrien  &  Eu- 
bule  ,  qui  arrivèrent  de  Manganée  à  Céfarée  ,  à  deffein 
de  vifiter  les  confefleurs  ,  &  y  trouvèrent  eux-mêmes  le 
martyie. 

MANGANUM,  lieu  Se  monaftere  de  Thrace  ,  aux 
environs  de  Conftantinople.  Cédtene  Se  Nicetas  en  par- 
lent. *  Or  teint  s ,  Thefaur. 

MANGANUR  ,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange , 
félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  r.  Quelques  exemplaires  portent 
Mastanus. 

M ANGARE  ,  petite  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  auprès 
des  ifles  de  Java  Se  de  Madura.  *  Voyage  de  la  Compagnie 
Jiollandoij'e ,  t.  3.  p.  15 8. 

MANGAROL.  Quelques-uns  écrivent  Mangalor; 
de  l'Ifle  écrit  Mancorol  ,  place  d'Afie  dans  les  Indes  au 
royaume  de  Cambaye  .aunord-oueftdePatan,  fur  la  côte. 

MANGATE  ,  royaume  des  Indes  avec  une  ville  de 
même  nom  dans  les  Montagnes  de  Gâte ,  afTez  près  du 
royaume  de  Cochin.  Les  cartes  dreffées  fur  de  nouveaux 
mémoires  ,  n'ont  aucune  trace  de  la  ville ,  ni  du  royaume. 
De  l'Ifle  met  Mangale  ,  ville  dans  ces  mêmes  montagnes, 
mais  plus  au  nord  &  dans  le  pays  de  Canara. 

MANGAZEIA  ,  ville  de  l'Empire  Ruffien  dans  la  Si- 
bérie; &  dans  la  province  de  Jeniscea  vers  le  cercle  po- 
laire ,  au  10 1  deg.  de  longitude  ,  fut  la  droite  de  Jeniscea. 

MANGERA,  ifle  de  la  mer  du  Sud  ,  entre  les  terres 
baffes  du  golfe  d'Amapalla  &  la  pointe  de  Caswina. 
Dampieren  parle ainfi  ,  Voyages ,  t.  î.p.  1^9.  Ceftune 
ifle  ronde,  d'environ  deux  lieues  de  circuit ,  qui  paroît 
comme  un  grand  bois.  Elle  eft  toute  entourée  de  rochers , 
&  n'a  qu'une  petite  baie  fablonneufc  du  côté  du  nord-eft. 
La  terre  en  eft  noire  ,  peu  profonde  &  mêlée  de  pierres  , 
produifant  néanmoins  de  fort  gros  arbres  propres  à  la 
charpente.  Au  milieu  de  l'iflc  il  y  a  une  ville  d'Indiens  Se 
une  jolie  églile  espagnole.  Les  Indiens  ont  autour  de  la 
ville  des  plantations  de  maïs  &  de  quelques  plantains.  Ils 
ont  quelques  coqs  Si  quelques  poules  ,  fans  aucune  au- 
tre forte  de  volaille.  Ils  n'ont  d'autre  bête,  que  des  chats 
Se  des  chiens.  On  va  de  la  ville  à  la  baie  par  un  petit 
chemin  escarpé  Se  pierreux.  Il  y  a  toujours  dans  cette  baie 
dix  01;  douze  canots  fur  le  fable  ,  Se  qu'on  ne  met  à  l'eau 
que  quand  on  en  a  befoîn. 

MANGHABIA,  rivière  de  Pifle  de  Madagascar.  Elle 
donne  fon  nom  à  une  anfe  Se  à  un  iflet  ,  qui  fe  trouvent  à 
fon  embouchure  fur  la  côte  orientale  de  rifle ,  à  24  deg. 
30  min.  de  latitude  fud.  Les  étrangers  l'ont  nommée  fainte 
Luce.  Dans  la  baie  il  y  a  bon  mouillage  pour  de  grands 
navires,  &  une  chaloupe  pour  entrer  dans  la  riviere.C  eft- 
là  que  les  François  commencèrent  à  s'établir.  La  rivière 
vient  de  la  montagne  Siliua.  *  Flacourt ,  Hirt.  de  l'ifle  de 
Madagascar ,  c.  2. 

M  ANGH  ARAC  ,  tiviere  de  l'ifle  de  Madagascar  :  elle 
fort  des  grandes  montagnes  qui  féparent  les  Eringdrancs 
d'avec  le  pays  des  Antauares  &  des  Ambohitsmenes.  Sa 
fourec  eft  environ  par  les  20  deg.  3c  minutes.  Elle  coutt 
à  l'ouell  trois  journées  ou  environ  ;  puis  elle  fait  un  de- 
mi cercle,  Se  court  à  l'eft-fud-eft  environ  quatre  journées, 
Se  fe  joint  au  pays  de  Koutre  avec  l'Ionghaivou.  *  Fia- 
Court  ,  Hift.  de  l'ifle  de  Madagascar  ,  c  6. 

MANGHASfOUTS,  ou  Manghasi'es  ,  rivière  de 
l'ifle  de  Madagascar ,  à  quatre  lieues  de  la  rivière  de  Ma- 
tatatù  ,  en  tirant  vers  le  nord.  Les  François  ont  eu  une 


MAN 


habitation  fur  cette  rivière,  qui  peut  pafler  pourmédiew 
cre  ;  mais  dont  l'abord  eft  difficile  à  une  chaloupe ,  à  caufe 
des  grands  brifans.  *  Flacourt  ,  Hiitoire  de  Pifle  de  Ma- 
dagascar ,  c.  7. 
^  MANGHISI ,  petite  presqu'ifle  de  la  Sicile  ,  fur  la 
côte  orientale  de  la  vallée  de  Noto  ,  entre  Syracufe  Se 
Agofta.  Voyez-TAPsvs.  De  l'ifle  donne  auffi  ce  nom  à  la 
rivière  appellée  par  le  P.  Coronelli ,  Jasibili. 

MANGl ,  contrée  de  l'Afie,  à  l'extrémité  orientale  du 
continent.  Marco  Polo  le  Vénitien  ,  /,  2.  c.  $  3.  donne  une 
idée  charmante  des  mœurs  de  Ces  habitans ,  à  qui  il  ne 
manquoit  que  1  exercice  des  armes ,  qu'ils  avoient  perdu 
infenfiblement  dans  une  longue  paix.  Il  dit  qu'elle  étoit 
fort  peuplée.  Le  grand  Kan  qui  la  fournit,  c.  64.  ladi- 
vifa  en  neuf  royaumes ,  à  chacun  desquels  il  donna  un 
roi.  Le  Mangi  eft  la  partie  méridionale  de  la  Chine, 
comme  le  Cathai  en  eft  la  partie  feptentrionale. 

MANGON  ,  Md}ïw  ,  ifle  du  golfe  Arabique  ,  du  cô- 
té de  l'Ethiopie  ,  vis-à-vis  de  Ptolema'u  Ferarum.  Les 
interprète^  latins  de  Ptolomée,  1.6.  c.  7.  rendent  ce  mot 
par  Magorum  infjla  ,  l'ifle  des  Mages. 

MANGRES1A  ,  ville  de  Turquie  dans  la  Narolie, 
dans  l'Aidia  lli  fur  le  Madré  ,  au  pied  des  moniagnes. 
Baudraud  dit ,  édit.  1705.  Elle  eft  aflez  peuplée  &.  capi- 
tale de  ce  pays,  à  trente-fix  milles  des  ruines  d'Ephéfe 
au  levant ,  &  à  foixante-dix  de  Smyrne.  C'eft  apparem- 
ment la  Magnéfie  du  Méandre. 

MANGXI  ,  forterefle  de  la  Chine  dans  la  province 
d'Iunnan ,  au  département  de  Lungchuen  ,  ci'é  de  la  pro-' 
vince.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Péking,  de  1 3  degrés 
10  minutes,  par  les  23  deg.  ji  minutes  de  latitude.  * 
Atlas  Sinenfls , 

MANHARTZBERG  (  Le)  ,  contrée  d'Allemagne  en- 
tre la  haute  Autuche,  la  Bohême  ,  la  Hongue  Se  le  Da- 
nube. C'elt  la  partie  feptentrionale  de  la  bafic  Autriche. 
On  la  dirtingue  encore  en  haut  &  en  bas  Manhartzberg  , 
félon  le  cours  du  Danube  Le  haut  efl  au  couchant ,  Se  a 
pour  principales  places  Srain  Se  Krembs  ;  le  bas  eft  à  l'o- 
rient ,  Se  a  Corneubourg  ,  Eggenberg  ,  Retz  Se  Laba.  *: 
Baudrand ,  édit.  1705. 

MAN  HATE  ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale  fur  la 
côte  de  la  nouvelle  Yoick  ,  entre  l'ifle  Longue  Se  le 
Continent,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Hudfon. 
Hudfon  ,  navigateur  Anglois ,  qui  découvrit  cette  rivière 
en  1 609  ,  lui  donna  le  nom  du  peuple  qui  en  habitoit  alors 
la  rive  droite  ou  orientale.  Les  Hollandois  qui  poflede- 
rent  enfuite  ce  pays  ,  le  nommèrent  le  nouveau  Pays- 
Bas  ,  Se  bâtirent  dans  l'ifle  de  Manhate  une  ville  ,  qu'ils 
appelletent  la  Nouvelle  Amsterdam  \  ils  appellerent 
Baie  de  Nassau  ,  la  baie  où  l'ifle  eft  fituée.  Les  Anglois , 
qui  font  préfentement  les  maîtres  du  pays ,  ont  donné  à 
la  rivière  le  nom  de  Hudson  ,  à  l'ifle  celui  de  Manhat- 
tam  ,  &  à  la  ville  celui  de  nouvelle  Yorck,  qu'elle 
donne  à  tout  le  pays.  Voyez,  au  mot  Yorck  ,  l'article  de 
la  nouvelle  Yorck. 

MANHEIM  (  a  )  ,  ville  d'Allemagne  dans  le  bas  Pa- 
latinat ,  au  confluent  du  Necker  Se  du  Rhin ,  à  deux 
milles  au  deflbus  de  Heidelberg.  On  croit  affez  commu- 
nément qu'elle  doit  fa  première  origine  à  quelques  ou- 
vrages que  l'empereur  Valentinien  fit  élever  dans  ces 
cantons-là,  au  rapport  d'Ammien  Marcellin,  /.  28.  c.  2. 
qui  dit  ,  que  ce  prince  fortifia  la  frontière  le  long  du 
Rhin,c\:  qu'il  eut  un  foin  particulier  de  faire  faire  des 
travaux  ,  afin  que  le  Necker  n'endommageât  point  une 
forrerefie  qu'il  avoit  élevée.  Il  y  eut  pendant  long- tems  en 
cet  endroit  un  vieux  château  ,  que  l'on  appelloit  autte- 
foisEcHEiBERG.  Ce fut-là  que  furies  infiances  de  l'em- 
pereur Sigismond  Si  du  concile  de  Confiance  ,  on  tint 
aux  arrêts  Bakhazar  Cofla,  connu  fous  le  nom  de  Jean 
XXIII ,  pape.  Ce  château  étoit  accompagné  d'un  vil- 
lage Se  d'un  bureau  de  la  douane  ,  jusqu'à  ce  qu'en  1606 
le  17  mars  ,  Frédéric  IV  ,  comte  Palatin  du  Rhin  ,  y  pofà 
la  première  pierre  d'une  nouvelle  forterefle.  Il  ne  1  acheva 
point  Frédéric  V,  fon  fils  continua  ces  travaux ,  &  il  s'en 
forma  une  place  très  forte, accompagnée  d'une  citadelle 
régulière  (b).  Les  François  s'en  rendirent  maîtics,  Si  la 
démolirent  en  1688.  Depuis  <k  tems-là  on  en  a  relevé  Se 
augmenté  les  fortifications,  fur  tout  depuis  la  paix  de 
Ryswick.  (a)  Zeihr ,  Palat.  Rhen.  topogr.  p.  36.  {b) 
Hubner  ,  Geogr.  p.  450. 


MAN 


MAN 


&1ANH0AC  ou  Magnoac.  Voyez,  ce  mot* 

MANî.  Ce  mot  dans  la  baffe  Guinée  lignifie  Seigneur , 
ainfi  Manicongo  veut  dire  le  feigneur  ou  le  roi  du  Congo. 
Quelques  auteurs  ont  cru  que  les  états  de  Manicongo 
étoient  quelque  chofe  de  différent  du  Congo  \  faute  de 
favoir  ce  que  veut  dire  ce  mot  de  Mani. 

i.  MANIA,  promontoire  de  l'ifle  de  Lesbos  dans  fa 
partie  méridionale  au  couchant ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.  c. 
3.  Strabon  ,  /.  1 3.  p.  616.  nomme  ce  même  promontoiie 
Mali  a  ,  &  Thucydide ,/.  3 .  c.  4  &  6.  M  aléa  ,de  même 
que  le  Malée  de  la  Laconie. 

2.  MANIA  ,  ville  de  la  Parthie,  félon  Pline,  /.  6.  c. 
1$.  Le  P.  Hardouin  croit  que  ce  peut  être  la  Zania  de 
Ptolomée , /.  6.  c.  2.  ou  Genonia  d'Ammien  Marcellin  , 
lib.  23. 

MANI/ENA,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange,  fé- 
lon Ptolomée ,  l.j.c.i. 

MAN1ATH  ,  ou  Maniathe  ,  Mo-Wôn,  ancienne  ville 
aux  confins  de  la  Paleftine  &  des  ammonites.  Jofephe  , 
Antiq.  l.  5.  c.  9.  dit  que  Jephté  les  pourfuivit  jusqu'en  la 
ville  de  Maniath  ,  entra  dans  leur  pays  ,  Sec.  La  vulgaie 
nomme  ce  lieu  Mennit.  Judic.  c.  1 1 .  v.  3  3. 

1.  M  A  N  IC  A  ,  contrée  d'Afrique  dans  là  Cafrerie. 
Il  y  a  royaume ,  rivière  ,  ville  Se  mines  de  ce  même 
nom. 

2.  MANICA(  la  rivière  de  )  ,  eft  la  même  que  celle 
de  Laurent  Marquez.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes 
de  Lupata  ,  vers  les  42  deg.  3©  min  de  longitude  ,  Se  par 
le  20  deg.  de  latitude  méridionale,  d'où,  après  avoir  coulé 
vers  le  midi  quelque  tems  le  long  du  royaume  de  Mani- 
ca, 'qu'elle  borne  au  couchant  ,  elle  fe  courbe  vers  le 
fud-eft ,Se  va  en  ferpentant  fe  perdre  dans  un  petit  golfe 
qui  ferme  l'ifle  d'Inhaqua.  On  la  nomme  auffi  Magnica  , 
Se  rivière  du  faint  Efprit  près  de  fon  embouchure.  *  De 
l'ifle  ,  Atlas. 

3.MANICA011  Magnica  (  le  Royaume  de)  ,  s'é- 
tend à  l'orient  &  au  nord  de  cette  rivière  ,  avec  une  petite 
lifiere  au  midi  auprès  de  fon  embouchure.  Il  a  au  nord  les 
états  du  Monomotapa  Se  le  royaume  de  Quiteve  ;  au 
nord-eflle  royaume  de  Sabia  ou  de  Sedanda'i  à  l'orient  le 
royaume  d  Inhambane  ,  Se  la  mer  des  Indes  ;  au  midi  les 
terres  du  roi  de  Bui.  Le  roi  de  Manica  s'appelle  Chi- 
canga. 

4.  MANICA  ou  Magnica  ,  ville  capitale  du  royaume 
de  même  nom,  Se  l'unique  que  nous  lui  connoiftionsi 

Au  midi  de  cette  ville  font  des  mines  d'or ,  connues  fous 
le  nom  de  Mines  de  Manica. 

MANICABO  ,  ville  des  Indes  fur  la  côte  occidentale 
de  l'ifle  de  Sumatra ,  entre  Priaman  au  nord ,  Se  Indra- 
poura  au  midi.  Il  y  a  dans  cette  ville  une  fabrique  de  poi- 
gnards de  Java  ,  qui  font  fort  bien  travaillés.  Il  croît  aux 
enviions  beaucoup  de  poivre. 

MANICAPATAN.  Baudrand,  èdit.  170;; dit,  ville 
de  la  presqu'ifle  de  l'Inde  deçà  le  Gange.  Elle  eft  fur  la 
côte  du  royaume  de  Golconde.  Quelques  géographes  la 
prennent  pour  l'ancienne  Minxgara,  11  fëroit  difficile  de 
dire  ce  que  c'eft ,  à  moins  que  ce  ne  foit  Maningapa- 
îan  »  qui  eft  non  fur  la  côte  de  Golconde,  mais  d'O- 
rixa  à  l'extrémité  ,  aux  confins  du  royaume  de  Ja- 
grenat. 

M  ANICOUAG  AN  ,  rivière  qui  fort  des  montagnes 
de  Labrador  ,  forme  un  affez  grand  lac  qui  porte  le  même 
nom  ,  Se  plus  communément  celui  de  S.  Barnabe  ,  Se  fe 
décharge  dans  le  fleuve  S.  Laurent  du  côté  du  nord.  * 
Journal  dit  P.  Charlcvoixi 

MANIEL  ,  montagne  de  l'Amérflue  dans  l'ifle  de  S. 
Domingue  ,  à  quinze  lieues  de  la  ville  de  ce  nom.  Son 
circuit  eft  de  huit  lieues ,  Se  elle  eft  fi  haute  Se  fi  escar- 
pée ,  qu'elle  eft  presque  inaccelfible.  *  Baudrand ,  Cor- 
neille &  Maty.  ' 

1.  MAN1KOUAGAN  ,  lac  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  dans  la  terre  de  Labrador  aux  confins  du  Canada 
Se  des  Kiliftinous.  On  l'appelle  auffi  lac  de  S.  Barna.be. 
11  eft  formé  par  la  rencontre  de  plufieurs  rivières  dont 
la  principale  vient  des  villages  des  Ouftigouecks.  Il  fe  dé- 
charge dans  le  grand  fleuve  de  S.  Laurent  par  la  rivière 
Noire.  *  De  l'ifle  ,  Canada. 

2.  MANIKOUAGAN,  battures  dangereufes  dans  le 
fleuve  de  S.  Laurent  à  la  côte  du  nord. 

MANILHA.r*y«.  Manille. 


7* 


MANlLLA,abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Citeaux  de 
la  congrégation  d'Arragon  au  royaume  de  Navarre  dans 
le  diocefe  de  Pampelune. 

MANILLE  ,  ville  des  Indes ,  dans  l'ifle  de  Luçon  dont 
elle  eft  la  capitale  ,  Se  en  quelque  manière  la  feule  ville. 
Elle  eft  fituée  au  1 4  degré  40  min.  de  latitude  ,  Se  au 
138  deg.  de  longitude  ,  ce  qui  fait. qu'elle  jouit  d'un 
equinoxe  perpétuel  ;  mais  la  chaleur  y  eft  exceflive.  * 
Gemelli  Cirer i ,  Voyage ,  t.  5 .  p.  16.  Se  fuiv. 

Cette  ville  eft  fituce  au  pied  d'une  file  de  montagnes, 
fur  la  pointe  de  terre  que  forme  la  rivière  qui  fe  rend 
du  lac  dans  la  mer  ,  Se  dans  l'endroit  d'où  Michel  Lo- 
pez  chaffa  le  19  de  Juin  1 57 1 .  le  Raja  More  qui  s'y 
éroir  fortifié.  La  place  peut  avoir  deux  milles  de  cir- 
cuit Se  environ  un  tiers  de  mille  de  longueur,  Sa  figu- 
re eft  très-irréguliere  ;  elle  eft  fort  étroite  au  deux  bouts 
Se  large  au  milieu.  On  y  compte  fix  portes}  fçavoir  de 
Los  Almaz,enes  ,  de  S.  Dominique ,  de  Parian  ,  de  Suinte 
Lucie ,  la  Royale  Se  une  Poterne.  La  muraille  du  côte 
de  Cavité  a  cinq  petites  tours  garnies  de  canons  de  fer  : 
à  la  pointe  il  y  a  un  fameux  baftion  qu'on  appelle  dél- 
ia Fundi^wne  ,  Se  un  peu  plus  loin  on  voil  un  autre 
baftion.  Entre  ces  deux  ouvrages  fe  trouve  la  porte 
Royale  ,  qui  eft  garnie  de  bonne  artillerie  de  fonte  Se 
qui  a  plufieurs  ouvrages  extérieurs  On  trouve  enfuira 
le  baftion  de  Parian ,  qui  eft  vis  avis  le  fauxbourg  de 
ce  nom  ;  il  eft  auffi  garni  de  plufieurs  pièces  de  fonte. 
En  continuant  le  long  de  la  rivière,  on  rencontre  la  tour 
de  S.  Dominique  proche  du  couvent  des  religieux  de 
cet  ordre,  Se  on  achevé  le  tour  de  la  ville  en  venant 
du  côté  du  château  qui  termine  la  longueur  de  la  pla- 
ce. De  cette  manière  la  ville  eft  baignée  au  midi  par 
la  mer;  au  feptentrion  Se  à  l'orient  par  la  rivière  fur 
laquelle  il  y  a  des  ponrs-levis ,  pour  entrer  dans  la  por- 
te Royale  Se  dans  celle  de  Parian. 

Les  Maifons ,  quoique  de  bois  ,  ne  laiffent  pas  d'être 
affez  agréablles  à  caufe  de  leurs  belles  galeries.  Les  rues 
font  larges  ;  mais  les  frequens  tremblemens  de  terre  en 
ont  gâté  la  fymmétrie.  On  y  voit  quantité  de  maifons 
ruinées.  On  compte  trois  mille  habitans  à  Manille  i  mais 
ils  font  tous  nés -de  l'union  qu'ont  fait  enfemble  les 
Espagnols,  les  Indiens,  les  Chinois,  les  Malabares ,  les 
Noirs  ,  Se  autres  qui  demeurent  dans  la  ville  Se  dans  les 
ifles  qui  en  dépendent. 

Les  femmes  de  diftinction  font  habillées  à  l'espa- 
gnole ;  mais  celles  du  commun  s'attachent  de  la  ceinture 
en  bas  un  morceau  de  toile  peinte  ,  qui  leur  fert  de 
jupe  :  un  autre  morceau  de  la  même  toile  leur  fert  de 
manteau.  La  grande  chaleur  du  pays  fait  qu'elles  n'ont 
befoin  ni  de  bas  ni  de  fouliers.  Les  Espagnols  fonC 
habillés  à  l'espagnole:  mais  ils  fe  fervent  de  hautes 
fandales  de  beis  à  caufe  des  pluies.  Il  eft  défendu  aux 
Indiens  de  porter  des  bas.  Ils  vont  nuds-jambes.  Les 
gens  aifés  ont  un  domeftique  qui  leur  porte  un  para- 
fol  ;  Se  les  femmes  fe  fervent  de  chaifes ,  ou  d'un  ha- 
mac ou  palanKin,  dans  lequel  elles  font  fort  à  leur 
aife. 

Quoique  Manille  foit  petite  par  rapport  à  l'enceinte 
de  fes  murailles  Se  au  nombre  de  fes  habitans  ,  elle  eft: 
cependant  bien  grande  fi  on  y  comprend  fes  fauxbourgs. 
Celui  de  Parian  où  demeurent  les  marchands  Chinois, 
qu'on  appelle  Sangleys,  a  plufieurs  rues  remplies  de 
boutiques  pleines  d'étoffes  de  foie,  de  porcelaine  & 
autres  marchandifes.  Tout  le  bien  des  bourgeois  eft  en- 
tre les  mains  de  ces  Sangleys ,  qui  vendent  Se  achètent 
tout;  les  Espagnols  Se  les  Indiens  ne  veulent  pas  s'en 
donner  la  peine.  Ce  fauxbourg  eft  gouverné  par  un 
alcade  ou  prévôt,  à  qui  les  Sangleys  payent  une  fomme 
confidérable,  de  même  qu'à  l'avocat  fifcal  leur  protecteur  , 
Se  à  quelques  autres  perfonnes:  ils  ne  laiffent  pas  de 
payer  encore  des  tributs  Se  des  impôts  au  roi. 

Lorsque  l'on  a  paffé  fur  le  pont  de  la  îiviere,  qui 
eft  proche  de  Parian  ,  on  trouve  les  fauxbourgs  de  Ton- 
do  ,  de  Minondo  ,  de  Ste  Croix  ,  de  Dilao  de  S.  Mi- 
chel ,  de  S.  Jean  de  Bagumbaya  ,  de  S.  Jacques  ,  de 
Notre-Dame  de  l'Hermite  ,  de  Malati,  de  Chia- 
po  ,  Se  autres  jusqu'au  nombre  de  quinze,  tous  habités  par 
des  Indiens  ,  par  des  Tagalis  ,  Sec.  fous  la  direction  d'un 
alcade.  Prefque  toutes  les  maifons  y  font  bâties  fur  pilo- 
tis, le  long  de  H  rivière.  On  y  va  en  bateau.  Elles  font 


MAN 


72, 

couvertes  de  nipas  ou  feuilles  de  palmiers,  les  côtés 
font  garnis  de  cannes  -,  on  monte  dans  pluficurs  par 
des  échelles  ,  parceque  le  terrein  eft  humide  8c  plein' 
d'eau.  On  trouve  dans  l'efpace  qui  eft  entre  ces  faux- 
bourgs  ,  fur  l'un  &  l'autre  bord  de  la  rivière  jusqu'au 
lac  de  Bahi  ,  quantité  de  jardins  ,  de  fermes  ,  de  mai- 
fons  de  campagne  affez  agréables  à  voir. 

Le  château  eft  fitué  fur  la  pointe  occidentale  de  la 
ville:  la  merle  baigne  d'un  côté  &  la  rivière  de  l'autre. 
Le  foffé  qui  le  fépare  de  la  ville  eft  profond  8c  fe  rem- 
plit d'eau  lorsque  la  mer  monte  :  on  le  paffe  fur  un 
pont-levis.  Aux  deux  extrémités  de  ce  fofle ,  il  y  a  deux 
bons  battions  bien  garnis  d'artillerie  :  l'autre  pointe  du 
triangle  vers  l'occident  eft  défendue  par  une  tour,  qui 
garde  l'entrée  de  la  rivière  &  le  port  qui  n'eft  propre  que 
pour  de  petits  bâtimens  :  il  y  a  outre  cela  deux  petits 
ravelins  à  fleur  d'eau.  Quand  on  a  paflé  deux  portes, 
on  trouve  le  corps  de  garde  8c  une  grande  place  d'ar- 
mes ,  au  bout  de  laquelle  eft  le  fécond  corps  de  garde  : 
on  arrive  enfuite  à  la  maifon  du  gouverneur  du  château, 
&  enfin  à  une  troifiéme  place  d'armes. 

Presque  toutes  les  éghfes  de  Manille  font  riche- 
ment ornées.  L'archevêque  a  fix  mille  pièces  de  reve- 
nu. Entre  les  chanoines  qui  font  au  nombre  de  douze , 
il  y  en  a  qui  ont  quatre  cens  pièces  par  an  8c  d'autres 
cinq  cens:  tout  cela  le  tire  du  thréfor  royal.  Dans  la 
Chapelle  royale,  qui  eft  devant  le  château  ,  il  y  a  ^ jit 
chapelains  pour  la  deffetvir.  Les  autres  églifes  8c  les 
couvens  d'Hommes  &  de  filles ,  y  font  en  grand  nom- 
bre. Il  y  a  des  Auguflins  chauffés  ,  des  Jéfaites,  desAu- 
guftins  déchauffés ,  des  Dominicains ,  des  religieux  de 
faint  François:  dans  le  monaftere  de  la  Miféricorde  on 
reçoit  les  orphelines ,  filles  d'Espagnols  8c  de  Metiz  ; 
celui  de  Ste  Potentiane  a  été  fondé  par  le  roi  pour 
16  pauvres  orphelines.  Les  femmes  mariées  y  entrent 
auiïï  &  les  filles  débauchées  ;  mais  elles  n'ont  aucune 
communication  avec  les  orphelines. 

Le  havre  de  Manille  eft  fi  fpacicux ,  qu'il  peut  conte- 
nir plufieurs  centaines  de  vaiffeaux ,  auffi  y  en  a-t-il  tou- 
jours plufieurs ,  foir  espagnols ,  foit  étrangers.  Les  petits 
bâtimens  montent  jusqu'auprès  de  la  ville  ;  mais  ceux 
d'Acapulco  8c  les  autres  gros  navires  en  demeurent  à 
près  d'une  lieue,  dans  un  endroit  où  il  y  a  un  bon 
fort  8c  des  magazins  pour  les  marchandifes.  Le  princi- 
pal commerce  de  Manille  confifte  en  épiceries,  en 
foieries  de  la  Chine  ,  &  fur-tout  en  bas  de  foie  ;  en 
étoffes  des  Indes  ;  en  mouffelines  -,  toiles  peintes  ,  &c. 
*  Dampier,  Voyage  au   tour  du  monde ,  tom.  1.  pag. 

MANILLE.  [L'isle]  Quelques-uns  ont  donné  ce 
nom  à  l'ifle  dont  Manille  eft  la  capitale.  Son  nom  eft 
Luçon.  Voyez.  Luc  on   2. 

MANILLES.    [  Les  isi.es  ]   Voyez,  Philippines    8c 

MANIOt/E. 

M ANIMI ,  ancien  peuple  de  la  Germanie ,  félon 
Tacite  ,  de  Mor.  Germ.  qui  le  regarde  comme  faifant 
partie  de  la  nation  des  Lygiens,  fans  nous  en  marquer 
autrement  le  pays.  Les  modernes  fe  font  égayés  à  lui 
en  chercher  un.  Lazius  lui  donne  le  Manhartzberg  dans 
la  baffe  Autriche ,  &  André  Velleïus  dans  fa  chroni- 
que de  Danemarck ,  lui  fait  préfent  de  l'ifle  de  Mone 
dans  le  Danemarck.  Deux  ou  trois  lettres  communes 
à  l'un  &  à  l'autre  nom  forment  une  efpece  de  reffem- 
blance  qui  fuffic  à  ces  fortes  de  conjectures  pour  placer 
un  peuple  par  tout  où  ils  le  jugent  à  propos.  Sur  ce 
principe  ils  auroient  pu ,  avec  le  même  fondement ,  le 
transplanter  dans  le  Monémugi. 

MAN1NGTRE,  bourg  d'Angleterre  dans  la  province 
d'Effex.  On  y  tient  marché  public.  Etat  préfent  de  la 
Gr.  Bret.  t.  u 

MANIOL/E,  ifles  de  l'Océan  oriental.  Prolomée 
qui  les  nomme  ,  n'en  parle  que  fur  une  tradition  ob- 
feure.  On  dit ,  ce  font  fes  termes  ,  qu'il  y  a  d'autres 
ifles  tout  de  fuite ,  au  nombre  de  dix ,  où  l'on  prétend 
que  les  vaiffeaux  qui  ont  des  doux  8c  des  chevilles 
de  fer  font  arrêtés  ,  8c  que  pour  cette  raifon  ils  clouent 
leurs  barques  avec  des  chevilles  de  bois  ,  de  peur 
que  les  pierres  d'aimant  qui  s'y  forment  ne  les  attirent. 
Elles  font,  dit-on,  habitées  par  des  Anthropophages 
nommés  Manioles.  Cet  on  dit  marqiîc  que   ce  géogia- 


MAN 


phe  ne  comptoit  pas  beaucoup  fur  l'exactitude  de  ceux 
d'après  qui  il  parloit.  Auffi  a-t-il  placé  ces  ifles  dans 
un  coin  où  tout  fe  reffent  de  l'ignorance  où  l'on  étoit 
alors  fur  cette  partie  de  l'Orient.  Comme  Ptolomée  s'étoit 
figuré  fauffement  que  les  Sines  occupoient  la  côte  oc- 
cidentale d'un  vafte  pays  imaginaire  ,  au  lieu  qu'ils  font 
à  l'extrémité  orientale  de  notre  continent  ,  il  a  placé 
en-deçà  d'eux  les  trois  ifles  des  Satyres  8c  les  dix1  des 
Manioles ,  c'eft-à-dire  le  Japon  8c  les  1 Philippines  qui  font 
pourtant  à  l'orient  de  la  Chine.  Ce  qu'il  y  a  d'étonnant , 
c'elt  qu'il  en  met  la  longitude  de  142  dtgtés  pour  le  mi- 
lieu de  ces  ifles ,  en  quoi  il  ne  s'eft  guère  t  rompe  que 
d'un  degré  ■>  au  lieu  que  Mrs  Sanfon  fe  font  trompés 
d'environ  vingt-deux. 

MANISARUM.  Voyez.  Matusarum. 

MANISSIQUE  ,  (  La  )  petite  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale  dans  la  Nouvelle  France.  Elle  tombe  dans 
le  lac  desllinois  à  la  bande  de  l'eft,  dix  lieuCs  au  nord 
de  la  rivière  de  Marquette. 

MANLT/E  ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  Heureufe  félon 
Ptolomée  /.  6.  c.  7. 

MANITOUALÏN  {a) ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale dr.ns  la  Nouvelle  France ,  dans  le  lac  des  Hurons  (b) 
Elle  a  plus  de  vingt  lieues  de  longueur  fur  dix  de  largeur. 
Les  Outaouas  ,  de  la  nation  du  Talon  8c  du  Sable  ,  y  l.abi- 
toient  autrefois  ;  mais  la  crainte  des  Iroquois  les  en  a  fait 
retirer  avec  les  autres  à  Miflilimakinac.  (a)  Corneille, 
Dicl.  (  b  )  Lahontan  ,  Voyages  ,  t.  2. 

MANKANET  ,  village  d'Afrique  ,  au  fud  de  ta  ri- 
vière du  Sénégal,  à  une  lieue  de  Dramanet.  En  171 3  , 
M.  de  Richebourg  ,  commandant  de  Goiée  ,  y  fit  bâtir 
le  fort  de  Saint  Jofeph.  La  fituation  en  eft  agréable  ,  8c 
l'air  excellent.  L'ancrage  pour  les  barques  eft  sûr  8c  com- 
mode ,  au  pied  d'une  petite  éminence  ,  &  défendu  par 

I  artillerie  8c  la  mousqueterie  du  fort.  Voyez.  Drama- 
net. 

MANKIRMEN  ,  bourg  d'Europe  fur  le  Borifthene. 

II  en  eft  parlé  dans  l'hiftoire  de  Timurbec  ,  /.  3.  c.  jj. 
MANKISCHLAK  ,  petite  ville  d'Afie,  au  pays  de 

Khcwaresm  fur  le  rivage  de  la  mer  Caspienne ,  au  nord 
de  l'embouchure  du  bras  méridional  de  la  rivière  d'A- 
mu  ,338  deg.  30  min.de  latitude.  La  ville  en  elle-même 
n'eft  pas  grand'chofc  ,  puisqu'elle  n'a  tout  au  plus  que 
fept  cens  maifons  bâties  de  terre  ,  qui  ne  font  que  de  fort 
miférables  cabanes  ;  mais  fon  port  fui  la  mer  Caspienne 
eft  magnifique  ,  8c  l'unique  qu'on  trouve  fur  toute  cette 
mer.  Il  eft  fpacieux  ,  sûr  8c  profond ,  8c  en  toutes  autres 
mains  qu'en  celles  des  Tarrares,  ce  feroit  un  endroit  poury 
établir  en  fort  peu  detems  un  commerce  confidérable;mai;i 
à  préfent  il  eft  fort  rare  d'y  voir  arriver  quelque  bâti- 
ment marchand.  Comme  les  Tartaies  n'aiment  pas  le 
voifinage  de  la  mer  ,  cette  ville  n'eft  habitée  que  par  des 
Turkomans ,  qui  s'accoutument  plus  aifement  aux  incom- 
modités de  l'eau.  Jenkinf on  le  nomme  Mangusla  ve  ,  & 
le  place  mal  à  propos  à  quarante-cinq  degrés  de  latitude. 
Corneille  ditMANGusLE  ,  ville  d'Afie  au  pays  des  Us- 
becks ,  près  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Chrefel , 
dans  la  mer  de  Bachu  ,  8c  cite  Davity.  Ces  noms  figni- 
fient  le  même  lieu.*  Hifloire des  Tartarcs  ,  p.  (Î49. 

1.  MANLIANA  ,  ancienne  ville  de  la  Lufitanie  an 
pays  des  Venons ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  5.  Mariana 
croit  que  c'eftMALLEN  ,  8c  le  P.  Briet ,  Villa-Franca 
fur  le  Tormes. 

2.  MANLIANA,  ville  d'Italie  dans  la  Toscane  ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  3.C.  1.  qui  la  nomme  entre  Biturgia  8c 
Vetulonium.  Antonm  en  fait  auflî  mention  ,  8c  la  met  fur 
la  voie  Aurélienne  entre  Salebrone  &  Fcpiilorimrn  ,  à  neuf 
mille  pas  de  la  première ,  8c  à  douze  mille  pas  de  la  fé- 
conde. Selon  le  P.  Briet ,  Manliana  eft  aujourd'hui  Scar- 
lino ,  bourg  de  Toscane.  Voyez  ce  mot. 

3.  MANLIANA  ou  Manjîana  ,  félon  les  divers 
exemplaires  de  Ptolomée ,  /.  4.  c.  2.  ancienne  ville  de  la 
Mauritanie  Céfarienfe.  Marmol  dit  que  c'eft  préfente- 
ment  Miliana. 

MANLIANUS  Saltus  ,  forêt  d'Espagne.  Titc-Live  , 
/.  40.  en  fait  mention. 

MANLIEU  ,  Magm-locus  ,  abbaye  d'hommes  en  Fran- 
ce ,  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  dans  la  bafle  Am  c  r  me  , 
au  diocèfe&rau  fud-eft  deClermont  ,  près  de  Saufilan- 
ges,&au  levant  d'Jffoirc ,  à  trois  lieues  fur  la  droite  de 

lAlher. 


MAN 


MAN 


l'Allier.  Elle  eft  fous  l'invocation  de  faint  Sébaftien.  La 
fondation  ou  le  retablifiement  de  ce  monaftere  Te  trouve 
aiufi  dans  l'hiftoire  de  la  translation  de  faint  Sébaftien 
martyr  ,  Se  de  faint  Grégoire  pape.  Dans  la  province  d  A- 
quitaine  au  pays  d'Auvergne  ,  dans  le  village  de  Toudour 
eft  un  monaftere  fous  l'invocation  &  les  mérites  de  ce 
glorieux  martyr.  Il  y  avoir  un  prêtre  de  même  pays,  re- 
commendable  Se  en  réputation   par  la   candeur  de  fes 
mœurs.  Il  fe  nommoit  Magnus  ,  c'eft  à- dire  Grand  ,  Se  il 
1  'étoit  de  nom  Se  d'effet.  Il  fut  averti  dans  une  vifion  de 
fe  mettre  en  chemin ,  Se  d'aller  à  Rome  vifiter  le  tom- 
beau de faint  Sébaftien.  Magnus  part ,  vole  à  Rome,  vi- 
fite  le  faint  tombeau ,  y  ramaffe  de  la  pouihere  ,  en  rem- 
plit un  petit  fichet,  Se  s'en  revient.  Cette  pouiTiere  étoit 
un  thréfor ,  qui  opéra  bientôt  des  merveilles.  Un  jour 
Magnus  s'étant  repofé  fous  un  arbre ,  y  pendit  à  une  bran- 
che ce  fachet  qui  rît  dans  le  moment  plufieurs  miracles. 
Magnus  jugea  par  ces  prodiges  que  faint  Sébaftien  vouloir 
être  honoré  en  ce  lieu.  Magnus  ne  réfuta  point ,  6c  c'eft 
de  lui  que  l'abbaye  de  Manlieu  a  pris  fon  nom  ,  quoique 
fon  fondateur  ait  été  faint  Gênez  ,  évêque  d'Auvergne 
vers  l'an  6$é.  Ce  monaftere  fe  trouve  au  nombre  de  ceux 
dont  Louis  le  Débonnaire  a  été  le  fondateur  ou  le  reitau- 
rateur.  On  y  compte  trente  abbés  jusqu'en  1708. 

Le  nom  latin  doit  être  Magni  locus  ,  le  lieu  de  Ma- 
gnus, Se  non  pas  Magnus  Locus ,  qui  fignifie  grand  lieu , 
puisque  Magnus  eft  ici  le  nom  d'un  homme. 

MANNACARTA,  ville  de  l'Arabie,  félon  Etienne 
le  géographe. 

MANNACAVOS  ou  Manancavos  ,  peuples  fau- 
vages  des  Indes  orientales  dans  la  presqu'ifle  de  Malacca  , 
au  voilinage  de  la  ville  de  ce  nom.  Ils  font  Mahomérans 
Se  grands  voleurs.  Ils  haïffent  fi  fort  les  Hollandois ,  que 
non  feulement  ils  ne  veulent  point  avoir  de  commerce 
avec  eux,  mais  ils  les  mafiacrent  ,  quand  ils  en  peuvent 
attraper.  Cela  eft  caufe  ,  qu'à  moins  d'une  grande  pré- 
caurion  ,  on  ne  peut  pas  couper  les  rotas  ou  cannes  des 
Indes,  quicroiflent  en  abondance  dans  les  campagnes  de 
Malacca.  Leur  roi ,  qu'on  appelle  Pagarivyon  ,  fait  fa  ré- 
sidence à  Nani ,  village  confirme  de  plufieurs  nattes  mal 
affemblées ,  que  l'on  trouve  dans  le  plus  épais  du  bois. 
*  Voyage  du  tour  du  monde  ,  t.  3 .  p.  3  3  1 . 
MANNARIACUM,  ou 

MANNARIT1UM  ,  lieu  de  la  Belgique.  Anronin, 
dans  fon  itinéraire  ,  le  met  dans  l'ifle  de  Bataves  fur  la 
route  de  Leyde  à  Strasbourg,  Lugduno  Argcntoratum , 
entreTrajeflum  (  Rheni  )  Se  Carvo  ,  à  vingt- cinq  milles 
de  la  première ,  Se  à  vingt-deux  de  la  féconde.  Les  exem- 
plaires varient ,  tant  pour  le  nom,  que  pour  le  chiffre. 
Quelques-uns  marquent  quinze,  au  lieu  de  vingt-cinq. 
On  fait  que  Trajetïum  efl  Utrecht ,  Se  Carvo  eft  Kavyck- 
Voyez,  Carvo.  Si  les  chifres  étoient  certains ,  on  pour- 
roit  compter  fur  la  vraie  pofuion  de  ce  lieu  ,  qui  de- 
vroit  fe  trouver  à  moitié  chemin  d'Asperen  à  la  rive  du 
"Wahal ,  vis-à-vis  de  Bommel  ;  mais  il  n'y  a  dans  cet  en- 
droit aucune  trace  d'antiquité.  Cluvier ,  Se  la  plupart  des 
géographes  croyent  que  c'eft  Maurik.,  fur  la  rive  gauche 
du  Leck ,  comme  fi  Maurik,  étoit  pour  Manrik  ;  mais  ce 
lieu  n'eft  qu'à  quinze  milles  d'Utrecht  ,  Se  à  douze  de 
Carvo.  Il  n'eft  pas  impoflible  qu'un  copifte  n'ait  doublé 
un  X ,  Se  mis  XXII  pour  XII  ;  mais  dans  ce  lieu  de  Man- 
rik, il  n'y  a  encore  rien  qui  marque  quelque  antiquité. 
Sur  quoi  Alting  ,  Infer.  Germ.  notit-  p.  9 1.  dit  :  S'il  y  a  un 
chifre  de  trop  dans  l'itinéraire ,  qui  empêche  que  ce  ne 
foit  aullî  bien  dans  le  premier  compte  que  dans  le  fé- 
cond ;  de  forte  que  la  diftance  du  lieu  en  queftion  fera 
cinq  mille  pas  d'Utrecht  ,  Se  vingt  deux  deCarvon;  alors 
cela  tombera  aux  mafures  de  Wiltcnburg  Se  de  Wecht 
lieu  fameux  par  les  antiquités  que  l'on  en  tire,  Se  dont 
plufieurs  ont  été  publiées.  Elles  prouvent  que  les  Ro- 
mains y  ont  été  ,  Se  ce  lieu  avoit  un  nom  :  eft-ce  Manna- 
ru'utm?  Cela  n'eft  pas  sûr  ;  mais  il  eft  certain  que  la  cor- 
rection de  Cluvier  eft  infourenable. 

M  ANNATI^E  ,  ville  des  Gaules  dans  l'Armorique.  Il 
en  eft  fait  mention  dans  le  livre  des  notices  ,fetl.  61. 

MANNAY  ou  Manay  ,  village  de  France  dans  le 
Kivernois,  élection  de  la  Charité.  Il  y  a  beaucoupde  bois, 
des  mines  de  fer  ,  des  forges  Se  des  fourneaux.  On  y  voit 
les  ruines  d'un  château,  appelle  le  fief  de  Lamojgnon , 
fi  diftingué  dans  la  robe. 


75 

MANNEOS,  contrée  qu'Etienne  le  géographe  ne  ué- 
figne  point  autrement  ,  qu'en  difant  qu'elle  étoit  entre 
deux  fleuves ,  Se  habitée  par  un  peuple  Arabe  ,  nommé 
Manneot^î. 

MANNESTER,  abbaye  de  France  dans  la  haute  Al- 
fiice.  Cétoit  autrefois  des  religieufes  de  l'ordre  de  faint 
Benoît.  Ce  font  à  préfent  des  chanoineffes  engagées  par 
vœux  ,  Se  reçues  par  le  roi.  L'abbefTe  eft  élective.  Le  re- 
venu de  cette  maifon  confifte  en  vins  ,  en  grains  &  en 
prairies.  *  DiLtion  de  la  France. 

MANNZÉE  ,  lac  d'Allemagne  dans  l'archevêché  de 
Saltzbourg,  à  l'orient  feptentrional  de  cette  ville.  Il  re- 
çoit divers  ruiffeaux  ,  &les  envoie  par  un  canal  de  com- 
munication dans  un  autre  lac.  C'eft  de-la  que  vient  X  Ae- 
ger ,  petite  rivière  qui  va  groilîr  la  rivière  de  Traun.  * 
Sanfon  ,  Bavière. 

MANOA  el  Dorado  ,  ville  imaginaire  que  l'on  a 
fuppofée  dans  l'Amérique  fous  l'équateur  ,  au  bord  du 
lac  de  Parime.  On  a  prétendu  que  les  Péruviens  ,  échapés 
au  joug  des  Espagnols ,  fe  réfugièrent  en  cet  endroit ,  y 
bâtirent  une  ville ,  6c  y  portèrent  les  richeffes  immenfes 
qu'ils  avoient  fauvées.  Les  bruits  femés  touchant  cette 
ville  ont  engagé  bien  des  gens  à  en  tenter  la  conquête, 
les  Espagnols  y  ont  fait  durant  long-tems  des  efforts  Se 
des  dépenfes  incroyables.  Les  Anglois  y  ont  auifi  perdu 
leur  peine. 

MANOBA ,  ou  plutôt  M^enoba  ,  ancienne  ville  d'Es- 
pagne dans  la  Béciquc  ,  avec  une  rivière  de  même  nom  , 
félon  Pline,  /.  3.C.  i.Strabon,  /.  3.  p.  143.  la  nomme 
de  même  MctivoCtt.  Ptolomée  la  nomme  Manoba  ;  c'eft: 
une  faute  ,  félon  le  P.  Hardouin  ,  qui  dit  que  cette  ri- 
vière s'appelle  préfentement  Rio  Frio  ,  &  la  ville  Tor- 
res  au  royaume  de  Grenade  ,  que  les  géographes  ap- 
pellent Toros.  Ses  imprimeurs  ont  mis  Riu  Frio  pour 
Rio  Frio. 

MANOE  ou  Mandoé  ,  petite  ifle  de  Danemarck  fur 
la  côte  occidentale  du  duché  deSlcswig,  près  de  la  ville 
de  Ripen  ,  au  midi  oriental  de  l'ifle  de  Fanoé  ,  Se  au  nord 
de  celle  de  Rom.  Elle  eft  nommée  au  Ai  Manu  Se  Man- 
du.  Elle  avoit  autrefois  plus  de  largeur  qu'elle-  n'en  a  ,  Se 
la  mer  lui  a  enlevé  tout  le  terrein  qui  eft  entr'elle  Se  le 
canal  nommé  Rieperdiep.  On  afliire  même  qu'elle  étoic 
contigue  à  l'ifle  de  Fanoé  en  1 3 1 2  ,  Se  qu'il  y  avoit  une  fo- 
rêt à  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  le  lit  de  la  rivière  de 
Nips ,  ou  le  nouveau  Riper  Tieff.  11  eft  pourtant  plus  vrai- 
fembiable  que  la  rivière  de  Scotburg  qui  paffe  à  Ripen  , 
avoit  fon  lit  entre  les  ifies  de  Fanoé  Se  de  Manoé ,  Se  que 
la  forêt  dont  on  vient  de  parler ,  étoit  entre  ce  lit  &  la 
Nips.  Il  y  a  pourtant  une  tradition  qui  porte  qu'en  1 2 10  , 
une  grande  forêt  nommée  Apenholt  (  ou  Apenschow  ) , 
Se  qui  s'étendoit  depuis  Ivern ,  village  de  l'ifle  de  Rom  au 
midi  de  l'ifle  de  Manoé  ,  jusqu'à  Guiddcng  en  terre  ferme 
à  l'orient  de  Manoé ,  fut  fubmergée  par  une  horrible  inon- 
dation. On  dit  que  ce  fut  en  1396  ,  que  les  ifles  de  Fanoé 
«Se  de  Manoé  furent  détachées  lune  de  l'autre.  A  préfenf 
qu'elle  eft  fort  diminuée  ,  elle  a  environ  huit  cens  toifes 
de  longueur,  fur  cinq  cens  de  largeur  ,  Se  Ces  habitans, 
tant  jeunes  que  vieux,  font  environ  cent  trente  ,  qui  s'em- 
bafraflent  peu  de  l'agriculture ,  Se  ne  s'attachent  qu'à  la 
pêche.  *  Hermanides ,  Daniœ  defer.  p.  814. 

MANOMBA  ,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar  ,  à  de- 
mi-lieue de  celle  de  Machicore  ,  Se  à  quatre  lieues  de 
celle  de  Menerandre.  Elle  eft  affez  médiocre,  Se  descend 
des  petites  montagnes  voifines.  La  côte  s'étend  au  nor'd- 
oueft.  *  Flacourt ,  Hift.  de  Madagascar  ,  c.  13. 

MANOPOLEOS  ,  fiége  épiscopal  de  la  Pifidie.  On 
trouve  Sifinnius ,  qui  en  étoit  évêque. 
MANÔRA.FVy^:  Bandera. 

MANOSQUE,  ville  de  France  en  Provence,  fur  la 
Durance  ,  dans  la  viguerie  de  Forcalquier ,  Se  l'une  des 
plus  peuplées  de  cette  province.  Elle  doit  fon  origine  (a) 
Se  fon  agrandiflemene  aux  comtes  de  Forcalquier  ,  qui 
y  demeuroient  l'hiver.  Ils  y  avoient  un  beau  palais, 
qui  fut  donné  ,  de  même  que  le  domaine  de  cette  ville, 
à  l'ordre  de  faint  Jean  de  Jérufalem  ,  (/•>)  par  Guignes , 
en  1 149.  par  Bertrand  ,  en  1 168  ,  Se  par  Guillaume  VI, 
en  1206  Se  en  1208  ,  tous  comtes  de  Forcalquier. 
Ce  fut  proprement  ce  dernier  qui  en  céda  la  totalité  ; 
car  fes  prédéceflêurs  n'en  avoient  cédé  que  des  parties. 
Il  étoit  aïeul  dç  la  çomteffe  Garfande ,  laquelle  unie 

Tom.  IV.  K 


MAN 


74 

le  comté  de  Forcalquicr  à  la  Provence.  Ceft  dans  le 
château  que  l'on  garde  le  corps  du  bienheureux  Gérard 
Tung  ,  né  à  Martigues ,  inltituteur  &  premier  grand 
maître  de  l'hôpital  de  faint  Jean  de  Jérufaleni.  11  y  a 
dans  Manosque  une  commenderie  de  1  ordre  de  Malte , 
dont  le  commendeur  a  la  dignité  de  failli  Se  de  grand- 
croix.  Il  y  a  outre  cela  deux  paroifles ,  &  pluueurs 
couverts  d'hommes  Se  de  filles.  La  ville  eft  fituée  dans 
un  très-beau  Se  très  -fertile  pays.  Elle  fouffrit  beaueoup 
d'un  tremblement  de  terre  en  1708.  Baudrand  ,  éd. 
de  170J.  prétend  que  ce  fut  aux  Templiers  que  cette 
ville  fut  donnée ,  &  qu'après  l'extinction  de  cet  ordre , 
elle  fut  donnée  à  celui  de  Malte.  Il  ajoute  qu'on  y 
voit  encore  les  ruines  d'un  couvent  des  Templiers. 
Maty  Se  Corneille  le  copient,  (a)  Longuerue  ,  Defcr. 
de  la  France  »  I.  part.  pag.  372.  (b)  Piganiol  de  la  For- 
ce, Defcription  de  la  France. 

MANOT,  bourg  de  France  dans  l'Angoumois. 
MANOTCOUS1B1  (a),   rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  dans  la  baie  de  Hudfon.  Après  que  Jean 
Bourdon    eut  le   premier   connu  la   baie   du   nord  du 
Canada  &  qu'il  y  eut  fait  fon  établiffement ,  les  Danois 
voulurent  aufli  avoir  part  aux  découvertes  de  ce  côté- 
là,  en  1668.  Le  premier  endroit  qu'ils  reconnurent  fut 
la  rivière  de  Manotcoufibi ,  au  cinquante-neuvième  deg. 
de  laticude  nord.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  pays  des 
Atticmospicayes    On  l'appelle  encore   la  rivière  Da- 
noise ,  &  les  Anglois  la  nomment  Churchil.  Les  dis- 
grâces que  les  Danois  eurent  dans  ce  pavs,  par  les  mi- 
feres  Se  les  maladies ,  firent  mourir  loixante  hommes , 
de  foixante  Se  quatre  d'équipage  qu'ils  étoient  fur  deux 
vaiffeaux.  Ils  furent  obligés  de  laitier  le  plus  grand  pour 
ramener  le  plus  petit.  Cette  mortalité   donna  de  trop 
mauvaifes  impreflions  au  roi  de  Danemarck ,  pour  fon- 
ger    davantage  à   l'établiflement   d'une    traite    avec    les 
Sauvages.     De  l'Ifle  (b)  ,  nomme   encore   cette  rivière 
Munck  ou    rivière   Danoise,  Se  même  rivière   de 
Churchil.    (a)    La  Potherie ,  Hiftoire   de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  p.  168.  {b)  Carte  de  la  nouvelle  France , 
1703. 

MANOTH ,  fortereffe  de  Syrie,  dans  le  territoire 
de  Byblos ,  félon  Guillaume  de  Tyr. 

MANOU  ,  bourg  de  France  dans  la  Normandie  au 
diocèfc  d'Evreux. 

MANOUFI ,  cap  Se  province  de  l'ifle  de  Madagascar , 
félon  Corneille ,  qui  cite  Flacourt  ;  H<lto\re  de  Mada- 
gascar ,  c.  8.  mais  cet  auteur  écrit  la  Manoufi  , 
ôe  quelques  lignes  plus  bas  Lamanoufi.  Quoi  qu'il  en 
foit  ,  cette  contrée  eft  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  , 
&c  s'étend  depuis  la  Mananzari  jusqu'à  la  Manghourou. 
Du  cap  à  cette  dernière  rivière  il  y  a  quinze  lieues  , 
dans  l'efpace  desquelles  on  trouve  trois  petites  rivières 
nommées  Andrasadi,  Tentamamou  &  Tenta  mami. 

1.  MANKALl ,  ancien  peuple  de  là  Libye  intérieure , 
félon  Ptolomée ,  /.  4.  c.  G.  Il  les  place  entre  les  peuples 
Alitambi  Se  Armi^€. 

2.  MANR.ALI,  ancien  peuple  de  la  Colchide.  Ils 
étoient  au-deffus  des  Lazes ,  félon  Ptolomée,  /.-y.  c.  8. 

MANR.ESE,  ville  d'Espagne  dans  la  Catalogne,  en 
latin  Minorissa.  Elle  eft  ancienne  Se  étoit  plus  confi- 
dérable  autrefois  qu'elle  ne  l'eft  aujourd'hui.  Elle  eft  fi- 
tuée au  confluent  du  Cardonero  Se  du  L.obregat ,  à  dix 
lieues  de  Barcelone  &  à  cinq  de  Cardone. 

De  Marca,  pag.  200.  obferve  que  cette  ville  a  été 
autrefois  nommée  Bacasis, p.  282.  que  Louis  le  Débon- 
naire la  rétablit ,  p.  311.  qu'elle  fut  envahie  par  Aizon , 
p.  387  &  1032.  ravagée  par  les  Sarrazins,p.  33$Y& 
reconquife  fur  eux  par  Wifred  le  Velu ,  comte  de  Bar- 
celone. Elle  eft  capitale  d'une  viguerie  Se  a  titre  de 
comté.  Baudrand  dit  qu'il  y  avoit  autrefois  à  Manrefe  un 
évêché  i  il  fe  trompe ,  il  n'y  a  jamais  eu  d'éveque  de  Man- 
refe. On  trouve  feulement  des  actes  où  un  même  prélat 
eft  qualifié  episcoput  Aufanmfu  6c  Manrefenjis  ;  cela 
ne  veut  dire  autre  chofe ,  finon  que  le  comté  de  Man- 
refe faifoit  une  partie  aflez  confidérable  du  diocèfe  de 
Wic  ,  pour  être  nommé  à  part  dans  les  titres  de  l'évêque.* 
Voyez.  Balnz.  Appendic.  ad  Marcam  bifp. 

MANS  (Le)  ville  de  France  fur  la  Sarte,  Se  capitale 
de  la  province  du  Maine.  Elle  eft  fort  ancienne.  Pto- 
lomée ,  /.    2.  c.   8.  la  nomme  oWJW  ;   la  table  de 


MAN 


PeutingeB  l'appelle  Subdinmtm  ,  Ôc  la  place  entre  Julio- 
magum  Andmm  Se  Cœfaroditnum  Turonum.  Ortelius  a  été 
trompé  par  la  reffemblance  des  noms;  il  a  dit  que  Vin- 
dmum  de  Ptolomée ,  Se  Vindocinum  de  Grégoire  de 
Tours  ,  étoit  une  feule  ville.  Vindinum  ,  ou  comme  lit 
de  Valois ,  nom.  Gallic.  pag.  64.  Zuindïmtm  appartient 
certainement  aux  Cenomam  ,  Se  Vindocinum  eft  une 
ville  de  la  province  de  Chartres ,  aux  confins  de  laquelle 
elle  fe  trouve  encore  aujourd'hui.  Dans  les  notices  des 
provinces  Se  des  villes  de  la  Gaule  ,  cette  ville  eft  tantôt 
appellée  civïtas  Cenomannorum ,  cïvitas  Cenomanorum 
Se  Cenomanni. 

Le  Mans  eft  au  nord- eft  fur  une  colline  qui  s'élève 
au-deffus  de  la  rivière  de  Sarte  à  main  gauche.  Cette 
ville  paffoit  du  tems  de  Charlemagiie  pour  une  des 
plus  grandes  Se  des  plus  riches  du  royaume  ;  mais  les 
courfes  des  Normands  dans  le  IX  fiécle  ,  les  guerres 
des  comtes  d'Anjou  Se  des  ducs  de  Normandie  ,  dans 
le  XII ,  Se  les  incendies  qu'elle  a  foufierts  en  divers 
temps  l'ont  beaucoup  diminuée.  Guillaume  le  Conqué- 
rant ,  duc  de  Normandie ,  Se  roi  d'Angleterre  y  fie 
bâtir  un  château  qui  fut  démoli  en  16 17.  par  le  comte 
d'Auvergne ,  fur  les  ordres  de  la  cour ,  qui  appréhendoic 
que  les  princes  mécontens  ne  s'en  rendilïent  les  maîties. 
Presque  dans  tous  les  fiécles  elle  a  effuyé  des  malheurs. 
Elle  embraffa  le  parti  de  la  Ligue ,  fous  Henri  III.  & 
fous  Henri  IV.  Le  maréchal  de  Bois  Dauphin  ,  à  la 
tête  de  cent  gentilshommes  ,  Se  de  vingt  compagnies 
d'infanterie,  fe  jetta  dedans  pour  la  défendre  ;  mais  après 
avoir  employé  vingt-cinq  mille  écus  en  fortifications  aux 
dépens  des  habitans  ,  après  avoir  brûlé  pour  cent  mille 
écusde  maifons,  Se  ruiné  le  plat  pays  pour  plus  de  fix 
cens  mille  livres  ,  il  fut  obligé  de  rendre  la  place  par 
compofirion  au  roi  Henri  IV  ,  le  2  de  décembre  1589.* 
Piganol ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  5.  p.  48 j. 

Si  on  vouloit  s'en  rapporter  à  la  tradition  ,  aux  Ponti-» 
ficaux  Se  aux  regiftres  qu'on  garde  dans  les  archives ,  lé- 
glife  du  Mans  avoit  été  fondée  dès  le  tems  des  Apôtres 
par  un  des  foixante-douze  disciples ,  appelle  Julien ,  ou 
par  Simon  le  Lépreux  ,  qui  paffa  à  Rome ,  d'où  ayant  été 
envoyé  dans  les  Gaules  ,  il  fixa  fon  domicile  au  Mans  ; 
mais,  comme  l'a  fort  bien  remarqué  un  hiltorien  qui  n'eft 
pas  fufpect  ,  la  tradition  eft  ordinairement  incertaine, 
corrompue ,  &  par  conféquent  fans  autorité.  Liboire , 
qui  vivoit  fur  la  fin  du  règne  de  Conftantin,  Se  qui  fut 
ami  de  faint  Martin,  entre  les  mains  de  qui  il  mourut, 
eft  le  premier  évêque  du  Mans  qui  paroiffe  dans  les  ma- 
numens  authentiques.  La  tradition  veut  à  la  vérité  que  ce 
n'ait  été  que  le  quatrième  ;  mais  en  remontant  aepuis  lui 
jusqu'au  premier ,  il  eft  impoffible  qu'il  ait  vécu  fous  Do- 
natien ,  ou  même  fous  Adrien  ,  Se  qu'il  ait  quitté  en  ce 
tems  l'Italie ,  pout  venir  prêcher  l'Evangile  en  France.  * 
Cour -vai fier ,  Hift.  des  évêques  du  Mans. 

L'églife  cathédrale  fut  d'abord  dédiée  à  Notre-Dame, 
puis  à  faint  Gcrvais ,  enfuite  à  faint  Julien.  A  l'entrée  de 
cette  églife  vers  le  feptentrion  ,  on  voit  une  horloge  d'une 
invention  merveilleufe  ,  que  le  cardinal  Philippe  de  Lu- 
xembourg fit  faire  pendant  fon  épiscopat.  On  remarque 
aufli  dans  la  même  églife  ,  à  droite  contre  le  mur  du 
chœur  en  dehors,  un  tombeau  de  marbre  Se  d'une  archi- 
tecture de  très-bon  goût.  L'épitaphe  qu'on  y  lit  ,  apprend 
que  c'eft  le  maufolée  de  Charles  d'Anjou  ,  comte  du 
Maine  ,  mort  le  10  avril  1472.  Outre  cette  épitaphe  ,  il 
y  en  a  une  autre  écrite  fur  une  table  de  cuivre.  Cette  der- 
nière eft  en  vers  ,  &  en  lettres  gothiques. 

On  trouve  en  outre  dans  cette  ville  une  collégiale, 
nommée  faim  Pierre  de  la  Cour.  Le  roi  nomme  aux  pré- 
bendes de  cette  églife.  11  y  a  dans  cette  ville  &  dans  Ces 
fauxbouris  feize  ou  dix-fept  paroifles  ,  qui  renferment 
trois  mille  deux  cens  feux,  Se  environ  quatorze  ou  quinze 
mille  âmes.  Les  piètres  de  l'Oratoire  ont  un  collège,  qui 
fut  fondé  en  1624,311  mois  de  Novembre.  On  y  trouve 
aufli  des  capucins ,  des  dominicains ,  des  cordeliers ,  des 
minimes,  deux  magnifiques  abbayes  de  bénédictins,  un 
des  plus  beaux  féminaires  de  France  ,  poffédé  par  les  prê- 
tres de  la  miflîon  ;  des  bénédictines  ,  des  urfulines  »  des 
filles  de  la  Vifitation  ,  &  des  filles  de  faint  Dominique. 

Lavilledu  Mans  a  été  la  patrie  de  Nicolas  Denyfor, 
peintre  Se  poète  françois ,  mort  à  Paris  en  1 5/9  ;  de  Pierre 
Bellon  ,  docteur  en  médecine ,  qui  vivoit  au  milieu  du 


MAN 


MAN 


quinzième  fiécle  -,  de  François  Grudé  ,  connu  fous  le  nom 
de  la  Croix  du  Maine  ;  de  Mann  Merfenne  ,  minime  ,  la- 
vant théologien  Se  mathématicien,  mort  à  Paris  en  1648^ 
de  Bernard  Lami  ,  prêtre  de  l'Oratoire ,  qui  avoit  une 
telle  dispofition  aux  fciences ,  qu'il  les  a  toutes  embras- 
fées  i  de  Marin  Cureau  de  la  Chambre  ,  médecin  habile, 
Se  l'un  des  quarante  de  l'académie  françoife. 

Le  diocèfe  du  Mans  eft  compofé  de  fix  cens  quatre- 
vingt-feize  paroifles  ,  de  dix  chapitres,  &  de  vingt-deux 
abbayes.  L'évcque  du  Mans  fe  dit  le  premier  fuffragant  de 
l'archevêché  de  Tours,  prétend  avoir  droit  de  faire  les 
fondions  du  métropolitain  en  fon  abfence  ,  Se  dispute  la 
préféance  fur  tous  les  autres  de  la  province ,  ce  qui  lui  eft 
contefté.  Cet  évêché  vaut  environ  vingt-fepr  mille  livres 
de  revenu.  Voici  la  lifte  des  chapitres  Se  des  abbayes  de 
ce  diocèfe. 


.L'églife cathédrale  du  Mans, 

Saint  Pierre  de  la  Cour , 

Du  Gué  de  Manny  , 
,S.  Calais , 
I S.  Martin  de  Tro, 
,  S.  Tugal  de  Laval , 

S.  Michel , 

Sillé  le  Guillaume , 

Preuillé , 
■Trois  Maries. 


1S 


Chapitres  de 


Abbayes  de 


rS.  Vincent , 

La  Couture  du  Mans, 

S.  Calais, 

Evron  , 

La  Pelice , 
|Le  Gué  de  Launay, 

Le  Pré , 

Etival , 

JBelIebranche, 
{Champagne , 
jTironel , 
jPerfeigne , 
iClermont , 
JL'Espeau, 

Fontaine-Daniel, 
iBonlieu , 

La  Virginité , 

Beaulieu, 
'S.  George  des  Bois, 

Vaas , 

La  Périgne , 

Lonlay. 


i.MANSA.  Voyez.  Maksvs. 

2.  MANSA,  village  de  la  Gaule  Narbonnoife.  Feftus 
Avienus  ,  Or  a  marit.  v.6n.  le  place  entre  Polygium 
.ville  ,  &  N austhalo  bourg  ,  lieux  peu  connus. 

Hic  fat  angufii  îaris , 
Tenuisqite  cenfu  civitas  Folyguim  efi  , 
Et  Manj'a  viens ,  oppidumque  Naitfthalo. 

3.  MANSA  ,  rivière  d'Afrique  dans  la  Nigritie  ,  au 
fud  du  Sénégal.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  royaume  de 
Makanna  ,  d'où  prenant  fon  cours  à  l'oueft,  elle  fe  rend 
dans  celle  de  Falemé.  *  Court  du  Falemé  drejjé  fur  les 
lieux  par  Compagnon. 

1.  M  ANSFELD  (  a  ) ,  petite  ville  d'Allemagne  en  Thu- 
ringedansla  vallée  de  même  nom,  avec  un  château  qui 
a  donné  fon  nom  à  la  ville  Se  au  comté.  Elle  eft  près  de 
l'ancienne  Vippre  à  un  mille  d'Ifiébe ,  à  deux  de  Sanger- 
haufen  Se  d'Ascherleben.  Le  château  duquel  tirent  leur 
nom  les  feigneursde  Mansfeld ,  Se  qui  a  fous  lui  un  bail- 
liage, eft  fur  une  hauteur  que  l'on  voit  de  loin.  On  le 
répara  &  l'aggrandit  en  IJ47  ,  Se  l'on  en  avoit  fait  une 
bonne  place.  La  reflemblance  de  fon  nom  avec  celui  de 
Man  ,  fils  de  Tuiscon  ,  de  qui  parle  Corneille  Tacite  ,  a 
donné  beau  jeu  aux  coniectureurs ,  pour  prêter  à  cette 
ville  une  antiquité  de  leur  façon  (  b  ).  Le  château  eft  pré- 
fentement  démoli.  (  a  )  Zeyler  ,  Thuting.  topogr.  p.  132. 
(  b  )  Hit  hier  ,  Geogr.  p.  588. 

a.  MANSFELD  (  Le  comté  de  )  ,  eft  un  petit  état 


d'Allemagne  ,  dont  les  biens  confinent  au  pays  d'Anhalt. 
Il  eft  en  partie  dans  la  Thuringe  ,  Se  partie  dans  la  haute 
Saxe  proprement  dite.  11  y  a  quatre  villes ,  favoir , 

Mansfeld,       Bornftadc  ,       Artern,         Eifleben. 

La  maifon  des  comtes  de  Mansfeld  étoit  partagée  en 
deux  branches  ;  l'une  catholique  ,  portoit  le  furnom  de 
Bornftadt ,  Se  s'eft  diftinguée  au  fervice  de  l'empereur  i 
l'autre  Luthérienne  ,  réîidoit  la  plupart  du  tems  à  Ar- 
tern ,  &  prenoit  le  furnom  d'Eifleben  ,  qui ,  comme  nous 
dlfons  en  fon  lieu  ,  étoit  la  patrie  de  Luther.  Cette  ligne 
s'éteignit  le  premier  janvier  1710.  La  luccelhon  étant  dis- 
putée par  des  concuri  eus  qui  ne  s'accordoient  point ,  l'é- 
lecteur de  Saxe  Se  celui  de  Brandebourg  en  prirent  cha- 
cun une  partie  en  féqueftre  ,  jusqu'à  la  décifion  du  droic 
des  héritiers  -,  Se  l'électeur  de  Saxe  a  engage  à  l'électeur  de 
Hanover  la  partie  qui  étoit  entre  fes  mains.  *  Hubrier» 
Géogr.  p.  j88. 

MANSF1ELD  ,  village  d'Angleterre  au  pays  de  Not- 
tingham  ,  vers  les  confins  de  Dcibyshire,  à  douze  milles 
de  Nottingham,  Se  à  quatre-vingt-dix  huit  de  Londres. 
Cambden  ,  fuivi  par  Baudrand,  édit.  1705.  croit  que  c'eft 
la  Manduessedum  d'Antonin.  Cambden  eft  cite  mal  à 
propos.  Cet  auteur  dit  que  Manduejjet-.um  eft  aujourd'hui 
Manchcfter  en  Wai wieshire.  Voyez,  ce  mot. 

MANSIATRE,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar.  Elle 
fépare  le  pays  des  Vohits  Anghombes  de  celui  des  Eung- 
drants.  C'eft  une  rivière  aulh  grande  que  la  Loire.  Elle 
va  fe  rendre  dans  une  grande  baie  (ituée  fous  le  vingtième 
degré  de  latitude  méridionale  ,  fur  la  mer  de  Mozambi- 
que. Elle  fort  du  pays  des  Vohits  Anghombes ,  environ  à 
la  hauteur  de  1 9  cieg.  de  latitude.  *  Flacourt ,  Hift?  de 
l'ifle  de  Madagascar .  c.  6. 

MANSIGisÉ,  bourg  de  France  dans  l'Anjou,  élection' 
de  la  Flèche. 

MANSION.  Ce  mot  eft  purement  latin  ,  Manjio  ,  Se 
notre  langue  ne  la  point  encore  adopté  dans  le  ftyle  or* 
dinaire,  quoique  de  bons  auteurs  s'enfuient  fervis.  Rien 
n'empêche  qu'on  ne  l'emploie  dans  la  géographie  de  l'em- 
pire Romain ,  lorsqu'il  s'agit  des  grandes  routes ,  comme 
a  fait  Bergier  dans  fon  excellent  livre  des  grands  che- 
mins. Il  faut  le  prendre  pour  demeure ,  féjour  ,  Se  il  a  dans 
les  écrivains  latins  plufieurs  acceptions  toutes  relatives  à 
celle-là. 

i°.  Les  Romains  ne  fortifioient  pas  également  tous 
leurs  camps.  Ils  proportionnoient  leurs  travaux  à  lXifage 
qu'ils  en  vouloient  faire.  Il  y  avoit  des  camps  où  ils  ne 
s'arrêtoient  qu'une  nuit  ou  deux  ,  pour  Laitier  repolerles 
troupes:  ces  camps  étoient  nommés  Mansiones  ;  il  y  en 
avoit  d'autres  où  ils  panoient  un  tems  plus  confidérabJe  » 
ôe  ces  camps  s'appelloient  Staiiva.  Ceux  qui  étoient  de* 
ftinés  pour  y  paner  l'été  ,  s'appelloient  JEfiiva  ;  s'ils 
étoient  pour  y  paner  l'hiver  ,  Hiberna.  Les  ManfioneS 
font  quelquefois  marquées  dans  les  itinéraires. 

2°.  Sur  les  grandes  routes  il  y  avoit  des  lieux  marqués, 
où  les  légions  ou  les  recrues  ,  les  généraux  avec  leur  fuite, 
les  empereurs  mêmes  trouvoient  tous  leurs  befoins  préi 
parés  d'avance  ,  foit  dans  les  magafins  publics ,  foit  par 
d'autres  dispofitions ,  non  feulement  dans  les  villes ,  mais 
encore  en  des  lieux  où  l'on  préparoit  à  tout  événement  de 
quoi  leur  fournir  ce  qui  étoit  neceflaire  pour  leur  fejour. 
L'empereur  Valens  ,  /.  10.  cod.  t.  16.  écrivant  à  un  de 
fes  gouverneurs  de  province,  lui  preferit  cet  ordre  en- 
tr'autres  :  Cùm  ad  quamlibeturbem  ,  manfiontmque  accès- 
ferit ,  protink'  horrea  infpicere  te  volumus ,  ut  devotiffimif 
militibus  deputata.  &  incorruptœfpecies  pr&beantur.  On  y 
diftribuoit  les  provifions  par  mefure  ,  comme  on  fait  dans 
les  villes  d'étape.  Modios  ,  dit  l'empereur  Valentmien  , 
(  L.  Modios  ,  C  defitsceptor.prtpoj.  &  arcariis  ,1.  9.  )  ad 
metiendum  in  manfiombus  aneos  vel  lapideos  cumjtxtariis 
&  pondérions  teneri ,  ac  per  Jïngulas  etiam  civitates  col- 
locari, Quand  les  empereurs  voyageoient  eux-mêmes,  les 
meubles  impériaux  les  précédoient ,  afin  qu'ils  trouvaflenC 
dans  les  villes  &  dans  les  mandons  une  demeure  digne 
d'eux.  S.  Ambroife ,  dans  fon  discours  fur  la  mort  de  Va- 
lentinien  ,  de  obitu  Vuleniiniani ,  dit  :  Ecce  luterœ  de  in- 
ftruendis  manfivnibus  ,  inveUio  omamentorum  regalium, 
qiiA  ingreffurum  imper atorem  fgnificant.  Ce  fut  à  là  pre- 
mière naanfion  que  la  fièvre  furprit  Titus  ,  comme  le 

Tom.  IV.  Kij 


MAN 


76 

rapporte  Suétone,  in  Tito  ,  c.  10.  Ad  primant  ftatimman- 
fiontm  febnm  natlus.  C'éwk  dans  une  manfion  nommée 
Cxnopbrurium  , entre  Héraclée  &  Confiantinoplc,  qu'Au- 
rélien  fut  affaffiné  par  deux  de  fes  domeftiques  *  Cum  iter 
faceret  apud  Cœnopbrurium  manjionem ,  qtu  efi  inter  He- 
racleam  &  Byz.antium,  malitia  notariijui  &  manu  Mu- 
caporis  interemptus  eft.  Ces  manOons  étoient  proprement 
affectées  à  la  commodité  des  troupes  ,  ou  des  hommes 
qui  étoient  revêtus  de  charges  publiques ,  &  on  leur  four- 
niffoit  tout  des  deniers  publics.  Celui  qui  avoit  l'inten- 
dance d'une  manfion»  étoit  nommé  Manceps  ou  Statio- 
narins.  *  Vopiscus  ,  in  Aureliano. 

j°.  Il  y  avoit  outre  cela  des  maniions  pour  les  particu- 
liers qui  voyageoient,  Se  où  ils  étoient  reçus,  en  payant 
leur  dépenfe.  C'étoit  proprement  des  auberges.  C'eft  de 
ce  mot  de  manfio  ,  dégénéré  en  mafia ,  que  nos  ancêtres 
ont  formé  le  mot  de  Maison.  Le  mot  de  manfion  en  ce 
cas  veut  dire  un  Gîte  ,  la  Couchée  ,  un  lieu  où  l'on  cou- 
che ,  lorsqu'on  eft  en  voyage.  Il  eft  différent  de  mutatio  , 
qui  n'étoit  proprement  qu'un  lieu  où  l'on  fe  rafraichiflbit 
&  où  l'on  changeoit  de  chevaux  ;  cependant  le  nom  de 
Station  étoit  commun  à  l'un  &  à  l'autre,  parce  qu'on  s'y 
arrêtoit  également,  quoique  pour  des  tems  inégaux. 

40.  Comme  la  journée  du  voyageur  finifloit  au  gîte  ou 
à  la  manfion  \  de  la  eft  venu  ï'ulage  de  compter  les  di- 
ftances  par  manfion  ,  ou  ,  ce  qui  eft  la  même  chofe  ,  par 
journées  de  chemin.  Pline  ,  /.  1 2.  c.  14.  dit  :  Manfionibus 
otto  ,  ftat  rcgioTburtfera  à  monte  exceljo.  Les  Grecs  ont 
rendu  le  mot  de  Manfio  par  celui  de  Stathmos ,  2TA0- 
MÛ2;  Se  lfidore  de  Charax  a  intitulé  rr  AfeMOI  nAP0IKOI, 
le  livre  où  il  marque  les  difiances  des  lieux  du  pays  des 
Parthes  ,  quoique  dans  1  ouvrage  même  il  fe  ferve  de 
Sch.rnej  ,  mefure  que  nous  expliquons  en  fon  lieu;  Se 
le  traducteur  latin  a  rendu  ce  titre  par  celui  de  Man- 
siones  ParthicjE. 

MANSIONILE,  diminutif  de  Ma nsio.  Ce  nom 
qui  eft  de  la  latinité  barbare  a  été  employé  pour  fig- 
nifier  un  petit  champ, accompagné  d'une  maifon  pour 
y  loger  le  laboureur.  On  a  dit  également  dans  la  baffe 
latinité  Mansionile  au  neutre,  &Mansionilis 
au  masculin,  Mansionillum,  Mansile, 
M  a  s  n  1  l  e  &  MESNiLLuMjde  ces  mots  on  a  fait 
Maisnil  &  Mesnii.  Ce  dernier  eft  le  feul  qui 
foit  demeuré  en  ufage.  L'auteur  de  la  vie  de  S.  Rémi 
de  Rheims  dit,  Partent  etiam  maximam  filv&  in  Vofago 
pretio  comparavit  &  Manjîonilia  ibidem  conftituit.  Flo- 
doard  dans  fon  hiftoire  de  Rheims ,  /.  3.  c.  16.  dit  : 
Manfionile  conabantur  auferre.  La  chronique  de  Forc- 
tenelle ,  c.  6.  Fer  illum  manfionilem  qui  vocatur  Pomari- 
tus.  La  vie  de  S.  Rigobert  archevêque  de  Rheims ,  Et 
non  illic  ut  hodie  villa  ,fcd  exiguus  manfionilis  fuerat.  On 
voit  que  villa  Se  manfionilis  différoient,  Se  voici  en 
quoi  :  Villa  étoit  un  affemblage  de  maifons  où  demeu- 
roient  plufieurs  familles  de  gens  occupés  à  la  culture 
de  cette  terre.  Manfionilis  ou  manfionile  étoit  une  mai- 
fon détachée  &  feule ,  comme  on  en  voit  dans  les  cam- 
pagnes ,  au  lieu  que  villa  fignifioit  alors  tout  un  villa- 
ge. Voyez.  Menu. 

MANSLE  ,  bourg  de  France  dans  l'Angoumois ,  éle- 
ction de  Cognac. 

MANSONI,  port  du  Japon  dans  l'ifie  de  Nipon  £c 
fur  la  côte  orientale.  On  le  confond  quelquefois  avec  le 
port  de  Nambou ,  mais  ce  pourroit  bien  n'être  qu'un 
petit  havte  dépendant  de  ce  pott.  Voyez.  N  a  m  b  u. 

MANSORE  .petite  ville  d'Afrique  dans  la  province 
de  Tremecen  au  royaume  de  Fez.  Elle  fut  bâtie  par  Ja- 
cob Almanfor  entre  Anafe  &  Rabat ,  Se  l'on  n'en  voit 
plus  aujourd'hui  que  quelques  ruines.  Elles  font  dans 
une  agréable  plaine  ,  à  demi  lieue  de  la  côte  de  l'Océan 
fur  les  bords  du  Guit  que  les  anciens  appelloient  Duo, 
Se  que  Ptolomée  met  à  fix  degrés  dix  minutes  de  lon- 
gitude ,  Se  à  trente  trois  degrés  vingt  minutes  de  lati- 
tude, il  y  a  à  l'entour  comme  une  forêt  d'arbres  frui- 
tiers qui  font  devenus  fauvages ,  parce  qu'on  a  été  trop 
long-tems  fans  les  cultiver.  On  y  recueilloit  force  bled  , 
&  l'on  y  nourriffoit  beaucoup  de  troupeaux  ,  à  quoi  la 
terre  eft  fort  propre ,  ce  qui  rendoit  cette  ville  d'affez 
grand  trafic.  Le  peuple  fe  retira  dans  Rabat  avec  tous 
fes  meubles ,  lorsque  le  roi  de  Portugal  fit  l'entreprife 
d'Anafe  ,  Se  il  n'eft  peint  revenu  depuis.  Quoique  toutes 


MAN 


les  maifons  foient  fondues,  les  murs  font  encore  de- 
bout. Les  habitans  du  pays  y  ont  fait  des  brèches ,  parce 
qu'ils  n'aiment  pas  à  fe  renfermer  dans  des  villes.  *  Mar- 
mol ,  Afrique  ,  t.  2. 1.  4.  c.  3. 

MANSOURAH  ,  grande  ville  de  l'Inde  dans  la  pro- 
vince de  Sinde  à  105  degrés  Se  demi  de  longitude  &  à 
2j  &  demi  de  latitude.  Un  canal  de  l'Inde  qui  l'entoure  , 
en  fait  une  efpéee  d'ifle.  Cette  ville  s'appelloit  autrefois 
Nubvareb.  II  y  regnoit  anciennement  un  Roi ,  qui  portoit 
des  pendans  d'oreille  comme  celui  des  Indes.  Elle  fut 
conquife  au  commencement  du  Mahométisme  :  fes  ha- 
bitans font  presque  tous  Mahométans.  Les  grandes  cha- 
leurs qu'il  fait  à  Manfourah  font  caufe  qu'il  ne  croît  point 
d'arbres  dans  fon  terroir ,  hors  des  palmiers  Se  les  cannes 
de  fucre.  Il  y  a  une  forte  de  dattes  dans  ce  pays  auffi  gros- 
fes  que  des  pommes  ordinaires  ;  elles  viennent  par  grap- 
pes ,  comme  les  autres  dattes ,  mais  elles  n'ont  pas  la  mê- 
me douceur.  *  Manufcrits  de  la  bibl.  du  Roi. 

MANSOURE  (a)  ,  ou  Masoure,  M  assoure  , 
ou  la  V  1  ct  o  r  1  e  u  s  e  ,  ville  d'Egypte  fur  le  bord  orien- 
tal du  Nil ,  Se  la  réfidence  du  cascief  de  Dckalie.  C'elt  une 
grande  Se  fort  belle  ville.  Ses  maifons  ne  font  pas  bâties 
furie  Nil  ,  comme  celles  de  Damiertc  ,  il  y  a  entre  deux 
une  large  rue  où  l'on  lé  promène.  Les  mosquées  font  nom- 
breufes  Se  belles.  Divers  auteurs  ont  écrit  que  c'eft  dans 
cette  ville' que  faint  Louis  roi  de  France  fut  fait  ptifon- 
nier  par  le  fultan  Saleh  negm  iddin  ,  eiiub  ibn  il  Kamel  ; 
mais  les  meilleurs  hutonem  (  Z>  )  marquent  que  ce  prince 
fut  pris  par  l'émir  Gemaledin  dans  une  petite  ville  nom- 
mée Cifel  par  Joinville ,  &  par  d'autres  Sarmofac  ou 
Charmafach.  Ça)  Vanjleb.  Relat.  d'Egypte,  p.  1 12.  (b) 
Le  P.  Daniel ,  Hift.  de  Louis  IX.  p.  if  1. 

M  ANSUARIUS.  Voyez.  M  a  n  s  u  s. 

MANSUETIANUSPons,  pont  dans  la  Pannonie. 
Antonin  dans  fon  itinéraire  dit  qu'on  le  paffoit  entre  So- 
p\an&  Se  Tricciana ,  à  vingt-cinq  mille  pas  de  la  première 
place  ,  Se  à  trente  mille  pas  de  la  féconde.  On  croit  que 
c'eft  aujourd'hui  Baeolra. 

MANSUIT  (  Saint  )  ,  abbaye  de  France  dans  la  Lor- 
raine ,  au  diocèfe  Se  dans  un  des  fauxbourgs  de  Toul ,  fur 
la  Mofellc.  Elle  eft  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  Voyez. 
Toul. 

MANSURA.  Ce  mot  a  fignifié  maifon  ;  de  là  nous 
avons  fait  le  mot  Masure  ,  Se  dit  de  vieilles  majures  , 
pour  fignifier  une  maifon  tombée  en  ruine. 

MANSUS,  ouMansa,ou  Mansum  ,  lieu  de  la  cam- 
pagne où  il  y  avoit  de  quoi  loger  Se  nourrir  une  famille. 
C'eft  ce  que  quelques  provinces  de  France  expriment  par 
le  mot  Mas.  La  coutume  d'Auvergne,  c.  zS.art.  /.dit: 
Pâturages  fe  tet minent  par  villages  ,  mas  Se  ténemens. 
Celui  qui  occupoit  un  mas  ou  manfus,  étoit  appelle  ma- 
nens  ,  dont  nous  avons  confervé  dans  notre  langue  le 
mot  de  manant ,  pour  dire  un  homme  de  la  campagne. 
Rien  n'eft  plus  commun  dans  les  actes  du  moyen  âge  que 
le  mot  manfus  ;  on  appelloit  manfum  regale  ceux  qui 
étoient  du  domaine  du  roi.  Les  loix  bornèrent  à  un  cer» 
tain  nombre  d'arpens  ce  que  chaque  manie  devoit  avoir. 
Ainfi  on  voit  des  manfes  nommés  Mansi  integri  dans 
les  capitulaires  de  Charlcmagne  ,  /.  i.c.  83.  dans  la  chic- 
nique  de  Fontenelle  &  ailleurs.  On  trouve  des  demi- 
manfes,  Mansi  medii  ou  dimidii  dans  beaucoup  d'actes 
rapportés  par  Du  Cange  ,  Se  Manselli  pour  des  manfes 
qui  n'avoient  qu'un  très-petit  terrein.  Il  y  avoit  outre  cela 
entre  ces  manfes  un  grand  nombre  de  différences  diftin- 
guées  par  des  épithétes  que  l'on  peut  voir  dans  cet  au- 
teur. Le  fermier  d'un  manfe  étoit  appelle  Mansuarius. 

M  ANTA  (  a  ) ,  ville  Se  havre  de  l'Amérique  méridio- 
nale au  Pérou  ,  à  fon  extrémité  feptentrionale ,  à  neuf 
lieues  nord  eft  &  fud-oueft  de  la  baie  de  Carracas.  La 
terre  eft  haute  près  de  la  mer ,  Se  on  y  voit  plufieurs  mon- 
ticules blancs  jusqu'à  la  rivière  de  Choropoto  ,  où  la  côte 
s'abbaiffe  Se  forme  une  efpéee  de  baie.  Deux  lieues  avanr 
que  d'arriver  à  Manta ,  il  y  a  une  pointe  baffe  qu'on  ap- 
pelle Cames.  Il  faut  s'en  tenir  à  une  bonne  diftance ,  à 
caufe  d'une  grande  batture  qui  eft  a  fa  hauteur.  On  la 
reconnoît  à  une  montagne  raboteufe  qui  eft  au-delà  dans 
le  pavs.  U  y  en  a  une  autre  vers  le  fud  qui  porte  le  nom  de 
Monte  Christi  ,  Se  qui  efi  fort  haute  Se  iabote»'e  -, 
au  fud-ouefi  la  terre  eft  plus  baffe.  Si  on  eft  au-deffus  du 
vent  du  port  de  Marna,  &  que  l'on  veuille  y  entrer,  il 


MAN 


M  AN 


faut  avoir  toujours  la  fonde  à  la  main  ,  parce  qu'il  y  a  un 
banc  à  l'entrée  ;  on  voit  la  petite  montagne  qu'on  appelle 
Cérillo  de  la  Cruz;  on  n'a  qu'à  l'amener  ,  lorsqu'on  fera 
vis  à-vis  de  l'extrémité  de  la  ville  ôc  mouiller  à  fept  brades 
d'eau, on  aura  alors  l'églife  au  fud-oueft.  Du  havre  de 
Manta  au  cap  de  S.  Laurenzo  ,  il  y  a  huit  lieues  cours  eft- 
nord-eft  cVoueft- fud-oueft.  Depuis  Manta  la  terre  ert 
baffe,  mais  s'élève  vers  S.  Laurenzo  ,qui  cil  fous  le  pre- 
mier degré  de  latitude  métidionale.  Ce  port  de  Manta  (jb) 
eft  aflez  commode  pour  les  navires.La  plupart  de  ceux  qui 
viennent  de  Panama,  ont  coutume  d'y  abotder ,  ôc  vont 
par  terre  delà  à  Lima.  Tous  leshabitans  font  naturels  du 
pays ,  ôc  il  n'y  a  que  peu  d'Espagnols  parmi  eux.  Us  ont 
quelques  barques,  Ôc  s'occupent  à  faire  des  cables  &  au- 
tres ouvrages  pour  les  navires.  On  dit  qu'ily  avoit  autre- 
fois dans  cette  bourgade  une  grofle  émeraude ,  que  les 
peuples  voifins  venoienr  adorer  a  grandes  troupes.  Acolta 
témoigne  que  les  veines  de  ces  pierres  n'en  étoient  pas 
éloignées.  Dampier ,  t.  i.p.  246,  prétend  que  Manta 
n'eft  qu'un  petit  village  d'Indiens,  en  terre  ferme  à  fept 
ou  huit  îieuesdel'ifle  de  Plata.  Il  eft ,  dit  il ,  bâti  fur  une 
petite  éminence .  ôc  par  conféquent  fi  avantageufement 
fitué  pour  être  vu  ,  qu'il  fait  du  côté  de  la  met  une  très- 
beile  perfpective.  Cependant  il  n'y  a  que  des  chaumines 
affez  éloignées  les  unes  des  autres.  Il  y  a  une  fort  belle 
églife  ,  ornée  de  quantité  d'ouvrages  de  fculpture.  C'étoit 
autrefois  une  habitation  d'Espagnols;  mais  ils  s'en  font 
tous  retirés.  Le  terre  ir  eft  fec  ôc  fablonneux  ,  ne  produi- 
fant  que  quelques  petits  arbriffeaux.  Les  Indiens  ne  Cé- 
ment ni  ne  plantent  ;  ils  tirent  des  autres  lieux  les  chofes 
dont  ils  ont  befoin  ,  ôc  font  ordinairement  un  magafin 
de  provifious  pour  les  vaiffeaux  qut  en  ont  befoin  ;  car 
c'eft  le  premier  établiffement  où  les  navires  puiffent  tou- 
cher ,  en  venant  de  Panama  pour  aller  à  Lima  ,  ou  à  quel- 
que autre  poi  t  du  Pérou.  Comme  le  terroir  eft  aride  & 
fablonneux,  il  ne  produit  point  de  maïs  ;  Se  c'eft  pour  cela 
qu'on  n'en  plante  point.  Entre  le  village  ôc  la  mer  il  y  a 
une  fort  haute  montagne  ronde ,  de  la  forme  d'un  pain 
de  fucre ,  nommée  Monte  -  Chriflo  :  elle  eft  au  fud  de 
Minta.;  c'eft  un  très  bon  fanal  ,  ôc  le  meilleur  qu'il  y  ait 
fur  toute  la  côte.  Environ  à  un  mille  ôc  demi  de  terre  , 
tout  vis-à-vis  du  village  ,  il  y  a  un  rocher  très  dangereux, 
parce  que  l'eau  le  courre  toujours ,  Se  que  la  mer ,  qui 
n'y  eft  que  rarement  haute  ,  ne  fait  point  de  brifans.  Ce- 
pendant il  eft  à  préfent  fi  connu ,  qu'il  n'y  a  point  de 
vaiflcaux  qui  ne  l'évitent  aifément.  A  un  mille  au-delà  de 
ce  rocher  ,  il  y  a  fix  ,  huit  ou  dix  braffes  d'eau  ,  avec  un 
bon  fond  dur  &  fabloneux  ,  où  l'on  peut  mouiller  en 
toute  fureté.  A  un  mille  de  la  rade  du  côté  d'occident ,  il 
y  a  un  endroit  peu  creux  ,  qui  s'avance  un  mille  en  mer. 
Depuis  Manta  jusqu'au  cap  S.  Laurent  le  pays  eft  plain  , 
uni  ôc  affez  élevé,  (a  )  Supplément  aux  voyages  de  Ro- 
ger* ,  p.  28.  (b  )  De  Laet ,  Indes  occid.  1.  10.  c.  11. 

MANTAILLE  ,  ancien  nom  d'un  château  de  France 
en  Dauphiné,  dans  le  Viennois  près  de  S.  Rembert ,  à 
quatre  lieues  de  Vienne.  Ce  fut  en  ce  lieu  qu'après  la  mort 
de  Louis  le  Bcgue ,  Bofon  fe  fit  proclamer  roi  d'Arles  ou 
de  Bourgogne  le  15  d'octobre  879.  C'eft  ptéfentement  le 
village  de  Mante  ou  Mente  ,  à  diftance  à  peu  près  égale 
de  Vienne  ôc  de  Tournon.  Il  y  a  un  prieuré  fournis  à 
Clugni  ;  Pierre  de  Clugni  l'appelle  Mantula  ,  ôc  quel- 
ques-uns même  difent  Mentula ,  peut-êrre  pour  le  plaifir 
de  dire  une  obscénité;  le  nom  latin  eft  AJantala. 

1.  MA  NT  AL  A.  L'itinéraire  d'Antonin  fournit  Man- 
tala  ,  ou  Mantalia  ,  ou  Mantanvï  ,  dans  la  Gaule 
Narbonnoife ,  entre  le  lieu  ad  Publicanos  ôc  Labisco. 
.Voici  la  diftance  de  ce  lieu  à  Vienne  ,  félon  cet  itinéraire. 


Mantalam , 
JLcttincum , 
Labiiconem , 
j4u<Lruth>m  , 
Berguftam , 
Viennam , 


XVI  mille  pas. 
XIV    m.  p. 
XIV    m.  p. 
XVI  m.  p. 
XX    m.  p. 


En  tout  quatre-vingt  milles  ,  qui  font  autour  de  vingt- 
fept  lieues ,  ôc  par  conféquent  il  y  a  bien  loin  de  Mantala 
d'Antonin  au  Mantala  où  fe  tint  le  concile  nommé  Man- 
talenfis  Jynodus  ,  ôc  où  Bofon  fut  déclaré  roi. 

2.  MANTALA.  Voyez.  Mantaille. 


77 

MANTALUS  ,  ville  d'Afie  dans  la  Phrygie  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

MANTANA.  ^«.Mantala  i. 

1.  MANTANE ,  ifiede  l'Amérique  feprentrionale  dans 
l'Acadie.  Elle  a  fix  heues  de  circuit ,  &  eft  dans  la  baie 
Françoife  près  de  la  rivière  de  S.  Jean.  De  1  Ifle  la  nom- 
me Menane. 

2.  MANTANE,  petite  rivière  de  l'Amérique  fepren- 
ttionaledans  la  Gaspefie  ;  elle  a  fa  fource  dans  les  monts 
de  Notre-Dame  ,  &  tombe  dans  le  grand  fleuve  de  Saint 
Laurent  ;  on  la  peut  temonter  avec  des  chaloupes  I'efpace 
de  dix-huit  lieues.  Les  fauvages,  qui  habirent  le  long  de 
fes  bords,  quand  ils  ont  monré  jusqu'à  fa  fource,  por- 
tent leurs  canots  fur  leurs  épaules  environ  une  lieue  jus- 
qu'à une  fontaine  ,  d'où  fort  une  fort  grande  rivière  qui 
vafcjetter  dans  le  grand  fleuve;  par  ce  moyen  ils  font 
leur  trafic  plus  facilement.  *  De  Laet ,  Indes  occidenta- 
les ,  liv.  2.  chap.  9. 

MaNTAHAUEN,  petite  rivière  d'Afrique  dans  l'ifle 
de  Madagascar  ;  elle  eft  éloignée  de  Morombei  de  huit 
lieues.  *  FLuoiot,  Hift.  de  Madagascar , c.  7. 

MANTAVON1UM,  ou  Mautavonium  ,  ou  Mai- 
tavonium  .  félon  les  divers  exemplaires  d'Antonin  ,  itin. 
ancien  lieu  de  la  Gaule  Narbonnoife.  11  étoit  entre  Vo* 
coni  Forum  ôc  Aq.tx  Scxnœ ,  à  douze  mille  pas  de  la  pre- 
mière, ôc  à  quaranre-fix  mille  pas  de  la  ieconde  ;  c'eft  à- 
dire,  à  quatre  lieues  de  Forum  V,  conn  ,  &  a  un  peu  plus 
de  quinze  d  Aix  en  Provence.  Quelques  uns  croient  que 
c'eft  Cotignac. 

MANTE  ,  en  latin  Medunta  ,  ville  de  France  aiïdio- 
cele  de  Charries ,  dans  l'ifle  de  France  >  à  trois  lieues  de 
Meulan  ,  à  fix  de  Poifiï  ,  ôc  à  onze  de  Paris  ,  fur  le  bord 
delà  Seine  qu'on  y  palfe  fur  un  pont  de  pierres  ,  compofé 
de  trente-neuf  arches.  Hadrien  de  Valois  dans  fa  notice 
des  Gaules  ,  prérend  que  le  lieu  nommé  Petromanta- 
ium  dans  l'itinéraire  d'Antonin  ,  eft  la  même  chofe  que 
Maure  ,  ôc  il  le  prouve  par  les  différentes  diftances  mar- 
quées dans  cet  itinéraire,  entre  Fetro  Mamalum  Ôc  les 
autres  places  voifines:  ôc  l'abbé  de  Longuerue  ,  que  cerre 
raifon  ne  touche  point ,  avoue  quelles  conviennent  allez 
bien  avec  Mante.  Mante  a  eu  fes  feigneurs  particuliers  & 
propriétaires  avant  le  milieu  du  dixième  fiécle.  Les  com- 
res  du  Vexin  l'ayant  pofledée  jusqu'au  règne  de  Philippe 
I ,  le  comte  Gautier  étant  morr  fans  enfans  ,  Mante  fut 
réunie  à  la  couronne.  Le  fiécle  fuivanr  ,  Louis  le  Gros 
donna  Mante  à  Philippe  fon  frère,  fils  de  Philippe  I ,  ôc 
de  Bertrade  de  Montfort  ;  mais  ce  comre  Philippe  de 
Mante  ,  par  une  grande  ingratitude,  s'étant  révolté  con- 
tre le  roi  fon  frère  ,  tout  fon  bien  fut  confisqué  &  réuni 
au  domaine. 

11  y  a  plufieurs  églifes ,  dont  la  plus  confidérable  eft 
Notre-Dame  ,  bâtie  &  fondée  par  Jeanne  de  France ,  donc 
on  voit  le  tombeau  à  côté  du  grand  autel ,  félon  Piganiol 
de  la  Force,  Defcript.  delà  France,  t.  3. p.  89.  Corneille, 
guidé  par  des  mémoires  manuferits  ,  dit  que  cette  églife 
fut  rebâtie  en  1087  ,  aux  dépens  de  Guillaume  le  Bâtard  , 
roi  d'Angleterre.  Les  vitres  en  furent  données  par  la  reine 
Blanche,  mère  de  faint  Louis.  II  eft  remarqué  dans  l'hi- 
ftoire  de  ce  tems  ,  que  cette  églife  éroit  deflervie  par  des 
chanoines  de  l'abbaye  de  S.  Victor  de  Paris  ,  d'où  1  abbé  de 
S.  Victor  jouit  encore  du  droit  de  déporr  fut  les  canonicars. 
Les  mêmes  mémoires  portent  que  Philippe  Augufte  fut 
abbé  de  Notte-Dame  de  Mante  ,  ôc  qu'étant  parvenu  à 
la  couronne,  il  donna  les  revenus  de  cette  abbaye  aux  re- 
ligieux de  faint  Denys  ,  pour  les  récompenfer  d'autres 
biens  qu'ils  avoient  cédés  à  fa  majefté.  Cette  églife  eft 
ptéfentement  une  collégiale  ,  où  il  y  a  des  chanoines  & 
un  doyen  à  la  nomination  du  roi.  Il  y  aauflî  une  paroiffe 
dans  la  même  églife  ;  celle  de  faint  Maclou  a  pour  curé 
le  doyen  de  Notre-Dame.  Philippe  Augufte  mourut  à 
Mante  le  14  juillet  1225;  fon  cœut ôc  fes  entrailles  font 
dans  deuxbo'eresde  plomb  enfermées  dans  un  caveau.  Il 
y  a  trois  couvens  d'hommes  ;  les  céleftins  ,  fondés  pat 
Charles  V ,  roi  de  France ,  en  1375.  Ils  font  hors  delà 
ville  ;  l'enclos  ôc  le  coteau  de  ce  monaftere  font  renom- 
més  pour  leurs  bons  vins.  Les  cordeliers  ôc  les  capucins 
font  à  Limai ,  lieu  peu  éloigné  de  la  mai  fon  des  céle- 
ftins. Il  y  a  auffi  trois  monaftères  de  fille1-;  des  hospita- 
lières ,  des  bénédictines  ôc  des  urfulines.  On  voir  dans  la 
ville  deux  fort  belles  fontaines ,  que  M,  d'O  y  fit  faire 


78 


M  AN 


MAN 


par  ordre  d'Henri  IV  ,  l'an  yjp.  Henri  IV,  après  que 
le  fiége  de  Rouen  eut  été  levé ,  vint  faire  fon  principal 
féjour  à  Mante  ,  où  fe  trouvèrent  quatorze  minières  de 
la  communion  de  Genève,  Ils  y  eurent  pendant  fept  jours 
dans  le  château  des  conférences  avec  le  cardinal  du  Per- 
ron. Le  roi ,  qui  y  étoit  prêtent  ,s'en  trouva  fort  ébranlé, 
&  le  fit  enfuite  inftruire.  Le  même  roi ,  s'écant  fait  facrer 
à  Chartres ,  revint  à  Mante  &:  y  tint  le  premier  chapitre 
de  l'ordre  du  feint  Efprit  ,  &  donna  le  cordon  bleu  a 
Renaud  de  la  Beaume  ,  archevêque  de  Bourges  ,  &  au 
maréchal  de  Biron.  Mante  a  bailliage,  préfidial ,  élection, 
grenier  a  tel  .prévôté  des  maréchaux  ,  Se  hôtel  de  ville. 

MANTEBRUM,  lieu  dont  il  elt  fait  mention  dansle 
«ode  Théodofien  ,  1 1.  Tit.  de  fusceptoribits. 

i.  M  ANTEIUM,  en  grec  Mm-tûm ,  ce  mot  veut  dire  un 
oracle ,  &  a  été  le  nom  commun  de  plufieurs  lieux. 

2.  MANTElUM,lieu  delà  Cappadoce  ,  félon  Pline, 
l.  6.c.  3 . 

3.  M  ANTEIUM  5  lieu -de  l'Afie  Mineure  auprès  d'E- 
phefe.  *  Pline ,  1.  5.  c.  29 

4.  MANTE1UM  ,  autre  lieu  de  l'Afie  Mineure  auprès 
de  Colophon.  *  Pline,  1.  j.  c.  29. 

M  ANTENEY,  abbaye  de  France  en  Bourgogne  ,  au 
diocète  de  Bellay  ;  ce  font  des  bénédictins. 

MANTHE  ,  Mante  ,  ou  Mente  .  prieuré  de  France 
dans  le  Dauphiné.  Voyez.  Mantaille. 

MANTHUR1CI  Campi  ,  M»6t?/:*K«  ;  campagne  de 
ï'Arcadie  au  Péloponnete ,  fclon  Paufanias ,  /.  8.  c.  44.  Elle 
étoit  dans  le  territoire  des  Tégéates ,  Se  s'étendoit  l'efpace 
de  près  de  cinquante  fiades  jusqu'à  la  ville  de  Tégée.  Ce 
champ  confervoit  le  nom  d'un  village  du  nombre  de  ceux 
dont  les  habitans  avoient  été  transportés  dans  la  ville 
même  de  Tégée,  pour  la  peupler.  Paufanias  les  nomme 
MANTHuRENSES,M*i<9upê/ç.  Etienne  le  géographe  nomme 
Manthyrée  village  d'Arcadie  ;  c'eft  le  même  lieu. 

MANTIANA  Palus  ,  grand  lac  de  l'Arménie.  Stra- 
bondit ,  /.  1 1  .p.  $ 29. 11  y  a  auffide  grands  lacs  dans  l'Ar- 
ménie, entr'autres  le  lac  Mantiana  -,  c'eft  le  plus  grand  lac 
qu'il  y  ait  après  le  Palus  Méotide  -,  les  eaux  en  font  falées. 
Il  s'étend  jusqu'à  l'Atropathie  ;  il  s'y  forme  aufli  du  tel. 
Quelques-uns  ont  cru  que  c'eft  le  même  lac  que  Ptolomée 
nomme  Mariane ,  Se  Ortelius  le  juge  ainfi  :  mais  il  te 
trompe.  Le  lac  Mariane  de  Ptolomée  ,  félon  ce  géogra- 
phe ,  étoit  voiftn  de  la  rivière  de  Mardus ,  Amardus  ou 
Marins  ;  lequel  fleuve  fe  jettoit  dans  la  mer  Caspienne 
au  midi.  Or  le  Mantiana  Palus  étoit  éloigné  de  la  mer 
Caspienne,  &  par  conféquent  du  lac  Mariane  ,  qu'on 
croit  être  le  même  que  le  Spauta  deStrabon  ,  aujourd'hui 
Spota ,  lequel  eft  au  voifinage  de  la  ville  de  Tauris  ,  &  à 
l'orient  méridional  du  Mantiana.  Ptolomée  fe  trompe 
en  joignant  le  lac  Mariane  au  fleuve  Mardus  ,  à  moins 
que  cette  communication  ne  foit  fouterraine.  Dans  l'érat 
prêtent  où  eft  cette  rivière ,  elle  eft  voifine  ,  mais  elle  ne 
communique  pas.  Le  lac  Mantiana  s'appelle  aujourd'hui 
Actamar ,  ou  ,  félon  de  l'Iilc ,  Corneille ,  Tavernier ,  le 
lac  de  Van.  Voyez,  ce  mot. 

MANTIEN1  Montes  ,  montagnes  d'où  le  Gyndes 
&l'Araxe  prennent  leurs  fources.  Hérodote  ,  /.  1.  c.  189. 
dit  du  Gyndes ,  qu'il  a  fa  fource  dans  ces  montagnes  ,  Se 
fe  jette  dans  le  Tigre.  Il  dit  de  l'Araxe  ,  /.  1.  c.  202.  qu'il 
y  a  auiîi  fa  fource;  mais  l'édition  de  Gronovius  porte 
Matieni.  Ortelius  lit  Mantieni  ;  Se  dans  l'édition  citée 
il  y  a  dans  le  texte  h  McCltmo'i<ri  ;  mais  il  y  a  en  marge  m«k- 
1tvo7<ji,  in  Mantienis. 

1.  MANTINÉE  ,  ancienne  ville  du  Péloponnete  dans 
Ï'Arcadie  ,  au  midi  &  aux  confins  de  la  Laconie.  De  l'au- 
tre côté  ceux  de  Mantinée  confinoient  avec  le  territoire 
d'Orchomene.  Paufanias  dit ,  in  Arcad.  c.  1 2.  Les  bornes 
entre  ceux  de  Mantinée  Se  ceux  d'Orchomene  font  aux 
Anchifies.  11  appelle  ainfi  des  montagnes  au  pied  des- 
quelles fe  trouvoit  le  tombeau  d'Anchife  ,  que  quelques- 
uns  croyoient  y  avoir  été  enterré.  Strabon  ,  /.  8.  in  fine , 
dit ,  qu'Epaminondas  rendit  illuftre  la  ville  de  Mantinée , 
par  la  victoire  qu'il  y  remporta  fur  les  Lacédémoniens. 
Elle  doit  avoir  été  ancienne.  Homère  la  nomme  Maiti- 
viw  tpa.Tuv»v ,  l'aimable  Mantinée.  Paufanias ,  c.  8.  en  rap- 
porte les  diverfes  révolutions.  Les  habitans  fe  joignirent 
avec  les  Eléens ,  &  prirent  le  parti  des  Athéniens  contre 
les  Lacédémoniens.  Ceux-ci  animés  par  la  vengeance  pri- 
rent Mautinée  ,  la  détruifirent  presque  enticremenr ,  ôc 


ne  ktiflérent  aux  habitans  qui  étoient  échapés  du  carnage» 
que  la  liberté  de  vivre féparément  dans  cinq  villages  qu'ils 
formèrent.  Les  Thébains,  après  la  bataille  de  Lcuctres 
les  rétablirent  ;  mais  les  ingrats  les  abandonnèrent  Se  fe 
joignirent  aux  Spartiates  leurs  ennemis  dans  la  bataille  , 
où  Epaminondas  fut  tué.  Ils  fe  joignirent  enfuite  aux 
Achéens  Se  au  roi  Antigonus ,  ennemis  déclarés  des  Spar- 
tiates ;  Se  changèrent  le  nom  de  leur  ville  en  celui  d'An- 
tigonie,  en  lhonneurdu  roi  de  Macédoine.  Plutarqtie, 
in  Arato.  raconte  la  chote  un  peu  autrement  :  il  dit  qu» 
les  Achéens  prirent -cette  ville  avec  le  tecours  d'Antigo- 
nus  ,  qui  en  ayant  fait  mourir  les  principaux  habitans ,  en 
fit  prêtent  aux  Argiens,  après  avoir  ordonné  par  un  dé- 
cret, qu'ils  nel'appelleroient  point  Mantinée,  mais  An- 
tigonie.  Cela  éclaircit  ce  que  dit  Ptolomée ,  Antigonie  ' 
que  l'on  appelle  aufli  Mantinée.  L'empereur  Adrien  , 
au  rapport  de  Paufanias,  abolit  le  nom  de  Macédonien  » 
Se  ordonna  qu'on  lui  rendroit  à  l'avenir  fon  ancien  nom 
de  Mantinée.  Mantinée  eft  connue  aujourd'hui  fous  le 
nom  de  Mandi.  *  Harpocrat, 

2.  MANTINÉE.  Pline  ,  /.  4.  c.  j.  met  une  autre 
Mantinée  au  Péloponnete  dans  l'Algie.  Elle  ne  fubfiftoit 
déjà  plus  de  fon  tems  ,  non  plus  que  Tyrinthe  ,  donc 
elle  étoit  voifine.  Il  la  diitingue  très  bien  de  la  Mantinée 
d'Arcadie  ,dont  il  parle  aufli  ,  c.  6. 

MANTINIUM,  lieu  de  la  Cappadoce.  Suidas  &  So- 
crate  le  fcholaltique  en  parlent.  Ce  dernier  dit  qu'il  y 
avoit  en  -ce  lieu  un  grand  nombre  de  Novatiens.  *  Ortel. 
Thefaur. 

MANT1NORUM  Civitas  ,  ancienne  ville  de  l'ifle 
de  Coite  fur  la  côte  orientale ,  félon  Ptolomée.  Le  grec 
porte  -AtaiTfW  vius  ,  Se  l'interprète  latin  dit  Man- 
tinum  Civ-itas.  On  croit  avec  vraitemblance  que  c'c(b 
aujourd'hui  la  ville  de  Baftia. 

MANTITTLR  ,  ancienne  ville  de  l'Inde  en-decà  dur 
Gange ,  au  pays  des  Caréens  dans  les  terres,  félon  Pto- 
lomée. 

M  ANTOIS  ,  (  Le  )  petit  pays  de  l'Iile  de  France ,  aux 
•environs  de  la  ville  de  Mante, 

MANTOLA  ,  lieu  de  la  Gaule  dans  le  Dauphiné.  Ce 
doit  être  le  même  que  Mantaille.  Voyez,  ce  mot. 

MANTOUAN  (  Le)  ,  pays  d'Italie  «11  Lombardie ,  le 
long  du  Pô  ■■)  qui  le  coupe  en  deux  parties.  Il  eft  ainfi  ap- 
pelle de  Mantoue  fa  capitale  ;  Se  comprend  la  plus  grande 
partie  des  états  ,  qui  apparrenoient  au  duc  de  même  nom, 
Se  ceux  de  quelques  autres  princes  de  fa  maifon.  Ses  bor- 
nes font  au  teptentrion  le  Véronete  ,  au  midi  les  duchés 
de  Reggio,  de  Modene  Se  de  la  Mirandole,  à  l'orient  le 
Ferrarois ,  Se  à  l'occident  le  Crémonois  au  duché  de  Mi- 
lan ,  &  le  Breffan  qui  dépend  de  la  République  de  Ve- 
nifc.Son  étendue  du  fud  au  nord  eft  fort  irréguliere  ,  car 
elle  eft  bien  de  trente-cinq  milles  en  quelques  endroits,' 
&  en  d'autres  feulement  de  fix  ou  de  fept  ;  celle  de  1  eft  à 
l'oueft  eft  d'environ  foixante  milles  dans  fa  plus  grande 
longueur. 

Cette  province  eft  fertile  en  bled  &  en  pâturages;  on 
y  nourrit  quantité  de  bétail.  On  y  recueille  aufli  du  vin  Se 
des  fruits.  Le  Mantouan  eft  divite  en  trois  duchés,  troia 
principautés  ,  Se  un  comté  ;  lavoir , 

rMantoue,  r  Caftiglione  , 

Duchés  de  <  Guaftalla  ,     Princip.de/  Solferino, 
LSabioneta.  {.  Bozolo. 

Comté,  <  Novellara. 

I.  MANTOUE  ,  ville  d'Italie  dans  la  Lombardie ,  fut 
le  Mincio  ,  Se  capitale  du  duché  auquel  elle  donne  le 
nom.  Pline  ,  /.  3.  c.  19.  la  place  dansl'Iltrie  ,  Se  dit  :  Man- 
tuaTuscorumtrans  Padumjola  reliqiia.  Elle  e/t  fameufe 
dans  les  écrits  des  anciens  Se  des  modernes ,  pour  avoir 
donné  lanaiflance  à  Virgile  ,  qui  en  parle  lui-même  de  la 
forte ,  Georg.  I.  3.  v.  12. 

Primits  Idimœas  referam  tlbi,  Mantua ,  palmas , 
Et  viridi  campo  templum  de  marmore  pot.am 
Pr  opter  aquam ,  tardis  ingens  ubi  fie. xi  bus  errât 
Mincius,  &tenerapr<ttexit  arandine  ripas» 

Martial  a  dit ,  lib.  i.epigram.  6x, 


AN 


MAN 


Marone  fefix  Mantua  eft. 

Papinius  Statius  en  a  fait  un  magnifique  éloge  dans  ce 
Yers,  lib.  4.  Sifa.  Car.  2.  v.  9. 

Nettat  adoratas  &  Smyrna  &  Mantua  lauros. 

Et  Silius  Italiens  a  dit  à  peu  près  la  même  chofedans 
ceux-ci ,  lib.  8.  v.  545). 

Mantua  Mu/arum  domus ,  atque  adjydera  cantti 
Evetla  Andirto  ,  Smym&is  annula  plectris. 

Cependant  Virgile  n'étoit  pas  né  dans  la  ville  de  Man- 
toue ,  mais  dans  un  village  voifin  nommé  Andes ,  au- 
jourd'hui Pétula  ,  à  deux  lieues  de  Mantoue.  Un  ancien 
auteur  delà  vie  de  Virgile  ,  8c  que  l'on  croit  être  Donat , 
a  fondé  cette  opinion  :  Natus  eft ,  die  il ,  en  parlant  de 
ce  poé'te  ,  Cn.  Pumptjo  Magna  0"  M.  Licinio  Coss. 
idttum  Obtobrium  die ,  m  pago ,  qui  Andes  aicitur  ,  qui 
eft  a  Mantua  non  procul.  Silius  Italicus  appuie  ce  fenti- 
ment  enappellant  les  vers  de  Virgile  Camus  Andinus. 
Ainfi  Virgile  fut  furnommé  Mmituanus  ,  parce  qu'il 
étoit  né  dans  le  voifmage  de  Mantoue  :  au  lieu  qu'on 
devoit  proprement  le  nommer  Andinus t  *  Ccllar.  Geogr. 
ant.  lib.  2.  cap.  9. 

Virgile.nous  a  donné  lui-même ,  JEneid.  lib.  io.v.i  98. 
&  Jeq.  l'origine  de  Mantoue.  11  dit  qu'elle  fut  fondée 
par  Ocnus ,  fille  du  Tybre  ik  de  la  dcvinerefle  Manto; 
&  qu'il  la  nomma  du  nom  de  fa  mère.  Il  ajoute  qu'elle 
commandoit  à  trois  peuples  divifés  en  quatre  tribus.  En- 
fin il  fait  entendre  qu'elle  étoit  la  capitale  des  douze  villes 
de  la  nouvelle  Toscane  ;  mais  il  relevoit  la  gloire  de  fa 
patrie  aux  dépens  de  Felfina  ,  depuis  appellée  Boulogne , 
félon  Cluvier  ,  Ital.lib.  î.c.  16. 

Ni  les  cartes  géographiques ,  ni  les  voyages ,  ne  don- 
nent point  l'idée  qu'il  faut  avoir  de  la  fituation  de  Man- 
toue. On  repréfente  ordinairement  cette  ville  au  milieu 
d'un  lac  ,  dont  on  la  fait  à  peu  près  également  en- 
vironnée ;  ce  qui  n'eft  point  du  tout  ainfi.  Le  Mincio 
trouvant  un  pays  bas ,  s'élargit  8c  forme  une  efpéce  de 
marais  douze  ou  quinze  fois  plus  long  que  large.  Man- 
toue eft  bâtie  fur  un  terrein  ferme,  quoique  dans  un 
des  côtés  de  ce  marais.  Quand  on  vient  de  Crémone  , 
on  paffe  une  chauffée  longue  feulement  de  deux  ou  trois 
cens  pas;  &  de  l'autre  côté,  quand  on  va  à  Vérone, 
le  marais  ou  le  lac  eft  beaucoup  plus  large.  Il  y  a 
quelques  endroits  où  ces  eaux  font  toujours  courantes  ; 
mais  en  d'autres  elles  croupiffent  8c  infectent  tellement 
l'air  de  Mantoue ,  que  dans  les  chaleurs ,  tous  ceux  qui 
peuvent  quitter  la  ville  en  fortenr.  La  fituation  de  Man- 
toue ne  icffemble  pas  mal  à  celle  de  Péronne  -,  mais 
Péronne  ,  outre  fon  marais  ,  a  une  bonne  fortification  , 
&  Mantoue  n'eft  ceinte  que  d'un  mur.  Il  eft  vrai  que 
fa  citadelle  lui  eft  une  forte  défenfe.  *  Labat ,  Non- 
veau  voyage  d'Italie,  tom.  3.  p.  10. 

Cette  ville  eft  médiocrement  grande ,  à  peu  près  com- 
me Crémone;  mais  elle  eft  beaucoup  plus  riche  8c  plus 
peuplée.  11  y  a  quelques  rues  affez  larges  8c  affez  droites. 
Pour  les  maifons  en  général  ,  elles  font  inégales  ;  8c  fi 
l'on  en  excepte  un  fort  petit  nombre,  tout  le  relie  cfl  mé- 
diocre. Le  palais  ducal  n'a  même  aucune  beauté  ni  aucu- 
ne fymmétrie  extérieure  :  les  étrangers  le  voient  8c  le 
touchent  fans  le  connoître  pour  ce  qu'il  eft ,  s'ils  n'en  font 
avertis.  Il  eft  vrai  qu'il  y  a  quantité  de  galeries  &  d'ap- 
partemens  :  mais  c'en:  tout  ce  qu'on  en  peut  dire.  Il 
étoit  magnifiquement  meublé  en  1650.  lorsque  l'armée 
impériale  furprit  la  ville  ,  8c  pilla  le  palais.  L'apparte- 
ment du  duc  eft  cependant  affez  bien  meublé,  8c  la 
fale  des  antiques  renferme  quantité  de  chofes  belles  8c 
rares  ;  8c  le  cabinet  de  curiofités  eft  affez  rempli. 

Saint  Longin  eft  la  plus  précieufe  relique  de  Mantoue  ; 
il  y  en  a  encore  une  autre  qui  eft  très-célébre  ;  ce  font 
quelques  gouttes  de  ce  fang  miraculeux  qui  fur  trouvé 
dans  cette  ville  du  tems  de  Léon  III.  8c  quia  donné 
occafion  à  l'inftinuion  de  l'ordre  du  duc  de  Mantoue, 
appelle  communément  l'ordre  du  précieux  Sang ,  de  la 
Rédemption  ,  ou  du  Tabernacle.  Ces  deux  chofes  fe 
gardent  dans  l'églife  de  S.  André.  A  l'entrée  de  la  mê- 
me églife  on  voit  une  pièce  extraordinaire.    C'eft  une 


79 

cloche  de  pics  de  fix  pieds  de  diamètre,  autour  de  la- 
quelle ilya  huit  ouvertures  faites  en  forme  de  fenêtres, 
larges  d'un  pied ,  8c  hautes  de  trois. 

Outre  la  cathédrale,  il  y  a diverfes  autres  églifes  re- 
marquables ;  entres  autres'celles  des  Jéfuites,  de  fains 
Barnabe,  de  f'aint  Maurice,  de  fainte  Urfule,  de  faint 
Scbaitien  8c  de  fainte  Barbe.  La  maifon  de  ville  ,  le 
théâtre ,  les  manufactures ,  le  moulin  des  douze  Apôtres, 
la  fynagogue  8c  la  boucherie  ,  méritent  quelque  atten- 
tion. 

Après  la  décadence  de  l'empire  Romain  ,  Mantoue 
fut  envahie  par  les  Lombards ,  &  enfuite  conquife  fur 
eux  par  Charlemagne.  Sous  les  descendais  de  ce  prince  , 
l'Italie  étant  devenue  le  partage  de  divers  feigneurs , 
dont  le  gouvernement  dégénéra  en  tyrannie ,  Louis  de 
Gonzague  ,  vers  l'an  1 3  28.  fe  fit  donner  le  titre  de  capi- 
tal! par  l'empereur,  chaffa  le  tyran  de  Mantoue,  8c 
obtint  la  feigneurie  de  la  ville  qu'il  venoit  de  délivrer. 
Son  petit- fils  Jean  François  fut  élevé  en  1433  ,à  la  di- 
gnité de  marquis  par  l'empereur  Sigismond.  Frédéric  II  , 
marquis  de  Mantoue ,  fut  créé  duc  par  l'empereur  Char- 
les V  ,  en  1530.  L'alliance  de  la  Fiancé  fut  fatale  à  Char- 
les IV,  dernier  duc  de  Mantoue.  Comme  il  s'étoit  déclaré 
pour  la  France  dans  la  guerre  de  1700  ,  il  fut  mis  au  ban 
de  l'empire  ,  8c  contraint  de  fe  retirer  dans  l'état  de  Ve- 
nife,  où  il  mourut  en  1708.  Sa  fucceffion  fut  conteftée 
entre  les  ducs  de  Guaitalla  &  de  Lorraine  ;  mais  l'empe- 
reur les  mit  d'accord  ,  en  prenant  pofleflion  du  duché  de 
Mantoue  ,  où  il  mit  un  gouverneur.  *  Leandro  Alberti  , 
Pag-  393  >  &fuiv. 

2.  MANTOUE  ,  (  Le  duché  de  )  occupe  la  plus  gran- 
de partie  du  Mantouan  ;  8c  les  autres  petits  états  qui  ont 
été  donnés  en  appanage  aux  cadets  de  cette  maifon ,  y 
font  enclavés  çà  &  la  ,  de  forte  qu'il  eft  peu  poflible  ,  & 
en  même  tems  peu  néceffaire  de  marquer  l'étendue  de 
cette  principale  partie ,  ce  qu'on  ne  pourroit  fans  y  en 
mêler  d'autres.  Voici  les  principaux  lieux  de  ce  duché. 


Mantoue , 
Marmirol, 
La  Favorite , 
Borgoforte , 


Governolo , 
Oftiglia  , 
Lermido , 
Quiftello , 


Gonzague  » 
Luzara  , 
Viadana. 


L'état  du  duc  de  Mantoue  confiftoit  dans  le  Mantouan  J 
diminué  par  le  partage  entre  les  diverfes  branches  de  fa 
maifon,  8c  en  une  partie  du  Montferrat,  qu'il  avoit  héritée 
de  fes  ancêtres  ,  qui  l'avoienteu  de  la  maifon  des  Paléolo- 
gucs.L'empereurn'a  point  touché  aux  parties  que  les  bran- 
ches collatérales  de  la  maifon  de  Mantoue  poffédoient ,  & 
elles  les  poffédent  encore  -,  mais  ce  que  fa  branche  aînée , 
réduite  au  feu]  duc  Charles  IV,  poffédoit  alors,  il  s'en  eft 
faifi  malgré  les  plaintes  des  héritiers ,  8c  s'eft  accommodé 
du  Montferrat  avec  la  maifon  de  Savoye ,  qui  poflédoit 
déjà  une  partie  confidérable  de  cette  province. 

1.  MANTUA  C^nomanorum  ,  ville  d'Italie.  C'eft 
la  même  que  Mantoue. 

2.  MANTUA  Carpetanorum  ,  ville  d'Espagne. On 
dispute  fi  c'eft  aujourd'hui  Madrid  ou  Villamanta, 
qui  n'en  eft  pas  loin. 

MANTURANUM  ,  lieu  d'Italie  dans  la  Toscane  ,Or- 
telius ,  Thefaur.  Il  en  eft  parlé  dans  les  lettres  de  l'empe- 
reur Louis  I  de  ce  nom  ,  au  rapport  d'Antonius  Mafia  , 
dans  fon  livre  de  Faliscis.  Ce  lieu  eft  de  l'état  de  l'Eglife , 
8c  il  en  eft  fouvent  fait  mention  dans  le  recueil  des  con- 
ciles. Sigonius  le  met  fous  le  duché  de  Rome ,  8c  écrit 
Maturanum.  On  trouve  ce  fiége  épiscopal  dans  le  con- 
cile tenu  à  Rome  l'an  6  S 8.  C'eft  l'évêché  de  Martorano. 

MANUCA.  Voyez.  Manica. 

MANY  ,  fortereffe  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Queicheu  ,  au  département  de  Sunan  ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg.  40  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking  ,  fous  les  27  deg.  jo  minutes  de  la- 
titude. *  Atlas  Siaenfis. 

MANZALÉ  (Lac  de)  ,  lac  d'Egypte  à  demi-lieue  de 
Damiette  ,  entre  cette  ville  8c  le  château  de  Thiné.  Il  a 
vingt -deux  lieues  de  long  à  l'eft-oueft  ,  8c  cinq  ou  fix 
lieues  de  large  au  nord-fud.  Le  fond  en  eft  boueux  8c 
plein  d'herbes.  11  n'y  a  que  quatre  pieds  d'eau  ,  ou  envi- 
ron ,  en  quelque  endroit  que  ce  foit ,  8c  il  n'eft  féparé  de 
la  mer  que  par  une  langue  de  fable  >  qui  a  tout  au  plus 


8o 


MA  N 


MAP 


une  lieue  de  large.  Cela  n'empêche  pas  que  ce  lac  n'ait 
communication  avec  la  mer.  11  l'a  au  nord  par  trois  em- 
bouchures ,  favoir ,  par  celle  de  Thiné  ,  qui  eft  la  plus 
orientale  ,  par  Eummefurrege  ,  ôc  par  Dibé. 

Outre  cette  communication  avec  la  mer  ,  le  Nil  tom- 
be dans  ce  lac  par  plufieurs  canaux  au  fud  ;  c'eft  ce  qui 
fait  que  pendant  l'automne  ,  qui  eft  le  tems  de  l'accrois- 
fement  du  Nil ,  les  eaux  du  lac  Manzalé  font  douces.  La 
pêche  de  ce  lac  en;  fi  confidérable ,  qu'elle  produit  tous  les 
ans  au  grand  feigneur  40000  écus. 

Le  lac  Manzalé  eit  rempli  de  petites  ifles  couvertes  de 
rofeaux ,  de  joncs  ôc  de  brouflaillesj  c'eft  dans  ces  ifles 
.que  les  pêcheurs  portent  leurs  pêches ,  lorsqu'ils  veulent 
habiller  ,  faler  ôc  boucanner  leur  poiflbn.  Quant  à  celui 
qu'ils  veulent  vendre  frais ,  ils  le  portent  à  Damiette,  ou 
aux  villes  &  villages  qui  font  aux  environs  du  lac.  *  Relat. 
fur  les  pêches  d'Egypte  ,  par  le  P.  Sicard ,  Jéfuite. 

MANZANARES.  Voyez.  Mançanares. 

1.  MANZANILLA  ,  petite  place  d'Espagne  au  royau- 
me de  Léon,  à  trois  lieues  de  Léon,  en  allant  vers  Pa- 
lencia.  *  Baudrand  ,  édit.  1705. 

2.  MANZANILLA  ,  ou  Mancenille  ,  baie  de  l'ifle 
de  faint  Domingue  fur  la  côte  feptentrionale  ,  entre  la 
pointe  d'Icague  au  levant ,  ôc  la  Grange  au  couchant.  La 
rivière  de  S.  Jago  fe  perd  dans  cette  baie.  Voyez.  Man- 
cenille. 

MANZAY,  prieuré  de  France  dans  le  Berri ,  vers  Is- 
foudun. 

MANZÉE.  Voyez.  Mannzée. 

MAO ,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangnan ,  au  voiûnage  de  la  ville  de  Kiuyung.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  MAON. Voyez.Vom  Mahon. 

2.  MAON  ,  ville  de  la  Paleftine  dans  la  tribu  de  Jnda , 
dans  la  partie  la  plus  méridionale  de  cette  tribu.  Nabal  du 
mont  Carmel  avoir  de  grands  biens  dans  le  défert  de 
Maon  ,  &  David  demeura  allez  long-tems  dans  ces  can- 
tons -  là ,  durant  la  perfécution  que  lui  fit  Saiil.  D.  Cal- 
mer croit  que  Maon  étoit  la  capitale  des  Maoniens ,  dont 
il  eft  parlé  dans  l'hébreu  aux  Paralipomenes  ,  l.  1.  e.  1. 
v.  40  &  41.  ôc  /.  2.  e.  20.  v.  i.<  La  vulgate  en  ce  dernier 
lieu  porte  Ammonites  ,  au  lieu  de  Maonim;  dans  l'au- 
tre paffage  elle  lit  Habitatïones ,  &  les  Septante  Mimos. 
La  ville  de  Maon ,  qui  donnoit  Ton  nom  au  défert  de 
Maon ,  eft  apparemment  la  même  que  Minois  ,  ou 
Mj-eonis  ,  qu'Eufebe  met  au  voifinage  de  Gaze,  ôc  que 
Men^um  du  code  Théodofien  près  de  Berfabée  ,  ou  Ver- 
fabinum.  Elle  eft  nommée  Minois  dans  les  fouferiptions 
du  concile  de  Chalcedoine  de  l'an  451.  Voyez.  Menoî's 
ou  Minoïs.  *  D.  Calmet ,  DicL 

3.  MAON  ,  déferr  de  la  Paleftine  dans  la  tribu  de  Ju- 
da.  Il  en  eft  fait  mention  dans  le  premier  livre  des  Rois, 
23»  24.  Il  y  eft  dit  que  David  Ôc  fes  gens  étoient  dans  le 
défert  de  Maon  ,  dans  la  plaine  ,  à  la  droite  de  Jéfimon. 
Plus  bas ,  v.  25.  on  lit  que  Saiil ,  accompagné  de  tous  Ces 
gens  ,  alla  chercher  David  dans  le  défert  de  Maon  ,  & 
que  David  en  ayant  eu  avis ,  fe  retira  au  rocher  ou  à  la 
montagne  du  déferr  de  Maon  :  David  demeura  affez  long- 
tems  dans  ce  défert ,  pendant  que  Saiil  le  perfécuta.  Il  eft 
dit  auflî  dans  le  même  livre  ,  25 ,  2.  que  Nabal  demeu- 
roit  dans  le  défert  de  Maon. 

MAOUARANNAHR  ;  c'eft  ainfi  que  d'Herbelot 
écrit  le  nom  arabe  que  porte  aujourd'hui  la  Transoxane. 
Greawes  écrit  Mawaralnahr. 

1 .  M  APALI A  ■-,  ce  mot  fignifie  des  hutes ,  des  cabanes. 
Pomponius  Mêla  parlant  des  peuples  d'Afrique  dans  la 
Cyrenaïque  vers  l'Egypte ,  dit  ,  félon  la  correction  de 
Pinto  :  Proximis  nulu  quidem  urbes ,  ftata  tamen  domi- 
cilia funt  qux.  Map  alla  appellantur.  Ceux  qui  habitent  le 
plus  près  de  la  mer ,  n'ont  poinr  de  ville  à  la  vérité  ;  mais 
ils  ont  néanmoins  des  demeures  fixes  ,  que  l'on  appelle 
Mapalia.  Il  y  avoir  auparavant  dans  l'édition  d'Olivier  , 
Proximis nulU  quidem  urbes  fiant.  Tamen  domicilia  funt. 
Pinto  avoit  doctement  changé  le  mot  fiant  en  ftata  ,  qui 
fait  un  plus  beau  fens.  Car  Pomponius  Mêla  ,  après  avoir 
parlé  des  mœurs  de  ceux  qui  étoient  le  plus  au  Bord  de 
la  mer ,  parle  de  ceux  qui  étoient  plus  avant  dans  les  ter- 
res. Interiores  etiam  incultius  ,  fequuntur  vaçrj  pecora  , 
utque  à  pabuloduHa  funt  ;  itafeac  tuguria  j'ua  (promo- 
vent  ;  atcjue  ubi  dics  déficit ,  ibi  noïlem  agunt.  Ceux  qui 


demeurent  plus  avant  dans  le  pays ,  vivent  d'une  manière 
plus  fauvage  ;  ils  fuivent  leurs  troupeaux  çà  ôc  là  ,  ôc  fé- 
lon qu'ils  font  conduits  par  les  pâturages  ,  ils  s'y  trans- 
portent eux  ôc  leurs  maifons  ,  ôc  ils  patient  la  nuit  au  lieu 
où  le  jour  leur  manque.  Cette  différence  de  mœurs  & 
d'habitation  confilte  donc  en  ce  que  ceux  de  la  côte  avoient 
des  cabanes  fixes  ,  qui  reltoient  toujours  au  même  en- 
droit, &  c'eft  ce  que  lignifie  le  mot  de  ftata,  ce  qui  fait 
l'oppofition  bien  marquée  aux  ufages  des  autres  habirans 
de  ce  pays  ,  qui  habitoient  auflî  des  cabanes  ,  mais  qui  les 
changeoient  de  place.  Comme  en  certaines  provinces  de 
France  les  bergers  ont  des  hutes  élevées  fur  des  roues ,  ôc 
qu'ils  mènent  par-tout  où  le  befoin  de  leurs  troiqeaux 
demande  qu'ils  paffent  la  nuit.  Les  Nomades ,  tant  Scy- 
thes qu'Africains  ,  ne  vivoient  pas  autrement.  Horace  dit, 
/.  3.  Ode  24. 

Campe/Ires  melius  Scytha  , 
Qitorumplauftravagas  rite  trahunt  dumos , 
Vivunt. 

Stant  eft  un  mot  dont  la  phrafe  fe  peut  très- bien  pas- 
fer.  Stata  fait  un  fens  néceffaire  ,  &  marque  que  ces 
cabanes  étoient  fixes  ;  &  par  conféquent  d.tléienres  de 
celles  du  peuple  dont  il  parle  enfuite  ,  qui  transpoitoit  les 
tiennes' par-tour  où  fes  befliaux  le  conduifoient.  On  ne 
peut  pas  dire  quefiata  eft  inutile  ,  Ôc  que  Mapalia  figni- 
fie allez  des  cabanes  qui  reftent  toujours  au  même  endroit. 
Le  contraire  fe  prouve  par  ce  paffage  de  Pline  :  Numida 
vero  Nomades  à  permutandis  pabulis  Mapalia Jua ,  hec 
efi  domos plauftris  circumferentes  ;  ôc  par  celui-ci  de  Tite- 
Live  ;  FamilU  aliquot  cum  Mapalibus  ,  pecoribusquefuis , 
(  ea  pecunia  illis  efi ,  )  perjecuti  funt  regem.  C'eft  le  mot 
ftata  qui  les  détermine  à  des  cabanes  fixes. 

2.  MAPALIA  ,  lieu  particulier  d'Afrique  auprès  de 
Carthage  ,  quelques  uns  écrivenr  Mappalia  ;  il  eft  re- 
marquable poui  avoir  été  le  lieu  de  la  fépulture  de  faint 
Cyprien.  On  trouve  dans  le  troifiéme  concile  de  Car- 
thage qu'il  y  eft  fait  mention  de  Mapalitorum  diœcefis. 
Ce  lieu  avoit  pu  devenir  confidérable  ,  à  canfe  du  tom- 
beau &  de  la  mémoire  de  faint  Cyprien.  *  Victor  V.unf. 
de perjec.  Vand.  1.  i.p,  6.  Fleuri ,  Hiftoire  cccléfiaffique , 
liv.  7.  chap.  41. 

Ce  mor  peut  avoir  deux  origines  différentes  ,  félon 
qu'on  l'écrit  avec  un  p,  ou  avec  deux  pp.  Mapalia  vient 
de  Mapale  ,  qui  a  pour  racine  nha  ,  Palea  ,  d'où  vient 
auflï  le  nom  de  Pales,  déeffe  de  la  campagne,  ôc  ce  mot 
fignifie  une  maifon  depayfan,  un  toit  ruftique.  Mappalia 
par  deux  pp  ,  vient  du  mot  SeQ  ,  Mappal ,  qui  chez  les 
Hébreux  ôc  les  Syriens  fignifie  ruines  ,  desmafures.  Ainfi 
on  peut  diftinguer,  félon  l'orthographe ,  Mapalia  qui  fi- 
gnifie des  maifons  champêtres ,  ôc  Mappalia ,  des  ruinest 
des  majures.  Peut-être  le  lieu  Mappalia  tiroit-il  ce  nom 
Phénicien  des  ruines  de  quelques  édifices  qu'il  y  avoit  eus 
en  cet  endroit.  Quant  à  Mipalia  pour  des  maifons  cham» 
pêtres ,  on  a  ce  vers  de  Claudien  ,  Stilich.  Paneg.  3. 

AgricoL  référant  jam  tuta  Mapalia  Mauri. 

Virgile  avoit  dit  auflî  ,  Géorgie.  1.  3. 

Raris  habitata  Mapalia  teclif. 

MAPALE,  la  baie  de  Mapale.  Voyez.  Amapalla. 

MAPETA,  •tAlmna.,  ville  de  la  Sarmatie  Afiarique  fur 
le  Pont  Euxin  ,  félon  Ptolomée ,  /.  $.  c.  9.  Quelques 
exemplaires  portent  Mateta  ,  Ma-rmu. 

MAFHA.  Voyez.  Maspha. 

MAPHORITvE ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  Heureufe, 
félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7. 

MAPPA  ôc  Mappa  Mundi.  Voyez.  Mappemonde. 

MAPPALIA.  Voyez.  Mapalia  2. 

MAPPALIENSES.  Saint  Auguftin  nomme  ainfi  les  ha- 
birans d'un  lieu  voifin  de  Carthage,  nommé  Mappalia. 
Voyez.  Mappaua  2. 

MAPPALITORUM  Dkecesis.  Voyez,  le  même  ar- 
ticle. 

MAPPEMONDE  ,  carte  qui  repréfenre  le  globe  de  la 
terre,  en  latin  Mappa  Mundi,  à  la  lettre  la  carredumon- 
de.  Le  mot  Mappa  dans  fon  origine  fignifie  la  nappe  que 

l'on 


MAQ 


MAR 


81 


î'on  étend  fur  une  table  où  l'on  mange.  Nous  en  avons 
fait  le  mot  Nappe ,  Se  avons  confervé  Y  m  ,  dans  le  kns 
d'une  carte  que  l'on  étend  comme  une  nappe  fur  une  ta- 
ble ,  &  où  l'on  voit  le  globe  térreftre  aplati ,  d'où  lui 
vient  aufli  le  nom  de  Planisphère.  Voyez,  ce  mot.  On 
conçoit  aifément  qu'on  ne  peut  voir  que  la  moitié  d'un 
globe  à  la  fois  ,  c'eft  ce  qui  s'appelle  Hémisphère  ,  c'eft- 
à-dire  demi-globe  ;  ce  demi-globe  fuffifoit  aux  anciens  , 
qui  même n'avoieut  pas  dequoi  le  remplir  au  nord,  à  l'o- 
rient Se  au  midi.  Ainfi  leur  Mappemonde  n'éroit  que  d'un 
hémisphère  unique.  On  a  vu  depuis  que  la  terre  eft  habi- 
tée dans  toute  fa  rondeur,  &  que  les  deux  moitiés  étoient 
néceflaires ,  on  a  donc  fait  des  Mappemondes  de  deux  hé- 
misphères. Dans  l'un  eu  l'Europe  ,  l'Ane  8e  l'Afrique  ;  8c 
on  a  donné  l'autre  à  l'Amérique  ,  aux  i/les  &  aux  mers 
qui  l'accompagnent.  Il  refte  dans  l'un  Se  dans  l'autre  au 
nord  Se  au  midi  de  vaftes  espaces  que  l'on  ne  connoît  pas 
encore  affez.  Le  nord  eft  beaucoup  plus  connu  ,  Se  on  a 
beaucoup  plus  approché  du  pôle  Arctique  que  de  l'An- 
tarctique ,  parce  que  les  navigateurs  ,  qui  ont  fait  les  dé- 
couvertes, étoient  tous  des  Européens ,  &  ont  eu  plus  de 
raifon  d'eflayêr  les  navigations  du  nord  ,  dont  ils  étoienc 
voifins  ,  que  celles  du  midi ,  dont  ils  étoient  très-éloignes. 
D'ailleurs  les  découvertes  du  nord  fe  font  faites ,  pour 
chercher  un  partage  dans  les  mers  de  la  Chine  &  du  Ja- 
pon ;  au  lieu  que  le  partage  du  midi  étant  trouvé  depuis 
long-tems ,  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  plus  près  du  pôle  An- 
tarctique Se  au  midi  du  partage  ordinaire ,  n'a  été  décou- 
vert que  par  hazard  ,  &  avec  une  espèce  de  négligence  , 
qui  ne  petmettoit  pas  défaire  de  grands  progrès,  ni  de 
grandes  découvertes. 

MAPSE  ,  ville  de  la  Paleftine  dans  l'Idumée  ,  félon 
Ptolomèe  ,  /.  j.  c.  16.  Hiérocles  la  nomme  Mampsis  ,  Se 
la  met  dans  la  troifiéme  Paleftine»  fous  Petra ,  métro- 
pole. Elle  eft  nommée  de  même  dans  une  ancienne  notice 
du  patriarchat  de  Jérufalem,  fouventeitée  dans  ce  diction- 
naire. La  notice  de  Léon  le  Sage  écrit  Napfis  ,  c'en:  une 
faute  d'une  iVpour  une  M. 

MAPURA  ,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange  ,  félon 
Ptolomèe ,  l.y.c.  i. 

MAQUEDA  ,  ville  d'Espagne  dans  la  nouvelle  Caftille 
à  cinq  lieues  de  Tolède,  félon  l'abbé  de  Vairac  ,  à  deux 
ou  à  trois  de  la  même  ville ,  félon  D.  Juan  Alvarès  de 
Colmenar  {a)  ;  à  deux  lieues ,  d'Efcalona  félon  D.  Rodri- 
go Mendés  Silva(£).  Elle  eft  dans  une  efpéce  de  pres- 
qu'ifle  que  forment  deux  petites  rivières ,  fçavoir  l'Alber- 
che  Se  une  autre  ,  dans  un  terroir  bien  cultivé ,  tout 
couvert  d'oliviers  Se  de  vignes.  C'eft  la  capitale  d'un  du- 
ché qui  appartient  à  la  maifon  de  Nagera.  Ces  feigneurs 
y  ont  un  beau  château  Se  un  palais  (c).  Elle  fut  érigée 
en  duché  par  Charles  V.  en  1530.  en  faveur  de  D. 
Diégue  de  Cardenas  fils  de  D.  Gutierre  de  Cardenas 
grand  commandeur  de  Léon  Se  de  Dona-Therefe  En- 
ïiquez ,  furnommée  la  Sainte  à  caufe  de  fa  piété  exem- 
plaire. Il  y  a  trois  cens  feux  divifés  en  trois  paroiffes , 
un  couvent  d'hommes  ,  un  de  filles ,  quatre  hermires , 
un  grand  hôpital.  D.  Rodrigue  Mendés  Silva  qui  fournit 
les  derniers  détails ,  dit  que  l'érection  en  duché  fe  fit  fous 
Ferdinand  Se  Ifabelle  en  faveur  de  D.  Diégue  de  Carde- 
nas ,  Se  qu'Alonze  VI.  de  Caftille  la  reprit  fur  les  Maures 
en  1083.  Se  la  repeupla,  (a)  Délices  de  l'Espagne,  p. 
318.  (b)  Toblacion  gêner,  de  Espafia  ,  fol.  ^.verfo.  (c) 
Vairac  ,  1.  f .  t.  3.  p.  106. 

M  AQU  IL  APA,  montagne  de  l'Amérique  dans  la  Nou- 
velle Espagne  Se  dans  la  province  de  Guaxaca  -,  elle  eft  du 
nombre  des  Quelenes.  Quoique  ces  montagnes  fe  fartent 
aflez  remarquer  par  le  grand  nombre  de  leurs  pointes  ai- 
guës &  de  leurs  têtes  élevées ,  Se  qu'il  y  en  ait  plufieurs 
qui  fe  joignent  enfemble  ,  il  n'y  a  pourtant  que  celle  de 
Maquilapa  dont  les  voyageuts fartent  mention  ,  parce  qu'il 
faut  la  paiTer  pour  aller  de  Guaxara  à  Chiapa.  Elle  eft 
haute  Se  raboteufe  ,8e  en  une  demi-journée  de  chemin  on 
arrive  dans  un  endroit  tout  plat  qui  reflemble  à  un  pré  fin- 
ie penchant  de  la  montagne.  Il  y  a  des  fontaines  qui  cou- 
lent entre  les  rochers.  Deux  mille  pas  plus  haut  il  y  a  une 
fontaine  Se  une  loge  entourée  d'arbres  ,  qui  fert  d'abri  aux 
voyageurs  furpris  par  la  nuit  ou  par  le  vent  qui  y  eft  très- 
violent  &  très-dangereux.  Lorfqu'on  eft  fur  le  haut  de  cette 
montagne  où  l'on  arrive  par  un  chemin  étroit,  taillé  dans  les 
rochers,  on  en  trouve  un  par  où  il  faut  parter.  11  eft  à  dé- 


couvett  du  côté  de  la  mer ,  Se  n'a  pas  plus  de  deux  cens 
pas  de  long  \  mais  il  eft  fi  haut  &  fi  étroit ,  que  l'on  eft 
tout  étourdi  quand  on. y  eft  monté.  D'un  côté  on  voit  la 
vafte  mer  du  Sud  qui  eft  fi  profonde  Se  fi  baffe ,  que  la 
tête  tourne  -,  de  l'autre  ce  ne  font  que  rochers  &  préci- 
pices de  deux  ou  trois  lieues  de  profondeur.  Le  partage 
n'a  pas  plus  d'une  toife  de  largeur  en  quelques  endroits. 
En  fe  détournant  de  quatre  lieues  au  plus,  on  éviteroic 
un  partage  fi  dangereux.  *Gage>  Relat.  des  Indes  Occid. 
2.  part.  c.  10.  p.  1 1 2.  &c  fuiv. 
MAR.  Voyez.  Mare  &  Mer. 

1.  M  ARA.  Ce  mot  fignifie  amertume.  Les  Ifraëîites 
après  leur  fortie  d'Egypte  étant  arrivés  au  défert  d'Etham 
y  trouvèrent  des  eaux  fi  amères,  que  ni  eux  ni  leurs  be- 
ftiaux  n'en  purent  boire  ,  c'eft  pourquoi  ils  donnèrent  à  ce 
campement  le  nom  de  Mara  ou  Amertume.  Alors  ils 
commencèrent  à  murmurer  contre  Moïfe  ,  en  difant  : 
Que  boirons-nous  î  Et  Moïfe  ayant  crié  vers  le  Seigneur , 
le  Seigneur  lui  montra  un  bois  qu'il  jetta  dans  l'eau  &c 
qui  l'adoucit. *  D.  Calmet,  Dict.   Exod.c.  ij.v.  23. 

2. MARA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  félon  Ptolomèe  t 
l.  8.  c.  6.  Son  plus  grand  jour  eft  de  14  heures  7  min.  30 
fec.  Elle  eft  plus  orientale  qu'Alexandrie  d'une  heure  Se 
quatre  minutes.  Elle  a  deux  fois  par  an  le  foleil  à  fou 
zénith. 

MARABIN  A ,  ancienne  ville  de  la  Cyrénaïque ,  entre 
Phalacra  8c  Auritina,  félon  Ptolomèe  , /.  4.C.  4. 

MAR.ABIUS  Fluvius  ,  ou  Marubius  ,  rivière  de  la 
Sarmatie  Afiatique  ,  félon  Ptolomèe  ,  /.  j.  c.  8. 

MARACANDA  ,  ville  de  la  Sogdiane  ,  félon  Arrien , 
Alex.  /.  3.  c.  30  qui  dit  qu'elle  en  étoit  la  capitale.  Quin- 
te -Curfc  en  parle  aurti  ,  /.  7.  c,  G.&  9.  Strabon  ,  /.  11. 
p.  5  17.  la  nomme  Paracœnda,  au  moins  dans  quelques 
exemplaires  ;  car  Cafaubon  dit  que  l'on  trouve  dans  les 
manuferits  Marecanda.  Strabon  au  refte  dit  qu'elle  fut 
une  de  celles  que  ce  conquérant  renverfa.  C'eft  préfen- 
tement  Samarcande. 

MARACAPANA  ,  port  de  l'Amérique  méridionale  , 
presqu'à  l'extrémité  orientale  de  la  province  de  Venezuela. 
C'eft  un  des  meilleurs  ports  de  cette  côte.  Les  habitans 
de  Cubagua  y  ont  eu  autrefois  une  petite  forrereffe  ,  8c 
ils  y  tenoient  garnifon  ,  fous  prétexte  de  défendre  la  pro- 
vince contre  les  efforts  de  ceux  qui  la  viendroient  atta- 
quer ,  mais  ce  n'étoit  en  effet  que  pour  enlever  les  In- 
diens qu'ils  faifoient  esclaves.  De  Maracapana  jusqu'à 
Bariquicimete ,  il  y  a  une  grande  plaine  de  près  de  cent 
lieues  de  longueur  :  elle  eft  très-propre  pour  la  charte 
8c  pour  la  pêche;  mais  tout  ce  pays  a  été  fort  dépeuplé 
par  les  guerres  :  les  bêtes  féroces  qui  s'y  font  multipliées 
en  rendent  le  partage  fort  dangereux.  *  De  Laet ,  Ind. 
Occid.  1.  18.  c.  14. 

i.MARACAYBO,  lac  &  ville  de  la  province  de 
Venezuela  dans  l'Amérique  méridionale,  On  confond 
fouvent&  mal  à-propos  ce  lac  avec  le  golfe  de  Venezue- 
la ,  qui  donne  le  nom  à  la  province  ,  8c  dont  je  parlerai 
fous  ce  nom.  11  eft  vrai  que  l'un  communique  avec  l'autre 
par  une  efpéce  de  détroit ,  au-deffus  duquel  eft  bâtie  la 
ville  de  Maracaybo  :  mais  les  géographes  les  ont  toujours 
diftingués.  Le  lac  eft  presque  de  figure  ovale,  &  a  trente 
lieues  de  longueur  :  avant  que  d'y  entrer  au  fortir  de  la 
baie,  il  faut  paffer  un  banc  de  fable  que  les  Espagnols 
nomment  la  Barre ,  Se  fur  lequel  la  plupart  des  naviies 
périroient ,  à  caufe  du  courant  qui  eft  très-fort ,  fi  on  n'a- 
voit  foin  d'y  entretenir  un  pilote  pratique,  pour  les  aidée 
à  y  entrer  8e  à  en  fortir.  On  y  a  auffi  confhuit  un  fort  qui 
en  défend  le  partage  ,  avec  quatorze  pièces  de  canon  Se 
deux  cens  cinquante  hommes  de  garnifon.  Outre  la  ville 
de  Maracaybo  qui  eft  à  fix  ou  fept  lieues  au-deffous  de 
cette  Barre,  les  Espagnols  ont  encore  de  l'autre  côré  du 
lac  une  petite  bourgade  nommée  Gibraltar  ,  fituée  fur 
un  terrein  fertile  ,  mais  où  l'air  n'eft  pas  fain,  8c  d'où  les 
habitans  fe  retirent  presque  tous  dans  la  faifon  des  pluies. 
C'eft  aux  environs  de  cette  ville  qu'on  recueille  le  meil- 
leur cacao  de  l'Amérique  ,  &  cet  excellent  tabac  fi  efti- 
mé  en  Espagne  fous  le  nom  de  tabac  de  Maracaybo. 

2.  MARACAYBO,  une  des  plus  riches  villes  que  les 
Espagnols  aient  dans  cette  partie  du  continent  de  l'Amé- 
rique :  elle  eft  la  capitale  de  la  province  de  Venezuela,, 
Se  eft  fituée  ptesqu'à  l'entrée  &  fur  le  botd  occidental 
du  lac ,  dont  elle  a  pris  le  nom  ,  ou  à  qui  elle  l'a  donne, 

Tm,  IK    l 


8a 


MAR 


MAR 


Les  François  de  l'Amérique  la  nomment  ordinairement 
Maracaye.  D'Anville ,  dans  fa  carte  particulière  de  la 
province  de  Venezuela  ,  dreflee  pour  l'hiftoire  de  S. 
Domingue  du  P.  de  Charlevoix  ,  d'où  j'ai  tiré  cet  article  , 
place  cette  ville  au  10  degré  de  latitude-nord  ;  mais 
l'hiftoiien  dit  qu'elle  eft  environ  au  n.Il  ajoute  que  le 
lac  Maracaybo  entre  cinquante  lieues  dans  les  terres, 
mais  il  y  comprend  fans  doute  le  golfe  de  Vénéz.uéla  dans 
lequel  il  fe  décharge  Quoi  qu'il  en  foit ,  la  ville  de  Ma- 
racaybo  eft  compofée  de  fept  à  huit  mille  habitans  qui  y 
font  grand  commerce  de  cuirs»  de  cacao  Se  de  tabac. 

En  1666.  deux  flibuftiers  François,  l'Olonnois  8c  le 
Basque  ,  prirent  Se  rançonnèrent  les  deux  villes  de  Ma- 
racaybo  &  de  Gibraltar.  Le  butin  qu'ils  y  firent ,  confi- 
ftoit  en  joyaux ,  pierreries ,  or  &  argent ,  tabac  ,  cacao  8c 
esclaves  -,  &  fut  eftimé  quatre  cens  mille  écus ,  fans  comp- 
ter apparemment  quantité  d'ornemens  des  églifes  qu'ils 
avoient  démolies ,  Se  dont  ils  avoient  emporté  jusqu'aux 
cloches,  aux  tableaux ,  Se  aux  croix  qui  éroient  fur  les  clo- 
chers ,  leur  deflein  étant ,  difoient-ils ,  d'en  bâtir  une  à  la 
tortue,  &  d'y  confacrer toute  cette  partie  de  leur  butin, 
l.'anncé  fuivante,  le  Basque  fuivi  de  quarante  hommes  feu- 
lement entra  de  nuitàMaracaybo,  fefaifir  des  principaux 
habitans,  &  après  les  avoir  enfermés  dans  la  grande  églife, 
fit  avertir  tous  leurs  païens  Se  amis,  qu'il  alloit  leur  cou- 
per la  tête  fi  on  faifoit  le  moindre  mouvement ,  &  fi  on 
ne  lui  comptoir  fur  le  champ  la  rançon  qu'il  deman- 
doit.  Il  fallut  en  pafler  par-là ,  quoique  le  jour  eût  dé- 
couvert la  foiblcfie  d'un  ennemi  fi  infolenr.  Enfin  ,  en 
1678.  le  fameux  Grammont  fit  une  excurfion  dans  le  lac 
Maracaybo,  obligea  le  commandant  du  fort  de  la  Barrée 
a  lui  remettre  cette  place  ,  entra  dans  la  ville  de  Mara- 
caybo qu'il  trouva  abandonnée ,  s'empara  de  plufieurs 
tuvii es ,  força  Gibraltar  Se  Torilha ,  Se  s'en  retoruna  avec 
•fiez  peu  de  Butin. 

MÀRACE ,  ville  ancienne  de  l'Arabie  Heureufc  au 
pays  des  Homérites.  Quelques  éditions  portent  Mada- 
che.  *  Plin.  lib.  6.  cap.  7. 

MARACES.  Voyez.  Maraci. 

MARACHE,  ville  de  l'Inde,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

MARACI ,  ancien  peuple  de  Grèce ,  félon  Xénophcn, 
Hifi.  Grœc.  I.  6.  init.  C'eft  fans  doute  le  même  peuple 
que  les  Maraces,  de  Pline,/.  4.  c.  3.  dansl'Etolie. 

MARACLEA  ,  ville  maritime  de  la  Phœnicie  auprès 
cl'Antarade  vers  le  nord  ,  félon  Guillaume  de  Tyr.  *  Qr~ 
lelius ,  Thefaur. 

MARACODRA ,  ville  de  la  Badt-riane ,  félon  Ptolo- 
ïnée  ,  lib.  6.  cap.  11. 

MARACU  ,  rivière  de  l'Amérique  au  Brefil  dans  la 
Capitainerie  de  Maragnan  qu'elle  traverfe  du  fud  au  nord. 
Elle  a  Cà  fourec  au  pays  des  Tapuyes ,  Se  fe  perd  dans 
le  golfe  où  eft  Lifte  de  S.  Louis  de  Maragnan.*  De 
l'ijle,  Atlas. 

MARADUNUM  ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Afie 
4ms  la  Lycaonie.  Balfamon  cité  par  Ortelius ,  Thefaur. 
nomme  Sévère  un  évêque  de  ce  lieu ,  Se  cite  la  lettre 
de  S.  Bafile  à  Amphilochius. 

MARjf.OTIS.  Voyez.  Mareotibe. 

MARAGA  ou  Ma  rata  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe, 
félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7. 

MARAGANDA.  Voyez,  Maracanda  dans  Ptolo- 
mée. 

MARAGGAR1TANUS  .  fiege  episcopal  d'Afrique 
dans  la  province  proconfulaire  félon  la  notice  d'Afrique, 
qui  fournit  Maximïnus  un  de  fes  êvéques.  *  Harduhi. 
Collcct..  conc. 

1.  MARAGNAN  ,  (La  Capitainerie  de  )  province 
de  l'Amérique  méridionale  au  Brefil,  Se  l'une  des  treize 
parties  ou  gouvernemens  de  ce  pays  ,  dans  fa  partie  fcp- 
tentrionale.  Elle  eft  bornée  au  couchant  par  la  capitainerie 
de  Para  ;  à  l'orient  par  celle  de  Siara  ;  au  feptentrion  par 
la  mer  ;  au  midi  par  la  nation  des  Tapuyes.  Baudrand 
qui  l'érend  au  couchant  jusqu'à  la  rivière  des  Amazones  , 
y  comprend  le  pays  de  Para ,  &  fondent  qu'il  ne  fait 
point  de  province  particulière  ,  taxant  d'erreur  les  cartes 
récentes ,  qui  toutes  le  marquent  ainfi  :  mais  il  a  tort 
de  confondre  cette  province  avec  celle  du  grand  Para  • 
il  eft  contredit  par  tous  les  hiftoriens  Portugais  qui  ccri- 
f  ent  Maranhasn  ,  Se  prononcent  Maragnan» 


La  côte  de  Maragnan  propre  ,  en  n'y  comprenant  point 
celle  de  Para ,  commence  au  couchant  à  la  baie  de  Piran- 
ga.  De-là  avançant  vers  l'orient  on  trouve  l'ifie  de  Sipo- 
tuba  Se  celle  d'Igatapoe ,  Cuma  village  des  Américains 
en  terre  ferme,  Se  enfuite  le  golfe  où  eft  Tille  de  S. 
Louis  de  Maragnan.  Il  s'y  jette  trois  rivières  confidé- 
rables  ,  fçavoir  ,  le  Maracu  ,  le  Tapocoru  Se  le 
Monv.  Dans  ce  même  golfe  font  quantité  d'iflots ,  dont 
le  plus  confidérable  eft  celui  de  Sté  Anne.  Entre  ce 
golfe  Se  la  rivière  de  Preguicas  dont  l'embouchure  eft 
aflez  large ,  le  pays  eft  couvert  de  mangles  forte  d'ar- 
bres. On  trouve  de  fuite  les  rivières  de  Paragues  ,  de 
Paramiri,  de  Camussimiri  Se  de  Barreiras  Ver- 
melhas  où  fe  termine  cette  côte.  *  De  t'IJle  ,  Atlas. 

2.  MARAGNAN ,  iflc  de  l'Amérique  dans  la  partie 
feptentrionale  du  Brefil ,  Se  dans  la  capitainerie  à  la- 
quelle elle  donne  fon  nom.  Elle  eft  fertile  Se  peuplée, 
&  a  4J  lieues  de  circuit.  Elle  eft  formée  par  trois  ri- 
vières confidérables ,  que  nous  avons  nommées  dans  l'ar- 
ticle précédent.  Les  François  s'y  établirent  en  161 2.  bâti- 
rent la  ville  Se  lui  donnèrent  le  nom  de  S.  Louis  de  Ma- 
ragnan ,  mais  elle  elt  préfentement  aux  Portugais.  On  vou- 
loit  bâtir  cette  ville  entie  les  rivières  de  Maracu  Se  deTa- 
pocorou  vers  la  pointe  de  leur  jonction  ,  mais  on  la  plaça 
dans  rifle.  Elle  eft  petite  ,  mais  bien  forte  avec  un  château 
fur  un  rocher  près  de  la  côte.un  bon  port  Se  un  évêché  fuf- 
fragant  de  l'archevêque  de  San  Salvador  de  la  B.iva.  Le 
gouverneur  y  fait  fon  féjour.  De  Laet  décrit  ainfi  cette 
ifle  de  Maragnan. 

Elle  a  environ  quarante-cinq  lieues  de  tour  ,  8c  eft 
éloignée  de  la  ligne  vers  le  fud  de  2  deg.  30  min.  Trois 
rivières  qui  fortent  au  fond  de  la  baie  ,  vis-à-vis  de  cerce 
ifle  ,  la  ceignent  de  toutes  parts  ;  de  forte  que  d'un  côté 
elle  eft  à  cinq  ou  fix  lieues  du  continent  ■>  de  1  autre  à  deux 
ou  trois ,  Se  des  autres  plus  ou  moins.  La  plus  orientale 
de  ces  rivières  s'appelle  Mounin  [c'eft  le  Mony]  ,:  celle 
du  milieu  fe  nomme  Taboucourou  [ou  Tapocoru],  Se 
la  troifiéme  Miary  [ou  Maraca].  Ces  rivières  rendent 
l'ifie  de  Maragnan  d'un  accès  fort  difficile  ,  en  outre  elle 
eft  environnée  de  bancs  Se  de  baffes  ,  tant  en  dehors  vers 
la  mer ,  que  vers  l'eft  Se  vers  l'oueft.  De  ce  côté  cette 
province  a  quatre  cens  lieues  fous  le  2.  degré  30  minutes 
de  latitude  auftrale.  Il  n'y  a  que  deux  partages  pour  en- 
trer dans  la  baie  Se  aller  à  l'ifie ,  fçavoir  ,  entre  le  cap  des 
Arbres  fecs  Se  la  petite  ifle  de  Sce  Anne ,  jusqu'où  feule- 
ment les  grands  navires  peuvent  avancer  y  mais  ils  peu- 
vent aller  jusqu'à  l'ifie  de  Maragnan  par  le  paffage  qui 
eft  de  l'autre  côté  de  l'ifie  de  Ste  Anne.  On  ne  doit  pour- 
tant entreprendre  ce  paflage  qu'en  certains  tems  de  l'an- 
née. *  De  Laet ,  Defcript.  des  Indes  occid.  1.  iô\  c.  16. 

Il  y  a  dans  l'ifie  de  Maragnan  vingt-fept  villages  de 
différentes  grandeurs.  Les  naturels  du  pays  les  appellent 
Oc  ou  Tave.  Ces  villages  confiltent  en  quatre  cabanes, 
jointes  en  quatre  à  la  manière  des  cloîtres  ;  de  forte 
qu'elles  renferment  une  grande  cour  dans  le  milieu.  Elle* 
font  longues  de  trois  cens  pas  Se  quelquefois  de  cinq 
cens ,  larges  de  vingt-cinq  ou  trente  pieds ,  Se  compo- 
fées  de  troncs  d'arbres  Se  de  branches  liées  enfemble  , 
8e  couvertes  depuis  le  bas  jusqu'au  haut  de  feuilles  de 
palme.  On  trouve  deux  ou  trois  cens  habitans  dans  cha- 
cun de  ces  villages,  Se  dans  quelques-uns  il  y  en  a  jus- 
qu'à cinq  ou  fix  cens,  cette  ifle  n'eft  ni  étendue  en  plaN 
nés ,  ni  élevée  en  hautes  montagnes  :  il  n'y  a  que  des 
coteaux  Se  des  collines  qui  ont  au  pied  des  fources  fort 
claires.  Ces  eaux  produisent  beaucoup  de  ruiffeaux  Si 
de  torrens  où  les  Sauvages  vonc  avec  leurs  canots. 

Maragnan  étant  fi  près  de  la  Ligne,  les  nuits  y  font 
les  mêmes  dans  tout  le  cours  de  l'année  ;  Se  on  auroit 
peine  à  trouver  un  climat  plus  agréable,  n'y  ayant  pres- 
que ni  froid  ni  féchereffe  immodérée.  Il  n'y  a  ni  tour- 
billons ,  ni  tempêtes  ,  point  de  neige,  de  grêle,  peu  de 
tonnerre,  fi  ce  n'eft  au  tems  des  pluies  qui  commencent 
fur  la  fin  de  Février,  8e  continuent  jusqu'au  mois  de 
Juin,  Tout  ce  qui  eft  néceffaire  pour  bâtir,  s'y  trouve. 
Quoiqu'on  ne  Iaiffe  point  repofer  la  terre  8e  qu'on  ne 
la  fume  jamais ,  elle  rapporte  le  maïs  avec  abondance 
ttois  mois  après  qu'on  l'a  femé.  Les  racines  de  manioc 
y  croiffent  fort  gtoffes  Se  en  peu  de  tems ,  Se  les  melons 
n'ont  befoin  que  de  deux  mois  pour  mûrir:  on  en  a 
presque  dans  toute  l'année  j  Se  il  en  eft  la  même  claofe 


MAR 


MAR 


des  aurrcs  fruits.  Le  plus  grand  avantage  que  les  habi- 
tans  de  cette  province  retirent  pour  le  commerce  de 
cette  prodigieufe  fertilité ,  c'eft  le  clou  de  gérofle  dont 
le  terrein  cil  extrêmement  abondant. 

Les  naturels  du  pays  font  de  moyenne  taille.  Us  ont 
le  nez  plat  ,  le  corps  droit  Se  font  robuftes.  On  les 
voit  rarement  malades,  parce  qu'ils  mangent  peu,  Se 
qu'ils  jouiffent  d'un  air  agréable  &  fain.  Ils  vivent  com- 
munément jusqu'à  une  grande  vieilleffe,  fans  blanchir, 
ni  devenir  chauves.  Les  enfans  naiffent  blancs  ;  mais  les 
pères  &  les  mères  les  oignent  d'une  certaine  huile  mêlée 
avec  du  roucou  •,  ce  qui  peu  à  peu  les  rend  bruns  Se  olivâ- 
tres. Les  hommes  fe  coupent  les  cheveux  fur  le  front  : 
les  femmes  fe  les  laiffent  croître  Se  font  foigneufes  de  les 
bien  peigner.  Elles  fe  percent  les  oreilles ,  &  y  pendent 
de  petites  boules  de  bois  ;  mais  elles  n'imitent  point  les 
hommes  qui  fe  percent  la  lèvre  d'en  bas ,  Se  qui  met- 
tent dans  le  trou  une  pierre  verte  :  quelques-uns  auffi  fe 
percent  les  narines.  Les  hommes  Se  les  femmes  vont  tout 
nuds  j  cependant  les  gens  mariés  ou  les  vieillards ,  cou- 
vrent de  quelque  drapeau  rouge  ou  bleu  ce  que  la 
pudeur  apprend  à  cacher.  Ils  fe  peignent  le  corps  de 
différentes  couleurs ,  &  affectent  le  noir  pour  les  cuiffes. 
Us  font  fort  adroits  à  faire  avec  des  plumes  de  différen- 
tes couleurs ,  des  diadèmes ,  des  couronnes ,  des  colliers , 
des  bracelets,  Sec.  L'arc  Se  les  flèches  font  leurs  feules 
armes.  Us  font  très-vindicatifs  Se  fort  cruels  à  leurs  enne- 
mis. Quand  ils  font  des  prifonniers ,  ils  les  engraiffent , 
les  tuent  Se  les  mangent.  Us  font  d'ailleurs  humains  à 
leurs  alliés ,  Se  aux  étrangers  même  de  qui  ils  n'ont  point 
reçu  d'offenfe. 

MAR.AGNON,  Voyez. Rivière  des  Amazones. 

MARAGUENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Byzacene.  La  notice  d'Afrique  met  dans  cette  province 
Boniface  évêque  de  ce  lieu-la. 

MARAHENSES.  Reginon  appelle  ainfi  les  Marco- 

11ANS. 

MARAHI ,  lac  de  l'Amérique  méridionale  à  la  droite 
de  l'Yupura ,  avec  lequel  il  communique  à  fix  journées 
de  fon  embouchure  quand  les  inondations  font  grandes. 
Il  communique  aulli  avec  l'Yurubeth ,  d'où  l'on  entre 
<3ans  le  Rio  Negro.  *  Cours  de  l'^maz.one  ,  par  de  la 
Condamine. 

i.  MARAIS,  lieu  bas  Se  plus  enfoncé  que  les  lieux 
voifins  ,  ce  qui  fait  que  les  eaux  s'y  affcmblent  Se  y  crou- 
pifient,  ce  qui  rend  Ces  lieux  humides  Se  mal-fains, 

Il  y  a  des  marais  qui  font  couverts  d'un  limon  caché 
fous  l'herbe  :  de  loin  on  les  prend  pour  une  terre  ordi- 
naire ,  Se  l'on  ne  voit  l'eau  que  lorsque  l'on  veut  les 
traverfer. 

On  appelle  auffi  Marais ,  certains  lieux  Amplement 
humides  Se  bas,  où  l'eau  ne  vient  que  quand  on  creufe 
un  pied  ou  deux  dans  la  terre. 

Il  y  en  a  d'autres  où  l'eau  couvre  la  terre  J  Se  lui 
fumage  fans  pouvoir  s'écouler ,  parce  qu'elle  eff  envi- 
ronnée de  tous  cc>tés  par  un  terrein  plus  élevé.  Alors 
c'eft  un  terrein  perdu ,  à  moins  qu'on  ne  trouve  la  ma- 
nière de  les  deffécher  en  pratiquant  des  canaux  par  où 
l'eau  s'écoule  ,  Se  en  coupant  des  foffés  dont  la  terre 
fert  à  relever  les  prairies ,  Se  qui  en  même  tems  fer- 
vent à  rarnaffer  les  eaux  ,  auxquelles  d'ailleurs  on  mé- 
nage un  cours  ,  foit  par  des  moulins  ,  foit  par  quel- 
qu'autre  artifice  femblable  pour  empêcher  qu'elles  les 
inondent.  Les  Hollandois  ont  quantité  de  marais  qu'ils 
ont  defféchés  de  cette  manière ,  6c  qu'ils  appellent  des 

P  O  IDERS. 

Les  Grecs  ont  deux  mots  pour  exprimer  un  marais 
ftoç  ,  Elos ,  qui  me  paroît  répondre  allez  à  l'idée  que 
nous  avons  du  mot  françois  Marais ,  c'eft-à-dire  une 
terre  baffe  noyée  d'eau  ;  Se  hi^vn  ,  Limné ,  que  les  La- 
tins rendent  également  par  Palus  ;  Se  par  Stagnum ,  un 
Marais  ou  un  étang  ,  c'eft-à-dire  un  terrein  couvert 
d'eau. 

Les  Latins  ont  auffi  fort  étendu  le  fens  du  mot  Valus , 
te  l'emploient  à  lignifier  un  lac.  Ainfi  ils  ont  dit  le 
Palus  Méotide ,  pouï  fignifier  un  grand  lac,  qui  mérite 
bien  le  nom  de  mer  ,  à  l'embouchure  du  Don. 

Les  marais  fe  forment  de  plufieurs  manières  diffé- 
rentes. 

Il  y  a  des  terres  voifines  des  rivières,  il  arrive  un 


%3 


débordement ,  l'eau  fe  répand  ,  fait  un  féjour  un  peu 
trop  long  fur  les  terres  qu'elle  abreuve  ,  elle  les  af- 
faiffe ,  la  rivière  rentre  bien  dans  fon  lit  ;  mais  ce  qui 
s'en  eft  jette  de  côté  Se  d'autre  n'y  revient  point  ;  Se 
la  terre  où  cet  amas  d'eau  a  croupi ,  devient  un  ma- 
rais Se  refte  tel ,  à  moins  que  l'ardeur  du  foleil  ne 
les  defféche  ,  ou  que  l'art  ne  faffe  écouler  les  eaux. 

Il  arrive  fouvent  que  dans  une  terre  dépeuplée  & 
inculte  les  plantes  fauvages  naiffent  en  confufion  :  il  s'y 
forme  un  bois ,  une  forêt ,  les  pluies  s'affemblent  dans 
un  fonds ,  l'eau  s'y  conferve  plus  long-tems  dans  un 
terrein  déjà  imbibé  ,  les  arbres  qui  le  couvrent  empê- 
chent les  rayons  du  foleil  d'y  pénétrer  Se  de  deffécher  ce 
lieu.  Une  année  pluvieufe  y  fait  un  amas  d'eau  que 
rien  ne  diffipe  ;  Se  voilà  un  marais  fait  pour  bien  du 
tems. 

Les  marais  qui  ne  confiftent  qu'en  une  terre  très- 
humide  peuvent  être  corrigés  par  des  faignées  ,  Se  de- 
venir capables  de  culture,  comme  un  grand  nombre  de 
lieux  de  la  Hollande  &  de  quelques  cantons  de  la 
France ,  où  l'on  a  ménagé  de  bonnes  prairies  dans  des 
terres  qui  auparavant  étoient  entièrement  noyées  d'eau. 

L'art  vient  auffi  à  bout  de  deffécher  les  terres  que 
l'eau  couvre  entièrement  \  Se  il  n'a  tenu  qu'au  gou- 
vernement de  Hollande  de  confentir  que  l'espace  qu'oc- 
cupe aujourd'hui  la  mer  de  Harlem  ,  qui  n'eft  propre- 
ment qu'un  marais  inondé  ,  ne  fe  changeât  en  un  ter- 
rein couvert  de  maifons  Se  de  prairies.  Cela  feroit  dé- 
jà exécuté ,  fi  les  avantages  qu'on  en  tireroir  avoienc 
paru  fiipérieurs  à  ceux  que  cette  mer  procure  au  pays. 

Il  y  a  des  marais  qu'il  ne  feroit ,  ni  aifé  ,  ni  utile 
de  deffécher.  Ce  font  ceux  qui  font  arrofés  d'un  nom- 
bre plus  ou  moins  grand  de  fontaines ,  dont  les  eaux: 
fc  réunifiant  dans  une  iffue  commune ,  fe  font  une 
route  Se  forment  une  rivière  ,  qui  fe  groffiffant  de  di- 
vers ruiffeaux,  fait  fouvent  le  bonheur  de  tout  le  pays 
où  elle  paffe. 

On  appelle  à  Paris  improprement  Marais ,  des  lieux 
marécageux ,  bonifiés  Se  rèhauffés  par  les  boues  de  la 
ville  qu'on  y  a  portées,  &  où  à  force  de  fumier  011 
a  fait  des  jardinages  excellens. 

On  appelle  fur  les  côtes  de  France  Marais  Salan» 
des  lieux  entourés  de  digues  ,  où  dans  le  tems  de  la 
marée  on  fait  entrer  l'eau  de  la  mer  qui  s'y  change 
en  fel. 

1.  MARAIS  des  Joncs,  (  Le  )  Baudrand  nomme 
ainfi  ,  par  une  traduction  très-inutile ,  une  inondation 
de  la  Hollande.  Le  vrai  nom  eft  Biesbos. 

g.  MARAIS  Pontins.  (Le)  Voyez.  Pontines. 

MARAKAH  ,  ville  maritime  d'Afrique  au  Zangue- 
bard ,  au  pays  de  Berberah ,  à  trois  journées  par  mer  , 
ou  à  quatre  vingt-dix  milles  du  mont  ou  du  cap  de 
Khakouni  qu'elle  a  au  feptentrion  ,  Se  à  une  journée 
&  demie  par  mer ,  ou  à  quatre  journées  par  terre  de 
la  ville  de  Nagia,  qui  eft  à  fon  midi.  *  D'Herbelot , 
Biblioth.  orient. 

MARAKASCH  ou  Marakesch  ,  c'eft  la  même 
ville  que  Maroc. 

MARAKIAH  ,  pays  maritime  d'Afrique  entre  la 
ville  d'Alexandrie  Se  la  Libye  ,  ou  ,  pour  parler  comme 
les  auteurs  Arabes ,  entre  Eskanderia  Se  Loubiah.  Ce 
pays  pourroit ,  au  jugement  d'Herbelot ,  être  pris  pour 
la  Pcntapole ,  ou  s'il  eft  compris  dans  l'Egypte ,  pour 
la  Maréotide.  *  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

MARALA.  Voyez.  Médala. 

MARAMER  ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Ma- 
roc ,  dans  la  province  Duquela,à  cinq  lieues  de  Safie, 
du  côté  de  l'orient.  Elle  eft  environnée  de  vieilles  mu- 
railles ,  quoiqu'elle  ne  foit  forte ,  ni  par  art ,  ni  par  na- 
ture. On  tient  qu'elle  a  été  fondée  par  les  Goths.  Il  y 
a  plus  de  quatre  cens  habitans  qui  font  vaffaux  de  Safie , 
Se  qui  s'enfuirent  quand  les  Portugais  s'emparèrent  de 
cette  place;  ils  furent  plus  d'un  an  fans  revenir,  jusqu'à 
ce  que  Junno  Fernandez  qui  y  commandoit  les  rappella, 
en  leur  promettant  toute  fureté ,  pourvu  qu'ils  payaffent 
tribut  au  roi  de  Portugal ,  ce  qu'ils  firent  tant  qu'il  tinc 
Safie  en  fon  pouvoir.  Alors  on  y  accourut  de  tous  côtés. 
Elle  eft  fujette  aujourd'hui  au  Chérif  qui  y  tient  un  gou- 
verneur. Toute  la  contrée  abonde  en  bled ,  en  huile  Se  ta 
troupeaux,  *  Marmot,  t.  2.  1.  5.  c.  58. 

Tom*  IV.  L  ij 


84 


MAR 


MAR 


MaRANA  ou  Maranella,  ruifieau  d'Italie  dans 
l'Etat  de  l'Eglife  Ôc  dans  la  Campagne  de  Rome.  Il  a  fa 
Coince  près  de  Frafcati  ,  un  peu  au-defious  de  Grotta 
Ferrata ,  d'où  fe  partageant  en  deux  canaux,  le  plus  gtand 
fe  jette  dans  le  Téverone  ,  à  deux  milles  au  deilus  de 
Rome ,  &  le  plus  petit  nommé  Maranella  fe  rend  à  Rome 
dans  (e  Tibre.  *  Baudrand,  éd.  170J.  Les  anciens  ont 
appelle  ce  ruifieau  Gabïufa  aqua. 

MARANE,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  fur  le  bord 
de  la  mer  Rouge ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  28. 

MARANGA ,  contrée  de  l'ancienne  Perle  ,  félon  Ara- 
mien  Marcellin,/.  1$.  c.  1.  Zofime,  /.  3.  c.  28.  en  fait 
un  village  qu'il  appelle  Maronsa.  Peut-être  y  avoit-il 
l'un  ôc  l'autre.  C'eft  l'endroit  où  fe  donna  la  bataille 
qui  fit  périr  Julien  l'Apoftat. 

MARANGE  ,  foret  de  France  ,  dans  l'Angoumois. 
Elle  a  cinq  cens  vingt-trois  arpens. 

MARANGOUROU  ,  rivière  de  l'ifie  de  Mada- 
gascar, Vtjyez.  Mananghourou  ,  qui  eft  le  vrai  nom. 

MARANTIN.E,  peuples  de  l'Aiabie  Heureufe,  dans 
un  coin  du  golfe  Arabique.  Strabon ,  /.  16.  p.  776.  re- 
marque qu'ils  avoient  été  furpris  ôc  tués  par  les  peu- 
ples Garind/£i  qui  fe  mirent  à  leur  place. 

1,  MARANO  ,  fortereflè  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de 
Venife,  au  Frioul.dans  les  Lagunes  auxquelles  elle  donne 
fon  nom.  Elle  eft  comme  une  petite  ifle,  baignée  d'un 
côté  par  les  eaux  de  la  mer  Adriatique ,  &  de  l'autre 
environnée  d'un  marais.  Du  côté  de  terre  ferme  elle  a 
de  bons  remparts,  deux  grofies  tours ,  deux  cavaliers,  un 
boulevard  petit,  mais  d'une  très-bonne  défenfc,  ôc  quel- 
ques courtines.  Vers  la  mer  eft  une  plate-forme  accom- 
pagnée d'ouvrages  qui  affinent  fuffifamment  la  ville  de 
ce  côté-  la.  D'ailleurs  elle  eft  fi  près  de  Venife  ,  qu'en 
cas  de  befoin  ,  on  y  peut  jerter  par  mer  toutes  les  mu- 
nitions néceffaires.  Elle  cil  gouvernée  par  un  noble  Véni- 
tien ,  qui  a  titre  de  provéditeur ,  &  qui  eft  feize  mois 
en  charge.  Elle  avoit  été  long-rems  fous  la  domination 
Vénitienne ,  lorsqu'un  prêtre  nommé  Bertold  de  Mor- 
tegliano  la  trouvant  dégarnie  de  troupes  le  1$  Décem- 
bre 1 5  1 3  ,  la  livra  à  Chryfoftôme  Frangipane  ,  capitaine 
de  l'empereur  Maximilien.  La  maifon  d'Autriche  la  garda 
trente  ans ,  après  quoi  Bertrand  Sacchia  la  reprit  par 
furprife.  Après  avoir  paiTé  par  plufieurs  mains ,  la  répu- 
blique la  racheta  de  Pierre  Strozzi  Florentin  ,  qui  la 
Vouloit  vendie  aux  Turcs:  on  lui  paya  trente  cinq  mille 
ducats  ôc  on  la  fortifia  plus  qu'elle  n'étoit  auparavant. 
Ferdinand,  roi  des  Romains,  fit  bien  des  efiorts  pour 
s'en  relTaiûr ,  mais  en  vain  ;  tout  ce  qu'il  gagna ,  ce  fut 
l'avantage  de  pouvoir  bâtir  un  fort  dans  le  voifinage , 
fur  la  rivière  de  Muiar.  On  le  nomma  Marannuevo, 
&  enfuitc  Maranuto,  &  la  maifon  d'Aurriche  y  en- 
tretenoit  garnifon ,  mais  ce  fort  a  été  démoli.  *  JJolar. 
part.  I.  p.  ji. 

2.  MARANO,  grand  bourg  du  royaume  de  Naples 
fur  une  montagne  élevée,  qui  regarde  la  mer  &  le  mont 
Miïene  ,  différent  du  mont  de  Procida ,  pt es  de  dîmes. 
D.  Marrhco  Egi'io  ,  dans  fa  lettre  à  Lenglet  du  Fres- 
noy  cftime  que  c'étoit  là  que  Marius  avoit  une  maifon 
de  plaifance  ,  dont  parle  Cluvicr  ,  qui  la  place  fans  preu- 
ves fur  le  mont  Procida.  Ainfi  Matano  aura  été  formé  de 
P radium  Marianum. 

MAR  ANS ,  gros  bourg  de  France ,  dans  le  pays  d'Au- 
nis ,  diocèfe  ôc  élection  de  la  Rochelle.  Ce  bourg  eft  aux 
frontières  du  Poitou ,  dans  des  marais  falans ,  près  la  Sevré 
Niortoife  ,  à  une  lieue  de  la  mer ,  ôc  à  quatre  de  la  Ro- 
chelle ;  l'on  y  fait  un  très  grand  commerce  de  bled.  Ce 
lieu  eft  très  confidérable  pour  fa  riche/Te.  Il  s'y  tient 
toutes  les  femaines  un  marché  qui  fournit  toute  la  pro- 
vince de  farine  &  de  bled.  C'eit  de-là  qu'on  tire  le  fin 
minot  de  Bagnaux ,  qu'on  croit  être  la  meilleure  farine 
du  monde  ,  ÔC  que  l'on  transporte  jusque  dans  les  Indes. 

MARANT,  ville  d'Afic  ,  dans  la  Perfe  ,  ôc  dans 
1  Adirbeitzan  aux  confins  de  l'Iran  ,  entre  Julfa  ôc  Tamis. 
Del'Ifle  écrit  Marand,  &  Tavernier  Marante.  Ce 
dernier  dit  (a)  qu'il  eft  célèbre  pour  la  fépulture  de  la 
femme  de  Noé.  11  ajoute  ,  ce  lieu  n'eft  pas  grand,  ôc  ij 
reffemble  plutôt  à  un  bocage  qu'à  une  ville  ;  mais  'd'ail- 
leurs il  eft  dans  une  fituation  fort  agréable  au  milieu  d'une 
plaine  fertile  &  remplie  de  villages  bien  peuplés.  Cette 
plaine  ne  s'étend  qu'à  une  lieue  aux  environs  de  Marante , 


&  tout  le  pays  d'alentour  eft  presque  déferr.  Chardin  en 
donne  une  meilleur  idée.  Marant  eft,  dk-il(£),  i,ne 
bonne  ville  compofée  de  deux  mille  cinq  cens  maifons ,  ôi 
qui  a  tant  de  jardins  qu  ils  occupent  encore  plus  de  ter- 
rein  que  les  maifons.  Elle  eit  firuée  au  bas  d'une  petite 
montagne  au  bout  d'une  plaine  qui  a  une  lieue  de  laige  ôc 
cinq  de  longi  &qui  eft  la  plus  belle  &  la  plus  fertile :  qu'on 
puiilevoir.  Un  périt  fleuve  nommé  Zelou-lou  pal. e  par  le 
milieu  ,  les  gens  du  pays  le  tirent  en  plufieurs  ruifleaux 
pour  arrofer  leurs  terres  ôc  leurs  jardins.  Marant  eft  plus 
peuplée  que  Nacchivan,  &  beaucoup  plus  belle  :  il  y  croît 
des  fruits  en  abondance  ôc  les  meilleurs  de  toute  la  pro- 
vince. Ce  qu'il  y  a  de  particulier  ,  c'eft  qu'on  y  cueille  de 
la  cochenille  aux  environs  ;  mais  il  y  en  a  fort  peu  ,  ôc  on 
ne  la  peut  receuillir  que  durant  huit  jours  en  été  ,  lorsque 
le  foleil  eft  dans  le  figue  du  lion.  Avant  ce  tems  ,  comme 
l'affûtent  les  gens  du  pays  ,  elle  n'eft  pas  en  maturité  ,  Ôc 
plus  tard  le  ver  dont  on  la  tire  perce  la  feuille  fur  laquelle 
il  croit  ôc  fe  perd.  Marant  eft  a  37  degrés  50  min.  de  lati- 
tude ,  ôc  à  81  degrés  1  ç  min.  de  longitude,  fuivant  l'ob- 
fervationdes  Perfans.  On  croit  que  c'eft  IsMandagara 
de  Ptolomée.  [  On  lit  dans  Chardin  Maadagat  ana  , 
mais  c'eft  une  faute.  ]  Les  Arméniens ,  pourfuir-il ,  ont 
par  tradition  que  Noé  a  été  enterré  à  Marant ,  ôc  que  ce 
nom  vient  d'un  mot  arménien  qui  fignifie  enterrer.  Quand 
le  tems  eft  ferein  on  voit  de  Matant  le  mont,  où  l'on 
croir  que  l'arche  s'arrêta  après  le  déluge.  (  a  )  Voyage  de 
Perfe  ,  I.  I.  c.  4.  (  b  )  Voyages  ,    t.  2.  p   313. 

MARANTHESIJ.  Une  médaille  de  Néron  rapportée 
par  Goltzius  fait  mention  de  M*paefljw«w  Ortelius ,  The- 
jattr  ,  croit  que  ce  pourroit  être  un  nom  de  peuple  dérivé 
de  Marathesium.  Voyez,  ce  mot. 

MAR  ANTHIS  ,  village  d'Afrique  dans  la  Cyréna' que, 
félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  4.  dont  le  grec  porte  Maparâ/ç  na>y.n 
Ortelius  en  fait  une  ville.  C'eft  une  faute. 

MARANTIUM  ,  nom  latin  de  Ripa  Maransi  , 
bourgade  d'Italie  en  Toscane  dans  les  terres ,  félon  Léan- 
dre. 

MARAPHIS.  Vyez,  Maratftos  2. 

M  ARASA  ,  ville  d'Afrique  dans  la  Nigritie.  MM. 
Sanfon  la  mettent  au  royaume  de  Caffena  aux  confins  des 
royaumes  de  Gangara,  ôc  de  Zanfara  fur  le  Niger.  Bau- 
drand  la  met  au  royaume  de  Gangara  vers  les  confins  de 
celui  de  Zanfara  fur  le  Niger  ôc  cite  Jean  Léon.  Cet  Afri- 
cain parle  bien  des  royaumes  de  Cofena,  de  Zanfara  & 
de  Gangara  ,  en  autant  de  chapitres  ,  /.  7.  c.  11.  13.  & 
14.  mais  il  ne  nomme  la  ville  de  Marafa  en  aucun  de  ces 
royaumes  ;  ainfi  la  cirarion  de  Baudrand  eft  fauffe.  D'ail- 
leurs ,  comme  de  Mie  le  marque  très-bien  ,  le  royau- 
me de  Caffena  ,  ou  de  Ghana  ,  eft  féparé  du  Zanfara  par 
le  royaume  de  Zeg-zeg  qui  eft  entre  deux  ,  ôc  c'eft  dans 
le  premier  que  fe  trouve  la  ville  de  Marala  dans  fa  pairie 
orientale  ,  non  fur  le  Niger ,  mais  au  nord  ôc  à  plus  de 
qtiarante-fix  lieues  de  ce  fleuve  ,  entre  une  rivière  qui 
vient  de  Canum  Ôc  les  frontières  de  Zeg-zeg. 

MARASCH  ,  ville  de  la  Turquie  en  Afie  dans  la 
Natolie,  dans  la  province  d'Aladuli  vers  l'Euphrate.  C'eft 
la  réfiJence  d'un  beglieibey  Turc  ,  qui  n'a  que  quatre  fan- 
giacs  fous  fa  dépendance  ,  *  Baudrand  ,    édit.  17OJ. 

MARASDI,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  félon  Pto- 
tolomée  ,  1.6.  c.  7. 

MARATou  Marona,  perite  ville  d'Aile  en  Syrie  , 
environ  à  quatre-vingt  milles  d'Antioche  au  midi  &  au 
levant  d'Alep.  Elle  eft  à  préfent  presque  ruinée  ôc  réduite 
en  village.  Baudiand  la  nomme  en  latin  Marona  ou 
Maronias. 

MARATE  (  Ifle  de  ) ,  Me  d'Afrique  fur  la  côte  occi- 
dentale de  la  mer  Rouge  à  trois  lieues  de  la  terre ,  ôc  à 
foixante-fix  au  nord  de  Mazua.  Elle  eft  de  figure  ronde , 
baffe  ,  ôc  déferre  ,  &  n'a  pas  plus  d'une  lieue  ôc  demie 
de  tour.  Du  côté  du  fud-oueftqui  regarde  la  terre  ,  elle  a 
un  fort  bon  port  à  couvert  de  toute  forte  de  vents ,  fur- 
tout  de  celui  d'eft  ,  &  formé  par  deux  longues  pointes 
qui  s'étendent  nord  par  eft  &  fud  ;  par  eft  ,  l'entrée  en  eft 
fort  étroite,  parce  qu'elle  eft  bouchée  par  une  longue  Ifle 
fort  plate ,  Ôc  par  quelques  bancs  de  fable.  Journal  de 
Ciftre  Portugais. 

M  AR  ATÉCA  ,  village  de  Portugal  dans  l'Eftramadurc 
près  du  Redaon.  On  croit  que  c'eft  la  Malceca  de  l'itiné- 
raire d'Antonin. 


MAR 


MARATH  ,  campement  des  Ifra'èlites  ,  Jofuê  t  c.  21. 
Les  Septante  écrivent  Mîppu. 

1.  MARATH  A  ,  village  du  Péloponnefe  dans  l'Arca- 
die  ,  félon  Paufanias,  /.  8.  c.  28. 

2.  MARATHA,  ville  de  l'Osrhoëne  ,  félon  la  notice 
de  l'Empire ,  feii.  1$.  Je  ne  la  crois  pas  différente  de  celle 
dont  parle  Siméon  le  Métaphra/k  dans  la  vie  de  S.  Daniel 
Stylite. 

1.  MARATHE  ,  ville  de  Phœnicie  au  nord  del'Eu- 
there  entre  Balance  6c  Antarade.  Voyez.  Marathos  2. 
*D.  Calma. 

2.  MARATHE,  petite ifle  dans  le  voifinage  de  Cor- 
fou  ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.  1 2. 

MARATHESIUM  ,  ville  d'Aile  dans  la  Lydie,  aux 
confins  de  la  Carie  ,  félon  Pline  ,  /.  j.  c.  29.  Scylax.  pe- 
ripl.  la  place  entre  Ephèfe  6c  Magnéfie  ;  &c  Etienne  le  géo- 
graphe la  donne  aux  Ephéfiens. 

1.  MARATHON  (a),  bourg  de  Grèce  dans  l'Atti- 
que.  Il  eft  fameux  par  la  victoire  fignalée  que  les  Athé- 
niens,  fous  la  conduite  de  Miltiade  ,  y  remportèrent  fur 
les  Perfes  la  troifiéme  année  de  la  foixante  6c  douzième 
olympiade.  L'armée  des  Perfes  étoit  compofée  de  plus  de 
cinq  cens  mille  hommes  j  6c  les  Athéniens  n'en  avoient  pu 
affembler  que  dix  mille  pour  cette  journée.  Ce  lieu  étoit 
déjà  fameux  depuis  que  Théfée  y  avoir  pris  le  taureau  de 
Marathon  (  b  ),  qui  avoit  fait  beaucoup  de  mal  à  la  Tétra- 
pole  d'Attique ,  6c  qui  fut  facrifié  par  le  vainqueur  au  tem- 
ple de  Delphée.  Cornélius  Nepos,  in  Miltiad.  donne  la 
fituation  de  Marathon  :  Abefte  ,  dit-il  ,  aboppido  circiter 
milita  pajfuum  decem.  Par  le  mot  d'oppidum  il  veut  parler 
de  la  ville  d'Athènes  ;  ainfi  Marathon  étoit  éloigné  d'Athè- 
nes de  dix  milles  du  côté  de  la  Béotie.  Hérodote,  /.  6. 
c.  107.  nous  apprend  encore  que  Marathon  étoit  fur  la 
côte;  car  il  dit  qu'Hippias,  fils  de  Pififtrate  ,  étant  arrivé 
avec  fes  vaiffeaux  devant  Marathon  ,  y  mouilla  (  c  ).  Ce 
lieu  fi  fameux  dans  l'antiquité  n'eft  plus  qu'un  petit  amas 
de  quinze  ou  vingt  Zeugaria, ou  métairies  des  Athéniens, 
où  il  y  a  environ  cent  cinquante  habitans  Albanois.  11  eft 
éloigné  de  trois  milles  de  la  mer*&  de  fept  ou  huit  d'Ebreo 
Caftro  ;  ce  qui  répond  aux  foixante-quatre  fiades  que  Pau- 
fanias met  de  diltance  entre  Marathon  6c  Rhammus.  (  a  ) 
De  Toureil.  Rem.  fur  la  I.  Philip,  r.  4.  p.  41.  (b  )  Plu- 
tarch.  in  Thefeo.  Paufan.  Attic.  c.  27.  (  c  )  Spon.  Voyage 
de  Grèce. 

2.  MARATHON  (Le  iac  de)  Paufanias  (a)  fait 
mention  de  ce  lac  ,  6c  dit  qu'il  étoit  en  grande  partie  rem- 
pli de  limon  (/>).  Les  Perfes  mis  en  fuite  à  la  journée  de 
Marathon  fe  précipitèrent  dans  ce  lac.  Ceux  qui  faifoient 
difficulté  de  s'y  jetter  furent  paffés  au  fil  de  l'épée  par  les 
Athéniens,  (a)  Attic.  c.  }i.(b  )Cellar.  Geog.  ant.  1.  2. 
c.  13. 

3.  MARATHON,  (  La  plaine  de  )  qui  s'appelle 
toujours  Campi  Marathonii.  Elie  a  environ  douze  milles 
de  tour ,  &  confifie  pour  la  plus  grande  partie  en  des 
champs  labourés ,  qui  s'étendent  depuis  les  montagnes 
voifines  jusqu'à  la  mer. 

4.  MARATHON  ,  petite  rivière  de  l'Attique.  Elle 
divife  la  plaine  de  Marathon,  6c  c'eft  peut-être  celle  qu'on 
nommoit  anciennement  Macaria  ;  elle  vient  du  mont  Par- 
néthe  ,  &  paffe  aujourd'hui  par  le  milieu  du  bourg  ou  vil- 
lage de  Marathon  ,  d'où  elle  va  fe  dégorger  dansl'Euripe. 
*  Spon.  Voyage  de  Grèce. 

$.  MARATHON  ,  montagne  de  l'Attique.  Lutatius 
fur  la  Thébaïde  de  Srace  ,  dit  qu'Icare  y  fut  tué.  *  Ortel. 
Thef. 

MARATHONIA,  ville  deThracepeu  loin  d'Abdere, 
félon  Etienne  le  géographe. 

1.  MARATHOS  ,  ville  de  Grèce  dans  l'Acarnanie  , 
félon  le  même.  Comme  il  eff  le  feul  des  anciens  qui  en  ait 
parlé ,  Jacques  Gronovius  dans  fes  nottes  fur  Polybe , 
conjecture  qu'il  faut  lire  l'Aradie  pour  l'Acarnanie. 

2.  MARATHOS  ,  ville  de  la  Phœnicie,  Pomponius 
Mêla,  /.  1.  c.  12.  dit,  Urbs  nonobscura  Marathos.  Pto- 
lomée  ,  /.  j.  c.  15.  la  nomme  dans  la  Caffiotide  entre  An- 
tarade 6c  Mariame.  Tzetzes  ,  Chiliad.  1  2.  n.  4;.  la  met 
entre  le  Cafius  &  le  Liban,  6c  la  nomme  Maraphis. 
C'eft  préfentement  Margat. 

M  ARATHUSA  ,  ville  de  l'ifie  de  Crète  dans  les  terres, 
félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  7.  &  Pline ,  /.  4.  c.  1 2. 
MARATHUSSA,  ifie  d'Afie  fur  la  côte  de  l'Afie  Mi- 


MAR       8  y 

neure,  vers  Ephèfe,  félon  Pline,  /.  j.  c.  31.  Etienne  le 
géographe  la  met  plus  au  nord ,  auprès  de  Clazomenes. 
Thucydide  ,  /.  8.  dit  que  Marathufe  ,  Pela  6c  Drymuffa 
étoient  des  ifies  fituées  devant  Clazomenes  ,  ainfi  il  a  fer- 
vi  de  guide  à  Etienne  ,  qui  l'a  copié  en  cela.  Son  nom  ve- 
noit  de  la  quantité  de  fenouil  qui  y  croît. 

MAR  ATI  AN  I ,  ancien  peuple  à  l'orient  de  la  mer  Cas- 
pienne vers  la  Sogdiane.  Pline  ,  /.  6.  c.  \6.  les  nomme. 
Le  P.  Hardouin  trouve  dans  un  de  fes  manuferits  Ma- 
rotianIj  &  ajoute  qu'il  faut  indubitablement  lire  Ma- 
rutiani  ,  6c  qu'ils  prenoient  ce  nom  de  Maruca  ,  M«p«- 
ko.  ville  placée  dans  la  Sogdiane  fur  l'Oxus,  félon  Ptolo- 
mée.  Ce  père  n'a  pas  fait  réflexion  que  Pline  nomme  deux 
lignes  plus  haut  les  habitans  de  cette  ville  6c  qu'il  les  ap- 
pelle MARUCiîi  ;  &  certainement  il  les  diltingue  des  Ma~ 
ratïani  qui  reftent  auffi  inconnus  que  devant. 

MARATOCUPROS  .village  delà  Ccelofyrie  auprès 
d'Apamée.  Les  habitans  étoient  des  brigands  qui  voloienc 
par-  tout  aux  environs  ,  6c  font  nommés  par  Ammien 
Marcellin  ,  /.  28.  c.  2.  Maratocupreni  Grajfatores.  Orte- 
lius ,  Thefaur  ,  a  cru  que  Maratocupreni  étoit  le  géni- 
tif de  Maratocuprenum  ;  c'elt  un  pluriel,  ëc  un  adjectif 
formé  de  Maraiocupros. 

MARATON YMA  Regio  ;  contrée  dans  laquelle  Caf- 
fius  d'Utique  dit  qu'il  avoit  planté  des  vignes  ,  &  dont  il 
fe  dit  originaire.  *  Ortel.  Thefaur. 

MARATSEMERE,  ville  d'où  fut  rapportée  la  tuni- 
que de  Notre-Seigneur  ,  fi  l'on  s'en  rapporte  à  l'autorité 
de  Siméon  le  Métaphrafie  alléguée  par  Surius  dans  la  vie 
des  Saints.  *  Menf.  Augufl.  ad  finem 

MARATTES",  peuple  des  Indes  dont  le  Pays  eft  fitué 
au  fud  eff  des  montagnes  de  Goa,vers  la  côte  de  Malabar. 
Il  faut  que  le  roi  foit  bien  piaffant ,  6c  que  fes  états  foient 
bien  étendus ,  puisque  les  relations  nous  apprennent  qu'il 
peut  mettre  en  campagne  cent  cinquante  mille  chevaux  , 
6c  autant  d'infanterie.  11  s'en  fert  fouvent  pour  faire  des 
incurfions  dans  les  états  du  Mogol  qu'il  met  à  contribu- 
tion. Ce  peuple  vit  dans  l'idolâtrie.  *  Danvtlle ,  Carte  de 
l'Inde. 

MARAVA,  petit  royaume  des  Indes  entre  les  côtes 
de  la  Pefcherie,  6c  de  Coromandel ,  borné  par  les  royau- 
mes de  Tanjaour  au  nord  ,  de  Maduré  au  couchant ,  8c 
de  Travancor  au  fud-oueft.  Cette  principauté  eff  tributaire 
du  Maduré. 

MARAX,  peuple  de  la  Libye,  félon  Lucain  ,  /.  4. 
Cefi  une  faute ,  il  faut  lire  Mazux.  Voyez,  ce  mot. 

MARAYO  ou  Joanes  ,  ifle  de  l'Amérique  méridio- 
nale au  Brefil  dans  fa  partie  feptentrionalc.  Elle  occupe 
tout  l'efpace  qui  fépare  ce  qu'on  appelle  communément 
les  deux  bouches  de  l'Amazone.  Elle  elt  d'une  figure  irré- 
guliere  6c  a  plus  de  ijo  lieues  détour.  Elle  abonde  en 
pâturages  où  s'engraiffe  un  nombre  prodigieux  de  gros  bé- 
tail qui  fe  confomme  au  Para  ,  6c  dans  toute  la  colonie. 
*  Voyage  en  Amérique  ,  par  de  la  Condamine. 

MARAZANA  ,  ville  épiscopale  d'Afrique  dans  la 
Byzacene.  Il  en  eft  parlé  dans  un  concile  de  Carthage 
fous  S.  Cyprien  ,  6c  l'on  y  trouve  Félix  ^Marrazana. 
Eunomius  évêque  plebis  Maraz.anenfis.  Cet  évêque  étoit 
Catholique  &  avoit  pour  compétiteur  un  Donatifte  qui  fe 
qualifioit  auffi  épiscopus  Maraz.anen/11 .  La  notice  d'Afri- 
que nomme  dans  la  Byzacene  Vindicianus  Maraz.ianen- 
fis  \  Antonin  ,  dans  fon  itinéraire,  met  Marazania 
fur  la  route  d'Aqtu  regiœ  à  Sufcs ,  à  quinze  milles  de  la 
première  6c  à  vingt-huit  de  la  féconde. 

1.  MARBACH  ou  Marpach,  petite  ville  d'Allema- 
gne en  Suabe  au  duché  de  Wurtemberg ,  fur  le  Necker  , 
à  l'endroit  où  la  Mur  s'y  jette  entre  Schondorffck  Heil- 
bronn,  à  trois  milles  de  l'une  6c  de  l'autre.  Baudrand  , 
édit.  170;.  obferve  qu'on  y  paffe  te  Necker  fur  un  pont , 
6c  que  cette  ville  fut  prife  6c  brûlée  au  mois  de  Juillet 
1693.  c'eft  la  meme  que  Marpach  *  Zeyler,  Suev.  To- 
pogr.  p.  54. 

2.  MARBACH,  abbave  de  France  dans  la  haute  Al- 
face  au  diocèfe  de  Bâle.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Saint  An- 
guftin  ,  6c  occupée  par  des  chanoines  Réguliers  non  ré- 
formés. Les  comtes  d'Eguisheim  en  ont  été  les  fonda- 
teurs. Elle  eft  en  régie.  Le  P.  Laquille  dans  fon  hiftoire 
d'Alface,  /.  16.  p.  180.  dit,  que  ce  monaftere  fut  fondé 
par  Manegold  de  Lutenbach ,  aidé  par  les  libéralités 
d'un  gentilhomme  ,  nommé  Burchard  de  Gébelfwiller.  * 


86 


MAR 


MAR 


Figanwl  de  la  Force,  Defc.  de  la  Fr.  r.  7.  p.  392. 

MARBAIS  ouMarbaix,  paroifle  de  France  au  dio- 
cèfe  de  Cambray.  Il  y  a  une  carrière  de  pierre  bleue  rres- 
belle  8c  très-propre  à  bâtir.  Ou  s'en  fert  pour  faire  des 
tombeaux ,  8c  pour  orner  les  édifices.  Elle  fe  polie  com- 
me le  marbre.  v  \ 

1.  MARBELLA  ,  ville  maritime  d'Espagne  a  l'extré- 
mité occidentale  du  Royaume  de  Grenade.  Ceux  à  qui 
une  reflèmblance  de  nom  fuffit  pour  fonder  une  anti- 
quité ,  croient  qu'elle  a  eu  pour  fondateur  Méherbal  (  a  ) 
Carthaginois.  11  eft  plus  vraifemblable  de  dire  que  c'elt 
la  Sai-duba  des  anciens.  Voyez,  ce  qui  eft  remarqué  à 
l'article  Barbesola.  Les  montagnes  voifines.au  rapport 
de  D.  Rodigo  Mendès  Silva  (b),  ont  des  mines  d'argent 
très-fin,  fon  rivage  abonde  en  très-bon  poiiïbn.  Il  y  a 
480.  feux,  une  paroiffe,  8c  deux  couvens  d'hommes. 
Leurs  Majeftés  Catholiques  la  reprirent  fur  les  Maures 
tn  1485. ,  8c  la  firent  repeupler  de  Chrétiens.  Elle  a  un 
port  fort  commode,  (a)  Délias  de  l'E 'pagne ,  p.  523. 
(b)  Poblacion  gêner,  de  Efp.ifii  >  fol.    1 2 1 . 

2.  MARBELLA  ,  nom  d'une  rivière  d'Efpagne  dans 
l'Andaloufie.  On  l'appelle  aufli  Guadaffo.  Voyez,  ce  mot. 

MARBOZ ,  bourg  de  France  en  Bourgogne.  Il  a  ti- 
tre de  baronnie  ,  &  fait  partie  du  comté  de  Montrcvel. 
Il  y  a  un  prieuré  de  Bénédictins.  Marboz  eft  dans  la 
Brefle,  &  non  dans  la  Bourgogne. 

1.  MA  RCA.  Voyez.  Marche. 

2.  MARCA  ,  petite  ifle  du  golfe  de  Venife  ,  à  deux 
lieues  de  Ragufe  ,  dont  elle  dépend-  Elle  a  environ  qua- 
tre milles  de  circuit.  Elleavoit  une  ville  qui  étoit  épis- 
copale.mais  la  ville  a  été  ruinée,  8c  l'évêché  transféré 
à  Trébigna.  *  Baitdrand  ,  édit.  170J. 

MARCALAou  Carmala,  ville  de  la  petite  Armé- 
nie dans  la  Mélitène  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  7. 

MARCAS1UM  Radulphi.  Voyez.  Marcheroux. 

MARCAY,  bourg  de  France  en  Poitou,  au  diocèfe 
de  Poitiers.  Il  y  a  dans  l'étendue  de  fa  paroifie  l'abbaye 
de  Bonnevaux. 

MARCEILLAN ,  ville  de  France  dans  le  bas  Langue- 
doc ,  diocèfe  d'Agde. 

MARCEL  (  faint  ) ,  bourg  &  prieuré  confiderablc  de 
France,  en  Bourgogne,  dans  la  Breffe  Chalonoife,  fur 
la  Saône  ,  à  une  grande  lieue  de  Chelon,  Ce  prieuré  eft 
de  l'ordre  de  faint  Benoit ,  dans  un  excellent  pays ,  au 
bout  de  la  belle  levée  qui  traverfe  une  prairie  &  un  lac , 
fur  lequel  il  y  a  un  pont  de  pierre  confidérable.  Ce  fut 
là  où  mourut  le  fameux  Abelart.  On  lit  fon  épitaphe  dans 
l'églife  :  en  voici  la  copie. 

Hic  primo  jac un  Petrus  Abelarâus  > 
Francus  &  Monacus  cluniafenfîs , 

Qui  obiit  anns  1142. 

Nunc  apud  Moniales  ParacUtcnfes 

In  territorio  Trecen/ï  requiescic. 

V'xr  pietatc  infignis  ,  feripth  clariffimus  , 

Ingcnii  acumine ,  ratiomtm  pondère  ,  dicendi  art*  y 

Omni  fcieniiarum  génère  nullijecundus. 

On  dit  que  cette  églife  a  été  bâtie  par  faint  Gontran, 
Roi  de  Bourgogne.  *  Mémoires  drejjcs  fur  les  lieux. 

MARCEL1ERE,  (  La)  village  de  France  en  Nor- 
mandie dans  le  Çôte.ntîn  ,  au  bord  de  la  rivière  de  Vire. 
11  y  a  quelques  carrières  d'ardoife.  La  cure  dépend  du 
chapitre  de  faint  Sauveur  de  Coutances  ,  dont  trois  cha- 
noines v  ont  le  gros  de  leurs  prébendes. 

M ARCELIEU,  prieuré  de  France  en  Bourgogne ,  au 
diocèfe  de  Lyon ,  ordre  de  faint  Benoît. 

M  ARCELLA  Civitas  ,  ville  d'Italie  ,  qui  avoit  pour 
évêque  Eufebe  nommé  par  faint  Athanafe.  Voyez.  Mar- 
cilianum.  Il  femble  que  ce  foit  le  nom  d'un  lieu  de 
Thrace,  dans  l'hiftoire  mêlée  22.  8c  23.  Il  y  eft  aufiî 
parlé  de  Marceliorum  Castrum.  *  Ortei.  Thefaur. 

1.  MARCELLIANA,  lieu  d'Italie  dans  la  Lucanie. 
Antonin,  dans  fon  itinéraire,  la  met  fur  la  voie  Appien- 
ne,  entre  le  lieu  ad  Calorem  8c  Ctfariana  ,  à  vingt-cinq 
mille  pas  de  la  première  8c  à  vingt-un  mille  pas  de  la  fé- 
conde. II  étoit  dans  le  voifinage  d'Arina.  De  lifle  le 
nomme  Marcellianum.  On  croit  que  c'eft  la  Polla 
d'aujourd'hui. 

2,  MARCELLIANA ,  ville  épiscopale  d'Afrique ,  dans 


la  province  proconfulaire.  Au  concile  de  Carthage  tenu 
fous  faint  Cyprien,  affilia  l'évêque  Julien  à  Maictltiana 
ou  Marcellma  ,  8c  on  trouve  dans  la  conférence  de  Car- 
thage, Lucidus  epiicopus  plebis  Marcellianenfis  &  Ba- 
futnfïs. 

MARCELL1ANENSIS.  Voyez,  l'article  précédent. 
MARCELLIANIENSIS.  Dans  le  décret  de  Gratien  , 
part.  1.  dtfttnlt.  $^-c.  10.il  eft  parlé  de  Sabinus  évêque 
de  Marcelliana  ou  Marcellianum  8c  de  Clufium  ,  Sa- 
binum  Marcellianienfis  &  Clufîtana  urbis  Amijtittm. 
Sur  quoi  Ortelius  remarque  qu'il  en  eft  auffi  parlé  dans 
l'hiftoire  mêlée,  /.  22.  mais  que  ce  lieu  eft  vers  la 
Bulgarie. 

MARCELLINO  ,  petite  rivière  de  Sicile  dans  la  val- 
lée de  Noto.  Elle  fe  jette  dans  la  mer  à  cinq  milles  au 
midi  d'Augufta.  De  l'Ifle  la  nomme  Fiuine  di  Marcellini. 
MARCENAT,  bois  de  France  dans  le  Bouibonnois. 
Il  eft  de  mille  quatre-vingt-neuf  arpensdansla  maîtrife 
des  eaux  8c  forêts  de  Montmaraur. 

MARCHAD./E.  Pline  parlant  du  golfe  Arabique  où 
étoit  Heroopolis,  dit  qu'il  y  avoit  eu  une  ville  de  Cam- 
bife  ,  où  l'on  avoit  porté  les  malades  de  fon  armée.  Il 
dit  que  cette  ville  étoit  entre  les  peuples  Neà  8c  Mar~ 
chadet;  ïnter  Nelos  &  Marchadas. 

MARCHE.  Ce  mot  dans  la  bafie  latinité  eft  exprimé 
par  M  A  rca  ,  Marcha  8c  MARCHiA,&fie,nifie  1  mites  , 
Frontières.  La  chartre  du  partage  de  l'empire  de  Charle- 
magne  .entre  fes  trois  fils  l'epin  ,  Louis  &  Chai  les  porte: 
(  a)  Plaçait  etiam  inter  pr&diftos  filios  flatuere  atqueprœ- 

cipere ut  mtllui    eorttm  fatris  fui  terminai    vel 

regni  limites  ïavadere  prjfumat ,  neque  fraudulenter  in- 
%redi>   ad   contmbandum    regnum    ejtis ,  vel  Marchas 
minuendas.  Dans  les  chapitres  ajoutes  à  la  loi  des  Al- 
lemands ,  on  lit  :  (  b  )  Si  quis  altsrum  ligat  C7  forts  Mar- 
cha eum  vendit  ;  ipfum  ad  foemn  revocet  &  quadraginta. 
folidos  componat  ;  fi  eum  inven'.re  non  potuerit  Wiregil- 
ditm  fuum  folvat.  Il  eft  parlé  de  la  Marche  d'Espagne 
datis  Eghinard  aux  années  828.  8c  829.,  8c  le  fçavant 
Marca  a  donné  d'excellentes   recherches  fur   les  fron- 
tières  de  la  France  8c   de   l'Espagne,  fous  le   titre  de 
Marca   H'upanica.   Le  pays  de  Brandebourg  en  Alle- 
magne ,  eft  divifé  en  Marches.  La  Lapon ie  de  même  ; 
nous  avons  en  France  une  province  qui  eft  connue  fous 
ce  nom  ,  8c  l'Italie  a  la  Marche   d'ANCONE.  Les   fei- 
gneurs  qui  commandoient  aux  frontières  étoient  nom- 
més  Marcheus   au  fingulier ,  8c   Marchei   au   pluriel. 
L'abbé  Jean ,  dit  dans  la   chronique  du  mont  Caflin  : 
Max  heos  tamen  ad  incolarum  tutamina  dimifit.  De  ce 
mot  s'eft  formé  le  nom  de  Marchis  ,  que  nous  difons 
aujourd'hui  Marquis,  &  que  les  Allemands  expriment 
par  Margrave.  Voyez,  ce  mot.  Dans  les  auteurs  de  la 
baffe  latinité  Marchani  8c  Marchiani  ,  font  les  ha- 
bitans  de  la  frontière.  On  a  dit  aufti  Marchiones  des 
foldats  employés  fur  la  frontière ,  8c  avec   le  tems  ce 
mot  a  été  affeété  aux  nobles ,  qui  après   avoir  eu  un 
gouvernement  fur  la  frontière  ,  qui  leur  donnoit  ce  ti- 
tre, l'ont  rendu  héréditaire  ,  8c  ont  transmis  à  leurs  en- 
fans  ce  gouvernement  avec  le  titre  de  marquis.  Enfin 
ce  titre  a  été  attaché  à  des  feigneurs ,  qui  n'avoient  rien 
de  commun  avec  le  fervice  ,  ni  avec  les  frontières  de  l'é- 
tat. Voyez,  Marquis.  (  a  )  Balaf.  Capitul.  col.  685.  c.  2. 
(b)  Ibid.  col.  89   c.  34. 

MARCHE  d'ANCONE.  (La  )  Voyez.  Ancone. 
MARCHE  DE   BRANDEBOURG.  (  La  )  Voyez 
Brandebourg. 

MARCHE  DE  LAFONIE.  (La)  Voyez.  Laponie. 
MARCHE  TREV1SANE,  (La)  province  d'Italie 
dans  l'état  de  la  république  de  Venife.  Elle  a  ce  nom, 
de  ce  que,  dans  la  divifion  de  ce  pays-la  fous  les  Lom- 
bards, l'état  de  Venife  compris  entre  l'Adige,&Ia  Li- 
venza  ,  ou  même  entre  le  lac  de  Garde  &  Tajamento  , 
faifoit  une  province  particulière,  gouvernée  par  un  mar- 
quis ,  dont  la  réfidence  ordinaire  étoit  à  Trévife  ,  Tnvi- 
gio.  Amii  la  Marche  Trévifane,  bornée  alors  par  le 
Frioul  ,  8c  par  le  golfe  à  l'orient ,  par  le  Poléfien ,  le 
•Ferrarois  8c  le  Mantouan  au  midi ,  le  Brcffan  8c  l'évê- 
ché  de  Trente  au  couchant,  8c  par  l'évéché  de  Brixen 
au  nord  ,  avoit  une  bien  plus  grande  étendue  qu'elle  n'a 
à  préfenc.  Elle  comprenoit  alors  le  Véronèfe ,  le  Vicen- 
tiiî ,  le  Padouan ,  8c  le  Dogat  qui  n'en  font  plus.  Il  ne 


MAR 


MAR 


lui  refte  que  la  Marche  Trévifane  proprement  dite,  bor- 
née par  le  Frioul  à  l'orient ,  par  le  golfe  ,  le  Dogat  &  le 
PaJouan  au  midi ,  le  Vicentin  au  couchant ,  le  Feltrin  Se 
le  Bellunefe  au  nord.  Ces  deux  derniers  cantons ,  fça- 
voir  le  Feltrin  Se  le  Bellunefe  ,  avec  le  Cadorin  qui  eft 
au  nord  de  l'un  Se  de  l'autre  ,  font  encore  unis  à  la 
Marche  Trévifane ,  quoiqu'ils  ayent  leurs  bornes  très- 
bien  distinguées.  Nous  en  parlons  dans  leur  lieu.  La 
principale  rivière  de  cette  province  >  eft  la  Piave  qui  la 
traverfe.  Ses  deux  villes  font , 


87 


Trévigio , 


Se 


Ceneda. 


Elle  eft  entrecoupée  d'un  grand  nombre  de  ruiffeaux. 
Voyez.  Trevise. 

1.  MARCHE  ,  (  La  )  province  de  France.  Elle  eft  bor- 
née au  feptentrion  par  le  Berri  ;  à  l'orient  par  l'Auver- 
gne ;  a  l'occident  par  le  Poitou  ,  &  l'Angoumois  -,  &  au 
midi  par  le  Limoufin,  s'étendant  jusqu'à  une  lieue  de 
Limoges.  Ce  pays  a  fait  autrefois  partie  du  Limoufin , 
ayant  même  toujours  été  jusqu'à  préfent  du  diocèfe  de 
Limoges*  Son  nom  de  Marche  lui  vient  de  ce  qu'il  eft 
fitué  fur  les  confins  ou  Marches  du  Poitou  &  du  Berri  ; 
d'où  il  eft  auffi  appelle  la  Marche  du  Limousin  ,  dont 
il  a  commencé  à  être  détaché  avant  la  fin  du  dixième 
fiéclc.  Aimoindans  fon  livre  des  miracles  de  faint  Benoît , 
rapporte  que  la  Marche  étoit  tenue  dans  ce  tems  par  un 
feigneur  nommé  Bofon ,  qui  avoir  la  qualité  de  comte  , 
Se  étoit  ennemi  de  Geraud  vicomte  de  Limoges.  II  eft  fair 
encore  en  plufieurs  actes  mention  de  ce  comte  Bofon,  Se 
de  fon  fils  Helie.  Bofon  III.  dernier  de  Ces  descendans, 
ayant  été  tué  en  109 1  ,  le  comté  vint  à  Almodie  fa  fœur , 
femme  de  Roger  de  Montgommeri  corme  de  Lancaft re  en 
Angleterre,  furnommé  le  Poitevin.  Néanmoins,  il  lui 
fut  disputé  par  Hugues  de  Lufignan,  furnommé  le  Dia- 
ble, coufin  germain  de  cette  Almodie  par  fa  mère  .cette 
dispute  dura  très-long-tems.  Audebert  iflu  d'elle  Se  de  Ro- 
ger ,  par  plufieurs  degrés ,  ayant  perdu  fon  fils  unique  , 
vendit  en  11 77.  ce  comté  à  Henri  IL  roi  d'Angleterre , 
par  un  acte  que  Roger  de  Hoved?n  a  confervé  :  Se  fans 
doute  que  ce  monarque  en  gratifia  enfuite  Hugues  IX. 
de  Lufignan  ,  qui  en  poffédoit  déjà  la  meilleure  partie  , 
lui  &  les  descendans  en  ayant  toujours  depuis  joui  paisible- 
ment. Il  avoit  quatre  frères  qui  furent  auffi  très-puiffans  ; 
fçavoir  ,  Geoffroi  vicomte  de  Châtelieraur ,  par  Clémence 
fa  femme;  Gui  qui  fut  roi  de  Jerufalem,  Se  enfuite  de 
Chypre,  mort  fans  en  fans  ;  Emeri  fon  fucceffeur,  dont 
descendirent  les  autres  rois  de  Chypre  de  la  maifon  de  Lu- 
fignan, Se  enfin  Raoul  furnommé  d'Iffoudun,  qui  époufa 
Alix  comtelTe  d'Eu.  *  Longuerue ,  Defcripr.  de  la  France, 
1.  part.  p.  144. 

Hugues  IX.  de  Lufignan  comte  de  la  Matche ,  fut  père 
d'un  autre  Hugues,  qui  époufa  Ifabelle  héritière  d'An- 
goulême ,  &  de  ce  dernier  descendit  auffi  un  Hugues ,  qui 
mourant  fans  enfans  l'an  1303,  deshérita  fon  frère  Guy  ard , 
comme  étant  fon  ennemi  capital-  Il  inftitua  héritier  des 
comtés  d'Angoulême,  de  la  Marche,  &  de  la  feigneurie 
de  Lufignan  ,  fon  neveu  Renaud  de  Pons ,  fils  de  fa  fœur 
Yoland,  qui  avoit  époufé  Renaud  fire  de  Pons  en  Sain- 
ronge;  ce  qui  excita  de  grands  différends  entre  Guyard, 
Se  ce  feigneur  de  Pons.  Mais  après  la  morr  de  Guyard,  le 
roi  Philippe  le  Bel ,  qui  avoit  de  fon  côté  de  grandes  pré- 
tentions fur  toute  cette  fucceffion ,  s'en  faifit ,  Se  donna  le 
comté  de  la  Marche  à  fon  plus  jeune  fils  Charles  ;  ce 
prince  étant  parvenu  à  la  couronne ,  donna  la  Marche 
avec  plufieurs  villes  en  Auvergne,  en  Berri ,  5c  en  Niver- 
nois,  à  Louis  I.  duc  de  Bourbon  ,  Se  érigea  le  tout  en  pai- 
rie. Louis  donna  alors  au  roi  pour  récompenfe  le  comté 
de  Clermont  en  Beauvoifis  ,  lequel  ne  fur  pas  néamoins  in- 
corporé au  domaine  royal ,  parce  que  Philippe  de  Valois 
ayant  fuccedé  à  la  couronne  peu  après,  Charles  le  Bel  ren- 
dit le  comté  de  Clermont  à  la  maifon  de  Bourbon.  Le  duc 
Louis  donna  le  comté  de  la  Marche  à  fon  plus  jeune  fils 
Jacques,  quHe  laiffaà  fon  fils  Jean,  qui  époufa  Cathe- 
rine de  Vendôme ,  par  laquelle  les  princes  de  la  maifon 
de  Bourbon  hériierent  des  comtés  de  Vendôme  Se  de 
Caftres.  Jacques  fils  aine  de  Jean  &  de  Catherine ,  eut 
en  partage  les  comtés  de  la  Marche  Se  de  Caftres ,  Se 
n'eut  qu'une  fille  nommé  Eléonor ,  laquelle  époufa  Ro- 
bert d'Armagnac  comte  de  Perdiac.  Leur  fils  Jacques  d'Ar- 


magnac duc  de  Nemours  Se  comte  de  la  Marche  fut  con- 
damné ,  comme  criminel  de  lefe-majeflé ,  Se  tous  fes  biens 
ayant  été  confisqués ,  Louis  XI.  donna  le  comté  de  la 
Marche  à  fon  gendre  Pierre  de  Bourbon  ,  mari  d'Anne 
de  France  :  leur  fille  Suzanne  époufa  îe  connétable  de 
Bourbon:  elle  mourut  avanr  fon  mari ,  dont  tous  les  biens 
ayant  été  confisqués ,  le  comté  delà  Marche  fut  réuni  à 
la -couronne  par  François  I.  l'an  1531. 

La  Marche  a  environ  vingt-deux  lieues  de  longueur, 
fur  huit  ou  dix  de  largeur.  Son  climat  eft  tel  qu'il  peut 
être  dans  une  diftance  presque  égale  de  la  ligne  équinoxiale 
au  pôle.  Il  y  a  des  vignobles  aux  environs  de  Bellac  Se  de 
Dorât ,  Se  la  haute  Marche  eft  affez  fertile  en  bled.  On  a 
découvert  une  mine  de  cuivre  au  bord  de  la  Creufe  près 
de  Crofant,  mais  perfonne  n'a  entrepris  de  la  faire  va- 
loir. *  Piganiol  de  la  Force ,  Defcriptiora  de  la  France  , 
r.  6".  p.  387.  Se  fuiv. 

La  province  eft  arrofée  par  la  Vienne ,  le  Cher ,  la 
Creufe  Se  la  Garrempe.  Toute  la  Marche  eft  du  diocèfe 
de  levêque  de  Limoges;  mais  comme  Limoges  eft  dans 
le  reffort  du  parlement  de  Bourdeaux .  Se  la  Marche  dans 
celui  de  Paris ,  l'évêque  de  Limoges  a  été  obligé  d'établir 
un  officiai  à  Gueret ,  dont  la  jurisdieftion  s'étend  fur  toute 
la  haute  Se  la  baffe  Marche.  Mais  à  caufe  de  la  difficulté 
des  chemins  Se  de  la  grande  étendue ,  on  a  établi  un  vi- 
cegerent  de  cet  officiai  à  Chenefâilles,  qui  prend  auffi  la 
qualité  d  officiai ,  Se  dont  la  jurisdiction  s'étend  fur  une 
partie  de  la  haute  Marche  du  côté  de  Felletin,  Se  fur  ce 
qui  Ce  trouve  dans  le  pays  de  Combraille  d'enclavé  dans 
le  diocèfe  de  Limoges. 

Il  y  a  deux  fénéchaux  dans  ce  gouvernement ,  l'un  pour 
la  haute ,  Se  l'autre  pour  la  baffe  Marche;  mais  quand  l'ar- 
riere-ban  eft  convoqué,  le  feul  fénéchal  de  la  haute  com- 
mande toute  la  nobleffe ,  Se  1C  fénéchal  de  la  baffe  ne 
commande  qu'à  fon  défaut.  Toute  la  haute  fe  régit  par  la 
coutume  de  la  Marche  rédigée  en  1  yzi. 

La  Marche  étant  une  des  provinces  qui  en  IJ49,  don- 
nèrent des  fouîmes  confidérables  au  roi  Henri  II.  pour 
s'exempter  de  toutes  fortes  d'impofitions  fur  le  fe! ,  la  ga- 
belle n'y  a  point  l^eu  ;  mais  eft  fujette  aux  autres  droits 
compris  dans  le  bail  des  cinq  groffes  fermes,  Se  h  toutes 
les  autres  impofitions ,  tant  ordinaires  qu'extraordinaires, 
de  même  que  les  autres  provinces  du  royaume.  Quoique 
cette  province  foit  petire  ,  elle  a  néanmoins  deux  généra- 
lités. La  haute  eft  de  la  généralité  de  Moulins ,  Se  la  baffe 
eft  de  celle  de  Limoges.  Il  y  a  trois  élections ,  dont  celles 
de  Gueret ,  Se  de  Combraille  font  dans  la  haute  Marche 
Se  celle  de  Bourganeuf  eft  dans  la  baffe.  II  y  a  auffi  une 
maîtrife  particulière  des  eaux  Se  forêts  à  Gueret ,  laquelle 
s'étend  fur  la  haute  Se  la  baffe  Marche ,  Se  connoît  de 
toutes  les  matières  attribuées  à  cette  jurisdiction. 

Le  commerce  de  la  Marche ,  confifte  principalemenr 
dans  le  débit  des  beftiaux ,  des  tapifferies  que  l'on  fait  à 
Aubuffon,à  Felletin  Se  ailleurs,  dont  les  manufactures 
font  confidérables. 

La  province  de  la  Marche ,  eft  ordinairement  divifée  en 
haute  Se  baffe.  Ses  principaux  lieux  font , 


Gueret , 

La  Chapelle-Taillcfer  , 

bourg , 
Ahun, 
Jarpage , 

Drouilles  ,  village  Se  pré- 
vôté royale, 


Felletin , 
Aubuffon , 
Chenerailles  , 
Grandmont,  abbaye, 
Dorar , 
Bellac  , 
Bourganeuf. 


1.  MARCHE,  bourg  de  Lorraine  au  duché  de  Bar,' 
aux  confins  de  la  Champagne,  entre  les  fources  de  la 
Meufe  &  de  la  Saône,  à  treize  lieues  de  Toul  vers  le 
midi.  C  eft  de  ce  bourg  que  le  collège  de  la  Marche  à  Pa- 
ris prend  fon  nom. 

3.  MARCHE,  ville  du  Pays-Bas  au  duché  de  Luxem- 
bourg ,  dans  le  petit  pays  de  Faméne  ,  d'où  vient  que  l'on 
la  nomme  vulgairement  Marche  en  Famene.  Del'Ifle 
dit  avec  le  peuple  Marche  en  Famine.  Elle  eft  aux  con- 
fins du  pays  de  Liège  ,  entre  Dînant  Se  la  Roche.  *  De 
l'IJle,  Atlas. 

4.  MARCHE,  (La  )  ou  tu  Mers,  province  mariti- 
me de  l'Ecoffe  feptentrionale.  Elle  eft  fituée  à  l'orient  de 
la  province  de  Twedale ,  Se  au  midi  de  celle  de  Lothian 


88 


MAR 


MAR 


fur  la  mer  d'Allemagne  ;  elle  abonde  en  bled  8c  en  pâtu- 
rages. Elle  a  donné  autrefois  le  tirre  de  comte  à  la  fa- 
mille de  Dumbar  ,  qui  tiroit  fon  origine  du  fameux  Gof- 
patrick  comte  de  Northumbcrland  ,  lequel  s  étant  retiré 
en  Ecoffe  ,  lorsque  les  Normands  conquirent  l'Angleter- 
re ,  Malcolm  Canmore  roi  d'Ecoffe  ,  lui  donna  le  château 
de  Dumbar,  Se  le  créa  comte  de  la  Marche.  Sapoftéritê 
prit  enfuite  le  nom  de  Dumbar  ;  mais  George  de  Dum- 
bar ,  ayant  été  proferit  par  le  roi  Jacques  I  ,  le  titre  de 
comte  de  la  Marche  ,  fut  donné  à  Alexandre  duc  d'Al- 
banie ,  Se  enfuite  à  la  famille  de  Smart  &  de  Lénox.  Le 
titre  étant  éteint  en  cette  famille  ,  Guillaume  III.  en  re- 
vêtit Guillaume  Douglas ,  frère  du  feu  duc  de  Queens- 
buri,  &  fon  fils  l'a  poffédé  après  lui. 

Les  principaux  lieux  de  cette  province  font , 


GreenloWi 

Coldingham , 

Ecclcs , 

Duns , 

Aymouth , 

Erfilton. 

Home, 

Coldftream , 

La  rivière  de  Lauder  ,  donne  le  nom  de  Lauderdale 
à  la  vallée  où  elle  coule  dans  cette  province.  *  Etat  pré- 
fent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.  2.  p.  235. 

MARCHE  (  les  Dames  ,  )  abbtye  de  filles ,  ordre 
de  Citeaux  ,  dans  le  Pays  B.is ,  fur  la  gauche  de  la  Meu- 
fc,  une  lieue  &  demie  au  défions  de  Namur. 

MARCHENA  ,  ville    d'Espagne  dans  l'Andaloufie. 
Elle  eft  ancienne,  Se  a  été  autrefois  appellée  ,  Colonia 
Marcia  ,  acaufede  Lucius  Marcius.que  l'on  croit  être 
fon  fondateur ,  6e  qui  commanda  l'armée  romaine  après 
la  mort  de  Cn.  Scipion.  *  Elle  eft  fituée  fur  une  colline 
au  milieu  d'une  plaine.  Du  côté  qui  conduit  a  Seville , 
dont  elle  eft  à  neuf  lieues ,  elle  a  un  fauxbourg  plus  grand 
que  la  ville  même ,  avec  un  hôpital  bien  rente.  Cette 
ville  eft  à  peu  près  dans  la  même  fituation  qu'Ofibne  par 
rapport  à  l'eau ,  n'y  en  ayant  point  d'autre  que  celle  qu'on 
tire  d'une  groffe  fontaine ,  qui  eft  dans  le  fauxbourg  vis- 
à-vis  de  l'hôpital,  de  forte  que  tout  le  terroir  des  environs 
eft  fec ,  fans  aucune  rivière  ou  ruificau.  Malgré  cette  ari- 
dité ,1a  campagne  eft  fertile  en  toutes  choies,  fur-tout  en 
olives.  Les  ducs  d'Arcos  poffédent  cette  ville  à  titre  de 
duché  ,  l'ayant  eue  en  échange  pour  le  marquifat  de  Ca- 
dix ,  qu'ils   poffédoient  anciennement.  Comme  ces  fei- 
gneurs  y  ont  fait  leur  réfidence  pendant  long-tems ,  ils 
fe  font    tellement  appliqués  à  l'embellir  ,  qu'elle  peut 
entrer  en  parallèle  avec  les  villes  voifines,  foit  pour  la 
beauté  des  édifices ,  pour  le  nombre  des  habitans ,  foit 
pour  l'abondance  des  chofes  nécefl'aires  à  la  vie.  Quel- 
ques auteurs  ont  cru  qu'elle  étoit  l'ancienne  Artégua  , 
mais  il  y  a  apparence  qu'ils  fe  trompent ,  y  ayant  des 
preuves  presque  certaines,  que  les  ruines  de  cette  ville  font 
bien  loin  de-la  dans  le  voifinage  d'Alcala  el  Rel.  *  Vay- 
rac ,  Etat  ptéfent  de  l'Espagne,  t.  i.p.  246. 

1.  MARCHENOIRou  Marchesnoir,  petite  ville 
de  France  dans  la  Beauce ,  entre  le  Loir  &  la  Loire  ,  eft 
une  des  principales  du  reflbrt  de  Châteaudun.  Il  y  a  au- 
près une  églife  dédiée  à  faint  Léonard,  où  l'on  croit 
que  le  corps  de  ce  faint  repofe.  De  Valois  croit  que  ce 
nom  vient  de  Marïscus  Niger ,  marais  noir.  Il  y  a  dans 
Marchénoir  une  commenderie  de  l'ordre  de  faint  Lazare. 
Piganiol  de  la.  Force ,  Defc.  de  la  France,  t.  6.  p.  112. 

2.  MARCHENOIR ,  forêt  de  France  auprès  de  la 
ville  de  même  nom  dans  la  Beance.  Elle  contient  qua- 
tre mille  deux  cens  trente  arpens  de  bois  de  haute  futaie. 

MARCHEROUX,  Macheroux  ,  Marchafmm  Ra- 
dulphi ,  abbaye  d'hommes  en  France  de  l'ordre  de  Pré- 
montré au  diocèfe  de  Rouen ,  trois  lieues  vers  le  midi 
de  Beauvais ,  fondée  l'an  1 1 3  2  ,  par  Raoul  du  Fay.  Doin 
Beaunier  voulut  dire  après  Piganiol ,  que  cette  abbaye 
étoit  régulière ,  c'eft  une  erreur. 

MARCHETEGI ,  peuple  de  la  Scythie  ,  en  deçà  de 
l'Imaut  félon  Prolomée ,  /.  6.  c.  14.  11  le  place  entre 
lcsja/ïa ,  Se  les  Norosbes. 

1.  MARCHEVILLE  ,  bourg  de  France  au  pays  Char- 
train. 

2.  MARCHEVILLE,  prieuré  de  France  au  diocèfe  de 
Valence ,  il  eft  fimple. 

MARCHEZIEU ,  bourg  de  France  en  baffe  Norman- 
die dans  le  Côrentin.  Il  eft  environné  de  marais. 

ï.  MARCHIENNES,  Martiana ,  abbaye  d'hommes 


de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  dans  l'Attois  fur  la  Scarpe  au- 
deffous  d'Anchin ,  entre  Douai ,  Orchies  Se  faint  Amand , 
au  diocèfe  d'Arias ,  cn  latin  Marcian>e  ou  Martia- 
ux ,  (  a  )  aux  confins  du  Hainaut  &  de  l'Oftrevanr ,  donc 
elle  eft  féparée  par  la  Scarpe.  C  étoit  autrefois  une  terre 
confidérable ,  qui  appartenoit  au  bienheureux  Adalbaud  , 
mari  de  fainte  Richtrude  dans  le  VII.  fiécle:  cette  terre 
étoit  dans  l'Oftievant  ou  Auikrbant.  S.  Amand  évêque 
de  Maftricht,  ayant  reçu  cette  terre  de  la  libéralité  d'A- 
dalbaud  6e  de  Richtrude ,  y  fit  d'abord  un  monaftere  pour 
des  hommes  à  deux  lieues  enviionde  fon  abbaye  d'El- 
non .  &  y  avoit  établi  abbé  fon  disciple  Jean  (  Jonat.  ) 
Sainte  Richtrude,  étant  veuve,  augmenta  lesbatimcns,  fé- 
para  par  une  clôture  le  monaftere  des  filles  de  celui  des 
hommes,  Se  en  fut  la  première  abbefie.  Sa  fille  fainte 
Clofende  lui  fucceda  en  (588.  (  b  )  Après  la  mort  du  vé- 
nérable Jonat,  le  monaftere  d'hommes  diminua  peu  à 
peu  ,  celui  des  filles  prit  au  contraire  de  grands  accroif- 
femens.  Se  les  religieufes  le  gouvernèrent  environ  333 
ans.  Les  ravages  des  Normands  .  l'ayant  détruit  ,  Se  les  re- 
ligieufes ayant  perdu  &  dîflîpé  presque  tous  leurs  biens, 
Baudouin  comte  de  Flandres  .  aïeul  du  Baudouin  qui  eft 
enterré  à  Hasnon  ,  eut  deffein  de  rétablir  cette  abbaye  , 
il  fit  venir  Liévm  abbé  de  faint  Waft.  Les  religieufes  qui 
reftoient ,    fe  retirèrent  ailleurs ,  Se   firent  place  à  des 
moines  qui  relevèrent  l'abbaye ,  Si  y  firent  refleurir  la 
régularité  monaftique.  Cette  abbaye  eft  encore  fameufe 
aujourd'hui  ,  mais  il  n'y  a  point  de  ville ,  comme  le  pré- 
tendent les  auteurs  du  dictionnaire  de  la  France.  (  u  )  Bail- 
let,  Topogra.  des  Saints ,  &  Abrégé de  l'hiftoire  de  L'ordre 
de  fant  Binon,  t.  1   I.  3.C.  36.11.   19.  (b)  Auberti  Mi- 
rai, origin.  Cœnob.  Bcig.  c.  3. 

2.  MARCHIENNES  au  Pont,  bourg  des  Pays-Bas 
aux  deux  côtés  de  la  Sambre ,  entre  Fontaine-  l'Evêque  Se 
Chaileroi ,  une  lieue  au  delius  de  cette  dernière.  Les  au- 
teurs du  dictionnaire  de  la  France ,  brouillent  tout  a  ce:  e 
occalion,  Se  difent  que  les  alliés  y  avoient  leurs  magafins 
dans  le  temsde  la  baraiile  de  Denain,  dont  le  fuccès  les 
déconcerta.  Ils  confondent  Marchiennes  ville  ou  bourg 
fur  la  Sambre  ,  Se  Marchiennes ,  abbaye  près  de  la  Scarpe. 
MARCHOMODES,  Marchomedi,  Marcomedes 
Se  Mardomedi  j  c'eft  ainfi  que  ce  nom  fe  lit  diverfemenc 
dans  Eutrope ,  /.  8.  c.  2.  C'eft  le  nom  d'un  des  peuples 
qui  furent  vaincus  par  l'empereur  Trajan.  Il  y  a  bien  de 
l'apparence  que  la  dernière  leçon  eft  la  bonne ,  comme 
le  conjecture  doctement  Orteiius,  Thefaur.  Se  qu'il  eft 
compofé  de  deux  noms  géographiques  combinés  ;  (avoir, 
les  Mardes  Se  les  Médes.  Il  croit  que  ce  peuple  avoir  les 
deux  noms  ,  parce  qu'il  panicipoit  à  l'un  8e  à  l'autre  peu- 
ple. Cependant  Cellarius ,  in  Eittrop.  la  rejette,  Se  lit 
Mar -corne dos  ,  parce,  dit  il ,  que  les  Mardes  Se  les  Mé- 
des étoient  féparés  par  les  Hircaniens,  fur  quoi  il  cire  Pli- 
ne, /.  6.c.  16.  Se  Diodore  de  Sicile ,  /.  17.  c.  -G.  Gla- 
reanus  ou  Henri  de  Glaris  croit  qu'il  s'agit-là  des  Amar- 
decei  de  Ptolomée.  Cellarius  ajoute  que  le  D  dans  ce  mot 
eft  contre  tous  les  manuscrits  qui  tous  portent  C  ou  Ch  , 
la  verfion  grecque  porte  Msep-.oujiJW.  Ces  peuples  étoien: 
quelque  part  dans  ï'Affy  rie. 

MAPvCHPURG  ouMarchburg,  ville  d'Allemagne 
au  cercle  d'Autriche  dans  labaffe  Stirie  fur  la  Drave.  Voyez. 
Marpurg. 

MARCHTHAL,  abbaye  d'Allemagne  dans  la  Sua- 
be,  fur  la  rive  méridionale  du  Danube  ,  au  nord  de  Bu- 
chaw  &  du  Federféc  ,  entre  Riedlingcn  Se  Ehing ,  fur  un 
rocher  escarpé.  Les  ducs  de  Suabe  qui  en  ont  été  les  fon- 
dateuts ,  y  établirent  fept  chanoines.  Avec  le  rems  la  vie 
déréglée  des  chanoines,  ayant  obligé  Henri  III.  comte 
Palatin  de  Tubingen  à  les  en  chaffer ,  il  mit  en  leur  place 
des  religieux  de  Prémontré,  qui  furent  conduits  par  des 
prévôts  jusqu'à  Henri  Meermefter.  Celui  ci  obtint  en 
141 8.  le  titre  d'abbé  ,  qui  lui  fut  accordé  par  les  pères 
du  concile  de  Confiance.  *  D'Audifret ,  Géogr.  hifi. 

t.  3- 

MARCHUBII,  ancien  peuple  à  l'extrémité  occiden- 
tale de  l'Afrique  propre  ,  tout  joignant  la  Gétulie.  Cela 
convient  au  peuple  que  Ptolomée ,  /.  4.  t.  2.  nomme  Mal' 
chitbii  MaKxvGiot  Se  qu'il  place  dans  la  partie  orientale 
de  la  Mauritanie  Céfarienne,  près  de  la  Numidie.  *  Pl'v- 
ne,  1.  y.c.  4, 

MARCI.  Voyez.  Marcis, 

MARCIA 


MAR 


MAR 


i.  MAKCIA  Coionia.  Ce  nom  ne  Ce  trouve  que  dans 
des  inscriptions  déterrées  en  Espagne  à  Marchena. 
Voyez,  ce  mot. 

2.MARCIA  Aqua.  J'en  parle  fuffifamment  à  l'article 
Fucinus  Lacus. 

MARCIAC.  Fov^Marsiac. 
i.MARCIANA  Castra.  J^jk- Marpurg. 
2.  MARCIANA  Civitas  ,  ville  épiscopale  de  la  Lycie  , 
félon  des  notices  grecques: parmi  les  évêques  de  cette  ville 
le  P.  Hardouin  nomme  Martianus. 

3. MARCIANA  Nova,  ville  épiscopale  d'Egypte.  Au- 
gufiinus  fonévêque  fouscrivit  au  concile  de  Conftantino- 
pie ,  tenu  l'an  460.  *  Harduin  colled.  conc. 

MARCIANOPOLIS  ,  ville  de  la  Turquie  en  Europe 
dans  la  Baffe  Bulgarie  ,  aux  confins  de  la  Romanie.  Elle 
eft,  fuivant  la  table  de  Peutinger  ,  fur  la  route  de  Duroflo- 
rum  à  Odeffus  ,  entre  Palmau  Se  Paniffus ,  à  4;  milles  de 
la  première,  &à  n  milles  de  la  féconde.  Le  nom  de 
Marcianopolis  lui  avoir  été  donné  en  l'honneur  de  Mar- 
cia  ,  fœur  de  Trajan.  C'eft  aujourd'hui  Preflaw.  Voyez,  ce 
nom. 

1  MARCIGLIANO,  bourg  d'Italie  au  royaume  de 
Naples,  dans  la  terre  de  Labour,  au  nord  de  Naples  en- 
tre Acerra  Se  Nola.  *  Bjudrand,édk.  17OJ. 

2.  MARCIGLIANO  Vecchio,  village  d'Italie  dans  là 
Sabine  fur  le  Tibre  ,  à  trois  lieues  au-deffus  de  Rome. 
Baudrand  croit  que  c'eft  l'ancienne  Crustumeria  ou 
Crustumerium. 

MARCIGNI,  en  latin  Marciniacum  ,  petite  ville  de 
France  en  Bourgogne ,  au  diocèfe  d'Autun ,  près  de  la 
Loire.  Sa  fituation  paroît  baffe  quand  on  y  arrive ,  venant 
de  Mâcon ,  Se  haute  lorsqu'on  vienr  du  Bourbonnois  & 
de  la  Loire.  La  feigneurie  de  la  ville  appartient  à  la  dame 
prieure  régulière  de  Marcigni.  11  y  a  dans  cette  maifon 
quarante  filles  nobles ,  fans  compter  la  dame  prieure.  La 
cure  de  la  paroiffe  de  la  ville,  elt  à  la  nomination  de  cette 
dame,  &  lajufticey  eft  exercée  par  fes  officiers.  Bail'et, 
Topogr.  des  Saints,  i.pan,  pag.  624.  nomme  cette  ville 
Marsigni  les  Nonaïns  ;  Se  dit  que  ce  monalkre  eft  de 
l'ordre  de  Cluni  aux  extrémités  de  la  Bourgogne  ,  à  une 
demi-lieue  de  la  Loire,  vers  le  Bourbonnois  Se  le  Beau- 
jolois.  Il  ajoute  que  c'eft  le  lieu  de  la  retraite  Se  de  la  mort 
de  la  bienheureufe  Raingarde ,  mère  du  bienheureux 
Pierre  Maurice ,  dit  le  Vénérable  abbé  de  Cluni.  Cette 
ville  eft  la  patrie  d'André  Du  Ryer,  fieur  de  Malezair, 
que  plufieurs  confondent  mal-à-propos  avec  le  fameux 
Pierre  Du  Rier  de  l'académie  françoife.  Celui  dont  il  eft 
queftion,  s'étoit  appliqué  aux  langues  turque  &  arabe. 
On  a  de  lui  une  grammaire  turque,  imprimée  à  Paris  en 
1630.  Se  1633,  le  Guliftan  ou  l'empire  des  rofes ,  com- 
pote par  Sadi ,  traduit  en  françois  Se  imprimé  à  Paris  en 
1634  m  3°. ,  &  l'alcoran  imprimé  à  Paris  in  40.  1647.  Se 
in  12°.  en  d'autres  années ,  &c.  On  vient  de  le  réimpri- 
mer m  12°.  à  Amfterdam  chez  Pierre  Morrier  ,  1733. 
Quoique  cette  ville  foit  petite  ,  elle  ne  laiffe  pas  de  faire 
un  gros  commerce  de  bled.  Garreau  ,  dans  fa  defeription 
de  la  Bourgogne,  édition  de  1734,  nomme  cette  ville 
Marcignv  ,  Se  en  latin  Marcigniacum.  C'eft  la  vingt- 
deuxième  qui  députe  aux  états  de  Bourgogne.  *  Piganiol 
de  la  Force ,  r.  3 .  pag.  5  1 8. 

MARCILIANUM  ,  fauxbourg  delà  ville  de  Consili- 
num  dans  la  grande  Grèce.  Il  s'y  faifoit  un  grand  con- 
cours de  route  la  Lucanie.  Cafliodore  fait  une  belle 
defeription  de  ce  lieu.  *  Variar.  1.  8.  ad  Sever. 

1.  MARCILLAC,  petite  ville  murée,  à  quatre  lieues 
de  Rodés  dans  le  Rouergue. 

2.  MARCILLAC ,  bourg  &  abbaye  de  France  dans  le 
Querci ,  au  diocèfe  de  Cahors,  à  quatre  lieues  de  Figeac , 
fur  la  Celle.  Elle  étoit  de  l'ordre  de  faint  Benoît,  mais 
elle  a  été  fécularifée.  On  en  artribuc  la  fondation  au  roi 
Pépin.  S.  Namphafe  folitaire  y  mourut  vers  l'an  800.  Il 
y  a  dans  le  territoire  de  ce  bourg,  une  grotte  de  plus  de 
trois  mille  pas  de  profondeur ,  Se  où  l'on  marche  toujours 
en  descendant.  On  y  trouve  de  tems  en  tems  de  l'eau  très- 
claire,  tantôt  plus  profonde,  tantôt  moins,  &  un  fable 
fur  lequel  on  trouve  des  rraces  des  pas  de  divers  ani- 
maux :  ce  qui  donne  lieu  de  penfer  que  ce  fouterrain  pour- 
roit  bien  aboutir  à  quelque  autre  endroit  ou  ces  eaux  ont 
une  forrie ,  Se  par  où  ces  animaux  vont  chercher  leur 
nourriture. 


89 


MARCILLADA,  colonie  de  l'Ane  Mineure.  C'eft 
ainfi  qu'on  lit  dans  quelques  exemplaires  de  l'itinéraire 
d  Antonin  ,  Coionia  Marcillada.  Simler  avoit  cru  qu'il 
falloit  lire  Coloniam  ARchelaida  ;  Se  les  éditions  pof- 
térieures  l'onr  fuivi. 

MARCILLE,  bourg  de  France  dans  le  Maine.  II  y  a 
une  verrerie. 

1.  MARCILLY  ,  bourg  de  France  en  Normandie  ,  au 
diocèfe  d'Avranehes. 

2.  MARCILLY  ,  Marciliacum,  abbaye  d'hommes  en 
France,  de  l'ordre  de  Citeaux  ,  filiation  de  Fontenay  en, 
Bourgogne  ,  dans  le  diocèfe  d'Autun  ,  au  nord  eft  Se  près 
d'Avalon.  Elle  eft  régulière ,  Se  fous  le  titre  de  Notre  Da- 
me de  bon  repos,  fondée  l'an  1239.  Par  Hugues  IV.  duc 
de  Bourgogne ,  Se  le  feigneur  de  Noyers.  Sa  première  def- 
tination  étoit  pour  des  réligieufes.  Le  pays  eft  un  peu 
triontueux  Se  a  quelques  vignes.  Marcilly  eft  proprement 
le  nom  du  village  qui  accompagne  l'abbaye.  Le  nom 
même  de  l'abbaye  eft,  comme  nous  avons  dit,  Notre- 
Dame  de  bon  repos. 

MARCINA,  ville  d'Italie  entre  Sirenufe  Se  Pofidonîe  , 
félon  Strabon  ,  /.  j.  Cluvier  croit  que  la  Marcina  des  an- 
ciens, eft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  Vietri,  fur  la 
côte  deSalerne;  mais  il  fe  trompe,  lorsqu'il  avance  qu'il 
y  avoir  autrefois  un  temple  de  Junon  Argire ,  qui  fut  bâti 
par  Jafon.  Il  y  a  un  petit  port  où  les  marchands  de  la 
Cava  font  leur  commerce. 

1.  MARCINIACUM.  Voyez.  Marcignu 

2.  MARCINIACUM ,  lieu  de  la  Gaule.  11  en  eft  parlé 
dans  la  vie  de  faint  Anfelme  archevêque i  &  Ortelius  die 
qu'il  doit  être  au  voifinage  de  Lyon.  Locus  circa  Lug- 
dunurrii 

MARCIS  ,  lieu  de  la  féconde  Belgique  fur  la  côte  que 
les  anciens  appelloient  Littus  Saxonicum ,  félon  la  no- 
tice de  l'empire,  felï.  61. 

Il  faut  remarquer  que  Marcis  eft  à  l'ablatif  pluriel ,  & 
que  le  nominatif  peut  être  Marci  ou  Mars^e. 

MARCIUM  ,  montagne  d'Italie  à  deux  cens  ftades  de 
Rome  ,  c'eft-à  dire  XII.  M.  D.  pas,  félon  Diodore  de  Si- 
cile, l.  14.  c  118.  cité  par  Ouelius ,  qui  doir  avoir  eu 
quelque  édition  parriculiere,  car  celle  de  Rhodoman  à 
l'endroit  cité  porte  Martius  Campus  ,  le  Champ  de 
Mars,  à  vingt-cinq  milles  de  la  ville.  Il  y  a  plus  d'exacti- 
tude dans  la  citation  qu'il  fait  de  Plutarque.  On  lit  ef- 
fectivement dans  la  vie  du  dictateur  Camille  ,  que  fur 
les  nouvelles  que  l'armée  commandée  par  les  tribuns  mi- 
litaires ,  étoit  affiégée  par  les  Latins  Se  par  les  Volsques, 
il  fit  prendre  les  armes  à  ceux  qui  étoient  plus  en  âge  de 
les  porter,  Se  faifant  un  grand  circuit  autour  du  mont 
Marcius ,  fans  être  apperçu  des  ennemis ,  il  alla  camper 
derrière  eux,  &c.  *  Hommes  Illuft.  traducr.de  D  acier  * 
t.  2.  pag.   ijf  5* 

MARCK,  (La)  contrée  d'Allemagne  dans  laWeft- 
phalie  ,  avec  titre  de  comté.  Elle  a  au  nord  la  Lippe  qui 
la  fépare  de  l'état  de  Munfter ,  Se  l'Emfer  qui  la  divife 
d'un  canton  qui  appartient  à  l'électeur  de  Cologne,  Se  le 
territoire  de  la  ville  impériale  de  Dortmund  ;  au  levant 
du  duché  de  Weftphalie  :  au  midi  Se  au  fud  oueft  le  duché 
de  Berg;  Se  les  abbayes  de  Verden  Se  d  Effen  au  couchanr. 
Cette  ville  de  Dortmund  èV  -ces  deux  abbayes  font  du 
pays  de  la  Marck ,  quoiqu'elles  aient  leur  ibuveraineté 
particulière  &  indépendante  de  celle  des  comtes  de  la 
Marck.  Le  comré  de  la  Marck  fait  partie  de  la  fucceifion 
des  ducs  de  Juliers ,  Se  eft  poffédé  par  le  roi  de  Pruffe  éle- 
cteur de  Brandebourg. Les  villes  du  pays  de  la  Marck  font,; 
Ham,     Werden,     Soeft ,     Dortmund -,    Effen. 

Sanfon  y  met  encore  comme  lieux  conildérables , 
Unna,  Swierr ,  Plettenberg, 

Marck,  Ketwich ,  Neuftadr, 

Kamen ,  Luinen,  Leunfchede, 

Gaftrop,  Iferloen,  Breckcrfeld, 

Boekum,  Nienrad ,  Steyl, 

Lutke  Dortmund ,  Werdoel,  Hattingen. 

Ce  pays  eft  traverfépar  la  Roer  ,  par  La  Lenne&  la 
Wolme  qui  s'y  joignent  enfemble  ,  fans  parler  de  l'Emfer 
Se  de  la  Lippe.  11  portoir  autrefois  le  nom  d'Altena,  bour- 
gade fur  la  Lenne.  Le  nom  qu'il  porte  aujourd'hui  ,  lui 
vient  d'un  château  fitué  affez  près  &  au  fud-eft  de  la 
ville^de  Ham.  Son  nom  latin  eft  March'ia  Comitauis.  11  ne 
faut  pas  le  confondre  avec  la  Marche  de  Brandebourg, 

lom,  IV.  M 


MAR 


9° 

que  les  Allemands  appellent  auffi  Marck  ;  &  que  nous 
difons  en  françois  la  Marche.  *  Httbner ,  Gcogr.  pag;04. 
MARCKECK.  ,  Mareck  ou  Marcheck,  bourg  de  la 
Baffe  Autriche ,  aux  confins  de  la  Hongrie  ,  fur  la  rivière, 
de  Mark  ou  March  ,  qui  venant  d'Olmutz  ,  &  fe  grof- 
fiffant  de  beaucoup  de  ruiffeaux  ,  coule  à  Radifch,  fépare 
enfuite  la  Hongrie  de  Ja  Moravie  êc  enfuite  de  l'Autriche , 
8c  va  fe  perdre  dans  le  Danube,  presque  vis-à-vis  de 
Haimbourg  au  deffns  de  Preibourg.  La  plaine  que  cette 
rivière  traverfe  en  prend  le  nom  de  Marcfeld.  Ce 
bourg  peut  paffer  pour  une  petite  ville.  Ottocare  roi  de 
Bohême ,  qui  fut  auffi  duc  d'Autriche  durant  quelque 
tems ,  fit  bâtir  ce  lieu  ,  &  y  vouloir  faire  une  fortereffe 
pour  tenir  les  Hongrois  dans  le  refpect.  *  Zeyler,  Auflr. 
ropogr.  p.  5;. 

MARCKELHEIM  ,  ville  de  France  dans  la  Haute  Al- 
face ,  diocèfe  de  Bàle ,  conléil  fouverain  8c  intendance 
d'Alface. 

MARCKFLECK  ,  mot  dont  fe  fervent  les  Allemands 
pour  défigner  un  bourg  où  l'on  tient  marché. 

MARC  -  MORTO.  C'eft  ce  qu'on  appelloit  autrefois 
Portus  Misenus  ,  un  peu  au  delà  de  dîmes  dans  le 
royaume  de  Naples.  Ce  port  ne  peut  fervir  de  retraite 
qu'à  de  pecires  barques. 

MARCODAVA  ,  ancienne  ville  de  la  Dacie ,  félon 
Ptolomée.  Lazius  doute  fi  c'eft  Margoszeck,  ouFileck. 
MARCODURUM  ou  Marcomagus.  Ces  deux  noms 
fignifient  un  même  lieu  qui  étoit  fur  la  Roer ,  rivière  des 
Pays  Bas.  Duren  Se  MAGEN,dit  Cellarius ,  Ge ogr. ant. 
I   2.  t.  3.  t.  1.  p.  354.  font  des  mots  celtiques  qui  s'em- 
ployoient  également  pour  lignifier  le  paffage  d'une  rivière. 
Tacire,  Hifi.  I.  4.  c.  28.  dit  :  les  cohortes  des  habitans 
de  Cologne  furent  battues  dans  le  tems  qu'elles  étoient 
moins  fur  leurs  gai  des ,  parce  qu'elles  fe  voyoienr  éloignées 
des  bords  du  Rhin.  Ce  nom  marque  encore  aujourd'hui 
la  pofnion  de  cette  ancienne  ville  qui  doit  être  la  ville  de 
Duren.  C'eft  la  même  qui  dans  la  fuite  eft  appellée  Mar- 
comagus village,  dans  l'itinéraire  d'Antonin  &  dans  la 
table  de  Peutinger  ,  fur  la  route  de  Cologne  à  Trêves.  Ce 
qui  achevé  de  prouver  que  Duren  eft  la  même  ville  , 
c'en1  que  Reginon  8c  Aimoin  l'appellent  Du  ri  a  for  iercjfe. 
MARCOLICA  ,  ville  d'Espagne  ,  félon  Tite-Live  , 
I.  4j.c.  4.  Cet  hiltoriendit  que  Marcus  Marcellus  quit- 
tant le  gouvernement  d  Espagne  ,  prit  la  fameufe  ville  de 
Marcolica,  8c  en  rapporta  de  grandes  richeffes  qu'il  mit 
dans  le  thréfor  public.  Comme  ce  fait  h'eft  rapporté  que 
d'une  manière  fort  découfue  8c  fans  liaifon  avec  ce  qui 
fuit  ou  ce  qui  précède,  il  n'eft  pas  aifé  de  juger  où  cette 
ville  étoit  placée.  11  eil  d'ailleurs  étonnant  qu'une  fameufe 
ville  ait  été  inconnue  aux  géographes  qui  ont  décrit  l'Es- 
pagne jusqu'à  en  nommer  les  villes  qui  ne  fubfiiloientplus. 
MARCOLLES  ,  bourg  de  France  en  Auvergne,  dans 
l'élection  d  Aurillac. 

MARCOMANI  ou  Marcomanni  ,  anciens  peuples 
de  la  Germanie  où  ils  ont  habité  différens  pays.  Spener  , 
Not-  Germ.  ant.  I.  4.  c.  2.  croit  le  nom  de  Marcomans 
formé  de  Marck  &  de  Mariner ,  deux  mots  qui  dans  la 
langue  allemande  fignifient  des  hommes  établis  pour  la 
garde  &  pour  la  défenfe  des  frontières.  S'il  eft  vrai,  com- 
me on  en  convient  affez,  que  les  Helvétiens  furent  chaffés 
par  les  Germains  de  leur  première  demeure  à  la  fource 
du  Nécre  &  du  Danube,  il  eft  naturel  dédire  que  l'ar- 
mée qui  les  chaffa,  demeura  dans  le  pays  pour  empêcher 
qu'ils  n'y  retournaffent  ;  8c  que  de-là  elle  prit  le  nom  de 
■  Marcomani. 

On  croit  que  la  première  demeure  des  Marcomans 
étoit  entre  le  Rhin  &  le  Danube,  dont  l'un  bordoit  la 
Gaule ,  &  l'autre  terminoit  la  Rhétie ,  8c  qu'elle  s'é- 
tendoit  jufqu'au  Nécre.  Cette  opinion  efl  uniquement 
appuyée  furce  que  des  trois  pcuplesqui  poffédèrent  le  pays, 
d'où  les  Helvétiens  avoient  été  chaffés,  les  Marcomans 
étoient  le  peuple  le  plus  puiffant.  Leur  nom  en  eft  une 
preuve  ;  Strabon  ,  /.  7.  Velleïus,  /.  2.  c.  108.  8c  Tacite  , 
Germ.  c.  47.  nous  en  fourniflent  un  autre  ,  en  appellant 
Amplement  Marobodus  roi  des  Marcomans,  fans  nom- 
mer les  chefs  des  autres  peuples  qui  accompagnoient  les 
Marcomans  dans  l'expédition  dont  ces  auteurs  entendent 
parler.  Mais  il  eft  confiant  que  leur  demeure  ne  peut  fe 
fixer  que  par  conjeéture  ,  quoiqu'avec  affez  de  probabi- 
lité. Cltivier,  Germ.  ant.  /.  3.  c.  5.  a  tâché  de  marquer 


MAR 


des  bornes  précifes  du  pays  des  Marcomans;  &  ce  qu'il 
dit  eft  affez  vraifemblable  :  le  voici.  Le  Nécre  bomoit  la 
Marcomanie  au  nord;  le  Kocker,  qui  fe  joint  au  Nécre  , 
8c  le  Brentz  qui  fe  jette  dans  le  Danube  ,  la  bornoient  à 
l'orient  ;  le  Danube  au  midi ,  &  le  Rhin  a  l'occident.  De 
cette  façon  les  Marcomans  auroient  poffédé  les  terres 
que  comprend  le  duché  de  Wurtemberg ,  la  partie  du  pa- 
latinat  du  Rhin,  qui  efl  entre  le  Rhin  &  le  Nécre,  le 
Brisgaw  ,  Ôc  la  partie  du  duché  de  Suabe  ,  fuuée  entre  la 
fource  du  Danube  8c  le  Brentz. 

Autant  efl-il  difficile  de  dire  où  fut  précifémenr  la  pre- 
mière demeure  des  Marcomans  ,  &  de  décider  s'ils 
s'établirent  dans  le  pays  dont  les  Helvétiens  avoient  été 
dépoffedés  ;  autant  peut-on  parler  avec  certitude  de  leurs 
autres  expéditions ,  qui  fe  trouvent  appuyées  du  témoi- 
gnage de  divers  auteurs  approuvés.  Ccfar.  de  bel.  Gai.  I. 

1.  c.  j  1 .  nous  apprend  que  les  Marcomans  parlèrent  dans 
la  Gaule,  fous  la  conduite  d'Ariovifte  >  dont  une  partie 
de  l'armée  -,  après  fa  défaite ,  repaffa  avec  lui  dans  l'on  an- 
cienne demeure.  On  doute  pourtant  fi  après  Ariovifie 
les  Marcomans  eurent  un  autre  roi ,  ou  s'ils  conferverent 
leur  liberté  jusqu'au  règne  de  Marobodus.  Il  eft  du  moins 
cerrain  que  ce  dernier  ,  à  fou  retour  de  la  cour  d'Au- 
gulte  ,  où  il  avoit  été  élevé ,  fut  roi  des  Marcomans ,  8c , 
qu'alarmé  de  l'approche  des  Romains  qui  portoient  leurs 
armes  dans  la  Rhétie  8c  dans  la  Norique  ,  il  perfuada  à 
fes  peuples  de  fe  retirer  dans  l'intérieur  de  la  Germanie  , 
8c  d'y  aller  chercher  une  nouvelle  demeure.  Velleïus, /. 

2.  parle  auffi  de  cette  migration  des  Marcomans.  On  y 
voit  que  Marobodus ,  à  latête  des  Marcomans ,  des  Sédu- 
fiens  ôc  des  Harudes  ,  paffa  dans  le  pays  des  Boïens , 
fitué  au  milieu  de  la  forêt  Hercynienne  ,  qu'il  s'y  établit 
après  avoir  vaincu  les  Boïens,  8c  qu'il  fournit  enfuite  tous 
les  peuples  voifins ,  foit  par  la  force  de  fes  armes,  foit 
par  la  crainte  qu'elles  leur  infpirent.  Voyez.  Boiens  1. 
*  Strabon. ,  1.  7. 

Lorsque  Marobodus  fe  fût  emparé  du  pays  des  Boiens, 
connu  alors  fous  le  nom  de  Biiubumum  ,  on  ne  connut 
plus  de  Séduciens  ni  de  Harudes  \  leur  nom  fut  confondu 
avec  celui  des  Marcomans  qui  fe  conferva.  A  l'égard  des 
terres  qu'ils  avoient  abandonnées ,  elles  furent  occupées 
par  dirrérens  peuples,  foit  Gaulois,  foit  Germains. 

Il  y  a  des  auteurs  qui  ont  écrit  que  les  Marcomans, 
avant  de  paffer  dans  le  pays  des  Boïens,  demeuroient  dans 
la  Moravie;  mais  cette  opinion  contredit  abfolument 
Céfar  8c  Velleïus.  Comment  les  Marcomans  auroienc-ils 
été  menés  par  Ariovifte  de  la  Moravie  dans  les  Gaules  ; 
8c  comment  Marobodus ,  en  paffant  dans  le  pays  des 
Boïens,  fe  feroit-il  éloigné  des  conquêtes  des  Romains, 
puisque  ce  pays  étoit  alors  beaucoup  plus  près  des  Ro- 
mains que  la  Moravie  ?  Il  convient  mieux  de  dire  qu'il 
laiffa  les  bords  du  Rhin  ,  parce  que  les  Romains  avoient 
commencé  à  foumettre  la  Rhétie ,  8c  qu'il  fe  retira  dans 
le  pays  des  Boïens ,  qui  1  éloignoit  des  armes  des  Ro- 
mains ,  par  qui  le  Norique  n'avoit  pas  encore  été  fub- 
jugué.  *  Spener ,  Not.  Germ.  1.  14.  c.  2. 
MARCOMEDESou  Marcomedi  KMarchomodes. 

1.  MARCOPOLIS  ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Afie 
dans  FOsrhoéne  ,  où  elle  avoit  le  fiège  d'Edeffe  pour  mé- 
tropole, félon  la  notice  de  Léon  le  Sage,  &  celle  du  pa- 
triarchat d'Antioche. 

2.  MARCOPOLIS ,  autre  ville  épiscopale  du  même 
patriarchat.  Elle  avoit  Sergiopolis  pour  métropole,  félon 
la  notice  du  patriarchat  d'Antioche, 

3.  MARCOPOLIS.  Voyez  San -Marco. 

4.  MARCOPOLIS  ou'Marcopoli  ,  ville  de  Grecs 
à  l'orient  d'Athènes  à  l'entrée  de  l'Euripe.  C'eft  préfente- 
mentun  village  que  Spon  ,  voyages  ,  t.  i.p.  186.  appelle 
Marco  Poulo,  près  de  l'Euripe.  Wheler ,  voyage  ,  t  2. 
/.  3.  p.  2j$>.  après  avoir  parlé  du  port  de  PraJJx  (  Vrafi:.  ) 
ville  ruinée  ,  ajoute:  Nous  tournâmes  de  là  un  peu  fur  la 
droite  ,  &  après  avoir  rodé  environ  trois  lieues  au-delà  , 
nous  arrivâmes  à  un  village  appelle  Marcopou  ;  les 
ruines  qui  font  proche  font  voir  que  ça  été  autrefois 
une  place  confidérable,  mais  il  n'y  refte  que  vingt  ou 
trente  maifons. 

MARCOPOULO.  Voyez.  l'article  précédent. 

MARCOUCI  ou  Marcoussis  ,  bourg  de  France  en- 
viron à  fix  lieues  de  Paris ,  &  au  midi  un  peu  occidental. 
Il  efl  principalement  connu  pour  avoir  appartenu  à  Jeaa 


MAR 


MAR 


de  Montagu  gland- maître  de  la  mai  Ton  du  roi ,  ou  com* 
ine  on  parloir  en  ce  tems,  grand-makre  d'hôrel  du  roi. 
Il  étoit  aufli  furintendant  des  finances  fous  Charles  VI. 
Il  fit  bâtir  le  chœur  de  l'églife  de  faint  Vandrille ,  par- 
roifle  de  Marcouflis ,  qui  s'appelle  aujourd'hui  l'églife  de 
la  Magdeléne  ;  il  voulut  aufli  faire  bâtir  la  nef  de  même 
que  le  chœur  ;  mais  le  prieur  s'y  oppofa  ,  de  peur  que 
cela  ne  préjudiciâr  à  fon  aurorité  ôc  à  fes  droits.  Il  fonda 
aufli  un  monaftere  pour  les  Céleftins. 

Comme  Jean  de  Montagu  étoit  dans  les  intérêts  de 
la  maifon  d'Orléans,  le  duc  de  Bourgogne  chercha  à 
s'en  défaire  ,  &  l'ayant  fait  prendre ,  nomma  des  com- 
miflaires  qui  rendirent  leur   fentence  le    17  d'Oétobre 
de  l'an  1409.  par  laquelle  Montagu  fut  déclaré  criminel 
de  léfe  majefté  ,  ôc  comme  tel  condamné  à  être  décapité 
dans  les  Halles  de  Paris,  fon  corps  mis  à  Montfaucon  , 
ôc  fa  tête  au  bout  d'une  lance  fur  les  piliers  des  Halles , 
ce  qui  fut  exécuté  le  même  jour.  Dubreul ,  dans  fes  an- 
tiquités de  Paris,  au  chapitre  de  la  fondation  des  Cé- 
leftins de  Marcouflis,  dit  que  le  corps  de  Jean  de  Mon- 
tagu, fut  porté  à  Montfaucon  dans  un  fac  rempli  d'epices. 
Que  pendant  tout  le  tems  qu'il  fut  attaché  à  ce  gibet ,  les 
Céleitins  de  Marcouflis  donnoient  tous  les  jours  une  cer- 
taine fomme  au  bourreau  de  Paris  pour  le  garder ,  ôc  que 
quatre  ans  après  fon  exécution  ,  fa  mémoire  ayant  été 
juftifiée ,  fes  biens  qui  avoient  été  confisqués  ôc  donnés  au 
comte  Palatin  duc  de  Bavière  ,  frère  de  la  reine,  furent 
rendus  à  les  héritiers.  Ménage ,  dans  fon  hilïoire  de  Sa- 
blé ,  p.  27.  relevé  cette  narration  de  Dubreul.  Il  con- 
vient que  le  corps  de  Jean  de  Montagu  fur  dépendu  le  27 
Septembre  de  1  an  1412-,  mais  il  traite  de  fable  tout  ce 
que  Dubreul  dit  du  lac  rempli  d'epices;  &  de  lagaide 
du  corps  par  le  bourreau.  11  ajoute  qu'il  n'eft  point  vrai 
non  plus  que  la  mémoire  de  Jean  de  Montagu  ait  été  juf- 
tifiée ,  &  que  pour  fes  biens  >  quoiqu'il  eût  été  condamné 
fans  la  participation  de  Charles  VI.  ce  roi  en  avoir  donné 
la  confiscation  à  Louis  duc  de  Guienne  dauphin  ,  &  qu'ils 
furent  enfin  rendus  aux  héritiers  de  Jean  de  Montagu.  * 
Ti^aniol  de  la  Force,  t.  3.  p.  ioj. 

MARCO  VISE,  bois  de  France  dans  le  Vivarez.  Il  eft 
fingulier  par  la  beauté  ôc  la  prodigieufe  hauteur  des  fa- 
pins  qu'il  contient  ;  mais  dont  on  ne  fauroit  faire  aucun 
ufage  ,  à  caufe  de  l'impoflibilité  du  transport. 

MARCSUL,  Marcksul  ou  Marksul  ,  château  ôc 
bourg  d'Allemagne  au  cercle  de  la  Haute  Saxe  dans  la 
Thuringe  fur  la  rivière  de  Werra,  ôc  dans  le  petit  pays  de 
la  maifon  de  Saxe  Eifenach.  Ce  lieu  eft  remarquable  pour 
avoir  été  la  réfidence  d'une  branche  de  cette  maifon  qui 
en  prenoit  le  nom,  &  qui  eft  éteinte.  Il  eft  à  un  mille  du 
château  de  Wartenbourg.  *  Hubner  ,  Géogr.  p.  5  8j. 

MARCULITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Numidie.  La  notice  d'Afrique  met  dans  cette  province 
Januarius  Marculitamis.  Ortelius  a  bien  fenti  qu'il  falloir 
Masculitatms ,  quoiqu'à  fon  ordinaire  ,  il  n'ait  propofé 
la  chofe  que  comme  une  conjecture.  Voyez,  Mascula. 
MARDA  ou  Mardes  ,  haute  montagne  de  la  Paleftine 
auprès  de  la  mer  Morte.  Elle  eft  nommée  Marda  dans 
la  vie  de  faint  Euthime  abbé,  &  Mardes  dans  lepré- 
fpirituel  de  Jean  Moschus.  *  Ortelius .  Thefaur. 
MARDACHE.  Voyez,  Marakah. 
MARDAIT^E,  peuple  qui  habitoit  le  mont  Liban,  (a) 
félon  Cédrene ,  Zonare  ôc  l'hiftoire  mêlée.  Vincent  de 
Beauvais  les  défïgnent  par  le  nom  de  Pirates.  (b)(a) 
Ortelius ,  Thefaur.  (  b  )  Spec.  hiflor.  1.  24.  c.  117. 

MARDANDUS,  métairie  ou  village  d'Afie  dans  la 
Cilicie ,  à  dix  mille  pas  dVEgina ,  félon  Jean  Moschus , 
dansfonpréfpiriruel.  Ortelius  foupçonne  qu'au  Mzuà'JE- 
gina,  il  faut  lire  sEg&. 

1.  MARDARA,  ville  du  Pont-Cappadocien ,  félon 
Ptolomée,  /.  5.  c.  G. 

2.  MARDARA,  ville  de  la  petite  Arménie,  félon 
Ptolomée,  /.  ;.  c.  7. 

Longitude.  Latitude. 

Selon  lui  la  dernière  eft  à  6<)  deg.  6  m.  39  deg.  40  m. 
&  la  première  à  7 1  deg.  30  m.  43  deg.  40  m. 

Ainfi  elles  étoient  bien  loin  l'une  de  l'autre. 

MARDE,  ville  d'Aflyrie  au  bord  du  Tigre  ,  félon  Pto- 
lomée,/. 6.  c.  1.  Voyez.  Merdin. 

MARDENE,  contrée  de  la  Perfide,  félon  Ptolomée, 
l.  6.  c.  4.  Quelques  exemplaires  portent  Mardyene, 


91 


MARDES.  Voyez.  Marda. 

1.  MARDI ,  peuple  de  la  grande  Arménie,  félon  Pto» 
Joméc ,  /.  5.  c.  13.  mais ,  comme  le  remarque  Cellarius  , 
l.  3.  f.  19.  les  autres  anciens  géographes  les  placent  hors 
de  l'Arménie.  Us  étoient  aux  confins  de  l'Aimcnie  &  de 
la  Médie  :  peut-être  n'étoient-ils  point  diflerens  de  ceux 
qui  fuivent  immédiatement. 

2.  MARDI ,  ancien  peuple  de  Médie.  Strabon,  /,  r  1. 
p.  524.  les  fait  voifins  des  Perfes  ,  Mardi  Perfn  contiguu 
Ceux  là  font  les  mêmes  que  Pline ,  /.  6.  c.  27.  étend  au- 
deflus  de  l'Elymaïde.  Ce  font  les  mêmes  que  les  M  irdi 
fubjugués  par  Alexandre.  IL  étoient  aux  frontiei  es  des  Per* 
fes,  ôc  grands  décrouheurs  dts  pafïans,  dit  Arricn ,  in  In- 
dicis,  c.  40.  Et   Mardi  (  Lutrones  etiam  if  fi)   PerfaS 
CoJJki  Medos  accolunt.  Quas  qiiidem  gentes  omnes  Alexun- 
der  domuit.  Quinre-Curfe, /.  y  c.  6.  dir:Enfuite  ayant 
ravagé  toute  la  campagne  de  la  Perfc  ,  ôc  réduit  quantité 
de  bourgades  à  fon  obéiflance ,  il  rira  vers  les  Mardes ,  na- 
tion belliqueufe  Ôc  bien  éloignée  de  la  façon  de  vivre 
des  autres  Perfes.  Ils  creufem  de*s  cavernes  dans  les  mon- 
tagnes, où  ils  fe  cachent  avec  leurs  femmes  &  leurs  en- 
fuis, &  ne  vivent  que  de  la  chair  de  leurs  troupeaux  ,  ou 
des  bêtes  fauvages.  Les  femmes  ,  contre  le  naturel  de  leur 
fexe  ,  n'y  font  pas  moins  farouches  que  les  hommes.  El- 
les ont  les  cheveux  hérifTés,  leur  robe  ne  va  que  jusqu'au 
genouil,  ôc  leur  front  eft  environné  d'une  fronde  qui  leur 
fert  d'ornement  de  tête  &  d'armes  tout  enfemble,  mais  un 
même  torrent  de  fortune  entraîna  ces  peuples  comme  les 
autres ,  &  le  roi  revint  à  Perfépolis  trente  jours  après  qu'il 
en  fut  parti.  Il  y  avoir  un  peuple  Mardi  conrigu  à  l'Hir- 
canie  ôc  aux  Tapyriens.  Ce  font  les  Mardi ,  que  Proie* 
mée,  /.  6.  c.  2.  place  dans  la  Médie.  Quinte-Curfe ,  /.  8.  c. 
3   dit ,  que  Phrataphernes  fut  fait  fat  râpe  de  l'Hiicanie, 
des  Mardes  ôc  des  Tapyriens.  Strabon  ,  décrivant  le  cir- 
cuit de  la  mer  Caspienne,  félon  Eratojthene  ,  met  dans 
cet  ordre  les  Albamens ,  les  Caduliens ,  l'Anariaque  ,  les 
Mardes  ôc  les  Hircaniens.  Il  érend  ces  derniers  jusqu'à 
l'embouchure  de  l'Oxus.  Ces  Mardes  étoient  contigus  à 
l'Hiicanie ,  comme  je  viens  de  dire  ,  mais  ils  appai tenoienc 
à  la  Médie. 

3.  MARDI,  ancien  peuple  de  la  Margiane.  Ils  s'éren- 
doient ,  die  Pline ,  /.  6.  c.  1 6.  depuis  les  monragnes  d'Au- 
triche dans  la  Margiane  jusqu'aux  Bactriens.  C  eft,  dit-il, 
une  nation  féroce  ôc  indépendante. 

4.  MARDI,  autre  peuple  entre  les  Sarmates ,  fur  la 
cote  feprentrionale  du  Pont-Euxin,  entre  les  Aihxi  ôc  les 
Cercetcs,  félon  Pline,  /.  6.  c.  j.  Le  .  P.  Hardouin  foup- 
çonne que  ce  n'étoit  pas  le  nom  propre  d'une  nation  mais 
un  nom  commun  à  divers  peuples  qui  menoient  une  vie 
fauvage  ôc  libertine,  ôc  qui  par  la  férocité  de  leurs 
mœurs  fe  reflembloient. 

i.MARDICK,  lieu  de  France  au  comté  de  Flandres» 
C'eft  un  amas  de  quelques  chaumières  à  une  lieue  ôc  de- 
mie de  Dunkerque ,  auquel  quelques  géographes  donnent 
la  qualité  de  bourg.  Il  n'étoit  connu  qu'a  caufe  d'un  fore 
fitué  à  une  lieue  de  ce  village  fur  la  côte  ,  ôc  qui  étoic 
appelle  le  Fort  de  Mardick.  il  ne  refte  que  des  ruines  de 
ce  fort ,  ôc  cependant  Mardick  eft  plus  connu  que  jamais 
par  le  magnifique  canal  que  Louis  le  Grand  y  fit  faire  les 
dernières  années  de  fa  vie. 

Dès  qu'on  voulut  commencer  à  exécuter  le  traité  de 
paix  conclu  à  Utrecht  en  1713.  entre  la  France  ôc  l'An- 
gleterre ,  on  s'appercut  d'abord  qu'en  comblant  le  porc 
de  Dunkerque  ,  on  expofoit  dix  lieues  du  pays  des  envi- 
rons à  être  inondées ,  ce  qui  donna  lieu  de  propofer  aux 
commifiaires  anglois  qui  étoient  à  Dunkerque  de  la  parc 
de  la  reine  de  la  Grande  Bretagne ,  de  laifier  I'éclufe  de 
Bergues  pour  tout  écoulement  aux  eaux  du  pays  ,  &  de 
combler  enfuite  le  port  de  Dunkerque.  Cette  propofi- 
tion  fut  rejettée  par  la  reine  Anne;  ôc  le  fieur  Armftrong 
fon  ingénieur  principal ,  dit  à  M.  le  Blanc  intendant  de  la 
province  ,  qu'il  falloir  que  le  traité  d'Utrecht  fût  exécuté 
dans  tout  fon  entier-,  mais  que  l'on  pourroit  faire  écou- 
ler les  eaux  du  pays  par  Nieuporr.  Comme  cette  der- 
nière ville  n'étoit  pas  fous  la  domination  de  la  France , 
elle  ne  goûta  pas  plus  cette  ptopofition  ,  que  la  première 
avoir  été  goûtée  de  la  reine  Anne.  L'ingénieur  anglois  pro- 
pofa  enfuire  de  faire  écouler  les  eaux  par  Gravelines  -, 
mais  le  fieur  de  Moyenville  directeur  des  fortifications 
des  places  de  ce  département ,  ôc  le  fieur  Armftrong  ayant 

T«m.  IV.  M  i; 


MAR 


9a 

travaille  de  concert ,  fans  en  pouvoir  trouver  les  moyens , 
l'ingénieur  anglois  dit  que  l'on  fit  cet  écoulement  par  où 
l'on  pourroit ,  Se  que  c'étoit  à  la  France  d'en  trouver  les 
expédiens ,  Se  non  pas  à  l'Angleterre.  Sur  cette  déclara- 
tion ,  le  projet  que  M.  le  Blanc  Se  le  fieur  de  Moyenville 
avoient  fait  durant  ces  conteftations  fut  envoyé  à  la  cour  , 
&  fur  quelques  difficultés  qu'elle  y  trouva ,  M.  le  Blanc 
eut  ordre  de  s'y  rendre.  Le  roi  ayant  vu  le  plan  Se  les 
profils  qui  lui  furent  préfentés ,  en  approuva  l'exécution  ; 
Se  en  conféquence  de  cette  réfokuion ,  dix  fept  bataillons 
curent  ordre  de  camper  près  de  Dunkerque  ,  Se  peu  de 
tems  après  l'entière  démolition  de  la  citadelle ,  des  forts 
Se  des  fortifications  de  cette  ville,  on  augmenta  ce  petit 
camp  de  huit  autres  bataillons. 

Ce  nouveau  canal  commence  à  celui  de  Bergues  auprès 
du  mail ,  &  a  environ  trois  mille  toiles  de  long  fur  vingt- 
cinq  ou  trente  de  large  ,  depuis  fon  commencement  jus- 
qu'au coude;  trois  cens  toifes  depuis  le  coude  jusqu'à  l'é- 
clufe  ;  trois  cens  toifes  fur  vingt  cinq  &  quarante  de  large 
depuis  l'éclufe  jusqu'à  fa  laiffe  de  la  haute  mer;  Se  neuf 
cens  toifes  fur  quarante  Se  cinquante  de  lar,ge  ,  depuis  la 
laide  de  la  haute  mer  jusqu'à  la  laiflé  de  la  baffe  mer.  L'é- 
clufe eft  dans  fon  espèce  le  plus  beau  morceau  qu'il  y  ait 
au  monde.  Elle  a  quarante  fix  toifes  de  long  fur  vingt- 
trois  toifes  quatre  pieds  de  large  en  fondation  ,  fans  y 
comprendre  les  contreforts.  Les  deux  bajoiers,  ou  côiés 
de  1  éclufe ,  ont  chacun  vingt-quatre  pieds  d'épaiffeur ,  Se 
la  pile  du  milieu  en  a  tiente.  11  y  a  deux  paflages  dans 
cette  éclufe  ,  l'un  de  44  pieds  pour  les  gros  vaifleaux  ,  & 
l'autre  de  26  pour  les  autres.  Le  petit  eft  pour  ne  pas  fa- 
tiguer les  portes  du  grand.  Chacun  des  deux  paffages  a 
deux  doubles  portes  ,  deux  du  côte  de  la  mer  ,  &  deux 
du  côté  de  la  terre.  Chacune  pefe  plus  de  cinquante 
millier- ,  Se  malgré  leur  pefanteur ,  elles  ont  été  élevées 
toutes  afiemblées ,  &  mifes  en  place  avec  une  adreffe  & 
une  promptitude  merveilleufe.  Sur  les  deua  paffages  de 
Téclufe  il  y  a  deux  ponts  tournans  pour  le  paffage  des 
voitures  de  Gravelines ,  de  Dunkerque ,  &c.  Celui  du 
grand  paffage  eft  de  deux  pièces  qui  fe  joignent  dans  le 
milieu,  &  celui  du  petit  n'eft  que  d'une  feule.  Il  y  a  tou- 
jours fur  le  radier  de  l'éclufe  vingt  ou  vingt-un  pieds  dans 
les  vives  eaux  ordinaires,  Se  plus  de  vingt-quatre  dans  les 
grandes  vives  eaux  qui  font  ordinairement  dans  les  équi- 
noxes.  Les  vaiffeaux  de  guerre  auroient  pu  aller  &  venir 
dans  toute  l'étendue  de  ce  canal  Se  même  dans  celui  de 
Bergues.au  moyen  d'une  éclufe  qu'on  s'étoit  propofé  d'y 
faire.  Les  talus  du  canal  font  revêtus  d'un  fascinage  plat 
de  terre  graffe  pour  les  garantir  du  flot  de  l'eau  ,  &  on  a 
formé  des  digues  des  deux  côtés  de  dix  ou  douze  toifes  de 
large,  qui  font  un  très-bel  effet  à  la  vue.  Comme  ce  ne 
font  que  des  fables ,  on  a  revêtu  de  gazon  plat  les  talus 
intérieurs  pour  empêcher  que  les  vents  ne  les  emportent. 
Tel  étoit  le  canal  de  MardicK ,  lorsque  fous  la  minorité 
de  Louis  XV.  la  cour  changea  de  maximes.  Les  avanta- 
ges que  la  France  auroit  tirés  de  ce  canal,  donnèrent  de 
l'ombrage  aux  puiffances  maritimes.  L'Angletetre  fur- 
«  tout  pour  laquelle  le  duc  d'Orléans  régent  de  France  avoit 
des  ménagemens  extraordinaires  ,  fit  tant ,  que  ce  prince 
lui  facrifia  enfin  ce  canal.  Le  traité  conclu  à  la  Haye  enti  e  la 
France,  l'Angleterre  &  la  Hollande  le  4  Janvier  17 17, 
priva  la  France  du  fruit  de  cet  admirable  travail.  Il  fut 
accordé  que  le  grand  paffage  de  l'éclufe  de  Mardicx  qui 
avoit  quarante-quatre  pieds  de  largeur,  feroit  détruit  de 
fond  en  comble.  Il  faut  diflinguer  ici  plufieurs  chofes. 

2.MARDICK,  (  Le  vieux  )  village  ayant  fon  églife  pa- 
roiffiale.  Il  eft  dans  lesdunas ,  fur  le  chemin  de  Gravelines. 

3.  MARDICK,(Lt  petit)  village  entre  le  vieux  Mar- 
dicK  Se  DunKerque  ,  auffi  dans  les  dunes,  mais  plus  près 
de  la  mer ,  affez  près  Se  au  couchant  de  l'éclufe. 

4.  MARDICK,(  L'ancien  fort  de  )  au  couchant  &  à 
quelque  diftance  du  canal  qui  va  à  la  mer  ,  Se  au  nord  du 
nouveau  MardicK  fur  \'Eflrant%  c'efl-à  dire  ,  fur  le  rivage 
que  la  mer  couvre  &  découvre  Les  François  difentl'A/- 
tfan  ,  par  corruption  du  mot  Strand  ou  Strant  ,  mot  fla- 
mand qui  veut  dire  rivage  ;  les  Anglois  ont  auffi  ce  nom  , 
&  le  donnent  à  une  rue  de  Londres ,  parallèle  à  la  Ta- 
mife.  Ce  fort  eft  détruit.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Defc. 
de  la  France  ,  t.  7.  p.  2S0.  Se  fuiv. 

M ARD1ENS,  (  Les  )  étoient  un  peuple  errant ,  com- 
me le  font  à  préfent  les  Juifs.  11  s'en  trouva  beaucoup 


MAR 


dans  l'armée  deTigrane  Se  de  Mithridate,que  Luculîus 
défit  fur  les  bords  de  l'Arfanias  ,  en68j.  Voyez.  L'Hift, 
Rom.  de  Q/trou. 

MARD1N.  Voyez.  Merdin. 

MARDIRAT  ,  lieu  de  France  dans  le  Languedoc.  Il 
eft.  remarquable  par  fes  falines  qui  font  confiderables. 

MARDOCEA.  Voyez.  Amordacia. 

MARDON1A.  Voyez.  Paneosia. 

MARDULAmNEou  Mordulamne  ,  félon  les  di- 
vers exemplaires  de  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  4.  Cétoit  un  pott 
de  la  Taprobane  fui  la  côte  orientale. 

1.  MARDUS ,  rivière  de  la  Médie  ,  Se  qui  a  fon  em- 
bouchure dans  la  mer  Caspienne.  Ptolomée  donne 

Longitude.       Latitude. 
A  fon  embouchure  8j  d.  o m.         38  d.   30  m. 
A  fa  fource  8;  d.  om.         38         o  m. 

Ainfi  fon  cours  doit  avoir  été ,  félon  ce  géographe ,  fur 
une  même  longitude  du  fud  au  nord.  Il  lui  fait  parcourir 
la  moitié  d'un  d<.£.re  ,  c'efi-a  dire  ,  environ  dix  ou  douze 
lieues  de  pays  CLlC'qilts  exemplaires  portent  Amardus  : 
mais  il  le  joint  au  lac  Marcïana  ou  Margiane.  Cette  de- 
feription  ne  convient  point  avec  1  état  naturel  de  cette  ri- 
vière :  cette  communication  avec  le  lac  n'eft  point  réelle , 
à  moins  qu'elle  ne  foit  fouterraine.  Cette  rivière  ,  avant 
que  de  coulet  du  fud  au  nord,  coule  bien  plus  ïong-tems 
du  couchant  au  levant.  G'eft  aujourd'hui  le  Kifilofein. 

2.  MARDUS,  autre  rivière  nommée  par  Denys  le 
Périegéte.  Voyez.  Margus. 

MARDYENI,  ancien  peuple  de  la  Sogdiane,  félon 
Ptolomée.  Ils  étoient  au  pied  des  montagnes  Se  à  peu  de 
diftance  de  l'Oxus. 

MARE  ,  mot  françois  qui  lignifie  un  creux  qui  fe  rem- 
plit d'eau  en  tems  de  pluie  ;  cette  eau  elt  dormante  ,  Se 
n'a  d'autre  mouvement  que  celui  que  lui  donnent  ou  le 
vent  ou  les  pieds  des  beftiaux  qu'on  y  abreuve.  Des  vil- 
lages qui  n'ont  ni  rivière,  ni  ruiffeau,  ni  puits  ,  font  ré- 
duits à  avoir  des  mares ,  qui  font  d'autant  plus  incommo- 
des,  que  dans  les  tems  de  féchereffe,  il  n'y  refle  qu'un 
bourbier  lorsque  Feau  a  été  diflîpée  par  l'ufage  ou  par  le 
foleil.  La  mare  diffère  de  l'étang  en  ce  qu'elle  eft  plus 
petite. 

MAREA,  Map'»,  ancienne  ville  d'Egypte  ,  félon  Héro- 
dote ,  /.  2.  c.  18.  il  dit  :  Ceux  de  la  ville  de  Marea  &  d'A- 
pis qui  habitent  aux  confins  de  l'Egypte  vers  la  Libye 
hors  du  Delta.  Thucydide  ,  /.  1.  p.  68.  dit ,  Inaros  fils 
de  Pfammeticus  roi  des  Libyens  ,  voifins  de  l'Egypte, 
étant  pat ti  de  la  ville  de  Marea  qui  eft  au-deffus  de  Pha- 
ros. 

MAREA  Palus.  Fov^Mareotis. 
MAREAU  ,  bourg  de  France  dans  I'Orléanois. 
MAREB  ou  Marebe.    Voyez.  Moraba. 
MARECAGE,  Se  lieu  Marécageux,    terres  baffes' 
Se  humides ,  qui ,  par  l'écoulement  des  pluies  ,  ou  par  l'in- 
ondation d'une  rivière  voifine  ,.  ou  par  la  contiguïté  d'un- 
vrai  marais,  font  fujettes  à  être  trop  abreuvées  d'eaux  qui 
ne  fe  vuident  point  ;  de  forte  qu'elles  deviennent  fpon- 
gieufes  Se  moins  propres  à  l'agriculture  que  les  terres  plus 
heureulement  placées. 

MARECH1A  ,  (  La  )  rivière  d'Italie  dans  I'çtat  de 
PEglife.  Elle  tire  fa  fource  de  l'Apennin  dans  l'état  du 
grand  duc  proche  de  la  fource  du  Tibre ,  d'où  coulant 
par  le  duché  d'Urbin  ,  elle  paffe  près  de  S.  Léon  ,  Se  de-là 
traverfant  une  partie  de  la  Romagne  ,  elle  fe  rend  dans  le 
golfe  de  Venife  près  de  Rimini.  *  Baitdrand  ,  édit.  170J. 
MARÉE  ,  (  La  )  Voyez,  au  mot  de  Mer. 
MAREMMES  DÉ  SIENNE  ,  (  Les  )  pays  d'Italie  en 
Toscane ,  dans  l'état  de  Sienne,  dont  il  eft  la  pattie  méri- 
dionale Se  maritime.  L'Ombrone  rivière  le  partage  en 
deux.  Le  P.  Labat.  Voyage  d'Espagne  &  d'Italie ,  /.  3. 
p.  32.  dit-  :  La  Marenne  de  Sienne.  Il  ajoute  qu'elle  eft 
très-mal  peuplée  ,  quoiqu'elle  foit  d'un  ttès-bon  rapport. 
L'air  y  eft  très- greffier  Se  très-mal  fain.  On  y  voit  les  vil- 
les ou  bourgs  deGroffetto,  Mafia  ,  Anfcdonia  ,  Soana  , 
Buriano  ,  Caftiglione  ,  Se  quelques  autres  lieux  très-peu 
peuplés  pendant  toute  l'année,  &  qui  deviennent  des  ci- 
metières pendant  la  moiffon  Se  les  autres  récoltes,  pour 
les  étrangers  du  haut  pays  ,  qui  viennent  travailler  pen- 
dant ces  faifons. 


AR 


MAR 


i.  MARENNES,  (  Les)  de  Sienne.  Voyez.  l'article 
précédent. 

2.  MAREMNES,  en  latin  Marina ,  petite  ville  de 
France  dans  la  Sainconge,  entre  la  rivière  de  Seudre  8c  le 
havre  de  Brouage.  Les  huitres  vertes  qu'on  pêche  aux  en- 
virons ont  une  grande  réputation.  11  n'y  a  dans  Marennes 
qu'une  feule  paroifle  qui  elt  la  plus  grande ,  la  plus  riche, 
&  la  plus  peuplée  de  la  province.  Il  y  a  douze  gros  villa- 
ges qui  en  dépendent.  C'en:  à  Marennes  qu  elt  le  fiége  de 
l'amirauté  de  Brouage  8c  celui  de  l'élection.  Le  comte  de 
Soiflbns  8c  l'abbefle  de  Saintes  partagent  la  feigneu- 
rie  &  y  ont  leurs  juges.  Il  y  a  auïfi  des  Récollets  qui 
font  principalement  occupés  à  la  converfion  des  Pro- 
teltans  de  ce  pays-là.  Marennes  fournit  du  fel  ;  on  le  fait 
remonter  fur  la  Charente  jusqu'à  Angoulême ,  d'où  on 
le  transporte  par  voitures  en  Auvergne  ,  en  Limoufin ,  en 
Périgord  8c  dans  la  Marche.  Ce  commerce  n'eft  pas  d'une 
grande  utilité  à  la  province  ,  parce  que  les  droits  que  l'on 
paye  à  Tonnai-Charente  emportent  la  plus  grande  partie 
du  profit,  fans  compter  que  plufieurs  feigneurs  qui  ont 
des  iiuifons  fur  la  Charente,  font  en  poflefllon  de  pren- 
dre une  quantité  de  fel  pour  le  prix  des  bœufs  8c  des  hom- 
mes qu'ils  font  obligés  de  fournir  pour  le  tirage  des  ba- 
teaux dans  le  rems  que  les  eaux  font  bafles.  *  Pigamol  de 
la  Fora  ,  Defcrip.  de  la  France ,  t.  j.  p.  6i. 

MAREON  Voyez. Samarhï. 

MAREOTES  Ncmus  ,  ou  Mareotis  Regio  ,  pays 
d'Afrique  à  l'extrémité  de  la  Libye  8c  de  l'Egypte  ,  auprès 
d'Alexandrie.  Ptolomée  dit  M*peaT«  Notice  Saint  Athanafe 
dans  fon  apologie  contre  les  Ariens  ,fe£li  17.  dit:  rous 
les  prêtres  de  la  Maréote.  O»  rS  Ma.ptô>Tn  7rptrCvTtpoi  ttm'tk  , 
&  enfuite,  /u»ti  eV  t&T  MapêwVw  a7r0fA.wct.vTt;,  qui  ne  demeu- 
rent point  dans  la  Maréote.  Il  dit  auiîi  dans  le  même  ou- 
vrage ,  fecl.  8j.  La  Maréote  eft,  comme  on  a  dit,  une 
contrée  du  diltrict.  d'Alexandrie  ,  &  dans  laquelle  il  n'y  a 
jamais  eu  ni  évéqueni  chorévênue  ;  mais  routes  les  églifes 
de  ce  canton-la  dépendent  de  l'évêque  d'Alexandrie  ;  il  y 
a  feulement  des  prêtres  qui  ont  chacun  de  grands  villages. 
Pline,  /  j.  c.  6.  regarde  la  Maréotide  comme  partie  de 
la  Libye  ,  ÔC  contigue  à  l'Egypte.  Ptolomée  y  met  le  long 
de  la  mer , 


93 


Chimo ,  village , 
&  la  petite  presqu'ifle  ,  port 


Plinthine: 
de  mer. 


Plus  avant  dans  les  terres  il  met  pour  villes  ou  villages, 
Monocaminum ,       Cobii ,  Phomotis , 

Almirre ,  Antiphili ,   8c  Palemaria ,  village. 

Tapofirisj  Hierax , 

MAREOTIS,  Regio  ,  la  Maréotide.  Voyez,  l'article 
précédent. 

MAREOTIS  Palus  ,  grand  lac  d'Afrique  auprès  de 
l'Alexandrie  d'Egypte.  Strabon,/.  1 7.  parlant  de  cette  ville, 
dit  :  Deux  mers  l'arroient ,  l'une  au  nord  ,  qui  eu  la  mer 
d'Egypte. partiede  la  Méditerranée,  l'autreau  midi  que  l'on 
appelle  lelac  de  Mareia  ouMareotis.I1  dit  encore  que 
les  eaux  de  ce  lac ,  font  accrues  par  des  canaux  qui  vien- 
nent du  Nil ,  tant  à  côté  que  de  plus  haut ,  de  forte  que 
l'on  peut  s'y  rendre  par  eau  de  toute  l'Egypte.  Il  arrivoit 
de  la  que  les  habitans  d'Alexandrie  avoient  fur  ce  lac , 
un  port  plus  riche  8c  mieux  pourvu  que  celui  qui  étoit  du 
côté  de  la  Méditerranée.  Pline,  /.  f.  c.  10.  dit:  Le  lac 
Maréotide  au  midi  de  la  ville  communique  par  un  canal 
avec  l'embouchure  du  Nil  furnommée  Canopique  ,  8c 
par-là  jouir  du  commerce  de  la  Méditerranée.  11  contient 
plufieurs  ifles  ,  8c  a  trente  mille  pas  de  trajet,  félon  que 
Caius  Céfar  le  rapporte.  D'autres  difent  que  fa  lon- 
gueur eil  de  quarante  fchénes ,  en  comptant  chaque  fché- 
ne  pour  trente  ftades ,  8c  qu'ainfi  il  a  cenr  cinquante  mille 
pas  de  longueur  &  autant  de  largeur.  Strabon  , /.  17.  p. 
799.  dit  que  la  largeur  de  ce  lac  pane  cenr  cinquante  fta- 
des, &  que  fa  longueur  n'en  a  pas  trois  cens ,  c'eft  à- 
dire  qu'il  fait  la  longueur  presque  double  de  la  largeur.  Il 
met  huit  ifles  dans  ce  lac.  Le  vin  qui  croiflbit  dans  les  en- 
virons, étoit  nommé  Mareoticum  Vinum\8c  Srrabon , 
geogr.  I.  2.  v.  pi,  en  parle  avec  éloge.  Virgile  dit  de  ces 
vignes. 

Sunt  Thafu  vîtes ,  fmt  &  Maréotide  s  alU, 


Horace  ,  lib.  t.od.  37.  dit  qu'Antoine  ,  dans  les  par- 
ties de  débauches  avec  Cléopatre  ,  fe  grifoit  avec  ce  vin. 
Du  moins  il  le  fait  entendre  par  ces  vers. 

Mcniemque  lymphatam  Mareotico 
Rcdcgu  in  veros  timorés 
Cœfar. 

Au  refte  c'étoit  ce  lac ,  nommé  proprement  Mareia  , 
l'origine  de  l'adjectif  Mareotis  ,  qui  fut  d^nné  au  pays, 
&  au  lac  même  ;  8c  de  Mareotes  que  prit  le  nôme  donc 
nous  avons  parlé.  Il  y  a  dans  Athenec  ,  Dciprwfoph.  L  1. 
un  paflage  qui  mérite  d'être  remarqué  :  le  voici.  Sophocle 
dit  que  le  vin  Maréote  ou  d'Alexandrie  tire  cette  dénomi- 
nation d'une  fource  qui  eil  àAléxandrie,&  que  l'on  appelle 
Mareia  ,  8c  d'une  ville  de  même  nom  ,  laquelle  etoit  au- 
trefois fort  grande,  &  n'eit  préfentement  qu'un  village  ; 
8c  elle  tenoit  elle  même  ce  nom  de  Maron  ,  l'un  de  ceux 
qui  accompagnoient  Bacchus  dans  fes  guerres  d'Afrique. 
Il  y  a  plufieurs  obfervations  à  faire  fur  ce  paflage.  \°. 
Athénée  ne  qualifie  M.irea  ou  Mareia  ,  que  du  nom  de 
xpmn  fource,  fontaine.  Ce  qui  ne  convient  guerres  a  un 
grand  lac  tel  que  le  lac  Maréotide  :  mais  on  peut  dire  que 
Sophocle  parle  d'un  rems  bien  antérieur  à  celui  où  l'on  fie 
le  canal  qui  érabliflbir  la  communication  du  Nil  avec 
Alexandrie  8c  avec  ce  lac  ,  qui  fut  peut-érre  fort  augmen- 
té par  cerre  entrée  du  Nil.  Il  elt  vraifemblable  qu'avant 
cet  accroiflement ,  ce  lac  n'étoit  qu'un  étang  formé  par 
les  eaux  d'une  (impie  fource  ,  &  que  la  communication 
avec  le  Nil  en  fit  un  grand  lâc.  Cette  augmentation  eft 
fenfible ,  fi  on  fait  attention  a  la  diverfiré  des  mefures 
que  les  anciens  nous  en  donnent.  20.  Cette  ville  Marea 
ou  Mareia,  n'eit  rien  moins  qu'imaginaire ,  &  Héro- 
dote en  fait  mention  la  nommant  ville  bien  expreiîémenr» 
3°.  Arhenée  nous  en  apprend  la  décadence  en  difantque 
ce  n'étoit  plus  qu'un  village.  Cela  s'accorde  avec  Ptolo- 
mée ,  qui  place  dans  la  Maréotide  Palemaria  ou  Pa- 
lemarea  ,  c'eït-à-dire  l'ancienne  Marea  ou  Mareia  , 
qu'il  nomme  village* 

MARES  ,  ancien  peuple  qui  avoit  fes  troupes  dans 
l'armée  de  Xerxès ,  lorsqu'il  pafla  en  Europe  pour  atta- 
quer la  Grèce.  Ils  portoient  fur  leurs  têrcs  des  casques  à 
la  manière  de  leur  pays.  Ils  avoient  des  boucliers  de  cuir 
&  de  petits  javelots.  Ils  avoiem  apparemment  quelque 
rapport  avec  les  habitans  de  la  Colchide  ;  car  les  Colques 
8c  eux  étoient  commandés  par  un  même  capitaine  ,  Pha- 
randare  fils  deTheafpe.  *  Hérodote  ,  1.  7.  c.  79. 

MARESA  (  a) ,  ancienne  ville  de  la  Paleftinedans  la 
tribu  de  Juda.(/>)  Elle  elt  auffi  nommée  Marescha  , 
Marissa  ,Moreseth  8c  Morasthi.  Le 
prophète  Miehée  étoit  natif  de  cette  ville  -,  &  dit 
tems  d'Eufcbe  ,  elle  étoit  déferre.  Ce  fut  auprès  de 
Marefa  dans  la  vallée  de  Seph3ta  ,  que  fe  donna  la 
fameuie  bataille  entre  Afa  roi  de  Juda  ,  &  Zara  roi  de 
Chus  ,où  Afa  demeura  victorieux  contre  une  armée  d'un 
million  d'hommes  qu'il  mit  en  fuire,  &  pourfuivit  jusqu'à 
Gerarc.  (  c)  On  lit  dans  les  Machabées  ,  /.  1.  c.  5.  v.  66. 
Samaria  pour  Marina.  Dans  les  derniers  tems  de  la  répu- 
blique des  Juifs ,  Marefa  étoit  attribuée  à  i'idumee  (  d)  » 
ainfi  que  plufieurs  autres  villes  de  Juda.  Elle  étoit  peu- 
plée de  Juifs  8c  de  peuples  leurs  alliés ,  du  rems  de  Jean 
Hircan  (  e  ).  Le  roi  Alexandre  Jannée  la  prit  fur  les  Ara- 
bes (/).  Pompée  la  rendit  à  fes  premiers  habitans  (g). 
Gabinius  la  rebâtit  (  h  )  ,  8c  enfin  les  Parrhes  la  ruinèrent 
pendant  la  guerre  d'Antigone  contre  (  1  )  Hérode.  (  a  )  D. 
Calmet  ,  Dict.  {  b  )  Jofué  ,  c.  1  f .  v.  44.  Tarai.  1.  2.  c.  14. 
Mich.  c.  1.  v.  1$.  Jofeph.  Anr.  1.  8.  c.  3.  8c  6.  (  c)  Parai. 
1.  2.  c.  14.  (  d)  Joftpb.  Anr.  c.  17.  (  e  )  lbid.  c.  18.  (f) 
Liv.  14.  c.  2.  ( g  )  lbid.  c.S.(h)  lbid.  c.  10.  (  i )  lbid  c. 
*7- 

MARESIA,  ville  d'Afie,  dont  parle  Guillaume  de  Tyr. 
Ortelius,  Thcfdur.  dit:  11  femble  qu'elle  ait  été  dans  la 
Cilicie. 

MARESME  (  La  ) ,  petit  pays  d'Espagne,  dans  l'An- 
daloufie  le  long  du  Guadalquivir  au-deflbus  de  Séville  s 
félon  Baudrand,  /dit   îyoy 

MARETH  ,  ancienne  ville  de  la  Palestine  dans  la  tribu 
de  Juda.  Il  en  elt  fait  mention  dans  le  livre  de  Jofué  , 
cap.  1  5 .  v.  s  9 

MARETIMO  ,  petite  ifle  d'Italie  ,  fur  la  côte  occiden- 


MAR 


5>4 

taie  de  Sicile ,  au  couchant  des  ifles  de  Levanzo  &  de  Fa- 
vagnana  ,  à  dix-huit  milles  de  Marfalla ,  Se  à  vingt  de 
Trapani.  Son  circuit  eu  de  quinze  milles ,  &  elle  n'a  qu'un 
château  avec  quelques  métairies.  On  en  tire  quantité  de 
miel  •  mais  elle  eft  célèbre  ,  dit  Baudrand ,  édition  de 
1705.  par  la  victoire  que  Catulus  ,  général  de  la  flot- 
te romaine  ,  y  remporta  fur  celle  des  Carthaginois.  Le 
même  auteur  la  nomme  en  latin  Maritima  Hiera  Se 
Therasia.  De  l'Ifle  dans  fa  carte  de  l'ancienne  Sicile 
dit  Maritima  infula  qiu  &  facra.  Le  mot  Sacra  veut 
dire  en  latin  la  même  chofe  que  Hiera  en  grec  ,  &  en  eil 
une  traduction.  Le  nom  de  Maritima  lui  vient  de  ce  qu'elle 
crt  plus  avancée  dans  la  mer ,  que  les  deux  ifles  qui  font 
entre  elle  &  la  Sicile. 

MAREU  ,  ifles  baffes  Se  noyées  d'eau  dans  le  golfe 
Arabique,  fur  la  côte  de  laTrogloditique  ,  félon  Pline, 
l.G.c  29.  Ce  font  les  mêmes  que  Ptolomée,  /.  4.  c.  8. 
appelle  uôpuvoç  Niw-c/ ,  les  ifles  de  Myron. 

MAREUGE  ,  &  Mareujols.  Voyez.  Maruejols. 

1.  MAREU1L  ,  bourg  de  Fiance  dans  le  Poitou,  fur  la 
rivière  du  Lay.  C'eft  là  que  l'on  décharge  les  marchandi- 
fes  deftinées  pour  Nantes  &pour  la  Rochelle.  Il  y  a  un 
bureau  des  traites.  Les  foires  Se  les  marchés  qu'on  y 
tient  font  fort  fréquentés. 

2.  MAREU1L  ,  gros  bourg  de  France  dans  le  Berri , 
fur  la  rivière  de  l'A  mou  ,  à  fix  lieues  de  Bourges  ,  Se  a 
trois  d'iffoudun.  11  y  a  de  fort  belles  forges,  dont  le  fer 
fe  porte  à  Saumur. 

3.  MAREUIL  ,  bourg  de  France  dans  l'Angoumois  , 
élection  de  Cognac. 

4.  MAREUIL  Les  Arras  ,  Mareolnm  ,  abbaye  ré- 
gulière d'hommes  ,  de  l'ordre  de  faint  Auguftin  ,  dans 
l'Artois  au  diocèfe  &  près  d' Arras ,  au  midi  du  Mont  S. 
Eloi.  On  y  conferve  le  corps  de  fainte  Bertille ,  qui  vi- 
Toit  à  la  fin  du  feptiéme  fiécle. 

y.  MAREUIL  ,  lieu  de  France  en  Picardie,  dans  le 
Vimeu  fur  la  Somme.  Il  y  a  un  prieuré  fous  lé  titre  de  S. 
Chriftophe.  Il  y  a  un  château  à  l'antique  ,  qui  eft  affez 
beau. 

MAREURA  ,  ou  Maithura  ,  ancienne  ville  de  l'In- 
de au-delà  du  Gange,  félon  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  2. 

MARGAB,  ou  Morgab  ,  rivière  de  Perfe  dans  le 
Khoraffan  ,  qu'elle  traverfe.  Elle  fe  perd  enfuite  dans  le 
Gihun  C'eft'  le  Margus  des  anciens,  qui  donnoit  fon 
nom  à  la  Margiane. 

MARG^EiE  &  Margal^ï.  Le  premier  nom  fe  trouve 
dans  Etienne  le  géographe  Ma.pya.7ct/,  ville  d'Elide.  C'eft 
ce  que  Strabon,  /.  8.  p.  349.  nomme  MargaU ,  Se  Ca- 
faubon  fonpçonne  qu'il  faut  lire  dans  Strabon  Margaa , 
comme  dans  Etienne.  C'efl  peut-être  auffi  la  même  que 
Màrgana  de  l'Elide,  félon  Diodore  de  Sicile.  Voyez. 
Margana  2. 

MARGAN  (a),  ville  dès  Indes  dans  le  pays  de  Sal- 
cette  &  dans  le  pays  qui  portoit  le  nom  de  province 
de  Salcettedu  tems  de  Davity  (b).  Elle  en  étoit  la  ca- 
pitale ,  &  fit  uéc  au  milieu  de  cette  province.  Il  y  a  , 
dit  il ,  dans  cette  ville  un  collège  de  Jéfuites ,  où  l'on 
enfeigne  la  doctrine  Chtétienne  aux  petits  enfans ,  une 
confrérie  du  S.  Efprit  Se  un  hôpital  pour  les  malades. 
On  y  reçoit  même  les  infidèles ,  &  cette  charité  en  attire 
plufieursà  la  foi.  En  1J96.  on  comptoir  dans  la  ville 
de  Margan  près  de  quinze  cens  Chrétiens  dont  plus  de 
foixante ,  inftruits  dans  les  lettres ,  alloient  catéchifer 
tous  les  jours  de  fêtes  aux  villages  circonvoifins.  (a) 
Corn.  DicY  (b)  Davity  ,  Afie. 

1.  MARGANA,  ville  de  l'Inde,  félon  Etienne  le 
géographe ,  qui  cite  le  périple  de  Marcicn.  Je  doute 
qu'elle  foit  différente  de  Margana  que  Prolomée,  /.  7.  c,  4. 
met  vêts  le  nord  de  la  côte  occidentale  de  l'ifle  de  Tapro- 
bane. 

2.  MARGANA ,  ville  d'Elide  ,  félon  Diodore  de  Si- 
cile ,  /.  1  j.  ciré  par  Ortelius;  mais  je  trouve  dans  l'édi- 
tion latine  de  Rhodoman ,  /.  15.  c.  77.  Marganum. 
Elle  eft  nommée  M  arcanes  au  pluriel  par  Xénophon , 
Hift.  Gra.c.  L  7.  p.  635.  &  637.  Voyez.  M.AKG&&. 

MARGANEA  & 

MARGANUM.  Voyez.  Margana  2. 
MARGARA  ,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange  près 
de  ce  fleuve    félon  Ptolomée,  l.j.c.  1. 
MARGARETA.  Voyez.  Marguerite. 


MAR 


MARGARIASSUS  ,  village  de  la  Cappadoce.  Simeo» 
le  Métaphrafte  dit  que  c'etoit  la  patrie  de  l'abbé  S. 
Théodofe. 

MARGARUM.  Voyez.  Margara. 

MARGASA  ou  Magarsa  ,  lieu  de  la  Cilicie  ,  près 
du  fleuve  Pyrame  ,  félon  Ortelius ,  Thifaur.  qui  s'ap- 
puie de  l'autorité  de  Strabon. 

MARGASI ,  ancien  peuple  de  la  Médie  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  6.c.  2. 

MARGASTANA  ,  petite  Ifle  du  golfe  Perfique  vers 
l'embouchure  de  la  rivière  Arofis ,  félon  Arrien  ,  in  In  tic. 

MARGATH  ,  Marathos  ,  autrefois  ville ,  préfente- 
ment  village  de  la  Turquie  en  Aile  ,  dans  la  Syrie  ,  fur 
la  côte  de  la  mer  auprès  du  mont  Lifa  entre  Antio- 
che  &  Torrofe.  Les  chevaliers  de  S.  Jean  de  Jérufalem 
l'acquirent  en  1177.  de  Renaud  {a)  qui  en  étoit  Sei- 
gneur. Ils  fe  fortifièrent  Se  en  firent  de  ce  côté-la  un 
des  plus  puiffans  boulevaidsde  la  Chrétienté  en  Orient. 
Melcefaïs  chef  des  Sarrazins  l'affiégea  en  1278.  Si  la  prit 
enfin  après  un  long  (lége  Se  la  fit  rafer.  Un  hiftorien 
(  h  ) ,  cité  par  l'abbé  de  Vertoi ,  prétend  que  des  cheva- 
liers Allemands  qui  fe  trouvèrent  à  la  defenfe  de  cette 
place ,  pour  en  conferver  la  mémoire ,  bâtirent  depuis 
dans  leur  pays  une  fortereffe  fur  le  même  plan  qu  ils 
appellerent  Mergatheim  ,  qui  après  avoir  appanenu 
long  tems  à  l'ordre  de  S.  Jean  eft  tombée  depuis  entre 
les  mains  des  chevaliers  Teutoniques.  V^jfz.  Mergen- 
theim  ,  qui  efl  le  vrai  nom  de  Mergatheim  (a)  Vcrtot , 
hiftoire  de  Malte  ,  t.  1.  p.  232.  Se  fuiv.  (b)  tuntaleon, 
1.  3   p.  85. 

MARGI  Horreum.  Corneille  dit  que  c'eft  le  nom 
latin  de  Guardia  dans  la  Servie. 

MARGIANE  ,  (  La  )  pays  d'Afie  ,  le  long  de  la  rivière 
Margus  qui  lui  donnoit  ce  nom.  Ptolomée  la  décrit 
ainfi  ,  /.  6.  c.  io.  Elle  eft  bornée  au  coixhanr  par  l'Hyr- 
canie  ;  au  nord  par  l'Oxus  depuis  fon  embouchure  jus- 
qu'à la  Bactriane  ;  à  l'orient  par  la  Baetriane  elle- 
même  ,  le  long  des  montagnes  ;  Se  au  midi  par  l'Arie  Se 
par  les  monts  Sariphes.  11  y  met  les  peuples  fuivans, 

Derbic.i£  ,  MassagetvE  ,    Tapori 

ou 
Parni,      Daje,  Tapuri. 

Les  places  de  cette  province  font  les  fuivantes, 

Ariaca ,      Aratha ,       Jafonium ,     Antioche , 
Sina,         Argadina,     Rhea,  Guriane,  Nicée. 

Pline  dit  de  la  Margiane  ,  qu'elle  eft  dnns  la  plus  belle 
expofition  du  monde  ;  que  c'eft  le  feul  pays  eie  ces  can- 
tons qui  porte  des  vignes,  qu'elle  eft  entourée  de  mon- 
tagnes délicieufes  ,  qu'elle  a  quinze  cens  ftades  de  tour, 
que  l'entrée  n'en  eft  pas  facile  à  caufe  des  deferts  de  fa- 
ble qui  ont  cent  vingt  mille  pas  d'étendue.  Strabon  parle 
de  même  des  ëéferts  qui  enferment  ce  pays  II  dit  : 
quant  à  fa  fertilité  pour  le  vin,  les  vignes  y  font  affez 
groffes  pour  qu'un  homme  puiffe  à  peine  en  embraf- 
fer  une  ,  Se  il  y  pend  des  grapes  de  raifin  de  deux 
coudées  de  long.  Ce  pays  fait  aujourd'hui  partie  de  la 
Coraffanne  ou  du   Khoraffan. 

MARG1DUNUM,  ancien  lieu  de  la  Grande  Bre- 
tagne fur  la  route  de  Londres  à  Lincoln ,  à  Londinio  Lin- 
dum  ,  entre  Vercmentum  qui  eft  Charnly  Se  ad  Ponton  , 
qui  eft  Eaft  Bridgeford ,  à  treize  mille  pas  de  la  pre- 
mière ,  félon  Antonin  Se  à  fept  mille  de  la  féconde. 
Margidumtm  eft  aujourd'hui  VTdoiighby  on  the  Worlds  , 
bourg  de  Nottinghamshire ,  aux  confins  de  Leiceftershire. 
Il  eft  auprès  d'une  monragne  ,  Dunum.  La  marne  ,  en 
latin  Marga  ,  qui  fert  à  fertilifer  la  terre  ,  fe  tire  en  abon- 
dance entre  ce  bourg  &  Barrow  en  Leiceflershire.  On 
ne  peut  douter  que  Willoughby  n'ait  été  habité  par  les 
Romains;  cela  fe  prouve  par  quantité  de  monnoies  romai- 
nes que  l'on  y  a  déterrées ,  outre  qu'il  y  a  encore  tout 
auprès  un  chemin  romain.  Ces  remarques  font  de  M. 
Gale  ,  in  Ant.  Itin.  p.  101. 

MARGIS.  Voyez.MAKcvs  2. 

MARGON1CA,  autrefois  ville  ,  à  prérenr  village  de 
la  Liburnie  en  Dalmatie.  Il  eft  firué  nié'  du  bourg  d  Or- 
tofcharz.  Baudrand,  édit.  1705.  ooit  que  c'eft  lAr- 
dotium  des  anciens.  Voyez,  ce  mot. 


MAR 


MAR 


MARGOSEST  ,  ville  de  la  Moldavie ,  fur  U  riviè- 
re de  Batdalach  ,  félon  Sanfon.  On  y  cherche  la  Mar- 
codava  des  anciens. 

i.  MARGOT ,  (Le  Port)  port  de  mer  8c  canton  de 
l'Amérique  d.uis  l'ifle  de  S.  Domingue  ,  à  la  bande  du 
nord, entre  le  port  François  &  la  rivière  du  Borgne.  11 
y  a  dans  les  terres  une  bourgade  de  ce  nom. 

2.  MARGOT  (  La  rivière  )  petite  rivière  de  l'A- 
mérique feptcntrionale ,  dans  la  Louifiane.  Elle  vient  du 
pays  des  Chicachas  du  côté  d'orient  ,  8c  fe  rend  dans 
la  rivière  de  Miïîiiîipi ,  à  quarante  lieues  au-deflus  de  la 
rivière  des  Akanfas ,  8c  feize  lieues  au-deiïous  du  fort 
Prud'homme. 

3.  MARGOT  (  Le  port  ) ,  petit  port  de  la  côte  fep- 
tentrionale  de  l'ifle  Espagnole  ,  à  fept  lieues  au  vent  de 
la  Tortue ,  dans  lequel  il  y  a  une  petite  ifle  d'une  lieue 
de  circuit,  qui  en  fait  la  fureté.  On  y  trouve  depuis 
douze  jusqu'à  quatorze  brades,  Ce  port  fut  long- 
tems  une  des  plus  ordinaires  retraites  des  Flibuftiei  s  ; 
&  il  y  a  aujourd'hui  une  bonne  paroiffe  dans  ce  quar- 
tier. 

MARGOZZA  ,  petite  ville  d'Italie  au  Milanez,  au 
comté  d'Anghiera  fur  le  petit  lac  de  Margoz.z.a,  qui  eit 
environ  à  deux  lieues  de  celui  d'Orta. 

MARGRAVIAT  ,  forte  de  comté  dans  l'empire 
d'Allemagne.  Le  prince  qualifié  margrave  jouit  des  droits 
de  la  fouveraineté  dans  fon  étar.  Dans  l'origine  de  cette 
dignité,  le  margrave  ,  ou  le  marquis,  étoit  un  comte  ,  qui 
veilloit  à  la  fureté  des  frontières.  Elle  ell  devenue  héré- 
ditaire comme  tant  d'autre->qui  n'étoientquc  perfonnelles, 
&c  même  révocable  au  gré  du  fouverain  ,  qui  en  grati» 
fioit  les  grands  a  fa  volonté.  Il  y  a  en  Allemagne  les  mar- 
graves de 

Anfpâch,  Burgow, 

Bade ,  Courlach ,  Branche  de  Bade , 

Bareut  ou  Culmbach,    Luface,    &  Mifnie. 

Anfpach  8c  Bareut  font  des  branches  d'une  même 
maifon  dont  une  autre  branche  pofléde  le  royaume  de 
Prude  8c  l'électorat  de  Brandebourg  8c  autres  Etats. 
Bade  Bade  8c  Bade  Dourlach  font  auiîi  des  branches 
d'une  même  maifon  qui  efl:  Bade.  Le  Margraviat  de 
Burgow  cft  à  la  maifon  d'Autriche  8c  n'a  point  d'autre 
margrave  que  l'empereur.  Ceux  de  Luface  8c  de  Mis- 
nie  font  à  l'électeur  de  Saxe. 

MARGUERITE,  (La)  félon  les  Espagnols  à  qur 
elle  appartient,  Santa  Margarita,  de  las  Caracas  , 
ifle  de  l'Amérique  .allez  près  de  la  terre  ferme  8c  delà 
nouvelle  Andaloufie ,  dont  elle  n'elt  féparée  que  par  un 
détroit  de  huit  lieues  de  large.  Chtiftofle  Colomb  la  dé- 
couvrit dans  le  troifiéme  voyage  qu'il  fit  en  1498.  vers 
ces  parties  de  l'Amérique.  Herrera  lui  donne  quinze 
lieues  de  long  fur  fix  de  largeur,  8c  le  P.  Labat  trente- 
cinq  à  quarante  de  circuit  ;Oviedo  ,  trente  cinq.  Sa  ver- 
dure en  rend  l'afpect  fort  agréable.  Les  habitans  natu- 
rels y  étoient  anciennement  en  très  grand  nombre.  Il 
n'y  a  presque  point  d'eau  douce ,  on  la  va  chercher  en 
terre  ferme.  L'ifle  eit  fertile,  riche  en  pâturage,  abon- 
dante en  maïs  8c  en  fruits  ;  on  y  trouve  beaucoup  de 
bocages.  La  pêche  des  perles  l'ayant  rendue  fort  célè- 
bre ,  on  y  bâtit  un  château  fur  le  cap  de  l'Elt  nommé 
Monpatre.  C'eft  fous  ce  château  que  les  Espagnols 
viennent  jetter  l'ancre.  La  principale  bourgade  eit  vers 
le  milieu  de  l'ifle.  Le  village  appelle  Makanao  n'en  eit 
pas  fort  loin.  L'ifle  a  un  gouverneur  particulier.  Lors- 
qu'elle étoit.  en  fon  plus  grand  lultre,  il  y  avoit  force 
barques  qu'on  employoit  à  pêcher  les  perles.  Les  Efpag- 
nols  fe  fervoient  de  Nègres  qu'on  leur  amenoitduCap 
Verd ,  de  Guinée  &  d'Angola  ,  8c  qu'ils  forçoient  à  plon- 
ger par  les  châtimens  qu'ils  leur  infligeoient ,  lorsqu'ils 
s'en  acquittoient  lâchement.  Il  falloit  plonger  cinq  ou 
fix  brades  pour  arracher  de  force  les  huitres  attachées 
aux  rochers  du  fond ,  &  par  conféquent  demeurer  long- 
tems  fous  l'eau  ,  où  ces  malheureux  étoient  fort  fouvent 
eftropiés  par  les  requiens.  Ces  difficultés ,  &  Pépuifement 
des  perles  qui  n'étoient  pas  fort  abondantes  ont  diminué 
cette  pêche  dont  le  quint  appartient  au  roi  d'Espagne , 
de  qui  les  Indiens  habitants  de  l'ifle  obtinrent  la  liberté 
fout  avoir  reçu  les  Espagnols  fans  obitacle.  Les  Hollan- 


95 


dois  prirent  &  raferenr  le  château  en  1616.  en  empor- 
tèrent le  canon  &  pillèrent  la  ville.  Depuis  ce  tems  les 
Espagnols  fe  font  retirés  en  terre  ferme ,  8c  cette  ifle 
n'elt  plus  habitée  que  par  des  Américains  &  quelques 
Mulâtres  qui  font  expofés  aux  pillages  des  Flibuftiers  8c 
très  fouvent  enlevés» 

MARGUM,  ville  de  la  haute  Mœfie.  Ce  fut  là  que 
Carin  fils  8c  fuceeûeur  de  l'empereur  Carus  fut  aban- 
donné par  fon  armée  8c  livré  à  Dioctétien.  Eutrope  met 
Margum  entre  Viminatium  8c  Aureus  mms.  Toftea  Ca- 
rinum  »  dit  cet  auteur  ,  omni  odio  &  detfjiatione  viventem 
apnd  Margum  ingenti  p> -œlio  vicit,  proditum  ab  exercittt 
fuo  quem  forttorem  habebat ,  certe  defertum  inter  Vimi- 
natium  &  Aureum  montem.  L'abbé  de  Marolles  dans  fon 
hiiloire  auguite ,  p.  755.  dit  Murgue  ou  Murgum  ,  Se 
cite  Eutrope  &  Eufébe.  C'en1,  dit-il,  une  ville  de  la 
Mcefie  entre  Viminaxe  8c  un  lieu  appelle  Aureus  mons. 
1  a  notice  de  l'empire  met  au  département  de  la  première 
Mœfie  ,  fecl.  30.  Auxilium  Margenfe  Mur  go  ,  8c  Prx- 
ft  ih.tr &  militum  contra  Margum ,  in  cafiris  Augufto  Fia- 
vianenfibuu  Elle  étoit  apparemment  fur  la  rivière  Mar- 
gis ou  Margus  2. 

1.  MARGUS  ,  rivière  d'Afie  dans  un  pays  qui  en  pre- 
noit  le  nom  de  Margiane.  Ptolomée,  /.  6.  c.  10.  donne 


à  fa  fource 

à  fa  chute  dans  l'Oxus 


Longitude       Latitude 
ioj  d.  o  m.        39  d.    o  m. 
102  d.  4c  m.     43  d.  30  m. 


Il  lui  donne  deux  fources ,  entre  lesquelles  Anriochc, 
furnommée  de  la  Margiane,  étoit  firùée.  Il  fait  tomber 
dans  ce  fleuve  une  autre  rivière  qu'il  ne  nomme  point , 
mais  qui  venoit  des  monts  Sariphes. 

2.  MARGUS  ,  ancien  nom  de  laMorava  ,  rivière  de 
la  Servie  ,  félon  de  l'ifle  8c  le  P.  Hardouin.  Elle  eft 
nommée  Margis  par  Pline  ,  liv.  3.  chap.  26.  qui  dit 
fort  pofitivement  qu'elle  venoit  de  la  Dardanie.  C'eil  fur 
ces  bords  qu'étoient  borrea  Margi,  les  magazins  du 
Margus  ;  cependant  CeUanus,  geogr.  ant.  I. 2.  c.  8.  p.  573. 
dans  fa  carte  laifiè  cette  rivière  anonyme,  après  y  avoir 
pourtant  très-bien  placé  horrea  Margi ,  8c  donne  le  nom 
de  Margus  à  un  ruifleau  qui  tombe  plus  haut  dans  le 
Danube.  Mais  ce  ruifleau  qui  n'a  qu'un  cours  très-borné, 
n'a  rien  de  commun  avec  la  Dardanie ,  8c  par  confé- 
quent ce  ne  fauroit  être  le  Margis  de  Pline.  La  table 
de  Peutinger  fournit  une  route  où  l'on  pafle  le  Margus.  La 
Morave  fe  partage  en  deux  branches,  dont  l'une  le  jette 
dans  le  Danube  à  Semendria ,  &  l'autre  entre  Coulitz  8c 
Rham.  On  voit  bien  que  le  Margis  de  Pline  eit  le  Mos- 
chius de  Ptolomée,  /.  3.  c.  9.  eitropié  dans  les  cartes  qui 
accompagnent  fon  livre.  Une  des  branches  du  Moschius 
fe  perdoit  près  de  Viminacium ,  l'autre  fe  détournoit  pour 
fe  perdre  à  Tricornium  ;  s'il  étoit  vrai  ce  que  Cellarius 
fuppofe  ,  que  le  Moschius  de  Ptolomée  fe  jettoit  auprès 
de  cette  ville  dans  le  Danube  ,  en  quoi  il  fe  trompe  dou- 
blement ;  carie  mot  divertitur ,  wrçlwçrsy  qu'il  explique 
par/f  répandre  ,  ne  fignifie  point  cela.  11  veut  dire  le  dé- 
tour que  prenoit  cette  branche  pour  fe  rendre  ,  non  past 
à  tricornium  dont  Ptolomée  vient  de  parler  ,  mais  à  Vi- 
minacium ,  qu'il  nomme  immédiatement  apiès.  Voici  le 
pafllige ,  félon  la  verlion  latine  ordinaire  : 

Juxta  Daniibium  autem  amnem  civitates  hœfuot , 
§ingindunum ,  4J  d.  30     44  d.  30 

Tricornium ,  46  d.  44  d.  30 

Juxta  quant  cliver titur  Moschius  f.uvhts  , 
Viminacium  t  46  d.  30  44  d.  20 

1.  MARIA.  Voyez.MARZA  &  Mareotis. 

2. MARIA  (  Cap  de  Donna  )  cap  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  la  partie  occidentale  de  l'ifle  S.  Domin- 
gue ,  la  plus  proche  de  la  Jamaïque ,  8c  au  midi  du  grand 
cul-de-fac  de  la  Mer  du  nord.  C'elt  la  reflburce  ordi- 
naire des  vaifleaux  de  guerre,  lorsqu'ils  ont  befoin  d'eau  , 
8c  de  bois. 

MARIABA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Elle  etoit , 
félon  Pline,  1.6.  cap.  28.  la  capitale  de  plufieurs  peu- 
ples ;  des  Sabéens  &  des  Atramites  ;  mais  ,  comme  le 
remarque  le  P.  Hardouin  ,  ce  nom  étoit  commun  à 
plufieurs  villes  qui  avoient  encore  d'autres  noms  pour 


o6         MAR 

les  diftinguer.  Celui  de  Mariabc  vouloir  dire  une  efpece 
de  métropole,  une  ville  qui  avoir  la  fupériorité  fur  les  au- 
tres. Ainfi  Pline  donne  aux  Calinges  une  Mariaba  en  ex- 
pliquais ce  nom  :  Calingii  quorum  Mariaba  oppidum 
fignificat  dominos  omnium.  Le  P.  Hardouin  dit  que  ce 
mot  n'eft  plus  d'ufage  en  ce  fens-la  dans  l'arabe  d'au- 
jourd'hui. Cela  fe  peut  ;  mais  dans  le  chaldaïque  &  dans 
le  fyriaque  NHO  >î10  fignifient  feigne nr  ,  maître.  Pline  au 
même  endroit  parle  d'une  ville  d'Arabie  nommée  aufli 
Mariaba,  mais  on  la  nommoit  aufli  Baramalacum, 
pour  la  diftinguer  des  autres  Mariaba. 

,     1  f  Marienberg  , 

M ,  r  Voyez,  s  Marienbourg  , 


MAR 


MARI^.BERGA 

MARIiEBURGUM 

MARI/ECELLA 


^-Marienzel. 


MARLE  Terra.  Voyez.  Mariland. 

MARIAGER  ,  petite  ville  du  royaume  de  Danemarck 
au  Jurland.  Quelques-uns  écrivent  Mariaker.  Elle  eft 
fituée  au  diocèfe  d'Arhuys ,  au  fond  d'une  baie  dent  l'en- 
trée eft  au  Kategat ,  Se  qui  s'enfonce  vers  le  couchant 
d'été  à  quatre  milles  au  midi  de  l'entrée  d'Albourg ,  Se 
autant  à  peu  près  de  Stevenshoofr.  *  Hermanid.  Dun. 
deferipr.  p.  769. 

MARIAME  ,  ville  ancienne  de  Phœnicie  dans  la 
Cafliotide  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5.  c .  1  j.  Elle  elt  nommée 
MARiAMMEpar  Arrien,  de  exp.  Alex.  I.  2.  &  Mariam- 
mia  par  Etienne  le  géographe.  Pline,  /.  5.  c.  23.  en  ap- 
pelle les  habitans  Mariammitani.  Elle  étoit  épiscopale, 
&,comme  relie,  nommée  entre  les  fiéges  de  la  féconde  Sy- 
rie ;  Mariammé  dans  la  notice  de  Léon  le  Sage  &  Maria- 
nte Ma.play.ii  dans  celle  d'Hiérocles. 

M ARI AN, uâftdv  perfodijfe  AmafîmJEçypti  regem [cri- 
bit  Tatianus  adversks  Gr&cos.  C'eft-à-dhe  ,  Tatien  dans 
fon  livre  contre  les  Grecs  écrir  qu'Amafis  roi  d'Egypte 
perça  Maria.  Cette  remarque  eft  d'Ortelius ,  Thejaur. 
qui  avoue  que  ce  lieu  lui  eft  inconnu.  11  étoit  pourtant 
aifé,  ce  me  femble ,  de  l'expliquer.  Le  lac  Maria ,  Marea 
n'avoit  anciennement  aucune  communication  avec  le  Nil. 
Amafis  creufa  un  canal  qui  fit  que  leurs  eaux  fe  commu- 
niquèrent ;  de  voilà  ce  que  Tatien  vouloit  nous  appren- 
dre ,  à  ce  qu'il  me  femble. 

i.MARIANA,  ville  &  colonie  Romaine  de  l'ifle  de 
Corfe.  Cellarius  ,  /.  5.  c.  13.  croir  que  c'eft  la  Nic/Ea  de 
Corfe ,  nommée  par  Etienne  le  géographe  &  par  Diodore 
de  Sicile  ,  qui  dit  qu'elle  fut  fondée  par  les  Etrusques. 
Quoi  qu'il  en  foir ,  ce  fut  Marins  qui  mena  une  colonie 
dans  le  lieu  qui  fut  enfuite  nommé ,  à  caufe  de  lui ,  Ma- 
riana  colokia,  comme  Sénéquc  ,  de  Confol.  ad  Hel. 
c.  8.  Se  Pline  ,  /.  3.  c.  6.  le  marquent  bien  expreflement. 
Antonin  la  met  à  quarante  mille  pas  d'Aleria.  Elle  eft 
d'ailleurs  fort  aifée  à  retrouver ,  puisqu'on  en  voit  encore 
aujourd'hui  les  ruines  qui  portent  fon  nom.  Elles  font  dans 
la  partie  feptentrionale  de  l'ifle ,  à  trois  milles  de  fa  côte 
orientale.  Elle  a  été  épiscopale,  Se  l'on  trouve  dans  le  con- 
cile de  Latran,  tenu  fous  le  pape  Martin  ,1'évêque  Donar, 
Donatus  Marianenfis  episcopus.  Son  églife  cathédrale  eft 
encore  de  bout,  mais  en  forr  mauvais  êtar.  Son  évêque 
qui  l'eftauflÎD'AcciA,  réfide  à  la  Baftie,  ville  fituée  à  quin- 
ze lieues de-là  vers  le  nord."*  Baudrand  ,éd.  170J. 

2.  M ARIANA.  C'eft  ainfi  que  dans  le  moyen  âge  on  a 
appelle  la  partie  feptentrionale  de  l'ifle  de  Corfe  ,  à  caufe 
de  la  ville  de  Mariana  qui  y  eft  fituée. 

3.  MARIANA  Castra  Se  Marianus  arcus  ,  nom 
latin  de  Camariano  ,  village  d'Italie  au  Milanez. 

4.  MARIANA  Villa  ou  Marianum  ,  noms  latins 
de  Mariano  dans  l'Etat  de  l'Eglife.  On  tient  que  c'eft  l'an- 
cienne Ferentinum. 

MARIANDYNI ,  ancien  peuple  d'Afie  dans  la  Bi- 
thynie  -,  Ptolomée  écrit  Mariandini  ,  Il  étoit  aux 
environs  d'Héraclée,  entre  la  Bithynie  Se  la  Paphlagonie , 
&  donnoient  le  nom  au  golfe  où  tombe  le  fleuve  Sangar. 
Quelques-uns  ont  écrit  Mariandeni,  &  Etienne  le  géo- 
graphe nomme  Mariandynia  regio  le  pays  qu'il  habi- 
toit.  Cetauteur  Se  Euftathe  fur  Denys  le  Périegéte  ,  vers 
788.  croient  que  ce  peuple  prenoit  fon  nom  d'un  certain 
homme  dTEolie,  nommé  Mariandynus ,-  mais  Strabon  dit 
fur  l'autorité  de  Théopompe  ,  que  ce  Marïandynus  étoit 
maître  d'une  partie  de  la  Paphlagonie  Se  envahit  ce  can- 


ton fur  les  Bébrices ,  Se  lui  donna  fon  nom  après  la  con*1 
quête.  Sur  ce  pied-là  le  pays  des  Bébrices  Se  la  Mariandy- 
nie  auroient  été  fucceflivement  le  nom  d'un  même  pays, 
Se  les  Mariandyni  feroient  un  mélange  des  Paphlagons  & 
des  Bébrices.  Strabon ,  /.  12.  p.  542.  ajoute  que  les  Ma- 
riandyni n'ont  aucune  différence  qui  les  diftingue,  mais 
qu'ils  reflemblent  entièrement  aux  Bithyniens ,  de  forte 
qu'ils  paroiflent  comme  eux  venus  de  Thrace.  Les  Milé- 
fiens  ayant  bâti  Héraclée  mirent  fous  le  joug  les  Marian- 
dins,  anciens  habitans.de  cette  contrée, Se  les  vendirent  com- 
me esclaves ,  mais  fans  les  envoyer  hors  du  pzys.*Xenopb. 
Cyr.  exp.  1.  C.  Herod.  1.  3 .  c.  90. 

MARIANES  (  Les  Isles  )  ou  les  isles  das  Vêlas  ; 
ou  les  Isles  des  Larrons  ,  ifles  de  l'Océan  oriental  à 
l'extrémité  occidentale  de  la  mer  du  fud ,  environ  à  qua- 
tre cens  lieues  des  Philippines.  L'espace  qu'elles  occupent 
eft  d'environ  cent  cinquante  lieues  ,  depuis  l'ifle  de  Gua- 
han  ou  Guam  ,  qui  eft  la  plus  grande  Se  la  plus  méri- 
dionale, jusqu'à  Urac  ,  qui  eft  la  plus  proche  du  Tropi- 
que. Magellan  les  découvrit.  Quelques  auteurs  écrivent 
qu'on  les  nomma  Isles  des  Larrons  ,  parce  que  les  ha- 
bitans voloient  dans  les  vaifleaux  des  Espagnols  tout  ce 
qu'ils  pouvoient  attraper.  On  les  nomma  aufli  Das  Vê- 
las ,  parce  qu'il  y  avoir  un  grand  nombre  de  barques 
qui  alloient  à  la  voile  &  qui  vinrent  au  devant  des  Espa- 
gnols. Michel  Lopes  de  Legaspi  en  prit  pofleflïon  le  pre- 
mier ,  au  nom  de  Philippe  IL  roi  d'Espagne  en  ij6f. 
lorsqu'il  alloit  avec  quatre  vaifleaux  Se  une  frégate  pour 
la  conquête  des  Philippines  ;  mais  il  n'y  mit  point  de 
garnifon ,  Se  n'y  bâtit  point  de  fort  ;  on  n'y  envoya  pas 
même  de  millionnaires,  parce  qu'on  les  croyoit  inutiles 
dans  un  pays  dont  les  habitans  s'enfuioient  dans  leurs 
boisa  l'approche  d'un  Espagnol.  En  1665,  les  Jéfuires 
qui  y  abordoient  quelquefois,  foit  en  allant  à  leurs  mif- 
fions  des  Philippines,  foit  en  revenant,  propoferent  à  la 
reine  douairière  d'Espagne  ,  Marie-Anne  d'Autriche, 
veuve  de  Philippe  IV ,  Se  mère  de  Charles  IL  d'y  en- 
voyer des  prédicateurs.  Elle  y  confentit ,  Se  fongea  à  ac- 
quérir ces  ifles  à  Jefus  Chrift  Se  à  la  monarchie  espa- 
gnole en  même-tems.  Le  gouverneur  de  Manille  eut  or- 
dre d'armer  un  nombre  furfifant  de  vaifleaux  Se  de  fol- 
dats  pour  la  conquête  de  ces  ifles ,  Se  emmena  avec  lui 
des  Jéfuites.  Les  Espagnols  furent  maîtres  en  peu  de 
tems  de  l'ifle  d'YGUANA  Se  de  celle  de  Serpana  ,  Se  con- 
tinuant leur  conquête  fans  beaucoup  de  peine  ,  ils  les  fub- 
juguerent  toutes  depuis  Yguana ,  jusqu'à  celle  où  eft  le 
Volcan.  Le  P.  le  Gobien  qui  a  fait  une  hiftoire  de  ces  ifles 
les  décrit  ainfi  :  Quoiqu'elles  foient  fous  la  zone  Torride, 
le  ciel  y  eft  toujours  beau  Se  fercin  ;  on  y  refpire  un  air 
pur,  Se  la  chaleur  n'y  eft  jamais  exceflive  ;  aufli  ces  peu- 
ples vivenr  très-long-tems  fans  être  malades  ;  Se  quand  il 
s'en  tencontre  quelqu'un  ,  ils  le  guériflent  avec  des  her- 
bes dont  ils  favent  la  vertu.  On  ne  fait  en  quel  tems 
on  a  commencé  d'habiter  ces  ifles  ,  ni  de  quel  pays  font 
venus  les  peuples  qu'on  y  a  trouvés.  Comme  ils  ont  à 
peu  près  les  mêmes  inclinations  &  les  mêmes  idées  de  la 
noblefle  que  les  Japonois ,  quelques-uns  fe  font  imagi- 
nés qu'ils  venoient  du  Japon,  qui  n'eft  éloigné  des  ifles 
Marianes  que  de  fix  à  fept  journées.  Les  autres  fe  per- 
fuadent  qu'ils  font  fortis  des  Philippines  avant  que  les 
Espagnols  s'en  fuflent  rendus  les  maîtres.  Ce  qu'il  y  a 
de  certain ,  c'eft  que  ces  ifles  font  extrêmement  peuplées. 
Quoique  celle  de  Guahan  n'ait  qu'environ  quarante  lieues 
de  circuit ,  elle  renferme  plus  de  trente  mille  habitans. 
Voyez  Guam.  Il  y  en  a  un  peu  moins  dans  celle  de  Say- 
pan ,  Se  dans  les  autres  à  proportion.  Les  montagnes 
chargées  d'arbres  presque  toujours  verds ,  &  entrecoupées 
d'un  grand  nombre  de  ruifleaux  qui  fe  répandenr  dans 
les  plaines  Se  dans  les  vallées,  rendent  ce  pays  très-agréa- 
ble. On  y  trouve  un  grand  nombre  de  villages,  rant  dans 
les  plaines  que  fur  les  montagnes;  il  y  a  jusqu'à  150  mai- 
fons  dans  quelques-uns.  Avant  que  les  Espagnols  euflent 
paru  dans  ces  ifles,  les  habitans  féparés  de  toutes  les  na- 
tions par  les  vaftes  mers  qui  les  environnent ,  ignoraient 
entièrement  qu'il  y  eût  d'autres  terres ,  &  manquoient 
de  la  plupart  des  chofes  qui  paroiflent  néceflaires  à  la 
vie.  Ils  n'avoienr  pour  tous  animaux  que  quelques  oî- 
feaux  fcmblables  à  peu  près  aux  tourterelles,  Se  ils  les 
apprivoifoient  en  leur  apprenant  à  parler ,  fans  en  faire 

leur. 


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leur  nourriture.  Ce  qu'il  y  a  de  furprenant ,  c'eft  qu'ils 
n'avoient  jamais  vu  de  feu ,  &  quand  ils  en  virent  la  pre- 
mière fois ,  ils  le  regardèrent  comme  une  espèce  d'animal 
qui  s'attachoit  au  bois  &  s'en  nourriffoit.  Les  premiers 
qui  en  approchèrent  de  trop  près  s 'étant  brûlés ,  en  don- 
nèrent de  la  crainte  aux  autres  qui  n'oferent  plus  le  re- 
garder que  de  loin  ,  de  peur ,  difoient-ils ,  d'en  être  mor- 
dus, ou  d'être  bleffés  par  la  violente  refpiration  de  cet 
animal.  On  leur  fît  connoîrre  leur  erreur  ,  8c  en  peu  de 
rems  ils  s'accoutumèrent  à  fe  fervir  du  feu  comme  nous. 
Ils  font  ba fanés  ;  mais  leur  teint  eft  d'un  brun  plus  clair 
que  celui  des  habirans  des  Philippines.  Leur  taille  eft 
haute  ,  &  leurs  cotps  font  bien  proportionnés.  Quoiqu'ils 
ne  fe  nourriffent  que  de  poifïbns ,  de  racines  &  de  fruits, 
ils  ont  tant  d'embonpoint  ,  qu'ils  en  paroiffent  enflés  ; 
mais  cet  embonpoint  ne  les  empêche  pas  d'être  fouples 
ik  agiles. 

Les  hommes  font  entièrement  nuds ,  les  femmes  ne  le 
font  pas  tout-à-fait ,  8c  font  confifier  la  beauté  à  avoir  les 
dents  noires]  8c  les  cheveux  blancs.  Ainfi  une  de  leurs 
grandes  occupations ,  c'eft  de  fc  noircir  les  dents  avec  de 
certaines  herbes  ,  &  de  fe  blanchir  les  cheveux  à  force  de 
fe  laver  avec  des  eaux  préparées  pour  cet  ufage.  Elles 
les  portent  fort  longs  ,  les  hommes  fc  les  rafent  presque 
entièrement ,  8c  n'en  laiffent  qu'un  petit  floccon  au  haut 
de  la  tête  de  la  longueur  d'un  doigt ,  à  la  manière  des  Ja- 
ponois. 

Leurs  maifons  font  bâties  de  bois  de  coco  ,  &  de  bois 
de  maria,  qui  eft  un  arbre  particulier  à  ces  ifles.  Il  y  a 
dans  chaque  maifon  quatre  appartemens  ,  féparés  par  des 
cloifons  faites  de  feuilles  de  palmiers  ,  entrelacées  en  for- 
me de  natte,  Le  toît  eft  de  la  même  matière.  Ces  appar- 
temens font  propres  ,  8c  ont  chacun  leur  ufage.  On  cou- 
che dans  le  premier ,  on  mange  dans  le  fécond  ,  on  ferre 
le  fruit  &  les  autres  provifions  dans  le  troifiéme,  8c  le 
quatrième  lerr  à  travailler.  Ces  infulaires  vivent  tous  dans 
une  indépendance  abfolue.  Chacun  eft  maître  de  Ces 
actions,  les  enfans  ne  reconnoiffent  leur  père  8c  leur 
mère  que  félon  qu'ils  peuvent  en  avoir  befoin. 

Les  hommes  ont  la  liberté  de  prendre  autant  de  femmes 
qu'ils  veulent ,  pourvu  qu'elles  ne  foient  point  leurs  pa- 
rentes ;  mais  la  coutume  eft  de  n'en  avoir  qu'une ,  8c 
même  le  mariage  n'eft  point  parmi  eux  indilToluble  ,  il  ne 
dure  qu'autant  que  les  deux  parties  font  contentes  l'une  de 
l'autre  ;  mais  de  quelque  côté  que  vienne  la  féparation  , 
la  femme  ne  perd  rien  de  fes  biens.  Ses  enfans  la  fuivent , 
&  confiderent  le  nouveau  mari  qu'elle  prend  comme  s'il 
ctoit  leur  père.  Si  la  mauvaife  conduite  d'une  femme 
donne  fujet  à  fon  mari  de  s'en  plaindre  ,  il  peut  ôter  la 
vieà  l'amant  i  mais  il  ne  lui  eft  pas  permis  de  la  maltraiter, 
8c  tout  ce  qu'il  peut  faire,  c'eft  de  fe  féparer  d'elle.  Tant 
que  le  mariage  fubfifte ,  la  femme  a  toute  l'autorité  dans 
la  maifon  ,  6c  le  mari  ne  peut  difpofcr  de  la  moindre 
chofe,  à  moins  qu'elle  n'y  confente.  Ce  qu'il  y  a  de  plus 
rigoureux,  c'eft  que  Ci  elle  eft  convaincue  qu'il  ait  des  atta- 
chemens  qui  le  rendent  infidèle ,  elle  l'apprend  à  toutes 
les  femmes  du  village  qui  s'avancent  vers  la  maifon  du 
mari  dont  on  fc  plaint ,  défolent  fes  terres  ,  arrachent 
fes  grains ,  dépouillent  fes  arbres  de  leurs  fruits ,  8c  font 
par-tout  un  dégât  terrible.  Elles  fondent  enfuite  toutes 
enfemble  fur  la  maifon  ,  &  fi  le  mari  n'a  pas  pris  la  fuite  , 
elles  l'y  attaquent  &  le  pourfuivent  jusqu'à  ce  qu'elles 
l'ayent  contraint  de  l'abandonner.  Une  femme  dégoûtée 
de  fon  mari ,  n'a  qu'à  dire  à  fes  parens  qu'elle  ne  peut  plus 
vivre  avec  lui ,  ils  vont  auiîi-tôt  à  la  maifon  de  ce  mal- 
heureux époux  ,  la  pillent ,  la  faccagent ,  8c  emportent 
tout  ce  qu'ils  trouvent.  Il  eft  encore  bienheureux  quand 
ils  ne  l'abatten:  point.  Cet  empire  des  femmes  fur  les  ma- 
ris ,  eft  caufe  qu'une  infinité  de  jeunes  gens  ne  fongent 
point  à  fe  marier.  Ils  louent  ou  achètent  des  filles  qui  leur 
font  données  par  leurs  parens  pour  quelques  morceaux  de 
fer,  ou  d'écaillé  de  tortue.  Ils  les  mettent  dans  des  mai- 
fons communes  à  cette  jeuneffe,  qui  vit  avec  elles  dans  un 
libertinage  qui  fait  de  la  peine  à  ceux  de  la  nation  qui  ob- 
fervent  quelques  régies. 

Ces  infulaires  aiment  fort  la  joie  8c  le  plaifir  ,  8c  fe 
raillent  agréablement  les  uns  des  autres.  Ils  s'affemblent 
même  affez  fouvent ,  fe  régalent  de  poiffon  ,  de  fruits  8c 
d'une  certaine  liqueur  qu'ils  font  avec  du  coco  râpé  8c  du 
riz.  Ils  fe  divertiffent  à  danfer,  à  courir ,  à  fauter  ôc  à 


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lutter  »  afin  d'éprouver  leurs  forces.  Ils  fe  plaifenr  a  ia- 
conter  les  aventures  de  leurs  ancêtres ,  8c  à  réciter  les  vers 
de  leurs  poëtes,qui  font  pleins  de  fables  &  d'extravagances. 
Un  po'ete  chez  eux  eft  un  homme  admirable ,  8c  ce  titre 
feul  lui  attire  le  rcfpect  de  toute  la  nation. 

Les  femmes  ont  aufli  leurs  parties  de  divertiffement  où 
elles  viennent  parées.  Ces  parures  confiftent  en  des  co- 
quillages ,  de  petits  grains  de  jais  ,  de  morceaux  d'é- 
caille  de  tortue  qu'elles  laiflênr  battre  fur  leur  front 
en  forme  de  pendant  d'oreille.  Elles  y  entrelacent  des 
fleurs  ,  8c  ont  des  ceintures  de  petites  coquilles  ,  qu'elles 
regardent  comme  un  très-grand  ornement.  Elles  y  atta- 
chent de  petits  cocos  fort  proprement  travaillés  ,  8c  ajou- 
tent à  ces  diverfes  parures  de  certains  tiffus  de  racines 
d'arbres  dont  elles  s'habillent  ces  jours-là.  Ces  tiffus  ref- 
femblent  plutôt  à  des  cages  qu'à  des  habits ,  tant  ils  font 
gtoiTicrs.  Dans  leurs  affemblées  elles  fe  mettent  douze  ou 
treize  en  rond ,  debout  8c  fans  fe  remuer.  Dans  cette  atti- 
tude elles  chantent  les  vers  fabuleux  de  leurs  poètes  avec 
beaucoup  de  juftefte.  L'accord  de  leurs  voix  ne  cède  rien 
à  la  mufique  la  mieux  concertée.  De  petites  coquilles 
qu'elles  tiennent  dans  leurs  mains  font  l'effet  des  cafta- 
gnettes.  Leur  action  vive  dans  leurs  chants  ,  &  leurs 
geftesexpreffifs ,  joints  à  la  manietedont  elles  foutiennenc 
leurs  voix  ,  ont  de  quoi  charmer. 

La  vengeance  eft  une  des  partions  les  plus  fortes  de  ces 
peuples.  Quand  ils  fe  croient  offenfés ,  ils  font  fi  habilles 
en  l'art  de  diffimuler ,  qu'ils  renferment  dans  leurs  cœurs 
toute  l'aigreur  du  reffentiment  qui  les  anime  ,  en  forte 
qu'ils  pallcnt  deux  ou  trois  ans  fans  en  laiffer  rien  paroître 
au  dehors  ,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  trouvé  l'occafion  de  fe 
fatisfaire.  Alors  ils  fe  livrent  à  tout  ce  que  la  vengeance 
peut  infpirer  de  plus  violent.  Us  s'irritent  aifément  8c 
courent  aux  armes ,  mais  ils  les  quittent  avec  la  même 
facilité  qu'ils  les  ont  prifes,  &  jamais  leurs  guerres  ne 
font  de  longue  durée.  Ils  ne  font  pas  naturellement  bra- 
ves ,  8c  quand  ils  fe  mettent  en  campagne  ,  ils  jettent  de 
grands  cris,  à  la  manière  des  barbares  ,  plutôt  pour  s'ani- 
mer eux-mêmes,  que  pour  effrayer  leurs  ennemis.  Ils 
marchent  fans  chef,  fans  discipline  8c  fans  ordre,  8c 
n'ont  ni  arc  ,  ni  flèches  ,  ni  épées.  Ils  fe  fervent  de  bâtons 
faits  en  forme  de  traits  ou  de  lances  ,  8c  les  armes  n'ont 
pas  de  fer ,  puisqu'ils  n'en  font  point  ufage  ;  mais  du  plus 
gros  os  de  la  jambe  ,  de  la  cuilTc  ou  du  bras  d'un  homme» 
Ces  os  qui  fe  terminent  en  pointe  ,  &  qu'ils  travaillent 
affez  proprement ,  font  fi  venimeux  par  leur  propre  ver- 
tu ,  que  la  moindre  esquille  qui  en  refte  au  corps  d'un 
blcffe  ,  lui  caufe  la  mort ,  avec  des  convulfions  ,  des 
tremblemens  de  tout  le  corps ,  des  gr incemens  de  dents , 
8c  des  douleurs  inconcevables ,  fans  qu'on  ait  trouvé  jus- 
qu'à préfent  aucun  remède  qui  pût  arrêter  un  poifon  fi 
prompt  8c  fi  fubtil.  Ces  barbares  ont  quantité  de  ces  traies, 
outre  les  pierres  qu'ils  fçavent  lancer  avec  tant  d'adreffe  Se 
de  roideur  ,  qu'elles  entrent  quelquefois  dans  le  tronc 
des  arbres. 

Ils  ne  portent  aucunes  provifions  ,  cV  demeurent  quel- 
quefois deux  ou  trois  jours  fans  manger  ,  uniquement  at- 
tentifs aux  mouvemens  de  leurs  ennemis  ,  qu'ils  tâchent 
de  faire  tomber  dans  quelque  piège.  Ils  n'ont  aucunes  ar- 
mes défenfives ,  8c  ne  parent  les  coups  qu'on  leur  porte 
que  par  l'agilité  de  leur  corps.  Auffi  n'en  viennent-ils  aux 
mains  qu'à  peine  ,  8c  feulement  pour  ne  pas  avoir  la  hon- 
te de  fe  retirer  fans  avoir  rien  fait.  Deux  ou  trois  hommes 
tués,  ou  fort  couverts  de  bleffures  ,  décident  de  la  vic- 
toire. Ils  prennent  la  fuite  ,  &  fe  diflîpent  en  un  moment, 
fi-tôt  qu'ils  voient  du  fang  répandu.  Les  vaincus  envoient 
promptement  des  ambaffadeurs  &  des  préfens  aux  vièlo- 
rieux  ,  qui  les  infultenr  8c  fe  moquent  d'eux  par  des  chan- 
fons  infolentes  8c  fatyriques. 

Leur  langue  eft  affez  agréable  ,  8c  a  beaucoup  de  rap- 
port à  celle  que  l'on  parle  aux  Philippines  ce  dans  les  ifles 
voifines  ,  qui  eft  la  langue  Tagale.  La  prononciation  en 
eft  douce  &  aifée ,  8c  un  de  Ces  agrémens ,  c'eft  de  trans-* 
pofer  les  mots  ,  8c  quelquefois  même  les  fyllabes  d'un 
mot ,  ce  qui  caufe  fouvent  des  équivoques  qui  plaifent 
fort  à  ces  infulaires. 

Quoique  dénués  de  toutes  les  commodités  de  la  vie ,  8c 
plongés  dans  la  plus  profonde  ignorance  ,  ils  fe  regardent 
comme  la  nation  la  plus  fage  ,  la  pins  polie  &  la  plus  fpi- 
rituelle  qu'il  y  ait  au  monde.  Ainfi  tous  les  autres  peuples 

Tom.  IV.  N 


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9* 

leui  font   pitié  ,   &  ils   n'en  patient   qu'avec  mépris. 

Il  y  a  parmi  eux  trois  états,  la  nobleflc  ,  le  peuple  Se 
les  gens  d'une  condition  médiocte.  La  noblefle  tient  le 
peuple  dans  un  abbaillement  incroyable  ,  Se  fa  fierté  va  fi 
loin  ,  que  ceft  non  feulement  une  infamie  à  un  noble, 
mais  un  crime ,  de  s'allier  a  une  fille  du  peuple.  Avant 
qu'ils  fuflent  Chrétiens ,  tous  les  parens  de  celui  qui  avoit 
fait ,  ou  par  intérêt ,  ou  par  amour,  une  fi  lâche  démar- 
che ,  s'étanr  afiemblcs,  en  lavoient  la  honte  d'un  commun 
contentement  dans  le  fang  du  criminel.  Ceft  auiïï  une 
chofe  puniflable  dans  le  peuple  que  d'approcher  de  la  mai- 
fon  ou  de  la  perfonne  d'un  noble.  On  appelle  Cbameris 
en  ce  pays  les  plusconfidérables  de  la  nation.  Si  l'un  d'eux 
fouhaite  quelque  chofe  d'un  payfan ,  il  faut  qu'il  le  de- 
mande fans  s'en  approcher,  &  il  croiroit  fa  maifon des- 
honorée ,  fi  quelqu'un  du  peuple  y  avoit  bu  ou  mangé. 

Quoique  ces  inlulaires  foient  barbares  Se  grofliers  ,  les 
Chumorris  ne  lahTent  pas  d'avoir  quelque  politerte. 
Quand  ils  fe  rencontrent  ,  ou  qu'ils  partent  les  uns  de- 
vant les  autres ,  ils  fe  faluent  en  difant  :  Ail  Arimno  ,  ce 
qui  veut  dire  ,  Permettez-moi  de  vous  buijer  lespiedj.  Si 
un  noble  parte  devant  leur  maifon  ,  ils  l'invitent  à  man- 
ger ,  Se  lui  préfentent  d'une  d'herbe  qu'ils  ont  toujours  à 
la  bouche  ,  Se  qui  leur  tient  lieu  de  tabac.  Quand  ils  veu- 
lent faire  honneur  a  quelqu'un ,  ils  partent  la  main  fur 
leur  eftomac.  Ils  regardent  comme  une  grande  incivilité 
de  cracher  en  la  préfence  d'une  perfonne  qu'on  doit  ref- 
peéter.  Aurti  crachent-ils  fort  rarement ,  Se  jamais  pro- 
che de  la  maifon  d'un  autre,  ni  même  le  matin.  La  no- 
blefle  la  plus  eftimée  de  toutes  ces  ifles ,  efi  celle  de  la 
ville  d'AGADNA  ,  capitale  de  Pifle  de  Guahan.  Comme 
la  fituation  de  ce  lieu  efi  avantageufe  ,  &  que  les  eaux  y 
font  excellentes,  les  familles les-plus  considérables s'y  font 
venues  établir  ,  Se  l'on  y  en  compte  plus  de  cinquante 
pour  lefquelles  on  a  de  grands  égards.  Les  nobles  ont  des 
fiefs  qui  font  héréditaires  ;  les  enfans  ne  fuccedent  point 
aux  pères ,  mais  les  frères  Se  les  neveux  du  défunt ,  dont 
ils  prennent  le  nom ,  ou  celui  du  chef  de  la  famille.  Cette 
coutume  qui  paroit  bizarre,  efi:  fi  bien  établie  parmi  ces 
peuples,  qu'elle  ne  caufe  aucun  démêlé.  Les  principaux  de 
la  noblerte  préfidenr  dans  les  aflemblées  ;  mais  quoiqu'on 
les  refpefte  Se  qu'on  les  écoute ,  chacun  peut  prendre 
tel  parti  qu'il  veut ,  fans  déférer  à  leurs  fentimens  ;  parce- 
qu'on  n'eft  là  fournis  à  aucun  chef,  ni  artujetti  à  aucunes 
loix. 

La  pêche ,  à  quoi  ils  s'exercent  dès  l'enfance  ,  efi  leur 
occupation  la  plus  ordinaire.  Ils  font  fi  fouvent  dans  l'eau, 
qu'ils  nagent  comme  des  poirtbns  Les  canots  dont  ils  fe 
fervent ,  tant  pour  pêcher  que  pour  aller  d'une  ifle  à  l'au- 
tre, font  d'une  légèreté  furprenante.  Ils  les  calfatent  avec 
uneefpece  de  bitume  &  de  chaux  qu'ils  détrempent  dans 
l'huile  de  coco.  Ils  trouvent  ce  bitume  dans  1  ifie  d^  Gua- 
han ,  &  l'appliquent  avec  une  grande  adrefle.  Ceft  injus- 
tement qu'on  a  nommé  ces  ifles  Iflas  de  los  Ladrones  , 
paice  que  loin  d'être  voleurs ,  ils  font  entr'eux  de  fi  bon- 
ne foi ,  qu'ils  laiffent  leurs  maifons  ouvertes  fans  que  per- 
fonne vole  fon  voifin  ;  ils  font  naturellement  libéraux  Se 
bienfaifants ;  les  Espagnols  l'éprouvèrent  en  1638.  dans 
le  naufrage  du  vaifleau  nommé  la  Conception.  Ce  peu- 
ple prêta  toute  forte  de  fecours  à  ceux  qui  eurent  le  bon- 
heur de  fe  fauver.  Le  commerce  qu'ils  ont  avec  eux  & 
avec  d'autres  Européens ,  les  a  tirés  de  l'erreur  où  ils 
avoient  vécu  iusques-là ,  qu'ils  étoient  la  feule  nation 
qu'il  y  eut  dans  l'univers  ;  mais  comme  les  fables  leur  plai- 
fent  beaucoup,  leurs  poê'tes  leur  ont  fait-là  deflus  des 
fictions  qu'ils  regardent  comme  autant  de  vérités  ,  parce  - 
qu'elles  flattent  leur  orgueil. 

Us  prérendent  que  toutes  les  nations  tirent  leur  origine 
d'une  terre  de  Pifle  de  Guahan ,  que  le  premier  homme 
en  fut  formé  ,  qu'il  fut  changé  en  pierre  ,  &  que  de  cerre 
pierre  fortirent  tous  les  autres  hommes  qui  allèrent  s'éta- 
blir en  divers  pays  ,  les  uns  en  Espagne  ,  les  autres  en 
Hollande  ,  Se  d'autres  ailleurs  ;  Se  que  ces  hommes  fe 
trouvant  éloignés  de  leur  pays ,  oublièrent  leur  langue  en 
peu  de  rems,  Se  la  manière  de  vivre  de  leurs  compatriotes; 
ce  qui  leur  fait  croire  que  fi  les  autres  peuples  de  la  terre 
articule  nt  quelques  mots ,  ils  le  font  comme  les  fous ,  fans 
s'entendre  les  uns  les  autres ,  &  fans  favoir  ce  qu'ils  difenr 
puisqu'ils  n'entendent  pas  la  langue  qu'ils  fe  parlent  en- 
tr'eux ,  Se  qu'ils  s'imaginent  être  la  feulp  qui  foit  en  ufàgc 


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dans  le  monde.  Ils  ne  laiûent  pas  de  croire  que  le  mon- 
de a  commencé.  Ce  qu'ils  difent  fur  cela  eft  rempli  de 
fables  qu'ils  chantent  dans  leurs  artèmblees ,  félon  que 
leurs  poètes  les  ont  compofées  en  vers. 

Avant  qu'on  leur  fût  venu  prêcher  l'évangile  ,  ils  n'a- 
voient  aucune  idée  de  religion  :  ils  étoient  fans  temples  , 
fans  autels  ,  fans  prêtres  Se  fans  facrifices  ;  il  y  avoit  feu- 
lement pat  mi  eux  quelques  fourbes  qu'ils  appelloient  Ma- 
canas  ,  Se  qui  fe  méloient  de  faire  des  Prophéties.  Ils 
leur  faifoient  accroire  que  par  l'invocation  des  Atritis , 
c'eil-à  dire  de  leurs  morts  ,  donrils  gardoient  les  crânes 
dans  leurs  maifons ,  ils  lavoient  commander  aux  élémens, 
rendre  la  fanté  aux  malades ,  changer  les  faifons ,  Se  leur 
donner   une  pêche  heureufe  Se  une  récolte  abondante. 

Ces  infulaires  n'adorent  aucune  divinité  ,  Se  ne  bif- 
fent pas  pourtant  d'avoir  beaucoup  de  fuperftitions  fur 
ce  qui  regarde  les  morts. 

Quand  quelqu'un  d'eux  eft  prêt  à  expirer  ,  on  met 
une  petite  corbeille  auprès  de  la  tête  pour  recueillir  fon 
elprit ,  Se  on  le  conjure  ,  puisqu'il  fe  fépare  de  fon 
corps  ,  de  vouloir  bien  fe  placer  dans  cette  corbeille 
pour  y  faire  fa  demeure  à  l'avenir  ,  ou  du  moins  pour 
s'y  repofer  quand  il  fe  donnera  la  peine  de  les  venir  voir. 
D'autres  frottent  leurs  morts  d'huiles  odoriférentes  ,  Se 
les  promènent  par  les  maifons  de  leurs  païens ,  pour 
leur  donner  la  liberté  de  choifir  une  demeure  qui  leur 
convienne ,  &  un  lieu  où  ils  puiflent  fe  repofer  agréa- 
blement quand  ils  voudront  revenir  de  l'autre  monde 
pour  rendre  vifue  à  leurs  amis.  Ils  croient  l'immortalité 
de  Pâme  ,  Se  reconnoirtent  même  qu'il  y  a  un  paradis 
Se  un  enfer.  Ils  appellent  l'enfer  'Lararaquan  ou  la  mai- 
fon du  Chciyfi ,  nom  qu'ils  donnent  au  démon  qui 
tourmente  ceux  qui  ont  le  malheur  de  tomber  en 
fon  pouvoir.  Depuis  qu'on  leur  a  fait  connoitre  le  feu, 
ils  difent  que  le  Cbayfi  a  une  foumaife  ardente  ,  où 
il  brûle  les  âmes  comme  nous  faifons  le  fer ,  &  où  il 
les  bat  inceflamment.  Leur  paradis  eft  un  lieu  déli- 
cieux qu'Us  prétendent  être  fous  terre ,  &  dont  ils  font 
confifter  toute  la  beauté  dans  des  arbres  de  coco ,  dans 
des  cannes  de  fucre  ,  Se  dans  les  autres  fruits  qu'ils 
difent  y  être  d'un  goût  merveilleux.  Ce  n'eft  ,  lelon 
eux  ,  ni  la  vertu  ni  le  crime  qui  conduit  dans  ces 
lieux.  Tour  dépend  de  la  manière  dont  on  fort  du  mon- 
de •,  fi  c'elt  par  une  mort  violente ,  on  eft  renfermé  dans 
le  Zararaquan  ,  Se  ù  c'eft  par  une  mort  naturelle  , 
on  va  jouir  dans  le  paradis  des  arbres  Se  des  fruits  qu'on 
y  trouve  en  abondance.  Ces  peuples  font  perfuadés 
que  les  efprits  reviennent  après  la  mort ,  Se  fe  plaignent 
d'être  maltraités  par  des  fpeétres  qui  les  éliraient  ter- 
riblement. C 'eft  ce  qui  leur  fait  avoir  recours  à  leurs 
Amtu  ,  moins  pour  en  obtenir  quelque  grâce  , 
que  pour  empêcher  qu'ils  ne  leur  fartent  du  mal.  La 
même  rai  fon  leur  fait  garder  un  profond  filence  dans 
leurs  pêches ,  Se  faire  de  longs  jeûnes ,  de  peur  que  les 
âmes  de  leurs  morts  ne  les  tourmentent  ou  ne  les 
épouvantent  la  nuit  dans  leurs  fonges ,  auxquels  ils  ajou- 
tent beaucoup  de  foi.  Ils  verfenr  des  rorrens  de  larmes 
quand  ils  enterrent  quelqu'un  ,  &  font  des  cris  capables 
de  pénétrer  de  douleur  les  plus  endurcis.  Us  demeurent 
long  tems  fans  manger  :  leur  deuil  dure  fept  ou  huit 
jours  ,  Se  fouvent  plus.  Ils  le  proportionnent  d'ordi- 
naire à  l'afieétion  qu'ils  avoient  pour  le  défunt,  ou  aux 
grâces  qu'ils  en  ont  reçues. Tout  ce  tems  fe  parte  en  pleurs 
Se  en  chants  lugubres.  Comme  on  élevé  toujours  un  tom- 
beau fur  le  lieu  où  le  corps  eft  enterré ,  ils  le  chargent  de 
branches  de  palmiers ,  de  fleurs  ,  de  coquillages  Se  de 
tout  ce  qu'ils  ont  de  plus  précieux  ;  Se  vont  faire  des 
repas  autour.  La  douleur  des  mères  qui  ont  perdu 
leurs  enfans  eft  inconcevable.  Tour  leur  foin  eft  de  l'en- 
tretenir :  elles  coupent  quelques  cheveux  de  leur  enfanc 
mort  Se  les  gardent  chèrement.  Elles  portent  une  corde 
autour  de  leur  cou  ,  Se  y  font  autant  de  nœuds  qu'il  y  a 
de  nuits  qu'elles  ont  perdu  ce  qu'elles  pleurent.  Si  la 
perfonne  qui  meurt  eft  du  nombre  des  Lhxmorrïs ,  ou 
fi  c'ell  quelque  femme  confidérable  ,  alors  leur  affliction* 
va  jusqu  à  l'excès ,  &  ils  entrent  dans  une  efpéce  de  fu- 
reur &  de  désefpoir.  Us  arrachent  leurs  arbres,  brûlent 
leurs  maifons,  rompent  leurs  bateaux ,  déchirenr  leurs 
voiles  ,  jonchent  les  chemins  de  branches  de  palmiers  ,  Se 
élèvent  des  machines  lugubres  en  l'honneur  du  mort.  Si 


MAR 


MAR 


c*eft  quelqu'un  qui  fe  foit  rendu  recommandable ,  ou  paï 
les  aimes,  ou  par  la  pêche ,  qui  font  deux  profeffions  fort 
diftinguées  parmi  eux  ,  ils  couronnent  fon  tombeau  ou 
de  lances  eu  de  rames,  pour  faire  connoître  fà  valeur  dans 
la  guerre,  ou  fon  habileté  dans  la  pêche.Si  quelqu'un  fe  fait 
remarquer  par  ces  deux  profeffions,  on  entrelace  les  lances 
&  les  rames,&  on  lui  en  fait  une  efpécede  trophée.Quànd 
cesinfulaiies  font  dans  la  douleur,  l'habitude  qu'ils  fe  font 
faite  de  chanter  les  fables  de  leurs  poètes  dans  leurs  jours 
de  fête,  leur  fournit  dis  expreiîîons  vives  Se  élevées.  Voi- 
ci à  peu  près  ce  qu'ils  difent  dans  ces  fortes  d'occafions. 
Jiélas  !  j'ai  tout  perdu  ,  il  n'y  a  plus  de  vie  pour  moi  ,  ce 
qui  m'en  refle  ne  fera  plus  qu'ennui  C~  qu'amertume  ;  le 
J'oleil  qui  m'animoh  efi  éclipfé  ;  la  lune  qui  m'éclairoit  s'efi 
obscurcie  ;  l'étoile  qui  me  conduifoit  a  difparu.  Je  vais  de- 
meurer enfeveli  dans  une  profonde  nuit,  Qr  abimé  dans  une 
mer  de  larmes.  Jt  ne  verrai  plus  ce  qui  fiijmt  la  joie  de 
jnon  cœur  &  le  bonhenr  de  mes  jours.  Qiioi  !  la  gloire  de 
nos guerriers  ,  l'honneur  de  notre  race,  le  héros  de  notre 
nation  n'ejlplus  ,■  il  nous  a  quittés  ,  que  deviendrons- nous  ? 
&  comment  pourrons-nous  vivre?  Ces  lamentations  du- 
rent tout  le  jour  ,  Se  continuent  pendant  la  plus  grande 
partie  de  la  nuit,  chacun  tâchant  de  trouver  des  expres- 
sions touchantes,  dont  ils  aflaifonnent  les  louanges  qu'ils 
donnent  au  mort.  Cette  nation  plongée  pendant  plufieurs 
fiécles  dans  des  ténèbres  épaiffes ,  s'y  trouvoit  encore  en 
1665.  quand  le  père  San-Vitores  Jéfuire  &  fes  compa- 
gnons arrivèrent  à  ces  ifles,  où  ils  furent  reçus  par  les  habi- 
ïans  avec  de  grandes  démonstrations  de  joie. 

Cependant  Gemelli  Carrcri,  Voyages,  t.  5.  p.  294. 
m'apprend  que  ce  même  père  reçut  la  couronne  du  mar- 
tyre pour  avoir  baptifé  une  petite  fille  fans  la  permiflîon 
de  fon  père  ;  Se  en  1696,  que  ce  voyageur  écrivoit,on 
comptoit  dix  miflîonnaires  que  les  infulaires  avoient  fait 
mourir.  Ce  voyageur  au  refte  décrit  ces  ifles,  Se  voici 
pour  leur  fituation  l'idée  qu'il  en  donne. 

Depuis  l'an  1677.  que  les  Espagnols  ont  fait  ce  voyage 
en  partant  toujours  entre  ces  ifles ,  ils  ont  trouvé  qu'elles 
formoient  une  chaine  qui  s'étendoit  du  nord  au  fud  ,  c'eft- 
à-dire ,  depuis  l'endroit  où  elle  commence  ,  vis-à-vis  de  la 
nouvelle  Guinée ,  jusqu'au  36  deg.  proche  du  Japon.  Voici 
le  nom  qu'on  a  donné  aux  ifles  qui  font  découvertes , 

Ygu ana  ,  (  ou  Guam  ,  ou  Guahan  )  au  1  j  degré. 

Sarpana  ou  Zarpane,  au  14. 

Buona-Vista,  au  15. 

Saespara  ,  au  15  deg.  40  min. 

Anatahan,  au  17  deg.  20  min. 

Guagai^,  au  18. 

Alamag^an  ,  au  18  deg.  18  min. 

Pagon  ,  au  18  deg.  40  min. 

Le  Volcan  de  Grica  ,  au  19  deg.  33  min. 

Tinay  Se  Maug  ,  au  20  deg.  4;  min.. 

Urrac  ,  au  20  deg.  55  min. 


99 


Les  trois  autres  volcans , 


Le  premier,  à  23  deg.  30  min. 
Le  fécond  ,824  deg.  o  min. 
Le  troifieme,  à  2j  deg.  o  min. 


Pattos  ,  à  25  deg.  30  min. 
La  Deconoscida  ,  à  25  deg.  jo  m. 
Maeabrigo,  à  27  deg.  40  min. 
La  Guadalupe  ,  à  28  deg.  10  min. 

Les  trois  ifles  de  Tecia  ,  découvertes  le  23  Décembre 
[1664  ,  par  le  galion  le  S.  Jofeph ,  font  depuis  le  34  deg. 
jusqu'à  36. 

Ceft  ce  que  l'on  connoiflbit  de  ces  ifles  avant  que  les 
idées  que  l'on  avoit  de  leur  pofition  fuflent  rectifiées  par 
le  mémoire  du  père  Van  -  Hamme  ,  qui  partit  pour 
aller  prêcher  l'évangile  dans  la  Californie  ,  ayant  rencon- 
tré fur  la  route  un  Jéfuite  Espagnol ,  nommé  le  P.  Mora- 
lez  ,  qui  avoit  été  long-tems  miflîonnaire  aux  ifles  des  Lar- 
rons, entre  i'Amérique&  le  Japon  ,  apprit  de  lui  le  nom , 
la  grandeur  ,  la  latitude  Se  les  diftances  de  ces  ifles  dont 
nos  géographes  n'ont  eu  jusqu'à  préfent  qu'une  connoif- 
fance  très-imparfaite ,  car  nous  n'avons  pas  une  feule  carte 
où  elles  foient  nommées,  &  placées  comme  il  faut.  Ce 
font  les  termes  du  père  Gouye  dans  fon  recueil  d'obferva- 
tions ,  public  ayant  les  cartes  de  de  l'Ifle  qui  en  a  profité. 


Mémoire  du  P.  Moralez  Jéfuite, 
touchant  les  Istns  des  Larron», 

ou  de  Marie-Anne. 

La  première  &  la  plus  méridionale  des  ifles  des  Larrons, 
efi  Guan  ou  Guahan.  Elle  a  quarante  lieues  de  four, 
fa  latitude  en;  feptentrionale  de  1 3  deg.  2  j  min. 

La  féconde  Rota  ou  Sarpana,  à  fept  lieues  de  Guahan. 
Elle  a  quinze  lieues  de  tour.  Latitude  14  d» 

La  troifieme  eft  Aguigan  ;  elle  a  trois  lieues  de  tour.  La- 
t^^e  ^  14  deg.  43  m. 

La  quatrième  eft  Tinian  ,  à  quatorze  lieues  de  Rota.  La- 
titude 14  deg.  50  fec. 
Elle  a  quinze  lieues  de  tour.  Les  Espagnols  l'appellent 
Buena-Vista  Mari- Anna,  parce  qu'elle  eft  fort 
agréable. 

La  cinquième  eft  S aip an,  à  trois  lieues  de  Tinian;  elle 
a  vingt- cinq  lieues  de  tour ,  &  eft  toute  pleine  de  mon- 
tagnes. Latitude  1;  deg.  20  m. 

La  fixiéme  eft  Anatahan  ,  à  trente  lieues  de  Sa'' pan  5 
elle  a  vingt  lieues  de  tour ,  Se  eft  pleine  de  montagnes. 
Latitude  17  deg.  20  m. 

La  feptiéme  eft  Sarigan  ,  à  trois  lieues  d'Anatahan ,  elle 
a  quatre  lieues  de  tour.  Latit.  17  deg.  3  j.  m. 

La  huitième  eft  Guguan,  à  fix  lieues  de  Sarigan  ,  elle  a 
trois  lieues  de  tour.  Latit.  17  deg.  45  m. 

La  neuvième  eft  Alamagan  ,  à  trois  lieues  Se  demie  de 
Guguan  :  elle  a  fix  lieues  de  tour.  Un  catalogue  envoyé 
à  Rome  la  met  à  douze  lieues ,  (  peut-être  à  douze  mil- 
les )  de  Guguan.,  Latit.  1 8  deg.  20  m. 

La  dixième  eft  Pagon  ,  à  dix  lieues  d'Alamagan ,  elle  a 
quatorze  lieues  de  tour.  On  y  voit  trois  volcans  ou 
montagnes  qui  jettent  du  feu.  Latit.  1 9  deg.  o  m. 

Le  catalogue  envoyé  à  Rome,  la  met  à  feize  lieues 
d'Alamagan. 

L'onzième  eft  Agrigan  ,  à  dix  lieues  de  Pagon  :  elle  a 
feize  lieues  de  tour.  Le  catalogue  la  met  à  douze  lieues 
de  Pagon.  Latit.  1 9  deg.  40  m. 

La  douzième  eft  Song-Son  ,  à  vingt  lieues  d'Agngan  t 
elle  a  fix  lieues  de  tour.  On  y  voit  un  volcan.  Le  cata- 
logue ne  marque  point  combien  elle  eft  éloignée  de 
Pagon ,  parce  qu'on  ne  le  favoit  pas  encore  lorsqu'il 
fut  envoyé.  Latit.  20  deg.  ij  m. 

La  treizième  eftTuNAS  ou  Maug  ,  à  cinq  lieues  de  Song- 
Son;  elle  eft  compofée  de  3  rochers  qui  font  féparés 
l'un  de  l'autre  ,  Se  ont  chacun  environ  3  lieues  de  tour.. 
Latitude  20  deg.  35  m. 

La  quatorzième  eftURAC,àcinq  lieues  de  Tunas;  elle 
n'eft  point  habitée ,  mais  en  récompenfe  il  y  a  un  grand 
nombre  d'oifeaux.  Latit.  20  deg.  o  m. 

On  n'a  point  fait  encore  aucune  obfervation  d'eclipfe 

qui  put  fervir  à  déterminer  précifément  la  longitude  de 

ces  ifles;  mais  en  joignant  quelques  obfervations  d'éclipfes 

faites  en  Europe  Se  dans  l'Amérique ,  avec  l'eftime  des 

pilotes ,  on  peut  en  avoir  une  connaifiance  fuffifante  pouc 

la  fureté  de  la  navigation. 

Eni'année  16491e  18  Novembre,  le  P.  François  Bref- 

fani  de  la  Compagnie  de  Jefus ,  auffi  bon  mathématicien  , 

que  zélé  miflîonnaire,  obferva  à.  Québec  une  éclipfe  de 

lune  dont , 

Le  commencement  fut  après  midi,  12  h.  12  m.  o  fec, 
Immerfion  totale  13  h.  3  o  m.  o  fec. 

La  fin  16  h.  2 j  m. o  fec. 

Le  P.  François  Ruggi ,  de  la  même  Compagnie  ,  obferva 
à  Panama  le  commencement ,  1 1  h.  o  m.  o  fec. 

Donc  Panama  eft  plus  occidental  que  Québec  de 

1  h.  2  y  m.  o  fec, 
moyenne  différence  th.  1 8  m.  o  fec. 

Les  PP.  Riccioli  Se  Grimaldi  obferverent  à  Bologne  l 'im- 
merfion totale,  18  h.  4j  m.  jofec. 

Donc  la  différence  entre  le  méridien  de  Bologne  &  celui 
de  Québec,  S  h.  ijm.  fofec. 

Donc  la  différence  entre  le  méridien  de  Bologne  Se  celui 
de  Panama ,  6  h.  3  3  m.  50  fec. 

Paris  eft  plus  occidental  que  Bologne  de  38  m. 

Donc  la  différence  entre  les  méridiens  de  Paris  &  de  Pa- 
nama .  s  h.  5j  m.  jo  fe&. 
qui  valent                                     88  deg.  57  m.  o  fec. 

La  longitude  de  Paris.  22  deg.  ^o  m.  o  fee. 

Tom.  IK  N  ij 


ioo        MAR 


MAR 


Donc  Panama  en  éloigné  du  premier  méridien  en  allant 
d'orient  en  occident ,  66  deê-  27  m.  o  fec. 

Donc  la  longitude  de  Panama  293  deg.  3  3  m.  o  fec. 

Par  les  navigations  des  Caftillans ,  des  Anglois,  Se  fur- 
rout  de  François  Drac ,  Porto-Nativitad  eft  plus  occi- 
dental que  Panama  de  28  dcg.  1;.  m.  o  fec. 

Suivant  les  routiers  Anglois  &  Caftillans  rapportés  par 
Dudley  au  chapitre  i<5  du  liv.  2  de  l'Arcano  del  Mare. 

Le  cap  de  San-Lucar  de  la  Californie,  eft  plus  occidental 
que  Porto-Nativitad  de  7  deg.  15  m.  o  fec. 

Donc  la  longitude  de  San  Lucar  eft  2; 8  deg.  3  m.  o  fec. 
Suivant  le  routier  d'un  habile  pilote  Anglois ,  que  Dud- 
ley rapporte  au  ch.  9  du  livre  2  de  l'Arcano  del  Mare. 

La  différence  en  longitude  entre  le  cap  de  San-Lucar  de 
la  Californie  Se  de  l'ifle  de  Guahan ,  100  deg.  53  m  o  f. 

Donc  en  plaçant  le  premier  méridien  à  22  deg.  30  m.  of. 

A  l'occident'de Paris,  la  longitude  de  Guahan  eft 

157  deg.  10  m.  o  fec. 
MARIANI.  Voyez.  Cernetani. 
MARIANO,  Voyez.  Marino  2. 
MARIANUM   Promontorium  ,  promontoire   de 

rifle  de  Corfe  ,  félon  Ptolomée ,  /.  3.  c.  2.  qui  le  place  à 

l'extrémité  de  la  côte  occidentale,  en  tirant  vers  le  midi. 

Il  y  joint  aufli  une  ville  de  même  nom.  Cette  ville  n'eft 

plus  aujourd'hui  qu'un  village  nommé  Cafa  Barbarica, 

parce  que  les  Sarrazins ,  qui  s'en  étoient  emparés ,  l'avoient 

fortifié.  Le  promontoire  s'appelle  à  ptéfent  il  Capo  di  Cafa 


Barb 


arica. 


*  Baudrand,  Dicl.  édit.  1682. 


MARIANUS  Mons  ,  montagne  d'Espagne  que  Ptolo- 
mée, /.  2.  c.  4.  place  dans  la  Bétique.  On  convient  que 
ce  font  les  montagnes  de  Sierra  Morena.  On  lit  Ariani 
au  lieu  de  Mariant  dans  quelques  exemplaires  de  Pline  , 
/.  3.  c.  1.  mais  le  père  Hardouin,  Not.  &  entend,  ad  l.  3. 
a  cru  devoir  lire  Arenx.  montes,  comme  portent  l'édition 
de  Rome  8c  celle  de  Parme.  Il  ajoute  que  le  MS.  de  la  bi- 
bliothèque royale  écrit  Hareni  montes ,  Se  remarque  que 
le  nom  moderne  las  Areas  Gordas ,  qu'on  donne  au  pays , 
approche  fort  de  celui  du  MS. 

MARIAS.  Voyez.  Arapotes. 


bâtirent  la  ville  de  Ticinum.  Dans  la  fuite  ils  furent  ap- 
pelles Maringi,  à  ce  que  dit  Merula  ;  ils  avoient  leur 
demeure  aux  environs  d'Alexandrie  de  la  Paille  -y  ils  y  pof- 
fédoient  une  ville  nommée  Maricum  \  elle  eft  détruite. 
Il  y  a  feulement  dans  ces  quartiers  un  château  appelle  Pe- 
tra  de  Maricis.  *  Ortelii  Thefatir. 

M  ARICO ,  ville  de  l'ifle  de  Tidor ,  l'une  des  Moluques. 
Cette  ville  eft  bien  peuplée  &  aflez  bien  fortifiée.  *  Da- 
vity  ,  ifle  des  Moluques,  p.  829. 

MARICOUR,  rivière  de  l' Amérique  feptentrionale 
dans  la  Nouvelle  Fiance.  Elle  prend  fa  fource  au  nord  du 
lac  des  deux  décharges ,  &  fe  rend  dans  la  baie  d'Hudfon. 
On  l'appelle  aufli  la  rivière  de  Haquin.  Son  premier 
nom  lui  a  été  donné  pour  honorer  les  exploits  d'un  des 
frères  du  fieur  d'Iberville  capitaine  de  vaifleaux ,  Canadien 
de  naiffance  »  qui  en  1686,  &  en  1690.  chafla  les  Anglois 
des  poftes  qu'ils  occupoient  dans  la  baie  d'Hudfon. 

MARICUS  Mons  ,  montagne  d'Italie  auprès  de  Suef- 
famtm  ,  félon  Aggenus  :  (  a  )  il  la  met  aux  environs  de  la 
foret  de  Marica  ;  mais  il  faut  lire ,  félon  les  apparences , 
(  b  )  Mafficus  mons ,  au  lieu  de  Maricus  mons.  (a)  De  li- 
mitib.  agror.  (b)  Ortelii  Thefaur 
MARIDE.  Voyez  Miride. 

MARIDUNUM,ville  de  l'ifle  d'Albion.  Ptolomée, 
/.  2.  c.  3.  la  donne  aux  Demétes.  On  croit  que  c'eft  au- 
jourd'hui la  ville  de  Caermarthen  ,  c'eft  la  même  ville  que 
l'itinéraire  d'Antonin  nomme  Muridunum  ,  d'autres  pen- 
fent  que  c'eft  Scaton. 

MARIE -FRED  ou  Mari^fred,  ville  de  Suéde  dans 
la  Sudermanie ,  fur  la  côte  méridionale  du  lacMoïlerjà 
l'orient  de  Stregnes.  *  De  l'ifle ,  Atlas. 

MARI -GALANTE  ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  l'une  des  ifles  Antilles  françoifes  ;  elle  eft  fituée 
par  quinze  degrés  cinquante  minutes  de  latitude.  Les 
François  (  a  )  l'ont  habitée  en  1648.  comme  elle  étoit 
fréquentée  des  Indiens ,  tant  pour  la  pêche  que  pour  l'en- 
tretien de  quelques  petits  jardinages,  le  gouverneur  de  la 
Guadeloupe  qui  avoit  deffein  de  peupler  cette  ifle  ,  y  fie 
bâtir  un  fon.  Il  réprima  ainfi  les  Indiens  qui  vouloienc 
empêcher  fon  établiffement ,  Se  qui  avoient  tué  20  hom- 


MARIB  ou  Mareb  ,  (  a  )  ville  de  l'Arabie  Heureufe 
dans  la  province  de  l'Iemen  ,  à  trois  ftations  de  Sanaa ,  Se     mes  qu'il  y  avoit  envoyés  d'avance  pour  découvrir  peu  à 
félon  d'autres  à  quatre  ftations,  &  à  l'extrémité  des  mon-    peu  le  pays.  Cette  ifle ,  (  b  )  après  avoir  été  faccagée  deux 


quatre  : 

tagnes  d'Hadramouth.  C'eft  une  ville  ruinée  ;  elle  étoit 
autrefois  le  fiége  des  rois  de  l'Iemen ,  nommés  Thebabaïs. 
C'eft  auprès  de  Marib  que  fe  voyoit  une  grande  Se  fa- 
meufe  digue  ,  dont  il  ne  refte  plus  que  quelques  veftiges. 
Plufieurs  géographes  (  b  )  croient  que  cette  ville  eft  l'an- 
cienne Saba,  où  regnoit  Balkis,que  nous  appelions  la  reine 
de  Saba-,  Se  que  cette  ville  ayant  été  détruite  ,  Marib  fut 
bâtie  de  fes  ruines,  ou  dans  fon  voifinage.  Suivant  Al- 
Moshtarec  le  fondateur  de  Saba  ,  étoit  Saba ,  fils  d'Yos- 
hahab,  ou  Yech-hab  ,  fils  d'Yarab,  fils  de  Kohtan,  petit- 
fils  de  Noé.  (  a  )  Abulfeda ,  Defcr.  de  l'Arabie,  art.  32. 
(  b  )  D'Herbclot ,  Biblioth.  orient. 

MARlBO  ,  Habitacuhim  Maria. ,  ancienne  abbaye  du 
royaume  deDanemarck,  dans  l'ifle  de  Laland.au  nord 
d'un  lac.  *  Hermanides ,  Dania;  Defcripr. 

MARICA  Silva,  forêt  d'Italie  dans  la  Campanie.  Vi- 
bius  Se  S.  Auguftin  ,  de  c'wit.  Dei ,  difent  que  la  nymphe 
Marica  y  fut  enterrée;  Se  Pomponius  Sabinus  remarque 
fur  le  feptiéme  livre  de  l'Ene'i'de,  que  cette  forêt  étoit  dans 
le  voifinage  de  la  ville  Minturnœ, ,  vers  l'embouchure  du 
fleuve  Liris.  Tite-Live,/.  Ij.c.  37.  dit,  Marie*,  lucusy 
pour  Marica  Silva.  Tous  ceux  du  pays  avoient  pour  ce 
bois  une  fmguliere  vénération ,  (  a  )  Se  ils  obfervoient  fur- 
tout  avec  grand  foin  ,  de  n'en  laifler  rien  fortir  de  tout 
ce  qui  y  étoit  entré.  On  prétend  que  cette  nymphe  Marica 


fois  parles  Hollandois ,  fut  prife  en  1692.  par  les  An- 
glois, qui  y  exercèrent  d'abord  de  grandes  cruautés-,  ils 
les  auroient  continuées,  fi  leur  général  le  fieur  de  Co- 
drington  n'étoit  arrivé  ,  &  en  reconnoifianec  de  la  valeur 
que  le  fieur  Auger  gouverneur  de  l'ifle  avok  fait  paroitre 
dans  la  défenfe  du  fort,  n'eût  caflé  l'officier  qui  avoit 
commandé  en  fon  abfence.  Ce  général  laifla  le  gouver- 
neur maître  de  la  capitulation,  &  le  fit  transporter  à  la 
Martinique  avec  fes  gens.  Il  ruina  enfuite  le  fort  qui 
étoit  auprès  du  bourg,  dont  les  Anglois  à  leur  arrivée 
avoient  brûlé  les  maifons.  Lorsque  la  paix  fut  faite  ,  les 
François  s'établirent  de  nouveau  dans  cette  ifle. 

L'ifle  de  Mari  Galante  eft  aflez  plate  Se  remplie  de  bois, 
ce  qui  témoigne  qu'elle  feroit  féconde  fi  elle  étoit  culti- 
vée. Les  cannes  de  fucre,  l'indigo ,  le  tabac  Se  le  coton  y 
viennent  en  perfection.  (  c  )  Ce  qui  y  manque  ,  c'eft  l'eau  ? 
car, quoiqu'il  y  ait  quelques  fontaines  &  des  étangs,  de 
l'un  desquels  il  fort  un  ruiffeau  >  il  arrive  quelquefois  que 
la  fécherefle  eft  fi  grande ,  que  toutes  ces  eaux  tariflent , 
Se  fans  le  fecours  des  citernes  ,  les  habitans  fouffriroient 
beaucoup.  11  y  a  deux  paroifles ,  l'une  à  la  bafle  Terre 
proche  le  fort,  Se  l'autre  à  la  Cabefterre,  toutes  deux 
deffervies  par  les  pères  Carmes.  II  y  a  aufli  un  juge  royal 
Cette  ifle  fut  ainfi  nommée  par  Chriftophe  Colomb  qui  la 
découvrit  en  1493.  du  nom  du  vaiffeau  qu'il  montoit. 
natur.  des  Antilles ,  pag.  22. 


étoit  ia  même  que  Circc.  Ce  qui  s'obfervoit  de  ne  laifler     (  a)  Rocbefort ,  Hift.  natur.  des  Antilles,  pag.  22.  (b) 
rien  fortir  de  tout  ce  qui  étoit  entré  dans  ce  bois  facré  ,     Labat,  Voyage  aux  ifles  françoifes  de  l'Amérique,  t.  1. 


pag.  47.  (c)  Corn.  DicL   Mémoires  mamtfcriis   du  P. 
Labat. 

MARIEN.  C'étoit  un  des  cinq  royaumes  qui  compo- 
foient  l'ifle  Espagnole  ,  lorsque  Chriftophe  Colomb  la 
découvrit.  Barthelemi  de  las  Cafas  ne  fait  point  difficulté 
de  dire  qu'il  étoit  plus  grand  &  plus  fertile  que  le  Portu- 
gal-, il  comprenoit  toute  cette  partie  de  la  côte  du  Nord , 
qui  s'étend  depuis  l'extrémité  occidentale  de  l'ifle  où  eft  le 
171.  (  b  )  Laclant.  falfx  Religion.  L     cap  de  S.  Nicolas ,  jusqu'à  la  rivière  Yaquc  ou  de  Monte 

Cbrifto  ;  Se  Goacanorie  roi  de  Malien  faifoit  fa  réfidenec 


pourroit  en  être  une  preuve.  Cette  coutume  s'etoit  fans 
doute  établie  pour  compatir  à  la  douleur  que  la  déeffr 
avoit  eue  de  ce  qu'Ulyffe  l'avoit  quittée  ;  d'ailleurs  Circé 
fut  appellée  Marica  après  fa  mort.  (  b  )  Il  y  avoit  auprès 
de  ce  bois  un  marais ,  nommé  par  Plutarque  Marica  Pa- 
in des  ;  c'eft  dans  ce  marais  que  Marius  s'étoit  caché,  & 
que  les  cavaliers  que  Geminius  avoit  envoyés  à  fa  pour- 
fuite  ,  le  firent  prifonnier.  (  a  )  PUitarque ,  de  la  traduct. 
de  Dacier  ,  t.  4.  p, 
1.  c.  21. 


MARICI ,  peuples  d'Italie.  Pline  ,  /.  3.  c.  17.  dit  qu'ils    au  cap  François.  C'eft  de  fon  nom  abrégé  que  les  Espa- 


M  A  R 


MAR 


gnols  appellent  encore  aujourd'hui  xe  port  Egaric.  Ce 
prince  fît  alliance  avec  Colomb  qui  avoit  débarqué  dans 
fes  états  au  port  de  S.  Nicolas,  &  l'engagea  à  s'établir  fur 
fes  terres.  Colomb  y  bâtit  un  fort  dans  un  endroit  qu'il 
avoit  nommé  Puertoreal  ,  Se  il  donna  à  ce  port  le  nom 
de  KiNavidad,  parce  qu'il  étoit  entré  dansce  port  le  jour 
de  Noël.  Il  y  laifla  trente-huit  hommes  fous  la  conduite 
de  Rodrigue  de  Arana,  mais  l'année  fuivante  à  fon  retour 
d'Espagne,  il  trouva  fon  fort  démoli  par  les  Indiens,  & 
tous  les  Espagnols  tués  *  Le  P.  de  Charlevoïx ,  Hift.  de  S. 
Domingue,  t.  i. 

i.  MARIENBERG,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Misnie 
au  cercle  d'Ertfbourg ,  près  d'Anneberg.  C'eft  une  ville 
moderne: elle  fut  bâtie  en  i j  1 9.  ou  IJ20.  par  Henri  duc 
de  Saxe.  Son  territoire  eft  très-fertile  :  il  rapporte  en 
abondance  tout  ce  qui  eft;  néceflaire  pour  la  vie  à  l'ex- 
ception du  vin.  Les  rues  de  la  ville  font  fort  propres,  Se 
les  maifons  bien  bâties.  Les  églifcs  Se  la  maifon  de  ville 
ont  auflî  quelque  beauté.  Les  riches  mines  d'argent  qui 
font  aux  environs,  ont  occafionné  la  fondation  &  l'ac- 
croiflement  de  cette  ville.  Dans  l'année  1639,  les  Sué- 
dois la  pillèrent.*  Zeyler ,  topogr.  Misnia?. 

2.  MARIENBERG  ,  Maris,  mon  s ,  abbaye  d'hommes 
ordre  de  faiht  Benoît ,  dans  le  Tirol,  vers  lesfources  de 
l'Adige,  fur  les  frontières  des  Grifons. 

1.  MARIENBOURG,  palatinat  dans  le  royaume  de 
Prude.  Il  eft  borné  au  nord,  partie  par  la  mer  Baltique  , 
partie  par  le  Frifch  Haff  Se  partie  par  la  Natangie  propre; 
à  l'orient  par  la  Bartonie  de  la  Galindie  ;  au  midi  par  le 
cercle  d'Hockerland  ,  Se  à  l'occident  par  le  Palatinat  de 
la  Pomerelle.  Ses  villes  Se  lieux  les  plus  confidérables  font, 

Marienburg,        Warmftat ,         Brauniberg, 
Elbing,  Helsperg  ,        Melfac, 

Werder,  Guftat,  Allenftcin , 

Heubt,  Seeburg ,  Wartemburg. 

2.  MARIENBOURG,  (a)  petite  ville  des  Pays-Bas 
dans  le  Hainaut ,  au  pays  d'Entre-Sambie  Se  Meule.  Elle 
a  été  ainfi  nommée  par  Marie  reine  de  Hongrie  ,  feeur 
de  Charles  V  ,  laquelle  la  fit  bâtir  par  l'ordre  de  fon  frère 
en  1 J42.  entre  deux  petites  rivières  ,  dont  l'une  s'appelle 
Blanche  Se  l'autre  Noire,  à  quatre  lieues  de  Rocroi  en 
Champagne.  Le  terrein  de  cette  ville  appartenoit  origi- 
nairement au  prince  de  Liège  ,  qui  l'échangea  contre  la 
terre  Se  feigneurie  de  Héritai,  fituée  entre  Liège  Se  Ma- 
fhick,  &  céda  de  plus  à  l'empereur  les  droits  de  régale 
Se  de  fouveraineté  qu'il  avoit  fur  le  village  de  Fresne. 
Henri  II.  roi  de  France ,  (  b  )  prit  cette  place  en  1  5^4  , 
&  acheva  de  la  bâtir  Se  de  la  fortifier;  mais  il  la  rendit 
a  Philippe  IL  roi  d'Espagne,par  le  traité  deChateau-Cam- 
brefis  l'an  1559.  Cent  ans  après  elle  fur  cédée  a  la  France 
par  le  traité  des  Pyrénées  -,  mais  Louis  XIV.  la  jugeant  inu- 
tile, la  fit  démanteler  l'an  1673.  Elle  fut  revêtue  en 
itfSi.  d'une  fimple  muraille.  La  plupart  de  fes  maifons 
font  détruites ,  Se  les  habitans  logent  dans  des  caféines 
pêle-mêle  avec  les  foldats.  Il  y  a  dans  la  ville  un  feul  cu- 
ré ,  &  deux  chapelains  royaux.  11  y  a  un  couvent  de  qua- 
rante-deux filles  de  l'ordre  du  faint  Sépulcre.  Les  habi- 
tans, tous  très-pauvres,  font  occupés  les  deux  tiers  de 
l'année  au  travail  des  forges  &  fourneaux ,  à  couper  du 
bois ,  à  faire  du  charbon ,  Se  à  laver  les  minéraux  de  fer 
qu'ils  envoient  dans  les  provinces  de  Flandres  ,  d'Artois, 
Cambrefis ,  Picardie  Se  autres ,  dont  ils  tirent  les  denrées 
&  marchandifes  néceflaires  à  leur  fubfiftance  ;  c'eft-là 
leur  plus  grand  commerce ,  outre  un  petit  trafic  avec  les 
troupes ,  qui  les  fait  fubfifter.  Les  terres  n'y  produifent 
qu'une  espèce  d'orge ,  qu'ils  nomment  du  grain  d'épeau- 
tre,  Se  de  l'avoine.  Il  y  a  un  petit  bois  fur  la  jurisdiètion 
de  ce  lieu  appartenant  au  roi.  Deux  ruifleaux  paflent  de 
chaque  côté  de  cette  ville ,  traverfent  le  pays  de  Liège  Se 
descendent  dans  la  Meufe  à  deux  lieues  de  Givet.  Marien- 
bourg  n'a  pour  toute  dépendance  que  le  village  de  Frefne. 
(  a  )  Diclion.  géogr.  des  Pays-Bas.  (  b  )  Longuerue ,  De- 
feription  de  la  France ,  part.  2.  p.  133. 

MARIENBURG  ou  Margenburg,  ville  du  royau- 
me de  Prufi"e  ,  autrefois  la  réfidence  du  grand  maître 
de  l'ordre  Teutonique.  Elle  eft  fituée  fur  un  bras  de  la 
Viftule  appelle  Nagot.  Les  chevaliers  de  l'ordre  Teuto- 
nique en  furent  les  fondateurs  :  ils  Pappellerent  Marien- 
bourg ,  à  caufe  d'une  image  miraculenfe  de  la  fainte 
Vierge.  Elle  eft  à  fix  lieues  de  Dantzic ,  &  à  quatre  d'El- 


IOÎ 

bing.Son  territoire  eft  fertile  Se  bien  cultivé.  Ilyaungrand 
pont  de  bois  fur  le  Nagot.  Le  château ,  qui  fut  bâti  avant  la 
ville,  en  1281.  étoit  regardé  comme  une  des  plus  fortes 
places  de  la  Chrétienté  ,  Se  fa  magnificence  égaloit  fa 
force.  11  eft  en-deçà  de  la  rivière  ,  &  renferme  une  grande 
quantité  de  bâtimens.  D'un  côté  il  eft  fortifié  d'un  triple 
fofle  :  de  l'autre,  il  eft  défendu  deplufieurs  murailles  flan' 
quées  détours.  En  1410,  Uladiflas  V.  roi  de  Pologne, 
prit  la  ville  fans  pouvoir  réduire  le  château,  qui  fut 
encore  aflîégé  inutilement  par  les  Polonois  en  1420;  mais 
en  14J7  les  chevaliers  qui  en  avoient  la  garde,  ne  pou- 
vant appaifer  la  garnifon  qui  n'étoit  pas  payée  depuis 
long-tems,  le  rendirent  au  roi  Cafimir,.avec  Gilau  & 
Dirschau,  pour  quatre  cens  foixante  Se  feize  mille  flo- 
rins, félon  Cromerus  hiftorien  de  Pologne,  livre  24. 
D'autres  diminuent  la  fomme  de  près  de  moitié.  En 
1626  ,  les  Suédois  fe  rendirent  maîtres  de  la  ville  Se  du 
château  fans  coup  férir  ;  quelque  tems  après,  douze  mille 
Polonois  s'étant  approchés  de  cette  place  ,  les  Suédois  al- 
lèrent à  leur  rencontre,  leur  livrèrent  bataille  &  en  tuè- 
rent plus  de  quatre  mille.  Cette  place  retourna  par  ac- 
cord a  la  couronne  de  Pologne.  *  Zeyler,  topogr.  Pruma% 

MARIENDALE  ,  abbaye  des  Pays  -  Bas  ,  au  duché  de 
Luxembourg  ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  ce  nom.  *  Di- 
ction, géogr.  des  Pays-Bas. 

MARIENFELD,  abbaye  de  l'ordre  de  Citeaux  dans 
l'éveche  de  Munfter  ,  au  confluent  de  la  rivière  de  Lut- 
ter ,  Se  de  l'Ems. 

MARIENHOTT  ,  abbaye  de  filles  ,  ordre  de  Citeaux, 
en  Weftpbalic  dans  le  pays  d'Iflel. 

MARIENSTAL,  monaftere  de  filles  en  Allemagne, 
dans  le  duché  de  Magdebourg,  fur  la  rivière  de  Bode. 

MARIENSTAT  ou  Mariestad  ,  petite  ville  de 
Suéde  dans  la  partie  feptentrionale  de  la  Weftrogothie 
fur  la  rive  orientale  du  lac  Vener.  Cette  ville  a  pris  fou 
nom  de  Marie- Anne,  femme  du  roi  Charles  IX.  qui  la 
fit  bâtir.  Il  y  a  à  Marieftad  un  gouverneur ,  Se  on  v  tient 
tous  les  ans  quatre  foires.*  De  l'IJle ,  Atlas. 

MAR1ENSTERN,  abbaye  de  religieufes,  ordre  de  Ci- 
teaux ,  dans  la  Haute  Luface  à  quatre  lieues ,  Se  au  cercle 
de  Bautzen. 

1.  MAR1ENTHAL  ou  Mf.rgentheim,  petite  ville 
d'Allemagne  dans  la  Franconie ,  fur  le  Tauber ,  à  fix  milles 
de  Wurtfbourg ,  entre  Konishofen  Se  Weickersheim.  Son 
château  qui  eft  fur  une  hauteur  qu'on  nomme  le  Kitsberg 
étoit  le  lieu  ordinaire  de  la  réfidence  du  grand-maître  de 
l'ordre  Teutonique  ,  pour  l'Allemagne  Se  l'Italie.  Ce 
grand  maître  a  été  fubordonné  à  celui  de  Prufle ,  tant 
qu'il  y  en  a  eu;  Cette  ville  fut  prife  par  compofition  en 
168 1.  par  les  Suédois,  qui  étoient  fous  la  conduite  du 
général  Guftave  Horn.  Mais  ceux-ci  ne  la  gardèrent  pas 
Jong-tems  :  elle  fut  reprife  en  1643.  par  les  François,  Se 
le  duc  de  Saxe-Weymar.  Après  avoir  beaucoup  foufferc 
dans  ces  viciflîtudes,  elle  eft  revenue  à  fes  anciens  maî- 
tres. *  Zeyler  ,  topogr.  Franconia?. 

2.  MARIENTHAL  ,  Vallis  Maria  ,  monaftere  de  l'or- 
dre de  Citeaux  en  Allemagne  dans  les  états  de  Brunswick. 
11  a  été  fondé  au  XII.  fiécle  dans  une  forêt  à  une  lieue 
de  Helmftat,  Se  changé  aujourd'hui  en  monaftere  pro- 
teftant. 

3.  MARIENTHAL,  abbaye  de  religieufes ,  ordre  de 
Citeaux  ,  dans  la  haute  Luface  au  cercle  de  Bautzen  ,  à 
quatre  lieues  de  Zittau,  entre  cette  ville  Se  Gorlits. 

MARIENVALT,  Silva  beau  Maria,  abbaye  d'hom- 
mes ,  ordre  de  Citeaux  ,  en  Wcftphalie  ,  dans  le  pays 
d'Eiffel. 

MARIENWERDER,  ville  du  royaume  de  Prufle, 
au  cercle  de  Hocketland ,  dans  la  partie  occidentale  de 
la  Poméranie,  fur  la  rivière  de  Nagot,  dans  l'endroit  où* 
la  Licbe  fe  joint  à  cette  rivière.  Il  y  a  un  château  &  une 
églife  magnifique  ,  où  l'on  voit  quantité  de  tombeaux 
des  grands  maîtres  de  Prufle.  En  1460  ,  les  Polonois  fur- 
prirent  cette  ville  pendant  la  nuit  Se  la  pillèrent.  Le  roi 
de  Suéde  la  prit  en  1628,  Se  la  reftitua  à  la  paix.* 
Zeyler ,  topogr.  Pruflîa% 

1.  MARIENZEL ,  village  d'Allemagne  dans  la  Stirie , 
fur  la  frontière  de  l'Autriche  fur  le  torrent  de  Saltz.  Il  eft 
recommendable  par  le  nombre  des  pèlerins  qui  y  vonc 
en  dévotion  à  une  image  de  la  Vierge  qu'on  voit  dans 
l'églife  de  l'abbaye  des  Bénédictins.  Cette  abbaye  eft  ap- 


102       MAR 


MAR 


pellée  la  gu:S&,  *  our  la  diftingucr  d'une  autre  qui  va 
faire  l'articlï  qj.i  uit. 

2.  MARÎEKZEL,  Maria  Cellenfîs ,  abbaye  d'hom- 
mes, ordre  de  %.  Benoît  ,dans  la  baffe  Autriche,  fon- 
dée en  1336,  dans  la  forêt  de  Vienne.  Elle  eil  furnorn- 
mée  la  petite,  pour  ladiftinguer  de  la  précédente. 

MARIES  ,  (  Les  trois  )  pèlerinage  dans  la  Provence 
au  diocèfé  d'Arles.  Ce  lieu  eil  en  grande  réputation  par- 
mi les  Provençaux ,  parce  qu'on  croit  que  c'eft  le  lieu 
où  les  rrois  Maries ,  lavoir ,  Magdeléne  ,  Jacobé  &  Sa- 
lomé ,  débarquèrent  avec  la  tête  de  S.  Jacques  le  Mi- 
neur. Ce  lieu  eft  dans  la  Camargue  ,  à  l'embouchure 
d'un  bras  du  Rhône.  Il  y  avoit  autrefois  un  temple  de 
Diane  d'Ephèfe. 

M  ARIGERI ,  peuple  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  6.  c.  30. 

MARIGNAN  ,  petite  ville  d'Italie  dans  le  duché  de 
Milan ,  entre  Milan ,  Pavie  &  Lodi  ,  presque  à  égale 
diftance  de  ces  trois  villes.  Ce  fut  aux  environs  de  cette 
place  que  le  roi  François  I.  défit  les  Suiffes  en  15  15. 
Il  en  tua  feize  mille,  8c  fit  priionniet  Louis  Sforce  duc 
de  Milan.  *  Jaillot ,  carte  du  duché  de  Milan. 

MARIGNANE,  bourg  de  France  dans  la  Provence. 
Les  Génois  y  viennent  enlever  des  vins.  Ce  lieu  a  été 
érigé  en  marquifat  dans  l'année  i6jo.  On  croit  qu'il  a 
pris  fon  nom  de  Maiius  ,  qui  y  a  campé  long-tems  avec 
fon  armée.  Il  y  a  un  couvent  de  Minimes. 

MARIGNE  PRES-DAON  ,  bourg  de  France  dans 
l'Anjou  ,  élection  de  Château-Gontier. 

1.  MARIGNY,  bourg  de  France  dans  la  Norman- 
die ,  à  quatre  lieues  de  Coutances  &  à  deux  lieues 
de  faint  Lo-  Ce  marquifat  vaut  huit  mille  livres  de 
rente  ,  en  comptant  trois  ou  quatre  paroilTes  qui 
en  dépendent.  Il  fe  tient  tous  les  Mercredis  un  mar- 
ché dans  ce  bourg.  On  y  vend  une  grande  quantité  de 
fil  &   de  toile. 

2.  MARIGNY  ,  château  dans  le  duché  de  Bar ,  pa- 
foiffe  de  Sauxures. 

1.  MARIGOT.  Ce  nom  fignifie  en  général  dans  les 
ifles  de  l'Amérique  un  lieu  où  les  eaux  de  pluie  s'affem- 
blent  8c  fe  confervent. 

2.  MARIGOT ,  canton  de  l'ifle  de  la  Guadaloupe. 
Il  eft  ainfi  nommé ,  parce  que  dans  fon  terrein  qui  eil 
vers  les  montagnes,  il  y  a  une  plaine  où  les  eaux  de 
pluie  forment  deux  petits  étangs  très  avantageux  pour  les 
habitations  de  ce  quartier  ;  car  quoiqu'il  y  ait  une  rivière, 
elle  devient  en  quelque  forte  inutile ,  à  caufe  des  hau- 
tes falaifes  qui  la  bordent.  Il  y  a  aufli  une  petite  foutee 
d'eau  ;  mais  elle  eft  fi  foible  ,  qu'à  peine  peut-elle  fuffire 
à  deux  habitations  qui  font  auprès. 

3.  MARIGOT  ,  bourg  &  paroiffe  de  la  Guadeloupe  à 
la  Cabeftere  ,  dans  le  canton  qui  lui  donne  fon  nom ,  & 
au  fud-eft  de  la  paroiffe  de  Goayaves.  Ce  bourg  n'étoit 
compofé  en  1696  ,  que  d'une  trentaine  de  maifons  ou  ma- 
gafins.  Il  s'eft  bien  augmenté  depuis.  Le  marquifat  de 
fainte  Marie  en  dépend.  L'églife  paroiffiale  eft  à  trois 
cens  pas  du  bourg.  Elle  eit  deffervie  par  des  Jacobins. 
Le  terrein  des  environs  eil  uni  depuis  les  montagnes  qui 
en  font  à  quatre  mille  pas  jusqu'à  la  mer.  On  y  trouve  de 
la  pierre  de  taille  8c  des  bois  propres  à  bâtir. 

4.  MARIGOT  ,  bourg  &  paroiffe  dans  l'ifle  de  la 
Martinique  à  la  bande  du  nord  ;  elle  eit  deffervie  par 
les  Jacobins.  Son  églife  paroiffiale  eft  à  une  petite  lieue 
du  Fond  faint  Jacques  ,  8c  eft  dédiée  à  S.  Paul. 

MARIGLJES.  Voyez.  Maringues. 

MARILAND,  province  de  l'Amérique,  entre  le  37 
deg.  j  min.  &  le  40  de  latit.  feptent.  Elle  eft  aux  An- 
glois ,  8c  bornée  au  midi  par  la  Virginie,  dont  la  rivière 
de  Patowmeck  la  fépare,  au  levant  par  l'Océan  Atlanti- 
que 8c  le  golfe  de  la  Warç  ,  &  au  nord  par  la  nouvelle 
Angleterre  &  par  la  nouvelle  Yorck ,  qui  en  faifoit  au- 
trefois partie.  Du  côté  du  couchant,  elle  a  le  vrai  mé- 
ridien de  la  première  fource  de  la  rivière  de  Patowmeck. 
Le  golfe  de  Chefopeack ,  qui  eft  navigable  l'espace  de 
foixante  &  dix  lieues,  8c  par  où  les  vaifTeaux  entrent  en 
Virginie  8c  en  Marilancf,  traverfe  le  milieu  de  cette  pro- 
vince ,  &  reçoit  les  rivières  de  Patowmeck  ,  Patuxend 
Anne  Arondel  ou  Severné  &  Sasque  Sahangui ,  qui  font 
à  fon  occident,  &  celles  de  Choptanke  ,  Nantecoke, 


Pocomoke  &  pluficurs  autres  qui  font  au  levant.  Quoi- 
que Mariland  foit  un  pays  plat ,  pour  la  plus  grande 
partie  ,  il  y  a  en  divers  endroits  de  petites  montagnes  8c 
d'agréables  collines ,  qui  font  que  la  vallée  en  paroit  en- 
core plus  belle.  Le  terroir  en  eft  bon  8c  fertile  ;  &  l'on 
y  voir  les  mêmes  bêtes  fauvages  8c  domeftiques ,  les  mê- 
mes oifeaux ,  poiflons ,  fruits ,  plantes  ,  racines  ,  gom- 
mes ,  arbres  &  baumes  que  dans  la  Virginie.  Le  tabac  y  eft 
eftimé  de  plus  grand  débit  pour  les  pays  étrangers  ,  &c  c'eft 
le  plus  grand  trafic  qui  s'y  faffe.  Les  nanuels  du  pays 
fe  divilent  par  tribus ,  fans  aucune  dépendance  les  unes 
des  autres  ,  8c  chaque  tribu  a  fon  roi  particulier.  Ils  ont 
le  teint  bafané  ,  les  cheveux  noirs,  plats  8c  pendans,  8c 
font  hardis ,  d'affez  belle  taille  8c  bien  faits  de  corps. 
Ils  fe  fervent  fort  adroitement  d'arcs  8c  de  flèches.  Ils 
reconnoiffent  un  Dieu,  mais  fans  croire  qu'il  pienne 
aucun  foin  des  chofes  qui  fe  paffenr  ici  bas.  Ils  fe  met- 
tent peu  en  peine  de  leurs  logemens  qu'ils  couvrent  de 
l'écorce  de  certains  arbres ,  8c  ils  font  fort  mal  propres 
en  leur  manger.  Les  chaleurs  y  font  modérées  l'été  par 
les  vents  8c  par  les  pluies  :  8c  l'hiver  y  eft  de  peu  de  du- 
rée. Ce  que  les  Anglois  y  habirent  eft  divifé  en  dix 
comtés,  cinq  au  levant  du  golfe,  qui  font,  Cecil,  Dor- 
chefter ,  Kent ,  Sommerfet  8c  Talbot ,  8c  cinq  au  cou- 
chant du  même  golfe ,  favoir  ,  Anne  Arondel ,  Baltimo- 
re ,  Calvert  ,  Charles  8c  fainte  Marie ,  où  eft  la  cour 
fouveraine. 

Charles  I.  roi  d'Angleterre ,  donna  la  province  de 
Mariland  à  milord  Baltimore  ,  de  la  maifon  de  Calvert  , 
pour  lui  &  pour  fes  héritiers  8c  fucceffeurs.  Les  lettres 
patentes  qui  furent  expédiées  à  ce  fujer  en  1632.  por- 
tent ,  qu'il  eft  créé ,  pour  lui  8c  pour  fes  héritiers,  vrai  8c 
abfolu  feigneur  8c  propriétaire,  rendant  pointant  foi  8c 
hommage  au  roi,&  à  fes  héritiers  &  fucceffeurs ,  comme  à 
fes  fouverains  ,  avec  plein  potwoir  d'établir  &  d'impofer 
les  loix ,  pour  la  police  ,  pour  la  guerre  ,  de  faire  la  paix 
&  la  guerre ,  de  donner  les  grâces  8c  pardon ,  de  con- 
férer les  honneurs ,  de  battre  monnoie ,  &  autres  pré- 
rogatives de  la  royauté  ;  à  condition  de  payer  annuelle- 
ment au  roi ,  fes  héritiers  &  fucceffeurs ,  8c  de  délivrer 
au  château  de  Windfor ,  deux  jours  après  Pâques  ,  deux 
arcs  d'Indiens ,  8c  de  plus  le  quint  de  tout  l'or  8c  l'ar- 
gent qui  fera  tiré  des  mines  du  pays.  Cette  province  eft 
nommée  Mariland  en  l'honneur  de  Marie  de  France , 
époufe  de  Charles  I.  roi  d'Angleterre. 

La  liberté  de  religion  ayant  été  promife  à  tous  les 
Chrétiens  qui  voudroient  aller  s'établir  à  Mariland,  dans 
peu  de  tems  il  s'y  eft  rendu  beaucoup  de  monde.  On  a 
bâti  en  plufieurs  endroits ,  entr'autres  à  Calverton  ,  à  Her- 
rington ,  8c  à  Harvey-Town ,  qui  font  des  commence- 
mens  de  villes  avantageusement  fituées  pour  le  com- 
merce. Sainte  Marie  eft  le  lieu  le  plus  confidérable  du 
pays.  Le  gouverneur  y  a  fon  confeil  qui  l'aflîfte  en  c© 
qui  regarde  le  gouvernement  &  la  police.  *  D  eferiptiort 
de  la  Jamaïque  par  Thomas,  p.  68. 

MARIMATHA,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolo- 
rnée  ,  /.  6.  c.  7.  la  place  entre  Vodona  8c  Sabe. 

MARIMONT,  maifon  de  plaifance  dans  les  Pays-Bas 
en  Hainaut.  Elle  fut  bâtie  par  la  reine  de  Hongrie  fœur  do 
l'empereur  Charles  V.  fur  la  rivière  de  Haisne,  à  une 
lieue  8c  demie  de  Binche.  Henri  II.  roi  de  France  la  fie 
brûler  pour  fe  venger  de  ce  que  cette  reine  en  avoir  ufé  de 
la  même  manière  à  l'égard  de  fa  belle  maifon  de  Folem- 
bray  en  Picardie ,  entre  Noyon  8c  Laon.  L'archiducheffe 
gouvernante  des  Pays-Bas,  mourut  à  Marimont  le  26 
Aoôt  1741.  *  Ditl.  géogr.  des  Pays-Bas. 
MARINA.  Voyez.  Cekatjï  &  Cernetani. 
MARINAI,  ou  Marianari,  ou  Giublotin,  ou 
Planina  ,  montagne  de  la  Turquie  en  Europe  à  l'orient 
de  l'Albanie  ,  au  midi  de  la  Servie  8c  de  la  Bulgarie  ,  & 
au  nord  de  la  Macédoine.  Les  anciens  lui  donnoient  le 
nom  de  Croton  ou  Scardus.  Le  Drin,  la  Morave  &  le 
Vardar ,  qui  eft  l'Accius  des  anciens ,  y  prennent  leur 
fource.  La  partie  occidentale  de  cette  chaîne  de  monta- 
gnes ,  eft  appellée  par  de  l'ifle,  Atlas  ,  Mont  Jezera, 
8c  la  partie  orientale  aboutit  au  mont  Coftcgna.  *  Bau- 
drand  ,  Dict.  édif.   170;. 

MARINANA.  Voyez.  Marinian/E. 
MARINBOU  ,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar.  Ceft 
une  des  branches  de  la  rivière  Mananghourou  ;  elle  n  e$ 


MAR 


MAR 


éloignée  que  de  trois  ou  quatre  lieues  de  celle  de  Ma- 
nanlàrran.  Son  embouchure  cil  précifément  devant  l'ifle 
de  l'Anfe,  que  forme  l'ifle  Noïîi  Hibrahim  ,  ou  l'ifle 
de  fainte  Marie,  *  FlaCo'urt ,  Hift.  de  Madagascar  ,  c.  9. 
MARINCUM,  forêt  de  la  Lombardie.  C'eft  dans 
cette  foret ,  félon  Onuphre  Se  Sigonius ,  que  fut  tué  Lam- 
bert roi.  d'Lalie.  *  Ortelii  Thefaur. 

MARINE  ou  Marines,  gros  bourg  de  France  dans 
le  Vexin  François,  au  vicariat  de  Pontoife.  Il  eft  fitué 
entre  la  ville  de  ce  nom,  Chaumont  Se  Magny  ,  au  mi- 
lieu d'une  belle  campagne  fertile  en  bons  bleds ,  dans  le 
voifinage  d'un  bois  &  de  la  petite  rivière  de  Viosne.  Les 
pères  de  l'Oratoire  ont  une  mailbn  dans  ce  bourg ,  qui 
efl  accompagnée  d'un  château  ,  Se  ce  font  eux  qui  en 
defiervenr  la  cure.  *  Cor».  Dict.  Mémoires  dreflés.fur 
les  lieux. 

MAR1NGUE  ,  petite  ville  de  France  dans  l'Auvergne. 
Elle  n'eft  guère  connue  que  par  le  commerce  qu'on  y 
fait  à  caufe  qu'elle  eft  près  de  la  rivière  de  l'Allier,  & 
que  le  port  de  Viale  lur  cette  rivière  ,  n'eft  qu'a  un  quart 
de  lieue  de  Maringue.  C'eft  dans  cette  ville  que  les  mar- 
chands de  bled  font  leurs  magafins.  Le  duc  de  Bouillon 
en  eft  feigneur.  *  Piganiol ,  Defcription  de  la  France , 
t.  6.  p.  333. 

MARIN îANi€,  ville  de  la  Pannonie,  félon  l'itiné- 
raire d'Antonin  ,  qui  la  met  fur  la  route  de  iovia  à  Sir- 
mium  ,  entre  Serota  Se  Verei,  à  vingt  mille  pas  de  la  pre- 
mière ,  Se  à  vintg  deux  mille  de  la  féconde.  On  lit  dans 
la  notice  des  dignités  de  l'empire,  fetl.  57.  Marinante 
pour  Marinianx.  Lazius  juge  que  c'eft  Caflra  Marciana 
d'Ammien  Marcellin ,  &  ajoute  qu'on  nomme  aujour- 
d'hui ce  lieu  Margburg.  *  Ortelii  Thefaur. 
MARINIANI,  Voyez.  Cernetanj. 
1.  MARINO  (  a  )  ,  bourg  d'Italie  fur  le  grand  che- 
min de  Rome  à.  Naples  avec  titre  de  duché.  Il  appar- 
tient au  connétable  de  Colonne ,  qui  y  a  un  château 
magnifique.  L'églife  paroifliale  eft  grande,  belle  &  bien 
ornée:  fa  façade  eft  fur  une  aflez  grande  place ,  embellie 
d'une  fontaine  qui  feroit  honneur  à  Paris  fi  elle  y  étoit , 
Se  qui  fait  affront  à  toutes  celles  qu'on  y  voit  aujourd'hui. 
MArino  (b)  eft,  à  ce  qu'on  croit,  l'ancienne  Feren- 
tvnum  ou  Cuiia  Ladnorum.  On  l'appella  depuis  Villa 
Mariana  à  caufe  que  Marius  y  avoit  une  maifon  de  plai- 
fance.  Dans  le  voifinage,  étoient  à  main  droite  lssmai- 
fons  de  campagne  de  Murena ,  de  Lucullus  Se  de  Ci- 
céron ,  Se  un  peu  plus  loin  étoient  celles  de  Pontius  Se 
de  pluficurs  autres  qui  avoient  choifi  cette  agréable  fitua 
tion  pour  en  faire  un  lieu  de  divertifiemenr.  Au  deçà  , 
on  voit  à  droite  Se  à  gauche  de  très-beaux  jardins  qui  dé- 
pendent du  château. (a)  Labat ,  Voyage  d'Italie,  t.  8. 
p.  56. (b)  Corn.  Diction.  Journal  d'un  voyage  de  France 
Se  d'Italie. 

2.  MARINO,  (La  contrée  de  )  s'étend  du  levant  au 
couchant,  entre  la  plage  Romaine  ou  la  mer  de  l'Eglife 
au  midi ,  Se  la  Campagne  de  Rome  du  côté  du  nord  , 
dont  elle  eft  féparée  par  la  montagne  de  Segni.  Ses  au- 
tres bornes  font ,  la  terre  de  Labour  à  l'orient ,  le  Tibre 
qui  la  féparc  du  patrimoine  de  Saint  Pierre  à  l'occident. 
Terracine  Se  Nettuno  en  font  les  feules  places  dignes 
d'être  remarquées.  Ce  pays  où  l'on  voit  de  belles  plai- 
nes eft  fort  mal  peuplé  :  cela  vient  de  l'air  mal-fainqui 
y  règne  à  caufe  des  marais  Pontins. 

3.  MARINO  ou  Mariano,  bourg  d'Italie  dans  le 
duché  de  Milan  ,  environ  à  cinq  lieues  au  nord  de  la 
ville  de  Milan ,  entre  les  rivières  Lambro  Se  Lura  ou 
Settefe ,  à  égale  diftance  de  l'une  Se  de  l'autre.  *  Ma- 
gini ,  Carte  du  duché  de  Milan. 

MARINUM,  ville  d'Italie.  Strabon,  /.  5. p.  227. la 
met  dans  l'Umbrie ,  Se  elle  fe  nomme  aujourd'hui  S.  Ma- 
rini.  Céfar  Orlandius  ,  in  Sens,  antiquitat.  foutient  que 
les  interprêtes  de  Strabon  ont  fait  une  faute  en  mettant 
Camarimtm  pour  Marinum,  Ortelius  ,  Thefaur.  croit 
que  c'eft  cette  ville  qui  eft  nommée  Marianum  dans 
Paul-Diacre,  Longobard.  I.  3.  &  où  il  dit,  qu'il  fut 
tenu  un  concile,  à  moins  que  ce  ne  foit  le  Marinum 
de  la  Campanie  au  voifinage  d'Averfa,  Se  que  Scipion 
Mazella  appelle  Marigliano  ,  ou  plutôt  Roccha  di  Val 
di  Marino  dans  le  territoire  de  Trevife  ;  car,  dit  Orte- 
lius ,  tous  les  évêques  nommés  dans  ce  concile  étoient 
de  ces  quartiers. 


103 

MARINUS  LACUS ,  en  grec  A^i'ofl<*W«-*  lac  d'Ita- 
lie dans  la  Toscane ,  au  voifinage  du  port  d'Hercule  , 
félon  Strabon,  /.  3.  Les  cartes  le  nomment  aujourd'hui 
Lago  d'Orbitello.  *  Ortelii  Thefaur. 

MARIO  ou  Monte  Mario,  montagne  de  la  Cam- 
pagne de  Rome  fur  le  Tibre  ,  en  latin  Mont  Marti  ou 
Mons  Gandins.  Elle  eft  fort  près  de  la  ville  de  Rome , 
&  on  y  voit  plufieurs  belles  vignes. 

MARIOLA ,  montagne  d'Espagne  au  royaume  de  Va- 
lence ,  dans  le  voifinage  de  la  ville  d'Alcoy.  Cette  mon- 
tagne eft  remarquable  à  caufe  d'une  quantité  extraordi- 
naire de  rares  plantes ,  &  de  fimples  ou  herbes  médici- 
nales qui  s'y  trouvent  ;  ce  qui  fait  que  tous  les  ans  on  y 
voit  un  grand  nombre  de  médecins  Se  de  droguiftes  ou 
herboriftes  ,  qui  vont  de  toutes  les  provinces  d'Espagne 
faire  provîfion  de  ces  excellens  remèdes,  que  la  main  li- 
bérale du  fage  auteur  de  la  nature  y  a  préparés  pour  les 
divers  maux  des  hommes.  Sur  cette  montagne  eft  un 
bourg  nommé  Contentayna ,  Se  dont  le  nom  retient  quel- 
ques veftiges  de  celui  des  anciens  Conteftains  ou  Conte- 
flaniens  qui  habitoient  dans  cette  contrée.  Voyez.  Con- 
testant Toute  la  campagne  autour  de  ce  lieu  eft  arro- 
fée  de  plus  de  deux  cens  fontaines ,  qui  la  rendent  très- 
fertile.  Elle  a  titre  de  comté.  *  Délices  d'Espagne ,  t.  4. 
pag-  SI*-- 

i.MARIONISCivitas,  ville  de  la  Germanie.  Ptolo- 
mee ,  /.  1.  c.  n.  la  met  dans  la  partie  feptcntrionale , 
entre  Lirimiris  Se  Mariants  altéra.  Quelques-uns  jugenc  s 
que  c'eft  Lunebourg.  Cluvier  penfe  que  c'eft  Hambourg. 
2.  MARIONIS  Altéra.  Ptolomée,/.  2.  c.  11.  donne 
ce  nom  à  une  ville  qu'il  place  dans  la  partie  feptentrio- 
nale  de  la  Germanie  ,  entre  Mariants  Civitas  Se  Cœnoe- 
num.  Ortelius ,  Thefaur.  croit  que  c'eft  aujourd'hui  la 
ville  de  Lubec.  D'autres  la  prennent  pour  Sberir  ,  Se  d'au- 
tres pour  Sundis.  Cluvier  croit  que  c'eft  Wismar. 

MARIQUITES ,  peuples  errans  de  l'Amérique  mé- 
ridionale dans  le  Brefil.  De  l'ifle,  Atlas,  les  met  à  l'o- 
rient de  Fernambuc  Se  au  nord  de  la  rivière  de  faint 
François.  Ils  font  fort  fauvages.  Leurs  femmes  paroiffent 
arTez  belles  ,  &  combattent  avec  autant  de  courage  que 
les  hommes.  Ils  errent  par  les  forêts  à  la  manière  des  bê- 
tes ,  Se  attaquent  rarement  leurs  ennemis  à  guerre  ouver- 
te; mais  s'ils  les  peuvent  furprendre,  ils  les  accablent  8c 
fe  nourriffent  de  la  chair  de  ceux  qu'ils  font  prifonnierj. 
Ils  courent  d'une  fort  grande  vitefie  ,  Se  ne  font  pas  moins 
légers  à  fuir  qu'à  pourfuivre.  Quant  à  leur  taille  &  à  la 
conformation  de  leur  corps,  elle  eft  à  peuples  pareille 
à  celle  des  Periguares.  *  Corn.  Dict.  Laet ,  1.  j.  c.  4. 

1.  MARIS,  marais  de  la  Thrace ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  le  met  dans  le  pays  de  Cicones.  Ce  ma- 
rais avoit  donné  le  nom  à  la  ville  Maronée. 

2.  MARIS,  fleuve  de  la  Mœfie  Européenne  dans  le 
pays  des  Agathyrfi ,  félon  Hérodote  ,  /.  4.  c.  49. 

MARISBA.  Dictys  de  Crète  ,  /.  2.  nomme  ainfi  une 
ville  amie  des  Troyens.  Ortelius  prétend  qu'il  faut  lire 
Arisba,  Se  que  l'M  appartient  au  mot  qui  précède. 

MARISCA.  Voyez.  Transmarisca. 

MAR1SCH,  Merisch  ou  Maros,  rivière  de  la  Tran- 
filvanie.  Elle  a  fa  fource  dans  des  montagnes  au  nord 
de  cette  province  ,  Se  fon  cours  eft  d'abord  du  nord 
au  fud.  Après  avoir  mouillé  Newmarck  Se  Weiffen- 
bourg  ,  elle  coule  de  l'eft  à  l'oueft  ,  entre  dans  la  Hau- 
te Hongrie  où  elle  mouille  Lippa  Se  Chonad  ,  &  fe  dé- 
charge enfuite  dans  la  Teyffe  ,  auprès  de  Segedin.  Cette 
rivière  eft  le  Mari  fus  de  Strabon ,  le  Marus  de  Tacite  , 
Se  le  Maris  d'Hérodote  ;  dans  la  fuite  on  lui  donna  le 
nom  de  Marifms ,  Se  les  Hongrois  l'appellent  Maros.  * 
De  l'ifle,  Atlas. 

MARISNIE.  Voyez.  Maresme. 

MARISSA,  ville  de  la  tribu  de  Juda,  la  même  que 
Maresa,  ou  Maresechet  ,  ou  Morasthi.  Voyez, 
Maresa. 

MARISUS ,  en  grec  M«/wW  fleuve  des  Gétes ,  félon 
Strabon  ,  /.  7-  P-  5°4-  qui  dit  que  ce  fleuve  fe  jette  dans 
le  Danube.  C'eft  peut-être  le  même  qu'il  nomme  dans 
un  autre  endroit,  /.  7.  p.  jiî-Parisus.  On  croit  que 
c'eft  aujourd'hui  le  Marisch.  Voyez,  ce  mot. 

MARITH/E ,  montagnes  de  l'Arabie  Heureufe ,  fé- 
lon Ptolomée ,  /.  6.  c .  7.  Elles  font  nommées  *  Marti- 
mos  dans  les  cartes  des  modernes.  *  Ortelii  Thefaur. 


MAR 


104 

MARI  HMA  COLONIA ,  ville  de  la  Gaule  Nar- 
bonnoife.  Ptolomée  la  place  dans  le  pays  des  AnattU, 
que  Pline,  /.  3.  c  4.  Se  Pompomus  Mêla,  /;  1.  c.  ;. 
nomment  Avatici.  Mêla  ajoute  qu'elle  «01c  batiefur  la 
rive  de  letang des  Avatici.  On  prétend  que  c'eft  Mar- 

tigues. 

MARITIM/E  ALPES.  Voyez.  Ligusticum  Mare. 
MARITIME  STATIONES.  Stations  dans  l'Afrique. 
Ptolomée ,  /.  4-  c.  4.  les  place  dans  la  Cyrenaïque  entre 
le  promontoire  Drepanum  Se  le  port  de  Diarroea. 

MAR1TIMUS  CIRCUS ,  lieu  d'Italie  ainfi  nommé 
par  Tite-Live ,  /.  9.  c.  42. 

MARIUM  ,  ville  de  l'ifle  de  Cypre  ,  félon  Pline  ,  /. 
;.c.  3 1 .  êc  Etienne  le  géographe.  Ce  dernier  ajoute  qu'elle 
fut  depuis  nommée  Arfinoé. 

MARlUS ,  ville  libre  de  laLaconie  ,  félon  Paufanias, 
/.   3.  C.  21. 

MARIZA  ,  rivière  de  la  Romanie.  Elle  a  fa  fource  au 
pied  du  mont  Hémus ,  Se  court  du  nord-oueft  au  fud-eft 
jusqu'à  Andrinople.  Dans  cet  espace  elle  arrofe  No- 
vathelo  ,  Bazangik  &  Philippopoli ,  Se  entre  fa  fource  Se 
ces  trois  villes  elle  ferpente  beaucoup,  tournant  tantôt  au 
nord  -,  tantôt  au  midi.  A  Andrinople  elle  fait  un  coude  , 
Se  coule  alors  du  nord  au  fud  ,  ferpentant  encore  beau- 
coup fur  fa  route  ,  elle  mouille  Trajanopolis ,  après  quoi 
elle  va  fe  jetter  dans  le  golfe  de  Mégarife  auprès  d'Enos , 
vis-à-vis  de  l'ifle  Samandrachi.  Cette  rivière  eft  l'Hebre 
des  anciens.  On  dit  qu'elle  eft  navigable  depuis  fon  em- 
bouchure jusqu'à  Philippopoli.  De  L'ifle ,  Atlas. 

MAR1ZAN  ,  montagne  d'Afrique  dans  la  province  de 
Gutz  au  royaume  de  Fez^Elle  eft  fort  haute  Se  fort  froide, 
Se  fes  habitans  font  Bereberes ,  qui  vivent  dans  des  hutes 
faites  de  branches  d'arbres ,  ou  fous  des  nattes  de  jonc 
plantées  fut  des  pieux. 

Aufli  changent-ils  fouvent  de  retraite,  ne  demeurant 
en  un  lieu  qu'aurant  qu'il  fournit  de  l'herbe  pour  leurs 
troupeaux.  Ce  font  des  gens  riches  qui  ne  payent  tribut  à 
perfonne  ,  &  qui  ont  de  grands  haras  de  chevaux  & 
d'anes<  Ils  font  couvrir  leurs  âneffes  par  des  chevaux  pour 
avoir  des  mules  qu'ils  vont  vendre  à  Fez.  Ce  trafic  eft 
caufe  qu'ils  font  tous  les  ans  un  préfent  au  roi ,  Se  même 
comme  ils  font  braves ,  ils  le  vont  quelquefois  fervir  dans 
fes  guerres.  Ils  ne  craignent  rien  dans  leurs  montagnes  , 
parce  que  les  avenues  en  font  extrêmement  difficiles.  Ils 
font  plus  de  quatre  mille  combattans  en  bon  ordre ,  Se  par- 
mi eux  il  y  a  quelques  arquebufiers  Se  arbalétriers  -,  ils  vont 
tous  enfemble  ,  tant  Arabes  que  Bereberes.  Les  plus  con- 
fidérables  ont  des  chevaux  ,  mais  ils  s'en  fervent  aflez  ra- 
rement à  caufe  de  l'âpreté  de  la  montagne.  Us  n'ont  ni 
do&eurs  ni  juges ,  Se  vivent  parmi  ces  rochers  comme  des 
fauvages. 

MARKET-JEW ,  petite  ville  ou  bourg  d'Angleterre 
dans  la  province  de  Cornouaille.  11  s'y  tient  un  marché. 
*  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1.  p.  50. 

MARKETRAS1N ,  ville  d'Angleterre  dans  le  comté 
de  Lincoln ,  félon  Corneille ,  Dift.  qui  dit  qu'elle  eft  fi- 
tuée  proche  de  la  rivière  d'Ankam.  Cette  prétendue  ville 
pourroit  bien  être  quelque  hameau ,  ou  quelque  petit  vil- 
lage :  du  moins  l'état  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ne 
la  met-il ,  ni  dans  le  rang  des  villes ,  ni  dans  celui  des 
bourgs. 

1.  MARLE  ou  Marne,  rivière  de  l'Amérique  fep- 
-  tentrionale  dans  la  Louifiane.  C'eft  une  petite  rivière  dan- 

gereufe.  Elle  fe  jette  dans  la  grande  rivière  Rouge  au  pays 
des  Cadodaquios ,  à  la  bande  de  l'oueft  fur  la  route  des 
Cenis  au  Akanfa  Se  au  Miiîiflîpi.  Ce  nom  lui  a  été  donné, 
parce  que  le  nommé  de  Marie  ou  de  Marne  de  la  com- 
pagnie des  fieurs  Cavelier  Se  Joutel  s'y  noya  en  voulant 
s'y  baigner. 

2.  MARLE  ,  petite  ville  de  France  dans  la  Picardie, 
élection  de  Laon  ,  à  trois  lieues  de  Guife  fur  la  Serre  dans 
le  Thiérache.  Ceflun  gouvernement  particulier  du  gou- 
vernement militaire  de  Picardie.  Elle  a  titre  de  comté , 
&  elle  eft  fiége  d'un  bailliage ,  d'une  gruérie  Se  d'un  gre- 
nier à  fel.  Elle  fait  partie  de  la  rm'irriTe  des  eaux  Se  forêts 
de  la  Ferre  à  laquelle  elle  fut  réunie  vers  l'an  1703.  avec 
celle  de  S.  Quentin. 

3.  MARLE  ,  (  Le  comte  de  )  qui  a  appartenu  à  la  mai- 
fon  de  Coucy,  parla  par  mariage  à  Robert  de  Bar,  dont 
h  fille  Jeanne  de  Bar  époufa  le  connétable  de  faine  Pol, 


MAR 


Leur  fils  Pierre  de  Luxembourg  eut  une  fille  nommée 
Marie  ,  qui  époufa  François  de  Bourbon  comte  de  Ven- 
dôme, à  qui  elle  apporta  de  grands  biens,  &  le  comté 
de  Marie  fut  donné  à  fon  petit  fils  Antoine  roi  de  Navar- 
re ,  qui  le  laifia  à  fon  fils  Henri  IV.  roi  de  France  &  de  Na- 
varre ,  par  où  cette  terre ,  comme  les  autres  biens  pa- 
trimoniaux de  ce  monarque ,  furent  unis  à  la  couronne. 
Depuis  le  comté  de  Marie  a  été  aliéné  à  la  maifon  de 
Mazarin.  *  Longuerue ,  Defcription  de  la  France ,  part.  1. 
pag.  64. 

MARLEBOROUGH  ou  Marleorough  ,  bourg 
d'Angleterre  dans  le  Wiltshire.  C'eft  le  Cunetio  des  an- 
ciens. Il  eft  fitué  fur  le  Kennet ,  &  remarquable  par  le  ti- 
tre de  duc  qu'il  a  donné  à  l'un  des  plus  grands  héros  de 
notre  fiécle.  Il  s'y  tient  un  marché.  *  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne,  tom.  1.  pag.  124. 

MARLEM  ou  le  bourg  de  Marlem  ,  bourg  de 
France  dans  la  Baffe  Alface  ,  entre  Saverne  Se  Molsheim. 
C'étoit  autrefois  une  ville  confidérable  ,  même  du  tems  de 
faint  Grégoire  de  Tours;  Se  il  parok  que  les  rois  d'Auftra- 
fie  y  avoient  une  maifon  de  plaifance. 

MARLON,  forêt  de  France  dans  la  maîtrife  des  eaux 
Se  forêts  de  Grenoble.  Elle  eft  de  treize  cent  fax  arpens. 

1.  MARLOW  ,  Merlow  ou  Morlow  (  a  ) ,  petite 
ville  d'Allemagne  au  cercle  de  la  Baffe  Saxe  dans  le  duché 
de  Mecklenbourg  fur  la  Reckenits ,  entre  Suite  Se  Ribe- 
nits.  Elle  eft  chef-lieu  d'un  petit  bailliage.  Micrélius . 
F  orner.  I.  i.c.65.  croit  que  l'état  ou  la  feigneurie  de  Wer- 
le,  qui  avoit  été  établie  dans  le  Mecklenbourg  par  les 
Rugiens ,  comprenoit  Merlow  Se  le  pays  d'alentour.  En 
effet  il  eft  fait  mention  de  Merlow  dans  les  hiftoires  qui 
parlent  des  feigneurs  des  Werlé.  Pontanus  (  b  )  ,  hifto- 
rien  de  Danemarck,  dit  que  Marguerite  veuve  de  Nicolas 
de  \Pcrle  ,  céda  en  13  16.  à  Erich  roi  de  Danemarck  les 
villes  de  Ribenits  ,  de  Sulten  Se  de  Merlow  qui  lui  avoient 
été  aflignées  pour  fon  douaire,  (a  )Zcyler  ,  Top.  Infer. 
Saxon,  (b)  Reritm  Dan.  I.  7.  p.  41  j. 

2.  MARLO\P  ,  bourg  d'Angleterre  dans  le  Buckin- 
ghamshire.  On  y  tient  marché  public.  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne ,  tom.  1. 

MARLY,  maifon  royale  fituée  entre  Verfailles  Se  S. 
Germain  dans  un  vallon ,  à  l'extrémité  d'une  forêt  qui 
porte  le  même  nom  ,  Se  joint  le  parc  de  Verfailles  d'un 
côté ,  &  s'approche  fort  de  l'enclos  de  la  forêt  de  faine 
Germain. 

Le  roi  Louis  XIV  choifit  la  tête  de  ce  vallon  pour  y 
établir  un  endroit  où  il  pût  faire  des  retours  de  chaffe , 
à  caufe  d'une  échapée  de  vue  qui  s'élargit  dans  le  bas,  8e 
fait  découvrir  les  château  Se  ville  de  S.  Germain  à  la  gau- 
che, élevé  fur  une  hauteur  à  une  lieue  environ  de  di- 
ftance,  Se  le  cours  de  la  rivière  de  Seine  dans  la  plaine 
au-deffous  en  une  allez  grande  étendue ,  ornée  de  plu- 
fieurs  gros  villages  Se  de  différents  payfages  qui  rendenc 
cette  vue  des  plus  agtéables. 

Pour  profiter  de  cette  fituation  Se  donner  tous  les 
agrémens  convenables  à  l'ufage  que  le  roi  s'éroit  propofs 
d'en  faire ,  il  ordonna  de  dispofer  plufieurs  bâtimens  dis- 
perfés  avec  régularité  dans  l'espace  d'un  grand  Se  magni- 
fique jardin  ,  fur  lequel  ils  auraient  leurs  forties  ;  Se  de 
contenir  le  tout  dans  une  étendue  de  parc  fermé. 

On  a  profité  de  l'espace  le  moins  rempant  vers  le  mi- 
lieu de  la  descente  du  vallon  ,  pour  y  placer  un  gros  pa- 
villon carré  de  vingt-une  toifes  ,  en  forme  de  palais  de- 
ftiné  à  la  perfonne  du  roi  &  à  la  famille  royale ,  comme 
au  centre  de  tout ,  Se  quatre  autres  pavillons  féparés  à 
une  diftance  des  faces  des  côtés  de  ce  palais,  dont  l'un  des 
deux  du  côté  de  l'entrée  principale ,  contient  une  cha- 
pelle, l'autre  la  fale  des  gardes,  avec  chacun  une  petite 
aile  qui  aboutit  fur  une  place  qui  fert  d'avant-cour. 

Les  deux  autres  ,  à  pareille  diftance ,  fontdiftribués  en 
appartenons  pour  les  princes,  &  l'intervalle  entre  ces  deux 
pavillons  étoit  fermé  d'un  mur  de  même  hauteur ,  fur  le- 
quel étoit  peinte  une  belle  perfpeétive  par  le  fieur  Rouf- 
feau.pour  cacher  des  offices  derrière;  cette  perfpeétive 
a  été  effacée  pour  y  percer  des  croifées  qui  éclairent  d'au- 
tres appartenons  ;  ce  qui  ne  fait  plus  avec  les  deux  pa- 
villons qu'un  feul  corps  de  bâtiment. 

Sur  les  deux  côtés  de  la  largeur  de  la  partie  du  jardin  , 
qui  fe  préfenre  à  la  face  du  palais ,  en  descendant  vers 
le  bas  du  vallon,  ont  été  dispofés  douze  pavillons  aufli 

féparés 


MAR 


V 

fépatés  pour  loger  des  feigneurs  de  la  cour ,  de  trente 
pieds  carrés  ,  ou  environ  ,  le  long  des  terraffes  en  pente 
douce,  qui  régnent  dans  ces  deux  côtés: ces  lignes  de 
pavillons  ont  cent  toifes  de  diftance  de  l'une  à  l'autre. 

Et  comme  il  a  fallu  beaucoup  d'autres  batimens ,  on  les 
a  placés  dans  des  cours  derrière  ,  «Se  ils  ne  fe  voient  pas 
des  jardins» 

On  y  arrive  de  Verfailles ,  par  deux  différais  endroits  : 
l'un  par  une  grande  route  plantée  de  quatre  rangs  d'ar- 
bres ,  qui  conduit  au  port  de  Marly  «Se  à  S.  Germain  en 
Laye,  dans  laquelle,  vis-à-vis  le  gros  pavillon  qui  fert 
de  palais,  eft  une  grande  ouverture  fermée  de  grilles  de 
fer ,  avec  une  large  porte  au  milieu ,  très-ornée  «Se  cou- 
ronnée d'un  defius  avec  les  armes  du  roi. 

Ceft  par  cette  grille  que  l'on  entre  dans  une  vafte 
place  ,  dans  laquelle  la  garde  fe  met  en  bataille  ,  lors- 
que le  roi  entre  &  fort  par  ce  côté.  De  cette  place  on  des- 
cend par  une  avenue  en  rempe  de  cent  quinze  toifes  de 
longueur  ,  bordée  de  murs  des  deux  côtés ,  qui  foutien- 
nent  les  terres  des  jardins  qui  font  plus  élevés ,  avec  des 
paliftades  «Se  deux  rangs  de  grands  arbres. 

Aux  deux  côtés  de  la  place  d'en  haut  font  les  corps  de 
garde  ,  entre  lesquels  il  y  a  deux  portes  qui  entrent  dans 
de  grandes  cours  féparées,  en  l'une  desquelles  font  les 
écuries  du  roi ,  les  remifes  de  carroffes;  &  dans  le  defius, 
des  .logemens  pour  ceux  qui  deffervent  les  écuries ,  avec 
d'autres  pour  les  officiers  de  la  garde  ;  Se  dans  l'autre  les 
écuries  des  gardes  du  corps  >  de  grands  abreuvoirs  &  les 
logemens  «Se  commodités  convenables. 

L'autre  entrée  eft  par  le  parc  de  Verfailles  -,  que  l'on 
traverfe ,  &  par  celui  de  Marly  qui  le  joint  «Se  qui  aboutit 
au  petit  parc  qui  renferme  tous  les  jardins  «Se  promena- 
des, dans  le  mur  duquel  eft  une  grande  grille  de  fer.  Cette 
grille  entre  dans  l'allée  d'un  bois  qui  conduit  au  haut 
d'une  rempe  qui  descend  aux  parterres  au-devant  de  cette 
face  du  palais ,  bordée  d'arbres,  de  paliftades  «Se  bosquets 
des  deux  côtés. 

Le  gros  pavillon  formant  le  palais  au  centre  de  tout, 
a  une  terraffe  qui  l'environne ,  avec  des  pans  dans  les  an- 
gles ,  à  laquelle  on  monte  par  quatre  perrons ,  un  au 
milieu  de  chaque  face,  &  quatre  Tempes  dans  les  pans, 
il  y  a  feize  piédeftaux  ,  deux  à  chaque  perron  ou  rempes , 
fur  lesquels  font  des  grouppes  d'en  fans  «Se  des  focles  au 
bas  des  marches,  qui  portent  de  riches  vafes  dans  les- 
quels on  met  des  faix  pour  éclairer  la  nuit;  ces  group- 
pes «Se  torchères  font  de  plomb  «Se  étain  bronzés  ;  les  in- 
tervalles font  avec  des  baluftrades  de  fer  «Se  de  bronze , 
très-riches  «Se  dorées. 

On  entre  de  ces  terraffes  dans  le  corps  du  château 
par  quatre  grandes  portes ,  une  à  chaque  face  ,  dans  au- 
tant de  veftibules  bien  décorés,  qui  conduifent  à  un  ma- 
gnifique falon  à  pan  au  milieu  du  pavillon ,  de  quaran- 
te-huit pieds  de  diamètre,  qui  eft  éclairé,  dans  le  haut, 
par  des  ter  rafles  qui  régnent  au  pourtour  du  fécond  or- 
dre ,  qui  en  foutient  la  coupe  en  forme  de  dôme.  Il  y  a 
une  cheminée  de  matbre  à  chacun  des  quatre  pans  dans 
une  arcade  •renfoncée  ,  qui  renferme  de  grandes  glaces 
entourées  de  riches  bordures  dorées,  le  reftedes  déco- 
rations de  ce  falon  eft  rempli  de  riches  ornemens. 

Les  quatre  veftibules  distribuent  à  quatre  apparte- 
mens  dans  les  angles ,  pour  le  roi ,  la  reine  ,  le  dau- 
phin «Se  une  princefle.  Cet  étage  bas  a  vingt-trois  pieds 
de  haut  fous  le  plancher,  au-defifus  duquel  en  eft  un 
autre  d'attique  de  quinze  pieds  de  hauteur  ,  diftribué  à 
plufieurs  appartemens  dans  les  quatre  faces  ,  ayant  vue 
fur  les  jardins ,  pour  les  grands  officiers  de  la  couronne, 
qui  ont  le  fervice.  On  y  communique  par  une  galerie 
qui  règne  autour ,  le  long  de  la  tetralTe  qui  éclaire  le 
falon  ,  «Se  lui  donne  aufli  du  jour  ;  pour  y  monter ,  il 
y  a  deux  degrés ,  dans  lesquels  on  entre  par  deux  des 
veftibules  d'en  bas. 

^  Toutes  les  faces  extérieures  de  ce  palais  font  déco- 
rées par  des  peintures  à  fresque ,  avec  pilâftres  d'ordre 
corinthien ,  feints  de  matbre  «Se  ornés  de  bafes  «Se  cha- 
piteaux feints  d'or  :  divers  cartouches  «Se  ornemens  fin- 
guliêrs,  renfermant  des  bas  reliefs  mêlés  de  guirlandes  de 
fleurs  en  coloris,  ornent  les  faces,  Se  le  tout  eft  cou- 
ronné d'un  entablement  fur  lequel  s'élève  une  balu- 
ftrade  au  pourtour ,  dont  les  piédeftaux  font  feints  de 


MAR 


Î0S 


marbre ,  Se  les  baluftres  couleur  d'or ,  fur  les  angles 
de  laquelle  font  des  grouppes  d'enfans ,  qui  accompa- 
gnent des  corbeilles  de  fleurs ,  en  fculpture  ,  Se  des 
vafes  fur  les  tremaux  ;  Se  dans  le  milieu  des  faces  font 
des  frontons  renfermant  de  grands  bas  relief  de  fujets 
diftérens,  couronnés  par  d'autres  grouppes  accompa- 
gnés de  fleurs,  le  tout  fans  combles  qui  paroiflent, 
étant  en  dedans  derrière  les  baluftrades. 

Les  quatre  gros  pavillons  les  plus  proches  du  châ- 
teau ,  ont  deux  pareils  étages ,  Se  ,  font  aufli  peints  par 
les  faces  extérieures ,  mais  moins  richement.  La  chapelle 
en  dedans  de  l'un  des  deux  ,  eft  décorée  de  pilâftres 
corinthiens  «Se  autres  architectures,  Amplement  blan- 
chie fans  aucune  dorure  qu'à  l'autel. 

Les  douzes  pavillons ,  le  long  des  deux  côtés  de  la 
gtande  partie  du  jardin  ,  ont  chacun  deux  étages  moins 
hauts  que  les  autres  ,  formant  deux  appartemens.  Ils 
font  peints  pareillement  par  les  faces  extérieures  , 
les  intervalles  d'un  pavillon  à  Vautre  ,  font  avec  des  ber- 
ceaux de  treillages  qui  communiquent  de  l'un  à  l'autre  » 
revêtus  Se  couverts  de  charmilles  Se  arbuftres  bien  fon- 
dus, Se  les  mêmes  berceaux  continuent  jusquàux  pa- 
villons près  du  château,  Se  au  delà  de  ces  pavillons 
jusqu'aux  bas  de  la  descente  appellée  la  Rivière.  Tous 
les  autres  batimens,  dans  les  cours  féparées  derrière, 
font  aufli  peints, en  leurs  faces,  avec  des  cantalabres, 
des  cadres  Se  panneaux  de  différais  marbres. 

Les  jardins  ,  à  commencer  par  le  haut  de  la  des- 
cente qui  arrive  du  coté  de  Verfailles ,  font  arrangés 
avec  beaucoup  d'induftrie  ,  pour  ménager  les  grandes 
pentes  qu'a  ce  vallon  en  fa  longueur  ,  jusqu'à  l'extrémi- 
té d'en  bas  Se  en  leur  largeur  des  deux  côtés  ,  au 
moyen  des  différentes  terrafies  ,  glacis  &  parties  re- 
haufïécs  en  terres  pour  faire  de  grandes  planimétries  , 
en  forte  que  du  perron  du  palais  on  découvre  de  la 
tête  aux  pieds  tous  ceux  qui  fe  promènent  dans  les 
allées  non  renfermées  dans  des  bosquets. 

La  rempe  appellée  la  Rivière  ,  qui  descend  au  par- 
terre devant  le  palais  du  côté  de  Verfailles  ,  a  une  tête 
dans  le  haut  revêtue  de  marbre  blanc,  avec  deux  group- 
pes de  figures  aux  extrémités  ,  «Se  trois  corps  taillés  ,ert 
glaçons  ,  fur  lesquels  font  des  têtes  de  monftres  ma- 
rins ,  qui  vomiflent  dans  un  baflin  trois  monftrueux 
effets  d'eau  ;  ils  fournilToient  aux  autres  baflins  formant: 
des  nappes  au  deffous  par  gradin  jusque  dans  le  bas ,  ce 
qui  avoit  donné  le  nom  de  Rivière  à  cette  partie 
par  leurs  divifions  qui  la  faifoient  reflembler  à  une  eau 
coulante ,  avec  un  mouvement  un  peu  vif  ;  ces  nappes 
&  baifins  étoient  de  marbre  de  différentes  couleurs ,  Se 
les  côtés  en  étoient  revêtus  >  cette  rivière  a  été  fuppri- 
mée;  Se  du  baflin  qui  reçoit  les  effets  d'eau  d'en  haut 
jusqu'à  la  tête  de  la  pièce  au  bas  de  cette  rempe,  il 
n'y  a  plus  qu'un  tapis  de  gazon. 

Cette  pièce  au  bas  de  la  rempe  où  l'eau  d'en  haut  fe 
communique  préfentement  par  des  conduites,  s'appelle 
pièce  des  Vues  ;  tous  fes  différents  baflins ,  nappes  Se 
côtés  rempans ,  jusqu'à  la  terraffe  au-deffous,  font  re- 
vêtus de  marbres  de  toutes  couleurs ,  le  fond  à  la  tête 
formant  des  lignes  circulaires  avec  un  avant-corps ,  eft 
revêtu  de  marbre  blanc  avec  des  glaçons  taillés ,  Se  qui 
fe  termine  dans  le  milieu  par  deux  confoles  en  ma- 
niera de  fronton  ,  ayant  entre  les  volutes  d'en  haut , 
une  groffe  tête  de  monftre  avec  des  nageoires  dévelo- 
pées ,  Se  au  deflus  un  Neptune  «Se  une  Amphitrite  de 
dix  pieds  de  proportion  ,  aflifes  fur  les  rempans  des, 
confoles,  accompagnés  d'enfans  «Se  attributs  de  mari- 
ne ,  ouvrage  de  Couftou  le  jeune. 

Le  monftre  marin ,  entre  les  deux  confoles  du  haut 
&  d'autres  parties  ,  poufle  grande  quantité  d'eau  dans 
une  conque  marine  au-deffous ,  d'où  elle  fe  répand  en 
cascades  par  gradins  dans  le  baflin  d'en  bas  ;  Se  dans 
les  revêtemens  de  marbre,  des  deux  côiés,  font  placés 
des  grouppes  de  Tritons  qui  accompagnent  de  grandes 
coquilles  qui  font  d'autres  effets  ;  «Se  à  des  pilâftres  dans 
les  intervalles  qui  féparenr  ces  eflets,  font  des  têtes  de 
vents  qui  pouffent  des  lances  d'eau  ,  avec  grande  ra- 
pidité, dans  le  grand  baflin  qui  a  plufieurs  iets  divifés 
formant  des  bouillons.  Le  tout  enièmb'e  fait  un  fpe- 
ctacle  de  divers  effets  de  fontaines ,  qui  furprend  ,  à  l'a- 
fpeCt  du  clutçau. 

tem.  IV.  Q 


io6 


MAR 


MAR 


Cette  pièce ,  qui  termine  le  bas  de  la  rempe  ,  abou- 
tit fur  une  tetralïc  qui  domine  fur  un  parterre  au-de- 
vant de  la  face  du  château  de  ce  côté.  Cette  ter  rafle  , 
en  ligne  droite  au  milieu ,  a  un  grand  perron  ,  de  toute 
la  largeur  de  la  pièce  d  eau ,  au-deiïus ,  qui  descend  dans 
ce  parterre,  appuyé  par  les  bouts  de  gros  piedeltaux  , 
fur  lesquels  font  pofes  des  grouppes  de  figures  de  mar- 
bre, aux  côtés  desquels- elle  s'élargit  en  lignes  circulai- 
res le  long  des  berceaux  de  treillages  qui  la  bordent  jus- 
qu  a  une  dutance,  au  bout  de  laquelle  elle  descend  par 
d'autres  perrons-  dans  les  allées  du  parterre ,  appuyés 
pareillement  de  grouppes  &  de  vafes. 

Dans  la  partie  au-deflous  du  château  qui  regarde  la 
•rivière  ,  étoit  un  pareil  parterre  ;  mais  il  a  été  détruit, 
ôc  l'on  n'y  a  laiflé  qu  une  terrafle  fablee  ,  au  bout  de  la- 
quelle eft  un  autre  grand  perron  appuyé  à  Ces  extrémités 
par  deux  grouppes  de  figure  de  plomb  &  d  étain  bronzé, 
ôc  fur  les  côtes  de  ces  deux  parterres  ou  terraifes  labiées , 
font  quatre  petits  bosquets  rbrmans  des  fales  de  verdure , 
dans  le  milieu  desquels  font  à  chacun  une  petite  figure 
de  marbre  fur  un  piedeltal ,  dont  la  plus  finguliere  eft 
l'Aftalante  antique. 

De  cette  première  ret rafle ,  on  descend  fur  cette  fé- 
conde qui  elt  large  ,  ôc  lur  laquelle  eft  un  carré  d'eau, 
appelle  les  quatre  Gerbes ,  revêtu  de   rocailles  en  fou 

f>ourtour,  avec  quatre  baflins  aux  quatre  angles,  où  s  é- 
event  ces  gerbes ,  qui  fe  répandent  par  des  nappes  dans 
la  pièce  d'eau  ;  il  y  a  aux  deux  côté-,  de  cette  pièce  deux 
bosquets  avec  chacun  un  baflin  de  fontaine  au  milieu  , 
dont  les  arbres  &  verdures  qui  les  forment  font  tondus 
par  deflus  comme  un  pré ,  pour  ne  point  ôter  de  vue 
aux  terrafles  fupérieures. 

Le  jardin,  qui  s'élargit  en  cette  partie  jusqu'aux  lignes 
des  pavillons  qui  le  bordent ,  a  les  mêmes  terrafles  le 
long  de  ces  pavillons  ,  foutenues  par  des  glacis  de  gazon 
qui  fe  dégauchiflent  fuivant  la  pente  fur  laquelle  les 
pavillons  font  aflis.  La  première  terrafle  elt  bordée 
d'une  paliflade  d'appui  ;  la  féconde  eft  plantée  de  til- 
leuls ,  dont  le  tronc  fournit  des  pouflès  de  feuilles 
depuis  le  pied ,  tondues  en  forme  de  colomnes  qui 
fouriennent  quatre  ceint res  d'arcades  en  chaque  partie  , 
ôc  d'autres  en  diagonal  ,  qui  forment  des  voûtes  d'ar- 
têtes  ,  fur  lesquelles  les  branches  ont  été  courbées.  & 
couchées  dejeuneflé,  garniffant  le  tout  de  feuilles  qui 
font  tondues  fuivant  les  ceintres ,  que  l'on  appelle  por- 
tiques ,  ôc  un  brin  de  la  tige  qui  s'élève  au  deflus ,  elt 
tondu  en  vafe  ,  porté  fur  chaque  colomne. 

Une  autre  terrafle  ,  au  deflous ,  eft  plantée  de  deux 
rangs  d'ormes,  avec  des  charmilles  formant  des  caillés 
au  pied  :  ces  ormes  font  arrêtés  à  une  certaine  hauteur 
uniforme  ,  Se  les  têtes  font  tondues  en  rondeur  fphéri- 
que ,  formant  des  espèces  d'orangers.  A  l'extrémité  de 
chacune  de  ces  allées,  font  deux  baflins  avec  de  grofles 
fontaines  :  routes  ces  terrafles  aboutiflent  par  les  côtés  , 
comme  celle  de  la  tête,  à  un  gtand  espace  qu'elles  ren- 
ferment,, ou  eft  une  magnifique  pièce  d'eau  ,  entourée 
d'allées ,  au  milieu  de  laquelle  eft  une  grofle  fontaine  , 
dont  les  eaux  s'élèvent  à  une  très-grande  hauteur. 

Cette  grande  partie  eft  en  terrafle  fur  une  autre  bafe 
qui  termine  le  jardin  ,  dans  laquelle  eft  une  pièce  d'eau, 
delà  forme  qu'elle  figure  ,  entourée  d'allées,  &  la  hau- 
teur que  fait  la  partie  fupérieure  eft  ouverte,  &  Reçoit 
toutes  les  eaux  d'enhaut  qui  descendent  en  cascades  & 
par  nappes  jusqu'en  bas;  cette  cascade ,  d'une  grande 
étendue  ,  eft  appuyée  dans  les  bouts,  par  deux  baflins  avec 
de  grofles  gerbes ,  qui  fe  répandent  en  nappes  ôc  fe  mê- 
lent avec  les  eaux  de  la  cascade.  Quatre  beaux  group- 
pes de  marbre,  repréfenrant  des  fleuves,  l'accompagnent  ; 
ils  font  des  fleurs  Couftou  l'aîné  ôc  Vancléves. 

La  pièce  baffe,  au-deflbus ,  reçoit  toutes  les  eaux  fupe- 
rieures  du  jardin  ,  &  a  plufieurs  gros  bouillons  d  eau  qui 
s'élèvent.  L'allée  qui  U  termine  dans  le  bout,  elt  en 
terrafle  au-deflus  du  chemin  qui  traverfe  devant  pour 
aller  à  faint  Germain.  Cette  terrafle  d'une  grande  éten- 
due, eft  avec  une  baluftrade  de  fer,  en  partie  dorée, 
cV  dans  les  exrrémités  font  des  gros  piédeftaux  de  mar- 
bre blanc,  fur  lesquels  étoient  pofés  les  deux  grouppes 
de  Mercure  Ôc  de  la  Renommée,  montés  fur  des  che- 
vaux accompagnés  de  trophées ,  ouvrage  de  Coisvox  ; 
ils  ont  été  portés  au  bouc  du  jardin  des  Tuilleries  à  Pa- 


ris ;  le  toi  Louis  XV.  en  a  ordonné  deux  antres  diffé» 
rens ,  chacun  d'un  cheval  cabré ,  retenu  avec  force  par 
une  figure  d'homme  en  pied  ,  a  l'inliar  de  ceux  de  Mon- 
té-Cavallo  à  Rome. 

Cette  terrafle  ,  qui  termine  le  jardin  ,  eft  revêtue  d'un 
mur  de  pierres  au-deflous  de  la  baluitrade  de  fer  ,  dé- 
coré en  dehors  par  de  gros  corps  de  pilaftres  vernicu- 
lés  en  fculptures ,  avec  de  grandes  tables  dans  les  in- 
tervalles taillées  de  glaçons,  Ôc  au  devant ,  dans  la  place 
que  laiflé  le  chemin  ,  elt  un  baflin  fupérieur  qui  reçoit 
toutes  les  taux  du  jardin  ,  lesquelles  tombent  par 
trois  grandes  nappes  dans  un  autre  au-deflbus,  qui  for- 
me un  abreuvoir  qui  ferc  à  tous  les  pafagers  ;  il  y  a 
trois  groiies  gerbes  au  baflin  lupérieur,  ôc  le  tout  eft 
revêtu  de  murs  avec  piedeltaux  ôc  tables  taillées  en 
glaçons. 

Au  devant  de  cette  partie  eft  une  place  entourée  de 
grands  arbres  avec  une  avenue  de  toute  la  largeur  de 
la  terrafle  ,  dans  laquelle  le  chemin  pafle  ;  il  descend  à 
une  autre  ronde  où  eft  un  grand  balim  de  vingt  toifes 
de  diamètre ,  avec  une  grofle  gerbe  au  milieu,  qui  eft 
formée  pat  plus  de  trois  cens  jets  ,  provenans  de  toutes 
les  eaux  de  Marly. 

Les  deux  bosquets  en  dedans  du  parc  derrière  les  lignes 
des  pavillons , font  partie  du  jardin;  l'un  a  gauche  s'ap- 
pelle bosquet  detf Sénateurs,  &  l'autre  bosquet  d'Agrip- 
pine  :  le  premier  eft  planté  de  belles  promenades  mê- 
lées de  fales  ;  il  y  a  un  petit  mail ,  ôc  dans  un  bout  eft 
une  pièce  d'eau  renfermée  d'aibres,  entourée  d  une  ba- 
luftrade de  fer  dorée  en  partie ,  avec  une  grofle  fon- 
taine qui  s'eleve  au  milieu,  beaucoup  de  parties  font  or- 
nées de  figures  de  marbre ,  dont  les  plus  remarquables 
eft  un  grouppe  du  tems  par  Pugeti  un  autre  d'enfans 
avec  un  bouc  à  qui  ils  donnent  d.s  raifii  s  par  l'Al- 
garde;  le  petit  Auteur  antique  ôc  une  Diane  de  Fla- 
mand; les  autres  font  antiques  repréfentant  des  féna- 
teurs  qui  ont  donné  le  nom  au  bosquet. 

Le  fécond  a  une  place  à  fon  entrée  traverfée  par  une 
allée  qui  va  d'un  bout  à  l'autre  ,  plantée  d'arbres  &  de 
charmilles.  Dans  quatre  parties  de  la  figure  de  cette 
place ,  font  des  fontaines  avec  des  figures  de  marbre 
élevées  fur  des  piédeftaux,  autour  desquels  tombent 
des  nappes  d'eau  dans  des  baflins  bas  fortant  de  delînus 
les  pieds  des  figures,  &  dans  le  fond  vis-à-vis  l'entrée, 
qui  eft  plus  élevé, eft  la  figure  d'Agiippine,  quia  donné 
le  nom  au  bosquet ,  dans  un  baflin  le  long  d'une  allée 
fupéiieure ,  portée  fur  une  espèce  de  cuve  qui  répand 
beaucoup  d'eau  en  nappe  ,  ôc  en  tombant  fur  des  gra- 
dins ,  de  toute  la  longueur  de  la  place  ,  forme  quatre 
ou  cinq  chutes  très-brillantes. 

A  un  bout  de  l'allée,  qui  traverfe  la  longueur  du 
bosquet  ,  eft  une  cascade  champêtre  qui  descend  fur 
une  pente  rapide  ,  au  haut  de  laquelle  eft  un  grand 
baflin  qui  en  a  ,  dans  fon  milieu ,  un  autre  petit  élevé  de 
métal  doré  ,  elle  eft  portée  par  trois  tritons  de  même ,  la 
rempe  eft  bordée  par  les  côtés  de  tablettes  de  marbre  de 
couleur  ,  avec  des  focles  de  diftances  en  diftances ,  fur  les- 
quels font  des  ftarues  de  marbre  blanc.  Ces  côtés  ren- 
ferment plufieurs  baflins  formant  des  cascades  par  des 
chutes  d'eau,  garnis  de  bouillons,  lesquels  tombent  par 
une  nappe  plus  haute  ,  dans  un  baflin  bas  ;  ôc  à.  l'autre 
extrémité  de  l'allée  eft  une  fale  d'arbres ,  dans  laquelle 
eft  une  pièce  d'eau  longue,  arrondie  par  les  extrémi- 
tés, entourée  d'une  baluflrade  de  fer  doré,  avec  un 
grouppe  de  quatre  nymphes  aufli  dorées,  entre  les- 
quelles s'élève  une  belle  fontaine. 

Au-delà  de  ces  bosquets ,  font  les  autres  promenades 
fur  les  hauteurs,  bien  traverfées  d'allées  pour  l.es  calè- 
ches, ôc  dans  des  parties  font  de  très-grands  réfervoirs, 
ainfi  que  dans  le  dehors,  qui  reçoivent  les  eaux  de  la 
rivière  de  Seine  par  la  machine  de  Marly  ,  ôc  les 
fou rn/flent  à  tous  les  effets  du  jardin.  Cette  machine  en 
élevé  jusqu'à  trois  cens  pouces  cubes  dans  les  tems 
que  toutes  les  roues  tournent  bien  ôc  que  la  rivière  eft 
bonne  à  leur  donner  un  mouvement. 

Ce  palais,  ces  jardins,  ces  fontaines,  &c.  onf  été 
faits  fur  les  defléins  ôc  par  les  foins  de  Manl'ard.  *  Ga- 
briel,  père ,  chevalier  de  S.  Michel,  ttupicLur  général 
des  bâùmerts  du  roi ,  &  premier  architette  de  fa  majefté \ 
&  diretleur  de  l'académie  royale  d" architecture. 


MAR 


MAR 


i,  MARLY,  eft  le  lieu  de  la  naifi'ance  de  S.  Thibaut 
de  la  mai  fou  de  Montmorency.  *  Baitlet ,  Topogr.  des 
Saints  ,  pag.  61 3. 

3.  MARLY,  (  La  Machine  de)  deftinée  à  élever 
îes  eaux  ,  fur  la  rivière  de  Seine ,  entre  Marly  &  la 
chauffée.  Ceft  un  ouvrage  unique  dans  fon  espèce.  Elle 
cû  compofée  de  quatorze  roues,  fepe  •fur  le  devant  6c 
autant  fur  le  derrière.  Ces  roues  ont  chacune  deux  ma- 
nivelles qui  font  attelées  à  treize  grandes  chaînes ,  à 
fept  petites  6c  à  huit  équipages  qui  mènent  foixante 
&  quatorze  pompes  fur  la  rivière ,  foixante  6c  dix-neuf 
à  mi-côte,  &  quatre-vingt-deux  au  puifarc  fupérieur. 
Ces  deux  cens  vingt-cinq  corps  de  pompes  font  monter 
les  eaux  fur  une  tour  qui  eft  à  fix  cens  douzes  toifes  de 
la  rivière.  L'eau  étant  dans  la  tour  entre  dans  l'aqueduc 
qui  a  trois  cens  trente  toifes  de  long ,  6c  de-là  eft  con- 
duite par  deux  tuyaux  de  fer  de  dix  huit  pouces ,  jusqu'aux 
réfervoirs  de  Marly  ,  qui  en  font  éloignés  de  trois 
cens  cinquante  toifes. 

1.  MAR  MA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufc.  Pline ,  /.  6. 
c.  28.  la  place  fur  la  côte. 

2.  MARMA ,  ville  de  Phénicie ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

MARMACES,  peuples  d'Ethiopie,  félon  Hécatée 
cité  par  Etienne  le  géographe. 

MARMAGNAC  ,  bourg  de  France  dans  l'Auvergne, 
élection  d'Aurillac. 

MARMAGNE,  en  latin  Mare  magnum ,  ou  Mars 
magnas ,  village  de  France  dans  le  Berri  fur  la  rivière 
d'Arrou  ou  Yevre,  à  deux  lieues  de  Bourges.  Sa  taille  eft 
mixte.  Il  y  a  une  abbaye  royale  de  hlles  ,  nommée 
Notre-Dame  de  Beauvoir,  de  l'ordre  de  Citeaux. 

MARMANDE,  ville  de  France  dans  la  Guienne  fur 
la  Garonne  ,  à  fix  grandes  lieues  au-deffous  d'Agcn ,  6c 
à  douze  au-deffus  de  Bordeaux.  Cette  ville  eft  affez 
grande ,  &  on  y  fait  un  commerce  confidérable  de 
bled ,  de  vin  6c  d'eau-de  vie.  Le  parlement  de  Bordeaux 
y  fut  transféré  pendant  quelque  tems  ,  fur  la  fin  du  der- 
nier fiécle.  François  Combefis ,  religieux  Dominicain , 
diitingué  par  fa  piété  6c  par  fon  favoir ,  étoir  né  dans  cette 
ville  :  il  mourut  à  Paris ,  le  23  de  Mars  1679.  Ses  ou- 
vrages lui  avoient  mérité  du  clergé  une  penfion  de  mille 
livres  par  an.  *  Piganiol,  Defcription  de  la  France,  t.  4. 
pag.  ;;o. 

1.  MARMARA,  ville  de  la  Syrie  ou  de  l'Euphra- 
tenfe.  La  notice  des  dignités  de  l'empire ,  Scc~t.  24.  en 
fait  mention  en  ces  termes  :  Cohors  tertia  Valeria  Mar- 
mara:. 

2.  MARMARA  ou  Marmora.  Voyez,  l'article  Mer 
de  Marmara. 

3.  MARMARA  ou  Marmora  »  ifies  d'Afie  dans  la 
mer  de  Marmara  ,  félon  Grelot ,  Voyage  de  Cvnftanti- 
nople,p.  61.  à  laquelle  elles  donnent  leur  nom.  On  les 
trouve  à  main  droite  en  fortant  de  Gallipoli,  à  dix 
lieues  environ  dans  Ja  mer.  Pour  y  aller  il  faut  pren- 
dre eft-quart-au-nord  eft.  En  hiver  les  vaiffeaux  cinglent 
au  fud  de  ces  ifles ,  à  eau fe  des  venrs  de  fud-fud-eftqui 
régnent ,  6c  en  été  on  fait  canal  pour  aller  à  Conftan- 
tinople,  donc  elles  ne  font  éloignées  que  de  cent  milles. 
Elles  font  au  nombre  de  quatre  ;  deux  grandes  ,  une 
moyenne  &  une  petite ,  toutes  fort  près  l'une  de  l'au- 
tre 6c  affez  bien  peuplées.  La  plus  grande  des  quatre  , 
qui  eft  celle  de  Marmara  ,  eft  la  plus  feptentrionale. 
Elle  peut  avoir  dix  ou  douze  lieues  de  circuir.  Sa  ville 
capitale  eft  Marmara ,  qui  lui  donne  fon  nom.  Il  y  a 
plufieurs  villages ,  entr'autres  Galioni  6c  Craftio ,  avec 
quelques  couvens  Se  hermitages  qui  pafferoient  en  France 
pour  des  abbayes  &  des  prieurés.  Ils  font  habités  par 
des  Caloyers  ou  religieux  Grecs ,  qui  vivent  fort  fobre- 
ment.  La  plus  grande  de  ces  ifles  après  Marmara ,  eft 
Avezâa.  Elle  eft  à  l'orient  de  la  première ,  a  un  bourg 
de  même  nom  &  deux  villages ,  dont  l'un  s'appelle 
Aloni  &  l'autre  Arabkyi,  qui  veut  dire  village  d'Ara- 
bes, parce  qu'il  n'eft  peuplé  que  d'Arabes  ,  ou  de  ceux 
qui  en  descendent.  La  moyenne  de  ces  ifles  eft  Coûta tli , 
qui  a  un  bourg  de  même  nom.  La  plus  petite  s'appelle 
le  Gadaro,  elle  a  quelques  habitations  &:  quelques  cou- 
vens de  Caloyers.  Ces  quatre  ifles ,  dont  le  climat  eft 
fort  bon,  font  fituées  au  38.  deg.  35.  min.de  lat.  fep- 
«entrionale,  &  aufud-eftouà  l'orient  d'été  d'Hcwclée, 


IÔ7 

Elles  abondent  en  bled  ,  en  vin  ,  en  fruits ,  en  coton ,  en 
pâturages  6c  en  beftiaux.  La  pêche  y  eft  aufli  fort  con- 
fidérable ;  mais  il  n'y  a  que  les  gens  du  lieu  qui  s'en  fer- 
veur pour  leur  ufage  particulier ,  parce  que  Conftantino- 
pie  6c  les  autres  villes  de  la  mer  de  Marmara  ,  qui  pour- 
roient  avoir  befoin  de  poiffons,  ont  chacune  une  affez 
bonne  pêche  pour  fe  pouvoir  paffer  de  celle  des  ifles 
de  Marmara. 

MARMARES,  peuples  de  la  Cilicie  vers  les  fron- 
tières de  cette  province  ,  du  côté  de  l'Affyrie.  Ils  furent 
allez  hardis  pour  attaquer  Alexandre  le  Grand  ,  Diodor. 
Sic.  /.  17.  £\jjz8.  qui  les  aflîégea  dans  le  lieuuù  ils  avoient 
leur  retraite  au  milieu  des  rochers  :  mais  lorsqu'ils  fe  vi- 
rent près  d'être  forcés ,  après  avoir  mis  le  feu  à  leurs 
maifons ,  ils  forcirent  la  nuit ,  traverferenr  le  camp  des 
Macédoniens  6c  fe  fauverent  dans  les  montagnes  voi- 
fines. 

MARMARID^.  Voyez  Marmarique. 

MARMARIQUE ,  grande  contrée  d'Afrique  entre 
l'Egypte  &  les  Syrtes:  elle  n'a  pas  toujours  eu  le  même 
nom ,  6c  fes  bornes  ont  beaucoup  varié.  Ptolomée ,  /. 
4.  c.  5.  commence  la  Marmarique  à  la  Cyrénaïque  du 
côté  du  couchant ,  6c  ne  l'écend  pas  à  l'orient  jusqu'à 
l'Egypte  :  il  met  entre  deux  la  Libye  ou  le  Nomus  de 
Libye.  Agathamerus ,  /.  2  c.  j.  au  contraire  en  décri* 
vanc  les  provinces  de  l'Afrique  ,  le  long  de  la  Méditer- 
ranée, en  allant  du  couchant  au  levant ,  nomme  d'abord 
la  Pentapole ,  enfuite  la  Marmarique  ,  puis  l'Egypce  * 
6c  ces  deux  géographes  nomment  ceccc  contrée  Uafyut- 
fixii ,  Marmanca.  Les  autres  écrivains  ne  font  mention 
que  des  peuples  qu'ils  appellent  Marmariques.  Ab  Api, 
dit  Scylax  Peripl.  p.  44.  eft  gens  Libyca ,  Marmarid& , 
us  que  ad  Haptrides.  De  forte  que,  félon  ce  géogra- 
phe ,  le  pays  des  Marmarides  renfernioit  la  Cyrénaïque 
&  la  Pentapole  ,  outre  les  terres  qui  fe  rrouvoient  entré 
cette  dernière  province  6c  la  ville  d'Apis.  Pline ,  /  j . 
c.  j.  femble  aulfi  leur  donner  les  mêmes  bornes;  car  il 
dit  que  les  Marmarides  habitoienr  presque  depuis  Parϱ 
tonium  ,  ville  voifine  d'Apis  du  côté  de  l'orient,  &  s'é- 
tendoienc  jusqu'à  la  grande  Syrce.  Si  on  s'en  cenoic  à  ces 
deux  écrivains ,  il  ne  feroic  guère  poflible  de  diftinguer 
la  Marmarique  de  la  Cyrénaïque  6c  de  la  Pencapolc  l 
mais  Scrabon  débrouille  la  difficulté ,  en  difant  que  les 
Marmarides  joignoient  l'Egypte ,  3c  s'écendoienc  jusqu'à 
la  Cyrénaïque ,  dans  un  autre  endroit ,  il  dit  encore  , 
que  les  Marmarites  habicoient  à  l'orient  de  la  Cyrénaï- 
que ,  6c  avançoient  jusqu'au  Nomus  Ammoniacus,, 
De  cette  façon  la  Marmarique  étoit  bornée  au  nord 
par  la  mer  Méditerranée,  à  l'orient  par  l'Egypte,  au- 
trement par  le  Nomus  Ammoniacus  ;  6c  à  l'occident 
par  la  Cyrénaïque.  Quant  aux  bornes  du  côté  du  midi  t 
elles  font  fort  incertaines.  Voici  les  villes  que  Ptolo- 
mée place  dans  la  Marmarique,  6c  auxquelles  il  donne 
le  nom  de  Nômes. 

Villes  fur  la  côte. 

Axylis  Villa,  Tetra  parvœ  portus  > 

Cherfomiefus  magna  ,         Antipyrgus  , 
Phihia  portus  ,  Scytranius  portuf , 

Paliurus  ,  Cat&onium  promontorium  i 

Batrachus  portus,  Ardanis  promontorium. 

Petra  magna  portus. 
Villes  dans  les  terres. 
Leucoe  ,  Mafuchis  ,  Diofcoron  t 

Boncbyris,  Mafadalis,  Migo , 

Leucm.  ou  Alb&     Abathuba,  Saragina , 

Camini ,  Leucx.  ou  Albœ      Alo  , 

Mtnelaùs ,  Napa  ,  Mazacila  à 

Gaphara ,  Tacapboris ,  Billa. 

1.  MARMARIUM,  ville  de  l'Euboée ,  félon  Stra- 
bon,  /.  12. p.  446.  Se  Etienne  le  géographe. 

2.  MARMARIUM,  lieu  aux  environs  de  la  Macé- 
doine. Cédrene  en  fait  mention,  6c  Ortelius ,  Ibefaur. 
dit  que  Gabius  écrit  Marbarium  au  lieu  de  Marmarium. 

MARMAROS  ,  comeé  de  la  Haute  Hongrie,  aux 
confins  de  la  Pokucie ,  &  au  pied  des  monts  Krapack , 
à  la  fource  de  la  Teiffe.  Ce  corncé  qui  n'eft  pas  d'une 
grande  étendue  ,  a  pour  bornes  au  couchant  celui  d'Ung- 

Tem.  IV.  O  ij 


io8 


MAR 


MAR 


v/m,  au  midi  celui  d'Ugogh  ,  la  Pokutie  au  levant,  Se 
le  Palatinat  de  Rufiie  au  nord. 

MARMAX.  Ortelius  ,  Thefaur.  en  fait  un  fleuve  du 
Péloponnèfe  dans  l'Elide,  faute  apparemment  d'avoir  lu 
avec  affez  d'attention  le  partage  de  Paufanias  qu'il  cite. 
On  lit  dans  cet  ancien,  lib.  6.  cap.  21.  ces  mots  :  On 
arrive  au  fleuve  Parthenias ,  fur  la  rive  duquel  eft  le 
fépulcre  des  chevaux  de  Marmax. 

MARME.  Voyez.  Marma. 

MARMISUM.  Voyez.  Marpessus. 

MARMOLEJO.  C'écoit  autrefois,  félon  Baudrand, 
édit,  170J.  une  ville  de  l'Espagne  Bétique ,  &  on  l'ap- 
pelloit  Utica.  Il  ajoute  que  ce  n'eft  plus  préfentement 
qu'un  village  fitué  fur  le  Guadalquivir ,  à  une  lieue  au- 
deflbus  d'Anduxar. 

MARMOLlTvE,  contrée  de  la  Galatie.  Strabon,/. 
12.  p.  562,  la  met  aux  confins  de  la  Bithynie.  Quel- 
ques MSS.  au  lieu  de  Map/tcAira  lifent  M<tf>y.S<rv 

1.  MARMOUT1ER  ou  Maurmunster  ,  en  latin 
Mauri  monaflerium ,  petite  ville  de  France  dans  la  Baffe 
Alface  ,  à  une  lieue  de  Saverne.  Elle  eft  entourée  de 
montagnes,  ôc  ceinte  d'une  muraille  qui  a  dix- huit  ou 
vingt  pieds  de  haut.  Le  foffé  eft  comblé  en  plufieurs 
endroits ,  &  fans  eau  du  côté  de  la  hauteur  ,  mais  du 
côté  d'en  bas  il  y  en  a  un  peu.  On  y  voit  une  abbaye  de 
Bénédictins  fondée  par  faint  Firmin  vers  l'an  725.  ôc 
dont  le  revenu  eft  de  quatorze  mille  livres.  Cette  ab- 
baye occupe  le  tiers  de  la  ville.  Le  monaftere  eft  en- 
clos du  côté  de  la  campagne,  par  la  muraille  de  la  ville  , 
&  des  autres  côtés  par  un  mur  de  deux  pieds  d'épaif- 
feur ,  fur  douze  à  quinze  pieds  de  haut.  L'abbaye  ôc  la 
ville  fe  nommèrent  d'abord  Leuwarzei.  Quelque  tems 
après  ,  l'abbaye  ayant  pris  le  nom  d'un  de  fes  abbés ,  qui 
s'appelloit  Mmrus ,  la  ville  prit  le  nom  de  l'abbaye. 
*  Pigamol ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  7.  p.  464. 

2.  MARMOUTIER  ,  abbaye  de  France  dans  la  Tou- 
faine(  a  ).  Saint  Martin,  l'année  d'après  fon  ordina- 
tion, qui  avoit  été  faite  en  371.  voulant  fe  ménager 
une  retraite  hors  de  la  ville  de  Tours ,  bâtit  un  mona- 
ftere à  deux  milles  de  la  ville  ,  félon  la  fituation  où  elle 
étoit  alors.  11  avoit  choifi  pour  cet  effet  un  def-rt 
formé  d'un  côté ,  par  une  roche  fort  escarpée ,  ôc  de 
l'autre  ,  par  la  rivière  de  Loire.  On  n'y  entroit  que  par 
un  chemin  fort  étroit.  11  y  fit  quelques  cellules  de  bois , 
mais  le  nombre  de  fes  disciples  s'étant  accru  jusqu'à 
quatre-vingt ,  la  plupart  fe  logèrent  dans  des  trousqu'ils 
^voient  creufés  clans  le  rocher.  Telle  fut  l'origine  du  cé- 
lèbre monaftere  de  Marmouticr ,  qui  fubfifte  encore 
aujourd'hui,  mais  foMS  la  régie  de  faint  Benoît,  aune 
petite  lieue  de  Tours  au-deçà  de  la  Loire.  Ce  mona- 
ftere ,  que  l'on  fait  paffer  pour  le  premier  &  le  plus 
ancien  de  ceux  qui  font  en  Occident ,  ôc  qui  étoit  plus 
confidé table  que  celui  de  Ligugey  ,  que  faint  Martin 
avoit  bâti  en  Poitou ,  avant  fon  épiscopat ,  fut  la 
fource  de  plufieurs  autres  qu'il  fonda  depuis.  Il  fut  ou- 
tre cela  un  excellent  féminaire  d'évêques;  ôc  il  n'y 
avoit  point  d'églife  qui  ne  defirât  d'avoir  un  pafteur 
tiré  du  monaftere  de  faint  Martin.  Comme  c'étoit  (b) 
le  monaftere  le  plus  confidérable  de  ceux  que  fonda  ce 
faint ,  on  le  nomma  Majus  Monafterium  ;  d'où  l'on  a 
fait  en  notre  langue  Marmoutier.  Cette  abbaye  fut 
détruite  par  les  Normands  en  8j  5.  enfuite  deffervie 
par  des  chanoines  ,  puis  remife  dans  l'ordre  de  faint 
Benoît ,  à  la  prière  d'Eudes  II.  comte  de  Touraine.  Le  re- 
venu de  la  inanfe  abbatiale  ,  réuni  à  l'archevêché  de 
Tours  en  1737.  eft  de  20000.  liv. ,  ôc  celui  des  moines  de 
18000.  liv.  Les  bâtimens  ont  été  fuperbement  rétablis 
dans  ces  derniers  tems.  (a)  Baillet,  Topog.  des  Saints, 
p.  295.  (h)  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  r.  7.  p.  18. 

MARMUNSTER  ,  abbaye.  Voyez.  Momenster. 

MARMUSIS.  Voyez.  Marmolit^. 

MARNE,  rivière  de  Fiance  ,  en  latin  Matrona.  Elle 
a  fa  fource  dans  le  Baffigny  (  a  ) ,  au  pied  d'une  mon- 
tagne ,  environ  à  cinq  cens  pas  d'une  métairie  nommée 
la  Marmotte ,  qui  a  été  donnée  aux  Dominicains  de  Lan- 
grès.  Cette  fource  eft  à  peu  près  large  d'une  toife  , 
&  l'eau  qui  en  fort  de  la  gfoffeur  du  corps  d'un  hom- 
me, fait  en  même -tems  tourner  un  moulin  de  la  mê- 
me métairie.  Elle  a  fon  cours  (  b>  )  par  les  généralités  de 
Chalons ,  de  Soiffons  ôc  de  Paris.  Dans  cet  espace  ellt 


reçoit  les  rivières  de  Vanori ,  de  faint  Geosme ,  là 
Mousche ,  la  Suize ,  la  Blaife  ,  le  Sault ,  le  Roignon , 
la  Noyure,  la  Soupe,  le  grand  ôc  le  petit  Morin,  & 
chemin  faifant,  elle  arrofe  Langres ,  Roland- Pont ,  Chau- 
mont,  Joinville,  S.  Difier,  Vitry,  Chalons,  Esper- 
nay,  Dormans,  Château-Thierry,  la  Ferté-fous-Jouar- 
rc ,  Meaux  ôc  Lagny  ,  après  quoi  elle  fe  jette  dans  la 
Seine  à  deux  petites  lieues  au-deflus  de  Paris  ,  un  peu 
au  deffous  de  Charenton  ,  vis-à-vis  Cariéres-lès-Chai en- 
ton.  Le  lit  de  cette  rivière  eft  renfermé  par  des  terres 
baffes  &:  làblonneufes  pour  la  plupart  ;  ce  qui  la  rend 
fort  trouble  dans  les  grandes  eaux  ,  ôc  caufe  plufieurs 
débordements,  (a  )  Corn.  Diét.  (b)  Pigamol,  Defcr.  de 
la  France,  t.  4.  p.  263. 

MARNES  ou  S.  Jouin  de  Marnes  ,  bourg  de  Fiance 
dans  le  Poitou  ,  élection  Je  Thcuars.  11  y  a  un  monaftere 
d'hommes  dont  S.  Jouin  a  été  abbé.  Voye z.  S.  Jouin. 

MARO  ou  Marro  ,  petite  ville  ou  bourg  d'Italie , 
dans  la  feigneurie  de  Gènes ,  fur  la  rivière  Impériale  , 
&  dans  la  dépendance  de  la  principauté  d'Oneille  à 
laquelle  elle  elt  annexée.  Elle  eft  fituée  dans  la  vallée  d'O- 
neille, ôc  elle  a  titre  de  marquifat.  *  De  l'IJle ,  Carte 
du  Piémont. 

MAROA  ,  peuples  de  la  Louifiane. 

MAROBULUM,  ancienne  ville  de  la  Germanie,  qui 
appartenoit  aux  Marcomans  ,  félon  Ptolomée ,  /.  z.e.  11, 
On  prétend  qu'elle  portok  auparavant  le  nom  de  bu- 
biemum  que  Marobodus  lui  fit  quitter  pour  lui  donner 
le  fien  ,  ôc  que  c'eft  aujourd'hui  Prague.  D'autres  croient 
que  c'eft  Budweis.  Voyez.  Marcomannie  ,  ôc  Bubie- 

MUM. 

1.  MAROC  ,  royaume  d'Afrique  dans  la  partie  la  plus 
occidentale  de  la  Barbarie.  Il  e(t  borné  au  nord  par  le 
fleuve  d'Ommirabi  ;  à  l'orient  par  le  mont  Atlas  ;  au  midi 
par  la  rivière  de  Sus ,  &  au  couchant  par  l'Océan  occi- 
dental. Dans  cette  étendue  font  comprifes  fept  provir> 
ces;  favoir, 

Hea ,         Gefula ,         Duquéla, 
Sus ,  Maroc ,        Efcura ,         Telda. 

Ce  royaume  s'étend  le  long  de  la  côte  depuis  les  ha» 
bitations  de  Meffa  &  l'embouchure  de  la  rivière  de  Sus, 
que  les  anciens  appelloient  Suriga ,  jusqu'à  la  ville  d'A- 
zamor ,  où  la  rivière  d'Ommirabi ,  autrefois  Cufa ,  entre 
dans  la  mer  ôc  fait  l'embouchure  que  les  modernes  ap- 
pellent l'embouchure  de  la  rivière  d'Azamor.  Cette  riviè- 
re descend  d'une  montagne  du  Grand  Atlas,  qu'on  nom- 
me Dedès  ôc  fépare  ce  royaume  de  celui  de  Fez.  *  Mar- 
mol,  du  royaume  de  Maroc  ,  1.  3.  p.  1. 

Les  forces  de  ce  royaume  font  peu  redoutables  par 
mer.  Le  nombre  des  bâtimens  n'eft  jamais  fixé.  11  n'y  en 
a  guéres  ordinairement  qu'une  douzaine  dont  la  moitié 
appartient  au  roi  ôc  le  refte  à  des  particuliers.  Ils  ne  pafïent 
pas  communément  dix-huit  à  vingt  pièces  de  canon,  les 
plus  forts  n'en  ont  pas  plus  de  vingt-quatre  :  mais  ils  ont 
jusqu'à  deux  cens  hommes  d'équipage.  Us  font  la  plupart 
affez  mal  en  ordre  à  caufe  de  la  diferte  du  pays  qui  ne 
peut  fournir  les  munitions  ,  les  voiles ,  les  cordages ,  ôcc. 
En  forte  que  fi  les  Maures  n'en  tiroient  pas  de  tems  en 
rems  des  Anglois  ôc  des  Hollandois,  ils  feroient  bientôt 
contraints  de  réduire  leurs  vaiffeaux  à  plus  petit  nombre. 
L'entretien  des  bâtimens  ne  coûte  rien  au  roi  de  Maroc  ; 
c'eft  l'alcaïde  ou  gouverneur  du  lieu  où  ils  font  qui  en 
paye  les  officiers  ôc  l'équipage.  S'ils  font  des  prifes,  le 
roi  en  a  une  moitié  ,  l'autre  fe  partage  entre  l'alcaïde  ôc 
les  officiers ,  qui  en  donnent  auffi  quelque  portion  à  l'é- 
quipage ;  mais  le  roi  prend  tous  les  esclaves ,  en  payant 
cinquante  écus  pour  chacun  de  ceux  qui  ne  font  pas 
compris  dans  fa  moitié.  Les  vaiffeaux  des  particuliers  s'é- 
quipent aux  frais  des  armateurs  :  ils  s'en  rembourfent  fur 
le  produit  àes  prifes.  Le  roi  en  prend  néanmoins  le  cin- 
quième avec  tous  les  esclaves  ,  en  donnant  auffi  cinquan- 
te écus  par  tête.*  S.  Olon ,  Etat  de  l'empire  de  Maroc, 
p.  14.  ôc  fuiv. 

Les  forces  de  terre  feroient  plus  confidérables  que  celles 
de  mer ,  fi  le  prince  favoit  discipliner  fes  fujets  ,  &  s'il 
avoit  de  quoi  les  armer.  Quand  il  faut  faire  quelque  ex- 
pédition, le  roi  ordonne  à  fes  alcaïdes  de  lui  lever  le  nom- 
bre de  troupes  qu'il  y  deftine.  Les  alcaïdes  conviennent 
enfuite  entr  eux  de  fournir  chacun  à  pto^o  ion  de  re- 
tendue de  foa  gouvernement.  On  fait  alors  marcher  de 


MAR 


MAR 


force  ceux  d'entre  les  gens  mariés  qui  ne  s'y  portent  pas 
de  leur  gré  ,  ou  on  les  oblige  de  mettre  un  autre  homme 
à  leur  place.  On  peut  de  trois  frères  en  prendre  deux  ; 
mais  il  faut  qu'ils  foient  mariés  ;  car  on  ne  fauroir  forcer 
ceux  qui  ne  font  pas  établis.  Ces  gens  ainfi  levés ,  foit 
officiers ,  foit  foldats ,  foit  cavaliers  ,  font  obligés  de  fe 
nourrir ,  de  fe  monter,  de  s'armer  ôc  de  s'entretenir  à 
leurs  dépens  durant  toute  la  campagne  ;  &  comme  ils 
n'ont  pour  la  plupart  ni  armes  à  feu,  ni  poudre,  ils 
ne  marchent  qu'avec  des  épées ,  des  lances  &  des  bâtons. 
Il  y  en  a  cependant  dans  chaque  ville  ou  village  un  certain 
nombre  proportionné  à  la  grandeur  du  lieu  ,  qui  doivent 
toujours  être  armés  &  prêts  à  marcher  au  premier  com- 
mandement. 

Quoique  le  royaume  de  Maroc  foit  divifé  en  fept 
provinces  qui  font  aflez  grandes  ,  il  n'eft  pas  cependant 
fort  peuplé  ;  pareeque  fon  terrein  eft  fablonneux  ,  fec 
&  ingrat  dans  fa  plus  grande  partie.  11  n'eft  abondant 
qu'en  chameaux  ,  qui  y  font  à  bon  marché  ;  il  a  beau- 
coup démines  de  cuivre  &  il  produit  une  grande  quan- 
tité de  cire  &  d'amandes  ,  dont  il  fe  fait  un  grand  débit 
en  Europe.  On  eitime  qu'il  peut  y  avoir  trente  mille  ca- 
banes d'adouards ,  qui  font  près  de  cent  mille  hommes 
payant  Garammc  ;  c'eft-à  dire ,  payant  annuellement  au 
roi  un  tribut  de  la  dixième  partie  de  tout  ce  qu'ils  pofle- 
dent ,  à  quoi  ils  commencent  d'être  fujets  dès  qu'ils  ont 
atteint  l'âge  de  quinze  ans.  Un  adouard  eft  une  efpece 
de  village  ambulant  ;  car  il  y  en  a  très-peu  de  bâtis  & 
de  fiables  en  Afrique  :  il  eft  compofé  de  quelques  fa- 
milles Arabes ,  qui  campent  fous  des  tentes ,  tantôt  en 
un  lieu,  tantôt  en  un  autre  ,  felouque  la  bonté  du  ter- 
rein  les  invice  ôc  que  la  fubfiftancc  de  leurs  befiiaux , 
en  quoi  confifte  tout  leur  bien ,  le  requiert.  Chaque 
adouard  a  fon  marabou  ôc  fe  foumet  à  la  conduire  d'un 
chef,  qui  eft  élu.  Chaque  famille  occupe  une  tente  ou 
cabane  ,  ôc  y  couche  péle-méle  avec  les  bœufs  ,  les  mou- 
tons ,  les  chameaux  ,  les  poules  ,  les  chiens ,  «Sec.  Rien 
n'eft  comparable  à  la  mifère  &  à  la  malpropreté  de  ces 
Arabes.  Cependant  ce  font  eux  qui  font  les  revenus  du 
roi  les  plus  réglés  ôc  les  plus  certains.  C'eft  ordinaire- 
ment un  Noir  de  fa  garde  qui  va  exiger  leurs  tributs , 
ôc  qui ,  quoique  feul ,  fait  jouer  le  bâton  ,  comme  il  lui 
plaît ,  contre  les  défaillans  fans  qu'on  ofe  s'en  plaindre. 
Quand  les  Arabes  tranfportent  leurs  adouards  ,  ils  met- 
tent leurs  femmes  avec  leurs  enfans  fur  des  chameaux 
dans  des  machines  d'ofier ,  couvertes  de  toile  6c  faites 
en  forme  de  niches ,  mais  toutes  rondes.  Elles  font  ga- 
ranties par-là  de  l'ardeur  du  foleil ,  &  néanmoins  elles 
peuvent  prendre  l'air  de  tel  côté  qu'elles  veulent.  Si  les 
chameaux  ne  fuffifent  pas  pour  leur  bagage  ,  ils  le  char- 
gent fur  les  taureaux  ôc  fur  les  vaches  ,  qui  ont  des  bâts  ; 
ce  qui  ne  fe  pratique  ,  je  crois ,  nulle  part  ailleurs. 

Quant  aux  autres  habitans  du  royaume ,  ils  font  peu 
braves ,  peu  aguerris ,  adroits  à  cheval  ôc  à  la  lance , 
forts ,  infatigables  ôc  fpiriruels  ;  mais  ils  font  impolis , 
jaloux,  lafeifs,  menteurs ,  fuperftitieux  ,  hypocrites  ,  four- 
bes ,  cruels  ôc  fans  foi. 

Le  roi  prend  le  titre  de  grand  cherif;  c'eft-à-dire ,  le 
premier  ôc  le  plus  puifiant  des  fucceiieurs  de  Mahomet , 
dont  il  prétend  descendre  par  Ali  ôc  par  Fatime,  gendre 
6c  fille  de  ce  faux  prophète.  Ces  Arabes  tiennent  pour 
faints  ,  même  de  leur  vivant ,  tous  les  innocens  ,  les  ef- 
pritsfoibles  &  ceux  qui  favent  faire  quelques  forcelleries. 
Ils  font  bâtir  fur  leurs  tombeaux  après  leur  mort  des 
chapelles,  où  on  va  en  pèlerinage  ,  &  dont  on  fait  des 
afyles  inviolables  pour  l'impunité  des  crimes  6c  contre 
la  colère  du  roi.  Enfin  lorsque  quelqu'un  d'entre  eux 
vient  à  mourir ,  les  parens  ôc  les  amis  en  font  paroître 
beaucoup  de  douleur  ;  6c  même  fi  c'eft  une  perfonne  de 
diftinction  ,  ils  louent  des  pleureufes.  Avant  que  de  met- 
tre le  corps  en  terre ,  on  le  lave ,  on  l'envelope  dans 
un  drap  neuf,  6c  on  le  fait  porter  dans  une  bière  fui- 
vie  d'un  grand  nombre  de  perfonnes ,  qui  marchent  fort 
vite  i  invoquant  Dieu  &  Mahomet  à  haute  voix.  On 
enterre  enfuite  le  mort  dans  une  folle  étroite  par  en  haut 
&  large  par  en  bas ,  afin  que  le  corps  ,  difenr-ils ,  y  étant 
plus  à  l'aife  ,  foit  plus  prêt  au  jour  du  jugement ,  ôc  ne 
perde  pas  le  tems  à  chercher  fes  os  ;  raifon  dont  ils  fe  fer- 
vent encore  pour  ne  pas  enterrer  deux  perfonnes  dans  un 
tombeau.  On  porte  encore  des  viandes  fur  ces  folles ,  & 


109 

l'on  enterre  de  l'argent  &  des  joyaux  avec  les  morts  ,  ann 
qu'ils  puiflent  s'en  fervir,  pour  avoir  en  l'autre  monde  les 
mêmes  commodités  qu'en  celui-ci 

Les  Juifs,  quoiqu'en  grand  nombre  dans  ce  royaume,& 
d'un  fecours  avantageux,  n'y  font  pas  plus  confidérés 
qu'ailleurs.  On  les  choiffi  pour  les  plus  vils  emplois  :  ils 
n'ont  que  la  nourriture  pour  tout  falairc  ;  ôc  ils  font  fi  fu- 
jets aux  taxes,  aux  infultes  &  aux  baltonnades,  qu'on 
peut  les  regarder  comme  le  jouet  perpétuel  de  l'avarice 
ôc  de  linjuitice  des  grands ,  «5c  l'objet  de  l'averfion  de  tous. 

Il  feroit  impoffible  de  faire  le  calcul  des  revenus  du  roi 
de  Maroc.  11  n'a  presque  point  de  domaines.  Les  plus  fo- 
lides  de  fes  revenus  confiftent  dans  la  dîme  de  tous  les  biens 
de  fes  fujets,  dans  la  taxe  annuelle  de  fix  écus  par  tête  fur 
tous  les  Juifs  mâles,  depuis  l'âge  de  quinze  ans  ôc  au-delTus. 
Un  autre  revenu  confidérable  provient  des  impôts  arbi- 
traires qu'il  exige,  foit  des  Juifs,  foit  de  fes  autres  fujets, 
fans  aucune  autre  raifon  que  fa  volonté.  Il  tire  auifi  beau- 
coup de  fes  alcaïdes  à  qui  il  abandonne  tout  le  revenu  de 
leurs  gouvernemens. 

Ce  font  les  alcaïdes  qui  gouvernent  rout  le  royaume 
fous  l'autorité  de  leur  prince  ;  car  le  roi  n'a  ni  cour  de  jufti- 
ce,  ni  confeil  particulier ,  ni  miniftre.  Il  eft  lui  feul  l'au- 
teur, l'interprète  «Se  le  juge  fouverain  de  fes  loix,  qui  n'ont 
d'autres  bornes  que  fa  volonté.  Cette  autorité,  qui  pavoît 
6c  qui  eft  effectivement  fi  despotique  ,  ne  laifle  pas  d'en 
connoître  une  fupérieure,  c'eft  celle  du  moufti  ôc  de  fes 
officiers  que  le  roi  n'a  pas  le  pouvoir  de  dépofer  ,  quoi- 
qu'il ait  celui  de  les  établir.  Il  eft  fournis  comme  les  autres 
aux  décrets  de  eette  juftice ,  qu'il  ne  pourroit  décliner  ,  fi 
le  moindre  de  fes  fujets  l'y  appelloit.  Mais  ils  n'ont  garde 
d'en  venir  là  ;  la  vengeance  feroit  fure  ôc  la  mort  inévita- 
ble. 

Le  commerce  qui  fe  fait  dans  ce  royaume  eft  avanta- 
geux aux  négocians ,  tant  du  dehors  que  du  dedans.  Le 
roi  qui  y  trouve  fon  utilité  particulière  ne  néglige  rien 
pour  fe  l'attirer  ;  ôc  fes  alcaïdes  favent  bien  ,  par  des  em- 
prunts qu'ils  accumulent  Ôc  qu'ils  n'achèvent  jamais  d'ac- 
quitter, arrêter  ceux  que  l'intérêt  du  gain  y  attire  ,  ôc  que 
les  premières  carènes  ôc  apparences  du  bon  traitement  por- 
tent à  s'y  établir.  Quelque  repentir  que  caufent  à  ceux- 
ci  les  injuftices  6c  les  avanies  fréquentes  qu'on  leur  faic 
fouffrir  ,  il  ne  leur  eft  jamais  permis  de  s'en  tirer,  à  moins 
qu'ils  n'abandonnent  leurs  dettes  &  leur  fortune. 

2.  MAROC,  grand  empire  d'Afrique  dans  la  partie  la 
plus  occidentale  de  la  Barbarie  ,  formé  des  royaumes  de 
Maroc  ,  de  Fez ,  de  Tafilet ,  de  Sus  ôc  de  la  grande  pro- 
vince de  Dara.  Cet  empire  peut  avoir  deux  cens  cin- 
quante lieues  d'étendue  du  nord  au  fud ,  &  cent  quaran- 
te de  1  eft  à  l'oueft.  Il  eft  borné  du  côté  du  nord  par  la 
mer  Méditerranée  ;  à  l'orient  par  la  mer  Atlantique  ;  au 
midi  par  le  fleuve  Dara  ,  «Se  à  l'occident  par  la  mer  Atlan- 
tique. Il  faut  pourtanr  en  excepter  quelques  places  que  les 
princes  Chrétiens  tiennent  fur  les  côtes;  du  côté  de  la 
mer  Méditerranée,  Ceuta,  Melila  ôc  Oran  qu'occupent 
les  Espagnols.  Les  Portugais  pofledent  auflï  Mazagan 
fur  l'Océan  ;  de  forte  que  l'empereur  de  Maroc  a  pre- 
fentement  pour  places  confidérables  fur  fes  côtes. 


Sur  la  Méditerranée ,« 


Sur  l'Océan. 


■  Sainte  Croix, 
Safy, 
i  Salé  » 

La  Mamorre, 
LaRache, 
Argile , 
-Tanger 

f  Zaffarine , 
VTetouan. 


Cet  empire  fe  forma  dans  le  dernier  fiécle.  Le  fameux 
Mouley  Archi ,  roi  de  Tafilet ,  ôc  Moulla  Ifmaël  fort 
frère  6c  fon  fuccefieur  réunirent  les  royaumes  de  Maroc , 
de  Fez  ,  de  Tafilet ,  ôc  de  Sus ,  6c  la  vafte  province  de 
Dara  fous  une  même  puifiance.  *  S.  0/o«.,état  de  l'em- 
pire de  Maroc ,  p.  2. 

3.  MAROC  ,  province  du  royaume  de  même  nom  en 
Afrique.  Elle  s'étend  d'occident  en  orient  depuis  le  mont 
Nefife  jusqu'à  celui  d'Animmey  j  du  côté  du  nord  elle 


no        MAR 


MAR 


descend  jusqu'à  la  rivière  de  Tanfift  ,  a  l'endroit  où  elle  fc 
joint  à  celle  d'Ecifelmcl  -,  elle  forme  une  figure  triangu- 
laire au  milieu  de  cinq  aucres  provinces. 

La  province  de  Maroc  Ce  nommoit  autrefois  Bocano- 
Emero ,  ôc  fa  capitale  étoit  l'ancienne  ville  d'Agmet , 
d'où  les  Lumptunes  ou  Almoravides  vinrent  fondre  dans 
le  pays.  Ils  y  bâtirent  enluite  la  ville  de  Maroc  pour  être 
le  fiége  de  leur  empire  &  la  capitale  de  toute  la  partie 
Occidentale  de  la  Mauritanie  Tingirane. 

Tour  le  pays  qui  eft  hots  des  mon'agnes  du  grand  At- 
las, eft  un  terrein  plat,  abondant  en  froment,  en  orge, 
en  millet ,  ôc  en  toutes  foires  de  fruits  Ôc  de  légumes.  Il 
eft  arrofé  d'un  grand  nombre  de  ruiffeaux  ÔC  de  fon  aines 
qui  descendent  des  rochers  voifins.  Toutes  ces  fontaines 
font  bordées  de  jardins,  de  vergers  &  de  quantité  de  pal 
miets  ,  dont  les  dattes  fe  doivent  manger  fraîches  ôc  ne 
font  pas  bonnes  fé^hes,  tomme  celles  de  Numidie.  Les 
montagnes  font  extraordinairement  roides  ;  il  n'y  vient 
qu'un  peu  d'orge  qui  croit  fous  la  neige.  Ln  récompenié  il 
y  a  quantité  d'herbe  pour  les  troupeaux  qui  s  y  rendent 
l'été  ;  il  faut  néanmoins  les  retirer  à  rems ,  ou  les  renfer- 
mer dans  desétabiesà  caufe  des  neiges  qui  furviennent ,  ôc 
quelquefois  ils  font  quinze  jours  fans  pouvoir  fortir  :  on  les 
nourrir  pendant  ce  tems  de  branchages  ou  de  foin ,  dont 
on  a  fait  provifion. 

Leshabitans  des  villes  &  des  bourgs  font  habiles  &  font 
un  trafic  qui  les  met  à  leur  aife.  Ils  font  allez  bien  vêtus  à 
leur  mode.  Ils  ont  grand  nombre  de  che\  aux,  d'arquebu- 
fiers  ôc  d'arbalétriers  a  pied  :  mais  ceux  des  montagnes 
font  comme  ceux  de  Hea  ôc  de  la  même  tribu.  Voici  les 
principales  places  de  cette  province: 

Ugiemaha,         GemaadJedid,  Maroc, 

L'mégiague,       Temraelet,  Agmet, 

Tazarot ,             Imismis ,  Animmey   ou 

Tamdegoft ,  Anime. 


Teneza ,              a  «uiutguu, ,  xuuiuc. 
Montagnes. 

Nefufa,  aujourd'hui  De-    Cauchava,  Guidimiva  , 

rende ren  ou  Adren ,      Secfiva  ,  Hentete  , 

Cemmeele ,                      Temmelet ,  Animmey. 

*  Marmol ,  du  royaume  de  Maroc  ,1.  3.  p.  43. 

4.  MAROC  ,  capitale  du  royaume  de  même  nom. 
C'eft  une  grande  ville,  la  mieux  fituée  ele  toute  l'Afri- 
que ,  dans  une  belle  plaine ,  à  cinq  ou  fix  lieues  du 
mont  Atlas,  environnée  des  meilleures  provinces  de  la 
Mauritanie  Tingitane.  Elle  a  ère  bâtie  par  Abu  Techi- 
fien ,  premier  roi  des  Almoravides  ou  Lumptunes ,  envi- 
ion  l'an  1061.  ôc  454.  de  l'hégire.  Cette  opinion  eft 
fondée  fur  le  témoignage  d  Abdulmalic  hiftoriographe  de 
Maroc.  Quelques  uns  l'attribuent  à  Abe  Dramon  fils  de 
Moavia.  Abdulmalic  ajoute  que  Jofeph  fils  d'Abu  Te- 
chifien }  acheva  debârirla  ville  de  Maroc.  Il  y  employoic 
trente  mille  esclaves,  afin  d'avancer  l'ouvrage  ôc  d'y 
placer  le  fiége  de  fon  empire.  On  voit  encore  dans 
quelques  anciens  édifices  ,  des  tables  d'albâtre  furies- 
quelles  on  lit  ces  mots  en  langue  arabe  :  Sous  le  règne 
de  Jofiph  Abu  Techifien.  *  Marmol ,  du  royaume  de  Ma- 
roc, 1.  3.  p.  50. 

La  ville  de  Maroc  eft  fermée  de  bonnes  murailles  faites 
à  chaux  ôc  à  fable:  le  mortier  eft  mêlé  de  terre  graffe , 
&  il  eft  fi  dur ,  que  quand  on  y  donne  un  coup  de  pic , 
il  en  fort  du  feu  comme  d'un  caillou.  Quoique  la  ville 
ait  été  plufieurs  foisfaccagée,il  n'y  a  pas  une  feule  brèche  ; 
ce  qui  eft  d'autant  plus  furprenant ,  que  les  murailles  font 
extrêmement  hautes.  Elle  a  vingt-quatre  portes,  ôc  peut 
contenir  cent  mille  habitans.  Tous  les  auteurs  contem- 
porains ôc  ceux  qui  ont  écrit  depuis  ,  difenr  que  fous  le 
règne  des  Lumptunes  &  des  Almohades  ,  Maroc 
étoit  la  plus  grande  ôc  la  plus  riche  ville  de  toute  l'A- 
frique Marmol ,  p  /?.  y  1 .  afiiue  avoir  vu  une  pièce  d'al- 
bâtre haute  comme  un  homme ,  plantée  fur  un  fépul- 
cre  ancien  hors  de  la  porte  de  Bibeltobul,  qui  porte  ces 
mots  en  arabe:  Cy  gît  Aly  fils  d'Atia,  qui  commandai 
cent  mille  hommes  ,  eus  dix  yridle  chevaux  ,  &  fis  creufer 
cent  &  un  puits  en  un  jour  pour  les  abreuver.  J'cpoufai 
trois  cens  filles  ;  fus  fidèle  ,  vitlorieux  ,  &  l'un  des  vingt- 
quatre  généraux  de  Jacob  Almanfor.  Je  finis  mes  jours  à 
quarante  ans-  Qui  lira  cette  épitaphe, prie  Dieu  Qu'il  me 
pardonne. 


Du  coté  du  midi  il  y  a  une  belle  ôc  grande  forterefie 
qui  pourroit  contenir  plus  de  quatie  mille  maifons  ; 
eile  eit  fermée  de  bonnes  murailles  Ôi  flanquée  de  tours  > 
avec  un  folle  Ôc  un  ravehn.  11  n'y  a  qt:e  deux  portes  ; 
l'une  du  cô  é  du  midi  ôc  qui  regarde  la  campagne  ; 
l'autre  du  côté  du  nord  ôc  regarde  la  ville  Celt  dans 
cette  place  qu'eft  la  fameuie  mosquée  d'Abeluimumen 
roi  des  Aunohades. 

11  s'en  faut  de  beaucoup  que  la  ville  de  Marcc  foit 
auffi  peuplée  qu'elle  éiok  autrefois ,  elle  eft  même  fort 
déchue  de  fon  ancienne  lplendeur  ( .  ).  Elle  ne  contient 
pas  plus  de  vingt  cinq  mille  habitans  :  lé*  rues  paroiflent 
presque  déferres;  ôc  perfonne  ne  picnd  foin  de  réparer 
les  ruines  des  maifons  ,  ce  qui  la  défigure  entièrement* 
La  forterefie  ôc  fa  mosquée  fifameufe  par  fa  grandeur, 
fes  oinemens,   fes   portes   de  bronze ,  ôc   fur-tout  fes 
trois  pommes  d'or  qu'on  diloit  enchantées  ,  ne  font  plus 
rien.  Moula  lsma'él  n'a  point  appréhendé  les  vains  pro- 
nouicsde  malédiction  contre  ceux  qui  le:>  ôteroient  ;  fon 
avidité  plus  forte  que  la  fuperftirion  ordinaire  aux  Mau- 
res ,  l'a  déterminé  a  les  fa»re  enlever.  On  prétend  que 
ces  pommes  d'or  avoient  été  miles  fur  cette  mosquée 
par  une  femme  de  ce  grand  Almanfor  fi  célèbre  ôc  fi 
connu  dans  l'hiftoire  par  la  conquête  de  l'Espagne.  Cette 
reine    voulant  lailTer  a  la  poftériré  un  monument  de  fa 
grandeur  ,  lit  fane  c,ua;ie  pommes  d'or  (  /  )    ôc  le  s  pofa 
au  haut  de  la  tour  fui  le  dernier  chapiteau.  Elles  étoient 
attachées  l'une  fur  l'autre  a  une  giofie   banc  de    1er. 
La  plus  balle  qui  étoit  la  plus  grande  teiu.it  huit  me  fui  es 
de  bled  :  la  féconde  en  tenoit  quatie,  ôc  les  deux  au. tes 
à  proportion,  le  corps  de  la   pomme  etut  de  cuivre, 
couvert  d'une    grolïe  lame  dor  de  Tibar.  La  femme, 
dit-on,  avoir  vendu  fes  pierreries  pour  faire  ces  quatre 
pièces.  On  croyoit  qu'elles  avoient  été  pofées  fous  une 
telle  conftellation    qu'on   ne  pouvoir    les  en  ôter  ;  ôc 
que  l'architecte  avoit  par  des  conjura'ions  obligé  certains 
efpiits  à  en  être  les  gardiens.   On  afiuroit  même   que 
plufieurs  rois  qui  les  avoient  voulu  prendre  ,  avoient 
toujours  été  re.enus  par  quelque  accident.  Les  Maures, 
naturellement  fuperftrieux  s'éioient  imaginés,  qu'en  ver- 
tu de  cette  conjuration  ,  le    diable  remproit  le  cou  à 
celui  qui  entreprendroit  de  les  enlever.  Le  roi  Nacer 
.Buchentuf  les  voulut  prendre  pour  payer  fes  troupes, 
mais  les  habitans  s'y  oppoferent,  &  dirent  qu'il  les  vendit 
plutôt  eux  ôc  leurs  enfans ,  que  d'ôter  l'honneur  de  leur 
ville.   Du  tems  que  Marmol   étoit  captif  à  Maroc  ,  le 
cherif  Muley  Hamet  ,  plus  avare  que  fuperftitieux  ,  fit 
ôter  la  plus  haute  pomme  ;  il  la  fit  défaire  par  un  orfè- 
vre Juif;  on  vit  qu'elle  n'écoit  pas  toute  d'or  ,  &  que 
-le  dedans  étoit  de  cuivre.  Cependant  il  ne   laifloit  pas 
d'y  avoir  pour  vingt  cinq  mille  pilloles  de  pur  or  Com- 
me le  peuple  murmuroit ,  Muley  Hamet  fit  dorer  le  cui- 
vre, ôc  le  fit  remettre  en  fa  place.  Quelque  tems  après  , 
.on  vit  l'orfèvre  Juif  pendu  un  matin  au  haut  de  la  four. 
Sur  quoi  les  Alfaquis  publièrent  que  c'étoient  les  efprits 
qui  l'avoient  enlevé  la  nuit ,  ôc  l'avoient  mis-là.  Depuis 
le  cherif  ayant  perdu  la  vie  ôc  la  couronne ,  ils  attri- 
buèrent fon  malheur  à  fon  avidité.  Jusqu'à  Mouia  ls- 
ma'él ,  on  n'avoit  plus  ofé  toucher  à  ces  pommes  :  ce  prince 
les  enleva  enfin  ,  ôc  en  enrichit  fon  thréfor.  (a)  S.  Olon , 
Etat  de  l'empire  de  Maroc  ,  pag.    16.  (b)  Marmol ,  1.  3. 

On  croit  que  Maroc  eft  1  ancienne  Bocanum  Heme- 
rum  ,  dans  la  Mauritanie  Tingitane,  ou  de  Tanger,  où 
il  y  avoit  un  évêché  avant  la  domination  des  Mahomé* 
tans.  C'eft  dans  cette  ville  que  furent  martyrifés  les  cinq 
frères  Mineurs,  l'an  1220. du  vivant  même  de  S.  Fran- 
çois ,  leur  père  :  mais  leurs  reliques  furent  tranfportées 
en  Portugal.*  Baillet ,  Topogr.  des  Saints,  p.  297. 

MAROGA.  Voyez.  Marora. 

M  A  ROGNA  ,  petite  ville  de  la  Turquie  dans  la 
Romanie ,  fur  la  côte  près  du  lac  Bouron.  C'eft  l'an- 
cienne Maronea.  Voyez,  cemoz. 

MAROHiE,  peuples  des  Indes,  félon  Tlinc,  l.G.c.io. 

MAROIALENS1S  Vicus.  Grégoire  de  Tours,/.  7. 
c.  12.  fait  mention  de  ce  village  :  il  le  place  dans  le 
territoire  de  la  ville  de  Tours,  vers  les  confins  du  Bcrri. 

MAROIALIC<£  Thermo.  Pcmius  Paulinus  parle 
de  ce  lieu  dans  fa  lettre  à  Aufone.  Vinet  ci  oit  que  ces 
bains  étoient  au  pied  des  Pyrénées,  AuLvue  ,  ipJL  5. 


MAR 


les  nomme  Maraiolica  ;  Se  Aimoin  fait  mention  d'un 
village  nommé  Maroilenfis  ■■,  mais  ce  pourroit  bien  erre 
k  même  ehofe  que  le  Maroialenfis  viuu  de  Grégoire  de 
ToutSi  Voyez  1  article  précédent.*  Orteiii  ThctAur. 

MAROILLES  »  Maroles  ,  ou  Marolles  ,  en  latin 
MaricoU,  M.irolm  &c  MadrioU,  village  des    Pays-Bas 
dans  le  Hainaut  fur  la  petite  rivière  de  Terlon  ,  à  une 
grande  lieue  de  Landrecies.  Le  terroir  en  eft  bon  ,  ik. 
il  s'y  fait  d'exceifens  'fromages.  Il  y  a  une  célèbre  abbaye 
régulière  d'hommes  de  l'ordre  de  S.  Benoit.  Son  premier 
fondateur  a  été  Chombcrr,  comte  de  Fammareins ,  Co- 
rnes   ïano  -  Marenfis ,  que    Bailiet  nomme  Rodobert  , 
&  qu'il  qualifie  feigneur  d'un   canton  appelle  Famarc 
ou  Fa-mats ,  Famtm  Martïs ,  à  caufe  peut-être  de  quel- 
que ancien  temple  de  Mars.  Son  fécond  fondateur ,  Se 
qui  eft  le  principal ,  eft  S.  Humbert ,  évêque  ,  confeffeur 
de  Jefus-Chrift ,  abbé  de  ce  monaftère,  &  compagnon 
de  S,  Arnaud,  évêque  de  Tongres.  Les  comtes  de  Cam- 
brai s'étant  rendus  les  maîtres  de   ce   monallète  ,  &  y 
ayant  mis  quelques  chanoines  réguliers  ,  il  fut  réduit  dans 
un  fi  mauvais  état ,  que  l'empereur  Othon  chargea  Ful- 
bert ♦  évêque  de  Cambrai,  de   le  renouveller   entière- 
ment 5  &  de  mettre  la  régie  parmi  fes  chanoines  :  mais 
fes  efforts  ne  fervirent  pas  de  beaucoup.  Enfin",  Gérard 
I.  évêque  de  Cambrai ,  chalTa  les  chanoines ,  y  rétablie 
l'ordre  monaftique  ,  après  avoir  réparé ,  &  même  aug- 
menté le  monaiteré  ,  &c  fait  rendre  à  fon  eglife  les  biens 
qui  lui  appartenoient.  On  conferve  dans  cette  abbaye  le 
corps  de  S.  Humbert,  fon  fondateur  &  premier  abbé, 
qui  mourut  l'an  690.  le  25  Mars ,  &  une  grande  partie 
des  olïemens  de  S.  Quinibert ,  prieur  de  Salefe  ,  &  dont 
on  fait  la  fête  le  18    Mai.    Bailiet,  Tupogr.  des  Suints , 
p.  196.  place  la  mort  de  S.  Humbert  en  6S1. 

1.  MÀROLLLS  &  S.  Aubin  ,  bourg  'de  fiance  dans 
le  Maine  .  élection  du  Mans* 

2.  MAROLLES  ,  prieuré  de  France  au  diocèfe  de 
Paris;  il  vaut  environ  deux   mille  livres  de  rente. 

MÂRON  ET  GEMELLICOLLES ,  collines  ou  mon- 
tagnes de  la  Sicile ,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  8.  Dans  le  marty- 
rologe de  Maurolicus  il  eft  auffi  parlé  de  ces  deux  mon- 
tagnes. Celle  de  Maro  s'appelle  aujourd'hui  Madonia , 
&  celle  de  Gcmelli  fe  nomme  monte  di  Mêle.  Solin,c.  j.p. 
19.  &  d'autres  géographes  donnent  à  ces  deux  monta- 
gnes un  nom  commun  ,  favoir  mons  Nebrodes. 

!.  MARONEA  ,  ville  de  la  Thrace.  Mêla  ,  /.  2.  c.  2. 
dit  qu'elle  étoit  fur  le  bord  du  Neftus ,  &  Etienne  le 
géographe  près  de  la  Cherfonnefe  :  mais  ni  l'un  ni  l'autre 
n'en  marquent  la  vraie  fituation.  Hérodote,  /.  7.  c.  io«>. 
la  donne  en  décrivant  la  route  de  Xerxcs,  &  ce  qu'il  en 
dit,  elt  appuyé  du  témoignage  de  Ptqlomée  ,  l.  3.  c.  11. 
Tous  deiu  la  mettent  environ  au  milieu  entre  le  Neftus 
&  la  Cherfonnefe.  En  effet,  comme  le  dit  Etienne  le  géo- 
graphe lui  même  ,  Maronea  éto'n  une  ville  de  la  Ciconie, 
près  du  lac  Ifmaris.  Polybe  ,  /.  j.  c.  34.  la  place  au  voifina- 
%<zeXJEnus\  &  Tke-Live  ,  /.  3 1.  c.  3 1.  joint  enfemble  les 
JE  net ,  les  Maronites  &  les  Thafii,  Selon  Pline,  /.  4.  c .  11. 
elle  s'appella  anciennement  Ortagurea.  Sur  d'anciennes 
médailles  on  lie  MAI>nNElTON;dans  une  autre  on  lit  AIO 
■NT^OY  lOTHïOc  MAPHNITON.  Cette  ville  reconnoiffoit 
le  dieu  Bacchus  pour  fon  proteCteur,à  caufe  de  l'excellence 
du  vin  qui  cioiffoit  fur  fon  territoire  :  Vino  ,  dit  Pline  , 
/.  14.  c.  j.  aminuiffima  claritas  Maroneo  ,  in  Thraciœ  ma- 
r'ttima  parte genito  ,  ut  aullor  eft  Homerus.  Il  fait  allufion 
à  ce  que  dit  Homère  dans  le  neuvième  livre  de  l'Odyfféc, 
vers  lyj.&fuiv.  Cette  ville  s'appelle  aujourd'hui  Ma- 
rogna.  Voyez,  ce  mot.  Cette  ville  étoit  episcopale.  Doci- 
mafius  ,  fon  éveque  fouscrivit  au  concile  d'Ephefe  tenu 
l'an  43 1.  *  Ceil.  geog.  ant.  1.  2.  c.  1 J. 

2.  MARONEA  /ville  d'Italie.  Tite-Live,  /.  27.  c.  1.  la 
donne  aux  Samnites. 

MARONENSIS,  Maronanensis  ,  fiege  episcopal 
d'Afrique  dans  la  Mauritanie  Sitifense,  félon  la  notice 
d'Afrique  ,  qui  fournit  Juveminus  Maronanenfis. 

MARONES,  peuples  de  l'Amérique  méridionale 
dans  la  France  équinoxiale.  Ils  font  à  quarante-cinq 
lieues  au  fud-eft  de  Cayenne  ,  &  à  15  lieues  de  l'em- 
bouchure de  l'Arabony. 

1.  MARONIA,  lieu  de  l'Afrique,  félon  Démofthéne: 
il  y  avoit  des  mines  dans  cet  endroit.  *  Ortel.  Thefaur. 

2.  MARONIA  ou  Maronias  ,  ville  de  Syrie.  Pto- 


III 

lomee ,  /.  5.  c.  1  j.  la  place  dans  la  Chalcidie,  entre  Tolmi- 
deffa  ëc  Coara.  Il  y  en  a  qui  croient  qu'elle  fe  nomme 
aujourd'hui  Marat.  S.  Malch  folitaire ,  échapé  de  fes 
maures  avec  fa  compagne,  fe  retira  dans  le  bourg  de 
Marone,  où  ils  vécurent  long-tems  &  très  fainte- 
ment  enfemble.  Ce  bourg  s'accrut  dans  la  fuite  jusqu'à 
devenir  une  ville  confidérable ,  à  douze  lieues  environ 
de  la  ville  d'Antioche ,  vers  le  levant  d'hiver  du  côté 
du  mont  Liban.  On  en  a  fait  même  un  évêché.*2fa//- 
Ut ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  296. 

3.  MARONIA  ,  village  dont  fait  mention  S.  Jérôme-  : 
il  dit  qu'il  étoit  éloigné  d'Antioche  d'environ  trente  milles 
du  côté  de  l'orient ,  par  conféquent  ce  ne  peut  être  1* 
Maroma  de  Ptolomée.  *  Ortel.  Thefaur. 

MARONITvE.  Le  cinquième  concile  de  Conftanti- 
nople  fait  mention  de  ces  peuples  qu'il  dit  être  de  la 
province  de  Rhodes.  Ces  peuples  étoient  les  mêmes  que 
ceux  de  Maronea.  1,  *  Ortel.  Thefaur. 

MARONITES.  Ceft  ainfi  qu'on  nomme  les  princi- 
paux habirans  du  Mont  Liban.  Il  y  a  fur  cette  montagne 
environ  400  villages ,  occupés  par  cent  foixante  mille 
Maronites  ,  parmi  lesquels  il  y  en  a  vingt  mille ,  qui  por- 
tent les  armes  pour  leur  défenfe.  Ils  font  les  anciens 
habitans  de  la  Phénicie.  Dans  le  V.  ficelé ,  ils  embraffe- 
rent  les  erreurs  d'Eutiehès.  Ils  les  abjurèrent  au  com- 
mencement du  VIII.  par  les  foins  d'un  abbé  ,  nommé 
Maron ,  de  qui  ils  onr  pris  leur  nom.  Il  fut  leur  pre- 
mier éveque.  Ils  ont  perfévéré  depuis  dans  leur  union 
avecl'Eglife  Romaine.  Les  perfecutions  qu'ils  ont  effrayées 
de  la  part  des  Turcs ,  en  ont  forcé  une  partie  de  quitter 
leurs  habitations.  Plufieurs  fe  font  retirés  a  Alep,  à  Laodi- 
cée ,  à  A  pâmée,  à  Jérufalem  ,  même  en  Chypre  ,  où 
ils  occupent  plufieurs  bourgs  ,  ou  villages.  Ils  ont  un 
patriarche  qui  prend  le  titre  de  patriarche  d'Antioche, 
&  fait  fa  réfidence  au  monaftere  de  Canobin,  à  10  lieues 
de  Tripoli  ,  au  pied  du  Mont  Liban. 

MARONSA.  Voyez.  Maranga. 

MARONY  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  dans 
la  France  équinoxiale  qu'elle  borne  à  l'occident.  Ceil 
la  rivière  la  plus  confidérable  du  pays;  elle  coule  du 
fud  au  nord  ;  &  après  un  cours  de  foixante  ou  quatre- 
vingt  lieues ,  elle  va  fe  décharger  dans  la  mer ,  à  environ 
quarante-cinq  lieues  de  l'embouchure  de  la  Cayenne.  Elle 
forme  dix  petites  ifles ,  en  commençant  à  onze  lieues  de 
fon  embouenure  jusqu'à  fon  embouchure  même. 

M ARORA ,  ville  de  la  Cappadoce  dans  la  Sargaraufé- 
nc  ou  Sargauraféne.  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  6.  la  place  après 
Ariarathira.  Ses  interprêtes  lifent  Maroga. 

1.  MAROS ,  nom  d'un  lieu  dont  fait  mention  Polybe» 
l.Ç).c.  28.  qui  dit  que  Timéey  pilla  le  templede  Neptune. 
Un  manufcrirgrec  portoit  Tê/uapw  au  lieu  de  M«poç  ;  mais 
Fulvius  ôc  les  meilleurs  interprêtes  lifent  Tœnaro.  En 
effer ,  félon  Paufanias ,  /.  j.r.  12.  il  y  avoit  un  temple 
de  Neptune  à  Thmarus. 

2.  MAROS ,  montagne  de  la  Thrace  auprès  de  la  ville 
Ismarus ,  fi  l'on  en  croit  Pomponius  Sabinus  dans  fes 
remarques  fur  le  cinquième  livre  de  l'Eneïde.  Ortelius, 
Thefaur.  foupçonne  que  ce  mot  foit  corrompu  ;  il  croit 
qu'il  faut  lire  Ismaros  au  lieu  de  Maros. 

3.  MAROS.  Voyez,  Marisch. 

MAROSTICA ,  bourg  confidérable  d'Italie  dans  le 
Vicentin  ,  à  trois  lieues  de  Baflano  vers  le  fud-oueft.  Le 
Bofl'a  paiïe  au  milieu ,  &  le  Silano  à  un  mille  plus  loin. 
II  y  a  plufieurs  églifes,  une  des  plus  remarquables  eft 
celle  de  faim  Flotian.  Dans  celle  de  S.  François,  on 
conferve  le  corps  d'un  enfant  nommé  Lorenzulo ,  qui 
fut  martyrifé  par  les  Juifs  avant  qu'on  les  eût  chaffés  de 
ce  lieu.  Les  feigneurs  délia  Sc^la  y  ont  bâti  un  château 
fur  la  croupe  d'une  montagne  ;  il  eft  entre  deux  rochers 
&  entouré  de  murailles.  L'air  de  Marofiica  eft  très-pur 
&  le  pays  fort  beau  ,  produifant  toute^fortes  de  fruits 
en  abondance  ,  &c  entr'autres  des  cerifes  qui  font  les 
plus  belles  de  l'Italie.  Il  y  a  aufli  quantité  de  fources 
ck  de  fontaines-,  &  à  deux  milles  de  cet  endroit  on 
voit  un  lac  dont  les  eaux  croiffent  &  diminuent  comme 
les  Lagunes  de  Venife.  *  Corn.  Diét.  éd.  R,  nouv.  voyage 
d'Italie. 

M  AROTHA  ou  Morovig  (  a  ) ,  bourg  de  l'Efclavo- 
nte  à  l'orient  de  Mitrovitz ,  au  confluent  du  Boszut  ÔC 
d'une  petite  rivière  nommée  (  b  )  Valco  par  Lazius ,  qui 


i  la        MAR 


MAR 


dit  que  ce  lieu  fut  appelle  par  les  Latins  Manu  cajfra. 
(a)  Dellp,  Atlas.  ( b )  Ortel.  Thefaur. 

MAROZ ,  bourgade  de  Hongrie  dans  le  comté  de 
Pilier  vis-à  vis  de  Vicegrad  ,  de  l'autre  côté  du  Danube , 
au-deffus  de  l'ifle  de  S.  André.  *  De  l'IJle  ,  Atlas. 

MAROZZO,  bourg  ou  village  d'Italie  au  royaume 
de  Naples ,  dans  l'Abruzze  citérieure ,  fur  la  côte  de 
la  mer  Adriatique,  à  fept  ou  huit  milles  de  Termole, 
entre  cette  ville  &  le  fleuve  Trigno.  11  y  en  a  qui  pren- 
nent ce  village  pour  l'ancienne  Bucu  ou  Buba.  *  Magin , 
Carte  de  l'Abruzze  créiïeure. 

M ARPACH ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Sotiabe, 
fituée  fur  le  Necker  près  de  l'endroit  où  la  Murr  fe 
jette  dans  ce  fleuve,  entre  Heilbron  &  Schorndorf,  à 
une  diftance  a  peu  près  égale  de  ces  deux  villes.  Elle  fait 
partie  de  la  principauté  de  Wurtemberg!  mais  le  comte 
Ulrich  de  Wurtemberg  qui  fut  pris  en  1461.  a  la  batail  le 
de  Heydelberg  ,  par  Fridéric  ,  dit  le  Victorieux  c^mte 
palatin  ,  fut  obligé  de  reconnoîtrece  prince  pour  feigneur 
fuzerain  de  Marpach  ,  &  de  lui  en  faire  hommage.  C'efl 
la  même  que  Marbach.  *  Z<yler,  Topogr.  Suevia;.  p.  54. 

MA11PESIA  Cautes.  Jomandes  dit  que  ce  nom  fut 
donné  au  mont  Caucafe ,  parce  que  Marpefia  reine  des 
Amazones  y  avoit  demeuré  quelque  tems.  Voyez.  Cau- 
case &  Marpessa.  *  Ortel.  Thefaur. 

MARPESSA  ,  montagne  de  l'ifle  de  Paros,  félon  Etien- 
ne le  géographe,  Servius  &  Vibius,  11  y  en  a  qui  croient 
que  c'eft  de  cette  montagne  dont  Virgile  ,  Mneid.  l.  i.  v. 
471.  entend  parler  fous  le  nom  de  Maipcfia  Cames.* 
Ortel.  Thefaur. 

MARPESSUS,  ville  de  la  Phrygie  dans  le  mont  Ida. 
Paufamas ,  /.  10,  c.  1 2.  la  met  chez  les  Phocéens ,  à  deux 
cens  quarante  ftades  d'Alexandrie  de  la  Troade  ,  aux 
environs  du  fleuve  Ladon.  Lactance  la  place  dans  le 
territoire  de  Troye,  au  voifinage  de  Gergithe  ,  Se  ajoute 
que  la  Sibylle  Hellefpontiaque  étoit  née  dans  cette  ville. 
Ortelius  croit  que  MarpeJJtis ,  Marmifus  Se  MermeJJus 
font  des  noms  fynonymes.  *  Ortel.  Th. 

MARPOURG,  ville  d'Allemagne  fur  la  rivière  de 
Lohn  dans  le  Landgrax  iat  de  Hefle ,  dont  elle  eit  la  capi- 
tale. Cette  ville  fituée  dans  un  pays  très-agréable ,  eft:  aflez 
grande  Se  aflez  bien  bâtie  avec  un  château.  Ce  netoit  an- 
ciennement qu'une  forteteffe  des  Maniaques  ,  Se  que  Pto 
lomée,  /.  x.t.  1 1.  appelle  Matiacum  ,  Se  Cluvier  caflel- 
lum  Mittiacorum.  Elle  a  été  autrefois  libre  Se  impériale  ; 
mais  le  i  landgraves  de  Hefle  la  fournirent  à  leur  obéiffance. 
Le  landgrave  Philippe  le  Magnanime  fonda  fon  univerfité 
l'an  1526.  Les  rues  font  larges  (b)  Se  les  maifons  aflez 
belles.  Sa  principale  place  eff  fort  grande  &  embellie  d'un 
hôtel  de  ville,  dont  l'architecture  mérite  d'être  remarquée. 
Le  château  ,  qui  eft  fur  le  haut  d'une  colline,  eft  féparé  de 
la  ville  par  la  rivière  ,  fur  laquelle  il  y  a  un  fort  beau  pont 
de  pierre  de  taille.  Dansl'autre  partie  eft  la  maifon  du  conv 
mendeur  des  chevaliers  Teutoniques ,  c'efl  un  bâtiment  fu- 
perbe  Se  fpacieux.  Il  y  a  aufli  uneéglife  confidérable  ;  elle 
fut  bâtie  par  Louis  évêque  de  Munfter,  fils  de  Henri  III. 
landgrave  de  Thuringe.  Le  palais  du  prince  e/t  fur  un  lieu 
élevé  dont  la  vue  s'étend  fur  de  grandes  plaines,  fur  des 
vallées  entrecoupées  de  ruiffeaux,  &  fur  des  collines  char- 
gées de  vignes ,  Se  de  diverfes  forte  d'arbres.  (  a  )  D'Audi- 
fret,  Géogr.  anc  Se  mod.  t,  3. p. 272.  (b)  Corn.  Diétionh. 
Atlas ,  pays  de  Hefle. 

M  ARPURG,  ville  d'Allemagne  dans  la  baffe  Stirie  ,  en- 
tre Cilley  Se  Gratz ,  dont  elle  eft  à  neuf  milles  fur  la  Drave, 
au  levant  de  Lavant-Mynd.  Lazius ,  Rcip.  Rom.  I.  1 2.  Ceci. 
4.  c.  4.  croit  que  c'efl  le  caftra  Maruna  des  anciens,  ou 
le  caftra  Matciana  d'Ammien  Marcellin  ,  &  dit  qu'on  y 
trouve  plufieurs  antiquités.  II  y  a  deux  châteaux  en  ce  lieu  j 
un  hors  de  la  ville  qui  s'appelle  le  haut  Marpurg ,  &  l'au- 
tre renfermé  dans  fon  enceinte,  au  poffeffeur  duquel  eft 
attaché  le  droit  exclufif  de  livrer  tout  le  bled  que  les  bou- 
langers de  la  ville  emploient.  Marpurg  a  eu  autrefois  fes 
comtes  particuliers,  dont  un  nommé  Bernard  la  vendit  à 
Ortocare  III.  margrave  de  Stirie ,  comme  le  rapporte  La- 
zius ,  /.  6.  dans  fon  livre  de  Migratione  Gentium.  Cepen- 
dant on  trouve  qu'Ulrich  ,  dernier  des  comtes  de  ce 
nom ,  vivoit  encore  en  1 240.  Se  qu'après  fa  mort  les 
feigneursde  Scherffenberg,  qui  étoient  fes  coufins,  ont 
disputé  long  tems  ce  comté  aux  margraves  de  Stirie.* 
Zcykr ,  Topogr.  Stirix. 


MARQUAIRE  ou  Marcaire  ,  ville  dés  Indes,  fur  îà 
côte  de  Malabar  au  royaume  de  Calecut.  On  l'appelle  aufli 
Marcaire-costÉ  ,  Se  les  Portugais  la  nomment  la  terré 
de  Cognialy.  C'efl  dans  cette  ville  que  font  les  receveurs, 
les  écrivains  Se  autres  officiers  du  roi  de  Calecut  :  ils  y  ont 
un  bureau  où  ils  font  la  recette  Se  vont  vifiter  tous  les 
vaiffeaux  Se  les  marchandifes  qui  arrivent  au  port,  &le 
foir  ils  s'en  retournent  a  leur  logis  qui  efl  à  demi-heue  de- 
la  dans  le  pays.  Les  Portugais  ont  fait  de  grands  cfiorts  pour 
fubjuguer  cette  ville  &  quelques  autres  du  voifinage  ,n;ais 
ils  n'ont  pu  y  réuflir.  La  ville  de  Marquaire  efl  grande, 
bien  peuplée  Se  fort  marchande.  Elle  eli  firuée  fur  une  hau- 
teur, &  la  fortereffe,qui  la  commande  Se  la  défend,  efl  en- 
core plus  haur.  Au  bas ,  près  de  la  mer  ,  eft  le  port.  Se  des 
deux  côtes  de  la  riviei  e  on  a  bâti  des  forts  qui  en  défendent 
l'entrée.  La  rivière  efl  belle, elle  porte  bateau  l'efpace  de 
plus  de  vingt  lieues. 

Tout  le  pays  de  Marquaire  efl  fort  bon  ,  &ileft  la  ré- 
traite principale  des  pirates  de  ces  quartiers  ;  c'efl  aufli  le 
lieu  où  il  y  a  le  plus  de  Maiabres ,  parce  qu'il  efl  le  mieux 
fortifie.  Le  roi  de  Calecut  y  met  un  gouverneur  qui  com- 
mande a  tous  les  Maiabres  de  fon  état ,  de  même  qu'à  tous 
les  pirates  &corfairts  des  autres  villes  qui  le  îeconnoiffent 
comme  leur  roi,  car  il  faut  qu'ils  foient  commandés  par  une 
perfonnedeleur  loi  Se  de  leur  nation,  quoiqu'ils  dépendent 
du  Samory.  *  Pyrard ,  Voyage  aux  Indes  Orient,  p.  246. 
Se  fuiv. 

MARQUARDSTEIN.ville  d'Allemagne  dans  la  haute 
Bavière, fur  la  rive  droitede  l'Acha,  au  mididulacChiem- 
fée.  Elle  a  un  pont  fur  cette  rivière.*  Baudrand,edit.  1705. 
Robert  ,  Carte  de  Bavière  ,  1 7 j  1. 

1.  MARQUE,  petite  rivière  des  Pays-Bas  dans  la  Flan- 
dre Vallonné.  Elle  a  fa  fource  près  d'Orchies  ,  pafle  à 
Epinoi ,  à  Pont-à-Marque,  d.  à  Pont-à- Bovines ,  d.  à 
Pont-à-Treflin  ,  d.  à  Acq ,  g.  à  Anappes ,  g.  à  Lille  d. 
après  quoi  elle  fe  perd  dans  la  Deulle  à  l'abbaye  de  Mar- 
quette au-defibus  de  Lille.  *  Dill.  géogr ;  des  Pays-Bas , 

P«iJ9- 

2.  MARQUE  ,  la  Marque  ou  Merck,  abbaye  de 
France  dans  la  Picardie  au  voifinage  de  Calais  ;  c'efl: 
une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  S.  Benoît.  Elle  fut 
fondée  en  1090  ,  par  Euflache  comte  de  Boulogne  Se 
Ide  fa  femme ,  père  Se  mère  de  Godefroi  de  Bouillon 
comte  de  Jérufalem. 

MARQUE-FAUT  ou  Marque  Fauve  ,  petite  ville 
de  France  dans  le  haut  Languedoc  ,  diocèfe  &  recette  de 
Rieux.  il  y  a  un  couvent  d'Auguflins  Se  un  prieuré  de 
l'ordre  de  Fontevraud. 

i.  MARQUETTE  ou  MARQUETTE-tEz-LitLE ,  ab- 
baye de  France  dans  la  Flandre  Françoife  aux  portes  de 
Lille.  C'efl  un  monaftere  de  filles  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux  ,  filiation  de  Clairvaux.  Elle  fut  fondée  en  1 2 2 5;*.' 
ou  1230  par  Jeanne  comteflé  de  Flandres,  &  fempe 
du  comte  Ferdinand.  Us  y  ont  été  inhumés  l'un  Se 
l'autre. 

2.  MARQUETTE  ,  rivière  de  l'Amérique  feprentrio- 
nale  dans  la  nouvelle  France.  Elle  fe  jette  à  la  bande 
de  l'efl  du  lac  des  Ilinois.  Elle  a  pris  fon  nom  du  père 
Marquette,  Jéfuite  miflionnaire  ,  oui,  l'un  des  premiers 
avec  le  fieur  Joliet ,  descendit  une  partie  du  Mifllflipi* 
Moyennant  un  portage  on  peut  communiquer  par  cette 
rivière,  de  la  baie  deSakinan  du  lac  des  Huions,  au  lac 
des  Ilinois.  L'embouchure  de  la  rivière  Marquette  eft: 
par  les  43  degrés  49  minutes  de  latitude  nord.  Elle  n'y; 
paroît  qu'un  ruiffeau,  mais  vingt  pas  plus  haut  on  trou- 
ve un  lac,  qui  a  près  de  deux  lieues  de  circuit.  En  en-' 
riant  dans  la  rivière,  on  laiffe  à  gauche  un  gros  morne» 
dont  le  haut  paroît  avoir'  été  coupé  avec  le  pic ,  &  fur 
la  droite  la  côte  eft  forr  baffe ,  fa  longueur  d'une  portée 
de  fufil.  *  Le  P.  de  Charlevoix ,  Voyage  de  l'Améri- 
que. 

MARQUILLIÊS  ,  bourg  de  France  dans  la  Flandre 
Valonne ,  diocèfe  de  Tournay.  Il  y  a  deux  foires  tous 
les  ans ,  Se  un  marché  franc  tous  les  mois. 

MARQU1NA  ,  vallée  du  royaume  d'Espagne  dans  la 
Biscaye  ;  la  rivière  de  Deva  y  coule ,  &  la  ville  de  Pla- 
centïa  y  eft  fituée.  *  Délices  d'Espagne  ,  t.  1.  p.  87. 

i. MARQUIS  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Picardie  ,  an 
Boulonnois. 
z.MARQUISJ'ai  expliqué  aux  mots  Marche  &  Mar- 
grave, 


MAR 


MAR 


CRAVE,  la  lignification  primitive  de  cette  forte  de  digni- 
té que  Ton  exprime  en  latin  moderne  par  Marchio, 
&  dans  quelques  vieux  aéïes  gaulois  par  le  mot  Mar- 
chis.  Ceux  des  princes  de  la  maifonde  Lorraine,  por- 
tent en  quelques  recueils  la  qualité  de  ducs  6c  de  mar- 
chis  ,  par  exemple  ,  nos  Thibaus  par  la  grâce  Dieu  ducs 
&  marchis  de  Loherrene ,  dans  le  codicille  de  Thibaut 
III.  l'an  13 12.  On  lit  dans  le  traité  entre  Ferri  III. 
duc  de  Loi  raine  6c  Edouard  comte  de  Bar  :  Nous 
Eddouuars  Caens  de  Bar  faifons  f avoir  &  connoïfjance 
a  tous  que  nous  avons  fais  accort  &  convenances  ,  à 
très -haut  &  pmj]  -nt  prince  notre  très-chier  &  amey  Jig- 
nour  &  coufin  Ferri  duc  de  Loheraine  &  Marcha  telles 
comme  cy-apres  font  eferiptes  &  devifées.  Cet  acte  eft 
de  1310.LetellamentduducJeanI.de  l'année  1377. 
porte  :  Je  Jehan  duc  de  Loherreine  &  Marchis  ,  en  bon 
Cens  &  bonne  mémoire  de  mon  entendement ,  tir  bonne 
profpérité de  mon  corps,  Dieu  merci ,  Sec.  Ce  mot  Mar- 
chis fe  trouve  dans  les  actes  fuivans,  6c  même  dans  la 
proreftation  de  Charles  III.  en  1641. 

Quoique  les  noms  de  Marchis  ,  Marquis  ou 
Margrave  lignifient  originairement  la  même  choie , 
ils  ont  aqdis  avec  le  tems  une  fignificacon  bien  différente. 
A  l'égard  de  Marchis  ,  je  ne  connois  que  la  mâifon  de 
Lorraine  qui  l'ait  confervé;pour  ce  qui  eft  de  Margra- 
ve ,  il  eit  commun  à  plufieurs  princes  fouverains  de  l'Em- 
pire ,  comme  le  margrave  de  Brandebourg  ,  le  mar- 
grave de  Al  unie  6c  autres.  Voyez.  Margrave.  Ce  font 
des  princes  qui  ont  toutes  les  prérogatives  attachées  à  la 
fouveraineté  ;  comme  de  faire  grâce  ou  julHce  a  la  rigueur 
aux  criminels  ;  d  é  ablir  des  loix  pénales  ;  de  faire  la  guerre 
ou  la  paix  ;  de  ba"tre  monnoic  en  leur  propre  nom  6c  effi- 
gie ,  &c.  Quand  il  s'agit  de  ces  fouveiains  qui  ne  fe  trou- 
vent que  dans  l'Empire  d'Allemagne  ,  je  voudrois  con- 
ferver  le  mot  de  Margrave,  qui  feul  répond  à  cette 
idée.  Celui  de  marquis  n'y  répond  pas.  Marquis  en 
France  eit  un  titre  honorable  que  le  fouverain  conlerve  à 
qui  il  veut  ,  fans  égard  à  fa  figmfica'ion  primitive.  Un 
riche  bourgeois  achète  des  terres ,  fe  fuppofe  d'extraction 
noble  ,  prétend  qu'un  de  fes  ancêtres  a  dérogé  ,  fair  ré- 
habiliter fa  noblelîé  imaginaire  ,  &  transmet  à  fon  fils  une 
terre  érigée  en  raarquifat.  Il  elt  vrai  que  tous  nos  marquis 
de  Fiance  ne  font  pas  de  cette  efpéce  ;  mais  il  n'eft  pas 
moins  véritable  qu'il  y  en  a  un  très-grand  nombre  de  ce 
calibre. 

Parmi  ceux  qui  font  marquis  d'origine ,  il  n'y  en  a 
point  qui  jouiffent  des  privilèges  a'tachcs  en  Allemagne 
au  margraviat.  Tout  marquis  en  Fiance  n'eft  qu'un  gen- 
tilhomme titre  ,  qui  elt  fujet  du  roi  comme  tout  le  relie 
de  fa  noblefle. 

La  dignité  de  marquis  eft  inconnue  en  Suéde ,  en  Da- 
nemark ,  6c  en  Pologne.  On  y  a  des  comtes.  Il  y  a  des 
marquis  6c  des  marquifâts  en  Italie  ,  comme  Final  6c 
autres.  Il  y  enaajffi  en  Espagne  ;&  îi  eft  remarquable 
que  le  marquifai  de  Villena  ,  quoique  poffédé  par  le  duc 
d'Escalona,  femblc  l'emporter  fur  la  dignité  de  duc.  Le 
fameux  duc  d'Escalona,  fi  connu  par  les  indignes  traite- 
mens  qu'il  fouffrit  au  royaume  de  Nâples  de  la  part  des 
Impériaux  ,  àcaufe  de  fa  confiante  fidélité  envers  fon  roi 
légitime  ,  fignoit  feulement  El  Marques,  Le  marquis, 
comme  s'il  eût  été  marquis  unique  ,  ou  marquis  par 
excellence. 

MARQUISAT  ,  feigneurie  dont  le  propriétaire  com- 
pétent prend  le  titre  de  marquis.  Il  y  a  des  marquifâts  qui 
font  des  fouverainetés ,  6c  l'on  donne  improprement  le 
nom  de  marquifâts  aux  margraviats  d'Allemagne.  Il  y  a 
des  marquifâts  comme  ceux  de  France  qui  font  poflédés 
par  des  gentilshommes ,  dont  la  terre  eft  nommée  ainfi 
par  une  patente  »  dont  eux  ou  leurs  ancêtres  ont  été  grati- 
fiés par  le  roi ,  foit  à  caufe  de  leurs  fervices ,  foit  par  une 
faveur  achetée  à  prix  d'argent. 

MARQUISAT  DU  S.  EMPIRE.  Voyez  Anvers. 
MARR  ,  province  maritime  d'Ecofle  ,  fituée  pour  la 
plus  grande  partie  entre  le  Don  6c  la  Dée  ,  6c  générale- 
ment allez  fertile.  On  l'appelle  autrement  the  Shire  of 
Aberdéen  ,  du  nom  de  fa  capitale.  Elle  produit  du  fro- 
ent ,  du  feigle  ,  de  l'orge  ,  de  l'avoine  ,  des  pois  6c  des 
frves  en  abondance.  Les  herbes  6c  les  racines  ,  foit  pour 
la  table  ,  foit  pour  l'ufage  de  la  médecine  ,  y  viennent  fore 
bien.  Les  montagnes  d'ailleurs  font  fertiles  en  pâturages. 


113 

Là  mer  6c  les  rivières  y  abondent  en  poiflbns,  particulière- 
ment en  faumons  6c  en  truites  :  on  y  compte  jusqu'à  fix 
différentes  espèces  de  truites  ,  6c  toutes  très-délica  es.  Le 
gibier  s'y  trouve  auffi  en  quantité  ,  fur  les  rivières  6c  dans 
les  montagnes.  &  les  betes  fauves  font  très  communes 
dans  les  forets.  Il  y  a  plufieurs  carrières  qui  fourniflent 
des  pierres  pour  bâtir  ,  6c  des  pierres  à  chaux  qui  fervent 
auffi  pour  engraiffer  la  terre.  *  Etat  préfenh  de  la  grande 
Bretagne ,   t.  2  p.  267.  6c  fuiv. 

On  trouve  dans  cette  province  une  forte  de  pierre  fra- 
gile, que  les  habitaus  appellent  Elfaraïuheads.  Les  plus 
longues  font  d'environ  deux  pouces  ,  les  plus  épailies  de 
deux  grains  ,  6c  toutes  fort  minces  aux  bords  Elles  font 
de  diverfes  formes.  On  en  trouve  quelquefois  fur  le  gra>.d 
chemin  ,  6c  en  d'autres  endroits  où  il  eit  certain  qu'il  n'y 
en  avoit  point  une  heure  ou  deux  aupara/ant ,  6c  cela 
arrive  l'été  ,  principalement  lorsque  le  tems  efl  clair  6c 
ferein.  On  fuppofe  qu'elles  fe  forment  en  l'air  par  de  grof- 
fes  exhalaifons  ,  parce  que  les  voyageurs  en  trouvent  quel- 
quefois dans  leurs  bottes  ou  dans  leurs  habits.  *  Etat  fré- 
Jent  de  la  Grande  Bretagne  ,  p.  268. 

Cette  province  donne  le  titre  de  comte  au  chef  de  la  fa- 
mille d'Erskiue  ,  &  fes  principales  villes  font  , 

Le  vieux  Aberdéen  ,        Le  nouveau  Aberdéen , 
Se  Kincardin. 

1.  MARRA.  ^«.Casarda. 

a.  MARRA  ,  ville  de  S/rie  au  voifinâge  d'Ama.  Elle 
eft  commandée  par  un  fangiâc  ,  &  n'a  rien  qui  mérire  dê- 
tre  remarqué  ,  fi  ce  n'eft  le  han  où  on  loge.  Il  eft  tout  cou- 
vert de  plomb ,  6c  fort  fpacieux  :  huit  cens  hommes  y 
peuvent  loger  a  l'aile  avec  leurs  chevaux.  Au  milieu  de  ce 
han  il  y  a  une  mosquée  ,  avec  une  belle  fontaine.  On  y 
voit  encore  un  puits  profond  de  quarame-deux  toiles , 
depuis  le  haut  jusqu'à  la  fuperficie  de  l'eau.  Ce  han  fut 
bâti ,  il  y  a  près  de  deux  cens  ans ,  par  Mourab  Chelebi  , 
grand  tef  crdar  ,  lorsqu'il  fit  le  voyage  de  la  Mecque.  Ln- 
viron  à  cinqi  ante  pas  il  y  a  un  autre  han  a  demi-ruiné  , 
d.jnt  /a  porte  eft  d'une  pierre  noire  toute  d'une  pit.ee  % 
haute  de  lept  pans ,  large  de  quarre  6c  demi  ,  6c  d'un  pan 
d'épai fleur.  On  y  voit  deux  croix  comme  celles  de  Malte, 
gravées  à  demi  relief,  avec  des  rofes  6c  d'autres  figures. 
*  Thevenot ,  Voyage  du  Levant ,  2.  part.  c.  60. 

MARRAGAT/E.  Voyez.  Messabat^ 

MARRASIUM  ,  ville  ou  viliage  de  la  Perfide.  Pro- 
longée ,  L  6.  c.  4.  la  place  entre  Tanagara  6c  Aspadanat 
Dans  le  livre  huitième  il  écrit  le  nom  de  cette  ville  avec 
une  feule  r. 

MARRAT  ,  bourg  de  France  dans  l'Auvergne  ,  élec- 
tion de  Clermonr. 

MARR  A  Y  ,  bourg  de  France  dans  la  Touiaine,  élec- 
tion de  Tours. 

MARRICHE  ,  viile  du  pays  des  Pannes  ,  entre  Se- 
mina  6c  Tafiache  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  y. 

MARRIS  ,  forêt  que  Guillaume  de  Tyr  ,  L  16.  c.  19. 
met  aux  environs  de  la  Méfopoiamie.  Il  place  auffi  à  peu 
près  dans  le  même  quartier  une  ville  qu'il  nomme  Mareu 

MARRO  ,  rivière  d'Italie  au  royaume  de  Naples  dans 
la  Calabre  ultérieure, Elle  a  fa  lburce  dans  le  mont  Apen- 
nin ,  6c  fon  embouchure  fur  la  côte  occidentale  entre 
Gtoia  6c  Petre  Nere.  On  nommoit  autrefois  cette  rivière 
Metauro*  *  Magin  ,  carte  de  la  Calabre  ultér. 

MARRUB1ÛM.  r«>y«.MARuviuM. 

MARRUCINI.  Voyez,  Maruceni. 

1.  MARS.  Voyez  Marsal-Quivir. 

2.  MARS  ou  Beit  Mars  ,  ancien  temple  d'idolâtres» 
rempli  d'un  grand  nombre  de  pagodes  ou  idoles ,  dans  le 
voifinâge  de  la  ville  d'Ispanan.  Ce  lieu  fut  converti  en 
Pyrée  ,  c'eft  à-dire  ,  en  un  de  ces  temples  où  les  adora- 
teurs du  feu  confervoient  religieufement  6c  révéroient 
leur  feu  facré.  *.  D'Herbelot  ,  biblioth.  orient. 

1 .  MA  RSA  ou  Marc  a,  mot  arabe  qui  fignifie  un  port. 

2.  MARSA  ou  Marça  ,  ville  d'Afrique  au  royaume 
de  Tunis  dans  la  feigneurie  de  la  Goulette.  Metiedi  ka  ife 
de  Carvan  en  fut  le  fondateur.  Il  la  bâtir  dans  l'endroit 
où  étoit  le  port  de  l'ancienne  Carthage.  Elle  fut  détruite 
pendant  les  guerres  des  rois  de  Tunis ,  &enfuite  rebâtie 
par  quelques  pêcheurs  6c  laboureurs.  Il  y  a  préfentement 
un  beau  palais  6c  des  maifons  de  plaifance  ,  où  les  bâ- 
chas de  Tunis  vont  fe  divertir  Tété.  On  tient  qu'il  y  a  près 
de  huit  cens  maifons ,  avec  une  mosquée  Se  un  collège  3 

Tom.  IV.  P 


MAR 


1 14 

que  Muley  Mahomet ,  père  de  Muley  Hascen  fit  bâtir. 
*  Dœpper  ,  defcr.  de  l'Afrique  ,  p.  1 94* 

3.  MARSA  (  a  ) ,  ville  ancienne  de  la  Fannonie  Ce 
fut  près  de  cette  ville  que  l'empereur  Conllance  ,  fécond 
fils  de  l'empereur  Confiant»  ,  donna  bataille  a  Magnen- 
ce ,  qui  avoir  pris  le  nue  d'empereur  des  Gaules.  Zofimc 
(b)  nomme  ce  lieu  Mursa.  Voyez,  ce  mot.  (./)  Corn. 
Diction.  Vu  Virdier ,  abrégé  de  Philt.  rom.  t.  6.  (  b  ) 
fiijiortarA.  2.  c.  63. 

1.  MARSAC ,  bourg  de  France  dans  l'Auvergne  ,  élec- 
tion d'1  (foire. 

2.  MARSAC  ,  bourgade  de  Franc,  dans  le  Périgord. 
Elle  eft  remarquable  rar  une  fon  aine  ,  qui  a  fon  flux  & 
reflux  de  même  que  le  bias  de  mer  qui  1  ai.e  de\  an  Bour- 
de aux.  La  varia. ion  qui  fe  trouve  dans  les  inouvemens  de 
cette  fontaine  ,  eft  attribuée  à  une  communication  l'ourer- 
raine  avec  la  rivière  de  1  ifle  cians  laquelk  le  fuix  de  la 
mer  monre  à  dix  lieues  environ  de  Marfac.  *  Obkrva- 
tion  du  P.  Mut  %  Cordelur  inférée  da  is  les  journaux  de 
Juin  1749.  Or,  ».  Dict.  André  au  Chêne  ,  antiquités  des 
villes  de  France. 

3.  MARSAC,  bourg  de  France  dans  la  Saintonge, 
élection  de  S.  Jean  d'Angely. 

MARSACI  &c  Marsatii.  Voyez.  Masaci. 

MARSAILLE,  plaine  du  Piémont,  renommée  par 
la  bataille  qui  s'y  donna  le  4  Octobre  1693  ,  entre  les 
troupes  de  Fiance  commandées  par  le  maréchal  de  Cati- 
nat  ,  &  celles  de  Victor  Amé  IL  duc  de  Savoie  ,  ailillé 
des  Espagnols  &  des  Allemands.  Huit  mille  des  ennemis 
de  la  France  demeurèrent  fur  la  place  ;  on  prit  leur  canon 
avec  quatre  drapeaux  ou  étendards,  &  on  fit  plufieurs 
prifonniers ,  parmi  lesquels  il  y  avoir  divers  officiers  de 
marque.  *  Corn.  Diction.  Mémoires  du  tcm<. 

M  ARSAL ,  ville  de  France  dans  le  duché  de  Lorraine, 
diocèfe  de  Merz ,  avec  titre  de  châtellenie  ,  qui  eft  con- 
tigue  à  celle  de  Vie.  Marfal  a  été  un  célèbre  &  impor- 
tant domaine  de  l'églife  de  Metz.  Les  ducs  de  Lorraine 
avoienr  part  à  cette  feigneurie  ;  mais  l'évêciue  Jacques  de 
Lorraine  ,  qui  l'avoir  eue  en  pattage  ,  donna  à  fon  églife 
ce  que  fa  maifon  avoir  a  Mai  !àl ,  avec  le  refte  de  fon  pa- 
trimoine, comme  on  peut  le  voir  dans  l'hiftoire  des  évê- 
ques  de  Merz. 

Ce  lieu  étoit  fameux  pour  fes  falines  dès  le  huitième 
fiecle  ,  comme  on  voit  par  le  teitament  de  FohaJ,  ar- 
chichapelain  &  abbé  de  fainr  Denis  gardé  en  original  dans 
les  archives  de  cette  abbaye.  Cet  abbé  marque  dans  ce 
teftament  qu'il  faifoit  du  fel  à  Marfal ,  &  que  Marfal  s'ap- 
pelloit  hodatwm,  Plufieurs  croient  que  ce  nom  Bodathtm 
a  été  changé  en  Mjrfailum ,  à  caufe  du  fel  que  l'on  y 
faifoit  en  abondance.  L'auteur  de  la  chronique  des  évê- 
quesde  Metz  dans  le  Spicilége  appelle  Marfal ,  Marcel- 
lum  Ôc  Marfellum  ,  ôc  il  y  a  apparence  qu'il  n'a  pas  con- 
nu ,  ou  qu'il  n'a  point  approuvé  cette  étymologie. 

Ces  évêques  de  Metz  commencèrent  à  jouir  entière- 
ment de  la  feigneurie  directe  &  utile  de  Marfal  ôc  de  fes 
falines  dans  le  douzième  fiécle  ,  fous  l'épiscopa:  de  Jac- 
ques de  Lorraine.  Ce  fut  cet  évêque  qui  fir  fermer  ,  fous 
l'empire  de  Frédéric  II.  vers  l'an  1140.  la  ville  de  Mar- 
fal de  murailles  ,  ôc  fortifier  ,  de  manière  qu'elle  fut  la 
première  place  de  tout  l'évêché.  Elle  refia  fous  la  domi- 
nation des  évêques  de  Metz  ,  &  elle  y  étoit  encot e  lors- 
que Henri  II.  prit  la  protection  de  l'évêché.  Les  falines 
furent  inféodées  au  duc  de  Lorraine  avec  les  autres 
qui  appartenoient  à  l'évêché  ;  mais  la  fouveraineté  &  le 
haut  domaine  appartenoit  toujours  aux  évêques. 

Le  roi ,  comme  protecteur  ,  mettoit  garnifon  à  Mar- 
falunais  durant  lestroubles  de  la  ligue  Charles  duc  de  Lor- 
raine s'en  rendit  maître  ,  &  il  lui  fut  cédé  par  Henri  IV. 
au  traité  de  paix  conclu  avec  le  duc  l'an  1594.  à  Saint 
Germain  en  Laie.  Ce  prince  avoir  acquis  de  fon  fils  le 
cardinal  de  Lorraine  ,  évêque  de  Metz  ,  la  place  ôc  fei- 
gneurie de  Marfal  ,  moyennant  un  échange  qui  fut  auro- 
rift  par  une  bulle  du  pape  Clément  VIII.  qui  établit  l'ar- 
chevêque de  Befançon  commiffaire  pour  l'exécution  de  la 
bulle  ,  que  Henri  IV.  autorifa  pareillement  par  un  arrêt 
de  fon  confeil  d'état  l'an  1601. 

Lorsque  Louis  XIII.  fe  rendit  maître  de  la  Lorraine  , 
il  s'empara  auffi  de  Marfal.  Quand  le  duc  Charles  fut  ré- 
tabli dans  fes  états,  l'an  1661.  on  lui  rendit  cette  place 
dont  il  avoit  joui  en  fouveraineté  avant  qu'il  quittât  la 


MAR 


Lorraine.  Deux  ans  après  le  duc  confentit  par  un  traité 
que  Marfal  feroit  remis  au  roi  pour  en  disposer  comme  il 
lui  plairoit ,  à  la  charge  que  le  duc  de  Lorraine  continue- 
roit  a  jouir  du  domaine  ôc  de  la  filme  comme  auparavant: 
mais  lèlon  le  traité  de  RysWick  ,  le  duc  de  Lorraine 
devoir  être  remis  dans  fes  Etais  ,  comme  le  duc  Charles 
fon  grand  oncle  en  jouifioit  ,  ôc  non  autrement. 

Marfal  a  de  bonnes  fortifications,  qui  jointes  à  la  fi- 
tuation  de  la  ville  dans  des  marais  de  difficile  abord  ,  en 
font  une  plate  d  importance.  *  Longutrue  ,  Defcription 
de  la  Fiance  ,  pair.  2.  pag   174. 

1.  M  ARSAL  A  (a)  ,  ville  de  Sicile  dans  le  Val  de 
Mazzara  fur  la  côe  occidentale  de  lifte.  Elle  occupe  la 
place  de  l'ancienne  Luib&i.m  ,  étant  fituee  fur  le  cap  de 
ce  même  nom  ,  qui  porte  aujourd'hui  celui  de  G/pu  Bo- 
co  ,  ou  Lilibeo.  Cette  ville,  qui  fut  fondée  par  les  Romains 
durant  la  gueire  qu  ils  firent  aux  Carthaginois , eft  bien 
fortifiée  (b).  Elle  avoir  autrefois  un  bon  port  ,  que 
l'empereur  Charles  V.  fit  gâter  dans  la  crainte  que  les 
Turcs  ne  s  en  cmparaf.tni  (a)  De  L'ifie  ,  Atlas.  (/;) 
Lo>n.  Dict. 

2.  MARSALA  ,  petite  rivière  de  Sicile  dans  le  Val  de 
Mazzara.  Elle  a  fon  cours  d'orient  en  e>ccident ,  &  fon 
embouchure  fur  la  côte  occidentale  de  lifte,  entre  la 
ville  de  Marfala  au  nord,  é\:  Toue  Sibilliana  au  midi. 
*  JJeïlft,  Atlas. 

MARSAL-QUïBIR.  Voyez.  Marsaqui-vir. 

1.  MARSAN  ou  le  Mont  de  Mapsan  ,  ville  de 
France  dans  la  Gascogne  &  ,  &  la  capitale  du  pays  de 
même  nom.  Cette  ville  a  été  baue  par  Pierre  vicomte  de 
Mai  fan,  vers  l'an  1140.  La  rivière  de  Midoufe ,  fur 
laquelle  elle  eft  fitnée,  commence  d'y  éne  navigable.  Il 
y  a  un  marché  qui  étoit  auttefois  très-confidéiab!e  pour 
la  vente  des  grains  ;  mais  il  ne  s'y  en  débite  plus  tant  de- 
puis que  celui  de  Bazas  eft  venu  en  réputation ,  *  Figa- 
mol ,  Defcr.  de  la  France ,  t.  4.  p.  576. 

2.  MARSAN  {a)  en  latin  ,   Marùanum  ,   pays  de 
Fiance  dans  la  Gascogne  avec  titre  de  vicomte.  C'eft  un 
des  anciens  vicomtes  motivans  du  duché  ou  comté  de 
Gascogne.   Dès  l'an  1000,  il  y  avoit  à  Mat  fan  ,  un  vi- 
comte nommé  Lobanerius ,  qui  étoit  vaffal  de  Bernard- 
Guillaume  duc  de  Gascogne.    C'eft    de   ce  Lobanerius 
que  descendoit  en  dioite  ligne  Pierre  vicomte  de  Marfan  , 
qui  bâtit  la  ville  du  Mont  de  Marfan.    Il  époufa  Bcatrix: 
héritière  du  comte  de  Bigorre ,  ôc  par  ce  mariage ,  le 
Marfan  &  le  Bigorre  furent  joints.  Leur  fils  Centuie  (  b  ) 
n'eut  de  fa  femme  Matclle  qu'une,  fille  nommée  Stépha- 
nie ,  qui  fut  mariée  à  Bernard  ,  comte  de  Comenges.  Ces 
derniers  n'eurent  aufïi  qu'une  fille  ,  appellée  Pétronille  , 
qui  fut  mariée  cinq  fois  ,  &  donna  lieu  à  de  grands  diffé- 
rends pour  fa  fuccefllon.   i°.  Elle  époufa  en   1192.  Ga- 
fton  fouverain  de  Bearn,  mort  fans  enfansen  121c.  20. 
Elle  fe  maria  à  Don  Nunnes ,  comte  de  Cerdaignc ,  qui 
étoit  fon  parent ,  ôc  qu'elle  quitta  fous  prétexte  de  pa- 
renté ,  fans  avoir  fait  caffer  fon  mariage  par  l'Eglife.    30. 
Elle  époufa  en  1216.  Guy  ,  fécond  fils  de  Simon  comte 
de  Montforr.  40.  Aimar  de  Rançon,  fon  quatrième  mari , 
mourut  fans  enfans.  50.  Elle  époufa  en  1228.  Bofon  de 
Mathas ,  feigneur  de  Coignac  en  Angoumois ,  de  qui  elle 
eut  une  fille  appellée  Marie  ,  qui  époufa  Galion  ,  fouve- 
rain de  Bearn  ,  neveu  ou  petit  neveu  de  ce  Gafton  ,   que 
Pétronille  avoit  époufé  en  premières  noces.   Gafion  de 
Bearn  ,  après  la  mort  de  Pétronille ,  disputa  aux  descen- 
dais de  Guy  ,  comte  de  Monfort ,  le  Marfan  ôc  le  Bi- 
gorre. Roger  ,  comte  de  Foix  ,   décida  la  conteftation  en 
1256.  Il  adjugea  le  Marfan  à  Gafton,  &  le  Bigorre  à 
Esquivât,  petit-fils  de  Guy  ,  comte  de  Montfort  &  de 
Pétronille. 

Il  croîr  beaucoup  de  vin  dans  ce  pays ,  ôc  des  feigles 
en  quanrité.  Le  fénéchal  du  pays  de  Marfan  ,  eft  d'épée. 
Son  nom  (c)  n'eft  employé  que  dans  les  commifiïons , 
ou  dans  les  expéditions  des  fentences  ,  &  encore  n'eft-ce 
qu'au  fénéchal  :  car  dans  les  jurisdictions  royales ,  les 
commiiîîons  s'expédient  au  nom  des  juges.  li  ne  jouit 
d'aucun  droit,  ôc  n'a  de  fonctions  que  le  jour  qu'il  eft 
inftallé  ,  &  qu'il  préfide  à  l'audience  du  fénéchal.  Ses 
gages  font  de  trent  fept  livres  dix  fols  ,  &  font  compris 
dans  l'état  des  charges  de  Marfan.  Marfan  eft  un  pays 
abonné  qui  tient  fes  affemblées  comme  les  pays  d'état. 


MAR 


MAR 


1 1  f 


(  à  )  Longueriie  ,  Description  de  la  France  ,  part.  I.  pag. 
i88»  (£)  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  t.  4.  p.  463. 
(  c  )  ibid.  p.  joj. 

MARSANGUE  ,  bois  de  France  dans  la  maitrife  de 
Montmarault.    Il  a  cent  foixante  ôc  treize  arpens  deux 


tiers. 


MARSANUM.  Voyez.  Messapius  mons. 

MARSAQUEUS.   On  lit  ce  mot  dans  une  vieille  in- 
feription  rapportée  par  Goltzius. 

MARSAQUI-VIR  ou  Marsalqui-bir  ,  ville&  port 
d'Afrique  dans  la  province  de  Beni-Arax  au  royaume  de 
Tremecen.    Cette   ville  a  commencé  par  une  fortereffe 
que  les  Romains  bâtirent  fur  la  côte  de  la  mer  Méditer- 
ranée ,  à  une  lieue  d'Oran  du  côté  de  l'occident.   Elle  eft 
fur  un  roc  qu'on  ne  peur  miner ,  ôc  environnée  d'une 
haute  montagne  fi  âpre  ôc  fi  escarpée  ,  qu'on  a  peine  à 
aborder  dans  la  ville  ,  fi  ce  n'eft  par  le  chemin  d'Oran , 
où  il  y  a  un  partage  étroit  Se  inégal ,   appelle  la  Chaife. 
Du  côté  du  feptentrion  ,  où  elle  eft  battue  des  flots  de 
la  mer  ,  il  y  a  deux  tours  carrées  qui  flanquent  le  port , 
&  fuivant  le  mur  qui  eft  fort  épais,  ôc  fait  de  teure  graffe  > 
on  trouve  une  tour  ronde  nommée  la  Campanc.  Tour- 
nant de-là  au  tour  de  la  ville  »  on  vient  à  une  plate-for- 
me, où  avant  que  d'arriver ,  on  rencontre  dans  l'enco- 
gnure  des  deux  pans  de  la  muraille  ,  une  autre  tour  car- 
rée qui  flanque  tout  cet  endroit ,  ôc  enfuitc  une  féconde 
à    l'autre  encognurc   qui  eft  plus    avant  ,   au  -  deflbus 
de  la  porte  de  la  ville  ,  à  l'endroit  qu'on  nomme  la  Folle 
Mer.   L'entrée  de  la  place  eft  défendue  par  deux  grandes 
tours  carrées  où  ,font  les  appartenons   du  gouverneur. 
L'on  parte  trois  portes  pour  entrer  dans  cette  ville»   Son 
port  eft  le  plus  beau  ôc  le  plus  grand  de  toute  l'Afrique  , 
&  peut  contenir  beaucoup  de  vaiffeaux  &:  de  galères.    Il 
eft  de  tous  côtés  à  l'abri  du  vent  ôc  de  la  tempête.    Les 
galéartes  de  Venife  &  plufieurs  autres  navires  de  l'Europe 
y  abordoient  tous  les  ans  avec  leurs  marchandifes  qu'on 
portoit  delà  dans  les  barques  à  Oran,   où  il  y    avoir 
grand  trafic.   Ainfi  il  paroît  que  cette  place  n'a  été  bâtie 
que  pour  la  garde  du  port ,  qu'on  appelloit  autrefois  le 
Port-Grand,  comme  le  mot  arabe  Marfaquivir  le  ligni- 
fie. Ptolomée  le  met  à  1 2.  degrés  48  minutes  de  longi- 
tude ,  &  34  degrés  30  minutes  de  latitude.   L'an  ijoi  , 
cette  place  étant  aux  Maures ,  Emanuel ,  roi  de  Portu- 
gal,  cjmmmda  aux  généraux  d'une  flotte  qu'il  envoyoit 
au  Levant  en  fav:ur  des  Vénitiens ,  de  la  prendre  en 
partant ,   ôc  d'y  me:tre  garnifon.    La  flotte  étant  arrivée 
vers  la  place  ,  eut  le  vent  fi  contraire  ,  qu'elle  fut  trois 
jours  à  tournoyer   pour   prendre    terre.    Les   habitans 
l'ayant  découverte  dans  cet  intervalle  ,  firent  entrer  trois 
cens  chevaux  d'Oran,  ôc  quantité  de  gens  de  pied  pour 
défendre  Marfaquivir.    Us  ne  firent  aucun  mouvement 
jusqu'à  la  descente  des  Portugais;  mais  lorsqu'ils  virent 
qu'ils  s'écartoient,&  que  quelques-uns  étoient  montés  fur 
la  montagne  pour  reconnokre  la  place  ,  ils  fortirent  en 
gros,  les  enveloperent  ôc  les  défirent.  Il  y  en  eut  plu- 
fieurs de  tués ,  fans  les  prifonniers  qu'on  fit.  Ceux  qui 
purent  échaper  fe  fauverent  dans  les  navires  ,  qui  mirent 
aufli  tôt  à  la  voile.  Cinq  ans  après  Dom  Diego  de  Cor- 
douc  ,  gouverneur  des  Donferelles ,  alla  attaquer  cette 
même  place  avec  une  flotte  de  Caftille  où  il  y  avoit  beau- 
coup de  noblerte.  Il  la  battit  vigoureufement  ,  ôc  elle 
fut  défendue  de  même.  Les  Maures  incommodoient  fort 
les  aflîégeans  d'un  canon  de  fer  qu'ils  avoient  ;  mais  on  en 
pointa  fi  jufte  un  autre ,  que  donnant  dans  la  gueule  de 
celui  des  artlégés ,  il  le  mit  en  pièces  &  tua  le  canonnier. 
Cela  les  obligea  de  capituler.  Ils  fortirent  avec  leurs 
femmes  ,  leurs  enfans  ôc  leur  équipage  ,  ôc  lairterent  la 
ville  libre  aux  Chrétiens.  Le  vainqueur,  qu'on  fit  gouver- 
neur de  cette  place  ,  ayant  découvert    par  des    espions 
qu'il  y  avoit  quantité  d'Arabes  campés  dans  la  plaine  de 
Marfa  Guerbin  ,  qui  n'eft  qu'à  deux  lieues  de-là ,  ôc  qu'on 
pouvoir  faire  un  grand  butin  ,  partit  de  nuit  avec  toutes 
fes  troupes,  laiflant  bonne  garnifon  dans  la  place.   En- 
fuite  fondant  à  l'improvifte  fur  ces  Arabes,  il  faccagea 
leurs  tentes  ôc  fit  quantité  de  prifonniers.   Ses  gendarmes 
ayant  voulu  au  retour  donner  l'alarme  à  Oran  ,  huit  cens 
lances  qui  étoient  dedans  en  fortirent  ,   &   voyant  les 
Chrétiens  embarraffés  du  butin  qu'ils  avoient  fait ,  ils  les 
attaquèrent  de  toutes  parts ,  ôc  les  forcèrent  de  fe  retirer 
fur  une  collinem.om.mee  Tinacha ,  où  il  y  eut  un  fanglant 


combat.  La  défaite  fut  grande.  Quantité  de  noblerte  y 
périt ,  ôc  les  Maures  ayant  recouvré  tout  le  butin,  retour- 
nèrent victorieux  à  Oran.  *  Marmot ,  royaume  de  Tre- 
mecen, 1.  j.  c.  18. 

MARS  AT  ,  bourg  de  France  dans  l'Auvergne,  éle- 
ction de  Riom. 

1.  MARSAY  ou  Maïuys  ,  bourg  de  France  dans  le 
pays  d'Aunis ,  élection  de  la  Rochelle. 

2.  MARSAY  ,  bourg  de  France  dans  le  Poitou,  éle- 
ction de  Loudun. 

MARSBEC  ,  petite  rivière ,  ou  plutôt  ruiffeau  de 
France  dans  l'Artois.  Corneille  ,  Bittion.  donne  ce  nom 
au  ruifleau  fur  lequel  eft  fituée  l'abbave  de  Ham.  Il  die 
qu'il  va  fe  jetter  dans  la  Lis  a  faint  Venant.  De  rifle, 
carte  de  L'Artois  ,  ne  nomme  point  ce  ruiffeau.  Il  le 
fait  joindre  un  peu  au- défions  de  l'abbaye  de  Ham  ,  à 
une  petite  rivière  qui  va  effectivement  fe  jetier  dans  la 
Lis  auprès  de  faint  Venant. 

MARSDIEP  (a),  canal  fort  fréquenté  entre  1  ifle  de 
Texel  ix.  la  pointe  feptentrionale  de  la  Nort-Hollande. 
Ce  canal  (b  )  peut  recevoir  de  grands  vairteaux.  C'eft  le 
principal  partage  de  la  mer  d'Allemagne  au  Zuiderzée. 
(a)  Corn.  DicL  ( b  )  Longuerue  ,  Defcription  de  la 
France  ,  part.  1.  p.  2.1. 

MARSEILLE  ,  ville  maritime  de  France  dans  la  Pro- 
vence ,  dont  elle  eft  la  féconde  ville.  Sans  être  métropo- 
litaine ,  elle  eft  la  plus  riche ,  la  plus  marchande  ,  la  plus 
peuplée  ÔC  la  plus  ancienne  ,  ayant  été  fondée  cinq  cens 
ans  avant  Jefus  Chrift.  Ariftote  ,  dans  fon  traité  des  Ré- 
publiques ,  dont  Athénée  nous  a  confervé  ce  qui  concerne 
l'origine  de  Marfeille  ,  aflure  que  cette  ville  fut  fondée 
par  des  marchands  de  Phocée  en  lonie  ,  qui  étoient  allés- 
là  pour  le  commerce  ,  ajoutant  que  le  roi  de  cette  contrée 
nommé  Nanus  ,  ayant  invité  Euxenus  ^  qui  étoit  le  plus 
confidérable  de  ces  marchands  ,  aux  noces  de  fa  fille  , 
ôc  ayant  fait  remplir  une  coupe  de  vin  ,  la  fille  l'apporta 
à  Euxenus ,  le  choififfant  pour  époux  ,  &  rejettant  tous 
ceux  qui  la  demandoient  en  mariage ,  à  quoi  le  roi  fort 
père  ayant  confenti,  Euxenus  l'époufa ,  ôc  changea  lé 
nom  de  fon  époufe  qui  s'appelloit  Petta  en  celui  d  Arifto- 
xéne.  Il  s'établit  donc  en  ce  pays  du  tems  de  Tarquin 
l'ancien,  dans  la  quarante-cinquième  olympiade  ,  félon 
le  célèbre  hiftorien  Timée ,  cité  par  Marcien  d'Héraclée 
en  fa  defcription  du  monde.  On  voit  par  le  témoignage 
d' Ariftote  ,  que  Marfeille  fut  fondée  par  des  marchands 
Phocéens ,  avant  que  la  ville  de  Phocée  fut  détruite  ôc 
abandonnée  de  fes  habitans.  La  fondation  de  Marfeille» 
11  a  doue  aucun  rapport  avec  l'hiftoire  des  Phocéens ,  qui 
prefles  par  le  fa' râpe  Harpagus  ,  fous  le  règne  de  Cyrus, 
abandonnèrent  leur  patrie  ,  félon  Hérodote  en  fon  pre-1 
mier  livre.  *  Longuerue  ,   Defcr.  de  la  France  »  part.  1. 

P-  347« 

L'Hiftorien  Antiochus ,  qui  vivoit  plus  de  trois  cens 
ans  avant  Jefus  Chrift  ,  eft  d'accord  là°-deflus  avec  Hé- 
rodote. Ifocrate,  dans  la  harangue  qu'il  a  faite  fous  le  nom 
d'Archidamus ,  avance  que  les  Phocéens  ne  voulant  pas 
fe  foumettre  à  la  domination  d'un  grand  roi ,  c'eft-à-dire 
du  roi  de  Perfe  ,  s'en  étoient  allés  à  Marfeille.  L'autorité 
de  cet  orateur ,  par  rapport  à  l'ancienne  hiftoire  ,  eft 
très-foible  ,  auflî  bien  que  celle  du  grammairien  Hyginus, 
cité  par  Aulu-Gelle,  qui  avoit  avancé  que  des  gens  du 
pays  de  la  Phocide  ,  chartes  par  Harpalus ,  un  des  géné- 
raux de  Cyrus ,  les  uns  avoient  fondé  Velie  ,  &  les  autres 
Marfeille  ,  fous  le  règne  de  ServiusTullius  roi  de  Romej 
mais  ce  Grammairien  confond  la  Phocide ,  pays  de  la 
terre  ferme  de  Grèce  en  Europe,  avec  la  ville  de  Pho- 
cée qui  eft  en  Afie ,  ôc  dont  les  habitans  ont  fondé  ces 
colonies. 

Ils  nommèrent  cette  ville  Majfalia ,  que  les  Latins 
prononcèrent  Ma/Jilia,  ÔC  les  modernes  Marfeille.  Timée, 
cité  par  Stephanus  ôc  par  d'autres  anciens  ,  en  a  rapporré 
diverfes  étymologies  qui  ne  paroifient  pas  vraiiembla- 
bles. 

Les  Marfcillois  fe  gouvernèrent  au  commencement  en 
république  ,  à  la  manière  des  villes  grecques  Snabon  dit 
qu'ils  avoient  reçu  l'ariftoeratie;  Se  Ariftote  loue  leur 
gouvernement  au  7  chap.  du  liv.  6  de  fes  Pal'triytfs. 

Les  naturels  du  pays  envieux  d  1  bonheur  ôc  des  ri- 
chefles  qu'acquéroient  les  Marfeillois ,  les  a  anr  o<  vent 
fatigués  par  des  hoftilicés,les  contraignirent  à  fUre  alliance 

Tm,  IV.  P  \) 


116       MAR 


MAR 


avec  le  peuple  Romain  qui  les  aimoic  fort  -,  &  le  cré- 
dit des  Marfeillois  fut  fi  grand ,  qu'ils  obtinrent  la  ré- 
vocation d'un  décrer  du  fenat ,  par  lequel  il  étoit  or- 
donne que  Phocée  en  Ionie  feroit  ruinée  jusqu'aux  fon- 
demens,  pour  avoir  tenu  en  Afie  opiniâtrement  le  parti 
de  1  impolteur  Ariltonique  ,  qui  vouloir  s'emparer  du 
royaume  d'Atrale.  On  voit  par-là  que  les  Marfeillois 
reconnoiffenr  pour  leurs  auteurs  les  Phocéens  d  lonie  ou 
d'Afie ,  Se  non  pas  ceux  de  Grèce. 

Les  Romains  qui  les  protégeoient ,  firent  la  guerre  aux 
5al)es,  qui  opprimoient  ces  alliés  de  la  République  ;  Se 
c'eft  Marfeille  qui  a  donné  lieu  à  la  conquête  de  la  Gaule 
Transalpine  ,  en  ouvrant  la  porte  aux  conquérans. 

Les  Marfeillois  furent  eux-mêmes  aflïégés  Se  pris  par 
Jules  Céfar,  parce  qu'ils  avoient  embraiïé  le  parti  de  Pom- 
pée Après  avoir  perdu  leur  puiflance  ,  ils  s'occupèrent  à 
amafler  des  richefles ,  Se  ils  s'abandonnèrent  même  aux 
plaifirs  i  de  forte  que  les  mœurs  de  Marfeillois  panèrent 
en  proverbe ,  pour  marquer  celles  des  gens  perdus  dans 
le  luxe  Se  la  débauche  ,  comme  Athénée  nous  l'apprend 
en   fon  douzième  livre ,  où  il  marque  que  ces  gens  la 
avoient  quitté  leur  inclination  aux  armes ,  Se  renoncé  à 
leurs  mœurs  févères  Se  frugales.  Ils  cultivèrent  les  fciences 
pendant  long-tems ,  Se  c'efî  par  eux  que  les  Gaulois  fe 
défirent  de  leur  première  barbarie  ;  ils  apprirent  même  l'é 
criture  des  Marfeillois.  Céfar,  dans  le  premier  livre  de  fes 
commentaires  de  la  guerre  des  Gaules  ,  dit  que  le  regifire 
des  Helvétiens  ou  Suifles,  qui  fur  pris  par  les  Romains , 
étoit  écrir  en  caractère  grec ,  qui  ne  pouvoir  être  venu  à 
ce   peuple  que  de  Marfeille  ville  grecque.  Pythéas  qui 
étoit    de  cette  ville  (a)  ôc  qui    vivoit    du  tems  d'Ale- 
xandre ,  a  été  .  félon  Gaflendi  ,  le  plus  ancien  de  tous 
les   gens  de  lettres  qu'on   ait  vus   en  Occident.  Il  ei\ 
glorieux  à  la   France  ,  comme  le    remarque   Caifini  , 
Mémoires  de  mithcmat.  &  de  phyfîque  de  l'académie 
royale  des  fcie/icei  du  .}  i  Mars  1692.  le  plus  grand  agro- 
nome de  notre  tems  ,  d'avoir  eu  une  perfonne  capable 
de  porrer  les  fpéculations  à  un  poinr  de  fubtiliré ,  où 
les  Grecs  qui  vouloient  pafler  pour  les  inventeurs  de 
tomes  les  fciences  •  n'avoient  pu  encore  atteindre.  Mar- 
feille peut  fe  vanter  d'avoir  donné  l'entrée  aux  fciences 
dans  les  Gaules,  d'avoir  formé  l'une  des  trois  plusfameu- 
fes    académies  du  monde  ,  &  partagé  fes  écoles  avec 
Athènes  &  Rhodes  (b).  On  venok  à  Marfeille  de  routes 
parts  pour  y  apprendre  les  belles  lettres  Se  la  philofo- 
phie.  La  politefle  y  étoit  fi  grande ,  que  les  Romains  y 
faifoient  élever  leurs  enfans.  (a)  Tour  ne  fort ,  Voyage  du 
Levanr ,  t.  1 .  p.  3.  (  b  )  Tacit.  in  vita  Agric.  c.  4. 

Les  habitans  dans  la  fuite  quittèrent  leur  ancienne 
langue  pour  le  latin  ;  c'efr  pourquoi  Agathias,  dans  1  hiftoi- 
re  de  Juftinien ,  dit  que  Marfeille  autrefois  Grecque , 
étoit  devenue  barbare.  Rome  &  l'Italie  ayant  été  fubju- 
guées  dans  le  cinquéme  fiécle  par  les  Hérules ,  Marfeille 
vint  au  pouvoir  d'Euric  roi  des  Vifigots ,  Se  de  fon  fils 
Alaric,  après  la  mort  duquel  Théodoric  roi  des  Oftrogots 
occupa  cette  ville  avec  le  pays  voifin  -,  fes  fucceueurs  la 
cédèrent  aux  rois  François  Mérovingiens,  qui  en  jouirent 
jusqu'au  rems  de  Charles  Martel.  Alors  le  duc  Moronte 
s'en  rendit  le  maître ,  Se  fe  mit  fous  la  protection  des  Sar- 
razins.  Enfin,  étant  vivement  prefle  par  les  François,  il 
s'enfuit  par  mer  ;  après  cela  Marfeille  obéit  aux  Carlovin- 
giens  ;  elle  fut  enfuite  fujette  des  rois  de  Bourgogne  Se 
d'Arles.  Ce  fut  fous  le  règne  de  Louis  l'Aveugle  ,  Se  le 
gouvernement  d'Hugues  comte  d'Arles ,  que  les  Sarrazins 
qui  s'étoient  fortifiés  Se  établis  fur  les  côtes  de  Provence, 
en  ruinèrent  toutes  les  villes  maritimes  ,  Se  entr'autres 
Marfeille  que  l'évêque  Drogon  fur  obligé  d'abandonner 
avec  fon  clergé  ,  Se  de  fe  rerirer  à  Arles  pour  implorer  le 
fecoursde  l'archevêque  Manafles.  Ce  primar  donna  au 
clergé  de  Marfeille  pour  fa  fubfif tance  le  revenu  de  l'ab- 
baye de  S.  André  dans  la  Camargue  ,  avec  d'autres  biens. 
L'aéte  de  cette  donation,  datée  du  4  Janvier  l'an  923.  eft 
dans  un  ancien  manuferit  de  S.  Viétor  de  Marfeille  ,  où 
on  lir  ces  mots  :  Maffilienfi  episcopo  Droçoni ,  qui  ob  inva- 
fionem  Saracenorum  ab  eccle/iaeieclur,  fmgultuofo  plantlu 
adiit ,  &c.  Marfeille  fur  enfuite  rétablie  fous  le  règne  de 
Conrad  le  Pacifique.  Les  comtes  d'Arles,  qui  dominoient 
en  tous  ces  pays  la ,  rendirent  au  monaltère  de  S.  Victor 
&  aux  autres  églifes  de  Marfeille  f  fous  l'épiscopat  d'Ho- 
norat]  tous  les  biens  qu'ils  avoient  ufurpés. 


Il  y  avoit  alors  à  Marfeille  des  gouverneurs  qu'on  ap- 
pelloit  vicomtes ,  qui  fe  rendirent  abfolus  fur  la  fin  du 
dixième  fiécle.  Guillaume  a  été  le  premier  vicomte  pro- 
priétaire de  Marfeille  ;  Se  on  ne  prouve  point  qu'avant 
lui  il  y  ait  eu  aucun  iéigneur  héréditaire.  Guillaume 
mourut  l'an  1004.  Se  laifl'a  fa  vicomte  à  fes  descen- 
dais. Cesfeigneurs  avoient  la  coutume  de  partager  éga- 
lement entre  frères  ,  fans  avoir  égard  au  droit  d'aineflè  ; 
de  forte  qu'il  y  a  eu  en  même  tems  plufieurs  vicomtes  à 
Marfeille.  Ces  vicomtes  s  étoienr  rendus  fouverains  » 
prenant  le  ritre  par  la  grâce  de  Dieu ,  Se  ils  ne  rele- 
voient  que  de  l'Empire.  Toutes  les  portions  de  la  vicomte 
ayant  été  réunies  dans  la  perfonne  de  Hugues  Géofroy  , 
elle  fut  partagée  de  nouveau  après  fa  mort  entre  fes  cinq 
fils,Raimond,  Géofroy  ,  Ban  al,  Guillaume  le  Gros  ,  Hu- 
gues Géofroy, Se  Roncehn.  Ce  dernier  vendit  fa  parr  à  un 
bourgeois  de  Marfeille  :  mais  elle  fut  rachetée  par  la 
communauréde  la  ville  ;  enfuiie  Raymond  Géofroy  ven- 
dit la  fienne  à  la  même  communauté.  Banal  n'ut  qu'une 
fille  ,  nommée  Bairale,  qui  époufa  Hugues  des  Baux. 
Elle  vendit  fa  parr  aux  Marfeillois  Fan  1226.  La  ville 
acquit  encore  la  portion  d'Adalafie,  qui  avoir  hénté  après 
la  mort  de  fes  trois  frères  de  tous  les  biens  du  vicomte 
Hugues  Géofroy.  Guillaume  le  Gros  n'eut  qu'une  fille 
nommée  Mab.lle  Se  mariée  a  Gérard  Adhemar,  feigneur 
fouverain  de  Montcil  ou  Montclimar.  I  es  Marfeillois 
acquirent  encore  fa  part ,  devinrent  ainfi  fouverains,  Se 
leur  commuante  fe  trouva  une  république  libre. 

Charles  comte  d'Anjou,  frère  de  S.  Louis,* étant 
comte  de  Provence  .voulur  fubjuguer  les  Marfeillois  dès 
l'an  12JI.  mais  il  fe  contenta  pour  lors  de  quelques 
légères  fourni/lions  &  d'établir  des  officiers  dans  la  vilie. 
Les  habitans  fiers  Se  indomrables  ayant  fait  quelques 
infolences  contre  ces  officiers  Se  contre  le  prince  qui 
étoit  abfent ,  ils  furent  déclarés  criminels  par  les  juges 
d'Aix ,  qui  réunirent  le  domaine  de  Marfeille  à  celui 
du  comté  de  Provence.  Les  habitans  eflrayésde  la  puiflance 
du  prince  ,  fe  fournirent  ;  ils  obtinrent  leur  pardon, 
en  remettant  à  Charles  la  vicomte  &  la  feigneurie  de 
Marfeille,  qui  ne  fut  point  unie  au  comté  de  Provence, 
&  fut  regardée  comme  un  état  féparé.  La  même  année 
Charles  acquit  par  échange  de  Benoît  ,  éveque  de  Mar- 
feille, la  part  qui  appattenoit  à  l'évêché  Se  à  fon  églife 
dans  la  feigneurie  de  cette  ville. 

Les  habitans  de  Marfeille  voulurent  encore  fecouer 
le  joug  l'an  1262.  mais  ils  n'y  purent  réuifir ,  le  joug 
qu'on  leur  avoit  impofé  fut  appéfanti.  Ils  ne  biffèrent 
pas  de  fe  maintenir  dans  plufieurs  grands  privilèges  ,  ne 
contribuant  en  rien  aux  charges  de  la  province ,  ne  vou- 
lant pas  même  pafler  pour  des  terres  adjacentes ,  ne  recon- 
noiflant  pas  les  rois  en  qualité  de  comtes  de  Provence, 
foutenant  qu'ils  n'étoient  fujets  de  ces  princes  ,  que  com- 
me feigneurs  particuliers  de  la  ville  de  Marfeille,  affectant 
toujours  le  titre  de  libre ,  Se  fe  foumettant  feulement  à 
la  jurisdiction  du  lieutenant  de  la  fénéchauflee ,  établi  dans 
Marfeille  par  François  I.  Se  en  cas  d'appel  à  la  jurisdiction 
du  parlement  d'Aix. 

Enfin,  l'an  1660.  le  feu  roi  Louis  XIV  étant  allé  en 
Provence,  fubjugua  les  Marfeillois ,  les  priva  de  leur  liberté , 
fit  bâtir  une  citadelle  fur  le  porr  au  deflus  de  l'abbaye 
de  Sainr  Victor,  Se  fit  faire  des  fortifications  à  la  tour 
de  S.  Jean,  qui  e/ï  vis  à  vis  de  la  cuadclleà  l'entrée  du 
port. 

Strabon  ,  /.  4.  le  plus  exact  des  anciens  géographes, 
tout  prévenu  qu'il  étoit  en  faveur  des  villes  d'Afie  (.'), 
où  l'on  n'employoit  que  marbre  Se  que  granit,  décrit 
Marfeille  comme  une  ville  très  bien  bâtie  &  d'une  gran- 
deur confidérable  ,  dispofée  en  manière  de  théâtre  autour 
d'un  port  naturellement  creufé  dans  lesrochers  (b).  Peur- 
être  même  étoit-elle  encore  plus  fuperbe  avant  le  règne 
d'Auguite,  fous  lequel  vivoit  Srabon  ;  car  cet  auteur  par- 
lant de  Cyfique ,  comme  d'une  des  plus  belles  villes  d'Afie , 
remarque  qu'elle  étoit  enrichie  des  mêmes  ornement  d'ar- 
chitecture, qu'on  avoit  autrefois  vus  dans  Rhodes ,  dans 
Carthage  &  dans  Marfeille.  On  ne  trouve  aujourd'hui 
aucuns  relies  de  cette  ancienne  magnificence.  En  vain 
y  chercheroit-on  les  fondemens  des  temples  d'Apollon 
Se  de  Diane  ,  dont  parle  Srrabon.  On  fçait  feulement 
que  ces  édifices  étoienr  fur  le  haut  de  la  ville.  On  ignore 
aufli  l'endroit  où  Pytheas  fit  dreifer  cette  célèbre  aiguille 


MAR 


MAR 


pour  déterminer  la  hauteur  du  pôle  de  Marfeille.  (a) 
Tourne  fort ,  Voyage  du  Levant ,  t.  i.  p.  3.  (b)  Eitftat.  ad 
Dionyf.  Pcrieg.  v.  75. 

Marfeille  avoit  été  bâtie  fur  une  presqu'ifle,envirounée 
de  la  mer  ,  excepté  dans  un  efpace  aflez  étroit,  qui  étoit 
ferme  d'une  ancienne  muraille.  Tout  a  été  démoli ,  Se  on 
a  étendu  la  ville  le  long  du  port,  où  on  a  bâti  de  belles 
maifbns  avec  des  rues  droites  &  fpâcieules;  de  forte 
qu'elle  s'en:  beaucoup  accrue  en  perdant  fa  liberté. 

Ondivife  Marfeille  en  ville  vieille  &  en  ville  neuve. 
La  vieille  elt  un  allez  vilain  endroit  :  elle  efl  fituée  fur  l'é- 
minenceau  deflus  du  port.  Les  rues  font  fales  Se  les  mai- 
fons  mal  bâties.  On  y  remarque  la  majour  ou  la  cathé- 
drale qui  eil  allez  grande ,  Se  l'on  y  voir  une  pierre  de 
marbre  fur  laquelle  on  lit  une  infeription  arabe ,  qui 
a  été  traduite  par  plufieurs  perfonnes.  Voici  la  traduction 
qu'en  a  faite  Laurent  d'Arvieux. 

Dieu  efl  le  Seigneur feul  permanent. 
C  efl  ici  la  fépulture  de  fin  ferviteur  &  martyr  , 
Qui  s' étant  confié  en  la  mij encorde  du  Dieu  Très  haut 
1!  l'a  lui  a  accordée  en  pardonnant fes fautes. 
Jofepbfili  d 'AbdaUath  de  la  ville  de  Meitellin ,  décédé 
Dans  la  Lune  Zilhugé. 

*  Piganiol ,  Defcr.  de  la  France ,  r.  4.  p.  1  jj. 

Le  fieur  de  Rurfi,dans  l'on  hiftoire  de  la  ville  de  Mar- 
feille ,  croit  que  c'elt  l'épitaphe  de  quelque  Cacii  ,  ou  prê- 
tre de  Mahomet ,  de  l'ordre  des  Almudènes,  qui  appellent 
les  peuples  en  criant  du  haut  des  mosquées.  Le  même  au- 
teur conjecture  qu'elle  elt  du  tems  du  comte  Marnant , 
qui  favorifànt  les  Sarrazins,  qui  ,  étant  venus  en  Pro- 
vence ,  leur  livra  les  villes  d'Avignon  &  de  Marfeille.  Les 
Acoules  font  une  pâroiflê  à  la  porte  de  laquelle  on  voit 
un  Crucifix  auquel  on  a  grande  dévotion. 

La  nouvelle  ville  eft  parfaitement  bien  bâtie  Se  bien  per- 
cée. Elle  efl  féparée  de  l'ancienne  par  une  des  plus  belles 
rues  qu'on  puifle  voir  ,  Se  qui  règne  depuis  la  porte  d'Aix 
jusqu'à  la  pore  de  Rome.  C'elt  cette  même  rue  qu'on  ap- 
pelle le  Cours.  Elle  a  deux  rangs  d'arbres  Se  des  maifons 
des  deux  côtes,  toutes  de  même  fymmétrie,  ornées  de  por- 
tiques Se  de  gtandescolomnes  avec  leurs  chapitaux.  On 
trouve  dans  la  ville  neuve  de  belles  maifons. 

Saint  Victor  de  Marfeille  elt  une  des  plus  bellesabbayes 
du  monde  Chrétien.  Son  antiquité  remonte  jusqu'aux  pre- 
mières années  du  Chriftianifmc.  Elle  elt  de  l'ordre  de  S. 
Benoir.  On  voit  dans  ecte  abbaye  deux  églifes,  l'une 
fupérieure  Se  l'autre  inférieure.  Elles  furent  confacrées 
par  faine  Léon  le  Grand  des  le  cinquième  fiécle.  Les  reli- 
ques de  S.  Viétor  que  l'on  y  conferve  lui  ont  donné  le 
nom  qu'elle  porte  aujourd'hui  à  la  place  de  celui  de  S. 
Pierre  qu'elle  portoit  autrefois.  Elle  a  donné  deux  papes 
Se  plufieurs  cardinaux  à  l'Eglife  &  un  grand  nombre  d'évê- 
ques  à  plufieurs  diocèfes.  Le  pape  Urbain  V.  étoit  reli- 
gieux de  cette  abba\e  &  il  en  étoit  abbé  lorsqu'il  fut 
élevé  au  pontificat.  C'elt  lui  qui  a  achevé  d'embellir 
cette  maifon  de  la  manière  qu'on  la  voit  à  préfent,  toute 
revêtue  de  pierres  de  raille ,  ornée  de  plufieurs  belles 
tours  carrées  d'une  grofleur  Se  d'une  élévation  extra- 
ordinaires. Il  voulut  être  enterré  dans  cette  abbaye:  il 
elt  inhumé  à  côté  du  maître-autel ,  où  quantité  de  lampes 
brûlent  continuellement.  Tout  le  monde  convient  qu'il 
n'y  a  pas  en  France  d'abbaye  qui  foit  à  la  fois  plus  ancienne 
&pluscélcbre,niqui  ait  plus  d'exemtions&  de  plus  beaux 
privilèges.  Parmi  une  grande  quantité  de  reliques  que  l'on 
conferve  dans  le  thréfor ,  on  remarque  la  croix  de  S. 
Andié.  Elle  eft  revêtue  d'un  ouvrage  d'orfèvrerie,  dont 
un  camérierde  la  maifon  avoit  apporté  le  deflein  d'Italie, 
Se  qui  au  goût  des  connoifleurs  elt  un  morceau  fini  en 
ce  genre.  Cette  abbaye  a  été  fécularifée  depuis  peu. 

L'hôtel  de  ville  a  une  belle  façade.  On  y  voit  quel- 
ques ornemens;  mais  on  vante  principalement  l'écuûon 
de  Fiance,  foutenu  par  deux  Anges  :  il  eft  de  la  main  de 
Puget  fameux  fculpteur.  L'hôpital  &  l'arfenal  ou  la  fale 
d'armes,  font  de  beaux  bâtimens  &  bien  entretenus.  La 
corderie  eft  le  long  du  port  -,  elle  ne  cède  à  aucun  des 
plus  beaux  endroits  du  parc.  Il  n'y  a  pas  jusqu'aux  atteliers 
des  voiles  &  des  tentes  des  galères,  à  la  ferrurerie ,  aux 
magazinsdes  rames  où  l'on  ne  trouve  de  la  magnificence, 
de  l'ordie  Se  de  la  propreté.  Tout  près  des  atteliers  font 


î7 


îes  bafiinsoù  l'on  conftruit  les  galères.  C'eft  un  agiéable 
fpeccacle  que  ces  confiructions ,  fur-tout  s'il  y  a  quelque 
galet e  prête  a  mettre  à  la  mer.  Elle  eft  alors  foutenue 
en  l'air  dans  un  grand  baihn  long  ,  où  on  fait  venir  l'tau. 
Quand  il  y  en  a  allez  la  galère  fe  met  à  flot.  Il  n'y  a 
qu'a  ouvrir ,  elle  entre  dans  le  port ,  Se  l'eau  abat  aufli- 
tôt  tout  ce  qui  la  foutenoit. 

La  plaine  de  S.  Michel  eft  pcopre  pour  faire  faire 
l'exercice  aux  troupes  des  galères. 

La  manufacture  royale  elt  pour  les  étoffes  d'or  &  d'ar- 
gent. On  trouve  dans  la  fale  Se  dans  les  chambre?,  plufieurs 
ouvriers  &  ouvrières  occupés  à  ces  ouvrages.  Les  mé- 
tiers font  dans  les  l'aies  baffes. 

On  fçaitque  le  maréchal  de  Vauban  avoit  fait  le  proieE 
d'une  nouvelle  enceinte  pour  aggrandir  Marfeille.  11  dévoie 
pratiquer  des  places  dans  la  ville  Se  repouiier  l'enceinte 
qui  n'elt  point  fortifiée.  11  afluroit  que  par- là  on  1  en- 
droit Marfeille  imprenable  du  côté  de  la  terre.  11  avoit 
aujffi  projette  une  autre  citadelle,  dont  le  fort  de  Notre- 
Dame  de  la  Garde,  feroit  le  donjon.  Ce  fort ,  dont  Cha- 
pelle nous  a  donné  une  défeription  fi  ingénieufe  &  fi  badi- 
ne, eft  fur  le  fommet  d'un  rocher  presque  inacceilible, 
Se  fi  élevé,qu'il  commande  à  tout  ce  qui  eft  au  voifinage.Orx 
Voit  de  cet  endroit  la  pleine  mer ,  la  ville  Se.  le  port  de  Mar- 
feille Se  toutes  les  baftides  des  environs.  Ces  baftides 
dont  tout  ce  territoire  elt  couvert ,  font  de  petites  maifons 
de  campagne ,  dont  le  grand  nombre  elt  plus  furprenanc 
que  la  beauté. 

Il  y  a  a  Marfeille  une  chambre  de  commerce.  C'elt 
un  tribunal  particulier  compofe  des  échevins  de  la  ville 
Se  d'un  certain  nombre  de  dépures,  qui  font  les  plus 
gros  marchands  de  la  ville.  L'intendant  de  jultice  elt  à 
la  tête  de  ce  corps ,  qui  prend  connoilïance  des  afiaires 
du  commerce,  Cette  chambre  fait  une  penfion  de  dix- 
huit  mille  livres  à  l'amoalTadeur  de  France  à  la  Porte, 
pour  foutenir  les  droits  que  donnent  les  capitulations 
par  rapport  au  commerce  du  Levant.  Elle  paye  fix  mille 
livres  par  an  a  l'intendant,  comme  juge  du  commcice, 
Se  d'ailleurs  elle  fait  toucher  dans  les  Echelles  du  Le- 
vant des  appointemens  confidérables  aux  coniuls  fran- 
çois  Se  à  leurs  chanceliers.  Les  confiais  font  propre- 
ment des  avocats  d'épee  ,  s'il  elt  permis  de  parler  ainfi  , 
Se  les  chanceliers  font  des  notaires  de  la  nation.  La 
chambre  elt  fouvent  obligée  à  des  dépenfes  extraordi- 
naires ,  fur-tout  à  Taire  des  préfens  aux  bâchas  qui  ar- 
rivent dans  les  Echelles ,  Se  à  payer  les  avanies  que  les 
Turcs  font  quelquefois  aux  François  ;  mais  elle  le  dé- 
dommage de  tous  ces  frais  ,  Se  fait  encore  de  gros  pro- 
fits fur  les  droits  de  confulat,  que  payent  dans  le  Le- 
vant les  marchandées  que  l'on  charge  dans  les  villes) 
où  il  y  a  des  confuls  François  :  ces  droits  font  remis  en- 
tre les  mains  des  députés  de  chaque  Echelle  ,  Se  ces 
députés  en  rendent  compte  à  MM.  du  commerce  de 
Marfeille.  Ils  ont  dispofé  des  confulats  pendant  quel- 
ques années  :  aujourd'hui  la  cour  y  pourvoit ,  &  la 
chambre  ne  juge  des  affaires ,  qu'autant  que  lui  permet 
le  miniltre  ,  qui  a  la  furintendance  du  commerce. 

Les  boutiques  des  marchands  de  corail  ;  les  maga- 
zins  des  droguiltes  ;  les  rafineries  de  fucre  ;  les  manu- 
factures d'étoffes  de  foie  &  celles  de  favon  ,  méritent 
d'être  vues  avec  foin.  On  ne  trouve  des  marchands  de 
corail  qu'à  Marfeille  Se  à  Gènes  i  ceux  de  Marfeille  en 
débitent  beaucoup  plus.  Tout  l'Orient  elt  rempli  de 
leurs  colliers  &  de  leurs  braflelets.  Ce  commerce  eft 
très-ancien  ;  car  Pline,  /.  31.  c.  z.  allure  que-les  Gau- 
lois manquoient  de  corail  chez  eux  pour  en  faire  gar- 
nir leurs  armes,  parce  qu'on  le  transportoir  tout  dans 
les  Indes,  où  les  prêtres  enfeignoient  qu'il  préfervoic 
de  tous  dangers.  Celui  que  l'on  pêchoit  fur  la  côte  de 
Provence,  autour  des  ifles  d'Hières  Se  fur  les  côres  de 
Sicile  ,  étoit  le  plus  recherché  On  en  pêche  encore 
dans  ces  quartiers  là  ;  mais  la  plus  grande  quantité  fe 
prend  vers  les  côtes  d'Afrique,  aupiès  da  baftion  de 
France  ,  d'où  on  l'envoie  à  Marfeille  pour  le  mettre 
en  œuvre. 

Pour  ce  qui  eft  des  drogues ,  on  trouve  fur  le  porc 
de  Marfeille ,  ce  que  l'on  apporte  de  plus  précieux  de 
Smyrne ,  d'Alep  Se  d'Alexandrie  -,  favoir  la  meilleure 
feamonée ,  la  cafTe ,  la  rhubarbe  ,  le  ftorax  en  larmes  , 
le  ftorax  liquide ,  la  myrrhe ,  l'encens ,  le  bdellium ,  les 


n8        MAR 


MAR 


tamarins,  le  galbanum,  l'opopanax,  le  fagapenum,  le 
baume  blanc»  le  poivre,  la  canelle,  le  fel  ammoniac 
&  une  infinité  d'autres  chofes.  Cependant  Marfeille  & 
Venife  ont  beaucoup  perdu  depuis  que  les  Hollandois 
fe  font  établis  fi  puiflamment  dans  les  Indes  orienta- 
les. Les  drogues  qui  viennent  des  Indes  occidentales  ar- 
rivent à  Marfeille  en  droiture  ou  par  Cadix.  Ce  font 
l'ipecacuana ,  le  kinkina ,  le  gingembre  ,  la  cafle  des  Ifies , 
l'indigo  ,  le  roucou ,  le  baume  du  Pérou ,  le  baume 
fec ,  celui  de  Copahu ,  &c. 

On  y  rafine  parfaitement  le  fucre  des  ifies  de  l'Amé- 
rique: les  favonneries  de  la  ville  font  très-belles  auiïi , 
èc  continuent  les  huiles  de  Provence  ôc  celles  qu'on  tire 
de  Candie  Ôc  de  Grèce, 

Marfeille  efi  la  patrie  de  MM.  Mascaron ,  évêque 
d'Agen  ;  du  chevalier  d'Hervieux  ,  favant  dans  les  langues 
orientales  ;  de  Rigore  ,  favant  antiquaire  -,  du  Père 
Feuillée  Minime ,  favant  parmi  les  artronômes;  du  P. 
plumier  du  même  ordre,  ôc  qui  a  découvert  plus  de 
900.  plantes ,  qui  avoient  échapé  à  plufieurs  autres 
voyageurs  de  l'Amérique. 

Le  port  de  Marfeiile  eft  d'une  figure  extrêmement 
longue  &  fort  avancée  dans  les  terres.  Il  occupe  presque 
toute  la  longueur  de  la  ville.  Il  n'eft  pas  bien  large  & 
ne  peut  recevoir  des  vaifleaux  de  haut-bord.  Son  en- 
trée eft  défendue  par  la  citadelle  ôc  par  le  fort  faint 
Jean.  C'eft  dans  ce  port  que  fe  retirent  les  galères  du 
roi ,  où  elles  font  à  l'abri  du  vent  de  nord-oueft. 

Un  vaifleau    venu   de  Seyde  vers  le  quinze  de  Juin 
I720.  y  apporta  la  pefle  qui  de-là  fe  répandit  dans  pres- 
que toute  la  province.  Cette  maladie  enleva  dans  la  feule 
Tille  de  Marfeille  environ  quatre-vingt  mille  perfonnes. 
L'églife  de  Marfeille  efi  une  des  plus  anciennes  des 
Gaules.    Les    Provençaux   foutiennent    même   qu'elle  a 
été  fondée  par  le  Lazare  qu'avoir  refluscité  notre  Sei- 
gneur. Ils  difent  que  les  Juifs  chaflerent  de  Jérufalem 
Lazare  avec  Marthe  ôc    Marie-Magdeléne   fes    fœurs , 
Marcelle  leur  fervante  ,  faint  Maximin  ,  faint  Celidoine 
qu'on  croit  être   l'aveugle   né  ôc  Jofeph   d'Arimathie, 
disciples  de   Jésus  Christ  ,  qui  les  expoferent  fur  un 
vaifleau  fans    gouvernail ,  fans   voiles  ôc   fans    rames  , 
qu'ils  arrivèrent  heureufement  à  Marfeille  ,  qu'ils  fe  fé- 
parerent  pour  aller  prêcher  l'évangile  dans  la  Provence 
&  que  Magdelcne  ôc  Lazare  demeurèrent  à  Marfeille, 
dont  Lazare  fut  le  premier  évêque.  II  y  a  de  fort  bon- 
nes raifons   pour   prouver  le  contraire  de  cette  tradi- 
tion ,  mais  il  ne  les  faut  pas  aller  débiter  en  Proven- 
ce :  les  Provençaux  ne  font  pas  traitables    fur   cet  arti- 
cle. Le  parlement  d'Aix  condamna  au  feu  un   livre  de 
de  Launoy  ,  où   ce  fameux  critique  combattoit   cette 
tradition.  Quoi  qu'il  en  foit ,  on  a  établi  à  Marfeille  un 
culte   particulier    à  faint  Lazare  ,  ôc  à    fainte  Magde- 
léne ,  que  l'on  regardoit  comme  fa  fœur.  S.  Victor  of- 
ficier des  troupes  fut  martyrifé  dans  cette  ville  l'an  290. 
S.  Défendant  ôc  fes  compagnons ,  que  l'on  croit  avoir- 
été  de  la  légion  Thebééne,  furent  martyrifés  dans  la 
ville  ou  dans  le  territoire  de  Marfeille.  Le  bienheureux 
Jean  Caflien ,  premier  abbé  de  faint   Victor  de  Mar- 
feille ,  étoit  le    fondateur  de  cette  abbaye.  *  Baïllet , 
Topogr.  des  Saints ,  p.  297. 

L'églife  cathédrale  de  cette  ville  eft  fous  l'invocation 
de  Notre-Dame  de  la  Majour ,  ôc  fon  chapitre  eft  com- 
pofé  d'un  prévôt,  d'un  archidiacre,  du  facriftain  Ôc 
d'un  capiscol ,  de  neuf  chanoines  capitulans ,  de  dix 
bénéficias  appelles  dans  les  anciennes  Chartres  Clerici 
intitulati .  ôcc.  Le  chapitre  feul  a  la  collocation  de  tous 
les  bénéfices,  ôc  l'évêque  n'a  voix  dans  cette  occafion 
que  comme  chanoine. 

Il  n'y  a  dans  Marfeille  que  quatre  paroifles ,  dont 
trois  ont  chapitre-,  favoir ,  la  Majour  ou  la  cathédrale  , 
fainr  Martin  &  Notre-Dame  des  Acoules:  outre  ces  pa- 
roifles,  il  y  en  a  trente  ôc  une  ou  trente  deux  dans  le 
diocèfe. 

Marfeille  a  toujours  reconnu  Arles  pour  fa  métropo- 
le eccléfiaftique  ,  nonobftant  les  prétentions  contraires 
de  l'archevêque  de  Vienne,  dont  la  ville  étoit  la  mé- 
tropole féculiere  de  la  première  Viennoife ,  dans  la- 
quelle Marfeille  étoit  comprife. 

Environ  à  une  lieue  de  la  ville,  il  y  a  trois  petites 
ifies  qui  ne  font  proprement  que  des  ccueils.  François 


I.  fit  bâtir  fur  la  plus  petite  l'an  1/29.  le  château  d'If, 
à  caufe  qu'il  y  avoit  des  ifs  dans  cette  ifle.  A  coté  de 
cette  première,  eft  celle  de  Ratonneau  qu'on  nommoit 
autrefois  Lille  de  S.  Etienne.  Il  y  a  aufli  un  fort  qui  fut 
bâti  par  les  Marfeillois  en  1597.  du  confentement  du 
gouverneur  de  la  province.  Dans  la  troifiéme  ifle  ,  nom- 
mée Pomégues,  il  n'y  a  qu'une  tour.  Ces  trois  ifles 
font  ftériles ,  ôc  fans  leur  fituation  importante  elles  ne 
mériteroient  point  qu'on  en  parlât  ;  te  qui  démontre 
qu'elles  ne  peuvent  être  les  mêmes  ifles  que  les  Stoe- 
chudes  dont  les  anciens  ont  fait  mention. 

Le  terroir  de  Marfeille  eft  bien  cultivé  Comme  il 
eft  naturellement  maigre  ,  on  prend  de  grandes  pré- 
cautions pour  le  fumer  ,  &  cette  teire  froide  &  plâ- 
treufe  échauffée  par  le  fumier  produit  d'excellents  rai- 
fins,  de  bonnes  olives  ôc  les  meilleures  figues  du 
monde. 

2.  MARSEILLE,  bourg  de  France  dans  le  Eeauvoi- 
fis ,  il  eft  fitué  entre  Gerbcroi  ôc  Crevecœur  ,  à  qua- 
tre lieues  de  Beauvais  ôc  à  deux  de  Granvilliers ,  fur 
une  petite  rivière  qui  tombe  dans  Terain  proche  Mil- 
ly ,  ëc  qui  a  fa  fource  deux  lieues  au-deflus  de  Mar- 
feille où  l'on  tient  marché  tous  les  famedis.  On  y  tra- 
vaille beaucoup  en  bonneterie  ôc  en  chaufletterie  Un 
quart  de  lieue  au-deflbus  de  ce  bourg  on  voit  l'abbaye 
de  Beaupré  appartenante  aux  Bernardins  réformés  , 
avec  une  belle  églifc  ôc  une  vafte  maifon.  Celle  de 
Lannoy  qui  appartient  aux  mêmes  religieux  ,  eft  à  une 
lieue  au  deflus  de  ce  même  bourg  ôc  fur  la  même  rivière. 
*  Mémoires  drejfés  fur  les  lieux  enijcf. 

j.MARSEIL-VEYRE  ,  lieu  de  France  dans  la  Pro- 
vence au  voifinage  de  Marfeille  Châtelain  dans  fon 
martyrologe  univerfel  ,  veut  que  le  nom  de  ce  lieu 
vienne  de  Maffiba  vêtus ,  vieille  Marfeil;e  ,  &  non  pas 
de  Majfdim,  fpecuii ,  ou  phare  de  Marfeiile  ,  comme  on 
le  croit" communément.  Non-feulement  fa  fituation  le 
perfuade,  mais  encore  fa  tour  fur  un  rocher  au  midi 
de  Marfeille,  &  d'où  l'on  obferve  les  bâtimens  qui  paf- 
fent  &  ceux  qui  arrivent ,  afin  de  donner  à  la  ville 
le  fignal  du  nombre  ôc  de  la  grofleur  des  bâtimens. 

MARSELLAN  ,  bois  de  France  dans  la  maîtrife 
de  Tarbes  -,  il  eft  de  deux  cens  cinquante-deux  arpens 
ôc  demi. 

MARSENSE  Oppidum.  Il  eft  fait  mention  d'une 
ville  de  ce  nom  dans  une  lettre  de  l'Empereur  Maxi- 
me à  l'empereur  Valentinien. 

MARSHFIELD  ,  bourg  d'Angleterte  dans  la  pro- 
vince de  Glocefter.  On  y  tient  marché  public.  Etat 
préfent  de  la  Grande  Bretagne,   t.  1. 

1.  MARSI,  anciens  peuples  d'Italie  aux  environs» 
du  lac  Fucinus,  aujourd'hui  le  lac  de  Celano.  On 
croit  communément  qu'ils  avoient  les  Veflini  au  fep- 
tentrion  ,  les  Péligni  ôc  les  Samnites  à  l'orient ,  le  La« 
tium  au  midi  ôc  les  Sabins  à  l'occident.  Les  anciens 
leur  donnoient  une  origine  fabuleufe.  Les  uns  les  fai- 
foient  venir  d'Afie  avec  Marfyas  le  Phrygien  ,  qu'Apol- 
lon vainquit  à  la  flûte,  comme  on  le  voit  dans  ces 
vers  de  Silius  Italicus,  /.  8.^.  $oz. 

Sed  fopulis  nomen  pofuit  metuentior  bospes, 
Quum  fugeret  Phrygios  trans  aquora  Marfya  Crenof  ', 
Migdoniam  Pheœbi  fuperatus  peïlïne  loton. 

D'autres  les  faifoient  descendre  d'un  fils  d'Ulyfle  ôc 
de  Circé.  On  dit  qu'ils  ne  craignojent  point  les  morfu- 
res  des  ferpens ,  dont  ils  fe  garantiflbient  par  le  moyen 
de  certaines  herbes  ôc  par  des  enchantemens.  Quoi  qu'il 
en  foit,  les  Marfi  étoient  un  peuple  courageux,  com- 
me le  prouve  l'hiftoire  de  la  guerre  Marfique  ainfi  ap- 
pellée  de  leur  nom.  *  Plinhts ,  1.  7.  c-  2. 

2.  MARSI,  peuples  de  Germanie.  Ils  habitoient  avec 
les  Brutleri  au  midi  de  la  Frife,  au  nord  de  la  Lippe 
&  à  l'occident  du  Rhin.  Tacite,  annal.  I.  1.  c.  46.  dit 
que  Cecina  en  vint  aux  mains  avec  eux  &  eut  l'avanta- 
ge. Il  y  en  a  qui  croient  que  le  fameux  temple  de  Tan- 
fana,  que  ruina  Céfar,  c.  ji.  étoit  chez  ces  peuples. 
Voyez.  Masaci. 

z.  MARSI  ou  il  Ducato  m  Marsi.  C'eft,  félon 
Baudrand,  Ditl.  édit.  170;  une  petite  contrée  de  l'A- 
bruzze  ultérieure  au  royaume  de   Naples,  autour  du 


MAR 


MAR 


lac  Celano.  Il  ajoute  que  cette  contrée  a  confervé  le 
nom  des  anciens  Marfes  qui  en  étoient  les  habitans  ; 
que  quelques  géographes  croient  qu'il  y  avoit  autrefois 
une  ville  episcopale  nommée  Marfi  auprès  du  lac  Ce- 
lano,  8c  que  l'evêché    a  été  transféré  à   Piscitia. 

MARS1AC,  petite  ville  ou  bourg  de  France  dans 
l'Armagnac ,  entre  l'Armagnac ,  le  Nègre  8c  l'Aftarac. 
Elle  elt  lituée  fur  la  rivière  Bouez.  C'eit  un  enclave  de 
la  rivière  Verdun.  Il  s'elt  tenu  un  concile  dans  cette 
petite  ville  l'an  1 3 16  ;  8c  un  autre  trois  ans  après.* 
De  l'Ifle  ,  Atlas. 

MARSIAS.  Voyez.  Baarsares. 
i.MARSICO  Nuovo,  ville  d'Italie  au  royaume  de 
Naples  dans  la  principauté  citérieure.  Elle  eu:  lîtuée 
vers  les  feurces  de  la  rivière  Agri ,  aux  pieds  de  l'Apen- 
nin Se  aux  confins  de  la  Bafilicate.  Elle  elt  le  fiége  d'un 
évêché  fufTragant  de  Salerne.  On  lui  donne  le  furnom 
de  Nuovo  pour  la  distinguer  d'une  autre  ville  de  mê- 
me nom.  Voyez,  l'article  fuivanr.  *  Magïn  ,  Carte  de 
la  principauté  ultérieure. 

2.  MARSICO  Vetf.re  ,  ville  d'Italie  au  royaume  de 
Naples,  dans  la  partie  occidentale  de  la  Bafilicate  ,  vers 
les  iburces  de  la  rivière  Agri ,  à  l'orient  d'éré  de  Mar- 
fteo  Nuovo,  dont  elle  n'eft  éloignée  que  de  deux  lieues. 
Cette  ville  elt  petite,  mal  peuplée  8c  déchoit  de  jour 
en  jour.  (  a  )  Magin  ,  Carte  de  la  principauté  ultérieu- 
re. (  b  )  Corn.  Dict. 

i.MARSIGNI,  peuples  de  Germanie  que  Tacite, 
Germ.  c.  43.  met  avec  les  Goihini ,  les  Gji  8c  les  Ba- 
ril ,  au  deiïus  des  Marcomans  &  des  Quades  vers  l'o- 
rient d'été.  Ils  habitoient  dans  des  lieux  champêtres  8c 
fur  des  montagnes.  On  croit  que  ce  font  les  Marvingi 
que  Ptolomée,  /.  2.  c.  n.  place  auprès  de  la  forêt 
Gabrcta  8c  au  deflus  des  Curiones. 

2.  MARS1GNI  les  Nonains  ,  petite  ville  de  France  , 
avec  un  monaiterc  de  rehgieufes  de  l'ordre  de  Cluni , 
aux  extrémités  de    la  Bourgogne ,  à  une  demi-lieue  de 
la  Loire,  vers  le  Bourbonnois  8c  le  Baujolois.  Cett  le 
lieu  de  la   retraite  8c  de  la   mort  de  la  bienheureufc 
Raingarde ,  mère  du  bienheureux  Pierre  Maurice  ,  dit 
.  le  vénérable ,  abbé  de   Cluni.   *  Baillet ,  Topogr.  des 
Sainrs  ,  p.  624. 
MARSIGNY.  Voyez.  Marcigni. 
MARSILLAC,   Marciliacum.  Abbaye   d'hommes 
de  l'ordre  de  faint  Benoit  en  France  dans  le   Quercy , 
au  diocèfe   de  Cahots   fur   la  Celle ,  entre    Cahots  8c 
Figeac ,  fondée  par  le    roi  Pépin.  C'eit   la  même  que 
Maicillac.   2. 

M  ARSILLY ,  bourg  de  France  dans  le  pays  d'Aunis , 
élection  de  la  Rochelle. 

MARSLEY  -  HILL.  C'eit  le  nom  que  les  Anglois  ont 
donné  à  une  colline  ambulante  qu'on  voit  dans  la  pro- 
vince d'Hereford.  En  1574,1111  tremblement  de  terre 
détacha  vingt  fix  arpens  de  terre.  Un  clocher  ,  8c  plu- 
fieurs  arbres  furent  renverfés ,  deux  grands  chemins 
changèrent  de  place ,  celui  de  Tell  paifa  à  l'oueit ,  8c 
celui  de  l'oueit  vint  à  l'eft  ;  des  prés  fe  trouvèrent  où 
il  v  avoit  des  champs ,  &  des  champs  où  il  y  avoit  des 
prés.  Pendant  trois  jours ,  on  vit  ces  terres  en  mouve- 
ment. Ce  prodige  eit  atteité  par  les  meilleurs  auteurs. 
Etat  àt  la  Grande  Bretagne. 

i.  MARSON,  bourg  de  France  dans  la  Touraine. 
1.  MARSON ,  bourg  de  France  dans  l'Anjou,  éle- 
ction de  la  Flèche  fur  le  bord  de  la  Loire. 

MARS1PPUS,  ville  de  Phénicie ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

MARSO  Lagoi.  Voyez.  Celano. 
MARSOG   &   Angon  ,  noms  de   lieux  dont  il  eft 
fan  mention  dans  les  oracles  des  Sibylles,  /.  3. 

MARSONIA  ,  ville  de  la  baffe  Pannonie.  Ptolomée, 
/.  t.  c.  16.  l'éloigné  du  Danube,  &  la  place  entre  Bi- 
balis  8c  Vacoitium. 

MARSONOWITZ  ou  Morsonovitz.  Voyez,  Can- 

EENOS. 

MARSTRAND.  Voyez.  Maestrand. 

MARSUS ,  ville  municipale.  Il  en  elt  parlé  dans  le 
livre  des  limites.  Ortelius ,  Thefaur.  foupçonne  qu'elle 
pouvoit  être  dans  le  pays  des  Marfi. 

MARSYA  ,  ville  de  Phénicie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe, qui  cite  Alexandre  8c  Philonj  fur  quoi  Berke- 


i    T9 

Iius  remarque  qu'au  lieu  de  Marfya ,  il  faut  lire  Mur- 
fyas ,  ville  très  connue,  dit-il,  8c  dont  Strabon ,  /.  16. 
p.  755.  fait  mention.  Mais  le  partage  de  Strabon,  dont 
Berkeluis  prétend  fe  fervir,ne  dit  point  que  Marfyas 
l'oit  une  ville.  On  y  lit  feulement  ces  mots  :  Mer<x  Je  ™V 
Metufttv  sçjc  0  Maprtluç  t%uv  rim  ipnvÀ  Iv  oïç  n  X*A/ç ,  âWsp 
«xpcVoX«  t«  Maprua  ;  c'eit  -  à  •  dire  qu'après  Macra  ,  on 
trouvoit  la  contrée  de  Marfyas  où  il  y  avoit  quelques 
endroits  montagneux  dans  lesquels  étoient  Chalcis, 
qui  étoit  comme  la  forterefle  de  Marfyas.  Comme  on 
voir,  les  termes  de  ce  paliage  ne  peuvent  faite  conclure 
que  Chalcis  fût  plutôt  la  forteielie  d  une  ville  que  celle 
de  la  contrée.  D'ailleurs  ,  par  tout  où  Strabon  emploie 
le  mot  de  Marfyas ,  c'eit  pour  fignifier  la  contrée  8c 
jamais  la  ville.  Polybe,  /.  $.  c.  4;.  qui  décrit  cette  con- 
trée ,  ne  fait  point  non  plus  mention  de  ville  nommée  Mar- 
fya, Il  dit  que  Marfyas  eft  une  vallée  allez  étroite  entre 
le  Liban  8c  l'Anti-Liban,  &  que  dans  l'endroit  le  plus 
reiTerré  il  y  avoit  d'un  côté  une  forterefle  nommée  Bro- 
chas,  8c  à  l'oppofite  une  autre  forterefle  appelléeGcm*. 
MARSYABA,  ville  des  Rhamanites.  Strabon  , /.  16, 
p.   782.  femble  la  placer  dans  l'Arabie  Heureufe. 

1.  MARSYAS  Voyez.  Baarsares. 

2.  MARSYAS,  fleuve  de  l'Afie  Mineure,  aux  envi- 
rons de  la  Phrygie  ou  de  la  Troade.  Il  a  fa  fource  , 
félon  Tite-Live,  /.  38.  c.  13.  près  de  celle  ciu  Méandre 
dans  lequel  il  fe  jette  ,  8c  Pline  /.  y.  c.  1 9.  dit  qu  il  bai- 
gnoit  les  murs  de  la  ville  d'Apamée  ;  mais  Maxime  de 
Tyr  ,  Difftrt.  38.  qui  avoit  été  fur  les  lieux,  foutienc 
que  le  Méandre  &  le  Marfyas  fortoient  de  la  même  four- 
ce  ,  8c  que  ce  n'étoit  qu'après  avoir  traverfé  la  ville  Ce- 
Une ,  qu'ils  fe  pana^eoienr  8c  prenoient  chacun  leur  nom. 

3.  MARSYAS  ,  contrée  de  la  Cœlefyrie.  Strabon  ,  /. 
$■  c.  45.  y  placela  forterefle  de  Chalcis.  Voyez.  Marsya. 

1.  MARTA  ,  rivière  d'Italie,  elle  fort  du  lac  de  Bulfc- 
na  8c  va  fe  jetter  dans  la  mer  auprès  de Turre  diCm  a,.  0  , 
dans  le  duché  de  Caftro.  Quelques géogr.  appellent  lé  lac 
du  nom  de  la  rivière.  *Lœbat,  Voyage  d'Italie  ,  t.  3.  p.  35. 

2.  MARTA ,  petite  ville  d'Italie  dans  le  duché  de 
Caltro  ,  fur  la  rive  méridionale  du  lac  l'eBoIfena  ,dans 
l'endroit  où  la  rivière  Marta  fort  de  ce  lac.  *  Magin , 
Carte  du  duché  de  Caftro. 

MAKTABAN.  Voyez.  Martavan  i. 

MARTAN,ifle  de  la  mer  lemen  ou  Océan  Arabi- 
que ,  dans  la  partie  orientale  du  golfe  Gioun  Al-Has- 
chifeh  j  elle  regarde  la  ville  de  Haflek  dans  le  conti- 
nent de  l'Arabie.  *  D' Herbelot ,  Bibliot.  orient. 

MARTANA,  ifle  de  l'Italie  au  duché  de  Caftro, 
dans  le  lac  de  Bolféna.  Elle  eft  fituée  à  1  orient  de 
celle  de  Bifentina,  ifle  du  même  lac,  8c  au  nord  de  la 
ville  Ma>ta.  *  Magin ,  Carte  du  duché  de  Caltro. 

1.  MARTAVAN  ou  Martaban  ,  royaume  d'Afie 
dans  la  presqu'ifle  de  l'Inde  au-delà  du  Gange  ,  mis  par 
plufieurs  géographes  dans  le  Pégu ,  8c  qui  prend  (on 
nom  de  fa  ville  capitale.  Il  a  le  royaume  de  Tanaflari 
à  l'orient  &  le  Pégu  à  l'occident.  Du  côté  de  la  terre 
ferme ,  il  confine  avec  les  royaumes  de  Jangoma  8c 
de  Tangu  ;  8c  de  l'autre  côté  il  elt  borné  par  le  golfe  de 
Bengale.  L'air  de  ce  pays  eft  fi  fain ,  qu'on  n'y  connoir 
point  les  maux  de  tête ,  8c  l'on  n'y  voit  point  de  mé- 
decins. Le  terroir  eft  fertile  ,  on  y  fait  ordinairement  trois 
récoltes.  On  y  charge  tous  les  ans  quatorze  ou  quinze 
navires  de  riz  pour  Cochin  8c  autant  pour  Malaca.  Il 
s'y  fait  beaucoup  d'huile  de  Sefame  ou  juioline.  Les  li- 
moniers ,  les  orangers  ,  les  figuiers  ,  les  poiriers ,  les 
châtaigniers  8c  autres  arbres  fruitiers  y  font  communs. 
Il  y  a  des  herbes  odoriférantes  8c  médecinales,  des  rofes 
de  diverfes  façons ,  des  pins  8c  un  certain  bois  incor- 
ruptible nommé  Tecca  &  fort  eftimé  dans  les  Indes-. 
On  y  voit  des  mines  de  fer,  de  plomb,  d'acier  8c  de 
cuivre ,  8c  quelques  unes  d'or  «Se  d'argent.  On  y  trouve 
des  rubis ,  8c  c'eit  le  pays  où  croît  la  laque  fine  nom- 
mée par  les  Perfans  8c  par  les  Indiens/.^  Martabani. 
*  David ,  Etats  du  roi  de  Siam ,  p.  633. 

Le  commerce  de  toutes  ces  marchandifes  apporte  de 
grands  avantages  au  pays,  qui  tire  encore  un  profic 
confidérable  de  fes  grands  pots  ou  vafes  de  terre  nom- 
més Martavanes  ,  dont  quelques-uns  contiennent  jus- 
qu'à deux  pipes.  On  en  ufe  beaucoup  dans  toute  l'In- 
de ,  parce  que  le  vin ,  l'eau  &  l'huile  s'y  gardent  par- 


MAR 


120 

faitement  bien.  Ils  font  auffi  fore    recherchés  des  Portu- 
gais qui  s'en  fervent  dans  les  navires  qui  vont  aux  Indes. 
Ce    royaume  éroit  autrefois   fujet  au  roi  de  Pégu  , 
mais  celui  de  Siam  s'en  elt  emparé,  &  l'a   réduit  en 

province. 

2.  MARTAVAN,  ville  d'Afie  dans  la  presqu'ifle  de 
l'Inde  au  delà  d.i  Gange  ,  aux  frontières  des  royaumes 
de  Siam  8c  de  Pégu,  8c  la  capitale  de  celui  de  Mar- 
tavan  auquel  elle  donne  fon  nom  ;  elle  s'étend  de  le  il 
à  l'ouelt.  C'elt  une  belle  ville  ,  riche  8c  fort  peuplée  ; 
la  commodité  de  fon  pou  contribue  à  fa  richefle  ;  on  y 
peur  entrer  en  toute  faifon;  il  ne  fe  bouche  point  com- 
me rant  d'autres  avec  des  amas  de  fable  ;  il  elt  toujours 
profond  8c  capable  de  recevoir  beaucoup  de  vaiffeaux 
&  de  les  tenir  à  couvert.  *  Daviti ,  Etats  du  roi  de 
Siam  ,  p.  6$$. 

MARTEL,  ville  de  France  dans  le  Quercy,  fituée  fur 
un  coteau  près  de  la  Dordogne  dans  la  vicomte  de 
Turcnne,  elle  elt  le  fiége  d'une  fénéchauflee  particulière 
qui  redorât  au  préficïïal  de  Tulle. 

MARTENA,  heu  fortifié  dans  llllyrie.  Jornandes, 
dit,  que  c'étoit  la  demeure  des  Cmandri.  Au  lieu  de 
Martena  ;  Lichtenau  ht  Materna  ,  &  Lazius  ,  P.  R. 
Roman*  ,  l.  12.  Marcena.  Ce  dernier  croit  que  c'elt 
à  préfent  Marpurg  en  Styrie.  *  Qrtelii  Thefaur. 

MARTEND1CK,  terre  feigneuriale  dans  lifte  de  To- 
len  en  Zelande.  *  Ditl.  géogr.  des  Payj-Bas. 

MARTENSES,  peuples  de  l'Armorique ,  félon  la 
notice  des  dignités  de  l'Empire. 

MARTHA,  heu  d  Italie.  L'itinéraire  d'Antonin  le 
met  fur  la  route  de  Rome  à  la  plus  haute  Alpe  par  la 
voie  Aurélienne  ,  entre  Centum  CelU  8c  Forum  Aurelii, 
à  dix  milles  de  la  première  ,  8c  à  quatorze  milles  de 
la  féconde. 

MARTHAMA,  ville  de  l'Afrique  propre,  félon  Ap- 
pien    in  Pumcis. 

MARTHON  ,  ville  de  France  dans  lAngoumois , 
avec  château.  Elle  e/t  fituée  dans  l'élection  d'AngouIê- 
me.  Sa  juitice  s'étend  fur  treize  paroifles ,  &  elle  a 
foixante  fiefs  dans  fa  mouvance. 

MARTHULA  ou  Morthula  ,  ville  de  la  Cappa- 
doce,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  6.  qui  la  place  entre 
Çhordule  ou  Chorduba,8c  l'embouchure  du  fleuve  Archas. 

MARTI ,  bourg  de  France  dans  le  gouvernement  de 
Calais  ,   au  diocèle  de  Boulogne. 

i.  MARTIA.    Voyez.  Marcia. 

i. MARTIAou  Martin  ,-lieu  d'Espagne.  L'itinéraire 
d'Aivonin  le  met  fur  la  route  de  Bracara  à  Aflurïca , 
entre  Brevis  8c  Lucus  Augujri,  à  vingt  milles  du  pre- 
mier de  ces  endroits ,  &  à  feize  milles  du  fécond. 

MARTI ACUS,  lieu  dont  il  eit  fait  mention  au  code 
Théodofien  ,  llb.   1 1.  Tit.  de  metallis. 

MARTIALIS.  Voyez.  Onoba  8c  Violascensis. 

MARTIANA  Silva,  forêt  de  la  Germanie,  félon 
Ammien  Marcellin  ,  /.  i.  p,  102.  On  la  nomme  vul- 
gairement Schivartz.-VJaldt ,  d'où  les  Latins  du  moyen 
âge  l'ont  appellée  Silva  Nigra,  8c  les  François  Forêt 
Noire.  Il  y  en  a  qui  croient  que  c'eit  la  même  forêt 
que  Ptolomée  appelle  Eremus  Helvet'iorum.  Voyez.  Her- 
cynia. 

MARTIANOPOLIS,  Voyez.  Marcianopolis. 

MARTIANUM  ,  fleuve  de  la  Pannonie  ;  félon  Jor- 
nandes,  qui  place  une  ville  nommée  Margum  pla- 
num  entre  ce  fleuve  8c  le  Danube;  mais  un  MS.  dit 
que  Margum  elt  une  rivière.  *  Ortelii  Thefaur. 

1.  MARTIGNAC  ,  en  latin  Martmucum  ,  bourg  de 
France  dans  le  Quercy  ,  élection  de  Cahors. 

2.  MARTIGNAC.  Ce  mot  veut  dire  demeure  de 
Martin. 

1.  MARTIGNÉ.  C'eft  en  quelque  manière  le  mê- 
me nom  que  Martignac.  Il  lignifie  aufTi  demeure  de 
Martin. 

2.  MARTIGNÉ,  bourg  de  France  dans  l'Anjou  , 
élection  de  Saumur.  On  l'appelle  fouvent  Martignê 
Brillant.  11  y  a  un  chapitre  compofé  d'un  doyen ,  & 
de  fix  canoniçars  de  trois  cens  livres  chacun. 

5.  MARTIGNE,  bourg  de  France  dans  le  Maine, 
élection  du  Mans. 

MARTIGNIANO  ou  Martignano, château  d'Ita- 
lie dans  l'Etat  de  l'Eglife  >  &  dans  la  province  du  Pa- 


MAR 


crimoine  •  fur  un  petit  lac  de  même  nom ,  &  tout 
joignant  celui  de  Stracciacappe  ,  à  deux  milles  de  Bac- 
cane  au  couchant  en  allant  vers  le  lac  de  Bracciano  , 
dont  il  elt  à  pareille  diltance  ,  8c  à  près  de  quatre  de 
l'Anguillare.  *  Bauarand  ,  Dict. 

1.  MARTIGNY,  en  latin  Marûmacum ,  &  en  alle- 
mand Martinach ,  bourg  du  Bas-Vallais  fur  la  Dranfe  , 
qui  fe  jette  dans  le  Rhône,  à  près  de  cent  pas  de  ce 
lieu.  Il  elt  fitué  dans  une  plaine  entre  de  hautes  mon- 
tagnes. Martigny,  dit  de  Longuerue  ,  Defcriptioa  de  la 
France,  p.  506.  2.  part,  a  pris  le  nom  de  fon  fonda- 
teur Martinius ,  qui  étoit  Romain  ,  ou  un  homme  qui 
avoit  un  nom  romain.  Il  ajoute  qu'il  devoir  avoir  été 
fondé  près  de  ruines  à'Uclodurits ,  qui  etoit  la  princi- 
pale des  Veragres,  &  une  des  anciennes  ci'  es  de;,  Gau- 
les ;  mais  il  y  en  a  qui  veulent  que  Manigny  foie  Oito- 
ditrm  même.  Sous  l'empire  d'Auguïle  ,  dit  l'auteur  de 
l'Etat  8c  des  Délices  de  la  SuiiTe  ,  Martigny  ou  Octo- 
durus  avoit  le  privilège  du  Droit  Latin.  On  voyoir  ,  il' 
n'y  a  pas  encore  long  rems  ,  dans  ce  lieu  quelques  in- 
feriptions  romaines  ,  mais  elles  ont  été  déi  mites  par 
fuperllition ,  ou  peut-êtie  par  une  négligence  des  piè- 
tres qui  ont  fait  rebâtir  léglife.  Auffi  ne  reite  il  plus 
aucun  veltige  qui  puifle  prouver  l'ancienneté  de  Mar- 
tigny ,  fi  ce  n'elt  les  ruines  d'une  ancienne  forrerefle  bâ- 
tie fur  le  penchant  d'un  rocher.  Voici  une  des  inferip* 
tions  qu'on  voyoit  autrefois  dans  léglife. 

IMP.    CAES.     VAL. 
CONSTANTIO    PIO 
FEL.    INVICT.    AUG. 
DlVI.    CONSTANTII.    PII     AUG. 
FlLIO.    FOR.  CL.   VAL.    BONO 
REIPUBLIC^C    NATO. 

Il  a  été  un  tems  que  les  évêques  du  Vallais  avoient 
leur  fiége  dans  Martigny  ;  mais  comme  les  guerres 
ruinèrent  cette  ville  ,  ils  le  tranfporterent  à  Sion.  De- 
puis ce  changement  Martigny  n'a  plus  été  qu'un  bourg. 

Vis-à-vis  de  ce  bourg,  on  voit  fur  la  rive  gai:che  de  la 
Dranfe ,  fur  un  rocher  escarpé ,  un  château  fort  qui 
appartient  aux  evêques  de  Sion  ,  8c  qui  ayant  été  fou- 
vent  ruiné ,  a  été  réparé  par  les  évêques  Jos  de  Sille- 
nen  ,  8c  Matthieu  Schiner. 

Le  bourg  de  Martigny  elt  fitué  dans  un  espèce  de 
carrefour,  entre  trois  chemins,  fi  fon  pafle  le  Rhône 
on  va  du  côté  de  Sion  ,  qui  elt  éloigné  de  cinq  henes  ; 
fi  on  descend  le  long  du  Rhône  ,  on  va  à  faint  Mau- 
ris  qui  elt  à  quatre  lieues  ;  8c  fi  on  tire  au  midi  vers 
les  Alpes,  on  entre  dans  la  vallée  d'Entremont  qui 
aboutit  au  grand  faint  Bernard.  *  Etat  &  Dilues  de 
la   Suijfe  ,  t.  4.   p.  205. 

2.  MARTIGNY.  Ceft  le  quatrième  gouvernement 
du  Bas-Vallais.  Il  tire  fon  nom  du  bourg  de  Martigny 
qui  efl  le  chef  lieu.  De  ce  gouvernement  dépendent 
quelques  petits  villages  aux  environs.  *  Etat  cr  Délices 
de  la  Suijfe,  t.  4.  p.  205. 

MARTIGUES,  ville  de  France  dans  la  Provence, 
c'elt  une  place  maritime  à  l'occident  de  Marfeille,  8c 
fituée  entre  la  mer  8c  l'étang  de  Berre ,  dans  le  dégor- 
gement de  cet  étang,  qu'on  appelle  auffi  étang  ou  mer 
de  Martigues.  Cette  ville  s'appelloit  autrefois  faint  Gê- 
nés ,  ou  Gênais  ,  en  latin  Q'Jrrum  Sanlli  Gencfi':.  D'abord 
faint  Genès  étoit  à  un  quart  de  lieue  de  la  nouvelle 
ville ,  qui  a  été  fondée  des  débris  de  l'ancienne ,  con- 
fetvant  néanmoins  fon  nom  de  faint  Genès  qui  a  été 
en  ufage  jusqu'à  l'an  1266.  Cette  ville  8c  fon  territoire 
font  pour  le  fpirituel  de  l'archevêché  d'Arles ,  8c  les 
archevêques  en  ont  eu  long  tems  le  haut  domaine  ; 
puisqu'en  cette  année  1266.  Bertrand  de  Baux,  feigneur 
de  Berre,  d'Illr.s  8c  de  Châieauneuf,  fit  hommage  à 
Florent  archevêque  d'Arles  de  la  terre  de  faint  Genès , 
8c  de  ce  qu'il  avoit  dans  le  champ  pierreux  de  la 
Crau. 

Ceux  de  la  maifon  de  Baux  avoient  eu  faint  Genès 
de  la  maifon  de  Porcelets,  à  qui  Raymond  Bérenger 
comte  de  Provence  avoit  cédé  fon  droit  qu'il  renoit  de 
Hugues  Boardi  archevêque  d'Arles.  Ce  prélat  ayant  donne 
pouvoir  au  comte  Raymond  Bérenger  de  bâtir  une  ville 
fur  la  mer  dans  le  même  endroit  l'an  iiji.  on  en  a 

depuis 


MAR 


MAR 


depuis  bâti  trois ,  une  dans  l'irte  ,  la  féconde  à  Jonquie- 
res  en  terre  ferme  du  côté  du  midi  ,  Se  la  troifiéine , 
qui  efl  du  côté  du  nord ,  efl  nommée  Ferrieres.  Cha- 
cune de  ces  trois  villes  a  fou  conful  particulier  ,  Se  les 
habitans  font  nommés  les  Martégaux  ,  qui  fonr  bons 
hommes  de  mer.  Les  villes  de  Jonquieres  &  de  Ferrie- 
res ,  font  comme  les  fauxbourgs  de  celles  de  Martigues , 
étant  fituees  à  les  deux  côtés  en  terre  ferme.  11  y  a  à 
l'entrée  du  port  devant  l'ifle  de  Martigues  ,  une  autre 
petite  ifle  qui  ell  défendue  par  un  fort  nommé  la  Tour 
de  Bouc ,  Se  autrefois  d'Embouc ,  c'eil-à-dire ,  de  la 
bouche  ou  embouchure ,  laquelle  efl  tournée  vers  le 
levant. 

Martigues  fut  réuni  au  comté  de  Provence  par 
Louis  d'Anjou  l'an  1381.  Le  roi  René  l'ayant  érigé  en 
vicomte ,  la  donna  à  fon  neveu  Charles  du  Maine  , 
qui  ayant  fuccédé  à  fon  oncle  au  comté  de  Provence  * 
lahTa  par  fon  teflamcnt  cette  vicomte  à  fon  coufin  Fran- 
çois de  Luxembourg  qui  en  prit  pofleffion  ,  &  s'y  main- 
tint malgré  les  prétentions  contraires  de  Palamedes  de 
Fourbin ,  qui  en  avoir  eu  le  don  de  Louis  XL  fuccef- 
feur  de  Charles  au  comté  de  Provence.  Ceux  de  la  mai- 
fon  de  Luxembourg  fe  maintinrent  aufTi  contre  l<e  prince 
de  Melfes,  (  de  la  mai  fon  de  Caracciolo  dans  le  royau- 
me de  Naplesj,  à  qui  François  I.  avoir  donné  l'an  1540. 
la  vicomte  de  Martigues,  dont  François  de  Luxembourg 
fut  toujours  en  pofleffion ,  Se  il  la  laifla  à  fon  fils  Sé- 
baflicn  qui  n'eut  qu'une  fille ,  Mary:  de  Luxembourg  , 
qui  époufa  Philippe  Emmanuel  de  Lorraine ,  duc  de 
Mcrcœur.  Il  n'y  eut  de  ce  mariage  qu'une  fille  Fran- 
çoife  de  Lorraine ,  femme  de  Céfar  légitimé  de  Bour- 
bon,  duc  de  Vendôme,  dont  le  petit- fils  ell  mort  en 
Espagne   fans  enfans  l'an   17 11. 

La  vicomte  de  Martigues  ayant  été  érigée  en  princi- 
pauté par  Henri  IV.  en  faveur  de  Marie  de  Luxem- 
bourg,  duchefle  de  Metcœur ,  elle  lui  en  fithommage 
l'an  IJ99.  Le  maréchal  de  Villars  a  acheté  la  princi- 
pauté de  Martigues  l'an  17 14.  deux  ans  après  la  mort 
du  dernier  duc  de  Vendôme. 

C'e/l  à  Martigues  que  fe  dégorge  dans  la  met  le 
grand  étang  de  Berre  ,  qui  prend  fon  nom  d'une  ville 
qui  efl  au  fond  de  cet  étang ,  &  qui  a  été  autrefois 
eflimée  une  des  plus  fortes'places  de  la  province.*  Lan- 
gtterue  ,  Defcription  de  la  France,  part.  1.  p.  jji, 

2.  MARTIGUES ,  étang  de  France ,  fur  la  côte 
de  Provence  ,  entre  Marfeille  &  le  Rhône.  On  lui 
donne  auffi  le  nom  de  mer  Se  de  golfe ,  &  on  l'ap- 
pelle indifféremment  l'étang,  la  mer  ou  le  golfe  de 
Martigues ,  Se  l'étang  de  Berre.  Il  a  quatre  ou  cinq 
lieues  de  long,  depuis  la  tour  de  Bouc  jusqu'à  Berre, 
Se  deux  lieues  de  large.  Cet  étang  efl:  navigable  par- 
tout ,  Se  a  depuis  quatre  jusqu'à  quatorze  brades  de  pro- 
fondeur. Il  y  a  fur  les  bords  quelques  villages  où  les 
allèges  Se  les  barques  vont.  Les  Génois  chargent  fou- 
vent  des  vins  à  Marignane.  A  Berre  on  y  charge  du 
fel ,  Se  à  faim  Chamas  on  y  fait  quelque  petit  com- 
merce. Le  fel  qui  fe  fait  fur  le  bord  de  cet  étang  efl 
excellent ,  Se  en  telle  quantité ,  qu'on  en  fournit  la 
Provence ,  les  provinces  voifines  &  même  la  Savoye. 
*  Piganiol ,  Defcription  de  la  France,  t.  4.  p.  77. 

3.  MARTIGUES,  (  La  principauté  de  )  Voyez.  Mar- 
tigues ,  n°.  1. 

.  MARTINENGO  ,  ville  d'Italie  dans  le  Bergamasque  , 
félon  Corneille,  Dtclion.  qui  dit  quelle  ell  fort  peuplée 
Se  que  l'on  y  compte  plus  de  trois  mille  habitans. 
Magin  ne  la  marque  poinr  dans  fa  carte  du  Berga- 
masque. 

MARTINI ,  peuples  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolo- 
mée  ,  /.  j.  c.  19.  les  place  auprès  de  la  Babylonie. 
Quelques  interprètes  au  lieu  de  Martini  ,  lilenr 
Maternï. 

MARTINIQUE,  (La)  ifle  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  ,  Se  la  principale  des  Antilles  Françoifes. 

Avant  qu'elle  fut  découverte  ,  les  Indiens  l'appelloient 
Madanina ,  ou  Matinino.  Suivant  une  ancienne  tradirion 
des  Infulaires  de  S.  Domingue  ,  cette  ifle  avoit  éré  peu- 
plée par  des  habitans  de  Marinino.  Les  Espagnols  lui 
donnèrent  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui.  Elle  a  en- 
viron feize  lieues  de  longueur,  fur  une  largeur  inégale, 
Se  dont  le  circuit  efl  d'environ  quarante  lieues.  Il  y  a 


lit 

beaucoup  de  montagnes ,  qui  font  inhabitab'és ,  Se  fer* 
vent  de  repaire  aux  bêtes  fauvages  ,  aux  l'erpe;  s  Se  au* 
couleuvres,  qui  y  font  en  grand  nOmbi  e  El  es  l'on'  cou- 
vertes de  beaux  bois:  les  arbres  furpadenr  de  beaucoup* 
Se  en  groilèur  Se  en  hauteur  ceux  de  France  ,  Se  pro- 
duifent  des  fruits  Se  des  graines,  dont  les  ian5licis  Se 
les  oifeaux  fe  nourriflent.  Les  mornes  Se  les  coteaux 
font  fort  agréables  :  il  y  a  quelques  plaines  ou  vallons; 
Le  terroir  en  ell  bon ,  mais  pénible  à  cultiver.  Il  y 
en  a  qui  font  fi  droits  Se  fi  hauts ,  qu'à  peine  y  peut- 
on  travailler  fans  danger  ,  ou  du  moins  lans  êtie  obli- 
gé à  fe  tenir  d'une  main  à  quelque  fouche  de  tabac  * 
ou  à  quelque  branche  d'arbre,  tandis  que  l'autre  main 
agit.  *  Rucbefort ,  Hifloire  nat.  des  ifles  Antilles,  p.  134 
Se  fuivantes. 

Cette  ifle  efl  partagée  erttrc  les  Indiens ,  naturels  dii 
pays  Se  les  François.  Ces  derniers  jetterent  les  fonde- 
mens  de  cette  colonie  au  mois  de  Juillet  1 63  j.  fous  la 
conduite  du  fleur  Desnambuc ,  qui  les  y  fit  pafîer  dé 
l'ifle  S.  Chriflophe,  les  mit  en  pofleffion  ,  Se  après  les 
avoir  munis  de  tout  ce  qui  leur  étoit  néeeflaire  pour 
leur  défenfe  Se  pour  leur  fubfiflance,  leur  laifla  le  fleur 
Dupont  pour  les  commander  en  qualité  de  fon  lieute- 
nant. La  partie  de  l'ifle  qui  ell  habitée  par  les  Iiidiens 
ell  toute  comprife  en  un  quartier  qui  fe  nomme  là 
Cabeflerre.  Voyez,  ce  mor.  Le  pays  occupé  par  les  Fran- 
çois fut  d'abord  divifé  en  cinq  quartiers  >  favoir , 


Là  café  du  Pilote , 
La  café  Capot , 
Le  Carbet, 


Le  fort  S.  Pierre , 
Le  Prêcheur. 


Ces  quartiers  Ont  été  augmentés.  Chacun  a  du  moins 
une  églife  ou  une  chapelle  ,  un  corps  de  garde  Se  une 
place  d'armes  ,  autour  de  laquelle  on  a  bâti  plufieurs  Se 
grands  magafins  pour  ferrer  les  marchandifes  qui  vieil» 
nent  du  dehors,  Se  celles  du  crû  de  l'ifle;  Entre  la 
Cabeflerre  Se  la  bafle  terre»  il  y  a  un  cul  de  fac ,  oi\ 
l'on  trouve  beaucoup  de  bois  propre  à  monter  le  tabac. 
On  y  va  prendre  auffi  des  rofeaux  ,  qui  fervent  à  pa* 
liflader  les  cafés ,  Se  du  mahotfrand  dont  l'écorce  lert 
à  plufieurs  ufages  de  la  ménagerie» 

Le  plupart  des  maifons  de  l'ifle  font  de  charpente  Se 
fort  commodes ,  Se  les  plus  confidérables  font  fur  ces 
éminences    que  les  habitans  appellent  Mornes. 

Outre  les  torrens  qui  au  tems  des  pluies  coulent 
avec  impétuofité  parmi  toutes  les  ravines  de  cette  ifle , 
on  y  compte  jusqu'à  neuf  ou  dix  rivières  aflez  confi- 
dérables, qui  ne  tariflent  jamais.  Elles  prennent  leur 
fource  à  la  pente  ou  au  pied  des  plus  hautes  montagnes  \ 
elles  coulent  enfuite  dans  les  vallons,  &  après  avoir 
baigné  les  terres  fe  rendent  dans  la  mer.  Lorsqu'elles  fe 
débordenr,  elles  déracinent  les  arbres,  fapent  les  rochers 
Se  défolent  les  champs  Se  les  jardins,  entraînant  bien 
fouvent  dans  les  précipices  les  maifons  qui  fe  trouvent 
fur  leurs  chemins» 

La  meilleure  rade  de  cette  ifle  efl  entre  le  Carbet  Se 
le  fort  S.  Pierre.  Elle  ell  beaucoup  plus  affinée  que  cel- 
les des  ifles  voifines  :  elle  efl  à  demi  entourée  de  monta- 
gnes aflez  hautes  pour  la  mettre  à  couvert  des  vents  t 
Se  pour  tenir  les  vaifleaux  en  fureté.  Entre  la  cafe  du 
Pilote  &  le  golfe  qu'on  nomme  le  cul-de  fac  des  Sa- 
lines ,  il  y  a  un  rocher  qui  avance  d'une  demi  -  lieue 
dans  la  mer.  On  le  nomme  le  Diamant  à  caufe  de  fi 
figure.  Il  fert  de  retraite  à  une  infinité  d'oifeaux  ,  en- 
tre autres  aux  ramiers ,  qui  y  font  leurs  nids.  L'accès  en 
efl  difficile ,  on  ne  laifle  pas  cependant  d'y  aller ,  fur- 
tout  dans  le  tems  que  les  petits  ramiers  font  bons  à 
manger.  Le  Carénage  efl  fitué  du  même  côté  que  le 
Diamant.  Cet  endroit  efl  auffi  en  forme  de  cul-de- fac  : 
on  y  mène  les  navires  pour  les  rafraichir  Se  pour  les 
caréner.  La  mer  y  ell  toujours  calme  i  mais  l'air  y  eft 
mauvais  :  les  matelots  y  font  ordinairement  attaqués  de 
fièvres ,  qui  néanmoins  ne  font  pas  fort  dangereufes. 

Le  nombre  de  fes  habitans  efl:  fi  confidérablc ,  qu'on 
a  parlé  plus  d'une  fois  d'en  transporter  ailleurs  une 
partie.  La  douceur  du  gouvernement ,  Se  la  fituatiori 
avantageufê  de  l'ifle ,  ont  beaucoup  contribué  à  lac- 
croiflèment  de  cette  colonie  :  de  plus,  comme  presque 
tous  les  navires  François   qui  vovagent  à  l'Amérique  t 

toml  IV.  Q 


MAR 


122 

reconnoiffent  cette  terre  pour  y  prendre  les  rafraîchis 
femens  ;  il  eft  fouvent  arrivé  que  des  familles  entières 
qui  croient  forties  de  France  en  intention  de  paffer  en 
d'autres  ifles ,  fe  font  arrêtées  en  celle  ci  pour  ne  point 
s'expofer  de  nouveau  aux  dangers  qui  accompagnent 
ces  longs  ôc   pénibles  voyages. 

Le  féjour  de  la  Martinique  feroit  encore  plus  agréa- 
ble ,  fi  l'on  n'y  étoit  pas  fujet  à  une  fâcheufe  maladie , 
qui  emporte  bien  du  monde.  On  la  nomme  le  mal  de 
Siam  ,  parce  qu'il  a  été  apporté  à  la  Martinique  par  le 
vaiffeau  du  roi  l'Oriflamme  ,  qui  revenant  de  Siam 
avec  les  débris  des  établiffemens  que  l'on  avoit  faits 
à  Mergui  Se  à  Bancok,  avoit  touché  au  Brefil  où  il 
avoit  gagné  cette  maladie ,  qui  y  faifoit  de  grands  ra- 
vages depuis  fept  ou  huit  ans.  Les  fymptômes  de  cette 
maladie  font  autant  différens ,  que  le  font  les  tempéra- 
mens  de  ceux  qu'elle  attaque  ,  ou  les  caufes  qui  la  peu- 
vent produire.  Ordinairement  elle  commence  par  un 
grand  mal  de  tête  Se  de  reins  ;  Se  ce  mal  eft  fuivi  quel- 
quefois d'une  groflé  fièvre,  Se  quelquefois  d'une  fièvre 
interne,  qui  ne  fe  manifefte  point  au-dehors.  Souvent 
il  furvient  un  débordement  de  fang  par  tous  les  conduits 
du  corps,  même  par  les  pores.  Quelques-uns  ont  ren- 
du  par  haut  &  par  bas  des  paquets  de  vers  de  différen- 
tes grandeurs  &  couleurs  :  à  quelques  uns  il  a  paru  des 
bubons  fous  les  aiffelles  Se  aux  aines  ;  les  uns  pleins  de 
fang  caillé  noir ,  &  les  autres  pleins  de  vers.  Elle  em- 
porte les  gens  en  fort  peu  de  tems  :  fix  ou  fept  jours 
tout  au  plus,  terminent  l'affaire  de  façon  ou  d'autre.  Il 
eft  arrivé  à  quelques  perfonnes,  qui  ne  fe  fentoient 
qu'un  peu  de  mal  de  tête  de  tomber  mortes  dans  les 
rues,  Se  presque  toutes  avoient  un  quart  d'heure  après, 
la  chair  aufli  noire  Se  aufli  pourrie  que  fi  elles  euffent 
été  mortes  depuis  quatre  ou  cinq  jours.  Les  Anglois 
que  les  Flibuftiers  de  la  Martinique  prenoient  de  tems 
en  tems ,  ont  porté  cette  maladie  dans  leurs  colonies  : 
elle  s'eft  communiquée  de  la  même  façon  chez  les 
'Espagnols  Se  chez  les  Hollandois. 

On  peut  aufli  compter  au  nombre  des  incommodités 
du  pays ,  les  bêtes  rouges  Se  les  chiques.  Les  bêtes  rou 
ges  font  des  petits  animaux  qu'on  trouve  ordinaire- 
ment dans  les  favancs  qui  font  un  peu  féches  :  ils  ne 
font  guère  plus  gros  que  la  pointe  d'une  épingle  i  ils 
font  tous  rouges  ,  Se  on  peut  dire  tous  de  feu  ,  puisque 
dès  qu'ils  font  paffés  au  travers  du  bas ,  &  qu'ils  fe  font 
attachés  à  la  peau  ,  ils  y  caufent  une  démangeaifon 
épouvantable.  On  fe  délivre  de  cette  importunité  en  fe 
lavant  les  jambes  Se  les  pieds  avec  de  l'eau  où  l'on  fait 
bouillir  certaines  herbes.  La  chique  ,  que  les  Espagnols 
appellent  Nigas, eft  un  petit  animal  noir,  qui  paffe  ai- 
fément  au  travers  des  bas ,  Se  fe  loge  ordinairement 
fous  les  oncles  des  pieds ,  dans  les  jointures  ou  dans 
les  endroits  de  la  peau  qui  font  un  peu  élevés.  La  dou- 
leur qu'il  fait  en  perçant  la  peau  ,  ou  plutôt  l'épiderme , 
eft  comme  une  médiocre  piquure  de  puce.  Après  qu'il 
s'eft  logé ,  il  ronge  doucement  la  chair  autour  de  lui , 
où  il  n'excite  qu'une  légère  démangeaifon  ,  femblable  à 
un  léger  chatouillement ,  il  groflit  peu  à  peu  ,  s'étend 
ôc  devient  enfin  comme  un  gros  pois.  En  cet  état  il  fait 
des  œufs  qui  s'éclofent ,  ôc  font  autant  de  petites  chi- 
ques, qui  fe  nichent  autour  de  leur  merc ,  s'y  nour- 
liflènt  comme  elle ,  &  s'augmentent  de  telle  manière  , 
que  fi  on  n'a  pas  foin  de  les  tirer,  elles  pourriffent 
toute  la  chair  aux  environs,  y  caufent  des  ulcères  Se 
quelquefois  la  cangréne  -,  mais  quand  on  les  fent  entrer , 
eu  qu'on  s'en  apperçoit  dans  la  fuite  ,  il  n'eft  rien  de  fi 
facile  que  d'y  apporter  le  remède.  La  noirceur  de  la 
chique  la  fait  aifément  remarquer  entre  la  chair  &  la 
peau:  on  prend  une  épingle  ou  un  couteau  bien  pointu 
&  on  déchauffe  tout  doucement  aux  environs  du  trou 
qu'elle  a  fait  en  entrant  :  on  tire  ainfi  la  peau  tout  au- 
tour de  la  chique ,  Se  quand  elle  paroîr  à  découvert  & 
toute  entière ,  on  la  tire  dehors.  On  remplit  enfuite  le 
trou  avec  du  fuif ,  ou  bien  avec  de  la  cendre  de  tabac. 
Mais  quand  on  néglige  les  chiques ,  ou  que  les  tirant 
mal ,  on  en  laiffe  une  partie  entre  cuir  Se  chair  on  fe 
met  au  hazard  d'avoir  des  ulcères  &  de  refier  long- 
tems  entre  les  mains  des  chirurgiens. 

La  Martinique   eft  fertile  en  manioc,  tabac,  fucre 
indigo,  icucoii ,  cafte,  olive    &  fine,  en  abricots  de 


MAR 


S.  Domingue ,  &c.  L'on  y  cultive  des  vignes  3  que 
l'on  a  apportées  directement  de  France ,  Se  qui  ont 
eu  bien  de  la  peine  à  fe  naturalifer  au  pays  ,  parce  eue 
le  climat  fe  trouvant  chaud  Se  humide  ,  les  grains 
rnuridbient  trop  tôt  Se  les  uns  avant  les  autres  ;  deforte 
que  dans  une  même  gtappe  on  trouvoit  des  grains 
murs  ,  d'autres  en  verjus  Se  d'autres  presque  encore 
en  fleur.  Le  muscat  ,  qui  étoit  venu  de  Madère  Se  des 
Canaries  ,  muriflbit  parfaitement.  On  a  remarqué  de- 
puis qu'à  mefure  que  les  feps  des  vignes  venues  de 
France  vieilliffoient ,  leur  défaut  fe  corrigeoit.  La  vigne 
porte  du  fruit  deux  fois,  même  trois  en  quatorze  mois» 
félon  la  faifon  féche  ou  pluvieufe  ,  où  elle  eft  cou- 
pée Se  le  fep  taillé.  *  Lahat  ,  voyage  aux  ifles  de  l'A- 
mérique ,  t.  i.  pag.  1 17.  &  fuiv. 

On  a  femé  du  froment  qui  étoit  venu  de  France  5 
il  eft  venu  très  bien  en  herbe,  mais  la  plupart  des  épis 
fe  trouvèrent  vuides,  Se  les  autres  avoient  très-peu  de 
grains.  Ces  grains  nés  dans  le  pays  ayant  été  lemés, 
pouffèrent  à  merveilles  &  produifirent  les  plus  beaux 
épis  Se  les  mieux  fournis  qu'on  puiffe  s'imaginer.  Les 
Nègres ,  les  engagés  ,  les  domeftiques ,  les  ouvriers  ne 
mangent  que  de  la  farine  de  manioc  ou  de  la  caiîavc  : 
presque  tous  les  Créoles ,  ceux  même  qui  font  riches  Se 
qui  font  fervir  du  pain  fur  leurs  tables,  par  grandeur  ou 
pour  les  étrangers,  mangent  plus  volontiers  delà  caffave 
Se  la  préfèrent  au  pain. 

C'a  été  mal  à  propos  qu'on  a  débité ,  pendant  quelque 
tems ,  qu'il  étoit  défendu  de  ferrer  du  bled ,  Se  de  culti- 
ver la  vigne  à  la  Martinique ,  parce  que  cela  feroit  préju- 
diciable au  commerce.  La  feule  chofe  qui  empêche  d'y 
fcmerdubled,  eft  fon  inutilité.  Très- peu  de  gens  y 
mangent  du  pain  de  froment.  Pour  le  vin  il  n'en  eft 
pas  de  même:  tout  le  monde  en  boit  :  mais  il  eft  impof- 
fible  qu'on  puiffe ,  à  la  Martinique,  s'appliquer  à  la  cul- 
ture de  la  vigne  ,  par  rapport  au  peu  d  étendue  du  ter- 
rein  que  poiïede  chaque  habitant.  On  l'emploie  bien 
plus  utilement  en  cannes ,  en  cacao  ,  en  coton  ,  en  rou- 
cou  8c  en  autres  marchandifes.  11  eft  confiant  que  le  mê- 
me terrein  qu'on  feroit  obligé  d'employer  en  bled  Se  en 
vignes  pour  fournir  le  néceffaire  de  ces  deux  chofes  à 
dix  perfonnes  ,  le  fournira  pour  cinquante  Se  même  plus 
fi  on  l'emploie  en  marchandifes  du  pays.  D'ailleurs , 
qu'iroient  faire  les  vaiiïeaux  d'Europe  à  la  Martinique  , 
G  les  habitans  employaient  leurs  terres  en  bled  Se  en 
vignes  ?  De  quoi  fe  chargeroient-ils  en  Europe  j  ôc  que 
pourroient-ils  espérer  des  ifles  2 

L'ouycou  eft  la  boiffon  la  plus  ordinaire  dont  ufent 
ceux  qui  n'ont  point  de  vin.  Les  Européens  ont  ap- 
pris des  Sauvages  à  la  faire.  On  remplit  d'eau ,  jufqu'à 
cinq  ou  fix  pouces  du  bord  ,  un  grand  vafe  de  terre 
grife  que  l'on  fait  dans  le  pays ,  Se  qui  contient  quel- 
quefois jusqu'à  quatre-vingt  pots  :  on  y  jette  deux  grof- 
fes  caffaves  rompues,  avec  une  douzaine  de  certaines 
pommes  déterre,  appellées  patates,  coupées  par  quar- 
tiers ;  on  y  joint  trois  ou  quatre  pots  de  fyrop  de  can- 
nes, &  une  douzaine  de  bananes  bien  mures  &  bien 
écrafées.  Tout  ce  mélange  étant  fait ,  on  bouche  bien 
l'ouverture  du  canaris ,  &  on  le  laiffe  fermenter  du- 
rant deux  ou  trois  jours  :  au  bout  de  ce  tems  on  lève 
le  marc,  qui  eft  venu  au-dclTus  &  qui  a  formé  une 
croûte.  La  liqueur  qui  eft  dans  le  vafe  reffemble  pour 
lors  à  de  la  bière  :  elle  eft  rougeâtre  ,  forte  ,  nourrif- 
fante ,  rafraîchiflante ,  Se  elle  enyvrc  aifément.  Les  Fran- 
çois s'y  accoutument  facilement. 

Le  maby  eft  une  autre  boifïon  qui  n'eft  guère  moins 
en  ufage  que  l'ouycou.  On  met  dans  un  vafe  de  terre 
vingr  ou  trente  pots  d'eau ,  avec  deux  pots  de  fyrop 
clarifié  ,  une  douzaine  de  patates  rouges ,  Se  autant  d'o- 
ranges aigres  coupées  par  quartiers.  Cette  liqueur  fe  fer- 
mente en  moins  de  trente  heures,  &  fait  un  vin  clai- 
ret ,  aufli  agréable  que  le  meilleur  poiré  que  l'on  boive 
en  Normandie.  11  rafraîchit  extrêmement,  du  moins 
en  apparence  :  il  eft  bien  plus  agréable  pour  la  couleur 
Se  pour  le  goût  que  l'ouycou  ;  mais  il  eft  plus  mal- 
faifanr ,  &  il  enyvre  davantage  :  il  eft  venteux,  Se  don- 
ne la  colique  pour  peu  qu'on  en  faffe  d'excès. 

Voila  les  boiflbns  dont  la  plus  grande  partie  des 
habitans  fe  fervent  dans  leurs  repas.  Il  y  en  a  d'autres 
qui  ne  font  que  pour  le  plaifir ,  &  dont  l'on  ufe  plus 


AR 


MAR 


rarement  :  ftivoir ,  le  vin  de  pommes  d'acajou  &  de  jus     plein  de   rofeaux-,  il  y  avoir  feulement  quelqi.es  mau- 


d'Ananasi  l'eau  de-  vie  de  cannes-',  le  fangris  ,  boifTon  ve- 
nue des  Anglois,  la  limonade  àl'Angloifc,  Se  le  ponche. 
Le  fpirituel     cJt  adminiftré  à  la  Martinique  ,  com- 
me dans  toutes  les  ifles   Françoifes,   par  des  religieux. 
îl  y  a    eu  autrefois   des  prêtres    féculiers,   qui  ont  eu 
foin   de   quelques   paroifl'cs  ;    mais   cela    n'a    pas  duré. 
Les   religieux    de  différens  ordres ,  qui  avoienr  accom- 
pagné les   babitans   lorsque  la   colonie   commença,  s'y 
font  toujours  maintenus  ;  Se  la  cour  a  depuis  long-rems 
jugé  à  propos    de  n'admettre  point  d'autres   eccléfiafti- 
qucs.En  1694. les  paroiffes  étoient  toutes  defiervies par  des 
Jéfuites ,  par  des  Capucins  Se  par  des  Jacobins  ou  Frè- 
res Prêcheurs,  qu'on  appelle  aux  ifles  les  Pères  Blancs, 
comme  on  appelloit    les  Jéfuites   les  Pères  Noirs.  Les 
Jéfuites  ont  deffervi  cinq  paroilTcs  ,  qui  font , 

le  fort  S.  Pierre,  le  Carbet ,  le  Prêcheur,  la  CafTe 
Pilote ,  le  cul-de  fie  à  Vache.  oicnt 

Ils  ont  cédé  cette  dernière  aux  Capucins,  qui  et 
déjà  chargés  de  fix  autres:  lavoir, 

la  ville  ou  bourg  du  fore     le  cul-de  fac  Marin  , 

Royal ,  deux  paroiffes  qui  font  aux 

ie  fort  Royal ,  anfes  Darlet. 

le  trou  au  Chat , 
Les  Jacobins  avoient 
le  Mouillage,  Ste  Hyacinteàlagrande  Anfe, 

SteAnnedu  Macouba ,  S.  Paul  au  Marigot, 
S.  Jean  Baptifte  de  la     Ste  Marie  au  même  quartier  , 
Baffe  pointe  ,  la  Trinité. 

11  y  a  dans  cette  ifle  un  gouverneur  général ,  un 
intendant ,  un  gouverneur  particulier ,  qui  fouvent  eft 
lieutenant  particulier  du  premier,  il  y  a  aufïi  deux  lieu- 
tenants de  roi:  l'un  pour  la  baffe  terre,  &  l'autre  pour 
la  Cabeflerre.  Ce  dernier  réfide  au  bourg  de  la  Trinité. 
Les  principales  places  de  la  Martinique ,  font 

le  fort  Royal ,  le  fort  de  la  Trinité  , 

le  fort  S.  Pierre,  le  fort  de  Marigot, 

le  fort  du  Mouillage. . 


Il  y  a  aufîi  un  confeil  fouverain  ,  ou  confeil  fupé- 
rieur  ,  compofédu  gouverneur  général ,  de  l'intendant, 
du  gouverneur  particulier   de    l'Ifle ,  de  douze   conleil- 
liei  s ,  d'un  procureur  général ,  Se  des  lieutenants  de  roi , 
qui  ont  droit  de  féance  avec  voix  délibérative.  Il  s'af- 
femble  de  deux  en  deux  mois ,  Se  juge  en  dernier  l'ef- 
fort toutes  les  caufes  qui  y  font  portées  directement ,  & 
les  appels  des  fentences  du  juge  royal  &  de  fes  lieute- 
mns.  Le  gouverneur  général  y  préfide  ;  mais  c'eft  l'in- 
tendant ,  &  en  fon  abfence  ,  le  plus  ancien  confeiller  qui 
xecueille  les  avis ,  &  qui  prononce.  Quand   le  gouver- 
neur général  n'y  eft  pas ,  l'intendant  préfide  Se  pronon- 
ce. Les  charges  de  confeillers  le  donnent  au  mérite  & 
quelquefois  aux  recommendations.    C'eft  le    fécretaire 
d'état  ayant  le  département  de  la  marine  qui  leur  expé- 
die leurs  brevets.  Ils  n'ont  point  de  gages,  mais  feule- 
ment l'exemption  du  droit  de  capitation  pour  douze  de 
leurrs  Nègres ,  avec  quelques  émolumens  pour  leurs  va- 
cations. Ces  profits  font  peu  confidérables  &  ces  char- 
ges font  plus  recherchées  pour  l'honneur  que  pour  l'in- 
térêt. On  prétend  qu'elles  ennobliffent  ceux  qui  meu- 
rent dans  l'exercice  ou  qui  obtiennent   des  brevets  de 
confeillers  honoraires,  après  avoir  fervi  vingt  ans.  De 
tous  les  confeillers    qui  rempliffoient    ces   charges   en 
1705.  il  n'y  en  avoit  que  deux  qui  euffent  étudié    en 
droit.  Les  autres  étoient  des  notables  habitans  ou  com- 
merçans,  chez  qui  la   droiture   Se  le  bon  fens  étoient 
réputés  tenir  lieu  de  feience. 

La  valeur  des  habitans  François  ,  parmi  lesquels  il  fe 
trouve  quantité  de  gentilshommes ,  tient  les  Indiens 
dans  le  refpect.  La  Martinique  a  été  attaquée  par  les 
étrangers  j  l'amiral  Ruiter  y  fit  une  descente  en  1674. 
Le  Fort  Royal  n'avoit  alors,pour  toute  fortification,  qu'un 
double  rang  de  paliffades ,  qui  fermoient  par  le  bas  la 
langue  de  terre  fur  laquelle  on  a  depuis  bâti  une  bonne 
fortereffe  ,  un  autre  rang  de  paliffades  avoit  été  planté 
fur  la  hauteur  Se  deux  batteries  en  barbette  étoient  dref- 
fées  ,  une  fur  la  pointe  pour  défendre  l'entrée  du  port 
qu'on  appelle  le  Carénage  ,  Se  l'autre  du  côté  de  la  rade. 
Le  terrein  où  eft  actuellement  la  ville  écoit  un  marais 


vaifes  cafés  fur  le  bord  de  la  mer,  qui  fei voient  de  nia- 
gahns  pour   ferrer  les  marchandifes  quand  les  vaiueaux 
étoient  dans  le  carénage  pendant  la  faifon  des  ouragans. 
Ces  magafins  étoient   remplis  de  vin  &  d'eau-de  vie , 
quand  Ruiter   fit  descendre  fes  troupes  :  les  foldatsne 
trouvant   aucune    réfiltance  fe  mirent  à  piller  les  ma- 
gafins, où  trouvant  des  liqueurs  agréables,  en  ils  burent 
de-  telle  manière  ,  qu'ils  n'étoient  plus  en  état  de  fe  tenir 
fur  leurs  pieds,  lorsqu'on  voulut  les    mener  a  l'afiaur. 
D'ailleurs  ,  i!  y    avoit  heureufement   dans  le  carénage 
une  flûte  de  S.  Malo  de  22  pièces  de  canon  Se  unvaif- 
feau  du  roi  de  44.  commandé  par  le  marquis  d'Ambli- 
mont.  Ces  deux  vaiffeaux  firent   un  fi  terrible  feu  de 
leur  canon  chargé   à    cartoucues  ,    qu'ils    tuèrent  plus 
de    900  des  ennemis.  Le   feu  des   vaiffeaux  ayant  été 
fécondé  par  celui  des  habitans  qui  défendoient  les  pa- 
liffades, les  Hollandois   fonnerent  la  retraite,  Se  l'offi- 
cier qui  les  commandoit  fit  faire  un  épaulement    avec 
des  banques  ,  pour  mettre   à  couvert    le  relie  de    foil 
monde  Se  lui  donner  le  tems  de  fe  désenyvrer.  Ruiter 
qui  mit  à  terre  fur  le  foir,  fut  étonné  de  voir  plus  de 
ijoo  de  fes  gens  morts    ou  bleffés  ;  il   renonça  à  fon 
entreprife  Se  fit  embarquer  le  refte  de  fon  monde  pen- 
dant la  nuit.  Les  Anglois  attaquèrent  auili  la    Martini- 
que en  169c.  Après  s'être  long-tems  promenés  aurour 
de  fille  .  Se  avoir  fait  quelques  descentes  dans  des  quar- 
tiers éloignés  où  ils  n'acquirent  pas  beaucoup  de  gloi- 
re ,    ils  s'approchèrent   du  fort  Saint  Pierre  ,  Se  mirent 
leurs  troupes  à  terre  dans  un  endroit  appelle  le  fond  de 
Cananrille,  à  une  petite  lieue  au  vent  du  fort  de  Saint 
Pierre.  Quelques  milices  du  pays  y  accoururent ,  retar- 
dèrent le  débarquement   &  disputèrent  enfuite  le  ter- 
rein  pied  à  pied.  Quoiqu'elles  ne  fuffent  pas  en  état  de 
repouffer  l'ennemi,  puisqu'elles  ne  faifoient  pas  plus  de 
500    hommes,  elles    ne    laifferent    pas  de    l'arrêter  Ci 
long  tems  ,  qu'elles  donnèrent   le  loifir    au  comte  de 
Blenac  d'arriver  avec  le  refte  des  troupes,  Se  d'empê- 
cher les  ennemis  de  pénétrer  plus  avant.  Les    Anglois 
firent  leur  retraite  avec  précipiraàon  cinq    jours  après" 
leur    débarquement.    Ils   abandonnèrent    quantité    d'ar- 
mes, de  munitions  Se  de  bagage  ,  plus  de  500  prifon- 
niers ,  beaucoup  de  déferteurs,  Se  laifferent   cinq  à  fix. 
cens  morts  fur  la  place. 

On  doit  cette  louange  aux  habitans  de  la  Martini- 
que, qu'il  feroit  difficile  de  rien  ajoutera  la  générofité, 
à  l'empreffement  &  à  la  charité  qu'ils  témoignèrent  pouc 
fecourir  les  habitans  de  S.  Chriftophe  Se  des  autres  if- 
les dont  les  Anglois  s  étoient  emparés.  Chaque  chef  de 
famille  prenoit  chez  foi  quelques-uns  de  ces  pauvres 
exilés,  Se  il  fe  régloit  plutôt  fur  fa  charité  que  fur  fes 
moyens.  On  fit  une  quête  dans  route  Pille  ,  Se  on  con- 
no'ir  des  perfonnes  à  qui  la  déroute  de  S.  Chriftophe  a 
été  très-avantageufe ,  par  le  moyen  des  abondantes  au- 
mônes qui  furent  faites.  *  Labat ,  Voyage  aux  ifles  de 
l'Amérique,  t.  1.  part.   1.  c.  5. 

1.  MARTINOPOLIS.  Voyez,  Turones. 

2.  MARTINOPOLIS  ,  ou  Martiopoiis  ,  noms 
donnés  par  divers  auteurs  à  la  ville  de  Meribourg  en 
Saxe  ,  dans  la  province  de  Misnie.  *  Baillet  Topogra- 
phie des  Saints  p.  624. 

MARTINOU  ou  Martinowa  ,  ville  de  la  petite 
Pologne  fur  le  Niefter  ,  dans  le  palatinat  de  Ruïlie  , 
environ  à  une  lieue  au-deffus  de  Halick.  *  De  l'Ifle ,  Atl. 
MARTIN-VAS,  ifle  fur  la  mer  du  Nord  ,  entre  la 
côte  des  Cafres  Se  celle  du  Brefil ,  environ  fous  le  3™ 
degré  de  longitude  Se  fous  le  20me  de  latitude  fud. 
Elle  eft  pleine  de  montagnes  Se  fans  habitans.  Ce  font 
les  Portugais  qui  l'ont  découverte  *  De  l'Ifle  ,  Atlas. 

MARTIN-VAST  ,  petite  ville  de  France  dans  la 
Normandie  ,  diocèfe  de  Coutances ,  élection  de  Valogne. 
Elle  borne  la  forêt  de  Cherbourg ,  qui  en  eft  à  une  lieue 
On  la  nomme  en  latin  Martini  Valus. 

MARTIN-VILLE,  paroiffe  de  Fiance  dans  la  Nor- 
mandie ,  avec  château.  Elle  eft  fituée  à  trois  lieues  à 
l'orient  de  Rouen  ,  dans  le  voifinage  de  Ry  ,  de  Blain- 
ville,  de  Préaux  Se  du  prieuré  de  Beaulieu.  Le  châ- 
teau eft  très-bien  bâti  Se  flanqué  de  cinq  groffes  Se 
hautes  tours,  avec  des  foffés  remplis  d'eau,  des  jar- 
dins, un   grand    parc   fermé   Se  des  avenues  d'arbres, 

Tom.  IV.   Q  ij 


MAR 


12-4 

Martin-  Ville  eft  au  milieu  d'une  belle  campagne,  fertile 

en  bons  bleds.  *  Corn.Diâ.  Mémoires  drciTés  fur  les  lieux. 

i.   MART1S   CASTRA,   lieu   de  la  Pannonie ,  & 

qu'Ammien  Marcellin  paraît    mettre  fur  le  Danube.  * 

Ortelii  Thef. 

2.  MARTIS  CASTRA  ,  ville  de  la  Myfie,  félon  Sozo- 
méne.  Lazius  prétend  que  c'eft  la  ville  Marotha  ,  au- 
deflus  des  ruines  de  la  ville  de  Sirmium.  *  Ortelii  Thef. 

i.  MARTIS  FANUM  ,  lieu  dans  une  ifle  déferre 
du  Pont-Euxin ,  félon  Apollonius.  *  Ortelii   Thef. 

2.  MARTIS  FANUM,  lieu  d'Italie ,  à  deux  milles 
de  Rome.  Appien,  Qvilium,  l.  x.  pag.  j/3.  en  fait 
mention. 

MARTIS  FONS  ,  fontaine  de  la  Bœotie,  aux  en- 
virons de  Thébes,  félon  Paufanias.  *  Ortelii    Thef. 

MARTIS  LACUS  ,  lac  d'Italie  dans  le  territoire  de 
Cruftuminum.  Tite-Live  ,  /.  41. c.  13.  dit  qu'il  y  tomba 
une  pierre  du  ciel. 

MARTIS  SILEX  ,  lieu  dans  le  Latium.  Il  en  eft  parlé 
dans  Tite-Live,  /.  10.  c.  47. 

MARTIS  TEMPLUM.  Voyez.  Phryxi. 

MARTIS  TRANS1TUS  ou  Trajectus  ,  lieu  de  la 
Sicile ,  félon  Pindare ,  in  Nemea ,  qui  le  place  auprès 
du  fleuve  Elorus,  dans  l'endroit  où  Chromius  défit  le 
roi  Gelon. 

MARTIS  VERTEX  ,  Ammien  Marcellin  diftingue 
deux  fommets  de  montagne  dans  les  Alpes  Cottien- 
nes.  Il  nomme  l'un  Munis  vertex ,  &  l'autre  Matre- 
n<&  vertex.  *  Ortelii  Thefaur. 

1.  MARTIS  VILLA,  lieu  d'Italie  fur  la  voie  nom- 
mée Appia.  Ael.  Donat  dit  que  Terence  avoit  une 
maifon  de  campagne  dans  cet  endroit.  *  Ortelii  Thef. 

2.  MARTlS  VILLA,  ville  de  Ligurie  dans  l'Apen- 
nin. Cétoit ,  au  rapport  de  Capitolinus  ,  la  pat  rie  de  l'em- 
pereur Pertinax.  Ortelius  Thefaur.  foupçonne  que  ce 
lieu  étoit  aux  environs  d'Alba  Pompeïa,  parce  que  Dion 
écrit  que  cet  empereur  étoit  originaire  de  cette  ville  ou 
peut-être  de  fon  territoire. 

MARTISAY  ,  bourg  de  France  dans  le  Poitou ,  éle- 
£tion  de  Loudun. 

MARTIUS  CAMPUS.  Voyez.  Tiberini. 

MARTIUS  NARBO.  Voyez,  Narbon. 

MARTIUS  VICUS  ,  lieu  d'Athènes  ,  &  qui  eft 
{innommé  AREorAGUs.  llluftrius  en  fait  mention  dans 
la  vie  de  Théodore  l'Athée  ;  Aldus  en  parle  auiFi  dans 
fon  orthographe,  fol.  5  14.  *  Ortelii  Thefaur. 

MARTOLOIS ,  (  Les  )  font  une  espèce  de  voleurs 
fameux  de  la  Hongrie  ÔC  de  l'Esclavonie.  Je  ne  fais 
pas  quelle  peut  être  la  raifon  ni  l'étymologie  de  ce 
nom  :  mais  comme  le  remarque  Ménage,  p.  81.  de  fes 
Orig.  françoifes ,  il  s'ell  de  tout  tems  élevé  dans  les 
royaumes  des  compagnies  de  voleurs  qui  ont  été  nom- 
més diverfement.  Il  cite  enfuite  un  mémoire  de  du 
Puy  ,  où  il  remarque  que  ces  fortes  de  voleurs  s'appel- 
loient  autrefois  en  Cilicie  Ifauri  ;  en  Angleterre  Scoti , 
&  préfentement  dans  les  Pyrénées  Bandolieri ,  en  Es- 
clavonie  Martolojfi,  en  Dalmatie  Uscocchi.  On  pour- 
roit  encore  ajouter  les  Cofaques  de  Pologne  ôc  de  Mos- 
covie.  *  Bespier  ,  Rem.  fur  Ricaut. 

MARTORANO ,  ville  épiscopale  d'Italie  au  royau- 
me de  Naples ,  dans  la  Calabre  citérieure ,  aux  confins 
de  la  Calabre  ultérieure ,  fur  un  ruiiîeau  qui  fe  jette 
dans  le  Savuto.  Cette  ville  eft  fituée  à  l'orient  de  No- 
cera.  Son  évêché  eft  fuffragant  de  Cofenza ,  &  fes  fa- 
milles nobles  font ,  félon  Corneille  ,  Diiï.  les  Angeli , 
les  Martirano ,  le  Scaglioni  ôc  les  Sorrento.  *  Mugin  , 
Carte  de  la  Calabre  ultérieure. 

MARTOREL  Martorelium,  ville  d'Espagne  dans 
la  Catalogne ,  à  quatre  lieues  au  nord  eft  de  Villa-Fran- 
cas  &  à  égale  diftance  de  Barcelone  ,  au  confluent  de 
la  Noya  &  du  Lobregat.  Elle  appartient  aux  comtes 
de  Benevento.  On  y  voit  deux  ponts  fur  la  rivière: il  y 
en  a  un  dont  les  arcades  font  très-hautes ,  &  il  paroît 
être  un  ouvrage  antique.  *  Dél.  d'Espace,  r.  4.  p.  593. 
MARTORY  (  Oppidum  Sancti.  f  Ceft  une  petite 
ville  de  France  dans  la  généralité  d'Auch ,  diocèfe  ôc 
élection  de  Comminge.  Elle  eft  bien  murée  ;  a  quatre 
poires ,  ôc  un  beau  ôc  bon  pont  de  pierre ,  fur  la  Ga- 
ronne ,  qui  communique  dans  un  grand  fauxbourg.  Ceft 
la  patrie  de  l'héréfiarque  Vigilance,  qui  fe  déchaînajt 


MAR 


contre  les  reliques  des  faints ,  ôc  contre  ceux  qui  les 
révéroient.  On  l'appelloit  aufii  Calagoris  :  on  lui  adonné 
le  nom  de  faint  Martory  ,  ainfi  prononcé  par  les  habi- 
tans  du  pays  ,  au  lieu  de  faint  Martiry  ,  dont  le  corps 
eft  dans  une  chapelle  de  l'églife  paroifliale  de  cette  vil- 
le. Il  eft  en  fi  grande  vénération  ,  que  le  chapitre  de 
la  cathédrale  de  faint  Bertrand  de  Comminge ,  qui  en 
eft  éloigné  de  cinq  grandes  lieues ,  eft  oblige  d'y  venir 
une  fois  l'an  célébrer  une  grande  méfie.  11  paioit  que 
c'étoit  une  grande  route  du  tems  des  Romains  :  a  quel- 
que diftance  de  la  ville  ,  furie  grand  chemin  qui  va  à 
l'Eftelle  ôc  à  faint  Gaudans ,  on  trouve  un  pilier  an- 
tique, bâti  de  petits  moilons  proprement  piques,  ÔC 
pofés  par  aflifes  négligés,  qui  n'ont  pas  plus  de  fix  pou- 
ces de  longueur  fur  quatre  d'épaifieur ,  au  haut  duquel 
eft  une  niche  afiez  grande ,  où  étoit  la  ftarue  d'une  di- 
vinité itinéraire  ,  devant  laquelle  les  paffr.ns  fai  fuient 
leurs  prières.  On  en  trouve  encore  une  fembiable  fur 
le  grand  chemin  qui  va  à  Touloufe.  *  Mémoires  urtjjés 
fur  les  lieux. 

MARTOS,  autrefois  ville  épiscopale  de  l'Andalou- 
fie  au  royaume  de  Cordoue  ,  près  de  la  rivière  el  i.z- 
lado  de  Foreuna.  Ceft  aujourd'hui  une  commendtrie 
de  l'ordre  de  Calatrava  ,  au  midi  du  Guadalquivir ,  ôc 
dans  le  voifinage  de  la  ville  d'Alcaudete.  Il  y  a  au  def- 
fus  de  la  commenderie  une  fortereffe  bâtie  fur  un  roc. 
Clufius  ôc  Morales  veulent  que  Martos  foit  l'ancienne 
Augusta  Gemella  ,  précédemment  appellée  Tucci. 
Voyez.  Tucci.  Baudrand.  édit.  68z.  Dél.ces  d  Espagne , 
t.  3.   p.  413. 

Morales ,  Clufius  ôc  Baudrand  après  eux  nous  ap- 
prennent que  cette  ville  a  été  épiscopale  ,  &  que  les  an- 
ciens l'ont  appellée  dugufia  Gemtlla  ,  ôc  la  même  que 
Ptolomée  /.  2.  c.  4.  appelle  Tucci ,  ôc  qu'il  donne  aux 
Turdules. 

MARTRES  ,  bourg  de  France  ,  au  diocèfe  &  comté 
de  Comenges. 

MARTRES  de  Veyre  ,  (  Les  )  fonta'mes  dans  l'Au- 
vergne ,  à  huit  ou  dix  pas  de  la  tiviere  de  1  Allier ,  fur 
le  chemin  du  mont  d'Or  à  Vic-leComte  ,  environ  à 
une  demi- lieue  de  cette  ville.  Les  eaux  de  cette  fon- 
taine font  un  peu  tiédes ,  fort  limpides ,  de  laveur  ai- 
grette ,  ôc  un  peu  vineufe. 

MARTUA.  Voyez.  Pompelon. 

MARTULANA  CIVITAS,  il  eft  parlé  de  cette 
ville  dans  les  martyrologes  d'Ufuard  ôc  d'Adon  ,  au  îèp- 
tiéme  des  ides  de  Juillet.  Saint  Brixe  étoit  originaire  de 
ce  lieu.  *  Ortel.  Thefaur. 

MARTUS.  Voyez.  Bargus. 

MARTYANA,  lieu  fortifié  chez  les  Parthes.  Srra- 
bon ,  /.  11.  p.  515.  fait  entendre  que  c'étoit  une  for- 
terefle  très-confidérable. 

MARTYRES,  ifles  de  l'Amérique  feptentrionale , 
comptée  entre  les  Lucaies.  Ce  font  des  rochers  fit  nés 
du  côté  du  fud  du  cap  de  la  Floride  fur  la  hauteur 
de  vingt-cinq  degrés.  Ils  font  dispofés  en  rang  eft  ôc 
oueft.  On  leur  a  donné  ce  nom  de  l'image  qu'ils  repré- 
fentent,  quand  on  les  découvre  de  loin  en  mer.  Il  fem- 
ble  en  effet  que  ce  font  des  hommes  empalés.  Ces  ro- 
chers dont  on  appelle  les  derniers  Cabeça  de  los  Mar- 
tyres ,  font  diffamés  par  divers  naufrages.  On  juge  par 
leur  dispofition  combien  on  eft  avancé  en  mer,  par 
ce  qu'on  ne  peut  douter  qu'on  ne  foit  entré  dans  le  ca- 
nal du  détroit  de  Bahama,  quand  on  a  ce  cap  à  la 
main  gauche  vers  le  fud- oueft.  Ce  font  trois  mon- 
ceaux de  fable  blanc  couverts  d'arbrifleaux.  Celui  du 
milieu  eft  plus  grand  ôc  beaucoup  plus  haut  que  les 
deux  autres.  *  Corn.  Dicl.  Lad ,  Defcription  des  Indes 
Occidentales  ,  1.  I.  c.  16. 

MARTYROPOLIS  (a),  ville  de  la  Grande  Armé- 
nie ,  dans  la  partie  de  cette  province  appellée  Sophané- 
ne,  fur  le  bord  du  fleuve  Nymphius,  fur  la  frontière 
de  Perfe.  Cette  ville  fut  bâtie  par  les  foins  de  S.  Ma- 
ruthas  (b),  évêque  de  Sophanéne  en  Méfopotamie, 
pour  en  faire  un  monument  à  la  gloire  des  martyrs  de 
Perfe  morts  durant  la  perfécution  du  roi  Sapor  II.  après 
qu'il  eut  obtenu  de  l'un  des  rois  fes  fuccefièurs  dans  fa 
première  ambafiade  fous  l'empereur  Théodofe  ou  fon 
fils  Arcade,  la  permiflion  d'y  Caire  tranfporter  leurs  corps, 
ôc  d'y  établir  publiquement  leur  culte.  Cavadès  ,  roi  de 


MA 


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V:  rie  ,  étant  entré  fur  les  terres  des  Romains  ,  pendant 
le  rcgnc  d'Anaftafe,  la  prit,  fans  beaucoup  d'effort ,  par- 
ce qu'elle  étoit  mal  fortifiée  &c  mal  gardée.  L'empereur 
Juftinien  la  fit  réparer  par  la  fuite.  (  a  )  ProCope,  des  édi- 
fices de  Juftinien  ,  1.  }.c.z.(b)  Baillet  ,  Topogr.  des 
Saints,  p.  624.  (c)  Procope,  des  édifices,  delà  traduction 
de  Coufm,  1.  3.  c.  2. 

MARVA,  montagnes  des  Indes  dans  les  états  duMo- 
gol  Elles  commencent  près  d'Amadabat  &  s'étendent  plus 
de  foixante  dix  lieues  vers  Agra ,  &  plus  de  cens  vers 
O.'.yen.  Ces  montagnes  font  tellement  inaccclîîbles,  que  le 
château  de  Gurchitto  qui  s'y  trouve ,  cil  eitimé  imprena- 
ble.* Corn.  Dict.  Mandcjlo ,  Voyages  des  Indes  ,  1.  1. 

1.  MARVAN  ,  ville  du  Couheflan  près  du  Hamadan. 
Elle  eft  à  84  deg.  de  longitude  ,  fous  les  3  ;  deg.  30  m.  de 
latitude.*  Hift.  de  TimurBec.  1.  3.  c.  22. 

2  MARVAN  ou  Marvaon  ,  château  fortifié  dans  le 
royaume  de  Portugal  aux  environs  d'Elvas ,  à  l'orient  de 
Caftello-do  Vide  ;  il  eft  bâti  entre  des  montagnes.  Autre- 
fois il  y  avoit  dans  cet  endroit  une  ville  confidérable  nom- 
mée MEiDUBRiGA.PVyc^.  ce  mot.*  Délices  de  Portugal } 
r.  ;.p.  792. 

MARUBîUS  ,  fleuve  de  la  Sarmatie  Afiatique ,  félon 
Ptolomée  .  /.  j.c.  9. 

MARUCA  ,  ville  de  la  Sogdiane  dans  les  montagnes  , 
aux  environs  du  fleuve  Oxus.  Ptolomée,  l.6.c.  12.  la 
place  entre  Oxiana    &  Cholbefina. 

M  ARUC/EI ,  peuples  aux  environs  de  la  Margîane  ou 
de  la  Bactriane.  Pline,  /.  6.  c.  1 6.  en  fait  mention.  Maru- 
ca  pouvoit  être  une  de  leurs  villes.  Voyez,  Maruca. 

MARUCENI  ou  Marucini,  peuples  d'Italie  fur  la 
mer  Adriatique  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  qui  met  dans 
jeurpaysl'embouchuredu  fleuve  Apernus  &c  celle  duflçuve 
Matrinus  :  il  leur  donne  outre  cela  une  ville  dans  les  ter- 
res ,  favoir  Teatea.  Les  Auteurs  Latins ,  au  lieu  de  Ma- 
rucini lifenc  Marrutini.  Voyez.  Teat^e  Marrucinorum. 
*  Strabon,  1.  y.  p.  241.  Pline,  1.  3.  c.  12 

MARVEGE.  Voyez.  Marvejols. 

M  A  RUEIL.  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Auguftin  dans  le 
voifinage  d'Arras. 

MARVEJOLS  ou  Marvege,  ville  de  France  dans  le 
Languedoc  au  pays  de  Gevaudan,  dont  elle  eft  la  féconde 
place.  Elle  eft  iîtuée  dans  un  beau  vallon,  arrofé  par  la  ri- 
vière deColànge,  qui  fe  jeae  dans  le  Lot.  Elle  étoit  autre- 
fois belle  ,  grande  &  bien  bâtie  (  a),  Scies  juges  royaux  du 
Gevaudan  y  tenoient  leur  liège  ôc  adminiftroient  la  jultice 
dans  le  pays  avec  le  juge  de  Mende  établi  par  l'évêque. 
Comme  il  y  avoit  toujours  beaucoup  de  jaloufie  entre  les 
deux  villes,  ceux  de  Marvejols  embrafierent  le  Calvinisme 
&  le  parti  des  Huguenots  fous  le  règne  d'Henri  III.  ce  qui 
obligea  l'armée  royale  d'attaquer  cette  ville  en  1586  On  la 
prelia  il  vivcment,qu'elle  fut  contrainte  de  fe  rendre  à  dis- 
crétion. Le  duc  de  joyeufe  général  des  Catholiques  facca- 
gea  Marvejols,  &  la  ruina  de  fond  en  comble  ,  de  forte 
qu'elle  demeura  allez  long-tems  déferte.  Cependant  peu  à 
peu  elle  s'eft  rétablie,  eft  aujourd'hui  bien  bâtie (  b  )  ,  aflez 
régulière  &  bien  pavée.  Elle  a  quatre  portes,  à  chacune 
desquelles  il  y  a  une  fontaine  &  une  églife.  Celle  de  No- 
tre-Dame de  la  Carce  eft  collégiale.  La  place  eft  belle  & 
grande  ,  &  ornée  d'une  fontaine  &c  de  deux  baflîns.  C'eft 
un  carré  long  de  cent  vingt  pas,  fur  foixante  de  large.  La 
ville  eft  marchande  &  allez  peuplée.  On  y  tient  fix  foires 
par  an,  &  l'on  y  voit  une  grande  affluence  de  peuple  &de 
marchands.  On  a  tiré  un  petit  canal  de  lariviere  de  Colan- 
ge  pour  l'ufage  des  teinturiers  du  fauxbourg  de  Barri ,  & 
pour  faire  moudre  divers  moulins.  (  a  )  Longuerue  ,  De- 
fer,  de  la  France  ,  part.  1.  p.  26j.  (  b  )  Piganiol ,  Dcfcr. 
de  la  France ,  t.  4.  p.  404. 

MARUGGIO ,  bourgade  d'Italie  dans  la  terre  d'Otran- 
te,  environ  à  dix  milles  de  Tarente,  en  tirant  vers  l'orient 
d'été.  Il  eft  dans  les  terres  &  à  deux  milles  de  la  mer. 

MARVINGI.  Voyez.  Maksigm. 

MARVILLE  ,  petite  ville  ou  bourg  de  Lorraine  dans 
le  duché  de  Bar  aux  confinsdu  Luxembourg  François,  dio- 
cèfè  de  Metz  ,  fur  la  rivière  d'Oftein.  Cette  ville  n'eft  en- 
tourée que  d'une  vieille  muraille,  flanquée  de  quelques 
tours.  La  prévôté  de  Marville  a  appartenu  autrefois  aux 
ducs  de  Luxembourg,  d'où  elle  a  pafTé  par  alliance  dans  la 
mai  fondes  comtes  de  Luxembourg  Ligni.Le  comte  Henri 
de  Luxembourg  en  céda  la  moitié  au  comte  de  Bar  en  1 27c. 


Depuis  cette  ville  a  été  poflédée  par  ces  deux  comtes,  de- 
puis créés  ducs,  jusqu'à  la  paix  des  Pyrénées,  qu'elle  fut 
cédée  à  la  France  en  entier. 

1.  MARUND/E,  peuples  de  Médie.  Ptolomée  ,/.  6. 
c.  2.  les  place  fur  le  lac  Murtianes. 

2.  MARUND^,  peuples  de  l'Inde,  au  delà  du  Gange, 
félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  2. 

MARUS.  Voyez.  Marisch. 

MARUVIUM  ou  Marrubium,  ville  d'Italie  dans  le 
Latium.  Denys  d'Halicarnafle  , /.  1.  p.  12.  &  Strabon, 
/.  ;.  p.  241.  écrivent  Maruvium.  Silius  Italicus  éctit 
Marruvium.  C'etoit  la  capitale  des  Maries.  Il  en  eft  fait 
mention  dans  une  infeription  rapportée  par  Rcinefius , 
p.  n^.claj.  6.  en  la  manière  fui  vante:  Curatori  P  fplen- 
diàiftimx,  civitatis  Mars.  Marri  c'eft  à-dire  ,  Curatori 
perpetuo  fplendidijfim*  civitatis  Marjorum  Marrubii. 
Virgile  eft  pour  la  féconde  orthographe,  fuivant  ce  vers 
de  l'Encïde  ,  /.  7.  v.  750, 

Qnin  &  Marrubia  venit  de  gente  Sacsrdos. 

Les  ruines  de  cette  ville,  font  au  village  de  S.  Benoît, 
fur  la  rive  du  lac  Celano,  dans  i'Abruzze  ultérieure. 

MARWINE,  rivière  de  l'Amérique,  félon  Corneille, 
DM.  qui  en  donne  une  longue  defeription  ;  mais  ce  ne 
peut  être  autre  chofe  que  la  rivière  Marony.  Voyez,  ce 
mot. 

MARWOH.  Voyez.  MarucA. 

MARYBOROUGH  ,  ville  d'Irlande  dans  la  province 
de  Leinfter.  Voyez.  Queestcwn. 

MARYCATUM  ,  lieu  de  la  Bithynie  au  nordd'Apol- 
loniade,  félon  Métaphrafte  dans  la  vie  de  S.  Joannice  fo- 
lirairc.  Ce  lieu  étoit  fa  patrie. 

1 .  M  ARZA ,  nom  que  les  Maltois  ont  donné  à  divers 
ports  de  leur  ifle. 

2.  MARZA.  C'eft  le  nom  du  grand  port  de  l'ifle  de 
Maire  au  levant. 

MARZA-MUSEToulePoRT  Musset,  port  de  l'ifle 
de  Malte.  En  avançant  vers  l'endroit  de  l'ifle  qui  regarde 
directement  le  cap  Paffaro ,  on  rencontre  deux  grands 
ports,  dont  l'un  qui  eft  à  main  gauche  s'appelle  Marza 
Muzet,  &  l'autre  Amplement  Marza  ou  le  Grand  Port. 
Au  milieu  du  port  Marza-Muzet,  on  voit  une  petite  ifle, 
proche  de  laquelle  les  vaifleaux  qui  viennent  du  Levant 
ou  d'endroits  fuspech  font  la  quarantaine.  11  n'eft  féparé 
du  Grand  Port  que  par  une  langue  de  terre  ,  fur  laquelle 
eft  Conftruite  le  fort  faint  Elme,  qui  défend  l'entrée  des 
deux  ports.  *  Vertot ,  Hift.  de  l'Ordre  de  Malte ,  t.  4.  p. 

MARZA  -  SC  AL  A  ,  port  de  l'ifle  de  Malte,  au  nord- 
d'eft  de  l'ifle.  *  Vertot ,  Hift.  de  l'ordre  de  Malte,  t.  4. 
pag.  452. 

MARZA  SIROCO  ,  port  de  l'ifle  de  Malte  ,  que  Cor- 
neille place  au  fud  oueft  de  l'ifle.  11  y  a  effectivement  dans 
cette  ifle  un  port  nommé  Marz.a  Siroco,  capable  de  con- 
tenir plufieurs  vaifleaux;  mais  ce  port  eft  precifément  au 
fud-eft,  &  c'eft  de-là  qu'il  a  pris  fon  nom;  car  Marza  Si- 
roco  lignifie  ,  port  qui  eft  au  fud-eft.  *  De  l'ijle ,  Atlas. 

MARZICIERT,  lieu  de  la  Haute  Médie,  autrement 
appellée  Baaspracan,  félon  Curopalate ,  qui  dans  un  autre 
endroit  écrit  Matzjcïer.  On  lit  MMipimlpyt  dans  Cèdre- 
ne.  *  Ortel.  Thefaur. 

MARZILLA  ,  petite  ville  d'Espagne  au  royaume  de 
Navarre  fur  le  chemin  de  Madrid  à  Pampelune ,  à  une 
portée  de  mousquet  de  la  rivière  d'Aragon.  Cette  ville  eft; 
jolie.  Elle  eft  fituée  dans  un  terrein  en  partie  fertile  &  en 
partie  ftérile.  *  Délices  d'Espagne,  t.  4.  p.  675.     - 

MAS  d'Agénois,  bourg  de  France  dans  la  Guienne* 
diocèfe  &  élection  de  Condom.  Il  eft  fitué  fur  la  rive  mé- 
ridionaledela  Garonne  au-deflbusde  Tonneins,  à  fix  lieues 
d'Agen ,  &  à  même  diftance  de  Bafas. 

MAS  d'Aire  ,  abbaye  de  France  dans  la  Gascogne  ,  au 
pays  de  Chalofle ,  dans  le  voifinage  d'Aiie,  en  tiiant  vers 
le  midi.  Elle  a  été  fécularifée  fous  le  pontificat  de  Gré- 
goire IX  ,  &  la  menfe  conventuelle  a  été  unie  à  la  fin 
du  dernier  fielec  au  féminaire  d'Aire. 

MAS  d'Azil,  petite  ville  de  France  au  comté  de  Foix, 
fur  le  torrent  de  la  Rife,  à  trois  lieues  de  Pamiers,  &  à 
quatre  de  faint  Lifier  de  Conferans.  Elle  eft  fituée  dans 
un  beau  vallon,  entouré  de  tous  côtés  de  montagnes  as- 


né        MAS 


MAS 


fez  hautes--  des  plus  fertiles:  les  vues  en  font  très-bel* 
les ,  &  du  milieu  des  rues  on  voit  par  deffus  les  toits  des 
maifons,  des  vignobles  ou  des  payfages  qui  furprennent 
agréablement.  La  rivière  fur  laquelle  cette  ville  eft  bâ- 
tie ,  arrive  au  pied  d'une  montagne  des  plus  larges ,  dont 
la  bafe  eft  d'un  roc  vif  Se  escarpé  jusqu'au  deux  tiers  de 
fa  hauteur ,  Se  dont  le  fommeteft  une  petite  plaine  entre- 
coupée de  prés  &  de  bois,  &  de  quelques  métairies.  Ce 
roc  s'ouvre  des  deux  côtés ,  Se  laifle  à  la  rivière  un  paf- 
fage  vafte  &  libre.  C'eft  un  antre  curieux  à  voir ,  Se  l'ex- 
haufïement  en  eft  fi  grand  ,  qu'une  infinité  d'oifeaux  de 
différentes  espèces  s'y  réfugient  dans  toutes  les  faifons. 
On  pénétre  par  de  petites  routes  à  la  faveur  de  quelques 
flambeaux  dans  l'intérieur  de  ce  roc,  Se  l'on  y  trouve  des 
chambres  où  l'on  ne  peut  pas  fe  figurer  que  l'art  n'ait 
ajouté  quelque  chofe  à  la  nature.  Il  y  a  un  grand  nom- 
bre de  chaifes  qui  tiennent  au  roc  Se  qui  en  font  par- 
tie ,  Se  du  haut  de  la  voûte  pendent  diverfes  figures  ara- 
besque Se  bizarres  que  les  eaux  congelées  y  ont  produi- 
tes par  la  fucceiîîon  des  tems ,  ayant  pénétré  par  des 
fentes  imperceptibles  du  rocher. 

Cette  ville  n'étoit  habitée  que  par  des  Calviniftes  avant 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Ses  murailles  ont  été 
rafées.  Il  y  a  un  chapitre  abbatial  de  l'ordre  de  S.  Be- 
noît, compofé  de  douze  chanoines,  dont  le  prieur  a 
huit  cens  livres  ,  le  camérier  (ix  cens ,  Se  les  chanoines 
trois  cens.  Ils  font  de  la  congrégation  dite  des  Exemts. 
Le  revenu  de  l'abbé  eft  de  quatre  mille  livres,  *  Corn. 
Dicl.  Mémoires  manuferits. 

i.  MAS-GARNIER  ou  Granier,  autrement  faint 
Pierre  de  la  Cour,  en  latin  Manfi  Granefù ,  ou  SancYi 
Pétri  de  Carte  Abbatia ,  abbaye  de  France  de  l'ordre  de 
faint  Benoît,  fille  de  faint  Michel  de  la  Clufe  en  Piémont. 
Elle  eft  dans  le  diocèfe  de  Touloufe  fur  le  bord  de  la  Ga- 
ronne ,  dans  la  rivière  de  Verdun.  Les  Calviniftes  l'ayant 
détruite  durant  les  troubles  de  religion  ,  les  moines  payè- 
rent dans  la  petite  ville  de  Verdun,  où  ils  occupent  Té- 
glife  de  faint  Michel  qui  leur  eft  foumife.  Le  revenu  de 
l'abbé  peut  monter  à  trois  mille  livres. 

1.  MASGARNIER,  Granier  ou  Crenier,  bour- 
gade ou  petite  ville  de  France  dans  la  rivière  de  Verdun, 
près  de  la  Garonne  ,  entre  Bouret  au  nord  Se  Verdun  au 
midi.  On  l'appelle auïïi  le  Mas  Verdun.  Il  y  aune  ju- 
flice  royale. 

j.  MAS-GARNIER.  Catel,  après  Pierre  Moine  de 
Vaux  de  Ccrnay  ,  fait  mention  d'un  lieu  de  ce  nom  qu'il 
place  près  de  la  ville  de  Foix.  11  dit  que  c'étoit  un  châ- 
reau  très  fort  fitué  fur  une  montagne  ,  Se  que  Roger  fils 
de  Bernard,  comte  de  Foix,  le  rendit  par  compofition 
au  comte  de  Montfort  en  111.6.  Il  y  attribue  l'abbaye 
de  Mas-Garnier  dont  il  eft  pailé  ci-deflus ,  n°.  1. 
mais  il  a  été  trompé,  fans  doute,  par  la  reflemblance 
des  noms. 

MAS  MUNSTER,  abbaye  de  France  dans  le  Suntgaw 
aux  confins  de  la  Haute  Alface,  diocèfe  de  Bâle.  C'eft  une 
abbaye  de  chanoineiïes  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  Elle  fut 
fondée  par  Mazon  ,  duc  Se  gouverneur  d'Alface.  Les  cha- 
noi nèfles  font  obligées  à  faire  preuves  de  noblefle.  Il  faut 
qu'elles  foient  originairement  d'Alface.  Le  revenu  de  cette 
abbaye  eft  de  dix  mille  livres.  Il  n'y  a  que  douze  chanoi- 
neiïes qui  vivent  en  communauté  avec  l'abbtfle. 
^  MAS-SAINTES-PUELLES.  Cétoit  une  petite  ville  de 
France  dans  le  Languedoc,  à  fept  lieues  de  Touloufe  fur  le 
grand  chemin  de  Caftelnaudary.  Elle  fut  afliégéeen  1586. 
par  l'a  rmée  Catholique  qui  venoi  t  de  prendi  eMontesquiuu. 
Quoique  cette  place  ne  fût  point  forte ,  elle  foutint  pour- 
tant trois  affauts.  Enfin  une  maladie  contagieufe  s'étant 
mife  dans  l'armée  des  afïiégeans,  le  maréchal  de  Joyeufe 
fut  contraint  de  lever  le  fiége.  Elle  n'en  fut  pas  quitte  à  fi 
bon  marché  en  1623.  Elle  fut  brûlée  Se  détruite  lors  du 
paffnge  de  l'armée  du  roi  qui  alloit  faire  le  fiége  de  Mont- 
pellier. Elle  n'a  point  été  rétablie  depuis ,  Se  à  peine  en 
refte-t- il  quelques  vertiges.  Elle  eft  connue  dans  l'hiftoire 
pour  avoir  donné  la  naiflance  à  faint  Pierre  Nolasque  , 
fondateur  de  l'ordre  de  la  Merci ,  &  à  Bernard  de  Ro- 
zergio,  un  des  plus  illuftres  archevêques  de  Touloufe.*  Pi- 
ganiol,  Dcfçription  de  la  France,  t.  4.  p.  35  j. 

MAS  DE  SOULIF,  petite  ville  de  France  dans  le 
Rouergue,  diocèfe  de  Vabrcs ,  élection  de  Milhaud. 

MASACI,  Marsi,  Marsaci,  Marsacu  Se  Mar- 


satïi  (  a  ),  peuples  de  la  Germanie,  compris  première- 
ment fous  le  nom  des  peuples  Iftœvones ,  q  îi  du  tems 
de  Céfar  habitoient  au  delà  du  Rhin.  Dans  ia  fuite  ils 
prirent ,  comme  divers  autres  peuples ,  le  nom  de  Mar- 
(î ,  formé  de  celui  du  fils  d'un  de  leurs  dieux.  Ils  étoient 
puiflans  du  tems  de  Tacite ,  Germ.  cap.  1.  qui  les  met  au 
nombre  des  peuples  les  plus  anciens  Se  les  plus  célèbres. 
Du  tems  de  Drufus  ils  habitoient  au  bord  du  Rhin.  (  b  ) 
Quoiqu'aucun  écrivain  ancien  ne  marque  les  bornes  de 
leur  demeure  que  Strabon ,  lib.  7.  fe  contente  d'indi- 
quer, on  eft  pourtant  fondé  à  leur  afligner  les  terres  qui 
fe  trouvent  entre  le  premier  bras  du  Rhin  Se  l'Yflel , 
jusque  vers  Batavodurum.  Les  pays  que  l'on  donne  aux 
Sicambres,  aux  Ufipii ,  aux  Frifons  Se  aux  Bructeres  ne 
permettent  pas  de  placer  les  Marsi  ailleurs; 

Lorsque  Drufus  porta  fes  armes  dans  la  Baffe-Germa- 
nie ,  il  arriva  de  grands  changemens  dans  les  peuples  qui 
habitoient  cette  contrée  :  la  plus  grande  partie  des  Mar- 
fes,  intimidés  par  fes  hoftilités,  fe  mirent  fous  la  prote- 
ction des  Bructeres,  qui  leur  permirent  de  fe  retirer  dans 
l'intérieur  des  terres  ,  Se  d'habiter  vers  les  fourecs  de  la 
Lippe  :  le  refte  des  Marfes  conferva  fon  ancienne  de- 
meure ;  mais  quand  Drufus  eut  fait  la  communication  du 
Rhin  avec  l'Yflel ,  ils  fe  trouvèrent  féparés  de  la  Germa- 
nie ,  Se  on  commença  alors  à  les  appeller  par  corruption 
Marfaci ,  Marfatii  Se  Marfaqiui:  Hub.  Leodius  dit  mê- 
me avoir  vu  d'anciens  exemplaires  qui  écrivoient  Majaci 
pour  Marfaci.  Quoi  qu'il  en  foit ,  la  condition  des  Mar- 
fes qui  changèrent  de  demeure  à  l'arrivée  des  Romains  , 
fut  pire  que  celle  des  Marfes  qui  demeurèrent  fur  le  Rhin. 
Les  premiers  fuient  presque  entièrement  exterminés  par 
Germanicus  qui  vouloir  venger  la  défaite  de  Varus,au 
contraire  les  Mafaci  ou  Marfaci  acquirent  de  la  gloire 
par  les  armes,  (a)  Spener ,  Not.  Germ.  ant.  1.  3.  c.  8. 
Se  1.  4.  c.  1.  (  b  )  Ib.  1.  4.  c.  3. 

MASADA,  lieu  fortifié,  que  Pline  ,  l.j.  c.  17.  place 
auprès  du  lac  Afphaltite.  Voyez.  Massada. 

MASADAL1S,  village  delà  Marmarique,  félon  Pro* 
lomée  ,  /.  4.  c.  5.  qui  le  place  dans  les  terres ,  entre  Ma- 
fuchis  ou  Manjuchis  Se  Abatbuba. 

MAS^€.  Voyez,  Fagitana. 

MASjEI  ou  Masei,  Arabes  qui  habitoient  aux  envi- 
rons de  la  Méfopotamie  ,  félon  Pline,  /.  6.  c.  26.  qui  dans 
un  autre  endroit  les  appelle  Mafai.  Quelques  exemplai- 
res portent  Marxi. 

MASyEMANES.  Voyez,  Mnas^emanes. 

MAS^SYLI.  Voyez.  Mauritanie. 

MAS/ETICA  ,  lieu  de  la  Sarmatie  Afiatique  fur  le 
Pont-Euxin,  félon  Arrien,  Pcripl.  PontiEuxini ,  p.  19. 

MASAL ,  Maschal  ou  Mischal  ,  ville  de  la  Palefti- 
ne,  dans  la  tribu  d'Afer  ,  félon  Jofué ,  c.  21.  v.  30.  Elle 
fut  cédp'e  aux  Lévites  delà  famille  de  Gerfon.  Eufebe, 
in  Uct<rà.<;,  dit  qu'elle  étoit  joignant  le  mont  Carrnel  fur  la 
mer.  *  7.  Parai.  6.  74. 

MASALEON  ,  lieu  fortifié  ou  faint  Nicétas  fut  en- 
voyé en  exil.  C'eft  Métaphrafte  qui  nomme  ce  lieu  de 
la  forte  dans  la  vie  de  faint  Nicétas.  *  Ortelït  Thef. 

MASALIA ,  contrée  de  l'Inde.  Arrien  .  dans  fon  pé- 
riple de  la  mer  Rouge, p.  35.  dit  qu'elle  s'étend  beaucoup 
dans  les  terres. 

MASALOTH.  Voyez.  Arbele. 

MASAN.  Voyez.  Mazan. 

MASANDARAN  ou  Mazanderan.J/<?k;cMazan- 

DERAN. 

MASANI,  peuples  de  l'Arabie  Déferte.  Ptolomée,/. 
j.  c.  19.  les  place    au-deffus  des  Rhaabeni, 

MASANORADA,  ville  de  la  Carie,  félon  Etienne 
le  géographe."  Une  médaille  de  l'empereur  Tite  conferve 
aufiî  la  mémoire  de  cette  ville. 

MASARA  ou  Masora,  ville  de  la  petite  Arménie. 
Ptolomée  ,  /.  j.  ç.  7.  la  place  près  de  l'Euphrate  ,  entre 
Garape  Se  Oromandus.  Voyez.  Masada. 

MASAT.  Voyei.  Massa. 

MASATAT.  Voyez.  Massa. 

MASATI,  peuples  de  la  Libye  intérieure,  félon  Pli- 
ne ,  /.  ;.  c.  1.  Il  femble  que  ce  foit  la  même  chofe  que 
les  Malices  de  Ptolomée. 

MASBATouMasbate,  ifle  de  la  mer  des  Indes  & 
l'une  des  Philippines.  Elle  a  l'ifle  de  Luçon  au  nord  , 
celle  de  Samar  a  l'orient,  celle  des  Nègres  au  midi ,  Se 


MAS 


MAS 


celle  de  Byfayas  au  couchant.  Les  Espagnols  s'en  rendi- 
rent maîtres  en  i$C9.  On  dit  qu'elle  a  trente  lieues  de 
tour ,  qu'elle  eft  large  de  huit  &  longue  à  proportion. 
Ses  ports  font  commodes  à  tel  vaiffeau  que  ce  foit  pour 
y  faire  de  l'eau.  Elle  eft  habitée  par  deux  cens  Se  cin- 
quante familles  Indiennes ,  qui  payent  un  tribut  en  cire, 
fel  Se  civette-,  mais  ceux  qui  demeurent  dans  les  moi*- 
tagnes  font  en  plus  grand  nombre  :  ils  font  venus  d'au- 
tres pays.  Il  y  a  de  riches  mines  d'or  à  vingt-deux  carats. 
On  ne  travaille  point  aujourd'hui  à  ces  mines ,  à  caufe 
du  peu  d'attention  qu'y  font  les  Espagnols.  Ils  ont  tous 
les  ans  de  la  nouvelle  Espagne,  plulieurs  centaines  de 
raille  pièces  de  huit  à  dix  pour  cent  de  eommif- 
fion  -,  ils  fe  foucienc  fort  peu  d'aller  chercher  l'or  dans 
les  mines.  Les  Indiens  d'un  autre  côté  ,  lorsqu'ils  ont 
un  plat  de  riz,  ne  fongent  pas  à  ce  métal  quelque  pré- 
cieux qu'il  foit  :  s'ils  en  ramafient  quelquefois  dans  les 
rivières,  ce  n'eft  que  quand  on  les  prefle  pour  payer  le 
tribut;  encore  n'en  prennent- ils  que  ce  qu'il  faut  pour 
le  payement.  Les  bords  de  cette  ifle  font  enrichis  d'am- 
bre gris  qu'y  jettent  les  courans  du  canal  qui  s'y  ter- 
mine. *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MASBURGI.  Voyez.  Bravum. 

MASCA  ,  fleuve  de  l'Arabie  Déferre  ,  à  ce  qu'il  pâ- 
roît  dans  Xénophon,  livre  premier,  de  l'expédition 
d'Alexandre.  *  Ortelii  Thefaur. 

MASCALAT,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  aflez  près 
de  la  côte  méridionale  du  golfe  Perfique.  De  l'ifle  ne 
la  marque  point  fur  fa  carte  de  l'Arabie.  *  De  (Fit , 
Atlas. 

MASCARE1GNE,  ifle  d'Afrique  dans  l'Océan  Ethio- 
pique ,  à  l'orient  de  la  grande  ifle  de  Madagascar  ;  elle 
eft  à  20  deg.  30  min.  de  latit.  mérid.  Se  à  7$  deg.  30 
min.  de  longit.  Cette  ifle  fe  nomme  aufli  l'ifle  de  Bour- 
bon ;  elle  eft  presque  de  figure  ovale ,  plus  étendue  de 
l'orient  à  l'occident ,  que  du  feptentrion  au  midi ,  Se 
peur  avoir  quinze  lieues  de  longueur ,  fur  dix  de  lar- 
geur :  fon  circuit  eft  d'environ  jo  lieues:  elle  elt  cou- 
verte en  plufieurs  endroits  de  hautes  montagnes  ;  on 
en  voit  une  qui  vomit  des  flammes ,  &  qui  remplit  les 
envitons  de  matière  bitumineufe.  Son  premier  nom  lui 
a  été  donné  par  un  Portugais  de  la  maifon  de  Masca- 
renhas ,  qui  l'a  découverte  le  premier.  De  Flacourt ,  gou- 
verneur du  fort  Dauphin  &  des  établiflemens  François 
dans  l'ifle  de  Madagascar  ,  Ta  honorée  du  nom  de  l'ifle  de 
Bourbon  en  1654.  après  en  avoir  pris  pofleflion  au  nom 
du  roi.  Les  François  n'y  ont  pas  fait  d'établiflemens  d'a- 
bord ;  les  premiers  qui  ont  commencé  à  en  connoîrre 
l'utilité ,  ont  été  quelques  François  qui  y  furent  dégra- 
dés ,  pour  avoir  été  les  chefs  d'une  fédition  contre  le 
fieur  de  Prouis ,  commandant  du  fort  Dauphin.  Ce  pre- 
mier eflai  ayant  fait  connoître  la  bonté  de  cette  ifle , 
Se  les  avantages  qu'on  pouvoir  en  tirer ,  l'on  y  a  fait  un 
érabliflement  confidérable  vers  1672.  Les  François  y  ont 
préfentement  trois  bourgades  aflez  confidérables  avec 
un  gouverneur  Se  plufieurs  magiftrats.  Il  y  a  de  bonnes 
rades ,  mais  on  n'y  trouve  point  de  ports  âflurés  con- 
tre les  ouragans  qui  défolent  fouvenc  ces  contrées.  Le 
premier  établiflement  que  nous  y  ayons  commencé  ,  eft 
là  bourgade  de  faiivt  Paul  :  les  autres ,  font  celles  de 
faim  Denys  &  de  fainte  Suzanne.  Le  gouverneur  réfide 
ordinairement  à  faint  Denys  ;  c'eft  à  préfent  l'entrepôt 
des  vaifleaux  de  la  compagnie  des  Indes  »  Se  le  feul  re- 
lâche qu'ils  ayent  de  commode  pour  y  trouver  des  ra- 
fraichiflemens.  Elle  eft  ferrile  en  plantes  *  il  y  croîr  par- 
ticulièrement quantité  de  bon  tabac  ,  abondance  d'aloes , 
du  poivre  blanc,  de  l'ébene ,  du  riz  ,  Se  du  fucre  ;  quantité 
de  palmiers  8c  autres  atbres  fruitiers ,  Se  espèces  de  bois 
qui  produifent  des  gommes  odoriférentes ,  comme  du 
benjoin,  &c. enfin  quantité d'atbtes  propres  pour  lcsbâ- 
timens.  Le  caffé  fauvage  y  eft  très  commun  ,  Se  ne  laide 
pas  d'être  bon.  On  en  a  fait  venir  de  Moka;  un  feul  a 
fubfifié ,  Se  a  fourni  de  quoi  en  planter  grand  nombre 
d'aurres  qui  ont  fort  bien  réufli.  L'air  y  eft  très-chaud  , 
mais  des  vents  qui  foufflent  continuellement  le  rafraî- 
chiflent ,  Se  le  rendent  fort  fain.  Elle  eft  arrofée  de  plu- 
fieurs petites  rivières,  ruifleaux  Se  fontaines,  dont  les 
eaux  font  fort  faines.  Les  rivières  font  très-poiflbnneufes: 
il  y  a  plufieurs  montagnes  :  l'on  y  trouve  une  exceflîve 
quantité  de  tortues  de  terre  Se  de  mer.  Les  bêtes  à  corne  , 


ï  iy 

que  l'on  y  a  portées  y  ont  beaucoup  multiplié,  àniii  ,ue 
les  cochons.  Les  cabris  Se  les  langliers  y  l'ont  auih  en 
abondance.  La  meilleure  des  viandes  elt  celle  des  lali- 
gliers ,  ce  que  Ion  attribue  à  ce  quiis  fe  nourriflent 
de  tortues.  H  y  a  quantité  de  pei  roquets,  des  ramiers  $ 
de  tourterelles  &  d'autres  oifeaux  ;  dtfbrte  que  la  cl  afle 
s'y  faifoit  au  commencement  avec  Une  fimple  houfiihe. 
Il  n'y  a  aucun  animal  nuifible ,  ni  lerpens,  ni  crocodi- 
les, ni  moucherons;  en  un  mot,  des  infecîes  qui  ont 
coutume  de  tant  incommoder  dans  les  autres  colonies. 
L'on  recueille  fur  le  livage  beaucoup  d'ambre  gris,  de 
corail  &  de  beaux  coquillages;  mais  les  fréquens  Se  vio- 
lens  ouragans  qui  l'infeftent ,  ont  été  caufe  que  cette  ifle 
a  été  fi  long-tems  déferte  ,  parce  qu'ils  défoloient  tous 
les  biens  qui  étoient  fur  terre.  *  D;vcr s  mémoires. 

MASCARI ,  bourgade  de  la  Sicile  dans  le  Val-Dcmo» 
hé,  au  pied  du  mont  Gibel,  vers  la  fource  de  la  petite 
rivière,  nommée  la  Bruca,  entre  la  fortereflede  Lingua 
<3rofla  au  nord ,  Se  la  ville  de  Jaci  vers  le  midi.  *  De 
i'JJU,  Atlas. 

MASCATE  (  a  ),  Ville  d'Afie  fur  la  côte  du  fiord-eft 
de  l'Arabie  Heureufe ,  au  midi  des  ifles  de  Sohar  fous- 
le  tropique  du  Cancer,  entre  Oman  Se  les  ruines  de 
Sohar ,  au  nord  occidental ,  Se  le  cap  de  Rafalgate  au 
midi  oriental  dans  le  rovaume  auquel  clic  donne  fou 
nom.  Cette  ville  eft  fituee  dans  une  petite  plaine  (  b  )  » 
ou  plutôt  dans  une  ouverture  entre  deux  grands  rochers  , 
dans  une  place  fort  unie  d'environ  quarante  pas  de  lar- 
ge, où  il  n'y  a  qu'une  feule  entrée,  depuis  laquelle  le 
rocher  s'élargit  peu  à  peu  des  deux  côtés,  Se  forme  cette 
petite  plaine  qui  n'a  que  cinq  cens  pas  de  large  &  cinq 
ou  fix  cens  de  longi  Le  rocher  fe  joint  au  bout  de  la 
plaine,  &,  pouffant  fes  pointes  encore  plus  haut  qu'il 
ne  fait  du  côté  de  la  mer ,  il  forme  un  palïage  étroit  & 
fort  rude  par  lequel  on  eft  contraint  de  monter  ,  pour 
descendre  enfuite  dans  la  plaine  d'Arabie.  Cette  ville 
n'eft  compofée  que  de  trois  cens  pauvres  maifons  ,  Se 
qui  font  très-petites.  Elles  font  bâties  de  cannes  fore 
minces,  ou  de  perches  jointes  enfemble  Se  couvertes  de 
feuilles  de  palmes.  De  petites  pierres  avec  du  mortier  les 
foutiennent  par  le  pied  contre  les  pluies ,  qui  font  grof- 
fes  Se  impétueufes  dans  ces  quartiers.  Elles  font  fi  près 
les  unes  des  autres ,  que  la  ville  en  paroît  plus  petite 
qu'elle  n'eft.  La  rue  eft  un  peu  plus  large  le  long  du 
chemin  qui  va  de  la  mer  à  la  paroifiè  ou  au  couvent 
des  Auguftins ,  Se  à  la  citadelle.  Les  Portugais  ont  bâti 
quelques  maifons  dans  cette  rue  ,  Se  les  Indiens  ou  Ba- 
nians y  ont  aufli  leurs  tentes  &  leurs  boutiques.  Le  cou- 
vent des  Auguftins  eft  accompagné  d'une  aflez  belle 
églife  Se  d'une  maifon  où  douze  religieux  font  logés 
commodément. 

A  cinquante  pas  du  couvent,  Se  vis-à-vis  ,  s'élève  le  roc 
fur  lequel  eft  bâtie  la  citadelle  qui  eft  regardée  comme 
imprenable. 

Tous  les  habitans  de  Mascate  font  Maures ,  Arabes 
originaires  du  pays,  Juifs  ou  Païens  à  la  réferve  de  trois 
ou  quatre  maifons  de  Portugais  qui  y  font  mariés ,  & 
d'un  petit  nombre  de  foldats.  Les  Portugais  Se  quelques 
païens  qui  ont  du  bien  négocient  à  Ormus  &  à  Cino- 
le  ,  Se  fur  les  côtes  d'Arabie  Se  de  Perfe.  Les  Juifs  qui 
font  quinze  ou  vingt  familles,  font  tous  pauvres  Se  rrit- 
férables,  Se  ne  fubfiftent  que  par  le  trafic  qu'ils  font 
des  vivres  qu'ils  vendent.  Ces  Juifs  parlent  arabe ,  com- 
me tous  les  autres  habitans  ;  les  uhs  Se  les  autres  ne 
mangent  que  des  dattes  ,  du  lait  Se  un  peu  de  riz  aux 
bonnes  fêtes.  Les  hommes  Se  les  femmes  font  vêtus  com- 
me les  Arabes  de  Fez  &  de  Maroc;  mais  leurs  habits 
font  plus  fimples.  Il  vient  aflez  ordinairement  à  Mascate, 
plufieurs  Arabes ,  qu'on  appelle  en  Barbarie  Se  en  Es- 
pagne Alarabes  ,  qui  demeurent  en  troupes  à  la  campa- 
gne fous  des  tentes ,  qu'ils  transportent  de  tems  en  tems 
d'un  lieu  à  l'autre  pour  la  commodité  du  pâturage  de 
leurs  troupeaux.  Comme  ils  croient  mériter  d'être  plus 
confidérés  que  ceux  qui  demeurent  dans  les  bourgs  &  les 
villes,  ils  veulent  qu'on  les  diftingue  des  autres  parleur 
habit ,  qui  eft  une  grande  vefie  blanche  de  poil  de  chè- 
vre Se  de  lin  :  elle  leur  descend  jusqu'aux  talons  ,  Se  les 
manches  fontâufli  larges  que  celles  des  religieux  de  faint 
Benoît.  Ils  ont  un  capuchon  fur  la  tête  ,  la  barbe  grande 
&  beaucoup  de  gravite  apparente  dans  leur  démarche. 


ia8 


MAS 


MAS 


Quelques-uns  portent  un  capuchon  noir  j  mais  ceux  qui 
le  prennent  de  cette  couleur  ont  parmi  eux  une  dignité 
particulière  ,  ou  de  capitaine  d'une  troupe  ,  ou  d'un  vil- 
lage ,  ou  de  prêtre  de  leur  fe&e.  Ils  portent  tous  une  flè- 
che forr  menue  à  la  main.  Les  femmes  ont  une  verte 
femblable  à  celle  des  hommes ,  faite  de  fil  ou  de  foie  de 
plufieurs  couleurs,  fur-tout  les  plus  riches,  mais  fans 
capuchon.  Dès  que  ces  Alarabts  apprennent  qu'il  ert  ar- 
rivé quelque  navire  àMascate,  ils  y  viennent  de  leurs 
villages  vendre  de  la  volaille,  des  chevreaux,  desdatres, 
ôc  y  achètent  du  riz,  ôc  quelque  gros  drap  qu'on  fait  dans 
les  Indes.  (  a)  De  l'I/îe  ,  Atlas,  (b)  Corn.  Dict.  Ambaf- 
fade  de  dom  Gardas  Figuerora. 

MASCAY ,  abbaye  de  Fiance  dans  le  Berri  ;  en  latin 
Masciachenfe  Cœnobium.  C'ertune  abbaye  fort  ancienne 
de  Bénédictins  non  réformés ,  &  dont  la  chronique  a 
beaucoup  d'autorité  dans  l'hifloire  de  France  ,  fur  tout 
pour  les  règnes  de  Charles  Martel  &  de  fes  enfans.  Le 
revenu  de  cette  abbaye ,  ert  de  cinq  mille  cinq  cens  li- 
vres. Cette  abbaye  s'appelle  Majfai.  Voyez,  ce  mot. 

MASCHANE ,  ville  des  Arabes  Scénites ,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

MASC1ACUM  ou  Mastiacum,  ville  de  la  Nori- 
que  :  l'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Pons- 
Oenus  à  Veldidena  ,  entre  Aib'ianeum  ôc  Veldidena , 
à  vingt-fix  milles  de  la  première,  &  a  égale  dirtance 
de  la  féconde. 

MASCLIAN/4E ,  lieu  de  l'Afrique  propre ,  félon  l'i- 
rinéraire  d'Antonin ,  qui  le  place  fur  la  route  de  Tus- 
drus  à  Thevefle ,  entre  Aqux  regu  ôc  Sufetula ,  à  dix- 
huit  milles  de  la  première ,  &  à  trente-fix  milles  de  la 
féconde. 

i.  MASCON ,  en  latin  Matisco  ,  ville  de  France  dans 
la  Bourgogne,  fur  la  rivière  de  Saône  ,  qui  la  féparede 
la  Brefle,  avec  laquelle  elle  a  communication  par  le 
moyen  d'un  pont ,  qui  a  trois  cens  pas  de  long  fur  fix 
de  large  ôc  treize  arcades.  Elle  appartenoit  ancienne- 
ment aux  JEdui  ,  comme  nous  l'apprenons  des  com- 
mentaires de  Céfar ,  qui  difent  qu'elle  étoit  fituée  fut 
la  Saône.  Strabon  ,  Pline  ôc  Ptolomée  n'en  font  aucune 
mention.  Il  ert  feulement  marqué  dans  la  notice  des  di- 
gnirés  de  l'Empire,  qu'il  y  avoit  une  manufacture  de 
flèches  à  Mascon.  On  ne  fait  précifément  le  tems  où 
elle  fut  féparé  des  JEdui\  mais  elle  étoit  érigée  en  ci- 
té, lorsque  les  Bourguignons  s'en  rendirent  les  maî- 
tres. *  Longuerue;  Defcription  de  la  France,  part.  i. 
pag.   287. 

Par  le  partage  des  états  de  Louis  le  Débonnaire  ,  Mas- 
con échut  à  Charles  le  Chauve  ;  fon  fils  Louis  le  Bè- 
gue étant  mort,  les  Masconnois  fe  fournirent  à  Bofon 
qui  fut  élu  roi  de  Bourgogne,  au  couronnement  duquel 
aflifta  Gontar  évêque  de  Mascon  ;  mais  peu  après  les 
Masconnois  fe  remirent  fous  l'obéiflance  de  Louis  ôc  de 
Carloman  ,  fils  &  fuccefieurs  de  Louis  le  Bègue.  Les 
comtes  ,  dans  le  Xmc  fiécle  fe  rendirent  feigneurs  ab- 
folus  fous  Hugues  Capet  &  fous  fon  fils  Robert  ;  l'an 
101/.  il  eut  pour  fuccefleur  fon  fils  Guillaume  ,  père  de 
Gui  comte  de  Mascon ,  qui  fe  rendit  moine  à  Cluni ,  ayant 
été  enfuite  imité  par  fa  femme  ôc  par  fes  enfans  qui  em- 
braflèrent  la  vie  monartique.  Guillaume  comte  de  Bour- 
gogne fut  après  cela  comte  de  Mascon.  On  ignore  à  quel 
titre  il  eut  ce  comté  ;  on  fait  feulement  qu'il  en  jouit  plu- 
fieurs années ,  ôc  qu'il  le  laifla  à  fon  plus  jeune  fils  Gé- 
rard, qui  fur  aufli  comte  de  Vienne.  Gérard  eut  pour 
fuccefleur,  fon  fils  Guillaume  II.  qui  vivoit  fous  le  règne 
de  Philippe  Augufte  ,  ôc  laifla  fon  comté  de  Mascon  à 
fon  fils  Gérard,  dont  la  fille  unique  Alix  fut  maii;e  à 
Jean  fils  de  Robert  II.  comte  de  Dieux.  Jean  de  Dreux 
portoit  aufli  le  nom  de  Braine  j  c'ert  pourquoi  quelques 
écrivains  l'ont  confondu  mal-à-propos  avec  Jean  de  Bien- 
ne  ou  de  Biicnne  ,  roi  de  Jérufalem.  Jean  ôc  fa  femme 
Alix  vendirent  l'an  1238.  le  comté  de  Mascon  à  faint 
Louis,  pour  lui  ôc  fes  fuccefieurs  ,  ôc  il  demeura  uni  à 
la  couronne  jusqu'au  traité  d'Aï  ras  fait  l'an  1435-.  par  le- 
quel Charles  VII.  céda  à  Philippe  le  Bon  duc  de  Bour- 
gogne ,  ôc  à  Ces  descendais  mâles  ôc  femelles  le  comté  de 
Masconnois. 

Après  la  mort  de  Charles  fils  de  Philippe  ,  Louis  XL 
conquit  le  Masconnois ,  ôc  le  réunit  à  la  couronne  l'an 
J476.  Marie  fille  unique  ôc  héritière  de  Charles ,  i&u- 


tlht  que  ce  comté  lui  appauenoit;  néanmoins  les  rois  de 
France  en  jouirent  toujours. 

Dans  la  fuite,  par  le  traité  de  Madrid  l'an  1526.  Char- 
les-Quint ,  mariant  fa  feeur  Eleonor  avec  François  I.  lui 
donna  les  comtes  de  Masconnois ,  d'Auxerrois ,  &  de 
Bar-fur-Seine ,  tant  pour  elle  que  pour  les  enfans  qu'elle 
auroit  de  ce  mariage  ,  ôc  en  cas  qu'il  n'y  en  eût  peint , 
ces  trois  comtés  dévoient  revenir  à  l'empereur  ôc  à  fes 
héritiers.  François  premier  étant  forri  de  prifon  proterta 
contre  l'énorme  léiion  qu'il  avoit  foufterte  au  traité  de  Ma- 
drid ,  ôc  particulièrement  en  ce  qui  concernoit  la  celhon 
du  duché  de  Bourgogne  ôc  des  trois  comtes  d'Auxerrois, 
de  Masconnois ,  év  de  Bar  fur  Seine ,  étant  même  appuyé 
de  l'oppofition  formelle  des  Bourguignons  à  1  exécution 
des  articles  qui  les  concernoient  ;  ce  qui  eut  une  telle  force» 
que  par  le  traité  de  Cambrai  conclu  l'an  1529,  ilfutac- 
cordé  que  la  pofleflion  du  duché  de  Bourgogne  ,  &  des 
trois  comtés  demeureroit  aux  rois  de  France ,  quoique 
la  restitution  en  eût  été  promife  par  le  traité  de  Ma- 
drid ,  les  droits  de  l'empereur  Charles  V.  lui  étant  réfer- 
vés  pour  les  pourfuivre  feulement  par  les  voies  amiables 
ôc  de  juftice.  Le  traité  de  Cambrai  a  été ,  pour  ce  qui 
concerne  la  Bourgogne,  confirmé  par  les  traités  fuivans; 
de  forte  que  la  pofleflion  du  duché  ôc  des  trois  comtés 
ert  demeurée  à  la  France ,  fans  que  les  rois  d'Espagne 
ôc  les  princes  de  la  maifon  d'Autriche  ayent  jamais  re- 
noncé à  leurs  prétentions ,  Ôc  aux  droits  qu'ils  s'étoienc 
réfervés  fur  la  propriété. 

La  ville  de  Mascon  ,  ert  fituée  fur  le  penchant  d'un 
coteau.  Son  enceinte  forme  à  peu  près  la  figure  d'un 
demi  cercle.  Elle  â  environ  1300  pas  de  longueur,  600 
de  largeur  ôc  3000  de  circuit.  Les  rues  y  font  étroites 
&  mal  percées,  ôc  il  n'y  a  presque  point  de  places  pu- 
bliques. On  compte  dans  cette  ville ,  environ  fix  mille 
perfonnes  On  n'a  fait  que  deux  baftions  du  côté  de  la 
porte  de  faint  Antoine  :1e  plus  grand  joinr  la  rivière,  ôc 
n'ert  pas  terrafle.  Certe  ville  ert  à  quatre  lieues  au  midi 
de  Tournus ,  à  quarre  à  l'orient  de  Cluni ,  ôc  à  quatre- 
vingt-dix  au  midi  de  Paris. 

L'églife  cathédrale  elt  dédiée  à  faint  Vincent.  Elle  ert 
étroite  ôc  fombre  ,  ôc  fes  voûtes  font  aflez  exhauflees.  La 
fonnerie  de  fes  cloches  pafle  pour  être  une  des  plus  har- 
monieufe  du  royaume.  La  collégiale  de  faint  Pierre  n'ert 
remarquable  que  par  la  noblefle  de  fon  chapitre.  Il  y  a 
dans  cette  ville  des  Cordehers  obfervantins ,  des  Jaco- 
bins, des  Capucins,  des  Minimes  ôc  une  maifon  de  prê- 
tres de  l'Oratoire.  Il  y  a  auflî  des  couvens  de  filles  de 
la  Vifitation ,  d'Urfulines ,  de  Carmélites  ôc  d'Hofpita- 
lieres ,  qui  deflervent  l'Hôtel-Dieu  ,  dont  le  revenu  ert 
de  fix  mille  livres  de  rente.  La  maifon  de  la  Charité  n'a 
qu'environ  quinze  cens  livres  de  rente ,  ôc  nourrit  néan- 
moins ordinairement  cent  vingt  perfonnes. 

Mascon  a  un  gouverneur  particulier  ôc  un  lieutenant 
de  roi.  Pour  la  jurtice  ôc  pour  les  finances  il  y  a  un  pré- 
fidial ,  une  élection,  un  grenier  à  fel,  une  jurisdiotion 
des  traites  foraines,  ôcc. 

La  Saône  forme  au-deflous  du  pont  de  Mascon  une 
petite  ifle  qui  ert  ioute  entourée  d'arbrifleaux.  Le  milieu 
forme  une  petite  prairie  ,  fort  propre  pour  donner  des 
fêtes  ôc  des  réjouiflances  publiques.  *  Piganiol,  Defcr. 
de  la  France,  t.  3.  p  512.  ôc  fuiv. 

On  ctoit  que  Ï'Evêché  de  Mascon  fut  établi  dans 
les  ptemiers  lîécles  de  l'Eglifc  :  mais  le  premier  évêque 
dont  on  trouve  le  nom  ,  ert  Placidus  ,  quiaflïfta  au  troi- 
sième concile  d'Orléans.  Dans  la  divifion  des  provinces 
des  Gaules  ,  Mascon  fut  comprife  dans  la  première  Lyon- 
noife.  C'ert  pourquoi  fon  fiége  episcopal  a  toujours  été 
fournis  ,  comme  celui  de  Chàion  fur  Saône ,  à  la  métro- 
pole de  Lyon.  On  rint  deux  conciles  à  Mascon  fous  le 
règne  du  roi  Contran.  Ce  fut  dans  le  fécond ,  tenu  en  585. 
que  l'on  rétablit  la  célébration  du  Dimanche  qui  étoit  mal 
obiervée ,  Se  qu'on  décerna  des  peines  contre  les  viola- 
teurs d'une  aufli  fainte  folemnité.  Cet  éveché  ne  vaut 
qu'environ  douze  mille  livres  de  revenu,  ôc  n'ert  com- 
pofé  que  de  deux  cens  paroiffes ,  dont  cent  vingt-trois  font 
du  bailliage  de  Mascon  ;  les  autres  font  dans  le  Bcaujo- 
lois  Se  dans  le  Lyonnois.  Les  diocèfes  d'Autun  &  de  Chà- 
ion s'étendent  fur  les  autres  paroifles  du  Bailliage  de 
Mascon. 

Le  chapitre  de  l'églife  cathédrale  ert  compefé  de  vingt 

chanoines, 


MAS 


MAS 


12, 


chanoines,  de  vîngt-une  prébendes,  d'un  doyen,  d'un 
chantre  Se  de  quatre  archidiacres.  Les  archidiacres  four  à 
la  nomination  de  l'évêque  ;  le  doyen  ,  le  chantre  &  les 
•chanoines  font  nommés  par  le  chapitre.  Aux  grandes  mef- 
fes  ,  le  célébrant ,  le  diacre  Se  le  foudiacre  portent  la  mi- 
ne :  à  vêpres  le  célébrant  &  les  deux  chantres  la  portent 
aufli.  Le  chapitre  de  l'églife  collégiale  de  faint  Pierre  de 
Mascon ,  efl:  compofée  d'onze  chanoines ,  d'un  prévôt  Se 
d'un  tréforier  ;  ce  qui  fait  en  tout  quatorze  prébendes  , 
parce  que  le  prévôt  en  a  deux.  Pour  être  reçu  dans  ce  cha- 
pitre ,  il  faut  faire  preuve  de  nobleffe  de  quatre  quartiers , 
tant  paternels  que  maternels.  Le  roi  nomme  le  prévôt  , 
&  les  chanoines  font  nommés  alternativement  par  le  pré- 
vôt Se  par  le  chapitre.  Il  n'y  a  dans  ce  diocèfe  que  deux 
abbaves  d'hommes  de  l'ordre  de  faint  Benoit  Se  en  com- 
mende  j  favoir , 

Cluni ,  Se  faint  Rigaud. 
* Piganiol ,  Defcr.  de  la  France,  r.  3.  p.  420. 

2.  MASCON  »  paroitVe  du  diocèfe  de  Troies  en  Fran- 
ce ,  fituée  à  demi-lieue  du  rivage  gauche  de  la  Seine  pro- 
che Nogent ,  à  huit  ou  neuf  de  Troies.  On  a  quelquefois 
entendu  de  la  ville  de  Mtscon  en  Bourgogne  ce  qui  ne 
convient  qu'a  ce  village.  C'eil  ainli  que  dans  la  vie  de 
faint  Loup  évêque  de  Troies ,  écrite  par  un  auteur  affez 
voifin  de  ion  tems  •,  il  efl:  dit  qu'au  fortir  de  fa  retraite  à 
Lainçon  proche  fa  viile  épiscopale  ,  il  crut  devoir  fe  re- 
tirer a  Maiiscomim  ,  Se  que  comme  il  demeuroit  in  prx- 
dio  Matisconh  il  y  guérit  une  fille  muette  qu'on  lui  pré- 
fenta.  Lebeuf  en    les  éclairciffemens  fur  la  vie  de  faint 
Loup  ,  tome  1.  de  fon  recueil  de   1738.  pag.  67.  a  fait 
remarquer  combien  on  fe  trompoit  en  entendant  cela  de 
Mascon  en  Bourgogne.  On  voit  au  premier  tome  du  tré- 
for  des  anecdotes  des  lettres  d'un  Jean  de  Brienne  ,  que 
Fontaine-Mascon  étoit  une   terre  du  douaire   de  la  B. 
comtefle  de  Troies  ;  &  comme  il  la  tenoit  en  fief  du  comte 
Thibaud  fans  le  contentement  de  cette  comteffe  ,  il  donna 
pour  cautions,  fept  ou  huit  feigneurs  en  noj.à  Pro- 
v.ns.  Ainli  le  nom  de  Mascon  a  toujours  été  très-connu 
en  Champagne. 

MASCONNOIS  (  Le  ) ,  pays  de  France  dans  la  Bour- 
gogne, entre  le  Beaujolois  Si  le  Chalonnois ,  Se  féparé 
vers  l'orient  de  la  Breffe  par  la  Saône.  11  a  pris  fon  nom 
•de  Mascon  fa  capitale.  Ce  pays  a  fes  états  particuliers 
qui  font  l'impofition  des  charges  que  le  Masconnois  doit 
fupporter.  Cette  cotité  étoit  autrefois  un  quatorzième  ; 
mais  aujourd'hui  elle  elt  d'un  onzième,  quoique  la  ville  de 
Marfigny  en  ait  été  diilraite.  Ces  états  font  compofés  de 
l'évêque  de  Mascon  qui  y  préfide,  des  députés  de  l'églife , 
de  ceux  de  la  nobleffe,  de  ceux  du  tiers  état,  Se  des  officiers 
de  l'élection  unis  aux  mêmes  états.  Ces  derniers  n'ont 
qu'une  feule  voix,  qui  efl  rapportée  au  bureau  par  celui 
qu'ils  choififfent,  après  s'être  retirés  Se  éloignés  du  bureau, 
pourdelibérerfurcequia  été  propofé.  Une  élection  en  pays 
d'états  paroît  extraordinaire  :  ainli  il  faut  avertir  qu'elle  fut 
établie  pour  connoître  des  différends  qui  naiffent  à  l'occa- 
fîon  des  droits  d'aides.  Dans  tous  les  anciens  actes ,  les 
officiers  de  cette  compagnie  font  appelles  élus  des  aides  de 
Masconnois.  Comme  les  élus  avoient  dans  tous  les  pays 
de  taille  la  connoiffance  des  conteftations  qui  furviennent 
fur  les  impofitions ,  ceux  du  Masconnois ,  qui  avoient  uni  - 
quement  été  établis  pour  les  aides,  demandèrent  la  même 
attribution  ,  Se  obtintent  d'être  unis  aux  états. 

La  convocation  des  états  particuliers  du  Masconnois  fe 
fait  de  trois  ans  en  trois  ans  ,Se  quelque  tems  avant  que 
l'affemblée  des  états  généraux  de  Bourgogne  foit  convo- 
quée. Les  députés  des  trois  états  du  Masconnois  s'y  ren- 
dent. Le  bailli  reçoit  fur  cela  une  lettre  du  roi ,  en  vertu 
de  laquelle  il  écrit  à  la  nobleffe  du  pays,  Se  les  tréfo- 
riersde  France  envoient  aufli  des  lettres  circulaires. Les  dé- 
putés de  l'églife  font  alternativement  nommés  par  le  cha- 
pitre de  la  cathédrale  de  Mascon,  Se  par  celui  de  faint • 
Pierre  de  la  même  ville.  Après  les  députés  de  ces  chapitres 
entrent  les-abbés  de  Cluni,  de  Tournus  Se  de  Rigaud. 
Lorsque  ces  abbés  affilient  en  perfonne  aux  états ,  ils  pré- 
cédent les  députés  de  ces  chapitres  ;  mais  ces  derniers 
précédent  ceux  qui  affilient  aux  états ,  comme  porteurs 
de  procuration  de  ces  abbés.  Le  député  de  la  nobleffe  efl: 
nommé  par  ce  corps  à  la  pluralité  des  voix.  Celui  du  tiers 
érat  efl;  nommé  par  les  habitans  des  villes  de  Mascon ,  de 
Tournus ,  de  Cluni  Se  de  faine  Gengoux ,  chacune  à  leur 


tour.Le  député  du  tiers  état,lorsqu'îl  va  aux  états  généraux, 
efl  accompagné  par  l'Un  des  officiers  de  l'élection,  que  l'é- 
vêque de  Mascon  a  droit  de  choifir.  Les  députés  des  trois 
ordres  étant  nommés,  ils  vont  au  palais  pour  prêter  fer- 
menr  pardevant  le  lieutenant  général  du  bailliage.  Lesec- 
cléfiafliques  y  font  placés  à  la  droite  du  lieutenant  général 
&  fur  le  même  rang  ,Se  la  nobleffe  à  la  gauche.  Les  dépu- 
tés du  tiers  état  font  fur  les  bancs  des  avocats.  Ces  députés 
vont  enfuite  à  l'affemblée  des  états  généraux  ,  &  a  leur  re- 
tour ils  s'aflemblent  pour  rendre  compte  de  ce  qui  s'y  efl 
paffé  ,  &  de  ce  qui  intérefle  le  pays.  Quelque  tems  après  ils 
s'aflemblent  encore,  après  avoir  recules  commiffioiis  pour 
travailler  à  l'impofition.  Pendant  la  triennaliré  loisqu'il 
furvient  quelques  affaires  qui  méritent  délibération,  on 
tient  ftuflitôtdes  aflemblées.  Toutes  ces  féances  fe  tiennent 
au  palais  épiscopal ,  ou  chez  le  grand-vicaire  en  l'abfence 
de  l'évêque.  Le  fyndic  des  états  y  propofe  le  fujet  fur  le- 
quel on  doit  délibérer ,  Se  le  fecrétaire  ihsère  dans  le 
regiflre  les  délibérations.  Quant  aux  impofitions ,  le  gref- 
fier de  l'élection  efl  en  poffeflion  de  travailler  aux  dé- 
partemens.  Le  maire  de  Mascon  a  droit  d'aififler  à  ces 
aflemblées  en  qualité  deconfeiller  j  car  il  n'a  point  de  voix 
délibérarive.  La  recette  des  deniers  provenans  des  impo- 
fitions ,  fe  fait  par  deux  receveurs  établis  par  les  états.  Ils 
ne  font  que  par  commiffion  Se  exercent  alternativement. 
*  Pigamol ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  3.  p.  446. 

MASCOTUS,  ville  de  la  Libye  ,  félon  Etienne  le 
géographe ,  qui  cite  Hécatée.  Il  la  met  auprès  des  Hes- 
pérides, 

MASCOUTECHS  ou  Maskoutens  ,  autrement  na- 
tion de  feu  ,  peuples  de  l'Amérique  feptentrionale,  dans 
la  nouvelle  France  ,  au  couchant  du  lac  des  Ilinois,  vers 
la  partie  méridionale  ,  &  près  de  la  rivière  de  Chekagou. 
C'eit  une  espèce  de  démembrement  de  la  nation  des  Mia- 
mis.  Il  y  en  a  aufli  au  bord  de  la  rivière  de  Melleoki , 
vers  les  quarante-trois  degrés  de  latitude  nord,  près  de  fon 
embouchure  dans  le  lac.  C'eft  fans  fondement  qu'on  ap- 
pelle ces  fauvages  la  nation  du  feu,  Se  leur  pays  la  terre 
de  feu.  Us  habitent  au  midi  de  la  grande  baie,  autre- 
ment la  baie  des  Puants. 

MASCULA  ,  ville  de  Numidie.  L'itinéraire  d'Antonin; 
la  place  fur  la  route  de  Thévefle  à  Sitifis ,  en  paffant  par 
Lubenfis.  Elle  fe  trouve  ainfi  entre  Megefèla  Se  Claudi , 
à  dix  huit  milles  de  la  première  ,  Se  à  vingt-deux  milles 
de  la  féconde.  Dans  la  conférence  de  Carthage  n°.  128. 
Malcus  efl:  qualifié  episcopus  plebis  Masciditanx.  La 
notice  d'Afrique  fait  mention  de  Januarms  Mascu- 
litanus.  Dans  celle  des  évêchés  d'Afrique  Marculitanus 
pour  Masculitanus  :  Donatus  Masculitamts  fouferivit 
au  concile  de  Carthage  en  J2j.  Se  Victor  d'Utique  , 
/.  1.  n°  iy.  Dupin  fait  mention  à' 'Archimmus  Mas* 
culamts. 

MASDORANI,  peuples  de  l'Ane,  félon Ptolomée , 
/.  6.  c.  17.  qui  dit  qu'ils  occupoient  la  contrée  voifine  de 
la  Parthie  Se  de  la  Caramanie  déferre. 

MASEBI A  ,  nom  d'un  lieu  dont  il  efl  parlé  dans  le  pre- 
mier livre  des  Paralipoménes ,  c.  1 1 .  46. 

MASEICK.   Voyez.  Maeseck. 

MASEMORUM  Regio,  peuples  d'Afie  aux  environs 
de  l'Euphrate.  Métaphralle  en  parle  dans  la  vie  de  faint 
Grégoire  ,  Se  les  place  dans  la  Grande  Arménie.  *  Orte- 
lii  Thefaur. 

1.  MASENO  ou  Masen  ,  rivière  de  la  Valteline  ;  elle 
a  fa  fource  dans  une  montagne  près  de  San  Martine 
On  y  trouve  un  bain  d'eau  minérale  ,  connu  fous  le  nom 
de  Bagni  di  Mafeno.  Elle  coule  du  nord  au  fud  dans  la 
vallée  de  Mafeno  ,  Se  va  fe  jetter  dans  l'Adda  ,  entre  Desco 
Se  Pédemonte ,  *  Scheuchz.er ,  Carre  de  la  Valteline. 

2.  MASENO  ou  Bagni  di  Maseno  ,  bains  d'eau  mi- 
nérale dans  la  Valteline ,  à  la  fource  de  la  rivière  Mà- 
fen  qui  leur  donne  fon  nom.  L'eau  en  efl  tiède,  claire  ÔC 
falutaire  à  boire  :  elle  charrie  de  l'or ,  du  fer  ,  de  l'alun  , 
du  nitre  Se  du  fouffre.  Elle  efl  d'un  ufage  excellent  pour 
la  guérifon  de  divers  maux  particulièrement  de  ceux  du 
cœur  Se  du  foie.  *  Etat  &  délices  de  la.  Su'ijje ,  tom.  4. 
pag.  146. 

3.  MASENO  ,  vallée  de  la  Valteline.  Elle  s'étend  du 
nord  au  fud  des  deux  côtés  de  la  rivière  Mafen  ou  Ma- 
feno,  qui  lui  donne  fon  nom.  *  Scheucbz.er ,  Carte  de  là 

Valtelinei 

Tom.  IV  R 


MAS 


130 

4.  MASENO ,  village  de  la  Valteline  fur  la  rive  gau- 
che de  la  rivière  de  Mafen ,  un  peu  au-deflus  de  fon  em- 
bouchure dans  l'Adda.  *  Se heuchz.er, Carte  de  la  Valteline. 
MASEPHA  ,  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la  tribu  de  Ju- 
da.  Elle  étoit  au  midi  de  Jérufalem ,  Se  au  feptentrion 
d'Eleuthéropolis  &  d'Hébron.  Les  Hébreux  prononcent 
ordinairement  Miz.pha,a.u  lieu  de  Maspha.  Voyez.  Mas- 
pha. *  Jofué ,  1538. 

MASEREPHOTH.  Il  eft  parlé  des  eaux  de  Majere- 
photh  dans  Jofué ,  1 1.  8.  &  1 3  6".  D.  Calmet ,  Dicl.  croit 
que  ce  pourroit  être  la  ville  de  Sarephta.  La  racine  de 
ce  nom  eft  la  même  que  celle  de  Mazxophoih.  D'au- 
tres croient  que  les  eaux  de  Mazrephoth  étoient  des  eaux 
chaudes  -,  d'autres  veulent  que  c'étoit  des  eaux  Calées  de 
la  mer  que  l'on  faifoit  couler  dans  des  canaux ,  Se  qui  s'é- 
vaporant  par  la  chaleur  du  foleil ,  produifoient  du  fel, 
ainfi  qu'il  fe  pratique  encore  en  quelques  endroits  fur  les 
côtes  de  la  mer. 

MASES,  ville  de  l'Argie,  félon  Homère  ,  Iliad.  I.  2. 
v.  363.  Paufanias,  /.  2.  t.  36.  fait  entendre  qu'elle  ne 
fubfittoit  plus  de  fon  tems  ,  &  que  fon  port  étoit  le  Na- 
vale des  Hermions.  Strabon ,  /.  8.  p.  376.  &  Erienne 
le  géographe  parlent  au  m  de  cette  ville.  -Ce  dernier  dit 
qu'on  la  nommoit  aufli  Mafetus.  Il  ajoute  qu'on  don- 
noit  encore  le  nom  de  Mafetis  à  un  marais,  à  un  vil- 
lage ,  Se  à  une  ifle. 

MASETRASE  ,  Mesetalse  ou  Béni  -Merasen  , 
montagne  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Fez  dans  la  pro- 
vince de  Chaus.  Elle  confine  aux  plaines  d'Edecfen ,  qui 
font  fur  les  frontières  de  Temesne  ,  &  elle  a  dix  milles 
de  long  &  quatre  de  large.  Les  maifons  qui  font  fur  cette 
montagne  font  couvertes  d'écorce  d'arbres  Se  de  limon, 
Se  les  habitans  qui  ont  des  beftiaux  les  tiennent  dans 
des  cabanes  couvertes  de  jonc.  *  Dapper ,  Defcr.  du  royau- 
me de  Fez  ,  p.  158. 

MASEUBE  ou  Masloube  (  a  )  ,  petite  ville  de  France 
dans  l'Armagnac  au  comté  d'Aftarac.  Elle  eft  fituée  fur  la 
rive  droite  de  la  rivière  nommée  le  Gers ,  au  midi  de  Seif- 
fan  Se  à  l'orient  de  Ville-Franque.  Le  fiége  (  b  )  de  la 
juftice  du  comté  eft  dans  cette  ville  ,  dont  l'abbé  d'Es- 
cale-Dieu ,  eiL  cofeigneur,  (a)  De  l'JJle ,  Atlas,  (  b  )  Corn. 
Diér. 

MASFA,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  dans  la  princi- 
pauté d'Iemen  ,  félon  Corneille ,  Diil.  qui  cite  Maty.  Il 
ajoute  qu'elle  eit  fituée  entre  Mascate  Se  Mascalat ,  à 
quatre  lieues  de  l'une  &de  l'autre  de  ces  places.  Lescar- 
tes  ne  connoiflent  point  cette  ville. 

MASHAM  ,  bourg  d'Angleterre  dans  la  province 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne,  t.  1. 

MASIANI,  peuples  de  l'Inde.  Strabon,  /.  15.  p.  698. 
les  place  entre  les  fleuves  Cophen  &  Indus. 

MAS1CES ,  peuples  de  la  Mauritanie  Tingitane,  fé- 
lon Ptolomée  >  /.  4.  c.  1 . 

MASICYTUS ,  montagne  qui  féparoit  la  Pamphylie 
delà  Lycie.  Ptolomée,/.  yç.  3.  la  met  fur  le  bord  de 
la  mer.  Pline,  /.  5.  c.  27.  écrit  Maflycites.  L'interprète 
de  Q.  Calaber,/.  3.  lit  Emaficythus\Se  Strabon  appelle 
cette  montagne  Climax. 

MASIERE ,  bourg  de  France  dans  la  Haute-Marche  , 
aux  confins  du  Limoufin ,  à  deux  lieues  d'Uflel  Se  à  fix 
de  Tillerin.  La  taille  y  eft  mixte,  Se  les  habitans  y  font 
très-pauvres. 

MASII   ou  Maspii  ,  peuples  de  laPerfe,  félon  Hé- 
rodote ,  in  CHo.l.  1.  c.  125. 
MASIN.  Voyez.  Magida. 

MAS1NISSENSES  ,  peuples  de  la  Mauritanie ,  félon 
Ammien  Marcellin,  /.  29.  p.  428. 

MASIO,  mot  barbare  de  la  bafle  latinité  ,  que  quel- 
ques auteurs  ont  employé  pour  Manfio.  Ceft  pourtant 
de  ce  mot  eftropié ,  que  nos  ancêtres  on  fait  le  mot 
Maifon.  Voyez.  Mansio. 

MAS1SA ,  ou  Misis,  autrefois  Mopfueflia  ,  bourg  d'A- 
fie  dans  la  Natolie  ,  fur  le  Dgeihan  ,  anciennement  Py- 
ramus.  Son  terroir  eft  très-fertile.  On  voit  tout  près  une 
montagne  nommée  Dgebelul-Nour  ,  laquelle  s'étend  jus- 
qu'à la  mer.  On  y  trouve  de  fort  belles  hyacinthes,  des 
plantes  aromatiques,  Se  des  mandragores.  Voyez,  Mal- 
mistra  qui  cft  le  nom  que  quelques-uns  donnent  à  cette 
lie.  Voyage  en  Perfe,  &  en  Turquie,  par  Ottcr,t,  1. 


MAS 


MASITHOLUS  ,  fleuve  de  la  Libye  intérieure  dans  le 
golfe  Hesperien  :  Ptolomée ,  /.  4.  c.  6.  place  fon  embou- 
chure entre  PJefperi ,  Ceras  Se  Hippodromus  Mthiup'u, 
MASIUM  ou  Masius.  Ptolomée,  /.  5.  c.  18.  & 
Strabon ,  /.  1 1.  p.  527.  donnent  ce  nom  à  une  montagne 
de  la  Méfopotamie ,  au-deflus  de  Ni/ibis  Se  de  Tigra- 
nocerta. 

MASKESIPI,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale 
dans  la  Nouvelle  France.  Elle  fe  jetic  dans  le  lac  fu- 
périeuràla  bande  du  fud  ,  près  de  l'ifle  de  famt  Michel. 

MASLAY.  Voyez.  Massolacum. 

MASMUNSTER  ,  ville  du  Sungaw  ,  fituée  fur  la 
Doldre ,  dans  les  montagnes  de  Vosge  ,  entourée  de 
foliés  Se  de  murailles.  11  y  a  dans  cette  ville  un  chapi- 
tre de  religieufes ,  où  l'on  ne  reçoit  que  des  filles  no- 
bles. Il  fut  fondé  en  730.  par  le  duc  Mafo ,  allemand, 
en  l'honneur  de  faint  Leodegard,  de  la  famille  duquel 
il  étoit ,  à  l'occafion  de  fon  fils  unique  qui  fe  noya  en 
fe  baignant  dans  la  Doldie.  On  trouve  encore  fon  tom- 
beau à  Masmunfter,  où  on  lit  cette  infeription:  Hîcja- 
cet  fipultus  filius  Régis  Majonis  fundatoris  hujus  Mo- 
nafteni.  Il  y  avoit  autrefois  un  commerce  de  fil  confi- 
dérable  dans  cette  ville.  Le  comte  de  Montecuculi  la 
prit  Se  la  fortifia  en  1633  ;  mais  les  Suédois,  qui  s'en 
font  rendus  maîtres  depuis,  en  rafertnt  les  murailles, 
Se  la  remirent  entre  les  mains  des  François.  Masmunller 
n'eit  qu'à  cinq  lieues  de  Mulhaufcn  ,  à  quatre  de  Bet- 
fort,  Se  à  deux  &:  demi  de  Thau.  *  Supplément  au  ma' 
nuferit  de  la  Bibliothèque  de  M.  de.  drberon ,  premier 
Préfident  au  conjeilfouverain  d '  Alface. 

MASOBIA ,  lieu  d'où  étoit  Jafiel ,  un  des  plus  braves 
de  ceux  de  l'armée  de  David.  *  1.  Parai.  1 1.  45. 

MASOGA  ,  ville  de  l'Inde  ,  Se  la  réfidence  du  roi  Af- 
facan  ,  félon  Strabon  ,  /.  1  j.  p.  698.  C'eft  la  même  que 
Massaga.  Voyez,  ce  mot. 

MASONlT^£  ou  MAssoNiTifi  ,  peuples  de  l'Arabie 
Heureufe.  Ptolomée ,  /.  6,  c.  7.  les  place  au-deflus  des 
Sarita. 

MASOVIE  ,  Mazovie  ,  Mazuren  ,  Masaw  ou  Ma- 
sow  ,  province  du  royaume  de  Pologne  dans  la  partie 
nommée  la  Grande  Pologne.  Elle  confine  au  nord  avec 
la  Pruflè,  à  l'orient  avec  la  Lithuanie,  au  midi  avec  la  pe- 
tite Pologne ,  Se  au  couchant  avec  la  Grande  Pologne. 
Elle  eft  devifée  en  quatre  parties ,  qui  font  les  Palatinats 
de  Plosko ,  de  Mafovie  Se  de  Podlaquie  Se  le  territoire  de 
Dobrzin.  La  Viftule  fépare  cette  province  en  deux ,  Se  y 
reçoit  les  rivières  de  Buck  Se  de  Narew.  *  Andr.  Cellar. 
Defcr.  Polonia? ,  p.  388. 

La  Mazovie  a  été  ainfi  appellée  de  Mafos  ou  Maflaw, 
coupier  ou  échanfon  de  Mieciflaw  II.  roi  de  Pologne  , 
mort  en  1034.  Ce  Mafos  s'étant  emparé  de  la  meilleure 
partie  de  la  province  de  Plocsko ,  qui  eft  entre  la  Viftule, 
le  Narew  Se  le  Buck  ,  pendant  l'interrègne  qui  fuivit  la 
mort  de  Mieciflaw  ,  il  fit  porter  fon  nom  à  cette  provin- 
ce, qui  depuis  a  toujours  été  appellée  Mazovie;  quoi- 
que Mafos  en  ait  été  dépouillé  l'an  1043.  Cafimir  fils  de 
Mieciflaw  étant  allé  étudier  à  Paris ,  où  Rixa  fa  mère 
l'avoit  envoyé  ,  avoit  pris  l'habit  de  religieux  dans  l'abbaye 
de  Cluni ,  où  il  étoit  profès  fous  le  nom  de  frère  Charles  , 
lorsque  les  députés  de  Pologne  allèrent  lui  marquer  le 
befoin  qu'ils  avoient  de  fa  perfonne ,  pour  rétablir  le 
royaume  qui  étoit  en  proie  à  tous  les  princes  voifins.  S. 
Odile,  alors  abbé  de  Cluni ,  les  renvoya  au  pape  Benoît 
IX.  qui  touché  de  leur  mifere ,  accorda  ce  prince  à  la  né- 
ccflîté  de  l'état,  Se  lui  permit  de  fe  marier.Cafimir  rétablie 
l'ordre  Se  la  juftice  dans  la  Pologne  ,  recouvra  une  partie 
des  pays  envahis,  Se  particulièrement  la  Mozavie,  après 
deux  grandes  viétoires  gagnées  fur  l'usurpateur  Mafos  , 
que  les  Laczynges ,  peuples  de  Prufle  fes  adhérens,  cruci- 
fièrent depuis  par  dépit.  Cette  province  pafla  en  partage 
dans  la  maifon  des  rois,  qui  lui  donna  un  grand  nom- 
bre de  ducs.  Ils  avoient  maréchaux  ,  chanceliers  Se  autant 
d'officiers  que  les  rois.  Quelquefois  même  ils  n'ont  point 
reconnu  le  fouverain ,  pareequ'ils  avoient  fous  eux  plus 
de  quarante-mille  gentilshommes  qui  les  foutenoient.  Cet 
état  fut  encore  féparé  en  divers  morceaux,  dont  chacun 
portoit  le  titre  de  duché  ;  mais  enfin ,  il  fut  réuni  à  la  cou- 
ronne de  Pologne,  faute  de  mâles ,  en  ij2<î, fous  le  règne 
de  Sigismond  I.  *  Corn.    Dicl;.  Laboureur ,  Traité  du,  * 
royaume  de  Pologne. 


MAS 


MAS 


Le  Palatinat  de  Mazovie  ,  ou  la  Mazovie  pro- 
prement  dite  ,  cil  bornée  au  nord  par  le  Palatinat  de 
Plocsko  ;  à  l'orient  par  la  Podlachie ,  au  midi  par  le  Pa- 
latinat  de  Lublin,&à  l'occident  par  la  Villule.  Elle  eft 
gouvernée  par  un  palatin  ,  qui  a  Tous  lui  fept  caftellans  > 
favoir ,  ceux  de 

Crersko ,  Wizna,         Zakrotzin  ,  &  Liw  » 

Varfovie,  Vischgrod,  Ziechonowicze. 

Pour  le  fpirituel ,  la  Mazovie  eft  en  partie  foumife  à 
l'évêque  de  Posnanie  ,  en  partie  à  celui  de  Plocsko,  &  en 
partie  à  celui  de  Lucko.  Comme  cette  province  en;  gran- 
de, on  l'a  divifée  en  douze  territoires  ,  qui  rirent  cha- 
cun leur  nom  du  chef-lieu.  Ces  douzes  territoires  font , 

Czersko  ,     Varfovie ,  Zakrotzin  ,         Rozana , 
Wizna,        Narew,    Ziechonowicze,  Macovie, 
ZembroW ,  Vischgrod ,  Lomza ,  Liw. 

Il  eft  faux  que  la  Podlaquie  fafle  partie  du  Palatinat 
de  Mazovie.  Le  premier  eft  dans  la  petite  Pologne ,  au 
lieu  que  la  Mazovie  eu.  de  la  grande  Pologne.  +  Aridr. 
C'ellar.  Defcr.  Poloniœ  ,  p.  J92. 

1.  MASOX,  Mesox  ou  Misauco,  village  dans  le 
pays  des  Grifons,  &  le  chef-lieu  de  la  première  des  qua- 
tre esquadres  qui  compofenc  les  communautés  des  val 
lécs  de  M  a  fox  6k  de  Galanca,  dans  la  Ligue  Haute  ou 
Grife.  11  y  avoir  autrefois  dans  ce  lieu  un  château  bien 
fortifié.  C'étoit  la  réfidence  des  comtes  du  pays.  11  fut 
détruit  en  1526.  &  en  ijzi.  félon  quelques  uns.  Ilétoit 
fitué  dans  l'endroit  le  plus  étroit  de  la  vallée  ,  fur  une 
colline  clevée,  &c  presque  inacceflible  :  les  murs  qui  fub- 
fiftent  encore  aujourd'hui  ont  plus  de  dix  pieds  d'épaif- 
feur ,  ik  croient  flanquées  de  fortes  tours.  On  pourroit 
facilement  reparer  cette  forterefl'e,  qui  feroit  en  état  elle 
feule  de  défendre  l'entrée  de  la  ville  contre  une  armée  en- 
tière. *  Etat  &  délices  de  la  Sm/Jè ,  t.  4.  p.  53. 

2.  MASOX,  Masoxkr  thal,  Mesauxir-thai  , 
ou  la  Communauté  de  la  vallée  de  Masox.  C'eft 
le  nom  de  la  huitième  &  dernière  communauté  générale 
de  la  Ligue  Haute  ou  Grife,  &  que  quelques-uns  appel- 
lent par  corruption  Monfaxerthal.  Cette  communauté  eft 
compofée  de  deux  vallées,  favoir,  de  celle  de  Masox, 
&  de  celle  de  Galanca.  Elle  eft  divifée  en  quatre  par- 
ties qu'on  appelle  esquadres  ,  &  chaque  esquadre  com- 
prend un  certain  nombre  de  villages  qui  font , 


Première 
esquadre  / 


Seconde 
esquadre. 


Troifiéme 
esquadre ," 


Quatrième 
esquadre  ,' 


Gabia , 

Doria , 

Lefo , 

Crémeto , 

Mafox ,  Mefox  ou  Mifauco. 

Soats , 
Cabiolo  , 
Loftale , 
Cama , 
Legia ,  &c. 

Gruno, 
I  Roberto , 
S.Vidor, 
Monticello , 
Toveda ,  &c. 

Ste  Marie, 
Dasca, 
I  Caftaneta , 
Bufeno , 
Arvigo, 
Valbella,  &c. 


Toute  cette  communauté  comprend  une  allez  grande 
étendue  de  pays  ,  où  il  y  a  un  grand  nombre  d'en- 
droits rténles  j  mais  il  y  en  a  aufli  plufieurs  qui  font  très- 
fertiles,  qui  produifent  du  vin  Se  d'autres  fruits. 

Cette  communauté  a  eu  des  feigneurs  particuliers  > 
avec  titre  de  comtes.  Un  d'eux,  nommé  Jean  Pierre,  la 
vendit  en  1494.  à  Jean-Jacque  Trivulfe  de  Milan  ,  qui 
dans  l'année  1496.  entra  avec  toute  fa  terre  dans  la  cou- 


131 

fédération  de  la  Ligue  Grite  ■■,  ôc  l'an  IJ49.  les  h.ibitans 
fe  rachetèrent  des  mains  du  comte  François  Trivulfe , 
pour  le  prix  de  vingt-quatre  mille  écus  d'or.  *  Etat  &  dé- 
lias de  la  Sui[fe ,  t.  4.  p.  3  3 . 

3.  MASOX ,  vallée  dans  le  pays  des  Grifons  où  elle 
donne  le  nom  à  la  huititme  Se  dernière  communauté 
général  de  la  Ligue  Haute  ou  Grife. Voyez,  l'article  pré- 
cédent. On  parle  mauvais  italien  dans  cette  valke.  * 
Etat  &  délices  delà  Sitijje,  t.  4.  p.  33. 

1.  MASPHA,  Mizpha  ou  Masphat  ,  ville  de  lai  a- 
leftine  dans  la  tribu  de  Juda  (  a  ) ,  au  midi  de  Jérufalemj 
&  au  nord  d'Hébron,  ou  d'Eleuthéropolis  ,  environ  a  fix 
lieues  de  Jérufalem.  Dom  Calmet ,  Diltiun.  foupçonne 
quec'eltla  même  ville  queMafapha  de  la  tribu  de  Benjamin, 
(  b  )  qui  etoit  un  lieu  d'oraifon  &  de  dévotion ,  où  les  Hé- 
breux s'étoient fouvent  aflemblés.  (a  )  Jofué  t  ij.  38.  (b) 
Jojué ,    10.  17.   21.  j.  &\.Reg.  7.  16, 

2.  MASPHA,  Mizpha  &  Masphath,  ville  de  la 
Paleftine  dans  la  tribu  de  Gad,&  dans  les  montagnes  de 
Galaad.  C'eft  dans  cet  endtoit  que  Laban  ôc  Jacob  fi- 
rent alliance  enfemble  (  a  ).  Jephté  demeuroir  à  Maspha, 
&  il  y  fit  alliance  avec  le  Ifraëlites  de  delà  le  Jour- 
dain ,  qui  le  choifirent  pour  leur  chef.  Il  y  rafiembla  les 
troupes  avec  lesquels  il  battit  les  Ammonites  {b  ).  Cette 
ville  eft  quelquefois  attribuée  au  pays  de  Moab  (c),  par- 
ce que  les  Moabites  en  ont  de  tems  en  teins  fait  la  con- 
quête &  l'ont  poflédée.  (  a  )  Genef.  3 1 .  49.  (  b  )  Judic.  1  i  « 
11.  ôc  29.  34.  (c)  I.  Keg.  22.  3. 

3.  MASPHA  ou  Masphé.  Jofué  parle  des  Hévéens, 
qui  habitoient  dans  le  pays  de  Maspha,  au  pied  du  mont 
Hermon ,  ik  par  conféquent  vers  les  fources  du  Jourdain* 
Il  ajoute  que  l'armée  de  Jabin  ôc  de  fes  allies  ayant  été 
mife  en  fuite,  elle  fe  fauva  jusqu'à  Masphé  ou  Maspha, 
à  l'orient  de  la  ville  de  Sidon  ;  ce  qui  revient  à  la  mê- 
me pofition.  Jofué ,   11.  3.  &  8. 

4.  MASPHA,  en  général  lignifie  un  lieu  élevé,  d'oà 
l'on  découvre  de  loin,  une  hauteur  où  l'on  place  unefen- 
tinelle. 

MASPHAT  ou  Massepha,  félon  la  verfion  des  Sep- 
tante ,  forrerefle  du  pays  de  Moab.  De  la  caverne  d'Odol- 
ham,  David  pafla  à  Mafphat ,  où  il  demanda  au  roi  de 
Moab,  que  fon  père  &  fa  mère  puflent  demeurer  dans  le 
pays.  Jofeph  ,  antiq.  /.  10.  c.  11;  fair  aufli  mention  de  ce 
lieu.  Voyez.  Mesphe.  *  I.  Keg.  c.  22.  v.  3. 

MASPII ,  peuple  de  la  Perfe,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. 

MASRECA.  Semla  ,  un  des  rois  qui  régnèrent  au  pays 
d'Edom ,  avant  qu'il  y  eût  un  roi  rétabli  fur  les  enfans  dlf- 
racl  ,  étoit  de  Mafreca.  *  I.  Paralip.  c.  i.v.  46. 

1.  MASSA,  terme  hébreu  qui  fignifie  tentation.  On 
donna  ce  nom  au  campement  des  Hébteux  à  Riphidim, 
lorsque  le  peuple  manquant  d'eau ,  fe  mit  à  murmurer 
contre  Moïfe  ôc  à  tenter  le  Seigneur,  comme  s'ils  euflenc 
douté  de  fa  préfence  parmi  eux.Tous  les  autres  lieux  nom- 
més Mafja,  dont  Ortelius  a  fait  une  Lille ,  font  des  maifons 
de  village  ,  où  logeoit  un  homme  attaché  au  Seigneur  du 
lieu  ,  à  qui  il  devoir  les  corvées.  On  a  dit,  avec  le  temps 
Mafa ,  Mafada  ,  Mafata,  Mafagium,  Maflitm  ÔC  Maf 
fus y  dans  le  fens  d'un  hameau ,  de  quelques  maifons  rufti- 
ques ,  où  le  Seigneur  du  lieu  logeoit  les  esclaves  deftinés 
à  l'Agriculture.  Voyez.  Du  Cange  ,  Gloflaire  latin  ,  Se 
Caiïiodore ,  Epift.  8.  ad  Sever.  fir  1 2.  ad  Valerianum. 
Cette  remarque  eft  de  Dom  Calmet,  Diclion.  *  Exod. 
17.  2.  3,  4. 

2.  MASSA  ,  rivière  de  la  Libye  intérieure,  félon  Ptolo-' 
mée,  /.4.C  6.  Elle  doit  avoir  fon  embouchure  enrre  le 
Nius  ôc  le  Daradus  ,  ou  ,  ce  qui  revient  au  même .  entre 
le  cap  nommé  parles  anciens  Solventia extrema ,  ôc  la  ville 
de  Jarz.ua.  Les  interprètes  de  Prolomée  difent  que  c'elt  le 
Masatat  de  Pline ,  /.  j.c.  1.  C'eft  aufli  le  fentiment  du 
P.  Hardouin. 

Il  y  avoir  beaucoup  de  lieux  nommés  Majfi/  avec  un  fur- 
nom  qui  les  diitinguoit  les  uns  des  antres.  Il  y  avoir 

3.  MASSA,  ville  de  Toscane  en  Italie  i  elle  garde  encore 
fon  nom.  Elle  eft  fituée  au  midi  de  Sienne.  Elle  étoit  épif- 
copale  dès  l'an  1 228  fous  le  pape  Céleftin  III.  Voyez.  Mas- 
sa  VeternenSis. 

4.  MASSA ,  lieu  d'Italie  dans  la  Lucanie.  Ortelius,  Thef 
dit  qu'il  en  eft  parlé  dans  les  décrétales ,  &c  il  cite  le  pre- 
mier livre,  chapitre  19, 

?$m„  IV.  R  ij 


MAS 


i  32, 

5.  MASSA,  rivière  d'Afrique  dans  la  Guinée.  Voyez. 

Mava. 

6.  MASSA  Auriana  ,  dans  le  Territoire  Laurcntin. 

7.  MASSA  Auronica  ou  Bauronica  dans  la  Nu- 

midie. 

8.  MASSA  Baldarioliaria  ,  aufli  dans  la  Numidie. 

9.  MASSA  Camaras,  dans  le  territoire  de  Curta 
Lupi.  J'ignore  où  étoit  ce  dernier  lieu. 

10.  MASSA  Capsis  ,  dans  le  territoire  de  Capsa. 

11.  MASSA  Castius  ,  dans  le  territoire  de  Caltana 
ou  Caflhanea  dans  la  Magnéfie. 

12.  MASSA  Estaliana  ,  dans  le  territoire  de  Corra 
en  Italie. 

13.  MASSA  Festi,  dans  le  territoire  de  Prenefte. 

14.  MASSA  Gaba  ,  dans  le  territoire  de  Gabier 

15.  MASSA  Gargiliana,  dans  le  territoire  de  Suefla. 

16.  MASSA  Lamnas,  dans  le  territoire  nommé  par 
Ortelius  Cartiolanum  ur itorium.  Il  m 'eft  inconnu. 

17.  MASSA  Malliana,  dans  le  pays  des  Sabins.  Ce 
lieu  conferve  fon  ancien  nom,  &  s'appelle  Magliano 
di  Sabina  ,  c'eft  une  bourgade  fituée  allez  près  du  Tibie , 
au  midi  d'Otricoli,  6c  au  nord  de  l'entrée  du  ruifieau 
Campano  dans  le  Tibre. 

18.  MASSA  Murjnas  ,  dans  le  territoire  qu'Orrelius 
appelle  Appianum  Albanenfc  II  y  avoit  Arx  Alban  1  fur 
la  voie  Appienne.  Seroit  ce  cette  citadelle  qui  donnoit  le 
nom  à  ce  territoire  3 

1 9.  MASSA  Pictas  ,  dans  le  terriroire  de  Gabies. 

20.  MASSA  Statiana  ,  dans  la  S 'bine. 

il.  MASSA  Statiliana.  Ortelius  la  met  interritorio 
Melturmnfit  fans  1  expliquer. 

22.  MASSA  Tacrana  en  Sicile,  le  même  auteur  la 
place  in  temtorio  Parannenfi. 

23.  MASSA  Trapeas  ,  dans  le  territoire  de  Cathane. 

24.  MASSA  Varia.  Ortelius  ajoute  Amplement-  Sar- 
dana. 

25.  MASSA  URBANA,dansle  territoire d'Antium. 

Je  n'ai  point  mis  dans  cet  ordre  Massa  Candida, 
parce  que  ce  n'étoit  ni  un  bourg  ni  un  village  ,  ni  même 
une  feule  maifon  ;  mais  Amplement  une  compagnie  de 
faints  Marr)rs  qui  ,  plutôt  que  de  facrifier  aux  idoles  , 
fe  jetrerent  dans  une  fofle  pleine  de  chaux  vive  ,  où 
leurs  corps  furent  con fumés  •,  &  on  l'appella  enfuite 
la  Mafle  blanche.  On  ne  fçair  pas  au  jufte  l'année 
de  la  mort  de  ces  faints  martyrs  -,  on  fçait  feulement 
que  ce  fut  à  Cannage  fous  la  persécution  de  Valerien. 
Prudence  ,  Péri  Stepban.  13.  v.  76.  décrit  ainfi  cet 
événement. 

Fama  refert ,  foveam  campi  in  medio  patere  jujfam , 
Calce  vaporiferafummosprope  murgines  refertam, 
Saxa  reçu.ta.  vomunt  ignem  ,  niveusqut  pulvis  ardet. 
Urere  tabla  poteni  ,  &  rnortifer  ex  odoreflatus , 
Ad  pofitam  memorant  aramfoveafîetiJ]e  fitmma , 
Legefub  hac ,  falis  aut  Micam ,  jecur  &fu:s  litarent } 
ChrifticoU  ,  aut  média/ponte  irritèrent  in  imafo/Jœ. 
Frofîluere  alacres  curfurapido/imitltrecenùy 
Gurgite  pulvereo  mer  fou  liqiior  aridus voravit , 
Pr&àpitemque  glubum  fttndo  tenus  implicavit  imo. 
Corpora  candor  habet,  candor  vehit  adftiperna  mentes , 
Candida  Majja  dehinc  dici  meruit  per  omne  feclum. 

26.  MASSA  ou  Massa  Carera  ,  petite  ville  d'Italie 
en  Toscane  dans  la  Lunegiane.  C'eft  le  chef-lieu  du  duché 
de  même  nom ,  6c  autrefois  la  réfidence  des  princes  de  la 
maifon  Je  Cibo.  Cette  ville  ,  qui  cft  belle  6c  peuplée  ,  cil 
fituée  dans  une  plaine ,  à  trois  milles  feulement  de  la  mer 
de  Toscane,  6c  a  douze  de  Sarzane  au  levant.  Le  château 
eft  fort  &  commande  la  ville.  Environ  à  une  lieue  de  Ma/Ta, 
on  voit  les  carrières  qui  fourniffent  le  beau  marbre  que 
l'on  emploie  dans  les  plus  beaux  bâtimens  a  Gènes  6c  dans 
toute  l'Italie.  Le  prince  en  retire  un  revenu  confidérable. 

27.  MASSA,  (Leduchéde)  petit  pays  d'Iralie  en  Tos- 
cane &  dans  la  Lunegiane.  Il  eft  entre  l'état  du  grand  duc 
au  feptentrion  ,  l'état  de  Lucques  à  l'orient ,  la  mer  de  Tos- 
cane au  midi ,  6c  l'état  de  Gènes  au  couchant.  Ce  nom  lui 
eft  venu  de  fa  ville capùale,  qui  eft  fous  la  puiffance  de  fon 
duc  de  la  maifon  de  Cibo ,  à  qui  appartient  aufli  la  princi- 
pauté de  Carera,  qui  n'étoit  ci  devant  qu'un  marquifat. 
Cet  état  eft  venu  à  la  maifon  de  Cibo  parle  mariage  de  Ri- 


MAS 


chardeMalaspina,  héritière  qui  époufa  Laurent  Cibo  du 
tems  du  pape  Jules  IL  De  cette  alliance  fortitAlberic,  fous 
lequel  le  marquifat  de  Mafia  fut  érigéen  principauté.  Cette 
maifon  a  donné  à  1  eglife  deux  fouvei  ains  pontifes  ,  Inno- 
cent VIII.  &  Boniface  IX.  On  prétend  que  la  maifon  de 
Cibo  eft  venue  de  Giece  en  Italie,  qu'un  certain  Edouard 
Cibo  s'établit  à  Gènes,  6c  que  fes  fuccefleursy  acquirent 
de  grands  biens  de  même  que  dans  la  Toscane  6c  dans  le 
royaume  deNaples.  Ce  duché  apafiédela  maifon  de  Cibo 
dans  celle  de  Modene  en  1740  par  le  mariage  d'Hercule 
Renaud ,  prince  héréditaire  de  Modene,  avec  Marie- The- 
refe-Françoife ,  fille  ,  6c  heriiieied'Aldeian  Cibo  ,  duc  de 
Mafia  &  de  Carrera.  *  Baudrand  ,édir.  17c  r. 

28.  MASSA  ClUCCOLl ,  bourg  d'Italie  dans  la  Tos- 
cane fur  un  lac  de  même  nom ,  dans  l'état  de  la  république 
de  Lucques  ,  a  trois  lieues  de  la  ville  de  ce  nom.  On  voit 
encore  dans  ce  heu  les  ruines  d'un  temple  d  Hercule.  * 
Baudrand  ,  édition  1705. 

29.  MASSA  LU  BRENSE,  ville  d'Italie.  Elle  eft  dans  le 
continent  des  Picentins,  qui  eft  féparé  de  Capri  par  un  dé- 
troit d'environ  deux  petites  lieues.  L'évêque  cft  fuffragant 
de  l'archevêché  de  Soriente.  On  l'appelle  aufli  quelquefois 
Mafia  de  Soriente ,  parce  qu'elle  n'eft  qu'à  quatre  milles  de 
cette  ville  ,  &  pour  la  diftinguer  des  autres  Massa, 
Elle  eft  fort  petite  Se  fituée  fur  un  rocher  escarpé  de 
rous  cô;és,  ci  pi esque  environné  de  la  mer.  C'eft  une 
ville  nouvelle ,  compofée  de  vingt-quatre  cafales  6c  bârie 
feulement  depuis  deux  cens  6c  quelques  années.  Le  re- 
venu de  l'évêque  de  Mafia  Lubienf'e,  aufli  bien  que 
celui  de  Capri,  eft  fur  le  paflage  des  Cailles  Ces  pré- 
lats ont  le  dixième  de  tout  ce  qu'on  prend  de  ces  oifeaux. 
*  D.  Mat  th.  Egefïu.  Lett.  à  Lenglet  du  Fresnoi. 

30.  MASSA  Ouvieri ,  anciennement  Plemmyriuni 
prom  ont  ur i um ,  cap  de  Sicile  fur  la  côte  orientale  de  la 
vallée  de  Noto ,  un  peu  au  midi  de  la  ville  de  Syra- 
eufe.  *  Baudrand  ,  édit.  1705. 

31.  MASSA  Veternensis  ,  ville  d'Iralie  dar.s  la  Tos- 
cane. Elle  eft  enclavée  dans  le  Sicnnois ,  au  midi  de  la 
ville  de  Sienne  vers  la  mer.  C'eft  une  ville  épiscopale  , 
dont  l'évêché  eft  fuffragant  de  l'archevêché  de  Sienne.  Elle 
eft  fituée  fur  une  montagne.Son  enceinte  n'eft  pas  grande, 
6c  elle  eft  mal  peuplée ,  à  caufe  du  mauvais  air.  On 
appelle  fes  habitans  Mafletans.  Us  font  fous  la  domination 
du  grand  duc  de  Toscane.  Ammien  Marcellin  dit  que 
c'étoit  la  patrie  de  Gallus,  frère  de  l'empereur  Couftantin. 
Baudrand ,  édit.  170J. 

MASSABITICA.  Voyez.  Gabiana. 

MASSACA.  Voyez.  Massaga  6c  Masoga. 

MASSACIO  .  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  des  Camaî- 
dules  ,  en  Italie  ,  au  diocefe   de  Jefi. 

MASSACOYE.  Voyez,  Farellons. 

MASSACRE,  rivière  du  Massacre  ,  ou  rivière 
de  Monte  Christo  ,  rivière  dans  la  partie  de  l'ifle  de 
Saint  Domingue  qui  eft  aux  François.  Son  cours  peut 
être  de  dix  lieues.  Elle  vient  des  montagnes  qui  occupent 
le  milieu  de  l'ifle  ;  6c  après  avoir  coulé  environ  huit 
lieues  du  fud  au  nord,  elle  tourne  à  l'oueft  l'efpace  de 
deux  lieues  &  fe  vient  jetter  dans  la  mer  au  port  de 
Mancenille ,  à  la  bande  du  nord  de  l'ifle  ,  à  quelques 
lieues  à  l'oueft  de  la  montagne  nommée  Monte  Lhr'ifto  ; 
ce  qui  lui  fait  Couvent  donner  le  nom  de  Monte  Chrfto. 
Les  Espagnols  veulent  que  cette  rivière  fépare  leurs  terres 
de  celles  des  François  de  ce  côté  la.  On  l'a  appellée  la 
rivière  de  Maffacre ,  parce  que  les  François  6c  les  Es- 
pagnols en  font  fouvent  venus  aux  mains  fur  fon  rivage. 
Voyei.  Islf.  Dauphine.  *  Divers  mémoires. 

MASS ADA  ,  château  ou  fortereffe  de  la  Paleftine  dans 
la  tribu  de  Juda  à  l'occident  de  la  mer  Morte  {a)  ou 
du  lac  Afphaltire ,  pas  loin  d'Engaddi  fur  un  rocher  escar- 
pé ,  6c  où  l'on  ne  pouvoit  que  très- difficilement  monter. 
Quand  on  eft  arrivé  au  fommet  du  rocher,  on  trouve 
une  plaine  affez  étendue  que  l'on  peut  cultiver  ,  Se 
d'où  l'on  peut  tirer  de  la  fubfiftance  dans  le  befoin. 
Jonathas  Asmonéen  frere  de  Judas  Machabée,&  grand- 
prêtre  dés  Juifs ,  avoir  fortifié  cette  place  pour  fe  mettre 
en  état  de  réfifter  aux  rois  de  Syrie  (  h  ).  Hérode  le 
Grand  ,  ayant  remarqué  l'importance  de  ce  pofte  ,  le 
fortifia  encore  de  nouveau  6c  en  fit  une  place  impre- 
nable. Et  comme  le  lieu  manquoit  d'eau  ,  il  y  fit  faire 
plufieurs  citernes ,  &  y  ramaflà  une  quantité  prodigieufe 


MAS 


île  provifiorts ,  afîii  que  s'il  lui  arrivent  quelque  disgrâce 
ou  qu'il  furvînt  quelque  révolte  dans  l'on  pays,  il  y 
trouvât  une  retraite  affurée. 

Apres  la  dernière  guerre  des  Juifs  contre  les  Romains, 
£léazar,chefdesSicairesou  Affaflîns,s'empara  de  Martàda» 
Flavius  Sylva  que  Tite  avoit  laiffé  clans  la  Judée  pour 
réduire  ce  qui  reltoit  à  foumettre  dans  la  province ,  y 
afliégea  Eléazar.  Celui-ci  voyant  qu'il  ne  pouvoit  plus 
tenir  contre  l'armée  romaine,  perluada  a  tous  les  Juifs 
qu'il  avoit  avec  lui,  de  fe  tuer  l'un  Se  l'autre,  ôc  que 
le  dernier  qui  refteroit  en  vie  mettroit  le  feu  au  château. 
Ils  exécutèrent  ce  confeil  ôc  fe  tuèrent  volontairement 
l'un  l'autre.  Deux  femmes  qui  s'écoienr  cachées  dans 
des  aqueducs  avec  cinq  jeunes  enfans ,  racontèrent  le 
lendemain  aux  Romains  ce  qui  s'étoit  parte.  Cet  évé- 
nement arriva  l'an  de  Jésus-Christ  ou  de  l'ère  com- 
mune 71.  (a)  D.  Calmet ,  Ditt.  (b)  Jofcph  ,De  bell.  Jud. 
1.  7.  c.  28. 

MASSAI.  Voyez.  Scythe. 

MASS/£-LIBYI.  MaurireuXiCuiu,  peuple  de  l'Afrique  pro- 
pre, félon  Strabon,  /.  17.  p.  829.  Il  dit  qu'ils  étoient 
voifins  des  Mass^esyliens  ,  &  qu'un  promontoire  fer- 
voit  de  bornes  entr'eux.  Ce  promontoire  eft  nommé 
Triton  ou  Tritum  par  d'autres  géographes.  Strabon, 
p.  831.  lui  même  dit,  après  le  cap  Triton  eil  le  pays 
des  Ivialfelibyens  &  des  Carthaginois.  Au  relie,  Cafau- 
bon  rejette  ces  Majja  Libyi ,  &  veut  qu'au  lieu  de  lire 
MctrrcuÇùw  avec  Xylander  ,  on  life  avec  lui  Ma,wriAi&iuv , 
qu'il  dit  être  conforme  aux  manuferits.  Ainfi  il  s'agira 
ici  des  Maliyliens. 

11  y  a  apparence  que  les  noms  formés  du  nom  d'un 
peuple,  commQAI.jjjA-L.byi  ,  M.ifj^Syti,  Mjjja-Geu>ôc 
qu<  tques  autres  ont  pris  cette  addition  dans  la  langue 
grecque  du  mot  Iw<xW«,  qui  fignihe  toucher.  En  ce  fens 
ôc  fuppofez  la  vérité  de  cette  remarque  que  je  ne  donne 
que  pour  une  conjecture,  ce  mot  joint  au  nom  d'un 
peuple  fignifleroit  un  peuple  qui  connue  à  celui  qui  eft 
nommé  \  par  exemple ,  les  M.//jœ-Syti  font  un  peuple  ainfi 
nonuné  a  caufe  des  Syliens  dont  il  étoit  voifin  ,  les  Maffa- 
gétes un  peuple  Sarmate  voilîndes  Gétes.  On  pourroit  op- 
pofer  que  les  Gétes  fur  le  Danube  étoient  bien  éloignés  des 
Maffagéres.  Cela  eft  vrai  lî  on  prend  les  Maffagétes  dans 
des  tems  où  les  hiltoriens  les  placent  en  divers  lieux  de 
l'Afie  i  mais  ils  peuvent  avoir  été  voifins  avant  les  courfes 
des  Maffagétes  que  les  auteurs  placent,  tantôt  au-delà 
de  l'Araxe  ,  tantôt  dans  l'Arachofie,ou  dans  la  Margiane, 
ou  même  dans  la  Sogdiane.  Le  nom  même  de  Marfeille 
Mijjalïa  s'accorde  parfaitement  avec  ce  que  je  viens  de 
propofer.  Une  colonie  partie  de  Phocée  dans  la  Grèce 
Afiatique  ne  s'appelloit  pas  les  Maffaliens.  D'où  auroient- 
ils  pris  ce  nom  ?  Ils  abordèrent  dans  la  Gaule  au  pays  des 
Salyensj  ils  s'établirent  de  gré  ou  de  force  auprès  d'eux  ôc 
furent  nommés  Mijfxliens  ,  du  nom  de  leur  ville  qu'ils 
avoient  appellée  MjJJltlia.  On  a  die  enfuitc  Majjîlia  ôc 
MajJUiens. 

MASSAFRA  {a) ,  ville  d'Italie  au  royaume  de  Naples 
dans  la  terre  d'Otrante ,  entre  l'Apennin  ôc  lacôte  du  golfe 
de  Parente  vers  la  fource  d'une  petite  rivière  qui  fedéchar- 
ge  dans  ce  golfe.  Cette  ville  eft  petite  ,  mais  forte.  Quel- 
ques-uns (  b)  la  prennent  pour  l'ancienne  Meffapie  ,  dont 
Leander  Alberti  croit  que  la  ville  de  Mefagne  tient  la 
place.  (  a)  Magin ,  Carte  de  la  tetre  d'Otrante.  (  b  )  Corn. 
Die*. 

MASSAGA  ,  ville  de  l'Inde  aux  environs  du  fleuve 
Gureus ,  félon  Arrien  ,  /.  4.  c.  26.  de  exped.  Alex,  qui 
ailleurs,  Hilh  Indic.  c.  1.  au  lieu  de  Massaga  écrie 
Massaca.  11  ajoute  que  c'étoit  une  ville  très-grande  ôc 
la  capitale  des  peuples  Aftacenes.  11  eft  à  croire  que  par 
Maiïaga  ôc  par  Maffaca  il  entend  toujours  la  même  ville. 
Quinte-Curfe  lit  Mazaga;  ôc  la  place  vers  la  fource 
du  fleuve  Indus.  Strabon  nomme  cette  ville  Masoga. 
'  Voyez,  ce  mot. 

MASSAGFTvT'.,  ancien  peuple  que  les  hiftoriens, 
fur-tout  les  Grecs  ,  ont  placé  diverfement.  Il  y  a  rout 
lieu  de  croire  que  c'étoient  des  branches  d'une  feule  ôc 
même  nation  qui  s'étoit  étendue  ,  ôc  dont  les  parties 
difperfées  en  divers  lieux  de  l'Afie,  formèrent  autant 
de  peuples.  On  peut  voir  ci-deffus  la  remarque  qui  fuit 
l'article  Mass>€  Lybii.  Si  ma  conjecture  eft  vraie ,  ils 
avoient  été  d'abord  voifins  des  Gétes ,  ôc  avançant  le 


33 


long  de  la  mer  Noire ,  ils  furenr  quelque  tems  entre  cetre 
mer  &  la  Caspienne ,  ôc  c'eft-là  que  Cyrus  alla  attaquer 
au-delà  de  l'Araxe  Thomiris  leur  reine,  qui  lescomman- 
doit  depuis  ia  mort  du  roi  fon  mari.  Hérodote,/,  i.c.zo  1. 
dit,  Cette  nation  parte  pour  être  grande  ôc  brave, elle 
eil  fituee  à  l'orient ,  au  delà  du  fleuve  Araxe  vis  avis 
des  Ifledons.  11  n'étoit  pas  néceffaire  de  les  tranlpot- 
ter  au  delà  de  l'Oxus  ,  comme  a  fait  Vollins,  in  Me- 
lam  ,  /.  3.  c.  5.  p.  244.  qui ,  pour  foutenir  Ion  opinion  * 
aceufe  Hérodote  d'avoir  dit  l'Araxe  pour  1  Oxus  ,  quoi- 
que cet  hiltorien  mette  la  fource  du  fleuve  dont  il  eft 
ici  queftion  ,  dans  les  monts  Matiem  ,■  ce  qui  ne  fau- 
roit  convenir  à  l'Oxus.  Le  prétexte  de  cetre  prétendue 
correction  ,  c'eft  ce  qu'ajoute  Hérodote.  Il  y  en  a  qui 
difent  que  c'eft  un  peuple  Scythe.  Or ,  félon  Ccllamis  , 
jamais  on  n'a  mis  des  Scythes  en-deçà  de  l'Oxus.  il  fe 
trompe,  comme  on  voir  à  l'article  Scythes.  La  raifort 
qu'il  allègue ,  c'eft  que  les  Maffagétes  fitués  au-delà  de 
l'Araxe,  n'auroient  pas  été  a  l'orient  de  Cyrus  qui  reg- 
noit  dans  la  Perfide.  Cela  eft  vrai  ;  aufli  l'orient  où  les 
place  Hérodote  ne  doit  pas  fe  prendre  par  rapport  à 
Cyrus,  mais  par  rapport  au  lieu  où  l'hiftorien  écrivoit, 
ôc  par  rapport  aux  Grecs  qui  dévoient  le  lire.  D'ailleurs  » 
il  eft  faux  qu'il  n'y  eût  point  des  Maifagétes  en- deçà 
de  l'Oxus. 

Pomponius  Mêla,/-  i.c.  1.  met  fur  le  golfe  Çaspien 
les  peuples  Chomari ,  Alajagcta ,  Cadujti  ,  Hb  cani , 
fêerej,  Pline  ,  /.  6.  c.  17.  parlant  de  divers  peuples  qui 
avoient  les  mêmes  ufages  que  les  Parthes,  donr  ils  étoient 
apparemment  voitins ,  nomme  entre  les  plus  fameux  S  ic<ty 
Majjageta s  Dahx ,  Ejje dunes  ,  ôcc.  Ces  derniers  reflem« 
bleui  bien  aux  Irtedons  d  Hérodote.  Il  parou  qu'ils  avoient 
alors  parte  a  l'orient  de  la  mer  Caspienne.  Strabon, 
/.11.  avoit  dit  avant  Mêla  ôc  Pline,  la  plupart  des 
Scythes  qui  commencent  a  la  met  Caspienne  font  nommes 
Dabœ.  Les  Maffagétes  ôc  les  S.ic*  font  plus  a  l'orienr„ 
Diodore  de  Sicile,  /.  2.  c  45.  dit  :  Entre  les  Scythes 
quelques  uns  font  furnotnmesSAcfc,  d'autres  A?  J]>v.cres* 
d'autres  Arrniajp.es.  Ils  étoient  coniigus  à  la  Chorafmie , 
£il  eft  vrai  ce  que  dit  Quinte-Curfe,  If;  8;  c:  t.  que 
Phratapherne  qui  commandoit  les  Chorasmiens  avoic 
aufiî  fous  lui  les  Maffagétes  ôc  ies  Dahes. 

Les  Maflagétes  de  Prolomée,  h  6.  c.  10.  étoient  dans 
la  Margiane  au  midi  des  Derbicœ  qui  étoient  auprès 
de  l'Oxus ,  mais  en-deça.  Les  Maffagétes  d'Etienne  1er 
géographe  étoient  un  peuple  Scythe  ;  mais  je  ne  trouve 
point  dans  l'article  qu'il  en  fair  qu'ils  fuffent  dans  I  Ara- 
chofie.  Strabon,/.  ri.  qui  met  les  fiens  avec  les  Saces 
au-delà  de  la  mer  d'Hircanie  ,  ne  compte  pas  beaucoup 
fur  l'exactitude  des  auteuts  qui  en  ont  par-lé  quoiqu'ils 
ayent  écrit  la  guerre  que  Cyrus  fit  aux  Maflagétes,  ce 
qui  femblc  fuppofer  en  eux  une  connoifiance  dj  pays 
qu'ils  habitoienr.  Selon  lui ,  pas  un  d'eux  n'a  dit  exacte- 
ment la  vérité  touchant  ce  peuple. 

Les  Maffagétes  de  Procope  font  les  mêmes  que  les 
Huns.  Il  dit  d'Aïgan  qu'il  étoit  de  la  nation  des  Maffa- 
gétes plus  connus  préfentement  fous  le  nom  de  Huns 
Aigan  è  Majfagetarum  erat  gente ,  qui  nurtc  Hunnorum, 
nomme  funt  notiores.  Il  dit  dans  un  autre  endroit  :  Erat 
inter  Hunnos,quoS  Graci  Majjagetas  vocant ,  vir  corporis 
V  animi  magnuudine pr&ftans.  *  Hifl.  Vandal.  1.  1.  p.  33. 
edir.  Grotii. 

Les  Maffagétes  de  Gregoras  font  les  mêmes ,  que  les 
Abasges,  félon  Ortelius  ;  ôc  Tzetzes  dit ,  félon  le  même, 
que  les  Maflagétes  ont  été  enfuite  nommés  Augi. 

MASSAI,  en  latin  Madiscianum ,  Mjjf>>cnm,  M.ijfa.- 
rium  ,  bourg  de  France  dans  le  Berri  ,  diocèfe  de  Bour- 
ges, élection  d'Iflbudun.  Il  eft  coupé  par  un  ruiffeau  qui 
fort  à  deux  lieues  au-deffus  d'un  étang  appelle  de  l'Orme- 
feux;  eft  à  fept  lieues  de  Bourges,  a  cinq  d'Iffoudun  , 
à  trois  de  Gracay  ,  ôc  à  fept  de  Romoraivin.  La  taille 
y  eft  perfonnelle  ,  gouvernement  ôc  couti.me  de  Beiri. 
Le  curé  eft  à  penfion.  Les  terres  rapportent  du  froment 
&  du  feigle.  11  y  a  quelques  vignes.  On  voit  dans  ce 
bourg  une  abbave  qui  lui  a  donné  naiffance  ;  elle  fut  fon- 
dée en  738.  fous  l'invocation  de  S.  Marrin  par  un  comte 
Egon-  D'autres  prétendenr  qu'elle  eft  du  III  ou  du  IV. 
fiécle,  ôc  ainfi  avant  S.  Benoîr  ,  drnr  elle  f  ik  aujourd'hui 
la  régie.  Elle  âvoit  autrefois  dnùrdes  faire  battre  monno>e, 
&  grenier  à  fel  pour  les  paroifles  qui  en  relèvent.  Eiie 


MAS 


134 

avoit  auiii  morte-taille  fur  tous  les  habitans ,  mais  il  y  a 
long- tems  qu'elle  n'en  jouit  plus  i  chaque  habitant  lui  doit 
feulement  deux  fols  huit  deniers  6c  une  corvée  par  droit 
d'afrranchifiemenr.  Cette  abbaye  a  été  brûlée  trois  ou  qua- 
tre fois.  Charlemagne  l'a  rétablie  &  pafle  pour  fon  fonda- 
teur ,  à  caufe  des  grands  biens  qu'il  lui  a  fait.  On  y  voit 
une  couronne  de  ce  prince  qui  eft  d'or ,  d'argent  6c  de 
fer.  Le  revenu  tant  de  l'abbé  que  des  religieux  elt  environ 
de  1 2000  liv.  L'abbé  eftfeigneur  haut-julticier.  La  juftice 
qui  elt  une  châtellenie  ,  relfortit  au  bailliage  d'iflbudun. 
Voyez,  les  annales  de  cet  ordre  parle  père  Mabillon.  Le 
commerce  du  pays  eft  de  beftiaux  ;  on  y  fait  tous  les  ans 
deux  aflemblées  pour  prendre  des  domeftiques. 

MASSALA ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  au  pays  des 
Homérites  ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  28.  Le  P.  Hardouin 
croit  que  c'eft  la  Maa-ôaÂ*  de  Prolomée  ,  /.  6.  c.  6,  Voyez. 
Maccala. 

1.  MASSALIA.  C'eft  ainfi  que  les  Grecs  ont  nommé 
la  ville  de  Marfeille  en  Provence.  Les  latins  ont  changé 
le  fécond  a  en  1.  J'ai  dit  dans  la  remarque  qui  fuit  l'arti- 
cle MASsyt-LiBYi ,  ma  conjecture  fur  l'origine  de  ce  nom. 
Voyez.  Marseille. 

2.  MASSALIA,  rivière  de  l'ifle  de  Crète,  félon  Pto- 
lomée.  Il  en  met  l'embouchure  entre  la  ville  nommée 
Phœnix  6c  Pfychium  fur  la  côte  méridionale.  Ses  inter- 
prètes difent  que  le  nom  moderne  elt  Mefano  ou  Me- 

favo.  Je  trouve  des  traces  de  l'ancien  nom  dans  la  Plaine 
de  Massalie  que  cette  rivière  airofe  avant  que  de  fe 
perdre  dans  le  golfe  ,  auquel  elle  donne  le  nom  de  golfe 
de  Messalie. 

MASSALIOTICUM  Ostium.  Les  anciens  ont  donné 
ce  nom  à  l'embouchure  la  plus  orientale  du  Rhône  ,  & 
par  conféquent  la  plus  voifine  de  Marfeille.  Quelques- 
uns  la  nomment  le  Gras  de  Paflbn  ;  d'autres  le  grand  Gras. 
Voyez,  au  mot  Gras. 

MASSANE  ,  haute  montagne  des  Pyrénées,  vers  le 
Rouflillon.  Elle  a  quatre  cens  huit  toifes  de  hauteur. 

MASSAN1 ,  ancien  peuple  de  l'Inde  ,  le  long  du  fleuve 
Indus ,  auprès  de  fon  embouchure ,  félon  Diodore  de 
Sicile ,  lib.  17. 

MASSAT,  petite  ville  de  France  dans  le  comté  de 
Conferans ,  élection  de  Comenges. 

1.  MASSE ,  rivière  ou  ruifleau  de  France  dans  le  Quer- 
cy ,  dont  elle  arrofe  une  partie.  Elle  fe  jette  dans  le  Lot 
entre  Luzers  &  Cutel-Franc. 

2.  MASSE  ,  ruifleau  de  Fiance  dans  la  Touraine.  Il  fort 
de  l'étang  de  Sudais  au  nord  de  Pont-Levoi.  Son  cours  eft 
d'orient  en  occident  ;  &  il  fe  décharge  dans  la  Loire  à  Am- 

boife. 

3.  MASSE.  Voyez.  Mess  a. 

MASSEOUBE,  petite  ville  de  France  dans  l'Arma- 
gnac ,  au  comté  d'Aflarac  fur  le  Gers ,  à  quatre  lieues  au 
fud  elt  de  Mirande. 

MASSEPHA  ,  lieu  de  la  Paleftine  dans  la  tribu  de 
Benjamin.  Au  lieu  de  Massepha  ,  faint  Jérôme  litMts- 
pha.  Voyez,  Masphat  &  Mesphat.  *  Jofué ,  18.  16. 

1.  MASSERAN  ,  petite  place  d'Italie  enclavée  dans 
le  Piémont ,  entre  le  Verceillois  &  le  Biellois.  Elle  a  ti- 
tre de  principauté  ,  6c  elle  eft  foumife  à  un  prince  par- 
ticulier. Elle  eft  fur  une  côte  à  fix  milles  de  Bielle  au  le- 
vant ,  &  à  feize  milles  d'Ivrée  en  allant  vers  Verceil , 
d'où  elle  eft  .également  éloignée  de  feize  milles.  *Bau- 
drand,  Dict.  édit.  170;. 

2.  MASSERAN  ,  (  La  principauté  de  )  petit  pays  d'I- 
talie ,  enclavé  dans  le  Piémont  vers  les  frontières  du  du- 
ché de  Milan ,  6c  entre  les  territoires  de  Bielle  6c  de  Ver- 
ceil. Il  appartient  au  prince  de  même  nom,  qui  la  tient 
en  fouveraineré  &  en  fief  de  l'Eglife.  Il  étoir  autrefois 
des  terres  de  levèché  de  Verceil ,  qui  furent  cédées  au 
cardinal  Louis  de  Fiesque  qui  en  étoit  adminiftrateur, 
&  à  fon  ftere  Antoine  de  Fiesque  par  le  pape  Boniface 
IX.  le  29.  de  Mai  1394.  Cette  ceflion  ayant  été  faite 
moyennant  une  fomme  d'argent,  Antoine  de  Fiesque 
jouit  de  ces  terres  après  la  mort  du  cardinal ,  6c  fes  des- 
cendans  en  jouirent  pareillement  jusqu'à  Louis  de  Fies- 
que ,  qui  maria  fa  fille  unique  Béatrix  à  Philibert  Fer- 
reri  de  Bielle ,  qui ,  par  ce  moyen  ,  hérita  de  ce  marqui- 
fat ,  qui  a  depuis  été  érigé  en  principauté  ;  de -là  vient 
que  le  prince  de  Mafleran  s'appelle  Ferreri  de  Fies- 
que. L'état  de  Mafleran  contient  encore  Crévacuore, 


MAS 


avec  quelques  villages  des  environs.  *  Baudrand ,  Dict. 
édit.  1705. 

MASSLREPHOTH.  Voyez.  Maserephoth. 

MASS1A,  ville  de  l'Espagne  ultérieure.  Pline,  /.  jj. 
c.  14.  dit  qu'il  s'y  fabriquoit  des  briques,  qui,  quand 
elles  étoient  une  fois  féchées ,  nageoient  fur  l'eau  fans 
enfoncer.  Selon  Etienne  le  géographe,  cette  ville  appar- 
tenoit  aux  Tartéfiens. 

MASSIAC  ,  petite  ville  de  France  dans  la  Haute  Au- 
vergne ,  fur  la  rivière  de  l'Alagnon  ,  aux  confins  de  la 
Balle-Auvergne,  élection  de  Brioude ,  entre  cette  ville 
&  Murât. 

MASSIANACH  ,  rivière  de  l'ifle  de  Madagascar.  Son 
embouchure  eft  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle.  H  y  a  une 
bonne  anfe  ,  que  les  François  ont  nommée  l'Anfe  du 
Borgne,  parce  que  le  feigneur  du  pa; s  ctoit  borgne.  Il 
fe  nommoit  Ontanhalera.  Cette  nvicieefl  éloignée  d'Ani- 
boule  de  quinze  lieues,  une  barque  y  peut  mouiller.  Le 
pays  fe  nomme  Manacaronha. * FLacourt ,  Hilt.  de  lifle 
de  Madagascar ,  4. 

MASS1CE,  village  près  de  l'Euphrare.  Pline/,  j.c.  16. 
le  met  dans  l'endroit  où  ce  fleuve  fe  partage  en  deux 
bras ,  dont  celui  qui  coule  à  gauche  fe  rend  dans  la  Mé- 
fopotamie  ,  6c  fe  joint  avec  le  Tigre. 

MASSICK  ,  rivière  de  France  en  Alface.  Voyez.  Mus- 
sicjc. 

MASS1CUS  Mons  ,  montagne  de  la  Campanie  aux 
environs  de  Sinuefle.  Ciceron  ,  Agrar.  I.  2.  c.  25.  & 
Tite  Live,  Luc.  14.  parlent  de  cette  montagne.  Il 
s'y  recueilloit  beaucoup  de  vin  ,  &  il  étoit  excellent. 
Horace  le  vante  dans  fa  première  Ode: 
....  Veteris  pocula  Majfç'u 

Martial  en  fait  pareillement  l'élcge  dans  ce  vers ,  /. 
12.   Epigr.  57. 

De  Smuejfanis  venerunt  Mafjlca  prœlis. 

Ce  qui  confirme  le  voifinage  de  Sinuefle  &  du  mont 
Maflicus.  Tite- Live  ,  /.  8.  c.  1 1.  fait  entendre  que  le  ter- 
ritoire de  Falerne  étoit  au  pied  de  cette  montagne.  L'ab- 
bé Lenglet  du  Fresnoy  a  confondu  mons  MjJJ'.cus  ,  6c 
mons  Falernus  ;  mais  il  s'eft  trompé  :  tous  les  auteurs  con- 
viennent que  le  premier  étoit  à  la  droirc  du  fleuve  Savone 
près  de  1  ancienne  Sinuefle  ,  &  du  château  de  Mondra- 
gone  ,  &  que  toute  la  campagne  depuis  la  Suvonc  ou  Saô- 
ne,  jusqu'au  Ulherne ,  &  au  mont  Collicula ,  c'efl-à- 
dire ,  jusqu'au  village  qu'on  appelle  aujourd'hui  Torre 
de  Francofife,  s'appelloit  Ager  Falernus.  *  D.  Mauheo 
Egifio ,  Lettre  à  Lenglet  du  Fresnoy. 

MASSIDAN ,  ville  de  Perfe,  au  canton  de  S'irvan, 
à  83  deg.  de  long.  &  33  &  d.  de  latit.  Elle  eft  fituée 
entre  deux  montagnes,  6c  arrofée  par  des  ruifleaux.  * 
Manufcrits  de  la  Bibliot.  du  roi. 

MASSIENA  &  Massiene.  Voyez,  MastiA. 

MASSILI,  peuples  de  l'Afrique  propre.  Voytz.  Nu- 

MIDII. 

MASSILIA.  Voyez  Massalia. 

MASSIL1ENSE  Promontorium.  Voyez,  Aphrodi» 

S IU  M. 

MASSILIARGUES  ,  petite  ville  ou  gros  bourg  de  Fran- 
ce, dans  le  Bas-Languedoc,  recette  de  Nîmes.  Ce  lieu 
eft  au  bord  de  la  Vidourle ,  à  deux  lieues  d'Aigues- 
mortes ,  &  à  cinq  de  Montpellier  à  l'orient. 

MASS1MANENSIS,  fiége épiscopal d'Afrique,  dans 
la  Byzacéne.  La  notice  d'Afrique  fournit  Pojfîdonim 
Majfimanenfîs.  Harduin.  colleïl.  conc. 

MASS1NGAN  ou  Massingano  ,  forterefle  de  la 
Bafle-Guinée ,  au  royaume  d'Angola,  dans  l'endroit  où 
la  rivière  Coanza  reçoit  celle  de  Lucala. 

MASSŒLIl.  Voyez,  Mauritanie. 

MASSŒSYLI,  peuples  d'Afrique  ,  voifins  de  la  Mau- 
ritanie. Voyez,  Mauritanie. 

MASSOLACUM,  un  de  ces  anciens  palais  de  nos 
rois  fur  lesquels  on  n'avoit  point  eu  jusqu'ici  d'éclaircif- 
fement ,  &  dont  le  P.  Michel  Germain  avoit  laifle  la 
fituation  indécife.  Dom  Ruinart  avoit  même  dit  dans 
les  notes  de  fon  Fredegaire  :  Hiqus  vilUJîtus  ignotus  eft. 
Ce  fut  dans  ce  palais  que  Clotaire  II.  fit  compaioîtrel'an 
613.  devant  lui  le  patrice  Alethée  qui  fut  condamné  à 
périr  par  le  glaive.  Après  la  mort  du  roi  Dagoberr  I. 
ce  fut  à  Maflolac  que  les  feigneurs  de  Neuflrie  &  de 
Bourgogne  s'aflémblerent  pour  proclamer  ici  fon  fils  Clo- 


MAS 


MAS 


vis.  Ce  lîeiî  doit  être  Maslay  ,  à  une  lieue  de  Sens, 
Vers  l'orient  fur  là  petite  rivière  de  Vanne.  Aulfi  elt  ce 
du  même  lieu  qualifié  Curtis  ûominica  ,  qu'elt  daté  un 
privilège    qu'Emmon  archevêque  de  Sens  donna  au  mo- 
aaitère  de  faint  Pierre-le-Vif  l'an  6^7.  Clotaire  III.  y 
vint  la  troifiéme  ôc  la  huitième  année  de  fon  règne  ;  ôc 
c'elt  de-là  que  fut  daté  un  diplôme  de  confirmation  de 
la  terre  de  Larey  ,  à  l'abbaye  de  faint  Bénigne  de  Dijon 
qu'on  trouve  mal  rapportée  à  l'an  627.  par  Pérard,  Ôc 
qui  eit  réimprimé  chez  Baluze  après  Marculfe.  On  croit 
que  ce  palais  de   Mafiay  fut  détruit  par  les  Sarrazins  ; 
ruais  le  nom  elt  toujours  relté  aux  deux  villages  conti- 
gus,  dont  l'un   s'appelle  Mafia)  le  Roi,  &  l'autre  Maf- 
lay-le-Vicomte.  Dès  le  dixième  liécle  Maflay  étoit  alié- 
né en  partie ,  une  Hermengai.de  en  étoit  dame.  Depuis 
ce  tems ,  la  terre  étant  partagée  en  deux  ,  il  y  eut  un 
Mafliacus  major  ôc  un  Mafliacus  ramer,.  Le  premier  elt 
nommé  chez  Odoran  en  fa  chronique  ôc   en  Ion  livre 
àcs  miracles  de  faint  Savinien  Mifliacus  ;  au  relie  ce 
n'écoit  que  Majfolacus  un  peu  altéré.  Au  treizième  fiecle , 
où  les  noms  propres  furent  encore  plus  altérés,  on  di- 
foit  Maflemm  Rcgis ,  &  Mafleium  Vicccomitis.  Les  titres 
françois  du  quatorzième  fiecle  mettent  MAALAY,cequie(t 
conforme  à  l'origine  de  ce  nom  ,  ci-deflus  rapportée.  La 
plaine  du   grand  Maflay  elt  très  fertile  ,  la   rivière  de 
Vanne  entoure  totalement  ce  bourg  ,  ôc  elle  en  fait  une 
véritable  ifie.  Comme  elle  ne  s'étend  guères,  elle  con- 
tribue à  rendre  cet  endroit  fort  agréable  en  été.  Le  pe- 
tit Maflay  ,  qui  elt  Mafiay  le-Roi ,  un  peu  plus  vers  l'o- 
rient ,  ôc  la  rivière  qui  le  fépare  de  Mafiay-le  Vicomte  , 
autrement  dit  le  grand  Mafiay.  La  châteîlenic  de  Maf- 
lay-le-Roi  fut  échangée  par  Philippe  le   Bel  avec  Marie 
comteffe  de  Sancerre.  Depuis   cet  échange  elle  appar- 
tient à  un  feul  feigneur  ,  qui  ayant  eu  huit  enfans,  en  fit 
le  partage  en  autant  de  portion  ,  ôc  de-la  vient  qu'elle 
elt  encore  aujourd'hui  divifée  en  fept  ou    huit  feigneurs. 
La  terre  relevé  du  comte  de  Joigny  ,  depuis  Philippe  V. 
qui  en  céda  la  mouvance  à   Jean  comte  de  Joigny  en 
13 17.  pour  avoir  celle  de  Château   Rainard.  On  croit 
au  grand  Mafiay  que  faint  Agnan  évêque  d'Orléans  étoit 
natif  de  ce  lieu,  ce  qui  n'elt  nullement  certain.  De  Va- 
lois écrivant  contre  Dom  Germain ,  paroit  avoir  trop 
rapproche  le  palais  Majjolacus  de  la  ville  de  Paris.  *  Re- 
cueil de  divers  écrits  chez.  Barois ,  à  Paris  1738.  t.  1. 
pag.  jo.  &  fuiv. 

MASSOLII.  Voyez.  Mauritania  ',  ôc  Mauri- 
tanie. L'un  eit  le  nom  latin,  ôc  l'autre  eit  le  nom 
françois. 

MASSORA ,  petite  ville  d'Egypte  près  de  Damiete. 
Elle  elt  fameufe  par  le  fanglant  combat  qui  s'y  livra 
au  voifinage  entre  l'armée  de  faint  Louis ,  ôc  celle  des 
Sarrazins  l'an  1249.  Robert  fon  frère,  comte  d'Artois  en 
fuivant  avec  trop  de  chaleur  un  escadron  ennemi  dans 
la  ville  y  fut  tué.  Cette  action  fut  fuivie  de  la  prife  du 
roi ,  ôc  de  la  perte  de  Damiete.  *  Hijioriens  contem- 
porains. 

MASSUA.  (  ifie  de  )  Voyez.  Mazua. 

MASSYLA  Gens  ,  peuples  au  voifinage  du  Jardin 
des  Hespérides.  Virgile  en  parle  dans  le  quatrième  livre 
de  fon  Enéïde,  verf.  483.  Servius  dit  que  c'étoit  une 
ville  de  la  Berony-Célibye. 

MASSYLIA.  Voyez,  Numidia  ôc  Numidie.  L'un  eft 
le  nom  larin  ,  l'autre  le  nom  françois. 

MASSYSITES.  Voyez.  Masicvtus. 

1.  MASTA  ou  Maste,  montagne  de  l'ifle  Méroé. 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  8.  la  place  dans  les  terres. 

2.  MASTA  ou  Maste,  ville  de  l'ifle  Méroé  dans  les 
terres  ,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  8.  qui  ajoute  qu'elle  étoit 
éloignée  de  toute  rivière. 

MASTAURA,  ville  de  Lydie,  félon  Strabon,/.  14. 
p.  6jo.  8c  Etienne  le  géographe.  Les  habitans  de  cette 
ville  font  les  Maflaurenfles  de  Pline  ,  /.  j.  c  29.  Le  fixié- 
me  concile  de  Conltantinople  fait  mention  de  Maftauri 
delà  province  Afiatique  ,  de  même  que  le  troifiéme  con- 
cile d'Ephèfe  ,  ôc  Leunclavius  prétend  qu'ils  s'appellent 
aujourd'hui  Meflaurebes. 

MASTHALA,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolo- 
mée ,  /.  6.  c.  7.  la  place  dans  les  terres  entre  Sata  ôc 
Domana. 

MASTIA ,  ville  àes  Carthaginois  au  voifinage  des  Co- 


*3* 

lornnes  d'Hercule.  folybe , /.  3.  c.  24.  dit  qu'elle  etoit 
aulïï  bien  que  Tarjeium  fur  le  promontoire  fumommé 
Vulcrum.  Les  peuples  de  cette  ville  font  appelles  Mafiia.- 
m  ,  ôc  Etienne  le  géographe  les  place  pareillement  au 
voifinage  des  Colomnes  d'Hercule.  Ne  feroit-ce  point , 
dit  Ortelius ,  'Ihe/aur.  la  ville  Majjiena  ôc  les  peuples 
Àla/Jieni  de  Sextus  Avienus  ? 

MASTIAN1.  Voyez.  Mastia. 

MAST1CENSIS ,  canton  de  la  Bourgogne.  Le  mo- 
nafière  de  Cluni  y  eit  fuuc ,  félon  Platine  ,  in  Hadrïa- 
no  III.  mais  il  y  a  grande  apparence  qu'au  lieu  de  Mas- 
ticensis  ,  il  faut  lire  Matisconensis. 

MAST1CO  ou  Capo  MAsTico.cap  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  l'ifie  de  Scio  ,  l'une  des  ifles  de  l'Archipel.  * 
De  l'ifle,  Atlas. 

MASTIENI,  en  grec  mxçimoî  ,  peuples  de  Libye,  fé- 
lon Etienne  le  géographe,  aux  mot  EWIçut,  ôc  ïiço<;» 
mais  dans  l'édition  aes  Aides  on  lit  MAçtvoi  fans  ». 

MAS  TIRE ,  petite  ville  de  Thrace  que  Démofthéne 
traire  de  bicoque  dans  fa  harangue  touchant  la  Cherfon- 
nèfe.  Cette  ville  eit  tellement  inconnue,  qu'Harpocra- 
tion  afiure  qu'elle  n'elt  nulle  part ,  ôc  doute  s'il  ne  faut 
point  lire  Baltire  dans  Démofthéne  ,  au  lieu  de  Maftire  \ 
parce  qu'on  trouve  Baltire  avec  Pittire  ôc  Epimalte  dans 
la  Thrace,  au  feptiéme  livre  de  l'hiftoire  de  Philippe 
écrite  par  Anaximéncs.  Cet  ouvrage  eit  perdu  depuis 
quelques  fiécles.  *  Tmreii ,  remarques  fur  la  Har.  tou- 
chant la  Cher j on.  p.   198. 

!..  M ASTiT^E,  peuples  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte  ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  4.  c.  $.  qui  les  met  au  nord  des  Ni- 
triotes  ôc  des  Oafites. 

2.  MASTIT/E  ,  peuples  d'Egypte.  Ptolomée  ,  /.  4.  c. 
8.  dit  qu'ils  s'étendoieiK  depuis  le  marais  Coloe  ,  jus- 
qu'aux marais  du  Nil. 

MASTRAMLLLE.  Voyez.  Astromela. 

MASTRICHT  ou  Maestricht  ;  ville  des  Pays-Bas 
fur  la  Meufe  ,  à  cinq  lieues  au-delious  de  Liège,  &  à  fis 
d'Aix-la-Chapelle  du  côté  de  l'orient.  Elle  elt  enclavée 
d'un  côté  de  la  Meufe  dans  l'éveché  de  Liège  &  dans  le 
comté  de  Vroenhove  ;  de  l'autre  elle  elt  enclavée  dans 
le  pays  de  Fauquemont  ôc  dans  le  comté  de  Gronsfelt , 
fief  de  l'Empire.  La  Meufe  fépare  cette  ville  en  deux  par- 
ties j  l'une  qu'on  nomme  proprement  Maitricht  fur  la  rive 
gauche  de  cette  rivière  \  ôc  l'autre  Wick  fur  la  rive  droi- 
te. Il  y  a  un  pont  qui  joint  les  deux  parties  de  la  ville  , 
&  il  a  neuf  grandes  arcades ,  dont  huit  font  de  pierres 
de  taille.  La  neuvième  joignant  Wyck  eft  de  bois  ,  & 
àfoixante  &  quinze  pieds  de  longueur.  Cette  arcade  elt 
fort  artiltemenr  conltruite,  ôc  peut  fe  rompre  en  fore 
peu  de  tems  pour  empêcher,  en  cas  de  befoin  ,  toute  com- 
munication avec  Wyck.  C'elt  fous  cette  arcade  que  pas- 
fent  les  grands  bateaux  qui  vont  de  Hollande  à  Liège. 
*  fanifon,  Etat  préférât  des  Provinces-Unies,  tom.  2. 
chap.  20. 

Le  nom  latin  de  Maeit rient  eft  Trajetlum  ad  Mofara  ,  ôc 
c'elt  ce  que  fignifie  en  flamand  Maeitrichr;  parce  que  la 
Meufe  s'appelle  Maes  dans  cette  langue,  cVque  Iraje- 
tlumuttc  corrompu  en  Traclum  ou  Triélum.  Auffi  Mon- 
ltrelet  l'appelle-t-il  la  ville  de  Trecl.  Ainfi  Maeltricht  fi- 
gnifie trajet  fur  la  Meule ,  ôc  les  Romains  la  nommoient 
Trajetlum  fuperius ,  c'elt-à-dire  ,  Trajet  fupérieur  ,  pour 
la  diltinguer  de  Trajetlum  inferius ,  qui  elt  Utrechtfur 
un  bras  du  Rhin. 

Maitricht  eft  fort  ancienne  ;  elle  étoit  autrefois  com- 
prife  dans  le  royaume  d'Aultrafie.  Pendant  Iong-tems  , 
elle  n'a  reconnu  d'autre fouverain  que  l'empereur;  mais 
en  1204.  Henri  IL  duc  de  Brabant  obtint  cette  ville  de 
l'empereur  Philippe  de  Suabe,  qui  s'obligea  de  lui  foire 
avoir  dans  la  fuite  la  part  du  comte  Loff;  ce  qui  n'eue 
point  d'autre  effet ,  ôc  les  comtes  de  ce  nom  continuèrent 
à  jouir  de  leur  portion  de  la  feigneurie  de  Maitricht.  En- 
gelbert  de  la  Marck  évêque  de  Liège,  ayant  acquis  le  com- 
té de  Loff,  moyennant  une  fomme  d'argent  qu'il  donna  à 
Arnould  feigneur  de  Rumiî,  pour  renoncer  à  fes  pré- 
tentions fur  ce  comté  ,  les  évêques  de  Liège  en  ont  été 
paifibles  pofiefieurs  depuis  ce  tems ,  &  par  conféquenc 
d'une  partie  de  la  fouveraineté  de  Maitricht.  Cependant 
le  duc  de  Brabant  étoit  le  premier  feigneur  de  Maitricht, 
ôc  avoit  feul  le  droit  d'y  battre  monnoie,  ayant  auffi  feul 
la  Youerie  de  faine  Servais.  L'cveque  de  Liège  ne  poilédoic 


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MAR 


que  les  paroiffes  de  fainte  Marie  &  de  faint  Pierre.  Les 
habitans  nés  dans  le  pays  de  Liège  8c  demeurant  à  Ma- 
ftricht étoient  julticiables  de  l'évêque;  les  autres  l'étoient 
du  duc ,  d'où  les  évêques  de  Liège  prétendirent  que  la  fei- 
gneurie  de  Maftricht  leur  appartenoit  par  moitié  avec  le 
duc  de  Brabant.  Les  différends  fur  ce  fujet  durèrent  long- 
tems  &  furent  enfin  terminés  par  un  jugement  de  Char- 
les V.  rendu  à  la  diète  d'Augfbourg  l'an  15  30.  par  lequel 
cette  ville  fut  abfolument  adjugée  au  duc  de  Brabant  pour 
le  haut  domaine.  On  ne  laiffa  à  l'éveque  qu'une  portion 
delajuftice  ordinaire  ,  &  de  la  feigneurie  utile.  Et  com- 
me l'Espagne  par  le  traité  de  Munfter  céda  Maftricht  avec 
S&yck  8c  fon  terriroire  aux  Etats-Généraux ,  la  même  fou- 
veraineté  dont  les  ducs  de  Brabant  y  jouifibient  appartient 
aujourd'hui  à  leurs  Hautes-Puiffances.  *  Longuerue ,  De- 
feriprion  de  la  France  ,  part.  2.  p.  123. 

Cette  ville  a  foutenu  fix  fiéges  confidérables.  Le  pre- 
mier en  1579  ,  s'étant  déclarée  pour  les  confédérés,  le 
prince  de  Parme  la  prit  le  19  de  Juin  ,  après  un  fiége  de 
quatre  mois.  Elle  fut  alors  pillée  8c  faccagée  par  les  Espa- 
gnols, &  plus  de  huit  mille  perfonnesy  périrent.  le  fé- 
cond, c'eft  lorsqu'elle  fut  reprife  fur  les  Espagnols  le  22 
Août  1632.  par  Fridéric  Henri  prince  d'Orange,  après 
deux  mois  8c  douze  jours  d'attaque. Le  troifiéme  eft  celui 
que  le  marquis  d'Aytone  y  mit  au  mois  de  Juillet  1634. 
mais  qu'il  fut  obligé  de  lever  par  la  vigoureufe  défenfe  de 
Fridéric  Maurice  de  la  Tour  d'Auvergne,  duc  de  Bouillon 
qui  en  étoit  gouverneur.  Le  quatrième  fut  fait  par  Louis 
XIV.  roi  de  France,  qui  la  prit  en  treize  jours  de  tranchée 
ouverte  au  moisde  Juillet  1673.  Le  cinquième,  eft  celui 
que  Guillaume  III.  prince  d'Orange  y  mit  en  1676  ,  & 
qu'il  fut  obligé  de  lever  après  cinquante  8c  un  jour  d'at- 
taque. Cependant  le  roi  de  France  rendit  cette  place  en 
1678.  aux  Etats  Généraux  en  exécution  du  traité  de  Ni- 
fnégue.  Le  fixiéme  enfin  fut  au  mois  de  Mai  1748.  par 
le  maréchal  général  comte  de  Saxe ,  ayant  fous  fes  or- 
dres le  maréchal  de  Lœvendal ,  elle  fut  rendue  la  même  an- 
née par  la  paix  d'Aix-la  Chapelle. 
Maftricht  eft  une  des  plus  fortes  places ,  &  la  principale 
clefde  la  république  fur  la  Meufe.  Elle  n'étoit  autrefois  envi- 
ronnée que  d'une  muraille  à  l'antique;  mais  quand  les  Etats 
Généraux  s'en  furent  rendus  maîtres ,  ils  la  firent  fortifier, 
&  les  François  en  augmentèrent  les  ouvrages  pendant  qn'ils 
en  furent  en  poffeffion.  Les  remparts  ont  une  lieue  de  cir- 
cuit ;  ils  confiftent  dans  une  ancienne  muraille  terraffée  & 
flanquée  de  plufienrs  petites  tours  &  de  baftions  à  l'anti- 
que ,  dediflance  en  diftance;  mais  la  principale  force  du 
corps  de  la  place,  confifte  en  plufieurs  baftions  détachés, 
en  des  ouvrages  à  corne  &  à  couronnes,  8c  dans  un  che- 
min couvert  qui  eft  double  en  quelques  endroits  ,  8c  tri- 
ple en  d'autres  ;  tous  ces  ouvrages  font  minés.  L'appro- 
che de  la  ville  eft  défendue  par  deux  inondations  confidé- 
rables, qui  fe  font  par  le  moyen  d'une  petite  rivière, 
qu'on  nomme  le  Jair  en  françois ,  8c  Jeker  en  flamand. 
Une  de  ces  inondations  fe  fait  du  côté  de  Liège,  entre  la 
ville  &  le  fort  de  faint  Pierre ,  8c  s'étend  depuis  la  Meufe 
jusqu'à  la  porte  de  Tongpes.  L'autre  inondation  eft  du  cô- 
té de  la  porte  de  Bois  le-Duc ,  s'étend  depuis  le  baftion 
qui  porte  le  nom  de  Dopf  jusqu'à  la  Meufe. 

Le  quartier  de  Wyck  eft  auffi  rrès  bien  fortifié  :  fon  rem- 
part a  un  gros  quart  de  lieue  de  circuit,  &  eft  flanqué  de 
trois  grands  battions  attachés  au  corps  de  la  place.  Il  eft 
aulïî  défendu  par  une  autre  enceinte  de  terre  flanquée  de 
plufieurs  baftions  8c  de  divers  ravelins,  avec  un  bon  che- 
min couvert. 

11  y  a  un  affez  grand  nombre  de  portes  à  Maflricht  ;  les 
unes  du  côté  de  la  campagne  8c  les  autres  le  long  de  la  Meu- 
fe. Du  côté  de  la  campagne  il  y  en  a  cinq  qui  font ,  celles 
de  Bois-le  Duc ,  de  Bruxelles ,  qu'on  nomme  autremenj 
Titee-berguc-poort,  de  Tongres  autrement  la  porte  de  Lin- 
cule,  de  S.  Pierre  8c  de  Notre-Dame.  H  y  a  auflî  trois 
fauffes  portes  ;  celles  de  Bruxelles  ,  de  Tongres  ôc  de  S. 
Pierre.  Le  long  de  la  Meufe  fous  les  remparts ,  il  y  a  trois 
petites  portes  qu'on  nomme  Water-poortea ,  ou  portes  de 
l'eau  ;  la  première  eft  un  peu  au-deffus  du  pont ,  &  s'ap- 
pelle Bat-poort  ou  la  porte  du  bain  ;  la  féconde  ,  au-def- 
fous  du  pont  fe  nomme  Jode-poort ,  ou  la  porte  des  Juifs  ; 
la  troifiéme  qui  eft  plus  bas  encore ,  s'appelle  Meule-poort , 
ou  la  porte  du  moulin.  Il  y  a  trois  portes  à  Wyck,  celle 
de  faint  Martin  préfentement  murée  ,  celle  d'Allemagne 


qu'on  nomme  autrement  de  Hoog-brugge^Toort ,  ou  là 
porte  du  haut  Pont ,  &  la  troifiéme  eft  fous  le  rempart  le 
long  de  la  Meufe.  On  la  nomme  de  Hoog-brugge-ivater- 
poort  ou  la  porte  du  haut  pont  de  l'eau. 

Au-deffus  du  pont  il  y  a  une  ifle  fortifiée  par  quelques 
redoutes ,  8c  au  deffous ,  i\  y  en  a  une  autre  environnée  de 
bonnes  murailles  de  pierres  bleues  de  Namur.  Cette  der- 
nière eft  tout  proche  de  la  McuU^p.ort  ,  8c  a  été  formée 
depuis  trente  ans  ou  environ  ,  de  terres  8c  de  décombres 
qu'on  a  portés  dans  cet  endroit.  A  deux  portées  de  fufil 
de  la  ville  du  côté  de  Liège  ,  on  trouve  le  fort  faint  lieire 
fitué  fur  la  croupe  de  la  montagne  de  même  nom  8c  qui 
fait  face  à  la  ville  ;  il  confifte  en  un  très-grand  baftion  ca- 
fematé  ,  avec  fa  contrescarpe  8c  un  chemin  couvert.  Il  y 
a  des  lignes  de  communication  &  des  retranchemens  à 
droite  8c  à  gauche ,  qui  aboutifîent  à  l'inondation  que  for- 
ment les  eaux  du  Jair  entte  ce  fort  8c  la  ville. 

La  ville  de  Maflricht  eft  aflez  grande  8c  bien  peuplée; 
on  y  compte  environ  trois  mille  maifons  -,  il  y  a  plufieurs 
grandes  8c  belles  rues.  La  rue  de  Bois-le  Duc  eft  fort  lon- 
gue ,  large  8c  ornée  d'une  rangée  d'arbres  de  chaque  cô- 
té ;  celle  de  Bruxelles  qu'on  nomme  auffi  Txvetbergue- 
ftraat ,  8c  celle  de  Tongres ,  ou  la  rue  de  Lincule  ne  font 
pas  moins  confidérables.  11  y  a  encore  trois  autres  grandes 
8c  belles  rues  au  milieu  de  la  ville  ;  favoir  le  Brced ftraat 
ou  la  rue  large  ;  la  rue  de  faint  George  qu'on  nomme  auffi 
la  grande  rue,  ou  Grooi-ftraat ,  8c  le  Groot-Gragt ,  ou  le 
grand- canal. 

Maftricht  eft  partagée  en  quatorze  quartiers ,  qui  ont 
leurs  doyens  particuliers  qu'on  nomme  W)ckzMeeflers , 
c'eft-à-dire ,  maîtres  des  quartiers.  La  fonction  de  ces 
doyens  eft  de  maintenir  le  bon  ordre  &  d'accourir  au  feu,, 
quand  il  y  en  a  dans  la  ville  avec  les  charpentiers ,  les  cou* 
vreurs  8c  les  pompes  qui  font  fous  leur  direction  ;  les  rues 
font  éclairées  la  nuit  par  des  lanternes.  Outre  les  maifons 
il  y  a  plufieurs  cafernes  8c  des  logemens  pour  la  cavalerie. 
Vyck  renferme  auffi  plufieurs  belles  rues ,  dont  les  prin- 
cipales font  le  Hoog-brugge  ftraat ,  ou  la  rue  du  haut  pont; 
l'autre  eft  Recht-ftraat ,  ou  la  rue  droite. 

Outre  la  Meufe  qui  paffe  entre  Maftricht  8c  Wyck ,  la 
ville  eft  arrofée  en  dedans  d'une  petite  rivière  qu'on  nom- 
me le  Jair ,  8c  qui  prend  fa  fource  à  neuf  lieues  de  Ma- 
ftricht. En  arrivant  en  cette  ville  elle  fe  fépare  en  deux 
branches:  l'une  entre  par  une  éclufe  de  la  porte  de  Ton- 
gres ,  8c  l'autre  par  une  éclufe  proche  de  la  poire  de  faint 
Pierre.  Après  avoir  ferpenté  par  plufieurs  rues,  ces  deux 
branches  vont  fe  réjoindre  aux  vieux  Recollets,  fortent  de 
ia  ville  près  delà  fous  le  rempart,  8c  vont  fe  jetter  dans  la 
Meufe  près  du  pont.  Cette  rivière  fait  tourner  plus  d'une 
douzaine  de  moulins  dans  la  ville,  entr'autres  un  moulin 
à  poudre  qui  appartient  à  l'Etat.  C'eft  par  le  moyen  de 
cette  rivière  qu'on  peut  former  les  deux  inondations  dont 
il  a  été  parlé. 

Il  y  a  deux  grandes  places ,  Tune  nommée  Vryrhof  qui 
eft  carrée  ,  fort  belle  8c  ornée  de  plufieurs  allées  d'arbres. 
C'eft  fur  cette  place  que  fe  tient  la  grande  garde.  L'autre 
eft  nommée  le  grand  marché  ;  la  maifon  de  ville  y  eft  fi- 
tuée.  Il  s'y  tient  un  fort  beau  marché  tous  les  mercredis  8c 
famedis ,  outre  deux  foires  aux  chevaux  par  an.  Il  y  a  une 
autre  foire  annuelle  ,  qu'on  appelle  la  foire  de  faint  Ser- 
vais ,  qui  s'ouvre  le  1 3  de  Mai  :  elle  fe  tient  principale- 
ment autour  de  l'églife  de  faint  fervais ,  8c  dans  fes  cor- 
ridors. 

La  maifon  de  ville  eft  une  des  plus  belles  des  Pays-Bas,' 
C'eft  un  grand  édifice  carré-long ,  bâti  à  la  moderne.  Au- 
deffous  8c  au  niveau  de  la  place  font  les  poids  de  la  ville  „' 
la  demeure  du  concierge  8c  un  corps  de  garde  ;  il  y  a  auffi 
des  appartemens  pour  lesprifonniers  civils  8c  des  cachots 
pour  les  criminels.  On  monte  du  matché  au  fécond  étage 
par  un  double  degré  -,  les  commiffaires  décifeurs  du  prince 
de  Liège  8c  les  magiflrats  Liégeois  montent  par  la  droite  \ 
les  commiffaires  décifeurs  de  leurs  Hautes-Puiffances  &  les 
magiftrats  Brabançons  montent  par  la  gauche;  ils  fe  trou- 
vera enfemble  fur  un  grand  perron,  couvert  d'un  balcon 
de  la  même  grandeur;  du  perron  on  paffe  dans  un  grand 
veftibule  orné  d'un  plafond  avec  de  magnifiques  peintu- 
res ,  8c  ce  veftibule  donne  entrée  dans  tous  les  apparte- 
mens. On  monte  au  troifiéme  étage  par  un  escalier  fort 
large  ,  compofé  de  divers  appartemens;  on  v  voit  entr'au- 
tres la  bibliothèque  publique  qui  eft  fort  belle.  Au  milieu 

de 


MAS 


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de  la  maifon  de  ville  il  y  a  une  très  belle  rour  carrée  , 
pofée  fur  quatre  gros  piliers  qui  font  un  des  ornemens  du 
grand  veftibule.  De  cette  tour  s'élève  une  flèche  octogone 
où  il  y  a  une  belle  horloge  avec  un  des  meilleurs  carillons 
du  pays.  On  commença  a  bâtir  cette  maifon  en  \(>$<).  ÔC 
elle  fut  achevée  en  1 66  3 . 

L'ancienne  maifon  de  ville  cft  au  bout  delà  rue  faint 
George  ,  elle  ne  fert  à  préfent  qu'a  rellerrer  les  criminels, 
ôc  le  concierge  en  occupe  les  principaux  appartemens;  les 
drapiers  y  ont  auifi leur  halle.  11  y  a  une  tour  au  haut  delà- 
quelle  on  entretient  toujours  un  guet  pour  obferver  ce  qui 
fe  pafle  aux  environs  de  la  ville ,  &  pour  avertir  la  nuit 
en  cas  de  feu. 

Depuis  que  les  Etats  Généraux  font  maîtres  de  Ma- 
ftricht ,  on  y  a  établi  une  école  latine  pour  les  Réformés» 
elle  eft  gouvernée  par  un  recteur,  un  conrecteur  ôc  un  troi- 
fiéme  régent.  Tous  trois  font  nommés  par  les  quatre  cura- 
teurs de  ce  collège ,  dont  trois  font  de  la  part  des  magi- 
strats Brabançons  ôc  le  quatrième  eft  le  plus  ancien  mini- 
ère de  la  ville.  Le  recteur  a  fepr  cens  florins  par  an, argent 
de  Maftricht  ;  le  conrecteur  cinq cens,&  letroifiéme  régent 
quatre  cens.  Outre  ce  collégc,où  l'on  enfeigne  les  humani- 
tés ,  il  y  a  une  école  illullre  où  un  profeileur  enfeigne  la 
théologie,  un  autre  la  phiîofophie,  ôc  un  troifiéme  l'élo- 
quence &  les  belles  lettres  ;  ils  ont  trois  à  quatre  cens  flo- 
rins chacun  d  appointemens  fixes  par  an  ;  il  y  a  un  rece- 
veur des  revenus  de  cette  école  ôc  de  ceux  du  collège. 

La  maifon  des  Oiphelins  Réformés  eft.  allez  grande; 
fes  revenus  confiftent  dans  quelques  obligations  fur  la  gé- 
néralité ôc  fur  des  fonds  dans  le  pays  ,  dans  une  collecte 
générale  qui  fe  fait  tous  les  ans  par  taute  la  ville  au  mois 
d'Octobre,  ôc  dans  les  collettes  particulières  qui  fe  font 
tous  les  trois  mnis  dins  les  églifes  Reformées  les  jours  de 
communion  Cette  maifon  eft  gouvernée  par  quatre  dire- 
cteurs qui  font  choilis  en:re  lej  principaux  bourgeois  Ré- 
formés. Leur  exercice  dure  quatre  ans.  Onchoifit  de  mê- 
me quatre  directrices  ou  mères  des  Orphelins-,  leur  fon- 
ction eft  d'avoir  l'infpection  fur  le  ménage,  les  habille- 
mens  ôc  autres  détails  ;  le  gouvernement  du  dedans  eft  con- 
fié à  un  homme  ôc  à  une  femme  qui  doivent  être  maries  , 
ôc  qu'on  nomme  le  peie  ôc  la  mère  du  dedans. 

II  n'y  a  point  d'hôpital  pour  les  bourgeois  Réformés 
mais  il  y  en  a  un  pour  les  gens  de  guerre.  Il  a  été  fondé 
du  tems  que  le  prince  Waldeck  étoit  gouverneur  de  cette 
ville,  ôc  dont  les  revenus  confiftent  dans  des  contribu- 
tions de  la  garni fon  ,  ôc  dans  quelques  gratifications  du 
confeil  d'état.  Cet  hôpital  eft  fous  la  direction  d'un  mé- 
decin ,  d'un  chirurgien  major  ôc  d'un  receveur:  il  y  a  aufll 
un  entrepreneur  qui  doit  fournir  aux  malades  tout  ce  qui 
leur  eft  nécefiairc,  excepté  les  médicamens,  moyennant 
tant  pat  tête ,  ce  qui  monte  environ  à  fu  fols  &  un  liard 
de  Hollande  par  jour.  Cet  hôpital  eft  fur  le  bord  du  Jair , 
dans  le  couvent  des  anciens  Récolets ,  qui  furent  chartes 
de  la  ville  pour  caufe  de  trahifon. 

Le  Lombard  eft  fitué  fur  le  marché  au  poilTon  proche 
du  pont.  C'eft  un  allez  bel  édifice  carré  ôc  conftruir  de 
pierres  bleues.  Le  maître  du  Lombard  doitavoit  fon  octroi 
des  Etats-Généraux. 

Il  n'y  a  point  de  maifon  de  fous  à  Maftrichr.  On  mec 
ceux  qui  ont  l'efprit  troublé  dans  le  couvent  des  Aléxiens 
qu'on  apppelle  Cdle-broeders  en  flamand ,  ôc  qui  en  pren- 
nent foin  moyennant  une  penfion  qu'on  leur  paye. 

Il  y  avoit  autrefois  des  maladeries  fituées  hors  la  ville  ; 
elles  ont  été  abolies ,  5c  les  revenus  font  entrés  dans  une 
caifie  des  fondations  pieufes  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle  la  Ta- 
ble du  faint  Esprit.  Elle  a  deux  receveurs ,  l'un  Liégeois  , 
ik  1  autre  Brabançon ,  établis  par  les  magiftrats. 

I  es  Réformés  occupent  trois  églifes ,  deux  flamandes 
&  la  troifiéme  pour  les  François.  L'églife  de  faint  Jean,  la 
principale  des  trois ,  cft  fituée  au  haut  du  Vrytbofptès  de 
celle  de  faint  Servais.  C'eft  un  allez  grand  bâtiment  dont 
les  voûtes  font  foutenues  par  deux  rangées  de  gros  piliers; 
Ja  tour  eft  une  des  plus  hautes  de  la  ville.  L'églife  de  faine 
Matrhias,  occupée  auffi  par  les  Hollandois,  eft  fituée  dans 
la  rue  de  Bois-le-Duc  :  ces  deux  églifes  font  deffervies  par 
cinq  miniftres  Hollandois.  L'églife  des  François  etl  fituée 
près  de  la  faune  perte  de  faint  Pierre  vis-à-v  s  l'arfenal: 
c'étoit  autrefois  une  chapelle  dédiée  à  faint  Hilairc  ;  l'as- 
femblée  eft  devenue  fi  nombreufe  depuis  la  révocation  de 
ledit  de  Nantes  en  1685.  qu'il  y  a  aujourd'hui  trois  mi- 


137 


niftres.au  lieu  qu'il  n'y  en  avoir  que  deux  aupara  Mit. 
Tous  les  pafteurs  ,  tant  Hollandois  que  François ,  fonr  en- 
tretenus par  le  confeil  d'état ,  &  ont  treize  cens  florins  rie 
gages  par  an  monnoie  d'Hollande  ,  excepté  le  dernier  mi- 
niftre  françois  qui  n'en  a  que  huit  cens; 

Dix-neuf  miniftres  Hollandois  forment  la  clafledc  Ma- 
ftricht ,  qui  eft  la  neuvième  du  fynode  de  Gueldre.  Elle 
s'aflemble  trois  fois  par  an  ,  le  premier  Mardi  du  mois  de 
Mai ,  le  deuxième  Mardi  après  la  réception  de  la  letrre 
de  convocation  du  fynode  ,  &  le  premier  Mardi  du  mois 
d'Octobre.  Les  miniftres  qui  compofent  cette  clafl'e,  font 
les  cinq  de  Maftricht ,  deux  de  Namur ,  ceux  de  Climmen , 
de  Vaels,  de  Fauquemont ,  de  Beeck  ,  de  Mceifen  &c 
Schimmcrt ,  de  Wilre ,  de  Heerle  ,  d'Eupen  ,  de  Bor- 
cher ,  d'Eisden ,  de  Geul ,  de  Guipe  ôc  de  Vy len.  Les  pa- 
fteurs françois  de  Maftricht  dépendent  du  fynode  Wallon. 
Les  Luthériens  ont  aufli  une  eglife  qui  fut  baie  dans 
le  tems  que  le  prince  de  Waldeck  étoit  gouverneur  de  Ma- 
ftricht ,  du  provenu  des  contributions  de  la  garnifon ,  ik 
des  dons  de  plufieurs  perfonnes  de  cette  religion.  C'eft 
un  carré  long  qui  n'a  ni  tours  ni  cloches.  Elle  eft  fituée 
dans  le  Hond-ftraat ,  &  deflervie  par  un  miniftre  de  la 
confefllon  d'Auglboui  g.  Il  n'eft  pas  permis  aux  Luthé- 
riens d'enterrer  leurs  morts  dans  cette  églife. 

Maftricht  a  été  autrefois  une  ville  épiscopale ,  ôc  elle  a 
eu  jusqu'à  vingt  de  un  évêques.  S.  Servais  qu'on  fait  dixiè- 
me évêque  de  Tongres ,  ôc  qui  vivoit  au  quarriéme  fié- 
cle  ,  porta,  dit-on  s  à  Maftricht  le  fiége  épiscopal  de  cette 
ville  .pour  le  mettre  plus  à  couvert  des  infultes  des  Bar- 
bares. Tous  les  évêques  de  Maftricht ,  dont  le  dernier  eft 
faint  Hubert ,  qui  tranfporta  le  fiége  dans  la  ville  de  Liè- 
ge au  huitième  fiécle,  font  honorés  du  titre  de  faints»  ce 
qui  eft  unique.  Ce  ne  font  pas  feulement  tous  les  évê- 
ques qui  ont  eu  leur  fiége  à  Maftricht ,  mais  encore  tous 
leurs  prédécefleurs  qui  l'ont  eu  à  Tongres,  depuis  faint 
Materne,  fondateur  de  cette  églife,  jusqu'à  faint  Servais, 
qui  font  honorés  comme  fainrs.  Quelques  uns  veulenc 
qu'il  y  ait  eu  deux  Servais  évêques  de  Tongres ,  ôc  que 
c'ait  été  le  fécond  qui  ait  transféré  le  fiége  à  Maftrichr 
vers  la  fin  du  cinquième  fiécle.  *  Baillet  ,  Topogr.  des 
Saints ,  p.  29p. 

Comme  les  Etats  Généraux  ôc  les  évêques  de  Liège 
font  confeigneurs  de  la  ville  de  Maftricht ,  la  religion 
Catholique  &  la  Proteftante  y  font  publiquement  exer- 
cées, en  exécution  du  traité  de  Nimégue.  Les  Catholi- 
ques pofledent  deux  églifes  collégiales  ,  dont  l'une  eft  dé- 
diée à  faint  Servais,  &  l'autre  à  Notre-Dame.  Celle  de 
faint  Servais  fituée  au  haut  du  Vrythof  eft  fort  belle  & 
toute  couverte  d«  plomb.  On  prétend  que  faint  Monul- 
phe  ôc  faint  Gondulphe  ont  fait  bâtir  cette  églife  à  l'hon- 
neur de  faint  Servais.  C'étoit  anciennement  une  abbaye 
qui  fut  donnée  en  889.  par  Arnoud  ,  roi  de  Lorraine  & 
de  Germanie  ,  à  Ratbod ,  archevêque  de  Trêves.  Les  fuc- 
cefieurs  de  ce  prélat  ne  conferverent  pas  long  tems  cette 
abbaye  ;  elle  fut  changée  en  prévôté  ,  qui  fut  long-tems 
comme  un  appanage  des  chanceliers  de  1  empire,&fi  illu- 
ftre,  que  les  ducs  de  Biabant  y  ont  toujours  prêté  lefermenc- 
deprotection  fpéciale ,  &  en  IJ29.  l'empereur  Charles  V. 
prêta  le  même  ferment  en  habit  de  chanoine.  Aujour- 
d'hui ce  chapitre  eft  conapofé  de  trente  fept  chanoines  , 
qui  ont  pour  dignités  un  prévôt ,  un  doyen ,  un  écolâ- 
tre ,  un  chantre  ,  &c.  On  compte  pour  le  moins  autant 
de  chapelains.  Quoiqu'il  n'y  ait  que  trente  fept  chanoines, 
il  y  a  quarante  prébendes.  Les  Jéfuites  en  pofledent  deux , 
à  condition  d'enfeigner  les  humanités,  &  le  doyen  en  a 
deux ,  une  comme  chanoine  ôc  l'autre  comme  doyen  ;  les 
trente  fix  autres  chanoines  en  ont  chacun  une.  Ces  cano- 
nicats  rapportent  environ  cent  piftoles  par  an  ,  &  font 
conférés  alternativement  par  leurs  Hautes-PuilTances  ÔC 
parle  prévôt,  félon  le  mois  de  la  vacance.  Le  premier 
mois  de  l'année  eft  à  la  difpotion  de  l'état ,  le  fécond  i 
celle  du  prévôt,  ainfi  de  fuite.  Les  chanoines  font  obli- 
gés de  demeurer  dans  les  maifons  qui  forment  le  cloîtr» 
autour  de  l'églife,  &  qu'ils  achètent  des  héritiers  de  leurs 
confrères  décédés.  Ce  chapitre  poflede  onze  bans  ou  villa- 
ges avec  leurs  dépendances  ;  ôc  ces  bans  font  adminiftrés 
par  des  députés  du  Corps ,  auxquels  on  donne  le  titre  de 
Reyprooft.  L'églife  de  faint  Servais  eft  la  plus  grande  de 
la  ville.  La  partie  poftérieure  a  été  bâtie  par  l'empereur 
Charlemagne.  Il  y  a  un  beau  chœur ,  mais  il  n'eft  pas 

Ttm.  IV.  S 


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138 

achevé.  Sous  ce  chœur  eft  un  Cryptoportique  ou  grotte 
foûtcrreine  .  qui  contient  quantité  de  reliques.  On  y  voit 
la  pierre  fépulcrale  du  tombeau  de  faint  Servais ,  dont 
les  cendres  font  dans  une  chafle  fur  l'autel  du  chœur. 
La  tête  de  ce  faint  repofe  dans  un  bufte.  Joignant  cette 
églife ,  il  y  a  une  grande  chapelle  que  fit  bâtir  Louis  XL 
roi  de  France ,  à  l'honneur  de  ce  faint ,  pour  accomplir 
un  vœu  qu'il  avoit  fait  durant  une  maladie.  C'eft  dans 
cette  chapelle,  que  30  des  chapelains  dont  il  a  été  parlé , 
font  l'office. 

Au  bas  du  Vrythof,  du  côté  de  la  rue  large ,  on  trouve 
l'hôpital  de  faint  Servais ,  fondé  par  Louis  XL  roi  de 
France ,  pour  les  pèlerins  françois.  On  y  loge  les  pauvres 
paflans  Catholiques  ;  on  y  reçoit  auflï  les  malades  tant 
bourgeois  que  militaires ,  moyennant  cinq  escalins  par  fe- 
maine.  Il  y  a  dans  cet  hôpital  une  chapelle  dédiée  à  Ste 
Marguerite. 

La  féconde  églife  collégiale  dédiée  à  Notre-Dame,  a 
un  prévôt  qui  eft  choilî  du  corps  des  chanoines  de  la  ca- 
thédrale de  Liège,  un  doyen  Se  feize chanoines.  On  dit 
aufll  que  cette  églife  a  été  bâtie  par  faint  Monulphe  Se  par 
faint  Gondulphe  ;  Se  elle  a  toujours  été  dépendante  de 
l'églife  de  Liège.  Les  Etats-Généraux  en  confèrent  les 
prébendes  alternativement  avec  le  prévôt.  L'églife  eft  aûez 
belle  ;  elle  fervoit  anciennement  de  paroifie  pour  tous 
ceux  qui  étoient  réputés  Liégeois  ;  comme  celle  de  faint 
Servais  en  fervoit  pour  les  Brabançons.  Elle  a  une  afib- 
ciation  de  chapelains,  qui  portent  le  nom  de  chanoi- 
nes de  Ste  Anne.  Les  prébendes  rapportent  fix  cens  flo- 
rins par  an. 

Les  Catholiques  pofiedent  quatre  autres  églifes  pa- 
roifliales  ,  qui  font  faint  Jacques  ,  fainte  Catherine  ,  faint 
Nicolas  Se  faint  Martin ,  qui  eft  Ja  paroifle  de  Vyck.  Les 
deux  premières  n'étaient  ci-devant  que  des  chapelles,  qui 
ont  été  érigées  en  paroifles ,  depuis  que  les  Réformés  ont 
occupé  les  églifes  de  faint  Jean  Se  de  faint  Matthias ,  qui 
étoient  auparavant  paroifiîales. 

Outre  ces  églifes ,  il  y  a  dix  couvens  ou  maifons  re- 
ligieufes  d'hommes  ;  celle  des  Dominicains  ,  des  Récol- 
lets ,  des  Capucins,  des  Auguftins ,  des  Bogards  ,  des  frè- 
res Croifiers ,  des  religieux  de  faint  Antoine  ;  des  Alexiens 
ou  Cellebroeders ,  des  Jéfuites ,  &  de  Tordre  Teutonique. 
Les  Récollets  &  les  Jéfuites  furent  chafles  de  Maftricht 
en  1638.  parce  que  le  père  Pierre  Vinck,  gardien  des  Ré- 
collets ,  Se  le  père  Jean-Baptifte ,  recteur  des  Jéfuites , 
étoient  entrés  dans  le  complot  qu'un  brafleur  nommé  Jean 
Landsman  &  quelques  autres  bourgeois  avoient  formé  de 
livrer  la  ville  aux  Espagnols.  Ces  deux  pères  furent  dé- 
capités avec  le  procureur  des  Jéfuites ,  un  frère  &  un 
autre  Récollet.  Ces  deux  ordres  rentrèrent  dans  la  ville 
lorsque  les  François  en  furent  les  maîtres ,  &  ils  y  font 
reftés  depuis.  Il  y  a  encore  onze  couvens  de  religieufes , 
qui  font  les  dames  Blanches  ,  les  dames  du  faint  Sépul- 
cre, les  religieufes  de  faint  André,  les  Annonciates,  les 
Récolleérines  ,  dites  aufTi  Pénitentes ,  les  Sœurs  Grifes, 
celles  du  mont  Calvaire,  celles  de  fainte  Elifabeth  ,  les 
fœurs  de  la  Vallée  de  Jofaphat  ou  Bayard  ,  celles  de  la 
Vallée  de  fainte  Catherine  ,  &  les  religieufes  de  la  Nou- 
velle Cour  ou  Nieuwenhof. 

Quoique  les  Catholiques  exercent  publiquement  leur 
religion  à  Maftricht ,  ils  ne  peuvent  faire  que  deux  pro- 
ceflions  par  an  ,  autour  des  deux  églifes  collégiales ,  Se  il 
ne  leur  eft  point  permis  de  porter  publiquement  le  Via- 
tique aux  malades.  Ils  ont  une  maifon  d'Orphelins  fondée 
depuis  environ  quatre-vingt  ans.  Le  foin  en  eft  confié 
aux  doyens  de  faint  Servais  &  de  Notre  Dame,  au  grand- 
mayeur  Liégeois ,  aux  quatre  pafteurs  Catholiques ,  Se 
à  quatre  des  plus  notables  boutgeois  de  la  même  religion. 
Quatre  femmes  des  plus  notables ,  de  la  ville  font  choi- 
fies  pour  veiller  aux  détails.  Le  gouvernement  intérieur  eft 
confié  à  une  mère  &  à  un  prêtre  chapelain.  Cette  maifon 
a  d'affez  bons  revenus ,  &  il  fe  fait  tous  les  ans  pour  les 
Orphelins  qu'elle  renferme,  comme  pour  ceux  des  Ré- 
formés ,  une  colleéte  générale  dans  toute  la  ville ,  vers  les 
fêtes  de  Pâquc,  par  quatre  députés  du  confeil  indivis, 
avec  les  quatre  peres  bourgeois.  Cette  maifon  eft  fituée 
près  du  Jair. 

La  maifon  des  députés  des  Etats-Généraux  ,  où  logent 
auflï  ceuxdu  confeil  d'état ,  eft  fort  belle  &  bâtie  à  la  mo. 
derne.  C'écoir  anciennement  l'hôtel  de  monnoie.  La  mai- 


MA  S 


fon  du  gouverneur  eft  fituée  près  de  la  faufle  porte  de  Ton*- 
grès,  c'eft  un  grand  Se  magnifique  édifice,  où  il  y  a  de 
très -beaux  appartemens.  Celle  du  commandant,  ou 
lieutenant  gouverneur  eft  dans  la  rue  de  Tongres. 

On  compte  douze  à  treize  mille  habitans  dans  Ma- 
ftricht, fans  y  comprendre  la  garnifon.  Les  bourgeois 
jouifient  des  prérogatives  de  la  bulle  d'or  Se  de  plufieurs 
autres  privilèges ,  comme  du  droit  de  non  evocando,  de 
pouvoir  réclamer  quelqu'un  qui  a  violé  fon  arrêt ,  de  faire 
décider  tous  leurs  procès  dans  l'enceinte  de  la  ville,  d'être 
exemts  de  quelques  péages  établis  dans  la  ville  Se  dans 
le  pays  d'Outremeufe,  &c.  Pour  entrer  dans  la  magistra- 
ture il  faut  être  reçu  bourgeois,  ou  né  fils  de  bourgeois. 
&  avoir  demeuré  comme  tel  deux  ans  de  fuite  dans  la 
ville. 

Le  chauffage  ordinaire  dont  les  habitans  de  Maftricht 
fe  fervent ,  eft  du  charbon  de  terre  qu'on  appelle  houil- 
le, à  caufe  d'un  maréchal  nommé  Preudhomme  le  Houil- 
leux ,  qui ,  dit-on  ,  en  fit  la  première  découverte  dans 
le  pays  de  Liège ,  Se  l'on  fait  à  l'occafion  de  cette  décou- 
verte divers  contes  fabuleux. 

11  y  a  vingt-trois  corps  de  métiers ,  qui  font  des  orfè- 
vres ,  des  maréchaux  ,  des  drapiers ,  des  cordonniers  ,  des 
maçons ,  des  merciers ,  des  charpentiers ,  des  boulangers , 
des  tailleurs  ,  des  pelletiers ,  des  tondeurs  ,  des  gypfeurs , 
ou  plaqueurs de  murailles,  des  tiflerans ,  des  bouchers, 
des  tanneurs  ,  des  bateliers  ,  des  poiflbnniers  &  faifeurs 
de  paniers ,  des  jardiniers  ,  des  charcutiers  Se  fruitiers , 
des  teinturiers  ,  des  brafïeurs,  des  chirurgiens  Se  des  meu- 
niers. Perfonne  ne  peut  entrer  dans  aucun  de  ces  corps  , 
fans  être  reçu  bourgeois.  Chaque  métier  a  deux  doyens , 
l'un  Liégeois ,  l'autre  Brabançon  :  ils  font  renouvelles  tous 
les  deux  ans  parle  confeil  indivis,  à  la  recommandation 
des  nouveaux  bourgmeftres.  Ces  doyens  nefe  mêlent  que 
des  affaires  qui  regardent  leurs  métiers. 

Par  l'énumération  de  ces  corps  de  métiers  on  peut  voir 
que  le  commerce  a  été  autrefois  très-floriflant  à  Ma- 
ftricht ,  fur-tout  celui  de  la  draperie  ;  on  y  comptoit  mê- 
me avant  la  prife  de  la  ville  par  les  Espagnols ,  plus  de 
dix  mille  ouvriers  de  cette  feule  manufacture,  &  qui 
contribuèrent  à  défendre  la  place.  Ils  ont  été  fi  puiflans, 
qu'ils  ont  bâti  l'églife  de  faint  Mathias  à  leurs  frais ,  des 
amendes  qu'ils  payoient  entr'eux.  Après  la  prife  de  la 
ville ,  la  plupart  lé  retirèrent  à  Louvain  ;  mais  ne  s'y  trou- 
vant pas  en  fureté  ,  les  uns  fe  disperferenr  clans  quelques 
villes  de  Hollande,  les  autres  dans  le  pays  de  Liège,  de 
Limbourg ,  &c.  Cependant  il  y  a  encore  quelque  com- 
merce de  cette  fabrique  ;  mais  il  décheoit  tous  les  jours  , 
de  même  que  tout  autre  négoce  ,  par  la  grande  quantité 
de  bureaux  établis  fur  la  Meule  depuis  la  paix  d'Utrecht, 
Se  fur-tout  depuis  le  traité  de  Barrière. 

En  allant  à  la  Meufe  par  la  porte  de  Notre-Dame, 
on  trouve  à  droite  entre  cette  rivière  &  le  Jair  une  très- 
belle  promenade  de  plufieurs  allées  d'arbres  ,  dont  quel- 
ques-uns font  taillés  en  berceau ,  Se  les  autres  en  évan- 
tails ,  ce  qui  fait  un  très  bel  afpeét. 

Au  fortir  de  Maftricht ,  du  côté  de  Liège,  on  voit  la 
montagne  de  faint  Pierre ,  qui  s'étend  jusqu'auprès  de  la 
ville  de  Liège.  On  tire  de  cette  montagne  de  grottes 
pierres  de  fable  ,  coupées  ou  fciées  de  deux  pieds  de  lon- 
gueur Se  d'un  de  largeur:  on  s'en  fert  à  faire  les  fonde- 
mens  des  maifons  de  Maftricht.  A  force  de  tirer  de  ces 
pierres,  on  a  formé  une  infinité  de  chemins  foûterreins 
où  l'on  va  fe  promener  à  la  lueur  des  flambeaux. 

J'ai  déjà  dit  que  la  fouveraineté  de  la  ville  de  Maftricht 
apparrenoit  anciennement  en  commun  au  duc  de  Bra- 
bant  Se  à  l'évêque  de  Liège ,  Se  que  cette  ville  ayant  été 
cédée  aux  Etats-Généraux  par  l'Espagne  ,  leurs  Hautes- 
Puiffances  font  entrées  dans  tous  les  droits  des  anciens 
ducs  de  Brabant  fur  la  fouveraineté  de  cette  ville.  Cette 
commune  fouveraineté  eft  exprimée  par  un  très-ancien 
proverbe  qui  dit  : 

Fe n  Heer  ,  geen  Heer  ; 
Twte  Heer  en  ,  een  Heer. 

Ce  que  l'on  a  rendu  en  latin  par  ce  vers  : 

Trajettum  Neutri  Dvmiuo  ,  fedpuret  utrigutm 


MAS 


MAS 


■  C'eft-à-dire  en  françois,  qu'un  feul  fcigneur  n'eSÎ 
point  Seigneur  de  Maitucnt ,  mais  que  deux  Seigneurs 
en  font  le  feigneur  ou  le  fouverain. 

Outre  la  communauté  de  fouveraineté  ,  il  y  a  encore  à 
Mallriwht  une  jurisdiétion  de  prééminente  qui  appartient 
aux  Etats-Généraux;  elle  conlîlle  en  ce  qu'ils  ont  fèuls 
le  droit  de  garnifon ,  qu'ils  font  Seuls  Souverains  des  cloî- 
tres Se  de  tout  le  cleigé  ,  qu'ils  font  feigneurs  fonciers  de 
tout  le  terrein  de  la  ville .  qu'en  cetee  qualité  ils  ont  leuls 
le  droit  d'accorder  des  octrois  pour  des  chariots  de  po- 
rte,  pour  le  Lombard,  &c. 

En  conséquence  de  cette  ancienne  communauté  de 
fouveraineté ,  la  ville  de  Maitricht  eit  gouvernée  con- 
jointement par  les  Etats-Généraux  Se  par  l'évêquc  de 
Liège  ,  comme  un  territoire  particulier  distingue  Se  in- 
dépendant de  tous  leurs  aimes  états ,  Se  tout  s'y  régie 
du  commun  cenfen  cment  des  deux  puifianecs  ;  auffi  la 
régence  de  cette  ville  confilte-t-elle  en  un  confeil  mi- 
parti,  compofe  de  deux  grands  baillis,  de  deux  bourg- 
roefties,  de  quatorze  échevins,  de  huit  confeillers  ju- 
rés Se  de  deux  p.uy-meejhrs  ou  thréforieis.  Tous  ces 
magistrats ,  Suivant  leurs  différentes  dignités,  font  moi- 
tié Brabançons ,  Reformés  de  religion  ,  moitié  Liégeois 
&  Catholiques.  Les  premiers  font  nommés  par  les  Etats- 
Généraux,  ou  par  leurs  commifiaires  décifeurs ,  Se  les 
autres  par  le  prince  de  Liège ,  ou  par  fes  commifiaires  dé- 
cifeurs. C'eft  là  le  corps  de  ville  auquel  il  faut  ajouter 
deux  commifiaires  inlhudteurs ,  deux  penfionnaires  Se 
deux  Secrétaires  des  deux  différentes  religions.  Ce  Con- 
feil s  affemble  à  la  maifon  de  ville  tous  les  lundis  à  neuf 
heures  du  matin  pour  délibérer  fur  ce  qui  concerne  la 
police  Se  le  bien  de  la  ville,  Se  il  fait  les  réglemens  &  les 
ordonnances  qu'il  juge  le  plus  convenables  au  bien  public. 
Ce  grand  confeil  fe  divilé  en  troiscoliéges;  le  collège  des 
deux  bourgmeitres  Se  des  huit  confeillers  jurés  avec  les 
deux  Sccrétaiies;  le  collège  du  grand  bailli  Se  des  éche- 
vins Liégeois  ,  avec  leur  grenier  ,  Se  le  collège  du  grand 
bailli  Se  des  échevins  Brabançons  avec  leur  greffier.  Cha- 
cun de  ces  collèges  régie  les  affaires  de  fon  départe- 
ment; les  deux  grands  baillis  font  égaux  en  autorité  ;  ils 
repréfentent  chacun  leurs  fouverains;  Se  ont  voix  déli- 
bérarive  Se  déciSive-  Ils  préfident  dans  les  affaires  civiles  > 
intentent  les  actions  criminelles,  Se  exécutent  les  fen- 
tences  civiles  &  criminelles  portées  par  les  hautes  juSti- 
ces  reS^edtives.  Ils  ont  indistinctement  le  pouvoir  d'arrê- 
ter tous  ceux  qui  font  foupçonnés  de  quelque  crime  ; 
mais  ils  doivent  remettre  le  criminel  entre  les  mains  de 
fes  juges  compétens;  car  un  Brabançon  doit  être  jugé 
par  les  échevins  Brabançons  ,  6e  un  Liégeois  par  les  Lié- 
geois. C'eft  entre  leurs  mains  qu'on  prête  le  ferment  de- 
vant les  échevins,  lorsqu'il  s'agit  de  rendre  un  témoi- 
gnage ;  ils  ont  chacun  leur  Itaihouder  Se  avocat  d'of- 
fice, pour  exécuter  leurs  ordres,  ou  pour  faire  leurs  fon- 
ctions en  leur  abSence;  ils  ont  aufii  deux  hallebardiers 
ôe  deux  roey-boies  ,  ou  huiiîiers.  Toutes  les  consigna- 
tions oidonnées  par  les  hautes  julticesfe  font  entre  leurs 
nains ,  Se  ils  en  reçoivent  le  Soixantième  denier  pour 
leur  droit. 

Les  bourgmeftres  préfident  au  confeil  qui  s'affemble 
tous  les  lundis ,  de  même  qu'au  collège  des  confeillers 
jurés  qu'on  appelle  la  baffe  -  jultice.  Dans  les  flagrants 
délits ,  ils  ont  le  pouvoir  de  faire  arrêter  les  coupables 
&  les  criminels;  mais  ils  font  obliges  de  les  remettre  à 
un  des  grands  baillis  pour  les  faire  juger  par  ceux  à  qui 
la  compétence  en  appartient.  Ils  peuvent  accorder  à  un 
bourgeois  une  interdiction  ou  main  mife,  qu'on  appelle 
en  flamand  Verbod  fur  les  effets  d'un  autre  bourgeois  ; 
ce  font  eux  qui  reçoivent  les  fermens  exigés  par  le  tri- 
bunal fupérieur  ;  toutes  les  consignations  ordonnées  par- 
le même  tribunal  Se  font  entre  leurs  mains ,  Se  ils  en  ont 
le  Soixantième  pour  leur  droit.  Ils  veillent  fur  la  conduite 
de  tous  les  officiers  Subalternes  de  la  police  qui  font  à 
leur  nomination  ;  Se  ils  ont  chacun  quatre  meffagers  ou 
fergens ,  qui  font  distingués  par  un  manteau  rouge  aux 
armes  de  la  ville. 

Les  penfionnaires  font  deux  jurisconfultes  qui  main- 
tiennent les  droits  Se  les  préroga.ives  de  la  ville;  ils 
ont  féance  Se  voix  délibérative  au  confeil;  ils  affiftent 
auffi  à  tous  les  autres  collèges  lorsqu'ils  en  font  requis. 
Jls  font  ordinairement  employés  dans  les  députations 


M9 

que  les  magistrats  envoient  aux  deux  fouverains  ;  ils  ont 
le  rang  après  les  commi flaires  instructeurs  ;  leurs  ap- 
poimemens  montent  a  mille  florins  de  Hollande  par 
an,  outre  leurs  émolument.  Us  font  nommés  par  le  con- 
feil ;  mais  la  nomination  doit  être  approuvée  du  Sou- 
verain. 

Les  deux  fecrétaires  font  obligés  d'affifler  à  toutes  les 
afiemblees  du  confeil  &  d'y  être  les  premiers  Se  les  der- 
niers; c'eit  le  conSeil  qui  les  nomme;  leurs  appointe- 
mens  Sont  de  trois  cens  quatre-vingt-cinq  florins  de  Hol- 
lande, outre  leurs  émolumens  qui  Sont  très  -  considé- 
rables. 

Les  deux  thréforieis  qu'on  nomme  paey-meefters  font 
chargés  de  la  perception  des  revenus  de  la  ville  Se  de 
l'adminiftrarion  de  fes  finances ,  alternativement  d'année 
en  année  :  celui  qui  adminiltre  pendant  fon  année  s  ap- 
pelle Paey-meefter, actuellement  payant  ,  Se  l'autre  Paey- 
meelîcr  vidimant.  Ils  rendent  leurs  comptes  tous  les  ans 
au  confeil,  &  ces  comptes  doivent  enfuite  être  revus  & 
approuvés  tous  les  deux  ans  par  les  commifiaires  déci- 
feurs lorsqu'on  renouvelle  le  magistrat. 

Les  quatorze  échevins,  dont  fept  font  Brabançons  & 
fept  Liégeois,  forment  deux  différens tribunaux.  Les  pre- 
miers s'affemblent  &  rendent  la  jultice  tous  les  vendre- 
dis avant  midi,  Se  les  autres  tous  les  me.ctedis  à  la  mê- 
me heure.,  Ces  deux  tribunaux  qu'on  appelle  les  hau- 
tes justices,  ont  chacun  leur  grand  bailli  a  leur  tête  & 
un  greffier.  Le  conSeil  des  échevins  Brabançons  ne  juge 
que  des  affaires  réelles  ou  qui  peuvent  avoir  nature  de 
réalité  quand  il  s'agit  d'un  Brabançon  ,  Se  l'autre  juge  des 
mêmes  affaires  quand  il  s'agit  d'un  Liégeois  ;  le  jugement 
des  eau  fes  criminelles  leur  appartient  auffi.  Séparément 
fuivant  cette  même  distinction.  Tous  ceux  qui  fontnés  dans 
le  territoire  de  Liège  ,  ou  de  mère  Liégeoife  à  Maltricht 
font  réputés  Liégeois,  Se  tous  les  autres  de  quelque  pays 
qu'ils  Soient,  Sont  réputés  Brabançons;  quand  il  s'agit 
d'une  affaire  entre  un  Brabançon  Se  un  Liégeois ,  le  de- 
mandeur doit  Suivre  le  tribunal  du  défendeur;  les  deux 
tribunaux  Se  réunifient  pourtant  quelquefois  pour  en  ju» 
ger  ,  Selon  1  exigence  des  cas.  Tous  les  contrats  de  vente 
d'hypothéqué, ou  autres,  doivent  Se  paflér  pour  le  moins 
devant  deux  échevins  ,  l'un  Brabançon  Se  l'autre  Lié- 
geois; ils  Sont  réputés  tuteurs  Supérieurs  des  mineurs, 
Se  tous  les  tuteurs  testamentaires  doivent  être  approuvés 
par  eux ,  Se  prêter  Serment  entre  leurs  mains.  Si  les  pa- 
reils meurent  Sans  avoir  nomme  de  tuteurs  pour  leurs 
héritiers  mineurs ,  les  échevins  en  établiffent  qui  leur 
doivent  rendre  compte.  Chaque  tribunal  d'échevins  a, 
Son  greffier ,  Se  chaque  greffier  a  un  clerc  juré  qui  a  d'au- 
tres clercs  Sous  lui. 

Les  conSeillers  jurés  qui  Sont  an  nombre  de  huit , 
quatre  Brabançons  Se  quatre  Liégeois  Sorment  un  col- 
lège qu'on  nomme  le  tribunal  inférieur,  Se  dont  les 
deux  bourgmeltres  Sont  préSidens.  Ce  collège  connoît  de 
toutes  les  affaires  civiles  qui  font  perfonnelles ,  des  dis- 
putes ,  des  injures ,  ckc.  Toutes  les  ventes  du  Lombard 
doivent  fe  faire  en  préfence  de  quelques  députés  de 
ce  collège.  Toutes  les  fois  que  le  magiltrat  eit  renou- 
velle ,  ce  collège  choifit  entre  fes  membres  deux  mes- 
keur-meefters  Se  deux  furJMct-meefiers.  L'emploi  des  mes~ 
keurmtefters ,  confilte  a  prendre  des  informations  ,  en 
préfence  d'un  Secré: aire, contre  ceux  qui  Se  Sont  Servis 
d'armes  pour  Se  battre.  Celui  de  forfaitt-meefters  eSt 
de  prendre  de  pareilles  informations  contre  ceux  qui  Se 
Sont  battus  à  coups  de  poing ,  ou  qui  Se  font  injuriés. 
Sur  leur  rapport ,  les  délinquans  font  condamnés  par  ce 
collège  aux  amendes  preferites  par  les  loix. 

Outre  ces  collèges,  il  y  en  a  un  autre  qu'on  nom- 
me le  Vroenhove,  ancien  comté  fitué  partie  dans  la 
ville  &  partie  hors  de  la  ville.  Il  e(l  compofé  d'un 
efeoutet ,  qui  eit  le  même  que  celui  de  la  ville  de  Ma- 
Stricht  pour  les  Brabançons,  de  Sept  échevins  Se  d'un 
greffier  qui  Sont  tous  à  vie ,  Se  à  la  nomination  des  Etats- 
Généraux  Seuls.  Le  greffier  de  ce  collège  eit  aufli  Je 
même  que  celui  des  échevins  Brabançons.  Ce  tribunal 
juge  du  réel  Se  du  perfonnel  hors  de  la  ville  ;  mais  Seu- 
lement du  réel  dans  la  ville:  il  exerce  auffi  la  jultice  cri- 
minelle &  fait  les  exécutions  devant  la  maifon  des  Etats. 
Ce  comté  appartient  aux  Etats  Généraux  Seuls,  com- 
me étant  au  lieu  du  duc  de  Brabant  ;  il  comprend  en* 

T«m.  IV.  S  ij 


MAS 


140 

viron  un  tiers  de  Maftrichr  ,&  trois  villages  fitués  près 
de  la  ville  ;  favoir ,  Wylre  ,  Montenake  &  Heukeholm 
avec  les  terres  qui  en  dépendent,  ôc  qui  peuvent  aller 
à  environ  deux  mille  arpens. 

Quatre  commiflaires  inftru&eurs ,  dont  deux  Braban- 
çons &  deux  Liégeois ,  forment  au  autre  collège.  Ils  ont 
l'appel  ôc  l'inftruâion  de  tous  les  procès  jugés  par  les 
précédens  collèges.  Quand  les  procès  viennent  du  col- 
lège des  bourgmeftres  ôc  des  jurés ,  les  commiflaires  in- 
ftru&eurs  en  reçoivent  l'appel  &  l'inftruifent  tous  qua- 
tre enfemble ,  avec  leurs  fecretaires  ;  mais  quand  les 
procès  viennent  des  échevins  Brabançons  ou  Liégeois , 
alors  les  deux  commiflaires  de  chaque  fouverain  les  in- 
ftruifent  aufli  féparément,  fuivant  le  tribunal  d'où  l'on 
a  appelle  ;  les  commiflaires  décifeurs  de  leurs  Hautes- 
Puiflances  décident  feuls  en  dernier  reflbrt  les  procès 
qui  viennent  par  appel  de  la  juftice  de  Vroenhove  , 
comme  aufll  des  onze  bans  de  rédemption  qui  font 
fous  le  chapitre  de  faint  Servais.  En  qualité  de  députés 
des  Etars-Généraux  qui  ont  une  jurisdiétion  prééminen- 
te, ces  décifeurs  font  leur  entrée  à  Maftricht  avec  beau- 
coup plus  de  pompe  que  ceux  du  Prince  de  Liège.  Toute 
la  garnifon  fe  trouve  alors  fous  les  armes,  Se  pafle  en 
revue  devant  eux  le  même  jour  de  leur  arrivée  ;  cv  tous 
les  corps ,  tant  politiques  qu'eccléfiaftiques ,  vont  les  com- 
plimenter. 

Deux  députés  du  confeil  d'état  fe  rendent  aufll  tous 
les  deux  ans  à  Maftricht ,  vers  le  mois  de  Juillet ,  ôc  y 
font  reçus  avec  les  mêmes  honneurs  que  les  commiflaires 
décifeurs  députés  desEtats  Généraux. L'année qu'ilsy  vont, 
eft  alternative  avec  celle  des  commiflaires  décifeurs. 
Leurs  fonctions,  en  général,  font  de  donner  à  ferme  les 
domaines  ôc  les  biens  eccléfiaftiques  des  trois  pays  d'Ou- 
tre-meufe;  comme  auflî  les  domaines  biens  eccléfiafti- 
ques ôc  la  pêche  du  Vroenhove  ;  d'avoir  infpeclion  fur 
la  garnifon ,  les  fortifications,  les  magafins,  l'hôpital 
militaire;  d'examiner  fi  tout  eft  en  bon  état -,  de  pren- 
dre &  d'approuver  aufll  plufieurs  comptes  qui  regar- 
dent le  confeil  d'état. 

M  ASTI  A  ,  ville  des  Miléfiens  dans  la  Paphlagonie  : 
il  femble  que  Pline ,  /.  6.  c.  2.  la  mette  entre  Teium  ôc 
Cromna. 

MASU/E,  peuples  de  l'Inde,  félon  Pline,  /.  6.  c.  20. 
qui  les  place  entre  les  Moruntes  ôc  les  Tagungœ.. 

MASUCCABENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Mauritanie  Céfarienfe  ,  félon  la  notice  épiscopale  d'A- 
frique ,  qui  nomme  fon  évêque  F  affinants. 

MASUCHIS,  village  de  la  Marmarique.  Ptolomée, 
/.  4.  c.  5.  le  met  dans  les  terres  entre  Gaphara  ôc  Ma- 
fadalis.  Ses  interprètes  lifent  Manfuchïs  pour  Mafu- 
chts. 

MASVE,  bois  de  France,  dans  la  maîtrife  des  eaux 
&  forêts  de  Montpellier  ;  il  eft  de  huit  cens  quatre- 
vingt-quatorze  arpens  Ôc  un  quart. 

MASUECOS  ,  petite  rivière  d'Espagne  ,  félon  Cor- 
neille, Dit},  qui  dit  qu'elle  arrofe  le  royaume  de  Léon  , 
6c  qu'elle  va  mêler  fes  eaux  dans  le  Duero,  au  lieu  ap- 
pelle Perena. 

MASUINUS  mons  ,  montagne  d'Italie  ;  mais  on  igno- 
re en  quel  canton.  Hygenus  la  met  dans  le  territoire  de 
Julïa-Augufta  ,  dont  la  fituation  eft  inconnue.  Voyez. 
Julia-Augusta. 

MASULIPATAN  ou  Massulipatan  ,  ville  des  In- 
des fur  la  côte  de  Coromandel ,  à  l'embouchure  de  la 
rivière  Crifna.  Elle  appartenoit  autrefois  au  roi  de  Gol- 
conde  ;  mais  elle  eft  préfentement  fous  la  puiflance  du 
Mogol.  Elle  eft  éloignée  de  Golconde  d'environ  quatre- 
vingt  lieues.  Les  principales  nations  de  l'Europe  qui 
trafiquent  aux  Indes  y  ont  des  comptoirs ,  Ôc  les  toiles 
peimes  qu'on  y  travaille ,  font  les  plus  eltimées  de  tou- 
tes celles  des  Indes.  Quelque  confidérable  que  foit  le 
commerce  qui  s'y  fait,  c'eft  une  petite  ville,  mal  bâtie 
Ôc  encore  plus  mal  fituée  -,  mais  qui  ne  laifle  pas  d'être 
fort  peuplée.  On  y  voit  un  pont  de  bois,  le  plus  long 
peut-être  qui  foit  au  monde  :  il  eft  utile  dans  les  grandes 
marées  ,  où  la  mer  couvre  beaucoup  de  terrein  ;  car 
elle  monte  près  d'un  mille  avant  dans  le  pays:  aufli 
toutes  les  eaux  de  Mafulipatan  font  elles  falées.  Cette 
ville  étoit  autrefois  une  retraite  de  pêcheurs,  ôc  c'eft 
de-là  qu'elle  tire  fon  nom.  La  commodité  de  fa  rade  y 


MAT 


a  attiré  les  marchands ,  ôc  fon  trafic  a  toujours  été  en 
augmentant ,  depuis  qu'on  a  commencé  à  la  fréquenter. 

Le  climat  du  pays  eft  fort  fain  ;  mais  on  refpire  un 
aflez  mauvais  air  à  Mafulipatan ,  ôc  dans  les  endroits 
que  la  mer  couvre  ôc  découvre.  On  divife  l'année  en 
trois  faifons.  Les  mois  de  Mars  ,  d'Avril  ,  de  Mai  ôc  de 
Juin  font  l'été;  car  dans  ce  tems,  non  feulement  1  appro- 
che du  foleil  échauffe  le  pays ,  mais  le  vent  au  lieu  de 
tempérer  les  rayons  du  foleil  augmente  la  chaleur.  Il  y 
fouine  ordinairement  vers  le  milieu  du  mois  de  Mai  un 
vent  d'oueft  qui  échauffe  encore  plus  le  pays  que  le  fo- 
leil même.  La  chaleur  y  eft  aufli  grande  que  celle  qu'on 
reflent  quand  on  eft  proche  d'une  maifon  qui  brûle.  Dans 
les  chambres  les  mieux  fermées ,  le  bois  des  chaifes  &" 
des  tables  y  eft  tellement  échauffé,  qu'on  ne  le  peut  tou- 
cher, ôc  que  l'on  eft  obligé  de  jetter  continuellement 
de  l'eau  deflus,  &  fur  le  plancher  des  chambres;  mais 
cet  excès  de  chaleur  ne  dure  que  fix  ou  fept  jours  en 
toute  une  année ,  ôc  depuis  feulement  neuf  heures  du 
matin  jusqu'à  quatre  heures  après-midi  ;  car  il  vient  après 
un  air  frais  de  la  mer  qui  la  tempère  agréablemenr. 
Ceux  du  pays  qui  font  obligés  de  voyager  durant  ces 
grandes  chaleurs,  en  font  quelquefois  étouffés;  ce  qui 
eft  aufli  arrivé  à  un  Hollandois  qui  voyageoit  dans  un 
pallanquin ,  Ôc  à  un  Anglois  qui  ne  fit  qu'une  demi  lieue 
pour  aller  jusqu'à  la  barre  du  port.  Les  moindres  cha- 
leurs de  l'été  furpaflent  encore  de  beaucoup  les  plus 
grandes  chaleurs  que  l'on  a  en  Angleterre ,  ôc  dureroient 
tout  le  mois  de  Juillet ,  d'Août ,  de  Septembre  &  d'O- 
ctobre ,  mais  les  pluies  continuelles  rafraîchiflent  l'aie 
ôc  la  terre  ,  ôc  viennent  en  fi  grande  abondance  ,  qu'el- 
les inondent  tout  le  pays.  Les  habitans  en  reçoivent 
le  même  avantage  que  les  Egyptiens  tirent  du  Nil  ;  car 
ils  fement  dans  ces  terres  ainfi  préparées  leur  riz  ôc  les 
autres  grains  fans  efpérer  d'autres  pluies  que  huit  mois 
après.  Ils  comptent  leur  hiver  au  mois  de  Décembre , 
Janvier  ôc  Février  ;  mais  il  y  fait  aufli  chaud  qu'au  mois 
de  Mai  en  Angleterre  :  ainfi  les  arbres  font  toujours 
verds  ôc  toujours  chargés  de  fruits  mûrs.  On  y  fait 
deux  moiflbns  de  riz.  Il  y  a  même  des  terres  qu'on  dé- 
pouille trois  fois,  ôc  celles  qu'on  ne  féme  qu'une  fois 
rendent  extrêmement.  On  féme  une  espèce  de  légume 
qu'on  n'a  point  en  Angleterre.  On  a  de  l'orge,  maison 
en  mange  peu.  Le  bétel  tient  lieu  de  tous  les  autres 
herbages  dont  on  fe  fert  en  Europe.  Comme  le  pays 
eft  très-fertile,  tout  y  eft  à  bon  marché;  ce  qui  vient 
encore  de  l'abftinence  des  habitans ,  qui  ne  mangent 
d'aucune  chofe  qui  ait  vie.  On  a  huit  poules  pour  qua- 
torze fols,  ôc  un  mouton  pour  onze,  &  tout  le  refte 
à  proportion.  Toutes  ces  chofes  font  encore  à  meil- 
leur marché  hors  de  la  ville.  *  Lettres  édif.  tom.  ij. 
pag.  27. 

MASUR  ,  Masura.  Voyez.  Mansoure. 

MATACA  ou  Matanca  ,  baie  fur  la  côte  fepten- 
trionale  de  l'ifle  de  Cuba  dans  l'Amérique.  Voyez.  Ma- 
tance. 

1.  MATAGARA  ,  montagne  d'Afrique  dans  la  pro- 
vince de  Cuzt  au  royaume  de  Fez.  Elle  eft  fort  haute, 
ôc  tellement  escarpée  ,  qu'on  n'y  peut  monter  que  par 
les  chemins  que  les  paflans  y  ont  faits.  Ces  chemins 
font  fort  ferrés  ,  ôc  les  détroits  des  rochers  très-diffici- 
les; de  forte  qu'un  homme  feul  avec  des  pierres  en  peut 
empêcher  dix  mille  de  pafler.  Cette  montagne  qui  n'eft 
qu'à  deux  lieues  de  Tezar,  eft  peuplée  de  Berebères 
d'entre  les  Zénetes.  Ils  font  glorieux  &  jaloux  de  leur 
liberté;  ne  payent  aucun  tribut  au  roi  de  Fez,  ni  au 
gouverneur  de  Tezar.  Seulement ,  quand  ils  ont  en- 
femble quelque  différend ,  chaque  maifon  donne  à  ce 
dernier  une  certaine  quantité  de  raifins  fecs  tous  les 
ans ,  qu'une  femme  va  recevoir  ,  à  caufe  qu'ils  ne  veu- 
lent point  fouffrir  qu'aucun  étranger  vienne  à  leur  mon- 
tagne ,  de  peur  qu'il  ne  reconnoifle  le  paflage  &  les 
avenues.  S'ils  font  en  guerre  avec  les  rois  de  Fez ,  aus- 
fi  tôt  ils  coupent  l'eau  à  Tezar  en  détournant  la  ri- 
vière, ôc  font  de  grands  ravages  dans  la  plaine.  Ils 
font  plus  de  quinze  mille  hommes  de  combat,  &  font 
fi  adroits  dans  les  montagnes,  qu'un  petit  nombre  en 
défait  toujours  un  grand.  Sayd  fut  presque  toujours  en 
guerre  avec  eux,  ôc  alla  les  attaquer  en  1690.  avec 
cinquante  mille  hommes  ;  mais  lorsqu'il  fut  campé  au- 


MAT 


MAT 


près  des  montagnes  dans  la  réfolution  d'y  grimper  le 
lendemain,  ces  Berebères  les  vinrent  charger  la  nuit, 
en  tuèrent  trois  mille  Se  défirent  tout  le  relie.  Enfuite 
ils  coupèrent    par   quartiers   un    miniflre  detat    qu'ils 
avoient  pris  ,  Se  le  jetterent  en  bas  pièce  à  pièce ,  fans 
avoir  voulu  faire  aucun  accord  avec  ce  prince.  Ils  Trai- 
tèrent après  fa  mort  avec  Muley  Mahamet  fon  fils ,  Se 
lui  payèrent  par  feu  un  grand  panier  de  raifin  ;  mais 
le  cherif  Mahamet  piqué  de  ce  qu'ils  ne  vouloient  pas 
le   reconnoître ,  envoya  contre  eux  en  1546.  tous  les 
Turcs  Se  les  Renégats  de  fa  garde ,  fous  les  ordres  d'un 
Perfan  nommé  Marian,  avec  plufieurs  Maures  de  Fez, 
de  Tezar  Se  des  lieux  voifins.  Le  Perfan  étant  arrivé 
fit  d'abord  monter  fes  gens,  fans  que  les  Barbares  y 
minent  obftacle,  jusqu'à  ce  qu'ils  fuflent  venus  à  une 
petit  colline.  Comme  il  y  vouloit  camper  le  foir  pour 
lainer  repofer  Ces  troupes ,  les  Barbares  fondirent  deflus 
de  toutes  parts  ,  &c  roulèrent  de  grandes  pièces  de  ro- 
cher ,  en    forte  qu'après  diverfes  attaques ,  ils  fe  firent 
jour  à  travers  le  bataillon  des  Turcs   qu'ils  mirent  en 
fuite;  le  Perfan  ayant  eu   la  tête  cafiée  d'un  coup  de 
pierre.  Depuis  ce   tems   ils  ne    voulurent  plus   recon- 
noître le  chérif.  Muley  Abdala  pendant  fon  règne  fit  fi 
bien  par  la  douceur ,  qu'ils    firent   alliance  avec  lui  ; 
mais  fans  s'obliger  à  lui  rien  donner  que  ce  qu'ils  vou- 
droient.  Il  y  a  cinquante  gtands  villages  dans  ces  mon- 
tagnes,  fans  aucune  fortetefle  ,  &  fans  aucun  lieu  fermé. 
C'efl:  un  pays   de  bois  Se  de  tuiliers  où  l'on  voit  plu- 
fieurs lions ,  &  en  haut  plufieurs  fontaines.  Il  y  a  beau- 
rcoup  de    terres  labourables  qu'on  arrofe  par  des  rigo- 
les. On   en  tire  quantité  de  bled  Se  de  vin.  Il  y  a  de 
gros  Se  menu  bétail.  Au-dedans  Se  au  plus  rude  de  cette 
montagne,  on  recueille  allez  de  quoi  nourrir  ceux  qui 
J  habitent,  Se  il  en  refle  encore  à  vendre  aux  habitans 
de  cette  contrée.  *  Marmol ,  Defcr.  de  l'Afrique,  t.  2. 
1.  4.  c.  135-, 

2.  MATAGARA,  autre  montagne  d'Afrique  dans 
la  province  de  Béni  Arax,  royaume  de  Tremecen.  Elle 
efl:  froide ,  haute  Se  escarpée ,  à  deux  lieues  Se  demie 
de  Ned  Roma  du  coté  du  midi.  Les  habitans  font  des 
Berebères  d'entre  les  Zénetes ,  gens  hardis  Se  belliqueux  , 
mais  fort  pauvres ,  à  caufe  que  leur  montagne  ne  porte 
que  de  l'orge  Se  des  carrogues.  Ils  ont  cependant  force 
troupeaux  ,  Se  des  bois  taillis  dont  ils  font  du  charbon  , 
qu'ils  vont  vendre  aux  villes  voifines  Se  ailleurs.  Ils 
font  grands  amis  de  ceux  de  Ned  Roma  ,  Se  d'un  mê- 
me peuple.  C'efl:  ce  qui  fait  qu'ils  fe  donnent  du  fe- 
cours  les  uns  aux  autres  ,  Se  dans  les  guerres  qu'ils  ont 
contre  les  rois  de  Tremecen  Se  contre  les  Arabes.*  Mar- 
mot, Defcr.  de  l'Afrique,  t.  2.  1.  j.  c.  2j. 

MATAGI,  bourg  ou  village  de  l'ifle  de  Corfe,  en- 
viron à  trois  lieues  au  nord  de  Bonifacio.  C'étoit  au- 
trefois une  ville  nommée  Matisa.  *  Baudrand ,  Diét. 
édit.  1705. 

1.  MATALA,  bourg  ou  village  de  l'ifle  de  Candie , 
fur  un  cap  de  même  nom ,  au  midi  de  la  ville  de  Can- 
die. C'étoit  anciennement  une  ville  nommée  Matalia 
par  Ptolomée ,  /.  3.  c.  17. 

2.  MATALA,  cap  de  l'ifle  de  Candie  fur  la  côte 
méridionale ,  entre  le  golfe  de  Meflalie  à  l'occident  Se 
le  port  de  Calus. 

MATALIA  ou  Metallum.  Voyez,  Matala. 

MATALONI  (  a  )  ,  petite  ville  du  royaume  de  Na- 
ples  dans  la  terre  de. Labour,  avec  titre  de  duché.  Elle 
efl:  fituée  à  quatre  milles  de  Caferte  au  nord ,  Se  à 
huit  milles  d'Averfe  en  tirant  vers  le  couchant.  Elle 
(  b  )  n'a  le  titre  &  les  prérogatives  de  ville  que  depuis 
1735.  C'efl:  presque  l'endroit  où  étoit  l'ancienne  Ga- 
latia,  colonie  de  Sylla  fur  le  grand  chemin  de  l'Apien- 
ne.  (  a )  Magin ,  Carte  de  la  terre  de  Labour,  (b)  D, 
Matth.  Egifio ,  Lettre  à  Lenglet  du  Fresnoy. 

MATALZANGO ,  vallée  du  Mexique  à  huit  lieues 
de  la  ville  de  ce  nom.  Elle  s'étend  au  long  Se  au  lar- 
ge ,  &  fert  de  demeure  aux  fauvages  qu'on  appelle  Oto- 
mis.  Toluca  en  efl:  la  principale  bourgade.  Cette  vallée 
abonde  en  troupeaux  Se  en  pâturages:  l'herbe  en  efl:  fi 
bonne  ,  qu'elle  rend  le  bétail  d'une  fécondité  merveil- 
leufe.  Ce  qu'en  écrit  Herrera  efl  très-fingulier.  Il  rap- 
porte que  Diego  Nunnez  de  Camago  ,  par  fon  induflrie 
Se  par  fes  foins,  fit  profiter  deux  brebis,  Se  ce  qui  en 


141 

vint  alla  jusqu'à  quarante  mille  têtes  dans  l'espace  de 
dix  années.  *  Corn,  Diction.  Laet ,  Defc.  des  Indes  oc- 
cident. 1.   j.  c.  j. 

MATAMAN,  royaume  imaginaire  dans  l'Afrique. 
Quelques  géographes  l'appellent  Climbebi  ,  Se  d'autres 
Ci.iMBF.BAS.  Voyez,  Climbebas. 

MATAN  ou  Mactan,  ifle  de  l'Océan  oriental, 
Se  l'une  des  Philippines:  elle  efl  entre  celles  de  Leyté , 
de  Cebu  Se  de  Mindanao.  Après  avoir  été  de  la  dépen- 
dance des  Espagnols ,  elle  a  fecoué  le  joug  Se  recou- 
vré fa  liberté.  Ce  fut  dans  cette  ifle  que  Magellan  fut 
tué  le  16  Avril  1521.  à  la  première  rencontre  qu'il 
eut  avec  les  principaux  de  l'ifle.  *  Carreri,  Voyage  au- 
tour du  Monde ,  t.  5.  p.  242. 

MATANCA  ou  Matanças.  Voyez,  Mataca. 
MATANÇA  ,  campagne  du  royaume  d'Espagne  dans 
la  partie  méridionale  de  la  Caflille  nouvelle ,  autrement 
la  M  anche.  Elle  efl:  d'une  grande  étendue  entre  la  ville 
de  O/nfuegra  &  celle  de  Guadiana. 

Le  nom  de  Matança  veut  dire  tuerie:,  on  a  donne 
ce  nom  à  cette  campagne ,  parce  que  dans  une  bataille 
les  Maures  y  firent  un  grand  carnage  des  Chrétiens.  * 
Délices  d' Espagne,  t.   2.  p.    3J7. 

MATANCE  ,  Baya  de  Matança ,  grande  baie  de  l'ifle 
de  Cuba,  fur  la  côte  feptentrionale,  Se  à  quatorze  lieues 
à  l'eft  de  la  Havane ,  dans  le  fond  de  laquelle  il  y  a 
une  grofle  bourgade  de  même  nom.  On  reconnoît  de 
fort  loin  cette  baie  par  une  montagne  fort  élevée,  dont 
le  fommet  efl:  rond ,  Se  qu'on  appelle  le  Pain  de  Ma- 
tance.  Il  fert  aufli  aux  pilotes  pour  fe  régler  ,  quand 
ils  veulent  entrer  dans  le  canal  de  Bahama.  La  baie  de 
Marance  a  deux  lieues  de  large.  Pour  y  entrer  il  fauc 
d'abord  doubler  une  pointe ,  qui  n'avance  pas  beaucoup 
dans  la  mer ,  puis  faire  l'ouefl  pendant  une  lieue.  On 
apperçoit  enfuite  fur  la  main  droite  une  autre  pointe, 
derrière  laquelle  efl  un  fort ,  Se  un  grand  quart  de 
lieue  plus  loin  efl  le  bourg  entre  deux  rivières  qui  bai- 
gnent fes  murs  des  deux  côtés.  A  l'eft  on  découvre  une 
terre  élevée  ,  qui  conduit  à  une  montagne  fort  haute. 
C'efl  le  Pain  de  Matance.,  En  fuivant  la  côte,  on  ap- 
perçoit quelques  mornes,  Se  ce  point  de  vue  efl:  ter- 
miné par  l'extrémité  orientale  de  Cuba ,  qu'on  nomme 
la  Pointe  d'haque ,  où  commence  le  vieux  canal  de  Ba- 
hama. La  baie  de  Matance  efl  à  quatorze  lieues  de  cette 
pointe.  *  Le    P.  de  CharUvoix  ,    Voyage   de    PAmi 

MATANG,  montagne  de  la  Chine  dans  la  province 
de  Kiangii  fur  la  rive  du  grand  fleuve,  auprès  de  la 
montagne  Pengce.  Cette  montagne  efl  proprement  un 
écueil  fameux  ,  par  le  grand  nombre  de  naufrages  qui 
fe  font  faits  dans  ce  lieu.  Pour  peu  que  les  vaifleaux 
s'éloignent  du  rivage  ,  la  violence  de  l'eau  les  porte  con- 
tre cet  écueil  où  ils  fe  brifent.  Atlas  Sinenfïs. 

MATAOUAN ,  polïe  de  l'Amérique  feptentrionale 
dans  la  nouvelle  France.  Il  efl:  fur  la  rivière  des  Ou- 
taouacs,  près  de  l'endroit  où  la  rivière  Creufe  fe  jette 
dans  celle-ci. 

MATAPAN ,  cap  de  la  Morée  dans  la  partie  méri- 
dionale,  entre  le  golfe  de  Colochine  à  l'orient,  &  le 
golfe  de  Coron  a  l'occident.  De  rous  les  promontoi- 
res de  la  Morée  ,  celui  de  Matapan  avance  le  plus  dans 
la  mer.  On  l'appelloit  anciennement  promontorïum  Tœ- 
narium,  Se  c'efl  dans  les  entrailles  de  ce  promontoire 
que  fe  trouve  l'antre  de  Tenaro ,  dont  l'ouverture  af- 
freufe  a  donné  lieu  aux  poe'tes  de  dire  que  c'étoit  la 
gueule  de  l'enfer.  Ils  ont  ajouté  que  c'eft  par-là  que 
fortit  l'invincible  Hercule,  après  qu'il  eut  triomphé  de 
Cerbère;  ce  qui  faiibit  qu'on  lui  donnoit  parmi  fes 
titres  celui  de  Tenare  ,  quoique  d'autres  veulent  qu'il 
y  ait  pris  ce  nom  de  Tenare  qui  naquit  d'Elafe  fils  d'I- 
canus  ,  qui  époufa  Erimade  fille  de  Damaficles. 

La  mer  efl  extrêmement  profonde  autour  de  ce  pro- 
montoire, Se  l'on  y  voit  deux  ports  commodes,  dont 
l'un  s'appelle  le  port  des  Cailles ,  à  caufe  du  nombre 
prodigieux  de  cailles  qu'on  y  trouve  -,  l'autre  eft  nom- 
mé le  port  de  Maina.  *  Coronelli ,  Defcript.  de  la  Mo- 
rée ,  p.  98. 

1.  MATARAM  ,  ville  capitale  de  l'empire  de  Java: 
elle  efl  fituée  dans  une  fertile  Se  agréable  plaine ,  qui 
efl  environnée  de  hautes  montagnes  couv&rtes  de  ver» 
dure ,  Se  qui  font  très-  fertiles. 


MAT 


142 

Cette  fituation  rend  la  ville  naturellement  forte; 
car  les  montagnes  d'Ohgaran  ôc  de  Marbabou  l'envi- 
ronnent ,  &  lui  fervent  de  rempart  du  côté  occidental  ; 
ik  du  côté  feptentrional  eft  la  montagne  deBilerang.qu'on 
tient  être  la  plus  haute  de  toutes  les  montagnes  de 
Java  ôc  qui  elt  inacceflible  dans  plufieurs  endroits ,  à 
caufe  des  bois  ôc  des  halliers  qui  font  dans  fa  pente. 
Les  vaifleaux  qui,  pendant  la  mouflon  de  l'eft,  fe  trou- 
vent du  côté  méridional  à  la  vue  de  l'ifle  ,  découvrent 
Bilerang  de  trente  lieues  en  mer.  Ainfi  la  ville  de  Ma- 
taram elt  toute  enfermée  de  montagnes  fort  hautes ,  ou 
de  collines  efearpées  ôc  couvertes  de  bois  impénétra- 
bles. Cette  ville  elt  une  place  aufli  forte  par  fa  fituation , 
qu'elle  eft  agréable  &  bien  pourvue  des  chofes  néces- 
faires  à  la  vie.  Quatre  portes,  qui  font  dans  les  partages 
étroits  des  montagnes  ,  ouvrent  &c  ferment  ceux  par  où 
l'on  peut  aller  de  Samarang  à  Mataram.  Le  premier  de 
ces  paflages  s'appelle  le  Col  de  Silimbi.  Il  elt  dans  un 
vallon  fort  étroit ,  où  l'on  n'aborde  que  par  divers  dé- 
tours ,  qui  fe  continuent  presque  toujours  depuis  Sa- 
marang, au  travers  des  fommets  de  ces  montagnes,  pen- 
dant dix  huit  à  vingt  lieues  de  chemin  ;  &  il  y  a  une 
bonne  garde  de  foldats  qu'on  relevé  chaque  mois. 

Au-dedans  de  ce  col  on  trouve  un  bourg  fort  peu- 
plé,  aufli  nommé  Silimbi.  Perfonne  ne  paiTe  par  cette 
porte ,  foit  pour  aller  à  Mataram  ou  pour  en  venir  , 
que  par  permiflion  du  commandant  de  la  garde ,  qui 
tient  regiftre  de  tous  ceux  qui  y  paflenr.  La  même  cho- 
fe  fe  pratique  au  col  de  Tadic  ,  qui  elt  le  fécond. 
Quoique  les  portes  ne  foient  que  de  bois ,  elles  font 
extraordinairement  fortes ,  maflives  ôc  pelantes.  Elles 
font  au  milieu  d'une  haie  de  gros  pieux  fichés  en  ter- 
re ,  qui  s'étendent  jusque  contre  la  pente  des  monta- 
gnes. Ceux  qui  voudroient  entreptendre  de  pafler  par 
ailleurs,  ôc  de  percer  à  travers  les  halliers  ôc  les  au- 
tres empêchemens  qui  s'y  trouvent,  auroienr  bien  de  la 
peine  à  réuflir  ,  ôc  ils  auroient  encore  plus  de  peine 
à  fe  cacher  :  s'ils  étoient  découverts ,  il  leur  en  couteroit  la 
vie. 

Les  deux  autres  paflages  qui  défendent  l'accès  de  Ma- 
taram font  le  Col  de  Caliadier  ou  Caliadir.  Au-de- 
hors  de  la  ville  on  voit  un  grand  nombre  de  beaux 
villages  qui  l'environnent,  ôc  qui  en  font  comme  les 
fauxbourgs.  Ceux  qui  en  ont  fait  le  compte  ,  ont  écrit 
qu'il  y  en  a  jusqu'à  trois  mille ,  les  uns  étant  dans  la 
plaine  ôc  les  autres  dans  les  pentes  des  montagnes  , 
même  jusque  fur  leurs  cimes.  Il  y  a  aufli  des  maifons 
de  plaifance  à  la  mode  du  pays,  qui  font  accompa- 
gnées de  garennes ,  de  vergers ,  de  champs  qui  pro- 
duifent  du  riz ,  ôc  d'autres  ornemens.  Mais  ce  qu'il  y 
a  de  plus  confidérable  elt  la  multitude  du  peuple  qui 
remplit  ces  villages. 

La  ville  ,  depuis  la  porte  de  Caliadir  jusqu'au  pa- 
lais impérial ,  a  deux  lieues  de  long ,  ôc  presqu'autant 
de  large.  Du  côté  occidental  elle  efl  enfermée  d'une 
muraille  haute  ôc  forte.  Du  côté  du  fud ,  elle  finit  par 
le  palais  impérial.  Au  nord  efl  la  porte  de  Caliadir. 
A  1  elt  ôc  dans  tout  le  relie  du  circuit  font  les  mon- 
tagnes, qui  commencent  bien  loin,  Ôc  qui  vont  jusques- 
là.  Les  rues  font  maloidonnées  ôc  fales  ,  ainfi  que  dans 
toutes  les  autres  villes  de  Java.  Il  n'y  en  a  qu'une  des  plus 
confidérables,  qui  s'étend  du  fud  au  nord  ,  encore  n'eft- 
ce  pas  tout  à  fait  en  droite  ligne  :  elle  efl;  comme  un  fa- 
bre  un  peu  courbé ,  partant  au  travers  des  principaux 
quartiers  de  la  ville. 

Au  bout  de  cette  principale  rue ,  qui  a  près  de  deux 
lieues  de  long,  paroît  le  palais  impérial,  qui  ne  pré 
fente  rien  de  rare ,  ni  même  de  fort  beau  aux  yeux 
des  Hollandois.  Les  plus  giands  ornemens  qu'ils  y  trou- 
vent, font  les  jardins  qui  l'accompngnent  ,  les  vergers  , 
les  plants  d'arbres  qui  font  par  derrière  ,  la  belle  place 
qui  eft^  au-devant ,  les  grands  bois  féparés  des  autres  par 
des  clôtures  ;  bois  qui  font  pour  h  chafle ,  ôc  où  il  y  a 
des  rhinocéros,  des  cerfs,  des  taureaux  fauva;es,  des 
chevaux  ,  des  vaches  Ôc  quantité  d'autres  bêres  ,  qui 
fourniflenr  à  l'empereur  beaucoup  de  plaifir  ôc  de  di- 
vers (Ternent. 

Tel  étoit  l'état  où  fe  trouvoit  cette  çrande  ville  en 
1661.  Aujourd'hui  elle  eft  entièrement  déchue  de  cette 
fplendeui  :  elle  tombe  presque  en  ruine  depuis  que  le 


MAT 


fiége  de  l'empire  a  été  transféré  à  Cartasoera  ou 
Cartasoura.  *  Gant  er  Schouten ,  Voyage  aux  Indes 
©rient,  t.  7.  p.  276.  ôc  fuiv. 

2.  MATARAM ,  royaume  ou  plutôt  empire  compofé 
de  plufieurs  royaumes  dans  la  partie  orientale  de  l'ifle 
de  Java.  Il  étoit  autrefois  d'une  bien  moindre  étendue: 
chaque  ville  maritime  ou  marchande  ,  même  jusqu'aux 
plus  petites,  avoit  fou  roi  particulier \  mais  peu  à  peu 
le  Mataram  ,  en  ayant  fournis  une  grande  partie  ,  s'érigea 
en  fouverain  de  toute  1  ifle ,  ou  du  moins  prit  le  titre 
de  Mataram  qui  fe  rapporte  à  celui  d  empereur ,  fa 
domination  s'étendit  principalement  fur  le  quartier  de 
l'ell ,  où  tous  les  autres  rois  fubirent  le  joug  qu'il  leur 
impofa. 

Mataram    efl;  la   feule   ville  qu'il  y  ait  dans  la   par- 
tie méridionale.  A  PtûV, à  quelque  diflanec  de  la  côte, 
on  trouve  Balambuam  ,  célèbre    de   tout  tems   par  fon 
commerce  ôc  par  l'abord  des  peuples   d'Orient  qui  s'y 
rendent  pour  trafiquer.  En  continuant  de  l'eft  à  l'oneit 
on  rencontre  Panai  ucan  ,  à  dix  lieues  au  nord  oueft  de 
Balainbuam;  Paflarvan  ôc  Daya  font  à  cinq  ou  fix  lieues 
de  Panarucan  ,  &  il  y  a  encore  deux  autres  petites  vil- 
les un  peu  plus  à  l'ouelt,  vis-à  vis  de  l'ifle  «Je  Maduré. 
Joartam  elt  à  dix  lieues  à  l'oued;    de   Paiiarvan,   aufli 
fur  la  côte  ôc   vis-à-vis  de  Maduré.  Surbaïa,  B'andaon 
ôc  Cida'o  ou  Sydayo ,  font  trois  petites  villes  à  l'ouelt 
en  venant  de  Joar  am  proche  des  côtes  de  la  mer.  Tu- 
baon  ou  Tuban  qui  a  été  un  royaume,  efl:  aufli  main- 
tenant une  des  villes  de  l'empire  du  Mataram.  Cajaon 
qui  eft  à  cinq  lieues  de  Tubaon  à  l'ouelt  ôc  Mandali- 
caon  ,  font  deux  places  peuplées  de  pauvres  pêcheurs; 
mais  la  ville  de  Japara  ou  Japare  efl  préfentemenr  con- 
fidetable  ;   Pati    ôc   Dauma  qui  font    dans  le  voifinage 
de  Japare  y  envoient  leurs  marchandifes ,  grains  ,  pois- 
fon,  ôcc.    de  forte  que  par    elles-mêmes  ce   font  des 
places  de  peu    d'importance.   Samarang  qui  efl;  à  fept 
lieues  de   Japara  n'eft  point  murée  ;  mais  elle  eft  fore 
peuplée.  Autrefois  les  ambafladeurs  que  la  compagnie 
hollandoife  envoyoit  à  la  cour  du  Mataram  alloient  dé- 
barquer dans  ce  port  pour  fe  rendre  enfuire  par  terre 
à  Mataram.  On  trouve  fur    ecte  route  de  belles  cam- 
pagnes ,  dont  la  plupart  font  femées  de  riz  ôc  coupées 
de  bois,  de  prairies,  de  plaines,  de  coteaux  &  de  val- 
lées d'une  extrême  beauté  ;  on  marche  aufli  le  long  des 
montagnes  nommées  Ongaran  ,  Marbabou  &  Belirang , 
dont  les  cimes  font  couvertes  d'arbres  verdoyans ,  qui 
femblent  porrer  leurs  têtes  dans  le  ciel.  Entre  Mataram 
ôc  les  villes  de  Japara  ôc  de  Samarang,  on  voit  encore 
une  multitude   d'autres  bourgs   ôc  villages  de  diverfes 
grandeurs,  presque  tous  également  bien  peuplés.  ïl  y  a 
plufieurs  rivières,  dont  une  des  plus    confidérables  eft 
celle  de  Damack,qui  roule  fes  eaux  avec  un  grand  fra- 
cas du  haut   des   montagnes  d'où  elles   fortent.  Sur  la 
côte  de  la  mer,  en  continuant  toujours  à   l'oueft  vers 
Batavia,  on  rencontre    Taagcl,  Charabaon,  Dermaïa, 
Monucaon  ,  Cravaou;  mais  la  plupart   de   ces   places 
font  déchues  de  leur  ancien  état ,  les  habitans  n'étant 
plus  que  de  pauvres  pêcheurs. 

L'empereur  de  Mataram  affilie  trois  fois  la  femaine 
au  confeil  d'état,  tant  pour  les  affaires  publiques  que 
pour  celles  qui  regardent  la  juflice.  Il  emploie  Je  Samedi 
ou  le  Lundi  au  divertifiément  des  tournois  ;  mais  quand 
il  y  a  des  affaires  extraordinaires ,  il  fe  rend  fouvent 
au  confeil ,  où  il  n'y  a  perfonne  qui  ofe  le  contredire  ; 
de  forte  qu'il  eft  maître  abfolu.  Ses  confeillers  font 
obligés  de  s'afiembler  trois  jours  de  la  femaine  dans  la 
grande  place  du  palais,  ôc  de  s'y  tenir  depuis  neuf 
heures  du  matin  jusqu'à  midi ,  afin  d'être  tout  prêts 
lorsque  l'empereur  les  fait  appel  1er.  Ceux  qui  s'abfen- 
tent  ,  fans  cauf»  légitime  ,  font  en  danger  de  la  vie.  S'ils 
font  malades ,  ils  ont  foin  d'en  faire  avertir  l'aflemblée. 
Dans  l'empire  nul  ne  peut  s'artribuer  le  droit  de 
tuer  ni  de  condamner  à  mort.  S'il  y  a  des  malfaiteurs 
dans  le  détroit  de  la  jurisdiction  d'un  feigneur  ,  foit 
qu'ils  foient  fes  vaflaux  ou  non  ,  il  ne  petit  que  les 
faire  faifir  ôc  lier  :  après  quoi  il  doit  les  envoyer  dans 
les  prifons  de  Mararam  ,  pour  être  produits  en  jufticé 
aux  jours  de  l'aflemblée  du  grand  confeil ,  devant  lequel 
le  fiscal  porte  Paccufation.  S'ils  font  trouvés  coupa- 
bles ,  Us  font  fur  le  champ  mis  à  mort.  Sitôt  que  le  cou- 


MAT 


MAT 


fcil  eft  aflèmblé ,  on  entend  toutes  fortes  d'inftrumens 
de  rnufique  javanaife ,  comme  tambour  ,  baffins  de  cui- 
vre :  mais  ce  tintamare  cefl'c  lorsque  l'empereur  paroir. 
11  va  safieoirdans  milieu  élevé,  où  il  elt  entouré  d'une 
groffe  garde.  Les  feigneurs  ,  de  quelque  rang  qu'ils 
ibient ,  lont  aiîis  à  terre  ,  les  jambes  en  croix  fous  eux , 
le  corps  penché,  fans  ofer  parler,  que  quand  ils  fonc 
interrogés.  On  amené  devant  lui  les  criminels  liés  8c 
garâtes  :  il  prend  l'avis  de  chaque  confeiller ,  &  décide 
a  fa  volonté ,  fans  qu'on  ofe  le  contredire. 

L'empire  coniiite  en  douze  provinces ,  dont  il  y  en 
a  fept  maritimes  8c  cinq  plus  avant  dans  les  terres.  Outre 
ces  douze  provinces  qui  font  régies  par  des  gouverneurs 
ou  vicerois ,  nommés  pangorans  ou  tommagons ,  il  y  a 
des    commandans    ou    fous-gouverneurs    dans  chaque 
ville,  bourg  ou   village  ;    on  les  appelle   orancaïes  ou 
feigneurs,    8c  avec  le    commandement   des   villes   ou 
bourgs,  ils  ont  prefque  tous   encore  fous  eux  une  cer- 
taine étendue  de  pays  à  régir.    Ces  fous- gouverneurs 
fbnr  obligés  de  rendre  compte  au  pangoran  ,  de  ce  qui 
fe  pane  dans  l'étendue  de  leur  jurisdiétion  ;  8c  les  pango- 
ians en  informent  le  rommagon  de  la  capitale  du  royau- 
me ,  ou  l'empereur  même  ,  félon  l'importance  de  l'affaire. 
Outre  ces  officiers  ,  il  y  a  dans  chaque  place  ou  diitriét  un 
fabandar ,  qui  eft  le   receveur  des  douanes ,  tributs  8c 
droits  du  prince:  ceux-ci  rendent  leurs  comptes  à  des 
commiflaires  du  confeil.  Il  y  a  encore  plufieurs  autres 
officiers  ,  tant  politiques  que  militaires  ,  qui  ont  l'in- 
fpection  fur  les  armes ,  fur  le  canon  ,  fur  les  mousquets , 
fur  les  piques ,  fur  les  boulets  ,  fur  les  balles ,  fur  la 
pondre.  Ceux  qui  commandent  les  foldats  font  des  gens 
choifis  8c  vigilans  ,  que  leurs  bonnes  qualité»  rendent 
îecominandables  ;  car  la  faveur  n'a  point  de  part  à  leur 
avancement. 

De  rems  en  tems  les  tommagons  &  les  pangorans  font 
paner  en  revue  les  troupesA  en  peu  d'heures  on  peut  mettre 
en  campagne  quelques  centaines  de  milliers  d'hommes. 
Les  matris  ont  mille  hommes  fous  leur  commandement; 
8c  les  loëras  ,  ou  lotiras  ,  en  commandent  environ  cent. 
Il  elt  bon  pour  la  compagnie  hollandoife  que  les  peu- 
ples du  Mataram  ne  içachent  pas  faire  la  guerre  comme 
on  la  fait  en  Europe  ;  car  fi  avec  leur  naturel  malin , 
avec  leur  intrépidité  8c  le  mépris  qu'ils  font  de  la  mort, 
ils  avoient  la  même  habileté  que  les  Européens ,  il  n'y 
auroit  pas  de  fureté  dans  leur  voifinage  ;  mais  on  a 
éprouvé  plufieurs  fois  que  plus  leurs  aimées  font  groffes, 
moins  elles  font  de  progrès  :  le  désordre  s'y  met  plus 
aifement  8c  les  fait  plutôt  dilïîper.  Sous  ces  officiers  il 
y  en  a  de  fubalternes ,  qui  font  presque  continuellement 
des  courfes  pour  épier  ce  qui  fepanecx:  pour  faifir  ceux 
qui  font  furpiisen  délit.  Enfin  il  y  a  des  émiffaires  particu- 
liers qui  ne  font  autre  métier  que  d'obfervcr  la  conduite 
àcs  grands  8c  des  petits ,  dont  ils  rendent  compte  aux 
tommagons  de  la  capitale ,  ou  à  l'empereur  même* 

Les  tournois  fc  riennent  tous  les  Lundis ,  ou  quelque- 
fois les  Samedis ,  dans  la  place  qui  elt  devant  le  palais. 
Il  s'y  trouve  ordinairement  cinq  à  fix  cens  cavaliers ,  des 
plus  grands  feigneurs  de  l'état,  avec  leurs  plus  beaux 
ornemens  ,à  la  mode  du  pays  ,8c  la  magnificence  éclate 
«gaiement  fur  les  harnois  des  chevaux.  Ces  ornemens 
font  une  pièce  d'étoffe  de  foie  à  fleurs ,  ou  d'une  fine 
toile  de  coton  très-blanche,  qui  elt  tournée  autour  de 
leurs  corps  de  la  ceinture  en  bas  ;  car  de  la  ceinture  en 
haut  ils  font  nuds.  Ils  ont  un  petit  bonnet  blanc,  ou 
bien  un  morceau  d'une  toile  de  coton,  ou  d'une  étoffe 
de  foie  tourné  plufieurs  fois  autour  de  la  tête  &  roulé 
en  forme  de  turban.  Autour  de  la  place  il  y  a  pour 
chaque  feigneur  qui  eft  du  tournois ,  un  poteau  ,  ou  un 
petit  couvert  »  où  un  valet  attache  le  cheval  de  fon 
maître  &  le  garde.  Chacun  a  encore  d'autres  valets, 
qui  dans  ce  même  endroit  jouent  des  inltrnmens.  Les 
muficiens de  l'empereur  font  autour  de  la  place,  8c  jouent 
particulièrement  lorsque  le  prince  paroît  à  cheval ,  ajufté 
comme  les  autres  ,&  entouré  de  quelques  centaines  de 
gardes  tous  à  pied.  Dès  qu'il  fc  montre  ,  tout  le  monde 
jette  les  yeux  fur  lui  pour  voir  fi  c'eft  un  bonnet  à  la 
Javanoife,  ou  un  turban  qu'il  a  fur  la  tête.  Si  c'eft  un 
turban,  tout  le  monde  auiïï-tôt  en  prend  un  ;  8c  fi  c'efl 
un  bonnet ,  chacun  met  auffi  tôt  le  fien. 
Dès  que  l'empereur  eft.  arrivé,  les  avenues  de  la  place , 


!4? 

qui  eft  entoutec  d'une  eipéee  de  paliffade  ,  fe  ferment, 
perfonne  n'en  peut  plus  fortir  ;  8c  autour  de  la  paliilade 
font  placés  dix  ou  douze  mille  hommes  fous  les  armes  , 
ou  même  plus.qui  lei  vent  de  gardes.  Le  prince  va  d'abord, 
avec  beaucoup  de  gravité,faite  une  volte  autour  du  pilier; 
8c  les  cavaliers   vont  en  faire  autant  aptes  lui  ;  Se  s'il 
veut  faite  une  courte  ,  il  choifit  quelqu'un  des  premiers 
feigneurs  ,    qui  ont  à  la  main  chacun  une  lance  ,  au  bas 
de  laquelle  il  y  a  un  bouton.  L'empereur  court  le  pre- 
mier 8c  fes  gardes  courent  de  toute  leur  force  après  lui 
8c  à  fes  côtés.  Celui  qu'il  a  choifi  pour  courir  contre 
lui,  tâche  de  le  joindre  jufqu'à  la  portée  de  fa  lance, 
qu'il  avance  à  côté  du  prince  ,  pour  marquer  qu'il  pour- 
roir  l'atteindre,  8c  le  prince  fe  fert  de  la  fienne  pour 
parer  le  coup  &  détourner  celle   qui  fe  préfente  à  fon 
côté.  Lorsqu'ils  ont  ainfi  couru  en   combattant  jusqu'au 
bout  de  la  place ,  ils  font  volte  face ,  avec    beaucoup 
d'adreffe  ,  8c  continuent  leur  courfe  &  leur  combat  ;  de 
forte  pourtant  que  celui  qui  étoit  pourfuivant  dans  la 
première  courfe  devient  le  pourfuivi  dans  celle-ci.  Les 
cavaliers  font  leur  courfe  à  leur  tour  ,  allant  d'un  bout 
à  l'autre  de  la  carrière  8c  revenant   fans  cefie,  jusqu'à 
ce  que  l'un    des  deux  combattans  ait    remporté  quel- 
que avantage  fur  l'autre  ;  fouvent  même  ils  changent 
de  chevaux   8c  en    prennent  de  frais.  S'il  arrive   que 
celui  qui  court  contre   l'empereur  ait  fur  lui  quelque 
fupériorité,  il   fe  donne   bien  de   garde  d'en  paroître 
fier-,  8c  s'il  fait  fentirfon  avantage  ,  e'eit  toujours  d'un 
air  très-refpectueuXi 

Le  tournois  dure  ordinairement  depuis  quatre  heures 
après  midi  jufqu'à  ce  que  le  foleil  fe  couche.  En  général 
tous  les  champions  font  paroître  beaucoup  d'agilité  dans 
leurs  courfes  8c  beaucoup  d'adrefiè  à  fe  fervir  de  leurs 
lances.  Chacun  tâche  d'enlever  fon  adverfaire  de  deffus 
la  felle,  8c  quand  la  ehofe  arrive,  celui  qui  a  eu  ce 
désavantage  eft  expofé  à  de  grandes  railleries; mais  cela 
n'arrive  que  rarement,  car  ils  font  fort  bien  à  cheval. 
Les  felles  des  chevaux  font  petites  &  leurs  étriers  courts. 
Ils  gouvernent  le  cheval  par  le  moyen  d'une  bride  ,  avec 
un  petit  crochet ,  où  il  y  a  une  corde  attachée  qu'ils 
nouent  autour  d'eux  comme  une  ceinturé  :  ainfi  c 'elt 
de  leur  corps  feul  qu'ils  régiffent,  ce  qui  eft  caufe 
qu'ils  ont  les  mains  libres  pour  manier  leurs  lances. 

La  garde  fe  fait  au-dedans  du  palais ,  la  nuit  auffi  bien 
que  le  jour ,  par  un  grand  nombre  de  femmes  armées* 
11  n'eft  permis  à  aucun  homme  d'y  paner  la  nuit.  On 
croit  que  le  nombre  de  ces  femmes  monte  à  dix  mille» 
Elles  font  commandées  par  des  femmes  ;  8c  il  y  a  toutes 
fortes  de  grades  parmi  elles  comme  dans  les  régimens. 
Toutes  leurs  vues  &  tous  leurs  foins  n'ont  d'autre  objet 
que  la  confervation  de  la  perfonne  du  Mataram  ,  &  fon 
fervice  auffi  bien  que  celui  de  fes  femmes  8c  de  fes 
concubines. 

Les  empereurs  ont  otdinairement  quatre  femmes,  qui 
font  des  plus  grandes  maifons  de  l'empire.  On  dit  qu'outre 
cela  ils  ont  un  nombre  confidérable  de  belles  filles  à 
leur  fervice  particulier  ,  &  que  le  nombre  en  va  jusqu'à 
quatre  cens.  On  les  va  choifir  par  tout  :  on  lui  amène 
celles  qu'on  trouve  les  plus  belles  ;  &  on  leur  fait  appren- 
dre l'exercice  des  armes,  à  jouer  desinûrumens,  à  chanter» 
à  danfer  8c  plufieurs  autres  chofes  par  le  moyen  des- 
quelles elles  tâchent  de  lui  plaire.  En  quelque  lieu  de 
fon  palais  qu'il  foit ,  il  en  eft  accompagné ,  entouré , 
fervi  8c  gardé.  Elles  ont  toujours  avec  elles  des  lances 
pointues  ,  8c  de  légères  armes  à  feu. 

Quoiqu'outte  fes  femmes  l'empereur  ait  un  grand 
nombre  de  concubines,  il  arrive  pourtant  quelquefois 
que  parmi  ces  jolies  gatdes,  il  y  en  a  quelqu'une  qui  lui 
plaît  plus  que  les  autres  ëc  qui  lui  touche  le  cœur  :  alors  il 
l'élevé  à  la  dignité  deconcubine;&  c'efl:  le  plus  haut  degré 
de  gloire  où  elles  puifîent  afpirer.  Cependant  on  efti- 
me  bien  plus  heureufes  celles  qu'il  donne  en  maria- 
ge aux  feigneurs  de  fa  cour.  Ceft  par  cette  raifon  que 
les  filles  nobles  le  fervent  avec  encore  plus  demprefiemenc 
que  les  autres ,  qui  ne  peuvent  efpérer  une  pareille 
fortune. 

MATARI.  Voyez  Mactarum. 
MATARITANENSIS  ,  Mataritanus  ou  Matta- 
ritanus  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la  Byzacéne, 
La  notice  épiscopale  d'Afrique  met  dans  cette  province 


MAT 


144 

deux  lièges ,  dont  le  nom  approche  fort  1  un  de  l'au- 
tre,  favoir,  Matiaritanenenfis ,  n°.  25.  Se  Muttari- 
tanenfis  ,  n°.  50.  On  trouve  aufli  dans  la  conférence  de 
Carthage,  cap.  153.  les  noms  des  évêques  de  ces  deux 
fiéges ,  favoir  Cultafius ,  qualifié  episcopus  plebis  Ma- 
taruawt  ,  Se  Comparator  ,  dit  ,  episcopus  MaClaritanus. 
Entre  les  évêques  qui  affilièrent  au  concile  tenu  par 
faint  Cyprien  ,  touchant  le  baptême  des  Hérétiques , 
on  trouve  Marais  à  Maclari  ,  évêque  de  Ma&ari ,  fi 
on  lit  comme  faint  Cyprien-,  mais  évêque  de  Mattariy 
fi  on  lit  comme  faint  Auguftin.  Pline  ,  /.  $.  c.  4.  parle 
d'une  ville  qu'il  nomme  Oppidum  Matterenfe  ;  &  Cas- 
fiodore  dans  fon  livre  des  inltitutions  divines,  cap.  29. 
fait  mention  de  Vi&or  ,  qu'il  qualifie  episcopus  Mar- 
taritanus ,  peut-être  pour  Mattaritanus. 

MATARO ,  petite  ville  d'Espagne  dans  la  Catalogne, 
fur  le  chemin  de  Barcelone  en  France.  On  y  fait  de  très- 
belles  verreries,  c'eft  i'ïluro  de  Pline ,  &  appellée  Dilurum 
par  Ptolomée.  *  Délices  d'Espagne  ,t.  4.  p.  664. 

MATAS  (cap de  las)  dans  l'Amérique  méridionale, 
au  midi  de  la  baie  de  los  Cametones,  fur  le  bord  de  la  mer 
Magellanique,  par  les  4J  degrés  de  latidude  auftrale ,  fort 
mal  nommé  par  quelques-uns  le  cap  des  Buiflbns  .  puis- 
qu'il ne  s'y  en  trouve  pas  un  feul,  &  que  toute  cette 
cerre  eft  entièrement  aride. 

i.  MATATANA  ou  Matatanes,  rivière  de  rifle  de 
Madagascar  ,  dont  l'embouchure  eft  fur  la  côte  orien- 
tale. Elle  fort  par  deux  bouches  éloignées  l'une  de  l'autre 
de  fept  lieues.  Dans  cet  efpace  il  y  a  de  grandes  prairies 
qui  forment  une  ifle  très-fertile.  C'eft  la  qu'habitent  les 
peuples  qu'on  nomme  Or,tanpa(Temaca ,  ou  Zafferahimina, 
ou  Ramini.  Les  cannes  de  fucre  y  font  en  fi  grande 
abondance ,  que  fi  l'on  y  avoir  les  chofes  néceflaires 
pour  le  cuire  Se  pour  le  façonner,  on  pourroit  tous 
les  ans  en  charger  pluficurs  vaifleaux.  La  Matatana  des- 
cend des  monragnes  du  pays  de  Vattebei.  *  Flacourt , 
Hift.  de  Madagascar ,  c.  7. 

2.  MATATANA,  contrée  de  l'ifle  de  Madagascar, 
fur  la  côte  orientale.  Elle  prend  fon  nom  de  la  rivière 
de  Matatana.  C'eft  un  pays  plat ,  qui  abonde  en  fucre  , 
en  miel,  en  ignames  Se  en  bétail.  Plufieurs  rivières  l'ar- 
rofent  &  y  fournifient  beaucoup  de  poiflbn.  Les  cannes 
de  fucre  y  croiflent  fi  abondamment ,  qu'il  feroit  aife 
de  charger  de  fucre  plufieurs  vaifleaux  tous  les  ans ,  fi 
ce  peuple  favoit  la  manière  d'en  tirer.  Les  grands  du 
pays  ont  pluficurs  femmes  ,  quelquefois  jusqu'à  quinze 
ou  vingt.  Elles  font  enfermées  dans  une  place  clofe  Se 
environnée  de  paliflades  ,  comme  un  grand  bourg  ,  où 
chacune  a  une  petite  maifon  à  part.  L'entrée  en  eft 
défendue  aux  Nègres ,  Se  il  y  va  de  la  vie  pour  ceux 
que  l'on  y  nouveroit.  Ils  n'ont  ni  églifes  ni  mosquées  ; 
Se  font  fort  adonnés  à  la  fuperftition  &  au  fortilégc.  Ils 
ajoutent  beaucoup  de  foi  à  certains  petits  billets  écrits 
en  caractères  arabes,  qu'ils  appellent  Hiridfi  ,  Mafarabou 
&  Taliflimou  -,  ils  croient  que  les  uns  font  bons  pour 
détourner  le  tonnerre,  la  pluie  Se  les  vents ,  pour  les 
préferver  des  bleflures  en  tems  de  guerre  ,  Se  les  em- 
pêcher d'être  tués  \  Se  que  les  autres  ont  la  vertu  de 
garantir  de  poifon  Se  de  maladies  ;  &  défend  de  pillage 
Se  d'embrafemenr  les  maifons  Se  les  villages.  Tous  ces 
billets  font  drefles  par  les  ombiafles.qui  font  leurs  prêtres, 
leurs  médecins ,  Se  leurs  aftrologues.  Outre  la  rivière 
de  Matatana  ,  il  y  en  a  plufieurs  autres  dans  cette  province 
le  long  de  la  cote  ,  en  tirant  vers  le  feptentrion  ,  comme 
Manghafiours ,  Manancare ,  Mananhave ,  Itin ,  Itapoulo- 
bei  ,  Itapoulofirie  Se  Itapeulomainthiranou.  Ces  trois 
dernières  font  petites ,  Se  à  trois  ou  quatre  lieues  les 
unes  des  autres.  Celle  de  Manghafiours  ou  Mangha- 
fies  eft  médiocre,  Se  à  quatre  lieues  de  celle  de  Maratane. 
Les  François  avoienr  auflî  une  habitation  fur  fes  bords  ; 
mais  il  eft  dangereux  d'en  approcher  avec  une  barque  , 
à  caufe  des  écueils  Se  des  bancs  de  fable  dont  elle  eft 
remplie.  Manancare ,  qui  coule  à  quatre  lieues  de  là, 
eft  aufti  allez  petite.  Mananhave ,  qui  veut  dire  abondance 
de  vivres ,  eft  une  rivière  fott  poiflbnneufc.  Itin  n'eft 
qu'un  petit  étang  à  demi-lieue  de  Mananhave.  Il  y  a 
encore  trois  autres  rivières  ,  favoir  Faraon  ,  Lamehoric 
Se  Manruraven.  La  première  eft  une  rivière ,  le  long 
de  laquelle  les  Blancs  de  Mouffi  fe  font  retires.  Elle 
peut  porter   bateau,  Se  descend  des  montagnes  fituées 


MAT 


au  couchant ,  entre  Matatane  Se  Eringdrane.  La  Mahoric 
ou  Marombei  vient  de  fix  ou  fept  lieues  plus  haut  du 
côté  de  l'oueft  ,  Se  Manteraven  ,  petite  rivière  ,  n'eft 
guère  qu'à  fix  lieues  de  Marombei.  *  Flacourt ,  Hift. 
de  l'ifle  de  Madagascar ,  c.  7. 

MATAURUS.  Voyez.  Metaurus  Se  Matria. 

MATAYUS,  peuples  de  l'Amérique  méridionale  fur 
la  rive  méridionale  de  la  rivière  des  Amazones ,  entre 
la  rivière  des  Tapayfos  à  l'orient ,  les  Guayafis  au  midi , 
Se  l'ifle  des  Topinambes  au  couchant.  *  De  l'IJle,  Atlas. 

MATAZA  ,  nom  d'un  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  les 
lettres  de  S.  Grégoire  de  Nazianze:  il  femble  que  ce 
lieu  devoir  être  dans  la  Cappadoce^  Se  Baronius  juge 
qu'on  doit  le  placer  fur  le  fleuve  Iris.  *  Ortelh  Thefaur. 

MATCOW1TZ  ,  Makovitz  ou  Matcowitza  («), 
ville  de  la  Haute  Hongrie  dans  la  partie  orientale  du 
comté  de  Scepus ,  au  nord  de  Bartuva.  Cette  place  eft 
fituée  fur  une  montagne  ,  Se  munie  de  fortes  murailles 
garnies  de  tours  (b).  Les  Impériaux  la  prirent  en  1684. 
(a)  De  l'ifle  ,  Atlas  {b)  Hift.  &  Dtjcr.  de  la  Hon- 
grie ,  1.  3. 

MATELG.dE  ,  ville  des  Garamantes,  félon  Pline,  /. 
$.  c.  5.  Le  père  Hardouin  croit  qu'il  faudroit  plutôt  lire 
Mox  Taïga  ,  comme  portent  quelques  manuferits. 

MATELICA,.  bourg  d'Iraiie  dans  l'état  de  l'Eglifc 
Se  dans  la  Marche  d'Ancone  fur  le  Sano  entre  San- 
Severino  à  l'orient ,  Se  Fabriano  à  l'occident.  H  y  a  eu 
un  éveché;  car  on  trouve  dans  le  concile  tenu  à  Rome  , 
l'an  487  la  fouscription  df  Kquitius  Matellicas.  *  Magïn , 
Carte  de  la  Marche  d'Ancone. 

M ATELLANA  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Citeaux 
de  la  congrégation  de  Léon  en  Espagne  ,  dans  la  vieille 
Caftille  au  diocèfe  de  Burgos. 

MATELLES  ou  Matilles,  petite  ville  de  France 
dans  le  Bas  Languedoc ,  diocèfe  Se  recette  de  Montpellier. 
Elle  eft  fituée  dans  la  vallée  &  dans  le  comté  de  Mcnt- 
ferrand,  Se  elle  appanient  à  l'évêque  de  Montpellier. 

MATENI  ou  Materi,  peuples  de  la  Sarmatie  Afiati- 
que,  félon  Ptolomée  ,  /.  $.  c.  9. 

MATEOLANI,  peuples  delà  Pouille.  Pline,/.  3.  c. 
1 1.  les  place  aux  environs  du  mont  Garganus. 

MATEQUA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Elle  eft 
près  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Prim  qui  fc 
décharge  dans  la  nier  d'Arabie  entre  le  golfe  de  Calhat 
Se  le  cap  de  Çacalhat.  *  Baudrand ,  édit.  1 70 j. 

MATER  Hypanis.  On  donnoit  ce  nom  ancienne- 
ment à  un  grand  marais  de  la  Scythie  Européenne , 
parce  que  le  fleuve  Hypanis  y  prenoit  fa  fource.  Diodore, 
/.  4.  c.$i..  Se  Pomponius  Mêla  ,  l.  1.  c.  1.  parlent  de  ce 
marais. 

MATERA  (a) ,  ville  du  royaume  de  Naplcs  dans 
la  partie  occidentale  de  la  terre  d'Otrante  ,  fur  la  rivière 
de  Canapro.  Cette  ville  eftépiscopale  Se  fon  évêchéeft 
fuftragant  de  l'archevêché  de  Ccrenza ,  auquel  il  a  été 
uni  à  perpétuité.  Matera  eft  aflêz  grande  ;  elle  peut 
contenir  environ  trois  mille  feux.  On  l'a  vue  autrefois 
fujette  aux  Sans-Severins  &  aux  ducs  de  Gravina.  Aujour- 
d'hui elle  eft  du  domaine  du  royaume  de  Naples.  (a) 
Magin ,  Carre  de  la  terre  d'Otrante.  (b)  Corn.  DicL. 

MATERI,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique, 
félon  Ptolomée  ,l.$.c.  9. 

MATERIANENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique. 
Peregrinus  eft  qualifié  episcopus  Materianenfis ,  dans  la 
notice,  n°.  92.  des  évêchés  d'Afrique.  Ce  fiége  étoit 
dans  la  Byzacéne. 

MATERINA,  contrée  d'Italie,  félon  Tite-Live, /. 
9.  c.  4 1 .  Elle  étoit  quelque  part  dans  l'Ombrie. 

MATERNA.  Voyez.  Martena. 

MATHA  ,  bourgade  de  France  dans  la  Saintongc 
vers  les  confins  derÀngoumois.Elleeftfituéefurl'Antene, 
à  l'orient  de  S.  Jean  d'Angely,&  au  nord  de  Coignac.  * 
De  l'ifle,  Atlas. 

MATH  JE,  peuples  des  Indes  ,  quelque  part  au  voifina- 
ge   du  Gange,  félon  Arrien  ,  in  indicis ,  p.  316. 

MATH  AN  A  ,  campement  des  Ifraëlites  dans  ledéferr. 
De  Matbana  ou  Mattbana,  ils  allèrent  à  Nahaliel  («). 
Eufebe  dit  que  cet  endroit  étoit  fitué  fur  l'Arnon ,  à 
douze  milles  de  Medaba  {b)  vers  l'orient,  {a)  Num. 
21  ,   18  &   19.  (b)  Dont  Calmet,  Di<5r. 

MATHAREA  ou  Ma-Tarea,  village   d'Egypte  à 

l'cflL 


MAT 


MAT 


l'cft  du  Caire,  à  la  diltance  environde  deux  heures  de  che- 
min à  cheval.  Jefus-Chrift  Se  fa  i'ainte  Mère  ont  fanctifié, 
à  ce  qu'on  croie ,  ce  lieu  de  leur  préfence  ,  &  il  y  a  un 
jardin  célèbre  où  l'on  plantoir  autrefois  du  baume.  En 
entrant  dans  la  cour ,  qui  eu:  avant  ce  jardin ,  on  voit  à 
main  droite  un  petit  oratoire  des  Turcs ,  qu'un  certain 
nommé  Ibrahim,  qui  étoit  bâcha  d'Egypte  vers  l'an  1659. 
pour  marque  de  la  haine  qu'il  "portoit  aux  Coptes  ,  fit 
bâtir. fur  les  ruines  d'une  petite  églife  qui  leur  appartc- 
noit ,  Se  où  ils  révéroient  quelques  veltiges  de  Notre 
Seigneur  Se  de  fa  fainte  Mère.  Lorsque  ce  lieu  eut  été 
ainfi  changé  en  oratoire  des  Turcs ,  il  n'étoit  plus  permis 
à  aucun  Chrétien  de  le  vifuer  :  mais  quelque  tems  après 
les  Turcs  n'en  firent  plus  d'é:at ,  &  les  Chrétiens  recom- 
mencèrent à  y  entrer  librement.  On  ne  l'appelle  même 
plus  un  oratoire ,  mais  Amplement  il  Makad ,  ou  lien 
de  repas.  *  Vanjleb.  Relat.  d'Egypte  ,  p.  229. 

Iiy  a  dans  ce  Mal^ad  un  petit  réfervou  fait  de  marbre 
de  diverfes  couleurs ,  Se  plein  d'eau  qu'un  canal  y  apporte 
du  puits  miraculeux  qui  eu;  tout  proche.  Les  Coptes 
ont  une  tradition  qui  veut  que  la  fainte  Vierge  eut 
coutume  d'y  laver  les  linges  qui  avoient  fervi  au  Sau- 
veur, Se  que  pendant  qu'elle  étoit  occupée  à  ce  travail , 
elle  faifoit  repofer  ce  .cher  fils  dans  une  niche  qu'on 
voit  dans  la  muraille  du  Makad.  Les  religieux  Francs 
difoient  autrefois  la  meffe  dans  ce  lieu  par  dévotion. 
Cependant  on  trouve  des  difficultés  qui  femblent  renver- 
fer  cette  tradition. 

Tout  auprès  de  ce  Mak.ad,ou  repofoir,  eft  le  puits 
miraculeux.  Il  elt  valte  Se  très- profond.  Ses  eaux  fur- 
paffent  en  légèreté  Se  en  douceur  celles  du  Nil.  Les  bâchas 
eux  mêmes  en  boivent  Se  les  préfèrent  aux  eaux  de  ce 
fleuve. 

La  tradition  des  Coptes  porte  encore  que  Notre 
Seigneur  s'elt  lavé  dans  ce  puits  ,  Se  qu'il  communi- 
qua par  un  miracle  à  ces  eaux  cette  bonté  extraordinaire. 
Il  y  a  même  des  hiftoriens  Mahométans  qui  en  tombent 
d'accord. 

On  ne  s'accorde  pas  fur  la  fource  de  ce  puits.  Les 
uns  croient,  dit  le  père  Vanfleb,p.  232*  qu'elle  eft 
venue  par  miracle  ;  Se  les  autres  difent  que  c'en;  un 
canal  fousterrein  du  Nil  :  mais  la  choie  elt  comme  im- 
pollible:  i°.  à  caulé  du  trop  grand  éloignement  du  Nil: 
20.  parce  que  lors  même  que  le  Nil  elt  fort  trouble, 
les  eaux  de  ce  puits  font  très-claires  :  30.  parce  qu'elles 
ne  croiflent  Se  ne  décroiflent  point  comme  le  Nil  :  40. 
à  caufe  de  l'étymologiedu  nom  Ma-Tarea ,  ou  eau  fraî- 
che ,  ce  qui  marque  que  ces  eaux  ont  une  fource  Se  une 
qualité  toute  particulière  ,  Se  que  par  conséquent  elles 
n'ont  rien  de  commun  avec  le  Nil. 

Les  Mahométans  prétendent  que  ces  eaux  viennent 
du  puits  nommé  Bir-ilfimfim ,  qui  eft  à  la  Mecque  ,  Se 
célèbre  parmi  eux  ,  par  un  miracle  fabuleux  de  Mahomet. 

On  plantoit  autrefois  dans  le  jardin  les  arbriffeaux  qui 
diftilloient  le  baume ,  Se  qui  n'en  rendoient  point  quand 
ils  étoient  plantés  horsde  ce  jardin  ,  ni  quand  ils  n'étoient 
point  arrofés  de  l'eau  du  puits  merveilleux  dont  il  vient 
d'être  parlé.  On  peut  voir  à  ce  fujet  un  ouvrage  du 
père  Vanflcb  ,  intitulé  l'Eglife  Alexandrine  ,  on  y 
trouvera  diverfes  chofes  curieufes  touchant  ces  arbriffeaux 
Se  ce  puits. 

On  voyoit  autrefois  dans  ce  même  jardin  le  fycomore 
qui ,  fuivant  la  tradition  des  Coptes ,  s 'étoit  fendu  pour 
mettre  à  couvert  notre  Sauveur  Se  fa  fainte  Mère  ,  lorf- 
que  les  farellites  d'Hérode  les  pourfuivoient.  On  dit 
que  s'étant  cachés  dans  l'ouverture  de  cet  arbre  ils  fe 
fauverent  à  la  faveur  d'une  toile  d'ataignée  qui  les  cou- 
vrait Se  qui  paroiflbit  fort  vieille,  quoiqu'elle  eût  été 
faite  dans  un  infiant.  Les  pères  Cordelicrs  de  la  Terre- 
fainte  qui  demeurent  au  Caire ,  difent  qu'il  tomba  de1 
vieilleffe  en  1656.  &  qu'ils  en  ramafferent  les  dernières 
pièces  qu'ils confervent,  dans  leur  facrifiie  ,  comme  une 
relique  trçs-précieufe.  Les  jardiniers  montrent  au  con- 
traire dans  ce  jardin  une  fouche  qu'ils  affurent  être 
le  refte  de  cette  ancien  fycomore. 

Au  dehors  de  ce  jardin,  Se  même  hors  du  village, 
on  voit  une  aiguille  plantée  dans  un  champ  ,  qu'on  dit 
être  la  phee  de  l'ancienne  Heliopolis.  Cette  aiguille  n'eft 
pas  également  carrée ,  il  y  a  deux  côtés  qui  font  plus 
larges  que  les  deux  autres.  Les  premiers  ont  chacun 


14* 

ûx  pieds  de  roi „  Se  les  autres  cinq  Se  /Hemi.  Il  y  a  ,,eu 
de  caractères  graves  deflus ,  mais  ils  font  tous  fun  nets, 
Se  ceux  qui  font  gravés  d'un  côté  le  font  auffi  aux: 
autres  trois.  Cette  aiguille  eft  de  granité ,  Se  plantée 
fur  la  terre  fans  aucun  piédeftal.  Près  de  cette  aiguille 
il  y  a  une  pierre  carrée  d  une  grandeur  extraordinaire  > 
Se  qui  femble  avoir  fervi  de  piédeftal  à  quelque  grande 
colomne  ■,  mais  elle  eft  écornée  par  les  côtés.  Ce  fut 
dans  ce  champ  que  lultan  Selim  campa  avec  fon  armée  » 
lorsqu'il  donna  bataille  au  fultan  Cajed  Bey,  dernier 
roi  des  Mammelucs ,  Se  on  y  voit  encore  le  retranche- 
ment de  fon  camp. 

MATHARENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Numidie.  Félix  elt  qualifié  epucopus  AÎMhurenfis  ,  dans 
la  notice  des  évêchés  d'Afrique,  n°.  38.  Se  Honoratus 
elt  dit  episcofus  Matharenjîs  ecclefiéi.  dans  la  conférence 
de  Caithage  ,  r.  120. 

MATHATH^EI ,  peuples  de  l'Arabie  Heureufe,  fé- 
lon Pline,  /.  6.  c.  28. 

MATHEVALLIS  (a),  marais  dans  les  Gaules,  aux 
environs  du  territoire  d'Angouleme;  il  en  eit  parlé  (  b  ) 
dans  l'hiltoire  de  la  révélation  du  chef  de  faint  Jeani 
(  a  )  Ortelii  Thefaur.  (  b  )  In  openbus  D.  C  priant. 

MATHIS,  fleuve  du  Dyrrachium  au  voifmage  de 
Lyflus.  Quelques-uns  lifent  Matis  ,  fans  afpi ration.  * 
Or  te  lii  Thefaur. 

MATHIT/E  ,  peuples  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte  , 
félon  Pline,  /.  6.  c.  30.  Ortelius  foupçonne  que  ce 
pourrait  être  les  Alatites ,  que  Ptolomée,  /.  4.  c.  8.  place 
dans  la  Libye  intérieure,  contrée  voifine  de  l'Ethiopie. 

MATIA.  Voyez.  Emathie. 

MATIANA ,  contrée  d'Afie  entre  l'Arménie  Se  la 
Médie ,  de  façon  cependant  qu'on  peut  plutôt  la  ran« 
ger  fous  la  dernière  de  ces  provinces  ,  que  fous  la  pre- 
mière. Strabon  ,  /.  11.  p.  509.  l'appelle  la  MatianS 
deMedie,  Se  Hérodote  ,  /.  1.  c.  189.  dit  que  le  Gyndes 
avoir  fa  fource  dans  les  montagnes  Matianes,  par  oui 
il  entend  les  montagnes  de  cette  même  contrée  ;  car 
dans  un  autre  endroit  il  appelle  Matiane  le  pays  tra- 
verfé  par  le  grand  chemin  qui  conduifoit  de  l'Armé- 
nie à  la  ville  de  Suze,  en  paffant  près  du  Gyndes.  Ifi- 
dore  de  Charax  reconnoît  pourtant  une  autre  Matiane 
auprès  des  portes  Caspiennes,  Se  dont  Raga  étoit  la 
capitale.  *  Cellar.  gtagr.  unt.  1.  3.  c.  18. 

1.  MATIANI,  peuples  d'Afie  que  Pline,/.  6.  c.  16Y 
femble  placer  aux  environs  de  la  Sogdiane.  Polybe , 
/.  j. p.  542.  les  joints  avec  les  Ke«f/W/ô/. 

2.  MATIANI  ou  Matieni.  Euftatbe  eft  pour  la  pre- 
mière orthographe ,  Se  Hérodote  pour  la  féconde.  Ce 
font  des  peuples  de  l'Afie  Mineure ,  fur  la  rive  droite 
du  fleuve  Halys,  où  Ptolomée  place  la  contrée  Saga- 
rausène.  *  Ortelii  Thefaur. 

MATICENSE  Concilium.  On  trouve  ces  mots 
dans  les  décrétales  ,  1.  Dïftintt.  50.  &  DifiinEl.  2.  eau-' 
fa  4.  Se  dans  un  autre  endroit ,  caufa  1 1 .  on  lit  Ma- 
tinense-,  mais  félonies  apparences  l'un  &  l'autre  font 
corrompus  de  Matisconense. 

MATID1/E.  Voyez.  Pactian^  ,  Rusicibar  Se  Ar- 
gentaro. 

MATIENA  ou  Matiera  ,  ville  d'Afie  fur  l'Euphrate. 
Denys  d'Halicarnaffe  ,  /.  i.p.  1 2 _  dit  que  c'étoit  le  fur- 
nom  de  la  ville  Tiora. 

MATIENI.  Voyez.  Matiani. 

MATIERA.  Voyez,  Matiema.  Sylburge  lit  Matib- 
NA  pour  Matiera.  Voyez.  Tuder. 

MATIKOFEN  ou  Matichofen  ,  bourg  d'Allema- 
gne dans  la  Bavière  ,  où  l'on  prétend  que  les  anciens 
rais  d'Allemagne  tenoient  leur  tribunal, ou  lit  de  jufli« 
ce.  Jean  Kuchler  Se  Catherine  fa  femme  y  fondèrent 
en  1413.  un  chapitre  de  chanoines  réguliers  de  fainC 
Auguftin.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Bavar. 
'  MATILICATES,  peuples  d'Italie.  Pline,  /.  3.  c.  14: 
les  place  dans  l'Umbrie.  C'eft  aujourd'hui  Matelica 
dans  la  Marche  d'Ancone,  félon  Frontin,  p.  106.  Danô 
une  décrétale  du  pape  Félix,  p.  255.  on  lit  Equitis 
MatelliCat'u 

MATILO ,  ville  des  Bataves.  La  table  de  Peutinger 
la  met  entre  Pr&orhtm  Agrippina  Se  Albamanx  ,  à  cinq 
milles  de  la  première ,  Se  à  onze  milles  de  la  féconde* 
*  Segm.  h 

Tom.  IV.  X 


146        MAT 


MAT 


MrtTlN.  Voyez,  Mattia. 

MAT1NESSA,  lieu  d'Espagne ,  dont  parle  Martial, 
au  quatrième  livre  de  Ces  épigrammes ,  Epigr.  50.  Un 
ancien  manufcrit  portoic  NatineJJa  pour  Malimffa. 

MATINI,  peuples  de  l'Apouille.  Lucain  ,  Pharfal, 
l.  <).v.  18;.  &  Pline,  /.  3.  c.  11.  en  parlent,  &  Ho- 
race di  flingue  Matinum  Littus  ,  Matin  a  Talus  Se  Ma- 
tina  Cacumina  ;  niais  tous  ces  mots  font  corrompus , 
il  faut  lire  Bantini ,  Bantinum  Se  Bantina.  Voyez.  Ba- 
tina  &  Bantia. 

MATININO  ou  Matilino.  Voyez,  Martinique. 

MATIQUE,  bourg  de  l'Amérique  feptentrionale  dans 
la  Floride.  C'eft  le  chef  lieu  d'une  province  à  laquelle 
il  donne  fon  nom.  Il  eft  fitué  fur  le  May  près  du  grand 
lac  ,  où  cette  rivière  prend  fa  four  ce.  Le  P.  Charlevoix, 
Hifl.  de  la  Nouvelle  France  ,  Se  les  relations  les  plus 
récentes  ne  connoiflent  ni  le  bourg  ni  la  province. 
Cet  article  eft  tiré  de  Laet ,  auteur  fort  fufpe&.  *  Bau- 
drand ,  Dict.  édit.   170J. 

MATlSCO,  ville  des  Gaules  dans  le  pays  des  JEdui. 
Jules  Céfar ,  de  bell.  CA.  I.  7.  c.  90.  eft  le  premier  qui 
en  faffe  mention  ,  &  il  la  place  fur  la  Saône.  La  table 
de  Peutinger  &  l'itinéraire  d'Antonin  en  parlent  auffi; 
mais  elle  n'eft  connue  ni  de  Strabon  ,  ni  de  Ptolomée  ; 
ce  qui  eft  d'autant  plus  furprenant ,  qu'ils  parlent  de  Ca- 
bilonnum ,  auffi  ville  des  JEdui ,  fur  la  même  rivière , 
&  qui  n'étoit  ni  plus  ancienne ,  ni  plus  forte,  ni  plus 
riche  que  Matisco.  Dans  les  anciennes  notices  des  pro- 
vinces &  des  villes  des  Gaules  ,  cette  ville  eft  appcllée 
Caflrum  Matisconenfe ,  Se  dans  une  ,  Caflrum  Matis- 
cenfe.  Grégoire  de  Tours  l'appelle  dans  un  endroit ,  /. 
8.  c.  12.  Matisco,  dans  un  autre,  /.  8.  c.  20.  Ma- 
tiscenfîs  Urbs  ,  Se  dans  un  autre  encore,  (  /.  9.  in  eunt.  ) 
Matasccnfe  Oppidum.  Les  annales  de  faint  Bertin  va- 
rient pareillement  fur  le  nom  de  cette  ville  ;  fous  l'an- 
née 81 6.  on  lit  Civitaf  Matesccnjîum,  Se  à  l'année  880. 
Caflrum  Matescanum.  Nithard  ,  /.  4.  écrit  Madasco , 
en  changeant  le  t  en  d ,  félon  l'ufage ,  &  Vi  en  a.  Les 
annales  de  Fulde  difent  Madascona  Urbs,  Se  Pierre 
Maurice  ,  abbé  de  Cluni,  dit ,  (  /.  2.  de  miraculis ,  ci.) 
Matiscus.  Des  auteurs  plus  modernes  par  corruption 
ont  écrit  Matisco  ,  d'où  l'on  a  fait  le  nom  françois  Mas- 
con.  Voyez,  ce  mot.  On  trouve  auffi.  Matucona.  *  Adrt 
Valefli  no  t.  G  ail.  p.  322. 

MATISSA  ou  Matisa,  ville  de  l'ffle  de  Corfe  , 
félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  2.  qui  la  place  dans  les  ter- 
res entre  Mora  Se  Albiana.  On  croit  que  c'eft  aujour- 
d'hui Matagi. 

MATITES.  Voyez,  Mathit^c. 

1.  MAT1UM,  ville  de  l'ifle  de  Crète  fur  la  côte, 
félon  Pline,  /.  4.  c.  12.  &  comme  un  peu  plus  bas,  il 
la  met  à  l'oppofite  de  l'ifle  Dia,  appellée  aujourd'hui 
Standia,  au  nord  de  l'ifle  de  Crète  ,  on  peut  conclure  que 
Matium  cfl  la  même  ville  que  Candie ,  capitale  de  l'ifle  de 
même  nom. 

2.  MATIUM  ,  ville  de  la  Colchide,  que  Pline,  /.  6.  c. 
4.  met  au-deflus  du  fleuve  Héraclée.  Le  père  Hardouin 
foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même  que  Ptolo- 
mée ,  /.  j.  c.  30.  appelle  Madia ,  Se  qu'il  place  dans 
les  terres. 

MATLATZINCOS,  (Les)  peuples  de  l'Amérique 
feptentrionale  dans  la  Nouvelle  Espagne.  Ils  habitent 
dans  la  province  de  Mechoacan  ,  où  ils  ont  quelques 
villages ,  félon  Juan  de  Torquemada ,  cité  par  Baudrand, 
édit.  1705. 

MATMANSKA  ,  ifie  du  détroit  qui  fépare  le  Japon 
du  pays  d'Yeffo  ou  de  Kamtschatka.  Kempfer  la  diflingue 
de  l'ifle  de  Matsumay  ;  mais  fon  traducteur  Anglois 
Jean  Gaspard  Scheuchczer  n'en  fait  qu'une  ,  que  les  Rus- 
fiens  appellent  Matmanska  ,&  les  Japonois  nom- 
ment Matsumay.  *  Hifloire  du  Japon  du  P.  de 
Charlevoix. 

MATRA  ou  Matray,  bourg  de  la  Rhétie  dans  le 
Tirol  fur  la  rivière  d'Ultz  ,  à  trois  lieues  d'Infpruck  du 
côté  du  midi.  Son  nom  latin  eft  Matrejum  ,  félon  la  ta- 
ble de  Peutinger.  Pirchaymer  écrit  Matreio. 

MATRAN  ouMatavan.  Voyez.  Mataram- 

M  ATRAVAL.village  d'Angleterre  dans  la  principauté 
de  Galles ,  au  comté  de  Montgomeri ,  étoit  autrefois 
une  grande  ville.  *  Du  Lignon. 


MATREIO.  -5  r,       . . 

MATREJUM.  J^«  Matra; 

MATR1A  ,  ville  d'Italie  ,  félon  Suidas  ;  au  mot  Ste* 
fichorus.  Dans  un  manuscrit  grec  on  lifoit  MaTaupoç,  c'efl; 
la  même  ville  que  Metaurus.  Voyez,  ce  mot.  *  Orte- 
lii  Thefaur. 

1.  M  ATRIC A  ,  ville  ancienne  de  la  Pannonie  infé- 
rieure ,  félon  Ortelius  Thefaur.  qui  cite  l'itinéraire  d'An- 
tonin -,  mais  cet  itinéraire  ne  connoit  qu'une  ville  Matrï- 
ca,  qu'il  place  dans  la  Valérie,  Se  non  dans  la  Panno- 
nie inférieure.  C'eft  abfolument  la  même  que  celle  qui 
fuit. 

2.  MATRICA  ,  ville  de  la  Valérie  Ripenfe ,  félon  la 
notice  des  dignités  de  l'Empire ,  Jelt.  57. 

3.  MATRICA,  lieu  de  la  Paphlagonie.  Métaphra- 
fte  ,  in  S.  Gallinico  martyr,  le  met  à  cinquante  ftades  de 
Gangra. 

MATRICORENSES.  Voyez.  Médiomatrices. 

MATRIGA  ,  bourg  ou  village  de  la  Circaffie ,  au- 
trement nommé  Gudescio.  Il  eft  fitué  fur  la  mer  Noire 
près  du  détroit  de  Caffa.  On  prétend  que  ce  bourg  eft 
l'ancienne  Hermonassa.  Voyez,  ce  mot.  *  Baudrand , 
édit.  170/. 

MATRINUS  ,  rivière  d'Italie  dans  le  Picenum.  Pyr- 
rhus Ligorius  croit  que  Matrinus  Se  Albula  font  des 
mots  fynonymes ,  Se  qu'aujourd'hui  cette  rivière  s'ap- 
pelle Liberata.  Mais  le  nom  moderne  eft  la  Piomba. 
Voyez.  Helvinum.  *  Ortelii  Thefaur. 

MATRONA  ,  nom  latin  de  la  rivière  de  Marne. 
Voyez,  ce  mot. 

MATRONE  Vertex.  C'eft  le  nom  que  donne  A  m- 
mien  Marcellin ,  /.  15.  p.  J7.  à  l'un  des  fommets  des 
Alpes  Cottiennes  :  il  ajoute  qu'en  l'appelloit  ainfi  à 
caufe  d'un  accident  qui  y  étoit  arrivé  à  une  femme  de 
qualité. 

MATSCHISIPI,  (La  )  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale dans  la  baye  d'Hudfon ,  environ  à  une  lieue 
au-deflus  de  l'embouchure  de  la  rivière  Penechiouet- 
chiou,  autrement  de  fainte  Thérefe  ,  Se  vis  à-vis  du  fort 
Nelfon.  On  l'appelle  au  Ai  la  Gargouffe ,  du  nom  d'un 
Cananicn  qui  étoit  avec  des  Grozeliers ,  lorsque  la  dé- 
couverte en  fut  faite.  Par  le  moyen  de  cette  rivière  les 
Sauvages  vont  au  fort  de  Nieufavanne.  *  La  Potherie  , 
Hift.de  l'Amer,  fept.  p.  170. 

MATSÉE  ,  château  Se  feigneurie  d'Allemagne  au  cer- 
cle de  baviere,  Se  qui  appartenoit  autrefois  à  l'évêque 
de  Paflau  ;  mais  l'évêque  George  Se  fon  chapkrè*1e  ven- 
dirent à  Pilgrin  ,  archevêque  de  Saltzbourgen  1396.  pour 
la  fomme  de  15000  florins  ou  livres  de  Vienne.  Il  y  a 
encore  aujourd'hui  dans  ce  lieu  un  doyen  avec  quel- 
ques chanoines  féculiers  qui  reconnoiflent  l'évêque  de 
Paffau  pour  le  fpirituel  ,Se  l'archevêque  de  Saltzbourg  pour 
le  temporel.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Bavaria?. 

1.  MATSUMAY,  ifle  de  Matfumay.  Voyez.  Mat- 
manska. 

2.  MATSUMAY  ,  Matomey  ou  Matzmey  ,  ville 
Se  port  de  mer  d'Yeffo  ou  de  Kamtfchatka,  Se  capitale 
d'une  principauté  de  même  uom  ,  tributaire  de  l'empe- 
reur du  Japon.  Les  Japonnois  nomment  le  prince  de 
Matfumay ,  Matsmey  Sinnadone.  Ce  prince  paffe  tous 
les  ans  à  la  côte  du  Japon,  nommée  Nabo,  Se  de-là  fe 
rend  par  terre  à  Jodo,  pour  rendre  fon  hommage  à  l'em- 
pereur, auquel  il  préfente  beaucoup  d'argent ,  des  plu- 
mes d'oifeaux  rares  ,  Se  beaucoup  de  fourures  fines.  En 
1620.  les  pères  Jérôme  da  Angelis  Sicilien,  Se  Diego 
Carvailho  Portugais ,  Jéfuites ,  y  pafTerent  &  y  firent  de 
grandes  converfions.  Il  paffoit  alors  beaucoup  de  Japon- 
nois à  Matfumay  ,  parce  qu'on  y  avoir  depuis  peu  décou- 
vert des  mines  d'or.  Ces  mines  n'etoient  pas  en  terres  ; 
mais  une  rivière ,  qui  paffe  à  côté  de  la  ville ,  rouloit 
avec  fon  fable  une  très-grande  quantité  de  ce  métal.  Le 
prince  en  tiroit  de  gros  profits ,  &  les  marchands  Ja- 
ponnois n'y  trouvoient  pas  moins  leur  compte.  Ils  y 
payoient  au  prince  un  droit  confidérnble  pour  avoir  la 
permiffion  de  chercher  de  l'or  ;  on  affignoit  enflure  à  cha- 
cun l'endroit  où  il  devoit  travailler  ,  ce  qui  fe  faifoir  en 
cette  manière.  Le  marchand,  par  le  moyen  d'un  bon  foffé 
Se  d'une  digue,  mettoit  à  fec  l'espace  de  la  rivière  qui  lui 
étoitaccordé;puis  il  cherchoitdel'ordansle  fable, &  quand 
il  n'en  trouvoit  plus,  il  faifoit  reprendre  à  la  rivière  fon 


MAT 

tours  ordinaire.  On  prétend  que  l'année  d'après  on  y  re- 
troLivoit  autant  d'or  qu'auparavant  ;  ce  qui  prouve  qu'il 
venoit  des  montagnes  où  la  rivière  prend  fa  fource.  * 
Hifi.  du  Japon  du  P.  de  Charlevoix ,  t.  i. 

M  ATT,  village  delà  Suiffe  au  canton  de  Claris  dans 
la  petite  vallée  qui  elt  le  long  de  la  Sernft.  A  demi- lieue 
de  ce  village  il  y  a  une  carrière  ,  ou  plutôt  une  monta- 
gne entière  d'ardoilé ,  dont  on  fait  des  tables  Se  divers 
autres  ouvrages  qu'on  transporte  dans  les  pays  étran- 
gers. *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffe  ,  t.  z.  p.  479. 

MATTES  ,  (  Les  )  bourg  de  France  dans  la  Sainton- 
ge  ,  élection  de  Marennes. 

MATTHANA,  ville  de  la  Syrie,  ou  de  l'Euphra- 
tenfe  ,  félon  la  notice  des  dignités  de  l'Empire  ,  fett.  24. 
MATTIA  ,  rivière  de  Turquie  dans  l'Albanie.  Elle  a 
fa  fource  dans  un  lac  au  nord  de  Sancla  Maria ,  &  prend 
fon  cours  du  midi  au  feptentrion  jusqu'auprès  des  ruines 
de  la  ville  de  Benda  -,  elle  coule  alors  de  l'eft  à  l'ouelt  > 
Se  va  fe  jetter  dans  le  golfe  de  Drin  au  midi  d'Alefio, 
Se  au  nord  de  l'embouchure  de  la  rivière  Hismo.  *  De 
l'IJle ,  Atlas, 

MATTIAC/E  Aqu/E.  Voyez,  Mattiaci. 
MATTIACI,  peuples  de  la  Germanie ,  qui  tiroient 
ïeur  nom  de  Mattïum  ,  capitale  du  pays  des    Cattes. 
Quelques-uns  ont  cherché  les  Maniaques  auprès  des  Ba- 
taves  ;  mais  c'étoit  une  erreur  fondée  uniquement  fur  ce 
que  Tacite,  après  avoir  parlé  des  Bataves ,  parle  auffi-tôt 
des  Maniaques.  D'autres  ont  voulu  placer  les  Mania- 
ques dans  les  ifles  qui  font  à  l'embouchure  de  la  Meule 
Se  de  l'Escaut  ;  Se  il  s'en  elt  trouvé  qui  ont  cru  pou- 
voir les  mettre  fur  le  bord  du  lac  Flevus,  au-delà  du  Rhin. 
Tous  ces  écrivains  fe  font  trompés.  Tacite  ne  joint  les 
Maniaques  avec  les  Bataves  ,  que  parce  qu'ils  avoient  la 
même  origine ,  Se  qu'ils  étoient  amis  du  peuple  Romain. 
En  effet ,  qui  elt-cc  qui  ira  chercher  dans  les  ifles  de  la 
Meule  cv  de  l'Escaut ,  ou  fur  le  bord  du  lac  Flevus ,  les 
mines  d'argent  que  Curtius  Rufus ,  félon  Tacite ,  An- 
nal. I.  11.  c.  20.  trouva  dans  le  pays  des  Maniaques? 
On  peut  encore  dire  ,  que  les  bains  d'eau  chaude ,  appel- 
lés   anciennement  Aqu^e  Mattiaci,    Se  aujourd'hui 
Veifbaden  ,  tiroient  certainement  leur  premier  nom  des 
.peuples  Mattiaci  chez  qui  elles  fe  trouvoient  5  Se  que , 
comme  la  fituation  de  ces  bains  e(l  connue ,  il  n'elt  pas 
befoin  d'autre  argument  pour  marquer  la  véritable  de- 
meure des  Maniaques  ;  ainfi  ils  habitoient  fur  le  Rhin 
dans  le  pays  que  les  Ubii  avoient  abandonné,  félon  que 
Tacite,  Annal.  I.   \.c.  56.  le  fait  entendre  ;  car  en  rap- 
portant l'expédition  de  Germanicus,  fous  leconfulat  de 
Drufus  Céfar ,  &  de  C.  Norbanus ,  c'eft-à  dire  ,  trente- 
neuf  ans  après  la  migration  des  Uùii ,  il  fait  mention  d'une 
bourgade  nommée  Mattium  ou  Mattiacum,  qui  avoit 
donné  le  nom  aux  Maniaques,  &  qui  étoit  alors  le  chef- 
lieu  des  Cattes.  *  Spener ,  Not.  Germa,  ant.  1.  4.  c.  3 . 

MATTIACUM  ,  ancienne  ville  de  la  Germanie  ,  que 
Ptolomée  /.  2.  c.  n.  place  entre  Bitdoris  Se  Anaunum. 
Voyez.  Mattiaci. 

MATTIANENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
province  Proconfulaire.  Le  P,  Hardouin  qui  en  fiait  men- 
tion ,  cite  Marcellits  qui  en  étoit  évêque. 
MATTIUM.  Voyez.  Mattiaci. 

1.  MATURA,  ifle  de  la  mer  des  Indes.  Voyez.  Ma- 

DURÉ   I. 

2.  MATURA,  royaume  des  Indes  orientales*  Voyez 
Madurh  1. 

3.  MATURA,  ville  des  Indes  orientales.  Voyez.Mx- 
duré  2. 

MATURANUM.  Voyez.  Manturanum. 

MATURBENSIS,  fiége  épiscopal  d  Afrique  dans  la 
Mauritanie.  La  notice  épiscopale  d'Afrique ,  num>  90. 
nomme  Lucius  évêque  de  ce  fiége. 

MATURBUM.  Voyez.  Maturbensis. 

MATUSARUM  ou  Matusaro  ,  ville  de  la  Lufi- 
tanie.  L'itinéraire  d'Antonin  la  place  fur  la  route  de  Lis- 
bonne ,  à  Emérita,  entre  Abelterœ  Se  Adfcptem  Aras  ; 
à  vingt-quatre  milles  de  la  première  ,  &  à  douze  milles 
de  la  féconde.  On  croit  que  Pueme  de  Soro  a  été  bâti 
fur  les  ruines  de  cette  ville. 

MATUSTANA.  Voyez.  Magustana. 

MATYCETyE,  peuples  de  Scythie  ,  félon  Etienne  le 
géographe  qui  cite  Hécatée.  Voyez.  Scythe, 


M  AU 


»47 

MATYDIANOPOLIS  ,  ancienne  ville  qui  n'elt  connue 
que  par  une  médaille  de  l'empereur  Trajan,  confervée 
dans  le  recueil  de  Goltzius.  *  Ortelii  Thef. 

MATYLUS  ,  ville  delà  Pâmphylie  fur  la  côte  ,  félon 
Ptolomée,  /.  j.  c.  j.  qui  la  place  entre  l'embouchure 
du  fleuve  Gataracius  Se  celle  du  fleuve  Cefier,  Les  in- 
terprètes de  ce  géographe,  au  lieu  de  Mctylus,  lifent  Ma- 
gydus  ,  &  il  y  a  grande  apparence  que  c'elt  ainfi  qu'il 
faut  lire;  car  dans  le  fixiéme  concile  de  Gonltantino- 
ple  il  elt  parlé  d'une  ville  de  Pâmphylie ,  nommée  Ma- 
gidus. 

MATYZIA  ,  ifle  dont  il  elt  parlé  dans  un  discours  fur 
la  libéralité  de  l'empereur  Conltantin  ,  inféré  au  re- 
cueil des  conciles.  Ortelius  Thefaitr.  conjecture  que  cette 
ifle  étoit  quelque  part  aux  environs  de  l'Italie  ou  dans  le 
voifinage  de  la  Sicile. 

MATZICIER.  Voyez.  Marziciert. 
MATZUCUM  ,  lieu   fortifié  dans  la  Thrace ,  félon 
Cédrène.  *  Ortelii  Thefaur. 

MAVA  ou  Massa  ,  rivière  d'Afrique  dans  la  Guinée, 
au  pays  de  Quoja.  Elle  vient  des  montagnes  du  pays 
de  Galaveis.  Son  cours  elt  d'environ  trente  lieues,  Se 
forme  le  lac  de  Plizoje.  Elle  fe  rend  dans  la  mer  au 
cap  Monte.  *  Côte  de  Guinée,  par  Bellin. 

M  AU  AN  ,  forterefie  de  la  Chine  dans  la  province 
de  Channton  orientale.  Elle  elt  de  3  deg.  14  min.  plus 
orientale  quePéking  ,  fous  les  36  deg.  2  min.  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

MAUBE.  Voyez.  Baum^. 

MAUBEC  •  Meaubec  ,  Mille  Beccum.  Abbaye  d'hom- 
mes en  France  de  l'ordre  de  faint  Benoît  dans  le  Berri , 
diocèfe  de  Bourges,  entre  Argenton  Se  Meziercs ,  con- 
fins de  la  Touraine  ,  fondée  dans  le  feptiéme  fiécle. 
Cette  abbaye  qui  vaut  4000.  liv.  a  été  unie  en  1674. 
à  l'évêché  de  Québec.  Voyez.  Meobec. 

Je  ne  fais  dans  quel  auteur  dom  Beaunier  a  trouvé  que 
cette  abbaye  avoit  été  fondée  l'an  609.  par  Flaochat ,  qu'il 
appelle  mal  à  propos  Flacoad ,  maire  du  palais  du  royau- 
me de  Bourgogne  fous  Clovis  II.  Clovis  fécond  ne 
régna  qu'en  644 ,  Se  Flaochat  ne  fut  maire  qu'en  646. 
MAUBERT,  bourg  de  Fiance  en  Champagne  dans 
le  Rhétélois ,  fur  la  frontière  du  Hainaut  ,•  il  elt  fitué 
à  trois  lieues  de  Rocroi,  à  égale  diiianee  d'Aubenton  ,  Se 
à  huit  lieues  de  Rethel  du  côté  du  nord.  11  fc  nomme 
auiïï  Maubert-Fontaine.  *  De  l'I/le,  Atlas. 

MAUBEUGE,  ville  de  France  dans  la  Flandre  frari- 
çoife,fur  la  S'ambre  (a).  Son  nom  latin  elt  Alelùodium 
ou  Malùodium.  Ce  lieu  elt  très-ancien  ,  puisque  fainte 
Aldegonde  y  fonda  dans  le  feptiéme  fiécle   un  célèbre 
monaitère  qui  a  été  changé  en  un  collège  de  chanoines- 
fes,  qui  font  nobles  comme  celles  de  Mons.  Ce  collège 
a  rendu  célèbre  cette  ville,  qui  n'étoit  ni  fort  peuplée  ni 
bien  fortifiée ,  avant  qu'elle  eût  été   cédée  au  feu  roî 
Louis  XIV.  qui    en  a  fait  une  place  des  plus  fortes  Se 
des  plus  confidérables  des  Pays-Bas  (b  ).  Elle  lui  fut  cé- 
dée par  le  traité  de  Nimégue  en  1678.  Ce  prince  l'a  fait 
fortifier  de  fept  baltions  à  la  manière  de  M.  de  Vauban  \ 
comme  elle  étoit  commandée  de  toutes  parts,  on  a  été 
obligé  de  faire  élever  fur  chaque  baltion  un  grand  cava- 
lier d'une  hauteur  excefllve  ,  revêtu  d'une  bonne  muraille 
comme  le  corps  de  la  place  ;  c'elt  un  heptagone  afiez  ré- 
gulier ,  les  cavaliers  ont  plus  de  trente  pieds  de  hauteur. 
(a)  Longmrue ,  Defc.  de  la  France ,  parti,  2.  p.  1  o  1 .  ( b ) 
Piganiol,  Defc.  de  la  France  ,  t.  7.  p.  2/7. 

Le  chapitre  des  dames  de  Maubeuge  (  a  )  eft  une  des 
plus  augultes  communautés  qu'il  y  ait  dans  la  Chrétienté;, 
Ce  font  des  filles  de  qualité  qui  jouifient  chacune  d'une 
prébende  qui  rapporte  environ  mille  livres  par  an ,  Se 
font  gouvernées  par  une  abbefle.  Les  demoi (elles  qui  y 
font  reçues,  doivent  prouver  trente-deux  quartiers  de  no- 
blefle  paternelle  Se  maternelle.  Le  roi  confère  ces  pré- 
bendes i  mais  comme  il  ne  les  donne  jamais  qu'aux  charges 
ordinaires,  lechapirre  a  droit  d'examiner  les  titres  Se  dm 
rejetter  les  fujets  qui  ne  lui  conviennent  pas.  Dans  la  pre- 
mière inftitution  c'étoient  des  religieufes  qui  fuivoient  là 
régie  de  faint  Benoît  ,*  elles  avoient  été  fondées  par  fainte 
Aldegonde  (  b  )  ,qui  ayant  reçu  le  voile  faeré  des  évêques 
faint  Amand  de  Mafiricht  Se  faint  Aubert  de  Cambras, 
fe  retira  dans  un  lieu  couvert  de  bois  appelle  Malbo  (t ,  oii 
elle  bâtit  un  monaûère  près  de  la  rivière  de  Sambre  ;  elle 

T«m.  IV.  T  ij 


MAU 


148 

s'y  renterma  vers  l'an  66 1.  arec  un  grand  nombre  de  vier 
ges  Chrétiennes  qui  fe  mirent  fous  Ta  conduite.  Ste  Aldé- 
trude.fa  nièce  ,  fille  de  fainte  Vaudru,  lui  fuccéda.  Dans 
la  fuite  les  religieufes  fecouerent  le  joug  de  la  profefiion 
monaftique  (c  ).  Dans  le  Xme  fiécle  un  archevêque  de 
Cologne  ,  frère  de  l'empereur  Othon  ,  ayant  été  chargé 
par  le  pape  de  la  réformation  du  clergé  &  de  celle  des 
maifons  religieufes,  que  les  courfes  des  Normands  avoient 
ruinées,  trouvant  d'ailleurs  la  nobleffe  du  pays  peu  parta- 
gée des  biens  de  la  fortune ,  inventa  ces  fortes  de  cha- 
pitres ,  pour  fervir  de  retraite  à  des  filles  de  conditions. 
JLes  dames  du  chapitre  de  Maubeuge  ont  à  leur  tête  ,  ou- 
tre l'abbeffe,  quatre  aînées  ou  anciennes.  Lorsque  le  fiégc 
devient  vacant ,  elles  s'affemblent  pour  choifir  une  ab- 
beffe  ;  mais  ce  n'eft  que  par  ordre  du  roi,  qui  nomme 
des  commiffaires  pour  être  préfens  à  l'élection  qu'elles 
font  de  trois  d'entre  elles  ,  8c  qu'elles  lui  préfentent,  pour 
en  nommer  une  abbeffe.  L'habit  des  ckanoineffes  eft  ma- 
jeftueux  ;  le  principal  ornement  conlifte  en  un  manteau 
de  diap  noir,  pliffé  8c  attaché  fur  le  derrière  des  épaules 
avec  une  queue  Drainante.  L'abbeffe  a  pour  marque  de 
diftinction  le  tour  de  la  queue  de  fon  manteau  bordé 
d'hermine.  (  a  )  Piganiol ,  Defc.  de  la  France.t.  7.  p.  171. 
(  b)  Bfd'illet ,  Topogr.  des  Saints,  p.  301.  (c)  Voyez,  une 
lettre  du  P.  Mubillon  ,  chez.].  B.  Coignard  à  Paris  1687. 

Le  chapitre  de  faint  Quentin  à  Maubeuge  eft  com- 
pofé  de  vingt  chanoines,  compris  le  prévôt  8c  le  doyen  ; 
ils  font  comme  les  chapelains  des  chanoineffes  de  cette  vil- 
le, &  ne  jouiffent  que  de  deux  cens  cinquante  livres  de 
revenu  chacun.  Le  roi  nomme  le  prévôt ,  8c  le  chapitre 
élit  le  doyen.  L'abbeffe  de  Maubeuge  nomme  aux  pré- 
bendes pendant  les  mois  de  Mars  ,  Juin  ,  Septembre  ,  & 
Décembre,  &  le  pape  pendant  les  huit  autres.  L'églifede 
faint  Quentin,  qui  eft  en  même-tems  la  paroiffe  de  la  vil- 
le ,  eft  deffervie  par  les  prêtres  de  1  Oratoire  qui  s'éta- 
blirent à  Maubeuge  en  1627.  11  y  a  un  collège  où  l'on 
enfcigne  les  humanités  depuis  l'an  1619.  un  couvent 
de  Capucins  ,  des  fœurs  Noires  ,  des  fœurs  Grifes ,  des 
Béguines ,  8c  divers  chapelles  8c  hôpitaux. 

L'intendant  du  Hainaut  François  réfide  toujours  à  Mau- 
beuge où  il  a  un  bel  hôtel.  Il  y  a  outre  cela  un  gouver- 
neur ,  un  commandant  8c  un  major  de  la  place. 

La  prévôté  de  Maubeuge  comprend  ,  outre  la  ville 
Se  celle  de  Landrecies ,  71  bourgs  ou  villages,  dont  les 
principaux  font 

Barbançon  ,  Trclong ,  I 'effies, 

Solre  le  château ,   Jumont ,  Cour  Solre  ,  Sec. 

La  plupart  de  ces  villages  dépendent  de  l'abbeffe  de 
Maubeuge ,  qui  en  a  la  jurisdiction  fpirituelle  &  tem- 
porelle ;  avec  le  privilège  de  faire  fabriquer  unemonnoie 
de  plomb  au  coin  de  fainte  Aldegonde. 

1.  MAUBILE.  Il  faut  écrire  ainfi,  &c  non  pas  Mo- 
bile. Les  anciens  auteurs  Espagnols  écrivent  Mauvilla  8c 
prononcent  Muubilla  \  c'eft  d'eux  que  nous  avons  pris 
ce  nom. 

2.  MAUBILE  (La)  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  dans  la  Louifianc  ;  elle  prend  fa  fource  dans  les  mon- 
tagnes qui  bornent  le  pays  des  Illinois,  à  vingt  lieues  ou 
environ  au  nord  des  Chicachas,  8c  elle  fe  rend  dans  le 
golfe  du  Mexique  à  la  baie  de  laMaubile  ,  après  un  cours 
de  plus  de  deux  cens  lieues.  Elle  traverfe  de  belles  plaines 
&  de  riantes  prairies  habitées  par  les  Chicachas ,  par  les 
Tchatcas,  les  Naniabas ,  les  Tomez  ;  8c  les  Maubiliens 
font  établis  vers  fon  embouchure. 

3.  MAUBILE  (  La  baie  de  la  ) ,  baie  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  fur  lescôtes  de  la  Louifiane  :  elle  a  trente  lieues 
de  profondeur  ,  8c  reçoit  au  fond  la  rivière  des  Alibamous 
qui  vient  de  l'Orient ,  &  celle  des  Chicachas  ,  qu'on  ap- 
pelle auffi  rivière  de  Maubile,  6V  qui  vient  du  Nord.  Les 
François  ont  établi  leur  principale  colonie  dans  la  Louifia- 
ne ,  à  la  côte  de  l'oueft  de  certe  baie  ,8c  ils  y  ont  bâti  le 
Fort  Louis  Ce  même  côté  eft  habité  de  plufieurs  nations , 
entr'aurres  des  Tomez  ,  des  Maubiliens,  de  quelques  Apa- 
laches,  8c  de  quelques  uns  desTchatcas  qui  y  font  revenus 
pour  commercer  avec  les  François. 

MAUBILIENS,  peuples  de  l'Amérique  feptentrionale 
de  la  Louifîane,  à  la  bande  de  l'oueft  de  la  bue  de  la  Mau- 
bile dont  ils  ont  pris  leur  nom.  Les  Maubiliens  ne  font  pas 
un  peuple  confidérable. 

MAUBOURGUET,  petite  ville  de  France  ,  au  go u- 


MAL) 


vernement  de  Guienne  ,  généralité  d'Auch  ,  élection  de 
Rivière  Verdun.  Il  y  a  juuice  royale.  Dans  le  petit  diétion- 
naire  portatif  de  la  France,  on  a  mis  mal-a  propos  dans 
1  Armagnac  au  pays  de  Rivière  Verdun.  Ce  lont  deux 
élections  difiéientes  de  la  Généralité  d'Auch. 

MAUBUlSSON,en  latin  Maloboscio  8c  Malus  Du- 
mus, abbaye  de  France  dans  rifle  de  France,  diocèfe  de  Pa- 
ris, élection  de  Bcauvais  8c  à  un  quait  de  lieue  dePontoife. 
C'eft  un  monaftère  de  filks,  de  l'ordre  &  de  la  filiation  de 
Citeaux.  Cette  abbaye  eft  très-confiderable  :  elle  fut  pre- 
mièrement fondéeen  1 241 .  par  la  reine  Blanche  de  Caftil- 
lc  ,  mère  de  faint  Louis  ,  en  un  lieu  que  dé  Ste  Marthe 
nomme  Alneti.  Il  ajoute  que  cette  reine  ayant  acheté  en 
1243.  de  Robert  &  d'Odehne  du  Château  Rainard  ,  & 
de  leurs  enfans ,  la  terre  de  Maloduno ,  on  commença  à 
appeller  ce  monaftère  Malodunum.  Elle  vaut  vingt-cinq 
mille  livres  de  revenu  à  l'abbefie.  La  reine  Blanche  y  a  été 
enterrée  en  1 2j  2.  Bonne  de  Luxembourg ,  première  fem- 
me du  roi  Jean  II.  y  fut  aufii  enterrée  l'an  1349. 

M AUDANE ,  ifle  ou  presqu'iflede  France  avec  un  mo- 
naftère, fur  la  côte  occidentale  de  Normandie,  au  diocèfe 
de  Coutances ,  vers  les  limites  de  celui  d'Avranches.  C'eft 
le  lieu  de  la  retraite  &  de  la  n  en  de  S.  Sa  bilion  ,  ou  S. 
Escouvilion  ,  compagnon  de  faint  Paterne  ,011  faint  Pair. 
Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  le  lieu  où  eft  maintenant 
Grandville  ;  d'autres  croient  que  c'étoit  1  ifle  même  qui  en 
étoit  proche.  Le  culte  de  faint  Scubiiion  eft  maintenant  à 
faint  Pair  ,  dit  autrefois  Chezay  ,  ou  Siscy  ,  8c  Grandville 
honore  faint  Gaude,  évêque  d'Evreux.dont  elle  a  le  corps. 
*  Baillet ,  Topogr.  des  Saints,  p.  625. 

MAUDRE,  rivière  de  lifte  de  France.  Elle  a  fa  fource 
auprès  de  Montfort  l'Amaury  8c  fe  rend  à  Neaufle  ,  où  , 
gioflie  de  divers  ruiffeaux,  elle  commence  à  couler  du 
fud  au  nord  en  ferpentant.  Après  avoir  mouillé  Maule 
fur  Maudre,  elle  va  fe  jetter  dans  la  Seine  au-deffous  de 
Meulan  8c  au-deffus  de  Mante.  *  D<:  l'IJle  ,  Atlas. 

MAVE  ,  petit  village  d'Espagne  dans  la  vieille  Caftille  , 
fur  la  Pisverga.  dans  le  territoire  d'Aguilar.  Grégoire  d  Ar- 
gais  croit  que  c'étoit  autrefois  Mavica  ,  bourg  de  l'Espa- 
gne Tarragonnoife ,  duquel  parle  Aubert  de  Sévilie.  * 
haudrand ,  édit,    K'182. 

MA VELAGONGUE  ou  Mawilgange  ,  autrement  la 
rivière  de  Trinquilimale  ,  rivière  de  1  jiie  de  Ceylan 
(  a  )  Elle  prend  fa  fource  fur  la  montagne  que  les  Chré- 
tiens du  pays  nomment  Pic,  ou  pointe  d'Adam.  Elle  coule 
du  fud  au  nord  jusqu'à  un  quart  de  lieue  de  Candi,  où 
elle  fait  un  coude  &  prend  fon  cours  de  l'oueft  a  l'eft  (  b  )  , 
jusqu'au  deffous  de  Dilige  ou  Degligy  ,  qu'elle  reprend 
fon  premier  cours  du  fud  au  nord  pour  aller  fe  jetter 
dans  la  mer  à  Trinkimalay.  Elle  eft  large  de  la  portée  d'un 
trait  d'arbalète  ;  &  ce  feroit  une  belle  rivière  fi  les  rochers 
qui  la  coupent,  8c  les  grandes  chutes  d'eau  qui  s'y  rencon- 
trent, n'empêchoient  pas  qu'elle  ne  fût  navigable.  Elle 
fournit  vers  fon  embouchure  quantité  d'alligators ,  quoi- 
qu'elle n'en  air  point  du  tout  fur  les  momagnes.  Elle  a  par 
tout  une  bonne  profondeur,  excepté  vers  fa  fource  ;  de 
forte  qu'on  ne  la  fauroit  paffer  à  gué,  fi  ce  n'eft  durant 
une  extrême  féchereffe.  Comme  elle  n'a  point  de  ponts, 
on  fe  fert  de  petits  canots  pour  la  traverfer  ;  tant  a  caufe 
de  fa  largeur,  qu'a  caufe  de  la  rapidité  avec  laquelle  on  la 
voit  couler  dans  le  tems  des  pluies,  qui  font  abondantes 
dans  ce  pays-là.  Quand  même  on  pourroit  la  couvrir  de 
quelques  ponts ,  ce  qu'il  feroit  mal  aifé  de  faire  ,  le  roi  de 
Candi  s'y  oppoferoit  :  il  eft  bien  aife  que  les  chemins  fe 
trouvent  embarrafles  ,  n'aimant  pas  qu'on  voyage  dans  fon 
pays.  Cette  rivière  paffe  à  un  quart  de  lieue  de  Candi  :  elle 
eft  plaine  de  rochers  en  quelques  endroits  ,  en  d'autres  elle 
coule  l'espace  d'une  lieue  &  davantage, fans  que  fon  lit  foie 
coupé,  (a)  Robert  Knot ,  Relation  de  Ceylan,  part  1.  c. 
1.  (  b  )  De  l  Ifle ,  Carte  de  l'ifle  de  Ceylan. 

MAUG  ou  Tunes  ,  ifle  de  l'océan  oriental ,  la  treiziè- 
me des  ifles  appellées  Mariannes ,  à  cinq  lieues  au  nord  de 
Songfon.  Cette  ifle  eft  compofée de  trois  rochers,  iéparés 
l'un  de  l'autre  ,  &qui  ont  chacun  environ  trois  lieues  de 
tour.  Latit   feptent.  20  deg.  3  $  min. 

MAUGES  (  Les  )  ou  le  pays  de  Mauges  ,  contrée  de 
Fiance  dans  l'Anjou  ,  fur  la  Loire  qui  la  borne  au  fepten- 
trion.  File  al'éleétion  de  Saumur  à  l'orient  ;  celle  de  Mon- 
treuil  Bellai  au  midi ,  8c  le  duché  de  Retz  à  l'occident  : 
fes  principaux  lieux  font 


MAU 


S.  Florciî ,       Beaupreau,  Sec  Croix  de  Rocheforr. 

Le  Menil ,       Jalais ,  S.  Aubin  de  Luigné , 

La  Pommeraie ,  Meurs ,  S.  Lambert  du  Lattai. 
Chalonne, 

Le  pays  elt  montueux. 
MAUGIO  VILLE.  K<yec  Mauguio. 
MAUGUIO  ou  Melguel  ,  pecire  ville  de  France  dans 
le  Languedoc  :  elle  elt  fituée  fur  l'étang  de  Thau.  Dans  les 
anciens  livres  latins  elle  elt  appellee  Melgorium,  Se  c'elt 
dans  cette  ville  qu'étoit  la  plus  célèbre  monnoie  du  pays. 
Dans  les  anciens  titres  de  la  province,  Se  des  pays  voilins  »  ■ 
il  elt  marqué  que  les  payemens  fe  dévoient  faite,  Jolidis 
Melgorienfibus ,  en  fols  de  Melgoire  ou  Melguel ,  c'elt  à- 
dire  de  Mauguio.  Cette  ville  donna  fon  nom  à  des  com- 
tes particuliers  qui  s'appelloicnt  auparavant  comtes  de  Su- 
ftantion.  Béatrix  qui  descendoit  des  comtes  de  Mauguio  , 
dont  elle  fut  héritière ,  époufa  Bernard  Fclet ,  feigneur 
d'Alais  ,  dont  elle  eut  une   fille  nommée  Hermefende, 
qui  époufa  Raymond  ,  fils  Se  héritier  du  comte  de  Tou- 
loufe,  à  qui  la  comtefie  Béatrix  avoit  fait  l'an  1 172.  une 
donation  de  tous  fes  biens ,  Se  Hermefende  mourant  l'an 
1 1 76.  confirma  par  fon  teltament  cette  donation  en  fa- 
veur de  fon  mari  Raymond  Se  du  comte  de  Touloufe. 
Depuis  ce  tems  là  ,  les  comtes  de  Touloufe  furent  aufli 
comtes  de  Mauguio,  Se  fe  firent  reconno'ure  pour  fei- 
gneurs  de  fief,  par  le  feignetir  de  Montpellier.  La  cour  de 
Rome  en  fut  fi  mécontente  ,  que  durant  la  guerre  des  Al- 
bigeois le  pape  Innocent  III.  envoya  ordre  l'an  1209.  à 
fes   légats  de  fe  faifir  du  comté  de  Mauguio  ,  comme 
étant  un  patrimoine  de  l'Eglife  Romaine.  Voyez,  au  mot 
Maguelone  quelle  fut  l'origine  des  prétentions  des  pa- 
pes fur  ce  comté,  &  de  quelle  manière  cette  affaire  fut 
Terminée.  *  Longue 1 ue ,  Defcript.  de  la  France,  part.  1. 
p.  250. 

MAUIN  ,  ville  d'Afrique.  P'ine,  /.  $.  c.  8.  la  met  au 
voifinage  de  la  fource  du  Niger.  Au  lieu  de  Mania  un  MS. 
porte  M.igiitm. 

MAUITANIA  ,  contrée  de  l'Espagne  citérieurc  ,  félon 
Pline,  /.  $.c.  1.  Pinct  rend  ce  nom  par  Murcie. 

MAULBRUNN  (a),  abbaye  d'Allemagne  dans  la 
Surbe  ,  ordre  de  Citeaux ,  fur  la  rivière  de  Salrza  vers  fa 
fource  ,  aux  confins  du  Palatinat  du  Rhin.  C'eft  une  des 
abbayes  (b  )  que  les  ducs  de  Wurtemberg  ont  réunies  à 
leur  domaine,  depuis  leur  changement  de  religion,  Se  dont 
une  partie  du  revenu  e/t  employée  à  l'entretien  de  l'u- 
niverfité  de  Tubingen,  des  temples  Se  des  hôpitaux.  (  a) 
De  L'ifle  ,  Atlas.  (  b  )  D'Audifret ,  Geogr.  anc.  Se  moder. 
t.  3.  p.  185. 

MAULE,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  dans  le 
Pérou  ,  6c  qui  fervoit  de  bornes  du  côté  du  fud  au  royau- 
me du  Pérou  ,  tant  que  l'empire  des  Yncas  a  duré. 

MAULE,  bourg  de  France  dans  la  Beauce,  élection 
de  Paris,  fur  la  petite  rivière  de  Maudre,  entre  Mante 
Se  Poiffy 

1.  MAULEON  ou  Mauleon  de  Soûle,  ville  de 
France  au  pays  de  Soûle ,  dont  elle  elt  la  capitale .  de 
fur  le  Gave  de  Suzon.  Cette  ville  a  donné  le  nom  à  une 
ancienne  maifon,  qui  poffédoit  le  vicomte  de  Soulc.  Au- 
ger,  vicomte  de  Soûle  (  a  ) ,  remit  lechâreau  de  Mauléon 
&  le  pays  de  Soûle  au  roi  Philippe  le  Bel,  plutôt  que  de 
reconnoître  le  roi  d'Angleterre  ,  qui,  en  qualité  de  duc  de 
Guienne,le  vouloit  contraindre  à  lui  faire  hommage. 
Auger  fe  retira  dans  la  Navarre,  où  le  roi  Philippe  lui 
donna  le  château  de  Rada.  Ses  descendans  prirent  le  fur- 
nom  de  Mauléon  ,  à  caufe  du  lieu  de  leur  origine.  Cette 
ville  efi:  un  gouvernement  de  place  de  la  lieutenance  gé- 
nérale de  la  Baffe -Guienne. 

Mauléon  fut  le  lieu  de  la  naiflance  d'Henri  Sponde , 
qui  y  naquit  le  6.  de  JanvierijôS  II  eutpour  parein  Henri 
de  Bourbon,  roi  de  Navarre  &  depuis  roi  de  France.  Il  fut 
élevé  dans  le  Calvinisme, qui  étoit  la  religion  de  fon  père. 
La  lecture  des  ouvrages  de  du  Perron  Se  du  P.  Bellarmin, 
qui  furent  enfuite  cardinaux  ,  lui  firent  abjurer  la  religion 
Ptoteitante ,  Se  embraffer  l'état  eccléfialtique.  Le  roi  Louis 
XIII.  le  nomma  l'an  16x6.  à  l'évêché  de  Pamiers,  que 
Sponde  n'accepta  que  par  un  commandement  exprès  du 
pape  Urbain  VIII.  Il  a  abrégé  Se  continué,  avec  fuccès,  les 
annales  du  cardinal  Baronius.  Sa  continuation  va  jus- 
qu'en 1640.  11  mourut  à  Touloufe  le  18.  de  Mai  1643. 


MAU  149 

Voici  le  jugement  avantageux  qui  a  été  fait  de  ton  ou- 
vrage. 

Efi  liber  hic  idem  qui  Cafaris  (b)  antej  fed  idem 
Mole  minor  ,  rerum  pondère  rnjjo/ti  il. 

(a)  Longuerue  ,  Defc.  de  la  France  ,  part.  I.  pag.  2 1 4. 
(  b  )  Baronri  ,  annot. 

2.  MAULEON  ,  petite  ville  de  France  dans  le  Poitou , 
diocèfe  de  la  Rochelle.  Elle  elt  fituée  près  du  ruiffeau  de 
l'Oint  ,  qui  fe  jette  dans  la  Sevré ,  à  dix-neuf  lieues  de 
Poitiers,  Se  dix-huit  de  la  Rochelle.  C'elt  le  fiege  d'une' 
élection  dont  les  habitans  font  fort  laborieux  ,  ils  ne  re- 
cueillent du  bled  qu'autant  qu'il  en  faut  pour  leur  nourri- 
ture. Dans  quelques  paroifies  il  y  a  des  vignes  qui  produi- 
fent  des  vins  blancs  fort  médiocres,  Se  qu'on  eft  obligé  de 
convertir  en  eau-de-vie.  Le  principal  commerce  elt  celui 
des  beltiaux  qu'on  engraiile  ,  Se  des  chevaux  qu'on  élève. 
Mauleon  a  été  érigé  en  duché  pairie  en  1736.  fous  le 
nom  de  Chatillon  fur  Sevré.  Il  y  a  une  abbaye  d  hom- 
mes de  l'ordre  de  faint  Augultin.  *  Piganiol ,  Defc.  de 
la  France,  t.  j.  p.  91. 

3.  MAULEON,  abbaye  de  France  dans  le  Poitou  ,  Se 
dans  la  ville  dont  nous  venons  de  parler  >  au  diocèfe  de 
laRochelle»  furie  ruifTeau  nommé  l'Oint.  C'elt  une  ab- 
baye d'hommes  de  l'ordre  de  faint  Augultin.  Elle  fubii- 
itoit  dès  l'an  1079.  que  David  de  Flocelliere  remit  au 
prieur  Pierre,  pour  l'ufage  des  chanoines  de  cette  maifon, 
j l'églife  de  fainte  Marie  de  Flocelliere.  Comme  la  ville  de 
Mauléon  Se  le  château  des  feigneurs  de  même  nom  ont 
fouffert  différens  fiéges ,  en  divers  tems ,  l'abbaye  a  fou- 
vent  été  expofée  aux  i'uites  facheufes  des  guerres.  Elle 
foufFrit  entte  autres  beaucoup  du  fiége  que  la  ville  efiuya 
au  mois  de  Juin  1)87.  de  la  part  d'Henri  IV.  On  pilla 
tous  les  vafes  faciès ,  dont  le  prix  montoit  à  trente  mil- 
le livres  tournois,  fomme  confidérable  alors  ;  Se  l'on  em- 
porta tous  les  titres  du  monaltère.  Cette  abbaye  paroïc 
avoir  oublié  toutes  Ces  pertes  palTées  ,  depuis  que  fon  ab- 
bé Henri  de  Béthune  la  céda  en  réforme  l'an  1660.  aux 
chanoines  réguliers  de  la  congrégation  de  France,  qui  ré- 
tablirent l'églife.  L'abbé  jouit  d'environ  quatre  mille  li- 
vres de  rente. 

4.  MAULEON,  petite  ville  de  France  en  Gascogne  art 
pays  des  quatre  Vallées ,  Se  chef-lieu  de  celle  de  Barous- 
fe.  Elle  a  titre  de  baronnie. 

1.  MAULEVRIER  ,  petite  ville  ou  bourg  de  France 
dans  l'Anjou  .  fur  un  ruiffeau  qui  fe  jette  dans  le  Tre- 
zon  aux  confins  du  Poitou  ,  élection  de  Montreuil-Bel- 
lai ,  au  midi  de  la  forêt  de  Vezins.  Cette  ville  a  été  bâ- 
tie par  Foulques  Néra  ,  qui  la  donna  à  un  de  Ces  cheva- 
liers ,  qui  prit  le  nom  de  cette  terre  Se  la  transmit  à 
fa  poltérité.  Il  y  a  un  beau  château  -,  Se  la  jurisdiction  de 
la  ville  s'étend  fur  fept  paroiffes.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

2.  MAULEVRIER,  paroiffe  de  France  au  pays  de 
Caux  en  Normandie,  avec  titre  de  comté.  KUe  elt  à 
fept  lieues  de  Rouen  ,  Se  à  trois  quarts  de  lieue  de 
Caudebec  Se  de  la  Seine.  Il  y  a  une  haute  Jultice  ,  dont 
le  fiége  fe  tient  dans  un  des  fauxbourgs  de  Caudebec, 
qui  en  dépend.  *  Corn.  Diction.  Mémoires  drejfés  fur 
les  lieux. 

3.  MAULEVRIER,  forêt  de  France  dans  la  Nor- 
mandie, maîtrife  de  Caudebec.  Elle  a  trois  mille  cent 
arpens. 

MAULI ,  rivière  du  royaume  de  Sicile  dans  la  vallée 
de  Noro.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  au  nord 
de  Monte  Roflb  près  de  Cerretana:elle  coule  d  abord 
du  nord  au  midi  occidental ,  Se  fe  rend  à  Ragufa  ,  jus- 
qu'où elle  porte  le  nom  de  Fiumc  Grretana.  En  for- 
tant  de  Ragufa  elle  prend  fon  cours  presque  vers  l'oc- 
cident l'espace  de  quelques  milles;  &  enfin  elle  tourne 
vers  le  midi  ,  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer  au  port  de  Maz- 
zarelli.  C'elt  depuis  Ragufa  jusqu'à  Mazzarelli  qu'on  lui 
donne  particulièrement  le  nom  de  Mauli  ,  quoiqu'on  la 
nomme  auffi  quelquefois  Fiitme  di  Ragufa.  Cette  rivière 
eft  XHirminius  des  anciens.  *  De  Fljlc ,  Atlas. 

MAULIMART  ou  S.  Pierre  de  Maulimart; 
bourgade  de  France  dans  l'Anjou.  Il  y  a  un  chapitre 
compofé  d'un  doyen  Se  de  huit  canonicats ,  de  deux  à 
trois  cens  livres  de  revenu  chacun,  *  Piganiol  Defc 
de  la  France ,  tom.  7.  p.  84. 


M  AU 


i/o 

MAULVE,  petite  rivière  de  France  dans  l'Orléanois. 
Elle  va  fe  perdre  dans   la  Loire ,  près  de   la  ville  de 

Meun. 

MÀUMA ,  ville  d'Ethiopie  fous  l'Egypte.  Pline ,  /  6. 
c.  29.  en  fait  mention,  ôc  le  P.  Hardouin  prétend  qu'il 
faut  lire  Maumarum. 

MAUMAQUES ,  village  du  diocèfe  de  Soiflbns  ,  fitué 
entre  Compiegne  ôc  Noyon  ,  dans  la  plaine  un  peu  au- 
delà  de  Choifi  fur  Aine.  Ceft  le  lieu  où  Childebert ,  fils 
de  Thierri ,  eft  marqué  avoir  tenu  fes  plaids  la  douziè- 
me année  de  fon  règne.  Il  y  a  plufieurs  autres  preuves  que 
ce  lieu  étoit  une  de  ces  tares  appellées  fous  la  première 
race  Villa  ptiblica ,  Cartis  Domimca.  Il  eft  sûr  qu'il  y 
avoit  un  palais  à  Maumaques.  Dom  Germain  paroit  avoir 
eu  grande  raifon  d'appliquer  à  ce  lieu  tout  ce  qu'on  lit 
de  l'ancien  Mamacas  ou  Mamaccas.  Charles  le  Chauve 
donna  à  l'églife  de  Compiegne  Capellam  in  Mamacis. 
Dans  un  diplôme  de  Charles  le  Simple ,  Mummacas  eft 
dit  du  pays  de  Noyon ,  dans  la  donation  qu'il  en  fait  à 
la  même  églife  de  Compiegne  ,  qui  le  poffede  encore.  La 
forêt  de  Lezque,  en  latin  Lijïca ,  mal  nommée  de  Lai- 
gle  ,  eft  tout  proche  Maumaques  :  ce  qui  en  rendoit  le 
féjour  très-agréable  à  nos  rois.  Des  lettres  de  Philippe 
Augufte  de  l'an  1200.  font  auffi  mention  de  la  forêt  de 
Momaques ,  comme  voifine  de  celle  de  Choifi.  Le  vil- 
lage de  Maumaques  eft  fur  le  rivage  gauche  de  l'Oife , 
proche  le  Pleflis-Brion. 

MAUMONT  Malomons  ,  bourg  de  France  dans  le 
Limoufin,  auprès  de  Ventadour ,  ôc  environ  à  quatre 
lieues  de  Tulle.  II  appartient  depuis  fort  long-tems  à 
des  gentilshommes  de  même  nom.  Jean  de  Maumont  à 
qui  Céfar  Scaliger  ,  Genebrard,  du  Verdier,  ThevetSc 
la  Croix  dû  Maine,  ont  donné  beaucoup  d'éloges,  étoit 
de  cette  famille.  Voici  ce  qu'en  dit  la  Croix  du  Maine  : 
Jean  de  Maumont  natif  dudit  lieu,  au  pays  de  Limoufin, 
qui  eft  une  très-ancienne  baronnie ,  de  laquelle  ledit 
fîcur  de  Maumont  eft  i(Tu ,  homme  très-doéte  es  lan- 
gues ôc  principalement  en  grec  ,  grand  théologien  ôc  ora- 
teur très-fécond  ,  fleurit  à  Paris ,  au  collège  de  faint  Mi- 
chel ,  dit  Senàch  (  duquel  il  étoit  principal  )  cette  année 
1584.  Ce  bourg  eft  connu  pour  avoir  été  la  patrie  des 
papes  Clément  VI.  &  Grégoire  X.  *  Piganiol,  Defc. 
de  la  France,  t.  6.  p.  382. 

MAUMUSSON  ,  (  Le  permis  de  )  petit  détroit  fur  la 
côte  de  Saintonge,à  l'embouchure  delaSeudre,  entre 
l'ifle  d'Oleron  au  nord  &  le  continent  au  midi,  au  cou- 
chant de  Marenne.  *De  l'ifle  ,  Atlas. 

MAUNI,  paroifle  de   France  dans  la  Normandie  , 
avec  titre  de  marquifat  &  château.   Elle  eft  fituée  au 
bord  de  la  Seine ,  près   de  la  Bouille ,  quatte  ou  cinq 
lieues  au-deffous  de  Rouen.  *  Corn.  Diction. 
MAUR.  Voyez.  Sarira. 

MAURBAC  ,  Vallïs  omnium  SanElorum  ,  chartreufe 
dans  la  Baffe  Autriche  fur  le  Danube  près  de  Vienne  fon 
dée  l'an  1320.  Plufieurs  princes  delà  maifon  d'Autriche 
y  font  inhumés. 

MAURBERG  ,  riche  commanderie  de  l'ordre  Teutoni- 
que  dans  la  Baffe  Autriche,  fur  les  frontières  de  la  Mo- 
ravie. 

MAURE  ou  les  Maures.  Ce  font ,  dit  Baudrand  , 
Diftion.  édit.  170;.  deux  petites  ifles  de  l'Archipel ,  fur 
lacôtedelaNacolie,  près  de  la  côte  feptentrionale  de 
l'ifle  de  Tenedo.  De  l'ifle,  Atlas,  marque  trois  peti- 
tes ifles  au  nord  de  l'ifle  de  Tenedo.  On  croit  que  fe  font 
les  Calydnes  des  anciens.  Voyez,  au  mot  Caiydn^î. 

MAUREGARD,  eft  une  paroifle  &  un  prieuré  du 
diocèfe  de  Meaux,dans  l'archidiaconné  de  France  & 
doyenné  de  Dammartin.  Le  nom  latin  eft  de  Malo  ref 
petlu.  Saint  Jean-Baptifte  eft  patron  des  deux  titres, 
leglife  priorale  fervant  à  la  paroifle.  Manaffes  évêque 
de  Meaux  en  approuva  l'an  1 140.  la  fondation  faite  par 
Radulfe  &  Gautier  d'Aunay  ,  en  faveur  de  l'ordre  de 
Clum,  &  il  y  attacha  la  préfentation  de  la  cure.  Ce 
prieure  a  paffé  depuis  à  la  maifon  de  faint  Martin  des 
Champs,  qui  y  ont  entretenu  autrefois  quatre  religieux  ; 
maintenant  ce  n'efl  plus  qu'un  bénéfice  fimple  à  la  col 
lation  du  prieur  de  faint  Martin  des  Champs.  Son  re- 
venu eft  de  douze  cens  livres. 
MAURENAHAR,  MAURANAHAR.  Voyez.Uk- 

WARALNAHR. 


MAU 


MAURENSII ,  peuples  de  la  Mauritanie  Tingitane. 
Ptolomée,  /.  4.  c.  1.  les  place  dans  la  partie  orientale 
de  cette  province  :  Tite-Live ,  L  24.  c.  49.  les  nomme 
Maurufii  ;  ôc  Strabon,  /.  17.  p.  82;.  dit  que  ces  peu- 
ples étoient  appelles  Maurufii  par  les  Grecs ,  &  Mauri 
par  les  Romains. 

MAURENS1S,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  La  notice 
épiscopale  d'Afrique  met  ce  fiége  au  nombre  de  ceux 
qui  n'avoient  point  d'évêques. 

MAUREPAS,  petit  lac  de  l'Amérique  feptentrionale 
dans  la  Louifiane.  Son  eau  eft  falée.  Il  reçoit  le  plus 
oriental  des  bras  du  fleuve  de  Miiîiflipi ,  ôc  il  fe  dé- 
charge dans  le  lac  de  Pontchartrain. 

MAURES  DU  LUC  ,  (  Les  )  lieu  de  France,  dans  la 
Provence,  près  du  golfe  de  Grimaud.  On  prétend  avoir 
trouvé  dans  ce  lieu  des  mines  de  toutes  fortes  de  mé- 
taux, auxquelles  on  commença  à  faire  travailler  en  1720. 
Il  y  a  aux  environs  un  bois  aflez  confidérable  qui  porte  le 
même  nom  :  il  l'a  emprunté  de  la  retraite  des  Maures 
qui  s'y  réfugièrent  en  l'année  730.  lorsqu'ils  furent  chas- 
Cés  par  Charles  Martel. 

MAURES  ,  (  Les  )  peuples  d'Afrique.  Il  faut  diftinguer 
les  rems ,  félon  lesquels  ce  nom  a  une  étendue  plus  ou 
moins  grande. 

Dans  les  anciens  tems  ôc  fous  les  Romains ,  oh  ap- 
pelloit  Maures,  en  latin  Mauri,  les  habitans  natu- 
rels des  trois  Mauritanies,  Voyez.au  mot  Mauritanie. 
Ces  peuples  long-tems  inquiétés  par  les  garnifons  Ro- 
maines ,  leur  avoient  abandonné  presque  toutes  les  côtes 
de  leur  pays,  ils  payoient  des  tributs  pour  pofféder  en 
paix  leurs  campagnes.  Ils  eurent  le  même  fort  fous  les 
Vandales  qui  inondèrent  l'Afrique  ;  ôc  il  eft  fouvent 
parlé  des  Maures  dans  les  guerres  que  l'empire  de  Con- 
ftrntinople  eut  contre  les  Vandales.  Les  Maures  s'é- 
toient  alors  cantonnés  dans  l'intérieur  du  pays  vers  les 
montagnes.  Avec  le  tems  les  califes  de  Bagdar  ayant 
fait  de  grandes  conquêres  le  long  de  la  Méditerranée  en 
Afrique,  les  Sarrazins  qui  s'y  étendirent  y  portèrent  le 
Mufulmanisme.  Jusques-là  les  Maures  ,  chez  qui  la  re- 
ligion Chrétienne  avoit  long-tems  fleuri,  avoient  été 
Chrétiens ,  quoiqu'infectés  de  l'Arianisme  ,  par  les  Van- 
dales qui  leur  portèrent  cette  héréfie. 

Les  Maures  étant  devenus  ainfi  Mahométans.  à  l'exem- 
ple des  Sarrazins  leurs  maîtres ,  feroient  demeurés  en 
Afrique  fans  la  perfide  vengeance  du  comte  Julien ,  qui 
les  appella  en  Espagne  où  fa  fille  avoit  été  violée  à  la 
cour  par  le  roi  même.  Les  Maures  ayant  appris  à  con- 
noître  l'heureux  climat  de  l'Espagne,  s'y  fixèrent  avec 
plaifir ,  la  remplirent  de  leurs  compatriotes,  ôc  leur  gé- 
néral,  n'agiffant  pas  long-tems  au  nom  du  calife,  fe  fit 
fouverain  lui-même  ,  &  ne  voulut  reconnoître  aucun 
fupérieur.  Ce  qui  caufa  la  perte  des  Maures  en  Espa- 
gne ,  ce  furent  les  parcages  de  leurs  conquêtes  en  un  fort 
grand  nombre  de  royaumes.  L'Andaloufie  feule  occupoit 
les  royaumes  de  Grenade ,  de  Cordoue ,  de  Ja'en  ôc  de 
Séville,  fans  parler  du  royanme  de  Murcie.  Les  rois 
d'Espagne  reprirent  peu  à  peu  tous  ces  royaumes.  Ce- 
lui de  Grenade  fubfiftoit  encore  fous  le  règne  de  Fer- 
dinand d'Arragon  ôc  d'Ifabelle  de  Callille.  Le  cardinal 
Ximenez  en  fit  la  conquête  ,  ôc  l'Espagne  fut  ainfi  pur- 
gée de  cette  nation  ,  comme  nous  le  difons  ailleurs. 

Tous  les  Maures  chaffes  d'Espagne  retournèrent  dans 
le  pays  d'où  leurs  ancêtres  étoient  venus  ;  ôc  comme 
ils  profeffoient  le  Mahométisme ,  qui  y  étoit  aufîi  la 
religion  dominante ,  ils  trouvèrent  de  la  facilité  à  s'y 
établir. 

Aujourd'hui  il  faut  diftinguer  les  pays  des  Maures 
où  ceux-ci  fonr  les  dominans ,  ôc  ceux  où  ils  n'occupent 
que  la  campagne  ,  &  ne  jouiffent  que  d'une  liberté  ache- 
tée par  des  tributs  qui  n'eft  guère  différente  de  la  fer- 
vitude.  Les  Maures  font  les  maîtres  dans  les  états  du 
roi  de  Maroc ,  aux  royaumes  de  Maroc  &  de  Fez ,  qui 
répondent  à  la  Mauritanie  Tingitane  des  anciens.  Le 
roi  de  Maroc  pofféde  encore  le  royaume  de  Trémecen , 
où  font  Trémecen  Ôc  Oran.  Le  roi  d'Espagne  lui  a  en- 
levé ce  dernier  port ,  Ôc  quelques  lieux  aux  environs. 
A  cela  près  ,  les  Maures  font  les  maîtres  en  ce  pays-là. 
II  n'en  eft  pas  de  même  d'Alger.  La  milice  compofée  de 
Turcs  ôc  de  Renégars,  y  a  la  fouverainepuiffance;  mais 
au  royaume  de  Couco ,  les  Maures  font  indépendans. 


MAU 


M  AU 


Les  royaumes  de  Trémecen  8c  de  Couco  ,  8c  le  pays 
d'Alger,  font  la  Mauritanie  Céfarienfe. 

MAURES,  abbaye  d'hommes  en  France,  au  diocè- 
fe  de  faint  Flour.  Elle  ell  de  l'ordre  de  faine  Benoît , 
&  vaut  trois  mille  livres.  Voyez.  Maurs  ,  n.  2. 

MAURETANICA.  Voyez.  Mauritanie. 

MAURIAC,  petite  ville  de  France  dam  la  haute 
Auvergne ,  près  de  la  Dordogne  8c  des  frontières  du 
Limoufin.  Elle  efl  marchande  ,  &  on  y  tient  de  belles 
foires  pour  toute  forte  de  bécail ,  8c  particulièrement 
pour  les  chevaux  qui  panent  pour  les  meilleurs  de  France. 
Il  y  avoit  un  collège  de  Jéfuites  :  c'elî  le  troifiéme  qu'ils 
avoient  eu  en  France  ;  il  fut  fondé  par  Guillaume  du  Prat 
évêque  de  Clermont.  Sain:  Paulin  martyr  ,  dont  le  corps 
fut  accordé  aux  habitans  de  Mauriac  dans  le  dernier  fié- 
cle ,  ell  un  des  principaux  patrons  de  cette  ville ,  qui 
appartient  au  prieur  d'un  beau  nmnallère  de  Bénédi- 
ctins réformés.  Ce  prieur ,  que  Piganiol ,  Defcript.  de  la 
France,  t.  6.  p.  34S.  appelle  doyen,  a  la  jullice  ordi- 
naire de  la  ville.  Mauriac  elt  le  chef-lieu  d'une  élection 
particulière,  qui  dépend  de  l'élection  de  faint  Floue, 
&n'a  que  cinquante-fix  paroi  fies.  *  Cirn.  Diction. 

MAUrUACll  CAMPI.  Voyez.  Catalaunum. 

1.  MAURIANSNSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique 
dans  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Secitndm  cft  qualifié 
episcopus  Mmrianenfii  par  la  notice  épifcopale  d'Afri- 
que. 

2.  MAURIANENSIS  ,  fiége  épiscopal  dont  fait  men- 
tion le  premier  concile  de  Micon.  C'eil  l'ancienne  ville 
de  Maurienne.  Voyez.  Maurienne. 

i.  MAURICE ,  ou  le  Fort  Maurice.  Voyez,  le  Fort 
Maurice. 

2.  MAURICE  ou  I'Isle  Maurice.  Voyez.  I'Isle 
Maurice. 

j.  MAURICE,  (St)  abbaye  de  France.  Voyez. 
Carnoet. 

MAURIENNE,  vallée  dans  la  Savoye.  Elle  a  envi- 
ron vingt  lieues  de  longueur  de  l'orient  à  l'occident, 
depuis  Charbonnières  jusqu'au  Mont-Cenis  qui  la  fépare 
du  Piémont  vers  l'orient.  Cette  montagne  elt  appellée 
A'pe  Cottienne  au  fingulier,  comme  étant  la  plus  hau- 
te des  Cottiennes.   La  rivière  d  Arc  y  prend  fa  fource. 

Cette  vallée  efl  étroite  ,  étant  reflerrée  du  côté  du 
nord  par  une  branche  des  Alpes,  qui  la  fépare  delà 
Tarentaife,  8c  du  côté  du  midi  par  une  autre  branche 
de  ces  montagnes,  laquelle  la  fépate  du  Dauphiné  :  les 
deux  branches  fe  joignent  au  Mont-Cenis.  Il  n'efl  fait 
aucune  mention  de  cette  vallée  avant  le  fixiéme  fiécle 
ou  vivoit  Grégoire  de  Tours  ,  qui  le  premier ,  a  nom- 
mé ce  lieu  Mviriana ,  où  de  fon  tems  on  honoroit  des 
reliques  de  faint  Jean  Baptifle  précurfeur  de  Jefus-Chiill. 
Cette  vénération  a  continué  dans  les  fiécles  fuivans ,  de 
manière  que  la  ville  a  pris  le  nom  de  ce  faint,  &  celui 
de  Maurienne  cil  demeuré  au  pays. 

Grégoire  de  Tours  nous  apprend  que  la  Maurienne  , 
en  fon  tems ,  étoit  du  diocèfe  de  Turin  ,  8c  dans  les  dé- 
pendances de  cette  ville  ,  fous  laquelle  étoit  le  territoire 
des  Sécufiens ,  qui  s'étendoit  des  deux  côtés  des  Alpes  , 
&  où  il  y  avoit  deux  villes ,  Sufe  8c  Briançon ,  comme 
nous  l'avons  fait  voir  en  décrivant  le  Btiançonnois.qui 
efl  du  Dauphiné. 

Tout  ce  pays  ayant  été  cédé  par  les  Lombards  à  Gon- 
tran  ,  roi  de  France ,  il  fonda  un  évêché  à  Maurienne. 
Urficin,  évêque  de  Turin,  s'en  plaignit  à  faint  Grégoire" 
le  Grand.  Ce  pape^orta  aux  rois  Théodebert  8c  Thierri 
les  plaintes  que  faifoit  l'évèque  de  Turin,  qu'on  eut 
établi  contre  les  canons,  un  autre  évêque  dans  la  par- 
tie de  fon  diocèfe  qui  obéifloit  aux  François  :  In  Parag- 
ciu  fuis  qu&  intra  regni  Francorum  terminum  funt  fiut 
contra  facros  canones  alterum  episcipum  ejfe  conflitutum 
Ces  plaintes  ne  furent  pas  écoutées. 

Le  premier  évêque  qui  gouverna  ce  nouveau  fiége, 
s'appella  Aconius  ou  Hicconius.  Il  avoit  aflillé  au  pre- 
mier concile  de  Mkon  l'an  581.  &  au  fécond  en  j8r. 
Ce  prélat  fut  mis  fous  la  métropole  de  Vienne  ,  que  fes 
fuccefTeurs  ont  toujours  reconnue. 

La  vallée  de  Maurienne  a  été  fujette  aux  rois  de  Bour- 
gogne ,  tant  de  la  race  des  Mérovingiens  que  des  Car- 
lovingiens,  &  aux  descendans  de  Rodolphe  élu  en  888. 
lesquels  ont  été  en  pofleilion  de  ce    Royaume  jusqu'à 


Rodolphe  III.  Ce  fut  fous  le  règne  de  ce  dernier  roi 
qu'un  feigneur  nommé  Humbert,  8c  furnommé  aux  Blan- 
ches mains  ,  fut  créé  comre  de  Maurienne  par  ce  roi 
qui  lui  donna  encore  le  comté  de  Savoye.  Il  prenoit  feu- 
lement le  titre  de  comre  ;  mais  fes  fuccefTeurs  s'intitulè- 
rent comtes  de  Maurienne,  préférant  ce  titre  à  celui 
de  Savoye  ,  Savogx. 

■f  Le  comre  Humbert  8c  fes  premiers  descendans  ont 
ete  enterrés  dans  l'églife  de  faint  Jean  de  Maurienne; 
8c  il  ell  certain  que  ces  comtes  avoient  en  cet  endroit 
leur  premier  établiflemenr ,  ce  qui  a  duré  jusqu'à  la  fin 
du  douzième  fiécle.  Enfuite  ,  peu  à  peu,  le  nom  de  Sa- 
voye l'a  emporté  fur  celui  de  Maurienne  ;  de  forte  que 
quand  l'empereur  Sigismond  créa  duc  le  comte  Amé- 
dée  ,  ce  fut  la  Savoye  8c  non  pas  la  Maurienne  qu'il 
érigea  en  duché. 

11  n'y  a  jamais  eu  dans  ce  pays  de  ville  fortifiée.  Ses 
boulevards  étoient  les  forterefîes  de  Mommelian  8c  de 
Charbonnières, qui  fermoient  l'entrée  de  la  vallée.  Elles 
étoient  dans  la  Savoye,  proprement  dire ,  &  elles  font 
toutes  deux  ruinées.  Après  la  mort  de  Thomas ,  comte  de 
Savoye,  le  comté  de  Maurienne  fut  donné  en  pattage 
au  prince  Thomas  de  Savoye,  qui  fut  comte  de  Flandre, 
à  caufe  qu'il  étoic  mari  de  Jeanne  .comtefle  de  Flandre 
8c  de  Hiinaut.  Son  fils  Thomas  fut  aufli  comte  de 
Maurienne  ;  mais  après  lui  ce  comté  fut  réuni  à  celui 
de  Savoye,  dont  il  n'a. point  été  fépare  depuis.*  Lon- 
guerue,  Defcr.  de  la  Fiance,  part.    2.  p.  321. 

MAURINGA,  contré  du  Nord  fur  la  mer  Baltique. 
Paul  Diacre,  de  geftit  Lxnçpbard ,  l.  1.  c.  11.  en  fait 
mention  ,  8c  l'anonyme  de  Ravenne  ,  lib.  1.  c.  10.  nom- 
me les  peuples  de  cette  contrée  Maurun^ani. 

MAURIGASIMA  ,  ou  I'Isle  Mauri  ,  ifle  de  l'Océan 
Oriental,  autrefois  riche  &  floriflante  ;  mais  qui  a  été 
abymée  ,  de  manière  qu'on  n'en  voie  plus  que  quelques 
rochers,  quand  la  marée  efl  baffe.  Elle  étoit  placée 
près  de  Fuie  de  Teyovaan  ou  Formofa  ,  où  1  on  trouve 
aujourd'hui  un  fond  bas  &  plein  de  roches.  Les  Chi- 
nois racontent  ainfi  la  deltruction  de  cette  ifle.  Mauri- 
gafima  étoit  une  iflefameufe  dans  les  premiers  fiécles, 
pour  l'excellence  8c  la  fertilité  de  fon  terroir  ,  qui  pro- 
duifoit,  entr'autres  chofes ,  une  forte  de  terre  grade  ad- 
mirablement propre  pour  faire  les  vafes  connus  fous  le 
nom  de  porcelaine,  ou  poterie  de  la  Chine.  Les  habi- 
tans s'enrichirent  beaucoup  par  cette  manufacture;  mais 
l'augmentation  de  leurs  richeffes  produifir  le  luxe  ,  &  le 
mépris  de  la  religion  ;  ce  qui  irrita  fi  fort  les  dieux  , 
qu'ils  réfolurent  d'abymer  l'ifle  entière  dans  la  mer.  II 
y  avoit  dans  cette  ifle  un  roi  ou  fouverain ,  nommé 
Péiruun  ,  prince  vertueux  ,  religieux  ,  8c  qui  n'avoir  au- 
cune part  aux  crimes  de  fe;,  fujers  ;  le  décret  des  dieux  lui 
fut  révélé  dans  un  fonge  ,  &  il  lui  fut  ordonné  ,  pour  met- 
tre fa  perfonne  en  sûreté  ,  de  s'embarquer  fur  fes  vais- 
feaux  8c  de  fe  retirer  de  l'ifle  ,  d'abord  qu'il  remarqtieroic 
que  les  vifages  des  deux  idoles ,  qui  étoient  à  l'entrée  du 
temple  ,  deviendroient  rouges.  Ces  deux  idoles  étoient 
faites  de  bois ,  d'une  taille  gigantesque  ,  8c  appellées  In  jo9 
N :iv?8c  Ai»  in.  Un  danger  Ci  prenant ,  qui  menaçoit  fes 
fu;ets,  joint  aux  figues  par  lesquels  on  pourroit  connoître 
fes  approches ,  afin  de  fauver  leur  vie  par  une  prompte 
fuite  ,  l'obligèrent  à  en  avertir  le  public  ;  mais  ce  que  tout 
celaproduifit,  fur  qu'on  tourna  fon  zèle  &  fon  attention 
en  ridicule,  8c  qu'il  fut  méprifé  de  fes  fujets.  Quelque 
tems  après  un  débauché  ,  pour  fe  moquer  plus  fortement 
de  la  crainte  fuperflitieufe  du  roi  ,  alla  une  nuir ,  fans  être 
apperçu  ,  peindre  de  rouge  les  faces  des  deux  idoles.  Le 
matin  fuivant  on  donna  avis  au  roi  que  les  vifages  des 
idoles  étoient  rouges  \  fur  quoi  le  prince  qui  ne  foupçon- 
noit  nullement  que  la  chofe  fût  arrivée  par  un  tour  de 
malice,  8c  qui  croyoit  au  contraire  que  c'étoit  un  événe- 
ment miraculeux,  8c  un  figne  indubitable  de  la  dellruction 
prochaine  de  l'ifle ,  s'embarqua  fur  le  champ  avec  toute 
fa  famille  ,  8c  tous  ceux  qui  voulurent  le  fuivre.  Il  s'éloi- 
gna à  force  de  rames  8c  de  voiles  du  rivage  fatal  ,  8c 
cingla  vers  les  côtes  de  Foktsju  ,  province  de  la  Chine. 
Après  le  départ  du  roi ,  l'ifle  enfonça.  Le  roi  avec  tout  fon 
monde  arriva  fain  &  fauve  à  la  Chine  ,  où  la  mémoirede 
fon  arrivée  efl  encore  célébrée  par  une  fête  annuelle;  & 
dans  ce  jour  les  Chinois  ,  fur-tout  ceux  des  provinces 
méridionales ,  prennent  des  divertiflemens  fur  l'eau ,  vont 


MAU 


î  fi 

8c  viennent  ,  tirant  à  la  rame ,  comme  s'ils  fe  prépa- 
raient pour  un  combat ,  &  crient  fouvent  à  haute  voix 
Peiruun  ,  qui  étoit  le  nom  de  ce  prince.  La  même  fête  a 
été  introduite  au  Japon  par  les  Chinois ,  &  y  eft  a  prêtent 
célébrée,  fur  tout  aux  côtes  occidentales  de  cet  empire. 
Les  vafes  de  porcelaine  ,  qui  s'enfoncèrent  dans  la  mer 
avec  l'ifle  ,  en  l'ont  retirés  de  tems  en  tems  par  les  plon- 
geurs :  on  les  trouve  attachés  à  des  rochers,  8c  on  doit  les 
en  tirer  avec  beaucop  de  prudence  ,  de  peur  de  les  rom- 
pre. Ils  font  communément  défigurés  par  des  coquilles , 
des  coraux  &:  d'autres  corps  qui  croiflent  au  fond  de  la 
nier.  Ceux  qui  ont  foin  de  nettoyer  ces  vafes ,  les  raclent-, 
mais  non  pas  entièrement ,  ils  en  laiiïent  toujours  un  peu,' 
pour  prouver  qu'ils  ne  font  point  contrefaits.  Ils  font 
rransparens ,  extrêmement  minces ,  d'une  couleur  blan- 
châtre ,  tirant  fur  le  verd  ;  leur  forme  approche  de  celle 
des  petits  baiils,ou  tonneaux  pour  le  vin  ;  ils  ont  un  petit 
col  étroit ,  8c  extrêmement  propre  pour  tenir  du  Thé , 
comme  s'ils  avoient  été  faits  dans  cette  vue.  Ils  font  por- 
tés au  Japon  ;  mais  rarement  par  les  marchands  chinois 
de  la  province  de  Foktsju  ,  qui  les  achètent  de  diverfes 
perfonnes  pour  les  revendre  :  les  moindres  valent  envi- 
ron vingt  thails  -,  les  moyens  cent  8c  deux  cens  thails  ;  8c 
les  plus  prétieux,  qui  font  grands  8c  entiers  ,  trois,  quatre 
&  cinq  mille  thails.  Perfonne  n'ofe  acheter  de  ces  der- 
niers, excepté  l'empereur ,  qui  en  a  une  fi  grande  quantité 
dans  fon  tréfor  ,  dont  il  a  hérité  de  fes  prédéceffeurs , 
que  le  prix  en  monteroit  à  une  fournie  immenfe  d'argent. 
Il  eft  bien  difficile  d'en  avoir  qui  ne  foient  point  fendus 
ou  fêlés  ;  mais  ceux  qui  les  nettoient ,  favent  les  raccom- 
moder 8c  les  réparer  avec  une  compofition  de  blanc  :  ce 
qu'ils  font  fi  proprement  ,  que  ni  l'œil  le  plus  perçant , 
ni  la  plus  grande  adrefie  ,  ne  fauroient  découvrir  où  étoit 
la  fêlure.  On  n'en  peut  venir  à  bout ,  qu'en  les  faifant 
bouillir  dans  l'eau  pendant  deux  ou  trois  jours  ,  ce  qui  à 
la  fin  difibut  la  colle. 

MAUR1N  ,  bourg  de  France  dans  la  Gascogne  ,  éle- 
ction des  Lannes. 

MAUR1PENSIS  Pagus.  De  Valois  a  fait  un  long  ar- 
ticle fur  ce  pays  ,  dans  fa  notice  des  Gaules;  mais  il  faut 
en  retrancher  la  moitié ,  parce  qu'il  confond  le  Pagus 
Mauripenfis  avec  celui  qui  étoit  appelle  Pagus  Herï- 
rEN$ts,/<?  Htrpois,  8c  depuis  leHurepois.  Lcbeuf  dit  dans 
le  fécond  tome  de  fon  recueil  ,  pag.  i6i.que  le  Pagus 
Mauripenfis  étoit  une  contrée  de  la  Brie  8c  de  la  Cham- 
pagne, étendue  le  long  du  rivage  droit  de  la  Seine ,  lors- 
que la  Seine  a  reçu  lionne-,  8c  cependant  que  le  territoire 
de  ces  deux  bords,  au  deffus  deMonteteau,  eft  de  ce  pays- 
là.  Ainfi  Nogent-fur-Seine  ,  qui  eft  au  rivage  gauche ,  eft 
du  Pagiis  Mauripenfis  ;  Marnai  8c  Buxoi  font  du  même 
pays.  Quelquefois  on  écrivoit  Moiuvensis  pour  Mau- 
ripensis  ,  8c  même  Morvisius  auffi  ,  comme  il  eft  dans 
les  capitulaircs  de  l'an  85  3.  Ce  nom  eft  entièrement  mé- 
connu dans  les  cantons  où  font  les  lieux  qu'on  dit  y  être 
finies ,  8c  l'on  ne  voit  rien  qui  en  puifTe  approcher ,  fi  ce 
n'eft  le  pays  Montois  .  qui  eft  voifin  de  celui  de  Pro- 
vins. On  dit ,  par  exemple ,  Dammarié  en  Montois ,  qui 
eft  une  terre  de  la  dépendance  de  S.  Martin  de  Tours. 
Peut  être  auroit  il  fallu  dire  Dammarié  en  Morvois.  Les 
trois  jambages  des  deux  lettres  peuvent  bien  avoir  été  con- 
fondus par  les  notaires ,  d'où  il  feroit  arrivé  ,  qu'au  lieu 
d'écrire  Morvois ,  on  auroit  écrit  Montois. 

MAURITANIE,  grande  contrée  d'Afrique  ,  partie  fur 
la  Méditerranée ,  partie  fur  l'Océan  occidental.  Ancien- 
nement elle  n'obéiflbit  qu'à  un  feul  roi  (  a  ).  Bochus  y  re- 
gnoit  du  tems  de  la  guerre  de  Jugurtha.  Ses  héritiers  divi- 
ferent  cet  état  en  deux  portions,  dont  celle  qui  donne  fur 
l'Océan  fut  le  partage  de  l'aîné,  8c  appelle  ,  de  fon  nom,le 
royaume  de  Bogud  -,  l'autre  qui  étoit  à  l'orient,  8c  qui 
s'étendoit.à  ce  qu'on  croit,  jusqu'au  fleuve  Malacha  ,  fut 
nommée  le  royaume  de  Bochus  (£),  du  nom  du  plus  jeune 
à  qui  elle  échut  en  partage.  Ces  deux  royaumes  furent 
réunis  en  un  feul ,  fous  Juba  &  fous  fon  fils  Ptolomée  par 
la  libéralité  d'Augufie  ;  mais  l'empereur  Claudius  ayant 
iubjugué  les  Maures  ,  pour  les  punir  du  meurtre  du  roi 
Ptolomée  ,  partagea  ce  royaume  en  deux  Provinces,  dont 
celle  qui  étoit  à  l'occident ,  fut  nommée  Mauritanie 
Tingitane  i  celle  qui  étoit  à  l'orient ,  Mauritanie  Ce- 
sariense;&  les  bornes  de  cette  dernière  furent  avancées 
jusqu'au  fleuve  Ampfaga.    Dans  la  fuite  il  fe  forma  une 


MAU 


troifiérne  province,  à  laquelle  on  donna  le  nom  de 
Mauritanie  Sitifense.  (a)  Cellarms  ,  Geogr.  antiq. 
1.  4.  c.  7.(b)  Plin.  1.  ;. -c.  2. 

Les  peuples  qui  habitoient  ces  provinces ,  furent  nom- 
més Mauri  par  les  Romains ,  8c  Maurufii,  par  les  Grecs. 
Sallufte ,  Tacite  8c  Hirtiuscmploient  en  différens  endroits 
le  nom  de  Mauri  ;  cependant  Tire  -  Live  ,  /.  21.  c.  11, 
dans  un  endroit,  fe  ftrt  du  mot  Maurufii.  Quant  au  nom 
latin  de  la  Mauritanie ,  on  le  trouve  différemment  écrit. 
La  plupart  des  anciens  monumens  portent  Maureiania. 
Dans  les  médailles  d  Adrien  on  trouve  :  Adventui  Auc. 

MAURtTANWi  RESTITUTORI  MauRETANI/E  \  LxERCI- 

tus  Mavjretani.^    &c.  *  Polybius  ,  1.  3.  c.  33. 

La  Mauritanie  Tingita*ne  tiroit  fon  nom  de  la  ville 
de  Tingis ,  fa  métropole.  C'étoit  en  quelque  manière  la 
Mauritanie  propre  ;  car  la  Mauritanie  Cefarienfe  étoit 
renfermée,pour  la  plus  grande  partie,dans  la  Numidie  des 
Maffefyliens ,  excepté  un  petit  canton  entre  les  fleuves 
Mulucha  8c  Malva  ,  qu'on  ne  peut  douter  avoir  ancien- 
nement appartenu  aux  Maures  ;  plufieurs  écrivains  s'ac- 
cordant  à  due  que  le  fleuve  Mulucha  fervoit  de  bornes 
entre  leroyaume  de  Jugurtha  8c  celui  des  Numides  Mas- 
fefy  liens.  Le  nom  de  cette  province  eft  écrit  différem- 
ment par  les  anciens  -,  les  uns  le  font  de  quatre  fyllabcs  , 
&  les  autres  de  cinq.  Grutcr  dans  fon  recueil  des  inferip- 
tions  ,p.  482.  rP.  7  &  %.  en  rapporte  deux  ,  dans  l'une 
desquelles  on  lit  Tingitan^c  ,  8c  dans  l'autre  Tingita- 
nam  -,  mais  dans  une  troifiérne  on  trouve  Tingitaniam  , 
au  lieu  deTiNGiTANAM.  Pline  ,  /.  5.  c.  2.  écrit  aufliTi»- 
gitani*  ;  quelques  anciens  manuferits  portent  néanmoins 
Tingitane  ,  8c  c'eft  ainfi  qu'écrit  Ptolomée. 

Cette  province  étoit  bornée  au  nord  par  le  détroit 
d'Hercule  ,  aujourd'hui  de  Gibraltar ,  8c  par  la  mer  Mé- 
diterranée ;  à  l'orient ,  par  ie  fleuve  Mal\  a  ;  au  midi ,  par 
le  mont  Atlas-,  &  au  couchant ,  par  l'Océan  Atlantique. 
Voici  la  lifte  que  donne  Ptolomée  des  villes  de  la  Mauri- 
tanie Tingitane.  11  commence  ,  félon  fa  coutume ,  pac 
celles  de  la  côte. 


Depuis  le  détroit  d'Hercule  jusqu'à  l'Une  des  extrémités 
du  grand  Atlas. 


Cottes  Promont , 
ZHUfluv.  Ofiia , 
Lixfiuv,  Ofiia  * 
Suburfiuv.  Ofiia , 
Emforicusfinus  , 
Rhufibis  portus , 
Afam*fiuv.  Oftia  t 
Diurjiuv.  Ofiia , 
Solis  mons , 
Myfocaras  portus  3' 
Phttttb  fiuv.  Ofiia, 
Herculis  Promont , 


SaUfluv.  Ofiia, 
Sala  civitas , 
Dyi fiuv.  Oftia, 
Atlas  minor  mons  £ 
Cufœfluv.  Oftia, 
Tumufiga , 
Vfadium  Promont, 
Suriga  , 
Un* fiuv.  Ofiia , 
Agn*fiuv.  Ofiia  , 
Sais. fiuv.  Ofiia, 
Atlas  major  mons. 


Depuis  le  promontoire  d'Hercule ,  le  long  de  la  côte  fep- 
tentrionale ,  jusqu'à  la  Mauritanie  Cefarienfe. 


Tingis  ou  Cifarea, 
Valonis  fiuv.  Ofiia  , 
Exïliffa  Civitas  , 
Heptadelpbi  mont  y 
Alybe  Columna , 
Ph*bi  Promont  y 
Jagath , 
Thalud&fluv.  Ofiia, 


Oleaftrum  Promont , 
Aerath  , 
Tmio  longa , 
Sefiiaria  extrtma ,' 
Ryjfadirum , 
McHagonites  Promont  ," 
Molochathfiuv.  Oftia  , 
Malv&fiuv.  Ofiia  y 


Les  peuples  de  cette  province  font ,  félon  Ptolomée,' 
ceux  qui  fuivent  : 


Metagonit* , 
Cocofiii , 
Verves , 
Mafices , 
Verbice , 
Salinfa , 


Jangacattcani , 

Verves , 

Netliberes , 

Voliy 

Zegrenfiiy 

Bi  liant , 

Caufini , 

Baniub*  , 

BacuatXy 

Vacuat* , 

Macanit* , 

Maur  enfin  , 

&  partie  des  Herpiditani. 


Il  fe  trouve  deux  montagnes  chez  ces  peuples  ;  favoir, 

Diur 


Viur , 


MAU 

Se         Phocra'. 


MAU 


Ptolomée  marque  encore  vingt-deux  villes  dans  les  terres. 


Lixa , 
Oppinum, 
Subiir  , 
Banajfa , 


Tamufda, 
Silda , 
Gontiana , 
"Baba  , 
Ptùtiana , 


Vobrïx , 
Volobilis  > 

Erpis , 

Toculofda  y 

Trifdis, 

Bocanum , 


Malochatk* 
Cent  a , 
Galapba , 
Tbtcatb  t 
Dorath  , 
Vala. 


il  y  a  outre  cela  deux  ifles  fur  la  côte  occidentale 
de  cette  province, 


Pena, 


ôc         Erythia, 


La  Mauritanie  Tingitane ,  contenoit  un  grand  nom- 
bre d'évêchés;  mais  comme  la  notice  épiscopale  d'Afrique 
les  confond  dans  la  même  table  avec  les  évêchés  de  la 
Mauritanie  Céfarienfe  ,  nous  ne  les  diilinguerons  pas:  on 
les  trouvera  dans  l'article  fuivant  avec  les  évêches  de  la. 
Mauritanie  Céfarienfe. 

La  Mauritanie  Césariense,  que  le  fleuve  Malva 
féparoit  de  la  Tingitane ,  étoit  à  l'occident  de  la  Mauri- 
tanie Sitifenfe,  dont  elle  étoit  dillinguée  par  une  ligne, 
tirée  du  promontoire  occidental  du  golfe  de  Numidie, 
où  étoit  la  ville  Vabar ,  jusqu'à  la  ville  Tubun* ,  &  fa 
capitale  étoit  Julia  Cafarea  qui  lui  donnoit  fon  nom; 
mais  du  tems  de  Ptolomée,  que  la  Sitifenfe  n'étoit  point 
connue  ,  la  Céfaricnne  comprenoit  les  terres ,  dont  fut 
formée  la  Sitifenfe  ,  &  s'étendoit  jusqu'au  fleuve  Amp- 
faga,  qui  la  bornoit  à  l'orient.*  Geogr.  facra  Africa, 
pag.  26. 

Les  villes  Maritimes  de  cette  province  font ,  félon  Pto- 
4omée  ,  /.  4.  c   1. 

De  l'embouchure  du  fleuve  Maîva  à  celle  du  fleuve 
Ampfaga. 


Mega  Tromontr , 
Gypfara  Portus  , 
Siga  Civitas  , 
Siga/luv.  Oflia, 
AJfaratbfiuv.  Oflia 
Tort  us  magnus  , 
Cbylemathfluv.  Ojiia , 
Bui\.a  Colonia , 
"Deorum  Portât , 
Chinaphal  fluv.  Oflia, 
Jul.  C&farea , 
Tipafa  , 

Via  y 

Icofium  t 

Savi  flitv.  Oflia  t 

Ruftonium , 

Ruficibar , 

Modunga , 

Serbe lis  jluvt  Oflia  , 


Arfenaria  Colonia. t 

Cartenifuiv.  Oflia , 

Cartenna  t 

Carcpula , 

Cor coma  , 

Lagnutum , 
Apnllinis  Promont ,' 
Cuflra  Germanorum  i 
Canuccis , 
Addyme  , 
Rujuccor<z , 
J omnium  , 

Rujubejer  ou  Rufuberfîs  , 
Rufaz.us  t 
Vubar  , 
Saldœ  Colonia , 
Nafavafluv.  Ofiia^ 
Chobat  , 

Sif'irisfluvi  Oflia  A 
Jarjath , 
Audum  Promontt 


Dans  le  golfe  de  Numidie. 


Audi  fiuv.  Oflia  » 
ïgilgili , 
Culifluv.  Oflia  y 


Afifarath  , 
Ampfaga  fiuv.  Oflia , 
Fontes fluvii. 


Les  principales  montagnes  de  cette  province  font  » 

Vur dut  t       Garaphiy  Cennciba ,       Prurxfur, 

Zalacus ,       Malethubahis  ,  Heryn  ,         Garas  , 
Valva  y  Baz.ara. 

Les  Peuples  que  connoît  Ptolomée  font  au  nombre 
de  vingt-cinq ,  favoir , 

fferpiditani  Tolot£y  Myceni,        Machurét , 

Teladufi,  Nacmufli  >  Maccura,     Salampfïi , 

Sorxi ,  Macbufii ,  N,  ibàfi ,        Malchubii , 

ffiufejïlii,  Maufes,  Matburebi,  Mutoni , 


Dryits. , 
Elulii, 


Banturariy 

Nacuenfîi , 


'lulinfïi,  Ciï.tuœ, 

Baniuri  ,       CœAamufiï 
Ducœ. 


Dans  les  terres  font  les  villes  fuivantes, 


Vasbaria  , 
Celama  > 
Vrbara  , 
Lanigara  , 
Villa  viens  t 
Altoa  y 
Mniara , 
Gitlui  y 
Bunobora  h 
Vag<e , 
Manaiana , 
Apphar , 
Gppidoneum 
Burca , 
Timice , 
Aflacilicis  t 
Arina, 
Rbitia , 
Victoria , 
Lamida  3 
Vafana , 
Casmara , 
Benfuta , 
Ttgava  t 


Nigilçia, 
Tbiflz.ima  > 
Choz.ala , 
Uydata  therma  col. 
Phloryia  , 
Oppxdiumy 
Laudia , 
Tucca , 
Badel , 
Gasmara  t 
Bida  Colonia  t 
Symitba , 
Colonia  ,  Tbibinis  t 
lz.atba  y 
Auximis  > 
Suburgia , 
Tbudaca  , 

TigiS    y 

Turapbilum , 
Tarrbum, 
Garrha , 
Bucbambarii, 
Irath , 
TeniJJa  , 


Sudava , 
Tufiagatb  « 
Ujjara , 

Vuz.agada  \ 

AuzÀna  y 
Tubufuptus  % 

Rbobonda  t 

Aufum  , 

Z.irattha  , 

Nubabnrum  j| 

Vitaca  , 

Tbubuna  % 
Tbumarita  9 
Augala  y 

SUptit   y 

Ippa  y 
Vamicela  • 
Sitip ha  Colonia  $ 

Tumarra , 

Germiana  » 

Pœpia  y 

Vej  (ctber , 

■JEg&a , 

Taruda. 


Enfin  Ptolomée  place  fur  la  côte ,  vis-à-vis  de  Juliœ£ 
Cafarea  une  ifle ,  qu'il  nomme  aufli  Julia  Gefarea. 

NOTICE 

Des  Evêques  desdeux  Mauritanie  Céfarienfe  8c  Tingitane» 

Glorinus  Juncenjîs ,  Donattts  Ternemunenfls  ( 

Tiberianus  Quindtenjîs  ,        Fortis  Vapùtcillenjîs  , 

Vtclor  Sufaritanus y  Junuarius  Nasbincenflsi 

Syrus  Cornicitlanenfis  y     40.  Palladius  Bacanarienfis* 
C.  Lucius  Utenfi)  , 

Honorants  TimicitanuSi 

Donatus  Nobictnfis  y 

Paiera  Mitia/ienfts  , 

Réparât  us  GirumontenflSy 
Xo.  Avus  AUubenfîs  ,  45.  Burco  Vardimijfenjts  , 

Donatus  Panatorienfls  ,       Félix  Ambienfis  -, 

Martialis  Columpnaten- 

fis,  . 

Suddatius  Sucardenfis  » 

Subitanus  Idenfis , 
|J.  Donatus  Tifiltenfis y 

Felicianus  Idenjîs , 

Onefîmus  Fidofomenjls 

Viïtor  Faborcmenfis  , 

Verecundus  Nobenfis  ,     55.  Ru  fus  Sfasferienfîs  , 

20.  Stejanus     Zucabiarita-'  Eufebius  Obbitanus , 

nus  ,  Sec  unis  Timidanenfls  t 

Apccorius  Cœfarienfts  ,  Donatus  Frontenfis  } 

Félix  Puifubiritamtf  ,  Viïtor  Leofuanus , 

Donatus Subbaritanus .  Co,  Quodvitlideus  Tublen/ïfs 

Januarius  Aquenfis  ,  Rejlitutus  Lapidienfîs  » 

Martianus  Mitruflagen-  Donatus  Voncarienfis  , 

fis  ,  Bonifacius  Rusgunienfit  t 

ClaudiusVagalitanuf  i  Venantius   Oppidonebcn- 

Pajjitaniii  Tiff  tamis ,  fi  , 

Salo  F  ail  ah  en  fis  y  6j.  Mattafus  Caflelliabar^ 

Donatianus  JJfniadenfis ,  tanus, 

Paulus     Flumtnz.erita-  Félix  Aquifirenfîs , 


5° 


Valcns  Vdlenobenfs , 
Paffihatus  Mafuccaben* 

Pi        » 

Longinus  P amarienfis k 

Honorius  Benepotenfis  B 


JEmilim  Medienfis  , 
Arator  Calulenfis  , 
Csciluts  Minnenfis  ; 
Lucidus  Curtennitanuï  0 
V)ilor  Regienfs  > 
Rugaùanus  Vaunidenffs 
Primas  Caprcnfis  , 
Metcur  Ruficurritanits  4 


&S 


J° 


nus  y  Victor  Caltadrieufs  3 

Vtceùus  Caflellomirtcrita*       Crescus  Tigabitanus  , 

nus  ,  Idonius  Rufiditanus  , 

Reflitutus  Florianenfîs  ,  70.  Gilianus  Reperitanus  t 

Mtnfius  Alamiliarenfs ,       tngenius  Ubabenfîs  , 


Matentius  Tigamibenen- 

$  J .  Urbanus  Amaurenfis , 
Çrtsces  Seflenfis  # 


Fetrtts  Oburitanus 
Fauftus       Caflrarbenia?* 

renfis , 
Vitalis  Caflranobenfïs  } 
1m.  IV»  Y 


MAU 


15*4 

75 .  Peirus  Cafiellanus ,  Vwcemalus  Baparenfis , 

"  Qjnmafius  Mutecitanus ,       Réparants  Tipafitanus , 
Faulinus  Rubicarienfis  ,  i  oo.  Romanus  Tamadempfis, 
Fascafius  Mammilenfis,        Victor  Voncarianenfis , 
Tteanus  Albulenfis ,  Maddanieus  Munoncn- 

%q.  Emftacius  Siecefitanus  ,  fis  , 

Telafius     Gratwopolita-       CrispinusTabadcarenfts, 
mS  Quodvultdeus    Summit* 

Vicier    Monaccenferita-  Un  fi  s , 

nus,  105 .  David  T'adamatenfis  , 

pannonius  Bit  en  fis ,  Candidianus  Catrenfis , 

Félix  Funuclettnfis t  Réparants  GJfuanus , 

I5,  Campanus  Bidenfis  ,  Poequaritts   TeQaccuren* 

Valentinus  Cafrelli  Me-  fis, 

diani ,  Qiiimus  Tabunienfis  , 

Romanus  Sufaritaïus ,    1 10.  Maximus    Tuscamien* 
Secundus  Maurianenfis  ,  fis , 

Réparants  Bulturienfis  ,       Anxilius   Guti agit anus , 

•0.  Lucius  Maturbenfis ,  Réparants  Sitenfis  , 

Cœcilius  Balianenfis  ,  Saturnimis  Vijfalfenfis  , 

Rvgatus  Sereddeiitanus  t       Félix  Maxitenfis  , 
Mingin  Nobenfis ,  1 1  j.  Gains  Adfinuadenfis , 

Réparants  Caftelli  Tatro*       Cresces  Satafenfts , 
portenfis  ,  Saturninus  Scrtenfis  t 

f<.  Philo  ArfinuaritaMtf»         Viïtor  Numidenfîs , 

Viffivus  Elfantarienfis  ,       Cercalis  Cafielloripenfis  t 
Pater  a  Catabitanits ,       1  20.  Lucius  Tamaz.ucenfist 

Sièges  qui  n'avoicnt  point  d'Evêques. 


MAU 


Maiucenfis , 
Nabalenfis , 


Tubunenfis , 
Maurenfis , 


Tingarienfis , 
Oboritanus. 


La  Mauritanie  Sitifense,  étoit  bornée  au  nord  par 
la  mer  Méditerranée,  à  l'orient  par  une  ligne  tirée  de 
l'embouchure  du  fleuve  Ampfaga  ,  jusqu'à  la  ville  Maxi- 
minianum  oppidum ,  Se  à  l'occident  par  la  Mauritanie  Cé- 
farienne  ;  car  les  bornes  du  midi  font  allez  incertaines. 
La  notice  épiscopale  d'Afrique  y  met  les  évêchés  fui- 

frans. 

NOTICE 

Des  Evêques  de  la  Mauritanie  Sitifcnfê, 

'Rufînus  1  amallumenfis y        Abus  Ficenfis , 
Donatus  Sitifenfis ,  Reflitutus  Macriantnfis, 

Maximus  Covienfts ,  Vitalis  Ajfajenfis  , 

Dumitianus  Ingilgita-     2  $ .  Viclor  Flumen  Piscenfis , 
nus,  Juvendus  Marovanenfis, 

J.    Honorius  Aqu&albenfis  >       Romanus  Melicbuz.enfis, 
Feftus  Satafenfis  ,  Viclorinus  Sertciianus , 

Vtclor  Horrenfts  ,  Mont  anus  Cadamufcnfis , 

Maximus    Thugufubdi-  30.  Clemens  Tbamagrificn- 

tattus ,  fis, 

Viclor  Jerafitanus ,  Adeodatus   Privatenfis , 

io.  Vadius  Le  fuit  anus  ,  Rogatus  Partenienfis  , 

Pacatus  Eqmfotenfîs ,  Vdlaticus  Moz^otenfts , 

Félix  Cafiellanus ,  Honoratus  Tamascanien- 

Conjfantius  Gegitanus  ,  fis  , 

Viclor  Eminenùanenfis  ,  3;.  Juflus  Acufidenfîs , 

jj.  Saturnins  Socienfïs,  Aemilhts  Ajueromitenfis, 

Jacobus  Lemelcfenfts ,  Utulus  Thuccenfis , 

Cresciturus  Cellenfis ,  Aufidius  Suriftenfis , 

Emeritus  Macrcnfis ,  Vitlorinus  Perdicenfis  , 

Redux  Nobalicianenfis ,  40.  Poff'ejfor  Zabtnfis , 

ao.  Argentins  Sallatenfis ,  Pascafius  Saldittnus  , 

Vindemius  Lemfaîtenfis ,       Flavianus  Vamallenfis. 

MAUR1TZLAND.  Nom  que  les  Hollandois  avoient 
donné  en  16 1 6.  à  une  contrée  de  l'Amérique  méridionale 
dans  la  partie  de  la  terre  de  Feu  qui  regarde  le  détroit 
de  le  Maire. 

MAURITZSTADT.  Les  Hollandois  avoient  ainfi 
nommé  un  lieu  du  Brefil,dans  le  rems  qu'ils  étoient 
maîtres  du  pays.  Ce  lieu  étoit  dans  le  Fernambuco 
fur  la  rivière  de  Bibcribi ,  vis-à-vis  de  Récif.  Corn. 
Dicl:. 

MAURKIRCHEN  bourg  d'Allemagne  dans  la 
Haute  Bavière ,  de  la  dépendance  de  Burckhaufen.  On 
prétend  qu'en  IJ70.  il  y  plut  du  bled  qui   fc  trouva 


être  de  très-pure  farine  &  d'un  goût  exquis,  félon  qu'il 
fe  lit  dans  les  annales  de  Saltzbourg  ,  tom.  I.fol.  35.  Il 
y  a  une  fort  belle  éghfe ,  dédiée  à  Notre-Dame ,  où 
l'on  voit  encore  d'anciennes  ftatues  équellres  que  l'em- 
pereur Henri  premier  y  fit  mettre  après  la  victoire 
qu'il  remporta  en  Hongrie ,  en  conféquence  du  vœu 
qu'il  avoit  fait  avant  la  bataille.  *  Zeyler,  Top.  Bavar. 

MAUR-MUNSTER  ,  MORMONT1ER,  ou  Mar- 
moutier  ,  petite  ville  de  France  dans  l'Alface  ,  près  de 
Saverne  du  côté  du  midi.  Il  y  a  une  abbaye  de  même 
nom  &  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  Louis  le  Débonnaire 
donna  cette  abbaye  à  faint  Benoît  d'Aniane  ,  afin  qu'il 
y  fit  fa  demeure  (  a  ).  Le  Saint  obéit ,  &c  y  établit  plufiturs 
de  fes  disciples.  Celle  qui  gouvernoit  l'abbaye  de  Maur- 
Munder  l'an  8z8.  étoit  vraifemblablement  un  des  disci- 
ples de  ce  Saint  (  ù).  Il  eut  le  déplainr  de  voir  fon  monaftere 
défolé  par  un  funefte  embrafement  ;  mais  Louis  le 
Débonnaire  l'ayant  recommandé  aux  foins  de  Dreux, 
évêque  de  Metz  ,  ce  prélat  aida  Celle  à  réparer  ce 
dommage,  cV  lui  donna  les  corps  de  faint  Çéleflc  & 
de  faint  Auteur  qui  furent  ponés  dans  fon  églife.  Voyez. 
Marmoutier.  [a)  Abrégé  de  l'hift.  de  S.  Benoît  ,1.  J. 
chap.  t.  (b  )  Ibid.  c.  59. 

MAU  ROCASTRUM,  ville  de  l'Arménie,  félon  Curo* 
palate.  La  notice  épiscopale  du  patriarchat  d'Antioche 
en  fait  une  ville  épiscopale,  fous  l'archevêché  de  Théo- 
dofiopolis. 

MAUROMIDIE,  cap  fur  la  côte  de  la  Morée,  à 
la  diftance  d  une  heure  &  demie  de  chemin  du  cap  de 
Calogtea.  On  l'appelloit  autrefois  le  promontoire  Arre- 
mus.  Il  y  a  un  lac  ou  pêcherie  qui  a  communication 
avec  la  mer  ,  &  que  les  Vénitiens  appellent  Pescaria 
del  Papa.  On  voit  fur  cette  pointe  les  ruines  d'une 
tour ,  qui  pouvoit  fervir  du  tems  que  les  Vénitiens 
étoient  maîtres  de  ce  pays.  Cette  place  découvre  de 
fort  loin  fur  le  golfe  de  Lépante  au  nord.*#^/fr,Voyag« 
de  Zante  ,  t.  2.  p.  4. 

MAURONERI.Koy^DAULiAl. 
MAUROPHOtU.  Lunclavius  dit  que  les  Turcs  don-, 
nent  ce  nom  à  des  peuples  que  PtoLmce,  L$.c.  9.  Se 
Etienne  le  géographe  appellent  Melanchuni,  6c  qu  ils 
placent  dans  la  Sarmatie  Afiatique;  mais  les  MelancbUni , 
félon  Strabon  &c  Euftathe,  demeuroient  dans  les  ifles 
Cafiitérides.  Cédrene  prétend  que  les  Maurophori  eroienc 
les  mêmes  que  les  Chryf/roniu ,  que  Paul  Diacre  nomme 
Chorofanitx.  *  Ortei.  Thefaur. 

MAURORUM  CASTRA,  lieu  de  la  Perfide,  félon 
Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Ammien  Marcellin. 

MAUROVOUN1  ou  Montagne  Noire.  Les  Grecs 
donnent  ce  nom  à  la  montagne  qui  forme  le  cap  de  Calo- 
grea  fur  la  côte  de  la  Morée.  *Wioelcrt  Voyage  de  Zante, 
tom  2. 1.  1. 

M  AU  ROUX,  petite  ville  de  France  en  Gascogne, 
gouvernement  de  Guienne  ,  généralité  d'Auch  ,  Election, 
de  Lomagne.  *  Mem.  drejjésjur  les  lieux. 

MAURREAU  ,  abbaye  de  France  dans  le  diocèfe  d« 
Poitiers  Voyez.  Moreaux. 

1.  MAURS  ou  Saint  Etienne  de  Maurs,  petite  ville 
de  France  dans  l'Auvergne,  élection  d'Aurillac.  Elle  n'eil 
confidérable  que  parce  qu'elle  efl  le  chef- lieu  d'une  de» 
quatre  prévôtés  qui  compofent  les  états  de  la  Haute-Au- 
vergne ,  quoiqu'on  ne  les  convoque  pas  fouvent. 

2.  MAURS  ,  Maurts  ou  Maures,  abbaye  de  France 
aux  confins  de  l'Auvergne  &  du  Querci ,  dans  la  vallée 
d'Arcambe  ,  auprès  d'une  petite  rivière  nommée  Alrence. 
On  ne  peut  rien  dire  de  certain  fur  la  fondation  de  cette 
abbaye ,  qui  elt  de  l'ordre  de  faint  Benoît. 

MAUR.UM,  ville  d'Italie  danslaCalabre,  entre Tburii 
&  Coriola  ,  félon  Gabriel  Barri.  Il  ajoute  qu'un  évêque  d© 
cette  ville  affilia  au  concile  Romain ,  fous  le  pape  jule  I. 
*  (Jrtelit  Thefaur. 

M  AURUSII.  Les  Grecs  donnoient  ce  nom  aux  Maures 
que  les  Latins  appelloient  Mauri.  Voyez.  Mauritanie. 

MAUS  ,  lieu  de  la  Syrie  fur  la  rive  du  fleuve  Adonis ,  àr 
ce  que  croit  Ortelius  qui  cire  Guillaume  de  Tyr. 

MAUSE  ou  Mauze,  gros  bourg  de  France  dans  le 
pays  d'Aunis.  Il  a  été  autrefois  fermé  de  murailles.  U 
n'efl  plus  clos  aujourd'hui. 

MAUSOCA  ,  ville  de  l'Hyrcanie,  félon  Pcoloméc  4 
/.  6.  c.  9.  fes  interprètes  lifeut  Mxfoca» 


MAU 


ÎAW       ISS 


MÀUSOLI ,  peuples  de  la  Libye  intérieure,  que  Ptolo- 
mée  ,  lib.  4»  cap.  6.  place  fur  la  côte,  an-deflbus  de  Getu- 
lia  avec  les  Autolau  Se  lesSirang*.  Il  les  étend  jusqu'au 
mont  Manants. 

M AUSOLUS ,  nom  qui  fut  donné  premièrement  à  une 
des  embouchures  de  l'Inde  ,  que  Ptolomée ,  lib.  7.  c.  1 . 
•appelle  Sintbus ,  ôc  qui  fut  enfuite  nommée  Hydaspes. 
Voyez,  Indus. 

MAUSTHURN,  c'eft-à-dire  h  Tour  aux  rats, 
nom  d'une  fameufe  cour  d'Allemagne  fituée  dans  une 
ifle  du  Rhin  un  peu  au  défions  de  Bingen,  ville  de 
l'élection  de  Mayence.  Ce  fut  dans  cette  tour  que  Hatton 
II.  archevêque  de  Mayence  fut ,  à  ce  qu'on  prétend  , 
dévoré  des  rats»  pour  avoir  fait  brûler  dans  une  grange 
en  969.  un  grand  nombre  de  pauvres  qu'il  y  avoit  fait 
renfermer  durant  une  grande  famine,  dilant  que  c'étoient 
des  rats  qui  mangeoient  le  bien  des  riches.  *  Sengre , 
Carte  de  l'électorat  de  Mayence. 

MAUSUS ,  village  aux  environs  de  Corînthe  &  de 
fa  dépendance  ,  félon  Etienne  le  géographe  ,  qui  cite  le 
vingt-deuxième  livre  de  Théopompe. 

MAUT  ou  Hohen  Maut  ,  ville  de  Bohême  près  de 
Litomifle  vers  la  Moravie  ;  elle  a  long-tems  été  un 
domaine  des  feigneurs  de  Verfovfitz  qui  ont  été  fort 
puiflans  en  Bohême ,  ôc  ont  fuscité  bien  des  affaires  à 
leurs  fouverains  ,  elle  devint  enfin  un  domaine  des 
rois  de  Bohême.  En  142.1.  elle  fut  prife  de  même  que 
plufieurs  autres  villes  &  châteaux  par  le  fameux  ZisKa. 
*  Zeyler  ,  Top.  Bohem. 

MAUT  AVONIUM.  Voyez  Mant avonium. 
MAUTICITANI.  Voyez.  Muticitanus. 
MA\JTOR,2Ma!etortitm,dans  la  Picardie,  fur  la  rivière 
de  Somme  ,  dans  le  diodèfè  ôc  intendance  d'Amiens» 
La  cure  eft  a  la  nomination  du  chapitre  d'Amiens.  Yon- 
val  ôc  Vave  font  les  annexes.  Il  y  a  au  troifiéme  tome 
àes  ordonnances  de  nos  rois  ,  des  lettres  de  Charles  régent 
de  France  de  l'an  135-8.  qui  confirment  un  traité  tait 
«ntre  Michel,  feigneur  de  ce  lieu,  ôc  les  échevins  d'Ab- 
beville  fur  les  limites  de  leur  territoire. 

MAUVAISVILLE,  paroiffe  de  France  dans  la  Nor- 
mandie ,  élection  d'Argentan.  L'églife  efl  feule  dans  le 
milieu  d'une  campagne ,  &  s'appelle  par  cette  raifon  S. 
Martin  des  champs.  Son  patronage  appartient  à  i'abbé 
de  S.  Vandrille. 

1.  MAUVES,  bourg  de  France  dans  le  Perche  fur  le 
Huisne  ,  élection  de  Mortagne, 

2  MAUVES  1  bois  de  France  dans  la  maîtrife  de  S. 
Pons. 

MAUVESIN  ,  ville  de  France  dans  l'Armagnac  fur 
la  rivière  de  Rat.  Elle  ell  la  capitale  du  vicomte  de 
Fezenzaguel ,  &  le  fiége  principal  de  la  juftice.  Cette 
Ville  a  été  démantelée,  ôc  on  en  a  démoli  le  château 
qui  étoit  très-fort.  Fô^^Fezenzaguee. 

M AUZAC ,  Maujtacum.  abbaye  d'hommes  en  France, 
de  l'ordre  de  S.  Benoit,  dans  la  baffe  Auvergne,  au  diocèfe 
deClermont,à  un  quart  de  lieue  de  Riom.  On  croit 
communément  qu'elle  a  été  fondée  par  S.  Calmine, 
que  les  anciennes  chroniques  de  l'abbaye  de  S.  Chaffie 
en  Vellay  appellent  duc  &  prince  des  Auvergnats.  Dans 
le  catalogue  des  abbayes  &  prieurés  dépendans  de  l'ab- 
baye de  Cluni  ,p.  1736.  il  eft  dit  que  l'abbaye  de  Mau- 
zac  a  été  fondée  par  Robert  II.  comte  d'Auvergne  Se 
Guillaume  fon  fils  ;  mais  cela  ne  fignifie  autre  chofe 
finon  que  ces  feigneurs  lui  ayant  fait  beaucoup  de  bien , 
les  religieux  les  regardèrent  dans  la  fuite  comme  leurs 
fondateurs.  En  1095.  Robert  donna  fon  confentement 
à  Durand,  évêque  de  Clermont,  pour  foumettre  à  l'ordre 
de  Cluni  l'abbaye  de  Mauzac,  qui  étoit  tombée  dans 
le  défordre  ,  ce  qui  fut  confirmé  par  le  roi  Philippe  I. 
du  nom  :  elle  vaut  environ  deux  mille  livres  à  l'abbé.  * 
Piganiol,  Defcription  de  la  France  ,  t.  6.  p.  297. 

Le  père  Mabillon  témoigne  dans  fes  annales  que  le 
nom  de  Mauzac  a  été  donné  à  ce  lieu  à  caufe  qu'il 


efl  fitué  entre  des  eaux  ;  mais  fi  c'efl  le  même  lieu  que 
Grégoire  de  Tours,  de  Gloria  Coïifejf.  c.  41.  appelle 
Mujiacas  ,  comme  on  né  peut  gueres  en  douter  \  il  feroit 
aufii  naturel  de  tirer  ce  nom  de  celui  de  Mufus  ,  enforte 
qu'il  fignifieroit  la  demeure  de  Mufus  ,  de  même  qii  Al- 
biniacum  fignifie  la  demeure  à'Albiuus. 

1.  MAUZÉ.  Voyez.  Mausé. 

2.  MAUZÉ,  bourg  de  France  dans  le  Poitou ,  élection 
de  Thouars. 

MAWARALNAHR.  (Le)  d'Herbelot  écrit  Moua- 
rannahar,  de  l'iile  Mavaralnahar.  Ce  nom  elt 
arabe,  &  fignifie  au-delà  du  fleuve  ;  mais  il  fc  prend 
géographiquement  pour  la  Tranfoxane  des  anciens ,  qui 
veut  dire  au-delà  l'Oxits ,  ou  au  nord  ôc  au  nord-elt 
de  l'Oxus ,  ôc  à  l'orient  de  la  mer  Caspienne.  Il  eft  difficile 
d'en  bien  marquer  les  limites;  mais  je  remédierai  à  cette 
difficulté  en  donnant  à  la  fin  de  cet  article  une  lifte  des  pla- 
ces de  cette  province, avecles  pofitionsrecueilliesdedivers 
auteurs,  par  Abulfeda.  Ce  géographe  a  auffi  dreffé  une  de- 
fcription du  Mawaralnahr.  D'Flerbelot  en  a  fait  dans  fa 
bibliothèque  orientale  une  efpéce  d'abrégé  que  voici. 

La  partie  de  cette  province  la  plus  renommée  dans  les  hif- 
toires  orientales ,  eft  la  vafte  campagne  ou  vallée  nommée 
Sogd,  de  laquelle  laSoGDiANEdesanciensapris  fon  nom. 
Elle  a  vingt  parafanges  de  longueur ,  ce  qui  revient  à  qua- 
rante lieues  de  France,  ôc  dix  parafanges ,  qui  font  vingt 
lieues,  de  largeur.  La  ville  de  Samarcande  ,  qui  en  cft  la 
capitale.efl  environnée,à  trois  lieues  à  Iaronde,d'un  grand 
nombre  de  bourgades,  dont  les  jardins  délicieux  font  paffer 
cette  fameufe  vallée  pour  un  des  quatre  paradis  rerreltres 
que  les  Orientaux  mettent  en  Afie.  Outre  Samarcande, 
cette  province  a  plufieurs  villes  confidérables ,  tant  par 
leur  grandeur  que  par  l'étendue  de  leurs  territoires ,  telles 
font  Bokhara,  Farganah,  Neckhfchab,Kafch,  Saganiane 
ôc  Termed.  Il  fe  trouve  dans  ce  pays  des  mines  d'or  ôc 
d'argent,  particulièrement  dans  (a  partie   méridionale, 
c'eft-à  dire  la  plus  prochaine  du  Gihon  qui  ell  limitrophe 
à  celles  de  Badakhschan  ôc  de  Kho'warezm  ôc  même 
auprès  de  Farganah.  Toutes  les  villes  de  ce  pays  font 
bâties  de  pierres  ôc  de  briques  ,   ôc  il  y  en  a  plufieurs 
fermées  de  murailles  très-fortes  &  flanquées  de  tours, 
telles  que    Bikend  ,    Schakh,  Khogcnd  ,   Ascht.khan  , 
Bonkat    ôc    Olïoufchaah.    La    province   de    Mawaran- 
nahr  fut  conquîfe  par  les  Arabes,  fous  la  conduite  de 
Cahtebah ,  fils  de  Mefiem ,  dans  les  années  de  l'hégire 
87  ,    88  &  89  du    rems    de    Valid ,  fixiéme  calife    de 
la  race  des  Ommiades.  Les  Mufulmans   prirent  alors 
les  deux  grandes  villes  de  Samarcande  &  de  Bckhara, 
ôc  s'emparèrent  même  duTiukeilan,  félon  le  rapport 
de  Benschounah   ôc  de   Kondemir.    Sous  le  règne   des 
califes    Abbaflîdes    ,  plufieurs    des    provinces    muful- 
manes  ayant  été  envahies  par  des  princes  particuliers  .celle- 
ci  tomba  entre  les  mains  des  Samanides  ,  ôc  ,  pa0ant  de 
main  eh  main  dans  les  familles  royales  qui    s'emparè- 
rent de  la  Perle ,  elle  tomba  enfin  en  la  puiflanée  des 
Khowaresmiens ,  lefquels    en   jouirent  jusqu'à  ce  que 
Ginghizkan   les  ^1  chafTa.  Ce  conquérant  après  l'avoir, 
entièrement  fubjugriée,  la  donna  en    fouveraincté  à  fon 
fécond  fils  nommé   Giagataï  -,  &  c'eft  du  nom  de  ce 
prince  que  l'on  appelle  aujourd'hui  communément  dette 
province    Zagataï.     Les    fuccefleurs      de    Ginghizkirt 
en  ayant  été    enfuite  chaffés  par  Tamerlan  ,  la  poité» 
tité  de    ce   fécond  conquérant  de  l'Afie ,  fans    comp- 
ter   Alexandre  ,    en    fut   auffi    dépouillée   par    Schaï- 
bek  ,  fultan  des  Uzbtks  fan  904.  de  l'hégire  ;  car  Mirza 
Babor  fut  le  dernier  de   la  race  de  Tamerlan  ,  qui  y 
régna  ,  de  même  que  Sojourgatmisch  avoit  été  le  demies 
des  Ginghizkamiens  par  la  conquête  qu'en    fit  Tamer- 
lan. C'eft  de-là  que  nous  appelions  encore  cetre  pro- 
vince le   pays   des  Uzbeks,  nation  qui  la  pofiéde  au* 
jourd'hui,  ôc  donr  les   princes  prétendent   tirer   leus; 
çrigine  de  Ginghukan, 


Tm.  IV.   V  ij 


if6       MAW  MAW 

TABLE     GÉOGRAPHIQUE 


Noms  des  lieux. 

Bochara  ou  Bokhara 

Alkariyah  Aljadidah  , 
s'eft  à  dire  ,  Yangicant , 
La  Ville  neuve. 

Jand. 

Altawayrig. 
Bicand. 
Carminah. 
Dabufiyah. 
Kachshab  ou  Nafaf 


Ashtichan. 
Sanurcandc, 

Coslianiyah, 

Arbenjan. 

Farab. 

Zamin. 
Alshash. 

Bencath: 
Ilak. 

Êsfijab. 
Osmshnab. 

Taraz. 

Sabau 
Shalg. 


D  U 

MAWARALNAHR, 

Recueillie  par  Abu l  FED  a. 


Noms  des  Auteurs. 

{Albiruni 
Alfaras 
Ptolomée 


■Alfaras 

■  Albiruni 


f  Alfaras 
Autres  Géogr. 


Longitude. 
Sydeg.  30.  min. 
87         50 
$7 


Latitude. 
39  deg.  30  min 
39         10 


87 
78 


i 


Alfaras 
Albiruni 


S  Albiruni 
*  Alfaras 


î 


Alfaras 
Albiruni 


5  Alfaras 
Z  Albiruni 

f  Alfaras 
Albiruni 

Alfaras 
Albiruni 

5  Alfaras 

Z  Albiruni 

f  Alfaras 
\  Albiruni 
^Ptolomée 


1 


Alfaras 


87 
S7 

Stî 

87 

88 

87 

88 

88 

88 

$8 

89 
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88 

88 

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S8 


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30 
30 


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o 

30 

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£  Alfaras 

88 

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^  Alfaras 
l  Albiruni 

|     SS 

30 

ç  Alfaras 
Z  Albiruni 

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in 

89 

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-  Alfaras 
■£  Albiruni 

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0 

10 

<  Albiruni 

89 

10 

e  Alfaras 
Z  Albiruni 

89 
89 

50 

20 

fAlfaras 
\  Ptoloméc 
î- Albiruni 

90 
91 
89 

0 

10 

30 

<;  Alfaras 
<■  Albiruni 

«9 
89 

5° 
50 

S  Alfaras 

89 

55 

5  Alfaras 
^  Albiruni 

90 

89 

30 

37 

47 
44 

47 
43 

39 
39 


{  » 


39 

93 

39 
}9 

39 
39 

39 
39 

39 
59 

40 

40 

47 
99 


39 

44 


40 
40 

41 

41 
4* 

'45 

43 
43 

40 
36 
39 

44 
43 

40 

44 
43 


50 

o 
o 

o 

30 
30 

3© 


30 
40 

40 

o 

30 
J° 

o 

o 

3° 


30 

20 

30 

20 

3° 

20 

3; 
3° 

o 

40 
30 

25 
3; 

zc 
o 

20 


•         Climats. 
Dans  le  V.  Climat," 
1  l'une   des    Métropoles  dii 
f'Mawaralnahr. 

^      Dans  le  VI.  au  Turkc- 
S  ftan. 


Dans  le  VI.  au  Turkc- 
ftan. 

Dans  le  V.   au  pays  de 
Bockhara. 


*}    Au  commencement  du  V. 
yau  pays  de  Bockhara.  Elle 
J  eu  détruite. 

*j      Dans  le   V.  au  pays  de 
\  Bockhara ,  entre  Bockhà°ra 
J  ik  Samarcande. 


}     De 


même. 


Dans  le  V.  au  Mawa-j 
ralnahr  propre. 


I 


Dans  le  V.  dans  la  Sog-» 
diane. 

Dans  le  V.  l'une  des  mé- 
tropoles    du      Mawaralj 
nahr. 


Dans  le  V.  dans  la  Sog-i 
'diane. 


Dans  le  V.  au  Turke» 
"flan. 

Dans  le  V.  dans  les  do- 
maines d'Osrushnah. 

Dans  le  V.  ville  Se  con-i, 
trée  au-delà  de  Sihun. 

Dans  le  V.  dépend  d'Aïs* 
hash. 

A  la  fin  du  V.  ville,  ou  fé- 
lon d'autres ,  contrée  au 
pays  de  Bockhara. 

Au  commencement   du 
VI.  aux  confins  du  Tiuke- 
ftan. 
Dans  le  V.  l'une  des  mé- 
,  rropoles  du  Mawaialnahr 
J  au-delà  de  Samarcande. 

?     Dans  le  VI.  au  confins 
5  du  Tmk^ftan. 


} 
} 

} 
} 

1 


*  ran. 


Dans  le  V.  au  pays  d'Os- 
ihnah. 

Dans  le  VI.  d?.ns  le  T«o 


S rushnah 


MAW 


MAW 


Noms  des  Lieux. 
Chojandah  ,  ou  Co- 
gende. 

Noms  des  Auteurs, 
r  Alfaras 
i  Albiruni 

Long 
9° 

tude. 

55 

0 

Shawacarh. 

^Alfaras 

90 

3® 

Ofbanicath. 

£  L'auteur  du 
^     Kiyas 

90 

30 

Chowakand» 

£  Alfaras 

90 

/o 

Toncar. 

5  Alfaras 
♦  d'autres 

,89 

0 
0 

Achficath. 

5  Alfaras 

91 
9* 

20 
0 

Cafan.' 

<  Alfaras 

91 

35 

Balafagun, 

ç  Alfaras 
,c  Albiruni 

pi 
5?i 

55 
5° 

Tarmed. 

fAlfaras 
s  Ebn  •  SaVd 
{-Albiruni 

91 

90 

91 

15 
0 

55 

Tashjerd, 

\  Alfaras 

9* 

9 

Fargana. 

y 

9* 

O 

Koba. 

5  Alfaras 
*  Albiruni 

92 
9* 

15 

5° 

Alwachsh.- 

rAlbirnni 
1.  Alfaras 

i* 

20 

Alfaganiyan, 

r  Albiruni 

.«.Alfaras 

9* 
90 

40 

5° 

Shuman, 

y  Alfaras 
L<_  Albiruni 

91 
9* 

3^ 
5° 

Kashgarow  Cashgar. 

fAlfaras 
c  Albiruni 

96 

30 
*5 

Chotan. 

S  Voiras 
•  «-Albiruni 

107 

îoo 

0 

4° 

Chan  Ba  k. 

rEbn-Saïd 
1  La  Table  d'Al- 
L     harair 

144 

•    124 

0 
0 

Karakam. 

rEbn-Saïd 
1  La  Table  d'Al- 
L     harair 

116 
-  11; 

40 
0 

Latitude. 
41  25 


40 

41 

40 

42 

45 

41 
4* 

42 

47 

37 
37 
37 

33 

4* 

43 

±7 


33 

43 

38 
37 

44 
44 

4* 
45 

35 
46 


30 
45 


5° 

o 


-5 

o 

55 

4® 

55 

30 

55 

5© 
20 

15. 

5° 


37        40 


5° 
o 

20 

20 

o 
o 

o 

50 

*5 
o 


3* 

l5 


1  yy 

Climats. 
Dans  le  V.  on  la  donne 
à  Ferganah. 

Dans  le  V.  au  pays  d'As- 
hash. 

}Dans   les  terres  d'Esfi- 
jab ,  au  V. 


} 


Dans  le  V.  fous  Ferga- 
na. 

}Dans  le  V.  c'eft  une  des 
villes  d'Alshash. 

}Dans  le  Vr.  fous  Farga- 
na. 
'i      Dans  le  V.  c'eft  une  ville 
Vau-delà    du    pays    d'Als- 
J  hash. 

}Dans  le  VII.  au  Turke- 
ftan. 

(^       Dans  le  IV.  au  Tocha* 
(  reftan. 

}A  la  fin  du  IV.  au  Ma« 
waralnahr. 

}Dans  le  V.  grande  con- 
trée au-delà  d'Alshash. 

}Dans  le  V.  dans  le  pays 
de  Fargana. 
~\    Dans  le  IV.  dans -le  Cho- 
\  tolan  ,  contrée  du  Mawa- 
J  ralnahar. 

-j       Dans  le  V.  contrée  fé« 
y  parée  dans   le    Mawaral-» 
J  nahr. 


} 


A  la  fin  du  IV.  dans  l'Ai-; 
faganiyan. 


C     Dans  h 
J  tropole  d 


e  VI.  c'eft  la  mé* 
du  Tihk.ilan. 


"^     Dans  le  V.  à  l'extrémité 
(du  Tuikeftan. 

Dans  le  IV.  tout  à  l'o- 
(  rient ,  au  Cachai. 

-}      Dans  le  III.  à  l'extrémité 
sdu  Tuikeftan, 


Cette  table  cft  prife  de  la  collection  d'Oxford.  Le  Mâ- 
Waralnahr  de  Naflir  Eddin  eft  moins  étendu  ;  âuffi  n'y 
met  il  que  le  Mawaralnahr  proprement  dit.  Le  voici. 

Le     Mawaralnahr. 
fchn  Nalfir  Eddin. 


Noms  des  lieux 

Longitude. 

Latitude* 

Climat, 

Dergan 

96  dee 

;.  1$  min. 

39deg 

.  30  m 

V. 

Bochara 

96 

5° 

39 

0 

V. 

Wabcanah 

96 

5° 

59 

V. 

Samaïkand 

9S 

20 

40 

0 

V. 

Nefef 

98 

0 

39 

0 

V. 

Kash 

99 

5o 

39 

3o 

V. 

Esfijab 

99 

50 

45 

35 

VI. 

Taraz 

99 

50 

44 

3» 

VI. 

Osrushana 

100 

0 

40 

0 

V. 

Saganiya'i 

100 

50 

38 

H 

IV. 

Chojandah" 

100 

55 

41 

*5 

V. 

Hcncat 

101 

0 

43 

0 

V. 

Tnncat 

101 

0 

45 

25 

VI. 

Achficaf 

101 

20 

4* 

25 

V. 

Urcand 

102  •• 

5° 

44 

0 

VI. 

Aush 

102 

20 

45 

20 

V. 

Latitude. 

Cil:.:  -■ 

44  d.        0  m. 

VI. 

42           30 

V. 

42             0 

V. 

44            « 

VI. 

Noms  des  lieux.     Longitude. 
Cashgar  106  d.    30  m. 

Jag3  w/Shash  109  o 

Chotan  107  o 

Almalig  102        30 


Ces  deux  dernières  ne  font  pas  même  du  Mawaral- 
nahr ,  mais  de  l'Altorc  ou  Turkeftan  ,  félon  cet  auteur. 

MAWILGANGE  ,  grande  rivière  d'Aile  ,  dans  l'ifle  de 
Céïlan.  Sa  fource  eft  à  la  montagne  du  Pic  d'Adam  ,  d'où  , 
coulant  vers  le  nord  ,  elle  pafle  au  fud  ,  &  à  un  quart  de 
lieue  de  la  ville  de  Candy -,  elle  pafle  enfuite  à  Vintana, 
ou  Bintana  ,  qu'elle  laifle  à  gauche ,  &  va  fe  jetter  dans 
la  mer  au  midi  de  Trinquilimale.  Ce  qui  empêche  cette 
rivière  d'être  navigable ,  ainfi  que  la  plupart  des  autres 
ri  vicies  de  Céïlan,  c'eft  la  grande  quantité  de  rochers  dont 
fon  lit  eft  rempli. 

MAWRI ,  grand  village  d'Afrique  fur  la  Côte  d'or  ,  au 
royaume  de  Sabou,  à  deux  milles  de  Congo  vers  l'eft  , 
&  à  deux  lieues  de  Mina  ,  fur  une  petite  éminence.  Ce 
village  ,  compofé  d'environ  deux  cens  maifons  ,  forme 
une  efpéce  de  cercle  autour  du  fort  appelle  Naflau  , 
qui  appartient  aux  Hollandois.  *  Barkot  ,  p.  175.  Bot 
man  ,541.  Côte  de  Guinée  ,  par  Bellin, 


iy8 


MAX 


MAY 


MAXALA ,  ville  de  l'Afrique  intérieure  ,  fubjugiiee 
par  Cornélius  Balbus ,  félon  Pline  ,l.$.c.$. 

MAXATES,  fleuve  de  la  Macarêne  ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  au  mot  Alexandrie  ;  mais  cet  endroit  eft  cor- 
rompu ,  Se  Beikdius  dit  qu'il  faut  lire  Jaxartes  >  au  lieu 
de  Maxates. 

MAXEN  ,  village  de  la  Sa^e  ,  fur  les  frontières  de  la 
Bohême.  Le  feld  maréchal  ,  comte  Daun  ,  général  de  fa 
majefté  impériale  ,  Marie-Thérefc  d'Autriche  ,  reine  de 
Hongrie  ,  l'a  rendu  célèbre  par  un  exploit  iî  éclatant, 
que  l'hiftoire,, tant  ancienne  que  moderne  ,  n'en  fournit 
qu'un  exemple  aux  Fourches  Caudines.  Il  força  le  21  no- 
vembre 1759 ,  vingt  mille  Pruilîens ,  commandés  par  le 
général  Finck  ,  à  mettre  les  armes  bas ,  èv  à  fe  rendre  tous 
prifonniers  ;  généraux ,  officiers,  foldats  :  il  leur  rit  paffer 
l'Elbe  le  jour  même ,  Se  les  fit  conduire  en  Bohême. 

MAXENTIOPOL1S  ,  nom  latin  de  S.  Maixant  en 
Poitou.  Voyez.  Saint  Maixant. 

MAXERA  ,  fleuve  de  FHircanie.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  9. 
place  l'embouchure  du  Maxera  entre  Sar amans  Se  ton- 
tes Fluvii. 

MAXER/E  ,  peuples  de  l'Hircnnie.  Ptolomée ,  /.  6. 
c.  9.  dit  qu'ils  habitoient  avec  les  Ajtabenï  fur  la  côte  de 
la  mer  -,  ils  avoient  fous  eux  les  Cbrindi. 

MAXI,  félon  Corneille  ,  DicL  Se  Messi,  félon  de 
PIfle,  Atlas ,  petite  ville  de  l'Anatolie  fur  la  côte  méri- 
dionale ,  au  fond  d'une  petite  anfe  ,  au  nord  occidental 
de  l'ifle  de  Rhodes.  On  croit  que  c'eft  la  ville  Loryma  des 
anciens.  Voyez,  Loryma. 

MAXILUA  ,  ville  de  la  Bétique  chez  les  lurdetam, 
aux  confins  de  la  Lufitanie.  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  4.  la  mar- 
que entre  Italica  Se  Ucia. 

MAX1MA  CjEsariensis  ,  province  de  la  Grande 
Bretagne.  Il  en  efl  parlé  dans  la  notice  des  dignités  de 
rempire  ,  Secl.  36.  49. 

MAXiMA  SEQUANORUM  ,  contrée  de  la  Gaule 
Celtique  ,  dont  Bezançon  étoit  la  capitale.  Sextus  Rufus 
en  fait  mention,  de  même  que  la  notice  des  dignités  de 
J'empire  ,  Sctt.  34  ,  3  6 ,  48.  *  Ortelïi  Thefaur. 

MAXIMIAC  ,  en  Franche-Comté,  eu  latin  Maximia- 
t:.m  ;  c'eft  le  lieu  où  faine  L?utein  ,  l'un  des  plus  anciens 
moines  du  pays  des  Séquanois  ,  établit  un  monaflere  de 
quarante  moines  à  la  fin  du  V.  fiécle.  Dora  Mabillonacru 
que  ce  lieu  efl  Menai ,  auprès  d'Artois  ",  ce  feroit  plutôt 
Monay,  auprès  de  S.  Lautein ,  félon  Dunod  ,  hiftorien  des 
Séquanois  -y  mais,  ajoute-fil  ,ce  n'eft  ni  l'un  ni  l'autre, 
£ar  ces  deux  prieurés  font  plus  nouveaux  :  il  auroit  dû 
en  conclure  que  c'eft  Mesmai  ,  dans  le  bailliage  de  Quin- 
gey  ,  dont  le  vrai  nom  latin  doit  être  Maximiacum ,  qui 
a  d'abord  été  écrit  Maixmai  ,  d'où  il  efl  naturel  de  faire 
Mesmai. 

MAXIMIANENS1S  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Numidic.  La  notice  épiscopale  d'Afrique  ,  «.  1 19.  qua- 
lifie Donatus  episcopits  Maximianenjls. 

1.  MAXIMIANOPOL1S  ,  ville  de  la  Paleftine  (a), 
&  la  même  qu'Adad  Rcmmon  ,  dans  la  vallée  de  Jezraè'i , 
cVdans  la  campagne  de  Mageddo  (  b  ).  Un  ancien  voya- 
geur la  met  à  dix-fept  milles  de  Céfarée  Se  à  dix  milles  de 
Jczrael.  La  notice  d'Hierocles,  fupplément  ,  en  fait  une 
ville  épiscopale  ,  &  la  place  dans  la  féconde  Paleftine  ;  Se 
la  notice  deJérufalem  lui  donne  le  titre  de  fiége  archiépis- 
copal indépendant  Se  fans  fuffragans.  Cette  ville  étoit 
épiscopale;  Domnus ,  fon  évêque,  affilia  au  concile  de 
Jérufalem  tenu  l'an  J3<5,  Se  l'aulus  ,  à  celui  de  Nicée, 
Pan  3  2j.  (  a  )  Dom  Calmet ,  Dict.  (  b  )  Hier  on.  ad  Zacb. 
12.  &  ad  OJee  1. 

2.  MAX1MIANOPOLIS ,  ville  épiscopale  de  la  Pam- 
phylie ,  félon  la  notice  de  Léon  le  Sage  ;  celle  d'Hierocles, 
qui  met  ce  fiége  dans  la  féconde  Pamphylie ,  y  marque  en- 
core une  autre  ville  épiscopale  ,  qu'elle  nomme  CïeMA 
ou  Pcssessio  Maxuuanopoieos.  On  voit  au  concile 
de  Nicée  la  foufeription  de  Patricius,  évêque  de  cette 
ville ,  Se  Serenus  affilia  à  celui  de  Chalcédoine  Pan  45  1. 

3.MAXIMIANOPOLIS  ,  ville  de  la  Thrace  dans  la 
Médie,fur  la  rivefeptcntrionale  du  marais  Buton,  aujour- 
d'hui le  laede  Bouron.  Ellefe  nommoit  auparavant  Jam- 
phora  Se  l'orfuli ,  ou  Pyrfoalis.  Àmmien  Marcellin,  /.  27 
p.  364.  parle  de  cette  ville  ;  la  notice  de  Léon  le  Sage  en 
fait  un  fiége  épiscopal  de  la  province  de  Rhodope  ;  Se  elle 
ajoute  que  ce  fiége  étoit  indépendant.  Cette  vilic  s'appel- 


loit  auffiMyx/E.  Voyez,  ce  mot.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

4.  MAXIMÏANOFOLIS  ,  ville  d'Egypte.  La  notice 
des  dignités  de  l'empire  ,  fetl.  20.  en  fait  mention  en  ces 
termes  :Ala ter liaD romedar'torum Maxim) anopol'i.  C'étoit 
un  fiége  épiscopal ,  félon  la  notice  de  Léon  le  Sage  ,qui  le 
met  dans  la  féconde  Thébaïde.  La  notice  d'Hierocles 
en  parle  pareillement ,  &  le  met  dans  la  haute  Thébaïde. 

MAXIMIENSIS  ,  liège  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Byzaccne.  Parmi  les  évêques  qui  fouserivirent  à  la  lettre 
adrefiée  a  l'empereur  Conflantin ,  on  trouve  Bcnifacitis 
Maximienfis.  *  Harduin  ,  Collect.  conc. 

MAX1MUS.  Voyez.  Verbanus. 

MAXIiENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie Sitifenfe,  félon  la  notice  des  évéchés  d'Afri- 
que ,  qui  qualifie  Félix  episcopits  Maxitenf.s.  Juflin  ,  /.  18. 
c.  6.  appelle  Hiarbas  roi  des  Maxitan'n 

MAXXJLh.Voyez,  Mazula. 

MAXYES.  Kovc^Machlyes  Se  Mazyes. 

1.  MAY  ,  ifle  d'Ecofle.  Voyez,  au  mot  Isles. 

1.  MAY  ,  bourg  de  France  dans  l'Anjou  ,  élection  de 
Montreuil. 

3.  MAY, grande  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale 
dans  la  Floride.  Elle  a  fa  fource  au  voifinage  d'un  lieu 
nommé  Chiaha  ;  elle  coule  du  nord  occidental  au  midi 
oriental ,  traverfe  le  pays  des  Caouitas  ,  depuis  lequel 
feulement  elle  prend  le  nom  de  rivière  ce  May  ,  portant 
plus  haut  celui  des  Caouitas  ;  Son  cours  efl  parallèle  à  ce- 
lui de  la  rivieie  de  Tacatorou  ou  de  Seine  ,  Se  elle  a  fon 
embouchure  dans  la  mer  du  Nord,  auprès  de  fainte  Ma- 
rie ,  ancien  fort  des  François ,  entre  les  embouchures  des 
rivières  de  Seine  Se  de  S.  Jean.  *  Dei'ljle,  Atlas. 

MAYA  ,  village  d'Espagne  dans  la  Navarre.  C'eft  le 
dernier  village  de  ce  royaume  du  côté  de  la  France.  La 
traverfe  efl  de  trois  lieues  ,  depuis  Maya  jusqu'à  Agnoa. 
*  Délices  d'Espagne  ,  t.  4.  p.  684. 

MAYAGUANA  (a),  ifle  de  l'Amérique  feprenrrio- 
nale,  &  l'une  des  Lucayes.  Elle  efl  à  22  deg.  25  min.  de 
latitude  feptentrionale  ,  fous  les  305  deg.de  longitude 
&  à  douze  lieues  veisle  nord  de  l'ifie  des  Caïcos  (b). 
Son  étendue  efl  de  huit  ou  neuf  lieues ,  entre  le  fud  eft; 
Se  le  nord-oueft.  (  4  )  De  l'ifle  ,  Atlas.  (  b  )  Laet.  De  fer. 
des  Indes  occid.  1.  1.  c.  16. 

MAYA N G  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Huquang,  au  département  de  Xincheu,  douzième  mé- 
tropole de  la  Province.  Elle  efl  de  huit  deg.  dix-huit  mi- 
nutes plus  occidentale  que  Peking  ,  fous  le  28  deg.  24 
minutes  de  latitude.  *  Atlas  Sine?ijïs. 

MAYDENHEAD  ,  bourg  d'Angleterre  dans  le  comté 
de  Bercks  fur  la  Tamife. 

1.  MAYE  ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Channfi,au  département  deTaitung,  troifiéme  métropole 
delà  province.  Elle  efl  de  cinq  deg.  o  min.  plus  occiden- 
tale que  Peking  ,  fous  les  39  deg.  50  min.  de  latitude.  * 
Atlas  Sinen/ts, 

2.  MAYE  ,  forterefie  de  la  Chine  dans  la  Province 
de  Channfi.  Elle  efl  de  cinq  deg.  10.  min.  plus  occiden- 
tale que  Peking,  fous  les  40  deg.  o  min.  de  latitude.  * 
Atlas  Sinenfis. 

MAYEN  ,  petite  ville  de  Perfe  ,  où  il  n'y  a  rien  de  re- 
marquable. Elle  efl  fur  une  moniagne,&  éloignée  deSchi- 
ras  feulement  de  trois  journées.  Deux  journées  au-delà 
on  entre  dans  les  plaines  de  la  province  de  Cuzcuzar. 
C'efl  où  le  roi  de  Perfe  tient  fes  haras.  *  (,'orn.  Diction. 

MAYEN  CE  ,  ville  d'Allemagne  ,  capitale  de  l'arche- 
vêché év  de  lclect-orat  de  ce  nom.  Elle  efl  fituée  fur 
la  rive  gauche  du  Rhin  ,  vers  l'endroit  où  ce  fleuve  reçoit 
le  Mein  ,  au  50  deg.  de  latitude  ,  Se  au  26  deg.  de  longi- 
tude. On  dit  qu'elle  fut  d'abord  bâtie  dans  la  plaine,  oA 
efl  aujourd'hui  le  monaflere  des  rcligieufes  de  Notre-; 
Dame  du  Val  de  Grâce  ,  im  Gnaden-Tbal ,  en  allemand, 
ou  dans  le  lieu  où  efl  le  fort  de  Guftave.  Si  on  en  croie 
quelques  chroniques  du  Pays,  cette  ville  a  été  bâtie  1x62, 
ans  avant  la  naiflance  de  Jefus-Chrift  ,  par  un  prince  des» 
Magiciens,  appelle  Nequam  ,  qui, étant  chafie  Je  Trê- 
ves ,  vint  s'établir  en  cet  endroit.  Les'auteurs  ûc  ces  chro- 
niques prétendent  prouver  cette  origine  par  un  ancien 
proverbe  ,  qui  dit  ,  Mogunàa  ab  nnuquo  hicquam.  Serra- 
rius  qui  a  beaucoup  écrit  fur  ceqwi  concerne  .'.l'ayence, 
croit  qu'elle  a  été  fondée  ,  ou  du  moàis  conlidérablemenc 
aggrandie,  dix  ans  avant  la naiflâucc  de  Jefus-Chrift,  pas 


MAY 


MAY 


Claudius  Drufus  Germanicus  ,  beau  -  fils  de  l'empereur 
Augufte  ,  &  frère  de  Tibère.  Quoi  qu'il  en  foit ,  il  cil  cer- 
tain que  les  Romains  en  firent  une  de  leurs  places  d'ar- 
mes ,  Se  que  Drufus  y  a  féjouriié  long  tems.  On  prétend 
même  que  l'on  tombeau  eft  dans  une  vieille  tour  demi- 
ruinée  ,  qui  le  voit  dans  le  fort  S.  Jacques ,  appellée  par- 
les Allemans  Eichelftein ,  parce  quelle  refl'emble  à  un  glan. 
Dans  les  écrits  latins  cette  ville  eft  nommée  Magotiu  , 
Moguntia ,  Maguntiacum  Se  Moguntiacum.  Elle  elt  ap- 
pellée  Mentz  par  les  Allemands.  L'origine  de  ce  nom  eft 
encore  plus  incertaine  que  l'époque  de  l'a  fondation.  Quel- 
ques uns  la  tirent  de  Meyn  ,  qu'on  nommoit  autrefois 
Mo^usou.  Magus.  En  erlet ,  les  morceaux  antiques  8c  les 
murs  qu'on  a  découverts ,  lorsque  le  fort  de  Guftave  a  été 
conftruit  dans  la  langue  de  terre  que  forme  le  confluent 
du  Mein  avec  le  Rhin  ,   donnoient  afïcz  lieu  de  croire 
qu'elle  a  été  autrefois  fituée  fur  le  Mein.  Il  elt  au  moins 
certain  qu'elle  fut  transportée  au  lieu  où  elle  eft  à  pré- 
lent  par  Dagobert  I ,  lorsque  ce  prince  eut  réuni  toutes 
les  parties  de  la  monarchie  françoife.  Radewic,  /.  3.  ci 
13.  auteur  fort  ancien  ,  dit  que  de  fon  tems  Mayence 
étoit  déjà  une  ville  très  tonfidérable  ,  fur  le  Rhin,  très- 
peuplée  du  côté  de  ce  fleuve  ,  mais  peu  de  l'autre,  Se  que 
fes  fortifications  confiltoient  en  une  muraille  ,  où  il  y 
avoit  des  tours  dediftance  en  diftance.  Cette  defeription 
eft  allez  conforme  à  l'état  prélent  de  cette  ville  :  on  y  a 
feulement  ajouté  des  fortifications,  en  differeris  tems,  fans 
toucher  à  la  muraille  qui  étoit  autour.  Elle  a  plus  d'é 
rendue  en  longueur  qu'en  largeur,  fe  trouvant  reflerréè 
entre  des  montagnes  qu'elle  a  du  côté  de  la  France  ,  Se  le 
Rhin  qui  la  borde  de  l'autre.  Dans  cette  dernière  partie, 
elle  a  quantité  de  belles  eglifes  ôc  plufieurs  autres  édifi- 
ces confidérables  ;  mais  dans  celle  qui  eft  vers  les  mon- 
tagnes ,  elle  eft  presque  toute  en  jardins  Se  en  vignes.  Ses 
rues ,  à  la  réferve  d'un  petit  nombre  ,  font  fort  étroites  , 
Se  les  maifons  ordinairement  allez  fpacieufes,  mais  bâties 
à  l'antique.  On  y  compte  dix  portes ,  dont  fept  regarderit 
l'orient  &  donnent  iflue  vers  le  Rhin.  Des  trois  autres, 
l'une  eft  vers  le  midi ,  l'autre  vers  le  couchant ,  Se  la  troi- 
fiéme  vers  le  feptentrion.  La  largeur  du  fleuve  devant  la 
ville  eft  environ  de  cinq  cens  pas.  Charlemagne  y  avoit 
fait  conftruire  un  pont  de  bois  qui  ne  put  être  achevé 
qu'en  dix  ans,  quoique  quantité  d'hommes  y  travaillaient 
continuellement  ;  mais  ce  bel  ouvrage  fut  entièrement 
confumé  par  le  feu  ,  une  année  avant  la  mort  de  ce  mo- 
narque. On  y  a  conftruit  depuis  un  ponr  foutenu  fur  plus 
de  cent  bateaux  ,  retenus  par  des  cables  attachés  à  des 
ancres  qui  font  au  fond  de  l'eau. 

Il  y  a  ,  foit  dans  la  ville  ,  foit  dans  fes  dehors  ,  un  grand 
nombre  d'églifes  Se  de  maifons  religieufes,  de  l'un  ôc  de 
l'autre  fexe.  La  cathédrale  ,  qui  eft  dédiée  à  S.  Martin  , 
eft  grande  Se  bien  bâtie.  11  y  a  dans  cette  églife  ,  comme 
en  plufieurs  autres  cathédrales  d'Allemagne  ,  deux  chœurs. 
Le  grand  autel  eft  conftruit  de  manière  que  le  célébrant 
regarde  toujours  les  chanoines  Se  le  peuple  ,  de  forte 
qu'il  n'a  pas  befoin  de  fe  retourner  pour  donner  la  béné- 
diction. On  y  voit  en  différens  endroits  un  grand  nombre 
de  tombeaux  des  archevêques  de  Mayence.  Le  clergé 
de  cette  églife  eft  compofé  de  l'archevêque  ôc  de  qua- 
rante-deux chanoines,  dont  les  vingt -quatre  premiers 
feulement  compofent  le  chapitre  ,  Se  fe  nomment  pour- 
cette  rai  fon  capitulaires.  Eux  feuls  élifenr  l'archevêque, 
fans  que  les  dix  huit  autres,  qu'on  nomme  domiciliers  , 
ayent  aucune  part  à  l'élection.  Les  trois  principales  di- 
gnités, parmi  les  chanoines, font  celles  de  prévôt,de  doyen 
Se  de  grand  chantre.  Elles  font  aufn  électives  ,  Se  donnent 
le  droit  de  porter  mitre.  Ce  chapitre  gouverne  la  ville  Se 
le  diocèfe  pendant  la  vacance  du  fiége  archiépiscopal  Se 
électoral  \  Se  députe  non-feulement  aux  diètes  de  l'Em- 
pire, mais  y  tient  même  le  directoire;  malgré  les  préten- 


tend  qu'il  a  droit  d'y  propofer  les  matières.  Il  y  eut  de 
grandes  disputes  fur  ce  fujet  après  la  mort  de  l'archevêque 
&  électeur  Charles  Henri  de  Meternich  ;  mais  le  député 
du  chapitre  de  Mayence  l'emporta  enfin  fur  tous  les  au- 
tres. 11  n'en  eft  pas  de  même  de  toutes  les  autres  fon- 
dions propres  à  la  dignité  de  premier  électeur  que  pos- 
féde  leur  archevêque.   Ainfi  le  chapitre  n'a   pas  droit 


*f9 

de  faire  la  convocation  du  collège  électoral  pendant  la  va- 
cance du  fiege  :  mais  tous  les  électeurs  font  obligés  de  fe 
rendre  a  Francfort  fur  le  Mein  dans  trois  mois ,  «*  compter 
du  jour  qu'ils  en  ont  eu  la  nouvelle.  Outre  le  chapitre, 
qui  compofe  le  haut  clergé  de  certe  ville  Se  du  diocèfe  , 
il  y  a  encore  dans  Mayence,  ou  fes  dehors  .neuf  autres 
chapitres  ou  églifes  collégiales  ,  dont  cinq  font  confidéra- 
bles ,  Se  fept  paroiffes  ,  dont  la  première  ,  qui  elt  fous  l'in- 
vocation de  faint  Ignace  martyr  ,  eft  très- belle.  Cette 
églife  appartenoit  autrefois  aux  chevaliers  du  Temple.  On 
y  compte  neuf  couvens  d'hommes  de  différens  ordres  j 
l'abbaye  de  faint  Jacques ,  où  font  les  Bénédictins,  en  eft 
un  des  principaux.  Les  monafteres  de  filles  y  font  au  nom- 
bre de  huit.  Les  Jéfuites  y  ont  un  beau  collège  ,  Se  une 
très-belle  bibliothèque.  11  y  acinq  hôpitaux  ,  en  comptant 
celui  des  Lépreux  ,  qui  eft  dans  le  fort  faint  Jacques  ,  dans 
l'églife  duquel  on  voit  quelques  tombeaux  des  archevê- 
ques de  Mayence. 

Depuis  l'an  1481  ,  Mayence  a  une  univerfitc ,  fondée 
par  l'archevêque  Thierri  d'Ifenbourg.  Cette  ville  néan- 
moins avoit  avant  ce  tems  des  écoles  qui  n'avoient  pas 
laifie  de  former  des  favans  ,  tels  que  Marianus  Scotus  , 
Goswin  ,  le  moine  Rupert  ,  Jean  Gawer  ,  Sifroid  de 
Mayence ,  Sec.  Il  y  a  beaucoup  d  apparence  qu'on  doit  à 
fes habitans  l'invention  de  l'imprimerie,  quoique  Haar- 
lemen  Hollande  Se  Straibourg  lui  disputent  cette  gloire, 
d'autant  que  Jean  Guttenbourg  ,  gentilhomme  natif  de 
cette  ville,  y  produifir  en  1440,  le  premier  effai  de  ce 
nouvel  art ,  comme  le  prouve  Serrarius ,  qui  afl'ure  qu'on 
l'y  eonferve  encore. 

Les  édifices  publics  les  plus  remarquables  de  Mayence, 
font  la  cour  de  l'archevêque ,  la  chancellerie  Se  la  mai  fon 
de  ville.  La  cour  ou  le  palais  du  prince  ,  que  l'on  appelle 
faint  Martinfbourg  ,  eft  un  château  fitué  au  bout  fepten- 
trional  de  la  ville  tout  près  du  Rhin;  il  eft  compofé  de 
deux  grandes  ailes  ,  Se  de  quelques  tours  jointes  par  des 
galeries  ,  Se  rangées  autour  d'une  grande  place  orbicu- 
laire.  Ses  foffés  font  remplis  par  les  eaux  d'une  petite  ri- 
vière, qui  va  fe  jetterdans  le  Rhin.  11  fut  ruiné  en  ijjz 
par  le  margrave  Albert  de  Brandebourg  ,  Se  rétabli  par 
l'électeur  Daniel  Brendel  de  Hombourg.  Les  principales 
fortifications  qu'on  a  ajoutées  à  l'ancienne  muraille  garnie 
détours,  qui  environne  toute  la  ville ,  confident  en  trois 
forts  ,  conftruits  fur  les  hauteurs  qui  commandoient  la 
ville.  Celui  de  faint  Jacques,  où  font  la  tour  Eichelftein 
ôc  l'Hôpital  des  Lépreux  ,  eft  le  plus  grand  de  tous.  Il  eft 
au  midi  de  la  ville.  Celui  de  faint  Albans  eft  du  même 
côté  ,  mais  plus  près  du  Rhin.  Le  Haupftein  ou  fort  élevé, 
eft  à  l'autre  bout  de  la  ville  >  il  eft  presque  régulier  :  mais 
tous  ces  ouvrages  ne  mettent  pas  cette  ville  en  état  d'une 
bonne  défenfc  ,  d'autant  qu'il  y  a  encore  plufieurs  autres 
hauteurs  qui  la  commandent. 

Au  refte  ,  Mayence  a  joui  allez  long-tems  de  fa  liberté, 
Se  de  plufieurs  grands  privilèges  qui  la  rendoient  fio- 
ïiflante.  Mais  l'archevêque  Arnoul  de  Zellenhoven  ayant 
été  maflacré  l'an  1 160.  par  la  populace  dans  le  monafterc 
de  S.  Jacques,  Se  traîné  enfuite  fur  un  fumier,  l'em- 
pereur Frédéric,  irrité  de  cet  attentat,  priva  cette  ville 
de  fes  privilèges  ,  Se  en  fir  abbattre  les  murailles  ;  ce 
qui  caufa  la  retraite  de  la  plus  grande  partie  de  fes 
habitans,  Se  ruina  fon  commerce.  L'an  1461.  Adolphe 
comte  de  Naflau,  qui  étoit  foutenu  parle  pape  Pie  II. 
contre  Thierri  d'ifembourg,  furprit  Mayence  ôc  lui 
ôta  fa  liberté,  de  forte  que  de  ville  impériale,  elle 
devint  une  ville  de  province.  En  1631.  elle  vint  au 
pouvoir  du  roi  de  Suéde  Guftave  Adolphe,  qui  la  prit 
par  compofition,  Se  fir  bâtir  le  fort  qui  porte  encore 
fon  nom,  entre  le  confluent  du  Mein  Se  du  Rhin.  Ce 
fut  alors  que  furent  déterrées  ces  pièces  antiques,  qui 
fuient  placées  depuis  aux  portes  de  la  ville.  Après  que 
les  Suédois  l'eurent  abandonnée  en  1 CT35.  les  Impériaux 
s'en  emparèrent,  Se  la  rendirent  quelque  tems  après  à 
l'électeur.  Les  François  s'en  font  auifi  rendus  maîtres 
plufieurs  fois. 

Elle  eft  retournée  fous  la  domination  de  fes  archevê- 
ques ,  Se  fon  commerce  a  commencé  à  refleurir.  *  Zcyler7 
Topogr.  archiepiscop.  Mogunt. 

Le  bienheureux  Raban  fut  archevêque  de  Mayence 
du  tems  de  Charles  le  Chauve ,  au  milieu  du  IXe  fiécle; 
nuis  on  fait  remonter  beaucoup  plus  haut  l'etabliff*- 


ï  60 


MAY 


MAY 


ment  du  fiégè  épîscopal   de  Mayence.  On  prétend  que 

S.  Crescent  disciple  de  fainr  Paul  en  a  été  le  premier 

évêque  ,  qu'il  a  fiégé  l'an  80  de  Jefus-Chrift ,  &  qu'il  a 

été  enterré  dans  l'églife  de  S.  Albans  ;  depuis  lui ,  on 

compte   une  fuite  de   quarante  évêques  ,  jusqu'à  faint 

Boniface  ,  auquel  le  pape  Zacharie  transporta  en  74J. 

la  dignité  de   métropolitain ,  qui   jusques-là  avoit  été 

attachée  au  fiége  de  Worms.  Ce  nouvel  archevêque  qui 

avoit  prêché  l'évangile  aux  Frifonsôi  à  plusieurs  autres 

peuples  de  Germanie ,  fut  celui  qui  conlacra  Pépin  roi 

de  France  après  que  le  roi  Childeric  III.  eut    été  dé- 

pofé  dans  une  affemblée  générale  des  états  tenue  àSoiffons, 

Willigife  qui  fut  le  dix-feptiéme  archevêque,  eft  celui 

qu'on  tient  avoir  été  le  premier    revêtu  de  la  dignité 

d'électeur.  Ce  prélat  qui  ,  d'une  naiflànce  obscure  ,  avoir 

été  élevé  à  la  dignité  de  chancelier  des  empereurs  Othon 

III.  &  Henri  IL  conferva  une  modeliie  admirable  dans 

fa  haute  fortune,  &  fit  peindre  fur  toutes  les  murailles 

de  fon  palais  des  roues  de  chariot ,  qui  puiffent  le  faire 

•fouvenir  à  tout  infiant  qu'il  étoit  le  fils  d'un  charron.  Ses 

fucceffeurs  voulant  refpeéter  fa  mémoire,  prirent  ces  roues 

pour  leurs  armes.  L'archevêque  Gerlac  de  NaiTau,  qui 

étoit  petit-fils  de  l'empereur  Adolphe  ,  fut  déclaré  par  la 

bulle  d'or  le  premier  entre  les  électeurs.  *  Baillet,  Topogr. 

desSaints  ,p.  305. 

MAYENCE  ,(  L'archevêché  de)  eft  borné  au  fep- 
tentrion  par  l'évêché  de  Wurtzbourg;  à  l'orient  par  les 
comtés  de  Hohenlohe,  de  Wertheiin  &  de  Reincckj  au 
midi  par  la  Suabe  ,  le  haut  comté  de  Catzenelbogen  & 
par  le  Palatinat;  à  l'occident  par  le  même  Palatinat,  ik 
par  le  bas  comté  de  Catzenelbogen.  Le  pays  qui  compofe 
ce  diocèle  efl  fort  bon.  On  le  divife  en  deux  parties.  Celle 
qui  eft  le  long  du  Rhin  s'appelle  le  Rhingaw  :  elle  eft  fort 
peuplée  ,&  fertile  en  bons  vins  ;  celle  qui  eft  du  côté  de  la 
Franconie  s'étend  le  long  du  Mein,  &  comprend,outre  les 
bailliages  de  Hochft ,  de  Steinheim  ik  d'Aschaffembourg , 
le  comté  de  Konichilein ,  &  une  partie  de  celui  de 
Reineck.  L'archevêque  de  Mavence  a  pour  fufTragans  les 
évêques  de  Wurtzboutg,  de  Voims ,  de  Spire  ,  d'Augs- 
bourg  ,  d'Aischftcft,  de  Stralbourg,  de  Confiance,  de 
Hildesheim ,  de  Paderborn  &  de  Coire.  Autrefois  il  avoit 
•encore  fous  fa  dépendance  les  évêques  de  Verden,  de 
Prague  &  d'Olmutz.  C'eft  pourquoi  les  rois  de  Bohême 
dévoient  être  confacrés  par  lui.  Goldalt  dans  les  commen- 
taires fur  les  rois  de  Bohême,  /.  3.6-.  10.  p.  339.  dit  que 
cet  archevêque  avoit  la  même  prérogative  par  rapport  à 
tous  les  rois  que  l'empereur  pouvoir  créer ,  &  que  c'eft 
pour  cette  raifon  qu'on  voit  fur  les  tombeaux  de  quelques 
archevêques  de  Mayence  ,  leurs  ftatues  tenir  par  la  main 
un  jeune  prince  couronné,ces  monarques  ayant  été  regar- 
dés alors  comme  les  enfans  fpirituels  de  ceux  qui  les 
confacroient.  L'archevêque  Se  électeur  de  Mayence  efl 
archichancelier  de  l'empire  pour  l'Allemagne,  garde 
des  fceaux ,  des  archives  &  de  la  matricule  du  même 
empire ,  &  doyen  du  collège  électoral ,  qu'il  a  droit 
de  convoquer.  Le  vice-chancelier  ik  tous  les  autres 
officiers  de  la  chancellerie  impériale  lui  prêtent  fer- 
ment de  fidélité.  Il  a  droit  de  révifion  fur  les  fentences 
de  la  chambre  impériale;  il  eft  directeur  des  affemblécs 
générales  &c  particulières  de  l'empire.  C'eft  auprès  de 
lui  que  tous  les  députés  doivent  faire  légitimer  leurs 
pouvoirs,  avant  d'être  admis.  C'eft  aulîi  à  lui  que  les 
minifires  étrangers  doivent  s'adreffer,  lorsqu'ils  ont  quel- 
que affaire  à  communiquer  aux  états  de  l'empire. 

MAYENCE,  [L'électorat  de]  efl  compofé  de 
plulieurs  états  détachés,  ik  qui  ne  font  pas  tous  compris 
dans  l'archevêché  de  Mayence.  C'eft  pourquoi  je  mettrai 
ici  une  lifte  de  tous  les  domaines  que  cet  électeur 
pofféde. 

I.  La  plus  grande  partie  de  cet  électorat  eft  entre 
le  Palatinat  ik  Trêves  autour  du  Rhin ,  où  font  les 
villes  de 


VI.  En  Th'irinae  Erfurt  capitale» 

VII.  L'ElSFELD. 

VIII.  Dans  la  Hejfe. 


Fritzlar 


Amonebourg. 


Bingcn , 


&  Hochft. 


Mayence  , 

II.  Le  Rhingaw, 

III.  La  Bergftraffe  , 

IV.  Dans  le  Palatinat  il  pofféde 
Gersheim ,  &       Sobrcheim. 

V.  En  Franconie ,  le  long  du  Mein ,  une  litière  où  font 
Aschaffctibourg,       Seïingft&dt  ,       ôc  Klingenbcrg. 


Toute  la  Thuringe  a  été  autrefois  du  domaine  de 
l'Eglife  de  Mayence  L'empereur  Othon  I.  lui  donna 
en  premier  lieu  la  ville  d'Eïfurr  après  la  mort  de  Bur- 
chard  ,  feigneur  de  Thuringe.  Il  ajouta  enfuite  lereftede 
la  Thuringe  ,  lorsque  Guillaume  fon  fils  fut  fait  arche- 
vêque de  Mayence.  Celui  ci  la  transmit  à  fes  fuccefleurs  j 
mais,  environ  foixante  dix  ans  après,  l'archevêque  Bardon 
d'Opptrhofen,  donna  en  fief  de  fon  églife  la  partie 
de  la  Thuringe  qui  s'éiendoit  depuis  les  fources  de 
l'Horfele  ,  jusqu'à  la  rivière  de  Verra  ,  à  Louis  dit  le 
Barbu  ,  parent  de  l'impératrice  ,  femme  de  Conrad  II. 
Un  autre  archevêque  nomme  Albert,  comte  de  Sarbourg, 
confentit  en  11 30.  que  Louis  III.  petit  fils  de  Louis  le 
Barbu  fût  créé  Landgrave  de  Thuiinge  ik  de  Heffe. 
Enfin  l'archevêque  Conrad  de  Wuelfpach  ,  ayant  été 
battu  par  le  Landgrave  Louis  V.  lui  céda  tout  ce  qu'il 
poffédoit  dans  la  Thuringe  ik  dans  la  Heffe  ,  a  la  réferve 
d'Erfurt ,  de  Fritzlar  &  d'Amclbourg  ou  Amonebourg. 

La  Bergffraffe  fut  donnée  à  l'archevêque  Albert  de 
Lorraine  en  1132.  par  l'empereur  Frédéric  II. 

Hochft  avec  le  péage  fur  le  Mein  ,  fut  donné  par 
Charles  IV.  à  l'archevêque  Henri  de  Vunenbourg  pour 
le  dédommager  du  démembrement  de  l'évêché  de  Prague 
que  le  pape  Clément  VI.  érigea  en  archevêché. 

MAYET  ,  bourg  de  Fiance  dans  l'Anjou ,  élection  de 
la  Flèche. 

MAYET  DE  MONTAGNE  ,  en  latin  Mayetum  in 
Mumanis ,  bourg  de  Fi  ance  dans  le  Bourbonnois,  élection 
de  Gannat.  Ce  bourg  eu  fitué  dans  la  montagne  du  Jour 
près  de  la  rivière  de  Beibre,  à  trois  lieues  &  demie  de 

I  Allier.  Le  teiroir  produit  du  feigle  &  de  l'avoine ,  de 
bons  pacages  &  des  foins.  On  y  fait  un  grand  commerce 
de  beitiaux  ,  &  il  y  a  beaucoup  de  bois  taillis  de  de 
hautes  futaies.  Cette  terre  a  titre  de  baronnie  &  droit 
de  tenir  fix  foires  par  an. 

MAYEZ  (Les)  peuples  de  la  France  équinoxiale,  à 
30  lieues  au  fud-eit  de  la  Cayenne ,  à  onze  lieues  de 
la  mer. 

1.  MAYO  ou  l'isle  de  Mai,*  l'une  des  ifles  du  cap- 
Verd  ,  au  midi  occidental  de  Fine  de  Bonnevifte,  &  a> 
l'orient  de  celle  de  Santiago  ou  St  Jacques.  Mayo  a  fepe 
lieues  ou  environ  de  circonférence: elle  eft  presque  ronde. 
Les  voyageurs  la  mettent  communément  fous  le  ij° 
deg.  de  latitude  feptentrionale  ;  mais  del'Ifley  a  joute 
quelques  minutes.  Comme  elle  elt  environnée  de  pointes 
de  rochers ,  on  voit  les  flots  qui  fe  brifent  :  c'eft  un 
avertiffement  que  les  voyageurs  ne  doivent  pas  négli- 
ger. Cependant  on  affure  qu'au  nord  ik  au  nord-nord- 
oueft  de  cette  ifle  il  y  a  des  baffes  très-dangereufes  qui 
font  plus  avant  dans  la  mer.  *  D.>mpier  ,  Voyage  autour 
du  monde  ,  t.  3.  p.  17.  &  Voyage  aux  teues  Auftrales  a 
t.  5.  p.  18. 

Il  y  a  dans  Pifle  de  Mayo  deux  montagnes  d'une  hauteur 
confidérable  :  le  fommet  de  l'une  eft  affez  plat,&  celui 
de  l'autre  eft  pointu.  Du  refte  le  terrein  eft  uni&  médio- 
crement élevé  au  deffus  de  la  mer.  Quoique  le  rerroir 
de  cette  ifle  paroiffe  fée  &  ftérile  ,  elle  ne  laiffe  pas 
d'être  la  plus  habitée  &  la  plus  cultivée  des  ifles  du 
Cap  Verd  ,  fi  on  en  excepte  l'ifle  Santiago.  Les  habitans 
fement  du  grain  ik  plantent  des  yames ,  des  patates  6c 
quelques  plantains ,  ils  élèvent  aufli  quelques  volailles. 

II  y  a  quantité  de  taureaux  ,  de  vaches  ik  de  chèvres, 
&  aux  mois  de  Mai,  de  Juin,  de  Juillet  ik  d'Août, 
une  efpéce  de  tortues  marines  y  vient  pondre  ,  mais  il 
s'en  faut  bien  que  ces  tortues  foient  atïfli  bonnes  que 
celles  des  Indes  occidentales. 

A  l'oueft  de  Pifle ,  qui  eft  l'endroit  où  les  vaiffeaux 
jet  eut  l'ancre,  il  y  a  une  grande  baie  iablonneuie,  &C 
un  banc  de  fable,  qui  eft  large  de  quarante  pas  ou  en- 
viron ,  &  qui  court  deux  ou  trois  milles  le  long  delà 
côte.  Entre  ce  banc  &  lc^  montagnes ,  il  y  a  une  vatte  Sa* 
line  de  deux  milles  de  long  ,  ou  à  peu  près  ,  ik  d'uni 
demi  mille  deiarge;  mais  plus  de  ia  moine  de  cette  fa* 
lii  e  eft  d'ordinaire  à  fie  L'extrémité,  qui  eft  vers  le  nord, 
ne  manque  jamais  d'eau ,  ik,  le  fel  s'y  forme  depuis  le 

taoii 


MAY 


MAZ       i6ï 


mois  de  novembre  jusqu'au  mois  de  mai ,  rems  qui  efl  la 
belle  faifon  de  l'année  aux  ifles  du  Cap  Vërd.  L'eau  de 
la  mer  qui  produit  ce  Tel,  s'ouvre  un  partage  à  travers  le 
banc  de  fable  ;  ce  qui  n'arrive  qu'au  teins  des  grandes  ma- 
rées, ôc  ,  félon  leur  haurcur  ,  leur  réfervoir  elt  plus  ou 
moins  rempli.  S  il  y  a  déjà  du  fcl  lorsque  l'eau  y  entre, 
il  le  dilTout  d'abord  ;  mais,  deu:<  ou  trois  jours  après  il  re- 
commence à  fe  grainer  i  ce  qui  continue  jusqu'à  ce  que 
toute  1  eau ,  ou  du  moins  la  plus  grande  partie ,  foit  chan- 
gée en  fel,  ou  jusqu'à  ce  que  la  mer  en  fotiriiilTe  d'autre. 
On  prétend  que  cette  eau  ne  vient  que  par  le  feul  pafiage 
qui  elt  au  nord  du  réfervoir,  ôc  où  il  elt  auiïi  le  plus  pro- 
fond :  on  dit  encore  que  Tenu  n'entre  dans  le  réfervoir 
qu'au  tems  des  marées  de  chaque  nouvelle  lune. 

Ceux  qui  vont  à  Mayo  pour  charger  du  fcl ,  le  ramas- 
fent  à  mefure  qu'il  fe  graine,  ôc  ils  en  font  des  monceaux 
fur  le  terrein  fec ,  avant  que  la  mer  retourne.  Le  fcl  de 
cette  faline  ne  fe  graine  que  dans  la  belle  faifon  -,  tout  au 
contraire  de  ce  qui  arrive  aux  falines  des  Indes  occiden- 
tales, &  en  particulier  à  celle  de  la  Tortue  la  falée  ,  donc 
Dampier  fait  mention  dans  fon  voyage  autour  du  monde, 
r.  i.  p.  63.  Presque  toutes  les  narions ,  fur-tout  les  An- 
glois,  vont  chercher  du  fcl  dans  cette  ifle. 

Il  n'en  coûte  rien  pour  la  peine  des  hommes  qui  le  ra- 
maiTuu  ôc  qui  le  tirent  de  la  faline  ,  on  n'en  paye  que  la 
voiture  ,  qui  elt  même  à  fort  bon  marché  ,  parce  que  les 
habitans  ont  grand  nombre  d'ânes  ,  qu'ils  ne  peuvent 
presqu'employer  à  autre  chofe  qu'à  porter  le  fel  depuis 
la  falme  jusqu'au  bord  de  la  mer.  Les  habitans  chargent 
ôc  conduifent  eux  mêmes  leurs  ânes,  bien  ailes  de  trou- 
ver cette  occupation  ,  puisqu'il  leur  relie  à  peine  aucun 
autre  moyen  pour  gagner  quelque  chofe.  La  faline  n'é- 
tant pas  à  plus  d'un  demi-mille  de  l'endroit  où  l'on  em- 
barque le  fel ,  les  ânes  peuvent  faire  ce  chemin  plusieurs 
fois  dans  un  jour  ;  ils  ont  un  certain  nombre  de  tours 
fixes  pour  la  matinée  ôc  pour  l'après  midi ,  au-delà  des- 
quels les  propriétaires  ne  veulent  point  les  faire  aller. 

2.  MAYO  ou  Majo  ,  comte  d'Irlande  dans  la  pro- 
vince de  Connaught.  Il  cil  borné  à  l'eit  ôc  au  nord-eft 
par  les  deux  comtés  de  Roscommon  ôc  de  Slego  ,  à  l'cucft 
ôc  au  nord  par  l'Océan  occidental  ,  &  au  fud  par  le 
comté  de  Gallway  ;  ce  comté  a  cinquante-huit  milles  de 
long  &  quarante -quatre  de  large.  Il  abonde  en  bc- 
ftiaux  ,  en  bêtes  fauves  ,  en  faucons  Ôc  en  miel.  On  le 
«divifc  en  neuf  baronnies ,  qui  font, 


Tyra-wly, 
Erris , 

Buriihoole , 


Gallen  , 
Cortello, 
Clonemorris , 


Killmaine, 
Corrah  , 
Morrisk. 


Les  principales  villes  font , 


Killala,        Mayo,  Cafllbar,  Shroule. 

*  Etat  préjent  de  la  Grande  Bretagne  ,  r.  J.  p.  31. 

3.  MAYO  ou  May  ,  ville  d'Irlande  ,  ôc  le  chef-lieu 
du  comte  de  Mayo  ,  à  trois  milles  ou  environ  au  fud  cil 
de  Killala  ;  elle  elt  aujourd'hui  fort  déchue  de  ce  qu'elle 
a  été.  C'étoit  autrefois  un  évêché  qui  a  été  réuni  a  Tuam  , 
ôc  dont  la  jurisdiétion  appartient  a  Killala.  Elle  efl  fituée 
à  l'embouchure  de  la  rivière  de  May  ,  fur  les  frontières 
de  Slego  ,  à  1 1  j  milles  ,  ou  environ  ,  presqu'à  l'ouelt  de 
Dublin  ;  elle  a  titrede  vicomte.  *  Etat  préfent  de  la  Gran- 
de Bretagne ,  t.  3 .  p.   3  I . 

MAYON1QUE  ,  montagne  de  l'ifle  de  Luçon  ,  l'une 
des  Philippines.  Elle  elt  dans  la  province  de  Camarines, 
au  levant  d'hiver  de  la  ville  de  Carcéres  •,  c'eft  un  volcan 
qui  jette  presque  continuellement  des  flammes.  Voyez, 
au  mot  Luçon ,  où  cette  montagne  elt  décrite  ,  quoi- 
qu'elle n'y  foit  pas  nommée.  *  Corn.   Diction. 

MAYORGA  ,  petite  ville  d  Espagne  ,  au  royaume  de 
Léon  ,  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ;  elle  elt  fituée 
dans  une  grande  plaine  ,  agréable  Ôc  fertile.  Les  feigneurs 
de  la  maifon  de  Pimentel  la  polTédent  ,  &  elle  elt  le 
^chef-lieu  d'un  comté  auquel  elle  donne  le  nom.  *  Déli- 
ces d' Espagne  ,z.  1.  p.  157. 

MAYORQUE.  Voyez.  Majorque. 

MAYOTTE  ou  Majote  .  en  latin  Mayota  infula  ; 
c'eft  la  plus  méridionale  des  ifles  Comorres  ;  elle  n'a  pas 
de  bonne  eau ,  mais  les  vivres  y  font  à  bon  marché,  Coï- 


neille  ,  DlEl.  dit  qu'on  donne  ce  nom  à  un  peloton  de 
petites  ifles  fituées  dans  la  mer  de  Zanguébar ,  entre  la 
côte  de  ce  nom  ce  l'ifle  de  Madagascar.  Mais  ce  pelo- 
ton de  petite^  ifles  n'eu  autre  chofe  que  celui  des  ifles 
de  Comonc,  dont  Mayotte  fait  elle  même  partie".  Elle 
elt  fituée  ,  fclon  de  1  il  e,  Atbs  ,  dans  le  canal  de  Mo- 
zambique ,  au  midi  de  l'ifle  Moali  ,  au  couchant  de 
celle  d'Anjouan  ,  ôc  au  fud  efl  de  l'ifle  d'Angafie  ,  ou  la 
grande  Comorrc. 

MAYZI ,  l'une  des  provinces  qui  partageoient  ancien- 
nement l'ifle  de  Cuba.  Elleétoit  la  plus  prucLe  de  l'ifle 
Hispaniola  ,  &  obéiiToit  à  un  cacique  ,  nommé  fclatucy, 
que  les  Espagnols  firent  périr.  Le  nom  de  Mayzl  elt  de- 
meuré à  un  cap  de  1  ifle.  Cette  région  elt  monragneufe, 
&  remplie  d'épaifles  forêts  &  de  bocages.  *  Corn.  Dict. 
Laet.  Delcr.  des  Indes  occid.  1.  1.  c.  S. 
MAZA.  Voyez,  Masaci. 

MAZACA  ,  ville  de  la  Cappadoce  dans  la  préfecture 
delà  Cilicie  ,  félon  Ptolomée,  /.  j.  c.  6.  qui  l'appelle 
M.iz.a  ,  ôc  la  furnomme  Ccjarea.  Srrabon  ,  /  1  i.p.  j  37. 
lui  donne  le  litre  de  métropole  de  la  Cappadoce ,  la  fur- 
nomme Eufebia,  /.  12.  p.  538.  ôc  la  place  fur  le  mont 
Arguais.  Elle  elt  connue  fous  le  nom  de  Cefarée  dans  le 
concile  d'Ephèfe  ,  ôc  mile  dans  la  première  Cappadoce. 
Les  barbares ,  à  ce  que  dit  Niger  ,  lui  donnent  le  nom  de 
Tijaria  ,  ôc  Philander  ,  in  Vuruv.  a  remarqué  qu'Eufebe 
ôc  Rufusl'appelloient  par  erreur  Megara. 

MAZAC/Ê  ,  peuples  de  la  Sarmatie  Afiatique  ,  félon 
Pline  ,  1.6.  c.  7. 

MAZACENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Numidie,  dont  l'évêque  Apronianus  a  foufetità  la  confé- 
rence de  Carthage  ,  n°.  205.  La  notice  épiscopnle  d'Afri- 
que ,  «°.  81.  fait  mention  de  Benenatus ,  qu'elle  qualifie 
episcopus  Mazœcenfis. 

MAZACYLA  ,  ville  de  la  Marmarique.  Ptolomée  , 
/.  4.  c.  y.  la  place  dans  les  terres  entre  Aio  ôc  Bdla. 

MAZ/£I ,  peuples  voifîns  de  la  Libumie  ,  à  l'orient  de 
cette  province  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  1 7.  qui  les  place 
au-deflùs  des  Derriopes  ôc  des  Demi.  Dion  les  met  dans 
la  Dalmarie  ,  ôc  Strabon  dans  la  Pannohie.  Mar.  Niger 
dit  que  de  fon  tems  le  pays  qu'habitoient  ces  peuples,  fe 
nommoir  Lica.  *  Ortelii  Thcfaur. 

MAZ/ENA  ,  ville  de  la  Paleltine  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

MAZ^UM.  Voyez.  Amazon ium. 
i.MAZAGA.  J^cMassaga. 
1.  MAZAGA  ,  province  de l'Abiflînie  dans  les  terres. 
Elle  elt  bornée  au  nord  par  le  royaume  de  Balou,  à  l'o- 
rient par  le  pays  des  Bekias  ôc  par  celui  des  Sires,  au  midi 
par  le  pays  desTzagades,  ôc  à  l'occident  par  le  royaume  de' 
Sennar.  Cette  province  elt  beaucoup  plus  longue  que 
large  ,  Ôc  trois  grandes  rivières  la  traverfent -,  favo  r,  la 
Mareb,  la  Tacaze  ôc  la  Caza.  *  LuUolf,  dans  fa  carte  de 
l'Abilîinie. 

MAZAGAN  ,  place  forte  d'Afrique  que  le  roi  de  Por- 
tugal a  fait  bâtir  fur  la  frontière  de  la  province  de  Dt> 
quela  au  royaume  de  Maroc,  &  qu'il  a  fortifiée  depuis 
qu'il  a  abandonné  les  villes  de  Safie  ôc  d'Azamor  ,  en  latin 
Maz,acanum.-  Elle  elt  à  trois  lieues  de  cette  dernière  dans, 
une  plaine  fur  le  bord  de  l'Océan  où  étoient  une  vieille 
tour  appellée  Borcychade  l'ancien  port  d' Aîmedine  ,  ôc  un 
bourg  préientement  ruiné  ,  qu'on  nomme  aujourd'hui  la 
maifon  du  Chevalier.  Ses  murs  font  bâtis  à  la  moderne  de 
pierres  liées  avec  de  la  chaux ,  &  il  y  a  beaucoup  d'artil- 
lerie ôc  de  munitions  avec  une  bonne  gàrnifon.  L'Océan 
la  ferme  d'un  côré ,  8c  elle  a  de  l'autre  un  fofi'é  large  ôc 
profond  dont  l'eau  monte  avec  celle  de  la  mer.  On  y 
voit  un  puits  d'eau  douce  qui  a  un  bord  de  pierres  fort 
haut  &  fort  relevé  ,  où  les  barques  vont  faire  de  l'eau. 
Depuis  la  puiflance  des  cherifs,  cette  place  eut  beaucoup 
de  démêlés  avec  les  Maures ,  ôc  Louis  de  Lorero  ,  qui  en 
étoit  gouverneur  ,  remporta  fur  eux  divers  avantages.  L'an 
1562,  le  cherif  l'alla  attaquer  avec  plus  de  deux  cens 
mille  hommes  ôc  la  bâtit  fortement  ;  en  fuite  ,  comblant* 
le  foffé  avec  une  montagne  de  fable,  il  abbatit  une  grande 
partie  du  mur  à  coups  de  canon  -,  mais  les  aïîïégés  firent 
une  défenfe  fi  vigoureufe  ,  qu'avec  des  mines  ôc  des  feux 
d'artifices,  ils  tuèrent  quantité  de  Maures  &  les  repous- 
ferent  hors  de  la  ville.  Le  cherif  voyant  qu'il  ne  pou- 
voir empêcher  le  fecours  du  côré  de  la  mer ,  fc  retira  avec 

Tm.  IV.  X 


i6a.       MAZ 


MAZ 


grande  perte  qui  ne  fut  gnères  moindre  pour  les  Chré- 
tiens ,  quoiqu'ils  fuflent  demeurés  victorieux.  *  Marmol , 
Defcr.  du  royaume  de  Maroc  ,  1.  }.  c.  $6, 

MAZALIG  ,  ville  ou  plutôt  château  d'  Afrique  dans  la 
province  de  Biledulgerid,  à  20  deg.  10  min.  de  longitu- 
de, &  à  30  deg.  10.  min.  de  latitude ,  fur  le  bord  de  la 
rivière  de  Ghir  à  deux  journées  de  la  province  de  Sugul- 
mefle.  Autour  de  ce  château  il  y  a  quelques  maifons  ha- 
bitées par  des  pauvres  Arabes,  qui  n'ont  ni  bled  ni  orge  , 
6c  qui  Ce  nourriffent  de  quelques  dattes  &  de  ce  qu'ils 
volent  fur  la  frontière.  *  Dapper ,  Defc.  du  Biledulge- 
rid,  p.  220. 

MAZAMET>  petite  ville  de  France  dans  le  haut  Lan- 
guedoc ,  au  diocèfe  de  Lavaur.  Il  s'y  fabrique  de  très- 
beau  papier. 

MAZAN ,  Manfiada  ,  Manjfada ,  abbaye  d'hommes 
en  France  de  l'ordre  de  Citeaux  ,  filiation  de  Bonnevaux 
dans  le  Vivarais,  diocèfe  de  Viviers,  au  nord-eft  d'Aube- 
nas ,  fondée  au  mois  de  Novembre  1 1 19.  elle  rapporte 
neuf  à  dix  mille  livres  à  l'abbé. 

M AZANGE ,  bourg  de  France  dans  la  Beauce ,  élection 
de  Vendôme. 

MAZANlA.Métaphrafte,  dans  la  vie  de  faint  Théo- 
dore Archimandrite ,  dit  que  c'eft  un  lieu  fur  le  haut  Sibe- 
ris.  Il  doit  être  félon  les  apparences  quelque  part  dans  l'A- 
ile Mineure.  *  Ortelii  Thefaur. 

1.  MAZANDERAN  ou  Mazendran  ,  ville  de  Per- 
fe.  Elle  a  donné  fon  nom  à  un  grand  pays  au  midi  de  la 
mer  Caspienne.  Cette  ville  dont  la  fondation  eft  incertaine 
étoit  eftimée  très-forte  Se  comme  imprenable  du  rems  de 
Kaïkaous  II.  roi  de  la  féconde  Dynaiîie  de  Perfe  furnom- 
mée  Caïanides.  Kaïkaous  fit  long  temsla  guerre  dans  ces 
quartiers-là  à  Afrafiab  roi  de  Turqueftan  ,  qui  le  fit  en- 
fin prifonnier  Se  le  tint  enfermé  dans  la  ville  de  Mazan- 
deran, jusqu'à  ce  que  le  brave  Roftam  l'en  délivra.  * 
D'Herbelot ,  Bibliot.  orient. 

2.  MAZANDERAN  ou  Mazendran,  province  de 
Perfe  (  a  ) ,  au  midi  de  la  mer  Caspienne ,  à  l'orient  du 
Siurfian  ,  au  nord  du  défert  de  Khorafan,  Se  à  l'occident 
de  la  province  de  Dillem.  Plufieurs  géographes  la  mettent 
au  nombre  des  contrées  (  b  )  que  renferme  la  province  de 
Ghilan  ,  prétendent  que  Thabariftan  Se  Mazanderan  font 
la  même  chofe  ,  Se  foutiennent  que  c'eft  le  pays  dont  les 
habitans  étoient  appelles  Mardi  du  tems  d'Alexandre. 
Les  montagnes  de  cette  province  font  inhabitables  :  mais 
Ja  plaine  eft  fort  peuplée ,  très-fertile ,  Se  fi  agréable  ,  que 
les  Perfans  difent  que  c'eft  le  jardin  du  royaume ,  comme 
la  Touraine  l'eft  de  la  France.  C'eft  pourquoi  le  Hakim 
ou  po'éte  Fardauti  a  eu  raifon  de  dire , 

Tfchu  Mefanderan  ;  Tfchu  Kulkende  Sar  ? 
Mïkertm  ive  nefert ,  bénis  che  befar  ? 

C'eft-à-dire  :  qu'eft-ce  que  Mefanderan?  n'eft-ce  pas 
un  lieu  planté  de  rofes,  ni  trop  chaud  ni  trop  froid,  mais 
un  printems  perpétuel  ?  (  a  )  Reland  ,  Carte  de  la  Perfe. 
(  b  )  Olearius ,  Voyage  de  Perfe  ,  1.  4.  p.  363. 

Pietro  délia  Valle ,  convient  de  la  bonté  duterroir,  mais 
il  donne  une  fituation  un  peu  différente  au  pays.  Le  Ma- 
zanderan ,  dit-il,  eft  fitué  fur  le  bord  de  la  mer  Caspienne 
quafi  au  midi,  ou  un  peu  plus  au-deflus  vers  l'orient  à  la 
partie  méridionale  de  cette  mer ,  fi  je  ne  me  trompe  ■>  de 
forte  qu'au  couchant  il  a  la  mer  Caspienne  ,  &,au  levant 
fur  la  même  mer  ,  le  pays  d'Efterabad  ,  qui  eft  de  la  dé- 
pendance d'un  can  ,  fujet  du  roi  de  Perfe.  L'Arac  ,  ajoute 
Pierro  délia  Valle ,  a  au  midi  Mazanderan ,  qui  eft  au 
couchant  de  la  province  de  Ghilan.  *  Voyages ,  p.  227. 

Le  terrein  de  la  province  étant  gras  Se  humide ,  à  caule 
de  la  quantité  de  petits  ruifleaux  qui  le  mouillent  en  plu- 
fieurs endroits  ,  il  devient  pendant  l'hiver  fi  boueux  ,  que 
les  chameaux  ,  quoique  de  taille  très-avantageufe ,  en  ont 
fouvent  jusqu'aux  fangles  ;  mais,  pour  remédier  à  cette  in- 
commodité ,on  a  entrepris  de  faire  paver  les  chemins.  Par 
ce  moyen  le  Mazanderan ,  qui  eft  le  pays  du  monde  où 
les  habitans  font  le  plus  civils,  le  plus  officieux  Se  le  plus 
fidèles,  fera  un  des  plus  beaux  de  l'Afie.  Afin  de  peupler 
cette  province  on  y  a  conduit  des  colonies  fans  nombre  de 
différentes  nations  &  de  diverfes  religions  Se  la  plupart 
Chrétiens.  On  a  donné  à  ces  peuples  des  terres  à  cultiver 
&  on  les  a  occupés  aux  mêmes  emplois  qu'ils  avoientehez 


eux  1  par  ce  moyen  on  a  introduit  dans  le  Mazanderan 
plufieurs  métiers. 

Les  principaux  lieux  de  cette  province  font 


Meschadozer , 

Saria , 

Amola , 

Farabath , 

Uftkoen , 

Bal  fat  i , 

Cefemme , 

Calara , 

Afasgiri. 

Rondbar , 

MAZANGRAN ,  ville  d'Afrique  dans  la  province  de 
Tremecen ,  à  une  demi-lieue  de  la  mer ,  &  à  treize  lieues 
d'Oran  vers  le  levant.  On  tient  qu'elle  a  été  bâtie  par 
ceux  du  pays.  Les  anciens  appelloient  fon  port  le  port 
des  Dieux.  Prolomée  le  met  à  trente  degrés  trente  minu- 
tes de  longitude ,  Se  à  trenre-trois  degrés  quarante  cinq 
min.  de  latitude.  La  ville  qui  a  des  hautes  murailles  avec 
un  grand  château ,  étoit  autrefois  aflez  peuplée  de  mar- 
chands Se  d'artifâns  qui  étoient  à  leur  aife  ,  mais  méchans 
&  vicieux.  Cette  ville  commença  à  décliner  après  la  prife 
d'Oran  par  les  courfes  des  Arabes  de  la  contrée  C'eft  pour 
cela  que  ceux  qui  y  demeuroient  étoient  bien-aifes  de  vi- 
vre en  paix  avec  les  Chrétiens,  &  qu'ils  faifoient  quel- 
que reconnoiflance  au  gouverneur  par  forme  de  tribut , 
venant  d'ordinaire  au  marché  à  Oran.  Quand  l'intelligence 
ne  fubfiftoit  pas  entre  eux  ,  ils  n 'étoient  pas  en  fureté ,  à 
caufe  de  la  gamifon  qui  couroit  à  leurs  portes  ;  de  forte 
qu'ils  étoient  contraints  de  fe  retirer  à  Moftagan,  quin  eft 
éloigné  que  d'une  lieue.  Le  terroir  des  environs  eft  fort 
bon  pour  l'orge  -,  mais  il  n'y  peut  venir  de  froment.  Lors- 
que Martin  de  Cordoue,  comte  d'Alcaudéte  ,  attaqua  la 
ville  de  Moftagan  ,  ils  s'y  retirèrent  avec  leurs  femmes  ôc 
tous  leurs  biens,  jusqu'à  la  levée  du  fiége  où  il  fut  tué.  * 
Marmol,  Defcription.  de  la  province  de  Tremecen  ,  1.  j. 
c.  21. 

1 .  MAZARA  ,  fleuve  de  la  Sicile  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  3.  c.  4.  Se  Pline,  /.  3.  c.  8.  Diodore  de  Sicile  ,  /.  13.  c. 
J4.  dit  qu'il  y  avoit  fur  ce  fleuve  un  entrepôt  pour  les 
marchandifes.  Voyez,  Mazara  4. 

2.  MAZARA,  château  dont  fait  mention  Etienne  le 
géographe,  qui  le  furnomme  Caftellum  Seiinamorum.  Or- 
telius,  Thefaur  ,  croit  que  ce  château  étoit  quelque  part 
dans  la  Sicile.  Voyez,  Mazara  4. 

3.  MAZARA  ou  Val  di  Mazara  ,  grande  conrréede 
la  Sicile,  dont  elle  occupe  la  partie  occidentale.  Elle  eft 
bornée  à  l'orient  par  le  Val  Demone,  dont  elle  eft  fépa- 
rée  par  la  rivière  Grande  &  par  le  Val  di  Noto ,  la  ri- 
vière Salfo  faifant  la  féparation.  De  tous  les  autres  côtés 
elle  eft  baignée  par  la  mer.  Elle  tire  fon  nom  de  la  ville 
de  Mazzara  qui  en  eft  la  capitale.  Ses  principales  villes  ÔC 
forts  confidérables  fur  la  côte ,  en  prenant  du  nord  au 
midi ,  font 


Termini , 

S.  Nicolo  ,  fortereffe  , 

Palerme , 

S.  Catald ,  fortereffe  , 

Catelamare , 


Trayant , 
Marfalla , 
Maz,z.ara , 
Momecbiaro  s 
Alicata. 


Dans  les  terres  font  les  villes  &  lieux  qui  fuivent  : 


S.  Vito  ,  dévotion  , 

Canni ,  principauté , 
La  Sambuca  ,  marquifat , 
Monreale , 
Alcamo ,  baronie , 
Coniglione , 
Vicarï ,  comté , 
Saleme , 

Bivona,  duché, 
Camarata,  comte, 
Scalafani,  comté, 
Sutera , 
Cahanijfetta ,  comté, 


Priz,zi ,  baronie , 

Caffro  Novo  , 

Poltz,z,i , 

Cafiel  Vetrano ,  prin- 
pauté, 
Partanna,  principauté;, 
Calta  Bellotta  ,  comté , 
S.  Calogero ,  dévotion» 
Siculiana , 
G'irgentï , 

ha  Favara3  marquifat,1 
Varo. 


La  vallée  de  Mazara  eft  coupée  de  diverfes  rivières  ; 
dont  les  principales  font ,  en  prenant  du  nord  au  midi , 


Grande, 

S.  Giorgio  ou  Bergi , 

Rifefio, 

Torto , 

Maz.z.ara , 

Turbuhf 

Termini, 

Belligero ,  ou 

Platani , 

MAZ 


MAZ 


Délia , 

Cani  t 

Belici , 

Dr  agi  ,' 

Carabi  , 

S.  Blajt, 

Calata-bellotta , 

Nurot 

Mahyajolo , 

Salfo , 

Admiranto , 
Nualla , 
Tayhuro  3 
Frigido ,  ou  S. 
Banolomeo, 


4.  MAZARA  ou  Mazzara  (tf),  ville  de  Sicile  dans 
3e  Val  de  Mazara  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle,  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  même  nom  ,  Se  à  l'orient 
du  cap  Feto  ou  Ferro.  Elle  fut  bâriedes  ruines  de  Selunte, 
félon  Volteranus,  Commentant  Lfrbani,  lib  6.  Ptolomée, 
/.  x.c.  4.  la  nomme  Maz.aras.  Elle  devint  fi  confidéra- 
ble  &  fi  riche,  qu'elle  donna  fou  nom  à  toute  la  vallée 
qui  compofe  la  féconde  partie  de  la  Sicile ,  Se  qui  s'ap- 
pelle encore  aujourd'hui  Val  di  Mazzara.  Son  terri- 
toire (  b  )  eit  d'une  grande  étendue  &  très-fertile.  Un  peu 
au-delnis  de  cette  ville  on  voit  l'embouchure  de  la  rivière 
Mazara,  dont  les  deux  fourçes  font  à  l'occident  deSa- 
leme.  (a)  De  l'IJle  ,  Atlas.  (  b  )  Lcander  ,  Defcr.  di  Val 
Mazzara. 

MAZARAZANA.  Kyrs.MARAZANA. 

MAZARIS  ou  Mazara,  ville  de  Sicile.  L'itinéraire 
d'Antoninla  met  fur  la  route  du  trajet  à  Lilybaium,en- 
tre  Ad  fluvium  Lanarium  Se  Lilybea,à  dix  milles  delà 
première  de  ces  places  ,  Se  à  douze  milles  de  la  fécon- 
de. Il  y  a  apparence  que  c'eit  la  même  ville  que  la  précé- 
dente. 

MAZARORUM  CASTRUM,  lieu  fortifié  dans  la 
Perfe  ,  îelon  l'hiltoire  Miscellanée.  *  Ortelti  Thef. 

MAZARIN.  Voyez.  Rethel. 

MAZAR1NO,  petite  ville  de  la  Sicile  dans  le  Valdi 
Noto  près  de  la  rivière  de  Terranova ,  au  nord  de  Ru* 
tera  Se  au  fud-ouelt  de  Piazza.  Elle  a  titre  de  comté, 
Se  a  donné  ion  nom  à  la  maifon  que  le  cardinal  Maza- 
rin  a  illuftrée.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  l'ancienne 
Mattorium ,  que  d  autres  placent  à  Butera.  De  l'IJle  , 
Atlas. 

MAZATLAN  ,  bourg  de  l'Amérique  feptentrionaîe 
au  nouveau  Mexique,  dans  l'audience  de  la  nouvelle  Ga- 
lice ,  au  pays  de  Chiametlan  ,  fur  une  rivière  qui  lui  don- 
ne l'on  nom ,  affez  près  de  la  côte  de  la  mer  du  Sud. 
*  De  l'ifle,  Atlas. 

Selon  de  Laet  ,  description  des  Indes  occid.  L  6,  fie. 
Mazatian  efl  le  nom  de  deux  petites  ifles  de  la  Nou- 
velle Biscaie,  Se  il  ajoure  qu  il  y  a  un  port  de  même  nom 
derrière  ces  ifles,  préeifément  fous  le  tropique  du  Can- 
cer ;  que  la  baie  eit  petite  Se  fort  poiffonneufe ,  &  qu'il 
y  descend  une  rivière  où  les  navires  ne  peuvent  entrer  à 
caufe  des  baffes  qui  font  à  fon  embouchure. 

MAZAX  ,  furnom  donné  à  un  cheval  par  Olympius 
Nemefianus  (  a  ) ,  Se  par  Oppien  [b  ).  Gesner ,  in  Equo , 
l.  1.  p.  417.  croit  qu'on  donnoit  le  nom  de  MazAxes  aux 
chevaux  de  Maz.aca,  ville  de  la  Cappadoce  ;  mais  Or- 
telius  Tbefaur.  juge  qu'il  eit  queftion  d'un  pays  d'Afri- 
que ,  dont  le  peuple  eit  appelle  Maz.ax  par  Lucain , 
/.  4.  v.  6&  1 .  &  que  Claudien  ,  in  Panegyr.  Stilicon.  nom- 
me Maz,as.  (  a  )  In  Cynogetico.  {b)  in  Venatione. 

MAZE  ,  village  de  la  SuifTe  au  pays  des  Grifons  dans 
la  Valteline ,  du  côté  gauche  de  l'Adda.  C'eft  le  fiége  d'un 
archiprêtre.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe ,  tom.  4.  p. 

MAZE ,  en  latin  Mafiacum ,  gros  bourg  de  France 
dans  l'Anjou  fur  la  Loire ,  élection  de  Baugé.  Suivant  un 
titre  de  l'abbaye  de  Vendôme  ,  Hubert  vicomte  de  Ven- 
dôme, ayant  cédé  à  Foulques  Nera  ,  comte  d'Anjou  l'é- 
glife  paroiffiale  &  la  terre  de  Mazé  ,  afin  d'obtenir  l'évc- 
ché  d'Angers  pour  Humbert  fon  fils  :  (  car  on  n'étoit  pas 
alors  bien  fcrupuleux  fur  lafimonie,)  Foulques  donna  aus- 
fi-tôt  la  terre  à  Lancelin  de  Beaugenci ,  Se  Géofroi  Mar- 
tel ,  fils  de  Foulques  en  aumôna  enfnite  l'églife  &  l'ab- 
baye de  Vendôme  dont  il  étoit  fondateur.  L'églife  de  Ma- 
zé eit  fous  l'invocation  de  S.  Pierre. 

MAZENIS  FUNDI.  Il  eft  fait  mention  de  ce  nom 
dans  Caffiodore  ,  Variarum,  L  ad  Florian.  V.  S.  à  ce 
que  dit  Ortelius. 

MAZERAS.  Voyez,  Maxera. 

MAZERAY  ,  bourg  de  France  dans  la  Saintonge  , 
élection  de  Saint  Jean  d'Angely. 

MAZERE,  (La)  prieuré  de  Fiance  au  diocèfe  de 
Bourges  près  d'Illbudun. 


63 


ï.  MAZERES,  bourg  de  France  dans  la  Touraine, 
élection  de  Tours. 

2.  MAZERES,  bourg  de  France  dans  le  Bas-Arma- 
gnac, élection  d'Altarac.  Ce  bourg  eft  fur  la  rivière  de 
Baife  ,  à  deux  lieues  d'Aufch  à  l'occident. 

3.  MAZERES,  en  latin  Caftriem  Maz.eris ,  ville  de 
France  dans  le  comté  de  Foix.  C'eft  une  des  principales 
villes  du  comté;  &  ce  n'étoit  qu'un  village  en  1251. 
Berenger,  abbé  de  Bolbone  ,  en  fit  une  ville  avec  la  per- 
miffion  du  comte  de  Foix.  Us  partagèrent  enfemble  la 
juitice  Se  la  feigneurie.  Le  partage  du  comte  Se  de  l'abbé 
fut  confirmé  par  un  arrêt  de  la  cour  du  roi  faint  Louis 
qui  condamna  Alphonfe  ,  comte  de  Touloufe  fon  frère» 
qui  avoit  ufurpé  ce  lieu  de  Mazeres  fur  l'abbé  de  Bol- 
bone, &  fur  le  comte  de  Foix.  Cette  ville  étant  dans 
une  fituation  très-agréable,  les  comtes  de  Foix  y  bâtirent 
un  château  où  ils  firent  leur  demeure  ordinaire. 

Les  Huguenots  dans  le  feiziéme  fiécle  s'érant  emparés 
de  cette  ville,  la  fortifièrent  de  manière  qu'ils  s'y  main- 
tirent  jusqu'à  la  chute  entière  de  leur  parti  ,  fubjugué  par 
Louis  XIII.  *  Lan guérite ,  Defcr.  delà  France,  part.  1. 
p.  217. 

MAZICES  ou  Mazici  ,  peuples  de  la  Mauritanie; 
félon  Ammien  Marcellin ,  /.  29.  c.  2;.  &  Jeq_.  Evagrius 
qui  parle  de  ces  peuples  les  prend  pour  les  Oafej.  L'au- 
teur de  la  vie  de  faint  Chryfoltôme  en  fait  auffi  men- 
tion, de  même  que  Palladius  dans  la  vie  de  l'abbé  Arfa- 
ce.  *  Or  te  lii  Thefaur. 

MAZIERA  ,  ou  Mazira  ,  ou  Midjaré  ,  comme  la 
nomment  les  Arabes  ,  ifle  de  l'Arabie  Heureufe  fur  la 
côte  orientale  ,  entre  le  cap  de  Rofalgate  Se  l'embouchu- 
re du  Prim. 

ï.  MAZIERE,(La  )  bourg  de  France  dans  le  Berri; 
fur  les  confins  de  l'Auvergne  ,  élection  de  Combraillcs. 
Il  eit  fitué  dans  la  plaine.  C'eit  un  pays  de  bruyères , 
Se  les  terres  font  maigres. 

2.  MAZIERE,  (La)  bourg  de  France  dans  Je  Lî- 
moulin  ,  élection  de  Tulle. 

3.  MAZIERE,  bourg  de  France  dans  l'Anjou,  éle- 
ction de  Montreuil  Bellay. 

1.  MAZILLE.  Il  y  a  dans  le  diocèfe  de  Nevers  & 
dans  celui  de  Mâcon  un  lieu  de  ce  nom  ,  connu  dans 
l'hilloire.  Celui  du  diocèfe  de  Nevers  fut  donné  au  mo- 
naitère  de  faint  Germain  d'Auxerre  par  un  feigneur  nom- 
me Ithier ,  &  Charles  le  Gras  confirmant  la  donation 
des  terres  de  cette  abbaye ,  y  marque  celle-là  entre  au- 
tres. Achard  abbé,  obtint  en  l'an  1010.  du  comte  Lan- 
dry la  remife  des  droits  de  garde  qu'il  levoit  fur  les  ha» 
bitans  de  ce  lieu.  On  ne  voit  point  que  jusques-là  il  y 
eut  un  prieuré  dans  cette  terre  ■■,  mais  une  bulle  d'Eugè- 
ne 111.  fait  mention  du  monailère  de  Mazille  l'an  iicn 
Mon.tfterium  de  Majfdiis  cum  ecclefïis  de  viridi  prato  t 
de  Montoirant  de  Jairi ,  de  VendeneJJa  ,  Sec.  Il  y  a  appa-» 
rence  qu'il  n'y  avoit  pas  long-tems  qu'il  étoit  fondé ,  Se 
qu'il  n'eut  pas  d'autres  fondateurs  que  l'abbé  Se  les  re- 
ligieux de  S.  Germain. 

2.  MAZILLE  ,  du  diocèfe  de  Mâcon  ,  eft  fitué  fur  une 
montagne  à  une  lieue  de  Cluni  ;  la  rivière  dé  Grosnè 
y  palTe ,  Se  un  petit  ruiffeau  appelle  Repentv.  C'eit  en 
ce  village  qu'a  été  tenu  un  concile  rapporté  au  quatrième 
tome  des  anecdotes  de  D.  Marrene,  au  fujet  de  Nor- 
gaud  évèque  d'Autun.  Cette  affemblée  y  eit  intitulée  , 
Concilium  Maffilienft ,  tout  Amplement  ;  ce  qui  peut  faire 
croire  qu'il  fut  tenu  à  Marfeille  en  Provence ,  au  lieu 
qu'il  s'agit  d'un  village.  D'ailleurs  il  e/t  évident  que  la  cau- 
fe d'un  évéque  d'Autun  ne  pouvoir  pas  erre  discutée  hors 
de  fa  province. 

MAZIUS.  Kojvç.  Taurus  I. 

MAZNIMI  ou  Mazitani.  La  notice  des  évêchés 
dépendans  du  pàtriarchat  d'Antioche  fait  mention  de 
ce  fiége,  Se  le  met  fous  la  métropole  de  Théodofio- 
polis. 

MAZORANI,  peuples  de  l'Arie,  félon  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  17.  qui  les  place  aux  confins  de  la  Parrhie  Se  de 
la  Caramanie.  Les  interprètes  de  ce  géographe  ,  au  lieu 
de  MaZuOrani ,  lifent  Masdorani  ;  Se  c'ell  ainfi  appa- 
remment qu'il  faut  lire,  puisque  Ptolomée  .  /.  6.  c.  «. 
nomme  Mas dor anus  une  montagne  du  voifinage. 

MAZOURE.  Voyez.  Mansoure. 

MAZUA,  Matzua,  Massua,  ifle  d'Afrique  dans  la 

Tom.  IV.  X  i) 


164       MEA 

tner  Rouge  fur  la  côte  de  l'Abiflinie ,  à  une  lieue  au  nord 
d'Arkiko.  Elle  na  qu'un  demi-mille  de  longueur,  &  fa 
largeur  ne  furpalie  pas  la  portée  d'une  coleuvrine.  Elle 
eft  fort  plate.  Sa  fituation  eft  dans  un  enfoncement  de 
la  côte  allez  pioche  de  la  pointe  du  nord  oueft.  Le  ca- 
nal qui  la  fépare  du  continent  eft  fort  étroit.  Il  n'y  a 
point  de  fouice  d'eau  vive,  mais  les  citernes  n'y  man- 
quent pas.  L'air  y  elt  exceflivement  chaud  pendant  les 
mois  de  Mai  Se  Juin,  parce  qu'il  n'y  fait  aucun  venr. 
C'étoit  autrefois  la  rélldence  du  prince  de  Dalaca  ,  pour 
la  facilité  de  fon  commerce  avec  les  Abiflins  dont  il  ti- 
roit  beaucoup  d'or  ,  Se  d'y  voire.  Aujourd'hui  cette  ide 
appartient  au  Turc.  Ludutf,  1.  t.  n°  29.  Hifioire  gê- 
né/a' e  des  Voyages ,  t.  I, 

MAZUIANUS  rUNDUS.  Voyez.  Mazices.   . 

MAZULA.  Ptolomée  place  deux  villes  de  ce  nom 
<*ans  l'Afrique  propre  ;  l'une  fur  la  côte,  &  à  laquelle  il 
donne  le  titre  de  colonie  ,  /.  4.  c.  3.  l'autre  un  peu  dans 
les  terres ,  &  qu'il  appelle  la  vieille  Mazula.  Ses  inter- 
prètes lifent  Maxula  pour  M.iz.ula.  Ces  deux  villes  font 
auiîi  connues  dans  l'itinéraire  d'Antonin,  qui  les  nom- 
me Maxula,  Se  furnomme  Pra'.es  celle  qui  eft  fur  la 
côte.  Pline,  /.  29.  c.  25.  parle  auffi  de  Maxula,  colo- 
nie ;  Se  la  notice  épiscopale  d'Afrique  met  au  nombre 
des  évêques  de  la  province  proconfulaire  Carcadius 
Maxulitamis.  Cette  ville  étoitvoifine  de  Tunis. 

MAZULIPATAN.  Voyez.  Masulipatan. 

MAZYCI.  Voyez  Mazyes. 

MAZYES,  peuples  Nomades  de  la  Libye,  félon 
E  tienne  legéographe,  qui  nomme  d'autres  peuples  Maxyei 
6c  Machmes  ;  mais  tous  ces  noms  font  défigurés  ,  &  ne 
Signifient,  félon  les  apparences,  que  le  même  peuple, 
appelle  Mazyces  par  Ammien  Marcellin  ,  /.  29.  c.  25. 
&  jeq.  Mazyc'i  par  Euftathe,  in  Dionyf.  Se  Maùces^zx. 
Ptolomce  ,  qui  les  place  dans  la  Mauritanie  Céfarien- 
fe  ,  au- défions  du  mont  Zalacusj  &  audeiTus  des  peu- 
ples Banturari. 

M  E 

MEACOou  Miaco,  ville  impériale  du  Japon  dans 
l'ifie  ou  presqu'ifie  de  Niphon.  Ce  nom  en  Japonnois  ne 
lignifie  que  ville,  Se  on  le  donne  par  excellence  à  Mea- 
co  ,  comme  les  Romains  défignoient  Rome  par  le  mot 
XIrbs.  Cet!  la  demeure  du  Dairi  ou  empereur ,  auquel 
les  ufurpateurs  de  fa  puiflance  ont  laide  une  ombre  d'au- 
torité   pontificale  Se  religieufe   pour  le  confoler  de  la 
véritable  qu'ils  lui  enlevoienr.  Sur  ce  pied,  elle  eft  re- 
gardée comme  la  capitale  de  l'empire,  File  eft  fitnéc  dans 
la  province  de  Jamatto,  dans  une  affez  grande  plaine.  Sa 
longueur  du  nord  au  fud  ,  elt  de  rrois  grands  quarts  de 
mille  d'Allemagne ,  &  elle  a  un  demi-mille  de  largeur 
de   l'eft  à  l'otieit.   Elle  ell   entourée  d'agréables   colli- 
nes Se  de  montagnes  arrofées  d'un  grand  nombre  de  pe- 
tites rivières  Se  de  fontaines  charmantes.  La  ville  appro- 
che de  la  montagne  du  côté  de  l'eft ,  &  on  y  voit  fur 
fon  penchant  un  grand  nombre  de  temples ,  de  mona- 
stères ,  de   chapelles  &  d'autres  bâtimens  religieux  ,  fi 
l'on  peut  donner  fans   profanation  ces  noms  à  des  édi- 
fices confacrés  à  un  culte  impie  &  idolâtre.  Trois  riviè- 
res qui  ont  peu  de  profondeur  entrent  dans  la  ville  du 
même  'côté;  la   plus  grande  fort  du   lac  d'Oitz  ;  les 
deux  autres  descendent  des  montagnes  voifines ,  Se  tou- 
tes trois  fe  réunifient  en  une  feule  au  cœur  de  la  vil- 
le, où  il  y  a  un  grand  pont  de  deux  cens  pas  de  lon- 
gueur ,  nommé  Sensjonojas ,  qui  les  traverfe.  Là  toutes 
ces  eaux  ramafiees  coulent  vers  l'oueft.  Le  dairi  avec  fa 
maifon  Se  fa  cour  demeure  au  nord  de  la  ville  dans  un 
quartier  fépaté  du  refte  par  des  murs  Se  des  foffés ,  Se 
qui  confifte  en  douze  ou  treize  rues.  Au  côté  occiden- 
tal de  la  ville  ,  il  y  a  un  château  fortifié  qui  fut  bâti  par 
un  des  dairis  pour  la  fureté  de  fa  perfonne  durant  les 
guerres  civiles.  11  fert  maintenant  à  loger  le  cubo  ou  em- 
pereur, lorsqu'il  vient  vifiter  le  dairi.  Il  a  dans  fa  plus 
grande  longueur  cent  cinquante  kins  ou    brades.  Il  eft 
entouré  d'un  profond  fodé  rempli  d'eau  ,  5c  revêtu  d'un 
mur.  On  y  rient  des  carpes  délicieufes.  Ce  fodé  eft  en- 
core entouré  d'un  fodé  fec.  Ce  château  eft  gardé  par  une 
petite  garnifon  que  commande  un  capitaine 
Les  rues  de  la  ville  font  étroites,  mais  régulières ,  les 


MEA 


unes  allant  au  fud,  les  autres  à  l'eft  :  qvand  on  eft  au  bout 
d'une  grande  rue  ,  il  eft  impoilible  d'en  voir  le  bout  op- 
pofé  à  caufe  de  fa  longueur ,  de  la  foule  du  peuple  ÔC 
de  la  poufliere  qui  s'y  élevé»  Les  maifons  font  étroites, 
à  deux  étages  feulement ,  bâties  de  bois  ,  de  chaux  Se 
d'argille  à  la  manière  du  pays ,  les  toits  en  l'ont  cou- 
vetts  de  bardeau  :  au  haut  des  maifons  il  y  a  toujours 
une  auge  pleine  d'eau  avec  les  inllrumens  nécefiaires 
pour  éteindre  le  feu. 

Méaco  eft  le  grand  magafin  de  toutes  les  manufaétu- 
res  du  Japon,  Se  de  toutes  fortes  de  marchandifes.  C'cft 
la  principale  ville  decommeice  de  l'empire.  A  peine  y 
a-t-il  une  maifon  où  il  n'y  ait  quelque  choie  à  vendre 
ou  à  acheter.  C'elt-la  que  l'on  affine  le  cuivre  ,  que  l'on 
bat  monnoie,que  l'on  imprime  des  livres,  Se  que  l'on 
fabrique  les  plus  riches  étoffes  à  fleurs  d  or  Se  d'argent. 
Les  meilleures  Se  les  plus  chères  teintures ,  les  cilelures 
les  plus  exquifes,  toutes  fortes  d'inltrumensde  mulique, 
de  peintures  ,  de  cabinets  vernidés ,  toutes  fortes  d'ouvra- 
ges en  or  Se  en  autres  métaux  ,  furtout  en  acier ,  fe  font 
à  Méaco  dans  la  dernière  perfection ,  de  même  que  les  plus 
riches  habits  Se  parures  du  meilleur  goût  ;  routes  fortes  de 
bijouteries ,  de  petites  poitures  qui  remuent  la  tête  ,  Se 
une  infinité  d'autres  chofes  qu'il  feroit  trop  long  de  rap- 
porter. On  ne  fauroir  rien  fouhaiter  qu'on  ne  trouve  dans 
cette  ville,  &  on  n'y  transporte  des  pays  étrangers  rien 
que  les  habitans  n'entreprennent  d'imiter.  Il  ne  pade  pres- 
que perfonne  à  Méaco  fans  y  acheter  quelque  choie  de 
ce  qui  s'y  fabrique,  foit  pour  fon  propre  ufagé,  kit  pour 
en  faire  des  préfens. 

On  jugera  de  la  quantité  des  habirans  de  cette  ville  par 
le  dénombrement  qui  fe  fit  en  167;.  Le  nombre  des  per-« 
fonnes  y  cft  diftingué  par  religions. 

Il  fe  trouva  dans  les  mille  huit  cens  cinquante  rues, 
dont  la  ville  eft  compofée , 

Perfonnes. 

De  la  religion  TenDai,  J050. 

De  la  feéte  de  Singon,  ÎO070. 

De  celle  de  Fod'o  ,  J402. 

De  celle  de  Sen  ,  iicio". 

De  celle  de  Seodo,  122044. 

De  celle  de  Rit,  99  ii. 

De  Jocke ,  81586. 

De  Nis  Fonguans,  41586. 

De  Figas  Fonguans  ,  80 1 1 2. 

De  Takata  Monto  ,  7405. 

DeBukwoo,  8306. 

De  Dainembuds ,  1 1  c8o. 

De  Jammabos ,  ^°73» 

en  tout  40 5 6*4 3.' 
Dont  les  hommes  ou  garçons  fe  montoient    à  1 8207. 
Les  femmes  &  les  filles  3223572. 

On  ne  comprend  point  dans  cette  lide  ceux  qui  for- 
ment la  cour  du  dairo  ,  ni  les  prêtres  ni  les  perfonnes  reti- 
rées du  monde.  Perfonnes. 
Un  autre  dénombrement  (/)  produit  à  Méaco,  477557. 
Les  prêtres  Se  les  gens  retires  du  monde ,  5  2 1 69. 

en  tout  529726. 

Sans  y  comprendre  une  multitude  innombrable  d'étran- 
gers qui  s'y  rendent  de  toutes  les  parties  de  l'empire  ,  Se 
fans  compter  la  cour  du  dairo  ,  qui  eft  très  nombreufe  ,  Se 
occupe  une  efpéce  de  ville  à  part.  On  peut  voir  dans  l'au- 
teur cité  le  dénombrement  des  temples  Se  la  defeription  de 
quelques-uns.  Le  préfident  de  jullice  qui  réfide  à  Méaco , 
a  beaucoup  de  pouvoir  Se  d'autorité.  Il  a  immédiatement 
fous  l'empereur  le  commandement  fouverain  fur  tous  les 
bugios,les  gouverneurs,  les  intendans  &  les  autres  offi- 
ciers qui  ont  quelque  part  au  gouvernement  des  villes  im- 
périales, des  terres  de  la  couronne,&  des  domaines  du  fou- 
verain dans  toutes  les  provinces  occidentales  de  l'empire. 
Les  princes  même  du  côté  de  l'occident  dépendent  de  lui 
en  quelque  manière.  Il  eft  le  médiateur  Se  l'arbitre  de 
tous  les  différends  Se  procès  qui  peuvent  furvenir  entre 
eux.  Perfonne  n'a  la  permidion  de  pader  par  Array  cV  par 
Fakone  ,  deux  àes  plus  imporrans  pafl.-ges  ,  Se  en  quelque 
façon  les  clefs  de  la  capitale  Se  de  la  cour ,  fans  avoir  un 
padeport  figné  de  fa  main.  Le  P.  Kicioïi,  geogr.  referm. 
/,  9.  y,  40 1.  donne  une  double  pofltion  de  cette  ville, 


MEA 


MEA 


6? 


favoir,  Latitude.  Longitude. 

3;d.  4J  m.  If6d.  24m. 

ou  36        o  IJ7      23 

(  a  )  Kaempfer,  1.  2.  c  ;.  t.  I.  p.  171.  (  b  )  Ibid.  tom.   i. 

pag.  198. 

MEAILLES ,  paroifle  de  Fiance  dans  la  Provence  , 
diocèfe  de  Glandève.  II  y  a  dans  fon  territoire  une  belle 
forêt  de  fapins ,  qui  fervent  pour  faire  les  mâts  de 
vaifleaux. 

MEANCE  ,  (La)  petite  rivière  de  France  dans  la  Bas- 
fe-Normandie.  Èllearrofe  le  bourg  d'Argences  Se  le  terri- 
toire de  l'abbaye  des  grands  Bénédictins  de  Troarn ,  fé- 
pare  le  diocèfe  deSeez  de  celui  de  Bayeux,  Se  tombe  dans 
la  Dive  ,  trois  lieues  au-deffus  de  fon  embouchure  dans  la 
mer.  *  Cor».  DiéL  Mém.  drejfés  furies  Lieux» 

1.  MEANDRE ,  (  Le  )  en  latin  Maander,  rivière  d'A- 
fic  dans  l'Ionie ,  fameufe  par  la  quantité  détours  Se  de 
détours  qu'elle  fait  avant    d'arriver  à  fon  embouchure. 
Le  nom  moderne  eft  le  Madré;  Se  c'eft  ainfi  qu'elle  cft 
appellée  dans  plnfieurs  voyages  du  Levant.  Mais  dans  les 
traductions  des  anciens  ouvrages ,  on  dit  le  Méandre.  Elle 
eft  étroite,  mais  profonde.  Tite-Live,  /.  38.  c.  13.  dit: 
Le  Méandre  fort  de  la  haute  fonereffe  de  Celénes ,  tra- 
verfe  la  ville  par  le  milieu ,  coule  d'abord  dans  la  Carie  , 
puis  dans  l'Ionie,  Se  Ce  perd  dans  un  golfe  entre  Priéne 
Se  Milet.  Pline,/.  5.  c.  29.  en  parle  ainfi  :  Le  Méandre 
fort  d'un  lac  fur  la  montagne  d'Aulocréne  ,  baigne  quan- 
tité de  villes,  fe    charge    de    beaucoup    d'autres  riviè- 
res ,  Se  fait  tant  de  détours  dans  fa  courfe ,  qu'il  femble 
remonter  vers  le  pays  d'où  il  vient.  Il  circule  premièrement 
dansl'  Apamée  ,  dans  l'Euménitique ,  puis  dans  les  champs 
Bargylétiques,  enfin  entre  paifiblement  dans  la  Carie  j 
Se  ,  arrofanr  toutes  ces  campagnes  d'un  limon  qui  y  porte 
Ja  fertilité  ,  fe  jette  dans  la  mer  à  dix  ftades  de  Milet.  J'ai 
rapporté  au  mot  Labyrinthe  2;  la  deferiprion  qu'en  fait 
Ovide  en  comparant  cette   rivière  avec  le  labyrinthe  de 
Crète  ',  j'y  ai  joint  la  traduction  que  Thomas  Corneille 
en  a  fait ,  Hcrcul.  furent,  v.  683.  Sénéque  parle  ainfi  du 
Méandre. 

Çhialis  incerta  vagut 
Meander  unda  ludït  &  ceditfibi , 
Jnfiatque  ;  dubius  littus  an  fontem  petit* 

Perrault  dans  fon  po'éme  intitulé  :  Lefiécle  de  L0111S  le 
Grand,  dit  à  1  occafion  de  la  circulation  du  fang, 

L'homme  de  mille  erreurs  autrefois  prévenu, 
Et,  malgré  fon  favoir,  à  foi-même  inconnu  > 
Ignoroit  en  repos  jusqu'aux  routes  certaines 
Du  Méandre  vivant  qui  coule  dans  fes  veines. 

Plutarque  dans  fon  livre  des  rivières,  p.  31.  édit.  1. 
Maujfac.  dit  que  le  Méandre  s'appelloit  anciennement 
Anabaenon  ,  c'eft-à-dire  qui  retourne  fur  fes  pas.  C'eft , 
dit-il ,  le  feul  de  tous  les  fleuves ,  qui,  de  fa  fource,  revient 
vers  les  lieux  d'où  il  eft  parti.  (  Le  Méandre  n'eit  pas  le 
feul. )  Il  a  été  ainfi  nommé,  pourfuit  cet  auteur,  à  caufe 
de  Méandre  fils  de  Cercaphus ,  Se  d'Anaxibie  ,  qui,  durant 
uaie  guerre  contre  la  ville  de  Peiïinunte,  promit  à  la  mère 
des  dieux  que  ,  s'il  remportoit  la  victoire ,  il  lui  facrifie- 
roit  la  première  peribnne  qui  viendroit  le  féliciter.  Le  ha- 
zard  voulut  qu'à  fon  recour  les  premières  perfonnes  qui  fe 
préfentent  à  lui ,  furent  Archeiaiis  fon  fils ,  fa  feeur  Se  fa 
mère.  Malgré  les  liens  du  fang  il  voulut  les  faire  immoler  , 
&  enfuite,  agité  de  troubles  ck.  accablé  de  douleur,  il  fe 
précipita  lui-même  dans  l'Anabamon  ,  qui  fut  enfuite  ap- 
pelle Méandre  à  caufe  de  lui.  C'eft  ainfi  que  Timolaiis  ra- 
conte le  fait  au  dixième  livre  des  affaires  de  Phrygie.  Aga- 
tocle  le  Samien  en  parle  aufii  dans  fa  république  de  Pes- 
finunte.  Mais  Demoftrate  d'Apamée ,  dit  que  Méandre 
ayant  été  choifi  de  nouveau  général  ,  dans  la  guerre  con- 
tre la  ville  de  Pelfmunte  ,  Se  ayant  vaincu  contre  fon  at- 
tente, il  partagea  aux  foklats  les  offrandes  confacrees  à  la 
mère  des  dieux  La  deeffe  permit  qu'il  perdit  l'esprit ,  Se 
que  dans  un  accès  de  fa  manie  ,  il  tuât  fa  femme  Se  fon 
fils.  Etant  revenu  en  fon  bon  fens  ,  il  fe  jetta  dans  la  ri- 
vière qui  en  prit  fon  nom. 

i°.  Il  n'eft  pas  vrai  que  le  Méandre  foit  le  feul  qui  ait 
des  finuofités  dans  fon  cours,  Tournefort ,  Voyage  du  Le- 


vant ,  lett.  22.  t.  2.  p.  202.  dit  qu'il  s'en  faut  bien  que  tes 
concours  du  Méandre  approchent  de  ceux  que  la  Seine 
fait  au-dcfi'ous  de  Paris. 

20.  Le  vœu  imprudent  de  Jephté  a  fervi  de  modèle  à 
un  grand  nombre  d'événemens  qui  lui  reffemblent  ;  le  mê- 
me fait  elt  attribué  a  Idomcnée  Se  à  bien  d'autres ,  à 
quelques  circonnances  près. 

j°.  La  manière  (impie  dont  Demoftrate  d'Apamée  ra- 
conte le  fait,  eft  plus  vrailèmblable.  Sans  attribuer  au- 
cune divinité  à  la  mère  des  dieux,  on  peut  due  que  le 
préjugé  où  étoit  Méandre* &  tout  le  peuple  à  cet  égard, 
fuftifoit  pour  le  jetter  dans  de  violens  rémois ,  après  une 
action  qui  étoit  un  véritable  iacrilége  dans  un  païen. 

2.  MEANDRE  (Le),  montagne  de  l'Inde  au  delà  dix 
Gange  ,  en  latin  M^candrus.  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  2.  y  mec 
la  fource  de  toutes  les  rivières  qui  couloicnt  entre  le 
Gange  Se  la  Bifynga. 

MEANVARORUM  PROVINCIA.  Bede  nomme 
ainfi  un  canton  de  l'Angleterre  au  pays  des  Saxons  occi- 
dentaux. *  Ortelii  Thefaur. 

MEAO  ,  petite  ifle  de  la  mer  des  Indes,  entre  les  Molu- 
ques  au  couchant  de  Ternate.  Elle  a  un  bun  havre  où  les 
habitans  de  Mindanao  avoient  accoutumé  de  demeurer  à 
l'ancre  pour  être  à  couvert  de  l'attaque  des  Portugais.  C  eft 
dans  cette  ifle  que  le  roi  de  Ternate  fait  conftruire  fes  ca- 
racoles Se  préparer  tout  pour  leur  armement.  11  croît 
dans  cette  ifle  du  clou  de  gérofle.  *  Voyages  de  la  compa- 
gnie Mail  mdoife  ,  r.  1.  p.  j  1  9. 

MEARTA ,  grande  ville  d'Afie  dans  l'Indouftan  au 
pays  des  Hendous  ,  félon  Daviry  ,  Afie. 

MEARUS.  Voyez.  Meta  rus. 

MEAT./E.  Voyct.  M/£at,«. 

MEATH  ,  pays  d'Irlande.  On  le  diftingue  en  deux 
parties,  l'une  orientale  ,  nommée  East  Miath  ,  l'autre 
occidentale,  nommée  Ouest-Meath.  Voyz.  la  première. 

ME  AUX  (a),  ville  de  France  capirale  de  la  Brie, 
avec  évêché  fuffagrant  de  l'archevêché  de  Pans,  a  411a- 
tre  lieues  de  Jouarre,  à  quatre  de  Colommiers  Se  de  Faie- 
moutiers ,  a  lèpt  de  Rofay  ,  à  huit  de  Scnlis  ,  Se  à  dix  de 
Paris.  L'ancien  nom  latin  eft  Jatinum,  que  Ptolomée 
place  fous  le  peuple  Meld^ï.  Elle  a  eu  le  fort  de  quan- 
tité d  autres  anciennes  villes  qui  ont  quitté  leur  vrai  nom 
pour  prendre  celui  de  leur  peuple  On  a  dit  avec  le  ;ems 
Meldarum  ou  Meldorum  Uras ,  Se  enfin  Melli  ou 
MELr.i£.  Les  peuples  Melda  otf  Mddi ,  comme  le  re- 
marque de  Longi.enie,  Defcrip.  de  la  France  ,  ptrt.  1. 
p.  3J.  ne  font  point  marqués  dans  les  commentaires  de 
Céfar.  Le  premier  qui  en  ait  fait  mention  eft  Pline  ,  /.  4» 
c.  18.  il  les  nom.ne  Mêlai  Liberi.  Le  territoire  de  Meaux 
qui  eft  au  nord  de  la  Marne,  étoit  anciennement  delà 
Belgique.  Après  Augufte  il  fut  attribué  a  la  Gaule  Celti- 
que ou  Lyonnoife  ,  Se  lorsque  la  Lyonnoife  fut  divifee  en 
provinces,  Meaux  fut  attribué  à  la  quatrième  ou  a  la 
province  de  Sens,  qui  a  été  la  métropole  de  Meaux  jus- 
qu'à la  fin  de  l'an  1622.  que  Paris  fut  érigé  en  métropole. 
Meaux  aconfervé  fon  nom  Meldi  jusqu'au  IXmc  fiécle 
ou  environ.  C'eft  dans  ce  tems-là  qu'on  le  voir  corrom- 
pu en  MilitijC  ou  Meletium  ,  Se  le  pays  des  environs 
appelle  Melecianus  pagus,&  en  françois  le  Mulcif.n. 
Je  ne  fais  dans  quelle  miférable  édirion  de  Ptolomée , 
Baugier  auteur  des  mémoires  de  Champagne,  t.  i.p.  363. 
a  trouvé  que  le  pays  de  Meaux  cft  appellée  Latium  Met* 
dorum  par  allufion  aux  environs  de  Rome  On  aura  pris 
fans  doute  Patinum  pour  Latium.  Ce  qu'il  dit  enfuite  eft 
plus  vrai.  Cette  ville  étoit  en  grande  confidéra-ion  fous 
la  première  race  des  rois  de  Fiance.  Grégoire  de  Tours 
dit  que  Ch.lpericy  ayant  fait  empiifonner  la  reine  Bru- 
nehault  commanda  qu'on  y  tînt  (es  filles  prifonnieres.  Les 
premiers  comtes  de  Champagne  fe  qualifioient  comtes 
de  Troyes  Se  de  Meaux.  Elle  fut  la  première  ville  de 
France  où  les  Proteftans  commencèrent  a  piécher  Cette 
ville  a  beaucoup  fourlerr  en  divers  rems  à  caufe  des  guer- 
res de  religion.  Meaux  (  b  )  a  toujours  dépendu  du  royau- 
me de  Neuftne.  Hcribet  de  Vermandois  s'en  renHir  pro- 
priétaire dans  le  Xmc  ficelé  Se  fut  enfuite  comte  de  Troyes. 
Les  deux  comtés  futent  depuis  unis  jusqu'au  rems  de  la 
reine  Jeanne  qui  les  apporta  en  mariage  à  Philippc-le- 
Bel.  Les  anciens  comres  de  Champagne  eftimoient  tant 
le  comté  de  Meaux  ,  que  quelques-uns  en  ont  préféré  le 
titre  à  celui  de  comte  de  Troyes.  («)  Mémoires  drejjés 


66 


MEC 


ï 

fur  les  lieux  en  1706.  (b)  Longuerue  ,  Defc.  de  la  Fran- 
ce, pan.  i.p.  35-  .       À         ■ 

Elle  eft  fuuée  fur  la  rivière  de  Marne  qui  la  divife  en 
ville  Se  en  marché.  La   ville  paroît  très  ancienne  dans 
j'ai  rangement  de  fes  mes  qui  font  fort  étroites.  L'églife 
cathédrale  ,  dédiée  à  faint  Etienne,  eft  magnifique  dans 
fes  ornemcns  Se  dans  fa  ftructure.  Le  chœur  Se  le  fan- 
ctuaire   paffent    pour    un   chef-d'œuvre    d'architecture , 
fur-tout  depuis  que  le  cardinal  de  Biffy  y  a  fait  ajouter 
de   riches  omemens.  On  voit  auffi  a  1  entrée  du  chœur 
deux  chapelles  qui  méritent  l'attention  des  curieux    par 
leur  propreté  &  leur  bon  goût ,  Se  qui  ont  été  bâties 
par  cette  éminence.  Du  côté  de  l'épitre  du  maître  au- 
tel, e(t  une  haute  colomne  de  marbre  qui   porte  dans 
une    coupe  le  cœur  de  Louis  de  l'Hôpital.  Cet  édifice 
paflbit  pour  un  ouvrage  achevé  avant  que  les  Anglois 
euffent  ruiné  l'une  de  fes  rours.  Celle  qui  elt  demeurée 
en  fon  entier  eft  admirable  dans  fa  grofietir,  dans  fa  hau- 
teur &  dans  lesminiatures  dont  on  l'avoit  embellie.  Le 
chapitre  de  cette  églife  ,qui  compte  faint  Saintin  Se  faint 
Feron  parmi  fes  évêques ,  elt  compofé  d'un  doyen ,  d'un 
grand  archidiacre  ,  d'un  chantre,    d'un  thréforier ,  d'un 
chancelier  ,    de   l'archidiacre    de     Brie    Se    de   trente- 
huit    chanoines.    Le  diocèfe  a  ijo  paroiffes  partagées 
en  dix  doyennés ,  cinq  dépendent  du  grand  archidiacre 
&  cinq  de  celui  de  Brie,  11  y  a  fept  à  huit  paroiffes  qui 
relèvent  du  chapitre  ,  Se  quatre  qui  dépendent  immédia- 
tement de  l'éveque  Se  qu'on  appelle  les  filles  de  l'évcché. 
Il  comprend   quatre  abbayes    d'hommes  qui  font  faint 
Faron  de  Meaux  ,  Se  Rebais  ordre  de  faint  Benoît ,  No- 
tre-Dame du  Change  ,  ordre  de  faint  Auguftin  ,  Se  Cham- 
bre Fontaine  ,  ordre  de  Prémontré.  On  y  trouve  autant 
d'abbayes  de  filles  ;  Jouarre ,  Faremout'urs  ,  Notre-Da- 
me du  Marché  àt  Meaux  ,  tous  trois  de  l'ordre  de  faint 
Benoît ,  Se  le  Pont  aux  Dames  de  l'oidre  de  Citeaux.  La 
place  qui  environne  l'éghfe  de  faint  Etienne ,  n'eft  pas 
grande  -,  elle  eft  traverfée  par  une  rue  large  qui  s'étend 
d'un  bout  à  l'autre  de  la  ville.  Le  palais  épiscopal  eft 
remarquable  par  fa  belle  cour  Se   par  fon  escalier  fans 
dégrés,  en  forte  qu'un  cheval  chargé pourroit  y  monter 
facilement,  Le  pavé  en  eft  de  briques.  La  rue  du  pont 
joint  cette  partie  de  Meaux  à  celle  du  Marché;  on  la 
paffe  pour  aller   à  l'abbaye  de  Notre-Dame ,  Se  ,  plus 
avant ,  eft  L'églife  collégiale  de  faint  Saintin  ,  qui  eft  auffi 
parcilîïale.    Cette    églife    de    faint  Saintin  eft    proche 
de    la  porte    de  la  ville  ,    où  il  y   a   un  canal  ,  pour 
paffer  les  bateaux  que  l'on  fait  descendre  par  le  moyen 
des  écluies  qui  retiennent  l'eau  de  la  rivière  de  Marne. 
On  voit  dans  le  marché  quelques-unes  de  leurs  bombes 
qui  font  d'une  groffeur  furprenante.  Le  pont  qui  joint 
les  deux    parties  de  la  ville  enfemble  ,  eft  de  pierres , 
&   celui  des  moulins  qui   en  eft  proche,  n'eft  que  de 
bois.  Il  y  a  dans  cette  ville  un  bailliage  ,  fiége  préfidial , 
maréchauffée ,  élection  Se  grenier  à  fel  ;  elle  a  titre  de 
comté  Se  un  affez  grand  nombre  d'habitans.  La  paroiffe 
nommée  Change  elt  deffervie  par  une  communauté  de 
chanoines  réguliers  de  faint  Auguftin  .  de  la  congréga- 
tion de  fainte  Geneviève  :  on  y  voit  encore  les  monaftè- 
res  des  religieux  de  la  fainte  Trinité  ,  des  Cordeliers  Se 
des  Capucins.  Les  Carmes  déchauffés  font   hors  de  la 
ville  qui  a  trois  fauxbourgs.  L'abbaye  royale  de  Notre- 
Dame  eft  poffédée  par  les  chanoineffes  régulières  de  S. 
Auguftin.  Il  y  a  auffi  un  prieuré  perpétuel  de  Bénédicti- 
nes dans  le  fauxbourg  faint  Nicolas,  un  monaïtere  de 
religieufes  de  la  Vifitation,   un  d'Urfulines ,  un  hôtel- 
dieu  deffervi  par  des  religieufes  de  l'ordre  de  S.  Augu- 
ftin Se  un  hôpital  général. 

Le  territoire  de  Meaux  produit  des  bleds  ,  des  vins  ; 
il  y  a  des  prairies  où  l'on  nourrit  du  gros  Se  du  menu  bé- 
tail. On  apporte  à  fon  marché  tous  les  mercredis  Se  les 
famedis  d'excellens  fromages  de  Brie.  Il  y  a  un  gros  mar- 
ché franc  tous  les  premiers  famedis  de  chaque  mois.  A 
deux  lieues  de  cette  ville  ,  on  voit  fur  la  Marne  la  belle 
maifon  de  plaifance  de  l'évêque ,  accompaenée  de  beaux 
jardins,  avec  une  rerraffequieft  un  affez  grand  ouvrage; 
on  la  nomme  Germigni.  Voyez.  Germigni  I.  *  Mémoi- 
res drejjés  fur  les  lieux. 

MECCIOCO,  place  de  l'Amérique  feptentrionale 
dans  la  nouvelle  Espagne  au  pays  du  Mexique  ;  elle 
eft  bien  peuplée  par  les  Espagnols. 


MEC 


Cet  article  eft  de  M.  Baudrand ,  Se  fe  trouve  dans 
les  deux  éditions ,  la  latine  &  la  françoife. 

MECE1  ,  ancien  peuple  des  Indes  auprès  de  l'Indus, 
félon    Arrien  ,  in  indicu.  Quelques  exemplaires  au  lieu 
de  Mecei  lifent  Ce  cet  y.m.îoi  Se  non  pas  Muet». 
MECELLA.  Voyez,  l'article  fuivant. 
MECELLAT,  province  d  Afrique  fur  la  côte  de  In 
Méditerranée  ,  à  douze  lieues  de  Tripoli  vers  l'orient. 
Les  anciens  lui  donnoient  le  nom  de  grande  Syrte , 
Se  les  Arabes    l'appellent  Ceyrat    el    quivir   » 
félon  Marmol ,  Afrique  ,  l.  6.  c.  54    t.   1.  p.  572.  Il 
ajoute  :  Ptolomée  en  nomme   la  principale    habitation 
caium  Macula    (  il  fe  trompe  ,  le  grec  porte  , 
/•  4.   C\  5.  en    un   feul    mot    Calumacula    ou 
Macuma  ,  félon  les  dirïérens  exemplaues  Ku? a/j,àxi ,\x 
ou  MctK^fAa  ,  Se  la  verfion  latine  Ca  lumacumaca 
villa,  Se  il  y  a  bien    de  l'apparence  que  c'eft    la 
Macomada  d'Antonin.  )  Marmol  pourfuit  en  par- 
lant de  Ptolomée  :  Il  la  met  à  43  dcg.  de    longit.  & 
à  30  deg.  45  min.   de  latit.  (  Ptolomée  dit  43  deg.  30 
min.  de  lcngit.  )  Marmol  fuppofe  que  c'éroit  une  ville. 
L'interprète   n'en  fait  qu'un   viliage  ,  comme  on  vient 
de  voir.  Cette  ville,  dit    le    géographe  modeine  ,    fe 
nomme    prefentement    Me  ce  l  la.   Elle  eft  des    dé- 
pendances de  Tripoli  ,  Se  relevé  du  royaume  de  Tunis  , 
quoique  plufieius   fois  fur  le  déclin  des  rois  de  Tunis 
elle  ait  vécu  en  liberté.  Ce  font  gens  riches  qui  abon- 
dent en  dattes  Se  en  huile  ,  Se  qui  ont  trois  villes  bien 
peuplées  ;  fçavoir ,  Lard,  Cédic  &  Eufrata, 
autrefois  AJpis  ,  St<cuz.ama  Se  Pyrgos  ,  où  il  y  a  plus 
de  flx  mille  combattans  ,  y  compris  les  habitations  des 
montagnes  ;  elles  étoient  fous  l'autorité  d'un  cheilc  ar- 
bitre de  la  paix  Se  de  la  guerre ,  mais  aujourd'hui  elles 
font  fujettes  au  Turc.  Quand  on  a  paffé  la  dernière  de 
ces  places  Eufrata  ,  on  trouve  fur  la  côte  Sibaque  que 
les  anciens   nommoient  autrement ,  Se  enfui  te  File- 
n  es  qu'on  appelle  aujourd'hui  Nain,  où  les  Cartha- 
ginois faifoient    des  folemnités    au  fépulcre   des   deux 
fteres  Philènes.  Toute  cette  côte  eft  fort  peuplée  d'A- 
rabes &    de    Bercberes;  Se,  au-dedans  du  pays ,  il  y  a 
plufieurs  habitations  fur  la  frontière  de  la  Numidie  Se 
de  la  Gétulie. 

Cette  province  tire  fans  doute  fon  nom  de  la  ville 
de  Mecella  ,  que  Baudrand  nomme'  Mecellata 
port  de  Barbarie  au  royaume  de  Tripoli  ,  fur  la  côte 
de  la  mer  Méditerranée  près  des  Seiches  de  Barbarie  Se 
à  deux  cens  mille  pas  de  Lebeda  vers  l'orient.  C'étoit , 
dit-il ,  anciennement  une  petite  ville  ,  maintenant  ce 
n'eft  qu'un  village.  Elle  eft  donc  retournée  à  fa  première 
condition.  Village  du  tems  de  Ptolomée  ,  village  dit 
tems  de  Baudrand  ,  elle  n'a  pas  laiffé  autrefois  d'ê- 
tre le  fiége  d'un  évêché  ,  comme  je  le  remarque  à  l'ar- 
ticle Macomada. 

MECELLATA.  Voyez,  l'article  précédent. 
MECHELLA   ou  Mequella.   Corneille    mer   une 
ville  de  ce  nom  dans  la  baffe  Egypte  fur  le  Nil  Se  ne 
cite  perfonne.  Voyez,  Mequela. 

MECHED,  Metghed  ,  ou  Meszat,  ville  de  Perfe 
dans  la  province  de  Corafan.  voyez.  Mesched. 

MECHELEN  ,  nom  flamand  ,  de  la  ville  de  Mali- 
nes.  Voyez,  ce  mot. 

Ce  nom  vient  de  l'ancien  verbe  Mechelfn  ,  Ma- 
chelen  ,  Machlen  ,  Mechlen  ou  Mecklen  ,  qui 
veut  dite,  trafiquer,  commercer.  Le  mot  hollandois 
Makelaar,  un  courtier,  vient  de  cette  ancienne  ori- 
gine. Malines  a  été  nommée  Mechlen  ou  MechtUn  à 
caufe  de  fon  grand  commerce.  C'eft  pour  la  même  rai- 
fon  que  la  capirale  des  Obotrires  s'appelloit  MeciOlen- 
bourg  ,  nom  qu'elle  a  donné  au  pays  où  elle  étoit. 

MECHEMETON  ,  nation  errante  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale dans  la  nouvelle  Fiance  ,  c'eft  l'une  de  celles 
des  Sioux  de  l'oueft  dans  la  Louifiane  feptentrionale. 
Cette  nation  roule  le  long  d'une  rivière  affez  confidé- 
rable ,  qui  fe  jette  à  la  bande  de  l'oueft  du  fleuve  Mis- 
fiffipi ,  après  un  cours  de  trente  à  trente-cinq  lieues  i 
ces  peuples  s'occupent  à  la  culture  des  terres  ;  ils  ont 
beaucoup  de  fruits  Se  changent  fouvent  de  demeure. 

MECHET  ,  bourg   de  France  ,  dans  la  Saintonge  ; 
diocèfe  &  élection  de  Saintes. 
MECHISTA.  Voyez.  Mkstleta. 


MEC 


MEC 


MECHLESSUS  ,  ville  de  la  Colchide,  félon  Ptolomée , 
l.$.c.  \  3.  Il  la  place  dans  les  ferres. 

MECHLINIA ,  nom  latin  de  Malines. 
1.  MECHOACAN  ,  province  de  la  Nouvelle  Es- 
pagne dans  l'Amérique  feptentrionale.  C'eft  la  troifiéme 
des  quatre  provinces  qui  compofent  le  Mexique  pro- 
pre. Elle  a  quatre-vingt  lieues  de  tour.  C'eft  un  pays 
qui  abonde  en  routes  les  chofes  néceflaires  à  la  vie-. 
Il  y  a  grand  nombre  de  mûriers  ,  quantité  de  foie  ,  de 
miel ,  de  cire  ,  d'ambre  noir  ;  il  y  a  d'excellens  poifl'ons 
en  abondance  :  c'eft  de  -  là  qu'elle  tire  fon  nom  de 
Mechoacan  qui  lignifie  une  pêcherie  ou  un  lieu  pro- 
pre à  pêcher  du  poijfon.  Le  langage  de  fes  habitans  na- 
turels eft  élégant  6c  abondant  en  termes  propres.  Ils 
font  grands  ,  bienfaits  ,  robuftes ,  agitons  ,  6c  pleins 
d'efprit ,  comme  on  peut  le  voir  par  leurs  ouvrages  ; 
furtout  par  ceux  de  plumes  ,  qui  font  fi  beaux  .  qu'on 
les  met  au  rang  des  plus  riches  préfens  qu'on  fait  au 
roi  6c  aux  plus  grands  feigneurs  d'Efpagne. 

Sa  principale  ville  eft  Valladolid  ,  où  il  y  a  un 
évêché  ;  Sinsonse  >  où  les  rois  du  pays  faifoient  autre- 
fois leur  demeure.  Pascuaro  6c  Colima  font  de  grands 
bourgs  peuplés  d'Indiens  Se  d'Espagnols. 

H  y  a  aufii  deux  bons  ports,  l'un  nommé  S.  Antoi- 
ne ,  l'autre  Sant  Jago  ou  S.  Jacques.  Avant  l'arrivée 
des  Espagnols ,  le  pays  avoit  fon  roi  particulier  dont 
les  états  étoient  presque  aufli  étendus  que  ceux  de  l'em- 
pereur du  Mexique.  De-là  vient  qu'au  lieu  de  quatre- 
vingt  lieues  de  tour  que  Gage  lui  donne  en  l'état  préfent, 
de  Laet  lui  en  donne  quatre-vingt  de  largeur  le  long 
de  la  mer  du  Sud  6c  environ  foixante  dans  l'intérieur 
des  terres.  Cacoufin  qui  regnoit  alors  »  étoit  grand  ami 
de  Cortez  6c  des  Espagnols  ,6c  fe  rendit  volontairement 
vaflal  du  roi  d'Espagne.  Cependant  il  fut  la  victime  de 
la  cruauté  6c  de  l'avarice  de  D.  Nuno  de  Gusman.  Ce 
dernier  ayant  appris  qu'il  avoit  été  privé  de  fa  charge 
de  premier  prefident  de  la  chancellerie  du  Mexique, 
réfolut  de  porter  la  guerre  aux  Teuchichimeques  ,  6c 
mena  avec  lui  cinq  cens  Espagnols  6c  fix  mille  Indiens 
qu'il  emmena  par  force  de  Mechoacan ,  il  conquit  avec 
cette  armée  Xal'uco  qu'on  appelle  préfentement  la  Nou- 
velle Galice.  En  paflant  par  Mechoacan  il  prit  Cacou- 
fin ,  l'emmena  prifonnicr  ,  quoique  ce  roi  n'eût  rien  fait 
courre  lui  ,  ni  contre  les  Espagnols.  Il  lui  enleva  dix 
mille  marcs  d'argent  avec  beaucoup  d'or  6c  d'autres  ri- 
chefles,  6c  enfin  le  fit  brûler  avec  la  plupart  des  prin- 
cipaux de  fon  royaume ,  de  peur  qu'ils  ne  fifient  des 
plaintes  contre  lui ,  difant  qu'un  chien  mort  n'abboie 
plus. 

Le  peuple  de  Mechoacan  étoit  fuperftitieux  8c  ido- 
lâtre ,  comme  les  autres  peuples  de  l'Améri- 
que. Le  divorce  n'étoit  point  permis  entre  eux  ,  à 
moins  que  l'un  d'eux  ne  fit  ferment  qu'au  tems  de 
leur  mariage  ils  ne  s'étoienr  point  regardés  fermement 
entre  deux  yeux.  Leur  idolâtrie  6c  leur  cruauté  parois- 
foient  à  l'enterrement  de  leurs  rois  ;  car  lorsque  le  roi 
fe  voyoit  à  l'extrémité  6c  qu'il  n'y  avoit  plus  d'efpé- 
rance  de  guérifon ,  il  nommoit  celui  de  fes  enfails  qui 
devoir  lui  fuccéder  ',  6c  le  fuccefieur  nommé  faifoit  in- 
viter tous  les  gouverneurs  &  Officiers  aux  funérailles 
de  fon  père  ,  6c  quiconque  n'y  venoit  pas  étoit  châ- 
tié comme  criminel  de  leze-majefté*  Si  le  roi  n'étoit  pas 
tout-à-fait  mort  ,  mais  feulement  a  l'agonie ,  on  tenoit 
les  portes  fermées ,  6c  il  n'étoit  permis  à  perfonne  d'en- 
trer. Auffi-tôt  qu'il  étoit  more ,  ils  fe  mettoient  tous 
en  deuil,  êc  chacun  pouvoit  entrer  dans  le  lieu  où  le 
corps  étoit  expofé  6c  le  toucher  avec  les  mains.  Après 
des  cérémonies  que  l'auteur  cité  rapporte  dans  le  détail , 
on  faifoit  mourir  fix  filles  de  bonne  maifon  &  plufieurs 
femmes  ,  foit  libres  foit  esclaves  ,  6c  un  homme  de 
chaque  métier  pour  leur  fournir  tous  leurs  befoins.  L'a- 
dultère étoit  un  crime  capital  entre  eux  ,  &  ils  faifoient 
mourir  fans  rémiffion  l'homme  6c  la  femme  qui  l'a- 
voient  commis  ;  fi  l'adultère  étoit  noble ,  on  lui  mettoit 
des  bouquets  de  plumes  à  la  tête  6c  en  cet  état  il  étoit 
pendu  êc  fon  corps  brûlé  enfuite.  Pour  éviter  le  liber- 
tinage public  ,  ils  permettoient  qu'il  y  eût  des  femmes 
communes  qu'on  pouvoit  voir  en  fecret  ,  irais  il  n'y 
avoit  point  de  lieux  de  proftitution  qui  fu fient  publics. 
A  préfent  les  Indiens  de  Mechoacan  font  fort  attachés 


1  6f 


à  la  Religion  Catholique  6c  auflî  zélés  qu'aucun  autre 
peuple  de  l'Amérique.  *  Gage  >  Relation  des  Indes  oc- 
cidentales, t.  2.  p.  14. 

z.  MECHOACAN.  Bàudrand ,  nomme  ainfi  la  ca- 
pitale dont  le  nom  eft  Valladolid.   Voyez,  ce  mot. 

3.  MECHOACAN.  (  Le    lac  de)  Voyez.  Lac. 

MECI ,  ancien  peuple  d'Afie  ,  félon  Hérodote  ,  /.  j, 
c.  139.  Ils  faifoient  une  clafie  avec  les  peuples  Sangu- 
in ,  Sarangai ,  Thamanai  6c  Uiii ,  &  avec  les  habitans 
des  ifles  de  la  mer  Rouge  -,  entre  les  fujets  de  Darius 
fils  d'Hyftafpe.  Ce  font  les  mêmes  que  les  Myci. 

MECILE.  Voyez.Micïiz. 

MECIRA.  Voyez.  Mecyra. 

MECISTUS  ou  Mecistum  ,  MH'kiston  ville  an- 
cienne du  Péloponnefe.  Etienne  le  géographe  en  connoît 
deux ,  dont  l'une  doit  être  dans  la  Triphylie  ,  félon 
l'Europe  d'Hécatée  ,  6c  l'autre  dans  l'Elide.  Sur  la  pre- 
mière Berkclius  obferve  qu'Apoftoliusau  1707  Proverbe 
la  nomme  mal  mwkçï'ç  Mecejtus.  Il  ajoute  ,•  c'eft  la  même 
que  UÙKtçoç  Maci(tus>  qu'Hécatée  a  écrit  par  un  n  anx/çoi 
à  caufe  de  la  dialeéte  ionique, 

MECKELNBOURG.  Voyez.  Mecklenboùrg  I. 

MECKENHEIM  petite  ville  d'Allemagne  dans  l'é- 
leclorat  de  Cologne  entre  Bonn  ,  Godesberg  ,  Arweyler  > 
Sauffenberg  6c  Reimbach,  du  côté  de  l'Eiffel  *  Zeylert 
Colon,  topog. 

MECKELBOURG  ou  Mecklenboùrg  ,  Mechlen- 
bourg  ,  Meckelnbourg.  Il  faut  prononcer  Meclé- 
bourg.  Ce  nom  fe  trouve  diverfement  écrit  dans  les 
Hiftoriens  du  moyen  âge.  Helmold  écrit  tantôt  Mik- 
linburgk  ,  tantôt  Mikelinburgensis  Ecclesia  ,  ou 
MiKihnburg  ,  ou  Mikelenburg.  Son  continuateur 
Arnold,  /.  3.  c.  4.  dit  Mekelenburg.  Quoi  qu'il  en  foit  » 
c'étoit  autrefois  le  nom  d'une  grande  ville  très  fioriflante  » 
6c  qui  a  été  détruite  ,  mais  ee  nom  fe  donne  préfentement 
au  duché  qui  l'a  reçu  d'elle. Nous  parlerons  d'abord  de  la 
ville,  6c  enfuite  nous  parlerons  du  duché. 

t.  MECKELBOURG  ,  ville  ancienne  de  la  Vandalie 
au  pays  des  Obotrites  dont  elle  étoit  la  capitale.  Hel- 
mold. Chrome.  Slavor.  1.  i.c.  2.  dit  ,  Hos  (  IVarnavos) 
fequuntur  Obotriti.  CivitaS  eorum  Mïklimburgk^,  inde 
vertus  nos  Tolabi  ,  civitas  eorum  Racisburg  ,  c'eft-à- 
dire  ,  qu'en  allant  d'Orient  en  Occident  après  les  War- 
naves  ,  qui  habitoient  auprès  de  Warnaty  (  la  Varne  ) 
rivière  qui  coule  à  Roftock ,  étoit  la  nation  des  Obo- 
trites dont  la  capitale  étoit  Mecklenboùrg  •,  qu'ils  avoient 
pour  voifins  les  Polabes  dont  la  ville  étoit  Ratzbourg  4 
fituée  entre  le  lac  de  Scrrwerin  6c  le  port  où  eft  au- 
jourd'hui Wismar  ;  mais  plus  près  du  lac  à  fon  extré- 
mité feptentrionale.  Les  Obotrites  à  qui  elle  appartenoic 
faifoient  partie  de  Wendes  qu'il  ne  faur  pas  confondre 
avec  les  Vandales.  Voyez.  Obotrites  ,  Slaves  6c  Wen- 
des.  Lesprincesdes  Obotrites  tranfporterentleur  réfidence 
à  Altenbôurg  dans  la  Wagrie:  mais  ils  y  revinrent  par 
là  fuite.  Ce  peuple  embrafla  la  religion  Chrétienne  fous 
Charlemagne  :  mais  il  retourna  bientôt  au  Paganisme  * 
perfécuta  les  Chrétiens  qui  étoient  à  Meckelbourg ,  6c 
fit  le  roi  &  l'évêque  martyrs.  Le  fiége  épiscopal  fut  vacant 
l'espace  de  So  ans.au  bout  desquels  d'HarWic,  archevêque 
de  Hambourg  y  en  envoya  un  ;  c'étoit  en  1 149.  Ce  pré- 
lat ,  &  fon  fuccefieur  Bennon  ramenèrent  beaucoup 
d'Obotrites  à  la  foi  :  mais  le  prince,  nommé  Niciot. 
perfifta  toujours  avec  fa  famille  dans  le  Paganisme.  Henri 
le  Lion ,  duc  de  Saxe  ,  ayant  eu  une  querelle ,  Henri  en- 
tra les  armes  à  la  main  dans  le  pays,  tua  Niciot  dans 
une  bataille,  s'empara  de  ScrrWerih  6c  de  Zurin,  qui 
étoient  de  la  dépendance  de  Niciot ,  y  établit  un  comté 
auquel  il  donna  un  domaine,  transporta  le  fiége  épisco- 
pal de  Meckelbourg  à  Sch-werin,  6c  donna  en  propre  à 
l'évêque  une  portion  du  pays  :  cette  portion  eft  deve- 
nue principauté  après  la  fécularifatiort  ,  &  c'eft  de-là 
que  le  duc  de  Meckelbourg  prend  les  qualités  de  comte 
de  Schwerin ,  6c  de  prince  de  Schwerin  ,  l'une  à  l'in- 
ftar  du  comte,  l'autre  aux  droits  de  l'évêque. (a)  Les 
fils  de  Niciot  auxquels  le  duc  de  Saxe  avoit  laiffé  une 
partie  des  états  de  leur  père  ,  prirent  les  armes  pour  ra- 
voir tout  ,  s'emparèrent  de  Meckelbourg  qu'ils  mirent 
à  fac  &  qu'ils  brûlèrent,  parce  qu'elle  avoit  voulu  fe  dé- 
fendre, Elle  ne  fe  releva  plus  de  cette  perte  (A).  Cerre 
ville  fi  fioriflante  où  étoit  une  cathédrale  dédiée  fous  l'in- 


i68 


MEC 


M  E  C 


vocation  de  faînt  Pierre ,  &  accompagnée  d'un  mona- 
ftère  de  filles,  outre  deux  autres  monaltères  qui  étoient 
dam  h  ville,  ne  fubfiite  plus  depuis  ce  tems  la.  Il  n'y  a 
plus  qu  une  maifon  où  demeure  le  bailli  qui  elt  une 
efpece  de  fermier  du  duc,  &  cette  maifon  elt  entourée 
de  quelques  chaumières  habitées  par  des  payfans:  ce  vil- 
lage s'appelle  encore  aujourd'hui  Mecklenbourg.  Je  tâ- 
chai en  1 71 8.  d  y  trouver  quelques  antiquités  >  mais  mes 
foins  furent  inutiles.  Il  y  a  bien  encore  fous  terre  des 
relies  de  maçonnerie,  fur-tout  aux  lieux  où  étoient  la  ca- 
thédrale ,1e  palais  des  rois  Obotii:es&  un  petit  nombre 
d'édifices  publics  ;  mais  cela  elt  fi  couvert  ik  fi  enterré, 
qu'il  faudroit  bien  du  travail  avant  que  den  pouvoir 
tirer  quelques  lumières.  Ce  village  au  reite  elt  a  diitance 
presque  égale  entre  Wismar  &  le  lac.  Wismar  doit  Ion 
accroifièment  à  la  ruine  de  cette  ville,  (a)  HtrmoLdA.  1. 
c.  i.{b)  Ibid.  1.   1.  c.  12. 

MECKELBOURG  ,  (  Le  duché  de  )  canton  d'Alle- 
magne dans  la  Bade  Saxe ,  entre  la  mer  Baltique  au  nord 
ôc  au  nord-ouelt ,  la  Poméranie ,  au  nord-elt  ôc  a  l'orient , 
la  Marche  de  Brandebourg  au  fud  ell  &  au  fud,  le  pays 
de  Saxe  Lawaibourg  au  fud  ouelt ,  ôc  le  Holltein  au  cou- 
chant. Ce  pays  touche  à  plufieurs  rivières  confidérables, 
à  l'Elbe,  à  Dornitz  &  au  deffous  ;  ôc  plus  bas  aux  en- 
virons de  Boitzenbourg.  La  Pêne  qui  a  fa  fource  dans  ce 
pays,  lui  fert  de  borne  le  long  de  la  Poméranie  jusqu'as- 
fez  près  de  Demmin.  La  Reckenitz ,  autre  rivière ,  qui 
en  fort  auffi  un  peu  au-deffous  de  Suite ,  la  fepare  en- 
core de  la  même  province  jusqu'à  la  mer ,  ôc  enfin  au 
couchant  le  pays  s  étend  jusqu'à  la  Trave.  Il  occupe  de- 
puis les  27  deg.  55  min.  de  longir.  félon  Laurenberg 
profefleur  de  Roftock.  Mefiieurs  Sanfon  dans  leur  grande 
carte  de  la  Bade-Saxe,  étendent  le  Mccklcnboutg  de- 
puis le  32  deg.  jo  min.  jusqu'au  36  deg.  55.  min.  de 
longit.  ce  qui  fait  une  double  différence.  La  première  elt 
peu  importante,  ne  venant  que  du  choix  du  premier  mé- 
ridien, qui  n'elt  pas  le  même  pour  l'un  ôc  pour  l'autre. 
Celui  de  Mrs  Sanfon  elt  à  l'extrémité  occidentale  ce 
l'iflede  Fer;  celui  de  Laurenberg  doit  être  de  5  deg.  16 
min.  plus  oriental;  Ôc  le  premier  méridien  elt  une  chofe 
très-arbitraire  ;  mais  la  différence  la  plus  importante  eft 
dans  la  longueur  :  car  Laurenberg  qui  travailloit  à  Ro- 
ftock  dans  le  Meckelbourg,  ne  lui  donne  d'étendue  en  lon- 
gitude que  j  d?g.  34  min.  8c  M™  Sanfon  lui  donnent 
4  deg.  4J  min  ;  ce  qui  fait  une  différence  d'un  deg.  1 1 
min.  Ôc  trop  confidéiabie  fur  l'étendue  d'un  fi  petit  pays. 
De  llfie  s'écarte  moins  de  la  vérité.  Il  met  Boitzenbourg 
fur  1  Elbe  à  28  deg.  35  min.  &  la  frontière  orientale 
du  pays  de  Stçelitz  par  les  41  deg.  48.  min  de  longit. 
ainfi ,  félon  lui,  l'étendue  du  Mecklenbourg  en  longir. 
cft  de  3  deg.  13  min.  &  comme  Boitzenbourg  n'elt  pas 
la  dernière  extrémité  occidentale  du  Mecklenbourg  à 
la  ligueur,  il  fe  trouve  que  le  calcul  de  de  llfie  revient 
allez  précifément  à  celui  de  Laurenberg  ;  au  lieu  que  Mts 
Sanfon  étendent  ce  pays  exceffivcmenr. 

On  ledivifeen  lix  provinces  particulières. 

i°.  MECLENB3UR,  (  Le  duché  de)  proprement 
dit,  elt  au  nord  le  long  de  la  mer  Baltique,  entre  Trave 
&  la  feigneurie  de  Roflock. 

20.  Le  comté  de  Schwerin  ,  eft  au  midi  du  Mec- 
klenbourg propre  ,  entre  le  Holltein  au  nord  ouelt ,  &  le 
pays  de  Saxe  -Lawenbourg  au  fud  ouelt,  la  Vandalie  au 
fud-eft  ôc  à  l'eft ,  &  la  principauté  de  Schwerin  au  nord- 
elt. 

30.  La  Wandalie  ou  principauté  des  Wandales  , 
s'étend  entre  le  duché  de  Lawenbourg  au  couchant;  le 
comté  ôc  la  principauté  de  Schwerin  au  nord  cv'  au 
nord-oueft  ;  la  feigneurie  de  Roftock  &  la  Poméranie 
au  nord,  ôc  la  principauté  de  Stargard  à  l'orient.  Elle  a 
Je  comté  de  Daneberg  ôc  la  Marche  de  Brandebourg  au 
midi. 

4°.  La  seigneurie  de  Rostock  ,  eft  au  nord  de  la 
Wandalie  à  l'orient  du  Mecklenbourg  propre;  elle  a 
au  levant  la  Poméranie  ,  ôc  au  nord  la  mer  Biltique. 

50.  La  principauté  de  Schwerin  cft  au  milieu  deces 
cinq  provinces,  entre  le  Mecklenbourg  propre  au  nord- 
ouelt  ,  la  feigneurie  de  Roftock  au  nord-eft ,  la  Wandalie 
au  fud  eft  ,  &  le  comté  de  Schwerin. 

Ce  font  ces  cinq  provinces  qui  font  aujourd'hui  l'Etat 
du  duc  de  Mekclenbourg  Charles-Léopold.  La  fixiéme 


province  eft  pofledée  par  une  autre  branche  de  la  même 
maifon,  que  l'on  appelle  ia  branche  de  Strelitz,  paice 
qu'elle  a  pour  relidence  un  château  nommé  amfi. 

6°.  La  seigneurie  de  Staigard  tlt  tout  au  fud- 
eit  ôc  a  1  elt  de  la  Wandalie  ;  elle  a  au  nord  la  Poméranie, 
au  levant  &  au  midi  la  Marche  de  Biandi bourg. 

1  elles  font  aujourd'hui  les  pro\  inecs  qui  compofent  le 
duché  de  Meek  enbourg. 

Les  premiers  habitans  de  ce  pays  furent  les  Vanda- 
les,  peuple  qui  s'étendit  fort  loin.  Voyez.  Vandales. 
Ils  en  fortirent  ik  les  Wendes  s'en  emparèrent.  Voyez. 
Slaves.  Ces  W'cuda  ou  SLva  ,  étoieni  un  peuple  partagé 
en  divers  corps,  a  peu  près  comme  les  hordes  des  Tar- 
tares ,  ôc  chacune  de  ces  divifions  avoit  fon  nom. 

Les  Obotrites  occupoient  le  Mecklenbourg  propre, 
le  comte  de  Schwerin  ,  ik  la  partie  occidentale  de  la  Wan- 
dalie. 

Les  Herules  étoient  aux  environs  de  Werleducôréde 
Se!  wan  ôc  de  Roftock.  Us  étoient  compris  entre  les  War- 
naves. 

Les  Warnawes  ou  Warins  habPoient  le  lorg  du 
Warnow  ,  dans  le  pajsoù  lont  Guitrcw  dans  là  Wai.da- 
lie,  Buczcw  dans  la  principauté  de  Scl.werin,  ik  Ro- 
ftock dans  la  feigneurie  de  ce  nom. 

Les  Tollenses  étoient  dans  k  pays  de  Stargard  au- 
près du  lac  qui  conierve  leur  nom  ik  le  le  11g  de  la  ri- 
vière,qui,  forçant  de  ce  lac,  va  fe  jetrer  dans  la  lei.e; 
cette  partie  de  la  Poméranie  où  coulent  ces  deux  riviè- 
res étoit  aux  Sla\es ,  jusqu'à  Brock  &  Demmin. 

Les  Circipanes  étoient  le  long  de  la  Pêne. 

Les  Rhedariins  ,  Ridariens  ,  ou  Riadures  ,  dont 
Rketre étoit  la  métropole  ,  étoient  aux  environs  de  Star- 
gard, ~u  pays  de  Strelrz. 

Les  'loi.e.ijn  ,  ïesCircipanef  ôc  les  Khedariens  étoient 
corn;  lis  parmi  lesWasts,  que  1  on  appelloit  auffi  Lu- 
thiens  ik  Vtlatabes, 

Les  Obotries  avoient ,  pour  ainfi  dire,  englouti  ces  dif- 
férentes nations  ,  quiobcil.oknra  Niclot ,  dont  j'ai  mar- 
qué la  défaite  Se  la  moi  t  dans  1  article  précédent.  Ses  deux 
fils  n'eurent  qu'une  partie  de  les  états  ,  avec  la  ville  de 
Weife.  Ils  prirent  les  armes  contre  Henri  le  Lionqui  en 
fit  pendre  un;  l'autre  nommé Derbiflas  s'enfuità  Demmin 
fie  enfuite  fa  paix  avec  Henri  le  Lion  ,  qui  lui  céda 
tout  le  pays  qu'avoir  eu  fon  père  ,  excepté  le  comté 
de  Schwerin  ,  ôc  les  terres  qui  apparcenoient  à  l'é- 
vèque.  C'eft  ainfi  que  fe  forma  1  état  des  ducs  de  Mec- 
klenbouig  ,  qui  descendent  de  ce  Prebiflas. 

Il  fut  fouvent  divifé.  Une  branche  qui  poffédoit  la  fei- 
gneuriede  Roltock, s'en  accommoda  avec  le  Lanemarck 
qui  en  jouit  à  plufieurs  reprilés.  Les  privilèges  que  cette 
ville  acquit  en  différentes  occafions ,  ne  laiflerent  auxducs 
de  Mecklenbourg  ,  au  lieudelafouveraineté  qu'ils  avoient 
fur  cette  ville  ,  qu'une  efpece  de  patronage,  qui  a  fouvent 
donné  matière  à  des  guerres ,  comme  je  l'explique  au  mot 
Rostock. 

La  maifon  des  comtes  de  Schwerin  ,  s'écanc  éteinte  ,' 
leur  comté  eff  icvenu  à  fes  vériiables  maures  ;  cV  les  biens 
de  levé-,  hé  ont  été  rapportés  dans  cette  maifon,  parla 
révolution  du  Luthéranisme.  Elle  jouit  de  ceux-ci  a  titre 
de  princîr.  auté. 

Pendant  quelque  tems  ,1a  maifon  de  Mecklenbourg  étoit 
partagée  en  trois  branches  principales.  L'ainée  jroliedoit 
Guftrcw,&  la  cadette  Schwerin.  Ue-là  vient  la  diffinc- 
tion  de  duc  de  Mecklent  ourg  Gustrcw  ,  ôc  de  duc 
de  Mecklenbourg  -  Schwerin.  Une  troifieme  branche 
avoit  la  feigneurie  de  Stargard,  &  étoit  défignée  par  le 
nom  de  Mecklfnpourg-Strelitz.  La  branche  de  Guf- 
rrew  ayant  fini  en  1695. celle  de  StteliK  prétendit  par- 
tager la  fucceffion  avec  celle  de  Schwerin,  &  le  procès 
dura  jusqu'à  l'an  170  t.  que  la  fucceffion  entière  fut  ad- 
jugée à  Frédéric  Guillaume,  duc  de  Mecklenbourg  Schwe- 
rin ,  qui  céda  feulement  quelques  prérogatives  afiez  légères 
au  duc  de  S'ieli'z,  comme  une  efpece  d'indemnité  Ainfi 
la  diftinction  de  Gujlroivôc  de  Scloioerin  nefubfific  plus; 
&  le  duc  régnant  de  Mecklenbourg  poffede  routes  les  deux. 

La  vraie  càpirale  de  Mecklenbourg  elt  Guflrc  w  C'eft. 
en  même  rems  la  réfidence  de  la  branche  aînée  ;  mais  la 
duchefTe  douairière  du  dernier  duc  de  Gufin  w  ,  ayant 
Iongrems  furvécu  à  fon  mari  ,  ôc  occupé  ce  palais  jusqu'à 
fa  mort,  l'héritier  accoutumé  au  château  de  Schwerin  y 


MEC 


a  continué  fa  réfidence.  Nous  allons  donner  le  détail  de 
chaque  Province. 

Le  Mecklenbourg  propre  ,  ou  duché  de  Mecklen- 

bourg  comprend 

Kropelin,       Grefsmôlen ,        Daffow,         Wifmar , 
N.  Bukow ,    Renen  ,  Gadebufch. 

Cetre  dernière  ville  eft  à  la  Suéde ,  avec  un  territoire 
tout  à  l'entour. 

Le  comté  de  Schwerin  comprend 

Schwerin,  Boitzenbourg,  Crivitz, 

Wittenborch ,  Haguenow. 

La  principauté  de  Schwerin   comprend 

Butzow ,  ôc  Bruel 

LaWandalie  comprend 
Guftrow,         Plawe,  Newcnkal-       Krackow» 

Parchim ,        Stavenhagen      den ,  Lubitz, 

Domitz,         Ivenach,         Rôben ,  Newftadi  , 

GraboW,        Malchim,       Wedehagen  ,    Elden.-.w , 
Sternberg,       Grubenha-      Tetterow  Gorlofen  , 

Waren ,  gen ,  Goldberg ,  Dobertin  s 

Malchow ,       Penzlin. 
La  seigneurie  de  Rostock  comprend 
Roftock ,  Ribnitz,  Gnoien  , 

Doberan,  Warnemunde,  Dargun  ; 

Swan ,  Suite  , 

La  plus  grande  partie  de  ces  villes  ne  méritent  guère 
ce  nom  ,  &  ce  ne  font  guère  que  des  bourgades. 
La  seigneurie  de  Stargard  comprend 
Alt-Starga:d,  Strelitz  château ,  Feldbcrg , 

Ntw-Brande-  Nemerow ,  Frideland , 

bourg  ,  Mircw, 

Le  pays  eft  fort  arrofé  de  ruifleaux  ôc  même  de  lacs , 
dont  les  plus  considérables  font  ceux  de 
Schwerin,  Malchim  ,  Muritz,         Plawe, 

Krakow ,  Calpin ,  Toleu. 

Et  quelques  autres  moindres. 

Le  pays  eft  très-fertile  ôc  fort  varié  de  vallées ,  de  plaines 
ôc  de  collines,  déterres  à  bled  &  de  pâturages  ;  mais  il  n'eft 
pas  aufiï  peuplé  qu'il  pourroit  1  être  pour  la  bonté  du  ter- 
roir. Il  y  a  beaucoup  de  forêts  &  de  gibier.  Les  perdrix  qui 
y  étoient  autrefois  presqu'inconnucs,  y  font  devenues  très- 
communes  par  le  foin  que  prit  leducChrîftian-Louisd'yen 
faire  apporter  de  France,  où  il  fit  un  longféjour.  Il  y  a  une 
quantité  exceflîve  de  cerfs  &  de  fangliers:  ôc  l'on  y  vit  à 
très-bon  marché.  Pays  heureux  ,  fi  la  difeorde  entre  le 
fouverain  &  la  nobleffe  n'en  eût  pas  banni  la  tranquillité^ 
fi  les  ducs  contens  de  régner  par  la  bonté  fur  les  cœurs 
de  leurs  fujets,  ne  s'étaient  point  piqués  de  les  mettre  fur- 
ie même  pied  où  ils  voyoient  les  peuples  voifins  ,  dont 
les  fouverains  plus  puiffans  n'ont  pas  trouvé  de  fi  grands 
obfiacles  à  leurs  deffeins.  Heureufeîa  nobleffe  ,  fi  moins 
entêtée  de  la  confervation  de  quelques  privilèges,  obte- 
nus dansdes  conjonctures  rrès-facheufes,  elle  n'eût  pas  fa- 
crifié  fon  véritable  bonheur ,  ôc  tous  fes  biens  à  une  vic- 
toire chimérique  ,  dont  elle  n'eft  pas  encore  affûtée  ,  après 
plus  de  dix-huit  ans  de  pertes  &  de  malheurs.  Ce  font  les 
réflexions  que  m'arrache  la  tendreffe  que  j'ai  pour  un  pays 
où  j'ai  pafle  les  dix  plus  belles  années  de  ma  vie.  Pen- 
dant cette  malheureufe  difpute  ,  le  duc  Charles-Léopold 
fut  obligé  de  fe  retirer  à  Wifmar  ,  place  Suédoife  ,  où  il 
mourut  fans  enfans  mâles.  Il  laiffa  l'adminiftration  de  fes 
états  au  prince  Chriflian-Louis  fon  frère  ,  dont  le  fils  aîné, 
nommé  Frédéric,  a  fuccédé  depuis  quelques  années  au  du- 
ché de  Mecklenbourg  Schwerin. 

MECKMULH  ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Soua- 
be,  fur  la  rivière  d'Jagft.  Avant  l'an  144J.  elle  appar- 
tenoit  aux  comres  de  Hohenlohe ,  qui  la  tenoit  en  fief 
des  princes  de  Wurtenberg,  ôc  la  vendirent  pour  vingt- 
fix  mille  florins ,  a  Louis  comte  palatin  :  mais  le  duc  Ul- 
rich de  Wurtenberg  s'en  empara  en  1504.  dans  la  guerre 
du  Haut  Palatinatj&laconferva  par  le  traire  de  paix  qui  fut 
conclu  l'année  fuivante.  Munfierdansfa  cofmographie,  & 
Crufius  dans  fes  annales  de  Souabe,  difent  que  ce  même 
duc  Ulrich  la  retira  des  mains  du  chapitre  de  Wurrzbourg, 
au  moyen  d'une  fomme  de  quarante  mille  florins  ,  pour 
laquelle  elle  étoit  hypothéquée.  Elle  a  pafle  enfuite  aux 
comtes  de  Trautmansdorff.  *  Zcylcr,  Topogr.  Suev.  p.  54. 
MECLAR1A.  C'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  quelques  ma- 
nuferits  de  l'hifloire  des  Lombards  par  Paul  Diacre.  /.  4. 
c.  40.  D'autres  exemplaires  difent  MÉDARiA.Lazius  croit 


MEC       169 


que  c  eft  aujourd'hui  Metling  ,  bourgade  fur  la  Kuip , 
rivière  qui  fe  jette  dans  la  Sawe.  *  Ortelii  Thefaur. 

MECLEBOURG.  Voyez.  Mecklenbourg. 

MECLEDUNUM.  Voyez.  Megledunum. 

1.  MECOiN' ,  nom  d'une  ifie  de  l'Archipel ,  au  voifi- 
nage  de  Delos.  Tzetzès  fur  Lycophron ,  dit  qu'Ajax  y  fut 
inhumé. 

2.  MECON,  (Le)  rivière  de  l'Inde  au-delà  du  Gange. 
Elle  a  fa  fourceau  pays  de  Lafla  ou  de  Boutan  dans  la 
Tartarie  ;  delà ,  prenant  fon  cours  vers  la  Chine  ,  fous  le 
nom  de  LoNGMU,elle  arrofe  une  partie  de  la  Province 
d'Iunan  >  arrive  au  royaume  de  Meng,  coupe  en  deux 
parties  le  royaume  de  Laos  dans  toute  là  longueur ,  pafle 
à  Lée  ,  à  Lanchang,  Ôc  eit  nommée  Menamcon-,  elle 
entre  enfuite  au  royaume  de  Camboje  ,  où  elle  baigne 
Columpé  ôc  enfuite  Leveck  ôc  Camboja  ,  &  après  avoir 
porté  quelques  tems  le  nom  de  Mecon  ,  elle  prend  en- 
fin celui  d  Oubequanmé  ,  avant  que  de  fe  jeiter  dans  la 
mer.  Devant  Pulo  Condor  ,  ce  n'eft  proprement  que  la 
branche  occidentale  qui  porte  le  dernier  nom  car  un 
peu  au-deflus  de  Camboje  ,  elle  forme  une  grande  ifie  , 
ôc  fe  divife  en  deux  branches,  dont  la  plus  orientale  eft 
nommée  îe  canal  de  l'Eft  ,  ou  la  rivière  de  Camboje.  Cha- 
cune de  ces  branches  a  quelques  petites  îfles  à  fon  em- 
bouchure dans  la  mer.  Elle  a  cela  de  commun  avec 
toutes  les  grandes  rivières  de  ces  cantons-la  ,  qu'elle  fe 
déborde  comme  le  Nil,  ôc  couvre  les  campagnes  voifines. 

MECQUE  ,  (  La  )  Meccah  ,  Omm  alcora  ,  la  mé- 
tropole du  Mahométifme  ,  elle  eft  fituée  dans  l'Arabie 
heureufe.  Cette  ville  eft  célèbre  parla  naiffance  de  Ma- 
homet ,  ôc  par  le  pèlerinage  que  les  Mahométans  y  font 
tous  les  ans.  Avant  Mahomet  ,  les  Arabes  alloient  en 
foule  à  la  Mecque  adoter  un  temple ,  qui  ,  félon  leur 
tradition  ,  avoir  écé  bâti  par  Abraham.  L'impofteur  femit 
que  pour  établir  fa  nouvelle  religion  ,  il  ne  devoit  pas 
abolir  un  ufage  fi  refpedté  ;  il  l'augmenta  même  ,  en  or- 
donnant à  tous  fes  feétateursd'y  aller  faire  leurs  dévotions, 
une  fois  dans  leur  vie  ;  ainfi  la  Mecque  eft  devenue 
comme  le  rendez-vous  des  Mahométans.  La  multitude 
des  pèlerins  y  attire  une  prodigieufe  quantité  de  mar- 
chands ,  &  il  s'y  fait  un   très  grand  commerce. 

La  Mecque  eft  au  22.  d.  30.  min.  delat.  à  10  iieuesde  la 
mer  rouge,dans  une  vallée  ftérile.  Elle  a  au  feprenrrion  deux 
montagnes,  Abon-caïs  ôc  Gcrahcm.  Dans  cette  dernière  , 
les  Mahométans  révèrent  encore  aujourd'hui  la  préten- 
due grotte  d'Eve  r  où  ils  difent  que  Mahomet  fe  reriroic 
fouvent  pour  rêver  à  fes  affaires.  Elle  en  a  une  troifieme 
au  midi  ,  nommée  Thout  ;  c'eft  dans  celle  ci  que  Ma- 
homet fe  tint  quelque  tems  caché  ,  après  avoir  été  chafle 
de  1*  Mecque ,  ôc  où  il  prit  la  réfolution  d'abandonner  la 
Mecque  ,  ôc  de  fe  retirera  Médine. 

La  ville  de  la  Mecque ,  félon  Thevenor ,  Voyage  dit 
Levant  ,c.  21.  eft  à  peu  près  grande  comme  Marfeille. 
Au  milieu,  continue-t  il,  eft  le  Kyaabe.ou  Beytueï.lai-Ij 
c'eft-à-dire  Maifon  de  Dieu,  (  c'eft  ce  ptétendu  temple 
bâti  par  Abraham)  lia  environ  ij.  pas  de  longueur» 
fur  10.  ou  1 2.  de  largeur  ,  ôc  environ  5.  brades  de  hau- 
teur -,  le  feuil  delaporte  eft  élevé  par  dehors  environ 
d'une  braffe  ôc  demie  ,  ôc  eft  au  niveau  de  la  terre  par  de- 
dans ,  on  y  monte  avec  une  échelle.  La  porte  eft  d'argent 
maftîf ,  ôc  s'ouvre  en  deux.  Cette  maifon  eft  couverte 
d'une  terrafle  ,  foutenue  de  trois  colonnes  octogones  de 
bois  d'aloës  ,  de  la  groffeur  d'un  homme ,  ôc  de  trois; 
brades  ôc  demie  de  hauteur.  La  maifon  eft  tapiflee  d'é- 
toffe rouge  ôc  blanche ,  fur  laquelle  fonr  difperfés  ces 
mots  :  La  lllah  lllallab  ,  Mouhammed  réjoui  AU  'h. 

Au  même  coin  où  eft  la  porte  ,  mais  à  l'autre  face ,  eft 
appliquée  à  la  muraille  la  pierre  noire  qu'on  appelle 
Hadgiard  Àpnad\  ôc  que  les  Mahométans  révèrent  beau- 
coup, parce  qu'ils  croient  qu'Abraham  éroit  monté  deflûs 
lorfqu'il  bâtiflbit  cette  maifon  ,  &  qu'elle  lui  fervoir  d'é- 
chafaudage, afin  qu'il  ne  fit  point  de  trous  à  la  muraille  » 
fe  hauffant  &  fe  baiflant  à  fa  volonté  :  ils  ajourent  qu'elle 
fut  apportée  pour  cet  effet  par  l'ange  Gabriel. 

Autour  de  cette  maifon,  il  y  a  une  cour  ou  Mofquéè 
que  les  Turcs  appellent  hatam  ,  qui  eft  entourée  de 
murailles,  avec  trois  rangs  de  colonnes,  &  de  voûtes 
au-dedans.  Les  quarte  fectes  qui  fonr  dam  le  Mahomé- 
tifme  ,  favoir  Kànifî ,Chafiï ,  M-;!ik,'  ,  Hambeli ,  vont 
faire  leurs  prières  chacune  dans  les  quatre  parties  de  cette 

tom.  IV,  Y 


MEC 


170 

cour  ,  toujours  le  vifage  tourné  vers  le  Beytullah. 
L'on  voit  fortir  de  l'un  des  côtés  de  la  terrafle  qui 
couvre  le  Beitullah,  une  gouriere  d'or  maflîf  de  la  longueur 
d'une  brade  ,  pour  jetter  l'eau  fort  au  loin.  Dans  le  haram 
cft  le  fameux  puits  de  Zemzem  -,  il  eft  en  grande  véné- 
ration parmi  les  Arabes,  qui  croient  que  c'eftlamême 
fontaine  que  Dieu  fit  paroitre  en  faveur  d'Agard  &  de 
fon  fils  Ismael  dans  le  défert ,  après  qu'Abraham  les  eût 
obligés  de  fe  retirer.  Les  Mahométans  en  boivent  par 
dévotion  ,  &  lui  attribuent  de  grandes  vertus,  La  Roque , 
note  fur  l'Arabie  heureufe  d'Abulféda  ,  p.  300. 

Il  y  a  un  fouverain  ou  cherif à  la  Mecque  ,  qu'on  pré- 
tend être  de  la  famille  de  Mahomet  :  Il  ell  fort  refpeûé 
des  princes  Mahométans  ,  qui  lui  font  de  grands  préfens, 
pour  envoyer  des  troupes  contre  les  voleurs  Arabes  qui 
détrouflent  les  caravanes  des  pèlerins  qui  vont  à  la  Mec- 
que. *  Voyez.  d'Herbelbot,  Bibliothèque  orientale  ,  l' His- 
toire généalogique  des  Latars  ,  p.  14.  Description  des 
villes  de  l'Arabie  heureufe. 

MECR  AN  ,  (  Le  )  Province  de  Perfe  ,  aux  confins  de 
l'Indouftan.  Ce  pays  ,  dont  nous  ne  connoifions  guère 
que  la  côte ,  eft  entre  le  Kerman  au  couchant ,  le  Se- 
geftan  au  nord ,  le  pays  de  l'Inde  au  levant  ,  &  la  mer 
au  midi.  Il  répond  à  la  Gedrofie  des  anciens.  En  fuivant 
lacôte  d'occident  en  orient ,  on  trouve  de  fuite  les  ports 
de  Tiz  ou  Taiz ,  Guadel  Se  Arabia.  Ce  dernier  eft  au 
levant  Se  à  l'embouchure  de  Miment ,  qui ,  avec  un  petit 
nombre  de  ruifleaux  ,  arrofe  ce  pays-la.  Firabuz  Se  Haut 
font  un  peu  plus  dans  les  terres.  Ces  lieux  ,  avec  quatre 
ou  cinq  villages  peu  éloignés  de  la  mer ,  font  tout  ce 
que  l'on  connoît  duMecran  ,  qui  d'ailleurs  eft  environ- 
né de  deferts  (Se  déterres  fablonneufes.  *Dcl'Ijle.  Atlas. 

MECRITES.  (  Les  )  On  appelle  ainfi  en  Perfe  des 
gensfi  habiles  à  marcher  dans  les  montagnes  ,  qu'ils  vont 
par  tout  où  les  gazelles  Se  les  chevreuils  peuvent  aller. 
Peut-être  leur  nom  vient-il  du  Mécran.  *  Hifl.  de  Timur~ 
Bec  ,   liv.  3.  ch.  10. 

MECYBERNA,  lieu  de  Macédoine  dans  le  golphe 
qui  en  prenoit  le  nom  de  Mecybern^us  Sinus.  Pline, 
l.  4.  c.  20.  nomme  ainfi  ce  golphe  ,  que  l'on  appella 
aufii  Toron^eus  Sinus  ,  àcaufe  de  Torone  ,  ville  fituée 
dans  fon  enceinte.  C'eft  préfentement  le  golphe  d'Aioma« 
ma.  Suidas  dit  que  Mecyberna  étoit  à  vingt  ftades  d'O- 
lynte.  Etienne  le  géographe  la  met  dans  la  Thracc.  Le 
nom  grec  eft  UtiKvdpm.  L'épiccme  de  Strabon  porte 
Mecyperna.  Sc/mnusdeChio  ,  p.  25.  &  Hérodote,  /.  7. 
c.  22.  en  fait  mention,  *  Mêla  1.  2.  c.  3. 

MECYRA,  Metyraou  Michera  > félon  divers  ex- 
emplaires d'Antonin  ,  itiner.  Lieu  de  la  Marmarique  fur 
la  route  de  Cyrene  à  Alexandrie. 

1.  MEDA  ou  Miba  ,  mhJ«  ou  Ms?£* ,  petite  ville 
ou  bourg  de  l'Arabie  Heureufe,  dans  les  terres  félon 
Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7. 

2.  MEDA  ,  village  d'Italie  dans  le  Milanez ,  à  quatre 
lieues  de  Milan.  Ce  lieu  eft  remarquable  par  un  monaf- 
tere  de  filles ,  fondé  par  les  Saints  Haymon  Se  Veremund 
vers  le  tems  de  Charlemagne ,  félon  le  père  Ferrari. 

MEDABA  ,  ville  de  l'Arabie.  Selon  Etienne  le  géogra- 
phe, elle  étoit  au  pays  des  Nabathéens  (a).  On  peut 
voir  à  l'article  Madaba ,  ce  qui  le  fait  penfer  ainfi. 
Ptolomée  la  nomme  Medava  mwJW»,  Se  la  met  dans 
l'Arabie  Petrée.  C'eft  la  Medavon  de  Guillaume  de 
Tyr.  Voyez,  ce  mot.  Cette  ville  ,  comme  le  remarque 
D.  Calmet,  étoit  dans  la  Paleftine  (  b  )  au-delà  du  Jour- 
dain ,  dans  la  partie  méridionale  de  la  tribu  de  Ruben. 
Ifaïe  ,  c,  16.  v.  2.  l'attribue  aux  Moabires,  parce  qu'ils 
la  prirent  fur  les  lfraé'lites.  Jofeph  ,  Antiq.  I.  14.  c.  z.Sc 
quelques  autres  l'attribuent  aux  Arabes  -,  parce  qu'en  ef- 
fet les  Arabes  s'en  rendirent  les  maîtres  fur  la  fin  de  la 
monarchie  des  Juifs  (  c  ).  Alexandre  Jannée ,  roi  des  Juifs , 
la  prit  fur  les  Arabes.  Selon  Eufebe  &  faint  Jérôme  , 
elle  étoit  à  dix  milles  de  Cariathaïm.  (a)Jofué,  c.  13. 
V.   16.   (b)  Ibid.  {c)  Jofeph.  1.  13.  c.  23. 

MED/E,  nom  latin  de  Los  Medos  ,  petite  ifledËf- 
pagne.fur  la  côte  de  Catalogne ,  pies  d'Amparias;  elle 
eft  entourée  de  roches,  &  il  y  a  une  tour  pour  toute 
défenfe.  *  Baudrand,  édit.  1705'. 

MEDALA  ,  ancienne  ville  de  la  Paleftine ,  dans  la 
tribu  de  Zabulon.  *  Jofué.c.  15.  v.  51. 

MEDAMA ,  ancienne  ville  d'Italie  dans  la  grande 
Grèce,  au  pays  des  Locrcs,  fur  la  côte.  11  y  a ,  dit  Stra- 


MED 


bon,  1.6.  p.  256.  une  allez  grande  fontaine  de  même 
nom  ;  &  dans  le  voifinage  ,  un  port  de  mer  qui  n'a  point 
d'autre  nom  que  le  nom  général  ù'Empotinm.  Pcmponius 
Mêla,  /.  2.  c.  4  la  homme  aufïi  Medama;  Mine,  /. 
3.C.  j.  Medma.  Etienne  le  géogiaphe,MEDMA  &.  Mes- 
ma.   Le    P.  Hardouin  croit  que  c'eft  Rossarno. 

MEDAMNA.^Vyfî  Messe. 

MEDAN  ou  Madan  ,  quelques-uns  croient  que  c'eft 
Magedan  dont  il  eu  parlé  dans  faint  Matthieu  ,  c.  ij. 
v.  39  Se  que  ce  mot  fignifie  les  eaux  de  Dan,  ou  la 
fontaine  d'où  le  Jourdain  prend  fa  fource.  D'autres  ci  oient 
que  Mcdan  fignifie  en  Arabe  une  foire  ,  &  qu'en  donne 
ce  nom  au  lac  Phiala  Se  aux  environs ,  parce  que 
durant  tout  1  été  il  y  a  une  aflemblée  des  peuples  des 
enviions  qui  y  tiennent  comme  une  foire  pei  péruelle , 
demeurant  en  cet  endroit  à  caufe  de  la  beauté  du  lieu, 
Se  de  la  facilite  du  commerce. 

MEDAPA, ville  de  la  Paleftine,  au  delà  du  Jourdain, 
fous  la  domination  des  Arabes.  Siméon  le  Métaphrafte 
en  parle  à  l'occafion  de  faint  Sabas.  C'eft  la  même  que 
Medaba,  Voyez.  Medavon. 

MEDAR1A.  Voyez.  Meclaria 

MEDAVON  ,  ville  de  la  Terre  Sainte  près  du  torrenc 
d'Arnon.  Elle  a  été  fort  peuplée  anciennement.  Medavon 
cft  le  génitif  pluriel  de  Medava  ,  nom  grec  de  cette  ville 
qui  elt  nommée  M»«Ta.£a  fiége  épifcoral  de  l'Arabie, 
fous  le  fiége  de  Boftra  ,  métropole  dans  la  notice  d'Hiéro- 
cles,  Se  Medava  dans  la  notice  de  Léon  le  Sage.  C'eft 
lemême  que  Medaba.  Voyez,  ce  mot. 

MEDAVYou  NiESDAViD,en  larin  Mcdaviuni ,  Mel- 
Duvidis,  Med'us-David ,  Ma'ù-Davia  ,  Man/io  ,  vel 
Mefmllum-Davidis  •■,  bourg  de  France  dans  la  Normandie 
diocèfe  de  Seez  ,  à  deux  lieues  de  cette  ville ,  au  nord- 
oueft  fur  l'Orne  ,  parlement  de  Rouen  ,  intendance  Se 
élection  d'Alençon.  Il  y  a  maiché  le  vendredi,  ^es  an- 
ciens feigneurs  avoient  aumône  le  patronage  de  la  cure 
aux  moines  de  Saint  Evron  ,qui  depuis  y  fuient  confir- 
més par  une  chartre  d'Henri  I.  roi  d'Angleterre,  Se  duc  de 
Normandie ,  de  l'an  1 1 28.  Agathe  ,  fille  de  Payen  de  Mé- 
davy ,  &  veuve  de  Foulques  d'Aunou  ,  reconnue  aiifli  en 
1227.  aux  aflïfes  d'Argentan  ,  qu'il  lui  venoit  de  fes  an- 
cêtres ,  Se  qu'ils  en  avoient  joui  jufqu'au  quinzième  ficelé  -y 
mais  il  fe  fit  encore  une  enquête  en  1493.  pour  fçavoir 
à  qui  il  apparrenoit;  Se  la  nomination  du  feigneur  ayant 
eu  lieu  en  1574.  fes  fuccefleurs  en  font  demeurés  en  pai- 
fible  pofieflion.  Il  y  a  dans  le  château  une  chapelle  de 
Saint  Jean  ,  dont  ils  ont  pareillement  la  préfentation.  La 
terre  de  Médavy  avoir  donné  le  nom  à  une  maifon  fort 
noble.  Ordéric  Vital  ,  mettant  Hugues  ,  feigneur  de 
Médavy  ,  au  nom  des  principaux  vaflaux  du  comte  Ro- 
ger IL  de  Monrgommcri ,  Agathe  de  Médavy  la  porta 
au  treifiéme  fiécle,  dans  celle  d'Aunou  le  Faucon.  On 
la  voît  enfuite  dans  la  maifon  de  Merle,  puis  entre  les 
mains  de  Marie  l'Arconneur ,  fille  de  Guillaume  l'Ar- 
conneur  ,  gouverneur  d'Argeman.  Cette  dame  époufa 
Jean  Rouxel,  feigneur  du  Pleflis-Morvant ,  écuyei  d'é- 
curie du  duc  de  Bretagne  en  1420.  lequel  eft  employé 
en  cette  qualité  ,  dans  un  état  de  Bretagne ,  parmi  les 
preuves  de  l'hiftoire  de  cette  province  ,  tom.  x.pag.  10 14; 
&  Ces  defeendans  qui  ont  joint  le  nom  de  cette  terre  à 
leur  furnom ,  la  pofledent  encore  à  préfenr.  Ce  n'étoit 
autrefois  qu'un  fief  de  Hautberg;  mais  Pierre  Rouxel 
de  Médavy ,  Maréchal  de  camp ,  gouverneur  de  Ver- 
neuil  &  d'Argentan,  &  fous-lieutenant  général  de  Nor- 
mandie ,  gendre  du  maréchal  de  Fervaques ,  la  fit  ériger 
en  baronnie ,  Se  relever  du  château  royal  d'Eflai  ,  en  in- 
demnifant  le  comte  de  Montgommeridonr  elle  relevoit 
auparavant.  Quoique  les  feigneurs  de  Médavy  pofledent 
plufieurs  terres  aux  environs  de  celle-là  ,&  qu'ils  puifient 
les  y  unir  ,  ils  ne  l'ont  pas  fait.  *  Mémoires. 

MEDAURA.  Voyez.  Madauea. 

MEDDEN,  Meddin  ou  Middin,  lieu  de  la  Pa'eftine 
au  defert ,  près  Ja  mer  morte ,  dans  la  tribu  de  Juda ,  fé- 
lon Jofué,  c.  l$.v.  ï6. 

MEDEA  ,  ville  de  Thrace.  Voyez,  Media. 
'MEDE.E  PYRGOS,  la  tour  de  Médée,  lieu  près  des 
CyanéescV  du  Bofphore,  félon  Pierre  Gilles  qui  cire  Denis. 

MEDECUEL.Axim&Serendib  villes  finie  rivage 
de  la  merdes  Indes,  félon  le  livre  des  propriétés  attri- 
bué fauflement  à  Ariftote  ,  Se  qu'Ortelius  ji  ge  très-bien 
être  l'ouvrage  de  quelque  Arabe.  Serend,b  ou  Serendibe , 


MED 


MED 


eft  certaînementlenomderifledeCWrfw.  AxiMeft  Achem 
dans  l'ifle  de  Sumatra.  J'ignore  ce  que  c'eft  que  Medecucl. 
MEDEFESSITENS1S  ,  Medefessitanus  ,  fiégeépis- 
copal  d'Afrique  dans  la  Bizacene.  Selon  la  conférence 
de  Canhage  que  fournit  Menfurius  ,  Evêque  de  ce  lieu. 
Quelques-uns  croient  que  c'eft  le  même  fiége  de  Me- 
nefejjitamis.  Il  eft  vrai  qu'ils  font  dans  la  même  province, 
mais  le  pere  Hardouin  lesdiftingue. 

MEDELICUM  ,  ancien  nom  de  Melck,  ville  d'Autri- 
triche,  félon  Lazius. 

MEDELLIN ,  ville  d'Espagne  dans  l'Eftramadure  ,  fur 
la  rive  feptentrionale  de  la  Guadiana  ,  dans  une  campa- 
gne fertile  Se  abondante  en  toutes  chofes.  Quintus  Ca?- 
cilius  Metellus  ,  conful  romain,  en  eft  regardé  comme  le 
fondateur  ;  &  l'on  prétend  que  c'eft  du  nom  de  ce  conful 
qu'elle  a  été  appellée  Meteilimim.  C'eit  dans  cette  ville 
qu'eft  né  Ferdinand  Cortez.  qui  a  conquis  le  Mexique.  Elle 
eft  le  ehef-lieu  d'un  comté  pofiedé  par  des  feigneurs  de 
la  maifonde  Porto-Carerro.*  Délices  d' Espagne  ,t.  z.  p.  3  -y. 
MEDELPADIE  ,  (  La  )  Province  de  Suéde  dans  la 
Scandinavie.  Elle  eft  bornée  par  l'Angermanie  au  nord- 
eft  ,  par  le  golphe  de  Bothnie    à  l'orient ,  par  le  ruis- 
feau  de  Stamning-back  au  midi,&  par  la  province  de  Hel- 
finge  au  midi  Se  au  fud-oueft ,  &  enfin  par  l'iempterland 
au  nord-oueft.  Elle  cl tarrofée  par  trois  rivières,  dont  la  pins 
feptentionale  la  traverfe  dans  toute  fa  longueur  ,Se  s'appelle 
Indal.Laplusméridionalefe  nomme  Nifarund. La  troifiéme 
ïiviere ,  qui  eft  celle  du  milieu ,  eft  la  plus  petite  ;  mais  elle  a 
à  fon embouchure  Sundswald  ,  capitale  de  la  province. 
Une  quatrième  rivière  dont  nous  avons  déjà  parlé  ,  Se  qui 
s'appelle Stamning-  backibaigne  laMidelpadieau  midi.  La 
côte,  quia  quatorze  ou  quinze  lieues  mannes  de  longueur 
du  nord  au  fud ,  eft  pleine  de  roches  au  midi  du  port  de 
SundsWald,  Plus  haut  eft  l'ifled'Alvon.  Le  port  d'Afio  , 
à  l'embouchure  de  l'indal,  Se  celui  de  Nirunda  fur  la  ri- 
vière de  Nifarund  ,  font  les  principaux  lieux  delà  côte 
après  la  capitale.  Trop  &  Tuna  font  plus  avant  fur  la 
même  rivière  ;  Fors  ,  Lydh  ,  Indal  Se  Carlobec  font 
fur  l'indal.  Anas  ,  Sion  &  Guarp  font  fur  la  côte.  Cette 
province  au  refte  eft  hériffée  de  montagnes ,  &  a  beaucoup 
de  forêts.  *  Mémoires. 

MEDEMA  (a  )  ,  ou  Medimena  ,  ou  Medemena  , 
ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de  Siméon  (  b).  Elle 
avoit  d'abord  été  donnée  à  la  tribu  de  Juda.  Elle  eft  fort 
avant  vers  le  midi  de  Juda.  Eufebe  la  met  vers  Gaza. 
Voyez.  Ifaïe ,  c.  10.  v.  31.  Se  Paralip. /.  1.  c.  i.v.  49. 
(a)  D.  Calmet,  Di&ion.  (  b  )  Jofué ,  c.  15.  v.  3  1 . 

MEDEMBLICK,  le  vrai  nom  étoit  Medemlecx;  les 
hiftoriens  du  pays  l'ont  nommée  en  latin  Medemleca  Se 
Medemblec  ,  ville  de  la  république  des  Provinces-Unies 
fur  le  Zuyderzée  ,  fur  la  côte  feptentrionale  de  Weft- 
frife ,  à  quinze  mille  pas  de  Stavercn  ,  qui  eft  de  la  Weft- 
frife,  le  détroit  de  Zuyderzée  entre  deux.  Cette  ville 
prend  fon  nom  de  Medemelach  ,  lac  que  traverfoit 
une  rivière  nommée  la  baffe  Ifala  ,  ou  Hifla.  Ce  lac  étoit 
formé  par  les  eaux  de  la  rivière  ,  qui ,  trouvant  un  ter- 
rein  fort  bas ,  s'y  répandoient.  Les  terres  fituées  entre  ce 
lac  Se  celui  de  Kimelofara ,  autre  lac  de  même  efpéce  , 
fuient  données  par  l'empereur  Othon  III  à  Thierri  II , 
l'an  985.  Auprès  de  ce  lac  étoient  un  village  Se  une  églife; 
il  en  elt  fait  mention  dans  des  lettres  de  Godebold ,  evê- 
que d'Utrecht  de  l'an  1 1 1 8  ;  on  voit  qu'elle  appartenoit 
à  l'églife  de  S.  Martin  avec  tousfes  revenus.  L'Eglife  d'U- 
trecht s'appropria  aufR  les  dixmes  royales  de  Médemblic 
m  Medemelake  ;  comme  il  eft  fpécifté  dans  un  inven- 
taire de  fes  biens.  On  ignore  depuis  quel  tems  cette  églife 
fubfiftoit.  Le  docte  Alting  dit  que Meden  fignifie  des  prai- 
ries chez  les  Frifons.  Le  fermier ,  qui  devint  enfuite  bailli, 
eut  une  espèce  d'intendance  fur  la  Weftfrife  proprement 
dite  ,  Se  Florent  V  ,  ayant  élevé  une  forterefle  l'an  1287 , 
pour  brider  les  Frifons ,  le  bailli  eut  le  titre  de  burgrave. 
D'autres  prétendent  qu'il  ne  fit  que  rebâtir  ce  château 
ruiné  par  le  tems.  Il  elt  certain  par  la  diverfe  figure  des 
matériaux  Se  de  la  maçonnerie ,  que  c'eit  un  ouvrage 
conftruit  &  réparé  en  différens  tems. 

Le  lac  dont  on  vient  de  parler  ,  eft  préfentement  con- 
fondu avec  le  Zuyderzée  ,  qui  auroit  bientôt  abforbé  la 
ville  même  ,  fans  les  fortes  digues  qui  en  font  la  fureté. 
Elles  paffent  pour  erre  des  plus  belles  de  la  Hollande. 
Cette  rivière,  qu' Alting  nomme  Ifala  inferior ,  ou  Hijla, 


I7Ï 

eft  apparemment  le  Leec  ,  ruiffeau  fouvent  confondu  dans 
les  canaux  pratiqués ,  mais  qui  reparoît  encore  avec  fon 
nom  au  midi  de  Wogum  ,  en  tirant  vers  Hoorn. 

La  jurisdiction  du  bailli  de  Médemblic  ,  comprenoit 
Hoorn,  Enckuyfen  ,  Se  quantité  d'autres  lieux  ,  donc 
quelques-uns  ont  été  abymés  par  l'inondation.  Cette 
ville  fut  prife  en  1426  ,  par  les  Kinhyemcrs,  Se  en  1  j  17 
par  les  Gueldrois ,  qui  la  brûlèrent  ;  il  n'y  eut  que  le  châ- 
teau d'épargné.  Malheureufcment  les  actes  les  plus  im- 
portans  pour  la  ville ,  comme  fes  privilèges  Se  conces- 
fions  des  fouverains  ,  étoient  dans  l'hôtel  de  ville  ,  où 
tout  fut  réduit  en  cendres.  Un  autre  incendie  affligea  cette 
ville  le  foir  de  la  Pentecôte  1 5  j-  <S  j  le  feu  prit  par  un 
malheur  ,  confomma  une  bonne  partie  de  la  ville  ,  avec 
l'églife  Se  les  couvens. 

La  ville  eft  expofée  au  nord  ,  Se  à  deux  jertées  qui  cm- 
braffent  l'entrée  du  havre.  Elle  eft  coupée  par  plufieurs 
canaux  ,  dont  le  plus  feptentrional  eft  1  ancien  port.  Le 
Magiftratena  fait  creufer  trois  autres,  en  reculant  les 
murs  de  la  ville  ,  de  forte  que  ,  quand  fur  la  fin  de  l'au- 
tomne &  au  commencement  de  l'hiver  ,  le  Zuyderzée 
eft  pris  de  glaces ,  les  navires  Se  les  barques  peuvent  être 
hors  de  tout  danger  ,  au  nombre  de  plus  de  trois  cens. 
Cette  ville  envoie  fes  députés  aux  états  de  la  province  ; 
elle  y  a  la  dix-feptiéme  voix.  Elle  a  auffi  la  féconde  cham- 
bre de  la  compagnie  des  Indes  orientales ,  Se  elle  poiïéde 
un  peu  plus  du  cinquième  du  total  du  fonds  de  la  com- 
pagnie  entière.  Cette  chambre  de    Middelbourg  eft 
compofée  de  treize  directeurs.  Il  y  en  a  douze  des  villes 
de  Zclande  ,  Se  un  de  la  part  de  la  province  de  Gronin- 
gue.  Cette  ville  eft  a  trois  heures  de  chemin   d'Enckuy- 
fen ,  à  trois  Se  un  quart  de  Hoorn  ,  Se  à  cinqd'Alcmaar. 
La  plupart  de  fes  habitans  font  marchands  de  bois. 
MEDEMELACHA  ,  Se 
MEDEMLACH.  Voyez,  Medemblick. 
MEDEMENE.  Voyez.  Medema. 
1.  MEDEN  A  PRO  VINCI  A  ;  la  vulgate  nomme  ain- 
fi  la  Médie  ,  où  étoit  Ecbatanc.  On  lit  au  premier  livre 
d'Esdras  ,  c.  6.  v.  1.  Et  inventant  efi  in  Ecbatanis  ,  qitod 
eft  caftrum  in  Mcdcna  provincia  volumen  unnm  ,  talisque 
jiriptus  eratin  eo  commentarhis ,  (frc.  Voyez  Médie. 

2.  MEDENA,  ancien  nomd'une  ville,nommée  aujour- 
d'hui Newport  dans  l'ifle  de  Wigth  ,  fur  la  côte  d'Angle- 
terre ,  félon  Newill  ,  cité  par  Ortelius  ,  Thefaur. 

MEDENENS1S  AGER,  nom  latin  du  Melanthois. 
Voyez,  ce  mot. 

MEDENI ,  M»S»voi ,  ancien  peuple  de  l'Afrique  pro- 
pre ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  11  étoit  entre  Thabraca 
Se  Madure.  Ptolomée  ne  lui  donne  point  de  ville, 
peut  être  n'en  avoit  -  il  point  alors  d'affez  remarquable; 
mais  du  tems  de  Bélifaire  il  y  avoit  dans  ce  canton-la  une 
ville  dont  parle  Procope.  Voici  le  pafTage:  Bélifaire  fe  ré- 
folut  de  pourfuivre  Gélimer  ;  quand  il  fut  arrivé  à  Hip- 
pone  ,qui  eft'une  ville  bâtie  fur  le  bord  de  la  mer,  à  dix 
journées  de  Carthage ,  il  reconnut  qu'il  étoit  impoffible  de 
le  prendre,  parce  qu'il  s'étoit  retiré  fur  une  moniagne 
nommée  Papua,  aftife  fur  les  frontières  de  N  umidie ,  toute 
bordée  de  rochers  &:  tout-à-fait  inacceffible.Elle  étoit  habi- 
tée par  des  Maures,  amis  Se  alliés  de  Gélimer.  A  l'extré- 
mité de  cette  montagne  ,  il  y  a  une  ville  appellée  Midéne  , 
où  le  roi  des  Vandales  s'étoit  renfermé  avec  l'a  fuite.  Cette 
ville  de  Midene  ou  Meden  e  aux  confins  de  la  Numidie  Se 
de  l'Afrique,  ne  devoir  pas  être  loin  de  Madure.  Voyez. 
Medeos.  *  Bell.  Vandal.  1.  2.  c.  4. 

1.  MÉDÉON,  ville  de  Grèce  dans  la  Béotie.  Pline, 
/.  4  c.  7.  nomme  dans  cette  province  Medt  on  Phlygon-e , 
&c.  Strabon  dit ,  /.  9.  p.  410.  Médéon  de  Béotie  tire  fon. 
nom  de  Médéon  de  Phocide,  Se  eft  proche  d'Oncheuus 
au  pied  du  mont  Phénicius  ;  d'où  vient  qu'on  l'appelle 
auiTi  Ph<enicis. 

2.  MÉDÉON,  ville  de  Grèce  dans  la  Phocide  ,  affez 
près  d'Anticyre  dans  le  golfe  CrifTéen  à  cent  foixante  ftades, 
c'eft- à-dire  à  vingt  mille  pas  de  Médéon  deBéorie,  félon 
Strabon,  /.o.  p.  410.  Il  ajoure  que  cette  ville  tire  fon  nom 
de  Médéon  de  Phocide.  Paulmier  croit  que  ce  doit  être 
tout  le  contraire ,  parce  que  Médéon  de  Béotie  étant  nom- 
mé par  Homère,  doit  être  plus  ancien  que  l'autre  ,  dont 
ce  poé'te  ne  parle  point.  Cette  ville  fur  détruite  par  le  roi 
Philippe,  durant  la  guerre  facrée.  Paufanias,  Phoc.c.  $6. 
dit  qu'Anticvre  étoit  fuuée au Diès  des  ruines  de  Médéon. 

Tom.  IV.  Y  ij 


MED 


172 

MEDEOS.  Ortelius  dit ,  ville  de  la  Numidie  près  du 
mont  Papua ,  &  cite  Procope  au  fécond  livre  de  la  guerre 
des  Vandales.  Voyez,  le  partage  que  j'ai  cité  de  Procope  au 
mot  Medeni.  Je  l'ai  rendu  de  la  même  manière  que  Cou- 
fin  ,  qui  dit  :  Il  y  a  une  ville  appellée  Midene.  Ortelius 
lit  Medeos.  Grotius,  hifi.  Goth.  &c.p.y$.  rend  ainfi  en 
latin  le  même  partage  de  Procope.  At  Belifarius  infequi 
perfevcrans  ,  ubi  ad  urbem  Numidarum  maritimam  per- 
vertit ,  decem  dïtriim  itinere  à  Carihagine ,   cui    nomen 
Hippo  regius ,  discit  fuperato  Papua  monte  Gelimerem 
effugifle  Komanas  manus.  In  ultima  Numidia  efl  is  nions , 
abruptits  plurimum  difficilique  aditu  ob  circumdatas  ru- 
pes.  Mauri ,  gens  barbara  ,  arnica  tune  ty-fida  Gelimeri. 
In  monte  extimo  oppidum  eft  antiquum,fed  carens  nomine , 
in  quo  cum  comitibus  Gelimer  à  malts  fuis   refpirabat. 
Il  efl:  artez  remarquable  qu'un  même  mot  grec  ait  été 
rendu  par  Ortelius ,  comme  s'il  y  avoir  Medeos ,  par 
Coufin ,  comme  s'il  y  avoir  Midene,  Se  par  Grotius, 
comme  s'il  fignifioir  une  ville  qui  n'a  point  de  nom. 
MEDERA.  Voyez,  au  mot  Ad ,  l'article  Ad-Medera. 
MEDERIACUM ,  ancien  lieu  de  la  Belgique  fur  la 
route  de  Colonia  Trajana,  à  Cologne,  félon   Antonin 
dans  fon  itinéraire.  Il  la  met  entre  Sablones  Se  Theudu- 
rum,  à  dix  milles  de  la  première  place  ,  Se  à  neuf  de  la 
féconde. Simler  croit  que  c'eft  Mierle  ,  village  au  dellbus 
de  Venlo  dans  la  Gueldre;  mais  Alting  qui  juge  que 
Sablones  doit  être  Santhoff  Se  Thsudurum,  Tuddert, 
détruit  cette  idée.  Si  la  route  éroir  en  droite  ligne  ,  &  que 
les   diftanCes  fuffent  fans  conteftation ,  il  feroit  aifé  de 
trouver   Mederiacum  ;  mais  Alting  change  les  chiffres 
d'Antonin  fur  cette  route  ,  parce  ,  dit-il,  que  la  fomme 
totale    étant   fauffe ,  il  doit  y  avoir  de  l'erreur    dans  le 
détail.  Ainfi  il  tâche  de  réformer  l'un  Se  l'autre.  Cluvier 
croit  quec'eft  Ammiren.  Voyez,  ce  mot. 

MEDES,   (Les)    ancien  peuple  de  l'Afic.  Voyez, 
Medie. 

MEDESINOU,  (Le)  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  dans  la  Nouvelle  France  ou  Louifiane  ,  au  pays 
des  Nadouerti  ou  des  Sioux.  Elle  fe  jette  dans  la  rivière 
de  Mendeouacaton  ,  près  du  Mirtirtipi. 

MEDI ,  peuple  ancien  dans  la  Thrace.  Voyez,  NLcdi. 
MEDIA.  Voyez,  Medie. 

MEDIAL.  Voyez,  au  mot  Ad  ,  l'article  Ad-Medias. 
MEDITE  MURUS  .mhJV*/  Tê/*o;  ,  mur  dans  l'AfTy- 
rie ,  entre  le  Tigre  &  l'Euphrate  au-dertus  de  Babylone  Se 
d'Opis.  Xenophon,  /.  r.  c.  3.  en  parle  ainfi  dans  fa  retraite 
des  dix  mille.  On  arriva  au  mur  de  la  Médie  ,  qui  a  quel- 
ques cens  pieds  de  haut  Se  vingt  d'épaiffeur  ,  Se  s'étend , 
à  ce  qu'on  dit ,  par  l'efpace  de  plus  de  vingt  lieues.  Il  eft 
tout  bâti  de  briques  liées  enfemble  avec  du  bitume ,  com- 
me les  murs  de  Babvlone  dont  il  n'eft  pas  fort  éloigné. 

MEDI  A  PORTA,  MhJW  Wa»,  défilé  dans  le  mont 
Zagms  C'étoit  l'entrée  de  la  Médie  en  venant  de  l'Adia- 
bene.  Strabon ,  /.  10.  en  fait  mention.  C'eft  la  même  chofe 
queZAGRi  PylvE. 

1.  MEDIAN  A ,  ville  d'Afie  dans  l'Osrhoëne  ,  félon  la 
notice  de  l'Empire ,  Set?.  2;. 

2.  MEDIANA,  fauxbourg  de  Nœfus  ou  Nœffus,  ville 
de  l'Illyrie  ou  de  la  Dacie  Méditerranée  ,  à  trois  milles 
de  cette  ville,  félon  Ammien  Marcellin , /.  16.  c.;. 
Voyex,  Mediolanium  M<£sb£. 

3.  MEDIANA,  ville  épiscopaled'Afrique  dans  la  Mau- 
ritanie Sitifenfe.  Il  en  efl  parlé  dans  la  conférence  de  Car- 
thage. 

MEDIANENS1S  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la  By- 

zacenc.  La  notice  ,  n°  27.  fournit  Antacius  Medianenfîs. 

MEDIANI  CASTELLUM,  Voyez,  Castellhm  Me- 

DIANUM. 

A  Medianis  Zabuniorum.  On  lit  dans  la  confé- 
rence de  Carthage  Donatus  episcopus  à  Medianis  Zabu- 
niorum t  Se  peu  de  lignes  après  on  trouve  :  Novatus 
episcopus  ecclefiA  Catholict  Sitifi  dixit  :  Scriptum  fit  Me- 
dianas  Zabuniorum  habtre  presbyterum.  Ipfe  hodie  tenet 
plebem&  Bafilicamunitatem  habet.  Nullus  illic  efl  Dona- 
tijtarum  ,  fupra  Corpus  episcopi  Catholici  presbyterum  ordi- 
navi  &  Deo  voleme  ordinabitur  illic  Episcopus.  Ce  partage 
eft  remarquable  par  l'ufage  qu'en  fait  Dupin.' Il  prétend, 
fur  ce  qu'un  évêque  de  Sitifi  dit,  qu'il  a  ordonné  un 
prêtre  dans  ce  diocefe ,  que  l'on  doit  en  conclure  que 
cette  églife  étoit  de  la  Mauritanie  Sitifenfe.  Pour  bien 


MED 


entendre  la  force  de  cette  preuve,  il  faut  un  peu  expli- 
quer ce  partage.  Les  Donatiites  d'Afrique  prétendoient 
avoir  pour  eux  le  grand  nombre  -,  Se  afin  que  cela  parût 
ainfi  ,  ils  confacroient  des  évêques  pour  tous  les  fiéges 
qui  venoient  à  vaquer  -,  quoiqu'ils  fuffent  fouvent  bien 
arturés  que  perfonne  ne  les  recevroit.  Tel  étoir  Donat, 
qui  fe  préfenta  à  la  conférence  de  Carthage  comme  évêque 
de  Mediana  Zabuniorum.  Ce  fiege  étoit  alors  vacant  par 
la  mort  de  l'Evêque.  Là-deffus  Victor  ,  l'un  des  évêques 
Catholiques ,  demanda  que  ce  faux  évêque  prouvât  qu'il 
eût  jamais  mis  le  pied  dans  cette  églife.  Novat,autre  prélat 
Catholique,  évêque  de  Sitifi.  demande  que  l'on  écrive 
que  Midiaaaa.an  prêtre  qui  eft  en  poftcllion  du  trou- 
peau Se  de  l'églife  ;  qu'il  eft  uni  au  corps  de  l'unité  ; 
qu'il  n'y  a  pas  dans  ce  diocèfe  un  feul  Donariue  ;  Se 
par  confequent  que  perfonne  ne  pouvoit  y  avoir  ap- 
pelle Donat,  qui  s'en  prétendoir  évêque.  Et  comme  cet 
évêque  donatiite  auroit  pu  due  que  le  rroupeau  étant 
abandonné  par  les  pafteurs  Otholiques,  il  y  étoit  entré  , 
afin  qu'il  ne  manquât  point  de  patteur,  Novat  ajoute  qu'il 
y  a  ordonné  un  prêtre  fur  le  cercueil  de  l'évêque  Catho- 
lique, Se  que  Dieu  aidant,  on  y  facre  auffi  un  évêque.  Du- 
pin juge  de  cette  aétion  de  l'évêque  de  Sitifi  ,  qui  avoit 
ordonné  un  prêtre  dans  cette  églife  durant  la  vacance  du 
fiége,  Se  qui  en  prend  hautement  les  intérêts,  que  ce  fiége 
devoit  être  de  la  Mauritanie  Sitifenfe,  puisqu'autrement 
cette  ordination  auroit  appartenu  à  quelque  évêque  de  la 
Byzacéne  ,  fi  ce  fiége  eût  été  le  même  que  celui  dont  éroit 
évêque  Antacius  que  la  notice  met  dans  cette  province , 
le  déllgnant  ainfi,  Antacius  Medianenfis.  Dupin  n'entre 
pas  dans  tout  ce  dérail  des  preuves ,  mais  on  voit  bien 
par  fa  conclufion  qu'il  les  fuppofe. 

MEDICA ,  ifie  de  la  Propontide.  Il  en  eft  fait  mention 
dans  les  conftitutions  de  l'empereur  Emanuel  Comnéne. 
*  Ortelit  Thefaur. 

MEDICCARA  ,  ancienne  ville  de  l'Afrique  propre- 
ment dite ,  félon  Prolomée  ,  /.  4.  c.  3.  Il  la  nomme  entre 
Abdera  Se  Tuburbe. 

MEDICE ,  ancienne  abbaye  d'Afie  dans  la  Birhynie 
au  mont  Olympe.  Elle  fut  fondée  fous  Conftantin  Copro- 
nyme  par  l'abbé  S.  Nicephore  ,  fous  l'invocation  de  S. 
Gerge  ,  Se  fous  la  régie  des  Acemétes.  Ce  fut  la  retraite 
de  plufieurs  faints  du  tems  des  lconoclaftes.  *  Baillet , 
Topog.  des  Saints. 

MEDICULE1A.  Voyez.  Mendeculeia. 

MEDIE  ,  (  La  )  grand  pays  d'Afie.  Sans  le  fecours  de 
l'hiftoireon  ne  peut  donner  une  idée  jnfle  de  ce  pays, 
qui  a  tellement  varié ,  que  ce  qu'on  diroit  à  l'égard  d'un 
tems ,  feroit  faux  à  l'égard  d'un  autre. 

Il  eft  nommé  Madai  dans  l'écriture  fainre.  Dans  Es- 
ther,  r.i.ti.j,  14,  &c.  Paras   Se  Madai   HD1  013 
fignifie  la  Perfe ,  Se  la  Medie  :  on  trouve  auffi  ces  deux 
noms  exprimés  conjointement  dans  Daniel  ,  c.  j .  v.  28. 
&  c.  6.  v.  1$.  Cette  reffemblance  de  noms  a  fait  croire  à 
quelques  uns  que  ces  Medes  venoient  de  Madai  ,  l'un 
des  fils  de  Japher  ;  mais  on  fait  d'ailleurs  que  les  enfans 
de  Japhct  ont  peuplé  l'Europe  ;  Se  Dom  Calmet  ,  dans 
fon  dictionnaire  de  la  Bible  ,  en  parle  ainfi  au  mot  Ma- 
dai. Madai  ,  troifiéme  fils  de  Japher ,  on  tient  commu- 
nément qu'il  fut  le  père  des  Medes  :  mais  la  Médie  eft 
trop  éloignée  des  autres  pays  peuplés  par  Japhet  Se  fex 
descendans.  De  plus ,  elle  ne  peut  être  comprife  fous  le 
nom  d'IsLE  des  Nations  ,  qui  furent ,  félon  Moyfe  ,  le 
partage  des  fils  de  Japhet  ;  ces  raifons  ont  fait  croire  à 
quelques  favans  que  Madai  eft  le  père  des  Macédoniens. 
La  Macédoine   s'appelloit  autrement  Mmathie  ,    d'un 
nom  formé  de  l'hébreu  Ei ,  une  ifle ,  Se  Madaï ,  l'ifle  de 
Madaï  ;  ou  ,  en  le  dérivant  du  grec  Aia  Madai,  la  terre 
de  Madaï.  On  trouve  aux  environs  de  ce  pays  des  peuples 
nommés  M^£di  (ce  font  les  M&dï  de  Thrace,  )  &  dans  la 
Macédoine  un  roi  appelle  Medus.  Dès  que  l'on  place  Ma- 
daï Se  fes  enfans  dans  la  Macédoine ,  il  n'eft  pas  aifé  de 
les  faire  revenir  en  Afie  ,  au-delà  de  l'Euphrate  dans  la 
Médie ,  l'hiftoire  ne  difant  rien  de  cette  migration.  *  Gè- 
ne fe  ,  c.  10.  v.  2. 

Strabon  Se  d'autres  Grecs  dérivent  le  nom  de  Médie 
d'un  certain  Medus  ,  fils  de  Médée.  Il  y  a  des  gens ,  dit 
ce  géographe  ,  /.  11.  p.  526.  qui  rapportent  que  Médée 
jouit  quelque  tems  avec  Jafon  de  fa  royauté  en  ce  pays  j 
qu'elle  inventa  l'habit  dont  fe  fert  la  nation,  Se  que  tou- 


MED 


MED 


tes  les  fois  qu'elle  fortoit,  elle  mettoit  un  voile  fur  foti 
vifage.  Ils  ajoutent  que  les  chapelles  nommées  Sacella 
Jafonia  ,  que  les  barbares  refpectent  beaucoup  ,  font  en- 
core un  monument  de  ce  héros.  Il  y  a  auffi  une  grande 
montagne  au  deffus  des  portes  Caspiennes ,  à  la  gauche  , 
qu'on  appelle  Jajonium.  Ils  veulent  auffi  que  le  pays  ait 
pris  fon  nom  Se  l'ufage  de  les  habits  de  Médce  :  on  dit 
encore  que  Medus  ,  fon  fils,  lui  fuçcéda,  Se  lailia  fon 
nom  à  cette  province.  Cela  s'accorde  avec  Jafonia  en  Ar- 
ménie ,  avec  le  nom  même  de  la  Médie  ,  Se  avec  beau- 
coup d'autres  circonftances.  C'elt  ainli  qu'en  parle  Stra- 
bon.  Il  eft  inutile  de  chercher  d'où  vient  le  rapport  encre 
Maàài ,  fils  de  Japhet  ,  Se  A/adaï ,  la  Médie  ,  ou  les 
Médes  ;  autrement  il  fandroit  auifi  rechercher  le  même 
rapport  entre  ce  même  Mudai  ,  Se  Médée ,  mère  de 
Medus,  dont  l'hiftoirc  fait  une  égale  mention. 

Dom  Calmet  trouve  le  moyen  de  confirmer  l'opinion 
des  Grecs  ;  car ,  dit  il ,  on  place  le  voyage  des  Argonautes 
pour  la  conquête  de  la  toifon  d'or  ,  à  l'an  du  monde 
2760:  ce  fut  dans  ce  même  voyage  que  Médée  fut  enle- 
vée par  Jafon.  Or ,  l'écriture  ne  parle  des  Medes  que  du 
rems  de  Salmanazar ,  fous  qui  arriva  la  ruine  de  Samarie , 
J'andumonde  5 283  ,  Se  fouvent  depuis  ce  tems ,  du  tems 
d'Ilaïe,  de  Jérémie  ,  de  Daniel ,  de  Judith,  d'Efther  Se 
de  Tobic.  Or  cinq  cens  vin^t -trois  ans,  qui  fe  font 
écoulés  entre  l'enlèvement  de  Médée  par  Jafon  ,  Se  la 
prife  de  Samarie  fous  Salmanazar  ,  donnèrent  à  l'origine 
fournie  par  les  Giecs  une  vraifemblance  fort  raifonnable 
du  côté  de  la  chronologie  ;  car  du  relie  les  Argonautes 
étant  allés  en  Co'.chidc  par  la  mer  Noire  ,  Se  revenus  de 
même  ,  il  n'eft  pas  aifé  de  deviner  par  quelle  aventure 
Jalon  Se  Médée  s'en  retournèrent  dans  la  Médie  -,  ce 
qu'ils  y  alloient  faire;  ni  dans  quel  tems  de  leur  union  ils 
ont  pu  y  féjourner. 

Histoire    cÉogràphiq  >e    dis   Medes. 

Nemrod  ,  fils  de  Chus ,  petit-fils  de  Cham  (  a  )  devînt 
roi  par  le  moyen  de  la  chaiTe.  Il  gagna  l'affection  des  hom- 
mes ,  en  les  délivrant  des  bêtes  féroces  qui  les  incommo- 
daient -,  cet  exercice  lui  donnoit  lieu  d'exercer  de  jeunes 
gens  a  !a  fatigue ,  à  l'obéiffance  »  Se  à  Tufage  des  armes. 
11  fe  forma  ainfiun  royaume  ,  dont  la  capitale  étoit  Ba- 
bylone.  11  bâtit  Ninive  dans  l'AlTyrie.  Il  ne  fut  pas  propre- 
ment le  fondateur  de  Babylone  ,  qu'il  trouva  commen- 
cée par  ceux  qui  avoient  entrepris  la  fameufe  tour  qui 
donna  lieu  à  la  confusion  àes  langues.  Le  nom  de  Baal , 
que  l'idolâtrie  lui  donna  enfuite ,  en  le  mettant  au  nom- 
bre des  dieux ,  eft  le  même  que  Belusctes  hiftoriens Grecs. 
Ninus  ,  fon  fils,  l'imita,  Se  cette  reffemblance  de  con- 
duite efteaufe  que  les  mêmes  hiftoriens  ont  attribué  au 
fils  une  partie  des  actions  du  père  (  b  ).  Ils  difent  de  Ni- 
nus que  ,  dans  la  vue  de  porter  au  loin  fes  conquêtes  , 
il  commença  par  fe  préparer  des  troupes  &  des  officiers 
capables  de  féconder  fes  deiîéins  ;  que ,  foatenu  du  puis- 
fant  fecours  des  Arabes  fes  voifins  ,  en  l'espace  de  dix- 
fept  ans  ,  il  conquit  une  vafte  étendue  de  pays  ,  depuis 
l'Egypte  jusqu'à  l'Inde  Se  la  Bactriane  ,  qu'il  n'ofa  en- 
core attaquer  ;  qu'à  fon  retour  il  bâtit  Ninive  ,  (  c'eft- 
à  dire  ,  qu'il  continua  tout  au  plus  ce  que  l'écriture  fainte 
dit  que  fon  père  y  avoir  commencé.  )  Il  retourna  enfuite 
contre  les  Bactriens ,  qu'il  fubjugua.  Sémiramis ,  femme 
d'un  de  fes  officiers,  contribua  beaucoup  à  la  prife  de 
Bactres  ,  la  capitale.  Le  mari  de  cette  femme  mourut  peu 
après  ;  Ninus  qui  étoit  amoureux  d'elle,  en  fit  fa  femme  , 
en  eut  un  fils  ,  mourut  peu  après  fon  retour  à  Ninive  , 
Se  laifiâ  à  fa  femme  la  tutelle  de  fon  fils ,  Se  la  régence  du 
royaume.  Les  Mêles  étoient  fans  doute  compris  dans  les 
grandes  conquêtes  de  Ninus  ;  &  peut-être  avoient  ils  été 
déia  fournis  par  Nemrod  ,  fon  père.  Rien  de  plus  fuperbe 
que  les  ouvrages  dont  Sémiramis  embellit  la  vilie  de  Ba- 
bylone  ;  rien  de  plus  héroïque  que  les  conquêtes  qu'elle 
entreprit  &  dont  elle  vint  à  bout.  Ninyas  ,  fon  fils,  ne 
Juireffembla  nullement,  &  ne  fongea  qu'à  fes  plaifirs, 
en  quoi  il  ne  fur  que  trop  bien  imité  par  fes  fucceffeurs. 
Princes  obscurs  Se  efféminés ,  que  l'hiftoire  a  méprifés  jus- 
qu'à n'en  pas  daigner  conferver  les  noms.  Il  faur  courir 
jusqu'au  rems  d'Abraham  pour  trouver  un  Amraphel , 
roi  de Sannaar ,  pavs  où  Rab,  lone  é'oit  firuéc,&  Cho- 
dorlahomor ,  roi  des  Elamites.  Ces  deux  roisavoient  une 


*73 

portion  de  l'état  que  Sémiramis  avoit  laiffé  à  fon  hls 
Encore  ne  favons  -  nous  leurs  noms  que  par  l'écriture  , 
qui  les  nomme  en  palTant  à  l'occafion  d'Abraham.  Nous 
ignorerions  de  même  que  Phul  a  été  roi  des  Affyriens, 
s'il  n'avoit  pas  été  mêlé  dans  les  guerres  des  Ifraëliies  plus 
d'onze  cens  ans  après  l'époque  d'Abraham ,  dont  on  vienr 
de  parler.  On  croit  qu'il  regnoit  encore  à  Ninive  du  tems 
delà  Prophétie  de  Jonas  ,  qui  ne  le  nomme  point.  On  ne 
fait  ce  qu'ont  fait  les  Médes  dans  tout  ce  tems.  Mais  com- 
me ce  prince  enrra  dans  la  terre  d'Uracl,  environ  37$ 
ans  après  le  voyage  des  Argonautes  .  fi  le  le  jour  de  Mé- 
dée dans  la  Médie  a  quelque  fondement  dans  l'hiftoire, 
la  poftérité  de  Medus  fon  fils  y  regnoit  pour  lors,  (a) 
Genef.  c.  10.  (  b)  Diodore  de  Sicile,  1.  2. 

S'il  eft  vrai  que  Phul  f&it  le  même  roi  de  Ninive ,  qui 
fe  convertit  à  la  prédication  de  Jonas ,  fon   fils  Sardan  , 
que  les  Orientaux  appellent  Sardan-Pul ,  c'eft-à-dire  Sar- 
dan fils  de  Pul  ou  Phul ,  Ôe  que  nous  connoiifons  mieux 
fous  le  nomdeSardanapale  ,  ne  piofita  gueres  d'une  con- 
verfion  fi  falutaire  :  il  pouffa  fi  loin  le  luxe  ,  Se  la  mol- 
leffe ,  que  fes  fujets  ,  honteux  d'obéir  à  un  monftre  fi  rrie- 
prifable  ,  fe  révoltèrent  Se  le  réduillrent  à  fe  brûler  lui» 
même  avec  d'immenfes  tréfors,  fes  femmes  Se  les  eunu- 
ques dans  fon  palais  de  Ninive.  Deux  de  fes  officiers  par- 
tagèrent fon  empire.  Arbace  ,  gouverneur  des  Medes, 
fonda  l'empire  des  Affyriens ,  Se  s'établit  à  Ninive  j  Bele- 
fis  s'établit  à  Babylone  ,  &  laiffa  cette  couronne  à  fa  po- 
ftérité. Cette  divifion  de  l'empire  des  Medes  détruit  l'o- 
pinion de  quelques  hiftoriens  ,  qui  font  Arbace  fondateur 
d'un  royaume  de  Médie ,  &  lui  donnent  Ninive  pour 
capitale.  Prideaux  ,  fenvant  bien  que  ce  royaume  de  Mé- 
die n'eft  pas  fort  aifé  à  accorder  avec  les  deux  aurres  royau- 
mes ,  fuppofepie  l'Arbace  ,  deftructeur  de  l'empire  de 
Sardanapale  ,  ù'~  le  même  que   Teglat  Phalaffar ,  ou  , 
comme  liiênt  les  Hcbraïfans ,  Tiglat  Pilefer  ,  ou  Tilgarh. 
Pilnefer  ;  Se  attribue  à  Arbace  tout  ce  que  l'écriture  dit 
de  ce  roi  des  Affyriens  Se  de  Ninive  ;  mais  ce  n'eft  qu'une 
conjecture.  Il  eft  vrai  que  quelques  auteurs  anciens  affu- 
rent  qu'Arbace  prit  la  qualité  de  roi.  Diodore  de  Sicile  le 
dit  expreffément ,  L  2.  c.  27  &  28.  il  lui  donne  même 
une  grande  fupériorité  fur  Belefis  ,  qui,  félon  cet  hifto- 
rien  ,  ne  régna  à  Babylone  qu'avec  une  extrême  fubordi- 
nation  :  mais  en  même  tems  cet  écrivain  fe  trompe,  en 
difant  que  ce  monarque  ayant  ramaffé  les  tréfors  fauves 
du  feu  »  qui  avoit  confirmé  Sardanapale  Se  fon  palais  , 
les  fit  porter  à  Ecbatane  ,  ville  royale  des  Medes  ,  qui 
n'exiftoit  point  encore  ,  &  qui  ne  fut  bâtie  que  long- 
tems  après.  Trogne  Pompée  Se  fon  abbréviareur  Juftiti 
parlent  de  même,  /.  1.  c.  3. d' Arbace  ,  vainqueur  de  Sar- 
danapale :  Pofi  hune  rex  confiituitur  interfelïor  ejus  Ar- 
baces  ,  qui  prœfciïitS  Medorum  j itérât.  Is  imperium  ab 
Alfyriis  ad  Medos  transfert.  Mais  Diodore ,  contempo- 
rain de  Jules-Céfar ,  Se  Trogue  Pompée  qui  vivoit  fous 
Augufte  ,  Se  qui  écrivoient  l'un  Se  l'autre  en  Sicile  ou  en 
Italie  ,  ont  facilement  confondu  l'époque  de  l'ancien  em-> 
pire  des  Affyriens  ,  divifé  à  l'occafion  de  la  révolte  d'Ar- 
bace,  gouverneur  de  Médie,  avec  l'époque  du  nouvel 
empire  des  Affyriens ,  fubjugué  par  les  Medes  du  tems  de 
Cyrus.  Hérodote ,  né  dans  l'Allé  mineure  ,  Se  qui  vivoic 
au  moins  quatre  cens  ans  avant  Diodore  &  Trogue  Pom- 
pée, eft  beaucoup  plus  Croyable  qu'eux  ;  Se  il  paroîtpar 
ce  qu'il  en  dit  que  les  Medes  fubjugués  par  les  Affyriens  , 
étoient  une  province  de    l'ancien  empire  d'Affyrie    Ils 
furent  les  premiers  à  en  fecouer  le  joug  ,  Se  à  fe  mettre 
en  liberté  ,  Se  leur  exemple  fut  fuivi  par  d'autres  peu- 
ples. Ils  fe  gouvernoient  eux-mêmes ,  Se  étoient  partagés 
en  divers  villages.  On  voit  bien  qu'Hérodote  parle  ici 
de  la  révolte  arrivée  du  tems  d'Arbacc,  Se  que  les  Me- 
des affranchis  n'eurent  rien  de  commun  avec  le  nouvel 
empire  d'Affyrie.  S'il  étoit  vrai  qu'Arbace  Se  fes  fucces- 
feurs  euffent  régné  fur  la  Médie  ,  ce  peuple  ne  feroirpas 
tombé  dans  l'anarchie  ,  qui  donna  lieu  à  Déjocès  de  s'en 
faire  roi.  Leur  indépendance  dégénéra  en  un  libertinage 
pernicieux.  Déjocès ,  fils  de  Phraorte  ,  Mede  de  narion  , 
profita  de  ces  conjonctures  :  homme  fage  Se  habile  ,  il 
étoit  le  médiateur  de  toutes  les  querelles  qui  s'élevoienc 
entre  les  habirans  de  fon  village  ;  la  fageffe  de  fes  juge- 
mens  prévenoit  fouvent  de  grands  maux  ,  Se  l'idée  qu'on 
avoit  de  fon  équité .  faifoit  qu'on  acquiesçoit  à  ce  qu'il 
avoii  prononcé.  Les  villages  voifins  du  ficn  ,  voyant  le 


1 74         MED 

repos  donc  on  y  jouiflbir  par  fa  prudence  ,  &  le  bon  or- 
dre qu'il  y  avoir  érabli ,  le  confulterem  auffi  ,  8c  il  devint 
l'arbitre  de  toute  la  nation.  Lorsqu'il  crut  leur  être  deve- 
nu trop  néceffaire,  pour  qu'ils  puffent  aifément  fe  pafier 
de  lui ,  il  feignit  d'être  fatigué  de  leurs  affaires ,  &  de  vou- 
loir fe  retirer  pour  ne  penfer  qu'à  fes  intérêts  domefti- 
ques.  Dès  qu'il  ne  fe  mêla  plus  de  la  police  ,  les  désordres 
revinrent  en  foule.  On  s'affembla  pour  y  chercher  du  re- 
mède ,  8c  l'on  n'en  trouva  point  de  plus  efficace  que  d'é- 
lire un  roi ,  qui  eut  l'autorité  de  réprimer  les  violences, 
&  en  même  rems  lafageffe  néceffaire  pour  faire  des  loix  ; 
on  jugea  qu'alors  chacun  fe  repofant  fur  le  prince  des 
foins  du  gouvernement,  pourroit  vaquer  paifiblemenrà 
fes  affaires  particulières.  Le  projet  fut  goûté  -,  Déjocès 
fut  nommé ,  approuvé  «Se  couronné. 

Voila  proprement  le  premier  roi  de  la  Médie.  Jus- 
ques  là  cette  province  avoit  éré  ou  confondue  dans  l'em- 
pire des  Affyriens,  ou  libre  &  indépendante  depuis  la 
ruine  de  cet  empire.  Ainfi  on  vit  alors  trois  royaumes , 
favoir ,  i°.  Celui  de  Babylone  8c  de  la  Chaldée  où  avoient 
régné  fucceïTivement  Belefis  ,  Nerodach  fon  fils  &  quel- 
ques rois  obscurs  dont  on  ne  fait  absolument  rien.  z°. 
Celui  de  Nivine  ou  d'Affyrie  ,  fondé  de  nouveau  parTe- 
glath  Phalaffar  dont  le  fucceffeur  Salmanafar  avoit  été 
fuivi  de  Sennacherib  ou  Sargon.  Affaradon  fils  de  ce  der- 
nier regnoit  alors ,  &  profitant  d'un  interrègne  de  huit 
ans  arrivé  à  Babylone  après  l'extinction  de  la  famille 
royale ,  il  s'étoit  emparé  de  cette  ville ,  &  avoit  réuni 
cette  couronne  à  la  tienne.  $°.  On  voit  que  le  royaume 
des  Médes ,  qui  eft  le  troifiéme  de  ceux  qui  avoient  été 
unis  dans  le  premier  empire  des  Affyriens ,  commence 
presque  dans  le  tems  que  celui  de  Babylone  fe  perd  dans 
le  fécond  empire  d'Affyrie. 

Dejocès  fe  voyant  roi  fongea  à  policer  fes  fujets  ,  bâ- 
tit la  ville  d'Ecbatane  8c  y  éleva  un  palais  pour  fa  ré- 
sidence, il  engagea  les  Médes  à  peupler  fa  nouvelle  ville , 
&  leur  donna  de  fages  loix.  11  employa  tous  les  refforts 
de  fa  politique  à  régner  absolument  8c  paifiblement.  On 
lui  donne  cinquante-trois  ans  de  règne,  qui  joints  à  tren- 
te-fept  qui  s'étoient  .écoulés  depuis  la  délivrance  des  Mé- 
des ,  fait  un  espace  de  quatre-vingt-dix  ans. 

Phraorte  ou  Aphraarte  fon  fils  lui  fuccéda.  C'eft  FAr- 
phaxad  nommé  dans  le  livre  de  Judith.  11  fit  continuer 
les  ouvrages  que  fon  père  avoit  commencés  à  Ecbatane, 
ce  qui  a  fait  croire  à  quelques-uns  qu'Arphaxad  en  éroit 
le  fondateur ,  8c  par  conféquent  le  même  que  Dejocès. 
Il  fut  belliqueux  ,  fit  la  guerre  au  roi  d?Affyrie  Saosdu- 
chin  ou  Nabuchodonofor  I.  qui  le  défit  8c  ravagea  la 
Médic. 

•Cyaxare  I.  fils  de  Phraorte  ,  lui  fuccéda.  Le  vainqueur 
de  fon  père  ayant  perdu  enfuite  fon  armée  fous  Holo- 
ferne,  Cyaxare  fe  reffaifit  de  la  Médie  8c  y  ajouta  la 
conquête  de  la  haute  Afie  ,  c'eft-à-dire  ,  les  deux  Armé- 
nies ,  la  Cappadoce ,  le  Pont ,  la  Colchide  &  l'Ibérie. 
L'Halys  fut  la  borne  de  fon  empire  au  couchant.  D'un 
autre  côté,  c'eft-à-dire ,  au  midi  delà  Médie,  il  fou- 
rnit les  Perfes  ,  attaqua  les  Affyriens ,  les  vainquit ,  affié- 
gea  Ninive,  8c  Fauroit  prife  ,  s'il  n'eûr  pas  été  obligé  de 
quitter  cette  entreprife  pour  aller  au  fecours  de  fa  pro- 
pre capitale.  Une  armée  formidable  de  Scythes  qui  ve- 
ndent des  environs  des  Palus  Méotides,  avoit  pénétré  jus- 
que dans  le  royaume  de  Médie.  Cyaxare  les  joignit,  li- 
vra bataille ,  fut  vaincu.  Les  Scythes ,  maîtres  de  la  Mé- 
die ,  coururent  l'Afie  ,  s'approchèrent  de  l'Egvpte ,  re- 
vinrent dans  la  Paleftine,  pillèrent  le  temple  d'Ascalon, 
s'établirent  à  Bethfan  ,  ville  de  la  tribu  de  Manaffé ,  qui 
en  prit  le  nom  de  Scythopolis.  Ils  jouirent  vingt-huit 
ans  de  la  Médie  8c  des  pays  annexés  à  cette  couronne. 
Les  Médes  enfin  s'en  délivrèrent  par  une  tromperie  bien 
cruelle.  Il  y  avoit  par  tout  des  garnifons.  Les  Médes  in- 
vitèrent la  plupart  des  Scythes  à  un  grand  feffin  qui  fe 
faifoit  dans  chaque  famille.  Chacun  enyvra  fes  hôtes  Se 
les  égorgea.  Les  Médes  profitant  de  la  confternation  que 
caufa  cette  boucherie ,  fe  reffaifirent  des  provinces  que 
les  Scythes  leur  avoient  enlevées ,  8c  reportetent  les  bor- 
nes de  leur  état  au  fleuve  Halys.  Les  reftes  des  Scythes 
échapés  à  cette  horrible  exécution,  trouvèrent  un  afyle 
chez  Aliatte  roi  de  Lydie.  Cela  donna  lieu  à  une  guerre 
entre  lui  8c  Cyaxare.  Elle  dura  cinq  ans ,  8c  les  avanta- 
ges furent  balancés.  Les  rois  de  Cilicie  &  de  Babylone 


MED 


ménagèrent  un  accommodement  par  lequel  Aryenis ,  fille 
d'Aliatte  ,  époufa  Aftyage ,  fils  de  Cyaxare.  Le  roi  des  Mé- 
des, dégagé  de  cette  affaire,  fe  ligua  avec  Nabopolaffar 
roi  de  Babylone  ,  contre  Saracus  roi  de  Ninive  ,  le  mê- 
me que  Chynaladanus  ,  fils  de  Saosduchin.  Ce  roi  de  Ba- 
bylone ,  dont  je  viens  de  parler  ,  n'étant  encore  que  fim- 
ple  général  de  Saracus ,  avoit  profité  de  la  molleffe  de 
ce  prince  8c  du  peu  de  foin  qu'il  prenoit  de  fon  em- 
pire. Né  à  Babylone ,  où  il  avoit  fa  famille  &  fon  parti , 
il  s'en  étoit  emparé  ,  8c  démembrant  cette  partie  de  l'em- 
pire d'Affyrie,  il  s'en  fit  proclamer  roi. 

11  fe  joignit  avec  Cyaxare ,  ils  affiégerent  Ninive,  tuè- 
rent Saracus ,  &  détruifirent  cette  grande  ville  jusqu'aux 
fondemens.  Babylone  devint  alors  capitale  unique  de  l'em- 
pire d'Affyrie  ;  Ecbatane  étoit  la  capitale  des  Médes , 
dont  le  royaume  profita  de  la  plus  grande  partie  des  dé- 
pouilles 8c  des  états  de  Saracus.  Nabopolaffar  fe  crut 
affez  payé ,  parce  qu'il  enleva  destréfors  immenfes  de  Ni- 
nive ,  8c  par  la  couronne  de  Babylone  &  de  la  Chaldée 
que  la  deftruclion  de  Ninive  lui  affuroic.  Cyaxare  mou- 
rut peu  après  cette  expédition. 

Altyage  fon  fils ,  l'Affuerus  de  l'écriture  fainte,  régna 
fort  long-tems ,  cependant  on  fait  peu  de  particularités 
de  ce  qu'il  fit.  Il  eut  deux  enfans ,  Mandane  d'un  pre- 
mier lit ,  8c  Cyaxare  d'Aryenis,  fille  d'Aliatte  roi  de  Lydie. 
Il  maria  Mandane  avec  Cambyfe,fils  d'Achemenes  roi  de 
Perfe.  Ce  fur  vers  le  tems  de  ce  mariage  que  naquit 
Cyaxare ,  qui  lui  fuccéda  fous  le  nom  de  Cyaxare  II. 
C'eft  le  Darius  Medus  de  l'écriture  fainte.  Aftyage  vi- 
voit  encore  ,  &fon  petit-fils  Cyrus,  fils  de  Mandane  & 
de  Cambyfe  étoit  à  fa  cour,  âgé  d'environ  feize  ans, 
lorsqu'Evilmerodach  fils  de  Nabuchodonofor  II.  8c  pe- 
tit-fils de  Nabopolaffar  ,  roi  du  nouveau  royaume  de  Ba- 
bylone ,  fit  une  partie  de  chaffe ,  8c  s'avifa  d'entrer  dans 
la  Médie  pour  faire  montre  de  fa  bravoure.  Aftyage  fe 
mit  en  campagne ,  8c  remporta  fur  les  Babyloniens  des 
avantages  dont  on  attribue  le  principal  honneur  au  jeune 
Cyrus.  Cambyfe  fon  père  l'ayant  rappelle,  il  retourna 
en  Perfe  pour  y  achever  fes  exercices.  Quelque  tems 
après  Aftyage  paya  le  tribu  à  la  nature,  8c  Cyaxare  II. 
fon  fils ,  oncle  de  Cyrus,  fut  roi  des  Médes.  La  même 
année  Evilmerodach  mourut  8c  eut  Nerigliffor  pour 
fucceffeur.  Ce  dernier  confidérant  l'affinité  qui  étoit  en- 
tre les  Médes  8c  les  Perfes ,  gouvernés  par  deux  beaux- 
freres ,  tâtha  de  former  contr'eux  une  ligue  8c  d'y  en- 
gager Crcefus  roi  de  Lydie  8c  le  roi  des  Indes.  Crœfus 
entra  dans  fes  vues ,  8c  Cyaxare ,  averti  du  danger  ou 
il  étoit  d'être  attaqué  le  premier  par  les  Affyriens  &  les 
Lydiens  réunis,  manda  à  Cambyfe  fon  beau-frere  de 
lui  envoyer  des  troupes,  &  d'en  donner  le  commande- 
ment à  Cytus.  Il  l'obtint.  Ce  jeune  prince  mena  à  fon 
oncle  une  armée  de  30000  hommes  d'infanterie.  Mal- 
gré l'inégalité  des  troupes  qu'il  amenoit  8c  de  celles 
qu'il  trouva  dans  la  Médie  ,  en  comparaifon  de  l'armée 
des  ennemis ,  Cyrus  ne  s'effraya  point.  Le  roi  d'Armé- 
nie vaffal  des  Médes ,  comptant  fur  la  fupériorité  des  As- 
fyriens  8c  fur  les  embarras  qu'ils  donneroient  à  Cya- 
xare, prit  ce  tems  pour  fecouer  le  joug.  Cyrus  le  fur- 
prit  par  fa  diligence  ;  fe  rendit  maître  de  fa  perfonne  , 
de  fa  famille ,  de  fes  tréfors  ;  lui  fit  grâce ,  8c  fe  l'atta- 
cha par  un  acte  de  clémence ,  l'obligea  de  payer  le  tri- 
but comme  auparavant,  8c  fe  fervir  utilement  de  fes 
troupes  contre  les  Chaldéens  ,différens  de  ceux  de  la 
Chaldée.  Voyez,  l'article  Chaldée  2.  Le  roi  des  Indes, 
follicité  pat  Nerigliffor  d'entrer  dans  la  ligue  contre  les 
Médes  ,  voulut ,  avant  que  de  fe  déterminer ,  favoir  par 
des  ambaffadeurs  ,  quel  étoit  le  motif  de  leur  querelle , 
afin  de  prendre  le  parti  qui  lui  paroîtroit  le  plus  jufte  : 
il  fe  déclara  enfuite  pour  les  Médes.  Cambyfe  8c  Man- 
dane vivoient  encore.  Cyaxare  n'avoir  point  de  fils  pour 
lui  fuccéder;  il  n'avoit  qu'une  fille  unique  qu'il  offrit 
à  Cyrus  avec  la  Médie  pour  dot.  Cytus  ne  voulut  pas 
accepter  cette  offre,  toute  avantageufe  qu'elle  étoit ,  fans 
le  confentement  de  Cambyfe  8c  de  Mandane  ,  &  il  alla 
en  Perfe  le  leur  demander  ;  il  époufa  la  princeffe  à  fon 
retour. 

Trois  ans  s'étoient  paffés  depuis  que  les  rois  d'Affyrie 
8c  de  Lydie  s'étoienr  unis ,  8c  les  deux  partis  avoient 
employé  ce  tems  à  des  préparatifs  de  guerre.  Cyrus  entra 
dans  FAffyrie ,  8c  après  bien  des  marches  joignit  l'armée 


MED 


MED 


des  ennemis.  Le  choc  fut  rude,  Ôc  Nerigliflbr  y  périt, 
fon  armée  fe  mit  en  défordre  ;  Crœfus  ôc  les  autres  al- 
liés ne  longèrent  plus  qu'à  la  retraite.  Cyrus  fe  mit  à 
leur  pourfuite  ;  les-Hyrcaniens,  différens  de  ceux  de  l'Hyr- 
canie,  fur  la  mer  Caspienne ,  quittèrent  les  Aflyriens  ,  &  fe 
joignirent  aux  Médes  ,  &  leur  aidèrent  à  vaincre  les  enne- 
mis. *  Voyez,  l'article  Hyrcanie. 

Nerigliflbr ,  roi  d'Aflyrie,  étant  mort ,  Laborofoarchod 
fon  fils,  prince  débauché  ôc  cruel  lui  fuccéda  ;  fes  fu- 
jets  perdirent  patience  au  bout  de  neuf  mois  ôc  le  tuè- 
rent. Labynit  ou  Nabonid  qui  lui  fuccéda ,  elt  le  Bal- 
thafar  de  l'écriture* 

Cyrus  ayant  renforcé  fon  armée  par  des  troupes  Per- 
fannes,  s'avança  au-delà  de  Babylone  ,  battit  le  roi  d'As- 
fyrie ,  ôc  le  força  de  fe  renfermer  dans  fa  ville.  Crœ- 
fus n'épargna  rien  pour  le  faire  des  alliés.  Quantité  de 
peuples  marchoient  déjà  fous  fes  drapeaux.  Enfin  la  fa- 
meufe  bataille  de  Thymbrée  fut  décifive  ;  Crœfus  la 
perdit,  s'enfuit  à  Sardes,  capitale  de  la  Lydie  ■,  fut  pour- 
iuivi  &  pris  par  Cyrus ,  qui  lui  laifla  le  titre  de  roi  ; 
mais  fans  pouvoir  faire  la  guerre  ,  ôc  avec  une  autori- 
té bornée. 

Cyrus  ,  maître  de  lacampagne ,  pafla  quelque  tems  dans 
l'Afie  Mineure  à  foûmettre  tout ,  depuis  l'Archipel  jus- 
qu'à l'Euphrate. 

Babylone  reftoit  encore  à  conquérir  ;  Se  elle  étoit 
bâtie  de  manière  que  le  fiége  en  étoit  fort  difficile.  Ni- 
tocris ,  femme  de  Balthafar,  l'avoit  embellie  de  nouveaux 
ouvrages  :  cependant  le  rems  de  fa  deftruction  ,  marqué 
par  les  prophètes  ,  étoit  arrivé.  Elle  fut  prife.  La  fin  de 
l'efféminé  Balthafar  elt  décrite  au  livre  de  Daniel.  Ain- 
fi  finit  l'empire  Babylonien ,  détruit  par  les  Médes. 

Cyrus  en  céda  tout  le  fruit  à  Cyaxare,  fon  oncle,  ôc  fon 
beau-pere»  Au  retour  d'un  voyage  qu'il  fit  en  Perfe  ,  il  le 
prit ,  ôc  le  mena  à  Babylone,  où  il  lui  céda  tous  les  hon- 
neurs de  la  dignicé  royale.  Cyaxare,  connu  dans  l'écriture 
fahite  fous  le  nom  de  Darius  le  Méde,  y  régna  deux 
ans  :  Cyrus  lui  fuccéda.  Daniel  avoit  eu  beaucoup  de 
crédit  fous  Darius  le  Méde. 

Cyrus  ayant  perdu  fon  père  Cambyfe  la  même  an- 
née ,  joignit  les  couronnes  de  Perfe ,  de  Médie  ôc  de 
Babylone  ;  finit  la  captivité  des  Juifs ,  ôc  commença  un 
nouvel  empire ,  formé  par  fa  fagefle  ôc  par  fa  valeur  , 
&  qui  étoit  borné  à  l'orient  par  l'Inde ,  au  nord  par  la 
mer  Caspienne  &  par  la  mer  Noire ,  au  couchant  par 
l'Archipel,  au  midi  par  l'Ethiopie  ôc  par  la  mer  d'Arabie. 
La  nouvelle  monarchie  fondée  par  Cyrus,  ôc  qu'il  laifla 
en  mourant  à  fon  fils  Cambyfe ,  s'appelle  l'empire  des 
Perfes.  Cambyfe  y  ajouta  l'Egypte.  Après  fa  mort  l'em- 
pire pafla  en  d'autres  familles ,  &  finit  avec  Darius  III. 
vaincu  par  Alexandre  le  Grand.  La  Médie  s'étoit  trou- 
vée confondue  dans  cette  vafte  monarchie  ;  mais  enfin 
dans  le  tems  que  les  Macédoniens  en  avoient  pris  la  ca- 
pitale ôc  une  partie  confidérable  de  la  Médie  propre- 
ment dite,  un  fatrape,  nommé  Atropatos,  fut  établi  par 
Alexandre  dans  la  partie  de  la  Médie  qui  étoit  entre 
l'Arménie  ôc  la  mer  Caspienne  ,  &  s'y  maintint  par  des 
alliances.  Cette  Médie  féparée  en  prit  le  nom  de  Mé- 
die Atropatene,  qu'elle  a  confervé  ;  ôc  les  fuccefleurs  de 
cet  officier  en  jouiflbient  encore  du  tems  de  Strabon ,  /. 
1 1.  p.  J24.  c'eft-à-dire  fous  Augufle  ôc  Tibère.  Ce  que 
nous  venons  dédire  fuffit  pour  donner  une  idée  des  dif- 
férens états  de  la  Médie  ;  on  peut  les  réduire  à  dix  épo- 
ques. *  Arrïen ,  1.  7.  c.  4.  &   \x. 

I.  La  Médie ,  province  ibus  l'ancien  empire  des  Afly- 
riens. 

IL  LaMédie  libre  depuis  la  mort  de  Sardanapale  jusqu'au 
couronnement  de  Dcjocès  fon  premier  roi.  C'eft  encore 
la  même  Médie. 

III.  La  Médie  retoutne  fous  la  domination  Aflyrienne 
après  la  défaite  de  Phraortc  fon  fécond  roi,  Ôc  en  eft  une 
province  jusqu'à  fa  délivrance  par  Cyaxare  I. 

IV.  Il  y  ajoute  les  deux  Arménies,  la  Cappadoce,  le 
Pont,  la  Colchide  ôc  l'Ibérie. 

V.  Les  Scythes  s'emparent  de  la  Médie  ôc  de  toutes 
fes  dépendances ,  &  y  régnent  28  ans. 

VI.  Les  Médes  s'en  délivrent ,  ôc  reprennent  leurs  con- 
quêtes. 

VIL  Sous  Aftyage ,  ils  profitent  d'une  partie  de  l'Aflyrie, 
&  détruifent  Ninive, 


■7* 

VIII.  Darius  le  Méde  ,  autrement  Cyaxafe  fils  d'Aitya- 
ge ,  acquiert  par  les  victoires  de  Cyrus  fon  neveu  ,  toute 
l'Afie  Mineure  &  l'empire  de  Babylone, qui  deviennent 
parties  de  l'empire  des  Médes. 

IX.  Cyrus,  qui  lui  fuccéde,y  joint  le  royaume  des  Per- 
fes qu'il  hérite  de  fen  père  ;  ôc  toute  cette  vaite  monar- 
chie en  prend  le  nom. 

X.  La  Médie  confondue  de  nouveau  dans  l'empire  de 
Cyrus,  ou  dans  la  monarchie  des  Perfes  avec  laquelle  elle 
elt  conquife  par  Alexandre  le  Grand. 

Depuis  les  conquêtes  de  ce  prince  ,  la  Médie  fait  deux 
états  différens.  On  diitingue  la  grande  Médie  &  la  MÉ- 
die  Atropatene  ,  qu'il  faut  préfentement  traiter  fépa- 
rénient  l'une  de  l'autre. 

La  grande  Médie  ,  province  de  l'empire  de  Perfe, 
étoit  bornée  au  nord  par  des  montagnes  qui  la  fépàroient 
des  Cadufiens  ôc  de  l'Hyrcanie.  Elle  avoit  a  l'orient  la  Par- 
thie  &  la  Perfide ,  au  midi  la  Babylonie  ôc  la  Sufiaïié ,  au 
couchant  l'Aflyrie  Ôc  un  coin  de  l'Arménie, jusqu'à  l'Aiaxe 
qui  achevoit  de  la  borner  jusqu'à  la  mer  Caspienne  ;  on 
voit  bien  que  l'Atropaténe  y  elt  comprife  encore.  Sous  les 
Macédoniens  elle  s'en  détache,  Se  dès  l'Adia&ène  une 
branche  du  mont  Zagros  borne  la  grande  Médie  au  rtord- 
oueit,  ôc  laifie  entre  cette  branche  l'Arménie  ôc  l'Araxe 
la  nouvelle  fouveraineté  d'Atropes.  Ptolomée  confond 
les  deux  Médies  enfcmWe  ,  &  y  met  les  peuples  fui- 
vans. 

LesCASPîENs ,  &  fous  eux  la  Margiane  le  long  de 
l'A  n'y  rie. 

Les  Obliges  ,  les  Cadusiens  ,  lesDRiBYCES ,  les  Ama* 
riaques  ôc  les  Mardes. 

Le  long  des  Cadufiens  IzsCarchuques  ôc  lesMARùN- 
des  jusqu'au  lacMariiane. 

Les  Margases,  ôc  après  eux  I'Atropaténe  qui  s'é- 
tend jusqu'aux  Amariaques  Albriens  du  mont  Zagros  ,  les 
Sagartiens  ,  ôc  après  eux  jusqu'à  la  Parthie  la  Choro- 
mitrene  plus  z\xr\o\iÀ\'EUmaïde.  Les  Tapures  dans  la 
partie  orientale. 

Au  midi  de  la  Choromitréne  les  Sidices  ,  enfuite  la 
SiGRiANE&la  Ragiane,  ôc  après  ces  pays  au-deflbus  du 
mont  Jafonium  ,  les  Vaddases  ,  la  Daritide  ,  ôc  enfin 
la  Syro-Médie  tout  le  long  de  la  Perfide. 

Les  villes  Ôc  bourgs  de  la  Médie  le  long  de  la  mer  Cas- 
pienne entre  l'Araxe  ôc  l'Hyrcanie  font,  félon  cet  auteur*, 
Sanninà  ou  Saninâ  ,  Cyropolis , 

Tazina  ,  Amana , 

Sabeae  Ara? ,  Acoh , 

Charax,  &  Mandatai  fis. 

Dans  les  terres,  félon  le  même  auteur  ,  il  y  avoit 


Scambena  ou  Scabina , 

Gabale, 

Uca, 

Varna, 

Candis , 

Gabris, 

Sozoa  ou  Sâzoa , 

Tondarba  ou  Tonzarma, 

Azata  ou  Azagai, 

Niguza, 

Sanaïs , 

Rhazunda, 

Veneca , 

Bithia , 

Alinza, 

Zaranis, 

Gabena , 

Larafla  ou  Lâràfâ" , 

Morunda  ou  Moryndà, 

Tigrana , 

Pharambaraj 

Tachazara , 

Zalaca, 

Alvaca  , 

Gauzania , 

Phafaca  ou  Phazaba , 

Pharaltia  ou  Pharafla , 

Curena  ou  Curna , 


Phanaspa , 

Gabns, 

Nande , 

Gazaca  ou  Zazaca  j 

Saraca  , 

Mandagara  » 

Aganzagava  ou  Agan- 

zava, 
Gnala  ou  Galla , 

Orocana  ou  Korocana 

Alicadra  ou  Alidraca , 

Phanacha , 

Nazada  , 

Alinza ,  la  même  qu'Q* 

rofa , 
Arfifaca , 

Alisdaca, 

Dariaufa  , 

Sincar , 

Barina  , 

Vefappe  ou  Wefafpe , 

Ecbatane  , 

Locaftra  ou  Choaftra, 

Niphavandra , 

Guriauna, 

Choana  ou  Choava , 

Auradis 

Tibracana, 

Bethargao«  Thebarga, 


i76        MED 


MED 


Carine , 
Caberafa, 
Parachana , 
Arfacia , 
Gauna, 
Heraclea, 
Z.ania , 
Aruzis , 
Zarama, 
Tautice, 
Europus , 


Abacena  ou  Abacaena  J 
Cimbina  ou  Cigbina, 
Daththa  , 

Gerespa  ou  Gerefa , 
Rhapfa , 
Andriaca , 
Cluaca , 
Argaraudaca  ou  Arga- 

raufaca  s 
Canatha , 
Aradriphe. 


La  ville  d'Europus  eft  la  même  que  Rhages  fi  fa- 
meufe  dans  l'hiftoire  de  Tobie.  Cette  province  répond  à 
I'Irac  Agemi  ,  au  Tabristan  Se  au  Laurestan  d'au- 
jourd'hui. 

La  Médie  Atropaténe  étoit  entre  PAraxe  au  nord  ,1a 
mer  Caspienne  au  levant ,  la  grande  Médie,dont  elle  étoit 
féparée  par  une  branche  du  mont  Zagros,  au  fud  eft.L'As- 
fyrie  au  fud-oueft  &  la  Perfarménie  au  couchant.  Ses  prin- 
cipaux lieux  étoienc 


Gaza: ,  réfidence  du  fatra- 

pe, 
Véria ,  château  ou  place 

forte , 
Morunda, 


Gabris . 
Cyropolis , 
Tigrana  ou  Patigra, 
Pharambara  , 
Phanaspa ,  &c. 


Cette  province  répond  ,  félon  de  Pille  ,  à  la  province 
d'ADiRBEiTZAN  ,  Se  à  une  lifiere  habitée  par  les  Tur- 
comans ,  entre  les  montagnes  de  Curdiftan  &  I'Irac 
Agemi. 

La  Médie  eft  nommée  en  latin  Meoena  provinciA 
dans  la  vulgate,  comme  je  l'ai  remarqué  au  mot  Mepe- 
ma.  Rufus  Feftus  dit  de  même  :  Marcus  Antonius  Mé- 
dium ingrefjus  qux  mine  Meâœna  appellatur ,  hélium 
Paribis  intulit.  Indore  parle  d'une  ville  nommée  Médie  ; 
Tzetzes  en  parle  auiîî,  au  rapport  d'Ortelius.  Les  anciens 
ne  l'ont  point  connu.  Juftin,  /.  73.  c.  4.  diftingue  deux 
Médies ,  la  grande  Se  la  petite,  &  prétend  qu'Atropatos 
eut  le  commandement  de  la  grande ,  &  que  le  beau-pere 
de  Perdiccas  eut  celui  de  la  petite.  Cet  hiftorien  fe  trom- 
pe. La  Médie  gouvernée  par  Atropatos  eft  l'Atropatene 
oppofée  par  les  anciens  à  la  grande  Médie. 

MEDIENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la  Mau- 
ritanie Cefarienfe.  La  notice  d'Afrique  fournit  JEmilius 
Mcdienfts.  Harduin.  collect.  conc. 
MED1MENE.  Voyez.  Medema. 
MED1MN/EI,  ancien  peuple  à  qui  Diodore  de  Sicile, 
l.  14.  dit  que  Denys  donne  un  établiflcment  à  Mefline. 
Ortelius,  Thef.  doute  s'il  ne  faut  pas  lire  Methymn^ei. 
MEDIMNI,  peuple  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte,  félon 
Pline,  /.  6.  c.  30. 
MEDINA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Voyez.  Medine. 
Ce  mot  veut  dire  Amplement  une  Ville  en  arabe. 
MEDINA-CELI,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  vieille  Ca- 
ftille ,  à  quatre  lieues  de  Siguença  fur  le  Xalon.  Cette  ville 
dont  le  nom  latin  eft  Methymna  Celestis  ,  étoit  au- 
trefois rrès-confidérable  ;  mais  aujourd'hui  elle  n'a  guère 
d'autre  avantage  que  celui  d'être  la  capitale  d'un  duché  de 
même  nom  ,  qui  s'étend  fur  près  de  quatre-vingt  villages. 
*  Délices  d'Espagne ,  t.  2.  p.  317. 

Cette  ville  fut  premieremenr  érigée  en  comté  par  Hen- 
ri II.  roi  de  Caftille  en  1368.  en  faveur  de  D.  Bertrand  ou 
Bernard  de  Bearn  ,  fils  naturel  de  GaftonPhœbus ,  com- 
te deFoix,lorsqu'il  lui  fitépoufer  donalfabelle  de  la  Cerda, 
qui  descendoit  de  Fernand  de  la  Cerda ,  fils  aîné  du 
roi  Alfonfe  le  Sage ,  mort  avant  fon  père  en  1171.  D. 
Sanche  ,  fécond  fils  de  D.  Alfonfe ,  ufurpa  la  couronne 
i~urn  D.  Alfonfe  fon  neveu  ,  fils  de  D.  Fernand  qui  étoit 
Paîné  ,  Se  de  Dona  Blanche  de  France  fon  époufe ,  lequel 
pour  cela  fut  appelle  l'exhérédé.  Ce  comté  fut  érigé  en 
duché  par  Ferdinand  Se  Ifabelleen  1491.*  Vayrac  ,  Etat 
préfent  d'Espagne, I.  ;.  p.  107. 

MEDINA-DEL-CAMPO,  ville  d'Espagne,  au  royaume 
de  Léon ,  vers  les  frontières  de  la  vieille  Caftille.  Elle 
eft  fur  le  torrent  de  Zapardiel  ;  on  y  voit  un  ancien 
château.  Elle  eft  la  patrie  de  Ferdinand  I.  roi  d'Arra- 
gon,  qui  y  naquit  en  1 380.  &  de  l'empereur  Ferdinand  I. 
qui  y  naquit  l'an  1504.  Ifabelle  de  Caftille  y  mourut  l'an 


IJ04.  Son  nom  latin  eft  Methymna  Campeftrh.  C'eft 
une  ville  fort  ancienne,  fort  marchande  Se  par  conféquent 
fort  riche.  On  y  tient  tous  les  ans  trois  foires  confidéra- 
bles ,  &  fon  terroir  fournit  du  vin  Se  du  pain  d'un  fi  bon 
goût ,  qu'on  les  met  au  nombre  des  meilleurs  de  l'Espa- 
gne. Les  terres  font  fi  fertiles ,  que  quoique  la  ville  ait 
été  affligée  de  divers  incendies ,  les  habitans  ont  toujours 
trouvé  moyen  de  la  rétablir.  Elle  jouit  de  très- grands 
privilèges,  qui  ne  contribuent  pas  peu  à  la  peupler  Se  à 
y  faire  fleurir  le  commerce.  Elle  eft  libre  de  tous  impôts, 
Se  les  habitans  ont  le  droit  de  remplir  tous  les  emplois  > 
foit  eccléfiaftiques ,  foit  politiques  qui  viennent  à  vaquer 
chez  eux.  Le  roi  ni  le  pape  ne  nomment  à  aucun  emploi  ; 
mais  les  habitans  abufent  quelquefois  de  leur  privilège. 
On  a  vu  arriver  des  féditions  Se  des  meurtres  même  ,  lors- 
que le  peuple  fe  trouvoit  partagé  pour  l'élection,  furtout 
quand  il  s'agiflbit  de  remplir  quelque  pofte  considérable» 
La  ville  eft  grande  ;  elle  eft  ornée  d'une  belle  place  pu- 
blique ,  au  milieu  de  laquelle  on  voit  une  fuperbe  fontai- 
ne >  qui  a  un  Neptune  fur  fon  jet.  Elle  eft  à  ûx  lieues  de  la 
rivière  de  Duero  Se  à  une  journée  de  Valladolid  ,  qui  pos- 
féde  aujourd'hui  la  chancellerie  qui  étoit  autrefois  à  Mé- 
dina-del-Campo.  C'eft  dans  cette  ville  qu'un  médecin 
nommé  Gomefius  Pereira  ,  publia  au  milieu  du  XVI. 
fiécle  un  livre,  où  il  prouvoit  que  les  bêtes  ne  font 
que  des  machines.  Elle  a  été  fort  peuplée,  maispréfen- 
tement  elle  l'eft  fort  peu.  *  Délices  d'Espagne,  tora.  1. 
pag.  168. 

MEDINA  DEL  POMAR.  Il  y  en  a  qui  prétendent 
qu'il  faut  mettre  Metina  Pomaria  ,  bourg  ou  petite 
ville  d'Espagne  avec  un  château,  dans  la  vieille  Caftille 
au  nord  de  Burgos  ,  entre  l'Ebre  &  les  confins  de  la  Bis- 
caye. *  Baudrand  ,  éd.  i  605. 

1.  MEDINA  DEL  RIO  SECO,  en  hùn  Metina  Flu- 
vii  Sicci ,  ville  d'Espagne  dans  le  royaume  de  Léon  ,  à 
cinq  ou  fix  lieues  de  Palencia  ,  tirant  vers  le  couchant ,  Se 
dans  une  plaine  fituée  au  pays  de  Campos.  Cette  ville 
fe  trouve  fur  un  petit  ruifleau  ;  elle  eft  décorée  du  titre 
de  duché  ;  on  y  voit  un  vieux  château.  Elle  eft  à  onze 
lieues  de  Valladolid  au  couchant  d'été  ,  Se  à  autant  de 
Zamora.  Cette  ville  eft  fort  riche.  Dans  fes  environs  il  y 
a  de  gras  pâturages  qui  font  d'un  grand  revenu.  Quelques 
auteurs  la  prennent  pour  le  Forum  Egurrorum ,  ville  des 
Afturiens.  *  Du  Lignon.  Délices  d'Espagne,  tom.  1. 
pag.  ijz. 

Cette  ville  appartient  depuis  long  -  terns  à  la  maifor» 
d'Henriquez ,  iflue  de  la  famille  royale  ;  mais  comme  la 
dignité  à'Amirante  ou  amiral ,  a  été  en  quelque  façon  hé- 
réditaire dans  cette  maifon,  elle  eft  beaucoup  plus  con- 
nue par  ce  titre  que  par  fon  vrai  nom.  Henri  III.  de 
Caftille  pourvut  de  cette  charge  d'amirante  D.  Alfonfe 
Henriquez  ,  fils  puîné  de  D.  Frédéric  de  Caftille,  grand 
maître  de  l'ordre  de  faint  Jacques ,  Se  frère  jumeau  du 
roi  D.  Henri  II.  lesquels  eurent  pour  père  le  roi  D.  Al- 
fonfe XL  Se  pour  mère  dona  Eléonor  de  Gusman.  D. 
Alfonfe  fut  le  premier  qui  prit  le  furnom  d'Henriquez  en 
mémoire  du  roi  Henri  II.  fon  oncle ,  Se  mourut  en  1429. 
après  avoir  hérité  de  la  ville  de  Médina  de  Rio  Seco  de 
dona  Jeanne  de  Caftille  fa  tante  ,  veuve  de  D.  Philippe 
de  Caftro.  Frédéric  Henriquez  fils  d'Alfonfe ,  fut  créé 
comte  de  Melgar  par  le  roi  Jean  IL  Se  D.  Fernand  Hen- 
riquez,petit-fils  de  D.  Frédéric,  fut  fait  duc  de  Médina  de 
Rio  Seco  en  1520.  par  Charles  V.  *  Vairac ,  Etat  préfent 
de  l'Espagne,  1.  ;.  p.  ni. 

1.  MEDINA  DEL  RIO  SECO,  petite  ville  ou  bourg 
de  l'Eftrémadure ,  que  Tarapha  croit  fans  fondement  avoir 
été  autrefois  Emerita  ,  ou  Augusta  Emerita.  C'eft 
une  commanderie  de  l'ordre  de  S.  Jacques. 

MEDINA  SIDONIA  ,  en  latin  Affidonia ,  ville  d'Es- 
pagne dans  l'Andaloufie.  Elle  eft  à  quatre  lieues  de  la  côte 
de  la  baie  de  Cadix,  à  neuf  de  la  ville  de  ce  nom  vers  l'o- 
rient, à  vingt  de  Séville  au  midi ,  Se  à  onze  de  Ronda. 
Cefut-là  que  Blanche  de  Bourbon,  reine  de  Caftille,  fut 
aflafTinée  par  ordre  du  roi  D.  Pedro  ,  furnommé  le  Cruel. 
Cette  ville  qui  eft  aflez  jolie  &  paftablement  grande,  eft 
fituée  fur  une  montagne.  En  y  allant ,  d'abord  qu'on  a 
pafle  la  Guadalete ,  on  ne  trouve  qu'un  pays  défert  Se 
inculte  jusqu'à  un  quart  de  lieue  de  Médina,  où  l'on  com- 
mence a  voir  une  campagne  bien  cultivée,  fertile  en  or- 
ge ,  en  vin-,  en  figues ,  en  orangers ,  Se  plantée  de  plu- 

fieurs 


MED 


MED 


fieurs  beaux  jardins.  Médina  Sidonia  eil  une  ville  fort  an- 
cienne ,  &  connue  dans  l'antiquité  fous  le  nom  d'AJîn- 
dum  ou  Ajfidonia.  On  y  voit  encore  les  mannes  de  di- 
vers vieux  bâtimens ,  qui  font  voir  ce  qu'elle  a  été.  Un 
vieux  château  ,  que  le  tems  a  épargné  ,  elt  tout  ce  qui  s'y 
trouve  de  plus  remarquable.  De  Médina  Sidonia  à  Gibral- 
tar on  compte  une  journée  8c  demie  8c  fept  lieues  jusqu'au 
port  de  Sainte  Marie.  Tout  ce  pays  elt  inculte ,  fablon- 
neux  .  très-incommode  ,  &c  presque  inhabité  ;  de  forte 
que  de  quelque  côté  qu'on  aille  ,  en  forrant  de  cette  ville  » 
on  ne  trouve  aucun  lieu  pour  fe  rafraîchir,  à  la  réfervc 
de  quelques  miférables  ventas  ou  hôtelleries  de  fix  en  fix 
lieues,  où  l'on  elt  fort  heureux  fi  l'on  trouve  du  pain  8c 
du  vin.  Il  n'y  a  point  délits,  on  couche  furie  carreau. 
*  Délices  d'Espagne ,  t.  3 .  p.  469. 

Autrefois  Médina  Sidonia  écoit  honorée  d'un  fiégeépis- 
copal;  mais  il  fut  transféré  à  Cadix.  D.  Jean  de  Guzrnan  , 
grand  maître  de  l'ordre  de  Calatrava,  fut  le  premier  de 
la  mailbn  qui  la  pofféda  par  l'échange  que  le  roi  D.  Jean 
II.  &  lui  rirent  avec  la  ville  d'Andujar ,  que  ce  monar- 
que réunit  à  la  couronne  >  mais  à  peine  en  fut-il  en  pos- 
fe/fion ,  qu  il  la  changea  pour  la  ville  d'Algava  avec  D. 
IJenri  de  Guzrnan,  fécond  comte  de  Niebla  fon  paient, 
dont  le  iîls  aîné  ,  appelle  D.  Jean  Alfonfe  de  Guzrnan ,  fut 
créé  duc  par  le  même  roi  D.  Jean  II.  le  1 1  Féviier  1441. 
La  famille  de  Guzrnan ,  depuis  l'érection  de  cette  ville  eu 
duché,  a  produit  une  poftéiité  illultre  8c  nombreufe  ,  dans 
laquelle  cette  dignité  s'eît  confervée  de  père  en  fils.  *  Du 
Lignon  ,  Vavrac ,  Etat  préfent  de  l'Espagne  ,  1.  5, 

MEDINA  DE  LAS  TORRES  ,  en  latin  Metina  Tur- 
rium,  petite  ville  d  Espagne  dans  l'Eitremadure  proche  de 
Badajoz.  Elle  elt  au  pied  d'une  montagne  avec  un  château , 
à  deux  lieues  de  Zara  au  midi.  Elle  fut  érigée  en  duché  par- 
le roi  Philippe  IV.  en  faveur  de  Gaspard  de  Guzrnan  com- 
te d'Olivai es  fon  favori,  qui  la  donna  aufli-tôt  en  dot  à 
doua  Marie  de  Guzrnan  fa  fille  unique  en  la  mariant 
avec  D.  Ramire  Nunes  de  Guzrnan,  marquis  de  Total , 
qui  prit  la  qualité  de  duc  de  Médina  de  Las  Torres  ,  8c  la 
conferva  quoique  fa  femme  fut  morte  fans  enfans.  S'etant 
remarié  avec  dona  Anne  de  Carafe  piincefie  de  Stillano , 
8c  ducheffe  de  Sabionetta  8c  de  Montdragon  en  Italie  ,  il 
en  eut  trois  enfans ,  dont  Lamé  appelle  D.  Nicolas  Marie 
de  Guzrnan  8c  Carafe,  lui  fuccéda  au  duché  de  Médina 
de  Las  Torres,  8c  en  l'es  autres  biens  de  même  qu'à  ceux 
de  fa  mère. 

MED1NE ,  ou  La  ville  par  excellence.  Elle  s'appelloit 
autrefois  Jatreb,  que  les  Arabes  ont  changé  en  Medi- 
ne ,  parce  que  Mahomet  y  établit  fon  fiége  :  ils  l'appellent 
encore  Mf.dinah  al  Nabi,  la  ville  du  Prophète.  Elle 
elt  dans  l'Arabie  Heureufe ,  fituée  dans  une  plaine  fort 
humide  -,  mais  abondante  en  palmiers.  Elle  a  au  fepten- 
trion  la  montagne  Ohoud  ,  au  midi  celle  de  Thabir.  Elle 
elt  éloignée  de  trois  jours  de  chemin  de  la  mer  Rouge. 
Son  port  nommé  vambo,  elt  une  petite  ville.  Medine  n'elt 
que  la  moitié  auffi  grande  que  la  Mecque  :  mais  elle  a  un 
fauxbourg  qui  eil  àuffi  grand  que  la  Mecque.  Elle  elt  en- 
tourée d'un  mur  de  brique.  Les  habitans  de  cette  ville 
furent  les  premiers  qui  embi  afférent  le  Mahometisme;  ils 
reçurent  Mahomet  dans  leurs  murs ,  l'écouterent,  le  cru- 
rent 8c  lui  obéirent.  Son  tombeau  elt  dans  une  mosquée 
au  milieu  de  cette  ville.  Ce  tombeau  elt  dans  un  bâtiment 
rond,  couvert  d'un  dôme  que  les  Turcs  appellent  Turbé, 
8c  tout  ouvert  depuis  le  milieu  jusqu'au  dôme  •■,  il  y  a 
une  galerie  tout  au  tour,  dont  la  muraille  extérieure  elt 
percée  de  pluiîeurs  fenêtres  qui  ont  des  grilles  d'argenr, 
8c  celle  du  tombeau  elt  couverte  de  plufieurs  pierres  pré- 
cieufes ,  8c  des  offrandes  de  tous  les  princes  Mahométansj 
ce  qui  fait  des  richeflcs  immenfes.  Il  y  a  entr'autres,  à  l'en- 
droit où  répond  la  tête  ,  un  diamant  long  comme  la  moi- 
tié de  l'index,  &c  large  de  deux  doigts,  au-deffus  duquel 
fe  voit  celui  que  le  fultan  Osman  ,  fiis  du  fultan  Achmet, 
y  envoya ,  8c  qui  elt  pareil  à  celui  que  portent  les  empe- 
reurs Ottomans.  Ces  deux  diamans  n'en  faifoient  qu'un  : 
mais  fultan  Osman  le  fit  feier  par  le  milieu.  Plus  bas  il  y 
a  une  demi-lune  d'or,  où  font  enchaffés  des  diamans  d'un 
grand  prix. 

Les  pèlerins  ne  voient  point  le  tombeau  de  Maho- 
met ,  parce  que  le  bâtiment  dans  lequel  il  elt ,  n'a  d'ou- 
verture que  par  en  haut  :  mais ,  lorsqu'il  n'y  a  point  tant 
de  monde ,  c'elt- à-dire ,  après  que  les  pèlerins  font  partis , 


I77 

on  peut  entier  dans  le  turbé  ,  cV  confidérerce  tombeau. 
Il  n'ell ,  8c  n'a  jamais  été  fufpendu  en  l'air  ,  comme  plu* 
fieurs  l'ont  écrit  ;  il  elt  à  plate  terre,  relevé  comme  ce- 
lui des  empereurs  Turcs.  Le  turbé  elt  environné  par  de- 
hors d'une  tapinei  ie  de  damas  rouge  8c  blanc  ;  elle  elt  re- 
trouflée  à  l'endroit  où  font  les  diamans  8c  autres  richeffes. 
Autour  de  cette  tapifferie  font  écrites  ces  paroles  en  lettres 
d'or  :  la  Lllah  llLdbb ,  Mebemet  refont  allah.  Cette  tapis- 
ferie  elt  renouvellée  tous  les  fept  ans  par  le  fultan ,  ou 
toutes  les  fois  qu'il  y  a  un  nouvel  empereur.  La  porte  pac 
où  l'on  entre  dans  la  galerie  elt  d'argent ,  auflî  bien  que 
celle  du  turbé.  Elle  a ,  comme  la  Mecque  ,  fon  chéi  if ,  ou 
fouverain  qu'on  dit  être  defeendant  de  Mahomet.  Tiré 
d 'Abuljtda ,  Dejcript.  de  l'Arabie ,  p.  30.  du  Diclion.de 
d' Herblot ,  &  de  Tbevenot,  Voyage  du  Levant ,  c.  xi  p, 
297. 

MEDINGEN,  château  &  bailliage  d'Allemagne  dans 
la  BaiTc-Saxe ,  fur  l'Elmenau  au  Lunebouig.  11  y  avoit 
dans  ce  même  lieu  une  abbaye  de  Citeaux  qui  fut  achevée 
de  bâtir  en  1 3  3  <>.  Ernelt  de  Brunswic-Lunebourg  &  So- 
phie de  Mecklenbourg  fa  femme  bâtirent  en  1541.  auprès 
de  ce  monaltère  le  château  dont  il  elt  ici  queltion.  *  Zey- 
ler,  Bruniw  Topogr. 

MED1NUM.  L'un  des  noms  latins  de  Mehun.  Voyez. 
ce  mot. 

MEDIOLANIUM.  Voyez,  Mediolanum  8c  Medio- 

LAR  IUM. 

MEDIOLANUM.  Ce  nom  a  été  commun  à  plufieurs 
Villes,  qu'il  faut  distinguer  par  un  furnom. 

MEDIOLANUM  AULERCORUM ,  ancienne  ville 
de  la  Gaule  dans  le  pays  du  peuple  Aultrci-Eburovices. 
C'elt  aujourd'hui  la  ville  d'Evreux.  Ptolomée  ,  /.  1.  c.  8. 
nomme  cette  ville  Mediolanium,  8c  la  donne  au  peuple 
Aulircii,  qu'il  nomme  auflî  Buraici.  Elle  elt  aufii  pla- 
cée fur  la  route  de  Rouen  à  Paris  dans  l'itinéraire  d'An- 
tonin  ,  entre  Uggade  8c  Durocafes^  à  quatorze  mille  pas 
de  la  première  ,  &  à  dix  fept  mille  de  la  féconde. 

MEDIOLANUM  IN  GUGERN1S,  ancien  lieu  de  la 
Gaule  dans  la  Belgique  ,  furla  route  de  Colonia  'frajana 
à  Cologne ,  entre  la  première  8c  Sablones ,  à  huit  mille  pas 
de  l'une  8c  de  l'autre.  Cluvier  ,  Germ.  ant,  l.  1.  c.  18.  p. 
94.  croit  que  c'elt  Moyland  ,  village  à  fix  milles ,  félon 
lui,  du  village  de  Kellen  ,  qui  elt  la  Colonia  Ulpia-Traja- 
na  de  l'itinéraire.  Altiug  croit  que  c'elt  Int-bam ,  entre 
Kellen  &  Santhove  entre  le  Rhin  &  la  Meufe.  Ce  lieu 
n'a  jamais  été  fort  confidérable.  *  Notit.  Germ,  bifcr* 
part.  1. 

MEDIOLANUM  INSUBRL£  ,  aujourd'hui  Milan 
ville  d  Italie.  Elle  elt  très-ancienne  ,  8c  la  première  que 
les  Gaulois  ayent  bâtie  en  Italie.  Tite-Live,  /.  j.  c.  34. 
dit  :  Les  Gaulois  ayant  traverfé  les  Alpes  au  Pas  de  Turin, 
8c  ayant  mis  en  déroute  les  Toscans  affez  près  du  Te- 
fin,  8c  ayant  entendu  que  le  lieu  où  ils  étoient ,  s'appelloit 
la  terre  des  Infubriens  ,  nom  femblable  à  celui  d'un  peu- 
ple d'entre  les  Eduens ,  ils  acceptèrent  l'augure  que  ce 
lieu  leur  offroit  naturellement ,  8c  y  bâtirent  une  ville, 
qu'ils  nommèrent  Mediolanum.  Ce  paflage  femble  in- 
finuer  qu'ils  appellercnt  ainfi  leur  nouvelle  ville  ,  du 
nom  d'une  autre  qui  étoit  chez  les  Infubriens  dans  la 
Gaule  ,  d'où  ils  étoient  partis.  Pline  ,  /.  3,  c.  17.  dit  de 
même  :  Les  Infubriens  fondèrent  Milan  -,  mais  fans  di- 
ftinguer  quels  Infubriens.  Tacite  la  compte  entre  les  plus 
fortes  places  de  la  Gaule  Cispadane.  Il  paroît  par  une 
lettre  de  Pline  le  Jeune  ,  /.  4.  Epifl.  1 3.  que  les  études  y 
floriflbient.  Une  infeription  du  temsd'Antonin  Pie, porte 
ces  mots  (a)  :  Aqu^e    ductunî  in  novis   Athenis 

C<£PTUM    A    DlVO    ADRIANO   PATRE    SUO    CONSUMMA- 

vit  dedicavitque.  Je  parle  ailleurs  de  cette  nouvelle 
Athènes.  Voyez,  au  mot  Athènes.  Aufone  (  b  )  dit  : 

Et  Mediolani  mira  omnia.  Copia  rerum , 
Innumerœ,  cultaqite  domus  ,  faïunda  virorum 
Ingénia  &  mores  Uti. 

J'ai  remarqué  au  mot  Italie  que  Milan  en  a  été  re- 
gardée comme  la  métropole,  par  rapport  aux  affaires  ec- 
cléfialtiques.  Tiajan  y  fit  bâtir  un  palais.  La  place  con- 
ferve  encore  le  nom  de  Palais.  Hadrien  ,  les  Antonins, 
8c  fur-tout  Theodofe  8c  Conllantius  y  féjournerent  allez 
long -tems.  Théodoric  roi  des  Goths ,  8c  Pépin ,  roi  â'i'. 

Tom.  IV.  Z 


i78        MED 


MED 


talie ,  y  moururent.  S.  Grégoire ,  pape ,  donna  à  l'ar- 
chevêque deMilanla  prérogative  de  confacrer  les  rois  d'I- 
talie. La  cérémonie  doit  le  faire  dans  l'Eglife  de  faim  Am- 
broife.  Milan  avoit  tous  les  édifices  publics  qui  convien- 
nent aux  grandes  villes ,  une  arène ,  un  théâtre ,  où  l'on 
repréfentoit  des  comédies  ;  un  hippodrome  pour  lescour- 
fes  de  chevaux  ;  un  amphithéâtre  où  l'on  fe  battoit  con- 
tre les  bêtes  féroces  -y  des  thermes  ,  entr'autres  ceux  de 
Maximian ,  de  Néron  Se  de  Nerva  ;  un  Panthéon ,  & 
quantité  d'autres  fuperbes  bâtimens.  Voyez,  Milan,  (a) 
Gruter  ,  p.  1 77.  n.  4.  (  b  )  In  tlaris  Urbibus* 

MEDIOLANUM  MCESITE  ,  maifon  royale  ou  pré- 
toire à  trois  milles  de  Naifl'us  ,  où  les  empereurs  Se  les 
céfars  ont  quelquefois  féjourné.  Ammien  Marcellin  ,  qui 
la  nomme  Mediana  ,  dit  que  Valentinien  Se  Valens , 
avant  que  de  fe  féparer  ,  s'y  rendirent  pour  faire  entr'eux 
le  partage.  C'eft  dans  ce  lieu  que  furent  drefiees  la  loi 
VIII  du  code  Théodofien  de  jure  fisci,  Se  la  loi  XIII  de 
operibut  publiât ,  &  fous  ces  loix  on  lit  Mcd.  ces  trois 
lettres  font  communément  l'abbréviation  de  Mediola- 
num  ,  Milan  -,  mais  dans  ces  loix  elles  fignifient  un  lieu 
de  la  Dacie  ou  de  l'ancienne  Mœfie,  comme  Godefroi 
l'a  bien  prouvé.  Cet  article  eft  tiré  de  Cellarius ,  geogr. 
antiq.  1.  1.  c.  8.  On  ne  voit  rien  en  tout  ce  qu'il  dit ,  qui 
faffe  voir  que  ce  palais  a  été  nommé  Mediolanum  ,  aufïï 
Cellarius  ne  dit-il  pas  qu'on  l'ait  appelle  ainfi.  Ce  n'eft 
que  dans  la  table  de  fon  livre  qu'on  trouve  Mediolanum 
Mœ(i&.  Ces  trois  lettres  Med.  peuvent  également  être  l'a- 
brégé de  Mediana  Se  de  Mediolanum  ,  Se  fi  quelqu'un 
les  a  cru  convenir  à  Milan  ,  c'eft  fans  doute  parce  qu'il 
a  ignoré  ce  lieu  de  Mediana  ,  Se  qu'il  n'a  pas  fait  atten- 
tion au  pays  où  ce  lieu  nommé  Med.  par  abbréviation  , 
devoir  être  5  cependant  il  y  avoit  un  lieu  nommé  Me- 
diolanum dans  la  féconde  Mœfie.  La  notice  de  l'em- 
pire dit  fans  équivoque  Militit  Dacisci  MedioLmo. 

MEDIOLANUM  ORDOVICUM  ,  ancienne  ville 
del'ifie  de  Bretagne,  ou  d'Albion  ,  au  pays  des  Ordo- 
vices ,  félon  Ptolomée ,  /.  2.  c.  3.  Les  faVans  d'Angleterre 
s'accordent  mal  fur  le  nom  moderne  de  cette  ville.  An- 
tonin  l'ayant  mife  dans  fon  itinéraire  ,  &  fait  une  route 
exprès  depuis  Glanoventa  jusqu'à  Mediolanum  ,  Se  mis 
cette  dernière  à  dix  huit  milles  de  Condate,  il  femble 
que  là  difficulté  devroit  être  plus  aifée  à  lever.  Lhuid 
croit  que  c'eft  Lancaflre  ,  David  Powel  dit  que  c'eft 
Maihraval  \  Se  Cambden  opine  pour  Lanvethlyn. 
Gale  3in  Antonin.  itiner.  p.  jj.  ajoute  :  Je  fais  bien  que 
dans  la  langue  bretonne,  aux  motscompofés  XV  Se  \'M 
font  des  lettres  équivalentes ,  qui  s'emploient  l'une  pour 
l'autre  i  on  lit  Lhan-Var  pour  Lhan-  Maria,  ,  Arvon 
pour  Armon ,  &c.  Cependant  les  diftances  me  portent  à 
croire  que  le  Mediolanum  en  queftion  étoit  plutôt  à 
Meivod  ,  où  l'on  déterre  des  marques  d'antiquité ,  qu'à 
Lhan  Vethling  ,  où  il  ne  s'en  trouve  aucune  trace. 

Ce  lieu  eft  dans  une  vallée  très-fertile  en  comparai  fon 
du  pays  où  elle  eft.  Licèt  montibus  emineat,  dit  Camb- 
den ,  convallibm  tamen  grata  fœcunditate  cum  patcuit , 
tum  arvit  felix  eft  regio.  Il  eft  queftion  du  pays  de  Galle  , 
où  eft  cette  vallée  ,  au  comté  de  Montgommeri.Là-dcflus 
Gale  avance  avec  précaution  une  conjecture  ,  qui  me  pa- 
roît  approcher  aflez  de  la  vérité.  Dans  l'ancien  breton 
Medi  veut  dire  moi/Tonner^  Mediad,  moiflbn  :  Se  Latvn, 
plein  :  de  ces  mots  on  peut  conjecturer  que  l'ancien  nom 
a  été  formé  de  noms  pareils  pris  de  la  langue  celtique  , 
avec  laquelle  on  fait  que  l'ancien  breton  avoit  une 
grande  affinité.  Le  nom  même  de  Mediolanum ,  ville  d'In- 
fubrie  ,  aujourd'hui  Milan  ,  eft  venu  des  Gaules.  Les 
Gaulois ,  fes  fondateurs ,  l'avoient  apporté  de  leur  patrie, 
où  il  étoit  commun  à  plus  d'un  lieu.  Ce  qui  confirme 
cette  origine  ,  c'eft  que  toutes  les  villes  nommées  Me- 
diolanum font  dans  un  terroir  fertile  Se  avantageux.  Le 
nom  même  de  Meivod  ,  que  la  Mediolanum  des  Ordo- 
vices  porte  aujourd'hui ,  fel0n  Gale ,  ne  s'éloigne  pas  de 
cette  lignification  ;  car  Meuedd  Se  Meufêdd  ,  dans  l'an- 
cien breton  fignifie  bient  ,  richeffes. 

MEDIOLANUM  SANTONUM  ,  ou  Mediolanum 
Santonum ,  ancienne  ville  de  la  Gaule  Celtique ,  félon 
Ptolomée,  qui  dit  Mediolanium  Santonum.  Antonin  la 
nomme  Mediolanum  Santonum ,  Se  la  place  entre  Novio- 
regum  Se  Aunedonnacum  ,  à  quinze  mille  pas  de  la  pre- 
mière ,  &  à  feize  mille  de  la  féconde.  C'eft  aujourd'hui 
la  ville  de  Saintes. 


MEDIOLANUM  ou  Mediolanium  ,  ville  de  la  Ger- 
manie, félon  Ptolomée.  Voyez  l'article  qui  fuit. 

MEDIOLARIUM ,  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire  dans  Pto- 
lomée ,  félon  la  remarque  d'Alting  ,  lorsqu'il  s'agit  de 
Mediolanum,  ville  de  la  grande  Germanie,  félon  cet 
auteur.  Il  faut  commencer  par  convenir  que  cette  Me- 
diolanium de  Ptolomée  n'a  rien  de  commun  avec  Medio- 
lanum in  Gugernis.  Cette  dernière  étoit  entre  le  Rhin  Se 
la  Meufe ,  l'autre  bien  loin  au-delà  du  Rhin.  Quelques- 
uns  en  échange  l'en  écartent  trop  ,  Se  la  portent  à  Mun- 
fter ,  fans  en  donner  aucune  raifon.  Le  Mediolanium  dont 
il  s'agit ,  doit  avoir  été  dans  l'ancienne  Frife  ;  fa  diffé- 
rence avec  Navalia  que  l'on  fait  être  Genemuden  ,  eft 
de  30  min.  en  latitude  vers  le  nord,  Se  d'autant  en  longitu- 
de vers  l'orient.  Cette  différence  conduit  au  rivage  gau- 
che du  lac  de  Suitlare  ,  que  traverfe  la  rivière  de  Hunnes  j 
entre  ce  lieu  Se  Génémuden  ,  fe  trouve  une  diffance 
de  trente-cinq  mille  pas ,  qui  revient  à  la  différence  de 
ces  deux  lieiîx  Navalia  Se  Medionalium  en  latitude  Se 
longitude  évaluée  en  milles:  or  en  ce  même  endroit, 
aux  frontières  de  la  feigneurie  de  Groningue  Se  du 
pays  de  Drente ,  fe  trouve  un  lieu  nommé  dans  le  moyen 
âge  ad  très  Lares.  Ce  font  aujourd'hui  deux  paroifies 
dont  la  plus  Septentrionale  s'appelle  Noor  Lare  ;  la 
plus  méridionale  Zuy  l  are  i  entre  deux  eft  un  village  ap- 
pelle Midlaren  ;  ainfi  voila  les  trois  lieux  nommés  ad  très 
Lares.  Celui  du  milieu  peut  avoir  donné  lieu  à  Ptolo- 
mée de  l'appeller  Mediolarium.  Le  changement  d'un 
rien  a  été  aifé  aux  copiftes  à  qui  Mediolanium  étoit  fa- 
milier,  Se  Mediolarium  abfolument  inconnu.  +  Alting. 
Notit.  German.  Infer.  part.  1.  p.  94. 

Tous  les  géographes  ne  s'accordent  pas  fur  le  nom  mo- 
derne de  Navalia  ,  que  quelques-uns  difent  être  Zwol 
d'autres  Campen  ,  &  d'autres  enfin  Doesbourg. 

MEDIOLUM  ,  ancienne  ville  d'Espagne ,  dans  la 
Celtiberie ,  félon  Ptolomée,  /.  x.c.  6.  Quelques  uns 
de  fes  interprètes  croient  que  c'eft  aujourd'hui  Médina 
Celi  ,  fondés  uniquement  fur  une  refiemblance  des  deux 
premières  fyllabes ,  faute  d'avoir  fu  que  Médina,  eft  un 
mot  arabe. 

MEDIOMANUM ,  ancien  lieu  de  la  grande  Breta- 
gne ;  félon  l'anonyme  de  Ravenne  qui  le  met  fur  la  route 
de  Segontium  ,  qui  eft  Caernarvan.  On  pourroit  conje- 
cturer, dit  Gale  ,  m  Antonin.  itiner.  p.  55.  que  c'eft  Main- 
turog  en  Mérionithshire ,  fur  un  grand  chemin  qu'on 
appelle  Sàrn  Helen  ,  en  latin  via  Helena  ,  à  peu  de 
diftance  deFESTiNioG,  petit  village. 

MEDIOMATRICES  & 

MEDIOMATRICI ,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Bel- 
gique. Ces  deux  noms  font  également  employés  par  les 
anciens.  Jule  -  Céfar,  /.  4.  c.  10.  &Strabon,  /.  4.  étendent 
ce  peuple  jusqu'au  Rhin.  On  voit  bien  que  le  premier 
a  entraîné  le  fécond  par  fon  autorité.  Hadrien  de  Valois , 
notit.  Gall.  au  mot  Rhenus  ,  croit  que  cela  eft  exceffif.  En 
effet  ,  le  lieu  de  la  Mofelle  où  eft  Divodurum  leur 
capitale  ,  eft  trop  loin  du  Rhin  ,  à  moins  qu'on  ne  veuille 
dite  que  les  Tribocci  faifoient  partie  des  Mediomatrices. 
Ce  qui  femble  être  la  penfée  de  Strabon  ;  car  il  dit  , 
parmi  eux  s'eft  établie  la  nation  des  TV  ibocci ,  nation  de 
la  Germanie  ,  chaffée  de  fon  véritable  pays.  Pline  ne  dit 
point  que  les  Mediomatrices  fufiènt  libres ,  ou  fournis 
aux  Romains  -,  mais  on  fait  d'ailleurs  qu'ils  étoient  alliés 
du  peuple  Romain  Legiones  in  Mediomatricos ,jociam  ci- 
vitatem  abfcejjere,  dit  Tacite,  Hifior.  L  4.  c.  70.  Samfon, 
Remarques  fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule ,  dit  d'eux  , 
que,  du  rems  de  Céfar,  outre  le  Diocèse  de  Metz, 
ils  occupoient  encore  celui  de  Verdun  d'un  côté,  &que 
de  l'autre  ,  ce  peuple  s'avançoit  vers  le  Rhin,  s'il  en  faut 
croire  Céfar  :  il  ajoute  :  ce  que  je  crois  néanmoins  avoir 
feulement  été  avant  fon  tems.  Quoi  qu'il  en  foit,  je 
ne  fais  pas  difficulté  de  croire  que  Verdun  n'ait  été  fous 
les  Mediomatrici  du  tems  de  Céfar  ,  mais  qu'ils  furent 
bientôt  après  faits  un  peuple  en  chef.  C'eft  pourquoi 
Pline  les  ellime  liberi,  où  il  faut  lire  Verduni  ou  Ve- 
roduni,  fuivant  qu'Antonin  écrit  le  nom  de  la  ville  Ve- 
rodunum  Se  Virodunum  ,  &  Grégoire  de  Tours  Verdunum, 
Verdunenfîs  urbs ,  &  la  notice  des  provinces  Se  des  cités 
de  la  GnuleVeroduncnJiumeivitas  in  Belgica prima.  Voyez. 
Messin  &  Metz. 

1 .  MEDION ,  ville  de   Grèce  dans  l'Etolie ,  félon 
Etienne  le  géographe. 


MED 


MED 


1.  MEDION.  Voyez.  Medeon. 
MEDIREC1UM,  nom  latin  de  Meserits  ouMied- 

Zyirzecze  ville  de   Pologne. 

MEDIS,  bourg  de  France  dans  la  Saintonge ,  diocèfe 
&  élection  de  Saintes. 

MEDITERRANEE  ,  nom  a  djeclif  que  la  Géographie 
emprunte  de  la  langue  latine  ;  ce  mot  veut  dire  ce  qui  efl 
dans  les  terres.  Par  cette  raifon  on  dit  la  mer  Méditer- 
ranée ,  la  mer  qui  ,  communiquant  à  l'Océan  par  ie 
détroit  de  Gibraltar ,  efl  entre  l'Europe  au  couchant  & 
au  midi ,  5c  l'Aile  à  l'orient.  On  la  nomme  auiii  Am- 
plement la  Mediterrane'e.  Voyez.  Mer. 

Ce  mot  s'emploie  auiîi  en  parlant  des  villes  qui,  étant 
dans  des  ifles  ou  dans  des  provinces  maritimes,  font 
fituées  à  quelque  diftance  de  la  cote.  Ainfi  Ptolomée,  dans 
fes  livres  de  géographie  «fait  presque  toujours  une  double 
lifte  des  villes  d'un  tel  pays.  Sçavoir  ,  les  villes  ou  lieux 
Maritimes  ;  tk  les  villes  ou  lieux  Méditerranies.  Chez 
lui  on  commence  toujours  par  les  lieux  fitués  au  bord 
ou  presque  au  bord  de  la  mer ,  tk  ,  après  avoir  parcouru 
toute  la  côte  de  l'ifle  ou  d'un  pays  ,  on  vient  aux  villes 
Méditerranéens ,  c'eft-à-dire  fituées  dans  les  terres. 

MEDIU  M,  (  in  Medio  )  ce  mot  eft  fort  en  ufage  dans  ' 
l'itinéraire  d'Antonin.  On  voit  par  exemple, 

Lujfunium  . 

Annamantiam  in  Medio  Intercifa         XXIV.  M,  P. 
Vetus-Salinam  in  Medio  MatriCa  XXVI.  M.  P. 

Caponam inMedio  Acincum,  Legio  i.  adj.  XXIII.  M.  P. 
Ad  Lacum  Felicis  in  médio  Crurntros    XXVI.  M»  P. 

Ces  exemples  fuffifent  pour  faire connoître  la  lignification 
de  ce  mot.  Il  ne  veut  dire  qu'a  moitié  chemin.  Dans  le 
premier  exemple  Intacija  fe  trouve  à  moitié  chemin  de 
Ltuffinimn  a  Ânnarfiamia  ,  la  diftance  entière  eft  marquée 
de  vingt  quatre  milles  :  LnU  cifa  eft  donc  à  douze  milles 
de  l'une  tk  de  l'autre  D* Armdmantia  à  Vêtus  Salifia  , 
il  y  a  vingt-fix  milles,  Matrica  qui  eft  à  moitié  che- 
min el\  donc  a  treize  milles  de  tous  les  deux,  &  ainfi  du 
iefte. 

i.  MEDLlNG,  bourgade  d'Allemagne  en  Bavière  fur 
l'Inn  entre  Oeting  &  WafTembutg.  Ce  nom  s  écrit  par 
un  ô  .dont  la  prononciation  répond  à  notre  Oeu , com- 
me dans  Oeufs  ,  Môdling.  Ce  lieu  n'eft  remarquable 
que  parce  que  quelques  géographes  y  cherchent  le  Me- 
dullum  de  Vindelicie.  Voyez,  ce  mot. 

2.  MEDLING,  bourg  d'Allemagne  dans  l'Autriche  près 
de  Vienne.  Gérard  de  Roo  l'appelle  ville  ,  &  dit  que  les 
Turcs  la  pillèrent  en  1578.  Il  faut  que  ce  lieu  ait  été 
autrefois  confidérable,  puisque  c'étoit  une  des  réfidences 
des  princes  de  la  première  maifon  d'Autriche  ,  tk  particu- 
lièrement de  Henri  V.  qui  en  fut  furnommé  Henri  de 
Medling.  *  Z<.yier ,  Topogr.  Auftria?. 

3,  MEDELING.Fey^  Metling. 

1.  MEDMA.  Voyez  Medema. 

1.  MEDMA  ,  ville  maritime  d'Italie  ,  au  pays  des 
Bmtiens.  Cette  ville  ell  nommée  Medma  tk  Mesma 
Mityct  tk  Wi'cr/x*.  par  Etienne  le  géographe.  Medma  par 
Pline  /.  3.  c.  5.  Strabon  ,  /.  5. p.  2ï.  tk  Pomponius  Mêla  , 
/.  2.  c.  4.  difent  uiS'ji./xot ,  Medama.  Ils  ne  s'accordent 
point  fur  fa  fituation  ,  par  rapport  à  la  rivière  Metaurus. 
L'un  le  met  en-deçà  ,  c<  les  autres  au-delà.  Outre  cela, 
les  modernes  ne  s'accordent  point  fur  le  nom  moderne. 
Quelques  uns  croient  que  Medma  eft  la  Nicotera  d'An- 
tonin ,  qui  fubfifte  encore.  D'autres  ,  comme  le  P. 
Hardouin ,  croient  que  c'eit  préfentement  Rossarno, 
ville  de  la  Calabre  ultérieure  ,  mais  celle-ci  eft  trop  dans 
les  terres  pour  avoir  été  un  port  de  mer. 

MEDMASSA  ,  ville  de  l'Afie  mineure  dans  la  D01  ide. 
Pline,  /.  5.  c.  29.  la  compte  entre  les  villes  qu'Alexan- 
dre le  Grand  fournit  à  la  juridiction  d'Halicarnafte. 

MEDN1KI  ,  en  latin  Mednicia  ,  ville  de  Pologne 
dans  la  Samogitie  ,  près  de  la  fource  de  la  rivière  de 
Wirwitz  {a  ).  Ceft  le  fiége  d'un  évêché  fondé  en  141  3. 
par  Wenceflas ,  roi  de  Pologne,  qui  y  établit  en  même 
tems  douze  curés  ,  félon  le  nombre  des  préfectures 
de  Samogirie,  qui  tous  doivent  être  chanoines  de  Med- 
niki  (  b  ).  Cette  ville  fut  brûlée  en  1390.  Elle  a  été  re- 
bâtie depuis,  (a)  And.  Cellar.  Defcript.  Polon.  pag.  _f  88, 
(  /)  Cr orner,  Rer.  Polon.  1.  18,  &  1.  tj. 


179 

MEDOACUS,  rivières  d'Italie  ,  toutes  deux  de  nu  me 
nom,  n'ayant  qu'une  embouchure  commune  dans  la  bou- 
che la  plus  leptentrionale  du  Pô.  Straboh,  /.  5.  nomme 
ainfi  un  port  tk  une  rivière.  Il  dit  que  d'un  grand  porc 
qui ,  de  même  que  la  rivière  ,  s'appelle  Mecivacus ,  on 
peut  remonter  la  riviete  a  travers  des  marais ,  jusqu'à 
deux  cens  cinquante  fhdes ,  (  qui  reviennent  à  3 1 250  pas, 
ce  qui  fait  environ  dix  lieues  &  demie).  Pline  , /.  3.  c. 
16.  nomme  EDRONie  port  que  foi  ment  les  deuxrivieres 
de  MEDOACus.Tite-Live,  /.  i.c.  2.  dit  du  confiil  vEmile, 
qu'ayant  appris  que  1  embouchure  du  Medoacus  étoic 
profonde ,  tk  qu'on  y  pouvoir  mettre  commodément 
les  vaifleaux  à  l'ancre ,  il  ordonna  que  l'on  y  fit  entrer  la 
flotte  en  remontant  la  rivière.  Pline  diftingue  très-bien  les 
deux  rivières  de  Mcdtacus.  On  les  diftinguoit  par  les 
furnoms  de  grande  &  de  petite.  Medoacus  major  ell 
préfentement  la  Brenta  ,  tk  Medoacus  minor  eft  aujour- 
d'hui le  Bachiglione.  On  a  dit  aufli  Meduacus  ,  8c 
Tite-Live  a  fuivi  cette  orthographe. 

Strabon,/.  j  p.  216. met  entre  les  peuples  voîfins  des 
Venetes  le  peuple  Mtdoaci.  Leur  nom  marque  qu'ils 
dévoient  être  autour  des  rivières  appellées  de  même, 

MEDOBITHYNI.  Voyez  Uadv 

MEDOBREGA,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  dans  la 
Lufiranie.  Elle  eft  nommée  Mesdubrigà  dans  une  inferip* 
lion.  Hinius ,  dans  ion  hiiloire  de  la  guerre  d'Aicxan- 
drie  ,  parle  des  affaires  d'Espagne  par  occafion  ,  tk  dit , 
C48.de  Cailius  Longin  ,  peu  api  es  ayant  pris  en  Lu- 
fitanie  la  ville  de  Medobrtga  ,  tk  le  mont  Herminiusou: 
les  habitans  de  Medobrega  s'ctoient  retirés.  Nec  multo  pujl 
qnum  va  Lufuania  Medvbrcgam  <.ppidum;  monttmqiu  fiet» 
minium  expugnajfet;  qitù Mtdobregenfes  confugerant.  Cette 
ville  eft  d'autant  plus  aifée  à  trouver,  que  la  montagne 
s'appelle  encore  aujourd'hui  Monte  Armineo  ou  Ar- 
minno,  la  ville  même  avoit  pris  le  nom  de  la  mon- 
tagne, ôc  s'appelloit  Aramenha;  elle  eft  ruinée  ,  mais 
Refende  ,  dans  fes  antiquités  ,  dit  que  l'on  en  voit  en- 
core les  ruines  près  de  Marvaon  dans  f  Alentcjo  ,  à  peu 
de  diftance  de Portalegre.  Pline,  /.  4.  c.  zi.  appelle  les 
habitans  de  cette  ville  Medubrisenses  qui  piambarii  , 
leur  furnom  de  plombières  leur  venoit  d'une  mine  de 
plomb  qui  étoit  dans  la  montagne,  Elle  eft  nommée 
Mundobîuga  dans  l'itinéraire  d'Antonin  fur  uneroutede 
Lifbonne  à  Mérida.  Les  éditions  d'Aide  ,  des  Juntes, 
de  Zurita  tk  de  Bertius  portent  Mundobriga  -,  l'exem- 
plaire du  Vatican  fournit  Mon tobriga.  Refende  litMEi- 

DOBRIGA. 

MEDOC.  On  écrivoit  autrefois  Medouc  ,  contrée  de 
France,  en  forme  de  presqu'ifle ,  entre  l'Océan  tk  la  Ga* 
ronne,  enGuicnne,  dans  le  Bourdelois,  dont  le  pays 
de  Medoc  occupe  la  plus  grande  partie  par  rapport  à 
l'étendue;  car  il  n'eft  pas  peuplé  à  proportion  du  refte 
du  Bourdelois  ,  parce  qu'il  eft  moins  fertile.  Sa  partie 
feptentrionalc ,  étant  fujette  aux  inondations  dans  les 
hautes  marées,  fon  nom  vient  de  Medulicus  Pagus  , 
que  les  anciens  lui  ont  donné.  Aufonne  appelle  la  côte 
de  Medoc.  Littts  Medulorum  dans  fa  cinquième  épitre4 
Ad  Theonem  ,  v.  16 . 

Qiiamtamen  exerces  Medulorum  in  Lit  or  e  vitam  ? 

11  avoit  dit  dans  une  espèce  d'adreffe  en  vers  : 

Pagamtm  è  Medulis  jubeo  falvere  Theonem. 

Dans  fon  épitre  feptiétne,  il  parle  des  huîtres  de  M«* 
doc ,  qui  paffoient  alors  pour  être  excellentes. 

Oflrea  Baianis  certantia  qu&  Medulorum 
Dulcibus  injiagnis  refiiti  maris  aftus  opimat. 

Dans  fa  treizième  épitre ,  il  nomme  ces  huîtres  Burdi- 
galeaiia  ,  parce  que  les  Romains  qui  les  tiroient  de  Bour- 
deaux  leur  donnoient  ce  nom.  On  en  faifoit  fi  grand  cas, 
qu'elles  étoient  fervies  à  la  table  des  empereurs» 

Se  d  mihi  pra  cunElis  ditijjima  quœ  Medulorum  , 
Editât  Oceanus ,  qux  ,  Burdigalenfia  nomen  , 
Vf  que  ad  Qtfareas  udit  admirait»  menfas, 

Tom.  IV.  Z  ij 


180        MED 


MED 


Sidonius  Apollînaris ,  appelle  ces  huîtres  Medulica  fu- 
pellex ,  Se  les  gens  de  bonne  chère  qui  en  faifoient  leurs 
délices ,  Medulk&fupellettilis  epulones.  Pline ,  en  parlant 
des  huîtres  de  Cyzique,  dit  :  Elles  font  plus  grandes  que 
celles  du  lac  Lucrin ,  plus  douces  que  celles  d'Angle- 
terre, plus  délicieufes  que  celles  des  Educns  (Eduis  ),  plus 
piquantes  que  celles  de  Lcptis ,  plus  pleines  que  celles 
de  Lucentum ,  &c.  On  voit  bien  que  Eduis  a  été  mis 
par  un  copifte ,  pour  Medulis.  Edui ,  Autun  ne  fçau- 
roit  nourrir  des  huîtres  étant  fi  loin  de  la  mer.  Pline  a  tiré 
ce  partage  de  Mutien.  Le  P.  Hardouin  l'a  bien  rétabli.  Du 
mot  Medidicus  eft  venu  Médaille  Se  enfuite  Medouc.  An- 
dré du  Chefne,  dans  fes  antiquités  des  villes  &  châteaux 
de  France  ,  parle  ainfi  de  ce  pays  :  «  Au-deflbus  de  Bour- 
»deaux&    joignant  la  côte  de  la  mer,  eft  la  ville  de 
»»  l'Efparre  Se  le  cap  Sainte  Marie  ;  puis  ,  defeendant 
t»  plus  bas ,  l'on  entre  au  pays  de  Medouc ,   terminé  de 
•»  tous  côtés  de  Paluz  Se  autres  lieux,  dont  la  barteffe  l'ex- 
•»  pofe  à  beaucoup  d'inondations. Ptolomée  au  fécond  livre 
«  de  fa  géographie,  leur  baille  une  autre  ville  avec  Bonr- 
«deaux,  en  ce  pays  de  Medouc,  qu'il  met  vers  Sou- 
cia c,  bourg  afiez  beau,  en  la  pointe  que  fait  làla  grande 
w  mer  avec  la  Garonne ,  la  nomme  Noviomagos  en  fon 
«grégeois;  mais  on  ne  la  trouve  aucunement  pour  lejour- 
»»  d'hui  ,  foit ,  ou  que  la  terre  l'aye  engloutie  par  quelque 
«  tremblement,  ou  que  quelque  guerre  l'aye  rafée;  comme 
»  de  fait,  encore  il  y  a  en  ce  quartier  de  Medouc  un  grand 
«lac  où  l'on  dit  qu'il  fe  void  des  murailles ,  quand  quel- 
•»  que  été  fe  porte  un  peu  fec  ,  Se  que  les  eaux  font  baffes , 
«  ou  que  la  grande  mer,  ou  Garonne  l'aye  noyée,  comme 
s»  auiîi  trouve-t-on  bienàdireaujourd'hui ence  même  quar- 
tier l'irte  d' Antros.de laquelle  le  géographe  Pomponius- 
»>  Mêla   fait   mention ,  fi  ce  n'eft  d'aventure  le  rocher 
»>  de  Cordoan  ,  à  l'embouchure  de  la  Garonne  ;  ou  fina- 
»>  lement  que  les  fables  l'ayent  couverte ,  comme  tout  ce 
»  pays   eft   fort  fablonneux ,  Se  que  la  mer  ne  fait  que 
w  vomir  fable  ,  lequel  féché  Se  mené  par  le  vent  fait  de 
»  merveilleufes  montagnes ,  Se  encombre  non  feulement 
»i  les  maifons ,  mais  auffi  les  plus  haut  chênes  &  pins  du 
»pays  ,  dont  les  Medoukins  content  que  leurs  lièvres  font 
»  non  feulement  fi  hardis  »  qu'ils  courent    après  les  le- 
wvriers,  mais  auffi  tant  légers  que  les  diriez  voler  plû- 
»  tôt  que  courir  par  ces  grands  fables ,  &  s'il  leur  plait 
»  de  fe  paître  à  couvert  au  pied  des  arbres ,  qu'ils  mon- 
»  tenta  la  cime,  Se  même  font  là  leur  repaire  »,  *  Du 
pays  &  duché  de  Guienne  ,  c.  2. 

Le  Mcdoc  eft  borné  au  nord  Se  au  levant  par  la  Ga- 
ronne ,  au  midi  par  la  petite  rivière  de  Jale  qui  le  fépare 
du  refte  du  Bourdelois ,  Se  par  une  ligne  imaginée  ,  qui 
remonte  en  ferpentant  vers  l'étang  de  laCanau,au  midi 
duquel  elle  parte,  Se  de-là  jufqu'à  la  mer  de  Gafcogne 
qui  termine  le  Medoc  au  couchaut.  Le  bourg  de  l'Efparre 
en  eft  le  principal  lieu.  Les  autres  font 

Blanquefort  fur  la  Jale , 

Caftelnau  de  Medoc  fur  la  Meyris , 

Le  fort  de  Medoc  fur  la  Garonne  ,  vis-à-vis  deBlayes  , 

Soulac,  village  vers  la  pointe  fcptentrionale  du  Medoc. 

*  De  l'i/le  ,  Atlas. 

C'eft  ce  village  qui  donne  préfentement  le  nom  aux 
huîtres  de  Medoc ,  parce  qu'on  les  y  pêche.  La  pairie 
du  Medoc ,  qui  s'étendJe4e«g  de  la  Garonne ,  depuis  le 
fort  de  Medoc  jufqu'à  la  rivière  de  la  Jale  ,  s'appelle  la  Pa- 
lu.  Le  milieu  du  pays  eft  gâté  par  un  marais  inculte  ,  que 
coupe  dans  fa  longueur  une  rivière  qui  fe  perd  dans  la 
Garonne  à  Mapon.  Une  partie  confidérable  de  ce  qui  eft 
au  nord  du  bourg  de  l'Esparre ,  confifte  en  des  terres 
marecageufes  ,  defféchéesde  la  même  manière  qu'en  Hol- 
lande. On  appelle  ce  canton  la  Petite  Flandre  de  Medoc. 
Toute  la  partie  occidentale  eft  mal  peuplée  ,  pleine  de 
bois  Se  d'étangs.  Le  pays  n'eft  bon  que  le  long  de  la  Ga- 
ronne ,  auffi  n'eft-il  bien  peuplé  que  là. 

MEDOÉ ,  ifle  du  Nil  dans  l'Ethiopie  fous  l'Egypte. 
Pline ,  /.  6.  c.  30.  y  met  une  petite  ville  nommée  Asel. 

1.  MEDON.  Quelques  exemplaires  de  Strabon  ,  /.  .8. 
p.  *■$}.  appellent  ainfi  une  rivière  du  Péloponnefe.  Ca- 
faubon  croit  qu'il  faut  lire  Nedon.  Voyez,  ce  mot    n  2 

1.  MEDON.  Fôy^  Dioclea. 

MEDOSLANIUM,  ville  de  la  grande  Germanie,  fé- 


lon Ptolomée,  /.  2.  c.  1  i.Elle  étoit  quelque  part  vers  le 
Danube. 

MEDOUAI.  Voyez.  MedWai. 
i.MEDUA.Kovex.  Medama. 
2.  MEDUA  ou  Mara  ,  ville  d'Afrique  au  royaume 
d'Alger ,  au  midi  du  mont  Guanferis  ,  aux  confins  du 
pays  de  Mezezeb ,  félon  de  l'Ifle.  Elle  eft  dans  une  belle 
plaine,  à  cinquante  lieues  d'Alger , Se  à  foixante  de  Tre- 
mecen,  félon  Marmol.  Cet  auteur  qui ,  en  parlant  de 
l'Afrique  moderne  ,  conferve  les  anciens  noms  de  Gétu- 
lie  Se  de  Numidie  ,  dit ,  t.  2.  I.  5.  c.  46.  Quoique  cette 
ville  ne  fût  pas  de  l'état  des  rois  de  Tremecen  ,  ils  l'ont 
toujours  pofïédée  ,  à  caufe  de  la  commodité  du  partage 
de  Numidie.  Les  habitans  ont  de  fort  bonnes  maifons  , 
avec  une  fuperbe  mosquée.  Cette  ville ,  fe  trouvant  in- 
commodée par  les  Arabes  fur  le  déclin  des  rois  de  Tre- 
mecen ,  qui  ne  lui  donnoient  pas  affez  de  fecours  pour 
fe  garantir  ,  fe  donna  au  roi  de  Tenes  ,  qui ,  étant  tout 
proche  ,  pouvoir  à  toute  heure  accourir  .à  leur  défenfe» 
Ce  fut  alors  que  Barberouffe  la  prit  ,  Se  depuis  ce  tems 
elle  a  toujours  été  aux  Turcs  de  la  milice  d'Alger,  qui  y 
mettent  garnifon.  La  contrée  eft  riche  &  abondante  en 
bleds  Se  en  troupeaux.  Il  y  a  beaucoup  de  vergers  ,  de 
bocages ,  Se  plufieurs  fontaines. 
MEDUACUS.  Voyex.  Medoacus. 
MEDUALLI.  Voyez.  Meduli.       * 
MEDUAN  A  ,  nom  latin  de  Majennè  ,  ville  deFran- 
ce ,  cvdela  Maienne,  rivière.  Voyez,  au  nom  François» 
MEDUBR1CENSES.  Voyez.  Medobrega. 
MEDULI,  ancien  peuple  de  la  Gaule.  C'eft  aujour- 
d'hui le  Medoc. 

MEDULLI ,  ancien  peuple  d'Italie  dans  les  Alpes.  Ils 
font  nommés  dans  le  triomphe  de  l'empereur  Augufte , 
dont  l'infcription  eft  rapportée  dans  le  troifiéme  livre  de 
Pline  ,  c.  20.  Leur  pays  eft  aujourd'hui  une  partie  de  la 
Savoye,&  s'appelle  la  Mauriennc  ,  comme  le  prouve 
Bouche,  dans  fon  hiltoire  de  Provence,  p.  103, 

MEDULL1A  (  a  ) ,  ville  d'Italie  au  Latium  :  elle  fe 

donna  aux  Romains  fous  Romulus  ,  qui  y  établir  une 

colonie  romaine  (b  ).  Les  Latins  la  prirent  fous  Ancus 

Marcius ,  Se  la  gardèrent  trois  ans  ,  après  quoi  ce  roi  la 

reprit  fur  eux.  Pline,  /.  3.  c.  5.  en  parle  comme  d'une 

ville  qui  ne  fubfiftoit  plus  de  fon  tems.  Tite  Live ,  /.  1.  c. 

33  &  3  8.  en  parle  auffi.  (  a  )  Denys  d '  Halicamaffe  ,  Ant. 

Rom.  1.  2.  c.  36.  (  b)  Ibid.  1. 3.  c.  38. 

^  MEDULL1US  MONS  ,  montagne  d'Efpagne  dans  la 

Cantabrie.  Florus  dit,  A4,  c.  1 2.  Le  mont  Médule  fut  afiié- 

gé.  Un  forte,  continué  l'efpace  de  quinze  milles ,  l'envi- 

ronnoit  de  tous  côtés.  Quand  les  Barbares  virent  que 

les  Romains  les  attaquoient  de  manière  qu'il  n'étoit  pas 

poffible  de  leur  réfifter  plus  long-tems ,  ils  fe  firent 

mourir  à  l'envi  les  uns|des  autres  ,  par  le  fer  dans  un 

repas,  ou  par  le   poifon  que   l'on  tire  des  ifs.  Et  la 

plupart  fe  dérobèrent  ainfi  à  une  foumirtion  qu'ils  regar- 

doient  comme  une  captivité.   Paul  Orofe  raconre  la 

même  hiftoire  ,  &  dit  que  cette  montagne  eft  au-deffus 

du  Minho.  Medullium  montera  Mmio  fiurnini  imminen- 

tem  ,  in  quo  fe  magna  multitudo  homimtm  tuebaïur ,  per 

quindecim  millia  paffuum  fojfa    circumfeptum  obfidione 

cinxerunt.  Garibay  croit  que  Manduria  eft  le  nom 

moderne. 

MEDÛLLUM ,  ville  de  la  Vindelicie ,  félon  Ptolo- 
mée. Lazius  dit  que  c'eft  Medlingen. 

MEDUNACUM,  lieu  de  la  Gaule,  lien  eft  fait  men- 
tion dans  un  fragment  de  la  table  de  Peutinger. 

MEDUS ,  rivière  d'Afie  dans  la  Perfe.  Elle  fe  jette  dans 
l'Araxe,  félon  Strabon,  /.  15.  p.  729. 

MEDWAY ,  rivière  d'Angleterre  dans  la  province  de 
Kent.  Elle  parte  par  Maidftone,  Rochefter  Se  Chatham  , 
Se  fe  jette  dans  la  Tamife,  pas  fort  loin  de  fon  em- 
bouchure. Comme  elle  eft  forr  profonde ,  on  s'en  fert 
pour  mettre  en  fureté  les  grands  vaiffeaux  de  guerre  en 
hiver  ;  l'entrée  de  la  rivière  étant  défendue  par  le  fort 
de  Sheerneff.  *  Etat  préjent  de  la  Grande  Bretagne , 
t.  i.p.  14. 

MEDZIBOR,  félon  Corneille,  Se  Mehsebohr  ,  fé- 
lon Jaillot ,  Atlas,  ville  d'Allemagne  ,  en  Siléfie  ,  dans  la 
principauté  d'Olrte ,  au  nord  oriental  de  la  ville  de  ce 
nom  ,  aux  confins  de  la  baronnic  de  Warrenberg. 
MEDZ1BOZ ,  ville  de  Pologne,  dans  la  partie  méridio-. 


MEE 


MEG       t8t 


nÀe  du  palatinat  de  Volhinie ,  fur  la  rive  feptentrio- 
nale  du  Boh ,  au-deffus  de  Conftantinowe.  *  De  l'IJle , 
Atlas. 

MÉE,  bourg  de  France  dans  l'Anjou ,  élection  de  Châ- 
teau-Gonrier. 

MÉES,  (Les)  en  latin  Caflrum  de  Médis  ,  bourg  de 
France  dans  la  Provence  ,  diocèfe  &  recette  de  Digne. 
Il  y  a  une  juftice  royale,  &  il  députe  aux  affemblées  de 
la  province. 

MEFA.  Pov«,Mesada. 

MEGA.  Voyez.  Magnus. 

MEGADINI ,  peuples  Afiatiques.  Xénophon  ,  Hiflo- 
riar.lib.  t. p.  2.  dit  qu'ils  étoient  fournis  à  Cyrus.  À  la 
marge  on  lit  Budini  3c  Magadidi.  Philclphe ,  ancien  inter- 
prète de  Xénophon,  lit  MetpieivMvoi,  Mariandunoi;  6c  Or- 
telius ,  Thefaur.  croit  que  c'eft  ainfî  qu'il  faut  lire  ;  parce 
que  les  anciens  ne  connoiffoient  point  de  peuples  nom- 
més Magadidï.  A  l'égard  des  Budini ,  ils  habitoient  dans 
la  Sarmârie. 

MEGABARIou  Megabradi,  peuple  d'Ethiopie,  au- 
près de  lïfle  Meroc.  Strabon  ,  /.  17.  p.  776.  6c  Pline  ,  /.  6. 
c.  30.  font  pour  la  première  orthographe;  6c  Ptolomée, 
/.  4.^.8.  pour  la  féconde.  Pline  dit  qu'on  les  appelloit 
quelquefois  Adiabara. 

1.  MEGALA  ,  lieu  efcarpé  que  Pline,  /.  6.  c.  26.  place 
dans  la  Médie  au  voifinage  de  Perfepolis. 

2.  MEGALA,  ifle  d'Ecoffe,  une  des  Wefternes,  ou 
ifles  occidentales  au  midi  de  Barra.  *du  Lignon.  Mémoires 
manuscrits. 

1.  MEGALE  ,  ifle  auprès  de  la  ville  de  Smyrne  ,  félon 
Pline ,  /.  5.  c.  5 1. 

i.  MEGALE  ,  ifle  de  la  Propontide.  C  eft  Pline  ,  /.  $.  c. 
52.  qui  en  fait  mention. 

3 .  MEGALE ,  ifle  de  Lycie  >  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

4.  MEGALE  ,  ville  du  Péloponnèfe.  Ariftore ,  in  mira'" 
bilibus  ,  dit  que  ,  dans  le  territoire  de  cette  ville  ,  il  fort 
perpétuellement  des  feux  de  la  terre.  Paufanias  en  parle 
auffi.  Peut-être  eft-ce  la  même  ville  que  Mégalepolis. 
Voyez,  Megaï.epolis. 

1.  MEGALE-POLIS.  ou  Megalopolis  ,  ville  du  Pélo- 
ponnèfe  dans  l'Arcadie.  Elle  étoit ,  félon  Paufanias ,  /.  8. 
c,  ij.  la  plus  nouvelle  des  villes  de  Grèce,  il  on  en 
excepte  les  colonies  romaines.  Ce  fut  fous  les  aufpices 
d'Epaminondas  qu'elle  fe  forma  des  habitans  dediverfes 
perires  villes  qu'on  raffembla  en  une  feule  après  la  baraille 
de  Leuclrum  ,  afin  d'être  plus  en  état  de  réfifter  aux 
Lacédémoniens.  Ptolomée  ,  Paufanias  &  Etienne  le  géo- 
graphe écrivent  MtyetAn-TTûhiç,  Megale- Polis ,  6c  Strabon, 
/.  S.fubfinem  i  écrit  dans  un  feul  mot  Me>«;\<w«r«*/ç , 
Megalopolis.  Polybe  lui  même,  qui  étoit  né  dans  cette 
ville  ,  écrit  indifféremment  Miy&Xn-YlÔMç  ,  /.  4.  c,  7.  6c 
w\.iya.Xo7to}\iç ,  lib.  4.  cap.  77.  Le  fleuve  Heliffon  paffoit 
au  milieu  de  Megalopolis  ,  6c  alloit  enfuite  fe  jettet 
dans  le  fleuve  Alphée.  Les  habitans  de  Megalopolis  font 
appelles  par  Tite-Live  , /.  35.  c.  27.  Megalopolitœ ,  6c 
chap.  29.  Megalopolitani.  On  nomme  aujourd'hui  cette 
ville  Leontari,  félon  Sophian,  6c  Leondario  ,  félon  Sa- 
bellicus  &  Niger. 

2.  MEGALE-POLIS  ,  ville  de  l'Ibérie,  félon  Etienne 
le  géographe. 

3.  MEGALE-POLIS  ,  ville  d'Afrique.  Diodore  de  Sici- 
le ,  /.  20.  la  met  dans  le  territoire  de  Carthage. 

4.  MEGALE-POLIS.  Etienne  le  géographe  donne  ce 
nom  à  une  ifle  fur  la  côte  de  Lycie. 

MEGALESIUM  ,  lieu  d'Afle,  félon  Vairon,/,  j.  de 
Lingua  latina. 

MEG AL\ A,  Voyez.  2.  Megaris. 

MEGALL^ ,  peuples  des  Indes.  Pline  ,  /.  6.  c.  20.  les 
place  au-deffous  dz<£eft  6c  des  Cetriboni. 

MEGALOPHYra  DiogéneLaërce,f«7Wrtr.  donne 
ce  furnom  au  troifiéme  ,  Thaïes ,  qui  vivoit  environ 
le  tems  d'Héfiode  ,  d'Homère  ,  ou  de  Lycurgue  ;  &  il  y 
a  apparence  que  ce  furnom  défignoit  fa  patrie ,  félon 
Ortelius ,  Thefaur. 

MEGALOPOLIS.  Voyez.  Megaie-Polis. 

MEGALOSSUS.  Voyez.  Metalassus. 

MFGALUDA.  Voyez.  Metadula. 

MEGALUSIORUM.  Ce  nom  fe  trouve  fur  une 
médaille  rapportée  par  Goltzius ,  in  Thef, 


MEGANITAS,  fleuve  du  Péloponnèfe  dans  l'Achaïe. 
Paufanias,  Ly.c.  23.  en  parle  ,  &  dit  qu'il  arrofoit  le 
territoire  d'JEgium ,  &  qu'il  fe  jettoit  dans  la  mer. 

1 .  MEG  ARA ,  Megare  ,  ville  de  Grèce  dans  l'Achaïe , 
à  une  diftance  prefque  égale  de  Corinthc  6c  d'Athènes, 
près  du  golfe  Saronique.  Elle  étoit  la  capitale  d'un  pays 
qu'on  appelloit  Megaris.  On  n'eft  pas  d'accord  fur  la 
fondation  de  la  ville  de  Mégare.  Quelques-uns  difent  que 
Mégare ,  fils  de  Neptune  j  étant  venu  au  fecours  de  Nile , 
&  ayant  été  tué  dans  un  combat ,  fut  enterré  dans 
une  ville  à  laquelle  on  donna  fon  nom.  D'autres  veulent 
que  Mégare  ,  fils  d'Apollon,  après  avoir  conquis  cette 
province  ,  lui  donna  le  fien.  Les  Mégariens  fe  vancoient 
que  les  nymphes  Sithonides  étoient  de  leur  pays  ,  &  que 
l'une  d'elles,  appellée  Tiatrée,  avoit  eu  de  Jupiter  un 
fils  nommé  Mégare,  qui,s'étant  fauve,  au  tems  du  déluge, 
fut  la  montagne  de  Géranie ,  donna  fon  nom  à  toute 
la  contrée  voifine.  Il  y  en  a  qui  âffurent  que  Pandion , 
roi  d'Athènes,  eut  quatre  fils,  6c  que  le  pa;,s  appelle 
Megaris  fut  le  partage  du  dernier  nommé  Nifé.  En 
effet,  Ptolomée,  /.  j.f.  ij.  &  Suidas  difent  que  cette 
ville  s 'appelloit  anciennement  Uta-raux ,  Nijjœa.^-Toureil, 
Rem.  fur.  la  2.  Olynt.  pag.  82. 

Megare  fut ,  à  ce  qu'on  prétend  ,  gouvernée  fuccefli- 
vement  par  douze  rois ,  depuis  Clefo  ,  fils  de  Lelex  ,  roi 
de  Lélégie,  jufqu'à  Ajax  ,  fils  de  Telamon.  Les  Mégariens 
vécurent  enfuite  en  république  ,  6c,  quand  les  Athéniens 
les  eurent  fournis  ,  ils  furent  délivrés  par  les  Héraclides  j 
mais  les  Grecs ,  ayant  re pouffé  le  roi  de  Perfe  ,  tournè- 
rent leurs  armes  contre  eux  mêmes.  La  Corinthe  ôc  Méga- 
re fe  difputerent  l'étendue  de  leurs  limites.  Les  Mega- 
riens  fe  mirent  fous  la  protection  des  Athéniens ,  qui 
les  défendirent  }  mais  ils  ne  payèrent  ce  fervioe  que  par 
l'ingratitude  ,  maffacrerent  la  garnifon  Athénienne  ,  qui 
étoit    chez   eux,  s'unirent   avec  les  Spartiates,  rivaux 
des  Athéniens ,  6c  firent  leur  paix  avec  les  Corinthiens. 
Les  Athéniens,  outrés  d'une  révolte  &  d'une  ingratitu- 
de fi  criantes,  fommerent  Mégare  qu'elle  eût  à  s'abfte  • 
nir  de  la  culture  d'une  terre  confaerée  aux  déefles  Cerès 
ôc  Proferpine.  On  reçut  mal  la  fommation  ;  6c ,  fur  le 
refus ,  les  Athéniens  publièrent  un  décret  pour  interdire 
aux  Mégariens  l'entrée  des  ports  6c  du  pays  de  l'Attique. 
Ce  décret  fulminant  alluma  la  guerre  du  Péloponnèfe. 
Paufanias ,  /.  1.  c.  36.  donne  une  origine  différente  à  cette 
guerre.  Il  dit  qu'Anthemocrite  étant  allé  ,  comme  héraut 
d'Athènes,  fommer  les  Mégariens  de  s'abftenir  d'une  cultu- 
re facrilége  ,  pour  toute  réponfe  on  le  maffacra.  L'in- 
térêt des  dieux  ,  ajoutent  Ariftophane  ,  in  Achar.  acl: 
i.fc.  j.  6c  Plurarque,  in  Pericl.  avoit  fervi  aux  Athé- 
niens de  prétexte  ;  mais  la  fameufe  Afpafie  ,  que  Periclès 
aimoit  éperdument ,  avoit  été  la  véritable  caufe  de  la 
rupture  des  Athéniens  avec  Mégare.  Les  Mégatiens  par 
repréfailles  de  ce  qu'une  troupe  de  jeunes  Athéniens 
y  vres  avoit  enlevé  chez  eux  Simethe  courrifane  de  répu- 
tation, enlevèrent  dans  Athènes  deux  courtifanes  de  la 
fuite  d'Afpafie.  Periclès époufa  la  querelle  d' Afpafie  outra- 
gée, &  avec  le  pouvoir  qu'il  avoit  en  main,  il  vint  facile- 
ment à  bout  de  perfuader  ce  qu'il  vouloir*  On  publia 
contre  les  Mégariens  un  décret  foudroyant  :  on  défen- 
dit tout  commerce  avec  eux  fur  peine  de  la  vie  ,  &  l'on 
dreffa  un  nouveau  formulaire  de  ferment ,  par  où  tous 
les  généraux  s'engageoient  à  ravager  deux  fois  chaque 
année  les  terres  de  Mégare.  Ce  décret  jetta  les  premières 
étincelles,  qui  peu  à  peu  allumèrent  la  guerre  du  Pélopon- 
nèfe. Elle  fut  l'ouvrage  de  trois  courtifanes.  Les  événe- 
mens  les  plus  illuftres,  ont  quelquefois  une  origine  affez 
honteufe. 

La  ville  de  Mégare  a  confervé  fon  ancien  nom  de  Mé- 
gare. Elle  eft  fituée  dans  une  vallée  au  nord  entre  le 
mont  Gerata  ,  dont  la  croupe  s'étend  au  nord-oueft  jus- 
qu'au mont  Citheron ,  au  fond  de  la  baie  du  golfe  de 
Corinthe  ,  qui  s'appelle  aujourd'hui  Livadoflro.  On 
nomme  communément  toute  la  montagne  Macriplai  t 
ou  la  longue  Montagne.  La  plaine  eft  bordée  à  l'occident 
vers  Corinthe  par  le  mont  appelle  aujourd'hui  Palaca 
Bouni ,  ou  la  vieille  Montagne ,  autrefois  Gerania.  Le 
golfe  Engia  ou  Saronique  eft  au  fud-eft ,  6c  la  baie  Liva- 
doftro  au  nord  oueft.  Le  territoire  qui  s'appelloir  autre- 
fois Megaris  eft  affez  fertile  dix  lieues  à  la  ronde.  La 
ville  écoit  bâtie  fur  deux  rochers ,  s'étendant  au  fudfud- 


î82       MEG 

cft ,  &  à  l'oue/t  nord  oueft  ,  environ  à  une  lieue  de  la 
côte  du  golfe  Saroniquc.  Elle  voyoit  l'ifle  Egine  du  fud 
à  l'elt ,  <S:  Coloih  i  au  fud  ell.On  appei  çoit  encore  fes  an- 
ciennes bornes  qui  comprennenr  ces  deux  iochets&  une 
partie  de  la  plaine  au  fudj  mais -il  n'y  a  plus  prefentement 
qu'un  bourg  fur  un  de  ces  rochers ,  compote  de  maiions 
chétives,  dont  les  murailles  ne  font  que  de  pieu  es  rom- 
pues ,  tirées  de  fes  ruines ,  &  de  terre  cuite  au  foleil , 
couvertes  de  fafeines  6c  de  terie.  Elles  font  bâties  les 
unes  joignant  les  au  res  ,  &  n'ont  qu'un  étage.  On  en 
compte  environ  trois  ou  quatre  cens.  Il  y  a  une  tour  , 
au  milieu  du  bourg  ,  fur  le  plus  haut  du  rocher  ,  &  où 
logcoit  ci  devant  un  vayvode,  que  des  coi  fanes  prirent  ; 
ce  qui  épouvanta  tellement  les  Turcs,  qu  ils  n'y  ont 
pas  demeuré  depuis.  Les  Grecshabitans  de  Megaie, appré- 
hendent tellement  les  pirate-.  Turcs  ou  Chrétiens  .qu'à 
la  vue  de  la  moindre  barque,  ou  dès  qu  ils  entendent 
les  chiens  aboyer  la  nuit ,  ils  commencent  a  plier  bagage 
&  à  fe  cicher.  Ils  gagnent  leur  v;e  a  labourer  la  terie, 
êc  les  Turcs  à  qui  elle  appartient  en  propre,  leur  donnent 
la  moitié  dé  la  récolte,  ils  s'occupent  auffi  a  fane  des 
planches  6c  du  goudron  à  la  montagne  ,  où  il  y  a  une 
grande  quantité  de  pins.  On  remarque  a  Méjtare  plufieurs 
belles  inferip  ions;  entre  autres  ,  une  à  I  honneur  de  l'im- 
pératrice Sabine,  femme  de  l'empereur  Adnen  ,à  laquelle 
on  donne  la  qualité  de  nouvelle  Cérès,  NfcAN  ahmhi1ja. 

On  voit  les  fondemens  d'un  petit  bâtiment  quatre  , 
dans  les  murailles  vers  la  mer ,  a  main  gauche  de  la  porte, 
Se  aux  côtés  duquel  font  deux  grands  marbres,  qui 
font  les  deux  côtes  de  l'entrée  du  bâtiment.  Il  y  a  fur  le 
côté  une  hfie  des  jeux  &  combat  publics ,  où  quelqu'un 
âvuit  remporté  lavicloire.  Spon  prétend  que  c'étoit  un 
Sacellum  confacté  à  quelque  héros  -,  mais  Wchler  ,  pjge 
a  57.  croit  quec'étoit  quelque  gymnafe.  1  aufanias ,  dit-il, 
lue  confirme  dans  mon  opinion  :  car  il  patie  d'un  ancien 
gymnafe  près  de  la  pente  Nymphaaia  ,  que  je  prends 
pour  celle  ci  ,  fur  la  fuite  de  fon  discours  :  Il  vient  de  la 
place  du  marché  par  un  chemin  appelle  le  chemin  étroit, 
qui  étoit  indubitablement  celui  ci  ;  car  il  cft  auffi  étroit 
qu'il  peut  l'être  du  côté  de  la  mer  6c  de  Nicaea.  Il  y  a 
proche  de  là  un  autre  grand  marbre  de  douze  pieds  de 
long  ,  avec  une  infeription  dreflee  en  l'honneur  d'un 
gymnafiarque  &  d'un  grammairien  par  le  fénat  6c  par  le 
peuple.  Sur  le  même  marbre  on  voit  une  autre  inferi- 
ptie  n  de  fon  fils ,  qui  avoit  le  même  office  ;  &  une  autre 
encore  après  ,qui  contient  l'édit  du  fénat  6c  du  peuple  > 
honorant  Démétrius  ,  fils  de  Praxion.  Les  ttatues  de  ces 
hommes  pouvaient  auffi  être  placées  fur  chacune  de  leurs 
jnferiptions. 

En  descendant  au  port ,  par  le  chemin  étroit ,  on  voit 
fur  un  rocher  pioche  de  la  mer  des  reftes  d'anciennes 
murailles  Wheler  juge  que  ce  font  les  relies  de  l'ancienne 
ville  de  Nicaea ,  qui  étoit ,  félon  toutes  les  apparences  , 
d.ins  ce  lieu  ,  &  qui  avoit  été  bâtie  par  Nifus  ,  l'un  des 
quatre  fils  de  Pandion  ,  qui  donna  Mégaris  à  Nifus.  On 
Voit  au-dellbus  les  ruines  d'une  douzaine  de  petites  égli- 
fes  ,  ce  qui  fait  appeller  ce  lieu  dodeca  ecchfta  ,  ou  les 
douze  églifes  ;  mais  il  n'en  refte  qu'une  entière  ,  6c  il 
n'y  a  ni  peuple  ni  prêtre.  C'étoit  la  ville  6c  le  port  des 
Mégariens  ,  dont  les  deux  rochers  ,  qui  compofoient  le 
port ,  s'appelloient  autrefois  Minoa.  *  Wheler  ,  Voyage 
d'Athènes  ,1.  5 .  p.  a  5  3 . 

2.  MEGARA  ,  ville  de  Sicile  ,  fur  la  côte  orientale 
de  l'ifle,  dans  le  golfe  de  Mégare ,  autrement  nommé  Xi- 
phonutf,  au  nord  de  Syracufe.  Elle  avoit  été  appellée  au- 
paravant Hybla  ,  à  ce  que  remarque  Strabon  ,  /.  6  pag. 
267.  Pline,  /  3.  c.  8.  la  nomme  Megaris.  Voyez.  Hybla. 
*  De  fifle,  Atlas. 

3.  MEGARA  ,  lieu  ou  ville  de  Macédoine  ,  félon  PIu- 
tarque ,  in  Pyrrho.  Etienne  le  géographe  la  place  dans 
la  Theffalie. 

4.  MEGARA.  Etienne  le  Géographe  met  une  ville  de 
ce  nom  dans  la  Moloiïide. 

;.  MEGARA  ,  ville  de  l'illyrie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

6.  MEGARA  ,  ville  du  royaume  du  Pont ,  félon  Etien- 
ne le  géographe.  Ortelius  ,  Thefaur,  croit  que  c'efl  de 
cet  e  ville  que  parle  Ovide  ,  i.TriJ}.  eleg.  ic.v.  39.  dans 
ce  vers. 

Et  qiios  ALathoi  memerant  à  moembus  ortos. 


MEG 


7.  MEGARA  ,  ville  de  Syrie.  Strabon  ,  /.  \6.  p.  7js>; 
dit  qu'elle  étoit  dans  la  dépendance  d'Apamée. 

8.  MEGARA,  ville  du  Péloponnèfe.  Ariflote,  \nmi~ 
rabilib.  en  fait  mention. 

MEGAKADA  ,  rivière  d'Afrique  au  royaume  de  Tu- 
nis. Elle  a  fa  fourcedans  la  muivagne  de  Zeb  ou  Zab, 
qui  féparele  royaume  de  Tunis  de  celui  d'Alger  ,  prend 
fon  couisdu  midi  au  nord  oriental ,  pane  a  Te  belle  Se 
a  Tunis,  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer.  V.yez.  Bagrada  z. 
*  De  hjh  ,  Atlas. 

MEGARI  ,  peup'es  des  Indes,  aux  enviions  du  fleuve 
Indus ,  félon  I  line,  /  6.  c.  20. 

MEG^RiCE.  Voyez  Heraciée. 

MEGARlCUM  ,  bourgade  de  Bithynie  ,  félon  Etien- 
ne le  géographe.  Ortelius ,  Thefaur.  fou;  çonne  que  ce 
pourioit  eue  le  même  lieu  que  Pline  nomme  Megarice. 

1.  MEGARIS  ,  contrée  de  l'Attique  ,  félon  Ptolomée, 
/.  $.c.  ij.  Suidas  dit  qu'on  la  nommoit  auffi  Mijjaea. 
Ptolomée  met  deux  villes  dans  cette  contrée  ,  favoir  : 


Pegae 


& 


Nfaea. 


1.  MEGARIS  ,  ifle  fur  la  côte  d'Palie.  Pline  ,  /.  3.  c. 
6.  la  place  entre  Paufïhpe  6c  Naples.  Il  y  a  appaience 
que  c'eit  cette  ifle  que  Stace  appelle  Megaïia  ,  dans  ce 
vers ,  Sylvar.  I.  2.  Sylv.  2.  v.  Sev. 

Quaque  ferit  curvos  exerta  Megulia  fatclus. 

On  la  nomme  aujeurd'hui  l'if.c  de  l'Oeuf,  à  caufe  de 
fa  figure  o\ aie i  Se  la  fonerefie  qui  cft  bâtie  deffus,  s'ap- 
pelle le  château  de  l'Oeuf 

3.  MEGARIS   Voyez.  MêGara  ,  n.  T. 

MEGAR1SE  ,  goife  qui  fait  une  partie  de  l'Archipel, 
&  qui  s  étend  le  long  de  la  côte  de  la  Rou  anie,  depuis 
la  presqu'ifk  de  ce  nom  jusqu'à  l'embouchure  e.e  la  Ma- 
rifa,  en  latin  Mtgarifenus  fînui  ,  anciennement  Aidas, 
Alelanas  ,  Mêlants  ,  &  Cardianus  finus.  Ce  golfe  ren- 
ferme celui  d  Eno  ,  6c  prend  fon  nom  d'une  place  qui  cft 
fur  fes  bords.  *  Maty  ,  Dict   de  Holl.  1701.  Corn.  Diét. 

1.  MEGARSUS  ou  Magarsus  ,  ville  de  Cilicie  , 
près  du  fleuve  Pyiame ,  entre  les  tombeaux  de  Mopfus  Se 
d'Amphiloque  ,  félon  Ifacius  ,  in  Lycophr.  Pline,  /.  j. 
c.  27.  cft  pour  la  féconde  ortegraphe  ,  6c  ce  mot  cft  cor- 
rompu dans  Strabon  ,  /.  14.  p.  67e.  où  on  lit  Margafa. 

2.  MEGARSUS,  rivière  de  Scythie,  félon  Stiabon, 
cité  par  Ortelius ,  Th<faur. 

3.  MEGARSUS, fleuve  de  l'Inde:  il  fe  décharge  dans 
1  Indus ,  félon  Dcnys  le  Périégéte  ,  v.  1140".  J'ignore, 
dit  Hill ,  dans  fon  commentaire  fur  cet  ancien  gtc  gra- 
phe, où  peut  être  ce  fleuve  Magarfus  ,  dont  aucun  au- 
tre écrivain  ,  que  je  fâche,  n'a  parlé  ,  à  moins  que  ce  ne 
foii  le  fleuve  que  Ptolomée  nomme  Zadadrus ,  ce  qui 
eft  probable  ,  fi  on  s'en  rapporte  à  l'ordre  que  Prolcmée 
obfervc;  car  il  le  met  près  de  YHypanis  ,  qu'il  nomme 
Bibafis  ,  6c  dit  qu'il  s'y  embouche.  *  Avicene ,  Defcript. 
or  bis  terra  ,  nomme  ce  fleuve  Cy mander. 

4.  MEGARSUS,  ville  de  Sicile,  felcn  Etienne  le  géo- 
graphe. 

MEGATICHOS  ,  en  grec  uly*  T^w,  c'eft-à-dire 
grande  muraille.  C'étoit  un  lieu  fortifié  fur  une  mon- 
tagne ,  entre  l'Egypte  6c  l'Ethiopie.  Pline  ,  /.  6.  c.  19. 
qui  en  fait  mention  ,  dit  que  les  Arabes  avoient  donné  à 
cette  fortereffe  le  nom  de  Myrfon. 

MEGAZA  ,  ville  de  Libye.  Etienne  le  géographe  qui 
cite  Hécatée ,  in  Afi&  Feiiegefî  ,  dit  q.e  les  Sitophages 
6c  les  Aroteres  étoient  originaires  de  cette  ville. 

MEGDIL  VILLA  ANITIORUM  ,lieti  de  l'Afrique 
propre.  L'itinéraire  d'Antonin  le  mot  fur  la  route  de 
Carthageà  la  grande  Leptis ,  entre  Ocea  Colonia  6c  Min- 
rui  villa  Marfi  s  à  fente- cinq  mille  pas  de  la  pre- 
mière, &  à  vingt  neuf  mille  de  la  féconde.  Quelques 
manuferits  ,  au  lieu  de  Mtgdil  villa  Anitiorum  ;  liïènc 
Megradi  villa  Aniciorum ,  6c  varient  pareillement  pour 
la  diftance. 

MEGÉE,  petite  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Fez  % 
dans  la  province  de  Garet.  Elle  eft  à  deux  lieues  de  la  mer 
6c  à  quatre  de  Tezotc  fur  une  haute  montagne ,  au  pied 
de  laquelle  il  y  a  une  plaine  fertile,  avec  des  collines  tout  à 
l'entour  remplies  de  mines  de  fer,  Se  plufieurs  villages  Se 


MEG 


MEG 


hameaux  où  les  ouvriers  qui  y  travaillent  demeurent.  La 
place  eft  force  par  art  &  par  nature,  habitée  d  un  peuple 
belliqueux.  Elle  étoit  fous  la  puifiance  des  BenimCrinis , 
lorsqu'un  jeune  homme  du  lieu  ,  de  la  lignée  des  Almoha- 
des  ,  fils  d'un  pauvre  tiiTeran,  indigné  delà bafiefie  où  le 
réduifoit  fa  condition ,  fe  fit  foldar  dans  Vêlez  &  devint 
par  fa  valeur  colonel  de  trois  cens  chevaux  ,  avec  lesquels 
il  faifoit  des  courfes  fur  les  terres  de  Melille  Se  de  Caçaça. 
La  réputation  qu'il  s'acquit  l'anima  fi  bien  ,  que  ne  voyant 
pas  fes  fervices  récompenfés ,  il  fir  foulever  la  place  Se  fe 
faifît  du  château  ,  étant  appuyé  des  Arabes  de  Garet  &  de 
plufieurs  Montagnards. 

Dans  le  tems  qu'il  y  étoit  avec  cinquante  cavaliers, 
le  feigneur  de  Vêlez  envoya  contre  lui  trois  cens  che- 
vaux Se  mille  arquebuiîcrs  qu'il  défit.  Leurs  dépouilles 
fervirent  à  armer  Ces  gens ,  &  il  fe  rendit  fi  redoutable  , 
que  le  roideFez,  qui  avoit  affaire  ailleurs  ,  traita  avec  lui , 
Se  lui  confirma  cet  état ,  en  lui  aflïgnant  des  villages  Se 
des  revenus  pour  entretenir  quatre  cens  chevaux  ,  afin 
d'empêcher  que  les  Chrétiens  ne  iiflent  des  courfes.  11  a 
vécu  ainfi  jusqu'à  fa  mort,  fes  troupes  étant  les  meilleures 
du  pays.  Ses  descendais  n'ont  pas  gouverné  fi  abfolu- 
ment. *  Marmol,  Description  de  l'Afrique,  t.  t.  1.  4. 
c.  100. 

1.  MEGEMONT  ,  abbaye  de  France  au  diocèfe  de 
Clermont.  C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de 
Citeaux;elle  avoir  d'abord  été  fondée  pour  des  filles 
par  les  comtes  d'Auvergne  Se  par  les  Dauphins.  On  y 
comptoir  neuf  abbefiés  jusqu'en  161 2.  Se  quatre  abbés 
jusqu'en  168  1.  Elle  ne  vaut  que  quinze  cens  livres. 

z.  MEGEMONT,  ou  I'Abbaye  de  S»  André  ,  ab- 
baye de  France  en  Auvergne,  dans  un  fauxbourg  de  la 
ville  de  Clermont.  C'cft  une  abbaye  d'hommes  de  Tor- 
dre de  Prémontré  :  elle  fut  fondée  p'ar  Guillaume  V.  fur- 
nommé  le  Grand  ,  tige  de  tous  les  comtes  d'Auvergne. 
On  voir  dans  l'églife  le  tombeau  de  ce  comte  &  celui 
de  Jeanne  de  Calabre ,  fa  femme.  Le  cœur  Se  les  en- 
trailles du  roi  Louis  VIII.  y  font  aufli. 

MEGEN.  Voyez.  Meghem. 

MEGERADA  ou  Magiordeca.  Voyez.  Mega- 

RADA. 

MEGESVAR  ou  Medgies  («),  ville  de  la  Tranfyl- 
vanie  fur  le  grand  Kokel  ,  Se  le  chef-lieu  d'un  comté  au- 
quel elle  donne  fon  nom.  Eile  eft  environnée  d'une  cam- 
pagne très-agréable  (  b  ) ,  &  les  vins  que  l'on  y  recueille 
font  délicieux.  Les  Allemands  nomment  cette  ville  Mid- 
Visch.  {a)  De  l'Ifle  ,  Atlas,  (b)  Hijt.  &  du  roi  de  Hon- 
grie ,  1.  4.  1688.  Corn.  Diéh 

MEGEYMA  ouMezemme.Iîto/oh^,  ville  d'Afri- 
que au  royaume  de  Fez  dans  la  province  d'Errif.  Elle 
eft  ancienne ,  Se  fut  bâtie  par  les  Africains  fur  une 
haute  montagne  qui  répond  fur  la  côte  de  la  mer  d'Es- 
pagne ,  &  qui  fépare  la  province  de  Garet  de  celle  d'Er- 
rif. Ptolomée  la  met  à  9  deg.  de  longit.  &  à  34  deg. 
$6  min.  de  latit.  fous  le  nom  d'Acrat.  Ses  ruines  font 
connoître  qu'elle  a  été  autrefois  forte  Si  bien  peuplée. 
Les  hiftoriens  difent  que  les  feigneurs  du  pays  1  avoient 
choifie  pour  leur  féjour  ordinaire.  Ce  fut  le  calife  fchis- 
matique  de  Carvan  qui  la  détruifit,  parce  que  celui  qui 
y  commandoit  avoit  refufé  de  le  reconnoître.  Cette  ville 
demeura  dans  cet  état  pendant  quinze  ans  ,  jusqu'à  ce 
qu'il  permit  à  quelques-uns  de  Ces  vallaux  de  la  repeu- 
pler :  cela  ne  fut  pas  de  longue  durée.  Le  troifiéme  Abder- 
rame  de  ceux  qui  ont  régné  dansCordoue,  dépêcha  vers 
le  gouverneur  après  le  départ  du  calife  pour  l'obliger  à 
le  reconnoître,  parce  qu'il  lui  étoit  important  d'être  maî- 
tre de  ce  port  pour  faire  paner  des  gens  de  guerre  en 
Espagne,  ce  peuple  étant  extrêmement  belliqueux.  La 
promené  qu'il  fit  au  gouverneur  de  lui  laiflér  pour  cela 
le  commandement  entier  de  la  province ,  ne  put  l'obli- 
ger à  lui  accorder  ce  qu'il  demandoir.  11  répondit  que  le 
calife  lui  ayant  donné  là  ville  de  Megeyma  ,  il  s'en  pré- 
tendoit  feigneur.  Abderrame  qui  étoit  alors  forr  pniiTant 
en  Afrique  &  en  Espagne,  envoya  prendre  cette  ville 
de  force ,  Se  fit  emmener  le  gouverneur  à  Cordoue  où  il 
mourut  prifonnier.  Cette  ville  n'a  point  été  repeuplée  de- 
puis ,  parce  que  les  Arabes  ne  l'ont  point  voulu  permet- 
tre ,  afin  de  jouir  paifiblement  d'une  belle  plaine  qui 
eft  au-deffous  ,  longue  de  dix  lieues,  large  de  quatre  ,  par 
où  pafle  la  rivière  Nocor  qui  fert  de  borne  à  cette  pro- 


vince.  Ces  Arabes  font  vaiiaux  du  feigneur  de  Vcle^  & 
riches  en  bieds  Se  en  troupeaux.  *  Marmol,  Royaume 
de  Fez  ,  1.  4.  c.  7» 

MEGEZE,  montagne  d'Afrique  au  royaume  de  Fez 
dans  la  province  de  Chans.  Dapper  ,  DeJ'crip.  de  l'Afri- 
que ,  p.  i;8.  dit  que  les  habitans  de  cette  province  font 
blancs  ,  robuftes,  légers  a  la  courfe  Se  habiles  à  cheval. 
Cette  montagne  contient  une  quarantaine  de  villages  ôC 
produit  beaucoup  de  lin. 

MEGGEO.  Voyez.  Meg£e  ;  c'eft  la  même  ville. 

MEGHAI,  petit  peuple  de  l'Amérique  feprcntrionale 
dans  la  Louïfianne  ,  aux  enviions  de  la  route  que  tint  le 
fieurde  la  Salle  pour  aller  de  la  baie  de  Saint  Louis  aux 
Cenis  ,  avant  que  de  palier  la  Maligne. 

MEGHEM,  comté  dans  le  Brabant-Hollandois  fur  la 
rive  gauche  de  la  Meufe ,  à  rrois  lieues  au-delius  de  Bois- 
le -Duc.  *  DiS.  géogr.  des  Pays-Bas. 

MEGIA  ,  ville  de  la  Méfopotamië  fur  l'Euphratc.  Zo- 
fime ,  /.  3.  la  met  aux  environs  de  Citham,  *  Ortehi  The- 
faur„ 

MEGISBA  ,  étang  dans  1'Ifie  de  Taprobane ,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  11. 

MEGISTA,  ifle  delà  merdeLycie,  félon  Ptolomée, 
/.  j.  c.  i.  &  Pline,  /.  ;.  c.  31.  Etienne  le  géographe  con- 
naît cette  ifle  ,  Se  y  met  une  ville  de  même  nom.  Il  en  eft 
aulTi  fait  mention  fur  une  médaille  rapportée  par  Golt- 
zius ,  Thejaur. 

MEGISTANAE.  On  trouve  ce  mot  dans  Tacite  ,  An- 
nal. I.  t.  dans  Vegetius  Se  dans  Frontin  ;  Se  il  paroît  que 
c'eft  le  nom  d'un  peuple  d'Arménie.  *  Ortelii  Thefaur. 

MEGISTUS,  fleuve  qui  a  fon  embouchure  dans  la 
mer  Egée  ,  félon  Suidas  ,  cité  par  Ortelius ,  Thejaur» 
Voyez.  Rhyndacus. 

MEGLAPOLITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  province  Proconfulaire.  La  notice  épiscopale  d'Afri- 
que,». 39.  qualifie  Coronius  epiicopus  Meglapolhanus  \ 
&  la  conférence  de  Carthage  ,  num>  133.  fait  mention 
d'un  certain  Romanus  episcopits  plebis  MegL/politanœ, 
Dans  une  lettre  qu'écrivent  les  évéques  de  la  province 
Proconfulaire,  préïens  au  concile  de  Latran,  on  lit  le  nom 
de  Réparants  epiicopurfanclœ  eiclefu  Megl.tpolitanœ. 

MEGLEDUNUM,  ville  des  Gaules  à  quinze  milles  de 
Bourges,  félon  Grégoire  de  Tours  ,  /,  6.  Ortelius ,  TheJ. 
croit  que  ce  pourroit  être  aujourd'hui  la  ville  de  Mehun» 

MEHAIGNE,  rivière  des  Pays  Bas.  Elle  a  fâ  foutee 
dans  le  comté  de  Namur,  proche  le  village  de  Saint  De- 
nys,  d'où  elle  coule  à  Brouart ,  d.  à  Tripfées.  g.  à  Mehai- 
gne,g.  à  Malignée,  g.  à  Mehaigne,  g.  à  Neuville  fur 
Mehaigne  ,  d.  à  Harlue,  d.  à  Franguées,  g.  à  l'abbaye  de 
Boneff,  d.  à  Chatiau ,  d.  à  Branchon  ,  g.  à  Wafeiges  ,  g.  à 
Meffle,  d.  à  Ambifeneau,  g.  àAum,  g.  à  Arrime,  g.  à 
Mox  ,  g.  à  Moiton  ,  g.  à  Averne ,  g.  à  Ville  en  Harbain  , 
d.  à  Falais ,  d.  à  Feumal ,  g.  à  Mont ,  g.  à  Van-Notre- 
Dame  ,  g.  à  Saint-Etienne ,  g.  &  fe  perd  enfin  dans  la 
Meufe.  *  Ditl.  géogr.  des  Pays  Bas  ,  pag.    160. 

1.  MEHEDIEou  Menhaia  ,  ville  d'Afrique  au  royaux 
me  de  Fez  dans  la  province  de  Cuz  ,  félon  Marmol ,  /.  4. 
c.  116.  Elle  eft  à  trois  milles  de  Hain  Lisnan  fur  le  mont 
Arden  ,  qui  fait  partie  du  grand  Atlas  ,  au  milieu  d'une 
forêt  d'arbres  fruitiers  arrofés  de  plufieurs  fontaines.  Cet- 
te ville  a  été  fondée  par  un  Africain  de  cette  montagne 
nommé  Méhédi  ,  qui  a  été  fort  célèbre  en  Mauritanie, 
comme  grand  prédicateur  de  la  fecle  de  Mahomet.  Il  s'em- 
para de  cette  province  Si  de  plufieurs  autres  fur  le  déclin 
de  l'empire  de  Magaroasde  la  tribu  des  Zénetes  ,  Se  fes 
descendans  ont  régné  après  lui  jusqu'au  tems  des  Almo« 
ravides.  Ali  Ben  Jofeph  ,  roi  des  Lumptums ,  ayant  em- 
porté d'affaut  cette  place  l'an  1 1 23.  fit  palier  tous  les  ha- 
bitans au  fil  deFépée,  Se  la  ruina  entièrement  ne  lais- 
fant  fur  pied  que  la  mosquée  ,  à  caufe  de  fâ  beauté  Se  de 
fa  grandeur.  Aben  Mahamet,  l'un  des  rois  des  Almohades, 
la  rebâtit  fort  long-tems  après;  mais  il  ne  redrefla  pas  les 
murailles.  Il  n'y  demeure  que  des  gens  des  champs  & 
des  laboureurs  ,  qui  cultivent  quelques  héritages  à  l'en» 
tour  ,  où  ils  recueillent  de  l'orge  ,  du  lin  Se  du  chanvre.  Ils 
ont  des  clos  d'oliviers  Se  d'arbres  fruitiers  qu'ils  arrofent 
d'eau  des  fontaines  ;  mais  ils  font  pauvres  Se  chargés  d'im- 
pôts par  les  rois  de  Fez  ,  de  qui  ils  dépendenr. 

2.  MEHEDIE  ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Treme» 
cen  ,  à  quinze  lieues  d'Alger  en  tirant  vers  le  midi.  Elle 


MEH 


184 

fut  bâtie  par  les  Romains  dans  une  grande  plaine  au-deffils 
d'une  haute  montagne.  Elle  a  été  autrefois  très  peuplée. 
Un  calife  fchismatique  ladétruifit,  &  y  fit  bâtir  dans  la 
fuite  un  château  qu'il  appellade  fon  nom  Mohahedin  , 
d'où  s'eft  formé  le  nom  de  Méhédie  :  car  cette  ville 
fenommoit  anciennement  Alfara.  Elle  a  maintenant 
autour  de  deux  mille  habitans.  Ceft  une  des  principales 
fbrterefles  que  les  Turcs  ayent  dans  cet  état  ;  8c  le  dey 
d'Alger  y  met  ordinairement  un  gouverneur  ,  avec  envi- 
ron huit  cens  Turcs  pour  défendre  le  pays  contre  les  Ara- 
bes. Elle  eft  fermée  de  vieux  murs  qui  font  bons ,  8c  tout 
autour  régnent  de  grandes  forêts  de  chênes  qui  s'étendent 
fort  loin.  11  y  a  dans  le  voillnage  plufieurs  villages  de  Be- 
reberes  &  d'Azuagues  qui  font  braves  &  robuftes ,  mais 
barbares.  Ils  recueillent  du  bled  &de  l'orge  en  abondan- 
ce, auflï  bien  que  du  gland,  des  figues ,  &des  raifins  qu'ils 
font  fécher  ,  8c  qu'ils  portent  vendre  ailleurs.  Méhé- 
die étoit  anciennement  une  colonie  Romaine,  comme  on 
le  voit  par  les  refies  d'antiquité  &  d'inferiptions  qui  fe 
trouvent  dans  fes  ruincs.fl  y  a  une  vieille  fontaine  de  mar- 
bre où  font  écrites  ces  lettres  :  D. 

D.  D.   L.    S.    V, 

*  Marmol ,  Royaume  de  Tremecen  ,  1.  j.  c.  4J. 

3.  MEHEDIE.  Voyez.  Temmelet. 

4.  MEHEDIE.  Voyez,  Rabat. 

MEHERAT1TES.  L'Ecriture  Sainte  donne  ce  fur- 
nom  à  Epher ,  un  des  braves  de  l'armée  de  David  ,  par- 
ce qu'il  étoit  de  Méchérath.  *  I.  Parai.  11.  36. 

MEHON  ou  Mohon  ,  lieu  de  France  dans  la  Cham- 
pagne près  de  la  Meufe  au  voifinagedeMezieres,  &  un 
peu  au-defius  de  cette  ville,  de  l'autre  côté  de  la  rivière. 
M. Corneille  donne  àcelieu  le  titre  de  principauté,  fur 
..la  garantie  de  Daviti.  *  De  l'IJle  ,  Atlas. 

MEHREDJAN.  Voyez,  Mehridgerd. 

MEHRIDGERD  ,  ville  du  KorafTan ,  autrement  nom- 
mée Esferaïn  8c  Méredjan ,  à  quatre-vingt-onze  degrés 
trente  minutes  de  longitude,  8c  a  trente-fix  degrés  trente 
minutes  de  latitude.  *  Hift.  deTimitr-Bcc ,  1.  3.  c.  64. 

MEHROUAN  ,  prairie  de  la  Méfopotamie  ,  à  fix 
lieues  d'Amed.  *  Hft.  de  Timur-Bcc  ,  1.  3.  c.  42. 

MEHROUYON ,  ville  de  Pcrfe.  On  l'appelle  vulgai- 
rement Behbehon.  Elle  eft  fituée  à  foixante  &  quinze 
degrés  quinze  minutes  de  longitude,  8c  à  trente-neuf  de- 
grés trente- cinq  minutes  de  latitude.  On  fait  dans  cette 
ville  quantité  de  tabac  jaune  en  feuille  ,  que  l'on  vient  en- 
lever de  tous  les  côtés  de  la  Perfe;car  les  Perfans  n'ai- 
ment pas  le  tabac  en  corde  ,  parce  qu'il  eft  trop  fort  pour 
fumer  inceffamment  comme  ils  font.  *Tavemier,  Voyage 
de  Perfe  ,  1.  3. 

MEHUN  SUR  INDRE ,  en  latin  Muhantum  , 
bourg  de  France  dans  le  Berry  ,  élection  de  Château- 
Roux  ,  dont  il  eft  éloigné  de  trois  lieues.  La  taille  y  eft 
pcrfonnelle,  &  le  terrein  fec  8c  fablonncux;  il  ne  pro- 
duit que  fort  peu  de  bled.  Il  y  a  aufli  quelques  prés. 

MEHUN  ou  Meung  sur- Loire  ,  ville  de  France 
dans  l'Orléannois  4  élection  de  Beaugency.  On  l'appelle 
en  latin  Magdiinum  ,  Maidunum  ,  Mcdïnum  8c  Maudu- 
numy  8c  en  françois  Mehun  fur  Loire,  pour  la  diftinguer 
de  Mehun-fur-Yevre  qui  eft  en  Berri.  Il  y  avoit  ancienne- 
ment un  château  élevé  8c  remarquable  ,  qui  faifoit  que  , 
dans  les  anciens  titres,  on  donnoit  à  cette  ville  le  nom  de 
Château  ,  Caflrum  Magdurmife.  Il  fut  détruit  par  les 
Vandales  vers  l'an  409.  mais  il  fut  rebâti  depuis ,  8c  Léo- 
net  ,  vaffal  de  l'évêque  d'Orléans ,  s'en  étant  emparé  , 
Louis  le  Gros,  roi  de  France  ,  l'en  chaffa  en  1 104.  Cette 
petite  ville ,  de  même  que  celles  qui  font  aux  environs 
d'Orléans,  ont  fouffert  les  mêmes  fiéges  que  cette  capi- 
tale. Il  y  a  une  collégiale  dédiée  a  faint  Liphart  ;  le  cha- 
pitre eft  compofé  de  quatre  dignités ,  de  dix-neuf  chanoi- 
nes 8c  d'un  doyen,  qui  a  le  titre  de  baron. 

Jean  Clopinel ,  fut  furnommé  de  Mehun,  parce  qu'il 
étoit  né  dans  cette  ville.  On  croit  que  le  nom  de  Clopinel 
lui  fut  donné  à  caufe  qu'il  étoit  boiteux.  Jean  de  Mehun 
étoit  un  excellent  poëue  pour  fon  tems ,  &  avoit  beau- 
coup de  favoir.  Il  étoit  dotteiu-  en  théologie.  Quarante 
ans  après  la  mort  de  Guillaume  de  Lorris ,  Jean  de  Me- 
hun entreprit  la  continuation  du  roman  de  la  Rofe.  Outre 
cet  ouvrage,  il  en  compofa  plufieurs  autres,  8c  dédia  à  Phi- 
lippe le  Bel  la  tradu&ion  du  traité  de  Bocce  de  la  Cunfo- 
latietl.  Piganiol,  Defcripcion  de  la  France,  t.  6.  p.  S8. 


MEI 


MEHUN  ou  Meun-sur-Yevre  >  ville  de  France 
dans  le  Berri  fur  la  rivière  d'Yévre,  à  quatre  lieues  de 
Bourges.  Ceft  un  lieu  ancien ,  dont  Grégoire  de  Tours  fait 
mention,  comme  étant  à  ij  milles  de  Bourges.  Ainfi  ce 
nom  ,  qui  dans  les  éditions  de  fon  hiftoire  eft  écrit  Mecle- 
donenfe  Caflrum  ,  doit  être  corrigé  Macedunenfe  ;  les 
anciens  écrivans  un  C.  pour  G.  Ce  lieu  avoit  autrefois  fes 
feigneurs  particuliers  ;  8c  Mahaud  qui  étoit  héritière  de 
Mehun  ,  apporta  fes  biens  en  mariage  à  Pierre  de  Cour- 
tenai,  dont  la  fille  nommée  Amicie  époufa  l'an  1  zrp. 
Robert  IL  comte  d'Artois.  Leur  fils  Philippe  fut  feigneur 
de  Couches,  &  eut  pour  héritier  fon  fils  Robert,  qui, 
s'érant  révolté  contre  Philippe  de  Valois  ;  ce  roi  confis- 
qua tous  les  biens  de  ce  prince ,  8c  par  là  Mehun  fur 
réuni  au  domaine  de  la  couronne. 

Cette  ville  eft  bâtie  au  milieu  d'une  belle  8c  grande 
plaine  entourée  de  bois  8c  de  forets.  Elle  eft  connue  par 
le  féjour  qu'y  fit  Charles  VII.  Ce  prince  y  fit  bâtir  un  châ- 
teau où  il  mourut  de  faim ,  de  peur  de  mourir  de  poi- 
fon.  Quoique  ce  château  ait  été  confumé  par  le  feu  du 
ciel ,  il  laiffe  encore  entrevoir  des  vertiges  de  fon  an- 
cienne magnificence.  Sa  fituation  étoit  admirable.  La  pierre 
dont  il  étoit  bâti ,  eft  aufli  blanche  que  du  marbre,  &  la 
conftruction  étoit  telle  que  les  curieux  8c  les  voyageurs 
en  admirent  encore  les  mafures.  Les  morceaux  les  plus 
entiers  font  quelques  escaliers  qui  n'ont  plus  de  commu- 
nication avec  les  appartemens  exi  flans.  La  chapelle  ,dont 
les  croiféesfont  fuperbes ,  a  paffé  pour  une  des  plus  bel- 
les 8c  des  plus  riches  du  royaume.  On  en  a  tiré  les  ftatues 
des  douze  Apôtres  en  pierre ,  pour  les  mettre  dans  le 
chœur  de  la  collégiale  ,  dont  elles  font  l'ornement. 

Il  y  a  dans  Mehun  un  chapitre  très-ancien  ,  compofé 
de  huit  chanoines  ,  8c  d'un  doyen  que  le  chapitre  a  choir. 
d'élke.L'églife,  dédiée  à  Notre-Dame  ,  fut  fondée  par  les 
anciens  feigneurs  de  cette  ville. Charles  VII. y  fonda  quatre 
fervices  lolemnels  aux  quatre  rems  de  l'année,  8c  y  laifla 
fes  entrailles  comme  un  monument  de  fon  eftime.  Il 
avoit  encore  fondé  une  maladerie  appellée  Lavau  ;  mais 
fon  revenu  a  été  réuni  à  l'Hôtel-Dieu  de  Bourges,  à  la 
charge  de  recevoir  les  pauvres  malades  de  la  ville  8c  pa- 
roifle  de  Mehun.  La  chapelle  ,  éloignée  d'un  quart  de 
lieue  de  la  ville  ,  ftibfifle  toujours  ;  &  le  chapitre  de 
Mehun  y  va  en  proccflîon  le  22  de  juillet ,  jour  du  décès 
du  roi  Charles  VII.  Il  y  a  un  petit  hôpital  gouverné  par 
deux  fœursdela  Charité.  La  cure  de  Mehun  eft  à  por- 
tion congrue  ,  (Se  à  la  nomination  du  chapitre. 

Les  environs  de  cette  ville  font  des  plus  agréables. 
Ceft  une  plaine  qui  règne  depuis  la  ville  de  Bourges  jus- 
qu'à Vierfon  ,  8c  qui  eft  fertile  en  vins  8c  en  bleds.  Elle 
eft  ornée  de  plufieurs  châteaux  confidérables ,  8c  deterrea 
titrées  qui  dépendent  du  domaine  de  Mehun. 

Le  commerce  de  cette  ville  confifte  en  laines,  chan- 
vres 8c  autres  denrées.  11  s'y  tient  deux  foires  par  an  : 
l'une  le  jour  de  faint  André  ;  l'autre  ,  le  premier  famedi 
de  Carême  ,  appellée  la  Foire  des  Brandons.  Il  y  a  un 
marché  tous  les  mercredis.  *  Longuenie ,  Defc.  de  la 
France ,  t.  6.  part.  I.  p.  1 27. 

MEIACARIZE.lieu  d'Afie  aux  confins  de  la  Perfe. 
Ammien  Matcellin  ,  /.  18.  c.  6.  dit  que  c'eft  un  lieu  cou- 
vert de  bois ,  de  vignes  8c  d'arbres  fruitiers,  &  que  fon 
nom  lui  vient  des  fontaines  froides  qui  l'arrofenr.  11  la 
nomme  enfuite  entre  Harre  &  Charche.  On  trouve  ce 
même  lieu  nommé  ForterefTe  par  Théopylacte  de  Simo- 
cate ,  c .  10.  Il  eft  appelle  Majocariri  dans  la  notice  de 
l'empire,/,  i.c.  15.  au  département  du  gouverneur  de 
Méfopotamie.  L'édition  du  Louvre  ,/ccl.  26.  porte  Ma- 
jocatiri  ,  qui  eft  une  faute. 

MEIDEBOURG.  Les  François  difent  Madebourg, 
fort  château  d'Allemagne  dans  le  bas  Palarinat ,  fitué  à 
quatre  milles  de  Spire  ,  8c  à  demi-lieue  de  Landau.  Il  ap- 
partenoit  en  1470  ,  à  Frédéric  de  Fleckenllein ,  baron  de 
Dagftul  ;  mais  ce  feigneur  ,  qui  étoit  oppofé  au  parti 
de  Frédéric  ,  comte  Palatin  8c  électeur  ,  en  fut  dépoffé- 
dé  par  Fridéric  de  Rofenberg  ,  grand  partifan  de  ce 
prince.  Ce  château  paflà  enfuite  fous  la  puiflance  des  ducs 
de  Wurtenbcrg ,  8c  enfin  fous  celle  de  l'évêque  de  Spire, 
qui  l'acheta  en  1 5  1 5  ,  du  duc  Ulrich  de  Wtirtcnbcrg  , 
&  le  pofléde  encore  avec  tout  ce  qui  en  dépend.  Cette 
forterefle  fut  presque  ruinée  en  1  y  ij  ,  dans  la  guerre 
àcs  payfans.  En  1642  ,  le  général  Mansfeld  la  prit  ,  en 

accordant 


MEI 


MEI 


accordant  une  capitulation  honorable  à  la  garnifon  qui 
s'étoit  bien   défendue.  Les  Impériaux  la  (reprirent  auïïi 
par  compofition  en  1635.  *  Zeyler ,  Top.  Palatin.  Rheni. 
MEIDUBRIGENSES  ,  habitans  de  Medôbriga  ou 
Meidubrig a. L'auteur  des  délices  d'Espag.  en  parle  alnfi. 
MEIDUBRIGA  ,  ancienne  ville  de  Portugal ,  dans  la 
chaîne  de  montagnes  nommée  par  les  anciens  Morts  Her- 
minius.  Cette  ville  étoit  confidérable  &  puiflante ,  Se  fi- 
ruéeprèsde  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  le  château  de 
Marvan.  Son  nom  ctoir  formé  d'un  mot  de  l'ancienne 
langue  espagnole ,  qui  fignifioit  la  même  chofe  que  le 
Magdebourg    des  Allemans  ,    &  le  Parthoiopolis  àes 
Grecs,  c'efi-à-dire  la  ville  des  Vierges.  Les  habitans  de 
Meidubriga  étoient  furnommés  Plombarii ,  pareequ'ils 
étoient  riches  en  étain  ,  dont  il  fe  trouvoit  des  mines 
fécondes  dans  la  montagne  ;  il  y  en  avoit  aufii  d'argent. 
On  voit  encore  les  ruines  de  cette  ville  dans  une  vallée 
près  du  château  de  Marvan  :  on  trouve  des  tours  ren- 
verfées  ,  des  ponts  ruinés ,  des  relies  de  maifons ,  par- 
tout des  ve/tiges  d'une  grande  magnificence ,  Se,  d'espace 
en  espace,  les  côtés  de  la  montagne  font  percés  de  gran- 
des cavernes  dans  les  endroits  où  étoient  ks  mines. 
Voyez,  Medobrega.  *  Délices  de  Portugal ,  t.  3.  p.  79J. 
MEIMAC  (a),  Manica  ,  petite  ville  de  France  dans 
le  Limofïn  ,  à  fept  lieues  de  la  ville  de  Tulle  ,  entre  le 
Vefere  Se  la  Dordogne.  11  y  a  une  abbaye  de  Bénédictins 
(  b  )  de  la  congrégation  de  faint  Maur.  Elle  a  été  fondée 
en  1080,  par  Archambaud,  vicomte  de  Comborn  ,Se  , 
félon  d'autres ,  vicomte  de  Ventadour   ,  qui  la  fournit  à 
Geraud  ,  abbé  d'Ufetche  ,  avec  le  feul  titre  de  prieuré. 
Les  religieux  firent  bientôt  leurs  efforts  pour  fecouer  le 
joug  de  cette  fubordination  ,  Se   firent  prendre  à  leur 
prieur  le  titre  d'abbé  ;  Eufiorge,  évêque  de  Limoges ,  les 
fournit  une  féconde  fois  à  l'abbé  d'fjferche  :  mais  les  or- 
dres de  l'évêque  ne  purent  mettre  un  frein  à  l'efprit  d'in- 
dépendance de  ces  religieux  ,  ni  les  empêcher  de  regim- 
ber encore  (  ce  font  les  termes  du  Gallia  Chrifiiana  ). 
Bernard  ,  abbé  d'Uferche  ,   dénonça  leur  rébellion  au 
pape  Eugène  :  ce  fouverain  pontife  renvoya  l'affaire  en 
jugement  définitif  à  Pierre,  archevêque  de  Bourges,  qui 
la  décida  en  faveur  de  l'Abbé    d'Uferche.  Ils  retinrent 
néanmoins  Se  retiennent  encore  aujourd'hui,  malgré  cette 
décifion  ,  le  nom  d'abbé>&  d'abbaye.  Leur  églife  recon- 
noit  pour  patrons  fainte  Marie  ,  faint  Léger  Se  faint  An- 
dré. (  a  )  Baudrand ,  édit.  1 70  j  .(b)  Piganiol  de  la  Force, 
Defcr.  de  la  France  ,  t.  6.  p.  3^7. 

i.MEIMEND,  ville  ou  grofie  bourgade  d'Afie  dans 
la  Perfe  >  dans  leZablefian.  C'elt  une  des  dépendances 
de  la  royale  ville  de  Gasnah.  Son  territoire  ell  très-agréa- 
ble ,  &  eft  arrofé  de  quantité  d'eaux  vives  Se  coulantes , 
ce  qui  fait  qu'il  porte  les  meilleurs  fruits  de  toute  l'A- 
fie.  *  D'Herbclot ,  Bibîioth.  otientale. 

2.  MEIMEND,  autre  ville  ou  groffe  bourgarde d'A- 
fie dans  la  Perfe  ,  à  deux  journées  de  la  ville  Schiraz  , 
en  tirant  vers  le  midi.  Elle  n'a  rien  de  confidérable.  * 
D ' Herbelot ,  Bibîioth.  orient. 

MEIN,  (Le)  grande  rivière  d'Allemagne.  Il  a  fes  fources 
au  marquifat  de  Culmbach  ,  fur  les  confins  de  la  Bohême, 
danslesmêmes  montagnes  d'où  forremla  Sàla&  PEgrequi 
vont  fe  perdredans  l'Elbe ,  l'une  au  nord,  l'autre  à  l'orient 
Se  le  Nab  qui  ,  coulant  vers  le  midi ,  porte  fes  eaux  au 
Danube.  Les  deux  fources  du  Mein  font  distinguées  par 
les  furnoms  de  Wus ,  blanc  ,  Se  de  Roth  ,  rouge.  La 
plus  feptentrionale  eft  le  Mein  blanc  ,  Se  la  plus  mé- 
ridionale Mein  rouge.  Tous  deux  fe  joignent  à  Culm- 
bach. De-là  le  Mein  circulant  vêts  le  nord  ,  reçoit  un  ruif- 
feau  qui  vient  de  Steinach  ,  entre  dans  l'évêché  deBam- 
berg  ,  court  vers  le  couchant  ,  reçoit  le  Chronach  ,  qui 
vient  d'une  ville  de  même  nom ,  fe  recourbe  vers  le 
midi  jusqu'à  Zapfendorff,  retourne  vers  le  couchant, 
reçoit  l'Itsch,qui  vient  de  Cobourg,&  deux  autres  ruiffeaux 
fe  replie  vers  'e  midi  ,  comme  pour  aller  recevoir  les 
eaux  du  Pegnitz  ,  qui  vient  de  Bamberg.  Enfuite  coulant 
tantôt  dans  l'évêché  de  Bamberg ,  tantôt  dans  celui  de 
Wurtzbourg  ,  il  palTe  à  Schweinfurt  Se  ferpente  long  tems 
vers  le  midi,  baignant  beaucoup  de  villages  &  châteaux  ; 
enfuite  il  prend  un  cours  circulaire  vers  le  couchant , 
pafle  à  Ochfenfnrth ,  puis  vers  le  nord-oueft,  où  il  trouve 
"Wurtzbourg  ,  Carlftad  &  Gemund.  Il  y  reçoit  le  ruifieau 
4e  Saul,  ferpente  au  couchant  jusqu'à  Lohi ,  qui  eft  du 


i8y 


comté  de  Reinec  que  le  Mein  borde  au  midi.  Il  le  replie 
enfuite  fut  le  midi  ,  entre  au  comté  de  Wertheim  qu  il 
coupe  d'orient  en  occident,  ballant  à  Wertheim ,  Se  il 
y  reçoit  la  Taubër,  qui  vient  de  Mergcntheim  &  de  Lau- 
da.  De-là  ,  continuant  de  ferpenter  vers  le  couchant  Si 
vers  le  nord  oue/l  ,  elle  baigne  l'élcclorat  de  Mayence, 
pafle  à  Afchàffënbburg  ,  à  Sélingftadt ,  à  Haiïau ,  a  Pranc- 
fort,va  enfin  fe  dégorger  dans  le  Rhin  à  la  porte  de  Mayen- 
ce. Il  reçoit  quantité  d'autres  ruifféaùx^qui,  tous  enfemble, 
en  font  une  rivière  très  -  confidérable.  Voyez.  MeingoW. 

ME1NBRECHTSEN  ,  château  d'Allemagne  ,  dans  le 

cercle  de  la  Baffe  Saxe  ,au  duché  de  Brunswick  ,  dans  la 

principauté  de  Wolffenbuttcl ,  fur  le  bord  oriental  du  We- 

fer,  au-delïus  de  Hoxter.  Les  cartes  de  Homan  écrivent 

.  Meinbrexen. 

MEINERSEN  ,  château  Se  chef-lieu  d'un  bailliage  en 
Allemagne,  dans  le  duché  de  Brunswick  -Luïlcbourg  fur- 
l'Oker  ,  entre  Zell  Se  Brunswick.  Ce  n'elt  pas  une  forte» 
refle  ,  mais  une  grande  Se  agréable  maifon  de  campagne 
pour  un  prince.  Elle  a  néanmoins  une  efpece  de  rempart 
tout  à  l'entour,  Se  des  foffés  pleins  d'eau.  Elle  a  presque 
toujours  appartenu  aux  princes  du  pays.  On  trouve  dans 
les  archives  de  Zell,  que  Magnus ,  duc  de  Bfurtswick- 
Lunebourg,  voulant  gratifier  le  feigneur  Thomas  de  Ro- 
teleben ,  lui  donna  a  vie  cette  maifon  avec  la  feigneutie 
en  1364.  Auffi  retomba-r-elle  après  !e  décès  de  ce  fei- 
gneur en  la  poflèlïion  des  princes  de  Brunswick.  Dans  le 
partage  que  firent  les  descendans  du  duc  Magnus  ,  ce 
domaine  échut ,  en  grande  partie  ,  à  la  branche  de  Bruns- 
wick-Wolfienbuttel  ,  mais  le  duc  Henri  de  Lunebourg  le 
retira  tout  entier  avec  quelques  autres  lieux  ,  par  un 
échange  qu'il  fit  en  1;  12,  avec  la  branche  de  Wolrienbwt- 
tel.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Duc.  Luneb. 

MEINGOW,  petit  canton  d'Allemagne  fur  le  Mein, 
dans  l'éleétorat  de  Mayence.  Il  eft  nommé  dans  les  écrits 
du  moyen  âge  Moyngowe-,  Monachgowe  ,  Se  Meni- 
gau.  Saint  Henri  empereur  ,  à  l'initance  de  fainte  Cune- 
gonde  fa  femme  ,  &  de  Richard  ,  abbé  de  Fulde  ,  donna 
à  l'autel  de  Saint  Boniface  ,  le  comté  de  Stodenftadt  ,fitué 
dans  le  Meingow  ,  in  pago  Mcytiguive.  L'acte  s'en 
trouve  dans  le*  annales  de  Fulde,  /.  3.  c.  ij.  Le 
nom  de  Meingow  a'  été  celui  de  toute  la  Franconie. 
Le  nom  du  Mein  à  été  écrit  long-tems  Moyn  ,  Se 
on  en  trouve  quantité  de  preuves  dans  le  livre  intitulé 
Geograpbia  curiofa  ,fcu  de  pagis  antiquaprxfertim  Ger' 
maniœ.pag.  146.  Baudrand,  édit.  1705-.  donne  aujour- 
d'hui des  bornes  bien  plus  étroites  au  Meingow.  Il  ne  re- 
tend pas  plus  loin  qu'entre  Afchaffenbourg  &  Mittenberg* 

MEININGEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  en  Franco- 
nie fur  la  Verra.  Voyez.  Mainungen. 

MEINOW,  ifle  deSuiffe  dans  la  partie  du  lac  de  Cons-» 
tance  ,  nommée  le  lac  de  Bodmer  ou  d'Uberh'ngen. 
Baudrand  dit  ,  elle  a  un  bourg  de  même  nom,  &  une 
célèbre  abbaye  de  l'ordre  de  Saint  Benoit ,  félon  Muns- 
ter Se  les  autres. 

J'ignore  qui  font  les  autres  dont  parle  Baudrand  : 
mais  s'ils  ne  parlent  pas  plus  de  cette  abbaye  que  Muns- 
ter ,  Baudrand  a  eu  le  plus  grand  tort  de  les  cirer. 
Voici  ce  que  dit  Munfter ,  Cosmographie  ,  p.  965.  Cette 
ifle  de  Meinoweftà  un  demi-mille  au  defibus  de  Confiance 
en  tirant  vers  Ubergelingen  ;  c'eft  à  préfent  une  forte  Se 
agréable  maifon  de  l'ordre  Teutonique.  C'étoit  ancien- 
nement la  réfidence  de  la  noble  maifon  de  Langenfiein. 
Arnould  de  Langenfiein ,  qui  étoit  de  cet  ordre,  lui  don- 
na cette  maifon  en  1282.  avec  la  per million  d'Albert, 
abbé  d'Ow  ,  (  deReihecnow)  feigneur  féodal  de  cette 
ifle.  Elle  a  au  milieu  une  haute  roche  fur  laquelle  la 
maifon  eft  bâtie  avec  une  baffe- cour,  Se,  autour  de  ces 
bâtimens  ,  cfi  une  affez  belle  plaine ,  où  font  ,  du 
côté  de  la  hauteur  ,  quarante  ou  cinquante  arpens  de 
vignoble,  &  de  l'autre  des  prairies,  un  petit  valon  avec 
de  grands  arbres  &  quelques  arpens  de  terres  labourables. 
C'efi  ainfi  que  parle  Munfter,  qui  y  alla  en  1546.  Le 
commendeur  qui  y  étoit  alors,  s'appelloit  Sigisniundde 
Hornftein.  Du  refie,  pas  un  feul  mot  de  l'abbaye.  Le 
nom  latin  de  Pifle  e(i,  félon  Baudrand  ,  Augia  Minor. 

MEINUNGUE.  Voyez.  Mainungen. 

MEIRA,  abbave  d'hommes,  ordre  de  Cîteaux  ,  de  la 
congrégation  de  Cafiille  en  Espagne  ,  dans  la  Cafiille  , 
audiocèfe  de  Lugo. 

Tom.  IV.  A  a 


i86        MEI 


ME! 


MEISENHEIM  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  duché' 
de  Deux-Ponts ,  près  de  Lauter,  aux  frontières  de  la  France, 
Elle  étoit  autrefois  la  réfidence  ordinaire  des  ducs  de 
Deux-Ponts,  mais  elle  fur  réunie  à  la  France  en  1680. 
Elle  eft  dans  une  plaine,  à  cinq  milles  d'Allemagne  de 
Deux  Ponts  au  feptentrion  ,  en  allant  vers  Bingen  ,  dont 
elle  eft:  a  pareille  dillance. 

1.  ME1SSEN  .  nom  allemand  de  la  Misnie  ,  pays  d'Al- 
lemagne dans  l'électora:  de  Saxe.  Voyez.  Misnie. 

2.  MEISSEN  ,  ville  d'Allemagne  dans  l'Jedorat  de 
Saxe  ,  au  margraviat  de  Misnie  ,  auquel  elle  donne  le 
nom  y  elle  le  reçoit  elle-même  d  un  ruiffeau  nommé  la 
Meiffe  qui  y  tombe  dans  l'Elb-  fur  laquelle  cette  ville  eft; 
fituée  ,  àtroiï  milles  au-deffous  de  Diesden.  La  ville  eft 
bâtie  en  partie  dans  la'  vallée  ,  Se  en  partie  fur  le  pen- 
chant d'une  colline,  au  haut  de  laquelle  font  le  château  Se 
la  ca'.hédrale,où  font  les  tombeaux  de  beaucoup  de  piinces 
Se  de  grandi  feigneurs.  Il  y  avoit  auffi  le  monaltere  de 
Sainte  Afie  ,  à  la  place  duquel  on  a  établi  une  école  publi- 
que, &  les  revenus  en  ont  été  appliqués  à  entretenir  de 
jeunes  etudians.  L'évéché  de  Meiffen  fut  établi  en  970. 
par  l'empereur  Othon  I.  Il  étoit  anciennement  exemt  de 
la  jurisdiction  daucun  métropolitain  ;  mais  l'empereur 
Charles  le  fournit  à  celle  de  l'archevêque  de  Prague  L'é- 
vêque  avoit  îaca.hédrale  Se  fon  fiege  à  Meiffen  ;  une  col- 
légiale ,  &  fa  réfidence  à  Vurtzen  ;  une  autre  collégiale 
à  Srolpen  ,  avec  un  bon  château  fur  la  montagne.  Bis- 
choffswerde  eftdans  le  même  bailliage.  L'évêque  pos- 
fédoit  encore  le  bailliage  de  Mugeln  ,  avec  le  château  de 
Rugethal.  Bernard,XXVe  évêque  de  Meiffen,  vendit  au 
margrave  de  Misnie  Dresden  ,  qui  eft  devenu  la  réfiden- 
ce des  électeurs.  Jean  VIIIe  du  nom,  XLU  evéque  de 
Meiffen,  vit  arriver  le  changement  de  religion,  &  le  Luthé 
ranisme  introduit  par  l'électeur  Maurice  en  1J45.'  on  le 
laiffà  néanmoins  tranquille  jusqu'à  fa  mon  qui  arriva 
quarte  ans  après.  Il  eut  encore  deux  fucceffeurs  ;  fçavoir  , 
Nicolas  IIe  &  Jean  IXe  qui,  l'an  158  1  rendit  l'évéehé  à 
l'électeur  Augufte  de  Saxe.  Les  princes  de  cette  maifon 
l'ont  enfin  fécularifé  j  cependant  le  chapitre  fubfifte  tou- 
jours. 11  y  avoir 'à  Meiffen  trois  palais  ,  celui  de  l'évêque, 

celui  du  margrave  .  &  celui  du  burgrave.  Le  burgraviat 
eft  éteint  depuis  l'union  du  margraviat  avec  l'électorat. 
Cette  ville  eft  encore  remarquable  par  la  manufacture  de 
cette  belle  porcelaine  de  Saxe  qui  y  a  été  établie. 
Le  nom  latin  de  Meiffen  eft  Misna,Misnia,&Misena. 

MEKES  ,  ville  fortifiée  de  la  Grande-Arménie, fituée 
dans  une  plaine.  *  Manuscrits  de  la  Bibl.  du  Roi. 

MEKIANG,  rivière  de  là  Chine  dans  la  province  de 
Quangtung.  Mekiang  fignifîe  rivière  d'encre.  Ce  nom  lui 
a  été  donné  ,  parce  que  fes  eaux  étoient  auffi  noires  que 
de  l'encre  ;  cependant  fes  poiflbns  font  beaux  &  excellens. 
*  Atlas  Sinenfis. 

1.  MELA  ou  M ella  ,  rivière  de  la  Gaule  Transpa- 
dane  ,  où  elle  vient  de  fa  fource  qui  eft  au  mont  Brennus. 
Elle  arrofe  la  ville  de  Brescia.  Catulle  dit ,  Carm.  67.  v. 
3  1.  p.  143.  (dit.  ad  ufum  Delph. 

Atqui  nonfolum  hoefe  dieu  co^nitum  habert 

Brixia  Cbineœ  fitppofitafpecuU  : 
Flavus  quam  molli  percitr rit jlumine  Mêla  , 

Brixia  Veron&  Mater  amata  me&. 

Sur  quoi  Cellarius  obferve  que  l'on  doit  lire pracurrît, 
non  paspercurrit ,  parce  que  le  Mêla  ne  paffe  pas  à  Bres- 
cia ,  mais  à  quelque  diftance  Se  au  couchant  de  la  ville. 
Virgile,  Géorgie.  I.  4.  v.  277.  dit  de  la  plante  nommée 
Amellum  , 

Afper  in  orefapor  :  tonfîs  in  vallibus  illum , 
Faftorcs  &  curva  legunt  prope fiumina  Mella. 

Le  père  Catrou  a  fait  à  cette  occafion  une  note  que 
♦oici  :  »  Parce  que  les  fleuves  dont  le  cours  eft  lent ,  pa- 
«  roiffent  avoir  les  eaux  noires,  on  a  appelle  bien  des  fleu- 
»  ves  du  nom  de  Mêlas.  Il  y  en  a  un  en  Arcadie  ,  un  en 
»  Béocie  ,  un  en  Cappadoce ,  un  dans  l'Ionie  proche  de 
»»  Smyrne  ,  un  en  Macédoine ,  un  en  Pamphylie  ,  un  en 
»»  Thef  alie  ,  Se  un  en  Thrace.  Scrvius  prétend  que  le  Me- 
»  las  d>>nt  parle  ici  Virgile  ,  eft  dans  les  Gaules  :  Je  l'en 
»  croirai ,  fi  je  trouve  que  quelque  géographe  en  ait  fait 


»  mention.  Il  eft  donc  incertain  ,  pourfuit-il ,  de  quel 
»  fleuve  Mêlas  Virgile  a  voulu  parler  ».  Il  y  a  bien  des  né- 
gligences dans  ce  peu  de  lignes.  Il  ne  s'agit  point  ici  du 
Ah  Lis  ,  mais  du  Mêla  ou  Mella  y  tout  ce  qu'on  y  dit  des 
rivières  auxquelles  Je  nom  de  Mêlas  eft  commun  eft  à  pure 
perte.  Servius  s'elt  bien  garde  de  diie  que  le  Mêlas, 
dont  parle  ici  Virgile  ,  eft  dans  les  Gaules  ;  il  fçavoir  .trop 
de  géographie  pour  parler  fi  impropren  eut.  11  dit  Ample- 
ment Metla  ftuyius  Galliœejf.  11  parie  du  Mella,  fans  pen- 
fer  aucunement  aux  rivières  nommées  Mêlas.  Il  dit  que 
c'eit  une  rivière  de  la  Gaule,  ce  qui  eft  vrai ,  la  Gaule 
Cifalpine  étant  véritablement  nommée  Gaule  par  les  an- 
ciens 11  ne  dit  point  des  Gaules,  ce  quiauroit  été  faux  : 
les  Gaules  étoient  endeçà  des  Alpes  par  rapporta  nous, 
Se  n'ont  rien  de  commun  avec  le  Mêla.  Quel  befoin  a- 
r-on  des  géographes,  quand  Catulle,  qui  étoit  de  Vérone, 
dit ,  en  parlant  de  Breffe  ,  que  cette  rivière  couloit  au- 
près, «Se  la  nomme  bien  diftinctement.  Virgile  qui  étoit 
de  Mantoue,  pays  contigu  au  Breffan ,  a  parlé  du  Mêla  ou 
Mella ,  comme  d'une  rivière  qu'il  connoiffoir  ■■,  en  effet , 
le  Mêla  tombe  dans  l'Oglio  aux  confins  du  Breffan,  du 
Crémonèfe  &  du  Mantouan.  Catulle  Se  Virgile  étoient 
Gaulois, non  desGajles.maisde  la  Gaule  Cifalpinc,de  cette 
même  Gaule  où  Seivius  dit  que  coule  le  fleuve  Mella.  La 
conclufion  du  père  Catrou  n'eft  pas  plus  jufte  }  quand  il 
dit  :  il  eft  donc  incertain  de  quel  fleuve  Mêlas  Virgile  a 
voulu  parler.  C'eft  tout  le  contraire.  11  eft  certain  qu'il 
n'a  voulu  parler  d'aucun  fleuve  Mdas  ,  mais  de  Mêla  qui 
coule  dans  le  Breffan. 

Cette  rivière  garde  encore  aujourd'hui  fon  nom,  &  a  fa 
fource  au  couchant  du  lacd'Idro,  aux  confins  du  Tien- 
rin  ,  de-là,  tournant  vers  le  midi  occidental  jusqu'à  la  val- 
lée de  Tropia  ,  elle  pafle  à  Tavernole  ,  Cimo  Se  Carfavo  , 
fe  grofliffant  en  chemin  de  quelques  autres  ruiffeaux.  Elle 
baigne  enfuite  Gardone  ,  Zenaro ,  Ccbiate  ,  Urago, 
paflè  au  couchant  de  Breffe  ,  Se  ,  continuant  de  ferpenter 
vers  le  midi ,  elle  arrive  enfin  dans  l'Oglio  auprès  d'O- 
ftiano  ,  Se  audeffus  de  cette  ville. 

2.  MELA  ,  petite  ville  d'Afrique  au  pays  d'Alger.  C'efè 
la  même  que  Mila  de  Marmol  Se  de  de  rifle.  Et  elle  eft 
par  conféquent  différente  de  Melle  ,  ville  maritime  de 
peu  de  confidération  ,  dont  parle  Laugier  de  Taffi  dans 
fon  hiftoire  du  royaume  d'Alger.  Car  on  ne  peut  pas  dire 
que  cette  ville  ,  dont  il  eft  ici  quefiion  ,  eft  maritime. 
Mêla  ou  Mila  eft  ancienne  ;  elle  eft  appellée  Mileum 
dans  le  concile  tenu  fous  faint  Cyprien  ,  fur  la  qûeftion 
s'il  falloir  rebaptifer  les  hérétiques.  Elle  eft  nommée  Mh 
leum  dans  l'itinéraire  d'Antonin  ,  à  vingr  cinq  mille  pas 
de  Cirtha ,  aujourd'hui  Conftanrine.  De  Mileum  écrit  en 
grec  WiiXtov ,  fe  fait  le  génitif  M;>sts ,  en  lettres  latines 
Mileu  ,  &  c'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  la  table  de  Peutinger. 
De  Mileu  s'eft  fait  Milevis  ,  dont  fe  font  fervi  faint 
Auguilin  Se  Victor  dUtique.  Le  père  Charles  de  faint 
Paul  eft  rrèsjuftement  repris  par  Dupin  d'avoir  vou- 
lu diftinguer  Mileum  de  Mdevum  ,  ou  Milevis.  Cette 
ville  eft  remarquable  à  caufe  de  deux  conciles  qui  s'y 
font  tenus ,  l'un  en  402  ,  l'autre  en  416.  L'un  Se  l'autre 
eft  nommé  concilium  Milevitanum.  S.  Optât  a  été  évo- 
que de  cette  ville  ,  cV  eft  qualifié  à  la  tête  de  fes  ouvra- 
ges ,  Milevitanus  episcopus. 

3.  MELA.  Voyez.  Melan. 

MELACTA,  ou  Melacte,  ouMelecte.  On  lit  dans 
Silius  Italicus  ,  /.  1 4.  v.  151. 

TeLrque  fuperba 
Lanigera  Melite  ,  &  Littus  piscofa  Melatle.  ' 

On  ctoit  affez  communément  que  c'eft  une  faute  pour 
Calacte  ;  Se  Cellarius,  dans  fon  édition  de  Silius  Itali- 
cus ,  n'a  point  fait  difficulté  d'admettre  cette  correctiou 
dans  le  texte. 

MELADA  ,  petite  ifle  de  la  Dalmatie.  Les  Èsclavons 
la  nomment  M  ulat.  Elle  eft  fituée  au  nord  de  l'extrémité 
occidentale  d'Ifola  groffa  ,  au  couchant  du  territoire  de 
Zara  ;  elle  peuc  avoir  environ  dix  milles  de  longueur  fur 
deux  Se  demi  dans  fa  plus  grande  largeur  >•  par  les  30  deg. 
de  latitude.  Elle  a  une  bourgade  de  même  nom  à  fon  ex- 
trémité orientale.  *  Cornelli  ,  Ifolar.  p.  148. 

ME LJE  ,  ancienne  ville  d'Iralie  au  pays  des  Samnites. 
C'eft  une  de  celles  que  Q.  Fabius  reprit  ,  au  rapport  de 
Tite-Live ,  /.  4.  c.  20. 


MEL 


M  EL 


tSt 


MEL£A,  lieu  de  Grèce  ,  il  nous  en  croyons  Orte- 
lius,  quiciteThucydide,au  commencement  du  cinquième 
livre  de  fon  hifioire.  Mais  il  n'y  a  point  de  Mela:a  ,  nom 
de  lieu  dans  Thucydide.  On  voit  feulement  horunfes  Se 
MeUi ,  qualifiés  finitimi ,  voifins,  Se  Coloni ,  du  peuple 
de  Locres ,  à  qui  ils  donnoient  alors  beaucoup  d'affaires  ; 
ce  qui  obligea  les  Locres  de  s'allier  avec  les  Athéniens , 
ce  qu'ils  n'auroient  point  fait ,  fi  ces  deux  peuples  voifins, 
qui  croient  des  colonies  forties  de  chez  les  Locres ,  ne  les 
euiTent  alors  embarraiïés.  D'Ablancourt  a  bien  défiguré 
cet  endroit  dans  fa  traduction. 

I.MEL/ENA,  promontoire  de  l'ifle  de  Chio,  A\po. 
Mthcttvct.  Ce  n'eft  pas  un  nom  propre ,  c'efi:  un  adjectif 
qui  eft  le  féminin  de  Mêlas  ,  noir.  Ainfi  cela  veut  dire  le 
Cap  Noir. 

2.  MELANA  (  Corcyra  )  ancien  nom  de  Curso- 
ia.  Voyez,  au  mot  Corcyra. 

3.  MEL/ENA  ,  ancien  nom  de  Céphalénic  ,  félon 
Pline,  /.  4.C  12.  C'efi  aujourd'hui  Cefalonie. 

1.  MELJEN/E  ,  ancienne  ville  du  Péloponnèfe  dans 
l'Arcadie  ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.6.  Se  Paufanias  >  in  Arcad. 
t.  3.  Le  P.  Hardouin  lui  applique  le  Virides  Me  Un  a  de 
Stace.  Il  fc  trompe.  Voyez,  l'article  fuivant. 

2.  MEL/£Nj4L  Polyarn  nomme  ainfi  une  forterefle 
de  Grèce  ,  aux  confins  de  la  Béotie  Se  de  l'Attique. 
C'efi:  de  ce  lieu  qu'il  faut  entendre  ce  vers  de  Stace ,  Theb. 
1.  12.  v.  619.  où  il  dit  viridesqiie  MeUrie;  on  n'en  dou- 
tera point ,  fi  on  fait  réflexion  que  ce  pob're  nomme  de- 
vant Se  après  un  allez  grand  nombre  de  lieux  ,  qui  fe 
trouvent  tous  dans  l'Attique ,  ou  fur  la  frontière.  Voyez, 
Mel^eni.  *  Orielii  Thefaur. 

3.  MEL,£N.£  ,  ville  d'Afie  dans  la  Lycie ,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

MEL/ENI ,  UiXcuviiç  on  uîxaimt ,  MeUn&  ,  lieu  de 
Grèce  dans  l'Attique.  Il  appartenoit  à  la  tribu  Antiochide. 
C'efi  la  même  chofe  que  Mel^en^  2. 

MELAGABON  ,  port  d'Espagne  au  royaume  de 
Grenade.  *  Du  Lignon. 

MELAMBIUM  ,  lieu  de  Theiïaiie  ,  au  voifinage  de 
Scotufia.  Polybe , /.  17.  c.  16.  en  fait  mention. 

1.  MELAMPHYLLOS  ,  montagne  de  Thrace ,  félon 
Pline  ,  /.  4.  c.  1 1. 

2.MELANPHYLLOS.  Arirtocrite,  cité  par  Pline, 
/.  5.  c.  5 1.  dit  que  c'eft  un  des  anciens  noms  de  l'iile  de 
Samos. 

MELAMPIA  ,  ancienne  ville  d'Afie  dans  la  Lydie , 
*  félon  Etienne  le  géographe  ,  ainfi  nommée  de  Mélampe 
au  rapportde  Xanthus,  dans  fon  hifioire  de  Lydie. 

MELAMPYGOS  PETRA  ,  ou  Melampygus  La- 
pis ,  pierre  ainfi  nommée  fur  un  chemin  nommé  Ano- 
P/€a  ,  lequel  commence  au  fleuve  Afopus,  Se  aboutit 
auprès  d'Alpenus,  première  ville  de  la  Locride,  &  par 
conféquent  aux  confins  de  la  Béotie  Se  de  la  Locride.  * 
Hérodote  ,  1.  7.  c.  2 1 6. 

MELAN  ,  montagne  de  l'Arabie  Heureufe  au  pays 
des  Homérires ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7.  Les  éditions 
de  Noviomagus  ,  de  Mercator  Se  de  Bertius  portent 
Melan.  Celles  de  Magin  Se  de  Molet  portent  Mêla. 

1.  MELANA.  Voyez.  Mêlas  i,  Se  Melani. 

2.  MELANA.  Godefroi  de  Viterbe  lit  quelque  part 
tirbs  Mehtna  potens ,  &  l'explique  de  Milan ,  félon  Or- 
telius ,  Thefaur. 

1.  MELANCHL/4LNI ,  ce  mot  ne  veut  dire  que  des 
gens  vêtus  de  noir. 

2.  MELANCHL/ENI ,  ancien  peuple  qui  habitoit  les 
jfles  Caiïitérides  ,  félon  Strabon  ,  /.  5 .  p .  175.  en  quoi  il 
eft  fuivi  par  Eufiathe.  Voyez,  au  mot  Câfiïtérides  le  peu 
de  réalité  des  contes  que  les  anciens  en  ont  faits. 

3.MELANCHLi€NI,  ancien  peuple  delà  Sarmatie 
Afiatique  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  9.  qui  le  place  dans 
les  terres  entre  le  Palus  Méotide  Se  le  Volga  ,  Se  lui 
donne  pour  voifins  le  pays  de  Mithridate,  les  Sapotrè- 
ues ,  les  Scymnites  Se  les  Amazones.  Pline  Se  Scylax  de 
Caryande  le  placent  fur  la  côte  feptentrionale  du  Pont- 
Euxin.  Le  premier  dit ,  /.  6.  c.  $.  Le  refte  du  rivage  eft 
occupé  par  des  nations  farouches  ,  comme  les  Melan- 
chla'nes ,  les  Coraxes  ,  qui  font  partie  de  la  Colchide  , 
Sec.  Le  fécond  dit ,  Peripl.  p.  30.  de  même.  Auprès  des 
Coraxes  font  les  Melanchlxnes ,  Se  auprès  de  ceux-ci  les 
Çolques.  Hérodote  l'avoit  mis  dans  les  terres.  Il  dit  , 


£4.  c.  10t.  Depuisl'Ifiher  au  Boryfthèneil  y  a  dix  jour- 
nées de  chemin  ,  autant  du  Boryfihène  au  Palus  Méotide» 
De  la  mer  vers  l'intérieur  des  terres  aux  Melanchljenes , 
qui  habitent  au-deifusdes  Scythes  ,il  y  a  vingt  journées  de 
chemin  ,  en  comptant  deux  cens  fiades  pour  une  jour- 
née, c'eft-à-dire,  vingt  cinq  milles.  Il  leur  donné,  cap. 
102.  un  roi  particulier.  Tous  les  Melanchlxncs  portent 
des  habits  noirs ,  Se  c'efi  de  là  que  vient  leur  nom.  Ce 
font  les  feuis  (entre  les  Sarmates  )  qui  fe  nouiriffent  de 
chair  humaine  ,  U  107.  Us  ont  les  mêmes  coutumes  que 
les  Scythes» 

MELANDEPTi£  ,  ou  Melandet^c  ,  ancien  peuple 
dont  parle  Xenophon  ,  /.  7.  p.  401.  dans  fa  retraite  des 
dix  mille.  Ortelius  dit  qu'il  étoit  en  Afie  vers  le  Pont. 
Il  fe  trompe  ,  ce  peuple  etoit  dans  la  Thrace  au  nord  de 
la  Propontide  ,  aux  environs  de  Perinthe,  au  couchant  de 
Selibria.  D'Ablancourt  écrit  Malandeptes.  Le  grec 
porte  M&avSînlcu  Se  McAcsiJVn** ,  félon  les  divers  exem- 
plaires. 

MELANDIA  ,  petit  canton  du  Péloponnèfe ,  où  il 
fait  partie  de  la  Sicyonie  ,  félon  Théopompe  ,  cité  par 
Etienne  le  géographe. 

MELANE,  petite  ifle  d'Afie  fur  la  côte  d'Ionie  ,  fé- 
lon Pline,/.  8.  c.  32. 

MELANEIS.  Voyez.  Eretria  2. 

MELANGAJicu  dont  parle  Glycas  ,  qui  dit  qu'ert 
le  nommoit  communément  Melangina.  Iléioit  auprès 
de  Conftantinople.  *  Ortclii  Thefaur. 

MELANGE  ,  ville  marchande  au  pays  du  peuple  des 
Arvari  ,  dans  l'Inde  en-deçà  du  Gange  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  7.  ci»  Ses  interprètes  ont  cru  que  c'efi  Melia- 
pour  ,  fondés  fur  une  légère  refiemblance  de  lettres. 

1.  MELANGIA  ou  Mélangea,  (  pluriel  génitif, 
orum.  )  village  du  Péloponnèfe  dans  l'Arcadie.  C'efi  d'oui 
les  habitans  de  Mantinée  tiroient  l'eau  qu'ils  buvoient  , 
au  rapport  de  Paufanias,  /.  8.  c.6. 

2.  MELANGIA,  lieu  de  l'Aile  proprement  dite,  félon 
la  conjecture  d'Orteiius,  Thefaur*  qui  cite  Nicetâs. 

MELANGIT.ZE.ou  Malangit^c  ;  ancien  peuple  de 
l'Arabie  Heureufe  vers  le  milieu  de  fa  longueur  au  midi 
des  Gerrhéens  Se  au  nord  des  monts  Marites,  félon 
Ptolomée,  /.  6.  c.  7. 

MELANI  MONTES,  Me'x^aïa»,  l'interprète  latin 
dit  Meïanes  :  ancien  nom  d'une  chaîne  de  montagnes  que 
Ptolomée ,  /.  j.  c.  17.  place  dans  l'Arabie  pétrie ,  le  long 
des  déferts ,  depuis  le  golfe  auprès  de  Pharan  ,  en  tirant 
vers  la  Judée.  S.  Jérôme  a  remarqué  depuis  long-tems 
que  ce  font  les  mêmes  montagnes  que  l'Ecriture  Ste 
nomme  Sinaï  Se  Oreb.  Voyez,  ces  deux  noms. 

MELANIA  ,  lieu  de  la  Cilicie  entre  Arfinoé  ,  Se  h 
ville  de  Celenderis,  félon  Strabon,  /.  14. p.  670.  Ottelius 
en  fait  un  bourg. 

MELANIPEA  ouMelanipia,  l'une  des  ifies  Che- 
liboni^  ,  félon  Favorin. 

MELANIPP1UM  FLUMEN,  rivière  d'Afie  dans  la 
Pamphylie.  Elle  étoit  confacrée  à  Minerve  au  rapport 
de  Quinras  Calaber  ,/.  3.  *  Stephan.  Byzant. 

MELAN1S  SINUS.  Voyez.  Mêlas  Sinus. 

MELANO,  ifie  d'Afie  dans  la  Doride,  Se  dans  le 
golfe  Céramique,  félon  Pline,  /.  5.  c.  3 1. 

MELANO  GyETULI ,  ancien  peuple  de  la  Libye 
intérieure  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  6.  On  les  nommoit 
les  Gérules  Noirs  pour  les  difiinguer  des  autres  qui 
netoient  que  bafanés. 

MELANOS,  promontoire  dAfie  auprès  de  Cyzique 
&  de  l'embouchure  du  Rhindacus ,  vis  à-vis  de  l'ifle 
d'Artace.  Strabon,  c.  12.  p.  576.  dit  qu'on  le  dépafie 
quand  on  fait  voile  de  Cyzique  à  Priape. 

MELANO  SYRI.  C'efi  ainfi  que  l'on  appelloit  les 
habitans  de  la  véritable  Syrie  ,  au-delà  du  mont  T'auras , 
entre  l'Euphrate  &  la  mer  Méditerranée,  pour  les  difiin- 
guer desL.EUco-SYRi,  qui  habitoient  dans  la  Cappadoce 
vers  le  Pont-Euxin.  Melano  Syri  veut  dire  les  Syrien? 
Noirs, Se  LEUCo-SYRilesJ'ywwj-jB/^KCj.Cettedifiinction 
fe  trouve  fondée  fur  Snabon ,  /.  12  p.  544.  Eufiathe 
Se  Porphyrogenere.  Le  premier  parle  des  Lcuco  Syriens 
en  plus  d'un  lieu,/.  16.  p.  554.  &  737.  Il  dit  auifi , 
/.  16.  p.  737.  que  les  Syriens  habitans  de  la  Cappadoce, 
tant  auprès  du  mont  Taufus  que  du  Ponr-Euxin  ,  éroienc 
nommés  Lti(to-Sjtït  c'eft-à-dire ,  Syriens  blancs  ,  parcç 

tom.  IV,  A  a  ij 


i88 


MEL 


MEL 


que  ,  pourfuit-îl  ,  il  y  en  avoic  auifi  de  noirs ,  favoir  , 
ceux  d'au-delà  du  mont  Taurus. 

MELANS,  couvent  de  filles,  de  l'ordre  de  faine 
Bruno  ,  en  Savoye  dans  le  Faufligny. 

MELANTA  GRANDE  ou  Melonta  ,  bourgade  de 
Dalmatie  iur  le  golfe  de  Venife.  Quelques  geogiaph.es 
y  cherchent  l'ancienne  Ascrivium. 

i.  MELANTHII ,  écueils  de  la  mer  Icaiienne  auprès 
de  Samos.  Strabon  en  parle,  /.  14.  p.  6$6.  ôc  Ortelius , 
Tbefaur.  dit  que  le  nom  moderne  elt  Furni,  fclon  Ni- 
ger ,  &c  Fornelli  ,  félon  Bardon. 

2.  MELANTHII ,  écueils  dont  parle  Apollonius , 
Argonaut.  lib.  4.  Son  fcholiaile  dit  qu'ils  étoient  auprès 
de  Fifle  Thera. 

1.  MELANTHIUM  FLUMEN  ,  rivière  de  la  Cappa- 
doce  ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  4.  Arrien  ,  Peripl.  Pond,  la 
met  à  foixante  ftades  de  Cotyora.  C'ett  le  Melan-thus 
d'Ovide,  de  Ponto ,  /.  4.  eleg.  10. 

2.  MELANTHIUM.  Cédréne  parle  d'une  montagne 
de  ce  nom  dans  la  Syrie  ,  où  étoit  un  temple  de  Vcila.  * 
Or  t.  Th. 

MELANTHUS.  Voyez,  Melanthium  I. 

MELANT1ADA.  Voyez.  Melantias. 

MELANTIANA  ôc 

MELANTIAS,villagedeThrace,aunorddelaPropon- 
tide  fur  l'Atyras ,  entre  Selivrée  ôc  Conflantinople.  11  elt 
nommé  dans  la  table  de  Peutinger  Melontiana  ,  ôc 
Melantiada  dans  l'itinéraire  d'Antonin  ,  qui  le  met 
à  dix  huit  mille  pas  de  Conflantinople.  Suidas  le  décrit 
ainfi  :  Melantias,  que  l'on  nomme  à  préfent  Militas  , 
elt  un  village  de  Thrace  à  cent  onze  itades  de  Byzance. 
Il  elt  auprès  du  fleuve  At)  ras,  qui ,  un  peu  plus  loin  tour- 
nant vers  le  vent  de  fud-efl: ,  fe  jette  dans  la  Propontide; 
de-là  vient  que  le  port  qui  elt  fur  ce  rivage  en  porte  le 
nom  :  c'eit-à-dire  le  nom  de  la  rivière  ôc  non  pas  du  villa- 
ge ,  comme  l'a  cru  Cellarius.  Ammien  Marcellin,  /.  3 1. 
ç.  11.  nous  apprend  que  les  empereurs  y  avoient  une 
mai  fon  de  plaifance.  Valens  excitus  Aritwchia  ....  ipje 
ad  Mdamiada ,  villam  Czfarianam  prof  échu  militem 
Jiipenâlo  fovebat  &  alimentis.  Il  elt  aufli  parlé  de  Melan- 
tiade  dans  la  chronique  d'Alexandrie, p.  896.  Les  cent 
deux  itades  de  Suidas  ne  s'accordent  point  avec  les  dix- 
huit  milles  d'Antonin,  qui  valentcent  quarante  itades.  En 
échange  Agathias  en  met  cent  cinquante,  cela  dépend  de 
l'endroit  de  Con/lanrinople  où  ils  terminoient  le  chemin. 
L'un  a  pu  prendre  fon  terme  au  cœur  de  la  ville,  ôc  l'autre 
au  fauxbourg. 

MELANT1I.  Voyez.  Melanthii  2. 

MELANTOIS(Le)  (a),  quartier  de  la  châtellenie 
de  Lille.  11  e/t  au  midi  de  la  ville ,  ôc  a  été  autrefois  de  plus 
grande  étendue  qu'il  n'eil  aujourd'hui  (  b  ).  Il  contenoit  le 
Carcmbauld,  la  Wepe  6v  le  Ferrain.  Ce  mot  Melanrois 
efl  corrompu  de  Medenantum  ,  qui  étoit  déjà  en  ufage 
dès  le  feptiéme  fiécle ,  puisque  S.  Ouen  ,  dans  la  vie  de  S. 
Eloi,fait  mention  en  ce  pays-là  du  territoire  qu'il  nomme 
Territorium  Medenantense.  (a)  Had.  Valefii ,  Not. 
Gall.  pag.  327.  (b)  Longuerue ,  Defc.  de  la  France  ,  part. 
».  p.  81. 

Dans  la  divifion  que  fit  Louis  le  Débonnaire  de  fes 
états  ,  il  nomme  le  même  pays  Pagum  Medenantenfem. 
Mais  peu  après  on  commença  à  changer  la  lettre  N  en 
L,&  Charles  le  Chauve,  dans  des  lettres  pourlemonafle- 
redeS.  Bavon,  appelle  ce  pays  Medelentensem,  d'où  et! 
venu  le  nom  de  Melantois. 

Le  principal  lieu  de  ce  quartier  elt  Seclin.  Il  efl  com- 
pris entre  la  Deulc  ôc  la  Marque ,  ôc  comprend  vingt- un 
villages. 

MELANTRADA.  Corneille  met  une  ville  de  ce 
nom  fur  la  mer  de  Marmara  entre  Selivrée  ôc  Conftanti- 
nople.  C'efl  Melantias.  Voyez.cc  mot. 
MELARIA.  Voyez.  Mellaria. 
MELAS.  Ce  mot  eft  grec  ôc  fignifie  Noir.  Quelques 
géographes  latins  ,  qui  ne  laiiTent  pas  de  recevoir  ce 
mot  dans  leur  langue,  le  déclinent  félon  l'ufage  de  la  lan- 
gue d'où  il  efl  pris.  Ainfi  ilsdifent  Mêlas  au  nominatif, 
Melanis  ,  Mêlant ,  Mclanem  ôc  Melane.  C'efl  ainfi  qu'en 
ufe  Pline  en  parlant  du  golfe,  comme  nous  dirons  ci- 
après. 

1.   MELAS,  rivière  de  Grèce  au  Péloponnèfe  dans 
l'Arcadie.  Denys  le  Periégete  dit,  v. 414.  &  [eq. 


In  média  auum  ,/ijma  ,  envam  terram  inhabitant 
Arcades  Apidatunjes ,  Jub  celjo  jugo  Erymanthi , 
Ubi  Mêlas  ,  ubt  Crathis  ,  ubi  fiait  liquidas  laon  ,  &c- 

Priscien  fon  pataphrafte  rend  ainfi  ces  mêmes  paroles, 
v.  412.  Qrjeq. 

Hic  mediis  habitant  late  telluris  in  arvis , 
Arcades  Apidarui  ,fub  je  opulis  Erymanthi , 
Qu'à  Mêlas  aique  Craibis  juivii ,  auâ  car  rit  laon. 

Callimaque  en  parle  aufli  dans  fon  hymne  à  Jupiter , 
v.  î&.ërjeq.  qu'il  fuppofe  né  en  Arcadie.  L'Arcadie, 
dit  ce  poète  ,  n'avoit  point  alors  de  rivières  ;  ni  le  Ladon 
grande  rivière,  ni  l'Er)manthe  ,  qui  a  les  eaux  les  plus 
pures,  ne  couloient  point  encore  ;  l'Arcadie  étoit  féche, 
quoique  deflinée  à  être  un  jour  arrofée  de  quantité  de 
îources  ;  car  dans  le  tems  que  Rhea  vous  enfantoit, 
le  fleuve  laon ,  dont  les  eaux  font  fi  claires  préfente- 
ment ,  portoit  alors  quantité  de  chênes ,  ôc  le  fleuve 
Mêlas  avoit  fon  lit  chargé  de  quantité  de  chariots. 

2.  MELAS  ,  rivière  du  Péloponnèfe  dans  l'AchaVe, 
félon  Strabon  ,  /.  8.  p.  386.  qui  met  Olenus  iur  cette 
rivière.  Tarn  Olenus  ,  &  ad  eam  Mêlas  fluvius  magnas. 

3.  MELAS,  rivière  de  Grèce  dans  la  Béotie,  ielon 
Pline,  /.  2.  c.  tu.  qui  lui  attribue  la  vertu  de  faire  que 
les  brebis  blanches  qui  en  boivent  deviennent  noires  , 
ôc  au  contraire  le  Céphife  ,  qui  fort  du  même  lac,  rend 
blanches  les  brebis  noires  qui  ont  bu  de  fes  eaux.  Séné- 
que  ,  saturai.  qa*.ft.  I.  $.c  2f.  explique  le  fait  plus  am- 
plement. Il  y  a,  du- il,  des  rivières  qui  ont  de  merveilleufcs 
propriétés  i  car  il  y  en  a  qui  étant  bues  teignent  tous 
un  troupeau  de  brebis ,  de  forte  qu'en  peu  de  tems  les 
brebis  dont  la  laine  efl  noire  deviennent  blanches,  8c 
celles  dont  la  laine  efl  blanche  deviennent  noires.  C'eft 
ce  qu'on  remarque  dans  deux  rivières  de  Beotie ,  donc 
l'une  s'appelle  Mêlas ,  à  caufe  de  ferler  que  fes  eaux 
produifent.  L'une  &  l'autre  fortent  d'un  même  lac  ,  Se 
elles  ont  néanmoins  des  eftets  fi  différens.  Paufaniasa 
/.  9.  ( .  38.  ôc  Plutarque ,  in  Sylla ,  difent  qu'elle  fe  perd 
dans  le  fleuve  Céphife,  ôc  Théophrafle,  Hifl.  Plant. 
1.  4  ci  2.  &  de  Caaf.  Plant.  1.  5.  c.  f.  dit  que  c'efl;  dans 
le  lac  de  ce  nom. 

4.  MELAS,  petite  rivière  de  Theflalie  dans  la  Trachî- 
nie,  félon  Hérodote,  /.  7  c .  198.  Tive-Live  ,  /.  36.  c.  22. 
ôc  Strabon  ,  /.  9.  p.  328.  la  font  parler  auprès  d  Héraclée. 
Ce  dernier  obferve  que  l'ancienne  Trachine  ,  qui  donnoit 
le  nom  de  Trachinieà  ce  canton-là,  étoit  à  cinq  itades 
de  cette  rivière  ôc  à  fix  d'Héraclée.  Tue  Live  appelle  ce 
Mêlas  Amniculus ,  un  gros  ruiflèau ,  ou  une  petite  rivière. 
Elle  couloir  entre  le  Sperchius&  l'Afopus. 

5.  MELAS,  rivière  de  Mygdonie ,  félon  Ovide, 
Mttam.  /.  2.  v.  247.  mais  comme  il  y  avoit  une  Mygdo- 
nie en  tarbpe  ôc  une  en  Afie,  H  n'en  dit  pas  allez 
pour  décider  de  laquelle  il  a  entendu  parler.  D'ailleurs, 
dans  le  récit  où  il  nomme  cette  rivière ,  il  nomme  confufé- 
ment  des  rivières  de  pays  très-dirTérens  ,  comme  le  Xan- 
the,  l'Eurotas,  l'Euphrate,  l'Oronte,  le  Gange,  le  Phafe 
ôc  le  Danube  ,  &c. 

6.  MELAS ,  rivière  de  Thrace.  Elle  a  fa  fource  vers 
les  montagnes,  paflbit  auprès  de  Burtuidifum,  ôc,  ferpen- 
tant  vers  le  midi ,  ellefe  jette  dans  la  partie  feptentrionale 
du  golfe  qui  forme  la  presqu'ifle  de  Thrace.  Ce  golfe 
en  prenoit  alors  le  nom  de  Mêlas ,  comme  il  fera  die 
dans  fon  article  particulier.  Syracella  étoit  une  petite 
place  fituée  fur  cette  rivière  à  peu  de  diflance  de  fa 
fource.  Pline,/.  4.  c.  II.  parle  de  cette  rivière,  ôc  die 
qu'elle  donne  fon  nom  au  golfe  :  Flavius  Mêlas  à  quo 
Sinus  appeliatur.  Le  nom  moderne  de  cette  dernière  efl 
Sulduth.  Elle  baigne  deux  villes ,  favoir  Childique  ôc 
Ibrigé  ou  Xero.  Cette  dernière  efl  à  l'embouchure  de 
la  rivière  dans  le  golfe  de  MegariiTe. 

7.  MELAS  ,  rivière  d'Aiie  dans  la  Cappadoce.  Elle 
avoit  fa  fource  auprès  de  Mazaca  ou  Célarée  dans  la 
première  Cappadoce,  ôc,  coulant  vers  l'orient  méridional, 
elle  baignoit  Tonofa  dans  la  première  Arménie ,  dont 
elle  travet  foit  un  coin ,  ôc,  entrant  dans  la  féconde  Armé- 
nie, elle  arrofoit  Melitene  ôc  fejettoit  dans  l'Euphrate. 
Le  nom  moderne  elt  Carasou.  Voyez.  Carasou  3.  * 
ftolom.l.  $.  c.  6, 


MEL 


MEL 


8.  MELAS,  rivière  d'Afie  dans  l'Ionie.Son  vrai  nom  eft 
Mêles.  Voyez,  ce  mor. 

9.  MELAS,  rivière  d'Afie  dans  la  Pamphylie,  aux 
confins  de  la  Chlicie.  Scrabon  dit , /.  14.  p.  667.  Enfuite 
eft  la  rivière  de  Mêla  avec  un  havre.,  puis  la  ville  de 
Ptolémaïde ,  Se  enfin  le  bout  de  la  Pamphylie.  Il  couloit 
affez  près  Se  à  l'orient  de  la  ville  de  Side.  Paufanias 
dit,  Arcad.  c.  28.  L'eau,  du  Cydne,  qui  coule  aux  confins 
du  territoire  de  Tarfe,  eft  très-froide ,  de  mêmeique  celle 
du  Mêlas, qui  pafTe  auprès  de  Side  de  Pamphylie.  Zo- 
lime  dit,  l.f.c.  16.  Ils  l'enfermèrent  lui  Se  les  trois 
cens  qui  s'étoient  enfuis  avec  lui  entre  le  Mêlas  Se 
J'Eurymedon  ,  rivières  dont  l'une  a  fon  embouchure  au- 
defîiis  de  Side ,  Se  l'autre  traverfe  la  ville  d'Af pende. 

10.  MELAS,  fontaine  de  la  Lycie.  Le  grammairien 
Probus  nomme  ainfi  la  fontaine  où  la  fable  feint  que 
Latone  métamorphofa  en  grenouilles  les  payfans  qui 
vouloient  l'empêcher  de  boire.  *  Ortelii  Thefaur. 

MELAS  SINUS  ,  golfe  de  Thrace  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  même  nom.  De  l'Ifle  le  nomme  Mêlants , 
Ptolomée,  /.  $.c.  11.  Mêlas  ;  Se  c'eft  ainfi  qu'il  faut  dire, 
La  ville  de  Cardia  croit  au  fond  de  ce  golfe  ;  Se  Euftathe 
obferve  que  ce  golfe  prenoit  quelquefois  le  nom  de  cette 
ville  :  l'ifle  de  Samothraee  eft  à  l'entrée.  Il  porte  présen- 
tement le  nom  d'une  ville  fituée  tout  au  fond  ,  Se  plus 
au  nord  que  n'étoit  Cardia.  Cette  ville  s'appelle  Méga- 
riffe  &  donne  ce  nom  au  golfe.  L'ifle  de  Samandrachi, 
la  Samothraee  des  anciens,  eft  à  l'entrée. 

1.  MELAZZO,  ville  de  Sicile.  Voyez  Milazzo. 

2.  MELAZZO  ou  Melasso  ,  ville  de  la  Turquie 
en  Afie.dansla  Natolie  ,  dans  le  Mentes-lli,  au  nord- 
eft  de  Mentefe  ,  qui  donne  le  nom  à  la  province  :  elle 
eft  dans  les  terres.  Ortelius  Se  d'autres  géographes  le 
font  trompés  ,  lorsqu'ils  ont  dit  que  c'étoit  Milet  :  Spon  , 
Voyage  t.  i.p.  214.  allure  quec'eft  l'ancienne  Mylafa : 
il  trouve  beaucoup  de  conformité  entre  la  Mylasa  de 
Strabon  Se  Melazzo.  Le  temple  de  Jupiter,  quiétoit 
à  foixante  ftades  de  la  ville  ,  s'y  voit  encore  tout  entier  ; 
c'eft  un  petit  édifice  avec  quatre  colomnes  à  la  façade. 
L'autre  qui  eft  plus  vafte  Se  plus  fuperbe  eft  dédié  à 
Augufte,  comme  il  paroît  par  l'infcription  de  la  frife. 
Mais  ce  qui  eft  plus  convaincant,  c'eft  la  belle  colomne 
érigée  en  l'honneur  de  Menandcr ,  fils  d'Euthydème , 
laquelle  s'y  voit  encore;  car  Strabon,/.  14.  p.  659.  parlant 
de  Mylafa ,  dit  que  cet  Euthydeme  en  éroit  un  des  plus 
illuftres  citoyens  ;  qu'il  avoit  hérité  de  grandes  richefles 
de  Ces  ancêtres ,  Se  qu'il  étoit  fort  confidéré  ,  dans  toute 
l'Afie,  où  il  fut  honoré  des  premières  charges.  Un  certain 
Hybreas ,  à  qui  fon  père  avoit  laifTé  pour  tout  bien  un 
mulet ,  avec  lequel  il  gagnoit  fa  vie  à  porter  du  bois 
Se  à  faire  métier  de  muletier,  ne  laifTa  pas  d'étudier 
fous  Diot repliés  d'Antioche  ,  Se  y  fit  de  fi  grands  progrès 
dans  l'éloquence.qu'étant  de  retour  en  fa  patrie,  il  s'adon- 
na au  barreau ,  entra  dans  les  charges ,  Se  acquit  tanc 
d'autorité,  du  vivant  d'Euthydème,  qu'il  devint  extrême- 
ment puiffant.  Il  engagea  les  Mylafiens  à  fermer  les 
portes  de  leur  ville  à  Labiénus  ,  qui  tenoit  le  parti  de 
Caflius  ,Se  lâcha  quelques  propos  piquans  contre  Labié- 
nus  ,  qui,  pour  s'en  venger,  fe  rendit  maître  de  Mylafa, 
faccagea  la  maifon  d'Hybi  eas,qui  s'étoit  enfui, &  maltraita 
fort  la  ville.  Quelque  tems  après  Labiénus  partit  d'Afie  ; 
Hybreas  revint  chez  lui,  Se  rétablit  fes affaires  Se  celles 
de  Mylafa. 

MELCHOM  ou  MeLchon  :  Ortelius,  Thefaur.  prend 
ce  mot  pour  un  nom  de  lieu  ;  Se  cite  le  quarante-neuvième 
chapitre  de  Jérémie.  Il  fe  trompe.  Malchom  eft  ie  nom 
d'une  idole  que  les  Ammonites  adoroient ,  comme  on 
en  peut  juger  par  ces  verfets  pris  du  même  ch.  49.  v,  1. 
qu'Ortelius  a  cité.  Voici  ce  que  dit  le  Seigneur  contre  les 
enfans  à! Ammon:  Ifraè'l  ri '.z-t-il  point  d'en  fans? ou  n 'out- 
ils point  d'héritiers  ?  Pourquoi  donc  Melchom  s'eft-il  em- 
paré de  Gad  comme  de  [en  héritage  ?  G?*  pourquoi  fon 
peuple  a-t-il  établi  fa  demeure  dans  fes  villes  ?  V.  3. 

Criez.  ,  enfans  de  Rabbath parce  que  Mtlchom  fera 

emmené  Captif,  &  avec  lui  [es  prêtres  &  fes  princes. 

MELCK  Medelicum  ,  petite  ville  d'Allemagne 
dans  la  Baffe-Autriche  fur  le  Danube.  Elle  eft  ancienne 
&  a  plufieurs  chofes  qui  la  rendent  remarquable.  On 
prétend  qu'elle  portoit  autrefois  le  nom  de  Disenburg, 
Si  quelle  fut  enlevée  à  un  certain  feigneur  nommé 


*$9 

Gifon  ,  par  Léopold  ,  margrave  d'Autriche  ,  qui  conver- 
tit d'abord  le  château  en  uneéglife:  Cluvier  veut  quelle 
ait  été  appellee  Nomale  ,  ou  ,  félon  le  langage  du  pays, 
NoMALEK.d'où  le  nom  d'à  préfents'eft  formé,  par  une 
abbréviation    allez    ordinaire  parmi  toutes   les  nations'. 
Quoi  qu'il   en    foit  ,  elle  appartient  préfentement  à   là 
fameufe  abbaye  de  Bénédictins  qui  eft  bâtie -fur  la  colli- 
ne. Ce  monaltere,qui  commande  non  feulement  la  ville, 
mais  encore  route  la  campagne  des  environs ,  eft  bien 
fortifié,  év'  fe  défendit  fort  bien  en  1619.  contreTarméè 
des  états  d'Autriche  ,  qui  étoient  lignés  avec  la  Bdhênie. 
Leopold  ,  margrave  d'Autriche  ,  dont  nous  avons  déjà 
parlé  ,  en  a  été  le  fondateur ,  Se  on  y  voit  fon  tombeau  ', 
Se  celui  de  fa  femme  Richarde  ,qui  étoit  fille  de  l'cmi 
pereur   Henri.  Au  moins  c'eft  ainfi  qu'André  -Brunncr 
le  rapporte  dans  fes  annales  de  Bohême  ,  p.  690.  Cepen- 
dant LazÀus  veut  que  les  Bénédictins  n'aycilt'  été  ma 
dans  ce  lieu  qu'en  ic8f.  par  Leopold  II.  Se  Albert  Ilïi 
qui  leur  cédèrent  le  château  même  où  ils  faifoiéht  leur 
réfidence ,  Se  fe  retirèrent    dans  ceux  de  Gavfs  de  de! 
Kalenberg.  On    voit  dans  l'églife  de  cette  abbaye ,  qui 
eft  la  plus    riche  de  toute   l'Autriche,  Je  tombeau  de 
S.  Colmann,  prince  du  farig  des  rois  d'Ecoffe,  qnî,paffant 
par  l'Autriche  en  équipage  de  pèlerin  ,  qu'il  avoir  pris 
pour  fe  rendre  à  Jérufalem  ,  fut  arrêté  par  le  gouver- 
neur du  pays  ,  Se  pendu  comme  efpion.  Mais  Dieu  ayant 
pris  foin  de  faire  connoître  fon  innocence  par   divers 
miracles ,  fon  corps  fut  détaché  du  gibet.  &  porté  d'abord 
avec  pompe  dans  l'églife   de    Stcckerau  ,    d'où  il  fut 
tranfporté  l'année  fuivanre  10 15.  dans  l'églife  de  Mckk  » 
par  lévêque  d'Aichltedt  accompagné  d'un  clergé  très- 
nombreux. 

Léopold  IV.  furnommé  le  Vieux  ,  augmenta  confidé- 
rablement  les  domaines  de  ce  monaftere  ,  Se  fit  enfone 
qu'il  dépendit  immédiatement  du  faint  fiége.  Melck  pa- 
roît donc  avoir  été  la  première  réfidence  des  marquis 
d'Autriche,  qui  tinrent  enfuite  leur  cour  à  Kalenberg, 
Se  enfin  à  Vienne.  L'abbé ,  qui  en  eft  préfentement  fei- 
gneur ,  à  la  préféance  dans  toutes  les  affemblées  ou  diètes 
des  états  du  pays.  Cependant  il  s'en  faut  bien  qu'il  ne 
foit  aufii  riche  que  fes  prédéceffeurs  l'étoient  avant  les 
ravages  que  les  guerres  de  religion  Se  autres  ontoccafion- 
nés  dans  ces  quartiers.  Or,  garde ,  dans  une  des  caves 
de  l'abbaye,  du  vin  qu'on  appelle  par  excellence  le  vin  de 
S.  Colmann,  Se  qu'on  dit  être  vieux  de  trois  cens  ans.* 
Zeyler ,  Top.  Auftria% 

MELCOMB-Regis.  Voyez.  Weymout. 
MELCYNDA.  Voyez,  Meleda. 
MELDELA,  (La)  en   latin  Meldula  »  petite  place 
d'Italie  dans  l'état  de  l'Eglife  Se  dans  la  Romagne,  fur 
les  frontières  de  la  Toscane  ,  près  de  la  rivière  de  Bedefe. 
Elle  a  titre  de  principauté ,  de  eft  dans  la  maifon  de 
Pamfile ,  à  dix  milles  de  Forli  au  midi.  *  Baudrand^ 
édir.  170J. 
MELD/E  ou  MELDI.  Voyez,  l'article  Meaux. 
MELDINGEN  ,  bourg  d'Allemagne  dans  l'éleclorar 
de  Saxe  Se  dans  la  Misnie ,  fur   la  petite  rivière  d'il- 
menau.  Ce  lieu  a  été  quelque  chofe  de  plus  confidérable 
autrefois.  On   prétend  que  l'églife  qui  s'y  voit  encore 
a  été  fondée  par  Charlemagne.  Il  paroît  d'ailleurs  qu'il 
a  eu  titre  de  comté.  Quoi  qu'il  en  foit  ,  il  appartient 
préfenrement  à  la  maifon  de  Vifîhitm,  *  Zeyler ,  Topogr» 
fuper.  Saxon. 

MELDITA  ,  ville  de  l'Afrique  propre  ,  félon  Ptolo- 
mée,/. 4.  c.  3.  C'étoit  une  des  villes  méditerranées  de 
la  province  Proconfulaire.  Les  exemplaires  de  l'auteur 
cité  portent  Meldita  ou  Mentida.  MiXS~i?Ttt ou MivriS'*t 
Se ,  comme  il  y  a  eu  un  tems  où  l'on  ebangeoit  facile- 
ment le  d  en  z,  Se  que  l'on  difoit  indifféremment  Diary-> 
thos  ou  Zarithos  ,  Diabolus  Se  Zabulus ,  de  même  on 
a  dit  Meldita  Se  Melz.ua.  Pline  ,  /.  j.  c.4,.  dit  :  Melzi- 
tanum  oppidum  ,  &  la  conférence  de  Carthage  fournir 
l'évêque  Tutus ,  episcopus  plebis  Melzitanat,  La  notice 
d'Afrique  n'en  parle  point. 

MELDORFF  ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Baffe- 
Saxe,au  duché  de  Holftein,  dans  la  Dithmarfe,à  trois  milles 
de  Lunden,  à  pareille  diftance  de  Brunsbuttel  ,  Se  à  fis 
d'Itzeno&de  Rcnsbourg.  Les  géographes  du  pavslui  don- 
nent 54  d.  10.  m.  de  longitude  &  42  d.  3  2  m.  de  latitude. 
Elle  eft  ancienne,  puisqu'Adam  de  Brème  dit  que  Wil- 


MEL 


190 

lerich,éyêque  de  Brème, dans  le  tems  de  1  érection  de  Far- 
chevêchédeHambourg.prêcharévangileauxinridelesdela 
PithmarfeàMeldorffvers  l'an  8o8.Quelquesfiéclesaprès, 
les  habitans  du  pays  Te  voyant  libres ,  fortifièrent  cette 
ville  ,  de  force  que  quand  Jean  de  Danemarck  Se  le  duc 
Frédéric  de  Sleswig  voulurent  s'en  rendre  maures  en 
ijoo  ,  ils  fuient  contraints  d'en  faire  le  ùVge,  Se  la  pri- 
rent l'épée  à  la  main.  Le  roi  Frédéric  11  ,  avec  les  ducs 
Jean  Se  Adolphe  ,  &  le  comte  Antoine  d'Oldenbourg  en 
firent  aufli  le  fiége.  Il  y  a  une  allez  belle  églife  fous  l'in- 
vocation de  faint  Jean  ;  elle  eft  ilblée  Se  entourée  de 
trois  marchés,  que  l'on  diftingue  par  les  furnomsde  Sep- 
tentrional ,  Méridional  &  Occidental.  Dans  une  autre 
place  ,  vers  le  milieu  de  la  ville,  elt  une  chapelle  qui  étoit 
une  fuceurfale.  Il  y  avoit  un  monaltere  ,  que  l'on  a  con- 
verti en  mie  école  publique.  Cette  ville  étoit ,  dit  on , 
beaucoup  plus  marchande  autrefois;  mais  la  Milde, 
petite  riyiere  ,  ayant  ceffé  d'être  navigable  pour  les  bar- 
ques marchandes,  cette  petite  ville  a  dépéri.  Au  relie, 
elle  n'eft  pas  fituée  fur  la  Milde  même ,  encore  moins 
fur  le  ruiffeau  de  Niff  ,  comme  le  dit  Baudrand.  Mais 
elle  eft  à  quelque  diltance  de  la  Milde  ,  qui,  deja  groflle 
par  le  ruiffeau  de  Fiei  ,  avant  que  d'arriver  à  la  mer , 
reçoit  un  ruiffeau  ,  dont  Jean  Meyer  ne  dit  point  le 
nom.  C'elt  au  deffus  de  cette  jonction  ,  entre  le  dernier 
ruiffeau  au  midi  &  la  Milde  au  nord  ,  que  la  ville.de 
Meldorff  elt  fituée. 

1.  MELE.  Voyez.  Mêla. 

2.  MELE,  furlaSarte  ,  en  latin  Menda  fuper  Sar- 
tam  ,  bourg  dans  la  Normandie  diocèlé  de  Seez  ,  à  quatre 
lieues  de  cette  ville  au  fud-eit,  parlement  de  Rouen,  in- 
tendance Se  élection  d'Alençon.Il  eft  parlé  de  ce  lieu  dans 
I'hiltoire  de  la  translation  des  reliques  de  S.  Maur  abbé  , 
qui  y  furent  apportées  l'an  860.  pour  la  préferver  de  la 
fureur  des  Normands ,  Se  il  avoir  été  donné  à  l'abbaye 
de  Glanfueil  fur  Loire,  appellée  aujourd'hui  S.  Maur  ,  par 
le  roi  Charles  le  Chauve,  à  la  prière  d'Ebroin  ,  evèquedc 
Poitiers  ,  qui  avoit  obtenu  l'adminiftration  de  ce  mona- 
ftere.  Ce  corps  relia  un  an  &  demi  à  Mêle  dans  l'églife  de 
S.Julien,  où  il  s'opéra  plufieurs  miracles.  Outre  Sr  Julien, 
qui  forme  une  parojffe  féparée  ,  laquelle  eft  dans  le  Per- 
che  ,  il  y  en  a  une  autre  fous  le  titre  de  Notre-Dame ,  qui 
eft  aujourd  'nui  la  feule  églife  paroiffialedu  bourg.  C'elt 
celle, ci  qui  eft  dans  la  Normandie.  Elle  eft  à  la  prefenta- 
tion  du  feigneur  temporel  ;  Se  il  paroît  que  ce  n'étoit 
d'abord  qu'une  chapelle  bâtie  pour  la  commodité  des  bour- 
geois qui  étoient  éloignés  de  la  paroiffe  de  St  Julien.  On 
étoit  encore  dans  l'ufage  au  quatorzième  fiécle  ,  de  ne  les 
enterrer  qu'à  St  Julien  ,  où  le  curé  de  Mêle  fut  condamné 
de  les  porter  par  un  jugement  de  Richardde  Senrilly,  évê- 
que  de  Seez  l'an  1360.  La  terre  de  M  cl e  fur  Sarte  eft  une 
véritable  baronnie,  Se  de  celles  qui  donnent  féance  à  l'E- 
chiquier de  Normandie.  Les  premiers  feigneurs  de  Bel- 
lême  y  avoient  bâti  une  fortereffe  où  îlsentretenoient  gar- 
nifon,  ainft  qu'on  l'apprend  d'Ordene  ,  mais  on  n'y  voie 
plus  qu'un  château  moderne,  que  les  derniers  comtes  de 
Mongomery  y  ont  confirait.  Il  y  a  à  préfent  une  haute  ju- 
stice qui  s'érend  fur  cinq  paroiffes ,  Se  qui  reffortit  par  ap- 
pel au  bailliage  d'Effey.  On  ne  doit  pas  écrire  Mejlc ,  dès- 
là  que  ce  nom  vient  de  Merula. 

MELEA,  lieud'Afie  dans  la  Myfie,  vers  le  CaVque  , 
Strabon,  /.  13.  Cafaubon  croit  quec'eft  une  faute  ,  & 
qu'il  faut  lire  El.£a.  Voyez.  El/i;a  I. 

MELEABA,  ville  d  Egypte,  félon  Ortelius,  Thcfaur. 
qui  cite  le  livre  des  notices. 

MELEAGRI  VALLUM  ,  le  foffé  de  Mélêagre  ;  il  éroit 
dans  le  territoire  de  la  ville  d'Antioche  de  Syrie,  félon 
Strabon  ,  /.  16.  p.  75  1. 

MELECÉ  ou  Melecey  en  Bourgogne  ,  diocèfe  de 
Challon;  ce  village  eft  petit,  mais  il  elt  très-ancien.  Cus- 
fet,  dans  ion  hiftoiicde  Challon.donne  la  defeription  d'un 
temple  des  anciens  Gaulois ,  qui  fubfiftoit  encore  de  fon 
rems  en  ce  lieu.  Dom  Jacques  Martin  a  obfervé,  dans  fa 
religion  des  Gaulois,  que  la  figure  de  cet  édifice  tenoit 
le  milieu  enne  le  rond  &  le  carré:  ce  qui  juftife  ceux 
qui  repréfentent  ainfi  les  anciens  temples  des  Gaules.  Mar- 
loud  eft  joint  à  Melecey  dans  le  dictionnaire  univerfel  , 
qui  marque  que  ce  canton  eft  un  pays  de  montagnes  &  de 
vignes.  Ce  territoire  eft  nommé  Ager  Miliacenfis  dans 
le  teftamment  de  S.  Didier,  évéque  d'Auxerre  au  commeu- 


ME 


cernent  du  VII.  fiécle.  Ce  prélat  donna  à  fon  églife  des 
vignes  fituées  fur  les  montagnes  du  territoire  de  Mekcey , 
ïn  pjgo  Cabilo/ienfi ,.  avec  les  vignerons  Se  autres  fei  fs.  * 
Hijt.  ep.  Antijj.  Labb.  t.  1.  bibl.  rnanuj.'  Voyez  la  Reli- 
gion des  Gaulois,  t.  i.p.  239. 

MELEDA  ,  ifle  de  Dalmatie  au  golfe  de  Venife  ,  Se 
dans  l'état  de  la  petite  république  de  Ragufe.  Il  ne  faut 
pas  la  confondre  avec. Melada,  auire  ifle  dont  nous 
avons  parlé  en  fon  lieu.  Celle  dont  il  s'agit  ici  a  été  conntte 
des  anciens  fous  le  nom  de  Melita.  Voyez.  Melita  ik 
Quelques  écrivains  1  ont  nommée  Mclena  &  Melligene. 
Les  Esclavons  la  nomment  M  lit  éx;  Mliet.  Elle  a  envi- 
ron tiente  nulles  de  longueur  d'orient  en  occident  ;  fâ 
largeur  eft  varice,  pareeque  les  côtes,  fur-tout  celles  du 
nord  ,  en  font  fort  hachées.  La  mer  en  eft  poifionr.eufe  , 
Se  le  terroir  très  propre  au  vignoble  ,  d'où  l'on  tire  du  vin 
rouge  fort  violent.  Elle  produit  quantité  d'orangers  &.  de 
citronniers,  que  les  gens  de  mer  ïentent  à  quelques  milles 
de  diftance.  Mais  elle  ne  produit  pas  affez  de  grains  pour 
fes  habitans ,  qui  néanmoins  ne  pafient  guère  le  nombre 
de  deux  mille  ou  environ.  Dans  la  partie  occidentale  , 
mais  pourtant  dans  la  côte  méridionale  eft  un  port  ,  qui 
autrefois  le  fermoit  avec  une  chaîne.  Cette  précaution  eft 
devenue  inutile,  l'entrée  en  eft  préfentement  fi  rerrécie, 
qu'il  n'y  fauroit  plus  entrer  que  de  très-petites  barques. 
11  a  deux  milles  de  profondeur ,  un  de  largeur  Se  fept  de 
circuit.  De  ce  golfe  on  entre  dans  un  autre  plus  petit  qui 
n'a  que  trois  milles  de  tour.  Tous  deux  fe  rempiiilent  de 
l'eau  de  mer ,  Se  ont  quantité  de  poiffons  Se  de  coquilla- 
ges. Dans  une  anfe  de  ce  golfe  ,  fur  un  écueil ,  eft  un  mo- 
nafteie  dont  l'églife  porte  le  titre  de  FAffomption  de  la 
fainte  Vierge.  C'elt  une  abbaye  fameufe  de  Bénédictins  de 
la  congrégation  qui  en  a  pris  le  nom  de  Méleda  ,  de  la- 
quelle font  fortis  beaucoup  de  faints  Se  de  favans.  Elle 
fut  fondée  en  1 J29.  Elle  a  fon  général  particulier,  comme 
toutes  les  congrégations  de  Pordre  de  S.  Benoit.  Sur  la 
côie  feprentrionale  eft  le  Port  palais ,  Porto  Palazzo. 
11  prend  fon  nom  d'un  valle  palais  dont  il  ne  refte  plus 
que  des  ruines  ,  Se  que  l'on  croit  avoir  été  bâri  du  tems 
de  l'empereur  Sévère,  par  un  feigneur  qui  etoit  relégué 
dans  cette  ifle  Cette  ifle  fut  donnée  à  l'ordre  de  S.  Be- 
noit l'an  1  ij  1.  Ils  y  eurent  avec  le  tems  trois  abbayes  8c 
un  prieuré.  Les  habitans  de  Narenta  ôterenr  l'ifle  aux 
Bénédictins  ,  de  même  qu'ils  s'emparèrent  des  ifles  deLa- 
gofta  ,  Curfola ,  Liezina  ,  Liffa  &  Braffa.  Quelques  hifto- 
riens  Vénitiens  dilént  que  la  famille  de  Giorgi,  qui  enleva 
Curfola  aux  Narenrins ,  fe  mit  aufli  en  poffeflîon  de  Mé- 
leda ,  Se  que  par  la  paix  conclue  entre  les  Vénitiens  &  le 
roi  de  Hongrie  en  1359.  elles  furent  cédées  à  ce  roi  dans 
le  traité ,  Se  depuis  données  par  l'empereur  Sigismond 
aux  Ragufiens.  Curfola  s'affranchit  dé  leur  domination  , 
mais  Méleda  leur  relia.  L'ifle  a  fix  villages  favoir  , 


Balta  , 
Babinopoglio , 


Progiura, 
Maranovichi, 


Corita , 
Ocrilie. 


Chacune  de  ces  habitations  a  fon  églife  ;  mais  elles  font 
toutes  dirigées  par  deux  curés,  qui  four  préfentés  par  l'ab- 
bé de  Méleda  à  l'archevêque  de  Ragufe.  Les  principaux 
ports  de  l'ifle  font  dans  la  partie  qui  regarde  la  terre  fei-: 
me,  on  y  trouve 


Saplunara , 
Caméra , 


Profura , 
Soura , 


Krisgizi , 
Porto-Palazzo. 


L'ifle  eft  gouvernée  par  un  gentilhomme  qui  prend  la 
qualité  de  comte  ;  il  eft  élu  tous  les  ans  par  le  grand  con- 
feil  de  Ragufe.  Il  a  avec  lui  pour  chancelier  un  citadin  élu 
par  le  prégadi.  le  comte  a  fa  réfidence  à  Babinopoglio  , 
Se  juge  en  première  inftance  en  matière  civile  &  criminel- 
le. L'ifle  dépend  pour  le  fpiritue)  de  l'ai  chevêche  de  Ra- 
gufe. *  C  ronelli ,  Ifolario.  part.  1.  p.  160. 

MELER  ou  Maler  ,  mais  en  prononçant  l'A  comme 
les  Allemands  prononcent  leur  a  ou  l'n  des  Grecs,  ou 
comme  notre  E  long  Se  ouverr  dans  le  mot  tête.  Lac  de 
Sucde ,  entre  1  Uplande  ,  la  Weilrnanie  au  nord,&  la  Su- 
dermanie  au  midi.  Ce  lac  qui  reçoit  les  eaux  de  quantité 
de  ruiffeaux  eft  au  couchant  de  Stockholm,  capitale  du 
royaume.  Elle  s'étend  l'espace  de  quinze  milles  fuédois, 
&  eft  remplie  de  quantité  d'iflcs.Sut  fa  rive  feptentrionale 


MEL 


MEL 


on  trouve  des  places  confidérables  ,  favoîr  ,  Kong  (or 
maifon  royale,  Koping ,  Wefteraas,  Enekoing-,  ôc ,  par 
un  enfoncement  qui  avance  vers  le  nord  ,  il  communique 
à  Upfal  ôc  à  Sigtuna.  Sur  fa  rive  méridionale  font  Sôder  , 
Tàlge  ,  Mariasftred  ,  Strengnes  ,  &  Torfilia.  Kongfor  en 
occupe  l'extrémité  occidentale  ôc  Stokholm  l'orientale. 
Sa  forrie  forme  le  port  de  cette  capitale.  *  Deïljle  , 

Atlas. 

M.Baudrand  écrit  Mêler.  M.  de  l'Ifle  Maler. 

MELERAUT.  Voyez.  Mesleraut. 

MELERAY,  ou  Meillera y  ,Aîelerium,  abbaye  d'hom- 
mes en  France  de  l'ordre  de  Citeaux  ,  filiation  de  Pont- 
ron  ,  en  Bretagne ,  au  diocefe ,  ôc  à  fept  lieues  au  nord- 
eft  de  Nantes  fur  les  confins  de  l'Anjou  ,  fondée  le  j  des 
Calendes  ou  des  Nones  d'Août  de  l'an  1 130.  ou  plutôt 
1 145.  par  Hamon  Bigot  ëc  Doë  fa  femme.  Elle  vaut  à 
l'abbé  près  de  quatre  mille  livres  de  rente. 

1.  MELES  ,  petite  rivière  d'Afie  auprès  de  Smyrne 
dans  l'Ionie.  Pline ,  l.  ;.  c.  29.  en  fait  mention.  Paufanias, 
in  Acbaic.  c.  j.  dit  :  Dans  le  territoire  de  Smyrne  eft  le 
Mêles,  rivière  ti  es- agréable;  à  fa  fource  eft  une  grotte  , 
dans  laquelle  on  dit  qu'Homère  compofa  fon  poeme.  Sta- 
ce,  faifant  allufion  à  ce  rapport  d'Homère  avec  le  Mêles  , 
dit ,  Silv.l.  2.  carm.  7.  v.  34.  pour  louer  le  poe'te  Lucain  , 
qui  étoit  de  Cordouc  fur  le  fleuve  Bxtis  : 
Graio  nobilior  Melete  Bâtis. 

C'en  auffi  fur  ce  fondement  que  Tibule  dit ,  /.  4.  Eleg. 
I.  v.  200.  pour  défigner  les  vers  d'Homère  : 

PoJJè   Melet&as  nec  malltm  vinecre  Cbartas. 

Strabon,  /.  14.  p.  646,  dit  :  Le  fleuve  Mêles  coule  au- 
près des  murs  de  Smyrne.  C'eft  de  cette  rivière  que  l'on  a 
donné  à  Homère  le  furnom  de  M^lefigéne.  Voyez,  fa  vie 
par  madame  Dacier  dans  fa  traduction  de  l'Iliade. 

2.  MELES,  ville  d'Italie.  Marcellus  la  prit  fur  les  Sam- 
nites  au  rapport  de  Tire-Live,  /.  27.  c.  1.  Peut-être  doit- 
on  lire  Mêlas  à  Paccufatif,  au  lieu  de  Mêles,  &  que  c'eft 
la  même  ville  que  Mel^e  ,  ville  prife  fur  les  Samnites 
quatre  ans  auparavant,  félon  le  même  hiltorien ,  /.  24. 
c.  20. 

MELESOBE ,  liège  épiscopal  ,  dont  il  eft  parlé  dans 
les  réponfes  des  patriarches  d'Orient,  au  rapport  d'Or- 
relius  ,  Tbefaitr. 

MELESSES  ,  ancien  peuple  d'Espagne  dans  laCelti- 
bérie  ,  félon  Tire-Live ,  /.  28.  c.  3.  Ils  avoient  une  ville 
nommée  Orinx  ,  ôc  des  mines  d'argent  qu'ils  faifoient 
valoir. 

MELETI  SINUS  ,  en  grec  m^htij  ,  golfe  à  l'em- 
bouchure du  Mêles.  Il  eft  plus  connu  fous  le  nom  du 
golfe  de  Smyrne. 

MELFA ,  petite  rivière  d'Italie  au  royaume  de  Naples 
dans  la  terre  de  Labour.  Elle  a  fa  fource  auprès  d'Arpino, 
&  fejette  un  peu  au-deflbus  dans  le  Gariglan.  Son  nom 
latin  eft  Melpis. 

MELFI ,  Baudrand  dit  Melfes  ,  ville  d'Italie  au  royau- 
me de  Naples  ,  dans  la  Bafilicate.  Elle  eft  aflez  grande 
&  peuplée,  fur  un  ruiflèau  de  même  nom  ,  aux  confins 
de  la  Capiranate  &dela  principauté  ultérieure.  Elle  eft 
le  fiége  d'un  évêché  fuffragant  de  la  Cerenza  ,  mais 
exemt  de  fa  jurisdiétion;  l'évéché  de  Rapolla  lui  eft  uni 
depuis  l'an  1528.  La  ville  ell  fur  des  collines  au  pied  du 
mont  Voiture,  avec  un  ancien  château  fur  une  roche,  ôc  a 
titre  de  principauté  que  porte  la  maifon  de  Doria.  Elle 
n'eft  pas  éloignée  des  villes  de  Rapolla  &  deMonte-Verde, 
à  quatre  milles  de  l'Offante ,  ëc  a  quinze  de  Conza  à  l'o- 
rient, à  foixante  cinq  milles  de  Naples.  Melfi  fut  pres- 
que ruinée  par  un  tremblement  de  terre  ,  qui  arriva  le 
8  feptembre  1694. Il  ne  faut  pas  la  confondre  avecMEL- 
phi  ou  Amalfi  ,  vzlle  archiépiscopale  ,  fituée  dans 
une  province  différente. 

MELGAÇO ,  ville  de  Portugal  aux  frontières  de  la 
Galice,  ëc  renfermée  entre  le  Minho  ,  la  petite  .rivière 
de  Folia ,  &  de  hautes  montagnes.  C'eft  la  plus  fepten- 
trionale  des  places  que  les  Portugais  bâtirent  de  ce  côté- 
là  ,  pour  fe  mettre  à  l'abri  des  entreprifes  des  Espagnols  , 
lorsque  les  deux  nations  étoient  en  guerre  ;  mais  depuis 
que  la  paix  eft  rétablie  entre  elles ,  les  fortifications  de 
cette  ville  ont  été  fort  négligées.  *  Délices  de  Portugal , 
'  t.  j.p.  700. 

MELGUEIL.  Voyez.  Mauguio. 

MELHAN  ,  ifle  de  France  en  Bretagne  ,  fur  la  côte 


19  I 

de  Pevêché  de  Tréguier ,  &une  des  fept  ifles  que  lés  an- 
ciens ont  appcllées  Siadx. 

1.  MELIA  ,  ville  d'afiedans  la  Carie ,  félon  Etienne 
le  géographe ,  qui  cite  Hécatée. 

2.  MELIA ,  ville  de  la  Gaule ,  félon  Orteliui  ,Thi~faUï. 
qui  apporte  pour  preuve  la  vie  de  faine  Nàfâire  Si  de 
faim  Gervais. 

MELIACHI.  Voyez.  Maliaciii. 
MELIACUS.  Voyez.  Mihas. 
MELIANA  ou  Magnana.  Vvyez.  Miliane. 
MELIA POR  ou  Meliapour,  ville  de  l'Inde  en-decà 
du  Gange  ,  fur  la  côte  de  Coromandel ,  au  royaume  de 
Carnate.  C'efl  le  nom  que  lui  donnent  les  Inc.. tus.  lis 
l'appellent  encore  Maiiabouram  (  /;/  ville  de i   Paom  ,) 
parce  que  les  rois  de  cette  contrée  avoient  autrefois  pour 
armes  un  paon.  Les  Européens  l'appellent  joint  Thème' % 
à  caufe  d'une  tradition  que  nous  rapporterons  dans  la 
fuite.  Cependant  Meliapour  Se  faim  Thômé  font  deux 
villes  ,  mais  contigues  l'une  à  l'autre.  Etienne  Varjdëf- 
Hagen,  dans  fon  voyage  aux  Indes  orientales,  les  ui- 
ftingue  très  bien.  La  ville  de  faint  Thomas  ,  dit-il  ,   par 
la  faute  de  fon  traducteur,  eft  fituée  fur  le  bord  de    a 
mer  par  les  13  dcg.ee  demi  de  latitude-nord    Elle  a  de 
longueur  à  peu  près  la  portée  d'un  petit  canon.   11  y  a 
plufieurs  beaux  bâtirnens  de  pierres  liées  ëc  couvertes  de 
ciment  ;  une  églife  fort  haute  fans  clocher,  quoiqu'il  y 
ait  des  maifons  particulières  avec  des  tours.  E'ieeit  peu- 
plée de  Portugais ,  d'Arméniens  Se  de  Mçtifs.  On  voit  an 
boutfeptentrional  de  la  ville  une  montagne  allez  haute, 
où  il  y  a  une  églife  que  le  roi  de  l'ifle  a  fait  bâtir  en  l'hon- 
neur de  faint  Thomas.  Les  Portugais  y  vont  tous  les  jours 
faire  leurs  prières.  Entre  cette  montagne  &'  la  ville  eft 
une  rivière,  dont  l'embouchure  a  été  barrée  par  les  fables 
que  la  mer  y  a  fait  rouler.  Depuis  cette  rivière  barrée^ 
jusqu'à  deux  portées  de  mousquet  de  la  ville  du  côié  fcp- 
téntrional,  coule  une  autre  petite  rivière  ;  ëc  c'elt  entré 
ces  deux  rivières  qu'eft  renfermée  la  franchife  des  Por- 
tugais: car  tous  les  vaiffeaux  qui  s'arrêtent  au  delà  ,  au 
nordouaufud,  font  incontinent  faifis  par  les  habirans. 
Au  nord  de  la  pente  rivière,  efl  la  ville  de  Meliai'or 
ou  Meuapur  ,  où  demeurenr  les  Idolâtres  &  les  iViaho- 
métans.  Ils  n'ont  ni  magiftrats,  ni  loix ,  ni  police,  &c. 
Les  vents  de  fud  Se  fud-oueft  y  régnent  le  long  de  la 
côte  depuis  le  mois  d'Avril  jusqu'en  Septembre.  Le;  au- 
tres mois,  il  elt  fort  dangereux  d'y  mouiller.  Les  habirans 
font  alors  entrerieurs  petits  bâtirnens  dans  la  rivière  de 
Paleacate ,  Se  les  grands  vont  chercher  leur  charge  à  Né- 
gapatan ,  puis  ils  reviennent  à  faint  Thomas  ;  mais  ils  n'y 
font  que  quinze  jours  de  féjour.  On  peut  approcher  ,  fur 
cinqbraffes  d'eau,  iï  près  de  la  ville,qu'il  eliaiic  delà  pren- 
dre ,  étant  toute  ouverte,  fans  murailles  ëc  fans  canon-, 
pour  arrêter  les  vaiffeaux  ennemis  ;  mais  la  mer  y  bn'e 
fi  fort ,  qu'il  feroit  presqu'impofTibie  a  des  canors  de  pren- 
dre terre,  Se  ils*  feroienr  mis  en  pièces.  Les  habirans  du 
paysfe  fervent  de  canots  fort  légers  ,  qui  font  joints  Se 
affemblés  fans  côtes ,  où  il  n'y  a  point  de  bancs  ,  Se  qu'un 
coup  de  mer  jette  aifément  fur  le  rivage.  C'eft  àinfi  que 
Vander-Hagen  écrivoit  en  1606.*  Voyages  de  la  Com- 
pagnie Hoilandoife ,  t.  3.  p.  125. 

Les  François  la  fortifièrent  dans  la  fuire  ,  félon  le  père 
Bouchet,  Jéfuite(iî)  ,  qui  d'ailleurs  nous  apprend  plus 
précifément  la  latitude  de  cette  ville.  Voici  Ces  paroles, 
pri fes  de  fa  lettre  datée  du  premier  avril  1719-  Les  ob- 
servations du  peteRichaud  portent  que  la  latitude  de  S. 
Thomé  eft  de  1  3  deg.  10  min.  Saint  Thomé  étoit ,  il  n'y 
a  pas  quarante  ans  ,  une  des  plus  belles  villes  Se  des  mieux 
fortifiées  des  Indes.Elle  appartenoit  aux  Portugais  ;  mais, 
comme  ils  fe  vovoient  dépouillés  peu  à  peu  de  leurs 
principaux  états  par  les  Hollandois,  ils  prirent  le  parti 
d'abandonner  cette  place  au  roi  de  Golconde.  M.  de  la 
Haye  ,  envoyé  aux  Indes  avec  une  flotte  de  dix  vaiffeaux 
de  guerre  (François) ,  l'attaqua  &  la  prit  en  peu  d'heures  , 
au  grand  étonnement  des  Indiens.  Il  la  conferva  pen- 
dant deux  ans ,  Se  les  François  en  feroienr  encore  aujour- 
d'hui les  maîtres ,  s'il  leur  fût  venu  du  fecours  d'Europe. 
Le  roi  de  Golconde  ,  craignant  que  les  François  ne  fon- 
geaflent  à  reprendre  ce  pofte  ,  démantela  la  forterefTe  Ôc 
la  ville,  c'eit  de  ces  débris  qu'on  a  étendu  &  augmenté 
Madras  Cependant  Aurengzeb  conquit  le  rovaume  de 
Golconde  ,  Se  il  eft  aujourd'hui  le  maître  de  S.  Thomé. 


MEL 


192 

Les  Portugais  y  avoient  un  beau  quartier  ,  où  l'on  voyoit 
des  maifons  affez  agréables  Se  des  rues  fort  larges.  Cette 
partie  «toit  environnée  de  murailles  ,  Se  ils  y  avoient 
commencé  quelques  petits  battions.  Une  lettre  du  père 
Tachard  (l  )  ,  écrite  le  18  Janvier  171 1  ,  décrit    les 
montagnes  ,  dont  Vander-Hagen  ne  parle  qu'en  pas- 
sant. Ces  lieux  font  très-remarquables   par  la  dévotion 
des  Chrétiens  des  Indes,  &  parla  tradition  qu'ils  y  at- 
tachent. Il  y  a  à  faint  Thomé  un  fiége  épiscopal  ,que  rem- 
pliffoit  alors  Laynes  ,  ancien  millionnaire  de  Maduré. 
J'eus  le  bonheur ,  dit  le  père  Tachard ,  de  célébrer  le 
faint  facrifice  de  la  Mette  dans  une  chapelle  attenante  à 
la  cathédrale  ,  où  l'on  dit  que  faine  Thomas  demeura 
quelque  tems.  On  y  garde  encore  diverfes  reliques  de  ce 
grand  Apôtre,  enrr'autres  le  fer  de  la  lance  dont  il  fut 
percé ,  de  fes  ofiemens  8e  des  morceaux  de  les  habits.  Les 
principaux  monumens  de  pieté  ,  qui  attirent  en  foule  les 
anciens  6V  les  nouveaux  fidèles  de  toute  l'Inde  ,  le  voient 
au  Grand  Se  au  Petit  Mont.  On  appelle  ainfi  deux 
montagnes   éloignées  de  deux   grandes  lieues  de    faint 
Thomé.  Le  périt  mont  eft  un  rocher  fort  escarpé  de  trois 
cotés ,  ce  n'elt  que  vers  le  fud  oueit  qu'il  y  a  une  pente 
aifée.  On  y  voit  deux  églifes,  l'une  qui -regarde  le  nord 
vers  Madras  ,  Se  qui  eit  fituée  au  milieu  de  la  monragne. 
On  y  monte  par  un  degré  de  pierre  fort  fpacieux  ,  où  fe 
trouvent  deux  ou  trois  détours  qui  aboutiffent  à  une  es- 
planade de  terre  qu'on  a  faite  fur  le  rocher.  De  cette  es- 
planade on  entre  dans  l'églife  de  Notre-Dame.  Sous  l'au- 
tel ,  qui  eit  élevé  de  fept  à  huit  marches ,  cft  une  ca- 
serne d'environ  quatorze  pieds  de  largeur ,  Se  de  quinze 
à  feize  de  profondeur.  Ainfi  il  n'y  a  que  l'extrémité  occi- 
dentale qui  foit  fous  l'autel.  Cette  grotte,  ou  naturelle, 
ou  taillée  dans  le  roc ,  n'a  que  fept  pieds  dans  fa  plus 
grande  hauteur.  On  s'y  glifle  avec  affez  de  peine  par  une 
crevaffe  du  rocher  ,  haute  de  cinq  pieds ,  Se  large  d'un 
peu  plus  d'un  pied  Se  demi.  On  eft  perfuadé  que  faint 
Thomas  fe  retiroit  fouvent  dans  cet  endroit  folitaire , 
pour  y  prier.  Les  millionnaires  Jéfuites  ont  drefié  un  au- 
tel vers  l'extrémité  orientale  de  la  grotte.  C'eft  une  tra- 
dition parmi  le  peuple  ,  qu'une  espèce  de  fenêtre  d'envi- 
ron deux  pieds  Se  demi,  qui  eit  au  fud  ,  Se  qui  donne  un 
jour  fort  obfcur  à  toute  la  grotte  ,  a  été  faite  par  miracle  , 
&  que  ce  fut  par  cette  ouverture  que  le  faint  Apôtre 
fe  fauva  des  mains  du  brame  qui  le  perça  de  fa  lance  ,  Se 
qu'il  alla  mourir  au  grand  Mont ,  qui  n'elt  qu'à  une  de- 
mi-lieue vers  le  fud-oueft.  Quelques-uns  difent  au  con- 
traire qu'il  fut  bleflé  au  grand  Mont ,  tandis  qu'il  étoit 
en  prières  devant  la  croix  ,  qu'il  avoit  lui-même  taillée 
dans  le  roc  .  Se  qu'on  y  voit  encore.  (  a  )  Lettres  e'dif. 
t.  15. (M  Ihià.  t.  iz. 

De  l'églife  de  Notre  Dame  on  monte  fur  le  haut  de 
la  montagne,  où  les  pères  Jéfuites  ont  élevé  un  petit 
bâtiment.  11  eft  fondé  fur  le  rocher ,  qu'on  a  eu  bien 
de  la  peine  à  applanir  pour  rendre  ce  .petit  hermitage 
tant  foit  peu  commode.  Vers  le  fud  du  logis ,  qui  eft 
bâti  en  équerre,  eit  l'églife  de  la  Réfurrection.  On  y 
trouve  une  croix  d'un  pied  de  hauteur  dans  un  petit 
enfoncement  pratiqué  dans  le  roc ,  fur  lequel  eft  pofé 
l'autel  de  l'églife.  Cette  petite  croix  ,  qui  eft  en  relief  & 
gravée  dans  le   trou  du  rocher ,  à  la  grandeur  près , 

reflemble  tout-à-fait  à  la  croix  qui  eft  au  grand  Mont 

On  monte  à  l'églife  delaRéfureétion  par  un  grand  escalier 
de  pierres  d'une  pente  fort  roide ,  qui  prend  depuis  le 
pied  occidental  de  la  montagne  jusqu'à  une  esplanade 
carrée  qu'on  a  pratiquée  devant  la  porte  de  l'églife. 
A  côté  de  l'autel,  vers  le  fud  ,on  trouve  une  ouverture 
du  rocher  qui  a  quatre  ou  cinq  pieds  de  longueur ,  un 
pied&  demi  de  largeur  ,  &  cinq  à  fix  de  profondeur  ; 
on  l'appelle  la  Fontaine  de  faint  Thomas.  C'eft  une 
tradition  allez  commune  dans  le  pays  que  le  faint  Apôtre, 
qui  demeuroit  au  pied  du  mont ,  vivement  touché  de 
ce  que  les  peuples ,  qui  venoient  en  foule  entendre  fes 
prédications,  loumoienr  extrêmement  de  lafoif,  parce 
qu'on  ne  trouvoit  de  l'eau  que  fort  loin  dans  la  plaine  , 
fe  mit  à  genoux  dans  le  lieu  le  plus  élevé  de  la  monta- 
gne ,  qu'il  frapa  le  roc  où  il  étoit  en  prières ,  Se  qu'à  l'in- 
ftant  il  en  jaillit  une  fourced'eau  claire  qui  guériffoit  les 
malades  quand  ils  en  buvoient  avec  confiance  à  l'inter- 
ceilion  du  Saint.  Le  ruifieau  qui  paiïe  maintenant  au  pied 
du  petit  Mont ,  ne  parue  qu'au  commencement  du  fiécle 


MEL 


pafïé.  Il  fe  forma  par  le  débordement  des  eaux  d'un  étang 
éloigné  dans  les  terres ,  qu'une  forte  pluie  fit  crever  :  ce 
qui  produifit  ce  petit  canal ,  qui  ,  dans  des  tems  de  féche- 
refle  ,  n'eft  rempli  que  d'une  eau  faumache  ,  parce  qu'à 
deux  lieues  du  petit  Mont  il  communique  avec  la  mer.. 

Ce  futvers  l'an  1/51.  que  le  petit  Mont,  qui  n'étoit 
auparavant  qu'une  éminence  efearpée  de  rochers,  com- 
mença à  être  défriché  ôc  applani  pour  la  commodité  des 
péleiins,  ainfi  qu'il  eft  marqué  fur  une  grofTe  pierre 
qu'on  a  ménagée  dans  le  roc  ,  au  haut  de  l'escalier  vers 
le  nord  de  la  montagne.  L'églife  de  Notre-Dame  y  fut 
bâtie,  Si  onladonna  aux  Jéfuites  Portugais.  Ceux-ci  bâti- 
rent enfuite  le  petit  hermitage  qui  eft  au  haut  du  rocher, 
Se  l'églife  de  la  Réfurrection  où  eft  la  croix  de  pierre 
en  relief  dont  on  a  parlé 

Le  grand  Mont  n'elt  éloigné  du  petit  que  d'une  demi- 
lieue.  Je  n'ai  pas  mefuré  la  hauteur ,  dit  l'auteur  cité  ; 
mais  il  me  parut  a  l'œil  trois  ou  quatre  fois  plus  élevé 
Se  plus  étendu  que  l'autre.  11  n  y  a  pas  plus  de  cinquante 
ans  qu'il  étoit  auili  delert  que  le  petit ,  où  il  n'y  a  que 
deux  mations  au  bas  de  la  montagne  ;  aujourd  htri  les 
avenues  du  grand  Mont  font  toutes  pleines  de  maifons 
fort  agréables    qui  appartiennent   aux    Malabarcs,  aux 

Portugais  ,  aux  Arméniens,  Se  fur-tout  aux  Anglais 

Quand  les  vaifieaux  d'Europe  font  partis  du  port  de  Ma- 
dras ,  presque  la  moitié  du  beau  monde  de  cette  grande 
ville  va  palier  les  mois  entiers  dans  ce  heu  champêtre. 

L'églife  de  Notre-Dame  eft  bâtie  au  lemmer  de  la 
montagne.  C'eft,  fans  contredit,  le  monument  le  plus 
célèbre  ,  le  plus  autorifé  Se  le  plus  fréquente  par  les 
Chrétiens  des  Indes.  Ceux  qui  habitent  les  montagnes 
de  Malabar ,  y  viennent  de  plus  de  deux  cens  lieues. 

La  croix  taillée  dans  le  roc  par  faint  Thomas  cft  au- 
deffus  de  l'autel  de  l'ancienne  églife ,  qui  a  été  fort 
embellie  par  les  Arméniens,  tant  Orthodoxes  que  Schif- 
matiques ,  Se  qu'on  appelle  maintenant  Notre-Dame  du 
Mont.  Aulii-tôt  que  les  vaifieaux  portugais  ou  armé- 
niens l'appetçoivent  en  mer  ,  ou  qu'ils  fe  voient  par 
fon  travers,  ils  ne  manquent  pas  défaire  une  falvede 
leur  artillerie.  Cette  croix  a  deux  pieds  en  carré.  Les 
quatre  branches  en  font  égales.  Elle  peut  avoir  un  pouce 
de  relief,  fur  quatre  d'étendue  ,  Le  père  Kircheraécric 
qu'elle  avoit  des  paons  aux  quatre  coins.  Il  a  été  trompé 
par  de  faux  mémoires  ,  ce  font  des  pigeons, 

C'eft  une  perfuafion  générale  parmi  les  Indiens ,  foit 
Chrétiens,  foit  idolâtres,  que  cette  croix  eft  l'ouvrage 
de  faint  Thomas ,  l'un  des  douze  Apôtres  de  Jefus- 
Chrift ,  Se  que  c'eft  au  pied  de  la  même  croix  qu'il 
expira  d'un  coup  de  lance  dont  il  fut  percé  par  un 
brame  gentil.  Paroître  avoir  d'autres  fentimens  fur  la 
million  de  ce  grand  Apôtre  ,  ce  feroit  s'expofer  à  l'indi- 
gnation Se  au  reffentiment  des  Chrétiens  de  toute  l'Inde. 
(  Voyez,  l'article  Calamila).  L'auteur  parle  enfuite  des 
miracles  continuels  que  Dieu  opère  dans  cette  églife  , 
Se  des  phénomènes  furnaturels  qui  accompagnent  quel- 
quefois cette  croix  de  faint  Thomas. 

MELIAS,  campagne  de  Grèce  près. du  golfe  Malia- 
que  ,  félon  Hérodote,  /.  7.  Voyez  Maliacus  Sinus. 

MELIBOCI  CATTI.  Voyez  l'article  qui  fuir. 

MEL1BQX  A  ,  ancienne  ville  de  Grèce  dans  laTheffa- 
lie.  Homère ,    au  fécond  livre  de   l'Iliade ,  vers    ii^m 
nomme  dans  un  même  vers  Melibœe  &  Olizone.  Etien- 
ne le  géographe  les  place  dans  la  Theffalie  ;  mais  c'eft 
en  l'étendant  de  manière  qu'elle  comprit  la  Magnéfie. 
Un  paffage  de  Tite  Live  ,  /.  44.  c .  13.  nous  apprend  la 
vraie  fituation  de   cette  ville.  Avançant  plus    loin,  ils 
abordèrent  à  Ioleos  :  delà,  ayant  ravagé  la  campagne, 
ils  fe  préparèrent  à  attaquer  Démétriade.  Sur  ces  entre- 
faites le  conful  ,  qui  ne  vouloit  pas  relier  oifif  en  pays 
ennemi ,  envoya  Popilius  avec  cinq  mille  hommes  pour 
fe  rendre  maître  de  la  ville  de  Melibœe.  Elle  eft  fituée 
au  pied  du  mont  Offa  du  côté  de  la  Thefialie  ,  Se  com- 
mande la  ville  de  Démétriade.  Strabon,  /.  p.p.  676.  la 
met  dans  un  golfe. 

1.  MEL1BCÊUS  MONS  ,  ancien  nom  d'une  monra- 
gne delà  Germanie.  Céfar  ,  bell.  G  ail.  I.  6.  c.  10.  décri- 
vant la  forêt  nommée  Bacen  is,  dit  qu'elle  eft  d'une  gran- 
deur immenfe,  au-delà  du  Wefer  ,8c  qu'elle  eft  un  mur 
deféparation  entre  lesCherusques  Se  lesSueves.  Ces  Sue- 
ves  font  les  Cattes  qui  fe  fauverent  dans  cette  foret  qui 

coMvroit 


MEL 


MEL 


2.01 


couvroit  une  chaîne  de  montagnes.  Entre  ces  montagnes 
croit  celle  que  Prolomée,  Li.c.ii.  appelle  Mth&omv 
fyos  Ôc  qu'il  place  entre  le  Wefer  ôc  l'Elbe.  Le  doéte 
Spener ,  noiit .  Germ.  ant.  l.i.c.}.$ .dit  :  Une  de  ces  mon- 
tagnes que  la  forêt  Bacenis  couvroit  avoit  nom  Melibocus; 
mais  on  ne  fçait  pas  fi  ce  nom  étoit  commun  au  relie 
des  montagnes  dans  toute  l'étendue  de  cette  forêt.  Du 
relie  on  croit  que  la  forêt  Semana  étoit  contigue  ou 
presque  contigue  à  celle  de  Bacenis  ôc  au  mont  Meli- 
becus.  Il  y  a  quelquapparence  que  le  nom  de  Block- 
berg  eft  le  nom  moderne  du  Mdibocus  des  anciens. 
Il  eft  dans  le  Hurtz.,  nom  qui  conferve  encore  quel- 
que chofedu  nom  d  Hercinie.  Les  Cartes,  voifinsdu  Meli- 
bocus>  Meuboci  Catti,  étoient  les  Cattes  limitrophes 
des  Cherufques. 

2.  MELIBOEUS  MONS ,  montagne  d'Italie.  Il  y  avoit 
la  fource  du  fleuve  Orrhonte  ,  félon  Tzetzes  commenta- 
teur de  Lycophron.  *  Ortelii  Thefaur. 

3.  MELIBOEUS  ,  nom  d'un  lieu  dont  parle  Nicetas. 
Ortelius,  Thefaur.  juge  qu'il  devoit  être  quelque  part  vers 
l'Aiie  Mineure. 

MELICHUS.  Voyez.  Milichus. 

MELIDIS  SINUS.  Voyez.  Maliacus  Sinus. 

MELIDONI ,  grand  village  de  Candie  près  de  la  mer , 
à  vingt  deux  milles  de  Retimo.  Il  eft  bâti  fur  les  ruines 
d'une  ancienne  ville.  *  Tournefort, 

1.  MELIERSouMeilers  ,  bourg  de  France  dans  le 
Bourbonnois ,  diocèfe  de  Bourges  ôc  parlement  de  Paris. 
11  eft  fitué  imleruijfeau  de  Meliés,  à  demi-lieue  deGipey, 
à  deux  lieues  de  Bourbon.  Le  rerroir  eft  fertile  pour  les 
grains.  Il  y  a  un  prieuré  de  cent  livres  à  la  nomination 
du  chapitre  de  Bourbon. 

2.  MEL1ERS  ou  Maleca  ,  cap  de  l'ifle  de  Candie, 
anciennement  Cyamum ,  fuivant  Ptolomée. 

MILIEUS.  Voyez.  Maliacus  Sinus. 

MEL1FONT  ,  petite  ville  d'Irlande  dans  la  province 
de  Leinfter ,  au  comté  d'Eaftmeath.  Elle  eft  remarqua- 
ble par  le  concile  qui  y  fut  tenu  l'an  njij»  dans  le 
monaftere  de  l'ordre  de  Cîteaux.  On  y  établit  les  quatre 
archevêques d'Armach  ,  de  Dublin,  de  Cashel,  ôc  de 
'Tuam. 

MELIGUNIS.  Voyez.  Lipara  2. 

M  ELU  .habitans  de  Me  Los.  Voyez,  ce  mot. 

1 .  MELILLE ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Fez ,  dans 
la  province  de  Garet.  Elle  a  été  bâtie  par  les  Africains 
au  fond  d'un  golfe,  dont  la  pointe  du  cap  ,  que  les  mari- 
niers appellent  d'Entrefolcos  ,  eft  éloignée  de  vingt-cinq 
lieues  de  Tarfel  Cacis ,  qui  eft  fur  la  côte  du  royaume 
de  Grenade ,  à  deux  lieues  de  Motril.  Sa  fituation  eft 
dans  une  plaine;Sc  du  côté  du  couchant  elle  eft  commandée 
par  une  montagne.  Les  hiftoriens  du  pays  rapportent 
qu'elle  étoit  autrefois  la  capitale  de  la  province  ôc  la  de- 
meure du  gouverneur  ,  &  qu'on  y  comptoit  plus  de  dix 
mille  maifons.  Il  y  avoit  quantité  de  miel  ôc  de  cire  dans 
fon  territoire,  qui  eft  fqrt  grand  ,  .ôc  qui  renferme  des 
mines  de  fer  dont  on  faifoit  grand  trafic.  C'eft  de  ce  miel 
que  la  ville  a  pris  fon  nom,  puisque  Milila  veut  dire 
mielleux  en  langage  du  pays.  Les  Romains  l'ont  rendue 
îlluftre  ,  tant  qu'ils  ont  été  les  maures  de  la  Tingitane  ; 
les  Goths  l'ont  poffédée  enfuite  ;  les  Arabes  la  prirent  fur 
eux.  Par  fucceflîon  de  tems,  les  habitans  de  Melille  s'é- 
tant  adonnés  à  la  marine ,  coururent  les  côtes  de  la  Chré- 
tienté avec  des  flûtes  8c  des  galiotes,  ce  qui  obligea  les 
rois  Carholiques  d'y  envoyer  une  armée  l'an  1496  ,  fous 
les  ordres  du  duc  de  Medina-Sidonia.  Les  Melilleicns 
eurenr  recours  au  roi  de  Fez ,  qui  leur  envoya  f  00  hom- 
mes :  mais  ce  fecours  leur  paroiffant  trop  foible ,  ils  fe 
retirèrent  fur  les  montagnes.  Les  troupes  de  Fez  ,  voyanr 
que  la  ville  étoit  abandonnée  ,  percerenr  les  murs  en 
plufieurs  endroits ,  &  mirent  le  feu  aux  maifons  pour 
empêcher  les  Chrétiens  de  s'y  établir  ;  après  quoi  ils  re- 
prirent la  route  de  Fez.  Le  duc  de  Médina  ,  qui  arriva 
là-deffus ,  fit  réparer  les  brèches ,  ôc ,  renfermant  la  ville 
dans  une  plus  petite  enceinte  ,  il  y  bâtit  une  citadelle , 
qu'il  laiffa  pourvue  de  tout  ce  qui  étoit  néceffaire  pour 
la  garder.  Du  côté  de  l'orient ,  il  y  a  un  lac  qui  a  plus 
de  fept  lieues  de  circuit ,  ôc  où  mille  galères  peuvent  être 
fans  danger.  Il  vient  jusqu'à  une  demi-lieue  de  la  ville ,  ôc 
&  enfin  il  s'y  eft  fait  une  entrée  vers  la  mer  à  cinq  lieues 
de  Melille  au  pied  d'un  roc ,  qui  fait  une  chauffée  large 


d'un  trait  d'arbalète  en  quelques  endroits.  Lorsque  la 
marée  eft  balle ,  les  galères  peuvent  entrer  dans  le  lac 
l'une  après  l'autre  le  long  du  roc  >  mais  il  faut  que  le  Pi- 
lote foit  expert,  pour  en  éviter  la  pointe.  Quand  la  met 
eft  haute  ,  il  y  a  des  bancs  de  fable  qui  fe  couvrent  du. 
côté  de  l'occident ,  ôc  qui  donnent  entrée  a  plufieurs  ga- 
lères enfemble.  Si  le  vent  fouffle  avec  violence  du  côté 
du  feptentrion  ou  de  l'orient ,  la  mer  monte  dans  le  lac 
par-defîus  la  chauffée  ,  &  en  certains  endroits  il  y  demeure 
des  eaux  dans  les  creux  ,  qui  font  au  haut  de  ce  roc,  ôc 
il  s'en  fait  des  falines ,  où  les  Maures  de  lacontrée  avoient 
coutume  de  venir  prendre  du  fel  ,  dans  le  tems  que  la 
ville  étoit  à  eux.  Ils  n'en  peuvent  plus  avoir  qu'a  main 
armée,  ou  par  la  permiffion  du  gouverneur.  Les  Chré- 
tiens jouiffent  préfentement  de  ce  bénéfice.  Ces  falines 
font  à  quatre  lieues  de  la  ville  du  côté  de  l'orient.  A  une 
grande  demi-lieue  du  lac  il  y  a  une  place  forte,  nommée 
Zanguzan  ,  où  lecheriftenoit  autrefois  trois  ou  quatre 
cens  arquebufiers ,  pour  la  fureté  des  Arabes  ,  qui  pais- 
foient  leurs  troupeaux  le  long  du  lac  ,  contre  les  coin  fe* 
des  Chrétiens  §c  des  corfaires.  Les  Maures  ont  fait  plu- 
fieurs tentatives  inutiles  pour  reprendre  Melille.  Voyez, 
l'article  Rusardie.  *  Marmol ,  t.  z.  1.  4.  c.  98. 

Marmol  écrivoir  dans  un  rems  où  les  Chrétiens  poffé- 
doient  beaucoup  de  places  fur  cette  côte.  Il  les  ont  per- 
dues presque  toutes  ;  Melille  eft  de  ce  nombre. 

2.  MELILLE,  place  de  l'Amérique  ,  dans  l'ifle  de  la 
Jamaïque  ,  fur  fa  côte  occidentale  avec  un  bon  port.  Elle 
fut  ainfi  nommée  par  les  Espagnols ,  qui  la  bâtirent.  Elle 
eft  préfentement  aux  Anglois  ,  comme  toute  l'ifle.  * 
Baudrand  ,  édit.  1705. 

MELILLI  ou  Mirilli.  De  l'ifle  écrit  Mililli.  Petit 
lieu  de  Sicile  dans  la  vallée  de  Noto  ,  avec  titre  de  ba- 
ronnie,à  la  fource  d'un  ruiffeau nommé  Fiume  di  San- 
Cosmano.  Il  n'a  rien  de  commun  avec  les  ruines  de  Mé- 
gare ,  qui  font  au  bord  de  la  mer. 

MEL1LOT  ,  bourg  de  l'Amérique  ,  avec  un  royaume 
imaginaire  de  même  nom.  Voyez,  ce  qui  en  eft  dit  dans 
l'article  de  la  Caroline. 

MELINA  ,  ville  du  Péloponnèfe  dans  l'Argie,  félon 
Etienne  le  Géographe. 

MELIN  AÏS  (  Le  )  ou  Melinois  ,  abbaye  de  France  ; 
ordre  de  fainr  Augullin  ,  diocèie  d'Angers.  Le  titre  ab- 
batial a  été  uni  au  collège  de  la  Hcche.  Cette  abbaye  a 
été  fondée  par  Henri  II  ,  roi  d'Angleterre  ôc  comte 
d'Anjou  :  on  y  conferve  les  reliques  de  fainr  Renauld  , 
que  l'on   invoque  pour  être  guéri  de  la  fièvre. 

1 .  MELINDE ,  ville  d'Afrique ,  dans  l'Ethiopie  au  Zan- 
guebar ,  au  nord  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Quil- 
manci,&  à  la  diftance  d'environ  douze  lieues  marines. 
Elle  eft  capitale  d'un  royaume  de  même  nom  (a) ,  ôc 
fituée  dans  une  plaine  fort  agréable  ;  l'ancrage  en  eft  un 
peu  loin  de  la  ville  ,  à  caufe  que  du  côté  de  l'eau  elle  eft 
environnée  de  plufieurs  rochers  ,  qui  en  rendent  l'accès 
difficile.  Les  Portugais  ,  qui  font  tout  le  commerce  de 
certe  côte ,  ont  une  forrerelîe  à  Melinde ,  dont  le  roi 
réfide  à  Mombaze  (  b  )  ,•  auffi  bien  que  le  gouverneur  de 
toute  la  côte.  (  a  )  Corn.  Diér.  (  b  )  De  l'ifle ,  Arias. 

Cette  ville  eft  environnée  de  palmiers,  &  d'une  infini- 
té d'arbres  qui  portent  d'excellgis  fruits ,  entre  lesquels 
l'orange  excelle  par  la  groffeur  ôc  le  goût.  Le  millet,  le 
riz  ,  la  volaille  ,  ôc  les  beftiaux  y  font  en  abondance ,  Ôc 
à  vil  prix.  Les  rues  font  belles ,  les  maifons  bien  bâties  , 
ôc  à  plufieurs  étages  ,  avec  des  plateformes  Se  desterraffes 
au  fommet.  Les  habitans  fe  piquent  de  politeffe ,  fur-tout 
ceux  qui  font  au-deffus  du  peuple  ,  ôc  dont  l'habillement , 
depuis  la  ceinture  jusqu'en  bas  ,  eft  une  étofte  de  foie 
ou  de  coton.  Les  autres  portent  une  forte  de  jupe  fort 
courte  ;  leurs  bonnets  font  des  espèces  de  turbans  brochés 
d'or  ôc  de  foie.  Ils  ont  desépées  Se  des  poignards  Travail- 
lés avec  affez  d'art.  Les  femmes  de  Melinde  font  très- 
belles  ,  &  vêtues  fort  richement  de  la  même  forme  que 
les  hommes ,  avec  un  voile  broché  d'or  pour  toute  diffé- 
rence. *  Hernan  Lopez. ,  Conquête  des  Indes. 

2.  MELINDE  ,  (  Le  royaume  de  )  petit  pays  d'Afri- 
que ,  fur  la  côte  orientale  de  l'Ethiopie  au  Zanguebar.  Il 
eft  borné  au  nord  par  le  royaume  de  Pâté ,  ôc  comprend 
à  préfent  le  royaume  de  Mombaze ,  qui  le  bornoit  autre- 
fois au  midi.  Il  confine  au  couchant  avec  les  Moffc- 
guayes,  qui  font  des  Caffres  uès-barbares.  A  l'orient  il 

Tom.  IV.  B  b 


MEL 


2.02, 

eft  terminé  par  l'océan.  Sur  cecce  côte  eft  une  ifle  dans 
laquelle  eft  le  petit  royaume  de  Lamo.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 
3 .  MELIND£  ,  (  La  côte  de  )  partie  du  Zanguebar  fur 
la  côte  orientale  de  l'Ethiopie.  Elle  commence  un  peu 
au  delà  de  la  ligne  ,  au  midi  du  royaume  de  Pâté ,  &  s'é- 
tend le  long  de  l'Océan  jusqu'au  dixième  degré ,  où  eft  le 
cap  de  Gado.  J'ai  déjà  dit  que  les  Portugais  en  font  le 
commerce.  Le  long  de  cette  côte  il  y  a  des  ifles  fort  con- 
fidérables ,  entr'autres , 

L'iflede  Pâte  avec  le  royaume  d'AMPAZE  ,  au  midi. 
L'ifle  de  Lamo  avec  le  royaume  de  même  nom. 
L'ifle  de  Mombaze  ,  réfidence  du  roi  de  Melinde  &  du 
gouvernement  de  la  côte. 

L'ifle  &  le  royaume  de  Pemba. 
L'ifle  ôc  le  royaume  de  Zanzibar. 
eL'ifle  de  Mon  fia, 
Et  l'ifle  de  Ruiloa  où  étoitune  ville  que  l'on  a  ruinée. 

Les  principales  rivières  font  leQuilmanci ,  les  rivières 
de  Mombaze  ,  de  Cuabo ,  de  Quifima  Jugç  &  de  Mon- 
gale.  Au  midi  de  cette  côte  font  les  ifles  de  Quirimba. 

MELINOPHAGI ,  c'eft-à-dire  les  mangeurs  de  pani, 
forte  de  bled  approchant  du  millet  :  ancien  peuple  de 
Thrace  ,  félon  Xénophon.  Etienne  le  géographe  en  fait 
aufli  mention.  *  Ortelii  Thefaur. 

MELIODUNUM  ,  ville  de  la  grande  Germanie  ,  fé- 
lon Ptolomée ,  l.i.  en.  Lazius  croit  que  c'eft  Milens- 
Xo  ,  dans  la  Bohême.  Simple  conjecture. 

MELIPIA.  C'efl;  ainfi  qu'on  lit  dans  l'itinéraire  ce  nom, 
qui  doit  être  celui  d'une  place  aux  confins  de  la  Mccfie& 
de  la  Thrace.  Ce  mor  eft  ainfi  écrit  dans  l'exemplaire  du 
Vatican ,  dans  les  éditions  d'Aide ,  des  Juntes  &  de  Sim- 
1er.  Zurita  ,  fur  l'autorité  d'un  feul  manufcrit ,  change 
ce  mot  en  Meldia.  Ce  lieu  étoit  à  vingt- quatre  mihcs 
pas  de  Sardique.  *  Anton.  Itiner. 

MELIS  ,  ville  de  la  Trachinie  ,  félon  le  Scholiafte  de 
Callimaquc.  Voyez,  ce  qui  regarde  la  Melide,  au  mot  Ma- 
iiacus  Sinus.  *  Ortelii  Thefaur. 

i.MELISSA,  ancienne  ville  de  la  Libye,  félon  Hé- 
catée  ,  cité  par  Etienne  le  géographe  :  elle  donnoît  le 
nom  de  Meliss^îa  Régie  au  pays  d'alentour. 

2.  MELISSA  ,  village  du  Péloponnèfe  dans  le  terri- 
toire de  Corinrhe  ,  félon  Plutarque ,  &  Etienne  le  géo- 
graphe ,  corrigé  par  Berkélius.  *  Amator.  Narrât. 

3.  MELISSA,  village  d'Afie  dans  la  Phrygie ,  félon 
Athénée»/.  13.C.  14.  Il  dit  d'Alcibiade  :  Il  fut  inhumé 
au  village  de  Melifle  en  Phrygie ,  après  qu'il  eut  péri  par 
les  embûches  que  lui  tendit  Pharnabafe  ;  nous  vîmes  fon 
tombeau  à  Melifle ,  lorsque  nous  allions  de  Synnades  à 
Métropolis. 

4.  MELISSA  ,  en  latin  Melife  ou  Melife  ,  félon  Bau- 
drand  ,édit.  1705.  ancien  bourg  de  la  grande  Grèce.  Il 
eft  à  préfent  peu  confidérable  ,  &  fitué  dans  la  Calabre 
citérieure,  environ  à  une  lieue  de  Strongoli ,  &  à  deux 
de  la  mer  Ionienne. 

MELISSOPETRIUM,  bourg  d'Afie  en  Arménie  ,  fé- 
lon Curopalate ,  cité  par  Ortelius. 

1.  MELITA  ou  Meute,  ancien  nom  de  l'ifle  de  Mal- 
te. Les  anciens  ne  s'accordent  pas  fur  la  quantité  ,  c'eft- 
à-dire  fur  les  longues  &  les  brèves  de  ce  mot.  Ovide  dit , 
Fafi.  I.  $.v.  f6j. 

Fertilis  eft  M  élite  ,  fterili  vicina  Cojyra. 

Arator ,  poëte  Chrétien  inféré  dans  la  bibliothèque 
des  Pères ,  Se  qui  a  mis  en  vers  les  aères  des  Apôtres  ,  dit , 
cap.  28. 

Menfibus  hybernis  tribus  in  regione  Melite  , 
Midtiplicem  dat  Paulus  opem. 

Scylax  &  Ptolomée  l'ont  approchée  de  l'Afrique  ,  à 
laquelle  ils  la  donnoient  ;  au  lieu  que  les  Romains  ,  qui 
la  connoiflbient  beaucoup  mieux,  la  regardoient  comme 
une  annexe  de  la  Sicile ,  dont  elle  eft  en  effet  bien  plus 
voifine.  Sjlius  Italicus,  /.  14.  v.  2;  2.  parle  des  laines  de 
Malte  ,  &  donne  à  cette  ifle  l'épithéte  de  Lanigera.  On 
les  y  travailloit  avec  goût.  C'eft  fur  quoi  eft  fondé  ce  re- 
proche que  faic  Cicéron  à  Verres ,  d'y  avoir  occupé  pen- 


MEL 


dant  trois  ans  les  ouvriers  à  faire  un  habit  de  femme. 
Voici  le  paflage  entier ,  de  ftgnis  ,  c.  46.  Infula  eft  Melita. 
fatis  lato  ab  Sicilia  mari ,  pericidufoque  disjuntla ,  in  qua 
eodem  nomme  oppidum,  quo  ifte  (  Verres  )  numquam  ac- 
cejfa  :  quod  tamen  ifti  textrinum  ad  muliebrem  vtftem  con~ 
fiiiendam  fuit.  Il  parle  enfuite  d'un  temple  confacré  à 
Junon  ,  aflez  près  de  la  ville ,  lequel  avoit  été  pillé  par 
les  gens  de  Verres.  Voyez,  l'article  de  Malthe. 

2.  MELITA  ,  ou  Melite  ,  ou  Melitine  ,  ifle  de  1*11- 
lyrie  dans  la  Dalmatie ,  dans  le  golfe  Adriatique  :  c'eft  au- 
jourdhuiMELEDA,  ifle  appartenante  à  la  petite  république 
de  Ragufe.  C'eft  celle-là  qu'Etienne  le  géographe  place 
entre  l'Epire  6c  l'Italie ,  ajoutant  qu'elle  nourriflbit  des 
chiens  ,  connus  fous  le  nom  de  catuli  Melituà.  Cet  auteur 
dit  au  même  endroit  que  l'autre  ifle  de  Melita  ,  dont  nous 
venons  de  parler  ,  &  qui  eft  l'ifle  de  Malte ,  étoit  peu- 
plée par  une  colonie  de  Carthaginois  -,  mais  il  ne  parle 
que  de  la  ville  même  de  Malte ,  Se  non  pas  de  l'ifle. 

3.  MELITA  ou  Melite  ,  Mthh» ,  félon  Spon  ,  lifte  de 
l'Attique,  étoit  un  quartier  d'Athènes,  de  la  tribu  Cé« 
cropide ,  comme  Harpocration  &  un  marbre  qu'il  rap- 
porte ,  le  mettent.  Ce  qui ,  ajoute-t'il ,  doit  l'emporter 
fur  l'opinion  de  Stephanus  ,  qui  le  range  fous  la  tribu 
Egéïde.  (Je  trouve  dans  cer  auteur  même,  non  la  tribu 
Egeïde,  mais  l'Oeneïde.  On  peut  voir  ce  qu'en  dit  le 
Scholiafte  d'Ariftophane  fur  la  comédie  des  grenouilles: 
nous  apprenons  de  lui  qu'il  y  avoit  en  ce  lieu  un  temple 
d'Hercule.  )  Spon  continue  ainfi  :  11  y  avoit  là  un  temple 
dédié  à  Eurifaces ,  un  à  Mélanippe  •  fils  de  Théfée  ,  & 
un  à  Diane ,  furnommée  Ariftobulos  ,  où  l'on  enterroic 
ceux  qui  étoient  morts  de  la  main  du  bourreau.  Ce  tem- 
ple avoit  été  bâti  par  Thémiftocles  ,  qui  avoit  là  fon  pa- 
lais. Phofion  y  avoit  aufli  lefien ,  de  même  que  les  acteurs 
des  tragédies. 

4.  MELITA  ou  Nelite  ,  lac  de  Grèce  au  pays  des  Oc- 
niades,  félon  Strabon  ,  /.  10.  p.  459.  qui  lui  donne  trente 
ftades  de  longueur  6c  vingt  de  largeur.  Il  étoit  entre  l'A- 
cheloiis  ôc  l'Evenus,  rivières  dans  l'Etolie ,  aux  confins  de 
l'Acarnanie. 

j.  MELITA,  ancien  nom  de  l'ifle  de  Samothrace,  fe-^ 
Ion  Strabon  ,  /.  10.  p.  472. 

6.  MELITA  ou  Melite,  lieu  d'Egypte  où  l'on  rendoit 
les  honneurs  divins  au  dragon,  au  rapport  d'Elien,  Ani* 
mal.  c.  17. 

7.  MELITA  ou  Melite.  Voyez,  l'article  qui  fuit. 
MELIT.EENSES ,  peuples  de   la  Theflalie  dans  la 

Phthiotide,  félon  Strabon,/.  9.^.432.  qui  dit  que  leur 
ville  avoit  été  anciennement  nommée  Pyrrhus.  Il  la 
nomme  Malit>£A  en  un  autre  endroit  ,  p.  434.  Anto- 
nius  Liberalis  l'appelle  Melite  ;  &  pline  Melit^a.  Ce 
nom  fe  trouve  écrit  Melitara  ,  Mihndptt ,  dans  Ptolomée , 
/.  4.  c.ç).  au  lieu  de  MiXnâict,  l.  3.  c.  13. 
1  .MELITARA.  Voyez,  l'article  précédent. 
1.  MELITARA ,  ville  d'Afie  dans  la  grande  Phrygie ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  /.  5.  c.  2. 

MELITE ,  ville  d'Afie  dans  l'Ionie.  Vitruve ,  /.  4.  c.  1. 
eft  le  feul  des  anciens  qui  nous  air  fait  connoître  cette 
ville.  Cette  Melite ,  dit-il ,  à  caufe  de  l'arrogance  de  fes 
citoyens ,  qui  étoient  devenus  odieux  aux  autres  villes  de 
l'Ionie  ,  s'attira  une  guerre ,  &  elles  conjurèrent  toutes  fa 
perte  ;  ainfi  par  une  réfolution  générale  elle  fut  détruite. 
En  fa  place  la  ville  de  Smyrne  fut  reçue  entre  les  villesd'Io- 
nie  par  la  faveur  du  roi  Attale  6c  d'Arfino'e.  On  ne  dit 
point  en  quel  lieu  de  l'Ionie  elle  étoit. 

MELITEIUS  MONS  ,  montagne  dont  patle  Apollo- 
nius, Argonjiut.  I.  4.  Son  fcholiafte  dit  qu'elle  eft  dans 
l'ifle  de  Corfou.  Elle  eft  nommée  Melitium  dans  le  lexi- 
que de  Phavorin. 

MELLITELLO  ,  petite  ville  de  Sicile  dans  la  vallée  de 
Noto  fur  une  montagne ,  à  huit  milles  de  Lentini ,  &  à 
vingt  d'Agoufte  au  couchant.  *  Baudrand  ,  éd.  1705. 

1.  MELITENE  ,  ville  de  Cappadoce  &  enfuite  de  l'Ar- 
ménie. Procope ,  JEdific.  I.  3 .  c.  4.  dit  :  Il  y  avoit  dans  la 
petite  Arménie  ,  aflez  proche  de  l'Euphrate ,  un  lieu 
appelle  Melitene  ,  où  une  légion  romaine  étoit  en  garni- 
fon  ;  les  anciens  Romains  y  avoient  bâti  un  fort  carré , 
dans  unerafe  campagne,  pour  mettre  les  foldats  à  cou- 
vert ,  &  pour  ferrer  les  étendards.  Trajan  en  avoit  fait  de- 
puis une  ville  qui  eft  devenue  la  métropole  du  pays.  Com- 
me le  peuple  étoit  accru  de  telle  forte  qu'il  nepouvoit  plus 


MEL 


MEL 


iogcr  dans  le  fort ,  on  avoir  oati  à  i'entour  des  maifons, 
des  palais,  des  eglifes,  des  marchés,  des  places  publiques, 
des  gaierics ,  des  bains ,  des  théâtres ,  ôc  les  aunes  édifi 


20  s 

la  rivière   de   Lipidia  foie  d'un  lac  ,  vers  la  côte  de  la 
mer  de  Marmora.  11  y  a  dans  ce  lieu  un  évêqoe  Grec. 
MELITS,  ville  de  Pologne,  fur   la  frontière  de  la 


ces  qui  peuvent  relever  la  fplendeur  d'une  grande  ville,     grande  Pologne,  auprès  de  Frelban,  à  quarante  cinq  milles 
L'empereur  Jultinienla  mit  en  état  de  fervir  en  même      d'Allemagne  de  Brcflau. 


teins,  ôc  d'ornement,  &c  de  défenfe  à  l'Arménie.  Le 
nom  de  Melitene  a  été  connu  a  Strabon  ,  /.  12.  p.  573. 
ôc  à  Pline,/.  6-c  3.  mais  ils  ne  connoiflent  point  de 
ville  nommée  ainfi.  Ils  ne  parlent  que  d'une  contrée , 
qui  de  leur  tems  faifoit  partie  de  la  Cappadoce.  Ce 
fut  enfuite  le  nom  d'un  camp  où  avoit  fes  quartiers 
cette  même  légion,  qui ,  fous  Marc  Aurele ,  obtint  de 
Dieu  par  fes  prières  un  tonnerre  qui  ôta  la  victoire 
aux  ennemis  \  ce  qui  la  fit  furnommer  la  légion  Foudroy- 
ante. Eufebe,  /.  $-c.  5.  dans  fon  hiiloire  eccléfiafiique  , 
donne  le  furnom  de  Melitene  à  cette  légion,  Milites 
Legiunis  Melitenx.  Dion  Camus,  /.  jj.p. 564.  dit  que 
dès  le  tems  d'Auguite  la  légion  douzième  ,  furnomrrrée 
la  Foudroyante,  avoit  eu  fes  quartiers  en  Cappadoce. 
Le  P.  Haidouin  croit  que  le  pays  nommé  Melitene, 
avoit  pris  fon  nom  de  Melita  ,  ville  dont  parle  Pline, 
Se  qui  la  met  près  de  l'Euphrate  -,  ôc  ajoute  qu'elle  avoit 
été  bâtie  par  Sémiramis.  Martianus  Capella  le  dit  d'api  es 
lui. Cette  ville  efi  confuicrable  dans  l'itinéraire  d'Antonin, 
&  l'on  voit  plufieurs  toutes  qui  y  aboutifient.  A  Cocufo 
Mditenam  ,  1 42000  paf.  à  Melitene  Samofatu  ,  9 1 000 
paf.  à  Satala  Mtlueuem  ,  per  rpam ,  Samofata  itsque  , 
341000  paf.  à  C&l<ir.a  Meluemm  ,  242000  paf  Sec.  On 
ht  dans  la  table  de  Peutinger  MeUnttnis,  C'elt  une  faute. 
La  no  ice  épiscopale  d'Hiérocles  donne  Melitene  métro- 
pole de  la  féconde  Arménie. 

Cette  ville  cil  célèore  dans  l'hiftoite  eccléfiafiique. 
Outre  le  long  féjour  qu'y  fit  la  légion  Fulminante  ou 
Foudroyante  ,  les  quarante  martyrs  de  Cappadoce  qui 
étoient  de  cette  légion  y  avoient  auifi  leuts  quartiers. 
Saint  Polieucte,  qui  parte  pour  le  premier  martyr  de 
l'Arménie  ,  y  fut  marryrifé  vers  l'an  2/7.  C'elt  le  lieu 
de  la  naiiïance  de  faint  Melece  ,  dit  le  Grand ,  qui  étoit 
cvêque  d'Antioche  au  quatrième  ficelé,  &de  faint  Euthy- 
me,  auili  fumômmé  le  Grand,  archimandrite  en  Palefiine. 
11  eut  la  conduite  de  tous  les  monafieres  de  la  ville 
'ôc  du  diocèfe  de  Melitene ,  fous  les  évêques  Acacc  ôc 
Synade ,  qui  av oient  été  fes  maîtres.  La  ville  de  Melitene 
eut  pour  évêque  faint  Domitien  au  fixiéme  fiécle.  Son 
corps  y  fut  reporté  vêts  l'an  602.  C'efi  à  préfent  Mala- 
thiah.  Voyez  ce  mot.  *  Bailla,  Topograph.  des  Saints , 
pag.  306. 

2.  MELITENE,  contrée  d'Afie  dans  la  Cappadoce  , 
&  enfuite  dans  la  petite  Arménie.  Ptolomée  y  mec  les 
places  fuivantes , 

Sur  l'Euphrate, 


Dagufa , 


Zopariftus, 
Titarifius, 
Cianica , 
Phufipara , 
Eufimara , 


Sinis ,  colonie, 
Dans  les  terres. 


Melitene. 


Jaffus , 
Ciacis , 
Leugarfa  ou  Leutatfa , 
Marcala  ou  Catmala, 
Semifus. 
La  Lenefis  ou  la  Dœneris. 


MELITIA ,  ville  de  Grèce ,  félon  Thucydide ,  Elle 
étoit  a  uni.  journée  de  chemin  de  Pharfale.  Voyez.  Melit- 

T7EA. 

MELITIAS.  Voyez.  Melantias. 

MEL1TIUM.  Voyez.  Militeius  mons. 

MELITO,  ville  d'Italie  au  royaume  de  Naplesdans 
la  Calabie  ultérieure  ,  avec  un  évêché  qui  étoit  fuffra- 
gant  de  l'archevêché  de  Regio ,  mais  qui  eit  à  prefent 
exemt  de  fa  jurisdiction.  Elleeft  petite  ,  mais  bien  peu- 
plée ,  fituée  fur  une  montagne  ;  &  fut  fort  maltraitée 
par  un  tremblement  de  terre  en  1538.  Elle  n'en:  qu'à 
iept  milles  de  Nicotera^  &  à  pareille  difiance  de  la  côte 
Ce  de  Soriano ,  à  cinq  milles  de  Monteleone,  &  pres- 
qu'au  milieu  entre  Cofenza  ôc  Regio.  On  la  nomme 
aufii  quelquefois  Mileto.  *  Baitdrand  ,  éd.  1705. 

MELITOÎOLÎ,  petite  place  de  la  Turquie, dans  la 
Nacolie.dans  la  province  de  Bccfengil,  à  l'endroit  où 


MELITTA ,  vilie  fituée  au  bord  de  la  mer  Atlanti- 
que, ôc  bâtie  par  Hannon  Carthaginois,  félon  le  faux 
périple  de  Hannon. 

MELITTAA ,  ancienne  ville  de  Thefïalie ,  félon  Etien- 
ne le  géographe  &.  Polybe  ,  /.  5.  Ortelius  ,  Thefmr.  doute 
fi  elle  eit  diftérente  de  Melita  ,  dont  les  habitans  lonc 
nommés  Melit^enses.  Voyez  ce  mot,  &  de  Meiiiia., 
dont  parle  Thucydide,/.  4. 

MELITUSSA ,  ville  d'Illyrie,  félon  Etienne  le  g  :ogra* 
phe  qui  cite  le  treizième  livre  de  Polvbe  .  dont,  il  ne 
nous  relie  plus  à  préfent  que  quelques  fr.igmens. 

MELIZ1GARA  ,  place  marchande  de  i'inde,  en-deçà 
du  Gange    félon  Arricn  ,  Ptripi. 

MEL1ZIGERÏS,  viile  de  l'Inde,  au-delà  duGange,  félon 
Ptolomée  ,  1.  7.  t.  2. 
MELK.  Voyez  Melck. 
MELLA.  Voyez  Mêla. 

MELLARIA  ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Barri- 
que auprès  de  la  mer.  Pline,/.  3.C.  j.  la  nomme  immé- 
diatement api  es  Belon.  Marcien  d'Héraclée,  i'enpl.p.jo* 
la  nomme  Menlaria  i  c'elt  encorepisdansPtoloir.ee, 
/.  2.  c.  4.  qui  nomme  cette  ville  Ivïenralia.  Le  P,  Hai- 
douin dit  qu'elle  eit  entièrement  ruinée  ,  ex  que  le  lieu  où 
elle  étoit  le  nomme  prefentemenc   MUaiel'c.  Conduite 
Anglois ,  qui,  étant  en  ce  pays-  la ,  a  fait  des  recherches 
qu'il  a  communiquées  au^pubiic  ,  croit  qu'elle  etoit  fituée 
dans  le  lieu  nommé  aujourd'hui  Val  de  Vacca  ,  quin'eit, 
qu'un  village,  environ  a  une  lieue  ôc  demie  de  Tarira  vers 
l'occident ,  où  la  tradition  du  pays  veut  qu'il  y  ait  eu  une 
ville  des  plus  confidérables ,  qui  a  été  engloutie  par  la  mer. 
Le  même  auteur  appuie  fa  conjecture  fur  ce  que  ce  canton 
produit  d'excellent  miel,  ôc  ,  comme  l'ancienne  Mcllaria, 
fut  ainfi  nommée  à  caufe  de  Ion  miel  :  on  voit  aujourd'hui 
divers  lieux  fur  la  même  côte  qui  en  tirent  leur  nom  ,  com- 
me Playa  deOrimel,  Rio  de  la  Miel,  Bejer  de  la 
Miel,  ôcc*  Além.  Lit  ter.  delà  u-runde  Bret.t.  1.  p.  112. 
Corneille  dit  que  cette  ville  étoit  la  patrie  de  Pom- 
ponius  Mêla.  Il  fe  trompe.  Mêla  dit  lui-même  qu'il  étoit 
de  Tingis  en  Espagne, colonie  de  Tingis ,  capitale  de  la 
Mauritanie  Tingitane  en  Afrique.  Letce  Tingis    d'Es- 
pagne,  patrie  de  Mêla,  étoit  la  même  que  Céiraria. 

1.  MELLE,  petite  ville  d'Allemagne  au  cercle  de 
Wefiphalie ,  dans  l'évêché  d'Osnabrug  fur  la  rivière  de 
Hafe,  à  trois  ou  quatre  lieues  au  dellus  de  laville  d'Os- 
nabrug ,  félon  Baudiand,  eau.  1705. 

2.  MELLE,  en  latin  Mella  ôc  Melufum,  ville  de 
France,  dans  le  Poitou,  diocèfe  de  Poitiers  ôc  élection 
de  Saint  Maixant  au  midi.  Cette  ville  eit  le  fiége  d  une 
prévôté  royale  refiortiflante  au  bailliage  de  Sivray  donc 
elle  eit  une  des  cinq  baronnies.  Elle  eit  fituée  dans  un 
pays  plat  ;  fes  murailles  font  ruinées  ;  elle  a  deux  faux- 
bourgs  ôc  deux  paroifles ,  ôc  dans  chacune  un  prieu- 
ré fi mple  :  l'un  du  titre  de  faint  Hilaite,  valant  trois 
mille  livres  ;  ôc  l'autre  de  faint  Pierre  ,  de  trois  cens 
livres.  Les  Capucins  y  ont  un  hofpice  ;  il  y  a  un  petit 
collège  de  deux  régens ,  qui  enfeignenr  à  lire  ôc  les 
premiers  élémens  du  latin.  On  y  fabrique  beaucoup  de 
ïerges. 

3.  MELLE  ,  petite  ville  de  Barbarie  au  royaume  d'Al- 
ger ,  dans  la  province  de  Conftantine  ,  dans  le  refiort  de 
Ronne.  Elle  eit  presqu'entierement  ruinée.*/);/  Lignon^ 
Mémoires  manuferits. 

MELLEOTOKI  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  dans  la  nouvelle  France.  Elle  a  fa  fource  dans  la 
nation  des  Renards  ôc  la  nation  du  Feu  ;  & ,  coulant  vers 
l'orient ,  elle  fe  perd  dans  le  lac  des  Ilinois.  Elle  efi  fore 
petite. 

MELLI ,  royaume  d'Afrique,  dans  la  Nigritie.  Dap- 
per  ,  Afrique  ,p.  22c.  lui  marque  des  bornes  qui  ne  s'ac- 
cordenr  pas  avec  la  géographie  d'aujourd'hui.  Cette  con- 
trée ,  dit-il ,  s'étend  environ  cent  lieues  le  long  d'un  bras 
du  Niger  ,  &  a  pour  bornes  au  feptentrion  la  Guinée  , 
(ou  plutôt  le  Génoha,)au  midi  un  défert  avec  une  chaîne 
de  montagnes,  la  province  de  Cago  au  levant ,  &  l'Océan 
au  couchant.  Il  n'y  a  ,  poutfuit-il ,  qu'un  grand  village 

Tarn.  IV.  B  b  i; 


MEL 


2L04 

ou  bourg  tout  ouvert ,  de  plus  de  fix  mille  habirans ,  où 
le  feigneur  lient  la  cour ,  ôc  qui  eft  à  trente  journées  de 
Tombut.  Le  pays  abonde  en  bled  ,  en  troupeaux  Ôc  en 
coton»  ôc  les habitans font  riches  àcaufe  du  commerce. 
Ils  ont  leurs  mosquées  &  leurs  docteurs ,  qui  leur  enfei- 
gnent  l'arabe  ,  les  fciences  &-  la  religion  de  Mahomet. 
Auffi  font-ils  les  premiers  qui  ayent  embraffé  la  religion 
de  Mahomet  dans  tout  ce  canton.  Ils  avoient  été  fubju- 
gués  par  Jofeph  ,  roi  de  Maroc  ;  mais  l'an  i  j  20 ,  Yschia, 
roi  de  Tombut ,  fe  les  rendit  tributaires.  Dapper  n'a  fait 
que  copier  Jean  Léon  l'Africain  ,  qui  dit  précifément  la 
même  chofe.  Il  faut  que  depuis  ce  tems-là  le  royaume  de 
Melli  ait  changé  de  place  :  car  il  fe  trouve  préfentement 
au  midi  de  la  rivière  de  Gambie ,  ôc  même  de  celle  de 
Courbali.  11  eft  borné  au  nord-oueft  par  les  Biafares ,  au 
nord-elt  &  à  l'eft  par  les  Soufos,  au  midi  par  les  f-'elou- 
pes  du  pays  de  Serre-Lionne  ,  ôc  au  couchant  par  les 
Analous ,  ou  Mallous ,  qui  le  féparent  de  la  mer.  Peut- 
être  aurti  en  font-ils  partie  ;  car  nous  n'avons  guère  de 
relations  de  ce  pays-là  ,  qui  en  fixent  l'état  d'une  manière 
Fatisfaifante.  *  Del'I/le ,  Carte  de  Nigritie. 

MELLINGEN  ,  ville  deSuiffe  ,  au  bailliage  de  Bade  , 
au  bord  de  la  Ruiï,  fur  laquelle  elle  a  un  pont  de  bois , 
ce  qui  la  rend  un  partage  important.  Elle  a  quelques  pri- 
vilèges ,  mais  peu  confidérables.  Elle  eft  fort  petite ,  dans 
une  campagne  fertile ,  ôc  dans  une  fituation  agréable  ,  à 
deux  petites  lieues  de  Lentzbourg  ,  ôc  à  autant  de  Bade. 
Elle  eft  tombée  en  1712,  par  la  paix  d'Arau  ,  fous  la 
puirtance  de  Zurich  &  de  Berne.  Auparavant  elle  étoit 
comprife  dans  les  bailliages  communs  des  huit  vieux 
cantons.  Les  habitans  font  Catholiques.  En  1^29  ,  ceux 
de  Bremgarten  ,  de  Mellingen ,  de  Zurzech  ;  ôc  des  francs 
Bailliages  ,  abolirent  la  méfie  &  le  culte  de  PEglife  Ro- 
maine à  la  perfuafion  de  Bullinger  -,  mais  ils  changèrent 
l'an  15  3 1  ,  ôc  ayant  charte  Bullinger  ôc  les  miniftres  ,  ils 
retournèrent  à  l'ancienne  religion  ,  &  ont  perfévéré  jus- 
qu'à préfent ,  quoiqu'ils  dépendent  de  deux  cantons  Pro- 
teftans.  *  Etat  &  délices  de  la  Suijje  ,  t.  3.  p.  147. 

MELLISURG1S  ,  ancien  lieu  de  la  Macédoine  entre 
Theflalonique  Se  Apollonie,  félon  l'itinéraire  d'Antonin. 

1.  MELLO.  Ce  terme  en  hébreu  fignifie  comblé , 
rempli. 

On  appella  ainfi  une  vallée  rres-profonde  (  a  )  ,  qui 
étoit  entre  l'ancienne  ville  de  Jebus ,  ou  Jérufalem ,  ôc 
la  ville  de  David  ,  bâtie  fur  le  mont  de  Sion.  David  ôc 
Salomon  firent  combler  cette  vallée  (b  )  ,  ôc  on  en  fit 
une  place  d'aflemblée  pour  le  peuple.  Salomon  en  prit 
tnême  une  partie  ,  pour  y  bâtir  le  palais  de  fori  époufe  , 
la  fille  de  Pharaon.  Ce  fut  à  loccafion  des  travaux  que 
Salomon  fit  faire  pour  combler  Mello  ,  que  Jéroboam  , 
fils  de  Nabat ,  fe  révolta ,  &  infpira  à  fes  frères  de  la 
tribu  d'Ephraim  l'efprit  de  révolte  ,  qui  éclata  après  la 
mort  de  Salomon.  (a)  D.  Calmet ,  Diction.  (  b  )  Reg. 
1.  III.  c.  9.  v.  1  ;.  Ôc  1.  H.  c.  ;.  v.  9.  ôc  Tarai  1.  I.  c.  1 1. 
v.  8. 

2.  MELLO,  ville  de  la  Paleftine,  dans  le  voifinage 
de  Sichem.  Il  eft  dit  dans  le  livre  des  Juges ,  c.  y.v.  6. 
que  les  habitans  de  Sichem  &  ceux  de  la  ville  de  Mello 
établirent  roi  Abimelech  ,  fils  de  Gédéon.  Le  texte  hébreu 
lit  la  mai/on  de  Mello ,  au  lieu  de  la  ville  de  Mello.  Quel- 
ques uns  croient  que  Mello  étoit  un  bourgeois  de  Si- 
chem, ou  même  un  quartier  de  cette  ville.  On  ne  connoît 
point  de  ville  de  Mello  dais  la  Paleftine.  *  Dom  Calmet  3 
Diction. 

MELNICES,  place  forte  fituée  fur  une  roche,  dans 
laZagorie  ,  félon  Curopalate,  ciré  par  Ôrtelius,  Thef. 

MELN1CK ,  ville  de  Bohême ,  à  quatre  milles  au- 
dertbus  de  Prague  ,  au  confluent  de  l'Elbe  ôc  du  Muldau. 
Elle  s'appdloit  anciennement  Bizen  ,  &  a  eu  long-tems 
les  comtes  particuliers,  ôc  eft  enfin  tombé  dans  le  do- 
maine du  roi.  Ceft  une  des  villes  qui  font  afilgnées  pour 
1  entretien  &  pour  le  douaire  des  reines  de  Bohême.  Ceft 
par  cette  raifon  que  la  reine  Jeanne  ,  veuve  du  roi  Geor- 
ge ,  grande  protectrice  des  Huffites  ,  y  réfidoit  &y  mou- 
rut en  i47;.Melnick  fut  pdfe  ôc  reprife  plufieurs  fois 
durant  la  longue  guerre  de  Bohême  &  d'Allemagne.  * 
Z.eyler ,  Bonemia?  topogr.  p.  47. 

MELO  petite  ville  du  royaume  de  Portugal ,  dans  la 
Province  de  Bevra  ,  a  une  lieue  de  Linnares ,  ôc  à  quatre 
de  la  Guardia.  On  n'y  compte  que  deux  cens  cinquante 


MEL 


habitans ,  ôc  elle  n'a  pas  beaucoup  de  défenfe.  *  Cortt. 
Dict.  Defcr.  fummaria  del  Reyno  de  Portugal. 

MELOCABUS , m 

MELOCAVUS,  uthcica.voçy  ancienne  ville  de  la  grande 
Germanie  ,  félon  Ptolomée.  Quelques-uns  de  fes  inter- 
prètes croient  que  ceft  Coburg.  Cela  s'appelle  deviner. 

MELODA.  Voyez.  Molada. 

MELODUNV M.  Voyez.  Melun. 

MELOESSA  ,  petite  ifle  fur  la  côte  delà  grande  Grèce 
au  pays  des  Brutiens,  vers  le  golfe  d'Esquilache.  Ceft 
plutôt  un  écueil  qu'une  ifle.  *  Pline  ,1.  3.  c.  10. 

MELON  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Cîteaux  ,  de 
la  congrégation  de  Caftille  en  Espagne  ,  dans  la  Galice , 
au  diocèfe  de  Tuy. 

1.  MELOS,  petite  ifle  de  l'Archipel.  Le  nom  moderne 
eftMiLo.  Voyez,  ce  mot. 

2.  MELOS,  lieu  d'Afie  quelque  part  dans  la  Carie  , 
félon  Suidas ,  qui  dit  que  Termere  ,  château ,  étoit  entre 
Halicarnafle  ôc  Melos. 

3.  MELOS ,  ville  de  Theflalie  ,  ftlon  le  même  Suidas, 
qui  a  pris  cela  de  Thucydide,  /.  3.  p.  234.  Cet  auteur 
parlant  des  Meliens  ,  habitans  de  Melos ,  les  partage  en 
trois  peuples ,  qu'il  nomme  Palalii  ,  Hieri  ôc  Tra- 
chinii  ;  mais  il  parle  de  Melos  comme  d'une  ifle  ,  &  en 
nomme  les  habitans  Melienses.  Ortelius,  qui ,  à  l'excn> 
pie  de  Suidas  ,  met  une  ville  de  Melos  en  Theflalie,  in- 
dique le  douzième  livre  de  Diodore  de  Sicile  •,  mais  dans 
l'endroit  qu'il  a  en  vue ,  Diodore  paile  de  Mélos,  ifle  de 
l'Archipel.  Ortelius  dit  que  Thucydide  femble  décrire 
Melos,  ville  de  Theflalie  auprès  d'Oropus.  Comment 
cela  fe  peut-il  î  Oropus  étoit  dans  la  Béotie  fut  l'Euripe, 
à  l'orient  d'Aulide.  Comment  une  ville  de  Theflalie  au- 
roit-elle  pu  en  être  voifine? 

4.  MELOS  ,  village  de  Grèce  dans  l'Acarnanie  ,  félon 
Etienne  le  géographe  ôc  Thucydide,  /.  3.  cités  par  Or- 
telius. 

j.  MELOS.  Quelques  exemplaires  de  Pline  portoient 
Mefo  ,  dans  le  partage  où  cet  auteur  nomme  quelques  an- 
ciennes places  de  l'Euboée  ,  qui  avoient  été  autrefois  cé- 
lèbres. De  Alefo  on  avoit  fait  Melo  ,  ôc  Ortelius  a  dit ,  fur 
cette  autorité  ,  qu'il  y  avoit  eu  dans  l'Enbéc  une  ancienne 
ville  que  l'on  appelloit  Melos.  On  a  vu  depuis  qu'il  fal- 
loit  lire  Nefo.  Alors  il  s'agit  d'une  place  bien  connue, 
puisqu'elle  a  été  nommée  par  les  autres  géographes  an- 
ciens ,  Ôc  qu'elle  porte  encore  le  même  nom. 

6.  MELOS  ,  ville  fituée  à  l'extrémité  de  l'Espagne ,  au- 
près des  colonnes  d'Hercule,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  in  voce  BHA02 ,  qui  la  nomme  Belos  &  Melos , 
B«Xoç  »<Tê  m>7a«.  Il  prétend  que  ,  félon  la  véritable 
origine ,  cette  ville  a  été  nommée  des  deux  manières  : 
car ,  ajoute-t'il ,  les  anciens  appelloient  B»*oY  le  feuil  de 
la  porte  :  or  Melos  ôc  Mellaria  font  deux  villes  limées 
aux  extrémités  de  la  terre  ,  ôc  leurs  noms  ont  la  même 
lignification;  car  il  vient  d'AVo  Tw/uwhay,  c'eft-à-dirc 
des  pommes  ;  favoir ,  des  pommes  d'or  qu'Hercule  ap- 
porta, dit-on  ,  de  la  Libye.  Le  fens  de  tout  ceci  ,  c'eft 
que  la  même  ville  ,  par  rapport  à  fa  fituation  ,  peut  être 
appellée  Belos  ,  mot  qui  fignifie  le  feuil  de  la  porte  ,  ou 
l'entrée  de  la  maifon  ,  parce  qu'elle  eft  à  l'entrée  du  dé- 
troit ,  quand  on  vient  de  l'Océan  ;  &  que  par  rapporta 
Hercule  ,  on  peut  rappelle!  Melos ,  à  caufe  des  pommes 
d'or  qu'il  apporta  de  Libye.  L'auteur  fuppofe  que  mmà*  , 
des  pommes ,  eft  l'origine  commune  du  nom  de  Melos  , 
&  de  celui  de  Mellaria. 

MELOTHI  (a),  ville  d'Afie,  dans  la  Cilicie.  lien  eft 
parlé  au  liv.  de  Judith  ,  c.  1.  v.  13.  Elle  fut  prife  par  Ho- 
lopherne.  D.  Calmet  foupçonne  que  c'eft  peut-être  la 
même  que  Mallos  ou  Mallus,  dans  la  Cilicie  fur  le 
fleuve  Pyrame.  Les  habitans  de  Mallos  (  Malleu  )  fe  ré- 
voltèrent contre  Anriochus  Epiphane  (  b  ) ,  parce  que  ce 
prince  les  avoit  donnés  à  une  de  Ces  concubines.  Le  grec 
de  Judith  ne  parle  point  de  Mclothi.  (a)  D.  Calmet , 
Diction,  (b  \  I.  Machab.  c.  4.  v.  30. 

MELOUÉ,  ou  Melavê,  ville  de  la  haute  Egypte , 
fur  la  rive  occidentale  du  Nil,  presque  vis-à-vis  d'An- 
fola  ,  qui  eft  de  l'autre  côté  de  ce  fleuve ,  à  quatre  heures 
d'Infine  ,  qui  eft  l'Antinopolis  des  anciens.  Elle  eft  fort 
jolie ,  &  il  y  a  un  grand  nombre  de  Chrétiens  Cophtes. 
De  l'autre  côté  d'une  montagne  ,  qui  eft  près  de  cette 
ville,  il  y  a  beaucoup  de  monumens  antiques:  r'le  eft 


MEL 


MEL 


a/fez  peuplée.  Paul  Lucas  foupçonne  que  ce  font  peut- 
être  lesreftes  de  la  ville  de  Lycopolis,  ou  de  quelque 
autre  du  voifinage.  Le  père  Van/leb  dit  que  cette  ville  eft 
moderne  ,  que  l'ancienne  a  été  fubmergée  par  le  Nil ,  ôc 
que  le  lieu  où  elle  eft  aujourd'hui ,  étoit  une  forêt  qui 
fervoit  d'afyle  aux  voleurs.  *  Voyage  fait  en  1714,  &c. 
tom.  1.  pag.  70. 

MELPES,  rivière  de  la  grande  Grèce  ,  auprès  du  pro- 
montoire Falinure  ,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  j.  Le  nom  mo- 
derne eft  la  Mol pa  ,  rivière  du  royaume  de  Naples  ,  dans 
la  principauté  citérieure.  Voyez.  Moipa. 

MELPIA  ,  village  du  Péloponnefe  dans  I'Arcadie ,  fé- 
lon Paufanias ,  cité  par  Ortelius,  Thefaur. 

MELP1S ,  nom  latin  de  la  rivière  de  Melfa.  Voyez, 
ce  mot. 

MELPUM  ,  ancienne  ville  d'Italie  ,dans  l'Infubrie  , 
félon  Pline,  h  3.  c.  16.  Elle  ne  fubfiftoit  déjà  plus  de 
fon  tems ,  Se  il  dit  que  cette  ville  ,  qui  étoit  la  plus  riche 
de  toute  la  contrée  ,  fut  détruite  par  les  Ihfubriens ,  les 
Boiens  ôc  les  Senonois ,  le  même  jour  que  Camille  prit 
la  ville  de  Veïes ,  fur  quoi  il  cite  Cornélius  Nepos  pour 
garant.  On  foupçonne  que  c'eft  Melzo  ,  bourg  du  Mi- 
lanez»  • 

MELRICHSTATT  ,  ou  MellerstatT  ,  ville  d'Al- 
lemagne au  cercle  de  Franconie  ,  dans  l'évêché  de  Wurtz- 
bourg  ,  fur  la  rivière  de  Strat ,  entre  Fladongen,  Ofyheim, 
Romhild  &  Hilperhaufen.  Cette  ville  eit  le  chef-lieu 
d'un  bailliage,  ôc  cil  renommée  dans  l'hiftoire  par  la  ba- 
taille qui  fe  donna  auprès  de  fes  murs  entre  l'empereur 
Henri  IV  ,  ôc  Rodrlfe  ,  duc  de  Souabe  ,  en  16  40.  Des 
payfans ,  au  nombre  de  mille  hommes ,  qui  s'étoient  re- 
tirés dans  cette  ville  ,  y  firent  une  vigoureufe  défenfe, 
ôc  ne  fe  rendirent  au  général  Banier  qu'à  la  dernière  ex- 
trémité. Les  Suédois  ,  en  abandonnant  ce  lieu  ,  y  mirent 
le  feu  ôc  le  réduifirent  en  cendres.  *  Zeyler ,  Topograp. 
Francon. 

MELSUS,  rivière  d'Espagne.  Strabon  ,  /.  3.  p.  167. 
dit  qu'elle  eft  voifine  d'un  golfe  qui  fépare  l'Afturie  de 
la  Cantabrie.  CaJaubon  croit  que  c  eft  le  Mearos ,  Ms«- 
fo(  ,  de  Ptolorhée.  Ortelius  n'eft  pas  de  ce  fentiment ,  ôc 
creit  que  c'eit  le  Nelos ,  NaîXa,  de  cet  auteur. 

MELTHA,lacde  laPaleftine,  auprès  de  Tibériade 
Vers  le  midi ,  félon  Guillaume  de  Tyr.  11  le  nomme  plus 
bas  Melcha.  Il  y  a  faute  à  l'un  ou  à  l'autre,  dit  Orte- 
lius ,  Tbe/aur. 

MELTIN AS.  C'eft  le  nom  d'un  mauvais  petit  bien  , 
finie  dans  des  montagnes  roides  ôc  d'un  accès  difficile, 
entre  d'épaifles  forêts.  Il  en  eft  parlé  dans  une  lettre  de 
Paschafin  au  pape  Léon  ;  mais  on  ne  dit  point  en  quel 
pays  ce  lieu  fe  trouvoir. 

MELULE  ,  grande  rivière  d'Afrique  ,  au  royaume  de 
Fez.  Elle  fort  du  mont  Atlas ,  d'où  elle  descend  entre  Te- 
zar&  Dubudu  ,  ôc  fe  va  rendre  dans  celle  de  Mulucan  , 
félon  Marmol ,  /.  4.C.  96.  Sarifon ,  dans  fa  carte  particu- 
lière du  royaume  de  Fez,  nomme  cette  rivière  Mullu- 
lus.  Il  lui  donnedeux  fources ,  l'une  auprès  eje  Dubudu  , 
ôc  l'autre  dans  la  forêt  de  Selelga ;  ôc  la  faifanr  ferpenter 
vers  le  nord ,  le  nord-eft  ôc  Feft  ,  entre  les  déferts  de  Tes- 
rata  6V  de  Terreft ,  il  la  fait  entrer  dans  la  rivière  de  Mu- 
luya  ,  qui  eft  le /lumen  Ma/va  des  anciens,  qui  féparoit 
les  deux  Mauriranies,  la  Tingitane  ôc  la  Céfarienfe.  Leur 
confluent  eft  un  peu  au-deflbus  d'Haddagia. 

MELUN  ,  ville  de  France ,  dans  le  Hurepoix,  aux  coh- 
fins  du  Gatinois  ,  fur  la  Seine,  à  dix  lieues  au-defliisde 
Paris, &  à  quatre  au-deftous  de  Fontainebleau.  Elle  eft 
fort  ancienne  ,  ôc  fi  on  en  veut  croire  les  habitans  ,  elle  a 
fervi  de  modèle  pour  bâtir  celle  de  Paris.  Ce  qu'il  y  a 
de  confiant,  c'eft  que  la  figure  ôc  la  fituation  de  ces  deux 
villes  font  parfaitement  femblables.  La  rivière  de  Seine  y 
forme  une  ifle ,  ôc  coupe  la  ville  en  trois  parties ,  l'une  du 
côté  de  la  Brie  ,  qui  eft  la  ville ,  celle  de  l'ifle  ,  qui  eft  la 
cité ,  ÔC  celle  qui  eft  du  côté  du  Gatinois.  Quelques-uns 
ont  cru  y  trouver  les  débris  d'un  ancien  temple  d'Ifis  , 
fur  le  bord  de  l'ifle  ,  à  côté  de  l'églife  de  Notre-Dame  , 
mais  ces  débris  font  d'un  bâtiment  des  chanoines  ,  dont 
on  voit  que  l'antiquité  ne  remonte  pas  au-delà  du  roi  Ro- 
bert. C'eft  un  bâtiment  dont  il  ne  refte  plus  que  les  quatre 
murailles  ;  fa  forme  eft  un  carré  -  long.  L'églife  de  Nc- 
tre-Dame  eft  dans  l'ifle  ,  Ôc  eft  collégiale  ;  celle  de  faint 
Etienne  eft  paroiffiale.  S.  Aspais  eft  une  aûez  belle  églife 


10$ 

paroîiïîale,  fituée  auffi  dans  l'ifle.  Elle  a  pris  fon  nom  d'un 
archevêque  d'Auch  ,  mort  en  ce  lieu  l'an  j  36 , au  retour 
du  concile  d'Orléans.  La  partie  de  Melun  qui  eft  du  côté 
du  Gatinois ,  eft  de  la  paroiilè  de  faint  Amb'roife ,  6c  toute 
remplie  d'hôtelleries ,  à  caufe  du  grand  pafl'age  ôc  de  l'a- 
bord des  coches  d'eau.  Les  couvens  des  Carmes ,  des  Cor- 
dcliers  ,  ôc  de  l'abbaye  de  faint  Pierre ,  font  dans  le  faux- 
bourg. 

La  ville  de  Melun  a  été  affiégée  ôc  prife  pîufieurs  fois 
par  les  Anglois  &  par  le  duc  de  Bourgogne.  Les  Anglois 
la  prirent  par  famine  en  1419;  ils  la  gaiderent  pendant 
dix  ans  *  mais  en  1429  ,  les  habitans  les  en  chaflerent,  ôc 
y  reçurent  les  troupes  du  roi  Châles  VII,  lequel  par  re- 
connoiflànce  leur  accorda  pîufieurs  beaux  privilèges  par 
lettres  patentes  du  dernier  de  Février  de  l'an  143  2.  *  Pi* 
ganml  delà  Forte ,  Defcr.de  la  France  ,  t.  3.  p.   1 1 1. 

Il  y  a  à  Melun  deux  ponts  de  pierres  de  huit  arches 
chacun.  Le  Font  aux  Moulins  eft  ie  plus  grand  pafl'age  s 
le  peu  d'ouverture  ôc  d'élévation  de  fes  arches  le  rendent 
peu  commode.  Le  fécond  , appelle  le  Vont  au  Fruit.  Me- 
lun ,  dit  l'abbé  de  Longuerue  ,  De  fer.  de  la  F,  ance  ,  1.  p. 
pag.  28.  eft  dans  1  ancien  territoire  des  Senonois:  aufli 
eft-elle  encore  du  diocèfe  de  Sens.  La  vieille  ville  eft  dans 
une  ifle ,  ôc  eft  jointe  aux  deux  nouvelles  par  des  ponts. 
L'ancien  nom  de  cette  ville  eft  Meiodunum  ,  quoiqu'elle 
foit  nommée  Metiosedum  dans  tous  les  exemplaires  que 
nous  avons  des  commentaires  de  Céfar.  Le  traducteur 
de  la  guerre  des  Gaules  avoir  lu  Meiodunum  ,  il  l'a  mie 
dans  fa  traduction.  Cette  place,  dont  il  eft  fait  mention 
au  feptiéme  livre  de  la  guerre  des  Gaules ,  ôc  qui  étoit 
fituée  au-deflus  de  Paris  ,  dans  une  ifle  de  la  Seine  &  dans. 
le  territoire  de  Sens,  ne  peut  être  autre  que  Melun  :  Me- 
tiofedum  oppidum  Senonurn  iti  infula  Sequana  pofuum  .  ÔC 
ne  peut  être  Coibeil  ,  qui  eft  oppidum  Pariftorum  ,  ôc  non 
pas  Senonurn.  D'ailleurs  cette  place ,  appellée  Metiofe- 
dum  ,  doit  néceflairement  être  mife  au-deflus  de  Paris  , 
puisque  Labienus  conduifit  les  troupes  de  Metiofedum  à 
Paris ,  en  descendant  la  rivière ,  fecundo  flumine  transi 
ducit. 

Sanfon  ,  pourfuit  Longuerue,  a  eu  tort  de  prendre  , 
dans  fa  géographie  des  Gaules,  Metiofedum  pour  Meu- 
don  ,  qui  eft  au-deflbus  de  Paris ,  ôc  n'eft  pas  placé  dans 
une  ifle  de  la  Seine  ,  ôc  dont  l'ancien  nom  fé  trouve  dans 
Ls  vieux  titres  Medo.  L'abbé  de  Longuerue  fe  trompe  ici 
en  quelque  chofe  ;  car  il  n'y  a  que  fort  peu  de  manuferits 
où  Melun  foit  toujours  nommé  Metiofedum.  Voyez  les 
obfervations  de  Lebceuf  ,  dans  fon  recueil  de  divers 
écrits,  1738  ,  t.  1.  p.  168. 

Melun  étoit  la  patrie  de  Jacques  Amior ,  fameux  par 
fon  efprit  ,  par  fon  favoir  ôc  par  Ces  traductions. 

Il  y  a  à  Melun  un  bailliage  ôc  fiége  préfidial ,  une  pré- 
vôté ,  une  élection  ,  un  grenier  à  fel  &  une  mâréchaus- 
fée.  Le  bailliage  ôc  fiége  préfidial  eft  régi  par  une  coutu- 
me particulière ,  appellée  la  coutume  de  Melun  ,  qui  fut 
rédigée  en  1560.  Il  eft  compofé  de  vingt-cinq  officiers, 
compris  les  chefs.  Le  commerce  de  Melun  fe  fait  en  bleds, 
farines,  vins  ôc  fromages  ,  qu'on  vend  à  des  marchands 
des  environs,  ou  qu'on  transporte  à  Paris  par  la  rivière 
de  Seine.  Melun  a  fon  gouverneur  particulier ,  &  un  pré- 
vôt général  avec  un  lieutenant,  un  aflefleur  ,  un  procu- 
reur du  roi  ôc  un  greffier.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Defcr. 
de  la  France  ,  t.  3.  p.  11  3. 

MELUS,en  grec  utxQc,  forterefle  d'Afie  vers  l'Ar- 
ménie ,  félon  Curopalate  ,  cité  par  Ortelius,  Thejaur. 

MELUSSA  ,  ta»AsW«  ,  ifle  voifine  de  l'Ibérie  ,  félon 
Etienne  le  géographe,  qui  cite  Hécatee  ,  Ortelii Thef. 

MELUTO  ,  bourgade  d'Italie  ,  au  royaume  de  Na* 
pies  dans  la  Calabre  citérieure.  Quelques  uns  y  cherchent 
Temeza  ,  ville  desBrutiens.  Vuyez.  Temeza. 

MELUYA(  La),  rivière  d'Afrique,  au.  royaume  de 
Fez.  Elle  tire  fon  nom  d'une  montagne  de  même  nom  , 
qui  fait  partie  du  grand  Atlas.  Cette  montagne  eft  fort 
haute  :  on  y  trouve  quantité  de  pins  ôc  de  fapins ,  que  les 
barbares  transportent  aux  villes  pour  fervir  à  conftruire 
des  maifons  ;  c'eft-là  leur  principal  revenu.  Il  faurneceflat- 
rement  pâfler  les  montagnes  de  Meluya  ,  pour  aller  dô 
Fez  à  Tafilet.  Il  y  a  quantité  de  lions ,  de  tigres  de  fan- 
gliers  ôc  de  loups  dans  les  forêts  d'Azerot ,  de  Safaron  ÔC 
de  Beniazega.  Mouette  décrit  ,  dans  fon  hiftoire  du 
ioyaume  de  Maroc ,  la  manière  donc  on  prend  les  lions. 


206 


MEM 


MEM 


Pour  ce  qui  eft  de  la  rivière  de  Meluye,  quelques-uns 
la  nomment  Mulvya  Se  Muxvia  ,  fon  nom  latin  eft 
Malva.  De  même,  qu'elle  féparoit  à  fon  embouchure 
les  deux  Mauriranies ,  Céfarienfe  &  Tingicane  j  de  mê- 
me elle  fépare  aujourd'hui  les  royaumes  de  Fez  Se  d'Al- 
ger. Voyez.  Muluya. 

MELZITANUM  OPPIDUM  ,  ville  de  l'Afrique  pro- 
prement dite  ,  félon  Pline  ,  /.  j.<r.  4.  C'eft  la  même  ville 
queMELDiTA.  Voyez.cc  mor. 

MELZO ,  bourg  d'Italie  au  Milanez  ,  fur  le  ruiffeau 
de  Melgoba  .entre  Lodi  &  Monza,  à  quatre  lieues  de 
Milan.  On  foupçonne  qu'il  tient  lieu  de  Melpum.  Voyez. 
ce  mot.  *  Corn.  Diér. 

MEMAC,  province  d'Afie  au  Capschac.  Elle  cil  li- 
mitrophe à  celle  de  Serai  :  Se  par  conféquent  aux  envi- 
rons du  Volga.  Cette  province  avoit  fon  prince  particu- 
lier ,  comme  il  paroît  par  l'hiftoire  de  Timurbec.  /.  3. 
ch.  12.  » 

MEMACENI  ,  ancien  peuple  guerrier  Se  brave  de 
l'Afie.  C'étoit  une  nation  puilfante  ,  quelque  paît  au  voi 
finage  de  la  Perfe.  Quinte-Curfe  ,  /.  7.  c.  6.  dit  qu'Ale- 
xandre prit ,  faccagea  &  détruifre  leur  ville  jusqu'aux  fon- 
demens.  Quelques  exemplaires  portent  Mumaceni. 

MEMARMAL1S.  Orofe  donne  ce  nom,  comme  par- 
ticulier ,  a  une  partie  du  mont  Taurus.  *  Oritln  Thef. 

MEMASUM.  Voyez.  Biliga. 

MEMBLES  ,  rivière  d'Iralie  ,  félon  Lycophron, 

MEMBL1AROS  ,  ifle  de  la  Méditetranée  dans  la  mer 
de  Crète,  auprès  des  ifles  Thera  Se  Anaphe.  Etienne  le 
géographe  la  nomme  Bliaros.  Ortelii  Thefaur. 

MEMBL1S.  Voyez.  Melos. 

MEMBLOSITANUS  .  Memblositensis  ,  Membro 
sitanus  Se  Membressitanus.  Dans  la  conféience  de 
Canhage  ,  on  voir  deux  éveques  Catholiques ,  l'un  qua- 
hhcp.tbis  Mcmbreffuanx  episcopus  ;  l'autre, plcbis  Msm- 
falofitans,  ep'ncopus.  Le  premier  eft  Gennadius,  à  qui  Re- 
ftitutus  etoit  oppofé  ,  &  le  fécond  Theafius  ,  qui  n'avoit 
point  d'adverfa:re.  La  notice  des  évêchés  d'Afrique  écrie 
Membro fu anus  ou  Membrefitanus  ,  comme  porte  le  ma- 
nuferit  d'Haller  ,  Se  en  fait  un  évêché  de  la  province  pro- 
confulaire. Parce  que  ,  dit  l'anonyme  de  Ravenne ,  on 
doit  conclure  qu'il  cïï  queftion  de  deux  évêchés  diftincts. 
Dans  le  livre  troifieme,  il  met  Membrisca  au  nombre 
des  villes  de  la  province  proconfulaire,  &  dans  le  même 
livre  ,  il  fait  mention  d'une  autre  ville  qu'il  nomme  Mem- 
8ro  La  table  de  Peutinger  connoît  Aîembriffa  Se  Mcm- 
brio.  La  première  elfc  certainement  une  ville  de  la  pro- 
vince proconfulaire  j  Procope  la  place  à  trois  cens  cin- 
quante ftades  de  Carthage ,  Se  parmi  les  villes  qui  appar- 
tiennent à  cette  province.  De  plus  le  nom  de  Victor ,  épis- 
çopus  ecclefiA  Membreffitana ,  fe  trouve  parmi  les  figna- 
tures  dans  une  lettre  des  éveques  de  la  province  procon- 
fulaire. Lucius  à  Membreffa  ailifta  au  concile  de  Car- 
thage fous  S.  Cyprien  ,  Se  Paschafius  MembreJJitanus  fe 
trouva  au  concile  de  Carthage  fous  Boniface.  A  l'égard 
de  Membros  a  ,  comme  écrit  la  notice  des  éveques  d'A- 
frique ,  ouMemblosa  ,  comme  porte  la  conférence  de 
Carthage  ,  ou  Memlo  ,  ou  Membro  ,  comme  lit  l'iti- 
néraire d'Antonin  :  elle  appartenoit  aufîi  à  la  province 
proconfulaire  ,  quoique  l'anonyme  de  Ravenne  place 
Membro  au  nombre  des  villes  de  la  Numidie. 

MEMBRESA  1    T,        ,. 

MEMBRO       J        yez-  Memblositanus« 

MEMEL.  Voyez.  Memmel. 

MEMERS.  Voycz.MAJAi.TKS. 

MEMIGERNA-FURDENSIS.  Voyez  Mimidonen- 

SIS. 

MEMINI  ,  peuple  de  la  Gaule  Narbonoife.  Pline ,  /. 
5.  c.  4.  donne  ce  nom  aux  habitans  de  la  ville  &  du  ter- 
ritoire de  Cavpentras  ;  Ptolomée,  /.  2.  c.  10.  les  nomme 

MEMMA  ,  ifle  dont  Jornandes  donne  la  deferiprion. 
Guillaume  Cambden  dit  que  c'eft  la  Chcrfonnèfe  de  Tille 
d'Albion  ,  appellée  aujourd'hui  Meneg.  Voyez.  Mona. 
*  Ortelii  Thefaur. 

i.MEMMEL.  Les  Allemans  appellent  ainfi  la  rivière  de 
Niémen.  Voyez,  ce  mor. 

2.  MEMMEL ,  Memelia  ,  ville  &  fonereffe  du  royau- 
me de  Pruffe ,  appellée  dans  le  pays  Cloupede.  L'une  & 
l'autre  font  placées  à  la  pointe  la  plus  feptentrionale  du 


Curisch-haff,  Se  a  l'on  encrée  dans  la  mer  Baltique.  Cette 
ville  ,  qui  avoit  été  bâtie  en  i2;o  ,  fut  dépendante  de  la 
Livonie  jusqu'en  13  28,  que  les  chevaliers  établis  en  Li- 
vonie ,  la  donnèrent  à  ceux  de  Pruffe  ,  desquels  elle  a 
paIVé  aux  ducs  de  Pruffe,  Se  éle&eurs  de  Brandebourg. 
Les  Suédois  y  ont  fait  quelque  féjour.  Adam  Olcarius 
rapporte  ,  dans  fon  voyage  oriental,  qu'ils  y  étoient  en- 
core Tan  163 j  ,  Se  qu'ils  avoient  une  bonne  garnifon 
dans  le  fort  à  quatre  battions.  Quoiqu'elle  ait  fore  foiiffert 
par  les  guerres  ,  elle  a  encore  été  plus  endommagée  par 
des  accidens.  Un  incendie  la  ruina  tellement  en  1540, 
qu'il  n'en  reita  pour  lors  que  fix  maifons.  *  Ztyler ,  lruff. 
Topogr. 

MEMiMINGEN,  ville  d'Allemagne  ,  dans  l'Algcw  » 
qui  fait  partie  de  la  Soi  abc.  Elle  eit  du  nombre  des 
villes  impériales,  &  fournit  .pour  fon  mois  romain  qua- 
tre cavaliers  Se  cinquante  fantaflins ,  ou  deux  cens  qua- 
rante-huit floiins.  un  prétend  que  Ion  nom  ,  qui  paroît 
êere  l'abrégé  du  mat  Mannménge  ,  lui  eit  venu  de  la 
quantité  de  les  habitans.  tlie  eh  iitaée  à  fix  lieues  d'UIm , 
Se  à  dix  d'Augsbourg  ,  dans  une  plaine  très  fertile  Se  très- 
agréable.  Son  enceinte  n'eit  guère  moindre  que  celle 
d'Ulm.  Les  marions  y  font  fort  proprement  bâties  ,  & 
les  rues  y  lont  toujours  entrerem.es  dans  une  grande  net- 
teté. Sun  confeiî  de  régence  eft  pris  d'un  certain  nombre 
des  plus  anciennes  familles  du  lieu  ,  qui  profeffenc  la  re- 
ligion Luthérienne.  Cette  ville  peur,  en  vertu  d'un  pri- 
vilège impérial ,  accordé  en  1471  ,  donner  afyle  à  ceux 
qui  font  mis  au  ban  de  l'Empire.  On  y  fait  de  très-bon 
papier  ,  de  la  toile  Se  quelques  écoties ,  qui  rendent  fou 
commerce  allez  floriffant.  11  y  a  encore  quelques  couvens 
de  l'un  &  de  l'autre  fexe.  Les  Luthériens  en  ont  les  deux 
principales  égiiles,  qui  lont  celles  de  faim  Martin  Se  de 
Notre-Dame  ,  avec  un  fort  beau  coliége.  La  ville  a  deux 
hôpitaux  au-dedans  de, fon  enceinte,  &  hors  des  murs 
deux  autres,  qui  fone  principalemenc  pour  les  peftiféiés 
Se  aunes  fortes  de  malades  qu'il  convient  d'éloigner  des 
villes.  Il  y  a  àuffi  une  Charrreufe  fort  près  des  murs  ,  qui 
porte  le  nom  de  Buchsheim.  Avant  que  Memmingen  fût 
ville  impériale  ,  elle  a  appartenu  aux  comtes  de  Hergow  , 
aux  Guelphes  Se  aux  Bavarois.  En  1634,  elle  fur  prife 
par  les  Suédois  ,  Se  fut  fujette  àdiverlcs  viciffitucks.  * 
Zcyler ,  Topogr.  Suevia?. 

MEMNIUM  ,  ou  Mennium.  Quinte  Ctirfe  ,  /.  j.  cl 
I.  fait  entendre  que  c'étoit  une  ville  d'Afiyrie.  11  ajoute 
qu'on  y  voyoic  dans  une  caverne  la  fameufe  fontaine , 
qui  jettoic  le  bitume  en  fi  grande  quantité  ,  qu'on  tenoic 
que  les  murs  de  Babylone  ,  Tune  des  merveilles  du  mon- 
de ,  avoient  été  bâtis  avec  ce  ciment.  Modius  ,  au  lieu 
de  Memnium  ,  lit  Memnis.  Orrelius ,  Thefaur.  croit  qu'il 
fauc  lire  Mernnonium  ,  Se  Vaugelas  traduit  Memnis. 

MEMNOM.  Comme  ce  mot  eft  écrit  en  lettres  capi- 
tales dans  quelques  exemplaires  de  Ptolomée ,  Ortelius 
a  cru  que  c'étoit  le  nom  d'un  canton  ,  ou  Nôme  ,  où  étoit 
le  palais  du  roi  Memnon  avec  fa  ftatue.  Il  rapporte  di- 
vers témoignages  pour  confirmer  fon  fenriment  ;  mais 
ces  témoignages  ne  difenr  autre  chofe  ,  finon qu'il  y  avoic 
un  palais  royal  à  Abydus  Se  àThcbes  ,  Se  dans  eette  der- 
nière ville  une  ftatue  mervcilleufc.  Diodore  de  Sicile  ,/.  2. 
c.  22.  à  la  vérité  nous  apprend  que  dans  1  Egypte  Se  aux 
confins  de  l'Ethiopie  il  y  avoit  de  vieux  palais  ,  qu'on  ap- 
pclloit  Memnonia  ;  mais  on  n'en  peut  pas  conclure  que 
le  Memnon  ,  que  Ptolomée  place  après  la  ville  deTen- 
tyrafûtun  Nome:  ce  n'étoit  qu'un  lieu  dépendane  du 
Nôme  de  Tentyre  ,  de  même  que  le  village  de  Tathyris. 
Strabon  ,  /.  17.  p.  8 1 6.  qui  appelle  ce  lieu  Mernnonium  , 
achevé  de  lever  la  difficulté  ,  en  parlant  de  la  ville  de 
Thebes,  qui  étoir autrefois  extrêmement  grande:  Aujour- 
d'hui ,  dit  il ,  elle  eft  partagée  en  villages ,  dont  une  par- 
tie fe  trouve  dans  l'Arabie.  . . .  l'autre  au-delà  du  fleuve  ; 
Se  c'eft  là  qu'on  voie  Mernnonium.  Ce  géographe  ajoute 
qu'il  y  avoit  eu  deux  coloffes ,  qui  furent  mis  en  pièces  , 
ou  par  un  tremblement  de  terre  ,  ou  par  Cambyfc.  * 
Cellar.  Geogr.  ant.  1. 4.  c.  1. 

MEMNONES.  peuples  d'Ethiopie  fous  l'Egypte ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  4. c.  8.  qui ,  de  même  qu'Agarhamerus, 
geogr.  I.  2.  c.  c.  les  place  près  de  Méroé.  Pline  &  Etienne 
le  géographe  connoiffent  auffi  ces  peuples.  Ortelius  , 
Thefaur.  foupçonne  que  ce  font  eux  que  Sidonius  Apol- 
linaris  appelle  Memnones  Indos. 


MEN 


MEN 


MEMNONII  MURI.  Paufanias ,  /.  4.  c.  3 1.  dit  qu'il 
n'a  jamais  vu  ces  murs ,  qui  croient  à  Suze  en  Perfe ,  Se 
que  perfonne  ne  lui  avoir  pu  dire  comment  ils  étoient 
faits. 

MEMNONIS  PAGUS ,  bourgade  de  la  Troade  :  Stra- 
bon, /.  13.  p.  j$7.  la  met  au  voiiinage  du  fleuve  /£fa- 
pus. 

1.  MEMNONIS  SEPULCRUM  ,  ce  lieu ,  félon  Stra- 
bon  ,  étoit  dans  la  Troade ,  fur  une  colline  de  même 
nom  au-deflus  du  fleuve  ^Efapus. 

2.  MEMNONIS  SEPULCRUM.  Jofeph.  B ell.  Jud. 
I.  2.  c.  9.  place  ce  lieu  dans  la  Phénicie ,  auprès  du  fleuve 
Belus. 

MEMNONIS  TUMULUS.  Voyez.  Memnonis  se- 

PULCRUM. 

MEMNONIA.  VoyezSvzE  8c  Leophora. 

MEMNONIUM.  C'étoit  le  nom  de  la  forterefle  de 
Suze  dans  la  Perfc ,  félon  Strabon  ,  /.  15.  p.  728.  Voyez. 
Memnon.      ^ 

MEMORLE  FLUVIUS.  Il  y  a,  dit  Pline,  /.  31.  c. 
1.  dans  la  Béotie  ,  ptès  du  temple  du  dieu  Traphonius , 
&au  voifinage  du  fleuve  Orchomenus  >  deux  fontaines , 
dont  l'une  donne  la  mémoire  ,  l'autre  l'oubli ,  8c  elles 
tirent  leur  nom  de  ces  propriétés.  Celle  qui  donnoit  la 
mémoire  ,  s'appelloit  Mr^oa-tW ,  Mnemofynes  ,  celle 
qui  donnoit  l'oubli ,  fe  nommoit  AnÔK  ,  Letbé. 

MEMPHIS  ,  ville  d'Egypte  à  quinze  milles  au-deffus 
de  la  féparation  du  Nil ,  ou  du  commencement  du  Del- 
ta  ,  fur  la  rive  gauche  de  ce  fleuve,  8c  la  capitale  du  No- 
me auquel  elle  donnoit  fon  nom.  Cette  ville  ,  nommée 
en  hébreu  Noph  ou  Moph  ,  ou  Migdol  &  Menuf  par- 
les Egyptiens  ,  étoient  anciennement  très-célèbres  (a). 
Amfus  ,  la  première  ville  royale  d'Egypte  ,  ayant  été  dé- 
truite par  les  eaux  du  déluge  ,  félon  le  témoignage  de 
Macrifi  ,  les  descendans  de  Noé  bâtirent  Menuf  ou 
Memphis ,  qui  fut  le  fiége  des  rois  Coptes  ,  jusqu'à  ce 
que  Nabuchodonofor  l'eût  ruinée.  Les  prophètes  (  b  ) 
parlent  fouvent  de  Memphis.  Ils  prédifent  les  malheurs 
qu'elle  fouffrit  de  la  part  des  rois  de  Chaldée  8c  de  Perfe  ; 
&  ils  menacent  les  Ifra'élites ,  qui  fe  retirent  en  Egypte , 
ou  qui  ont  recours  aux  Egyptiens  ,  de  les  faire  périr  dans 
ce  pays.  Ezéchiel  dit  que  le  Seigneur  fera  périr  les  idoles 
de  Memphis.  Memphis  fut  rétablie  après  que  Nabucho- 
donofor l'eut  ruinée  -,  car  du  tems  de  Strabon  elle  étoit 
grande ,  peuplée  ,  8c  la  féconde  ville  d'Egypte  après 
Alexandrie. 

Onvoyoitdans  Memphis  plnfieurs  temples  magnifi- 
ques, entr'autres  celui  d'Apis,  qui  étoit  honoré  d'une  ma- 
nière particuliete  (c).  On  croit  en  Egypte  que  Gize  eft 
bâtie  fur  les  ruines  de  l'ancienne  Memphis  ■■,  mais  ce  n'eft 
que  parce  que  cette  ancienne  ville  étoit  bâtie  fur  les  bords 
du  Nil  du  côté  des  pyramides  ,  comme  l'eft  aujourd'hui 
la  ville  de  Gize.  On  n'y  trouve  aucun  monument  antique, 
qui  autorife  cette  opinion ,  8c  Gize  eft  fans  doute  une 
ville  très-moderne ,  en  comparaifon  de  l'ancienne  Mem- 
phis. (a)  Le  P.  Vansleb  ,  Relation  d'Egypte  ,  p.  10.  (  b  ) 
If  aïe  ,  29'.  i^.Jérém.  44.  1. 46.  14.  19.  Ofée>  9.  6.  Ez,ech. 
30.13.  16.  (c  )  L^tfi ,  Voyage  de  la  bafle  Egypte,  i.4. 
pag.  jij. 

MEMPHITIS  ,  Nome  ou  canton  d'Egypte  ,  au-deflus 
du  Delta  ,  à  l'occident  du  Nil,  8c  qui  prenoit  fon  nom 
de  celui  de  Memphis  ,  fa  capitale ,  félon  Ptolomée ,  l^. 
cap.  y. 

MEMPISCUS  PAGUS.  Quelques-uns  prennent  ce 
canton  pour  la  Flandre  8c  le  nomment  Menapiscus 
Pagus  ;  mais  les  capkuLiires  de  Charlemagne  de  l'édi- 
tion de  Baluze  gardent  la  première  orthographe ,  8c 
femblent  infinuer  que  le  Mcmpifcus  Pagus  8c  Flandri 
ctoient  des  territoires  différens.  En  effet ,  dans  le  règle- 
ment que  fit  Louis  le  Débonnaire ,  par  rapport  aux 
conjurations  que  faifoient  les  ferfs ,  on  lit  ces  mots: 
Capitular.  I.  4.  §.  7.  De  cenjurationibus  fervorum  qu<s 
fiunt  in  Flandris  &  in  Mempifco  &  in  c&terls  Maritimis 
locis .'Voyez.  Menapiscus  Pagus. 

MEMSIDOS  ,  ou  Mensidos  ,  la  notice  du  Patriarchat 
de  Jérufalem  marque  un  évêché  de  ce  nom  5  fous  la 
métropole  Rabba  Moabitis. 

MEN  ,  lieu  maritime  dans  la  Sarmatie  Afiatique  pro- 
che de  Phanagoria,  à  ce  qu'il  paroït  par  l'hiftoire  Miscelia- 
née.  *  Ortelïi  Thefaur, 


207 

MENABUS  ou  Menabos.  On  trouve  ce  mot  dans 
quelques  exemplaires  de  h  Pharfale  deLucain,  l.  i.v* 
440.  D'autres  écrivent  Genabos  ou  Genabum  ;  8c  d'autres 
enfin  ne  connoiffenr  pas  le  vers  en  queflion.  Aufli  y 
a-t-il  apparence  qu'il  doit  être  retranché  de  la  pharlale 
n'étant  guère  latin.  Le  voici  : 

Inclyta  Cafareis  Ganebos  diffolvitur  alis 
Menabos 

MEN^£,  ville  de  Sicile,  félon  Ptolomée  , /.  3 . c. 4. 
qui  la  place  dans  les  terres,  entre  Neetum  8c  Pacwrus* 
Fazel  la  nomme  M'meo,  8c  Niger ,  Calatagïrone.  Diodore 
de  Sicile  écrit  Menaenon  8c  Menaeon  ,  8c  Cicéron ,  in 
Verrem ,  appelle  les  habitans  Meneniï.  Voyez.  Ne^e.  i. 
MENAIS,  fontaine  de  Sicile  chez  les  Leomini.  Otte» 
lius ,  Thejaur.  qui  cite  Vibius ,  dit  que  les  habitans  du 
voifinage  craignoient  de  jurer  par  les  eaux  de  cette 
fontaine. 

MENALA ,  contrée  de  l'Egypte ,  félon  Martianus 
Capella  ,  Ortelius  croit  qu'on  pourroit  lire  Menelaïtes, 
au  lieu  de  Melana  ,  item ,  que  portent  les  exemplaires 
imprimés. 

MENAM.  Quoique  ce  nom  fignifie  une  rivière  en 
général,  nous  l'employons  pour  fignifier  la  principale 
des  trois  rivières  qui  traverfent  le  royaume  de  Siam, 
ôc  en  baigne  la  capitale.  A  fon  embouchure  ,  qui  efl 
dans  le  golfe  de  Siam ,  elle  a  une  lieue  de  large ,  plus 
haut  a  un  quart ,  8c  par  tout  au-deflus  ptès  de  deux  cens 
pas  :  fon  lit  eft  profond  8c  aflez  égal  ;  elle  porte  ,  depuis 
fon  embouchure  ,  jusqu'à  la  ville  capitale,  qui  en  eft 
diflante  d'environ  trente  lieues ,  des  vaifleaux  de  trois 
à  quatre  cens  tonneaux.  Pour  monter  cette  rivière ,  il 
faut  que  les  vaifleaux  attendent  la  marée,  afin  d'éviter 
des  bancs  de  vafe  où  ils  pou  noient  échouer  ,  quand  la 
mer  eft  baffe.  Comme  les  bords  en  font  profonds  ,  elle 
eft  commode  pour  les  marchands  qui  mouillent  l'ancre 
aux  pieds  des  murailles  de  cette  ville ,  8c  font  un  pont 
de  leurs  vaifleaux  pour  décharger  fur  fes  quais  leurs 
marchandifes.  Elle  forme  ,  en  ferpentant ,  de  petites  ifles 
fort  agréables ,  8c  elle  fe  divife  infenfiblemenr  dans  le 
plat  pays  en  tant  de  petits  bras  différens ,  que  fi  on  n'a 
le  fecret  de  ce  labyrinthe  ,  on  eft  en  danger  de  s'y  perdre. 
En  effet ,  ceux  qui  par  les  ordres  du  roi  fe  font  employés 
autrefois  à  la  recherche  de  fa  fource ,  qui  eft  encore 
inconnue,  après  avoir  fait  beaucoup  de  chetàin  ,  pour 
tâcher  de  la  découvrir ,  ont  été  bien  étonnés  de  fe  re- 
trouver à  peu  près  dans  le  même  pays  d'où  ils  étoient 
partis. 

Quelques-uns  croient  que  cette  rivière  eu  un  bras 
de  l'Inde  ,  d'autres  qu'elle  coule  des  montagnes  voifines 
de  la  Chine  8c  du  Laos  -,  il  y  a  plus  d'apparence  qu'elle 
vient  d'un  grand  lac  qu'on  découvrit,  il  y  a  quelques 
années, dans  le  Laos.  L'eau  de  cette  rivière  eft  extrême- 
ment claire  ,  légère  8c  très-bonne  à  boire  :  pendant 
les  pluies  elle  devient  un  peu  trouble,  8c  alors  elle 
caufe  des  dyffenteries ,  fi  l'on  n'a  foin,  pour  s'en  garantir  , 
de  la  laiffer  repofer. 

Au  reitte ,  cette  rivière  eft  fort  poiffonneufe ,  quoi- 
qu'on n'y  voye  pas  tant  de  différentes  efpéces  de  poiflbns 
que  dans   les  nôtres  ■■,  la  plus  commune  eft  celle  que 
les  Européens  appellent  Caboche:  ce  poiffon  eft  long 
d'un  pied  &  demi ,  8c  gros  de  dix  ou  douze  pouces  ;  il 
a  la  tête  un  peu  plate  âc  presque  carrée  ;  il  s'en  trouve  de 
deux  fortes ,  l'un  gris  cendré  &  l'autre  noir  ,   qui  elt 
le  meilleur  j  pour  le  garder  long-tems,  on  le  fait   fé- 
cher  au   foleil  -,    8c  on  en  fait  à  Siam  un  grand  trafic. 
Les   Hollandois ,  qui  l'aiment  plus  que  les  autres ,  en 
envoient  chercher  de  Batavia,  &  il  leur  tient  lieu  de 
jambon  de  Mayence.  Tous  les  poiffons  de  cette  rivière 
n'ont  presque  rien  de  femblable  aux  nôtres  ;  mais  ceux 
qui ,  comme  moi ,  en  ont  mangé  ,  ne  peuvent  disconvenir 
qu'ils  ne  foient  d'un  meilleur  goût. 

Dans  les  endroits  les  moins  fréquentés  de  cette  rivière, 
on  rencontre  aflez  fouvent  des  crocodiles  ,  qui  font  égale- 
ment la  guerre  aux  hommes  &  aux  poiffons  :  comme 
les  Siamois  ne  peuvent ,  fans  beaucoup  de  peine,  fe  paffec 
de  fe  baigner  fouvent,  il  n'y  a  guère  d'années  que  quel- 
que malheureux  ne  fe  trouve  dévoré  par  ces  monflres  ; 
pour  s'en  défendre,  ils  entourent  d'unehaie  faite  de  leurs 


2.0  8 


MEN 


MEN 


cannes  ,    l'endroit  où  ils  ont  deiTein   de  fe  laver. 

Il  y  a  encore  dans  ce  fleuve  un  petit  poiffon  fort 
dangereux ,  qui  a  quelque  chofe  du  crapeau  ;  fi  par  hazard 
ou  par  curiofité  on  lui  bat  le  ventre  ,  il  s'enfle  Ôc  devient 
dur  comme  une  pierre.  Il  fe  défend  opiniâtrement  quand 
on  l'attaque ,  ôc  coupe  avec  fes  nageoires  comme  avec 
un  rafoir  tout  ce  qu'il  peut  attraper.  Il  y  a  deux  ans 
que  plufieurs  perfonnes  moururent  fubitement  pour  avoir 
été  piquées,  quelques-uns  difent  feulement  touchées  , 
par  de  petits  infectes  que  ce  même  fleuve  produit  quel- 
quefois. Je  n'en  ai  point  vu.  Les6bords  de  ce  fleuve  font 
fort  peuplés ,  ôc  ce  feroit  un  fejour  délicieux ,  fi  l'on 
n'éroit  fans  cefle  tourmenté  par  les  coufins,  depuis  le 
coucher  du  foleil  jusqu'à  fon  lever.  Ces  animaux  s'atta- 
chent aux  Européens,  par  préférence  aux  naturels  du  pays. 
Il  n'y  a  point  d'étoffe  pliée  en  trois  ou  en  quatre  doubles 
qu'ils  ne  percent  avec  leurs  petites  trompes ,  ôc  ils  ne  eau- 
fent  guère  moins  d'importunité  par  le  bruit  qu'ils  font , 
que  de  douleur  par  leur  piquure.  On  ne  peut  s'en  dé- 
fendre qu'en  faifant  de  la  fumée ,  ou  en  fc  cachant  tout 
le  corps  fous  un  tour  de  lit  de  Moufieline,  fans  quoi 
il  ne  feroit  pas  poiîible  ni  de  manger  ni  de  dormir  ; 
ils  ne  font  nulle  part  plus  incommodes  qu'aux  royaumes 
de  Siam  ôc  de  Camboye.  A  Camboye  on  expofe  à  ces 
infectes  les  criminels  qu'on  attache  à  un  arbre  par  les 
mains  &  par  les  pieds:  ils  ne  peuvent  pas,  dit  on, 
réfilter  plus  d'une  nuit  à  la  cruauté  de  ce  tourment , 
&  le  matin  on  les  trouve  morts,  meurtris  &  enflés  de  tous 
côtés.  *  Gervaife1  Hift.  de  Siam,  p.  7.C.  2. 

MENAMBIS,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.Ptolomée, 
/.  6.  c.  7.  lui  donne  le  titre  de  ville  royale ,  ôc  la  met 
entre  Sabe  Ôc  Thabba.  Les  interprètes  de  ce  géographe 
écrivent  Manambis. 

MEN  AN  .  nom  de  deux  ïfles  d'Afrique ,  félon  Ptolo- 
ttîée ,  /.  4.  c.  8.  qui  les  place  dans  la  mer  Hippade. 

MENANIMI ,  peuples  de  Sicile.  Pline  ,  /.  3.  c.  8.  en 
fiit  mention.  Sur  des  médailles  grecques , apud  Pariuarn. 
on  ht  MENANINQN,  &  MHNANiNnN.  Cicéron  ,  j.  Verr. 
102.  dit  Mènent  :  c'efi  aujourd'hui  Meno. 

1.  MENANCABO  ou  Manincabo,  royaume  des 
Indes  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifie  de  Sumatra,  & 
au  nord  du  royaume  d'Andripoura  ou  Indapura.  Sa  capi- 
tale lui  donne  fon  nom.  +  De  l'ifle  ,  Atlas. 

2.  MENANCABO  ou  Manincabo,  ville  des  Indes 
dans  l'ifle  de  Sumatra  ,  &  la  capitale  du  royaume  de 
même  nom.  C'efi:  dans  cette  ville  que  fe  font  les  meilleurs 
crifTes  ou  poignards  \  arme  dont  les  habitans  de  Java , 
les  Malaies  &  presque  tous  les  peuples  des  Indes  font 
grand  cas ,  ôc  fur  laquelle  ils  fondent  leur  bravoure.  * 
Voyage  des  Hollandois  aux  Indes  Orient,  p. 276. 

1.  MENAPIA,  ville  de  la  Bactriane ,  félon  Ptolo- 
mée  ,  /.  6.  c.  1 2.  Ammien  Marcellin  lit  Menapila.*  Orte- 
lii  Thef. 

2.  MENAPIA.  Le  Sextus  Aurelius  Victor,  que  nous 
a  donné  Schottus ,  fait  Ceraufius  citoyen  de  Menapia. 
Ortelius  dit  qu'il  ne  connoît  point  cette  ville  ;  il  foup- 
çonne  que  cet  endroit  eft  corrommpu  ,  ôc  qu'au  lieu 
de  Menapia  ,  il  falloit  lire  Manapia.  Voyez,  ce  mot. 

MENAPII ,  peuples  de  la  Gaule  Belgique.  Du  tems 
de  Céfar  ,  Bell.  G  ail.  I.  4.  c.  4.  ils  avoient  des  terres ,  des 
maifoHS  Ôc  des  bourgades  fur  l'une  &  l'autre  rive  du 
Rhin.  Ils  s'étendoient  aufïï  entre  la  Meufe  &  l'Escaut  ; 
car  Céfar  ,  /.  2.  c.  4.  &  Dion  Caflius ,  /.  3  9 .  p.  3 .  de  Cœfare. 
les  joignent  avec  les  Marini.  Ce  dernier  ajoute  qu'ils 
navoient  point  de  villes,  mais  feulement  des  chaumières 
pour  habitations.  Les  Menapii,  dit  Sanfon,  Rtmarq. 
fur  la  c  me  de  l'ancienne  Gaule,  occupoient  la  partie  la 
plus  méridionale  de  l'ancien  diocèfe  d'Utrecht ,  ôc  les 
pays  où  ont  été  établis  en  1559.  les  évêchés  de  Middel- 
bourg  en  Zélande,  Anvers  &  Bofleduc  en  Brabant ; 
Riuemonde  en  Gueldres,  &  le  duché  de  Cléves  fur  l'un 
êc  l'autre  côté  du  Rhin. 

MENAPILA.  Voyez.  Menapia  ,  «°.  1. 

MENAPISCUS  PAGUS.  Ortelius ,  Tbefaur.  après 
Divarus,  dit  qu'il  eft  fait  mention  de  ce  canton  dans 
les  archives  des  monafteres  de  Gand,  &  dans  les  capitu- 
lâmes de  Charlemagne  recueillis  par  le  moine  Anfegife. 
C'efi  aujourd'hui  le  comté  de  Flandre  ,  félon  le  même' 
Divams ,  ôc  la  Flandre ,  félon  Meyer.  Au  lieu  de  Mena- 
piscus ,  Baluze  lit  Mempissus.  Voyez  ce  mot. 


MENAPOÛR,  ville  des  Indes  aux  états  du  Mogol , 
dans  la  Province  de  Becar  ,  félon  Thevenot ,  p.  183. 

MENAR1CUM  ,  ville  de  la  Gaule  Belgique.  L'itiné- 
raire d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Caltellum  à  Colo- 
gne ,  à  onze  milles  de  la  première  de  ces  villes ,  ôc  à  dix- 
neuf  milles  de  la  féconde.  On  croit  que  c'efi  aujourd  hui 
Mergen ,  en  françois  Merville  ,  ville  de  Flandre  fur  la 
Lys. 

1.  MENAT,  abbaye  d'hommes  en  France  ,  de  l'ordre 
de  faint  Benoît ,  dans  la  bafle  Auvergne  ,  au  diocèfe  ôc  à 
fept  lieues  de  Clermont,  vers  le  nord  fur  la  rivière  de 
Sioulle  ,  aux  confins  du  Bourbonnois.  Elle  fut  fondée  par 
faint  Menelée  ,  ou  Menelay ,  fon  premier  abbé  ,  dis- 
ciple d'Odon  ,  abbé  de  faint  Chaffre  ,  qui  vivoit  du  tems 
de  la  reine  Brunehaut ,  laquelle  dota  richement  ce  mo- 
naflere.  Louis  le  Débonnaire  la  rétablit,  ôc  fon  églife 
fut  dédiée  fous  le  nom  de  faint  Martin  par  faint  Bonet , 
évéque  de  Clermont.  La  menfe  abbatiale  eft  de  quinze 
mille  livres.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France,  t.  6.  p.  28p. 

2.  MENAT,  eu  latin  Menatum,  ou  Manatum ,  boui- 
gade  de  France,  dans  l'Auvergne,  aux  confins  du  Bour- 
bonnois ,  élection  de  Gannat.  Ce  lieu  eft  fitué  dans  la 
montagne  de  Nuit ,  fur  la  rivière  de  Sioulle  ,  moitié  co- 
teaux ôc  rochers ,  ôc  moitié  vallons.  Le  tenoir  y  eft  bon , 
il  y  a  une  belle  prairie  qui  appartient  au  Seigneur.  L'ab- 
baye eft  ancienne,  puisque  Grégoire  de  Tours  ,  de  vita. 
Tatr.  c.  12. en  parle.  Voyez,  Menât  i, 

1.  MENAY  ,  rivière,  ou  plùrôt  détroit  d'Angleterre. 
11  fépare  l'ifle  d'Anglefey  ,  ou  de  Mone  ,  du  comté  de 
Caeïnarvan.  11  eft  finie  à  peu  près  nord  eft  ôc  fud-oueft 
ôc  communique  de  chaque  côté  à  la  mer  d'Irlande.  C'eil 
le  Tœfobius  de  Ptolomée.  *  Blaeu  ,  Atlas. 

2.  MENAY ,  ou  Meney  Hundred  ,  petit  canton 
d'Angleterre,  dans  l'eglife  d'Anglefey,  ou  de  Mone;  il 
en  occupe  la  partie  la  plus  méridionale. 

MENBIGZ,  nom  moderne  que  l'on  a  donné  à  Hierapo- 
lis  ville  de  Syrie  que  la  notice  de  Jerufalem  met  dans 
l'Euphratenfe.  Le  nom  de  Membigz  a  été  formé  de  celai 
de  Menba  ou  Manba,  que  les  Orientaux  lui  avoient 
donné.  Cette  ville  qui  a  été  épiscopale  n'eft  plus  aujour- 
d'hui qu'un  village  ,  à  deux  journées  d'Akp  ôc  à  une 
journée  de  l'Euphrate.  Voyez.  Heraple  1.  *  Baudrand* 
Dict.  édit.  1682. 

MENAVIA.  Voyez,  Mon^eda, 

MENCHECA,  montagne  d'Afrique,  fort  élevée  Se 
fort  rude ,  ôc  du  reflbrt  de  Tezar.  Elle  eft  dans  la  provin- 
de  Cuzt,  royaume  de  Fez,  &  a  d'épaifies  ôc  grandes 
forêts,  dont  les  arbres  font  fort  hauts.  Ses  habitans 
font  Béréberes  Zenetes,  qui  parleur  valeur  maintiennent 
leur  liberté  ,  ôc  ont  toujours  guerre  avec  les  rois  de  Fez , 
à  qui  ils  ne  payent  aucun  tribut.  II  y  a  peu  de  terres  la- 
bourables fur  cette  montagne  ;  mais  quantité  de  vignes 
ôc  d'oliviers ,  avec  quelques  héritages ,  qu'on  arrofe  par 
des  rigoles ,  ôc  qui  rapportent  beaucoup  de  lin.  De-là 
vient  qu'ils  font  tifierans  pour  la  plupart.  Elle  eft  plus 
froide  que  les  autres  montagnes  du  même  pays  ,  ôc  le 
peuple  y  eft  plus  blanc.  Il  y  a  quarante  gros  villages ,  mais 
fans  clôture  ,  qui  fourniflent  fept  mille  hommes  de  com- 
bat, parmi  lesquels  font  quelques  fufiliers  ôc  quelques 
gens  de  cheval.  Ils  ont  ce  privilège  des  rois  de  Fez,  qu'on 
ne  peut  aller  chez  eux  prendre  un  prifonnier.  *  Marmot, 
Defcr.  de  l'Afrique. 

MENCIO ,  ou  Mincius  ,  rivière  d'Italie  en  Lom- 
bardie  ;  elle  fort  du  lac  de  Garda,  d'où  elle  tire  fon  ori- 
gine ,  parte  à  Peschiera  ,  baigne  Mouzanbano ,  Goito  , 
forme  le  lac  de  Mantoue  ,  &,  en  tirant  au  levant  d'été  , 
fe  jette  dans  le  Pô  ,  près  de  Sachetta.  Voyez,  Mincius. 
*  Du  Lignon. 

MENCOUL-YEILAC  ,  lieu  frais  en  Géorgie  ,  pro- 
pre à  paner  l'été.  *  Hift.  de  Timur-Bec,  l  $.  c.   12. 

MENDA  ,  ville  de  Grèce,  félon  Ortelius,  Thefaur. 
qui  cite  Polyenus  :  Peut-être  ,  ajoute-t  il  >  Menda  eft-il 
mis  pourMendusî  Voyez,  Myndus. 

MENDyE  ,  ville  de  Sicile  ,  auprès  des  lacs  Fatici,  fé- 
lon Etienne  le  géographe  ,  qui  cite  Apollodore.  Il  y  en  a 
qui  prétendent  qu'au  lieu  de  Mendie  ,  il  faut  lire  Men^€. 

MENDAEI ,  peuples  de  la  Thrace.  Paufanias ,  /.  j.  c, 
27.  dit  qu'ils  étoient  originaires  de  Grèce  ,  entr'autres 
de  l'ionie.  Leur  ville  s'appçlloit  Menda.  Etienne  le  géo- 
graphe ajoute  qu'elle  tiroit  fon  nom  de  celui  d'une  femme 

nommée 


MEN 


MEN 


nommée  Mende ,  &  qu'Apollodore ,  au  lieu  de  Menda  ,j 
écrivoit  Mendin. 

MENDE  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Languedoc  ,  la  ca- 
pitale du  Gevaudan  ,  Se  le  fiége  d'un  évêque,  dont  les 
prédéceffeurs  étoient  feigneurs  hauts- juiticiers  delà  ville, 
il  y  a  environ  cinq  cens  ans ,  Se  jouiffoient  même  du  droit 
de  régale  ,  Se  de  celui  de  battre  monnoie  j  ce  qu'ils  ne 
prétendoienc  tenir  que  du  roi  de  France.  Grégoire  de 
Tours  dit  que  Memmate  ,  ou  Mende,  étoic  une  monta- 
gne dans laqutlL  il  y  avoit  une  caverne ,  où  S.  Privât, 
évêque  des  Cabales ,  fe  retira  ,  lorsque  des  Barbares  qui 
avoient  un  roi ,  nommé  Crocus ,  ravageoient  les  Gaules. 
Le  peuple  s'éroit  retiré  dans  le  château  de  Crédon  ,  qui 
étoit  alors  très  fort,  Se  qu'on  appelle  aujourd'hui  Greze, 
comme  l'affûte  Catelen  les  mémoires.  Saint  Privât  ayant 
été  manyrifé  dans  ce  lieu  ,  où  il  y  avoit  un  petit  bourg  ; 
li  d-votion  qu'on  eut  pour  lui  y  attira  un  grand  con- 
cours dépeuple  :  le  bourg,  appelle  Vicus  Mimatenfls , 
devint  une  ville  ,  où  l'on  établit  un  fiége  épiscopal.  * 
Lonçiterne  ,  Dcfcript.  de  la  France  ,  i.  part.  p.  264. 

Onpaffe  à  Mende  la  rivière  de  Lot  fur  deux  ponts  , 
auprès  de  l'un  desqueL  eil  le  couvent  des  Capucins.  La 
ville  elt  petite ,  cS:  fa  forme  triangulaire  la  fait  reffembler 
allez  à  la  figure  d'un  cœur.  Elle  elt  très-peuplée,  fale  , 
m  ,1  -  propre  Se  étouffée.  Les  fontaines  font  fa  principale 
beau  é.  La  Cathédrale  elt  cependmt  décorée  de  deux 
beaux  clochers. Il  v  en  a  un  fur  tout  qui  elt  un  chef-d'œuvre 
deriél  careile  :  l'autre  elt  plus  malîif  On  y  voyoit  autre- 
fois une  cloche  d'une  groffeur  prodigieu!ê,&.  l'on  encon- 
ferve  encore  le  battant  derrière  une  des  portes  de  l'é- 
ghfe.  Elle  fut  fondue  pour  faire  des  canons  pendant  les 
guerres  de  Religion.  Les  pères  de  la  Doctrine  Chrétienne 
ont  une  belle  maifon  à  Mende  ,  Se  ce  font  eux  qui  tien- 
nent le  collège.  Il  y  a  encore  dans  cette  ville  des  Carmes, 
des  Cordeliers ,  &  un  couvent  d'Urfulines.  *  PigarAol 
de  la  force ,  Defcr.de  la  France  ,  r.  4.  p.  403. 

Près  de  la  ville  on  voit  un  hermitage  Se  une  chapelle  , 
l'un  Se  l'autre  raillés  dans  le  roc  ,  Se  rrès-fréquentés  par 
les  perfonnes  du  pays ,  qui  vont  honorer  ce  lieu  où  faint 
Priva  a  paiie  une  partie  de  la  vie,  Se  où  l'on  prétend 
qu'il  fut  manyrifé  l'an  zjo  Catel  n'a  mis  que  trois  évê- 
qi.es  de  Mende  au  rang  des  cardinaux:  mais  il  eft  con- 
fiant qu'il  y  en  a  eu  trois  autres.  Meilleurs  de  Sainte- 
Marthe  onr  voulu  mettre  au  rang  des  évêques  de  Mende 
le  pape  Urbain  V,  qui  étoit  de  la  famille  de  Grifac  en 
Gevaudan  Se  qui  s'appelloit  Guillaume  Grimoard  :  ils 
fe  font  fondes  fur  ce  que  tant  qu'Urbain  V.  fut  pape,  il 
voulut  être  adminiltrateur  de  cet  évêché  ;  outre  que, 
pendant  fou  pontificat  ,  il  n'v  eut  aucun  évêque  de  Men- 
de. Gravernl ,  dans  fon  abrégé  hiltorique  des  vingt-deux 
Villçschefsdu  diocèfe  de  Languedoc  ,  dit  que  cela  n'eft 
pas  vrai  au  pied  de  la  lettre ,  Se  qu'il  ne  faut  l'entendre 
eue  du  tenis  qui  fe  paffa  durant  le  pontificat  d'Urbain 
V  ,  après  que  P  trus  Gerardi ,  fon  neveu ,  qui  étoit  évê- 
que d.  Mende  ,  fur  mort.  Urbain  fut  fait  pape  en  1 3  6 1  , 
&  Gérard  fut  fait  évêque  en  1366. 

MENOK  ,  (  l'Evescmé  de  )  elt  fuffraganr  de  l'arche- 
vêché d'Aibi  ,  &  vaut  60000  livres  de  rente.  L'églife 
carhédrale  e.'t  fous  l'invocation  de  la  fainte  Vierge  Se  de 
faint  Pierre;  Se  fon  chapitre  eft  compofé  d'un  prévôt, 
à'un  archidiacre ,  d'un  précenteur  Se  de  quinze  chanoines. 
Le  diocèfe  comprend  cent  foixanre  &  treize  paroiffes, 
MENDECULEIA,  ville  de  la  Lufitanie,  félon  Pto- 
lomée,  /.  2.  c.  5.  Il  la  place  dans  les  terres  entre  Rufti- 
cana  Se  Caurium, 

MENDELA  ,  ville  de  l'Inde,  en  deçà  du  Gange.  Pro- 
longe ,  /.  7.  c.  1.  la  place  chez  les  Carei ,  dans  les  terres. 
MENDELI,  ville  de  l'Arabie,  dépendante  de  Bag- 
dad, félon  Petit  de  la  Croix  ,  Hifi.  deTimur-Bec  ,  liv. 
S   ch.  7. 

MENDELSHAM  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince  de  Suffolck  On  y  tient  marché  public.  Etat  pré- 
Jtnt  de  I  ;  Grande  Bretagne  ,  t.    1. 

MENDEOUA  ,  rivière  de  l'Amérique  feptenrrionale, 
au  pays  des  Sioux  ,  ou  Mais.  Elle  elt  affez  confidérable  ; 
fon  cours  peut  avoir  quarante  lieues.  Dans  les  plaines  & 
les  prairies  qu'elle  rraverfe  ,  les  Sioux  recueillent  quan- 
tité de  folle  avoine.  C'elt  cette  rivière  que  le  P.  Henne- 
pin  appelle  la  rivière  de  fainr  François.  Elle  communi- 
que du  lac  de  Buade  au  MilUflipi. 


2,0  ï 

MENDEOUACATON  ,  c'eft-à  dire  nation  du  lac* 
On  appelle  amfi  un  peuple  de  l'Amérique  fepténtrionale, 
qui  fait  partie  de  la  nation  des  Sioux  de  l'elt.  il  habite 
une  des  ifles  de  Buade,  à  l'embouchure  d'une  grande 
rivière ,  qui  porte  le  nom  de  te  peuple.  Voyez,  Men- 
deoua. 

MENDES  ,  ville  ancienne  de  l'Egypte.  Plutarque  en 
fait  mention  dans  la  vie  d'Agéfilaiis ,  Se  Ptolomee  ,  /.  4. 
c.  5.  parle  d'une  des  embouchures  du  Nil  ,  nommée 
Mendélienne.  11  parle  aulfi  d'un  Nôme,  appelle  Men- 
défien  ,  Se  dont  il  fait  Thnutis  la  métropole.  Srrabon  dit 
qu'on  adoroir  le  dieu  Pau,  Se  le  bouc  a  Mende  Merca- 
tor  rapporte  la  même  choie  deThmius ,  ce  qui  pourroit 
faire  croire  que  Mende  &  Thmuis  font  la  même  ville* 
*  Le  P.  Lubin  ,  Tabl.  géograph. 

MENDESIUM,  nom  que  Ptolomee  donne  à  l'une; 
des  embouchures  du  Nil.  Voyez  Mendes. 
MENDESIUS  NOMUS.  Voyez.  Mendes. 
MENDICULEA,  ville  de  la  Lufitanie.  Ptolomee , 
/.  2.  c.  j.  la  place  dans  les  terres  entre  Rufticana  Se  Cau- 
rium ;  fes  interprètes  écrivent  Mendeculia. 

MENDICULEIA,  ville  d'Efpagne.  L'itinéraire  d'Aîi- 
tonin  la  met  fur  la  route  d' dftur'ca  à  Tarragone,  entre 
Caum  Se  Ylerda  ,  à  dix  neuf  milles  de  la  première  ,  Se 
à  vingt-deux  milles  de  la  féconde.  Cetre  poffiou  obi  ge 
de  dire  que  cette  ville  elt  différente  de  celle  qui  précède. 
MENDICINO,  bourgade  du  royaume  de  Nazies 
dans  la  Calabre  citérieure ,  environ  à  une  lieue  de  Cofcn- 
ca  du  côté  du  couchant.*  Magin  ,  Carte  de  la  Calibre 
citérieure. 

MENDIP-HILS  ,  en  latin  Minarii  Montes  ,  hautes 
montagnes  d'Angleterre  dans  le  comté  de  Sommerfet.  * 
Baudrand  ,  Dict.  éd.  170J. 

MENDIS  ,  ville  de  la  Macédoine  ,  dans  la  Paraxie , 
fur  le  golfe  Therméen.  Tite-Live  ,  /.  3 1.  c.  45.  appelle 
cette  ville  Vicum  Muritimum  C/Jjandrex  tivitaiu. 

MENDLSHAM,bourg  d'Angleterre.dans  la  province 
de  SufTolc.  On  y  tient  maxché.*i!.fc«  pi  éfent  ae  .a  Grand» 
Bretagne  ,  r.  1 .  p.  1 1 1 . 

MENDOCIN.J^v^  au  mot  Cap  ,  l'article  cap  de 
Mendocin. 

MENDOLIA  ,  bourg  d'Italie  ,dans  la  partie  méridio- 
nale de  la  Calabie  ultérieure,  a  une  lieuë  ou  environ 
de  Boua  vers  l'occident  méridional.  On  le  prend  pour 
l'ancienne  Peripolium  ,  lieu  de  la  nailîance  dePiaxitele* 
célèbre  fculpteiu  de  1  antiquité.  D'autres  pourtant  met- 
tent Peripolium  ,  à  Pagliopoïi  ,  village  à  une  l.eue  de 
Mendolia.  *  Magin,  Carte  de  la  Calibre  ulrérieure. 
I.MENDR1S  ou  Mendrisio,  petit  pays  dirale, 
dans  le  Milanez ,  avec  titre  de  bailliage.  C'elt  le  1 1  is 
méridional  de  ceux  que  les  Suiflès  poffédent  en  Italie. 
11  eft  fitué  au  midi  du  lac  de  Lugano  ,  entre  ce  lac  Se 
celui  de  Côme.  Il  elt  petit  ,  ayant  à  peine  deux  lieues 
de  largeur  Se  trois  de  longueur.  11  contient  cependant 
un  affez  bon  nombre  de  villages  Se  quelques  bourgs. 
La  ville  capitale  s'appelle  Mendris.  Voyez  l'article  fui- 
vant.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suffi ,  t.  3 .  p.  208. 

2.  MENDRIS  ou  Mendrisio,  ville  d'Italie,  Se  la 
capitale  d'un  bailliage  poffédé  par  les  Suiffes,&  auquel 
elle  donne  fon  nom.  Elle  elt  d'une  grandeur  médiocre  , 
Se  bâtie  au  cœur  du  pays. 
MEN  DUS.  Voyez.  Myndus. 

i.MENE,  bourgade  de  Phrygîe ,    félon   Athénée, 
/.  2.  c.  2.  Il  dit  qu'on  y  voyoit  des  eaux  acres  Se  nitreufes* 
2.  MENE,  iflede  la  mer  Méditerranée  ,  félon  Ortelius 
qui  cire  fainr  Epiphane. 

MENEBR1A.  Voyez  Mesembria. 
MENECINA,  ville  de  l'Oenotrie.  File  étoit  dans 
les  terres, à  ce  que  dit  Etienne  le  géographe,  qui  cite 
Hécatée. 

1.  MENEDEM1UM  ,  ville  de  la  Lycie.  C'eft  Etien- 
ne le  géographe  qui  en  fair  menrion  d'après  Capiton. 

2.  MEN  EDEMIUM,  ville  de  la  Carbalie,  dans  h  Pam- 
ph\  lie.  Prclomée  ,  lib.f.cap.  5.  la  place  entre  PoglaSZ 
Ur  inopolis. 

MENEFESSITANUS  ou  MedefessitAnus  ,  ffégé 
épiscopal  d'Afrique,  dans  la  Byfacene.  La  notice  épisco- 
pale  d'Afrique  quai  fie  Servus,  episc«pus  Mcmfejfiunut  > 
Se  dans  la  conférence  de  Carthage  ,  num.  1 35.  on  trouve 
Menfurius ,  episcopus  plebis  MedefeTitan*.  C'elt  cette 

Torn,  IV.  C  c 


MEN 


2-oi 

même  ville  que  Procope ,  de  bdl.  Vand.  I.  i.  c.  zj.  nom- 
me Menefcfeos.  Le  fiége  Medefejfuanus  étoit  différent 
félon  le  fentiment  du  père  Hardouin. 

MENEGGESEM ,  ville  de  l'Afrique  propre ,  dans  la 
Numidie,  à  ce  qu'il  paroîc  par  l'itinéraire  d'Antonin, 
qui  la  place  fur  le  chemin  de  Thena,'  à  Thevefte,  entre 
Vegefela  &  Thevefte  ,  à  vingt  milles  de  la  première, 
&  à  même  diftance  de  là  féconde.  Ortelius ,  Thefaur. 
croit  que  ce  pourroit  être  la  même  ville  que  Meneg- 
gere.  Keye^  ce  mot. 

MENEGGERE  ,  ville  de  l'Afrique  propre.  L'itiné- 
raire d  Antonin  la  met  fur  la  route  de  Thevefte  à  Tuf- 
drum  ,  entre  Thevefte  Se  CUium  ,  à  vingt-cinq  milles  de 
la  première ,  Se  à  pareille  diftance  de  la  féconde.  Voyez. 
Meneggesem. 

MENEJOUS,  (Les)  peuples  de  la  France  équinoxialc 
vers  le  fud  cil  de  Cayenne,  à  un  quart  de  lieue  du 
rivage  occidental  du  fleuve  Yay ,  &  à  dix  lieues  de 
fon  embouchure. 

MENELAIDA.  Paufanias ,  /.  8.  c.  23 .  dit  qu'on  avoit 
donné  ce  nom  à  une  fontaine  de  l'Arcadie  ,  au  voifinage 
de  la  ville  Caphya. 

MENELA1TES.  Voyez,  Canope  &  Menelaus^ 

i.MENELAIUM,  canton  du  Péloponnéfe  près  de 
Sparte ,  du  côté  de  l'orient  d'hiver ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Polybe  ,  /.  5.  en  fait  aufli  mention. 

2.  MENELAlUMou  Menelais,  comme  on  lit  dans 
les  meilleures  éditions  de  Tite-Live ,  lib.  39.  cap.  26. 
ville  de  h  Dolopie. 

î.MENELAUS  ,  ville  d'Egypte  ,  Se  la  capitale  d'un 
nôme  .appelle  Menelaïtes  par  Pline,  /.  $.c.  9.  Stra- 
bon,/. 17.  p.  803.  après  avoir  parlé  du  nôme  de  Ni- 
trie ,  ajoute  que  3a  ville  Menelaus  n'en  eft  pas  éloi- 
gnée. Comme  ce  géographe  nomme  Amplement  cette 
ville,  fans  faire  mention  du  nôme  auquel  elle  donnoit 
fon  nom  ,  Se  qu'il  met  dans  le  même  quartier  un  nôme , 
appelle  Elaïte  ,  qui  n'eu;  connu  d'aucun  ancien  géogra- 
phe. Ortelius ,  Thefaur.  Se  après  lui  Cellarius  ,  Geograph. 
antiq.  I.  4.  c.  1.  ont  été  tentés  de  croire  que  Menelaus  & 
Elaïta  étoient  la  même  ville,  Se  Menelaïtes  Se  Elaïtes 
le  même  nôme.  Dans  les  édits  de  l'empereur  Juftinien  , 
la  ville  Menelaus  eftappellée  Menelaïtes  ,  Se  fur  une  an- 
cienne médaille  on  lit  ce  mot  :  MENEAAITiîN  ,  Menelai- 
tarum. 

2.  MENELAUS ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  Marmari- 
que.  Ptolomée ,  /.  5.  c.  5.  la  place  dans  les  terres ,  entre 
heucA  Se  Gaphara.  Si  cette  pofition  eft  jufte  ,  cette  ville , 
quoique  dans  les  terres  ,  avoit  un  port  de  même.  nom. 
Hérodote  ,  /.  4.  c.  169.  le  périple  de  Scylax  ,  p.  43  & 
4j.  éd.  Oxford.  1698  ,  Se  Strabon  ,  /.  2.  en  font  mention. 
MENEN1I.  Voyez,MfH&. 
MENEFESSA.  Voyez.  Menefessitanus. 
MENEOouMeno.  Voyez.  Men.£  Se  Mineo.    _ 
MENERANDRE  ,  rivière  de  Madagascar ,  à  deux 
lieues  de  celle  de  Manamba.Elle  descend  du  pays  des  Ma- 
chicores ,  coule  vers  le  fud-fud-oueft.  La  côte  continue  au 
nord-oueft  quart-d'oueft.  *  Flacourt ,  Hift.  de  Madagas- 
car ,  c.  13. 

1.  MENERBE,ouMenerbes  , bourgade  de  France, 
dans  le  comtat  Venaiscin  ,  entre  Cavaillon  Se  Apr.  Pi- 
ganiol  ,  defer.  de  la  France  ,  t.  4.  p.  189.  qui  lui  donne 
le  titre  de  petite  ville ,  dit  qu'elle  étoit  anciennement 
appellée  Manancha  ,  Se  que  de  Romerville  Saint 
Quentin  jugeoit  que  c'étoit  le  Machaovilla  de  Grégoire 
de  Tours  &  de  Paul  Diacre. 

2.  MENERBE  ,  félon  Corneille  ,  Ditt.  Se  Minerve, 
félon  Sanfon  ,  Atlas  ,  bourgade  de  France ,  dans  le 
Languedoc  au  diocèfe  de  Saint  Pons  fur  la  Cefle  ,  envi- 
ron à  trois  lieues  de  la  ville  de  Saint  Pons,  en  tirant 
vers  le  midi.^ 

M  EN  ES, 'village:  de  l'ifle  Espérie.  Diodore  de  Sicile, 
/.  3 .  c.  j  3 .  dh  qu'il  étoit  habité  par  des  Ethiopiens  Ich- 
thyophages. 

MENEST^.  Voyez.  Penest^ 

MENESTHEI  PORTUS  ,  port  de  l'Espagne  Béti- 
que  ,  félon  Strabon  ,  /.  3. p.  140.  &  Ptolomée,/.  2.C.4. 
Le  premier  le  met  dans  la  Perée ,  petit  pavs  dépendant 
deshabitans  de  Gades ,  ou  Cadix.  Le  fécond  le  place  chez 
les  Turdules  :  c'eft  aujourd'hui  Puerto  de  S.  Maria.  Pline 
connojt  ce  lieu,  Se  le  nomme B/esippo.  Voycz.ce  mot. 


MEN 


MENETOU-COUTURE  ,  en  latin  Moneftallumfu- 
turaturium  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri ,  à  quatre 
lieues  de  la  Charité.  Il  y  a  une  abbaye  fort  ancienne  ,  or- 
dre de  Cîteaux  ,  filiation  de  Clairvaux  ;  on  l'appelle 
Fontmorigni.  Le  tems  de  fa  fondation  eft  incertain.  Elle 
vaut  à  l'abbé ,  toutes  charges  faites ,  trois  mille  livres. 
Le  terroir  y  eft  bon  Se  fertile  en  bleds.  Il  y  a  des  forges , 
fourneaux  Se  mines  ,  dont  le  fer ,  qui  eft  très  doux  ,  eft 
connu  à  Paris ,  Se  nommé  par  diftinction  le  fer  de  Berri. 
Le  peuple  eft  fort  doux ,  mais  peu  laborieux. 

MENETOU-SALON ,  en  latin  Monafldlum  Sarno- 
nis  ,  bourgade  de  France ,  dans  le  Berri,  fur  la  petite  Sau- 
dre  ,  à  quatre  lieues  de  Bourges.  C'eft  une  paroifle  divi- 
fée  en  deux  parties  ;  l'une  relevé  de  la  châtellenie  de 
Mehun  fur  Evrc  ;  l'autre  du  bailliage  d  Enrichemont.  Le 
Surnom  de  Salon  eft  corrompu  de  celui  de  Sarlon  ,  l'un 
de  fes  anciens  feigneurs  ,  nommé  Sarlon  !e  Riche,  fei- 
gneur  de  Menctou  Se  de  Qiuntilly  ,  &  de  l'ancienne 
mailbn  de  Vierzcn.  Ce  lieu  a  depuis  étépofledé  ,  pendant 
un  long  espace  de  tems,  par  l'ancienne  maifon  de  Ville- 
quier ,  d'où  elle  eft  venue  a  celle  de  Poi  de  Rhodez.  On 
fuit  à  Menetou-Salon  la  coutume  de  Berri  Se  de  Lorii. 
La  taille  eft  perfonneile.  Il  y  a  plufïeurs  hameaux  qui 
dépendent  de  ce  lieu.  Les  terres  font  médiocres  pour  les 
bleds ,  mais  fertiles  en  vins.  On  y  voit  aufli  des  bois& 
des  prairies.  Les  habitans  font  ailes,  &  font  commerce 
de  vins  «Se  d'eau  de  vie  ,  qui  fe  confument  dans  la  Solo- 
gne. Il  y  a  à  Menetou  Salon  deux  prieurés  ;  celui  de  Me- 
netou  ,  Se  celui  d  Achetés;  tous  deux  appartiennent  aux 
Bénédictins  de  Bourges. 

MENETOU-iUR-CHER,  bourgade  de  France,  dans 
la  Sologne,  élection  deRomorentin.  Ce  lieu  appartient 
aux  feigneurs  de  Vierzon  ,  qui  en  ont  affranchi  les  ha- 
bitans. Hervée  III.  y  fonda  ou  rétablit  un  monaftére  de 
filles  en  121 3.  La  juitice  de  Menetou  fur- Cher  relevé 
du  bailliage  de  Flois. 

MENETROL , bourg  de  France,  dans  le  Berri ,  fur  la 
petite  Sandre  ,  élection  de  Bourges.  Son  terroir  eft  mai- 
gre ,  Se  ne  porte  guère  que  du  Seigle  Se  du  Sarrazin. 

MENETROL-SOUS-SANCERRE,bourg  de  France, 
dans  le  Berri,  élection  de  Bourges ,  fur  la  Vauvire,  pe- 
tite rivière  qui  fe  jette  dans  la  Loire  à  un  quart  de  lieue 
de  Sancerre.  Ce  bourg  eft  du  même  côté  que  Sancerre. 
Il  y  a  beaucoup  de  vignobles  aux  enviions. 

MENEV1A  ,  ou  plutôt  Menovia  .,  ancienne  ville 
d'Angleterre  avec  évêché  fuffragant  de  Cantorberi ,  dans 
la  partie  méridionale  du  pays  de  Galles ,  au  comté  de 
Penbroch  ;  elle  fut  ruinée  par  les  Danois.  Aujourd'hui 
ce  n'eft  plus  qu'un  village ,  où  l'on  ne  tient  pas  même 
de  marché  ;  cependant  le  fiége  épiscopal  fubfifte  tou- 
jours, fous  le  nom  de  faint  David.  Voyez.  Saint  Da- 
vid. *  Baitdrand ,  Dict.  édit.  de  1682. 

MENFLOTH  ,  ville  d'Afrique  ;  elle  fut  confidéra- 
ble  du  tems  des  Pharaons.  Les  Romains  laminèrent;  Se 
les  Arabes  la  rétablirent  eufuite  ,  mais  non  pas  dans  fa 
première  fplendeur.  On  y  voit  encore  en  divers  endroits 
de  grandes  colonnes  de  pierre  ,  Se  des  tables  d'albâtte  , 
avec  des  inferiptions  en  langage  égyptien.  Il  y  a  proche 
du  Nil  un  temple  de  Gentils.  Mocandi ,  hiftorien  Arabe  , 
rapporte  qu'en  creufant  aux  fondemens  de  ce  temple, du 
tems  des  califes  de  Babylone  ,  on  rencontra  un  crocodile 
de  plomb  avec  des  lettres  égyptiennes ,  comme  fi  cette 
ftatue  eût  été  faite  fous  de  certaines  conitellations ,  pour 
empêcher  que  cet  animal  ne  mangeât  les  hommes,  com- 
me il  fait  depuis  qu'on  l'a  rompue  ;  cela  eft  caufe  que  cet 
auteur  nomme  cette  ville  Crocodile.  On  y  trouve  plu- 
fieurs médailles  d'or ,  d'argent  Se  de  cuivre,  où  d'un  côté 
font  des  lettres ,  &  de  l'autre  des  figures  antiques  des  rois. 
Ptolomée  met  la  ville  de  ce  nom  en  la  province  d'A- 
frodite ,  à  6 1  deg.  20  min.  de  longitude ,  Se  à  27  degrés 
20  min.  de  latitude.  Le  pays  abonde  en  bled  &:  en  route 
forte  de  bétail  ;  mais  il  eft  fort  chaud  ,  Se  les  crocodiles 
y  font  de  grands  ravages  le  long  du  Nil.  La  plupart  des 
habitans  trafiquent   préfentement  dans  la    contrée  des 
Nègres.  *  Marmol ,  Defciiption  de  l'Afrique  ,  t.  3.  c.  33. 
MENG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Ho- 
nan ,  au  département  de  Hoaiking  ,  cinquième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  4  deg.  $0  min.  plus  occi- 
dentale que  Peking ,  fous  les  36  deg.  4  min.  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 


MEN 


MEN 


20 


MENGCHÀNG  ,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  département  de  Mopang ,  autre  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eft  de  16  deg.  ;o  min.  plus 
cccidenrale  que  Pcking  ,  fous  les  23  deg.  32  min.  de 
latitude,  *  Atlas  Sinenfis* 

MENGCO  ,  forterefle  de  la  Chine ,  dans  la  province 
d'Iunnan,  au  département  de  Mopang,  autre  forterefle 
de  la  province.  Elle  eft  de  1 9  deg.  6.  min.  plus  occiden- 
tale que  Peking  ,  fous  les  22  deg.  o  min.  de  latitude.  * 
Atlas  Sinenfis. 

MENGEI N  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan ,  au  département  de  Honan  ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  4  deg.  jo  min.  plus  oc- 
cidentale que  Peking  ,  fous  les  35  deg.  ;o  min.  de  la- 
titude. *  Atlas  Sinenfis. 

MENGEN,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  Suabe  , 
à  deux  lieues  de  Riedlingen.  Les  Suédois  y  avoient  mis 
garnifon  en  1634.  Martin  Crufius,  dans  Ces  annales  de 
Suabe,  die  que  cette  ville  ,  avec  celles  de  Wadfée,  de 
Riedlingen  ,  de  Sulgou  &  de  Munderkingen  ,  pafl'a  à 
Jean  Truchcs  de  Waldbourg  en  1400,  par  fou  mariage 
avec  lacomtefle  de  Cilly.  Elle  eit  paflee  depuis  dans  la 
maifon  d'Autriche,  à  laquelle  elle  avoit  autrefois  ap- 
partenu. *  Zeyler  ,  Topogr.  Sueviaz ,  p.  j r. 

MENGEKSHAUSEN  ,  ou  Mengeringshausen  , 
petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  comté  de  Waldeck.  Elle 
a  un  ehâteau  proportionné  à  fon  peu  d'étendue. 

MENGK1NG  ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  département  de  Mopang.  Elle  eft 
plus  occidentale  que  Peking  de  17  deg.  39  min.  par  les 
23  deg.  1 7  min.  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

MENGLI ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan  ,  au  département  de  Mopang  ,  autre  forterefle 
de  la  Province.  Elle  eit  de  18  deg.  5  min.  plus  occiden- 
tale que  Peking  ,  fous  les  24  deg.  3  min.  de  latitude.  * 
Atlas  S  ïnenfist 

MENGLIEN  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan,  au  département  de  Mopang  ,  autre  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eit  de  17  deg.  25  min.  plus 
occidentale  que  Peking,  fous  les  23  deg.  16  min.  de  la- 
titude. *  Adas  Sinenfis* 

MENGMUEN  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Xenft ,  à  l'orient  de  la  ville  d'Ychuen.  Cette 
montagne  forme  une  ifle  dans  la  rivière  jaune.  *  Allas 
Sinenfis-, 

MENGPO,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan  ,  au  nord  de  la  ville  de  Xunning.  Cette  mon- 
tagne eft  habitée  par  un  peuple  fauvage.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

MENGTAVILA  ,  village  d'Espagne  dans  la  vieille 
Caflille  ,  près  d'Avila.  Il  eit  fameux  par  des  mines  de 
fel  qui  s'y  trouvent  ,  Se  qui  font  ilngulieres.  On  y  des- 
cend par  plus  de  deux  cens  marches  fous  terre  ,  Se  l'on 
entre  dans  une  vafle  caverne  >  foutenue  par  un  pilier  de 
fel  cryftallin  ,  d'une  grofleur  Se  d'une  beauté  merveil- 
leufe.  *  Délices  d' Espagne ,  t.  1.  p.  211. 

MENGT1EN,  foiterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan,  au  département  de  Mopang  ,  aune  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eit  de  18  deg.  48  min.  plus 
occidentale  que  Peking ,  ibus  les  22  deg.  8  min.de  lati- 
tude. *  Atlas  Sinenfis, 

MENGTING ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  département  de  Mopang ,  autre  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eit  de  18  deg.  j  min.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  les  24  deg.  29  min.  de  la- 
titude. *  Atlas  Sinenfis. 

MENGYANG»  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  département  de  Mopang  ,  autre 
forterefle  de  la  province.  Elle  eit  de  17  deg.  55  minut. 
plus  occidentale  que  Peking  ,  fous  les  23  deg.  6  min.  de 
latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

MENHDIA  ,  ville  d'Afrique  au  royaume  de  Fez,  dans 
la  province  de  Chaus.  Voyez.  Mehedie. 

MENICUS  .  ville  que  Curopalate  &  Cédrene  fem- 
blent  mettre  dans  la  Syrie.  *  Ortelii  Thefaur. 

MENID^E.  ,  peuples  dont  Tertullien  ,  De  anima, 
fait  mention.  11  dit  qu'ils  s'emparèrent  du  Péloponnèle. 

MENIGOUTE  ,  ou  Menigouste  ,  dans  le  Poitou  , 
au  diocèfe  de  Poitiers ,  dans  l'archiprêtré  de  Sanxay  ,  à 
huit  lieues  de  la  ville  épiscopale  vers  le  couchanr.  Le 


nom  de  ce  îieli  paroît  être  dérivé  ,  comme  plufieius  au- 
tres ,  de  Manfionile  ,  dont  l'on  a  fait  Menil  ,  Se  du  nom 
du  poflefleur  ,  qui  pouvoir  s'appcller  Guftavus  ,  ou  Ve- 
daftus  ,  d'où  s'eft  formé  Mesnd  Woufie  S:  Mend-goufte. 
L'églife  eft  fous  le  titre  de  Notre-Dame,  Au  rapport 
d'une  certaine  defeription  imprimée  de  ce  lieu  ,  on  peut 
croire  qu'il  y  a  une  collégiale  ;  mais  qui  ne  pafle  pas 
pour  être  riche. 

MENIL,  bourg  de  France  dans  la  Champagne ,  éle- 
ction de  Châlons. 

MENIL- SAINT- FIRMIN  ,  dans  la  Picardie.au 
diocèfe  d'Amiens  ,  élection  de  Mondidier.  Avant  le 
XVI.  fiécle ,  ce  n'étoit  qu'un  fimple  fecours  de  la  pa- 
roifle  de  Chepoix  ,  fur  les  confins  des  diocèfes  d'Amiens 
&  de  Beauvais.  Il  a  été  érigé  en  cure  depuis  environ  deux 
cens  cinquante  ans.  Le  curé  de  Chepoix  perçoit  encore 
la  dixme,  dans  le  Menil  même  ,  fur  le  curé  dont  la  cure 
eft  fort  modique. 

MENILLE,  village  de  France,  en  Normandie,  fur  la 
rivière  d'Eure  ,  à  une  lieue  au-deflbus  de  la  Boulaye  :  il 
eft  renommé  pour  Ces  bons  vins. 

MENIN  ,  ville  des  Pays-Bas ,  dans  la  Flandre  ,  fur  la 
rivière  de  Lis ,  entre  Armentieres  Se  Courtrai ,  à  trois 
lieues  de  Lille  ;  fon  nom  flamand  eft  Meenen.  Le  feigneur 
de  Montigni  la  fit  fermer  de  murailles  en  1 578,  &  elle 
fut  presque  toute  réduite  en  cendres  l'an  i;8f.  Elle  a 
été  prife  &  reprifeplufieurs  fois  durant  les  guerres  de 
Flandre.  Les  François ,  qui  en  avoient  été  les  maîtres  de- 
puis 1667  ,  en  avoient  fait  une  des  plus  fortes  places  de 
la  Flandte.  Louis  XIV,  y  fit  faire  une  enceinte  de  mu- 
railles flanquée  de  huit  baftions ,  avec  un  réduit.  Quoi- 
qu'elle fût  Tous  la  châtellenie  de  Courtrai ,  le  traité  de 
Nimégue l'en  démembra,  Se  laréfervaà  la  France  avec 
fon  territoire  ou  verge  ;  ce  qui  fut  confirmé  parle  IX. 
article  du  traité  de  paix  conclu  à  Ri  wyck  ;  mais  ayant 
été  prife  par  l'armée  des  Alliés  en  1706,  elle  fut  cédée 
à  la  maifon  d'Autiiche  par  les  traités  d'Utrecht,  de  Ra- 
ftadt  Se  de  Bade.  Les  Hollandois  font  les  maîtres  de  cette 
place  ,  ayant  droit  d'y  mettre  le  gouverneur  &  la  garni- 
fon ,  par  le  traite  de  Barrière  ,  fait  en  17 15  ,  avec  l'em- 
pereur Châties  VI ,  Se  la  maifon  d'Autriche.  Cette  place 
fut  prife  par  Louis  XV  en  perfqnne  ,  le  4  Juin  17445 
mais  elle  a  été  rendue  par  l'avant  dernière  paix  ,  après, 
en  avoir  fait  rafer  les  fortifications. 

La  ville  de  Menin  eit  affez  agréable  ;  mais  elle  n'a  pas 
beaucoup  d'étendue.  On  y  trouve  quatre  rues  principales, 
qui  commencent  à  autant  déportes,  &  fe  terminent?,  la 
place  d'armes  devant  la  maifon  de  ville.  Il  n'y  a  qu'une 
paroiiTe  qui  eft  dédiée  à  Notre  Dame  -,  mais  il  y  a 
plufieurs  couvens ,  des  Capucins  ,  des  Récollets ,  des 
Bénédictines  réformées  ,  des  Dominicaines ,  des  fœurs 
Blevettes  ,  Se  des  religieufes  de  l'ordre  de  faiiit  Augu- 
ftin. 

Il  y  a  quelque  commerce  à  Menin  ;  il  confifle  en  dra- 
peries Se  en  bière  blanche  ,  qui  s'appelle  blanquette  Se 
qui  eft  fort  eitimée.  Dans  les  prairies  des  environs  or» 
fait  blanchir  des  toiles.  *  Mémoires  divers. 

MENIN  (  la  verge  de)  ,  eft  un  canton  qui  fait  au- 
jourd'hui ,  comme  autrefois ,  partie  de  la  châtellenie  de 
Courtrai ,  Se  contient  treize  beaux  villages  On  remar- 
que entr'autreslfegem  ,  ou  Ifenghien,  qui  fut  érigé  en 
principauté  l'an  1648,  en  faveur  de  Balthafar  deGand, 
gouverneur  de  la  Flandre  Wallone  -,  celui  de  Heule  ,  qui 
a  titre  de  baronnie  ;  celui  de  Wevelghem  ,  où  il  y  a  une 
abbaye  de  religieufes  de  l'ordre  de  CîteauX  ,  fondée  er» 
1214  ,  par  Marguerite  ,  comtefle  de  Flandre. 

MENINGE,  ou  Menix  ,  ifle  d'Afrique  ,  Se  connue 
fous  ce  nom  par  les  anciens.  Plutarque,  in  Mario,  dit 
que  Marius  aborda  à  l'ifle  de  Méninge,  Se  que  de  là  il 
pafla  à  Carthage.  C'eft  la  même  ifle  que  Ptolomée  ap- 
pelle Lothophagires ,  Se  dans  laquelle  il  dit  qu'il  y  avoic 
deux  villes,  Gerrapolis  &  Méninge.  Voyez.  Lotkopha- 
gites. 

MENINI ,  peuples  au-delà  des  Alpes  ,  félon  Pline  s 
/,  1 8.  c.  8.  Je  crois ,  dit  Ortelius ,  que  c'eft  le  même  peu- 
ple que  Pline  ,  /.  3.  c.  4.  appelle  plus  haut  Memini  ,  & 
que  Ptolomée , /.  2.  c.  10.  nomme  M^wm  ,  c'eft-à-dire 
les  peuples  de  Carpentras, 

MENISMINI,  peuples  d'Afrique.  Pline,  /.  7.  c.  3. 
les  met  au  nombre  des  Nomades  Ethiopiens  ,  le  long  du 

tom.  IV.  C  c  ij 


MEN 


2.04 

fleuve  Aftragus,  en  tirant  vers  le  feptentrion  ,  &  à  une 
diflance  de  dix  journées  de  l'Océan. 

MEN1SONAOUA  DEBA  ,  petite  rivière  de  l'Ame, 
rique  feptentiionale  -,  elle  fe  jette  dans  la  rivière  de  Sain, 
te  Croix  à  la  bande  du  fud-efl  ,  au  pays  de  Madoufli 
ou  Sioux. 

MENIUS  ,  fleuve  du  Péloponnèfe  ,  félon  Strabon, 
epit.  S.  qui  met  fon  embouchure  au  voifinage  du  pro- 
montoire Chelonites. 

MEN1X.  Voyez  Méninge  &  Lothophagites. 
MENKING,  fortereffe  de  la  Chine  dans  la  provin- 
ce dlunnan ,  au  départementde  Mopang ,  autre  forterefle 
de  la  province.  Elle  efl  de  17.  deg.  39  min.  plus  occiden- 
tale que  Peking,  fous  les  23  deg.  17  min.  de  latitude.  * 
Atlas  Sinenfîs, 

MENLARIA.  Voyez.  Menralia. 
MENLASCUS ,  fleuve  de  l'Espagne  Tarragonnoife. 
Pomponius  Mêla,  /.  j.c.  1.  le  nomme  Magrada  ;  mais 
Villeneuve  prétend  que  c'efl  une  faute.  Les  exemplaii  es 
latins  de  Ptolomée  ,  /  1.  c.  6.  lifent  Menlescus  en  par- 
lant delà  ville,  le  grec  porte  Menojca.  Menlescus  elt 
.  aujourd'hui  la  rivière  d'Orio  dans  le  Guipuscoa.  Mine  , 
/.  4.  c.  20.  appelle  auflî  la  ville  Menosca. 

MENNEIAN^E, ,  ville  de  la  Pannonie.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  d' JEmona  à  Sirmium ,  en- 
tre Variante  &  Inicerum,  à  vingt  fix  milles  de  la  première, 
&  à  vingt-huit  milles  de  la  féconde.  Ce  pourroit  être 
Manspurg  comme  le  conjecture  Lazius;  &  il  femtle  que 
ce  foit  la  même  ville  que  Ptolomée,  /.  2.  c.  ij.  nomme 
Magniana. 

MENNI.  Jérémie ,  c.  ji.  v.  27.  invite  les  rois  de 
Menni ,  d'Ararat  &c  d'Ascénes  à  faire  la  guerre  à  Babylo- 
ne.  Voyez.  Ararat  &  Ascenes.  Quant  à  Menni  ,  dom 
Calmet  croit  qu'il  marque  la  Miniade  province  d'Armé- 
nie; &  peut-êtte  ,  ajoute-t-il ,  que  l'Arménie  a  pris  fon 
nom  d'Aram  &  de  Minni  ;  le  fyrien  de  Minni  ou  de  la 
Miniade,  dont  paile  Nicolas  de  Damas,  /.  96.  cité  par 
Jofephe  ,  antiq.  I.  i.c.  4. 

MENNIS.  Voyez.  Memnium. 

MENNITH  ,  ville  de  la  Palcfline  ,  au-delà  du  Jour- 
dain ,  à  quatre  milles  d'Efébon  ,  fur  le  chemin  d:  Phi- 
ladelphie ,  dit  Eui'ébe  ,  Onomafl.  in  Miwi'uh.  Elle  appar- 
renoit  aux  Ammonites  lorsque  Jephté,  Judic.  11.  33. 
leur  fit  la  guerre.  Ezéchiel ,  27,  &  ij.fecundùm  Hebr. 
dit  que  Juda  portoit  aux  foires  de  Tyr  du  froment  de 
Minnith.  La  vulgate  porte  du  plus  pur  froment. 

MENNIUM.  Voyez.  Memnium. 

MENNONES.  Quelques-uns  écrivent  ainfi  par  cor- 
ruption pour  Memnones.  Voyez,  ce  mot. 

1.  MENOBA  ou  Maenoba.  Voyez.  Manoba. 

2.  MENOBA  ,  nom  de  deux  fleuves  de  la  Bétique  , 
félon  Pline,  /.  3.  c.  1.  L'un  de  ces  fleuves  fe  jettoit  dans 
le  Betis  ,  &  l'autre  dans  la  mer  d'Ibérie.  Sur  chacun  de 
ces  fleuves  il  y  avoit  une  ville  de  même  nom.  Voyez. 
Manoba. 

MENOBARDI ,  peuples  voifins  de  la  Grande  Armé- 
nie, félon  Pline  ,  /.  6.  c.  9. 

MENOCALENI,  peuples  des  Alpes.  Pline,  /.  j.r. 
20.  les  ilace  entre  Tergefle  &  Pola  ;  &  Lazius  prétend 
que  leur  principale  ville  efl  aujourd'hui  Mingclflat. 

MENOCH  ,  (Rio)  rivière  d'Afrique.  Voyez.  AquA- 
jdo  (  Rio). 

MENOIDA ,  ville  de  la  Palefline ,  félon  la  notice  des 
dignités  de  1  empire,  fert.  21.  Ortclius  ,  Thej.  foupçonne 
que  ce  pourroit  être  la  même  ville  que  Menois.  Voyez. 
l'article  fuivanr. 

MENOIS ,  apparemment  la  même  ville  que  Minois  , 
dont  il  efl  fait  mention  dans  la  foufeription  de  quelques 
conciles ,  entr'aimes  dans  celle  du  concile  de  Chalcedoi- 
ne  de  l'année  451.  Menoïs  n'étoit  pas  loin  de  Gaza  , 
comme  le  dit  Eufebe  ,  Oncmafi.  in  Meneben.  qui  ajoute 
que  de  fon  tems  ce  n'étoit  qu'un  village.  C'efl  fans  dou- 
te, dit  D.  Calmet, 2)iS.  h  même  ville  que  Menoenwm 
Caftrum  que  l'on  trouve  dans  le  code  Théodofien  ,  /.  30. 
de  Erag.  milit.  annon.  Elle  étoit  la  capitale  des  Maoniens 
ou  Mtoniem  ,  dont  il  efl  parlé  dans  l'Ecriture.  Voyez. 
I.  Par.  IV.  40.  41.  de  II.  Par.  XX.  1.  dans  l'hébreu. 
Voyez,  auflî  l'article  Maon  ,  qui  efl  la  même  que  Me- 
nois. 

MENOSCA  ,  ville  d'Espagne ,  chez  les  Vardules.  On 


MEN 


croit  affez  généralement  que  c'efl  aujourd'hui  la  ville  d'O- 
rea  ou  Orio.  Voyez.  Menlascus 

MENObGADA,  ville  de  la  Germanie.  Ptolomée, 
/,  2.  c.  1 1.  la  met  entre  Bergium  ik  Bicurgium;  &  Pierre 
Appien  juge  que  c'efl  à  préfent  Egra  aux  confins  de  la 
Bohême. 

MENOSTAMENATON  ,  c'efl-à-dire  Nation  db 
la  Pomme  de  Terre  ,  peuples  de  l'Amérique  fepten- 
tiionale ,  vers  le  nord  de  la  Louïfiane  ,  &  compris  au 
nombre  des  Sious  de  l'ouefl.  Ils  habitent  au  bord  d'une 
petite  rivière  ,  qui  fe  jette  dans  le  Miliiflipi ,  à  la  bande 
de  l'ouefl  ,  à  huit  ou  dix  lieues  au  fud  de  celle  des  On- 
ghergecharon, 

MENOTHARUS,  ville  de  la  Sarmatie  Afiatique ,  fé- 
lon Pline.  /.  6.  c.  7. 

MENOUFIA  ,  caflîf  ou  gouvernement  de  la  Baffe 
Egypte,  à  l'Orient  du  Nil,  dans  lifle  de  Damiete.  Il 
confine  au  caflif  de  Garbia  ,  qui  a  un  plus  grand  nom- 
bre de  villages,  mais  qui  a  moins  d'étendue.  Le  caflif 
Menoufia  comprend  cent  trois  villages.  11  paye  au  bâcha 
vingt  cinq  bourfes,  au  tihaia  &  aux  agas  quatre,  &  au 
divan  quatre-vingt  ieize.  Corneille,  Ditt.  fur  l'autorité 
de  Maty  ,  fait  une  ville  de  ce  gouvernement ,  &  écrit 
Menoufi  pour  Menoufia. 

La  nouvelle  carte  du  Delta,  dteflée  par  de  l'Ifle  en 
17  17  ,  fur  les  mémoires  de  Lucas  ,  quoiqu'elle  loir  ex- 
trêmement détaillée  ,  ne  connoït  ni  gouvernement  ,  ni 
ville  du  nom  de  Menoufia,  *  Dappcr ,  Defcr.  de  l'E- 
gypte,  p.  36. 

MENOUX(  Saint  ) ,  bourg  de  Fiance  ,  dansL  Bour- 
bonnois  ,  au  diocèfe  de  Bourges.  Ce  bourg  efl  fitué  fur 
le  ruifieau  de  la  Rofe  ,  qu'on  nomme  auflî  de  S.  Me- 
noux.  Il  efl  à  trois  lieues  de  Moulins  ,  &  à  deux  de 
Bourbon-l'Aichambaud.  Ses  terres  font  fortes,  à  froment, 
feigle&  avoine  ;  les  foins  font  gras&  abondans,&  de  bon 
rapport ,  les  pacages  reflerrés.  Les  habitans  font  un  com- 
merce affezconfidérable.lly  a  quelques  vignes  de  bon  pro- 
duit,quelques  bois  modernes  &  quelques  étangs.  La  taille 
efl  perfonnelle  ,  &  la  cure  à  penfion.  11  y  a  fix  foires  , 
le  trois  de  février ,  le  mardi  de  la  pentecôte  ,  le  onze 
juin,  le  vingt  quatre  août ,  &  le  trente  odobre.  U  n'y 
a  peint  de  marché.  Cette  paroifle  a  pris  l'on  nom  de 
l'abbaye,  dont  l'abbefie  efl  dame  du  lieu.  Cette  abbaye 
efl  de  l'ordre  de  Paint  Benoît.  Elle  a  été  fondée 
vers  l'an  1000  ,  par  les  leigneurs  de  Bourbon  ,  de  Mont- 
faucon  &  de  Charenton.  On  veut  qu'elle  ait  d'abord  été 
occupée  par  des  moines  du  même  ordre,  avant  les  reli- 
gieules.  Elle  a  été  réformée  en  IJC7,  Se  unie  à  la  con- 
grégation de  Chezal-Benoït  ,  &  depuis  à  celle  de  faint 
Maur.  Il  y  a  feize  dames  de  chœur  ;  elles  jouiffent  de 
douze  à  quinze  m. Ile  livres  de  rente.  La  paroifle  dans  la- 
quelle elle  a  été  bâtie  ,  fe  nommoit  autrefois  Mouilly. 

MENOYE,  petite  rivière  de  Savoye  Elle  vient  des 
montagnes  de  Bocge  ,  pafle  fous  le  pont  de  Bonne  ,  &c 
fe  jette  dans  l'Arve  au-deflus  du  pont  d'Ertrambieres. 

MENRALIA  ,  ville  d'Espagne,  chez  les  Conttjtani, 
félon  Ortclius  ,  Tbefaitr.  qui  cite  Ptolomée.  Cependant 
cet  ancien  géographe  , /.  i.c:  4.  place  Menralia  chez  les 
Bafluli  ,  auprès  de  Tramdutla.  Au  lieu  de  Menralia , 
quelques  manuscrits  latins  portent  Menlaria.  Voyez. 
Mellaria. 

MENSASOLIS.  Voyez.  Sous  Mensa. 
MENSALA  ,  ville  d'Afiiqne  ,  au  royaume  de  Fez  , 
dans  la  province  de  Tremecen  ,  fur  le  bord  de  la  rivière 
de  Barregreg  ,  à  demi-lieue  de  Rabat.  Les  murailles  de 
cette  ville  ,  qui  efl  petite  ,  paroiflenr  être  un  ouvrage  des 
Romains.  Le  ici  Joicph  l'avant  fait  détruire  dans  Ja 
défolaion  générale  de  la  province ,  Jacob  Almanfor  la 
repeupla  ,  &  y  bâtit  unpaLiisavcc  un  grand  hôpirai  pour 
les  blefîés  &  pour  les  maLides.Ilfit  faire  auflî  dans  la  mos- 
quée piincipale  une  grande  chapelle  ,  toute  d'Albâtre  à 
la  moza  "que  ,  pour  lui  fervir  de  fépulcre.  Ceux  du  pays 
àïCcm  qu'il  y  efl  enterré  ,  &  qu'à  la  tête  &  aux  pieds  il 
y  a  deux  grandes  tables  d'albâtre  ,  où  fes  victoires  font 
décrites  ,  auflî  bien  que  le  deuil  qu'on  fit  à  fa  mort. 
Tous  les  fuccefieurs  de  fa  race  ,  &  quelques-uns  de  celle 
des  Bénimérinis  ,  y  font  pareillement  enterrés;  de  forte 
qu'il  s'y  trouve  plus  de  trenre  tombeaux  de  rois  avec  leurs 
tables  d'albâtre  ,  qui  contiennent  leurs  noms  ,  le  tems 
qu'ils  ont  régné  ,  &  l'abrégé  de  leurs  actions.  Cependant 


MEN 


MEP 


plufieurs  aflurent  que  Jacob  Almanfor  mourût  dans 
Alexandrie  ,  ôc  qu'il  y  eft  enterré,  lis  ajoutent  que  celui 
qui  eu:  dans  la  mosquée  de  Manfala  ,  eft  un  prince  de 
même  nom  ,  de  la  race  des  Bénimérinis  ,  ôc  qui  fut  roi 
de  Fez  &  de  Maroc;  ce  qui  eft  contraire  au  fentiment 
d'Abulnftâlic,  chroniqueur  de  Maroc.  *  Marmot ,  Defcr. 
du  tojume  de  Fez  ,  1.  4.  c.  6. 

MENSAT ,  ou  Manzat  ,  bourg  de  France  dans  le 
Bourbonnois  ,  élection  de  Gannat. 

MENTECHA  ,  province  de  Natolie  ,  félon  Petit  de 
la  Croix  ,  fJift.  de  Timur-Bec  ,  1.  j.  c.  I  J. 

MENTEITH  ,  province  d'Ecoffe  ,  au  midi  de  Stra- 
thern.  Elle  s'avance  au  feptentrion  jusqu'à  la  province 
de  Brait-Albain  ,  ôc  confine  avec  celle  de  Fife  à  l'orient. 
Le  fleuve  Forth  la  fépare  au  midi  de  la  province  de  Ster- 
ling ,&  elle  a  celle  de  Lennox  à  l'occident.  Elle  prend 
fon  nom  de  la  rivière  de  Teirh  qui  l'arrofe ,  ôc  fe  jette 
dans  le  Forth,  Sa  longueur  eft  de  treize  lieues ,  &  fa  lar- 
geur de  quatre.  On  commence  à  s'y  reffentir  du  voifi- 
nage  des  provinces  feptenrrioijales  par  la  groiïiereté  des 
habirans ,  ôc  par  la  ftérilicé  de  la  terre  ,  qu'on  prend  peu 
de  foin  de  cultiver.  Dumblain  fur  l'Allan  eft  la  capitale, 
ôc  h  feule  ville  ,  félon  quelques-uns  ;  car  Clackman- 
nan  ôc  Kinrots  font  placées  par  beaucoup  d'écrivains 
dans  la  province  de  Fife.  *  Etat  préfent  de  la  Grande 
Bretagne  ,  t.  2.  p.  2;  1.  A  naïf,  <.t ,  Géogr.  t.  1. 

MENTESA.  11  y  avoit  deux  villes  de  ce  nom  en  Es^- 
pagne.  L'une  que  Ptolomée ,  /.  2.  c.  6.  place  chez  les 
Oretani ,  &  dont  les  habitans  étoient  nommés  Mente- 
sani  Oretani;  l'autre  chez  les  Bafletani  ou  Baftuli. 
L'itinéraire  d'Antonin  appelle  cette  dernière  Memefa. 
Baftia  ,  ôc  on  donnoit  aux  habitans  le  nom  de  Mente- 
sani  Bastuli.  Pline  ,  /,  3.  <-.  3.  connoît  auffi  cette  di- 
ftinction  ;  car  il  dit:  Mentefani  qui  &  Oretani ,  Men- 
tefani qui  &  B.ifluli.  On  trouve  ,  ce  femble  ,  des  traces 
de  ces  deux  villes  dans  le  X.  concile  de  Tolède  ;  favoir , 
pour  la  première  dans  la  foufeription  de  Daniel  ,  qua- 
lifîé  diacoHUS  Marcclli  episcopi  ecchftœ  Uritam  ,  ôc  pour 
la  féconde  dans  la  foufeription  de  Maritanus ,  qui  fe  dit 
abbas  Valdefredi  episcopi  ccclcfia  Mentefanx.  On  croit 
que  la  Mentefana  des  Oretains  eft  aujourd'hui  la  Guar- 
dia  ,  village  au  fud-eft  de  Jacn  dans  l'Andaloufie. 
A1ENTESANI.  Voyez.  Mentesa. 
MENTESE  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Narolie  ,  fur  la  côte 
de  l'Archipel  ,  presque  vis-à-vis  de  l'ifle  Fornigue  ,  au 
midi  occidental  de  la  ville  de  Melazzo.  Cette  ville  s'ap- 
pelloit  anciennement  Myndus.  *  De  l'ijle,  Atlas. 

MENTES- ILI,  contée  d'Afie,  dans  la  Natolie  :  elle 
eft  bornée  au  nord  par  l'Aidin-Ili ,  à  l'orient  par  le  pays 
de  Macri ,  au  midi  par  le  golfe  de  Macri ,  ôc  à  l'occident 
par  l'Archipel.  *  De  l'Ip,  Atlas. 

MENTHE  ,  Menthôla  ,  prieuré  de  Fiance  ,de  l'or- 
dre de  Cluni ,  entre  Vienne  &  Valence. 
MENTISA.  Voyez.  Mentesa. 
MENTON,  petite  ville,  dans  la  principauté  de  Mo- 
naco, entre  Monaco  ôc  Vinrimiglia,  à  trois  milles  de  la 
première  ,  &  à  cinq  milles  de  la  féconde.  Elle  eft  fituée 
au  bord  de  la  mer ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  rivière 
de  Gènes.  Cette  ville  dépend  de  la  principauté  de  Mo- 
naco depuis  l'an  1346,  que  Charles  Grimaldi  ,  premier 
du  nom  ,  furnommé  le  Grand,  gouverneur  de  Provence 
&  amiral  de  Gènes  ,  en  fit  l'achat  pour  en  faire  le  parta- 
ge de  deux  de  fes  en  fans.  Il  y  a  dans  Menton  un  gre- 
nier à  fel ,  qui  fournit  le  pays  de  cette  denrée.  On  y 
voit  trois  châteaux  ,  l'un  fur  le  haut  de  la  montagne  , 
l'autre  dans  la  ville  ,  &  le  troifiéme  avance  un  peu  fur  la 
mer.  On  fait  garde  dans  ce  dernier  ,  pour  éloigner  les 
pirates  qui  s'avancent  quelquefois  jusque  vers  ces  côtes. 
Le  peuple  fe  fert  d'un  langage  mêlé  d'italien  &  de  pro- 
vençal, ce  qui  le  rend  presqu'inintelligible.  Il  y  a  des 
Capucins  dans  le  bourg;  ôc  des  Récollets  dans  la  ville 
fur  le  haut  de  laquelle  eft  bâtie  l'églife  paroiiîîale  de  S. 
Michel.  *  La  Foret  de  Bourbon  ,  Géogr.  hift.  r.  2.  p. 
j  17.  Journal  d'un  voyage  de  France  ôc  d'Italie. 

MENTONOMON  ,  golfe  de  l'Océan  germanique. 
Les  Guttones  habitoient  fur  fes  bords  ,  félon  Pline  ,  /.  37. 
c.  7.  On  croit  communément  que  c'eft  aujourd'hui  le 
Frischaff. 

MENTONINES  ,  peuples  d'Italie  ,  aux  environs  de 
Gènes.  Onelius,  Thefaur.  dit  qu'il  y  a  à  Gènes  une  table 


20  S 


d'airain  *    qui    fait    mention   de    ces  peuples. 

MENTORES  ,  peuples  que  Pi. ne  ,  /.  3.  c.  21.  met  au 
voifinage  de  la  Libumie.  Etienne  le  géographe  en  f..ic 
aufii  mention  ,  ôc  cite  Hecatée.  Onelius  juge  qu'ils  pou- 
voient  habiter  la  Mentorique. 

MENTORICA  ,  contrée  vc  iline  de  l'Iitrie  ,  félon 
Ariftote,  /,'.'  ùïirabil.  qui  fépare  ces  deux  pays  par  le 
mont  Dclphius ,  dont  il  donne  la  deferiprion. 

MENTOUBES  ,  ville  de  la  baffe  Egypre  .dans  le  Del- 
ta ,  fur  la  rive  droice  du  bras  occidental  du  Nil  ,  entre 
lezzara  ôc  Rofletc. 

MENTOUS  ,  peuples  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  la  Louïfiane.  Ils  font  établis  aujourd'hui  fur  les 
bords  de  la  rivière  des  Akanfas. 

MENTUM  ,  ville  aux  environs  del'Epire  ,  félon  Or- 
telius.  Il  ajoute  que  Strabon  ,  Epitom.  L  10.  dit  qu'elle 
s'appella  premièrement  Taphos ,  &  de  fon  tems  Taphius. 

MENTURINUM ,  ville  d'Italie,  aux  environs  de  Ca- 
poue ,  à  ce  qu'il  paroît  par  le  recueil  des  conciles ,  en 
parlant  de  la  libéralité  de  l'empereur  Conftantin.  One- 
lius ,  Thefaur.  croit  qu'il  faut  écrire  Minturnum. 

MENTYRNA.  Voyez.  Minturnje. 

MEMULLINUS  AGER,  lieu  d'Italie.  Feftus ,  /.  17. 
de  Verbor.Jignificat.  eft  le  feul  auteur  qui  en  faffe  men- 
tion ;  c'eit  au  mot  feriptum  lapidem. 

MENUS.  Voyez,  Moehv  s. 

MENUTHÈSIAS.  Voyez  Menutmias. 

MENUTHIAS  ,  ifie  d'Afrique,  fur  la  côte  d'Ethio- 
pie ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  9.  Arrien  ,  Peripl.  2.  p.  9. 
la  nomme  Mcmtthefias ,  ôc  Etienne  le  géographe  ,  Me- 
nuthis.  Voyez.  Cerne. 

MENUTH1S ,  bourgade  d'Egypte  :  Etienne  le  géo- 
graphe la  met  auprès  de  Canope.  Epiphane  en  fait  aulîi 
mention.  Au  lieu  de  Menuthis  ,  on  lit  dans  la  vie  de  S. 
Cyr  ,  abbé ,  Mamuhis  ,  ôc  on  y  ajoute  que  ce  lieu  étoit 
feulement  à  deux  ftadesde  Canope.  *  Ortelii  Thefaur. 

MENYNA.  Voyez.  Lothophagites. 

MENYTANUS,  fiége  épiscopal  delà  Paleftine.  On 
trouve  dans  le  concile  de  Jérufalem  ,  tenu  l'an  j 36  ,  la 
fouscription  de  Stephamis  Menytamts.  *  Harduïn  3 
Collect.  conc. 

MENZOCHASA,  Zofime  en  fait  deux  mots  :  il  écrie 
Men  Zochasa  ,  m»V  ~CuyJ.cn  ,  &  ajoute  que  cette  ville 
fe  nommoir  de  fon  temsSéleucic.  Voyez,  Seleucie. 

MEOBEC,  ou  Meaubet,,  Millcbecus ,  MûUbecnm  , 
Mulisbtccus  ,  Moïispecuc  ,  Mùibeccus ,  comme  qui  di- 
roit  riche  en  troupeaux  ,  ôc  qui  en  a  mille.  C'eft  une  ab- 
baye d'hommes  ,  de  l'ordre  de  faint  Benoit  ,  dans  Je 
Béni ,  diocèfede  Bourges ,  au  pays  de  Brenne  ou  Brien- 
ne ,  fur  les  confins  du  Poitou  ,  entre  Argcnton  ôc  Mai- 
zieres.  Argenton  en  eft  à  trois  lieues.  Les  annales  ecclé- 
fiaftiques  de  France  en  font  mention  l'an  619.  Elle  a  été 
fondée  par  Foucaud  ,  maire  du  palais  de  Thierri ,  roi 
de  Bourgogne  ,  ôc  par  faint  Figirand,  ou  Siranr,  qui  en 
fut  le  premier  abbé;  il  abdiqua  1  archidiaconé  de  Tours, 
dont  il  étoit  pourvu  ,  ôc  fe  bâtit  en  cet  endroit  une  cel- 
lule &  un  oratoire  fous  l'invocation  de  fai  u  Pierre,  étant 
appuyé  du  fecours  de  Flocadeou  Foucaud,  homme  très- 
puiflant  dans  les  Gaules.  Dagobert  I.  en  confirma  I'éra* 
bliflement  l'an  642.  On  la  transféra  à  Lonrey  fur  la  Claife, 
l'an  1674  ,  ôc  elle  fut  unie  ,  tant  pour  la  menfe  abbatiale, 
qui  vaut  trois  mille  livres  de  rente,  que  pour  la  conven- 
tuelle; à  l'églife  de  Québec  ,  dans  l'Amérique.  Quant  à 
l'églife,  elle  a  été  convertie  en  paroifle.  Voyez.  Lonrey. 
Nous  avons  réformé  cet  article  fous  celui  de  Maubec. 
Voyez.  Maubec. 

MEONIA.  Voyez.  Lydie  ,  Mysie  ôc  Phrygie. 

MEOPAROT/E  ,  Ecbiz^  ,  Orcade s ,  iftes  de  la  mer 
feprentrionale  ,  félon  Orteiius  ,  qui  cite  la  cosmographie 
d'/Ethicus ,  ouvrage  le  plus  méprifable  qu'il  y  ait  dans 
ce  genre. 

MEPHAS  ,  lieu  où  il  y  avoir  une  garnifon  des  Sarra- 
fins ,  félon  George  d'Alexandrie  ,  "dans  la  vie  de  faint 
Chryfoftôme.  *  Ortelii  Thefaur. 

MEPHET ,  félon  les  Septante,  &  MephaatH,  fé- 
lon la  vulgate  ,  ville  delà  Paleftine  dans  la  tribu  de  Ru- 
ben(^  ).  Elle  fut  cédée  aux  Lévites  de  la  famille  de  Me- 
rari.  Eufebe  dit  que  de  fon  tems  (  a  )  les  Romains  y  en- 
trerenoient  une  garnifon  pour  la  fureté  du  pays.  Saint 
Jérôme  écrie  Miphad  ,    êc  en  fait  deux    villes  :  l'une 


ao6       MEP 

dans  la  tribu  de  Benjamin  ,  l'autre  au-delà  du  Jourdain  , 
félon  Orrelius,  Thefaur.(a)  Jofué ,  13.  i8.(£)  Dvm 
Calmet,  Diction. 

MEPH1T1S  i£DES.  Voyez.  Amsanctus. 
MEPHRA.  Voyez.  Maepha. 

MEPHYLA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Latium  ,  chez  les 
Aborigènes.  Denys  d'Halycarnafle ,  /.  i.p.  n.  dit  qu'elle 
étoit  a  quarante  ftades  A'Urvinium  ,  Se  à  trente  de  Suna. 
Sylleburge  la  prend  pour  la  Medulliu  de  Pline. 

MEPPEL  ,  gros  village  des  Pays-Bas  ,  au  pays  de 
Drente  fur  l'Aa.  Il  a  de  beaux  privilèges.  *  Dict.  gèogr. 
des  Pays  Bas. 

MEPPEN ,  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de  Weftpha- 
lie  fur  l'Ems ,  au-deflbus  de  Lingen  ,  dépendante  de  l'ar- 
chevêque de  Cologne  ,  qui  l'a  retirée  des  mains  des  com- 
tes Palatins.  Ceux-ci  l'avoient  achetée  de  la  veuve  du  fei- 
gneur  de  Kniphaufen  ,  qui  en  avoit  été  quelque  tems  en 
pofTeflion.  Cette  place  eft  en  quelque  manière  une  clef 
de  l'Ooftfriefland.  Le  comte  Erneft  de  Mansfeldt  la  prit 
en  1622  ,  Se  fut  obligé  de  l'abandonner  ,  après  que  l'ar- 
mée de  l'évêque  d'Halberftat  eut  été  mife  en  déroute. 
Elle  avoit  été  prife  en  1587.  par  les  troupes  des  Pro- 
vinces-Unies ,  qui  étoient  fous  la  conduite  du  colonel 
Adolphe  de  Mors.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Weftph.  phal. 

MEQUEBHUAN  ,  ou  Equebdenon  ,  grande  mon- 
tagne d'Afrique,  dans  la  province  de  Garet ,  au  royaume 
de  Fez.  Elle  s'étend  depuis  Caçaça  vers  le  Levant,  jusqu'à 
la  rivière  de  Mulaye  ,  &  depuis  la  mer  ,  jusqu'au  défert 
de  Garet.  Il  y  a  quantité  d'orge  Se  de  miel ,  Se  beaucoup 
de  gros  Se  menu  bétail  ;  Se  elle  étoit  autrefois  habitée 
d'un  peuple  belliqueux  Se  riche  ,  qui  y  faifoit  fleurir  le 
commerce  ;  mais  les  habitans  en  furent  fort  endommagés 
par  les  courfes  des  Chrétiens ,  lorsqu'ils  furent  maîtres 
de  Melillei  Se  ne  pouvant  s'entrefecourir  les  uns  les  au- 
tres ,  à  caufe  de  l'éloignement  de  leurs  villages ,  ils  furent 
contraints  de  fe  retirer  ailleurs.  Ils  y  font  retournés  de- 
puis la  perte  de  Caçaça  ;  mais  ils  font  bien  moins  à  leur 
aile  qu'ils  n'étoient.  On  les  nomme  Bénélaid  ,  Se  ils  font 
des  dépendances  de  Tezete  -,  de  forte  qu'ils  payent  con- 
tribution au  gouverneur ,  pour  l'entretien  de  la  cavalerie 
qui  fert  à  défendre  la  province.  La  montagne  de  Mequeb- 
huan  donne  d'un  côté  fur  la  rivière  de  Mulucan  ,  où 
elle  fait  comme  une  efpéce  de  cap.  Les  Chrétiens  la 
nomment  en  cet  endroit  la  montagne  des  Ardaques ,  ou 
des  boucliers.  De  l'autre  côté  ,  qui  répond  vers  la  mer  , 
elle  tient  à  la  montagne  de  Carmun  ,  où  étoit  l'ancienne 
ville  de  Méchucha ,  dont  les  bâtimens  paroiflent  avoir 
été  faits  par  les  Romains.  Le  calife  fchismatique  de  Cor- 
van  la  ruina.  Quoiqu'elle  n'ait  pas  été  rétablie  depuis , 
quelques  Bereberes  demeurent  au  plus  haut  en  un  quar- 
tier ,  qu'on  appelle  la  nouvelle  Méchucha.  *  Marmol  , 
Defcript.  de  l'Afrique  ,  r.  2.  1.  4.  c.  10 1. 

MEQUELLA  ,  ville  d'Egypte  ,  qui  a  été  bâtie  fur  le 
bord  du  Nil ,  du  côté  du  levant ,  par  les  fuccefleurs  de 
Mahomet.  Elle  eft  fort  peuplée  ,  Se  a  plusieurs  rifle - 
randsôc  laboureurs  ,  quoiqu'elle  ne  foit  fermée  que  de 
méchantes  murailles.  Comme  il  n'y  a  point  de  mar- 
chands dans  cette  ville  ,  les  étrangers  n'y  fréquentent  pas. 
Le  pays  d'alentour  cfl  fertile  en  bleds  ,  en  orge  Se  en 
lin ,  Se  il  s'y  trouve  un  grand  nombre  d'oies  ,  que  l'on 
porte  pour  vendre  au  Caire  vivantes  ou  falées.  *  Mar- 
mot >  Defcr.  d'Afrique,  t.  3.  c.  21. 

MEQUELLAS-CAYS ,  ville  d'Afrique ,  que  les  fuc- 
cefleurs de  Mahomet  firent  bâtir  fur  un  haut  tertre  ,  qui 
eft  au  bord  du  Nil,  du  côté  du  couchant.  Cet  endroit 
n'ayant  rien  à  craindre  des  débordemens  du  fleuve  ,  qui 
n'arrivent  pas  jusques-là  ,  on  l'a  tout  planté  de  vignes  , 
qui  fourniflent  des  raifins  frais  au  Caire  pendant  une  par- 
tie de  l'année.  Comme  les  habitans  n'ont  point  de  terres 
où  ils  fe  puiflent  étendre  ,  c'eft-là  presque  tout  leur  trafic. 
La  plupart  font  bateliers ,  qui  navigent  le  long  de  ce 
fleuve.  *  Marmol  ,  Defcription  de  l'Afrique  ,  tom.  3 . 
chap.  23. 

MEQUINENÇA ,  ville  d'Espagne ,  au  royaume  d'Ar- 
ragon  ,  à  l'endroit  où  fe  fait  le  confluent  de  l'Ebre  Se  de 
la  Segre.  Cette  ville  eft  ancienne.  Elle  étoit  connue  au- 
trefois fous  les  noms  d'Oclogefa  Se  à'Iitofa.  Elle  eft  forte 
par  fa  fituation,  dans  un  terrein  entouré  des  deux  rivières, 
dont  il  vient  d'être  parlé  ,  &  défendue  par  un  château 
bien  fortifié.  La  campagne   qui  l'environne  eft  abon- 


MER 


damment  arrofé  ,  fort  agréable  Se  très-fertile.  *  Délices 
d'Espagne  ,  t.  4.  p.  6j  5. 

MER ,  mot  que  nous  avons  pris  du  mot  latin  Mare. 
Il  fignifie  ,  tant  en  général  qu'en  particulier  ,  ce  vafte 
amas  d'eaux  ,  la  plupart  falées  ,  qui  environnent  le  globe 
de  la  terre. 

La  mer  fe  prend  en  général  ou  en  particulier,  Se 
en  la  divifant  en  fes  parties.  Lorfqu'il  s'agit  de  la  mer 
dans  la  plus  grande  étendue  de  fon  lit  ,  on  dit  Ample- 
ment la  Mer  ou  l'Océan.  Les  Grecs  nous  ont  donné 
le  mot  Océan,  Ciy.ia.vci,  formé  d'iixsV  ,  Vue,  Rapide- 
ment ,  Se  de  vetitù  ,  Couler.  C'efl  chez  eux  un  fubftantif. 
Homère  l'emploie  néanmoins  auflî  comme  adjectif.  Nous 
dii'ons  de  même  l'Océan  fubftantif,  Se  la  mer  Océane 
adjeétif. 

Sanfon,/.  i.c.  1.  dans  fon  introduction  à  la  géogra- 
phie dit  :  Les  anciens  s'étant  fervi  du  nom  d'Océan  pour 
toutes  les  eaux  qui  environnent  notre  continent,  & 
les  modernes  ayant  donné  le  nom  de  mer  aux  eaux 
qui  baignent  l'Amérique,  nous  appellerons  Océan  les 
eaux  qui  environnent  notre  continent ,  Se  Mer  celles 
qui  enrourent  l'Amérique.  Cette  diftinclion  n'a  point 
fait  fortune  ,  Se  on  ne  la  fuit  point. 

On  dit  la  Mer  pour  lignifier  la  vafte  étendue  d'eaux 
qui  occupent  une  grande  partie  du  globe.  L'Océan  a 
quelque  chofe  de  plus  particulier ,  Se  fe  dit  de  la  met 
en  général  par  oppoiîtion  aux  mers  qui  fon  enfumées 
dans  les  terres.  L'Océan  n'environne  pas  moinsle  nouveau 
monde  que  1  ancien,  mais  dans  les  mers  ref.erréesdansde 
certains  efpacesde  terre, le  nom  d'Océan  ne  convient  plus. 
De  même  que  la  terre  eft  partagée  en  pavs  ,  de  même 
l'Océan  eft  partagé  en  mers.  La  mer  Ailantique ,  la 
mer  Blanche,  la  mer  Glaciale,  la  mer  des  Indes,  la 
mer  du  Nord,  Limer  Pacifique,  font  également  des 
parties  eflentiilles  Se  intégrantes  d'un  feul&  même  Océan. 
Quoique  les  mers  enfermées  dans  les  terres  communi- 
quent à  l'Océan  par  des  détroits  connus  ,  ou  par  des 
fouteireins  ignores,  Se  que  par  conféquent  ils  ayenc 
une  liaifon  plus  ou  moins  grande  avec  lui ,  on  ne  les 
appelle  point  Océan,  mais  Amplement  Mer,  en  y  ajou- 
tant pour  les  distinguer  leur  nom  propre,  comme  là 
mer  Rouge  ,  la  mer  Vermeille,  la  mer  Méditerranée, 
la  mer  Bal  ique  ,  &c. 

L'Océan  lui  même  fe  partage  en  diverfes  mers ,  non 
qu'il  foit  divifé  par  bornes  comme  les  mers  enfermées 
entre  des  rivages  ,  Se  où  l'on  entre  par  quelque  détroit, 
mais  parce  qu'une  auflî  grande  étendue  de  mer  qu'eft 
1  Océan  ,  eft  parcourue  par  des  navigateurs  qui  ont  befoir» 
de  distinguer  en  quel  lieu  ils  fe  font  trouvés  -,  on  a 
imaginé  des  parties  que  l'on  difiingue  par  des  noms  plus 
particuliers. 

Ainfi  on  appelle  mer  du  Sud  la  partie  de  l'Océan  qui 
eft  au  midi  de  la  Nouvelle  Espagne  ou  de  l'Amérique 
feptentrionale  ;  mer  du  Nord  une  autre  partie  de  l'Océan 
qui  eft  au  nord  du  Brefil  Se  de  l'Amérique  méridionale; 
mer  d'Ethiopie  la  partie  de  l'Océan  qui  eft  vis-à-vis  de 
l'Afrique  ,  depuis  la  Guinée  jusqu'au-delà  du  cap  de  Bon- 
ne Efpérance  ;  Se  mer  des  Indes  ce  même  Océan  depuis 
l'Afrique  jusqu'à  la  Chine.  On  appelle  Océan  oriental, 
ce  même  Océan  le  long  du  Tonquin  ,  de  la  Chine  ,  du 
Japon  ,  des  Philippines  ou  ifles  Manilles,  Se  des  nouvelles 
Philippines. 

Ce  qui  regarde  le  flux  Se  reflux  de  la  mer  appartient 
plus  à  la  phyfique  qu'à  la  géographie.  Voyez.  Rohault, 
Pby/iqite,  2.  part.  c.  dernier  ,  t.  i.p.  140. 

Les  Hébreux  donnent  le  nom  de  Mer  à  tous  les  grands 

amas  d'eaux  ,  aux  grands  lacs  ,  aux  étangs.  Ainfi  la  mer. 

de  Galilée  ,  ou  de  Tibériade  ,  ou  de  Cenereth, 

n'eft  autre  que  le  lac  de  Génézareth,  ou  de  Tibériade 

dans  la  Galilée.  La  mer  Morte,  la  mer  du  Désert  , 

la  mer  d'Orient,  la  mer  de  Sodome,  la  mer  du 

Sel   ou  la  mer  Salée,  la  mer   Asphaltite  ou  du 

Bitume  ,  n'eft  autre  chofe  que  le  lac  Afphaltite  ou  le  de 

lac  Sodome.  Les  Juifs appclloient  la  mer  Méditerranée, 

la  mer  Occidentale  ,  ou  la  grande  Mer,  ou  la  mer 

de  Derrière.  On  donna  même  le  nom  de  Mer  à  un 

très  grand  baflïn  de  bronze  que  Salomon  fit  faire  dans 

le  temple  pour  la  commodité  des  prêtres  qui  y  lavoient 

les  pieds  Se  les  inteftins  des  victimes,  &  les  inftrumens 

dont  ils  fe  fervoient  dans  les  facrifices. 


MER 


Les  Ethiopiens  nomment  la  mer  Bar  en  leur  langue J 
&  donnent  ce  nom  même  à  des  lacs,  comme  bar  Dam- 
BEA,le  lac  de  Dambee  ;  Barsuf  ,  le  Zanguebar  ,  le 
BarnagasH,  &c.  Les  Grecs  difent  e*K<x.<r<rct,ThaLaj]at 
à  caufe  de  fa  couleur  verte.  a"a?,  Als ,  à  caufe  de  fa 
falure  ,  ôc  môvrou  dont  les  poètes  Latins  ont  pris  le  mot- 
Pontus  .  nom  commun  à  tomes  les  mers,  6c  que  nous 
n'employons  en  françois  que  dans  le  nom  du  Pont- 
EuxiN.en  parlant  de  la  mer  Noire  par  rapport  à  l'antiqui- 
té. Les  Italiens  difent  Mare  &c  Mar  dans  leurs  vers  ; 
les  Efpagnols  ôc  les  Portugais  Mar  ;  les  François  Mer  > 
les  Anglois  Sea  \  les  Allemands  Sée  :  ils  emploient  aufli 
ce  nom  pour  lignifier  un  lac  -,  les  Hollandois  Zée. 

Liste  de  principales  Mers  du  monde  connu. 

La  mer  d'Abex  ,  partie  de  la  mer  Rouge  ,  le  long  des 
côtes  de  l'Abiffinie. 

La  mer  Adriatique.  Voyez,  Adriaticum  mare  ôc 
Venise. 

La  mer  d'Afrique,  partie  de  la  mer  Méditerranée , 
entre  les  ifles  de  Malte  ,  de  Sicile  Se  l'Egypte ,  ôc  le  long 
des  côtes  de  Barea  ôc  de  Tripoli. 

La  mer  d'Allemagne,  partie  de  l'Océan,  depuis  les 
Pays-Bas  jusqu  à  la  Manche  de  Danemarck. 

La  mer  d'Angleterre.  C'eil ,  à  proprement  parler  j 
la  mer  qui  environne  ce  royaume  •,  mais  les  Anglois  reten- 
dent davantage ,  Se  fe  regardent  comme  propriétaires  de 
la  Mer.  Comme  cette  nation  a  pofïédé  une  grande  partie 
des  côtes  de  France  ,  elle  s'eft  accoutumée  à  regarder 
cette  mer  comme  fon  domaine.  Delà  vient  que  fi  une 
femme  accouche  dans  la  traverfe ,  fon  enfant  efl  cenfé 
Anglois  comme  s'il  étoit  né  en  Angleterre ,  &  y  jouit 
des  mêmes  droits. 

Là  mer  d'Arabie.  On  appelle  proprement  ainfi  la 
partie  de  l'Océan  qui  ell  entre  le  cap  de  Rafalgate  ôc 
l'iiie  de  Zocotora.  Les  autres  parties  de  la  mer  qui  font 
une  presque  ifle  de  l'Arabie  font  des  noms  particuliers  > 
favoir  ,  le  Sein  Perfique ,  le  golfe  d'Ormus  ôc  la  mer 
Rouge.  Les  anciens  comprenoient  la  mer  d'Arabie  fous 
le  nom  d'ERiTHR^EUM  mare. 

La  mer  d'Arménie  ,  c'cillc  lac  ôActamar.  Voyez, 
ce  mot. 

La  mer  Atlantique.  Voyez,  au  mot  Atlantique. 

La  mer  Australe  ,  c'eil  la  partie  de  l'Océan  la  plus 
méridionale.  11  n'y  a  pas  longtems  qu'on  |  a  découvert 
qu'elle  occupe  uri  vafle  efpace  ,  où  l'on  fe  figuroit  des 
terres*  Ce  qui  engageoit  les  navigateursà  paffer  le  détroit 
de  Mage  Lin  avec  bien  des  difficultés  ôc  des  dangers.  A 
prélent  on  elt  desabufé  par  des  navigateurs,  qui  ont  fait 
le  tour  de  l'ifle  de  Feu  ;  ôc  on  fçait  qu'à  la  réferve  d'un 
amas  difles,  il  n'y  a  qu'une  mer  allez  large  au  midi  de 
ce  détroit  que  l'on  évite  pour  entier  dans  la  mer  du 
Sud. 

La  mêr  de  Bachu  ,  c'efl  la  même  que  la  Mer  Cas- 
pienne. Voyez,  ce  mot. 

La  mer  Baltique  ,  grand  golfe  ,  entre  l'Allemagne 
&  la  Pologne  au  midi ,  le  Danemarck  &  la  Suéde  au 
couchant ,  la  Laponie  au  nord ,  la  Bothnie  ,  la  Finlan- 
de ,1a  Livonie  ,  la  Courlande  .  partie  de  la  Pologne  & 
le  royaume  de  Prufle  à  l'orient.  Elle  communique  à  la 
mer  de  Danemarck  par  trois  détroits,  qui  font  le  Sund  , 
ou  le  pal  âge  oriental  entre  la  province  de  Schonen , 
qui  elt  de  la  Suéde ,  ôc  l'ifle  de  Séeland  ;  le  grand  Belt 
entre  cette  même  ifle  ôc  celle  de  Funen ,  ôc  le  petit 
Bel  entre  la  Funen  ôc  le  Jutland -,  ôc  comme  ces  deux 
deimers  partages  font  entièrement  dans  l'état  du  royaume 
de  Danemarck  ,  ôc  que  ie  premier  y  étoit  auffi  lorf- 
que  la  Schonen  lui  appartenoit ,  l'entrée  de  la  mer  Balti- 
que dépend  encore  à  préfent  du  roi  de  Danemarck  ,  qui 
a  droit  de  vifite  fur  ce  qui  y  entre  ,  ôc  en  fort.  Comme 
cette  mer  elt  à  l'orient  du  Danemarck  &  de  la  Suéde , 
ces  nations  la  nomment  en  leur  langue  la  mer  d'Orient. 
Les  rLmands,  par  imitation,  la  nomment  Oostzée. 
Quelques-uns  comprennent  dans  la  mer  Baltique  la  mer- 
de Danemarck ,  qui  elt  entre  la  Novwege  éx:  le  Nord 
Jutland.  Je  ne  la  prens  qu'après  que  l'on  a  patte  l'un  des 
détroits  que  j'ai  marqués.  Cette  mer ,  outre  les  ifles  de 
Danemarck  ,  en  a  fur  les  côtes  d'Allemagne  ,  de  Livonie , 
de  Finlande  ôc  de  Suéde  ,  plufieurs  qui  font  confidé- 
rables.  11  fuffit  de  marquer  ici  les  noms  des  plus  impor- 
tantes. 


MER      2.07 

Rugen  J      f 

Ufedom ,  J    fur  la  côte  de  Poméranie» 

Vollin ,      l 

Bornholm,  ç 

Oeland  ,    )    fur  la  côte  de  Suéde» 

Gothland,  \ 

D  Ch         1_  fur  la  côte  de  Livonie. 

Les  ifles  d'Aland  entre  la  Suéde  ôc  la  Finlande, 

A  l'orient  de  l'Uplande,  la  mer  Baltique  fe  partage 
en  deux  bras  :  celui  qui  court  à  l'orient  s'appelle  le  golfe 
de  Finlande  j  celui  qui  avance  vers  le  nord  fe  nomme 
le  golfe  de  Bothnie.  Je  parle  de  ces  deux  golfes  aux  mots 
Bothnie  ôc  Finlande.  La  Suéde  ôc  la  Fini,  nde  font 
bordées  d'une  multitude  presque  innombrable  d'écueiL.  ôc 
difles  qui  méritent  à  peine  ce  nom. 

Outre  les  deux  golfes  de  Bothnie  ôc  de  Finlande  ,  il 
y  en  a  quatre  autres,  le  golfe  de  Livonie  à  l'embouchure 
de  la  Dwina  ,  où  efl  Riga  ;  celui  de  Curlande  à  l'em- 
bouchure delà  Niémen  ,  où  elt  Menel;  celui  de  Dantzig 
à  l'embouchiue  de  la  Vilîule ,  ôc  le  golfe  de  Lubeck 
à  l'embouchure  de  la  Trave  ,  où  efl  Lubeck. 

La  mer  Baltique  efi  dangerer.fe  dans  les  mauvais  tems. 
Les  lames  y  font  fort  courtes  ,  ôc  les  bords  fur-tout ,  du 
côté  de  la  Suéde  &  de  la  Finlande  ,  font  bordés  déçut  ils, 
quoiqu'il  y  ait  un  afiez  grand  nombre  de  très  bons  ports. 

La  mer  de  Banda  ,  partie  del'Archipel  des  Moluques, 
près  des  ifles  de  Banda. 

La  mer  de  Barbarie  ,  partie  de  la  Méditerranée 
fur  la  côte  feptentrionaie  d'Afrique ,  entre  le  détroit  ôc  la 
mer  d'Afrique. 

La  i:ier  de  BassorA»  ou  Balsora  ,  ou  BaLsera. 
C'efl  la  même  que  le  golfe  Persiqu-e.  Voyez,  au  mot 
Golfe. 

La  mer  de  Biscaye  ,  partie  de  l'Océan  qui  lave  la 
côte  feptentrionaie  de  l'Espagne  depuis  Fontarabie,  jus- 
qu'au cap  de  Finiflere. 

La  mer  Blanche  ,  grand  golfe  de  l'Océan  feptentrio- 
nal  au  nord  de  l'Europe  ,  entre  la  Laponie  Moscovite  , 
au  nord  ôc  au  couchant  -,  l'ifle  de  Candenoes,  la  Jugorie 
ôc  le  pays  de  la  Dwina  à  l'orient  ;  la  province  d'Onega 
ôc  la  Carelie  moscovite  au  midi.  Cette  mer  que  l'on 
nomme  aufli  Bela-More,  reçoit  un  grand  nombre  de 
rivières  j  les  principales  font 


Le  Ponoy  , 

LaStrelna, 

La  Gouba  ou  rivière  de  fel  J 

La  rivière  douce  d'Ombay  ,< 

VerfcheRevierou  la  rivière  \ 

Fraîche , 
La  Zalottitza  , 


dans  la  Laponiei 


La  Vicie, 
La  Soroka  , 


<  dans  la  Carelie, 


L'Onega ,      5  dans  la  province  de  même  nom* 


La  Poliza , 

La  Dwina , 

L'ince  , 

La  Rotz, 

La  Mangrâ  j 

La  Mydra  , 

La  Keloeia  ou  le  Kulvio , 

Le  Mezzen , 

Le  Neez  , 

La  Ma'gayâ , 

Et  la  rivière  de  Titza , 


dans  la  province  de  la 
Dwina. 


dans  le  p?ys  de  Ju- 
gora. 


Il  y  a  plufieurs  ifles  dans  cette  mer ,  fur-tout  dans  fa 
partie  du  nord-oueft,  le  long  de  la  Laponie.  Entre  plu- 
fieurs dont  nous  ignorons  les  noms ,  on  diltingue 
Volna  Oftrof ,  ou  l'ifle  des  Cerfs  , 
Keméloc  ,  qui  ne  parok  pas  habitée» 


ao8       MER 


MER 


Plus  au  midi ,  aux  confins  de  la  Laponie  &  de  la 
Carelie  font  les  ifies  de  Solofki  ,  dont  la  plus  grande 
a  un  monaftere  de  même  nom  ;  la  féconde  nommée 
Anzer,  a  un  hermitage  nommé  Anzerska  Pustina, 
c'eft-à-dire  l'hermitage  d'Anzer  ;  la  troifiéme  eft  peu  de 
chofe.  Encore  plus  vers  le  midi  eft  l'ifie  de  Sel ,  ou  l'ifle 
des  Pêcheurs  Viflers  Eyland;  mais  ce  n'eft  qu'une  pres- 
qu'ifie  ,  qui  même  enferme  un  port ,  nommé  Rade  de 
Saint  Nicolas  ,  à  caufe  d'un  monaftere  de  ce  nom.  L'ifle 
de  Podeflemska  eft  formée  par  deux  branches  de  la 
Dwina,  dont  l'une  s'appelle  le  Vieux  Canal ,  &  l'autre 
le  Nouveau.  Ceft  dans  cette  rivière  ,  au  fud-eft  de  cette 
ifle  ,  qu'eft  le  fameux  port  d'Archangcl.  L'ifie  de  Ketté- 
cones  eft  dans  le  gol  e  de  Mezzen,  vis-à  vis  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Mezzen.  Au  couchant  8c  près  de 
la  cô.e  oppofée ,  eft  l'ifie  de  Sousnowïtz  ou  de  la  Croix  ; 
.&  à  l'embouchure  de  cette  mer  ,  fur  la  même  côte , 
font  trois  écueils  q'ie  l'on  nomme  Amplement  les  trois 
ifies.  Cette  mer  s'étend  depuis  les  64  deg.  10.  min.  jus- 
qu'à 67  deg.  30  nvn.  le  fond  &  l'entrée  font  à  peu  près 
fous  un  même  paralLle.  Nous  parlons  de  l'ifie  de  Candé- 
noes  en  fon  article. 

Les  Turcs  nomment  lArchipel  Agh  Denghi,  ou  com- 
me écrit  le  comre  Marfifeli  Hak  Denisi  ,  c'eft-à-dire 
la  mer  Blanche  ,  par  oppofition  à  Kara  Denifi  ou  Car  a 
Denghi ,  c'eft-à-dire,  à  la  mer  Noire.  J'avertis  ailleurs 
que  les  noms  de  Blanche  8c  de  Noire  ne  marquent  pas 
ici  la  couleur  des  eaux  de  l'une  ou  de  l'autre  mer  ;  mais 
qu'ils  fignifient  heureux ,  commode ,  malheureux ,  funefte. 
L'une  eft  favorable  à  la  navigaion,  à  caufe  des  ifies  & 
des  ports  où  l'on  trouve  facilement  un  abri  ;  1  autre  eft 
,expofée  aux  tempêtes  ,  8c  la  navigation  y  eft  très-dange- 
reufe. 

La  mer  Bleue.  Baudrand  dit  :  Ceft  un  golfe  de  la 
mer  de  Bachu  ou  de  la  mer  Caspie  dans  fa  partie  fepten- 
trionale, fur  la  côte  de  la  Tartane  moscovite,  &  à  l'orient 
de  la  rivière  de  Volga.  Il  n'y  a  pas  un  de  ces  indices 
qui  foir  conforme  à  la  vérité.  La  mer  Bleue,  en  latin 
Lacus  C-iCSius  ,  dans  la  langue  du  pays  jjArallnor  , 
eu  eft  feparée  par  une  partie  du  pays  d'A rail ,  laquelle 
a  de  largeur  environ  foixante  milles  d'Italie ,  ou  vingt 
de  nos  lieues.  Ce  n'eft  point  dans  fa  partie  feptentrionale 
qu'eft  cette  mer  ;  elle  en  eft  à  l'orient ,  vis-à-vis  de  Kara- 
Bugu  ou  Bugas,  golfe  où  l'on  croit  que  s'abyme  une 
partie  des  eaux  de  la  mer  Caspienne.  Ce  golfe  ,  qui  eft 
vers  le  milieu  de  la  côte  orientale,  a  fon  entrée  fort  étroite 
&  s'enfonce  dans  le  pays  d'Arall,  &c'eft  entre  ce  golfe 
&  la  mer  Bleue  que  fe  trouve  cette  étendue  de  terre  de 
vingt  lieues  de  largeur.  La  mer  Bleue  n'eft  point  dans  la 
Tartarie  moscovite ,  à  moins  qu'on  ne  veuille  donner 
ce  nom  à  toutes  les  parties  de  la  Tartarie  que  Pierre  le 
Grand  a  conquife.  Le  Volga  étant  au  nord-oueft  de  la 
mer  Caspienne,  &  la  mer  Bleue  étant  vis-à-vis  du  milieu 
de  cette  mer ,  elle  ne  fçauroit  être  à  l'orient  du  Volga. 
Voici  ce  que  c'eft  en  effet  que  la  mer  Bleue. 

Ceft  un  grand  lac  d'eau  falée  dans  le  pays  auquel  il 
donne  fon  nom  d'Arall ,  8c  qui  fait  partie  du  pays  de 
Charaffm  ou  Khowaresmc  ou  Mawaralnahr.  *  Carte 
nouvelle  de  tout  l'empire  de  la   Grande  Ritjfie. 

Ce  lac  qui  fépare  le  pays  d'Arall  des  provinces  orien- 
tales du  pays  de  Khowaresme ,  eft  un  des  plus  grands 
lacs  de  l'Afie  feptentrionale  ;  il  a  plus  de  trente  milles 
géographiques  ou  quarante  lieues  en  longueur  du  fud  au 
nord  ,  &  environ  la  moitié  en  largeur  de  Peft  à  l'oueft  , 
8c  en  tout  plus  de  quatre-vingt  lieues  d'Allemagne  de 
tour.  Ses  eaux  font  extrêmement  falées ,  &  l'on  y  trouve 
les  mêmes  poiflbns  que  dans  la  mer  Caspienne.  A  en 
juger  par  ce  qui  eft  vifible  ,  il  ne  paroît  pas  que  ce  lac 
ait  aucune  communication  avec  la  mer  Caspienne ,  8c 
cependant  il  reçoit  non  feulement  toutes  les  eaux  de 
la  rivière  de  Sirt  8c  de  quelques  autres  moins  impor- 
tantes i  mais  encore  les  Tarrares  ayant  bouché  le  canal 
par  où  le  Kefell  s'alloit  perdre  dans  la  mer  Caspienne  , 
ont  conduit  cette  rivière  dans  la  mer  Bleue  où  elle  ar- 
rive à  préfent  par  trois  canaux.  Malgré  la  quantité  d'eaux 
queces  rivières  y  apportent, on  ne  voit  point  qu'elle  s'é- 
lève au-delTus  de  fes  rives  ordinaires ,  ni  aucun  canal  ap- 
parent par  où  routes  ces  eaux  piaffent  s'écouler. 

Les  Kara-Kalpikks  qui  occupent  le  bord  feptenttio- 
nal  du  lac  d'Arall ,  conduisent  durant  l'été  les  eaux  de 


ce  lac  par  le  moyen  de  certaines  rigoles  dans  les  plai- 
nes fablonneules  d'alentour  à  telle  hauteur  qu'ils  jugent 
à  propos^  &  l'humidité  de  l'eau  venant  à  s'exhaler  peu 
à  peu  par  l'ardeur  du  foleil,  laifiê  à  la  fin  toute  la  fur- 
face  de  ces  plaines  couverte  d'une  croûte  d'un  beau  fel 
.  cryftallifé ,  où  chacun  en  va  prendre  fa  provifion.  Les 
Tartaresde  Khowaresme ,  ceux  de  la  Cafatfchia  Cerda, 
&  les  Kara-Kalpakks  n'ont  point  d'autre  fel  que  celui-là. 
*  Hiji.  des  Tatars,  9  part.  pag.  766.  note  (  a  ). 

La  Mer  du  Brésil  ,  partie  de  l'Océan  fur  la  côte  du 
Brefil,  entre  l'embouchure  de  l'Amazone,  8c  celle  de 
la  rivière  de  la  Plata. 

La  mer  des  Cafres  ,  partie  de  l'Océan  Ethiopique  le 
long  de  la  Cafrérie. 

La  mer  Caspienne,  grande  mer  d'Afie  entre  l'em- 
pire Ruflien  au  nord  8c  au  couchant,  la  Perfe  au  midi , 
8c  la  Tanai  ie  à  l'orient.  Les  anciens  n'en  ont  eu  qu'une 
idée  très-vague.  Ils  la  nommoient  Caspium  Hyrca- 
num  ,  ou  Hircatnum  mure.  Hérodote  ,  /.  1.  c.  203.  eft 
le  feul  qui  ait  dit ,  qu'elle  n'étoit  mêlée  ni  liée  à  aucune 
autre  mer. 

Il  n'y  a  point  de  mer,  dit  fort  bien  de  l'ifle,  fur  l'é- 
tendue 8c  fur  la  figure  de  laquelle  on  ait  tant  varié , 
que  fur  celle  de  la  mer  Caspienne.  On  en  peut  donner 
deux  raifons  :  la  première  eft  que  cette  mer  étant  déta- 
chée des  autres  8c  entourée  de  terres  de  tous  côtés, 
n'a  pu  être  fréquentée  comme  l'ont  été  celles  dont  la 
navigation  conduit  à  différentes  parties  du  monde.  La 
féconde  raifon,  eft  que  les  deux  tiers  des  côtes  de  cette 
mer ,  font  habités  par  des  Tarrares  qui  vivent  fous  des 
tentes,  de  qui  ont  très-peu  de  commerce  avec  les  étran- 
gers. Prolomée  à  qui  le  Volga  n'a  poinr  été  inconnu  , 
puisqu'il  en  marque  le  cours  &  l'embouchure  fous  le 
nom  de  Rha ,  qui  eft  l'ancien  nom  de  cette  rivière  » 
n'eft  pas  tombé  dans  l'erreur  de  ceux  qui  en  faifoienc 
un  bras  de  mer:  mais  il  n'a  pas  évité  une  autre  faute, 
qui  ne  défigure  pas  moins  la  mer  Caspienne.  Il  a  donné 
beaucoup  trop  d'étendue  à  la  mer  Caspienne  d'occident 
en  orient,  la  faifant  de  23  deg.  de  demi,  ce  qui  fait 
quatre  fois  fa  grandeur  en  ce  fens.  Il  a  mieux  rencon- 
tré fur  l'étendue  du  nord  &  au  fud ,  qui  eft  fa  véritable 
longueur ,  quoiqu'il  ait  cru  faufiement  que  c'en  étoit  la 
largeur  5  car  il  la  fait  de  fix  degrés  jufte ,  ce  qui  ne 
s'éloigne  pas  de  la  véritable  diftance  d'Aftarabat  à  Aftra- 
kan.  Autre  faute:  il  met  cette  mer  rrois  degrés  plus  au 
nord  qu'elle  ne  doit  être.  *  Mémoires  de  l'Académie 
royale  des  feiences  ,  année  1723.  p.  3 19. 

Les  Arabes  ne  fe  font  pas  trompés  comme  lui  fur  le 
climat  de  cette  mer.  Ils  ont  même  diminué  de  dix  de- 
grés l'énorme  étendue  que  Ptolomée  lui  avoir  donnée 
d'orient  en  occident  :  cette  diminution  ne  fuffifoit  pas  à 
beaucoup  près ,  puisqu'Abulfeda  prince  Arabe  &  favant 
géographe  lui  donne  une  largeur  presque  trois  fois  aufil 
grande  que  la  véritable,  nonobftant  la  correction  qu'il 
fait  à  la  détermination  de  Ptolomée. 

Scaliger  le  père  ,  averti  de  la  faute  que  l'on  faifoit  en 
prenant  la  longueur  de  la  mer  Caspienne  d'occident  en 
orient ,  marqua  dans  fes  écrits  que  l'on  fe  trompoit  eu 
cela,  8c  palîa  pour  un  novateur. 

Oléarius  voyageur  fage  8c  favant ,  8c  qui  avoit  lui- 
même  parcouru  cette  mer ,  fe  récria  contre  la  faufîeté 
des  cartes  qui  en  marquoient  la  plus  grande  longueur 
d'orient  en  occident.  Il  affura  qu'elle  doit  être  au  con- 
traire du  feptentrion  au  midi ,  8c  que  fa  largeur  n'eft 
que  de  fix  degrés  de  l'eft  à  l'oueft. 

Ifaac  Voulus  fur  Mêla ,  8c  Cellarius  dans  fon  an- 
cienne géographie  s'élevèrent  contre  Scaliger  &  contre 
Oléarius.  J'ai  dit  ma  penfée  fur  leur  entêtement  au  mor 
Caspiens.  La  chofe  eft  préfentement  décidée.  Pierre 
le  Grand  ,  ayant  poufic  fes  conquêtes  le  long  de  la  côte 
occidentale  de  la  mer  Caspienne ,  eut  occafion  de  la 
faire  parcourir  toute  entière  par  fes  fujets  qu'il  avoit 
formés  à  la  navigation.  Il  fongea  à  en  faire  une  excel- 
lente carte.  Les  premières  notions  qu'on  lui  rapporta  d'a- 
bord valoient  déjà  beaucoup  mieux  que  tout  ce  qu'on 
en  avoit  eu  auparavant  :  mais  fa  curiofité ,  l'engagea  à 
faire  de  nouvelles  recherches.  Il  y  envoya  en  17 18.  de 
bons  navigateurs  qui  par  leurs  obfervations ,  produifirent 
la  belle  carte  que  Charles  Van  Verden  a  dreffée  ,  &  qui 
fe  trouve  réduite  par  de  l'ifle  au  méridien  d'Aftrakan. 

On 


MER 


MER 


On  y  voit  avec  une  grande  exactitude  tous  les  ports 
&  les  gifemens  des  côtes,  fur  tout  le  long  de  la  fepten- 
trionale  ,  de  l'occidentale  Se  de  la  méridionale,  avec  les 
fondes  Se  la  variation  de  la  Bouflble;  La  côte  orientale  , 
à  la  réferve  de  certains  golfes  ,  y  eft  moins  détaillée; 
parce  que  n'étant  pas  fi  importante  alors  aux  deffeins 
du  czar ,  on  n'y  avoit  pas  encore  fait  les  mêmes  observa- 
tions que  fur  cellequi  eft  oppoiée  dont  il  ctoic  le  maître, 

Le  Mâfanderan  étant  une  province  fituée  au  midi  Se 
au  bord  de  cette  mer  ,  on  la  nomme  quelquefois  par 
cette  raifon  la  mer  de  Mâfanderan.  D'Hsrbelot  dit  : 
la  mer  Caspienne  ,  que  nos  géographes  appellent  mer 
de  B.ichu  ,  ell  nommée  par  les  Perfans  Deria  Bacu, 
&  Baehuielt  du  nom  de  cette  même  ville,  aufli  bien  que 
Deria  Chilan  ,  Deria  Dilem  ,  Se  Deria  Thaba- 
restan  ,  qui  font  autant  de  provinces  qui  s'étendent  le 
long  de  fes  bords.  Deria  lignifie  en  langue  perfienne 
la  mer.  Il  remarque  ailleurs  que  le  mot  Colzum,  qui  de- 
ligne  la  mer  Rouge,  eft  auffi  attribue  a  la  mer  Cas- 
pienne &  à  la  mer  Noire  par  plufieurs  auteurs  orien- 
taux. Les  Turcs  ne  donnent  pas  a  la  mer  Caspienne  le 
nom  de  Colzum  Dengbizi  ;  ils  le  gardent  pour  la  mer 
Rouge,  ils  appellent  celle-ci  Cosgoun  Denghislcc 
qui  fignihe  la  mer  des  Corbeaux.  Le  mot  de  Cosgoun 
fc  peut  auffi  prendre  pour  le  bruit  que  font  les  vagues 
de  cette  mer  fur  les  rivages.  Quelques  géographes  per- 
fans l'ont  au  fii  appelléc  BahrKhozar  ,m.r  de  Khozar 
du  nom  que  le  pays  où  eft  Aitrakana  porté  autrefois. 

La  mer  Caspienne  ,  telle  que  nous  la  connoifions 
pré  lentement ,  eft  fans  contredit  le  plus  grand  lac  du 
monde  dont  nous  ayons  connoiffance.  Elle  eft  fituée 
entre  les  37  Se  les  47  deg.  de  laritude,  Se  entre  les  77 
6e  les  83  deg.  de  longit.  enforte  quelle  peut  avoir  en- 
viron 1  fo  lieues  d'Allemagne  en  fa  plus  grande  longueur, 
en  comptant  depuis  l'emoouchure  du  iaïck  ,  jusqu'à  la 
cô:e  de  la  province  de  Mâfanderan  ,  Se  environ  70  lieues 
d'Allemagne  en  largeur ,  depuis  l'embouchure  de  la  riviè- 
re de  Kur  ,  au  fud  delà  province  de  Schirvan  jusqu'à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Kheffel.  Le  tour  de  toute  cette 
mer  peut  êtretouc  au  plus  de  quatre  cens  cinquante  mil- 
les d'Allemagne. 

Les  eaux  de  la  mer  Caspienne  font  très-falées  vers  le 
milieu,  Si.  moins  vers  les  côtes,  à  caufe  de  la  gran- 
de quantité  de  rivières  qui  viennent  de  tous  côtés  y 
porter  leurs  eaux;  en  forte  qu'on  trouve  des  endroits 
dans  cette  mer  vers  les  côtes  du  Ghilan  Se  du  Mâfan- 
deran, où  les  eaux  font  douces.  Elle  eft  extrêmement 
abondante  en  exceilens  poiffons ,  les  efturgeons ,  les  fau- 
mons  ,  les  truites  faumonées  ,  les  poiffons  blancs  (  forte 
de  poiffon  dont  on  fait  cas  en  Moscovie,  )  Se  pluiieurs 
autres  fortes  que  cette  mer  nourrit,  viennent  au  prin- 
tems  en  fi  grande  quantité  chercher  les  embouchures 
des  rivières  Se  l'eau  douce ,  qu'il  eft  incroyable  com- 
bien un  en  prend  chaque  année  en  cette  faifon.  On  y 
trouve  auffi  des  carpes  Se  des  brames,  ce  qui  eft  affez 
particulier  dans  les  eaux  falées.  Toutes  ces  différentes 
fortes  de  poiffons  y  font  beaucoup  plus  grandes  &  plus 
grades  qu'ailleurs  ,  fur-tout  les  poiffons  blancs  que  les 
RulTiens  appellent  Bielluga.  Ce  poiffon  eft  parriculicr 
à  la  mer  Caspienne  Se  à  la  mer  Noire  ;  Se  c'eft  delà 
que  quelque-uns  concluent  que  ces  deux  mers  ont  une 
communication  fouterreine.  On  trouve  de  ces  poiffons 
qui  ont  jusqu'à  20  pieds  de  longueur.  Ils  ont  en  quel- 
que manière  la  figure  du  brochet  &  le  goût  de  l'eftur- 
geon ,  mais  la  chair  en  ell  toute  blanche  ,  Se  c'eft  de-là 
que  leut  vient  le  nom  de  poiffon  blanc  ;  c'eft  le  même 
poiffon  que  l'on  prend  auffi  dans  le  Danube  ,  Se  qu'on 
appelle  Hrnfen  en  Autriche.  Les  carpes  y  font  pareille- 
ment d'une  grandeur  extraordinaire,  Se  il  n'eft  pas  rare 
qu'on  en  prenne  vers  l'embouchure  du  Wolgaqui  ayenr 
jusqu'à  cinq  pieds  de  long.  On  y  trouve  outre  cela  des 
chiens  marins ,  Se  de  gros  poiffons  fort  mônftrueux  qui 
n'ont  presque  que  la  tête  Se  la  queue  ,  Se  qui  ne  font 
pas  bons  à  manger.  On  prétend  que  ces  derniers  ont 
tant  de  force ,  que  venant  à  s'accrocher  avec  la  queue 
aux  petits  bâtimens  des  pêcheurs,  ils  les  peuvent  aifé- 
ment  renverfer  ;  ce  font  apparemment  les  monftrcs  du 
tems  de  Mêla. 

La  mer  Caspienne  n'a  point  de  flux  ni  de  reflux, 
&  ce  ne  font  que  les  vents  qui  la  font  monter  ou  bais- 


2.09 

fer  fur  l'une  ou  l'autre  côte  ,  elles  font  verdâtres  a  1  or- 
dinaire ,  comme  toutes  les  eaux  de  mer  ,  excepté  vers 
la  côte  de  Ghilan  où  elles  paroiffent  blanches ,  à  caufe 
du  fondd'argille  qui  règne  tout  le  long  de  cette  côte  ,  Se 
dans  le  golfe  de  la  Jemba  où  elles  paroiffent  noires ,  parce 
que  le  fond  eft  par  tout  fort  marécageux  de  ce  côté. 

Cette  mer  a  par  tout  foixante  à  foixante  Se  dix  brafles 
de  profondeur  vers  le  milieu  ;  mais  fur  les  côtes  elle 
a  fort  peu  d'eau,  Se  fnr-tout  vers  la  côte  occidentale  , 
où  ,  à  une  bonne  lieue  dans  la  mer ,  on  trouve  rarement 
plus  de  dix-huit  pieds  d'eau.  Sur  toute  h  côte  de  Ghilan 
on  n'en  trouve  que  depuis  fix  jusqu'à  neuf  à  la  même 
difiance,  c'elt  ce  qui  rend  cette  province  inaccedible  du 
côté  de  la  mer.  Et  comme  vers  la  province  du  Schirvan 
toute  la  côte  n'eft  qu'une  feule  roche  jusqu'à  la  rivière 
d'Agragan  ,  dans  le  Dagheftan  ,  où  aucune  ancre  ne  fau- 
roit  mordre,  elle  n'elt  guère  plus  acceiiible,  quoiqu'il  y 
ait  plus  d'eau. 

Il  n'y  a  aucun  port  fur  toute  la  côte  occidentale  de 
cette  mer  ,  à  l'exception  de  celui  de  Bachu  ou  Baku  ,  dans 
le  Schirvan,  encore  n'eit-il  bon  que  pour  de  petits  bâ- 
timens ,  puisqu'il  n'a  pas  plus  de  dix  pieds  d'eau.  La 
meilleure  rade  qui  foit  fur  cette  côte,  eft  celle  de 
Terki  ;  on  y  mouille  affez  fûrement  entre  l'ifle  de  Ze/èu 
(ou  Tchetchen  Oitrof  )  Se  la  terre  ferme  (  fur  neuf  a  dix 
brafles  d'eau  près  de  la  côte ,  car  près  de  l'iJle  il  n'y  a 
que  deux  ou  trois  brades.  Sur  il  côte  orientale  eft  le 
port  de  Mankischlack,  )  ou  Manguflave  au  pays  de 
Khowaresme  au  nord  de  l'embouchure  de  l'Amu.  II 
eft  excellent ,  Se  c'eft  l'unique  bon  qui  foit  fur  toute 
cette  mer;  mais  comme  il  eft  entre  les  mains  des  Tar- 
tares,  de  même  que  toute  la  côte  orientale  de  cette 
mer ,  il  eft  fort  peu  d'ufage  à  ceux  qui  en  font  les  maî- 
tres. Ce  port  eft  d'autant  plus  précieux  ,  qu'on  a  un  ex- 
trême befoin  de  pons  fur  une  mer  telle  que  celle-ci, 
qui  étant  allez  ferrée  Se  fort  orageufe  devient  très  dan- 
gereufe ,  fur-tout  dans  les  vents  d'eft  Se  d'oueft.  *  Hi- 
Jtoire  des  Tatars,  9.  part.  p.   645.  not.  2. 

Les  philofophes  fe  font  jusqu'ici  fort  tourmentés  pour 
comprendre,  comment  il  fe  peut  faire  que  la  mer  Cas- 
pienne ,  recevant  les  eaux  d'un  fi  grand  nombre  de  ri- 
vières,&  n'ayant  point  de  communication  avec  les  autres 
mers  puiffe  toujours  refter  fans  aucune  augmentation  vifi- 
ble  de  fes  eaux.  Le  père  Kircher,  Mund.  fubterran.  1. 1. 
c.  13.  §.  1.  p.  85.  fort  d'embarras  en  fuppofant  quel- 
ques conduits  fouterreins  dont  quelques  uns  communi- 
quent à  la  mer  Noire  Se  les  autres  au  golfe  Perfique  ; 
Se  voici  comme  il  en  parle  :  Nous  crovons  qu  il  y  a 
deux  conduits  :  le  premier  paffe  fous  la  Géorgie  ,  Se  la 
Mengrelie  Se  fe  termine  au  Pont-Euxin  ,  de  forte  que 
tout  l'espace  de  pays  qui  eft  entre  ces  deux  mers , 
pris  dans  fa  largeur  Se  par  rapport  à  ce  canal ,  peut  être 
appelle  un  pont  fous  lequel  coulent  ces  eaux  fourer- 
reines  ;  voici  les  preuves  qu'il  en  apporte.  Un  auteur 
Perfan  nommé  Paradia  qui  a  traité  de  l'hiftoire  de  Tre- 
bifonde  ,  raconte  dans  un  livre  de  géographie  touchant  la 
mer  Caspienne,  qu'il  a  remarqué  que  fur  la  côte  de  la 
mer  Noire  auprès  de  Megzell  ,  cette  mer  s'élevoit  de 
tems  en  tems  à  gros  bouillons,  Se  cet  auteur  perfan  en 
allègue  cette  raifon.  On  a  remarqué  depuis  long-rems 
que  quand  les  vents  d'eft  foufflent  impétueufement  dans 
la  mer  Caspienne,  dans  le  méme-tems  les  eaux  de  la 
mer  Noire  commencent  à  bouillonner  plus  que  de  cou- 
tume avec  une  extrême  agitation  des  vagues  de  cette 
mcr,&  qu'au  contraire  , quand  les  vents  d'oueft  agirent 
la  mer  Noire,  on  remarque  une  agitation  pareille  dans 
la  mer  Caspienne;  ce  qui,  pourfuit  l'auteur  perfan, 
eft  une  preuve  convaincante  que  ces  mers  fe  commu- 
niquent l'une  à  l'autre  le  mouvement  Se  l'agitation  par 
des  conduits  fouterreins  qui  doivent  être  très-grands. 
11  ajoute, pour  confirmer  ce  qu'il  avance,  que  la  mer 
Noire  jette  de  ce  côté  fur  le  rivage  des  choies  qui  ne 
lui  conviennent  pas ,  mais  à  la  mer  Caspienne  ,  comme 
une  certaine  forte  d'algue  ,  Se  des  ferpens  ,  des  plan- 
ches de  vaiffeaux  Se  des  troncs  d'arbres  d'une  espèce 
particulière  à  la  mer  Caspienne  ;  d'où  il  conclut  que  ce3 
mers  font  intérieurement  unies  l'une  à  l'autre. 

Les  Perfans  avouent  eux-mêmes  qu'il  y  a  des  mar- 
ques auxquelles  on  peut  connoître  la  communication 
fouterreine    de  la  mer  Caspienne  avec  le  glote  Pcrin 

Tom.  IV.  D  d 


MER 


2-10 

que.  Il  y  a  dans  ce  dernier  un  gouffre  à  deux  journées 
de  Balfora,  dans  lequel  la  mer  s'abyme  Se  baiffe  con- 
f  dérablement ,  Se  enfuite  les  eaux  rentrant  dans  leur 
lit ,  il  ne  relie  plus  la  moindre  trace  de  ce  gouffre.  Or , 
dit  le  P.  Kircher ,  on  n'en  peur  rendre  d'autre  raifon ,  li- 
non une  certaine  correfpondanceavecla  mer  Caspienne, 
qui  étant  agitée  par  les  grands  vents  ,  envoyé  une  patrie 
de  fes  eaux  dans  la  mer  Noire  ,  Se  alors  fe  trouvant  hors 
du  niveau  des  eaux  du  Golfe  Perfique  ,  celle  ci  vien- 
nent prendre  la  place  qu'elles  trouvent  vuide;  mais  lors- 
que le  vent  d'oued:  rechaffe  les  eaux  dans  la  mer  Cas- 
pienne ,  alors  elle  renvoie  au  Sein  Perfique  celles  qu'elle 
en  avoir  reçues. 

Oléarius,  Voyages ,  t.  I.  p.  353.  I.  4.  n'eft  point  de 
ce  fentiment ,  Se  ne  laifie  pas  de  le  confirmer  en  partie 
fans  le  vouloir  ;  car  il  dit  :  Cette  mer  ne  s'en  enfle  pas 
davantage ,  Se  néanmoins  on  ne  fauroit  dire  où  toutes 
ces  rivières  s'écoulent  -,  il  y  en  a  qui  croient  qu'elle  les 
envoie  par  des  canaux  fouterreins  dans  l'Océan.  Les  Per- 
fans  nousdifoient  qu'auprès  de  Ferabat ,  entre  les  pro- 
vinces de  Tabriftan  Se  de  Mafanderan  il  y  a  un  gouffre 
où  toutes  ces  eaux  fe  perdent  dans  une  abyme,  fous  des 
montagnes  voifines  -,  mais  d'autant  qu'il  faudroit  que  ce 
gouffre  fût  quaû  auffi  grand  que  toute  la  mer  pour  en- 
gloutir les  eaux  de  tant  de  rivières,  j'ai  de  la  peine  à  me 
ranger  de  cette  opinion.  Au  contraire,  pourfuit-il ,  je  me 
perfuade  aifément  que  l'on  peut  alléguer  pour  la  mer 
Caspienne  les  mêmes  raifons  qui  empêchent  l'Océan  de 
fe  déborder,  encore  qu'il  y  entre  une  infinité  de  riviè- 
res ,  favoir  qu'outre  les  brouillards  qui  y  régnent  Se 
qui  en  confument  une  bonne  partie  ,  le  relie  retourne 
par  des  conduits  fecrets  aux  fources  des  fontaines  &  des 
rivières,  fuivant  la  parole  du  Sage,  que  toutes  les  ri- 
vières viennent  de  la  mer  Se  y  retournent,  foir  que  la 
pefanteur  de  l'eau  de  la  mer  qui  n'eft  pas  toute  dans  fon 
centre  ,  pouffe  celle  qui  eft  plus  bas  vers  les  fentes  de 
la  terre  jusqu'aux  fources ,  Se  que  cela  fe  faffe  avec  tant  de 
violence  ,  qu'en  fortant  elle  s'élance  plus  haut  que  la 
mer  même  ;  foit  qu'il  y  ait  dans  la  terre  des  veines  qui 
attirent  l'eau  Se  qui  la  diftribuent  aux  fontaines  Se  aux  ri- 
vières. 

Le  traducteur  de  l'hiftoire  des  Tatars ,  fournit  auffi 
fon  fentiment  fur  cette  mer.  Je  ne  vois  rien,  dit  il  ,  qui 
empêche  que  ces  eaux  ne  puiffent  fe  vuider  par  le  fond 
de  la  mer ,  de  la  même  manière  qu'elles  y  entrent  par  les 
bords  ;  car ,  puisque  tant  de  mines  fubmergées ,  tant  de 
lacs  Se  d'étangs  formés  par  des  tremblemens  de  terre  ne 
nous  laiffent  pas  douter  que  la  terre  ne  foit  toute  entre- 
coupée de  veines  d'eau  qui  communiquent  de  tous  côtés 
à  fa  fuperficie ,  ces  veines  ne  peuvent  aboutir  au  fond 
des  mers  que  pour  en  recevoir  l'eau  qu'elles  rejettent 
fur  la  terre  ferme  par  une  infinité  de  fources.  A  moins 
de  cette  circulation  perpétuelle  des  eaux  ,  il  feroit  im- 
poftible  que  toute  la  terre  ne  fût  fubmergée  en  très  peu 
de  tems  ,  fi  tant  de  rivières  qui  viennent  de  tous  côtés 
fe  dégorger  dans  les  mers,  dévoient  tirer  leurs  fources 
d'ailleurs  que  de  ces  mêmes  mers. 

Cependant,  poutfuit  cet  auteur,  on  prétend  qu'il  y  a  un 
abyme  dans  le  grand  golfe  de  Carabuga  (  nous  en  avons 
parlé  dans  l'article  de  la  mer  Bleue  )  qui  eft  vers  les  42 
deg.  de  latitude  par  où  les  eaux  de  cette  mer  doivent  fe 
vuider  en  partie  ;  Se  même  un  officier  qui  a  été  quelque 
tems  prifonnier  chez  les  Usbccks  ,  a  affuré  qu'il  avoir 
été  fur  ce  golfe  avec  un  petit  bateau  ,  Se  que  fes  rameurs 
avoient  eu  befoin  de  toute  leur  force  pour  pouvoir  fe  te- 
nir à  la  côte.  11  prétendoit  que  depuis  l'entrée  de  ce  golfe 
dans  la  mer  Caspienne  /l'attraction  du  tournant  de  cette 
abyme  ,  qui  fe  trouve  vers  le  milieu  du  golfe,  eft  fi  grande, 
que  pour  peu  que  l'on  s'éloigne  des  bords,  on  ne  peur  pas 
manquer  d'être  englouti  par  la  rapidité  du  tournant.  Le 
nom  de  ce  golfe  qui  veut  dire,  en  langage  tarrare,  Bouche 
Noire ,  paroit  donner  quelque  autorité  à  cette  notion  -, 
cependant  l'hirtorien  qui  la  rapporte  ne  veut  pas  la  ga- 
rantir :  Suppofé  même  ,  dit-il ,  qu'jl  y  eût  une  femblable 
abyme  dans  le  golfe  de  Carabuga  ,  il  eft  impoffible  qu'il 
fe  puiiTe  vuider  par-là  une  quantité  d'eau  proportionnée 
à  celle  qui  entre  partant  de  rivières  en  cette  mer  ;  par 
conféquent ,  conclut-il ,  il  en  faudra  toujours  revenir  aux 
filtrations  foutencines  pour  le  reliant  de  ces  eaux.. 

Cet  auteur  fait  la  même  faute  qu'Oléaritts ,  c'eft  de 


MER 


fuppofer  chacun  que  le  gouffre  dont  ils  parlent  eft  unique, 
ce  qui  ne  paroit  pas  fort  raifonnable.  Celui  d'Oléaiius 
doit  être  entre  le  Tabriftan  &  le  Mafanderan ,  c:eft>à- 
dire  fur  la  côte  méridionale.  Celui  de  Carabuga  eft  bien 
loin  de-là ,  dans  la  côte  orientale.  En  voilà  deux;  pour 
peu  que  ceux-ci  foient  vérifiés ,  il  s'en  trouvera  peut- 
être  encore  quelques  autres,  Se  voila  la  difficulté  levée. 
Ce  qu'un  feul  n'a  pu  abforber,  d  autres  le  conlumeront. 
Il  y  a  bien  de  l'apparence  que  ce  gouffre  de  Carabuga 
communique  avec  la  mer  Bleue. 

Outre  les  Tartares ,  on  trouve  fur  les  bords  occiden- 
raux  de  cette  mer,  des  Arméniens,  des  Juifs  Se  des  Ara- 
bes. 

Les  Arméniens  font  disperfés  dans  les  territoires  de 
Musckur ,  de  Kuftan  ,  Se  principalement  dans  celui  de 
Kabballah.  Plufieurs  d'entre  eux ,  qui,  avant  1a  rébellion, 
étoient  de  très-riches  marchands  ,  font  allés  s'établir  à 
Schamachie,  à  Derbend  Se  à  Raku.  Outre  la  langue 
Arménienne  ,  ils  parlent  celle  qui  eft  en  ufage  dans  le 
pays  qu'ils  habitent.  Ils  font  Chrétiens ,  Se  ont  presque 
tous  des  terres  :  mais  on  tire  d'eux  des  contributions  plus 
fortes  que  des  Mahométans  ;  car,  outre  le  tribut  que  cha- 
que habitant  eft  oblige  de  payer ,  on  exige  de  chaque  Ar- 
ménien un  Karatsch  ,  c'eft-a  dire  une  capitation.  Ils  ont 
en  général  beaucoup  louftert  des  rebelles ,  qui  ont  ruiné 
Ieuis  habitations.  Les  Legis  ,  Se  autres  Barbares  ,  en  ont 
emmené  beaucoup  avec  leurs  femmes  ,  Se  leurs  enfans  en 
captivité  :  il  y  en  eut  quelques-uns  qui  fe  cachèrent  dans 
des  bois.  Ils  reviennent  peu  a  peu  ,  furtout  dans  les  terri- 
toires qui  appartiennent  a  la  Ruffie  ,  Se  y  rétabliffent  leurs 
villages.  11  y  a  actuellement  un  cloître  Arménien  près  de 
Schamachie ,  d'où  on  tire  presque  tous  les  prêtres  Armé- 
niens qui  font  dans  ces  villages,  tous  les  Arméniens  font 
obligés  ,  par  ordre  du  Chadschy-Daud-Kan ,  déporter 
comme  les  Juifs  une  pièce  de  drap  jaune  fur  leurs  habits 
à  l'endroit  de  l'eftomac  ,  afin  qu'on  les  reconnoiffe  ,  Se 
que  les  Mufulmans  ne  pèchent  pas  ,  en  leur  difant  Selam 
Alyk.,  c'eft-à  dire  ,  Dcii  te  benijfe.  11  y  avoit  plus  d'Ar- 
méniens dans  le  territoire  de  Kaballah  que  dans  les  au- 
tres ,  Se  on  ne  leur  fit  point  de  mal ,  parce  qu'étant  fore 
riches  ,  ils  fourniffoient  de  groffes  contributions  au 
Daud  Beg  :  mais  ce  Chadschy  Daud-Kan  ayant  établi 
un  de  fes  fils  en  qualité  de  Naib  dans  ce  territoire  en 
1727  ,  ce  Naib  entreprit  de  faire  ambraffer  le  Mahomé- 
tisme  aux  Arméniens  ,  leur  impofa  de  groffes  contribu- 
tions, Se  en  fit  circoncir  plufieurs  par  force.  Le  Daud- 
Beg  leur  fit  dire  que  fon  fils  en  avoit  agi  ainfi  fans  fa  par- 
ticipation ,  Se  que  s'ils  vouloient  lui  fournir  une  cer- 
taine fomme,  il  leur  accorderoit  le  libre  exercice  de  leur 
religion  ;  ils  la  fournirent,  Se  retournèrent  faire  l'office 
dans  leurs  Eglifes  :  mais  les  prêtres  Mahométans  les  at- 
taquèrent comme  renégats  »  Se  les  forcèrent  de  retour- 
ner dans  les  Metschets  :  ainfi  ils  font  Mahométans  mal- 
gré eux. 

Les  Juifs  font  auffi  disperfés  dans  divers  territoires  ; 
ont  divers  villages  parmi  les  Chaitaki ,  dans  le  Schir- 
van  ,  à  Ruftan,  à  Cuba  ;  il  y  en  a  quelques-uns  qui  font 
le  négoce  à  fchamachie.  Ils  parlent  la  langue  en  ufage 
dans  les  differens  territoires  qu'ils  habitent  :  mais  leurs 
Rabins  entendent  l'hébreu.  Ils  vivent  du  produit  de-leurs 
beftiaux  ;  trafiquent  des  esclaves  Chrétiens ,  Arméniens 
Se  Géorgiens  :  mais  ce  commerce  eft  actuellement  dé- 
fendu à  ceux  qui  habitent  les  lieux  fournis  à  la  Ruffie. 
Ils  payent  la  capitation  comme  les  Arméniens.  La  plu- 
part font  de  la  tribu  de  Juda  ,  quelques  -  uns  de  celle 
de  Benjamin  ;  mais  il  y  en  a  beaucoup  qui  ne  favent 
de  quelle  tribu  ils  font  ;  &  les  Rabins  difent  pour 
raifon,  que  leurs  prédéceffeurs  avoient  été  emmenés  en 
captivité  de  Jérufalem  ,  par  le  roi  de  Moufi'oul  (  Ninive); 
qu'ils  furent  exilés  en  ces  lieux  ,  Se  que  c'eft  de  ces  exilés 
qu'ils  descendent.  Les  Juifs  &  les  Arméniens  font  em- 
ployés aux  ouvrages  les  plus  vils  &  les  plus  pénibles;  d'ail- 
leurs on  ne  leur  laifie  de  biens  ,  que  ce  qu'il  leur  en  faut 
pour  leur  fubfillance  ;  ainfi  ils  font  fort  pauvres.  Ceux  qui 
habitent  parmi  les  Chaitaki  ,  font  obligés  de  fervir  en 
guerre  ,  quand  I'Asmey  le  leur  ordonne.  Lorsqu'un  Juif, 
étant  à  cheval ,  rencontre  un  Mufulman  ,  il  eft  obligé 
de  mettre  pied  à  terre,  fi  le  Mufulman  le  lui  ordonne, 
Se  en  cas  de  refus  ,  le  Mufulman  peur  le  battre  ,  tant 
qu'il  le  juccra  à  propos ,  fans  cependant  le  tuer  ,  Se  il 


MER 


MER 


n'eft  pas  permis  au  Juif  de  fe  venger  ,  même  de  Ce  plain- 
dre. 

Les  Arabes  n'ont  point  de  demeures  fixes  ;  ils  habi- 
tent fous  des  tentes ,  qu'ils  transportent  d'un  lieu  à  un 
autre.  Ils  parlent  une  langue  compofée  du  turc  ,  du  tar- 
tare  Se  de  l'arabe.  Ils  demeurent  enfemble  par  familles , 
ce  qui  compofe  un  affembiage  de  quelques  centaines  de 
tentes,  &  ils  élifent  un  d'entr'eux  pour  être  leur  juks 
bachi,  auquel  ils  obéiflênt  ,  fans  cependant  beaucoup 
de  foumiffion.  Ils  vivent  uniquement  de  leurs  beftiaux. 
Quelques  uns  cependant  font  trafic  de  chevaux.  Ils  ne 
payent  pour  tout  tribut  que  le  droit  de  pâturage ,  qui 
retourne  au  feigneur  territorial.  Leurs  ancêtres  ,  étant 
venus  en  Perfe  avec  leurs  beftiaux  ,  s'y  multiplièrent  de 
telle  forte  .  qu'ils  furent  obligés  de  chercher  du  pays  où 
s'étendre.  Ils  couvrent  leurs  tentes  de  nattes  de  jonc  ,  Se 
mettent  des  feutres  dellus  dans  les  tems  de  pluie.  En  été 
ils  vont  camper  fur  les  montagnes  ,  Se  ce  campement 
s'appelle  Eilag  ,  &  appartient  au  Turc  ;  en  hiver  ils  des- 
cendent dans  la  plaine, 'fur  le  bord  de  la  mer,  près  du 
fleuve  Kilag  ,  Se  tous  ces  kilags  appartiennent  à  la  Ruffie. 
Ainfi  presque  tous  les  Arabes  changent  de  domination 
deux  fuis  tous  les  ans.  Ce  font  de  bonnes  gens  ,  qui  ne 
fe  fervent  de  leurs  armes ,  que  pour  fe  défendre.  *  De- 
scription des  bords  occidentaux  de  la  Mer  Caspienne  , 
par  M.  Garber  ,  officier  dans  ce  pays  au  fervice  de  la 
Ruffie. 

La  mer  de  Chouarezan.  Baudrand  ,  édit.  1705. 
dit  que  c'eit  un  des  noms  de  la  mer  Caspienne.  Ce  qu  il 
appelle  Cboitare^an  ,  elt  laCorasmie,  le  pays  deCharasm' 
ou  de  Khowaresme ,  qui  borde  cette  mer  à  l'orient  au 
pays  aes  Usbecks. 

La  mer  Christianne,  nom  que  les  Danois  avoient 
donné  au  grand  golfe  dans  lequel  on  pafle  par  le  détroit 
de  Hudlbn.  Le  capitaine  Monde  ,  navigateur  Danois , 
y  voulut  faire  quelques  établiflèmens  ,  Se  y  hiverna  l'an 
1619  ,  dans  un  port  auquel  elt  relié  le  nom  de  port  de 
Jean  Monck.  Le  pays  d'alentour  eit  encore  nommé  le 
nouveau  Danemarck  fur  les  cartes  de  de  l'Ifle  ;  mais  le 
nom  de  mer  Chrillianne,que  Monck  avoit  donné  au  golfe 
en  1  honneur  de  Chriftian  IV.  fon  roi,  n'a  pas  duré  fort 
long-tems.  On  le  nomme  communément  la  baie  de 
Hudfon. 

La  mer  de  Cortez.  Les  Espagnols  appellent  ainfi 
quelquefois  la  mer  Vermeille ,  qui  fépare  la  Californie 
de  la  nouvelle  Espagne. 

La  mer  de  Danemarck.  On  appelle  ainfi  la  mer, 
qui  s'étend  depuis  l'Océan  jusqu'à  la  mer  Baltique,  dont 
elle  eft  en  quelque  façon  comme  le  veftibule  ,  entre  la 
ÏSlorwege  au  nord  ,  la  Suéde  à  l'orient ,  le  Jutland  au 
midi  Se  au  couchant. 

La  mer  douce  des  Hurons  ,  grand  lac  de  l'Amé- 
rique feptentrionale  au  Canada.  C'eit  le  lac  des  Hurons. 
Voyez,  Hurons. 

La  mer  d'Ecosse  ,  partie  de  l'Océan  au  nord  &  au 
couchant  de  lEcoffe.  On  y  trouve  les  ifles  de  Fero ,  les 
Orcades  &  les  Wefternes. 

La  mer  d'Elcatif,  c'eft  le  même  golfe  que  le  Sein 
Ferlique. 

La  mer  d'Espagne  ,  partie  de  la  Méditerranée  le 
long  de  l'Espagne  ,  depuis  le  cap  de  Creufe  au  pied  des 
Pyrénées  jusqu'au  détroit  de  Gibraltar. 

La  mer  de  France.  On  appelle  ainfi  la  partie  de 
l'Océan  ,  quiUave  les  côtes  de  France  ,  depuis  le  cap  de 
faint  Mahé  en  Bretagne  jusqu'aux  côtes  d'Espagne ,  où 
commence  la  mer  de  Biscaye  ;  mais  quand  on  dit  les  mers 
de  France  ,  on  entend  depuis  Bayonne  jusqu'à  Dunker- 
que  fur  l'Océan ,  Se  toutes  les  côtes  de  Provence  Se  du 
Languedoc  fur  la  Méditerranée  dans  le  golfe  de  Lyon. 
Les  matelots  François  étendent  la  mer  de  France  depuis 
le  cap  S.  Mahé  jusqu'au  cap  Finiftere  ,  &  y  comprennent 
la  mer  de  Biscaye. 

La  mer  de  Galilée  ou  de  Tiberiade.  Voyez.  Ce- 

*IERETH. 

La  mer  de  Gènes  ,  partie  de  la  Méditerranée ,  de- 
puis Monaco  jusqu'à  la  Toscane. 

La  mer  de  GaitAti.  Voyez,  la  mer  Caspienne. 

La  mer  Glaciale  ,  partie  de  l'Océan  feptcntrional , 
au  nord  de  l'Europe  &  de  l'Afie  ,  &  plus  particulière- 
ment entre  le  Groenland  au  couchant  Se  le  cap  Glacé 


ai  1 

au  levant.  Les  anciens  en  ont  eu  une  foible  idée.  Les  ten- 
tatives que  les  Européens,  &  fur-tout  les  Hollandois , 
ont  faites  pour  la  palier,  ôe  pour  y  trouver  un  paffage  qui 
les  conduisît/ à  la  Chine  Se  au  Japon  ,  ont  rendu  cette 
mer  allez  fameufe.  Cependant  les  difficultés  empêchè- 
rent le  fuccès  de  leur  recherche ,  Se  dégoûtèrent  extrê- 
mement les  autres  qui  auroient  pu  tenter  le  même  pas- 
fage:  de  forte  qu  en  1720,  de  l'Ifle,  Mémoires  de  l'A- 
CuUémie  royale  des  Sciences  ,  année  1720  ,  p.  48  1 .  oblige 
de  faire  une  mappemonde  pour  Louis  XV.  rendant  com- 
pte a  l'académie  royale  des  fciences  des  raifons  qui  l'a- 
voient porté  à  ttacer  divers  endroits  dune  manière  nou- 
velle ,  s'exprimoii  ainfi  au  fujet  de  cette  mer.  On  a  cô- 
toyé la  nouvelle  Zemble  par  le  côté  du  nord  jusqu'au 
port  de  la  Glace  ,  fitué  à  la  partie  orientale  ,  où  les  Hol- 
landois furent  obligés  d'hiverner  en  1597,  Se  quoique 
l'on  ait  aulîi  fuivi  par  le  côté  méridional  les  côtes  de  Tar- 
tarie,  oppofées  à  cette  terre  ,  comme  l'on  n'a  pas  encore 
pénétré  par  cette  dernière  route  jusqu'aux  parties  orien- 
tales de  ce  pays  ,  on  ne  fçait  pas  encore  fi  la  nouvelle 
Zemble  eit  une  ifle,  comme  il  elt  marqué  dans  les  cartes 
ordinaires.  Il  y  a  même  grande  apparence  que  ce  pays 
fait  un  même  continent  avec  la  Tartarie  ,  Se  que  la  mer 
où  Ton  entre  par  le  détroit  de  Weigats,  n'elt  qu'un  golfe, 
comme  l'allure  la  Marteliere  dans  fa  relation. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  continue  ce  géographe  ,  la  quantité 
des  glaces  que  l'on  trouve  dans  cette  mer  ,  où  tombent 
les  plus  grandes  rivières  de  Tartarie  ,  a  empêché  jusqu'à 
préfent  de  pénétrer  dans  la  mer  Orientale  ,  où  l'on  efpé- 
roit  trouver  un  chemin  pour  le  Japon  Se  la  Chine  par  le 
nord-eft  ,  &  il  s'efl  amoncelé  pareillement  une  fi  grande 
quantité  de  glaces  au  nord  du  même  pays,  vers  les  en- 
droits où  les  Hollandois  ont  été  obligés  de  laifier  leur 
vaiffeau,  que  le  capitaine  Wood,  célèbre  navigateur  An- 
glois  ,  y  étant  aile  en  1676  ,  trouva  cette  glace  confolidée 
Se  attachée  fi  fortement  à  h  pointe  occidentale  de  la 
nouvelle  Zemble  ,  qu'il  n'y  rcltoit  aucun  paffage  ,  Se  que 
certe  côte  de  glace  s'étendoit  l'espace  de  cent  lieues  à 
l'oueft-nord-elt ,  formant  plufieurs  golfes. 

Par  la  nouvelle  carte  de  tout  l'empire  de  la  grande 
Ruffie,  publiée  depuis  peu  a  Amfterdam,  on  voit  que 
cette  mer  elt  enfin  connue  par  rapport  aux  côtes  Elle 
elt  bornée  au  couchant  par  le  Groenland  dans  les  terres 
arctiques;  au  midi  par  la  mer  du  Nord,  parla  Laponie, 
par  la  mer  Blanche  ,  par  la  Moscovie  Se  la  Sibérie;  Se  à 
l'orient  par  l'ifle  de  Puohochotfch  ;  au  delà  de  laquelle 
elle  fe  joint  avec  la  mer  du  Japon  ,  qui  tient  à  la  mer  du 
Sud.  Les  principaux  peuples  qui  habitent  le  long  de 
cette  mer ,  font  les  Samoyedes ,  depuis  Archangel  jus- 
qu'à l'Obi ,  Se  depuis  l'Obi  jusqu'à  la  Lena.  Depuis  ce 
fleuve  jusqu'à  la  rivière  de  Kholima,  font  les  Jukagres  ; 
les  Tzchala'tkes  font  depuis  la  Kholima  jusqu'au  détroit 
qui  fépare  l'ifle  de  Puchochotsch  Se  quelques  autres  plus 
petites  d'avec  le  continent.  L'Obi ,  la  Janiffea  Se  la  Lena 
font  les  principaux  fleuves  qui  fe  perdent  dans  cette  mer. 

La  mer  de  Grèce  ,  partie  de  la  Méditerranée  le  long 
des  côtes  de  la  Grèce  Se  de  la  Morée  ,  depuis  les  ifles  de 
fainte  Maure  ,  de  Céphalonie  Se  de  Zante ,  jusqu'à  l'ifle 
de  Cerigo.La  côte  orientale  de  la  Grèce  eit  de  l'Archipel. 

La  mer  de  Groenland,  partie  de  l'Océan  fur  la 
côte  des  terres  Arétiques.  La  partie  orientale  du  Groen- 
land ,  que  cette  mer  baigne  ,  eft  devenue  inacceffible  par- 
les glaces  qui  s'y  font  accumulées  avec  le  tems.  11  y  avoir 
autrefois  fur  cette  côte  une  colonie  danoife  très- étendue, 
Se  qui  a  fubfifté  long-tems  ;  mais  qu'on  a  été  obligé  d'a- 
bandonner depuis  deux  fiécles ,  faute  d'avoir  pu  en  ap- 
procher. 

La  mer  de  Guienne  ,  partie  de  l'Océan,  entre  l'Es- 
pagne &  la  Rochelle. 

La  mer  de  Guinée  ,  partie  de  l'Océan  ,  depuis  Ta 
Sierra  Liona  jusqu'au  Congo ,  le  long  des  côtes  de  la 
Guinée. 

La  mer  de  Harlem.  Voyez.  Harlem. 

La  mer  du  Japon  ,  partie  de  l'Océan  oriental  autour 
du  Japon. 

La  mer  d'Iemen  .partie  de  l'Océan  le  long  des  côtes  de 
l'Arabie  Heureufe ,  entre  la  mer  Rouge  Se  le  golfe  d'Or- 
mus. 

La  mer  d'Ieso,  partie  de  la  mer  du  Japon  auprès  d* 
l'ifle  d'iéfo.  *       ■ 

Tom.  IV,  D  d  y 


MER 


2,12, 

La  mer  des  Indes  ,  partie  de  l'Océan  le  long  des 
côtes  méridionales  de  l'Afie  ,  depuis  la  Perfe  jusqu'au 
golfe  de  Siam  ,  pafTé  lequel  commence  l'Océan  oriental , 
qui  court  le  long  de  la  Cochinchine  ,  du  Tonquin  ,  de 
la  Chine. 

La  mer  Ionienne.  Ce  dcvroit  être  la  mer  qui  lave 
les  côtes  d'Ionie  dans  l'Afie  mineure;  mais  le  caprice  de 
quelques  géographes  a  voulu  que  l'on  donnât  ce  nom  à 
la  partie  de  la  mer  Méditerranée  ,  qui  eft  entre  la  Grèce , 
la  Sicile  &  la  Calabre.  Nos  navigateurs  partagent  cette 
mer,  Se  difent  la  mer  de  Grèce  ,  la  mer  de  Sicile,  la 
merde  Calabre,  &c. 

La  mer  d'Irlande  ,  partie  de  l'Océan  autour,  & 
fur-tout  au  midi  de  l'Irlande. 

La  mer  d'Islande,  eft  l'Océan  autour  de  l'Iflande. 

La  mf.r  de  Lanchidol.  Voyez.  Lanchtdol. 

La  mer  Magellanique  ,  c'eft  la  mer  qui  baigne  la 
terre  de  même  nom.  Vjyez.  ce  mot. 

La  mer  Majeure.  Voye z.  la  mer  Noire. 

La  mer  de  Marmora  ,  nom  moderne  de  la  Pro- 
Tontide.  Voyez,  ce  mot. 

La  mer  de  Mazanderan  ,  nom  que  quelques-uns 
ont  donné  à  la  mer  Caspienne  ,  à  caufe  d'une  province 
de  ce  nom  qui  elî  fur  les  bords. 

La  mer  de  la  Mecque  ,  c'eft  la  même  que  la  mer 
Rouge.  Vyez.  la  mer  de  Suf. 

La  mer  Méditerranée  ,  grande  mer  entre  l'Eu- 
rope ,  1  Afie  Se  l'Afrique.  Son  nom  fignifie  qu'elle  eft  au 
milieu  des  terres.  Elle  eft  féparée  de  I  Océan  par  le  dé- 
troit de  Gibraltar  ,  de  la  mer  Rouge  par  l'ifthme  de  Suez, 
ôc  de  la  Propontide  par  le  détroit  des  Dardanelles.  Elle 
contient  plufieurs  grands  golfes.  Les  piincipaux  font  le 
golfe  de  Lyon,  le  golfe  Adriatique  ,  l'Archipel,  Se  le 
golfe  de  Barbarie.  Elle  contient  trois  grandes  presqu'ifles, 
favoir  ,  l'Italie,  la  Grèce  Se  la  Natolie.  Ses  principales 
ifles  font , 


MER 


Sicile, 
Sardaignc , 

Corfe  , 
Majorque , 
Minorque , 


Malte , 
Corfou  , 
Céphalonie , 
Zante , 
Candie. 


Et  cette  multitude  d'ifles  qui  font  comprifes  dans  la 
partie  de  cette  mer,  nommée  l'Archipel.  Nous  avons  fur 
cette  mer  le  Portulan  de  la  Méditerranée  par  Mxhelut , 
Se   la  carre  marine  de  cetre  mer  par  Bertkelot. 

La  mer  du  Mexique.  Voyez.  Mexique. 

La  mer  des  Moluques,  partie  de  l'Océan  oriental , 
autour  des  ifles  de  ce  nom. 

La  mer  Morte  »  ou  la  mer  de  Sel  ,  ou  le  lac  As- 
phaltide.  Grand  lac  de  la  Paleftine  ,  à  l'embouchure 
du  Jourdain  Le  père  Nau  ,  Jéfuite ,  dans  fon  voyage  de 
la  Terre  Sainte  ,  /.  4.  p.  377.  parle  ainfi  de  cette  mer  : 

Le  lieu  où  eft  cette  mer ,  étoit  autrefois  une  terre  fer- 
tile &  un  pays  fi  agréable  ,  que  l'Ecriture  le  compare  à 
un  jardin  digue  de  Dieu.  C'étoit  une  belle  campagne  , 
qui  s'abbaiffoit  infenfiblement  jusqu'au  Jourdain  ,  dont 
elle  étoit  arrofée.  Elle  étoit  couverte  d'une  forêt  de  jar- 
dins ôc  de  délicieux  bocages  ,  qui  la  faifoient  nommer 
Vallis  Sylvefiris ,  la  Vallée  des  Bois  ■■,  Se  elle  fourniffoit 
abondamment  à  Sodôme ,  Gomorre  ,  Adama ,  Seboin  &c 
Bala  ,  autrement  Segor ,  donr  lesfeigneurs  portent  le  nom 
de  rois  dans  la  Genèfe.  L'affluence  de  tous  les  biens  ayant 
fait  naître  Foifiveté  ,  &  l'oifiveté  la  corruption  des 
"moeurs ,  le  débordement  devint  fi  grand  &  fut  fi  général, 
qu'il  ne  le  trouva  pas  feulement  dix  hommes  de  bien 
dans  Sodôme.  Il  n'y  avoir  que  la  famille  de  Loth  où  Dieu 
{px  craint  Se  adoré  ,  &  elle  ne  confiftoit  qu'en  quatre 
perfonnes.  A  peine  en  fut  elle  fortie  ,  que  Dieu  fît  pleu- 
voir des  terres  de  feu  &  de  foufre  qui  confumerent  jus- 
qu'aux pierres ,  Se  changèrent  ces  terres,  graffes  Se  ferti- 
les en  cendres  féches  ,  Talées  Se  ftériles.  Elles  s'enfoncè- 
rent même  ,  Se  fe  remplirent  des  eaux  du  Jourdain  ,  qui 
formèrent  ce  grand  lac  que  nous  nommons  la  mer  Morte, 
ce  qu'ici  appelle  dans  le  pays  B.iLhret  Louth ,  c'eft-à- 
oïre,  le  me  ou  Lvw.si longueur  eft  de  '24  lieues ,  Se  fa 
largeur  de  deux  ou  trois  en  quelques  endroits.  Il  n'y  eut 
'qiîèqtia're  villes  danvmées  ,  Segor  fut  confervee  à  la 

prière  de  Loth.  Qn  croit  encore  en  voir  les  reftes  dans 

*  V     ' 


le  lac  ;  au  moins  il  renferme  une  affez  petite  ifle  peu  éloi- 
gnée de  (on  rivage  ,  Se  l'on  y  voit  quantité  de  pierres  de 
taille  &  comme  des  ruines  de  maifons ,  &  c'eft  l'endroit 
où  les  cartes  marquent  Segor.  *  Ger/eJ.  c.  1  3. 

Les  eaux  du  Jourdain  font  d'elles  -  mêmes  extrême- 
ment douces;  mais  auiîi-tôt  qu'elles  entrent  dans  cette 
mer  ,  elles  contractent  une  falure  Se  une  amertume  qui 
n'a  point  d'égale  ,  Se  qui  fait  avec  jullice  appeller  ce  lac 
Mae  jalu  Se  Marc  Jul/iJJimttm.  Elles  deviennent  auiTî  fi 
pelantes,  que  l'on  a  de  la  peine  à  nager  dedans  ;  le  corps 
Se  principalement  les  pieds  ,  s'élevant  toujous  defius ,  en 
forte  qu'on  ne  peut  les  pouffer  commodément ,  ainfi  que 
le  demande  cet  exercice. 

Quoique  l'eau  de  cette  mer  foit  claire  ,  l'on  n'y  trouve 
aucun  poiffon.  C'elt  peut-être  parce  qu'elle  n'a  rien  en 
foi  qui  ait  vie,  qu'on  lui  a  donné  le  nom  de  mer  Morte. 
Si  ce  n'elt  plutôt  parce  que  l'es  eaux  femblent  s'arrêter- 
là  ,  Se  n'avoir  point  d'autre  mouvement  que  celui  du 
vent;  mais  il  eft  hors  de  doute  quelles  s'écoulent  par- 
deilous  terre  ,  Se  qu'elles  vont  fe  peidre  dans  la  mer. 
L'on  raconte  à  cette  occafion  qu'un  pèlerin  ayant  laifté 
tomber  une  tafie  de  bois  dans  le  Jourdain  ,  elle  s'abyma 
dans  ce  lac  ,  d'où  elle  pafia  jusqu'au  rivage  de  la  Sicile  , 
où  on  la  pécha  ,  Se  où  celui  qui  l'avoir  perdue  ,  fe  trou- 
va Se  la  racheta  ;  mais  il  n'y  a  apparemment  pas  plus  de 
vérité  que  de  vraisemblance  dans  cette  hiftoire. 

Quelques  auteurs  écrivent  que  cette  mer  eft  conti- 
nuellement couverte  de  vapeurs  groiLercs ,  qui  la  ten- 
deur horrible.  D'autres  cependant  affurent  n'en  avoir 
point  vu  ,  Se  ajoutent  que  fa  furface  paroît  auffi  belle 
que  celle  des  autres  Le  dedans  à  la  vérité  eft  bien  dif- 
férent ,  Se  ce  goût  épouvantable  dont  elle  eft  empreinte  , 
eft  un  témoignage  fenfible  Se  perpétuel  de  la  malédiction 
de  Dieu.  Les  terres  d'alentour  ne  la  font  pas  moins  voir. 
Elles  paroiflent  comme  de  la  cendre  ,  &  l'on  n'y  trouve 
point ,  ou  très  peu  de  pierres  ,  Se  à  peine  ces  terres  brû- 
lées produisent  -  elles  quelques  épines  Se  quelques  mé- 
chantes herbes  ,  lofs  même  qu'elles  font  arrofées  des 
pluies  de  1  hiver  &  du  prinrems. 

On  aiïure  que  l'on  voit  près  de  cette  mer  ,  environ  à 
une  journée  de  l'embouchure  du  Jourdain  &  à  fa  côte 
occidentale ,  quantité  de  ces  atbres  de  Sodôme  ,  dont  il 
eit  parlé  dans  les  anciens.  Ils  font  de  la  hauteur  des  fi- 
guiers ,  Se  ils  femblent  en  avoir  le  bois  ;  leurs  feuilles  ap- 
prochent de  la  verdure  Se  de  la  figure  de  celles  des 
noyers  ,  Se  leur  fruiit  eft  femblable  à  de  gros  limons  :  il 
en  a  la  couleur  &  la  forme-,  mais  il  n'en  a  ni  la  folidi- 
té  ni  la  bonté.  Sa  beauté  tente  ;  mais  lorsqu'on  le  preffe  , 
il  plie  ,  Se  paroît  vuide  comme  une  éponge  pleine  de 
vent.  Foulcher  de  Chartres  ,  Geft.  Pereg.  Franc,  ann. 
1 100  ,  qui  de  fon  tems  vifita  ce  pays,  parle  de  ces  ar- 
bres en  ces  termes  :  Je  vis-là  ,  dit- il ,  comme  des  pommes 
en  des  arbres  ,  dont  ayant  rompu  l'écorce ,  je  trouvai  1» 
dedans  noir  Se  poudreux. 

A  l'égard  du  bitume,  que  les  auteurs  difent  que  l'on  re- 
cueille dans  cette  mer  ,  à  laquelle  pour  cette  raifon  on  a 
donné  le  nom  d'Asphaltite  ,  qui  eft  le  même  que  les 
Grecs  donnent  à  cette  espèce  de  poix  ;  on  dit  que  l'on 
n'y  en  trouve  pas  en  tout  tems  ;  mais  qu'en  certaines 
années  ce  bitume  femble  fortir  comme  de  deflbus  l'eau, 
qu'il  s'élève  à  la  furface  du  lac,  Se  s'y  affemble  quelque- 
fois de  la  grofieur  d'un  navire  ,  qu'il  flotte  au  gré  du  venr, 
qui  enfin  le  porte  à  quelque  côte  où  il  s'arrête  ,  Se  où 
quelquefois  il  fe  rompt  en  plufieurs  pièces.  Les  Arabes 
le  ramalTent  avec  foin  ,  Se  le  bâcha  de  Jérufalem  en  prend 
fa  part.  *  Le  P.  Nau ,  Voyage  de  la  Terre  Sainte ,  liv.  4. 
pag.  382. 

Les  Arabes  affurent  que  la  femme  de  Loth  fubfifte  enco- 
re ,  Se  s'offrent  même  de  la  montrer.  Il  y  a  à  deux  lieues 
d'Hébron  ,  furie  chemin  qui  conduit  à  cette  mer,  une 
montagne  que  l'on  dit  être  celle  où  Loth  fe  retira  avec 
fes  filles.  On  y  voit  deux  grottes ,  Se  une  mosquée  bâtie 
defTus  qui  porte  fon  nom.  Cette  montagne  eft  éloignée 
de  la  mer  Morte  ;  mais  la  peur  qui  avoit  faifi  Loth  ,  fur- 
tout  après  le  châtiment  de  fa  femme,  put  bien  le. faire 
fuir  jusques-là. 

Le  père  Nau  Jéfuite,  à  qui  je  dois  cet  article ,  rap- 
porte qu'il  s'eft  trouvé  dans  ces  deux  voyages  en  compa- 
gnie de  quelques  marchands  hérétiques,  qui  tous  ont  fait 
paroître  une  dcvôtio'n  extraordinaire  pour  cette  mer  de 


MER 


MER 


Sodome ,  témoignant  une  joie  infinie  en  la  voyant  :  II 
ajoute  qu'il  les  a  vus  remplir  un  grand  nombre  de  bou- 
teilles de  Ton  eau  ,  qu'ils  ont  emportée  avec  eux  ,  comme 
on  feroit  d'une  chofe  précieufe;  mais  il  ne  donne  poinc 
la  raifon  de  cette  dévotion. 

Les  plaines  qui  environnent  la  mer  Morte  font  appel- 
lées  par  les  géographes  la  Vallée  de  Benédiltion  ;  parce 
que  ,  quoique  dans  le  fond  on  puifle  dire  qu'elles  portent 
encore  des  marques  de  la  malédiction  dont  Sodome  Se 
Gomorre  ont  été  frapées  ,  ce  fut-là  que  Dieu  verfa  fa 
bénédidtion  fur  l'on  peuple  ,  ôc  qu'il  l'y  bénit  folemnelle- 
nient ,  lorsque  Jofaphat  roi  de  Juda,  pour  recompenfe 
d'avoir  mis  fa  confiance  en  Dieu  feul,y  remporta  de  riches 
dépouilles  des  Ammonites  Se  des  Moabites ,  qui ,  étant 
venus  pour  le  combattre ,  fe  défirent  eux-mêmes  les  uns 
les  autres.  Quand  on  a  palTé  cette  vallée  on  trouve  de 
hautes  montagnes ,  de  deflus  lefquelles  on  a  remarqué 
que  les  géographes  fe  trompent  dans  la  figure  qu'ils  don- 
nent à  la  mer  Noire.  Ils  la  font  toute  droite  i  mais  elle  eft 
courbe,  &  va  du  feptentiion  au  midi ,  déclinant  vers  l'oc- 
cident ,  ôc  formant  presque  un  demi-cercle.  Elle  n'a  pas 
à  l'extrémité  cette  pointe  qu'on  lui  donne  communément, 
mais  fa  côte  va  en  arrondillànt.  A  cette  même  extré- 
mité il  y  a  ,  à  ce  qu'on  rapporte  encore ,  une  rivière  confi- 
dérable  nommée  Saphia  ,  qui  vient  du  défert ,  ôc  qui 
a  fo'n  cours  à  peu  près  du  fud-efl  au  nord.  A  ce  bout 
de  la  mer  Morte ,  Se  beaucoup  devant ,  il  y  a  de  vaùes 
campagnes  ôc  des  montagnes  de  fel  ;  mais  vers  la  fin 
de  cette  mer,  on  la  voit  comme  féparee  en  deux,  et 
l'on  y  trouve  un  chemin  par  où  on  la  traverie ,  n'y  ayant 
de  l'eau  qu'à  demi  jambe,  au  moins  en  été.  La  la  terre  s'é- 
lève ôc  borne  un  autre  petit  lac ,  de  figure  ronde ,  un 
peu  ovale ,  entouré  des  plaines  Se  des  montagnes  de  fel 
dont  il  vient  d'être  parlé.  Les  campagnes  circonvoiflnes 
font  peuplées  d'Arabes  fans  nombre  qui  font  presque  tou- 
jours aux  mains  les  uns  contre  les  autres.  Le  côté  oriental 
de  la  mer  Morte  a  des  plaines  fort  fertiles.  Il  y  a  des  villa- 
ges où  l'on  trouve  des  églifes  fans  prêtres  ,  Ôc  des  Chré- 
tiens fans  presque  aucune  pratique  du  Chriflianisme.  Le 
premier  village  que  l'on  rencontre  après  avoir  pafle  la 
rivière  de  Saphia  ,  efl  Cafarobba-,  le  fécond,  plus  avancé 
à  l'orient  ôc  au  feptentiion  de  ce  premier ,  s'appelle 
Amorrhéon ,  où  il  y  a  une  belle  églife  dédiée  à  faint  Geor- 
ges. A  quelques  lieues  de  là  ,  Ôc  presque  dans  la  même 
ligne  vers  le  milieu  de  la  mer  Morte  ,  où  l'on  peint  le 
torrent  ôc  la  vallée  de  Jared,  on  en  trouve  un  autre 
nommé  Chamaida  ,  ôc  un  autre  encore  allez  proche  ap- 
pelle Coura  ,  ôc  un  cinquième  au  delïous  appelle  Mcgeb. 

La  mer  Noire, ou  la  mer  Majeure,  grande  mer  d'A- 
ne entre  la  Tartane  au  nord;. la  Mengréiie ,  l'Imirete, 
le  Guneî  ôc  quelques  provinces  de  l'ancienne  Colchide  > 
pofléuées  préfentement  par  le  Turc ,  à  l'orient  ;  la  Nato- 
lie  au  midi  ;  la  Bulgarie  &  la  Romanie  au  couchant. 
Cette  mer  reçoit  plulîeurs  grands  fleuves  ;  le  Danube  , 
le  Borvfthéne,  le  Don,  le  Phafe,  le  Cafalmac ,  l'Ai- 
toeza  &  le  Zagarie.  Elle  communique  a  la  Propontide 
par  le  détroit  de  Conftantinople  ,  nommé  le  canal  de 
la  mer  Noire ,  &  par  cette  mer  avec  l'Archipel.  On 
peur  voir  au  mot  Canal  des  circonfiances  de  cette  com- 
munication. A  r  ri  en  en  a  décrit  très-exadtement  le  circuit 
dans  fon  périple  du  Pont-Euxin.  Le  nom  de  Pont-Eu- 
kin  efl  celui  fous  lequel  elle  a  été  connue  des  anciens. 
Son  nom  moderne  de  la  mer  Noire  eft  pris  des  Turcs 
qui  1  appellent  ainfi  ,  parce  qu'elle  eft  très-orageufe  ,  ôc 
manque  de  ports  qui  ayent  un  bon  abri.  Au  lieu  qu'ils 
nomment  mer  Blanche  ,  par  oppofition,  l'Archipel ,  où 
il  y  a  beaucoup  d'ifles  ôc  de  bons  havres  où  les  vaifleaux 
peuvent  fe  mettre  à  couvert  dans  le  mauvais  tems.  Elle 
communique  par  le  détroit  de  Cafta  avec  le  Palus  Méo- 
tide,  qui  efl  une  mer  formée  parle  concours  des  eaux 
de  la  mer  Noire  ôc  du  Don.  Les  peuples  qui  habitent 
les  botds  de  cette  mer  font ,  ou  fujets  ou  tributaires  de 
l'empire  Ottoman. 

i .  MER  DU  NORD.  (  La  )  On  appelle  ainfi  la  partie 
qui  lave  les  côtçs  orientales  de  l'Amérique,  depuis  la 
ligne  équinoxiale  au  midi ,  jusqu'à  la  mer  Glaciale  au 
feptentrion.  Elle  a  été  ainfi  appellée  par  contrafle ,  à 
caufe  que  la  mer-  qui  baigne  le  Pérou  ôc  la  Nouvelle 
Espagne  avoir  été  appellée  la  mer  du  Sud.  Comme  en 
allant  de  l'ifthme  de  Panama  au  Pérou  &  au  Chili ,  on 


ai  3 


avance  toujours  vers  le  midi  -,  les  Espagnols  qui  ne  connu- 
rent d'abord  cette  mer  Occidentale  que  par  cette  naviga- 
tion ,  1  appellerent  la  mer  du  Sud  ,  par  rapport  à  cec 
iflhme  d'où  ils  partoient  ;  ôc  par  la  même  raifon  ,  ayant 
remarqué  que  de  l'ifthme  de  Panama,  pour  retourner  en 
Efpagne,  il  faut  revenir  vers  le  nord  ,  a  plus  forte  raifon 
pour  revenir  de  la  Guiane  ,  ils  ont  appelle  cette  mer  la 
mer  du  Nord.  Le  golfe  de  Mexique  en  fait  partie.  Cette 
mer  comprend  un  grand  nombre  d'ifles  j  Terre- Neuve, 
les  Açores ,  les  Lucayes ,  Cuba ,  Saint  Domingue ,  la  Ja- 
maïque &  les  Antilles  font  les  principales. 

a.  MER  DU  NORD ,  (  La  )  s'entend  auffi  de  la  par- 
tie de  l'Océan  qui  efl  entre  l'Iflande  ôc  la  Noiwege. 

La  mer  d'Oman,  partie  de  l'Océan  le  long  de  l'A- 
rabie Hcureufe ,  entre  la  mer  Rouge  ôc  le  golfe  Perfique. 

La  mer  Pacifique.  C'eft  la  même  que  la  mer  du 
Sud.  Voyez,  ce  mot ,  N°.  I. 

La  Mer  du  Pérou,  partie  de  la  mer  du  Sud  le  long 
des  côtes  du  Pérou. 

La  mer  de  Perse  ,  partie  de  la  mer  des  Indes  ,  en- 
tre le  golfe  d'Ormus  ôc  les  bouches  du  fleuve  Indus. 

La  mer  Rouge  ,  mer  fituée  entre  l'Arabie  a  l'orient , 
l'Egypte  ôc  l'Abyflînie  au  couchant.  Elle  eft  féparée  de 
la  Méditerranée  par  l'ifthme  de  Suez  ,  ôc  de  l'Océan  par 
le  détroit  de  Babel-Mandel-  Les  Turcs  la  nomment  la 
mer  delà  Mecque-,  pareeque  cette  ville  en  eft  fort  près. 
Les  anciens  l'ont  appellée  Sinus  Arabicus  ,  le  golfe 
d'Arabie  ,  parce  que  les  Arabes  en  ont  occupé  les  deux 
côtés.  L'Ecriture  Sainte  l'appelle  la  mer  de  Suph  ,  c'eft- 
à-dire  la  mer  du  Jonc.  D.  Calmet ,  Ditl,  de  la  Bible  ,  en 
parle  ainfi  : 

Elle  eft  aufli  nommée  mer  de  Suph,  à  caufe  de  la 
grande  quantité  de  jonc  ou  de  moufle  de  mer  qui  fe 
trouve  dans  fon  fond  Se  fur  fes  bords.  On  l'appelle 
encore  aujourd'hui  Barhsuf  ,  &  l'herbe  qui  y  croît, 
Sufo.  Diodore  de  Sicile,  Bibliot.  I.  3.  dit  qu'elle  paroît 
toute  verte  ,  à  caufe  de  l'herbe  qui  croit  fous  fes  eaux. 
Ceux  qui  ont  voyage  fur  cette  mer ,  di;cnt  qu'elle  paroît 
rouge  en  quelques  endroits  ,  à  caufe  d'un  fable  qui  eft 
au  fond.  Dans  d'autres  lieux  l'eau  paroît  blanche ,  à 
caufe  de  la  couleur  du  fable  qui  y  eft  blanc.  Enfin  , 
elle  paroît  verte  aux  lieux  où  il  y  a  de  l'herbe  ou  de  la 
moufle  de  mer.  Mais  cela  ne  fe  remarque  que  dans  les 
endroits  où  l'eau  eft  bafie;  èv  la  couleur  du  fable  ou  de 
la  moufle  ne  paroît  au  travers  de  l'eau ,  que  parce  qu'elle 
eft  forte  claire  ôc  tranfparente.  Dom  Jean  de  Caftro , 
viceroi  des  Indes  pour  le  roi  de  Portugal ,  croit  que  le 
nom  de  mer  Rouge  vient  de  ce  qu'il  y  a  beaucoup  de  corail 
rouge  au  fond.  Il  eft  certain  que  le  texte  hébreu  des  livres 
de  l'ancien  Teftament  ne  l'appelle  jamais  mer  Rouge, 
mais  mer  de  Suph.  Pline,  /.  6.  c.  28.  Strab.  /.  16.  p.  520. 
ôc  Q.  Curt.  /.  10.  difent  qu'on  lui  donna  le  nom  de  mer 
Rouge  en  grec  Erythrea,  à  caufe  d'un  certain  roi  Erythros 
qui  regna  dans  l'Arabie ,  ôc  dont  on  voyoit  le  tombeau 
dans  l'ifle  Tyrine  ou  Agyris.  Plufieurs  favans  croient 
que  ce  roi  Erythros n'eft  autre  qu'Efaiïou  Edom.  Edom 
en  hébreu  fignifie  roux  ou  rouge  ,  de  même  qu'Erythros 
en  grec;  mais  je  ne  crois  pas  ,  pourfuit  D.  Calmet ,  qu'E- 
dom  ait  jamais  demeuré,  ni  fur  la  mer  Rouge,  ni  fur 
legolfe  Perfique,  à  qui  l'ondonneaufli  quelquefois  le  nom 
de  met  Rouge.  Voiciladefcriptionde  lamerdeKolfumou 
de  la  mer  Rouge ,  félon  Abulféda  ,  p.  70.  de  la  dcfcrîpt.  de 
ÏArabie:E\le  tire  fon  nom  de  la  ville  de  Kolfuni, fituée  fur 
l'extrémité  de  fa  côte  feptentrionale ,  fous  le  44  deg.  ij. 
min.  d'autres  difent  46.  deg.  50.  min.  de  long.  &  fous  le  2  j 
deg.  45  min.  de  lat.  Depuis  Kolfum  cette  mer  court  au 
midi ,  en  tirant  un  peu  vers  l'orient,  jusqu'à  Kafir  ,  qui 
eft  le  port  de  Kous ,  où  la  longitude  eft  de  49  degrés , 
ôc  la  latitude  de  26.  De-là  elle  coule  encore  au  midi , 
en  fe  recourbant  un  peu  vers  l'occident  aux  environs 
d'Aidad  ,dont  la  longitude  eft  de  48  degrés,  &  la  latitude 
de  21.  D'Aida  elle  coule  en  droite  ligne  vers  le  midi 
jusqu'à  la  Sawakam ,  (aujourd'hui  Suakem  )  petite  ville 
d'Ethiopie ,  aufli  fous  le  48  degré  de  longitude ,  &  le 
dix-feptiéme  de  latitude.  De-là  ,  en  continuant  vers  le 
midi ,  elle  va  entourer  l'ifle  de  Dahlac  ,  qui  eft  peu 
éloignée  de  la  côte  occidentale,  Se  dont  la  longitude  eft  de 
6 1  degrés  ,  ôc  la  latitude  de  1 4.  De  cette  ifle  la  mer  s'éten- 
dant  toujours  vers  le  midi,  baigne  les  côtes  d'Ethiopie, 
jusqu'au  cap  Almandab.  Voyez.  Mandas,  C'eft  là  le  bout , 


MER 


2,14 

ou  plikôt  le  commencement  de  la  mer  Rouge  du  côté 
du  midi ,  près  du  décroit  ou  de  l'embouchure  par  la- 
quelle entre  la  grande  mer  des  Indes  ou  l'Océan  orien- 
tal. La  montagne  Almandab  Se  les  folicudes  d'Aden , 
font  fort  proches  les  unes  des  autres ,  &  ne  font  féparées 
que  par  un  détroit  fi  ferré ,  qu'un  homme  en  peut  voir 
un  autre  fur  le  rivage  oppofé.  Ce*détioit  s'appelle  Bab- 
al-Mandab.  Des  voyageurs  m'ont  rapporté  que  Bab  al- 
Mandab  eft  au-deflbus  d'Aden,  &  qu'il  efi  éloigné  d'A- 
den en  tirant  vers  le  nord-oueft,  d'autant  de  chemin 
qu'en  peut  faire  un  vaiffeau  dans  un  jour  &  une  nuit. 
Les  montagnes  Almandab  font  fituées  dans  le  pays  des 
Abyflins,  Se  on  les  voit  des  montagnes  d'Aden,  quoi- 
que dans  un  affez  grand  éloignement.  En  ce  lieu  l'em- 
bouchure de  la  mer  de  Kolfum  elt  tout- à-fait  ferrée  8c 
étroite  ,  de  la  manière  que  nous  avons  déjà  du.  Aden  , 
à  l'égard  de  B  ib-al-Mandab  ,  eït  firuée  entre  l'orient  8c 
le  midi;  8c  c'ell  là  tout  ce  que  l'on  trouve  fur  la  côte 
occidentale  de  la  mer  Rouge ,  depuis  Kolfum  jusqu'à 
Mandab.  Panons  maintenant  au  rivage  qui  s'étend  de. 
l'autre  côré  de  la  montagne  de  Mandab,  Se  qui  elt  la 
terre  d'Aden.  Depuis  Aden  la  mer  Rouge  coule  vers 
le  feptenmon.  La  longirude  de  cette  ville  elt  de  66  degrés, 
&  fa  latitude  de  11.  Enflure  cette  mer  tourne  autour 
des  côres  de  l'Yemen,  jusqu'à  ce  qu'elle  arrive  à  l'extré- 
mitédes  côtes  de  ce  nom, où  la  longirudeeft  de  67  degrés, 
ÔC  la  latiaide  de  19  moins  10  minutes.  De-là  elle  s'é- 
tend encore  vers  le  feprenrrion, jusqu'à  Gioddah  ,  &  dont 
la  longitude  elt  de  66  degrés,  Se  la  latitude  de  21.  De  Giod- 
dah elle  coule  au  nord-oueft ,  jusqu'à  A  giahafah,  demeure 
des  Egyptiens ,  fous  le  65  degré  de  longitude  Se  le  2 2  de 
latitude.  Elle  continue  enfuite  vers  le  nord  ,  en  tirant  urï 
peu  vers  le  couchant ,  jusqu'au  rivage  de  Yambaak ,  dont 
la  longitude  elt  de  64  degrés  ,  Se  la  latitude  de  26.  De  là, 
elle  court  tout  à-fait  entre  l'occident  &  le  nord  Jusqu'à 
ce  qu'ayant  laiffé  Madian  ,  elle  arive  à  Ailah  ,  qui  elt  fous 
le  5  5  degré  de  longitude  &  fous  le  29  de  latitude.  Almosh- 
tarec  dit  dans  le  Kanum  qu' Ailah  elt  a  56  deg.  40  minutes 
de  longitude,  &  à  28  degrés  jominutesde  latitude.  D'Ai- 
lah  , cette  mer  fe  recourbe  vers  le  midi ,  jusqu'à  Altour , 
(ou  Thor)  qui  elt  le  mont  de  Sinaï,  lequel  par  un  cap 
fort  élevé  ,  Se  qui  s'avance  dans  cette  mer ,  la  divife  en 
deux  bras.  Delà ,  en  retournant  vers  le  nord  ,  elle  arrive 
enfin  à  Kolfum ,  dont  nous  avons  marqué  la  pofition.  Le 
mont  Altour  ou  Sinaï  eft  firué  entre  ces  deux  villes , 
fur  une  efpéce  de  presqu'ifle  ,  environné  de  la  mer  du 
côté  d'orient ,  d'occident ,  Se  du  midi ,  8c  ne  tenant  à 
la  terre  que  du  côté  du  nord. 

Tout  le  monde  fait  le  fameux  miracle  du  paffage  de 
la  mer  Rouge.  Les  rabins  &  plufieurs  anciens  pères, 
fondés  fur  ces  paroles  du  pfeaume  cxxxv.  13.  Il  a  partagé 
la  mer  Rouge  (  j  )  en  divilions  :  Qui  dwifit  mare  Rubrum 
in  âivifiones ,  ont  avancé  que  la-  mer  Rouge  avoir  été  divi- 
fée  en  douze  ouvertures  ,  enforte  que  chacune  des  douze 
tribus  paffa  la  mer  dans  un  lit  différent  des  aurres.  D'autres 
auteurs  (b)  ont  dir  que  MoVfe  qui  avoit  été  long  tems 
fur  la  mer  Rouge  dans  le  pavs  de  Madian  ,  ayant  obfervé 
qu'elle  avoit  fon  flux  Se  reflux  réglé  comme  l'Océan , 
avoit  adroitement  profité  du  tems  du  reflux  ,  pour  faire 
palier  le  peuple  Hébreu;  Se  que  les  Egyptiens  qui  igno- 
roient  la  nature  de  cette  mer  ,  s'y  étant  témérairement 
engagés  dans  le  tems  du  flux  ,  furent  envelopés  dansfes 
eaux.  Jofcph  ,  A>iùq  l.  2.  c.  ult.  après  avoir  rapporté  l'hif- 
toire  du  paffage  de  la  mer  Rouge  ,  ainfi  qu'il  eft  raconté 
dans  Moïfe  ,  ajoute  qu'on  ne  doit  pas  confidérer  cela 
comme  impoffible  ,  puisque  Dieu  peur  avoir  ouvert  un 
paffage  aux  Hébreux  à  travers  les  eaux  ,  comme  il  en 
ouvrit  un  long  tems  après  aux  Macédoniens  conduits  par 
Alexandre,  lorsqu'ils  panèrent  la  mer  de  Pamphilie.  Or 
les  hiftoriens  qui  ont  parlé  de  ce  paffage  des  Macédoniens 
(r)  ,  difent  qu'ils  entrèrent  dans  la  mer  Se  côtoyèrent  le 
bord  qui  n'eft  pas  bien  profond ,  de  manière  que  les 
foldats  marchèrent  tout  le  jour  dans  l'eau  jusqu'à  la  cein- 
ture. Arrien  J.i.de  expedit.  Alex,  dit  qu'on  n'y  fauroit 
paffer  ,  quand  le  vent  du  midi  donne ,  mais  que  le  venc 
s'etanr  changé  tout  à-coup,  donna  aux  foldats  le  moyen 
d'y  paffer  fans  péril.  C'eft  peur-être  cette  réflexion  de 
Jofeph  qui  a  fait  croire  à  quelques  anciens ,  à  faint  Tho- 
mas (^),àToflat,  à  Paul  de  Burgos ,  à  Grotius ,  à 
£énébrard,  à  Vatable ,  Se  à  plus  d'un  rabin,  que  les 


MER 


Ifra'elites  n'avoient  pas  palié  la  mer  Rouge  d'un  bord  4 
l'autre,  mais  feulement  qu'ils  la  côtoyeitnt  Se  remon- 
tèrent pendant  le  flux ,  de  l'endroit  où  ils  étoient ,  en 
un  autre  un  peu  plus  haut ,  en  faifant  comme  un  demi- 
cercle  dans  la  mer.  Mais  lans  entrer  dans  la  discuffion 
de  ces  fentimens  ,  fans  entreprendre  de  les  réfuter  en  par- 
ticulier ,  fans  nier  que  la  nier  Rouge  n'ait  fon  flux 
Se  reflux ,  il  n'y  a  qu'a  leur  oppofer  le  texre  de  Moïfe 
&  des  autres  auteurs  faciès ,  qui  ont  parlé  de  ce  paflage 
miraculeux,  on  verra  clairement  que  nul  autre  lyltémc 
n  elt  foûtenable  ,  que  celui  qui  croit  que  les  Hébreux 
pafferent  la  mer  d'un  bord  à  l'autre ,  dans  un  lit  très  vafte, 
que  les  eaux  retirées  leur  laiflerent  à  fec.  Le  Seigneur 
dit  à  Moïfe  (<  )  :  Etendez  h  main  fur  la  mer  ,  &  fepa- 
rez-en  les  eaux,  afin  que  les  Ifra'elites  marchent  à  pied 
fec  au  milieu  des  eaux....  Et  Moïfe  ayant  éendu  fa  rnairi 
fur  la  mer ,  le  Seigneur  en  divifa  les  eaux  ,  Se  il  fir  fouffler 
toute  la  nuit  un  vent  impétueux,  (à  la  lettic  un  vent 
de  Cadim  ou  d'Orient  )  qui  la  deifécha.  Lorsque  les 
Egyptiens  fuient  entrés  dans  la  mer ,  le  Seigneur  dit  à 
Moïiè  :  Etendez  votre  main  fur  la  mer ,  afin  que  les  eaux 
retombent  fur  les  Egyptiens.  Moïfe  ayant  donc  étendu 
fa  main,  les  eaux  fe  remirent  en  leur  premier  é;at,& 
vinrent  au-devant  des  Egyptiens  qui  s'enfuyoient ,  Se  le 
Seigneur  les  envelopa  au  milieu  des  flots,  Sec.  mais  les 
enfans  d'ifiaé'l  parlèrent  à  fec  au  milieu  de  la  mer ,  ayant 
ks  eaux  a  droite  Se  a  gauche,  qui  leur  fervoient  com- 
me de  mur.  Et  dans  le  cantique  que  Moïfe  chanta  au 
fortir  de  la  mer  Rouge,  il  dit  (f):  Le  vent  de  votre 
fureur  a  fait  remonter  les  eaux  des  deux  côtés  :  il  a  arrête 
l'écoulement  des  eaux  ,  Se  elles  le  font  comme  condenfees 
au  milieu  de  la  mer.  Et  le  Pfalmifte,  87.  13.  On  peut 
voir  les  commentaires  fur  l'Exode,  14  Se  la  difiertation 
de  le  Cleic  lur  le  paflage  de  la  mer  Rouge,  &  celle 
que  D.  Calmet  a  fait  imprimer  fur  le  même  fujer ,  à  la 
tête  du  commentaire  fur  l'Exode.  On  croit  que  l'endroit 
où  les  Hébreux  pafferent  la  mer  Rouge,  efl  à  deux  ou  trois 
lieues  au-deffous  de  fa  pointe  feptenirionale,  à  l'endroit 
de  Kolfum  ou  Clysma  ,  où  quelques  anciens  (g  )  ont 
écrit  que  l'on  voyoit  encore  de  leur  tems  les  débris  des 
roues  des  chariots  de  Pharaon,  &  les  traces  de  fes  chariots» 
(a  )  0)igen.V\om\\.  5.  in  Exod.  Eufeb.  in  pfal.  1 35.  Epi- 
phan.  hae  ef.  64.  (/  )  Artop.tn.  api  d  Eufcb.  Piœpar.  I.  4. 
c.  17.  alii  quidam  ex  Chriflianis.  (c)  Strabon ,  1.  14.  [d) 
Quidam  apud  Gregor.  Turon.  1.  i.c.  10.  hift.  D.Thom. 
in  I.  Cor.  10.  (  e  )  Exod.  14.  \6.  17.8e  fcq.  (f)  Exod.  ij. 
(g)  Paul.  Orof.  hift.  1.  1.  c.  10.  Gregor.  'turon.  hift.  1.  1. 
c.  ic.C^fmas,  Mcnach.  1.  5  p.  194. 

La  mer  de  Sable  ,  c'eit  ainfi  que  les  Arabes  appellent 
un  grand  defert  d'Afrique.  Voyez.  Zaara. 

La  mer  de  Sala,  c'eft  lamêmeque  la  mer  Caspienne. 

La  mer  de  Sapif.nce  ,  partie  de  la  mer  de  Grèce  fur 
la  côte  de  la  Morée  auprès  de  l'Ifle  de  Sapienza. 

La  mer  de  Sargasse.  Les  pilotes  nomment  ainfi  la 
partie  de  l'Océan  où  font  les  ifles  du  cap  Verd,  à  caufe 
d'une  certaine  herbe  de  ce  nom  qui  fe  trouve  en  très- 
grande  quantité  fur  cette  mer,  entre  les  ifles  Se  le  conti- 
nent d'Afrique. 

La  mer  DEScARPANTO,partiede  Iamer  Méditerranée 
auprès  de  la  Natolie  :  c'eit  le  Carpathium  mare  des  anciens. 

La  mer  de  Sicile.  Quoique  ce  nom  convienne  à 
toute  la  mer  dont  la  Sicile  eft  environnée  ,  on  le  donne 
principalement  à  celle  qui  eft  à  l'orient  &  au  midi,  jus- 
qu'à l'ifie  de  Maire. 

La  mer  du  Sud  ,  vafie  partie  de  l'Océan  entre  l'Amé- 
rique &  l'Afie.  Elle  a  été  découverte  par  les  Espagnols 
qui  partoient  de  la  nouvelle  Espagne  pour  le  Pérou  , 
&  par  conféquent  elle  étoit  au  fud  à  leur  égard.  Ils  la 
nomment  dans  leur  langue  El  Mar  del  Zur.  Ils  l'ont 
aufli  nommée  la  mer  Pacifique  ,  à  caufe  des  grands 
calmes  qui  y  régnent  en  certains  tems  Se  en  certains  pa- 
rages. On  ne  la  connoît  que  depuis  l'an  IJ13.  Elle  a 
un  grand  golfe  que  l'on  a  appelle  la  mer  Vermeille , 
parce  qu'il  reffemble  beaucoup  à  la  mer  Rouge  ;  le  grand 
golfe  de  Kamtzchatka  peut  être  aufli  confidére  comme 
faifant  partie  de  cette  mer,  fur-tout  fi  on  l'étend  jusqu'au 
Japon  &  à  la  Chine  ,  Se  que  l'on  y  comprenne  l'Océan 
Oriental ,  les  Philippines  ,  &c.  Elle  communique  à  1 0- 
céan,  qui  lave  les  côtes  de  l'Europe  ;  premièrement  pac 
la  mer  des  Indes  au  midi  de  l'Afrique  &c  de  l'Atfe  j  fe- 


MER 


MER 


tondement  par  la  mer  Glaciale  au  nord  de  l'A  fie  &  de 
l'Europe  i  mais  comme  cette  mer  eft  fermée  de  glaces 
dans  les  endroios  où  les  Européens  ont effayé  de  paflcr, 
on  ne  fait  pas  bien  jusqu'à  quel  endroit  elle  eft  naviga- 
ble. Cependant  les  Tartares  l'ont  parcourue  ,  ik  la  par- 
courent encore  tous  les  jours.  Mais  nous  n'avons  pas  de 
détail  fur  leur  navigation ,  &c  fur  la  figure  de  leurs  bar- 
ques. 11  refie  toujours  pour  confiant  quela  mer  du  Nord 
cv  la  mer  du  Sud  ont  une  entière  communication  de  ce 
côté;  troifiémement ,  par  le  détroit  de  Magellan  ;  qua- 
trièmement »  par  le  midi  des  ifles  qui  font  au  midi  de 
ce  détroit  -,  cinquièmement ,  il  le  peut  faire  qu'il  y  ait  au 
nord  de  l'Amérique  ,  par  la  baie  de  Hudfon  &  par  celle 
de  Baffin  ,  un  pafiage  vers  cette  mer  ,  mais  on  ne  le  fait 
pas ,  performe  n'ayant  tenté  cette  route  d'une  manière 
décifive.  On  a  fait  de  grandes  fautes  fur  l'étendue  de 
cette  mer  &  fur  fa  pofition  ,  par  rapport  au  premier 
méridien  ;  nous  avons  obligation  aux  obfervations  afiro- 
nomiques  d'une  grande  réformation  fur  ce  fujet  :  on  en 
peut  juger  fur  cette  différence  entre  les  longitudes  de 
l'ifie  de  Mindanao  8c  de  Panama. 

Selon  MM.Sanfon  ,  la  longitude  de  Mindanao  dans  fa 
partie  orientale  eft  178  deg.  plus  ou  moins  quelques 
minutes  ;  car  leurs  cartes  varient  a  cet  égard  ,  y  en  ayant 
qui  lui  donnent  plus  de  179  degrés. 

La  longitude  de  Panama  efi  de  294  degrés. 

Différence  de  l'une  à  l'autre  ,  1 1  j  degrés. 

Selon  de  l'ifie  , 

La  longitude  de  Mindanao  ,  144  degrés. 
La  longitude  de  Panama  ,  297  deg.  30  min» 
Différence  de  l'une  à  l'autre  ,  153  deg.  30  min» 

Ce  font  donc  38  deg.  30  min.  d'étendue  ,  ou  770 
lieues  de  vingt  au  degré  ,  que  les  obfervations  ont  rendu 
à  cette  mer  fous  ce  parallèle.  Il  y  a  dans  les  cartes  de 
MM»  Sanfon  des  fautes  bien  plus  énormes  dans  le  nord 
de  cette  mer.  Ils  mettent  le  Japon  pour  fa  partie  orien- 
tale au  188  deg.  au  lieu  qu'il  eft  tout  en-deçà  du  160. 
Ils  rangent  la  terre  d'Iefo  ,  ou  Ieço  ,  de  manière  qu'elle 
ferme  la  mer  du  Sud  vers  le  nord ,  8c  s'étend  presque 
jusqu'à  la  Californie ,  à  laquelle  ils  font  faire  une  partie 
du  chemin  pour  faciliter,  8c  dont  ils  font  une  ifie,  au 
lieu  que  depuis  le  190  deg.  de  longit.  jusqu'au  2jo.  on 
neconnoît  abfolument  aucune  terre  de  ce  côté.  Ce  n'eft 
pas  que  M.  le  chevalier  de  Fougerais  ,  navigateur  ha- 
bile ,  dont  j'ai  eu  plufieurs  occafions  déparier,  n'ait  vu 
quelques  terres ,  en  venant  de  la  Chine  par  la  mer  du 
Sud  ;  mais  il  ne  les  a  point  allez  découvertes ,  pour  fa- 
voir  fi  c'efi  une  prolongation  de  la  terre  ferme  de  Cali- 
fornie ,  ou  fi  ce  font  fimplement  des  ifles.  Quant  à  la 
terre  d'Icço  ,  elle  efi:  bien  loin  de-là  au  nord  du  Japon. 
La  mer  du  Sud  ,  en  Hollande.  Voyez,  Zuyderzée. 
La  mer  de  Suez  >  c'efi  la  même  que  la  mer  Rouge» 
Les  Turcs  l'appellent  ainfi,  du  nom  d'une  place  qui  efi 
au  fond  feptentrional  de  cette  mer. 

La  mer  de  Tabristan,  c'efi  la  même  que  la  mer 
Caspienne ,  qui  prend  le  nom  d'une  province  de  Perfe  > 
ainfi  nommée  de  Tabris  ou  Tauris ,  fa  capitale» 

La  mer  de  Tiberiade  ou  de  Galilée  ,  c'efi  la  même 
que  le  lac  de  Cenereth.  Voyez,  ce  mot. 

La  mer  de  Toscane  ,  partie  de  la  mer  Méditerranée  » 
le  long  des  côtes  occidentales  de  l'Italie  ,  depuis  la  ri- 
vière de  Gènes  jusqu'au  royaume  de  Naples.  Elle  baigne 
les  états  du  grand  Duc ,  &  l'état  du  S.  Siège  de  ce  côté- 
là.  On  y  trouve  l'ifie  d'Elbe  8c  quelques  autres. 
La  mer  de  Venise.  Voyez.  Adriaticum  mare. 
La  mer  Vermeille  ,  grand  golfe  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  dans  la  mer  du  Sud ,  au  midi  occidental  du 
Nouveau  Mexique ,  au  couchant  de  la  Nouvelle  Espa- 
gne ,  8c  au  couchant  feptentrional  de  la  presqu'ifie  de 
Californie.  On  peut  voir  au  mot  Californie,  lesraifons 
qui  détruifent  l'erreur  où  l'on  étoit  tombé  au  fujet  de 
cette  mer  ,  que  l'on  croyoit  communiquer  avec  l'O- 
céan au  nord  de  la  Californie  ,  que  l'on  avoit  ifolée  mal- 
à-propos.  Elle  s'étend  ,  félon  Baudrand  ,  du  nord  .111 
fud  ,  entre  la  Californie  au  couchant  &  le  nouveau  Me- 
xique au  levant  ;  mais  non  pas  du  nord-ouefi  au  fud- 


2ÎJ 

eR  ,  comme  il  efi  marqué  dans  beaucoup  de  cartes.  Bau- 
drand fe  trompe  lui-même  ,  &  fa  correction  eft  faune» 
Les  cartes  qu'il  reprend  font  jufies;  &  celle  qui  a  été  pu- 
bliée en  dernier  lieu  par  le  P.  Kino  ,  Jéfuite  ,  qui  a  fait 
le  tour  de  cette  mer  ,  eft  en  cela  conforme  à  celle  de  de 
l'ifie;  ëc  la  méridienne  de  la  baie  de  S.  Jean-Baptific  , 
au  couchant  de  cette  mer ,  dans  la  province  de  la  Sonora, 
étant  prolongée  vers  le  midi ,  coupe  très-certainement 
la  terre  de  Californie  dans  fa  partie  orientale.  Cepen- 
dant il  s'en  faut  au  moins  cinquante  lieues  que  cette  baie 
ne  foit  au  nord  de  la  mer  Vermeille.  On  l'appelle  aufii 
quelquefois,  pourfuit  Baudrand  ,  la  mer  de  Cortez  , 
parce  que  ce  fut  par  les  ordres  de  fernand  Cortez  qu'elle 
fut  découverte.  Sa  largeur  eft  de  deux  cens  mille  pas, 
entre  la  côte  de  la  nouvelle  Galice  8c  le  cap  S.  Lucar , 
qui  eft  dans  1  ifie  de  Californie  ;  mais  vers  les  côtes  du 
nouveau  Mexique ,  elle  n'en  a  pas  plus  de  cinquante 
mille.  11  fe  trompe  encore  ■■>  fa  moindre  largeur  eft  au 
moins  décent  mille.  D'ailleurs  ,  le  cap  S.  Lucar  étant 
hors  de  cette  mer ,  8c  au  couchant  de  fon  entrée  ,  ce  n'é- 
toit  point  de-là  qu'il  falloit  en  prendre  la  largeur  ,  mais 
du  cap  de  la  Porfia.  De  l'ifie  met  cette  difiance  de  40 
lieues.  On  ne  fait  rien  de  certain  ,  continue  Baudrand  , 
de  fa  pairie  fcptentrionale,  ainfi  que  je  l'ai  appris  de  plu- 
fieurs matelots  ,  qui  ont  couru  ces  mers.  Le  fond  de 
cette  mer  a  été  découvert  par  les  millionnaires  Jéfuites, 
dans  les  années  1698  ,  1699  ,  1700  ,  &  1701  ,  &  il  n'y 
a  plus  de  doute  fur  ce  fujet. 

Cette  mer  a  quelques  ifles  remarquables ,  entr'autres 
celle  de  S.  Augufiin  ,  &  les  ifles  du  Sel ,  les  Coronades  t 
Carmen,  &  quelques  autres.  Elle  reçoit  plufieurs  riviè- 
res confidérables,  entr'autres  Rio  del  Norte&  Rio  d'A- 
zul ,  qui  y  arrivent  dans  un  même  lit.  11  efi  fi  large  ,  que 
quelques-uns  ,  le  confidérant  à  la  hâte,  l'ont  pris  pour- 
un  bras  de  mer  qui  aboutifibit  à  l'Océan.  Les  autres  font 
la  rivière  de  fainte  Claire  ,  celle  de  S.  Ignace  ,  celle  de 
la  Sonora  ,  celle  d'Hiaqui ,  Rio  de  Mayo  ,  cVc. 

La  mer  Verte.  Les  géographes  orientaux  appellent 
ainfi  la  mer  qui  baigne  les  côtes  de  Perfe ,  8c  celles  de 
l'Arabie. 

La  mer  de  Wan  ,  c'eft  la  même  chofe  que  le  lac 
d'AcTAMAR.  Voyez,  ce  mot, 

La  mer  de  Zabache  ,  nom  moderne  de  la  mer , 
que  les  anciens  ont  appellée  Palus  Meotide.  Voyez. 
Palus. 

Mer  de  Zanguebar.  Ce  mot  e(l  un  pléonasme  ;  car 
bar  veut  due  mer;  ainfi  la  mer  de  Zanguebar  veuc 
dire  la  mer  de  la  mer  de  Zen  g.  Voyez.  Zangue- 
bar. 

MER  ,  ville  de  France,  dans  le  Blaifois ,  à  une  lieue  de 
la  Loire  ,  à  quatre  de  Blois ,  8c  à  égale  difiance  de  Beau- 
gency.  Elle  fait  partie  du  marquifat  de  Menars.  Jeanne 
de  Hainaut ,  comteffe  de  Blois ,  y  a  fait  une  fondation 
pour  les  pauvres.  Il  y  a  un  grenier  à  fel  à  Mer.  Les  Cal- 
vinifiesy  avoien^un  temple  avant  la  révocation  de  Le- 
dit de  Nantes.  Pierre  Jurieu  ,  profeffeur  en  théologie  & 
miniftre  de  la  Religion  Réformée  à  Rotterdam  ,  étoit  né 
dans  cette  petite  ville  ,  où  fon  père  avoit  été  miniftre  i 
&  fa  mère  étoit  fille  de  Pierre  du  Moulin ,  autre  mini- 
ftre fort  connu.  Il  y  a  peu  d'écrivains  qui  ayent  donneQ 
autant  d'ouvrages  au  public  que  Pierre  Jurieu.  Il  écri- 
voit  avec  feu  &  avec  agrément  -,  mais  fes  emportemens 
8c  fes  chimères  l'avoient  infiniment  décrié  même  parmi 
les  Calvinifies.  11  mourut  fort  âgé  ,  le  1 1  de  Janvier 
171 3.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  t.  6.  p.  138. 

MERA  ,  rivière  d'Italie  ,dans  la  Ligurie, félon  Blon- 
del ,  qui  croit  que  c'efi  la  même  que  l'Anfer.  11  fe  fonde 
fur  un  pafiage  de  Tite  Live  ;  mais  ce  pafiage  étoit  altéré 
dans  l'exemplaire  dont  il  s'eft  fervi  ,  8c  les  meilleures 
éditions  portent  Macra ,  au  lieu  de  Mera  ;  de  forte: 
que  Mera  eft  une  rivière  imaginaire.  Voyez.  Macra.  * 
Ortelii  Thefaur. 

MERACAUMAN  ,  périt  peuple  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale,dans  laLouïfiaue,  aux  environs  de  la  route 
que  tint  le  lieur  de  la  Salle  ,  pour  aller  de  la  baie  de  S. 
Louis  aux  Cenis,  avant  de  paffer  la  Maligne.  Il  fe  pour- 
roit  taire  que  ce  ne  fût  qu'un  afiemblage  de  quelques 
colonies  de  Choumans  &  de  Mérouans  ,  ou  que  ce  fus- 
fent  les  Mérouans  mêmes. 

1.  MER/£,licu  de  l'Arcadie ,  félon  Paufanias,  /.  8.  c.  8. 


ai  6 


MER 


MER 


2.  MERvE  ,  fleuve  de  l'Arcad-.e.  Phavorin  en  parle 
dans  fon  Léxicon. 

MERAGA  ,  ou  Meraque.  Voyez.  Meraque. 
MER  AL  ,  bourg  de  Fiance,  dans  l'Anjou  ,  élection 
de  Château-  Gontier. 

i.MERAN,  ville  d'Allemagne,  dans  le  Tyrol,  laca- 
pitale  du  diflricFou  quartier  ,  nommé  EtschLmd,  fur  le 
bord  de  1  Adige.  Elle  a  été  autrefois  capitale  de  tout  le 
comté  de  Tyrol.  On  y  voit  un  couvent  de  religieufes  de 
l'ordre  de  Ste  Claire,  dont  l'églife  efl  fort  belle.  En  i4J9> 
une  grande  partie  de  cette  ville  fut  détruite  par  une  inon- 
dation, qui  fit  périr  quantité  d'habitans.  11  y  a  eu  des  ducs 
de  Meran  ,  dont  la  race  s'éteignir  en  la  perfonne  dO- 
thon  le  Jeune ,  qui  fut  tué  en  1 248  ,  par  un  gentilhom- 
me ,  nommé  Hager.  Leurs  domaines ,  qui  étoient  confi- 
dérables  ,  furent  alors  divifés  entre  leurs  voifins  ,  mal- 
gré la  décifion  que  l'empereur  Guillaume  prononça  con- 
tre ce  partage.  Le  duc  de  Bavière  eut  ce  qui  étoit  fitué 
dans  la  Vindelicie,  en  deçà  des  Alpes.  Le  comte  de  Tyrol 
prit  poflcflion  de  tous  les  biens  qui  étoient  fur  l'In  6c  fur 
l'Etsch.  Une  partie  échut  aux  Vénitiens-,  une  autre  aux 
évtques  de  Bamberg  6c  de  Wurtsbourg.  Au  relie  ,  c'efl 
fort  près  de  la  qu'efl  l'ancien  château  de  Tyrol,  qui  a 
doiiné  fon  nom  à  tout  le  pays ,  ce  qui  a  été  caufe  que 
quelques  auteurs  n'ont  fait  qu'un  même  lieu  de  Meran 
&  du  Tyrol.  La  ville  de  Meran  efl  jolie  6c  marchande. 
*  Zeyler  ,  Topogr.  Tyrolis. 

2.  MERAN  ,  bourg  ou  petite  ville  non  murée  d'Alle- 
magne ,  dans  la  Misnie  ,  appartenant  aux  feigneurs  de 
Schonburg.  Elle  efl  fituée  fur  la  Pleifs ,  entre  Zuickaù  & 
APeubourg.  11  efl  certain  qa  il  y  a  eu  autrefois  dans  ces 
quartiers  une  principauté  particulière  ,  qui  portoit  le 
nom  de  Meran;  quelle  confinoit  d'un  côté  aux  monta- 
gnes de  Bohême  ,  6c  de  l'autre  au  Voigtland;  principauté 
par  conséquent  différente  de  celle  qui  a  été  fous  le  même 
nom  dans  le  Tyrol ,  quoique  probablement  routes  deux 
ayent  appartenu  à  la  même  famille.  Celle  qui  étoit  dans 
la  Misnie,  a  fini  en  l'an  1248  ,  par  la  mort  d'Ohon, 
fon  dernier  prince  ou  duc,  qui  fut  maflacré  à  Plefien- 
bourg.  Mais  il  n'eft  pas  sûr  que  le  principal  lieu ,  &  la  ré- 
lîdence  du  prince  fût  au  bourg  connu  aujourd'hui  fous  le 
nom  de  Meran  ,  d'autant  qu'on  n'y  voit  pas  même  les 
ruines  d'aucun  château  ;  il  y  a  feulement  une  efpéce  de 
maifon  de  ville.  *  Zeyler  ,  Topogr.  fup.  Saxon. 
UEKANIA. Voyez.  Narisci. 
MERAQUE  ou  Meraga  ,  ville  de  Perfe ,  dans  l'A- 
zerbiane  ,  .179  deg.  5  min.  de  longitude,  &  à  37  dcg. 
40  min.  de  latit.  C'eft  la  pofition  que  lui  donne  Petis  de 
la  Croix  ,  Hijt.  de  Timur-  Bec  ,  /.  2.  c.  59.  Les  tables 
géographiques  de  NafTir-Eddin  &  d'Ulug-Beig  la  mettent 
à  82  deg.  57  min.  de  longit.  &  à  37  dcg.  20  minutes  de 
latitude.  11  y  a  quantité  de  beaux  fruits  en  cette  ville  ,  6c 
c'efl  un  des  plus  beaux  jardins  de  la  Perfe. 

MERAPF1I1 ,  peuple  de  la  Perfide,  félon  Hérodote  , 
l.i.  t.  125. 

MERCADAL  ,  petite  ville  ,  dans  rifle  de  Minorque  ; 
elle  efl  compofee  d'un  petit  nombre  de  maifons,  6c  ne 
mérite  guère  le  nom  de  ville. 

MERCALLUM.  Voyez.  Mergablum. 
q    MERCEX  ,  ville  de  Syrie  ,  près  du  mont  Aman  ,  au 
fcptentriond'Alep.  Baudfànd  ,  Ditt.  éttit.   1682.  au  mot 
Germanicia  ,  dit ,  fur  l'autorité  de  Léonard  Sidonite ,  que 
c'elt  l'ancienne  Germanicia. 

MERCEZ  , rivière  des  Pays-Bas  ,dans  le  Brabant.  Elle 
prend  fa  fource  dans  le  comté  de  Hochftraten  :  6c  après 
avoir  arrofé  la  petite  ville  de  ce  nom  ,  elle  coule  à  Min- 
derouth  ,g.  à  Merfel,  g.  à  Ginneken  ,d.  à  Breda,  à  Nie- 
vembos ,  g.  &  fe  perd  dans  la  mer  entre  le  Finaerd  6c  's 
Princcnlant ,  vis-à  vis  de  l'ifle  dOver  Elakée.  *  Diction. 
géogr.  des  Pays-Bas  ,  p.  1  Go. 
u  MEKCHE.  Voyez.  Mjer$. 

2.  MERCHE  ,  bourg;  d'Angleterre  ,dans  la  province 
de  Cambridge.  On  y  tient  marché  public.  Etat  préfent  de 
la  Grande  Bretagne  ,  r.  i. 

MERCHINGEN  ,  petite  ville  &  château  fort  d'Al- 
lemagne .dans  le  Palatinat  du  Rhin;  elle  efl;  dans  cette 
partie  ,  qu'on  appelle  encore  Wefterreich  ,  ou  en  fran- 
çois,  Auflrafic  ,  6c  elle  appartenoit  ci-devant  aux  Rhin- 
graves.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Palat.  Rhen. 

MERC1DES.  Fréculphe  appelle  de  ce  nom  une  ville 


de  l'Afrique  propre  ,  que  Ptolomée  nomme  Ammadcra. 
Voyez,  au  mot  Ad  ,  l'article  Ad  Medera.  *  Ortel.  Thef. 

MERC1E  ,  ou  royaume  des  Merckns ,  giande  contrée 
d'Angleterre  ,  qui  eut  anciennement  le  titre  de  royaume. 
De  toutes  les  conquêtes  de  Crida,  il  fe  forma  un  royau- 
me confidérable  fous  le  nom  de  royaume  des  Migdel- 
Angles  ,  c'efl-à-dire,  Anglois  du  milieu  ou  mitoyens. 
Ce  pays  fut  dans  la  fuite  nommé  Mercie.  Ciida,  le 
premier  de  fes  rois,  fut  couronné  en  584. 

Le  royaume  de  Mercie  étoit  borné  au  nord  par  l'Hnm- 
ber  ,  qui  le  féparoit  du  Northumberland  ;  il  s'érendoie 
du  côté  du  couchant  jusqu'à  la  Saverne  ,  au-delà  de  la- 
quelle étoient  les  Bretons  ou  Gallois.  Du  côté  du  midi , 
la  Tamife  le  féparoit  des  trois  royaumes  faxons  de  Kent, 
de  Suflex  &  de  Weiïex  ;  ainfi  la  Mercie  étoit  gardée  de 
trois  côtés  par  trois  grandes  rivières  ,  qui  fe  jettoienc 
dans  la  mer;  &  elle  feivoit  comme  de  borne  à  tous  les 
autres  royaumes  par  quelqu'un  de  fes  côtés;  c'efl  ce  qui 
lui  fit  donner  le  nom  de  Mercie,  du  mot  faxon  Merck  , 
qui  lignifie  borne ,  6c  non  d'une  rivière  imaginaire, nom- 
mée Mcrcia ,  comme  quelques-uns  l'ont  avancé.  On 
trouve  quelquefois  dans  les  hifloires  ,  que  les  habitans 
de  Mercie  font  nommés  Meduerranà  Angli  ,  Anglois 
du  milieu  du  pays ,  6c  quelquefois  Tud  Humbres  ,  parce 
qu'ils  étoient  au  fud  de  FHumber,-  mais  le  nom  le  plus 
commun  efl  celui  de  Merciens.  Entre  les  principales 
villes  de  la  Mercie  étoient, 


Lincoln, 

Nottihgham  , 
Waiwick , 
Leiceiler , 
Coventry , 


Lichfield  , 
"Norrhampton , 
Worceiler  , 
Gloceiler, 
Daiby  , 


Chefler , 
Shrcwsbury , 
Srafiord, 
Oxford, 
Briftol. 


Ce  royaume  ,  le  plus  beau  6c  le  plus  confidérable  de 
l'Heptarchie ,  fubfilta  fous  dix-fept  rois  jusqu'en  827, 
qu'Ecbert  en  fit  la  conquête.  Vers  l'an  874,  les  Danois 
s'emparèrent  de  ce  royaume,  6c  le  partagèrent  en  plu- 
fieurs  comtes.  En  959,  Edgar  fut  élu  roi  de  Mercie;  6c 
par  là  on  entendoit  alors  tout  le  pays  fitué  au  nord  de  la 
Tamife  ,  excepré  l'ancien  royaume  d'Effex.  Canut  le 
Grand  ayant  fait  la  paix  avec  Edmond,  eut  pour  fon 
partage  le  royaume  de  Mercie  ,  qui  ,  outre  la  Mercie 
particulière,  comprenoit  le  Northumberland  &  PEflan- 
glie.  Harald  fut  proclamé  dans  cette  partie  de  l'Angle- 
terre ,  où  il  y  avoit  plus  de  Danois  que  d'Anglois.  *  lia- 
pn  deThuyras  ,  Hifl.  d  Angleterre,  1.  2.  p.  13-. 

Les  Merciens  ne  reçurent  le  Chriflianismc  que  plus  de 
cinquante  ans  après  les  Saxons  de  Kent.  Le  fils  de  Pcnda, 
roi  de  Leiceiler  ,  n'obtint  en  mariage  Alflcde  ,  fille 
d'Ovwi ,  roi  de  Northumberland  ,  qu'à  condition  qu'il 
fe  feroit  Chrétien  ,  6c  il  emmena  avec  lui  dans  la  Mer- 
cie en  643  ,  quatre  prêtres  ;  favoir ,  Cedda  ,  Adda  ,  Bcti 
6c  Diuma.  Ce  dernier  ,  qui  étoit  Ecoflbis  ,  reçut  feul  le 
caractère  d'évêque.  Cellach  fuccéda  à  Diuma. 

LeChriflianisme  des  Merciens  ne  fouflrir  point  fous 
Ovwi  ,  qui  ;  après  la  mort  de  Pcnda  ,  pofieda  la  Meicie 
pendant  trois  ans  j  mais  Wolpher,  qui  étoit  idolâtre, 
lorsqu'il  monta  fur  le  trône  en  <>J9 ,  les  perfécuta  beau- 
coup. On  dit  même  qu'il  fit  mourir  deux  de  fes  fils  , 
parce  qu  ils  ne  voulurent  pas  abjurer  la  foi.  Cet  oiage 
ceflTa  ;  car  Wolpher  fe  convertir  peu  après. 

Cellach  s'étoit  retiré  en  Ecoffe  ,  pour  éviter  la  perfé- 
cution  ;  ainli  la  Mercie  fe  trouvoit  fans  évêque  ,  lorsque 
Wolpher  embrafla  l'Evangile.  Il  fit  donc  venir  un  prêtre 
Anglois,  nommé  Trumher ,  6c  le  fit  facrer.  £n  664  , 
Jaroman  fuccéda  à  Trumher.  11  rétablit  le  Chriflianisme 
dans  l'Eflex.  Ceadda  ou  Chad  fuccéda  à  Jaroman  :  il  ré- 
tablit fon  fiége  à  Lichfield ,  où  il  mourut. 

Vers  l'an  680  ,  le  nombre  des  Chrétiens  étant  trop  grand 
en  Mercie  ,  pour  être  gouverné  par  un  feul  évêque, 
Ethelred ,  fuccefleur  de  Wolpher ,  partagea  la  Mercie 
en  quatre  diocèfes ,  dont  les  fiéges  furent 

Lichfield ,      Worcefler .       Hercford ,      Leicefler. 

OrTa  ,  roi  de  Mercie  ,  jaloux  de  l'autoriré  que  l'arche- 
vêque de  Cantorbery  s'attribuoit  fur  les  églifes  de. fon 

pays,  &  mécontent  de  Jambert ,  qui  étoit  alors  archevê- 
que ,  follicita  fecrettement  le  pape  Adrien  I.  d'ériger 

l'évechc 


MER 


l'évêché  de  Lichficld  en  archevêché  ,  Se  de  lui  donner 
ks  évêques  de  Mercie  Se  d'Eftanglie  pour  fuffragans. 
Le  pape  y  eonfentit  ;  c'étoit  un  moyen  de  faire  reconnoï- 
tre  la  jurisdiction  dans  toute  fon  étendue  en  Angleterre, 
où  elle  étoit  encore  chancelante.  Adrien  nomma  deux 
légats  ,  Grégoire,  éveque  d'Oftie  ,  Se  Théophyla&e  de 
Lodi ,  qu'il  chargea  de  faire  ce  changement  -,  Se  afin  que 
Jambert  ne  pût  parer  le  coup  qu'on  alloit  lui  porter  ,  les 
légats  payèrent  en  Angleterre,  fous  prétexte  d'aller  as- 
fcmbler  des  conciles.  Théophvlacte  s'arrêta  auprès  d'Qf- 
fa ,  pour  prendre  les  mefures  néceSIaircs  ,  &  Grégoire 
alla  en  Northumberland  ,  où  il  affembla  un  coircile  ; 
mais  dès  qu'il  fut  de  retour  dans  la  Mercie  ,  les  deux 
légats  aflemblerent  un  concile  national  des  fept  royaumes 
à  Calchite ,  où  Offa  fut4  prient ,  Se  clans  lequel ,  malgré 
les  fortes  oppositions  de  Jambert ,  l'évêché  de  Lichficld 
fut  érigé  en  archevêché ,  Se  Higberr  ,  alors  éveque  de 
cette  ville,  déclaré  archevêque.  Cependant  au  bout  de 
quatorze  ans  ,  Offa  Se  Egfrid  ,  fon  fils  ,  étant  morts,  Ce- 
nulphe ,  leur  fucce.ffeur ,  s'étant  laiffé  fléchir  par  les  ar- 
chevêques de  Cajuorbcry  &d'Yorck  ,  Sollicita  tant  Léon 
III ,  alors  pape  ,  qu'il  remit  les  églifes  de  Mercie  Se  d'E- 
ftanglie fous  la  jurisdiclion  de  l'archevêque  de  Cantorberi. 

MERCIl.  Voyez  Mercie. 

MERCIMEN  ,  ou  Mercimeris  ,  ville  de  l'Afrique 
propre.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de 
Carthage  à  Cirta,  entre  Jufii&i  Maconiades  ,  à  vingt- 
quatre  milles  de  la  première,  Se  à  égale  diStance  de  la 
féconde.  Ortelius  dit  qu'un  manuferit  porte  Marci- 
men.  Dans  d'autres  on  lit  Mancimen  &  Marci  Mar- 
cimeri. 

MERCKE  ,  petite  rivière  de  la  province  de  Hollan- 
de: elle  prend  fa  fource  au-deffus  de  Breda,  palTe  par 
cette  ville  ,  Se  fe  jette  dans  la  Meufe. 

MERCŒUR  .ville  de  France  ,  dans  l'Auvergne  ,  dio- 
cèfe de  S.  Flour ,  Se  élection  de  Brioude.  Cette  ville  eft 
au  pied  des  montagnes,  près  d'Aides ,  à  huit  lieues  de 
Clermonr.  Elle  fut  érigée  en  duché  en  1569,  en  faveur 
de  Nicolas  de  Lorraine  &  de  fes  descendans  mâles  & 
femelles ,  par  lettres  de  Charles  IX  ,  qui  ne  furent  en- 
regiftrées  qu'en  1576.  Elle  avoir  été  auparavant  érigée  en 
principauté  l'an  1  jcî 3  ;  elle  fut  d'abord  poffédée  par  des 
feigneurs  qui  en  prirent  leur  nom  ,  Se  entre  lesquels 
Bcraud  de  Mercœur ,  fils  d'un  autre  Bcraud  ,  vivoit  en 
1 12.6.  Anne  Dauphine  ,  fille  unique  de  Beraud  le  Grand, 
comte  de  Clermont  ,  dauphin  d'Auvergne  ,  de  fire  de 
Mercœur,  iflli  d'Alix  de  Mercœur,  époufa  en  1368, 
Louis  II ,  &  fut  la  trisaïeule  de  Charles  de  Bourbon  ,  fire 
de  Mercœur ,  connétable  de  France  ,  tué  devant  Rome 
en  IJ27.  Après  la  mort  de  ce  prince  le  roi  François  I , 
qui  avoit  fait  confisquer  fes  biens  ,  céda  en  1529» 
à  Renée  de  Bourbon,  fœur  de  ce  connétable  ,  Se  à  An- 
toine ,  duc  de  Lorraine  ,  fon  mari ,  cette  terre  avec  cel- 
les de  Fromental ,  Neflay  Se  Gerzac.  Nicolas  de  Lor- 
raine ,  leur  fils  puîné  ,  les  eut  en  partage  ;  Se  Françoife 
de  Lorraine  ,  fa  petite  fille  ,  porta  Mercœur  à  Céfar , 
duc  de  Vendôme  ,  fils  naturel  d'Henri  IV  ,  Se  aïeul  de 
Louis- Jofeph  ,  dernier  duc  de  Vendôme ,  qui  ,  n'ayant 
point  d'enfans  ,  donna  tous  fes  biens  à  Marie-Anne  de 
Bourbon-Condé  ,  fon  époufe  ,  morte  auffi  fans  poftérité 
en  17 18.  Elle  eut  pour  héritière  la  feue  princefle  de 
Coudé  Palatine  ,  fa  mère  ,  qui  vendit  Mercœur  avec  fes 
dépendances  à  M.  le  marquis  de  Saflay-Madaillan .  & 
elle  a  été  enfuite  retirée  par  droit  lignager  par  M.  le 
prince  de  Conti ,  qui  en  cil  le  Seigneur. 

MERCOGLI ANO ,  bourgade  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  partie  occidentale  de  la  principauté 
citérieure  ,  à  quelques  milles  de  Nola  en  tirant  vers 
l'orient.  Voyez  Mercoriale.  Magin,  Carte  de  la  terre 
de  Labour. 

MERCOîRE  ,  Mercoria  ,  Mercorium  ,  abbaye 
de  France, dans  le  Velay,  diocèfe  du  Puy,  à  une  lieue 
&  demie  de  la  ville  du  Puy  ,  dans  la  parojffe  de 
faim  Martin  de  Chaudeirac,  au  milieu  d'une  gran- 
de forêt  qui  en  prend  le  nom.  C'eft  une  abbaye  de  fil^ 
les  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  de  la  filiation  de  Mazan.  Ce 
monaftère  a  plufieurs  fois  été  renverfé  Se  brûlé  par  les 
Calviniftes.  De  tous  fes  anciens  bâtimens  il  ne  refte  plus 
que  le  réfectoire  ,  qui  elt  aSfez  grand  Se  bien  voûté  ,  Se 
une  églife  vaSlc,  mais  déferte.  Le  ruifleau  qui  paSTe  dans 


ce  monafière  s'appelle  auffi  Iviercoire.  Il  va  fe  déchar- 
ger à  deux  lieues  au-deSfous,  le  long  des  murs  de  Lan- 
gogne  dans  la  rivière  de  1  Allier. 

MERCONET, bourg  de  France  ,  dans  le  Maine,  éle- 
ction du  Mans. 

MERCURE  ,  fils  de  Jupiter  Se  de  Maia,  Se  meffager 
des  dieux  ,  étoit  adoré  comme  la  divinité  qui  préfidoit 
à  l'éloquence  Se  au  commerce,  Se  comme  le  dieu  tu- 
télaire  des  grands  chemins  ;  auffi  étoic-ce  principale- 
ment en  l'on  honneur  que  les  anciens  dreffoient  des 
colomnes  dans  les  grands  chemins.  Elles  étoient  plan- 
tées dans  des  endroits  douteux  &  ambigus  :  tv  -ra/ç  iSo7e 
dJ.'Aot;  comme  Damascius  parle  dans  Suidas  ;  tels  que 
font  les  endroits  où  fe  rencontrent  trois  ou  quatre  che- 
mins: Intriviis  &  qitadriviis.  On  les  pofoit  auffi  fou- 
vent  aux  endroits  des  grands  chemins  qui  faifoient  1a  Sé- 
paration des  territoires,  feigneuries  Se  juridictions-,  èv 
ainli  elles  étoient  fouvent  prilés  pour  des  bornes  ou  li- 
mites, appelices  par  les  Latins  Termini.  *  Bergier ,  Fliit. 
des  grands  chemins  ,  p.   781. 

Ces  colomnes,  dit  Lactance  Firmian,  /.  1,  c.  20. 
étoient  ordinairement  carrées  ,  Se  avoient  des  inferip- 
tions  qui  avcriifl'oicnt  les  paflans  des  principales  cités 
où  chaque  chemin  conduifoic.  Ces  inferiptions  occu- 
poient  le  bas  ou  le  corps  des  colomnes  qui  finiSToient 
par  le  haut  en  quelque  figure  des  dieux  gardiens  Se  pro- 
tecteurs des  chemins.  Lorsque  ces  colomnes  étoient  éle- 
vées en  l'honneur  de  Mercure  on  les  appelloit  Hermès  , 
du  nom  Hermès,  qui  Signifie  interprête ,  Se  que  les  Grecs 
donnoient  à  Mercure  ,  parce  qu'ils  le  regardoient  comme 
l'interprète  des  volontés  des  dieux.  Au  relie  ,  ces  figures 
n'avoient  ni  bras  ni  jambes;  le  corps  fe  pei doit  dans  la 
colomme  d'où  il  naiffoit,  Se  elles  étoient  le  plus  fou- 
vent  groilieres ,  informes  Se  quelquefois  faites  à  coup  de 
hache,  ce  qui  a  fait  dire  à  Virgile,  in  Calice. 
Mi  falce  Deus  colititr ,  non  arte  polit  ks. 

Ce  rapport  de  Mercure  aux  grands  chemins ,  a  fait 
que  plufieurs  noms  géographiques  ont  été  formés  du  fien* 

MERCURE  ou  .Mercurey  ,  dans  la  Bourgogne  ,  au 
diocèfe  de  Challon-fur-Saone,  à  deux  lieues  de  cette 
ville  vers  le  couchant ,  vers  la  fource  de  la  petite  rivière 
de  Boumeuf.  C'elt  un  pays  de  vignes,  dont  le  vin  eft 
de  très  bonne  qualité.  On  voit  dans  ce  lieu  des  reStes 
de  la  chauffée  romaine  qui  va  de  Challon  à  Autun.  Le 
nom  latin  de  cet  endroit  elt  Mercurianum  ;  foit  que  Mer- 
cure y  ait  été  honoré  particulièrement,  foit  qu'il  ait  ap- 
partenu à  un  feigneur  appelle  Mercure. 

MERCURIALE  &  Cibele  ,  lieux  d'Italie  ,  félon 
Scipion  Mazzella,  dans  fa  description  du  royaume  de 
Naples.  Il  dit  que  l'itinéraire  d'Antonin  les  place  fur  la 
route  de  Bénévent  à  Columnâ»  ;  mais  cette  route  man- 
que dans  les  exemplaires  imprimés.  Mazzella  ajoute  que 
Mercuriale  eft  aujourd'hui  Mercogliano,  Se  que  Ci- 
belé  eft  Monte  Vergine.  *  OrteliiThcfanr, 

MERCURII  AQUA.  Ovide,  Faflor,  l.  $.  v.  675. 
dit  qu'auprès  de  la  porte  Capéne  il  y  avoit  une  eau  ap- 
pellée  l'eau  de  Mercure.  Il  ajoute  qu'on  attribuoit  à 
cette  eau  une  vertu  divine. 

MERCURII  CI  VIT  A  S.  Voyez.  Hermupoiis 
Magna. 

MERCURII  DELUBRUM  lieu  d'Ethiop.  Pline, 
/.  37.  c.  4.  dit  qu'on  trouvoit  le  diamant  entre  ce  lieu 
Se  l'ifle  de  Méroé. 

MERCURII  INSULA  ,  petite  ific  fur  la  côte  de 
Sardaigne ,  Selon  Ortelius.  C'clt  THerm^a  Insula  de 
Ptolomée. 

MERCURII  LOPHRII  CALCATIO.  Il  y  avoit  un 
lieu  ainfi  nommé  dans  l'Ethiopie  ,  félon  Ifacius  fur  Ly- 
cophron.  *  Ortelït  Thefaur. 

MERCUR1UM  TEUTATEM.  On  trouve  ce  nom 
dans  le  Tite-Live ,  /.  26.  c.  44.  de  l'édition  de  Grono- 
vius.  L'édition  de  le  Clerc  retranche  le  furnom  Tenta- 
tem.  C'étoit  le  nom  d'une  terre  près  de  la  Nouvelle  Car- 
thage. 

1.  MERCURIUS  ou  ad  Mercuri.  L'itinéraire 
d'Antonin,  qui  furnomme  ce  lieu  ab  Exploratione ,  le 
place  à  cent  Soixante  Se  quatorze  milles  de  Tingis. 

2.  MERCURIUS  ou  ad  Mercuri,  lieu  de  l'Afri- 
que ,  dans  la  province  Tingitane.  L'itinéraire  d'Antonin 
le  met  fur  la  route  du  premier  Meratrius  à  Tingis, 

Tom.  IV.  E  e 


ai8        MER 


ER 


encre  Zibin  8c  Tingis ,  à  fix  milles  de  la  première  de 
ces  places,  &  à  dix- huit  milles  de  la  féconde. 

MERCY-DIEU  ,  (  La  )  en  latin  Mifericordia  Deï , 
abbaye  de  France ,  dans  le  Poitou,  à  un  quart  de  lieue 
de  la  Rochepofay  fur  la  rivière  de  Gartempe  ,  8c  à  trois 
lieues  &  demie  de  Châtelleraut.  C'eft  une  abbaye  d'hom- 
mes de  la  réforme  de  Cîteaux  ,  &  de  la  filiation  de 
ChaalesouCharlieu.Elleeft  dansunefituationagréableJ&: 
fes  bâtimens  font  très-beaux.  Dans  la  chartre  de  fa  fonda- 
tion elle  eft  appellée  Becheron,  du  nom  d'un  fonds 
de  terre  où  elle  étoit  firuée.  Elle  conferva  ce  nom  depuis 
l'an  iiji.  jusqu'en  117J.  Elle  eut  pour  fondateur 
Efchivat,  Efchivart  ou  Efquivatt,  fîre  de  Preuilly  en 
Touraine.  Il  y  eft  enterré  avec  fon  fils  8c  plufieurs 
autres  feigneurs  de  Preuilly.  L'églife  fut  dédiée  en 
1224. 

MERDERET  ou  Merdret  ,  petite  rivière  de  France, 
dans  la  Normandie  ,  au  Cotentin.  Elle  a  fa  fource  au- 
defius  de  Valogne  ,  pafle  par  différens  lieux  ;  lavoir , 
Valogne,  Lieu-Sainr,  Heminez,  le  Ham,  Vaulaville, 
la  Fiére  &  Chef  du  Pont ,  après  quoi  elle  va  s'unir  à 
la  rivière  d'Ouve  à  l'ifle  Marie.  *  Corn.  Didt.  Vaudomc , 
Mémoires  manuferits. 

MERDI  8c  SERDI ,  peuples  de  Thrace  .  Dion  Cas- 
fîus,  /.  ji,  p.  462.  dit  qu'ils  fuient  fubjugués  par 
Craflus. 

MERDIN,  MARDIN  ,  MEREDIN  on  Miriden  , 
ville  d'Afie ,  dans  la  province  de  Diarbeck ,  autrefois 
Méfopotamie.  Elle  eft  fituée  entre  Mofoul  &  Bagdet, 
ëc  près  d'Amed.  Ptolomée  l'appelle  Marde.  Petis  de  la 
Croix  Hift.  de  Timur-Bec,  l.  j.  «\  30.  la  met  à  74  deg. 
de  longit. ,  8c  à  3;  deg.  15  min.  de  latit.  Il  y  a  ville 
haute  &  ville  baffe.  Timur-Bec  prit  la  première,  &  la 
faccagea  l'an  795.  de  l'hégire  ;  mais  la  haute,  à  laquelle 
on  donne  communément  le  nom  de  Château  ,  réfifta. 
Il  eft  fitué  fur  un  roc  inacceifible,  allez  vafte  par  en 
haut  pour  y  avoir  des  terres  enfemencées.  Il  s'y  trouve 
auiïi  des  foutees  d'eau,  ce  qui  fait  qu'elle  peut  nourrir  fa 
garnifon.  Les  Arabes  difent  que  vouloir  prendre  Mer- 
din  ,  c'eft  rechercher  l'amitié  d'un  envieux ,  ou  faire 
figne  à  un  aveugle.  Les  Turcs  prétendent  que  Timur- 
Bec  a  été  fept  ans  devant  ce  château  :  pour  montrer  à 
la  garnifon  ,  ajoutent-ils  ,  qu'il  vouloit  y  demeurer  jus- 
qu'à ce  qu'il  l'eût  pris,  il  fit  couper  les  arbres  quiétoient 
au-deffous,  en  fit  planter  de  nouveaux,  8c  quand  ils 
portèrent  du  fruit,  il  en  envoya  aux  alfiégés.  Ceux-ci 
eurent  leur  revanche  ;  ils  lui  envoyèrent  des  fromages 
faits  du  lait  d'une  chienne.  C'étoit  une  rufe  qui  leur  réus- 
fit.  Timur-Bec  fe  perfuada  qu'ils  n'avoient  encore  mangé 
aucune  de  leurs  brebis  :  défefpérant  alors  de  les  réduire, 
il  leva  le  fiége  ,  quoiqu'il  fût  venu  à  bout  de  toutes  les 
places  qu'il  avoit  affiégées.  D'Herbelot ,  Bibliotb.  orient. 
dit  pourtant  que  ce  conquérant  fe  rendit  dans  la  fuite 
maître  de  Merdin,  qu'il  fit  prifonnier  le  fultan  Al-Ma- 
lek  Al-Dhaher  qui  y  commandoit ,  8c  qui  lui  donna 
quelque  tems  après  la  liberté. 

La  ville  de  Merdin  eft  fous  la  domination  du  Turc  , 
qui  y  tient  un  bâcha,  avec  deux  cens  fphahis  &  quatre 
cens  janiffaires.  On  y  voie  un  grand  nombre  de  palais 
&  une  belle  fontaine  qui  vient  du  château,  Elle  eft 
habitée  de  quantité  de  Chrétiens,  8c  elle  a  encore  au- 
jourd'hui fon  archevêque  particulier ,  dépendant  du  pa- 
triarche d'Antioche ,  de  la  nation  Syrienne.  L'air  des 
environs  eft  très-agréable  ,  8c  le  terroir  produit  beaucoup 
de  coton  dont  on  fait  des  toiles.  Il  s'y  fait  aiiffi  quan- 
tité d'étoffes  d'or  8c  de  foie.  Tbevcnot ,  Suite  du  voyage 
du  Levant ,  p.  90. 

1.  MERE,  lieujde  France,  dans  le  Berri.  C'eft  un 
prieure  qui  a  été  réuni  au  collège  de  Bourges.  Cette 
réunion  fe  fie  en  1627. 

2.  MERE  le  Zigny  ,  bourg  de  France,  dans  la  Tou- 
raine, élection  de  Loches. 

MERE  AN  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Berri ,  élection 
d'iffoudun  fur  la  rivière  d'Arnon  ,  à  une  lieue  de  Vier- 
fon.  C'eft  un  fimple  fief  appartenant  au  chapitre  de 
Bourges.  Le  terroir  en  eft  fort  bon,  &  les  habitans  y 
font  laborieux. 

MERECH.  On  lit  ce  mot  dans  la  féconde  décretale, 
canfa  ic.  Ex  concilia  apud  Mercch. 

MERECZ ,  ville  du  Grand  Duché  de  Lithuanie  ,  fut 


la  route  de  Grodno  à  Vilna,  au  confluent  de  Meretz 
8c  du  Memen ,  deux  rivières  donc  les  eaux  font  ex- 
trêmement claires.  La  fituation  de  cette  ville  eft  des 
plus  agréables.  Le  roi  Uladiflas  IV,  charmé  de  ce  fé- 
jour,  y  faifoit  fa  demeure  ordinaire  ,  avant  qu'il  fût  par- 
venu à  la  couronne.  Lorsqu'il  fut  fur  le  thrône  ,  il  tint 
fouvent  fa  cour  dans  cette  ville  ,  8c  il  y  finit  fes 
jours  le  10  ou  le  20  Mai  1648.*  Andr.  Cellar.De- 
feript.  Polon.  p.  290. 

MEREND,  ville  dePerfe.dans  l'Azerbyane,  à  qua- 
tre-vingt degrés  cinquante  minutes  de  longitude ,  8c  à 
trente  fept  degrés  cinquante-cinq  minutes  de  latitude, 
félon  l'etis  de  la  Croix,  Hijloire  de  Timur-Bec,  l.  3. 
c.    11.. 

MERENS  ,  peuple  d'entre  les  Goths ,  vaincu  par  les 
Vandales,  félon  Jornandès ,  dereb.  Getic.c.  23. 

MERENX,  ou  Maringe  ,  châtellenie  de  France, 
dans  le  comté  de  Foix,  à  fix  lieues  au  midi  de  Taras- 
con.  Elle  s'étend  à  la  droite  8c  vers  les  fources  de  l'Ariege 
fur  les  frontières  d'Espagne. 

MERERAW  ,  Atîgia  Major ,  ou  Alla  Augia  Bri- 
gantina  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  faint  Benoît ,  en 
Suabe,  dans  une  iile  formée  par  la  rivière  de  Brégents 
à  fon  embouchure  dans  le  lac  de  Confiance ,  fondée 
dans  le  VII  fiécle ,  8c  rétablie  à  la  fin  du  XL  Elle  eft 
très-confidérable  ,  8c  dépend  de  la  congrégation  de 
Suabe. 

MEREV1LLE,  ou  Merviile,&,  félon  le  diction- 
naire univerfel  de  France,  Merenville,  dans  le  Gà- 
tinois  ,  au  diocèfe  de  Sens.  C'eft  un  gros  bourg  éloigne 
de  quatre  lieues  d'Etampcs ,  &  du  bailliage  8c  élection 
de  la  même  ville.  Le  fèigneur   de   ce   lieu  a  toujours 
pafTé  pour  un  des  plus  confidérables  du  canton.  La  terre 
fut  érigée  en  comté;  en  faveur  de  François  de  Aîouftier,che- 
valier,  par  Louis  XIV.  11  y  a  en  ce  lieu  droit  de  Juicicc  8c 
autres  qui  appartiennent  aux  feigneurs  hauts-châtelains.  Le 
château  de  Merville  eft  fort  ancien.  On  voie  dans  Du- 
chêne,  tom.  4.  i.ijh  Franc,  aitxpag.  86.  87.  96  97.  que 
dans  le    cems  que  la  reine  Confiance    efiàya ,  après  la 
mort  du  roi  Robert ,  de  mettre  la  couronne  fur  la  tête 
de  Robert ,  fon  fécond  fils ,  au  préjudice  de  Henri ,  fils 
aine,   Hugues  Bardulfe  ou  Bardoul,  fèigneur  de  Mer- 
ville,  fut  l'un  des  feigneurs  qui  s'élevèrent  contre  Hen- 
ri, prenant  le  parti  de  la  reine;  mais  ce  prince  l'alla 
affiéger  dans  fon  château  de  Merville  qu'il  prit.  L'ancien 
auteur   nomme  ce  lieu  Marisvilla  ;  il  femble  que  ce 
devroit  être  plutôt  Major  villa ,  8c  qu'on  a  ancienne- 
ment écrit  Maire-ville.  La  grandeur  de  ce  bourg  appuie 
cette  étymologie.    Il  y  a  eu  depuis    une  famille  qui  a 
porté  le  nom  de  cette  feigneurie.  On  voit  dans  les  notes 
fur  les  lettres  d'Ives  de   Chartres    qu'un   Gui  de  Mer- 
ville vivoit  en  l'an  11 18.  Plufieurs  autres  Merville  font 
auffi  nommés  dans  les  titres  de  l'abbaye  de  faint  Denysj 
mais  l'auteur  de  l'hiltoire  d'Etampes  s'eft  trompé  en  les 
confondant  avee  les  Merville  du  Gâtinois  :  car  il  y  a  en 
des  feigneurs  de  Merville  du  côté  du  Vexin  ou  de  Beau- 
voifis  ;  8c  l'abbaye  avoit  même  une   terre  de  ce  nom 
dans  fon  voifinage ,  s'il  en  faur  croire  dom  Félibicn  , 
p,  J9.  On  ne  peut  au  refte  refufer   d'admettre  parmi 
les  Merville  du  Gâtinois  ou  Etampois  un  Simon  de  Mer- 
ville ,  chevalier ,  qui  confirma  en  1245.  la  ceffion  que 
Gui  fon  frère  avoit  faite  à  l'abbaye  de  Morigny ,  de  cinq 
muids  de  vin ,  &  de  douze  troebets  d'eaux  qu'il   avoit 
droit  de  prendre  fur  le  clos  8c  jardin  des  moines.*  Les 
Ligueris  pofféderent  cette  terre  à  la  fin  du  treizième  fié- 
cle, puis  les  Reilhacs ,  d'où  elle  a  paffé  dans  lamaifon 
des  Moultiers ,  illuftre  famille  du  Limofin,  dont  a  été 
le  pape  Clément  VI.  Entre  les  fiefs  tenus  du  fèigneur 
de  Merville ,  il  y  en  a  un  qu'on  appelle  le  Fief  de  la 
Sénéchaufiée;  ce  qui  fait  voir  la  prééminence  de  cette 
feigneurie  fur  toutes  les  autres  du  duché  d'Etampes.  Le 
fénéchal  eft  obligé  de    fe  trouver  à  cheval  à  la  pre- 
mière entrée  que  fair  le  fèigneur,  ou  la  dame  ,  de  Mer- 
ville ,  de  mettre  pied  à  terre  à  la  porte  du  bourg,  "8c  de 
le  conduite  à  pied  jusqu'au  château ,  8c  pour  récom- 
penfe  le  cheval  du  fèigneur ,  ou  de  la  dame  ,  lui  appar- 
tient. Il  y  a  à  Merville    un  prieuré  du   titre    de  faint 
Perc  ,  c'eit-à-dire  faint  Pierre.   Un  des   hameaux  plus 
notables  de  la  paroifîè  de  Merville  eft  Montereau,  qui 
eft  dans  la  famille  des  du  Lac.  L'hiftorien  d'Etampes 


MER 


MER      2,19 


parle  d'un  aveu  donné  par  Hue  du  Lac  en  ÏJ25.  &  de  plufieurs  illuftres  martyrs.  Le  poète  Prudence  dans 
die  que  Lancclot  du  Lac  en  eft  feigneur.  C'eft  une  une  de  fes  plus  belles  hymnes  a  fait  une  longue  ëc  vive 
prévôté  qu'il  tient  en  plein  fief  du  château  d'Etantes.*     defeription  des  fourrranecs  ,  du  triomphe  de  la  Vierge 


/lift.  d'Ltampes,  &  autres  Mémoires, 

MERFEREBlTANUS  ou  Merferaritensis  ,  fié- 
ge  épiscopal  d'Afrique.  On  ignore  en  quelle  province  il 
étoit.  La  conférence  de  Carthage  fait  mention  de  Do- 
natus,  qu'elle  qualifie  ,  episcopus  Merferebitanus. 

MERGABLUM,  ville  de  l'Espagne  Bétique.  L'iti- 
néraire d'Antonin  la  mec  fur  la  route  de  Malaca  à  Ga- 
des,  entre  Bœfîppoôc  ad  Herculem ,  à  fix  milles  delà 
première  ,  &  à  douze  milles  de  la  féconde  :  au  lieu  de. 
Mergablum  ,  Simler  lit  Mercabium  ëc  Mercallum.*  Or- 
telii  'l'hefaur. 

MERGANA,  lieu  de  la  Sicile,  félon  Polybe  ,  /.  1 
c.  8.  Ortelîus  croit  que  ce  pafiage  eft  corrompu ,  Se 
qu'il  faut   lire  Mergara. 

MERGENTHEIM.  Voyez,  Mariental. 

MERGENTINI.  Voyez,  Pitulani. 

MERGHEN  ,  ville  de  la  Tartalie  Chinoife  orientale, 
dans  le  gouvernement  de  Teitcicar  à  40  lieues  au  nord 
de  la  capitale.  Carte  de  la  mer  du  fud,  par  Buacbe , 
i7;o. 

MERGISAFAR,  lieu  de  la  Paleftinc,  où  Guillaume 
de  Tyr  croit  que  fe  fit  la  converfion  de  faine  Paul.  * 
■Ortelii  Thefaur. 

MERG1UM  ,  lieu  de  la  Paleftinc  ,  félon  Ortelius  qui 
cite  Guillaume  de  Tyr. 

MERGO.  Voyez.  Amergo. 

MERI ,  ville  de  Syrie  ,  entre  Cyrrhus  ëc  Edeffe,  fé- 
lon quelques  exemplaires  d'Antonin  ,  itirier. 

MERIABA,  Voyez.  Mariaba. 

MER1BAFA  ,  ou  Synduos  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la 
Caramanie  ,  entre  Adana  Se  Tarfe.  Voyez.  Cydnus  ,  qui 
eft  le  nom  que  les  anciens  avoient  donné  à  cette  rivière. 
*  Du  Lignon.  Mém.  manuferirs. 

MERIBREGA  ,  ville  de  la  Lufitanie.  Ptolomée  ,  /.  2. 
c.  5.  la  place  chez  les  Celtiques.  Ses  interprètes  lilent 


Eulalie,  jeune  enfant  de  douze  ans,  qui  fut  martyriféc 
avec  fainte  Julie  ëc  fix  autres  Chrétiens.  Emerita  étoic 
la  métropole  civile  ëc  eccléfiaftique  de  la  Lufitanie  , 
lorsque  les  Wifigoths  s'établirent  en  Espagne,  &  conti- 
nua de  l'être  fous  leur  domination.  Quand  les  Maures 
fe  furent  emparés  de  cette  valte  péninfule,  elle  perdit 
ces  avantages.  Le  fiége  épiscopal  Se  métropolitain  fut 
transféré  a  Compoltelle  ,  Se  dans  la  fuite  Liibonne  eft 
devenue  la  capitale  de  Lufitanie  ou  Portugal.  Emerita 
ou  Me  rida  relta  au  pouvoir  des  Maures  jusqu'en  1230, 
ëc  n'eut  point  d'eveque  particulier  jusqu'en  1610.  que 
le  roi  Philippe  IV.  ëc  le  pape  Paul  V.  y  créèrent  un 
nouvel  evêché  fuffragant  de  Séville.  Lorsque  Merida 
fut  rentrée  fous  la  domination  des  Chrétiens  ,  elle  fuc 
détachée  du  Portugal,  &  fe  trouva  dans  l'Edrémaduie , 
qui  fit  enfuite  partie  de  la  Nouvclle-Caftillc. 

Cette  ville  eft  fituée  fur  une  hauteur  au  bord  fepten- 
trional  de  la  Guadiana.  Les  veftiges  de  fa  première  en- 
ceinte font  voir  qu'elle  étoit  autrefois  très-grande.  Elle 
eft  aujourd'hui  fort  petite,  ëc  n'a  guère  plus  de  mille 
habitans.  Elle  a  dedans  Se  dehors  de  beaux  refte?  de  fon 
ancienne  fplendeur.  Les  aciuèducs  bâtis  par  Auguftc  ont 
été  ruinés  par  le  tems  ;  ëc  l'on  en  voit  encore  quelques 
arcades  renverfées.  On  en  a  fait  un  autre,  qui  n'ap- 
proche pas  de  leur  grandeur  &  de  leur  beauté.  Le  pont 
a  fubfilté  jusqu'en  1610.  qu'il  fut  emporté  par  un  dé- 
bordement de  la  Guadiana,  On  l'a  templacé  par  un 
autre.  On  voit  ,  près  de  la  ville  ,  un  arc  de  triomphe  as- 
fez  bien  confervé,  qui  pourroit  avoir  été  l'entrée  d'un 
cirque  ou  d'un  théâtre.  On  l'appelle  Arco  de  S.  Jago. 
Après  que  les  Portugais  eurent  fecoué  le  joug  de  la 
couronne  de  Caftille,  Merida  ,  devenue  ville  frontière  , 
fut  fortifiée  d'un  château  ëc  de  quelques  ouvrages. 

Les  dehors  font  fort  agréables.  C'eft  une  vafte  cam- 
pagne, fertile  en  vin,  en  fruits  excellens  ,  ëc  fur-tout 


Merebriga.  L'itinéraire  d'Antonin  porte  Mirobrica ,  ëc     en  grains.  On  y  en  recueille  une  fi  grande  quantité  ,  que 


place  cette  ville  entre  Emerita  ëc  Gefar  Augufta, 

1.  MERIDA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Eftrémadure. 
Oétoit  autrefois  Augusta  Emerita  ,  ou  fimplemcnt 
Emerita  ,  métropole  de  la  Lufitanie.  Les  anciens  pour- 
tant ne  font  pas  d'accord  fur  fa  fituation.  Lygerms  la 
place  dans  la  Bétique  ,  ëc  Strabon  la  donne  aux  peu- 
ples Turdtdi.  Les  modernes  ne  s'accordent  pas  non  plus 
à  reconnoître    Merida  pour  l'ancienne  Emerita.  Tara- 


cette  contrée  peut  être  appellée  le  grenier  de  la  Ca- 
ftille. On  y  a  aufli  de  bons  pâturages  ,  où  l'on  élevé 
beaucoup  de  troupeaux.  La  terre  y  produit  encore  en 
abondance  une  certaine  herbe  ,  dont  on  fe  ferc  pour 
la  teinture  d'écarlate.  Elle  étoit  déjà  connue  dans  l'an- 
tiquité -,  ëc  les  auteurs  latins  la  nomment  Coccum  Eme-, 
ritenfe.  *  Délices  d'Espagne ,  t.   1.  p.   379, 

2. MERIDA ,  ville  de  l'Amérique  feptentrionale»  dans 


pha  veut  que  celle-ci  foit  aujouid'hui  Médina  del-Ric-     la  Nouvelle  Espagne  &  la  capitale  de  la  provkice  d'Yu- 


Sacco.  Voyez  ce  mot.  Mais  ce  fentiment  eft  détruit  par 
les  anciens  monumens  ëc  par  l'examen  de  la  pofition 
des  lieux.  Varrerius  ëc  Villanovanus  font  mieux  fondés 
à  foûtenir ,  que  Merida  eft  Em-erita.  Ce  n'eft  pas  la 
feule  reffemblance  de  nom  qui  les  détermine.  L'an  de 
Rome  726,  28  ans  avant  la  naiffar.ee  de  Jésus  Christ, 
Auguftc  ,  pour  récompenfer  fes  foldats  qui  l'avoicnt  aidé 
a  réduire  les  Cantabres,  les  Allures  ëc  les  Lufitaniens  , 
bâtit ,  dans  le  pays  des  Vettons,  une  ville  qu'il  donna 
aux  foldats  Vétérans,  qu'on   appelloit  aufli    Emeriti; 


catan,  Elle  eft  fituée  presque  au  milieu  de  cette  péninfule  , 
à  douze  lieues  ou  environ  de  la  mer,  ëc  à  l'orient  de  la 
rivière  Lagartos.  Le  gouverneur  de  toute  la  province  y 
fait  fa  réfidence  ordinaire  ,  ainfi  que  les  autres  Officiers 
du  roi  d  Espagne.  Quoique  le  fiége  de  l'évêque  du  Yucaran 
foit  établi  dans  cette  ville  ,  on  n'y  compte  pas  plus  de 
cent  familles  espagnoles.  On  a  appelle  cette  ville  Merida , 
à  caufe  des  grands  édifices  de  pierres  qu'on  y  trouva , 
femblabîes  en  quelques  fortes  à  ceux  de  la  ville  de  Merida 
en  Espagne.  On  croit  que  ces  édifices  fervoient  de  temples 


d'où  vint  le  nom  Emerita.  C'eft  ce  que  prouve  une  mé-  aux  Indiens  qui  habitoient  ce  lieu  avant  l'arrivée  des  Es- 

daille,  rapportée  par    Goltzius.  D'un  côté  eft  la  tête  pagnols.  *  De  l'Ifle  ,  Atlas.  Corn.  Diél.  De  Laet ,  Defcr. 

d'Augufte  avec  cette  légende  :  Divus  Augustus  Pater,  des  Indes  occ.  1.  j.  c.  28. 

Sur  le  revers  eft  une  porte  de  ville  ,  flanquée  de  deux  3.  MERIDA,  ville  del'Amériquc  méridionale,  au  nou- 
tours ,  avec  ces  mots  :  Augusta  Emerita.  11  orna  veau  royaume  de  Grenade ,  presque  fur  les  limites  qui 
cette  ville  de  plufieurs  beaux  édifices;  entre  autres  d'un  féparent  ce  royaume  du  pays  de  Venezuela  ,  dans  un  ter- 
magnifique  pont  de  pierre  fur  la  Guadiana  ,  Se  de  deux  roir  abondant  en  toutes  fortes  de  fruits ,  Se  où  il  fe  trouve 


aqueducs  -,  Se  conduitit  de  cette  ville  à  Cadix  un  che- 
min commencé  fous  les  confuls.  C'eft  principalement  de 
ce  chemin  qu'on  tire  la  preuve  que  Merida  eft  Emerita. 
Sur  un  marbre  antique  trouvé  dans  des  ruines  tout  près 
de  la  ville  moderne ,  on  lit  une  infeription  où  font  ces 
mots:  Imp.  Ca.s.  divi  F.  Augustus  ....  viam  Supe- 

RIOR.  COS.  TEMPORE  INCHOATAM.  ET  MULTIS  LOCIS. 
INTERMISSAM.  .  .  .  LATICREM.  LONGIOREMQUE-  GADEIS. 

usq.  perduxit.  Vefpafien  fit  dans  la  fuite  rétablir  un 
chemin  de  Cappara  à  Emerita  ,  comme  on  l'apprend 
d'une  autre  infeription  trouvée  dans  les  mêmes  ruines. 
On  y  lit  :  Imp.  Oîsar.  Vespasianus.  Aug....  viam.  a 
Cappara  ad  Emeritam  Aug.  usq.  impensa,  sua 
restituit.  Cette  ville  a  été  célèbre  dans  les  faites  de 


encore  des  veines  d'or.  Elle  eft  à  quarante  lieues  de  Pam- 
pélone  vers  le  nord  oriental ,  Se  à  dix-huit  lieues  du  grand 
lac  de  Maracaibo.  Sur  les  bords  de  ce  lac,  il  y  a  une  bour- 
gade ,  où  les  habitans  de  Merida  portent  une  fois  ou  deux 
l'année  leurs  fruits  Se  leurs  autres  marchandifes  ,  pour 
les  tranfporter  de-là  dans  les  provinces  voiiines.  *  De 
l'Ifle  ,  Atlas.  De  Laet ,  Defcr.  des  Indes  occ.  1.  9.  c.  6. 

MERIDIANUM,  lieu  de  Thrace,  dont  il  eft  parlé 
dans  les  Novelles.  Ortelius ,  Thefaur.  croit  que  c'eft  la 
même  chofe  que  Mesembria  ;  il  fe  fonde  fur  ce  que 
ces  deux  mots  ont  la  même  fignification.  Voyez.  Mesem- 
bria. *Tit.  6. 

MERIDIEN  (Le)  on  fousentend  le  Cercle.  Ligne 
que  l'on  fuppofe  paflèr  perpendiculairement  par  les  deux 


l'églife,  par  difïérens  conciles,  &  par  le  fang  répandu     pôles  Se  par  le  zénith  du  lieu  en  queftion.  J'en  ai  deja 

T'ont.  IV.  E  e  ij 


MER 


0,2.0 

parlé  aux  mots  Cercle  &  Longitude  :  ainfi  je  ne  ré- 
péterai point  ce  que  j'en  ait  dit  dans  ces  articles.  Les 
lieux  finies  fous  un  même  méridien  ont  la  même  longi- 
tude, parce  que  ce  que  l'on  appelle  longitude,  n'eft  que 
la  diltanced'un  méridien  à  l'autre. 

Comme  tous  les  méridiens  fe  terminent  aux  pôles  où 
ils  fe réunifient  tous,  il  s'enfuit  que  les  degrés  de  longitude 
font  plus  grands  fous  l'équaceur ,  8c  vont  en  diminuant 
jusqu'aux  pôles.  C'eft  ce  qui  fait  dans  les  cartes  cette  in- 
clinaifon  des  méridiens  qui  y  font  marqués  ;  8c  cette 
inclinaifon  eft  ce  que  l'on  appelle  en  géographie  Projec- 
tion, frayez,  ce  mot. 

Quoique  chaque  point  du  globe  ait  fon  méridien  qui  pane 
par  les  pôles  &  par  un  point  de  l'équateur,  on  compte  les 
degrés  de  longitude  par  degrés  depuis  i.  jusqu'à  360.  Ce 
feroit  un  avantage  que  tous  les  hommes  convinrent  d'un 
point  fixe  fur  le  globe  où  paffe  le  premier  méridien. 

La  plus  ancienne  pofition  du  premier  méridien  ,  félon 
Pithéas  de  Marfeille ,  étoit  à  l'ifle  de  Thulé,  fituée  à 
L'extrémité  la  plus  orientale  du  monde  connu  alors  ;  mais 
il  faut  convenir  avec  le  P.  Riccioli  que  la  Thulé  des 
anciens  8c  furtout  de  Ptolomée ,  n'eit  point  l'Ifiande  , 
comme  on  le  doit  communément  ;  puisque  Ptolomée 
la  me&  au  nord  de  l'iile  d'Albion  par  les  30  degrés  20 
min.  de  longit.  fur  61  deg.  15.  min.  de  latit.  pour  le 
milieu  de  Tille  ;  au  lieu  que  le  milieu  de  1'Iflande  eft 
de  20.  degrés  plus  au  couchant  8c  d'un  degré  &  demi 
plus  au  nord  que  la  Thulé  de  Ptolomée.  Cependant  il  ne 
feroit  pas  impoifible  que  Pithéas,  mieux  inftruit  quePtolo- 
mée  fur  la  vraie  pofition  de  Thulé ,  ne  l'eût  véritable- 
ment placée  où  eft  H/lande  ;  la  partie  orientale  de  l'Ifiande 
eft  coupée  par  le  même  méridien  qui  pane  à  l'extrémité 
occidentale  de  l'ifle  de  Fer.  Ainfi  l'opinion  de  Pithéas 
étoit  la  même  à  peu  près  que  celle  de  Hondius. 

La  féconde  pofition  eft  celle  d'Eratollhéne  qui  fait 
paffer  fon  premier  méridien  par  les  Colomnes  d'Her- 
cule à  Abyla,  en  Afrique ,  près  de  Ceuta  ,  8c  à  Calpe ,  en 
Europe  ,  près  de  Gibraltar.  Ce  méridien  a  été  fuivi  par 
quelques  Arabes. 

La  troifiéme  eft  celle  de  Marin  de  Tyr  &  de  Pto- 
lomée qui  placent  leur  premier  méridien  aux  ifles  Fortu- 
nées .comme  étant  le  dernier  terme  du  monde  connu  en 
fon  tems  ;  mais  Ptolomée  les  fuppofe  fous  un  même 
méridien  ,  8c  c'eft  en  quoi  il  fe  trompe. 

La  quatrième  elt  celle  d'Abulfeda  ,  fameux  géographe 
Arabe.  11  met  fon  premier  méridien  au  détroit  de  Gi- 
braltar, précifément  10  deg.  à  l'orient  du  méridien  dePro- 
lomée.  Alpharas&  Albiruni,  auteurs  Arabes,  qu'Abulfeda 
cite  fouvent ,  prennent  dc-là  leur  premier  méridien  ; 
mais  Naiîir  Eddin  &  Ulug  Begreportent  le  leur  dix  degrés 
plus  à  Tocciden.  Par  exemple , 

-  Long.  Latit. 

Samarcan-  \  Alfaras ,  99  d.  o  m.         40  d.  o  m. 

de  elt  Ce-s  Albiruni,       88  d.  20  m.         40  d.  o  m. 

Ion  1  Naffir  Eddin,  88  d.  20  m.         40  d.  o  m. 

CUiugBeg,      99  d.  16  m.         39  d.  o  m. 

Il  faut  remarquer  qu'Alfaras,  Albiruni  8c  Naffir  Eddin 
s'accordent  pour  la  latitude  ,  8c  qu'Ulug  Beg  s'en  écarte 
d'un  degré.  Pour  la  longitude ,  Alfaras  8c  Ulug-Beg  ne 
différent  que  de  16  minutes,  Albiruni  &  Naffir  Eddin 
ne  différent  point  du  tout ,  la  raifon  en  vient  d'être  ex- 
pliquée. Alfaras  8c  Albiruni  ont  leur  premier  méridien 
au  détroit  de  Gibraltar.  Naffir  Eddin  8c  Ulug-Beg  ont 
le  leur  aux  Canaries  dix  degrés  plus  à  l'occident  :  ainfi 
cette  différence  une  fois  fuppofée  quand  elle  eft  précifé- 
ment de  dix  degrés  ils  font  d'accord. 

Cinquièmement,  les  Indiens  8c  quelques  Arabes  voyant 
que  les  autres  aftronomes  comptoient  leurs  longitudes 
d'occident  en  orient ,  félon  l'ordre  des  fignes ,  les  ont 
voulu  compter  d'orient  en  occident,  félon  le  mouve- 
ment qu'ils  atuibuoieut  au  premier  mobile.  Ilsprenoient 
leur  premier  méridien  à  Cancadora ,  l'extrémité  la  plus 
orientale  qu'ils  commuent  -,  mais,  outre  que  ce  lieu  eft 
peu  connu ,  nous  n'avons  aucune  raifon  intéreffante  à 
le  chercher. 

Sixièmement ,  les  aftronomes  Espagnols  qui  fe  font 
formés  fur  les  tables  Alfonfines,  ont  pris  pour  leur  pre- 
mier méridien  Tolède.  L'abbé  de  Vallemont  prend  occa- 
sion de  ce  méridien  pour  jetter  un  ridicule  fur  cette  nation: 
niais  il  a  tort.  Lesauceurs  des  tables  Alfonfines  ont  eboi- 


MER 


fi  Tolède  pour  leur  premier  méridien  ,  parce  que  c'étok 
le  lieu  de  leurs  obfervations.  C'eit  ainfi  que  Ptolomée  a 
rapporté  les  fiennes  au  méridien  d'Alexandrie,  Copernic 
les  fiennes  à  Frauenberg  ,  Ticho  Brahé  &  Kepler  a  Urani- 
bourg,  Langeberg  (Longomontanus)  à  Copenhague,  8c 
MM.  de  l'académie  royale  des  feiences  à  l'obfervatoire 
de  Paris.  Pigafet  8c  Herrera  s'en  font  tenus  au  premier 
méridien  de  Tolède,  comptant  indifféremment  à  l'orient 
ou  à  l'ocdident  jusqu'à  1 80  deg.  moitié  de  la  circonfé- 
rence totale  qui  eft  de  36c. 

En  feptiéme  lieu,  les  Chinois  comptent  leurs  longitudes 
de  Peking  ,  à  l'orient  8c  à  l'occident  :  c'eft  ainfi  que  les 
tables  géographiques  font  calculées  dans  l'Atlas  Chinois 
du  P.  Martini. 

8.  Les  Efpagnols  8c  les  Portugais  ayant  de  gtandes  dis- 
putes fut  l'étendue  que  chacun  donnoit  à  fes  conquêtes 
déjà  faites ,  8c  à  celles  qu'ils  fe  propofoient  déjà  -y  le 
pape  Alexandre  VI.  tâcha  de  les  accorder  en  leur  parta- 
geant le  globe  en  deux  hémifphérespar  une  ligne  méri- 
dienne qui  devoit  paner  à  36  degrés  à  l'occident  de  Lifbon- 
nc.  Cette  ligne  détachoit ,  pour  ainfi  dire,  le  Brélll  du  îefta 
de  l'Amérique,  de  forte  qu'il  demeuroit  aux  Portugais 
8c  le  relie  de  l'Amérique  aux  Espagnols,  qui  en  échange 
perdoient  beaucoup  du  côté  de  l'orient. 

9.  Cette  ligne  de  Marquatïon  du  pape  ne  leur  plaifant 
pas ,  ils  convinrent  d'un  autre  méridien  qui  fut  nommé 
la  ligne  de  la  Démarcation.  Elle  paffe  à  trois  cens  foixante- 
dix  lieues  de  l'ifle  de  S.  Antoine ,  la  dernière  de  celles 
du  Cap  Verd. 

Quelques  navigateurs, croyant  avoir  remarqué  que  l'ai- 
guille de  la  bouffole  ne  déclinoit  point  du  tout  de  la  méri- 
dienne auprès  des  Açores,  ont  fixé  à  ces  ifles  leur  premier 
méridien  ;  mais  tous  n'ont  pas  choifi  la  même  ifle. 

10.  Les  uns ,  comme  Janffon  dans  fa  mappemonde  de 
Tan  1604.  &  dans  celle  de  l'an  1607.  Nicolas  Fifcher  ou 
Villcher ,  en  latin  Piscator  dans  fon  orbis  maritïmus  8c 
autres,  ont  pris  les  ifles  les  plus  occidentales  ,  favoir 
Corvo  8c  Flores  qui  font  fous  un  même  méridien. 

1 1.  Robert  Dudley,  dans  fon  livre  Arcano  del  Mare  , 
prétend  que  la  bouffole  eft  exactement  tournée  vers  le 
po!e ,  mais  dans  le  méridien  de  Pico.  Ainfi  il  compte 
toutes  fes  longitudes  de  l'ifle  de  Pico,  qui  lui  fert  de  pre- 
mier méridien,  pour  tout  le  calcul  des  longitudes  de  ce 
grand  ouvrage. 

1 2.  Plufieurs  géographes ,  comme  Janffon  dans  fes  pla- 
nisphères, Ortclius  dans  fa  mappemonde,  Gérard  Meica- 
tor  le  Jeune  ,  Pierre  Bertius  dans  fon  Europa  comratia  , 
8c  autres ,  par  les  raifons  prifes  du  peu  de  déclinaifon  de 
la  bouffole  en  certains  parages ,  ont  fait  paffer  leur  pre- 
mier méridien  par  l'ifle  du  Feu ,  l'une  des  ifles  du  Cap- 
Verd  ;  d'autres  l'ont  fait  paffer  par  l'ifle  de  S.  Vincent  j 
c'eft  ce  que  Godefroi  Vendelin  appelle  le  Méridien 
Atlantique  ;  d'autres  par  l'ifle  de  S.  Nicolas.  Ces  méri- 
diens coupent  l'Ifiande  vers  fa  partie  occidentale  plus  ou 
moins,  félon  l'ifle  que  ces  auteurs  choififfent  entre  celles 
du  Cap  Verd. 

1 3.  Ces  méridiens  pris  des  ifles  du  Cap  Verd  ,  laiffent 
les  ifles  Canaries  à  l'orient  8c  à  environ  cinq  degrés  plus 
ou  moins  ,  félon  l'ifle  déterminée.  Il  femble  que  l'on  en 
revienne  aux  Canaries.  Ptolomée  8c  les  Arabes  qui  l'ont 
fuivi  ,ont  dispofé  les  géographes  à  cette  préférence  :  mais 
on  n'eit  pas  d'accord  fur  le  point  des  Canaries  où  doit 
être  fixé  le  premier  méridien.  S'il  étoit  vrai ,  comme 
Ptolomée  l'a  cru ,  que  ces  ifles  fuffent  fous  un  même  méri- 
dien ,  &  ce  qui  eft  la  même  chofe  ,  fur  une  même  ligne 
nord  8c  Cad  ,  la  difficulté  feroit  aifément  levée  :  mais  il 
y  a  plus  de  cinq  degrés  8c  demi  de  différence  dans  leur 
longitude.  Il  a  donc  fallu  choifir  un  lieu  entre  toutes  ces 
ifles,  &  c'eft  furquoi  les  fentimens  fe  font  partagés.' 
Janffon  dans  fes  quatre  parties  du  monde  publiées  en 
1624. Guillaume  Blaeu  dans  fon  atlas,  8c  beaucoup  d'au- 
tres Hollandois  trouvant  dans  les  Canaries  Tifle  de  Tene- 
rif  où  eft  le  fameux  Pic  ,  haute  montagne  que  l'on  voit 
de  très  loin  en  mer ,  ont  cru  que  la  Providence  avoir  mis- 
là  cette  efpece  de  borne  pour  fervir  de  premier  méri- 
dien. Nicolas  Viffcher  dans  fa  mappemonde  &  quantité 
d'autres  Hollandois  s'y  font  conformés  ;  auffi  quelques- 
uns  ont-ils  appelle  ce  méridien  JeMÉRiDiEN  Hollandois. 

14.  D'autres  géographes  ont  choifi  la  côte  occiden- 
tale de  Tifle  de  Palma  ,  fur  la  fauffe  fuppofition  que  l'ifle 


MER 


MER 


de  Palma  eft  la  plus  occidentale  des  Canaries.  Rumold 
Mercator,  fils  de  Gérard  ,  8c  quelques  autres,  y  ont  cora- 
mencé  de  compter  les  longitudes  ;   le  père  Riccioli  de 
même.  Entr'aurres  raifons  dont  il  fe  fert  pour  confirmer 
fon  choix ,  il  dit  que  Chriftophe  Colomb  partit  d'abord 
de  rifle  de  Tenerife  8c  enfuite  de  l'ifle  de  Palma  ,  com- 
me du  terme  le  plus  occidental ,  pour  aller  à  la  décou- 
verte du  nouveau  monde.  Il  fortit  du  port  de  Santa  Cruz 
pour  porter  la  Croix  dans  les  Indes  occidentales.  Il  pré- 
tend que  le  fuccès  de  Ces  découvertes  8c  de  (on  départ 
de  cette  ifle  ,  font  des  raifons  pour  y  mettre  le  premier 
méridien.  Depuis  Colomb,  les  navigateurs  partis  de  Lis- 
bonne ou  de  Séville  prennent  rerre  aux  Canaries ,  8c  la 
plupart  à  l'ifle  de  Palma ,  d'où   ils  font  voiles  pour  les 
lieux  auxquels  leur  navigation  eft  deftinée.  Mais  ces  rai- 
fons ne  font  pas  fort  folides  ;  car,   i°.  11  n'eft  pas  vrai 
que  l'ifle  de  Palma  foit  la  plus  occidentale  des  Canaries. 
C'eft  une  erreur  qui  eft  corigée  dans  les  cartes  les  plus 
exactes.  2°.  Les  noms  de  Palma  &  de  Sainte  Croix  ne 
font  pas  des  motifs  de  préférer  pour  méridien  un  lieu 
qui  s'appelle  ainiî.  30.  Les  navigateurs  qui  relâchent  à 
Palma  ne  le  font  que  parce  qu'ils  y  trouvent  des  rafraî- 
chiflemens  8c  des  commodités  qu'ils  n'auroient  point  à 
l'ifle  de  Fer  qui  cil  préfentement  reconnue  pour  la  plus 
occidentale  des  Canaries. 

ij.  Les  allronomes  8c  les  géographes  François  ont 
continué  de  fe  fervir  du  méridien  des  Canaries,  8c  trou- 
vant déjà  les  efprits  difpofés  à  préférer  la  partie  la  plus 
occidentale  de  celle  de  ces  ifles  qui  avance  le  plus  vers 
le  couchant ,  ils  y  ont  pofé  leur  premier  méridien  ;  mais 
comme  Palma  n'eft  pas  fi  occidentale  que  l'ifle  de  Fer  , 
ce  fut  à  la  partie  occidentale  de  cette  dernière  qu'ils  atta- 
chèrent leur  premier  méridien.  Cela  ne  fe  fir  pas  fans 
une  mure  délibération.  Le  cardinal  de  Richelieu  ménagea 
pour  cela  une  affemblée  générale  des  plus  fameux  mathé- 
maticiens de  l'Europe, qui  fe  tint  à  Paris  dans  l'arfenal,  le 
ij  avril  1634,  Leréfultatde  leurs  délibérations  fut  que 
le  premier  méridien  feroit  8c  demeureroit  confiamment 
à  la  partie  la  plus  occidentale  de  l'ifle  de  Fer.  Louis  XIII. 
confirma  cette  décilion  par  une  ordonnance  ,  qui  en  a 
fait  une  loi  aux  géographes  François  ,  8c  il  paroit  que 
leur  ufage  eu  préfentement  adopté  dans  les  meilleures 
cartes  nouvelles,  qui  fc  font  dans  les  pays  étrangers. 

16.  Beaucoup  de  navigateurs  ,  particulièrement  les 
Anglois  ,  comptent  leurs  longitudes  du  lieu  d'où  ils  font 
partis  pour  faire  route  ,  foit  à  l'occident ,  foit  à  l'orient. 
Cela  revient  au  même,  dès  que  la  longitude  du  port  d'où 
ils  partent ,  eft  connue.  Les  obfervateurs,  dont  les  tra- 
vaux font  fi  utiles  à  la  géographie ,  comptent  de  même 
les  longitudes  à  l'orient  8c  à  l'occident ,  8c  les  expriment 
par  rapport  au  lieu  de  l'obfervation.  La  longitude  n'é- 
tant que  l'arc  d'un  parallèle  entre  deux  méridiens ,  ou 
la  diitance  d'un  méridien  à  l'autre  ,  il  eft  aifé  de  rap- 
porter rous  ces  calculs  à  un  même  point.  Par  exemple  , 
deux  obfervateurs  ,  l'un  à  Paris ,  l'autre  à  Louveau  ,  au 
royaume  de  Siam  ,  trouvent  qu'il  réfulte  de  leurs  ob- 
fervations  une  différence  de  6*  heures  34  min.  46  fec. 
Cela  fait  en  longitude  98  deg.  41  min.  30  fec.  qui  font 
la  différence  des  deux  méridiens  ;  c'eft-à  dire  ,  que  Lou- 
veau efl  plus  oriental  que  l'obfervatoire  de  Paris  ,  de  98 
deg.  41  min.  30  fec.  mais  fi  on  veut  avoir  la  longitude 
abfoîue  de  Louveau  ,  prifedu  premier  méridien  ,  il  n'y  a 
qu'à  y  ajouter  la  longitude  de  Paris ,  qui  efl:  de  12  deg. 
30  min.  il  en  réfulte  pour  longitude  abfolue  izi  deg. 
11  min.  30  fécondes. 

Voici  une  courte  table  ,  qui  fait  voit  d'un  feul  coup 
d'œil  les  différences  des  principaux  d'entre  ces  méridiens , 
8c  qui  peut  rendre  facilela  réduction  d'un  calcul  à  l'autre. 
Dudley,  comme  nous  avons  remarqué  ».  1 1.  a  fon  mé- 
ridien par  le  pic  des  Açores.  La  différence  de  ce  méri- 
dien efl  environ  8  deg.  ij,  min.  plus  à  l'occident  que 
l'ifle  de  Fer. 

Le  méridien  par  l'ifle  de  Feu  ,  duquel  nous  avons  parlé 

n.  1  2.  eft  de  6  d.  4^  min.  plus  occidental  que  l'ifle  de  Fer. 

Celui  du  P.  Riccioli  ,  par  le  port  de  Santa  Cruz  dans 

l'ifle  de  Palma,  aux  Canaries  ,  eft  de  deux  degrés  plus 

oriental  que  l'ifle  de  Fer. 

Le  méridien  hollandois  par  le  Pic  de  Tenerife  ,  eft  de 
quatre  deg.  plus  oriental  que  l'ifle  de  Fer. 

Le  méridien  des  Arabes  ,  comme  Abulfeda,  Alfaras , 


2.21 

Albiruni,&c.  eft  de  10  degrés  plus  oriental  que  Fifle  de 
Fer. 

Le  méridien  de  Tolède  eft  de  iy  deg.  30  min.  plus 
oriental  que  l'ifle  de  Fer. 

Le  méridien  de  l'obfervatoire  de  Paris  eft  de  22  deg. 
30  min.  plus  oriental  que  l'ifle  de  Fer. 

A  préfent  la  réduction  eft  aifée.  Par  exemple  ,  l'ifle  de 
S.  Matthieu,  dans  la  mer  de  Guinée  ,  eft  fous  les  10  deg. 
de  longirude  ,  prife  de  l'ifle  de  Fer.  Si  je  la  cherche  dans 
les  cartes  de  Dudley  ,  fous  le  10  deg.  il  eft  bien  sûr  que 
je  ne  l'y  trouverai  pas  ;  car  comme  fon  premier  méridien 
eft  de  huit  deg.  ij  min.  plus  occidental  que  l'ifle  de  Fer, 
il  s'enfuit  qu'à  10  deg.  à  l'orient  du  méridien  de  cette  ifle  , 
Dudley  doit  compter  18  deg.  ij  min.  &  fi  je  la  trouve 
dans  là  carte  à  cette  longitude ,  nous  fommes  d'accord. 
Si  je  cherche  cette  même  ifle  dans  les  cartes  de  ceux  qui 
mettent  leur  premier  méridien  à  Palma  ;  comme  ce  pre- 
mier méridien  eft  de  4.  deg.  plus  oriental  que  l'autre  , 
au  lieu  d'ajouter  4  deg.  je  dois  les  diminuer  du  nombre 
des  10  ;  car  un  tel  géographe  ,  commençant  à  compter 
un  ,  quand  j'ai  déjà  5  deg.  depuis  mon  méridien ,  il  n'en 
aura  que  6  à  fon  compte,  quand  j'en  aurai  10. 

DIFFÉRENCES  1 

Des    principaux   des    Méridiens, 

Par  rapport  à  l'ifle  de  Fer, 

Le  premier  méridien  par  l'ifle  de  Feu,  l'une  des  ifles  du 
Cap  Verd  ,  différence  6  deg.  45  min.  occid. 

Le  premier  méridien  de  Dudley ,  par  le  Pic  des  Aço- 
res ,  8  deg.  1  j  min.  occid. 

Le  premier  méridien  par  l'ifle  de  Fer  ,      o  deg.  o  min. 

Le  premier  méridien  du  père  Riccioli  ,     par  Palma, 

2  deg.    o  min.  orient. 

Le  premier  méridien  des  Hollandois  ,  par  le  Pic  de 
Tenerife,  4  deg.    o  min.  orient. 

Le  premier  méridien  des  Arabes ,  1  o  deg,  o  min.  orient. 

Le  premier  méridien    des   Espagnols  ,    par  Tolède  , 

ij  deg.  30  min.  orient. 

Le  premier  méridien  des  François ,  par  l'obfervatoire 
de  Paris ,  2 2  deg.  3  o  min.  orient, 

MERIDIENNE,  (La)  on  fousentend  le  mot  Li- 
gne. La  méridienne  d'un  lieu  eft  une  ligne  droite  que 
l'on  conçoit  pafler  par  un  lieu  donné,  &  prolongée  de 
manière,  que  Ces  deux  extrémités  aboutiffent  précifé- 
ment  aux  deux  pôles,  fans  aucune  déclinaifon.  Avec 
cette  reftriction  ,  une  méridienne  conforme  à  l'aiguille 
delà  bouflble,  n'eft  pas  une  vraie  méridienne,  parce 
que  la  bouflble  a  fa  déclinaifon  qui  ne  fe  doit  pas  trou- 
ver dans  la  méridienne  jufte.  La  méridienne  d'une  cham- 
bre ,  d'un  jardin  eft  aifée  à  prendre ,  puisqu'elle  efl; 
fûïement  tracée  par  l'ombre  d'un  fil  perpendiculaire* 
ment  fufpendu  à  l'inftant  jufte  du  midi  :  mais  cet  infiant 
n'eft  pas  aifé  à  déterminer.  Les  livres  des  mathémati- 
ciens donnent  divers  moyens  de  tracer  une  méridienne 
exacte.  En  voici  une  des  plus  fimplcs.  Sur  un  bois,  ou 
fur  toute  autre  matière  placée  horizontalement ,  tracez 
à  volonté  un  nombre  indéterminé  de  cercles,  peu  di- 
ftans  les  uns  des  autres ,  qui  tous  ayent  un  même  cen- 
tre; que  dans  ce  centre,  il  y  ait  une  aiguille  perpendi- 
culaire ;  l'inftant  où  l'ombre  fera  la  plus  courte,  fera 
celui  du  midi,  8c  l'ombre  de  l'aiguille  eft  la  méridien- 
ne :  autrement  remarquez  avant  midi  à  quel  point  l'ex- 
trémité de  l'ombre  de  cette  aiguille  fe  termine  à  l'un 
de  ces  cercles  8c  le  marquez.  Remarquez  après  midi 
le  poinr  où  cette  ombre  fe  Terminera  de  même  dans  le 
même  cercle  :  marquez  aufli  ce  poinr.  Cherchez  dans 
ce  même  cercle  un  point  également  diftant  des  deux 
autres  que  vous  avez  marqués  auparavant.  La  ligne 
que  vous  tirerez  du  cenrre  où  eft  l'aiguille,  &  qui  pas- 
fera  par  ce  point  du  milieu,  eft  une  vraie  méridien- 
ne. La  ligne  qui  lui  eft  perpendiculaire,  marque  le  vrai 
orienr  &  le  vrai  occident.  L'académie  royale  des  feien- 
ces  a  dans  fes  mémoires  un  excellent  détail  delà  méri- 
dienne de  l'obfervatoite  de  Paris  dans  toute  la  France. 

MERIDON  ,  bourg  de  France  ,dans  la  Normandie, 
fur  la  Dive ,  élection  de  Falsùfe, 


MER 


2.22, 

MERIGNIAC,  bourg  de  France  .dans  l'Angoumois, 
éledtion  de  Cognac. 

MERILLES,  bourg  de  Fiance,  dans  le  Gâtinois, 
cledion  cie  Gien. 

MER1NDADE.  On  donne  ce  nom  en  Espagne  au 

"  diftrict  d'une   jutisdiction  ,  comme  d'une   chfuellenie  , 

d'un  petit  bailliage  ou  d'une  prévôté ,  dont  le  juge  eft 

appelle  Merino.    Le   Merino    May or ,  c'eft  le    roi.  Le 

royaume  de  Navarre  eft  divifé  en  fix  Merindades. 

MERINDOL,  village  de  France, dans  le  Haut  Dau- 
phiné  ,  au  pays  appelle  les  Baronies.  11  eft  célèbre  pour 
avoir  été  ruiné  Se  brûlé  par  Jean  Meynier  d'Aupede , 
premier  président  du  parlement  d'Aix  ,  qui  marcha  avec 
des  troupes  pour  y  exterminer  les  Proteftans,  qu'il  ne 
trouva  plus  dans  ce  lieu;  il  les  alla  chercher  à  Cabrièies 
ville  dans  le  Comtat  Vtnaiffin  ,  fujette  au  Pape ,  laquelle 
s'étant  rendue  à  discrétion  fut  ruinée ,  Se  tous  les  ha- 
bitans  mafiacrés  l'an  1545.  Ces  gens  là  étoient  les  telles 
de  ces  anciens  feétaires  nommés  Vaudois ,  qui  étant  de 
père  en  fils  ennemis  jurés  des  Papes  &  de  1  Eglife  Ro- 
umaine ,  aroient  embraffé  avec  joie  la  doctrine  reçue 
depuis  quelques  années  en  Suifle  Se  à  Genève.  *  Lon- 
guerne ,  Defcr.  de  la  France,  part.  1.  p.  374. 

MER.INUM  ,  ancienne  ville  épiscopale  d'Italie  ,  dans 
la  Pouille  ,  Se  dont  les  habitans  font  appelles  par  Pline  , 
/.  3.  c.  11.  Merinates ,  Se  fauffement  Mctinates  par 
Ortelius.  Cette  ville  fut  ruinée  dans  le  X.  fiécle  ,  &  fon 
évêché  transféré  à  Viefti ,  qui  peut  pafler  pour  l'an- 
cienne Merinum. 

MERIOLACENSE  CASTRUM ,  lieu  fortifié  dans 
la  Gaule.  Grégoire  de  Tours  ,  Hïft.  I.  3.  en  parle  Se 
en  donne  une  belle  dcfciiption. 

MERIONETSH1RE,  province  d'Angleterre,  dans  la 
partie  feptentrionale  de  la  province  de  Galles ,  avec  titre 
de  comté.  Elle  a  les  comtés  de  Carnarvan  Se  de  Dcn- 
bigh  pour  bornes  au  feptentrion;  celui  de  Montgomery 
à  l'orient  -,  ceux  de  Radnor  &  de  Cardighan  au  midi , 
Se  la  mer  d'Irlande  à  l'occidenr.  On  lui  donne  cent  huit 
milles  de  tour  :  Elle  contient  environ  cinq  cens  mille 
arpens ,  deux  mille  cinq  cens  quatre-vingt-dix  maifons 
&  rrente-fept  paroiffes.  C'eft  un  pays  fort  montagneux, 
mais  qui  pourtant  ne  manque  ni  de  moutons  ,  ni  de 
poiffons ,  ni  de  gibier.  On  y  fait  un  grand  trafic  de  co- 
tons. *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  tom.  1. 
p.  139. 

MERITUS,  montagne  de  la  Thrace,  félon  Pline , 
/.  4.  c.  1 1. 

MERLERE ,  ifle  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifie  de 
Corfou.  Les  anciens  la  nommoient  Tbalacria.  Coro- 
vic ,  itiner.  donne  le  nom  de  Merleres  à  quatre  iftes 
voifines  les  unes  des  autres  ,  que  de  l'Ifle  nomme  Fanu, 
Merlere  ,  Se  les  deux  Salmastrachi.  Corovic  ajoute 
qu'elles  font  extrêmement  fertiles ,  qu'elles  abondent 
principalement  en  pâturages,  qu'elles  font  peu  habi- 
tées ,  Se  que  les  Corfaires  y  viennent  fouvent  prendre 
une  retraite.  *  De  l'Ifle,  Atlas. 

MERLOU,  autrefois  Mello  ,  Mellou  ,  en  latin  Mel- 
lum  -,  Mellotum  ,  ville  &  baronnie  de  France,  dans  la  Pi- 
cardie au  diocèfe  de  Beauvais.Ce  lieu  qui  a  donné  le  nom 
à  la  grande  maifon  de  Mello  ,  de  laquelle  étoit  Dreux 
de  Mello ,  connétable  de  France  fous  Philippe  Augu- 
ftc  ;  Gui  de  Mello,  célèbre  évoque  de  Verdun  ,  puis  d'Au- 
xerre  fous  le  règne  de  S.  Louis.  La  généalogie  de  cette 
maifon,  eft  dans  le  P.  Anfelme  ,  Se  dans  le  diction- 
naire hiftorique  de  Moreii.  Elle  fubfiftoit  encore  en 
1490.  dans  la  branche  de  faim  Bry  proche  Auxerre.  Il 
y  a  à  Merlou  une  églilé  collégiale .  fondée  en  1103. 
par  Martin  de  Mello  ,  chanoine  de  Paris.  Elle  eft 
dans  un  fond  fi  aquatique,  qu'on  y  a  vu  quelquefois  trois 
pieds  d'eau,  Se  les  murs  en  font  devenus  tout  verds ,  Se 
l'églife  mal  faine.  La  paroiffe  de  Notre-Dame  eft  dans 
la  nef.  On  y  voit  un  beau  maufolée  d'anciens  fei- 
gneurs.  11  y  a  en  outre  à  Merlou  un  prieuré  du  titre 
de  fainte  Marie  Magdelcne,  dont  l'églife  eft  féparée  , 
&  en  meilleur  état.  Il  fut  fondé  en  l'an  1 157.  par  Re- 
naud de  Mello  ;  il  dépend  de  l'abbaye  de  Vezelay  en 
Nivernois,  dans  laquelle  le  fondateur  fe  fit  enfuite  re- 
ligieux. Merlou  appartient  aujourd'hui  au  duc  de  Luxem- 
bourg, par  fucceflion  de  la  ducheffe  de  Meckelbourg  fa 
tante  paternelle ,  à  qui  Louis  IL  prince  de  Coudé  en 


MER 


avoir  fait  ptéfenr,  Se  elle  eft  venue  au  dernier  de  h 
maifon  de  Montmorency,  dont  étoit  la  princefle  de 
Condé  fa  mère.  On  voit  encore  à  Merlou  un  couvent 
ou  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  fainte  Claire  ,  dont 
l'églife  a  été  embellie  par  meflieurs  de  Luxembourg.  Le 
château  de  Merlou  eft  fur  une  éminence  ,  les  écuries  fu- 
perbes  font  en  bas.  La  pierre  eft  fort  commune  dans 
le  pays.  *  Mémoires  manuferits. 

MERMADAL1S,  rivière  qui  féparoit  l'Albanie  du 
pays  des  Amazones  du  côté  du  feptentrion.  Strabon  eu 
parle  au  livre  onzième.  Un  peu  plus  bas,  il  fembleap- 
peller  cette  même  rivière  du  nom  de  Mîp/xif^uç  Mer- 
modas. 

MERMEROES  ,  lieu  aux  environs  des  monts  Cau- 
cafes ,  félon  Ortelius  Tbefaur,  qui  cite  Suidas. 

MERMESSUS,  ville  de  la  Troade,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  ajoute  que  la  fibylle  Erythrée  étoit  ori- 
ginaire de  cette  ville.  Solin  ,  Plimanœ  exercit.  p.  79. 
combat  ce  fentiment.  Ortelius  qui  ajoute  qu'une  mé- 
daille de  Tibère  fait  mention  de  cette  ville,  croit  que 
c'eft  la  même  ville  que  Alarpeflhs. 

MERMODAS.  Voyez.  Mermadalis. 

MERNOCK,  ifle  de  la  mer  d  Ecoffe  au  fud-oueft  de 
Bute.  Cette  ifle,  qui  a  un  mille  de  longueur,  Se  un 
demi-mille  de  largeur,  eft  fertile  en  bled,  Se  peuplée 
félon  fon  étendue.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bre- 
tagne, t.  2.  p.  267. 

MERNS  ou  Mernis  ,  province  d'Ecoffe ,  au  nord 
de  l'Angus.  C'eft  une  province  maritime,  Se  qui  abonde 
en  bleds  Se  en  pâturages. 

MERO.  Voyez.  Meroth. 

MERO^E  >  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte.  Voyez. 
Meroé. 

MEROBRIGA.  Voyez,  Mirobriga  3. 

MERODE,  château  dans  la  Weftphalie,  au  duché 
de  Juliers.  Il  a  donné  fon  nom  à  une  très  -  ancienne 
maifon. 

MERODIPA,  ville  auvoifinage  de  celle  d'Halicar- 
naffe  ,  félon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  1 3  ;  mais  ce  paffage  eft 
défectueux ,  comme  l'a  remarqué  Cafaubon ,  Se  au  lieu 
de  Merodipa,  il  faut  lire  Meropida.  *  Ortelii  Tbe- 
faur. 

MERODORUM  ,  Nemtodorum  ,  Nemetodo- 
rum  ,  ou  Metodorum  ,  noms  latins  de  Nanterre  ,  vil- 
lage de  Fiance  ,  dans  le  voifinage  de  Paiis.  *  Ortelii 
Thefaur.  Vie  de  faint  Germain  d'Auxerre,  par  le  prêtre 
Confiance. 

MEROÉ,  ifle  de  la  haute  Egypte.  Ptolomée,  /.  4. 
c.  S.  dit  qu'elle  eft  formée  par  le  Nil  qui  la  baigne  à 
l'occidenr,  Se  par  le  fleuve  Altabora  qui  la  mouille  du 
côté  de  l'orient.  Il  lui  donne  les  villes  fuivantes. 


Sur  le  bord  des  deux 
fleuves. 


Dans  les  tettes 


Méroé , 
Sacolche , 
Efer, 
Darorum  Viens. 

Auxume, 


Ç  AuXlllTH 

<  Coloé' , 
C  Mafte. 


De  l'Ifle   nous  a  donné  des  conjectures  fur  la  pofition 
de  l'ifie  de  Méroé. 

Dans  toute  l'Ethiopie,  qui  eft  un  pays  d'une  très-grande 
étendue,  il  n'y  a  rien,  dit-il,  de  plus  célèbre  parmi  les 
anciens  ,  ni  de  plus  difficile  à  trouver  parmi  les  moder- 
nes ,  que  l'ifie  de  Méroé.  Si  ce  que  les  anciens  en  ont 
dit  eft  véritable ,  cette  ifle  pouvoit  mettre  en  armes 
deux  cens  cinquante  mille  hommes,  Se  nourriflbit  jus- 
qu'à quatre  cens  mille  ouvriers.  EUe  renfermoit  un 
grand  nombre  de  villes  ,  dont  la  principale  étoit  Mé- 
roé ,  qui  avoir  communiqué  fon  nom  à  l'ifie ,  &  qui 
fervoit  de  réfidence  aux  reines  ,  Regia  &  Metropolir 
JEtbiopum.  Je  dis  aux  reines ,  parce  qu'il  femble  que  c'é- 
toit  des  femmes  qui  regnoient  en  ce  pays  à  l'exclufiou 
des  hommes.  Du  tems  d'Augufte ,  c'étoit  une  princefle 
borgne  à  la  vérité,  mais  d'un  courage  mâle,  virilis fané 
millier  ,  fed  altero  oculo  capta.  Elle  fit  une  irruption 
dans  l'Egpyre  ;  mais  elle  fut  obligée  d'envoyer  des  am- 
balLtdeursà  Augufte.  A  la  mort  de  N.  S.  il  en  tegnois 


MER 


MER 


une  autre,  dont  un  officier  fut  baptifé  par  faint  Phi- 
lippe ,  comme  on  le  voie  par  le  Actes  des  Apôtres. 
Enfin  ,  lorsque  Néron  envoya  des  lbldats  de  fa  garde  en 
ce  pays  pour  chercher  les fources  du  Nil,  c'étok  encore 
une  princeffe  qui  regnoit,  Se  toutes  ces  trois  s'appel- 
loient  Candace  ;  mais  on  voit  par  un  paiTage  de  Pline , 
que  depuis  long-tems  ce  nom  étoit  devenu  commun 
aux  reines.  Pour  revenir  à  notre  fujet  :  la  difficulté  qu'on 
a  de  reconnoître  à  préfent  cette  ilie ,  vient  du  peu  de 
bons  mémoires  qu'on  a  fur  l'Ethiopie.  Presque  tout  ce 
que  les  Européens  en  ont  écrit ,  eft:  rempli  de  fables  Se 
de  menfonges.  Il  eft  vrai  que  les  Pères  Jéfuites ,  qui 
ont  été  allez  long  tems  dans  ce  pays  ,  nous  en  ont  donné 
de  meilleures  inftructions  ,  Se  qu'ils  ont  fait  une  carte 
fur  les  lieux  bien  différente  de  celles  qu'on  avoir  faites 
en  Europe.  D'ailleurs  le  père  Balthazar  Tellez  ,  le  père 
Nicolas  Godinho ,  Ludolf  Se  autres ,  nous  ont  donné 
des  descriptions  du  pays  fur  des  mémoires  bien  plus  surs  ; 
mais  ils  n'ont  décrit  que  cette  partie  de  l'Ethiopie  que 
nous  appelions  Abyiîinie  ,  &  non  pas  celle  que  nous  ap- 
pelions Nubien  Se  c'eft  ce  qui  étoit  néceflaire  pour  nous 
mettre  en  état  de  décider  la  queftion  avec  quelque  con- 
lioiffance  de  caufe.  Je  n'entreprendrai  donc  pas  ici  de 
la  décider  i  les  mémoires  que  j'ai  reçus  de  ces  pays- là, 
fous  la  protection  de  monfeigneur  le  comte  de  Pont- 
chartrain,  me  donnent  le  moyen  de  propofer  au  moins 
des  conjectures.  Du  Roule ,  envoyé  du  roi  en  Ethio- 
pie ,  avoir  pris  en  Egypte  tous  les  éclairciffemens  né- 
ceffaires  fur  la  toute  qu'il  devoit  tenir ,  ce  qui  n'étoit 
pas  une  des  moindres  difficultés  de  fa  commiffion.  Il 
avoir  une  defeription  de  la  Nubie  Se  du  coûts  du  Nil 
fur  la  dépofition  de  plusieurs  fcheicks ,  ou  chefs  de  fa- 
milles, qui  avoient  fait  le  voyage  d'Ethiopie  jusqu'à  quin- 
ze Se  vingt  fois ,  tant  par  le  Nil  que  par  les  déferts.  Il 
m'a  communiqué  ce  qu'il  avoir  appris  ,  Se  c'eft  fur  Ces 
mémoires  que  je  propoferai  mes  conjectures.  L'ifle  de 
Méroé  étoit  indubitablement  fur  le  Nil.  La  fource  du 
Nil ,  qui  a  été  fi  long-tems  Se  fi  inutilement  cherchée 
par  les  anciens  ,  eft  à  18  deg.  de  latitude  feptentrionale. 
Ses  cataractes ,  un  peu  moins  célèbres,  mais  bien  mieux 
connues  que  fa  fource  ,  font  au  23  deg.  Se  demi ,  &  c'eft 
fans  difficulté  entre  ces  deux  points  que  doit  être  l'ifle  de 
Méroé.  Les  anciens  ont  dit  que  cette  ifle  étoit  formée 
par  le  concours  de  l'Aftaboras  &  du  Nil  ;  &  par  une  au- 
rre  rivière,  nommée  Aftape,  qui  fe  jetre  pareillement  dans 
le  Nil.  Que  le  Nil  terminoit  cette  ifle  du  côté  de  l'occi- 
dent ,  &  qu'elle  étoit  bornée  des  deux  autres  côtés  par 
l'Aftape&  l'Aftaboras  ;  ce  qui  fait  voir  que  ce  n'étoit 
qu'improprement  qu'elle  étoit  appellie  ifle  ,  puisqu'elle 
n'étoit  pas  fermée  de  tous  côtés ,  Se  qu'elle  devoit  être 
femblable  à  ce  que  nous  appelions  ici  fille  de  France. 
Nonobftant  une  defeription  fi  formelle ,  Mercator  &  Or- 
telius  onr  repréfenté  l'ifle  de  Méroé ,  comme  formée  par 
deux  bras  du  Nil ,  Se  l'ont  appellée  Gueguere,  Se  presque 
tout  le  monde  s'eft  laifïé  entraîner  à  l'autorité  de  ces  deux 
géographes.  Cependant  les  ifles  qui  font  formées  par  le 
Nil  feul  au-deffus  des  cataractes  ,  font  toutes  petites  ;  ce 
qui  ne  peut  compatir  avec  ce  que  nous  avons  dit  de  la 
grandeur  de  celle  de  Méroé ,  ni  avec  le  nombre  de  fes 
villes  &  de  fes  habitans;  &  d'ailleurs  il  n'y  en  a  pas  une 
dont  le  nom  approche  de  celui  de  Gueguere.  Les  pères 
Jéfuites  ,  qui  ont  été  en  Ethiopie  ,  font  perfuadés  que 
l'ifle  de  Méroé  n'eft  autre  chofe  que  le  royaume  de  Go- 
jame  ,  qui  eft  enfermé  parla  rivière  du  Nil ,  en  forme 
de  presqu'ifle  ,  comme  on  peut  voir  dans  la  carte  ;  mais 
cette  presqu'ifle ,  qui  fait  le  royaume  de  Gojame  ,  n'eft 
formée  uniquement  q'ue  par  le  Nil  ,  point  d'Aftape  , 
point  d'Aftaboras  ,  ce  qui  n'eft  pas  conforme  à  la  deferi- 
ption que  les  anciens  en  ont  donnée.  D'ailleurs  la  ville 
de  Méroé  ,  capitale  de  cette  ifle  ,  doit  avoir  été  placée 
entre  le  16  Se  le  17  deg.  de  latitude  feptentrionale,  com- 
me on  le  verra  ci-après ,  Se  le  royaume  de  Gojame  ne 
pafle  pas  le  13  degré.  Enfin  ,  fi  ce  que  nous  appelions 
aujourd'hui  royaume  de  Gojame  ,  avoir  été  l'ifle  de  Mé- 
roé ,  fi  connue  des  anciens  ,  n'auroient-ils  pas  aufli  con- 
nu les  fources  du  Nil ,  qui  font  au  milieu  de  ce  rovau- 
me  ?  *  Hiftoire  de  l'Académie  Royale  des  Sciences  ,  année 
1708.  p.  469. 

Ifaac  Voiîîus ,  de  la  fociété  royale  d'Angleterre  ,  eft 
un  de  ceux  qui ,  dans  ces  derniers  tems  ,  ont  travaillé  le 


222 

plus  utilement  à  la  géographie  ,  Se  quoique  fa  prétendue 
reforme  des  longitudes  ne  lji  ait  pas  fait  honneur  il  ne 
laifle  pas  d'y  avoir  d'excellentes  recheiches  dans  l'es  ou- 
vrages de  géographie.  11  prétend  que  1 1  presqu'ifle  que 
fait  la  rivière  de  Marcb  du  côté  de  fa  fource  ,  par  un 
circuit  presque  pareil  a  celui  que  fait  le  Nil  au  royaume 
de  Gojame  ,  eft  l'ifle  que  nous  cherchons  ;  mais  ,  outre 
que  cette  ifle  ne  feroit  formée  que  par  une  feule  ri- 
vière ,  Se  non  pas  même  par  celle  du  Nil ,  contre  ce  que 
les  anciens  en  ont  dit,  cette  presqu'ifle  formée  parle  Ma- 
reb  ,  n'a  ni  l'étendue  ,  ni  la  fltuation  que  les  anciens  ont 
donné  à  1  ifle  de  Méroé.  D'ailleurs  la  ville  de  Méroé, 
capitale  de  l'ifle  ,  étoit  fur  le  Nîl,&  l'ifle  ou  la  près-* 
qu'ifle  de  Méroé  en  eft  fort  éloignée.  CelLuius,  donc 
les  ouvrages  géographiques  font  aujourd'hui  allez  de 
bruit  parmi  les  favans  ,  a  ramafie  tour  ce  que  les  an- 
ciens ont  dit  de  1  ifle  de  Méroé  ;  mais  il  ne  donne  au- 
cune connoiflance  de  l'état  préfent  de  ce  pays  ,  fans  quoi 
néanmoins  on  ne  peut  rien  conclure.  Il  femble  feu- 
lement qu'il  approuve  l'opinion  ,  qui  confond  le 
royaume  de  Gojame  avec  Méroé  :  ce  que  je  viens  de 
réfuter.  Le  père  Tellez  ,  Jéfuite  ,  après  avoir  bien  con- 
lidéré  tout  ce  que  les  miffionriaires  de  fa  compagnie  ont 
écrit  fur  l'Ethiopie  ,  s'eft  laiffé  perfuader  que  cette  ifle 
étoit  imaginaire.  Sij'avois  cru  qu'une  telle  opinion  pue 
faire  quelque  imprcifion  fur  les  efprits  ,  j'ailrOis  com- 
mencé par  la  réfuter:  car  il  elt  inutile  de  raifohnec  fur 
choie  qui  n'eft  pas  ,  ou  au  moins  dont  l'cxiftence  eft 
douteufe;  mais  comment  révoquer  en  doute  l'exiftence 
de  l'ifle  de  Méroé  ,  après  les  circonftances  que  les  an- 
ciens en  ont  marquées  ? 

Pline  allure  que  Simonide  y  a  demeuré  cinq  ans  ,  & 
qu'après  lui  Ariftocréon  ,  Bion  Se  Bafilis  ont  décrit  fa 
longueur  Se  fa  diftance  de  la  ville  de  Syena  Se  de  la  mer 
Rouge  ,  fa  fertilité  ,  la  ville  capitale  ,  Se  qu'ils  ont  même 
rapporté  le  nombre  de  fes  reines.  Quoique  Ludolf  n'ait 
pas  plus  trouvé  cette  ifle  que  le  père  Tellez  ,  il  n'a  pas 
douté  néanmoins  qu'elle  n'exiftat  ;  mais  il  prétend  qu'il 
faudroit  la  chercher  plus  à  l'occident  que  l'on  ne  fait  , 
&  que  ce  font  des  pays  où  Ion  ne  va  pas  ;  que  fi  après  tou- 
tes les  recherches  que  l'on  en  feroit ,  on  ne  la  trouvoic 
pas ,  on  peut  dire  que  quelque  bras  du  Nil  s'eft  féché  , 
d'où  l'on  ne  fauroit  la  découvrir  ;  mais  cet  auteur  ne 
prend  pas  garde  que  ceux  qui  ont  fait  récemment  le 
voyage  d'Ethiopie  ,  ont  long-tems  côtoyé  le  Nil;  qu'ils 
doivent  au  contraire  avoir  laiffé  à  l'orient  l'ifle  de  Méroé  , 
puisque  le  Nil  la  bornoit  à  l'occident;  cV  qn'ainfi  c'eft 
à  l'orient  qu'il  la  faut  chercher  ,  Se  non  a  l'occident , 
comme  il  le  dit.  Et  à  l'égard  de  la  rivière  féchée  ,  j'avoue 
qu'il  y  en  a  plufieurs  en  Afrique  ,  lesquelles ,  ayant  cou- 
lé quelque  tems  par  des  fables  ou  par  des  terres  fpon- 
gieufes ,  s'affoibliffent  infenfiblement ,  Se  à  la  fin  dispa- 
roiflent;  mais  on  ne  met  pas  au  nombre  de  ces  rivières 
le  Nil ,  ni  l'Aftaboras.  Puisqu'il  faut  donc  trouver  l'ifle 
de  Méroé  ,&  qu'il  eft  du  devoir  d'un  géographe  de  faire 
le  parallèle  de  l'ancienne  géographie  avec  la  nouvelle  , 
on  pourroit  conjecturer  que  c'eft  cet  efpace  de  terre  qui  eft 
entre  le  Nil  &  les  rivières  de  Tacafe  &  de  Dendcr ,  Se  je 
vais  tâcher  d'établir  cette  conjecture  par  la  fituation  de 
ce  pays  ,  qui  me  paroït  conforme  à  celle  que  les  anciens 
ont  donnée  à  l'ifle  de  Méroé  ,  par  les  rivières  dont  elle  eft 
formée,  par  fon  étendue  ,  par  fa  figure  ,  Se  par  quelques 
autres  fingularités  ,  communes  à  lifte  de  Meroé  Se  au 
pays  que  je  viens  de  défigner.  La  fituation  d'une  place 
ou  d'un  pays  fe  prouve  par  le  degré  fous  lequel  elle  eft 
fituée  ,  Se  par  la  diftance  de  cette  place  ,  ou  de  ce  pays , 
à  d'autres  endroits  qui  nous  font  connus.  La  ville  la  plus 
connue  de  tout  ce  pays  eft  Syene.  Sa  latitude  n'eft  pas 
douteufe  ,  &  c'eft  un  point  fixe  ,  duquel  on  peut  fans 
crainte  mefurer  les  environs.  Pline  ,  /.  2.  c.  73 .  affure  que 
le  jour  du  folftice  à  midi  les  corps  n'y  font  point  d'om- 
bre ,  Se  que  ,  pour  preuve  de  cela  ,  on  y  a  fait  creufer  un 
puirs ,  qui  dans  ce  tems  eft  tout  éclairé.  In  Syene  oppido 
folftitii  die  medio  ,  nullam  umbram  jaci  ,  puteitmque  ejitS 
experimenti  gratiâ  fatlitm ,  totirm  ilhtminari.  Strabon  a 
dit  la  même  chofe  en  d'autres  termes ,  ce  qui  fait  voir 
que  la  ville  de  Syene  eft  juftement  fous  le  tropique  du 
Cancer  ,  à  vingt  -  deux  degrés  Se  demi  de  latitude 
feptentrionale.  Or  ,  de  Syene  à  la  ville  de  Méroé  , 
félon  les  mêmes  auteurs ,  on  comptoir  cinq  mille  ftades  s 


MER 


224 

en  tirant  au  midi ,  &  ces  cinq  mille  Rades ,  évaluées  en 
mefure  aftronomique ,  font  fept  deg.  d'un  grand  cercle  , 
donnent  la  pofition  de  la  ville  de  Méroé  à  15  degrés  8c 
demi  de  l'équateur.  Cette  pofition  de  la  ville  de  Méroé  , 
qui  fe  rapporte  allez  jufte  à  celle  que  Ptolomée  lui  donne 
au  quatrième  livre  de  fa  géographie,  eft  encore  confirmée 
par  un  autre  paffagc  de  Pline  ,  qui  dit  que  la  ville  de  Mé- 
roé n'a  point  d'ombre  ,  non  plus  que  celle  de  Syene,  8c 
que  cela  arrive  deux  fois  l'année  ,  lorsque  le  foleil  eft  au 
dix-huitiémc  degré  du  taureau  ,  8c  au  quatorzième  du 
lion.  In  Meroe ,  qiu  eft  caput  gémis  JEtbiopum ,  bis  in 
anno  abfumi  timbras  ,fole  duod.evicefimam  tauri  partem  , 
Cr  qiiartam-decimam  leonis  obtinente.  Or  il  eft  sûr  que, 
quand  le  foleil  eft  dans  les  degrés  que  je  viens  de  nom- 
mer ,  il  a  environ  feize  degrés  8c  demi  de  déclinaifon , 
qui  eft  la  latitude  que  les  anciens  ont  donnée  à  la  ville  de 
Méroé,  8c  qui  réfultc  de  fon  éloignement  de  celle  de 
Syene.  Je  pourrois  encore  prouver  par  les  climats  la  po- 
fition de  la  ville  de  Méroé.  Les  anciens  l'ont  mife  au 
milieu  du  premier  climat ,  dont  le  plus  long  jour  eft  de 
13  heure  s,  ce  qui  donne  par  le  calcul  1 6  deg.  8c  demi , 
qui  eft  la  même  latitude  que  nous  avons  donnée  à  Mé- 
roé fur  les  obfervations  8c  fur  fon  éloignement  de  la  ville 
de  Syene.  J'ai  négligé  dans  ce  calcul  la  réfraction ,  parce 
qu'elle  ne  fait  pas  une  différence  notable.  L'ifle  de  Mé- 
roé étoit  formée  par  la  rivière  du  Nil  ,  8c  par  deux  au- 
tres qui  vendent  du  côté  de  l'Orient ,  comme  nous  avons 
dit.  Influant  in  Nilum ,  dit  Strabon  ,  duojiumina  ab  Orien- 
te delata  ,  &  Meroem  ingentem  infulam  completluntur. 
Je  ne  fais  fi  les  anciens  ont  connu  d'autres  rivières  que 
ces  deux-là  ,  qui  fe  jettent  dans  le  Nil  du  côté  de  l'o- 
rient ;  mais  on  voit  par  les  mémoires  de  du  Roule  ,  qu'il 
n'y  en  a  que  deux  de  confidérables  ;  la  rivière  de  Tacaze 
8c  celle  de  Deuder.  La  rivière  de  Tacaze  ,  grande  com- 
me la  moitié  du  Nil ,  a  bien  l'air  d'être  l'Aftaboras  des 
anciens  ;  c'eil  l'opinion  de  Jean  de  Barros  ,  le  Tite-Live 
des  Portugais .  8c  deux  chofes  ne  permettent  pas  d'en 
douter.  La  première  eft  que,  félon  les  Jéfuites  qui  ont 
été  en  Ethiopie  ,  elle  entre  dans  le  Nil  à  dix- fept  degrés  & 
demi  de  latitude,  qui  eft  à  quelques  minutes  près  la  même 
hauteur  que  Ptolomée  donne  a  l'embouchure  de  l'Alta- 
boras ,  fept  cens  ftades  au-deffous  de  la  ville  de  Méroé  , 
comme  on  voit  par  Strabon ,  par  Diodore  8c  autres.  La 
féconde  ,  qui  me  fait  croire  que  le  Tacaze  eit  la  même 
que  l'Aftaboras  ,  eft  que  cette  rivière  s'appelle  autre- 
ment Atbara  ,  comme  on  le  voit  par  le  rapport  de  Scheiks 
de  Nubie  ,  &  par  celui  d'un  Récollet  qui  a  pafTé  cette  ri- 
vière ,  en  allant  en  Ethiopie.  Or  les  noms  d'Atbara  Se 
d'Aftaboras  ne  font  pas  fort  différais.  Je  fuppofe  que 
l'Atbaraeft  fon  véritable  nom>&  que  les  Grecs  l'ont  altéré. 
Pour  la  rivière  d'Atbpe ,  ce  fera  apparemment  celle  de 
Dender  ;  car  il  n'y  a  que   deux  rivières  confidérables, 
Atbara  &  Dender  ,  qui  entrent  immédiatement  dans  le 
Nil  du  côté  de  l'orient.  L'étendue  du  pays  que  j'ai  défigné  , 
eft  à  peu  près  la  même  que  celle  que  les  anciens  ont  don- 
née à  l'ifle  de  Méroé.  Diodore  8c  Straben  l'ont  fait  lon- 
gue de  trois  mille  ftades ,  8c  large  de  mille,  c'eft-à-dire  , 
qu'ils  lui  ont  donné  cent -vingt  lieues  de  longueur  fur 
quarante  de  largeur  ,  &  cela  fe  trouve  ici  à  peu  de  chofe 
près,  au  lieu  qu'il  s'en  faut  bien  que  le  royaume  de  Go- 
jame ,  ni  la  presqu'ifie  formée  par  la  rivière  de  Mareb , 
approche  de  cette  étendue.  L'étendue  8c  la  figure  que 
Diodore  8c  Strabon  donnent  à  lifte  de  Méroé  ,  convient 
aftez  aux  pays  dont  je  parle ,  c'eft-à-dire  ,  celle  d'un 
bouclier.  Quelqu'objection  qu'on  me  faffe ,  je  réponds 
que  ce  font  les  rivières  qui  font  la  figure  8c  la  plus  gran- 
de partie  de  ce  plan  ,  &  que  ces  rivières  avec  leurs  four- 
ces  ,  leurs  cours  &  leurs  embouchures ,  font  tirées  de  la 
carte  que  les  PP.  Hieronymo  Lobo ,  François  d'Almeida , 
ôc  autres  Jéfuites  Portugais  ont  faites  fur  les  lieux  ,  qu'el- 
les font  prifes  de  la  dépofition  dés  Scheiks  de  Nubie , 
interrogés  féparément  par  du  Roule ,  des  itinéraires  des 
Jéfuites  François  ,  8c  du  fieur  Poncet  ,    dont  le  père 
Gobien  a  fait  imprimer  le  voyage,  8c  quelques  autres 
voyages  manuferits  des  Récollets  Italiens  ,  envoyés  dans 
ce  pays  par  la  congrégation  de  la  Propagande,  dont  j'ai 
eu  les  copies  collationnées.  Outre  les  convenances  que 
j'ai  rapportées  entre  l'ifle  de  Méroé  &  le  pays  que  je 
propofe  pour  la  repréfenter  ,  on  y  peut  joindre  les  pluies , 
la  fertilité  du  pays ,  8c  la  chaffe  des  éléphans.  Strabon  dit 


MER 


que  les  pluies  réglées  ne  commencent  qu'à  Méroé  ;  8t 
Pline  ,  que  [ceux  qui  furent  envoyés   par  Néron  pour 
aller  chercher  les  fources  du  Nil ,  commencèrent  à  trou- 
ver dans  ces  endroits  des  arbres  8c  des  herbes  -,  Herbas 
demum  circa  Meroem  fylvarumque  aliquid  apparuijfe , 
cœtera folitudines.  Et  c'eft  la  remarque  que  le  père  Breve- 
dente  a  faite  dans  ces  mêmes  endroits.  Nous  quittâmes  , 
dit  ce  père  ,  la  ville  de  Corti  8c  la   rivière   du  Nil  , 
pour  entier  dans  le  défert  de  Bibouda.  On  commença  à 
voir  des  arbres  8c  des  herbes ,  les  pluies  commençant  à 
fe  faire  fentir  dans  ces  quartiers ,  au  lieu  que  tout  le  refte 
jusque-la  n'eit  arrofé  que  par  le  débordement  du  Nil, 
ou  par  le   moyen  des  machines  qui    élèvent  fes  eaux  , 
pour  les  répandre  fur  les  terres,  8c  c'eft  ce  que  Poncée 
déclare  auiii  dans  fon  itinéraire.  Ils  pouvoieni  bien  dire  , 
comme    Pline  ,  catera  folitudines  ,    eux  ,  qui  avoient 
marché  plufieurs  journées  dans  des  fables  ou  dans  des 
terres  arides ,  où  ils  n'avoient  trouvé  ni  eau  ,  ni  herbe, 
8c  rien  autre  chofe  que  des  affreufes  folitudes ,  8c  c'eft 
fans  doute  dans  ces  lieux  déferts  que  Cambyfc  ,  roi  de 
Perfe  ,  ayant  perdu  une  partie  de  fon  armée ,  fut  obligé 
de  retourner  en  Egypte  ,  fans  être  parvenu  jusqu'à  cette 
partie  d'Ethiopie  ,  qui  commence  à  être  cultivée  8c  ha- 
bitée :  mais  Grccia  Nendax  a  dit  que  Cambyfe  avoir 
pris  Méroé  ,  8c  qu'il  avoit  changé  le  nom  qu'elle  portoic 
auparavant  en  celui  de  fa  fœur,  qui  s'appelloit  Méroé  , 
8c  que  cette  princefle  y  étant  morte ,  elle  y  avoit  été 
enterrée.  On  a  fort  loué  la  fertilité  de  l'ifle  de  Méroé  , 
8c  le  grand  nombre  de  fes  habitans  ,  8c  cela  convient 
encore  parfaitement  bien  au  pays  donr  je  parle.  Le  père 
Paulet  ,  Jéfuite  ,  dit  qu'au-delà  du  Nii  ,  vis-à-vis  de 
Sennar  ,  le  pays  fourmille  de  monde  ,  8c  que  l'on  y  vois: 
mille  8c  mille  petits  hameaux  répandus  dans  toute  la 
campagne.  J'ai  une  route  de  la  même  ville  de  Sennar  à 
Souaquem  ,  ifie  8c  port  de  la  mer  Rouge  ,  où  il  eft  die 
que  le  pays  que  je  décris ,  eft  bien  cultivé  Se  bien  peuplé. 
Et  dans  la  defeription  de  Nubie  ,  faite  par  du  Roule  fur 
le  rapport  des  gens  du  pays ,  il  paroït  que  dans  ces  en- 
droits la  terre  eft  d'une  fi  grande  fertilité  ,  que  l'on  y  fait 
trois  récoltes  par  an.  Enfin  ,  c'eft  un  peu  au  deffus  de 
Méroé  que  l'on  commençoit  avoir  des  éléphans,  félon 
Piine.Les  Ptolémées,  rois  d'Egypte ,  entr'autres  le  fameux 
Philadelphe  ,  qui  s'eft  fi  fort  attaché  à  la  connoiffance  de 
la  nature  8c  des  beaux  arts ,  envoyoient  vers  ces  endroits 
à  la  chaffe  de  ces  grands  animaux  ,  8c  avoient  fait  bâtir 
quelques  places  pour  la  commodité  de  ceux  qu'ils  y  en- 
voyoient ,  8c  l'on  a  remarqué  dans  la  route  de  Sennar 
à  Souaquem  ,  dont  je  viens  de  parler  ,  qu'au-delà  de  la 
rivière  d'Atbara ,  vers  la  même  hauteur  qui  eft  défignée 
par  Pline ,  on  trouve  dans  les  montagnes  des  éléphans 
en  quantité.  Il  me  femble  que  pour  achever  de  rendre 
ma  conjecture  plus  vraifemblable  ,  il  ne  faudroit  plus 
que  trouver  la  ville  même  de  Méroé  dans  fille  ,  dont  je 
viens  de  parler  ,  ou  au  moins  en  découvrir  les  ruines 
ou  les  veftiges  Si  l'on  en  vouloir  croire  Jofephe  &  Hé- 
liodore  ,  qui  la  mettent  à  la  jonction  du  Nil  8c  de  l'A- 
ltaboras ,  il  n'y  auroit  qu'à  chercher  le  confluent  de  ces 
deux  îivieres ,  qui  ne  fauroit  être  douteux  ;  mais  on  fait, 
affez  que  l'hiftoire  éthiopique  d'Héliodore   n'eft  qu'un 
roman  ,  8c  il  y  a  bien  de  l'apparence  que  l'hiftoriette  que 
fait  Jofephe  touchant  l'expédition  de  Moïfe  en  Ethiopie  , 
lorsqu'il  étoit ,  dit-il,  à  la  cour  de  Pharaon,  8c  général 
de  fes  troupes ,  ne  mérite  pas  plus  de  croyance.puisqu'elle 
ne  fe' trouve  ni  dans  l'Ecriture  ,  ni  dans  Philon  ;  ainfi  il 
vaut  mieux  s'en  rapporter  à  Strabon ,  qui  dit  que  la  ville 
de  Méroé  étoit  fept  cens  ftades  au-deffus  de  la  jonction 
de  l'Aftaboras  8c  du  Nil ,  ou  à  Pline ,  qui  y  met  foi- 
xante  &  dix  mille  pas.  On  trouve  vers  ces  endroits  la 
ville  de  Guerri  ,  que  nos  voyageurs  difent  être  une  des 
plus  confidérables  du  pays.  Ne  feroit-ce  point  ce  que 
d'autres  appellent  Méroé  ou  Gueguere,  par  une  espèce 
de  réduplication  ?  Mais  il  y  a  peut-éte  de  la  témérité  à 
pouffer  fi  loin  des  conjectures ,  8c  l'académie  fait  pro- 
feifion  dune  fevère  exactitude  dans  la  recherche  de  la 
vérité. 

MEROM  ,  ou  Marom  ,  les  Eaux  de  Merom  mar- 
quées dans  Jofué  ,  c.  1 1.  v.  5.  font,  à  ce  qu'on  croit ,  les 
eaux  du  lac  Séméchon  ,  puisque  la  ville  d'Hafor,  où  re- 
gnoit  Jabin,  étoit  fur  ce  lac,  comme  Je  dit  Jofeph,  Antiq. 
I.  ;.  c .  6.  &c  que  Jofué  dit  que  Jabin  8c  les  rois  fes  alliés 

Ci 


MER 


MER 


e  raffemblerent  pour  combattre  Jofué  fur  les  Eaux  de 
om  (a).  Il  femble  donc,  dit  D.  Calmet ,  Diti.  que 
Merom  ôc  Séméchon  font  la  même  chofe  ;  mais  cette 
conféquence  n'eft  pas  jufte.  On  convient  avec  Jofeph 
que  la  ville  d'Hafor  étoit  fur  le  lac  Scméchon  ;  mais 
on  ne  trouve  nulle  part  qu'elle  fût  fur  les  eaux  de  Meron , 
ni  que  les  rois  alliés  fe  campèrent  fur  les  eaux  de  Sémé- 
chon  ôc  auprès  d'Hafor  pour  combattre  Jofué.  Il  eft 
bien  plus  croyable  qu'ils  s'avancèrent  jusqu'au  torrent  de 
Cifon&au  défilé  qui  conduifoit  dans  leur  pays  pour  empê- 
cher Jofué  d'y  entrer ,  ou  même  pour  l'aller  attaquer 
dans  un  pays  qu'il  poffédoit  deja ,  que  de  s'imaginer  qu'ils 
l'attendirent  au  fond  de  leur  propre  pays ,  en  lui  abandon- 
nant toute  la  Galilée  ôc  tout  le  terrein  qui  cil  depuis 
le  lac  de  Cifon  jusqu'au  lac  de  Séméchpn. 

Voici,  continue  dom  Calmet,  les  preuves  qui  nous 
font  croire  que  Merom  ôc  Meromé  ôc  les  eaux  de  Me- 
iom étoient  aux  environs  du  Cifon,  du  Carmel ,  de 
Thanac  ôc  de  Megiddo  ou  Mageddo:  i°.  Eufebe  mec 
la  ville  de  Merom  ouMerus  ,  à  douze  milles  de  Sebafte» 
vers  Dothaïnr,  2°.  Les  tribus  de  Zabulon  ôc  de  Neph- 
thali  s'expoferent  au  péril  dans  le  combat  contre  Si  (ara  , 
dans  les  campagnes  de  Meromé  (b)  ,  -5°.  Le  combat 
fe  donna  certainement  fur  le  Cifon,  a  Thanac  ôc  à  Ma- 
geddo (c).  Il  faut  donc  placer  les  eaux  de  Merom  vers 
ces  cantons-là.  Or  Thanac,  Merom  &  Mageddo  font 
fituées  au-deçà  du  Cifon  ôc  au  pied  du  Carmel.  C'eft 
donc-là  que  fe  donna  non  feulement  le  combat  entre 
Jofué  ôc  Jabin  ôc  fes  alliés  ,  mais  encore  entre  Barac  ÔC 
Sifara.  Cet  endroit  étoit  important  pour  le  paffage  ,  ôc 
il  étoit  mal-aifé  de  faire  palier,  une  armée  par  un  autre 
endroit ,  en  allant  de  la  Judée  dans  la  Phénicie  ou  dans 
la  Galilée.ou  réciproquement  de  la  Phénicie  danslajudée. 
{a)  Jofué,  c.  1  I.  v.  $.{b)  Judic.  c.  j.  v.  iS.  (tjlbid.  v.  19. 

MEROME.  Il  elt  parlé  du  pays  >  ou  félon  l'hébreu 
des  Champs  ce  Meromé,  dans  le  livre  des  Juges  ,ôc 
on  y  dit  que  Zabulon  Ôc  Nephthali  ont  expofé  leurs  armer 
au  péril  dans  les  campagnes  de  Meromé.  On  croit,  die 
D.  Calmet ,  Dïct.  que  Meromé  eft  le  même  que  Merom  , 
dont  il  eft  parlé  dans  Jofué  ,  lorsqu'il  eft  dit  que  Jabin 
ôc  les  autres  rois  Chananéens  fes  alliés  furent  vaincus 
fut  les  eaux  de  Merom.  La  plupart  des  commentateurs 
croient  que  ces  eaux  de  Merom  ne  font  autres  que  le 
lac  de  Séméchon  dans  la  Haute  Galilée.  Jofcphe  a  donné 
lieu  à  cette  opinion ,  lorsqu'il  a  dit  que  la  ville  d'Ha- 
for ,  où  regnoir  Jabin  ,  étoit  fituée  fur  le  lac  Séméchon  \ 
mais  il  ne  dit  pas  que  les  Chananéens  ayent  été  vaincus 
près  Hafor  ,  ni  près  du  lac  Séméchon  \  ôc  il  dit  au  con- 
traire que  le  combat  fe  donna  au  pied  du  Thabor  :  ce  qui 
eft  conforme  au  texte  de  l'Ecriture.  Or,  le  Thabor  eft  bien 
éloigné  du  lac  Scméchon  ;  ainfi  nous  aimons  mieux  croire 
que  les  eaux  de  Merom  étoienr  au  pied  du  Mont  Carmel , 
aux  environs  de  Thai-.ac ,  de  Légion  ôc  de  Mageddo. 
Voyez,  l'article  précédent. 

1.  MERON.  Voyez.  Merom  ôc  Meromé. 

2.  MERON  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Anjou  ,  élection 
de  Montreuil  Bellai. 

MERON  AS  ,  il  paroît  par  ce  que  dit  Strabon  ,/.  12. 
p.  jjo.  que  c'eft  la  même  nation  que  les  Phrygiens.  Cafau- 
bon  a  pourtant  retranché  ce  mot  ;  mais  on  le  trouve, 
dans  le  manufciit  d'Hopper ,  où  on  lit  ku)  uv<ro) ,  ko.)  m«- 
fwtç ,  ôcc.  Myfi  &  Merones. 

MEROPES,  peuples  imaginaires  :vElien  aceufe  Théo- 
pompe de  les  avoir  imaginés. 

MEROPfA.  r«y-^SiPHNOs. 

MEROPIDIS,  terre  imaginaire.  Strabon,  /.  7.  p.  199. 
reproche  à  Théopompe  de  l'avoir  imaginée. 

MEROPIS.  Voyez.  Cos  I. 

MERORUM  CIVITAS.  On  trouve  ces  mots  dans 
quelques  exemplaires  de  Pline,  /.  5.  c.  24.  Mais  le  P. 
Hardouin  ,  après  avoir  confulté  fix  manuferits,  où  ils  ne 
fe  trouvoient  point ,  les  a  retranchés  ôc  les  a  remplacés 
par  ceux-ci  Imme  civitas.  Ainfi  c'eft  de  la  ville  Imme 
dont  il  eft  qucltion  ôc  non  de  Merorum  civitas. 

1.  MEROS  ou  Merus  ,  montagne  de  l'Inde,  félon 
Strabon  ,  Théophrafte,  i£lien  ,  Mela&  autres.  Elle  étoit 
contactée  à  Jupiter,  ôc  on  prétendoit  que  Bacchusy  avoit 
Cté  élevé.  Cette  opinion  n'avoit  point  d'autre  fondement 
cjue  la  lignification  du  mot  Mer  os ,  qui  en  grec  lignifie 
cuiffe ,  ôc  qui  avoic  donné  pççaiionà  la  fable  de  Baccims 


%%$ 


enfermé  dans  la  cuiffe  de  Jupiter  Se  né  deux  fois,  parce 
qu'il  avoit  été  garanti  de  la  pefte  fur  cette  montagne 
avec  fon  armée.  Plufieurs  écrivains  anciens  donnent  des 
noms  différens  à  cette  montagne.  Elle  eft  appellée  Nyja 
par  Pline ,  /.  8.  <:.  39.  Nyfeutm  par  Suidas  ;  ÔC  S.crum  par 
Trogus.  Elle  eft  fituée  entre  l'Inde  &  le  Cophenes  ,  félon 
Ptolomée,/.  iz.Ôc  Arrien.  Poliam ,  /.  t.  Siraiagem.  die 
qu'on  l'appelloit  aulfi  Tp*spupeç  j  Tricoryphus  ,  à  caufe 
de  fes  trois  fommets ,  dont  l'un  étoit  nommé  Kcpà.<riùi 
Corafibis  ;  l'autre  KoVJaVx»  ,  tondafee,  ôc  le  troifiéme  Met 
ros.*  Diodor.  1.  2.  c.  38. 

2.  MEROS.  Ortelius ,  Thefaur.  dit  qu'Hefyche  donne 
ce  nom  à  une  partie  AAmpelus ,  fans  distinguer  fi  c'eft 
de  la  ville  ou  du  promontoire  dont  il  entend  parler. 

MEROTH.  Jofeph  ,  am.  I.  3.  c.  2.  dit  que  le  bourg 
de  Meroth  termine  la  Galilée  du  côté  de  l'occident.  Dans 
le  traité  intitulé  Sanhédrin ,  il  eft  dit  que  les  eaux  de 
Meroth  feront  changées  en  fang  au  tems  du  Meffie.  Voyez. 
Merom  &  Meromé. 

MEROU  ,  ville  de  l'Afie.dans  le  Khoraffan  dans  fa 
partie  orientale.  Cette  ville  eft  fituée  au  37  degré  40 
ïec.  de  latitunde ,  ôc  au  feptentrion  d'une  autre  ville 
qu'on  appelle  Merou-Erroud  ôc  qui  n'en  eft  qu'à  cinq 
lieues.  Merou  eft  aulli  furnommé  Schahigchan ,  c'eft-à- 
dire  roi  du  monde.  On  donna  ce  furnom  à  cette  ville, 
parce  que  le  fultan  Maliescha,  l'un  des  plusgrands  des  Sel- 
Juki  des  l'avoir  fore  aimée  à  caufe  de  l'agrément  de  fafitua- 
tion ,  de  la  pureté  de  fon  air ,  ôc  de  la  fertilité  de  font 
terroir.  Il  l'avoir  fait  bâtir  pour  en  faire  fon  féjour.  En 
effet  il  y  paffa  la  plus  grande  partie  de  fa  vie.  Il  y  mourur, 
ôc  on  lui  éleva  un  magnifique  tombeau. 

Cette  ville  a  ptoduit  plufieurs  favans hommes,  ôc  JacuC 
affuixqu'ily  a  vu  trois  bibliothèques  dans  l'une  desquelles 
il  y  avoit  douze  mille  volumes  manuferits.  Quelques-uns 
veulent  que  cette  ville  ait  été  premièrement  bâtie  pat 
Tahmuras,  le  quatrième  des  premiers  rois  de  Pcrfe,  appel- 
lés  Pischdadiens,  ôc  d'autres difent  que  c'eft  par  Jamanii, 
fille  du  roi  de  Perfe  Arraxerxes  Longimanus.  Elle  eft 
fituée  dans  une  plaine  fablonneufe  qui  produir  du  fel. 
Trois  rivières  la  rendent  délicieufe  ,  &:  elle  eft  également; 
éloignée  de  douze  journées  de  Nischabour ,  de  Herat,  de 
Baie  &  de  Bocara.  *  Pctis  de  la  Croix }  Hift.  du  Grandi 
Genghizcan ,  1.  4.  c.  2.  p.  376. 

MEROUAN  ,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Louifiane.  Il  elt  ordinairement  piacé  entre 
la  rivière  la  Maligne  ÔC  celle  de  Cenis.  Ce  peuple  eft 
errant.  Il  fe  pourroit  faire  que  ce  feroit  le  même  peu- 
ple que  Joufiel  appelle  Meracauman. 

MEROVARD  ,  bois  de  France ,  dans  la  maîtrife  dô 
Baveux.  Il  eft  de  cent  trois  arpens. 

MEROZ,  c'étoitun  lieu  au  voifinage  dutorrent  Cifon  , 
ôc  dont  les  habitans  n'ayant  pas  voulu  venir  au  fecours  de 
leurs  frères ,  dans  le  combat  qu'ils  livrèrent  à  Sifara  furent 
fournis  à  l'anathême:  Malheur  à  la  terre  de  Meroz,  die 
l'ange  du  Seigneur  !  Malheur  à  ceux  qui  l'habitent!  parce 
qu'ils  ne  font  point  venus  au  fecours  du  Seigneur ,  au  fe- 
cours des  plus  vaillans  de  fes  guerriers.  Quelques  uns , 
dit  D.  Calmet ,  Dilt.  ont  cru  que  Meroz  étoit  la  même 
que  Merus  ou  Merom,  dont  il  a  été  parlé  ci-devant,  ôc 
c'eft  peut- être  ce  qu'il  y  a  de  plus  vraifemblablefur  ce  fujer; 

D'autres,  continue  D.  Calmet ,  veulent  que  Meroz 
ait  été  un  homme  puiffant  ,qui  demeuroit  au  voifinage 
du  Cifon  ,  lequel  n'ayant  pas  voulu  venir  au  fecours  de 
Barac  ôc  de  Debora,  fut  excommunié  par  l'ange  dut 
Seigneur  au  fon  de  quatre  cens  trompettes.  L'ange  du 
Seigneur  eft  félonies  uns  ,  Barac  général  de  l'armée  du 
Seigneur  -,  félon  d'autres ,  c'eft  le  grand  prêtre  d'alors , 
ou  un  prophére  ,  ou  S.  Michel  >  ou  quelque  ange.  Quel- 
ques-uns croient  que  Meroz  étoit  l'ange  des  Chananéens, 
lequel  fut  maudit  par  l'ange  S.  Michel ,  protecteur  des 
Ifia'élites.  *  Jttdïc  5.23. 

MERPIU  ,  en  latin  Melpinum  ,  bourg  de  France  ,  dans 
PAngoumois ,  élection  de  Cognac ,  avec  titre  de  châtelle- 
nie.  C'eft  un  membre  confidérable  du  comté  ôc  duché 
d'Angoulême  ,  dont  il  fit  encore  partie  ,  quand  ce  duché 
fut  donné  en  appanage  à  feu  M.  le  duc  de  Berri  en  1711. 
Il  fervit  quelquefois  de  partage  à  des  cadets  des  comtes 
d'Angoulême  ;  ôc  on  peut  voir  dans  le  traité  des  droits  du 
roi  par  Dupui ,  comment  le  tout  fut  réuni  à  la  couronne 
du  tems  de  Philippe  le  Bel. 


2,26       MER 

MERRHA.  Baruc  parle  des  marchands  de  Merrha  , 
qu'il  joint  aux  Agaréniens  Se  aux  habitans  de  Théman , 
qui  fe  piquoienc  de  fageffe.  Tous  ces  gens-là ,  die  D. 
Calmet ,  Dicl.  étoient  fans  doute  des  Arabes  ;  mais  nous 
ne  favons  pas  précifément  où  étoit  Merrha.  On  con- 
no'rt  Maranaku  la  mer  Rouge  ,  Mariaba  dans  l'Arabie 
Heureufe ,  Marace  ,  lieu  de  commerce  dans  le  même 
pays. 

MERRI  SEC  ,  paroiffe  du  diocèfe  d'Auxerre ,  à  trois 
lieues  delà  ville  vers  le  fud-oueff ,  •  ainfi  nommée  pour- 
la  diflinguer  d'un  autre  Merry  ,  fitué  fur  la  rivière 
d'ionne ,  proche  Mailli  le  Château.  Ce  lieu  efl  nommé 
en  fon  rang  parmi  les  anciennes  églifes  de  l'Auxerrois , 
par  l'évêque  S.  Aunaire  vers  l'an  580.  S.  Didier  ,  fon  fuc- 
ceffeur  ,  à  qui  cette  terre  appartenoitdu  côté  du  temporel, 
la  donna  à  fon  églife  avec  l'oratoire  de  S.  Menge,quiy 
fubfifloit  dès-lors.  S.  Tetrique ,  évêque  au  commence- 
menr  du  VIIIe  fiécle ,  parle  auffi  du  même  oratoire  ,dans 
fa  defeription  diocéfaine.  C'efl  aujourd'hui  l'églife  pa- 
roiffiale  du  lieu  fitué  dans  un  vallon  fec  -,  Se  c'en;  S. 
Menge  ,de  Chaalons  fur  Marne  ,  qui  en  efl  le  Saint  titu- 
laire. Le  territoitre  de  cette  paroiffe  renferme  les  ha- 
meaux de  Bounon  Moufty,  Chéri  Se  plufieurs  autres. 
Le  dictionnaire  univerfel  de  la  France  s'eft  exprimé  fur 
ce  lieu  d'une  manière  fort  finguliere  en  ces  termes  ; 
Il  y  a  des  vignes, quoiqu'un  pays  de  montagnes  ,  cela  n'eit 
pas  extraordinaire.  Bounon, ci- deffus nommé  ,  conferve 
l'ancien  nom  de  Bunnus  d'où  Ton  a  fait  Bunnuarium , 
Sec.  mefure  de  terrein.  Heribald  ,  évêque  d'Auxerre,  fous 
Charles  le  Chauve ,  donna  cette  terre  à  fa  cathédrale. 
D'autres  évêques  depuis  affignerent  à  la  collégiale  de 
N.  D.  de  la  cité  d'Auxerre  du  revenu  fur  cette  terre. 
Guillaume  de  Touci,  au  XIIe  fiécle,leuren  donna  l'églife, 
Se  en  1  21  j.  Guillaume  de  Seignelai  affigna  aux  chanoines 
de  la  même  collégiale  du  revenu  en  grains  Se  en  argent 
fur  cette  églife. 

MERROMENI,  peuple  de  l'Illyrie  ,  félon  Appien, 
De  Bel.  Illyr,  p.  763.  Lazius ,  Migrât.  5.  les  appelle 
Meraner.  11  place  chez  eux  la  ville  Merona.  De  K.  P. 
R.  1 2  Ortclius ,  Thefaur.  foupçonne  que  ce  pourroit 
être  les  Melcomani  de  Pline. 

MERRY,  au  diocèfe  de  Sens,  aux  extrémités  où  il  con- 
fine au  diocèfe  d'Auxerre  ,  à  quatre  lieues  ou  environ 
de  Joigny  dont  il  efl.  de  l'élection ,  Se  à  autant  d'Au- 
xerre ou  environ.  Ce  village  efl:  très-connu  par  I'hi- 
iloire  eccléfiaflique  d'Auxerre.  On  lit  dans  la  vie  de  l'é- 
vêque  Haymar,  qui  vivoit  au  VIII.  fiécle,  qu'il  en  fit 
donation  à  fon  églife  avec  les  ferfs,  bois,  vignes  ,  &c. 
Delà  vint  que  cette  églife  devint  dépofitaire  du  corps 
d'un  faint  Félix ,  qui  avoit  été  martyrifé  dans  les  forêts 
de  ce  village  ,  &  dont  la  fête  s'y  efl  toujours  faite  le  feize 
de  Juin.  Il  refleroit  à  prouver  que  les  reliques  de  ce 
faint,  qu'on  a  regardé  comme  un  enfant,  font  ce  qui 
a  fait  imaginer  un  voyage  de  faint  Amatre  évêque  d'Au- 
xerre à  Antioche,  d'où  il  auroit  apporté  le  corps  de 
l'enfant,  qu'on  a  honoré  depuis  lé  même  jour.  Quoi- 
que cela  ne  puiffe  pas  fe  démontrer  évidemment ,  les 
foupçons  de  la  méprife  font  affez  bien  fondés.  Vers  le 
milieu  du  X.  fiécle,  Archambaud  ,  archevêque  de  Sens, 
avoit  donné  à  Guy,  évêque  d'Auxerre,  deux  églifes fituées 
à  Merry  ,  l'une  fous  l'invocation  de  faint  Martin ,  l'au- 
tre fous  celui  de  faint  Félix,  dont  on  a  déjà  parlé.  On 
voit  dans  le  bois  de  Merry  ,  fur  la  route  de  Villiers- 
faint-Benoît ,  le  lieu  où  étoit  cette  féconde  églife  ,  où 
les  payfans  obfervent  encore  quelques  pratiques  fuper- 
ftitieufes.  Merry  en  latin  efl  Madriac.tm ,  nom  qui  figni- 
fie  une  forêt  de  bois  à  bâtir  ou  à  mettre  en  œuvre. 

1.  MERS  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri,  élection 
de  la  Châtre.  Ce  bourg ,  qui  a  plufieurs  hameaux  ou 
villages  qui  en  dépendent ,  efl  fitué  fur  la  rivière  de 
Valvre  011  Vauvre  du  côté  du  midi ,  &  fur  l'Indre  du 
cote  de  l'orient.  Ces  deux  rivières  fe  joignent  à  un  de- 
mi-quart de  lieue  de  l'églife  paroiffiale.  Le  terrein  efl 
propre  au  feigle.  C'efl  un  fief  avec  haute ,  moyenne  & 
baffe  juflice,  qui  relève  de  Châteauroux. 

2.  MERS,  le  Mers  ou  la  Marche,  province  Mari- 
time d'Ecoffe,  à  l'efl  de  la  province  de  Twedale.  Elle 
cft  fituée  fur  l'Océan  Germanique ,  Se  abonde  en  bleds 
Se  en  pâturages. 

Cette  province  a  donné  autrefois  le  titre  de  comte  à 


MER 


la  famille  de  Dumbar ,  qui  droit  fon  origine  du  fa- 
meux Gospatric  ,  comte  de  Norrhumberland  ,  qui ,  s'é- 
tant  retiré  en  Ecoffe  lorsque  les  Normands  conquirent 
l'Angleterre,  fut  créé  comte  de  la  Marche,  par  Can- 
more ,  roi  dEcoffe ,  qui  lui  fit  auffi  préfent  du  château 
de  Dumbar.  La  poflérité  de  Gospatric  prit  le  nom  de 
Dumbar  :  mais  George  de  Dumbar  ayant  été  proferic 
par  le  roi  Jacques  I ,  le  titre  de  comte  de  Mers  ou  Mar- 
che fut  donné  à  Alexandre  duc  dAlbanie  Se  enfuite  à 
la  famille  de  Smart  Se  de  Lenox.  Le  titre  étant  éteint 
dans  cette  famille  ,  Guillaume  III.  en  revêtit  Guillau- 
me Douglas ,  frère  du  duc  de  Queeniberri ,  dans  la 
famille  duquel  il  efl  aujourd'hui. 

Les  principales  villes   ou  bourgs   de   cette  province 
font 

Greenlow»       Home,  Aymomh,       Eccles, 

Duns ,  Coldingham  ,  Coldflream ,  Erfilton. 

*  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne,  t.  2.  p.  23  j. 

MERSEBOURG ,  ville  épiscopale  d'Allemagne ,  en 
Misnie  ,  fur  la  Sala.  Elle  étoit  fort  confidéiable  du  tems 
que  le  paganisme  regnoit  encore  dans  ces  quartiers , 
comme  on  le  peut  voir  par  quelques  anciens  monumens 
qui  y  font  reités ,  &  particulièrement  par  une  colomnc 
fur  laquelle  l'idole  de  Mercure  étoit  pofée.  Quelques- 
uns  en  attribuent  la  fondation  à  un  roi  nommé  Mar- 
Jus  ,  Se  d'autres  à  Merowée,  roi  des  Francs  ;  ceux-ci  pré- 
tendent que  l'églife  de  faint  Jean  l'Evangélifle ,  Se  le 
monaflère  ont  été  bâtis  par  ordre  de  Charlemagne. 
Quoi  qu'il  en  foit,  Merfebourg  étoit  autrefois  très-flo- 
riffante  par  le  commerce  ,  Se  il  s'y  efl  tenu  rcus  les 
ans  depuis  1007.  une  foire  très-célèbre  jusqu'en  l'an 
1200.  qu'un  grand  incendie  qui  confirma  presque  toute 
la  ville ,  ôc  une  infinité  de  marchandifes,  porta  les  né- 
gocians  à  fe  retirer  à  Grimmen  ,  d'où  ils  fe  tranfporte- 
rent  enfuite  à  Taucha  &  de- là  à  Leipfic.  Cette  ville 
efl  affez  bien  bâtie,  quoique  dans  un  goût  ancien.  Ses 
murailles ,  Se  fes  fept  tours ,  font  de  belles  pierres  de 
taille.  L'églife  cathédrale ,  qui  a  été  fondée  par  l'empe- 
reur Henri  IL  fous  l'invocation  de  faint  Laurent ,  ett 
un  édifice  qui  mérite  d'être  vu.  C'eft-là  qu'eft  le  tom- 
beau de  ce  Rodolphe  duc  de  Souabe,  qui,  à  l'infliga- 
tion  du  pape  ,  fe  révolta  contre  l'empereur  Henri  IV. 
Se  fe  porta  pour  empereur  lui-même.  Merfebourg  a  eu, 
pendant  un  tems,  fes  comtes  particuliers ,  dont  le  der- 
nier qui  s'appelloit  Efîcon ,  mourut  vers  l'an  1007.  Ce 
fut  près  de  cette  ville  que  fe  donna  en  933.  cette  grande 
bataille  que  l'empereur  Henri  I.  gagna  contre  les  Hon- 
grois. Les  guerres  du  XVII.  fiécle  cauferent  beaucoup 
de  dommage  à  cette  place  ,  qui  fut  fucceffivement  la 
proie  des  différentes  armées.  Le  comte  de  Tilly  la  prit 
en  163 1.  les  Suédois  s'en  emparèrent  enfuite,  les  Im- 
périaux 6c  les  Saxons  en  furent  auffi  les  maîtres  à  leur 
tour. 

L  évêché  de  Merfebourg  a  été  fondé  par  l'empereur 
Othon  I.  Outre  le  château  &  la  cathédrale,  il  y  a  en- 
core un  vicariat  de  faint  Sixte  dans  la  même  ville.  Les 
domaines  qui  y  étoient  attachés ,  confifloient  dans  les 
bailliages  de  Schkeudits  Se  de  Lutzen ,  avec  les  feigneu- 
ries  de  Marck,  Ranfladt ,  dEisdorff,  de  Zwenckau  » 
Se  de  Lauchitadt.  Le  plus  confidérable  monaflère  qu'il 
y  ait  eu  dans  cet  évêché  ,  efl  celui  de  faint  Pierre  à  Mer» 
febourg.  Au  relie,  le  premier  qui  monta  fur  ce  fiége 
épiscopal  fut  Boifon  ,  qui  avoit  été  moine  de  faint Eme- 
ran  ,  Se  qui  mourut  en  970.  après  avoir* converti  une 
grande  quantité  de  Wandales ,  qui  habitoient  autour  de 
la  Mulda  &del'Elfter.  Le  quatrième  évêque  fut  Théo- 
demers  ou  Ditmarus.  Il  étoit  de  la  maifon  de  Saxe,  & 
nous  a  laiffé  une  chronique  qui  renferme  ks  règnes  d'O* 
thon  1.  Se  des  empereurs  fuivans  jusqu'à  Henri  IL  in- 
clufivement.  Il  mourut  en  1023.  Son  42.  évêque  fut  le 
prince  Adolphe  d'Anhalt  qui  fiégea  en  1/14.  Se  chaffa 
de  la  ville  tous  les  Juifs.  Ceux-ci  prétendoient  avoir 
demeuré  en  ce  lieu  depuis  la  ruine  de  Jérufalem.  Le  duc 
Augufte  de  Saxe  en  fut  le  45.  évêque  l'an  1/44.  &  prit 
pour  coadjuteur  le  prince  George  d'Anhalt.  Ce  fut  vers 
le  même  rems  que  le  confifloire  fut  érigé  dans  cette 
ville.  Le  46.  évêque  fut  Michael  Heldingus  Sidonius, 
qui  aida  à  former  l'intérim  en  IJ49.  &  occupa  ce  fiége 
jusqu'en  i;6i.  Ce  prélat,  quoique  Catholique,  ne  ÉE 


MER 


MER 


point  d'efforts  pour  abbatre  le  parti  qui  s'e'toit  déclaré 
pour  la  çonfeflion  d'Augfbourg.  Apres  fa  mort ,  l'électeur 
de  Saxe  ,  ne  voulant  plus  fouffrir  dans  Merfebourg  d'éve- 
que  Catholique,  fit  adminiftrer  cet  évêché  par  des  do- 
cteurs de  fa  religion.  La  dignité  d'adminiftrateur  fut 
conférée  en  1/92.  à  Jean  George  duc  de  Saxe  qui  par- 
v-inr  quelque  rems  après  à  la  dignité  électorale ,  ôc  ne 
fc  défit  point  de  celle  d'adminiltrateur  de  Merfebourg. 
Il  donna  cet  évêché  en  appanage  par  fon  teftament  au 
prince  Chriftien  fon  troifiéme  fils ,  qui  a  fait  la  bran- 
che de  Saxe  Mcrfbourg  :  cette  branche  ayant  fini  en  1738. 
le  domaine  de  l'évêché ,  a  été  réuni  à  celui  de  l'électeur. 

*  Zeyler  , 

MERSEY,  rivière  d'Angleterre  ;  elle  a  fa  fon rce  dans 
la  province  d'Yorck,  d'où  ,  prenant  fon  cours  vers  le  cou- 
chant, entre  les  comtés  de  Lancafter  au  nord ,  ôc  de 
Chefter  au  midi,  &  après  avoir  pane  à  Varington  ,  elle 
va  fe  rendre  dans  la  mer  d'Irlande  ,  où  elle  forme  le 
port  de  Leverpole.  *  Allard ,  Carte  d'Angleterre. 

MERSPOURG ,  ville  d'Allemagne ,  au  cercle  de  Soua- 
be,  fituée  fur  le  lac  Bodenféeou  de  Confiance,  à  deux 
milles  de  Bnchorn,  au-deffous  du  bourg  de  Hagnow. 
On  prétend  qu'elle  a  été  bâtie  par  Dagobert,  roi  de  Fran- 
ce ,  pour  la  commodité  de  la  navigation  ôc  du  trans- 
porr  des  marchandifes  à  Confiance.  Quoi  qu'il  en  fuit , 
elle  a  été  foumife  aux  princes  de  Souabe,  &  depuis  aux 
comtes  de  Rordorff,  qui  en  firent  le  lieu  de  leur  réfi- 
dence  ;  enfin  elle  eft  devenue  un  domaine  des  évêques  de 
Confiance.  La  partie  du  lac  qui  cfi  devant  cette  ville 
a  environ  tfois  cens  brades  de  profondeur  ;  aufli  compte- 
t-on  qu'il  en  a  plus  en  ce  lieu  qu'en  tout  autre.  En  1334. 
Merfpourg  fut  afllégée  par  un  comre  de  Hohenberg  , 
êc  fut  fi  bien  fecourue  &c  pourvue  de  toutes  fortes  de 
munitions  par  les  habitans  de  Confiance,  qu'elle  ne  put 
être  prife.  La  caufe  de  cette  hofiilité  venoit  de  ce  que 
Pévêquc  de  Confiance  tenoit  le  parti  du  pape  contre 
l'empereur  Louis  de  Bavière.  Dans  la  guerre  que  les 
Suédois  portèrent  dans  l'empire ,  elle  fubit  le  même  fort 
que  plufieurs  autres  qui  ne  purent  réfifier  à  ce  torrent. 

*  Zeyler  ,  Topogr.  Suevia?. 

MERITE,  peuples  de  l'ifle  d'Albion,  félon  Ptolomée, 
7.  2.  c.  3.  qui  les  met  au  nord  des  Logi.  Quelques  exem- 
plaires, enrr'autres  celui  de  la  bibliothèque  de  Coiflin , 
publié  par  Dom  Bernard  de  Montfauçon ,  au  lieu  de 
Mertœ,  écrivent  Smerta ,  ce  qui  n'a  pu  fe  faire  qu'en 
prenant  la  dernière  lettre  du  mot  précédent  qui  fe  trouve 
effectivement  être  une  S. 

MERTOLA  ,  ville  du  Portugal,  dans  la  province  d'A- 
lentejo,  au  midi  de  Serpa  ;  cette  ville  eft  ancienne,  fon 
nom  eft  corrompu  de  celui  de  Myrtilis  qu'elle  portoit 
autrefois.  Elle  eft  à  neuf  grandes  lieues  de  Beja,  au 
bord  de  la  Guadiana  près  de  l'endroit  où  ce  fleuve 
commence  à  porter  quelques  bateaux,  ôc  aux  confins 
du  royaume  des  Algarves.  Elle  eft  bâtie  fur  une  émi- 
nence  ôc  forte  par  fa  fituation.  Dutems  des  Romains  elle 
et  oit  très-conlidérable  ôc  très- riche  ;  on  le  peut  juger 
par  le  grand  nombre  de  monumens  anciens,  comme co- 
lomnes ,  ftatues  ôc  autres  antiquités  qu'on  y  a  déterrées  , 
&  par  les  murailles  de  la  ville  où  l'on  voit  un  grand 
nombre  de  pièces  ôc  de  fculpture ,  plaquées  confufémenc 
ôc  hors  d'oeuvre  ,  par  des  architectes  barbares  ôc  igno- 
ransi  tels  qu'étoient  les  Maures  &  les  Goths.  Le  roi 
Sanche  enleva  cette  ville  aux  Maures  l'an  1239.  &  en 
fit  la  première  commenderie  de  l'ordre  de  faint  Jacques 
en  Portugal.  Dans  la  fuite  cet  honneur  a  été  transféré  à 
Palmela.  *  Délices  de  Portugal,^.  802. 

MERTON  ,  lac  d'Angleterre,  dans  le  comté  de  Lan- 
caftre.  *  Du  Lignon. 

MERTONÉNSE  Concilium.  11  fut  tenu  Tan  1300. 
un  concile  de  ce  nom  en  Angleterre ,  auquel  préfida  l'ar- 
chevêque de  Cantorbery.  C'eft  tout  ce  que  nous  en 
fhvons. 

MERU ,  bourg  de  France, dans  la  Picardie,  diocèfe 
de  Beauvais,  entre  Beaumont  fur  Oife  ôc  Beauvais,  fur 
la  gauche  vers  la  fource  d'un  ruifieau  qui  fe  jette  dans 
l'Oife  à  Beaumont.  Ce  lieu  a  été  fermé  anciennement 
ôc  il  en  relie  encore  les  portes.  Le  château  paroît  avoir 
deux  à  trois  cens  ans  d'antiquité  ;  il  eft  en  forme  ron- 
de, ôc  il  appartient  au  prince  de  Conti.  L'églife  parois- 
fiale  eft  fous  l'invocation  de  faint  Lucien  ôc  les  comipa- 


2,27 

gnons  ,  martyrs  du  Beauvoifis  ;  le  chœur  ôc  le  portail 
paroiffent  être  du  treizième  fiécle.  Il  y  a  en  ce  lieu  un 
grand  marché  tous  les  vendredis  autour  de  l'églife  de 
faint  Lucien.  Simon  dans  fa  nomenclature  du  diocèfe 
de  Beauvais ,  tirée  des  anciens  titres ,  nomme  M  cru  en 
latin ,  Meruacum  ,  Merudmrn  ,  M'ijhgcr'ium  &:  Matri- 
cut.  Les  deux  permiers  noms  paroiffent  forgés  j  le  troi- 
fiéme doit  lignifier  autre  chofe  que  Meru;  il  n'y  a  que 
Matricum  ou  Madricum  qui  peut  convenir  à  Meru , 
dont  l'étymologie  vient  plus  probablement  de  la  même 
fource  que  celle  des  Merry  ou  Mery  de  Madria ,  bois 
à  bâtir.  Comme  la  plupart  de  ces  pays  étoient  origi- 
nairement couverts  de  bois,  on  appelloir  Mairy  ou  Mairu 
les  endroits  où  l'on  raffembloit  le  bois  équarri  ou  propre 
à  bâtir  àes  maifons ,  ôc  à  faire  des  tonneaux  ;  de-là 
vient  que  cette  forte  de  bois  eft  encore  appelléc  Mer- 
rin  en  certains  lieux.  *  Mémoires  manuferits* 

MERUA  ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife.  Ptolo- 
mée ,  /.  2.  c.  6.  la  place  chez  les  Luangi  ou  Luanci. 

MERUANS  ,  bourg  de  France  ,dans  la  Bourgogne  ■> 
le  terrein  des  environs  eft  marécageux  ôc  inacceffibîe  en 
hiver.  Il  y  a  un  ruifieau  qui  tarit  en  été. 

MERVAUT ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou ,  éle- 
ction de  Fontenai. 

MERVASAE ,  ville  de  Perfe.  Tavernier  dans  fon 
voyage  de  Perfe,  /.  3.  p.  402.  dit  que  les  géographes 
du  pays  la  placent  à  87  deg.  32.  min.  de  longitude  , 
&  à  34  deg.  15  min.  de  latitude.  Le  pays  d'alentour  efi 
fertile  en  bleds  ôc  en  fruits. 

MERUCRA,  ville  d'Espagne.  Pline,  /.  3.  r.  1.  la 
met  dans  le  département  de  Séville, 

MERUSECH  ou  Merveich  Mervf.ys  ,  en  latin 
Mayrofium  ,  ville  de  France  ,  dans  le  bas  Languedoc  , 
au  bord  de  la  petite  rivière  de  Jante ,  à  quatre  lieues 
au-deffus  de  Peyrebeau  ;  on  l'appelle  auffi  quelquefois 
Meyrveys. 

MERVEROND  ,  ville  de  Perfe.  Tavernier ,  dans 
fon  voyage  de  Perfe,  /,  3.  p.  402.  dit  que  les  géographes 
du  pays  la  mettent  à  88  deg.  40  min.  de  longitude  ,  ôc 
à  34  deg.  30  min.de  latitude.  Cette  ville  eft  dans  un 
très-bon  terroir. 

MERVILLE  ,  en  flamand  Mergeïem  ,  petite  ville  de 
France  ,  au  Pays  Bas  ,dans  la  Flandre ,  fur  la  rivière  de 
Lis,  à  trois  grandes  lieues  deCaffel,  au  diocèfe d'Arras. 
Ce  feroit  un  lieu  fort  ancien  (  a  )  fi  c'étoit  le  même  que 
Minariacum  ou  Menaricum  marqué  dans  l'itinéraire 
d'Antonin  ,  ce  qui  n'eft  pas  certain.  Ce  pofte  a  été  quel- 
quefois fortifié  durant  les  guerres  des  Pays-Bas ,  mais 
aujourd'hui  c'eft  un  lieu  tout  ouvert.  Cette  ville  qui 
appartient  à  la  France  depuis  l'an  1677.  relevé  du  cha- 
pitre de  Douay  qui  en  eft  feigneur.  Les  terres  des 
environs  (  b  )  produifent  de  tout  ce  qui  croît  en  Flandre , 
fur-tout  des  lins  dont  on  fait  beaucoup  de  fil.  Ce  font 
des  terres  graffes difficiles  à  labourer,  mais  de  bon  rap- 
port. Il  y  aroit  autrefois  à  Merville  une  abbaye  confi- 
dérable  de  Bénédictins ,  dédiée  à  faint  Amé  ;  elle  eft 
actuellement'  à  Douay  ,  où  on  l'a  transférée.  (  a  )  Lori- 
guerue,  Defc.  de  la  France,  part.  2.  p.  76.  (  £  )  Corn. 
Dict. 

MERULA,  fleuve  de  la  Ligurie,  félon  Pline,  /.  3. 
c.  j.  Il  eft  nommé  Meira  par  Juftinianus ,  &  par  Lcan- 
der  -,  Conta  par  Niger  ;  Ajj'enta  par  un  voyageur  que  cite 
Ortelius,  Stuaica  itiner.  Ce  dernier  conjecture  que  ce 
pourroit  être  le  Lemuris ,  dont  fait  mention  une  in- 
feription  fur  cuivre  confervée  à  Gènes. 

MERUL/E  CAMPUS  ou  Cassovius  Campus.  On 
a  donné  ce  nom  en  latin  à  un  canton  de  la  Servie , 
appelle  dans  la  langue  du  pays  CassoWofolye  ,  Ôc  en 
allemand  Amelsfeldt,  félon  l'itinéraire  de  Corneille 
Scepper ,  Launoi  le  nomme  Casobus.  C'eft  un  canton 
très-fertile  ôc  d'une  grande  étendue.  Sa  longueur  du 
feptentrion  au  midi  paroît  être  de  cent  cinquante  milles 
d'Italie  ,  ôc  fa  largeur  d'orient  en  occident  de  foixante 
&  dix  à  quatre -vingt  milles.  Ortcl'ù  Thef. 

MERULI  PONS.  Platine,  Vit.  Tonnf.  in  Adeodato 
I.  dit  que  le  pape  Adeodat  I,  répara  ôc  dédia  l'églife 
de  faint  Pierre  fur  le  chemin  de  Rome  à  Porto  auprès 
de  ce  pont 

MERULIS,  lieu  d'Italie  ,  à  huit  milles  de  Popnlcnia. 
C'eft  le  lieu  du  martyre  de  faint  Crebonius ,  félon  Qï- 

Tom.  IV.  Ffij 


2,a8        MES 

telius ,  Thtfaur.  qui  cite  Marianus  Schotus  Se  faint  Gré- 
goire le  Grand  ,  Dialog.  3. 

MERUSIUM ,  lieu  de  la  Sicile.  Etienne  le  géogra- 
phe qui  cite  Théopompe,  dit  que  ce  lieu  étoit  à  foi- 
xante  Se  dix  ftades  de  Syracufe. 

MERWE  ou  Meruwe.  On  nomme  ainfi  cette  partie 
de  la  Meufe  qui  coule  depuis  Gorcum  jusqu'à  la  mer, 
Se  qui  paiTe  devant  Dordrecht ,  g.  Rotterdam ,  d.  Schie- 
dam  ,  d.  &  la  Brille  ,  g. 

On  appelle  vieille  Meufe  le  bras  de  cette  rivière  qui 
coule  depuis  Dordrecht ,  entre  l'ifle  d'Yffelmonde ,  celle 
de  Beyerland  Se  celle  de  Putten,  Se  fe  joint  à  l'autre 
un  peu  au-deffous  de  Vlaerdingen.  *  Diclion.  géogr.  des 
Pays-Bas,  p.   161. 

MERXHAUSEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
Baffe -Heffe  ,  à  un  demi-mille  de  Numbourg  qui  appar- 
tient à  l'électeur  de  Mayence.  Il  y  a  un  couvent  Se  hô- 
pital qui  étoit  autrefois  fameux  ;  fes  maifons ,  Se  prin- 
cipalement les  édifices  publics  y  font  bien  bâtis  ;  parce 
qu'il  y  a  près  dé-là  une  très-belle  carrière  de  pierres. 
*  Zeyler,  Topogr.  Haiîia:. 

MER  Y- ES-BOIS  ,  Merïacum  in  bosco  ,  bourg  de 
France ,  dans  le  Berri ,  élection  de  Bourges ,  à  fix  lieues 
de  cette  ville  en  tirant  vers  le  nord ,  à  cinq  d'Aubigni 
vers  le  midi ,  8c  à  trois  lieues  d'Enrichemont  en  tirant 
vers  le  couchant.  La  cure  ,  à  portion  congrue ,  eft  à  la 
nomination  de  l'abbé  des  Bénédictins  de  faint  Sulpice 
de  Bourges.  Le  rerrein  des  environs  eft  fablonnenx  8c 
produit  du  feigle ,  de  l'avoine ,  du  farrazin  8e  peu  de 
froment.  Il  y  a  beaucoup  de  bois,  peu  de  prairies  8c 
point  de  vignes.  Le  chapitre  de  la  fainte  chapelle  de 
Bourges,  eft  feigneur  de  la  terre,  avec  moyenne  8c 
baffe  juftice.  Le  commerce  confiite  en  beftiaux ,  laines , 
cire  8c  chanvre.  Les  peuples  y  font  affez  doux  &  fort 
adroits  dans  toute  forte  de  travail  champêtre. 

MERY-SUR-SEINE,  ville  de  France,  dans  la  Cham- 
pagne, élection  de  Troyes  ,  à  cinq  lieues  au-deffbus  de 
cette  ville.  Elle  eft  le  fiége  d'un  bailliage  royal  ,  &  il 
y  a  un  prieuré  d'hommes  de  l'ordre  de  faint  Benoît, 
dépendant  de  l'abbaye  de  Monder  de  S.  Jean. 

MES,  fleuve  du  pays  de  Corafene,    félon  Serapion, 
qui  dit  que  perfonne  ,  avant  Alexandre,  n'avoir,  pénétré 
jusqu'à  ce  fleuve.  11  ajoute  que  c'étoit-là  que  fe  trou- 
voient  les  diamans.  *  Ortelïi  Thefaur. 
MESA.  Voyez.  Mesada. 

MESA  DE  ASTA ,  nom  que  l'on  donne  aux  rui- 
nes de  l'ancienne  ville  d'Afta  en  Espagne.  Voyez,  As- 
ta  2. 

MESAB1UM ,  montagne  de  la  Bœotie.  Paufanias , 
/.  9.  c.  22.  la  met  auprès  de  l'Europe.  Ortelius  dit  qu'elle 
eft  différente  de  la  montagne  Mefapium  dont  parle 
Etienne  le  géographe  ,  Se  qu'il  place  dans  l'Eubée  ; 
mais  il  y  a  plus  d'apparence  que  c'eft  la  même  monta- 
gne ,  Se  qu'il  faut  lire  Bœotie  au  lieu  d'Eubéedans  Etien- 
ne le  géographe.  Au  lieu  de  Mejabium ,  Sylburge  veut 
qu'on  écrive  Mejfapion. 

MESADA  ,  ville  de  l'Arabie  Pétrée.  Ptoloméc  ,  /.  j. 
c.  17.  la  met  dans  les  terres  entre  Boftra  Legïo  Se  Adra. 
Ortelius  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même 
ville  que  la  notice  des  dignités  de  l'empire,  fetl.  22. 
appelle  Me/a ,  Se  qu'elle  nomme  Mefa  dans  un  autre 
endroit. 

MES/E  ,  peuples  de  l'Inde,  aux  environs  du  fleuve 
Indus,  félon  Pline,  /.  6.  c.  20.  Ne  feroit-ce  point,  dit 
Ortelius,  Thef.  Mejfe ,  que  faint  Jérôme,  Genef.  10. 
dit  être  une  contrée  de  l'Inde. 
MESitNA.  Voyez,  Miasena. 
MES/EPOLIS.  Philoftrate  écrit  que  le  fophifte  Ari- 
ftocle  de  Pergame  finit  fes  jours  dans  cette  ville.  Voyez, 
Mesopolitj«. 

MESAGEBES ,  peuples  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte , 
félon  Pline  ,  /.  6.  c.  30. 

MESAGNA  ouMesagne,  bourg  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naples,  dans  la  terre  d'Otrante;  il  eft  fitué  dans 
les  terres ,  entre  Oria  8e  Brindes ,  environ  à  égale  di- 
ftance  de  ces  deux  villes.  11  fe  pourroit  faire  que  ce  fc- 
roit  l'ancien  bourg  de  MeJJana  ou  Mejfapia  ,  du  moins 
Meffana  étoit-il  dans  ce  quartier-là.  Magin  ,  Carte  de  la 
jerre  d'Otrante. 

j.  MESAMBRIA  ,  contçée  de  la  Perfide.  Arrien ,  in 


MES 


Indicis ,  r.  3  9.  lui  donne  la  forme  d'une  péninfule.  Elle 
étoit  au  voilînage  du  fleuve  Padargus. 

2.  MESAMBRIA,  ville  de  laThrace.  Hérodote  dit 
qu'elle  étoit  voifine  de  l'ifle  Thafus.  Voyez,  Mesembria. 
MESANA.  Voyez.  Messana. 
MESANACTA.  Voyez.  Dipotanum. 
MESANEI,  peuples  dont  fait  mention  Jofeph,  An- 
tiq.  I.  \.  c.  7.  11  dit  que  de  fon  tems  on  appelloit  leur 
ville  Pafmi  Caftrum  -,  il  y  a  apparence  qu'elle  étoit  dans 
la  Perfide  fur  le  golfe    Perfique.  Voyez.  Charax. 

MESANGE ,  bourg  de  France ,  dans  l'Anjou ,  élection 
de  la  Flèche. 

MESANGIA  ,  lieu  où  Théophile  ,  /.  3.  ad  Autolicum, 
dit  que  le  roi  Cyrus  fut  tué  par  Myriade. 
MESAN1TES.  Voyez.  Madisanites. 
MESAPHAR  ,  bourg  de  la  Paleftine ,  aux   environs 
de  Sydon ,  félon  Ortelius  Thefaur,  qui  cite  Guillaume 
de  Tyr. 

MESAPIUM.  Voyez,  Mesaeium. 
MESAPYG1A.  Voyez.  Japygia. 
MESARFELTENMS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  Il  y 
en  a  qui  mettent  ce  fiége  dans  la  Numidie.  Cependant 
il  paroît  qu'il  devoir  être  dans  laByfacène,  puisque  Me* 
farfdia  ou  Mefarfilta  eft  placée  dans  la   table  de  Peu- 
tinger  entre  Zyrns.  Mafcli  Se  GemciU  ,  deux  villes  de  la 
Byfacène.  La  conférence  de  Carthage  fait    mention  de 
Benenatus  episcopus  Mefarfeltenfis. 
MESARME.  Voyez  BersaBÉe. 
MESATE,  ifle  déferte  ,  félon  Pline,  A4,  c.  12. Il  pa- 
roît qu'elle  étoit  aux  environs  du  Cherfonnèfe  de  Thra- 
ce.  Voyez.  Hera  I. 

MESCHASIPI.  Voyez,  Mississipi. 
MESCHE.  Voyez.  Ineschi. 

MESCHED  ,  ville  de  la  Tarrarie,  capitale  du  Choraf- 
fan.  Elle  eft  au  35.  deg.  20.  min.  delatit.  fur  une  petite 
rivière ,  qui  va  fe  jetter  dans  celle  de  Kurgan ,  vers  les 
montagnes  qui  féparent  )a  province  d'Alirabarh  de  celle 
de  Choraffan.  Elle  étoit  autrefois  très  florifiante,  parce 
qu'il  y  avoir  plufieurs  manufactures  de  brocards  d'or  Se 
d'argent,  Se  d'autres  étoffes  de  foie,  de  poterie.  On  y 
faifoit  en  outre  un  commerce  confidérable  de  ces  belles 
peaux  d'agneau   d'un    gris  argenté ,  dont  la  toifon  eft  • 
toute  frifée  ,  Se  plus  fine  que  la  foie.  Celles  qui  viennent 
des  montagnes ,  qui  font  autour  de  cette  ville  ,  Se  celles 
qui  viennent  de  la  province  de  Kirman ,  fonr  les  plus 
eftimées.  Enfin  cette  ville  étoit  très-floriffante.  Les  mos- 
quées, bains  publics ,  caravanfarays ,  bazars  ,  Se  autres 
bâtimeus  publics  étoient  les  plus  beaux  de  la  Perfe.  La 
grande  Metfchid ,  qui ,  en  perfan  ,  fignifie  mosquée  ,  où 
on  voyoit  le  tombeau  d'Iman-Riza  ,  l'un  des  douze  faints 
de  Perfe  ,  de  la  famille  d'Ali ,  étoit  un  chef-d'œuvre  de 
l'architecture  des  Orientaux ,  Se  attiroit  des  dévots  de 
toutes  les  parties  de  la  Perfe  :  ils  enrichiffoient  le  temple 
de  leurs  offrandes  .  &  le    peuple  de  leurs    libéralités. 
Mais  les  Tartares  Usbeks  fe  font  emparés  de  cette  ville 
il  y  a  quelques  années ,  Se  l'ont  ruinée.  Lesenvirons  de  cet- 
te ville  font  très-agréables,  &    produifent  toutes  fortes 
de  bons  légumes  ,  Se  de  fruits.  Il  y  a ,  autour  de  cette 
ville,  des  montagnes  d'où  l'on  titre  des  turquoifes  ,  même 
des  rubis.  Hi/L  généalogique  des  Tatars,  p.  6 1  j .  6 1 6. 

MESCHEDE ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  de 
Weftphalie  ,  fituée  fur  la  Ruhr,  dans  le  quartier  appelle 
Saurland  ,  appartenante  à  l'électeur  de  Cologne.  Elle 
eft  fort  joliment  bâtie.*  Zeyler ,  Topogr.  Weftphal. 

MESCHELA  ou  Maschala,  ville  d'Afrique ,  félon 
Diodore  de  Sicile  ,  lib.  20.  cap.  58.  Elle  étoit  forr  grande 
&  fort  confidérable ,  elle  avoir  été  fondée  par  une  colonie 
de  Troyens. 

MESCHI A ,  contrée  au  voifinage  de  l'Ibérie  Afiatique , 
félon  Curopalate.  *  Ortelii  Thefaur. 

MESCHINI,  ancien  nom  des  habitans  de  la  Cappa- 
doce.  Jofephe ,  Antïq.  lib.  1 .  cap.  7.  dit  que  ce  nom  venoit 
de  celui  de  Meschus  de  qui  ces  peuples  descendoient. 
Voyez,  Cappadoce. 

MESE,  ifle  de  la  mer  Méditerranée ,  fur  la  côte  de 
la  Gaule.  Pline,  /.  3.  c.  5.  la  furnomme  Pomponiana. 
C'eft  l'ifle  de  Portecroz  ,  l'une  des  ifles  d'Hiéres.  Dans 
l'année  1200.  elle  s'appelloit  Mediana,  comme  nous 
l'apprend  Honoré  Bouche  dans  fon  hiftoire  de  Provence, 
/.  i.f.  7. 


MES 


MESECH.  Voyea  Moschi. 

MESEMBR1A,  ville  delà  Myfie.  Ptolomée,/.  x.c.  i®. 
!j  met  fur  le  Pont-Euxin.  Selon  Strabon  ,  /.  7.  p.  319. 
011  la  nouimoit  auparavant  Metubria.  Hérodote ,  /.  4. 
p.  93.  lit  Mejambna.  Aujourd'hui,  dit  Sophian,  on  l'ap- 
pelle Mefimbria.  Tzetzès ,  Cbiliad.  1 1.  au  lieu  de  Mefem- 
bria  lit  Ermcnum ,  quoiqu'il  faffe  profeflîon  de  traduire 
Ptolomée  en  vers  iambes.  Cette  ville  a  été  episcopale , 
car  dans  lefynodede  Trulle ,  iafynodo  Tvullana  on  trouve 
ciré  Mamalus  Mcftmbria.  Voyez.  Meridianum. 

MESEMMEou  Megemme.  Voyez.  Megey-ma. 

1.  MESENE  ou  Messlpe,  contrée  Se  ville  de  la 
Sicile  ,  félon  Etienne  le  géographe. 

2.  MESENE ,  ville  de  Thrace  :  c'eft  Orcclius ,  Thefaur. 
qui  en  fait  mention ,  Se  il  cite  Nicétas. 

MESE11É ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élection  de 
la  Mèche. 

MESERITS,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  Mora- 
vie ,  au  cercle  de  Prerau. 

MESERNA  ou  Merns.  Voyez.  Mernisa. 

MESEUS.  Voyez.  Mos^us. 

MESHID  MADERRE  SOLIMAN ,  village  de  Perfe, 
ainfi  nommé,  à  caufe  d'un  beau  fépulcre  qui  en  eft  à 
demi  lieue.  Ce  fépulcre  cft  dans  une  petite  chapelle 
bâtie  de  marbre  blanc  ,  fur  un  carré  de  groffes  pierres 
de  raille ,  de  forte  qu'on  y  monte  de  tous  côtés  par 
plufieurs  marches.  L'air  &  la  pluie  ont  mangé  &  creufé 
la  muraille  Se  le  bâtiment  en  divers  endroits  ;  mais  le 
tems  a  presque  achevé  d'abbatre  un  grand  nombre  de 
piliers  de  marbre  ,  dont  on  voit  encore  les  relies  tout 
alentour.  A  la  muraille  de  la  chapelle  on  lit  ces  mots 
en  caractères  arabes  Mader  Suleiman.  Les  habitans 
du  pays  prétendent  que  c'eil  la  mère  du  roi  Saloraon 
qui  y  eft  enterrée}  mais  il  y  a  bien  pins  d'apparence 
que  c'eft  le  tombeau  de  la  mère  de  Schach  Soliman, 
quatorzième  calife  ou  roi  de  la  poftérité  d'Ali.  Selon 
Elmacin,  dans  fon hiftoire  d'Arabie, /.  ï.c.  I4.ce prince 
vivoit  en  71 5.*  Mandejlo  ,  Voyage  des  Indes,  1.  1.  p.  86. 

MESIA.  Voyez.  Misia  Se  Suesia. 

MESIÉRES.  Voyez.  Meziéres. 

MESIUM.  Voyez.  M^sia. 

MESKET ,  fortereffe  de  l'Arabie  Heureufe  ,  fur  le 
bord  de  la  mer.  Les  bâtimens  des  Indes  &  de  la  Chine 
y  abordent  :  le  pays  abonde  en  dattes ,  coco  ,  poivre  Se 
tamarin.  Les  Portugais  s  etoient  emparé  de  cette  fortereffe; 
mais  vers  l'an  1070  de  l'hégire,  un  Fakjh  la  reprit  fur 
eux ,  fit  esclaves  tous  les  Portugais  Se  s'empara  de  tous 
leurs  bâtimens.  Depuis  ce  tems  le  prince  de  Mesket  eft 
presque  toujours  en  guerre  avec  les  Portugais.  Manufcrvs 
de  la  bibl.  du  Roi. 

MESLE-SUR-SARTE.MauvaifeorthographedeMéle- 
fur-Sarte.  Voyez,  ce  mot  à  fa  place. 

MESLE  ,  (  baie  de  )  grande  baie  de  la  côte  du  fud  de 
l'iQe  Espagnole  ,  au  nord  Se  vis-à-vis  de  l'ifle  Avache 
dans  le  gouvernement  de  S.  Louis.  11  n'y  peut  entrer  que 
des  navires  de  cent  cinquante  tonneaux. 

MESLERAUT  ou  Méleraut,  par  corruption  de 
Melle-Raoul,  Melleraldum,  pour  Mel  Kadulfi ,  ou 
plutôt  Merula  Kadulfi,  ainfi  fui  nommé  pour  le  diftinguer 
de  Méie-fur-Sane  :  c'eft  un  bourg  de  Normandie  ,  dans 
le  diocèfe  de  Lifieux  ,  parlement  de  Rouen  ,  élection 
d'AIençon  ,  bailliage  &  vicomte  d'Effay  j  il  cft  à  trois 
lieues  de  Seez.  La  cure  eft  à  la  préfentation  de  l'abbé 
de  S.  Evroul  qui  y  a  au  Ai  des  droits  de  dime  par  conceffion 
des  anciens  feigneurs  dont  la  parenté  masculine  fubfifte 
encore  aujourd'hui  dans  du  Merle-Blanc-Biiiflbn,  Se  quel- 
ques autres  qui  descendent  tous  de  Foulques  de  Merle 
maréchal  de  France,  fous  Philippe  le  Bel ,  portant  de 
gueules  à  trois  raies  d'argent.  Ces  feigneurs  fondèrent 
proche  de  leur  château,  qui  eft  entièrement  détruit ,  une 
collégiale  qui  étoit  compoféedt  fix  chapelains  ou  prében- 
-diers  ,  avec  un  tréforier  à  leur  tête  :  mais  ce  chapitre 
a  été  transféré  ailleurs:  il  ne  relte  plus  que  la  chapelle 
de  S.  Nicolas,  pour  laquelle  ils  avoient  été  inftitués, 
mais  qui  montre  bien  aulTi  quelle  étoit  la  noblefle  des 
fondateurs.  Cette  paroiffe  n'eft  du  diocèfe  de  Lifieux  que 
depuis  le  commencement  du  XIe  fiécle,  qu'elle  lui  fut 
aiïujettie  par  Roger,  feigneur  du  Merle,  comme  on  l'ap- 
prend d'Orderic  Vital  ;  auparavant  elle  étoit  de  celui  de 
Seez.  H  y  a  en  cette  paroiffe  des  carrières  de  gierres  de 


MES       22.9 

taille  très-eftimées  ;  l'églife  de  l'abbaye  de  S.  Evroul  en 
fut  bâtie,  félon  le  même  hiftorien,  quoiqu  éloignée  de 
trois  grandes  lieues,  Se  on  en  transporte  encoie  plus 
loin.  Comme  il  nous  apprend  qu'il  y  a  eu  plufieurs  Raoul 
feigneurs  de  ce  lieu  ,  il  y  a  apparence  que  c'eft  d'un  de 
ces  Raoul  que  le  lieu  a  pris  fon  nom  ;  car  on  ne  le  voit 
ainfi  appelle  que  depuis.  Ccrt  par  conféquent  mai  à- 
propos  que  dans  la  première  édition  de  ce  dictionnaire 
on  a  écrit  Mesle-Reaux,  comme  fi  c'étoit  Menti* 
Regales.  Il  y  a  dans  ce  bourg  un  gros  marché  les  lundis , 
Se  deux  foires  nombreufes  pour  les  beftiaux  les  jours  de 
Saint  Michel  Se  de  S.  Nicolas.  Et  il  eft  marqué  dans 
le  livre  de  Philippe-Augufte  que  Guillaume  de  Merle 
le  tenoit  du  roi ,  à  condition  que  ce  prince  pourroit  être 
le  maître  de  marier  à  qui  il  jugeroit  à  propos  fon  fils 
aîné  ,  ou  fa  fille  aînée.  11  y  eft  dit  encore  que  toute  la 
terre  relevoit  du  château  de  Ste  Scolace ,  $C  qu'il  y  dévoie 
le  fervice  de  dix  chevaliers  pendant  quarante  jours  en 
rems  de  guerre.  Cette  terre  n'eft  plus  aujourd'hui  fi  conû.- 
dérable. 

MESMA,  ville  d'Italie,  félon  Etienne  le  géogtaphe 
qui  cite  Apollodore.  Phavorinus  dit  qu'elle  avoit  été 
bâtie  par  les  Locres ,  Se  il  ajoute  qu'il  y  avoit  un  fleuve 
de  même  nom.  *  Orcelii  Thefaur. 

MESME,  petite  rivière  de  France,  qui  a  fa  fource  dans 
le  Perche.  Elle  vient  d'une  fontaine  qui  eft  dans  la  forêt 
de  Bellcfme.  Après  avoir  arrofé  la  Calabriette ,  Bonnay 
&  Villiers ,  ex:  avoir  reçu  dans  la  prairie  de  Courbe  les  eaux 
d'une  autre  petite  rivière  nommée  la  Nérine,  elle  paffe 
à  Saint  Germain  de  la  Coudre  ,  d'où  elle  va  tomber  dans 
l'Huine ,  entre  l'abbaye  de  la  Paliffe  &  la  Ferté- Bernard.* 
Coalon,  Rivières  de  France,  pag.  374. 

MESNIBUS,  bourg  de  France,  dans  la  Normandie, 
élection  de  Coutances.  11  a  titre  de  baronnie. 

MESOA.  Voyez.  Messoa. 

MESOBATENE  ,  contrée  de  la  Perfide,  au  nord  du 
pays  des  Coffaei ,  peuples  de  la  Sufiane ,  félon  Pline , 
/.  4.  c.  27.  Elle  eft  appellée  Mafiabitica  par  Strabon , 
/.  1 6. p.  744.  Se  les  habitans  font  nommés  Mcjfabau  par 
Ptolomée  , /.  6.  c. 4.  Denys  le  Péiiegete,  vers  ioij.  dit 
qu'ils  habitent  au  nord  de  Babylone. 

MESOBOA,  bourgade  de  l'Arcadie.  Paufanias, /.  8. 
c.  i).  nous  apprend  que  le  fleuve  Ladon  y  paffoir. 

MESOGE1UM  ,  nom  d'un  écueil  au  voifinage  de  l'ifle 
de  Lefbos ,  félon  Plutarque,  wfapient.  convïvio. 

MESOGIS.  Voyez.  Messogis. 

1.  MESOLA,  ville  de  l'Arcadie,  félon  Ortclius  ," 
Thefaur.  Il  cite  Strabon  qui  cependant  la  met  dans  la 
Meffenie,  /.  8.  p.  360.  Se  ajoute  que  quelques-uns  la 
prenoient  pour  i'Hira  au  XHiera  d'Homère  ,  Iliad.  I.  z. 
Etienne  le  géogtaphe  met  aufli  Mesola  dans  la  Meffenie. 

2.  MESOLA,  château  ou  maifon  de  plaifance  des 
ducs  de  Ferrare  en  Italie  ,  au  duché  de  Ferrare  ,  fur  le 
bord  de  la  mer  Adriatique ,  entre  Porto  di  Goro  & 
Porro  delPAbbate.  Ce  château  fut  conftruit  par  Alfonfc 
IL  duc  de  Ferrare,  fur  le  bras  du  Pô,  dit  le  brasdell'Abbate, 
que  le  même  prince  fit  boucher.  *  Magin ,  Carte  du 
duché  de  Ferrare. 

MESOLIA.  Voyez.  MyCSOLiA. 
MESONESOS,ifle  de  la  Propontide.il  en  eft  fait  men- 
tion dans  les  conftitutions  de  l'empereur  Emanuel  Com- 
néne.  *  Ortelïi  Thefaur. 

MESOPOL1T/E  ,  peuples  qu'Appien ,  in  Mithrid.  p„ 
ioi.  place  aux  environs  de  l'Ionie. 

1.  MÉSOPOTAMIE,  en  grec  ut<ro^cTa.iJ.l<t.  Ce  nom 
lignifie  une  contrée  renfermée  entre  deux  fleuves. 

2.  MÉSOPOTAMIE,  contrée  de  l'Afie  renfermée 
entre  le  Tigre  Se  l'Euphrate.  La  Méfoporamie ,  dit  Stta- 
bon ,  /.  16.  p.  746.  a  été  ainfi  nommée  à  caufe  de  fa 
fituation ,  parce  qu'elle  fe  trouvoit  entre  l'Euphrate  & 
le  Tigre.  Il  nous  en  donne  les  limites:  Le  Tigre,  pour- 
fuit-il,  la  borne  à  l'orient ,  l'Euphrate  à  l'occident  ;  au 
nord,  le  mont  Taurus  la  fépare  de  l'Arménie  ;  Se  l'Eu- 
phrate ,  lorsqu'il  a  pris  fon  cours  vers  l'orient ,  la  baigne 
au  midi.  Ptolomée  lui  donne  les  mêmes  bornes. 

Les  Hébreux,  Genef.  i%.$.&  pajjim,  appellerent  cette 
conttée  Aram  ou  Aranutam  \  Se  la  plupart  du  tems  , 
pout  la  diftinguer ,  ils  la  nommoient  Aram  Nahuraïm 
ou  Aram  des  deux  fleuves,  parce  qu'Aram  pere  des  Syriens 
la  peupla ,  Se  qu'elle  étoit ,  comme  on  l'a  vu ,  entra 


MES 


a.30 

deux  grands  fleuves.  Ce  pays  eft  fort  fameux  dans  l'écri- 
ture fainre  ,  pour  avoir  été  la  première  demeure  des  hom- 
mes avant  Se  après  le  déluge ,  Se  pour  avoir  donné  naiflan- 
ce  à  Phaleg ,  à  Heber ,  à  Thara ,  à  Abraham  ,  à  Nachor  , 
à  Sara  ,  à  Rebecca,  à  Rachel  ,  à  Liah  ,  Se  aux  deux  fils 
de  Jacob.  Souvent  on  lui  donne  le  nom  de  Méfopotamie 
Syrie,  parce  qu'elle  étoit  occupée  par  les  Araméens  ou 
Syriens  ;  quelquefois  celui  de  Padan-Aram  (  a  ) ,  les  plai- 
nes d'Aram  ,  ou  Sedé  Aram  (  b  ) ,  les  campagnes  d'Aram, 
pour  les  diftinguer  des  montagnes  ftériles  Se  incultes  du 
même  pays,  (a)  Genef.  28,7,31,18,33,18,35,0. 
{b)Ofée,\i,\i,. 

Denys  le  Périegéte ,  en  parlant  de  la  Méfopotamie ,  avoir 
dit ,  vers  993. 

ThV  A  -mp/Aorsç  ylacw  tutuiaw  Ivminv  , 

Ce  que  fon  interprète  a  traduit  de  la  forte ,  édit,  Aldina, 
Tag-  "9- 

Indigent,  populipro  re  dix  ère  Medamnem. 

11  devoit  plutôt  fe  fervir  d' Interamnis  ,  car  Medamnis 
çft  une  expreffion  barbare. 

Ptolomée  ,  /.  ;.  c.  18.  a  divifé  la  Méfopotamie  en 
plufieurs  provinces,  dont  la  première  eft  Anthemusia. 
Elle  touchoit  l'Arménie  ,  Se  étoit  par  conféquent  au 
nord.  Au  midi  d'ANTHEMusiA  il  place  la  Chalcite 
fituée  entre  Edeffe  &  Carra  :  plus  bas ,  la  Gausanite  , 
entre  Chabora  &  Saocora  :  I'Acabene,  lé  long  du  Tigre: 
ati-deflbus  la  Tingene  ,  &  PAncobarite  qui  tenoit  un 
long  efpace  fur  l'Euphrate,  mais  il  n'y  a  que  la  première 
de  ces  provinces  qui  foit  connue  des  hiftoriens;  ils  leur 
donnent  d'autres  noms  ,  comme  I'Osroene  ,  la  Mygdo- 

NIE  ,  hlSoPHUNENE  ,  la  MÉSOPOTAMIE  PROPRE,  &  l'A- 
RABIE   SCENITE. 

Les  différentes  puiffances  qui  pofféderent  des  portions 
de  la  Méfopatamie,  cccafionnerentde  nouvelles  divifions 
dans  ce  pays.  Aprèsles  expéditions  deLucullus  &:  de  Pom- 
pée ,  la  partie  qui  joint  l'Euphrate  fut  presque  toute 
occupée  par  les  Romains ,  tandis  que  les  Parthes  poffé- 
doient  presque  tout  ce  qui  étoit  du  côté  du  Tigre.  Il 
arriva  même  que  les  Romains  ne  pofféderent  pas  tou- 
jours la  même  portion.  Plufieurs  empereurs  fe  contentè- 
rent que  l'Euphrate  fît  la  borne  de  l'empire  Romain  ; 
Se  fi  on  en  excepte  un  petit  nombre,  ils  négligèrent  de 
pouffer  leur  domination  jusqu'au  Tigre  ,  &  même  de 
défendre  les  terres  que  leurs  prédéceffeursavoient  con- 
quifes  au-delà  de  l'Euphrate.*  Cellarius ,  Geogr.  ant.  lib. 
3.C  15. 

Voici  les  villes  que  Ptolomée  place  dans  la  Méfopotamie  : 


Dans  les 
Terres. 


MES 

Mambuta , 

Ni/,  bis, 

Bithiga , 

Baz.ala  , 
I  Auladis , 
)  Ballatha , 

Sinna  , 
\Gorbata, 
\Dabaufa 
1  Bariana  , 

Acraba  , 

Aphadana , 


Carrh* , 
Thiritba , 
Thergubis  , 
Orthaga  , 
Elyat 
Zama, 
Rhœfena  , 
Peliala , 
Alvanis , 
Bimacra  , 
Daremma  , 


Le  long  de 
l'Euphrate. 


Le  long  du 
Tigre. 


Dans  les 
Terres. 


Porfîca , 
Aniana  , 
Barfamfe  , 
Sarnuca  , 
Bcrfima  , 
Manbe  , 
Nicephorium , 
I  Maguda  , 
Chabora  , 
Thelda  , 
Apbpkadana  , 
,  Banabe , 

*Dorbeta , 

Sapphe  , 
)Deba , 
iSingara  » 
1  Betum , 

.  Labbana , 

Bithias, 
Edefja  . 
Ombre  a , 
Ammaea , 
Sirma  , 
Rhifina , 


Zitka , 
Bethauta , 
Rhefcipha , 
Agamana , 
Eu  drapa , 
Addaca , 
Pacoria , 
Teridata , 
Naarda , 
Sippbara , 
Seleucia. 


Birtha  , 
Catbara , 
Manchane , 
Scaphe, 
Apamia. 

Olibera  , 
Sarrana  , 
Sacane  , 
Arxama  , 
Giz,ama , 
Sinna  , 


Aujourd'hui  les  Arabes  nomment  Al  Gézirah  le  pays 
renfermé  entre  le  Tigre  Se  l'Euphrate  ,  &  le  divifent  en 
quatre  parties  ,  auxquelles  ils  donnent  le  nom  de  Diar 
ou  quartiers.  Ces  quatre  quartiers  font  celui  de  Diar- 
Bekr.  ,  appelle  vulgairement  Diarbek ,  qui  donne  fouvent 
fon  nom  a  toute  la  Méfopotamie  ;  le  fécond  eft  Diar- 
Rabiat  -,  le  troifiéme  Diar-Racat  ,  Se  le  quatrième 
Diar-Moussal. 

Les  villes  capitales  de  ces  quatre  cantons  font  dans 
le  premier  quartier  Amida  ,  que  les  Turcs  appellent 
Cara?mit  Se  Diarbek  ;  dans  le  fécond  ,  Nisibe  ;  dans  le 
troifiéme  qui  porte  aufli  le  nom  de  Diar-Modhat ,  Ra- 
cah  ,  que  nos  hiftoriens  appellent  Aratla  ;  dans  le  qua- 
trième la  ville  célèbre  de  Moossal  ou  Mosul. 

Il  y  a  plufieurs  autres  villes  confidérables  dans  ce  grand 
pays,  telles  que  font  Rohaou  Edeffe,  Harran  ou  Carrhœ, 
Manbege ,  Rafalain ,  Mai din  Se  Texrit ,  Géfirat  Ben  Omar , 
&  autres.  Anbar  y  eft  aufiî  comprife  ;  mais  aufli-tôt  que 
l'Euphrate  a  quitté  cette  ville,  &  qu'il  a  reçu  les  eaux  des 
deux  Zab ,  que  les  Arabes  appellent  Zabani  &  Zabein ,  qui 
arrofent  cette  province,  cen'eftplus  la  Méfopotamie,  mais 
l'Iraque  Babylonienne  ou  Chaldée.  Le  géographe  Perfien  re- 
marque que  ces  deux  Zab  étant  joints  enfemble  ,  font  un  ca- 
nal auffi  gros  que  celui  du  Tigre ,  &  c'efi  proprement  le  lit 
de  ces  deux  rivières  qui  fait  la  jonction  de  l'Euphrate  Se  du 
Tigre  ;  ce  que  nos  cartes  géographiques  ne  marquent  pas 
affez.  *  D'Hcrbelot ,  Biblioth.  orient,  au  mot  Gezirah. 

3.  MESOPOTAMIE  ou  Mésopotamie  de  Syrie. 
On  avoit  toujours  regardé  ces  deux  mots  comme  ne 
défignant  qu'un  même  pays  ;  celui  qui  fe  trouvoit  entre 
l'Euphrate  Se  le  Tigre.  Voyez.  Mésopotamie  2.  Le  père 
Hardouin  a  prétendu  que  la  Mésopotamie  proprement 
dite  ,  étoit  entre  ces  deux  fleuves ,  Se  que  la  Mésopota- 
mie de  Syrie  étoit  le  pays  fitué  entre  l'Euphrate  ,  le 
Jourdain  Se  l'Oronte.  *  Traités  géogr.  &  bifl.  t.  2.  p.  3  1. 

On  lit  dans  la  Genefe,  c.  2.  v.  10.  Et  le  fleuve  fortoit 
du  lieu  de  délices  pour  arrofer  le  Paradis,  qui  de-la  fe 
divife  en  quatre  canaux.  Ce  fleuve,  dit  le  père  Hardouin  , 
eft  le  Jourdain  ,  puisque  c'eft  véritablement  lefeul  fleuve 
de  la  Terre  Sainte  ,  car  les  autres  ne  font  que  des  torrens 
ou  des  ruîffeatrx.  Il  fe  trouve  encore  ainfi  nommé  dans 
le  livre  des  Nombres  ,chap.  n.v.  19.  du  temsde  Moyfe  : 
Les  Israélites  envoyèrent  des  ambajfadeurs  a  Sehort , 
roi  des  Amorrheens ,  qui  demeuroit  à  Heflabon  ,  &  ils 
lui  dirent  :  Souffrez,  que  nous  paffions  par  votre  pays  pour 
aller  jusqu'au  fleuve.  Et  dans  le  livre  de  Jofué ,  il  eft 
écrit  :  Vos  pères  ont  habité  autrefois  au-delà  du  fleuve  , 
J avoir  ,  Tharé  père  d'Abraham  &  de  Nachor ,  &  ils 
ontfervi  des  dieux  étrangers  ;  c'eft  pourquoi  j'ai  tiré  votre 
père  Abraham  des  confins  de  la  Méfopotamie  ,  &je  l'ai 
conduit  dans  la  terre  de  Chanaan.  C'eft  dans  cette  terre, 
pourfuit  le  père  Hardouin  ,qu'eft  le  fleuve  du  Jourdain, 
au-delà  duquel,  au  moins  par  rapport  à  Sichem,  fe 
trouve  la  Méfopotamie  ,  d'où  le  Seigneur  tira  Abraham  ; 
Se  dans  l'ancien  teftament ,  Genef.  28.6.  33.  18.  35.  o. 
20.  Judith.  3.  r.  &  Pfalm.  59.  2.  il  n'eft  point  fait  men- 
tion d'aucune  autre  Méfopotamie  que  celle  de  Syrie. 
C'eft  dans  celle-là  qu'onr  habité  Tharé ,  Abraham  & 
Nachor ,    père  des  Ifraëlires. 

Cette  Mésopotamie  étoit  bornée  au  couchant  par 
le  Jourdain  &  l'Oronte  \  par  l'Euphrate  Se  par  la  ville 
deBabylone  à  l'orient  \  du  côté  du  feptenti  ion  par  le  fleuve 
Marfyas  ,  qui  fe  décharge  dans  l'Euphrate.  Voici  comment 
Pline  ,  /•  j.feiï.  1 9.  s'explique  au  fujet  des  fleuves  Marfyas 
Se  Oronte  :  Syria  Cale  habet  Apamiam  ,  Marfya  amne 
divifam  à  Naz.erinorum  Tetrarchia  ;  dans  la  Cœlo  Syrie 
eft   la  ville  d'Apamie,   fépatée  de   la  Tétrarchàe  des 


MES 


MES 


Nazériniens  par  le  fleuve  Marfyas  ;  &  un  peu  plus 
haut  ,fecl.  1 8.  Antiochia  libéra ,  Epidaphnescognominata , 
Oronte  amne  dividitur  ;c'eft-à-dire  ,  Antipche  ville  libre  , 
furnommée  Epidaphné  ,  par  le  milieu  de  laquelle  patte 
le  fleuve  Oronte.  Il  die  enfuite  que  ce  fleuve  fe  rend 
à  la  mer  Méditerranée ,  Se  qu'il  prend  fa  fource,  Inter 
Libanum  &  Ami-  Liban wm  juxta  Hcliopolim  ,  entre 
le  Liban  8e  l'Anti-Liban  aux  environs  d'Héliopolis  ;  Se 
félon  le  même  auteur,  le  fleuve  Marfyas  fe  décharge  dans 
l'Euphrare. 

Le  père  Hardouin  continue  ainfi  :  On  voit  donc  par-là 
que  cette  contrée  qui  étoit  entre  le  fleuve  Marfyas, 
l'Oronte,  le  Jourdain  8e  l'Euphrate  étoit  nommée  Mé- 
sopotamie, Se  Mésopotamie  de  Syrie  ;  qu'elle  étoit 
distinguée  de  la  Méfopocamie  que  l'on  trouve  entre  le 
Tigre  8c  l'Euphrate  ■■,  Se  que  Haran  ,  où  demeuroit  La- 
bân  beau-pere  de  Jacob,  n'étoit  pas  les  C arrhes  qui 
font  feulement  dans  le  voifinage ,  ainfi  que  le  marque 
Pline  dans  la  defeription  de  cette  contrée ,  mais  plutôt 
Apamée  dont  il  vient  d'être  parlé,  ou  quclqu'autre  ville 
peu  éloignée.  C'eft  de  cette  ville  de  Haran ,  (  foit  qu'elle 
tut  la  même  qu'Apamée  ou  une  autre  du  voifinage, 
toujours  dans  la  Méfopotamie  de  Syrie,)  que  partit  Ja- 
cob, lorsqu'il  eft  dit  de  lui  que:  Am.ie  transmijfo,  ayant 
pafTé  le  fleuve  qui  fe  rend  dans  le  lac  de  Génefareth  , 
il  s'avança  jusqu'à  la  montagne  de  Galaad,  qui  eft  à  l'o- 
rient de  ce  lac':  car  tout  ce  pays  qui  fe  trouve  le  long 
du  Jourdain  ,  efi  appelle  dans  la  Genefe  Terre  Orien- 
tale ,  Orient  &  Montagne  de  l'Orient. 

Le  père  Hardouin  en  finiffanc ,  ajoute  :  Je  ne  puis 
m" empêcher  d'admirer  ici  l'exactitude  de  l'auteur  de  la 
vulgate  ,  de  s'être  fervi  du  mot  de  rivière  dans  cet  en- 
droit de  la  Genefe  ,  pour  ne  pas  faire  croire  qu'il  par- 
tait de  l'Euphrate,  qu'il  défigne  affez  fouvent  fous  le 
nom  de  fleuve  :  car  cet  auteur  n'a  point  coutume  de 
donner  le  nom  de  rivière  aux  fleuves  un  peu  confi- 
dérables,  tels  que  le  Jourdain,  l'Euphrate,  le  Nil  8e 
le  Tigre  •■,  mais  à  ces  trois  ;  lavoir ,  à  celui  dont  il  eft 
parlé  dans  la  Genefe  ,  8c  qui  n'y  eft  point  nommé  -,  à 
ce  canal  du  Nil  que  Pharaon  vit  en  fonge ,  8c  qui  n'eft 
pas  proprement  une  rivière,  mais  qui  en  a  la  rettem- 
blance;  &  enfin  à  un  troifiéme ,  dont  il  eft  parlé  fore 
obscurément  dans  les  Paralipoménes ,  /.  i.c.  48. 

4.  MESOPOTAMIE.  Etienne  le  géographe  ,  inverbo 
A'prâii  eft  le  fcul  des  anciens  qui  donne  ce  nom  à  un 
canton  de  l'Italie ,  8c  qu'il  appelle  Mesopotamia  in 
Oenotris.  Ce  nom  patoît  fufpecl  à  Bochart ,  Pbaleg. 
/.  2.  c.  6.  par  la  feule  raifon  qu'aucun  autre  écrivain 
n'en  a  fait  mention. 

MESOROME.  Voyez,  Metorome. 

MESPE ,  lieu  de  l'Afrique  propre ,  félon  Antonin , 
itiner.  qui  le  met  fur  la  route  de  Tacapa  à  ad  Aquas , 
entre  Tenadajfa  &  Leptis  magna ,  à  trente  milles  de 
la  première ,  8c  à  quarante  milles  de  la  féconde.  Au 
lieu  de  Mespe  ,  le  manuferit  de  la  bibliothèque  du  roi , 
lit  Mesphe. 

MESPHATH.  Voyez.  Misphatii  8c  Cades. 

1.  MESPHE  ,  ville  de  la  Palcftine  ,  dans  la  tribu  de 
Benjamin.  Ceft  la  même  ville  que  Mafphath  ,  Mafapha 
ou  Majfepha.  Voyez,  Masphat  ou  Massepha. 

2.  MESPHE  ,  lieu  de  l'Afrique  propre.  Voyez,  Mespe. 
MESPILA ,  nom  d'une  ville  dont  fait  mention   Xé- 

nophon  ,  Cyri  exped.  I.  y.pag.  308.  elle  étoit  aux  fron- 
tières de  la  Médie.  Etienne  le  géographe  écrit  Aîif- 
pila. 

MESRA.  Voyez,  Beth-Emek. 

MESR.AIM  ou  Misraim  ,  fils  de  Cham  ,  Gcnef.  10. 
6.  Se  père  de  Ludim,  d'Ananim  ,  de  Laabim,  de  Ne- 
phhïïm,  de  Phetrafim  8c  de  Cafluïm.  Mc/erou  Mifor 
fut  père  des  Mizraïm  ou  Egyptiens  (a)  ,  &  lui-même 
eft  ordinairement  appelle  Mezraïm ,  quoiqu'il  y  ait 
toute  forte  d'apparence  que  MizraVm  étant  pluriel  fi- 
gnifie  plutôt  les  Egyptiens  que  le  père  de  ce  peuple.  Ce 
nom  de  Mizraïm  fe  met  aufii  pour  le  pays  ;  ainfi  il  a 
trois  fignifications  qui  fe  confondent  perpétuellement , 
puisqu'il  fe  mer  pour  l'Egypte,  pour  celui  qui  a  peu- 
plé l'Egypte  ,  &  pour  les  peuples  qui  ont  habité  ce  pays. 
Le  nom  de  Mizraïm  eft  au  duel ,  8c  peut  marquer  les 
deux  Egyptes,  la  haute  Se  la  baffe,  ou  les  deux  par- 
ues de  ce  pays  qui  eft  partagé  par  le  Nil.  La  ville  du 


2.5  I 

Caire,  capitale  de  l'Egypte,  Se  l'Egypte  même,  eft  nommée 
encore  aujourd'hui  Mener  par  les  Arabes  ;  mais  les 
naturels  du  pays  appellent  lEgypre  Chemi ,  comme  qui 
diroit  Terre  de  Cham  ,  ainfi  qu'elle  eft  auffi  quelquefois 
nommée  par  les  Hébreux  (b).  Le  prophète  Michée 
donne  à  l'Egypte  le  nom  de  Mezer ,  &  lerabin  Kem- 
chi  ,  fuivi  de  quelques  favans  interprètes  ,  explique  de 
1  Egypte  ,  ce  qui  eit  die  des  ruiffeaux  de  Mez.er  dans  le 
quatrième  livre  des  Rois,  If  ai  19.  6.  (  a)  D.  Calme t , 
Dicl.  (  b  )  Ffalm.  77.  1.  104.  23.  105.  22. 
MESRATA.  Voyez,  Mserata. 

1.  MESSA.  Moyfe  (a)  dit  que  les  enfans  de  Jeérari 
ont  habité  le  pays  qui  eft  depuis  Meffa  ,  en  s'avançant 
vers  Séphar ,  montagne  orientale.  Mes ,  quatrième  fils 
d'Arani,  &c  nommé  (  b  )  Mefech  8c  Mofoch  dans  les 
Septante  (  c  )  ,  pofféda ,  à  ce  que  Bochart  croit ,  le  mont 
Mafius  dans  la  Méfopotamie  ,  Se  lui  donna  fon  nom. 
Ceft  ce  mont  Mafius  que  l'on  entend  ici  par  celui  de 
Messa  ;  Se  les  fils  de  Jectan  occupèrent  tout  le  pays 
qui  eft  enere  cette  montagne  8e  celles  des  Sapires  ou 
des  Sapharvaïm.  Etienne  le  géographe  nomme  les  ha- 
bitans  de  ce  canton.  Mafîeni  ou  Mafiani.  (  a  )  Genef. 
10.  27.  28.  25.  (b)  I.  Parai.  1.  17.  (c)  D.  Calme t , 
Dict. 

2.  MESSA  ou  Messach.  Le  grand  prêtre  Joïada 
voulant  mettre  le  jeune  roi  Joas  furie  thrône  de  Juda, 
plaça  du  monde  en  armes  dans  différens  endroits  du  tem- 
ple ,  &  en  particulier  à  la  maifon  de  Messa  :  Cufto~ 
dietis  cxcubias  dormis  Meffa.  Nous  croyons,  dit  D. 
Calmée,  Ditt.  que  c'eft  le  même  lieu  que  Musach.  * 
IV.  Reg.   11.  6. 

3.  MESSA,  ville  d'Afrique, au  royaume  de  Maroc, 
dans  la  province  de  Sus.  Elle  eft  fore  ancienne ,  &  a 
été  bâtie  par  les  Africains  au  pied  du  mont  Atlas  fur  le 
bord  de  l'Océan.  On  l'appelloit  autrefois  Témefle ,  8c 
elle  étoit  alors  fort  confidérable  -,  mais  les  Arabes  Ma- 
homérans  la  détruifirent  à  la  conquête  de  Sus,  Elle  eft 
compofée  de  trois  villes  qui  font  un  triangle  à  un  quart 
de  lieue  l'une  de  l'autre.  Chacune  eft  fermée  de  bon- 
nes murailles.  Le  fleuve  de  Sus  paffe  entre  deux,  8c 
fe  va  rendre  dans  la  mer  près  des  habitations  de  Guer 
Tefen.  Les  habitans  labourent  leurs  terres  à  la  fin  de 
Septembre  ,  Se  moiffonnent  à  la  fin  d'Avril  8c  au  mois 
de  Mai ,  mais  fi  la  rivière  ne  fe  déborde  point  pendant 
ces  deux  mois ,  on  ne  fait  point  de  moiffon.  Cette 
ville  eft  environnée  de  grands  bois  de  palmiers,  8c 
d'ordinaire  quand  le  bled  manque ,  il  y  a  beaucoup  de 
dattes ,  mais  moins  bonnes  que  celles  de  Numidie. 
Elles  fe  corrompent  fi  on  les  garde  toute  l'année. 
Comme  ce  font  presque  par  tout  des  fablons  où  il  y  a 
fort  peu  d'herbes ,  on  n'y  nourrit  pas  beaucoup  de 
troupeaux.  Le  peuple  eft  belliqueux ,  &  n'a  pas  grand 
commerce  avec  les  étrangers,  parce  qu'il  n'y  a  point  de 
port  fur  la  côte ,  qui  eft  une  plage  découverte.  On  y 
trouve  plufieurs  baleines  mortes  qui  y  viennent  échouer 
pendant  la  eempête  dans  des  baffes  ou  des  écueils  fort 
pointus ,  qui  font  environ  à  une  lieue  de  la  terre.  Il  y 
a  fur  cette  côte  un  temple,  dont  la  charpente  eft  d'os 
de  baleine  ,  ce  qui  a  faie  croire  au  peuple ,  que  celle 
qui  avoir  englouti  Jonas  le  rendit  fur  ce  rivage.  Il  pré- 
tend que  ce  cemple  faie  crever  rouées  celles  qui  paffenc 
par-là ,  Se  qu'il  en  forcit  autrefois  un  homme  qui  pro- 
phétifa  de  Mahomet  ;  c'eft  ce  qui  eft  caufe  qu'on  y 
viene  de  eouc  côté  en  pèlerinage.  On  trouve  auffi  beau- 
coup d'ambre  fur  la  même  côte.  Ceux  du  pays  le  don- 
nent à  bon  marché  aux  Européens  qui  y  trafiquent. 
Quelques  Africains  difent  que  ce  n'eft  pas  la  baleine 
qui  jeeee  l'ambre,  mais  un  autre  poiffon  nommé  am- 
bracan ,  qui  a  plus  de  douze  aunes  de  long,  &  la  tête 
dure  comme  un  caillou.  Les  autres  ptétendent  que 
l'ambre  n'eft  autre  chofe  que  la  femence  du  mâle  de 
la  baleine.  Il  pâroît  plus  vraifemblable  à  plufieurs  que 
c'en  eft  l'excrément.*  Marmol,  Defeription  du  royau- 
me de  Maroc,  1.  3.  c.  22. 

4.  MESSA  ou  Messe  ,  ville  du  Péloponnèfe  dans  la 
Laconie  :  elle  n'étoit  guéres  connue  des  anciens  ,  qu'à 
c?ufe  qu'elle  étoit  voifine  des  ruines  de  la  ville  d'Hip- 
pollœ ,  8c  d'une  côte  escarpée ,  qu'on  appelloit  Tbyri- 
des,  qui  veuc  dire  fenêeres.  Elle  éeoic  fieuée  à  l'endroit 
même  où  le  château   de  Maina  eft  aujourd'hui.  Sera- 


MES 


2.32, 

bon  ,  qui  s'attache  à  nommer  les  villes  dont  Homère , 
Catalog.  v.  89.  a  fait  mention  dans  filiade,  remarque 
que  beaucoup  de  gens  ont  prétendu  que  ce  poëte ,  par- 
lant de  AJeJ/lt ,  a  entendu  Meflene  ,  ayant  dit  par  abré- 
viation Mcffa  pour  Mejfena  ;  mais  un  peu  auparavant , 
Strabon  avoit  distingué  ces  deux  villes,  en  difant  que  du 
tems  de  Menelas ,  Meflene  n'étoit  pas  bâtie.  Paufanias, 
/.  3.  c.  z$.  donne  un  port  à  la  ville  de  Me/fa.  *  Lu 
Quilletiere,  Athènes  ancienne  ôc  moderne,!.   1. 

MESSABA,  ville  des  Cares,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  cite  Hécatée. 

MESSABARA,  lieu  de  la  Paleftine.  Guillaume  de 
Tyr ,  /.  11.  cil.  en  parle. 

MESSABATVE  ou  Mesabat^,  peuples  de  la  Perfi- 
de. Ptolomée ,  /.  G.  c.  4.  les  place  avec  les  Rapfii  au 
nord  de  Midia.  Denys  le  Périegete,  v.  1015.  parle  de 
ces  peuples,  8c  Strabon,  /.  \6  p.  774.  appelle  leur 
pays  Massabatica.  Voyez.  Mesobatene. 

MESSAC  ,  bourg  de  France  ,  en  Bretagne  ,  fur  la  rive 
gauche  de  la  Vilaine,  entre  Rennes  au  nord ,  &  Rhédon 
au  midi.  Corneille  a  tort  d'en  faire  un  port  de  mer. 

MESSADENSIS,  nom  d'un  lieu,  dont  il  eft  parlé  dans 
le  code  Théodofien ,  lib.  2.  tit.  d*  Appellat. 

MESSAL  ou  Messie,  en  grec  Masal  ,  m«V«x  ville 
de  la  Palefiine ,  dans  la  tribu  d'Afer.  Eufebe  Onomafi. 
tid  Maffciv  dit  qu'elle  eft  voifine  du  mont  Carmel  ôc  fur 
Ja  mer.  *  Jofué,   19.  16. 

MESSALUM,  ville  de  l'Arabie  Heureufe ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  12.  c.   16. 

1.  MESSANA,  ville  de  Sicile,  ôc  la  première  que 
l'on  rencontre  en  traverfant  de  l'Italie  dans  cette  ifle. 
Elle  eft  fituée  fur  le  détroit,  comme  ledit  Silius  Itali- 
ens 5  lib.  14.  v.  195. 

Incumbens  McJJana  freto. 

Selon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  4.  c.  ult.  elle  fe  nom- 
moit  anciennement  Zanclej  ôc  ce  nom  lui  avoit  été 
donné  par  le  roi  Zanclus.  D'autres  (  a  )  veulent  pour- 
tant que  ce  nom  eût  une  autre  origine.  Ils  le  dérivent 
du  grec  Zav^hcv  qui  fignifie  une  faux  5  ôc  ils  prétendent 
qu'il  avoit  été  donné  à  cette  ville  à  caufe  de  fa  fitna- 
tion  dans  un  enfoncement.  Le  nom  de  Messana  lui 
vient,  félon  Strabon  ,  /.  G.  p.  268.  des  Meficniens  du 
Péloponnèfe  qui  en  furent  les  fondateurs. 

Dans  les  écrivains  grecs,  le  même  nom  (b)  eft  em- 
ployé indifféremment  pour  figniher  cette  colonie  des 
Meffeniens  en  Sicile  ,  ôc  leur  ville  capitale  dans  la  Mes- 
fenie  au  Péloponnèfe  -,  car  Strabon  ,  Ptolomée  ,  Scylax , 
Thucydide  &  Diodore  de  Sicile ,  appellent  ces  deux  villes 
jMe«-<ni: »,  mais  dans  les  médailles  des  Siciliens  on  lit  ME2- 
2ANION  orthographe  qui  a  été  fuivie  par  les  écrivains 
latins;  ils  ont  appeilé  Mejjana  celle  de  Sicile,  Ôc  Mes- 
fene,  celle  du  Péloponnèfe. 

Lorsque  les  Meffaniens ,  appelles  par  les  Latins  Mejfa- 
nienfes ,  eurent  admis  parmi  eux  les  Mamertins ,  ils 
prirent  le  nom  de  ces  derniers  (c),  en  reconnoiflance 
du  fecours  qu'ils  en  avoient  reçu  ;  ce  qui  eft  confirmé 
par  Pline,  /.  3.  c.  8.  &  par  Cicéron  ,  Orat.  in  Verr. 
Frument ,  c.  6.  Le  premier  appelle  les  habitans  de  Mes- 
fana  Mamertini ,  ôc  le  dernier  nomme  la  ville  Mameni- 
na  Civitas.  C'cft  aujourd'hui  la  ville  de  Meflîne.  Voyez. 
Messine,  {a)  Thucydide  ,  1.  G.  p.  413.  (  b  )  Cellar. 
geogr.  ant.  liv.  2.  cap.  i.(c)  Pompeius  Feftus ,  in  Ma- 
mertini. 

2.  MESSANA,  petite  ville  d  Espagne ,  dans  la  Bis- 
caye ,  fur  la  rivière  d  Ivaycabal ,  entre  la  ville  de  Vit- 
toria  ôc  celle  d'Orduna  ,.au  nord  occidental  de  la  pre- 
mière ,  Se  au  midi  oriental  de  la  féconde.  *  Jailliot , 
Atlas. 

3.  MESSANA,  bourgade  de  l'Indonftan ,  au  royau- 
me de  Cambaye ,  dans  les  terres ,  fur  la  route  de  Patan 
à  Amandabat ,  entre  Amandabat  vers  le  nord  oriental , 
&  Bifantagan,  vers  le  midi  occidental.  11  y  a  un  vieux 
château  ,  dont  le  gouverneur  eft  obligé  d'entretenir  deux 
cens  chevaux ,  pour  fervir  d  escorte  aux  marchands  qui 
vont  trafiquer  a  Amandabat  &  à  Agra.  Le  pays  d'alen- 
tour produit  beaucoup  de  coton,  Se  il  s'y  fait  quelques 
toiles ,  mais  en  fort  petite  quantité.  De  l'ifle  Atlas. 

MESSANE,  ifle  de  1a  mer  des  Indes  ,  ôc  lune  des 
Philippines,  au  nord  de  l'ifle  de  Mindanao  ,  &  au  mi- 
di de  celle  de  Burhuan  ,  félon  les  cartes    de   Sanfo::. 


MES 


De  l'ifle  ,  Atlas,  ne  connoît  rien  de  pareil ,  non  plus 
que  les  autres  géographes, 

MESSAN1CUS.  Voyez.  Padusa. 

MESSAP^E,  canton  de  laLaconie,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  cite  Théopompe. 

MESSAPIA  ,  contrée  d'Italie  en  forme  de  peninfule, 
qui  avance  dans  la  mer  Ionienne.  Son  ifthme  eft  entre 
Blindes  Se  Tarente.  Pline,  /.  3.  c.  1 1.  dit  que  les  Grecs 
l'appellerent  MeJJapia ,  du  nom  d'un  de  leurs  chefs 
nommé  Meffapius.  Les  écrivains  Latins  la  nomment 
ordinairement  Calabre.  Souvent  les  Grecs  la  nom- 
ment Japygia ,  ôc  quoique  le  pays  des  Salentins  n'eu 
forme  qu'une  partie  ,  quelquefois  on  lui  donne  le 
nom  de  toute  la  peninfule.  Strabon  ,  dit  qu'on  appel- 
loit  communément  cette  peninfule  Mejjapia  ,  Japygia  % 
Calabria  ôc  Salcntina  ,  ôc  que  quelques-uns  même  y 
diftinguoient  des  quartiers  auxquels  ces  différens  noms 
convenoient  plus  particulièrement.  11  ne  nous  refte  point 
de  monumens  anciens  pour  pouvoir  faire  une  divifiou 
jufte  de  ce  pays.  *  Cellar.  Geogr.  ant.  1.  2.  c.  9. 

1.  MESSAP1USMONS,  montagne  aux  confins  de  la 
Psonie  ôc  de  la  Médique ,  félon  Aiiftote ,  /.  9.  c.  45. 
dans  fon  hiftoire  des  animaux  :  il  la  nomme  pourtant 
ailleurs,  lib.de  Mirabilibus  ,  p.  874.  Hesaenus. 

2.  MESSAP1US  MONS.  Voyez.  Mesabrium. 

MESSARGE ,  bois  de  France ,  dans  la  maitrife  de» 
eaux  ôc  forêts  de  Moulins.  11  eft  de  douze  cens  foi' 
xante  ôc  quatorze  arpens. 

MESSAT1S  ou  Mesatis  ,  ville  de  l'Achaïe  :  Paufa- 
nias,  l.j.  c.  18.  dit  qu'elle  étoit  entre  Arva  &  An- 
thea. 

1.  MESSE  ,  ville  dont  parle  Stace  dans  ce  vers  de- 
fa  Thebaïde,  /.  4.  v.  116. 

Quos  Pharis,  vobtcrumqite  parens  Cylhereia  MefJ'e. 
Ortelius,  Tbefaur.  foupçonne  qu'il  peut  être  queftion 
ici  de  la  ville  de  Messa.  Voyez,  ce  mot ,  n°  4. 

2.  MESSE ,  bourg  de  France ,  dans  le  Gâtinois  Or- 
leanois ,  élection  d'Eftampes. 

MESSEIS  ,  nom  d'une  fontaine  de  la  Theflâlie.  Ko" 
mère ,  Iliad.  2.  v.  ^Gj.  en  parle  ;  &  elle  a  été  con- 
nue de  Strabon  ,  /.  9.  p.  434.  ôc  de  Pline  ,  /.  4.  c.  8. 

MESSEN  ,  ville  de  h  Laconie  ,  félon  Hefychius  cité 
par  Ortelius,  Thefaur.  qui  croit  que  ce  pourroit  être 
la  ville  Me/fa  ou  Mejfe,  de  Strabon.  Voyez  Messa  4. 

1.  MESSENE  ,  ifle  d'Afie  entre  le  Tigre  &  l'Euphu- 
te,  elle  s'appelle  à  préfent  Chader.  Voyez  ce  mot. 

2.  MESSENE,  ville  du  Péloponnèfe,  capitale  de  la 
Meflenie.  Mercator,qui  a  dreflé  fes  cartes  fur  les  lon- 
gitudes &  les  latitudes  de  Ptolomée,  /.  3.  c.  \G.  fait 
de  Meflene  une  ville  maritime ,  ôc  quantité  de  géogra- 
phes ,  fans  en  excepter  de  l'ifle ,  l'ont  imité.  Cepen- 
dant ,  à  en  juger  par  ce  que  difent  Paufanias  ôc  Stra~ 
bon  ,  on  feroit  tenté  de  conclure  que  Meflene  étoit  fi- 
tuée dans  les  terres.  Cellarius,  Geogr.  ant.  I.  i.c.  13. 
va  même  plus  loin.  Il  a  prétendu  prouver  qu'elle  n'étoic 
point  fur  la  côte,  ôc  que  c'étoit  par  erreur  qu'elle  s'y 
trouvoit  placée  dans  Ptolomée.  Paufanias  ,  dit-il ,  la  met 
du  moins  fur  une  hauteur,  ôc  Strabon  renferme  dans 
l'enceinte  de  fes  murailles  Ithome ,  qui  étoit  certaine- 
ment dans  les  terres,  &  qui  lui  fervoir  de  fortereffe. 
Enfin  ,  ajoute-t-il ,  Pline  ,  /.  4.  c.  5.  décide  la  queftion^^ 
quand  il  dit  :  Amms  Panifus.   lut  us  autem  ipfa  M<s- 

Jeue,  Ithome,  Oechalia.  Ce  qui  eft  certain,  c'eft  qu'iw- 
tus  dans  cet  endroit  ne  peut  lignifier  l'intérieur  ôc  ren- 
foncement du  golfe;  car  on  ne  pourroit  le  dire  ni  d'I- 
thome  ni  d'Occhalia.  Au  relie,  fi  Meflene  n'étoit  pas 
une  ville  maritime,  elle  n'étoit  pas  fort  éloignée  delà 
côte. 

Cette  ville  fut  fondée  par  Epaminondas  le  Thébain. 
Il  y  appella  tous  les  Meflèniens ,  qui  chaflës  de  chez; 
eux  par  les  Lacédemoniens ,  s'étoient  retirés  en  divers 
endroits  ,  entre  autres  en  Sicile ,  où  ils  avoient  donné 
leur  nom  à  la  ville  de  Meflîne.  Epaminondas  donna  à 
cette  nouvelle  ville  le  nom  de  Meflene  qui  étoit  celui 
de  la  nation.  Paufanias,  /.  4.  c.  31.  fait  l'épjge  des  for- 
tifications de  Meflene.  Il  dit  qu'il  avoit  vu  trois  vj'Ies 
fortes;  favoir  >  Amphry  fus ,  Byzance  ôc  Rhodes  mais 
que  Meflene  étoit  encore  mieux  forrifiée  que  ces  trois 
villes.  Strabon,  /.  8.  p.  361.  la  compare  a  Coiinthe, 
foit  pour  fa  fnuation ,  foit  pour  fes  fortifica.ions  :  l'une 


MES 


MES 


&  l'autre  de  ces  villes  étoit  commandée  par  une  mon- 
tagne voîfinc  ,  renfermée  dans  l'enceinte  de  la  ville  , 
&  qui  leur  fervoit  de  forterefle  ;  favoir  ,  Ithome  à  Mes- 
fene ,  Se  Acrocorinthus  à  Corinthe.  Ces  deux  places , 
fen  effet,  étoient  regardées  comme  des  portes  fi  impor- 
tais, que  Démétrius,  voulant  perfuader  a  Philippe,  père 
de  Perfée  ,  de  s'emparer  du  Péioponnèfe  ,  lui  confeilla 
de  fubjuguer  Corinthe  Se  Meffene.  Vous  tiendrez  ainfï , 
lui  difoit-il ,  le  bœuf  pur  les  deux  cornes.  Cette  ville  a 
été  épiscopalc.  Jcannes  Mejfenius  ,  ïbuferivit  au  con- 
cile de  Chalcedoine  tenu  l'an  4J1. 

MESSEN1ACUS  SINUS,  golfe  dans  la  partie  mé- 
ridionale du  Pélopounèfe  à  l'occidenr  du  golfe  de  Laco- 
nie.  11  éroit  aulïi  nommé  ,  félon  Strabon ,  /.  8.  p.  3  3  5. 
Sinus  Afimus  ,  du  nom  de  la  ville  Afiné  fituée  fur  la 
côte;  Sinus  Thuriates ,  à  caufe  de  la  ville  Thuria;& 
Pline  ,  lib.  4.  cap.  5.  l'appelle  Sinus  Coron&us  ,  du  nom 
de  la  ville  de  Coron.  C'eft  aujourd'hui  le  golfe  de  Co- 
ron ;  car  cette  ville  a  confervé  fon  ancien  nom. 

MESSENIANI.  Voyez.  Misiniani  Se  Sarmà- 
Tie. 

MESSENIE,  contrée  du  Péioponnèfe,  au  midi  de 
l'Elide  Se  de  l'Arcadie,  Se  au  couchant  de  la  Laconie 
dont  anciennement  elle  faifoit  partie.  Voici  les  villes 
<jue  Ptolomée,  /.  3.  c,  16.  donne  à  cette  contrée, 


Cyparijfx  . 

typan/Jium ,  Promontoire. 

SeU  jluv.  oflia. 

l'y  lus   ou  AbarinuSy 

Co.yphafium ,  Promontoire» 

Meibone , 

ColunA  > 

Acriu  extrema ,  Promontoire» 


Villes  maritimes. 


Sur  le  golfe  de 
Mefienie» 


Dans  les  terres. 


A 'fîne  > 
Corone  , 
Mcfena , 
Pun'ififiuv.  oft'iâi 
Pbera , 
Abea* 

Aliartus , 


f 

•l   Ithome, 

L  Troe^en, 


MESSENEQS  ,  nom  que  les  Sioux  ,  peuples  de  l'À- 
méii  jiie  feptentrionale  dans  la  Louifiane,  donnent  aux 
Oiuouagamis  leurs  ennemis. 

MESSIN  ,  (  Le  )  ou  le  pays  Messin  ,  province  de 
France,  dans  les  trois  évêchés  de  Lorraine.  Il  eft  borné 
au  nord  par  la  prévôté  de  Thionville  qui  efl  du  duché 
de  Luxembourg,  Se  par  celle  de  Siuk  ,  qui  eft  de  la 
Lorraine  Allemande,  avec  laquelle  il  confine  auflî  à 
l'orient  :  au  midi  il  a  la  Lorraine  Romande  où  l'on  parle 
françois ;  Se  à  l'occident  le  Bairois.  Il  a  pris  fon  nom 
de  Metz  la  capitale,  qui  l'a  été  des  peuples  Medioma- 
tr'ici  ou  Mediumatrices  qui  occupoient  un  fort  grand 
pays  du  tems  de  Céfar ,  puisqu'il  dit  au  quatrième  livre 
de  fes  commentaires ,  que  le  Rhin  pafToit  fur  leurs 
confins,  &  fur  ceux  de  Trêves:  Rbenum  per  fines  Nledio- 
matritum  C  Treverorum ,  citatum  ferri.  Strabon  /.  4. 
dit  auflî  que  les  Mediomatriccs  habitoient  fur  le  Rhin; 
mais  peu  après  leurs  bornes  furent  refferrées ,  les  peu- 
ples Germains  Tribocci ,  Vangiones  ,  Se  Nemctes  ayant 
occupé  les  deux  bords  du  Rhin.  *  Longuerue ,  Defcr. 
de  la  France  ,  2.  part.  p.  203. 

Ils  y  étoient  établis  dès  le  tems  de  Pline,  Se  alors 
les  Mediomatr'icts  étoient  éloignés  du  bord  de  ce  fleuve. 
Ils  ont  toujours  fait  partie  de  la  Gaule  Belgique;  Se , 
lorsque  la  Belgique  fut  divifée  en  deux  provinces, 
ils  furent  compris  dans  la  première  ,  Se  mis  fous  la  mé- 
tropole de  Trêves. 

Le  nom  ancien  de  la  ville  capitale  des  Mediomatrices 
étoit  î)ivodur:<.s  ,  marqué  par  Tacite  ,  au  premier  livre 
de  fon  hifloiie  ,  Se  par  Ptolomée.  On  le  voit  auflî  dans 
la  caite  de  Peutinger ,  Se  dans  l'itinéraire  d'Antonin. 
Voyez,  à  l'article  Mets  ,  le  fort  qu'a  eu  ce  pays. 

Le  climat  du  pays  Messin  efl  en  général  a ffez  tem- 
péré ;  mais  il  eft  plus  froid  que  chaud  du  côte  des  Ar- 


*3* 

dennes.  La  fertilité  du  terroir  efl:  médiocre;  il  rapporte 
peu  de  froment.  Le  canton  que  l'on  appelle  kéFEvêchê 
eft  plus  gras  Se  plus  fertile.  Il  y  a  un  aflez  bon  vigno- 
ble,  beaucoup  de  noix,  Se  quantité  de  ceiifes  que  l'on 
porte  à  Nanci.  Les  bois ,  Se  les  forêts  du  pays.  Meflîn 
font  peu  confidérablcs.  Il  y  a  quelques  montagnes.  Le 
pays,  qui  eft  d'une  petirë étendue  ,  ertârrofé  par  la  Mo- 
felle  Se  par  la  Scille.  *  figaniol,  Défci.  de  la  France  , 
r.  7.  p.  288. 

Les  habitans  reffemblent  aflez  pour  les  mœurs  aux 
Allemands.  Le  peuple  eft  bon ,  doux  ,  rempli  de  bonne 
foi  Se  de  probité ,  aimant  le  repos  :  il  eft  économe ,  lé- 
ger ,  curieux  des  affaires  publiques ,  Se  fi  fidèle  au  roi , 
qu'après  les  troubles  de  la  Ligue  ,  Henri  le  Grand  lui 
rendit  ce  glorieux  témoignage,  que  pendant  que  les  plus 
anciens  fujets  s'étoient  crus  dispenfés  de  l'obéiflance  qu'ils 
dévoient  à  leur  roi ,  ces  nouveaux  fujets  lui  étoient 
demeurés  fidèles. 

MESSINE,  en  latin  Me/fana ,  Ville  de  Sicile,  dans  ia 
partie  orientale  du  Val  Demone  ,  fur  la  côte  du  Face 
de  Meflîne,  vis-à-vis  du  continent  de  l'Italie,  au  m.dï 
occidental  du  fort  de  Faro,  au  38.  deg.  10  min.  de 
latit.  &  au  33.  21.  m.  de  iongit.  Cette  ville  ,  prétend 
être  la  capitale  de  la  Sicile,  Se  dispute  depuis  bien  des 
années  cet  honneur  à  celle  de  Païenne.  Les  mlnîitrès 
d'Espagne  ne  décidèrent  pas  la  queftion  ;  après  de  lon- 
ques  discLiflîons ,  ils  ordonnèrent  par  provifion  ,  que  le 
Vice-roi  réfideroit  fix  mois  à  Meflîne,  Se  fix  à  l'alerme  » 
afin  de  mettre  une  espèce  d'égalité  entre  ces  deux: 
villes. 

L'églife  cathédrale  ,  qui  eft  au  centre  de  la  ville ,  eft 
dédiée  à  la  fainte  Vierge.  On  l'appelle  Sainte  Marie 
la  Neuve  ;  apparemment  parce  qu'il  y  a  une  autre  églife 
plus  ancienne.  C'eft  un  bâtiment  ifolé  ;  une  pl.ice  eu 
tour  d'équerre  l'environne  de  deux  côtés  ,  &  deux  rues, 
dont  l'une  eft  âflez  large ,  environnent  le  relie.  Si  011 
juge  de  fort  antiquité  par  fa  fabriqué  ,  elle  doit  être 
très-ancienne.  La  groflîereté  Se  la  pefânreur  du  bâtiment 
four  connoître  quelle  a  été  faire  dans  les  tems  les  plus 
barbares.  Son  portail  eft  dé  marbre  Se  d'un  mauvais 
goût.  On  y  voit  écrit  deffus,  en  très-gros  caractères  go- 
thiques ,  Grand  Mercy  à  Meffine  ;  &  ces  mors  font  encore 
répétés  en  mêmes  caractères,  mais  plus  petits,  fur  la 
porte  du  clocher. 

Quelques-uns  prétendent  que  les  François  écrivirent 
ces  mots,  pour  marquer  leur  recônnojûancc  aux  Mes- 
finois,  de  ce  qu'ils  les avoiertt  épatgnés  dans  le  mallà- 
cre  qui  fe  fît  par  toute  la  Sicile  le  jour  de  Pâques  » 
qu'on  appelle  communément  les  Vêpres  Siciliennes  z 
mais  c'eft  une  erreur.  Il  eft  vtai  que  les  François  ne 
fureur  pas  maffacrés  à  Meflîne,  mais  ils  n'en  furent  re- 
devables qu'à  la  fageffe  &  à  la  valeur  d'Herbert,  lieu- 
tenant-général de  toute  l'ifle  pour  le  roi  Charles;  il 
foutint  pendant  quelques  jours  les  efforts  des  Meflînois* 
fut  enfin  obligé  de  fe  retirer  en  Calabre.  Il  n'y  eut  d'é- 
pargné que  Guillaume  des  Porcelets  gentilhomme  Pro- 
vençal ,  gouverneur  d'une  petite  ville ,  que  fa  vertu  Se 
fon  mérite  rendirent  refpectable  aux  plus  furieux  :  mais 
comme  il  ne  devoit  pas  fon  falut  à  Meflîne ,  on  ne 
doit  pas  foupçonner  que  le  remerciment  vienne  de  fa 
part ,  ni  de  celle  des  autres  François ,  qui  ne  durent  leur 
falut  qu'à  la  vigilance  de  leurs  chefs. 

D'autres  difent  qu'une  armée  de  Croifés  François 
ayant  été  maltraitée  par  une  tempête,  ils  furent  reçus 
dans  le  port  de  Meflîne,  leuis  vaiffeaux  racconrodés  Se 
pourvus  de  vivres  Se  de  tout  ce  qui  leur  manqnoit;  Se 
que  pour  en  marquer  leur  reconnoiffance,  ils  firent 
mettre  ce  remerciment  fur  le  frontispice  de  la  cathédrale 
Se  fur  la  porte  du  clocher. 

La  voûte  de  l'églife  cathédrale  efl:  ornée  de  doru- 
res, &  il  y  a  quelques  peintures  modernes  qui  font 
pàflables.  Le  maître-autel  eft  très-beau  ,  il  eft  compote 
d'un  corps  d'architecture,  orné  de  quatre  colomnes  & 
de  quatre  pilaflres  revêtus  d'agates.  Lesbafes  Se  les  cha- 
piteaux font  de  bronze  doré  ;  le  tabernacle  eft  d'or , 
à  ce  qu'on  dit,  du  moins  en  a-t-il  l'apparence;  l'ouvragé 
eft  beau  ,  Se  égale  la  matière  Le  thrône  du  vice- roi 
eft  du  côté  de  l'évangile ,  entre  le  fanctuaire  cV  le 
chœur;  il  eft  compofé  de  dix  à  ohze  degrés,  de  près 
de  deux  pieds  de  large  Se  d'un  ried  de  hauteur  :  ces  de- 

Tom.  IV.    G  g 


MES 


a34 

grés  loutiennent  une  plateforme  ovale  d'environ  huit 
pieds  d'un  fens,  fur  fix  de  l'autre,  8c  fur  laquelle  eft  un 
grand  fauteuil  couvert  d'un  dais  en  broderie. 

Le  clocher  n'eft  qu'une  groffe  tour  carrée ,  un  peu 
plus  haute  que  la  charpente  de  l'églife.  11  y  a  plufieurs 
chapelles  dans  l'églife  cathédrale  ;  les  deux  plus  magni- 
fiques font  à  côté  du  grand  autel  :  celle  du  côté  de  l'é- 
vangile eft  dédiée  à  la  fainte  Vierge,  dont  la  ftatue 
d'argent  efl  fur  l'autel.  Elle  eft  bien  faite ,  ornée  de 
quantité  de  pierreries ,  bagues ,  colliers ,  rofes ,  8c  de 
tous  les  ajuftemens  que  les  femmes  y  ont  confacrés,  après 
s'en  être  fervies.  La  couronne  qu'elle  a  fur  la  tête  ,  eft 
enrichie  de  pierres  précieufes  d'un  grand  prix.  L'autel  eft 
chargé  d'une  quantité  prodigieufe  d'argenterie ,  avec 
un  grand  nombre  de  lampes  qui  brûlent  nuit  eft  jour. 
Les  murailles  incruftées  des  plus  beaux  marbres  8c  d'a- 
gates les  plus  rares,  font  couvertes  de  vœux  d'or  8c 
d'argent.  C'eft  le  lieu  de  la  plus  tendre  dévotion  des 
Meflinois ,  qui  foûtiennent  que  la  fainte  Vierge  leur  a 
écrit  une  lettre  ,  dont  ils  prétendent  avoir  encore  au- 
jourd'hui l'original,  qu'ils  portent  en  proceffion  le  jour 
de  l'Affomption.  La  chapelle  parallèle  à  celle  de  la 
Vierge,  eft  ornée  d'une  très-belle  architecture  en  mar- 
bre ,  avec  des  ftatues  qui  méritent  d'être  confidérées. 
La  facriftie  eft  fournie  d'une  argenterie  nombreufe.  Les 
chanoines  font  riches. 

Les  Jefuites  ont  quatre  maifons  dans  Mefîine ,  un 
collège  où  ils  ont  foin  d'avoir  les  plus  habiles  profes- 
feurs  de  tout  le  royaume.  Leurs  églifes  font  belles , 
leurs  bâtimens  magnifiques  ,  8c  ils  ont  un  obfervatoire 
d'où  l'on  découvre  le  mont  Gibel ,  quoi  qu'il  en  foit 
éloigné  de  foixante  8c  dix  milles.  Les  Dominicains  ont 
deux  couvens.  Il  y  a  des  Théatins ,  des  Carmes  Dé- 
chauffés ,  des  Auguftins ,  des  Servites ,  des  Mathurins  , 
des  Crucifères  ou  pères  des  Agonifans ,  des  pères  de 
l'Oratoire  Romains,  des  moines  Grecs,  8c  quantité  de 
monaftères  de  filles.  Tous  ces  monaftères  font  riches , 
fuperbement  bâtis,  8c  leurs  églifes  de  la  plus  grande 
magnificence.  Ceux  qui  n'ont  d'autres  revenus  que  ce 
qui  vient  de  la  beface ,  ne  laiffent  pas  d'être  à  leur  aife 
&  d'entretenir  un  grand  nombre  de  religieux.  11  y  a 
outre  cela  dix  paroiffes ,  8c  nombre  de  chapelles  ap- 
partenantes aux  différentes  compagnies  ou  confréries, 
qui  y  font  établies. 

Le  féminaire  de  l'archevêché  eft  dans  la  rue  neuve. 
C'eft  un  grand  bâtiment  dont  une  des  façades  donne 
fur  la  rue ,  8c  l'autre  fur  le  quai.  Les  féminariftes  font 
habillés  de  bleu.  Leur  habit  conûfte  en  une  foutane  8c 
une  robe  à  manches  pendantes ,  un  petit  collet  rond  , 
&  un  chapeau  noir  retrouffé  quand  ils  fortent  de  la 
rnaifon  ;  car  quand  ils  y  font  ils  ont  un  bonnet  carré 
à  trois  cornes  8c  bleu  comme  tout  lereftede  leurs  ha- 
bits. Le  fonds  pour  l'entretien  de  ce  féminaire  fe  levé 
fur  toutes  les  paroiffes  de  l'archevêché  :  chacune  eft 
taxée ,  félon  fes  biens  8c  félon  le  nombre  de  Ces  habi- 
tans  ;  8c  chacune  ,  félon  la  taxe  qu'elle  paye  annuelle- 
ment ,  a  droit  d'envoyer  au  féminaire  un  certain  nom- 
bre de  fujets.  A  mefure  qu'il  en  fort  d'une  paupiffe, 
elle  en  envoie  un  ou  plufieurs  autres.  Leur  nombre 
excède  celui  de  deux  cens.  On  ne  laiffe  pas  de  recevoir 
ceux  qui  fe  préfentenr ,  quoique  les  places  fondées 
foient  remplies,  pourvu  qu'il  y  ait  des  chambres  va- 
cantes ,  8c  qu'ils  foient  en  état  de  payer  leur  penfion. 
Us  y  entrent  à  douze  ans,  8c  en  fortent  quand  ils  font 
prêtres.  Us  ont  un  droit  8c  un  privilège  fur  les  béné- 
fices de  l'archevêché,  privativement  à  ceux  qui  n'ont 
pas  été  élevés  dans  ce  féminaire. 

Le  palais  de  l'archevêque  eft  dans  la  même  rue.  Il 
eft  grand  8c  bien  bâti. 

Mais  la  Loggia ,  eft  le  plus  beau  de  tous  les  édifices 
publics  de  la  ville.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  l'hôpital 
général  des  malades  de  l'un  8c  de  l'autre  fexe.  Il  eft 
dans  la  grande  place  au  bout  de  la  Strada  neuva.  Cette 
place  eft  embellie  de  quatre  fontaines  d'un  très-beau 
marbre  du  pays  8c  de  très-belles  maifons. 

Outre  la  Loggia,  il  y  a  un  hôpital  vafte,  magni- 
fique 8c  très-riche ,  où  l'on  reçoit  tous  les  pauvres  va- 
lides 8c  invalides  ou  eftropiés  ,  les  enfans  orphelins , 
les  enfans  expofés ,  les  vieilles  gens ,  les  infenfés  8c  au- 
tres néceffueux.  Chaque  espèce  eft  fépatée ,  &c  a  des 


MES 


logemens  commodes  8c  des  habillemens  qui  les  diftin» 
guent.  Les  orphelins  font  habillés  d'une  robe  de  toile 
blanche  :  les  enfans  expofés  font  vêtus  de  brun  comme 
les  religieux  Mineurs  conventuels  de  faïnt  François.  On 
connoit  chaque  clafie  à  fon  habit. 

Le  palais  du  mont  de  Piété  eft  voifin  de  cet  hôpi- 
tal. Il  eft  grand  ,  vafte  8c  bien  bâti. 

Meftine  eft  bâtie  en  partie  fur  un  terrein  uni  qui  s'é- 
tend le  long  de  la  mer ,  8c  en  partie  fur  le  penchant 
des  collines  qui  ne  laiffent  qu'un  espace  médiocre  entre 
elles  8c  le  port.  Ses  plus  belles  rues  font  parallèles  au 
port ,  celles  qui  descendent  des  collines  les  coupent 
presque  toutes  à  angles  droits,  8c  font  de  petites  places 
ou  carrefours  qui  font  ornés  de  fontaines.  Les  eaux  en 
font  bonnes,  du  moins  celles  qu'on  a  diftribuées  dans 
la  ville  par  le  moyen  des  canaux  fouterreins.  Il  y  en  a 
aux  environs  de  MeiTïne  8c  même  affez  près  ,  qui  font 
chaudes ,  8c  qui  fentent  les  unes  le  foufre  8c  les  autres 
le  vitriol. 

Le  port  de  Mefiine  eft  un  ovale  allongé  ,  très-vafte, 
&  fi  creux ,  que  des  vaiffeaux  de  quatre-vingt  pièces  de 
canon  peuvent  mouiller  allez  près  du  quai  pour  y  des- 
cendre avec  une  planche.  Ce  quai  eft  formé  par  un  mur 
fans  appui.  Sa  largeur  eft  d'environ  foixante  toifes  : 
c'eft  la  promenade  du  foir.  Il  eft  borné  par  des  bâti- 
mens de  pierres  de  taille ,  de  quatre  étages  de  hau- 
teur ,  uniformes  8c  de  même  fymmétrie  ;  mais  d'une 
architecture  maflive  8c  pefante.  Ces  édifices  ne  lais- 
fent  pas  de  faire  un  bon  effet  à  caufe  de  leur  hauteur 
8c  de  leur  uniformité  ,  pourvu  qu'on  les  regarde  d'as- 
fez  loin  pour  ne  pas  appercevoir  la  pefanteur  de  la 
main  8c  le  mauvais  goût  de  l'architecte  qui  les  a  con- 
ftruits.  Ces  maifons  n'ont  point  de  portes  du  côté  du 
port.  Il  y  a  quatre  ou  cinq  rues  qui  donnenr  fur  le 
port ,  &  dont  les  avenues  font  fermées  par  des  portes  à 
toutes  lesquelles  il  y  a  des  escouades  de  partifans,  qui 
vifitent  exactement  tout  ce  qui  entre  dans  la  ville  & 
tout  ce  qui  en  fort ,  afin  de  faire  payer  les  gabelles  qui 
font  fur  toutes  fortes  de  marchandifes.  Outre  ces  gar- 
des ,  il  y  a  nombre  de  felouques  qui  rodent  nuit  8c  jour 
autour  des  bâtimens  pour  empêcher  la  contrebande. 

On  donne  au  port  mille  à  douze  cens  pas  géométri- 
ques dans  fon  plus  grand  diamètre ,  8c  cinq  à  fix  cens 
dans  le  plus  petit.  Il  eft  fermé  du  côté  du  canal  par 
une  langue  de  terre,  d'environ  cent  toifes  de  largeur , 
8c  naturellement  courbe  pour  former  la  moitié  ou  en- 
viron de  l'ovale.  La  partie  la  plus  large  eft  du  côté  de 
l'eft.  On  y  a  placé  une  citadelle  à  cinq  baftions  pour 
tenir  la  ville  en  bride.  L'extrémité  occidentale  de  cette 
langue  de  terre  ,  eft  un  peu  plus  courbée  qu'elle  ne  de- 
vroit  l'être  pour  faire  un  ovale  parfait.  On  a  placé  fur 
fà  pointe  un  gros  donjon  carré  avec  des  tours  rondes. 
C'eft  ce  qui  défend  l'entrée  du  port  du  côté  du  nord. 
Il  y  a  un  bon  nombre  de  canons  en  plufieurs  batteries 
hautes  8c  baffes  ,  un  gouverneur  8c  une  garnifon.  On 
appelle  ce  fort  faint  Salvador.  Il  paroît  que  le  terrein 
où  il  eft  bâti  eft  un  rocher  ifolé  8c  éloigné  de  trois  à 
quatre  cens  pas  de  l'extrémité  de  la  langue  de  terre  qui 
forme  le  port.  On  l'y  a  joint  par  deux  murs  parallèles 
éloignés  de  cinquante  à  foixante  pas  l'un  de  l'autre , 
avec  un  baftion  plat  dans  le  milieu  ,  un  du  côté  du  porc 
8c  un  du  côté  de  la  rade.  La  tête  de  cet  ouvrage  ,  qui 
eft  à  l'extrémité  de,la  langue  de  terre ,  eft  fortifiée  de 
deux  demi  baftions  8c  d'un  foffé  fec  ,  dans  lequel  il  fe- 
roit  aifé  de  faire  entrer  l'eau  de  la  mer  en  ttfolant.  Il 
y  a  des  batteries  fur  ces  baftions  plats ,  &  le  long  de 
leurs  courtines  qui  battent  dans  la  rade. 

L'entrée  du  port ,  qui  eft  affez  étroite ,  eft  commandée 
à  la  discrétion  de  la  fortereffe  de  faint  Salvador,  8c  d'un 
baftion  fermé  ,  appelle  la  Porte  Royale ,  fur  lequel  c!t 
une  groffe  tour  antique,  bien  garnie  de  canons,  de 
forte  qu'un  vaiffeau  ne  peut  forcer  ce  paffage. 

Le  Lazaret  eft  presque  attaché  à  la  langue  de  terre: 
il  eft  bâti  fur  un  iflet  ou  rocher,  tout  environné  de 
l'eau  de  la  mer. 

La  citadelle  a  cinq  grands  bartions.  Le  rempart  &  les 
parapets  font  bien  munis  de  canons.  Il  y  a  au  milieu 
de  cette  fortereffe  une  place  d'armes  carrée  ,  entou- 
rée des  .caféines  des  foldats,  ôc  des  logemens  des  of- 
ficiers. 


MES 


MES 


Comme  la  ville  de  Meflïne  eft  au  pied  Se  fur  la 
pente  de  plufieurs  collines  qui  l'environnent,  il  n'a  pas 
été  pofïible  qu'on  la  fortifiât  régulîeremènc.  Son  enceinte 
cil  très-irréguliere  :  il  y  a  des  angles  fâillans  Se  ren- 
rrans  outre  mefure ,  des  battions ,  des  tours  de  tous  les 
âges  du  monde ,  des  pièces  détachées  de  toutes  les  fa- 
çons ,  Se  qui  toutes  enfemble  compofent  un  tout  qui 
ne  vaut  rien.  On  a  cru  remédier  à  la  foibleffe  de  l'en- 
ceinte de  la  ville  Se  à  l'impoflïbilité  de  la  rendre  meil- 
leure en  faifant  des  forts  fur  les  hauteurs  qui  la  domi- 
nent ;  mais  on  a  plutôt  réuflï  à  s'affurer  par-là  de  la  fi- 
délité des  habitans ,  que  de  la  défenfe  de  la  ville.  Les  plus 
confidérables  de  fes  fortereffes  font  le  Cnttellacio  ,  Matta- 
grifone,  Confagra  ,  Porta-Réale  &Caftel-Real ,  fans 
compter  la  citadelle  Se  Saint  Salvador. 

Bien  des  gens  aflurent  qu'il  y  a  quatre-vingt  mille  ha- 
bitans dans  Meflïne  Se  dans  les  fauxbourgs.  La  ville  év 
les  fauxbourgs  font  afiez  grands  pour  contenir  cette 
quantité  de  peuple  ;  il  y  a  même  apparence  que  ce  nom- 
bre y  a  été  autrefois  ;  mais  la  ville  ett  bien  dépeuplée 
à  préfent.  Le  commerce  ,  quoiqu'il  y  foit  encore  confi- 
dérable ,  ett  prodigieufement  tombé  ;  Se  depuis  la  re- 
traite des  François,  il  en  ett  forti  un  fi  grand  nombre  de 
familles ,  que  le  nombre  des  habitans  s'ett  bien  trouvé 
éclairci. 

Meflïne  eO:  accompagnée  de  quarte  fauxbourgs ,  qui 
font ,  Zacra ,  San-Philippo  ,  Sanio  Dio ,  Se  Porta  Réale. 
Ce  dernier  n'eft  habité  que  par  des  pêcheurs.  C'ett  au 
milieu  de  ces  gens  que  ce  font  établis  les  Minimes,  à 
.  l'endroit,  à  ce  qu'on  prétend ,  que  faint  François  de 
Paule  aborda  avec  fon  compagnon  ,  après  avoir  pafle 
le  Fare  fur  fon  manteau.  On  dit  que  ces  quatre  faux- 
bourgs auxquels  on  a  donné  le  nom  de  Furias,  met- 
roient  dix  mille  hommes  fur  pied  qui  étoient  toujours 
prêts  à  fe  jetter  dans  Meflïne ,  dès  qu'elle  avoir  befoin 
de  leur  fecours.  Il  s'en  faut  bien  que  la  ville  puifle  à 
préfent  compter  fur  un  pareil  fecours.  Le  fauxbourg  des 
pêcheurs  e(ï  le  plus  peuplé.  Il  y  a  dans  les  autres  des 
gens  de  journée  qui  cultivent  les  vignes  ,  les  meu» 
riers  Se  les  terres  des  environs,  &  un  afiez  bon  nom- 
bre d'ouvriers  en  foie  ,  fileurs ,  tricoteurs ,  tifferans  Se 
autres. 

Le  Fare  de  Messine.  Voyez,  au  mot  Fare,  l'article 
Fare  de  Messine. 

MESSINES,  petite  ville  de  Flandre, dans  la  châtel* 
lenie  d'Ypres.  Elle  étoit  autrefois  afiez  grande  ,  Se  avoir 
jusqu'à  deux  mille  maifons  ;  mais  elle  fut  presque  en- 
tièrement brûlée  par  les  Anglois  en  1580.  elle  eur  le 
même  fort  du  tems  de  Maximilien  grand  père  de  l'em- 
pereur Charles  V.  Se  le  même  malheur  lui  arriva  en 
15 13.  que  le  feu  fe  mit  par  hazard  dans  la  ville,  où 
il  confirma  plus  de  trois  cens  boutiques  de  tifferans. 
L'an  1597.  les  troupes  qui  faifoient  la  guerre  de  ce 
coté-là  y  brûlèrent  de  nouveau  huit  cens  maifons  ;  de 
forte  que  cette  ville  ett  réduite  aujourd'hui  à  peu  de 
chofe.  Il  y  a  un  monaftères  de  Bénédictines ,  qui  doi- 
vent être  routes  denuilelles,  Se  dont  l'abbeffe  ett  dame 
de  Meflïnes.  On  y  voit  auflï  une  collégiale  compofée 
de  deux  chanoines  Se  d'un  doyen.  Elle  n'a  plus  que 
fix-vingt  maifons ,  &  environ  fix  cens  habitans.  *  Cor». 
Dict.  Mémoires  particuliers. 

MESSOA,  lieu  de  la  Laconic  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  parle  auflï  d'une  tribu  de  même  nom ,  Se 
citeStrabon,  /.  8.  p.  364.  l'aufanias,  /.  3.  c.  16.  écrit 
Mefoa  par  une  feule  s. 

MESSOGIS ,  montagne  de  Lydie.  Il  en  ett  parlé 
dans  Etienne  le  géographe,  Se  dans  Strabon,  /.  14.  p. 
650.  Ortelius,  Thefaur.  foupçonne  que  ce  pourroit  être 
le  Mifotes  de  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  2. 

MESSOLI,  peuples  d'Afrique.  Leur  fortereffe  fut  em- 
portée par  Calpurnius  Craffus ,  félon  Plutarque,  Parai. 
bifl.  Rom.  çr  Grtc. 

MESSOUA ,  (  Isle  de  )  ifle  d'Afrique,  fur  la  côte  occi- 
dentale de  la  mer  Rouge.  C'ett  la  même  chofe  que 
Mazua.  Voyez,  ce  mor. 

MESSUA  ,  ville  de  l'Afrique  propre  ,  fur  le  golfe  de 
Cartilage,  félon  Martianus  Capella. -Un  manuferit  porte 
Mifua,  Se  c'ett  ainfi  que  lifent  Pline,  /.  ;.  c.  4.  Se  l'i- 
tinéraire d'Antonin.  Cette  ville  ett  appellée  Nifua  par 
Ptolomée  ;  mais  il  y  a  faute  dans  cet  endroit.  La  cot> 


*3f 

férence  de  Carrhage  nomme  Hirundinus,  quelle  qua- 
lifie episcopus  Mijfuenfîs  ;  Se  dans  le  concile  de  Carthage 
fous  Boniface,on  trouve  la  foufeription  de  Servus  Dei, 
qui  fe  dit  episcopits  Mijfuenfiu  Peut-être  ett-ce  le  même 
lieu  que  Procope  ,  /.  2.  ÎVandal.  appelle  Mima ,  St 
auquel  il  donne  le  titre  de  Navale  -des  Carthaginois.* 
Ortelii  Thefaur. 

MESTAR  ,  lieu  de  Syrie  ,  entre  Chalcide  &  Antioche, 
fur  le  fleuve  Oronte,  félon  Nicephore  Callifie  , /.  14-. 
c.  16.  On  lit  In mestar  dans  Socrate  l'hittorien  /.7.1c.  i6> 
MESTARNE ,  ville  que  Suidas  met  chez  les  Cili- 
ées. Ortelius,  Thefaur.  croit  que  c'ett  la  même  que 
Mestar, 

MESTHIA.  Voyez.  Mv/stiensis» 
MESTLETA  ,  ville  de  l'Ibérie  Afiatique  ,  Prolomée, 
/.  j.  c.  1 1,  la  place  entre  Artamjfa   Se   Zalijfa.  Il  fe 
pourroit  faire  que  ce  feroit  la  Mischita  d'Agathias ,  /.  2. 
Se  qu'un  manuferit  ccùzMechifta. 

MESTRE ,  ville  d'Italie  dans  les  états  de  la  répu- 
blique de  Venife.  C'ett  une  des  meilleures  places  qui 
fe  trouve  fur  le  chemin  pour  aller  en  Allemagne  pair 
le  Tirol,  ou  en  Autriche  par  le  Frioul.  Elle  eft  dans 
le  Dogado  fur  la  Mufone,  à  deux  ou  trois  lieues  de 
Venife  en  tirant  vers  le  Nord  occidental,,  *  Magin  , 
Carte  de  l'état  de  Venife. 

MESTRI ,  bourgade  de  la  Baffe  Hongrie  ,  en  latin 
Meftriana,  Elle  eft  fituée  dans  le  comté  de  Vefprin, 
vers  le  lac  de  Balaron.  C'étoit  anciennement  une  pe- 
tite ville.  Voyez.  Mf.strian^. 

MESTR1AN/E,  ville  de  la  Pannonic.  On  la  trouve 
dans  Antonin  ,  itiner.  qui  la  met  fur  la  route  de  Sa~ 
èaria  k  Acincnm  ,  cntreSaèaria  Se  Mogetiana>  à  trente 
milles  de  la  première ,  Se  à  vingt-cinq  milles  de  la  fécon- 
de. Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Lazius  ,  dit  que  c'ett: 
aujourd'hui  Mestri,  bourgade  de  la  Baffe- FI  ongrie. 
Voyez.  Mestri. 

MESTUS  ,  fleuve  de  la  Thrace  ,  à  ce  que  croit  Or- 
teliu?,  Thefaur.  qui  cite  Zonare.  Ce  dernier  écrit  que 
le  pays  des  environs  fut  fubjugué  par  un  certain  Alexan- 
dre. Ne  feroir-ce  point,  ajoute  Ortelius  Thefaur.  urt 
mot  corrompu  ,  Se  au  lieu  de  Méfias ,  ne  faudroir-il 
point  lire  Ne/lus  ? 

MESUA,  colline  Se  péninfule  de  la  Gaule  Narbon- 
noife  ,  félon  Pomponius  Mêla,  lit.  2.  cap.  n.  Voyez. 
Sigius. 

MESVE  ,  en  latin  Maflava  ,  connu  dans    l'hittoire 
pour  être  nommé  dans  les  tables   Théodofiennes ,  n'eu: 
point  la  Charité-fur-Loire,  comme  Sanfon  l'a  cru,  Se 
d'autres  après  lui  ;  mais  c'eft.  un  lieu  qui  n'en   ett  pas? 
éloigné  ,    Se  qui   porte  le    nom  même  de  Mesve ,  qui 
étoit  autrefois  écrit  Maisvc.  Ce  village  eft  fur  la  Loire» 
une  lieue  plus  bas  que  la  Charité  ,    à    l'endroir  où  le 
ruiffeau   de  Mazou   fe  décharge   dans  cette  rivière.  Sa 
cure  eft  nommée  parmi  les  trenre  fept  anciennes ,  donc 
il  eft  fait  mention  dans  les  réglemens  de  faint  Aunaire  , 
évêque  d'Auxerre ,  vers   Tan    580.  Elle    avoir  dès-lors 
beaucoup  de  dépendances ,  Se  peut-être  que  les  maifons 
du  côté  où  a  été    bâtie  depuis  la  Charité   en  dépen- 
doient.  Saint  Telmée , évêque  d'Auxerre,  vers  l'an  700. 
nomme  auflï  Mesve   dans  fes  flatuts.   Le  continuateur: 
de  Fredegaire ,  dit  qu'en  l'an  760.  Pépin  fortant  d'Au- 
xerre Se  allant  en  Aquitaine,  ce  fut  à  Mesve  qu'il  pana 
la  Loire ,  Ad   Masvam  vicum  in  pago    Autifiodorenfî* 
Le  dictionnaire  univerfel  de  la  France  dit    fauffemenc 
que  Mesve  eft  du  diocèfe  de  Nevers.  On   dit  que  la 
cure  de  ce  lieu  ett  nommée  dans  une  chartre  de  l'évê- 
qne  Alain,  comme  étant  donnée  au  prieuré  de  la  Cha- 
rité. Cependant  l'abrégé  hiftorique  de  ce  prieuré ,  pu- 
blié en  1709.   par  Bernor ,  porte  à  la  page  18  que  ce 
fut  vers   la   fin    du  onzième    fiécle  que   Rodolphe  du 
Bois   donna   à  cette   maifon  la   moitié  de   l'églife   de 
Mesve  Se  de  fes  dépendances.  Saint  Julien  martyr  ed 
patron  de  l'églife  de  ce  lieu. 

MESUGA  PROVINCIA,  &  Cozerimorum  Ter- 
ra. On  rrouve  ces  noms  dans  le  rabbin  Eldad Danius,1 
cité  par  Ortelius ,  Thefaur.  Il  ajoure  que  les  Juifs  y 
fureur  gardés  prifonniers.  Cette  province  devoir  être 
au  voifinage  de  la  Pcrfique  ou  de  la  Babvlonie. 

MESUIUM,  ville  de  la  Qermanie.  Ptolomée,/.  2. 
e.  u.  la  place  entre  Lupin  Se  Argelia.  C'eft  à  préfent 

Tom,  IV»  G  g  ij 


MES 


2.36 

Magctcbourg  fur  l'Elbe,  félon  Pierre  Appien.  *  Ortelii 

Theiàur. 

MESURACA  ,  bourgade  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
plcs ,  dans  la  Calabre  ultérieure ,  vers  la  fource  de  la 
ïiviere  Tacina ,  entre  Policaftro  &  Belcaftro  -,  la  pre- 
mière vers  le  nord ,  ôc  la  féconde  au  midi.  *  Magin , 
Carte  de  la  Calabre  ultérieure. 

MESURES  ITINERAIRES ,  mefures  dont  les  diffé- 
rens  peuples  fe  font  fervis,  ou  fe  fervent  encore  au- 
jourd'hui pour  évaluer  les  diftances  des  lieues,  ôc  la 
longueur  des  chemins.  Si  elles  exprimoient  toujours  une 
valeur  déterminée  ,  il  feroit  facile  de  les  connoître  ; 
mais  comme  tout  y  eft  varié,  on  a  tâché  de  raffem- 
bler  dans  cet  article  tous  les  détails  néceffaires  pour 
mettre  le  lecteur  à  portée  d'évaluer  les  calculs  d'une 
nation  &  d'un  fiécle  à  un  autre.  Commençons  par  les 

Anciens. 

Mesures  Itinéraires  des  Hébreux. 

Les  Hébreux  &  les  Arabes  fe  font  fervis  du  mot  Vd 
Mil  ,  pour  fignifier  un  mille.  11  y  a  apparence  que  ce 
mot  qui  ne  fe  trouve  que  dans  les  écrits  de  quelques 
rabbins ,  eft  emprunté  de  la  langue  latine.   Schindler 
dans  fon  pentagloton  ,  rend  ce  mot  par  milliare  ltali- 
cum,   un    mille  d'Italie,  ôc   l'explique  par    le  chemin 
qu'il  eft  permis  de  faire  un  jour  de  fabbat.  Il  dit  ail- 
leurs que  le  Mil  eft  de  trois  mille  coudées;  ce  qu'il 
exprime  par  cette  étrange  latinité,  très  mille  cubiti, 
pour  ter  mille  cubiti,  ou  tria  millia  cubitorum  ;  mais  il 
rend  le  mot  de  HD13  Pars  a  ,  par  le   même  mot   de 
biilliare  en  latin ,  ôc  ajoute ,  que  dix  font  la  mefure  du 
chemin  que  fait  en  un  jour  un  homme  qui  marche  mé- 
diocrement. Lichtfoot  trouvant  parmi  les  Hébreux  trois 
fortes  de  mefures   pour  marquer  les  diftances  ,  les  ex- 
plique ainfi.  Les  Juifs ,  dit-il ,  avoient  coutume  de  di- 
vifer  la  terre  d'Ifraël  en  quatre  cens  Par/es  en  carré. 
Cette  manière  de  compter  femble  leur  être  favorite , 
&  ils  s'en  fervent  avec  une  espèce  de  prédilection.  Il 
en  rapporte  plufieurs  exemples  ,  ôc  ajoute  que  la  Parfa 
des  Hébreux  contenoit  quatre  milles  pas.  Dix  parfes , 
continuc-t-il,  font  quarante  milles,  de  forte  que  qua- 
tre cens  parles  ou  parafangues  font  feize  cens  milles. 
*  Dec as  eborogr.  Marco  prxmijja  ,  cap.  8. 

Les  auteurs  du  talmud  comptent  quelquefois  par 
inillcs ,  quelquefois  par  parfes ,  ôc  quelquefois  par  jour- 
nées. 

Leur  Mille  n'étoit  pas  de  huit  ftades,  comme  celui 
des  Grecs  &  des  Romains,  dont  nous  parlerons  dans  la 
fuite,  mais  de  fept  ftades  ôc  demi. 

A  l'égard  de  leur  journée  de  chemin ,  voici  comme 
les  rabbins  l'expliquent  eux-mêmes.  On  demande  quelle 
eft  la  mefure  du  chemin  d'un  homme  en  un  jour  î  Ré- 
ponfe.  S'il  part  dès  la  petite  pointe  du  jour  ,  il  au- 
ra fait  cinq  milles  lorsque  le  foleil  fe  lèvera  ;  depuis 
l'inftant  du  foleil  couchant ,  jusqu'à  ce  qu'on  voye  les 
étoiles  ,  il  fera  cinq  autres  milles,  reftent  trente  milles  ; 
quinze  depuis  le  matin  jusqu'à  midi ,  ôc  les  quinze  au- 
tres depuis  le  midi  jusqu'au  foir.  Telle  eft ,  félon  les 
rabbins ,  une  journée  de  chemin  telle  qu'un  homme  la 
peut  faire  ;  mais  communément  ils  n'y  mettent  que 
trente  milles:  encore  eft  il  bon  d'avertir  que  le  calcul 
précédent  eft  fait  pour  la  faifon  de  l'équinoxe ,  &  qu'un 
jour  d'hiver  n'y  fufïiroit  pas.  A  l'égard  du  ftade  hébreu , 
le  même  critique  Anglois  obferve  que  les  Hébreux  fe 
fervent  du  mot  on  Ris  pour  dire  un  ftade.  Il  n'étoit 
point  permis ,  félon  eux ,  de  tendre  des  filets  aux  pi- 
geons plus  près  des  maifons  que  de  trente  ftades  ou  Ris. 
Et  comme  il  falloit  fept  ftades  ôc  demi  pour  faire  un 
mille,  les  trente  valoient  donc  quatre  milles.  *  Morœ 
Hebraic.  in  evang.  Job. 

On  s'étonnera  que  les  uns  difent  que  le  mille  des 
Hébreux  étoit  de  trois  mille  coudées  ,  &  que  d'autres 
ne  le  fanent  que  de  deux  mille.  Reland  dit  que  les  Juifs 
ont  coutume  d'évaluer  le  Mil  Vn  à  deux  mille  cou- 
dées. 11  cite  Rabi  Levi  Barzelonite  ,  qui  dit  que  la  Parfa 
contient  quatre  milles ,  &  qu'un  mille  eft  de  deux  mille 
coudées.  11  ajoute  :  Maimonide  dit ,  que  fi  quelqu'un  eft 
à  la  campagne ,  &  qu'il  ne  fâche  pas  au  jufte  quel  eft 
le  chemin  qu'il  eft  permis  de  faire  un  jour  du  fab- 
bat, qu'il  marche  deux  mille  pas  médiocres,  Ôc  cet  es- 


MES 


pace  fera  celui  du  chemin  permis  le  jour  du  fabbat. 
Reland ,  remarque  qu'Origéne  parle  aufii  dans  le  même 
fens. 

Si  cette  mefure  étoit  bien  avérée  ,  nous  apprendrions 
par  là  ce  que  c'étoit  que  la  coudée  des  Hébreux ,  & 
quelle  en  eft  la  véritable  mefure.  Car  le  mille  S'Q  con- 
tient mille  pas ,  chaque  pas  eft  de  cinq  pieds  romains  > 
donc  mille  pas  font  de  cinq  mille  pieds  romains. 
Pas  Pieds. 

1  égal  à  j 

iooo  égaux  à  jcco. 

Nous  venons  de  voir  ci-devant  que  le  mille  contienC 
deux  mille  coudées. 

Coudées  Pieds. 

Donc  200  égales  à        jooo. 

2  à  5. 

Donc    1  égale   à        2  &  demi. 

Si  l'on  compare  les  coudées,  des  écrivains  du  tal- 
mud à  celles  qu'emploie  Jofephe  ,  on  trouvera  un  tiers 
de  différence.  Ceux-ci,  par  exemple,  difent  que  l'au- 
tel avoit  dix  coudées  de  hauteur.  Jofephe  lui  en  donne 
quinze.  Les  portes  du  parvis  avoient ,  félon  les  Tal- 
mudiftes ,  vingt  coudées  de  hauteur  ôc  dix  de  largeur  ;  Jo- 
fephe dit  qu'elles  en  avoient  trente  de  hauteur  &  quinze 
de  largeur  :  la  différence  eft  toujours  d'un  tiers.  Reland 
croit  que  Jofephe  s'eft  fervi  des  coudées  romaines  pour 
être  mieux  entendu  des  étrangers  pour  qui  il  écrivoit  ; 
ôc  il  ajoute  que  la  coudée  romaine  étoit  d'un  pied  8c 
demi,  ou  trois  demi-pieds,  ôc  la  coudée  des  Hébreux 
de  deux  pieds  &  demi ,  ou  cinq  demi-pieds ,  en  ce  cas 
Jofephe  a  employé  un  faux  calcul  :  car  la  différence  de 
ces  deux  mefures  étant  de  trois  à  cinq ,  il  ia  fait  mal- 
à-propos  de  quatre  à  fix. 

Mais  voici  une  autre  difficulté.  Iter  Sabbaticum ,  ou 
le  chemin  qu'il  étoit  permis  de  faire  un  jour  de  fab- 
bat ,  comprenoit  un  espace  de  deux  mille  coudées , 
comme  on  vient  de  voir;  &  il  y  a  des  auteurs  qui  di- 
fent qu'il  étoit  égal  à  fix  ftades.  Saint  Epiphane ,  né 
dans  la  Paleftine  ôc  de  race  Juive,  pouvoit-il  ignorer 
la  jufte  mefure  du  chemin  permis  au  jour  du  fabbat  î 
Cependant  il  écrit,  Haref.  66.  Il  n'eft  pas  permis  de 
marcher  le  jour  du  fabbat  plus  loin  que  fix  ftades.  Si 
l'on  fuppofe  que  par  le  mot  ftade  faint  Epiphane  a  en- 
tendu des  ftades  romains  de  cent  vingt-cinq  pas,  les' 
fix  font  égaux  à  trois  mille  fept  cens  cinquante  pieds 
romains,  qui  valent  deux  mille  cinq  cens  coudées  ro- 
maines d'un  pied  ôc  demi,  ou  trois  demi-pieds  romains 
chacune  ;  mais  comme  les  Hébreux  comptent  cinq  cens 
coudées  moins,  c'eft  à-dire  deux  mille  de  leurs  coudées 
au  lieu  de  deux  mille  cinq  cens  coudées  romaines ,  il 
s'enfuit  que  leur  coudée  eft  égale  à  un  pied  romain  plus 
dix  fept  cens  cinquante  parties  d'un  autre  pied  partagé 
en  deux  milles.  Ainfi  la  proportion  de  la  coudée  hé- 
braïque, félon  ce  calcul,  eft  au  pied  romain  comme 
1  à  1.  plus  1750-2000.  Ce  qui  ne  convient  pas  à  l'idée 
que  l'on  a  donnée  ci-deflus  de  la  différence  de  la  cou- 
dée des   Hébreux  à  la  coudée  romaine. 

Il  eft  vraifemblable  que  la  coudée  ne  différoit  point 
chez  les  Egygtiens  ôc  chez  les  Hébreux.  Ces  derniers 
avoient  fait  un  long  féjouren  Egypte,  leur  esclavage ,  leurs 
travaux  les  avoient  fans  doute  accoutumés  aux  mefures 
des  Egyptiens  ;  de  forte  que  quand  même  ils  auroient 
eu  dans  la  famille  de  Jacob  une  mefure  diffétente  de 
celle  des  Egyptiens ,  la  néceflîté  de  fe  conformer  aux 
ufages  d'un  pays  où  ils  vécurent  fi  long  tems,  les  au- 
roit  ramenés  infenfiblement  aux  mefures  égyptiennes. 
Or  nous  avons  un  partage  d'Hérodote  ,  /.  1.  ».  149. 
fur  les  mefures  de  ces  derniers.  Le  voici ,  c'eft  à  l'oc- 
cafion  de  deux  pyramides  que  l'on  voit  dans  le  lac  de 
Mœris.  Presque  dans  le  milieu ,  dit  cet  auteur ,  il  y  a 
deux  pyramides  qui  ont  deux  cens  coudées  de  hauteur 
au-deflus  du  niveau  du  lac,  qui  en  cache  une  pareille 
profondeur  fous  l'eau.  Au-defius  de  chacune  eft  un  co- 
lofle  de  pierre.  Ces  pyramides  font  donc  hautes  de  qua- 
tre cens  coudées,  ôc  ce  nombre  de  coudées  revient 
juftement  à  fix  cens  pieds.  L'orgye  contient  fix  pieds  ou. 
quatre  coudées  ;  le  pied  eft  de  quatre  palmes ,  &  la 
coudée  eft  de  fix  palmes.  Hérodote,  /.  2.  n.  i6j.  dit 
ailleurs  que  la  coudée  d'Egypte  ôc  celle  de  Samos  eft 
'  la  même.  Il  eft  à  croire  qu'Hérodote  dans  cette  évalua- 


MES 


MES 


rîon  parle  du  pied  des  Grecs,  dont  quatre  mille  huit 
cens  faifoient  le  mille  romain  égal  à  cinq  mille  pieds 
romains.  Cette  différence  a  jette  par  la  fuite  de  la 
confufion  dans  l'évaluation  du  ftade  romain ,  comme 
nous  le  dirons  ci-après. 

Je  crois  qu'il  faut  mettre  ici ,  comme  un  axiome , 
cette  vérité  que  de  lifte  a  remarquée  ,  que  les  ftades 
Se  les  parafangues  étoient  beaucoup  plus  petites  dans  la 
haute  antiquité  que  du  tems  des  Romains  ;  Se  que  les 
petites  mefures  qui  ont  toujours  paru  relatives  aux  gran- 
des, ont  aufli  changé  dans  la  même  proportion.  En 
effet,  pourfuit-il,  il  y  a  beaucoup  d'appparence  que  dans 
les  premiers  tems  les  pas  dont  on  s'eft  fervi  pour  me- 
iurer  les  terres ,  ont  été  réglés  fur  le  pas  commun  , 
qui  n'eft  que  de  deux  pieds  quatre  pouces  de  Paris, 
valant  deux  pieds  &  demi  romains  ;  au  lieu  que  le  pas 
du  tems  des  Romains  étoit  de  cinq  de  leurs  pieds. 
Que  dans  la  fuite  on  a  augmenté  cette  mefure  du  don» 
ble ,  à  caufe  que  le  pas  commun  pris  tout  feul ,  n'eft 
proprement  qu'un  demi-pas  ,  n'étant  qu'une  fimple  dé- 
marche. Peut-être  aufli  ces  deux  fortes  de  pas  ont-ils 
été  employés  à  deux  ufages  différais  dans  le  même-tems  ; 
le  pas  commun ,  ou  le  pas  fimple  à  l'arpentage ,  Se  le 
pas  double  à  l'architecture;  &  que  le  pas  géométrique 
qui  eft  le  dernier ,  l'aura  enfin  emporté ,  Se  aura  été 
employé  pour  l'arpentage  aufli  bien  que  pour  l'archi- 
tecture ;  fur-tout  depuis  que  les  Romains  ont  fait 
conffruire  Se  mefurer  géométriquement  leurs  routes 
militaires,  Ceci  fe  prouvera  encore  mieux,  lorsque  nous 
parlerons  des  anciens  ftades.  *  Mém.  de  l'Acad.  roya- 
if  des  Sciences ,  année  1721.  p.  78. 

Mesures  itinéraires  des  Egyptiens. 

On  n'en  peut  rien  dire  de  plus  clair  que  ce  que  nous 
en  enfeigne  Hérodote,  /.  2.  c.  6.  La  longueur  de  l'E- 
gypte ,  le  long  de  la  mer ,  eft  de  foixante  Schœnes  ,  à 
prendre  l'Egypte,  depuis  le  golfe  de  PIinthine(  au  fud- 
oueft  d'Alexandrie  )  jusqu'au  lac  de  Sirbon  auprès  du 
mont  Cafius.  11  y  a  donc  de  l'un  à  l'autre  foixante  fchee- 
nes  ;  car  ceux  qui  ont  peu  de  terres  ,  les  mefurent  par 
Orgyes,  c'eft  une  mefure  de  quatre  coudées.  Ceux 
qui  en  ont  davantage,  les  mefurent  par  Stades,  & 
ceux  qui  en  ont  beaucoup,  les  mefurent  par  Parasan- 
gues  ;  ceux  enfin  qui  en  ont  une  très-grande  étendue, 
les  mefurent  par  Schœnes.  La  parafangue  répond  à 
trente  ftades ,  le  fchoene  répond  à  foixante  ;  ainfi  l'E- 
gypte avoit  le  long  de  la  mer  trois  mille  fix  cens 
ftades. 

Ce  paffage  d'Hérodote  eft  d'autant  plus  remarqua- 
ble ,  qu'il  nous  apprend  toutes  les  mefures  des  Egyp- 
tiens ;  favoir, 

L'orgye  qui  eft  de  quatre  coudées.  En  joignant  ce 
paffage  avec  celui  que  nous  avons  déjà  rapporté  ,  nous 
(couverons  que 

4  Palmes  font         1  pied, 

6  Palmes  1  coudée, 

4  Coudées  ou  ilx  pieds  1  orgye. 

Ainfi  l'orgye  eft  une  toife  ,  dont  les  pieds  font  appa- 
remment ceux  des  Grecs. 

Le  Stade  des  Egyptiens  devroit  être  une  mefure  dé- 
cidée, fi  ceux  qui  ont  mefure  les  pyramides  s'en  étoient 
acquittés  avec  une  exactitude  égale.  Voici  ce  que  Caffini 
*  remarqué  fur  ce  fujet.  Hérodote,  dic-il ,  donne  la  lar- 
geur de  la  plus  grande  pyramide  d'Egypte  à  fa  bafe  de 
800  pieds ,  Se  par  conféquence  d'un  ftade  Se  un  tiers. 
Le  pied  d'Hérodote  étoit  au  pied  de  Paris  comme  60 
a  j  1  ,  on  aura  donc  dans  cette  proportion  la  largeur 
de  la  pyramide  à  fa  bafe  de  680  pieds  de  Paris.  Cha- 
zelles  mefura  avec  un  cordeau  la  bafe  de  cette  pyra- 
mide qui  eft  fur  un  terrein  inégal ,  élevé  vers  le  milieu , 
<&  le  trouva  de  690  pieds  de  Paris ,  d'où  il  dit  qu'il 
falloit  ôter  quelque  chofe  pour  avoir  la  bafe  jufte.  Si 
l'on  en  ôte  dix  pieds ,  on  aura  la  largeur  de  la  bafe  de 
680  ,  comme  nous  l'avons  calculée  ci-deffus. 

Gemelli  (  Careri  )  qui  a  fait  le  tour  du  monde ,  rap- 
porte les  mefures  de  cette  pyramide  où  il  a  été  l'an 
1695.  comme  il  les  a  reçues  du  père  Fulgence  de  Tours , 
Capucin  3  mathématicien  ,   qui  trouva  la  largeur  de 


237 

chaque  côte  de  cette  pyramide  de  682.  pieds  de  Paris; 
conformément  à  Thevenot  dans  fon  voyage  du  Levant, 
ce  qui  s'accorde  à  peu  près  à  la  mefure  que  nous  ve- 
nons de  déterminer  de  neuf  ftades  par  mille.  Les  me- 
fures qu'il  en  donne  s'accordent  aufli  à  celles  que  Jau- 
geon  a  reçues  de  Noiniel,  ambaffadeur  de  France  à  la 
Porte.  11  y  a  lieu  de  s'étonner  que  Gréaves  mathémati- 
cien Anglois,  dans  fa  pyramidographie,  ait  trouvé  la 
bafe  de  cette  pyramide  mefurée  par  les  triangles  de  6y$ 
pieds  de  Londres,  qui  font  au  pied  de  Paris  comme  ic 
à  16.  Suivant  cette  proportion  ,  la  largeur  de  cette  py- 
ramide ne  feroit  que  de  6/0  pieds  de  Paris ,  d'où  l'on 
peut  voir  les  différences  qu'il  y  a  entre  les  mefures  d'une 
même  grandeur  prifes  pardiveifes  perfonnes,  &  rédui- 
tes au  même  pied.  Strabon  qui  alla  en  Egypte  avec 
^Elius  Gallus  vers  l'époque  de  J.  C.  donne  la  largeur  de 
cette  pyramide  d'un  ftade.  Il  fait  donc  le  ftade  plus  grand 
d'un  tiers  qu'Hérodote  ;  Se  que  les  géographes  dont  il  a 
emprunté  les  dimenfions  des  côtes  méridionales  de  la 
France  ,  exprimées  par  ftades. 

Diodore  de  Sicile  qui  fut  en  Egypte  foixante  ans  avant 
l'époque  de  Jefus-Chrift ,  dit  que  la  plus  grande  pyra- 
mide avoit  dans  fa  partie  inférieure ,  chaque  côte  de 
fept  arpens.  Six  arpensfont  un  ffade,  fuivant  Hérodote; 
dont  chaque  côté  étoit  d'un  ftade  Se  un  fixiéme.  Nous 
avons  donc  trois  différentes  dimenfions  de  la  pyramide  er» 
ftade  :  une  d'un  ftade  jufte  ;  une  d'un  ftade  &  un  fixiéme  v 
&  une  d'un  ffade  &  un  tiers.  D'où  Caffini  conclud  que  U 
mefure  des  ftades  étoit  aufli  équivoque  parmi  les  anciens 
que  la  mefure  des  milles  Se  des  lieues  parmi  lesmoder-, 
nés.  La  mefure  des  milles ,  pourfuit  il ,  étoit  plus  uni- 
forme. Cette  comparaifon  prouve  que  le  pied  moderne 
de  Rome  d'un  palme  Se  un  tiers  eft  égal  au  pied  ancien  p 
employé  dans  la  mefure  des  diffances  des  villes  de  France  , 
Se  que  l'un  Se  l'autre  font  au  pied  de  Paiis ,  comme  11  à 
12  »  ayant  négligé  une  petite  fraction  ,  qui  dans  la  pra- 
tique eft  infenfible. 

Mais  le  pied  d'Hérodote  ,  avec  lequel  il  mefura  la  py- 
ramide étant  au  pied  de  Paris,  comme  ji  à  60  ,  eft  égal 
à  10  pouces  2  lignes  Se  deux  tiers  du  pied  de  Paris.  C'eit 
un  des  grands  pieds  d'un  homme  d'une  grande  taille  ,  Se 
tel  devoit  être  le  pied  d'Hercule  ,  avec  lequel  il  mefura 
les  ftades  pour  les  jeux  olympiques ,  leur  donnant  600  de 
fes  pieds  ,  qui  font  cent  pas,  félon  Hérodote.  Cet  auteuc 
divife  le  pas  en  fix  pieds  ,  comme  nous  divifons  la  toife 
en  fix  pieds  de  roi. 

Pline  donne  la  longueur  de  chaque  côté  de  la  bafe  de 
la  plus  grande  pyramide  de  883  pieds.  Ce.  ne  font 
pas  de  ces  pieds  de  la  mefure  itinéraire  que  nous 
avons  trouvé  par  plufieurs  comparaifons ,  être  au  pied  de 
roi ,  comme  de  1 1  à  1 2  ;  car  fuivant  cette  proportion  » 
la  bafe  qui  a  été  trouvée  de  982  pieds  de  Paris ,  devroit 
être  de  744  de  la  mefure  itinéraire  ancienne ,  au  lieu  de 
S83  que  Pline  lui  donne.  Cette  mefure  eft  donc  au  pied 
itinéraire  ancien,  comme  744-3  883.  Il  y  a  donc  appa- 
rence que  le  pied  de  Pline  étoit  un  pied  d'architecte, 
d'une  mefure  différente  du  pied  romain. 

Il  y  a  encore  une  différence  plus  confidérable  dans  la 
mefure  de  la  place  carrée  qui  refte  au  fommet  de  cette 
pyramide.  Pline  fait  fa  largeur  de  vingt-cinq  pieds.  The- 
venot Se  Gemelli  l'ont  trouvée  de  16  pieds  Se  deux  tiers. 
Si  l'on  fuit  la  proportion  des  mefures  de  la  bafe  en  difanc  : 
comme  682,  mefure  de  Thevenot  Se  de  Gemelli,  eft  à 
883  ,  mefure  de  Pline  ;  ainfi  16  Se  deux  tiers  font  à  un 
quatiieme  nombre  :  on  aura  pour  la  largeur  de  cette 
place  ,  2 1  pieds  Se  demi ,  au  lieu  de  2;  que  Pline  lui  don- 
ne. On  pourroit  attribuer  cette  différence,  qui  eft  de  trois 
pieds  &  demi ,  à  la  démolition  de  la  croûte  de  marbre 
dont  cette  pyramide  devoit  être  revêtue  du  tems  de  Pline. 
L'épaiffeur  de  cette  croûte  auroit  été  d'un  pied  Se  trois 
quarts  de  la  mefure  de  Pline.  Cette  diminution  à  la  bafe, 
ne  varie  pas  fenfiblement  la  proportion  de  divers  pieds 
que  nous  avons  examinés ,  Se  n'accorde  pas  les  différen- 
tes dimenfions  qu'on  en  donne. 

M.  de  Caffini  dit  que  s'il  eff  difficile  d'accorder  enfemble 
les  mefures  de  la  même  bafe  qui  fubfifte  toujours  fans  va- 
riation fenfible ,  Se  qu'on  peut  mefurer  exactement ,  on 
peut  juger  combien  il  l'eft  aufli  de  s'affûter  des  diffances 
des  villes  qui  n'ont  pas  été  mefurées  actuellement  ,  mais 
qui  quc  été  pour  l'ordinaire  déterminées  pat  l'eftime 


^8 


MES 


MES 


groffiere   du  tems   que  Ton  emploie  à  aller  de  l'une  à 

l'autre. 

La  Parasangue  eft  originairement  de  trente  ftades  , 
dont  chacun  cil  de  fix  cens  pieds  grecs.  Mais  cette  mefiuc 
a  enfuite  varié  ,  comme  nous  dirons  en  parlant  des  me- 
fures itinéraires  des  Perfes. 

Il  en  eft  demêmeduScH<ENE,quidevoit  être  de  deux  pa- 
rafangues  ou  de  foixante  ftades.  Hérodote  dit  que  leSchœ- 
ne  eft  une  mefure  égyptienne  ,  ce  qui  détruit  la  conjecture 
•de  faint  Jérôme ,  qui  fans  doute  n'a  fait  que  copier  en 
cela  quelque  Grec  poftérieur  de  pluficurs  fiécles  à  Héro- 
dote. Ce  dernier  écrivoit  long-tems  avant  que  la  langue 
grecque  eût  été  portée  en  Egypte  fous  les  Ptolomées  ;  8c 
puisque  le  mot  de  fchœne  étoit  en  ufage  parmi  les  Egy- 
ptiens avant  qu'Hérodote  écrivît ,  il  ne  peut  donc  pas  avoir 
une  origine  grecque.  Ceft  par  un  pur  hazard  qu'il  reflem- 
ble  au  mot  grec  <r%oivos ,  qui  veut  dire  du  jonc ,  8c  com- 
me le  jonc  fervoit  à  faire  des  cordes ,  les  Grecs  appel- 
ioiento-^Mc/W,  une  corde  faire  de  jonc.  Saint  Jérôme  dans 
fon  commentaire  fur  la  prophétie  de  Joël ,  dit  :  Sur  le 
Nil  &  fur  fes  bords  on  a  coutume  de  tirer  les  barques  avec 
des  cordes ,  &  il  y  a  de  certaines  diftances  qu'on  nomme 
Funiculi ,  où  ceux  qui  tirent  ces  cordes  font  relevés  par 
d'autres  hommes.  On  voit  bien  que  le  mot  Funicuii  eft 
une  traduction  du  mot  fchœne  pris  dans  le  fens  de  corde  , 
&  que  faint  Jérôme  a  cru  que  le  nom  de  cette  mefure  ve- 
noit  effectivement  du  grec ,  ce  qui  ne  peut  être ,  par  la 
fïaifon  que  j'en  ai  dite. 

Il  y  a  plus  de  difficulté  fur  la  véritable  valeur  de  cette 
.  mefure.  Selon  Hérodote  ,  elle  eft  le  double  de  la  para- 
fangue  ,  &  égale  à  foixante  ftades  ;  mais  Strabon,  lib.  1 1 . 
fag.  $o.  dit  que  Téophane  avoit  mefure  l'Arménie,  8c  lui 
donnoit  cent  fchœnes  de  longueur  8c  de  largeur  -,  il  ajoute 
que  chaque  fchœne  vaut  quarante  ftades.  S'il  n'y  avoit 
que  ce  pafiage,.il  feroit  aifé  d'y  trouver  une  folution  ,  en 
difant  que  comme  la  parafangue  étoit  commune  aux  Egy- 
ptien; &  auxPerfans.le  fchœne pouvoit  auffi  êtie  commun 
aux  deux  nations ,  qui  lui  donnoient  chacune  une  étendue 
différente.  Cela  eft  très-conforme  à  ce  que  nous  voyons 
tous  les  jours  à  l'égard  des  lieues  &  des  milles.  Ainfi  il 
•ferait  uès-poffible  que  les  fchœnes  d'Egypte  euffent  été 
plus  grands  d'un  tiers  que  ceux  d'Aimenie  8c  de  Perfe  ; 
mais  Strabon  lui  même  nous  apprend  que  les  fchœnes, 
même  en  Egypte  ,  n'étoient  pas  d'une  égale  longueur  ;  8c 
qu'en  remontant  le  Nil ,  il  avoit  remarqué  qu'on  com- 
ptoit  un  pareil  nombre  de  fchœnes  pour  des  diftances , 
dont  la  navigation  étoit  plus  courte  ou  plus  longue.  Il 
fournit ,  /.  17.  p.  804.  de  quoi  plus  embrouiller  encore 
cette  matière^  Artemidore  ,  dit-il  ,  veut  qu'en  remon- 
tant le  Nil  depuis  Alexandrie  jusqu'à  la  poinre  du  Delta  , 
il  y  ait  ving-huit  fchœnes,qui  valent  840  ftades  ,  car  il  fait 
îe  fchœne  de  trente  ftades.  Pour  nous,  continue  Strabon  , 
en  remontant  ce  fleuve  ,  nous  avons  trouvé  qu'en  nous 
marquant  les  diftances,  on  fe  fervoit  de  différentes  me- 
fures  ;  deforte  qu'en  quelques  endroits  ils  faifoient  le 
fchœne  de  quarante  ftades ,  &  de  plus  en  d'autres.  Arte- 
midore prouve  auffi  qu'il  y  a  des  fchœnes  de  différente 
mefure  en  Egypte.  Selon  lui ,  en  remontrant  de  Memphis 
vers  la  Thébaïde ,  chaque  fchœne  eft  de  cent  vingt  ftades  \ 
de  la  Thébaïde  à  Siéne  ,  chacun  eft  de  foixante.  De  Pe- 
îufe  à  la  pointe  du  Delta  ,  il  compte  de  navigarion  vingt- 
cinq  fchœnes,  évalués  à  fept  cens  cinquante  ftades,  ce 
qui  fait  trente  ftades  par  fchœnes  ;  on  pourroit  dite  de  ces 
derniers,  qu'ils  n'étoient  que  des  demi  fchœnes ,  cV  que 
ceux  entre  Memphis  &  la  Thébaïde  étoient  de  doubles 
fchœnes  ;  que  la  vraie  8c  ancienne  mefure  des  fchœnes 
étoit  de  foixante  ftades ,  comme  du  tems  d'Hérodote  ; 
qu'avec  le  tems  on  avoit  confondu  le  fchœne  8c  la  para- 
fangue ,  fur-tout  dans  les  lieux  les  plus  fréquentés  par  l'é- 
tranger :  car  du  côté  de  Siéne,où  les  étrangers  voyageoient 
plus  rarement  ,  on  voit  par  le  paffage  rapporté  que  le 
fchœne  étoit  refté  limité  à  foixante  ftades ,  comme  Héro- 
dote le  fixe. 

MlSURES    ITINÉRAIRES    DES    PERSES. 

Les  Parasangues  étoient  une  mefure  fort  en  ufage 
chez  les  Perfes.  Nous  venons  de  l'évaluer  à  trente  ftades  , 
c'elt-à  dire  ,  à  la  moitié  du  fchœne.  Hefyche  lui  donne 
Je  même  nombre  de  ftades.   Les  Arabes  l'évaluent  à  trois 


de  leurs  miles ,  dont  nous  parlerons  dans  la  fuite.  Pline  ; 
/.  6.  c.  xG.  fe  plaint  de  ce  que  les  auteurs  ne  s'accordoient 
pas  fur  l'étendue  que  doit  avoir  la  parafangue.  Inconftan- 
tiam  menfurœ  diverfitas  auîtorum  facit  cùm  Pcrfa  quoque 
fchœnos  &  parafangas  alii  alia  menfura  déterminent^ 
Ainfi  nous  ne  fouîmes  guéres  en  état  de  déterminer  quelle 
étoit  la  jufte  mefure  de  la  parafangue  8c  du  fchœne  chez 
les  anciens  Perfes.  Quant  aux  Perfans  du  moyen  âge , 
nous  parlerons  de  leurs  mefures  avec  celles  des  Arabes. 
Le  livre  d'Ifidore  de  Charax  ,  où  il  marque  les  diftances 
des  principaux  lieux  du  pays  fournis  aux  Pannes ,  eft  ex- 
primé par  fchœnes. 

Le  fçavant  Dodwel  dans  fa  differtation  fur  Ifidore  de 
Charax  inférée  au  fécond  volume  de  la  collection  des  pe- 
tits géographes  grecs  ,  §.  1 3.  p.  y  6.  dit  qu'avec  le  tems  on 
transporta  le  nom  de  fchœnes  aux  parafangues.  On  en 
vient  de  voir  la  preuve  ,  puisqu'il  y  avoit  des  fchœnes  de 
trente  ftades  qui  font  la  mefure  de  la  parafangue  dans  fon 
origine  ;  ôc  qu'en  échange  il  y  avoit  des  parafangues  de 
foixante  ftades  qui  font  la  mefure  originelle  du  ichœne. 
On  voit  par  un  fragment  de  Julien  l'architecte  ,  que  Ca-: 
faubon  avoit  vu  en  manuferit ,  8c  qu'il  cite  dans  fon  com- 
mentaire fur  Strabon ,  que  la  mefure  la  plus  ordinaire 
des  parafangues  de  fon  rems  étoit  de  quarante  ftades.  Il 
eft  certain  que  ce  n'eft  pas  l'ancienne  ,  8c  il  paroît  qu'on 
ne  l'avoit  inventée  qu'après  que  les  Romains  fe  furent  in- 
troduits dans  le  Levant  ;  on  ne  la  préféra  fans  doute  que 
pour  la  facilité  d'évaluer  leurs  milles  en  parafangues ,  & 
pour  éviter  les  fractions  5  car  une  parafangue  de  quarante 
ftades  [  en  fuppofant  que  par  le  ftade  on  entend  iij  pas 
géométriques  ]  répond  précifémenr  à  cinq  mille  pas  ro- 
mains ;  des  parafangues  de  2j  ,  de  30  ,  de  60  ftades  font 
nécefiairemenr  des  fractions  toujours  incommodes  dans 
les  calculs.  Pour  connoitre  les  fchœnes  des  Parthes  il  n'y 
a  qu'à  prendre  une  diftance  qu'ils  expriment  par  fchœnes, 
&  la  comparer  avec  la  même  diftance  expu'mée  par  milles 
romains  dans  quelque  autre  auteur.  On  aura  pour  lors  la 
véritable  valeur  du  fchœne  dont  ils  fe  font  fervi ,  8c  il  fera 
aifé  de  réduire  le  mille  en  ftades ,  qui  en  eft  la  huitième 
partie. 

Dodwtl  remarque  que  les  parafangues  de  trente  ftades 
pourroient  bien  avoir  donné  lieu  aux  milles  de  fept  fta- 
des 8c  demi  ,  dont  quelque  Grecs  ont  parlé.  Le  retran- 
chement d'un  demi-ftade  par  mille  eft  commode  pour 
faire  un  compte  rond  ,  car  alors  quatre  mille  de  cette 
efpéce  font  de  trente  ftades ,  &  valent  une  parafangue, 
ce  qui  ne  feroit  pas  fi  chaque  mille  étoit  de  huit  ftades, 
en  ce  cas  les  quatre  milles  excéderoienr  la  parafangue  de 
deux  ftades  -,  &  le  calcul  cefferoit  d'être  auffi  aifé  ,  puis- 
qu'il y  auroit  néceflairement  des  fractions  toujours  incom- 
modes. Nous  donnerons  encore  une  autre  raifon  qui  a 
pu  donner  lieu  aux  milles  de  fept  ftades  8c  demi. 

Mesures    itinéraires    des    ancien» 

Grecs. 
Ces  fix  vers  latins  expriment  les  différentes  mefures  des 

Grecs. 

Quatuor  ex  digitis  conftabat  Grxca  Palefte  : 
llla  ter  in  Spitame  -.jufioquater  in  Pede  :  Senos 
Fert  Oigyapedes  :  Peletro  centefimus  eft  pes  : 
Arvus  dimidium  eft  :  Stadiumque  coercet  Achivum, 
Scxccntos  :  Stadia  Aftyriis  ignota  Pharoque 
Triginta  antiquis  Parafanga  &  Schœnus  habebant. 

La  Paleste,  Ua^-cçt',  étoit  une  mefure  répondante  à  la 
largeur  de  quatre  doits.  Ceft  le  Falmus  des  Latins. 
Quelques  uns  confondent  Falmus  8c  F  aima  ,  mais  Fal- 
mus n'eft  que  de  quatre  doigts  -,  Falma  eft  le  double. 
Ceux  qui  regardent  ces  mots  comme  fynonymes  ,  difenc 
du  Falmus  qu'il  eft  de  deux  fortes  ,  le  petit  qui  eft  la  Pa-. 
lefte  ,  8c  le  grand  qui  en  vaut  deux.  Ce  dernier  a  été  con- 
fondu avec  le  Spitame  par  Pline ,  fi  nous  en  croyons  le 
P.  Ikiet ,  ce  que  je  ne  trouve  point  dans  cet  auteur. 

J'y  vois  feulcmeur  que  Pline  dit,  en  parlant  des  Pyg- 
mées  :  Supra  hos  extrema  in  parte  montium  Tristithami 
Fygmd  qui  narr'antur  ,  temas  Sfitamas  longitudine ,  hoc 
eft  ternos  dodrantes  non  excédent  es  ;  c  eft-  à-dire ,  que  ces 
Pygmées  n'avoi'ent  de  hauteur  que  trois  fpitames ,  8c  en 
même  tems  il  évalue  le  Spitame  au  Dodrans ,  c  eft-à- 
dire ,  à  neuf  pouces ,  dont  douze  faifoient  le  pied  ro- 


MES 


mains.  On  voit  bien  que  Pline  a  pris  les  chofes  à  peu  près,' 
c?  en  fuppofant  que  le  pied  des  Grecs  étant  différent  du 
pied  romain ,  comme  nous  le  dirons  plus  bas  ,  douze 
doigts  des  Grecs  ne  differoient  guère  de  neuf  pouces  ro- 
mains. Les  vers  mêmes  nous  marquent  que  le  fpitame 
devoir  être  de  neuf  pouces  ;  car  un  pied  julle  valoit  quatre 
palettes  ou  feize  doigts ,  donc  quatre  paleftes  égales  à 
douze  pouces,  Se  trois  égales  à  neuf;  donc  les  quatre 
doigts  de  la  palefte  étoient  égaux  à  trois  pouces. 

Le  pied  des  Grecs  étoit  de  feize  paleftes ,  cv  plus  grand 
que  le  pied  romain  d'un  vingt-cinquième  ,  de  forte  que 
600  pas  grecs  étoient  égaux  à  61$  pas  romains. 

L'orgye  étoit  de  fix  pieds ,  Se  répondoit  à  notre  toife 
dans  la  même  proportion  qu'il  y  a  entre  le  pied  des  Grecs 
&  le  pied  de  roi  :  on  l'évaluoit  aufii  a  quatre  coudées, 
comme  je  l'ai  déjà  dit  ailleurs.  11  y  avoit  deux  fortes  d'or- 
gyes  :  l'orgye  julk  de  fix  pieds ,  &  la  grande  de  dix.  Théo- 
phrafte  parle  quelque  part  de  cette  derrière. 

Le   PELETHRUM   OU  PLETHRUM  ,    riÀsôfCe    OU    Xlihifylv  , 

étoit  une  melure  de  cent  pieds. 

L'arvus  A"f»i.st ,  étoit  la  moitié  du  pelethrum ,  c'eft- 
à-dire  ,  de  cinquante  pieds.  11  y  a  des  auteurs  qui  triplent 
cette  melure  &  lui  donnent  cent  coudées  ,  c'elt-à-dire, 
cent  cinquante  pieds. 

Le  stade  des  Grecs  eft  de  fix  cens  pas ,  ce  qui  ne 
doit  à 'entendre  que  de  certains  ficelés  ,  car  il  eft  confiant 
que  les  anciens  itades  étoient  beaucoup  plus  petits.  En 
voici  les  preuves. 

Un  degic  de  l'equateur  vaut  75  milles  romains.  [  Cela 
eft  prouvé  ci  après.  ]  il  y  a  tout  au  plus  cent  vingt-cinq 
pas  dans  un  iiadc  ;  cela  ne  produit  ,  toute  déduction 
faite  ,  que  fix  cens  ftades  dans  un  degré.  Presque  tous 
nos  géographes  y  en  mettent  encore  moins  ;  car ,  comme 
ils  iuppofent  fauiîèment  que  le  degré  n'eit  que  de  foixante 
milles  romanis  ,  il  faut  retrancher  un  cinquième  des  fix 
cens  ftades,  Se  il  n'en  réitéra  plus  que  quatre  cens  qua- 
tre-vingt ,  ce  qui  ne  s  accorde  point  avec  la  faine  antiqui- 
té. Comment  eit-il  vraifemblable  qu'Alexandre  voulant 
appaifer  une  fédition  ait  fait  fix  cens  itades  en  deux  jours 
avec  fon  armée  \  Selon  le  faux  calcul  de  ceux  dont  nous 
venons  de  parler  ,  cela  reviendroit  à  vingt-quatre  lieues 
par  jour ,  en  prenant  des  lieues  de  trois  mille  pas  géomé- 
triq  les  ;  mais  la  choie  devient  poffible.lorsqu'on  prend  les 
Itades  qui  étoient  en  ufage  du  tems  de  Xénophon  ,  d'A- 
riltore  ,  Se  par  conféquent  d'Alexandre. 

En  comptant  avec  Xénophon  feize  mille  cinquante  ita- 
des depuis  Ephéfc  jusqu'au  lieu  où  fe  donna  la  bataille 
que  Cyrus  perdit  contre  fon  frère ,  on  trouve  ,  comme 
l'a  remarqué  de  l'Ifle  ,  Mémoires  de  l'académie  des 
Sciences  ,  année  172 1,  p.  78.  que  le  calcul  de  cette  diftan- 
ce  qai  eft  connue  d'ailleurs ,  demande  que  ce  foient  des 
ftades  dont  il  faut  plus  d'onze  cens  dans  le  degré.  Cela 
s'accorde  mal  avec  le  préjugé  des  modernes;  le  mal  n'eit 
pas  grand  ;  en  récompenfe  cela  convient  avec  le  calcul 
que  l'on  a  taxé  d'erreur  dans  Ariitote ,  faute  de  l'enten- 
dre. Ce  philofophe  dans  fon  livre  de  Cœlo ,  dit  que  la 
terre  a  quatrecens  mille  fiades  de  tour  :  cela  donne  par  le 
calcul  onze  cens  onze  fiades  dans  un  degré.  Voilà  les 
Itades  qu'il  faut  entendre  ,  lorsqu  il  s'agit  des  mefures  iti- 
néraires employées  par  Diognete  Se  Béton, géomètres,  qui 
accompagnoient  Alexandre  ,  Se  fur  les  mémoires  &  les 
calculs  de  qui  Strabon  ,  Pline ,  Arrien  Se  Quinte-Curfe 
ont  fouvent  parlé  des  fiades  de  ce  tems.  Avec  cette  reftri- 
étion,  la  marche  d'Alexandre  n'eft  plus  qu'admirable ,  fans 
être  impoiiib'e  :  douze  lieues  de  marche  dans  un  pays 
chaud,  avec  des  troupes  armées  pefamment ,  font  difficiles. 

Faute  d'avoir  fait  cette  réflexion  ,  le  géographe  du  Val  a 
fait  une  carte  de  l'expédition  de  Cyrus ,  publiée  en  1655. 
dans  laquelle  évaluant  ,  félon  le  préjugé  ordinaire ,  les 
itades  de  Xénophon ,  il  fait  faire  à  l'armée  des  dix  mille 
Grecs ,  cinq  cens  lieues  plus  qu'elle  ne  fît  effectivement, 
&  donne  à  l'Afie  Mineure  quinze  cens  lieues  carrées  au 
lieu  de  fix  cens  qu'elle  doit  avoir  par  les  difiances  de  Xéno- 
phon réduites  aux  mefures  ufitées  de  fon  tems  ,  Se  par  les 
obfervations  aftronomiques  faites  à  Conttantinople  ,  à 
Trebifonde  ,  à  Smyrne  Se  à  Alexandrette  ,  qui  font  aux 
quatre  extrémités  de  ce  pays.  Le  ftade  de  Xénophon  Se 
d'Aï  iftore  elt  donc  de  près  de  la  moitié  plus  petit  que  le 
ftade  dont  huit  font  un  mille  romain  ;  Se  la  différence 
peut  en  être  facilement  appréciée  par  celle-ci. 


MES         239 

Un  degré  de  l'equateur  égal  à  600  ftades  romains  de 
huit  au  degré. 

Le  même  degré  égal  à  1 1 1 1  ftades  d'Ariftote  &  de  Xé- 
nophon. 

Ainfi  ,  comme  600  font  à  1  n  1 ,  de  même  le  ftade  ro- 
main à  l'ancien  ftade. 

Un  double  ftade  ou  deux  cens  cinquante  pas  étoit  nom- 
mé par  les  Grecs  Diaulos  ,  c'étoit  un  quart  de  mille. 
Quatre  ftades  ou  le  demi -mille  s'appelloit  Dolichos. 

L'auteur  des  vers  que  nous  expliquons ,  fuit  l'opinion 
de  ceux  qui  confondent  la  parafangue  Se  le  fchœne  ;  il 
fuppofe  que  les  ftades  étoient  inconnus  aux  Egyptiens. 
Hérodote,  /.  2.  c.  6.  dit  bien  exprefTément  le  contraire 
dans  le  paflàge  que  nous  en  avons  rapporté. 

Mesures  itinéraires  des  Romains» 

Elles  font  exprimées  dans  ces  cinq  vers  latins. 

Quatuor  ex  granis  Digirus  compenitur  unus  : 

Eft  auater  in  Palmo  digitus  :  quater  in  Pede  Palmus: 

Quinaue  pedes  Vattum  facium  paffus  quoque  cemum 

Viginti-qitinque  Stadium  dant  :  at  Miliare 

Otlo  dabuntftadia  :  Duplicatum  dat  tibi  Leucam. 

Les  Romains  ne  partageoient  pas  comme  nous  le  pied 
en  pouces,  mais  en  doigts,  c'elt  à-dire,  en  prenant  les 
doigts  de  la  main  étendue  dans  leur  largeur.  Quatre 
doigts  pris  ainfi  faiibient  le  palme ,  Se  quatre  palmes  fai- 
foient  le  pied.  Chaque  doigt  fe  parrageoit  en  quatre 
parties  mefurées  par  quatre  grains ,  couchés  à  côte  l'un 
de  l'autre  Se  pris  dans  leur  laigeur. 

Outre  cette  divifion  du  pied  romain  en  feize  doigts, 
ils  en  avoient  encore  une  autre  ;  l'once,  uncia,  qui 
étoit  la  douzième  partie  du  pied  romain,  comme  le  pouce 
eft  aujourd'hui  la  douzième  partie  du  pied  de  roi. 

Le  Palme  ,  palmus,  étoit  de  quatre  doigts  ,  Se  faifoie 
la  quatrième  partie  d'un  pied. 

Le  pied  étoit  de  feize  doigts  ou  de  douze  onces.  Cas- 
fini  l'a  évalué  de  cette  manière  dans  fon  admirable  ou- 
vrage de  la  figure  de  la  terre  ,  1.  pan.  c.  14.  p.  184. 

La  diftance  de  Narbonne  à  Nîmes  eft,  dit- il  ,  félon 
nos  dimenfions,  de  67J00  toifes  de  Paris.  Strabon  mec 
de  Narbonne  à  Nîmes  quatre-vingt  huit  milles.  Le  che- 
min de  l'une  de  ces  villes  à  l'autre  eft  allez  droit ,  &  il  y  a 
peu  de  réduction  à  faire.  Diftribuant  6"7;oo  toifes  à  8S 
milles ,  on  aura  pour  chaque  mille  767  toifes  un  vingt- 
deuxième.  Nous  négligeons  cette  petite  fraction ,  par- 
ce que  nous  ne  pouvons  pas  prétendre  avoir  précifément 
les  mêmes  termes  de  ces  deux  villes  que  ceux  qui  furent 
pris  par  les  anciens.  Chaque  pas  étoit  de  cinq  pieds ,  Se 
le  mille  de  cinq  mille  pieds  de  douze  pouces  chacun.  La 
toife  eft  de  fix  pieds  de  Paris  ,  donc  fept  cens  foixante- 
fept  toifes  font  4602  pieds ,  négligeant  deux  pieds  donc 
il  eft  difficile  de  s'afïurer  dans  la  pratique  pour  avoir  un 
compte  rond  ;  4600  pieds  de  Paris  feront  égaux  à  ; 000 
pieds  géographiques  anciens  qui  font  comme  46  àjo, 
ou  23  à  2J. 

Ainfi  le  pied  de  Paris  de  douze  pouces  fera  égal  à 
un  pied  ancien  ,  plus  un  pouce  Se  un  23e  de  pouce 
du  pied  ancien  ,  Se  le  pied  ancien  fera  égal  à  onze 
pouces  Se  un  25e  du  pied  de  Paris.  Si  l'on  fuppofe  le 
mille  ancien  de  764  toifes ',  il  fera  plus  petit  de  trois 
toifes,  Se  le  pied  ancien  fera  au  pied  de  Paris  à  très- 
peu  près  comme  1 1  à  12.  On  verra  dans  la  fuite  que 
Snellius  s'eft  trompé  quand  il  a  cru  que  l'ancien  pied 
romain  étoit  égal  au  pied  de  Rhein  ou  de  Le}  de, 

La  Coudée  fe  prend  depuis  le  bout  du  doigt  du  mi- 
lieu jusqu'au  pli  du  bras.  Mais  comme  cette  mefure  va- 
rie dans  les  hommes ,  on  l'avoir  fixée  à  un  pied  Se  de-» 
mi  romain. 

Le  Pas  eft  l'espace  qui  eft  entre  la  pointe  d'un  pied 
jusqu'à  la  pointe  de  l'autre  d'un  homme  qui  marche. 
On  diftingue  le  grand  pas  &  le  petit  pas.  Le  périr  eft 
de  deux  pieds  &  demi  ;  le  grand  eft  de  cinq  pieds.  C'eft 
ce  dernier  que  l'on  appelle  Pas  géométrique  ,  ou  Am- 
plement Pas  ,  en  matière  de  géographie. 

Le  père  Briet  diftingue  ces  deux  fortes  de  pas  chaeu-' 
ne  en  trois  claiTes» 


24° 


MES 


MES 


Le  Pas 


Petit  ou 
Simple 


|  Grand  ou 
double. 


r  i  de  deux 
u  <  2  de  deux 
.    I  3     de  trois 


de  deux  pieds. 

pieds  ôc  demi, 
pieds 


de  quatre  pieds. 

de  cinq  pieds ,  c'eft  le 

pas  géographique, 
de  fix  pieds ,  c'eft  le  pas 

d'Hérodote, 


La  Perche  étoit  de  deux  pas  ou  dix  pieds.  Le  père 
Briet  croit  qu'elle  étoit  égale  au  Calamus  dont  il  eft  fou- 
vent  parlé  dans  l'Ecriture ,  mais  le  Calamus  de  l'Ecri- 
ture eft  évalué  par  Ezéchiel  dans  le  chapitre  40.  où  il 
l'emploie  à  fix  coudées  &  un  palme  de  long,  c'eft-à- di- 
re ,  à  neuf  pieds  ôc  un  quart  ;  ce  qui  ne  fauroit  faire 
une  toife  ,  qui  eft  fix  de  pieds.  Quant  à  la  perche  dont  il 
eft  ici  queftion ,  elle  eft  nommée  Decempeda  par  Ci- 
céron.  C'étoit  une  mefure  dont  fe  fervoient  particuliè- 
rement les  arpenteurs ,  d'où  eft  venu  le  mot  latin  De- 
cempedator  ,  employé  par  Cicéron  pour  dire  un  ar- 
penteur. 

Le  Stade  Romain  étoit  de  cent  vingt-cinq  pas.  Les 
huit  faifoient  le  mille  romain  ,  comme  nous  l'avons  re- 
marqué ;  ôc  comme  chaque  pas  romain  étoit  de  cinq 
pieds  romains,  il  s'enfuit  que  le  ftade  étoit  de  62;  pieds 
romains. 

Cetre  mefure  eft  la  véritable  étendue  du  ftade  romain. 
Pline,  /.  2.  r.  23.  dit,  Le  ftade  fait  cent  vingt-cinq  de 
nos  pas,  c'eft-a-dire,  fix  cens  vingt-cinq  pieds.  Cenfo- 
rinus,c  13.  p.  84.  prétend  qu'il  y  avoit  trois  fortes 
de  ftades;  l'italique  de  62;  pieds ,  l'olympique  de  600. 
&  le  pithique  de  100.  Il  fe  trompe,  le  ftade  romain, 
ou  l'olympique  ,  étoit  de  même.  Lucas  Panus  dans  fon 
traité  de  Menfuris  &  Ponderibus  >  L  t.  p.  3.  imprimé 
à  Venife  J/z-40.  l'an  1573.  remarque  très-bien  que  ces 
deux  fortes  de  ftades  étoient  de  même  mefure ,  ôc  ne 
différoient  que  par  la  manière  de  les  exprimer  en  pieds, 
Ce  ftade  partagé  en  pieds  grecs  répondoit  à  6<so.  ôc  en 
pieds  latins  à  625.  L'itinéraire  d'Antonin  met  4000  fta- 
des entre  Otiante  ôc  Fifle  de  Salina  fur  la  côte  de  Grèce. 
Pline  met  entre  l'Italie  &  la  Grèce,  une  diftancedejo 
milles.  C'eft  la  même  diftance.  Puisque  8  ftades  font  un 
mille,  400  ftades  50  milles.  Strabon ,  /.  7.  p.  322.  dit, 
conformément  à  ce  calcul ,  que  quand  on  va  d'Apol- 
îonievers  la  Macédoine,  en  tirant  du  côté  de  l'orient, 
on  a  la  voie  Egnatienne  diftinguée  par  milles,  dont 
chacun  eft  marqué  par  une  pierre  jusqu'à  l'Hebre  -,  ôc 
qu'elle  contient  53;  milles.  Il  ajoute  :fî  pour  chaque 
mille  vous  comptez  8  ftades,  vous  aurez  4:80  ftades: 
iî  vous  fuivez  la  méthode  de  Polybe ,  qui  ajoute  deux 
arpens  à  chaque  ftade,  c'eft-à-dire,  un  tiers  de  ftade, 
(  car  chaque  arpent  eft  de  cent  pieds ,  les  fix  font  le  fta- 
.de  de   fix  cens  pieds  ..grecs,)  il  faudra  y  ajouter  178 

ftades. 

Ce  partage  de  Strabon,  sious  apprend  i°.  que  la  di- 
vifion  du  mille  étoit  en  huit  ftades  ;  ôc  i°.  que  Polybe 
faifoit  le  mille  de  huit  ftades  8c  un  tiers  :  cependant  Po- 
lybe ,  /.  3-.  c.  39.  après  avoir  donné  les  diftances  le  long 
de  la  Méditerranée,  depuis  le  détroit  jusqu'aux  Alpes, 
ajoute  à  ce  dénombrement  qu'il  fait  en  ftades  :  Les  Ro- 
mains ont  mefure  &  diftingué  toutes  ces  diftances  par 
huit  ftades,  ou  par  milles.  Le  mille  romain,  félon  lui , 
eft  donc  de  huit  ftades  romains.  Il  peut  fe  faire  que  ce 
même  hiftorien ,  dans  quelqu'un  des  livres  que  nous 
n'avons  plus  ,  ait  parlé  des  ftades  à  la  manière  des 
Grecs,  qui  ont  donné  dans  deux  extrémités  vicieufes 
pour  concilier  leur  manière  de  compter  les  ftades  avec 
les  milles  romains ,  dont  le  calcul  leur  étoit  commode. 
Il  v  a  même  apparence  que  le  calcul  fut  quelque  teins 
incertain,  avant  que  les  milles  romains  eurent  été  fixés 
par  Caius  Gracchus.  PUuarqne  ,  Vie  des  hommes  illu- 
ftres ,  t.  7.  p.  if  y.  Traduction  de  D  acier  ,  parle  ainfi. 
L'ouvrage  auquel  ce  tribun  s'appliqua  avec  le  plus  de 
foin ,  fut  à  dreffer  les  grands  chemins  publics  qu'il 
avoit  ordonnés;  &  en  s'attachant  particulièrement  à  la 
commodité ,  il  ne  négligea  ni  la  beauté  ni  la  grâce.  Il 
pouffa  ces  chemins  en  droite  ligne  au  travers  des  terres , 
les  pava  de  belles  pierres  de  taille  par -tout  où  il  en 


étoit  befûin  »  les  affinant  &  les  affermiffant  ailleurs  par 
des  monceaux  de  fable  qu'il  faifoit  battre  ôc  lier  aves 
du  ciment.  Toutes  les  fondrières  ôc  tous  les  ravins ,  que 
les  torrens  ôc  les  eaux  croupies  avoient  creufés ,  il  les 
faifoit  combler,  ou  il  en  joignoit  les  bords  par  des  ponts 
folides  -,  de  forte  que  les  deux  côtés  étant  d'une  hauteur 
égale  ôc  parallèle,  tout  l'ouvrage  étoit  également  uni  ôc 
très- agréable  à  la  vue.  De  plus ,  il  partagea  tous  ces  che- 
mins par  espaces  égaux  qu'ils  appellent  milles,  &  It 
mille  eft  à  peu  près  de  huit  ftades ,  ôc  pour  marquer 
ces  milles ,  il  fit  planter  de  grands  piliers  de  pierres. 
Ces  pierres  fervirent  à  fixer  les  milles;  ôc  comme  le 
ftade  étoit  la  huitième  partie  du  mille,  il  fut  aifé  d'en 
faire  une  jufte  divifion. 

Mais  ,  avant  ce  tems ,  les  Grecs  ponvoient  bien  n'avoir 
qu'une  idée  confufe  du  ftade  ôc  du  mille  romain  ;  ôc  ils 
tombèrent  dans  différentes  erreurs  fur  le  rapport  de 
leur  ftade  au  mille  qu'ils  vouloient  adopter.  Us  favoienc 
que  le  mille  étoit  de  huit  ftades ,  leur  ftade  étoit  de 
fix  cens  pieds  ,  huit  ftades  chez  eux  faifoient  donc  4800 
pieds.  Le  mille  romain  etoit  de  mille  pas,  ou  de  jcoa 
pieds.  11  falloit  donc  ,  à  leur  compte,  ajouter  deux  cens 
pieds  pour  trouver  le  nombre  de  cinq  milles  Or  ,  nous 
avons  remarqué  que  cent  pieds  grecs  faifoient  l'arpent  -, 
trois  arpens  faifoient  le  ftade  :  ôc  voilà  ce  tiers  de  fta- 
de que  Polybe,  au  rapport  de  Strabon  ,  vouloitque  l'on 
ajoutât  aux  huit  ftades  grecs  pour  faire  le  mille  romain. 
Julien  l'architecte  allégué  par  Arménopole  dit  ,  qu  Era- 
tofthéne  ajoutoit  auffi  ce  tiers  de  ftade  aux  huit  ftades 
grecs.  C'eft  qu'il  ignoroit  que  600  pieds  grecs  valoienc 
autant  que  625  pieds  romains  -,  que  de  même,  que 
huit  fois  6"oo  font  48CO  ,  ainfi  huit  fois  625,  font  5000» 
Se  que  par  conféquent  4800  pieds  grecs  équivalens  à 
jooo  pieds  romains ,  font  également  un  mille  romain. 

D'autres  Grecs ,  beaucoup  plus  réGens  ,  trouvant  les 
Romains  dans  l'habitude  de  compter  cinq  mille  pieds 
dans  le  mille;  62  j  dans  le  ftade,  &  croyant  que  le 
ftade  grec  avoit  un  pareil  nombre  de  pieds ,  ont  jugé 
que  puisque  les  Grecs  ne  comptoient  que  4800  pieds 
dans  un  mille  romain  ,  cette  mefure  ne  devoir  être  que 
d'environ  fept  ftades  ôc  demi.  L'évaluation  d'un  pied  à 
l'autre,  corrige  ces  deux  erreurs. 

L'ancien  ftade  grec  ôc  le  vrai  ftade  des  Romains  étoient 
donc  égaux ,  ôc  ne  difTéroient  que  par  le  nombre  de 
pieds  que  ces  deux  nations  y  comptoient  ;  mais  dans  les 
provinces  le  ftade  varioit.  Nous  avons  vu  que  trois  au- 
teurs Grecs  mefurent  différemment  la  grande  pyramide 
d'Egypte ,  ôc  fe  fervent  de  mefures  auxquelles  ils  don- 
nent une  étendue  peu  uniforme.  En  voici  un  autre 
exemple. 

Strabon  met  la  diftance  entre  le  temple  de  Venus , 
Pyrcnée  &  l'embouchure  du  Var ,  qu'il  donne  pour  les 
deux  termes  de  la  Gaule ,  de  277   milles.  Il   dit   que 
d'autres  comptent  dans  cet  intervalle  2600   ftades  ,  ôc 
que  quelques-uns  ajoutent   encore    200  ftades  qui    fe- 
roienr  en  tout  2800.  En  partageant  ces  deux  nombres 
de  ftades  par  277  milles ,  le  premier  nombre  donne  neuf 
ftades  ôc  un  peu  plus  d'un  tiers    pour  mille  :  ôc  le  fé- 
cond 10,  ôc  un  peu  plus  d'un  neuvième  pour  mille. 
Quoique   d'ailleurs  Strabon  ôc   les  autres   ne  donnent 
communément  que  huit  ftades  pour    un  mille ,  il  pa- 
roît  par  cette  comparaifon  qu'on  ne  fauroit  donner  ici 
à  un  mille,  moins  de  neuf  ftades.  Divifant  767  toi  fes  , 
qui  font  un  mille  ancien  ,  par  neuf,  on  aura  !e  ftade 
de  France  d'environ    85   toifes  qui  font  510  pieds  de 
Paris.   Hérodote    fait  les  ftades   de  fix  cens  pieds ,  le 
pied  d'Hérodote  feroit  donc  au  pied  de  Paris  comme 
5  1  à  60  fuppofant  le  ftade  d'Hérodote  égal  au  ftade  de 
France.  *  CaJJini ,  p.  1 89. 

Le  Mille  Romain  étoit  précifément  de  mille  pas 
géographiques  ,  chaque  pas  de  cinq  pieds  romains  ; 
mais  comme  l'ancien  pied  romain  étoit  de  diverfes  me- 
fures, félon  les  divers  ufages,  il  y  a  eu  de  la  diffi- 
culté fur  l'apréciation.  Cluvier  &  presque  tous  les  géo- 
graphes du  fiécle  paffé  ont  cru  fauffement  que  l'ancien 
mille  romain  étoit  fcmblable  au  mille  italique  dont  foi- 
xante  font  un  degré.  De-là  ce  dérangement  dans  les  cai- 
tes.  Cette  fauffe  évaluation  a  jette  dans  la  géographie 
une  infinité  de  fauffes  pofitions.  C'eft,  dit  de  rifle  ,  ce 
qui  a  fait  tomber  en  erreur  la  plupart  de  nos  moder- 
nes,' 


MES 


MES 


nés ,  qui  ne  connoiflant  pas  aflez  la  véritable  grandeur 
des  milles  anciens,  ont  voulu  mal-à-propos  corriger 
une  meiure  exacte  8c  uniforme  par  une  autre  fort  in- 
égale 8c  fort  incertaine.  Cluvicr  entre  autres,  un  de  nos 
plus  célèbres  géographes,  qui  a  donné  un  ouvrage  fi 
ample  8c  fi  détaillé  fur  l'ancienne  Italie ,  fur  lequel  Hol- 
ltenius  Se  Cellarius  n'ont  presque  pas  pu  enchérir  , 
Cluvier  ,  dis-je  ,  n'a  pas  fait  de  difficulté  de  reprendre 
en  plufieurs  endroits  les  anciens,  8c  de  vouloir  régler 
leurs  diftances  fur  celles  d'aujourd'hui.  *  Hiftoire  de  l'a- 
cadémie royale  des  jciences  ,  année  1714-  P-  2$°- 

Voici  des  preuves  inconteftables  de  l'erreur  des  mo- 
dernes fur  la  valeur  de  l'ancien  mille  romain  ,  dont  75 
font  un  degré-,  c'eft  la  différence  d'un  cinquième,  8c 
cette  différence  fe  trouve  dans  tous  les  égaremens  des 
géographes ,  quand  on  les  examine  fur  l'ancienne  mefure 
qui  en  recompenfe  ,  s'accorde  parfaitement  bien  avec  les 
diftances  que  fourniflènt  les  obfcrvations  agronomi- 
ques. 

Les  anciens  donnent  25  milles  à  la  diftance  de  Bo- 
logne à  Modéne.  L'itinéraire  d'Antonin  marque  plufieurs 
fois  cette  diftance,  8c  toujours  de  15  milles.  La  table  de 
Peutinger  la  fait  auiïi  de  25  milles.  Les  modernes  ne 
comptent  que  vingt  milles  de  l'une  de  ces  deux  villes 
à  l'autre.  *CaJfïni,p.   186.  194. 

Les  obfervations  de  l'académie,  faites  à  Rome  &  à 
Florence,  nous  ont  donné  la  véritable  fituation  de  ces 
deux  villes,  tant  en  longitude  qu'en  latitude.  Cette  fi- 
tuation eft  très-différente   de  celle  que  les  modernes 
fuppofoient.  La  différence  des  méridiens  entre  ces  deux 
villes  fe  trouve  plus  petite  de  45  minutes  qu'ils  ne  l'ont 
cru;  8c  leur  différence  en  latitude  fe  trouve  plus  grande 
de   20;  cependant   l'éloignement   entre  ces  deux  villes 
dans  ces  hypothèfes  ,  ne  laiflé  pas  d'être  le  même  ;  mais 
comme  les  modernes  fuppofent  que  le  degré  contenoit 
foixante  milles  anciens ,  ils  ne  peuvent  y  accorder  les 
diftances  de  la  route  nommée  via  Caffia  (  la  voie  Cas- 
fienne  )  qui  conduifoit  de    Rome  à  Florence.    Ils  font 
donc  obligés  d'en  altérer  les  diftances  ;  8c  lorsque  Stra- 
bon,  /.  j.  dit  que  la  ville  d'Arezzo  eft  a  mille  ftades  ou 
fix  vingt  mille  pas  de  Rome  ,  tirant  vers  le  mont  Apen- 
nin, Cluvier  veut  que  cette  diftance  fe  prenne  du  mont 
Apennin,  8c  non  pas  de  la  ville  d'Arezzo-,  au  lieu  que 
par  notre  mefure  des  anciens  milles  réduits  à   leur  va- 
leur, nous  expliquons  à  la  rigueur  ce  partage  de  Stra- 
bon ,  8c    les  itinéraires  anciens  ;  ce  qui  fait   voir  leur 
exactitude  8c  leur  conformité  avec  les  obfervations  de 
l'académie.  Les  modernes  n'ont  pas  mieux  expliqué  les 
anciens  dans  la  defeription  qu'ils  ont  faite  de  la  célèbre 
voie  Appienne,  que  l'on   dit   avoir  été    continuée  par 
Caius  Céfar,  depuis    Capoue  jusqu'à  Blindes.  Strabon 
dit  que  cette  dernière  ville  étoit  éloignée  de  Rome  par 
cette  route  de  .560  mille  pas.  Ainfi ,  quoique  Cluvier 
mette  entre  ces  deux  villes  à  peu  près  la  même    diffé- 
rence  en   longitude   qui   réfulte    des  obfervations ,  ne 
pouvant,  cependant,  accorder  fon  hypothèfe  fur  lesmé- 
fures  avec    cette    diftance    rapportée   par  Strabon  ,  ni 
avec  celle  des  itinéraires  anciens,  il  les  a  altérées  d'un 
cinquième-,  c'eft- à  dire  ,  d'autant  que  fa  mefure  eft  éloi- 
gnée de  la  véritable.  *  Hiftoire  de    l'académie ,  année 
1714.  p.  23c. 

C'eft  fur  ces  mêmes  principes  que  Cluvier  ayant  trouvé 
une  infeription  dans  la  bourgade  de  Polla ,  au  royaume  de 
Naples ,  laquelle  rapportoit  les  diftances  de  cette  branche 
de  la  voie  Appienne,  qui  conduit  à  Reggio  ,  la  voulu 
rendre  fufpecte  ,  parce  que  ces  diltances  étoient  op- 
pofées  à  l'idée  qu'il  s'étoit  faite  des  mefures  des  anciens. 
Holftenius  ,  qui  l'a  vue  auffi  bien  que  lui ,  l'a  trouvée 
très-authentique  :  la  voici.  Viam  feci  ab  Regio  ad  Ca- 
pitam,  çr'in  ea  via  pontes  omnes  ,  Milliarios ,  Tabel- 
lariosqiie  pofivi  ;  Hincce  funt  Nuceriam  millia  qitin- 
quaginta  iinum  ,  Capua  otlogint a-quatuor.  Et  ainfi  des 
autres  lieux  de  cette  route  dont  les  diftances  font  mar- 
quées ;  8c  ces  diftances, dont  la  plupart  font  confirmées 
par  l'itinéraire  d'Antonin  ,  concourent  à  la  fituation  de 
ce  pays ,  telle  qu'elle  réfuke  de  la  réduction  des  an- 
ciens milles  à  leur  véritable  valeur. 

Non-feulement  les  modernes  fe  font  trompés ,  lors- 
qu'ils ont  voulu  contredire  les  anciens ,  mais  ils  les  ont 
aufli  mal  expliques ,  lorsqu'ils  ont  voulu  les  fuivre.  La 


24* 

Lombardie,  qui  répond  pour  fa  plus  grande  partie  au 
pays  que  les  anciens  appeUoient  (rallia  Togata ,  cil  tra- 
verfée  en  ligne  droite  par  la  célèbre  voia  Emilienne ,  8c 
par  d'autres  routes  dont  les  diftances  font  marquées 
dans  la  table  Théodofienne  ,  (  ou  de  Peutinger  )  ,  qui 
eft  la  feule  carte  géographique  qui  nous  foit  reliée  de 
l'antiquité  ,  dans  l'itinéraire  d'Antonin ,  8c  dans  celui 
de  Bordeaux  à  Jérufalem  ,  donc  l'auteur  eft  inconnu. 
Les  modernes  ont  voulu  fuivre  dans  ces  endroits  les  di- 
ftances des  anciens,  mais  ils  font  tombés  dans  un  au- 
tre inconvénient;  car  réglant  par  ces  diftances  les  longi- 
tudes des  villes,  fur  la  faune  idée  qu'ils  avoient  des  me- 
fures anciennes,  ils  ont  donné  trop  d'étendue  à  ce  pays 
par  rapport  à  la  circonférence  de  la  terre  ,  métrant 
cinq  degrés  vingt-cinq  minutes  en  longitude  de  Nice  à 
Bologne  ;  au  lieu  que  par  les  obfervations  faites  en  ces 
deux  villes,  il  ne  fe  trouve  que  quatre  degrés  treize  mi- 
nutes ,  c'eft  un  cinquième  de  moins;  8c  comme  nous 
avons  fait  voir  que  le  mille  ancien  étoit  d'un  cinquiè- 
me plus  petit  que  les  modernes  ne  le  fuppofent,  il  eft 
clair  ,  que  cette  correc-tion  importante  de  la  longueur 
de  la  Lombardie ,  fondée  fur  les  obfervations  de  l'aca- 
démie, revient  parfaitement  aux  mefures  des  anciens 
contre  l'opinion  des  modernes. 

11  fuit  de-là  que  l'étendue  du  même  pays  du  fep- 
tentrion  au  midi ,  que  les  modernes  ont  auffi  réglée  à 
leur  manière  furies  mefures  anciennes,  doit  fe  trouver 
plus  petite  d'un  cinquième  par  les  obfervations  ,  s'il  eft 
vrai,  comme  de  rifle  l'a  avancé,  que  ces  obfervations 
foient  conformes  aux  mefures  des  anciens.  Caffini  a  ob- 
fervé  la  latitude  de  Gènes  de  44  dcg.  2 y  min.  8c  Petit 
celle  de  46  deg.  10  min.  à  celle  de  Trahone  dans  la 
Valtcline,  8c  le  réfultat  de  ces  deux  obfervations  donne 
auffi  un  cinquième  de  moins  entre  les  parallèles  de  ces 
deux  villes,  8c  c'eft  préeifément  ce  que  les  modernes  y 
ont  mis  de  trop.  Deilfie  a  fait  une  double  carte,  où  il 
a  tracé  l'Italie,  la  Grèce  8c  les  côtes  de  l'Afrique  ,  fé- 
lon le  préjugé  ordinaire  ;  8c  par  d'autres  traits  ces  mê- 
mes lieux  ,  félon  le  calcul  rectifié  fur  les  obfervations 
aftronomiques  8c  fur  les  mefures  des  anciens,  évaluées 
à  foixante  8c  quinze  milles  romains  pour  le  degré.  On 
y  voit ,  par  exemple  ,  que  la  fituation  de  Gènes  don- 
née par  les  obfervations,  eft  fort  éloignée  de  cslleque 
les  modernes  lui  donnent  ;  mais  quelque  extraordinaire 
que  cette  correction  paroifle ,  il  eft  encore  plus  furpre- 
nant  que  les  mefures  des  anciens  y  reviennent  ;  8c  que 
nos  auteurs  modernes  s'en  foient   tant  écartés. 

La  troifiéme  faute  des  modernes ,  eft  de  n'avoir  eu  , 
ce  me  femble,  aucun  égard  en  certains  points  aux  mefu- 
res des  anciens  ,  8c  cette  faute  eft  telle ,  qu'au  lieu  que 
la  précédente  leur  avoir  fait  étendre  certains  pays,  celle- 
ci  leur  en  a  fait  trop  écrecir  d'autres.  La  diftance  de 
Rome  à  la  mer  Adriatique,  eft  beaucoup  plus  grande 
félon  les  obfcrv'ations ,  que  félon  les  modernes.  On  peut 
voir  dans  la  differtation  même  de  de  l'Ifle  un  plus  grand 
détail  des  preuves. 

Les  Latns  exprimoient  leur  mille  par  ces  mots ,  Mille 
PaJJits  ,  ou  Al.  P.  ou  Milliarc,  en  fousentendant  le 
mot  Saxum  ,  pierre,  ou  Milliarius,  en  fousentendant 
Lapis;  car  les  grands  chemins  distingués  par  milles 
avoient  des  pierres,  fur  lesquels  étoit  gravé  le  nombre 
des  milles  qu'il  y  avoir  de-là  à  la  ville  d'où  la  route 
commencoit.  Nous  parlerons  enfuite  de  la  lieue  Lcuca, 
quand  nous  aurons  donné  ici  une  idée  des  grands  che- 
mins romains,  où  les  milles  étoient  fi  régulièrement 
marqués. 

Des   grands  chemins  Romains. 

Les  chemins  font  auffi  anciens  que  les  habitations 
des  premiers  hommes.  On  attribue  aux  Carthaginois 
l'ait  de  paver ,  ou  ce  qui  eft  la  même  chofe ,  l'art  de 
revêtir  les  chemins  de  pierres  8c  de  cailloux  maçonnés 
avec  du  fable.  Toutes  les  nations  policées  ont  eu  foin 
d'établir  8c  d'entretenir  des  grands  chemins.  Les  Athé- 
niens ,  les  Lacédérnoniens ,  les  Thébains ,  y  apportèrent 
une  fingulière  attention  :  mais  les  Romains  qui  étoient 
faits  pour  furpafler  les  autres  peuples  en  tout ,  firent 
des  grands  chemins  d'une  magnificence  jusqu'alors  in- 
connue. Ils  établirent  des  magiftrats  pour  en  avoir  foin  : 
les  empereurs  ne  dédaignèrent  pas  de  fe  charger  de  les 

Tom.  IV.  H  h 


MES 


242, 

réparer,  &  d'en  conftruire.  Augufte,  Tibère,  Caligula 
même,  Claude,  Vcspafien  ,  Tice,  Domine»  ,  Trajan, 
&c.  embellirent  le  monde  par  des  grands  chemins.  Pour 
la  manière  dont  ils  croient  conlhuits ,  Voyez.  Bergier  , 
dans  fon  admirable  ouvrage  fur  les  grands  chemins  , 
&c  Vitruve. 

On  plaçoitde  mille  en  mille  des  pierres  qui  marquoient 
la  diftance  du  lieu  où  elles  étoient ,  à  la  ville  d'où  on 
venoit ,  ou  à  la  ville  où  l'on  alloit.  C'étoit  une  invention 
utile  de  Caius  Gracchus,  que  l'on  imita  dans  la  fuite. 
Tous  les  chemins  militaires  du  cœur  de  l'Italie  ne  fe 
terminoient  pas  aux  portes  de  Rome ,  mais  au  marché 
(forum  ) ,  au  milieu  duquel  étoit  la  colomne  milliaire 
qui  étoit  dorée  ,  d'où  lui  venoit  le  nom  de  milliarium 
aurcum.  Pline  &  les  autres  écrivains  de  la  bonne  anti- 
quité prennent  de  cette  colomne  le  terme  8c  l'origine 
de  routes  les  routes.  Pline ,  /.  } .  C.  5.  dit  :  Ejufdem  fpaiii 
menfura  currente  à  milliario  in  capitefori  Romani  ftatuto. 
C'eft  de  là  que  fe  comptoient  les  milles  ;  8c  comme 
ces  milles  étoient  dirtingués  par  des  pierres ,  il  s'en  for- 
ma l'habitude  de  dite  ad  tertium  lapidem  ,  ad  duodeci- 
mum ,  ad  vicejimum ,  &c.  pour  dire  à  trois  milles,  à 
douze  milles  ,  à  vingt  milles ,  &c.  On  ne  voit  point 
que  les  Romains  aient  compté  au-delà  de  cent ,  ad  centefï- 
mum ,  lorsqu'il  s'agiffoit  de  donner  à  quelque  lieu  un 
nom  pris  de  fa  diftance.  Bergier  croit  que  c'eft  parce  que 
la  jurisdi&ion  du  vicaire  de  la  ville  ne  s'étendoit  pas 
plus  loin.  Quoi  qu'il  en  foit ,  il  y  avoit  de  ces  colomnes 
militaires  dans  toute  l'étendue  de  l'empire  Romain ,  8c 
fans  parler  d'un  grand  nombre  d'autres; on  en  voit  encore 
une  debout  à  une  lieue  de  la  Haye  dans  la  maifon  de 
campagne  de  la  noble  famille  de  Perfyn.  On  y  voit  le 
nom  de  l'empereur  Antonin.  Les  colomnes  fous  les  em- 
pereurs portoient  d'ordinaire  les  noms  des  empereurs , 
des  céfars ,  des  villes  ou  des  particuliers  qui  avoient 
fait  faire  ou  réparer  les  chemins ,  quelquefois  auffi  l'éten- 
due du  travail  qu'on  y  avoit  fait  ;  &  enfin  la  diftance 
du  lieu  où  elle  étoit  à  l'endroit  du  départ ,  ou  au  terme 
auquel  ce  chemin  menoit. 

Tout  ce  que  je  viens  de  marquer,  ne  regarde  que  les 
voies  militaires.  Les  Romains  avoient  encore  des  chemins 
d'une  autre  espèce.   Leur  mot  Iter  t  qui  eft  générique , 
comprenoitdiverfes  espèces, comme  le  Sentier  (Semita) 
pour  les   hommes  à  pied;  Le  Sentier  pour  un  homme 
achevai,  (Callis)  ,•  les  Traverses  (Tramites  ).  Les  voies 
particulières ,  par  exemple ,  avoient  huit  pieds  de  largeur 
pour  deux  chatiots  venant  l'un  contre  l'autre.  Le  che- 
min pour  un  fimple  chariot  (atlus)  n'avoitque  quatre 
pieds  ;  le  chemin  nommé  proprement  iter  pour  le  paffage 
d'un  homme  à  pied  ou  à  cheval  n'en  avoit  que  deux. 
Le  fentier  n'avoit  qu'un  pied  -,  femita  fcmble  être  com- 
me fi  on  difoit  femi-ite r.  Le  fentier  pour  les  animaux 
(Callis)  ,  n'avoit  qu'un  demi-pied.  La  largeur  des  voies 
militaires  étoit  de  foixante  pieds  romains;  vingt  pour 
le  milieu  delà  chauffée,  8c  vingt  pour  la  pente  de  cha- 
que côté.  Toutes  les  routes  militaires, &  même  quel- 
ques-unes des  voies  vicinales ,  ont  été  confervées  dans 
un  détail  très-précieux  dans  l'itinéraire  d'Antonin  ;  ouvra- 
ge commencé  dès  le  tems  de  la  république  Romaine, 
continué  fous  les  empereurs  ,8c  malheuteufement  altéré 
en  quelques  endroits  par  les  copiftes.  L'autre  eft  la  table 
Théodofienne ,  fait  du  tems  de  l'empereur  Théodofe , 
plus  connue   fous  le  nom  de  table  de  Peutinger ,  ou 
table  d'Augitourg ,  parce  qu'elle  a  appartenu  aux  Peutin- 
gers  d'Augfbourg  ;  Vclfer  a  travaillé  à  l'éclaircir.  Il  y  a 
long-tems  que  je  recueille  de  quoi  donner  une  édition 
d'Antonin  plus  exacte  que  celle  de  Zurita  ,  qui  eft  très- 
vicieufe  en  une  infinité  d'endroits.  J'efpere  de  publier 
ce  travail  auffitôt  après  que  l'imprcffion  de  ce  diction- 
naire fera   achevée.  Revenons  aux  chemins  militaires 
des  Romains. 

Ce  qui  en  eft  refté  jusqu'aujourd'hui  nous  fait  connoî- 
tre  qu'ils  étoient,  généralement  parlant,  fort  droits. 
Telle  eft  la  voie  Appienne  ,  que  l'on  voit  encore  presque 
toute  entière  entre  Rome  &  Capoue  ,  quoique  conftruite 
plus  de  trois  cens  ans  avant  l'erc  Chrétienne.  Elle  traver- 
foit  en  ligne  droite  les  matais  Pontins  que  l'on  avoit 
comblés  en  cet  endroit;  en  d'autres  routes  l'on  avoit 
percé  des  montagnes,  comme  l'on  voit  encore  au  lieu, 
nomme  autrefois  lmercifa  ,  &  aujourd'hui  Saffo  Forato , 


MES 


où  la  voie  Fl2minienne  traverfoit  le  mont  Apennin. 

Outre  que  ces  chemins  étoient  droits,  ils  étoient 
uniformes  dans  tout  l'empire.  Cinq  pieds  pour  un  pas , 
mille  pas  pour  un  mille,  une  colomne  ou  une  piene 
avec  une  infeription  à  chaque  mille.  Mercure  étant  re- 
gardé par  les  Grecs  &  par  les  Romains  comme  le  meffager 
des  dieux  ,  les  voyageurs  fe  mettoient  fous  fa  protection. 
On  érigeoit  fouvent  fur  les  grands  chemins  des  pierres 
en  fon  honneur ,  foit  pour  raffiner  les  voyageurs  par 
l'idée  que  ces  pierres  leur  rappelloient  de  la  protection 
de  ce  dieu ,  foit  pour  s'acquitter  d'un  vœu  que  quel- 
qu'un lui  avoit  fait  dans  le  danger  ,  ou  dans  la  vue  d'en 
obtenir  un  bon  fuccès  de  fon  voyage.  Ces  pierres  étoient 
carrées ,  8c  on  les  appelloit  Herm^î;  nous  avons  remar- 
qué  au  mot  Hermès  que  c'étoit  le  nom  que  les  Grecs 
donnoient  à  Mercure.  Voici  l'infcription  d'une  de  ces 
pierres,  trouvée  en  Espagne  ,  auprès  de  Zamorra  ,  copiée 
par  Florian  d'Ocampo,  8c  rapportée  par  Zurita  dans  fon 
commentaire  fur  Antonin. 

DEO  MER.... 
V1ACO. 
M.  ATILIUS. 
SILONIS.  F. 
QUIR.  SILO. 

EX  VOTO. 

Viacus  eft  un  furnom  de  Mercure ,  comme  dieu  dot 
grands  chemins. 

Quand  j'ai  dit  que  les  mefures  itinéraires  étoient 
uniformes  dans  tout  l'empire  Romain  ,  cela  doit  s'enten- 
dre des  milles  8c  des  ftades  romains  ;  car  rien  n'empêche 
que  des  auteurs  qui  ont  écrit  en  grec  ,  ne  fc  foient  fervis 
de  ftades  différens  de  ceux  des  Romains  :  c'eft  ce  qu'on 
va  voir  ci-deffous.  Les  Gaulois  8c  les  Espagnols  avoient 
leurs  lieues  que  nous  expliquerons  auffi  ;  mais  une  chofe 
qui  mérite  d'être  remarquée ,  c'eft  qu'encore  aujour- 
d'hui les  anciens  milles  romains  de  75.  au  degté  font 
en  ufage  entre  les  pilotes  de  la  Méditerranée.  Ceux  de 
l'Océan  font  les  leurs  plus  grands  d'un  cinquième ,  Se 
ils  n'en  mettent  que  foixante  dans  le  degré  ,  c'eft-à-dire, 
que  leur  mille ,  qui  eft  le  mille  italique  ,  répond  à  une 
minute  de  degré.  On  le  peut  nommer  Italique  ,  parce 
qu'il  eft  ufité  dans  pluficurs  provinces  de  l'Italie. 

Mesures  itinéraires 
des  Gaulois,  des  Germains, 
et  des  Espagnols. 

Nous  entendons  ici  par  les  Gaulois  les  habitans  de 
la  Gaule ,  depuis  Jules  Céfar  jusqu'à  la  chute  de  l'empire 
Romain.  Ces  peuples  fe  fervoient  du  mot  Leuca  ,  Leuga  , 
Lega  ,  dont  nous  avons  fait  le  mot  Lieue.  Chez  eux 
la  lieue  étoit  de  cinq  mille  coudées  romaines ,  chaque 
coudée  d'un  pied  &  demi  ,  au  lieu  que  le  mille  romain 
n'étoit  que  de  cinq  mille  pieds,  cinq  pieds  pour  un  pas. 
La  lieue  gauloife  étoit  donc  au  mille  romain ,  comme 
9  à  6 , 6  à  4 ,  la  différence  toujours  d'un  tiers.  Voyez  ce 
que  nous  en  avons  dit  aux  mot  Leg  ,  Leuca  3.  8c  Lieue. 
Nous  y  avons  rapporté  les  paffages  qui  prouvent  que 
la  lieue  gauloife  étoit  d'un  mille  8c  demi  romain.  11  eft 
bon  d'avertir  ici  que  Bergier  8c  quantité  d'autres  qui 
confondent  l'ancien  mille  romain  avec  le  mille  italique 
d'aujourd'hui ,  difent  qu'un  mille  iralique  8c  un  demi 
fait  la  lieue  gauloife  ,  ce  qui  n'eft  pas  vrai ,  à  moins  qu'on 
ne  veuille  dire  que  du  tems  d'Antonin  le  mille  romain 
étoit  le  même  que  l'italique ,  ce  qu'il  feroit  aifé  de  réfuter , 
puisqu'il  compte  de  Bologne  à  Modéne  vingt-cinq  milles , 
qui  font  des  milles  romains  >  8c  il  n'y  a  que  vingt  milles 
italiques:  ainfi  la  lieue  gauloife  eft  d'un  cinquième  plus 
petite  qu'un  mille  italique  8c  demi ,  de  foixante  milles 
au  degré. 

Voici  un  paffage  pris  d'un  traité  des  mefures  publié 
par  Rigaut  entre  les  auteurs  Finium  Regundorum.  Les 
mots  en  font  remarquables.  Ifiud  feiendum  f/?,  quiafunt 
menfura.  qua  ad  viatores ,  feu  ad  curfores  pertinent. 
Minima  pars  Jladium  tfl  ,  habens  paffus  c.  xx.  v.  Otlo 
fladia  milliarium  reddunt  mille  paffus  habentem:  Millia- 
rius  &  dimidius  apud  Gallos  ,  leuvam  facit ,  habentem 
paffus  mille  quingentos  :  dus  leuvœ  ,fîve  milliarii  très  apud 
Qermanos  imam  raflamefjidHiu.C'eil'i-àiiç,  ilrautfavoir 


MES 


MES 


2-43 


qu'il  v  a  certaines  mefures  qui  l'ont  propres  aux  voyageurs  rum  diftantiit  compirtim  eft  fpathtm  ah  Hifpanïs  Uu- 
&.'  aux  couriers.  La  plus  petite  eft  le  Stade  qui  a  1 25  cam  appellatum ,  pafjuutn  non  tribus ,  tu  vulgo  etiam 
pas ,  huit  ftades  font  le  mille  qui  elt  de  1000  pas.  Un  dotli  opinantur ,  fed  quatuor  milharibus  ,fiu  faffitum 
mille  &  demi  fait  chez  les  Gaulois  une  Lieue  qui  cou-  millibus  ,  conftare.  *  Antiquit.  Lufit.  1.  3.  c.  de  Viis  milic. 
tient  1500  pas.  Deux  lieues,  ou  [trois  milles,  font  la  La  féconde  raifon  de  Vigenere  eft  tirée  de  Diodore 
raste  chez  les  Germains  {a).  Cela  explique  ce  que  Se  de  Pline.  Le  premier  dit  que  les  dromadaires  pen- 
dit S.  Jérôme,  que  chaque  peuple  a  fes  mefures  itiné-  vent  faire  en  un  jour  quinze  cens  ftades  de  chemin.  Vi- 
ra'rres,  qu'il  exprime  par  des  noms  particuliers;  caries  génère   là -défais    dit  que   fi    la  lieue   n'étoit   que  de 


Latins  comptent  par  mille  pas ,  les  Gaulois  par  lieues  , 
les  Perles  par  parafangues  ,  Se  toute  la  Germanie  par 
rades.  Bede ,  de  mimer,  divif.  dit  :  Deux  lieues  ou  trois 
milles  font  une  rarte.  DuœLcuvœfeu  milliaria  tria  raftam 
faciunt.  On  trouve  dans  la  chronique  de  Hongrie  de 
Thurocius,  que  la  ville  de  Tulna  ,  qu'il  dit  avoir  été  fou- 
mife  de  fon  tems  au  duché  d'Autriche  ,  eft  à  trois  rafles 
deVienne.  Tulna  civitasnoftro  avo  ducatui  Auflr'mfub- 


feize  flattes  ou  2000  pas  ,  ce  nombre  reviendrait  à  peu 
près  à  95  lieues ,  chofe  qui  ne  lui  paroît  pas  croyable. 
Pour  la  rendre  plus  viaifemblable  il  donne  4000  pas 
à  la  lieue ,  Se  par  conféquent  il  n'en  trouve  que  47  Se 
&  demi  qui  lui  femblent  plus  polïibles  que  9j.  En  pre- 
mier lieu  ,  il  ne  fonge  pas  que  Diodore  n'exprime  point 
la  courfe  des  dromadaires  par  lieues ,  mais  par  Itades  qui 
demeurent  toujours  les  mêmes ,  foit  qu'on  en  faffe  des 


jetla  eft  &  très  raflas  diftat  à  Viemia.  Le  diplôme  du     lieues  plus  longues  ou  plus  courtes.  Autant  valent  95 


roi  Dagobert  (b)  porte  ces  mots:  Leucasfex  quashomi- 
nes  loci  illius  fiti  dicunt  raflas  très  cfj'e.  Une  ancienne 
chartre  inférée  dans  la  chronique  de  Lorch  dit:  Dequa 
in  omnem  partent  quaqua  verjus  pertinent  ad  eumdcm 
locum  inter  campum  dr  filvam  Leitgœ  du& ,  id  eft  rafla 
una.  Dans  tous  ces  paiTages  la  ralte  eft  conftamment 
évaluée  à  trois  milles,  ou  a  deux  lieues ,  qui  par  confé- 
quent font  des  lieues  gauloifes  de  quinze  cens  pas  ou 
d'un  mille  Se  demi  chacune,  (a)  In  Jo'elent.  (b)  dpud 
Hed.im ,  Cvccium  &  Henfchemum  de  tribus  Dagobert. 
Ce  qu'il  y  a  de  remarquable  ,  c'eft  que  cette  lieue 
s'eft  confervée  avec  peu  de  changement  dans  le  cœur 
du  royaume  ,  où  les  lieues  font  fort  approchantes  de  cette 
mefure,  au  lieu  que  dans  les  provinces  elles  croiffent 
Ôe  varient  extrêmement.  Cependant  bien  des  auteurs  fe 
font  avifés  de  faire  la  lieue  françoife  de  deux  mille  pas 


lieues  à  16  ftades  chacune  ,  que  47  lieues  &  demi ,  a  32 
Itades.  Car  ft  vous  multipliez  2000  pas  par  95  ,  ou  4000 
par  47  &  demi ,  qui  elt  la  moitié  de  9;  ,  vous  aurez  éga- 
lement en  l'un  Se  en  l'autre  produit  190000  pas,  qui 
font  toujours  la  même  mefure  de  quelque  manière  qu'on 
les  partage,  en  lieues  longues  ou  courtes.  En  fécond 
lieu ,  qui  a  dit  à  Vigenere  que  les  ftades  de  Diodore 
étoient  des  ftades  romains ,  qui  font  encore  bien  plus 
courts  que  les  ftades  italiques,  dont  pourtant  Vigenere 
s'eft  fervi  î  Diodore  a  fans  doute  voulu  que  l'on  entendic 
l'ancien  ftade  ,  qui ,  du  tems  de  Xénophon  Se  d'Ariftote , 
Se  par  conféquent  d'Alexandre ,  étoit  de  1 1 1 1  liades  au 
degré  ;  ce  qui  fait  plus  d'une  moitié  de  diminution:  car 
le  huitième  d'un  mille  italique  fait  une  forte  de  ftade  , 
dont  49  f  font  un  degré.  Or  ,  en  prenant  ces  ftades  an- 
ciens ,  ils  ne  feront  à  peu  près  que  20  grands  milles  de 


fixes.  On  vera  ci-après  que  cette  mefure  n'eft  pas  affe^    quinze  au  degré  ,  ce  qui  eft  une  forte  courfe  ,  mais  pour 


communej  dans  1'ufagc ,  pour  qu'on  doive  l'appeller  la 
lieue  françoife ,  comme  fi  cette  mefure  étoit  la  régie  ordi- 
naire ,  Se  que  les  autres  n'en  fuffent  que  des  exceptions. 
Les  vers  latins  que  j'ai  rapportés,  &  qui  ne  font  pas 
anciens ,  mettent  néanmoins  deux  milles  pour  une  lieue. 

At  miliare 
Oiïo  dabunt  Stadia  :  Duplicatum  dat  t'ibi  Leitcam. 

Il  faut  donc  diftinguer  la  Lieue  gauloise  qui  étoit 
d'un  mille  Se  demi  ou  de  quinze  cens  pas  romains.  Cette 
lieue  étoit  la  moitié  d'une  rafte  de  Germanie  égale  à  trois 
milles. 

Deux  auteurs  entre  autres  ont  changé  cette  manière 
de  calculer  les  mefures  des  anciens.  Vigenere  ,  homme 
favant ,  dans  toutes  les  traductions  qu'il  a  faites  des 
auteurs  Latins ,  évalue  toujours  quatre  milles  anciens 
à  une  lieue.  Il  s'eft  même  attaché  à  prouver  que  la  vérita- 
ble lieue  eft  de  quatre  milles,  dans  une  remarque  qu'il 
fait  fur  un  paiTage  du  premier  livre  des  commentaires 
de  Céfar.  Voici  fes  principales  preuves.  Gonçal  d'Oviédo     milles ,  fuivant  Vigenere.  Et  je  fuis  bien  aife  d'en  rendre 

dit  que  d'Efpagne  aux  Canaries  il  y  a  deux  cens  cin-     compte  en  ces  endroits  ,  outre  celles  qu'il  a  touchées 

quante  lieues  à  quatre  milles  par  lieue.  Fernand  Cortez  Cet  auteur  [  Xénophon  ]  dans  l'expédition  de  Cyrus  ,  qui 
dit  que  de  Cimpual ,  ville  de  la  nouvelle  Efpagne,  à  Santa  eft  la  pièce  la  plus  exacte  qui  nous  rçfle  de  l'antiquité,  par- 
Cruz ,  il  y  a  environ  quatre  lieues,  une  lieue  rêve-  lant  de  la  marche  de  fon  armée,  lui  donne  jusqu'à  dix 
nant  à  quatre  milles  d'Italie.  Quelles  preuves  font-ce-  parafangues  trois  jours  de  fuite  ;  &  comme  il  fait  les  pa- 
ra.? Ces  deux  auteurs  ont  parlé  par  lieues;  ils  favoient  raflwgues  de  trente  ftades  >  qui  font  près  de  quatre  milles  , 
qu'il  y  en  a  de  bien  des  fortes  -,  ils  ont  déterminé  quelle  il  s'enfuit  que  trente  parafangues  font  cent  douze  milles 
espèce  de  lieues  ils  entendoient  -,  Se  comme  ils  étoient 
Espagnols,  ils  ont  employé  la  lieue  d'Espagne; &  enfin 
pour  être  entendus  de  tout  le  monde,  ils  ont  dit  que 
leur  lieue  étoit  de  quatre  milles  d'Italie.  Quel  rapport 
cette  lieue  a-t-elle  avec  les  mille  pas  de  Jules  Céfar  ? 


tant  très  croyable  ,  lorsqu'il  s'agit  du  dromadaire. 

Pline  ,  /.  2.  c.  71  &  c.  20.  dit  que  Philonide  ,  domefti- 
que  d'Alexandre  ,  alloit  en  neuf  heures  de  Sicione  à  Elide 
où  il  y  a  1 200  ftades ,  qui ,  en  les  fuppofanr  des  ftades  ro- 
mains Se  les  réduifant  en  milles  ,  Se  de  milles  en  lieues , 
de  20CO  pas  chacune  font  75  lieues.  Vigenere  trouve 
cette  courfe  très  probable  exprimée  par  ftades  ,  mais  im- 
poflible  dès  qu'il  la  réduit  en  lieues.  Pour  racommodei: 
la  chofe  ,  il  double  la  longueur  des  lieues  Se  n'en  trouve 
plus  que  trente-fept  Se  demie  à  quatre  mille  pas  chacune- 
C'eft  la  même  faute  de  jugement  que  la  précédente.  Il 
eft  furprenant  qu'un  homme  tel  que  Vigenere  n'ait  point 
remarqué  de  lui-même  le  travers  qui  domine  dans  tout 
ce  raifonnement. 

D'Ablancourt  n'eft  pas  plus  raifonnable  fur  cet  article. 
11  l'imite  en  traduifant  les  milles  de  Jules  Céfar ,  par 
lieues  de  quatre  milles  ,  Se  dans  fa  préface  il  tâche  d'au- 
torifer  fon  calcul  par  des  raifons  où  il  fait  la  même  faute 
que  Vigenere.  Voici  fes  paroles  :  Difons  maintenant 
quelque  chofe  des  mefures  des  lieues  que  je  fais  de  quatre 


&  plus.  Il  conclut  ainfi  :  Je  demande  donc  a  tout  homme 
raifonnable  ,  qui  je  connoît  en  ces  chofe s  ,  fi on  ferait  faire 
douze  ou  treize  lieues  par  jour  à  une  armée  ,  &  continuer 
ainfi  trois  jours  de  fuite  ?  Cela  parohra  d'autant  plus 
étrange ,  lorsqu'on  [c aura  que  la  marche  étoit  de  cinq  oit 
aucetn.  Si  la  lieue  étoit  de  quatre  mille  pas  italiques ,    fix  cens   lieues.    J'aurois  demandé  à  d'Ablancourt  lui 


il  faudroit  cinq  mille  pas  romains  de  Jules  Céfar  pour 
faire  une  lieue.  Nous  avons  prouvé  ci-devant  que  le 
mille  romain  eft  plus  court  d'un  cinquième  que  le  mille 
italique,  qui  répond  à  une  minute  de  degré. 

Que  la  lieue  d'Espagne  foit  de  quatre  milles ,  en  voici 
des  preuves.  André  Réfendius ,  favant  auteur  Portugais  , 
parlant  d'un  grand  chemin  qui  va  de  Lisbonue  à  Emé- 
rita ,  dit  :  Nam  recto  itinere  ab  Olijjlpone  Emeritam 
numeramus  très  O"  quinquaginta  leucas  ;  e&  confiait nt 
ducenta  duodecim  millia  paffuum.  1 1  2  pas  divifes  par  5  3  , 
donnent  quatre  milles  par  lieue.  Gruter,  Infcr.  ant.  p 


même  ,  fi ,  en  réduifant  ces  ftades  qu'il  fuppofe  fatiffemenc 
une  huitième  partie  du  mille  italique  de  foixante  milles 
au  degré ,  fi  ,  dis-je ,  en  les  réduifant  en  lieues  de  quatre 
milles  chacune  ,  il  foulagera  beaucoup  les  dix  mille 
Grecs;  Se  fi  cette  route  groifie  changera  de  nature  étant 
exprimée  en  d'autres  termes,qui  font  toujours  l'exprefiion 
d'une  même  quantité  de  pas  ;  car  s'il  ajoute  à  chaque  par- 
tie à  proportion  qu'il  en  diminue  le  nombre  ,  le  total 
refte.le  même.  Il  n'en  eft  pas  aiufi  des  fladesde  Xéno- 
phon ,  Se  des  ftades  d'une  minute  de  degré  chacun.  Leur 
différence  eft  comme  de  49J  à  1 1 1 1  ,  ou  ,  fi  l'on  veut  les 


156.1.  dit  dans  le  même  fens:  E.v  columnarum  Hifpanka-    séduire  en  ftades  romains  de  75  milles  au  degré ,  la  difte- 

Tom,  IV,  H  llij 


MES 


2,44 

renct  aloii  ne  fera  que  comme  de  600  à  1111.  Cela 
fait  un  grand  rabais  ,  qui  étant  une  fois  bien  entendu  ,  met 
une  grande  différence  dans  le  total  d'une  route  évaluée 
de  l'une  ou  de  l'autre  manière. 

Ce  qu'il  dit  des  mefures  de  Jules  Céfar ,  n'eft  pas  mieux 
raifonné.  Pour  ce  qui  eft ,  dit-il,  des  lieues  de  Céfar  que 
quelques-uns  ,  par  un  abus  encore  plus  grand  ,  veulent 
faire  feulement  de  quinze  cens  pas  ,  parce  qu'ils  préten- 
dent qu'il  a  Juivi  la  mefure  des  Gaules  ,  oit  il  n'en  fallait 
pas  davantage  pour  faire  une  lieue  ;  voici  ce  que  j'ai  à 
dire  :  //  donne  à  la  Suiffe  deux  cens  quarante  milles  de 
long,  &  cent  quatre-vingt  de  large  ;  ce  qui  ne  peut  s'a- 
jufler  à  la  vérité  qu'en  comptant  quatre  milles  pour  lieues  ; 
encore  ne  s'y  trouvent-elles  pas.  D'Ablancourt  n'a  - 1  -  il 
point  vu  que  la  lieue  dont  il  le  fert ,  n'a  rien  de  commun 
avec  la  lieue  gauloife  du  tems  de  Jules  Céfar  ?  Il  cite  un 
paffage  de  Celar  où  il  n'eft  point  queftion  de  lieues  ,  mais 
de  milles.  Il  les  réduit  en  lieues  de  quatre  mille  pas ,  6c 
il  n'y  trouve  point  la  jufte  mefure  de  la  Suiffe.  Cela  eft 
bien  aifé  à  croire.  L'évaluation  eft  fauffe  ,  il  fuppofe  que 
Céfar  a  entendu  des  milles  italiques ,  mefute  inconnue 
aux  Romains  de  ce  tems,  év  Céfar  parle  de  milles  ro- 
mains inconnus  à  d'Ablancourr.  Ce  n'eft  pas  le  moyen 
de  s'accorder.  D'Ablancourt  n'avoit  qu'à  retrancher  un 
cinquième  de  fon  calcul ,  6c  les  milles  de  Céfar  lui  au- 
roient  donné  fon  compte.  Voyons  ce  qu'il  ajoute.  // 
donne  [  Céfar  ]  cinq  cent  milles  d'étendue  à  la  forêt  d'Ar- 
denne  ce  qui  reviendrait  il  trois  ou  quatre  cens  lieues  , 
O"  il  n'y  en  a  pas  fix  ving^t  depuis  le  pays  de  Trêves  jus- 
qu'en Hainaut  qu'il  prend  pour  les  bornes  de  fon  étendue. 
Toujours  même  faute.  Cinq  cens  milles  de  Céfar,  en 
étant  un  cinquième  ,  fe  réduifent  à  quatre  cens  milles 
italiques,  qui  à  quatre  par  lieues,  telles  que  les  fuppofe 
d'Ablancourt ,  font  précifément  cent  de  ces  lieues ,  6c 
par  conféquent  cela  convient  avec  ce  qu'il  dit  qu'il  n'y  en 
a  pas  f  x  vingts. 

Il  allègue  encore  deux  autres  preuves  qui  lui  parois- 
fent  triomphantes,  Allais  voici,  ajoute-t-il ,  des  ra'fons 
plus  prenantes,  &  ou  il  ri  y  a  rien  à  dire.  Au  fiége  d'une 
place  de  Liège  ou  de  la  comté  de  Namur  ,  il  fait  une  cir- 
convallation de  quinze  milles  qui  f  croit ,  à  leur  compte , 
dix  lieues ,  £r  au  mien  ce  n'en  efl  que  quatre  ,  encore  efl-ce 
beaucoup  ;  car  il  y  a  bien  de  la  dijiérence  entre  la  circon- 
vallation des  Romains  Cr  la  nôtre  ,  la  leur  commençoit 
ordinairement  à  deux  cens  pas  de  la  contrescarpe  ,  &  la 
nôtre  eft  hors  de  la  portée  du  canon,  C'eft  fe  former  des 
monftres  pour  les  combatre  ,  que  de  fuppofer  une  circon- 
vallation de  dix  lieues.  Céfar  parle  d'une  circonvalla- 
tion de  quinze  milles.  Si  on  difoit  fans  autre  explica- 
tion qiie  cette  circonvallation  avoit  dix  lieues  ,  cela  fc- 
roit  faux  pour  quiconque  l'entendroit  des  lieues  francoifes 
ordinaires  ;  mais  celui  qui  réduirait  les  quinze  milles  à 
dix  lieues  gauloifes,  en  avertiffanr  que  ce  font  ces  lieues 
anciennes  de  quinze  cens  pas  qu'il  faut  entendre,  au- 
roit-il  donc  fi- grand  tort  ?  Au  contraire ,  il  parleroic  en 
homme  fage  6c  bien  inftruit  de  la  valeur  des  anciennes 
mefures  géographiques  ,  au  lieu  que  d'Ablancourt ,  qui 
évalue  ces  quinze  milles  à  quatre  lieues,  fe  trompe  dou- 
blement. Car  en  premier  lieu  il  fuppofe  que  ce  font  des 
milles  italiques ,  &  en  ce  cas  il  faut  feize  milles  pour  qua- 
tre de  fes  lieues  de  quatre  milles  chacune.  Ainfi  fon  cal- 
cul n'eft  pas  jufte.  Son  autre  erreur  vient  de  ce  que,  ce 
qu'il  prend  pour  des  milles  italiques,  n'eft  que  des  milles 
romains.  Or  quinze  milles  romains  font  égaux  à  douze 
milles  italiques ,  en  ôtant  le  cinquième ,  qui  en  fait  la  dif- 
férence -,  donc  les  quinze  milles  de  Céfar  ne  font  que 
trois  des  lieues  de  d'Ablancourt.     ' 

L'autre  exemple  pèche  par  la  même  fauffe  pofition. 
P-Ofir  alléguer,  dit-il,  plus  d'un  exemple,  en  voici  encore  un 
plus  fort.  Lorsque  les  Gaulois  allégèrent  le  camp  de  Ci- 
ter on  ,  ils  firent  une  circonvallation  qui  avoit  dix  milles 
de  circuit.  Or  ,  pourfuit  notre  traducteur  ,  fon  camp 
ne  pouvait  être  bien  grand  ne  contenant  qu'une  légion  ; 
car  les  anciens  prenaient  bien  garde  à  ne  pas  comprendre 
plus  d'espace  qu'ils  n'en  pouvaient  garder  :  c'eft  donc 
beaucoup  que  la  circonvallation  eut  deux  lieues  &  demie. 
Auffi,  félon  l'expreffion  de  Céfar  réduite  aux  lieue*  de 
d'Ablancourt ,  n'étoic-ellc  que  de  deux  lieues. 

Cela  fuffit  pour  faire  connoître  quel  cas  il  faut  faire 
de  toutes  ces  évaluations  modernes ,  où  l'on  confowd  le 


MES 


mille  romain  avec  l'italique ,  6c  combien  la  connoiffance 
de  leur  différence  eft  utile  pour  nous  rapprocher  du  vrai. 

Ce  que  nous  avons  dit  de  la  lieue  d'Espagne ,  allé- 
guée par  Vigenere ,  de  quatre  milles  ,  doit  s'entendre 
de  la  lieue  moderne  :  car  les  Espagnols  du  tems  des 
Romains ,  comptoient  par  milles  romains ,  ou  ,  s'ils  fe 
fervoient  de  lieues ,  ils  employèrent  d'abord  la  lieue  gau- 
loife ,  qui,  au  rapport  de  faint  Jérôme,  d'Ammien 
Marcellin  6c  d'Ifidore ,  dont  les  paffages  font  rapportés 
ailleurs ,  étoit  de  quinze  cens  pas.  Avec  le  tems  ils  fi- 
rent une  double  lieue,  c'eft  -à-  dire ,  une  lieue  de  trois 
mille  pas,  6c  ils  appellerent  ces  milles  du  mot  parti- 
culier Migerie  :  cela  fe  voit  par  les  lcix  d'Alfonfe,  roi 
deCaflille  ,  qui  disputa  la  couronne  impériale  à  Richard 
6c  à  Rodolphe,  fes  compétiteurs.  C'eft  ce  que  m'ap- 
prend Zurita'dans  fa  préface  de  fon  commentaire  fur 
Antonin. 

Chez  les  anciens  Allemands  eu  Teutons  ,  on  appelloit 
MiIlu  ,  un.  mille  ;  mais  ce  mille  eft  de  quatre  milles  pas 
italiques ,  ôc  revient  à  la  lieue  de  d'Ablancourt.  Abra- 
ham ,  Myhus  ,  dans  fon  Archeologm  Teuto ,  dit,  A 
mille  paffibus  originar'tè  ,  fed  Germanii  quadruplum  cir- 
citer.  Le  gloffaire  manuferit  de  Hundius  porte  que 
Meilweges  ,  (  mot  allemand  qui  fignifie  un  mille  de  che- 
min ,  )  contient  foixante  gewendes  ;  chaque  gewende 
defoixante  rubte, ou  perches-, chaque  perche  de  fept  aunes 
6c  demie  ,  &  que  chaque  roue  de  chariot  doit  avoir  une 
perche  de  circonférence,  La  différence  des  aunes  eft  caufe 
qu'on  ne  fçait  comment  évaluer  cette  mefure. 

Mesures  itinéraires  des  Arabes 
etdes  Persans. 

•  Les  mot:;  dont  ces  peuples  fe  fervent  pour  exprimer 
leurs  mefures  reviennent  à  ceux  de  doigt,  decouDÎE, 
de  mille  ,  de  parasangue  ,  de  journée,  de  course.. 

Le  doigt  fe  forme  de  la  largeur  de  fix  grains  d'orge  , 
égaux  ,  couchés  l'un  auprès  de  l'autre. 

La  coudée  eft  de  deux  fortes ,  la  grande  Se  lapETiTl,' 
La  grande  eft  de  irente-deux  doigts ,  &  la  petite  de  vingt- 
quatre.  La  grande  eft  celle  des  anciens  -,  la  petite  ,  celle 
des  modernes ,  plus  courte  que  l'ancienne  d'.un  quart. 

Le  mille  eft  auffi  de  deux  fortes.  L'ancien  eft  de 
trois  mille  coudées ,  6c  le  moderne  de  quatre  mille. 
Cela  revient  au  même  :  car  comme  la  coudée  des  anciens 
eft  plus  grande  d'un  quart  que  celle  des  modernes  ,  il  en 
faut  un  quart  moins  pour  faire  un  mille  qui  foit  égal  de 
part  Se  d'autre.  La  différence  n'eft  donc  que  dans  la  ma- 
nière de  s'exprimer  :  car  il  y  a  de  l'une  &;  de  l'autre  façon  , 
quatre-vingt  feize  mille  doigts;  divifez-lcs  par  32  vous 
aurez  trois  mille  coudées  ;  divifez  les  par  vingt-quatre  , 
vous  en  aurez  quatre  mille. 

La  parasangue,  que  les  Perfans  appellent  encore 
farsanc  ,  eft  de  trois  milles.  Il  fe  trouve  la  même  ob- 
fervation  à  faire  quand  on  l'exprime  par  coudées.  Elle  eft 
de  neuf  mille  coudées  anciennes ,  6c  de  douze  mille  mo- 
dernes, qui,  de  part  6c  d'autre,  reviennent  à  un  égal  nom- 
bre de  doigts. 

La  Journée  de  chemin  ,  ndmmée  en  latin  ,  statio  , 
mansio,  dijîta  ,  ne  fçauroit  être  d'une  mefure  égale 
par  tout.  Cela  dépend  de  la  nature  des  chemins  6c  des 
détours  auxquels  les  voyageurs  font  fouvent  forcés ,  foit 
pour  éviter  un  marais  ,  foit  pour  trouver  le  meilleur  pas-» 
fage  d'une  rivière  ou  d'une  montagne.  Cependant  le  géo- 
graphe de  Nubie  fait  la  journée  de  trente  milles.  Abulfe- 
da  en  laiffe  la  mefure  indéterminée.  Pour  imiter  néan- 
moins les  aftronomes,qui  évaluent  les  mouvemens  vrai«,ap- 
parens  &  inégaux  des  planettes,pardes  mouvemens  moyens 
6c  égaux.ils  ne  laiffent  pas  d'évaluer  la  journée  par  une  me- 
fure moyenne ,  à  huit  parafangues.  Albiruni ,  géographe , 
fameux  entre  les  Orientaux  ,  veut  que  pour  plus  de  jufteffe 
on  retranche  un  cinquième  à  caufe  des  détours  6c  des  em- 
barras des  montagnes  6c  autres ,  qui  font  perdre  du  rems 
au  voyageur  ,  6c  lui  font  faire  des  pas  que  lui  épargneroit 
un  chemin  droit  6c  de  niveau.  Ainfi ,  quoiqu'en  allant 
d'une  ville  à  l'autre  ,  on  ait  réellement  marché  cinquante 
parafangues ,  il  n'en  compte  que  quarante  en  ligne  droite. 

La  Course  eft  l'intetvalle  que  parcourt  un  vaiffeau 
en  un  jour  6c  une  nuit.  Le  géographe  de  Nubie  l'évalue 
à  cent  mille  pas. 


MES 


MES 


Selon  Abnlfcda ,  les  anciens  écrivains  Arabes  ont  mis 
dans  un  degré  ving-deux  parafangues ,  Se  deux  neuviè- 
mes. On  vient  de  voir  que  la  parafangue  eft  de  trois 
milles  i  donc  le  mille  arabe  ancien,  elt  d'environ  foixante- 
fept  milles  au  degré ,  Se  par  conféquent  plus  petit  que 
]e  mille  italique  ;  entre  lequel  &  le  mille  romain  il  tient 
une  espèce  de  milieu. 

Les  Arabes  modernes  mettent  dans  le  degré  ,  dix-neuf 
parafangues  moins  deux  neuvièmes  précifément.  Ainfi  ils 
ne  mettent  pas  tout  à  fait  cinquante-fept  de  leur;;  milles 
dans  le  degré.  Abulfcda  rapporte  que  les  aftronomes  qui 
obfervcrent  fous  le  règne  Se  par  les  ordres  d'Almamon 
dans  les  plaines  de  Senaar ,  près  de  Babylone ,  trouvèrent 
que  cinquante-fix  milles  Se  deux  tiers  répondoient  à  un 
degré  ,  Se  ce  calcul  elt  le  plus  fuivi  par  les  Arabes.  Voici 
comment  s'en  explique  Ali  Koshg,  qui  cultivoit  l'agro- 
nomie fous  Ulug  -  Beig.  On  fait  par  les  obfei  varions  Se 
par  le  calcul ,  que  le  tour  de  la  terre  (  prife  dans  ion  plus 
grand  cercle  ,  )  elV  de  huit  mille  parafangues ,  chaque  pa- 
rafangue elt  de  trois  milles ,  chaque  mille  eft  de  trois 
mille  aunes  (  ou  coudées  )  chaque  aune  de  trente-deux 
doigts ,  chaque  doigt  de  fix  grains  d'orge  égaux  ,  &  cha- 
que grain  égal  à  fix  crins  pris  de  la  queue  d'un  cheval. 

Les  farfancs  ou  agats  de  Perfc  font  évalués  par  les  Ara- 
bes d'aujourd'hui  à  trois  milles  arabiques  chacun.  Ces 
milles  arabiques  font  plus  longs  que  ces  milles  italiques. 
Deux  cens  quatre  vingt  cinq  arabiques  répondent  à  trois 
cens  milles  de  foixante  au  degré. 

Mesures 'itinéraires  des  Chinois. 

Le  pere  Martini,  dans  fon  Atlas  chinois,  fournit  les 
mefures  fuivantes. 

La  plus  petite  mefure  eft  un  iys. 
Dix  lys  font  un  fuen. 
Dix  fuen  font  un  ché. 
Dix  ché  font  un  cham, 

Avant  que  d'aller  plus  loin ,  il  faut  expliquer  ces  me- 
fures. Cela  fervira  à  l'intelligence  des  autres. 

Le  ché  elt  rendu  par  le  mot  de  coudée  ;  mais  il  me  fem- 
fale  que  le  mot  de  pied  y  viendroit  mieux  ;  car  la  mefure 
que  le  pere  Martini  donne  duché,  répond  à  peu  près  à 
X)nze  pouces  &  demi  du  pied  du  Rhin  ,  en  ce  cas  le  pied 
chinois  fe  partagera  en  Èk  pouces  ,  qui  font  aux  pouces 
du  Rhin  ,  comme  vingtTont  à  ving-trois. 

Le  fuen  ,  ou  le  pouce  chinois ,  eft  de  dix  lys  ,  que  l'on 
pourroit  appeller  la  ligne  chinoife  ;  car  le  lys  a  la  même 
proportion  à  la  ligne  du  Rhin  ,  que  le  fuen  au  pouce  Se 
le  ché  au  pied.  Six  ché  font  un  pu  ,  c'elt-à-dire  ,  un  pas  , 
Se  dix  ché  t'ont  un  cham  ou  une  perche  ;  ainfi  le  pas  chi- 
nois eft  de  fix  pieds  chinois ,  qui  reviennent  à  cinq  pieds 
du  Rhin  Se  neuf  pouces. 

Trois  cens  foixante  Se  dix  pas  chinois  font  un  ti. 
Les  écrivains  qui  parlent  des  affaires  de  la  Chine  en 
latin ,  rendent  ce  mot  par  ftade.  Plufieurs  de  nos  écri- 
vains François  difent  lieue  chinoife. 

Dix  lis  font  un  pu  ,  &  huit  pu  ,  ou  ce  qui  revient  au 
même  ,  quatre-vingt  lis  font  un  chan  ,qui  eft  une  jour- 
née de  chemin  de  vingt- huit  mille  huit  cent  pas  chi- 
nois. 

Le  pu  ,  qui ,  comme  nous  venons  de  dire  ,  eft  la  hui- 
tième partie  de  la  journée  chinoife  ,  eft  donc  de  trois 
mille  cinq  cens  pas, mefure  du  pays.  De  même  que  les 
Romains  élevoient  une  colomne  ou  quelque  autre  pierre 
à  chaque  mille  ,  les  Chinois  élèvent  à  chaque  pu  un 
arc  avec  une  infeription  pour  inltruire  le  voyageur  Se 
du  chemin  ,  Se  des  diftances. 

Le  P.  Martini  trouve  dans  un  degré  quatre-vingt-dix 
mille  pas  chinois,  &  comme  trois  cens  cinquante  de  ces 
pas,  font  le  lis  ,  il  conclut  qu'il  faut  deux  cens  cinquan- 
te de  ces  lis  pour  un  degré  ,  de  forte  que  vingt-cinq  lis 
font  fix  milles  italiques  :  car  de  même  que  fix  milles  itali- 
ques multipliés  par  dix  ,  font  foixante  pour  le  degré  ,  de 
même  vingt-cinq  lis  multipliés  par  dix  ,  font  deux  cens 
cinquante. 

Le  P.  Briet  dit ,  fur  l'autorité  du  P.  Maphée  ,  dont  il 
cite  le  fixiéme  livre ,  que  les  Chinois  ont  trois  fortes  de 
mefures  ■■,  que  la  plus  petite  eft  le  li  ,  ou  l'intervalle  dans 
lequel  la  voix  humaine  peut  s'étendre  dans  une  plaine  Se 


M* 

dans  un  tems  calme.  Dix  de  ces  Ils  font  un  pu  ,  Se  il 
évalue  le  pu  à  une  lieue  de  vingt  au  degré.  Ce  compte 
eft  bien  différent  de  celui  du  P.  Martini  ;  car  fi  vingt  pu 
font  un  degré  ,  il  n'y  aura  que  deux  cens  li<  dans  le  de- 
gré, ce  qui  eft  un  cinquième  de  di  ce.  Peut-être 
auffi  que  le  pere  Briet  a  voulu  mettre  que  le  pu  eft  une 
lieue  de  vingt-cinq  au  degré,  en  ce  cas  il  fera  d'accord 
avec  le  pere  Martini. 

Le  P.  Gouye ,  dans  une  de  fes  notes  fur  les  obferva- 
tions  phyfiques  Se  mathématiques  ,  qu'il  a  publiées  en 
1688,  dit:  Il  en  eft  des  lis  chinois  comme  de  nos  lieues 
françoifes ,  qui  ne  font  pas  de  la  même  grandeur  partout. 
Cette  réflexion  eft  occafionnée  par  cette  remarque  du 
pere  Nocl ,  dont  voici  les  paroles  :  Au  regard  des  ftades 
chinois  ,  qu'ils  appellent  lis ,  il  fcmble  qu'elles  font  diffé- 
rentes en  différentes  provinces  •,  car  ayant  mefure  le  tems 
avec  une  montre  fort  jufte  ,  fur  le  chemin  de  Nan-hium 
à  Nan-ngan  ,  j'ai  trouvé  que  ,  toute  compenfation  faite, 
quinze  lis  répondoienr  à  une  heure  de  chemin  ,  Se  rare- 
ment feize  ;  Se  fur  le  chemin  de  Nankin  ,  au  bourg  de 
Tan-Yan ,  que  douze  lis  répondoient  à  une  heure  de 
chemin  ,  ce  qui  eft  le  plus  ordinaire  dans  toute  la  Chi- 
ne. C'eft  pourquoi ,  continue  le  pere  Noël ,  j'ai  cru 
qu'on  pouvoit  donner  douze  lis  chinois  à  une  lieue  de 
Flandres  :  cela  s'accorde  avec  ce  que  dit  le  pere  Verbieft 
dans  fa  cosmographie  chinoife  ,  qu'un  degré  de  latitude 
fur  la  terre  eft  de  250  lis. 

Quoique  les  lieues  françoifes  varient ,  le  pere  Gouyc 
remarque  qu'on  les  réduit  d'ordinaire  à  trois  espèces  \ 
ravoir  ,  la  lieue  de  Paris  de  deux  mille  toifes  ,  la  lieue 
marine  de  deux  mille  huit  cens  cinquante -deux  toi- 
fes ,  Se  la  lieue  commune  de  deux  mille  deux  cens 
quatrevingt-deux  toifes  du  Châtelet  de  Paris  ;  puis  donc 
que  deux  cens  cinquante  lis  chinois  font  un  degré  de  la- 
titude ,  Se  que  ,  fuivant  les  obfervations  de  l'académie,  le 
degré  eft  de  cinquante-fept  mille  foixante  toifes  ,  il  eft 
évident  que  chaque  lis  eft  de  deux  cent  huit  toifes  ,  Se  de 
fix  vingt-cinquièmes  de  toife  ,  Se  que  par  conféquent  la 
lieue  médiocre  françoife  eft  d'environ  dix  lis  chinois. 

Voici  une  remarque  nécefiaire  pour  rectifier  la  fauffe 
idée  que  l'on  pourroit  prendre  du  pied  chinois.  J'ai  dit 
que  la  mefure  qu'en  donne  le  pere  Martini ,  qui  le  nom- 
me la  coudée  chinoife  ,  revient  à  peu  près  à  onze  pouces 
Se  demi  du  pied  du  Rhin.  J'ai  dit  à  peu  près  ;  car  cette 
mefure  gravée  n'a  pu  être  imprimée  fur  le  papier  qu'é- 
tant mouillé  ;  or  ,  il  s'eft  racourci  en  féchant ,  &  cela 
peut  faire  une  diminution  ,  qui ,  toute  infenfible  qu'elle 
paroît ,  peut  faire  une  grande  différence  dans  une  fom- 
me  un  rJeu  forte.  Cependant  en  la  fuppofant  jufte  fur 
le  papier ,  fi  nous  fuppofons  le  pied  de  Paris  de  mille 
quatre  cens  quarante  parties  ,  le  pied  dt  Rhin  ne  fera 
que  de  mille  trois  cens  quatre-vingt-dix  ,  Se  le  ché ,  ou  le 
pied  chinois ,  de  mille  trois  cens  trente.  Sur  ce  pied  le  P. 
le  Comte  ,  Mémoire  t.  1.  lettre.  9.  a  raifon  de  dire  :  Pour 
ce  qui  regarde  la  mefure  commune  de  l'Empire  ,  on  en' 
a  parlé  différemment ,  parce  que  ceux  qui  en  ont  écrit  fe 
font  fervis  de  différentes  mefures  qui  fe  trouvent  dans 
les  provinces.  Ce  que  ce  pere  ajoute  elt  digne  d'attention: 
Je  les  ai  toutes  examinées  foigneufement  ,  Se  j'ai  cru  de- 
voir m'arrêter  à  celle  du  pere  Vcrbieû  ,  dont  on  fe  fer- 
voit  dans  le  tribunal  des  mathématiques.  On  peut  donc 
compter  que  le  pied  chinois  n'eft  point  fcnfiblement  diffé- 
rent du  nôtre  ,  c'eft  à  dite  ,  du  pied  de  roi  ,  ou  du  pied 
du  Châtelet.  Ce  n'eft  pas  que  dans  le  rapport  que  j'en  ai 
exactement  fait  ,  le  nôtre  ne  le  furpafle  d'une  centième 
partie  •,  mais  cette  petite  différence  parmi  les  Chinois  s'é- 
vanouit  dans  la  pratique  ,  fi  l'on  confidére  qu'ils  ne  s'at- 
tachent pas  avec  tant  de  précifion  que  nous  à  ces  fortes 
de  mefures,  lesquelles  ils  donnent  au  peuple  pour  l'ufa- 
ge  ,  Se  non  pas  pour  fervir  de  matière  de  dispute  Se  da 
raffinement. 

Ce  pere  explique  ce  que  nous  avons  dit  des  arcs  placés 
à  chaque  pu. 

Des  grands  chemins  des  Chinois. 

La  police  des  Chinois  n'eft  pas  feulement  pour  les 
villes,  elle  s'étend  encore  dans  les  grands  chemins, 
qu'elle  a  foin  d'embellir  Se  de  rendre  faciles.  Les  canaux 
font  bordés  en  plufieurs  endroits  de  quais  de  pierres  ds 


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MES 


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taille  pour  la  commodité  des  voyageurs,  &  on  y  voit 
une  infinité  de  ponts  qui  font  la  communication  des 
terres  Se  des  villages.  On  fait  auffi  paffer  l'eau  dans 
presque  toutes  les  villes  des  provinces  méridionales , 
afin  de  rendre  leurs  foliés  plus  furs,  &  leurs  rues  plus 
agréables.  Dans  les  terres  baffes  Se  aquatiques  on  élevé 
des  digues  d'une  longueur  prodigieufe  ,  afin  que  les  che- 
mins de  terre  foient  praticables,  &  quand  les  monta- 
gnes ferment  les  pafTages ,  il  n'y  a  point  de  dépenfe 
qu'on  ne  faffe  pour  y  creufer  des  routes  aifées. 

Celle  qui  conduit  de  Signanfou  à  Hamtchoum  eft 
une  des  chofes  les  plus  mcrveillcufes.  On  dit  que  les 
Chinois  ont  non-feulement  coupé  la  montagne  en  ban- 
quette par  un  des  côtés ,  qui  n'avoit  aucune  pente  ;  mais 
qu'en  fe  fervant  de  plufkurs  longues  poutres  engagées 
par  un  bout  dans  le  rocher ,  ils  ont  fait  en  Pair  un 
chemin  tout  le  long  des  montagnes  en  forme  de  gale- 
rie fufpendue  ;  ce  qui  donne  de  l'inquiétude  à  ceux  qui 
n'y  font  pas  accoutumés,  Se  qui  craignent  toujours  quel- 
que accident  ;  mais  les  gens  du  pays  font  extrêmement 
hardis  ;  ils  ont  des  mulets  formés  pour  ces  routes,  Se 
paffent  avec  autant  de  fermeté  fur  ces  précipices  affreux, 
que  s'ils  voyageoient  dans  les  plus  beaux  chemins  du 
monde. 

Pour  ce  qui  regarde  les  chemins  ordinaires  ,  on  ne 
fauroit  afiéz  admirer  les  foins  qn'on  a  pris  de  les  ren- 
dre commodes.  Ils  font  de  quatre-vingt  pieds  de  large 
ou  environ  ;  la  terre  en  eft  légère ,  Se  fe  féche  facile- 
ment dès  que  la  pluie  a  ceffé.  En  certaines  provinces  on 
voit  à  droite  Se  gauche,  comme  fur  nos  ponts,  des  ban- 
quettes pour  les  gens  de  pied ,  qui  font  terminées  des 
deux  côtés  par  une  fuite  continuelle  de  grands  arbres  en 
forme  d'allées  ,  Se  fouvent  renfermées  entre  deux  mu- 
railles de  terre  de  huit  ou  dix  pieds  de  haut  pour  em- 
pêcher les  voyageurs  d'entrer  dans  la  campagne;  ces 
murailles  ont  leurs  ouvertures  qui  répondent  aux  che- 
mins de  rraverfe  Se  qui  aboutiffent  de  toutes  parts  à 
de  gros  villages. 

De  demi-lieue  en  demi  lieue,  (il  appelle  demi-lieue 
le  pu  qui  eft  de  3500  pas,)  le  chemin  eft  traverfé  par 
One  espèce  d'arc  de  triomphe  fait  de  bois ,  Se  élevé  à  la 
hauteur  de  trente  pieds ,  qui  eft  percé  par  trois  gran- 
des portes,  au-deffus  desquelles  on  a  écrit  fur  une  large 
frife  en  caraétères  qu'on  peut  lire  de  cent  pas,  la  di- 
ftance  de  la  ville  prochaine  d'où  l'on  eft  parti ,  &  celle 
de  la  ville  où  la  route  mène.  Ainfi  les  guides  ne  font 
pas  néceffaires,  Se  l'on  fait  à  tous  momens  où  l'on  va, 
d'où  l'on  vient ,  combien  on  eft  avancé ,  Se  ce  qu'il 
refte  encore  de  chemin  à  faire.  • 

Comme  il  eft  d'une  extrême  importance  que  les  cou- 
riers  arrivent  à  tems ,  les  mandarins  ont  foin  de  tenir 
tous  les  chemins  en  état ,  Se  l'empereur  pour  les  y  obli- 
ger plus  efficacement ,  fait  quelquefois  courir  le  bruit 
qu'il  doit  lui-même  vifiter  certaines  provinces.  Alors  les 
gouverneurs  n'épargnent  rien  pour  en  réparer  les  che- 
mins; parce  qu'il  va  ordinairement  de  leur  fortune,  Se 
quelquefois  de  leur  vie ,  s'ils  fe  négligeoient  fur  ce 
point.  Mais  quelque  foin  que  les  Chinois  fe  donnent 
pour  diminuer  la  peine  des  voyageurs ,  on  y  fouffre 
néanmoins  presque  toujours  une  incommodité  uès-con- 
fidérable. 

Mesures  itinéraires  du  Japon. 

Nous  n'avons  rien  de  fort  exaét  fur  cette  matière. 
Kempfer ,  dans  fon  hiltoire  du  Japon,  /.  j.  c.  2.  t.  2. 
p.  1 23.  en  parle  affez  pour  en  dégroffir  l'idée ,  mais  trop 
peu  pour  en  donner  une  connoifianec  parfaite.  Voici 
ce  qu'il  en  dit  :  Les  lieues ,  ou  les  milles  du  Japon  ,  ne 
font  pas  d'une  égale  longueur.  Les  lieues  de  terre  dans 
l'ifle  de  Kiusju  Se  dans  la  province  d'isje  font  de  cin- 
quante tsjo  chacune;  Se  les  autres  lieues  communes 
ne  font  que  de  trçnte-fix.  Le  tsjo  eft  la  mefure  de  la 
longueur  d'une  rue.  Dans  les  bonnes  routes ,  j'ai  trouvé 
que  les  premières  de  ces  lieues  font  d'une  heure  de 
chemin  à  cheval ,  &  les  autres  feulement  de  trois  quarts- 
d'heure.  Le  tsjo  contient  foixante  kins  ou  toifes  cha- 
cun. Arrêtons  nous  ici  un  moment  pour  arranger  ces 
idées. 

Le  Kin  eft  unetoife;  mais  de  quels  pieds  cette  toife 
cft-elle  formée  ?  L'auteur  étoit  au  fervice  des  Hollandois 


cV  peut-être  fe  fera-t-il  fervi  du  pied  de  Leyden.  Il  dît 
que  la  manière  de  compter  de  ce  pays,  (du  Japon) 
eft  par  Kins  ou  Nattes  qui  font  autant  de  toifes  de 
l'Europe. 

Le  Tsjo  eft  de  foixante  kins  ou  nattes ,  ou  ,ce  qui  re- 
vient au  même ,  de  foixante  toifes. 

La  grande  lieue  eft  de  cinquante  tsjo ,  ou  trois  mil- 
le kins  ou  nattes  ,  évalués  par  l'auteur  à  trois  mille 
toifes. 

La  petite  lieue,  eft  de  trente -fix  tsjo  ,  ou  de  deux 
mille  cent  foixaiîte  kins  ou  nattes  ,  évalués  à  2160 
toifes. 

Les  lieues  de  mer  Japonnoifes  font  fort  indétermi- 
nées. L'auteur  met  pourtant  de  la  différence  entre  les 
lieues  de  merau-dedans ,  c'eft-à-dire  ,  entre  les  ifles  :  il 
dit  des  premières  ,  que  deux  Se  demie  font  un  mille  d'Al- 
lemagne ,  apparemment  le  mille  d'Allemagne  commun , 
ou  le  mille  géographique  de  quatre  mille  pas  chacun.  A 
l'égard  des  autres,  on  ne  peut  en  dire  la  proportion. 

Le  même  auteur,  dans  un  autre  endroit,  égale  ;  j  milles 
japonnois  à  environ  22  milles  d'Allemagne.  Il  ajoute: 
Dans  la  province  de  Lifen ,  j'ai  obfervé  que  les  milles 
étoient  d'une  heure  de  chemin  à  cheval  au  petit  pas , 
ou  à  pied  au  grand  pas ,  mais  dans  les  autres ,  de  trois 
quarts-d'heure  feulement  :  cinq  lieues  d'eau  font  trois 
milles  de  terre  fur  les  côtes  du  Japon  ;  mais  dans  les 
mers  plus  éloignées ,  on  compte  que  deux  lieues  Se  de- 
mie font  une  lieue  hollandoife.  Il  ajoute  :  Un  mille  or- 
dinaire contient  la  longueur  de  36  rues  ,  (ou  tsjo)ex~ 
cepté  dans  la  province  d'isje  ,  où  il  en  contient  cinquan- 
te >  la  longueur  d'une  rue,  eft  de  foixante  kjns  ou  nat- 
tes ,  Se  à  Nagafaki  de  5  6.  Un  peu  plus  d'uniformité  dans 
cet  hiftorien ,  foulageroit  un  peu  le  leékur.  Montanus, 
ou  Du  Mont,  dans  fon  ambafïade  du  Japon,  compte 
25  milles  japonnois  pour  un  degré.  De  l'ifle  évalue  les 
lieues  du  Japon  à  raifon  de  1 75"  ,  égales  à  200  coffes 
ou  lieues  de  l'Indouftan,  qui  valent  cent  lieues-  marines 
de  France  ou  d'une  heure. 

Mesures  itinéraires   des  Siamois. 

Les  mefures  fiamoifes  ont  été  examinées  avec  foin  pat 
de  la  Loubere ,  auteur  exact  Se  méthodique,dont  j'emprun- 
terai ici  les  paroles. 

Les  mefures  fe  forment  ou  fe  compofent  de  cette 
forte.  Teet  met  Cim  P  leujcw^n\-a.-dut ,  huit  grains 
de  riz  entier,  dont  la  première  envelope  n'a  pas  été 
brifee  au  moulin,  valent  un  doigt,  en  fiamois  Niou. 

ia  Doigts  valent  un  Keub,  c'eft-à-dire  une  paulme  t 
ou  l'ouverture  du  pouce  Se  du  doigt  moyen. 

2  Keub  valent  un  sok ,  c'eft-à-dire,  depuis  le  coude 
jusqu'au  bout  des  doigts. 

'  2  Sok  valent  un  ken  ,  c'eft-à-dire  ,  une  coudéç  de- 
puis le  bout  des  doigts  jusqu'au  milieu  de  la  poittine. 

2  Ken  valent  une  braffe  ,  qu'ils  appellent  Voua, 
Se  qui  vaut  à  peu  près  un  pouce  moins  que  notre  toi- 
fe ,  fi  bien  qu'il  s'en  faut  très-peu  de  chofe ,  que  leurs 
huit  grains  de  riz  ,  qui  font  leur  doigt ,  ne  vaille  neuf 
de  nos  lignes,  que  nous  eftimons  égales  à  neuf  grains 
d'orge. 

20  Voua   font  une  corde ,  qu'ils  appellent  Sen. 

100  Sen  ,  c'eft-  à-dire ,  cent  cordes ,  font  une  de  leurs 
lieues ,  qui  revient  à  deux  mille  braffes.  Us  appellent  leur 
lieue  roe -neng,  c'eft -à -dire  un  cent:  roë  veut  dire 
cent,   Se  neng  veut  dire  un. 

Enfin ,  quatre  de  leurs  lieues  ,  ou  8000  voua  ou 
braffes,  font  un  Jod  ,  &  ce  font-là  toutes  leurs  me- 
fures des  longueurs. 

Réduifons  ceci  à  notre  manière  de  compter;  huit 
grains  de  riz  valent  neuf  lignes. 

Le  Niou,  ouïe  doigt  eft  de  neuf  lignes,  c'eft-à-dire, 
trois  quarts  de  pouce  ;  donc  douze  doigts  ,  ou  le  keub , 
égaux  à  neuf  pouces  ;  donc  le  fok, ,  égal  à  1 8  pouces  , 
qui  font  un  pied  Se  demi. 

Le  Ken,  eft  donc  de  trois  pieds,  Se  le  Voua  qui  eft 
le  double  ,  eft  notre  toife  ;  mais  on  a  dit ,  que  les  huit 
grains  faifoient  un  peu  moins  de  neuf  lignes;  cette  diffé- 
rence ,  accumulée  dans  les  pouces  dont  la  toife  eil  com- 
pofée  ,  fait  un  pouce  de  diminution  fur  notre  toife.  Donc 
la  lieue  fïamoife ,  ou  Roe  mng  de  deux  mille  voua , 


MES 


MES 


eft  égale  à  1971  toifes   i  pied   Se  4   pouces,  mefure 
du  pied  de  roi. 

Mesures  itinbrair.es  des  Indes. 

Tavemier,  qui  a  beaucoup  écrie  fur  les  diftances  des 
différens  lieux  des  Indes  qu'il  a  parcourus ,  dit ,  Voyage 
des  Indes ,  l.  i.c.  3.  On  mefure  aux  Indes  les  diftances 
des  lieux  par  Gos  &  par  Costes.  Une  Gos  fait  envi- 
ron quatre  de  nos  lieues  communes ,  Se  une  Coste 
une  lieue.  Mais  qu'entend-t-il  par  lieues  communes  ? 

Entcnd-t-il  des  lieues  d'une  heure  de  chemin?  Il  n'y 
a  pas  d'apparence  ;  il  y  a  même  une  analogie  entre  les 
lieues  fiamoifes  dont  nous  venons  de  parler,  Se  les  lieues 
de  Tavernier,-  ce  qui  me  fait  foupçonner  que  les  lieues 
qu'il  entend,  doivent  être  très-petites  :  car  de  la  Loubere , 
dit  que  Roèneng  ,  ou  la  lieue  fiamoife,  eft  de  deux  mille 
brades ,  Se  que  quatre  de  ces  lieues ,  font  le  Jod  de 
8000  de  ces  braffes.  La  Cofie  de  Tavernier  eft  le  quart 
du  Gos  ;  cela  fc  reffemblc  beaucoup.  Mais  Thevenot  , 
qui  a  décrit  les  Indes  avec  grand  foin  ,  &  qui  les  avoir 
parcourues  lui-même ,  ne  connoît  ni  les  Gos  ,  ni  les 
Costes  de  Tavernier  ,  mais  les  Cosses.  Enfin  ,  dit-il , 
/.  i.c.  4.  p.  17.  j'arrivai  à  la  ville  de  Baroche,  qui  eft 
éloignée  de  Sourat  Se  de  la  mer  de  vingt  codes ,  qui 
font  environ  dix  lieues  françoifes ,  parce  qu'une  cofle  qui 
eft  la,  mefure  des  Indes ,  pour  l'espace  des  lieux  ,  eft 
environ  d'une  demi-lieue.  Cela  s'accorde  avec  de  rifle , 
qui  égale  deux  cens  colles  à  cent  lieues  communes  de 
France  ,  d'une  heure  de  chemin  chacune.  Ce  dernier , 
dans  l'échelle  de  fa  carte  des  côtes  de  Malabar  Se  de  Co- 
romandel,  met  les  lieues  communes  de  France  de  15  au 
degré  ;  les  coffe's  ou  lieues  communes  des  Indes  de  40 
au  degré.  Les  Gos  ,  ou  lieues  de  Malabar  Se  de  Coro- 
mandel.de  10 au  degré.  Je  crois  que  c'eft  à  quoi  il  faut 
s'en  tenir. 

Mesures  itinéraires  des  Tartares. 

A  parler  généralement ,  ces  peuples  comptent  par  jour- 
nées de  chemin  ,  qui  doivent  être  fort  inégales ,  félon  les 
lieux.  Les  Tartares  Chinois,  fe  fervenr  des  lis  ou  lieues 
chinoifes,  les  Tartares  Moscovites-fe  fervent  de  werftes. 

Mesures  itinéraires  de  l'empire  Russien. 

r»« 
Les  Ruffiens  fe  fetvent  d'une  espèce  de  lieue  qu'ils 
appellent  Werst,  Werste  ,  ou  Wurste.  C'eft  cette 
dernière  orthographe ,  que  préfère  le  capitaine  Pcrry  , 
dans  fon  état  préfent  de  la  Grande  Ruffie.  11  dit  qu'un 
Wurfie ,  ou  mille  de  Ruflïe,  eft  de  3504  pieds d'Angle- 
terre; or  ,  3504  pieds  font  584  toifes  d'Angleterre  ;  mais 
comme  le  pied  d'Angleterre ,  eft  au  pied  de  Paris . 
comme  1350  à  1440,  il  y  a  un  feiziéme  de  différence 
d'un  pied  à  l'autre.  La  même  proportion  étant  entre  les 
toifes  de  Londres  Se  de  Paris ,  il  s'enfuir  que  les  584  toi- 
fes de  Londres  font  égales  à  547  toifes  Se  demie ,  me- 
fure du  châtelet,  ainfi  il  s'en  faut  dix  toifes,  que  4 
werftes  de  Ruflïe  ne  répondent  à  une  lieue  de  Berri , 
qui  eft  de  2200  toifes  :  depuis  le  capitaine  Perry  ,  Pierre 
le  Grand ,  pour  donner  plus  d'uniformité  aux  mefures 
de  fes  vaftes  états ,  ordonna  que  la  werfte  feroit  de  joo 
toifes,  &  que  fix  feroient  un  mille,  de  ij  au  degré. 
Or,  il  y  a  57060  toifes  du  châtelet  dans  le  degré  ,  ce  qui 
pour  chaque  mille  de  15  au  degré  fait  3804  toifes,  Se 
comme  il  y  a  fix  werftes  dans  le  mille  ,  cela  revien- 
droit  à  654  toifes  pour  chaque  werfte  ;  au  lieu  de  cinq 
cens.  J'ai  peine  à  croire  que  la  toife  de  Ruflïe  excède  fi 
fort  celle  de  Paris.  Peut-être  a  t-on  mal  rendu  le  mot 
de  toife.  Quoi  qu'il  en  foit ,  il  y  a  90  werftes  dans  le 
degré. 

Mesures  itinéraires  de  la  Turquie. 

Je  commencerai  par  ces  paroles  du  célèbre  voyageur  de 
Tourneforr.  La  longueur  des  milles n'eft  pas,  dit  il ,  déter- 
minée avec  précifion  dans  le  Levanr ,  principalement 
fur  la  mer ,  où  chacun  les  alonge  &  les  racourcit  fuivanc 
fon  caprice.  Je  n'ai  jamais  trouvé  deux  pilotes  qui  fus- 
fent  du  même  fentiment  là-deiTus.  Les  uns  comptent 
jusqu'à  1 800  milles  de  Marfeillc  en  Candie  -,  les  autres 


247 

n  en  mettent  que  quinze  cens.  Nous  avons  fuivi  l'opi- 
nion la  plus  commune  ,  qui  eft  de  160c.  Il  en  eft  à  peu 
près  de  même  par  terre.  Il  y  a  des  endroits  où  les  milles 
font  fi  courts  ,  qu'il  en  faut  plus  de  quatre  pour  faire 
une  lieue  de  France.  Le  plus  fouvent ,  il  n'en  faut  que 
trois  :  de  là  vient  la  grande  différence,  où  le  jufte  rap- 
port qui  fe  trouve  entre  les  mefures  des  anciens  &  celles 
d'aujourd'hui.  On  ne  connoïr  en  Orient  ni  géométrie, 
ni  arpentage  ;  Se  les  terres  y  font  à  fi  bon  marché  ,  qu'on 
ne  prend  pas  la  peine  de  les  mefurer  avec  exactitude. 

Ajoutez  à  cela ,  que  dans  la  plupart  des  voyages  du 
Levant ,  les  écrivains  expriment  les  diftances  d'une  ma- 
nière vague.  Quelques-uns  fe  fervent  du  mot  lieue ,  fans 
expliquer  quelle  forte  de  lieue  ils  entendent;  de  manière 
qu'on  peut  fe  tromper  du  double  en  les  évaluant.  D'au- 
tres difent  :  Nous  partîmes  le  matin  d'un  tel  endroit, 
Se  après  avoir  marché  par  des  plaines  ou  par  des  mon- 
tagnes ,  nous  arrivâmes  à  telle  heure  en  tel  lieu.  On 
voit  bien  que  c'eft  ne  tien  déterminer  ;  car  cela  dépend 
du  chemin  qui  étoit  plus  ou  moins  droit,  plus  ou  moins 
aifé ,  Se  du  pas  qui  a  pu  être  le  petit  pas,  le  pas  mé- 
diocre ou  le  grand  pas.  Cela  fait  d'extrêmes  différences. 
Les  géographes  ont  donc  été  obligés,  pour  évaluer  ces 
mefures  arbitraires  Se  indécifes ,  de  les  confronter  avec 
les  mefures  des  anciens  exprimées  dans  leurs  itinéraires , 
Se  avec  les  diftances  qui  réfultent  âes  obfervations  aftro- 
nomiques  par  le  calcul.  Cela  étoit  néceffaire  pour  ré- 
tablir la  pofition  des  principales  villes  du  Levant.  Faute 
d'avoir  recours  à  cette  rectification  fi  néceffaire ,  ceux 
qui  avoient  eflayé  de  faire  des  cartes  de  l'Afie,  fur  l'idée 
vague  que  les  voyageurs  en  donnent ,  avoient  défiguré 
cette  partie  ,  allongé  certains  cantons ,  accourci  d'autres 
pour  trouver  leur  compte.  D'autres  travaillant  fur  les 
anciens,  dont  ils  ne  connoiffoient  pas  les  mefures ,  avoient 
déplacé  tout.  Les  mefures  des  anciens  bien  enrendues, 
ont  remis  chaque  chofe  dans  fon  lieu  ;  Se  ce  qui  prouve 
l'explication  que  nous  en  donnons  ici,  c'eft  l'accord  ad- 
mirable qui  règne  entre  ces  mefures  Se  les  obfervations 
aftronomiques.  Dans  cette  diverfité  de  milles  dont  on  fe 
ferc  en  Turquie,  les  géographes  fe  fervent  du  mille 
commun,  qui  revient  au  mille  italique. 

Dans  l'Arabie ,  Se  dans  tous  les  lieux  où  les  Arabes 
font  répandus,  on  a  un  mille  un  peu  plus  iong,  que 
l'on  peut  appeller  le  mille  arabique.  i8j  de  ces  mil- 
les font  équivalons  à  300  milles  italiques ,  de  foixante  au 
degré. 

En  récompenfe  ,  les  milles  de  la  Baffe-Egypte  font 
beaucoup  plus  courts  ,  Se  il  en  faut  joo  pour  faire  300 
milles  italiques. 

Mesures    itinéraires 
d'a  f  r  i  q  u  e  et  d'a  mer1que. 


* 


Toute  la  côte  feptentrionale  d'Afrique  ,  Se  une  par- 
tie de  l'occidentale  ,  ayant  été  poffédée  par  les  Romains, 
les  diftances  en  font  préfentement  bien  connues  ;  d'ail- 
leurs ,  les  Arabes,  qui  y  ont  porté  leurs  armes ,  Se  les  Eu- 
ropéens qui  ont  parcouru  ces  pays,  ont  entretenu  à  cet 
égard  les  connoiffances  qu'on  en  avoir  déjà ,  Se  les  ob- 
fervations les  ont  perfectionnées.  Chaque  peuple  de 
l'Europe ,  qui  a  eu  occafion  de  parler  des  diftances  des 
différens  lieux  de  l'Afrique ,  s'eft  fervi  des  mefures  de 
fon  pays ,  dans  les  terres ,  Se  fur  les  côtes  que  nos  voya- 
geurs ont  moins  fréquentées  :  les  Nègres ,  Se  les  autres 
habitans  de  ces  cantons  comptent  par  journées  de 
chemin. 

Il  en  eft  de  même  de  l'Amérique.  Les  naturels  comp- 
tent les  diftances  par  journées  ou  par  lunes.  Dans  les 
pays  fournis  aux  Espagnols ,  ce  font  des  lieues  espa- 
gnoles ;  dans  l'Amérique  poffédée  par  les  François ,  ce 
font  des  lieues  françoifes  ;  Se  dans  les  pays  qui  dépen- 
dent de  la  couronne  Britannique,  ce  font  des  milles 
anglois. 

Réflexions  générales  sur  ces  Mesures. 

Nous  ne  traiterons  ici  ni  des  différens  milles ,  ni  des 
lieues  donr  on  fe  fert  en  Europe.  Il  fuflit  de  la  table 
que  nous  en  donnerons  enfuite  :  mais  cette  table  n'eft 
que  pour  ceux  qui  veulent  favoir  les  chofes  géographi- 
quement  ;  car  fi  on  veut  l'examiner* fur  les  lieux  mimee, 


1 4.8 


MES 


MES 


on  n'y  trouvera  pas  fon  compte  ,  &  en  voici  la  raifon. 
Le  peuple  d'un  même  lieu  ne  s'accorde  pas  clans  la 
fupputationdes  lieues;  car  celui  qui  compte  quatre  lieues 
de  fa  ville  à  une  autre,  aura  un  voilin  qui  n'en  compte 
que  trois  ,  8c  un  autre  qui  en  compte  cinq  ;  &  il  fe 
peut  faire  que  pas  un  des  trois  ne  di!e  au  julîe  la  vraie 
diftance. 

Cette  inconfiance  jointe  à  la  diverfité  des  lieues  8c 
aux  contours  des  chemins ,  donne  des  peines  étonnantes 
aux  géographes ,  quand  il  faut  drefler  une  carte  exacte. 
Dans    les  lieux  éloignés,  les   obfervations  fervent  de 
guide;  mais  dans  les  lieux  plus  voifins  ,  il  faut  fe  fervir 
de  la  chaîne  diftiibuée  en  toifes  ;  8c  par  le  calcul  àes 
angles ,  rec-liner  ce  que  la  chaîne  donne  de  diftance  en 
toifes ,  en  tenant  compte  des  détours  que  fait  le  chemin. 
La  diftance  de  deux  villes  en  droite  ligne  ,8c  le  chemin 
qu'il   faut  faire    pour  aller  de  l'une  à  l'autre    par  les 
chemins  ordinaires ,  font  fouvent  deux  chofes  très-diffé- 
rentes. L'auteur  d'une  carte  a  pour  principal  objet  le 
p  remier  genre  de  dillance.  11  ne  peut  y  ajouter  le  che- 
min que  dans  lescartestopographiques  d'un  petit  canton: 
ce  pendant  il  arrive  fouvent  des  injuftices  que  les  igno- 
rais font  à  de  très-habiles  géographes.  Un  homme  fans 
connoiffance  voit  une  carte  de  fon   pays  •,  il  fait  com- 
bien le  peuple  compte  d'ordinaire  de  fa  ville  à  une  autre  ; 
il  prend  un  compas ,  mefure  cette  dillance  ,  la  rapporte 
fur  l'échelle,  trouve  une  différence,  parce  que  le  géo- 
graphe prenant  la  diftance  en  droite  ligne  ,  n'a  tenu  au- 
cun compte  de  tous  les  détours  que  fait  le  chemin  ;  il 
commence  par   décrier  la  carte. 

Un  voyageur  auquel  la  lafiîtude  8c  la  paffion  d'arriver 
de  bonne  heure  au  gîte,  font  trouver  le  chemin  très- 
long  ,  blâme  une  carte,  8c  en  aceufe  l'auteur  d'avoir 
fait  égales  des  lieues  qui  lui  paroiffent  très  différentes. 
Le  plus  sûr  eft  de  réduire  les  différentes  fortes  de  milles 
8c  de  lieues  en  toifes  de  Paris  ;  8c  par-là  on  fait  com- 
bien il  faut  de  ces  lieues  pour  un  degré.  Il  n'en  coûte 
pour  cela  qu'une  ou  deux  opérations  d'arithmé;ique. 
C'eft  pour  faciliter  ce  calcul  que  je  donne  la  table  fui- 
vante. 

TABLE     GÉOGRAPHIQUE 

Des  Mesures  itinéraires  anciennes 
et  modernes  , 

Rapportées  à  un  degré  de  l'Equateur  3  ou  à  la  toife  de  Paris. 

Le  Mille   Hébraïque   ou  le  chemin  d'un  jour  de 

Siabat,  de  deux  mille  coudées,  égalé  par  S.  Epifiliane  à 
ix  ltades  romains  :  fix  cens  de  ces  ftades  font  un-legt  é  ; 
lonc  le  mille  hébraïque  cil  de  ioo  au  degré. 

Le  Stade  Egyptien  ,  félon  Hérodote  ,  eft  de  fix  cens 
pieds.  11  donne  8oo  pieds  de  largeur  à  la  bafe  de  la 
grande  pyramide  d'Egypte,  qui,  mefurée  au  pied  de  Paris, 
eft  de  68o  pieds.  Or,  comme  8oo  font  à  <58o,de  même  6oo 
pieds,  qui  font  le  ftade  d'Hérodote  ,  font  à  jio  pieds  de  Pa- 
ris. Donc  le  ftade  d'Hérodote  eft  8j  toifes  de  Paris.  Donc 
la  parafangue  égyptienne, évaluée  a  50  ftades,  eft  de  3350 
toiles.  Donc  le  fcheene  double  de  la  parafangue  fera 
de  y  100  toifes,  8c  les  autres  fcheenes  à  proportion.  Un 
degré  de  l'Equateur  eft  égal  à  57060  toifes.  Divifez  ce 
nombre  par  85  ,  qui  eft  le  nombre  des  toifes  contenues 
dans  ce  ftade,  il  en  réfulte  318  ftades  plus  30  toifes 
pour  le  degré  ;  &  ainfi  à  proportion  de  la  parafangue 
8c  du  fcheene.  Ce  ftade  eft  donc  au  degré  3 1 8  8c  près 
d'un  tiers. 

30  de  ces  ftades  font  la  Paras angue  Egyptienne; 
celle  d'ARMENiE  étoitde  quarante  ftades. 

60  ftades  font  le  Vrai  Schoene  d'Hérodote.  C'eft 
l'ancien  Schctnc ,  le  moyen  8c  le  commun. 

Le  grand  Schcene  étoit  double,  8c  comprenoit  120 
ftades. 

Le  petit  Schoene  du  Delta,  ou  le  demi-Sch<ene 
n'étoit  que  de  30  ftades.  Ce  n'eft  que  la  parafangue 
changée  de  nom. 

La  parasangue  des  Perses  anciennement  égale  à 
celle  d'Egypte  ,  enfuke  bornée  à  40  ftades  romains  , 
ainfi  équivalente  à  cinq  milles  romains ,  dont  75  faifoient 
un  degré  :  donc  la  parafangue  croit  de  ij  au  degré. 


Le  ftade  d'Ariftote , de  Xénophon,  &c.  de  1 1 1 1  au  degré. 
Le  ftade  romain  de  600  au  degré. 

Le  mille  romain  de  75  au  degré. 

L'ancienne  lieue  des  Gaules  8c  d'Espagne  de  1500  pas  de 

50  au  degré. 
La  rafte  des  Germains  de  3000  pas  romains,  ou  deux 

lieues  gauloifes  de  25  au  degré. 

L'ancienne  lieue  françoife  de  deux  milles  italiques  de  30 

au  degré. 
Parafangues  des  Arabes  &  des  Perfans,  22  8c  trois  neuvié- 

mes  au  degré. 

Selon  leurs  fucceffeurs ,  19  moins  deux  neuvièmes. 
Lis  de  la  Chine  de    '  250 

Lieues  du  Japon  de  2  j 

Werftes  de  Ruflîe  de  90 


Milles  de  la  baffe  Egypte  ,  de 
Colles ,  ou  lieues  de  l'Indouftan ,  de 
Gos,  ou  lieues  de  Coromandel  8c  de 

Malabar  ,  de 
Lieues  de  Hongrie  ,  de 
Lieues  communes  de  Hongrie ,  de 


1 10 
40 

10 1 

10' 

12 


de 


Milles  communs  de  Turquie  , 
Milles  italiques  communs , 
Milles  pas  géographiques , 
Milles  marins  de  l'Océan  , 

Milles  marins  de  la  Méditerranée  , 
Milles  modernes  de  Rome ,  de 
Milles  deMantoue,de 
Milles  de  Modène,  de 
Milles  de  Venife  ,  de 
Milles  de  Parme ,  de 


Milles  de  Gènes  ,  de 

Milles  de  Florence  ,  de 

Milles  de  Ravenne  8c  de  Bologne  ,  de 

Milles  d'Anconne ,  de 

Milles  de  Piémont ,  de 

Milles  d'Ecoffe ,  de 

Milles  d'Angleterre  ,  de 

Milles  d  Irlande  ,  de 

Lieues  géographiques  de  quatre  mille 

pas  géométriques , 
Lieues  communes  d'Allemagne , 
Lieues  communes  de  Danemarck  , 
Lieues  d'Espagne , 
Lieues  marines  de  Hollande  , 


c 


de     60 


7S 

7S 

8oj 

7°\ 
68 

64 
58 
7* 

50 
50 

7S 
SS 


lS 


8c  demi. 


Lieues  marines  d'Espagne  ,  de 

Lieues  marines  d'Angleterre , 
Lieues  marines  de  France  , 


•}    ae 
5   de 


1 7  &  demi  au  deg. 
de  285-3  toifes 


20 


Lieues  de  Suéde  (  de  18000  aunes  de  Suéde 
chacune,)  12 

Lieues  de  Pruffe,de  16 

Lieues  de  Pologne  ,  de  10 

Lieues  d'Ukraine  ,  de  14 

Lieues  communes  de  France  ,  de  trois  milles  romains , 
ou  de  2282  toifes  ,  25  plus  10  toifes. 


Lieues  de  Paris , 
Lieues  de  Solog 
Lieues  de  Touraine 


ne ,      V  de 
une,  J 


2000  toif.  de  28  un  quart' 


Lieues  de  Beauce  ,  •,   de  toif>  de 

Lieues  de  Cannois ,  $  ' 

Lieues  de  Bretagne ,  ->  de  toif#  dfi       tfois 

Lieues  d  Anjou  ,  J 


Lieues  de  Normandie, 
Lieues  de  Champagne, 


?s    de 


Lieues  de  Picardie  ,  de  22J0  toifes, 
plus  810  toifes. 


*5 


Lieues 


Lieues  d'Artois , 
Lieues  du  Maine , 
Lieues  du  Perche , 
Lieues  de  Poitou  , 


MES 

} 


MET 


23 

24 
26 


Lieues  de  Berri  de  2000  toifes , 

moins  un  onzième. 
Lieues  de  Bourbonnois  ,  de  2500  toif.  de  23 
Lieues  de  Lyonnois  ,  de  2450  toif.  de         23 

plus  710  toifes. 
Lieues  de  Bourgogne  ,  de  2 1  Se  demi. 


Lieues  de  Gascogne , 
Lieues  de  Provence 


'  £  de  3000  toif.  de    19 


Lieues  de  Suifle  , 
Lieues  de  Flandre , 


de 


Lieues  communes  des  Pays,- Bas,     ?    , 
Lieues  de  Luxembourg  ,  * 


24 


£2 


Comme  j'écris  pour  tous  les  peuples ,  Se  que  parmi 
les  étrangers  il  pourroit  y  en  avoir  qui  ignoreront  le 
rapport  &  la  différence  du  pied  ,  qui  eft  en  ufage  parmi 
eux  ,  au  pied  de  voi ,  dont  fix  font  les  toifes  qui  font 
employées  dans  les  évaluations  précédentes  \  il  elt  jufte 
du  donner  ici  une  table  qui  leur  aide  à  évaluer  les  diffé- 
rens  ;  i  Se  les  autres  mefures  de  divers  pays  par  rap- 
port au  pied  de  Paris. 

Le      :d    le  Paris  fe  divife  en  12  pouces. 

(        ut  >ouce  en  1 2  lignes. 

Si  c     fu^yo fediaque ligne divifée en  ic  parties,  on  aura 


part. 


n 
d 
EL, 

on 

m 

a 


O 

T3 


Le  pied  de  Paris,  de  Ï440 

Le  pied  de  Bologne  ,  de  1682 

Le  pied  de  Danemarck ,  de  i4°4J 

Le  pied  de  Rhin  ou  de  Leyde  ,  do  1 390J 

Le  pied  de  Londres  ,  de  1350' 

Le  pied  de  Suéde  ,  de  ï  3 1 ô" 

Le  j.  ied  romain  du  Capitule  ,  de  1  306 

Le  pied  de  Daritzig  ,  de  ïxl'1 

Le  pied  d'Amftefdam  ,  dé  Ï258 

Le  palme  de  Naples ,  de  1 169 

Le  paierie  de  Gènes ,  de  1 1 1 3  ( 

Le  paime  de  Palerme  ,  de  1Q7  $ 
Le  palme  romain  ,  de  990 

La  truffe  de  Bologne  ,  de  26^ 

La  braire  de  Florence  à  terre ,  de  243° 
La  brade  de  Parme  Se  de  Plaifance ,  de        2423 

La  brade  de  Rcggio ,  de'  234 

La  brade  de  Milan  ,  de  2166I 

La  brade  de  Breflé  ,  de  1075 

LabradedcMantoue.de  206  2' 


En  parlant  de  la  lieue  fuédoife»  j'ai  dit  qu'elle  eft 
de  r8-?oo  aunes.  L'aune  de  Stockholm  efl  presque  la 
m  ;  i  ;  chofe  que  la  brade  de  Bologne ,  116  brades  Se 
utu  .e  de  Bologne  font  116  aunes  de  Stockholm.  Ainfî 
i!  efl  aift  d'évaluer  l'une  &  l'autre  au  pied  de  Paris. 
Trois  bral  s  de  Bologne  feront  donc  de  cinq  pieds  Se 
demi,  Se  les  trois  aunes  de  Stockholm  de  même  ,  toute 
la  lifFérence  n'érani  de  l'une  à  l'autre  que  d'une  cent 
tr<  nte-troifiéme  pai  tiède  la  bralTc. 

Quand  les  Allemands  n'expriment  point  la  forte  de 
pieds  dont  ils  le  fervent,  il  faut  l'entendre  du  pied  du 
Rhin,  aue  quelques-uns  appellent  Rhinlandique.quieft 
fort  en  ufage. 

Autres  Mesures. 

i  2  points  font  une  ligne. 
1 2  lignes  font  un  pouce. 
I  2  pouces  font  un  pied. 
I  pied  &  demi  fait  la  coudée  commune. 
Le  pas  commun  elt  de  deux  pieds  &  demi. 
Le  pas  géométrique  elt  de  cinq  pieds. 
La  toife  elt  de  fix  pieds. 
La  verge  Se  la  brade  font  comme  la  toife. 
La  coudée  géométrique  elt  de  neuf  pieds,  ou  une  toife 
Se  demie. 
La  perche  des  anciens  étoit  de  dix  pieds.  Celle  donc 


249 

fe  fervent  les  arpenteurs  en  France, elt  de  dix-huit ,  ce 
qui  doit  s'entendre  des  environs  de  Paris  :  car  dans  le 
Perche  Se  au  pays  Charcrain  elle  efl;  de  22  ,  &  en  a  en 
fon  carré  484.  En  d'autres  elle  eft  de  19  ,  de  20  ,  de 
24 ,  &c. 

La  chaîne  au  pays  d'Anjou  ,  de  Poitou ,  de  Touraine , 
du  Maine,  &c.  vaut  2;  pieds  en  longueur,  &  62;  en 
carré.  En  Bretagne  elle  elt  de  24  ,  Se  en  carré  576. 
En  plusieurs  provinces  les  cent  chaînes  carrées  de  15 
pieds  de  long  chacune  ,  font  comptées  pour  un  arpent  i 
Se  par  conféquent  les  vingt  cinq  pour  un  quartier. 

L'arpent  ordinaire  eft  de  dix  perches  de  longueur , 
Se  de  cent  en  carré.  On  le   divife  "en  quatre  quartiers. 

Le  journal  en  Bretagne  eft  de  22  feillons&  un  tiers ,  ou 
4020  pieds. 

Le  feillon  contient  fix  rayes,  ou  1 80  pieds. 

La  raye  contient  deux  gaules  Se  demie,  ou  trente  pieds. 

La  gaule  contient  douze  pieds  en  carré. 

L'acre  dans  le  duché  de  Normandie  contient  4  verges. 

La  verge  contienc  40  perches  carrées,  Se  la  perche  y 
Vaut  22  pieds. 

La  faumée  en  Languedoc  &en  Provence  contient  quatre 
fetterées. 

La  fetterée  eft  de  quatre  cannes  carrées» 

La  canne  contient  huit  pans  en  longueur. 

Le  pan  contient  huit  pouces  &  neuf  lignes,  ou  huit  pou- 
ces trois  quarts.  . 

Le  journal  au  duché  de  Bourgogne  ,  fui  vaut  l'ordon- 
nance du  duc  Philippe  le  Bon,  contient  360  perches 
carrées.  La  perche  y  vaur  dix-neuf  pieds  en  longueur  Se 
trois  cens  foixante-un  en  carré. 

Le  journal  en  Lorraine  contient  250  toifes.  La  toife 
y  vaut  dix  pieds  &  le  pied  dix  pouces, mefure  de  Lorraine. 

MESUS,  ville  de  l'Euboée,  félon  Pline,  /.  4.  <r.  12. 
Mais  les  meilleurs  manuferits  écrivent  Nesus.  Et  c'elt 
àinfi  que  lifent  Pomponius  Mcla ,  /.  2.  c.  7.  Ortelius  , 
Thefaur.  Se  le  P.  Hardouin.  Cette  ville  conlerve  encore 
aujourd'hui  fon  ancien  nom  ;  on  l'appelle  Nefo.  Elle  efl 
dans  la  partie  feptentrionale  de  l'ifle. 

METABOLÉS ,  bourgade  que  Curopalate  femble  pla- 
cer au  voifinage  de  l'Arménie.  *  Ortclù  Thefaur. 

METABUS.  Voyez.  Metapontum. 

METACHOEUM ,  lieu  fortifié  dans  la  Bœotie.  Etien- 
ne le  géographe  le  place  entre  Orcbomemts  Se  Curonça.  II 
nomme  aufiî  ce  lieu  Metacbocrum. 

METACOMPSO,  ville  d'Egypte,  félon  Ptolomée, 
/.  4.  c.  5.  Il  femble  que  ce  foit  la  Tachempfo  de  Pompo- 
nius Mêla,  /.  i.c.  9.  mais  il  en  fait  une  ifie  du  Nil. 
Pline  ,  /.  6.  c.  29.  l'appelle  Tjcampfon  ,  Se  dit  que  quel- 
ques-uns la  nommpientTWitV/.  Hérodote  écrit  Meto- 
compfo ,  Se  en  fait  aulfi  une  ifle  qu'il  place  auprès  d'Ele- 
phantina.  C'elt  audi  apparemment  le  village  Tacompfos 
qu'Etienne  le  géogtaphe  place  en  Egvpte  ,  près  de  l'ide 
Philia. 

METACUM  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Jean  Barri 
prétend  que  c'elt  Calajate.  On  trouve  Je  mot  de  Meta- 
cum  dans  quelques  exemplaires  latins  de  Ptolomée» 
mais  les  éditions  les  plus  correétes ,  foir  latines  ,  foie 
grecques  .portent  Cumacawm ,  Ku^olkcItov.  Voyez.  Nime- 
tacum  Se  Rigiacum.  *  Ortclu  Thefaur. 

MET  ADULA  ville  de  la  Cappadoce.  Ptolomée  ,  /.  r. 
c.  6.  la  place  dans  le  Pont  Polemoniaque  &  dans  les  terres. 
Ses  interprètes  lifent  Megaluda. 

MET^E.  Voyez,  Mediomatric.es. 

METAFUS,  ville  maritime  6? Afrique,  dans  la  province 
d'Alger.  Elle  elt  ancienne  &  a  été  bâtie  par  les  Romains 
fur  la  côte ,  à  l'orient  de  Sacoa.  Son  port  „  dans  lequel  les 
vaidèaux  d'Alger  vont  mouiller ,  elt  aflez  commode.  Tour 
le  refte  de  la  côte  eft  battu  des  vents  Se  a  des  bancs 
extrêmement  dangereux.  Cette  ville  ,  préfentement  rui- 
née ,  eft  appellée  Temendefus  par  les  Africains.  Ptolo- 
mée en  fait  mention  fous  le  nom  de  Ruflone.  Elle  étoit 
en  grande  fplendeur  du  tems  des  Romains.  Les  Gots 
la  detruifirent  depuis ,  Se  on  tient  qu'Alger  s'eft  accrue 
de  fes  ruines»  iPy  a  là  une  rivière ,  appellée  Huecicer, 
qui  entre  dans  la  mer,  vers  le  levant  ,  Se  qui  a  une  ville 
auprès ,  nommée  Bcni-Abdela.  *  Murmol ,  Defcr.  de  l'A- 
frique, t.  3.  1.  5.  c.  43. 

METAGARA  ou  Matgara,  comme  écrit  de  l'Ifie. 
C'eft  un  canton  du  royaume  de  Maroc, encre  le  grand 

lom.  IV,  I  i 


MET 


2.JO 

Atiai  ôc  les  rivières  de  Zis  ôc  de  Ghir  ;  il  eft  peuplé 

d'Arabes  Mencbbé ,  qui  habitent  fous  des  tentes.  *  Atlas. 

METAGON1UM,  félon  Strabon,  /.  17.  ôc  Meta- 
gonites  .  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  r.  promontoire  d'A- 
frique,fur  la  côte  de  la  Mauritanie  Tingiiane.  Caftald 
J'appelle  Cubo  de  très  Forças ,  ôc  Olivier  le  nomme 
Cabo  de  très  Ai  cas.  Les  peuples  qui  habitoient  aux 
environs  de  ce  Promontoire,  font  appelles  Metagonita. 

Pomponius  Me  la ,  /.  i.t.  7.  donne  le  nom  de  Meta- 
conium  à  un  promontoire  de  l'Afrique  propre  ;  mais 
comme  ce  promontoire  ne  ,  peut  être  le  même  dont 
parlent  Strabon  &  Ptolomée  il  faut  de  trois  chofes  1  une  , 
ou  que  Mêla  fe  foit  trompé,  ou  que  fes  copilles  ayent 
pris  un  mot  pour  l'autre ,  ou  qu'il  y  ait  eu  dans  l'A- 
frique propre  ,  auprès  du  fleuve  Àmpfagus ,  un  promon- 
toire ,  nommé  Metagomum,  dont  Mêla  eft  le  feul  qui 
ait  parlé. 

METALASSUS ,  ville  de  la  Cappadoce.  Ptolomée , 


MET 


chafTerent  de  l'état,  &  ôterent  les  lieux  de  défordre& 
de  fcandale.  Us  délivrèrent  les  femmes  de  la  nécelïité 
de  faire  du  mal  ,en  les  délivrant  de  la  pauvreté.  Ils  firent 
pour  cet  effet  un  menaftere  d'un  palais ,  qui  étoit  fur 
le  bord  du  détroit  ,  à  la  droite  de  ceux  qui  navigent  vers 
le  Pont  Euxin ,  ôc  ils  y  enfermèrent  ces  peifonnes  con- 
verties, afin  qu'elles  y  vaquafient  aux  exercices  de  la  piété, 
&  qu'elles  y  pleurafient  les  péchés  qu'elles  avoient  com- 
mis dans  le  monde.  Le  lieu  fut  appelle  Pe'nitence, 
parce  que  tes  femmes  y  exerçoient  continuellement  cette 
vertu.  Juftinien  ôc  Théodora  attribuèrent  de  grands  reve- 
nus à  ce  monaftere,  afin  que  celles  qui  l'habitoient  n'euf- 
fent  point  de  fujet  de  violer  la  fainte  réfolution  qu'elles 
avoient  prife  de  garder  la  continence  ;'&  ils  y  élevèrent 
de  fuperbes  bâtimens ,  pour  les  confoler  en  quelque  forte 
de  la  privation  des  plaifirs..* Procope ,  1.  i.  des  édifices, 
c.  9.  de  la  trad.  de  Coufin. 

METAPA  ,  viiie  de  l'Arcanie,  félon  Etienne  le  géo- 


/.  J.c.  6,  la  place  dans  le  Pont  Pulemoniaque ,  «5c  dans     graphe.  Polybe, /.  ;.c.  7.  qui  en  parle  auiîi ,  dit  qu'elle 
les  terres.  Ses  interprètes ,  au  lieu  de  Metalajjus  ,  écrivent     étoit  fituée  fur  le  bord  du  lac  Ti  ichonides. 


METAPINUM.  Voyez.  Libyca. 

METAPONTUM,  &Metapcntium,  ville  d'Italie, 
dans  la  grande  Grèce  ,  fur  le  golfe  de  Lucanie  ,  aujour- 
d'hui le  golfe  de  Tarente.  Quelques  géographes  veulent 
que  ce  foit  Ftlïciori ,  dans  la  Calabre  ultérieure:  d'autres 


1 interp 
Megaltjfus. 

MET  ALLA,  lieu  de  l'ifle  de  Sardaignç.  L'itinéraire 
d'Antonin  le  met  fur  la  route  de  Tibuli  a  Sulci, entre 
Néapolis  ôc  Sulci ,  à  trente  milles  de  la  piemiere»& 
à  même  diftance  de  la  féconde. 

METALL1N  A.  Voyez,  au  mot  Castra  ,  l'article  Cas-  croient  que  c'eft  Trébigaz.z.e.  Pomponius  Mêla  ,  /.  1.  c.  4. 
TRA  Vicelliana.  Voyez,  auffi  Metallinum.  dit  :  Après  le  fleuve  Biadanus.qui  fait  la  borne  de  la  I  uca- 

METALLINUM ,  METELLINUM  ,  ou  Metalli-  nie,  on  trouve  la  ville  Matapontum  fur  ie  bord  de  la  mer. 
nensis  Colonia  ;  nom  latin  de  la  ville  de  Medelin  Selon  Mme,  /.  3.  c.  it.  Tarente,  Méiapontum  ,  ôc 
en  Espagne  dans  l'Eftramadure  ,  fur  le  bord  du  fleuve  Héraclée  font  fur  le  même  golfe.  Elle  fut  la  demeure  de 
Anas.  Pline,  /.  4.  c.  22.  &  Antonki ,  itiner.  parlent  de  Pythagore,  qui  s'y  retira  de  Crotone,  &  y  finit  fes 
cette  ville.  Le  dernier  la  place  fur  la  route  de  Cordoue  jours.  Quelques-uns  veulent  que  cette  ville  s'appelle  à 
à  Emerita  ,  a  vingt-quatre  milles  de  la  dernière.  Je  préfent  Torre  di  Mare.  Elle  fut  bâtie  par  les  Pyliens 
n'entreprendrai  pas  de  décider  quelle  eft  la  meilleurortho-  ôc  par  Neftor,  leup  chef ,  au  retour  delà  guerre  de 
graphe  ,  ou  celle  de  Pline  qui  écrit  Metallinenfis  Colonia,  Troye.  Jultin  , /.  10.  dit  que  fes  habitans  faifoienr  voir 
ou  celle  d'Antonin  qui  écrit  Mitcllimim.  dans  le  temple  de  Minerve  Ls  inftrumens  de  fer,  dont 

L'Espagne  ne  manque  point  de  métaux  qui  auroient  Epeus  s'étoit  fervi  pour  faire  le  cheval  de  Troyc.  Hip- 
pu  occafionner  le  nom  de  cette  ville.  D'un  autre  côté,     parque,  l'afttonome  ,  y  drefla  fcs  tables.  *  Tue  -  Live  , 

1.  1.  c.  18. 

METAR1S  £STUS,  golfe  fur  la  côte  orientale  de 
l'ifle  d'Albion.  Ptolomée,  /.  i.c.  3.  la  met  entre  l'em- 
bouchure de  l'Abus  ôc  celle  du  Gariennus.  Ortelius, 
Thifaitr.  croit  que  c'eft  aujourd'hui  the  Washe ,  entre 
Lincolnshire  ôc  Norfolkshire. 

METARUS,   fleuve   de   l'Espagne   Tarragonnoife , 

1. 


Cscilius  Métellus ,  qui  fe  rendit  célèbre  en  Espagne , 
pourroit  avoir  donné  fon  nom  à  Metellirium.  Plufieurs 
même  l'en  regardent  comme  fondateur.  Quelque  médaille 
ou  quelque  inscription  pourroit  décider,  mais  je  n'en  con- 
nois  point  qui  faffent  mention  de  cette  ville. 

METALLOrANENSIS,   lieu  dont    parle  Bede,  & 
dont  les  martyrologes  font  mention ,  ajoutant  quequarante 

martyrs  y  furent  décapités  fous  Dioclétien.  Il  eft  à  croire     félon  Ptolomée  ,  /.  i.c.  6.  Pomponius  Mêla,  /.  3.  c. 
que  c'eft  le  même  lieu  que  S.  Jérôme ,  in  locis  Hebr.     le  nomme  Mearus. 


appelle  Metallofenon  ,  &  qu'il  place  dans  la  Paleftine 
à  quatre  milles  de  Dodan  ,  du  côté  du  midi.  Voyez.  Phen- 
mesus. 

METALLOFENON.  Voyez.  Metailotanensis. 

1.  METALLUM,  eit  un  mot  grec  que  l'on  a  fait 
latin,  ôc  qui  veut  dire  la  même  chofe  que  Fodina, 
qui  eft  un  lieu  d'où  l'on  tire  quelque  matière  forte, 
dure  ôc  utile  à  quelque  ufage.  Si  la  matière  eft  dure  , 
elle  eft  auffi  appellée  Métal ,  comme  l'or,  l'argent,  le 
cuivre,  le  fer ,  le  plomb  &  autres.  Le  nom  de  Metal- 
i.um  a  auffi  été  donné  à  divers  lieux ,  à  l'occafion  des 
mines  de  métal  que  l'on  y  avoir  trouvées. 

2.  METALLUM,  lieu  entre  la  Macédoine  ôc  la  Thra- 
ce  ,  félon  Ortelius  ,.Thef.  qui  cite  Hérodote,  /.  j.c.  17. 
ôc  ajoute  qu'il  y  avoit  dans  ce  lieu  des  mines  de  cuivre. 

3.  METALLUM,  nom  latin  d'une  bourgade  de  France. 
Il  en  eft  parlé  dans  un  manuferit  confulte  par  Ortelius, 
Thcf.  Il  devoit  être  an  voifinage  de  Bourdeaux. 

4.  METALLUM.  On  lit  ce  mot  fur  une  médaille 
de  l'empereur  Louis  IV.  Je  juge,  dit  Ortelius,  Thcfaur. 
que  c'eft  un  nom  de  lieu,  parce  que  fur  d'autres  médailles 
du  même  empereur  on  lit  Lugdunum,  Bituriges  ,& 
autres  noms  de  lieux,  ou  de  peuples.  Voyez.  Matalia. 

METANAST/E.  Voyez.  Jazyges. 

METANOEA.  Ce  mot  grec    fignifie  pénitence  :  il 


fut  donné  a  un  palais ,  que  l'empereur  Juftinien  changea     où  eft  à  préfent  Drojî. 


METAUM ,  ville  de  l'ifle  de  Lefbos ,  fJon  Etienne 
le  géographe  ,  qui  cite  Hellanicus. 

METAUMACUM.  Voyez.  Methamaucum. 

METAURENSE.  Voyez.  Tifernum. 

METAURENSIS,fiége  épiscopal  del'Irtrie.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  le  fixiéine  concile  de  Conftantinople, 
fous  l'empereur  Confiant  in  ie  Grand.  Voyez.  Slasa, 
Tifernum,  Vruini  ôc  Urbinates.  *  Urtcïii  The- 
faur. 

METAURUM,  ville  d'Italie.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2. 
c.  4.  la  donne  aux  Brutiens.  Voyez.  Tifernum. 

1.  METAURUS,  fleuve  d'Italie  dans  lUmbrie,  fé- 
lon Pline,  /.  x.c.  /.  qui  le  met  entre  le  port  d'Hercule, 
ôc  la  ville  Taïuœntum.  Strabon  ,  /.  6.  p.  i$6.  en  parle 
auffi.  Le  père  Hardouin  dit  que  c'eft  aujourd'hui  le 
Marro. 

2.  METAURUS,  fleuve  d'Italie.  Pline,  /.  3.  c.  14. 
ôc  Pomponius  Mêla,  /.  2.  c.  4.  en  font  mention.  On  le 
nomme  à  préfent  Metaro  ou  Métro.  Il  arrofe  le  duché 
d'Urbin ,  ôc  fe  jette  dans  la  mer  Adriatique. 

3.  METAURUS,  lieu  d'Italie,  avec  un  port ,  à  l'em- 
bouchure du  fleuve  Metaurus,  C'eft  Strabon  ,  /.  6.  p. 
25 êJ.  qui  en  pa.le  ;  mais  il  y  a  apparence"  qu'il  eft  que- 
ftion  de  la  même  ville  que  Mêla  nomme  h: etaurum. 
Quelques-uns  croienr  que  l'ancienne  Mctaurum  étoit , 


en  un  monaflere.il  y  avoir  à  Conftantinople  une  troupe 
de  femmes  renfermées  dans  un  lieu  ,  où  elles  étoient  con- 
traintes par  la  mifere  de  fe  proftituer.  Certains  hommes 
avoient  établi  depuis  long-tems  une  infâme  fociété  pour 
faire  un  déteftable  commerce  de  la  beauré  ôc  de  la 
pudicité  des  femmes.  Juftinien  &Theodora,quifeportoient 
toujours  avec  un  zèle   égal  aux  actions  de  piété,  les 


4.  METAURUS  ,  nom  d'un  fleuve  de  Sicile.  Stra- 
bon,  1.6.  p.  275.  dit  qu'il  fe  perd  quelque  rems  fous 
terre.  Etienne  le  géographe  connoit  auffi  une  ville 
de  Sicile,  appellée  Metaurus-.,  mais  ,  comme  il  donne 
quelquefois  le  nom  de  Sicile  à  la  partie  orientale  dç 
l'Italie ,  il  fe  pourroit  faire  qu'il  voudroit  parler  de 
la  ville ,  appellée  Mctaurum  par  Pomponius  Mêla. 


MET 


MET 


2yi 


METEGAMR ,  petite  ville  de  la  baffe  Egypte ,  à 
moitié  chemin  de  Damiette.  *  Du  Ligno»,  Mémoires 
manuferits. 

METEL1N  ,  ifle  de  l'Archipel ,  appcllée  autrefois 
Lesbos.  Voyez,  ce  mou  L'ifle  de  Metelin  efl  fi  tuée  au 
nord  de  celle  de  Scio  ,  Se  presque  à  l'entrée  du  golfe 
de  Guereflo.  Elle  efl  le  double  plus  grande  que  celle 
de  Scio,  Se  s'éicnd  fort  du  côté  du  nord-efi.  Il  y  a  en- 
core dans  cette  ifle  cent  vingt  villages  ou  bourgs ,  fans 
compter  Caftro,  qui  efl  la  capitale.  Elle  a  été  beau- 
coup plus  peuplée  autrefois ,  &  a  produit  un  grand  nom- 
bre de  grands  hommes.  Plutarque ,  ae  Mufica  ,  dit  que 
les  Lelbiens  étoient  les  plus  grands  muficiens  de  la 
Grèce.  Le  fameux  Ai  ion  étoic  de  Mythymne,  dont  on 
voit  encore  les  ruines  dans  cette  ifle.  Tcrpndrc  ,  qui 
mit  le  premier  fept  cordes  fur  la  lyre,  étoit  Lefbicn  ;  c'cfl 
ce  qui  donna  lieu  à  la  fable ,  de  publier  que  l'on  avoit 
entendu  parler  dans  cette  ifle  la  tête  d  Orphée  ,  aptes 
qu'on  l'eut  tranchée  en  Thrace  ,  comme  l'explique 
ingénieufement  Euftathe,  ad  verf.  5-37.  dans  fes  notes 
fur  Dcnys  d'Alexandrie.  Euftathe  remarque  auflî  que 
l'ifle  fut  nommée  Mytilene  du  nom  de  la  ville,  il  cft 
aifé  de  voir  que  de  Mytilene  on  a  fait  Metelin.  Stra- 
bon  ajoute  encore  aux  hommes  illuftres  de  Lelbos , 
Hellanicus  ,  célèbre  hiftorien ,  &  Callias ,  qui  fit  des  no- 
tes fur  les  pocfies  d'Alcée  Se  de  Sâpho. 

Les  mœurs  des  Lelbiens  étoient  fi  corrompues ,  que 
l'on  faifoit  une  grofle  injure  à  une  perfonne ,  de  lui 
reprocher  de  vivre  à  la  manière  des  Lelbiens.  Dans 
Goltzius  il  y  a  une  médaille,  qui  ne  fait  pas  beaucoup 
d'honneur  aux  dames  de  cette  ifle.  Celles  d'aujourd'hui 
fuit  moins  coquettes  que  celles  de  Milo  Se  de  1  Ar- 
gentiere.  Leur  habit  Se  leur  coëffure  font  plus  mo- 
deftes. 

Le  terroir  de  Metelin  eft  fort  bon  -,  les  montagnes  y 
font  fraîches  ,  Se  couvertes  de  bois  en  plufieurs  endroits. 
Cette  ifle  produit  de  bon  froment,  d'excellente  huile, 
Se  les  meilleures  figues  de  l'Archipel.  Ses  vins  n'ont 
rien  perdu  de  leur  première  réputation.  Arifiote ,  à  IV 
gonie  ,  prononça  en  faveur  du  vin  de  Lefbos.  Il  s'agis- 
foit  de  lailfer  un  fucceffeur  du  Lycée,  qui  foûtint  la 
réputation  de  lécole  péripatéticienne.  Menedème  de 
Rhodes ,  &  Théophrafle  de  Lefbos  étoient  les  con •■ 
currens.  Arifiote  fe  fit  apporter  du  vin  de  ces  deux  ifies , 
Se  après  en  avoir  goûté  avec  attention,  il  s'écria  de- 
vant tous  fes  disciples,  (  Aulu-Gclle ,  /.  13.  c.  5.)  Je 
trouve  ces  deux  vins  excellent;  mais  celui  de  Lesbos 
efl  bien  ■plus  agréable  >  voulant  donner  à  connoître 
par-la  que  Théophrafle  l'emportoit  autant  fur  fon  com- 
pétiteur ,  que  le  vin  de  Lelbos  fur  celui  de  Rhodes. 
Trifian  donne  le  type  d'une  médaille  de  Geta  ,  qui , 
fuivant  Spartien  ,  aimoit  fort  le  bon  vin;  le  revers  re- 
préfente  une  fortune  ,  tenant  de  la  main  droite  le  gou- 
vernail d'un  vaifléau ,  Se  de  l'autre  une  corne  d'abon- 
dance ,  d'où  parmi  plufieurs  fruits ,  fort  une  grape  de 
raifm.  Pline  relève  le  vin  de  cette  ifie,  par  l'autorité 
d'Lrafiflratc  ,  l'un  des  plus  grands  médecins  de  l'anti- 
quité. Le  même  auteur  Se  lfidore  parlent  du  ja^pe  de 
Lelbos. 

Le  commerce  de  l'ifle  de  Metelin  confiAe  feulement 
en  grains,  en  fruits,  en  beurre  Se  en  fromage  :  cepen- 
dant elle  ne  laifie  pas  de  payer  au  grand  feignent  dix- 
huit  mille  piafires  de  caratfch.  Il  y  a  dans  cette  ifle  des 
pins  qui  donnent  aiTez  de  poix  noire  ,  dont  on  fait 
nfage  pour  les  planches  à  la  conflruction  des  petits 
vaifleaux. 

Les  principaux  ports  de  l'ifle  font,  celui  de  Cafito , 
ou  de  l'ancienne  Mytilene,  le  port  Olivier,  celui  de 
Caloni ,  Se  le  port  Sigre.  *  Toumejort ,  Voyage  du  Le- 
vant, Lettre  9. 

METELINOUS  ,  village  de  l'ifle  de  Samcs ,  a  pris  fon 
nom  de  l'ifle  de  Metelin  ,  parce  qu'il  fut  bâti ,  ou  rétabli 
par  une  colonie  des  habitans  de  Metelin,  qu'on  y  fit 
paflèr  du  tems  de  Selim.  Il  y  a  une  très-belle  fontaine  , 
qui  efl  la  plus  confidérable  de  l'ifle.  De  Tourncfort  croit 
que  c'eft  l'une  des  deux  fontaines  ,  dont  parle  Pline  ,  qui 
étoit  conduite  à  la  ville  de  Samos ,  à  travers  la  monta- 
gne dont  Hérodote  a  fait  mention.  Cet  auteur  l'ap- 
pelle la  grande  fontaine.  *  Du  Lignm  }  Mémoires  ma- 
nuferits. 


METELIS,  ville  d'Egypte,  à  l'embouchure  du  Nil. 
Ptolomée,  /.  4.  c.  5,  dit  qu'elle  étoit  la  capitale  d'un  no- 
me auquel  elle  donnoit  fon  nom.  Etienne  le  géographe  , 
écrit  Mctilis ,  Se  fait  entendre  qu'on  la  nommoit  aufli 
Bcchis.  C'efl  la  ville  de  Rofette  ,  que  les  Turcs  appellent 
Raschit;  félon  le  P.  Vanfleb,c'efi  Fulva.  Cette  ville  a  été 
épiscopale.  Muca 1  ius ,  l'on  évêque  ,  fouscrivit  au  concile 
d'hphefe,  tenu  l'an  431. 

METEL1TES  ,  nôme  d'Egypte ,  &  dont  Metelis  étoit 
la  capitale,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  5. 

MEÎELLINA  COLONTA.  Voyez.  Castra  Vicel- 
uana  ,  Si  Metallinum, 

METELLINUM.  Voyez.  Metaliinum. 

METELLOi'OLIS,  Metellopoleos  ,  ville  épisco- 
pale de  la  Phrygie  Pacatienne  ,  félon  Léon  le  Sage.  Dans 
le  faux  fynode  de  Photius,  on  trouve  M.cbael  Metellopo~ 
leos  Hatdouin,  collect.  conc.  v.6.p,  2  r  j. 

METENSES.  Voyez.  Mediomatrices. 

METENSIS,  fiége  épiscopal  d'A fiique  ,  dans  la  Nu- 
midie,  félon  la  notice  des  évêchés  d'Afrique  ,  où  Felicia- 
nus  eft  qualifié  episcopus  Metenfis.  Dans  la  conférence 
de  Carthage,  n°  126.  Gratianus  efl  dit ,  episcopus  plcbis 
Me  te  h  [ii. 

MËTERCOSA  ,  ou  Mentercosa  ,  ville  d'Espagne. 
Ptolomée  ,  /.  2.  c.  5  la  donne  aux  Carpetans ,  &  la  place 
entre  1/pimtm  Se  Barnacis.  On  croit  -que  c'eft  aujour- 
d'hui Pedtaça  de  la  Sierra. 

METEREA  TURBA.  On  lit  ces  mots  dans  ces  vers 
d'Ovide,  trift.  I.  2.  eleg.  2. 

Jazyçes  &  Colchï  Mctereaque  titrba,  Geuque 
Danubïi  mediis  vix  prohibentur  a  qui  s. 

Il  efl  quefiion  de  peuples  de  la  Scythie  Européen- 
ne, fi  les  exemplaires  font  fidèles.  Merula  aime  mietix 
lire  Neureaque turba.  Il  efl:  du  moins  certain,  dit  Ortc- 
lius ,  Thefaur.  que  Vaîérius  Fiaccus  joint  les  Neuri 
avec  les  Jazvges  dans  ce  vers  : 

Ne  unis  &  expertes  canentes  Jazyges  <evi. 

METHAMAUCUM,  Se  Metaumacum.  On  a  donné 
en  latin  ce  nom  au  port  de  la  ville  de  Venife  ,  appelle 
vulgairement  Malarnocbo.  Farold  lit  Meta  Meduacum  , 
Se  prétend,  que  c'en:  comme  û  on  difoit  l'ifle  au-delà 
de  Metacum.  Sa  remarque  mérite  d'autant  plus  d'atten- 
tion, que  Strabon  met  le  port  Medoacum  à  l'embou- 
chure du  fleuve  Medoacus ,  Se  place  les  peuples  Medsacî 
au  deffus  des  Veneti. Voyez,  Malamocco. 

METHANA  ,  bourgade  des  Trœzéniens  dans  l'iflhme 
d'Argie,  félon  Paufanias,  /.  2.  c.  34.  Strabon  ,  /.  8.  p.  374* 
qui  dit  que  ce  lieu  avoit  autrefois  été  fortifié  ,  le  mec 
entre  Trœzéne  Se  Epidaure.  Il  ajoute  qu'il  y  avoit  une 
péninfule  de  même  nom ,  Se  c'étoit  apparemment  fur 
cette  péninfule  que  Methana  étoit  fituée.  Il  y  a  des  au- 
teurs qui ,  au  lieu  de  Methana  ,  écrivent  Methone» 
Voyez,  Methone. 

A4ÈTHCA,  campement  des  Ifraè'lites ,  dans  le  dé- 
feit,  entre  Thuré  Se  Hermona  ,  félon  le  livre  des  Nom- 
bres, c.  33.^.  28  Se  29.  Methca,  dit  dom  Calmet , 
Dict.  eft  apparemment  Metheg,  dont  il  eft  parlé  au  fé- 
cond livre  des  Rois ,  c .  8.  v.  1.  Comparez  ,  ajoute-t  il , 
le  premier  livre  des  Paralipoménes ,  c.  8.  v.  1.  où  il  efl 
dit  que  David  prit  Geth  Se  fes  filles  ;  Se  le  livre  des  Rois 
où  ii  efl  dit  qu'/ï  prit  Meteg  ,  la  mère  ,  ou  Meteg  &  fa 
mère;  c'efl-a-dire ,  Meteg  &  Geth.  Geth  Se  Meteg  étoient 
voifines  d'Hermona ,  bien  avant  au  midi  de  la  Terre 
promife.  Au  lieu  de  Meteg  la  mère ,  l'hébreu  lit  Meteg 
Amma ,  que  faine  Jérôme  a  traduit  par  fr&num  trilnui: 
mais  je  crois ,  continue  dom  Calmet,  qu'il  avoit  écrie 
framm  cubiti ,  Se  que  les  copifies  y  ont  fubftitué  fr&- 
mim  tributi;  mais  il  vaut  mieux  prendre  Meteg  pour 
un  nom  de  lieu ,  qui  efl  apparemment  le  même  que 
Methca. 

1.  METHONE  ,  ville  maritime  du  Péloponnèfe  ,' 
dans  la  Mcflenie.  Paufanias,  /.  4.  c.  3.  écrit  Mathon, 
Se  Strabon  ,  /.  8.  p.  359.  dit  qu'on  prétendoit  que  c'étoic 
cette  même  ville  qu'Homère  avoir  nommée  Fcdafits, 
Il  dit  aufïi  que  quelques  uns  vouloient  que  Meùwne  Se 
/Epaca  fulTent  la  même  ville.  Les  uns  foûtiennent  que 

Tom.  IV.  Ii  ij 


MET 


2/2 

c'eft  aujourd'hui  la  ville  de  Modon  \  Se  d'autres,  que 
c'eft  celle  de  Minutie.  Methor.e  étoit  épiscopale  :  fon 
évêque  Tychius  fouferivit  au  concile  de  Sardique  ,  tenu 

l'an  347. 

2.  METHONE,  ville  de  Thrace ,  félon  Ortelius, 
T'hcfaur.  qui  cite  Suidas  Se  Etienne  le  géographe.  Plutar- 
que,  in  Ouœftionib.  grue,  nous  apprend  que  les  habitans 
de  cette  ville  fe  nommoient  Apofphendoneti ,  A'-nca^iv- 
«ToVhto/  ,  c'eft-à-dire  ,  mis  en  fuite  à  coups  de  fronde.  C'é- 
toit  fans  doute  quelque  fobriquet.  Elle  étoit  aux  con- 
fins de  la  Macédoine  ,  félon  Démofthène  ,  Olymhui- 
ca  x. 

3.  METHONE ,  ville  de  la  Macédoine,  dans  la  Ma- 
gnéfie,  félon  Ortelius ,  Tbefaur.  qui  cite  Thucydide, 
.Strabon,  Pline,  Etienne  le  géographe  Se  Solin.  Héfy- 
che    la    met  dans  la   Theffalie  ;  Se  Sénéque    dans  la 

Troade  ,  Se  dit  qu'elle  étoit  au  pied  des  monts  Oetes.  Se- 
lon Suidas ,  c'étoit  une  des  Halciones  ,•  Se  Pline  effe- 
ctivement place  une  ville  nommée  Halcione  dans  ces 
quartiers.  Philippe  de  Macédoine  affiégea  Se  prit 
«eue  ville ,  mais  cette  conquête  lui  coûta  un  œil.  On 
peut  accorder  ces  différens  auteurs  en  difant ,  ce  qui 
eft  vrai ,  qu'après  la  deftrucrion  d'Alcione  ,  on  bâtit  fur 
fes  ruines  la  ville  de  Methone. 

4.  METHONE,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  la  La- 
conie,  félon  Thucydide  ,  /.  2.  p.  117. 

5.  METHONE,  ville  de  l'Eubœe,  félon  Etienne  le 
géographe. 

6.  METHONE,  ville  de  la  Perfide.  C'eft  Etienne  le 
géographe  ,  qui  en  parle. 

METHORA  ,  ville  de  l'Inde.  Arrien  ,  m  Indicis  ,  la 
donne  aux  Sarafeni;  Se  Pline,  /.  6.  c.  19.  la  place  fur 
le  fleuve  Jomanes ,  qui  fe  jette  dans  l'Inde. 

METHURIADES,  ifles  entre  l'Attique  & :  l'Egine , 
auprès  de  Trœzéne  ,  à  ce  que  dit  Etienne  le  géographe. 
Pline,  /.  4.  c.  12.  écrit  Methurides  ,  Se  les  met  dans 
le  golfe  de  Mégare. 

METHWOULD,  bourg   d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Norfolck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  pré- 
v    fent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1 . 

1.  METHYDRIUM.,  ville  de  l'Arcadie ,  félon  Pli- 
ne, /.  4.  c.  j.  Paufanias ,  in  Jlrcad.  p.  512.  dit  que 
ce  n'étoit  qu'un  bourg  de  fon  tems.  Polybe  ,  Thucy- 
dide ,  Xénophon  Se  Etienne  le  géographe  en  font  auiïï 
mention. 

2.  METHYDRIUM,  ville  de  la  Theffalie.  C'eft  Or- 
telius qui  parle  de  cette  ville  ;  il  cite  Strabon ,  Paufa- 
nias ,  Polybe  Se  Thucydide.  J'ai  cherché  inutilement  cette 
ville  dans  tous  ces  auteurs. 

j.  METHYMNE,  ville  de  l'ifle  de  Lefbos ,  dans  la 
partie  feptentrionale  de  cette  ifle  ,  à  l'occident  de  My- 
tiléne.  Elle  eft  ancienne  Se  célèbre  par  fes  bons  vins  , 
&  par  la  naiffance  d'Arion ,  fameux  joueur  de  harpe  , 
qui ,  ayant  été  jette  dans  la  mer  ,  fut  fauve  par  un  dau- 
phin ,  qui  le  porta  fur  fon  dos  jusqu'au  cap  de  Tcnare  , 
près  de  Lacédémone.  Ptolomée,  /.  j.  c.  2.  la  place  en- 
tre le  promontoire  Argenum ,  &  la  ville  Antiffa.  Cette 
ville  a  été  épiscopale  ,  comme  il  paroît  par  le  concile 
de  Conftantinople  ,  tenu  l'an  870 ,  où  l'on  trouve  la 
foufeription  de  Jacobus  Methymnx.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

1.  METHYMNE,  ville  de  l'ifle  de  Crète.  Elien  en 
parle  dans  fon  hiltoire  des  animaux  ,  /.   14.  r.  20. 

METiBI ,  peuples  de  la  Sarmatie  Européenne.  Ptolo 
lïice ,  /.  5.  c.  9.  les  met  parmi  les  peuples ,  qui   habi-~ 
toient  au  nord  des  monts  Coraces. 

MET1NATES ,  peuples  d'Italie,  dans  la  Pouille,  félon 
Ortelius,  qui  cite  Pline,  /.  3.  c.  il.  Il  ajoute  que  trois 
îr.anufcrits  qu'il  a  confultés  ,  portent  Etinatcs  ,-\x\  lieu 
de  Meiinates.  Mais  ce  n'eft  ni  Metinates ,  ni  Et'mates 
qui  eft  le  vrai  nom  ■■,  c'eft  Meiinates  qu'il  faut  lire;  Se 
c'eft  ainfi  que  lifent  Cellarius,  Geogr.  ant.  I.  2.  c.  9. 
&  le  père  Hardouin.  A  l'extrémité  du  promontoire  que 
forme  le  mont  Garganus,  il  y  a  ,  difent  -ils,  une  ville 
épiscopale,  nommée  vulgairement  Viefte;  elle  s'eft  ac- 
crue des  ruines  de  la  ville  Mcrimim ,  qui  avoit  aufù  été 
épiscopa'c. 

ÏIOSEDUM,  lieu  de  la  Gaule  Celtique,  voifm 
de  Paris,  fur  la  fituation  duquel  il  y  a  eu  divers  fen- 
timen*  parmi  les  interprètes  de  Céfar ,  qui  en  a  fait  men- 


MET 


tîon  dans  fes  commentaires.  Merula,  Scaliger ,   Bran- 
tius ,  les  pères  Labbe  Se  Briet ,  le  placent  au  defl'us  de 
Paris,  &  difent  que  c'eft  Mf.lun.  Galeran ,  Beroald  & 
Martien   le  placent  au-deffous ,  Se  dilent  que  c'eft  Cor- 
beil  :  Cellarius  a  auili  été  d'abord  de  ce  fentiment.  Or- 
telius ne  s'explique  pas  clairement  fur  ce  lieu.  Plufieurs 
de  ceux  qui  placent  Metiosedum  au-defious  de  Paris, 
s'accordent  presque  tous  à  dire  que  c'étoit  Meudon.  Ni- 
colas Sanfon  eft   le  premier  qui  ait  eu  cette  penfée.  Il 
a  été    fuivi  par  Valois  ,    Se  depuis  par  Cellarius,  qui 
a  cru  devoir  quitter   fon  ancien  fentiment,  par  rcfpect 
pour  ce  dernier  écrivain,  qu'il  regarde  comme  très-exact; 
Se  tout  nouvellement  par  "Wefleling  ,  dans  fon  édition  de 
l'itinéraire  d'Antonin.  Quelques-uns  ,  fans  déclarer  que 
Metiofedum  foit  Meudon,  fe  contentent  de  dire  que  cet  en- 
droit étoit  à  quatre  mille  pas  au-defious  de  Lutéce  :  c'eft 
ainfi  que  s'exprime  Davies  en  fes  notes  fur  Céfar.  Sa- 
muel Clarke  fe  contente  aufli  de  dire  dans  une  de  fes  no- 
tes à  la  fin  de  la  magnifique  édition  de  Londres  de  17 12, 
que  Céfar  place  Metiofedum  plus  bas  que  Paris.  Lebeuf 
a  fait  imprimer  en   1738  ,  des  observations  fur  la  fitua- 
tion de  ce  lieu  ,  qui  font  voir  que  Sanfon  s'eft  trompé  ; 
Se  qu'il  en  faut  revenir  à  l'ancien  fentiment,  Cv  placer 
Metiofeditm  au-deffus  de' Paris.  Labiénus,  général  de  l'ar- 
mée Romaine,  qui  étoit  venu  pour  s'emparer  de  Paris 
du  côté    que  nous  appelions    le    fauxbourg  faint  Mar- 
ceau ,  où  étoit  un  vrai  marais  formé  par  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Biévre  dans  la  Seine ,  voyant  qu'il  n'y 
avoit   rien   à  faire  de  ce  côté ,  réfolut  d'approcher  de 
Lutéce  par  un  autre  endroit  :  il  revint  fur  fes  pas  bien 
au-deffus  de  Paris,  dans  un  endroit  où   il  y  avoit  une 
ifle,  &  il  y  paffa  la  Seine  avec  fon  armée  :  il  revint  à 
Lutéce.  A  ce  bruit,  les  Parifiens  brûlèrent  leur  ville  Se 
rompirent  leurs  ponts.  L'armée  de  Labiénus  refta  cam- 
pée au  nord  de  Lutéce.   Les  troupes  de  Camulogenus 
n'étoient  plus  vers  l'endroit  du  fauxbourg  faint  Viétor 
où  la  Biévre  fe  jettoit  dans  la  Seine ,  mais  vers  ce  que 
nous  appelions  faint  Severin  &  faint  André  des  Arts. 
Labiénus ,  voulant  les  furprendre  ,  ordonna  à  une  partie 
de  fes  gens   de  remonter  par  terre  vers  Conflans,  Se 
à  d'autres  d'y  remonter  par  eau  ,  Se  de  faire  grand  bruir» 
Pendant  ce  tems ,  une  autre  partie  de  fon  année  devoit 
paffer  la  rivière  à  l'aide    des  bateaux  avec   lesquels  ils 
étoient  descendus  ;  Se  ,  afin  que  ce  paffage  ne  fût  pas  ap- 
perçu ,  il  ne  devoit  fe  faire  qu'à  quatre  milles ,  c'eft-à- 
dire  ,   une  lieue  au-deffous   de   Lutéce.    Ces  derniers  9 
étant  ainfi  arrivés  au  côté  gauche  de  la  rivière,  livrèrent 
le  combat  aux  Gaulois,  quand  le  jour  fut  venu.  Or, 
par  le  texte  de  Céfar  ,  il  eft  clair  que  Metiofedum  de- 
voit être  du  côté  où  les  Romains  remontoient  la  rivière 
avec  grand  bruit  pour  y  attirer  les  Gaulois ,  Se  non  pas 
du  côté  où  ils  dévoient  descendre  à  petit  bruit.  Il  eft 
dit  que  les  Gaulois  envoyèrent  pour  les  fuivre  du  côté 
de  Metiofedum ,  autant  que  leur  armée  feroit  remon- 
tée ;  les  auttes  troupes  gauloifes  furent  réfervées  pour 
repouffer  Labiénus ,  c'eft  donc  une  faute  évidente  dans 
Sanfon ,  de  n'avoir  pas  fait  attention  que  Metiofedum 
devoit  être  du  côté  des  bateaux  remontans ,  Se  non  pr>s 
du  côté    de  ceux   qui  descendirent.  Lebeuf  ne  décide 
point  pofitivement  le  lieu  d  au-deffus  de  Paris  où  étoit 
Metiofedum  y  mais  il  incline  à  dire  que  ce  pouvoir  être 
vers  Juvify ,  Se  peut-être  que  tout  le  canton  qu'on  ap-> 
pelle  aujourd'hui  la  plaine  de  Long-Boyau   Se  les  vil- 
lages adjacens ,  formoient  ce  qu'on  appelloit    Metiofe- 
dum, bien  différent  de  Melo  iunum ,  qui  étoit  une  ville. 
I!  eft  au  refte  très-vraifcmb!able  ,  comme  Lebeuf  l'a  fait 
obfei  ver  le  premier ,  que  le  nom  de  Jofedum  ou  Iofe- 
dum ,  n'eft  que  le  nom  de  Meti  fedum  abrégé  ;  Se  que 
par  le  moyen  de  l'apherèfe  on  a  fait  Josay  ,  Se  depuis 
Josas  ,  qui   a  eu  le  nom  du  canton  qui  commence  à 
Villejui ,  Se  s'étend    jusqu'à  Coibcil  ,  Mbntlheri,  Sec. 
d'où  l'on  a  furnommé  archidiacre  de  Jofay ,  de  lofe do , 
Se  par  corruption  ,  de  Jofaio  ,  celui  qui  a  eu  toute  la 
contrée  méridionale  du  diocèfe  de  Paris,  au  côté  gau- 
che de  la  rivière.  *  Recueil  de  divers  Ecrits ,  1 738.  à  Fa- 
rts ,  chez.  Barcis  ,  t.  2. 

METIRA ,  ville  d'Afrique.  Antonin ,  itincr.  la  place 
fur  la  route  de  Limniadesà  Catabathmon,  entre  I  aniuri 
Se  Jucundiu,  à  vingt  milles  de  la  première,  Se  à  qua- 


MET 


MET 


rante  milles  de  la  féconde.  Quelques  manuferits  por- 
tent Micbera ,  Se  d'autres  difent  Micera  Se  Mecera. 

METIUM.  Voyez  Marcium. 

METLING,  ou  Mottling,  ville  &  château  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Carniole  ,  fur  la  rive  gauche  de  la  Kulp, 
dans  le  diftrict  qu'on  appelle  le  Windismarck.  Il  y  a  une 
prévôté  Se  une  maifon  de  Tordre  Teutonique.  La  ville 
eft  du  domaine,  mais  le  château  Se  la  feigneurie  ,  qui  en 
dépendent ,  appartenoient  ci-devant  aux  feigneurs  de 
Watzen,qui  en  font  peut-être  encore  en  poffeiîion.  Le 
terrein  qui  environne  ce  lieu ,  eit  hériffé  de  montagnes 
6k:  de  forêts  ,  qui  font  extrêmement  épaiffes  en  quelques 
endroits.  On  en  diftingne  deux  ,  dont  l'une  en;  bien  four- 
nie de  châtaigniers ,  Se  l'autre  de  chênes.  Les  Turcs  fc 
rendirent  maîtres  de  cette  ville  en  145 1.  Se  y  commi- 
rent de  grandes  cruautés.  Ils  y  entrèrent  auffi  en  1578  ; 
mais  on  ne  leur  donna  pas  le  tems  d'y  faire  beaucoup 
de  mal.  Larius  croit  que  Mctling  eft  l'ancienne  Mecla- 
ria.  *  Zeyler ,  Topogr.  Carn. 

METO  ,  lieu  d'Italie.  L'itinéraire  d'Antonin  ,  le  mar- 
que entre  Paternum  8e  Tacina  ou  Ticina  ,  à  vingt-deux 
milles  de  la  première  de  ces  places,  Se  à  vingt-quatre 
milles  de  la  féconde. 

METOCHARTA.  Ortelius  dit  qu'un  manuferit  de  la 
notice  des  dignités  de  l'Empire  donnoit  ce  nom  à  la  ville 
de  Charta,  en  Méfopotamie.  Voyez  Charta. 

METODORUM,  village  de  France, au  voifinage  de 
Paris  ,  fuivanr  Ortelius  ,  Tbefaur.  qui  cite  le  Prêtre  Con- 
ftantius  ,  dans  la  vie  de  faint  Germain  d'Auxerre.  Voyez. 
Mkrodorum. 

McTOLE,  lieu  d'Egypte.  Selon  Ortelius,  il  en  eft 
parlé  dans  le  fécond  tome  des  œuvres  de  faint  Atha- 
nafe.  Il  ajoute  que  l'évèquc  de  ce  lieu  y  eft  appelle 
Cromus. 

METOPA,  village  dont  fait  mention  Surius  dans  la  vie 
de  faint  Euthyme,  abbé.  Ortelius  croit  qu'il  étoit  quelque 
part  du  côté  de  l'Arabie.      • .  • 

METOPEN.  Callimaque  ckElien,  in  Varïls  ,  don- 
nent ce  nom  à  un  fleuve  du  Péloponnèfe.  Il  eft  dans 
l'Arcadie ,  félon  le  fcholiaite  de  Callimaque,  cité  par  Or- 
telius, Thefaur. 

1.  METOPON,  promontoire,  au  voifinage  de  Con- 
ftantinople.  11  eft  près  de  Pera  :  on  le  nomme  aujour- 
d'hui Acra  Spandona  ,  félon  P.  Gylles ,  /.  2.  c.  6.  qui 
dit  que  Nicéphore  l'hiftorien  l'appelle  le  promontoire 
du  Nord. 

1.  METOPON.  Voyez  Criu  Metopon. 

METORENS1UM  CIV1TAS  ,  ville  d'Afie.  C'éroir  , 
félon  Diétis  de  Crète ,  la  capitale  du  royaume  de  Cycnus. 
Elle  n'étoit  pas  éloignée  delà  ville  de  Troye. 

METORES,  peuples  de  la  Perfide.  Ptolomée,  /.  G.  c. 
4.  les  place  au  midi  de  la  Mardyene.  Au  lieu  de  Metores , 
{es  interprètes  lifent  Mxgores. 

METOROME  ,  ville  de  la  Cappadoce,  dans  le  Pont 
Polémoniaque.  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  6.  la  place  entre  Seba- 
fia  Se  Sabalia.  Les  exemplaires  latins  portent  Meforo- 
me ,  au  lieu  de  Metorome. 

METRACHA ,  ville  archiépiscopale.  Il  en  eft  fait 
mention  dans  les  fanétions  pontificales  des  Orientaux. 

METRAMO,  ou  Mesuna,  rivière  d'Italie  dans  la 
Calabre  Ultérieure.  Elle  a  fa  fource  dans  l'Apennin. 
Son  cours  eft  d'orient  en  occident  :  elle  paffe  à  Rofiarno, 
&  va  fe  jetter  dans  la  mer  Inférieure ,  entre  Nicotera 
&  Gioia.  *  Ma<zin,  Carte  de  la  Calabre  Ultérieure. 

METRIA.  Voyez.  Scetin. 

METRO  ,  (  Le  )  rivière  d'Italie ,  dans  le  duché  d'Ur- 
bin.  On  l'appelloit  anciennement  Metaurus.  Elle  a  fa 
fource  dans  l'Apennin,  prend  fon  cours  d'occident  en 
orient,  Se,  après  avoir  groffi  feseauxde  celles  llu  Can- 
tiano,  elle  va  fe  jetter  .dans  la  mer  Adriatique  ,  auprès 
de  Fano.  *  Magin,  Carte  de  la  Marche  d'Ancone. 

METROPOLE.  Ce  mot  eft  grec  Se  lignifie  une  ville 
meye  ;  mais  les  Grecs  Se  les  Latins  l'ont  pris  en  des  fens 
bien  différens ,  qu'il  faut  diftinguer. 

1.  On  ne  donnoit  le  nom  de  métropole  anciennement 
qu'aux  villes  qui  en  a  voient ,  pour  ainfi  dire  ,  enfanté 
une  autre  ,  parce  qu'il  en  étoit  forti  une  peuplade  qui 
avoit  fondé  une  autre  ville  ;  8c  la  ville  ,  d'où  les  citoyens 
étoient  partis ,  étoit  nommée  métropole  de  l'autre  ville 
qu'Us  avoient  fondée.  Ceft  en  ce  fens  que  Thera  eft 


*Ï3 

àppellcc  par  Pindare,  Pyib.od.  4.  v.  34.  métropole  des 
grandes  villes  ,  parce  que  Cyréne  étoit  une  colonie  de 
Thera.  Ainfi  Thucydide,  /.  1.  c.  24.  appelle  Corcyre  , 
métropole  d'Epidamne  ;  Se  par  la  même  raifon  Albe 
eft  qualifiée  métropole  de  Rome  ,  dans  les  antiquités  de 
Denys  d'Halicarnaffe.  Le  pays  même  eft  nommé  Terre 
métropole ,  MeTpeVoA/ç  ytlç.  Les  Larins  ont  imité  cette  fa- 
çon de  défignerles  villes.  Catulle,  carm.  68.  v.  34.  ap* 
pelle  Brescia  la  mère  de  Vérone. 

Brixia  Veron&  mater  amata  mes,. 

Tacite,  Annal.  I.  4.  c.  jj.  dit  que  les  habitans  d'I- 
lium  difoient  que  Troye  étoit  mere  de  la  ville  de  Ro- 
me ;  parens  urbis  Romx.  Florus,  /.  I.  c.  3./.  3.  c.  18» 
parle  auffi ,  félon  le  même  fens ,  en  divers  lieux  de  fon 
abrégé  de  l'hiftoire  romaine.  Pline,  /.  j.  c.  19.  pouffe 
plus  loin  cette  figure  ■-,  il  dit  :  Tyrus  ....  olïm  partit  du- 
ra ,  urbibus  genitis  Lepti ,  JJùca ,  &  illa  Romani  Im- 
perii  tcmula  ,  terrarum  orbis  avïda  Carthagine.  Dans 
Tertullien,  De  pallio ,  c.  2.  les  Phrygiens  enfantent  les 
Romains ,  Se  Utique  eft  fœur  de  Carthage.  Sallufte , 
p.  78.  edit.  ad  uf.  Dclph.  appelle  ces  métropoles  Ori- 
g  1  n  e  s.  Pars  Originïbus  fuis  pr&fidio ,  pars  decori 
fuit. 

On  a  enfuite  appelle  métropole  la  ville  qui  étoit  le  chef» 
caput ,  d'un  peuple  ,  d'un  pays ,  d'une  province  ,  c'eft  ce 
que  nous  appelions  la  capitale.  Chaque  peuple  avoit  la 
fienne ,  Se  comme  un  peuple  étoit  fouvent  allez  nom- 
breux c\:  étendu  ,  pour  être  divifé  cm  plufieurs  cantons, 
il  y  avoit  alors  plufieurs  capitales^  Ainfi  on  voit  dans 
Tkc  Live  ,  /.  9.  c.  37.  que  Péroufe,  Cortone  8c  Arezzo 
étoient  en  quelque  façon  les  capitales  des  peuples  de 
l'Eau  rie.  ltaque  à  Peritfïa  &  Cortona  &  Aretio ,  qita 
ferme  capita  Etritriie,  popitlorum  ea  tempeftate  erant. 
Dans  les  premiers  tems  de  la  république  Romaine, 
l'Italie  étoit  partagée  entre  un  grand  nombre  de  peu- 
ples ,  qui  tous  avoient  une  ou  plufieurs  capitales.  Les 
Latins  'exprimoient  fouvent  ce  mot  de  métropole  par 
Urbs  Princeps  ,  urbs  urb'uim  ou  province  ,  ou  gentis 
caput.  Ammien  Marcellin,  /.  22.  e.  16.  nomme  Alexan- 
drie vert  ex  omnium  chntatnm  JEiypti.  Quelquefois  ils 
difoient  urbium  Mater.  Fiorus ,  Solin ,  Ammien  Mar- 
cellin ,  8c  le  code  de  Juftinien  fourniffenr  des  exem- 
ples de  cette  qualification  de  Mater  urbium  ,  pour  dire 
une  capitale.  Il  femble  que  Solin  foit  le  premier  qui  aie 
employé  le  mot  Meiropolis  en  latin  dans  le  fens  deçà* 
pitale.  Il  dit  qu'Hépheftia  étoit  métropole  de  rifle  de 
Lemnos.  Ce  mot  fe  trouve  enfuite  dans  Spartien  ,  in 
vit  a  Adriani ,  c.  14.  Pas  un  autre  auteur  de  ce  rems 
ne  s'en  eft  fervi.  Ainfi  ce  mot  eft  purement  grec  ,  Se 
n'a  point  été  adopté  par  les  auteurs  de  la  bonne  8c  fai- 
ne latinité  ;  8c  même  ceux  qui  ont  traduit  les  auteurs 
Grecs  en  latin  ,  pour  peu  qu'ils  aient  eu  foin  de  la 
pureté  du  ftyle  ,  fe  font  gardés  de  l'employer  ;  on  ne 
le  trouve  pas  même  dans  Antonin ,  qui  a  nommé  en 
divers  lieux  de  l'itinéraire  ,  des  places  qui ,  fans  con- 
crédit ,  avoient  rang  de  métropoles ,  comme  Antioche, 
Anazarbc,  Céfaréc  ,  Ancyre,&  quantité  d'autres. 

La  métropole  d'un  pavs  n'étoit  pas  toujours  la  même. 
Mille  circonstances ,  ou  de  la  faveur  du  fouverain ,  ou 
des  commodités  du  commerce ,  ou  une  combinaifon  de 
conjonctures  ,  ont  pu  contribuer  à  rendre  une  ville  fub- 
alterne  fi  floriffante  ,  fi  riche,  û  magnifique  ,  que  ceux 
qui  avoient  le  gouvernement  du  pays ,  y  ont  transporté 
leur  réfidence ,  8c  en  ont  fait  une  métropole  au  préjudice 
de  l'ancienne. 

Sous  les  empereurs  Romains ,  on  diilingua  les  villes 
en  plufieurs  claffes  ;  cela  fe  voit  par  les  paroles  mêmes 
d'Antonin  Vic,f.  Hb.  37.  t.  1.  de  exeufat.  tutor.  I.  6. 
§.  1.  La  différence  qu'il  met  entre  les  villes,  eft  que 
les  petites  Minores ,  peuvent  avoir  cinq  médecins  qui 
jouiffent  des  franchifes ,  trois  fophiftes  Se  trois  gram- 
mairiens; les  grandes  ,  Majores  ;  fept  médecins ,  Se  qua- 
rre  qui  enfeignent  l'une  8e  l'autre  feienec;  les  plus  gran- 
des ,  Maximx  ,  dix  médecins ,  cinq  rhéteurs  Se  autant  de 
grammairiens.  Les  plus  grandes  Maximx ,  félon  lui , 
font  les  métropoles  ;  les  fécondes  Majores ,  font  celles 
qui  ont  des  tribunaux,  où  fc  jugent  les  caufes  de  la 
province-,  Se  les  troifiémes,  Minores,  font  toutes  les  au- 


MET 


2*4 

tics.  Ainfi  Jofepti  Scaliger  a  tore  dafTurer  que  les  mé- 
tropules  croient  ks  villes ,  où  fe  tenoient  les  affemblées 
générales  de  la  province ,  &c  où  étoient  les  tribunaux. 
Spanheim,.r.  i.  dijjert.  <y.  p.  611.  l'a  dodement  ré- 
futé. 

1  lufieurs  chofes  ont  contribué  à  ériger  de  nouvelles 
métropoles.  Un  privilège  dont  les  Romains  gratiftoient 
une  ville  pour  en  récompenfer  le  zèle ,  &c  pour  punir 
en  même-rems  une  métropole  dont  ils  avoient  lieu  de 
fe  plaindre.  Le  partage  d'une  province  ,  que  1  on  fubdi- 
vifoit  en  plufieurs  ,  donnoit  ljeu  à  la  multiplication  des 
métropoles.  Claudicn  ,  in  Eutrop.  I.  i.v.  586.  dit  plai- 
samment ,  que  malgré  les  pertes  que  faifoit  l'Empire  Ro- 
main, le  nombre  des  provinces  s'augmentoit ,  parce  que 
l'on  divilbit  celles  qui  reftoienr. 

Frovincia  qiuque  fuperftes 
Dividitur ,  verninumque  duplex  pajjura  tribunal, 
Cogiter  ait c  riui   prt  \i um  j ardre  perernptx. 
Sic  mihi  reftituuni  populos ,  hac  arte  reperta  , 
Retlorum  nttmemm  terris  pereuntibus  augent. 

De  Marca,  dans  fon  livre,  de  eoncordia  facerdotii  & 
itnperii,  l.  c.  c.  i.§.  3.  dit  que ,  comme  dans  l'Empire 
Romain kles  provinces  etoient  fubordonnées  à  quelque 
ville  du  premier  ordre ,  que  l'on  appelloit  métropole  ,  où 
les  magiftfats  jugeoient  les  caufes  des  fujets,  &  ,  où  par 
coniequent  les  peuples  fe  rendoient  fréquemment ,  parce 
que  toutes  les  autres  villes  dépendoient  de  celle-là  -,  ce  fut 
pour  cette  raifon  que  les  apôtres  établirent  des  évêques 
dans  ces  villes ,  avec  cette  fubordination  qu'ils  dévoient 
dépendre  de  l'évêque  dont  le  liège  étoit  dans  la  métro- 
pole cv  ville  capitale  de  la  province.  Voilà  l'origine  des 
métropolitains  ecciéfîaitiques. 

Anciennement  l'églife,  &fur-toùt  celle  d'Orient,  met- 
toit  de  la  différence  entre  les  Métropolitains  ,  les  Au- 
tocephales  &  les  Archevêques.  Cela  fe  voit  par  une 
notice  publiée  parSchelitrare,  Antiquit.  ecclef.t.  i.p.  637. 
on  voit  que  le  patriarchat  d' Antioche  a  douze  métropo- 
les; fa  voir, 

Tyr ,  qui  a  fous  foi  trois  évêches , 
Tarfe ,  qui  en  a  quatre, 
Edeffe ,  qui  en  a  onze, 
•  A  pâmée,  qui  en  a  fept, 
Hierapolis ,  qui  en  a  neuf, 
Anazarbe  ,  qui  en  a  huit  » 
Seleucie  d'Ifaurie,  qui  en  a  vingt  quatre, 
Damas  >  qui  en  a  onze , 
Amide,  qui  en  a  huit, 
Sergiopole ,  qui  en  a  cinq  , 
Datas ,  qui  en  a  trois. 

Les  autocephales  font  dans  cette  notice  , 

Beryte,  Emefe,    Laodicée ,   Samofate,  Cyrus. 

Il  entend  par  autocephales  des  prélats,  qui  n'étoient  fou- 
rnis à  aucun  métropolitain.  Cela  reflémble  aux  villes  que 
les  Romains  traitoient  à'  Immuncs  &  fui  juris  ;  qui  ,  fans 
dépendre  d'une  autre  ville ,  fe  gouvernoient  par  elles- 
mêmes. 

Les  archevêchés  font  dans  la  même  notice  au  nombre 
de  fept ,  favoir , 

Berrhoée  ,  Chalcédoine,  Gabala,  &  quatre  autres. 

On  appelle  ici  archevêques  des  prélats  qui  n'avoient  ni 
métropolitains  ni  fuffragans.  Une  preuve  que  les  arche- 
vêques n'étoient  pas  toujours  métropolitains,  c'eft  que 
dans  une  lifte  où  Léon  le  Sage  régie  les  rangs  des  fiéges 
fournis  au  patriarchat  de  Conftantinople  ,  on  trouve  qua- 
tre-vingt trois  métropoles  &  trente-neuf  archevêchés. 

Outre  la  métropole  qui  étoit  à  la  tête  de  toute  la  pro- 
vince, il  fe  trouve  encore  dans  les  notices  des  métropoles 
de  la  même  province.  C'eft  ce  que  l'on  verra  par  la  no- 
tice luivante. 

La  notice  de  Hiéroclcs,  fi  fouvent  citée  dans  ce  di- 
ctionnaire ,  met  dans  l'empire  d'Orient  les  métropoles 
fuivantes  : 


MET 


Dans  la  province  de  Thra- 
ce  en  Europe. 
Eudoxiopolis  ou  Héraclée. 
Dans  la  province  de  Rbo- 
dope. 
Aenus. 

Dans  la  Thrace  , 
Philippopolis. 

Dans  l' Emimunte , 
Adrianopolis. 

Dans  la  Myfte, 
Marcianopolis. 

Dans  la  Scythie , 
Tomes. 
Dans  Vlllyxie  ou  première 
Macédoine , 
Theffalonique. 
D  ans  lajeconde  Macédoine , 
Stoli. 

Dans  la  Thcjfalie , 
Lariffe.        Hypate. 

Dans  la  Grèce  propre , 
Scarphie  ,    métropole    de 

l'Achaïe. 
Thébes  ,  métropole  de  la 

Bœode. 
Athènes  ,     métropole    de 

l'A  nique. 
Corinthc,quelquefoisnom- 
mée   Ephyrc  ,   nouvelle 
métropole   de    toute   la 
Grèce. 
Lacédémone  ,    auparavant 
Sparte,  métropole  de  la 
Laconie. 
Elis,  métropole  de l'Etolie. 
Dans  la  province  de  Crète, 
Gortyne. 

Dans  l ancien  Epire , 
Nicopoiis. 

Dans  le  nouvel  Epire  , 
Dirrhachium  ,    autrement 

Epidamne. 
Aulinidos. 
Dans   la   Date  méditer- 
ranée , 
Sardique. 

Dans  la  Dace  Ripenfe , 
Rhazaria. 

Dans  la  Dardante, 
Scupon. 

Dans  la  Prévalide, 
Scodra.       Doracion. 

Dans  la  première  Myfte, 
Vimenacin. 

Dans  la  Pannonie , 
Sermîum. 

Dans  l: 'Afie proconfulaire  , 
Ephéfe.       Colophon. 
Dans  ÏHellespont  » 
Cyzique. 
Dans   la    Phrygie  Capa- 

tiane , 
Laodicée. 

Dans  la  Lydie , 
Sardis. 

Dans  la  Pifidie , 
Antioche.       Tymandrus. 

Dans  la  Lycaonie, 
Iconium. 

Dan  s  la  Phrygie  falu  taire, 
Eucarpie.       Docimium. 
Dans  la  féconde  Pamphy- 
lie , 
Perge  Syllaeum. 

Dans  la  Lycie  t 
Phafydcs.     Moera. 

Dans  la  province  des  IJles  , 
Rhodes. 


Dans  la  Carie  ; 
Melite.     Aphrodifias. 
Dans  la  Bithynie  , 
Chalcédon. 

Dans  V Honoriade , 
Claudiopolis. 

Dans  la  Paphlagonie , 
Pagra  ou  Gangra. 
Dans  la  première  Galatie, 
Ancyre. 

Dans  la  féconde  Galatie. 
Pi  fine. 
Dans  la  première  Cappa- 
doce , 
Céfarée. 
Dans  la  féconde  Cappx- 
dece , 
Tyane. 

Dans  l' Helenopont , 
Amafie. 
Dans  le  Pont  P démonia- 
que, 
Néocéfatée. 
Dans  la  première  Armé- 
nie , 
Sébafte. 

Dans  la  féconde  Arménie  , 
Méliténe. 

Dans  la  première  Cyl'cie , 
Tarfe. 

Dans  la  féconde  Cylicie , 
Anazarbe. 

Dans  la  province  de  Cypret 
Conftantie. 

Dans  l'Ifaurie, 
Seleucie. 

,    Dans  la  première  Syrie , 
Antioche  auprès  de    Da- 
phné. 

Dans  la  féconde  Syrie , 
Apamée. 

Dans  l'Euphratenfe , 
Hierapolis. 

Dans  l'Ofroène , 
Ëdciïe. 

Dans  la  Méfopotamie  *t 
Amede  ou  Amide. 

Dans  la  Phénicie , 
Tyr. 
Dans  la  Phénicie  du   Li- 
ban , 
Emilie  ou  Emèfe. 

Dans  la  Paleftine  , 
Céfarée. 

Dans  la  féconde  Paleftine, 
Scythopolis. 
bans   la  troifiéme    Pale- 
ftine y 
Pétra. 

Dans  l'Arabie, 
Boflra. 

Dans  l'Egypte  Anguftale, 
Alexandrie. 
Dans  la  première  Augu- 
ftamnique , 
Rhinocorure. 
Dans   la  féconde  Augu- 
ftamnique , 
Léonto. 

Dans  tArcadiel 
Cyno. 

bans  la  Bajfe-Théba'ide, 
Hermui  ou  Hermai. 

Dans  la  Haute-Théba'ide 
Ptolémaïde. 

Dans  la   Haute-Libye , 
Sozufe. 

Dans  la  Baffe-Libye  , 
Paractonium. 


MET 


L'empereur  Andronic  Paléologue  le  Vieux  donna  une 
déclaration  pour  régler  le  rang  des  métropoles  foumifes 
au  patriarchat  de  Conftantinople.  Elle  fe  trouve  dans 
Codin  ,  à  la  fin  de  fon  hiftoire  Byfantine  ,  édition  de  Pa- 
ris, pag.  400.  par  les  foins  du  père  Jacques  Goar. 
t».  C'eft  cette  même  déclaration  qui  te  trouve  fouvent 
citée  dans  ce  dictionnaire  ,  fous  le  titre  de  Déclaration 
de  l'empereur  Andronic  Paléologue  le  Vieux.  Voici  donc 
le  rang  qui  fut  réglé  pour  ces  métropoles  :  ^ 


j,     Céfarée. 

2.  Ephèfe. 

3.  Nicomédic. 

4.  Nicée. 
Héraclée. 


é.  Ancyre. 

7.  Cyzique. 

8.  Sardis. 

9.  Chalcédoine. 


io.  Philadelphie  ;  ce  fiége  qui  relevoit  de  la  métropole  de 
Sardis ,  fut  élevé  à  la  dignité  de  métropole  par  l'empe- 
reur AndronicPaléologue  ;Sc  obtint  le  deuxième  rang. 

11.  Theflalonique  ;  l'empereur  lui  donna  l'onzième  rang , 
quoiqu'elle  n'eût  auparavant  que  le  feiziéme. 

II.  Âdnanopolis  5  elle  n'avoit  auparavant  que  le  quaran- 
tième rang  :  par  honneur  elle  obtint  le  douzième. 

13.  Side,  du  dixième  rang  cette  métropole  fut  reculée 
au  treizième. 

14.  Sébafte  du  onzième  rang  elle  fut  reculée  au  quator- 
zième. 

ij.  Amafée,ou  Amafie ,  pafla  du  douzième  rang  au  quin- 
zième 

16.  Méliténe  pafla  du  treizième  rang  au  feiziéme. 

17.  Thyane  pafla  du  quatorzième  rang  au  dix-feptiéme. 

18.  Gangra  ,  ou  Pagra ,  pafla  du  quinzième  rang  au  dix- 
huitième. 

1$.  Héraclée ,  métropole  du  Pont ,  étoit  foumife  origi- 
nairement à  l'évequc  de  Claudiopolis  ;  mais  les  infi- 
dèles s'étant  rendus  maîtres  de  cette  dernière  métro- 
pole ,  Héraclée  prit  fa  place ,  qui  donnoit  le  dix- 
feptiéme  rang  i  l'empereur  Andronic  Paléologue  la 
recula  au  dix-neuviéme. 

20.  Prufe  ,  qui  n'avoit  d'abord  que  le  centième  rang ,  fut 
élevée  au  vingtième. 

il.  Pégare  du  quatre-vingt-dixième  rang  monta  au  vingt 
Se  unième. 

22.  Pergame  du  foixante-neuviéme  rang  pafla  au  vingt- 
deuxième. 

23.  Néocéfarée  du  dix-feptiéme,  ou  plutôt  du  dix-hui- 
tième rang  ,  fut  mife  au  vingt-troifiéme. 

24.  Peflînunte  du  dix-neuviéme  rang  fut  reculée  au  ving- 
quatrieme. 

25.  Myre  du  vingtième  rang  pafla  au  vingt-cinquième. 

26.  Stauropolis  du  vingt_  Se  unième  rang  pafla  au  vingt- 
fixiéme. 

27.  Laodicéedu  vingt-deuxième  rang  pafla  au  vingt-fep- 
tiéme. 

28.  Synadedu  vingt-troifiéme  rang  pafla  au  vingt-hui- 
tième. 

29.  Iconium  du  vingt-quatrième  rang  pafla  au  vingt-neu- 
vième. 

30.  Berrhée,  qui  avoit  été  foumife  à  l'évêque  de  Thes- 
falonique  ,  ou,  comme  quelques-uns  veulent,  à  celui 
d'Achride  ,  devint  métropole,  &  obtint  le  trentième 
rang. 

31.  Pifiriie  du  vingt-cinquième  rang  pafla  au  trente  Se 
unième. 

31.  Sylée  du  vingt-fixiéme  rang  pafla  au  trente  deuxième. 

33.  Corinthe  du  vingt  feptiéme  rang  pafla  au  treme-troi- 
fiéme. 

34.  jvlonembafie  ,  qui  avoit  été  foumife  à  l'évêque  de 
Corinthe  ,  ou ,  comme  quelques  uns  veulent,  à  l'évê- 
que de  la  vieille  Patras  ,  devint  métropole  Se  obtint 
le  trente-quatrième  rang. 

3j.  Athènes ,  qui  n'avoit  eu  jusques-là  que  le  vingt  hui- 
tième rang  ,  fut  élevée  au  vingt-cinquième. 

35.  Mocèfe  du  vingt-neuvième  rang  fut  élevée  au  vingt- 
fixiéme. 

37.  Crète  du  trentième  rang  pafla  au  trente- feptiéme. 

38.  La  métropole  de  Calabra  ,  du  trente  Se  unième  rang 
pafla  au  qtiarante-troifiéme. 

39.  La  vieille  Patras  du  trente-deuxième  rang  psfla  au 
trente-neuvième. 

40.  Trapezunte  du  trente-troifiéme  rang  pafla  au  quaran» 
tiéme. 


MET        iss 

41.  Lariflc  du  trente-quatrième  rang  pafla  au  quarante  Se 
unième. 

42.  Naupa£te  du  trente- cinquième  rang  pafla  au  qua- 
rante deuxième. 

43.  Pbilippopolis  du  trente-fixiéme  rang  parla  au  qua- 
rante-troiùcme. 

44.  Trajanopclis  du  trente-fixiéme  ,  ou  plutôt  trente- 
feptiéme  rang ,  pafla  au  quarante-quatrième. 

45.  Rhodes  du  trente-huitième  rang  paflh  au  quarante- 
cinquième. 

46.  Serrx  du  cinquante-huitième  rang  pafla  au  quarante- 
fixiéme. 

47.  Philippes  du  trente-neuvième  rang  pafla  au  quarante- 
feptiéme. 

48.  Chrifiianopolis ,  ou  Chriftopolis  ,  du  foixante- fei- 
ziéme rang  pafla  au  quarante-huitième. 

49.  Hiérapolis  du  quarante-unième  rang  pafla  au  qua- 
rante-neuvième. 

jo.  Dyrrhachium  du  quarante  deuxième  rang  pafla  au 
cinquantième. 

5 1.  Smyrne  du  quarante-troifiéme  rang  pafla  au  cinquan- 
te -unième. 

J2.  Mitylène  du  quarante-neuvième  pafla  au  cinquame- 
deuxiéme. 

j  3 .  Jannina,  auparavant  foumife  à  l'évêque  de  Nauracte, 
devint  métropole. 

54.  Didimotique,ou  Didy  ,  qui  avoit  eu  autrefois  le  titre 
d'archevêché  ,  obtint  la  dignité  de  métropole. 

5  y.  Mélenique. 

j6.  Catane  du  quarante- quatrième  rang  pafla  au  cin- 
quame-feptiéme. 

57.  Âmorium  du  quarante-cinquième  rang  pafla  au  cin- 
quante-huitième. 

j  8.  Camachus  du  quarante  -  fixiéme  rang  pafla  au  cin- 
quante neuvième. 

59.  Cotyaeum  du  quarante  feptiéme  rang  pafla  au  foi- 
xante-uniéme. 

60.  Sainte  Séverine  du  quarante-huitième  rang  pafla  au 
foixante-uniéme. 

Ci.  La  nouvelle  Patras  du  cinquantième  rang  pafla  au 
foixante-  deuxième. 

Ci.  Apros,  qui  n'avoit  auparavant  que  le  foixante-neu- 
viéme rang  ,  monta  au  foixante-troiliéme. 

63.  Amaftris  du  cinquante-deuxième  rang  descendit  au 
foixante-  quatrième. 

64.  Chonon  du  cinquante-troifiéme  rang  pafla  au  foixan- 
te-cinquiéme. 

C5.  Hidrunte  du  cinquante-quatrième  rang  pafla  au  foi- 

xante-fixiéme. 
CC.  Celtzene  du  cinquante-cinquième  rang  pafla  au  foi- 

xante-fepviéme. 

67.  Colonies  ;  cette  métropole  pafla  du  cinquante- 
fixiéme  rang  au  foixante-huitién.e. 

68.  Thébes  du  cinquante-feptiéme  rang  pafla  au  foixante- 
neuviéme. 

69.  Pompeïopolis  du  cinquante- neuvième  rang  pafla  au 
foixante  Se  dixième. 

70.  Ruflies  du  foixantieme  rang  pafla  au  foixante  Se  dou- 
zième. 

71.  Aenum  du  foixante  Se  unième  rang  pafla  au  foixante 
Se  treizième. 

72.  Alanie  du  foixante-deuxiéme  rang  pafla  au  foixante- 
quatorziéme. 

73.  Pharfaiie  5  comme  cette  ville  avoit  un  fiége  archi- 
épiscopal on  lui  donna  le  titre  de  métropole  avec  le 

74.  Tiberiopolis,  ou  Vaines ,  du  foixante-troifiéme  rang 
pafla  au  foixante-quinziéme. 

7;.  Luchaïte  du  foixante-quatriéme  rang  pafla  au  foi- 
xante-feiziéme. 

76.  Céfarunte  du  foixante-quinziéme  rang  pafla  au  foi» 
xante-dix- feptiéme. 

77.  Nacolie  du  foixante-fixiéme  rang  pafla  au  foixanre- 
dix  huitième. 

78.  Germie  du  foixante-feptiéme  rarg  pafla  au  foixante- 
dix-neuviême. 

79.  Madyte  du  foixante-huitiéme  rang  pafla  au  quatre- 
vingtième. 

80.  Apamée  ,  qui  étoit  une  ville  archiépiscopale  ,  fut 
élevée  à  la  dignité  de  métropole. 

81.  Litbades,  Yille  voifine  de  la  grande  Ruflle,  obtint 


if  6 


MET 


MET 


la  dignité  de  métropole  fous  l'empereur  Andronic, 
Se  fous  le  patriarche  Jean  Glycus. 

82.  Caucacus  chez  les  Obydenes  ;  elle  étoit  auparavant 
foumife  à  l'évêché  de  Bulgarie,  elle  fut  élevée  à  la 
dignité  de  métropole. 

83.  Gotthies,qui  avoit  déjà  la  dignité  archiépiscopale, 
obtint  le  titre  de  métropole. 

84.  Bafilaeum  du  foixante-dixiéme  rang  pana  au  quatre- 
vingt-feptiéme. 

Sj.  Naziance  du  foixante-douziéme  rang  pafla  au  quatre- 
vingt-huitième. 

86.  Corcyre  du  foixante-treiziéme  rang  pafla  au  quatre- 
vingt-huitiéme  ,  ou  plutôt  quatre-vingt  neuvième, 

87.  Abydos  du  foixante-quatorziéme  rang  pafla  au  qua- 
tre-vingt-dixième. 

88.  Méthymne. 

80.  Chrifiianopolis  du  foixante-fcizjéme  rang  paflfa  au 
quatre-vingt-douzième. 

90.  Rodius  du  foixante-dix-feptiéme  rang  pafla  au  qua- 
tre-vingt-treizième. 

91.  Paronaxie  du  foixante  &  dix  neuvième  rang  pafla  au 
quatre-vingt-quatorzième. 

92.  Attalie  du  quatre -vingtième  rang  pafla  au  quatre- 
vingt-quinzième. 

93»  Zéchie,  qui  avoit  déjà  la  dignité  épiscopale  ,  obtint 
le  titre  de  métropole. 

94.  Bosporus ,  qui  avoit  aufli  la  dignité  archiépiscopale  , 
obtin:  le  titre  de  métropole. 

95.  Birzine. 

96.  Sugdée  ;  elle  avoit  déjà  la  dignité  archiépiscopale , 
elle  obtint  le  titre  de  métropole. 

97.  Mefembiie  du  quatre-vingt-troifiéme  rang  pafla  au 
centième. 

98.  Arcadiopolis  du  quatre-vingt-deuxième  rang  pafla 
au  cent-unième. 

99.  Séhbrie  du  quatre-vingt-unième  rang  pafla  au  Cent- 
deuxième. 

100.  Milet  du  quatre  vingt  quatrième  rang  pafla  au  cent- 
t  roi  fie  me. 

10 1.  Gerdique  du  quatre-vingt-cinquième  rang  pafla  ail 
cent-quatrième. 

102.  Argi  du  quatre-vingt-huitième  rang  pafla  au  cent- 
cinquième. 

103.  Driftrc  du  foixante-onziéme  rang  pafla  au  cent-fi- 
xiéme. 

104.  Pyrgium  du  quatre-vingt-dixième  rang  pafla  au  cent- 
feptiéme. 

ioj.  Sebaftopolis  du  cinquante  &  unième  rang  pafla  au 
cent-rn:i.iéme. 

106.  Euiippus  du  quatre-vingt-douzième  rang  pafla  au 
cent-neuvième. 

107.  Cybiflus  du  quatre-ving-treiziéme  rang  pafla  au 
cent-dixième. 

108.  Antioche. 

109.  Achyraiis. 

On  remarque  aifément  que  cette  déclaration  de  l'em- 
pereur Andronic  n'eft  pas  exadte  pour  le  nombre.  J'ai 
pourtant  mieux  aimé  la  rapporter ,  avec  les  fautes  qui  s'y 
trouvent,  que  de  m'expofer-à  y  en  ajouter  de  nouvelles  en 
entreprenant  de  la  corriger  fur  des  conjectures. 

Comme  je  ne  trouve  point  d'anciennes  notices ,  qui 
donnent  le  nom  des  métropoles  d'Italie  ,  je  fuis  réduit  à 
renvoyer  le  lecteur  au  mot  Archevesché  ;  on  y  verra 
une  lifte  des  villes  qui  ont  aujourd'hui  le  titre  de  métro- 
poles. 

Suivant  une  notice  publiée  par  le  père  Sirmond  ,  Conci- 
lier. Galli&  ,  t„  \.  qui  la  juge  être  du  tems  d'Honorius, 
où  l'ufage  étoit  de  dillinguer  la  Gaule  des  fepr  provinces  , 
il  y  avoit  dans  les  Gaules  quinze  métropoles  ;  fçavcir , 

Dans  la  Gaule  proprement  dite. 


Dans  la  première  tyonnoife, 

Lyon. 
Dans  la  féconde  Lyonnoife , 

Rouen. 
Dans  la  Lyonnoife Scnonofc, 

Sens. 
Dans  la  première  Belgique , 

Trêves. 


Dans  la  féconde  Belgique  , 

Rheims. 
Dans  lapremiére  Germanie, 

Mayence. 
Dans  la  féconde  Germanie  , 

Cologne. 
Dans  la  grande  Séquanie  , 

Bcfancon. 


Dans  les   sept  provinces 
distinguées  de  la  Gaule. 

Dans  la  province  Viennoife  ,  Dans  la  Novcmpopulanie  ,' 

Vienne.  Eaufe. 

Dans  lapremiére  Aquitaine,  Dans  la  1.  Narbonnoife  , 

Bourges.  Naibonne. 

Dans  la  féconde  Aquitaine,  Dans  la  11.  Narbonnoife  , 

Bordeaux.  Aix. 

Dans  la  province  des  Alpes  Maritimes. 

Embrun. 
Un  manuferit  qui  fervic  à  faint  Laurent  de  Seville  ,  Se 
qui  a  été  écrit  en  l'année  962.  nous  donne  la  divifion  des 
provinces  de  l'Espagne ,  ôc  y  marque  les  métropoles 
fuivantes  : 


Dans  la  Gallice , 

Brague. 
Dans  la  Gaule , 

Narbonne, 
Dans  la  Lujuanie  * 

Merida. 


Dans  la  province  de  Cartha- 
gene , 
Tolède. 
Dans  la  Bétique, 

Sevd'e. 
Dans  la  Tirragonoife  i 
Trrragone. 

Dans  un  autre  manuferit ,  écrit  en  lettres  gothiques,  & 
confervé  dans  l'églife  d'Oviedo ,  le  rang  des  métropoles 
d'Espagne  eft  régie  de  la  forte  : 


Tolcde  > 
Seville, 


Merida , 
Biague , 


Tarragone , 
Narbonne , 


Et  dans  la  divifion  des  provinces  dEspagne ,  faite  fous 
le  roi  Wamba  ,  on  fuit  cet  ordre  : 


Tolède , 
Tarragcne  , 


Naibonne , 
Seville, 


Merida  , 
Brague. 


Quant  aux  métropoles  modernes ,  Voyez,  au  mot  Ar- 
chevesché. 

I.  METROPOLIS  ,  ville  de  la  Sarmatie  Europèene. 
Ptolomée  ,  /.  3.  c.  /.  la  place  auprès  du  Boryithène  ,  en- 
tre SerimumSc  Olbia.  Pline ,  /.  4.  c.  12.  la  nomme  Mi- 
letopolis. 

».  METROPOLIS,  ville  de  Phrygie,  félon  Etienne 
le  géographe.  Ptolomée ,  /.  5.  c.  2.  la  range  parmi  les 
villes  de  Lydie  Se  de  Maeonie  ,  au-deflbus  de  Jovis  ta- 
num.  ■* 

3.  METROPOLIS,  ville  de  la  Grande  Phrygie.  Pto- 
lomée la  place  entre  Peltx  Se  Apamia  Cibotis.  Etienne  le 
géographe  connoïr  aufli  cette  ville. 

4.  METROPOLIS  ,  ville  de  Lydie  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Peut-être  eft-ce  la  même  que  Ptolomée  range 
parmi  les  villes  de  Lydie  Se  de  Maeonie. 

^  S.  METROPOLIS  ,  ville  de  la  ThefTalie  ,  félon 
Etienne  le  géographe.  Ptolomée  ,  /.  3.  c  j  3.  la  donne  aux 
Efiiotes.  Tite-Live,/.  32.  c.  13.  Se  Jules  Céfar  (  de  Bel. 
civil.  1.  3.  c.  80.  )  en  font  aufli  mention  ,  ainfi  qu'une  mé- 
daille de  Galien,  où  on  lit  ces  mots:  Col.  Aur.  Métro. 
Cette  ville  étoit  épiscopale  Alarcus  Aietropoliianus  fou- 
ferivit  au  Concile  de  Nicée  ,  tenu  Lan  325.  *  Gohz.,  The- 
faur. 

6.  METROPOLIS  ,  ville  de  l'Acarnanie,  félon  Etien- 
ne le  géographe  &  Polybe.  Ccllarius ,  Geogr.  Ant-  l.  2. 
c.  1 3.  dit  quelle  étoit  à  vingt  fiades  du  fleuve  Acheloiïs  , 
Se  peu  éloignée  de  Stratttm,  en  tirant  un  peu  vers  le  midi, 
fur  le  chemin  qui  conduifuit  deStratum  à  Conope,  dans 
l'Etolie.  11  tire  cette  conféquence  de  ce  qu'en  dit  Polybe 
au  livre  quatrième,  c.  64. 

7.  METROPOLIS ,  ville  de  la  Doride.  Cefi  Etienne 
le  géographe  qui  en  parle. 

8.  METROPOLIS  ,  ville  du  Pont.  Etienne  le  géogra- 
phe la  donne  aux  Alojfynoeci. 

9.  METROPOLIS ,  ville  de  Scythie ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

10.  METROPOLIS  ,  ville  de  l'Eubée.  Etienne  le 
gâographe  eft  le  feul  qui  la  connoifle. 

I I.  METROPOLlS.ville  de  la  Haute  ThefTalie.  Etien- 
ne le  géographe  la  diitingue  d'une  autre  ville  de  même 
nom,  dans  la  Theûalie .  Voyez,  ci-deflus  au  mot  Métropo- 
le ;. 

12. 


MET 


MET 


il.  METROPOLIS  ,  ville  de  l'Ionie ,  fclon  une  mé- 
daille de  Gordien ,  rapportée  par   Triftan ,  Se  fur  la- 
quelle   on  lit  cette  infeription  :  MHTPOnoAElTON  EN 
IQNIA.  Etienne  le  géographe,  qui  compte  jusqu'à  dix  vil- 
les nommées  Metropolis  ,  n'en  connoit  point  de  ce 
nom  dans  l'Ionie.  Ge  peut    cependant  être  celle  qu'il  a 
mile  dans  la  Lydie  ;  car  on  confond  allez  fouvent  les 
bornes  de  ces  deux  provinces.  Spon  déclare  avoir  aufli 
vu  dans  le  cabinet  de  Charles  Patin  >  une  médaille  fur 
laquelle  étoit  repréfenté  Solon ,  Se  au  revers  Jupiter  &c 
Diane  d'Ephèfe  ,  avec  cette  infeription  :  KOINON  MH- 
TPOnOAEITnN  TON  EN  mNIA.  Le  même  Spon  ,  dans 
fon  voyage  du  Levant,  p.   189.  rapporte   qu'en  allant 
de  Smyrne    à  Ephèfe ,  il   s'arrêta  près  d'un  cimetière , 
où  il  vit   quantité  de  pièces    de  colomnes  de    marbre 
antiques ,  Se  une  entre  autres  où  il  y  avoit  encore  quel- 
ques reftes  d'infeript ion ,  qui  ne  lui  apprit  que  le  nom 
de  celui  pour  qui  elle  avoit  été  faite  ;  mais  qui  le  con- 
firma dans  l'opinion  que  ce  lieu  étoit  la  véritable  fitua- 
tion  de  Mécropolis ,  à  caufe  du  grand  nombre  de  ma- 
fures  Se  de  débris  que  l'on  voit  tout  à  l'entour.  Il  de- 
manda à  un  Arménien  ,  qui  le  conduifoit ,  fi  autrefois 
il  n'y  avoit  point  eu  là  une  ville  ;  Se  il  apprit  que  ceux 
du  village    Cabagea ,  à  un  mille  de   l'endroit  où  il  fe 
trouvoit ,  aflliroient  qu'il  y  en  avoit  eu  une ,  Se  que  mê- 
me le  mot  Cabagea   fignifioit ,  en  langue  turque  , "une 
grande  ville.  Quoique  ce  village   n'ait  que  quinze  ou 
vingt  maifons,  il  a  pu  garder  le  nom  de  ville,  étant 
voifin  des  ruines  de  celle-ci.  11  n'y  a  peut-être  pas  mê- 
me fort  long  tems    qu'elle    eft  détruite,  puisqu'il  y  a 
encore  aux  environs  quatre  ou  cinq  grands  cimetières 
turcs,  qui  témoignent  que  ces  quartiers  n'ont  pas  été  fi 
dépeuplés  dans  les  fiécles  précédens ,  qu'ils  le  font  préfen- 
cement.  Spon  ne  donne  pourtant  cette  opinion  que  pour 
une  conjecture  :  il  foupçonne  même    que  Metropolis 
pourroit  avoir  été  dans  un  lieu  plus  près  de  Smyrne.  Il 
vit ,  à  droite  Se  à  gauche  ,  les  ruines  d'un  ancien  aque- 
duc, qui  traverfoit  le  chemin,  Se  conduifoit  vers  un 
Village,  appelle  Tourbalé,  qui  donne  quelques  marques 
d'avoir    été  anciennement  une  place  plus  confidérable 
qu'elle  n'eft  préfentement,  qui  étoit   peut-être,  dit-il  , 
appellée  Metropolis ,  dont  il  femble  que  le  nom  de  Tour- 
■balé  foit  venu.  *  Berkelius ,  in  Steph.  Byfam. 

15.  METROPOLIS  ,  ville  d'Ifaurie,  félon  Ortelius, 
Thefaur.  qui  cite  le  concile  de  Nieée,  où  on  voir  la 
foufeription  de  Sylvamis  Mctropolitanus  ex  Ifauria. 

METRO  VIE  ,  bourgade  de  la  Dalmatie  ,  au  duché 
de  faiht  Saba,  fur  un  bras  de  la  rivière  de  Narenta , 
au-deflbu's  de  la  ville  de  ce  nom.  Elle  elt  fous  la  do- 
mination du  Turc.  Toutes  les  maifons  y  font  distinguées 
par  des  tours.  Les  Chrétiens,  qui  y  demeurent ,  font  Schis- 
manques.  *  Coronelli ,  Carte  de  la  Dalmatie. 

METRO VIZA  ,  ou  Mitrovitz,  ville  de  Hongrie  , . 
fur  la  Save,  au  comté  de  Sirmium,  entre  Ratsha  vers 
le  midi ,  Se  Krfatz  vers  l'orient.  On  voit  dans  ce  lieu, 
félon  le  comte  de  Marfilly  ,  Operis  Danubial.  Froârom. 
p.  ij.  beaucoup  de  monumens  d'antiquité:  ce  qui  le 
porte  à  croire  que  les  Romains  y  avoient  envoyé  une 
colonie  confidérable  ;  il  va  même  jusque  juger  que  c'étoit 
dans  cet  endroit  qu'étoit  bâtie  la  célèbre  métropole  de 
Sirmium.  C'eft  à  Mitrovitz  ,  qu'on  voit  le  commence- 
ment des  vefiiges  d'un  ancien  retranchement ,  ouvrage 
des  Romains ,  mais  dont  on  ne  fait  point  le  nom.  Ce 
rempart  étoit  de  terre ,  de  figure  irréguliere ,  défendu 
par  un  bon  fofle,  Se  ouvert  en  différens  endroits.  Edouard 
Brown ,  dans  fon  voyage  de  Vienne  à  LariiTe  ,  p.  $$. 
dit  que  Métrowitza  elt  une  ville  aflez  belle ,  une  place 
-afTez  grande  pour  y  tenir  une  foire  ,  Se  qu'elle  elt  bâtie 
fur  le  bord  d'un  lac,  qui  elt  tout  proche. 

METROUM.  Il  eft  parlé  d'un  lieu  ,  ou  d'une  ville  de 
ce  nom  dans  Arrien  ,  Teripl.  p.  1 4.  qui  le  met  dans  la 
Bithvnie  fur  le  Pont-Euxin,  Se  dit  que  d'Héraclée  à  Me- 
iroum,  il  y  avoit  quatre- vingt  ftades  ,  Se  quarante  fiades 
de  Metroum  à  Pofidium. 

METS ,  ville  de  France ,  capitale  du  pays  Meïïin ,  au 
confluent  delà  Seille  Se  de  la  Mofelle,  entre  Toul,  Ver- 
dun Se  Trêves.  Son  nom  latin  eft  Divodurus  ,Divodurum-> 
Divodurum  Mediomatricorum  ,  Divodorum  ,  Medioma- 
trici ,  Civitas  Mediomatricorum  ,  Se  Civitas  Medioma- 
meum ,  pat  contraction  du  génitif  de  J^lediomamees  au 


2*7 

nominatif  pluriel ,  dont  Céfar  Se  Ptolomée  fe  font  ici  vis. 
Quelques  hiftoriens  qui  n'ont  pas  pris  garde  que  Medio- 
matricum  étoit  le  génitif  de  Mediomatrices ,  en  ont 
fait  un  nominatif  fingulier  neutre ,  Se  ont  appelle  cette 
ville  Mediomatricum.  Peut-être  les  fources  ou  fontaines  , 
qu'elle  a  dans  fes  folles  ,  ont-elles  occafionné  le  nom 
de  Divodurum  ,  c'eft-à-dire ,  eau  de  fontaine  >  car  félon 
Valois  ,  Diu  en  langue  gauloife  lignifie  une  fontaine  « 
Se  Dur  veut  dire  de  l'eau.  Blondel  a  prétendu  au  con- 
traire que  Diu  en  gaulois  fignifioit  Dieu  ,Se  que  Divo- 
durum vouloit  dire  eau  divine.  *  Pigamol,  Defcr.  de 
la  France  ,  t.  7.  p.  304. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  dans  le  quatrième  fiécle  elle  com- 
mença à  prendre  le  nom  du  peuple  ;  de  forte  qu'Am- 
mien  Marcellin  l'appelle  Mediomatrici  ;  Se  ce  nom  a 
été  en  ufage  jusqu'à  l'onzième  fiécle.  Néanmoins  dès 
le  commencement  du  cinquième ,  on  voit  que  le  nom 
du  peuple  Mediomatrices,  Se  celui  de  la  ville  avoit  étc 
changé  en  Meus  ou  Meta;  puisque  dans  la  notice  de 
l'Empire  on  trouve  plufieurs  fois  ce  Métis  ,  qui  étoit 
par  conféquent  en  ufage  fous  Honorius  Se  Valentinien  : 
Idace  ,  dans  fa  chronique  écrite  dans  le  même  fiécle  , 
nomme  cette  ville  Métis.  On  ne  fait  pas  l'origine  de 
ce  nom ,  parce  qu'aucun  écrivain  digne  de  foi  ne  nous 
l'a  appris  ;  Paul  Diacre  a  cru  qu'elle  l'avoit  eu  d'un 
Romain,  nommé  Metius,  Au  refte  ,  cette  ville  fous  l'Em- 
pire romain  étoit  célèbre  Se  illuftre  ;car  Tacite,  au  livre 
quatrième  de  fon  hiftoire  ,  lui  donne  le  titre  de  Socia 
civitas  ,  ville  alliée  du  peuple  romain  ;  Se  Ammien 
Marcellin  la  met  avant  Tréves,fa  métropole.*  Longuerne, 
Defc.  de  la  France,  part.  2. p.  204. 

Elle  fut  entièrement  ruinée  par  les  Huns  ,  fous  At- 
tila ,  &  il  ne  refta  fur  pied  que  l'églife ,  ou  oratoire  de 
S.  Etienne ,  qui  eft  la  cathédrale  \  ce  qui  eft  confirmé 
par  Idace  ,  contemporain  d'Attila  ,  qui  en  parlant  de  la 
bataille  donnée  dans  les  Champs  Cacalauniques ,  die 
que  les  Huns  y  étoient  venus  de  Mets ,  qu'ils  avoienc 
pris  de  force  Se  ruinée  ;  laquelle  ville  n'étoit  pas  fore 
éloignée  de  ces  champs  :  In  Campis  Catalaunicis  baud 
longé  de  civitate,  quam  effregerant-. 

Les  François  fous  Childeric  n'eurent  aucune  peine 
à  s'emparer  du  pays  de  Mets  Se  de  Trêves,  où  ils  domi- 
noient  du  tems  de  Sidonius  Apollinaris,  comme  on  voie 
dans  la  17  lettre  du  4.  livre,  écrite  à  Arvogafle,  qui 
demeuroit  fur  la  Mofelle,  dont  le  pays  avoit  été  occupé 
par  les  Barbares,  qui  ne  peuvent  être  autres  que  les  Fran- 
çois, fujets  de  Childetic,  comme  l'ont  bien  entendu  Sir- 
mond  Se  Savaron ,  commentateurs  de  Sidonius  ;  ce  qui 
détruit  les  exploits  que  les  Lorrains  attribuent  aux  Meifins 
Se  aux  Verdunois ,  pour  les  Romains  Se  pour  Siagrius 
contre  Clovis.  Cette  lettre,  écrite  vingt  ans  avant  la 
guerre  de  Clovis  Se  de  Siagrius,  démontre  que  dès- lors 
les  Barbares,  c'eft-à  dire  les  François,  occupoient  le  pays 
arrofé  de  la  Mofelle. 

Clovis  en  fut  toujours  le  maître  ,  Se  des  pays  voifins 
jusqu'au  Rhin,  par  lequel  il  étoit  féparé  des  Allemands  , 
(ou  Suéves)  qu'il  vainquit. 

Les  quatre  fils  de  Clovis  partagèrent  les  états  de  leur 
père ,  après  fa  mort.  Mets  échut  à  Thierri  ,  qui  y  éta- 
blir fa  réfidence  ;  Se  cette  ville  >  après  lui ,  fut  toujours 
la  capitale  du  royaume  d'Aufirafie,  &  devint  pluspuiflante 
que  fous  les  Romains.  11  y  avoit  un  palais  royal.  Les 
empereurs  d'Allemagne  en  devinrent  les  maîtres  par 
droit  de  conquête ,  Se  les  evêques ,  fans  en  être  fouve- 
rains  ,  y  avoient ,  fous  les  empereurs ,  un  fi  grand  pou- 
voir ,  qu'ils  y  faifoient  battre  monnoie. 

Le  premier  comte  héréditaire  de  Mets  que  l'on  trouve, 
eft  Herman  ,  dont  descendirent  >  en  ligne  masculine ,  les 
autres  comtes  ,  depuis  le  X  fiécle  jusqu'à  la  fin  du  XIÎ. 
La  plupart  ont  porté  le  nom  de  Folmar  ,  &  le  dernier 
fur  Albert,  fils  de  Folmar  IV,  lequel  laifia  une  fille  Se 
unique  héritière, nommée  Catherine,  à  laquelle  plufieurs 
donnent'le  nom  d'Agnès.  Elle  époufa  Thibaud  I,duc 
de  Lorraine,  qui  mourut  fans  enfans  l'an  1219.  après 
avoir  été  plufieuis  années  comte  de  Mets. 

Enfuite  il  n'y  eut  plus  de  comte  de  cette  ville  ,  &  le 
maire  échevin  eut  toute  l'autorité.  Les  évêques  préten- 
doient  créer  ce  magiftrat ,  Se  cette  prétention  excita 
fouvent  de  grandes  féditions  contre  eux.  Les  Mefiins 
trouvaient  de  la  protection  parmi  les  princes  Yctifinsj 
Tom.  W.  K  k 


a*8       MET 


MET 


&  les  évêques,  pour  avoir  des  alliés,  engageoient  les 
terres  de  ce  riche  évêché ,  qui  ne  cédoit  à  aucun  autre 
en  puiffance. 

Il  eft  certain  que  fous  l'empire  de  Charlequint ,  Mets 
étoit  une  ville  impériale  libre ,  qui  ne  reconnoiffoit  pour 
fouverain  que  l'empereur  ;  &  les  caufes  des  babitans  Se 
du  pays  Meflin  pouvoient  reffortir  à  la  chambre  impé- 
riale de  Spire,  quoique  les  appels  fuflént  très-rares,  à 
caufe  des  frais  immenfes  que  les  parties  étoient  obligées 
d'effuyer,  &  des  longueurs  des  procédures  de  la  chambre  > 
outre  cela,  il  y  avoit  plufieurs  feigneurs dans  le  pays 
Meiîln  ,  qui  prétendoient  avoir  des  francs-aleux ,  &  être 
fouverains,  de  manière  qu'il  ne  devoit  point  y  avoir  d'ap- 
pel de  leurs  juftices. 

Leschofes  étoienr  en  cet  état  l'an  ijji.  lorsqu'Hen- 
ri  II.  paffa  par  le  pays  Meflin  avec  fon  armée ,  pour 
s'avancer  vers  le  Rhin  ,  au  fecours  de  les  alliés  en  Alle- 
magne. Le  cardinal  de  Lenoncourt  étoit  alors  titulaire 
de  l'évêché  de  Mets ,  dont  l'admitiiilration  temporelle 
étoit  réfcrvée  au  cardinal  Charles  de  Lorraine  :  il  avoit 
pris  poffeflioJi  de  cet  évêché  l'année  précédente  1  j  j  i  , 
Se  avoit  commencé  par  indiquer  une  ailemblée  des  Etats- 
Généraux  de  l'évêché  dans  la  ville  de  Mets  On  n'y  avoit 
appelle  que  les  vaffaux  de  l'évêché  ;  mais  le  magiftrat 
fît  défenfe  à  ceux  de  la  ville  d'aflifter  le  cardinal  à  la 
tenue  de  fes  états ,  de  forte  que  le  cardinal  alla  tenir 
cette  affemblée  à  Vie  ,  le  8  de  Février  i  ;  j  i. 

Ce  prélat  cependant  dispofa  les  magiitrats  à  recevoir 
le  connérablc  de  Montmorenci,  &  à  donner  entrée  aux 
troupes  de  France,  qui  s'avançoient;  ce  qu'il  fit  avec  tant 
d'adreffe  que  les  Meflins,  intimidés,  &  craignant  de  ne 
pouvoir  refifter ,  ouvrirent  leurs  portes  auconnétable,  qui 
s'affura  de  la  ville. 

Le  roi  y  entra  le  1 8  d'Avril,  &  fe  fit  prêter  ferment 
par  les  habitans ,  dont  plufieurs  étoient  affectionnés  au 
parti  de  France  ;  les  principaux  fuient  deux  frères, gentils- 
hommes, l'un  nommé  Robert  de  Heu,  Se  l'autre  Jas- 
par.  Néanmoins  le  roi  ne  prit  point  la  qualité  de  fou- 
verain, mais  de  protecteur,  non  feulement  de  la  ville 
&  de  l'évêché  de  Mets ,  mais  encore  du  Saint  Empire. 
Henri  II.  après  s'être  approché  du  Rhin,  retourna 
aufii-tôt  en  France  ,  &  Charlequint ,  ayant  fait  fa  paix 
avec  les  princes  confédérés  d'Allemagne,  affembla  une 
puiflante  armée  ,  avec  laquelle  il  afliégea  Mets.  Henri  II. 
y  avoit  envoyé  pour  la  défendre  François  de  Lorraine, 
duc  de  Guife  ,  avec  plufieurs  princes  Se  feigneurs  ,  Se 
quantité  de  braves  gens.  On  rafa  les  fauxbourgs,  plufieurs 
eglifes  Se  monafteres  ;  on  fe  défendit  fi  bien ,  que  l'em- 
pereur ,  voyant  fon  armée  ruinée,  leva  le  fiége. 

Le  cardinal  de  Lorraine,  ayant  repris  l'évêché  de  Mets, 
que  le  cardinal  de  Lenoncourc ,  fon  réfignataire,  avoit 
quitté  ,  céda  au  roi ,  avec  le  confentement  du  chapitre 
ée  des  intéreflés,  les  droits  temporels  que  l'évêque  avoir 
à  Mets  ,  Se  qui  étoient  alors  très-peu  de  chofe ,  comme 
ce  que  j'ai  dit  du  cardinal  de  Lenoncourt,  le  démontre. 
L'empereur  Charlequint ,  ayant  remis  l'empire  à  fon 
frère  Ferdinand ,  Se  fes  couronnes  avec  Ces  Etats  patrimo- 
niaux à  fon  fils  Philippe  ,  ce  prince  fit  une  paix  perpé- 
tuelle à  Gâteau  -  Cambrefis  l'an  1559.  avec  Henri  II. 
qui  comprit  dans  le  traité  les  évêques  avec  les  chapi- 
tres de  Mets ,  Toul  &  Verdun  ,  Se  l'abbé  de  Gorze ,  au 
nombre  de  fes  alliés  ,  qui  n'étoient  pas  fes  fujets. 

Henri  IV.  y  comprit  les  mêmes  évêques,  chapitres 
&  cet  abbé  au  traité  de  Vervins ,  l'an  1  j  98. 

L'empereur  Ferdinand  1.  après  la  morr  d'Henri  II. 
envoya  redemander  les  trois  villes  à  François  II.  l'an 
15  60.  par  des  ambaffadeurs  ;  mais  on  s'exeufa  ,  Se  on 
foûtint  que  l'on  n'avoit  fait  aucun  tort  à  l'empire. 

Au  commencement  du  XVII  ficelé  il  y  eut  de  fi  grands 
différends  entre  le  duc  d'Epernon  ,  gouverneur,  le  lieute- 
nant de  roi ,  Sobole,  les  magistrats  &  les  habitans  de 
la  ville,  qu'elle  fut  alors  en  péril  ;  ce  qui  obligea  Henri 
ÏV.  à  aller  en  perfonne  à  îvlets&  à  s'affûter  delà  citadelle  , 
dont  il  chaffa le  commandant  Sobole  l'an  1603. 

Après  la  mort  du  roi  ,1e  duc  d'Epernon  fe  rendit  le 
plus  fort  à  Mets,  où  il  fut  abfolu  durant  quelques  années, 
fans  qu'on  apportât  néanmoins  aucun  changement  à  la 
jurisdidion  des  magiitrats  &  à  celle  de  l'évêché,  qui 
étoit  une  principauté  de  l'empire ,  Se  dont  les  évêques 
reconnurent  toujours   la  fouveraineté    des  empereurs, 


reçurent  d'eux  l'inveftiture,  Se  leur  firent  foi  &  hommage. 
Charles,  cardinal  de  Lorraine ,  reçut  l'inveftiture  de  Fer- 
dinand I.  l'an  1 5  59.  Louis  de  Lorraine,  cardinal  de  Guife, 
la  reçut  de  Maximilien  IL  l'an  1  j6$>.  Le  cardinal  Charles  ' 
de  Lorraine  ,  fils  du  duc  Charles  IL  la  reçut  de  Rodol- 
phe II.  l'an  1/88. 

L'empereur  Matthias  donna  des  fauvegardes  à  l'évê- 
ché de  Mets,  comme  fief  de  l'empire,  l'an  16 17.  Enfin 
Henri  de  Bourbon,  fils  naturel  d'Henri  IV.  donna  fon 
dénombrement  l'an  162;.  a  l'empereur  Ferdinand  II.  qui 
lui  donna  l'inveftiture  du  contentement  &  à  la  prière 
de  Louis  XIII»  frère  d'Henri  de  Bourbon  ,  qui ,  ayant 
quitté  cet  évêché  ,  fut  fait  duc  de  Verneuil  Se  pair  de 
France. 

Le  même  roi ,  s'étant  affuré  de  Moyenvic  &  de  Mar- 
fal,  Se  ayant  fait  bâtir  une  citadelle  à  Verdun,  fe  dé- 
clara feigneur  fouverain  &  abfolu  des  trois  villes  Se  du 
temporel  des  trois  évêchés  ;  Se  après  avoir  fupprimé 
plufieurs  petites  juftices,  qui  lé  difoient  fouveraines ,  Se 
les  appels  à  la  chambre  impériale,  il  inftitua  un  nou- 
veau paiement  dans  la  ville  de  Mets ,  comme  rous  ceux 
du  royaume  de  Fiance  ,  &  lui  attribua  pour  reffort  les 
villes  Se  évêchés ,  avec  les  feigneurie^  annexées  5  &  cette 
compagnie  commença  à  faire  fes  fondions  le  16  d'Août 
1633. 

Cet  établiffement  excita  de  grandes  plaintes  à  la  cour 
de  l'empereur  Ferdinand  II.  Se  parmi  l'es  alliés  en  Alle- 
magne. La  rupture  entre  l'empire  &  la  France  arriva 
deux  ans  après;  mais  la  guerre  n'ayant  pas  été  fuivie 
d'événtmens  fort  avantageux  pour  les  Impériaux,  on 
fongea  à  faire  la  paix ,  Se  l'on  convint  de  laiffer  à  la 
couronne  de  France  les  trois  villes  Se  évêchés  de  Mets , 
de  Toul  &  de  Verdun  en  fouveraineté  avec  leurs  diftrids. 

François  de  Lorraine, évêque  de  Verdun,  qui  avoit 
quitté  fon  diocèfe  Se  étoit  horsde  France, forma  des  oppo- 
fuions  à  cet  article ,  Se  fit  fes  efforts  pour  l'empêcher  de 
paffer  outre  ;  mais  ce  fut  inutilement ,  la  ceffion  des 
trois  villes  Se  évêchés,  fut  accordée  par  le  traité  de 
Wcftphalie,  l'an  1648. 

On  ne  réferva  Amplement  que  le  droit  métropoli- 
tain fur  ces  évêchés  à  l'archevêque  de  Trêves  ,  électeur 
de  l'Empire  ;  fur  quoi  les  juges  Se  officiers  royaux , 
ayant  fait  plufieurs  innovations,  &  l'électeur  s'en  étant 
plaint  comme  d'une  infraction  au  traité  de  Weftphaiie, 
le  feu  roi  Louis  XIV.  par  un  traité  conclu  avec  l'éle- 
cteur Gaspard  deLaien,le  12  Octobre  1 661.  régla  ces 
différends  au  quatrième  article  ,  en  cette  manière  :  que 
fur  les  remontrances  faites  à  fa  majefté ,  au  nom  Se  de 
la  part  du  prince  électeur  de  Trêves,  pour  pouvoir 
continuer  à  jouir  pleinement  de  fon  droit  de  métropo- 
litain fur  les  trois  évêchés ,  Se  les  fujets  dépendans  de 
Mets ,  Toul  Se  Verdun ,  en  la  manière  que  Ces  prédé- 
ceffeurs ,  archevêques  de  Trêves ,  en  avoient  joui ,  Se  ainfi 
qu'il  avoit  été  réfervé  au  traité  de  Munfter ,  Se  même 
accordé  au  nom  de  fa  majefté,  le  20  Décembre  16^7. 
par  une  déclaration  de  Ces  ambaffadeurs  à  Francfort ,  fa 
majefté  confentoit  Se  accordoit  que  le  prince  éledeur, 
Se  fes  fucceffeurs,demeureroient  en  la  poffciîion  Se  jouis- 
fance,  non-feulement  de  la  jurisdiction  métropolitaine 
fur  les  rrois  évêchés  de  Mets ,  Toul  Se  Verdun  au  tri- 
bunal métropolitain  de  Trêves ,  à  ce  établi  par  fes  prédé- 
ceffeurs  archevêques  ,  mais  aufli  en  celle  de  la  jurisdiction 
diocèfaine  dans  les  terres  acquifespar  fa  maielté  ,  dépen- 
dantes pour  le  fpiritucl,du  diocèfe  de  Trêves,  dans  le 
duché  de  Luxembourg  ,  comté  de  Chini ,  prévôté  d'I- 
voi,  Se  dans  les  duchés  de  Lorraine,  de  Barrois.  A  cet 
effet ,  fa  majefté  promit  d'en  faire  expédier  les  ordres 
Se  mandemens  néceffaires,  avec  défenfes  au  parlement 
de  Mets  Se  aux  autres  fiéges,  de  troubler  &  inquiéter 
le  prince  Se  éledeur  dans  tous  fes  droits ,  tant  métro- 
politains que  diocéfains. 

Il  y  a  à  peine  deux  cens  ans  ,  que  cette  ville  étoit  trois 
fois  plus  grande  qu'elle  n'eft  à  préfent.  Elle  ne  larfiê  pas 
pourtant  d'être  encore  confidérable,  Se  paffe  pour  une 
des  plus  belles  Se  des  plus  agréables  du  royaume.  Son 
enceinte  a  2500.  toifes-,  fes  rues  font  érr&jres,  & 
les  maifons  antiques  &  à  créneaux  pour  la  plupart.  Elle 
eft  divifée  en  feize  paroifiès ,  &  renferme  environ  vingt- 
deux  mille  habitant  La  Mofelle  l'environne  du  coté  de 
l'occident    Se  du    nord.  Une   digue  de  pierres,  qui  a 


MET 


MET 


eeiit  foixante  toifes  de  longueur  ,  fur  fept  ou  huit  de 
large,  détourne  le  cours  de  cette  rivière,  h  partage  en 
deux  canaux ,  dont  l'un  baigne  les  murailles  de  Mets , 
êc  l'autre  entre  dans  la  ville.  Cette  digue  a  fept  ou  huit 
pieds  de  haut ,  &  l'eau  de  la  rivière  ,  qui  parte  par-defius, 
forme  dans  toute  là  longueur  de  la  digue  ,  une  nappe,  ou 
chute  d'eau  ,  qui  plaît  infiniment  à  la  vue.  Cet  ouvrage 
coûte  beaucoup  à  entretenir  ;  car  les  glaces  &  les  débor- 
demens  obligent  tous  les  ans  d'y  faire  de  nouvelles  répa- 
rations. La  Seille  environne  la  ville  de  Mets  du  côté  du 
nîidi  8c  à  l'orient ,  8c  fe  partage  en  deux  pour  baigner 
fes  murailles.  Le  foffé ,  qui  cil  du  côté  de  la  campagne, 
a plufieurs fources  d'eau  vive. 

L'églife  cathédrale  eft  une  des  plus  belles  qu'on  puifie 
voir  ;  mais  elle  eft  mal  fituée ,  ayant  été  bâtie  fur  le 
penchant  d'une  colline.  On  y  remarque  une  cuve  de 
porphyre  d'une  feule  pièce,  8c  quifert  de  fonts  baptis- 
maux. Dans  le  chœur  eft  un  vieux  tableau ,  que  le  roi 
Henri  IL  y  fit  mettre ,  lorsqu'il  prit  la  ville  de  Mets  fous 
fa  protection.  Sur  ce  tableau,  on  voit  la  première  lettre  du 
nom  de  ce  prince,  environnée  decroiffans  8c  de  fleurs- 
de-lis.  Au-deflbus  on  lit  cette  infeription  :  Hcnrkus  fe- 
cundus  ,  Francorum  rex,  fanïli  Imperii  protetlor.  Plus 
bas ,  eft  un  croiflant  avec  ces  mots  :  dura  totum  compleat 
orbem.  On  voit  le  tombeau  de  Louis  le  Débonnaire  dans 
l'églife  de  faint  Arnoul ,  où  on  trouve  dans  les  archives 
de  cette  abbaye,  l'original  manuferit  des  annales  de 
Mets.  Ce  manuferit  eft  un  extrait  des  annales  de  Fran- 
ce,  &  a  été  compofé  par  un  auteur  anonyme,  qui  vi- 
voit  en  894.  Le  quartier  des  Juifs  eft  remarquable  par 
le  commerce  qu'ils  y  font,  8c  par  leur  fynagogue. 

La  ville  de  Mets  eft  entourée  de  fortifications  anti- 
ques 8c  irrégulieres,  contre  lesquelles  les  fotees  8c  la 
gloire  de  Charles  V.  vinrent  échouer  en  1552.  Ces  for- 
rifications  ont  été  depuis  enfermées  par  quinze  baftions, 
dont  quatre  fervent  de  défenfe  à  la  citadelle.  Il  y  a  aulîi 
quelques  autres  ouvrages  modernes.  On  y  remarque  fur- 
tout  deux  grands  ouvrages  à  corne.  Celui  de  Saint  Thi- 
baut eft  près  de  la  citadelle  ,  8c  l'autre  ,  appelle  de 
Chambry,  eft  à  l'extrémité  de  la  ville.  Au  bas  de  la  ri- 
vière ,  eft  un  grand  retranchement  compofé  de  deux 
demi-baflions,  8c  d'une  grande  courtine  de  la  façon  du 
chevalier  de  Ville.  Le  maréchal  de  Vauban  a  couvert 
le  front  de  ce  retranchement  d'une  gtande  demi-lune. 

La  citadelle  fut  commencée  dès  l'an  1 553.  La  profon- 
deur de  fes  fofles  ,  la  beauté  de  la  conftruction ,  8c  la 
dépenfe  qu'on  y  fit ,  font  voir  combien  on  eftimoit  cette 
place  importante:  elle  eft  à  une  des  extrémités  de  la  ville. 
C'eft  un  carré  long  affez  régulier ,  fortifié  de  quatre 
baftions,  fuivant  la  méthode  du  chevalier  de  Ville.  Le 
maréchal  de  Vauban  a  couvert  le  front ,  du  côté  de  la 
campagne ,  d'un  grand  ouvrage  à  corne  ,  retranché  d'une 
demi-lune.  Le  côté  de  la  ville  a  une  demi-lune  pour  cou- 
vrir la  porte.  Un  des  longs  côtés  de  cette  citadelle  ,  qui 
eft  fur  le  bord  de  la  rivière  ,  eft  fermé  par  la  vieille  mu- 
raille, à  laquelle  on  a  laifle  fes  tours. 

Dès  l'an  304,  il  y  avoit  un  évêque  à  Mets.  Cette  églife 
a  eu  plufieurs  prélats  de  la  maifon  de  Lorraine,  un  de 
la  maifon  de  Luxembourg,  &  plufieurs  autres  distin- 
gués par  leur  mérite  8c  par  leur  naiffance.  Le  bienheu- 
reux Pierre  de  Luxembourg  ,  naquit  en  1 369.  8c  fut  élu 
évêque  de  cette  ville  à  l'âge  de  quinze  ans.  A  dix-fept 
»  il  fut  fait  cardinal  ,  8c  il  n'en  avoit  pas  dix-huit ,  qu'il 
mourut  à  Avignon.  Urbicius,  Chrodegand,  Angelram- 
me,  Drogon  8c  Robert ,  évêques  de  Mets ,  ont  été  hono- 
rés du  Pallïum  ;  ce  qui  a  donné  lieu  à  quelques-uns  de  les 
appeller  atchevêques  dé  Mets  ,  8c  de  croire  que  cette 
églife  étoit  métropole.  Cet  éveché  eft  un  des  plus  confi- 
dérables  qui  foientà  la  nomination  du  roi.  L'évêque  prend 
le  titre  de  prince  du  Saint  Empire  ,  '&  jouit  de  cent 
quarante  mille  livres  de  rente.  Le  domaine  propre  de 
cet  éveché  rapporte  plus  de  cinquante  mille  livres. 
L'engagement  de  la  Saline  de  Moyenvic*  lui  produit 
dix-huit  mille  livres  par  an.  Cette  fomme  eft  payée  par 
le  roi,  qui  jouit  de  cette  faline. 

Le  diocèfe  de  Mets  comprend  une  partie  de  la  Lor- 
raine ,  8c  la  partie  de  la  ville  de  Pont-à-Mouffon ,  qui 
eft  au  couchant  de  la  Mofelle.  Thionville  ,  Vie ,  la  Lor- 
raine Allemande ,  la  province  de  la  Sarre ,  8c  plufieurs 
toyverainetés  des  princes  de  l'Empire  Ipnt  auili  du  djo- 


*S9 

cèfe  de  Mct3,  &  en  étoient  autrefois  mouvantes.  Tout 
ce  diocèfe  eft  divifé  en  cinq  atchidiaconnés ,  8c  en  vingt- 
deux  aichiprêtrés,  qui  comprennent  environ  fix  cens 
vingt  paroifles ,  dont  il  y  en  a  feize  dans  la  ville  de 
Mets.  L'archidiaconné  de  faint  Arnoul  eit  à  préfent  tout 
Luthérien. 

L'églife  cathédrale  porte  le  nom  de  faint  Etienne, 
premier  martyr.  Son  chapitre  eft  compofé  de  douze  di- 
gnités &  de  vingt-huit  prébendes.  Les  dignités  font ,  le 
primicicr,  qui  jouit  de  fix  mille  liv.  de  revenu  -,  le  doyen, 
qui  en  jouit  de  trois  mille-,  le  chantre,  le  thréforicr , 
le  chancelier,  les  quatre  archidiacres,  l'aumônier,  l'é- 
colâtre  è\r  le  contre  ou  facriftain.  Les  prébendes  valent 
dix-huit  cens  livres,  ou  deux  mille  livres  au  plus.  Outre 
ce  chapitre  ,  il  y  a  dans  Mets  la  collégiale  de  faint  Sau- 
veur ,  conipofée  de  douze  chanoines  ,  d'un  prévôt  8c 
d'un  doyen.  Les  chapitres  de  faint  Thibaut  8c  de  No- 
tre-Dame la  Ronde  ,  font  encore  dans  cette  ville,  mais 
elles  font  peu  confidérables  ;  8c  les  petites  collégiales 
de  Gorze  ,  de  Marfal  ,  de  Hombourg  8c  de  Sarboing 
font  d'un  revenu  très-modique. 

L'abbaye  de  faint  Arnoul  de  Mets  eft  de  l'ordre  de  S. 
Benoît.  C'eft  la  plus  ancienne  églife  de  Mets ,  8c  elle 
fervit  de  cathédrale  pendant  quelque  tems.  Ayant  été 
presque  détruite  fous  le  règne  de  Clovis  8c  de  fes  en- 
fans,  les  évêques  de  Mets  transférèrent  leur  fiegeépis- 
copal  dans  la  ville;  ils  firent  cependant  rétablir  cetie 
églife,  que  l'on  appeiloit  pour  lors  l'églife  des  faints  Apô- 
tres ,  8c  qui  prit  enfuite  le  nom  de  faint  Arnoul ,  qui 
y  fut  inhumé.  Elle  devint  collégiale  par  cette  tranfla- 
tion,  8c  fut  long-tems  deffervie  par  des  chanoines  régu- 
liers. Le  relâchement  s'étant  mis  dans  cette  communauté  , 
Adalbcron ,  évêque  de  Mets  ,  fit  venir  des  moines  Béné- 
dictins de  l'abbaye  de  Gorze ,  pour  établir  la  réforme 
dans  celle-ci ,  l'an  942.  Cette  abbaye  a  été  hors  de  la 
ville  de  Mets ,  jusqu'en  1552  ,  que  le  duc  de  Guife  ,  la 
croyant  nuifible  à  la  défenfe  de  la  place  ,  la  fit  rafer , 
8c  les  religieux  fe  réfugièrent  dans  le  couvent  des  Jaco- 
bins ,  où  ils  ont  toujours  demeuré  depuis.  L'abbaye  de 
faint  Arnoul    vaut  environ  dix  mille  livres  de  revenu. 

Saint  Vincent  de  Mets  eft  du  même  ordre ,  8c  fuc 
fondée  dans  une  ifle  hots  de  la  ville  l'an  968  ,  par  Théo- 
doiic  ,  évêqile  de  Mets.  Elle  eft  aujourd'hui  dans  Mets  , 
8c  rapporte  à  l'abbé  neuf  mille  livres  par  an. 

Saint  Clément  de  Mets  eft  du  même  ordre  ,  8c  fore 
ancienne.  Elle  étoit  autrefois  à  cinq  cens  pas  de  la  ville , 
8c  deffervie  par  des  chanoines  réguliers ,  en  la  place 
desquels  Adalbcron  ,  évêque  de  Mets ,  mit  des  Bénédi- 
ctins ,  qu'il  fit  venir  de  Luxeuil,  vers  l'an  938.  Elle  rap- 
porte cinq  ou  fix  mille  livres  de  rente. 

Saint  Symphorien  de  Mets  eft  du  même  ordre ,  8c  fort 
ancienne  ,  puisqu'elle  reconnoît  faint  Papoul,  évêque  de 
Mets ,  pour  fon  fondateur.  Elle  étoit  alors  hors  de  la 
ville,  &  fut  détruite  par  les  Barbares.  L'évêque  Adal- 
beron  la  rétablit  fous  le  nom  de  faint  Symphorien ,  y 
mit  des  moines  de  faint  Benoît,  &  un  abbé.  Le  magi- 
ftrat  de  Mets ,  craignant  que  la  ville  ne  fut  afnégée , 
8c  que  cette  abbaye  ne  nuisît  à  fa  défenfe,  la  fit  brûler 
en  1444.  Elle  fut  enfuite  bâtie  dans  la  ville,  puis  dé- 
truite ëc  enfin  rétablie  dans  la  paroiffe  de  faint  Mar- 
tin, dans  la  maifon  des  Baudoches.  Elle  jouit  de  plu- 
fieurs beaux  privilèges  ,  8c  rapporte  par  an  à  l'abbé  en- 
viron neuf  mille  livres. 

Saint  Pierre  de  Mets  eft  du  même  ordre  ,  mais  pour 
des  filles.  Cette  abbaye  fut  fondée  vers  l'an  680,  par 
Eleuthere  ,  duc  de  France,  fous  le  règne  de  Théodoric, 
8c  fainte  Wandrade  ,  proche  parente  du  fondateur  ,  en 
fut  la  première  abbeffe.  Elle  fut  ruinée  en  ij6o  ,8c 
transférée  enfuite  dans  une  commenderie  de  faint  An- 
toine à  Mets.  Le  revenu  dont  elle  jouit ,  eft  de  douze 
ou  quinze  mille  livres. 

Sainte  Marie  eft  du  même  ordre  pour  des  filles  ,  Se 
dans  la  ville  de  Mets.  Elle  fut  fondée  vers  l'an  1000  ,  par 
Adalbcron  ,  évêque  de  Mets  ;  mais  le  bâtiment  ayant  été 
presque  détruit  en  ij6o  ,  l'abbcfTe  8c  les  chanoineffes 
furent  transférées  dans  une  maifon ,  qui  appartenoit  à 
l'ordre  de  S.  Jean  de  Jérufalem. 

Sainte  Gloffindede  Mets  eft  du  même  ordre,  8c  fut 
fondée  fous  l'invocation  de  faint  Pierre  8c  de  faint  Sul- 
pice ,  archevêque  de  Bourges,  par  Wintrgui  duc  8c 
Tom.  IV.        K^ij 


2.6o      MET 

comte  de  Perthois  ,  qui  donna  le  palais  qu'il  avoir  dans 
la  ville  de  Mets,&  des  biens  confTdéràbles  pour  cette 
fondation.  L'évêque  Adalberon  fut  le  reftaurateur  de 
cette  abbaye  ,  Se  lui  fit  rendre  plnfieurs  poffeffions  que 
quelques  féculiers  avoient  ufurpées  ;  ainfi  qu'il  paroît 
par  une  chartre  de  ce  prélat,  de  l'an  5,4;.  Gloffmeou 
Gloffinde  ,  qui  en  fut  la  première  abbefle ,  étoit  fille  de 
Wmtron ,  Se  mourut  faintement  vers  l'an  600  ,  félon 
meilleurs  de  Sainte-Marthe:  d'autres  hiltoriens  difent 
qu'elle  ne  mourut  qu'en  780.  Cette  abbaye ,  de  même 
que  les  deux  premières ,  étoient  anciennement  des  cha- 
pitres compofés  d'une  abbefle ,  Se  de  plufieurs  prében- 
des affectées  à  des  filles  de  condition-,  mais  en  1680, 
elles  furent  contraintes  de  recevoir  la  clôture,  l'habit 
Se  la  réforme  des  religieufes  de  l'ordre  de  S.  Benoît. 

L'abbaye  de  Clervaux  eft  aufïi  dans  la  ville  de  Mecs. 
C'eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  Se  fon- 
dée ,  dit-on  ,  du'tems  de  faint  Bernard.  C'eft  un  chapi- 
tre de  chanoinefles  de  cinq  ou  fix  prébendes  pour  des 
filles  de  condition.  L'abbefle  Se  les  chanoinefles  ont 
des  habits  féculiers ,  mais  tout  blancs. 

L'abbaye  de  Pontifroi ,  Pons  frigidus ,  eft  de  l'ordre 
de  Cîteaux,  8c  fut  fondée  en  1232  ,  pour  un  abbé  ôc 
douze  moines.  Elle  étoit  fituée  hors  de  Mets ,  ôc  en 
1572,  elle  fut  transférée  dans  la  ville  enéglife  parois- 
fiale  de  faint  George.  Elle  eft  en  régie ,  mais  il  n'y  a 
que  l'abbé  fans  religieux.  Le  revenu  eft  d'environ  trois 
mille  livres. 

Les  autres  abbayes  du  diocèfefont, 

Abbayes  d'hommes. 
Saint  Nabord  ou  faint  Avold ,  S.  B. 
Boufonville  ,  S.  B. 
Gorze ,  S.  B. 

Villers-Betnach ,  Cit.  Reg. 
Saint  Benoît ,  Cit. 
Saint  Pierre  au  Mont ,  S.  A.  Reg. 
Juftemont ,  Prém.  Reg. 
Solival,   Prém.  Reg. 

Abbaye  de  filles. 
Vergaville,  S.  B. 

Les  villes  de  Mets  &  de  Strasbourg  font  les  feules  du 
royaume,  où  les  Juifs  foient  foufferts.  Cette  tolérance 
n'eftpas  fort  ancienne  à  Mets,  puisqu'il  ne  paroît  point 
qu'il  y  en  eût  fous  le  roi  Henri  II.  On  trouve  qu'en  i;6j, 
il  n'y  avoir  que  deux  familles  juives.qui  s'y  étoicntincrodui- 
tes  fur  la  Ample  permifiïon  du  gouverneur  ,  ôc  que  le 
magiftrat  voulut  les  en  châtier.  L'an  1 566.  il  s'y  en  trouva 
quatre  familles  ,  &  le  gouverneur  même  voulut  les  fane 
fottir  ;  mais  elles  s'adreflerent  à  lui ,  &  lui  offrirent  deux- 
cens  écus  fols  de  deniers  d'entrée  pour  l'hôpital ,  Se 
deux  cens  francs  meflms  par  chacun  an  ;  à  cette  con- 
dition Se  à  quelques  auttes  ,  qui  ont  fervi  de  loi  a  leur 
établiffement ,  ils  furent  tolérés.  Ils  fe  rendirent  né- 
ceflaires  par  le  fecours  qu'ils  donnèrent  aux  troupes , 
ôc  méritèrent  la  protection  du  duc  d'Epernon.  Ces 
quatre  familles  fe  font  multipliées  dans  la  fuite.  Ce  fut 
le  duc  d'Epernon  qui  leur  procura  des  lettres  patentes 
du  roi  Henri  IV.- Elles  furent  les  premières  qui  autori- 
ferent  leur  établiflement.  Elles  ont  été  confirmées  par 
d'autres  lettres  des  rois  Louis  XIII.  Se  Louis  XIV.  avec 
différentes  conditions  Se  réglemens.  Jusqu'en  16 14.  les 
Juifs  établis  à  Mets  étoient  épars  dans  la  ville  ;  mais 
pour  lors  on  leur  affigna  le  quartier  de  faint  Ferron , 
fur  le  bord  de  laMofelle;  Se  on  leur  permit,  d'y  lour- 
des maifons ,  Se  d'en  acheter  ,  avec  défenfes  de  s'éten- 
dre au-delà.  A  ces  maifons  près  ,  il  leur  eft  défendu  de 
pofieder  aucuns  immeubles.  Ils  font  d'ailleurs  fournis  au 
magiftrat  de  police  ,  qui  leur  ordonne  de  porter  des  cha- 
peaux jaunes  pour  être  reconnus.  Lorsqu'ils  ont  quelque 
différend  avec  des  Chrétiens ,  ils  font  traduits  devant 
les  juges  ordinaires  ;  mais  dans  les  affaires  qui  furvien- 


MET 


nent  entt'eux ,  ils  n'ont  d'autres  juges  que  leur  Rabbi. 
L'établifTcmenc  des  tribunaux  ,  où  l'on  rend  la  juftice  , 
eft  alfez  nouveau  dans  le  gouvernement  de  Mets  ,  puis- 
qu'il ne  remonte  pas  au-delà  de  l'année  1 CÎ3  3.  Le  car- 
dinal de  Richelieu ,  voulant  remédier  aux  désordres  qui 
regnoient  dans  l'adminiitration  de  la  juftice,  Se   rame- 


ner ce  pays  à  l'ordre  obfervé  dans  le  refte  du  royau- 
me, crut  qu'il  étoit  néceflaire  d'établir  à  Mets  un  par- 
lement qui  fit  ceffer  le  refiort  à  la  chambre  impériale 
de  Spire,  Se  de  fupprimer  les  régies  Se  lesjufticcsdes 
feigneurs.  Ce  deflein ,  comme  on  l'a  vu  ci-deffus ,  fut 
exécuté  en  1633.  Le  roi,  par  fon  édit  du  mois  de  Jan- 
vier, érigea  à  Mets  un  parlement  fémelrre ,  qu'il  com- 
pofa  d'un  premier  préfident  ,  de  fix  autres  préfidens  , 
de  cinquante-quatre  confeillers  ,  dont  vingt-fept  par  fé- 
meftre,  de  fix  clercs  ,  d'un  procureur  général ,  de  deux 
avocats  généraux,  de  trois  greffiers,  Se  autres  officiels 
néceffaires.  Les  évêques  de  Mets,  Toul  Se'  Verdun, 
les  abbés  de  Gorze  Se  de  faint  Arnoul,  le  gouverneur 
de  Mets  ,  Se  le  lieutenant  général  y  doivent  avoir 
féance  en  qualité  de  confeillers  l 'honneur.  Le  même 
édit  fupprime  tous  les  juges  en  dernier  refiort ,  Se  les 
régales  des  feigneurs ,  Se  conferve  au  maire  échevin  , 
aux  treize  de  Mets  ,  &  aux  magifhats  de  Toul  ôc  Ver-, 
dun  la  jurisdiction  ordinaire. 

Au  mois  de  Septembre  de  la  même  année ,  le  roi 
établit  la  gabelle  dans  ce  pays ,  Se  affigna  fur  ce  fonds 
les  gages  des  officiers  du  parlement.  Comme  la  vente 
du  fel  avoit  été  libre  jusqu'alors ,  les  crois  ordres  fi- 
rent toutes  les  inftances  poffibles  pour  empêcher  l'exé- 
cution de  cet  édit  ;  mais  ils  ne  purent  obtenir  que  la 
préférence;  on  leur  en  abandonna  la  régie,  pour  la 
ïbmme  de  dix-huit  mille  livres  ,  qui  étoit  celle  que  les 
traitans  en  avoient  offerte,  Se  à  laquelle  montoient  les 
gages  des  officiers  du  parlement.  Les  guerres  qui  fur- 
vinrent  enfuite  ,  rendirent  le  recouvrement  de  ce  fonds 
fort  lent  Se  fort  difficile-,  en  forte  que  les  officiers  du 
parlement,  qui  fupportoientfort  impatiemment  de  n'être 
point  payés  de  leurs  gages ,  demandèrent  qu'on  leur 
accordât  à  eux-mêmes  la  régie  Se  la  perception  de  la 
gabelle.  Le  roi  le  leur  ayant  accordé  ,  ils  nommèrent 
des  commiflaires  qui  augmentèrent  le  désordre,  au 
lieu  de  le  faire  ceffer.  Ils  mirent  à  dix  fols  la  pinte  de 
fel,  qui  n'étoit  auparavant  qu'à  cinq,  &  cette  augmen- 
tation fut  fort  à  charge  au  peuple,  fans  qu'elle  ren- 
dit le  payement  des  officiers  plus  facile  ;  en  forte  qu'en 
1661  ,  ils  regardèrent  comme  une  nouvelle  grâce  que 
le  roi  voulut  bien  les  décharger  de  cette  régie  ,  Se  faire 
employer  dans  les  états  le  fonds  de  leurs  gages. 

En  1634,  par  un  édit  qui  ne  fut  enregiiïré  qu'en 
1641  ,  le  roi  fupprima  la  juliice  des  Treize  ,  Se  créa  les 
bailliages  Se  prévôté^ ,  dont  je  parlerai  après  avoir  ache* 
vé  l'hiftoire  de  ce  parlement,  qui,  en  164S.  fut  trans- 
féré à  Toul,  où  il  tint  Ces  féances  jusqu'en  i6j8  ,  que 
le  roi  étant  venu  à  Mets  ,  permit  fon  retour  dans 
cette  dernière  ville  ,  qui  paya  une  fomme  de  deux 
cens  mille  livres.  Après  la  paix  des  Pyrénées  Se  le 
traité  conclu  à  Vincennes,  avec  le  duc  de  Lorraine,  en 
1 661,  on  donna  une  nouvelle  forme  au  parlement  de 
Mets ,  Se  l'on  augmenta  fon  refiort  du  préfidial  de  Se- 
dan, qui  avoit  été  cédé  au  roi  en  1642  ,8c dont  la  ces- 
fion  avoit  été  vérifiée  au  parlement  en  16^2  ,  de  tous 
les  lieux  détachés  de  la  Lorraine ,  de  Thionville ,  ôc 
des  cinq  prévôtés  détachées  du  Luxembourg,  des  pré- 
vôtés cédées  dans  le  Hainaut ,  Se  de  l'Alface  qui  y  fut 
jointe ,  parce  qu'on  fupprima  pour  lors  le  confeil  fu- 
périeur  que  le  roi  avoit  érigé  dans  cette  province ,  ôc 
on  créa  en  fa  place  un  confeil  provincial ,  qui  reflbr- 
tiflbit  au  parlement  de  Mets.  Cette  étendue  de  reflbrr 
dédommagea  avantageufement  ce  parlement  de  la  di- 
ffraction qu'on  avoit  faite  en  1 642 ,  de  Clermont ,  Stc- 
nay ,  Dun  ôc  Jamets ,  que  l'on  avoit  attribués  au  par- 
lement de  Paris ,  comme  étant  de  l'ancienne  mou- 
vance. On  érigea  en  même  tems  le  parlement  de  Mets 
en  chambre  des  comptes ,  en  cour  des  aides  Se  des 
monnoies  ;  Se  on  lui  attribua  la  jurisdiétion  des  eaux 
Se  forêts,  en  érigeant  quatre  maîtrifes.  Pour  lors  on 
ajouta  à  la  grand-chambre  une  chambre  des  enquêtes, 
faifant  fonction  de  tournelle  Se  de  cour  des  aides ,  & 
on  laiffa  à  la  grand-chambre  les  fonctions  de  la  cham- 
bre des  comptes.  Après  avoir  donné  une  auffi  grande 
étendue  au  reflbrt  de  ce  parlement,  on  augmenta  les 
officiers ,  &  l'on  créa  quatre  préfidens ,  vingt  con- 
feillers Se  deux  chevaliers  d'honneur  ;  Se  ces  charges 
furent  remplies  par  les  officiers  de  la  cour  fouveraine 
de  Breffe  ,  qui  venoit  d'être  fupprimée ,  ôc  par  un  pré- 


«  • 


MET 


MET 


2.6i 


fident ,  Se  quelques  confeillers  du  confeil  fupérieur  d'Al- 
face.  Le  roi  s'étant  enfuice  rendu  maître  de  coure  la 
Lorraine  ,  ordonna  la  fuppreffion  de  la  cour  fouveraine 
de  Nanci  Se  du  parlement  de  faint  Mihiel ,  par  décla- 
ration du  21  Décembre  1670,  &  unit  route  la  Lorraine 
au  parlement  de  Mets.  Ce  reflort  fe  trouva  fi  étendu  , 
qu'en  1678  ,  le  roi  en  détacha  les  prévôtés  du  Hainaur. 
L'année  d'après  on  en  démembra  encore  l'Alface.  Ces 
deux  démembremens  diminuèrent  confidérablement  le 
reflort  du  parlement  de  Mets  :  cependant  cette  perte  fut 
réparée  en  1 684,  par  l'union  du  duché  de  Luxembourg  , 
du  comté  de  Chini ,  du  duché  de  Deux-Ponts ,  du  comté 
de  Veldens ,  Se  d'une  partie  du  comté  de  Sponheim ,  de 
la  Saare  Se  du  Mont- Royal ,  enforte  qu'en  1 588,  le  reflort 
du  parlement  de  Mets  fut  plus  étendu  qu'il  n'avoic  jamais 
.été;  car  il  renfermoit,  outre  les  trois  évêchés ,  &  places 
réunies ,  Sedan ,  toute  la  Lorraine  ,  le  pays  de  Luxem- 
bourg ,  celui  de  la  Saare  Se  le  Palatinat.  Les  fonctions  de 
chambre  des  comptes  lui  furent  même  confervées  fur  l'Al- 
face. On  créa  enfuite  pour  cette  chambre  deux  prefidens  , 
quatre  confeillers  ,  deux  correcteurs  &  deux  auditeurs 
des  comptes.  Ainfi  le  parlement  fe  trouva  pour  lors  com- 
pofé  de  douze  prefidens  Se  de  foixânte-dix-huic  confeil- 
lers ,  trente-neuf  par  fémeftre.  L'an  1694,  le  roi  érigea 
en  titre  une  chambre  des  requêtes  du  palais ,  au  lieu  dé 
celle  qui  fe  formoit  par  députés  ,  Se  elle  fut  d'abord  com- 
pofée  d'un  préfident  &  de  ilx  Confeillers ,  auxquels  on  en 
ajouta  quatre  autres  quelque  tems  après.  La  paix  ayant 
été  conclue  à  Ryswik  ,  peu  d'années  après ,  le  parlement 
perdit  une  grande  pairie  de  Ion  reflort ,  par  la  reddition 
de  toute  la  Lorraine ,  Se  des  pays  de  Luxembourg  Se  de 
la  Saare. 

Les  juftices  royales  Se  fubalrernes  à  ce  parlement  ne 
font  pas  plus  anciennes  que  cette  cour  fupérieure ,  Se 
n'ont  guère  moins  fouffert  de  changemens.  En  1634 ,  le 
roi  ayant  fupprimé  la  jurisdiction  que  le  maire  échevin  Se 
les  treize  exerçoient  dans  Mets ,  fa  majeflé  établit  en 
même  tems  cinq  bailliages,  Mets,  Toul ,  Verdun,  Vie 
&  Mouzon.  Quant  au  bailliage  de  Vie,  il  fut  fupprimé 
en  faveur  du  duc  de  Verneuil ,  pour  lors  évêque  de 
Mets ,  qui  fut  maintenu  dans  le  droit  d'avoir  fon  bailliage 
fepare. 

En  1685  ,les  différentes  réunions  occafionnérent  de 
nouveaux  changemens.  On  fupprima  les  anciens  baillia- 
ges de  Lorraine ,  d'Allemagne ,  Se  autres  ;  Se  on  diftribtu 
leur  reflort  aux  bailliages  de  Mets ,  Toul ,  Verdun ,  Se 
Saar-Louis,  qu'on  érigea  en  préfîdiaux,  Se  auxquels  on 
ajouta  deux  bailliages  qu'on  établit  à  Epinal  Se  à  Longwy. 
La  reddition  de  la  Lorraine ,  par  le  traité  de  Ryswik , 
apporta  enfin  un  dernier  changement,  Se  aujourd'hui  le 
reflort  du  parlement  de  Mets  ne  renferme  que 

Mets , 
Toul , 
Préfîdiaux.       «x  Verdun  , 
Sedan , 
Saar-Louis. 


Bailliages. 


Thionville  , 
Longuy , 
Mouzon. 


Sirck  , 
Sarbourg  f- 
■  Phallbourg, 
Longwy , 

Les  quatre  prévôtés  de  la  frontière 
de  Champagne. 

Les  coutumes  de  Mets  Se  de  Sedan  font  les  feules  qu'il 
y  ait  dans  le  reflort  de  ce  parlement. 

J'ai  parlé  par  occafion  de  l'établiflement  de  la  chambre 
des  comptes.,  de  la  cour  des  aides ,  delà  cour  des  mon- 
noies  ,  &  de  la  jurisdiction  des  eaux  &  forêts  ;  il  relie  à 
remarquer  que  le  Bureau  des  finances  de"  Mets  fut  créé 
par  le  même  édit  du  mois  de  Novembre  1 66 1 .  Il  n'y  eut 
d'abord  que  deux  tréforiers  ;  mais  à  diverfes  reprifes  on 
en  a  augmenté  les  officiers. 

Par  édit  du  mois  de  Mai  1 69 1 ,  le  roi  créa  des  offices  de 
juges  des  traites  foraines,  pour  connoîtrede  tous  droits 


d'entrée  &  de  fortie  ,  &  autres  droits  y  joints.  Et  comme 
il  n'y  avoit  point  d'élection  dans  le  pays  pour  connoître 
de  plufieurs  droits  domaniaux  ,  comme  tabac  ,  marque 
d'or  Se  d'argent,  Sec.  on  leur  attribua  la  connoiflance  de 
ces  droits  ,  Se  l'on  établit  quatre  de  ces  fiéges  :  à  Luxem- 
bourg ,  à  Mets,  à  Verdun  &  à  Sedan. 

Le  magiftrat ,  ou  le  corps  des  officiers  de  ville  ,  eft  com- 
pofé  d'un  maire  échevin  ,  ou  maire  en  titre  ,  qui  a  finan- 
cé cent  dix  mille  livres  ,  Se  jouit  de  quatre  mille  livres  de 
gages  fur  la  ville  ,  fans  compter  les  anciens  droits.  Sa 
charge  a  été  depuis  partagée  ,  lorsqu'on  a  créé  un  autre 
maire  alternatif ,  Se  mi-triennal.  De  dix  échevins  électifs , 
qui  ont  chacun  cent  quatre-vingt-trois  livres  treize  fols 
neuf  deniers  de  gages  fur  la- ville  ,  outre  les  émolumens  ; 
de  dix  affeffeurs  en  ritre  ,  à  deux  cens  livres  ;  d'un  procu- 
reur du  roi  en  titre,  à  quinze  cens  livres  >  d'un  fecrétairc- 
greffier ,  à  mille  livres  ;  de  deux  receveurs  alternatifs ,  qui 
ont  le  fol  pour  livre  du  montant  de  la  recette ,  dx'  de  plu- 
fleurs  autres  bas-officiers.  Les  revenus  de  la  ville  font  d'en- 
viron c:nt  mille  livres  par  an  ,  &  la  dépenfe  ordinaire 
d'environ  cinquante  mille.  Le  furplus  du  revenu  eft  ré- 
fervé  pour  les  dépenfes  extraordinaires,  &  fur-tout  pour 
la  réparation chi Vadrinau ,  (Vadum  Reghialdï,)  ou  di- 
gue qui  détourne  les  eaux  de  la  Mofclle,  pour  les  faire 
parler  dans  la  ville.  Les  échevins  font  deux  ans  en  fon- 
ction ,  Se  l'on  en  change  cinq  tous  les  ans.  Le  peuple  en 
propolé  quinze  au  roi ,  qui  en  choifit  cinq.  Le  magiftrat 
de  Mets  a  l'adminiflration  des  revenus  de  la  ville ,  Se 
régie  les  affaires  ordinaires  Se  courantes  de  l'hôtel  de  ville. 
Les  procès,qui  furviennent  par  rapport  aux  revenus ,  font 
jugés  en  première  inftance  par  le  magiftrat ,  Se  .par  l'in- 
tendant en  cas  d'appel  au  confeil.  Voilà  pour  les  affaires 
ordinaires  ;  mais  dès  qu'il  eft  queftion  d'affairés  générales 
&  importantes  ,  le  magiftrat  eft  obligé  d'en  communi- 
quer avec  les  trois  ordres.  L'affembite  de  ces  trois  ordres 
eft  pour  lors  convoquée  par  le  maire  échevin  qui  préfide, 
ou,  en  fon  abfence,  par  le  plus  ancien  officier  du  magiftrat. 
Elle  eiî  compofée  des  députés  du  clergé ,  de  la  nobleflë  Se 
du  tiers-état.  C'eft  en  qualité  de  chef  de  ces  trois  ordres 
que  ,  lorsque  Louis  XLV  pafla  à  Mets  ,  le  maire  échevin , 
avec  les  députés  des  trois  ordres ,  eut  l'honneur  de  haran- 
guer fa  majefté  debout ,  6c  non  à  genoux ,  comme  les  au- 
tres officiers  de  ville  du  royaume.'  Lorsqu'ils  furent  en- 
voyés à  Paris,  après  le  mariage  du  même  monarque,  ils 
eurent  aufli  l'honneur  de  lui  faire  compliment. 

Comme  les  trois  évêchés  Se  leurs  territoires  n'ont  pas 
toujours  été  de  la  domination  de  la  Fiance  ,  le  domaine 
en  appartient  aux  évêques,aux  chapitres  Se  aux  églifes  y 
à  leurs  vaffaux  ,  aux  trois  villes ,  ou  à  des  feigneurs  qui 
prétendoient  tenir  leurs  terres  en  franc-aleu ,  lors  de  la 
conquête  de  ce  pays ,  Se  que  les  rois  de  France  ont  confer- 
vésdans  leurs  prétentions.  Le  roi  n'a  donc  d'autre  domaine 
dans  ce  gouvernement  que  celui  qu'avoient  le  roi  d'Espa- 
gne Se  le  duc  de  Lorraine ,  dans  les  lieux  qu'ils  lui  ont  cé- 
dés j  Se  ce  domaine  conflfle  en  droits  de  haute-juftice ,  de 
ferrage,  de  moulins  Se  fours  banaux,  en  quelques  droits 
de  hallage ,  en  d'anciens  péages  domaniaux,  Se  en  un  très- 
petit  corps  de  domaines.  Tous  ces  droits  produifent  au  roi 
environ  cinquante-trois  mille  trois  cens  vingt  livres  par 
an ,  fans  y  comprendre  les  domaines  de  Sedan  ,  de  Mou- 
zon Se  de  Château-Regnaud.  Outre  ces  anciens  domai- 
nes ,  le  roi  a.  établi  dans  ce  gouvernement  en  différens 
tems  des  droits  domaniaux  ,  comme  dans  le  refte  du 
royaume. 

Les  impofitions  extraordinaires  font  îa  capitation  ,  l'u- 
ftenfile  ,  les  fourrages ,  les  quartiers  d'hiver  ,  les  ventes  de 
charges  Se  autres. 

Les  charges  ordinaires  Se  extraordinaires  annuelles  fe 
montent  à  près  de  cinq  millions  par  an ,  Se  toujours  à 
beaucoup  plus  que  le  roi  ne  retire  de  cette  généralité. 

Le  commerce  fe  fait  dans  ce  département  par  eau  ou 
par  charroi.  Le  pays  produit  abondamment  des  grains , 
des  fourrages ,  des  vins  Se  des  fruits  ;  mais  il  n'a  presque 
point  d'iflue  :  car  les  rivières  font  d'une  navigation  diffi- 
cile ,  ou  forr  chargées  de  péages  ;  ce  qui  fait  que  l'on  n'en 
tire  pas  tout  l'avantagequ'ilferoitàfouhaiter  pour  le  com- 
merce. Quant  à  celui  qui  fe  fait  par  charroi ,  il  n'eft  pas 
fort  confidérable  ,  Se  ce  font  des  charretiers  du  côté  de  Sa- 
lins, ou  de  l'extrémité  de  la  Vofge.qui  le  font.  Les  premiers 
apportent  des  marchandifçs  de  Liège  dans  ce  gouverne- 


2.6a 


MEV 


MEU 


ment ,  &  en  rapportent  des  grains  ;  les  féconds  apportent 
des  beurres  Se  des  fromages  à  Mets  pour  la  confommation 
de  cette  ville  ,  Se  des  vins  de  Bourgogne  qu'ils  transpor- 
tent dans  le  pays  de  Liège.  Dans  la  ville  de  Mets  il  y  a  plu- 
sieurs particuliers  qui  ramaffent  des  grains  &  en  font  com- 
merce. Celui  des  graines  de  navette  eft  le  plus  confidéra- 
ble.  Les  marchands  de  Mets  les  achètent  en  Lorraine ,  Se 
les  vendent  aux  Hollandois  qui  les  font  descendre  par  la 
Mofelle  ,  Se  en  font  de  l'huile  pour  les  manufactures  de 
draps ,  pour  les  vaiffeaux  Se  pour  d'autres  ufages.  Le  com- 
merce des  vins  regarde  particulièrement  le  pays  :  car , 
comme  il  y  a  des  vignes  fur  les  côtes  de  la  Mofelle,  à  trois 
ou  quatre  lieues  au-deffus  ou  au-deffous  de  Mets  ,  Se  que 
ces  vignes  appartiennent  aux  plus  riches  habitansde  cette 
ville  3  ceux  qui  ont  foin  de  la  police ,  défendent  l'entrée  de 
tous  vins  étrangers ,  &  chaque  particulier  a  la  liberté  d'ex- 
pofer  en  vente  Se  de  vendre  en  détail  le  vin  de  fon  crû. 
Les  autres  marchands  des  villes  de  ce  gouvernement  fe 
pourvoient  à  Francfort  Se  à  Liège  de  ce  qui  eft  néceffaire 
aux  habitans.  Ils  achètent  des  draps  de  Hollande  ,  Se  font 
yenir   auffi  quelques  marchandifes  de  Paris.  Les  deux 
manufactures  principales  de  ce  gouvernement  font  celles 
de  laine  Se  de  tannerie.  Quant  à  celles  de  laine ,  on  y  fait 
des  bas  à  l'aiguille ,  des  ratines  Se  de  groffes  étoffes ,  dont 
s'habillent  les  payfans  :  on  fabrique  auffi  de  petites  ferges , 
dont  s'habillent  les  femmes  du  menu  peuple.  La  tannerie 
eft  très-fameufe  à  Mets  ,  Se  les  eaux  de  la  Seille  font  11 
propres  pour  l'apprêt  des  cuirs ,  qu'on  compte  plus  de 
quarante  tanneries  fur  le  bras  de  cette  rivière  qui  paffe  dans 
la  ville.  Les  mirabelles  «Se  les  framboifes  blanches  que  l'on 
«onfit  à  Mets,  font  renommées^  Se  les  ouvrages  de  bois  de 
fainte  Lucie  y  font  fubfifter  cinq  ou  fix  familles  de  fculp- 
teurs.  Ce  bois  croît  en  Lorraine  du  côté  d'Epinal  ;  mais 
•tout  ce  commerce  n'eft  en  rien  comparable  à  l'argent  que 
la  fubfiftance,  l'équipement  des  troupes  Se  la  remonte 
de  la  cavalerie  ont  jette  en  tems  de  guerre  dans  ce  pays , 
Se  fur-tout  dans  la  ville  de  Mets.  Les  feuls  chevaux  que 
les  Juifs  ont  fournis  pendant  la  dernière  guerre,  ont  don- 
né lieu  à  un  commerce  de  plus  de  cent  mille  écus  par  an. 
Le  gouverneur  de  Mets  a  le  rang  de  gouverneur  de 
province ,  Se  commande  à  Mets ,  a  Verdun  Se  dans  les 
pays  adjacens.  Ses  appointemens  font  de  vingt-quatre 
mille  livres  par  an.  IL  y  a  un  lieutenant  de  roi  ,créé  en 
1692.  Le  gouverneur  général  de  ce  pays  eft  auffi  gouver- 
neur de  la  ville   Se  citadelle  de  Mets.  Il  a  fous  lui  un 
lieutenant  de  roi  de  la  ville,  qui  a  3600  liv.  d'appointe- 
mens  ;  un  major  qui  a  1 200  1.  Se  un  aide-major  qui  a 
800  liv.  Le  lieutenant  de  roi  de  la  cidadelle ,  le  major 
Se  l'aide-major  ont  les  mêmes  appointemens  que  les  offi- 
ciers de  l'état-major  de  la  ville. 

Par  édit  du  mois  de  Mars  1692 ,  le  roi  créa  une  charge 
de  prévôt  général  de  la  maréchauffée  à  Mets,  Se  cinq 
prévôts  principaux  dans  l'étendue  du  gouvernement  ■■,  mais 
Félon  le  nouvel  établiffement  de  1720  ,  il  n'y  a  pour  les 
cvêchés  de  Mets ,  Toul  Se  Verdun  qu'un  prévôt  général , 
un  lieutenant ,  un  afTeffeur  ,  un  procureur  du  roi  Se  un 
greffier  établis  à  Mets ,  Se  un  lieutenant  avec  pareil  nom- 
bre d'officiers  à  Verdun. 

METTEN ,  abbaye  d'Allemagne,  dans  la  Bavière,  près 
du  bord  feptentrional  du  Danube,  au  couchant,  à  peu 
de  diftance  de  Deckendorf  :  elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Be- 
noit. Zcyler  ,  Topog.  Bav.  p.  1 1. 

METTERNICK ,  château  dans  la  Weftphalie  ,  au 
duché  de  Juliers.  Il  a  donné  fon  nom  à  une  ancienne 
mai  fon. 

METUBARIS ,  ifle  de  la  Pannonie,  félon  Pline  ,  /.  3. 
g.  25 .  Le  père  Hardouin  dit  que  c'eft  à  préfent  Zagabria. 
METULUM,  ville  des  Japydes.  Lazius  dit  que  fon 
nom  moderne  eft  Troja ,  Se  qu'elle  eft  fur  le  fleuve  Savus , 
dans  le  Mcduikthal ,  au  comté  de  Cilicie.  Appien ,  in  Illy- 
ric.  lui  donne  le  titre  de  métropole  du  pays  :  il  ajoute 
qu'elle  eft  fituée  fur  une  montagne  couverte  d'arbres, 
Se  qu'elle  eft  bâtie  fur  deux  élévations ,  partagées  par 
une  petite  vallée.  Dion  Caffius  en  parle  ,  /.  49.  p.  412. 
Strabon,/.  7-p-  3  M-  dit  qu'Augufte  fut  bleffé  en  l'aflîé- 
geant,  qu'il  la  prit  ,  leur  impofa  des  loix  fi  dures  ,  qu'ils 
aimèrent  mieux  fe  brûler  avec  leur  ville  que  de  lesfubir. 
Voyez.  Mutila. 

METUS.  Voyez  Phobus. 

MEVANIA  ,  ville  d'Italie ,  dans  l'Umbrie.  Ptolomée, 


/.  3.  c.  1.  la  donne  aux  Vilumbres.  qui  habitoient  la  partie 
orientale  de  l'Umbrie.  Cellarius  ,  geogr.  ant.  /.  2.  c.  9. 
dit  qu'elle  étoit  fituée  au  confluent  du  Tinta  Se  du  Cïitum- 
nus ,  Se  que  fes  habitans  qui  font  appelles  Mevenates  par 
Pline,  font  ainfi  nommés  dans  une  infeription  rapportée 
par  Spon,  Eritd.  ant.  M:fc.  p.  183.  Cette  ville  étoit  re- 
nommée anciennement  par  la  quantité  de  bêtes  à  cornes 
blanches  qu'on  y  élevoit  pour  les  facrifices ,  félon  ce  vers 
de  Lucain,  /.  i.v.  473. 


Tauriferis  itbifefe  Mevama  campti 

Explie  at. 

Voyez  Clitumno  Se  BÉvagnA. 

MEVAT  ,  province  des  Indes,  dans  les  états  du  Grand 
Mogol.  Elle  eft  bornée  au  feptentrion  par  la  province 
de  Varal  -,  à  l'orient  par  le  royaume  de  Moiang  \  au  midi, 
partie  par  le  royaume  de  Patna ,  partie  par  le  Gange  i 
Se  à  l'occident  par  le  Gange.  *  De  i'ijle  ,  Atlas» 

MEVATINI^.  Voyez  Westernes. 

MEUDON  ,  maifon  royale  de  France  fituée  à  deux 
lieues  au-deffous  de  Paris ,  fur  un  coteau  qui  s'élève  dans 
une  plaine  fur  les  bords  delà  Seine.  Le  château  a  été 
bâti  pour  le  cardinal  de  Lorraine  par  Philibert  de  Lorme, 
architecte  célèbre  fous  le  règne  d'Henri  II.  Meïfieurs 
Servient  Se  de  Louvois  ,  miniftres  d'état  ,  l'ont  fucceffi- 
vement  augmenté  Se  embelli. 

Louis  XIV.  l'ayant  acquis  de  madame  de  Louvois, 
le  céda  à  feu  monfieur  le  Dauphin  ,  fon  fils,  en  échange 
de  Choify-Mademoifelle,  aujourd'hui  Choify-le-Roi , 
que  mademoifelle  de  Montpenfier  lui  avoit  légué  par 
fon  teftament.  Monfieur  le  Dauphin  y  a  fait  des  aug- 
mentations Se  des  embelliffemens  dignes  de  fa  magnifi- 
cence. 

On  arrive  au  château  de  Meudon  par  une  avenue  fpa- 
cieufe,  plantée  de  quatre  rangs  d'arbies  d'environ  quatre 
cens  roifes  de  long.  A  droite  eft  le  couvent  des  Capucins  , 
bâti  aux  dépens  du  cardinal  de  Lorraine  ,  Se  à  gauche 
font  les  vignes  de  Meudon.  La  terraffe  ,  qui  fe  préfente 
enfuite  ,  fert  encore  d'avenue  Se  d'avant-cour  au  château. 
Elle  a  coûté  des  fommes  immenfes ,  parce  que  le  tefrein 
où  elle  eft,  étoit  fort  inégal.  Sa  longueur  eft  d'environ  cent 
trente  toifes,  Se  fa  largeur  de  foixante  Se  dix.  A  droite 
eft  le  parc  ,  Se  à  gauche  le  village  de  Meudon.  A  l'entrée 
de  la  cour  du  château  s'élève  à  droite  Se  à  gauche  un  grand 
corps  de  bâtiment ,  qui  s'ouvre  en  forme  de  demi-cercle 
du  côté  de  la  cour ,  Se  eft  ifolé  Se  détaché  du  château. 
La  cour  a  quarante  toifes  de  long  depuis  1  entrée  jusqu'à 
la  façade  du  châreau ,  Se  fa  largeur  eft  de  trente.  Elle 
eft  coupée  par  des  compartimens  Se  des  pièces  de  gazon  , 
fermés  par  des  barrières  qui  empêchent  les  caroffes  &  les 
chevaux  de  les  détruire.  La  façade  du  château  fait  un 
très-bel  effet.  Un  grand  corps  de  bâtiment  avancé  Se  éle- 
vé en  occupe  le  milieu  >  fur  le  devant  il  y  a  un  perron 
pour  monter  dans  le  veftibule ,  Se  trois  portes  carrées 
pour  y  entrer,  mais  celle  du  milieu  eft  plus  grande  & 
plus  ornée  que  les  deux  autres.  Au-deffus  règne  un  fécond 
ordre  d'architecture  ,  compofé  d'arcades  Se  de  colomnes 
d'une  belle  exécution  -,  Se  tout  cela  eft  terminé  par  v.n 
troifiéme  ordre  ,  qui  eft  accompagné  de  pilaftres,  &  fur- 
monté  d'un  large  fronton ,  fur  lequel  font  deux  ftatues 
couchées  qui  font  d'une  bonne  main.  Enfin  les  côtés  de 
ce  corps  avancé  font  percés  de  quatre  fenêtres ,  qui  achè- 
vent de  donner  un  grand  jour  à  ce  bâtiment.  Les  deux 
ailes  du  château  font  formées  par  deux  ordres  de  fenêtres, 
l'un  fur  l'autre.  Elles  font  carrées  Se  accompagnées  de 
pilaftres  bien  travaillés  ,  Se  de  divers  autres  ornemens 
d'architecture.  Ces  ailes  font  terminées  chacune  par  un 
pavillon  carré,  dispofé  fur  la  même  ligne  que  les  aîles ,  Se 
qui  ont  la  même  hauteur  que  le  corps  avancé  du  milieu. 
Les  deux  côtés  de  la  cour  du  château  font  fermés  à  droite 
Se  à  gauche  par  deux  grands  corps  de  bâtiment  à  deux 
étages ,  Se  au  milieu  desquels  règne  une  galerie  décou- 
verte en  forme  de  terraffe  ,  foûtenue  par  quatre  arca- 
des avec  des  corridors  parfaitement  bien  voûtés,  à  la 
faveur  desquels  on  peut  être  à  couvert.  Le  devant  de 
ces  galeries  préfente  un  rang  de  baluftrades  ,  Se  les  ex- 
trémités font  deux  tours  carrées ,  qui  s'élèvent  en  coupe 
octogone,  terminée  par  une  lanterne  percéede  diffé- 
rens  côtés.  Le  fond  de  la  terraffe  eft  occupé  par  une 


MEU 


MEU 


galerie  couverte ,  plus  baffe  que  le  refte  du  bâtiment , 
ôc  percée  fur  le  devant  de  quatre  fenêtres, accompagnées 
de  pilaftres  ôc  autres  ornemens.  Tout  cela  eft  terminé 
par  deux  gros  pavillons  carrés,  qui  s'avancent  ôc  feprç- 
fentent  fur  le  devant  de  tout  ce  palais,  ôc,  étant  plus 
avancés  que  les  autres  parties  de  l'édifice,  contiibuent 
beaucoup  à  lui  donner  de  la  grandeur  &  de  la  majefté. 
Ces  pavillons  font  décorés  de  trois  ordres  de  fenêtres, 
l'un  fur  l'autre,  accompagnés  de  pilaftres  ôc  d'autres  or- 
nemens ;  ôc  dans  les  angles  extérieurs  on  a  pratiqué  deux 
petites  tours  en  forme  de  guérites.  Les  tours  font  avan- 
cées fur  le  devant  ôc  engagées  dans  le  vif  du  bâtiment  ; 
elles  font  foutcnues  fur  leurs  confoles  ou  culs  de  lam- 
pes ,  mais  elles  ne  font  pas  plus  hautes  que  les  pavil- 
lons. Les  dedans  du  château  font  ornés  presque  par  tout 
de  dorures ,  de  fculptures  &  de  plafonds  ôc  autres 
peintures.  Les  vitrages  font  de  glaces  ;  mais  depuis  la 
mort  de  monfeigneur  le  Dauphin,  arrivée  le  14  d'A- 
vril de  l'an  1711.011  a  enlevé  les  glaces,  les  tables, 
bijoux  ,  porcelaines ,  tapifferies  ,  tableaux  ,  &c.  La  fa- 
çade du  château  du  côté  du  jardin  ,  confifte  en  un  grand 
corps  avancé  qui  en  occupe  le  milieu  ,  en  deux  ailes 
plus  baffes  que  le  refte  du  bâtiment ,  ôc  en  deux  pa- 
villons élevés  qui  les  terminent  à  droite  ôc  à  gauche. 
Le  corps  avancé  qui  eft  au  milieu ,  préfente  fur  le  de- 
vant trois  grandes  arcades  ,  qui  forment  le  veftibule,  & 
qui  font  ornées  de  colomnes  ;  au-deffus  régnent  deux 
ordres  de  fenêtres  &  de  pilaftres  l'un  fur  l'autre ,  ter- 
minés par  un  large  fronton ,  fur  lequel  font  placées  deux 
ftatues  couchées  fur  le  côté.  Le  fécond  étage  eft  encore 
orné  de  deux  buftes  ;  les  ailes  préfentent  deux  grands 
ordres  de  fenêtres  l'un  fur  l'autre,  accompagnés  de  pi- 
Jaftres  ôc  d'autres  ornemens  ,  mais  les  pavillons  ont  un 
troifiéme  ordre  de  fenêtres  ôc  de  pilaftres  que  le  refte 
du  bâtimenr  n'a  pas-,  leurs  combles  fonr  auffi  plus  éle- 
vés, ôc  leur  angle  extérieur  s'arrondit  en  forme  de  pe- 
tite tour.  Le  château  neuf  a  été  bâti  dans  le  même 
lieu  où  étoit  la  fameufe  grotte ,  bâtie  par  Philibert  de 
Lorme  ;  il  n'en  refte  plus  que  la  grande  terraffe  con- 
ftruite  de  brique  avec  Ces  rempes ,  &  qui  foûrient  le 
parterre  qui  eft  au-devant  de  ce  nouvel  édifice.  Ce  châ- 
teau ,  quoiqu'inférieur  en  grandeur  à  l'ancien ,  ne  lui 
cède  point  en  magnificence  ;  les  avant-corps  font  dé- 
corés de  colomnes  doriques  -,  l'escalier  eft  rrès-éclairé  ôc 
très-commode.  La  ftatue  de  bronze ,  qi:i  eft  dans  le  ve- 
ftibule fupérieur,  eft  un  chef-d'œuvre  d'Antoine  de  Bou- 
logne. Les  appartenons,  fur-tout  les  petits,  font  ingé- 
nieufement  dispofés.  Le  parterre  confifte  en  deux  corn-, 
partimens  détachés;  il  eft  formé  de  trois  côtés  par  un 
double  rang  d'arbres ,  dont  la  tige  eft  couverte  par  une 
taille  haute  de  charmille  bien  unie.  Ce  double  rang 
d'arbres  forme  trois  allées,  qui  régnent  au  pourtour  du 
parterre ;  celle  qui  eft  au  bout  ôc  en  face  du  château  , 
eft  coupée  en  deux  par  un  beau  baffin  ;  de-là  l'on  des- 
cend ôc  on  va  toujours  en  droite  ligne  à  l'étang  de 
Chalais.  De  chaque  côté  règne  une  allée  formée  de 
deux  rangs  d'arbres ,  ôc  l'espace  qui  fe  trouve  au  milieu 
eft  occupé  par  trois  compartimens  féparés  l'un  de  l'au- 
tre par  autant  de  baffins  carrés.  Le  baffin  du  milieu 
eft  le  plus  grand ,  Ôc  a  trente-cinq  toifes  de  long  fur 
quinze  de  large  ;  ces  allées ,  ces  compartimens  ôc  ces 
baffins  occupent  un  terrein  de  plus  de  quatre  cens  toi- 
fes de  long,  fur  environ  cinquante  de  large.  L'étang  de 
Chalais  eft  une  grande  pièce  d'eau  exagonc ,  terminée 
à  droite  &  à  gauche  par  un  fimple  rang  d'arbres  ;  cet 
étang  peut  avoir  cent  toifes  de  diamètre  d'un  angle  à 
l'autre.  On  trouve  au-delà  ôc  fur  la  même  enfilade, 
une  grande  allée,  plantée  en  ligne  droite  de  fix  cens 
toifes  de  long,  qui  fe  termine  aux  murs  du  parc,  ôc 
cette  belle  allée  eft  accompagnée  de  chaque  coté  d'une 
contre-allée.  Les  ftatues  &  les  buftes  font  placés  avec 
beaucoup  de  goût ,  6v  les  bosquets  font  d'agréables  ré- 
duits. Le  vertugadin  eft  une  longue  pièce  de  gazon  fer- 
mée de  trois  côtés  par  une  double  rangée  d'ifs ,  on 
d'autres  arbres  taillés  ôc  bienfymmétrifés.Les  plaifus  font 
uft  carré  pratiqué  au  milieu  du  parc  &  dans  un  bois 
fort  épais  ;  fa  longueur  eft  de  cent  quarante  toifes ,  ôc 
fa  largeur  d'environ  quatre-vingr.  Au  milieu  de  chaque 
face,  ôc  à  chacun  des  quatre  angles  aboutiffent  des  al- 
lççs  qui  viennent  s'y   terminer.  Cette  pièce  eft  ornée 


2.6$ 


de  divers  compartimens,  d'une  rangée  d'arbres  qui  en 
forment  les  faces  ,  ôc  d'un  grand  baffin  rond  au  mi- 
lieu ,  qui  a  environ  trente-cinq  toifes  de  diamètre.  Le 
parc  eft  d'une  grande  étendue  Ôc  fermé  de  tous  côtés 
par  une  bonne  muraille  ;  à  droite  même  régnent  tout 
le  long  du  mur  deux  longues  chaufkes  &  une  rfeote 
pour  les  eaux.  On  compte  dix-huit  cens  toifes  au  ua- 
vers  du  parc,  depuis  la  porte  de  la  Baliffonmere  du  côté 
des  Capucins,  jusqu'à  la  porte  de  Tiivaux,  qi.i  donne 
fur  le  chemin  de  Chevreufe ,  ôc  ii  s  en  trouve  autant 
depuis  la  porte  de  Clamait  jusqu'à  l'encrée  du  parc  de 
Chaville.  Les  bois  qui  forment  ce  paie  font  beaux  &£ 
ornés  en  plufieurs  endroits  de  baffins,  de  belles  ri. ..es" 
d'eau,  de  réfervoirs  ôc  de  grands  étangs.  Les  101, tes 
font  bien  percées,  longues  ôc  droites,  entre  lesquelles 
on  peut  remarquer  l'allée  dauphine ,  qui  aboutit  a  la 
porte  de  Paris.  La  pare  d'oie  eft  une  étoile  a  laquelle 
fe  réunifient  fept  allées  fort  longues  Ôc  bien  pratiquées. 
On  remarque  encore  dans  le  parc  la  ferme  de  \  i'.lebon  , 
où  il  y  a  un  grand  jardin  potager  ,  auprès  duquel  font 
deux  moulins  à  vent  dune  invention  finguliere  ,  ôc  qui 
fervent  à  élever  les  eaux.  Le  bourg  de  Meudon  n'a 
rien  de  confidérable  ;  les  Capucins  y  font  fort  com- 
modément logés ,  leur  jardin  eft  fpacicux  ôc  beau  ,  ôc 
leur  maifon  eft  très-avantageufement  fituée.  Les  car- 
rières de  Meudon  fourninent  de  très -belles  pierres; 
c'eft  de-là  qu'on  a  tiré  les  deux  dont  la  longueur  eu  Ci 
prodigieufe  ,  qu'elles  forment  feules  la  drhaîfe  du  grand 
fronton  de  la  façade  du  Louvre;  elles  étoient  d'un  feul 
bloc,  ôc  quoiqu'on  lésai:  coupées  en  deux  ,  elles  ont 
chacune  cinquante- quatre  pieds  de  long;  ce  q  i  eft 
d'autant  plus  furprenant ,  qu'elles  n'ont  que  huit- pieds 
de  large  &  dix-huit  pouces  d'épaïffeur,  *  Mem.  four- 
nis par  Gabriel. 

MEULAN  ,  en  latin  Mellentum  ,  vil'e  de  France,  au* 
gouvernement  de  l'if.e  de  France,  fui  la  ieine  ,  entre 
Mante  &  Poifly  ,  à  trois  lieues  de  l'une  ôc  de  1  aune 
ville,  ôc  à  huit  au-deiïbus  de  Paris.  Cet  e  ville  eu  fort 
ancienne,  puisque  dans  les  premiers  fiéeles  de  la  mo- 
narchie elle  a  été  le  partage  d'un  fils  c;e  iiance,  que 
l'on  nommoit  le  comte  Ga.'eran  de  Met  Lui.  Ce  fut  fa 
femme,  qui  en  fon  abfence  fit  bâtir  les  deux  ponts  de 
cette  ville,  qui  font  très-beaux  ôc  particulièrement  le 
plus  grand,  qui  elt  compofé  de  \ingt  &  une  arches. 
La  ville  ôc  le  fort  font  féparés  par  un  petit  bras  de  la 
rivière.  Ce  fort  dans  lequel  il  y  a  une  parciffe  ,  appel- 
lée  faint  Jacques  ,  ôc  un  monaftère  de  Bénédictins ,  qui 
porte  le  nom  de  faint  Nicaife ,  a  été  confideiable  au- 
trefois, il  fut  affiégé  pendant  les  guerres  civiles  par  le 
duc  de  Mayenne ,  que  le  roi  Henri  le  Grand  obligea 
de  fe  retirer  au  bout  de  cinq  femaines.  La  ville  eft 
compofée  de  trois  rues  :  la  haute ,  la  baffe  ôc  celle  de 
la  Tannerie.  Elle  eft  au  pied  d'une  côte ,  avec  deux 
paroiffes ,  faint  Nicolas  fur  la  côte,  ôc  Notre-Dame  à 
l'entrée  de  la  ville,  du  côté  de  Paris.  11  y  a  auffi  urf 
couvent  de  Picpus  ôc  un  de  religieufes  Annonciades ,  que 
le  roi  Louis  XIV.  y  a  fait  bâtir.  Près  de  ce  dernier  eft 
une  chapelle  de  faint  Avoye ,  lieu  d'une  grande  dévo- 
tion ,  qui  attire  quantité  de  pèlerins  le  5  de  Mai ,  joui? 
de  la  fête  de  ce  faint.  Les  tanneurs  font  une  parHé  du 
commerce  de  cette  ville  bâtie  en  amphithéâtre,  &  dont 
le  territoire  eft  pattagé  en  terres  à  grains  Ôc  en  vigncb'es. 

Le  bailliage  royal  de  Meulan  ,  refforrit  au  ;  réfi- 
dial  de  Mante  ,  ôc  l'un  ôc  l'autre  font  rég-is  par  m  e  9  û- 
turae  particulière  du  comté  de  Mante  ôc  de  Meulan  :  ti:e 
fut  rédigée  en  1556. 

La  maifon  de  campagne  qira  fait  buir  l'abbé  Bi- 
gnon  ,  eft  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  aux  environs 
de  Meulan.  Elle  eft  fituée  dans  une  petite  ifie  de  la  Seine» 
où  étoit  autrefois  la  chapelle  du  prieuré  de  S.  Cerne  ,  ôc 
affez  près  du  ponr  de  cette  ville.  Elle  eh  environnée  au 
nord  ,  par  des  collines  qui  s'élèvent  infenfib  e  ment  ôc  qui 
font  toutes  couvertes  de  vignes  ou  d'arbres  fruitiers ,  & 
ornées  de  quanrité  de  maifons  de  campagne  ôc  de  villages. 

Le  grand  chemin  de  Rouen  ,  qui  cil  entre  la  Seine  ôc 
ces  fertiles  coteaux  ,  eft  auffi  un  fpectacle  forr  amufant. 
Des  trois  autres  côtés  elle  jouit  d'une  vue  encore  plus  éten- 
due ôc  également  variée  Meulan  eft  à  l'orient  d'été  de 
cette  ifie  ,  ôc  comme  cette  petite  ville  eft  bâtie  en  forme 
d'amphithéâtre ,  les  maifons  ne  fe  dérobent  point  la  vue 


MEU 


2.64 

les  unes  aux  autres.  Cette  maifomeft  compofée  de  trois 
pavillons ,  ôc  fa  façade  a  deux  cens  pieds  de  long.  Les 
dehors  &  les  dedans  en  font  très-bien  ornés.  Chaque 
appartement  a  fon  nom  particulier  ,  pris  du  fujet  qui  eft 
repréfenré  dans  fes  peintures.  Lajuftice,  la  tempérance  , 
la  force  ,  la  prudence  ,  les  mufes ,  l'éloquence  ,  lhiftoi- 
re  ,  la  poé'fie  ,  la  fable  ,  &c.  font  les  noms  d'autant  d'ap- 
paftemens.  Dans  celui  de  la  force ,  on  voit  Samfon  ôc 
Hercule  qui  terraflent  des  lions  ;  Judith  qui  coupe  la  tête 
à  Holoferne  ;  Milon  Crotoniate  ,  qui  porte  un  taureau 
fur  fes  épaules,  ôcc.  La  chapelle  eft  belle  ôc  ornée,  ôc 
furpafle  tout  ce  qu'on  peut  penfer  d'une  chapelle  de  mai- 
fon  de  campagne.  *  Mémoires  dréjjés  fur  les  lieux  en 
1704.  Corn.  Diél.  Piganiol  de  la  Morte  ,  Desc.  de  la 
France ,  t.  3 .  p.  90. 

MEVONIOLA,  ville  d'Italie  ,  félon  une  ancienne 
infeription,  rapportée  dans  le  tréfor  de  Goltzius.Ortelius 
T&<?/.prétend  que  c'eft  aujourd'hui  le  village  Galeate,  dans 
la  Romagne ,  où  cette  infeription  fe  trouve  encore. 

MEVOUILLON  ,  Medidlio ,  baronnie  de  France.dans 
le  Dauphiné  ,  élection  de  Montelimart.  C'étoit  autre- 
fois une  baronnie  libre  ,  qui  ne  relevoit  que  de  l'Empire. 
Le  dauphin  Humbert  I.  en  acquit  le  haut  domaine  en 
1293.  ÔC  Humbert  II.  ayant  hérité  de  fon  paient  du  do- 
maine utile  ,  l'unit  au  Dauphiné.  Mevouillon  relevé  au- 
jourd'hui du  fiége  royal  de  Buys ,  qui  eft  le  chef  lieu  de 
cette  baronnie.  Elle  eft  le  fiége  d'un  bailliage  particulier  , 
leflbrtiflant  du  bailliage  des  Montagnes.  11  y  avoit  autre- 
fois un  forr  qui  a  été  démoli. 

MEURCE  ,  bourg  de  France,dans  le  Maine  ,  élection 
du  Mans. 

1.  MEURS  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  duché  de 
Gères.  Voyez.  Mœurs. 

2.  MEURS,  bourg  de  France,dans  l'Anjou ,  éLdion 
d'Angers. 

MEURSE  ,  bourg  de  France  dans  la  Sâintonge,éle&ion 
de  Saintes. 

MEURTE ,  rivière  de  Lorraine.  Elle  a  fa  fource  dans 
les  montagnes  de  Vosges ,  aux  frontières  de  la  Haute  Al- 
face  ,  &  fe  jette  dans  la  Mofelle, trois  lieues  au-deflus  de 
Pont-à-Mouflbn.  Elle  n'eft  navigable  qu'à  deux  ou  trois 
lieues  au-deflus  de  Nanci  ;  encore  faut-il  attendre  les 
crues  d'eau  &  fe  fervir  de  bateaux  fort  petits  ôc  fort  lé- 
gers. C'eft  fur  cette  rivière  qu'on  fait  descendre  le  fel  des 
fàlines  de  Rofieres.  *  Piganiol  ,  Descr.  de  la  France , 

t.  7.  P-  29L 

MEUSE  ,  rivière  de  Fiance.  Elle  a  fa  fource  dans  la 
Champagne ,  au  Balfigny  ,  près  du  village  de  Meufe  Ôc 
de  Montigni-le  Roi.  Son  coûts  eft  de  cent  vingt  lieues, 
ou  environ.  Elle  commence  à  porter  bateau  à  S.  Thibaud, 
pafle  dans  les  évêchés  de  Toul  &  Verdun  ,  par  la  Cham- 
pagne ,  le  Luxembourg  ôc  le  comté  de  Namur ,  enfuite 
arrofe  l'évêché  de  Liège  ,  une  partie  des  Pays-Bas  Autri- 
chiens ,  Se  des  Provinces-Unies ,  reçoit  le  Wahal ,  au- 
deflbus  de  l'ifle  de  Bommel ,  prend  ie  nom  de  Meruve  , 
£c  fe  perd  dans  l'Océan  ,  entre  la  Brille  &  Gravefende. 
Les  principaux  lieux  qu'elle  baigne  dans  fon  cours  font 
S.  Thibaud  ,  g.  Neuchâtel ,  d.  Vaucouleurs  ,  g.  S.  Mi- 
chel, d.  Verdun,  d.  Dun,  d.  Stenay ,  d.  Mouflon,  d. 
Sedan,  d.  Doncheri ,  cLMezieres,  d.  Charleville,  g. 
Château-Renaud,  d.  Revin  ,  d.  Fumay,  g.  Charlemont, 
g.  Dinant ,  d.  Namur  ,  g.  Huy  ,  d.  Liège ,  g.  Herftal , 
g.  Maftricht,  g.  Stochem,  g.  Mafeick,  g.  Ruremonde, 
d.  Venlo  ,  d.  Grave ,  g.  Ravenfiein ,  d.  Batenborch  ,  d. 
le  fort  de  Voorn  dans  une  i/le,  le  fort  de  S.  André  dans 
une  autre  ifle  :  Crcvecœur ,  g.  Heusden  ,  g.  le  château 
de  Lœvenftcin,  d.  Vorcum,  ôc  Gorcum  ,  d.  Dordrecht, 
g.  Rotterdam ,  d.  Delfshaven ,  d.  Schiedam  ,  d.  Vlar- 
dingen  ,  d.  Maefluis ,  d.  la  Brille ,  *  Dut.  Gsogr.  des 
Tsys-Bjs. 

Un  habile  phyficien  a  remarqué  que  la  Meufe  (  a  )  s'en- 
fle ordinairement  la  nuit ,  environ  d'un  demi-pied  plus 
que  le  jour  ,  fi  le  vent  ne  s'y  oppofe.  Il  attribue  cet  effet 
aux  rayons>du  foleil ,  qui  chaflènt  la  mer  pendant  le  jour 
loin  de  la  terre ,  &  lui  laiflent  la  nuit  la  liberté  de  s'en 
rapprocher.  Cette  explication  fouffre  fes  difficultés  j  mais 
je  laifle  à  d'autres  le  foin  de  les  relever. 

On  a  propofé  à  Poccafion  delà  coupe  ôc  de  la  voiture 
des  mâts  (b  ) ,  de  faire  un  canal  pour  joindre  la  Mofelle 
à  la  Meufe ,  par  le  moyen  d'un  ruifleau  qui  tombe  dans  la 


MEW 


Mofelle  à  Toul-,  ôc  d'un  autre  qui  fe  perd  dans  k  Meufe» 
au-deflus  de  Pagny.  Les  fources  de  ces  deux  ruifleaux  n'é- 
tant qu'à  une  demi-lieue  l'une  de  l'autre ,  &  le  terrein 
étant  d'ailleurs  favorable  ,  il  feroit  aifé  de  les  unir  ôc  d'en 
faire  un  canal.  Le  maréchal  de  Vauban  en  avoit  fait  un 
projet ,  qu'il  croyoit  également  utile ,  ôc  facile  à  exé- 
cuter, (a)  Piganiol,  Descr.  de  !a  France,  t.  3.  p.  2ô"2. 
(b)  Ibid.  t.  7.  p.  289. 

La  Vielle  Meuse,  on  donne  ce  nom  au  bras  de  la 
Meufe  qui  fe  fépare  de  l'autre  à  Dordrecht ,  ôc  coule  en- 
tre l'ifle  d'Iflelmonde ,  celle  de  Beyerland ,  ôc  celle  de 
Putten  ,  ôc  fe  rejoint  à  l'autre  bras  ,  au-deflus  de  la  petite 
ifle  de  Blankenbourg ,  vis-à-vis  de  Vlaerdingen.  *  Dicl. 
Géograph.  des  Pays-Bas, 

MEWARI ,  ville  du  Japon  ,  dans  l'ifle  de  Niphon» 
Elle  eft  bâtie  fur  une  colline  ,  au  pied  de  laquelle  régnent 
de  tous  côtés  de  vafles  campagnes ,  iemées  de  bleds  ôc 
de  riz,  entrecoupées  de  vergers,  pleins  de  pruniers  qui 
fourniflent  de  prunes  presque  tout  le  Japon.  On  en  fait 
confire  la  plupart  pour  s'en  fervir  en  buvant  du  thé  ou  du 
tzia.  Cette  ville  a  quantité  de  belles  tours.  Sur  i'extré- 
mité  de  la  côte  de  la  mer ,  on  voit  un  fort  beau  temple  , 
dont  la  pointe  fert  de  fare.  Il  y  a  dans  la  ville  feize  autres 
temples,  tous  fort  fomptueux.  Les  habitans  célèbrent 
tous  les  ans  dans  ce  lieu  une  fête  des  morts.  Les  cérémo- 
nies en  font  très-fingulicres.  Chacun,  vêtu  de  fes  plus 
beaux  habits,  porte  avec  beaucoup  de  refpecl:  fon  idole 
hors  de  la  ville ,  ôc  s'arrête  à  l'endroit  où  les  corps  de  fes 
païens  ont  été  brûlés  ;  ôc ,  pofant  l'idole  à  terre  ,  ils  fe 
profternent  jeunes  ôc  vieux ,  ôc  prient  les  uns  Xaca  ,  les 
autres  Amida ,  Canon  ,  ou  quelque  autre  dieu  ,  chacun 
fuivant  en  cela  fon  inclination  particulière ,  de  faire  grâce 
aux  âmes  de  leurs  païens  ,  &  de  ne  les  point  laifler  fouf=- 
frir  aux  eaux  de  Singoc ,  avec  les  médians  ôc  les  profanes  j 
mais  de  les  introduire  au  lieu  qu'habitent  les  bienheureux» 
lis  les  prient  avec  d'autant  plus  d'inftance ,  qu'ils  croient 
que  les  âmes  des  défunts  errent  pendant  quelques  années 
autour  de  leurs  tombeaux.  Ces  prières ,  que  de  jeunes 
hommes  accompagnent  d'offrandes  confidérables  ,  ayant 
été  faites,  chacun  reprend  fon  idole,  &  tous  enfemble 
forment  une  proceflîon  pour  retourner  à  la  ville.  Pen- 
dant ce  tems ,  ils  croient  tous  avoir  une  ame  à  leur  côté  j 
&  ils  l'entretiennent  fott  férieufement,  lui  faifant  faire 
les  réponfes  qu'ils  s'imaginent  les  plus  conformes  à  fon 
état.  Cet  entretien  dure  jusqu'au  logis  de  chaque  parti- 
culier ,  où  l'on  couvre  la  table  des  mets  les  plus  exquis , 
dans  une  gallerie  ,  dans  une  chambre  ou  fur  une  terrafle. 
Elle  y  demeure  couverte  l'espace  d'une  demi-heure,  après 
'  quoi  ils  la  retirent  ,  &  en  même-tems  tous  les  jeunes 
hommes  fortent  de  la  ville  en  foule ,  font  un  bruit  ex- 
traordinaire ,  ôc  frapent  l'air  avec  des  branches  d'arbres , 
perfuadés  que  par-là  ils  chaflènt  les  âmes  vers  leurs  tom- 
beaux. Après  avoir  couru  fort  long-tems ,  ils  retournent 
à  leurs  maifons,  où  ,  pour  fe  remettre  de  leurs  fatigues  , 
ils  paflent  la  nuit  à  boire  enfemble.  Il  y  a  des  villes  dans 
le  Japon  où  ces  jeunes  hommes  prétendent  chafler  les 
âmes  en  jettant  des  pierres  contre  les  maifons.  Labour 
du  roi ,  qui  fait  fon  féjour  à  Mewari  ,  eft  des  pins  belles  ôc 
des  plus  nombreufes.  L'appartement  de  fes  concubines  eft 
tout  proche  de  fon  palais.  *  Corn.  Dicl.  Ambaflàde  des 
Hollandois  au  Japon. 

MEUVE  ,  Meve  ou  Meau,  en  latin  Meva ,  ville  de 
Pologne.  Voyez.  Ghnief. 

MEWIS  ou  Nevis  ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale 
ôc  l'une  des  Antilles.  Elle  n'eft  pas  loin  de  S.  Chriflophe  j 
on  la  place  à  17  degrés  19  min.  de  latitude  nord.  Elle  eft 
aflez  petite.  11  n'y  a  qu'une  montagne  au  milieu  de 
l'ifle ,  ôc  qui  eft  fort  haute ,  d'accès  difficile  &  or- 
née d'arbres  vers  le  fommet  ;  autout  de  cette  montagne 
font  placées  les  plantations  qui  tendent  à  la  côte  de  la 
mer.  Il  y  a  diverfes  fources  d'eau  fraîche  :  quelques  unes 
font  aflez  fortes  pour  porter  à  la  mer.  Il  y  a  auffi  une  four- 
ce d'eau  chaude  Ôc  minérale.  On  a  fait  près  de  la  nais- 
fance  de  cette  fource  des  bains  que  l'on  trouve  fort  falu- 
taires  pour  diverfes  maladies. 

Les  Anglois  s'établirent  dans  cette  ifle  en  1628.  ôc  en 
font  demeurés  poflefleurs  jusqu'à  préfent.  L'ifle  fournit 
abondamment  à  l'entretien  des  habitans  ;  car  elle  produit 
du  fucre ,  du  coton,  du  gingembre ,  du  tabac,  ôcc.  Il  n'y  a 
aucune  des  ifles  Caraïbes  qui  foit  fi  bien  gouvernée  que 

celle-ci 


MEX 


MEX 


%6$ 


Celle-ci  :  la  juftice  y  eft  exercée  fans  partialité  ,  &  toutes 
les  débauches  y  font  févérement  punies  par  un  arrêté  des 
plus  anciens  ôc  des  meilleurs  habitans. 

On  compte  dans  cette  ifle  trois  églifes.  On  y  a  bâti  un 
fort,  garni  de  bons  canons  qui  commandent  à  une  gran- 
de diftance ,  &  mettent  la  rade  ôc  le  port  en  fureté.  *  L'A- 
rnér.  Arig.  p.  64. 

MEUX  ou  S.  Martin  de  Meux  ,  bourg  de  France  , 
dans  la  Saintonge ,  élection  de  Saintes. 

MEUYE  CANIBRY,  ville  d'Egypte.  Dapper  ,  Dcfcr. 
de  l'Egypte  ,  p.  55.  dit  :  A  côté  de  Chargnie  ,  on  trouve 
la  ville  Meuve  Canibry  ,  à  demi-chemin  de  Damiéte  eu 
Grand  Caire ,  ôc  enfuite  on  trouve  Caracanie.  Corneille  , 
apparemment  en  eftropiant  le  nom ,  félon  fa  cour  urne  , 
écrit  Meufe-Canibry.  Je  ne  trouve  fur  la  carte  du  Delta  , 
dreffée  par  del'Ifle  fur  les  mémoires  de  Lucas ,  ni  Meuye 
Canibry  ,  ni  Meuz.e  Canibry. 

MEXAT-ALI,  ville  de  l'Irac-Rabi ,  ou  de  l'Irac  pro- 
pre, entre  lEuphrate  ôc  le  lac  de  Rehemat.  Corneille, 
dans  fon  dictionnaire,  ajoute  fur  le  témoignage  de  Davi- 
ty  ,  qu'on  la  nomme  aulU  Mam-Ali>  c'eit- à-dire  ,  mai- 
fon  d'oraifori  d'Ali.  Il  y  a  plus  de  mille  ans  qu'elle  fut  bâ- 
tie près  d'un  lac  que  fait  l'Euphrate  ,  ou  l'une  de  fes  bran- 
ches ,  à  deux  journées  de  Bagdat ,  felon'ce  que  rapporte 
dom  Jean  de  Perfe.  Tandis  qu'elle  floriffoit  par  le  moyen 
des  dons  que  les  fetStateuJs  d'Ali  faifoient  à  fa  mosquée  , 
on  y  comptoit  fix  à  fept  mille  maifons.  Préfentement  il 
n'y  en  a  plus  que  cinq  cens  qui  foient  habitées.  Elles  font 
faites  de  briques  &  de  chaux  ,  ainfi  que  la  mosquée  d'Ali , 
qui  a  paffépour  une  des  plus  célèbres  de  l'Afie.  On  rient 
qu'il  y  a  dans  cette  mosquée  trois  grandes  lampes  d'or  en- 
richies d'un  grand  nombre  de  pierreries  offertes  par  di- 
vers princes.  LesPerfans  y  vont  de  toutes  parts  en  pè- 
lerinage ,  ôc  rendent  ce  lieu  fi  riche ,  qu'il  y  a  plus  de 
mille  lampes  d'or  ou  d'argent.  Il  fe  trouve  dans  cette 
mosquée,  pour  la  deffervir  ,  plus  de  quatre  cens  zeytes, 
ou  prêtres ,  que  les  Turcs  nomment  Alphaquis.  Les  habi- 
tans de  Mexat-Ali  n'ont  point  de  bois,  non  plus  que 
ceux  de  Mexat-Ocem  ,  ce  qui  les  oblige  de  brûler  de 
la  fiente  féche  de  bœuf,  ou  de  chameau.  Ils  n'ont  auffi 
qu'une  fontaine  falée  ;  &  ,  fi  l'on  veut  de  l'eau  douce  ,  il 
faut  l'aller  prendre  dans  un  aqueduc  ,  que  le  Sultan  Selim 
fit  faire  autrefois  ,  depuis  l'Euphrate  ,  jusqu'à  trois  lieues 
loin.  Il  y  a  dans  Mexat-Ali  une  garnifon  de  cinquante 
Turcs,  pour  tenir  le  peuple  dans  le  devoir.  Les  murailles 
de  la  ville,prife  par  quelques-uns  pour  celle  de  Cufe,  qui 
en  fut  voifine  ,  font  ouvertes  en  plufieurs  endroits.  *  De 
ïljle,  Atlas. 

MEXAT-OCEM,  ou  Rereesa  ;  ville  de  l'Irac-Rabi , 
ou  de  l'Irac  propre ,  fur  le  bord  occidental  de  l'Euphra- 
te ,  au  nord  de  Mexat-Ali.    Mexat-Ocem  ,    veut  dire 
mosquée  d:Ocem  ,  on  lui  a  donné  ce  nom  àcaufe  d'O- 
cem,  fils  d'Ali ,  qu'on  prétend  y  avoir  été  enterré.    La 
tradition  porte  ,  dit  Corneille  ,  Diïïionnairc  ,  après  Dà- 
vity  ,  qu'Ocem  mourut  de  foif  dans  ce  lieu-là  ,  qui  étoit 
défert  auparavant.   C'eft  pour  cela  que  les  Maures  ôc 
ceux  qui  fuivent  la  fecle  d'Ali ,  croient  que  c'eft  faire  une 
grande  œuvre  de  piété  que  de  donner  à  boire  pour  l'a- 
mour de  Dieu ,  à  ceux  qui  en  veulent.    Ainfi  plufieurs 
vont  par  les  rues  avec  des  outres  pleines  d'eau  ôc  des  tas- 
fes  de  laiton ,  bien  nettes ,  pour  en  donner  fans  argent. 
Us  en  prennent  feulement ,  quand  on  en  offre.  Il  y  a  des 
puits  communs  d'une  très  bonne  eau,  ôc  hors  delà  ville 
du  côté  de  l'Euphrate ,  deux  étangs  carrés  qui  fervent 
de  réfervoirs  à  l'eau  d'un  aqueduc ,  qui  n'en:  d'ufage  pouf 
les  habitans ,  que  dans  leurs  plus  grands  befoins.  La  ville 
eft  ouverte  •,  il  y  a  quatre  mille  maifons ,  dont  quelques- 
unes.quoique  baffes ,  font  très-bien  bâties  pour  le  pays.  Les 
places  du  marché  font  toutes  voûtées.Quant  à  la  mosquée, 
elle  eft  dédiée  à  Ocem  ,  ôc  faite  de  briques.  Une  partie  eft 
à  la  mofaïque  ,  ôc  elle  eft  accompagnée  d'un  minaret. 
Tous  les  habitans  de  Mexat-Ocem  font  Mahométans  ; 
mais  Kaphazâs  ,  ou  Xiaphis ,  c'eft-à  dire,  feétateurs  d'A- 
li. Us  ne  peuvent  fournir  aucune  fede  ,   foit  Maures , 
Juifs,  ou  Chrétiens  :  fur-tout  ils  haïflènt  mortellement  les 
Chrétiens  ôc  les  Juifs ,   ôc  aucune  perfonne  d'une  de  ces 
deux  religions  ne  demeure  parmi  eux.  Ils  ont  quantité  de 
bétail  gros  &  menu  ,  qui  eft  nourri  dans  les  pâturages  des 
ÇWMttS  )  principalement  dans  certaines  campagnes,  qui 


font  toujours  vertes  ,  à  caufe  de  l'eau  qu'on  y  amaffe  pen- 
dant l'hiver.  Le  terroir  produit  beaucoup  de  bled  &c  d'or- 
ge, ôc  quantité  de  légumes  ,  avec  quelques  fruits  feoi- 
blablcs  aux  nôtres  ;  mais  ii  y  a  fort  peu  d'arbres.  *  De 
l'IJle,  Atlas. 

MEXICANO,  ou  Rio  Mexicano  ,  rivière  de  l'A- 
mérique feprentrionale  ,  dans  la  Louifiane.  Elle  fe  jette 
dans  le  golfe  de  Mexique,  à  trente  ou  trente  cinq  lieues 
à  l'ouefi  du  Mifliflipi >  à  travers  de  grandes  prairies  ma- 
récageufes. 

MEXICO.  Voyez.  Mexique. 

MEXIMIEUX  ,  bourg  de  France,  dans  la  Bourgogne  ; 
bailliage  ôc  recette  de  Breffe  ,  avec  titre  de  baronnie.  Il 
y  a  une  églife  collégiale  &  une  mairie. 

1.  MEXIQUE  ,  ou  Mexico  ,  ville  de  l'Amérique 
feptentrionale,  la  plus  belle  ôc  lapins  confidérable  du 
nouveau  monde  ,  la  capitale  de  l'empire  du  Mexique  ,  à 
vingt-deux  lieues  de  la  Puebla  ,  ôc  à  quatre-vingt  de  la 
Vera-Cruz,.  Elle  avoit  été  connue  au  commencement 
de  fa  fondation  fous  le  nom  de  Temtchittlan ,  ou  fous 
quelqu'autre  approchant.  On  fait  finement  qu'elle  étoic 
très  grande,  &  qu'elle  contenoit  foixante  mille  familles 
en  deux  quartiers  féparés ,  dont  l'un  nommé  Tlateluco , 
n'étoit  rempli  que  de  menu  peuple,  Ôc  l'autre  appelle 
Mexico ,  étoit  le  féjour  de  la  cour  ôc  de  toute  la  no- 
bleffe  ;  d'où  la  ville  entière  avoit  pris  le  nom  de  ce  quar- 
tier. *  Hijtoire  de  la  conquête  du  Mexique ,  1.  3.  c.  13. 

La  ville  de  Mexique  étoit  fituée  au  milieu  d'une 
vafte  plaine  enroulée  de  tous  côtés  de  hautes  montagnes, 
dont  les  torrens  &  les  ruifleaux  alloient  former  divers 
étangs  dans  la  vallée  ,  ôc  au  centre  de  deux  grands  lacs , 
que  la  nation  Mexicaine  occupoit  par  plus  de  cinquante 
villes ,  ou  bourgades.  Un  de  ces  lacs  étoit  d'eau  douce  , 
ôc  l'autre  d'eau  falée.  Voyez,  ci-après  au  mot  le  Lac  de 
Mexique.  C'étoit  presqu'au  milieu  du  lac  d'eau  falée  que 
l'on  avoit  fondé  la  ville  de  Mexique  ,  dont  la  hauteur 
efl  à  1 9.  d,  1 3.  m.  dé  lat.  fep.  fous  la  Zone  torride.  Quoi- 
que dans  cette  fituation  elle  jouiffoit  d'une  température 
d'air  agréable  &  fain  ,  le  froid  &  la  chaleur  s'y  faifoient 
fentir  en  leur  faifon  >  ôc  l'un  ôc  l'autre  dans  un  degré  mo- 
déré ;  l'humidité  qui  pouvoit  le  plus  attaquer  la  fanté  ,  ;\ 
caufe  de  la  fituation  du  lieu,  étoit  corrigée  par  les  vents 
ôc  par  le  folcil. 

Cette  grande  ville  avoit  des  lieux  très-agréables  au 
milieu  des  eaux  ,  ôc  communiquoit  à  la  terre  par  fes  di- 
gues ,  ou  chauffées  principales ,  ouvrages  aufïï  beaux  qu'u- 
tiles. La  première  de  ces  digues  ,  du  côté  du  midi ,  avoic 
deux  lieues  de  longueur  ;  ôc  c'eit  par  où  les  Espagnols  fi- 
rent leur  entrée  ;  l'autre,du  côté  du  feptentrion,  n'étoit  que, 
d'une  lieue  ;  ôc  la  troifiéme,  un  peu  moindre,  regardoit  à 
l'occident. Les  rues  de  la  ville  étoient  fort  larges,  &  parois- 
soient  avoir  été  tirées  au  cordeau  :  les  unes  étoient  d'eau 
avec  leurs  ponts,  pour  la  communication  des  habitans;  les 
autres  ,  de  terre  rapportée  ;  enfin  on  en  voyoit  quelques- 
unes  de  terre  &  d'eau  tout  cnfemble  i  la  terre  étoit  des 
deux  côtés  pour  le  paffage  des  gens  de  pied  ,  ôc  l'eau  au 
milieu  pour  l'ufage  des  canots  &  des  barques  de  diyerfe 
fabrique,  qui  navigeoient  par  tout  dans  la  ville,  ou  qui 
fet voient  au  commerce ,  ôc  dont  le  nombre  alloit  jusqu'à 
cinquante  mille  ,  fans  compter  les  moindres  canots,  que 
les  Mexicains  appellent  Actles ,  faits  d'un  feul  tronc 
d'arbre  ,  &  capables  de  contenir  un  homme  qui  rame. 

Les  édifices  publics  ôc  les  maifons  des  nobles,  c,:  i 
compofoient  la  plus  grande  partie  de  la  ville  ,  étoient  de 
pierres  ôc  bien  bâties  :  celles  du  peuple  étoient  baffes  ôc 
inégales  ;  mais  les  unes  ôc  les  autres  avoient  été  dispoi.  s 
de  façon,  qu'elles  hiffoient  différentes  places  vuides  ou 
l'on  tenoit  marc!!'.  La  place  de  Tlateluco,  d'une  éren-- 
duc  admirable  ,  étoit  celle  où  l'on  voyoir  le  plus  grand 
concours  de  monde ,  à  caufe  de  fes  foires  où  les  mar- 
chands ôc  les  pa)  !ans  du  royaume  fe  rendoienr  à  cer- 
tains jours  de  l'année  ,  avec  ce  qu'ils  avoient  de  plus 
précieux,  tant  en  production  de  la  terre,  qu'en  manu- 
factures. Ils  y  venoient  en  fi  grand  nombre ,  que  cette 
place,  quoique  d'une   étendue  extraordinaire ,  étoit"  fi 
remplie,  qu'à  peine  les  acheteurs  pouvoienr  y  entier. 
L'achat  ôc  la  vente  fe  faifoient   par  échange  ;  çnâç'uri 
donnoit  ce  qu'il  avoit  de  trop ,  pour  avoir  ce  qui  lui 
manquoir.  Le  maïs  &  ic  cacao  fer  voient  feulement  de 
monnoie  pour  !çs  chofes  de  moindre  valeur.  Ils  rie    * 

1m.iv.   L| 


2.66 


MEX 


MEX 


régloie  nt  pas  par  les  poids ,  qu'ils  .  ne  connoiflbient 
point  ;  mais  ils  avoicnt  différentes  mefures  qui  leur 
fervoienr  à  diftinguer  la  quantité ,  outre  l'ufage  des 
chiftes  Se  des  nombres  par  lesquels  ils  déterminoienc 
le  prix  de  chaque  chofe ,  fuivp.nt  la  taxe. 

Il  y  avoit  une  maifon  où  les  juges  du  commerce  te- 
noient  leur  tribunal  deltiné  à  régler  les  différends  entre 
les  négocians.  D'autres  miniftres  inférieurs  alloient  par 
les  marchés  maintenir  par  leur  autorité  l'égalité  dans 
les  traités  ;  Se  ils  rapportoient  au  premier  tribunal  les 
caufes  où  ils  trouvoient  que  la  fraude  ,  ou  l'excès  du 
prix ,  méritoient  quelque  châtiment.  On  ne  favoit  ce  qui 
devoit  être  le  plus  admiré,  ou  de  l'abondance  Se  delà 
diverfité  des  marchandises,  ou  de  l'ordre  Se  de  la  po- 
lice de  ces  marchés  dans  lesquels  une  multitude  pres- 
qu'infinie  de  peuple  trafiquoit  fi  paifiblement. 

Les  temples  s'élevoient  magnifiquement  au-deflus  des 
autres  édifices.  Le  plus  grand  ,  qui  étoit  le  lieu  de  la 
réfidence  du  chef  des  facrificateurs ,  étoit  confacré  à 
l'idole  Vitz.tdlipnz.il  ,  qui  fignifie  en  leur  langue  le 
dieu  de  la  guerre  ,  Se  qui  pafibit  pour  le  fouverain  de 
tous  les  dieux.  Les  auteurs  espagnols  font  fort  oppofés 
les  uns  aux  autres  fur  la  defciiption  de  ce  fuperbe  bâ- 
timent. Herrera  s'eft  entièrement  attaché  à  celle  de 
Gomara;  ceux  qui  l'ont  vu  depuis ,  n'ont  été  rien  moins 
que  fidèles  en  ce  point.  Les  écrivains  modernes  en  ont 
formé  des  defieins  fuivanr  leur  imagination.  Je  fuivrai 
le  père  Jofeph  d'Acofta  Se  d'autres  plus  exacts  Se  mieux 
informés.  On  entroit  d'abord  dans  une  grande  place 
carrée  Se  fermée  de  murailles  de  pierres,  où  plufieurs 
couleuvres  de  relief,  entrelacées  de  diverfes  manières 
au-dehors  de  la  muraille ,  imprimoient  de  l'horreur , 
principalement  au  frontispice  de  la  première  porte  ,  qui 
en  étoit  chargée.  Avant  d'arriver  à  cette  porte ,  on 
rencontroit  une  espèce  de  chapelle  qui  n'étoit  pas 
moins  affreufe  ;  elle  étoit  de  pierres ,  élevée  de  trente 
degrés  avec  une  terraffe  en  haut ,  où  on  avoit  planté  fur 
un  même  rang  Se  d'espace  en  espace  plufieurs  troncs  de 
grands  arbres  taillés  également ,  Se  qui  foûtenoient  des 
perches  qui  paflbient  d'un  arbre  à  l'autre.  Ils  avoicnt 
enfilé  par  les  tempes  à  chacune  de  ces  perches  quel- 
ques crânes  des  malheureux  qui  avoient  été  immolés  , 
dont  le  nombre  étoit  toujours  égal  ,  parce  que  les 
miniftres  du  temple  avoicnt  foin  de  remplacer  ceux 
qui  tomboienr  par  l'injure  du  tems.  Les  quatre  côtés 
de  la  place  avoient  chacun  une  porte  :  elles  croient  ou- 
vertes aux  quatre  principaux  vents,  Se  chacune  avoi 
fur  fou  portail  quatre  ftatues  de  pierres,  qui  fembloicnt1 
par  leur  attitude  montrer  le  chemin  ,  comme  fi  elles 
enflent  voulu  renvoyer  ceux  qui  n'étoient  pas  bien  dis- 
pofés.  Elles  tenoient  le  rang  des  dieux  liminaires  ou 
portiers  ,  Se  on  leur  faifoit  quelques  révérences  en  en- 
trant. Les  logemens  des  facrificateurs  Se  des  miniftres 
étoient  appliqués  à  la  partie  intérieure  de  la  muraille 
de  la  place ,  avec  quelques  boutiques  qui  en  occu- 
poient  le  refte  du  circuit ,  fans  retrancher  que  très-peu 
de  chofe  de  fa  capacité.  Elle  étoit  fi  vafte  ,  que  huit  à 
dix  mille  perfonnes  y  danfoient  commodément  aux  fê- 
tes folemnelles.  Au  centre  de  cette  place  s'élevoit  un 
grand  édifice  de  pierres,  qui  dans  un  tems  ferein  fe 
découvroit  au-deflus  des  plus  hautes  touts  de  la  ville  : 
il  alloit  toujours  en  diminuant  Se  formoit  une  demi-py- 
ramide ,  dont  trois  des  côtés  étoient  en  glacis ,  Se  le 
quatrième  foûtenoit  un  escalier.  Il  avoit  toutes  les  pro- 
portions de  la  bonne  architecture: fa  hauteur  étoit  de 
fîx-vingt  matches,  Se  fa  confhuction  fi  folide ,  qu'elle 
fe  terminait  en  une  place  de  quarante  pieds  en  carré , 
pavée  de  divers  carreaux  de  jaspe  de  routes  fortes  de  cou- 
leurs. Les  piliers ,  ou  appuis  ,  d'une  espèce  de  baluftrade 
qui  regnoit  autour  ,  étoient  tournés  en  coquille  de  li- 
maçon, Se  revêtus  par  les  deux  faces  de  pierres  noi- 
res, femblables  au  jais,  appliquées  avec  foin  Se  jointes 
par  le  moyen  d'un  bitume  ronge  Se  blanc  ;  ce  qui  don- 
noit  beaucoup  d'agrément  à  tout  l'édifice.  Aux  deux  cô- 
tés de  la  baluflrade ,  à  l'endroit  où  l'escalier  finifloit , 
deux  ftatues  de  marbre  foûtenoient  deux  grands  chan- 
deliers d'une  façon  extraordinaire.  Plus  avant ,  une  pierre 
verte  s'élevoit  de  cinq  pieds  de  haut  ;  elle  étoit  taillée 
en  dos  d'âne;  on  y  étendoit  le  miférable  qui  devoit 
fervir  de  victime,  Se  à  qui  ou  fendoit  l'eftomac  pour 


lui  tirer  le  cœur.  Au-defius  de  cette  pierre,  en  face  de 
l'escalier  ,  un  trouvoit  une  chapelle  ,  dont  la  ftructure 
étoit  lolide  Se  bien  entendue  ,  couverte  d'un  toit  de  bois 
rare  Se  précieux ,  fous  lequel  étoit  placée  l'idole  fur  un 
autel  fort  élevé  ,  entourée  de  rideaux.  Elle  avoit  la  figure 
humaine,  Se  étoit  affile  fur  un  trône  foûtenu  par  un 
globe  d'azur  ,  qu'on  appelloit  le  ciel.  11  fortoit  des  deux 
côtés  de  ce  globe  quatre  bâtons,  dont  le  bout  étoit 
taillé  en  tête  de  ferpent ,  Se  que  les  facrificateurs  por- 
toient  fur  leurs  epaules ,  lorsqu'ils  produifoient  leur  idole 
en  public.  Elle  avoit  fur  la  tête  un  casque  de  glumes 
de  diverfes  couleurs  ,  fait  en  figure  d'oifeau ,  avec  le 
bec  Se  la  crête  d'or  bruni.  Son  vifage  étoit  affreux  Se 
févere,  Se  encore  plus  enlaidi  par  deux  lignes  bleues , 
l'une  fur  le  front  cv  l'autre  fur  le  nez.  Sa  main  droite 
s'appuyoit  fur  une  couleuvre  ondoyante  ,  qui  lui  fer- 
voit  de  bâton:  la  gauche  portoit  quatre  flèches,  qu'on 
révéroit  comme  unpufent  du  ciel ,  &  fon  bras  étoit  orné 
d'un  bouclier  couvert  de  cinq  plumes  blanches  mifes  en 
croix.  Tous  ces  ornemens  avoient  leur  lignification  my- 
ftérieufe.  Une  autre  chapelle  ,  à  gauche  delà  piemiere 
Se  de  la  même  fabrique  &  grandeur,  enfeimoit  l'idole 
appellée  Tlalocb\  elle  reflembloit  en  tout  à  celle  qu'on 
vient  de  décrire  :  au  Ai  tenoit-on  ces  dieux  pour  frères. 
Ils  partageoient  entr'eux  le  pouvoir  fouverain  fur  la 
guerre,  étoient  égaux  en  forcent  uniformes  en  volonté  i 
auflî  ne  leur  onroit-on  à  tou^deux  qu'une  même  vi- 
ctime: on  les  prioit  en  commun  ,  Se  on  les  remercioit 
également  des  bons  fuccès.  Le  tréfor  de  ces  deux  cha- 
pelles étoit  d'un  prix  ineftimable  ;  les  murailles  Se  les 
autels  étoient  couverts  de  pierres  précieufes  fur  des 
plumes  de  diverfes  couleurs. 

Il  y  avoit  huit  temples  dans  la  ville  ,  auflî  riches  Se 
bâtis  à  peu  près  de  la  même  manière.  Les  autres  moin- 
dres alloient  à  deux  milles:  on  y  adoioit  autant  d'ido- 
les difit'rentes  en  nombre,  en  figuies  &  en  pouvoir;  à 
peine  y  avoit  il  une  rue  qui  n'eût  fon  dieu  tutélaîre; 
Se  il  n'eft  point  de  mal  attaché  à  l'infirmité  de  notre 
nature ,  qui  n'eût  fon  autel  auquel  on  couroii  pour  y 
demander  le  remède. 

Originairement  les  habitans  de  cette  ville  étoient 
partagés  en  fept  familles ,  ou  tribus ,  qui  fe  gouvernè- 
rent long-tems  dune  manière  ariftocratique,  jusqu'à  ca 
que  la  plus  puiflante  de  toutes  les  tribus  ,  appellée  Na- 
vatalcas ,  élut  un  roi  :  le  premier  s'appelloit  Vitzilo- 
vitli  ;  le  fécond,  Acamopitzli  ;  le  troifiéme,  Chimal. 
papoca;  le- quatrième,  lzchoalt;  le  cinquième,  Monte- 
zuma  I ,  le  fixiéme  Acacis  ;  le  feptiéme  ,  Axaiaca  ;  le 
huitième  ,  Anulol  ;  le  neuvième  Montezuma  II ,  qui 
regnoit  lorsque  Cortcz  y  arriva;  le  dixième,  Quahu- 
timoc,  qui  perdit  la  ville  de  Mexique,  &  qui  mit  fin 
à  l'ancien  empire  du  Mexique.  *Thumas  Gage,  Relar. 
des  Indes  occid.  t.  i .  p.  1 5  7.  Se  fuiv. 

Le  plus  heureux  de  tous  ces  rois  fut  Izchoalt,  qui, 
par  le  moyen  de  fon  coufin  Tlacaellec,  fubjugua  les  fis 
autres  tribus  Se  les  affujettit  aux  rois  de  Mexique:  mais 
les  plus  malheureux  furent  les  deux  derniers,  qui  furent 
vaincus  par  Cortez.  L'emprifonnement  du  premier  dans 
la  maifon  de  Cortez  fit  foulever  les  Mexicains  contre 
les  Espagnols  :  ils  attaquèrent  la  maifon  à  coups  de 
pierres  ,  dent  une  frappa  Montezuma  fi  rudement  à  la 
tempe,  qu'il  en  mourut  fur  le  champ.  Quahutimoc,  qui 
lui  fuccéda  ,  continua  à  battre  la  maifon  de  Cortez ,  qui 
fut  contraint  de  s'enfuir  avec  tous  les  Espagnols  :  ils  fe 
fottifierent  à  Tlaxcallan  ,  Se  ,  ayant  fait  conltruire  feize 
ou  dix-huit  brigantins,  qu'ils  mirent  fur  le  lac  ,  ils  aflîé- 
gerent  bientôt  après  Mexique  par  eau  &  par  terre,  Se 
réduifirent  les  habitans  à  une  telle  diletee  de  vivres, 
qu'ils  moururent  pour  la  plupart  de  faim  Se  de  mala- 
die ;  malgré  cette  mifere,  Se  quoiqu'ils  vident  les  pa- 
lais de  leur  roi  Se  une  grande  partie  de  leur  ville  con- 
fumée  par  le  feu  ,  ils  fe  deiendoient  toujours  de  rue 
en  rue.  A  la  fin  le  roi  ayant  été  pris  en  fe  fauvant, 
Cortez,  l'ayant  confolé  de  fon  mieux  ,  le  ptia  d'ordon- 
ner à  les  fujets,  qui  téllfloienr  encore,  de  fe  rendre,  ce 
que  Quahutimoc  ayant  fait ,  ils  mirent  les  armes  bas  , 
quoique  ,  malgré  le  yrand  nombre  des  morts  Se  des  pri- 
fonniers ,  ils  fuffent  encore  plus  de  (oixante  Se  dix 
mille  hommes.  Ceft  ainfi  que  fut  ptife  cette  fameufe 
ville  de  Mexique,  le  13  d'Août  ijzi. 


MEX 


Correz  ,  après  fa  conquête ,  fit  rebâtir  la  ville  ,  Se  la 
partagea  entre  les  conquérans ,  après  avoir  marqué  les 
places  pour  les  églifes,  pour  les  marchés,  pour  l'hôtel 
de  ville  &  pour  les  autres  édifices  publics.  Il  répara  la 
demeure  des  Espagnols  de  celle  des  Indiens ,  Se  encore 
à  préfent  l'eau  les  fépare  les  uns  d'avec  les  autres  ;  il 
promit  outre  cela  à  tous  ceux  qui  étoient  natifs  de  la 
ville  ,  &  à  ceux  qui  voudroient  y  venir  demeurer ,  des 
emplacemens  pour  bâtir  des  maiions  avec  de  grands  pri- 
vilèges ;  il  mit  en  liberté  Xitiuaco ,  général  des  troupes 
du  Mexique,  lui  donna  une  rue  entière,  Se  le  fit  chef 
de  tous  les  Indiens  de  la  ville  ,  il  donna  auiîî  une  rue 
à  dom  Pierre  Montezuma ,  fils  du  feu  roi  Montezuma , 
afin  de  gagner  par-là  l'applaudiffement  du   peuple  ;  il 
diftribua  encore  quelques  ifles  Se  quelques  rues  à  d'au- 
rres  gentilshommes  pour  y  bâtir,  de  forte  que   toutes 
les  places  furent  diftribuées.  Peu  à  peu  la  ville  de  Mexi- 
que fe  rebâtir ,  Se  fes  nouvelles  maifons  fe  trouvèrent 
beaucoup  plus  belles  Se    meilleures  que  les  anciennes. 
Cortez  bâtit  la   fienne  fur  les  fondemens  de  celle  de 
Montezuma  ;  il  en  fit  un  palais  magnifique  où  l'on  em- 
ploya 7000  poutres  de  cèdres  dans  la  feule  charpente. 
On  fit  de  beaux  canaux ,  qu'on  couvrit  par  le  moyen 
d'un  grand  nombre  d'arcades  ;  on  condamna  ,  ou  on  com- 
bla les  rues  ou  canaux  d'eau  qui  étoient  dans  la  ville, 
&  l'on  bâtit  deffus  quantité  de  belles  maifons ,  de  forte 
que  la  ville  n'eft   plus'  bâtie  comme  elle  l'étoit  autre- 
fois ;  il  s'en  faut  de    beaucoup    que    l'eau  en   appro- 
che comme  elle  avoit  accoutumé  de  faire.  Dans  la  fai- 
fon  des  pluies ,  qui  commencent  vers  le  mois  de  Mai , 
on  ne  peut  entrer  dans  Mexico  que  par  trois  chaus- 
fées ,  dont  la  plus  petite  a  une  grande  demi-lieue  de 
longueur  ;  les  deux  autres  font  d'une  Se  d'une  Se  de- 
mie. Mais  dans  le  tems  de  féchereffe ,  le  lac  au  milieu 
duquel  la  ville  ettfituéc,  diminue  confidérablement.  Les 
Espagnols  fe  font  efforcés  de  faire  écouler  les  eaux  à 
travers  les  montagnes  qui  environnent  la  plaine,  où  fe 
trouve  le  lac  de  Mexique  ;  mais  leur  travail  n'a  abouti 
qu'à  diminuer  les  grandes   inondations.  Mexico  feroit 
fort  fain  ,  fi  le    lac  ne  jettoit  quelquefois  une  vapeur 
très-puante.  On  peut  être  toute  l'année  habillé  de  drap 
d'Espagne,  quoiqu'on  foit  environ  à  20  degrés  de  lati- 
tude nord.  Dans  le  fort  de  l'été  on  n'a  qu'à  fe  tenir  à 
l'ombre  pour   fe  garantir  de  la  chaleur.  C'eft   ce  qui 
donna  lieu  à  la  réponfe  que  fit  autrefois  à  Charles  V. 
un  Espagnol  nouvellement  arrivé  du  Mexique.  Ce  prince 
lui  ayant  demandé  combien  de  tems  il  y  avoit  au  Mexi- 
que entre  l'été  Se  l'hiver  :  Autant  de  tems  ,Sire,  lui  répon- 
dit-il, qu'il  en  faut  pour  pafler  du  foleil  à  l'ombre.  Les 
pluies,  qui  ne  finiflent  qu'après  l'été  ,  contribuent  aufli 
beaucoup  à  modérer  les  grandes  chaleurs.  *  Leit.  édift, 
t.  1 1 .  p.  117. 

Il  y  avoit  ci-devant  pour  le  moins  deux  mille  habi- 
tans  qui  avoient  chacun  un  cheval  à  l'écurie,  des  ar- 
mes Se  un  équipage  fort  lelle  ;  mais  à  préfent  que  tous 
les  Indiens  des  pays  circonvoiiins  ont  été  alïujettis , 
principalement  autour  de  Mexico ,  où  l'on  ne  craint 
plus  qu'ils  fe  foulevent  contre  les  Espagnols  ,  l'exercice 
&  la  profefilon  des  armes  font  allez  négligés.  Les  Es- 
pagnols vivent  en  fi  grande  affurance  dans  cette  ville , 
qu'il  n'y  a  ni  portes ,  ni  murailles,  ni  battions ,  ni  tours, 
ni  arfenal ,  ni  munitions ,  ni  canons.  C'eft  cependant 
une  des  plus  riches  villes  du  monde  pour  le  commerce. 
Par  la  mer  du  Sud  ,  elle  trafique  dans  tous  les  endroits 
du  Pérou  ;  mais  fur-tout  fon  négoce  elt  très  confidé- 
vable  dans  les  Indes  orientales  ,  d'où  elle  tire  des  mar- 
chandilés  par  l'entrepôt  des  Philippines,  où  l'on  en- 
voie tous  les  ans  deux  grands  gallions  avec  deux  autres 
moindres  vaifièaux  ,  Se  il  en  revient  un  pareil  nombre 


MEX      2.67 


de  gentilshommes.  Une  infinité  de  perfonnes  précén- 
dent  descendre  de  ces  conquérans  ,  quoiqu'il  y  en  ait  qui 
foient  aufli  pauvres  que  Job.  Si  on  leur  demande  ce 
qu'eit  devenu  leur  bien,  ils  répondent  que  la  fortune 
le  leur  a  ôté  ;  mais  qu'elle  ne  iauroit  leur  ravir  l'hon- 
neur ni  leur  qualité. 

Toutes  les  maifons  font  bâties  de  pierres  ou  de  bri- 
ques ;  elles  ne  font  pas  élevées ,  à  caufe  des  fréquens 
tremblemens  de  terre.  Les  rues  font  forr  larges,  de  ma- 
nière que  trois  carrofies  peuvent   aller  de  front  dans 
celles  qui  font  les  plus  étroites  ;  il  en   pourroit  parTer 
pour  le  moins  fix  dans  les  plus  larges ,  ce  qui  fait  que 
la  ville  paroit  beaucoup  plus  grande  qu'elle  n'eft.  On" 
a    compté   à   Mexico    trente  ou  quarante  mille  habi- 
tans  Espagnols  ,  dont  plus  de  la  moitié  entretenoit  car- 
rofie ,  de    forte  qu'on   afiuroit  qu'il  y    avoit  plus  de 
quinze  mille  carrofles  dans  la  ville.  On    dit   qu'il  y  a 
quatre  belles  chofes  à  Mexico  ;  les  femmes ,  les  habits , 
les  chevaux  Se  les  rues ,  mais  on  pourroir  y  ajouter  la 
beauté  des  carrofies  de  la  nobleffe;  pour  les  enrichir, 
on  n'y  épargne  ni  l'or  ,  ni  l'argent ,  ni  même  les  pierres 
précieufes.  Les  rues  des  villes  de  l'Europe  n'approchent 
point  de  la  netteté  de  celles  de  Mexico  ,  encore  moins 
de  la  richefle  des  boutiques  qui   leur  fervent  ri'orne- 
mensj  fur- tout  celles  des  orfèvres  font  remarquables  par 
les  grandes  richeffes  Se  la  beauté  des  ouvrages  qu'on 
y  voir.  Quand  on  parle  de  la  beauté  des  femmes,  on 
entend  fans  doute  des  blanches  ;  car  elles  ne  le  font  pas 
toutes ,  à  beaucoup  près.  On  ne  compte  guère  que  dix: 
mille  blancs  dans  Mexico  ;  le  refte  des  habitans  eft  coin- 
pofé  d'Indiens,  de   Noirs  amenés  d'Afrique  ,  de  Mu- 
lâtres, de  Mefiifs  &  d'autres  peuples  qui  descendent  du 
mélange  de  ces  diverfes  nations  entre  elles  Se  avec  les 
Européens  ;  ce  qui  a  formé  des  hommes  de  couleur  fi 
différente  depuis  le  blanc  jusqu'au  noir  ,  que  parmi  cent 
vifages,  à  peine   en   trouve-t-on  deux  qui  foient  de  la 
même  couleur. 

Quoique  Mexico  ne  foit  pas  la  ville  du  monde  la 
mieux  réglée  pour  les  mœurs ,  il  n'y  en  a  peut-être  point 
où  l'on  faffe  de  plus  grandes  libéralités  aux  églifes  Se 
aux  maifons  rcligieufes  ;  auifi  les  églifes  font  elles  ri- 
ches Se  très-bien  bâties.  On  n'en  compte  que  cinquante , 
foit  paroiflîales,  foit  couvens  de  religieux  ou  de  reli- 
gieufes ,  mais  ce  font  les  plus  belles  églifes  qu'on  puiffe 
voir  ;  l'or  éclate  jusqu'aux  toits  Se  aux  poutres.  La  plu- 
part des  autels  font  ornés  de  colomnes  de  marbre  de 
diverfes  couleurs  ;  les  degrés  font  de  bois  de  Brefil , 
£e  les  moindres  tabernacles  font  eftimés  vingt  mille  du- 
cats. Outre  la  beauté  des  bâtimens ,  on  admire  les 
chapes,  chafubles,  dais  ,  tapifleries,  chafles  de  faints, 
où  l'or ,  l'argent  Se  les  pierreries  brillent  de  toutes 
parts. 

La  place  la  plus  confidérable  de  la  ville  eft  celle  du 
marché.  Elle  n'eft  pas  auflî  grande  qu'elle  étoit  du  temS 
de  Montezuma  j  elle  peut  néanmoins  pafler  pour  belle 
Se  fpacieufe.  Un  des  côtés  eft  tout  bâti  en  portiques, 
fous  lesquels  on  peut  aller  Se  venir ,  fans  être  incom- 
modé de  la  pluie,  Se  on  y  voit  des  boutiques  de  mar- 
chands fournies  de  toutes  fortes  d'étoffes  de  foie.  Au- 
devant  de  ces  boutiques  il  y  a  des  femmes  qui  vendent 
toutes  fortes  d'herbes  Se  de  fruits.  Vis-à-vis  de  ces  por- 
tiques eft  le  palais  du  viceroi  j  il  contient  presque  toute 
la  longueur  du  marché,  en  y  comprenant  les  jardins 
qui  en  dépendent.  Au  bout  du  palais  du  viceroi  efi  fi- 
tuée  la  principale  prifon  de  la  ville ,  qui  eft  bâtie  de 
bonne  maçonnerie  de  pierre.  Dans  le  voifinage  on 
trouve  la  belle  me  ,  qu'on  appelle  la  Vlateria  ,  ou  la  rue 
des  orfèvres.  D.ms  moins  d'une  heure  on  y  peut  voir 
la  valeur  de   plufieurs    millions  en  or ,  en  argent,  en 


a  Acapulco,  où  ils  déchargent  leurs  marchandifes  pour  perles  Se  en  pierres  précieufes  j  la  rue  de  feint  Augu- 

les  apporter  par  terre  à  Mexico.  ftin  eft  aufli  fort  riche ,  c'eft  où  demeurent  la  plupart 

Lorsqu'on  rebâtit  cette  ville,  il  y  avoit    grande  dlf-  des  marchands  de    foie.  Une  des  plus  longues  Se  des 

férence  entre  un  habitant  de  Mexique  Se  un  conque-  plus  larges  de  la  ville,  eft  celle  qu'on  appelle  T'abuca , 

ranr,  ce  dernier  nom  étoit  un  titre  d'honneur  qui  n'ap-  où  presque  toutes  les  boutiques  font  de  marchands  qui 


partenoit  qu'à  ceux  qui  avoient  conquis  le  pays ,  Se  à 
qui  le  roi  d'Espagne  donnoit  des  terres  Se  des  rentes 
pour  eux  &  pour  leur  poftérité  ;  au  lieu  que  ceux  qui 
n'étoient  qu'habitans ,  payoient  tous  les  ans  une  rente 
pour  la  maifon  où  ils  faifoient  leur  demeure.  C'eft  ce 
qui  a  rempli  le  pays  de  gens  qui  prennent  la  qualité 


vendenr  des  ouvrages  de  fer  ,  d'acier  Se  de  cuivre.  Cette 
rue  joint  l'aqueduc  qui  conduit  l'eau  dans ia  ville-,  on  la 
nomme  Tabuca,  parce  qu'elle  conduit  à  un  bourg  de 
même  nom.  La  rue  de  l'Aigle  eft  encore  plus  belle  par 
la  magnificence  de  fes  maifons.  On  lui  a  donné  ce  nom 
à  caufe  d'une  ancienne  idole  qui  eft  une  aigle  de  pierre 

Tom*  IV.  L)  ij 


2,68 


MEX 


EX 


d'une  grofîcur  farptenance ,  Se  qui  eft  encore  au  coin 
de  cette  rue  ,  où  demeurent  la  plupart  des  gentilshom- 
mes ,  des  courtifans  Se  des  officiers  de  la  chancel- 
lerie. 

L'audience  royale  du  Mexique  eft  dans  cette  ville  ; 
c'eft  le  viceroi  qui  y  préfide.  Paul  111.  établit  dans  cette 
ville  un  (ïége  archiépiscopal  en  1547.  L'archevêque  a 
pour  fuffragans  les    éveques 


De  Tlascala , 
De  Mechoacan , 
De  la  nouvelle  Galice , 
De  Chiapa , 


D'Yucatan  , 
De  Guatimala, 
De  la  Vera  Paz , 
Des  kles  Philippines. 


L'églife  cathédrale  ,  que  Cortez  avoit  commencé  de 
bâtir ,  a  été  achevée  par  le  préfident  Sébaffien  Rami- 
rez.  11  y  a  divers  couvens  de  Carmes ,  d'Auguftins  , 
de  Dominicains ,  de  Cordeliers  ,  de  Jéfuites  ,  de  la 
Merci ,  de  Récolets  Se  d'autres  religieux  avec  plufieurs 
monaftères  de  filles.  11  y  a  auffi  divers  hôpitaux  &  une 
célèbre  univerfité  ,  dans  laquelle  on  enfeigne  les  arts  li- 
béraux &  diverfes  feiences. 

2.  MEXIQUE  [l'Empire  du],  grande  contrée  de  l'A- 
mérique feptentrionale ,  foûmife  aux  rois  de  Mexique  , 
avant  que  les  Espagnols  en  euflent  fait  la  conquête.  Lors- 
que ces  conquérans  du  nouveau  monde  abordèrent  dans 
le  Mexique  >  cet  Empire  étoit  alors  au  plus  haut  point 
de  fa  grandeur.  Toutes  les  provinces  qui  avoient  été  dé- 
couvertes jusqu'à  ce  tems-la  dans  l'Amérique  feptentrio- 
nale étoient  gouvernées  par  les  miniftres  du  roi  de  Mexi- 
que ,  ou  par  des  caciques  qui  lui  payoient  tribut.  La  gran- 
deur de  fon  empire  du  levant  au  couchant  étoit  de  plus 
de  cinq  cens  lieues ,  Se  fa  largeur  du  midi  au  fepren- 
trion  s'étendoit  jusqu'à  deux  cens  en  quelques  endroits. 
Le  pays  étoit  fort  peuplé  par-tout  ,  riche  Se  fertile.  Ses 
bornes  étoient  du  côté  du  feptentrion  la  mer  Atlanti- 
que, que  Ton  appelle  maintenant  la  mer  du  Nord,  Se 
qui  lave  ce  long  efpace  de  côte  qui  s'étend  depuis  Panu- 
co  jusqu'à  Yucatan.  L'Océan ,  que  l'on  nomme  Afîatique 
ou  mer  du  Sud ,  bornoit  cet  empire  du  côté  du  couchant , 
depuis  le  cap  Mindofm  jusqu'aux  extrémités  de  la  nou- 
velle Galice.  Le  côté  du  fud  occupoit  cette  vafte  côte 
qui  court  au  long  de  la  mer  du  Sud  ,  depuis  Acapulco  jus- 
qu'à Guatimala,  &  revient  auprès  de  Nicaragua  vers  cet 
iffhme ,  ou  détroit  de  terre ,  qui  divife  l'Améiiqueen  deux 
parties  attachées  enfemble  par  cet  ilthme.  Le  côté  du  nord 
s'étendoit  jusqu'à Panuco,  en  y  comprenant  cette  province; 
mais  les  limites  du  Mexique  étoient  refferrées  confidé- 
rablement  en  quelques  endroits  par  les  montagnes  dont 
les  Chichiraeques  &  les  Oromies  s'étoient  emparés.  Ces 
peuples  farouches  &  barbares ,  &  qui  n 'avoient  aucune  for- 
me de  gouvernement ,  habitoient  ou  dans  quelques  trous 
fous  terre  5  ou  dans  les  cavernes  des  rochers  ,  vivant  de 
ce  que  la  chaffe  leur  fourniffoit ,  Se  des  fruits  que  leurs 
arbres  fans  culture  produifeient.  Cependant  ils  fe  fer- 
voient  de  leurs  flèches  avec  tant  d'adrefle  Se  de  force  ,  & 
ils  favoient  û  bien  fe  prévaloir  de  l'avantage  des  défilés 
de  leurs  montagnes ,  qu'ils  avoient  foûtenu  Se  repoufle 
plus  d'une  fois  toutes  les  forces  des  empereurs  du  Mexi- 
que ;  mais  ils  n'afpiroient  à  vaincre  que  pour  ne  pas  de- 
venir fujets ,  Se  pour  conferver  leur  liberté.  *  Hifi.  de  la 
conquête  du  Mexique,  t.  1.  p.  ut. 

L'empire  du  Mexique  avoit  commencé  ,  comme  tant 
d'autres  ,  fur  des  fondemens  peu  confiderables  ,  Se  étoit 
parvenu  à  cette  grandeur  dans  'l'espace  de  cent  trente 
années.Lcs  Mexicains,  adonnés  aux  armes  Se  portés  à  faire 
la  guerre  par  inclination  ,  avoient  aiïujetti  les  autres  na- 
tions qui  peuploient  cette  partie  du  nouveau  monde.  Le 
premier  de  leurs  Capitaines  fut  un  homme  très-habile  Se 
ries-brave  :  il  rendit  Ces  compatriotes  bons  foldats ,  en 
leur  infpirant  la  connoiflance  Se  l'amour  de  la  gloire. 
Depuis  les  Mexicains  élurent  un  roi ,  Se  déférèrent  l'auto- 
rité fouveraine  à  celui  qui  étoit  eftimé  le  plus  vaillant. 
Ils  ne  connoiflbient  d'autre  vertu  que  la  valeur.  Ils  ob- 
ferverent  toujours  inviolablement  cette  coutume  de  pren- 
dre le  plus  brave  pour  leur  roi ,  fans  avoir  égard  au  droit 
de  fuccelïion.  Cependanr  lorsque  le  mérite  étoit  égal , 
ils  adjugeoient  la  préférence  à  celui  qui  étoit  du  fang 
royal.  C'eft  ainfi  que  la  guerre  qui  failbit  leurs  rois,  éle- 
voit  auffi  peu  à  peu  6V  augmentait  leur  empire. 


La  ville  de  Mexique  étoit  leurrélldeuce  ordinaire.  Ils  y 
avoient  un  palais  ,  qu'on  appelloit  en  langue  indienne  Te- 
pac.  Il  y  avoit  vingt  portes  ,  qui  avoient  leurs  iflues  dans 
les  rues  de  la  ville.  On  y  remarquoit  trois  cours  &  une 
fort  belle  fontaine  au  milieu.  Les  appaitemens  étoient 
vaftes  :  outre  plufieurs  fales  ,  on  comptoit  cent  cham- 
bres les  unes  de  vingt-trois  pieds ,  les  autres  de  trente  ;  il 
y  avoit  cent  bains  ,  Se  quoique  dans  tous  ces  ouvrages  il 
n'y  eût  point  de  doux  ,  ils  ne  laiffoient  pas  d'être  foiides. 
Les  murailles  étoient  faites  de  maçonnerie  &  incruftées 
de  marbre,  de  jafpc  Se  d'une  pierre  noire,  avec  des 
veines  de  certaines  pierres  rouges ,  femblables  à  des  rubis. 
Les  toits  étoient  faits  de  planches  &  artiftement  parque- 
tés. On  y  avoit  employé  des  cèdres,  du  cyprès  &  du 
fapin.  Les  chambies  ctoient  peintes  ou  tapiffées  de  tapiffe- 
vies  de  coton,  de  poil  de  lapin  Se  de  plumages.  Il  n'y 
avoit  que  les  lits  qui  ne  répondoient  pas  a  cette  magnifi- 
cence :  ils  étoient  peu  confidérables ,  Se  tels  que  ceux 
dont  fe  fervent  encore  aujourd'hui  les  plus  riches  Indiens: 
ce  n'étoit  que  des  mantes  étendues  fur  des  nattes ,  ou 
fur  du  foin ,  ou  des  nattes  toutes  feules. 

Ilyavoir  mille  femmes  qui  demeuroientdansce  palais  ; 
''quelques-uns  même  difent  qu  il  y  en  avoit  jusqu'à  trois 
mille,  en  comptant  apparemment  les  domeffiques  Se  les 
esclaves.  Mais  la  plupart  étoient  filles  des  principaux  In- 
diens. Le  roi  prenoit  pour  lui  celles  qui  lui  convenoient  , 
Se  donnoit  les  autres  aux  gentilshommes  qui  ie  fervoienr. 
Les  Espagnols  affluent  que  quand  ils  aniverent  à  Mexico , 
Montezuma  avoit  cent  cinquante  femmes  grofles  tout  à 
la  fois  ;  mais  qu'ordinairement  elles  prenoient  des  breu- 
vages pour  faire  périr  leur  fruit.  Ces  femmes  en  avoient 
de  vieilles  pour  les  garder  ;  car  il  n'étoit  pas  permis  à  un 
homme  de  les  voir. 

Outre  ce  Tepac,  qui  fignifie  un  palais,  Montezuma 
avoit  une  féconde  maifon  dans  la  ville  de  Mexique.  Oit 
y  voyoit  plufieurs  apparteniLiis  très  commodes ,  de  belles 
galeries  bâties  fur  des  piliers  de  jafpe  ,  Se  desquelles  on 
avoit  la  vue  fur  un  beau  jardin ,  où  il  y  avoit  pour  le  moins 
douze  étangs  :  les  uns  étoient  d'eau  falée  pour  les  oifeaux 
de  mer  ;  les  autres  d'eau  douce  pour  les  oifeaux  de  riviè- 
res. On  avoit  ménagé  des  éclulés  pour  les  vuider  ou  les 
remplir  quand  on  vouloit.  Ces  oifeaux  étoient  en  fi  grand 
nombre,  qu'à  peine  les  étangs  les  pouvoient  contenir, 
Se  il  y  en  avoit  de  tant  d'espèces  différentes  &  de  ù. 
divers  plumages,  que  les  Espagnols  n'en  pouvoient  re- 
connoitrela  plus  grande  partie.  Plus  de  trois  cens  perfon- 
nes  étoient  occupées  au  fervice  de  cette  maifon  :  les  unes 
avoient  foin  de  nettoyer  les  étangs;  les  autres  de  pêcher 
le  poiflbn  pour  le  donner  à  manger  à  ces  oifeaux  ;  d'autres 
leur  donnoient  de  la  viande,  car  on  donnoit  à  chaque 
espèce  la  même  forte  de  nourriture  dont  elle  étoit  accou- 
tumée d'ufer  à  la  campagne  ou  dans  les  rivières  :  d'au- 
tres avoient  foin  de  nettoyer  le  plumage  de  ces  oifeaux  , 
ou  de  prendre  garde  à  leurs  œufs  Se  de  les  mettre  à  cou- 
vert ;  mais  la  principale  charge  étoit  de  les  plumer  dans 
le  tems  Se  de  ferrer  la  plume  :  on  en  faifoit  de  riches 
mantes ,  des  tapilïei  ies  ,  des  bouquets  de  plume  Se  divers 
autres  ouvrages  mêlés  d'or  Se  d'argent. 

Dans  une  troifiéme  maifon  ,  deffinée  pour  l'entretien 
des  oifeaux  qui  vivent  de  proie,  il  y  avoit  plufieurs  cham- 
bres hautes  où  on  nouniffoit  des  nains ,  des  boffus  & 
d'autres  perfonnes  contrefaites  des  deux  fexes  Se  de  divers 
âges  ;  ainfi  que  ceux  qui  nr.iffoicnt  de  couleur  blanche; 
ce  qui  arrivoit  affez  rarement.  Ces  chambres  étoient 
fort  peuplées  ;  car  il  y  avoit  des  pères  Se  des  mères  qui 
efhopioient  leurs  enfans,ou  les  rendoienr  difformes  en 
naiffant ,  afin  qu'ils  euffent  une  place  dans  la  maifon  du 
roi ,  &  ferviffent  à  montrer  fa  grandeur  par  leur  difformi- 
té. C'étoit  dans  les  fales  baffes  de  cette  maifon ,  qu'on 
mettoit  les  cages  des  oifeaux  de  proie  de  toutes  efpéces , 
comme  faucons,  éperviers,  milans  Se  autres.  Outre  trois 
cens  hommes  qui  fervoient  dans  cette  maifon  ,  il  y  avoit 
encore  pour  le  moins  mille  fauconniers  ou  chaffeurs , 
à  qui  on  diffribuoit  tous  les  jours  cinq  cens  coqs  d'Inde 
pour  la  nourriture  de  leurs  oifeaux.  On  gardoit  auflïdans 
cette  maifon  des  bêtes  fauvages,  comme  lions,  tigres, 
ours  Se  loups.  On  les  tenoit  dans  de  grandes  cages  de 
bois.  Dans  d'autres  chambres ,  on  entretenoit  de  routes 
fortes  de  bêtes  à  quatre  pieds  :  celles  qui  étoient  carna- 
cieres  étoient  nourries  avec  des  coqs  d'Inde ,  des  daims , 


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±69 


des  chiens  &  femblables  animaux.  Dans  «ne  autre  fale 
il  y  avoir  de  grands  vaifleaux  de  terre,  les  uns  remplis 
d'eau,  les  autres  pleins  de  terre,  où  l'on  entretenoic  des 
couleuvres  grofles  comme  la  cuifie  d'un  homme  ;  des 
vipères  ,  des  crocodiles  ou  caïmans  de  vingt  pieds 
de  long  ;  plufieurs  espèces  de  lefards  ôc  d'amies  bêtes 
venimeufes ,  qui  fe  trouvent  dans  l'eau  ôc  fur  la  terre  : 
elles  étoient  nourries  du  fang  des  hommes  qu'on  avoit 
l'acrifiés  ;  d'autres  difent  qu'on  leur  donnoit  de  la  chair 
humaine ,  dont  les  grands  léfards  &  les  caïmans  font  fort 
frians.  Quelque  horrible  que  fût  un  pareil  féjour ,  c  'étoit 
néanmoins  auprès  de  ce  lieu  que  le  roi  alloit  tous  les 
foirs  faire  fa  prière  à  fes  dieux.  Proche  de  cette  fale 
il  y  en  avoit  une  autre  de  cent  cinquante  pieds  de  long 
ôc  de  trente  de  large ,  où  il  y  avoit  une  chapelle  dont 
la  voûte  étoit  couverte  d'or  ôc  d'argent  en  feuilles ,  Ôc 
enrichie  d'un  grand  nombre  de  perles  ôc  de  piètres  pré- 
cieufes,  comme  agates,  cornalines,  émeraudes,  rubis 
ik  autres.  C'étoit  l'oratoire  où  Montezuma  falloir  fes 
prières  durant  la  nuit. 

Le  roi  avoit  un  arfenal  muni  d'arcs,  de  flèches,  de 
frondes  ,  de  lances ,  de  dards  ,  de  maffues  ,  d'épées ,  de 
boucliers  ôc  de  rondaches  de  bois  doté  ik  couvertes  de 
cuir.  Le  bois  dont  on  faifoit  les  armes  étoit  très-dur: 
on  enchallbit  au  bout  des  flèches  un  petit  morceau  de 
caillou  pointu  ,&  une  pièce  d'os  de  poiffon  appelle  Libifa  ; 
cet  os  étoit  fi  venimeux  que  ,  fi  quelqu'un  en  étoit  bleffé , 
ik  que  la  pointe  demeurât  dans  la  plaie ,  la  bleffure  deve- 
noit  presque  incu table.  Les  épées  étoient  de  bois ,  & 
le  tranchant  d'un  caillou.  Avec  une  pareille  arme  on  cou- 
poit  une  lance  ,  on  abattoit  la  tetc  d'un  cheval  d'un  feul 
coup ,  ik  même  on  entamoit  le  fer.  Ces  cailloux  étoient 
joints  au  bois  avec  une  certaine  colle  faite  d'une  racine 
qu'on  nomme  Zacolt  ôc  de  Tuxalli ,  qui  eft  une  manière 
de  gros  fablon  ;  du  tout  on  faifoit  une  compofition  , 
qu'on  paitrill'oit  avec  du  fang  de  chauve-fouris,  ou  de 
quelque  autte  animal  ;  ce  qui  faifoit  une  colle  extrême- 
ment forte  ,  qui  ne  fe  fendoit  presque  jamais ,  quand  elle 
étoit  une  fois  appliquée. 

Outre  ces  maifons,  Montezuma  en  avoir  quantité 
d'autres  embellies  de  jardins ,  d'herbes  médecinales  & 
de  fleurs.  Mais  il  avoit  défendu  qu'il  y  eût  aucune  hetbe 
potagère,  ou  qu'on  pût  vendre  au  marché.  11  difoit  qu'il 
étoit  indécent  aux  ptinces  de  aux  rois  d'avoir  parmi  leurs 
plaifirs  des  chofes  dont  on  tiroir  du  lucre  -,  ce  qui  n'ap- 
partenoit  qu'aux  marchands.  Il  avoit  pourtant  hors  de 
la  ville  des  vergers ,  plantés  d'arbres  fruitiers ,  ôc  dans 
les  bois  des  maifons  de  plaifance  ,  environnées  d'eau  ik 
embellies  de  fontaines ,  de  canaux  ik  d'étangs  pleins  de 
diverfes  espèces  de  poiflbns  ■■,  des  bois  remplis  de  cerfs, 
de  daims  ,  de  lièvres ,  de  renards ,  de  loups  ôc  de  fembla- 
bles animaux. 

Toutes  ces  maifons  ne  coûtoient  rien  au  roi ,  ni  pour 
la  conitru&ion  ni  pour  l'entretien.  Il  y  avoit  des  villes, 
qui ,  au  lieu  de  payer  un  tribut  comme  les  autres  ,  étoient 
obligées  de  bâtir  ôc  de  raccommoder  les  maifons  du 
prince  à  leurs  propres  dépens  :  ils  portoient  fur  le  dos 
ou  fur  des  traîneaux  la  pierre  ,  la  chaux  ,  le  bois ,  l'eau 
&  tous  les  autres  matériaux  néceffaires.  Quelques  unes 
de  ces  villes  étoient  obligées  de  fournir  tout  le  bois 
dont  la  cour  avoit  befoin  ;  ce  qui  fe  montoit  à  cinq  cens 
charges  d'hommes  par  jour,  ôc  quelquefois  plus  en  hiver. 
Mais  pour  faire  du  feu  dans  les  cheminées  du  palais  de 
l'empereur ,  on  apportoit  des  ècorces  de  chênes  qu'on 
eftimoit  beaucoup ,  parce  qu'elles  faifoient  un  feu  plus 
clair  que  celui  du  gros  bois. 

La  garde  ordinaire  du  roi  étoit  de  fix  cens  gentils- 
hommes ,  qui  avoient  chacun  trois  ou  quatre  ferviteurs , 
quelquefois  plus  -,  de  forte  qu'il  y  avoit  toujours  trois 
mille  hommes  qui  fuivoient  la  cour,  où  ils  étoient  nour- 
ris des  viandes  qu'on  deffervoit  de  deffus  la  table  du 
roi.  Dans  ce  tems  il  y  avoit  dans  l'empire  du  Mexique 
trois  mille  feigneurs  de  villes,  qui  avoient  chacun  divers 
vaffaux  qui  relevoient  d'eux  -,  mais  par-deffus  tous  ,  il  y 
avoit  environ  trente  grands  feigneurs  ,  qui  pouvoient  met- 
tre fur  pied  chacun  une  armée  de  cent  mille  hommes. 
Tous  ces  feigneurs  demeuroient  dans  la  ville  de  Mexi- 
que un  certain  tems  de  l'année.  Ils  n'ofoient  en  fortir 
fans  la  permiflion  de  l'empereur ,  &  même  il  falloit  qu'à 
leur  départ  de  la  cour ,  ils  y  laiûaffeiu  un  de  leurs  en- 


fans  ,  ou  de  leurs  frères  en  otage  ,  pour  aflurance  de  leur 
fidélité. 

Les  richefiès  de  l'empereur  étoient  fi  grandes ,  qu'elles 
fufhlbient  aux  dépenfes  de  fa  cour,  ôc  à  entretenir  deux 
ou  trois  armées  pour  couvrir  les  frontières ,  ou  pour  ré- 
duite les  rebelles.  Les  mines  d'or  ôc  d'argent  apportoienc 
un  grand  profita  la  couronne  :  les  falinesec  les  autres  droits 
établis  de  toute  ancienneté  n'en  produifoient  pas  moins  , 
mais  le  plus  fort  des  revenus  provenoit  des  contributions 
des  fujets.  Montezuma  les  avoit  pouffees  à  des  fouî- 
mes exceflives.  Tous  les  hommes  de  travail  de  ce  grand 
empire  payoient  le  tiers  du  revenu  des  terres  qu'ils  fai- 
foient valoir  :  les  ouvriers  en  rendoient  autant  du  prix 
de  leurs  manufactures  :  les  pauvres  apportoient  a  la  cour, 
fans  aucun  falaire ,  tout  ce  que  le  relie  du  peuple  étoit 
tenu  de  payer  ,  ou  ils  reconnoifl'oient  leur  dépendance  par 
quelque  autre  fervice  perfonncl. 

Il  y  avoit  divers  tribunaux  répandus  partout  l'empire, 
ôc  avec  le  fecours  des  jurisdictions  ordinaires,  ils  re- 
cueilloient  les  impôts  &  les  envoyoient  à  la  cour.  Ces 
miniitres  dépendoient  du  tribunal  de  l'épargne  ,  qui  réfi- 
doit  dans  la  capitale.  Les  fraudes  ôc  les  négligences  étoient 
également  punies.  11  y  alloit  de  la  vie  :  c'eil  ce  qui  occa- 
fionnoit  les  violences ,  dont  on  ufoit  pour  la  perception 
des  impofitions.  Les  plaintes  des  peuples  étoient  grandes, 
ôc  le  fouverain  ne  les  ignoroit  pas;  mais  il  regardoit 
l'opprelfion  de  fes  fujets  comme  néceffaire  pour  les  tenir 
dans  l'obéiffance.  Le  tribut  des  nobles  confiitoit  à  garder- 
ie prince  ôc  à  fervir  dans  fes  armées  avec  un  certain 
nombre  de  leurs  vaflaux.  Ils  lui  faifoient  outre  cela  conti- 
nuellement des  préfens,  qu'il  iccevoit  comme  des  donc, 
fans  oublier  néanmoins  de  leur  faire  fentir  qu'ils  y  étoient 
obligés. 

Outre  le  tribunal  des  finances ,  qui  s'appliquoit  à  la 
dispenfation  des  revenus  de  la  couronne  ôc  du  domaine 
impérial ,  il  y  avoit  un  confeil  de  juftice  ,  auquel  fe  por- 
toient toutes  les  appellations  des  tribunaux  inférieurs  : 
un  confeil  de  guerre  ,  dont  les  officiers  avoient  foin  de 
la  levée  Ôc  de  la  fubfiftance  des  troupes  ;  ôc  un  confeil 
d  état ,  qui  fe  ter.oit  ordinairement  en  préfence  du  prince» 
ôc  où  on  délibéroit  fur  les  affaires  de  la  plus  grande 
importance.  Ils  avoient  encore  leurs  juges  de  commerce; 
outre  plufieurs  autres  minifires  ,  comme  des  prévôts 
de  la  cour  ,  qui  faifoient  la  ronde  par  la  ville ,  qui 
poutfuivoient  les  malfaiteurs ,  les  jugeoient  en  première 
inftance.  Tous  ces  confeils  étoient  compofés  de  per- 
fonnes  d'expérience  dans  les  affaires  de  la  guerre  ôc  de 
la  paix  ;  mais  il  n'y  avoir  que  les  électeurs  de  l'empire 
qui  enflent  féance  au  confeil  d'état.  Les  plus  anciens 
princes  du  fang  ro)al  montoient  fucceflivement  à  cette 
dignité  d'électeur  ;  ôc  quand  il  ie  préfentoit  quelque 
matière  de  grande  conféquence  ,  on  appelloit  au  con- 
feil les  rois  de  Tezeuco  ôc  de  Tabuca  1  qui  étoient  les 
principaux  électeurs  par  une  ancienne  prérogative. 

Un  des  principaux  foins  des  Mexicains  étoit  de  pour- 
voir à  l'éducation  des  enfans.  Ils  avoient  des  écoles 
publiques,  où  on  inftruifoit  les  enfans  du  peuple,  &  il 
y  avoit  des  collèges  bien  plus  confidérés ,  où  on  élevok 
les  enfans  des  nobles ,  depuis  leur  plus  tendre  jeune/Te. 
On  trouvoit  dans  ces  collèges  des  maîtres  pour  les 
exercices  de  l'enfance ,  d'autres  pour  ceux  de  l'adoles- 
cence ,  ôc  d'autres  pour  la  jeuneffe.  On  commençoit 
par  apprendre  aux  enfans  à  déchifrer  les  caractères  ôc 
les  figures  dont  ils  compofoient  leurs  écrits ,  ôc  on  exer- 
çoit  leur  mémoire  en  leur  faifam  api; rendre  les  chan- 
tons hiflorîques  de  leurs  ancêtres,  &  les  louanges  de 
leurs  dieux.  Ils  paflbient  de-là  à  une  autre  claffe,  oi\ 
on  leur  enfeignoit  la  modefiie  ik  la  civilité.  Enfin  ils 
montoient  à  la  troifiéme ,  où  ils  s'accoûtumoient  aux 
exercices  les  plusviolens,  comme  à  lever  des  fardeaux  , 
à  lutter,  à  fauter,  à  courir,  à  escrimer  de  l'épée  ou  de 
la  mafiue ,  à  lancer  le  dard  &  à  tirer  de  l'arc.  On  leur 
faifoit  fouffrir  la  faim  Ôc  la  foif.  Ils  avoient  des  tems 
deftinés  à  s'expofer  aux  injures  de  l'air  ôc  des  fâi- 
fons. 

Il  y  avoit  au  fil  des  collèges  de  matrones  ,  dévouées 
au  fervice  des  temples ,  &  qui  élevoient  les  filles  de  qua» 
lité.  On  les  mettoit  dès  leur  plus  tendre  jeuneffe  entre 
les  mains  de  ces  matrones,  qui  les  tenoient  fous  une 
étroite  clôture ,  jusqu'à  ce    qu'elles  eu  fortifient  pour 


MEX 


2,70 

être  établies,  avec  l'approbation  de  leurs  parens,  &  la 
permiîTion  de  l'empereur. 

Les  Mexicains  régloient  leur  calendrier  fur  le  mou- 
vement du  foleil ,  dont  ils  favoient  prendre  la  hauteur 
&  la  déclinaifon  ,  qui  leur  donnoient  les  différences  du 
tems  Se  des  faifons.  Leur  année,  ainfi  que  la  nôtre, 
étoit  de  trois  cens  foixante  Se  cinq  jours  ;  mais  ils  la  di- 
vifoient  en  dix-huit  mois  de  vingt  jours  chacun,  ce  qui 
■fait  le  nombre  de  trois  cens  foixante  jours  ;  les  cinq  qui 
reffqient  comme  intercalaires ,  on  les  ajoutoit  à  la  fin 
de  l'année,  afin  qu'elle  égalât  le  cours  du  foleil.  Du- 
rant ces  cinq  jours ,  qu'ils  croyoient  que  leurs  ancêtres 
avoient  laiffés  exprès  comme  vuides  Se  hors  de  compte , 
ils  s'adonnoient  aux  plaifirs  ,  Se  ne  fongeoient  qu'à  pas- 
fer  le  plus  agréablement  qu'ils  pouvoient  ce  relie  de 
tems. 

L'année  commencoit  au  premier  jour  du  printems , 
Se  ne  dîfféroit  de  notre  année  folaire  que  de  trois  jours 
qu'ils  ôtoient  de  notre  mois  de  Février.  Leurs  femai- 
nes  étoient  de  treize  jours  chacune  ;  elles  avoient  des 
noms  différens,  qui  étoient  marqués  fur  le  calendrier 
par  divetfes  figures.  Leurs  fiécles  étoient  de  quatre  fe- 
mâines  d'années.  La  distribution  s'en  faifoit  avec  beau- 
coup d'art,  Se  fe  confervoic  foigneufement,  afin  d'ap- 
prendre à  la  poftérité  ce  qui  s'étoit  pa(Té  de  plus  con- 
sidérable. On  tra-çoit  un  grand  cercle  divifé  en  cin- 
quante-deux degrés ,  Se  on  donnoit  une  année  à  cha- 
que degré  ;  le  foleil  étoit  repréfenté  au  centre  du  cer- 
cle ,  Se  il  fortoit  de  fes  rayons  quatre  lignes  différentes 
en  couleur ,  qui  partageoient  «gaiement  la  circonfé- 
rence du  cercle  ;  ainfi  on  comptoit  treize  degrés  entre 
chaque  demi-diamétre.  Ces  divifions  fervoient  comme 
de  lignes  à  leur  zodiaque  ,  fur  lequel  ils  calculoient  les 
révolutions  de  leurs  fiécles,  les  afpecls  du  foleil,  heu- 
reux ou  malheureux ,  félon  la  couleur  de  la  ligne  fur 
laquelle  ils  tomboient.  Ce  cercle  étoit  inferit  dans  un 
autre  bien  plus  grand,  fur  lequel  ils  marquoienr  avec 
quelques  caractères  les  événemens  les  plus  confidéra- 
bles  de  chaque  fiécle.  Ces  tables  de  fiécles  étoient 
comme  des  monumens  publics  qui  fervoient  de  preuve 
à  l'hiffoire. 

3.  MEXIQUE,  ou  Nouvelle  Espagne  ,  contrée 
de  l'Amérique  feptentrionale ,  bornée  au  nord  par  le 
nouveau  Mexique  ;  à  l'orient  ,  pattie  par  le  golfe  du 
Alexique ,  Se  partie  par  la  mer  du  Nord  ■,  au  midi , 
partie  par  l'Amérique  méridionale,  Se  partie  par  la 
mer  du  Sud  ;  Se  à  l'occident  encore  par  la  mer  du  Sud. 
*  De  l'IJJe  ,  Atlas. 

Quoique  cette  contrée  renferme  plufieurs  gouverne- 
mens  ,  ils  dépendent  néanmoins  tous  du  viceroi  du 
Mexique  ;  de  forte  qu'il  y  a  plus  de  quatre  cens  lieues 
de  pays  fous  fes  ordres.  Ce  viceroi  eff  ordinairement 
un  grand  feigneur  d'Espagne  ;  fon  pouvoir  s'étend  à 
faire  des  loix  Se  des  ordonnances,  à  donner  des  or- 
dres néceffaires  pour  le  bien  Se  la  fureté  du  pays  ;  à  ter- 
miner les  procès  Se  les  différens  qui  arrivent  entre  les 
particuliers  ;  fi  ce  n'eft  dans  quelques  caufes  qu'on  juge 
dignes  d'être  réfervées  au  confeil  d'Espagne.  Le  roi  d'Es- 
pagne lui  donne  tous  les  ans  la  fomme  de  cent  mille 
ducats ,  à  prendre  fur  les  deniers  de  l'épargne.  D'ail- 
leurs ,  comme  la  plupart  des  gouverneurs  font  les  créa- 
tures du  viceroi ,  ils  lui  font  des  préfens  confidérables 
pour  être  continués  dans  l'exercice  de  leurs  charges.  Il 
a  auifi  divers  droits  qui  montent  à  des  fommes  très- 
hautes.  L'exercice  de  la  viceroyauté  eff  ordinairement 
de  cinq  années. 

Outte  le  viceroi  ,  il  y  a  fîx  juges  Se  un  procureur  du 
roi ,  qui  ont  chacun  douze  mille  ducats  par  an  ,  Se  deux 
préfidens ,  qui ,  avec  le  viceroi ,  jugent  toutes  les  cau- 
fes civiles  &  criminelles  ;  mais  quoique  ces  officiers 
agiffent  le  plus  fouvent  de  concert  avec  le  viceroi ,  ils 
ont  le  pouvoir  de  le  contredire  ,  &  de  s'oppofer  à  fes 
entreprifes,  lorsqu'elles  font  comraires  aux  loix. 

Les  provinces  ou  gouvernemens  dépendais  de  la  vi- 
ceroyauté du  Mexique  font,  en  prenant  du  nord  au 
midi, 


Chiametlan  , 
Guadalajara , 
Mexico , 
Xalisco, 
Mechoacan , 
Tlascala , 


MEX 

Guaxaca, 
Tabasco , 
Chiapa , 
Soconusco , 
Yucatan , 
Ver  a  Paz, 


Guatirnala, 
Honduras , 
Micaranga , 
Coffarica , 
Veragua, 
Panama. 


Cinaloa , 
La  Nouvelle 
Biscaye , 


Le  nouveau 
royaume  de 

Léon. 


Culiacan , 
Guaiteca  ou 
Panuco , 


Ce  fut  Jean  de  Grijalva,  natif  de  Cuellar  en  Espa- 
gne ,  qui  découvrit  le  premier  ce  grand  pays  en  i;i8. 
Se  lui  donna  le  nom  de  Nouvelle  Espagne.  Velasquez, 
gouverneur  de  l'ifle  de  Cuba,  qui  lui  en. avoit  donné 
la  commifiion  ,  lui  avoir  défendu  d'y  faire  aucun  éta- 
bliffement.  Le  gouverneur  fe  brouilla  avec  lui  pour 
avoir  obéi  trop  a  la  lettre ,  la  brouillerie  alla  jusqu'au 
point  de  ne  pas  le  charger  de  la  conquête  du  Mexique. 
Le  fameux  Ferdinand  Cortez  en  fut  chargé  à  fa  place. 
Ce  dernier  ne  tarda  point  à  faire  repentir  Velasquez 
de  fon  choix:  car  Cortez  fecoua  le  joug  de  toute  dépen- 
dance du  gouverneur ,  avanr  même  que  de  partir  de 
l'ifle  de  Cuba.  *  Le  père  de  Cbarlevoix ,  Hiff.  de  S. 
Domingue,  tom.  2. 

4.  MEXIQUE  (Nouveau).  On  donne  ce  nom  à 
un  grand   pays  de  l'Amérique  feptentrionale,  qui  fut 
découvert  en    ïJ/3.    par  Antoine    d'Espejo,  natif  de 
Cordoue  en  Espagne,  Se  habitant  du  Mexique.  Il  étoit 
■riche,  Se  ayant  apptis  qu'il  y  avoir  vers  le  nord  plu- 
fleurs  provinces  &  villes  habitées ,  il  partit  le  10  de  No- 
vembre  1552.de  faint  Bai  theletni  avec  cent  cinquante 
chevaux  Se  mulets ,  un  grand  nombre  de  munitions  de 
guerre   &   de  bouche ,   Se  quantité  d'esclaves.  Après 
avoir  marché  deux  jours  vers  le  nord ,    il  rencontra 
plufieurs  fauvages ,  appelles  Cmchos  ,  qui  habitoient  par 
villages  dans  des  cafés  baffes,  Se  qui  le  conduifîrent 
l'espace  de  vingt-quatre   lieues  au  travers  dejleurpays, 
où  il  fit   dreffer  des  croix   fans    beaucoup  de  peine  > 
parce  que  ces  peuples  n'adoroient  aucune  idole.  De-là 
il  entra  dans  le  pays  des  Jumanes  ou  Patarabuyes,  donc 
Je  pays  eff  peuplé  par  bourgades.  Plus  loin ,  ils  trou- 
vèrent un  pays  dans  lequel  ils  marchèrent  l'espace  de 
quinze  jours   fans  trouver  d'habitans.  Au  bout  de  ce 
tems ,  ils  virent  un  petit  village  mal  peuplé ,  environ 
à  quatre-vingt  lieues   de  la  ville  de  Mexico.  Ils  mar- 
chèrent encore  douze  lieues  le    long  de  la  rivière  del 
Norte,  jusqu'à  la  province  qu'Antonio  d'Espejo  appella 
Nouveau  Mexique,  les    deux   bords  de  cette  rivière 
étoient  couverts  d'une   forêt  de  peupliers,  large  quel- 
quefois de  quatre  lieues.  Ils  y  virent  auifi  beaucoup  de 
vignes  Se  de  noyers ,  Se  lorsqu'ils  eurent  marché  deux 
jours  dans  cette  forêt,  ils  découvrirent  dix  bourgades 
fur  l'un  Se  l'autre   rivage,   où  habiroienr  plus  de   dix 
mille  hommes.  Les  Espagnols,  après  avoir  paffé  quatre 
jours  dans  cette  province  ,  allèrent  dans  cellcde  Tiguas, 
qui  étoit  peuplée  de  feize  bourgades.  Ils  s'y  arrêtèrent 
pour  ne  pas  hazarder  toute  la  troupe  en  pénétrant  plus 
avant.  Antonio  d'Espejo  envoya  quelques  foldats  fous 
un  commandant,  pour  découvrir  de  grandes  &  riches 
provinces  qu'on  difoit  être  vers  l'eff.  Ceux-ci  entrèrent 
dans  un  canton,  où  il  y  avoit  onze  bourgades,  &  un  fi 
grand  nombre  d'habitans,  qu'ils  pouvoient  être  au  nom- 
bre de  quarante  mille.  Etant  retournés  joindre  le  gros 
de  leur  rroupe ,  Espejo ,  qui  avoit  entendu  parler  d'une 
autre  province  appellée  de  los  Quires ,  à  fix  lieues  au- 
defftiSjle  long  de  la  rivière  del  Norte ,  en  prit  le  che- 
min.  Il   y  trouva    cinq    bourgades    habitées  d'environ 
quinze  mille  hommes.  De-là  il  entra   dans  une  autre 
province,  appellée  de  los  Cuvâmes,  où  il  vit  cinq  au- 
tres bourgades,  dont  la  plus  grande    fe  nommoic  Cia. 
Les  habitans  étoient  au  nombre  de  plus  de  vingt  mille. 
A  quinze  lieues  delà  ,  vers  l'oueff  ,  eff  la  grande  bour- 
gade d'Acoma  ,  placée  fur  un  rocher  élevé.   D'Espejo 
avança  encore  environ  vingt-quatre  lieues  vers  l'oueff, 
Se  arriva  à  une  province ,  nommée  Z«ny  par  les  natu- 
rels ,  Se  Cibola  par  les  Espagnols.  Francisco  Vasquio , 
qui   y    étoit    entré  autrefois ,  y  avoit   dreffé    plufieurs 
croix.  D'Espejo  y  trouva  trois  Chrétiens ,  qui  s'y  étoient 
établis  depuis  ce   tems.  11  n'alla  pas  plus  loin  ;   mais 
après  lui  on  entreprit  différens  voyages  au  Mexique,  ce 
qui  fut  caufe  qu'on  diftribua  enfin  cette  contrée  en  pro- 
vinces ,  où  l'on  a  fait  divers  établiffemens. 

De  l'ifle  ,  Atlas ,  place  le  nouveau  Mexique  entre  le 


MEX 


MEX 


vingt-huitième  &  le  trente-neuvième  degré  de  latitude 
Septentrionale.  Il  1  étend  au  nord  jusqu'à  Quivira  ;  à  l'o- 
rient jusqu'à  la  Floride ,  aujourd'hui  la  Louifiane  ;  au  mi- 
di, il  lui  donne  pour  bornes  le  Mexique^,  ou  la  nouvelle 
Espagne ,  Se  la  mer  de  la  Californie  du  côté  de  l'occident. 
Il  donne  outre  cela  le  nom  de  nouveau  Mexique  propre- 
ment dit ,  aux  terres  qui  font  vers  la  fource  de  la  rivière 
del  Norte. 

;.  MEXIQUE  ou  Mexico  ,  province  de  l'Amérique 
feptentrionale  dans  le  Mexique  ,  ou  la  nouvelle  Espa- 
gne. Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  province  de  Guafteca, 
ou  Panuco  -,  à  l'orient ,  partie  par  la  même  province  , 
partie  par  celle  de  Tlascala  ;  au  midi ,  par  la  mer  du  Sud; 
&  à  l'occident ,  par  la  province  deMechoacan.  Les  prin- 
cipaux lieux  de  cette  province  font  en  prenant  du  nord 
au  midi. 

5.  Louis  de  la  Paz,  S.  Jean  des  YIo,  Cultepeque, 
Taculabo ,  Patiocque,  Suchimilco , 
Guaxutla,  Meftitlan,  Coyxca, 
Querete ,  Mexico ,  Tlaluc , 
Clanchinoltepe-  Guacocingo ,  Acapulco. 

que, 

6.  MEXIQUE  (  Le  lac  de  ).  On  donne  ce  nom  à  un 
lac  d'une  affez  grande  étendue  au  Mexique  ,  Se  dans  le- 
quel eh;  bâtie  la  ville  de  Mexico.  Ce  lac  eft  double  :  l'un 
efl  formé  par  une  eau  dormante  &  tranquille  ;  Se  l'autre 
a  flux  &  reflux,  félon  le  vent  qui  fouffle-  La  partie  qui 
eft  tranquille  elt  une  eau  douce ,  bonne  Se  faine  ,  Se  qui 
donne  quantité  de  petits  poiffons  :  mais  celle  qui  a  flux  Se 
reflux»  eft  une  eau  falée  Se  amere,  Se  qui  ne  nourrit  aucun 
poiflbn.  L'eau  douce  efl  plus  haute  que  l'eau  falée,  Se 
tombe  dedans,  fans  retourner  en  arrière,  comme  quel- 
ques-uns fe  le  font  imaginé.  Le  lac  falé  a  fept  lieues  de 
longueur  Se  autant  de  largeur  ,  Se  fon  circuit  eft  de  plus 
«le\ingt  deux  lieues  :1e  lac  d'eau  douce  eft  auffi  grand  , 
de  forte  que  tout  le  lac  de  Mexique  peut  avoir  cinquan- 
te-deux lieues  de  tour. 

Il  y  a  diverfes  opinions  parmi  les  Espagnols  touchant 
■ces  eaux  ,  Se  les  fources  d'où  elles  viennent.    Quelques- 
uns  veulent  qu'elles  tirent  toutes  deux  leur  fource  d'une 
grande  Se  haute  montagne ,  fnuée  au  fud-oueft ,  à  la  vue 
de  la  ville  de  Mexique  ;  Se  que  ce  qui  fait  qu'une  partie  du 
lac  eft  falée ,  c'eft  que  le  fond,  ou  la  terre,  qui  eft  fous 
l'eau ,  fe  trouve  pleine  de  fcl  :  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft 
qu'on  en  fait  tous  les  jours  beaucoup  de  fcl  }  on  le  vend 
dans  toute  la  province,  Se  on  en  envoie  même  tous  les 
ans  aux  Philippines.  D'autres  difent  que  ce  lac  a  deux 
fources  ;  que  l'eau  douce  fort  de  cette  montagne,qui  eft 
au  fud-oueft  de  Mexico  \ôc  que  l'eau  falée  vient  de  cer- 
taines montagnes  fort  élevées ,  Se  qui  font  plus  au  nord- 
oueft  :  ils  ne  rendent  pourtant  aucune  bonne  raifon  de  la 
falure  de  l'eau  :  car  il  eft  ridicule  de  l'attribuer  à  l'agita- 
tion que  l'eau  fouffre  par  fon  flux  Se  reflux ,  qui  ne  fe  fai- 
fant  pas  par  la  régie  des  marées ,  mais  feulement  par  le 
fouffle  des  vents  ,  produifent  dans  fes  eaux  une  qualité 
falée.  Sicelaétoit,  pourquoi  Ici  vents  ne  produiroient- 
ils  pas  le  même  effet  dans  le  lac  d'eau  douce  ?  Il  y  a  bien 
plus  d'apparence  que  ,  fi  elle  fort  d'une  autre  fource  que 
celle  de  l'eau  douce ,  la  falure  vient  de  quelque  terres 
minérales  Se  falées ,  qui  fe  trouvent  dans  les  montagnes  , 
au  travers  desquelles  cette  eau  pane  ,  fe  chargeant  du  fel 
qu'elle  fond  dans  fa  courfe.  Enfin  ,  il  y  en  a  qui  penfent 
que  cette  partie  du  lac  de  Mexique ,  qui  eft  falée  ,  vient 
de  la  mer  du  Nord,&  pafle  au  travers  de  la  terre  -,  Se  que, 
quoique  les  ruifleaux  qui  viennent  de  la  mer  perdent  leur 
falure  au  travers  de  la  terre  ,  cette  eau  néanmoins  en  peut 
garder  une  partie  ,  à  caufe  de  la  quantité  des  minéraux 
qui  font  dans  ces  quartiers ,  ou  à  caufe  des  concavités 
des  montagnes ,  qui ,  laiflant  un  cours  libre  à  l'eau ,   font 
qu'elle  retient  toujours  le  fel  qu'elle  a    apporté   de  la 
mer. 

Il  y  avoir  autrefois  près  de  quatre-vingt  villes  fur  les 
bords  de  ce  lac.  Quelques-unes  contenoient  cinq  mille 
familles  ,  Se  quelques  autres  le  double  :  mais  préfente - 
roent  il  n'y  a  guère  plus  de  trente  bourgs ,  ou  villages  , 
dont  le  plus  grand  n'a  pas  plus  de  cinq  cens  maifons , 
tant  d'Espagnols  que  d'Indiens.  Ce  qui  a  principalement 
diminué  le  nombre  de  ces  derniers ,  ce  font  les  travaux. 


pénibles  ausquels  on  les  occupa  ,  il  y  a  environ  un  liécle, 
dans  le  projet  que  l'on  avoir  formé  de  détourner  l'eau  du 
lac  ,  en  faifant  un  chemin  au  travers  des  montagnes ,  pour 
fe  garantir  des  inondations  ausquelles  la  ville  de  Mexique 
étoit  fujecte.  On  prétend  que  cette  entreprife  coûta  un 
million  d'hommes.  *  Thomas  Gage ,  Relat.  des  Indes 
occid.  t.  1.  p.  136. 

7.  MEXIQUE  ,  (  Le  golfe  de  )  grand  espace  de  mer 
fur  la  côte  orientale  de  l'Amérique  feptentrionale.  Il  a 
au  nord  la  côte  de  la  Floride ,  ou  de  la  Louifiane  ■■>  à  l'o- 
rient ,  la  péninfule  de  la  Floride  de  l'ifle  de  Cuba ,  qui  eft 
à  fon  embouchure  ;  au  midi ,  la  presqu'ifle  du  Yucatan  , 
Se  la  Nouvelle  Espagne  j  &  à  l'occident ,  la  côte  du  Mé-j 
xique,qui  lui  donne  fon  nom. 

Les  baies  8e  lacs  qu'on  trouve  fur  ces  côtes ,  font  , 

SutI"ô;edEeIlaf  La  baie  de  Carlos, 
prcsquiflcdeFlo-x  La  baie  dL1  S.  Efpiir. 
ride,  <•  » 


Sur  la  côte  de  la 
Floride  ou  Loui- 
fiane , 


Sur  la  côte  delà 


Le  lac  de  Pontchartrain, 

Le  lac  de  l'Ascenfion  , 

La  baie  de  S.  Louis ,  nommée  par 

les  Espagnols  la  baie  de  Saint 

Bernard. 
Le  lac  de  S.  Jofeph. 


burla  cote  delà  r  ^  baie  de  Campache. 
Inouv.  Espagne ,    t 

Les  ports  Se  les  principaux  lieux  fitués  fur  ce  golfe  font  , 

ç  Ste  Marie  d'Apalachç 
Sur  la  côte  delà  j  S.  Jofeph  , 
Louifiane  ,  )  Penfacola  , 

C  Le  fort  de  Bilocchi. 


Sur  la  côte 


de  Tamaetlâj 
.1  Panuco , 


[ue, 


Les  Salines  de  Tamaei 
1  Tampico  ou  Panuco, 
v  Torreblanco, 
r  La  Vera-Cruz  , 

m  Mcdellin , 

Dans  la  baie  de  C  Espiritu  Santo  , 
Campêche  ,  L  Tabasco  ou  Vittoria^ 


Mexiqi 


Sur  la  côte  de  la 
presqu'i 


ir  la  côte  de  la  Ç  r-n-i   - 
catan,  (_  ^ 

Les  principales  rivières  quife  rendent  dans  cegoîfe  font4 


Sur  la  côte  delà 
presqu'ifle  de  Flo- 
ride ^ 


Sur  la  côte  delà 
Floride  ou  Loui- 
fiane , 


Sur  la  côte  orien- 
tale du  Mexique , 


Rio  Amajuno, 

La  rivière  de  S.  Martin  , 

La  rivière  de  S.  Pierre. 

La  rivière  d'Apalache , 
La  rivière  du  S.  Efprit , 
La  rivière  de  S.  Roch ,  ou  des  In- 
diens , 
Rio  Perdide, 
La  Mobile , 

La  rivière  des  Pascoboula, 
Le  fleuve  de  Milfifflpi , 
La  rivière  de  Boho  , 
La  rivière  de  Pinal, 
La  rivière  de  Sivoras , 
La  Maligne , 
La  Sablonniere , 
La  rivière  aux  Cannes, 
La  rivière  aux  Bœufs, 
Rio  de  Flores. 

'Rio  del  Norre, 
Rio  de  las  Nattas, 
Rio  Panuco, 
Rio  de  Tuspa  , 
Rio  Zenpoala. 


%*] 


MEY 


MEY 


^      i    u  •    j    r  Rio  Alvaiado , 
Dans  la  baie  de  j   Rio  Quazacoalco . 
Cauipeche , 


\  Rio  Tulixa. 


Sur  lacôrefep- 
tentrionaledu  Yu- 
catan  , 


Rio  de  Lagartos. 


MEYEN  ,  ou  Mayen  ,  ou  Meyn  ,  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  électorat  de  Trêves ,  dans  l'Eiffel ,  fur  la  ri- 
vière de  Nette  ,  affez  près  de  Montréal.  Henri  de  Fin- 
flingen,  archevêque  de  Trêves,  bâtit  cette  place  en  1 280  ; 
ehiïute  l'Archevêque  Baudouin  l'entoura  de  murs ,  Se 
y  transféra  le  chapitre  de  chanoines  réguliers  de  Laenche , 
leur  incorpora  l'églife  du  lieu  Se  leur  bâtit  un  cloître,  Cet- 
te petite  ville  s'appelloit  anciennement  Magni  acom  ,  Se 
donnoit  à  la  campagne  voifine  le  nom  de  Meynfeld  , 
ou  Meyenfeld,  en  latin  Magmacenfu  aga\  Ce  petit 
pays  entr'autres ,  nommé  autrefois  Ripuaria  ,  a  caufe  des 
Ripuarii  ou  Riparioli ,  ou  Ubiens,qui  habitoient  entre  le 
Rhin  ,  la  Meule  &  la  Mofelle  ,  du  tems  des  Francs ,  fai- 
fok  un  duché  particulier  -,  Se  on  lit  que  Gotzelon,duc  des 
Ripuaires,  étoit  entre  les  grands  Se  les  principaux  fri- 
gneurs  qui  affilièrent  à  l'élection  de  l'empereur  Conrad 
le  Salique.  11  s'enfuit  que  ce  duc  ,  félon  l'ufage  des  Francs, 
avoit  fous  lui  certains  comtés ,  entre  lesquels ,  après  ce- 
lui de  Pallents,  celui  de  Meynfled ,  ou  Mcinevelde, 
nommé  Pagus  Meginenfis ,  par  Reginon  ,  tenoic  le  pre- 
mier rang  \  Se  comme  ce  pays  fe  nommoic  auffi  en  alle- 
mand Meyenland,  Fortunat  de  Poitiers  l'a  rendu  en  la:in 
Mediolanum.  Allez  près  de  ce  lieu  eft  une  fource  d'eau 
minérale,  queles  gensdu  pays  nomment  Sultzbronn. 
A  l'égard  de  Meginenfus  pagus  ,  ou  Meyenfeld ,  les 
annales  de  Mets  ,  ou  la  chronique  d'Arnolphe  en  paiL 
en  ces  termes,  que  Reginon  a  copiés ,  ad  ami.  876.  Mo- 
vit  ver  à  absqne  mora  exerc'uum  cum  quinquagints  &  eo 
amplitis  ,  utferunt,  millibus  in  pago  Meginenfi  non  longé 
ab  Andernaco  cafidlo.  Il  eft  parlé  de  Megenenses  dans 
le  partage  du  royaume  de  Lothaire  fait  l'an  870.  Ce  can- 
ton eft  appelle  Magniacenfis  dans  des  donations  de  Pépin 
Se  de  Charlemagne  -,  le  nom  vulgaire  étoit  MeylAnd. 

MEYENBERG,  bourg  de  la  SuiiTe,  dans  le  Freyen 
'JEmpter  ,  autrement  dans  les  provinces  libres  ou  baillia- 
ges francs ,  à  l'orient  de  Richenfée.  C'eft  un  fort  joli 
bourg, qui  a  un  château  :  c'étoit  autrefois  une  ville.  *  Etat 
&  Délices  delà  Suffi,  tom.  3.  pag.  15  1. 

MEYENDORF ,  monaftère  catholique  de  filles  en 
Allemagne  ,  dans  le  duché  de  Magdebourg. 
1.  MEYENFELD.  Voyez.  Meyen. 
i.  MEYENFELD ,  Majavilla  Se  Lupinum  ,  ville  du 
pays  de  Grifons ,  dans  la  ligue  des  dix  jutisdiclions ,  Se  le 
chef-lieu  de  la  cinquième  communauté  à  laquelle  elle 
donne  fon  nom.  C'eit  une  jolie  vijle  au  bord  du  Rhin , 
dans  une  belle  campagne  ,  environnée  de  montagnes  qui 
s'élèvent  tout  autour  en  forme  d'amphithéâtre ,  &  qui 
cft  plantée  de  bonnes  vignes.  On  y  voit  divers  beaux  ba- 
timens,  une  églife  dédiée  à  S.  Lucius,  un  château  où 
réfide  le  bailli ,  &  qui  e/l  flanqué  d'une  tour  forte  Se  an- 
tique. Il  y  a  auffi  divers  hôtels  magnifiques. 

Cette  ville  s'attribue  l'honneur  d'avoir  donné  l'exemple 
de  la  prétendue  réformation  dans  le  pays  des  Grifons. 
Jacob  Barckli  de  Zurich  ,  après  avoir  prêché  ,  à  ce  qu'on 
prétend  ,  à  Flefch  ,  églife  filiale  de  Meyenfeld  ,  paffa  ei> 
luite  à  Meyenfeld  même  en  ijn  ,  Se  y  eut  une  confé- 
rence de  religion  avec  Chriftian  Anhorn ,  tréforier  de  la 
ville.  Barckli  lui  fit  goûter  les  principes  de  la  religion  : 
ôc  dès-lors  le  tréforier  le  reçut  chez  lui ,  l'appuya  de  tout 
fon  crédit,  &  le  protégea  contre  les  efforts  de  fes  enne- 
mis. Ce  Chriftian  Anhorn  ,  étoit  tris-aïeul  de  Barthelcmi 
Anhorn,  quia  écrit  l'hiltoite  de  la  réformation  des  Gri- 
fons, imprimée  en  allemand  ,  à  Baie  en  1680.  *  Etat 
&  Délices  de  la  Sttijfe  ,  tom.   4.  pag.  81. 

La  Seigneurie  ou  communauté  de  Meyenfeld  eft 
féparée  de  la  vallée  de  Pretigaeu  ,  par  de  hautes  monta- 
gnes qui  ne  laifTent  qu'un  partage  fort  étroit, nomméClufa. 
Quand  on  a  traverfé  cettfe  vallée  pour  entrer  dans  la  fei- 
gneurie  de  Meyenfeld  ,  on  trouve  un  pays  beaucoup 
plus  agréable  Se  plus  beau  ;  Se  un  air  plus  doux.  Cette  fei- 
gneurie  cft  partagée  en  deux  quartiers  j  fçavoir,  celui  de 


Malans,&  celui  deMeyenfeld-Elle  a  eu  autrefois  Cf-  fèî- 
gneurs  particuliers.  En  1  j©9,  les  trois  ligues  des  Grifons 
l'achetèrent  vingt  mille  gouldes  ,  Se  confirmeient  en 
méme-tems  les  habitans  dans  tous  leurs  privilèges.  En 
ij  37,  elles  achetèrent  auffi  la  baffe  jurisdidion  de  Ma- 
lans  Se  de  Gennins  ,  avec  toutes  fes  appartenances  ,  pour 
le  prix  d'environ  dix  mille  gouldes.  Ces  trois  ligues  en- 
voient tour  à  tour  à  Meyenfeld  ,  un  bailli  qui  exerce  cet- 
te charge  pendant  deux  ans.  Il  tire  tous  les  revenus  pu- 
blics Se  les  grandes  amendes.  La  communauté  de  Meyen- 
feld nomme  auffi  à  fon  tour  le  bailli. 

Le  pays  ell  agréable  Se  le  plus  fertile  qu'il  y  ait  dans  les 
Grifons  :  il  rapporte  fur-tout  d'excellent  vin  Se  en  abon- 
dance. A  une  lieue  au-deffous  de  Meyenfeld,  au  bord 
du  Rhin,  on  trouve  Flaefch  ,  grand  Se  beau  village, 
célèbre  dans  le  pays  pour  fon  excellent  vin ,  Se  pour  les 
bains  chauds  qui  s'y  trouvent.  De  la  feigneurie  de 
Meyenfeld  dépendent  encore  quelques  autres  villages , 
comme  Revena  ,  Guscha  .Sturvis  6k  le  Pas  de  S.  Lucius, 
qui  eft  un  défilé  important  dans  les  montagnes  ,  à  l'entrée 
du  pays. 

MEYNE.  Corneille,  Dicl.  dit  que  c'eft  un  lieu  qui 
n'eft  éloigné  que  de  deux  cens  pas  de  la  ville  d'Ailes  en 
Provence.  Il  eit  fameux  par  une  fontaine  d'eau  minérale, 
qui  le  rend  fort  fréquenté  depuis  1  expérience  qui  en  fut 
faite  l'an  1 680.  On  tient  que  cette  eau  eft  excellente  pour 
la  gravelle,pour  l'hydropifie  pour  les  obftructions  Se  ^our 
les  maux  externes  ,  qui  viennent  de  l'impureté  du  iang. 

MEYRAN  ,  MLYAN  ,  ou  MEJAN  /cap  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Provence  ,  environ  fept  à 
huit  milles  à  1  eft  du  cap  Couronne.  C'eft  une  grolTe  pein- 
te fort  haute  &  escarpée  de  toutes  parts.  Presque  à  moi- 
tié chemin  de  l'un  à  l'autre,  on  voit  un  petit  village  Se 
une  grande  maifon  ou  château  ,  qu'on  appelle  Cary  ,  avec 
une  rangée  d'arbres.quiconduifent  jusqu'à  la  mer,&  qui  en 
donnent  la  connoifl'ance.  Il  y  a  dans  cet  endroit  un  peu 
d'enfoncement,  qui  n'eit  propre  que  pour  des  bateaux  , 
ayant  plufieurs  écueils  à  fon  entrée. Depuis  lecapCouronne 
jusqu'à  Cary  la  côte  eft  fort  baffe  ,  &  vient  ,  en  s'élevanr, 
jusqu'au  cap  Meyan  qui  eft  fort  haut.  *  Michelot ,  Por- 
tulant  delà  mer  Méditerranée  ,  p.  65. 

La  Calanque  ce  Meyan  ou  Mejan  eft  du  côté  de 
l'oueft  du  cap  Mejaiv.on  y  pourroit  mouiller  deux  ou  trois 
galères ,  qui  y  feroient  pafiablement  bien  pour  les  venta 
de  la  terie-,  mais  les  vents  du  fud  Se  fud  -  oueft  y  don- 
nent à  plein ,  Se  y  caufent  un  gros  reffac  de  la  mer ,  quoi- 
qu'il v  ait  à  l'entrée  de  ce  port  fur  la  gauche  quelques 
écueils  à  fleur  d'eau  ,  qui  couvrent  une  partie  de  la  mer 
du  large.  Lorsqu'on  veut  y  aller  mouiller ,  il  faut  ranger 
la  groffe  pointe  delà  droite  ,  à  caufe  de  ces  écueils.  Il  y  a 
fept  à  huit  braffes  d'eau  au  milieu  du  paffage  ,  Se  rrois  à 
quatre  braffes  dans  le  milieu  de  la  Calanqre  \  le  fond  en 
elt  de  vafe  Se  d'herbe  ,  &  il  n'y  a  qu'une  cabane  qui  fert 
de  retraire  aux  pêcheurs.  Environ  quatre  à  cinq  cens  toi- 
fes  du  cap  Meyan,il  y  a  une  petite  ifle  qu'on  appelle  Laire- 
Vjgne.  On  ne  peut  paiïer  à  terre  d'elle  ,  qu'avec  des  ba- 
teaux ,  quoiqu'il  y  ait  fept  à  huit  braffes  d'eau  ,  mais  le 
partage  en  ell  fort  étroit. 

MEYR  ARGUES,lieu  de  France,dans  la  Provence,dio- 
cèfed'Aix.  Il  a  un  château  que  la  nature  &  l'art  ont  rendu 
ttès-fort.  Il  a  appartenu  autrefois  aux  princes  de  Beaux,  de 
qui  Châties  II.  roi  de  Sicile  Se  comte  de  Provence,  l'acquit 
en  1 291.  Il  revint  encore  à  la  famille  de  Beaux  en  1374, 
d'où  il  paffa  en  1400  ,  au  maréchal  de  Boucicault.  Il  fut 
enfuite  poffédé  long-tems  par  la  maifon  d'Alagonia ,  de  la 
quelle  les  Valtets  de  Marfeillc  l'acquirent  en  1620.  La 
force  du  château  de  Meyrargues  a  donné  occafronàces 
feigneurs  de  fe  révolter  -,  ce  qui  a  été  caufe  qu'il  a  été  plu- 
fieurs  fois  confisqué. 

MEYRIA  ,  Majoravum  ,  Monaftère  de  Chartreux  ; 
dans  le  Bugey  ,  au  diocèfe  de  Belley. 

MEYRÔCE,  petite  rivière  de  France,  cfcms  le  Dau- 
phiné;  elle  fe  jette  dans  la  DromeàDic. 

MEYSE  ,  (  La  )  bourg  de  France ,  dans  le  Limoufin , 
élection  de  Limoges. 

1.  MEZA  ,  ou  Tesar  ,  ville  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  Fez ,  dans  la  province  de  Cha'ùs  ,  à  deux  milles  du 
Mont  Atlas ,  à  quarante  de  l'Océan  ,  Se  à  fept  milles  de 
la  mer  Méditerranée  ,  fur  le  chemin  qui  mené  des  deferts 
de  Garât  à  Chafafan.  Cette  viUe  étoit  autrefois  bien  for- 
tifiée , 


MEZ 


MEZ 


tifiée  ,  &  avoic  le  troifiéme  rang  parmi  les  villes  du 
royaume  de  Fez ,  Se  fa  mosquée  étoit  plus  grande  que 
celle  de  Fez.  Il  n'y  a  maintenant  que  ;oo  maifons  peu 
conlidétables ,  fans  compter  pourtant  les  palais ,  les  col- 
lèges Se  les  Temples ,  qui  font  encore  allez  bien  bâtis.  Les 
dépendances  de  cette  ville  font  fort  grandes  :  elles  renfer- 
ment plulîeurs  montagnes  où  demeurent  divers  peuples. 
*  Dapper,  Defcr.  du  royaume  de  Fez ,  p.  i  ;  7. 

MEZAI ,  félon  Pline,  &  Mazaei  ,  félon  Ptolomée  , 
peuple  de  llllyrie.  Voyez  Mazaei. 

MEZARME.  Voyez,  Bf.rsabe. 

MEZDAGA,  ville  d'Afrique,  dans  la  province  de  Cuzr, 
au  royaume  de  Fez.  Elle  e/î  grande  Se  ancienne  ,  Se  a  été 
bâtie  au  pied  du  Mont  Atlas,  à  trois  lieues  de  Sofroy , 
vers  le  couchant.  Cette  ville  a  deux  beaux  murs ,  Se  fort 
anciens,  mais  il  n'y  a  que  de  méchantes  maifuns,  quoi- 
qu'elle ait  dans  toutes  les  cours  des  baflins  Se  des  fontai- 
nes. Ptolomée  la  met  à  dix  degrés  dix  minutes  de  longi- 
tude, Se  à  trente-trois  de  latitude.  Il  la  nomme  Molocar  , 
6e  Pline  l'appelle  Mulelées.  Les  habitans  font  pauvres , 
&  la  plupart  potiers  de  terre ,  qui  vont  débiter  leur  vais- 
felle  à  Fez  ,  à  quatre  lieues  delà  ,  du  côté  du  nord.  Ils 
font  toujours  fales  Se  pleins  d'huile  ,  à  caufe  du  commer- 
ce qu'ils  en  font ,  mais  du  relie  les  tailles  dont  ils  font 
chargés,  les  font  vivre  miférables.  La  contrée  produit 
beaucoup  d'orge ,  de  chanvre  &  du  lin  ,  mais  ils  ne  re- 
cueillent presque  point  de  bled.  Il  y  a  de  grands  clos  d'o- 
liviers ,  Se  d'arbres  fruitiers  de  toute  forte,  Se  aux  en- 
droits qui  ne  font  pas  cultivés ,  on  voit  de  grandes  &  hau- 
tes forets  remplies  de  lions  ,  mais  peu  dangereux  ,  puis- 
que la  feule  voix  d'un  homme  les  fait  fuir.  *  Marmol , 
Defc.  du  royaume  de  Fez  ,  t.  2. 1.  4.  c.  113. 

MERE  ,  petite  ville  de  France,  dans  le  bas  Languedoc , 
au  diocèfe  d'Agdc. 

MEZEL,  bourg  de  France,  dans  la  Provence  ,  recette 
de  Digne. 

MEZERAY  ,  village  de  France,  dans  la  baffe  Norman- 
die ,  entre  Argentan  Se  Falaife.  II  n'eit  connu  que  pour 
avoir  été  la  patrie  de  François  Eudes  ,  furnomme  de  Me- 
zeray  ,  à*  caufe  du  lieu  où  il  naquit.  Cependant  l'abbé 
d'Olivet ,  hifl.  de  l'Académie  françoife  ,  t.  2.  p.  195.  dit 
que  Mezeray  naquit  à  Ry,  village  de  baffe  Normandie, 
entre  Argentan  Se  Falaife  ;  mais  comme  la  pofition  de  ces 
deux  lieux  eft  la  même ,  il  y  a  apparence  que  le  village  de 
Mezeray  eft  une  dépendance  de  celui  de  Ry  ,  ou  que  le 
village  de  Ry  dépendoit  de  celui  de  Mezeray.  L'abbé 
d'Olivet  ajoute  que  François  Eudes  de  Mezeray  ,  histo- 
riographe de  France  ,  étoit  fils  d'Ifaac  Eudes  ,  chirurgien , 
établi  à  Ry  ,  Se  de  Marthe  Corbin.  Mezeray  étant  venu 
à  Paris ,  des  Iveteaux,  fon  compatriote,  l'engagea  à  écrire 
l'hiftoire  de  France  ;  il  en  donna  trois  volumes  in-fol.  qui 
contiennent  l'hiitoire  générale  de  France  jusqu'à  la  mort 
d'Henri  IV.  il  les  réduifit  en  un  abrégé  qu'il  fit  imprimer 
d'abord  en  trois  volumes  ^«-4°.  Comme  il  fe  donna  la 
liberté  de  mettre  dans  cet  abrégé  l'origine  de  tous  les  im- 
pôts qui  fe  lèvent  en  France  ,  Se  d'y  joindre  des  réflexions 
peu  néceffaires ,  on  lui  fupprima  la  penfion  de  quatre 
mille  livres  dont  il  avoit  été  gratifié.  11  fut  reçu  à  l'aca- 
démie en  1648  ,  Se  mourut  le  10  Juillet  1683.  Le  père 
Jean  Eudes  ,  inftituteur  d'une  congrégation  de  prêtres 
nommés  Eudi/lcs,  étoir  l'aîné  de  Mezeray.  *  Corn.  Dict. 

2.  MEZERAI,  bourg  de  France,  dans  le  Maine ,  à 
quatre  lieues  de  Sablé.  Il  eft  fameux  par  fes  excellen- 
tes poulardes. 

MEZERE ,  ville  de  France ,  dans  le  pays  de  Foix ,  dio- 
cèfe de  Pamiers. 

MEZETALCA  ,  montagne  d'Afrique,  dans  la  pro- 
vince de  Cuzr,  au  royaume  de  Fez.  Elle  confine  au 
couchant  vers  les  campagnes  d'Ecdescen  ,  qui  s'étendent 
de  ce  côté  là ,  jusqu'à  la  province  de  Tremecen.  Sa  lon- 
gueur efi  de  dix  lieues  ;  elle  en  a  quatre  de  largeur; 
la  terre  efi  fort  froide  ,  Se  fes  habitans  font  des  Bete- 
bères  fort  riches ,  qui  ont  quantité  de  mules  Se  de  che- 
vaux. Us  font  vêtus  comme  des  bourgeois  de  ville, 
parce  que  la  plupart  font  docteurs,  qui  écrivent  fort  bien 
en  arabe.  Comme  les  Maures  n'ont  point  d'imprime- 
rie, ils  s'occupent  à  copier  les  livres,  &  ils  vont  les 
vendre  à  Fez  ,  ce  qui  leur  attire  l'efiime  du  roi  qui  en 
tire  peu  de  revenu  pour  cette  raifon.  Ils  font  huit 
mille  hommes  de  combat ,  dont  il  y  a  cinq  cens  che- 


273 


vaux  Se  plufieurs  arquebufiers  Se  arbalétriers.  *  Mar- 
mol,  Defc.  du  royaume  de  Fez,l.  4.  c.  21. 

.  MEZEZAB,  MEZAB,  ou  Mezezeb,  contrée  d'A- 
frique. Elle  eit  bornée  au  feptentrion  par  le  royaume 
de  Conque  ;  à  l'orient  parle  pays  de  Zab  ;  au  midi  par 
les  Sobaïr  arabes ,  Se  à  l'occident  par  les  Gehoan  ara- 
bes. C'eft  une  habitation  qui  contient  fix  châteaux  8c 
plufieurs  villages  ;  les  habitans  font  riches ,  parce  qu'ils 
font  adroits  Se  vigilans  dans  le  trafic  qu'ils  font  aux 
quartiers  des  Nègres  ,•  Se  parce  que  les  marchands  de 
Bugie  Se  d'Alger ,  Se  de  divers  autres  endroits  de  la 
Barbarie  vont  commercer  dans  ce  pays.  Les  Arabes  de 
Sumeit  Se  ceux  d'Uleb-Yahaye  errent  dans  le  pays  de 
Mezezab ,  Se  courent  tous  les  déferts  de  Tripoli ,  & 
font  plus  de  quatre-vingt  mille  combattans,  la  plupart 
à  pied ,  mais  ils  ont  plufieurs  chameaux.  *  De  l'Ifle , 
Atlas. 

MEZIDON,  en  latin  Manfio  Odonis  ,  bourg  de 
France,  dans  la  Normandie,  fur  la  Dive ,  élection  de 
Falaife, 

i.MEZïERES,  ville  de  France,  dans  la  Champagne, 
fur  la  Meufe  («a),  à  huit  lieues  de  Rethel ,  dans  une 
espèce  de  presqu'ifle  que  forme  la  Meufe  ,  entre  Sedan 
Se  Charleville.  Elle  efi  bâtie  partie  fur  une  colline  , 
partie  dans  un  vallon.  Elle  a  appartenu  autrefois  à  l'é- 
glife  de  Rheims  ,  Se  il  y  avoit  un  château  dès  l'an  920  , 
(  b  )  lorsque  l'archevêque  Hcrivée  l'alla  reprendre  fur 
un  ufurpateur.  Elle  fut  encore  prife  &  rendue  à  l'ar- 
chevêque Arthaud  ,  félon  Flodoard  ,  chronique  en  960. 
On  ne  voit  pas  en  quel  tems  les  feigneurs  Se  les  châ- 
telains,  qui  occupèrent  Mezieres,  cédèrent  de  reconnoî- 
tre  l'églife  de  Rheims  Se  fes  archevêques  pour  fei- 
gneurs de  fief.  Les  comtes  de  Rethel  acquirent  Mezie- 
res ,  Se  le  comte  Manassès  en  jouiffoit  l'an  1 176  ,  lors- 
qu'il y  fonda  l'églife  collégiale  de  faint  Pierre.  Jean  , 
comte  de  Rethel ,  qui  descendoit  de  Manassès,  fit  hom- 
mage à  Thibaud,  comte  de  Champagne,  fous  le  règne 
de  faint  Louis  l'an  124J  ,  tant  pour  Mezieres  que  pour 
fes  autres  terres,  à  l'exception  de  celles  de  Château- 
Renaud  ,  de  Mohon  Se  de  quelques  autres  deçà  Se  de- 
là la  Meufe,  que  les  fucceffeurs  de  ce  comte  de  Re- 
thel tinrent  en  fouveraineté ,  depuis  qu'on  eut  ceffé  de 
reconnoître  l'empire  dans  les  pays  qui  font  le  long  de 
la  Meufe.  (a)  Baugier,  Mémoires  hifforiq.  de  Cham- 
pagne, t.  1.  p.  321.  (£)  Longiterue,  Defc.de  la  Fran- 
ce, part.  1.  p.  y  2. 

La  ville  de  Mezieres  (a)  futafiiégée  en  iy2i,  par 
une  puiffante  armée  de  l'empereur  Charles  V.  com- 
mandée par  le  comte  de  Naffau  ;  mais  le  fameux 
chevalier  Bayard  ,  qui  la  défendoit  ,  le  força  de  le- 
ver le  fiége  au  bout  de  fix  femaines.  11  y  a  une  cita- 
delle (b)  que  le  capitaine  fàint  Paul,  l'un  des  chefs 
des  Ligueurs ,  Se  qui  fe  difoit  maréchal  de  France ,  y 
fit  bâtir  durant  les  guerres  civiles,  efpérant  fe  ren- 
dre fouverain  de  Mezieres  &  de  tout  le  Rethelois , 
fous  la  protection  du  roi  d'Espagne.  Cette  citadelle  (c) 
commande  la  ville  qui  eff  doublement  fortifiée  par 
plufieurs  tours,  dont  deux  qui  font  à  la  tête  de  faint 
Julien  ,  à  droite  Se  à  gauche  de  la  porte ,  font  très- 
confidérables.  On  voit  outre  cela  deux  contregardes 
qui  font  devant  ces  tours,  appellées  l'une  Contregarde 
de  la  tour  du  roi ,  qui  cil  à  gauche  ;  l'autre  Contre- 
garde  de  la  tour  Milare ,  qui  e(l  à  droite.  Cette  place 
eft  encore  fortifiée  par  quatre  demi-lunes,  trois  ou- 
vrages à  corne  Se  une  espèce  de  fauxbourg  avec  une 
petite  redoute  à  la  tête.  Une  de  ces  demi-lunes  fe  nom- 
me la  demi-lune  de  la  Porte  neuve;  c'eff  au-devant  de 
celle-là  qu'efi  le  fauxbourg  avec  la  petite  redoute  ;  une 
autre  fe  nomme  la  demi  lune  des  Tanneries,  à  caife 
qu'elle  en  étoit  ci- devant  toute  remplie  ;  la  troifiéme 
s'appelle  la  demi- lune  de  la  porte  de  faint  Julien;  Se 
à  la  quatrième  on  donne  le  nom  de  la  tour  de  l'E- 
velle.  A  la  gorge  de  cette  dernière  demi-lune,  il  y  a 
une  éclufe  pour  foùtenir  les  eaux  qui  font  encore  ar- 
rêtées par  un  batardeau  qui  eft  fur  le  flanc  de  l'avança 
de  la  demi-lune.  L'un  des  trois  ouvrages  à  corne  s'ap- 
pelle Corne  de  Champagne  ;  il  eft  nouveau  ,  mais  il  y 
faut  faire  encore  beaucoup  de  dépenfe  pour  le  mettre 
à  fa  perfection  ;  l'autre  eft  nommé  Corne  de  faint  Ju- 
lien, à  caufe  de  la  porte  Se  de  l'ifle  de  ce  nom  ;  le  der- 

Tom.  IF.    Mm 


MEZ 


274 

nier  s'appelle  Corne  d'Arches,  à  caufe  du  fauxbourg 
qui  le  couvre  Se  qui  eft  de  la  fouveraineté  d'Arches  Se 
de  Charleville.  (  a)  Buugier  ,  p.  321.  (b  )  Lorigiterue  , 
p.  52.  (c)  Batigier ,  t.   2.  p.  2f2. 

La  citadelle  eft  irréguliere  Se  ancienne  ;  elle  eft  com- 
pofée  de  quatre  baftions ,  de  deux  demi-baftions,  d'une 
contregarde  &  de  trois  demi-lunes.  Les  noms  des  ba- 
ttions font  de  la  Renaudiere  ,  Rompu ,  ainfi  nommé  , 
parce  que  la  face  gauche  étoit  tombée  dans  le  fofle, 
ôc  a  été  long-tems  fans  être  relevée  ;  le  troifiéme  s'ap- 
pelle le  Battion  neuf,  Se  au-devant  il  y  a  une  contre- 
garde  de  même  nom  ;  le  quatrième  ett  le  battion  de 
Notre-Dame.  Dans  la  gorge  d'une  des  demi-lunes  nom- 
mée de  Bertaucourt ,  il  y  a  une  belle  éclufe  qui  foû- 
tient  fept  à  huit  pieds  d'eau  qui  fe  tire  en  tout  tems 
de  la  rivière  de  Meufe  par  le  moyen  d'une  autre  éclu- 
fe qui  eft  au  bout  du  fofle  de  la  contregarde.  Cette 
eau,  quand  on  le  veut,  entre  avec  rapidité  dans  la  pre- 
mière éclufe ,  Se  a  plus  de  fept  pieds  de  chute.  Cette 
éclufe  ne  peut  être  battue ,  parce  qu'elle  n'eft  point  ex- 
pofée  à  la  vue  d'aucun  endroit  par  dehors. 

Sur  les  ordres  que  Louis  XIV.  avoir  donnés,  on  a 
formé  le  deflein  de  faire  à  Mezieres  une  éclufe  fous 
le  pont  de  pierres ,  pour  faire  entrer  les  eaux  de  la 
Meufe,  &  la  faire  paiTer  avec  impétuofité  dans  le  fofle 
du  front  de  la  citadelle ,  pour  inonder  partie  de  ce 
front ,  &  en  faire  auflï  entrer  partie  dans  le  foiTé  de 
la  corne  de  Champagne.  On  projettoit  encore  de  faire 
un  ouvrage  couronné  à  la  tête  de  faint  Julien,  pour 
commander  l'ifle  de  ce  nom  que  l'on  devoit  fortifier, 
pour  empêcher  l'ennemi  de  s'y  loger.  Cette  ifle  eft  fuf- 
fifamment  étendue  pour  fervir  ,  en  cas  de  befoin  ,  de  re- 
traite à  une  armée ,  ou  pour  retiter  les  peuples  des  en- 
virons en  cas  de  fiége. 

Il  y  a  peu  d'endroits  dans  le  royaume  où  les  maté- 
riaux foient  aufli  beaux  ,  aufli  bons ,  auflï  faciles  à  ti- 
rer Se  aufli  propres  à  bâtir  qu'à  Mezieres.  La  chaux  Se 
le  fable  y  font  d'une  bonté  finguliere  ;  on  en  compofe 
un  mortier  excellent  pour  joindre  Se  lier  les  parties 
enfemble;  il  eft  d'une  telle  dureté,  qu'on  ne  peut  que 
très-difficilement  les  démolir ,  tant  elles  font  bien  liées 
enfemble, 

Le  gouverneur  de  la  ville  &  citadelle  de  Mezieres 
eft  aufli  gouverneur  de  Charleville  ;  il  y  a  un  lieutenant 
de  roi  Se  un  major. 

2.  MEZIERES,  abbaye  de  France  ,  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux ,  dans  le  diocèfe  de  Challon ,  première  fille  de 
la  Ferté,  fut  fondée  proche  Beaune  en  Bourgogne 
l'an  n 30.  Dom  Martenne  dit,  dans  fon  premier 
voyage  littéraire  de  l'an  1708,  que  cinquante  ans  au- 
paravant Mezieres  n'étoit  qu'un  cloaque ,  où  à  peine 
cinq  ou  fix  religieux  pouvoient  y  vivre ,  Se  qu'aujour- 
d'hui c'eft  une  des  plus  belles  abbayes  de  l'ordre ,  ca- 
pable de  nourrir  plus  de  vingt  religieux.  Tout  y  eft 
grand  Se  riant  ;  l'églife  Se  tous  les  lieux  réguliers  font 
d'une  propreté  qui  fait  plaifir;  les  jardins  répondent  à 
tout  le  refte.  La  bibliothèque  eft  excellente  ;  tous  les 
livres  font  choifis  Se  parfaitement  bien  conditionnés  ; 
mais,  ajoute-t  il ,  il  n'y  a  point  de  manuferits.  Il  pa- 
roît ,  par  quelques  titres  de  leurs  archives,  que  plufieurs 
feigneurs  de  Montaigu,  cadets  de  la  maifon  de  Bour- 
gogne ,  font  enterrés  dans  ce  monaftere ,  quoiqu'aujour- 
d'hui  on  ne  voye  aucun  de  leurs  tombeaux.  Il  n'y  a 
en  effet  à  Mezieres,  de  maufolés  queceux  de  deux  éve- 
ques  de  Challon  dans  l'églife,  dont  l'un  eft  Alexandre, 
de  la  maifon  de  Bourgogne,  mort  en  1261;  ils  font 
tous  les  deux  dans  l'églife.  Le  troifiéme  qui  eft  de  Fal- 
co  de  Reon ,  fondateur ,  Se  de  fes  enfans ,  fe  voit  dans 
le  cloître. 

MEZIERES  LA  GRANDE  PAROISSE ,  autrement 
Poussé  ,  baronnie  de  France ,  dans  la  Champagne , 
élection  de  Tioyes.  Elle  appartient  à  Anne  Ragnier  , 
marquis  de  Pouflé.  C'eft  l'une  des  quatre  baronnies 
dont  les  feigneurs  doivent  porter  Tévêque  de  Troyes 
à  fon  entrée.  *  Baitgicr ,  Mem.  Hift.  de  Champagne  , 
t.  2.  p.  347. 

MEZIERES  Se  S.  CHIRON  ,  bourg  de  France ,  dans 
le  Maine  ,  élection  du  Mans. 

MEZIERES  SOUS  BALON  ,  bourg  de  France ,  dans 
le  Maine ,  élection  du  Mans. 


MEZ 


MEZIERES  ou  SUBIR AY,  ville  de  France,  dans 
l'étendue  du  duché  de  Touraine  fur  la  Claiié.  Elle  tut 
érigée  en  marquifat  le  15  Juillet  1556  ,  en  faveur  de  Ni- 
colas Danjou ,  feigneur  de  S.  Fargeau.  Il  y  a  un  cha- 
pitre de  chanoines. 

MEZILLE  ,  rivière  de  France  ;  elle  a  fource  dans  le 
pays  appelle  Tuifaye,  un  peu  au-deflus  du  bourg  de 
Mezille.  Son  cours  eft  de  l'orient  méridional  à  l'occi- 
dent feptentrional.  Après  avoir  reçu  à  la  gauche  deux 
ruifleaux  ,  elle  va  fe  jetter  dans  la  rivière  d'Ouaine , 
avec  laquelle  elle  va  fe  perdre  dans  le  Loin ,  auprès  de 
Montargis.   *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

1.  MEZ1LLES  ,  bourg  de  France  ,  au  pays  de  Pui- 
faye ,  élection  de  Gien ,  vers  la  fource  de  la  rivière  de 
Mezille  qui  lui  donne  fon  nom ,  ou  qui  prend  le  fien 
de  celui  de  ce  bourg. 

2.  MEZ1LLES  ,  village  du  diocèfe  d'Auxerre  ,  entre 
Toucy  Se  faint  Fergeau  ,  à  fept  lieues  ou  enviton  de 
la  ville  épiscopale  vers  le  couchant.  Ce  lieu  eft  très- 
ancien  •,  il  fut  donné  par  faint  Germain ,  évêque  d'Au- 
xerre ,  au  monaftere  qu'il  avoit  fondé  proche  cette  ville. 
Les  écrivains  du  IX.  fiécle  chez  le  pere  Labbe  ,  Bibl. 
nov.  MSS.  l'appellent  en  latin  Miciglis  ;  quelques  uns 
ont  prononcé  Merilles  -,  Se  c'eft  ainfi  que  le  diction- 
naire unîverfel  de  la  France  l'appelle.  Ce  lieu ,  quoi- 
qu'ancien ,  n'étoit  pas  apparemment  encore  paroiiiè  au 
VI.  fiécle,  ni  même  au  VIII.  puisque  faint  Aunaire  > 
ni  faint  Tetrice,  évêques  ,  ne  le  nomment  pas  dans  leurs 
liât uts  ;  ce  pouvoit  être  une  dépendance  de  Toucy  ,  ou 
de  faint  Fergeau ,  ou  de  faint  Sauveur ,  fi  ce  dernier 
toutefois  étoit  dès-lors  paroifie.  Saint  Malien ,  moine 
de  l'ancienne  abbaye  de  faint  Côme ,  proche  Auxerre  , 
dite  depuis  de  fon  nom  ,  eft  patron  de  Mezilles.  On  le 
réclame  forr  dans  rout  le  voifinage  pour  la  conferva- 
tiondes  bettiaux  ;  parce  que  ce  faint  religieux  du  V.  fié- 
cle avoit  été  commis  par  fon  fupérieurpour  avoir  le  foin 
de  leurs  bettiaux  en  ce  lieu&  à  Fontenay.  Il  y  a  en  cette 
églife  un  bras  de  cuivre  doré  fur  lequel  on  lit  en  let- 
tres capitales  gothiques  :  Bracbium  S.  Mariant.  On  a 
autrefois  trouvé  dans  les  ruines  d'un  vieux  château  ,  pro- 
che ce  village ,  une  figure  de  bronze  de  la  déefle  An,' 
gerone,  que  l'abbé  Lebceuf  conferve  parmi  fes  curiofi- 
tés ,  Se  qui  n'ett  point  gravée  dans  les  antiquités  du  pere 
Montfaucon.  Hugues  de  Noyers,  évêque  d'Auxerre ,  aflï- 
gna  vers  l'an  1 200  ,  à  fa  cathédrale  du  revenu  fur  l'é- 
glife de  Mezilles ,  pour  faire  élever  le  grade  de  la  fête 
de  faint  Pèlerin  ,  premier  évêque  de  la  même  ville.  En 
1224,  Henri  de  Villeneuve,  aufli  évêque  d'Auxerre, 
ordonna  que  des  neuf  portions  des  dixmes  de  cette  pa- 
roifle ,  Nivelon  ,  charioine  de  la  cathédrale  ,  jouit  oit  de 
deux,  Se  que  les  fept  autres  appartiendroient  au  curé  ; 
le  tout  du  confentement  de  Renaud  de  Ratilly ,  che- 
valier ,  de  qui  cette  portion  de  dixme  relevoit  en 
fief. 

MEZO,  ville  de  l'Anatolie  propre  ,  à  dix  lieues  de 
Melazzo  ,  vers  le  levant.  Elle  étoit  autrefois  épiscopale  , 
Se  portoit  le  nom  A'Amifon ,  Amttjon  ou  Amyz^on.  La 
notice  d'Hierocles  la  place  dans  la  province  de  Carie, 
Se  lui  donne  le  neuvième  rang  parmi  les  évêchés  fuf- 
fragans  de  la  métropole  de  Melite. 

MEZOMME,  Mezemmeou  Megeime  ,  ville  d'Afri- 
que ,  au  royaume  de  Fez ,  dans  la  province  d'Errif. 
Marmol ,  dit  Dapper  ,  Defc.  du  Royaume  de  Fez. ,  p. 
154.  place  près  du  cap  d'Oleafter  la  ville  de  Mezcmme , 
qu'on  tient  pour  le  Teniolonga  de  Ptolomée.  Elle  eft  fituée 
fur  une  petite  montagne  aux  confins  de  la  province  de 
Garet.  Au  pied  de  cette  montagne  il  y  a  une  grande 
plaine  ,  qui  a  neuf  lieues  de  longueur,  trois  de  largeur, 
&qui  eft  traverfée  par  le  fleuve  Nocor,  qui  fépare  les 
provinces  de  Garet  Se  d'Errif.  Cette  ville  eft  préfen- 
tement  ruinée  ,  Se  n'eft  peuplée  que  de  quelques 
Arabes. 

MEZOUKAN  ,  ville  de  Pcrfe,  au  canton  de  Sava. 
L'air  y  eft  plus  froid  que  chaud  ;  le  bled  &  les  raifins 
y  font  bons.  *  Manuferits  de  la  Bibl.  du  Roi. 

MEZTITLAN  ,  province  de  l'Amérique  méridionale , 
au  Mexique  ,  avec  une  ville  de  même  nom.  L'air  de 
cette  province  eft  fort  fain  Se  très-tempéré.  Elle  a  quan- 
tité de  mines  de  fer  Se  d'alun.  Son  terroir  eft  arrofé 
de  plufieurs  rivières  poiflbnneufes.    Les  habitans  s'em- 


MIA 


ploient  à  faire  de  la  toile  de  cocon,  ôc  y  réufliflènt  fort 
bien    *  Corn.  Lict.  De  L*a ,  Defc.  des  hidey occi- 
dentales, 1.  5.  c.  y. 

MEZUNE,  ancienne  ville  d'Afrique,  dans  1.1  pro- 
vince de  Tencx ,  au  royaume  de  Tremecen.  Elle  cft 
au-dedans  du  pays ,  entre  Tenex  &  Moliagan ,  à  douze 
nulles  de  Ix  mer  Méditerranée.  Ptolomée  en  parie  fous 
le  nom  à'L/ppidoncum  tulonia  ,  &  lui  donne  feize  degrés 
de  longitude  6c  vingt-trois  degrés  quarante  minutes  de 
latitude  ;  les  murailles  l'ont  hautes  &  fortes  ,  &  il  y  a 
un  château  qui  a  un  fort  bon  palais.  Les  maifons  étoient 
très-bonnes  ,  mais  elles  ont  été  détruites  par  les  guer- 
res ,  &  particulièrement  en  la  révolte  des  païens  du 
roi  de  Tremecen  ,  qui  faccagerent  plufieurs  villes  de  ce 
royaume.  Les  bâtimens  d  à  prefent  font  à  la  moderne, 
ôc  ne  valent  rien  ;  mais  il  y  a  dans  la  ville  un  friper be 
temple  qui  femble  avoir  été  fait  par  les  Romains.  Les 
habitans  étoient  extrêmement  riches,  à  caufe  que  le 
pays  abonde  en  bled  &  eu  troupeaux  ;  mais  les  Arabes, 
ennemis  des  villes  ,  les  ont  fi  fort  tourmentés  depuis  la 
dernière  deltruction  de  la  place  ,  que  la  plupart  ont  été 
contraints  d'aller  s'établir  ailleurs.  Ceux  qui  relient 
font  des  pauvres  tifferans,  qui  font  de  la  toile  ôc  des 
faies  de  laine  ;  ils  gagnent  fi  peu ,  qu'à  peine  peuvent- 
ils  payer  les  impôts  qu'on  exige  d'eux  a  Alger,  ôc  ce 
qu'ils  doivent  aux  Arabes ,  afin  de  pouvoir  labourer 
les  terres.  Cette  contrée  eft  fort  étendue  ,  &c  l'on  y  voit 
les  mines  de  plufieurs  villes  qui  ont  été  détruites  de- 
puis les  Romains,  On  y  remarque  encore  des  grandes 
tables  d'à' bâtie,  ôc  des  ftatues  de  pierres  avec  des  in- 
fetiptions  latines.  *  Alarmai,  Defcrip.  du  royaume  de 
Tremecen,  1.  j.  c.  35. 

MEZURADA,  cap  d'Afrique,  fur  la  côte  de  Gui- 
née. Voyez.  Mesurado. 

MEZURATA,  cap  d'Afrique,  fur  la  côte  de  Bar- 
barie. Voyez,  au  mot  M  es  u  rata. 

MEZZANO  ,  lac  d'Italie ,  dans  le  duché  de  Caftro  , 
à  l'orient  du  lac  de  Boliena,  entre  les  rivières  Nova 
6c  Olpita  i  il  donne  naiflance  à  la  dernière  de  ces  riviè- 
res. *  Ahi^in ,  Carte  du  duché  de  Caltro. 

MEZZEN  ,  ville  de  la  Tartane  Moscovite,  dans  le 
gouvernement  d'Archangel,  Ôc  dans  la  province  deJu- 
gorski.  Cette  ville ,  hab.tce  par  des  Ruiiiens  ,  eft  fur  une 
rivière  de  même  nom  ,  environ  un  degré  en  deçà  du 
cercle  polaire.  *  De  /'  Ijle  ,  Carte  de  l'Afie. 

MEZZO  ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Dalmatie,  entre  l'ifie 
Meleda  à  l'occident ,  Se  le  continent  à  l'orient.  Voyez. 
Ei.aphites.  *  Coronclli ,  Carte  de  la  Dalmatie. 

MEZZOVO.  Ortelius ,  Tbefaur.  dit  que  c'eft  l'an- 
cien Pinde ,  dont  le  Parnatïe  ôc  l'Hélicon  fonc  des 
branches. 

M  I 

1.  MIA  ,  bourg  de  la  Paleftine  au-delà  du  Jourdain. 
Voyez.  Mva  &  Zia.  *  Jofiph.  antiq.  1.  20.  c.  1. 

2.  MIA  ou  Mijah,  ville  du  Japon,  dans  la  pro- 
vince de  Voary  ,  fur  la  côte  méridionale  de  Niphon  , 
fur  un  petit  golfe  qui  fait  partie  d'un  plus  grand  ,  aux 
confins  &  à  l'occident  de  la  province  de  Micava,  ôc 
à  fept  lieues  ôc  demie  de  Quano.  Elle  n'a  point  de 
muraille ,  il  y  a  feulement  un  méchant  foffé  à  l'entrée 
&  à  la  fortie.  Mia  eft  pourtant  grande  &c  bien  peu- 
plée ,  quoiqu'elle  ne  le  foit  pas  tant  que  Quano  ,  ne 
contenant  qu'environ  deux  mille  maifons.  Sur  la  droite 
elle  a  un  palais  carré  bâti  en  forme  de  château,  où 
l'empereur  loge,  lorsqu'il  va  à  Meaco  ou  qu'il  en  re- 
vient, comme  font  aufii  quelques-uns  des  plus  confi- 
déiables  princes  de  l'Empire  dans  leurs  voyages  à  la 
cour.  Les  rues  fe  coupent  à  angles  droits  avec  toute 
la  régularité  que  la  dispofition  du  tertein  peut  mettre. 
Une  longue  rue  ou  un  rang  de  maifons  s'étend  pen- 
dant deux  lieues,  depuis  Mia  jusqu'à  Nagaija  ,  demeure 
du  feigneur  de  la  province  ,  qui  eft  du  fang  impérial. 
Le  château  où  il  fair  fa  réfidence  ,  eft  regardé  comme  le 
troinéme  de  l'Empire  ,  par  rapport  aux  fortifications  ôc 
à  l'étendue.  Ce  prince  fait  fon  voyage  à  la  cour  avec 
une  magnificence  extrême.  Son  avant-garde  feule  eft 
compofée  de  plus  de  deux  mille  hommes  avec  des  che- 
vaux de  main,  des  hallebardes,  des  piques,  des  arcs, 


MIA         27/ 

des  flèches  &  d'acnés  armes,  des  paniers,  des  e  ...es 
Ôc  une  infinité  d'autres  choies , «les  unes  pom  ru;aDe. 
les  autres  pour  la  parade  a^ec  les  armoiries  demis. 
Lorsque  les  Hollandois  ie  rencontrent  furie  chemin, 
toute  leur  fuite  doit  mettre  pied  à  terie  leur  rendent 
fort  de  fon  non  mon  ,  6c  tous  dans  une  poilu  te  humi- 
liée par  rei'ped  pour  le  fang  impérial  ,  s'écartent  jus- 
qu'à ce  qu'il  foie  pane. 

Dans  la  ville  on  voit  quelques  temples  ,  entr'autres 
un  petit  du  Sintos  bâti  nouvellement  ^  on  l'appelle  Atza, 
ou  le  temple  des  trois  Simeterres,  &  luii  voit  à  l'en- 
trée deux  portes  rouges,  telles  qu'on  en  voit  devant 
les  temples.  On  y  garde  comme  de  faunes  reliques  trois 
fimeierres  miraculeux  dont  on  fe  fervoit  anciennement , 
du  tems  de  cette  race  de  demi  dieux  qui  habit  oient  le 
pays,  ôc  fe  faifoient  une  cruelle  guérie  ;  on  les  gar- 
dait autrefois  dans  un  temple  a  Isje  ,  d'où  on  les  a  trans- 
portés à  Mia.  Cinq  prêtres  du  Sintos  deflèrvent  ce 
temple,  habillés  de  robes  blanches ,  avec  des  chapeaux 
noirs  vernilles,  tels  qu'on  les  porte  à  la  cour  du  Dairi 
ou  de  l'empereur  eccléfiaftique  héréditaire.  A"  l'entrée 
de  la  ville  il  y  a  un  autre  temple  remarquable  par  la 
groneur  extraordinaire  de  l'idole  de  bois  qui  y  eft  ren- 
fermée ;  elle  remplit  le  temple  entier,  ôc  elle  a  la 
main  gauche  couchée  fur  le  genou  gauche.  Ce  temple 
eft  encore  remarquable  par  fon  antiquité,  ayant  été bâ- 
ti ,  à  ce  qu'on  dit ,  par  le  fameux  architecte  Fidano 
Jako  ,  avec  un  art  fi  fingulier  ,  que  routes  fes  parties 
jointes  enfemble  fe  fupportent  mutuellement,  fans  être 
appuyées  par  des  piLeis  ,  comme  dans  les  autres  tem- 
ples. *  kœmpfer .  Hilt.  du  Japon,  1.  5. 

MIACUM  ,  ancienne  ville  d'Espagne ,  félon  l'itiné- 
raire d'Antonin  ,  qui  la  place  fur  la  route  û'Emeritak 
Cajarditgtt/ïa ,  entre  Segovia  ôc  Complutum,  à  vingt- 
quatre  milles  de  la  première,  &  à  trente  milles  de  la 
féconde.  On  croit  que  c'eft  CercediLa,  village  de  la 
Nouvelle  Caftille. 

MI/EDII,  peuples  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée, 
/.  4  f.  5.  les  met  au-defilis  des  Mufini. 

MIAFARCKIN  ,  ville  du  Courd.ftan  ,  à  7;  degrés, 
de  longitude,  &  à  38  decrés  ele  latitude.  *  Petis  de  la. 
Croix ,  Hift.  de  Timur  Bec,  1.  3.  c.  42. 

MIALAN  ,  bourg  de  France  ,  élans  le  Bas-Armagnac  , 
élection  de  Rivière-Verdun. 

MIAM1S ,  peuf  les  de  l'Amérique  fcptcntricnale  ,  dans 
la  nouvelle  France ,  divifés  en  deux  tribus  ,  dont  l'une 
conferve  le  nom  deMiamis,  &  l'autre  eft  connue  fous 
celui  de  Ouyatanons.  Lorsque  nous  avons  commencé  à 
connoïtre  ces  fauvages,  ils  étoient  affez  près  de  Chi- 
cagou  ,  dans  la  partie  méridionale  du  lac  Michigan  ,  ôc 
ils  faifoient  une  alïez  nombreufe  nation  -,  ils  font  au- 
jourei'hui  fort  diminués.  Le  principal  village  des  Miamis 
eft  préfentement  fur  la  rivière  de  faint  Jofcph,  qui  fe 
décharge  aulTi  dans  la  partie  méridionale  du  lac  de 
Michigan  ,  mais  du  côté  de  l'eft  ;  les  Ouyatanons  fonc 
plus  à  l'oueft  ,  vers  Chicagou.  Cette  nation  paroît  avoir 
la  même  origine  que  les  Illinois.  Voyez.  Illinois. 

MIANA,  petite  ville  de  Perfe,  fur  la  route  ordi- 
naire de  Tauris  à  Ispahan,  par  Zangan,  Sultanie  ôc 
autres  lieux.  Elle  eft  fituée  dans  un  teircin  marécageux 
&  dans  un  endroit  où  l'on  paye  un  droit  pour  la  garde 
des  chemins.  C'eft  le  lieu  où  mourut  le  célèbre  The- 
venot  en  revenant  d'Ispahan.  Il  avoir  ramafié  plufieurs 
livres  perfiens  ôc  arabes  ;  mais  le  cadi  de  Miana  retint 
Jes  meilleurs.  Il  y  a  dans  cette  ville  un  des  plus  beaux 
caravanferas  de  la  Perfe.  A  deux  heures  de  Miana  on 
pafie  une  rivière  fur  un  beau  pont  de  pierres  qu'on 
laiffe  ruiner,  ôc  dont  les  arcades  font  creufes  par  de- 
dans. 11  eft  bâti  de  briques  ôc  de  pierres  de  taille ,  ôc 
eft  auffi  long  que  le  Pont- Neuf  de  Paris.  Ce  pont  eft 
presque  au  pied  d'une  haute  montagne  .  appellée  Ka- 
plenton.  Cha-Abas  en  fit  paver  tout  le  chemin,  parce 
que  la  terre  y  eft  fi  graffe,  que  dans  le  dégel  ,  ou  lors- 
qu'il tomboit  la  moindre  pluie ,  il  éroit  impoiîible  que 
les  caravanes  y  puffent  paffer.  Il  y  a  en  Perfe  une  forte 
de  chameaux  ,  qui ,  dans  une  terre  grade  où  il  vient 
à  pleuvoir ,  n'ont  point  de  force  pour  fe  tenir  avec  la 
groffe  charge  qu'ils  ont  fur  le  dos  ;  ils  s'écarrelent  ôc 
s'ouvrent  le  ventre.  Avant  que  le  chemin  fût  pavé,  il 
failoit  étendre  des  tapis  dans  les  pas  les  plus  glifians  oà 
Tom.  IV,  M  m  ij 


MIA 


q.j6 

ces  chameaux  dévoient  pafler ,  &  il  faut  recourir  en- 
core à  ce  remède  en  quelques  endroits  où  le  pavé  eft; 
rompu.  *  Tavernier  ,  Voyage  de  Pêne,  1.  i.  c.  6. 

MIAOMIN  ,  fonerelk  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  déparrement  de  Xecien  ,  cin- 
quième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  neuf  de- 
grés cinquante-trois  minutes  plus  occidentale  que  Pé- 
king.  fous  les  vingt-fept  degrés  cinquante  huit  minutes 
de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 

M1ARY,  rivière  du  Brefil.  Voyez.  Maragnan. 

M1AS ,  viilage  de  Syrie ,  pour  lequel  il  y  eut  dis- 
pute entre  les  Juifs  &  les  habitans  de  Philadelphie.  Voyez. 
Mya  &  Zia. 

MIASENA ,  ville  de  l'Arménie.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  la  place  fur  la  route  de  Sarala  à  Samofate,  le  long 
du  rivage ,  entre  Melitenes  &  Lacotcna  ,  à  douze  mil- 
les de  la  première ,  &  à  vingt-huit  milles  de  la  fé- 
conde. Quelques  manufcrjts  hfent  Mej&na  pour  Mia- 
fena. 

i.  MIATBIR,  petite  ville  d'Afrique,  dans  la  pro- 
vince de  Hea,  au  royaume  de  Maroc.  Elle  eft  fituée 
en  un  lieu  avantageux  &  escarpé ,  où  y  a  plufieurs  ha- 
bitations creufées  dans  le  roc.  Nunno  Fernaudez ,  gou- 
verneur de  Safi ,  ayant  envoyé  Loppe  Barriga  pour  l'at- 
taquer ,  il  y  fut  battu  par  quantité  de  naturels  du  pays 
&  d'Arabes,  fournis  aux  chérifs  qui  s'y  éroknt  retirés. 
Peu  de  tems  après,  le  même  Fernandez  lui  ordonna 
de  nouveau  de  s'en  emparer  ;  ainfi  Barriga  partit  avec 
quelques  alliés  qui  étoien:  dans  Safi,  &  13c  gendar- 
mes Chrétiens.  On  lui  donna  encore  100  tireurs  à 
pieds  Portugais,  Se  800  chevaux  arabes  de  Garbie , 
quatre  cens  foldats  &  quelques  naturels  du  pays.  Tou- 
tes ces  troupes  étant  arrivées  près  de  Miatbir ,  il  s'y 
campa  à  deffein  de  l'attaquer  dès  le  foir  ;  mais  dans  le 
tems  qu'il  conféroit  avec  les  fiens  fur  les  moyens  de 
s'en  rendre  maître  ,  les  fentinelles  entendirent  un  grand 
bruit  de  gens  qui  fuyoient  du  haut  en  bas  de  la  mon- 
tagne ,  ce  qui  l'ubl-gea  d'aller  reconnoïtre  ce  que  c'é- 
toit  avec  les  gendarmes  Chrétiens.  C'étoicnt  des  fu- 
jets  duchérif,  qui  vendent  compofer  avec  ceux  d'Ya- 
haja.  Il  les  combattit ,  &  les  ayant  pourfuivis  plus  de 
trois  lieues  jusqu'à  Alquel  ,  il  fur  environné  &  faic 
prifonnier  par  ceux  qui  fortirent  en  gros  de  cette  der- 
nière ville.  Ce  fut  ainfi  qu'avorta  l'entreprife  qui  avoit 
été  formée  contre  Miatbir.  *  Marmol ,  Dcfc.  du  royau- 
me de  Maroc  ,  1.  3.  c.  j. 

2.  MIATBIR,  montagne  du  grand  Arias,  où  l'on 
voit  encore  fur  la  cime  les  ruines  de  quelques  grands 
bâtimens  ,  qui  femblent  avoir  été  faits  par  ies  Romains  , 
&  tour  auprès  un  puits  fort  profond.  Elle  eft  de  la 
province  de  Cuzt,  au  royaume  de  Fez.  Le  bas  peu- 
ple de  Fez  y  va  chercher  des  tréfors ,  &  descend  dans 
ce  puits  avec  des  cordes  ,  tenant  des  lanternes  bien  bou- 
chées. Il  y  a  divers  étages  où  l'on  pafie  de  l'un  à  1  au- 
tre ,  &  au  dernier  on  voit  une  grande  place  creufée 
dans  le  roc  à  coups  de  pics ,  &  fermée  tour  à  l'emour 
d'un  gros  mur  qui  a  quatre  entrées  fort  baffes.  Cha- 
cune va  fe  rendre  à  des  petites  places  où  font  quel- 
ques puits  d'«au  vive.  Comme  ce  creux  contient  une 
infinité  de  tours  &  de  détours,  plufieurs  y  font  morts 
de  froid  ,  outre  qu'il  accourt  autour  d'eux  une  fi  grande 
multitude  de  chauves  fouris  ,  que  la  chandelle  s'en 
éteint  -,  en  forte  qu'il?  ne  fauroient  plus  retrouver  l'en» 
droit  par  lequel  ils  font  entrés.  Un  de  ces  chercheurs 
de  tréfors  s'y  étant  égaré  un  jour  ,  alla  tant  d'un 
lieu  à  un  autre  qu'il  rencontra  un  animal ,  qui  appa- 
remment avoit  fes  petits  dans  cet  endroit  ;  il  le  fui- 
vit  pas  à  pas  jusqu'à  une  fente  de 'rocher  qui  donnoit 
dans  un  bois  fort  épais  au  pied  de  cette  montagne. 
Cette  ouverture  ayant  été  découverte,  tant  de  perfon- 
ncs  y  accoururent  pour  y  creufer,  qu'à  force  d'y  faire 
des  foffes,  tout  fe  remplit  d'eau  5  ce  qui  a  fait  donner 
à  cette  montagne  le  nom  de  Mïat-bir ,  qui  fignifie 
cent  puits.  On  n'y  trouve  aucune  habitation.  *  Mar- 
mol ,  Defc.  du  royaume  de  Fez ,  1.  4.  c.  123. 

MIAYGIMAA  ,  port  du  Japon ,  dans  l'ifle  Tanuxi- 
maa,  adjacente  à  l'ifle  de  Ximo.  Ce  fut  là  que  Ferdi- 
nand Mendez  Pinto  ,  avec  deux  autres  Portugais  ,  abor- 
da la  même  année  1  542  ,  que  trois  autres  Portugais  pri- 
rent terre  à  Cangoxima ,    capitale   de  Saxuma.  Finto 


MIC 


au  refte  eft  le  fei.l  qui  ait  parlé  de  ce  voyage ,  &  on 
ne  voit  même  dans  aucun  hiftorien  du  Japon,  ni  dans 
aucune  carte  le  nom  de  Miaygimaa ,  ni  celui  de  Ta- 
nuximaa  ,  à  moins  que  cette  ifle  ne  foit  la  même  que 
Tacaxima,  qui  dépend  du  royaume  de  Firando.  *  Le 
pere  de  Charlevoix ,  Hift.  du  Japon,  1.  1. 

MIBJE ,  peuples  de  la  Libye  ,  dont  Silius  Italicus  , 
/.  3.  v.  16c).  fait  mention-,  mais  tout  le  monde  con- 
vient qu'il  y  avoit  faute  en  cet  endroit ,  &  les  derniè- 
res éditions  ,  au  lieu  de  Miba  ,  lifent  Nabx. 

M1BIARCENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Byzacene.  Parmi  les  évêques  qui  fouferivirent  à  la  let- 
tre adreffée  à  l'empereur  Conftantin ,  on  trouve  Joan- 
nes  Mibiarcenfts.  *  Hardouin  ,  vol.  3.  p.  739. 

MICA,  bourg  d'Afie ,  dans  la  Géorgie,  au  pied  du 
mont  Alburz ,  félon  Petis  de  la  Croix ,  Hijloire  de  Ti- 
mur-Bec ,  I.  3.  c.  &\. 

M1CALEO  ou  Micaleo-Streto,  détroit  de  l'Ar- 
chipel ,  entre  l'ifle  de  Samos  &  l'Anatolie.  11  a  iffue  au 
nord  dans  le  golfe  d  Ephéfe ,  &  au  midi  dans  celui 
de  Samos.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MICAL1DGE,  prairie  de  la  Natolie  ,  au  voifinage 
de  la  ville  de  Broufïà  ou  Prufie.  11  y  a  aufli  un  bourg 
de  même  nom  dans  cette  prairie.  *  Petis  de  la  Croix , 
Hift.  de  Timur-Bec  ,  1.  $.  c.  ji. 

M1CAWA ,  province  &  royaume  du  Japon  ,  qui  a 
le  Voari  à  l'oueft ,  le  Sinano  au  nord ,  le  Tootomi  à 
l'eft ,  &  la  mer  du  Japon  au  fud.  Kœmpfer  s'eft  trom- 
pé en  écrivant  Miravoa.  Ce  fut  le  premier  domaine 
de  Gixafu ,  qui  ufurpa  dans  la  fuite  l'empire  fur  le  fils 
de  l'empereur  Taycofama,  &  dont  la  poftérité  étoit 
encore  fur  le  trône  à  la  fin  du  dernier  fiécle.  *  Le 
pere  de  Charlevoix ,  Hiftoire  du  Japon,  liv.  1.  Voyez. 
Japon. 

MICELjE  ,  peuples  dont  fait  mention  Ortelius ,  The- 
faur.  qui  cite  le  vers  fuivant ,  comme  étant  du  fixié- 
111c  livre  de  la  phariale  de  Lucain  ,  où  je  l'ai  cherché 
inutilement;  Voici  le  vers  en  queition. 

Hic  &  odorato  fpirantes  crine  Micelœ. 

MICENAS.  Voyez.  Apesantus. 

MICERI ANUS,  fiége  épiscopal,  dont  il  eft  parlé  dans 
la  première  décrétale  du  pape  Félix  ,  Difi.  1. 

MICHA  ou  Punta  m  Micha  ,  petit  cap  delà  Dal- 
matie.  Il  avance  dans  le  golfe  de  Venife  à  l'oppofite 
de  la  ville  de  Zara ,  &  il  fert  à  former  un  des  côtés 
du  port  de  cette  dernière  ville.  Le  pere  Coronelli ,  carte 
dit  comté  de  Zara ,  écrit  Mie  1  au  lieu  de  Micha. 

M1CHA-CONDIBILIS,  peuples  fauvages  dans  l'A- 
mérique feptennionale  ,au  nord  des  Lacs.  Ces  peuples 
font  alliés  des  François. 

MICHAELIUM.F^'^Sosthenium  &  Esti^. 

MICHA ELSTE1N,  riche monaitere  d'Allemagne,dans 
le  duché  de  Brunfwich  Lunebourg,  au  comté  de  Blan- 
ckenbourg,  dans  la  forêt  d'Hartzvfald.  Un  folitaiie,  nom- 
mé Volcmar,  qui  avoit  bâti  ia  cellule  &  fon  oiatoire 
pies  de  cet  endroit ,  a  donné  lieu  à  la  fondation  de  cette 
opulente  maifon.  La  fainteté  de  cet  hermite  &  des  pre- 
miers compagnons  qui  fe  joignirent  à  lui  ,  engagea  l'impé- 
ratrice Mathilde  ,  femme  de  Henri  ,  furnommé  l'Oife- 
leur ,  à  leur  faire  bâtir  une  belle  églife  dédiée  a  faint 
Michel ,  &  à  donner  quelques  biens  au  couvent  qui  s'é- 
toit  formé  dans  cette  folitude.  L'empereur  Othon  I.  fils 
de  cette  impératrice ,  en  ajouta  de  nouveaux  ,  comme 
on  le  voit  par  un  diplôme  de  l'année  956;  mais  dans 
la  fuite,  ces  moines  ne  fe  trouvant  pas  aflez  en  fureté 
dans  ce  premier  endroit  contre  les  infultes  des  voleurs 
qui  infeftoient  ces  quartiers,  quittèrent  cette  première 
demeure  ,  &  fuivant  le  comèil  ik  1  ailiftance  que  leur 
donnèrent  Rodolphe  ,  éveque  d'Halberftar,  Bcarrix, 
abbeffe  de  Quedlinbourg  &  Burchard  ,  comte  de  B^acken- 
bourg  &  de  Rcinftein  ,fe  bâtirent  un  nouveau  monaitere 
&  une  nouvelle  églife  au  lieu  qu'on  nommoitalorsE  verhod- 
derode,  entre  Blanckenbourg  &c  Heirnbourg,&  le  nom- 
mèrent Michaellkin.  Ce  nouveau  monaitere  qui  fut  com- 
mencé en  1 152  ,  renfermoit  un  grand  nombre  de  bâti- 
mens, &  étoit  environne  d'une  très-forte  muraille  ;  mais 
les  guerres  ont  ruiné  ces  édifices.  On  voit  encore  dans 
ce  lieu  le  tombeau  de  Bcatrix  IX ,  abbeffe  de  Qucdlin- 


MIC 


MIC 


bourg,  fîllede  Frédéric Barberoufle  ,  laquelle,  après  avoir 
régi  pendant  vingt- trois  ans  fou  abo.iye  de  Quedlin- 
bourg,  voulut  que  fon  corps  fût  transporté  6c  enfe- 
veli  dans  la  nouvelle  églife  de  Michaellkin ,  qu'elle 
avoit  en  grande  partie  fondée  a  Ces  dépens.  Cette  eglife 
qui  étoit  magnifique,  autant  qu'on  le  peut  juger  par 
un  frontispice  qui  en  relte,  a  été  ruinée  en  ijzj  ,  pen- 
dant la  gutne  des  Payfans;  de  forte  que  les  moines  fu- 
rent obligés  de  transformer  en  églife  ce  lieu  qui  leur 
fervoît  de  chapirre  ,  6c  qui  avoit  une  voûte  fort  exhaus- 
sée. Les  comtes  de  Blanckeubjurg  6c  de  Rheinltein 
ont  en  differens  tems  avantagé  ce  monaftere  de  divers 
biens  confidérables.  Auiïï  fut-il  en  état  d'acheter  le 
comté  deWiiiningen  avec  toutes  fes  dépendances,  lors- 
que la  maifon  des  comtes  de  ce  nom  s'éteignit.  On  a 
un  catalogue  des  abbés  de  cette  maifon,  que  Brofe- 
nius  nous  a  transmis  dans  fon  livre  intitulé  CalleEtanea 
ou  recueil.  Ce  Brofenius  en  fut  lui-même  fait  abbé 
en  1644,  &  mourut  en  1646.  11  y  a  parmi  ces  abbés 
plufieurs  comtes  de  Reinllein,  6c  quelques  princes  de 
la  maifon  de  Brunswick-Lunebourg.  *  Zeyler  ,  Topog. 
duc.  Brunsw.  &  Luneb. 

1.  MICH AILLE  ,  montagne  de  France,  dans  le 
Bugey.  Elle  s'étend  du  feptentrion  au  midi  occiden- 
tal ,  le  long  du  Mandement  de  Nantua.  Voyez,  l'article 
fuivant. 

i.  M1CHAILLE ,  petit  pays  de  France,  appelle 
communément  le  Mandement  ou  le  Territoire  de 
Michaille.  11  s'étend  en  longueur  du  midi  au  fep- 
tentrion-,  à  l'orient  du  Mandement  de  Nantua  ;  au  mi- 
di ,  il  eft  borné  par  le  Mandement  de  Seifiel.  Ce  pays 
elt  fort  montagneux  ,  &  néanmoins  fort  abondant. 
Le  principal  lieu  du  Mandement  de  Michaille  eft  Cha- 
ftillon. 

MICHALOW,  petit  pays  de  la  Prufle  Polonoife, 
au  département  de  Culm,  fur  les  confins  de  la  Polo- 
gne. *  De  l'ifle,  Atlas. 

MICHAS.  Voyez.  Maacha. 

MICHE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Iengan  ,  huitième  métropole 
de  la  province.  Elle  elt  de  fept  degrés  quarante- une 
minutes  plus  occidentale  quePoking,  fous  les  trente- 
huit  degrés  quarante  minutes  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
ne n/t  s. 

MICHELAU,  petite  ville  de  Siléfie  ,  dans  la  prin- 
cipauté de  Brieg.  Elle  ne  jouit  du  nom  6c  des  privi- 
lèges de  ville,  que  depuis  la  concelïion  que  lui  en  fir 
en  1 6 15  ,  le  duc  Jean  Chrétien  de  Lignitz  6c  de  Brieg. 
*  Zeyler,  Topogr.  Silefise. 

MICHELFELD,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  faint 
Benoît ,  dans  la  Balle  Bavière  ,  fur  les  frontières  de  la 
Franconie. 

MICHELSTATT  ou  Michlenstatt  ,  petite  ville 
d'Allemagne,  au  cercle  de  Franconie,  fur  la  rivière  de 
Mulbiug  ,  dans  le  comté  d'Erpach  ,  entre  la  ville  d'Er- 
pach  &  celle  de  Furfienau.  On  voit  dans  les  origines 
de  Freherus  qu'anciennement  le  pays  aux  environs  de 
cette  ville  s'appelloit  Plumgau  -,  que  la  rivière  fe  nom» 
moit  Mimiling,  &  la  ville  Michilunftatt.  Il  y  a  dans 
c."  lieu  une  belle  églife,  dans  laquelle  les  comtes  d'Er- 
pach ,  qui  fui  vent  la  confelfion  d'Augf  bourg,  ont  leur  fé- 
pulture.  *  Zeyler,  Topogr.  Franconia?. 

MICHIGAN  ,  lac  de  l'Amérique  feptentrionale,  dans 
la  nouvelle  France ,  que  la  plupart  des  géographes  nom- 
ment mal-à  propos  le  lac  des  Illinois,  peut  être  parce 
que  la  première  fois  que  les  François  ont  connu  ces 
Sauvages,  ceux-ci  y  avoient  traverfé  le  Michigan;  mais 
ils  n'ont  jamais  été  établis  fur  fes  boids.  Ce  lac  s'é- 
tend du  nord  au  fud ,  depuis  les  49  deg.  30  min.  de 
latit.  nord,  jusqu'aux  41  deg.  45  min.  Sa  largeur  moyen- 
ne elt  de  trente  trois  ou  trente-quatre  lieues;  fon  cir- 
cuit de  trois  cens  lieues  ,  6c  fa  figure  presque  ovale. 
Dans  fa  partie  feptentricnale  il  n'eft  féparé  du  lac  fu- 
périeur  que  par  un  ilthme  allez  étroit;  dans  fa  partie 
occidentale  il  reçoit  les  eaux  de  la  baie  des  Puants-,  à 
l'orient  plufieurs  rivières ,  dont  quelques-unes  font  fort 
grandes.  Les  principales  font  la  Marquette,  faint  Ni- 
colas, la  Blanche,  la  Mafligon.  la  grande  rivière  qui 
Vaut  bien  la  Seine  ,  &  la  rivière  Noire.  L'embouchure 
de  ces  rivières  dans  le  lac  eft  allez  étroite  ,  mais  à  une 


2,7  y 

OU  deux  portées  de  fufit  au  -demis,  elles  forment  ...es 
lies  de  deux  ,  trois  ou  quatre  lieues  de  en  cuit  ,  ce  qu'on 
ne  fauroit  guère  attribuer  qu'aux  courans  6c  aux  vents 
du  large ,  lesquels  jettent  a  la  côte  quantité  de  fables, 
qui  ont  forme  comme  une  espèce  de  digue  à  ces  ri- 
vières. Au  fud-eii  le  lac  de  Michigan  reçoit  les  eaux 
de  la  rivière  de  S.  Jofcph  qui  vient  de  fort  loin  ,  6c  qui 
arrofe  un  fort  beau  pays.  Enfin  ,  dans  la  partie  du  fud, 
du  côté  de  l'ouelt ,  elle  reçoit  la  petite  rivière  de  Chi- 
cagou ,  qui  ne  vient  pas  de  fort  loin ,  6c  dont  la  fource 
n'eft  pas  éloignée  de  la  rivière  des  Illinois. 

MICHILLIMAK1NAC  ,  que  quelques-uns  difenc 
Mijfîllimakjnac ,  mais  mal ,  elt  une  ifle  aflez  petite  ,  à 
1  extrémité  feptentrionale  du  lac  Huron,  dans  la  nou- 
velle France  ,  6c  presque  vis-à-vis  l'entrée  du  canal , 
par  lequel  ce  lac  reçoit  les  eaux  du  lac  Michigan.  Cette 
ifle ,  qui  peut  avoir  trois  milles  de  circuit»  &  qui  fe 
voit  de  douze  lieues ,  en  a  deux  autres  au  fud  ,  dont 
l'une  fe  nomme  l'ifle  Ronde  ,  6c  eft  fort  petite  ;  6c  l'au- 
tre beaucoup  plus  longue  que  les  deux  autres ,  s'appelle 
l'ifle  du  Bois-Blanc,  Toutes  trois  fonr  déferres  ,  6c  celle 
de  Michillimakinac  eft  la  moins  boifee  des  trois.  La 
tradition  du  pays  elt ,  qu'une  nation  fauvage  qui  por- 
toit  ce  nom  ,  y  a  été  autrefois  établie ,  6c  lui  a  donné 
fon  nom,  qui  s 'elt  étendu  à  tout  le  pays  d'alentour, 
c'elt-à-dire ,  toutes  les  côtes  qui  font  la  féparation  des 
lacs  fupéricurs,  Huron  6c  Michigan.  Aujourd'hui  il 
ne  refte  pas  un  feul  de  ces  anciens  Michillimakinacs  , 
autrefois  fort  nombreux  ,  &  dont  on  a  compté  ,  dit-on, 
trente  bourgades  aux  environs  de  l'ifle.  Les  premiers 
Millionnaires  du  Canada  en  ont  encore  vu  quelques- 
uns.  Les  Sauvages  difent  que  Michabou  ,  qui  elt  leur 
dieu  des  eaux,  naquit  dans  l'ifle  de  Michillimakinac, 
6c  tout  ce  canton  lui  elt  fpécialement  confacré.  La  fi- 
tuation  entre  trois  lacs ,  dont  le  moindre  a  trois  cens 
lieues  de  circuit ,  fans  compter  la  grande  baie  des  Puants  , 
qui  s'y  décharge,  eft  peut-être  le  feul  fondement  de  ces 
traditions;  d'ailleurs  il  n'eft  peut-être  pas  tin  feul  en- 
droit au  monde  où  on  pêche  plus  de  bons  poiffons, 
on  vante  fur-tout  l'Ai  rikamec  ,  ou  le  poiflbn  blanc, 
qui  fans  autre  fauffe  que  de  l'eau  &  du  fel ,  eft ,  di- 
fent tous  les  François  qui  en  ont  goûté ,  le  meilleur 
de  tous  les  poiffons.  On  y  pêche  aufli  quantité  de  trui- 
tes d'une  groffeur  prodigieufe. 

Presque  tout   le  terrein,  tant  de  l'ifle    de  Michilli- 
makinac ,  que  du  continent,  elt   ttérile.  L'ifle  fur-tout 
n'eit   guère  qu'un   rocher ,  fur  lequel  il  y  a  fort  peu 
de  terre  ,  deforte  que  ce  lieu  n'eft  un  des  plus  fréquen- 
tés  du   Canada ,  que    par   l'avantage    de  fa  fituation , 
qui  de  tout  tems  l'a  rendu  l'abord  de  presque  toutes 
les  nan'ons   fauvages  du  Canada.  Avec  une  barque  ou 
pourroit  parcourir  de-là  trois  des  plus  grands  lacs  de 
l'Amérique.  11  n'a  pourtant  guère  commencé  à  être  fré- 
quenté par  les  François,  que  quand  les  Outaouaïs  6c 
les  Hurons  y  eurent  cherché  un  af\le  contre  les  Iro- 
quois.  Les  relies  de  ces  deux  nations  s'y  étant  établis , 
6c    presque  routes    les  autres ,  avec  qui    les  François 
étoient  en  commerce,  trouvant  ce  lieu  commode  pour 
trafiquer  avec  les  uns  6c  les  autres ,  on  y  bâtit  un  fort , 
&  les  Jéfuites  qui  avoient  une    affez  belle    mifllon  au 
Sault  fainte  Marie,  dans  le  canal  par  où  le  lac  fupé- 
rieur  fe  décharge  dans  le  lac  Huron ,  la  transportèrent 
à  Michillimakinac,  qui  devint  le  centre    de  toutes   les 
affaires  des  Sauvages  avec  les  François ,  6c  de  toutes  les 
mifiions  éloignées  de  Québec  :  mais  depuis  l'année  1705  , 
que  les  Hurons  &  une  partie  des  Outaouaïs  ont  paffé 
au   détroit ,  le  commerce  de  Michillimakinac  elt    fort 
diminué  ,    il    n'y    relte   plus   qu'un   affez    petit   village 
d'Outaouaïs  ,  qui   ne  donnent  pas  beaucoup  d'exercice 
aux   Millionnaires ,  lesquels  y  demeurenr  plutôt   pour 
le  fervice   du  fort ,  où  il  y  a  un  commandant,  quel- 
ques foldats ,    6c  un  petit  nombre  d'autres  François , 
que  dans  l'efpérance  de  faire  des  profelytes  parmi  un 
peuple  Sauvage,  auquel  on  n'a  jamais  pu   faire   goûter 
la  religion  Chrétienne.  Le  détroit  de  Michillimakinac 
elt  par  les  49  degrés  $0  minutes  de  laàtude  nord.  Les 
courans  y  fonr  extrêmement  forts  ,  changent  fouvenr  , 
fe  croifent  en    plufieurs  endroits ,  &  fur-tout  dans  le 
canal   par  lequel  on  entre  dans  le  lac  Michigan. 
MICHIN1PICPOETS  (  Les  ) ,  c'elt -à-dire ,  hommes 


278 


MID 


MID 


de  pierre  du  grand  lac  :  ce  font  des  peuples  fauvages 
de  l'Amérique  feptentrionale ,  qui  vonc  faire  la  traite 
au  fort  Nelfon ,  8c  qui  en  demeurent  néanmoins  à 
trois  cens  lieues.  Cette  nation  habite  nord  &  fud.  * 
La  Potherie  ,  Hi.ï.  de  l'Amérique  feptent.  p.  176. 

i.  MICHIP1COTON  ,  ance  du  lac  fupérieur  ,  dans 
la  nouvelle  Fiance.  Cette  ance  eit  formée  à  l'extrémité 
feptentrionale  du  lac ,  dans  l'endroit  où  fe  décharge  la 
rivière  qui  perte  le  même  nom. 

2.  M1CHIPICOTON  ou  Michipikoton  ,  rivière 
de  l'Amérique ,  feptentrionale  dans  la  nouvelle  France. 
Cette  rivière  tombe  dans  le  lac  fupérieur  :  dans  fon 
cours  on  rencontre  plufieurs  catarades.  On  peut  com- 
muniquer par  cette  rivière  de  la  baie  d'Hudfon  au  lac , 
en  faifant  un  port.ige  de  fept  lieues  de  la  rivière  des 
Machakandibi  à  celle-ci. 

MICHOE.  Voyez,  Trcglodytice. 
MICIACUM  ou  Mitiacum  ,  nom  latin  d'une  ab- 
baye de  France,  au  diocèfe  d'Orléans  ,  à  deux  lieues  de 
cette  ville  vers  le  couchant  fur  le  Loiret.  Cette  abbaje 
qui  fe  nomme  aujourd'hui  Micy  ,  ou  faint  Mesmin  ,  fut 
bâtie  vers  la  fin  du  règne  de  Cluvis  par  faint  Euspice 
&  faint  Maximin  ,  fon  neveu  ,  de  qui  elle  a  piii  fon 
nom.  Elle  appartient  maintenant  aux  Feuiilans.  Flic 
avoit  été  réformée  par  Théodulphe,  évêque  d'Orléans, 
du  tems  de  Louis  le  Débonnaire  ,  êc  mile  fous  la  régie 
de  faint  Benoît.  Saint  Euspice  ,  en  fut  le  premier  abbé 
l'an  508.  Saint  Maximin  ou  faint  Mesmin  le  fécond; 
faint  Avy  ,  le  troifiéme  l'an  520.  Plufieurs  néanmoins 
regardent  faint  Maximin  comme  le  premier,  8c  faint 
Avy  comme  le  fécond.  Le  corps  de  faint  Mesmin  y 
■fut  tranfporté  d'Orléans  par  l'évêque  Jonas  ,  après  l'an 
8; 6.  Cette  abbaye  au  beaucoup  de  Saints  religieux 
dans  les  commencemens  :  entre  autres  on  remarque  un 
fécond  faint  Avy  ou  Avit,  abbé  au  Duncis  ;  faint  Lié, 
Latus;  faint  Cales,  Carileffus  ;  faint  Théodémir ,  qui 
fut  le  quatrième  abbé  de  Micy,  ou  le  troifiéme  après 
faint  Avy;  faint  Douchait  ou  Dulcart;  faint  Viatre  ou 
Viator;  faint  Léonard  oa  Lienart;  faint  Conftantien  ; 
faint  Frambourg;  faint  Eufice.  *  B aille t ,  Topogr.  des 
Saints,  p.  309. 

MICILE  ou  Mesile  ,  félon  quelques-uns,  ville  an- 
cienne d'Afrique,  dans  la  province  de  Bugie,  royaume 
deTrémecen,  Elle  eft  fur  la  frontière  de  la  Numidie, 
6c  fermée  de  bonnes  murailles ,  qui  font  un  ouvrage 
des  Romains.  Autrefois  elle  était  riche  ëc  fplendide  , 
mais  elle  fut  ruinée  par  les  Arabes,  lorsqu'ils  entrèrent 
dans  l'Afrique.  Depuis  ce  rems  là  ,  elle  s'elt  repeuj  lie 
de  gens  pauvres  8c  fans  cène  tourmentés  des  Arabes  de 
la  campagne  ,  qui  leur  enlèvent  leurs  bleds  8c  leurs 
rroupeaux  ,  ce  qui  les  fait  vivre  miférablement.  Les 
Turcs  en  font  à  préfent  les  maîtres.  Salharaës  y  fit 
conuruire  une  fortereffe  où  il  y  a  quelque  cavalerie  en 
garnifon,  pour  tenir  le  pays  en  fureté.  Cette  ville,  que 
borde  la  montagne  de  la  Abez,  e/ï  à  dix  lieues  deMi- 
goma.  Hascen  bâcha  la  donna  au  feigneur  de  la  Abez 
avec  trois  pièces  d'artillerie,  que  Salharaës  y  avoit 
laiffées  ,  quand  il  vint  de  la  journée  de  Ticour.  Has- 
cen fit  mener  enfuite  ce  canon  à  la  fortereffe  de  Ca- 
laa ,  où  il  eit  encore.  Ces  pinces  font  à  quinze  lieues 
l'une  de  l'autre.  *  Marmol,  Defcripr.  du  royaume  de 
Trémecen  ,1.   5 .  c.  j  1 . 

MICMAS ,  ou  Porte-Croix  ,  peuples  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  dans  la  Gaspéfie.  Us  habitent  fur  les 
bords  de  la  rivière  Miramichi ,  depuis  nommée  rivicie 
de  Sainte-Croix.  Le  père  le  Clerc,  récollet,  prétend  fur 
le  rapport  de  quelques  anciens  de  ces  peuples  ,  qu'ils 
ont  depuis  long-tems  la  Croix  en  grande  vénération  , 
que  même  ils  la  portoient  autrefois  dans  leurs  voya- 
ges ,  &c.  Le  père  Lafiteau  le  contredit. 

MICO ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xenfi.  Elle  eft  de  fept  degrés  fix  minutes  plus  oc- 
cidentale que  Péking,  fous  les  39  deg.  40  min.  de  la- 
titude. *  Atlas  Sinenjîs. 

MICONI.  Voyez,  Mycone. 

MICTIS  ou  Mictf.ris.  Voyez.   Cassiteride-s. 

M1DACUM,  ville  de  l'Arménie,  à  ce  que  croit 
■Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Curopalare. 

M1D/E  FONS.  Voyez.  Marsyas. 

MIDA1UM  ,  en  grec  wfkiovi  8c  M;<T«W,  ville  de  la 


grande  Phrygie,  félon  Ptolomée ,  /.  5.  c.  2.  qui  la 
place  entte  DoryUum  8c  Tricomia.  Lion  Caflius ,  /. 
49.  p.  403.  Etienne  le  géographe  8c  Pline ,  /.  5.  c.  22. 
en  font  mention.  Cette  ville  a  été  épiscopale  ,  comme 
il  paroit  par  le  concile  de Chalcedoine  ,  tenu  l'an  431 , 
où  on  voit  la  foufeription  d'Epipbamuf  Midé.  *  Har- 
douin  ,  voL  2.  p.  63. 

M1DANON  ,  fiége  épiscopal  de  Syrie  :  la  notice 
du  patriarchat  de  Jerufalem  le  met  fous  l'archevêché 
de  Boftra. 

MIDAVA.  Voyez,  Medaba. 

1.  MIDDELBOURG,  ville  des  Pays  Bas ,  capitale 
de  l'ifle  de  Walcheren ,  &  même  de  toute  la  province 
de  Zélande  (  a  ).  Son  nom  lui  a  été  donné  à  caufede 
fa  fituation  dans  les  terres  ;  car  elle  eit  placée  presque 
au  milieu  de  l'ifle.  Quelques-uns  ,  au  lieu  de  Miadel- 
burgum  ,  ont  voulu  l'appelier  Meteltobitrgnm ,  de  Me- 
tellusjhommeconfulaire  parmi  les  Romains  (/)  ;  origine, 
fans  fondement  ;  d'autres  veulent  que  Middelbourg  ait 
été  fondée  par  un  certain  Mattio  ,  du  nom  duquel  les 
Zélandois  fuient  appelles  Mattiaci  ;  mais  fi  l'opinion 
précédente  eit  incertaine,  celle-ci  eit  abfolumem  fatifie; 
les  Mattiaci  n'ayant  rien  de  commun  avec  les  Zélan- 
dois. Voyez,  au  mot  Mattiaques.  11  eft  plus  vrai  de  dire 
que  Middelbourg  fut  bâti  l'an  11 32,  par  un  des  fei- 
gneurs  de  Bonelle.  Elle  eft  fituée  au  milieu  de  celles 
de  Were  8c  de  Fleffingue ,  la  première  du  côté  du 
nord  oriental,  8c  la  féconde  au  midi  occidenral.  (a) 
Aiting,  Not.  Getm.  infer.  part.  2.  p.  127.  {£)  Blww , 
Theatr.  Urbium. 

La  ville  de  Middelbourg  a  deux  ports ,  l'un  eft  an- 
cien; mais  étroit,  deforre  qu'il  n'e/t  guère  fréquenté 
aujourd'hui  :  l'autre  ,  creufé  nouvellement ,  eft  large  8c 
profond  ,  8c  reçoit  des  vaiffeaux  de  quatre  cens  ton- 
neaux ,  qui  abordent  chargés  au  milieu  de  la  ville ,  où 
le  canal  qui  communique  à  la  mer  fe  divife  dès  fon 
entrée  ,  8c  forme  fes  deux  ports.  La  ville  eft  bien  bâ- 
tie. Ses  fortifications  font  bonnes.  Il  n'en  faut  pas  d'au- 
tre preuve  que  les  divers  fiéges  qu'elles  ont  foûtenus. 
Il  y  a  auffi  de  belles  places  8c  de  beaux  édifices  pu- 
blics,  entre  lesquels  tient  le  premier  rang  !a  magni- 
fie] ue  8c  célèbre  abbaye  de  famt  Nicolas  ■.  de  l'ordre  de 
rrémontré  ,  fondée  en  premier  lieu  par  Ccdebald , 
\ingt  quatrième  évêque  dUtrccht,  8c  enfuie  dotée 
8c  augmentée  confidérablemcnt  par  Guiilaume  ,  roi 
des  Romains  ,  comte  de  Hollande  &  de  Zc'.ande, 
qui ,  à  ce  qu'on  dit ,  y  fut  enterré  avec  la  reine  Ifa- 
belle  ,  fa  femme.  Il  y  avoit  dans  cette  abba-.  e  une  nche 
bibliothèque,  &  elle  jouitToit  de  revenus  immenfes  8c 
de  tiès-giands  privilèges  :  labbé  aveit  la  première 
place  dans  les  états  de  la  province.  Aujourdhui 
ce  grand  édifice  ,  qui  reffemble  à  une  petite  vilie  ,  eft 
le  lieu  où  i'afiemblent  les  états  de  la  province: on  y  a 
aulli  mis  la  chambre  des  comptes  ,  ce  le  de  l'amirauté, 
8c  l'hôtel  de  la  monnoie.  La  maifon  de  ville  ,  eit  aulîi 
un  édifice  confidérable ,  orné  de  ftatucs  8c  d'emblè- 
mes. Sa  tour  d'horloge  eit  dans  une  grande  place  où 
aboiuillenr  plufieurs  rues  longues,  droites  8c  larges; 
8c  l'on  prétend  que  l'horloge  a  coûté  cent  cinquante 
mille  florins. 

Cette  ville  ,  comme  le  refte  de  l'ifle  ,  avoit  toujours 
été  du  diocèfed'Utrecht;  mais  en  1559 ,  le  pape  Paul 
IV.  à  la  prière  de  Philippe  II.  y  érigea  un  fiége  épis- 
copal, dans  l'églife  de  faint  Pierre,  8c  le  fournit  a  la 
nouvelle  métropole  d'Utreeht.  Le  premier  évêque  de 
cette  églife  fut  Nicolas  de  C<.\ftro ,  ou  du  Châreau, 
qui  étoit  de  Louvain  ,  8c  qui  fit  publier  dans  cere  ville 
le  concile  de  Trente  :  mais  après  fa  mort,  l'armée  des 
Etats  ayant  bloqué  la  ville,  le  capiraine  Mondragon  , 
qui  en  étoit  gouverneur  ,  après  qu'on  y  eut  mangé 
ju->qu'aux  chiens ,  aux  chars  8c  aux  rats ,  fut  contraint 
de  rendre  la  place  au  mois  de  Février  i)"74.  Les  Re- 
formés y  abolirent  le  culte  de  la  religion  Catholique, 
c\  1  cvêché  fut  fupprimé.  *  Longuerue,  Defcript.  de  la 
France  ,   pair.  2.  p.  24. 

Le  gouvernement  politique  &  civil  de  Middelbourg 
eft  entre  les  mains  de  deux  bourguemeftres ,  d'onze 
échevins  8c  de  douze  confeillers.  Les  bourguemeftres 
préfident  dans  le  confeil  ou  fénar  qui  règle  les  affaires 
politiques,  concernant  la  ville  8c  la  province,  &  au 


MID 


MID 


tribunal  ou  à  l'afiemblée  des  échevins,  qui  décident 
les  caufes  civiles  8c  criminelles,  foit  à  la  pourfuite  du 
bailli  de  h  ville ,  dans  les  caufes  des  bourgeois ,  foit  à 
la  pourfuite  du  bailli  de  l'occident  de  l'Escaut ,  dans 
les  affaires  qui  regardent  les  habitans  de  rifle,  qui  font 
tous  fournis  à  ce  tribunal.  Dans  cette  affemblée  des 
échevins,  il  y  a  deux  fecréraires  qui  exercent  alterna- 
tivement l'office  de  fyndic.  Ils  doivent  être  tous  deux 
gradués ,  8c  leur  fonction  elt  de  faire  rédiger  les  actes , 
de  donner  leur  avis  dans  les  affaires  épineufes.  Il  y  a 
encore  plufieurs  collèges  ;  favoir ,  celui  qui  elt  pro- 
pofé  pour  veiller  fur  les  pupilles ,  8c  qui  confiite  en 
quatre  perfonnes  notables  8c  un  fecrétaire.  Le  tribu- 
nal de  la  campagne  eft  compofé  de  trois  échevins,  8c 
d'un  greffier  ;  ce  tribunal  connoît  en  première  inltance 
des  différens  qui  concernent  les  fonds  de  la  campa- 
gne ,  8c  l'appel  elt  porté  devant  les  bourguemeftres  8c 
échevins.  Le  collège  appelle  les  états  de  Walcheren , 
eft  chargé  de  veiller  à  l'entretien  des  digues,  de  la 
confervation  desquelles  dépend  le  falut  de  rifle  ;  il  a 
auffi  l'infpedion  des  chemins  publics  8c  celle  des  ri- 
vières. Les  membres  de  ce  dernier  collège  font  choifis, 
l'un  dans  le  corps  de  la  noblefle  ,  un  autre  dans  la 
ville  de  Middelboutg ,  un  troifîéme  dans  la  ville  de 
Fleffingue ,  un  quarriéme  dans  celle  de  Weie  ;  8c  on 
en  joint  deux  auttes  pris  entre  les  perfonnes  qui  pofl'é- 
dent  des  biens  -  fonds  dans  l'ifle.  *  BLw ,  Thcatrum 
Urbium. 

2.  MIDDELBOURG  en  Flandre,  bourg  des  Pays- 
Bas  ,  dans  la  Flandre  Flamande ,  à  une  lieue  d'Ardem- 
bourg.  On  le  nomme  ainfi  pour  le  dillinguer  de  la 
ville  de  Middelbourg,  capitale  de  laZélande. 

Ce  n'étoit  d'abord  qu'un  hameau  dépendant  du  vil- 
lage de  Hegle,  &  fut  donné  par  Gui,  comte  de  Flan- 
dre ,  à  l'abbaye  de  Prémontré  de  Middelbourg  en  Zé- 
lande ,  dont  il  a  pris  8c  confervé  le  nom  qu'il  porte 
encore  aujourd'hui.  L'abbé  ayant  obtenu  la  permiffion 
d'aliéner  ce  terrein  ,  il  fut  vendu  en  1446,  à  Pierre 
Blandelie ,  tréforier  de  l'ordre  de  la  Toifon  d'Or , 
qui  en  fit  un  boutg  ou  une  petite  ville  ,  qu'il  entoura 
de  murailles  8c  de  foffés.  De  la  famille  de  Blandelie , 
cette  feigneurie  a  pafle  en  diverfes  autres  maifons ,  jus- 
qu'à ce  qu'elle  eft  enfin  tombée  dans  celle  d'Ifen- 
ghien. 

En  1488  ,  les  habitans  de  Bruges  ,  qui  s'étoient  révol- 
tés contre  l'empereur  Maximilien  ,  fe  rendirent  maî- 
tres de  Middelbourg ,  8c  en  détruifirent  les  murailles. 
Cette  ville  fouffrit  encore  beaucoup  durant  les  trou- 
bles des  Pays-Bas ,  8c  fut  occupée  tantôt  par  les  Es- 
pagnols ,  tantôt  par  les  troupes  de  la  République  ; 
mais  les  deux  parties  convinrent  enfin  en  1621  ,  après 
l'expiration  de  la  trêve,  qu'elle  refteroit  neutre.  Depuis 
ce  tems ,  Middelbourg  a  toujours  été  une  place  ou- 
verte ,  8c  fujette  aux  contributions  de  part  8c  d'au- 
tre ,  jusqu'à  ce  que ,  par  le  rraité  de  Munfter ,  une 
partie  du  territoire  fût  cédé  à  la  République  ;  mais  la 
plus  grande  partie  avec  la  ville  relta  au  roi  d'Espa- 
gne. La  guerre  étant  furvenue  en  1702  ,  entre  la  Fran- 
ce &  les  Etats  Généraux ,  les  troupes  de  ces  derniers 
s'emparèrent  de  ce  lieu  &  le  fortifièrent  ;  mais  les 
François  s'en  rendirent  maîtres  peu  de  tems  après  ,  8c 
furent  enfuite  obligés  de  l'abandonner. 

Le  prince  d'Ifenghien  pofféde  aujourd'hui  ce  comté 
comme  un  fief  mouvant,  partie  du  Franc  de  Bruges,  8c 
partie  de  celui  de  l'Eclufe.  Il  y  a  un  tribunal  compofé 
d'un  bailli,  d'un  bourguemeftre  6c  de  huit  échevins, 
avec  un  fecréraire  ,  tous  établis  par  le  comte  ,  &  tous 
Catholiques  Romains,  excepté  deux  échevins  Réfor- 
més ,  pour  le  tetritoire  &  leurs  Hautes -Puiflances.  Ce 
tribunal  exerce  haute ,  moyenne  8c  bafle-juftice ,  8c  il 
n'y  a  point  d'appel  de  fes  fentences  dans  les  caufes 
criminelles  ;  mais  dans  les  civiles  ,  on  en  appelle  au 
Franc  de  Bruges  ,  ou  à  celui  de  l'Eclufe  refpe&ive- 
menr.  Quoique  ces  magiftrats  puiflent  faire  punir  eux- 
mêmes  leurs  criminels  ,  ils  ont  néanmoim  la  liberté 
de  les  envoyer  ou  au  Franc  de  Bruges ,  ou  à  celui  de 
l'Eclufe  ,  fuivant  le  territoire  d'où  dépendent  les  cri- 
minels ;  8c  ces  deux  collèges  font  obligés  d'en  faire 
faire  juftice  à  leurs  propres  frais  8c  dépens. 
L'églife  de  Middelbourg  étoit  autrefois  une  collé- 


279 

giale ,  dont  le  chapitre  tut  fondé  en  1470,  par  un  des 
feigneurs  de  la  famille  de  Blandelie.  Elle  eft  aujour- 
d'hui deffervie  par  un  curé,  qui  dépend  Je  Févêque 
de  Bruges.  Les  Réformés  y  font  en  fort  petit  1, ombre; 
ils  vont  à  l'églife  d'Eede  ,  qui  n'en  eft  pas  éloignée.  Il 
y  avoit  ci-devant  un  monaltere  de  religieufes  de  fainte 
Claire  ,  8c  un  autre  d'Holpitalieres  ;  mais  ces  deux 
couvens  8c  le  chapitre  ont  été  abolis  à  l'occafion  des 
guerres. 

Le  comté  de  Middelbourg  comprend  les  territoi- 
res de  Leenskens  8c  de  Soerendaal ,  avec  une  partie  des 
paroiffes  de  Heyle,  de  faim  Baaffe,  de  Notre-Dame  8c  de 
fainte  Croix. 

3.  MIDDELBOURG,  ifle  des  Indes  ,  entre  la  côte 
orientale  du  royaume  de  Maduré  ,  8c  la  côre  occiden- 
tale de  l'ifle  de  Ceylan ,  ou  plus  précifément ,  entre 
l'ifle  de  Leyden  du  côté  du  nord  oriental,  &  l'ifle  de 
Delfc  du  côté  du  midi  occidental.  *  Reland  ,  Carre  de 
l'ifle  de  Ceylan. 

4.  MIDDELBOURG,  ifle  de  la  mer  du  Sud  ,  à 
deux  cens  quatre  degrés  ou  environ  de  longitude , 
fous  !c  21  d?grés  jo  minutes  de  latitude  méridionale. 
Elle  fe  trouve  fur  la  route  que  fit  Abel  Tasman  en 
1642.  *De  l'ifle,  Atlas.. 

M1DDELENGLI.  Bede  donne  ce  nom  aux  peu- 
ples de  l'Angleterre  qui  habitent  dans  les  terres.  *  Or- 
tclii  Thefaur. 

1.  M1DDELFART,  ou  Middelfahrsund.  On  a 
donné  ce  nom  à  l'endroit  le  plus  étroit  du  bras  de  mer 
qui  fépare  l'ifle  de  Fionie  du  Jutland  \  8c  ce  nom  vienc 
de  celui  de  la  petite  ville  de  Middelfart,  où  on  s'eme 
barque  pour  traverfer  de  la  côte  occidentale  delà 
Fionie  dans  le  Jutland.  *  Hermanid.  Delcript.  Da- 
nia: ,  p.  702. 

2.  MIDDELFART  ,  MIDDELFAR ,  ou  Middel- 
furt  ,  pe;ite  ville  du  royaume  de  Danemarck  ,  fur  la 
côte  occidentale  de  l'ifle  de  Fionie  ,  8c  d'où  l'on  pafle 
de  cette  ifle  a  Kolding,  ville  du  Jutland  feptentrio» 
nal.  Elle  elt  fituée  fur  le  détroit  auquel  elle  donne 
fon  nom. 

MIDDLEHAM,  ou  Midlam  ,  bourg  d'Angleterre, 
dans  le  Yorkshire  ,  fur  la  rivière  d'Youre.  11  s'y  tient 
un  marché.  *  De  l'ifle  ,   Atlas. 

MïDDLESEX  ,  province  médkerranée  d'Angleterre , 
dans  le  diocèfe  de  Londres.  Elle  a  quatre  -  vingt  -  un 
milles  de  tour,  8c  contient  environ  247000  arpens, 
8c  plus  de  1 00000  maifons ,  en  y  comprenant  les  villes 
de  Londres  8c  de  Wcfiminfter.  Ce  n'eft  qu'une  petite 
province  ,  mais  agréable  8c  fertile  .  8c  la  capitale  pro- 
vince de  l'état.  La  Tamife  qui  l'arrofe  ,  8c  qui  la 
fépare  de  la  province  de  Surrey  ,  eft  fa  principale  ri- 
vière. Le  fumier  de  Londres  contribue  beaucoup  à  fa 
fertilité,  8c  à  y  faire  mûrir  les  fruits  plutôt  qu'ailleurs. 
Ses  villes  &  bourgs  où  l'on  tient  marché,  font, 

Londres  la  capitale. 
Weftminfter,         Scanes,         Enfield , 
Brentford,  Uxbridge,     Edgeworth. 

*  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne,  t.  1.  p.  86. 

MIDDLETHIRD,  baronie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Munfter.  Elle  eft  au  midi  de  Cashel ,  Se  une 
des  quatorze  du  comté  de  Tipperari.  *  Etat  préfent 
de   la  Grande  Bretagne ,  t.  3. 

MIDDELVICH  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  Ches- 
hire ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Chefter.  Il  s'y  tient  un 
marché.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1. 
p.  127. 

1.  MIDE4>  en  gtec  M/A*  ,  ville  de  Bœotie,  félon 
Strabon  ,  /.  1.  p.  59.  qui  dit  qu'elle  fut  fubmergée  par 
les  eaux  du  lac  Copaïs.  Etienne  le  géogtaphe  die  qu'on 
Fappelloit  anciennement  Perfepolis. 

2.  MIDEA ,  en  grec  UiÏU  ,  ville  de  l'Argie.  Sera-' 
bon,  /.  8.  p.  573.  dit  qu'elle  étoit  déferte  de  fon 
tems. 

MIDE^  TUMULI,  lieu  du  Péloponnèfe,  félon  Xé- 
nophon ,  /.  7.  p.  619.  qui  ajoute  qu'Archidamus  y 
campa.  Ils  étoient  auprès  de  la  ville  Midea.  Voyez,  ce 
mor ,  num.  I. 

M1DELLI ,  petite  ville  de  l'Afie ,  dans  la  Natolie. 


a8o 


MIE 


MIE 


Elle  écoit  autrefois  épiscopale,  ôc  ert  nommée  Me- 
damm  dans  la  notice  d'Hicrocles ,  ôc  Meâaeum  dans 
la  notice  de  Léon  le  Sage.  L'un  &  l'autre  la  range  fous 
la  Phrygie  falutaire.  Thévec  prétend  qu'elle  exifte  en- 
core dans  la  province  de  Germian  ,  fur  le  Zangari,  en- 
tre Peflin  &  Chioutaye.  *  Onelii  Thef. 

MIDHURST,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Suflex.  Il  a  droit  d'envoyer  fes  députés  au  parle- 
ment. *  Et.it  préfent  de  la  Grande  Bretagne,  T.  I. 

MIDICENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Byzacenc  ,  félon  la  conférence  de  Cannage  ,  où  on  voit 
Marais  MiAltenfis  ,  évêque  Donatifte.  *  Hardouin , 
vol.   i.  p.  1099. 

M1DILA  ,  ou  Midla,  ville  d'Afrique,  dans  la  Nu- 
midie.  Jader  à  Midila,  confefleur  &  martyr,  aflifta  au 
concile  de  Carthage  tenu  fous  faint  Cyprien.  Dans  la 
conférence  de  Carthage ,  num.  193.  Julianus  elt  quali- 
fié tpïscopus  Midilenfis  ,  ôc  la  notice  des  évêchés  d'A- 
frique nomme  Florentianus  episcopus  Midilenfis  ,  num. 
41.  *  Du  Pin,  Coll.  Carth.  num.  329. 

MID1TANUS ,  ou  Mididitanus,  fiége  épiscopal 
d'Afrique,  dans  la  Byzacene.  La  notice  d'Afrique  four- 
nit Eubodius  Mididitanus  ,  ôc  la  conférence  de  Car- 
thage Serenianus  Miditanus.*  Hardouin,  v.  I.  f.109 

M1DOE.  Voyez.  Troglodytice. 

MIDOUZE,  rivière  de  France,  dans  la  Guienne. 
Elle  a  fa  fource  dans  le  Bas- Armagnac,  auprès  d'A- 
gnan ,  court  en  ferpcntant  du  fud-eft  au  nord-oueft , 
mouille  Nogaro ,  Monguilem,  Montagift  de  Mont  de 
Marfan ,  au-deiïbus  duquel  elle  reçoit  la  Doute  char- 
gée de  l'Eftampon  ,  grofii  de  divers  ruifleaux  ,  l'Eftri- 
gon,  le  Gelons,  ôc  lou-Bes ,  après  quoi  elle  fe  rend  à 
Tartas  ,  ôc  ,  à  quelque  diftance  de  cette  ville ,  elle  va 
fc  jetter  dans  l'Adour.  *  De  l'IJle ,  Atlas. 

MIDRUSAWA ,  ville  du  Japon  ,  dans  l'Ifle  Nipon  , 
ôc  dans  la  province  d'Oxu. 

1.  MIE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Caifung ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  F,lle  eft  de  quatre  degrés  qua- 
tre minutes  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  ri  en- 
te-cinq degrés  vingt-fix  minutes  de  latitude.  *  Atlas 
iinen/ù. 

2.  MIE,  lac  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Kian- 
gfi,  au  voifinage  de  la  ville  de  Kiegan.  On  lui  adonné 
le  nom  de  Mie ,  qui  lignifie  lac  de  miel ,  à  caufe  du 
goût   excellent   qu'ont    les    poiffons  qui    s'y    pèchent. 

*  Atlas  Sine  nfis. 

MlECHAU,  Mieschaux,  ou  Mieszava,  ville  de 
Pologne,  dans  la  Cujavie,  fur  la  rive  gauche  de  la 
Viflule,  à  trois  lieues  au-deffous  des  Vros  Lavek ,  ôc 
à  quatre  lieues  au-deflus  de  Thorn.  Cette  ville  elt  pe- 
tite ,  mais  fort  agréable.  Elle  eft  bâtie  en  partie  de  bois , 
Ôc  en  partie  de  brique.  C'eft  une  dépendance  des  éco- 
nomies du  roi  qui  y  fait  payer  un  péage.  La  rive  de 
la  Villule  eft  aifée  dans  cet  endroit ,  quoiqu'elle  ne 
foit  pas  tout-à-fait  unie.  *  Mém.  du  chev.  de  Beau- 
jeu,    1.  2.  c.   3. 

MIEDZYRZECZ,  Medirecium  ,  place  de  la  gran- 
de Pologne  ,  dans  le  Palatinat  de  Posnanie ,  fur  les 
frontières  de  la  Nouvelle  Marche  de  Brandebourg , 
entre  l'Oder  ôc  la  Warta,  parmi  des  marais.  Les  Po- 
méraniens  s'étant  rendus  maîtres  de  cette  place  l'an 
1094,  y  ajoutèrent  de  nouvelles  fortifications.  Les  Po- 
lonois ,  qui  avoient  intérêt  de  la  reprendre  ,  voulu- 
rent les  y  forcer-,  mais  l'impoiFibilité  d'ouvrir  des  tran- 
chées dans  un  terrein  fangeux ,  découragea  le  général 
Sieciech ,  ôc  l'armée  fe  feroit  retirée ,  fi  le  jeune  Bo- 
leslas,  âgé  feulement  de  neuf  ans,  n'eût  blâmé  cette 
réfolution ,  il  fit  baraquer  l'armée ,  ô£  fortifia  fon 
camp  ,  déterminé  à  attendre  les  rigueurs  de  la  faifon 
pour  faire  les  approches  du  château.  Cette  détermina- 
tion étonna  les  Poméraniens  ,  ôc  les  força  à  fe  rendre. 

*  Dlugofl,  p.  331.  Guagnin.  t.  1.  p.  79. 

MÎEGE,  dans  la  Franche-Comté,  diocèfe  de  Befan- 
çon,  au  bailliage  de  Salins-,  c'eft  où  la  rivière  d'Air 
prend  fa  fource.  Il  y  a  eu  un  ancien  prieuré  de  l'ordre  de 
Cliini ,  du  titre  de  faint  Germain  ,  évêque  d'Auxerre  , 
qui  eft  maintenant  réuni  au  chapitre  féculier  de  No- 
zerav,  qui  en  eft  tout  proche.  On  conferve  dans  la  mê- 
me églife,  qui  eft  paroifie,  &  la  mère  églife  de  toutes 


celles  du  Val  de  Miege  ,  dans  un  bras  d'argent ,  (c  ra- 
dius du  bras  droit  de  faint  Germain,  auquel  tous  les 
peuples  du  voifinage  ont  une  finguliere  dévotion  ;  en 
forte,  que  dans  les  tems  de  féchereffe  cette  telique 
eft  portée  en  proceflion  jusqu'à  Salins. 

MIEL  AN  ,  petite  ville  de  France,  dans  l'Armagnac, 
au  comté  de  Pardiac.  C'eft  une  enclave  de  Rivière» 
Verdun^ 

MIELNICK  ,  petite  ville  de  Pologne,  fur  le  Bug, 
dans  la  Podlaquie  .  ôc  le  chef-lieu  d'un  petit  reuiioire 
de  même  nom.  Elle  eft  frtuée  à  trois  lieues  de  Dro- 
giczyn.  Andr.  Cellar.  Defcripr.  Poloniac,  p.  603. 

M1ELO,  rivière  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquangi  elle  pafle  dans  la  ville  de  Siangyn.  Elle  eft 
célèbre  pour  avoir  donné  occafion  à  la  fête  que  les 
Chinois  appellent  la  fête  de  Tiwmt.  Cette  fête  lé  cé- 
lèbre le  cinquième  jour  du  cinquième  mois ,  avec  beau- 
coup de  folemnité  ôc  d'éclat  dans  tout  l'empire  de  la 
Chine.  Elle  a  été  établie  en  l'honneur  d'un  certain  gou- 
verneur de  la  province,  en  mémoire  de  ce  que  fc 
voyant  pourfuivi  par  des  traîtres,  il  fe  précipita  dans 
cette  rivière.  Originairement  cette  fête  fe  célébi  oit  "feu- 
lement dans  la  province  de  Huquang.  Peu  à  peu  on  eft 
venu  à  la  folemnifer  dans  tout  l'empire.  Les  grandes 
réjouiflances  fe  font  fur  l'eau  ;  on  a  des  bateaux  dorés 
ôc  ornés  de  différentes  figures  de  dragon  ;  on  fc  livre 
divers  combats,  &  il  y  a  des  prix  confidéiables  pro- 
pofés  pour  les  vainqueurs.  *  Atlas  Sinenfîs. 

1.  MIEN  ,  fortereflé  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan.  Elle  eft  de  dix-neuf  degrés  dix  neuf  minutes 
plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  vingt-trois  de- 
grés trois  minutes  de  latitude.  Anciennement  le  terri- 
toire de  cette  province  étoit  de  la  dépendance  des 
terres  de  la  Chine ,  quoiqu'il  foit  habité  par  un  peu- 
ple différent.  Ce  peuple  fit  dans  la  fuire  la  guerre 
aux  Chinois ,  ôc  leur  enleva  cinq  villes  ;  mais  la  fa- 
mille de  Juen  les  mit  à  la  raifon ,  ôc  les  fournit  entiè- 
rement. Ce  peuple  demeure  dans  des  villes ,  il  élevé 
des  éléphims  ôc  des  chevaux.  Sa  manière  d'écrire  eft 
différente  de  celle  des  Chinois  \  les  plus  riches  écrivent 
fur  des  feuilles  d'or;  d'autres  fe  fervent  de  papier  ou 
de  feuilles  d'Arec.  Ce  peuple  n'eft  pas  blanc,  la  cou- 
leur de  fa  peau  tire  forr  fur  le  noir  ;  ôc  il  eft  fort  en- 
clin à  tromper.  On  conjecture  que  le  royaume  de 
Mien  s'étendoit  jusques  dans  ces  quartiers.  Au  refte  la 
fortereflé  de  Mien  a  été  bâtie  contre  les  irruptions  des 
habitans  de  ce  royaume.  Elle  a  fous  fa  dépendance  fix 
forterefles  aflez  près  les  unes  des  autres;  favuir, 

Mien,  Santihiung,  Mungyang, 

Pape,  Sochung,  Mitien. 

2.  MIEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xcnfi  ,  au  département  de  Hanchung ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  dix  degrés  fix  mi- 
nutes plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  trente- 
quatre  degrés  quarante-cinq  minutes  de  latitude. 

3.  MIEN,  fortereflé  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Sochuen  ,  au  département  de  Chingtu  ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  douze  degrés 
cinq  minutes  plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les 
trente-un  degrés  quarante  minutes  de  latitude. 

MIENCHI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Honan ,  au  département  de  Honan  ,  fixiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  cinq  degrés  cinquante  mi- 
nutes plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  tiente  cinq 
degrés  quarante- huit  minutes  de  latitude. 

MIENCHO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen,  au  département  de  Chingtu,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  douze  degrés 
cinquante  cinq  minutes  plus  occidentale  que  Péking, 
fous  les  trente-un  deg.  treize  min.  de  latit. 

MIENKIANG  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen ,  au  nord  de  Kiating ,  troifiéme  cité 
de  la  province.  La  rivière  de  Kiang,  qui  ferpente 
beaucoup  dans  tout  fon  cours,  descend  de  cette  mon- 
tagne en  droite  ligne. 

MIENP1NG  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen  ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Paoning, 
Cette  montagne  eft  fertile  ;  on  y  voit  de  beaux  arbres 
cV  des  terres  labourées.  *  Atlas  Sinenfîs. 

MIENYANG , 


MIE 


MIG 


2,8  Jt 


MIENYANG,  fortereffede  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang  ,  au  département  de  Chingticn  , 
quatorzième  métropole  de  la  province.  Elle  eft.de  qua- 
tre degrés  cinquante-fix  minutes  plus  occidentale  que 
Péking ,  fous  les  trente  degrés  quarante  minutes  de 
latitude. 

MIEPHERKIN.  Baudrand  ,  Dicl.  éd.  170;.  en  parle 
ainfi  :  Ville  d'Afie  ,  dans  l'Arménie  ,  fur  les  frontières 
du  Diarbekir.  Il  fe  trompe,  il  devoit  dire  du  Diarbek , 
qui  eft  le  nom  de  la  province  voifine  :  Diarbekir  n'eft 
qu'un  adjectif  formé  de  ce  mot-là.  Baudrand  ajoute 
qu'il  en  eft  fait  mention  dans  quelques  auteurs  mo- 
dernes. Il  lui  auroit  auffi  peu  coûté  d'en  nommer  un. 
De  rifle ,  Atlas  ,  nomme  cette  ville  Majapare- 
quin  ,  8c  la  place  à  la  fource  du  Tigre ,  au  nord  de 
Diarbekir. 

MIER  ,  lieu  de  France  ,  dans  le  Quercy ,  élection 
de  Figeac.  On  y  trouve  des  eaux  minérales,  dont  la 
vertu  eft  fort  recommandable  pour  la  gravelle.  Elles 
font  extrêmement  diurétiques  ;  8c  elles  ont  cela  de  fin- 
gullcr ,  qu'elles  n'offenfent  jamais  la  poitrine  ,  8c  qu'on 
les  transporte  fans  diminution  de  leur  qualité. 

i.MIES,  ou  Mysa,  ville  de  Bohême,  fur  les  fron- 
tières du  Haut-Palatinat ,  près  de  Volckftein.  Selon 
Boreck,  auteur  de  la  chronique  de  Bohême,  elle  a 
été  bâtie  par  le  duc  Sobieflas,  vers  l'an  1131 ,  8c  ap- 
pellée  Mufe  ,  du  nom  de  la  petite  rivière  qui  paffe  par 
cet  endroit.  Lorsqu'on  remua  la  terre  pour  jetter  les 
fondemens  de  fes  murs,  on  trouva  une  mine  d'argent, 
ce  qui  lui  a  fait  auffi  donner  le  nom  de  Strzibro  ,  qui , 
en  langue  bohémienne,  fignifie  ce  précieux  métal.  Les 
archives  de  cette  ville  6c  plufieurs  autres  anciens  mo- 
numens  périrent  en  1/58  ,  par  le  feu  du  ciel  qui  con- 
fuma  la  maifon  de  ville,  8c  quelques  autres  édifices. 
*  Zeyler  ,  Top.  Bohem. 

1.  MIES,  rivière  de  la  Bohême,  dans  le  Haut-Pala- 
tinat. Elle  a  fa  fource  à  l'orient  feptentrionale  de  Lu- 
ctenberg  :  elle  coule ,  en  ferpentant ,  de  l'occident  à  l'o- 
rient ,  baigne  les  villes  de  Mies  8c  de  Pilfen  ,  dont  elle 
traverfe  le  cercle  ;  elle  fe  rend  enfuite  à  Bern-Beraun  , 
&  enfin  elle  va  fe  jetter  dans  le  Muldau ,  un  peu  au- 
deffus  de  Prague.  *  Jaillot ,  Carte  de  Bohême. 

MIESTETS  ,  petite  ville  de  Bohême  ,  dont  il  eft  fait 
mention  dans  les  guerres  des  Huffites.  Ziska ,  marchant 
contre  les  feigneurs  Bohémiens,  qui  renoient  le  parti 
de  l'empereur  Sigismond,  la  brûla  en  1423.  *  Zeyler , 
Top.  Bohem. 

MlEU  ,  fottereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Chingtu  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  treize  degrés  qua- 
rante-deux minutes  plus  occidentale  que  Péking,  fous 
les  trente-un  degrés  quarante  minutes  de  latitude.  * 
Atlas  Sinenfîs. 

MIEULA ,  ville  d'Afrique  ,  dans  l'Arabie ,  fur  la 
route  de  la  Mecque  à  Suez.  C'eft  une  ville  à  peu  près 
de  la  même  grandeur  qu'Yambo ,  avec  un  château  de 
peu  de  défenfe.  *  Foncet ,  Voyage  d'Ethiopie. 

MIEYUN  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Péking ,  au  départemenr  de  Xuntien  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  o  degrés  28  minu- 
tes plus  orientale  que  Péking ,  fous  les  40  deg.  j  min. 
de  latitude. 

MIEZA  ,  ville  de  la  Macédoine ,  félon  Pline ,  /.  4. 
c.  10.  Etienne  le  géographe  dit  qu'on  la  nommoit  auffi 
Strymonium.  Le  père  Hardouin  dit  que  c'eft  l'endroit 
où  Ariftote  donnoit  fes  leçons  ;  mais  dans  ce  cas ,  Mieza 
ne  feroit  pas  une  ville,  mais  le  parc  de  la  ville  de 
Stagire.  Plutarque ,  in  Alexanâro ,  fur  le  témoignage 
de  qui  s'appuie  le  père  Hardouin ,  dit  que  Philippe 
ayant  ruiné  &  détruit  la  ville  de  Stagire ,  qui  étoit  la 
patrie  d'Ariftote,  la  rebâtit  pour  l'amour  de  lui,  y  ré- 
tablir les  habitans  qui  s'en  étoient  enfuis  ,  ou  qui 
avoient  été  réduits  en  fervitude  ,  8c  leur  donna  pour 
le  lieu  de  leurs  études  8c  de  leurs  affemblées ,  un  beau 
parc  au  fauxbourg  de  Stagire,  appelle  Mieza.  Il  ajoute 
que  de  fon  tems  on  y  montroit  encore  des  fiéges  de 
pierre  qu'Ariftore  fit  faire,  &  de  grandes  allées  cou- 
vertes d'arbres  pour  fe  promener  à  l'ombre.  Ptolomée , 
/•  3.  (.  13.  au  lieu  de  Mieza,  écrit  Mycza  ,  8c  place 
cette  ville  dans  l'Emathie ,  entre  Scydra  8c  Cyrius. 


MIGANA,  ville  d'Afrique,  dans  la  province  de 
Bugie ,  au  royaume  de  Trémecen.  Elle  eft  à  quatre 
lieue!  de  la  montagne  de  La-Abez ,  &  paroît  avoir 
été  bâtie  par  les  Romains.  Ses  murailles  font  antiques  , 
&  elle  a  plufieurs  fontaines.  Ptolomée  en  fait  men- 
tion fous  le  nom  de  Lare ,  8c  lui  donne  dix-fept  de- 
grés trente  minutes  de  longitude ,  &  trente  degrés 
quarante  minutes  de  latitude.  Quand  les  fucceffeurs  de 
Mahomet  vinrenr  en  Afrique,  ils  ruinèrent  cette  ville 
à  caufe  qu'elle  s'étoit  défendue  contre  eux  avec  une 
garnifon  Romaine.  Ceux  qui  la  repeuplèrent  enfuite  , 
furent  comme  leurs  vaflaux,  8c  payèrent  plufieurs  fois 
tribut  aux  feigneurs  de  ces  montagnes.  Depuis  que  les 
Turcs  fe  font  rendus  maîtres  du  royaume  de  Tréme- 
cen ,  elle  a  été  extrêmement  tourmentée  de  leurs  cour- 
fes  8c  de  celles  des  Arabes  8c  des  habitans  de  La-Abez. 
Enfin  l'an  1559,  Hascen  bâcha,  après  la  défaite  des 
Espagnols  à  l'Âzagran,  fit  conftruire  un  fon  par  les 
prifonniers  ,  8c  il  y  laiffa  quelques  foldats  pour  la 
garde  de  la  place  &  des  habitans  contre  les  courfes  du 
feigneur  de  La-Abez  ,  alors  fort  puiffant.  Ce  prince 
étant  venu  attaquer  ce  fort,  le  fit  démolir,  8c  enleva 
cinq  pièces  de  campagne  que  les  Turcs  y  avoienr  lais- 
fées  ,  &  qu'ils  avoient  prifes  fur  les  Espagnols.  La  con- 
trée des  environs  n'eft  qu'une  plaine  qui  rapporte  beau- 
coup de  bled  ;  mais  qui  eft  expofée  aux  courfes  des 
puiffans  Arabes,  nommés  Vledfuleyman.  *  Marmol  , 
Defc.  du  royaume  de  Trémecen,  1.  5.  c.  J2. 

MIGDO.  Voyez  Magedo. 

MIGDOL.  Voyez  Magdoios. 

MIGDONIA.  Voyez  Bithynie. 

MIGE  ,  ou  Migev,  paroiffe  du  diocèfe  d'Auxerre, 
firuée  à  trois  lieues  ou  environ  de  la  ville  épiscopale 
vers  le  midi ,  proche  Coulange-la-Vineufe  ,  dans  un 
vallon  entouré  de  vignes,  dont  le  vin  eft  très-délicar. 
L'églife  paroiffiale  eft  du  ritre  de  faint  Romain ,  mar- 
tyr de  Rome  du  9  Août.  Les  piliers  de  cette  églife 
font  faits  en  manière  de  colomnes  torfes.  La  préfen- 
tation  à  ce  bénéfice  fut  accordée  au  douzième  fiécle, 
à  l'abbeffe  de  faint  Julien  d'Auxerre ,  par  l'évêque  Hu- 
gues de  Montaigu. 

MIGEMONT,  abbaye  de  France,  en  Auvergne, 
Elle  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  &  ne  rapporte  à  l'abbé 
que  quinze  cens  livres.  Cette  abbaye  s'appelle  Kege- 
mont.  Voyez  ce  mot. 

MIGENNES ,  ancien  village  du  diocèfe  de  Sens , 
peu  éloigné  du  rivage  droit  de  la  rivière  d'Ionne,à 
4  lieues  au-deffous  d'Auxerre ,  à  i  ou  environ  de  Joi- 
gny ,  8c  à  8  de  Sens.  Cette  terre  eft  nommée  en  la- 
tin Mitiganna  dans  le  titre  de  la  fondation  de  l'ab- 
baye de  faint  Julien-lès  -  Auxerre  ,  par  faint  Pallade, 
éveque,  l'an  634.  Ce  prélat  y  dit  que  le  roi  Dago- 
bert  lui  avoit  donné  Mitiganna  in  territorio  Senento  , 
8c  qu'il  en  fait  préfent  à  ce  nouveau  monaftere  de  filles. 
C'eft  mal-à-propos  que  dans  la  diplomatique  où  ce  titre 
eft  rapporté  ,  p.  46*5  ,  on  a  mis  en  marge  Migra na , 
comme  fi  Mitiganna  vouloit  dire  Migraine  ,  qui  eft  un 
excellent  coteau  de  vignes,  tout  proche  la  ville  d'Au- 
xerre ,  appartenant  aux  évêques  de  la  même  ville. 
En  l'an  1042  ,  Geoffroy  ,  comte  de  Joigny ,  confirma  la 
chartre  par  laquelle  Geoffroy ,  fon  père ,  s'étoit  défifté  des 
entreprifes  qu'il  avoit  faites  fur  la  terre  de  Migennes. 
L'abbeffe  Agnès  eur,  vers  1170,  un  grand  différent 
avec  Raenard  ,  comte  de  Joigny  ,  fur  la  juftice  des  dé- 
pendances de  ce  lieu,  8c  il  renonça  enfin  à  fes  droits  ; 
&  même  étant  malade  à  Crespy .  il  donna  au  mona- 
ftere le  four  de  Migennes.  L'églife  de  ce  lieu  eft  fous 
l'invocation  de  faint  Pancrace  ,  martyr.  La  cure  eft  à  la 
préfentation  de  l'abbeffe  de  faint  Julien  d'Auxerre.  On 
ne  fait  pas  bien  quel  fut  l'archevêque  qui  en  fit  don 
à  cette  églife  \  mais  on  trouve  que  dès  l'an  1324,  Ifa- 
beau  de  Sancerre  ,  abbeffe ,  préfenta  un  fujet  à  Guil- 
laume ,  archevêque  de  Sens.  Migennes  eft  un  pays  de 
labourages  \  il  y  a  des  vignes  ,  un  étang  ,  des  prairies. 
L'abbaye  de  faint  Julien  a  une  portion  de  bois  dans  la 
foret  d'Othe ,  qui  n'en  eft  pas  éloignée. 

MIGETTE ,  abbaye  de  France ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  diocèfe  de  Befançon  ,  au  bailliage  de  Salins  , 
entre  les  montagnes  de  Montmahou  &  de  fainre  An- 
ne. Elle  doit  fa  fondation  à  Marguerite ,  fille  de  FIu- 

Tom.  IV.  Nn 


2,8a 


MIG 


MIL 


nés  IV,  duc  de  Bourgogne,  &  veuve  de  Jean  de 
Challon,  baron  d'Arlay  ;  non  qu'elle  l'aie  exécutée  el- 
le-même ,  mais  elle  l'avoic  projettéé ,  Si  Hugues  de 
Challon  ,  fon  fils ,  l'a  mife  en  exécution.  Ce  font  des 
religieules  de  fainte  Claire,  qu'on  appelle  autrement 
Urbaniftes  ;  mais  elles  fe  qualifient  de  chanoinefiés. 
ies  fondateurs  voulurent  qu'on  n'y  reçût  que  des  de- 
moifelles  :  auffi  toutes  les  abbeffes  ont  été  de  maifon 
noble.  L'on  y  fait  des  preuves  de  noble/Te  comme  dans 
d'autres  monafteres  de  la  Franche-Comté.  La  vie  com- 
mune n'y  fubfifte  plus  depuis  long-rems.  Le  provincial 
des  Mineurs  conventuels,  leur  fupérieur,  ayant  fait  des 
réglemens ,  par  lesquels  elles  crurent  qu'il  avoir  entre- 
pris fur  leur  temporel ,  l'abbeffe  en  appella  comme 
d'abus,  &  le  roi  donna  en  1730,  un  règlement  qui 
fe  trouve  à  la  fin  des  preuves  de  l'hiftoire  des  Sequa- 
nois  de  l'année  173  j.  La  fondatrice 'Marguerite  étant 
morte  à  Forcalquier  en  1309,  fon  corps  fut  apporté 
douze  années  après  à  Migette.  Jean ,  fils  naturel  de 
Jean  de  Challon ,  premier  prince  d'Orange ,  y  fonda 
une  chapelle,  où  il  eft  inhumé  avec  fa  femme,  Se  y 
donna  plufieurs  fonds  par  fon  teftament  de  l'an  1399' 
On  croit  à  Migette ,  que  planche ,  fille  de  Philippe 
le  Long  ,  roi  de  France  ,  Se  de  Jeanne ,  comrefle  de 
Bourgogne ,  en  a  été  la  première  abbeffe ,  quoiqu'il 
foit  sûr  que  cette  princeffe  eft  morte  à  Long-Champ 
proche  Paris,  où  elle  étoit  religieufe  en  1348.  Les 
premières  abbeffes  connues  font  Guillauma  de  Chal- 
lon,  dite  d'Abbans,  en  1 345  j  Guiocte  de  Bougailles  , 
■en  1394;  Alix  de  Salins,  en  1399  ;  Jeanne  deLon- 
geville  ,  en  1409  ;  Pernette  de  Vercel ,  en  1437;  Per- 
nette  de  Pierre  Fontaine ,  en  14405  Jeanne  d'Ufier  , 
en  1469  ;  Antoinette  de  Poupet ,  en  1491  ,  Sec.  *  L'ab- 
hé  Lebœuf. 

MIGICHIHILINIOUS  (  Les  ) ,  peuples  fauvages  de 
l'Amérique  feptentrionale ,  qui  vont  rous  les  ans  foire 
la  traite  au  fort  Nelfon  ,  fur  la  côte  de  la  baie  d'Hud- 
fon.  Ils  demeurent  à  deux  cens  lieues  du  fort  dans  les 
terres.  Le  mot  Migichihilimous  lignifie  Sauvages  qui 
ont  des  yeux  d'aigles.  *  La  Potherie ,  Hift.  de  l'Amé- 
rique fept.  p.   176. 

MIGIRPA.  Voyez,  Migirpensis. 

MIGIRPENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
province  Proconfulaire.  Félix  primus  à  Migirpâ ,  fou- 
ferivit  au  concile  de  Carthage  tenu  fous  faint  Cyprien. 
La  conférence  de  Carthage  nomme  Viclor  epiicopus 
flebis  Migirpenfîs  ;  Se  dans  la  notice  épiscopale  d'A- 
frique ,  Paschafius  eft  qualifié  tpiscopus  Migirpenfîs. 
*  Dupin ,  Notis  in  Coll.  Carthag. 

MIGLIASKA ,  rivière  de  la  Bosnie.  Elle  coule  du 
fudeft  au  nord-oueft  ,  &  après  avoir  baigné  Bosna- 
Serai ,  elle  fe  jette  dans  la  Bosna  à  la  droite  de  cette 
rivière.  Au  lieu  de  Migliaska ,  de  rifle ,  Atlas ,  écrit 
Migiiataska. 

1.  MIGNÉ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou, 
élection  de  Poitiers ,  au  nord  occidental  de  cette  ville. 
Ce  bourg  eft  fitué  fur  la  rivière  d'Ozance,  qui  fe 
jette  dans  le  Clain.  *  Jaillot ,  Carte  du  Poitou. 

2.  MIGNÉ,  bourg  de  France,  dans  le  Berri,  éle- 
ction de  Blanc. 

MIGNE  ,  ou  Minho  ,  comme  les  Portugais  le  nom- 
ment ,  Se  en  latin  Miriws.  C'eft  un  fleuve  d'Espagne  : 
àl  a  fa  fource  dans  la  Galice,  près  d'un  bourg  nom- 
mé Caflro  del  Rei,  un  peu  au  midi  de  Mendonego. 
11  court  du  nord-eft  au  fud-oueft  ,  tout  au  contraire 
de  i'Ebte  ;  il  traverfe  le  royaume  de  Galice ,  où  il 
mouille  Ldgo ,  Orenfe  Se  Tuy ,  après  quoi  il  va  fe 
décharger  dans  l'Océan  Athlantique  aux  confins,  du 
Portugal,  auquel  il  fert  de  borne  de  ce  côté-là.  Ce 
fleuve  tire  fon  nom  du  Minium,  ou  vermillon ,  qui  fe 
Trouve  en  abondance  dans  fon  voifinage.  Il  eft  fécond 
en  alofes,  en  lamproies,  en  faumons  &  en  truites 
•communes  Se  faumonées  \  on  y  pêche  auffi  des  étur- 
geons  d'une  groffeur  extraordinaire.  *  Délices  d'Espa- 
gne, t.   1.  p.  28. 

MIGNONE,  rivière  d'Italie,  dans  le  Patrimoine 
«le  faint  Pierre.  Elle  a  fa  fource  au  voifinage  du  lac 
de  Bracciano ,  du  côté  du  nord  oueft.  Elle  coule  du 
nord-eft  au  fud-oueft ,  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer  de 
Toscane,  à  quelques  milles  de  Gvita-Vecchia ,  en  ti- 


rant au  nord   occidental.  *  Mag'xn ,  Carre  du  Patri- 
moine de  faint  Pierre. 

MIGNORE  (Val  de),  vallée  d'Espagne,  dans  la 
Galice.  Elle  fe  rrouve  dans  cet  espace  de  terre  qui 
eft  entre  le  ivligne  &  la  rivière  de  Vigo.  C'eft  un 
endroit  fort  agréable  Se  extrêmement  fertile.  *  Déli- 
tes d'Espagne  ,  t.  1.  p.  132. 

MIGNY,  prieuré  de  France,  dans  le  Berri ,  élection 
d'Iffoudun. 

MIGO,  bourgade  d'Afrique,  dans  la  Marmarique. 
Ptolomée ,  /.  4.  t.  5.  la  place  entre  Dioscoron  Se  Sa- 
ragina. 

MIGONIUM ,  contrée  de  la  Laconie ,  félon  Pau- 
fànias ,  /.  3.  c.  22. 

MIGRA  ,  petite  ville  du  Japon ,  au  royaume  d'A- 
rima  ,  dans  lifte  de  Ximo  ,  qui  fut  toute  convertie 
à  la  foi  Chrétienne ,  par  le  zèle  Se  la  fermeté  du 
roi. 

MIGRE,  bourg  de  France ,  dans  la  Saintonge,  éle- 
ction de  faint  Jean  d'Angely. 

M1GUELTURRA,  bourg  d'Espagne,  aux  frontières 
de  l'Eftramadoure  &  de  la  Manche  ,  au  voifinage  d'un 
autre  bourg  ,  nommé  El  Convento  de  Calatrava.  Il  eft 
fitué  dans  une  plaine  extrêmement  fertile  en  bled ,  en 
vin  Se  en  huile.  On  y  nourrit  une  fort  grande  quan- 
tité de  troupeaux.  *  Délices  d'Eipagne  ,  tom.  2.  pag. 
360. 

MIHDIMON  ,  nom  d'une  caverne  ou  grotte ,  dans 
l'Arcadie ,  dans  la  conrrée  de  Numée  ,  félon  Germani- 
cus  Céfar  fur  Aratus.  *  Ortelii  Thef. 

MIHER^.  Voyez,  Zin. 

MUOSIMA  ,  ou  Akino  Mijosima,  petite  ifle  du 
Japon ,  dépendante  du  royaume  d'Agi ,  un  de  ceux 
de  la  grande  ifle  Nipon  ,  Se  fur  le  canal  qui  fépare 
cette  ifle  de  celle  de  Xicoès.  Elle  eft  renommée  par 
une  espèce  de  daims  familiers  qu'on  ne  trouve  point 
ailleurs. 

i.MILÀ,  rivière  de  Sicile.  Voyez  Myia. 

2.  MILA  ,  ville  d'Afrique,  au  royaume  de  Tunis , 
dans  la  province  Conftantine.  Elle  eft  environnée  de 
hautes  murailles  à  l'antique  ,  &  fituée  à  quatre  lieues 
de  la  ville  qui  porte  le  nom  de  Conftantine.  Il  y  avoit 
autrefois  plus  de  trois  nulle  maifons,  Se  les  habitans 
éteient  fort  riches,  parce  que  le  pays  eft  beau  ,  Si 
abonde  en  bled  ,  en  troupeaux  ,  en  fruits ,  Se  fur-tout 
en  pommes ,  d'où  il  femble  qu'elle  ait  pris  le  nom  de 
Mêla  qu'on  lui  donne  quelquefois  Ce  fut  Halifa , 
calife  de  Carvan  ,  qui  la  ruina.  Quoiqu'elle  fe  foit  ré- 
tablie depuis ,  elle  a  été  fi  maltraitée  des  feigneurs  de 
Conftantine ,  qu'il  n'eft  pas  demeuré  mille  habitans 
dans  la  contrée.  La  plupart  font  faifeurs  de  faie  à  la 
moresque  Se  de  tapis  de  Turquie.  Il  y  a  auffi  des  la- 
boureurs ,  gens  extrêmement  brutaux  ,  quoiqu'ils  fe  pi- 
quent de  valeur.  Ils  ont  tué  quelquefois  les  gouver- 
neurs qu'on  leur  envoyoir.  La  ville  eft  préfentement 
aux  Turcs,  qui  font  devenus  maîtres  du  pays.  *  Mur- 
mol,  Defcr.  du  royaume  de  Tunis,  1.  6.  c.  9. 

MILAGRO  ,  bourg  d'Espagne,  dans  la  Navarre, 
vers  le  confluent  de  l'Aragon  Se  de  l'Agra.  Il  eft  fi- 
tué fur  une  hauteur  avec  un  château.  *  Délices  d'Es- 
pagne ,  t.  4    p.  681 . 

MILAN  ,  ville  d'Italie  ,  capitale  ,  archevêché  Se 
univerfité.  Les  Gaulois  lui  avoient  donné  le  nom  de 
Mcdiolaninm,  félon  Léandre  ,  cité  par  le  pereBrier, 
tiré  de  deux  mots  celtiques,  Medel  Se  Land ,  c'eft-à- 
dirc ,  terre  de  la  Vierge ,  parce  que  Pallas  étoit  ho- 
norée dans  cette  ville  ,  d'où  lui  eft  auffi  venu  le  nom 
de  nouvelle  Athènes. 

C'eft  une  très- grande  Se  rtcs-belle  ville  i  fa  fituation 
entre  l'Adda  Se  le  Téfin  ,  d'où  l'on  a  tiré  deux  ca- 
naux ,  la  rendent  très  marchande.  On  y  travaille  fort 
bien  en  galons  ,  en  broderies  d'or  Se  d'argent ,  &  en 
cryftal.  Cette  ville  a  fouvent  été  affligée  de  la  pefte.  ' 
Elle  fut  rafée  en  11 62,  par  l'empereur  Frédéric  I,  dit 
B.uberoufie,  qui  y  femadu  fel.  On  lui  donne  dix  milles 
de  circuit,  c'eft  à-dire  ,  environ  deux  lieues  ,&  l'on 
affure  qu'il  y  a  près  de  trois  cens  mille  habitans. 

On  admire  dans  cette  ville  une  quantité  prodigieufe 
d'églifes  Se  de  palais.  Il  y  a  jusqu'à  onze  chapitres  ou 
églifes  collégiales,  fokame  Si  onze  paroiffes,  trente- 


MIL 


MIL 


fix  monafteres  de  filles,  trente  couvens  d'hommes . 
huit  maifons  de  chanoines  réguliers,  trente  deux  col- 
lèges, fix  vingt  écoles  pour  les  enfans,  6c  dix  hô- 
pitaux. 

L'églife  métropolitaine  tient  à  jufte  titre  le  premier 
rang  parmi  les  édifices    facrés.  On  la  qualifie  la  hui- 
tième merveille  du  monde  ;  elle  elt  dedice    à  la  faiine 
Vierge,  6c  on  l'appelle   communément  le  Dôme.  Cet 
cdifice  eft  au  centre  de  la  ville.  Les  fondemens  en  fu- 
rent jettes  le  1 3  de  Juin   1586  ,  par  Jean  Galeas  Vis- 
conti ,  premier  duc   de  Milan.  Il   y    avoit   auparavant 
dans  ïe  même    lieu  une  églife ,  appellée  l'aime  Marie 
Majeure.   C'elt  un  ouvrage  prodigieux  ,  qui  a  environ 
cinq  cens  pieds  de  long  6c  deux  cens  de  large,  Quel- 
ques-uns prétendent  que  cette  égliie  eft  moins  grande 
que  faint  Pierre  de  Rome  d'un  fixiéme  ;  mais  qu'il  y 
«l  infiniment   davantage  de   tiavail.   11   n'y  a  que  quel- 
ques parties  qui  ibient  tout-à-fait  achevées.  On  y  tra- 
vaille  néanmoins  depuis  trois  cens    ans.    Il  y  a  dans 
l'églife  une  infeription  en  lettres  d'or  fur  un  maibre, 
&  qui  porte  qu'un  certain  Jean  Carconus ,  Milanois , 
laiffa  en  mourant   la  fomme  de  deux  cens  trente  mille 
écus  d'or  ,  pour  travailler   à  la  façade  de  cette  églife. 
On  a  reçu    depuis  des  fommes   confidérables  ;  cepen- 
dant la  façade  n'eft  pas  à  demi-faite.  Quelques-uns  ont 
jugé  que   l'embarras  où  l'on  le  trouve  pour  la  conftru- 
ction  de  cette  façade ,  pourroit  être  ce   qui  a  arrêté. 
La  raifon  de  l'uniformité  demande  que  l'ouvrage  foit 
gothique  comme  tout  le  relie  :  &  la    raifon  du   bon 
goût  voudroit  une  autre  architecture.  Quant  au  dedans 
de  l'églife,  il   elt   tellement  fali    de  poufliere  6c  de  la 
fumée  des  lampes,  que  ni  le  marbre  ,  ni  les  ouvrages, 
foit  d'argent,  foit  de  cuivre  ,  ne  paroiffent  pas  avec  le 
moindre  avantage.  Ce  vafte  bâtiment  eft  tout  de  mar- 
tre ,  hotmis  le  toit ,  qui  auroit  été  de  la  même  ma- 
tière ,  fi  le  poids  ne  l'avoit    rendu   peu  propie  pour 
cette  partie  du  bâtiment.  Le  dehors  de  l'églife  paroît 
beaucoup  plus   blanc ,  &  beaucoup    plus  neuf  que  le 
dedans  ,  parce  qu'il  eft  fouvent    lavé  par  les  pluies:  il 
faut  pourtant  en  excepter  le  côté  du  feptentrion  ,  vers 
lequel  le  vent  du  nord   porte  de  la  poufliere  qui  s'y 
attache.  Cette  profufion  de  maibre  n'a  rien  de  furpre- 
nant  que  pour  les  étrangers ,  parce  que  le  pays  en  eft 
tout  plein  ■■,  ces   fortes  de  pierres  font  néanmoins  fort 
chères ,  car  elles  coûtent  beaucoup  à  travailler.  On  dit 
ordinairement  qu'il  y  a  onze  mille  fiatucsà  l'entour  de 
l'églife  ;  maison  y  compte  les  ftatues  hiftoriques,  6c 
diverfes  petites  figures  qui  font  l'équipage  des  grandes. 
Il  y  en  a  quantité  qui  font  plus  grandes  que  le  natu- 
rel. Elles   font  toutes  de  maibre ,  &   la  plupart  bien 
«aillées.  La  plus  eftimée.  de  toutes  6c  qui  vaut  fon  pe- 
fant  d'or  ,  c'eil  un  faint  Banhelemi  ,  avec  la  peau  pen- 
dante fur  les  épaules ,  comme  fi  on  venoit  de  l'ecor- 
cher.  On  y  voit  ce  vers  furie  piedeftal,  pour  marquer 
Je  cas  qu'on  fait  de  l'ouvrage. 

Non  me  Praxitclcs  ,  fed  Marcus fînxit  Agraù. 

Quelque  grand  que  foit  le  nombre  de  ces  flatues ,  on 
allure  qu'il  en  relie  encore  plus  de  fepe  mille  a  placer  , 
pour  répondre  au  defiein  de  l'ouvrage  \  il  y  en  a  même 
qui  dilént  que  ces  flatues  ne  font  dcllinées  que  pour  la 
façade.  Le  chœur  ell  lambriflé  6c  enrichi  d  une  belle 
fculpture  qui  repréfente  les  pallions  fi  admirablement  , 
qu'on  ne  voit  rien  de  cette  force  travaillé  en  bois.  Les 
hiltoires  de  l'évangile  y  font  repréfentées  de  même  en 
foixante  cadres.  A  l'entrée  du  chœur  ell  une  petite 
chapelle  fouterreine ,  dédiée  à  S.  Charles  Borromée.  Le 
corps  de  ce  faint  y  repofe  dans  une  grande  chafie  de  crys- 
îal  de  roche  ,  d'un  prix  ineftimable  ,  &  placée  fur  l'au- 
tel. Il  eft  vêtu  d'habits  pontificaux.  L'argenterie  6c  les 
autres  chofes  qu'on  a  données  à  cette  chapelle,  font  d'un 
très-grand  prix  :  quelques  fervices ,  deftinés  pour  cet  au- 
tel ,  font  de  pur  or  :  d'autres  font  enrichis  de  pierreries , 
de  d'autres  fi  délicatement  travaillés,  que  la  matière  eft 
furpaffée  par  l'adreffe  de  l'ouvrier. 

Avant  que  S.  Charles  Borromée  eut  confacré  cette 
églife  ,  le  pape  Martin  V,  avoit  béni  l'autel  le  16  Oclo- 
bre  1548.  Plus  de  cent  mille  étrangers  s'eroient  rendus  à 
Milan  pour  vpjr  cette  cérémonie ,  6c  la  foule  fut  fi  gran- 


283 


de ,  que  quantité  de  perfonnes  y  furent  étoufkcs.  Lu 
mémoire  de  cette  bénédiction  ,  on  érigea  une  flatue  à  ce 
pape  ,  dans  le  chœur  de  la  même  éghlè  ;  mais  on  1  a  re- 
préfente fans  barbe  ,  &  avec  Pair  d'un  jeune  homme, 
quoiqu'il  tût  cinquante  ans,  quand  il  avoit  été  élu.  On  y 
voir  aufli  la  ftatue  de  Pie  IV.  Derrière  le  chœur  on  voie 
en  deux  tables  de  marbre  le  catalogue  des  reliques  de  l'é- 
glife: on  y  remarque  entre  autres  un  bout  de  la  verge 
de  Moyfe.  On  prétend  cependant  avoir  cette  vetge  en- 
tière à  S.  Jean  de  Latran.  11  s'en  trouve  un  morceau  à 
Florence  ,  6c  Baronius,api  es  Glaber,dit ,  qu'on  en  trouva 
un  autre  à  Sens  en  1008.  Le  rabin  Abarbanel  ,  après 
une  longue  difîertation  &  bien  des  rêveries  fur  cette  ver- 
ge ,  conclut  que  Moyfe  l'emporta  fur  la  montagne  où  iL 
mourut  ,  6c  qu'elle  fut  tnifç  dans  le  tombeau  de  ce  pro- 
phète. Le  cloud  de  la  crucifixion  ,  6c  dont  on  dit  que 
Conflantin  fir  faire  un  mort  de  bride,e!l  une  des  reliques 
de  Milan  ,  pour  laquelle  on  a  le  plus  de  vénération.  Les 
uns  croient  que  Théodofe  le  Grand  le  donna  a  S.  Am- 
broife  ,  6c  les  autres  difent  que  ce  faint  1  alla  chercher 
dans  la  boutique  d'un  certain  Paolino ,  marchand  de 
ferrailles  à  Rome,  où  il  avoit  été  averti  en  fonge  qu'il 
le  trouveroit.  Ce  cloud,  ou  ce  mort,  eft  atiaché  a  la 
voûte  au-deflus  du  grand  autel ,  entre  cinq  Liminaiies 
qui  brûlent  nuit  &  jour.  Saint  Charles  le  porta  fplemnel- 
lement  en  proceflion  ,  pour  faire  cefier  la  pelle  l'an 
1576.  Ce  faint  étoit  pieds-nuds  6c  avoir  une  grofle  corde 
au  cou  ,  quoiqu'il  fût  aufli  revêtu  de  l'es  ornemens  ordi- 
naires. 

Le  pavé  de  cette  églife  eft  plus  beau  6c  plus  folide  qtle 
celui  de  S.  Pierre  à  Rome.  Ce  pavé  n'eft  pas  encore  fini  : 
il  coûtera  foixante-fix  mille  deux  cens  quatre-vingt  dix 
écus ,  fans  y  comprendre  ceLïi  du  chœur  qui  a  coûte 
cinq  mille  deux  cens  cinquante  écus.  Les  maçons  tail- 
lent la  pierre  ,  6c  les  femmes  coulent  6c  filent ,  ou  ven- 
dent du  fruit  au  milieu  de  l'églife  ,  ce  qui  étant  joint  à  fon 
obscurité ,  6c  à  ce  que  bien  des  chofes  font  encore  im- 
parfaites ,  fait  que  le  dedans  de  l'églife  n'a  rien  qui  frappe, 
ni  qui  réiouifiè  beaucoup  la  vue. 

Vis-à-vis  de  cette  églife  il  y  a  une  aflez  grande  place, 
où  on  voit  ordinairement  fur  le  foir  beaucoup  de  caroffes. 
On  a  aufli  un  cours.  C'ell  une  grande  rue  d'un  faux- 
bourg  ,  qui  n'eft  point  pavée  ,  6c  qu'on  arrofe  tous  les 
jours  ;  ce  qui  fait  qu'on  1  appelle  Strada  marina. 

La  bibliothèque  Ambroilienne ,  fut  ainii  nommée  par 
Frédéric  Borromée,  cardinal  6c  archevêque  de  Milan, 
qui  la  fonda  6c  ia  dédia  à  S.  Ambroife.  Une   petite  de- 
feription  de  cette  bibliothèque  imprimée  à  Tortone,porte 
qu'elle  eft  compofée  de  douze  mille  manuferits ,  6c  de 
foixante  6c  douze  mille  volumes  imprimés.    Tout  le 
monde  néanmoins  ne  convient  pas  fur  le  nombre.  Ph. 
Vannemachcro  6c  Ch.  Torre  afiùrent  que  cette  biblio- 
thèque eft  riche  de  quatorze  mille  manuferits ,  mais  ils 
ne  marquent  point  le  nombre  des  livres  imprimés,  que 
quelques  uns  ne  font  monter  qu'à  quarante  mille  en  tout. 
Elle  a  été  pourtant  beaucoup  augmentée  par  la  biblio- 
thèque de  Vincent  Pinelli  R.  Lafl.  Cette  bibliothèque 
s'ouvre  tous  les  matins  pendant  deux  heures ,  6c  autant 
l'après-midi.  On  y  a  du  feu  en  hiver,  6c  on  y  trouve 
des  lièges  6c  des  pupitres.  Fabio  Mangoni  en  fut  l'archi- 
tecte :  elle  contient  plufieurs  appartemens  ;  la  grande  fale 
eft  longue  de  40  brafles  (  7;  pieds  )  &  large  de   16(30 
pieds  ).  On  n'a  pu  l'élargir  à  caufe  des  églifes  &  des  mai- 
fons voifincs.  La  veifion  de    jofephe  par  Ru  fin  eft  un 
des  plus  anciens  manuferits  de  cette  bibliothèque.  On  y 
remarque  un  grand  livre  de  deffeins  de  méchaniques  , 
qu'on  dit  être  de  la  main  de  Léonard  de  Vinci.  Toute 
l'écriture  en  ell  à  gauche,  de  manière  qu'il  faut  un  mi- 
roir pour  la  lire.  Oii  a  écrit  fur  la  muraille  qu'un  roi 
d'Angleterre  ,  qui  n'eft  point  nommé  ,  a  voulu  donner 
trois  mille  piftoles  pour  ce  livre.    Outre  les  livres  6c  les 
tableaux   ,    on    cbnferye   diverfes   collections  de  très- 
belles  médailles,    avec   des   pièces  raies  de    fculpture 
&  d'architeclure  ,  tant  antiques  que  moulées  fur  l'an- 
tique. 

Joignant  la  bibliothèque  Ambroifienne ,  il  y  a  une  aca- 
démie de  peinture  ,  où  Fon  voit  quantité  de  beaux  ta- 
bleaux :  entre  autres  une  hilloire  de  Jesus-Christ  lavant 
les  pieds  de  fes  disciples  ,  par  Raphaël  -,  un  tableau  des 
quatre  élcmens^  du  Brugle  ;  6c  un  autre  qui  reprefentç 
Xora.  IVP  N  n  ij 


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MIL 


le  pape  Clément  X  5  mais  qui  imite  fi  bien  l'eftampe , 
qu'on  y  eft  trompé.-. 

La  citadelle  de  xVlilan  eft  un  exagone  régulier  ,  bien 
revêru  ,  bien  muni  de  canons  ,  avec  de  bons  folïés  Se 
une  bonne  contrescarpe  :  mais  il  faudroit  rafer  les  vieilles 
murailles ,  les  tours  ,  les  donjons  Se  toutes  les  autres 
antiquailles  de  fortification  que  cette  citadelle  renfer- 
me. ,  avec  quantité  de  maifons.  Si  tout  cela  étoit  net- 
toyé ,  la  place  en  vaudrait  infiniment  mieux.  Son  gou- 
verneur eft  indépendant  de  celui  de  Milan. 

Le  palais  de  l'archevêque  eft  magnifique  ;  relui  du 
gouverneur  eft  grand,  mais  il  eft  fi  vieux,  qu'il  menace 
ruine  en  quelques  endroits.  C'eft  un  défaut  commun  à 
la  plupart  des  maifons  de  Milan  ,  qui ,  quoiqu'elle  fur- 
pafle  presque  toutes  les  villes  d'Italie  par  l'étendue  de  (on 
enceinte  ,  Se  par  le  nombre  de  fes  habitans,  le  cède 
pourtant  à  plufieurs  pour  la  beauté  des  maifons.  Il  faut 
en  excepter  néanmoins  les  édifices  publics  Se  les  églilcs , 
les  hôtels  du  marquis  Homodeo  ,  du  comte  Arefe  ,  de 
la  maifon  de  Marini. 

Le  féminaire  cil  un  bâtiment  qui  fut  fondé  par  S.  Char- 
les Borromée.  Joiephe  Mêla  en  fut  l'architecte.  Un  dou- 
ble portique  long  de  94  brafles  (  176  pieds  3  pouces  )  Se 
large  de  9,  (  16  pieds  10  pouces  &  demi,  )  régnent  autour 
de  Ja  grande  cour  carrée  en  dedans.  Le  premier  ordre  eft 
dorique  ,  Se  le  fécond  ionique.  Sur  le  grand  portail  on 
voit  d'un  côte  la  piété  ayant  un  foleil  fur  fon  cœur ,  le 
foleil  étant  le  père  de  la  lumière  :  De  l'autre  eft  la  fagefle 
qui  prépare  de  fécondes  mammelles  pour  fes  nourris- 
fons.  Le  collège  Helvétique  de  Bréva  ;  celui  des  Jéfui- 
tés  ,  la  maifon  de  ville  &  le  grand  hôpital  font  de  beaux 
édifices.  La  grande  cour  de  l'hôpital  eft  un  carré  de  fix 
vingt  pas ,  Se  les  portiques  intérieurs  Se  à  double  étage , 
font  foûtenus  de  chaque  côté  ,  &  à  chaque  étage  de  qua- 
rante-deux colomnes  d'une  feule  pièce  chacune  ,  Se 
(d'une  espèce  de  marbre  des  Alpes.  Le  corps  du  bâtiment 
eft  de  briques  ,  moulées  &  façonnées  ai  divers  oinemens 
d'architecture.  L'ancien  hôpital  eft  joint  à  celui-ci ,  Se 
les  deux  n'en  font  qu'un.  Le  Lazaret  en  eft  une  dépen- 
dance -,  c'eft  un  hôpital  pour  les  peftiférés  à  deux  ou  trois 
cens  pas  de  la  ville.  Le  bâtiment  en  fut  commencé  l'an 
1489  ,  par  le  duc  Louis  Sforce,  dit  le  More  ,  Se  achevé 
par  Louis  XII,  l'an  1507.  Le  Bramante  en  fut  l'archi- 
tecte. Ce  bâtiment  eft  compofé  de  quatre  galeries  join- 
tes en  carré  ,  Se  contenant  chacune  quatre-vingt-douze 
chambres  avec  un  portique  ,  foûtenu  de  colomnes  de 
marbre ,  qui  régnent  tout  autour  en  dedans.  Chaque 
chambre  a  vingt  pieds  de  large ,  ou  un  peu  moins.  La 
grande  place  du  dedans  eft  un  pré,  arrofé  de  plufieurs 
ruifleaux  d'eaux  vives*  &  au  milieu  du  carré  eft  un  au- 
tel fous  un  dôme  foûtenu  de  colomnes.  Les  pottes  des 
chambres  font  dispofées  de  telle  manière  ,  que  les  ma- 
lades peuvent  voir  dire  la  méfie  de  leur  lit. 

L  eglife ,  qu'on  appelle  aujourd'hui  l'églife  de  S.  Am- 
broife  ,  eft  la  même  que  celle  dont  ce  faim  refufa  l'en- 
trée à  l'empereur  Théodolê.  On  y  voit  des  peintures 
&  des  fculptures  qui  font  du  tems  de  la  plus  épaiffe  igno- 
rance. On  y  remarque  un  ferpent  de  Bronze,  qui  eft 
fur  une  colomne  de  marbre.  Donat  Bolli  croit  que  c'eft 
une  figure  du  ferpent  d  Escuîape.  Morigi ,  Bcfozo  ,  Se 
quelques  autres  veulent  que  ce  foit  une  copie  du  ferpent 
que  Moyfe  éleva  au  défert.  Il  y  en  a  qui  fonpçonnent 
que  c'eft  un  mémorial  de  quelque  événement  extraordi- 
naire. Quelques-uns  même  ofent  débiter  qu'il  a  été  fon- 
du des  débris  du  ferpent  de  Moyfe.  Enfin  ,  le  peuple  ne 
doute  nullement  que  ce  ne  foit  ce  ferpent  même.  On 
garde  à  S.  Eufterge  le  tombeau  où  étoient  les  trois  rois , 
avant  qu'on  les  transportât  à  Cologne. 

Les  autres  curiofités  de  Milan  font  les  ouvrages  d'acier 
Se  de  cryftnl  de  roche.  Le  cryftal  fe  prend  au  voifinage 
dans  les  Alpes.  On  eh  ménagé  les  plus  grands  morceaux 
pour  faire  des  glaces  de  miroirs  ;  mais  ces  morceaux  par- 
viennent rarement  à  un  pied  en  carré. 

Les  fauxbourgs  de  Milan  ne  font  qu'un  corps  avec  la 
ville  ,  depuis  que  Galeace  ,  vicomte  de  Milan,  les  a  fait 
fermer  de  fortes  murailles  ,  de  boulevards,  de  gros  ba- 
ftions  Se  de  larges  fôfles  ,  où  l'eau  coule  tout  à  lentour. 

De  tout tetns  Milan  a  nourri  de  très-nobles  familles, 
qui  ont  fleuri  jusqu'à  Rome,  Se  a  produit  des  favans, 
cfent  la  réputation  s'en:  répandue  dans  toute  1  Europe! 


Les  maifons  des  Trivulces ,  des  Medicis  &  des  Sforces 
font  eks  plus  iiluftres  de  l'Italie.  On  voit  à  Milan  leurs 
palais.  Entre  les  favans  qui  ont  paru  dans  cette  ville  ,  on 
compte  Valère  Maxime  pour  l'hiftoire  ;  Alciat ,  Decius 
Se  Jalon  pour  le  droit  romain  *  Cardan  pour  la  philofo- 
phie  ;  Paniguravola  Se  P.  Arefe  pour  la  prédication  i 
Bonacina  pour  le  droit  canon  ,  Se  O&aviusFerrariuspour 
les  belles  lettres.  Milan  a  donné  de  plus  cinq  papes  à 
l'églife  ,  Alexandre  II,  Urbain  III,  Pie  IV,Céleftin  IV  ,  Se 
Grégoire  XIV. 

MILANEZ  (Le),  ou  le  duché  de  Milan  ,  contrée 
d'Italie,  bornée  au  nord  par  les  Suiffes  &  parle*  pays 
des  Grifons  ;  à  l'orient  par  la  république  de  Venife ,  & 
par  les  duchés  de  Panne  Se  de  Mantoue  ;au  midi  par  le 
mont  Apennin  Se  par  les  terres  de  la  république  de  Gè- 
nes ;  Se  à  l'occident  par  les  états  du  duc  de  Savoie  Se  par 
le  Montferrat.  Son  étendue  du  feptentrion  au  midi  peut 
être  d'environ  quatre-vingt  milles ,  &  de  foixante  d'o- 
rient en  occident.  On  le  divife  en  treize  parties. 


Le  M ilanez  propre , 

Le  P  a  vêle, 

Le  Lodefan , 

Le  Cremonèlè  , 

Le  Comasque  , 

Le  Comté  d'Anghiera , 


Les  vallées  de  Seflîa, 
Le  Novaièie, 
Le  Vigevanois  , 
La  Laun  cline  , 
L'Alexandrin  , 
Le  Tortonèfe., 


Le  territoire  de  Bobio. 

*  La  Forêt  de  Bourgon  ,  géog,  bifl.  t.  2.  p.  429. 

Après  que  Chailemagne  eut  détruit  les  Lombards 
en  774,1e  M  ilanez  fit  partie  de  l'empire,  &  les  empe- 
reurs y  créèrent  des  gouverneurs  qui  devinrent  dans  la 
fuite  fort  puiffans  ,  Se  prirent  le  titre  de  feigneurs  de  Mi- 
lan :  le  premier  fut  Alboin  ,  qui  viveit  dans  le  dixième 
fiécle.  Ses  fucceffeurs  nous  font  peu  connus  jusqu'à  Thi- 
bault Viscomti,  qui  fut  tue  par  un  feigneur  delà  famille 
des  Turiani ,  ennemie  jurée  de  celle  des  Viscomti.  C'eft 
par  Matthieu, fon  fils.qui  lui  fucceda  ,  Se  qui  eut  le  titre 
de  vicaire  de  l'empire  en  Lahe  vers  1  an  1294, que  Ion 
commence  la  chronologie  des  feigneurs  de  Milan.  Jean 
Cléas.l'un  de  fes  fuccefleurs.fut  le  premier  duc  en  1 395, 
Se  mourut  en  1402.  Ses  deux  fis,  Jean-Marie  Se  Philip* 
pe- Marie,  qui  gouvernèrent  fuceem  veinent  cet  étac 
après  lui ,  ne  laifferent  point  d'enfam  légitimes  :  de  forte 
qu'après  la  mort  du  dernier  en  j  447  ,  le  duché  de  Mi- 
lan fut  l'objet  de  l'ambition  de  plufieurs  princes,  qui  y 
prérendoient  ;  de  l'empereur  Frideric  IV  ;  des  Vénitiens  ; 
d'Alphonfe  ,  roi  deNaples;  de  Louis,  duc  de  Savoie; 
Se  de  Charles  ,  duc  d'Orléans  :  celui-ci ,  comme  fils  de 
VaLntine  de  Milan  ,  fille  du  duc  Jean  Galéas.  LesMi- 
lanois  tinrent  bon  quelque  tems  contre  tous  ces  concur- 
rens ,  dont  quelques-uns  en  vinrent  aux  aimes  ;  mais 
ayant  tenté  inutilement  de  confei  ver  leur  liberté  ,  ils  fe 
fournirent  en  1468  ,  à  François  Sforce  ,  foldat  de  fortu- 
ne ,  mais  né  pour  les  grandes  chofes.  Il  avoir  époufé 
une  fille  naturelle  du  dernier  duc  Philippe  Marie.  Louis 
XII ,  roi  de  France  ,  fils  du  duc  d'Orléans  ,  Se  petit-fils 
de  Valentine,  renouvella  fes  prétentions  qui  furent  la 
fourec  des  cruelles  guerres,  qui  déchirèrent  la  Lombar- 
die ,  jusqu'à  la  mort  du  duc  François  Sforce  II  ,  du 
nom,  qui  arriva  en  1  j 3 5.  L'empereur  Charles  V 
ayant  faitefpérer  à  François  I ,  fuccefieur  de  Louis  XII, 
qu'il  donneroit  l'inveftiture  de  ce  duché  à  l'un  des  en- 
fans  de  France  ,  en  inveftit  Philippe  II ,  roi  d'Espagne  , 
fon  fils  j  &  depuis  ce  tems  le  duché  de  Milan  a  tou- 
jours appartenu  à  1  Espagne  ,  jusqu'à  l'année  1706",  que 
l'empereur  ,  aflifté  de  fes  alliés,  s'en  empara  au  nom  de 
fon  frère  l'archiduc  Charles ,  qui  prétendoit  à  la  cou- 
ronne d'Espagne.  Ce  prince  étant  parvenu  à  l'empire  , 
conferva  le  Milanez  par  la  paix  avec  les  deux  couron- 
nes ;  Se  il  en  étoit  demeuré  en  poiTeflîon  jusqu'à  l'été 
de  1733,  lorsque  s'étant  mis  à  la  tête  d'une  ligue  faite 
contre  le  roi  Staniflas  I ,  roi  de  Pologne,  Se  ayant  don- 
né fujet  au  roi  de  France,  gendre  de  Staniflas,  &  au 
roi  d'Espagne,  Philippe  V,  d'avoir  du  refleuri  meir  de 
la  conduite  peu  mefurée  qu'il  tenoit  envers  eux,  ils* 
unirent  enfemble  leurs  griefs,  lui  déclarèrent  l.i  guer- 
re ,  entrèrent  à  main  armée  en  Pâlie  ,  &  conjointement 
avec  Charles-Emmanuel ,  roi  de  Sardaigne  ,  prirent  tout 
le   Milanez    fans   exception  :  cette  conquête   nç   leur 


MIL 


MIL 


aSj 


«oûta  que  quelques  mois.  En  vertu  du  traire  de  paix  , 
conclu  a  Vienne  le  18  Novembre  1758  ,  le  roi  de 
Sardaigne  en  eft  aujourd'hui  le  fouverain. 

Le  pays  eft  très-fertile  en  bled  &  en  vins}  le  riz  y 
croit  en  abondance  par  le  moyen  d'une  infinité  de  ca- 
naux qu'on  a  tirés  du  Tefin  ,  l'une  de  fes  rivières  :  les 
autres  l'ont  le  Pô,  l'Adda  ôc  la  Scfîïa. 

MILANEZ  propre  (  Le  ) ,  petit  pays  d'Italie  ,  dans 
l'état  de  Milan  ,  d'où  il  prend  ton  nom.  Il  eit  fitué  au 
milieu  entre  le  Comasque  au  nord  ,  le  Lodefan  à  l'orient, 
le  Pavèfe  au  midi,  ôc  le  Novarèfc  à  l'oueft.  Ses  prin- 
cipaux lieux  font, 

Milan,       Marignano,       Agnadel,       Caflbn. 

*  La  Forêt  de  Bourbon ,  gêogr.  hift.  X.  2.  p.  429, 

1.  MILAZZO  (a),  ville' de  Sicile,  dans  le  Val 
Dcmone,  fut  la  côte  feptentrionale  de  cette  provin- 
ce ,  ôc  Air  le  rivage  occidental  du  golfe  auquel  elle 
donne  fon  nom.  C  eft  le  Mylx  des  anciens.  Elle  eft 
fituée  en  partie  fur  un  rocher ,  qui  s'avance  dans  la 
mer  en  forme  de  promontoire  ,  ôc  en  partie  le  long 
de  la  mer ,  de  forte  qu'il  y  a  proprement  haute  ôc 
baffe  ville.  Elle  n'a  ni  murailles  ni  fortifications  (  b  ) , 
fi  ce  n'eft  une  tour  baffe  ,  qui  peut  défendre  le  port  des 
descentes  des  Corfaires.  On  trouve  plufieurs  belles 
rues  dans  la  baffe  ville  ,  ôc  une  grande*  place  ornée 
d'une  fontaine ,  dont  le  baffin  &  la  taffe  de  deffus  , 
que  foûtiennent  quelques  figures  de  marbre ,  font  la 
plus  grande  beauté.  La  haute  ville  eft  une  place  for- 
te ,  fermée  de  murailles  épaiffes  ,  défendues  de  ba- 
ttions ôc  d'autres  fortifications  garnies  de  canons  ,  qui 
régnent  de  la  hauteur  le  long  d'un  rocher,  en  descen- 
dant jusqu'à  la  mer ,  ce  qui  la  rend  une  des  places  de 
Sicile  les  plus  capables  de  réfifter  aux  attaques  des  en- 
nemis. A  lentrée  de  cette  haute  ville,  eft  le  couvent 
des  Capucins  ,  confidérable  par  fa  firuation ,  qui  lui 
donne  la  vue  fur  le  bord  de  la  mer  ôc  fur  les  envi- 
rons de  la  baffe  ville.  Cette  dernière  ,  où  il  y  a  quel- 
que commerce  ,  eft  plus  habitée  que  l'autre ,  où  il  y 
a  beaucoup  de  foldats  en  garnifon.  (a)  De  ïljle , 
Atlas.  (  b  )  Corn.  DicL. 

2.  MILAZZO  (  Punta  dî  Milazzo)  ,  cap  de  Sicile, 
fur  la  côte  feptentrionale  du  Val  Demone.  C'eft  une 
langue  de  terre,  qui  avance  environ  quatre  milles  dans 
la  mer  ,  ôc  forme  d'un  côté  le  rivage  oriental  du  golfe 
de  Parti ,  ôc  de  l'autre  côté  le  rivage  occidental  du 
golfe  de  Milazzo.  La  ville  de  Milazzo  eft  fituée  dans 
la  partie  orientale  de  cette  langue  de  terre ,  ôc  à  l'ex- 
trémité méridionale.  *  De  l'J/îc  ,  Atlas. 

3.  MILAZZO,  golfe,  fur  la  côte  feptentrionale  de 
la  Sicile  ,  dans  le  Val  Demone ,  entre  le  cap  de  Mi- 

,  lazzo  à  l'occident ,  ôc  le  cap  Raiiculino  à  l'orient.  Six 
petits  ruiffeaux  fe  jettent  dans  ce  golfe ,  fur  la  côte 
duquel  on  voit  la  ville  de  Milazzo  ,  qui  lui  donne  fon 
nom  ,  ôc  le  fort  de  Diveto. 

MILBERG  ,  prononciation  corrompue  de  Muhl- 
berg.  Voyez,  ce  mot,  n°   1. 

MILBURNPERT  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la 
province  de  Sommerfet.  Il  a  droit  de  tenir  marché  pu- 
blic ,  ôc  envoie  fes  députés  au  parlement.  *  Etat  pré- 
fent  de  la  Grande   Bretagne,  t.   1. 

MILCORUS  ,  ville  de  Thrace  ,  dans  la  Chalcidie  , 
félon  Etienne  le  géographe  ,  qui  cite  Théopompe.  Or- 
telius ,  Thef,  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même 
ville  qu'Etienne  le  géographe  appelle  Miacorum  dans 
un  aune  endroit.  En  effet ,  il  eft  très-facile  en  grec  , 
de  prendre  un  A  pour  un  A. 

MILDEHAUSEN ,  bourgade  de  Suiffe  :  elle  n'eft 
connue  que  parce  qu'elle  a  été  la  patrie  d'Ulrich  Zwin- 
gle ,  fameux  par  1a  part  qu'il  eut  aux  disputes  théolo- 
giques du  feiziéme  fiécle. 

MILDENHALL,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Suff-olck.  On  y  tient  marché  public.  Etat  pré- 
fent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1 . 

MILE ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  d'Iun- 
nan  ,  au  département  de  Qnangsi ,  neuvième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1 3  degrés ,  46  minu- 
tes plus  occidentale  que  Peking,  fous  les  24  degrés 
12  minutes  de  latitude.  *  Atlas  Sinenfis. 


MILESIA,  contrée  dAfie,  dans  l'Ionie.  Pline,  L-,b. 

ïi.  c.    27.  qui   en   fait  mention  ,  dit  qu'on  n  y  voyoit 

des  cigales  qu'en  peu  d'endroits.  Arifiote,  hift.  km- 

mal.  I.  8.  c.  3  3.  avoit  fait  cette  remarque  avant  lui.  Voyez. 

Miletus. 

1.  MILESII,  peuples  de  la  Grèce  Afiatique,  dans 
l'Ionie.  Diodore  de  Sicile,  /.  u.c.  3.  les  appelle  traî- 
tres à  leur  patrie,  parce  qu'ils  sé;oient  attachés  au 
parti  de  Darius. 

2.  MILESII ,  peuples  du  Péloponnèfe.  Diodore  de 
Sicile  ,  lib.  14.  dit  que  Denys  leur  donna  la  ville  de 
Meffana  pour  qu'ils  l'habitaflcnt. 

M1LESIORUM  MURUS,  lieu  de  l'Egypte  ,  au  voi- 
finage  de  la  féconde  embouchure  du  Nil,  félon  Stra- 
bon  , /.  17.  p.  8®i.  Les  Miléfiens ,  dit  il ,  érant  entrés 
dans  le  Nil  avec  trente  vaiffeaux  par  l'embouchure  , 
nommée  Bolbitique,  y  débarquèrent  ôc  conftruifirent 
cet  ouvrage  qui  demeura  imparfait.  Il  place  cet  évé- 
nement au  tems  de  Ciaxare,roi  des  Médes. 

MILESSE  ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine  ,  éleétion 
du  Mans.  C'eft  une  chàtellenie. 

MILETA.  Voyez,  Mieetum. 

MILETIDA.  Voyez.  Tomi. 

1.  MILETOPOLIS,  en  grec  MA»™™*/?  ,  ville  de 
Myfie  ,  entre  Bithynie  Ôc  Gyfique  ,  fur  l'étang  d'Arty- 
nia  ,  d'où  fort  le  Rhyndacus.  Pline  ,  /.  5.  c.  3  2.  ôc  Etien- 
ne le  géographe  patient  de  cette  ville.  Sur  une  médaille 
de  l'empereur  Commode,  la  première  fyllabe  du  nom 
grec  de  cette  ville  eft  écrit  par  un  u. 

2.  MILETOPOLIS,  ville  de  Perfe,  félon  Etienne 
le  géographe. 

3.  MILETOPOLIS,  ancien  nom  delà  ville  Borys- 
thenis,dans  la  Sarmatie.  Elle  avoit  été  appellée  de  la 
forte ,  parce  que  c'étoit  une  colonie  de  Miléfiens.  *  Cd- 
iar.  Gcogr.  an  t.  1.  2.  c.  <■>. 

MILETUM  ,  ville  d'Italie,  chez  les  Brutiens>  au- 
jourd'hui dans  la  Calabre  Ultérieure  ,  ôc  dans  les  terres, 
environ  à  cinq  milles  de  Nicotera  ,  vers  l'orient  fepten- 
trional.  Elle  le  nomme  encore  Mileto.  Cette  ville,  autre- 
fois fondée  par  les  Miléfiens  Afiaciqucs ,  devint  épisco- 
pale  en  107;  ,  fous  la  métropole  de  Rhegio.  Elle  eft 
actuellement  peu  confidérable  ,  ayant  été  fort  endom- 
magée par  un  tremblement  de  terre,  arrivé  en  1638. 
Seb.  Corradus  croie  que  c'eft  la  même  que  Cicéron , 
lib.  3.  epifi.  ad  Atticum, appelle  Mdita.  Dom Calmer, 
Ditt.  croit  que  ce  pourroit  erre  la  même  ville  que 
Mdothi,  Judith,  n.  13.  Saint  Paul  allant  de  Corinthe 
à  Jérufalem,  Pan  58  de  l'ère  commune,  paffa  par 
Milet  ;  ôc  comme  il  y  alloit  par  mer  ôc  qu'il  ne  pou- 
voir fe  transporter  à  Ephèfe ,  il  fit  venir  à  Milet  l'é- 
vêqne  ôc  les  prêtres  de  l'églife  d'Ephèfe  ,  qui  en  étoit 
éloignée  d'environ  douze  lieues.  Lorsqu'ils  furent  a-rrir 
vés ,  il  leur  parla  avec  beaucoup  de  force  ,  les  exhorta 
à  la  vigilance ,  leur  prédit  qu'il  viendra  parmi  eux  àes 
loups  raviffans ,  qui  n'épargneront  point  le  troupeau.  Il 
leur  déclara  qu'il  alloit  à  Jérufalem,  quoique  de  toutes 
parts  on  lui  prédît  qu'il  n'avoit  à  y  attendre  que  des 
liens  ôc  des  perfecutions.  Après  cela  il  leur  dit  adieu, 
ôc  s'embarqua  pour  la  Phénicie.  *  Magin  ,  Carte  de  la 
Calabre  Ultérieure. 

1.  MILETUS,  l'une  des  plus  anciennes  villes  de  l'Icv- 
nie  ,  auparavant  appellée  Pithyufa  ,  Anadoria  ôc  Lele<* 
gis  ,  à  ce  que  témoignent  Pline ,  Etienne  le  géographe 
&  Euftathe.  Pomponius  Mêla,/,  i.c.  17.  en  fait  l'élo- 
ge ôc  l'appelle  urbem  qitn.id.im  loniœtotns,  belli  pacis- 
q;te  artibus  principem.  Pline,  /.  $-c  29.  l.i  donne  le  ti- 
tre de  capitale  de  l'Ionie  ;  mais  ,  comme  le  du  Srrar 
bon,  /.  14.  p.  319  &  589.  le  grand  nombre  de  fes 
colonies  la  rendit  encore  plus  illuftre.  File  en  remplit 
les  bords  du  Pont-Euxin ,  la  Propontide  ôc  divers,  au- 
tres lieux.  Ce  fut  presque  la  feule  ville  de  l'Ionie  qui 
réfifta  à  Alexandre,  ôc  ce  prince  .ne  put  la  réduire 
qu'avec  beaucoup  de  peine.  Elle  fut  la  pairie  de  Tha- 
ïes, l'un  des  fept  fages  ,  &  celle  d'Anaxi mander  le  phyfi- 
cien.  Ses  citoyens  le  nommoient  M'iUCii  ,  comme  on 
voit  dans  les  divertes  hiftoires  ôc  fur  quelques  médailles, 
ôc  le  territoire  s'appelloit  Milefia,  Quelques-uns  ont 
cru  par  erreur  que  cette  ville  étoit  la  même  que  Mf- 
lassa.  Ptolomée,  l.^.c,  1.  la  met  mal  à-propos  dans 
la  Carie, 


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MIL 


MIL 


2..  MILETUS,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  dont  faic 
mention  Homère  ,  au  fécond  livre  de  l'Iliade  ,  v.  154.  Il 
feroit  difficile  de  dire  en  quel  endroit  de  l'ifle  elle 
croit  fituée.  Strabon  ,  /.  14.  Se  le  fchoiiaite  d'Apollo- 
nius de  Rhodes,  adl.  l.v,  1 8j.  diient  feulement  qu'on 
la  regardoit  comme  la  merc  de  la  fameufe  ville  de  Mile- 
tus  dans  l'Ionie. 

MILEVIS,  lieu  de  l'Afrique  propre,  félon  S.  Auguftin, 
Epïjt.  168  ad  Donatum  ,  qui  ,  dans  un  autre  endroit, 
parle  d'une  contrée  qu'il  nomme  Milevitana  ;  Se  dans 
le  concile  de  Carthage  ,  il  eft  fait  mention  d'une  ville 
appellée  Melibetana  ,  ce  qui  prouve  manifestement  que 
c'eft  une  erreur  de  dite,  que  le  concile  qui  porte  le 
nom  de  conc'd'uim  Milevitanum ,  ait  été  tenu  dans  1  ifle 
de  Malte.  Voyez.  Melibetana. 

MILEUM  ,  ville  de  l'Afrique  propre.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  à  vingt-cinq  milles  de  Cirta  &  à 
égale  diltance  d'idrica.  S.  Auguflin  en  fait  mention  , 
de  même  que  le  cinquième  coinile  de  Conftantinople» 
qui  la  met  dans  la  Numidie. 

MILFOR.D-HAVEN  ,  port  d'Angleterre,  dans  la 
principauté  de  Galles.  Voyez.  Galles  2. 

MILFORT,  baie  de  l'Acadie.  Voyez.  Chedabomton. 
MILIA.  Voyez  Mylias. 

M1LIANE,  grande  ville  d'Afrique  .dans  la  province 
de  Tenes,au  royaume  de  Trémecen.  hlle  elt  fermée 
d'anciens  murs  hauts  Se  fort  bien  baiis  ,  Se  environ- 
née d'un  côté  d'une  roche  escarpée  Se  fort  élevée ,  au 
bas  de  laquelle  eft  une  vallée  profonde.  De  l'autre  côté 
elle  s'étend  fur  la  pente  d'une  montagne,  Se  a  un  fort 
bon  château  qui  la  commande.  On  l'appelloit  autre- 
fois Manliana  on  Man&ana  ,  Se  on  en  attribue  la  fon- 
dation aux  Romains ,  qui  l'ont  bâtie  à  quatorze  lieues 
de  Sargel ,  au-dedans  du  pays  ,  Se  à  quinze  d'Alger  ,  du 
côté  de  l'occident.  Ptolomée  la  met  à  quinze  degrés 
cinquante  minutes  de  longitude  ,  Se  à  vingt-huit  degrés 
cinquante  minutes  de  latitude.  Les  maifons  font  bon- 
nes &  ont  plufieurs  fontaines  ,  la  montagne  fur  laquelle 
la  ville  elt  bâtie  ,  étant  pleine  de  fources.  Il  y  a  par- 
tout de  grands  noyers  ,  qui  rapportent  tant  de  rioix , 
qu'on  n'en  fauroit  recueillir  qu'une  partie  ,  le  relie  eft 
perdu.  Les  habitans  font  groiîiers,  Se  la  plupart  font 
des  toiles  Se  des  felles  à  la  moresque;  il  y  a  auiïi  des 
tourneurs,  qui  font  des  vaifleaux  de  bois  pour  boire  ,  Se 
qui  font  eftimés  dans  le  pays.  On  voit  autour  de  la 
ville  de  fort  grands  vergers,  où  font  les  meilleurs  Se  les 
plus  beaux  citrons  de  toute  la  Barbarie.  11  y  croît  auffi 
des  oranges  excellentes ,  qu'on  porte  vendie  à  Tcnes 
Se  en  d'autres  lieux.  Sur  le  déclin  de  l'empire  des  rois 
de  Trémecen,  la  ville  de  Miliane  fe  maintint  quel- 
que rems  en  liberté  ,  Se  fe  défendit  contr  eux  ,  ainfi 
que  contre  les  Arabes ,  parce  que  la  plupart  des  habi- 
tans font  Azuagues ,  Se  ont  diverfes  retraites  dans  la 
montagne.  Barberoufle  s'en  rendit  mairie  ,  après  qu'il  fe 
fût  emparé  de  Trémecen,  Se  elle  appartient  aujour 
d'hui  aux  Turcs.  *  Marmol ,  Defc.  du  rovaume  de  Tré- 
mecen \  i.  f  ;ï.  %6. 

MILIANENSIS  ou  Melianensis  ,  liège  épiscopal 
d'Afrique  ,  dont  il  eft  fait  mention  dans  la  norice  des 
cvêchés  d'Afrique,  qui  le  place  dans  la  Mauritanie 
Céfarienfe ,  mais  il  faut  lire  Mallianenfii  ;  car  l'itiné- 
raire d'Antonin  place  Malllana  entre  Sitfafar  Se  Tigavas- 
caftra  ,  villes  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Dans  une 
lettre  de  S.  Auguftin,  il  eft  parlé  d'un  cerrain  Viïiori- 
mts  foudiacre ,  qui  étoit  de  la  feéte  des  Manichéens. 
Le  même  faint  parle  aufli  de  la  ville  Maffiana.  Dans 
la  conférence  de  Carthage  ,  Victor  eft  qualifié  ep'uco- 
pus  Malianenfis.  *  Dupin ,  Not.  in  collât.  Carthaginenf. 
MILIANUM  ou  Malliana.  Voyez  Milianen- 
-sis. 

MILIARE ,  fleuve  de  la  Dace,  félon  Jornandes. 
Lazius  écrit  Muluire  Se  le  rend  par  Mulbacb,  *  Or- 
telil  Thcfaur. 

MILIARIA  &  Miliarenses  milites.  La  notice 
des  dignités  de  l'Empire  Jétf.  20,  21  ,  2i  Se  3 1.  nom- 
me ainfi  quelques  corps  de  troupes ,  qui  éroienr  en 
garnifon  dans  la  Palcltjne  ;  mais  ces  noms  pourroient 
n'avoir  aucun  rapport  à  la  géographie. 

MILICHIE  ,  fontaine  du  territoire  de  Syracufe  ,  félon 
Pline,  /.  }.  c.  8. 


MILICHUS,  fleuve  de  l'Achaie.  Paufanias,/.  7.  c. 
19.  dit  qu'il  fe  nommoit  auparavant  Amilichus. 

MIL1DIENS1S,  fiege  épiscopal  d'Afrique  ;  mais  on 
ignore  de  quelle  province  il  étoit.  Dans  la  conférence 
de  Carthage  ,   Libeialis  eft  qualifié  epùcoptu  Milidienfis 

MILINUS,  port  de  l'Ethiopie,  fur  le  golfe  Arabi- 
que ,  félon  Strabon. 

MILIODUNUM.  Voyez.  Melodunum. 

MILITARE,  lieu  de  la  Valérie  Ripenfe,  fuivant  la 
notice  des  dignités  de  l'Empire  ,fed.  57. 

MILITSCH  ,  petite  ville  de  Siléfie,  fur  la  Bartfch  ; 
elle  eft  capitale  de  la  baronnie  du  même  nom  ,  an  le- 
vant de  celle  de  Trachenberg.  Les  princes  Se  états  de 
Siléfie,  aflémblées  en  1J77  ,  ordonnèrent  qu'elle  feroit 
fortifiée.  *  Zt.yler  ,  Top.  Silefiaî. 

MILIUM,  nom  d'un  lieu  dont  il  eft  parlé  dans 
l'hiftoire  mifcellanée,  /.  4.  Ottelius ,  Thefaur.  foup- 
çonne  que  ce  pourroit  être  un  quartier  de  la  ville  de 
Conftantinople. 

MI  LLAC  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Poitou ,  élection 
de  Confoulens. 

M1LLANCEY,  autrefois  petite  ville  de  France ,  aujour- 
d'hui village,  dansl'Orléanois,a  deux  lieues  de  Romoran- 
tin.  Il  n'eit  guère  remarquable  que  par  fon  fiége  royal  :  une 
tradition  veut  pourtant  qu'il  air  pris  fon  nom  de  Mduia 
Cajaris,  d'une  partie  de  la  milice  de  Ccfar  que  cet  empe- 
reur y  fit  camper.  Cette  tradition  porte  encore  que  ce 
prince  y  fit  bâtir  une  forterefiè  d'une  hauteur  furpre- 
name  Se  environnée  d'un  foflé  de  quatre  a  cinq  cens 
pas  de  large  Se  rempli  d  eau  vive.  A  la  vérité  on  voit 
à  Millancey  les  reftes  d'une  forterefic ,  mais  ce  n'en 
eft  pas  allez  pour  afinrer  qu'ils  font  du  teins  de  Céfar.  * 
Piganiol,  Defcriprion  de  la  Fiance  ,  t.  6.  p.  14.2. 

1.  MILLARES  ,  ville  d  Espagne  ,  au  royaume  de  Va- 
lence, fur  le  Xucar;  c'eft  une  place  allez  fameufe.  * 
Déiices  à' Espagne  ,  r.  4.  p.  JJ7. 

2.  MILLARES.  K^Millas  1. 

MILLARS,  bourg  avec  titre  de  baronnie,  dans  le 
Haut-Languedoc  ,  au  diocèlé  d  Aiby.  Il  produit  le  meil- 
leur vin  du  pays. 

1.  MILLAS,  fleuve  d  Espagne ,  au  royaume  de  Va- 
lence. Il  pane  à  Onda ,  &  va  fe  jetrer  dans  la  mer  au- 
deiïous  de  Vi:ia-keal.  *  Dé  nés  d'Espagne,  t.  4.  p.  54J. 

2.  MILLAS,  bourg   de  Fiance ,  dans  le   Rouliillon 
fut  la  rivière   de  Tei ,  environ  trois   lieues  au-defliis 
de  Perpignan  ,du  côié  de  l'occident  de  cette  ville.  Quel- 
ques-uns prennent  ce  bourg  pour  le  Siaùuiiim  des  anciens. 
*  Del'ljle,  Atlas. 

MILLAU  ou  Milhaud  ,  petite  ville  de  France,  dans 
la  haute  Marche  de  Kouergue,  dont  elle  eft  la  capirale 
fur  la  rivière  de  Tarn  ,  aux    confins  du  Gevaudan  ,  à 
fept  Leues  de  Lodève}  fon  nom  latin  eft  JEmtlianwm. 
Elle  paroît  être  très  ancienne  (a)  ,  quoiqu'il  n'en  foit 
fait  aucune  mention  avant  le  XI  lu  «.le.  Si  l'on  en  croit 
une  tradition  du   pa;.s  (b)  ,  e.le  lubfiltoit  du  tems  de 
Ce  ar ,   qui,  à  ce  qu'on  prétend,  y   fit  bâtir   le  pont 
qu'on  appelle  aujourdhui  le    Vieux    Pont,   en    allant 
affiéget  Uxellodunum.    Les  habuans  ayant  embraflé  le 
Calvinisme  dans  le  XVI  nécle,  fortifièrent  régulière- 
ment leur  vile  ,  dont   ils  étoient  les  maîtres  abfolus  ; 
mais  toutes  les  vLks  des  Huguenots  du  Languedoc  8c 
de  la  Guienne  ayant  été  conaaintes  de   fe  foûmettre 
à  Louis  XIII,  en   1629,  on    démantela  Millau,  qui 
fut  depuis  ce  tems  la   moins   confidérable  qu'elle  n\> 
toit  auparavant.  Elle  a  donné  la  naiflance  à  Tbéodat 
de  Gouzon  ou  Gozon  ,  chevalier  de  S.  Jean  de  Jcrufa- 
lem,  Se  grand  mairie  en  1346.  Raymond  VII ,  dernier 
comte  de  Touloufe  ,   mourut  dans  cette  ville  Lan  1249. 
On  compte  em  ir  on  trois  mille  âmes  dans  Millau.  Le 
commerce   des  laines   eft  le   plus  confidérable  de   fon 
élection  ,  celui  des  fromages  de  Roquefort  Se  des  aman- 
des apporte  aufli  beaucoup  d  argent  dans  le  pays,  (a) 
Lon<.<!u>rue ,    Defc.  de  [a  Fiance,  part     1.  p.  177.  (b) 
rig.miol ,  Defc.  de  la  France ,  t.  4.  p.  j6o. 

MILLAU  (Le  comté  de  )  a  appartenu  aux  rois 
d'Arragon  ,  comtes  de  Barcelone  ,  Se  c'étoir  l'ancien 
patrimoine  du  comte  Giibert  mari  de  Giburge,  comtefle 
propriétaire  de  Provence.  *  Longuerue ,  Defc.  de  la 
France,  part.  1.  p.  177. 

MILLE  ,  forte  de  mefurc  itinéraire  ainfi  nommée  , 


MIL 


MIL 


2.87 


parce  qu'originairement  elle  étoit  de  mille  pas.  Avec 
le  tems  on  a  extrêmement  varié  fur  l'étendue  qu'on  lui 
a  donnée  ,  Se  le  nom  de  Milles  eft  aujourd'hui  commun 
à  des  mefures  très  différentes  les  unes  des  autres,  foy**. 
ce  que  j'en  ai  dit  au  mot  Mesures  itinéraires. 

MILLEFLEURS  ,  maifon   de   plaifancé  du-  roi  de 
Sardaigne,  dans  le  Piémont: elle  cil  dans  une  fituàrion 
agréable  pour  la  chaffe.  Le  dedans  va  en  ruine  avec  la 
maifon ,  mais  les  dehors  font  délicieux  pour  les  pro- 
menades ,  les  eaux  Se  les  jardins.  Du  jardin   on  entre 
par  une  fort  grande  allée  dans  un  bois  qui  a  fept  milles 
de  tour  ,  Se  qui  eft  fourni  de  toutes  fortes  de  bêtes»  * 
Mém.  &  plans  çéog.  16*08.  Corn.  Diér. 
MILLENBÂCH.  r»y<r?. Sassebes  1. 
MILLER. Y    bourg   de  France,    dans  le  Lyonnois, 
généralité  Se  élection  de  Lyon,  l'un  des  meilleurs  vigno- 
bles Se  des  plus  eftimés  du  pays  ,  à  deux  lieues  &  demie 
de  Lyon  ,  *  Mém.  drejfés  Jur  les  lieux. 
MILLIARILS  CLIVUS.  Voyez.  Theb^ï. 
MILLSTATT  ou  Millestatt,  cloître  Se  feigneu- 
rie  d'Allemagne  dans  la  Carinthie ,  fur  un  lac  qui  a  le 
même  nom.  On  prétend  que  ce  lieu  a  été  appelle  ainfi 
à  caufe  de   mille  ftatues,  ou  idoles,  que  les  Païens  y 
avoient  dreffées  dans  un  temple  ,  auquel  a  fuccédé  l'é- 
glife    qu'on  y  voit  à    préfent.  C'eft-là  que   l'empereur 
Frideric  IV  a  inftitué  ou  rétabli  l'ordre  des  chevaliers 
de  S.  George  à  la  croix  rouge.  Le  premier  grand-maître 
qu'il  y  mit ,  fut  Jean  Siebenhirter  ,qui  étoit  déjà  grand- 
maître  de  la  cuifine  impériale  :  la  réfidence  de  ce  chef- 
d'ordre  ôc  de  fes  fucceffeurs  ,  fut  fixée  à  Milleftatt  ;  & 
l'empereur  ,  outre  ce  domaine ,  leur  aflîgna  encore  les 
châteaux  &  feigneuries  de  Stenbourg ,  de  Landfcron , 
le  bourg  de  S.    Petronelle,    ôc  le  château    de  Traut- 
manftorrF  en  Autriche.  C'eft  pourquoi  ces  grands-maî- 
tres font  comptés  dans  l'Autriche,  auflî-bien  que  dans 
la  Carinthie,  pour  principaux  membres  des  états  du  pays. 
*  Zeyl.r,  Topog.  Carinthiae. 

1.  MILLY  ,  en  latin  Maitriliacum  Ôc  Mïliacum  > 
petite  ville  de  France  ,  dans  le  Gatinois ,  gouvernement 
de  l'ifle  de  France,  élection  de  Melun  :  elle  eft  fituée 
fur  le  ruiffeau  de  l'Efcole.  Quelques  géographes  la  met- 
tent dans  le  gouvernement  de  l'ifle  de  France.  L'églife 
collégiale  eft  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  ;  le  cha- 
pitre eft  compofé  d'un  doyen  3c  de  fix  chanoines  :  il 
a  été  fondé  par  un  des  descendans  de  la  maifon  de  Gra- 
villc,  illuftre  par  un  amiral  de  France  de  ce  nom.  La 
place ,  où  eft  le  marché  couvert ,  eft  aflez  belle.  Du 
Chêne  .  dans  fes  antiquités  des  villes,  dit  que  Milly  «ft 
une  ville  ancienne  ,  fi  on  en  croit  Vigenere,  qui  la  prend 
pour  XAgendicum  de  Céfar.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la 
France  ,  t.  6.  p.  145. 

2.  MILLY,  bourg  de  France  ,  dans  la  Normandie» 
élection  de  Mortain. 

3.  MILLY,  bourg  de  France  dans  la  Picardie.  Il  y 
a  une  prévôté  reiïbrtiiïante  au  bailliage  de  Clermont  en 
Beauvoifis. 

MILMANDRE  ,  M'ûmandra  ,  petite  rivière  de 
France  ,  dans  le  Bourbonnois ,  où  elle  prend  fa  fource, 
à  peu  de  difiance  de  la  paroiffe  d'Ifle,  d'où  courant 
vers  le  nord-oueft ,  elle  pane  à  Aiihay-le-Château  ,  à 
Charenton  ,  &  va  fe  rendre  dans  le  Cher ,  près  de  faint 
Arnaud,  qu'elle  arrofe.il  en  ell  fait  mention  dans  la  vie  de 
faint  Euftafe  ,  abbé  de  Luxeu  ,  après  faint  Colomban. 
Quelques  géographes  appellent  cette  rivière  Marmande. 
1.  MILO,  montagne  de  l'Inde,  félon  Ortelius, 
Thefaur.  qui  cite  Solin  ;  mais  au  lieu  de  Milo  ,  San- 
tmife  lit  Nulo,  dans  Solin,  c.  52.  qui  ajoute  que  fur 
cette  montagne  il  y  avoir  un  peuple ,  dont  le  devant 
des  pieds  étoit  tourné  derrière ,  Se  qui  avoit  huit  doigts 
à  chaque  pied. 

.  2.  MILO,  ifle  de  l'Archipel,  au  nord  de  l'ifle  de 
Candie  qu'elle  regarde  ,  &  au  fud-oueft  de  l'ifle  l'Ar- 
gentiere.  Strabon , /.  10.  place  cette  ifle  à  24  milles  du 
cap  Sp.ida  de  Candie. On  compte  ordinairement  cent  mil- 
les entre  ces  deux  ifles.  Celle  de  Milo  eft  presque  ronde  , 
a  environ  60  milles  de  tour,  eft  bien  cultivée  (a), 
&  fon  port,  qui  efl  un  des  meilleurs  &des  plus  grands 
de  la  Méditerranée  ,  fert  de  retraite  à  tous  les  bâtimens 
qui  vont  au  Levant,  ou  qui  en  reviennent  ;  car  elle  eft 
fuuée  à  l'enuéede  l'Archipel,  que  les  anciens  connoif- 


foient  fous  le  nom  de  mer  Egée.  Cette  ifle,  quoique 
petite,  fit  très  confiderable ,    félon   Strabon,    dans    le 
tems  de  la  Grèce  fiorinaïice.  Le  Milo ,  dit  Thucydide, 
/.  J.  jouiffoit  d'une  entière  libené  ,  700  ans    avant  la 
guerre  du  Péloponnèfe  ,  qui  inrerefla  la  Grèce,  les  ifles 
voifines  &  les  principales  villes  des  côtes  d  Afie.  Dans 
ce  tumulte,  les  Miliotes,  puiflammenr  follicités  par  les? 
Athéniens,  s'obftinerent  à  vouloir  garder  la  neutralité, 
peut-être  parce  qu'ils  descendoient  des  Lacédémoniens, 
félon  Thucydide,/.  ;.&  Conon,  Narrât.  6.    quoique 
Etienne  le  géographe  ait  fait  de  Milo  une  colonie  de 
Phéniciens  (b).  Nicias ,  général  des  Athéniens ,  fe  rendit 
à  Milo  avec  une  flotte  de  foixante  vaiffeaux  Se  de  deux 
mille  hommes  de  débarquement,  qui  ravagèrent  tout  le 
pays  ;  il  fut  néanmoins  (  c  )  obligé  d'abandonner  le  fiége 
de  la  ville  que  Syncelle,  Annal,  fait  auifi  ancienne  que 
Minos ,  fils  d'Europe.  Quelques  années  après  les  Athé- 
niens y  firent  une  autre  descente  avec  trois  mille  hom- 
mes ,  commandés  par  Cléomedes  &  Tifias  (d).  Ces  gé- 
néraux ,  après  une  longue  &  ennuyeufe  conférence  qu'ils 
eurent  avec  les  chefs  de  l'ifle  ,  bloquèrent  la  ville  >  mais 
les  Miliotes  renverferent  leurs  travaux.  Enfin  Philocrates 
ayant  amené  un  nouveau  fecours  d'Athènes ,  ils  fe  ren- 
dirent à  discrétion ,  ôc  ce  fut  alors  que  fe  fit  ce  grand 
maflacre  dont   parlent   Strabon,  Diodore  de  Sicile  Ôc 
Thucydide.  Les  Athéniens  (e)  parle  confeil  d'Alcibia- 
des ,  firent  mourir  tous  les  habitans  de  Milo ,  excepte 
les  femmes  Se  les  enfans  (/) ,  que  l'on  mena  en  escla- 
vage dans  l'Attique.  On  fit  palier  cinq  cens  perfonnes 
du  même  pays  pour  fonder  une  colonie  dans  l'ifle.  Ce- 
pendant (g)  Lyfandre, général  des  Lacédémoniens, ayant 
obligé  Athènes  même  à  fe   rendre  à  discrétion  à  fon 
tour ,  le  reite  des  Miliotes  fut  renvoyé  dans  l'ifle ,  ÔC 
la  colonie  des   Athéniens  rappellée.  (  a  )  Tournefort , 
Voyage    du   Levant,    4.    lettre.  (  b)  Thucydide  ,   1.    $» 
(c )  Diod.  Sicul.  1.   n.(d)  Thucydide,  1.  5.  (e)  Plu* 
tarch.  in  Akibiad.  (f)  Thucydide ,  1.  j.g.  Plutarch.  in 
Lyfand* 

Le  Milo  tomba  fous  la  domination  des  Romains, 
Se  enfuite  fous  celle  des  empereurs  Grecs.  Marc  Sa- 
nudo  ,  premier  duc  de  l'Archipel  (  a  ) ,  joignit  en  1 207  , 
cette  ifle  au  duché  de  Naxie  ,  fous  l'empire  de  Henri 
de  Flandre,  frère  de  l'empereur  Baudouin  (b  ).  Le 
Milo  fut  démembré  de  ce  duché  par  Jean  Sanudo  , 
fixiéme  duc  de  l'Archipel,  qui  céda  cette  ifle  au  prince 
Marc,  fon  frère,  Se  celui-ci  la  donna  pour  dot  à  fa 
fille  Florence,  qui  époufa  François  Crispo.  Ce  Crispo, 
qui  descendoit  des  anciens  empereurs  Grecs,  trouva  le 
fecret  de  réunir  le  Milo  au  duché  de  Naxie  ,  en  fai- 
fant  aflaflïner  dans  cette  ifle  Nicolas  Cârceïro,  qui  en 
étoit  le  neuvième  duc ,  Se  devint  le  dixième  fouve- 
rain  du  duché  de  l'Archipel.  Barberoufle  ,  capitan  ba* 
cha  ,  fournira  Soliman  II.  le  Milo,  Se  la  plupart  des 
ifles  de  ce  duché,  (a)  Sanut.  1.  1.  part.  4.  c.  7.  (b) 
Hijt.  des  ducs  de  l'Archipel. 

On  a  vu  de  nos  jours  un  Miliote,  nommé  Capfi ,. 
s'ériger  en  petit  roi  de  Milo.  Il  ne  manquoit  ni  de  cou- 
rage ni  de  talens  pour  gouverner  ;  mais  il  fut  aflez  mal 
avifé  pour  quitter  fon  trône  ,  ôc  pour  rendre  vifite  fans 
fes  gardes^  à  un  Turc,  capitaine  de  vaifleau ,  qui  lui 
avoit  fait  des  propofitions  avantageufes  de  la  part  du 
grand  vifir ,  que  ce  nouveau  fouverain  ne  laiflbit  pas 
d'inquiéter.  Dès  que  Capfi  fut  fur  le  bord  du  Turc, 
on  mit  à  la  voile ,  Se  ce  malheureux  Miliote  ,  qui  n'a- 
voit  régné  que  trois  ans ,  fut  pendu  à  Conftantinople 
à  la  porte  de  la  prifon  des  esclaves;  moins  prudent 
que  ces  anciens  habitans  de  Milo  ,  dont  parle  Plutar- 
qne ,  De  virtutib.  mulierum,  lesquels  ayant  planté  une 
colonie  à  Cryaffa  ,  ville  de  Carie ,  firent  cacher  des 
poignards  dans  le  fein  de  leurs  femmes ,  Se  s'en  fervi- 
rent  fort  à  propos  pour  couper  la  gorge  aux  habitans 
de  la  ville,  qui  les  avoient  invités  à  unfcftin,  dans  le 
deflein  de  les  faire  mourir. 

Il  faut  regarder  le  Milo  comme  une  roche  presque 
tome  creufe ,  fpongieufe,  pour  ainfi  dire,  ôc  péné- 
trée de  l'eau  de  la  mer.  Il  y  a  beaucoup  de  mines  de 
fer.  Quand  on  fait  le  tour  de  l'ifle  en  bateau ,  on  dé- 
couvre les  embouchures  de  plufieurs  canaux  fou- 
terreins  par  où  l'eau  de  la  mer  s'engoufre ,  ôe  par 
le    moyen   desquels    le   fel  marin  eft   porté  jusque 


2.88 


MIL 


MIL 


dans  les  moindres  cavités  de  cette  roche  fpongieufe. 

Il  y  a  beaucoup  d'apparence  qae  le  feu  qui  échauffe 
continuellement  les  entrailles  de  cette  ifle ,  fait  fépa- 
rer  de  ce  fel  un  efprit  acide ,  femblable  à  celui  qu'on 
tire  du  fel  marin ,  avec  le  feu  ordinaire.  Il  faut  rap- 
porter à  cet  acide  la  production  de  l'alun  Se  du  fou- 
fre ,  qui  font  les  minéraux  les  plus  communs  qui  fe 
trouvent  à  Milo  :  car  cette  liqueur  pénétrant  infenfi- 
blement  les  rochers  les  plus  durs ,  les  diffout ,  s'in- 
corpore avec  eux ,  Se  fe  convertit  en  alun. 

Il  eft  confiant  que  l'ifle  de  Milo  produit  tous  les 
matériaux  néceffaires  pour  la  production  de  l'alun  Se 
du  foufre.  Pour  du  nitre  ,  il  n'y  en  a  point ,  quoi  qu'en 
difent  les  habitans  ,  qui  le  confondent  avec  l'alun.  Le 
foufre  de  Milo  eft  parfaitement  beau,  &  a  un  petit 
oeil  verdàtre  &  luifant,  qui  le  faifoit  préférer  par  les 
anciens  à  celui  d'Italie  (  a  )  :  on  trouve  ce  foufre  dans 
cette  ifle  par  gros  morceaux,  en  creufant  la  terre,  & 
par  groffes  veines  dans  les  carrières  d'où  l'on  tire  les 
meules  de  moulin,  (a  )  Pline,  Hiftoire  nat.  liv.  35. 
c.  1  j. 

Il  eft  bon  de  remarquer  que  ce  rocher  fpongieux  Se 
caverneux ,  qui  ferr  de  fondement  à  Milo ,  eft  comme 
une  espèce  de  poêle  ,  qui  en  échauffe  doucement  la  ter- 
re ,  &  lui  fait  produire  les  meilleurs  vins ,  les  meil- 
leures figues  &  les  melons  les  plus  délicieux  de  l'Ar- 
chipel :  la  fève  de  cette  terre  eft  admirable  Se  travaille 
toujours  -,  les  champs  ne  s'y  repofent  jamais.  La  pre- 
mière année  on  y  féme  du  froment ,  la  féconde  de 
l'orge  j  &  la  troifiéme  on  y  cultive  le  coton ,  les  lé- 
gumes Se  les  melons  ,  tout  y  vient  pêle-mêle.  La  cam- 
pagne eft  chargée  de  toutes  fortes  de  biens  :  les  terres 
font  comme  autant  de  jardins ,  féparés  les  uns  des  au- 
tres par  des  murailles  de  pierre  féche,  c'eft-à-dire, 
fans  mortier  ni  torchis.  Pendant  la  guerre  on  y  féme 
peu  de  coton  ,  parce  que  les  armées  s'y  fourniffent  de 
grains,  de  haricots  Se  d'autres  légumes  ;  durant  la  paix  , 
on  n'y  recueille  pas  affez  de  bled  pour  nourrir  les  ha- 
bitans i  mais  on  y  féme  beaucoup  de  coton  qui  fe  vend 
plus  cher  que  le  bled.  Le  coton  en  coque ,  c'eft-à-di- 
re ,  envelopé  de  fon  fruit ,  vaut  un  fequin  le  quintal , 
&  jusqu'à  dix  ou  douze  francs ,  lorsqu'il  eft  en  rame  ; 
c'eft-à-dire,  épluché  Se  fans  coque. 

De  la  ville  à  la  rade,  dans  l'étendue  de  deux  mil- 
les de  terrein ,  on  ne  voit  que  jardins  Se  campagnes 
fertiles  en  froment,  orge,  coton,  fefame ,  haricots , 
melons,  citrouilles,  coloquintes:  ces  campagnes  font 
.  terminées  par  les  falines  ,  &  les  falines  aboutiffent  à 
la  rade ,  dont  les  hauteurs  font  couvertes  de  beaux  vi- 
gnobles ,  d'oliviers  Se  de  figuiers. 

La  rade  de  Milo  peut  contenir  aifément  une  grande 
armée  navale  :  fon  entrée  regarde  le  nord-oueft ,  Se  les 
vaiffeaux  y  fonr  à  couvert  de  toutes  fortes  de  vents , 
du  côté  de  ProtothalaJJa ,  où  eft  le  bon  mouillage.  Les 
deux  petits  écueils  qui  font  à  l'entrée  de  la  rade,  s'ap- 
pellent Acrarïes;  c'eft-à  dire  ,  éminences.  Anti-Milo 
eft  une  ifle  déferte  ,  qui  s'élève  en  pain  de  fucre  ,  entre 
le  Ponant  Se  le  Nord  oueft  :  les  Grecs  l'appellent  Re- 
momilo  ,  Se  les  Francs  lui  ont  confervé  le  nom  d'An- 
timilo.  Parasonisi  eft  une  autre  ifle,  près  du  port  de 
faint  Jean  de  Fer ,  derrière  la  montagne  de  faint  He- 
lic  ,  à  gauche  de  la  rade  en  venant  de  la  ville.  11  y  a 
encore  bien  de  petits  écueils  autour  de  Milo  \  mais  ils 
ne  font  pas  affez  confidérables  pour  en  faire  une  re- 
cherche exa&e, 

Dans  le  printems ,  le  Milo,  de  même  que  les  au- 
tres ifles  de  l'Archipel ,  eft  un  tapis  admirable  ,  par- 
femé  d'anémones  de  routes  fortes  de  couleurs  :  elles 
font  Amples  -,  cependant  c'eft  de  leur  graine  que  vien- 
nent les  plus  belles  espèces  qui  fe  voient  dans  nos  par- 
terres. Parmi  les  plantes  rares  qui  naiffenr  dans  cette 
ifle,  la  pimprenelle  épineufe  eft  la  plus  commune: 
elle  eft  d'un  ufage  merveilleux  dans  cette  ifle,  pour  y 
multiplier  les  pâturages  ,  &  transformer ,  pour  ainfi  di 
re,  les  landes  en  prairies.  Dans  le  mois  d'Août,  lors- 
que le  vent  du  nord  fouffle ,  on  allume  un  pied  de 
cette  plante  féche  :  en  un  inftant  le  vent  porte  le  feu 
dans  tout  un  quartier  jusqu'au  pied  des  montagnes. 
Aux  premières  [  luies  d'automne ,  ces  terres  brûlées 
pouffent  d'excellentes  herbes ,  qui  viennent  bien  plutôt 


qu'en  France ,  parce  qu'il  ne  gèle  jamais  dans  cette 
iile  :  la  neige  y  tombe  rarement  ;  lorsqu'il  en  tombe , 
elle  fe  fond  dans  un  quart-d'heure  ;  le  froid  n'y  eft 
point  nuifible  aux  oliviers ,  comme  en  Provence  Se  en 
Languedoc.  Cette  heureufe  température  Se  la  bonté 
des  pâturages  contribuent  beaucoup  à  1  excellence  des 
befliaux  qu'on  y  nourrit.  On  y  voit  de  beaux  trou- 
peaux de  chèvres,  dont  le  lait  fert  à  faire  de  rrès-bons 
fromages.  Clément  d'Alexandrie,  Fœdagog.  I.  x.  c.  r. 
Se  Julius  Pollux  ,  Onomaft.  I.  G.c.  10.  dans  le  dénom- 
brement qu'ils  ont  fait  des  meilleures  chofes  que  l'on 
peut  manger  en  Grèce,  n'ont  pas  oublié  les  chevreaux 
de  Milo. 

Le  vin  eft  une  des  meilleures  marchandifes  de  cette 
ifle  :  voici  comme  on  le  fait  dans  l'Archipel.  Chaque 
particulier  a  dans  fa  vigne  un  réfervoir  de  la  grandeur 
qu'il  juge  à  propos,  carré,  bien  maçonné,  revêtu  de 
ciment,  mais  tout  découvert.  On  foule  les  raifins  dans 
ce  réfervoir ,  après  les  y  avoir  laiffé  fécher  pendant 
deux  ou  trois  jours  •■>  Se  à  mefure  que  le  moûr  coule 
par  un  trou  de  communication  dans  un  baffin  qui  eft 
au  bas  du  réfervoir  ,  on  remplit  de  ce  moût  des  outres 
que  l'on  porte  à  la  ville  :  on  les  vuide  dans  des  futail- 
les ou  dans  de  grandes  cruches  de  terre  cuite  ,  enter- 
rées jusqu'à  l'ouverture  •■,  dans  lesquelles  ce  vin  nou- 
veau bout  à  fon  aife  fans  marc.  On  y  jette  trois  ou 
quatre  poignées  de  plâtre,  fuivant  la  grandeur  des  piè- 
ces, fouvent  on  y  ajoute  une  quatrième  partie  d'eau 
douce  ou  d'eau  falée ,  fuivanr  la  commodité  des  lieux. 
Après  que  le  vin  a  fuffifamment  cuvé,  on  bouche  les 
vaiffeaux  avec  du  plâtre  gâché.  Le  plâtre  n'eft  pas  rare 
dans  l'ifle  du  côté  de  Poloni  :  faute  de  bois  on  le  cuit 
avec  des  boufes  de  vache. 

On  n'emploie  ni  bois  ni  leflive,dans  cette  ifle  ,  pour 
blanchir  le  linge:  on  le  laiffe  tremper  dans  l'eau,  puis 
on  le  favonne  avec  une  terre  blanche  ou  craie  ,  qui  ne 
diffère  en  rien  de  la  terre  cimolée  de  l'Argcntiere.  Peut- 
être  qu'on  y  en  trouveroit  de  plus  fine  &  de  pins  blan- 
che ,  fi  on  fe  donnoit  la  peine  de  creufer.  Dioscoride 
Se  Pline ,  Hifl.  Nat.  lib.  15.  c.  6.  l'appellent  la  terre 
de  Milo ,  parce  que  de  leur  tems  la  meilleure  fe  trou- 
voit  dans  cette  ifle. 

Les  eaux  de  Milo  ne  font  pas  fort  bonnes  à  boire, 
fur-tout  dans  les  bas  fonds  où  elles  font  infectées  d'une 
odeur  de  foufre  &  d'œufs  couvis.  Il  n'y  a  guère  que  la 
fontaine  de  Castro  ,  qui  foit  excellente  :  cette  fou  ice  eft 
chaude  dans  fon  baffin  ;  mais  elle  devient  très-froide, 
deux  heures  après  qu'elle  eft  puifée,  Se  l'on  n  en  fau- 
roit  trouver  de  plus  légère.  Castro  eft  un  village  fi- 
tué  fur  une  montagne,  à  gauche  en  entrant  dans  la  ra- 
de. Les  Provençaux  le  nomment  Six  fours  ,  parce 
qu'il  reffemble  à  un  village  de  même  nom  ,  qui  n'eft 
pas  loin  de  Toulon. 

Les  bains  publics  fonr  au  pied  d'une  petite  colline  ,  à 
la  droite  en  descendant  de  la  ville  au  port.  Les  Grecs 
appelient  ces  bains  Loutra  ,  Se  non  pas  Stalotitra  , 
comme  prononcent  les  Francs  ,  qui  en  cette  occafion  , 
comme  en  beaucoup  d'autres  ,  corrompent  lexpreffion 
dont  fe  fervent  les  Grecs  ,  pour  dire  :  Allons  aux  bains. 
On  entre  d'aboi  d  dans  une  caverne ,  dont  l'entrée  eft  un 
arc  furbaiffé  :  il  faut  fe  courber  pour  y  paffer  ;  mais  après 
avoir  avancé  environ  cinquante  pas ,  on  trouve  deux 
chemins ,  dont  l'un  eft  fi  étroit ,  qu'il  faut  s'y  traîner  à 
quatre  pâtes  :  cependant  on  le  préfère  à  l'autre  ,  parce 
que  ce  dernier  ,  quoique  plus  fpacieux  ,  eft  plus  rabo- 
teux. Tous  deux  conduifent  à  une  fale  cieufée  par  la  na- 
ture :  à  côté  de  cette  fale  eft  un  réfervoir  d'eau  tiède  Se 
falée  ,  dans  lequel  on  s'aflied  pour  fe  baigner.  Il  fait  fi 
chaud  dans  ce  lieu  ,  qu'on  y  fue  à  groffes  gourtes ,  Se 
plus  commodément  que  dans  les  bains  artificiels  ,  où  la 
poitrine  fouffre  ordinairement.  Ceux  qui  ne  vont  là  que 
pour  fuer  ,  s'affeyent  au  fond  de  la  fale  dans  un  lieu  un 
peu  élevé.  Cette  étuve  naturelle  feroir  bonne  pour  de* 
perfonnes  incommodées  de  paralyfic  ,  de  rhumatismes 
ou  d'autres  fluxions,indépendantes  des  maladies  fécrertes, 
qui  ne  cèdent  pas  aux  fueurs  excitées  par  des  remèdes  ex- 
térieurs :  cependant  l'étuve ,  dont  nous  parlons ,  n'eft  fré- 
quentée que  par  de  vieux  débauchés,  qui  ne  peuvent  gué- 
rir que  par  le  Mercure  ;Se  c'eft  ce  qui  décrédite  fort  ces 
lieux.  L'eau  des  bains  n'altère  en  aucune  manière  la  tein- 
ture 


MIL 


MIL 


ture  d,u  tournefol  :  ce  n'eft  que  de  l'eau  marine  échauffée, 
qui  blanchit  ôc  coagule  l'huile  de  tartre  ,  comme  fait 
l'eau  marine  toute  froide.  Celle  de  ces  bains  s'écoule  na- 
turellement dans  des  marais  falans  ,  à  quelques  pas  de-là. 
Au-deffous  de  ces  bains,  fur  le  bord  de  la  mer ,  tout 
près  de  Prototha/ajja ,  fortent  au  travers  du  fable  plu- 
heurs  bouillons  d'eau  fi  chaude,  qu'on  n'y  fauroit  trem- 
per les  doigts  fans  fe  brûler.  Toutes  ces  fources  fument 
également  •■,  ôc  comme  leur  boue  ,  ou  la  réfidence  de  tou- 
tes leurs  eaux  paroît  avoir  la  couleur  de  rouille  ,  on  en 
doit  conclure  que  la  matière  ferrugineufe  y  a  beaucoup 
de  part. 

A  fix  milles  de  la  ville ,  du  côté  du  nord ,  entre  S.  Con- 
ilantin  ôc  Caffro ,  il  y  a  une  fontaine  qui  purge.  La 
fource  fort  précifément  fur  le  bord  de  la  mer  ,  dans  un 
lieu  escarpé;  mais  elle  coule  de  niveau  avec  l'eau  falée,  ôc 
s'y  mêle  le  plus  fouvent.  Il  y  a  un  autre  bouillon  un  peu 
plus  haut ,  où  la  met  ne  monte  pas ,  lorsqu'elle  eft  calme. 
Ces  fources  font  presque  tiédes  Se  d'une  douceur  fade  : 
elles  coagulent  l'huile  de  tartre  ,  quoiqu'elles  ne  faffent 
rien  fur  les  autres  eflais.  Dans  le  mois  de  Mai ,  lorsque 
la  mer  eft  baffe ,  les  Grecs  vont  boire  de  cette  eau  pour 
fe  purger  :  ils  en  avalent  des  cruches  entières  ;  ôc  même 
après  avoir  vuidé  les  groffes  matières ,  ils  continuent  d'en 
boire  ,  jusqu'à  ce  qu'ils  la  rendent  toute  claire. 

Les  principales  mines  d'alun  font  à  demi-lieue  de  la 
ville  ,  du  côté  de  S.  Vénérande  :  on  n'y  travaille  plus  au- 
jourd'hui ,  ôc  même  les  confuls  ont  fait  fermer  l'ouver- 
ture des  principales  ,  de  peur  que  les  Turcs  ne  leur  fiffent 
de  nouvelles  avanies  fur  le  profit  qu'ils  pourroient  faire 
du  commerce  de  l'alun.  On  entre  d'abord  dans  une  ca- 
verne affez  fimple ,  d'où  l'on  pafle  par  une  espèce  de 
boyau  dans  quelques  chambres  que  l'on  a  creufées  autre- 
fois ,  à  mefure  que  l'on  en  tiroir  l'alun  :  ce  font  des  voû- 
tes hautes  feulement  de  quatre  à  cinq  pieds ,  fur  neuf  ou 
dix  de  large,  incruftées  d'alun  presque  par-tout.  Cet 
alun  vient  en  pierres  plates ,  de  l'épaifleur  de  huit  ou 
neuf  lignes  jusqu'à  un  pouce  :  à  mefure  qu'on  en  détache 
quelques-unes,  on  en  trouve  de  nouvelles,  ôc  l'on  voit 
manifeftement  que  l'efprit  de  fel  ,  qui  a  pénétré  ces 
pierres ,  les  a  ,  pour  ainfi  dire  ,  fait  exfolier  fuivant  leurs 
veines.  L'alun  de  plume  fe  trouve  auffi  dans  ces  cavernes. 
Il  vient  par  gros  paquets ,  compofés  de  filets  déliés ,  com- 
me la  foie  la  plus  fine,  argentés,  luifans,  longs  d'un 
pouce  ôc  demi ,  ou  de  deux  ,  de  même  goût  ôc  de  même 
caractère  que  l'alun  en  pierre.  Il  ne  faut  pas  confondre  , 
comme  on  fait  otdinairement  ,  l'alun  de  plume  avec  l'a- 
mianthe  ,  ou  pierre  incombuftible.  Tournefort  dit  que 
par  tout  où  il  a  demandé  de  l'alun  de  plume  en  France , 
en  Italie ,  en  Hollande  ,  en  Angleterre,  on  lui  a  toujours 
préfenté  une  méchante  espèce  d'Amianthe  ,  que  l'on  ap- 
porte des  environs  de  Caryfto,  dans  rifle  de  Négre- 
pont.  L'alun  de  plume  eft  un  véritable  fel ,  qui  ne  diffère 
de  l'alun  ordinaire,  qu'en  ce  qu'il  eft  partagé  en  petits 
filets:les  pierres,  au  travers  desquelles  cet  alun  s'échappe, 
font  très  légères  ôc  friables. 

A  quatre  milles  de  la  ville,  vers  le  fud  ,  tout  au  bord 
de  la  mer ,  dans  un  lieu  fort  escarpé  ,  fe  voit  une  grotte 
d'environ  quinze  pas  de  profondeur,  où  les  eaux  de  la 
mer  pénétrent,  quand  elle  eft  agitée.  Cette  grotte  ,  quia 
près  de  quinze  ou  vingt  pieds  de  haut ,  eft  toute  incruftée 
d'alun  fublimé  ,  auffi  blanc  que  la  neige  en  quelques  en- 
droirs  ,  roussâtre  en  quelques  autres ,  ôc  doré  comme 
les  fleurs  de  fel  armoniac  cairbées.  Ces  incruftations  ne 
brûlent  point  dans  le  feu,  ôc  laiflent  une  espèce  de  rouille 
après  qu'elles  font  confumées.  Tous  les  rochers ,  qui  font 
autour  de  la  caverne  ,  font  revêtus  de  femblables  concré- 
tions :  il  y  en  a  beaucoup  qui  ne  font  que  du  fel  marin 
fublimé ,  auffi  doux  que  la  fleur  de  farine  :  on  y  voit  des 
trous  où  l'alun  paroît  tout  pur  ôc  comme  friable ,  mais 
d'une  chaleur  exceffive. 

A  quelques  pas  de  cette  caverne,  fur  le  bord  de  la  mer, 
eft  une  autre  grotte  dont  le  fond  &  le  bas  font  remplis  de 
foufre  ,  qui  brûle  fans  ceffe  -,  enforte  qu'il  n'eft  pas  pos- 
fible  d'y  entrer.  Tous  les  environs  fument  continuelle- 
ment ,  ôc  jettent  fouvent  des  flammes  :  on  y  voit  du  fou- 
fre tout  pur ,  comme  fublimé ,  &c  qui  ne  ceffe  de  s'enflam- 
mer en  certains  endroits  :  dans  d'autres  endroits  on  voit 
diftiller  goutte  à  goutte  une  folution  d'alun  beaucoup 
plus  acre  que  celle  de  l'alun  ordinaire  :  cette  folution  eft 


2,89 


d'une  ftipticité  presque  corrofive  ,  &  fermente  vivement 
avec  l'huile  de  tartre.  Ceux  qui  ont  la  galle,  vont  fucr 
dans  cette  grotte  :  ilsbaffinent  légèrement  les  endroits  les 
plus  maltraités  de  la  peau  avec  une  liqueur  d'alun  ;  ils  fe 
laveur  un  quart-d'heure  après  avec  de  l'eau  de  la  mer  ,  ôc 
guériffent  ordinairement ,  fans  faire  d'autre  remède. 

On  ne  finiroit  pas ,  filon  vouloit  décrire  toutes  les  diffé- 
rentes cavernes  de  cette  ifle.  Il  n'y  a  point  de  trou  dans 
ces  rochers  ,  où  l'on  ne  fente  une  chaleur  coniîdéra- 
ble,  dès  qu'on  y  enfonce  la  tête.  Du  temsque  lesCor- 
faires  regnoient  dans  rifle ,  ils  firent  raccommoder  une 
ancienne  étuve  ,  qui  porte  encore  leur  nom.  On  y  fit 
bâtir  des  chambres  aflez  commodes ,  où  ils  alloient  fuer 
pendant  quelques  jours.  Cette  étuve  eft  une  caverne  na- 
turelle ,  fituée  à  côté  de  la  montagne  de  S.  Hélie ,  ôc 
échauffée  par  les  vapeurs  de  quelque  eau  chaude  ,  fem- 
blable  à  celle  des  bains.  On  fent  bien  que  te  n'eft  pas 
une  exhalaifon  féche  ;  car  elle  amollit  la  peau  ,  ôc  faci- 
lite par-là  le  paffage  des  matières  de  la  transpiration  :  on 
pourroit  en  faire  un  grand  ufage  pour  les  rhuma- 
tismes ôc  pour  certaines  paralyfies  ;  mais  comme  ce 
lieu  n'eft  fréquenté  que  par  des  perfonnes  infectées  des 
maux  vénériens  ,  la  plupart  en  fortent  plus  malades  que 
quand  elles  y  font  entrées,  parce  que  la  fucur  n'emporte 
que  la  partie  la  plus  fubtile  du  virus  ;  ôc  ce  qui  refte  de 
cette  humeur  devient  fi  acre,  qu'il  détruit  la  tiffure  des  os. 

Quoique  l'air  de  Milo  foit  affez  mal  fain  ,  &  que  les 
habitans  y  foient  fujets  à  des  maladies  dangereufes  ,  on 
ne  laiffe  pas  de  s'y  divertir  :  on  y  fait  bonne  chère  à  peu 
de  frais  ;  car  les  perdrix  n'y  valent  que  quatre  à  cinq  fols 
la  pièce;  les  tourterelles ,  les  cailles ,  les  beefigues,  les 
ramiers ,  les  canards  y  font  en  abondance  :  on  y  mange 
de  bonnes  figues  ,  de  bons  melons ,  d'excellens  raifïns  ; 
Ôc  les  choux-raves  n'y  font  pas  mauvais.  On  n'y  manque 
pas  de  poiffons  délicats  les  jours  maigres ,  d'hériffons 
de  mer  ôc  de  bonnes  huitres  :  mais  celles  qu'on  appelle 
huîtres  rouges  (  na/Japtwo'Jk  )  font  coriaces  ôc  trop  falées. 
Les  yeux  de  bouc  (  neTa^'JW  )  font  tout-à-fait  délicieux 
ôc  plus  gtos  qu'en  Provence. 

Les  Miliotes  font  bons  matelots  :  par  l'ufage  ôc  la  con- 
noiffance  des  terres  de  l'Archipel ,  ils  fervent  de  pilotes 
à  la  plupart  des  vaiffeaux  étrangers.  Cette  ifle  abondoic 
en  toutes  fortes  de  biens  dans  le  tems  que  les  Corfaires 
François  tenoient  la  mer  dans  le  Levant.  On  y  parle  en- 
core des  grandes  actions  de  Béneville  Temericourr ,  du 
chevalier  d'Hocquincourr,  d'Hugues  Cruvclier  ,  du  che- 
valier d'Entrechanr ,  de  Pouffel ,  l'Orange  ,  Lauthier  , 
ôc  autres  qui  amenoient  leurs  prifes  dans  cette  ifle  ,  com- 
me à  la  grande  foire  de  l'Archipel.  Les  marchandifes  s'y 
donnoient  à  bon  marché  ;  les  bourgeois  les  revendoient 
à  profit ,  ôc  les  équipages  des  vaiffeaux  y  confumoient  les 
denrées  du  pays.  Les  dames  y  trouvoient  auffi  leurs  avan- 
tages ;  car  elles  ne  font  pas  moins  coquettes  que  celle» 
de  l'Argentiere.  Toutes  fe  fardent  avec  la  poudre  d'une 
plante  marine  {•Alcyoriutm  durum  Imper.  )  dont  elles 
frottent  leurs  joues  pout  les  rendre  vermeilles  ;  mais 
cette  couleur  fe  pafle  bientôt ,  ôc  l'ufage  de  cette  pou- 
dre gâte  le  teint  ôc  détruit  la  furpeau.  Les  dames  de  ces 
deux  ifles  font  vêtues  de  la  même  manière  :  il  n'eft  pour- 
tant point  d'étranger  qui  ne  trouve  leur  habit  extraor- 
dinaire ôc  tout-à-fait  desavantageux  au  beau  fexe  :  il  leur 
gâte  la  taille  ôc  fait  paroître  les  plus  jolies  perfonnes 
avec  des  jambes  monftrueufes. 

Il  n'y  a  que  des  Grecs  dans  le  Milo,  excepté  le  juge 
(CWi)qui  eft  Turc.  Le  vaïvode  eft  ordinairement  un 
Grec,  qui  exige  la  taille  réelle,  ôc  a  droit  de  châtier  ÔC 
de  faire  donner  la  baftonnade  ,  comme  l'aga  des  janis- 
faires  dans  les  villes  de  Turquie.  En  1700,  la  taille  fut 
jusqu'à  cinq  mille  écus,  ôc  l'on  paya  à  Mezo-Morto , 
capitan  bâcha  ,  pareille  fomme  pour  la  capitation.  On 
fait  tous  les  ans  trois  confuls  à  Milo.  Ils  s'appellent 
Epitropi ,  c'eft- à-dire ,  adminiftrateurs-intendans  ;  ôc  ceux 
qui  fortent  de  charge  font  nommés  Primutï ,  ou  Vcch'iar- 
di  ,  c'eft-à-dirc,  anciens  confuls.  Ceux  qui  font  en  char- 
ge ont  l'adminiftration  des  rentes  de  la  ville ,  qui  fe  pren- 
nent fur  la  douane  ,  fur  les  falines  &  fur  les  pierres  de 
moulin.  Tout  cela  ne  s'afferme  que  mille  écus  par  an. 
On  paye  à  la  douane  trois  pour  cent  pour  toutes  fortes 
de  marchandifes.  Les  moulins  à  bras  qu'on  fait  dans  cette 
ifle  font  fort  propres ,   ôc  la  pierre  en  eft  excellente.  On 

Tm,IV.    Oo 


MIL 


2.QO 

les  porte  à  Conftantinople  ,  en  Egypte  ,  dans  laMorée  , 
à  Zante ,  à  Cephalome ,  6c  même  a  Ancone.  Mylos  ,  en 
grec  littéral,  fignilîe  un  moulin.  On  prétend  que  l'ifle  en 
a  pris  le  nom  ,  à  caufe  du  grand  commerce  qu'on  y  fait 
de  moulins  à  bras  \  mais  il  y  a  beaucoup  plus  d'apparence 
qu'elle  a  confervé  Ton  ancien  nom  de  Melos ,  dont  on 
a  fait  Mi  o,  6c  que  Feitus  dérive  d'un  capitaine  Phénicien, 
appelle  Melos.  La  mefure  ordinaire  de  fel,  qui  pefe 
foixante-fix  livres  ,  ne  coûte  dans  cette  ifle  que  fept  (ois. 
Les  iàlines  font  a  deux  milles  de  la  ville  ,  tout  au  fond 
de  la  rade.  Pendant  l'hiver  ,  l'eau  de  la  mer  en  remplit 
les  réfervoirs ,  &  le  fel  s'y  cryftallife  dans  les  grandes 
chaleurs. 

On  plaide  en  première  inflance  devant  les  confuls  6c 
les  primatis  ,  6c  l'on  appelle  de  leur  jugement  au  cadi ,  fi 
l'on  veut;  mais  les  confuls ,  qui  affûtent  au  jugement  du 
cadi, le  menacent  de  le  renvoyer  s'il  ne  fait  bonne  jullice , 
Se  le  renvoient  en  efkr,s'il  continue.  C'elï  au  grand  cadi 
de  Scio  d'en  renvoyer  un  autre.  Le  nouveau  cadi  cil 
traité  pendant  trois  jours  par  les  officiers  de  la  ville  qui 
lui  aJhgnent  un  logement ,  dont  il  paye  le  loyer.  Il  a 
dix  pour  cent  des  effets  conteftés  dans  les  procès.  Quel- 
quefois il  prend  de  l'argent  d'une  partie,&  de  l'or  de  l'au- 
tre ,  &  il  juge  en  faveur  de  la  plusgrofle  fomme.  Si  c'eft 
un  honnête  homme  ,  comme  cela  le  rencontre  allez  fou- 
vent  ,  il  condamne  à  payer  fur  le  champ  en  argent  ou  en 
marchandées  :  fi  le  débiteur  n'a  aucuns  efiets  ,  tout  eft: 
perdu ,  a  moins  qu'il  ne  demande  du  tems  pour  fatisfaire  ; 
s'il  nie  la  dette  ,  il  eft  cru  fur  fon  ferment ,  6c  l'on  ne 
peut  plus  le  pourfuivre.  On  fait  venir  un  papas ,  devant 
lequel  ie  juge  le  fait  jurer  fur  l'évangile  ,  ou  bien  fur  l'al- 
coran  ,  s'il  n'eft  pas  d'humeur  d  attendre  que  le  papas 
foit  arrivé. 

Il  y  a  deux  évêques  dans  cette  ifle  ,  l'un  Grec ,  Se  l'au- 
tre Latin  ;  le  Latin  n'a  qu'un  prêtre  avec  lui  pour  tout 
clergé  ,  quoiqu'il  loir  évoque  de  Milo  ,  de  1  Argentiere 
&  de  Siphanto ,  où  il  ne  tient  que  de  fimples  vicaires. 
Le  fiége  étoit  vacant  en  1 700  ,  &  l'on  croyoit  que  le  pape 
n'y  enverroit  qu'un  vicaire  apoltolique  ,  parce  que  l'é- 
glife  de  Milo  n'a  qu'environ  ijoécus  de  rente.  Elle  en 
avoi  autrefoiscinq  cens  ;  mais  le  grand  feigneur  ,  après  la 
gueire  de  Candie  ,  ayant  fait  reconnoure  les  ifles  6c  exa- 
miner les  titres  de  ceux  qui  les  polTédoient ,  l'éveque  la- 
tin de  Milo  ,  qui ,  fous  le  bon  plaifir  des  Vénitiens  , 
jouiflbit  de  l'ifle  Brûlée  ,  fe  trouva  fans  titre;  ainfi  cette 
ifle  ,  qui  «fi  tout  près  de  LArgentiere  ,  fut  mife  à  l'en- 
chère ,  Se  vendue  cinq  censécus.  Le  dernier  évêque  étoit 
mort  fi  pauvre  ,  qu'il  avoit  engagé  le  calice  ,  la  mitre  6c 
tous  les  ornemens  de  fon  églife  ;  il  feroit  mort  de  mifere, 
fans  une  penfion  que  le  roi  de  France  Louis  XIV  lui 
avoit  accordée,  &  fans  les  charités  que  ce  prince  faifoit 
diftribuer  aux  Latins  qui  font  au  Levant.  L'églife  épisco- 
pale  eft  fous  le  titre  de  faint  Côme  6c  faint  Damien. 
C'étcit  autrefois  une  chapelle  grecque  ,  qui  fut  vendue 
aux  Latins.  Le  logement  de  l'éveque  ,  qui  eu;  vis-à-vis , 
eft  allez  joli.  Cet  évêque  n'a  rien  à  démêler  pour  Ces 
revenus  avec  l'éveque  Grec  ,  qui  eft  riche. 

Il  y  a  dix  huit  paroiffes  dans  l'ifle  de  Milo  ;  favoir, 


MIL 


Notre-Dame  du  Port , 

Saint  Noirmantin  , 

Le  Grand  Saint  George  , 

Saint  George  l'Hermite, 

L'Annonciade, 

Saint  Antoine , 

Saint  Dimitre  , 

Saint  Michel  Archange , 

Saint  Jean-Baptifte , 


Le  Grand  Saint  Nicolas , 
Le  Petit  Saint  Nicolas , 
Le  Saint  Efprit , 
Saint  Athanafe, 
Saint  Spiridion  , 
Notre-Dame , 
Les  quarante  Saints, 
Saint  Polycarpe , 
Saint  Eleutère. 


Chacune  de  ces  églifes  a  fon  papas.  Après  l'éveque, 
l'économe  eft  la  première  dignité  du  clergé ,  &  mar- 
che à  la  droite  du  prélat.  Il  eft  comme  fon  fubftitut , 
ou  fon  grand-vicaire.  Le  tréforier  marche  à  la  gauche. 
L'archivifte  fuit  immédiatement  après.  L'éveque  dispofe 
de  toutes  ces  charges ,  Se  d'ailleurs  il  a  trente  prêtres 
qui  lui  font  fournis. 

Outre  les  chapelles  qui  font  en  grand  nombre,  on 
eompte  treize  monafteres ,  qui  font 

Notre-Dame  du  Château ,  Sainte  Hélène , 


Notre-Dame  de  la  Voile  ,  L'admirable  Notre  Dame , 
Saint  Michel  Archange  ,     Notre-Dame  du  Jardin , 
Le  monaftere  de  Chrift  ,  Saint  Hélie , 
Sainte  Saba,  Saint  George  le  Chauve, 

Saint  Jean  de  Fer  ,  Sainte  Marine. 

Notre  Dame  du  Mont, 

3.  MILO  ,  ville  de  l'Archipel ,  dans  l'ifle  de  Milo  ,  à 
laquelle  elle  donne  fon  nom.  Elle  elt  fituee  dans  la  par- 
tie orientale  de  l'ifle.  Elle  contient ,  dit-on ,  près  de  cinq 
mille  hommes ,  6c  eft  allez  bien  bâùe  ;  mais  elle  elt  d'une 
faleré  infurportable.  Quand  on  y  bâtit  une  maifon  ,  on 
commence  par  l'appartement  des  cochons  qui  eft  au- 
deflous  d'une  arcade  au  rez  de  charriée,  ou  un  peu 
plus  bas,  6c  qui  donne  toujours  fui  la  rue  :  en  un  mot, 
c'eft-là  le  cloaque  de  toute  la  m.ifon.  Les  ordures  qui 
s'y  amafient,  jointes  aux  vapeuis  des  marais  falans  qui  font 
fur  le  bord  de  la  mer  ,  aux  exhalaifons  des  minéraux  dont 
l'ifle  eft  infectée  ,  à  la  difene  des  bonnes  eaux ,  empoifon» 
nent  l'air  de  Mil),  8c  y  caufent  des  maladies  dangeieufes. 
Les  maifons  de  cette  ville  valent  pourtant  mieux  que 
celles  de  Candie.  Elles  font  à  deux  étages  en  terraffe  ,  de 
bonne  maçonnerie  6c  d'une  pierre  approchante  de  la 
pierre  ponce  ;  mais  dure  ,  noirâtre  ,  légère  ,  qui  réfute 
aux  imprenions  de  l'air  ,&  qui  eft  très-propre  pour  ai- 
guiller toutes  fortes  de  ferremens.  il  n'y  a  pas  d'appa- 
rence que  Théophialle  ,  de  Lifidib.  I.  36.  c.  21.  6c  Pli- 
ne ,  ayent  voulu  parler  de  cette  espèce  de  pierre  ,  lors- 
qu'ils ont  die  que  les  meilleures  pierres  ponces  fe  rrou- 
voient  dans  cette  ifle  :  car  les  anciens  s'en  fervoient  pouf 
adoucir  la  peau  &  la  rendre  p>Lis  douillette.  Il  eft  ter- 
tain  que  les  pierres  ponces  ordinaires  font  beaucoup  plus 
propres  à  cet  ufage  ;  mais  il  ne  paroît  pas  que  celles  de 
Milo  foient  d'une  tiffure  plus  fine,  que  celles  des  autres 
ifles  de  Grèce.  Elles  viennent  toutes  de  la  même  cari  ie- 
re.  Les  terrafTes  de  Milo  font  de  même  fabiique  que 
celles  des  aunes  villes  de  1  Archipel:  c'eft  une  couche 
de  terre  aflez  bien  battue  ,  qui  fe  fend  6c  laiiTe  écha- 
per  l'eau  de  toutes  parts  aux  premières  pluies  -,  mais 
elle  s'affermit  à  mefure  qu'elle  s'imbibe  d'eau,  &  fes 
crevaffes  ne  fe  bouchent  que  peu-à  peu. 

Les  Capucins  françois  font  aflez  bien  logés  dans  Mi- 
lo. Leur  maifon  eft  à  l'entrée  de  la  ville ,  à  droite  en 
venant  du  port.  Il  y  a  quelques  années  que  leirr  cou- 
vent fut  démoli  par  les  Turcs  ,  qui  fe  ph'gnoienr  qu'on 
y  recevoit  les  vols  des  corfaires.  La  maifon  a  été  rele- 
vée ,  Se  l'églife  eft  affez  jolie  pour  le  pays.  Le  r<  i  de 
France  donna  mille  écus  pour  cet  édifice  Les  marchands 
françois,  les  capitaines  de  vaiiTeaux  6c  les  coi faii es  mê- 
me y  ont  contribué  félon  leurs  facultés  De  àeux  pè- 
res qui  font  dans  le  couvent  de  Milo  ,  l'un  fait  I  école 
grecque  &  l'autres  l'italienne.  Ils  confervent  dans  leur 
jardin  une  figure  antique,  fans  tête  ,  fort  maltraitée* 
&  dont  les  reftes  font  beaux.  On  croyoit  que  c'étrit 
la  figure  de  Pandore  ;  mais  Tourntfort  a  jugé  qiiec'é- 
toit  une  ftatue  de  Diane  à  plufieurs  mammelles.  *  Tour- 
nefort ,  Voyage  du  Levant ,  lett.  IV. 

MILOLITUM,  villedelaThrace.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  ,  la  met  fur  la  route  de  Dyrrachium  à  B)fmce, 
entre  Brendices  6c  Timporum,  à  douze  milles  de  là 
première,  6c  à  feize  milles  de  la  féconde. 

MILONIA  ,  ville  d  Italie,  dans  le  pays  de  Samnites  j 
félon  Etienne  le  gée>graphe  ,  6c  Tite  Live  ,  /.  10.  c.  3. 

MILOPOTAMO  ,  lieu  fortifié  fur  la  côte  feptennio- 
rale  de  l'ifle  de  Candie,  entre  Renimo  6c  le  cap  Sas- 
fofo.  Ortelius  ,  Thef.  croit  que  c'eft  l'ancien  Tant  orna- 
truim  de  Prolomée.  Coronelli ,  Carte  de  Candie.  Ce- 
toit  autrefois  une  ville  épiscopale  ,  dépendante  de  Can- 
die. Dans  le  concile  de  Trente  ,  on  trouve  la  fou- 
feription  de  Jacolus  Suretits ,  MUvpotametiJis  junior, 
6c  Dionyfms  M'dopot  amenfi  s  fen'wr.  Suretus  étoit  fans 
doute  coadjuteur.*   Hardomn ,  vol.  10.  p.  424. 

MILSUNGEN,  ou  Meisingen  ,  petite  ville  6c  châ- 
teau d'Allemagne,  dans  la  Baffe-Hefie ,  fur  la  Fulde. 
On  trouve  dans  une  ancienne  chronique  deThuringe, 
qu'au  tems  de  l'empereur  Henri  VI ,  Herman ,  landgrave 
de  Thuringe ,  conquit  cette  ville  fur  un  évêque  de 
Mayence.  Cependant  quelques  autres  anciens  mémoi- 
res difenr  qu'elle  eft  tombée  au  pouvoir  des  princes  de 
Hcfle,  par  un  accord  paffé  entre  ceux-ci    6c  les  abbés 


MIM 


MIN 


de  Ftilde  8c  de  Hirfchfeldr.  Son  château ,  tel  qu'il  eft 
préfentement ,  eft  un  ouvrage  du  landgrave  Guillaume 
le  Vieux,  qui  le  rebâtit  presqu'à  neuf  en  ijjo.  La  mai- 
fon  de  ville  fut  conftruite  delà  même  manière  en  IJ56. 
Le  pont  de  pierre ,  qui  eft  fur  la  Fulde  ,  ne  fût  com- 
mencé qu'en  IJ96,  parle  landgrave  Maurice.  Milfun- 
gen  eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage  afiez  étendu  ,  qui  ren- 
ferme en  plufieurs  endroits  des  mines  de  charbon. 
C'eft  dans  ce  bailliage  que  fe  font  les  plus  beaux  pots 
de  terre  fine.  *  Zeyler ,  Topogr.  Haffia?. 

MILTENBERG  ,  ville  d'Allemagne ,  dans  l'éledo- 
rat  de  Mayence  fur  le  Meyn  ,  environ  fix  lieues  au-des- 
fus  d'Afchaffenbourg  ,  8c  un  peu  au-defibus  de  Freuden- 
berg.  *  Jaillot,  Atlas. 

M1LTINA  ,  ville  d'Afrique  ,  félon  Diodore  de  Sici- 
le ,  /.    20.  C.  $Ç). 

M1LTISCH  ,  baronnie  d'Allemagne,  dans  la  Siléfie  , 
fur  les  frontières  de  la  Pologne.  Sa  capitale ,  qui  porte  le 
même  nom ,  eft  allez  bien  fortifiée ,  ainfi  que  fon  châ- 
teau. Elle  a  fait  partie  du  duché  d'OUT. 

1.  MILTON.  Voyez.  Apsasium. 

2.  MILTON  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Leicefter.  On  y  tient  marché  public.  '  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1 . 

3.  MILTON,  bourg  d'Angleterre , dans  la  province 
de  Kent.  11  adroit  détenir  marché  public.  *  Etat  pré- 
fent de  la  Grande  Bretagne,  t.  1. 

MILTOSELEUCUS  ,  félon  Socrate ,  8c  Montio  Se- 
leucus ,  félon  Sozomene  ,  dans  fon  hiftoire  Tripartite , 
lieu  de  la  Gaule ,  où  Magnence  fe  retira ,  après  avoir 
été  battu  par  l'empereur  Confiance.  Une  ancienne  tra- 
duction porte  Mons  Seleucus;  8c  l'itinéraire  d'Antonin 
connoît  une  ville  de  ce  nom.  C'efi  de  la  forte  qu'il  faut 
écrire.  Voyez.  Mons  Seleucus.  *  OrteliiThcC. 

MILTUS ,  ville  de  l'ifle  Sagdiana  ,  dans  le  golfe  Perfi- 
que,  félon  Ptolomée,  /.  6,  c.  8.  qui  met  l'ifle  fur  la  côte 
de  la  Caramanie. 

M1LTZIN  ,  petite  ville  de  Bohême  ,  au  cercle  de  Be- 
chin ,  à  deux  milles  du  Thabor ,  au  nord ,  près  de 
Woticz  ,  fur  le  chemin  de  Prague.  *  Zeyler ,  Topogr. 
BohemiaîA, 

MILVIUS.  Voyez.  Pons  Milvius. 

M1LV1US  AGGER.  Stace  ,  Silvar.  I.  2.  v.  176.  don- 
ne ce  nom  au  pont  Milvien.  Voyez.  Pons  Milvius. 

1.  MILYAS  ,  petite  contrée  d'Afie,  entre  la  Pifidie, 
8c  la  Lycie,  félon  Strabon,  /.  13.  qui  ajoute  qu'elle  s'é- 
tendoit  depuis  la  ville  de  Terineflé  &  lepafiage  duTaii- 
rus ,  jusqu'aux  territoires  de  Sagalaflus  &  d'Apaméc.  Pto- 
lomée ,  /.  ;.  c.  3.  renferme  cette  contrée  dans  la  Lycie; 
8c  Arrien  nous  apprend  qu'elle  fit  premièrement  partie 
de  la  Phrygie  ;  mais  qu'Alexandre  l'incorpora  dans  la  Ly 
cie  :  ce  qui  fait  voir  que  fes  bornes  ne  furent  pas  toujours 
fixes.  *  De  exped.  Alex.  p.  69. 

2.  MILYAS,  ville  d'Afie,  dans  une  contrée  de  même 
nom,  félon  Polybe ,  /.  5.  c.  72.  Ptolomée,  /.  _$•.  c.  j\  qui 
ne  connoît  point  de  contrée  nommée  Milyas ,  met  cette 
ville  dans  la  Carbalie,  province  de  la  Pamphylie.  Etienne 
le  géographe  dit  que  les  habitans  s'appelloient  Milyx  8c 
Milyes,  8c  qu'ils  fe  nommoient  auparavant  Solymi.  Pline, 
/.  ;.  c.  27.  prétend  qu'ils  tiroient  leur  origine  de  laThra- 
ce.  Strabon  place  la  ville  de  Termeffe  dans  le  détroit  des 
montagnes,  par  où  l'on  entroitdans  laMyliade.  Termejfus 
Tfidïca  urbs  anguftiis  Montium  adpofîta  ,  per  qitas  ejl 
iranfitus  ad  Myliadem. 

MIMACES.  ?T, 

MIMACI.  5  Vuyez-  Mimalces. 

t  MIMALCES  ,  peuples  de  la  Libye,  félon  Etienne  le 
géographe.  Ortelius,  Tbefaur.  foupçonneque  ce  pourroit 
être  les  Mima  ci  que  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  6.  place  dans  la 
Libye  intérieure ,  au  pied  du  mont  Thala.  11  femble  auiïï 
qu'Oitelius  croie  que  les  Mimaces  ,  mis  par  Ptolomée 
dans  l'Afrique  au-defibus  des  Gephes ,  pourroient  être  le 
même  peuple. 

MIMALLIS.  Voyez.  Melos. 

1.  MIMAS,  promontoire  de  l'Afie  propre  ,  oppofé 
à  l'ifle  de  Chio  ,  félon  Homère,  Odyf.  I.  3.  v.  172. 
Pline  ,  /.  y.  c.  29.  &  yElien  ,  .Animal.  I.  5.  c.  27.  Niger 
l'appelle  Cabo  Stillari ,  &  on  le  nomme  aujourd'hui  le 
cap  Blanc. 

a.  MIMAS ,  montagne  d'Afie ,  dans  l'Ionie.  Elle  eft 


2,9   ï 

très-haute ,  &  il  paroît  qu'on  Ta  quelquefois  confondue 
avec  le  promontoire  de  même  nom.  Strabon ,  /.  1 4.  p. 
64;.  dit  qu'elle  étoit  couverte  d'arbres,  &  qu'elle  nour- 
riiloit  quantité  de  bêtes  féroces.  Selon  Pline,/.  ;.c.  29. 
elle  s'étendoit  dans  les  terres  l'espace  de  2jcooo,  8c 
finifibit  au  promontoire  Coryceon  ou  Mimas.  La  carte 
de  la  Grèce  méridionale  ,  par  de  l'ifle  ,  marque  cette 
montagne  comme  une  longue  chaîne ,  qui  traverfe  la  plus 
grande  partie  de  la  Maronie,  toute  l'Ionie,  &  aboutit  au 
cap  Mimus. 

.  3.  MIMAS,  montagne  dans  l'ifle  de  Pfyria.  Ciceron 
l'appelle  Mons  ventofus. 

4.  MIMAS ,  montagne  de  la  Thrace ,  félon  le  fcholiafle 
d'Ariftophané.  Ovide,  Metam.  I.  2.  v.  222.  &  Suidas  en 
font  âufii  mention.  *  Om//iThefaur. 

5.  MIMAS  ,  moutagne  de  l'/£tolie  ,  félon  Hefyche.* 
OrtcliiTheCaur. 

MIMASACA  ,  province  ou  royaume  du  Japon  ,  dans 
la  grande  ifie  Niphon.  Elle  abonde  en  mines  de  fer. 

MIMATENSIS  bu  Memmatensis  mons  ,  montagne 
au  voifinage  de  la  capitale  des  peuples,  nommés  ancienne- 
ment Gabali,  dont  S.  Privât  étoit  l'évêque,  félon  Gré- 
goire  de  Tours,  Hifl.  I.  1.  c.  32.  Il  y  avoir  fur  cette 
montagne  un  village ,  appelle  Mimmate  ou  Memmate , 
du  nom  de  la  montagne.  Ce  village  devint  une  ville, 
lorsqu'on  y  eut  transféré  l'évêché  des  Gabali  ;  c'eft  au- 
jourd'hui la  ville  de  Mende  dans  le  Gévaudan.  Voyez, 
Mende. 

MEMBRE  ,  ou  S.  Ouen  de  Membre  ,  bourg  de  France, 
dans  le  Maine ,  élection  du  Mans. 
^  MEMBRES ,  petite  ifle  qu'on  met  entre  les  Lucaies. 
Ce  n'eft  proprement  qu'un  rocher,  qui  fe  trouve  fur  la 
fin  des  bancs  de  Bimmi.  Les  mariniers  prennent  grand 
foin  de  l'éviter.  *  Corn.  Dict.  de  Laet,  Defc.  des  Indes 
occident. 

MIMIANENSIS ,  fiége  épifcopal  d'Afrique ,  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe  ,  félon  la  notice  d'Afrique ,  qui 
fournit  Secundïanus  Mimianenfis,  *  Harduin.  v.  2.  p.  873. 

MIMIDONENSIS.  C'eft  ainfi  que  le  concile  de 
Cologne  tenu  l'an  873,  défigne  l'évêché  de  Munfteren 
Weftphalie.  Elle  a  aufli  porté  le  nom  de  Mimigarde- 
vord.  Voyez.  Munster. 

M1MIGARDEVORD ,  ou  Mimigernford  ,  ancien 
nom  de  la  ville  de  Munfter  en  Weftphalie.  Voyez,  Muns- 
ter. *  Baillet ,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  628. 

MIM1NGRODA.  Voyez.  Minimigardum. 

MIM1NI.  Voyez.  Menini. 

MIMNEDUS,  ville  des  Lydiens,  félon  Etienne  lé 
géographe  ,  qui  cite  Hécatée. 

1.  MlN  ,  Royaume  dans  le  Fokien,  province  mé- 
ridionale de  la  Chine.  Un  empereur  Chinois  érigea  ce 
pays  en  royaume  ,  l'an  892  de  J.  C.  en  faveur  de  Vang- 
Chin-Thi ,  qui  en  étoit  gouverneur.  Le  royaume  de  Min 
n'avoit  quecinq  villes  :  fa  capitale  fe  nommoit  Fa-Tchbri- 
Fou,  qui  étoit  aufll  de  la  province  de  Fokien.  Vang-Chin- 
Thi  fut  tué  par  fon  propre  fils  ,  qui  monta  fur  le  trône 
de  Min  ,  8c  le  transmit  à  fa  pofterité  jusqu'à  la  quatrième 
génération.  Vers  l'an  947  ,  le  Roi  de  Tam  s'empara 
de  ce  royaume.'"1  Hiftoire  générale  des  Turcs  par  de 
Guignes  ,  t.  1.  p.  1 25.  116. 

2.  MIN,  rivière  delà  Chine.  Elle  prend  fa  fource 
aux  confins  de  la  province  de  Chekiang  ,  auprès  de  la 
ville  de  Lungciuen  ■■,  elle  pafle  enfuite  dans  celle  de 
Puching,  de-là  elle  fe  rend  à  Kienning  ,  à  Jenping  éc" 
à  Xuiketi;  enfin,  accrue  d'une  grande  quantité  d'eau, 
elle  entre  dans  le  territoire  de  la  ville  de  Focheu  ,  inétro- 
pole  de  la  province ,  8c  va  fe  jetter  dans  la  mer.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  MINA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe,  dans 
les  terres ,  vers  la  fource  d'une  rivière  de  même  nom. 
L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Cala  à 
Rituccuriim,  entre  B aliène  prxfidium  8c  Gadaum  caflra, 
àfeize  milles  de  la  première,  &  à  vingt-cinq  milles  de 
la  féconde.  Dans  la  notice  épiscopale  d'Afrique  ,  »°  49. 
Crecilius  eft  qualifié  épis copus  Minnen fis  ;  8c  en  J2j, 
Secundinus,  évêque  de  Mina,  fouferivit  au  concile  de 
Carthage  tenu  fous  Boniface. 

2.  MINA,  rivière  d'Afrique  ,  dont  fait  mention  l'a- 
nonyme de  Ravenne ,  /.  3.  c.  8.  Elle  mouilloit  la  ville 
de  Mina,  8c  prenant  fon  cours  du  fud  au   nord,  ell« 

Tarn,  IV.  O  o  ij 


MIN 


2,92, 

alloic  fe  jctter  dans  la  mer  Méditerranée.  Marmol , 
Defc.  d'Afrique,  l.  i.c.9.  dit  que  cette  rivière  eït  afifez 
grande.  Elle  descend,  ajoute-t-il ,  des  montagnes  du 
grand  Atlas ,  d'où ,  paffant  par  des  plaines  rudes  & 
ftériles,  où  eft  fituée  la  ville  de  Bathaha  ,  elle  court  du 
côté  du  nord  jusqu'à  la  mer  Méditerranée  près  d'Arzée. 
Les  Maures  l'appellent  depuis  peu  non  Minx. ,  comme 
le  dit  Corneille  >  mais  Cena  ,  du  nom  d'un  Morabite, 
qui  repeupla  Bathaha ,  que  les  Berimerinis  avoient  dé- 
iruite.  Ptolomée,  /.  4.  c.  2.  nomme  cette  rivière  Chy- 
lemath. 

3.  MINA  ou  Mine.  Voyez.  Saint  George  de  ia 
Mine. 

MICACE ,  ville  de  l'Espagne  Bétiqne ,  fur  la  côte 
de  la  mer  Méditerranée  ,  félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui 
cite  Avienirs ,  or  a  maritima ,  v.  417.  éd.  Oxford,  mais 
dans  cet  auteur  on  lit  Maeriace ,  qui  eft  l'ablatif  du 
nom  Maenax  ;  ainfi  l'éditeur  d'Oxford  s'eft  trompé  , 
«n  mettant  pareillement  Maenace  au  vers  451  ,  ce  qui 
rend  ce  vers  défectueux  ;  au  lieu  qu'il  feroit  régulier  , 
<n  mettant  Maenax. 

MIN/EGARA,  ville  de  l'Inde  ,  en  deçà  du  Gange. 
Ptolomée  ,/.  7.  t.  1.  la  place  dans  l'Indo  -  Scythie  fur 
îa  côte  orientale  de  la  mer  de  Larlce  ,  à  l'occident  du 
fleuve  Namadus  >  entre  Ozene  Se  Tiatura.  Il  y  a  appa- 
rence que  c'efl  la  même  ville  qu'Arrien  ,  Peripl.  maris 
Erythr.  p.  22.  nomme  MinnagAr,  Se  à  laquelle  il 
donne  le  titre  de  métropole  de  la  Scythie. 

MIN/EI.  Voyez.  Minn^i 

MIN.EK.OUK1N,  rivière  de  l'Amérique  feptenrrio- 
nale  ,  dans  la  nouvelle  France.  C'efl  une  petite  rivière 
du  nouveau  pays  des  Outaouacs.  Elle  fe  jette  dans  le 
îac  des  llinois  à  la  bande  du  nord. 

MINAKUTS(a),  ville  du  Japon,  dans  l'ifle  de  Ni- 
phon.  Elle  eft  fituée  dans  la  partie  méridionale  de  la 
province  d'Omi ,  fur  une  petite  rivière  qui  fe  jette  dans 
le  lac  Oitz.  Les  plus  beaux  chapeaux  (  b  ) ,  les  plus  belles 
nattes  Se  autres  chofes  faites  de  rofeau  ,  fe  fabriquent  à 
Minakuts.  Le  château  efl  à  une  extrémité  de  la  ville  ;  c'efl 
-un  bâtiment  médiocre  ;  il  n'a  m  murs  ni  foffés.  (  a  ) 
Scheuch-Ler ,  Carte  du  Japon,  (b)  K&mpfer,  Hift.  du 
Japon  ,  t.  2.  p.  2;  3. 

MINARIACUM.  Voyez.  Menaricum. 

MIN  ATICUM ,  ville  de  la  Gaule  Belgique.  L'itinérai- 
re d'Antonin  la  met  fur  la  toute  de  Bayacum  à  Duro- 
cortorum  ,  entre  Catkjtacum  Se  Muenna ,  à  fept  milles  de 
la  première,  &à  dix-huit  milles  de  la  féconde.  Velfer 
croit  que  c'efl  cette  ville  que  la  table  de  Peutinger  ap- 
pelle Nintiacum.  *  Ortelii  Thefaur. 

MINCHEAT,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Sommerfet.  Il  adroit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
fréfent  de  la  Grande  Bretagne ,  r.   1 . 

MINCHEU  ,  forrereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xcnfi.  Elle  eft  de  1 2  deg.  6  min.  plus  occidentale  que 
Péking  ,  fous  les  36  deg.  o  min.  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
rtenfis. 

MlNCING  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Fôkien ,  au  département  de  Focheu ,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  5  3  min.  plus  orien- 
tale que  Péking,  fous  les  26  deg.  1  min.  de  latitude. 
*  Atlas  Sinenfis. 

MINCIUS  ,  fleuve  d'Italie  :  il  fort  du  lac  Benacus, 
félon  Pline,  /.  9.  c.  22.  Virgile,  Eclog.y.v.  12.  l'ail- 
luflré  dans  ce  vers  : 

Hic  viridis  tenera  pr&tcxit  arundine  ripas 
Miacius. 

Léander  le  nomme  Mencio;  ainfi  il  conferve  fon  an- 
cien nom. 

MINDANA,  territoire  dans  la  dépendance  de  Tcvê- 
ché  de  Mifthia  ,  félon  Balfamon  ,  fur  la  lettre  de  S.  Baille 
a  Amphiloque.  *  Ortelii  Thefaur. 

MINDANAO  ,  ifie  des  Indes  orientales,  &  l'une  des 
Philippines,  dont  elle  eft  la  plus  grande  après  Manille. 
Sa  figure  efl  triangulaire ,  &  fes  trois  principaux  caps  s'ap- 
pellent Samboengan ,  faint  Auguftin  Se  Suliago.  On  trou- 
ve entre  celui  de  Suliago  &  de  faint  Auguftin  ,  c'eft-à-di- 
re  ,  du  nord  au  fud,  la  belliqueufe  province  de  los  Ca- 
ragas.  Entre  Suliago ,  qui  eft  au  nord-eft ,  Se  Samboen- 


MIN 


gan,  eft  la  province  d'Illigan  ,  qui  dépend  de  Dapitan,  & 
celle  des  peuples  appelles  Subanos.  Samboengan  ne  fait 
qu'une  ligne  de  l'eft  à  l'oueft  avec  le  cap  de  faint  Augu- 
ftin ,  Se  fes  peuples  confinent  d'un  côté  Se  de  l'autre  avec 
les  provinces  de  Buhaycn  Se  de  Mindanao.  Sa  fituation 
eft  depuis  le  6  deg.  où  eft  le  cap  de  faint  Auguftin  , 
jusqu'à  10  deg.  30  min.  où  eft  le  cap  de  Suliago.  Son  cir- 
cuit peut  être  de  trois  cens  lieues  ;  mais  elle  a  tant  de 
caps  avancés  en  mer ,  Se  des  baies  fi  profondes ,  qu'on 
peut  la  traverfer  en  un  jour  Se  demi.  Elle  eft  tl  ignée 
de  deux  cens  lieues  de  Manille  vers  le  fud-eft.  Elle  a 
pluficurs  ifksdans  fes  environs  ;  parmi  celles  qui  font  ha- 
bitées ,  fe  trouvent  Xolo,  a  trente  ljeues  de  Samboengan  , 
Bafilan  ,  divifée  au  milieu  par  un  détroit  de  quatre  lieues, 
Sanguil ,  la  presqu'ific  de  Santranguan  Se  quelques  au- 
tres.* Gernelli  Carcri  ,  Voyageautour  du  monde  ,  1.  5. 
p.  204. 

L'ifle  de  Mindanao,  ayant  fes  patries  fi  divifées  Se  fi 
éloignées,  jouit aulii  de  divers  chinais,  &  efl  environ- 
née de  mers  orageufes  ,  principalement  fur  h  côre  des 
Caragas.  Cette  partie  ,  qui  eft  fous  le  gouvernement  de 
Samboengan,  elt  très-tempérée.  Les  vents  y  font  agréa- 
bles Se  les  pluies  peu  fréquentes.  Les  provinces  de  Min- 
danao Se  du  Buhayen  ,  fujettes  à  deux  rois  Maures,  font 
marecageufes ,  Se  les  moucherons  en  rendent  le  fejour 
désagréable.  On  compte  dans  l'ifle  vingt  rivières  navi- 
gables Se  deux  cens  petites  ;  les  plus  fameufes  fonr ,  Bu- 
hayen  Se  Butuan  ,  qui  viennent  de  la  même  fource  ; 
mais  la  première  prend  fon  cours  vers  Mindanao  ,  Se  la 
féconde  fe  jette  dans  la  mer  vis-à-vis  de  Bool  Se  de  Leytej 
la  Siguguey  prend  fa  fource  auprès  de  Dapiran  ,  Se  fes 
eaux  feparent  les  terres  de  Mindanao,  mot  qui  fgnifie 
dans  la  langue  du  pays  homme  de  Lac  ,  Se  qui  a  donné 
le  nom  à  toute  l'ifle.  Ce  lac  qui  eft  très-grand ,  eft  cou- 
vert de  certaines  herbes  ,  appellées  Tanfon  ,  qui  s'é- 
tendent fur  l'eau  en  plufieurs  branches'.  L'autre  lac  a 
huit  lieues  de  circuit  :  ;1  eft  dans  le  côté  oppofé  de  l'ifle  , 
Se  s'appelle  Malanao.  Tout  le  terroir  eft  plein  de  mon- 
tagnes, excepté  le  long  de  la  mer:  il  produit  cependant 
beaucoup  de  riz,  Se  des  racines  très-nourriffantes,  com- 
me des  patates,  des  clbis,  des  gaves  &  des  aperes,  &c.  Dans 
tout  le  royaume  de  Mindanao  ,  Se  particuliaifcment  fuc 
la  côte  des  Caragcs,  auprès  de  la  rivière  de  Butuan  , 
on  trouve  en  grande  abondance  des  palmiers  de  Sagu  , 
de  la  farine  desquels  on  fait  du  pain  Se  du  biscuit. 

Mindanao  a  de  tous  les  fruits  qui  fe  trouvent  dans 
les  autres  ifles  ,  Se  de  plus  elle  a  le  Durion  ,  fruit  dans 
lequel  on  trouve  trois  ou  quatre  amandes  couvertes 
d'une  fubftance  molle  &  blanche  ,  &  un  noyau  fembla- 
ble  à  celui  d'une  prune ,  que  l'on  mange  rôti.  On  dit 
que  l'arbre  eft  vingt  ans  ,  avant  que  de  donner  du  fruit. 
La  canelle  eft  auffi  en  quelque  manière  un  arbre  parti- 
culier à  cette  ifle  :  elle  croît  fur  les  montagnes  fans 
être  cultivée,  &  appartient  à  celui  qui  la  trouve  le 
premier  ;  mais  quoique  dans  le  commencement  elle  foit 
auffi  piquante  que  celle  de  Ceylan  ,  elle  perd  en  moins 
de  deux  ans  &  fon  goût  Se  fa  vertu.  On  trouve  de 
fort  bon  or  ,  en  creufant  la  terre  profondément  :  on  en 
trouve  auffi  dans  les  rivières,  en  y  faifant  des  folles,  avant 
que  le  flot  arrive. 

Il  y  a  beaucoup  de  foufre  dans  les  volcans ,  dont  le 
plus  ancien  eft  Sanxil ,  dans  le  diftriél  de  Mindanao.  II 
s'éleva  en  1 640 ,  une  haute  montagne  qui  remplit  fi 
fort  l'air  ,  la  terre  Se  la  mer  de  Ces  cendres  ,  qu'on 
croyoit  quec'étoit  L.  fin  du  monde.  On  pêche  de  grottes 
perles  dans  les  mers  de  cette  ifle.  Si  l'on  pouvoir  ajou- 
ter foi  à  ce  qu'écrit  le  père  Combes  ,  Jéfuite,  dans  fon 
hiftoire  de  Mindanao  ,  il  faudroit  dire  que  dans  un  cer- 
tain endroit  à  une  très- grande  profondeur  d'eau,  il  y 
a  une  perle  qui  eft  d'une  valeur  ineftimable,  puisqu'elle 
eft  groffe  comme  un  œuf  ;  il  ajoute  que  les  miniftres 
du  roi  fe  font  donné  beaucoup  de  foins  inutiles  pour 
l'avoir. 

On  voit  dans  Mindanao  de  toutes  les  espèces  d'oi- 
feaux  ,  qui  font  dans  les  autres  ifles ,  entr'auti  es  le  char- 
pentier ,  qui  trouve  l'herbe  qui  rompt  le  fer  ;  il  y  a  auffi 
une  très-grande  quantité  de  fanglicrs ,  de  chèvres  Se  de 
lapins-,  mais  fur-tout  des  babouins  très-lubriques,  qui 
ne  permettent  pas  aux  femelles  de  s'éloigner  de  leurs 
mai  fous. 


MIN 


MIN 


II  y  a  quatre  nations  principales  dans  Mindanao  j  favoif, 


Les  Mindanaos, 
Les  Caragas , 


Les  Luraos , 
Les  Subanos. 


Les  Mindanaos  font  perfides.  Les  Lutaos  ,  nation  qui 
demeure  depuis  peu  dans  les  trois  ifles  de  Mindanao , 
de  Colo  8c  de  Bafilan ,  vivent  dans  des  maifons  bâties 
fur  des  pieux  au  bord  des  rivières ,  que  Ton  ne  peut 
paiTer  à  gué  de  haute  marée  ,  car  lutao  ftgnirie  en  leur 
langage  une  perfonne  qui  nage.  Ces  peuples  aiment  fi 
peu  la  terre,  qu'ils  ne  Te  foucient  pas  de  iemer;ils 
vivent,  comme  ils  peuvent ,  de  la  pêche  dans  les  mers  des 
liles.  Ils  font  habiles  dans  le  négoce ,  8c  ils  le  lervent 
de  turban  ,  comme  les  Maures  ,  à  caufe  du  commerce 
qui  les  rend  amis  de  ceux  de  Bornéo.  Les  Subanos  ,  c'eft- 
à-dire  des  gens  qui  demeurent  pioche  des  rivières,  car 
Suba  fignifie  rivière,  font  les  moins  eftimés  de  toute 
1111e:  on  les  regarde  comme  des  infâmes  8c  comme  des 
traîtres.  Ils  ne  quittent  jamais  les  rivières ,  bâtiflent 
leurs  maifons  fur  des  pieux  fi  hauts ,  qu'on  n'atteindroit 
pas  à  leurs  nids  avec  une  pique.  Ils  y  montent  la  nuit 
par  le  moyen  d'une  perche  qui  ett  pour  cet  ufage.  Ils 
font  comme  vaflaux  des  Lutaos.  A  l'égard  des  Dapitans  > 
ils  furpalient  ces  quatre  nations  en  courage  &  en  pru- 
dence ;  8c  l'on  ne  doute  pas  qu'ils  n'ayent  fort  aiîït' 
les  Espagnols  dans  la  conquêre  des  Ifies. 

L'intérieur  du  pays  eft  habité  par  des  Montagnards, 
qui  aimant  la  liberté  8c  le  repos ,  ne  fe  font  jamais 
approches  descôtes ,  &  les  ont  abandonnées  aux  étrangers 
On  trouve  encore  dans  Mindanao  quelques  peuples 
noirs,  comme  des  Ethiopiens,  &  qui,  félon  quelques  uns, 
font  les  premiers  habLans  de  l'ifie.  Ils  ne  reconnoif- 
fent  point  de  fupérieur ,  8c  vivent  comme  des  brutes , 
n'ayant  commerce  avec  perfonne,  8c  faifant  du  mal  à 
tous  ceux  q  ils  rencontient -,  ils  n'ont  aucune  demeure 
fixe  :  dans  la  rigueur  du  rems  ,  les  arbres  font  les  feules 
choies  q.ii  les  mettent  à  couvert.  Leurs  habillemens  ne 
font  ablolumenr  que  ceux  que  la  nature  leur  a  donnés  ; 
ils  ont  pour  armes  l'arc  8c  la  flèche. 

Tous  les  habitans  de  cette  ifle  font ,  généralement 
parlant  ,  Gen  il  de  religion -,  mais  depuis  Sanxil  jusqu'à 
Samboengan  le  long  de  la  côte,  ils  font  Mahomcrans, 
particulièrement  dans  les  Lies  de  Bafilan  &  de  Xolo, 
qui  eft  comme  le  fiége  de  cette  fameufe  religion  8c  la 
Mecque  de  cet  Archipel ,  parce  que  celui  qui  la  leur 
a  le  premier  enfeignée  ,yeft  enterré.  Les  Espagnols,  à 
leur  arrivée,  détruifirent  fon  tombeau.  Cependant  on 
peut  dire  qu'ils  font  généralement  Athées ,  &  que  ceux 
qui  ont  quelque  religion  ,  font  forcïers.  Ces  prétendus 
Mahoméra  is  ne  connoiflênt  en  effet  de  leur  religion  que 
la  defenfc  de  manger  du  pourceau,  1  ordre  d'eue  circon- 
cis ,  8c  d'entretenir  leurs  femmes  ;  mais  ils  s'accordent 
Tous  dans  un  attachement  aux  augures  ôc  à  diverfes 
fupenti  rions. 

Les  barques  de  ces  infulaires  font  coufues  avec  des 
cannes  fendues,  &c  l'ur  les  côtés  elles  ont  des  défenl'es  de 
cannes ,  afin  qu'elles  ne  puiflent  point  fe  renverfer. 
L'arme  qu'ils  portent  en  ville,  eft  un  poignard  ou  air, 
dont  la  lame  eft  flamboyante.  Les  feigneurs  le  portent 
avec  un  manche  d'ivoire  ou  d'or.  Quand  ils  font  en 
guerre  par  terre  ,  ils  fe  fervent  de  la  lance  &  du  bou- 
clier rond ,  pendant  que  ceux  des  autres  ifles  en  por- 
tent un  long  8c  étroit ,  pour  couvrir  leurs  corps.  En  mer, 
outre  ces  armes,  ils  fe  fervent  de  babacayes  :  ce  font  de 
petites  cannes  de  la  groflèur  d'un  doigt ,  endurcies  8c 
aiguifées,  qui  tirées,  comme  des  flèches,  percent  une  plan- 
che. Les  Mahométans  ,qui  tirent  leur  origine  de  Bornéo, 
ont  apporté  l'ufage  de  la  farbacane.  Ils  envoient,  en 
foufflant  dedans ,  de  petites  flèches  empoifonnées  :  il 
fufKt  qu'elles  touchent  légèrement  pour  faire  mourir  ,  fi 
l'on  n'y  applique  fur  le  champ  du  contrepoifon ,  8c  parti- 
culièrement de  l'excrément  humain,  que  l'expérience  a 
fait  voir  être  un  excellent  préfervatif. 

MINDELHE1M,  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de 
Suabe  dans  l'Algow.  Elle  eft  fituée  dans  une  plaine  fur 
la  rivière  de  Mindel.  Son  château  ,  qui  n'a  pas  été  con- 
ftruit  dans  la  vue  de  contribuer  à  fa  défenfe,  ett  fur 
nne  hauteur  qu'on  nomme  la  montagne  de  S.  George. 
On  compte  de -là  trois  milles  jusqu'à  Menimingen, 


295 

fept  jusqu'à  Augfbourg,  8c  autant  jusqu'à  Llm.il  va 
beaucoup  de  bois  a  l'entour ,  cV  de  villages  des  dépendan- 
ces de  cette  ville.  Son  églife   paroilliale  a  été  bâtie  en 
1409  ,  par  le  duc  Ulrich  de  Teck.  On  voir  un  forr  beau 
couvent  de  religieufes  ,  8c  une  maifon  de  Jéfuites.  Les 
ducs  de  Teck,  s'étoient  emparés  de   ceite  ville  par   la 
force  fur  les  feigneurs  de  Hohenfchli  l.  C  elt  pourquoi 
Waher  de  Hohenfchlitz  ,  devenu  évoque  d'Auglbourg, 
voulant  faire  rentrer  dans  fa  famille  cer  ancien  domaine  , 
y    vint   mettre  le  fiege  en  1369, mais  la  ville,  qui  fe 
trouvoit  fort  bien  fous  fes  nouveaux  maures ,  fit  une 
vigoureufe  refiftance  ,  8c  l'évêque  fut  tué  dans  une  atta- 
que. Elle  demeura  ainfi  dans  la  maifon   des  ducs  de 
Teck,  jusqu'à  l'extinction  de  leur  lace   masculine  en 
1439  ,  où  Loui    de  Teck  mourut,  laiffanr  deux  lœurs 
héritières ,  dont  l'une  époufa  Hans ,  ou  Jean  ,  comte  Je 
Wutheim,   8c  l'aune    un  feigneur    de   Rechberg.    La 
feigneuiie  de  Mindelheim  ,  qui  pafla  toute  entière    au 
comte  de  Wertheim,  moyennant  quelque  compenla'ion , 
revint  aulfi  toute  entière  en  1444  »  A  Everard  de  Kech- 
berg ,  fils  de  celui  qui  avoir  époufé  l'autre  feeur.  Elle 
palia  encore  avec  une  fille  de  ce  dernier ,  appellee  Babe  , 
dans  la  maifon  de  Freundfperg,  8c  y  demeura  jusqu'en 
î  5  8j  ,  que  George  de  1  reundfperg  ,  le  dernier  de   ces 
feigneuis ,  qui   avoit  époufé    une   comtefie  de  Mont- 
fort  ,  mourut  fans  laitier  aucune  poftérité.  Deux  fœurs 
de  la  veuve  de   George  de    Freundfperg  ,  qui  éteient 
mariées,  l'une  a  Oaon  Henri     corne  de  Schv/artzen- 
berg ,  8c   l'autre  à  un    feigneur   Bohémien ,  portèrent 
quelque  espèce  de  droits  a  leurs  maris  fur  Mindeheun» 
8c  en  transmirent    la  poflciTion  à  leur  pofiéiité  ;  mais 
cette  pofitllion  fut  fi  litigiei  fe ,  qu'enfin  les  cormes  de 
Sch\raitzenbeig,  de  Fugger,  8c  le  feigneur  Wolff  de 
Maxelrain  ,  ne  pouvant  s  accorder  en>re  eux,  prièrent 
Maximilien  ,  duc  de  Bavière  de  s'accommoder    de  ce 
domaine  ,  en  Ls  dédommageant  ,  par  quelques  bienfaits, 
des  droits  que  chacun  d'eux  pouvoir  y  avoir.  En  1653 , 
les  Suédois    s'en    emparèrent  ;    mais    après    quelques 
viciflirudes,  elle    fut   rendue  à  la   maifon  de  Bavière, 
à  qui  elle  demeura  jusqu  à  ce  que  l'empereur  ,  voulant 
récompenfer  JeanChurchill ,  duc  de  Mailboroug,  des 
fervices  qu'il  lui  avoit  rendus ,  fur-tout  à   la  fameufe 
bataille  de  Hochftedt ,  démembra  cette  terre  des  érats 
de  la  maifon  de  Bavière  ,  8c  en  gratifia  Mailboroug, 
8c  l'admit  en  qualité   de  prince  de  Mindelheim  entre 
les  princes  de  l'Empire:    mais   la  paix  de  Bade  8c  de 
Raltadt  ayant  réglé  que  la  maifon  de  Bavière  renrreroit 
dans  tous  fes  érats,  la  principauté  de  Mindelheim  fut 
reftituée  à  fon  véritable  maître  le  duc  de  Bavière.  Ce 
petit  état  a  au  nord  les  terres  des  Fugger  ,  à  l'orient 
celles  de  la  maifon  d'Autriche ,  au  midi  l'abbaye  8c  la 
principauté  de  Kempren  ,  au  couchant  le  territoire  de 
Memmingen  ,  avec  un  petit  canton  appartenant  à  l'évê- 
que d'Augfbourg.  Tout  cela  fe  trouve  entre  1  Hier  8c 
le  Lech.  *  Ztylcr ,  Topogr  Suevia:. 

1.  M1NDEN  ,  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de 
Wcftphalie ,  dans  la  principauté  à  laquelle  cette  ville 
donne  fon  nom.  Elle  eft  firuée  fur  le  Wefer ,  vers  le 
jz  degré.  20  m.  de  laritude.  On  prétend  que  c'étoic 
un  château  appartenant  à  Wittikind,furnommé  le  Grand  ; 
qu'après  qu'il  eût  été  baptifé  par  Herimberg,  premier 
évêque  de  ce  diocèfe  ,  l'empereur  Charlemagne  l'ex- 
horta à  donner  à  ce  prélat  un  appartement  dans  ce  châ- 
teau ,  8c  que  Wittikind ,  acceptant  la  propofition  ,  dit: 
Ditfz.  Scb!ofz.foll  Min ,  und  Din„  feyn  ;  ce  château  fera 
à  moi  &  à  vous  •,  ces  mots  Min  mien  ,  8c  Dm  tien  , 
font,  dit  on,  l'origine  du  mot  Minden.  Cette  ville  ,  avan- 
tageufement  fituée  ,  eft  allez  grande  &  bien  peupl.  e. 
On  y  brafle  une  bière,  qui  palte  pour  excellente,  8C 
dont  les  pays  voilins  font  ufage.  Le  commette  y  eft. 
aflez  bon  ,  auflî  Mendina  t  elle  été  une  des  villes  Anféa- 
tiques  11  y  a  trois  églifes  collégiales ,  en  y  con. prenant 
la  cathédrale.  Dans  cette  dernière,  les  Car  tu  liques  Ro- 
mains &  les  rroreftans  font  le  fervice  divin  aux  heures 
dont  ils  fonr  convenus,  de  forte  que  le  chapitre  com- 
mence l'office  dans  le  chœur,  dans  le  temsque  le  minilire 
Protefiant  descend  de  chaire  dans  la  nef.  Cette  églife 
étoit  épiscopale  ,  mas  l'évêché  a  été  fécularifé  &  réduit 
en  principauté  féculiere.  On  parla  à  la  paix  de  Weftpha- 
lic  delà  donner  aux  ducs  de  Mecklcnbourg,pour dé* 


MIN 


294 

dommagcment  de  Wifinar  ,  que  le  bien  de  la  paix  exi- 
geoic  qu'ils  abandonnaient  à  la  Suéde.  Us  balancèrent 
un  peu  trop  long-tems  ,  la  maifon  de  Brandebourg 
l'obtint,  8c  la  principauté  de  Minden appartient  au  roi 
de  Prune.  Cette  ville  a  fouffert  bien  des  malheurs  dans 
les  diverfes  guerres,  comme  on  en  peut  voir  les  dé- 
tails dans  la  topographie  de  Zeyler  ,  Weflpbal.  ï'opogr. 
p.  33.  G"  feq.  L'an  1 538,  elle  fut  rnife  au  ban  de  l'em- 
pire, pour  avoir  embrarte  le  Proteftantisme.  Elle  fut 
prife  &  reprife  plufieurs  fois  durant  la  longue  guerre 
qui  fut  terminée  à  la  paix  de  Weftphalie.  Ce  qui  la  rend 
encore  aujourd'hui  confidérable ,  c'eft  fon  pont  fur  le 
Wefer ,  qui  en  fait  un  grand  partage.  Son  chapitre  ,  qui 
fubfifte  toujours  dans  la  cathédrale,  eft  mêlé  de  Catho- 
liques 8c  de  Luthériens.  *  Mémoires  particuliers: 

2.  MINDEN,  ou  Mynden,  petite  ville  d'Allemagne, 
au  pays  de  Brunfwig-Hannover.  Quelques-uns  écrivent 
Munden  ,  en  prononçant  Vu  comme  i  à  la  manière  des 
Saxons.  Elle  eft  dans  le  Calcnberg  ,  dans  une  fort  jolie 
fituation.  C'eft  de  cette  ville  qu'il  eft  dit ,  Minda  com- 
mendatur  ob  famofiffimorum  fluminum  concurfum.  En 
effet ,  elle  eft  au  confluent  de  la  Fulde ,  de  la  Werre  8c 
du  Wefer ,  ce  qui  ne  fe  peut  pas  dire  de  l'autre  Min- 
den ,  qui  n'a  point  d'autre  rivière  que  le  Wefer.  11  y 
à  feize  milles  d'Allemagne  de  l'une  à  l'autre.  Voyez. 
Munden. 

1.  MINDORA  ou  Mindoro,  ifle  de  la  mer  des 
Indes,  8c  l'une  des  Philippines,  à  dix-huit  lieues  de 
Manille,  8c  à  cinq  de  Marinduque.  Elle  a  foixante  lieues 
de  circuit.  Sa  figure  eft  longue ,  &  fa  plus  grande  lar- 
geur eft  au  cap  du  Sud ,  où  avec  une  autre  petite  ifle 
élevée,  qu'on  appelle  Ebin  ,  elle  forme  un  détroit  entre 
elle  8c  Panny ,  8c  auquel  on  donne  le  nom  de  Potol. 
Il  y  en  a  encore  une  autre  entre  Mindora  8c  Luban  :  elle 
eft  corme  fous  le  nom  de  Calubite.  Les  habirans  de  Min- 
dora fe  rendirent  fur  le  champ  ,  lorsque  le  capitaine 
don  Juan  de  Salzado  leur  eût  fait  entendre  qu'il  ne  ve- 
noit  pas  pour  leur  faire  du  mal.  lis  lui  donnèrent  par 
reconnoiflance  certains  ornemens  d'or,  appelles  Dimos, 
qui  étoient  en  ufage  dans  ce  tems. 

La  terre  de  Mindora  eft  élevée,  8c  pleine  de  mon- 
tagnes :  elle  eft  abondante  en  palmiers  8c  en  toutes 
fortes  de  fruits  :  mais  on  ne  trouve  du  riz  qu'en  cer- 
tains endroits.  Les  canaux  8c  les  embouchures  des  riviè- 
res font  habités  par  des  Indiens  paifibles,  qui  du  côté 
de  l'eft  ,  du  nord-eft  8c  de  la  côte  de  Manille ,  font 
Tagals ,  &  du  côté  de  celle  de  Panay ,  font  Bifayas.  Ceux 
qui  vivent  dans  le  cœur  del'ifle,  font  Manghiens,  8c  quoi- 
que différens  dans  leur  langage,  ils  s'accordent  en  ce  qu'ils 
n'ont  aucune  forme  de  gouvernement.  Us  vont  nuds  , 
couvrant  feulement  avec  des  écorces  d'arbres  ce  que 
l'honnêteté  apprend  à  cacher.  Comme  ils  ne  fe  nourriffent 
que  de  fruits  fauvages ,  ils  changent  de  demeure  félon  les 
faifons.  Quoiqu'ils  foient  voifins  de  Manille  ,  ils  ont  en- 
core la  {implicite  de  changer  la  cire  de  leurs  montagnes 
pour  des  doux,  des  couteaux,  des  aiguilles,  des  plats  & 
autres  bagatelles.  Ils  font  braves  8c  payent  le  tribut  ;  il  n'y 
a  encore  que  quelques-uns  du  territoire  de  Nauhan  qui 
ayent  embraffé  le  Chriftianifme. 

La  capitale  de  l'ifle ,  où  l'alcade  fait  faréfidence,  eft  Baco. 
Les  environs  font  pleins  d'eaux  fort  faines ,  qui  coulent 
des  montagnes ,  fur  lesquelles  on  trouve  quantité  de 
falfepai  cille.  On  trouve  proche  de  Baco  le  vieux  Min- 
doro, quia  donné  le  nom  à  l'ifle.  Un  des  caps  de  cette 
ifle ,  8c  qu'on  nomme  le  Vavadero  ,  s'étend  vers  le  Jal , 
village  de  la  côte  de  Manille  ,  entre  les  baies  de  Bombon 
8c  de  Batangas.  Comme  il  fe  trouve  entre  les  deux  une 
petite  ifle,  que  l'on  appelle  l'ifle  verte  ,  le  partage  pour  les 
navires  qui  vont  8c  viennent  de  Cavité ,  n'a  pas  plus  d'un 
mille  de  large  ;  ce  qui  câufe  des  tourmentes  8c  des  cou- 
rans  d'eau,  qui  mettent  les  vaifleaux  en  grand  danger, 
lorsqu'ils  n'entrent  pas  dans  le  canal  avec  un  vent  &  un 
courant  favorables,  On  compte  dans  Mindora  dix-fept 
cens  habitans  qui  payent  le  tribut  en  cire  8c  en  une  espèce 
de  chanvre  noir  ,  dont  on  fait  des  cables  pour  les  vaifleaux 
du  roi,  que  l'on  bâtit  à  Tal.  *  Geme lli  Careri,  Voyage  au- 
tour du  monde  ,  t.  j.  p.  90. 

2.  MINDORA  ,  ville  des  Indes,  dans  l'ifle  de  même 
nom.  Voyez  l'article  précédent. 

MlNDUS.Voyez,  Myndus. 


MIN 


MINDUUM.Piy^  Mirduum. 

MINDYA,  bourgade  de  la  Carie,  aux  environs  de 
Myndus,  félon  Strabon,  /.  14.  p.  658.  Cafaubon  croit 
qu'il  faut  lire  Cyndia  :  il  fe  fonde  fur  ce  que  dans  Polybe , 
/.  16.  c.  1 1,  il  eft  fait  mention  de  Diane  Cindyade. 

MINE,  lieu  oùfe  forment  les  métaux,  les  minéraux  8c 
même  les  pierres  précieufes.  Ainfi  il  y  a  des  mines  d'or , 
d'argent ,  de  cuivre ,  de  fer ,  de  plomb  8c  autres  ;  des  mi- 
nes d'antimoine,  de  foufre ,  de  vitriol,  de  cinnabre, 
d'arfenic  8c  autres ,  8c  des  mines  de  diamnns ,  d'émerau- 
des,  de  rubis,  de  cornalines  8c  autres.  Il  eft  parlé  dans 
l'écriture  fainte  des  mines  ou  métaux  d'or  8c  d'argent , 
qui  étoient  en  Espagne  ;  il  y  elt  auffi  parlé  des  mines 
de  cuivre ,  8c  le  travail  des  mines  a  de  tout  tems  été 
le  partage  des  miférables  :  c'eft  pour  cela  que  nous  voyons 
fi  fouvent  dans  l'hiftoire  eccléfiaftique  les  Chrétiens  con- 
damnés ad  Meialia  ,  à  travailler  aux  mines. 

Les  habiles  ouvriers ,  qui  ont  une  longue  expérience 
du  travail  des  mines,  reconnoiflent  aifément  à  l'infpe- 
ction  de  quelques  Agnes  extérieurs ,  les  lieux  où  fe  trou- 
vent les  métaux  8c  les  minéraux.  Les  principaux  de  ces 
Agnes,  font  la  qualité  des  exhalaifons,  la  couleur  des 
terres,  la  nature  des  eaux  ,  8c  même  quelquefois  la  tem- 
pérature de  l'air  &  du  climat. 

Il  y  a  aufli  quelques  perfonnes  qui  prétendent  pouvoir 
faire  ces  découvertes  par  la  vertu  du  coudrier  ,  dont  ils 
forment  une  baguette,  qui ,  à  ce  qu'ils  prétendent,  tour- 
ne d'elle-même  entre  leurs  mains;  mais  diverfement» 
fuivant  la  différente  nature  des  métaux  ou  des  miné- 
raux ,  fur  lesquels  ils  en  font  l'expérience-  Cette  manière 
de  découvrir  les  mines  fit  grand  bruit  en  France  fur  la 
fin  du  dix-feptiéme  fiécle:  desfavans,  pour  la  juitifier, 
employèrent  tout  ce  que  la  philofophie  des  atomes  ou 
corpuscules  a  de  plus  probable  8c  de  plus  obfcur  ;  8c, 
d'autres  crièrent  à  l'importure.  On*peut  avoir  recours 
aux  diflertations  qui  parurent  alors  pour  8c  contre. 

Plufieurs  ont  été  étonnés  de  ce  que  perfonne  ne  s'eft 
avifé  de  dreffer  des  cartes  particulières,  où  toutes  les 
mines  ,  tant  des  métaux  que  des  minéraux ,  fuflent  mar- 
quées avec  un  mot  ou  une  note ,  qui  fît  connoître  de 
quel  métal  ou  de  quel  minéral  eft  la  mine.  En  atten- 
dant que  quelqu'un  entreprenne  un  pareil  ouvrage,  qui 
ne  laifieroit  pas  d'être  d'une  grande  utilité;  je  vais  en  dres- 
fer  une  lifte ,  qui  fuppléera  en  quelque  manière  au  dé- 
faut des  cartes  à  cet  égard.  Je  ne  prétens  pas  néanmoins 
donner  les  noms  8c  les  poûrions  de  toutes  les  mines  qui 
font  dans  les  terres  découvertes  ;  l'ouvrage  feroit  impos- 
fible,  parce  qu'on  manque  de  mémoires  fuffifans.  Je 
me  contenterai  de  marquer  les  principales,  dans  l'efpé- 
rance  qu'avec  le  tems  cette  lifte  pourra  fe  compléter. 

LISTE 

DES    PRINCIPALES    MINES    EU    MONDE. 


A. 


ABRUGBANIE,  mine  d'or  ,dans  la  Tranfylvanie. 
*  Davity  ,  Tranfylvanie  ,  p.  J04J. 

ADEN  ,  mines  d'argent ,  en  Afrique,  au  royaume 
de  Fez  ,  dans  la  montagne  d'Aden  :  elles  font  peu  de 
profit.  *  Marmol ,  Royaume  de  Fez,  p.  306. 

AFURA  (  Les  mines  d'  ).  Voyez,  à  l'article  Ophir. 

AJODER  ,  mine  de  pierres  précieufes,  en  Espagne  , 
au  royaume  de  Valence.  Ces  pierres  font  marquetées 
de  veines  &  de  lignes  dorées.  *  Davity,  Espagne» 
p.   172. 

AIX  LA  CHAPELLE  (  La  ville  d'  )  a  dans  fon 
territoire  quelques  mines  de  fer  ,  de  plomb  ,  8c  de 
la  pierre  de  Calamine.  *  Davity,  Allemagne,  pag. 
701. 

ALAVA  (  La  province  cf  ) ,  en  Espagne ,  a  des  mi- 
nes de  fer  8c  d'acier.  *  Davity ,  Espagne,  p.  139. 

ALCOY ,  mines  de  fer ,  en  Espagne ,  au  royaume 
de  Valence ,  au  voifinage  de  la  petite  ville  d'Alcoy  ; 
elles  furent  découvertes  l'an  1504.  *  Délices  d'Espa- 
gne, p.  594. 

ALLEMAGNE  (L')<reft  un  des  pays  de  l'Europe, 
qui  a  le  plus  de  mines  :  on  y  trouve  de  l'or  en  petite 
quantité  à  la  vérité ,  de    l'argent ,  du   cuivre  ,  du  fer , 


MIN 


MIN 


2.9* 


du  plomb,  du  vitriol,  ôc  divers  autres  minéraux.  *  Va- 
ren'uts ,  Gcogr.  1.   1.  p.  108. 

ALMADON,  mine  de  vif-argent ,  en  Espagne  ,  dans 
l'Andaloufie  ,  encre  le  village  Almadon  ,  qui  lui  donne 
fon  nom,  ôc  le. bourg  de  Réalejo,  à  cinq  lieues  de 
l'un  ôc  de  l'aune.  Cette  mine  rapporte  tous  les  ans  au 
roi  près  de  deux  millions  de  livres.  Ce  vifargent  ell 
de  deux  fortes  :  le  meil  eur  fort  promptement  des  pier- 
res rompues  ;  il  s'appeile  Vierge  :  l'autre  fe  trouve  fous 
la  terre.  *  Délices    d'Eipagne ,  p.  444. 

ALPES  (Les)  ont  des  mines  de  dnierens  métaux  Se 
minéraux. 

ALSACE  (L')  a  des  mines  d'argent,  de  plomb  &  de 
cuivre.  *  Davity ,  Alface ,  p.  664. 

ALSACE  (  La  haute  ) ,  en  France ,  a  des  mines  d'ar- 
gent ,  de  cuivre,  de  fer  ôc  de  plomb.  *  Figamol ,  t.  1. 
p.  390. 

ALSTADT  ,  mines  de  cuivre  &  d'antimoine,  dans 
la  Siléfie,  au  duché  de  Neifz.  *  Davity,  Siléfie ,  p. 
867. 

ALTENBURG  ,  mines  d'or,  dans  la  Tranf) lvanie. 
*  Davity,   Tranfylvanie,  p.  104;. 

ALTEN  -  MORE  ,  mine  d'airain  ,  en  Angleterre  , 
dans  le  Northumberland.  *  Davity ,  Angleterre ,  p. 
327. 

ALTOMONTE,  mine  de  fel  blanc,  en  Italie,  au 
royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabie  Cicérieure.  Il  y 
ci  auflî  des  mines  d'or ,  d'argent ,  de  fer  ,  d'albâtie  ôc 
d'azur,  qui  ne  cèdent  point  a  loutten.er.  On  y  trouve 
encoie  des  cryltaux.  *  Davity,  Royaume  de  Naples, 
pag.  J28. 

ALTSOL  ,  place  de  1a  Hongrie ,  à  deux  milles  de  Neu- 
fol ,  fur  la  rive  dtoi.e  du  dan  ,  a  eu  autrefois  des  mi- 
nes d'or^  d'argent,  de  cuivie  &  d'argent-vif.  Il  n'y  en 
a  plus  aujourd'hui ,  cependant  on  y  trouve  quelque- 
fois de  l'or.  *  Jac.  Toliet  epill.  itiner.  j.  p.  166. 

AMAKUSA,  mine  d'or  au  Japon.  Voyez,  Japon. 

AMGESCHÉID  ,  lieu  de  Hongrie,  à  un  demi- mille 
de  Neufol ,  a  une  mine  d'or;  elle  appartient  à  un 
particulier ,  qui  n'a  pas  le  moyen  de  la  faire  valoir. 

ANDACOLL,  mines  d'or  &  d'argent  dans  l'Améri- 
que méridionale  ,  au  Chili ,  à  neuf  ou  dix  lieues  vers 
felt  de  la  ville  de  la  Serena  on  Coquimbo.  L'or  de  cette 
mine  elt  de  vingt  trois  carats  :  on  y  travaille  toujours 
avec  beaucoup  de  profit ,  quand  l'eau  ne  manque  pas. 
Les  habitans  aliment  que  la  terre  cil  créatrice ,  c'eit- 
à-dire,  que  l'or  s'y  forme  continuellement,  parce  qu'a- 
près avoir  été  lavée ,  foixante  ou  quatre-vingts  ans 
après  1  on  trouve  encore  presque  autant  d'or  qu'aupa- 
ravant. Les  mines  d'or  d'Andacoll  font  fi  abondâmes , 
qu'il  y  auroit  de  quoi  occuper  plus  de  quarante  mille 
hommes.  *  FrezÀer ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud ,  t.  1 . 
pag.  232. 

ANDES  (  Les  montagnes  des  ) ,  dans  l'Amérique 
méridionale  ,  au  Pérou  ,  ont  des  mines  très-riches  en  or. 

ANDOUILLE  ,  mine  de  fer  en  France,  dans  le 
Maine.  *  PigamoL ,  t.    c.p.  456. 

ANGLETERRE  (L)  ,  abonde  en  mines  de  cuivre, 
d'étain,  de  plomb,  de  fer,  d'aimant  ,  de  cryftal ,  d'al- 
bâtre, de  jayet ,  de  charbon  de  pierre  &  de  diamans  , 
qui  tromperoient ,  s  ils  étoient  durs.  *  Davity,  Angle- 
terre, p.  221. 

ANGOl  .mines  d'or,  dans  l'Amérique  méridionale, 
au  Chili ,  à  vingt  quatre  lieues  de  la  Conception.  On 
n'y  travaille  plus  faute  de  gens  laborieux.  *  Frezjcr , 
Voyage  de  la  mer  du  Sud  ,  t.  1.  p.  144. 

ANJOU  (La  province  d')  ,  en  France,  a  des  mines 
de  chatbon  déterre,  de  pion  b  ,  de  fer,  d'étain,  d'ar- 
gent &  d'or ,  car  on  dit  que  de  cent  livres  de  fon 
charbon  de  terre ,  il  s'en  tire  pour  dix  fols  d'or  haut 
en  couleur.  *  Piganiol ,  t.  7.  p.  27. 

ANNEBERG  ,  mines  d'argent  dans  la  Misnie  ,  auprès 
de  la  ville  d'Annebcrg,  Elles  font  fameufes  ôc  appartien- 
nes à  Féleéteur  de  Saxe.  *  Davity ,  Saxe,  p.  777. 

APENNIN  (  Le  mont)  ,en  Italie,  a  des  mines  de 
différens  métaux  Se  minéraux. 

AQUEGUA,  mines  d'argent ,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale ,  au  Pérou  ,  dan*  le  voifinage  des  mines  de  Li- 
pes.  *  Freuer ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud,  tom.  r. 
pag.  2j  1, 


ARABIE  (L')  a  des  mines  d'or  :  elles  ne  produi- 
fent  pas  comme  autrefois.  *  Varenius ,  Geogr.  liv.  1. 
pag.  108. 

ARAMEHA  (  Le  mont  )  ,  en  Portugal ,  a  des  mines 
d'or  ôc  de  plomb.  *  Davity  ,  Portugal ,  p.  1  «>  f . 

ARUCANLZ,  mines  d'argent  en  Afrique,  au  royau- 
me de  Fez  ,  dans  la  montagne  d'Arucanez  :  ces  mines 
font  peu  de  profit.  *  Marrnol ,  royaume  de  Fez,  pag» 
306. 

ASIE  MINEURE  (  L'  )  a  une  mine  de  fel. 

ASSOMPTION  (  L'  ) ,  mines  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Paraguay  :  elles  font  incertaines. 

ASTEMBACH  ,  mines  d'argent  ,  de  cuivre  ôc  de 
plomb  ,  en  France  ,  dans  la  haute  Alface  :  on  n'y  tra- 
vaille plus.  *  Figamol ,  r.  7.  p.  590. 

ASTUR1ES  (La  province  des)  ,  en  Espagne,  a  plu- 
fieurs  mines  d'or,  de  chryfocole  ,  d'azur  ôc  de  vermillon» 

*  Délices  d' Espagne ,  p.  120. 

ATACAMAS  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Pérou. 

ATLAS  (  Le  mont  )  a  beaucoup  de  mines  de  plomb, 
&  d'antimoine,  fur  tout  aux  frontières  du  Biicdulge- 
rid  ôc  du  royaume  de  Fez.  *  Dapper,  Defc.  de  l'Afri- 
que,  p.   19. 

ATS1NGO,  mines  de  cuivre  au  Japon.  Voyez,  l'arti- 
cle Japon. 

ATUED,  mines  en  Suéde,  dans  l'Oitro-Gothie  ,  au 
fud-efi  de  Lindkopin.  *  De  Lljle,  Atlas. 

AUTRICHE  (  L  )  a  des  mines  de  fer  ôc  de  cuivre. 

*  D  ivity  ,  Autriche  ,  p.  875. 

AUVERGNE  (La  province  d')  ,en  Fiance  ,  avoit  an- 
ciennement des  mines  d'or  ôc  d'aigent  fort  abondantes, 
puisque  ,  félon  Athénée,  Luetiusêt»  it  fi  riche  ,  que  lors- 
qu'il alloit  à  la  piomenade  ,  il  y  paroifioit  fur  un  char  , 
ôc  écoit  entoure  de  facs  d'or  ôc  d'arg<  nt.  Du  teins  de 
Grégoire  de  Tours  même,  certe  province  etoit  renom- 
mée pour  fon  or  ôc  pour  fon  argent  ;  car  cet  hi/towen  , 
/.  3.  c.  11.  rapporte  que  les  grands  du  partage  de  Thier* 
ri,  fils  aîné  de  Clovis ,  voyant  qu'il  r.fufoitde  fe  join- 
dre à  Clotaire  ôc  à  Childebert ,  fes  frères ,  pour  aller 
faire  la  guerre  aux  Bourguignons  ,  le  menacèrent  de  le 
quitter,  &  de  fe  donner  aux  autres  princes  ;  mais  Thier- 
ry les  retint,  ôc  les  engagea  de  le  fuivre  en  Auveigne  , 
fur  l'efpérance  de  leur  y  faire  trouver  de  l'or  ôc  de  l'ar- 
gent :  Aâ  Arvernos  me  fequimini ,  &  ego  vos  inaucant 
in  patriam  ubi  aurum  &  ar^entum  acepietis.  11  faut 
que  ces  mines  ayent  été  abfolument  épuifées  ;  or  on 
n'en  connoit  plus  qu'une  da'gent.  Voyez,  Pont  Gibaud,, 

*  Figamol ,  Defc.  de  la  France,  t.  6.  p.  268. 

B. 

BAÇA  ,  mines  de  fer,  en  Espagne,  au  royaume  de 
Grenade.  *  Davity,  Espagne,  p.  65. 

BADASCHAN  ,  mines  d'or,  d'argent  Se  de  rubis, 
dans  les  montagnes  qui  féparent  les  Indes  de  la  grande 
Tartarie ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Badasehan.  Quoi- 
que perfonne  ne  fade  travailler  régulièrement  a  ces  mi- 
nes ,  ceux  qui  habitent  au  pied  de  ces  montagnes ,  ne 
laiflent  pas  de  faire  un  profit  confidérable,  parla 
grande  quantité  de  grains  d'or  ôc  d'argent  qu'ils  ramas- 
fent  au  printems  dans  les  coulées,  que  les  rorrens,qui 
tombent  en  abondance  du  haut  de  ces  montagnes ,  lors- 
que la  neige  vient  à  fe  fondre ,  ne  manquent  pas  de 
faire  continuellement.  *  Hifi.    des  Tatars ,  2.   part. 

P-  55- 

BALDIVIA  (La  ville  de)',  dans  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Chili ,  a  dans  fon  voifinage  des  mines  très- ri- 
ches en  or. 

BALDO  (  Le  mont),  dans  l'état  de  Venife  au  Vi- 
centin  ,  a  des  veines  d'airain.  *  Davity,  Erac  de  Venife» 
pag.  140. 

BAMBOU  C  (  Le  pays  de)  ,  en  Afrique  ,  elt  fi  abon- 
dant en  mines  d'or  ,  que  pour  en  avoir,  il  fufntde  ra- 
cler la  fuperficie  de  la  terre,  la  laver  dans  une  febil- 
le,  en  verfer  leau  par  inclination  ,  ôc  l'on  trouve 
l'or  en  poudre,  ôc  fouvenr  des  grains  d'un  poids  con- 
fidérable ,  mais  de  cce  forte  les  Nègres  ne  trouvent 
que  l'extrémité  des  lâmeaux  de  la  mine  ,  fans  aller  ail 
tronc ,  ou  au  fillon  principal.  La  terre  oui  produit  Vo£ 


1,^6 


MIN 


MIN 


dans  le  pays  de  Bambouc ,  n'eft  point  dure,  ni  difficile 
àcreuler;  ce  n'eft  presque  par -tout  qu'une  terre  argil- 
leufe  de  différenre  couleur,  mêlée  de  quelques  mines 
de  fable  ;  de  manière  que  dix  hommes  y  peuvent  fane 
plus  d'ouvrage  que  deux  cens  dans  les  plus  riches  mi- 
nes du  Pérou  8e  du  Brefil.  *  Labat  ,  Relat.  de  l'Afri- 
que occid.  t.  4.  p.  40.  &  fuiv. 

Les  Nègres  n'ont  aucune  connoiffance  de  la  fécondité 
ou  de  la  ftérilité  des  terres  qui  peuvent  produire  de  1  or  ; 
ils  n'ont  même  aucune  pratique  pour  diftinguer  celles 
qui  en  donnent ,  de  celles  qui  n'en  donnent  point.  Ils 
favent  en  gros  qu'il  y  en  a  presque  par-tout ,  Se  que  plus 
la  terre  eft  féche,  ingrate  ,  Se  incapable  de  produire  des 
herbes,  plus  on  doit  efpérer  d'y  trouver  ce  riche  métal. 
Ils  gratent  Se  fouillent  indifféremment  par-tout,  Se  quand 
ils  trouvent  un  endroit  abondant ,  ils  s'y  arrêtent ,  8e 
continuent  d'y  travailler  ;  mais  dès  que  l'abondance  ceffe , 
ils  vont  chercher  un  autre  endroit.  L'or,  dans  leur  imagi- 
nation ,  a  de  la  malice  ,  &  ne  fe  laiffe  pas  prendre  toutes 
les  fois  qu'on  a  befoin  de  lui  ;  il  fe  cache  8e  change  de 
place.  C'eft  fur  ce  préjugé,que  quand  ils  ne  trouvent  rien, 
ou  peu  de  chofe  dans  an  endroit ,  après  avoir  lavé  deux 
ou  trois  febilles  de  matière  ,  ils  difent ,  fans  s'échauffer  , 
que  l'or  s'eft  enfui ,  Se  ils  le  vont  chercher  dans  un  autre 
endroit ,  tel  que  le  hazard  le  leur  préfente. 

Lorsque  la  mine  eft  abondante  ,  Se  que  fans  travail  ils 
en  tirent  beaucoup  d'or,  ils  s'y  arrêtent,  8c  y  fouillent 
quelquefois  jusqu'à  fix  ,  fept  8c  huit  pieds  de  profondeur j 
mais  auffi  c'eft-là  que  fe  terminenr  leurs  recherches ,  non 
que  la  mine  ceffe  d'être  moins  abondante  ;  mais  parce 
qu'ils  n'ont  ni  l'invention  des  échelles ,  ni  l'adreffe  ,  ni 
les  matières  néceffaires  pour  étayer  les  terres ,  Se  n'en  pas 
craindre  l'éboulement.  Ils  font  même  obligés  de  prati- 
quer des  marches  dans  le  terrein  même  ,  qu'ils  coupent, 
pour  pouvoir  descendre  8c  monter.  Dès  qu'ils  s'apper- 
çoivent  qu'une  mine  menace  de  s'ébouler  ,  ils  la  quit- 
tent. 

Chacun  ne  fouille  pas  la  mine ,  quand  il  lui  plaît  ;  cela 
dépend  abfolument  de  la  volonté  des  farims,  ou  feigneurs 
du  pays,  qui,  lorsqu'ils  le  jugent  à  propos  ,  ou  pour 
les  néceiîités  de  leurs  peuples ,  ou  pour  leurs  befoins  par- 
ticuliers ,  font  avertir  leurs  fujets  qu'on  fouillera  la  mine 
un  tel  jour.  Ceux  qui  ont  befoin  d'or  s'y  rendent  ;  les  uns 
fouillent  ,  les  autres  transportent  la  matière  -,  d'autres 
font  occupés  à  apporter  de  l'eau  ;  d'autres  lavent  :  le  fa- 
rim Se  les  principaux  gardent  l'or  que  l'on  tire ,  8c  obfer- 
vent  foigneufement  que  les  laveurs  n'en  dérobent  quel- 
ques parties.  Le  travail  étant  achevé ,  on  partage  ce  qu'on 
a  amaffé  ;  la  portion  du  farim  eft  au  moins  du  double  de 
celle  des  autres ,  outre  que  tous  les  grains  d'une  certaine 
gtoffeur  lui  appartiennent  de  plein  droit ,  Se  fans  que  cela 
entre  en  parrage.  Ce  travail  dure  autant  de  jours  qu'il 
plaît  au  farim  ,  après  quoi  il  n'eft  plus  permis  de  toucher 
à  la  mine. 

Outre  les  mines  d'or  ,  on  trouve  encore  dans  le  pays 
de  Bambouc  des  pierres  couleur  d'azur ,  Se  l'on  prétend 
que  ce  font  des  marques  certaines  de  mines  d'argent  Se 
de  cuivre.  On  trouve  aufïï  des  mines  de  fer  très-doux, 
Se  de  l'aimant  le  plus  parfait ,  Se  dont  l'expérience  a  fait 
connoître  que  la  vertu  ne  s'eft  point  du  tout  altérée  , 
tandis  qu'on  a  eu  foin  de  le  préferver  de  1  humidité,  Se 
de  le  tenir  couvert  de  pouffiere.  On  en  a  transporté  en 
France  des  morceaux  considérables  Se  très-parfaits.  *  La- 
■bat ,  Relat.  del  Afrique  occid.  t.  4.  p.  57. 

BARBARIE  (  La  ) ,  en  Afrique ,  a  des  mines  d'or  , 
d'argent  Se  de  quelques  autres  métaux.  *  Davity  ,  Bar- 
barie ,  pag.  38. 

BARCELONNOIS  (  Le  )  a  quantité  de  mines  de 
fer ,  d'alun  Se  de  vittiol.  11  y  a  auffi  de  l'étain  8c  du 
plomb  ,  mais  ils  ne  font  pas  en  abondance.  *  Davity  , 
Espagne,  p.  38. 

BARROU  ,  mine  de  chaux  ,  en  Angleterre,  dans  le 
Leyceftershire.  *  Davity  ,  Angleterre  p.  304. 

BASLEROI ,  mine  de  fer  ,  en  France,  dans  la  Nor- 
mandie. Piçaniol ,  t.  i.p.  25-9, 

BAZEULF  ,  mines  de  fer  &  d'azur  ,  en  France  ,  dans 
l'éledion  de  Rhodes.  Il  y  a  environ  quatte-vingts  ans 
■qu'on  a  discontinué  d'y  travailler.  *  Piganiol ,  t.  4.  p. 
458. 

BENIJESSETEN  ,  mine  de  fer,  en  Afrique  ,  au 


royaume  de  Fez  ,  dans  la  province  de  Chaiis,  *  Davity  ; 
Royaume  de  Fez  ,  p.  1 J3. 

BENI-SAYD  ,  mines  de  fer  ,  en  Afrique  ,  au  royaume 
de  Fez  ,  dans  la  montagne  de  Béni-layd  :  elles  rendent 
beaucoup.  *  Marmol ,  Royaume  de  Fez,  p.  292. 

BERGAMASC  (  Le  ),  dans  l'état  de  Veniie,  a  des 
mines  de  fer.  *  Davity  ,  Etat  de  Venife  ,  p.  147. 

BERRI  (  Le  )  ,  en  France  ,  a  plufieurs  mines  de  fer 
Se  d'argent  -,  mais  on  néglige  entièrement  d'y  faire  tra- 
vailler. *  Pigcriiol ,  t.  6.  p.  404. 

BETFORT ,  mines  de  fer  ,  en  France  ,  dans  l'Aface. 
Le  cardinal  Mazarin  commença  à  y  faire  travailler  ■  le 
duc  Mazarin ,  fon  petit  neveu ,    en  jouit  aujourd'hui. 

*  Pigumol,  t.  7.  p.  309. 

BEUTHEN  ,  mine  d'argent ,  en  Siléfie.  *  Davity ,  Si- 
léfie ,  p.  867. 

B1ECZ  ,  mines  de  foufre  8c  de  vitriol ,  au  royaume 
de  Pologne ,  près  de  Biecz.  Le  vitriol  fe  cuit,  &  devient 
verd  Se  dur  comme  la  pierre.  *  Davity ,  Pologne  ,  p. 
574. 

B1NGO  ,  mines  d'argent ,  au  Japon.  Voyez,  au  mot 
Japon. 

B1RCKENFELD  (  La  principauté  de  )  ,  en  Allema- 
gne ,  au  Palatinat  du  Rhin  ,  a  beaucoup  de  mines  d'ar- 
gent. *  Davity  ,  Allemagne  ,  p.  102. 

BISCAYE  (La)  ,  province  d'Espagne ,  a  des  mines 
de  fer,  Se  en  fi  grande  quantité  ,  qu'il  s'y  fabrique  tous 
les  ans  trois  cens  mille  quintaux  de  fer  Se  d  acier  :  elle  a 
aufti  des  mines  de  plomo.   *  Délices  a'tsp'  gne  ,  p.  102. 

B1SNAGAR  ,  mines  de  diamans ,  dans  les  érars  du 
Grand  Mogol ,  auprès  de  la  ville  d>;  Bisnagar.  11  y  a 
deux  ou  rrois  montagnes  ,d'où  l'on  rue  des  diamans  qui 
font  les  meilleurs  qu'on  porte  en  Europe.  On  y  trouve 
auffi  des  mines  d'améihyftes  8e  defapphirs  blancs  :  caries 
fleuves  en  emportent  des  rochers  qui  fe  bnfcnt.  *  Davi- 
ty ,  Etats  du  Grand  Mogol,  pag.  j4j. 

BLEYBERG  ,  mine  de  plomb,  dans  la  Haute-Carin- 
thie.  On  a  travaillé  à  cette  mine  pendant  1100  ans.  Les 
puits  en  font  profonds.  Il  y  en  a  un  qui  a  cent  dix  bralics 
de  profondeur.  Les  montagnes  font  fi  hautes  tout  autour, 
que  fi-tôt  que  la  neige  vient  à  fondre  dans  le  piintems  , 
on  en  reçoit  fort  fouvent  de  l'incommodité  :  elle  tombe 
Se  roule  en  fi  gros  morceaux,  que  rien  n'eft  capable  de  lui 
réiifter.    En  1664,  elle  renverfa  jusqu'à  feize  maifons. 

*  Ed.  Brown.  Voyage  de  Vienne,  p.  201. 

BOCHNE  ,  mine  de  fel ,  au  royaume  de  Pologne ,  à 
dix  lieues  de  Cracovie.  Ce  fel  eft  dans  la  terre  ,  où  l'on 
descend  avec  de  longues  &  grofles  cordes.  On  trouve 
en  bas  de  grandes  cavernes  voûtées  Se  dispofées  comme 
les  rues  d'une  ville  ,  Se  un  grand  nombre  v;e  perfonnes 
qui  coupent  Se  tirent  le  fel  par  groffes  pièces ,  comme 
on  tire  la  pierre  des  carrières.  On  n'y  peut  travailler  qu'à 
la  lueur  des  chandelles  ou  flambeaux.  *  Davity  ,  Polo- 
gne, p.  Ç74. 

BOHEME  (La)  a  quantité  de  mines  d'argent,  d'or, 
d'étain  ,  de  cuivre  ,  de  plomb,  de  fer,  Se  même  d'es- 
carboucles ,  d'améthyftes  Se  autres  pierres  de  prix.  *  Da- 
vity ,  Bohême  ,  p.  85 1. 

BOINICK,  mine  de  fer,  dans  la  Hongrie:  elle  eft 
épuifée. 

BONNEVAL,  mine  de  fer  ,  en  France,  dans  l'élection 
de  Limoges  :  elle  eft  fort  abondante.  *  Piganiol,  t.  6. 
p.  8j  r. 

BORMIO  l  Le  comté  de  )  ,  au  pays  des  Grifons ,  a 
des  mines  d'or ,  d'argent ,  de  fer  ,  de  cuivre  ,  de  plomb  , 
d'alun  &  de  fouffre  ;  mais  on  travaille  principalement  à 
celles  de  fer.  *  Davity ,  pays  des  Grifons ,  p.  ^87. 

BOTZAR  ,  mines  d'or  ,  dans  la  Hongrie. 

BOURGON,  mine  de  fer,  en  France  ,  dans  le  Maine. 

*  Piganiol,  r.  y.  p.  456. 

BRABANT  (  Le)  a  des  mines  de  fer,  de  plomb  & 
de  cuivre.  *  Davity  ,  Pays-Bas,  p.  427. 

BRAGANCE  ,  mines  d'argent,  en  Portugal,  dans  le 
territoire  de  Bragance.  *  Délices  de  Portugal,  p.  717. 

BRASSAC  ,  mine  de  charbon  de  terre  ,  en  France , 
dans  l'Auvergne  près  de  Brioude. 

BREMBANE  ,  mine  de  fer  ,  dans  l'état  de  Venife  au 
Bergamasc  ,  dans  la  vallée  de  Brembane.  *  Davity,  Etat 
de  Venife,  p.  147. 

BRESNIZC ,  mines  de  fer ,  dans  la  Hongrie ,  à  deux 

milles 


MIN 


'IN 


milles  de  Neufol.  Elle  appartient  à  l'empereur.  *  Jac. 
Tollii  Epiit., itiner.  j.  p.  1 66. 

BRESSAN  (  Le  ) ,  dans  l'état  de  Venifc ,  a  quantité 
de  riches  mines  de  fer  &  d'airain  dans  Tes  vallées.  On  y 
trouve  aufli  des  mines  de  jaspe  ,  d'albâtre  &  de  pierre  de 
parangon ,  noire  comme  l'cbéne ,  &  fi  claire  qu'on  s'y 
peur  mirer.  *  Davity ,  Etat  de  Venife  ,  p.  144. 

BRETAGNE  (  La  province  de  )  ,  en  France,  a  des 
mines  de  charbon  de  terre  ,  dans  l'évêché  de  Nantes  ; 
mais  il  n'eft  pas  à  beaucoup  près  fi  bon  que  celui  d'An- 
gleterre. *  Piganiol,  r.  5.  p.  127. 

BRIQUEBEC  ,  mines  de  cuivre  ,  en  France,  dans  la 
Normandie  ,  au  Cotentin.  La  forêt  de  Briquebec ,  où 
elles  fe  trouvent,  leur  donne  fou  nom.  *  Piganiol ,  t.  /. 
p.  259. 

BRISGOU(Le)  a  des  mines  de  cryftal  ,  de  jaspe  oc 
dechalcédoines.  *  Davity  ,  Brisgcw  ,  p.  885. 

BRIXENTHALL,  mine  d'or, en  Allemagne,  dans 
l'archevêché  de  Salrzbourg.  *  Davity  ,   Allemagne  ,  p. 

BUDE  ,  ville  du  royaume  de  Hongrie.  On  veut  qu'il 
y  ait   eu   autrefois  des  mines  d'or  dans  fon  voifinage. 

*  Jac.  Tollii  Epiit.  itiner.  5.  p.  166. 

BUG1E  (  Les  montagnes  de) ,  en  Afrique  ,  au  royau- 
me d'Alger ,  dans  la  province  de  Bugie  ,  ont  des  mines 
de  fer.  *  Davity  ,  royaume  d'Alger  ,  p.  1 9  r . 

BULACF1  (  La  ville  de  )  ,  au  duché  de  Wirtcmberg. 
On  prétend  qu'elle  eft  aflife  fur  une  mine  de  cuivre. 

*  Davity  ,  Allemagne,  p.  744. 

BUNGO  ,  mine  d'étain  ,  au  Japon.  Voyez,  à  l'article 
Japon. 

BURBAC  (  Le  territoire  de  )  ,  en  Allemagne  ,  au 
comté  de  Naflau  ,  a  des  mines  d'acier ,  de  cuivre  Se  de 
plomb,  *  Davity  ,  Allemagne,  p.  711. 

BURIEL  ,  jmine  d'argent  ,  en  Espagne  ,  au  royaume 
de  Valence.  *  Davity  ,  Espagne,  p.  172. 

C. 

CAGNEUX ,  mine  de  fer ,  en  Afrique  ,  au  royaume 
tle  Galam.  *  Labat ,  Relat.  d'Afrique  ,  t.  4.  p.  57. 

CAILLOMA,  mines  d'or ,  dans  1  Amérique  méridio- 
nale au  Pérou ,  dans  l'audience  de  Lima  ,  entre  la  rivière 
xl'Aporimac  Se  le  lac  de  Titicaca.  *  De  l'Ifle  ,  Atlas. 

CAINDU  (  La  province  de  ) ,  dans  les  états  du  grand 
kan  de  Tartarie,  a  une  mine  de  turquoifes.  *  Davity  , 
Etats  du  grand  kan  ,  p.  861. 

CALABRE  (  La  )  ,  en  Italie ,  au  royaume  de  Na- 
plcs ,  abonde  en  mines  de  divers  métaux  ,  en  cryftaux 
&  pierres  de  prix  qui  ont  plufieurs  vertus.  *  Davity  , 
royaume  de  Naples ,  p.  5-  2  r . 

CALABRE  ULTÉRIEURE  (La)  ,  en  Italie  ,  au 
royaume  de  Naples ,  a  presque  de  routes  fortes  de  mé- 
taux ;  Se  l'on  y  découvrit ,  il  y  a  environ  deux  ficelés  > 
dans  les  terres  du  marquis  de  Sorito  ,  une  mine  de  bol , 
femblable  à  celui  d'Arménie  ,    Se  des  plus  excellens. 

*  Davity  ,  royaume  de  Naples  ,    p.  5  3  2. 

CALACHAQUES,  mines  de  l'Amérique  méridio- 
nale, au  Pérou. 

CALATAJUD,  mine  d'or,  en  Espagne,  dans  le  royau- 
me d'Arragon.  *  Davity ,  Espagne  ,  p.  153. 

CAMER ATE ,  mine  de  ici ,  dans  la  Sicile.  *  Davity , 
Sicile,  p.  554. 

CAMORA  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale,au  Pé- 
rou. 

CAMPECHIANA,  mine  d'argent,au  Mexique.  Voyez. 
Trinité  dans  cette  lifte. 

CANDI  (  Le  royaume  de  ) ,  dans  l'i/k  de  Ceylan  ,  a 
des  mines  d'or  Se  d'argent  qui  demeurent  fermées  ,  par 
ordre  du  Roi.  Il  y  a  aufli  des  mines  de  pierres  précieu- 
fes  ;  mais  il  eft  défendu  de  les  chercher.  Quand  il  a  plu, 
on  en  trouve  dans  la  ville  de  Candi  même ,  dans  des 
tuifleaux  par  où  l'eau  a  pris  fon  cours  ;  on  eft  obligé  de 
les  porter  au  roi. 

CARANGAS  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale, au 
Pérou  ,  dans  la  province  de  Charcas  ,  à  l'occident  fep- 
tentrional  du  Potofi  ,  Se  au  midi  du  lac  de  loi  Aiillagas. 
*DetIfley  Atlas. 

CARAVAYA ,  mines  d'or,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale au  Pérou ,  dans  l'audience  de  Lima ,  auprès  de  S. 


297 

Juan  del  Oro ,  au  nord  de  la  rivière  de  Caravava.  *  Dt 
l'Jjle,  Atlas. 

CARDIGANSHIRE(Le)  ,  en  Angleterre  ,  a  des 
mines  de  plomb  vers  la  fource  de  l'Iftwich.  *  Davity  , 
Angleterre,    pag.  326. 

CARDON  A  ,  mine  de  Ici ,  en  Espagne,  dans  la  Ca- 
talogne ,  près  de  la  ville  de  Cardonf..  Voyez.  Cardone. 

CARINTHIE  (  La  )  a  quantité  de  mines  d'or  &  d'ar- 
gent ,  particulièrement  près  de  Vriel'ach.  *  Davity  ,  Ca- 
rinthix  ,  pag.  890. 

CARMAR1HENSHIRE  (Le)  ,  en  Angleterre,  a 
des  mines  de  charbon  de  terre.  *  Davity  ,  Angleterre  , 
pag.  3  3  2. 

CARNOT ,  mine  de  plomb  ,  en  France,  dans  la  Bre- 
tagne, évêché  de  Quimper  ;  mais  il  s'en  faut  beaucoup 
qu'il  foit  d'auifi  bonne  qualité  que  celui  d'Angleterre. 

*  Piganiol ,  t.  j.  p.  127. 

CAROLLES  ,  mines  de  cuivre  ,  en  France  ,  dans  la 
Normandie  ,  évêché  d'Avranches.  *  Piganiol ,  tom.  j. 
pag.  2<5o. 

C  A  ROUGES  ,  mine  de  fer,  en  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie. *  Piganiol ,  r.  j,  p.  2J9. 

CARTAGENE  ,  mines  ou  minières  de  pierres  pré- 
cieuies ,  en  Espagne,  au  royaume  de  Murcie,  dans  le  voi- 
finage  de  la  ville  de  Cai  tagéne.  On  y  trouve  aufli  des 
mines  d'alun  fi  abondantes  ,  qu'elles  valent  jusqu'à  qua- 
rante mille  ducats  par  an  ;  Se  l'on  prétend  que  fi  1  00 
vouloir  fouiller ,  on  y  trouveroit  aufli  des  mines  d'or  Se 
d'argent.  *  Délices  d'Espagne  ,  pag.  y  41. 

CASTAMBOUL  ,  mines  de  cuivre  ,  dans  la  Natolie  , 
à  dix  journées  de  Tocat ,  du  côté  d'Angora  :  elles  l'ont 
très-abondantes.  *  Toumejort ,  Voyage  du  Levant ,  let- 
tre 21. 

CASTAYN ,  mine  d'or  ,  en  Allemagne ,  dans  l'arche- 
vêché de  Saltzbouig.  *  Davity  ,  Allemagne,  p.  76J. 

CASTRIN  ,  mine  d'or  ,  en  Allemagne  ,  dans  l'arche- 
vêché de  Saltzbouig.  *  Davity ,  Allemagne  ,  p.  76  c. 

CASTRO  GIOUANNI;  mine  de  fel,  dans  la  Sici- 
le ,  auprès  deCaftro  Giouanni.  *  Davity,  Sicile, p.  J54. 

CAVECA  DEL  NEGRO  ,  mines  de  l'Amérique  mé- 
ridionale,au  Pérou  ,  dans  la  province  de  Charcas  ,  à  l'oc- 
cident du  lac  de  los  Aullagas.  *  De  l'Ifle ,  Atlas. 

CEPUS  (  Le  comté  de  ) ,  en  Hongrie ,  a  dans  fes 
montagnes  une  mine  de  plomb  mêlé  avec  de  l'antimoine» 

*  Jac.  Tollii  Epiit.  itiner.  5.  p.  166. 

CERRO  DE  LA  CALERA,  mine  d'argent,  en  Espa- 
gne ,  près  de  Guadalcanal  :  elle  a  rendu  dix  huit  onces 
d'argent  par  quintal.  *  Davity  ,  Espagne  ,  p.  65. 

CERRO  DE  SANTA  YNNES,  montagne  de  l'A- 
mérique méridionale  au  Chili  ,  Se  qui  fait  partie  delà 
Cordelliere  :  elle  eft  remarquable  par  fes  mines  d'aimant» 
dont  elle  eft  presque  toute  compofée.  Elle  eft  fituée  envi- 
ron à  douze  lieues  des  Pampas  du  Paraguay  ,  Se  à  cent  de 
la  Conception.  *  Frez.hr ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud  », 
t.  i.p.  145. 

CÉRRO  VERDE ,  mine  de  cuivre  ,  dans  l'Amérique 
méridionale  au  Chili ,  à  cinq  lieues  au  nord  ,  de  la  ville 
de  Coquimbo ,  dans  la  montagne  de  Cerro  Verde.  *  Fre- 
zàer  ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud  ,  r.  1.  p.  233. 

CERRO  D'URRALEDA  ,  mine  d'argent ,  en  Espa- 
gne ,  dans  la  ptovince  de  Galaroça  ,  a  rendu  huit  onces 
par  quintal ,  Se  quelquefois  jusqu'à  dix-fepr.  *  Davity  „ 
Espagne  ,  pag.  6y. 

CEYLAN  (  L'ifte  de  )  abonde  en  mines  de  divers 
métaux.  On  y  trouve  ,  entr'autres ,  de  l'or ,  de  l'argent , 
du  cuivre,  du  fer,  Se  des  pierres  précieufes  de  toutes 
fortes,  hormis  le  diamant:  mais  le  roi  ne  permet  point, 
qu'on  ouvre  les  mines ,  ni  qu'on  cherche  les  pierreries» 

*  Voyage  de  G.  Sfilbcrg  ,  pag.  4p. 

CH  ALONNE,  mine  de  charbon  de  terre  ,  en  France  , 
dans  l'Anjou.  *  Piganiol,  tom.  7.  p.  72. 

CHASLON  ,  mine  de  fer ,  en  France ,  dans  le  Maine. 

*  Paganiol ,  t.  y.  p.  456. 

CHATEAU  LAVAL1ERE,  mine  de  fer.cn  France , 
dans  l'Anjou.  *  Piganiol ,  t.  7.  p.  73. 

CHAUDEFONS,  mine  de  chatbon  de  terre  ,  en  Fran- 
ce ,  dans  l'Anjou.  *  Piganiol ',  r.  7.  p.  72. 

CHEVAUX,  mines  d'argent  ,  d'étain,  de  plomb  Se 
d'airain,en  France ,  dans  l'Anjou ,  paroiffe  de  Courcellcs. 
Une  hiftoire  manuferite  d'Anjou  ,  porte  que  dans  le  vil- 

Tom,  IV.  P  p 


298  MIN 

lage  de  Chevaux  ,  on  trouve  des  mines  où  il  y  a  de  l'ar- 
gent ,  de  l'etain  ,  du  plomb  ôc  de  l'airain  ;  ôç  que  de  cent 
livres  de  matière  on  tireroit  trois  onces  d'argent.  *  Pi- 
garïiol ,  Defcr.  de  la  France  ,  tom.  7.  p.  73. 

CHECA  ,  mine  de  fer  ,  en  Espagne,  près  deMolina. 
*  Davity,  Espagne,  pag.  6j. 

GHEMNITZ ,  mines  d'argenr,dans  la  Misnie ,  auprès 
de  la  ville  de  Chemnkz.  Elles  font  fameufes  Ôc  appar- 
tiennent a  l'électeur  de  Saxe.  *  Davity  ,  Saxe  ,   p.  777. 

CHEN1TZ  ,  mines  d'airain ,  d'azur  &  de  plomb  ,  au 
royaume  de  Pologne  ,  dans  le  pays  de  Chenitz.  *  Davi- 
ty ,  Pologne,  pag.  ; 74. 

CHESSEY  ,  mine  de  cuivre,en  France  ,  dans  le  Lyon- 
nois ,  à  quatre  lieues  de  Lyon  ,  ôc  a  un  quart  du  village 
appelle  Chessey.  A  cent  pas  de  cette  mine  ,  il  y  a  une 
voûte  fouterreine,  qui  a  été  creufee  horizontalement  de 
plus  de  deux  cens  pieds  de  profondeur  ,  pour  tirer  des  fi- 
lons de  ce  métal.  On  a  trouvé  dans  cette  voûte  une  pe- 
tite fource  d'eau  froide  ôc  vitriolée  ,  qui  coule  par  plu- 
fleurs  endroits  ,  ôc  qui,-é;ant  ramaflée  ,  fournit  un  pouce 
d'eau.  On  croit ,  ôc  on  dit  dans  le  pays  ,  que  l'eau  de 
cette  fontaine  change  le  fer  en  cuivre;  mais  les  phyli- 
ciens  difenr  le  contraire.  Les  fels  vitrioliques  de  cette 
eau ,  rongeant  la  furpei  rîcie  du  fer ,  que  les  propriétaires 
de  cette  fontaine  mettent  fur  un  pavé  qu'ils  ont  fait 
faire  exprès,  laiflent  échaper  des  molécules  de  cuivre, 
qui,  fe  précipitant,  s'attachent  à  la  furface  du  fer.  Quand 
on  goûte  de  cette  eau  à  la  fontaine  ,  elle  fait  une  impi  es- 
fion  désagréable  Ôc  ftiptique  dans  la  bouche;  mais  lors- 
qu'elle efl  transportée,  elle  n'a  d'autre  goût  qu'une  petite 
pointe  de  vin.  A  la  funtaine  elle  noircit  un  peu  la  noix 
de  galle  en  couleur  d'ardoife  ,  ôc  nullemenr,  fi  elle  elt 
transportée.  A  la  fontaine  elle  rougit  le  tournefol  ;  trans- 
portée, elle  lui  donne  une  légère  teinture  d'amaranthe. 
Dans  l'évaporation  elle  fait  une  écume  qui  s'attache  aux 
parois  du  vai/Icau  ,  ôc  un  voit  flotter  enne  deux  eaux  un 
nuage  blanchâtre  de  la  couleur  de  la  rélîdence, laquelle  de 
deux  livres  ôc  demie  d'eau  a  été  de  vingt  grains.  *  Pi- 
ganiol ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  6.  p.  2  1  S. 

CHINE  (  La)  efl  riche  en  mmes  de  toutes  fortes  de 
métaux  ôc  minéraux  :  mais  la  loi  défend  d'ouvrir  les  mi- 
nes d'or  ôc  d'ai  gent  ;  on  en  donne  pour  prétexte  les  mau- 
vaifes  exhalailons ,  auxquelles  elles  font  fujettes ,  &  qui 
donnent  fouvent  la  mort  aux  travailleurs  ,  dont  la  vie 
elt  eflimée  plus  précieufe  que  ces  métaux.  Il  eft  pourtant 
permis  à  tout  le  monde  de  ramauer  de  l'or  dans  les  riviè- 
res ,  où  on  en  trouve  une  aflez  grande  quantité  pour 
ne  pas  regretter  celui  des  mines.  Il  efl  auflî  permis  d'ou- 
vrir les  mines  d'argent-vif ,  d'airain  ,  de  fer,  d'étain,de 
cuivre  ,  de  cinnabre  ,  de  lapis  azuli  &  de  vitriol.  *  Atlas 
Stnenfis. 

CHINNING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Queicheu  :  fon  territoire  abonde  en  mines  d'or  & 
d'argent.  *  Atlas  Sinenfis. 

CHIPAUL  ,  mines  d'argent ,  de  fer ,  &  d'autres  mé- 
taux en  Lorraine.  Il  y  a  aufli  divers  minéraux.  *  Davity , 
Lorraine,  p.  425. 

CHOCÀYA,  mines  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Pérou ,  dans  la  province  de  Chicas ,  à  l'occident  fep- 
tentrional  de  la  mine  de  Lipos.  *  De  l'Ifle ,  Atlas. 

CHRANOUE  ,  mine  mêlée  de  plomb  &  d'argent , 
au  royaume  de  Pologne ,  dans  le  palatinat  de  Craco- 
vie.  *  Davity  ,  Pologne  ,  p.  574. 

j  .  CHREMNITZ  ,  mine  d'or ,  en  Hongrie ,  au  voi- 
finage  de  la  ville  de  Chremnitz.  Il  y  a  plus  de  mille  ans 
qu'on  travaille  dans  cette  mine.  Elle  a  neuf  ou  dix  mil- 
les d'Angleterre  de  longueur,  ôc  plus  de  cent  foixante 
Se  dix  brades  de  profondeur.  On  ne  fe  fert  point  d'é- 
chelles pour  y  descendre  ,  mais  d'un  cable  au  bout  du- 
quel on  attache  un  morceau  de  cuir  en  manière  de  fron- 
de: le  cuir  efl  toujours  fort  large,  &  on  le  divife  or- 
dinairement en  deux  ou  trois  parties  ,  de  forte  qu'on 
peut  changer  de  pied  quand  on  veut.  On  fait  descendre 
de  cette  manière  par  les  fchaths ,  ceux  qui  veulent  en- 
trer dans  la  mine  :  ces  fchaths  font  des  puits  perpendi- 
culaires. Il  y  en  a  fix  :  celui  de  Rodolphe ,  celui  de  la 
reine  Anne  ,  celui  de  Ferdinand  ,  celui  de  Matthias , 
celui  de  Wmdfchacht ,  ôc  celui  de  Léopold.  Il  y  a  dans 
cette  mine  des  veines  qui  coulent  du  côté  du  feprentrion, 
&  d'autres  vers  l'orient.  On  y  trouve  du  vitriol  blanc  , 


MIN 


rouge  ,  bleu  8c  verd  ,  aufli-bien  que  des  eaux  de  vitriol 
ôc  une  certaine  matière  attachée  à  l'or ,  Ôc  qui  forme 
pliifleurs  pointes  comme  des  épingles.  Elle  efl  d'un 
pourpre  fort  éclatant ,  ôc  fe  forme  d'une  autre  matière 
jaune  ,  qui  a  presque  les  mêmes  qualités  que  le  foufre  , 
&  qu'on  appelle  l'antimoine  d'or.  On  y  trouve  aufli  du 
cryltal  ,  ôc  du  jaune  propre  pour  la  teinture.  *  Ed. 
Bro-wn  ,  Voyage  de  Komara  ,  p.  143. 

2.  CHREMNITZ  ,  mine  de  vitriol,  en  Hongrie, 
dans  les  montagnes  de  Chremnitz.  Elle  a  quatre-vingt 
brades  de  profondeur.  La  terre  ,  ou  plutôt  ce  qu'on  en 
tire  ,  efl  à  demi-rouge,  ôc  quelquefois  presque  verd.  On 
met  cette  terre  dans  de  l'eau  ;  trois  jours  après  on  la  met 
fur  le  feu  ,  ôc  on  la  fait  bouillir  pendant  fept  jours  jus- 
qu'à confidence  :on  la  fait  enfuite  cuire  dans  un  four, 
&  on  en  fait  une  espèce  de  chaux  dont  on  fe  fert  pour 
faire  Vaqua  fur tis ,  dont  on  fe  fert  à  Schemnicz.  *  Ed. 
Broiu/t ,  Voyage  de  Komara,  p.  149. 

C1BAO  ,  mine  d'or  ,  dans  l'ifle  de  S.  Domingue ,  dé- 
couverte par  Chriflophe  Colomb,  en  1493. 

C1LLEBAER  ,  mines  d'or  ,  d'argent ,  d'antimoine  ôc 
de  cryltal ,  dans  les  Indes  ,  fur  la  côte  occidentale  de 
Sumatra.  *  Le  Brun  ,  Voyage ,  p.  361. 

COLEOVERTON  ,  mine  de  charbon  de  pierre  ,  en 
Angleterre  ,  dans  le  Leynceflershire.  *  Davity ,  Angleter- 
re ,  p.  304. 

COMPAINS  ,  mine  de  fer  ,  en  France  ,  dans  l'Auver- 
gne. *  Piçaniol ,  t .  6.  p.  269. 

CONCEPTION  (  La) ,  ville  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Chili ,  a  dans  Ion  voilinage  des  mines  d'or  en 
grande  quantité.  *  Frez,ier ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud, 
t.  i.p.  144. 

CONCHES  ,  mine  de  fer  ,  en  France,  dans  la  Nor- 
mandie. *  Piganiul ,  t.  j.  p.  2J9. 

CONCOURSON,  mine  de  charbon  de  terre,en  Fran- 
ce, dans  l'Anjou.  *   Pigar/iol,  t.  7.  p.  72. 

CONDOROMA  ,  mines  de  l'Amérique  méridiona- 
le ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  los  Charcas,  au  midi 
des  mines  de  Ste  Lucie.  '  De  l'ifle  ,  Atlas. 

CONGO  (  Le  royaume  de  )  ,  dans  l'Ethiopie  occiden- 
tale, a  des  mines  d'or  qui  rendroient  fes  rois  tiès-ri- 
ches ,  fi  ces  princes  ne  teuoienc  ces  mines  cachées ,  au- 
tant qu'il  leur  efl  poflîble  ,  de  crainte  d'attirer  chez  eux 
les  étrangers  qui,  pour  avoir  l'or,  fe  rendroient  maî- 
tres du  royaume.  *  Labat ,  Relat.  de  l'Ethiopie  occid, 
tom.  3.  pag.  104. 

COPIAPO,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Chili ,  à  cent  lieues  au  nord  de  la  ville  de  Coquimbo. 
Ces  mines  ont  été  découvertes  dans  ce  fiécle ,  ôc  leur 
richefle  y  a  attiré  du  monde.  Cet  événement  a  donné 
occafion  à  un  ordre  de  repartition  des  terres.  Par- là  on 
ôie  aux  Indiens  leurs  terres  ôc  leurs  maifons,  que  le 
conégidor  vend  pour  le  compte  du  roi,  ou  pour  mieux 
dire,  pour  le  compte  de  fes  officiers,  fous  prétexte  de 
faciliter  les  nouveaux  établifiemens  de  ceux  qui  font  va- 
loir les  mines.  11  y  a  des  mines  directement  au-deffus  du 
bourg  de  Copiapo,  d'autres  fonr  à  deux  ou  trois  lieues, 
&  l'on  apporte  fur  des  mules  le  minéral  aux  moulins 
qui  font  dans  le  bourg  même.  Outre  les  mines  d'or  ,  on 
trouve  aux  environs  de  Copiapo  quantité  de  mines  de 
fer,  de  cuivre  ,  d'étain  ,  de  plomb,  auxquelles  on  ne 
daigne  pas  travailler.  Il  y  a  auflî  quantité  d'aimant  & 
du  Lpis  az.uli,  que  les  gens  du  pays  ne  connoiflent  pas. 
Ces  dernières  mines  font  à  quatorze  ou  quinze  lieues 
de  Copiapo  ,  près  d'un  endroit  où  il  y  a  quantité  de 
mines  de  plomb.  Enfin,  toute  'la  terre  de  ce  quartier  efl 
pleine  de  mines  de  fel  gemme;  ce  qui  fait  que  l'eau 
douce  y  efl  fort  rare.  Le  falpêtre  n'y  efl  pas  moins  com- 
mun :  on  le  voir  dans  les  vallées  d'un  doigt  épais  fur  la 
terre.  *  Frezjer ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud,  tom.  1. 
pag.  244. 

COQUIMBO  ,  mines  de  cuivre  ,  dans  l'Amérique 
méridionale ,  au  Chili  ,  aux  environs  de  la  ville  de 
Coquimbo  ,  à  trois  lieues  au  nord-eft.  Ces  mines  four* 
niffent  depuis  long-rems  les  batteries  de  cuifine  à  pres- 
que toute  la  côte  du  Chili  ôc  du  Pérou.  le  cuivre  en 
lingots  fe  vend  huit  piaflres  le  quintal;  ce  qui  efl  une 
petite  fomme  par  rapport  à  la  valeur  de  l'argent  dans 
le  pays.  *  Frez.ier  „  Voyage  delà  mer  du  Sud ,  tom.  I. 
pag.  233. 


MIN 


MIN 


CORBACH  ,  mine  d'or,  en  Allemagne  ,  dans  le 
comté  de  Waideck,  auprès  de  la  ville  de  Corbach.  *  Da- 
vity ,  Allemagne,  p.  768. 

CORBIERES  ,  mines  de  cuivre  rouge,  en  France, 
dans  la  Gascogne.  Elles  furent  ouvertes  par  ordre  du 
roi  en  1672011   1673.  *  Piganiol ,  t.  4.  p.  4^8. 

CORDELL1ERE  (  La  montagne  de  la) ,  dans  l'Amé- 
rique méridionale  ,  au  Chili ,  environ  à  quarante  lieues 
du  port  de  Copiapo ,  vers  l'eft-fud-eft ,  a  des  mines 
du  plus  beau  foufie  qu'on  puifle  voir:  on  le  rire  tout 
pur  d'une  veine  d'environ  deux  pieds  de  large ,  fans 
qu'il  ait  befoin  d'être  purifié.  Il  vaut  trois  piaftres  le 
quintal  rendu  au  port,  d'où  on  le  transporte  à  Lima. 
Cette  montagne  a  encore  une  infinité  de  mines  de  di- 
<  vers  métaux  ôc  minéraux.  *  Freùer  ,  Voyage  de  la 
mer  du  Sud  ,  t.  1.  p.  245. 

1.  CORDOUE  (  La  ville  de) ,  en  Espagne  ,  a  dans 
fon  voifinage  quantité  de  mines  d'argent  &  d'antimoine. 

*  Davitv ,  Espagne  ,  p.  186. 

2.  CORDOUE  (  La  ville  de) ,  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Pérou ,  a  des  mines  dans  les  montagnes  de 
fon  voifinage. 

CORNÔUAILLE  (Le  pays  de)  ,  en  Angleterre, 
abonde  en  mines  d'étain  ,  qui  eft  le  meilleur  qu'on 
puiiTe  voir.  11  a  aufTi  quelques  mines  d'or,  d argent, 
de  cuivre  &  de  plomb  ,  Ôc  l'on  y  trouve  des  diamans 
polis  par  la  nature  ,  ôc  faits  à  facettes  ôc  à  pointes, 
dont  quelques-uns  font  delà  grofleur  dune  noix:  mais 
ils  font  moins  noirs  ôc  moins  durs  que  ceux  d'Orient. 

*  Davity  ,  Angleterre  ,  p.  296. 

COSENZE ,  mines  d'or  ôc  de  fer ,  en  Italie ,  au 
royaume  de  Naples,  dans  la  Calabre  citérieure ,  près 
de  la  ville  de  Colènze  ,  au  voifinage  du  fleuve  Jovinio. 

*  Davity  ,  Royaume  de  Naples,  p.  528. 
COUSSAT,  mine  de  fer  ,  en  Fiance,  dans  l'élection 

de  Limoges:  elle  eft  fort  abondante.  *  Piganiol,  t.  6. 
pag.  552. 

CRANSAC  ,  mine  de  charbon  de  terre  ,  en  France  , 
dansleRouergue,  élection  de  Ville-Franche.  *  Piganiol, 
t.  4.  p.  458. 

CRAUFORD  ,  mine  d'or,  en  Ecofle,  dans  la  pro- 
vince de  Clysdale  ;  elle  fut  découverte  fous  Jacques  IV. 

*  Davity  ,  Ecofle  ,   p.  276. 

CREVE -CŒUR,  mines  de  fer,  en  Piémont  ;  el- 
les rendent  confidérablement.  *  Davity ,  Piémont  ,  p. 

459- 

CROIX  (  La)  ,  mines  d'argent ,  de  cuivre  ,  de  fer  ôc 
d'autres  métaux,  en  Lorraine.  Il  y  a  aura  divers  miné- 
raux. *  Davity ,  Lorraine  ,  p.  425. 

CUBA(L'ifle  de)  a  des  mines  d'or,  d'argent,  de 
cuivre  ,  de  fer  &  de  fel. 

CUENÇA  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale ,  au 
Pérou. 

CUMBERLAND(  Le) ,  en  Angleterre,  a  des  mi- 
nes de  cuivre,  &  quelques-unes  d'or  ôc  d'argent.  On  y 
trouve  aufli  en  abondance  une  terre  métallique  ,  dure 
&  Enfante  »  appellée  Blaxlead  ,  c'eft  à-dire  ,  plomb  noir  ; 
on  s'en  fert  pour  crayonner.  *  Davity  ,  Angleterre , 
pag.    316. 

D. 

DALMATÎE  (  La  )  a  des  mines  de  divers  métaux. , 

DART-MORE,  mine  d'aimant ,  en  Angleterre  ,  dans 
le  Devonshire.  *  Davity,  Angleterre,  p.  895. 

DEC  AN  ,  mine  de  diamans ,  dans  les  états  du  grand 
Mogol  :  elle  eft  dans  une  montagne  de  la  province  de 
Decan  ,  à  quatre  milles  de  la  ville  de  même  nom. 
Cette  montagne  eft  ceinte  d'une  muraille,  &  l'on  y 
fait  la  garde.  *  Davity ,  Etats  du  grand  Mogol ,  pag. 
;38. 

DENBIGSHIRE  (  Le  ) ,  en  Angleterre  ,  a  des  mi- 
nes de  plomb.  *  Davity,  Angleterre,  327. 

DERBYSHIRE(Le),  en  Angleterre,  a  des  mines 
de  fer,  de  plomb,  d'albâtre,  de  charbon  de  pierre, 
&  en  quelques  lieux  des  veines  d'antimoine.  *  Davity , 
Angleterre,  p.  306, 

DESIZE ,  mines  de  charbon  de  terre ,  en  France , 
dans  le  Nivernois.  Ce  charbon  eft  noir ,  gras  &  vis- 
queux ;  il  s'allume  aufTi  facilement  que  le  charbon  de 
bois,  ôc  le  feu  en  eft  plus  ardent.  Ceux  qui  travail- 


2-99 

lent  aux  forges,  s'en  fervent  volontiers.  *  Pigamol t 
Defc.  de  la  France,  r.  6.  p.  148. 

DEVONSHIRE  (Le),  en  Angleterre,  a  des  mines 
d'argent ,  de  plomb  ôc  d'aimant.  *  Davity ,  Angleter- 
re, p.  895. 

DILLENBURG  (La  contrée  de)  ,  en  Allemagne, 
au  comté  de  Nafl'au  ,  a  des  mines  d'acier ,  de  plomb, 
&z  de  cuivre.  *   Davity,  Allemagne,  p.  711. 

DITMANDORFF,  mine  d'argent,  en  Siléfre,près 
de  Schweidnitz.  *  Davity ,  Silefte  ,  p.  867. 

DOBSCH  ,  mine  decinnabre,  en  Hongrie,  à  deux: 
milles  de  Rofenau  ,  ôc  a  quinze  milles  de  Neufol.  *  Jac. 
Tollii  epift.  itiner.  j.  p.  166. 

DONGUEL,  mine  de  fer,  en  Afrique,  fur  les  rcrj 
res  du  roi  Siiaue  ,  proche  du  Niger.  *  Labat ,  Relar*. 
d'Afrique,  r.  4.  p.  57. 

DRAMANET  ,  mine  de  fer  ,  en  Afrique  ,  au  royauj 
me  de  Galam.  *  Labat ,  Relation  d'Afrique  ,  tom.  4. 
pag-  5% 

DURHAM  (L'évêché  de),  en  Angleterre,  a  des 
mines  de  fer  «Se  de  charbon  de  terre.  *  Davity ,  An- 
gleterre ,    pag.    313. 

E. 

EBORA  ,  mines  d'argent ,  en  Portugal  ,  dans  le 
territoire  de  la  ville  d'Eboi  a.  *  Diïices  de  Portugal ,  p. 
78;. 

ECOSSE  (L')  a  des  mines  de  plomb,  de  fer,  de 
foufie  ,  d'azur  ,  d'or  ôc  d'argent ,  de  turquoifes  ,  de  cail- 
loux imitans  le  diamant  ôc  l'escarboucle.  *  Davity  , 
Ecofle,  p.  347. 

EIFFEL  (Le  pays  d')  ,  dans  l'archevêché  de  Trêves, 
a  des  mines  afléznches.  *  Davity  ,  Allemagne  ,  p.  693. 

ELBE  (  L'ifle  d  ) ,  fur  la  côte  de  la  Toscane  ,  a  des 
mines  de  fer  fi  abondantes,  qu'on  prétend  qu'il  ne  faut 
que  vingt-cinq  ou  trente  ans  pour  qu'une  terie  fouillée 
reproduife  la  même  quantité  de  matière  :  mais  le  défaut 
du  bois  empêche  qu'on  ne  puifle  travailler  le  fer  fur  le 
lieu  ,  d'où  on  tire  la  maiere  ,  ou  marcailite ,  qui  produit 
le  fer.  Le  grand  duc  donne  une  aflez  greffe  fomme  tous 
les  ans  au  prince  de  Piombino  pour  ces  mines,  &  ne 
laiffe  pas  d'y  faire  un  profit  confidéiable;  il  y  a  au/Fi  des 
mines  d'aimant  dans  cette  ifle  ;  on  yen  trouve  de  deux 
fortes,  de  brun  ôc  de  blanc.  On  a  tiré  autrefois  beaucoup 
de  plomb  ôc  d'étain  de  1a  même  ifle  ;  mais  les  mines 
qui  fourniflbient  ces  métaux  font  à  préfentfort  négligées 
ôc  comme  abandonnées.  Il  faut  qu'elles  foient  épuifées  , 
car  lesfujets  du  grand  duc  font  trop  laborieux,  pour  les 
négliger  fi  elles  pouvoient  leur  donner  du  profit.  On  y 
trouve  auffides  mines  de  foufie  &  de  vitriol  ;  ce  demiec 
eft  de  l'espèce  du  vitriol  romain.  *  Labat ,  Voyage  d'Ita- 
lie ,  t.  7.  p.  jj. 

ELLERENA  ,  mines  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
au  Mexique,  dans  1  audience  de  la  nouvelle  Galice,  aut 
nord  occidental  des  mines  de  Zacatecas.  *  De  lljle  , 
Atlas. 

ENNE,  mine  de  fel,  dans  la  Sicile.  *  Davity,  Si- 
cile, p.  5H. 

ENNEAPERG  ,  mine  d'or,  en  Allemagne,  dans 
l'archevêché  de  Saltzbourg.  *  Davity  ,  Allemagne,  p. 
765. 

EPERIES,  mine  de  fel,  en  Hongrie.  Voyez,  à  l'arti- 
cle Eperies. 

ESCALA  ,  mines  d'argent ,  dans  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Pérou  ,  dans  le  voifinage  des  mines  de  LipeS- 
*  Frezier ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud  ,  t.    1.  p*  1$  1. 

ESTANCIA  DEL  REY  (  La  )  ,  mine  d'or  ,  dans  l'A- 
mérique méridionale  ,  au  Chili ,  à  douze  lieues  vers 
l'eft  de  la  Conception.  On  y  trouve  de  ces  morceaux 
d'or  pur  ,  qu'on  appelle  dans  la  langue  du  pays  Pepitasmy 
il  s'en  eft  trouvé  de  huit  ôc  dix  mates  &  d'un  très-haut 
aloi.  *  FrezÀer ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud,  tom.  1. 
pag.  144. 

ETHIOPIE  (L')  a  beaucoup  de  mines  d'or  &  d'ar- 
gent. 

F. 

FALEME  ,  mine  d'or  ,  en  Afrique  ,  à  dix-fept  lieues 
de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Falemé  ,  dans  le  Ni- 
ger ,  à  la  trente-fixiéme  raque  de  bois  à  la  droite.  La 

Tom.  IV.  P  p  ij 


MIN 


300 

terre  pendant  un  très-long  espace ,  tout  le  long  de  la 
côte  elt  lèche  ,  ftérile  Se  d'un  tuf  tendre  ,  partagé  en  dif- 
férens  lits ,  dont  les  différentes  couleurs  ,  qui  font  très- 
vives  ,  reiïemblenr  baucoup  à  celles  des  montagnes  de 
Netteco&  de  Tamba-aoura.  *  Labat ,  Rtlat.  de  1  Afriq. 
occid.  t.  4.  p.  55. 

FALCKENSTEIN  ,  mine  de  fer ,  en  Suiffe,  au  can- 
ton de  Soleure ,  près  du  bourg  de  Baliltel.  Davity , 
Pays  des  Suiffes ,  p.  541. 

FARGEAS  ,  mines  de  plomb  &  d'étain  ,  en  France  , 
dans  le  Limoufin ,  à  une  demi-lieue  du  Tralage.  Le 
fieur  de  Rhoddes  les  fît  ouvrir  en  1703  ,  fans  beaucoup 
de  fuccès  *  Piganiol ,  t.  6.  p.  3/1. 

FEUMY  ,  mine 'de  charbon  de  rerre,  en  France, 
dans  le  Rouergue ,  éle&ion  de  Ville  Franche.  *  Piga- 
niol ,  t.  4.  p.  458. 

FIFE  (  La  province  de  )  ,  en  Ecoffe  ,  a  des  mines  de 
chai  bon  de  terre.  *  Davity,  Ecoilè,  p.  375. 

FOiX  (Le  comté  de)  ,  en  Fiance,  a  des  mines  de 
fer  très  abondantes.  Voyez.  Foix.  *  Piganiol,  tom.  4. 
pag.  410. 

FOK1EN  ,  province  de  la  Chine  :  elle  a  plufieurs  mi- 
nes de  fer  &  d'étain,  auxquelles  on  travaille  ;  mais  quoi- 
qu'elle ait  pareillement  des  mines  d'or  Se  d'argent ,  il 
n'y  en  a  aucune  de  ces  espèces  qui  foit  ouverte.  +  Atlas 
Sinenfîs. 

FORMOSA  (  L'ifle) ,  fur  les  côtes  de  la  Chine  ,  l'uni 
des  dépendances  de  h  province  de  Fôkien,  a  des  mi- 
nes d'or;  mais  perfonne  n'ofe  les  ouvrir.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

FOSSE  (  La  )  ,  mine  de  charbon  de  terre  ,  en  France  , 
«tans  l'Auvergne. 

FOURQUARANE,  mine  d'or,  en  Afrique,  dans 
la  partie  occidentale  du  pays  de  Galam,  à  deux  lieues 
à  l'orient  de  la  rivière  de  Falemé.  On  trouve  dans  le 
tnéme  endroit  une  mine  trèsconfidérable  «Se  d'une  grande 
étendue  ;  c'eit  une  roche  blanche  ,  éclatante  Se  extrême- 
ment pelante,  que  l'on  croit  avec  fondement  être  une 
mine  d'argent.  Cet  endroit  elt  abandonné  ,  éloigné  des 
habitations  des  Nègres ,  &  feulement  à  une  journée 
du  fort  S.  Jofeph ,  fur  le  Niger.  *  Labat,  Relac.  de  l'Afri- 
que occidentale  ,  t.  4.  p.  46. 

FRANCHE  COMTÉ  (  La  ) ,  en  France ,  a  des  mines 
de  cuivre ,  de  plomb  ,  de  fer  excellent  &  d'argent.  *  Pi- 
ganiol ,  t.  7.  p.  390. 

FREUDENBERG  ,  mine  d'acier ,  en  Allemagne ,  au 
comté  de  Naffau.    D^'ty,  Allemagne,  p.  71 1. 

FR1BOURG,  mine  d'or  &  d'argent ,  en  Misnic,  au- 
près de  la  ville  de  Fribourg.  *  Ed.  Broivn ,  Voyage  de 
Komara  ,  p.   130. 

FRICHTELBERG,  mine  d'azur,  en  Allemagne.au 
palatinat  du  Rhin ,  dans  la  montagne  de  Frichtelberg. 
*  Davity,  Allemagne,  p.  760. 

FRIOUL  (  Le  ) ,  en  Italie,  dans  l'état  de  Venife  ,  a 
dans  fes  montagnes  du  fer ,  du  plomb  ,  de  l'étain ,  du 
cuivre ,  du  vif-argent ,  de  l'or  même  ,  de  l'argent ,  &  des 
mines  de  cryftal ,  de  cornalines,  de  berils  &  de  ca- 
mayeux.  *  Davity  ,  Etat  de  Venife,  p.  iji. 

FURA  (  Les  mines  de  ).  Voyez,  à  l'article  Ophir. 

G. 

GABELE  ,  mine  d'argent ,  en  Siléfie  ,  auprès  de  Lands- 
tuit.  *  Davity,  Siléfie,   p.  867. 

GALAM  (Le  royaume  de),  en  Afrique,  a  des  mi- 
nes de  fer,  de  cryftal  &  de  quelques  autres  pierres  fi- 
nes. *  Labat,  Relation  d'Afrique,  t.  4.  p.  57. 

GALICE  (La),  province  d'Espagne,  a  des  mines 
d'or  ,  d'argent ,  de  cuivre  Si  de  plomb  ,  principalement 
vers  le  cap  de  Fini/tere.  *  Délices  d'Espagne,  p.  142. 

GALLES  (Le  pays  de),  en  Angleterre,  a  quelques 
mines  d'argent.  *  Etat  pnfent  de  la  Grande  Bretagne  , 
t.  1.  p.  21. 

GARFAGN  ANE  (  La) ,  dans  le  duché  de  Modéne  , 
a  des  mines  de  fer.  *  Davity  ,  Etat  de  Modéne,  p.  74. 

GESWINCK-KAMEN  ,  nom  que  les  Ruffes  donnent 
à  une  haute  montagne  de  la  Sibérie  ,  au  voifmage  de 
la  ville  Werkaturia.  Le  fommet  de  cette  montagne  ,  qui 
fait  une  plaine  de  quatre  werftes  de  diamètre ,  a  beaucoup 
de  minéral  d'argent.  Perfonne  ne  doute  qu'il  n'y  ait  dans 


MIN 


cette  montagne  une  mine  très-riche  de  ce  métal  ;  mais 
jusqu'ici  il  a  été  impoiîible  d'y  faire  travailler,  à  caufe 
de  la  bife  du  nord  qui  y  fouffle  presque  pendant  toute 
l'année.  *  Hifi.  des  Tatt/rs  ,  1.  part.  p.  3 1. 

GESULA(  La  province  de)  ,  en  Afrique,  au  royau- 
me de  Maroc,  a  dans  fes  montagnes  plufieurs  mines  de 
fer  &  de  cuivre  ;  elles  font  abondantes.  *  Marmol% 
Royaume  de  Maroc,  p.  6j. 

GlEREN  ,  mines  de  cuivre  Se  d'étain  ,  en  Siléfie, 
près  de  la  fource  du  Queis.  *  Davity  ,  Siléfie  ,  p.  867. 

GILOU  ,  mine  d'or ,  en  Bohême.  *  Davity,  Bohême  , 
P-    35». 

G1NSIMA  ;  mine  au  Japon.  Voyez,  à  l'article  Japon. 

GIROMANI  ,  mines  d'argent  Se  de  cuivre  ,  en  Fran- 
ce, dans  la  haute  Alface.  On  en  peut  tirer  par  an  en- 
viron feize  cens  marcs  d'argent  Se  vingt-quatre  mille  li- 
vres pelant  de  cuivre  ,  mais  la  dépenle  du  travail  égale 
presque  le  profit.  Le  duc  Mazarin  ,  à  qui  ces  mines 
appartiennent  ,  n'en  retire  que  cinq  ou  fix  mille  livres 
de  rente.  *  Piganiol,  Description  de  la  France ,  t.  7. 
p.  390. 

GLARIS  (Le  canton  de)  a  quelques  mines  d'argent. 
*  Davity  ,  Pays  des  Suiffes ,  p.  5 17. 

GLASH1TTEN,  mine  d'or  ,  en  Hongrie  ,  à  quelques 
lieues  de  Schemnitz,  Cette  mine  éroit  très-riche  ;  on  l'a 
perdue ,  Se  perfonne  ne  fait  où  en  étoit  l'entrée.  Cette 
perte  fe  fit  du  tems  que  Bethlem-Gabor  fit  des  cour- 
fes  dans  ce  pays ,  Se  qu'il  obligea  les  habitans  de  s'en- 
fuir ;  celui  à  qui  elle  appanenoit ,  y  laifia  pourtant  quel  ■ 
ques  marques  par  le  moyen  desquelles  on  pourroit  la 
retrouver.  On  a  déjà  découvert  fes  inftrumens  en  creu- 
fant  la  terre  ;  mais  il  faut  encore  trouver  une  pierre 
fur  Lquelle  il  y  a  un  vifage  gravé  ,  c'eft-là  qu'eft  la 
mine:  il  n'y  aura  qu'à  lever  quelques  pierres  avec  les- 
quelles elle  a  été  bouchée.  *  Ed.  Br^wn ,  Voyage  de 
Komara ,  p.  137. 

GLOCESTERSHIRE  (Le) ,  en  Angleterre  ,  a  des  mi- 
nes de  fer.  *  Davity  ,  Angleterre  ,  p.  308. 

GOTHIE(  La)  ,en  Suéde  ,  a  quantité  de  mines  d'ar- 
gent ,  de  cuivre  ,  de  fer  Se  d'acier.  *  Davity ,  Suéde  » 
p.  é4r. 

GOTTSBERG  ,  mine  d'argent ,  en  Siléfie.  *  Davity  t 
Siléfie ,  p.  867. 

GRAN.  Voyez.  Strigonie  ,  dans  cette  lifte  des  mi- 
nes. 

GRENADE  (  Le  royaume  de  ) ,  en  Espagne  ,  a  des 
mines  de  grenats,  d'hyacinthes  Se  d'autres  pierres  précieu- 
Ces.  *  Davity,  Espagne,  p.  175. 

GRISONS  (  Le  pays  des)  a  des  mines  d'argent,  de 
cuivre ,  de  plomb  ,  de  fer  Se  de  cryftal.  *  Davity ,  Pays 
dès  Suiffes  ,  p.  569. 

GRUN AW ,  mine  d'or  ,  en  Bohême.  *  Davity ,  Bohê- 
me ,  p.  867. 

GUADALCANAL,  mines  d'argent,  en  Espagne, 
dans  l'Eftremadure ,  près  de  la  commenderie  de  Gua- 
dalcanal,qui  leur  donne  fon  nom.  Elles  font  fi  abon- 
dantes Se  û  riches,  qu'elles  rapporteroient  autant  que 
celles  du  Potofi ,  fi  on  vouloit  les  faire  valoir.  *  Déli- 
ces d'Espagne,  p.  44;. 

GUALACHES  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale, 
au  Paraguay:  s'il  y  en  a  ,  elles  font  d'un  accès  très-diffi- 
cile à  caufe  des  Sauvages. 

GUALHASU  (  La  montagne  de) ,  en  Afrique,  au 
royaume  d'Alger,  dans  la  province  de  Humanbar ,  a 
des  mines  de  fer.  *  Davity  ,  Royaume  d'Alger ,  pag. 
166. 

GUANCAVELICA  ,  mine  d'argent  vif,  dans  l'Amé- 
rique méridionale,  au  Pérou,  dans  l'audience  de  Li- 
ma ,  à  foixante  lieues  de  Pisco.  Voyez,  à  l'article  Guan» 

CAVELICA. 

GUASCO  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Pérou. 

GUINEE  (La),  en  Afrique,  a  quantité  de  mines 
d'or  dans  fes  montagnes ,  mais  elles  font  éloignées  de 
la  côte.  *  Varenius ,  Geogr.  1.  1.  p.  108. 

GUINGUI  FARANNA,  mine  d'or,  en  Afrique, 
au  royaume  de  Combre-Goudou ,  à  l'orient  de  la  ri- 
vière de  Falemé,  auprès  du  village  de  Guingui-fa- 
ranna.  C'eft  un  endroit  tout  femé ,  pour  ainfi  dire, 
de  mines  d'or.  Le  farim  de  Toroco  eft  aufli  feigneur  de 


MIN 


MIN 


feet  endroit.  Il  n'eft  pas  befoin  de  creufer  pour  avoir 
de  ce  précieux  métal.  Il  n'y  a  qu'à  prendre  de  la  terre 
au  premier  endroit  &  fans  choix ,  Se  la  laver  ,  on  trouve 
au  fond  de  la/ebille  un  or  très-pur  qui  fond  avec  faci- 
lité. Ce  qui  marque  encore  la  richene  de  ces  terres, 
c'eft  que  tous  les  marigots  qui  en  forcent,  &  qui  fe  jet- 
tent dans  la  rivière  de  Fa'.emé  ,  y  charrient  tant  d'or 
avec  leurs  fables  ,  que  les  Négtes  des  environs  qui  en 
ont  befoin,  hors  le  tems  de  la  fouille  des  mines,  vont 
fur  les  bords  de  ces  marigots  Se  de  la  rivière ,  s'occu- 
pent à  laver  ces  fables ,  Se  y  trouvent  confidérablement 
delor.  Cette  recherche  n'eit  point  défendue,  &  fi  les 
Nègres  étoient  moins  pareffeux  qu'ils  ne  font,  ils  ne 
laifleroient  pas  de  s'enrichir  confidérablement  parce  pe- 
tit travail.  Les  montagnes  des  environs  de  Guingui- 
Faranna  font  d'un  tuf  tendre  ,  tout  parfemé  de  paillet- 
tes d  or.  On  trouve  au  même  lieu  des  marcaffites  do- 
rées, dont  on  a  faitdiverfes  épreuves  avec  fuccès.  *  La- 
bat,  Rtlar.  de  1  Afrique  occid.  t.  4.  p.  48. 

GUIPUSCOA  (  La  province  de  )  ,  en  Espagne  ,  abon- 
de en  mines  de  fer  &  d'acier.  *  Davity ,  Espagne  , 
pag.    136. 

GUMISC  AN  A ,  mine  de  cuivre ,  dans  la  Natolie  :  elle 
eft  abondante.  *  Tourmfort  Voyage  du  Levant ,  lett.  ai. 

H. 

HAlNAUT(Le),  contient  plufieurs  mines  de  fer, 
dans  la  partie  qui  joint  l'Entre-iiambre  &  Meufe ,  Se 
des  mines  de  charbon  de  terre ,  depuis  Keuvrin  jusqu'à 
Marimont  ,  dans  l'espace  d'environ  fept  lieues  de  lar- 
ge. Vtysz,  Mons.  Cette  province  produit  trois  cens 
milL  w  iques  de  charbon ,  qui  rapportent  deux  cens  vingt- 
cinq  m  IL-  livres.  A  l'égard  des  mines  de  fer,  elles  pro- 
duifent  environ  fix  millions  de  livres  de  ce  métal  par 
an.  Le  fer  d  1  Hainaut  eft  d'une  meilleure  quali.é  que 
celui  de  '-uéde.     Pigamol ,  t.  7.  p.    160. 

HECKSTET  ,  mines  de  caivre,  en  Allemagne  ,  dans 
le  c  îmté  de  Manvfeld.  *  D  ivity  ,  Saxe,  p.  783. 

H;-.LLIAR,  mine  d'airain  mêlé  avec  de  l'argent ,  en 
H  ng'ie  ,  dans  les  montagnes  :  elle  produit  médiocre- 
ment. *  /.  TotiU  epiiï.  itin.  5.  p.  166. 

HEKMITAGE  (  L' )  ,  mine  d'or  &  d'argent,  au 
royaume  de  France,  clins  le  Dauphiné,  au-deffus  de 
Tain  Cette  miieefi  très  heureufe  nent  fituée ,  étant  ex- 
pofée  au  levant ,  au  mi.li  Se  au  couchant ,  Se  fe  trou- 
vant à  liDiidu  nord.  Elle  efi  entièrement  négligée  Se 
mériterai,  cependant  qu'on  examinât  fi  elleeit  fi  abon- 
dante ou  n  on.  *  Pigamol ,  Defcription  de  la  France  ,  t. 
4.  p.  6. 

HERRN-GRUND ,  mine  de  cuivre,  en  Hongrie, 
au  voifinage  de  New  fol.  On  y  descend  par  des  échel- 
les ;  Se  les  eaux  n'incommodent  point  les  travailleurs, 
pat  ce  que  li  mine  elt  fi  élevée  fur  la  montagne,  que 
1  eau  s  écoule  facilement  ;  mais  les  travailleurs  font  fort 
incommodés  de  la  poulîîere  qui  leur  entre  dans  la  bou- 
che, Se  d'un  grand  nombre  de  valeurs ,  qui  font  très- 
dangereufes.   Voyez,    à    l'article   HERRN  GRUNDT. 

*  hd.  Brown  ,  Voyage  de  Komara  ,  p.  1/5. 

HESSE  (  Le  landgiaviat  de  ) ,  a  dans  fes  montagnes 
des  mines  abondances  en  plomb  Se  en  cuivre.  *  Davity , 
Allemagne,  p.  750. 

HOËGER(  La  contrée  de),  en  Allemagne,  au  comté 
de  Naffau,  a  des  mines  d'acier,  de  cuivre  &  de  plomb. 

*  D.ivity,  Allemagne  ,  p.  71 1. 

HOLY  WEL  ,  mine  d'argent ,  en  Angleterre  ,  dans 
le  Flintshire.  *  Davity  ,  Angleterre  >  p.  338. 

HONGRIE  (  La)  ,  a  des  mines  d'or ,  d'argent ,  de 
vif  argent,  de  cuivre,  dacier,  de  fer  Se  de  divers  mi- 
néraux 5  mais  die  a  fort  peu  de  plomb,  Se  on  croit 
quelle  manque  entièrement  d'etain.  Les  mines  d'or  Se 
d'argent  font  alTez  abondantes.  Quantité  de  petfonnes 
y  hazardenc  tout  leur  bien,  parce  qu'elles  en  ont  vu 
un  certain  nombre  réunir.  En  effet  ,  fi  on  cil  aflèz  heu- 
reux pour  trouver  une  veine  d'or  &  d'argent ,  avant 
que  d'avoir  tout  dépenfé  ,  on  peut  efperer  une  fortu- 
ne. *  Fd.  Brown.  Voyage  de  Komara  ,  p.   1 29. 

HUNTINGTONSH1RE  (  Le),  en  Angleterre,  a 
des  mines  de  charbon  de  terre.  *  Davity ,  Angleterre  , 
p.  303. 


301 


J. 


JAPON  (Le),  a  diverfes  mines  de  métaux  Se  de  mi- 
néraux ;  mais  on  y  trouve  principalement  de  l'or ,  de 
l'argent  Se  du  cuivre.  Le  grand  nombre  de  fources  chau- 
des qu'on  y  voit ,  Se  de  montagnes  qui  jettent  de  la  fu- 
mée ou  du  feu  ,  montre  combien  il  doit  y  avoir  de  foufre 
caché  dans  les  entrailles  de  la  terre  ,  fans  parler  de  la 
quantiré  piodigieufe  qu'on  en  tire  en  plufieurs  endroits. 
La  plus  grande  partie  de  l'or  du  Japon  fe  lire  de  fon  miné- 
rai  par  la  fonte  :  on  en  tire  auffi  en  lavant  le  fable.  Il  s'en 
trouveencoreun  peu  dans  le  cuivre.  L'empereur  s'attribue 
un  droit  abfolu  fur  toutes  les  mines  d'or,  Se  même  fur  tou- 
tes les  autres  mines  de  l'empire  ;  puisqu'on  n'en  fauroic 
ouvrir  aucune ,  ni  y  travailler  fans  fon  confememenc 
exprès.  Il  fe  referve  les  deux  tiers  du  produit  de  celles  qui 
font  ouvertes ,  Se  faille  l'autre  tiers  au  feigneur  de  la  pro- 
vince où  la  mine  elt  fituée.  *  Kœmpfer  ,  Hit.  du  Japon, 
1.  i.  p.  90. 

JAVA  (L'ifie  de  ) ,  a  des  mines  d'or ,  d'argent ,  de  cui- 
vre Se  de  fer.  Voyez,  l'article  Java.  *  Varçnius ,  geogr.l. 
I.  pag.  108. 

IbRIA,  mine  de  vif-argent  dans  le  Frioul.  Voyez,  l'ar- 
ticle Idria. 

JEROB  ,  mine  d'or  en  Hongrie  :  on  n'y  travaille  plus  j 
elle  efl  abandonnée. 

JlKSAY  (L'ifie  de),  a  des  mines  de  pierres  d'Es- 
meril  *  Davity  ,  Angleterre,  p.  344. 

ILEUjSE ,  mine  melee  d'argent  Se  de  plomb ,  au 
royaume  de  Pologne,  dans  le  palatinat  de  Cracovie. * 
Davity  ,  Pologne  ,  p.  J74. 

IQU1QUE  , mines  dargent  dans  l'Amérique  méridio- 
nal, au  Pérou,  a  douze  lieues  d'iquique.  Elles  furent  dé- 
couvertes en  171 3.  On  fe  propofoi:  d'y  travailler  incef- 
famment,  8c  l'on  fe  fiatoit  qu'elles  feroient  riches.  * 
Freder  ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud ,  t.  l .  p.  2  j  y . 

INSESTE,  mine  de  fel ,  en  Espagne  ,dans  la  nouvelle 
Caftille.  *  Davity  ,  Espagne,  p.  126. 

JOACHIM  (La  vallée  de) ,  en Mifnie;  elle  eft  fameu- 
fe  par  fes  mines  d'argent.  *  Davity  ,  Saxe ,  p.  777,. 

JOËL,  mine  de  fer  en  Afrique,  fur  les  teues  du  roi 
Siratie,  proche  du  Niger.*  Labat ,  Relat.  d'Afrique, 
tom.  4.  pag.  47. 

JOYA,  mine  d'argent ,  au  Mexique.  Voyez.  Trinité 
dans  cette  lifte. 

1REQUIN  ,  mine  de  charbon  de  terre  ,  dans  l'Amé- 
rique méridionale  ,  au  Chili.  11  ne  faut  pas  creufer  plus 
d'un  ou  deux  pieds.  *  Frez.ier  ,  r.  2.  p.  14J. 

ISLE  DU  SOUFRE  (L'),au  Japon.  Voyez.  Iwoga- 

SIMA. 

JUNGPING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Péking  :  elle  a  dans  fon  territoire  une  mine  d'étain.  * 
Atlai  Smenfis. 

1WOGASIMA,  oul'istE  du  Soufre  ,  ifle  du  Japon t 
Se  l'une  des  dépendances  de  la  province  de  Satzuma.  Son 
nom  lui  a  été  donné  a  caufe  des  mines  de  foufre  qu'où 
y  voir.  Il  n'y  a  pourtant  pas  plus  de  cent  ans  qu'on  s  eft 
hazardé  d'y  aller.  On  la  regardoit  auparavant  comme 
inaccefiible  ;  Se  l'épaiffe  fumée  qu'on  en  voyoit  fortir 
continuellement ,  aulli  bien  que  les  fpeehes  6c  autres 
apparitions  hideufes ,  que  le  peuple  s'imaginoit  y  voir 
fur-tout  pendant  la  nuit ,  lui  faifoit  croire  que  c'étoic 
un  lieu  habité  par  les  diables ,  jusqu'à  ce  qu'un  homme 
hardi  Se  courageux  s'offrit  d'y  aller  pour  en  examiner  l'é- 
tat Se  la  fituation.  Il  choifit  cinquante  hommes  réfolus 
Se  intrépides  pour  compagnons  de  cette  expédition , 
Se  quand  ils  furent  arrivés  dans  l'ifie  ils  n'y  trouvèrent 
ni  enfer  ni  diables  ;  mais  un  grand  terrein  plat,  qui 
étoit  tellement  couverr  de  foufre  ,  que  de  quelque  côté 
qu'ils  marchaflent ,  une  épaiffe  fumée  fortoit  de  défions 
leurs  pieds.  Depuis  ce  tems  l'ifie  rapporte  au  prince  de 
Satzuma  environ  vingt  cailTes  d'argent  par  an.  C'elt  le 
produit  du  foufre  qu'on  tire  de  l'ifie  Iwogafima.  *  Kœmp- 
fer ,  Hiff.  du  Japon  ,  1.  I.  p.  92. 

K. 

KABIA  GORA  ,  mine  de  foufre  dans  les  états  de  Yem« 
pereur  de  Ruilie ,  fur  la  route  de  Moscou  à  Auraean  a 


MIN 


302 

à  l'ouelt  du  Volga  aupiès  de  Samara,  dans  la  montagne 
de  Kabia-Gora.  On  n'a  découvert  cecre  mine  que  de- 
puis peu  de  tems.  Le  foufie  eit  le  meilleur  du  monde. 
Quatre  mille  perfonnes,  foit  Ruifiens  ,  Czeremifles  Se 
Mordwates,  y  travail'ent.  *  Le  Brun  ,  Voyage  ,  p.  84. 

KATTAMI ,  mines  d'argent  au  Japon.  Voyez,  au  mot 
Japon. 

KAURIS ,  mine  d  or,  en  Allemagne  dans  l'archevêché 
de  Salrzbourg.  *  D ,vity  .  Allemagne  ,  p.  67J. 

KEN  T  (La  province  de  ) ,  en  Angleterre  ,  a  quelques 
mines  de  fer.  *  Davity  ,  Angleterre,  p.  288. 

KILISSIM,  mine  de  fel  dans  la  Perfe  ,  dans  la  mon- 
tagne Kiliflnt.  *  Vci-iti.ws    Geogr.  1.  1   p.  1 10. 

KIMILI  DOMINURDO,  mine  d'or,  dansla  Tranfyl- 
vanie.  "  Davity,  Tranfylvanie ,  p.  1045'. 

KINGYUEN,  ville  de  la  Chine,  dansla  province  de 
Quangfi  :  fon  territoire  a  quelques  mines  d'or  où  ion 
ne  travaille  point.  '  Atlas  S.nenfis. 

K'NSIMA  ,  mine  au  Japon  Voyez,  à  l'article  Japon. 

KlUNCHEU,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangmng  :  on  prétend  qu'elle  a  des  mines  d'or  &  d'ar- 
gent dam  les  montagnes  de  Ton  voifinage. 

KUJANISSE,  mines  de  fer.  au  Japon.  Voyez,  l'art. 
Japon. 

KUPFFERBERG  ,  mines  de  cuivre  ,  en  Siléfie  :  il  y  a 
aufli  des  mines  d'arfenic  ,  de  vermillon ,  d'alun ,  Se 
de  foufre.  '  Davity  >  Siléfie,  p.  867. 

KYNOKUNI,  mines  de  cuivre,  au  Japon.  Voyez,  à 
l'article  Japon. 

L. 

LAC  SUPÉRIEUR,  dansla  nouvelle  France,  a  des 
mines  decuivie  très  abondantes. 

LAMPA  ,  mines  d'or,  dansl'Amérique  méridionale, 
au  "Pérou,  dans  l'audience  de  Lima  au  midideCufco, 
&  à  l'orient  de  la  rivière  d'Aporimac.  '  De  t'I/Ie ,  Atlas. 

LAViPANGUY.  Voyez,  Saint  Christophe  dans 
cette  lifte  des  mines. 

LANCASH1RE  (Le), en  Angleterre,  a  des  mines 
de  chaibon  de  terre.  '  Davity  ,  Angletene  ,  p.  310. 

LANDSPERG ,  mine  d'argent  vif,  en  Allemagne  dans 
le  Wciterreich  ,  près  de  la  ville  de  Landfperg.  *  Davity , 
Allemagne,  p  679. 

L ANGEN AU ,  mine  d'or,  en  Bohême.  *  Davity,  Boh. 
p.  867. 

LANGUEDOC  ( Le ),  province  de  France,  a  des 
mines  de  fer  ,  de  plomb ,  d'argent  &  d'or ,  mais  ces 
dernières  font  fi  peu  abondantes ,  qu'elles  font  entière- 
ment négligées.'  Piganiol,  Defc.  delà  France,  t.  4. 
p.  222. 

LARECA  (L'iflede) ,  dans  le  golfe  Perfiqne  ,  a  une 
mine  de  fel ,  creufée  fous  terre  en  façon  de  fale  ;  mais 
fi  haute  Se  fi  fpacieufe,  que  mille  hommes  y  pourraient 
demeurer  à  leur  aife.  Le  fel  que  l'on  en  rire  fe  vend 
à  Gomron  Se  le  long  de  la  côte  d'Arabie.  *  Thevenot, 
fuite  du  voyage  du  Levant,  p.  357. 

LEBERTHAL  (  La  vallée  de  ) ,  en  France  ,  dans  l'Al- 
face  ,  a  des  mines  de  cuivre  Se  de  plomb.  *  Davity , 
Aliace,  p..  664. 

LENS  (  La  vallée  de  ),  en  Piémont ,  a  des  mines  d'ar- 
gent, de  cuivre,  de  vitriol  &  d'alun  :  celles  de  cuivre 
font  les  plus  abondantes  :  il  vient  comme  à  fleur  de 
terre.  *  Davity  ,  Piémont ,  p.  458. 

LEYCESTERSHIRE.  Voyez.  Barpow. 

LIBETHEN  ,  mines  d'airain,  en  Hongrie  ,  à  deux 
lieues  de  Neufol. 

LIBSK. ,  mines  d'or  &  d'argent ,  en  Hongrie ,  dans  les 
montagnes. 

LIÈGE  (L'évêché  de)  a  des  mines  de  fer  Se  de 
cuivre  ,  quelque  peu  d'or  ,  des  mines  de  foufre  ,  de  fal- 
pêti  e  &  de  chaibon  de  terre.  *  Davity  ,  Allemagne , 
p.  709. 

L1ETTO,  mine  de  poix,  en  Italie  dans  l'Abruzze  , 
au  territoire  de  Lietto.  Elle  fut  découverte  en  1J77. 
*  Davity  ,  royaume  de  Naples  ,  pag.  543. 

LIEVRE  (  Le  Val  de  ) ,  en  Lorraine,  a  quantité  de 
mines  d'argent .  de  cuivre  &  d'autres  métaux,  aum  bien 
que  des  mines  d'arfenic  ,  d'antimoine  Se  d'autres  miné- 
raux. *  Davity ,  Lorraine ,  pag.  42;. 


MIN 


LILA  ,  mine  de  vif  argent ,  en  Hongrie  ,  dans  les  mon- 
tagnes ,  à  l'orient  de  Chremnitz.  *  Ed.  Brcxjn ,  Voyage 
de  Komara. 

LIGUE  DES  DIX  JURIDICTIONS  (  La  ) ,  chez 
les  Grifons ,  a  des  mines  d'argent ,  de  cuivre  Se  de  plomb. 

*  Davity  ,  Pays  des  Grifons  ,  p.  J7f . 

LIMBOURG  (  Le  duché  de  ) ,  a  des  mines  de  fer, 
d'étain  ,  de  plomb ,  de  foufie  Se  de  calamine.  '  Davity , 
Pays  Bas  ,  pag.  449. 

LIMOGES,  mine  d'acier  pur  ,  dans  le  Limou- 
fin  ,  à  fix  lieues  de  Limoges.  Cet  acier  elt  incom- 
parablement meilleur  q^e  le  factice  ;  mais  la  mine  n'eft 
pas  abondante.  Elle  tue  découverte  au  commencement 
de  ce  fiéck.  *  Piganiol ,  Delcr.  de  la  France,  tom.  6. 
pag.  3  y  2. 

LIMOUSIN  (Le)  ,  en  France,  a  plufieurs  minesde 
plomb  ,  de  cuivre  ,  d'étain  Se  d'acier  ,  fur-tout  dans  l'é- 
lection de  Limoges  Se  du  côté  de  la  ville  de  Tuile.  * 
Piganiol ,  t.  6.  p.  3  y  1. 

LINDhSBERG,  mines  en  Suéde  dans  la  Weftmanie. 

*  De  l  IJle  ,  Atlas. 

L1NYAO  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Xenli  :  elle  a  des  mines  d'or  dans  l'on  territoire,  mais 
elles  ne  font  point  ouvertes.  '  Allai f-S'tncnfit, 

LIPES ,  mines  d'argent  dans  l'Amérique  méridio- 
nale au  Pérou  ,  environ  a  foixante  Se  dix  lieues  du  Po- 
tofi.  Elle:,  fournirent  depuis  long-tetnsbeaucoup  d'argent. 
Il  y  a  huit  moulins  travaillais  ,  fans  compter  ceux  des 
petites  mines  des  environs  dans  lesquelles  il  y  en  a  fix. 
La  bourgade  de  Lipes  eit  diviiée  en  deux  paries ,  éloi- 
gnécsl'une  de  l'autre  de  moins  d'un  demi  q  tact  de  lieue? 
l'une  s  appelle  Lipes  ,  Se  l'autre  Guaico.  Dans  ces  deux 
endroits  ,  y  compris  le  monde  qui  travaille  au  bas  de  la 
colline  où  font  les  mines  d'argent ,  il  peut  y  avoir  en- 
viron huit  cens  perfonnes  de  toute  espèce.  Cette  colline 
eft  au  milieu  entre  Guaico  Se  Lipes  ,  toute  petcée 
d'ouvertures  de  mines,  &  il  y  en  a  une  fi  profonde, 
qu'on  y  a  trouvé  la  fin  du  rocher,  au  deflous  duquel 
il  y  avoit  du  fable  Se  de  l'eau  ;  ce  qu'on  appelle  les 
Antipodes.  *  Frezjer >  Voyage  de  la  mer  du  Sud,  10m.  1, 
pag.  25  t. 

LliSCHOU  ,  mine  d'argent ,  en  Ecofle ,  à  dix  milles 
d'Edimbourg  :  elle  fut  trouvée  en  1609,  Se  elle  pafiè  pour 
être  riche.  *  Davity  ,  Ecofle ,  pag.  347. 

LLAOIN  ,  montagne  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Chili ,  près  de  la  Cordelliere,  à  deux  lieues  de  la  mon- 
tagne de  Paint  Chriitophe  de  Lampanguy.  Il  y  a  des 
mines  d'or.  Le  minerai  y  eft  tendre  Se  presque  friable  , 
&  l'or  y  eft  en  poudre  fi  fine,  qu'on  n'y  en  voit  à  l'œil 
aucune  marque.  *  Frez,ïer  ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud, 
t.  i.p.  199. 

LONGOBUCO  ,  mines  d'argent  Se  de  vif-argent,  en 
Italie,  au  royaume  de  Naples,  dansla  Calabreciierieurc. 

*  Davity  ,  royaume  de  Naples ,  p.  528. 

LONGUEP1 ,  mines  de  cuivre  rouge  ,  en  France  dans 
la  Gafcogne.  Elles  furent  ouvertes  par  ordie  du  roi  eu 
1672  ou   1673.  *  Piganiol,  r.  4  p.  458. 

LONS  LE-SAUNlER  ,  mines  d'argent  en  France, 
dans  la  Franche-Comté  ,  auprès  de  la  ville  de  Lons-le- 
Saunier.  On  prétend  qu'elles  font  abondantes.  *  Piga- 
niol ,  t.  7.  p.  390. 

LORRAINE  (  La  ) ,  a  des  mines  d'argent  ,  de  cui- 
vre, de  plomb,  de  fer,  d'acier  , d'arfenic  ,  d'antimoine 
Se  d'autres  minéraux  :  on  y  trouve  auffi  du  jaspe ,  des 
•  chalcédoines,  de  1  agate,  de  l'azur  &  des  grenats.  * 
Davity  ,  Lorraine  ,  p.  42J. 

LOUTH  (Lecomté  de) ,  en  Ecofle,  ades  mines  de  cail- 
loux qui  imitent  les  diamans,  les  rubis  Se  les  turquoifes. 

LOXA,  mines  de  l'Amérique  méridionale  au  Pérou. 

LUCERNE  (La  vallée  de) ,  en  Piémont,  a  des  mines 
d'argent,  de  vitiiol  &  d'alun.  *  Davity,  Piémont,  p.  458. 

LUPKOW  ou  Rosenberg,  mine  d'antimoine  >  en 
Hongrie. 

LUPSEN  ou  Lupscher  Seiffen  ,  mine  d'airain, en 
Hongrie,  à  an  demi-mille  de  Neufol.  *  Jac.  Tollii  epilt. 
itin.  5.  p.  167. 

LUSSE,  mines  d'argent,  de  cuivre  Se  d'autres  mé- 
taux, en  Lorraine,  dans  la  prévôté  de  faint  Die  :  on  y 
trouve  aufli quantité  de  minéraux.  *  Davity ,  Lorraine, 
p.  42J. 


MIN 


MIN 


M. 

MACCHIA  ,  mines  d'or,  de  plomb  Se  de  foufre  ,  en 
Iralie  au  royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  Cïté- 
rieure.  *  Davity  ,  Royaume  de  Naples  ,p.  528. 

MADAGASCAR.  (  L'ifle  de) ,  a  quantité  de  mines 
de  fer  Se  d'étain ,  Se  quelques-unes  d'or  Se  d'argent.  * 
Varenius  ,  Geogr.  1.  I.  p.  108. 

MAINE  (La  province  du)  ,  en  France,  a  beaucoup 
de  mines  de  fer.  Il  y  avoit  autrefois  des  mines  d'or  ÔC 
d'argent.  Voyez.  Maine.  *  Piganiol ,  r.  j.  p.  457. 

MALA  ,  mine  de  plomb  mêlée  d'argent,  en  Espagne , 
au  royaume  de  Grenade.  *  Davity  ,  Espagne  ,  p.  6j. 

MALDONADES  (Les  montagnes),  dans  l'Améri- 
que méridionale  au  Paraguay  ,  ont  des  mines  confidé- 
rables  à  quatorze  lieues  de  Montevide,  Se  à  vingt-quatre 
de  Buenos-Aires.  Elles  furent  découvertes  par  don  Juan 
Pacheco  ,  habitant  de  Buenos-Aires ,  Se  ancien  mineur 
de  Potofi.  La  relation  de  l'établifi'ement  des  Jéfuites  au 
Paraguay,  imprimée  en  Hollande  à  la  fuite  du  voyage 
de  Frezier,  cette  relation,  dis  je,  prétend  que  les  Jéfuitcs 
ont  empêché  qu'on  ne  travaillât  à  ces  mines.  Elle  en 
donne  pour  raifon  que  ces  pères  ont  toujours  appré- 
hendé la  découverte  de  ces  mines  par  les  Espagnols , 
parce  que  l'écabliflement  qu'on  feroit  fur  cette  côte , 
îeroit  de  plein  pied  à  leur  miflion  du  Paraguay  ,  Se  les 
obligeroit  à  fournir  des  Indiens  pour  y  travailler.  Elle 
ajoute  qu'ils  ont  même  détruit  tous  les  chevaux  qui 
étoient  de  ce  côté-là  ,  afin  doter  toute  commodité  à 
ceux  qui  voudroient  s'y  établir. 

MALDONADO  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale 
au  Paraguay  :  elles  font  incertaines. 

MALER  (  Le  lac  de)  ,  en  Suéde  ,  a  dans  fon  voifi- 
nage  des  mines  d'argent  très-riches ,  &  des  mines  de 
cuivrequi  font  trèi-abondantes.  '  Davity,  Suéde,  p.  641. 
MANDAGOR  ,  mines  d'or  Se  d'argent ,  au  royaume 
de  Maroc  dans  la  province  de  Hea.  Elles  font  riches ,  Se 
on  y  travaille  continuellement  pour  le  roi  de  Maroc. 
*  Davity  ,  Royaume  de  Maroc,  pag.  87.  • 

MANGASILLA,  mine  de  charbon  dans  l'Amérique 
méridionale  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima  ,  à  l'o- 
rient de  la  Sierra,  fur  la  côte  Se  dans  les  mornes  de 
Mangazilh.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MANSFELD  (Le  comté  de)  a  des  mines  d'argent 
&  de  cuivre  :  on  y  trouve  auflî  des  pierres  noires  ,  nom- 
mées Sifferftetn ,  qui  font  bitumineufes  Se  pleines  de 
cuivre  que  l'on  tire  ,  en  mettant  les  pierres  dans  un  grand 
feu  qui  fait  fondre  1~  métal.  Quelques-unes  de  ces  pier- 
res onr  des  figures  de  poiffons  Se  d'oifeaux.  *  Davity  , 
Saxe,  pag.  783. 

MARCHE  TREVISANE  ,  dans  l'état  de  Venife  ,  a 
des  mines  de  fer  dont  on  fait  de  très-bon  acier.  * 
D avity ,  Etat  de  Venife,  p.  130. 

MAROC  (  Le  royaume  de),  en  Afrique ,  a  des  mines 
d'or,  d'argent  Se  d'airain.  Diego  de  Tories  dit  que  dans 
le  mont  Atlas ,  qu'il  appelle  Claros ,  il  y  a  beaucoup 
de  mines  d'or  ;  mais  qu'on  les  a  fait  boucher  Se  com- 
bler, fous  prétexte  que  fi  les  Chrétiens  apprenoient 
qu'il  y  eût  tant  d'or  auprès  d'eux,  au  lieu  d'en  aller 
chercher  aux  Indes  avec  tant  de  peine,  ils  tâcheroient 
d'avoir  celui  qui  eft  dans  leur  voilïnage.  *  Davity  , 
royaume  de  Maroc  ,  pag.  57. 

MARTECALO,  contrée  de  Ilfle  de  Ceilan  :  elle  a 
des  mines  de  pierres  précieufes ,  mais  le  roi  ne  permet 
pas  qu'on  en  cherche  ,  ni  qu'on  en  trafique.  11  y  a  auflî. 
quelques  mines  de  fer  &  de  cuivre ,  mais  en  petite 
quantité.  *  Vovage  de  G.  Spilbcrg  ,  p,  45  1 . 

M  ARTORAN  ,  mine  d'acier ,  en  Italie ,  au  royaume 
de  Naples  ,  dans  la  Calabre  Citétieure.  *  Davity  , 
royaume  de  Naples,  p.  528. 

MASULIPATAN  (La  ville  de  ) ,  dans  les  états  du 
Mogol ,  a  dans  fon  voifinage  une  mine  de  diamans. 
Ceux  à  qui  le  fouverain  permet  de  creufer  dans  cette 
mine,  lui  donnent  une  pagode  par  heure  pendant  le 
tems  qu'ils  fouillent,  foit  qu'ils  trouvent  des  diamans, 
ou  qu'ils  n'en  trouvent  point.  *  Thevenot ,  Voyage  des 
Indes,  p.  301. 

MAYE,  mines  d'or  ,  en  Afrique  au  pays  de  Gayaga, 
à  quatre  lieues  au-deffus  du   fort  de  S.  Jofeph,  à  la 


.305 

droite  &  à  la  gauche  de  la  rivière  de  Falemc.  Celle 
qui  elt  a  la  gauche  ,  ell  abandonnée  depuis  long-tems. 
Les  Nègres  ne  la  fouillent  pas ,  parce  qu'elle  ell  trop 
proche  de  la  rivière  &  trop  fujette  à  être  inondée  , 
dès  que  les  eaux  groffUïenr.  La  peine  de  vuider  les  puits 
les  a  rebutés:  mais  ils  en  ont  trouvé  Se  ouvert  une 
autre  à  peu  de  diftance,  fur  la  droite  de  la  rivière, en 
la  remontant:  celle-ci  n'eft  point  fujette  à  1  inondation  , 
ôc  on  peut  y  travailler  en  tout  tems.  *  Labat ,  Relation 
de  l'Afrique  occid.  t.  4.  p.  54. 

MEDZIBROD  ,  mine  d'or ,  en  Hongrie ,  à  un  demi- 
mille  de  Neufol. 

MEGGEO  (  La  ville  de  ) ,  au  royaume  de  Fez ,  dans  la 
province  de  Garet,  a  dans  fes  montagnes  quantité  de 
mines  de  fer.  *  Davity  ,  Royaume  de  Fez,  p.  143. 

MENDIPPE,  mines  de  plomb  en  Angleterre  dans 
le  Somerfetshire.  *  Davity  ,  Angleterre,  pag.  298. 

MENET,  mine  d'antimoine,  en  France,  dans  TAngou- 
mois  auprès  de  Montbron  ;  il  s'y  trouvoit  auflî  de  l'ar- 
gent ,  mais  la  dépenle  a  rebuté  les  entrepreneurs.  *  Piga.- 
ww/,t.5.p.  25. 

MENGRANILLE  ,  mine  de  fcl ,  en  Espagne  dans  la 
Nouvelle  Cafiille.  On  descend  fous  terre  par  environ 
deux  cens  marches ,  dans  une  cave  foutenue  d'un  pilier 
de  fel  cryftallin  extrêmement  gros  Se  haut.  *  Davity , 
Espagne  ,  pag.  1  26. 

MERENGUELA  DE  PAC  AXAS  ,  mines  de  l'Amé- 
rique méridionale  au  Pérou,  dans  l'audience  de  los  Char- 
cas,  vers  la  fourcede  la  rivière  de  M?m\ç.*  De  l'ifle ,  Atlas. 

MILIANO  ,  mines  de  fel  &  d'alun,  en  Italie,  au 
royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  Citérieure.  *  Da- 
vity,  Royaume  de  Naples ,  pag.  J28. 

MILÔ  (L'ifle  de)  .dans  l'Archipel,  a  des  mines  de 
fer  Se  d'alun.  Voyez,  à  l'article  Milo. 

M1MASAKA,  mines  de^  fer, au  Japon.  Voyez,  l'art. 
Japon. 

M1SMILS,  mines  d'argent  Se  de  cuivre  ,  en  Hongrie 
au  voifinage  de  Neufol.  L'argent  eft  mêlé  avec  le  cuivre. 
*  Ed.  Broxon  ,  Voyage  de  Komara  ,  p.  1^4. 

MODENOIS  (Le).  Voyez.  Garfagnana. 

MONE1NS  ,  mines  de  plomb  ,  de  cuivre  Se  de  fer  , 
en  France,  dans  les  montagnes  de  Moneins  ,  au  pays  de 
Beain.  *  Piganiol ,  corn  4.  pag.  420. 

MONS, mine  de  charbon  de  terre  ,  dans  le  Hainaut, 
aux  environs  de  Mons, depuis  Keuvrin  jusqu'à  Mari- 
mont  ,  dans  l'espace  d'environ  fept  lieues  de  long  fur 
deux  de  large.  Le  travail  en  eft  très-pénible  :  mais  ce 
chaibon,  ell  meilleur  que  celui  d'Angleterre.  Il  faut 
premièrement  creufer  des  puits  de  trenre-cinq  toifes  de 
profondeur  ;  Se  lorsqu'on  a  trouvé  la  veine  de  char- 
bon ,  il  fautroujotirs  travailler  entre  deux  bancs  de  rocs 
très-durs.  La  veine  n'a  jamais  que  trois  à  quatre  pieds 
d'épaiffeur  -,  en  forte  que  ,  lorsque  les  ouvriers  ont  percé 
le  banc  du  roc  qui  la  couvre  ,  ils  font  obligés  d'être 
continuellement  fur  les  genoux  pour  travailler ,  &  quel- 
quefois couchés  fur  une  épaule.  Ces  veines  font  d'ail- 
leurs toujours  en  pente,  Se  descendent  jusqu'à  cent  cin- 
quante toifes  de  profondeur,  après  quoi  elles  remon- 
tent. A  mefure  que  l'on  s'enfonce  plus  avant  fous  la 
terre  ,  on  trouve  le  chaibon  meilleur  Se  plus  gras;  mais 
auflî  le  péril  de  l'eau  augmente  à  proportion.  *  Piganiol3 
Defcr.  de  la  France  ,  r.  7.  p.  2 1 8. 

MONTEJAN  fur  Loire  ,  mine  de  charbon  de  terre  , 
en  France  ,  dans  l'Anjou.  *  Piganiol ,  t.  7.  p.  72. 

MONTE-REI ,  mine  d'étain  fin  ,  en  Espagne  dans  la 
Galice,auprèsdelavillede Morite-Reï.*  Dél.d'Esp.p.  141. 

MONTREVEAU  (  Le  Petit  ) ,  mine  de  plomb,  en 
France  dans  l'Anjou  ;  mais  on  l'a  abandonnée  comme 
ingrate.  *  Piganiol ,  t.  7.  pag.  73. 

MORAVIE  (La)  a  des  mines  de  divers  métaux.  * 
Davity  ,  Moravie,  p.  871. 

MORON  ,  mine  de  diamans  en  Espagne ,  au  royau- 
me de  Cordoue  ,  près  d'Alcaudete.  *  Délices  d'Espagne  , 

P-41?-  . 

MOSECHE  (  La  province  de  )  ,  dans  l'Ethiopie  occi- 
dentale au  royaume  d'Angole  ,  a  quantité  de  mines , 
fur-tout  dans  les  tertes  qui  font  du  gouvernement  de 
Chambambé.  Ce  qu'il  y  a  de  particulier,  c'eft  qu'on 
reconnoît ,  à  ce  que  dit  le  père  Labat ,  relat.  de  l'E- 
thiopie occid.  t.  1.  p.  9).  la  différence  des  métaux  que 


MIN 


304 

chaque  quartier  produit ,  à  la  différence  de  la  couleur 
des  habiians  :  car  quoiqu'ils  foient  tous  noirs ,  il  y  a 
pourtant  une  différence  fi  fenfible  dans  cette  couleur , 
que  ceux  qui  demeurent  dans  les  endroits  où  il  y  a 
des  mines  d'argent ,  ont  un  teint  tout  différent  de  celui 
des  habiians  qui  ont  chez  eux  des  mines  d'or  ou  de 
plomb.  Cela  vient  des  dirlércntes  exhalaiibns  qui  far- 
tent continuellement  de  ces  mines  :  ce  qui  efi  fi  fenfi- 
ble ,  qu'on  n'y  efi  jamais  trompé. 

MUNSTER ,  mines  d'argent ,  de  cuivre  &  de  plomb 
en  France ,  dans  la  Haute-Ali'ace  ;  on  n'y  travaille  plus. 
*  Piganiol,  t.  7.  p.  390. 

MURCIE  (  Le  royaume  de) ,  en  Espagne ,  a  quantité 
de  mines  d'alun.  *  Davity ,  Espagne  ,  p.  175. 

N. 

NAJAC ,  mines  de  cuivre  ronge  ,  en'France  ,  dans  la 
Gascogne.  Elles  furent  ouvertes  par  ordie  du  roi  en 
1672  ou  1673.  *  Piganiol,  t. 4. p.  458. 

NAMUR  (Le  comté  de),  a  des  mines  de  fer,  de 
plomb  ,  de  falpêtre  6c  de  charbon  déterre.*  Davity, 
Pays-Bas ,  pag  4;  2. 

NANS13LRG  (Le  mont),  en  Italie,  dans  l'évêché 
de  Trente ,  a  des  mines  d'or  ,  d'argent ,  de  plomb  ,  d'é- 
tain  6c  de  fer.     Davity  ,  évêché  de  Trente  ,  p.  1 89. 

NAPLES  (Le  royaume  de)  ,  en  Italie,  a  des  mines 
d'or  ,  d'aigent  ,  de  fer  ,  de  plomb  ,  d'azur  ,  de  vermillon  , 
d'alun  &  de  foufre  ,  &  même  de  poix  ;  outre  des  mines 
de  fêl  blanc  1  dont  les  habitans  ufent  comme  de  celui 
qui  fe  fait  de  l'eau  de  la  mer.  On  y  trouve  pareillement 
quantité  d'albâtre ,  de  cryfial  6c  de  pierres  d'aimant.  * 
Davity  ,  royaume  de  Naples ,  p.  480. 

NASSAU  (Le  comté  de)  ,  en  Allemagne,  a  des  mi- 
nes de  cuivre ,  de  plomb  ,  6c  d'une  cerraine  maffe  de 
fer  ,  dont  on  fait  des  marmites ,  des  enclumes  6c  d'autres 
ouvrages.  *  Davity  ,  Allemagne  ,  p.  71 1. 

NAVARRO,  mine  d'argent,  au  Mexique  ,  6c  l'une 
de  celles  qui  font  comprises  fous  le  nom  général  des 
mines  de  Pachuca.  Elle  a  plus  de  fix  cens  pieds  de 
profondeur.  On  a  tiavaillé  cinq  mois  a  faire  un  paffage 
de  communication  fous  tene  de  cette  mine  à  celle  de 
SanCïa-Cruz.,  qui  ett  plus  profonde.  '  Gemelti  Carreri , 
Voyage  autour  du  monde  ,  t.  6  pag.  132. 

NAXIE  (L'ifle  de),  dans  l'Archipel,  a  des  mines 
d'or,  d'argent  &  d'émeril.  Voyez,  au  mot  Naxos. 

NETTECO,  mine  d'or,  en  Afrique.  Voyez,TAM- 
baaoura   dans  cette  lifie. 

NENBERG  ,  mine  d'aigent,  en  Hongrie  ,  dans  le 
comté  de  Zathmar ,  à  deux  milles  des  confins  de  la 
Tranfylvanie.  Il  y  a  quelque  portion  d'or  dans  cet  ar- 
gent. *  Jac.  Tollii  Epift.  itiner.  5.  p.  167. 

NEUFCHATEL  (  La  principauté  de  ) ,  en  Sui:Te  ,  a 
beaucoup  de  mines  de  fer  &  d'acier.  *  Davity  ,  Pays  des 
Suides,  p.  504. 

NEWSOL  ,  mines  de  Hongrie.  Voyez,  à  l'article 
Neuzoll. 

NIANSABANA,  mine  d'or  en  Afrique  ,  au  pays 
d'Or  ,  fur  la  rhiere  de  Sanon  ,  affez  proche  de  Touret , 
Candat ,  aux  environs  du  village  de  Nianfabana.  Cefi 
un  des  premiers  endroits  où  les  Ncgres  fe  foient  avifés 
de  chercher  de  l'or.  Cette  mine  elt  riche  6c  abondante  , 
aifée  à  tirer  ;  mais  elle  doit  être  biifée  &  fondue  :  ce 
qui  efi  fort  au-deffus  de  la  portée  de  l'efprit  des  Nègres. 
D'ailleurs  on  dit  qu'elle  efi  mêlée  de  faufres  arfénicaux  , 
qii  font  de  terribles  imprenions  fur  ceux  qui  ne  font  pas 
affez  habiles  pour  entreprendre  ce  travail.  Les  Nègres 
qui  aiment  autant  la  vie  que  les  autres  hommes,  &  qui 
haïffent  fouverainement  le  travail ,  l'ont  abandonnée  par 
ces  deux  raifons ,  &  n'y  penfent  plus  en  aucune  façon. 
Il  feroit  aile  de  s'accommoder  de  ce  terrein  avec  le  fa- 
rim  de  qui  il  dépend.  *  Labat ,  Relat.  de  l'Afrique  oc- 
cid.  t.  4.  p.  49. 

NICOSIE  ,  mine  de  fel,  dans  la  Sicile.  *  Davity  , 
Sicile,  p.  y  54. 

NIVERNOIS  (  Le  )  ,  en  France,  a  plufieurs  mines 
de  fer.  *  Piganiol  ,  t  6.  p.  148. 

NORBERG  ,  mines  de  Suéde  ,  dans  la  Wefim.uiie. 
*  De  l'ifle  ,  Atlas. 

NORD ,  mine  de  charbon  de  terre  ,  en  France,  dans 


MIN 


la  Bretagne  ,  évêché  de  Nantes.  Il  approche  beaucoup 
de  celui  d'Angleterre.  *  Pigamul,  t.  5.  p.  127. 

NORMANDIE  (La  province  de),  en  France,  a 
beaucoup  de  mines  de  fer.  *  Piganiol ,  t.  5.  p.  346. 

NORTGAW  (  Le  ) ,  a  une  grande  quantité  de  mines 
de  fer  &  d'azur.  *  Davity  ,  Allemagne ,  p.  760. 

NORTHUMBERLAND  (  Le  )  ,    en    Angleterre  , 
abonde  en  mines  de  charbon.  *  Davity ,  Angleterre 
p.  327. 

NOTTINGHAMSHIRE  (Le),  en  Angleterre,  a 
des  mines  de  charbon  de  pierres  &  d'albâtre  un  peu 
tendre.  *  Davity  ,  Angleterre,  p.  306. 

NOULIS  ,  mine  de  charbon  de  terre, en  France  ,  dans 
l'Anjou  ,  êv  dans  la  terre  des  Noulis ,  qui  lui  donne  fan 
nom.  *  Piganiol,  t.  7.  p. 72. 

NOYERS ,  mines  de  fer  en  France ,  dans  la  Tou- 
raine.  11  y  en  a  aufii  une  de  cuivre  ,  &  dans  laquelle  on 
prétend  qu'il  y  a  de  l'or.  *  Piganiol ,  t.  7.  p.  3 . 

O. 

OBERBERG ,  mines  d'or  ,  d'argent  &  de  plomb  ,  en, 
Hongrie  ,  dans  le  comté  de  Zathmar.  *  Jac.  Toilu  Epiff; 
itin.  5.  p.  166. 

Oi-i  EN.  Voyez,  Bude  ,  dans  la  lifie  de  ces  mines. 

OLlBANO,  mine  d'argenc,  en  Italie  ,  au  royaume  de 
Naples  ,  dans  la  Principauté  Citérieure.  *  Davuy^oyaa- 
mt  de  Naples,  p.  520. 

OL1VET  ,  min*;  de  foufre  ,  en  Italie  ,  au  royaume  de 
Naple-s,  dans  la  Principauté  Citérieure.  *  Davity,  royau- 
me de  Naples  ,  p.  jio. 

OOKUS  ,  mine  d'or,au  Japon.  Voyez,  l'article  Japon. 

Ol  H1R.  (  Les  mines  à')  Voyez.  Ophir. 

OREL  ,  mine  d'or  dans  la  montagne  de  même  nom  , 
au  royaume  de  France  ,  dans  le  Dauphiné  Celte  mon- 
tagne prit  ce  nom  de  la  mine  d'or  qui  y  fut  découverte 
du  tems  des  Romains.  On  y  trouve  aujourd'hui  des  espè- 
ces de  diamans.  *  Piganiol ,  Defcription  de  la  France, 
tom.  4.  p.  6. 

ORMUS  (  L'ifle  d)  ,  dans  le  golfe  Perfique  ,  a  plu- 
fieurs mines  de  fel  ;  ou  plutôt  cette  ifie  toute  entière  efi; 
une  montagne  d.  fel.  *   Varenim  ,  Geogr.  1.   1.  p.   no. 

OROSPLLDA  ,  ancienne  mine  d'argent  en  E:- pagne, 
dans  la  montagne  d  Orospeda  ,  où  le  Bœtis  avoit  fa  four- 
ce.  *  Déiicc)  a" ' Li\agne  ,  p.  47. 

ORURO,  mines  de  l'Amérique  méridionale  ,  au  Pé- 
rou ,  dans  la  province  de  Charcas,  a  l'orient  de  la  ri- 
viere  de  Defaguadero  ,  &  au  fud-ouefi  dOropefa.  *  De 
l'ifle,  Atlas. 

OSORNO  ,  mines  d'or  dans  l'Amérique  méridionale, 
au  Chili.  Elles  faut  très-riches  en  or. 


P. 


PACHUCA  ,  mine  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  au 
Mexique,  environ  à  fix  lieues  de  la  \i.le  de  Mexique. 
Sous  le  nom  de  Pachuca  ,  on  compiend  près  d 'un  millier 
de  mines  dans  l'efpace  de  fix  lieues  ;  les  unes  font  aban- 
données -,  on  ttava.lle  dans  les  autres ,  &  d'autres  fane 
laiffces  en  rélcrvc. 

PALME  (  La  ) ,  mine  d'or  dans  l'Amérique  méridio- 
nale au  Chili ,  à  quatre  lieues  à  l'efi  quart  du  fud-efi  de 
la  fortereflè  de  Valparaiffo.  *  IrezXer  ,  Voyage  de  la  mer 
du  Sud  ,  t.  1.  p.  192. 

PARADIS  ,  mine  d'aigent, en  Hongrie  ,  dans  la  mon- 
tagne du  1  aiaeis.  On  y  trouve  du  vitriol  aufii  clair  que 
du  cryfial.  '  h.d.  Broiun.  Voyage  de  Komara  ,  p.  133. 

PARAGUAY  (  Le  )  ,  dans  l'Amérique  méridionale -, 
fes  montagnes  connues  ont  quelques  mines  qui  11e  va- 
lent pas  la  peine  d'être  fouillées. 

PAYEN.  Nom  que  donnent  les  Indiens  de  l'Améri- 
que méridionale  à  une  montagne  du  Chili ,  laquelle  faic 
partie  de  la  montagne  de  la  Cordtlliere  ,  6c  dont  le  ncm 
moderne  ei\  Saint  Joseph.  11  y  a  dans  cette  montagne 
des  mines  d'un  cuivre  très-pur ,  &  fi  fingulieies  ,  qu'on 
y  a  vu  des  ptpitats ,  ou  morceaux  de  ci  ivre  de  plus  de 
cent  q'  intaux.  Cette  montagne  efi  à  douze  lieues  des 
Pompas  du  1  araguay  ,  6c  à  cent  de  la  Conception.  Elle 
a  ét.:  découveite  par  dom  Juan  Melendes.  On  y  remar- 
q<  e  des  Lierres,  partie  de  cuivre  bien  formé,  partie  de 
cuivre  imparfait  ;  ce  q'  i  rait  dire  de  ce  lieu  que  la  terre 
y  cil  créatrice ,  c'efi- a-oire,  que  le  cuivre  s'y  forme  tous 

les 


MIN 


MIN 


les  jours.  Dan*  cette  même  montagne  il  y  a  encore  du 
lapis  az.uli.  *  Fréter ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud  ,  r.  i. 
p.  145. 

PENAFI.OR ,  mine  d'argent,  en  Espagne ,  dans  l'An- 
daloufie  ,  près  de  la  vUe  de  Penaflor. 

PENDROCHE  ,  mine  d'argent ,  en  Espagne,  a  ren- 
du vingt  onces  par  quintal.  '  tJavity  ,  Espagne  ,  p.  6f. 
PERCHE  (  La  prui  inee  de  )  ,  en  France  ,  a  de  la  n.i- 
ric  de  fer  en  plusieurs  endroits.  *  Piganiol,  t.  5.  p.  461. 
PÉROU  (  Le  )  a  ,  quantité  de  mines  d'ot  &  d'argent. 
On  y  remarque  auili  une  mine  de  fel  à  dix-huit  milles  de 
Lima,  vêts  le  nord  dans  une  vallée,  Chacun  en  peut 
prendre  autant  qu'il  veut  ;  car  il  augmente  à  mefure 
qu'on  en  tire  :  de  forte  que  cette  mine  eft  inépuifable. 
*  Varenius  ,  Geogr.  1.  1.  p.  1  10. 

PERSE  (  La  )  ,  a  des  mines  d'or ,  d'argent ,  de  cui- 
vre ,  de  fer  Se  d'acier  :  les  premières  néanmoins  ne  font 
pas  fort  abondantes 

PH/ENON ,  ancienne  mine  de  cuivre,  dansl'Idumée, 
entre  les  vi  les  de  Petra  Se  de  Zoaia.  C'eft  à  préfent  un 
bourg  de  la  Paleftine  ,  qu'un  nombre  presque  infini  de 
Chrétiens  ont  contacté  par  leurs  fueurs  Se  par  leur  fang. 
Mercure ,  Gcogr.  p.  222. 

PHÎRUSKON  ,  mine  de  turquoifes,  en  Perfe  ,  à  qua- 
tre journées  de  Meched.  On  diltingue  ces  tut  quoi /es  en 
celles  de  la  vieille  Se  de  la  nouvelle  Roche  ;  les  premières 
font  pour  la  maifon  royale  ,  comme  étant  d'une  couleur 
plus  vive  ,  Se  qui  ne  fe  paffe  point.  *  Careri ,  Voyage 
autour  du  monde  ,  t.  2.  p.  2 1 3. 

PIÉMONT  (  Le  ) ,  a  des  mines  d'or ,  d'argent ,  de 
cuivre ,  de  vitriol  Se  de  fer.  *  Davity  ,  Piémont  p,  458. 
P1ERRA-BRUNA  ,  mines  de  plomb  &  d'étain  en 
Fiance ,  dans  le  Limoufin  ,  dans  une  montagne  nommée 
aufii  P  terra- Brima  ,  à  fix  lieues  de  Limoges.  Le  ficur 
de  Roddesles  fit  ouvrir  en  1703,  fans  fuccès.  * Piganiol, 
t.  6.  p.  351. 

PIERRE  FITTE  ,  mines  d'acier  ,  de  plomb  Se  de  fel 
en  Italie  ,  au  royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  cité- 
rieure  ,  près  de  1a  rivière  d'isjrica.  *  Davity ,  Royaume 
de  Naples ,  p.  518. 

PlETRA-SANTA  ,  mine  d'argent ,  en  Italie  ,  dans  la 
Toscane.  *  D  ipiiy t  Etat  de  Toscane  ,  p.  198. 

PINCZGOW,  mine  d'or,  en  Allemagne  ,  dans  l'ar- 
chevêché de  Saltzbourg.  "  Davity  ,  Allemagne,  p.  765. 
PINNOL,  mine  d'argent ,  au  Mexique.  Voyez.  Tri- 
nité dans  cette  lifte. 

TTNSC  ,  mine  de  fel,  dans  la  Haute- Pologne.*  Davi- 
ty ,  Pologne,  p.  574. 

PISE  ,  mine  de  cuivre  Se  de  vitriol ,  en  Italie  ,  au  ter- 
ri.oire  de  Life.      Davity  ,  Etat  de  Toscane  ,  p.  198. 

PLAISANTIN  (  Le  ) ,  en  Italie ,  a  des  mines  de  fer , 
de  cuivre  &  quelques  veines  d'argent ,  du  côté  des  Al- 
pes.    Davity  ,  Etat  de  Parme  ,  p.  69. 

PLANCHEMINIER  ,  mines  de  fer ,  en  France  ,  dans 
l'Angoumois.  Elles  font  très-abondantes ,  Se  le  fer  en 
eft  tiès-doux.  •  Ptgamol ,  t.  j.  p.  y. 

PLATA  (  De  ) ,  mines  de  l'Amérique  méridionale 
au  Pérou.  Elles  font  fermées. 

POBLEDO  ,  mines  ou  minières  d'alun  «Se  de  vitriol, 
en  Espagne,dans  la  Catalogne  ;  auprès  de  l'abbaye  de  Po- 
blcdo  qui  leur  donne  fon  nom.* Délices  à' Espagne, p. J94. 
POLOGNE  (  La  ) ,  a  des  mines  d'or  ,  d'argent  ,  de 
plomb  ,  de  vit-argent ,  d  airain  ,  d'azur  ,  de  falpêtre  , 
de  foufre  ,  de  vitriol ,  de  fel ,  d'albâtre  Se  d'agates.  *  Da- 
vity ,  Pologne,    p.  574. 

PONT-GIBAUD  ,  mine  d'argent ,  en  France ,  dans 
l'Auvergne.  Feu  M.  le  duc  du  Lutfe  ,  feigneur  de  la  pe- 
tite ville  de  Pont-Gibaud  ,  fit  ouvrir  cette  mine  -,  mais 
comme  on  trouva  que  la  dépenfe  excédok  beaucoup  le 
profit ,  on  l'abandonna  aufli-tôt.  *  Pigartiol ,  Defcrip. 
de  la  France  ,  r.  6.  p.  161. 

PORCO  (  De  )  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale.au 
Pérou.  Elles  font  fermées. 

PORTUGAL  (  Le  )  ,   a  des  mines  d'or  Se  de  plomb. 

*  Davity  ,  Portugal .  p.   195. 

POTOSI  ,  mines  très-riches  dans  l'Amérique  méri- 
dionale,  au  Pérou.  Voyez,  l'article  Potosi  ,  dans  l'on 
rang. 

POUANCE  ,  mine  de  fer ,  en  France  ,  daus  l'Anjou. 

*  Ptgamol,  t.  7.  p,  7j, 


3°* 

POZZOLE  ,  mines  de  foufre,  d'airain  ,  de  fer  ,  d'a- 
lun Se  de  falpêtre  ,  au  royaume  de  Naples  ,  dans  le 
territoire  de  la  ville  de  Pozzole.  *  Davity ,  Royaume  de 
Naples  ,  p.  /  12. 

PR  ATA  ,  mines  d'or  &  d'argent,  en  Italie,  au  royau- 
me de  Naplcs,dans  la  principauté  ultérieure  :  on  n'y  tra- 
vaille point,  parce  qu'elles  ne  font  pas  allez  abondantes. 
*  Davity  ,  Royaume  de  Naples ,  p.  J21. 

PRUILLY  ,  mines  de  fer  ,  en  France  ,  dans  la  Tou- 
raine  ,  à  une  demi-lieue  de  la  ville  de  Pruilly.  Le  fei- 
gneur de  cette  ville  en  tire  un  revenu  confidérable.  *  Pi- 
gartiol ,  t.  7.  p.  66. 

PUELCHES  (  Les  ) ,  peuples  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Chili.  Les  montagnes  qu'ils  habitent  font  pleines 
de  mines  de  foufre  Se  de  fel.  *  Frez,ier,  Voyage  de  la  mer 
du  Sud  ,  p.  14J. 

PUERTO-VEIO,  mines  de  l'Amérique  méridionale 
au  Pérou. 

Q. 

QUERBACH  ,  mines  de  cuivre ,  en  Siléfie  ,  près  de 
la  fource  du  Queis.  *  Davity  ,  Sileiie  ,  p.  867, 

R. 

R ACHSTAD ,  mine  d'or,  en  Allemagne ,  dans  l'arche- 
vêché de  Saltzbourg.  *  Davity  ,  Allemagne  ,  p.  765'. 

RAMSTALL,  mine  d'or,  en  Allemagne,  dans  l'arche- 
vêché de  Saltzbourg.   *  Davity  ,   Allemagne ,  p.  76$. 

RANCOGNE ,  mines  de  fer  en  France  ,  dans  l'An- 
goumois. Elles  font  abondantes ,  &  le  fer  en  eft  très- 
doux.  *  Piganiol ,  t.  5 .  p.  5 . 

REDERISCH  ,  mine  de  fer,  en  Hongrie. 

REGINA  ,  mine  d'albâtre ,  de  foufre  Se  de  verre ,' 
en  Italie,  au  royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  cité- 
rieure.     'Davity,  royaume  de  Naples  ,  p.  528. 

1.  REICHENSTEIN  ,  mine  d'argent ,  en  Siléfie.  * 
Davity  ,  Siléfie  ,  p.  867. 

2.  REICHENSTEIN  ,  mine  d'or,  en  Bohême  ,  dans 
la  vallée  de  Rifergrund ,  ou  Goldgrund.  *  Davity  ,  Bo- 
hême ,  pag.  867. 

RICHTERGRUNDT ,  mine  de  fer,  en  Hongrie:  elle 
n'eft  pas  abondante. 

RIO  GUAPAI ,  mine  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Paraguay. 

RIOM  (  L'élection  de) ,  en  France  dans  l'Auvergne 
a  deux  mines  de  plomb.  * Piganiol ,  t.  6.  p.  269. 

RISENBERG,  mines  d'argent  Se  de  virriol  en  Siléfie, 
au  mont  Rifenbetg.  *  Davity  ,  Siléfie  ,  p.  S67. 

RIVIERE  VERTE  ,  dans  la  nouvelle  France  ,  au- 
delà  du  MiJÏiiîipi ,  mines  de  cuivre  découvertes  par  le 
fieur  le  Sueur. 

ROCCA  VELHA  ,  ou  vieille  Roche  ,  mine  de 
diamans ,  aux  Indes ,  dans  les  états  du  grand  Mogol ,  au- 
près de  la  ville  de  Decan.  Voyez.  Decan  :  c'elt  la  même 
mine.*  Davity,  Etats  du  grand  Mogol,  p.  541. 

ROCHEBEAUCOURT  ,  mine  de  fer,  en  France, 
dans  le  Périgord  :  le  fer  en  eft  très-doux. 

RONITSCH  ,  mine  de  fer ,  en  Hongrie  ,  à  quatre 
milles  de  Neufol  :  elle  appartient  à  l'empereur.  Jac. 
Tullii  Epift.  itin.  5.  p.  167. 

ROSEN  A  W ,  mine  d'or,  en  Hongrie ,  à  quinze  milles 
de  Neufol ,  du  côte  d'Erla  ou  d'Agrie.  L'or  de  cette  mi- 
ne eft  très-pur  ;  mais  on  ne  travaille  point  à  la  mine  pac 
la  jaloulîe  des  magiitrats  &  des  bourgeois  de  Waldbourg, 
qui  s'en  disputent  la  pofielFion.  Jac.  Tollu  Epitt.  itin.  j. 
p.  167. 

ROSEN  BERG.  Voyez.  Lupkovt  ,  dans  cette  lifte  des 
mines. 

ROSSANO  ,  mine  de  fel ,  en  Italie  ,  au  royaume  de 
Naples,.  dais  la  calabre  citérieure.  *  Davity,  Royaume 
de  Naples,  p.  528. 

SADO  (  La  province  de  ) ,  au  Japon,  Se  l'une  des  plus 
feptentrionales  de  lifte  de  Nir'hon,a  des  mines  d'or  donc 
le  minerai  eft  fort  riche  &  fouinitl'or  le  plus  fin  11  y  avoit 
autiefois  des  veines  fi  abondantes ,  qu'un  catti  de  mine 
ptoduifoit  un  &  quelquefois  deux  thali ,  d'or;  mais  on  as- 
fure  que  depuis  que' que  tems  les  veines  deces  mines  Se  de 
la  plupart  des  autres  ,  ne  font  pas  feulement  en  plus  pe- 

Tvm.  IV,    Qq 


306 


MIN 


MIN 


tit  nombre,mais  rendent  beaucoup  moins  d'or  que  ci-de- 
vant. Il  y  a  beaucoup  de  fable  d'or  dans  cette  province  , 
mais  le  prince  fe  l'approprie  -,  Se  bien  loin  d'en  faire  part 
à  l'empereur  ,  il  ne  lui  en  donne  feulement  pas  avis. 

SAINT  ANTOINE  ,  mine  d'argent,  dans  l'Amérique 
méridionale  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima  ,  à  qua- 
rante lieues  de  Moquegua  Se  à  cinq  de  Cailloma  :  ces 
mines  promettent  beaucoup.  On  travailloit  en  171 3  ,  à 
y  établir  des  moulins.  *  Ftezjër  ,  Voyage  de  la  mer  du 
Sud 


de   Titicata ,  &  à  l'occident   de   ce    lac.  *  De  l'I/le  , 
Atlas. 

SALTSUMA  ,  mine  de  cuivre  ,  au  Japon.  Voyez,  l'ar- 
ticle Japon. 

SALTZBOURG  (L'archevêché de)  abonde  en  mi- 
nes d'or  ,  d'argent ,  de  fer  &  de  cuivre  :  on  y  trouve 
aufli  ,  principalement  aux  confins  de  la  Carinthie  ,  des 
mines  d'alun ,  d'antimoine  Se  de  foufre.  *  Davïty  ,  Al- 
lemagne ,  p.  76  c. 

d'or 


d  ,  t.  2.  p.  310.  SAMBANOURA  ,  mine   dor,  en   Afrique  ,  à  l'cft 

SAINT  AUBIN  DE  LU1GNÉ  ,  mine  de  charbon  de     de  la  rivière  de  Falemé ,  à  vingt-cinq  lieues  de  fomerri 
terre  en  France  ,  dans  l'Anjou.  *  Piganièl ,  t.  7.  p.  72 


SAINT  CHRISTOFLE  DE  LAMPANGUY,  mon- 
tagne  de  l'Amérique  méridionale  ,  au  Chili ,  près  de  la 
Cordelière ,  environ  par  les  3 1  degrés  de  latitude ,  à 
quatre-vingt  lieues  de  Valparaiflb.  On  y  découvrit  en 
17 10,  quantité  de  mines  de  toutes  fortes  de  métaux  , 
d'or  ,  d'argent ,  de  fer ,  de  plomb  ,  de  cuivre  Se  d'érain. 
L'or  de  cette  montagne  eft  de  21  à  22  carats.  Le  minerai 
y  eft  dur.  *  FrezÀer ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud ,  t.  1. 
p.  199. 

SAINT  CHRISTOPHE  ,  dans  l'ifle  Espagnole  ,  mi- 
ne d'or  ,  découverte  par  Chriftophe  Colomb. 

SAINT  CHRISTOVAL  ,  mines  d'argent ,  dans  l'A- 
mérique méridionale ,  au  Pérou  ,  dans  le  voifinage  des 
mines  de  Lipes.   *  Frezjer  ,  voyage  de  la  mer  du  Sud  , 

t.    I.  p.   2JI- 

SAINT  DOMINGUE  (  L'ifle  de  ) ,  a  des  mines  d'or 
qui  ne  font  point  ouvertes.  Â 

SAINT  ETIENNE  EN  FORET ,  mine  de  char- 
bon de  terre ,  en  France  ,  dans  le  Forêt.  11  y  a  aufli  quel- 
ques mines  de  fer. 

SAINT  EVROUL  ,mine  de  fer  ,  en  France,  dans  la 
Normandie.  '  Piganiol,  r.  $.  p.  259. 

SAINT  GEORGE,  mine  de  charbon  de  terre  ,  en 
France  ,dans  l'Anjou.  *  Piganiol ,  t.  7.  p.  72. 

1.  SAINT  HIL  AIRE  ,  mines  de  plomb  Se  d  etain,  en 
France  ,  dans  le  Limoufin  ,  à  quatre  lieues  de  Limoges. 
Le  fleur  de  Roddes  les  fit  ouvrir  en  1703  ,  mais  le  fuc- 
cès  n'a  pas  été  grand.  *  Piganiol,  t.  6.  p.  351. 

2.  SAINT  HIL  AIRE  ,  mine  d'ocre  ,  en  France  ,  dans 
le  Bcrry ,  auprès  de  Vierzon.  L'ocre  fert  à  fondre  les 
métaux  &  à  la  teinture  -,  ainfl  cette  mine  a  fon  utilité 
dans  un  royaume  ,  où  l'on  trouve  forr  peu  de  cette  terre 
minérale.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France  ,  t.  6.  p.  404. 

SAINT  JOSEPH,  mine  de  cuivre,  au  Chili.  Voyez, 
Payen  en  fon  rang  dans  la  lifte  des  mines. 

SAINT-lRIEIX,mine  de  fer,  en  France  ,  dans  l'é- 
lection de  Limoges  :  elle  eft  fort  abondante.  *  Piganiol, 
t.  6.  p.  352. 

SAINT  JUAN  DELORO ,  mines  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Pérou. 
SAINT  MATTHIEU,  mine  d'argent,  au  Mexique,  & 
l'une  de  celles  qui  font  comprifes  fous  le  nom  géné- 
ral des  mines  de  Pachuca.  Elle  a  été  creufée  nouvel- 
lement auprès  de  la  Trinité  :  elle  eft  très-riche  ;  fes  vei- 
nes vonr  d'orient  en  occident ,  Se  elle  n'a  guère  que 
quatre  cens  pieds  de  profondeur.  *  Gcmelli  Careri  , 
Voyage  autour  du  monde  ,  t.  6.  p.  135. 

SAINT  MICHEL  ,  mines  de  l'Amérique  méridiona- 
le, au  Paraguay. 

SAINT  VINCENT  ,  mine  de  diamans ,  en  Angle- 
terre, dans  le  Somerfetshire.  Ils  ne  cèdent  à  ceux  d'O- 
rient que  pour  la  dureté.  *  Davity ,  Angleterre ,  pag. 

SAINTE  LUCIE,  mines  de  l'Amérique  méridiona- 
le ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  los  Charcas,  vers  la 
fource  de  la  rivière  de  Nombre  de  Dios,  auprès  des 
mines  de  Condoroma.  *  De  l'ifle,  Atlas. 

1.  SAINTE  MARIE  AUX  MINES  ,  mines  d'ar- 
gent, de  cuivre  Se  d'autres  métaux  ,'dans  la  Lorraine  : 
il  y  a  aufli  quelques  minéraux.  *  Davity  ,  Lorraine , 
p.  425. 

2.  SAINTE  MARIE  AUX  MINES ,  mines  d'argent , 
de  cuivre  &  de  plomb  ,  en  France ,  dans  la  haute  Al- 
face:on  n'v  travaille  plus.-»'  Piganiol,  t.  7.  p.  290. 

SALBERG.  mines  d'argent ,  en  Suéde,  dansIaWeft- 
manie  .  aux  frontières  de  l'Uplande.  *  De  l'ifle ,  Atlas. 

SALCEDO  ,  mines  d'or  ,  dans  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Pérou,  dans  l'audience  de  Lima,  près  du  lac 


t-cinq 
bouchure  dans  le  Niger,  &  environ  à  cinq  dans  les 
terres,  entre  le  village  de  Sambanoura&  celui  de  Da- 
lemouler.  C'eft  un  teriein  élevé  tout  de  fable  :  les  Nè- 
gres y  trouvent  de  l'or  par  de  Amples  lavures  fans  creu- 
fer ,  Se  en  prenant  fur  la  fuperficie  de  la  terre  ce  qui 
leur  tombe  fous  la  main.  *  Labat,  Relar.de  l'Afrique, 
occid.  r.  4.  p.  47. 

SAMOS(  L'ifle  de  ) ,  dans  l'Archipel ,  a  des  mines  de 
fer  Se  de  bol.  Voyez,  l'article  Samos. 

SANDBERG,  mines  d'airain,  en  Hongrie,  à  un 
mille  de  Neufol.  Elles  font  abondantes  ,  &  appartien- 
nent à  la  ville  de  Neufol.  La  matière  métallique  eft 
en  partie  noire  ,  en  partie  jaune  Se  en  partie  verte.  La 
noirceur  marque  qu'il  y  a  de  l'argent ,  les  autres  cou- 
leurs dénotent  l'airain.  *  Jac  'ïollii  epift  itin.  ;.  pag. 
167. 

SAN-MIEL-GRANDE,  mines  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  au  Mexique  ,  dans  l'audience  de  la  nouvelle 
Galice,  au  département  de  Mcchoacan.  *  De  l'iflel 
Atlas. 

SANTA  CRUZ ,  mine  d'argent ,  au  Mexique ,  Se 
l'une  de  celles  qui  font  comprifes  fous  le  nom  géné- 
ral de  mines  de  Pachuca.  Elle  a  plus  de  fept  cens 
pieds  de  profondeur.  £  Gemelli  Careri,  Voyage  au- 
tour du  monde,  r.  6.  p.   132. 

SANTA  CRUZ  DE  LA  SIERRA  ,  mine  de  l'Amé- 
rique méridionale ,  au  Paraguay. 

SANTA  CRUZ  LA  VIEILLE,  mine  de  l'Amérique 
méridionale  ,  au  Paraguay  :  elle  eft  en  la  pofleflion  des 
Sauvages. 

SARDA1GNE  (  L'ifle  de  )  a  des  mines  d'argent , 
de  foufre  &  d'alun.*  Davity  ,  Sardaigne  ,  p.  $6$. 

SARGANS  (  Le  pays  de) ,  en  SuifTe,  a  des  mines  de 
fer.  *  Davity  ,  Pays  des  Suiflcs  ,  p.  j; 6. 

SARREAL ,  mine  ou  carrière  d'albâtre ,  en  Espa- 
gne ,  dans  la  Catalogne ,  auprès  de  la  petite  ville  de 
Sarreal ,  qui  lui  donne  fon  nom.  *  Délices  d'Espagne , 

pag-  594- 

SAVOYE(La)  a  des  mines  d'alun,  de  foufre ,  de 
fel,  de  nitre  Se  decryftaux.  *  Davity  ,  Savoye  ,  p.  4J0. 

SAXE  (  La  )  a  des  mines  de  divers  métaux,  comme 
plomb  ,   étain  &  argent. 

SCALVE,  mine  de  fer,  dans  l'état  de  Venife,  au 
Bergamafc,  dans  la  vallée  de  Sclave.  *  Davity ,  Etat 
de  Venife ,  p.   147. 

SCHALCKENDORFF,  mine  d'argent,  en  Hon- 
grie ,  à  un  demi-mille  de  Neufol.  Elle  appartient  à 
l'empereur;  mais  comme  elle  produit  fort  peu,  elfe 
peut  bien  aujourd'hui  être  abandonnée.  *  Jac.  Tollii 
epift.  itin.  5.  p.   168. 

SCHALUEMBOURG,  mines  d'agates  ,  en  Lorrai- 
ne-, il   y  a   aufli  des  grenats.  *  Davity,  Lorraine,  p. 

SCH  ANS  (  La  communauté  de  )  ,  chez  les  Grifons ,  a 
de  riches  mines  d'argent ,  de  cuivre  Se  de  plomb.*  Da- 
vity ,  Pays  des  Grifons,  p.  575. 

SCHËMNITZ,  mines  d'or  Se  d'argent,  en  Hon- 
grie.  Voyez,    l'article   Schemnitz. 

SCHERTZENSTEIN,  mine  d'or,  en  Hongrie,  à 
un  demi-mille  de  Neufol. 

SCHLOTTEN,  mine  d'or,  dans  la  Tranfylvanie. 
*  Davity,  Tranfylvanie,  p.  104. 

SCHMIDBERG  ,  mine  de  fer  ,  en  Siléfie.*  Davity  , 
Siléfie,  p.  867. 

SCHMOELNIZ  ,  mine  d'airain,  en  Hongrie:  elle  eft 
abondante. 

SCHREIBERAU  ,  mines  d'arfenic  ,  de  vermillon, 
d'alun  &  de  foufre  ,  en  Siléfie.  *  Davity ,  Siléfie ,  pag. 
867. 


MIN 


MIN 


5CHWARTZENBERG,  mines  d'argent,  en  Hon- 
grie, dans  le  comté  de  Zathmar  :  cet  argent  eft  mêlé 
d'un  peu  d'or.  *  Jac.  Tollii :epift»  itin.  f.  p.  166. 

SCLAUCOW ,  mine  mêlée  d'argent  Se  de  plomb , 
•au  royaume  de  Pologne ,  dans  le  palatinat  de  Craco- 
vie.  *  Davity,  Pologne,  p.  574. 

SEGALLA  ,  mine  d'or ,  en  Afrique ,  à  la  droite  de 
la  rivière  de  Falemé  ,  en  la  remontant  auprès  du  villa- 
ge de  Segalla.  Les  environs  de  ce  village ,  à  la  droite 
de  la  rivière,  en  la  remontant,  font  remplis  de  veines 
d'une  matière  de  même  couleur  &  de  même  pefanteur  que 
celle  des  mines  d'or  de  Guinguifaranna;  outre  cela  on  y 
trouve  de  l'or  fur  la  fuperficie  de  la  terre  par  de  fim- 
ples  Iavures  :  cet  or  eft  très-pur  &  ttès-aifé  à  fondre. 
On  doit  préfumer  que  ces  terres  métalliques  rendroient 
bien  plus  d'or  que  ce  qu'on  trouve  fur  la  fuperficie. 
Segalla  eft  éloigné  de  cinquante  lieues  de  l'embouchu- 
re de  la  rivière  de  Falemé ,  dans  le  Niger.  *  Labat , 
Relat.  de  l'Afrique  occid.  t.  4.  p.  47. 

SENIE ,  mines  d'or  Se  d'argent ,  en  Espagne  ,  dans 
la  Catalogne ,  fur  le  mont  Cenis  ,  qui  lui  donne  fon 
nom.  *  Davity  ,  Espagne ,  p.   1 64. 

SENNIZ  ,  mine  d'airain ,  en  Hongrie,  à  un  mille  de 
Neufol  :  elle  appartient  à  l'empereur. 

SERPHO  (L'ifie  de  ) ,  dans  l'Archipel ,  a  des  mines 
de  fer  &  d'aimant.  Voyez,  au  mot  Serfc. 

SERVIE  (  La  )  a  des  mines  de  divers  métaux ,  mais 
on  n'y  travaille  point. 

SESSE  ,  mines  d'or  Se  d'argent ,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  le  territoire  de  Sefie.  *  Davity  ,  royaume  de 
Naples ,  p.  512. 

SHROPSHIRE  (  Le  ) ,  en  Angleterre ,  a  des  mines 
de  fer  &  de  charbon  de  terre.  *  Davity ,  Angleterre , 
pag.  308. 

SICILE  (  L'ifle  de  ) ,  a  des  mines  d'or ,  d'argent ,  de 
fer ,  d'alun ,  de  vitriol ,  de  foufre  ,  de  falpêtre  Se  de 
fel ,  qui  renaît  à  mefure  qu'on  le  tire.  Il  y  a  aulli  des 
mines  d'agates,  d'émeraudes,  Se  de  certaines  pierres 
grifes ,  luiiantes,  tavelées,  ou  qui  ont  au  milieu  quel- 
ques taches  blanches  Se  noires  en  cercle ,  ou  en  forme 
d'hommes ,  d'animaux ,  ou  de  quelqu'autre  figure ,  & 
qui  font  fouveraines  contre  les  piquures  des  araignées 
Se  des  feorpions.  *  Davity,  Sicile,  p.  554. 

SIDEROCAPSE  ,  mine  d'or ,  dans  les  états  du  Turc  , 
en  Europe ,  dans  le  Jamboli.  Elle  eft  fi  riche ,  que  le 
grand  feigneur  en  retire  tous  les  mois,  après  les  ou- 
vriers payés,  dix-huit  mille  ducats  &  quelquefois  trente 
mille.  11  y  a  plus  de  fix  mille  hommes  qui  travaillent 
d'ordinaire  à  ces  mines  :  la  plûparr,font  Sclavons,  Bul- 
gares, Grecs  Se  Dalmates.  *  Davity,  Macédoine,  pag. 
980.  , 

SIERRA  MORENA  ,  mines  d'argent,  en  Espagne, 
dans  la  Nouvelle  Caftille,  au  pied  de  la  montagne  de 
Sierra  Morena.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  361. 

SIERRA  SELADA  ,  mines  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Paraguay  :  elles  font  incertaines. 

S1GNIMONT,  mines  de  pierres  précieufes,  en  Es- 
pagne ,  dans  la  Catalogne  -,  on  leur  a  donné  le  nom 
d'améthyftes  :  elles  font  transparentes  Se  violettes.*  Da- 
vity, Espagne,  p.  164. 

SILBERBERG,  mine  d'argent,  en  Siléfie.*  Davi- 
ty, Siléfie,  p.  867. 

SILESIE(La)  a  des  mines  d'or,  de  cuivre,  de  fer, 
d'arfenic  ,  de  vermillon,  d'alun  Se  de  foufre.  On  y 
rrouve  aurTi  ducryftal,  des  diamans  afiez  beaux,  mais 
tendres,  des  agates,  des  améthyftes ,  des  cornalines, 
des  hyacinthes  ,  des  onix  ,  des  rubis ,  des  fapphirs ,  des 
fardoines,  des  topafes,  des  turquoifes  Se  de  l'aimant. 
*  Davity ,  Siléfie  ,  p.  867. 

SILLÉ,  mine  de  fer,  en  France,  dans  le  Maine.* 
Piganiol ,  t.  ;.  p.  456. 

SIMUBARA  (Le  pays  de),  au  Japon,  a  des  mi- 
nes d'excellent  foufte  ,  fur-tout  aux  envitons  des  bains 
chauds  de  la  montagne  d'Unfen.  Les  habitans  n'ofenr  pas 
tirer  ce  foufre  de  la  terre ,  de  peur  d'offenfer  le  génie 
tutélaire  du  lieu.  Ils  difent  avoir  éprouvé  que  ce  génie 
ne  le  trouvoit  pas  bon.  *  Kœmpfer ,  Hifl.  du  Japon, 
L  1.  p.  93." 

SIMORE  ,  mine  de  turquoifes ,  en  France  ,  dans  le 
Languedoc.  Voyez,  Languedoc. 


307 

SIPHANT0(  L'ifie  de),  dans  l'Archipel,  a  des  mi- 
nes d'or,  d'argent  Se   de  plomb.  Voyez.,  à  l'article  Si- 

FANTO, 

SKIN  ,  mines  de  cuivre  Se  de  fer ,  en  Norwége.  *  Da- 
vity, Norwége,  p.  685. 

SLUMING  ,  mine  d'or  ,  en  Allemagne ,  dans  l'arche- 
vêché de  Saltzbourg.  *  Davity,   Allemagne»  p.  76;. 

SMOTZE1FFEN  ,  mines  d'or  Se  d'argent  ,  en  Silc  - 
fie  ,  dans  le  canton  de  Hirschberg.  *  Davity  ,  Siléfie  , 
p.  867. 

SOFALA    (  Les  mines   de  ).     Voyez,    l'article    So- 

FALA. 

SOMERSETSHIRE.  Voyez.  S.  Vincent. 
SOMME (  Le  mont  de),  en   Italie  ,  au  royaume  de 
Naples ,  a  des  mines  de  foufre  Se   d'alun.  *  Davity  , 
Royaume  de  Naples,  p.  512. 

SORLlNGUES(Les  ifies)  ont  des  mines  d'étain. 
*  Davity  ,  Angleterre,  p.  345. 

SPLUGEN  ,  mine  de  fer  ,  chez  les  Grifons  ,  au  voi- 
finage  de  la  vallée  de  Schans.  *  Davity  ,  pays  des  Gri- 
fons, p.  ;75- 

STAFFORSHIRE  (  Le  ) ,  en  Angleterre ,  a  des  mines 
de  fer  ,  d'albâtre  &  de  charbon  de  terre.  *  Davity  ,  An- 
gleterre ,  p.  307. 

STERL1N  (  La  province  de  ) ,  en  Ecofie  ,  a  une  mi- 
ne de  charbon  de  terre.  *  Davity  ,  Ecofie,  p.  378. 

STIRIE  (La)  a  quantité  de  mines  de  fer  Se  quel- 
ques-unes d'argent.*  Davity  ,Stirie  ,888. 

STR1GON1E,  ou  Gran  ,  ville  de  Hongrie:  à  trois 
milles  de  cette  ville  il  y  avoic  des  mines  d'or ,  que  l'on 
avoir  abandonnées  Se  fermées  par  la  crainte  des  Turcs. 
Elles  peuvent  être  ouvertes  aujourd'hui. 

SU  ABE  ,  (  La  ) ,  a  des  mines  de  poix  Se  de  réfine.  * 
Davity  ,  Allemagne  ,  p.  724. 

SUCHEU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Queicheu  :  fon  territoire  abonde  en  mines  d'argent-vif 
Se  de  cinnabre,  Se  l'on  y  trouve  encore  quelques  au- 
tres minéraux.  *  Atlas  Sinenjis. 

SUEDE  (La)  a  quantité  de  mines  de  divers  mé- 
taux ,  principalement  près  de  la  rive  feptenrrionale  du 
lac  Vcther ,  dans  le  voifinage  du  lac  Méfier ,  Se  de 
celui  de  Vener,  dans  la  Haute-Suéde,  &  dans  les  pays 
de  Gothland  Se  de  Vermland.  Les  mines  de  fer  Se  dç 
cuivre  y  font  fi  abondantes ,  qu'on  afiure  qu'elles  pour- 
roient  fournir  toute  l'Europe  de  ces  métaux.  , 

SUISSE  (  La  )  a  des  mines  de  fer  Se  d'acier ,  Se 
quelques-unes  d'argent.  *  Davity ,  Pays  des  Suifles , 
p.  517. 

SUMATRA  (L'ifie  de)  a  de  riches  mines  d'or, 
d'argent,  d'airain  Se  de  fer.  *  Varenius ,  Geogr.  1.  1. 
pag.  108. 

SURUGA,  mines  de  cuivre,  au  Japon.  Voyez,  l'ar- 
ticle Japon. 

SURUNGA,  mine  d'or,  au  Japon.  Voyez,  l'article 
Japon. 

SUSSEX  (  La  province  de  ) ,  en  Angleterre,  a  beau- 
coup de  mines  de  fer.  *  Davity,  Angleterre,  p.  289. 

T. 

TA  JOB  A  ,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pa- 
raguay. S'il  y  en  a,  elles  font  d'un  accès  très  difficile , 
à  caufe  des  Sauvages. 

TALCAGUANA  ,  mine  de  charbon  déterre,  dans 
l'Amérique  méridionale  ,  au  Chili.  Il  ne  faut  pas  creu: 
fer  plus  d'un  ou  deux  pieds.  *  Frezjer ,  t.  2.  p.  145. 

TAMBA-AOURA-ET-NETTECO  ,  mines  d'or,  en 
Afrique  ,  au  pays  des  Mandingues,  de  Tamboucq  & 
Tamba-Oura,  fur  la  rivière  de  Sanon,  à  trente  lieues 
àl'eft  de  la  rivière  de  Falemé,  Se  à  quarante  du  fort 
Saint  Pierre.  Ces  mines  font  d'une  richefie  furprenante, 
Se  produifent  un  or  très-pur  ;  Se  quoique  les  environs 
à  quinze  ou  vingt  lieues,  foient  remplis  de  mines, 
on  peut  dire  que  cet  endroit  l'emporte  infiniment  fur 
les  autres.  Elles  font  environnées  de  hautes  montagnes 
pelées ,  féches  Se  ftét iles  ;  Se  le  refte  du  pays  n'eft  pas 
meilleur ,  de  forte  que  les  habitans  de  ces  quartiers , 
n'ont  pour  toute  reflource  que  l'or  que  le  pays  pro- 
duit. C'eft  la  difette  de  toutes  les  chofes  néceflaires  à 
la  vie   qui  les  a  obligés  de  travailler  leurs  mines  avec 

Tom.  IV.  Q  q  i) 


308 


MIN 


MIN 


plus  d'application  &  de  foin  que  leurs  compatriotes. 
La  néceltité  les  a  rendus  laborieux.  On  voir  des  puits 
qui  ont  jusqu'à  dix  pieds  de  profondeur  -,  chofe  rare  8c 
d'une  exécution  difficile  pour  de  pareilles  gens ,  qui  n'ont 
ni  l'invention  des  échelles ,  ni  les  matières  néceflaires 
pour  étayer  ,  ni  même  l'efprit  de  le  faire  ,  quand  ils 
les  auroient.  Us  trouvent  pourtant  à  cette  profondeur 
beaucoup  plus  d'or  qu'ils  n'en  trouveroient  fur  la  fur- 
face  de  la  terre,  ou  en  fouillant  moins  avant.  Il  ar- 
rive quelquefois  que  les  rameaux  qu'ils  rencontrent  , 
fonr  mêlés  de  tuf  ou  d'autres  matières  plus  dures  :  une 
longue  expérience  les  a  inftruits  qu'il  falloit  piler  la 
matière  pour  en  dégager  l'or,  &  laver  enfuire  tout  ce 
qui  a  été  pilé  :  ils  le  font  8c  trouvent  beaucoup  d'or , 
ëc  ils  en  trouveroient  encore  davantage ,  s'ils  avoienr 
l'art  de  la  fonte  8c  du  départ  ;  mais  ils  ne  font  pas  en- 
cote  arrivés  à  ce  point ,  ni  au  tronc  ou  fillon  princi- 
pal de  la  mine.  Tout  ce  tetrein  eft  argilleux ,  de  plu- 
fieurs couleurs  tres-vives  :  il  y  a  du  blanc  ,  du  pourpre , 
du  verd  de  mer ,  du  jaune  de  plufieurs  teintes  ,  du  bleu 
cv'  autres.  *  Labat ,  Relation  de  l'Afrique  occid.  t.  4. 
pag.  jo. 

TANGPI ,  mine  d'argent-vif,  à  la  Chine,  dans  la 
province  de  Queicheu ,  8c  dans  la  montagne  de  Tang- 
pi ,  aux  environs  de  Pugan,  première  grande  cité  delà 
province.  *  Allas  Sxnenfis, 

TARIFA,  mine  d'argent,  en  Espagne  ,  dans  le  ter- 
ritoire de  Cadis.  Ce  fut  Annibal  qui  la  découvrit.  Elle 
rendoit  tous  les  jours  fix  cens  marcs  d'argent  très-pur. 
*  Labat ,  Voyage  d'Espagne,  r.  1.  p.  90. 

1.  TARNOWITZ,  mine  d'argent,  en  Siléfie.  *  Da- 
vity ,  Siléfie  ,  p.-  867. 

2.  TARNOWITZ,  mines  de  plomb,  en  Siléfie. 
TAVETSCH  (  La  vallée  de  ) ,  au  pays  des  Grifons ,  a 

quantité  de  mines  de  cryftal.  *  Davity  ,  Pays  des  Grifons, 
pag-  51  S- 

TAUR1S  ,  ville  de  Perfe  :  elle  a  dans  fon  voifinage 
de  belles  mines  de  fel  blanc.  A  trois  milles  de  cette  vil- 
le , "on  trouve  une  mine  d'or;  mais  comme  la  dépenfc 
palïbit  le  profit  ;  on  l'a  abandonnée.  A  quatre  lieues  de 
cette  mine  ,  il  y  en  a  une  de  cuivre  qui  rapporre  beau- 
coup. *  Careri,  Voyage  autour  du  monde  ,  r.  2.  p.  40. 

TEFEZARE  ,  mine  de  fer ,  en  Afrique ,  au  royau- 
me d'Alger ,  dans  la  province  de  Trémeccn  ,  8c  dans 
h  plaine  de  Tefezare.  *  Davity ,  Royaume  d'Alger , 

pag-  Tn- 

TEICHOLTZ  ,  mine  d'aimant,  en  Hongrie,  à  trois 
milles  de  Neufol. 

TEIOB,  lieu  en  Hongrie  ,  à  un  mille  de  Neufol  , 
fur  le  chemin  de  Chremnirz  :  on  y  a  trouvé  quelques 
veines  de  mercure  ;  mais  on  n'y  a  pas  encore  travaillé. 
Dans  le  même  lieu  il  y  a  une  mine  de  foufre  rouge.  *  Jac. 
Tollii  epift. "itin.  j.  p.    1 68.  ' 

TENZERA  ,  mines  de  fer  8c  de  cuivre ,  en  Afrique , 
au  royaume  de  Maroc  ,  dans  la  montagne  de  Tcnzera. 
Ces  mines  rendent  beaucoup.  *  Marnîot ,  Royaume  de 
Maroc  ,  p.  27. 

THUS  ,  mine  de  fel,  en* Allemagne ,  dans  le  Wefter- 
rejeh.  *  Davity  ,,  Allemagne  ,  p.  6jy. 
•  Tl-BîQJUrRI,  mines  de  l'Amérique 'méridionale,   au 
Paraguay  :  elles  font  incertaines. 

T1LTIL,  mines  d'or,  dans  l'Amérique  méridionale  , 
^ttf  Chrlt  -,'  auprès  du  fort  de  Valparaifib ,  d'ans  une  mon- 
rélgire  toute' pleine  de  mipes:  mais  outre  qu'elles  ne  font 
pas.  fort  riches,  la  pierre  de  mine,  ou  le  minerai  eneft 
fàn-  dur ,  8c  il  y  a  peu  d'ouvriers  ,  depuis  qu'on  en  a 
découvert  de  plus  riches  ailleurs  ,  foit  anftî  parce  que 
les  eaux  manquent  aux  moulins  pendant  quatre  mois 
•de  l'été;  *  Frcûcr  .Voyage  de  la  mer  du  Sud,  tom.  1. 

P;1g.     I'84.  ' 

TITl'KT,  mine-  de  l'Amérique  méridionale  ;  au  Pé- 
rou-, daris1. la  province- de  Charcas ,  vers  ï'l  fburce  de 
la  rivière  dr  la  Mara.  *  De  VIfle ,  Atlas'/ 

TOLFT,  mine  dalun  ,r  en  Italie,  dans  l'érat  del'E. 
glife  :  eiîe  eft  ttes-abondante.  *  Davity  ,  Etat  de  l'Eeli- 
fe,  p.  22 f. 

TOMANË  NIACANEL,  mines  dï,r  ,  en  Afrique  , 
nu  pays  de  Gnyage,  à  vingt  lieues  au  dfefltisdt  Caïnou- 
ra-,  à- la  gauche  de  la  rivière  Falemé.  Cette  mine  eft 

■ 


ttès-iïche  &  d'un  métal  très-pur.  Elle  eft  très-facile  à 
travailler  ;  &  cependant  les  Nègres  l'ont  abandonnée , 
s'étant  mis  dans  l'efprit  qu'il  n'y  a  que  des  femmes  ou 
des  Blancs  qui  puifient  y  mettre  la  main ,  fans  s'expo- 
fér  à  une  mort  certaine.  Les  femmes  de  leur  côté  n'en 
veulent  pas  approcher  ,  parce  qu'elles  n'ajoutent  pas 
allez  de  foi  à  ce  que  les  hommes  publient  ;  de  forte  que 
la  fouille  de  cette  mine  eft  réfervée  aux  Blancs  qui  s'y 
établiront.  *  Labat,  Relation  de  l'Afrique  occid.  t.  4. 
pag.  j4. 

TOMINA,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Pérou,  dans  la  province  de  Chicas,  entre  la  ville  de 
Potofi,  8c  la  mine  de  Lipes ,  à  peu  près  à  égale  di- 
ftance  de  l'une  &  de  l'autre.  *  De  l'IJle  ,  Atlas. 

TORTO,  mine  de  turquoifes ,  en  Espagne,  dans  le 
royaume  de  Léon.  *  Davity  ,  Espagne,  p.  131. 

TORTOSE,  mines  d'argent  8c  de  fer  ,  en  Espagne, 
dans  la  Catalogne,  au  territoire  de  la  ville  de  Torto- 
fe.  On  y  trouve  auflî  des  mines  d'alun ,  d'albâtre ,  dé 
très-beau  jaspe  de  diverfes  couleurs,  comme  de  blanc, 
de  rouge,  de  verd,  de  violet  8c  de  couleur  de  rofe  j 
auffi  bien  que  des  pierres  qui  ont  des  veines  d'or.  *  Dé- 
lices d'Espagne ,  p.  591. 

TOSCANE  (  La)  a  des  mines  de  difFérens  métaux 
&  minéraux. 

TOSSINO ,  mines  d'or  ,  au  Japon.  Voyez,  au  mot  Ja- 
pon. 

TOUR  AINE  (  La  ) ,  en  France ,  a  des  mines  de  fer, 
de  cuivre  8c  de  falpêtre  ,  dans  les  coteaux  de  la  Loire 
expofés  au  midi.  *  Piganiol ,  t.  7.  p.  3. 

TRALAGE  ,  mines  de  plomb  8c  d'étain  ,  en  France  , 
dans  le  Limoufin  ,  à  une  lieue  de  Saint  Hilaire  :  le  fieur 
de  Roddes  les  fit  ouvrir  en  1703  ,  mais  fans  grand  fuc 
ces  *  Piganiol,  t.  6.  p.  3  Ji. 

TRANSYLVANIE  (La)  a  des  mines  d'or,  d'ar- 
gent, de  vif-argent ,  de  plomb  ,  de  fer  ,  de  fel ,  de  fou- 
fre, d'antimoine,  decinnabre.de  vitriol,  de  cuivre, 
d'acier  8c  d'étain.  *  Davity  ,  Tranfylvanie ,  p.  1043-, 

TRELLO  ,  mines  d'argent  8c  de  fer,  dans  l'état 
de  Venife,  au  Vicentin.  *  Davity,  Etat  de  Venife,  p. 
136. 

TREVES  (  L'archevêché  de  )  a  des  mines  de  cuivre , 
d'argent  &  de  fer.*  Davity,  Allemagne  ,  p.  691. 

1.  TRINITÉ (  La  )  ,  mine  d'argent,  en  Hongrie,  au 
voifinage  de  Schemnitz  ;  elle  a  foixante  8c  dix  brades 
de  profondeur:  elle  eft  rrès-bien  bâtie,  toujours  ou- 
verte ,  8c  l'on  y  fait  une  grande  dépenfe  ,  parce  que  la 
plus  grande  partie  de  cette  mine  eft  dans  une  fort  mé- 
chante terre  :  cependant  ce  que  l'on  tire  eft  fort  ri- 
che, «Se  ordinairement  d'une  couleur  noire,  &  cou- 
vert d'une  terre  ou  d'une  boue  blanche.  Les  ruifleanx 
dans  lesquels  on  fait  tremper  cette  matière,  deviennent 
presque  blancs  comme  du  lait.  Edouard  Brown  ,  Voya- 
ge de  Komara ,  p.  130.  croit  que  c'eft  ce  qu'on  appelle 
Lac  Lima ,  du  lait  de  lune ,  autrement  de  l'argent. 
Plufieurs  veines  de  cette  mine  vont  du  côté  du  nord  , 
cv  les  autres  qui  font  plus  riches  vonr  du  côté  du  nôrd- 
oueft.  On  croit  que  c'eft  une  marque  de  bonheur  ,  lors-3 
que  deux  veines  s'entrecroifent. 

2.  TRINITÉ  (  La  )  ,  mine  d'argent ,  au  Mexique,  & 
Lune  de  celles  qui  font  comprifes  fous  le  nom  général 
de  mines  de  Pachuca.  On  l'appelle  la  mine  de  la  Tri- 
nité, parce  qu'elle  triple.  Elle  a  trois  bouches  féparées 
qui  conduifent  cependant  toutes  à  la  même  veine.  Elle 
eft  d'une  extrême  richefiè  -,  mais  lorsqu'on  fut  arrivé  à 
huit  cens  pieds  de  profondeur  on  trouva  l'eau  :  on  fit 
des  dépenfes  étonnantes  pour  la  vui'der  8c  pour  empê- 
cher la  rené  de  tomber;  mais  letems  qui  conftimc  tour , 
a  rendu  cette  riche  mine  fi  dailgereufe,  qu'on  peut  di- 
re qu'il  eft  impofiibfe  dy  travailler  davantage;  ce  qui 
fait  qu'on  en  a  fermé  toutes  les  ouvertures.  On  les  nom- 
me Campechiana,  Joya  8c  Pinoi.  *  Gemelli  Careri , 
Voyage  autour  du  monde,  r.  6.  p.  135". 

TROPLA  ,  mine  de  fer,  en  Italie,  dans  le  Breflim. 
Elle  fournit  ordinairement  cinq  cens  cinquante  mille  li- 
vres pefant-  de  fer  chaque  année.  IL  y  a  trois  cens  hom- 
mes qui  y  travaillent.    *  Davity,  Etat  de  Venife,  p. 

TRUMS,  mines  d'argent  &  de  cuivré  ,  au  pays  des 
Grifons.*  Davity,  Pays  des  Grifons ,  p.  /7J. 


MIN 


MIN 


TSIKUSEN,  mines  de  fer,  au  Japon.  ^«.l'arti- 
cle Japon. 

TSUGAAR,  mines  d'agates,  au  Japon.  Voyez,  l'arti- 
cle Japon. 

TUPIQUES,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Paraguay  :  s'il  y  en  a ,  elles  font  d'un  accès  très-diffi- 
cile ,  à  caufe  des  Sauvages. 

TURCO,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou »  dans  la  province  de  Chicas  ,  à  l'occident  méridio- 
nal du  Potofï.  *  De  fl/le  ,  Atlas. 

TUSTAN  ,  mine  de  vif- argent ,  au  royaume  de  Po- 
logne ,  dans  le  palatinat  de  Ruffie.  *  Davity ,  Pologne, 

pag.  J74- 

TWEDALE  (La  province  de),  enEcofle,  a  une  mi- 
ne d'or.  *  Davity ,  Ecoffe,  p.  273. 

TY  ROL  (  Le  )  a  des  mines  d'argent ,  de  fer  &  de 
cuivre-,  on  y  trouve  auffi  une  mine  de  fel ,  une  mine 
d'aimant  &  une  certaine  pierre  ,  nommée  communé- 
ment malachite ,  8c  qui  eft  auffi  eltimée  que  la  tur- 
quoife.  *  Davity  ,  Tyrol ,  p.  880. 

V. 

VAGNI  (  La  vallée  de  ) ,  en  Lorraine,  eft  remplie  de 
mines  d'agates ,  de  grenats  Se  d'autres  pierres  précieufes. 
*  Davity  ,  Lorraine,  p.  42;. 

VALACHIE  (La)  a  des  mines  d'or,  d'argent,  de 
cuivre  ,  de  fer  Se  de  plomb.  *  Davity  ,  Valachie  ,  pag. 
1063. 

VAL  D'AOSTE  (  Le  ) ,  en  Savoie  ,  a  des  mines  de 
cryftal.  *  Davity  ,  Savoie ,  p.  4J0. 

VALENCE  (  Le  royaume  de  ) ,  en  Espagne  ,  a  des  mi- 
nes d'argent ,  de  fer,  d'albâtre  Se  d'alun.  *  Davity  ,  Es- 
pagne, p.  i72- 

VALPARAISSO  ,  mine  d'or,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale ,  au  Chili ,  dans  la  montagne  voiilnc  de  la  for- 
tereffe  de  Valparaiflb.  On  y  trouve  fouvent  des  mor- 
ceaux d'or  vierge  d'environ  une  once-,  mais  comme  les 
eaux  y  manquent  en  été  ,  on  ne  peut  y  travailler  que 
pendant  trois  à  quatre  mois  de  l'année.  *  Frezàer ,  Voya- 
ge de  la  mer  du  Sud,  t.   1.  p.  190. 

VATER  (  Le  lac) ,  en  Suéde,  a  dans  fon  voifinage 
des  mines  de  divers  métaux.  *  Davity,  Suéde,  pag. 
641. 

VAUDREVANGES,  mines  d'azur,  en  Lorraine.  * 
Davity,  Lorraine  ,  p.  425. 

VAUX  DE  NEVERS  (Les),  en  France,  dans  le 
Nivernois,  ont  piuiïeurs  mines  de  fer.  *  Piganiol.t.  6. 
pag.  148. 

VELIKA  ,  mine  de  fel,  en  Pologne  ,'à  deux  lieues  de 
Cracovie. 

Le  Laboureur,  dans  fon  voyage  de  Pologne  ,  dit  qu'il 
y  a  près  de  trois  lieues  à  descendre  par  des  cables  dans 
ces  mines ,  à  la  réferve  d'une  échelle  de  deux  ou  trois 
■cens  marches-,  qu'il  y  a  plus  de  cinq  cens  ménages  éta- 
blis dans  ce  gouffre ,  Se  qui  ont  creufé  dans  le  fel  une 
espèce  de  ville  ,  où  il  y  a  des  rues  Se  toutes  fortes  de 
maifons,  avec  les  commodités  des  autres  qui  font  fur 
la  terre,  &  qu'il  y  a  beaucoup  d'enfans ,  qui  n'ont  ja- 
mais monté  en  haut,  8c  qui  ne  peuvent  s'imaginer  qu'il 
y  ait  d'autre  monde.  11  y  a',  ajoute-t-il ,  une  églife  8c 
des  prêtres ,  un  juge ,  8c  enfin  toutes  fortes  d'offices. 
L'on  y  fait  des  mariages  8c  des  enfans;  8c  toute  l'oc- 
cupation de  ces  habitans  des  ténèbres ,  eft  de  tailler  cette 
roche  de  fel  en  groffes  colomnes,  que  les  Polonois,  les 
Siléfiens ,  les  Moraves ,  les  Hongrois ,  8c  ceux  d'Autriche 
Se  d'Allemagne  viennent  acheter. 

Le  Laboureur  raconte  ces  chofes  fur  la  foi  d'autrui. 
Un  voyageur  François  qui  a  descendu  dans  cet  abyme 
de  fel,  a  affuré  qu'on  y  vOyoit  un  grand  nombre  de 
miférabîes  attachés  à  ces  mines  ;  mais  qu'on  n'yapper- 
cevoit  aucune  trace  de  cette' prérendue  république  fi  dé- 
vore Se  fi  bien  réglée.  *  Mélanges  d'bifl.  ô"  de  litté- 
rature. 

^  VENTA  DEL  HIERRO  (  La  )  ,  mine  d'argent ,  en 
Espagne  ,  dans  la  contrée  <f  Almodoiiav  ,  a  rendu  au- 
trefois onze  onces  d'argent  par  quintal ,  &  quelquefois 
jusqu'à  vingt  onces.*  Davity ,  Espagne,  p.  65-, 

VICENTIN  (  Le) ,  dans  l'état  de  Venifc  ,  a  des  mi- 
nes d'argent  St  de  fer,  &  d'une  rerre  blanche  dihix  on 


309 


fe  fert  dans  toute  l'Italie,  particulièrement  à  Fayen- 
ce,  pour  blanchir  8c  verniffer  la  vaifTelle.  *  Davity  , 
Etat  de  Venife  ,  136. 

VILLA  GUTTIERRA ,  mine  d'argent ,  en  Espagne  , 
près  de  Séville.  Pendant  deux  années  qu'on  y  fit  tra- 
vailler ,  tantôt  cent  cinquante  ,  tantôt  trois  cens  ou- 
vriers ,  elle  rendit  fouvent  par  jour  pour  mille  ducscfe 
d'argent  j  c'eft-à-dire ,  170, marcs  ou  1360  onces.  *  Da- 
vity ,  Espagne  ,  p.  6j. 

VILLE- FRANCHE,  mines  d'argent  ,  en  France, 
dans  le  Rouergue ,  aux  environs  de  Ville-Franche,  fi- 
les ont  été  ouvertes  autrefois,  8c  une  tradition  veut 
qu'on  y  ait  travaillé  jusqu'à  la  fin  du  XVI.  fiécle.  *  Yi- 
ganiol,  Defcript.  de  la  France,  t.  4.  p.  458. 

VILLILI  ,  mines  d'or,  dans  l'Amérique  méridionale, 
au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima,  à  l'orient  d'Yca, 
Se  à  l'occident  de  la  rivière  d'Ablançay.  *  De  l'Ifle , 
Atlas. 

VISAPOUR  (  La  ville  de  ) ,  dans  les  états  du  Mogol , 
dans  la  Carnate  ,  a  dans  fon  voifinage  diverfes  mines 
de  diamans.  Le  grand  Mogol  y  fait  continuellement 
travailler  par  fix  mille  hommes  ,  qui  en  rirent  tous  les 
jours  près  de  trois  livres  de  diamans.  Perfcnne  n'y  peut 
creufer  que  pour  le  roi.  *  Thevtnot ,  Voyage  des  Indes, 
p.  302. 

VISLIZ,  mine  de  falpêtre  ,  au  royaume  de  Polo- 
gne ,  près  de  Vifliz.  *  Davity  ,  Pologne  ,  p.  574. 

UKTUS ,  mines  de  fer ,  aux  confins  de  la  Moscovie 
Se  de  la  Sibérie  ,  entre  les  rivières  d'Uffolkat  Se  d'Irtis, 
environ  à  égale  di fiance  de  l'une  Se  de  l'autre  dans  la 
province  Wogulizi. 

ULKA  ,  mines  de  fer,  aux  confins  de  la  Moscovie 
Se  delà  Sibérie,  entre  les  rivières  d'Ufïblkar  8c  d'Irtis, 
environ  à  égale  diftance  de  l'une  8c  de  l'autre  ,  dans 
la  province  Wogulizi.  Elle  eit  à  quelques  lieues  de  la 
mine  d'Uktus  en  tirant  vers  le  fud-ouefi. 

ULRICHDORFF ,  mines  de  cuivre  ,  en  Siléfie  ,  près 
de  la  fource  du  Queis.  *  Davity  ,  Siléfie. 

ULUK-TAG  ,  montagne  d' A  fie  ,  aux  frontières  delà 
Ruffie  &  de  la  Sibérie  :  elle  a  des  mines  qui  produi- 
fent  le  meilleur  fer  de  toute  la  Ruffie ,  Se  peut-être 
de  tout  le  monde.  On  le  connoït  fous  le  nom  de  fer 
de  Sibérie.  Il  fe  fond  Se  fe  travaille  avec  la  même  faci- 
lité que  le  cuivre.  On  en  a  fait  des  canons  qui  ne  le  cè- 
dent à  ceux  de  fonte  ,  ni  pour  la  beauté  ni  pour  la 
bonté.    *  Hift.  des  Tatars  ,   2.  part.  p.  31. 

VOLTERRE,  mines  de  cuivre,  de  vitriol  Se  de  fou- 
fre  ,  en  Italie  ,  dans  la  Toscane.  On  y  trouve  aulfi  une 
mine  d'une  certaine  terre  jaune ,  qui  reflènible  à  l'or- 
piment, &  de  petites  boules  de  fin  azur  fort  eftimé  des 
peintres.  *  Davity,  Etat  de  Toscane,  p.  198. 

URAGHAI,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Paraguay.  Les  Indiens  affurent  qu'elles  font  très-riches  : 
les  pères  Jéfuites  les  connoiflent  mieux  que  per- 
fonne. 

VRIESACH,  mines- d'ot  Se  d'argent  ,  dans  la  Ca- 
rinthie ,  près  du  mont-  Goldberg.  *  Davity  ,  Carin- 
thie,  p.  89c. 

W. 

WALDECK  (Le  comté  de-)',  en  Allemagne,  a  des 
mines  d'or,  d'argent,  de  cuivre,  de  fer,  de  plomb  ,  de 
vif- argent,  d'alun  Se  de  fel ,  &  des  pierres  femblables 
à  celles  de  Liège  ,  qui  tiennent  lieu  de  charbon,  &  font 
bon   feu.  *  Davity,  Allemagne,  p.  768. 

WANER  (  Le  lac  )  ,  en  Suéde  ,  a  dans  fon  voifi- 
nage des  mines  de  fer  Se  d'acier.  *  Davity  ,  Suéde,  p. 
641. 

WARWICH  (Le  comté  de) ,  en  Angleterre,  a  plu- 
ficurs  mines  de  fer.  *  Davity  ,  Angleterre,  p.  301. 

WERMLAND  (  Le)  ,  en  Suéde,  a  quantité  démines 
d'argent,  de  cuivre,  de  fér  8c  d'acier.  -"Davity  ,  Sué- 
de .  p,  641. 

WESTPHALIE  (La)  a  des  minesde  fer  ,  de  plomb 
Se  de  cuivre,  du  côré  du  Rhin  Si  du  côté  des  mon- 
tagnes' de  Heffe.  *  Davity  ,  Allemagne  ,  p.  7  i-t. 

WILDPERG  ,  mine  d'argent,  au  duché  de  Wirten- 
ben;.  *  /).?r/ry,   Allemagne,  p.  744. 

WINDSGHAHT,  mihes- d'argent  ,  en  Hongrie.au 
voifinage  de  Schemnin:,  Cette  mine  eft  riche  ,8c  il  n'y 


MIN 


310 

a  pas  moins  de  mille  hommes  qui  y  travaillent  tous  le* 
jouis.  Il  y  fait  très-grand  froid  dans  quelques  endroits  ; 
dans  d'autres  il  fait  extrêmement  chaud,  fur-tout  dans 
les  endroits  où  l'on  travaille.  On  montre  dans  cette  mine 
une  place ,  où  une  vapeur  maligne  fit  mourir  un  jour 
fix  perfonnes.  On  y  trouve  alTez  fouvent  un  minéral 
rouge,  qui  s'attache  aux  métaux  ,  Se  qu'on  appelle  Cin- 
nabre  d'argent.  Après  l'avoir  mêlé  avec  de  l'huile  ,  on 
en  fait  un  vermillon  ,  qui  vaut  du  moins  autant  ,  s'il 
n'eft  pas  meilleur,  que  le  cinnabre  fublhv.é.  On  trouve 
auiTi  dans  les  fentes  des  rochers  de  cette  mine  du  cry- 
ftal ,  des  amethyftes,  &  beaucoup  d  autres  pierres  pré- 
cieufes.  Il  y  a  du  vitriol  auifi  clair  que  du  cryftal ,  dans 
plufieurs  de  ces  mines.  *  Ed.  Broiva ,  Voyage  de  Ko- 
mara ,  p.  131. 

WIRTENBERG  (  Le  duché  de  ) ,  en  Allemagne  ,  a 
des  mines  d'argent ,  de  cuivre  &  de  fer.  *  Davity  , 
Allemagne  ,  pag.   744. 


XANXI ,  province  de  la  Chine  :  elle  a  des  mines  de 
charbon  de  terre.  *  Atlas  Sinenjts. 

XECIEN ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Queicheu  :  fon  territoire  a  quelques  mines  d'argent- 
vif. 

XENSI ,  province  de  la  Chine  :  elle  a  plufieurs  mi- 
nes d'or,  Se  quoiqu'il  ne  foitpas  permis  de  les  ouvrir  , 
on  ne  laide  pas  de  ramafler  une  quantité  prodigieufe 
de  ce  métal  dans  cette  province. 

XULI,  mines  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou, dans  l'audience  de  Los-Charcas,  au  midi  du  lac 
de  Titicaca.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

XUXUI ,  mines  de  l'Amérique  méridiocale ,  au  Pérou. 

Y. 

YESSO ,  ou  Kamtschatka,  mines  d'or,  près  de 
la  ville  de  Marfumai.  Voyez.cc  nom. 

YORCSHIRE  (Le),  en  Angleterre,  a  des  mines 
de  cuivre  ,  de  plomb  Se  de  charbon  de  terre.  *  Davi- 
ty ,  Angleterre  ,  p.   312. 

YUMAGUARIS  ,  mine  d'or  ,  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  nord  de  la  rivière  des  Amazones,  au 
midi  de  la  Guiane,  auprès  de  la  petite  rivière  d  Yu- 
para.  *  De  l'ifle ,  Atlas. 


ZACATECAS  ,  mines  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  l'audience  de  la  nouvelle  Galice  ,  au  département 
de  Zacatecas. 

ZAMORA,  mines  de  turquoifes,  en  Espagne ,  au 
royaume  de  Léon  ,  auprès  de  la  ville  de  Zamora  ,  qui 
lui  donne  fon  nom.  *  Délices  d'Espagne  ,  p.  149. 

ZEREGBAN1E,  mine  d'or,  dans  la  Tranfylvanie.  * 
Délices  de  la  Tranfylvanie ,  p.  1045. 

ZISCHDORFF  ,  mine  d'argent ,  en  Siléfie.  *  Davi- 
ty ,  Siléfie ,  p.  867. 

1.  ZUCKMANTEL  ,  mine  d'or ,  en  Bohême.  *  Da- 
vity, Bohême,  p.  861. 

2.  ZUCKMANTEL ,  mines  de  cuivre ,  en  Siléfie  : 
il  y  a  aufli  des  mines  d'arfenic  ,  de  vermillon  ,  d'alun 
Se  de  foufre.  *  Davity  ,  Siléfie ,  p.  867. 

ZULAKNA  ,  mine  d'or ,  dans  la  Tranfylvanie.  *  Da- 
vity ,  Tranfylvanie,  p.  1405. 

MINE.  Voyez,  au  mot  Saint  george  de  la  Mine. 

MINE  (rivière  de  la  ).  C'eft  une  rivière  de  l'Améri- 
que feptentrionale  ,  dans  la  Louifiane.  Elle  fe  jette  dans 
le  Miflburi  à  la  bande  du  fud  ,  après  un  cours  de  dix-huit 
à  vingt  lieues.  Ce  nom  lui  a  été  donné ,  parce  qu'il  y  a 
des  mines  dans  le  pays  qu'elle  arrofe. 

MINE  EGAREE.  On  donne  ce  nom  aux  mines  ,  où 
l'on  ne  trouve  que  quelque  minerai  épars  çà  &  là  ,  fans 
que  les  filons  ou  les  veines  fe  rencontrent  de  fuite  ou 
près  les  uns  des  autres. 

MINE  FIXE.  On  appelle  ainfi  une  mine  où  les  filons 
font  étendus  en  largeur  Se  en  profondeur  ,  de  la  manière 
que  les  racines  des  arbres  ont  coutume  d'être  dans  la 


MIN 


terre  ,    fans    qu'il    y    ait  presque  d'interruption. 

MINE  DE  PLOMB  (  rivière  de  la  )  ,  eft  dans  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  Louifiane.  Elle  fe  jette 
dans  le  fleuve  de  MiflllTipi ,  à  dix-fept  lieues  ou  environ  % 
au-deffous  de  la  rivière  Ouisconfing ,  Se  à  fon  midi.  Son 
nom  lui  vient  d'une  mine  que  l'on  a  trouvée  près  de 
fes  bords. 

MINE  RUBE,  c'eft  celle  dont  le  minerai  fe  trouve 
fur  la  fuperficie  des  mines  ,  fans  qu'on  ait  befoin  de  creu- 
fer  pour  y  travailler. 

MlNÉNSIS,  Minnenis  ,  Minuensis  ,  fiége  épis- 
copal  d'Afrique,dans  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Selon  I» 
notice  d'Afrique ,  où  il  eft  fait  mention  de  C&cilius  Min- 
ntnfis:  Sicundinus  Minertfis  CoaCciivit  au  concile  de Cac- 
thage  ,  tenu  l'an  ;2j.  *  Hardouin  ,  vol.  2.  p.  108*1. 

MINEO ,  ville  de  Sicile  dans  le  val  de  Noto ,  vers 
la  fource  de  la  rivière  Santo  Faulo.  Elle  eft  fituée  entre 
Caltagirone  à  l'occident ,  &  Lentini  à  l'orient.  C'eft 
l'ancienne  Mens..  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

1.  MINERVE  ARA  ,  ifle  du  golfe  Arabique  ,  félon 
Ptolomée ,  /.  4.  c.  8.  qui  la  place  fut  la  côte  de  l'Ethio- 
pie. On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Thifale.  Voyez,  ce 
mot. 

2.  MINERVE  ARA  ,  lieu  d'Italie,  dans  le  pays  des 
Volsques.  Strabon,  /.  $.pag.  232.1e  place  auprès  de  la 
ville  Circé. 

MINERVE  CASTRUM,  lieu  fortifié  dans  l'Italie. 
Barri  ,  après  Varron ,  le  met  dans  la  Calabre  au  pavs 
des  Locres ,  Se  ajoute  que  c'eft  aujourd'hui  Cripteria. 
C'eft  aujourd'hui  Grottitria.  *  Ortelii  Thef. 

MINERVE  MURI ,  lieu  du  Péloponnèfe  dans  l'A- 
chaïe  ,  félon  Paufanias  ,  /.  7.  c.  22.  qui  le  place  à  quin- 
ze ftades  du  promontoire  Panermtis ,  Se  à  quatie-Yingt- 
dix  ftades  de  Capriflcus  Portus. 

MINERVE  PALUS.  Voyez.  Triton. 

MINERVE  PROMONTORIUM.  Voyez,  Ancom 
2.  Se  Pali.enidis. 

MINERVvE  TEMPLUM  ,  lieu  en  Espagne ,  fclon 
Strabon,  /.  5.  p.  149. 

MINERVE  URBS.  Diodore  de  Sicile,  /.  5.  c.  j. 
place  une  ville  de  ce  nom  dans  la  Sicile  ,  auprès  de  la 
ville  Himera. 

MINERV1UM  ,  nom  d'une  colonie  romaine  en  Ita- 
lie. Velleïus  Paterculus ,  /.  1.  c.  jl  en  parle ,  Se  Denyj 
d'Halicarnafle  nomme  ce  lieu  Atb&neum. 

MINES,  port  de  la  GaulegNarbonnoife,  aux  environs 
de  Marfeille.  Voyez,  aminés  Se  Cassis. 

MINFUNG  ,  montagne  de  la  Chine  ,   dans  la  pro- 
vince d'Iunnan,  à  l'orient  de  la  ville  de  Çuhiung.  *  At-  ' 
las  Sinenfîs. 

1.  MING ,  rivière  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Honan.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  auprès  de 
Sinyang. 

2  MING  ,  lac  de  la  Chine  ,  dans  la  province  d'Iun- 
nan ,  auprès  de  la  ville  d'Yang-çung.  On  pêche  dans 
ce  lac  de  bons  poiflbns.  Il  y  en  a  d'une  espèce  particu- 
lière i  il  tire  fur  le  noir ,  on  l'appelle  Cing  ;  Se  l'on  pré- 
tend qu'il  guérit  de  plufieurs  maladies. 

1.  MINGAN  ,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale,dans 
la  Nouvelle  France ,  à  l'embouchure  du  fleuve  Saint 
Laurent ,  près  de  la  terre  des  Eskimaux  ,  à  la  chute  de 
la  rivière  Mingan. 

2.  MINGAN,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  Nouvelle  Fiance ,  fur  la  côte  de  la  terre  des 
Eskimaux  ,  vers  l'embouchure  du  fleuve  Saint  Laurent. 
Les  petits  Eskimaux  habitent  aux  environs  de  cette  ri- 
vière. 

MINGCHACHAN  .  montagne  de  la  Tartarie  Chi- 
noife,  fituée  à  10  lieues  au  midi  de  la  ville  de  Chathli- 
cou  ,  ou  ville  des  Saules.  (  Paul  la  nomme  Saçh'ion  )  On 
entend  fur  cette  montagne  des  voix  &  des  bruits  de  ton- 
nerre. Hiftoire  Générale  des  Huas ,  par  de  Guignes ,  t. 

2.  p.  13. 

MINGOL  ,  montagne  de  Perfe  ,  fur  une  des  routes 
de  Conftantinople  à  Ispahan  ,  à  deux  lieues  du  pont  de 
Choban-Kitprï ,  à  la  droite  vers  le  midi.  II  fort  de  cette 
montagne  une  grande  quantité  de  fources  ,  dont  fe  for- 
ment l'Euphrate  d'un  côté  ,  Se  la  rivière  de  Kars  de  l'au-r 
tte.  "Tavewier  ,  voyage  de  Perfe  ,  1.  2.C  1. 

MINGRELA,  bourg  des  Indes,  dans  le  rovaume  d* 


MIN 


MIN 


Vifapour  ,  à  huit  lieues  de  Goa.  Ce  bourg  qui  efl  très- 
confidérable ,  efl:  fitué  à  dcmi-lieue  de  la  mer  ,  ik  c'elt 
un  des  meilleurs  plages  de  toutes  les  Indes.  Les  Hol- 
landois  y  vont  prendre  des  rafraichiflèmens  pour  leurs     Vanjlth  ,  îelation  d'Egypte ,  p.  236". 


311 

du  Caire  ,  8c  près  du  village  de  Matarfa  ,du  côté  du 
couchant.  On  y  voit  une  image  miraculeufe  de  la  fainte 
Vierge  ,  que  les  Coptes  confervent  dins  leur  EgMfe.   * 


▼aifleaux ,  parce  qu'on  y  trouve  quantité  de  riz  &  de 
fort  bonne  eau.  Ce  qui  le  rend  encore  plus  célèbre  . 

c'elt  le  cardamome  que  produit  fon  territoire,  &  qui  ne 

croît  point  ailleurs.  Les  Orientaux  l'eftiment  la  meilleure 

de  toutes  les  épiceries.  Les  Hollandois  ont  un  comptoir 

à  Mingrela ,  à  caufe  que  tous  les  vaifleaux  qui  viennent 

du  Japon ,  de  Bengale,  de  Ceylan  8c  d'autres  lieux  pour 

aller  à  Surate  ,  à  Balfora  ,  8c  dans  la  mer  Rouge ,  mouil- 
lent presque  toujours  à  la  rade  de  ce  bourg.  *  Taver* 

nier  ,  voyage  des  Indes ,  c.  1  j. 

MINGRELIE  (  le  royaume  de  ) ,  efl:  le  pays  que  les 

anciens  ont  connu  fous  le  nom  de  Colchide.  C'eit  une 

province  de  la  Géorgie  :  il  efl:  borné  au  nord  par  les 

Alains  &c  le  Caucafejau  levant  par  le  royaume  d'Irimette; 

au  couchant  par  les  Abras  8c  la  Mer  Noire  ;  au  midi  par 

la  principauté  de  Guriel.  La  Mingrélie  dépendok  au- 
trefois du  royaume  dlrimette  :  mais  un  gouverneur  en 

ufurpa  la  fouveraineté ,  8c  prit  le  titre  de  Dadïan,  Sa 

poflérité  y  règne  encore  à  préfent,  fous  la  protection  du 

Turc  ,   auquel    elle  paye  tribut.  *  Hifloire   générale 

des  Huns  ,  r.  i.p.  439. 

MINGUM.  Voyez.  Ningum. 

MINGXA  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
deXenfi.Ellcefide  1 1  d.  o.  min.  plus  occidentale  quePé- 
king  ,  fous  les  38  d.  3  3.  min.  de  latitude.  *  Atlas  Sineit' 
fis. 

MINGXAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  dépauement  de  Yacheu  ,  fixiéme  gran- 
de cité  de  la  province.EUe  efl  de  1 3  dcg.  j8  min. plus  oc- 
cidentale que  Péking  ,  fous  les  30  d.  31  min.  de  latitude. 
MINGXE  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dam  la  province 
de  Xantung ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Caotang.  Ming- 
xe  lignifie  en  langage  chinois ,  une  pierre  qui  rend  du 
fon.  Sur  le  fommet  de  cette  montagne  il  y  a  un  amas  de 
pierres  ,  haut  de  cent  perches.  Une  tradition  populaire 
veut  que  ces  pierres,  lorsqu'elles  font  frapées  ,  ne  fut- 
ce  qu'avec  le  doigt ,  rendent  un  fon  auflî  fort  que  celui 
du  tambour.  C'elt  de-là,  à  ce  qu'on  prétend  ,  que  cette 
montagne  tire  fon  nom. 

MINGYNG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi  ,  au  département  de  Taiping  ,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  efl  de  12  d.  35  min.  plus  oc- 
cidentale que  Pekiug  ,  fous  les  23  deg.  26  min.  de 
latitude. 

1.  MlNGYO  ,  lac  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi  ,  auprès  de  la  ville  d'Iuencheu  qu'il  environne, 
&  à  laquelle  il  fcit  de  fo(îé.  Ses  eaux  entrent  dans  la  ville 
par  divers  canaux  portans  bateaux.  Du  côté  du  levant  , 
les  eaux  de  ce  lac  fe  jettent  dans  celui  de  Tung. 

2.  MINGYO,  rivière,  ou  plutôt  torrent  de  la  Chine  , 
dans  la  province  de  Suchuen  ,  auprès  de  la  ville  de 
Chung.  Ce  torrent  tombe  avec  impétuofité  d'un  endroit 
de  la  montagne ,  élevé  de  plus  de  cinquante  perches , 
&  au  travers  des  rochers.  Au  bas  ,  tout  le  long  de  fes 
rives  ,  on  voit  de  vieux  arbres  d'une  hauteur  prodi- 
gieufe. 

1.  MING-YUE  ,  petit  lac  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen,  à  l'orient  de  la  ville  de  Kiating,  troi 
fiéme  ciré  de  la  province. 

2.  MING-YUE  ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Péking  .  au  voifinage  de  la  ville  de  Çun- 
hoa.  Elle  a  été  nommée  Mengyue ,  parce  qu'on  y  trou-     Thucydide,  /.  3.  p.  207.  la  met  vis-à-vis  de  Mégare. 


MINIMIGARDUM,  ville  de  Wcflphalic,  félon  Su- 
nus  ,  dans  h  vie  de  faint  Swibert.  Crantzius  la  nomme 
Mimimgroda  :  c'efl  aujourd'hui  la  ville  de  Munfler. 

M1NIO,  fleuve  d'Italie,  dans  la  Toscane ,  avoit  fon 
embouchure  entre  Gravisca  8c  Centum  CclU.  Virgile  en 
fait  mention  dans  ce  vers  de  l'Eneïde  : 

Qui  C&rete  domo  ,  quifunt  Minionis  in  arvis. 

Niger  le   nomme  Migno  ;  8c   Léander  l'appelle  Ma:_ 
gnone. 

MINISUM.  Voyez,  Mnisum. 

1.  MINIUM  ou  Minius  ,  fleuve  de  la  Lufitanie,  fé- 
lon Pline  ,  /.  4.  c.  20.  C'efl  ,  à  ce  qu'on  croit ,  le  Min- 
ho. 

2.  MINIUM  ,  ville  de  la  Lufitanie  ,  félon  Pline. 
Quelques  exemplaires,  au  lieu  de  Minium,  lifent  Eumi- 
nium,  8c  Ortclius ,  Thejaur.  croit  que  ce  pourroit  être 
XflLminium  de  Ptolomée. 

MINIUS,  fleuve  de  l'Espagne  Tarragonoife.  Pompo- 
nius  Mêla  ,  /.  3.  c.  1.  &  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  en  font 
mention.  Strabon,  /.  3 .  p.  1  ;  3 .  dit  que  c'efl  le  plus  grand 
fleuve  de  la  Lufitanie  ,  8c  qu'on  le  nomme  aufli  Banis , 
mais  Hermolaiis  croit  qu'il  faut  lire  Nt-bis  au  lieu  de  B<t- 
nis.  Outre  cela  ,  Orteluts  juge  que  le  Minius  8c  le  Ncbis 
font  des  fleuves  différens ,  parce  que  Ptolomée  8c  Pom- 
ponius  Mêla  nomment  ces  deux  fleuves. 

MINN/EI,  peuples  de  l'Arabie  Hcureufe.  Strabon, 
/.  16.  p.  798.  les  met  fur  la  côte  de  la  Mer  Rouge,  & 
leur  donne  la  ville  de  Carna  ou  Czrana  pour  capitale. 
Pline,  /.  6.  c.  28.  Ptolomée,  /.  6  c.  7.  8c  Etienne  le 
géographe  écrivent  Minai  pour  Minn&i. 

MINNAGAR  ,  ou  Minnagara  ,  ville  de  l'Inde,  en- 
deçà  du  Gange,  félon  Ptolomée ,/.  7.  c.  1.  qui  la  met 
fur  le  golfe  même  du  Gange ,  entre  Mapura  8c  l'em- 
bouchure du  fleuve  Dofaron. 

MINNA  VILLA  MARSI.lieu  de  l'Afrique  propre. 
L'itinéraire  d'Anronin  le  met  fur  la  route  de  Carthage 
à  Tbenx  ,  entre  Megradi  Villa  Aniciorum  8c  Leptis  Mag- 
na, à  vingt-neuf  milles  de  la  première  de  ces  places , 
8c  à  pareille  diflancedela  féconde. 
MINNENSIS.  Voyez.  Minensis. 
MINNIZA.  Voyez,  Minica. 

M1NNODUNUM  ou  Minnidunum  ,  ville  des  peu- 
ples Hclvetii.  L'itinéraire  d'Anronin  la  place  fur  la  route 
de  Milan  à  Maguntiacum  ,  entre  Bromagus  8c  Aven- 
ticum  Helvetiorum ,  à  fix  milles  de  la  première,  &  à 
treize  milles  de  la  féconde. 

MINO,  royaume  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifle  de 
Niphon  ,  au  nord  de  Voary  ,  8c  le  long  de  la  rive  orien- 
tale du  lacd'Oitz  ,  furie  bord  duquel  Nobunanga  avoit 
bâti  la  ville  d'Auzuquiama ,  8c  fon  magnifique  palais 
qu'on  appelloit  le  Paradis  de  Nobunanga. 

1.  MINO  A,  port  de  rifle  de  Crète;  Ptolomée, 
/.  3.  c.  17.  le  place  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle,  entre 
le  promontoire  Samonium  8c  la  ville  de  Camara. 

2.  MINOA  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  qui  la  marque  fur  la  côte  feptcntrionale  de  l'ifle, 
entre  le  promontoire  Drepanum  8c  l'embouchure  du 
fleuve  Vicnus. 

3.  MINOA  ,  ifle  de  Grèce,  dans  le  golfe  Saronique. 


ve  une  caverne  percée  horizontalement  &  en  ligne  droi- 
te ,  au  travers  de  laquelle  on  voit  le  jour  :  ce  qui  forme  , 
en  quelque  manière  »  un  afpedt  femblable  à  la  lune  ,  lors- 
qu'elle efl  en  fon  plein.  *  Atlas  Sinenfis. 

MIN  HO.  Voyez,  M  igné. 

MINIATIS.  Voyez,  Geminiacum. 

MINICA  ,  ville  de  Syrie.  L'itinéraire  d'Antonin  la 
place  fur  la  route  de  Cirrum  à  Emefa  ,  entre  Hemeja  8c 
Beroa  ,  à  vingt  milles  de  la  première  ,  8c  à  vingt-deux 
milles  de  la  féconde.  Simler  dit  qu'on  nommoit  auifi 
cette  ville  Minniz.a.  Il  efl  fait  mention  d'une  ville  nom- 
mée Minica,  dans  le  fixiéme  concile  de  Conflantinople , 
qui  la  place  dans  la  première  Galatic.  *  Ortelii  Thefaur. 

MIN1ED  SOREDj  village  d'Egypte,  au  voifinage 


4.  MINOA,  promontoire  de  l'Attique,  du  côté  de 
Mégare.  Strabon,  /.  9.  p.  391.  dit  que  ce  promontoire 
formoit  le  port  de  Nijja  ou  Nifœa. 

5.  MINOA ,  lieu  fortifié  fur  le  golfe  d'Argos ,  félon 
Strabon,/.  8. p.  368. 

6.  MINOA  ,  port  &  promontoire  dans  le  golfe  d'Ar- 
gos ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  17. 

7.  MINOA ,  promontoire  du  Péloponnèfe,  dans  l'Ar- 
gie.  Paufanias ,  /.  3.C.  23.  le  place  auprès  de  la  ville 
Epidaure. 

8.  MINOA  .ville  de  l'Arabie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

9.  MINOA  ,  ville  de  l'ifle  Siphmts  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 


MIN 


312, 

MINOÊ    Voyez.MmoA  &  Minthe. 

MlNOIDtS.  Nom  de  quelques  ifles  ,  fuivant  Apollo- 
nius ,  /.  2.  Son  fcholiafte  rend  Minoiaes  par  Cyclades. 

M1NOIDUM.  Apollonius  &  le  lexicon  de*Favori- 
ru-s  donnent  ce  nom  à  la  mer -de  Ci  été. 

MINOIS.  Saint  Jérôme, in  locu  ,  parlant  de  la  ville 
de  Medemana  dans  la  tribu  de  Juda,  dont  parle  Haïe, 
«joute  ces  mots  :  C'ell  aujourd'hui  la  ville  de  Menoïs , 
auprès  de  Gaza,  Voyez.  Maon. 

MINOlUMPELAGUS  ï^v^Minoidum. 

MINOLO,  village  de  lifte  de  Candie,  fur  la  côte 
feptentrionale,  au  couchant  de  la  Canée.  Quelques  géo- 
graphes prennent  ce  village  pour  l'ancienne  Mmoa  qui 
étoit  fur  la  côte  feptentrion.ile  de  l'ille,  Se  dnbnguée 
d'une  autre  Mmoa  qui  étoit  fur  la  côte  orientale.  * 
Bundrand  ,  DicL  éd.  1705. 

MINORB1NO,  ville  d  Italie,  au  royaume  de  Nazies, 
dans  la  partie  occidentale  de  la  terre  de  Ban ,  vers  les 
confins  de  la  Bafil.cate.  Quoiqu'elle  foit  le  fiége  d'un 
cvèque  fuffragant  de  Baii  ,  elle  n'eft  pas' fort  conlidé- 
rable.  *  M.tgm  ,  Carte  de  la  terre  de  Bari. 

MINORES.  Voye z.  Coelalet^. 

MINORQUE  ,  ifle  du  royaume  d'Espagne  (a)  ,  dans 
la  mer  Méditerranée,  au  nord  eft  de  l'ille  de  Major- 
que ,  dont  elle  eil  éloignée  de  dix  lieues  entre  le  39  Se 
le  40  deg  de  latitude.  Elle  s'étend  en  longueur  du  nord- 
oueft  au  fod-eft  l'espace  de  douze  ou  quinze  lieues , 
&  de  fepe  grandes  feulement,  filon  d'autres  (b):  de 
forte  qu'elle  peut  en  avoir  quarante  à  cinquante  de  lon- 
gueur ,  &  un  peu  pljs  de  deux  de  largeur.  Quelques 
écrivains  la  mettent  à  cinquante  mille  pas  de  la  Cata- 
logne ,  Se  quelques  autres  à  cent  vingt  milles  :  ce  qui 
fait  une  différence  bien  confidérablc.  Les  navigateurs 
font  du  fentiment  des  derniers,  (a)  Délices  d'Espagne , 
t.  4.  p.  j8o.  \b)  Vayrac ,  Etat  préfent  de  l'Espagne, 
1.  i.p.  389. 

Cette  ifle  eft.  nommée  Minorque  ,  &  Menorca  par 
les  habitans,  parce  qu'elle  eft  la  moindre  &  la  plus  petite 
des  Baléares.  Les  auteurs  Espagnols  aflurent  qu'elle  a 
toujours  été  regardée  comme  une  partie  de  l'Efpagne, 
8e  que  fes  habitans  ,  ainfi  que  ceux  de  Majorque,  ont 
toujours  été  réputés  Espagnols  ;  ce  qu'on  ne  peut  pas 
dire  des  autres  peuples  qui  font  fournis  à  la  couronne 
d'Espagne.  Les  anciens  ont  connu  ces  ifles  fous  difte- 
rens  noms  :  ils  les  ont  appellées  ,  tantôt  Baléares,  tantôt 
Gymnafies  ,  tantôt  Chiriades  ,  tantôt  Aphrodifiades  ou 
Aphrofïades  ,  tantôt  Eudemoncs,  Se  tantôt  Axiologues. 
L'ifle  de  Minorque  porta  en  particulier  le  nom  de  Nura\ 
mais  aucun  auteur  ancien  ni  moderne  ne  dit  pourquoi 
il  lui  fut  donné. 

Le  terrein  de  cette  ifle  efl:  en  partie  montueux,  & 
en  partie  uni.  Quoique  fes  montagnes  ne  foient  pas  fi 
élevées  ni  fi  fertiles  que  celles  de  Majorque ,  elles  ne 
laifleut  pas  de  produire  toutes  les  chofes  nécefiaires  à  la 
vie,  fi  on  en  excepte  l'huile,  à  caufe  que  l'ifle  eft  fort 
expofée  aux  frimats  du  Nord.  Son  climat,  le  langage 
de  fes  peuples  &  leurs  coutumes  font  femblables  à  celles 
des  habitans  de  Majorque.  11  y  a  un  des  plus  beaux 
ports  de  l'univers ,  qu'on  appelle  le  Port-Mahon.  Voyez. 
ce  mot  à  l'article  Port. 

A  main  droite  du  port  on  voit  le  fameux  château  S. 
Philippe ,  Se  qui ,  félon  Dameto  ,  pafle  pour  imprena- 
ble ,  tant  à  caufe  de  fa  fituation  ,  que  de  la  grande  quan- 
tité d'artillerie  dont  il  eft  garni  :  cependant  les  Anglois 
s'en  rendirent  les  maîtres  fans  faire  de  grands  efforts.  Les 
François  le  prirent  le  28  Juin  1756,  Se  le  rendirent 
aux  Anglois  à  la  paix. 

Plus  avant  dans  la  terre  on  voit  la  ville  qui  donne 
le  nom  au  port ,  &  qui  fut  fondée  par  les  Carthagi- 
nois. Elle  n'eft  pas  grande  ,  mais  paflablement  riche  ,  à 
caufe  du  commerce  qui  s'y  fait. 

Citapella  eft  la  capitale  de  l'ifle  :  elle  contient 
environ  fix  cens  maifons ,  &  eft  défendue  par  de  fortes 
murailles  &  par  plufieurs  baftions.  On  y  remarque  quel- 
ques édifices  aflez  bien  conltruits.  Le  gouverneur  de 
l'ifle  y  frit  fa  réfidence ,  aufli  bien  que  ion  ifleffeur  Se 
l'avocat  fiscal,  avec  l'afiinance  desquels  il  pren  con- 
noi (Tance  de  toutes  les  affaires  qui  furviennenr  dans  fon 
gouvernement ,  tant  en  madère  militaire  ,  civile  ,  que 
criminelle.  Pour  ce  qui  regarde  la  jurisdiétion  ecclé- 


MIN 


Anciennement  il  y  avoit  un  evêque  parriculier  ,  comme 
fialtique ,  l'évéque  de  Majorque  y  tient  un  provifeur. 
il  paroit  par  plufieurs  attes  authentiques.  Cette  vile 
contient  quelques  couvens  de  religieux  Se  une  églife 
allez  remarquable  par  le  nombre  d'cccléfialliques  qui  la 
defieivent,  parmi  lesquels  il  y  en  a  un  avec  le  tire  de 
prévôt,  Se  qi.i  porte  l'aumuce,  comme  s'il  étoit  chanoine. 

Il  n'y  a  dans  toute  l'ifle  que  deux  autres  viles,  qui 
font  Laor  &  Mercadal  ;  mais  elles  ne  méritent  guère 
qu'on  y  fuie  attention  Dans  la  partie  orientale  on  trou- 
ve un  port ,  nomme  Fornelli;  il  eft  au  fond  d'une  jolie 
baie  ,  vers  un  cap  de  même  nom. 

Cette  ifle  ne  cède  point  à  celle  de  Majorque  pour 
l'abondance  des  animaux  fauvages  Se  domeftiques.  Il  s'y 
trouve  fur-tout  des  mulets  fort  eftimés  pour  leur  taille 
Se  pour  leur  vigueur  qui  eft  peu  commune. 

MIN  OS.  Ki/ye-5.  Gaza. 

M1NSAL.  Voyez.  Melos. 

1.  MiNMNGENouMunsingen  ,  petite  vi'led' A'ie- 
magne  ,  dans  la  Suabe  Se  dans  les  états  du  duc  Wurtem- 
berg. Elle  clt  l'huée  fur  1  Elbe  ,  entre  Neutlingen  Se 
Blaubeuren  ,  à  quatre  lieues  de  chacun  de  ces  endroits. 
Il  y  a  un  aflez  beau  château,  où  le  piince  fait  quelque- 
fois fon  fejour.  Elle  a  de  bons  folles  pleins  d'eau,  trois 
portes, une  belle mailon  devi'le&  une  églife  paroifiiale 
bien  bâtie.  On  lit  dans  la  chronique  d'Augfbourg  qu'en 
1378  ,  les  villes  confédérées,  Ulm  ,  Augibourg  Se  autres 
s'emparèrent  de  Minfingen.  Une  autre  chronique  très- 
vieille  fait  voir  que  Minfingen  a  fait  partie  de  l'ancien 
comté  de  Vrack  .  maintenant  fimple  feigneurie  d'Au- 
rack.  *  Ztyler ,  Topogr.  Sueviae. 

i.MINSKI,  ville  dugrand  duché  de  Li  huanie  dans 
le  palatinat  auquel  elle  donne  fon  nom  ,  Se  dont  elle 
eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  dans  la  partie  occidentale 
de  ce  palatinat ,  vers  la  fource  de  la  rivière  de  £w;flocz. 
Deux  citadelles,  l'une  nommée  la  Haute,  Se  l'autre  la 
Bafie ,  lui  fervent  de  défenfe.  Comme  elle  eft  voifine 
des  Moscovites,  qui  ont  fait  fouvent  de  grands  ravages 
dans  la  Lithuanie ,  les  Polonois  ont  été  obligés  d'en  faire 
une  place  forte.  Les  habitans  de  cette  ville  font  plus 
polis  que  ceux  de  la  plupart  des  antres  villes  du  duché  ; 
ce  qui  doit  être  attribué  en  partie  au  grand  nombre 
de  noblefle  qui  fait  fon  fejour  à  Minski;&  en  partie  à 
la  réfidence  du  tribunal  fupérieurde  la  Lithuanie,  qui 
fe  tient  alternativement  une  année  à  Vilna ,  une  année 
à  Minski ,  Se  la  troifiéme  année  à  Novogrodeck.  * 
Andr.  Cellarius ,  Defcript.  Polor.ia:,  p.  414. 

2.  MINSKI  (Le  Palatinat  de)  ,  eft  borné  au  nord 
par  celui  de  Witepsk  ,  à  l'orient  par  celui  de  Mfciflaw, 
au  midi  par  le  territoire  de  Rohaczov? ,  Se  à  l'occi- 
dent par  le  Palatinat  de  Vilna.  Ses  principaux  lieux  font , 

Minski,  Koidanow,         Toloczyn, 

Horodcck ,       Boriflow  ,  Smoluiany , 

Turkum ,  Bialymfie ,  Zycin. 

On  voit  dans  ce  Palatinat  un  grand  nombre  d'abeilles, 
qui  font  une  partie  de  la  richefle  du  pays.  Elles  fe  tien- 
nent dans  les  forêts.  Je  ne  fçais,  dit  le  père  Avril,  Jéfuite, 
Voyage  de  Moscovie ,  par  quel  infiinct.  ces  animaux 
choififlent  des  lieux  fi  fombres ,  eux  que  Virgile  veut 
qu'on  place  avec  tant  de  circonfpection  :  cependant  il 
eft  peu  de  forêts  de  ce  côté-là,  où  l'on  n'en  voye  une 
infinité  d'eflaims.  Ce  qui  les  y  attire  fans  doute  ,  c'eft 
la  commodité  des  loges  qu'elles  trouvent  toutes  prêtes 
dans  le  cœur  des  arbres,  où  elles  ne  feroient  pourtant 
pas  en  afiurance,  fi  l'on  n'avoit  foin  de  les  garantir  de9 
infultes  des  ours.  Ces  bêtes  féroces,  qui  aiment  pafllon- 
nément  le  miel,  incommodent  beaucoup  les  abeilles, 
Se  font  un  tort  confidérable  au  payfan  pour  qui  elles 
travaillent.  On  empêche  pourtant  le  dégât,  en  faifant 
une  espèce  de  hune  garnie  de  piquets  autour  des  arbres 
qu'elles  occupent ,  ou  en  couvranrde  branches  hériffées 
d'épines  le  trou  par  où  elles  entrent  ;  ce  qui ,  fans  leur 
fermer  le  pafiâge ,  les  met  à  l'abri  de  leur  ennemi.  * 
De  l'ifle  ,  Atlas. 

MINTHE  ,  montagne  du  Péloponnèfe  ,  dont  parlent 
Ptolomée  ,  /.  3.  c.  \6.  Se  Strabon  ,  /.  8.  p.  344.  Cepen- 
dant les  interprètes  du  premier,  au  lieu  de  Minthe 
lifent  Minoe.  Niger  appelle  cette  montagne  Olono  ;  Se 
il  femble  que  c'eft  la  même  que  Pa'nfani.is,  /.  4  c.  31. 
nomme  Evan ,  d'Evoë,  cri  des  Bacchantes  ;  exclama- 
tion 


MIQ 


tion  que  firent  dans  ce  lieu  ,  à  ce  q.i'on  croit ,  BacchuscV 
les  femmes  qui  le  fui  voient. 

MINTU.R.N/E,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  le  La- 
tium  ,  fur  le  fleuve  Liris ,  un  peu  au-deflus  de  fon  em- 
bouchure. L'itinéraire  d'Antonin  la  meta  dix  miilesde 
Formies  -,  Se  Suabon  , /.  ;.p.  233  ,qui  la  place  à  quatre 
vingt  ftades  de  cette  ville  ,  dit  qu'elle  étoit  bâtie  des 
deux  côtés  de  la  rivière.  Pline  ,  /.  3.  c.  j.  dit  la  même 
chofe  ,  &  ajoute  que  c'étoit  une  colonie  romaine.  Ce 
fentiment  eft  confirmé  par  Tite-Live  Se  par  Vclleïus 
Paterculus,  /.  \.  c.  14.  qui  donne  à  cette  colonie  le 
nom  de  Miturnenfes.  Ce  fut  dans  cette  ville  que  Ma- 
rius  fut  conduit  prifonnier  ,  après  avoir  été  pris  dans 
le  marais  de  Maria ,  qui  étoit  au  voifinage ,  Se  que 
l'on  appella  auffi  Minturnensium  Paludes.  *  Cella- 
rius,  Geogr.  ant.  lib.  2.  cap.  9. 
MINTURNENSIUM  IVYLUDES.Fçv^Minturn^. 

MINTZENBERG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
la  Heflé  ,  près  de  Bulbach  ,  en  Wétéravie.  Elle  avoit  un 
ancien  château  fort  Se  fitué ,  auffi  bien  qu'une  partie 
de  la  ville,  fur  une  montagne.  Il  n'en  relie  plus  rien 
que  deux  tours  presque  ruinées.  C'étoit  autrefois  un 
comté  ;  mais  fes  comtes ,  dont  la  maifon  étoit  fort  an- 
cienne Se  fort  illuftre ,  finirent  en  1 2jo  ,  en  la  perfonne 
d'Ulrich  :  alors  les  maifons  de  Hanau  ,  de  Falckenftein  , 
deWeiniberg ,  de  Pappenheim  ,  de  Schonbourg  ,  qui 
avoient  époufé  des  filles  de  ces  comtes  de  Mintzenbcrg  , 
prétendirent  cous  à  la  fucceffion  de  ce  domaine.  Les  con- 
teftations  furent  longues  Se  aboutirent  au  démembre- 
ment du  comté.  *  Zeyler  ,  Topog.  Haiïia:. 

MINUCIANO,  bourg  de  l'Italie,  dans  la  Toscane. 
11  eft  fortifié  &  enclavé  entte  la  vallée  de  Magra  Se 
celle  de  Carfagnana.  C'eft  une  dépendance  de  la  répu- 
blique de  Lucques.  *  Baudrand  ,  Diét.  édit.  ijoj. 

M1NUËNS1S.  Voyez.  Minensis. 

MiNURI,  ville  d  Italie  ,  au  royaume  de  Napîes, 
dans  la  Principauté  Citérieure  ,  au  fond  d'un  pfetit  golfe , 
à  l'occident  de  celui  de  Salerne.  Elle  eft  épiscopale. 
Leander  l'appelle  Minare.  *  Magin  ,  Carte  de  la  Princi- 
pauté Citérieure. 

MINUTIA  ,  lieu  où  la  maffue  d'Hetcule  fua,  à  ce 
qu'écrit  Lampridius.  Cette  maffue  étoit  d'airain.  *  Ortclii 
Thefaur. 

1.  MINYA,  ville  de  la  Theffalie.  Etienne  le  géo- 
graphe dit  qu'elle  fe  nommoit  auparavant  Almonia. 

2.  MINYA  ,  ville  de  Phrygie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  la  place  au  voifinage  de  la  Lydie.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  Lucien  ,  in  Pjeudomante. 

MINYADA  ,  contrée  de  l'Arménie.  Le  mont  Baris 
fe  trouvoit  dans  cette  contrée ,  à  ce  que  dit  Nicolas 
Damascéne  ,  apud  Jofepb.  &  Eufèh.  *  Ortelii  Thefaur. 

1.  M1NY/E  ,  peuples  du  Péloponnèfe,  dans  l'Elide  , 
félon  Strabon  ,  /.  8  p.  3  37. 

2.  M1NY/E,  peuples  de  la  Bœotie.  Paufanias, /.  2. 
c.  29.  les  place  auprès  de  la  ville  Orchomemts. 

3.  MINY/E,  peuples  de  la  Bœotie,  Paufanias  les 
met  au  voifinage  de  la  ville  de  Scarphia.  *  Ortelii  Tlief. 

M1NYCIUS  ,  fleuve  quipaffoit  à  Pylos,  félon  Héfy- 
che ,  lé.  4. 

1.  MINYEUS,  fleuve  de  la  ThefTalie.  Diodorc  de 
Sicile ,  /.  4.  c.  8.  Se  Pline,  not.  &  emend.  n°.  42.  nous 
apprennent  qu'il  fe  nommoit  auparavant  Orchomemts. 
Il  y  avoit  auffi  une  ville  de  même  nom  ,  fuivant  la  re- 
marque que  fait  le  P.  Hardouin. 

.     2.  MINYEUS,  ce  nom  fut  donné  à  la  ville  Orcho- 
menus ,  dans  la  Bœotie.  *  Ortclii  Thefaur. 

MINYElUM,nom  de  lieu,  félon  Suidas.  *  Ortelii 
Thefaur. 

MINYIA  ,  en  grec  uiriia. ,  ville  de  l'ifle  d'Amorgos 
dans  fa  partie  la  plus  occidentale  ,  félon  Ptolomée , 
/.  y.  c.  2.  Etienne  le  géographe  la  nomme  Mvnca. 
Caftald  l'appelle  Mandrin  ,  Se  dans  Sophian  elle  a  le 
nom  de  PL/ri. 

MIOLANS  ,  M'o/^tt/jchâreau  de  Savoie  ,  dans  la  val- 
lée de  Barcelonnerte  ,  au  diocèfe  d'Embrun.  Il  eft  fitué 
fur  un  roc  ,  vis  à-vis  l'embouchure  de  l'Arche  dans  l'I- 
fére.  Le  roi  de  Sardaigne  y  tient  des  prifonniers  d'état. 
*  La  Forêt  de  Burgon  ,  1.  2.  p.  joo. 

MIONES.  Voyez.  Cyprus- 

MIQUENES  ou  MEquiNÈs  [a  ) ,  ville  d'Afrique ,  au 


MIQ 


royaume  de  Fez,  àdix-iepi  Leues  de  Salé,  a  ving  ^.e 
Mamore  ,  Se  à  cinq  des  montagnes  du  mont  Atlas* 
Ptolomée  la  place  a  fept  degrés  cinquante  mm.  de  longi- 
tude ,  Se  a  trente-quatie  quinze  min.  de  latitude  ,  fous  le 
nom  de  Silda ,  qui  a  depuis  été  changé  en  celui  de  Mi- 
quenès  ,  à  çaufe  d'une  branche  des  Zenercs  qui  portoit 
ce  nom ,  Se  qui  chaiTa  du  royaume  de  Fez  les  fucceffeurs 
dldris,  à  la  faveur  de  Benemequineça.  calife  fchismai- 
que  de  Carran.  lbni  Alraquid  (b)  dit  que  ces  Méquiné- 
ciens  vivoient  autrefois  fous  des  tenres ,  comme  les 
Aiabes  ;  mais  qu'étant  devenus  îiches ,  la  discorde  fe 
mit  entr  eux  ;  les  plus  foibles,  chaflés  par  les  plus  puilFans  , 
s'habituerenr  dans  ce  lieu  ,  où  il  y  avoit  déjà  quelques 
habitations,  &  ils  devinrent  peu  à  peuconfiderablcs.  (a) 
Marmol,  du  royaume  de  Fez,  liv.  4.  chap.  18.  (b) 
Arbre  de  la  généalogie  des  Africains. 

Cette  ville  eft  dans  une  très-belle  plaine  ,  fous  un 
beau  ciel ,  Se  dans  un  air  fi  fa<n  ,  qu'on  allure  que  cette 
raifon  engagea  Muley  Ifmacl  à  y  fixer  fa  demeure.  Avant 
que  ce  prince  y  eût  fait  bâtir  fon  palais  Se  qu'il  y  eue 
établi  le  fiége  de  Ion  empire ,  c'étoit  peu  de  chofe  que 
Miquenès.  Il  n'y  a  pas  même  d'apparence  que  cette 
ville  devienne  jamais  d'une  grande  importance,  n'y  ayant 
aucune  manufacture,  comme  il  y  en  a  à  Fez  Se  dans 
plufieurs  autres  villes  ;  Se  outre  que  le  ter  rein  de  ce 
canton  eft  fort  incommode  pour  les  voitures  ,  la  pluie 
rend  l'eau  extrêmement  fale  Se  boueufe.  Il  n'y  a  point 
non  plus  de  caravane  établie  pour  voyager,  comme  ort 
en  voit  à  Fez.  Ainfi  cette  ville  n'auroit  aucun  relief,  fi 
la  cour  n'y  faifoit  pas  fa  réfidence.  Elle  a  peu  d'éten- 
due ,  &  les  bâiimens  y  font  très-irréguliers  :  elle  elt 
néanmoins  extraordinairement  peuplée ,  parce  que  les 
Maures  ne  fe  fondent  pas  d'être  logés  au  large.  Ou 
compte ,  tant  dans  la  cité  que  dans  les  fauxbourgs  , 
environ  trois  cens  mille  âmes  de  toutes  fortes  de  na- 
tions. *  Révolutions  de  l'empire  de  Maroc,  p.  357. 

Un  aqueduc  traverfe  les  rues ,  Se  les  Maures  laiffent 
les  réfervoirs  ouverts  pour  que  l'air  y  entre ,  dans  l'i- 
dée où  ils  font  que  fans  cela  leau  ne  feroit  pas  faine; 
c'eft  ce  qui  met  en  grand  péril  de  tomber  la  nuit  dans 
ces  canaux,  fi.  l'on  n'y  prend  pas  garde.  L'hiver  la  boue 
rend  les  rues  impraticables  ,  Se  l'été  elles  font  couver- 
tes de  pouffiere  :  n'étant  point  pavées ,  elles  font  inégales , 
Se  perfonne  n'a  foin  de  les  nettoyer.  En  général  les 
maifons  font  très-mal  bâties  Se  fon  baffes  :  les  boutiques 
n'ont  pas  plus  d'apparence  que  des  échoppes  de  favetiers, 
la  plupart  même  des  m:  rchands  étalent  dans  une  rue  > 
ils  choifilfent  ordinairement  les  endroits  les  plus  fecs 
Se  les  plus  élevés  de  la  ville.  Les  murailles  de  Miquenès 
font  terraffées  comme  tous  leuts  bâtimens  ;  mais  elles 
ne  font  point  flanquées,  &  il  n'y  a  point  de  parapet 
pour  couvrir  les  afliégés  ;  en  forte  que  c'eft  une  place 
de  peu  de  défenfe. 

Au-delà  des  murs ,  fur  le  grand  chemin  ,  eft  une  ville 
nommée  la  ville  des  Nègres ,  qui  n'a  guère  moins  d'é- 
tendue que  Miquenès,  mais  dont  toutes  les  maifons 
ne  font  couvertes  que  de  chaume  :  leshabhans  font  bons 
cavaliers  ,  S:  toujours  prêts  à  marcher  au  premier  ordre. 

A  la  réferve  des  mosquées  Se  du  palais ,  on  ne  voit 
point  à  Miquenès  d'édifices  publics,  ni  rien  de  fembla- 
ble  que  la  place  où  l'on  garde  les  esclaves  Chrétiens» 
qui  n'eft  remarquable  que  par  une  puanteur  infuppor- 
table.  Ces  esclaves  ne  laiffent  pas  de  jouir  de  certains 
privilèges:  ils  ont  leur   gouverneur  particulier,  ils  onc 
la  garde  de  leurs  portes ,  &  le  pouvoir  de  fe  faire  juftice 
de  tous  les  Maures  qui  les  infultent  dans  l'enceinte  de 
leur  diftricF.  On  peut  néanmoins  regarder   comme  un 
édifice  public  ,  l'hôpital  que  les  rois  d'Espagne  ont  éta- 
bli à  Miquenès  pour  la  confolation  Se  le  foulagement 
des  esclaves  :  il  peut  contenir  jusqu'à  cent  malades.  Sa 
majefté  Catholique  y  entretient  quatre  religieux  Se  un 
médecin,  pour  la  fubfiftance  desquels  il  y  a  un  revenu 
annuel  de    deux  mille  écus  :  il  n'eft  fouffert  avec  fes 
religieux  dans  ce  lieu  ,  que  moyennant  un  tribut.  Il  y 
a  encore  dans  cette  ville,  comme  dans  les  auttes  places 
d'Afrique,  plufieurs  écoles ,  où  l'on  montre  aux  enfans 
à  lire  ,  à  écrire ,    à  chifrer  ,  Se  rien  de  plus.  Quand  on 
les  châtie  ,  on  fe  fert  d'une  verge   de  bois  fort  plate , 
avec  laquelle  on  leur  donne  des  coups  fous  la  plante 
des  pieds.  Toute  leur  étude  ne  confifte  qu'à  lire  l'al- 

Tom.lV.   Rr 


MIQ 


314 

coran  d'un  bout  à  l'autre  ;  8c  quand  un  écolier  a  par- 
couru fou  livre ,  on  le  pare  ,  8c  fes  compagnons  le  mè- 
nent à  cheval  8c  comme  en  triomphe  par  la  ville ,  en 
publiant  Ces  louanges.  *  S.  Olon ,  Rel.  de  l'empire  de 
Maroc ,  p.  80. 

Les  Juifs  ont  un  quartier  afiez  grand,  mais  il  eft 
aufli  mal  propre  que  dans  les  autres  villes.  C'eft  dans 
celui-là  que  le  chef  de  tous  les  Juifs  du  royaume ,  qui 
peuvent  être  au  nombre  de  feize  mille ,  fait  fa  réfi- 
dence  ;  c'eft  lui  qui  a  foin  d'impofer  8c  d'exiger  toutes 


MIR 


ve,  cette  diftance ,  qui  en  ôte  la  commodité,  en  dimi- 
nue aufli  beaucoup  l'agrément.  Les  allées  en  font  fort 
étroites  :  on  n'y  voit  ni  eaux  jailliflances  ni  baflins  ,  mais 
il  y  pafle  quelques  ruifleaux  qui  fervent  à  les  arrofer. 

11  y  a  quelques  palais  aflez  beaux  aux  environs  de 
celui  du  roi ,  8c  que  les  alcaïdes  font  bâtir  pour  lui 
plaire  j  mais  fur  la  jouiflance  desquels  ils  n'oferoient 
s  affûter:  ils  ne  leur  demeurent  qu'autant  de  tems  qu'il 
ne  prend  point  envie  au  prince  de  les  leur  enlever. 

MIRA  ,  bourgade  de  l'Amérique  méridionale  ,  dans 


les  garammes  qu'on  leur  fait  payer.  C'en1  aufli  par  lui     la  province  de  Quito  ,  fur  le  bord  feptentrional  de  la 


que  l'empereur  entretient  commerce  avec  toutes  les 
nations,  tant  ennemies  qu'amies.  Sa  famille  «Se  lui  font 
affez  bien  logés,  mais  tout  le  relie  l'eft  fort  mal. 

Le  palais  du  roi  eft  au  midi  de  Miquenès  ;  on  le 
nomme  l'Alcaflavc  ;  il  fut  bâti  par  Muley  Ifma'el ,  qui 
l'entoura  de  plufieurs  murailles  très-hautes  ,  fort  épailles 
8c  fort  blanches.  Il  renferme  plus  de  terrein  que  toute 
la  ville  enfemble  ,  8c  pourroit  plutôt  paner  pour  une 
ville  que  pour  un  palais  :  en  effer ,  il  confifte  en  plu- 
fieurs carrés  diftincts  8c  féparés ,  qui  forment  des  ap- 
partemens  différens ,  dont  quelques-uns  font  occupés 
par  les  femmes  de  l'empereur  ,  par  fes  concubines,  par 
fes  ouvriers  8c  par  fes  gardes.  Chaque  quartier  a  des 
officiers  particuliers  ,  à  qui  la  garde  en  eft  confiée  ,  com- 
me fi  ces  édifices  n'avoient  aucune  dépendance  les  uns 
des  autres  ;  les  eunuques  noirs  font  chargés  de  la  garde 
des  appartenons  des  femmes.  Le  prince  tient  dans  ce 
palais  fes  canons ,  fes  armes ,  fa  poudre  ;  en  un  mot, 
c'eft  le  magazin  de  Ces  richefles,  fon  arfenal,  l'afyle 
afliué  de  fa  perfonne  8c  de  fa  famille. 

Ce  lieu  eft  toujours  entretenu  dans  une  grande  pro- 
preté •,  les  promenades  au  dehors  font  unies ,  la  plu- 
part terraffées  8c  quelques-unes  couvertes.  Les  galeries 
de  communication  font  à  la  mosaïque  ;  tous  les  toits 
font  couverts  de  tuiles  vertes ,   8c  cette    couleur  eft 
confacrée  aux  maifons  impériales  8c  aux  mosquées.  Il 
y  a  dans  ce  palais  un  grand  nombre  de  minarets  dorés, 
ce  qui ,  à  une  certaine  diftance ,  fait  un  point  de  vue  très- 
gracieux  ;  mais  l'idée  que  l'on  en  conçoit ,  lorsqu'on  y 
arrive,  ne  fc  foûtient  pas,  lorsqu'on  en  eft:  proche  :  le 
tout    eft  conftruit  avec  fi  peu  d'art  «Se  de  régularité , 
qu'il  feroir  très-difficile  aux   plus  habiles  architectes  d'en 
démêler  l'économie  8c  le  deffein.  On  eft  perfuadé  que 
l'empereur  lui-même  n'a  d'autre  vue  dans  ce  qu'il  dé- 
truit 8c  bâtit  continuellement ,  que  d'abbaiffer  fous  le 
joug  de  la  fervitude  8c  du  travail ,  le  grand  nombre  de 
fes  fujets  qu'il  y  emploie  ;  il  en  fait  aufli  l'occupation 
8c  le  fupplicc  ordinaire  des  esclaves  Chrétiens ,  qu'il  y 
fait  travailler  en  tout  tems   8c  fans  relâche.  On  les  y 
rend  manœuvres  8c  maçons  à  force  de  coups  de  bâton 
&  de  mifere  ,  à  laquelle  ils  fuccombent  d'autant  plus 
facilement ,  que  leur  nourriture  journalière  ne  confifte 
qu'en  une  très-petite  quantité  de   pain  d'orge  &  fort 
noir ,  avec  de  l'eau  ,  outre  qu'ils  ne  gîtent  que  dans  des 
matammores  ou  lieux  fouterreins ,  dans  lesquels  ils  n'ont 
pour  lit  que  la  terre  ,    8c  où  ils  ne  refpirent  qu'un  air 
fort  mauvais ,  &  mêlé  de  beaucoup  de  puanteur. 

La  principale  entrée  de  l'Alcaflave  eft  une  aflez  belle 
porte  avec  des  colomnes ,  qui  la  font  appeller  la  porte 
de  Marbre.  Il  renferme  environ  45  pavillons  avec  cha- 
cun fa  fontaine  ;  triais  il  n'y  a  de  bâtiment  régulier  que 
deux  mosquées  &  un  michouarr  ,  ou  grande  cour,  or- 
nées au  dedans  de  colomnes  &  de  bas  reliefs  de  mar- 
bre ,  fans  figures  humaines  ni  figures  d'animaux  -,  mais  il 
y  a  des  chifres  &  des  lettres  arabesques,  où  font  décrites 
les  principales  actions  du  roi  qui  les  a  fait   conftruire. 
Les  écuries ,  que  l'on  appelle  Roues  ,  font  aufli  fort 
belles  :  elles  forment  deux  longues  galeries  à  droite  & 
à   gauche ,  toutes  voûtées  &'  à  grandes  arcades  ,  ayant 
de  diftance  en  diftance  dans  le  milieu  d'une  efpéce  de 
chemin   pavé  qui  les  fépare  ,  de   petits  pavillons  fort 
propres  ,    dans   chacun  desquels  il  y  a  une  fontaine 
&   un   abbreuvoir  pour  les   chevaux  ,  qui    font  fort 
beaux. 

Les  jardins  de  l'empereur  ,  font  plantés  dans  le  mi- 
lieu d'un  grand  bois  d'oliviers ,  &  font  aflez  beaux  : 
on  y  voit  en  tout  tems  des  fleurs ,  des  légumes ,  des 
fruits  que  produifent  des  arbres  de  toute  efpéce  ;  mais , 
comme  ces  jardins  font  un  peu  éloignes  de  l'Alcafla- 


riviere  dont  elle  porte  le  nom  ,  8c  au  nord  de  la  ville 
de  Quito.  Par  la  relation  de  Don  Juan  &  d'Anto- 
nio de  Ulloa  ,  nous  apprenons  que  les  environs  de  Mi- 
ra font  remplis  d'ânes  fauvages.  Les  propriétaires  du 
terrein  permettent,  moyennant  une  rétribution.d'allerà  la 
chaffe  de  ces  animaux ,  qui  deviennent  très-dociles  une 
fois  qu'ils  ont  la  charge  fur  le  dos.  *  Relation  biflori- 
ca  del  viage  à  la  America  méridional ,  tomo  fecondo. 

1.  MIRABEL,  lieu  de  la  Paleftinc,  félon  Guillau- 
me de  Tyr ,  qui  le  place  auprès  d'Ascalon.  *  Orteliï 
Thefaur. 

2.  MIRABEL  ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Quer- 
ci ,  élection  de  Montauban. 

MIRABELLA  ,  ville  du  royaume  de  Naples,  à  quin- 
ze milles  de  Benevent ,  au  nord-oueft  de  Fricento.  C'eft 
l'ancienne  Mcidanum. 

MIRABELLO ,  castel  Mirabeilo,  ouMirebeau  , 
bourg,  ou  village  de  Tille  de  Candie  ,  fur  la  côte  fep- 
tentrionale  de  lïfle  ,  au  fond  d'un  golfe ,  avec  un  châ- 
teau fortifié  8c  un  bon  port.  Ce  bourg  eft  à  trois  ou 
quatre  lieues  de  Spina-Longa,  vers  le  midi  ;  &  fon  châ- 
teau eft  environné  des  eaux  de  la  mer  de  tous  côtés. 
*  De  l'IJle  ,  Atlas. 

MIRACE  ,  lac  de  Scythie ,  fuivant  la  remarque  de 
le  Mazier  ,  fur  cet  endroit  de  Valerius  Flaccus ,  Ar- 
gonattt.  I.  6.  v.  49. 

.     .     .     .     Scythicis  quem  Jupiter  oris 
Progenuit  viridem  Miracen  Tibifenaque  juxta 
OJcia.       .       .         .       •  .         . 


Quelques-uns ,  au  lieu  de  Miracen ,  lifent  Maracen  , 
&  d'autres  Macaren.  Ortelius  ,  Thefaur.  foupçonn« 
que  Valerius  Flaccus  décrit  en  cet  endroit  un  lieu  que 
d'autres  écrivains  appellent  Tamyracen. 

MIRADOUX,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Bas- 
Armagnac  ,  élection  de  Lomagne ,  &  à  deux  lieues  de 
Lettonie ,  avec  un  lieutenant  du  juge  de  la  vicomte 
de  Lomagne.  Il  y  a  un  prieuré  appelle  Sainte  Rofe  , 
qui  vaut  fept  cens  livres  de  rente.  Le  combat  qui  fe 
donna  aux  environs  l'an  1661  ,  pendant  les  guerres  ci- 
viles ,  a  rendu  cette  place  remarquable. 

1.  MIRAFLORES  ,  petite  ville  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima  ,  &  dans 
la  vallée  de  Zana  ou  Sana ,  dont  elle  prend  quelque- 
fois le  nom.  Elle  eft  à    vingt  lieues  de  Truxillo,  8c  à 
cinq  de  la  mer ,  fur  laquelle  elle  a  le  port  de  Chen- 
cepen ,  qui  n'eft  pas  fort  commode ,  ne  tenant  pas  les 
vaifieaux  à  l'abri  des  vents ,  ce  qui  fait  qu'ils  emploient 
beaucoup  de  tems  à   charger  8c  à  décharger.  La  ville 
eft  riche  &  très-peuplée  :  elle  fe  diftingue  par-là  de  tou- 
tes celles  qui  font  dans  la  plaine.  Le  terroir  eft  pro- 
pre aux  cannes  de  fucre  ,  &il  y  croît  beaucoup  de  fro- 
ment. Entre   la  ville  8c  le  port ,  il  y  a  des   bois  fort 
agréables ,  8c   plufieurs  villages  ou  métairies.  *  Corn. 
Dict.  De  Laet,  Defcription  des  Indes  occidentales  ,1. 
1  o.  c.  zo. 

2.  MIRAFLORES  ,  chartreufe  d'Espagne  ,  dans  la 
vieille  Caftille ,  à  une  demi-lieue  de  Burgos.  C'eft  une 
des  plus  belles  de  l'ordre. 

MIRAGUANA  ,  habitation  françoife ,  dans  l'ifle  de 
Saint  Domingue ,  au  quartier  du  fud  ,  fur  le  bord  du 
golfe  nommé  le  Cul-de-fac ,  entre  la  côte  8c  les  étangs  , 
à  deux  ou  trois  lieues  à  l'oueft  du  Petit-Goave. 

MIRAMAR  ,  château  d'Espagne  ,  en  Catalogne  i 
fur  la  côte,  dans  le  camp  de  Tarragone,  près  de  Cam- 
brils  ,  &  à  cinq  lieues  de  Tarragone  vers  l'occi- 
dent ,  en  allant  vers  Tortofe.  *  Baudrand ,  Dict.  édit. 
170;. 


MIR 


MIR 


MIR  AMAS  ,    bouvg    de   France,  en    Provence,  fi- 
nie fur  un  rocher  ,  à  peu  de  diftance  de  Salon. 

MIRAMICHl  ,  ou  Mizamichi,  rivière  de  l'Amé- 
rique feptentrionale  ,  dans  la  Gafpelie  ;  on  l'appelle  en- 
core rivière  de  Sainte-Croix.  Elle  le  jette  dans  le 
golfe  de  Sainr  Laurent ,  où  elle  forme  une  baie  ,  au  mi- 
di de  celle  des  Chaleurs,  après  un  cours  de  quarante 
à  cinquante  lieues  de  l'occident  à  l'orient.  C'en1  fur  les 
bords  de  cette  rivière ,  que  cabanent  Se  font  leurs  chas- 
fes  ordinaires  les  Gafpehens  Porte-croix  ,  que  le  père 
Laflteau  dit  fe  nommer  Micmacs ,  ce  qui  ne  paroît  guère 
vraifemblable  ,  ces  derniers  demeurant  au  fond  de  l'A- 
cadie  ,  à  plus  de  cent  lieues  de  Miramichi.  Les  million- 
naires l'ont  nommée  la  rivière  de  Sainte  Croix  ,  à  caufe 
de  la  vénération,  que  cette  nation  portoit  à  la  croix, 
fans  favoir  que  c'étoit  l'inurument  de  notre  rédemption. 
Il  eit  néanmoins  certain  que  c'eft  fur  une  faufle  tradi- 
tion ,  qu'on  a  donné  à  cette  rivière  le  nom  de  Sainte 
Croix.  Il  n'y  a  point  de  Sauvages  Porte-croix  ;  Se  le 
père  Lafîteau  a  eu  raifon  de  dire  ,  que  les  Sauvages  qui 
fréquentent. cette  rivière,  font  des  Micmacs  qui  y  vont 
&  viennent  de  l'Acadie.  Voyez.  Gaspesie. 

MIRAMOND,  bourg  de  France,  dans  le  Querci , 
élection  de  Ci  hors. 

i.  MIRANDA,  petite  rivière  de  Sicile,  dans  le  val 
de  Noto.  Elle  a  fon  embouchure  fur  la  côte  orientale  , 
entre  celle  de  la  rivière  Cafibli  au  nord,  Se  celle  delà 
rivière  Falconara  au  fud.  Miranda  eit  LErineus  des  an- 
ciens. *  De  l'Ijle  ,  Atlas. 

2.  MIRANDA,  rivière  d'Espagne  ,  appellée  aufli 
communément  Eo.  Elle  a  fa  fource  au  pied  des  mon- 
tagnes des  Afturies ,  prend  fon  cours  du  midi  au  nord 
oriental  ,  mouille  Baron  Se  Tie  rra  de  Miranda ,  Se  va 
fe  jetter  dans  la  mer.  entre  l'embouchure  de  la  rivière 
Marna  à  l'occident,  Se  Caûtopol  à  l'orient.  La  rivière 
de  Miranda  fait  la  borne  entre  la  Galice  Se  les  A- 
fturies. 

3.  MIRANDA,  ou  Miranda  do  Duero  ,  ville  du 
Portugal  ,  fur  la  rivière  de  Duero.  On  l'appelloit  an- 
ciennement Contia  ou  Contium.  Elle  elt  fîtuee  fur  un 
roc ,  au  confluent  du  Duero  Se  d'une  petite  rivière  , 
nommée  Fresne.  Elle  n'a  d'autres  fortications  qu'une 
enceinte  de  murailles ,  avec  un  demi-balîion  Se  un  ou- 
vrage à  corne ,  conùruit  entre  les  deux  rivières.  Cette 
place  elt  néanmoins  très-importante ,  parce  que  de-là 
on  peut  aifément  faire  des  courtes  dans  le  royaume 
de  Léon  ,  qui  eit  tout  ouvert  Se  tout  uni  de  ce  côté.  Mi- 
randa eit  une  ville  épiscopale  ,  dont  la  prélature  vaut 
dix  mille  ducats  A   Délices  de  Portugal  ,  p.  715. 

4.  MIRANDA-DE-EBRO,  ville  d'Espagne,  dans  la 
Vieille  Caftille ,  à  fept  lieues  de  Vittoiia.  Cette  ville 
eft  petite  ,  mai£  bien  fituée  ,  aux  deux  bords  de  l'Ebre 
qui  la  traverfe  Se  coule  fous  un  beau  Se  grand  pont  de 
pierres.  C'eft  à  caufe  de  ce  fleuve  qu'on  lui  a  donné  le 
nom  de  Miranda-de-Ebro  ,  pour  la  diltinguer  des  au- 
tres villes  de  même  nom.  Elle  n'a  rien  de  fort  confi- 
dérable  d ailleurs,  qu'une  grande  place  ornée  de  fon- 
taines. Elle  eit  défendue  par  un  bon  château  ,fitué  fur 
le  haut  d'une  montagne,  Se  flanqué  de  plufieurs  tours. 
Cette  montagne  eft  toute  couverte  de  vignes  ,  qui  rap- 
portent l'un  des  meilleurs  vins  d'Espagne  ;  Se  afin  qu'il 
n'y  manque  rien  pour  le  boire  frais,  on  voit  au-defliis 
du  château  un  rocher ,  d'où  il  fort  une  fi  grofle  fon- 
taine qu'elle  fait  tourner  des  moulins  dès  fa  fource. 
Cette  ville  fut  érigée  en  comté  par  Henri  II ,  roi  de 
Caftille  ,  en  faveur  de  don  Diego  Lopez  de  Zuniga  , 
fécond  fils  de  don  Pedro  de  Zuniga ,  premier  comte 
de  Ledesma.  *  Délices  d'Espagne  ,  p.  171. 

5.  MIRANDA  ,  petite  place  d'Espagne  ,  dans  la  Na- 
varre ,  fur  l'Arga. 

6.  MIRANDA  (  Sainte  Marie  de  ),  abbaye  d'hommes , 
ordre  de  faint  Benoît  ,  en  Portugal  ,  dans  la  province 
entre  Duero  Se  Minho  ,  près  de  ponte  de  Lima. 

MIRANDE  ,  ville  de  France ,  au  pays  de  Gascogne , 
dans  le  comté  d'Aftarac  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle 
n'a  été  bâtie  que  fous  le  règne  de  Philippe  le  Bel  en 
1289,  par  Centule  ,  troifiéme  du  nom  ,  comte  d'Afta- 
rac ;  par  Etienne  de  Beaumarchais ,  grand  fénéchal  de 
Touloufe  ,  Se  par  l'abbé  du  monaftere  de  Berdoues  ,  de 
l'ordre  de  Cîteaux.  Ces  trois  fondateurs  eurent  defiein 


3ir 

d'y  faire  ériger  un  eveché ,  &  de  prendre  l'abbaye  de 
Berdoues  pour  en  compofer  le  chapitre  :  ce  projet  n'a 
pas  été  exécuté.  Piganiol ,  dejeript.  de  lu  France  ,  t.  4. 
p.  J71.  prétend  qu'il  n'y  a  guère  que  huit  cens  foixante 
petfonnesdans  cette  ville.  *  Piganiol,  DeC.  de  la  France, 
p.  203. 

MIRANDELA,  petite  ville  de  Portugal,  dans  la  pro- 
vince de  Tra  los  Montes ,fur  le  Tuelo,  au  nord-eft  de  Vil- 
la-Real.  Elle  eft  défendue  par  un  château.  On  croit  que 
Mirandela  eft  l'ancienne  Caladunum.  *  Délices  de  Portn- 

MIRANDOLE  (La),  ou  la  Mirande  ,  ville  d'I- 
talie ,  capitale  du  duché  de  même  nom ,  Elle  elt  revê- 
tue de  fept  battions ,  Se  a  un  fort  bon  château ,  Se  une 
collégiale  très  confidérable,  loumife  a  l'évèque  de  Mo- 
dène.  Cette  ville  fut  ralée  en  1330  ,  par  Paflèrino  Bo- 
nacorfl ,  Se  rétablie  quelque  tems  après.  Elle  efïuya  un 
fiége  fameux  dans  le  XVI  fiécle  de  la  part  de  l'armée  du 
pape  Jule  III ,  Se  dans  la  dernière  guerre  un  blocus  qui 
l'obligea  de  fe  rendre  aux  François  en  1 705  ,  Se  de  chaf- 
fer  les  Impériaux  que  la  duchefiè  doi'airiere  y  avoir  in- 
troduits en  1702,  au  pré)ud;ce  des  premiers,  dont  elle 
n'avoit  point  f ujet  de  fe  plaindre. 

MIRANDOLE  (Le  duché  de  la)  ou  de  la  Mi- 
rande, elt  fitiié  entre  les  duchés  de  Mantoue  au.fep- 
tentrion  ,  Se  de  Modène  au  midi.  Il  eft  comme  enclavé 
dans  ce  dernier.  La  famille  des  Fies ,  l'une  des  plus  an- 
ciennes de  l'Italie  ,  le  pofTéde  depuis  le  convnencement 
du  douzième  fiécle. \  Le  premier  feigneur  de  cette  mai- 
fon  qui  nous  foit  connu  ,  eft  François  ,  qui  fut  honoré 
du  titre  de  vicaire  de  l'Empire,  dans  la  ville  de  Modène, 
où  il  étoit  fort  puiflant  ;  Se  ce  fut  1  empereur  Louis  IV  , 
qui  lui  conféra  ce  titre  en  1314;  Se  Alexandre  1 ,  l'un 
de  fes  fuccefleurs  ,  reçut  les  titres  de  duc  de  la  Miran- 
dole  ,  de  prince  de  Concordia ,  Sec.  de  l'empereur  Mat- 
thias en  i<5 18  ,  pour  la  fomme  de  cinquante  mille  écus. 
François  Marie  ,  duc  de  la  Mirandole ,  ayant  été  dépouil- 
lé de  fes  domaines  en  1 71 1  ,  par  l'empereur  Jofeph  ,  qui 
les  vendit  au  duc  de  Modène,  fe  retira  à  la  cour  d'Es- 
pagne ,  &  la  poiTefTion  du  duché  de  la  Mirandole  ,  qui 
vaut  quatre-vingt  mille  ducats  de  rente  ,  fut  adjugée  de 
nouveau  au  duc  de  Modène  par  le  traité  d'Aix  Ia-Chap- 
pelle  ,  de  l'an  1748.  *  La  Forêt  de  Buitrgon ,  Géogr. 
hiît.  t.  2.  p.  474. 

MIRANGULI,  ou  Mirianguli.  Paul  Diacre  ap- 
pelle ainfi  la  ville  Germanicia.  Voyez,  ce  mot. 

MIRANO,  village  d'Italie  ,  dans  le  Padouan  ,  à  12 
milles  de  Padoue.  Cluvier  croit  y  trouver  le  lieu  appel- 
lé  dans  l'itinéraire  d'Antonin  Ad  duodecimum. 

MIR  APORV OS ,  nom  que  l'on  donne  à  trois  petites 
ifles  qu'on  met  au  nombre  des  Lucaies.  Ce  nom  veuc 
dire ,  gardez.-vons ,  parce  qu'il  eft  dangereux  d'en  ap- 
procher, à  caufe  qu'elles  font  au  milieu  de  quelques 
bancs  Se  de  quelques  rochers.  Ces  ifles  font  aflèz  proches 
de  celle  d'Yumeto ,  &  dispofées  en  triangle.  *  Cor. 
Diét.  de  Lact ,  Defcription  des  Indes  occident.  1.  1. 
c.  16. 

MIRAT,  ou  le  Miroir.  Beata  Maria  de  Miratorto 
abbatia ,  abbaye  d'hommes  en  France  ,  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux ,  au  diocèfe  de  Lyon.  Elle  a  été  fondée  dans  la 
Brefle  Châlonoife  ,  à  une  lieue  de  Caféan  ,  dans  le  mois 
de  Septembre  de  l'année  1 1 3  1  ,  par  les  fires  de  Coligny 
Se  de  l'Aubespine ,  terres  qui  font  près  de  la  ville  de 
Saint  Amour.  On  l'a  depuis  unie  à  l'abbaye  de  Cîteaux  , 
dont  elle  étoit  fille. 

M1RAU  ,  château  de  défenfc  ,  dans  la  Moravie.  Il 
appartient  à  l'évèque  d'Olmus.  Les  Suédois  le  prirent  en 
1643  ,  après  une  vigoureufe  réfiftance  de  la  part  de  la 
garnifon.  Les  Impériaux  le  repritent  l'année  fuivante. 
*  Zeyler  ,  Topogr.  Moravia. 

MIRAVEL  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Nouvelle  Ca- 
ftille ,  autrefois  dans  l'Eftramadure ,  à  quatre  lieues  de 
Plazencia.  Elle  eft  bâtie  fur  le  penchant  d'une  colline  , 
Se  défendue  par  un  château  bien  fortifié.  Elle  porte  le 
titre  de  marquifat ,  qu'elle  a  reçu  de  Charles  V.  Son  ter- 
roir produit  d'excellens  vins.Comme  elle  avoit  pris  le  par- 
ti de  l'archiduc  Charles  d'Autriche  en  1705  ,  elle  fut  atta- 
quée fur  la  fin  de  Février  1706  ,  par  le  maréchal  de  TefTé, 
commandant  un  corps  d'armée  pour  le  roi  d'Espagne 
Philippe  V.  Il  y  avoir  de  l'artillerie  &  une  bonne  garni- 
Tom.  TV.  R  r  i; 


3 1 6 


MIR 


MIR 


fou  dans  le  château.  Le  maréchal  fit  battre  la  place 
avec  le  canon  Se  le  mortier  ,  Se  déclara  en  même  tems 
au  gouverneur  que ,  s'il  ne  fe  rendait  dans  un  certain 
tems  qu'il  lui  prefcrivoit,  il  ne  lui  feroit  aucun  quar- 
tier. Le  troifiéme  jour  les  portes  lui  furent  ouvertes ,  Se 
tout  le  pays  ,  jusqu'à  Tortofe  ,  revint  à  l'obéiffance  du 
légitime  lbuverain.  *  Délices  d'Espagne  ,  t.  2.  p.  367. 

MIRBATH ,  petite  ville  de  l'Arabie  Heureufe ,  fur  le 
bord  du  golfe  de  Thafar.  Ses  environs  produifent  quantité 
d'encens:  Ion  en  transporte  beaucoup  en  différens  en- 
droits. *  Abulfeda,  MS.  delà  biblioth.  du  Roi. 

MIRDA  ,  ville  des  Indes,  fur  la  route  d'Amadabat  à 
Agra.  Quand  on  vient  de  Dantivar  àMirda,  il  y  a  trois 
journées  de  chemin  :  on  pane  par  un  pays  de  montagnes 
appartenant  à  des  Rujas  ,  ou  princes  particuliers  >  qui 
payent  quelque  chofe  au  Grand  Mogol  :  mais  en  reven- 
che  ,  le  grand  Mogol  leur  donne  d'ordinaire  des  emplois 
confidérables  dans  fes  armées ,  de  quoi  ils  retirent  beau- 
coup plus  que  ce  qu'ils  font  obligés  de  lui  payer.  Mirda 
eft  une  grande  ville  ,  mais  mal  bâtie.  *  Tavernier  , 
voyage  des  Indes,  1.  1.  c.  5. 

MIRDUUM  ,  ville  aux  frontières  de  la  Perfe  ,  au  côté 
gauche  du  chemin  par  où  l'on  va  à  Nifible  ,  félon  Pro- 
cope  ,  /.  i .  c.  1 3 .  qui  néanmoins  ,  dans  un  autre  endroit , 
au  lfeu  de  Mirduum  ,  écrit  Minduum.  Coufin  ,  dans  fa 
traduction  ,  fe  conforme  à  la  dernière  orthographe  ;  il 
écrit  par  tout  Mindone.  Quelques-uns  nomment  cette 
ville  Merdin.  *  OncWiT  bef a  ur. 

1.  MIREBALAIS  ,  petit  pays  de  France,  enclavé  dans 
le  Poitou ,  Se  compris  dans  le  gouvernement  militaire 
du  Saumurois.  Sa  ville  capitale  eft  Mirebeau.  *  Longue- 
rue  ,  Defcription  de  la  France,  p.  ij2. 

2.  MIREBALAIS,  quartier  de  la  colonie  françoife 
de  Saint  Domingue  ,  dans  la  partie  occidentale,  &  un 
peu  dans  les  terres,  le  longdel'Artibonite. 

1.  MIREBEAU  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Poitou  , 
Se  capitale  d'un  petit  pays  appelle  de  fon  nom  ,  le  Mi- 
rebalais.  Elle  a  titre  de  marquifat ,  Se  elle  avoir  autrefois 
un  château  que  l'on  a  rafé.  Cette  ville  eft  fit  née  fur  une 
eminence ,  à  quatre  lieues  de  Poitiers ,  &  à  cinq  de  Ri- 
chelieu. Elle  fut  bâtie  par  Foulque  de  Néra ,  &  fouffrit 
un  long  fiége  en  1202.  N.  d'Aquitaine  ,  reine  d'Angle- 
terre, veuve  d'Henri  II,  roi  d'Angleterre  ,  s'y  étoit  ren- 
fermée ,  pour  fe  dérober  à  la  pourfuite  d'Artus  ,  comte 
de  Brecagne ,  fon  petit-fils.  Elle  a  toujours  appartenu 
aux  comtes,  Se  enfuite  aux  ducs  d'Anjou,  jusqu'à  la 
réunion  de  l'Anjou  à  la  couronne  ,  fous  Louis  XI. 

Il  y  a  cinq  paroiffes  dans  la  ville  de  Mirebeau  ,  deux 
prieurés ,  l'un  de  mille  livres ,  Se  l'autre  de  cinq  cens  ; 
une  aumônerie  de  quatre  cens  j  une  maladrerie  de  cent 
cinquante  ;  un  chapitre ,  fous  l'invocation  de  Notre- 
Dame  ,  fondé  par  Gilles  de  Blafon  ,  évêque  de  Poitiers, 
fur  la  tin  du  douzième  fiécle.  Il  eft  compofé  de  trois  di- 
gnités ,  de  fept  chanoines  Se  de  deux  bacheliers.  Les 
prébendes  ne  valent  que  trois  cens  livres.  Il  y  a  auffi  deux 
couvens  :  l'un  de  Cordeliers ,  où  Jeanne  de  France  , 
dame  de  Mirebeau  ,  eft  enterrée  dans  une  chapelle  de  fa 
fondation  -,  l'autre  ,  de  filles  du  même  ordre.  *  Pïganiol , 
Defcr.  de  la  France  ,  t.  ;.  p.  168. 

2.  MIREBEAU  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Bourgo- 
gne ,  bailliage  Se  recette  de  Dijon ,  avec  titre  de  mar- 
quifat. Il  eft  Grue  fur  un  coteau  au  milieu  d'une  petite 
plaine,  Se  fur  la  rivière  de  Baife.  Il  députe  aux  états, 
Se  il  eft  la  vingt  Se  unième  communauté. 

3.  MIREBEAU.  foyf^MlRABELLO. 

MIREBEL  ,  bourg  de  Fiance  ,  dans  la  BrefTe.  Il  a 
titre  de  marquifat  ,  Se  députe  aux  afïemblées  de  la 
Breffe. 

MIRECOURT  ,  ville  du  duché  de  Lorraine,  dans 
le  bailliage  de  Vosges ,  dont  elle  eft  le  chef-lieu  ,  fur 
la  rivière  de  Maudon  ,  qui  fe  rend  dans  la  Mofelle. 

Elle  s'appelle  en  latin  Mercur'n  curtis.  Ce  nom  peut 
faire  conjecturer  que  ce  lieu  eft  d'une  grande  antiquité  : 
les  anciens  pourtant  n'en  font  aucune  mention.  Mitccourt 
eft  un  des  premiers  domaines  des  ducs  de  Lorraine,  Se 
cerre  ville  eft  affez  confidérable  pour  le  pays  ,  où  il  n'y 
en  a  pas  de  bien  grande.  L'églife  paroiffiale  eft  fous  le  ti- 
tre de  la  Nativiré  de  Notre-Dame  ,  de  S.  Didier  Se  de  S. 
Nicolas.  Le  chapitre  de  Remiremont  eft  patron  de  la 
cure  qui  fe  donne  au  concours.  Ce  chapitre  perçoit  les 


deux  tiers  de  toutes  les  dîmes  ,  Se  le  curé  jouit  de  l'autre 
tiers.  Il  y  a  dix  chapelles  en  titre  ;  une  communauté  d'éc- 
clefiaitiques  natifs  de  la  ville  j  un  hôpital,dont  les  bour- 
geois ont  l'adminiftration  -,  un  couvent  de  Cordeliers , 
oudcCapucins-,un  monaftefe  de  Récollettes  ou  Clariftes, 
&*une  maifon  de  religieufes  de  la  congtégation  de  Notre- 
Dame.  Le  pays  aux  environs  de  Mirecourt  s'appelle  en 
latin  Mtrcurïenfis  Pagus.  *  Longucrue  ,  Defcription  de 
la  France,  part.   2.  p.  149. 

M1REFLEUR&  Chalendras  ,  bourg  de  France, 
dans  1  Auvergne  ,  élection  de  Clermonr. 

1.  MIREMONT  ,  Miramont  ,  ou  Miraumont  , 
petite  ville  ou  bourg  de  France  ,  dans  le  Périgord ,  fur 
une  petite  rivière  qui  fe  jette  peu  après  dans  la  Vezere  , 
à  fix  lieues  de  Sarlat,  Se  à  huit  de  Périgueux.  Elle 
eft  du  diocèfe ,  du  reffort  du  parlement  Se  de  l'intendan- 
ce de  Bourdeaux.  On  voit  près  de  cette  ville  une  caver- 
ne ou  grottesque  ,  appellée  Cluseau.  Les  gens  du  pays 
en  font  divers  contes.  Ils  difent  qu'il  y  a  àes  fales  Se  des 
chambres  pavées  à  la  mofaïque ,  des  autels  Se  des  peintu- 
res qui  font  préfumer  que  les  anciens  païens  facrifioient 
dans  ce  lieu  a  Venus  ou  à  leurs  dieux  infernaux.  On  croit 
auffi  que  les  premiers  Chrétiens  s'y  retiroient  pour  faire 
leurs  prières  Se  leurs  cérémonies.  On  dit  qu'elle  a  plus 
de  huit  lieues  d'étendue.  C'eft  le  fentiment  de  l'abbé  Le- 
bœuf.  Il  y  a  auffi  ,  à  ce  qu'on  dit ,  des  fontaines  Se  des 
ruiffeaux  ,  &  un  entre  autres  dont  le  lit  a  plus  de  fix- 
vingt  pieds  de  large.  '  Du  Chêne  ,  Antiq.  des  villes  de 
France  ,  part.  2.  chap.  13. 

2.  MiREMONT,bourgade  de  France ,  dans  la  Gasco- 
gne ,  élection  de  Lannes. 

3.  MIREMONT,  bourgade  de  France,  dans  l'Au- 
vergne ,  élection  de  Riom. 

4.  MIREMONT,  petite  ville  de  France,  dans  le  haut- 
Languedoc  .  à  quatre  lieues  au  midi  de  Touloufe  ,  avec 
un  lieutenant  de  juge  de  la  judicature  de  Rieux.  Elle  eft 
cependant  du  diocèfe  de  Touloufe. 

MIREPEYSSET  ,  bourgade  de  France  ,  dans  le  Bas- 
Languedoc,  recette  de  Narbonne. 

MIREPOIX,  Mirapïcum  ,  Mirapica,  Mirapicium  , 
Mirap'ica  ,  Mirapincum  Se  Mirap.cis  Caftrum  ;  ville  de 
France ,  dans  le  Languedoc ,  dépendante  autrefois 
du  diocèfe  de  Touloufe.  C'étoit  un  lieu  fort ,  Se  une 
place  d'armes  des  Albigeois,  au  commencement  du  trei- 
zième fiécle.  Les  Croifés  l'afiiégerent  &  la  prirent  fur  le 
comte  de  Foix ,  à  qui  elle  appartenoit  :  ils  la  donnèrent 
enfuite  à  Gui  de  Lévis ,  un  de  leurs  principaux  chefs , 
dont  l'hiftorien  Pierre  de  Veaux  de  Ccrnay  fait  l'éloge. 
Il  porta  la  qualité  de  maréchal  de  la  Foi  &  de  l'armée 
des  Croifés  -,  de  forte  qu'on  l'appelle  le  Maréchal  en  plu- 
fieurs  anciens  actes.  La  donation  ,  que  les  Croifés 
avoient  faite  du  Mirepoix  à  Gui  de  Lévis ,  fut  confir- 
mée par  les  rois  de  France  ;  de  forte  que  Mirepoix  ne 
fut  point  rendu  au  comte  de  Foix  quand  on  le  reçut 
en  grâce  ,  Se  tout  ce  qui  avoit  été  donné  à  Gui  de 
•Lévis,  après  avoir  été  démembré  des  comtés  de  Foix 
Se  de  Touloufe ,  lui  fut  confervé  par  les  traités  que 
faint  Louis  fit  avec  ces  comtes  :  car  il  excepta  de  la 
reftitution  qu'on  leur  faifoit  toute  la  terre  du  maré- 
chal ,  qui  étoit  alors  Gui  de  Lévis  ;  de  forte  que  Mire- 
poix jusqu'à  préfent  a  toujours  été  dans  la  même  mai- 
fon depuis  cinq  cens  ans.  *  Longuerue  ,  Defcription  de 
la  France  ,  pag.  233. 

Mirepoix  n'étoit  qu'une  fimple  paroifTe  du  diocèfe 
de  Touloufe ,  lorsque  le  pape  Jean  XXII  l'érigea  en 
évêché.  Il  détacha  ce  nouveau  fiége  du  diocèfe  Se  de 
l'églife  de  Touloufe  érigée  en  métropole,  à  laquelle 
l'évêque  de  Mirepoix  fut  fournis.  Raimond  Athon  ,  abbé 
de  S.  Sernin  de  Touloufe,  fut  le  premier  évêque  de 
Mirepoix.  Jacques  Fournier  ou  du  Four,  l'un  de  fes 
fucceffeurs,  fut  élu  pape  en  1334,  fous  le  nom  de  Be- 
noît XII.  Quatre  autres  ont  été  Cardinaux.  L'églife  ca- 
thédrale eft  dédiée  à  S.  Maurice ,  Se  fon  chapitre  a  un 
prévôt ,  un  facriftain  ,  un  théologal  Se  douze  chanoi- 
nes. Cet  évêché  vaut  dix-huit  mille  livres  de  rente, 
Se  n'a  que  cent  cinquante-quatre  paroiffes.  L'abbaye  de 
Bolbone ,  dans  le  comté  de  Foix  Se  de  Tordre  de  Cî- 
teaux  ,  eft  la  feule  qu'il  y  ait  dans  ce  diocèfe.  Elle  fut 
fondée  en  iijo  ,  auprès  de  la  ville  de  Mazeres  ;  mais 
dans  la  fuite  on  l'a  rebâtie  au  confluent  de  l'Ariége  & 


MIR 


MIS 


de  l'Ers,  avec  tant  de  magnificence,  que  c'eft  une  des 
plus  belles  8c  des  plus  riches  de  tout  l'ordre.  Roger, 
comte  de  Foix ,  fut  enfeveli ,  en  i  273  ,  dans  l'églife  qu'il 
avoir  fait  bâtir.  Jacques  du  Four ,  qui  fut  pape  fous  le 
nom  de  Benoît  XII ,  avoit  été  moine  de  cette  abbaye  , 
avant  que  d'être  évêque  de  Mirepoix.  *  Piganiol,  Defc. 
de  la  France,  r.  4.  p.  253. 

Le  diocèfe  de  Mirepoix  produit  toutes  fortes  de 
denrées  &  de  belliaux ,  mais  il  s'en  fait  peu  de  com- 
merce au  dehors.  Qn  y  voit  en  quelques  endroits  des 
mines  de  jayet  ;  &  l'on  y  fait  un  grand  débit  de  peig- 
nes de  buis ,  que  l'on  porte  en  Espagne  8c  en  Italie. 
On  compte  quatre  villes  dans  ce  ciiocèfe  ;  favoir, 
Mirepoix,     Cariât,     La  Roque ,     Fangeaux. 

1.  MIRE  VAUX  ,  petite  ville  ou  bourg  de  France, 
dans  le  lias-Languedoc,  recette  de  Montpellier. 

2.  MIREVAUX,  en  latin  Mira.  Vallis  Abbatïa , 
abbaye  de  France  dans  le  Bafîigni  ,  terre  de  France  au 
diocèfe  de  Toul  ,  près  de  Neuf-Château.  C'eft  une  ab- 
baye d'hommes  de  l'ordre  de  Prémontré  ,  fille  de  Sept- 
Fontaines  8c  de  la  réforme.  Elle  vaur  trois  mille  livres 
de  revenu  à  l'abbé.  Cette  abbaye  n'eft  pas  régulière ,  com- 
me le  prétend  D.  Beaunier.  C'eft  la  même  que  Mureaux. 

3.  MIREVAUX,  ou  Mirvaux,  petit  village  de 
France  ,  dans  la  Picardie  ,  diocèfe  d'Amiens ,  élection 
de  Dourlens.  Ce  lieu  eft  devenu  célèbre  par  un  man- 
dement, que  François  le  Fevrede  Caumartin  ,évêque 
d'Amiens,  donna  le  premier  Juin  165-0,  contre  les  fol- 
dats  qui,  après  avoir  forcé  8c  pillé  l'églife,  en  avoient 
emporté  les  Hofties  confacrées,&  rendu  le  ciboire  vuide, 

MIR1ANA  &  Miriniana.  Voyez,  Mariniana.  ' 

M1RICIANENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans 
la  Byzacene.  Parmi  les  éveques  qui  fouferivirent  à  la 
lettre  adrelfée  à  l'empereur  Conftantin  ,  on  trouve  Satu- 
rinus  Mxr&ïttnenfis.*  Harduin.  c  ol.  conc.  v.  3.  p.  739. 

MIRIDE  ,  lieu  fortifié  en  Afie ,  aux  environs  du 
mont  Zagrus  ,  félon  Ammien  Marcellin,/.  19- p-  158. 
Quelques  manuferks  ,  au  lieu  de  Miride,  lifent  Maride. 

M1RIOFIDI.  Voyez.  Myriophytus. 

MIRiSA,  ville  de  la  Syrie  creufe ,  félon  Egefippe, 
/.  1.  c.  18.  Voyez.  Maresa. 

M1RMIDONIA.  Etienne  le  géographe  dit  qu'on 
appelloit  autrefois  de  la  forte  l'ifle  d'Egine  ,  dans  le  golfe 
Saronique.  Voyez.  Aegine  I. 

MIRMIX.  Voyez,  Lotophagites. 

MIRMYCION.  Voyez.  Myrmecium. 

1.  MIROBRIGA,  ville  d'Espagne,  dans  la  Bétique. 
Ptolomée ,  /.  2.  c.  4.  la  place  dans  les  terres  aux  confins 
de  la  Lufitanie  ,  chez  les  Turdetani ,  entre  Curfus  8c 
Spulctinum. 

2.  MIROBRIGA,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique, 
dans  le  pays  des  Oretani,  félon  Ptolomée  ,  l.i.c.6. 
qui  la  place  entre  /Emiliana  &  Salica.  Pline,  /.  }.c. 
i.  la  donne  aux  Turduli ,  &  ajoure  qu'elle  étoit  delà 
jurisdicrion  de  Cordoue.  Le  père  Hardouin  prétend  que 
e'eft  aujourd'hui  Villa  de  Capilla ,  au  voifinage  de 
k'ueme  de  la  Ovejuna  ;  8c  qu'on  y  a  rrouvé  une  ancien- 
ne infeription  avec  ces  mots  :  Mirobricenfium  Munie. 
Elle  eft  rapportée  par  Gruter ,  p.  2  j  7. 

3.  MIROBRIGA, ou  Merobriga  ,  ville  de  la  Lufi- 
tanie, dans  les  terres  chez  les  Celtiques,  félon  Pto- 
lomée, /.  2.  c.  5.  qui  la  place  entre  BretoUumSc  Aco- 
briga.  On  prétend  que  c'eft  aujourd'hui  San-Jùgo  de 
Cacem ,  à  une  lieue  &  demie  du  rivage ,  dans  l'Alen- 
rejo ,  à  l'orient  du  port  de  Sinis  ou  Sines.  En  effet , 
à  deux  cens  pas  de  San-Jago  de  Cacem ,  on  voit  les 
ruines  d'une  ancienne  ville  ,  des  pans  de  murailles  avec 
des  tours ,  les  uns  à  demi  renverfés ,  d'autres  encore 
en  leur  entier ,  un  aqueduc  ,  un  pont  bâti  au  milieu 
de  la  vallée,  8c  une  fontaine  fermée  d'un  beau  réfer- 
voir  de  pierres  de  taille  :  on  voit  aufli  le  nom  de  cette 
ville  ancienne  dans  une  infeription  trouvée  àSinès.qui 
eft  près  de-là. 

D.      M.      S. 

Fulvius.  L.  F.   Quintianus; 

Faber,  Materiarius  ,Pius. 

In  suos  vixit.  ann.  xlvi. 

Rubia.  Q.  F.  Sergilla.  Merobi^ 

Marito  B.  M.  fecit. 

H.  S  .E.  S.  T.  I  •  L« 


517 

4.  MIROBRIGA,  ville  de  l'Espagne  Taitîgonnoi- 
fe  ,  aux  confins  de  la  Lufitanie.  une  infeription  du 
tems  d'Augufte  ,  rapportée  par  Gruter,  p.  199.  n.  2. 
donne  à  entendre  que  cette  ville  étoit  voifine  de  Bls- 
tifa  8c  de  Salmantica.  Voici  cette  infeription  , 

Terminus  Augustal.  inter 
Bletisam  et  Mirob.   et  Salm. 

Si  Bletija  eft  aujourd'hui  Ledesma  ,  comme  le  dît 
Mariana,  /.  7.  c.  4.  8c  il  Salmantica  eft  Salamanaue , 
comme  perfonne  n'en  dourc  ,  Mirobrica  pourra  être  à 
Ciudad  Rodrigo  ,  ou  quelque  part  entre  cette  dernière 
ville  8c  Salamanque. 

MIROM  ,  rivière  d'Afrique,  au  royaume  d'Alger. 
Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes ,  8c  fon  cours  eft 
du  fud  au  nord.  Elle  fépare  la  province  de  Teneza  de 
celle  de  GezaVra,  8c  va  fe  jetter  dans  la  mer  Méditer- 
ranée ,  auprès  du  village  de  Miroma ,  qui  lui  donne 
fon  nom.  *  N.  Sanfon  ,  Carte  du  royaume  d'Alger. 

MIROMA,  village  d'Afrique,  au  royaume  d'Alger , 
à  l'embouchure  de  la  rivière  Mirom. 

M1ROW,  château  d'Allemagne,  dans  le  duché  de 
Meckelbourg  C'eft  la  réfidence  de  la  branche  de  ce 
nom,  qui  a  hérité  de  celle  de  Strelits  ,  qui  a  été  éteinte 
en  la  perfonne  d'Adolphe  Frédéric  III  ,  mort  fans  po- 
ftérité   le    11   Décembre  1752. 

MIRTENUM.  Voyez.  Motenum. 

MIRSIE  ,  ville  des  Indes  ,  fur  le  chemin  de  Vifa- 
pour  à  Dabul ,  à  trois  lieues  de  la  ville  de  Berce  ,  à 
fix  de  celle  d'Arec,  &  à  cinq  de  celle  de  Graeen.  Cette 
ville  qu'on  nomme  aufli  Mirdsi  8c  Mirisgie  ,  eft  gran- 
de 8c  fort  mal  peuplée.  Elle  a  vers  fa  pairie  feprentrio- 
nale  un  château  fi  bien  fortifié ,  que  le  Mogol  l'ayant 
autrefois  attaqué  avec  toutes  fes  forces  ,  fut  obligé  de 
lever  le  fiége.  On  voit  à  Mirfie  les  tombeaux  dedeux 
rois  de  Delly,qui  ont  été  enterrés  dans  ce  lieu,  il  y  a 
plus  de  cinq  cens  ans.  Les  habirans  de  la  ville  &  ceux 
du  pays    ont   une  grande  vénération  pour  ce  lieu-là. 

MIRTH  ,  ville  de  l'Inde.  C'étoit  une  des  plus  fa- 
meufes  places  de  l'Inde  ,  où  plufieurs  Ghebres  s'étoient 
fortifiés ,  pour  réfifter  aux  efforts  de  Tamerlan.  Ils  s'y 
croyoient  tellement  en  fureté  ,  qu'ils  répondirent  aux 
propofitions  de  ce  conquérant,  qu'autrefois  Turmes- 
chirin  ,  Kan  du  Zagarai  ,n'avoit  pu  la  prendre  ,  8c  qu'ils 
efpéroient  qu'il  ne  réuffiroit  pas  mieux.  Tamerlan ,  ir- 
rité ,  fit  des  efforts  incroyables  ,  prit  la  place  ,  fit  écor- 
cher  vifs  tous  les  Ghebres,  emmena  les  femmes  &  les 
enfans  en  captivité ,  8c  réduifit  la  place  en  cendres.  * 
Hift.  générale  des  Huns  par  M.  de  Guignes ,  liv.  j. 

Pag.  SS- 

MIRTILIS.  Voyez.  Julia  Mirtilis. 

MIRUS,  fleuve  de  Phrygie  ,  félon  Suidas.  *  Orteliï 
Thefaur. 

MIS  ,  rivière  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de  Venife  ,  au  Fel- 
trin.  Son  cours  eft  du  couchant  au  levant.  Elle  fe  jette 
dans  le  Cordevol. 

MISADAI.  Voyez.  Mosera. 

MISAEI ,  Voyez.  Nissaea.  ( 

MISAGNO ,  petite  ville  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  terre  d'Otrante ,  à  l'occidenr  méridioiaa! 
de  Leccie ,  entre  Carmignano  8c  Moterane.  Il  y  en  a 
qui  la  prennent  pour  l'ancienne  Kodx.  *  Magin ,  Carte 
de  la  terre  d'Otrante. 

MISAL.  Voyez,  MazaN. 

MISARIS  ,  ou  Mysaris.  Ptolomée  ,  /.  J.  r.  5.  don- 
ne ce  nom  à  la  partie  orientale  du  promontoire  de 
rifthme ,  appelle  la  Courfe  d'Achille ,  -dans  la  Sarmatie 
Européene. 

MISAUCI.  Voyez.  Isarci. 

MISCERA ,  ville  de  la  Sicanie ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  cite  Théopompe. 

MISCHENSCHA  (  Le  territoire  de  )  eft  dans  le 
Dagiftan  inférieur,  du  côté  du  nord  de  la  Samara, 
près  d'une  haute  montagne, nommée  Gattun-Kull ,  vis- 
à-vis  d'Achty  ;  le  fleuve  Samara  coulanr  entre  ces  deux 
terriroires.  Les  habitans  font  Mahométans  Schahi ,  c'eft- 
à  dire, de  la  fecte  d'Ali.  ^Description  des  peuples  Occï- 
dentaux  de  la  mer  Cafpienne  ,  par  M.  Garber ,  officier 
an  fervice  de  la  Rujfie  3  dans  ce  pays. 


318 


MIS 


MIS 


M1SCHITA.  Voyez.  Mestleta. 

MISCOU,  iAe  de  l'Amérique  feptentrionale ,  dans 
le  golfe  de  Saint  Laurent ,  à  l'orient  du  cap  méridio- 
nal de  la  baie  des  Chaleurs  ,  fur  la  côte  de  la  Gas- 
pefie.  Cette  ifle  eft  extrêmement  fertile.  *  De  l'IJle , 
Atlas. 

MISCOUAKIMINA  ,  habitation  des  Outouagamis 
ou  Renards,  dans  l'Amérique  feptentrionale,  Se  dans 
la  nouvelle  France.  Cette  habitation  eft  fituée  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  Melleki,  à  la  bande  de  l'oueft 
du  lac  des  Ilinois. 

M1SDIA.  Voyez.  Temisdia. 

MISDOUTENAGACH1T  ,  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  dans  la  nouvelle  France.  C'eft  une  pe- 
tite rivière,  qui  fe  rend  dans  la  baied'Hudfon  ,  au  nord 
de  la  rivière  de  Memisko. 

MISEA.  Voyez.  Moxoena. 

MISENUM  PROMONTORIUM,  promontoire  d'I- 
talie ,  fur  la  côte  de  la  Campanie.  L'origine  du  nom 
de  ce  promontoire  étoit  fabuleufe.  Virgile  ,  JEneïd.  I.  6. 
v,  232.  dit  qu'on  l'appella  de  la  forte  après  que  Mis- 
cene  ,  trompette  d'Enée  ,  y  eut  été  enterré  ,  Se  que 
fon  ancien  nom  étoit  JErius.  Tacite  nomme  ce  pro- 
montoire ,  Se  les  deux  Plines  nous  apprennent  qu'il  y 
avoit  une  ville  de  même  nom  :  Cuma  Chalcidenfium  , 
dit  Pline  le  vieux ,  /.  6.  c.  jo.  &  L  14.  c.  4.  Mifenum 
Tortus  Bajarum  :  le  jeune ,  /.  6.  epifi.  20.  en  parlant 
de  l'embrafement  du  mont  /Etna ,  dit ,  ego  Mijeni  re- 
liftitf ....  tum  demum  excedere  oppido  vifum  :  Enfin  , 
Suétone,  c.  49.  &  Florus ,  /.  \.  c.  16.  font  entendre 
qu'il  y  avoit  aufti  un  port  à  Mifene.  Les  habitans  de 
Ja  ville  s'appelloient  Mijenenfes  ,  félon  Tacite ,  Annal. 
1.  1$.  c.  51.  &  I.  G.  c.  50.  Il  y  avoit  aux  environs  de 
Mifene  un  grand  nombre  de  maifons  de  plaifance, 
dans  l'une  desquelles  mourut  l'empereur  Tibère.  Le 
promontoire  Mifenum  conferve  encore  aujourd'hui  fon 
ancien  nom  :  on  l'appelle  Cap 0  di  Mifeno.  On  le  trouve 
à  l'orient  du  cap  de  Pofdipo ,  Se  à  l'occident  de  Lifte 
Ischia. 

MISERAY ,  abbaye  de  France,  dans  le  Berri,  an 
territoire  de  Buzançois,  à  deux  lieues  de  Châtillon  fur 
l'Indre  ,  au  levant.  C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'or- 
dre de  faint  Auguftin.  Elle  a  été  fondée  en  l'honneur 
de  la  fainte  Vierge,  l'an  1089,  par  Gilbert,  Hugues, 
Albert  &  Amalfrede  ,  gentilshommes  ,  demeurans  dans 
l'étendue  de  la  feigneurie  de  Buzançois. 

MISETES.  Voyez,  Messogis. 

MISETUS,  ville  de  Macédoine  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

MÎSGETES  ,  peuple  de  l'Ibérie ,  en  Europe  ,  fuivant 
le  témoinage  d'Etienne  le  géographe. 

MISGOMEN/E  ,  ville  de  Theftalie  ,  félon  Hella- 
nicus  ,l.i.  Deucalionar.  cité  par  Etienne  le  géo- 
graphe. 

MISIA,  ville  de  l'Albanie  :  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  12.  la 
met  au  nombre  des  villes  fituées  entre  les  fleuves  Al- 
banus  Se  Cœfîiifé 

MISIE.  Voyez.  Mysia. 

MISIIMA,  ville  du  Japon,  dans  l'ifle  de  Niphon, 
aux  frontières  des  provinces  Idfu  &  Sangami.  Elle  n'eft 
pas  grande.:  on  l'a  bâtie  en  longueur  ,  Se  la  rue  du  mi- 
lieu a  au  moins  un  quart  de  lieue.  Deux  rivières  pas- 
fent  au  travers  ,  &  une  troifiéme  baigne  une  des  extré- 
mités. Il  y  a  deux  ponts  fur  chacune  de  ces  rivières  qui 
font  aflez  profondes.  Cette  ville  renfermoit  autrefois  des 
temples  &  des  chapelles  magnifiques,  renommées  par 
rapport  à  plufieurs  hiftoires  fabuleufes  que  l'on  en  fai- 
foit  :  mais  ces  idifices  fuient  réduits  en  cendres  par 
l'embrafement  qui  ,en  1686,  confuma  la  ville  entière. 
Mifiima  a  été  rebâtie  depuis  plus  belle  qu'elle  n'étoit  : 
on  a  aufti  rebâti  un  des  temples ,  qui  eft  dans  une 
grande  place  carrée  toute  pavée  de  pierres  de  taille.  * 
Kœmpfcr,  Hift.  du  Japon,  t.  2.  p.  219. 

M1SILMELI,  château  avec  titre  de  duché,  en  Si- 
cile ,  dans  la  vallée  de  Mazare  ,  fur  la  rive  occidentale 
d'une  rivière  de  même  novn ,  appellée  par  les  anciens 
Eleutheriis ,  félon  de  l'ifle  ,  Carte  de  l'ancienne  Si- 
cile. 

MISIMIANI ,  peuples  fous  la  dépendance  de  Col- 
chos ,  félon  Agathias ,  /.  1.  Ortelius  ,  Thefanr.  foupçon- 


nc  que  ce  pourrok  être  les  mêmes  peuples  que  Pline 
nomme  Mejjenianu  Si  ce  ne  font  pas  les  mêmes ,  ajou- 
te-t-il  ,  ils  étoient  du  moins  limitrophes. 

MIS1NI.  Voyez,  Drusipara. 

MIS1S.  Voyez,  Masisa. 

1.  MISITRA  ,  rivière  de  la  Morée.  Elle  coule  au- 
tour d'une  petite  montagne  appellee  aufti  Mifitra  :  elle 
va  enfuite  fe  décharger  dans  le  Vafilipotamos  ,  auprès  de 
la  ville  de  Mifitra.  Les  anciens  nommèrent  première- 
ment cette  rivière  Oenunte ,  &  enfuite  Cnacion.  *  La 
Guilletiere,  Lacédémone  ancienne  &  moderne,  1.  2. 
p.   141. 

2.  MISITRA  ,  montagne  de  la  Morée,  auprès  de  la 
ville  de  Mifitra.  C'eft  la  montagne  que  les  anciens  ap- 
pelloient  Menelaïon.  Elle  fait  une  des  branches  du 
Taygelus  ou  du  Forçais ,  comme  on  le  nomme  aujour- 
d'hui. 

3.  MISITRA  ,  ville  de  la  Morée  dans  les  terres  ,  au- 
près d'une  petite  montagne ,  &  d'une  petite  rivière  de 
même  nom.  C'eft  l'ancienne  Lacédémone.  Le  nom  de 
Mifitra  ne  lui  a  été  donné  que  fous  les  derniers  em- 
pereurs de  Conftantinople.  Comme  les  rochers  &  les 
villages  d'alentour  font  remplis  de  rroupeaux  de  chè- 
vres ,  &  que  du  Jait  de  ces  animaux  on  y  fait  d'excel- 
lens  fromages,  appelles  vulgairement  Mifitra ,  les  habi- 
tans du  pays  prétendent  que  c'eft  de-là  qu'eft  venu  le 
nom  moderne  de  cette  ville. 

Le  circuit  de  la  ville  étoit  autrefois  de  figure  ronde , 
félon  Polybe ,  /.  4.  qui  ajoute  que  fon  terrein  étoit  in- 
égal Se  coupé  par  quantité  de  collines  ;  ce  qui  eft  con- 
firtné  par  Strabon.  L'inégalité  du  terrein  fe  trouve  en- 
core ;  mais  il  s'en  faut  bien  que  Mifitra  ait  quarante- 
huit  ftades ,  que  Polybe,  /.  9.  lui  donne.  Ces  quaran- 
te-huit ftades  revenaient  à  cinq  mille  quatre  cens  qua- 
rante pas  géométriques,  ou  à  quatre  mille  cinq  cens 
trente-trois  toifes  &  deux  pieds ,  donnant  à  chaque  fta- 
de  fix  cens  pieds  athéniens ,  qui  reviennent  à  cinq  cens 
foixante  fix  pieds,  Se  huit  pouces  du  pied  de  roi  en 
France  ;  car  le  pied  françois  furpaffe  le  pied  athénien 
de  huit  à  neuf  lignes. 

Aujourd'hui  la  ville  Se  le  château  ont  chacun  leurs 
murailles  particulières  ;  car  Mifitra  eft  divifée  en  qua- 
tre parties  détachées  l'une  de  l'autre  ;  le  château ,  la 
ville ,  Se  deux  gros  faux  bourgs  ;  l'un  appelle  Mejokorion , 
ou  bourgade  du  milieu  -,  &  l'autre  Exokorion  ,  ou  bour- 
gade du  dehors  :  les  Turcs  appellent  aufti  ce  dernier 
Maratlhe.  Le  château  ,  la  ville  &  le  Mejokorion  font 
féparés  de  Y  Exokorion  par  la  rivière  ,  fur  laquelle  il  y 
a  un  pont  de  pierres  :  c'eft  le  Babyca  des  anciens  ;  mot 
dorique  qui  veut  dire  pont.  La  rivière  Vafilipotamos 
pafle  encore  aujourd'hui  à  l'orient  de  la  ville,  comme 
autrefois.  En  été  cette  rivière  n'eft  pas  plusgroiTe  que  celle 
des  Gobelins  à  Paris;  mais  en  hiver  elle  eft  comme  le 
bras  de  la  Seine  qui  pafle  devant  les  Auguftins.  Les 
grofles  pluies  Se  la  fonte  des  neiges  la  font  fouvent 
déborder. 

Le  château,  nommé  to  Caftrum,  eft  finie  fur  une  mon- 
tagne faite  en  pain  de  fucre ,  une  fois  pins  haute  que 
celle  du  château  d'Athènes  &  beaucoup  plus  escarpée  i 
mais  fon  terre-plein  a  bien  moins  d'étendue.  Ses  mu- 
railles font  fort  bonnes  Se  bien  entretenues.  Son  artil- 
lerie ne  confifte  qu'en  huit  ou  dix  pièces  de  canon  ,  Se 
fa  garnifon  feulement  en  dix-huit  ou  vingt  janiflaires 
commandés  par  un  disdar,  ou  gouverneur,  qui  la  plu- 
part du  tems  n'y  demeure  pas.  Les  foldats;  de  cette 
garnifon  ont  leur  famille  dans  ce  château.  Comme  on 
n'y  connoït  guère  les  mines  ni  les  fourneaux  ,  les  Turcs 
difent  que  cette  place  ne  fauroit  être  prife  que  par  fa- 
mine-, Se  pour  en  éviter  le  danger  ,  on  a  établi  de  très- 
beaux  magazins ,  toujours  bien  fournis  de  bled.  Chaque 
Turc  eft  obligé  d'y  avoir  le  fien ,  Se  d'en  renouveller 
le  grain  tous  les  ans.  On  y  trouve  encore  pour  le  mê- 
me ufage  des  foffés ,  qu'ils  nomment  Ambar  ;  Se  afin 
que  l'eau  n'y  manque  pas,  on  y  voit  trois  ou  quatre 
Sarnitche ,  ou  citernes.  Il  y  a  aufti  dans  le  milieu  du 
château  une  petite  mosquée ,  qui  étoit  autrefois  une 
églife  des  Chrétiens.  L'afliette  de  ce  château  eft  fi  avau- 
tageufe,  que  ni  l'hiftoire  ni  la  tradition  ne  difent 
point  qu'il  ait  été  jamais  pris  par  force.  Mahomet  II , 
Se  Sigismond  Malatefta  s'y  opiniâuerent  vainement.  Ce 


MIS 


MIS 


thâteau  n'eff  pas  celui  de  l'ancienne  Lacédémone , 
donc  on  voie  encore  les  débris  fur  une  colline  oppo- 
fée  ;  c'eff  l'ouvrage  des  despotes,  fous  le  déclin  de  l'em- 
pire. L'ancien  ne  commandant  pas  aflez  la  ville,  ils  fi- 
rent bâtir  celui-ci  fur  une  partie  de  la  montagne  Tay- 
getus  ou  Portais  ,  qui  ayant  été  ébranlée  par  un  trem- 
blement de  terre,  ruina  toute  l'ancienne  Sparte. 

La  ville  eff  au  pied  du  nouveau  château  qui  la  cou- 
vre  du   côté    du  nord.  Elle  eff   toute  environnée  de 
murailles,  mais  aflez  mauvaifes,  Se  n'a  que  deux  gran- 
des  portes  Se    quelques    faillies    portes  par-ci  par-là. 
L'une  des  deux  grandes  regarde  le  nord ,  Se  l'autre  le 
levant.   On  va  par  cette  dernière  à  l'Exokorion  pour 
prendre  le  chemin  de  Moncmbaze;  Se  on  fort  parcelle 
du  nord  pour  aller  à  Napoli  de  Romanie  Se  dans  l'Ar- 
cadic.  Il  n'y  a  que  deux  grandes  rues  Se  quelques   pe- 
tites fort  étroites  qui  y   répondent.  L'une  de  ces  deux 
grandes   rues  clt  l'ancienne  Achetais ,  qu'on  appelle  or- 
dinairement la  rue  du   grand  Bazar  :  l'autre  eff  l'Hcl- 
lenion  ,  qu'on  nomme  le  plus  fouvent  la  rue  du  petit 
Bazar.  La  fameufe  Agora  ,  ou  l'ancienne  place  publi- 
que ,  a  aulîi  changé  de  nom  :  on  l'appelle  Bojuk^Bazer  ; 
ce  qui  veut  dire  ,  en  langage  turc ,  'grand  marché.   A 
l'orient  de  l'Agora ,  il  y  a  une  très-belle  fontaine  qui 
jette  l'eau  par  trois  gros  tuyaux  de  bronze.   La  princi- 
pale des  mosquées  de  la  ville  eft  auprès  du  grand  Bazar. 
C'étoit  autrefois  une  églife   Chrétienne ,  bâtie  fur  les 
ruines  du  temple  Aphalion ,  confacré  à  Minerve  Ago- 
réenne&  à  Neptune. 

L'Agora  eft   précifément  entre  quatre  ou  cinq  an- 
ciens édifices  ,  qui  font  aujourd'hui  les  plus  remarqua- 
bles   antiquités  de  Mifitra*  favoir,  le  Stoa    Perfiaue , 
c'eft- à-dire,  le  portique  des  Perfes,  qu'on  appelle  les 
maifons  du  roi  Ménélas  >•  Elenes  Jeron,  le  temple  d'Hé- 
lène*   Heraklecs  Jeoron ,  le  temple    d'Hercule;  Naos 
Aphrodites    Holismeues  ,  le  temple  de  Venus  armée  ; 
le  Dromos  Se  le  Plataniflas ,  qu'on  appelle  Piatanon, 
Les  maifons  du  roi  Ménélas  ,  font  à  l'orient  de  l'Ago- 
ra ;  les  temples  d'Hercule  Se  d'Hélène  font  au  midi  ; 
le  temple  de  Venus  elt  à  l'occident  ;  le  Dromos  Se  le 
Piatanon  font  hors  de  l'enceinte  de  la  ville.  Ce  fut  à 
ces  maifons  de  Ménélas  que  les  anciens  architectes  em- 
ployèrent pour  la  première  fois  des  colomnes  travail- 
lées en  fiatues  d'hommes ,  pour  foutenir  des  voûtes  Se 
des   ornemens  d'architecture ,  Se  faire  l'effet   des  fia- 
tues de  femmes  qu'on  appelle  des  Caryatides.  Ce  fa- 
meux portique  étoit  d'une  figure  carrée.   Le  trait  fon- 
damental de  fes  quatre  faces ,  fe  reconnoît  par  les  rui- 
nes qui  fe  trouvent  dans  les  maifons  des  particuliers. 
En  quelques  endroits  on  voit  des  entre -colomnes  tous 
entiers  avec  leurs  entablemens  ;  en  quelques  autres  les 
voûtes  fe  font  maintenues.  Le  reffe  eft  bien  plus  im- 
parfait ,  encore  elt -ce  une  efpéce  de  miracle  ,  que  cela 
fe  foit  confervé.  Quand  le  grand  vifir  du  fultan  Amu- 
rat   fit  bâtir  dans  le  Mezokorion  la  mosquée  Se  l'ima- 
ret ,  il  vouloir  faire  enlever  tous  les  marbres  de  ce  por- 
tique pour  les  employer  à  fon  bâtiment.  L'aga  quicom- 
mandoit  alors  dans  Mifitra,  rompit  le  coup,  à  lafol- 
licitation  des  Chrétiens.  Il  lui  repréfenta  que  pour  la 
gloire  de  fon  édifice,  il  falloit  conferver  ces  malheu- 
reux débris ,  Se  qu'infailliblement  par  leur  oppofition , 
la  magnificence  de    fon  imatet|  effaceroit  la    beauté 
de  ces  ruines,  Se  confondroit  la  vanité   des  anciens 
Grecs. 

Du  temple  de  Hercule  il  n'en  reffe  que  des  débris , 
où  l'on  remarque  trois  pans  de  vieilles  murailles  avec 
des  colomnes  à  demi-brifées.  Proche  de-là  vers  les  rui- 
nes des  anciens  murs  de  la  ville  ,  on  montre  encore 
les  fondemens  du  temple  d'Hélène.  Le  temple  de  Ve- 
nus n'eft  plus  qu'une  vieille  ,  mais  fuperbe  muraille 
qu'on  voit  fur  une  petite  hauteur.  Ce  temple  étoit 
double  anciennement  :  l'un  étoit1  élevé  fur  la  voûte  de 
l'autre  -,  mais  aujourd'hui  cela  ne  fe  peut  point  discer- 
ner. La  plupart  de  ces  ruines  font  de  marbre  :  il  étoit 
commun  dans  le  pays ,  Se  il  le  feroit  encore  fi  on  vou- 
loir travailler  dans  les  carrières. 

Les  Turcs  ont  laifle  plufieurs  églifes  aux  Chrériens. 
La  métropolitaine  s'appelle  Panagïa  ,  parce  qu'elle  eft 
confacrée  à  la  Vierge  toute  fainte.  Elle  a  fept  dômes  , 
quantité  de  colomnes  Se  de  fort  beaux  degrés  de  mar- 


319 

bre.  Le  pavé  de  l'églife  eft  un  ouvrage  à  la  mofaïque 
11  y  a  dans  cette  églife  une  image  miraculeufe  de  Fa- 
nagia ,  peinte  fur  du  bois.  Les  malades  y  viennent  en 
foule.  Le  prélat  de  Mifitra  porte  le  titre  de  Métropo- 
litain :  fon  palais ,  qui  touche  aux  murailles  de  l'églife  , 
eft  aflez  beau  ,  Se  encore  plus  commode.  Il  y  a  du  lo- 
gement pour  dix  ou  douze  Hieronomonachos  ,  ou  calo- 
gers  qui  rempliflent  les  dignités  de  la  Panagia.  Cette 
métropole  a  la  foixante  Se  dix-huitiéme  place  parmi 
les  métropolitains  du  patriarchat  de  Conffantinople. 

Du  côté  du  fud-eff  il  y  a  un  monaftere  de  Calo- 
geres ,  ou  de  filles  confacrées  à  la  Panagia  ,  Se  fur- 
nommé  Pandanejji.  Leur  églife  eft  beaucoup  plus  belle 
que  la  métropolitaine,  quoiqu'elle  foit  plus  petite.  Le 
matbre  de  Ces  murailles ,  de  Ces  corridors ,  de  fes  co- 
lomnes eff  plus  fiche  &  mieux  travaillé.  La  mofaïque 
de  fon  pavé  eff  d'une  couleur  plus  vive ,  Se  la  dispo- 
fition  de  fes  dômes  mieux  entendue  :  elle  a  été  bâtie 
par  le  despote  Théodore,  qui  avoit  époufé  une  Italienne 
de  la  maifon  de  Malatefta ,  comme  le  prouve  une  in- 
feription  en  caractères  latins  ,  qu'on  voit  dans  l'églife  au- 
deflous  de  leurs  portraits. 

L'églife  d'Agios  Nicolaos  eft  fituée  à  l'oueft  de  Mifi- 
tra. Sa  ftructure  n'a  rien  de  remarquable  :  mais  dans 
le  Mezokorion ,  on  en  voit  entr'autres  une  confacrée  à 
la  Panagia ,  Se  qui  efface  la  métropolitaine  Se  celle 
de  Pandanefii:  on  l'appelle  Perileptos  ,  Se  elle  peut  paffer 
pour  une  des  plus  belles  du  monde.  Le  dedans  eff  enri- 
chi de  peintures ,  qui  ne  tiennent  rien  du  pinceau  grofllcr 
de  la  Grèce  moderne.  Le  marbre  de  fes  colomnes  dis- 
pute pour  la  beauté  avec  le  travail.  Le  portail  Se  les 
dômes  font  admirables.  On  voit  encore  au  Mezoko- 
rion une  églife  confacrée  à  Agia  Parascevi  ;  c'eft  ainfi 
qu'on  appelle  fainte  Vénérande.  Toutes  ces  églifes  ont 
chacune  leur  Gynekiti  >  c'eft- à-dire  une  enceinte  parti- 
culière où  les  femmes  Grecques  entendent  le  fervice 
divin  ,  toujours  féparées  des  hommes ,  pour  bannir  des 
lieux  facrés  les  converfations  profanes. 

La  plus  fuperbe  mosquée  qu'ayent  les  Turcs  à  Mifi- 
tra eft  dans  le  Mezokorion  ,  à  l'entrée  de  BujukjSukat , 
ou  de  la  grande  rue.  C'eft  celle  que  fit  bâtir  le  grand 
vifir  du  fultan  Amurat  ;  Se  fa  conftruction  a  achevé  de 
ruiner  les  riches  antiquités  de  cette  ville ,  d'où  on  z 
tiré  le  marbre  Se  les  matériaux  qui  ont  fervi  à  l'élever. 
Cette  mosquée  a  des  dômes  qui  font  encore  plus  beaux 
que  ceux  des  églifes  ,  fans  parler  des  minarets  qui  font 
travaillés  avec  beaucoup  de  délicatefle  :  elle  touche  à  un 
magnifique  imaret  ou  hôpital  des  mieux  rentes  de  la 
Turquie  :  on  y  diftribue  tous  les  jours  aux  pauvres  du 
Ketsket ,  qui  eft  du  mouton  bouilli  avec  du  riz  &  du 
z.erdet  qui  eft  du  miel  Se  de  l'eau  bouillis  enfemble. 
Les  malades  y  fonr  encore  mieux  traités  :  Maures ,  Juifs 
Turcs  ,  ou  Chrétiens  ,  chacun  y  eft  bien  venu.  Les  chiens 
même  &  les  oifeaux  y  trouvent  leur  portion. 

Il  y  a  deux  bazars  dans  le  Mezokorion.  Dans  le 
plus  grand  eft  une  fontaine  qui  jette  quantité  d'eau  par 
des  tuyaux  de  bronze.  C'eft  la  fontaine  que  les  an- 
ciens appelloient  Dorcea,  aufll  fameufe  à  Sparte  que 
ï Enneacrunos  à  Athènes. 

On  compte  près  de  deux  mille  maifons  habitées 
dans  Mifitra  Se  autant  dans  le  Mezokorion  ;  mais  ces 
dernières  font  beaucoup  plus  belles  :  ainfi  c'eft  le  fc- 
jour  des  chelebis.  Ils  y  ont  de  fort  beaux  ferrails  Se 
d'agréables  jardins  arrofés  par  des  rigoles  tirées  de  l'Eu- 
rotas.  Chaque  jardin  a  fes  pompes  pour  les  jets  d'eau 
qui  y  font  en  grand  nombre. 

Entre  la  rivière  Se  le  Mezokorion  on  voit  le  Plata- 
niflas Se  le  Dromos.  Le  premier  eft  un  bosquet  de  pla- 
tanes ,  dont  l'ombrage  eff  délicieux.  Le  Dromos  étoit 
un  Gymnafion  ,  ou  lieu  d'exercices ,  compofé  de  xiffes  , 
de  paleftres  Se  de  ftadions.  Les  Turcs  l'appellent  Atmei- 
dan.  Des  deux  côtés  ,  de  la  rivière  il  y  a  de  très-belles 
prairies ,  dont  les  Mahométans  abandonnent  l'herbe  aux 
voyageurs  pour  la  nourriture  de  leurs  chevaux. 

11  v  a  deux  caravanferais  à  Mifitra  :  le  nouveau  eft 
fort  beau.  Il  y  a  des  chambres  pour  loger  les  paflans, 
Se  des  écuries  au-deflbus.  L'ancien  ,  qui  eft  proche  du 
chemin  de  Napoli  n'eff  qu'une  grande  écurie  ,  avec 
un  relais  ou  corridor  de  pierre  élevé  de  quatre  à  cinq 
pieds ,  &  large  de  fix  ou  fept ,  Se  qui  règne  par  de- 


MIS 


32,0 

dans  autour  des  quatre  murailles.  Les  voyageurs  met- 
tent des  matelats  ou  de  la  paille  fur  ces  relais  8c  y 
paffent  la  nuit  :  on  y  a  pratique  de  petites  cheminées 
pour  faite  leur  cuifine.  Le  pont  elt  bâti  de  pierres  & 
fes  arches  paroiffent  très-anciennes.  C'eft  le  célèbre  Ba- 
foyca.on  le  nomme  aujourd'hui  Giophyros,  qui  en  grec 
vulgaire  fignifîe  un  pont.  L'Exokorion  ou  Maratche  eft 
comme  une  nouvelle  Judée  :  on  y  compte  près  de  mille 
maifons,  presque  toutes  habitées  par  des  Juifs ,  qui  y  ont 
une  fynagogue  :  c'eft  la  plus  belle  des  trois  que  les 
Turcs  leur  ont  accordées-,  car  ils  en  ont  une  dans  Mifi- 
tra &  une  dans  Mezokorion.  Les  Saducéens  ,  qu'ils 
nomment  Karaion  ,  ont  leurs  fynagogues  8c  leurs  cime- 
tières fépatés ,  &  ne  fe  marient  jamais  avec  les  autres 
Juifs. 

Le  circuit  de  Mifitra ,  du  Mez,ok.orion  &  de  l'Exo- 
korion  ne  fait  pas   la  moitié  de  l'ancienne  Lacédémo- 
ne.  On  le  reconnoît  en  ce  que  de  ce  grand  nombre  de 
temples  que   les  anciens  avoient  confacrés  en  particu- 
lier à  Pallas  &  à  Diane,  à  peine  trouve-t-on  le  terrein 
d'un  ou   de  deux    dans  Mifitra  ;  cependant  ces  deux 
divinités,  qui  étoient  les  principaux  objets  de  la  piété 
des  Spartiates,)-  éroient  adorées  en    plufieurs  temples 
différens.  Par  exemple  ,  les  perfonnes  enrhumées  y  facri- 
fïoient  à  Diane  pour  la  toux  &  lui  donnoient  l'attri- 
but de  Chelyns  >-  on  la  réclamoit  pour  la  goutte ,  8c  on 
la  furnommoit  Podagra  ,  feljn  Clément  d'Alexandrie. 
Cette  même  déeffe  avoit    un  temple  fous    le  nom  de 
Diétymne  ;  8c  c'étoit  fous  ce  titre  qu'elle  préfidoit  à  la 
pêche,  félon  Plutarque.  On  l'invoquoit    encore  fous 
l'attribut  A'Upis  ,  d'Enodia  &  en  plufieurs  autres  façons. 
Pallas  avoit  fept  ou  huit  temples  dans  Sparte  ,  8c  celui 
qu'on  furnommoit  Chalciœcos ,  étoit  le  plus  célèbre  de 
toute  la  Grèce  -,  on  croit  qu'il  étoit  bâti  fur  le  terrein 
où  elt  le  Perïkpros  ,  &  plufieurs  anciens  écrivains  aiTu- 
rent  qu'il  étoit  d'airain.  Il  y  avoit  encore    dans   Sparre 
des  autels  confacrés  à  la  pudeur ,  au    fommeil ,  a  la 
mort  ,  à  la  peur ,  à  la  faim  &  à  quantité  de  paifions 
de  l'ame.  La  famille  des  Atrides  8c  une  partie  de  celle 
de  Priam  y  avoieni  des  temples.  Paris,  fa  Cœur  Caflan- 
dre  ,  Ménélas,  Agamemnon  ,  fa  femme  Clytemneitie, 
Orefte  8c  une  infinité  d'autres  héros  y  étoient  adorés. 
On  voit ,  comme  je  l'ai  dit  ci-deffus ,  les  ruines  du  tem- 
ple de  Venus  armée ,  elles  font  à  l'orient  de  Mifirra. 
Proche  de  ce  temple  étoir  celui  de  Phœbé  &  d  Hilaï- 
ra,  nées  d'une  même  couche,  8c  qui  ayant  donné  de 
l'amour  à  Caltor  &  à  Pollux  furent  enlevées  par  eux. 
On  montte  encore  aujourd'hui  l'endroit  où  étoit  la  mai- 
fon  de  ces  deux  jumeaux.  On  voyoit  autrefois  aux  en- 
virons le  cœnotaphe  du  vaillant  capitaine  Biafidas ,  8c 
auprès  les  tombeaux  de  Paufanias  8c  de  Léonidas.  Vers 
l'endroit  où  étoient  ces  tombeaux  ,  paroiffent  quelques 
vieux  fondemens  du  théâtre  de  Lacédémone  ,  8c  il  n'y 
a  pas  long-tems  qu'on  y  voyoit  encore  cinq  ou  ûx  co- 
lomnes  de  fon  enceinte  extérieure.  Les  nouvelles  mu- 
railles de  Mifitra  ont  couvert  8c  comblé  l'ancienne  rue 
Ibeomeliâa  ,  dont  on  ne  parle  plus  \  elle  étoit  vers  Agios 
Nicolaos.  Il  n'eft  plus   quetlion  aufii  du  tombeau  des 
rois  de  la  branche  d'Eiirifihenes ,  appelles  Agides ,   il 
étoit  dans  ce  quartier.  Voyez.  Lacedemone  ancienne  8c 
moderne  par  Guillct. 

Enfortant  de  Mifitra,  pour  aller  du  côté  du  pont, 
on  voit  à  main  droite  vers  le  midi  les  fondemens  des 
murs  de  l'ancienne  Lacédémone  ;  &  plus  bas  du  même 
côté  on  trouve  une  grande  plaine,  bornée  à  l'orient 
par  la  rivière  ,  8c  à  l'occident  par  le  Mezokorion.  C'eft- 
là  que  font  le  Platanifias  8c  le  Dromos.  Il  ne  relie  de 
ce  dernier  que  des  amas  de  pierres.  A  l'égard  du  Pla- 
tanifias, comme  on  l'a  vu  plus  haut,  la  nature  y  pro- 
duit encore  des  platanes.  Comme  la  rivière  s'y  partage 
en  plufieurs  bras ,  on  n'y  fauroit  plus  discerner  celui 
qui  fe  nommoit  FEuripe  ,  c'eft-à-direce  canal  qui  for- 
moit  lifle  fameufe  ,  où  fe  donnoit  tous  les  ans  le  com- 
bat des  Ephébes. 

Il  n'y  a  aujourd'hui  aucune  antiquité  remarquable 
dans  l'Exokorion  ;  les  maifons  ne  valent  pas  la  peine 
qu'on  y  arrête  les  yeux,  à  la  réferve  de  trois  ou  qua- 
tre femils  qui  font  fur  le  bord  de  la  rivière.  A  une 
portée  de  mousquet  de  l'Exokorion  ,  on  découvre  ,  du 
côté  du  nord  ,  une  colline  où  font  des  vignes  qui  pro- 


MIS 


duifent  le  meilleur  vin  de  la  Morée  -,  on  les  appelle 
les  vignes  de  Mifitra.  C'eft  le  même  terroir  où  Ulyffe 
planta  une  vigne  de  fa  propre  main  ,  lorsqu'il  alla  cher- 
cher Pénélope  à  Lacedemone. 

Lorsque  Mahomet  II ,  fut  maître  de  Mifitra  .  il  y 
établit  un  bey  ,  un  aga ,  un  vaïvode  8c  quatre  geron- 
tes.  Le  bey  eft  gouverneur  de  la  Laconie  ou  Zaconie , 
indépendant  du  bâcha  de  la  Morée  ,  8c  a  dans  fon  dé- 
partement Mifitra,  Malvefia&  Coron.  L'aga  commande 
dans  le  château  8c  fur  la  milice  du  pays,  il  a  des  droits 
abfolus  dans  la  ville  ,  8c  un  pouvoir  qui  diffère  peu  de 
celui  du  bey.  Le  vaïvode  eft  comme  un  prévôt  de  ma- 
réchaufiées  qui  veille  à  la  fureté  des  chemins  8c  à  la 
recherche  des   brigands.  Ces  trois  charges   font  exer- 
cées par  des  Turcs  ,  qui  ne  les  gardent  que  trois  ans , 
à  moins  qu'ils  ne  foient  continués  par  une  protection 
particulière  de  la  Porte.  Celles   des  geiontes  ,  que  les 
Francs  appellent  indifféremment  Vecehiadi  j  8c  Vtahiar- 
dos ,  font  poflédéespar  les  Chrétien:  de  Mifitra.  Ils  font 
choifis  quelquefois  tous  les  trois  ans  ,  &  tirés  des  meil- 
leures familles  Grecques  de  la  ville.  Plufieurs  paffent 
cinq  ou  fix  fois  par  cette  charge  ,8c  il  y  en  a  qui  l'exer- 
cent toute  leur  vie.  Ils  connoifient  des  affaires   civiles 
des  Chrétiens  ,  plutôt  comme  arbitres  choifis  volontai- 
rement, que  comme  juges  abfolus ,  &  même  il  y  a  ap- 
pel de  leurs  fentences  au  Micla  :  c'eft  celui  qui  gou- 
verne les  mosquées  du  pays  \  les  miniftres   qui  y  fer- 
vent dépendent  de  lui.  Quand  ries  gens  de  guerre  pas- 
fent  à  Mifitra ,  les  geiontes  font  le  departemeni  des  lo- 
gis   Chrétiens  ;  cela  regarde    feulement    l'infanterie , 
parce  que  la  cavalerie  campe  toujours  hors  des  villes. 
Ces  mêmes  geiontes  font  l'aihette  &  la  levée  du  tribut 
qu'on  paye  au  fultan  ,  8c  portent    les  deniers  liquides 
entre  les  mains  des  officiers  turcs.    Ce  tribut  ed  de 
quatre  piaftres  8c  demie  par  tête,  il  eft  feulement  de 
deux  en  quelques  lieux  de  la  levée ,  8c  de  trois  en  quel- 
ques autres  ;  mais  ce  qui  elt  une  opprefiïon  particulière 
pour  la  Laconie  ,  les  enfans  mâles   y  payent  ce  tribut 
dès  qu'ils  font  venusau  monde.  Par-tout  ailleurs  on  ne 
le  paye  que  quand  on  eft  parvenu  à  l'âge  d'onze  ans. 
Ce  qu'on  y    trouve   de  commun  avec    Jes  autres    na- 
tions j  c'eft  qu'on  n'exige  rien  des    boiteux  ,  des  aveu- 
gles ,  des  boffus,  ni  généralement  de  tous  ceux  à  qui 
des  défectuofités  naturelles  ôtent  le  moven  de  gagner 
leur  vie.  Les  femmes,   les  calogers  8c  ieurs  papas  ne 
payent  rien.  L  argent  elt  fi  rare  dans  le  pays ,  que  le 
peuple  y    eft  réduit  à  faire  un   échange  continuel  de 
fes  denrées  pour  les  néceflîtés  de  la  vie.  Celui  qui  vend 
fon  bled  prend  du  vin,&   ceux  qui  avancent  leurs  oli- 
ves,  leurs  figues  &  leurs  huiles,  fe  font  paver  en  foie 
8c  en  coton.    Tout  le  trafic  de  Mifitra  paife    par  les 
mains  des  Juifs  ,  qui  font  ufuriers  8c  artificieux.  Ils  ont 
l'adrefle  de  s'introduire  dans    toutes   les  maifons  des 
Chrétiens  8c  des  Mahometans,  tant  ils  favent  l'art  de 
fe  rendre  néceffaires.  Ils  fe  mêlent  de  faire  des  maria- 
ges, &  il  y  a  peu  d'intérêts  de  famille  dont  ils  ne  pren- 
nent connoiflance. 

Aujourd'hui  la  plupart  des  habitans  de  Mifirra  font 
Juifs  ou  Chrétiens,  de  les  Turcs  ont  des  esclaves  qu'ils 
font  travailler. 

MISKOTS  ,  ville  de  la  haute  Hongrie ,  dans  le  com- 
té de  Hevez,  avec  un  château.  On  recueille  aux  envi- 
rons de  cette  ville ,  du  vin  aufli  eftimé  que  celui  de 
Tokai. 

MISLINITS,  ville  de  Pologne,  dans  le  palatinat  de 
Cracovie  ,  8c  à  quatre  lieues  de  cette  capitale  en  tirant 
vers  le  midi.  Cette  petite  ville  eft  enfoncée  entre  deux 
hautes  montagnes  qu'elle  a  pour  objet  devant  &  der- 
rière ,  8c  dont  l'une  elt  labourable  8c  très-fertile  ,  & 
l'autre  couverte  de  fapins.  C'eft  un  pèlerinage  fameux, 
à  caufe  des  miracles  d'une  image  de  la  Vierge,  &qui 
refiemble  à  peu  près  à  celle  de  Czeftochovie  Cette 
image  fut  long-tems  négligée  dans  la  chambre  d'un  ar- 
tifan;  elle  pleuroit ,  dit  on  ,  de  ce  mépris,  du  moins 
l'enquête  ,  qui  en  fut  faire  ,  le  porte  ainfi.  On  la  trans- 
féra dans  la  chapelle  de  l'égiife  que  quantité  de  feigneurs 
8c  d'autres  perfonnes  ont  embellie  de  tableaux  d'argent, 
en  mémoire  des  grâces  qu'ils  en  ont  reçues.  *  Le 
Laboureur,  Retour  de  la  Maréchale  de  Guébriant  en 
France ,  p.  47. 

MISNA. 


MIS 


MIS 


MISNA.  Voyez  Mesua. 

MISNIE  ,  ou  Meissen  ,  en  latin  Misnia,  province 
d'Allemagne,  avec  titre  de  marquifar.^  Elle  elt  bornée 
au  nord  pat  le  duché  de  Saxe ,  8c  par  la  principauté 
d'Anhalt  ;  à  l'orient  par  la  Luface  ;  au  midi  par  la  Bo- 
hême 8c  par,  la  Franconie  ,  8c  à  l'occident  par  la  Tu- 
ringe.  Elle  fut  anciennement  habitée  par  des  Hermundu- 
res  &  enfuite  par  des  Misniens  ,  qui ,  étant  opprimés  par 
les  Sorabes  ,  eurent  recours  aux  François  ,  qui  les  aidc- 
renc  à  recouvrer  leur  liberté  ;  8c  ,  pour  la  conlérver  plus 
facilement,  ils  s'unirent  avec  les  Saxons  ,  &  donnèrent  le 
nom  de  Misnie  au  pays  qu'ils  occupoient.  11  fut  érigé 
8c  poflédé  par  la  maifon  de  Saxe  ;  il  paîTa  de  la  bran- 
che de  NVettin  dans  celle  de  Landsperg.  Eccard  II, 
étant  mort  fans  enfans  en  1046,  Dedon  III,  fils  de 
Mathilde,  fa  fœur ,  &  de  Thierri  II ,  marquis  de  Land- 
fperg  ,  lui  fuccéda.  Celui-ci-  fut  père  de  Henri ,  qui  dé- 
fendit cet  état  contre  Vratiflas.  duc  de  Bohême,  à  qui 
"l'empereur*  Henri  IV  l'avoit  donné  ,  pour  punir  Henri 
d'avoir  pris  les  armes  contre  lui.  Henri  ,  fon  fils  ,  n'ayant 
point  eu  d'en  fans ,  Conrad  le  Pieux  ,  fon  coufin  ,  fils  de 
Thymon ,  comte  de  Wettin  ,  en  obtint  l'inveititure  de 
l'empereur  Lorhaire  II ,  en  11551.  11  lailTa  de  Luitgar- 
de ,  fille  de  Frideric  de  Hohenltanfen  ,  duc  de  SuaDe  , 
Othon  le  Riche  ,  qui  continua  la  branche  de  Misnie; 
.  Henri,  Thierri  III,  Frideric  &  Dedon,  qui  firent  les 
branches  de  Wettin  ,  de  Luface ,  de  Brene  &  de  Ro- 
chlice.  Othon  le  Riche  fut  mis  en  prilbn  par  Albert 
le  Superbe,  fon  fils  aîné,  8c  eut  pour  fucceilcur  Thier- 
ri IV,  qu'il  eut  d'Hedwige,  fille  d'Albert  l'Ours,  éle- 
cteur de  Brandebourg  :  celui-ci  époufa  Judith  ,  filie 
d'Herman ,  landgrave  de  Turinge ,  dont  le  fils  puîné , 
nommé  Henri .  qui  avoir  été  élu  empereur  par  une 
partie  des  princes,  étant  mort  fans  poltérité  ,  Henri 
l'Illuftre,  fils  de  Thierri,  s'empara  du  landgraviat  de 
Turinge  ,  dont  il  demeura  en  poiTeffion  par  raccommo- 
dement qu'il  fit  l'an  1263  ,  avec  Sophie  de  Brabant ,  fa 
confine,  qui  éroit  fille  de  faint  Louis»  langrave de  Tu- 
ringe ,  frère  aîné  de  l'empereur  Henri.  Albert,  fon  fils 
aine,  acquit  le  comté  d'Altenbourg  8c  la  feigneurie  de 
Pleff,par  fon  mariage  avec  Marguerite  ,  fille  de  l'empe- 
reur Frédéric  II.  De  cette  alliance  vint  entr'autres  en- 
fans  Frédéric  le  Mordu  ,  qui  rangea  fous  fon  obéiffance 
les  villes  impériales  d'Altenbourg,  de  Chcmnitz  8c  de 
Zwickauen  1308.  Son  fils ,  Frideric  le  Sévère,  acheta 
une  partie  de  la  feigneurie  de  Salzen ,  &  enleva  le 
comté  d'Orlamund  au  comte  Herman  ,  auquel  il  le  laifl'a 
fa  vie  durant  :  il  eut  entr'autres  enfans  de  Mathilde , 
fille  de  l'empereur  Louis  de  Bavière ,  Frédéric  le  Vail- 
lant ,  à  qui  Catherine;  fille  de  Henri ,  comte  de  Henné- 
berg  ,  porta  en  dot  la  principauté  de  Cobour  ;  de  ce 
mariage  vint  Guillaume,  père  de  Frédéric  le  Belliqueux  , 
que  l'empereur  Sigismond  inveftit  de  l'électorat  de  Sa- 
xe à  Prelbourg  ,  l'an  1425.  Louis,  électeur  palatin, 
Frédéric,  électeur  de  Brandebourg  ,  &  Eric,  duc  deSa- 
xe-Lawenbourg  ,  folliciterent  fortement  cet  électorat  ; 
mais  Sigismond  leur  préféra  Frédéric  ,  en  récompenfe 
des  fervices  c.u'il  lui  avoit  rendus  contre  les  rebelles  de 
Bohème,  &  particulièrement  à  la  bataille  de  Brixen , 
ainfi  le  duché  de  Saxe  retourna  à  la  poltérité  de  Wiii- 
kind ,  qui  l'avoit  perdu  depuis  l'empire  d'Othon  1  : 
mais  Frédéric  ne  l'obtint  qu'à  condition  qu'il  payeroit 
20000  florins  d'or  à  l'électeur  de  Brandebourg  pour  les 
frais  qu'il  avoit  faits ,  en  foumettant  une  partie  du  du- 
ché de  Saxe,  qui  s'étoit  foulevée  :  il  laiffa  de  Catherine 
deBrunswic,  Frédéric  le  Débonnaire,  qui  lui  fuccéda  à 
l'électorat ,  8c  Guillaume ,  qui  eut  en  partage  le  landgra- 
viat de  Turinge:  celui-ci  n'eut  que  deux  filles.  Frédé- 
ric eut  de  Marguerite  d'Autriche  ,  Erneft  &  Albert  le 
Courageux  ,  qui  gouvernèrent  conjointement  durant  pla- 
ceurs années  -,  mais  ils  partagèrent  leurs  états  en  1485. 
Ce  partage  fubfifta  jusqu'au  tems  de  Jean  Frideric, 
qui,  après  avoir  été  dépouillé  de  l'électorat  par  l'empe- 
reur Charles  V  ,  en  1547  ,  fut  obligé ,  par  la  transaction 
qu'il  fit  avec  l'électeur  Augufte  ,  en  1574,  de  renoncer 
en  faveur  de  ce  prince  à  l'électorat  8c  au  duché  de  Sa- 
xe ,  à  la  Misnie ,  aux  mines  8c  au  burgraviat  de  Magde- 
bourg.  *  D'Audijret  Géogr.  anc.  &  mod.  tom.  3. 
p.  30ô\ 

La  Misnie  a  dix  huit  lieues  de  long  8c  dix-fept  de 


50,1 

large.  Le  pays  en  eft  beau  &  fertile.  On  y  recueille  da 
vin  le  long  de  l'Elbe:  mais  fes  principales  richeffes 
viennent  de  fes  mines.  La  plus  grande  partie  de  ce  mar- 
quifat  appartient  à  l'électeur  de  Saxe  ;  mais  les  autres 
princes  de  Saxe  y  pofledent  aufli  beaucoup  de  terres. 
On  le  divife  en  huitparties  ou  territoires  ,  qu'on  appelle 
en  Allemand  KreiJJ\  c'eft- à-dire  cercles. 


Le  cercle  de  Misnie, 
Le  cercle  de  Leipfig , 
Le  cercle  des  montagnes 

d'airain , 
Le  territoire  de  Weiflen- 

fels, 
*  Hubncr ,  Géographie,  p.  566. 


Le  territoire  de  Merfe- 

bourg , 
Le  territoire  de  Zeitz  ,; 
Le  Voigtland, 
L'Ofteriand. 


Le  cercle  de  Misnie  confine  avec  le  duché  de  Sa- 
xe, avec  la  Luface  &  avec  les  cercles  de  Leipfic  8c  des 
montagnes.  Il  porte  le  nom  de  fa  principale  ville  qui 
elt  Meissen  ou  Misnie  ,  fur  le  bord  de  1  Elbe.  Voyez. 
Meissen.  L'Elbe  paffe  au  milieu  de  ce  cercle-,  8c  touc 
ce  qui  fe  trouve  dans  ce  pays  appartient  à  l'électeur  de 
Saxe.  Les  principales  villes  de  ce  cercle  font 


Dresden , 
Meiffen  , 
Pirn , 
Hain  , 
Kccnigftein , 


Bischofswerd , 
Schandau  , 
Hohenftcin , 
Moritzburg , 
Stolpen  , 


Wurtzen , 
Oschatz, 
Strelen  , 
Miihlberg. 


2.  MISNIE,  ville  d'Allemagne,  dans  le  niarquifat 
auquel  elle  donne  fon  nom.  Voyez,  Meissen. 

MISO.  Voyez.  Mero. 

MISON  ,  lieu  de  France,  dans  la  Provence,  re- 
cette de  Silieron,&  au  voifinage  de  cette  ville.  Il  y  a 
dans  ce  lieu  une  fontaine  d'eaux  minérales. 

MISOR,  ville  delà  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de  Ru- 
ben  (  a  ).  Elle  fut  donnée  aux  Lévites  de  la  famille  de 
Merari(^).  On  ne  lit  pas  Misor  dans  l'hébreu  de  Jo- 
fué ,  ni  même  dans  les  Paralipoménes.  11  y  a  quelque 
apparence,  dit  D.  Calmet ,  Ditl.  queMisoReit  mife 
pour  Jaza.  Aquila  8c  Symmaque  (c)  ont  pris  Mifor 
pour  une  plaine  ;  8c  en  effet  ce  terme  fe  met  quel- 
quefois pour  une  campagne,  (a)  Jofué  21.  36.  (b) 
Parai.  6.    78.   79.  (c)  Dent.  4.  43.  Cr  Jofué  20.   8. 

MISPHA  ,  ou  Mizphat.  Ces  termes  en  hébreu  li- 
gnifient une  hauteur  où  l'on  plaçoit  une  fenrinelle  ;  Am- 
plement un  lieu  d'où  l'on  pouvoit  voir  de  fort  loin. 
C'eft  de-là  qu'eft  venu  le  nom  de  Mizphat  ou  Mas- 
phat  donné  à  quelques  villes  de  la  Paleftine.  Cette  re- 
marque eft  de  Dom  Calmet ,  Ditl.  Voyez.  Mas- 
phath. 

MISPHATH.  Moïfe,  Genefe  14.  7.  dit  que  les  rois 
Codorlahomor ,  Amraphel  8c  les  autres ,  après  avoir 
parcouru  le  défeft  de  Pharan  ,  vinrent  à  la  fontaine  de 
Mitphatb  ,  qui  ell  autrement  appellée  Cadès.  Misphath 
en  cet  endroit  s'écrit  autrement  que  Mizphat ,  marque 
plus  haut  ,  8c  lignifie  le  jugement.  On-  ne  lui  donna 
ce  nom  que  depuis  que  Moïfe  en  eut  tiré  les  eaux , 
qui  furent  nommées  les  Eaux  de  contradiction  ,  8c  que 
Dieu  y  eut  exercé  fon  jugement  contre  Moïfe  8c  Aa- 
ron,  qui  ne  le  glorifièrent  pas  devant  le  peuple  comme 
ils  dévoient.'*'  Num.  20.  1.$.  &  17.  14. 

MISPILA.  Voyez.  Mespila. 

MISQUE ,  petite  ville  de  l'Amérique  méridionale  , 
dans  le  Pérou, au  diocèfe  de  la  Plata,  8c  à  vingt-cinq 
lieues  de  la  ville  de  ce  nom  ,  en  tirant  vers  le  nord 
oriental.  Son  terroir  elt  fertile  en  froment  8c  fort  pro- 
pre [pour  les  vignes.  Le  vin  ,  qui  y  croît ,  elt  porté  au 
Potofi.  *  DeLaet,  Defc.  des  Indes  occidentales,  t.  12, 
c.  7. 

MISRAIM.  Voyez.  Mesraim. 

MISSE  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou ,  élection 
de  Thouars. 

M1SSENHEAD,  promontoire  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Momonie  ,  anciennement  Notium.  Il  eft  entre 
les  baies  de  Baltimore  8c  de  Bantri.  C'eft  le  cap  le  plus 
méridionale  de  toute  l'ifle.  Plufieurs  croient  que  c'eft 
le  cap  Clear  ouClare.  *  Nie.  ViJJcber ,  Carte  de  Vb:-. 
lande* 

Xom.1V.  S  s 


s 


MIS 


322, 

MiSSILiMAKINAC  (  a  ) ,  espèce  d'ifthme  de  l'A- 
mérique ieptentrionale.dans  la  nouvelle  Fiance.  Il  eft  d'en- 
viron vingt  lieues  cie  large,  &  de  plus  de  fix  vingt  de  long. 
C'eft  une  pointe  de  terre  à  l'entrée  Se  au  nord  du  troi- 
sième dciroit  par  où  le  lac  des  llinois  fe  décharge 
dans  celui  des  Huions.  Ce  détroit  a  une  lieue  de  lar- 
geur &  trois  de  longueur  ;  il  court  à  l'oueft.  Les  Fran- 
çois onr  un  étabhffetnent  dans  ce  lieu  ,qui  eft  regardé 
comme  un  porte  important  :  il  eft  litué  environ  à  25  z 
deg.  de  longit.  fous  les  45  deg.  35  min.  de  latit.  Ce 
polte  n'eft  qu'a  une  demi  -  lieue  de  l'embouchure  du  lac 
des  llinois.  Les  Hurons  8c  les  Outaouas  y  ont  chacun 
un  village  ,  féparé  l'un  de  l'autre  par  une  fimple  palis- 
fade  (  b  )  ;  mais  ces  derniers ,  vers  le  commencement  de 
ce  fiécle,  fe  mirent  à  conftruire  un  fort  fur  un  coteau  , 
à  mille  ou  douze  cens  pas  de  Miflïlimakinac.  Ils  pri- 
rent cette  précaution  à  l'occafion  du  meurtte  d'un  Hu- 
ron  que  quatre  jeunes  Outaouas  affafiîncrent.  Les  jéfui- 
tes  avoient  dansce  polte  une  petite  maifon,&  c'étoit  com- 
me leur  chef-d'ordre  en  ce  pays  ;  car  toutes  les  mis  - 
fions' que  l'on  difperfe  parmi  les  autres  nations  fauva- 
ges  dépendoient  de  cette  réfidmee.  Cette  maifon  des  Jé- 
fuites  éroit  à  côté  d'une  petite  églife  dans  un  enclos  de 
paliffades  ,  qui  la  féparoitdu  village  des  Hurons.  Les  cou- 
reurs de  bois  n'ont  dans  ce  polie  qu'un  très-petit  étà- 
bliffement ,  qui  ne  Faille  pourtant  pas  d'être  confidéra- 
ble,  en  ce  qu'il  fert  d'entrepôt  à  toutes  les  marchandi- 
fes  qu'ils  trafiquent  avec  les  Sauvages  du  fud&  de  l'oueit, 
car  il  faut  indispenfablement  palier  par  ces  entrepôts  , 
lorsqu'on  va  chez  les  llinois  ,  les  Oumamis  ,  à  la  baie 
des  Puants  Se  fur  le  fleuve  de  Mifhffipi.  Les  pelleteries 
qu'on  rapporte  de  ces  différens  lieux ,  doivent  relier  à 
Miffîlimakinac  avant  que  d'être  transportées  à  la  colo- 
nie. La  fituation  de  ce  lieu  eiL  avantageufe ,  en  ce  que 
les  Iroquois  n'oferoient  traverfer  dans  leurs  chétifs  ca- 
nots le  détroit  du  lac  des  llinois  qui  a  deux  lieues  de 
large  ;  &  que  d'ailleurs  la  navigation  du  lac  des  Hurons 
eft  trop  rude  pour  cette  forte  de  voiture.  Us  ne  peu- 
vent non  plus  y  venir  par  terre  ,  à  caufe  de  la  quan- 
tité de  marais ,  d'étangs  Se  de  petites  rivières  qu'ils  fe- 
roient  obligés  de  franchir;  ce  qu'ils  ne  pourroient  faire 
fans  beaucoup  de  difficulté ,  outre  qu'ils  auroient  tou- 
jours à  traverfer  ce  détroit. 

11  feroit  difficile  de  s'imaginer  combien  de  poiflbns 
blancs  il  fe  pèche  ,  à  mi-canal  de  la  terre  ferme  ,  à  l'ifle 
de  M\ffilima\(inac .  Sans  cette  commodité  les  Outaouas  Se 
les  Hurons  n'y  pourroient  Habiliter;  car, étant  obligés 
d'aller  à  plus  de  vingt  lieues  dans  les  bois  à  la  chafle 
des  orignaux  Se  des  cerfs ,  ils  eflliieroient  trop  de  fati- 
gue de  les  transporter  fi  loin.  Ce  poifïbn  paffe  pour 
le  meilleur  de  tous  les  lacs;  il  furpaffe  en  bonté  tous 
les  poiffons  de  rivière.  Ce  qu'il  y  a  de  fingulier;  c'eft 
que  toute  fauffe  diminue  fa  faveur  ;  auffi  ne  le  mange- 
t-on  que  bouilli  ou  rôti ,  fans  affaifonnement.  On  apper- 
çoit  dans  ce  canal  des  couians  fi  forts  ,  qu'ils  entraînent 
ibuvent  les  filets  à  deux  ou  trois  lieues  de-là.  Il  arrive 
qu'en  certain  tems  ces  courans  portent  trois  jours  à 
l'eit ,  deux  à  l'oueit ,  un  au  fud,  quatre  au  nord,  quelque- 
fois plus ,  quelquefois  moins ,  fans  qu'on  en  puifie  péné- 
trer la  caufe; car  on  les  voit  porter  en  calme  de  tous  côtés 
le  même  jour ,  une  heure  d'un  côté  ,  une  heure  de  l'autre 
On  y  pêche  avec  des  alênes  des  truites  groffes  comme  la 
cuifl'e  ;  on  attache  l'inftrument  à  un  fil  d'archal ,  qui  tient 
au  bout  de  la  ligne  qu'on  jette  au  fond  du  lac.  Ces  fortes  de 
pêches  fe  font  l'hiver  Se  1  été  ,  auffi  bien  avec  des  filets 
qu'avec  ces  fortes  d'hameçons,  en  faifant  dans  la  glace 
des  trous  à  côté  les  uns  des  autres ,  pour  y  paffer  le 
filet  avec  des  perches.  Les  Outaouas  Se  les  Hurons 
ont  d'agréables,  campagnes  où  ils  fément  du  bled  d'Inde , 
des  pois ,  des  fèves  Se  des  melons  différens  de  ceux 
d'Europe.  Ces  Sauvages  vendent  quelquefois  fi  cher 
leur  bled  d'Inde,  fur-tout  quand  la  chafle  des  caftors 
n'a  pas  réuffi  ,  qu'ils  fe  récompenfent  bien  à  leur  tour 
delà  cherté  des  marchandifes  qu'on  leur  vend,  (a)  Le 
P.  Hennepin  ,  Voyage  dans  l'Amérique  feptentrionale  , 
c.  2 1 .  p.  1  3  3.  (  b  )  Voyage  du  baron  delà  Hontan ,  t.  1. 
p.  14. 

MISSIMA.  Voyez.  Misiima. 

MISSIS,  Mrssis  ou  Mecis,  gros  bourg  de  Syrie, 
au  voifinage  de  la  ville  de  Païaffo  ,  fur  le  chemin  d'A- 


MIS 


lep  à  Conftantinople.  Ce  bourg  eit  fitué  fur  la  rivière 
de  Seheffum,  qui  eit  affez  grande  Se  aflez  belle,  Se 
où  il  y  a  un  grand  pont  de  pierres  de  tailla,  un  péage 
Se  les  ruines  d'une  ville  ,  auffi  appellée  Missis  ou  Mes- 
sis.  Cette  ville  devoit  être  belle,  tant  à  caufe  de  la 
"rivière  qui  paflbit  au  travers ,  qu'à  caufe  de  fa  grandeur 
Se  des  colomnes  rompues  qu'on  y  voit ,  Se  dont  quel- 
ques-unes font  de  ces  pierres  qu'on  efiime  être  fondues. 
La  ville  de  Miffis  avoir  derrière  elle  ,  tout  contre  ,  du 
côté  du  midi ,  des  montagnes  paffablement  hautes ,  qiji 
régnent  presque  tout  le  long  de  la  rivière  jusqu'à  la 
mer ,  qui  en  eft  affez  proche.  Paul  Lucas  appelle  Cha- 
gan  la  rivière  qui  coule  à  Miffis.  *  Monconis ,  Voyage  de 
Syrie  ,  t.  2.  p.  138. 

MISSISAGUES  ,  c'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire  :  nation 
fauvage  de  la  nouvelle  France ,  anciennement  établie 
dans  la  partie  occidentale  du  lac  Ontaris  ;  préfente- 
ment  on  n'en  connoït  plus  qu'un  village  ,  fitué  fur  le  dé- 
troit du  lac  Erié  ,  immédiatement  au-deffus  du  petit 
lac  de  Ste  Claire  Se  fur  la  rive  orientale.  11  y  en  a  auffi 
quelques  cabanes  à  Miagara ,  auprès  du  fort  des  Fran- 
çois ,  Se  à  Catarocouy  en-deça  du  lac  Ontaris.  Cette  na- 
tion eft  comptée  parmi  celles  de  la  langue  algonquine. 

M1SSISAKES  ou  Missisghes  ,  peuples  fauvages  de 
l'Amérique  feptentrionale ,  fur  le  bord  feptentrionale  du 
lac  des  Hurons ,  le  long  d'une  rivière  qui  fc  décharge 
dans  le  lac  par  plufieurs  bras  ;  cette  fituation  leur  donne 
leur  nom  ,  qui  fignifieyômV  de  tomes  fortes  de  rivières  ; 
car  Mijfi  veut  dire  toute  forte ,  Se  fakjs  lignifie  fortis 
de  rivières.  Us  pèchent  beaucoup  de  poiffon  blanc  Se 
quantité  d'éturgeons  ;  la  chaffe  eft  abondante  dans  le 
pays ,  Se  la  terre  leur  produit  du  bled  d'Inde  &  des 
citrouilles.  Ils  font  fiers,  méprifans&  nullement  fociables; 
cependant  ils  font  alliés  des  François.  II  y  a  aufli  des 
Miififakes  à  Chaquamikon. 

M1SSISS1PI  (Le).  H  y  en  a  qui  écrivent  MiciJJïpi  > 
d'autres  Mijfw.pi ,  fleuve  de  l'Amérique  feptentrionale, 
le  plus  confidérable  de  la  Louifiane,  même  de  toute 
l'Amérique.  11  coule  en  partie  dans  la  Nouvelle  France, 
traverfe  la  Louifiane  d'un  bout  à  l'autre  ,  jusqu'à  fon 
entrée  dans  la  mer.  Son  nom  a  été  formé  du  mot  MiJJi y 
dans  le  langage  des  Outaouas,  ou  du  mot  llinois  Minfi , 
qui  veut  dire  par-tout,  Se  de  celui  de  Sipi,  qui  figni- 
fie  rivière  :  l'origine  de  ce  nom  vient  de  ce  que  ce  fleuve 
s'étend  dans  une  grande  partie  des  terres  de  cette  con- 
trée par  Ces  débordemens  ,  qui  font  très-fréquens.  On 
l'appelle  auffi  Muchifipy ,  grande  rivière.  Les  llinois  le 
nomment  Mcschagamïfi ,  ou  plus  communément  Afef- 
fijfipy  ou  Mificipy  ,  comme  qui  diroit  toute  rivière  ,  à 
caufe  que  presque  toutes  les  rivières  de  la  Louifiane 
viennent  s'y  décharger.  11  paroît  que  les  premiers  Sau- 
vages à  qui  on  en  a  entendu  parler  ,  le  nommoient  Aïe- 
chajîpi,  qui  dans  leur  langage  veut  dire  la  grande 
eau  ,  ou  la  reine  des  eaux.  Les  François  l'appellent  en- 
core le  fleuve  de  Saint  Louis  ;  les  Espagnols ,  la  rivière 
de  la  Pal'ijfada,  à  caufe  delà  quantité  prodigieufe  de  bois 
qu'il  charrie  à  la  mer  ,  quand  les  eaux  font  hautes.  Du 
tems  de  Ferdinand  de  Soto,  ils  le  connoiffoient  auffi 
fous  le  nom  de  Cucagua.  Garcilaffo  de  la  Vega  ne  le 
nomme  point  autrement.  Voyez.  Louisiane.  Ainfi  il 
paroît  par  le  nouveau  nom ,  qu'on  avoit  perdu  dans 
l'Amérique  espagnole  jusqu'au  fouvenir  de  ce  fleuve. 
Ses  détours  fréquens  font  caufe  que  la  navigation  n'eft 
pas  commode  :  car  ils  demandent  à  tout  moment  un 
changement  de  vents.  En  descendant ,  le  courant  em- 
porte aflez  ,  fur-tout  quand  les  eaux  font  groffes ,  com- 
me dans  les  mois  d'Avril  Se  de  Mai,  pendant  lesquels 
il  ne  faut  que  quatre  femaines  pour  descendre  de  la 
rivière  des  llinois  jusqu'à  la  mer.  Ce  fleuve  eft  fi  diffé- 
rent de  luFmême  dans  les  hautes  Se  baffes  eaux  ,  qu'il 
devient  méconnoiffable  à  ceux  qui ,  l'ayant  monté  au 
commencement  du  printems,  le  descendent  après  qu'il 
eft  accru  par  la  fonte  des  glaces  Se  des  neiges  du  Nord. 
Ce  qui  eft  caufe  que  les  ifles  de  ce  fleuve  changent 
toutes  les  années  de  place  ,  Se  fe  trouvent  abforbées  dans 
les  grands  débordemens.  *  Mémoires  divers. 

On  ne  connoït  pas  encore  trop  bien  les  fources  du 
Miffiffipi  ;  on  fait  feulement ,  fur  le  rapport  des  In- 
diens ,  que  ce  fleuve  fort  d'une  grande  fource  au  haut 
d'une  colline  ,  qui  borde  une  trèi-belle  plaine  dans  le 


MIS 


MIS 


pays  des  ^fTati ,  vers  le  280  deg.  de  longit.  environ 
lbus  le  jo  deg.  de  iatir.  qu'à  quatre  ou  cinq  lieues 
de  Ai  fource  ,  il  fe  trouve  fort  accru  par  cinq  ou  fix 
rivières  qui  s'y  déchargent,  &  que  les  enviions  font 
habités  par  diverfes  nations  :  on  nomme  entr'autres  les 
Hanetons ,  les  IiTati ,  les  Oua ,  les  Tintonshas  Se  les 
Nadoueffans.  *  Nouvelle   relation  du  MiJJiJJiçi ,    pag. 

81. 

Ce  fut  Talon ,  intendant  de  la  Nouvelle  France , 
qui  entreprit  de  le  faire  découvrir ,  parce  qu'on  s'ima- 
ginoit  trouver  par-là  un  pafiage  à  la  mer  du  Sud.  Il 
lit  partir  à  cet  effet  en  1675  ,  le  père  Joieph  Marquette, 
Jétuite  ,  Se  le  fieur  Joliet ,  bourgeois  de  Québec  ,  tous 
deux  voyageurs  habiles  Se  expérimentés.  Ils  prirent  leur 
route  par  la  baie  des  Puants,  entrèrent  dans  la  rivière 
des  Renards  ,  qui  le  décharge  dans  le  fond  de  cette 
baie ,  venant  de  l'oueft  ;  enfuite ,  après  avoir  marché 
quelque  tems,  ils  s'embarquèrent  fur  1  Ovisconfinq , 
qui  coule  à  l'oueft ,  &  les  conduifit  dans  le  Miffiffipi  , 
où  il  fe  décharge  par  les  45  deg.  20  min.  ou  environ 
de  latir.  nord  ,  Se  le  descendirent  jusqu'aux  Akanfas , 
vers  les  3  3  deg.  49  min.  Ils  ne  purent  pas  aller  plus 
loin,  faute  de  vivres.  Ils  étoient  entrés  dans  le  fleuve 
le  17  de  Juin  1673. 

En  1680  ,  le  fieur  Dacan,  accompagné  d'un  Récol- 
le:, nomme  le  pere  Louis,  nom  de  religion,  Se  Hen- 
nepin  de  fon  nom  de   famille  ;  de  quatre  François  & 
de  deux  Sauvages,  par  ordre  du  fieur  Robert  CaveHer 
de  la  Sale  ,  fournis  d'armes  ,  de   munitions  nécefiàires 
Se  de  marchandifes  pour  trafiquer ,  s'embarquèrent  le 
28  de  Février  fur  la  rivière  des  Ilinois,  la  descendi- 
rent   jusqu'au  fleuve  de    Miffiffipi,  &  pouffèrent  leur 
traite  ,  en  remontant  ce  fleuve  jusqu'à  quatre  cens  cin- 
quante lieues  vers    le  nord,  Se  en  s'écartant  de  tems 
en  tems  de  côté  &  d'autre,  pour   reconnoître  les  di- 
verfes  nations  qui    l'habitent.    Ils    s'élevèrent   jusque 
vers  les  45  deg.    où   ils  rencontrèrent  une  chute  fort 
haute  qu'ils  ne  purent  franchir  ,  Se  qu'ils  appellerent 
le  Sault    de  faim  Antoine  de    Fadoue.  On   n'a  guère 
pénétré  plus  avant  au  nord,  que  d'environ  vingt  lieues, 
Se  on  ne  fait  rien  de  ce  qui  eft  au-delà  -,  ainfi  on  ne 
connoît  de  ce  fleuve  que  depuis  les  46  deg.  nord  jus- 
qu'au 29  ,  qui  eft  la  latitude  de  fon  embouchure  ;  ce 
qui  fait  une  longueur  de   17  deg.  &  à    25  lieues   par 
deg.  de  435  lieues  ;  mais,  comme  ce  fleuve  fait  beaucoup 
de  détours  ,    il  n'efi  pas  étonnant  que   ceux  qui  l'ont 
mefuré  par  le  chemin  qu'ils  ont  fait  d'un  lieu  à  un  au- 
ne, lui  ayent  trouvé  par  leur  calcul  fix  cens  cinquan- 
te-trois lieues  Se  demie  de  longueur  connue.  Nos  voya- 
geurs prétendirent  être  arrivés  jusqu'à  fept  lieues  de  la 
fource  du  Miffiffipi.  Ui  furent  bien  reçus  de  la  plupart 
de  ces   peuples ,  commercèrent   avec  eux  ,  augmentè- 
rent leur  troupe  de  quelques  Sauvages  volontaires  ,  Se 
aflurerent  avoir  pofé  à  deux  lieues  de  la  fource  de  ce 
fleuve,  fur   le  tronc  d'un    grand  arbie,  les  armes  du 
roi.  Ils  établi' eut  auffi  pluficurs  habitations:  l'une  chez 
les  Iffati ,  où  plufieurs  Européens ,  qui  s'étoient  joints 
à  eux  dans  leur  courfe,  voulurent  s'habituer;  une  au- 
tre chez  les  Hanetons-,  une  autre  chez  les  Oua;    une 
antre  enfin  chez  les  Tintonshas  ou  gens  de  rivière.  Le  Sr 
Dacan ,  charmé  de  la  docilité  des  peuples ,    Se  d'ail- 
leurs attiré  par  le  grand  commerce  des  peaux  ,  s'avan- 
ça   dans  les  terres  jusqu'au  lac  des   Affenipoils ,  qui  a 
plus  de  trente  lieues  de  tour.  Cette  nation ,  toute  fa- 
rouche qu'elle  eft  ,  le  reçut  fort  humainement.  Il  y  fon- 
da une  habitation  pour  les  François ,  Se  une  autre  chez 
les  Chongaskabcs ,  ou  nation  des  Forts  ,  leurs  voifins. 
.  Ce  ne  fut  qu'en  1683  ,  que  de  la  Sale  acheva  de  fon 
côté  la  découverte  du  Miffiffipi,  depuis  la  rivière  des 
Ilinois  jusqu'à  la  mer.  J'ai  dit   dans  l'article  de  la  Loui- 
fiane ,  commentée  célèbre  voyageur,  ayant   voulu   re- 
connoître ce'te  embouchure  par  mer,  la  manqua,  Se 
en  quel  tems  d'Iberville  y  entra  pour  la  première  fois. 
Il  y  a   apparence  que   cette  embouchure   a  changé  de 
face  depuis  de  la  Sale,   puisqu'en   172 1  ,  de  Panger, 
ingénieur  du   roi,    &    le    pere  de  Charlevoix ,  1  ayant 
vifirée  &  fondée  ,  y  trouvèrent  quantité  de  terres  nou- 
vellement formées  par  ce  prodigieux  amas  d'arbres  dont 
j'ai  pailé,   Se  qui.  s'arrêtant  tantôt  d'un  côté,  tantôt 
d'un  autre ,  font  bientôt  couyeus  de  tene  par  l'jnon- 


32? 

dation  du  fleuve,  &  forment  quantité  de  petites  files 
Se  de  pointes  avancées  ;  d'où  il  eft  arrivé  que  le  Milfis- 
fipi  a  préfenrement  plus  de  vingt  embouchures  ,  Se  que 
la  plus  large  Se  la  plus  profonde  ,  qui  court  au  fud-eft, 
n'a  que  deux  cens  cinquante  toifes  de   largeur. 

Ce  qui  a  encore  plus  contribué  à  multiplier  ces  em- 
bouchures ,  qu'on  nomme  dans  le  pays  des  Partes ,  c'effc 
que  le  Miffilfipi  ,  auffi-bien  que  toutes  les  autres  ri- 
vières qui  fe  jettent  dans  le  golfe  du  Mexique  du  côté 
du  nord  ,  a  à  fon  entrée  une  barre  ,  ou  de  fable ,  ou 
de  vafe.  Celle  du  Miffiffipi  eft  de  vafe  molle,  &  dans 
les  eaux  baffes  ,  elle  n'a  guère  plus  de  12  a  13  pieds 
d'eau  ;  mais  cette  barre  n'eft  pas  précifément  à  l'em- 
bouchure, Se  ,  entre  elle  Se  la  mer,  les  vaifleaux  peu- 
vent mouiller  en  fùreré  par  dix-huit  &  vingt  pieds  d'eau 
entre  des  ifles,  dont  la  principale  eft  celle  qu'on  ap- 
pelle Touloufe ,  ou  l'ifle  de  la  Balife  ;  il  n'y  a  que  les 
vents  du  fud  Se  de  fud-eft  qui  y  pourroient  incommo- 
der les  navires ,  encore  n'auroient-ils  qu'à  s'échouer 
fur  les  vafes  de  la  barre,  comme  on  fait  àRochcfort, 
Se  ils  y  fercient  en  fureté.  On  peut  voir  dans  le  jour- 
nal hiftorique  Se  dans  l'hiftoire  générale  de  la  Nou- 
velle France,  par  le  pere  de  Charlevoix,  unedeferip- 
tion  Se  un  plan  exact  de  l'embouchure  de  ce  grand 
fleuve. 

Entrons  à  préfent  dans  le  dérail  du  voyage  de  la  Sa- 
le ,  Se  de  ceux  qui  l'accompagnèrent.  A  fix  lieues  au- 
deflous  de  la  rivière  des  Ilinois,  ils  rencontrèrent  celle 
des  Ozages ,  dont  l'eau  charrioit  une  fi  grande  quan- 
tité de  limon  ,  qu'elle  rendoit  celle  du  Miffiffiri  toute 
limoneufe  l'espace  de  plus  de  vingt  lieues.  Le  lende- 
main ,  après  dix  lieues  de  navigation  ,  ils  trouvèrent: 
le  village  de  Tamaoas ,  où  il  n'y  avoir  perfonne,  parce 
que  les  Sauvages  s'étoient  retirés  dans  les  bois  pour 
hiverner.  Ayant  continué  leur  route,  ils  tombèrent , 
après  trois  jours  de  -courfe  ,  dans  l'embouchure  de  la 
rivière  des  Ouabachi ,  qui  vient  de  l'eft ,  Se  fe  jette 
dans  le  Miffilfipi  à  quatre-vingt  lieues  de  celle  des  Ili- 
nois. Ils  firent  foixante  autres  lieues  de  courfe ,  fuivant 
toujours  le  grand  fleuve ,  Se  prirent  terre  à  un  bord 
habité  par  les  Chicacha.  Ils  bâtirent  un  fort  dans  ce 
lieu,  pour  fervir  d'entrepôt  aux  François,  Se  d'habita- 
tion même  dans  un  pays  fi  beau.  Le  fieur  de  la  Sale 
appella  ce  fort  Prudhomme  ,  du  nom  de  celui  à  qui 
il  en  laifta  le  commandement  ;  après  quoi  ils  firent  cin- 
quante lieues,  &  arrivèrent  au  village  des  Cappa. 
De-là  ils  descendirent  chez  les  Akancéns,qui  n'en  font 
qu'à  huit  lieues ,  Se  divifés  en  plufieurs  villages  de  di- 
ftance  en  chftance.  A  foixante  lieues  au-defious  de  cette 
nation,  ils  trouvèrent  IesTaenças;  enfuite,  continuant 
leur  route  le  long  du  grand  fleuve  ,  ils  commencèrent 
à  voir  des  crocodiles  le  long  du  rivage.  Ils  (ont  en 
très-grand  nombre  fur  ces  bords  ,  Se  d'une  grofieur  pro- 
digieufe.  Le  jour  fuivant,  étant  arrivés  vis-à  vis  du  pre- 
mier village  des  Taencas ,  qui  eft  au-delà  d'un  lac  de 
demi  lieue  de  tour ,  il  leur  fallut  porter  l'espace  d'une 
demi-lieue  un  canot  d'écorce,  dans  lequel  ils  traver- 
ferent  ce  lac.  Us  prirent  hauteur  dans  ce  quartier  >  Se 
fe  trouvèrent  au  2j  deg.  de  latit.  le  lendemain,  qui 
étoit  le  22  de  Mars  de  la  même  année  1683  ,  ils  al- 
lèrent coucher  à  dix  lieues  de-là.  C'étoit  le  pays  des 
Natches;  ils  s'y  arrêtèrent  jusqu'au  16  pour  le  recon- 
noître. Ce  jour-là  ils  firent  huit  lieues ,  en  descendant 
toujours  le  grand  fleuve,  Se  arrivèrent  au  \illage  des 
Coroas.  Le  27,  ils  cabannerent  à  l'embouchure  d'une 
rivière  qui  vient  de  l'oueft  ,  Se  qu'on  a  nommée  la 
Sablonniere.  A  dix  lieues  de-là  ,  ils  remarqueient  que  le 
fleuve  fe  parrageoit  en  trois  canaux.  Le  fieur  de  la  Sale 
prit  celui  du  milieu;  d'autres  prirenr  à  la  droite,  Se 
d'autres  à  la  gauche.  Ils  fuivirenr  chacun  leur  canal  en- 
viron dix  lieues ,  Se  fe  trouvèrent  réunis  par  une  es- 
pèce de  confluent  dans  un  feul  lit  du  roeme  f euve.  Les 
Quinipiffas  habitent  à  cette  hauteur.  A  ccu?e  lieues 
plus  bas ,  ils  tombèrent  fur  la  droite  dans  le  viliage 
de  Tangibao  ,  qu'ils  rrouverenr  pillé ,  faccagé  Se  cou- 
vert de  corps  morts  entaflés  les  uns  fur  les  autres.  A 
ce  fpeétacle ,  ayant  jugé  qu'il  ne  faifoit  pas  bon  fur 
cette  rive,  ils  pouffèrent  plus  loin  ;  Se  ,  après  dix  lieues 
de  chemin  ,  ils  ctrrmencerent  le  7  d'Avril  à  s'apper- 
çevoii"  que  l'eau  étoit  fa'ée.  La  plage  leur  parut  plus 
Tom.  IV.  S  s  ij 


MIS 


3^4 

étendue  ,  Se  toute  femée  de  coquilles  :  les  unes  en  gon- 
doles ,  les  autres  en  pointe  fpiraïc  ,  &  toutes  diverfifiées 
de  pluiîeurs  couleurs.  Ils  allèrent  plus  avant ,  &  au 
bout  d'une  heure  de  navigation ,  ils  fe  mirent  en  un 
canot  fur  la  mer.  Ils  côtoyèrent  le  rivage  environ  un 
quart  de  lieue  pour  mieux  connoître  les  bords,  &  ils 
revinrent  enfuite  prendre  terre  à  l'embouchure  du  fleu- 
ve. Ils  mirent  alors  leur  équipage  6c  leur  canot  fur  cks 
traîneaux ,  6c  allèrent  cabanner  un  peu  au-defius  de  la 
pige  pour  ie  mettre  à  couvert  du  reflux  qri  la  cou- 
vre toute  entière  ,  après  lavoir  laiiiée  à  iec  pendant 
fix  heures.  Lorsqu'ils  turent  dans  ce  nouveau  campe- 
ment ,  ils  attachèrent  une  croix  au  haut  d'un  gros  ar- 
bre ,  y  plantèrent  les  armes  de  France ,  6c  conftruiiî- 
rent  trois  ou  quatre  cabane  au  milieu  de  quelques  re- 
tranchemens.  Le  fieur  de  la  Sale  prit  alors  hauteur 
pour  déterminer  l'embouchure  du  MiflîlFiLi;  &  par  fon 
calcul ,  il  trouva  que  c'étoit  entre  le  22  Se  le  23  deg. 
de  latit.  que  ce  fleuve  fe  jettoit  dans  le  golfe  de  Mexi- 
que par  un  gros  canal ,  qui  a  deux  lieues  de  largeur , 
Se  qui  eft  profond  6c  praticable. 

Avant  que  de  quitter  les  bords  de  ce  fleuve,  le  fieur 
de  la  Sale  voulut  un  peu  les  reconnoître.  Ils  font  im- 
praticables auprès  de  la  mer,  tantàcaufe  des  fréquen- 
tes inondations  du  printems ,  qu'a  caufe  de  la  ftérilité 
de  la  plage.  Ce  n'elt  par-tout  que  cannes  ,  ronces  6e 
bois  îenverfés  •,  mais  dans  les  terres,  environ  une  lieue 
&  demie  ,  c'eft  le  plus  beau  féjour  du  monde ,  grandes 
prairies,  bois  francs  remplis  de  mûrie:  s  ,  de  noytis  &  de 
châtaigniers  On  y  voit  des  campagnes  couvertes  de  tou- 
tes fortes  d'aibres  fruitiers  ,  d  orangers,  de  citronniers  , 
de  grenadiers  ,  des  coteaux  chargés  de  vignes,  ôc  des 
cha  nps  qui  portent  deux  fois  par  an  du  bled  d'Inde. 
On  apperçoit  dans  les  étangs  6e  fur  les  rivières  toutes 
l^ues  d'o'fcaux  aquatiques  ,  comme  canards  ,  oies  ,  ma- 
creuiès ,  plongeons  :  dans  les  bois  6c  dans  les  campa- 
gnes il  y  a  abondance  de  toutes  fortes  de  volailles  :  per- 
drix ,  failans ,  cailles  ;  Se  d'animaux  à  quatre  pieds  de 
toute  forte. 

Les  rives  du  MiiTiflrpi  ne  font  habitées  qu'aux  endroits 
où  fes  bords  forment  des  écors  un  peu  élevés  :  ce  qui 
ne  fe  trouve  que  de  longs  en  longs  intervalles.  Ce  fleu- 
ve eft,  pour  ainfi  dire  ,  la  clef  de  tout  le  pays,  par  la 
communication  qu  il  donne  à  tous  les  lacs  qui  condui- 
fent  en  Canada.  Les  Anglois.qii  en  ont  reconnu  l'uti- 
lité ,  ont  fait  en  divers  tems  de  grands  efforts  pour  s'en 
rendre  les  maîtres.  Ils  firent  la  dernière  tentative  en 
1714;  mais  leur  defiein  échoua  par  la  mort  du  nommé 
Jouîle  »  chef  de  leur  ambaflade  aux  Indiens  du  Mifiîs- 
fipi ,  6c  par  la  révolte  des  Sauvages  des  environs  de 
la  Caroline. 

Il  eft  arrivé  aufli  d'aflez  grands  changemens  dans  le 
cours  du  Miiïiffipi ,  depuis  que  les  François  commencent 
à  y  naviger.  Ce  fleuve ,  fe  jettant  toujours  à  l'eft,  y  a  per- 
cé des  terres  pour  s'y  faire  un  nouveau  cours. ,  comme 
ce  qu'on  appelle  \ Anje  percée;  6e  ces  nouveaux  lits  fc 
font  trouvés  avoir  en  très-peu  de  tems  autant  de  pro- 
fondeur que  le  refte  du  fleuve  :  cette  ptofondeur  eft 
étonnante  pour  une  rivière  ;  car  elle  eft  en  quelques 
endroits  de  plus  de  foixante  brades,  ce  qui ,  j(  int  à  fa 
rapidité ,  fait  que  la  pêche  y  eft  presque  par-tout  im- 
praticable. Pour  ce  qui  eft  de  la  largeur ,  elle  ell  par- 
tout d'une  demi-lieue  ou  de  trois  quarts  de  lieues  ,  mais 
Couvent  partagée  par  des ifles ,  dont  quelques-unes  font 
allez  grandes  ;  il  y  en  a  quelquefois  deux  de  front. 

Le  Mifliflipi  reçoit  dans  fon  cours  pluiîeurs  rivières 
considérables,  tant  à  droite  qu'a  gauche,  6c  dont  les 
noms  nous  font  connus  par  les  relations  des  voyageurs 
qui  ont  remonté  ce  fleuve.  Il  eft  vrai  que  ,  depuis  fa 
fource  jusqu'au  pays  des  Sioux  ,  ou  NadotKfiîcx:  Ifiati, 
on  n'a  pas  encore  des  mémoires  bien  furs;  mais  depuis 
cette  contrée,  qu'il  partage  en  deux  jusqu'à  fon  embou- 
chure ,  on  a  de  quoi  fe  fixer.  Une  nouvelle  relation  d'un 
voyage  fait  fur  ce  fleuve  ,  nous  a  donné  le  nom  des  ri- 
vières &  celui  des  principaux  portes,  depuis  l'embouchure 
du  MiiTifïipi  jusqu'au  pays  des  Sioux ,  6c  a  même  mar- 
qué les  diftances ,  en  remontant  le  fleuve. 

De  l'embouchure  du  Miilîff.pi  au  Fort,  à  l'eft,  dix- 
huit  lieues. 


MIS 


Du  Fort  à  la  Pointe  à  l'Anglois ,  à  l'eft  ,  onze  lieues. 

De  la  Pointe  à  l'Anglois,  a  la  Pointe  des  Lgarés,  à 
Feft ,   onze  lieues. 

Du  portage  des  Egarés  à  la  Fourche  de  Mifliflipi ,  à 
I'oueft ,  quinze  lieues. 

De  la  Fourche  aux  Bayagoulas  ,  à  I'oueft  ,  cinq 
lieues. 

Des  Bayagoulas  à  la  rivière  Rouge  6c  de  Morne, 
à  Fouelt,  trente  lieues. 

De  la  rivière  Rouge  aux  Oumas ,  à  l'cfl  ,  rrois  lieues. 

Des  Oumas  aux  Narches,  à  l'eft,  vingt  lieues. 

Des  Nacches  aux  Tarifas,  à  I'oueft,  quinze  lieues 
6c  demie:. 

Des  Tayufas  à  1  embouchure  de  la  rivière  des  Toni- 
cas,  à  l'eit, dix- huit  lieues. 

De  la  rivière  des  1  onicas  à  l'Anfe  percée  ,  à  l'ouelt, 
trente  cinq  lieues  6c  demie. 

De  l'Ame  percée  à  la  rivière  des  Cyronouys  ,  à  !bueft, 
dix-neuf  iieues. 

Le  la  rivière  des  Cytonouys  à  l'ancien  village  des  To- 
urnas,  à  I'oueft  ,  cinq    He.  es. 

Des  Torimas  aux  Reanfas ,  à  la  rivière  à  Margot, 
à  l'eit ,  q  tarante  Feue-  6c  demie. 

De  la  rivière  a  Margot  au  tort  Prudhommc,  à  l'eft , 
feize  lieues. 

Du  Fort  Piudhomme ,  où  l'on  dit  qu'il  y  a  une  mi- 
ne de  fer  ,  à  l'eft  ,  quarante  deux  lieues  &  demie. 

De  la  mine  de  Fer  aux  Ouabachts ,  à  l'eft ,  fept 
lieues. 

Des  Ouabaches  au  cap  S.  Antoine  ,  à  l'eft  ,  vin^t-ci  ;q 
lieues  6c  demie. 

Du  cap  S.  Antoine  à  la  rivière  de  la  Saline,  à  I'oueft  ,' 
tieize  lieues  Se  demie. 

De  la  rivière  de  la  Saline  au  cap  de  1  Hirondelle,  à 
I'oueft  ,  cinq  Feues 

Du  cap  de  l'Hirondelle  à  la  Grotte ,  à  I'oueft ,  qua- 
tre iieues. 

De  la  Grotte  à  la  rivière  à  la  Barbue  ou  Maramée  ,  à 
I'oueft  ,  fept  lieues  6c  demie. 

De  Maramée  au  Tamarais ,  à  l'eft,  quatre  lieues  trois 
quai  ts. 

De  Tamarais  à  l'embouchure  de  la  rivière  des  Mifouris, 
à  l'eft  ,  fix  lieues. 

De  la  rivière  des  Mifoin  is  à  Fembouchi.re  de  la  rivière 
desllinois,  à  l'eft,  fix  lieues. 

De  la  rivière  des  Ilinois  à  la  rivière  aux  Bœufs ,  à 
I'oueft  ,  vingt-deux  Feues  6c  demie. 

De  la  rivière  aux  Bœufs  à  la  rivière  dcsMohingonas; 
à  I'oueft,  vingt- neuf  lieues. 

De  la  rivière  des  Mohingonas  ,  au  premier  pays  plat, 
fend  de  Roche ,  une  Feue  6c  c'emie. 

Du  haut  de  ce  pays  plat  à  la  rivière  à  la  Roche  ,  à 
l'eft,  trente-huit  lier  es  deux  tiers. 

De  la  rivière  à  la  Rode  au  fécond  &  dernier  pays 
plat,  fond  de  Roche,, une  lieue  &  demie. 

Du  haut  de  ce  dernier  pays  plat ,  à  la  rivière  au  Fa- 
rifien,  à  l'eft,  dix  fept  lieues. 

De  la  li.ieie  du  Parifien  à  la  rivière  à  M.xons ,  à 
I'oueft ,  une  lieue  &  demie. 

DelarF'iere  à  Maçons  à  la  rivière  à  la  Mine  de  Plomb, 
à  l'eft  ,  quatre  lieues  &  demie. 

De  cette  rivière  à  la  Mine  de  Plomb  du  Mifliflipi ,  à 
I'oueft  ,  fix  lieues. 

D'où  à  la  rivière  Ovisconfinq  ,  à  l'eft,  dix-fept  lieues. 

De  cette  rivière  à  la  rivière  aux  Canaux  ,  à  l'eit,  qua- 
torze li.ues  un  quart. 

Celle  de  Quicaponx,  eft  vis-à-vis,  à  I'oueft. 

De  la  rivière  aux  Canaux  à  la  rivière  Fâchée ,  à  I'oueft; 
fept  lieues. 

De  la  rivière  Fâchée  à  la  rivière  aux  A  les,  à  l'eft, 
trois  quarts  de  lieue. 

Delà  rivière  aux  Ailes  à  la  rivière  Noire  ,  à  l'eft, 
quatre  lieues  un  quart. 

Delà  rivière  Noire  à  la  rivière  de  la  Montagne  qui 
trempe  àl'eau  ,  à  l'eft,  deux  lieues. 

De  la  rivière  de  la  Montagne  qui  trempe  à  l'eau  , 
à  la  rivière  aux  Raifins,  à  I'oueft,  huit  lieues  tais 
quarts. 

De  la  rivière  aux  Raifins  à  la  rivière  de  Paquitanet,  à 
l'eft ,  quatre  lieues. 


MIS 


De  la  riv  îere  de  Paqujtai  let  a  la  rivière  de  Bon  Secours , 
à  l'eit ,  deux  lieues  trois  quarts. 

De  la  rivière  de  Bon  Secours  au  lac  de  Pépin  ,  de- 
mi-lieue. 

Du  bord  du  lac  à  la  rivière  aux  Roches- Places,  à 
la  rivière  Sainte-Croix  ,  à  l'elt  ,  cinq  lieues  un  quart. 

De  la  rivière  aux  Roches-Plates  a  la  rivière  Sainte 
Croix  ,  à  l'elt ,  cinq  lieues  ôc  un  quart  :  elle  vient  de 
forr  loin  ,  ôc  ,  par  le  moyen  d'un  portage  fort  court  ,  on 
entre  dans  une  autre  rivière  qui  conduit  au  lac  Supé- 
rieur. 

De  la  rivière  Sainte-Croix  à  l'embouchure  de  la 
rivière  Saint  Pierre  ,  à  l'oueit  ,  douze  lieues  trois 
quarts. 

De  l'embouchure  de  la  rivière  S.  Pierre ,  qui  eft  un 
quart  de  lieue  au-de(Tous  du  Sault  S.  Antoine,  à. la  ri- 
vière de  la  Mine  de  Charbon  ,  à  l'elt  de  la  rivière  S. 
Pierre  ,  quinze  lieues.  On  prétend  que  cette  rivière  vient 
de  fort  loin  ,  6c  qu'elle  fort  du  lac  des  Tintons.  Qua- 
rante lieues  au  delfus  de  fon  embouchure  ,  elle  reçoit  à 
gauche  la  rivière  Verte  ,  où  on  a  découvert  une  rrès- 
beile  mine  de  Cuivre.  L'hiver  elt  très-rude  en  ces  quar- 
tiers :  il  commence  au  mois  de  Septembre ,  Ôc  dure  jus- 
qu'à la  fin  de  Mars. 

De  la  rivière  à  la  Mine  à  la  rivière  Bleue,  àl'oueft, 
Vingt  fix  lieues  6c  un  quart. 

De  l'embouchure  de  la  rivière  Bleue  au  forr  lHuil- 
lier ,  à  l'oued  de  la  rivière  Bleue  ,  demi  Lieue» 

Du  fore  l'Huillier  à  la  rivière  S.  Rémi,  à  l'oueft, 
trois  quarts  de  lieue  6c  demi. 

De  l'embouchure  de  la  rivière  S.  Rémi  à  la  Mine, 
à  l'oueit ,  demi-lieue  6c  demi-quart. 

Total  depuis  la  mer  jusqu'à  la  mine ,  fix  cens  cin- 
quante-trois lieues  ôc  demie. 

A  l'extrémité  méridionale  de  l'ijle  Polée ,  la  rivière 
s'élargit,  ôc  ce  lieu  eft  appelle  le  lac  de  Bon  Secours. 
Il  a  une  lieue  de  traverfe  6c  fept  de  circonférence. 
Dès  qu'on  eft  forti  de  ce  lac  ,  on  trouve  de  part  6c 
d'autre  de  grandes  &  belles  prairies ,  toutes  couvertes 
d'animaux  de  diverfes  espèces,  &  fur-tout  de  ces  bœufs , 
qu'on  appelle  communément  Bœufs  ilinois  ,  &  qui  font 
fort  communs  dans  toute  la  Louifiane  6c  dans  les  parties 
méridionales  6c  occidentales  du  Canada.  Ces  animaux  , 
plus  gros  d'un  tiers  que  les  nôtres  ,  ont  les  cornes  baflès  , 
noires  6c  allez  courtes,  une  grande  barbe  de  crins 
fous  la  mâchoire ,  6c  un  autre  toupet  fur  la  tête  qui 
leur  tombe  fur  les  yeux  ;  ce  qui  les  rend  afiieux.  Leur- 
poil  eft  une  laine  plus  fine  que  celle  de  nos  moutons. 
Ils  ont  fur  le  dos  une  boffe  ,  qui  prend  au-deilus  des 
épaules  &  va  en  diminuant  jusqu'aux  hanches.  La  pre- 
mière côte  de  devant  eft  plus  haute  d'une  coudée  que 
les  autres ,  6c  au-delTus  du  dos  elle  e;t  large  de  trois 
doigts,  c'elt-là  que  commence  la  bo.ïe,  qui  elt  cou- 
verre  d'un  long  poil  un  peu  roux»  Ils  ont  le  poitrail 
fort  large  6c  vont  toujours  en  diminuant  par  derrière. 
Ils  ont  la  tête  fort  groffe  6c  le  cou  forr  court. 

De  là  la  première  rivière  confidérable  qu'on  rencon- 
tre elt  l'Ovisconfinq  -,  &  25  lieues  plus  bas,  du  même 
coté  de  l'elt ,  on  en  trouve  une  autrenomméc  Âjfemfifi^ 
ou  rivière  de  la  Roche ,  parce  qu'il  y  a  des  vovageurs 
qui  ont  dit  qu'on  y  trouvoic  du  cryltal  de  roche.  Du 
côté  de  l'oueit ,  par  les  40  degrés  45  ou  46  minutes 
cil  le  Moingona ,  lequel  tire  fon  nom  d'une  nation  ili- 
noife,  qui  a  long-tems  demeuré  fur  fes  bords.  Voyez, 
Moingona.  Six  lieues  plus  bas  commence  un  rocher  ra- 
pide de  fept  lieues ,  fur  lequel  il  y  a  peu  d'eau  ,  ôc  où  il 
faut  traîner  les  canots.  11  a  fept  lieues  de  long ,  6c 
après  fept  on  en  trouve  un  autre  tout  femblable  &  de 
la  même  longueur.  Ce  font  les  fculs  qu'on  rencontre 
fur  le  MifliiTipi  ,  jusqu'au  Sault  S.  Antoine.  La  rivière 
aux  Bœufs  elt  un  degré  plus  bas  ,  &  vient  du  même 
côté.  Dix-huit  lieues  au-deffous ,  eft  l'embouchure  de 
celle  des  Ilinois.  Tout  cet  entre-deux  eft  charmant  par 
la  beauté  des  prairies  d'une  très-grande  étendue.  On  y 
trouve  des  loups  plus  petits  qu'en  France  ,  6c  qui  ont 
le  poil  noir ,  long  6c  rrès-fin  :  des  tigres  ,  &  fur-tout 
beaucoup  de  renards ,  dont  le  poil  eft  argenté. 

Cinq  lieues  au-deffous  de  la  rivière  des  Ilinois ,  eft  le 
Miffouri  »  qui  vient  du  nord-ouelt.  Voyez.  Missouri, 


MIS         32/ 

Jusques-là  le  Miflïifipi  coule  affez  tranquillement  ;  mais 
le  Miffouri  lui  communique  fa  couleur  blanche  6c  fa 
rapidité,  qu'il  conferve  jusqu'à  la  mer.  Quand  on  a  fait 
repofer  cette  eau  ,  on  trouve  au  fond  une  espèce  de  tar- 
tre blanc  ,  &  on  a  obfervé  que  cette  même  eau  le  con- 
ferve plus  long-rems  a  la  mer  que  celle  des  plus  belles 
fontaines.  C  elt  aulfi  au  confluent  du  Miffouri  6c  du 
Mifliffipi  que  ce  fleuve  commence  à  être  embarraffé 
d'arbies  flottans  ,  qui  font  particulièrement  entraînés 
par  le  Miffouri  dans  le  teins  de  fes  débordemens:  auiîï 
n'elt  il  plus  fur  denaviger  en  canots  d  ccorce ,  il  faut 
fe  fervir  de  piroques ,  qui  font  faits  d'un  feul  tronc 
d'arbre  ;  les  meilleurs  font  de  bois  de  noyers  ou  de 
cyprès.  On  trouve  de  ces  derniers,  qui  ont  jusqu'à  trente- 
cinq  pieds  de  long  ,  fur  trois  6c  demi  de  large.  Le  Miiîîs- 
fipi  charrie  une  fi  grande  quantité  d'arbres  ,  qu'a  tou;eâ 
les  pointes  on  en  trouve  des  amas ,  qui  rempliroiene 
les  plus  grands  chantiers  de  Paris. 

Six  ou  fept  lieues  plus  bas  que  le  Miffouri  ôc  du 
même  côté  ,  elt  la  petite  rivière  de  Marameg ,  où  on 
a  long  tems  prétendu  qu'il  y  avoit  des  mines  de  plomb 
&  d'argent.  La  petite  rivière  des  Kaskas-Kias,  eit  vers 
le  3  8.  deg.  &  vient  de  l'elt ,  6c  celle  d  (Juabache,  qui  vient 
du  même  côté  ,  elt  environ  par  Les  j6  degrés  $0  minutes. 
Voyez.  Ouabache.  La  première  ,  qu'on  rencontre  en- 
fuite  fur  la  même  main  ,  eft  celie  des  Chicachas,  qui 
eft  fort  étroite  à  fon  embouchure  ,  &:  quelques  lieues 
plus  bas  la  rivière  à  Margot^  qui  elt  fort  jolie.  Elle 
elt  fort  mal  marquée  dans  la  carte  de  la  Louifiane  par 
de  l'Ifle.  Ving'  lieues  plus  bas  elt  la  rivière  de  S.  Fran- 
çois, dont  l'embouchure  elt  fort  Luge.  On  dit  quelle 
fort  des  environs  des  prétendues  mines  de  Marameg, 
ôc  par  conféquent  qu'elle  court  presque  du  nord  au 
fud  Vingt  autres  lieues  au-deffous  font  les  Akanfas. 
Voyez,  ce  mot. 

On  compte  de-là  foixante  6c  dix  lieues  jusqu'à  la  rivière 
des  Yafous  ,  qui  vient  de  l'elt.  Voyez.  Y  asous  :  6c  de  cette 
rivière  à  la  rivière  Rouge  tq\xi  elt  fur  la  main  droite , 
il  y  en  a  quarante-deux.  Voyez,  rivière  Rouge.  J'ai 
dit  que  le  Mifiiffipi  s'étoit  frayé  de  nouveaux  chemins 
à  l'oueit,  en  coupant  même  des  pointes  qui  avançoient  j 
il  s'elt  même  tracé  une  nouvelle  route  pour  fe  déchar- 
ger d'une  partie  de  fes  eaux  dans  la  mer.  Ce  canal  fe 
nomme  la  fourche  des  Chetimachas.  Vo:la  ce  qu'on 
connoît  du  cours  de  ce  fameux  fleuve  ,  qui  arrofe  un 
des  plus  beaux  6c  des  meilleurs  pays  de  l'univers,  6c  qui 
n'a  point  d'égal  dans  fa  profondeur  ôc  dans  l'égalité  de 
fon  lie,  mais  que  fa  grande  rapidité  re  id  difficilement 
navigable  ,  ôc  dont  l'embouchure  ne  repond  point  an 
relie  de  fon  cours. 

MISSOURI ,  grande  rivière  de  l'Amérique  fepren- 
trionale ,  dans  la  Louifiane ,  &  qu'on  a  déjà  remon- 
tée plus  de  cinq  cens  lieues  fans  en  trouver  la  fource. 
Des  fauvages  Sioux  ont  affuré  au  père  de  Charîevoix, 
qu'elle  forr  d'une  montagne,  doù  il  en  fort  une  au- 
tre qui  va  fe  décharger  à  la  mer  ,  du  côté  de  l'oueit ,  ce 
q  i  ne  peut  être  que  la  mer  du  Sud  ,  le  golfe  de  la  Ca- 
lifornie ,  ou  la  mer  Vermeille ,  étant  plus  au  midi  que 
l'endroit  jusqu'où  on  a  remonté,  le  Miffouri.  Ce  fleuve 
court  nord-ouelt  ôc  fud-ell ,  ôc  tombe  dans  Le  Milfis- 
fipi  cinq  ou  fix  lieues  plus  bas  que  la  rivière  des  Ili- 
nois. Le  pere  Marquette  ,  qui  le  découvrit  le  premier, 
le  nomme  Pekjtanoui;  6c  de  l'Ifie  a  conferve  ce  nom 
dans  fa  carte  de  la  Louifiane.  Il  paroît  cerrain  qu'on  lui 
a  fubftitué  celui  de  Miffouri,  à  caufe  des  premiers  Sau- 
vages qu'on  rencontre,  en  remontant  cette  rivière ,  ÔC 
qui  s'appellent  Miffourites,  ôc  plus  communément  Mis- 
foarites. 

Le  Miffouriseft  la  plus  rapide  de  toutes  les  tivieres 
que  nous  connoiffons  ,  ce  q  ;i  vient  en  partie  des  - 
vieres  ôc  des  torrens  qui  s'y  jettent  en  grand  non  bre* 
On  prétend  que  fa  couleur  blanche  vient  d'une  rivice 
des  Van'u  Ric./rai ,  laquelle  coule  fur  un  fond  qui  lui 
donne  cette  couleur.  Quand  le  Miffouri  emre  dans  le 
Miffiffipi ,  on  ne  peur  guère  diftinguer  quelle  elt  la  plus 
grande  de  ces  deux  rivières,  6c  celle-ci  ne  conferve  ap- 
paremment fon  nom,  que  parce  qu'elle  continue  à  cou- 
ler fous  le  même  air  de  vent.  Du  relte  ,  le  Miffouri  pa- 
roît y  entrer  en  conquérant.  Il  y  porte  fes  eaux  blan- 
ches jusqu'à  l'autre   bord  fans  les  mêler  3  &   corn- 


326 


MIS 


MIT 


mimique  enfuite  à  ce  fleuve  fa  couleur   Se  fa  rapi- 
dité. 

La  première  rivière ,  en  remontant  le  Mifiburi ,  eft 
celle  des  Ofages  :  on  la  trouve  fur  la  main  gauche,  après 
avoir  navigé  quarante  lieues.  Voyez  Osages.  Quarante 
autres  lieues  plus  haut ,  font  les  Miflourites  fur  la  mê- 
me main.  Une  femme  Mifiourite  a  confirmé  au  même 
père  de  Chailevoix  ce  que  les  Sioux  lui  avoient  dit  de 
la  fource  du  Mifiburi,  qui  fortoit,difoit-elle,  de  mon- 
tagnes pelées  fort  hautes,  derrière  lesquelles  il  y  a  un 
grand  fleuve  qui  coule  à  l'oueft.  Environ  quarante  lieues 
au-deflus  des  Miflourites ,  eft  la  rivière  des  Cani'és ,  na- 
tion fauvage  qu'on  croit  avoir  la  même  origine  que  les 
Akanfas.  On  en  juge  moins  par  la  conformité  du  nom 
que  par  la  reflemblance  :  les  uns  &  les  autres  étant  les 
plus  beaux  Se  les  mieux  faits  de  tous  les  Sauvages  de 
ce  continent.  D'ailleurs,  la  rivière  des  Canfés  &  celle 
des  Akanfas  fe  rapprochent  beaucoup  vers  leurs  four- 
ces.  Les  Oclotatas,  que  quelques-uns  nomment  Maito- 
tatas ,  ne  font  pas  fort  éloignés  des  Canfés,  &  toujours 
fur  la  main  gauche.  Vers  l'an  1719,  des  Espagnols,  ve- 
nus, dit-on,  du  nouveau  Mexique,  furprirent  deux 
villages  d'Octotatas ,  Se  y  firent  un  grand  carnage  ; 
mais  on  leur  drefla  une  embuscade  dans  un  troifiéme, 
&  ils  périrent  tous ,  à  la  réferve  d'un  aumônier  qui  fe 
fauva.  Au-deflus  des  Octotaras ,  eft  la  rivière  des  Pa- 
nis  à  gauche  ,  Se  beaucoup  plus  haut ,  ceile  des  Ajoués 
à  droite.  Ceux-ci  font  alliés  des  Sioux  Se  grands  voya- 
geurs. Ceux-là  occupent  un  pays  immenfe,  qui  s'étend 
le  long  du  Mifiouri ,  &  dans  la  profondeur  des  terres. 
Ils  font  divifés  en  tribus,  qui  ont  chacune  leur  nom 
propre,  comme  Panis-Mahas,  Panis-  Ricaïas  :  on  ne  con- 
çoit au-delà  que  les  Padoucas ,  où  les  autres  Sauvages 
vont  faire  des  esclaves,  qu'ils  vendent  quelquefois  aux 
François. 

M1SSOURITES ,  Sauvages  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  dans  la  Loiufiane  ,  fur  les  bords  du  Mifiouri. 
Voyez,  l'article  précédent.  Les  Miflourites  palTent  pour 
ceux  de  tous  les  Sauvages  de  ce  continent ,  qui  cou- 
rent le  plus  vite ,  Se  qui  voyagent  plus  loin.  Les  fem- 
mes même  de  cette  nation  font  aufii  légères  à  la  courfe 
que  les  hommes. 

M1SSU  EN  SIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dansla  pro- 
vince proconfiilaire  ,  félon  la  notice  d'Afrique  qui  four- 
nit Hirundinus  Mijfuenfis.  La  conférence  de  Carthage 
fait  mention  de  Servus  Dei.*  Harduin.  colled.  conc. 
vol.  i.p.  1081. 

MISTAS1N,  lac  de  l'Amérique  feptcntrionale,  dans 
la  nouvelle  France.  Ce  lac  eil  fitué  par  les  jo  degrés 
30  minutes  de  latitude  du  nord  ,  &  à  cent  lieues  de 
Québec.  11  peut  avoir  quarante  lieues  de  longueur  d'o* 
rient  en  occident,  Se  environ  quinze  à  dix-huit  de  large. 
Il  communique  à  la  baie  d'Hudson  par  la  rivière  de  Ne- 
mico,  &  à  la  rivière  de  Sagunay  par  le  moyen  de  celle 
de  Kakigaonfipi.  Les  François  ont  un  rfîagazin  d'entre- 
pôt fur  ce  lac  à  la  bande  du  fud ,  à  la  décharge  de  la 
rivière  Kakigaonfipi.  On  donne  aufii  ce  nom  aux  Sau- 
vages qui  habitent  près  de  ce  lac. 

1.  MISTECA  (a),  contrée  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale, dans  la  Nouvelle  Espagne,  au  département  de  Gua- 
xaca.  On  la  divife  en  deux  parties ,  dont  l'une  eft  ap- 
pellée  haute  Se  l'autre  baiïe.  La  plupart  des  ruifieaux 
&  des  torrens  qui  font  dans  l'une  Se  dans  l'autre,  por- 
tent de  l'or  (b).  Ainfi  les  Sauvages ,  avec  leurs  femmes 
Se  leurs  enfans  ,  s'en  vonr  aux  fleuves  Se  ruifieaux  voi- 
fins ,  Se  tant  que  durent  les  provilions  dont  ils  fe  mu- 
niflent,  ils  s'appliquent  à  chercher  des  paillettes  d'or, 
qu'ils  vont  échanger  enfuite  aux  marchés  des  environs 
pour  les  chofes  nécefiaires  à  la  vie.  QtAnd  ils  font  de 
retour  dans  leurs  maifons,  ils  font  bonne  chère  fans 
vouloir  fonger  ni  à  cultiver  les  champs ,  ni  à  faire 
aucune  autre  chofe.  Ils  négligent  même  d'aller  cher- 
cher d'autre  or ,  jusqu'à  ce  que  tous  leurs  vivres  étant 
confumés ,  la  néceflité  les  y  contraigne.  Ils  difent  qu'ils 
ont  reçu  de  leurs  prédéceffeurs  l'exemple  de  cette  forte 
de  vie,  Se  qu'ils  le  veulent  laifier  à  leurs  fuccefieurs. 
Sur  les  limites  des  bourgades  de  Cuert-Havaca  &  de 
Stequici-ftepeque,  fous  une  très-haute  montagne,  eft  une 
caverne  dans  laquelle  un  Dominicain  entra  autrefois 
avec  des  Sauvages: la  descente  en  eft  étroite,  &  il  n'y 


peut  entrer  qu'un  homme  à  la  fois.  Au-dedans ,  il  y  a 
une  place  carrée  de  cinquante  pieds  ,  où  font  quel- 
ques puits  avec  des  degrés.  Delà  par  une  voie  torutc 
Se  toute  remplie  de  détours ,  on  arrive  à  une  large 
place ,  du  milieu  de  laquelle  fort  une  fontaine  ,  &  à  côté 
on  voit  un  ruilléau.  Après  y  avoir  marché  pendant  une 
heure  ,  comme  ils  n'en  pouvoient  trouver  le  bout ,  ils 
retournèrent  à  l'aide  d'une  ficelie  qu'ils  avoient  attachée 
à  la  bouche  de  cet  antre.  Dans  les  mêmes  limites  il  y 
a  des  montagnes  appellées  de  S.  Antoine  ,  Se  habitées 
par  certains  Sauvages  qui  demeurent  dans  des  fentes  de 
rochers ,  ou  dans  des  puits.  Us  couchent  à  terre  avec 
leurs  femmes  Se  leurs  enfans.  Entre  les  montagnes  de 
cette  province,  il  y  en  a  deux  ,  dont  les  fommets  font 
fi  hauts  Se  fi  proches  l'un  de  l'autre  ,  qu'on  peut  fe  tenir 
de  bout  fur  tous  les  deux ,  en  éiargiflant  les  jambes , 
quoique  par  le  pied  elles  foient  confidérablemerit  éloi- 
gnées. Ces  hauts  rochers  étoient  autrefois  munis  de  châ- 
teaux que  les  Mexicains  avoient  bâtis.  Il  y  en  a  d'autres , 
qui  avec  des  indices  apparens  d'or ,  découvrent  aufii 
des  veines  de  plomb.  (a)D^  i'Ijïe  ,  Atlas.  (/•)  Corn* 
Didion.  De  Laet ,  Defc.  des  Indes  occid.  1.  r.  c.  21. 

2.  MISTECA  (La  haute),  dans  la  parie  occi- 
dentale de  la  Guaxaca  ,  a  du  côté  du  nord  Se  du  cou- 
chant les  mêmes  bornes  que  la  province ,  dans  le  dé- 
partement de  laquelle  elle  fe  trouve:  à  l'orient  elle  con- 
fine la  même  province ,  Se  au  midi  elle  touche  à  là  basse 
Misteca.*  De  NJle ,  Aths. 

3.  MISTECA  (  La  basse  ),efl  bornée  au  nord  par 
la  haute  Misteca  ,  à  l'orient  par  la  province  de  Gua- 
xaca ,  au  midi  elle  s'étend  vers  la  mer  du  Sud ,  &  à 
l'occident  elle  confine  à  la  province  de  Tlascala. 

MiSTELBACH  ,  bourg  d'Allemagne  en  Autriche, 
fur  la  petite  rivière  de  Czeya ,  à  fix  milles  environ  de 
Vienne ,  au  defius  de  WulrTenftoftT.  Il  eft  fort  bien  bâti 
&  appelle  ville  par  quelques-uns.  Il  fut  pillé  en  1645, 
par  les  Suédois  à  caufe  du  refus  qu'on  avoir  fait  de  pa\er 
les  contributions  qu'ils  avoient  exigées.  *  Zeyler,  Topogr. 
Auftr. 

MISTHIA.  Voyez,  Mindana  Se  Mystiensis. 

MISTHIUM,  ville  de  la  Galatie.  Ptolomée,  /.  s.c. 
4.  la  donne  aux  Orondiques.  Voyez.  Mytiensis. 

MIST1A.  Voyez,  Mystiensis. 

MISTR/E,  ville  d'Italie ,  chez  les  Locres  Epizephy- 
riens ,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  i.c.  4.  Gab.  Bain  dit 
que  Mine  Se  Etienne  le  géographe  font  mention  de  cette 
ville ,  Se  qu'elle  fe  nomme  piéfemement  Gelofia,  Mais 
dans  Pline  ,  /.  3.  c.  10.  au  lieu  de  Mijira,,  on  lit  Myfiïa  , 
qui  eft  Monafleraà ,  ou  Monte  Aracx  ,  félon  le  P.  Har- 
douin  :  Si  même  quelques  commentateurs  de  Pompo- 
nius Mêla   lifent  Myftia  pour  Myftra.. 

M1STRETTA.  Voyez.  Amestratos. 

MISUA.  ^4'^Messua. 

MlSULANI,  peuples  de  l'Afrique  propre,  félon  Pline, 
/.  f .  c.  4.  Se  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  qui  écrit  Mifulami  pour 
Mifulani ,  Se  place  ces  peuples  à  l'occident  de  la  grande 
Cyrte,au  pied  du  mont  Audus  &au-defiîisdes  Nata- 
butœ.  Taci'e,  Annal.  I.  1.  p.  57.  qui  écrit  Mufulani t 
dit  que  c'étoit  une  nation  courageufe  8c  voifine  des 
déferts  de  l'A  nique. 

M1SUM,  temple  d'Hercule  dans  la  Phocide,  fdori 
Plutarque ,  De  Pyibiœ  Oraculis. 

MISUS  ,  rivière  d'Italie,  dans  l'Ombrie,  fe'on  la 
table  de  Peutinger  ,  où  l'on  voit  que  cette  rivière  nrro- 
foit  la  ville  Scnegalllca  ,  qui  eft  aujourd'hui  Sinigagliai, 
La  rivière  efl  par  conféqueni   Nigc  lu.  Voyez,  ce  mot. 

MISYNE.  Voyez.  Asine. 

MISYNOS  ,  ifle  de  la  mer  de  Libye ,  fdon  Ptolo- 
mée, /.  4.  à.  3.  Ortelius,  Thefaur.  juge  que  ce  doit  être 
l'ifle  de  Méfurata. 

MITCH1GAMI ,  peuple  de  l'Amérique  feptcntrio- 
nale dans  la  Louifiane.  Ce  peuple  ,  qui  eft  confidérable  , 
habite  dans  les  plaines  comprifes  entre  le  Mifiîflîpi  Se 
la  grande  rivière  desAcaufcs,  le  long  d'une  petite  riviè- 
re qui  fe  jette  dans  le  Mifiîflîpi  à  la  bande  del'oueft, 
presque  vis-à-vis  de  la  rivière  à  Margot.  Us  étoient 
ennemis  des  Akanfas  Se  des  Kappa  ,  lors  du  retour  du 
fleur  Cavelier ,  frère  dii  fieur  de  la  Sale.  Cette  haii  c 
venoit  apparemment  de  ce  que  les  Mitchigami  avoient 
chaffé  les  Kappa  de  leur  ancienne  demeure  ;  car  du  tuns 


MIT 


MIT 


de  Soto  ,  ces  derniers  demeuroient  dans  les  ifles  qu'oc- 
cupenr  à  préfent  les  Micchigafni. 

MITCHÎGAMIAS  ,  petite  nation  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  la  Louifiane  :  elle  étoit  autrefois  éta- 
blie fur  une  petite  rivière  qui  fe  jette  dans  le  Mifîiiïîpi, 
du  côté  de  l'oueft ,  vers  les  36  degrés  de  latitude  nord  ; 
mais  depuis  plufieurs  années,  elle  s'eft  réunie  avec  les 
ilihoîs  Kaskaskias. 

MITÉ,  petite  rivière  de  l'Amérique  fcptcntrionale  , 
dans  la  Louifiane*  :  elle  fe  rend  dans  un  des  bras  du 
MiiTnTipi ,  qui  va  fe  jetrer  dans  la  baie  ,  autrement  dans 
le  lac  dePontcharrrain. 

MITGANNlPv,  ville  d'Egypte  entre  Damictte  &  le 
Caire  :  elle  eft  fituée  fur  la  nve  orientale  du  Nil.  C'eft 
une  ville  d'une  grandeur  confidérable.  Il  y  a  un  fort 
'beau  bazar  ou  marché,  8c  plufieurs  belles  maifons.  Vis- 
à-vis  de  cette  ville  on  voit  le  bourg  appelle  Scif.  *  Corn. 
Dict.  Le  Brun  ,  Voyage  du  Levant. 

MITHRACINI ,  lieu  ou  contrée  de  la  Grande  Ar- 
ménie ,  félon  Strabon  ,  /.  1  i.p.  530.  qui  dit  que  le  fa- 
trape  d'Arménie  envoyoit  tous  les  ans  au  roi  de  Perfe 
vingt  mille  poulains  de  cet  endroit ,  è  Mnbracinis. 

M1THRIDATIS  REGIO  contrée  de  la  Sarmatie 
Çfîatique.  Ptolomée ,  7.  5  c.  cj.  la  place  au-defious  du 
pays  des  Siraceni  ,  8c  au-deffus  de  celui  des  Melanchl&m. 

Sur  les  anciennes  médailles  ,  au  lieu  de  Mithriàa- 
tis  ,  on  lit  Mithradatïs ,  à  ce  que  remarque  Ortelius  , 
Thefjur. 

MITHRïDATIUM ,  lieu  fortifié  dans  la  Galatie. 
Strabon,  /.  11. p.  567.  dit  que  Pompée  détacha  ce  lieu 
du  royaume  du  Pont  pour  le  donner  à  Bogodiatorus. 

M1TIEN  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan ,  au  département  de  Mien  ,  autre  forrereffe  de 
Ja  province.  Elle  eft  de  18  d.  42  min.  plus  occidentale 
que  Peking  ,  fous  les  23  d.  17  min.  de  latitude.  *  Atlas 
Sinenfis. 

MÏTOMBO ,  MITOMBA,  TAGARIM  ou  Tagrin  : 
on  donnoit  autrefois  ces  noms  à  la  rivière  qu'on  ap- 
pelle aujourd'hui  Serre-Lione.  Voyez.ce.  mot. 

MITR/EI ,  montagnes  aux  environs  des  Palus  Max>- 
tides ,  félon  Lucien  ,  in  Toxari. 

MITRI ,  bourg  de   rifle  de  France ,  à  deux  lieues 
*3e  Dammartin  ,  à  cinq  lieues  de  Paris  8c  de  Meaux , 
entre  l'une  8c  l'autre  ville.  L'églife  paroifllale  magni- 
fiquement dorée,  eft  fous  l'invocation  de  faint  Mar- 
tin ,  8c  le  fervice  divin  eft  célébré  par  un  curé ,  deux 
vicaires  Se  un  chapelain.  Dans  cette  églife  eft  une  cha- 
pelle de  la  Trinité ,  deflérvie  par  des  religieux  de  l'or- 
dre qui  porte  ce  même  nom.  On  y    trouve  auiîï   un 
hôpital ,  où  de    tout    tems  on  a  exercé  l'hospitalité , 
mais  depuis  la  réunion  des  maladreries  aux  hôpitaux , 
il  y  a  quatre   lits  entretenus  pour   le   foulagement  des 
pauvres  malades  ,  avec  deux  fœurs  de  la  charité  qui 
en  ont  foin.  Les  femmes  8c  les  filles  de  ce  bourg  ,  où 
l'on  tient  marché  tons  les  vendredis .  8c  une  foire  le 
18  d'Octobre  ,  fête  de  faint  Luc,  travaillent  à  la  den- 
telle d'une  aulîi  grande  propreté  qu'on  fait  à  Malines. 
La  foire  y  eft  confidérable  par  le  grand  nombre  de  be- 
ftiaux  que  l'on  y  conduit.  Il  y  a  pour  la  jultice  un  pré- 
vôt,  un  greffier  &  un  procureur  fiscal.  A  un  quart  de 
lieue  ou  environ  de  Mitri  du  côté  de  Paris ,  on  dé- 
couvre un  beau  château  ,  appelle  Bois  le-Vicomte.  Il  fut 
bâti  au  commencement  du  dernier  ficelé  par  le  fieur 
Fedeau  ,  intendant  de  la  reine',  Marie  de  Médicis.  Il  a 
depuis  appartenu  au  cardinal  de  R  ichelicu  ,  à  mademoi- 
felle  de  Montpeniier ,  au  duc  de  la  Meilleraye  ,  8c  à 
Hervarr,  contrôleur  général,  qui  n'ont  rienepargné  pour 
fon  embelliffement.  Ce    château,  où  conduit  une  ave- 
nue d'ormes  depuis  le  bourg  de  Mitri ,  eft  entouré  de 
foffés  remplis  d'eau ,  aufii  larges  8c  auflî  profonds  que 
fi  c'étoit  une  place  de  guerre.  L'étendue  du  parc  eft  de 
plus  de  deux  cens  arpens.  Les  bois  qu'on  y  voir  font  les 
plus  beaux  qu'il  y  ait   en  France.  Il  y  a  un  fort  beau 
canal ,  8c  le  tout  d'eau  vive.  *  Mémoires  drejfés  fur 
les  lieux  en  1707.  Corn.  Dict. 

MITROCHTONES.  Voyez.  Heraclea. 

M1TROCOMIAS ,  fiége  épiscopal ,  dans  la  troifiéme 
Paleftine.  La  notice  de  Léon  le  Sage  le  range  fous  la 
métropole  de  1-etra  -,  8c  les  notices  du  patriarchat  de 
Jérufalem ,  8c  de  l'abbé  Milon  le  mètrent  dans  l'Ara- 


3*7 

bie ,  fous  la  métropole  Arabba ,  qui  eft  la  même  que 
Petra. 

MITTAU,  ville  du  duché  de  Courlandc,  dans  la 
partie  de  ce  duché  appeilée  Semigalles  ,  fur  la  rivière 
de  Bolderau ,  (  Boldora  )  à  fix  lieues  de  Riga.  Cette  ville 
fut  prife  deux  fois  par  les  Suédois  dans  le  dernier  fié- 
cle  ,  8c  rendue  à  la  paix  d'Oliva  en  1660.  Elle  eft  mé- 
diocrement grande  ,  8c  il  y  avoir  un  château  digne  d'un 
fouverain  :  mais  les  Moscovites  qui  s'emparèrent  de  la 
ville  en  1706  ,  pillèrent  &  ruinèrent  ce  château.  *  Olea- 
rius ,  Voyage  de  Moscovie,  1.  1.  p.  ji. 

MITTËNWALD,  bourg  d'Allemagne,  au  cercle 
de  Bavière,  proche  duTyrol,à  trois  milles  de  Parten* 
kirchen  ,  appartenant  à  l'évêque.  de  Freyfingen  ,  fur  le 
bord  de  l'ifer  vers  fa  fource.  Pyrkamcrus  8c  Avenu* 
nus  croient  que  c'eft  VInutrium  ,  dont  parle  Ptolomée. 
*  Zcyler  ,  Topogr.  Bavar. 

MITTE5PACH  ,  bourg  ou  village  d'Allemagne , 
dans  le  cercle  de  Bavière,  entre  les  rivières  d'inn  ÔC 
d'Ifcr ,  à  huit  ou  neuf  lieues  de  Munich  ,  en  tirant  vers 
le  lac  de  Chiemzée.  Il  y  en  a  qui  le  prennent  pour  l'an- 
cienne Medullum,  que  Lazius  8c  Aventinus  mettent  à 
Medlingen. 

MITTWEIDE,  ville  d'Allemagne,  en  Misnie,fur 
la  rivière  de  Schopp  ,  entre  Rochlitz,  8c  Oederen.  Elle 
fut  presque  entièrement  brûlée  dans  la  guerre  dite  des 
Frères  ,  par  les  Bohémiens  qui  foutenoient  le  duc  Guil- 
laume en  1449.  Elle  n'a  pas  éprouvé  de  moindres  mal- 
heurs dans  les  guerres  qui  ont  précédé  la  paix  de  Weft- 
phalie.  *    ZcyUr ,  Topogr.  Sup.  Saxon. 

MITYLENE,  en  grec  motAh'hi  ,  8c  en  latin  Mytilene 
8c  Mytilena.  Il  eft  étonnant  que  la  plupart  des  livres 
grecs  8c  latins  écrivent  Mitylene  8c  Mitylenx. ,  8c  que 
dans  les  anciennes  médailleson  life  mut/Amch,  c'eft-à-dire 
Mytilena,  par  une  transpofition  de  voyelles;  ce  qui  eft, 
félon  les  apparences  ,  la  véritable  orthographe.  Il  y  a  , 
à  ce  que  dit  Holftenius ,  une  infeription  dans  le  palais 
de  Médicis  ,  où  l'on  lit  ces  mots  :  0EOI  AKPAIOI  MïTI- 
ahnaiqn  ,  dans  une  autre  on  lit  ceux-ci  mttiah- 
NAKîN  riEPr.  OMONOIA  ,  Se  dans  une  médaille  rap- 
portée par  le  nere  Hardouin  ,  on  trouve  ce  mot  MTTI- 
AHNH.  Peut-être  les  anciens  ont-ils  écrit  de  l'une  8c  de 
l'autre  manière;  car  on  a  dansGruter,  -p. 474.  une  in-; 
feriprion  en  cette  forte 

ClVIUM   RoMANQRUM 

Qui  Mitylenis  negotiantur.' 
Mais,  comme Grurer  ne  marque  point  en  quel  lieu 
fe  trouve  cette  mfeription ,  on  peut  douter  qu'elle  foie 
exacte.  *  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  I.  3.  c.  x. 

La  ville  de  Mitylene  étoit  puiffante  8c  très-peuplée , 
8c  les  belles  lettres  y  floriffoient.  Horace  la  met  au 
rang  des  villes  les  plus  célèbres  dans  ce  vers,  /„  î^Od.y. 

■Laudahum  alii  daram  Rhodon  mit  Mytilenem. 

Elle  fut  en  quelque  manière  la  patrie  des  favans.  Pit- 
tacus ,  l'un  des  fept  fages  de  la  Grèce,  le  poète  Al- 
cée,  Sapho,  la  dixième  mule  ,  étoient  de  Mitylene.  Il  y 
avoit  tous  les  ans  dans  cette  ville  des  combats,  où  les 
poètes  disputoient  le  prix  de  la  poëfie ,  en  récitant  leurs 
ouvrages.  La  philofophie  &  l'éloquence  y  étoient  éga- 
lement cultivées  ;  ce  qui  fit  que  Marcellus  choifit  cette 
ville  pour  fon  exil ,  félon  que  Cicéron  ,  /.  4.  epifl.  7.  8c 
Sénéque,  ad  Helviam,c.  9.  nous  l'apprennent.  *  l'iu- 
tarebus  in  Pompeio. 

Cette  ville  fouffrit  beaucoup  de  la  part  des  Athé- 
niens (  a  )  dans  la  guerre  du  Péloponnèfe ,  &  de  la  parc 
des  Romajns  durant  la  guerre  contre  Mithridate  (  b) 
Après  la  défaite  de  ce  prince ,  elle  fut  la  feule  qui  de- 
meura en  armes;  mais  les  Romains  fa  prirent  à  la  fin 
&  la  ruinèrent  entièrement.  L'avantage  de  fa  fituation 
la  fit  pourtant  bientôt  rétablir,  à  quoi  contribua  beau- 
coup la  liberté  que  Pompée  voulut  bien  lui  rendre  (c)»' 
Cette  liberté  lui  fut  confirmée  par  les  empereurs.  Tra- 
jan  affectionna  cette  ville ,  l'embellit  8c  lui  donna  fon 
nom.  On  ne  perdra  jamais  la  mémoire  de  cette  ville 
parmi  les  antiquaires  :  les  cabinets  font  remplis  de  mé- 
dailles de  Mitylene  ,  frapées  aux  têtes  de  Jupiter ,  d'A- 
pollon ,  de  Livie,  de  Tibère  ,  de  Caius  Céfar,  de  Ger; 


MIX 


32.8 

manicus ,  d'Agrippine ,  de  Julie  ,  d'Adrien  ,  de  Marc- 
Auréle ,  de  Venus ,  de  Commode ,  de  Crispine  ,  de  Ju- 
lia  Domna,  de  Caracalla  .d'Alexandre  Sévère,  de  Va- 
lerien  ,  de  Gallien  ,  de  Salonine.  (  a  )  Thucyd.  1. 3.  &  8. 
ïb)  Velltïus  Patercitlus ,  1.  Z.  c.  18. (c)  Flutarchus  in 
Fompeio  ,  p.  641. 

S.  Paul  paffa  à  Mitylene  (  a  )  en  allant  de  Corinthe 
à  Jéruralem,  dans  le  voyage  où  il  fut  arrêté  dans  cette 
dernière  ville  (  b  )  l'an  f  8.  de  l'ère  vulgaire.  (  a  )  Ad. 
20.  14.  (b)  Dom.  Calmet,  Dict. 

Perfonne  ne  doute  que  Castro  qui  eft  aujourd'hui 
la  capitale  de  l'ifle  de  Lefbos,  n'ait  été  bâtie  fur  les  rui- 
nes de  Mitylene  :  aufli  n'y  voit-on  que  bouts  de  co* 
lomnes  ,  la  plupart  de  marbre  blanc  ,  quelques-uns  de 
gris  cendré  ,  d'autres  de  granit:  il  y  en  a  de  cannelées  en 
ligne  droite,  d'autres  en  fpirale 3  , quelques-unes  font 
ovales,  relevées  de  plate  s- bandes  ,  comme  celles  du 
temple  de  Delosj  mais  celles  de  Mitylene  ne  font  pas 
cannelées  fur  les  côtés.  Il  n'ell  pas  croyable  combien 
dans  les  ruines  de  cette  ville ,  il  refle  de  chapiteaux , 
de  frifes,  de  piedeilaux ,  de  bouts  d'infciiptions  fort 
maltraitées ,  en  quelques-unes  desquelles  on  lit  le  mot 
Gymnafiarque  :  ce  qui  rappelle  le  fouvenir  du  fameux 
Epicure  qui  enfeignoit  publiquement  à  Mitylene  à  l'âge 
de  trente-deux  ans,  comme  nous  l'apprenons  de  Dio- 
géne  Laërce.  Ariftote  y  fut  aufli  pendant  deux  ans, 
fuivant  le  même  auteur.  *  Tournefort ,   Voyage. 

M1TYS  ,  fleuve  de  la  Macédoine  ,  félon  Tite-Live, 
f.  44.  c.  7. 

MITZKE  ,  MITZKA ,  ou  Midzka  ,  ville  du  Japon , 
dans  la  grande  ifle  de  Niphon,  aflez  près  de  la  mer  ,  far 
la  route  de  Fammamatz  à  Jedo ,  dans  la  province  de 
Tootomi.  Elle  a  environ  cinq  cens  maifons  &  un  très- 
beau  château.  Dans  fon  voifinage  on  voit  la  montagne 
de  Conay,  du  haut  de  laquelle  on  découvre  fur  une  émi- 
nence  un  très-beau  palais  ,  a  plufieurs  étages  fort  ex- 
hauflcs,  avec  des  tours  qui  femblent  paffer  les  nues, 
le  tout  parmi  des  arbres  fort  épais.  C'eft  une  des  prin- 
cipales écoles  du  Japon,  où  demeurent  les  prêtres  qui 
font  le  plus  en  considération  :  ils  ne  fortent  jamais  de 
ce  palais ,  où  ils  font  inceffamment  occupés  à  l'inftru- 
ction  de  leurs  disciples.  Tous  les  ans ,  à  uh  certain  tems, 
îl  y  vient  de  plufieurs  endroits  quantité  d'autres  prê- 
tres pour  s'entretenir  avec  eux  fur  ce  qui  regarde  leur 
religion,  &  fur  des  matières  de  philofophie.  Cette  en- 
trevue ne  fe  fait  jamais-fans  qu'il  en  disparoiffe  quel- 
qu'un dont  on  n'entend  plus  parler.  On  croit  qu'il  fe 
facrifie  lui-même,  ou  à  l'honneur  d'Amida  ,  ou  à  ce- 
lui de  Xaca  ,  dieux  des  Japonnois ,  ce  qui  eft  aflez  or- 
dinaire parmi  eux.  Ceux  qui  font  infpirés  pour  ce  des- 
fein  qui  leur  paroît  très-pieux ,  vont  de  place  en  place , 
plufieurs  jours  avant  qu'ils  fe  facrifient ,  ramaffer  les 
aumônes  qu'on  leur  fait,  &  dont  ils  rempliffenr  leurs 
grandes  manches.  Us  prêchent  en  pleine  rue  pour  faire 
connoître  le  defir  qu'ils  ont  d'aller  faluer  leurs  dieux  ; 
à  quoi  ils  font  animés  par  le  peuple,  comme  à  une 
action  très-fainre.  Enfuite  ils  prennent  avec  eux  des 
faulx  pour  faucher,  difent-ils,  les  chardons  &  les  épi- 
nes qui  croiffent  dans  les  lienx  où  les  bienheureux  de- 
meurent. De-là  ils  fe  mettent  fur  une  barque  neuve, 
où  ils  attachent  de  groffes  pierres  à  leur  cou  ,  à  leurs 
bras ,  à  leur  corps  Se  à  leurs  jambes  Se  fe  jettent  d'un 
efprit  content  dans  la  rivière.  Quelquefois  ils  s'y  en- 
foncent avec  la  barque,  en  étant  du  fond  une  pièce  de 
bois ,  qui  eft  faite  exprès  pour  cela.  Si  la  barque  de- 
meure fi-tôt  qu'ils  fc  font  jettes  dehors,  les  païens  y 
viennent  mettre  le  feu,  l'eitimant  trop  fainte  pour  être 
touchée  par  une  perfonne  vivante,  après  qu'elle  a  fervi 
à  ce  minifterc.  *  Corn.  Dict.  Ambajjade  des  Hollan- 
dois  au  Japon. 

MIVE,  ou  Nijte,  rivière  de  la  Baffe-Navarre.  Voyez. 
Nive. 

1.  MIXCO,  bourgade  de  l'Amérique  feptentrionalc  , 
dans  la  Nouvelle  Espagne.  Cette  bourgade  donne  en 
partie  le  nom  à  une  vallée  qui  eft  à  fix  lieues  de  Gua- 
timala ,  ■&  qui  pa(Te  pour  la  plus  agréable  de  tout  le 
pavs:on  la  nomme  la  Vallée  de  Mi.xco  et  de  Pi- 
nola  ,  à  caufe  d'une  autre  bourgade  d'Indiens  nom- 
mée Pinola  ,  qui  eft  fituée  à  l'oppofite  de  Mixco  , 
au  côté  gauche   de  la  rivière  des  Vaches  ;  car  Mixco 


MIX 


eft  au  côté  droit.  Ce  dernier  lieu  eft  habité  par  environ 
trois  cens  familles.  Les  Espagnols  y  ont  établi  une  con- 
frérie de  Notre-Dame  du  Rofaire,  Se  les  Nègres  en 
ont  une  autre.  Ces  deux  confréries  ont  des  richeffes 
îmmenfes.  Il  y  a  aufli  quelques  riches  Indiens  qui  ont 
appris  des  Espagnols  à  fémer  du  froment,  Se  à  trafi- 
quer au  golfe  avec  leurs  mulets.  Outre  une  fort  grande 
quantité  de  volaille  Se  de  coqs  d'Indes  ,  qu'on  nourrie 
en.ee  village,  on  y  a  établi  une  boucherie,  où  l'on 
vend  de  la  viande  aux  Indiens  qui  y  demeurent ,  &  à 
ceux  des  fermes  de  la  campagne.  Le  paflage  continuel 
des  troupes  de  mulets ,  des  marchands  &  des  voya- 
geurs qui  vont  en  Espagne  ou  qui  en  reviennent ,  ont 
rendu  ce  bourg  fort  riche.  On  y  trouve  une  certaine 
forte  de  terre  ,  dont  les  Indiens  font  de  fort  beaux  vafes 
Se  toute  forte  de  vaifielles ,  comme  des  cruches ,  des 
pots  à  l'eau  ,  des  afliettes  &  autres  uftenfiles  de  mé- 
nage ,  qu'ils  favent  peindre  admirablement  ou  vernir  de 
rouge,  de  blanc  &  d'autres  couleurs  mêlées.  On  les 
porte  vendre  à  Guatimala  &  dans  les  villages  voifins. 
*  Corn.  Dict.  Thomas  Gage,  Relation  des  Indes  occid. 
part.  3.  c.  3  &  4. 

z.  MIXCO  (  La  Vallée  de  )  a  environ  cinq  lieues 
de  longueur  Se  trois  ou  quatre  de  largeur,  &  eft  rem- 
plie de  brebis.  Son  terroir  eft  partagé  en  plufieurs  fer- 
mes où  l'on  recueille  d'excellent  froment.  Ceux  qui 
font  valoir  ces  fermes  font  riches ,  mais  grofliers  ,  Se 
favent  mieux  labourer  la  terre  que  manier  les  armes. 
Cette  vallée  fournit  de  bled  la  ville  de  Guatimala,  Se 
l'on  y  fait  tout  le  biscuit  néceflaire  pour  les  vaifièaux^ 
qui  abordent  tous  les  ans  à  Golfo-Dolce. 

Outre  les  bourgades  de  Mixco  Se  de  Pinola,  il  y  a 
à  l'eft  ,  tout  proche  de  la  rivière  des  Vaches  ,  un  her- 
mitage,  appelle  Notre-Dame  de  Mont-Carmel. 
C'eft  l'églife  paroifliale  de  toutes  les  fermes  des  Es- 
pagnols ,  qui  demeurent  dans  les  vallées.  Il  y  en  a  trente 
ou  quarante  dans  lesquelles  il  peut  y  avoir  trois  cens 
esclaves  hommes  Se  femmes ,  qui  font  Nègres  &  Mu- 
lâtres. Le  bourg  de  Pinola  eft  à  peu  près  de  la  grandeur 
de  Mixco  ,  mais  beaucoup  plus  agréable  ,  plus  fain  Se 
mieux  fitué ,  à  caufe  qu'il  eft  dans  une  plaine ,  au  lien 
que  Mixco  eft  fur  le  penchant  d'une  colline ,  qui  ôre 
entièrement  la  vue  de  la  vallée  à  ceux  qui  voyagent. 
On  y  trouve  aufli  beaucoup  de  volaille  ,  des  fruits  ,  du 
maïs  ,  du  froment,  du  miel  Se  la  meilleure  eau  qui  foit 
aux  environs.  Au  feptentrion  Se  au  midi  de  cette  vallée 
îl  y  a  des  coteaux  dont  la  plupart  font  enfemencés  de 
froment ,  qui  eft  meilleur  en  cec  endroit  qu'au  bas  de 
la  vallée.  A  l'occident ,  on  voit  deux  autres  bourgades 
qui  font  plus  grandes  que  Mixco  Se  Pinola  :  l'une  s'ap- 
pelle Petapa  ,  &  l'autre  Amatiltan.  En  y  allant, 
on  rencontre  au  milieu  de  la  vallée  quelques  endroits 
nommés  Barrancas:  ce  font  des  fondrières  où  il  faut 
monter  Se  descendre  ,  &  où  font  des  ruiffeaux  &  des 
fontaines  ,  avec  de  bonne  herbe  pour  la  nourriture  des 
brebis  &  du  bétail. 

On  fait  une. double  moiflbn  de  froment  dans  cette 
vallée  :  la  première  eft  d'un  petit  bled,  qu'ils  appellent 
Trigo  Tremtfino ,  mot  compofé  de  ces  deux  autres  es- 
pagnols très  mefes  ,•  parce  que  trois  mois  après  qu'on 
a  femé  ce  bled  ,  il  eft  bon  à  couper.  Ainfi  on  le  feme 
à  la  fin  d'Août ,  Se  on  le  moiffonne  à  la  fin  de  No- 
vembre. L'autre  moiflbn  ,  qui  efl  de  deux  fortes  de  fro- 
ment ,  l'un  appelle  rouge  ,  Se  l'autre  blanc ,  fuit  inconti- 
nent après  celle  de  ce  bled  trimeftre.  On  met  la  fau- 
cille dans  les  champs  un  peu  aptes  Noël,  &  au  lieu 
de  mettre  le  froment  en  gerbes  &  de  le  ferrer  dans  les 
granges ,  on  le  fait  fouler  aux  pieds  par  des  cavales 
dans  des  aires  faites  tout  exprès. 

M1XE  ou  Mixte,  petit  pays  de  la  Baffe-Navarre.  Il 
s'étend  le  long  de  la  Bidoufe  ,  entre  le  Bearn  à  l'orient 
Se  la  terre  de  Labour  à  l'occident  :  il  eit  borné  au  nord 
par  le  Marenfin  ,  Se  au  midi  il  touche  la  Baffe-Navarre  , 
dans  laquelle  il  eft  compris.  Le  chef-lieu  de  ce  peric 
pays  eft  S.  Palais  ■.  qui  eft  aufli  la  capitale  de  la  Baffe- 
Navarre.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MIXODIA ,  en  grec  MiÇoiïn.  Ortelius ,  Tbefaur.  qui 
cite  Homère  Se  Apollonius ,  /.  4.  donne  ce  nom  au 
paflage  qui  fe  trouve  entre  Scylla  Se  Charybde. 

MIZA  ,  rivière    de  Bohême ,  elle  prend  fa  fource 

dans 


MOA 


MOA 


dans  le  Palatinat  de  Bavière,  d'où  elle  entre  dans  le 
cercle  de  Pilsen  ,  qu'elle  traverfe  du  couchant  au  le- 
vant. Après  avoir  arrofé  Pilsen  ,  où  elle  reçoit  le  Cad- 
burz  ,  &  un  peu  plus  bas  la  Warta  ,  elle  entre  dans  le 
cercle  de  Podebrok ,  ou  Prag  ,  baigne  la  partie  fcp- 
tentrionale  de  Beraun,  ôc  fe  joint  au-deffous  à  la  M  til- 
de près  de  Prague.  *  Atlas  de  l'Ifle ,  Zeyler  Bon.  top. 
p.  82. 

MIZi£I,  peuples  de  la  Sufiane,  feîon  Pline ,  /.  6,  c.  27. 

M1ZIGITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans 
li  province  proconfulaire ,  félon  la  conférence  de  Car- 
thage ,  qui  fournit  Placidus  Alizigitanus.  *  Hardouin. 
collcct.  conc. 

MIZINUM ,  ville  de  la  Galatie.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  la  met  fur  la  route  de  Conftantinople  à  Antio- 
che  ,  entre  Laganei  &  Manegordum  ,  à  vingt-trois  mil- 
les de  la  première  de  ces  places,  ôc  à  vingt- huit  milles 
de  la  féconde. 

MN. 

MNAS/EMANES  ,  peuples  de  l'Arabie  Heurenfe  : 
Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7.  les  met  fur  le  mont  Z.imetus.  Ses 
interprètes  ,  au  lieu  de  Mnaj&manes ,  lifent  Mafxmanes. 

MNASES.  Le  troifiéme  concile  d'Ephéfe  fait  men- 
tion d'un  certain  Théodore  qualifié  évêque  de  ce  lieu. 

MNASYR1UM,  bourgade  de  Me  de  Rhodes.  Stra- 
bon  ,  /.  14.  p.  65J.  dit  qu'elle  étoit  au  voifinage  de  la 
ville  Lindus. 

MNEMIUM  ,  promontoire  de  l'Ethiopie,  félon  Pto- 
lomée, /.  4.  c.  7.  qui  le  place  entre  Chetfonefus  ôc  le 
mont  Ifius,  fur  le  golfe  Arabique. 

MNEMOSYNES,  ôc  Lethes,  fotirces  du  fleuve 
Hercyna  dans  la  Bœotie,  félon  Paufanias ,  /.  9.  c.  39.  Ce 
font ,  à  ce  que  prétend  cet  ancien  écrivain ,  les  fources 
de  la  Mémoire  ôc  de  l'Oubli. 

MNESTHEI  PORTUS.  Voyez.  Menestei  portus. 

MNIARIA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienne  :  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  2.  la  place  dans  les  terres ,  entre  Altoa 
ôc  Gitlui.  Marmol  prétend  que  ce  foit  Hubet ,  bour- 
gade du  royaume  d'Alger ,  ôc  Simler  croit  que  c'eft  la 
meme  ville  que  l'itinéraire  d'Antonin  appelle  Mina. 

MNIZUM,  nom  d'un  lieu  dont  il  eft  fait  mention 
dans  le  Code,  l.j.tit.  61.  c'étoit  un  liège  épiscopal  ; 
car  dans  le  concile  de  la  première  Galatie,  Armaïcus 
eft  qualifié  évêque  de  Mnizurn.  Ce  mot  fe  trouve  diffé- 
remment écrit.  Quelques  exemplaires  portent  Mnyz.um, 
ôc  d'autres  Minimum. 

MNOZENIA.  Voyez,  Mazania. 

MNYZUM.  Voyez.  Mmzvu. 

MO. 

MO  (Le  royaume  de  ) ,  faifoit  partie  de  l'ancien  royau- 
me des  Parthes.  Sa  capitale,  qui  a  deux  lieues  de  cir- 
cuit, eft  à  l'occident  du  fleuve  Tciu-Hin-Choui  ;  il  con 
fine  au  royaume  de  Ou-Na-Ko.  Il  met  environ  deux 
mille  foldats  fur  pied.  *  Hifl.  générale  des  Huns  par 
M.  de  Guignes. 

MOAB.  Voy  e  z,  M  ed  Ah  a  ôc  Areopoiis. 

MOABEN  ,  lieu  de  la  Bœotie  dans  le  pays  des  Lybi, 
auprès  du  mont  Phicius ,  où  le  Sphinx  avoit  fa  demeure , 
félon  Tzetzes  fur  Lycophron. 

MOABITES>,  peuples  descendus  de  Moab ,  fils  de 
Loth  (a).  Leur  demeure  fut  au-delà  du  Jourdain  &  de 
la  mer  Morte ,  aux  deux  côtés  du  fleuve  Arnon.  Leur 
capitale  étoit  fituée  fur  ce  fleuve  ,  ôc  fe  nommoit  Ar , 
Aréopolis,  Ariel  de  Moab,  ou  Rabbath  Moab,  c'eft- 
à-dire  ,  capitale  de  Moab,  ou  Kir  Harefeth ,  c'eft-à-dire, 
ville  aux  murs  de  brique.  Ce  pavs  avoit  d'abord  été 
poffédé  par  les  géans  Ecnim  (Z>).  Les  Moabites  le  con- 
quirent fur  eux  ;  ôc  les  Amorrhécns  dans  la  fuite  en 
reprirent  une  partie  fur  les  Moabites  (c).  Moyfe  fit  la 
conquête  de  ce  qui  étoit  aux  Amorrhéens,  &  le  donna 
à  la  tribu  de  Ruben  ;  lçs  Moabites  furent  épargna  par 
Moyfe,  ôc  Dieu  lui  défendit  de  les  attaquer  (d)  :  mais 
il  y  eut  toujours  une  grande  antipathie  entre  les  Moa- 
bites ôc  les  Ifra'elites,  qui  produifit  de  grandes  guerres. 
Le  devin  Balaam  engagea  les  Hébreux  dans  l'idolâtrie 
ôc  dans  limpudicité  ,  par  le  moyen  des  filles  de  Moab 
(0  ,  ôc  Balac,  roi  de  ces  peuples ,  fit  ce  qu'il  put  pour 


329 

obliger  Balaam  à  maudire  le  peuple  du  Seigneur  (/) 
Les  Moabites  ayant  eu  la  dureté  de  refufer  aux  Ifra'e- 
lites le  limple  paflage  dans  leur  pays ,  &  ne  leur  ayant 
pas  voulu  donner  du  pain  &  de  l'eau  dans  leur  extrê- 
me néceilité  ,  Dieu  avoir  ordonné    que  les    Moabites 
n'entreroient  point  dans  l'affemblée  de  fon  peuple  jus- 
qu'à la  dixième  génération  (g).  Englon  ,  roi  des    Moa- 
bites, fut  undes  premiers,  qui  opprima   Ifraël  après  la 
mort  de  Jofué.  Aod  tua  Englon  ,  &  les  Ifra'elites  chaînè- 
rent les  Moabites  de  leur  pays  (h).  Hanon  ,  roi  des  Am- 
monites, ayant  fait  outrage  aux  anjbaffadeurs  de  David  , 
ce  prince  lui  fit  la  guerre ,  ôc  affujettit  Moab  &  Am- 
mon  à  fon  empire  (1)  ;  ils  y  demeurèrent  jusqu'à  la 
fépatation  des  dix  tribus.  Alors  les  Ammonites  ôc  les 
Moabites  entrèrent  fous  l'obéiffance  des  rois  d'Ifra'el , 
ôc  y  demeurèrent  jusqu'à  la  mort  d'Achab  (<).  Joram  , 
fils  d'Achab,  roi  d'Ifra'el ,  accompagné  des  rois  de  Juda 
ôc  d'Edom,  attaqua  les  Moabites,  les  vainquit  ôc  les 
mit  en  fuite  ,  ravagea  leur  pays  ,  aiïiégea  leur  capitale: 
mais  ayant  vu  que  le  roi  de  Moab  ,  pouffé  de  désefpoir  , 
étoit  fur  le  point  d'immoler  fon  propre  fils ,  les  trois 
rois  levèrent  le  fiége  ôc  fe  retirèrent  (/).  On  ne  voit 
pas  diftinctement  quel  fut  l'état  des  Moabites  depuis  ce 
tems  :  mais  lfaïe,au  commencement  du  régne  d'Ezéchias, 
les  menace  d'un   malheur  qui  devoir  leur  arriver  trois 
ans  après  fa  prédiction  (m)  ,ôc  qui  regarde  apparem- 
ment la  guerre  queSalmanafar,  roi  d'Affyrie,  fit  aux  dix 
tribus  &  aux  peuples  de-delà  le  Jourdain.  Amos  (») 
leur  prédit   encore  de  grands  malheurs ,  qui  font  ap- 
paremment ceux  qu'ils  fouffrirent  fous  Ozias  ôc  Joathan, 
rois    de  Juda  (  0  ) ,  ou  ceux    que  Salmanafar  leur  fie 
fbuffiïr,  ou  enfin  la  guerre  que  leur  fit  Nabuchodono- 
for,  cinq  ans  après  la  ruine  de  Jcfulalem  (p).  Nous, 
croyons  que  ce  prince  les  mena  au-delà  de  l'Euphrate  „ 
comme  les  prophètes  les  en  avoient  menacés  (q),   ôc 
que  Cyrus  les  y  envoya ,  ainfi  que  les  autres  peuples 
captifs (?-).  Après  le  retour  de  la  captivité,  nons  les 
voyons  fe    multiplier,   fe  fortifier,  de  même  que  les 
Juifs  ôc  les  autres  peuples  voifins  5  toujours  fournis  aux; 
rois  de  Perfe  ,  puis  affujettis  à  Alexandre  le  Grand  ,  ôc 
fucceflivement  aux  rois   de  Syrie  &  d'Egypte ,  ôc  en- 
fin aux  Romains.  Il  y  a  même   affez  d'apparence  que 
dans  les  derniers  rems  de  la  république  ées  Juifs ,  ils 
obéiffoient  aux    rois  Asmonéens,  ôc  enfuitc  à  Hérode 
le  Grand.  Les  principales  divinités  des  Moabites  étoienc 
Chamos  ôc  Béel-Phégor.  Nous  en  avons  parlé  fous  leurs 
titres  particuliers ,  ôc  nous  avons  tâché  de  montrer  que 
Chamos  étoit  Je  foleil ,  ôc  que  Béel-Phégor  étoit  le  dieu 
Adonis.  L'écriture  parle  aufli  en  quelques  endroits  de 
Nébo ,  de   Baal-méon  ôc   de  Baal-dibon ,  comme  les 
dieux  des  Moabites  :  mais  il  y  a  affez  d'apparence  que 
ce  font  plutôt  les  noms  des  lieux  où  Chamos  ôc  Phé- 
gor  étoient  honorés  ,  ôc  que  Baal-dibon  ,  Baal-méon  ôc 
Nébo  ,  ne  font  autres  que  Chamos  adorés  à  Dibon ,  * 
Méon  ôc  fur  le  mont  Nébo.  (a)  Dom  Calmet ,  DicL. 
(b)  Dent.  i.   1 1  ,  12.  (c)Judic.   1 1.  1  3-(d)  Dent.  2. 
9.  (e)  Num.  3;.  1  ,  2.  (f)  Ibid.  22.  2.  ôc  feq.  An  du 
monde ,  2553.  avant  J.  C.    1447.  avant  l'Ere  vulgai- 
re ,  1451.  (g)  Dcut.z$.  3.  (h  )  Jiidic.  3.  1  2  ,  &c.  An 
du  monde  ,  2679.  avant  J.  C.  1 3  2 1 .  avant  l'Ere  vulgai- 
re ,   132J.  (i)  //.  Reg.  10.  1,  2.   &c.  An  du  monde , 
2969.  avant  J.  C.  1 031.  avant  l'Ere  vulgaire ,   103;. 
(k  )  II.  Reg.  8.  1  ,  2  ,  3  ,  4  ,  ôcc.Van  du  monde  ,  3030. 
jusqu'en  3107.  avant  J.  C.  893.   l'Ere  vulgaire ,897. 
(  1  )  IV.  Reg.  III.  1  ,  2  ,  3  ,  &c.  (m  )  Ifaï.  XV.\,zy 
c\c.  An  du  monde ,  $1*77.  avant  J.  C.  727.  avant  l'Ere 
vulgaire  ,  727.  (  n  )  Amos,  1.  13.  ôcc.(o)lI.  Parai. 
XXVI.  7  ,  8.  XXVII.   $.  (p)  Jofepb,  Antiq.  1.  10  C 
11.  An  du  monde,  3419.  avant  J.  C.  591.  avant  l'Ere 
vulgaire,  59  r.  Voyez.  Jérém.  XXV.  &  XXVII.  (q  )  Je- 
rem.  IX.  16.  XII.  14,   IJ.  XXV.  11,  12.  XLVIIL 
(  r)  Ibid.  XLVIIL  47.  XL/A'.  3,6,  39.  1.  16. 

MOALI ,  petite  ifie  d'Afrique  ,  entre  la  côte  de  Zan- 
guebar,  ôc  l'ifie  de  Madagascar.  C'eft  une  des  ifles ,  qui 
compofent  le  petit  Archipel ,  qui  eft  connu  fous  le  nom 
de  Comore.  Elle  eft  plus  feptentiionale  d'environ  30 
min.  ou  dix  lieues  marines ,  que  celle  de  Mayote.  John 
Saris ,  Anglois ,  dans  la  relation  de  fon  voyage  à  la  mer 
Rouge  en  161 1.  appelle  cette  ifle  Moyella.  Il  s'y  pro- 
cura ç]es  cabris»  des  veaux  ,  des  poules,  des  lùnpiis  9 

Tom.  IV.  T  t 


MOC 


33° 

des  cocos ,  des  cannes  de  fuccre  ,  des  tamarins ,  du  ris , 
&c.  Cette  ifle  a  un  roi  particulier.  Les  habirans  font 
Nègres  ,  leur  habillement  eft  un  morceau  d'étoffe  pein- 
te qui  leur  courre  le  milieu  du  corps.  Sur  la  tête, les 
uns  ont  un  bonnet  blanc,  d'autres  un  turban. 

MOASCAR.  Voyez.  Mohascar. 

MOASDA.  Fo^Masada. 

MOBA  ,  c'eft  le  nom  d'une  partie  confidérable  de 
l'Arabie,  félon  Etienne  le  géographe. 

i.  MOBILE.       ?        T.         A. 

2.  MOBILE.       }       V°yez-  Maubile  l  i  u 

MOBILIENS.  Voyez,  Maubiliens. 

MOBUCHARAX  ,  Etienne  le  géographe  dit  qu'on 
appelle  M«j8a;£ap«£  cette  ville  de  la  troifiéme  Paleftine, 
c'eft-à-dire  ,  de  l'Arabie  Pétrée  ,  que  Ptolomée  appelle 
•Cbaracmoba. 

MOCA,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Voyez.MoctiA. 

MOCAANDAM,  ou  MoçandAn,  cap  de  l'Arabie 
Heureufe,  vis-à-vis  Dormus,  où  le  golfe  Perfique  fe 
joint  à  l'Océan.  Thevenot,  fuite  du  voyage  du  Levant , 
pag.  370.  écrit   Mosendon  ,  ôc  le  Brun,    Voyage,  c. 

<îl.MoNSANDON. 

MOCADA  ,  bourg  d'Espagne ,  dans  la  partie  méri- 
dionale de  la  Vieille  Caftille ,  fur  une  petite  rivière, 
à  quatre  lieues  de  Valladolid.  *  Délices  d'E soigne , 
pag.  201. 

MOCANG ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Xitien.  Le 
fommet  de  cette  montagne  eft  fi  élevé  ,  qu'il  fe  perd  dans 
les  nues.  *  Atlas  Sinenfis. 

MOCARSUS  ,  contrée  de  la  Thrace  ,  félon  Etienne 
le  géehraphe  qui  cite  Théopompe. 

MOCASUS.  Voyez.  Mocisus. 

ï.  MOCATA  ,  ville  de  Birhynie  ,  félon  Etienne  le 
géographe,  qui  cite  Domitius  CalJiftrarus. 

2.  MOCATA  ,  petite  rivière  de  Syrie.  Voyez,  Chor- 

SEUS. 

MOCATTHAM  ,  montagne  d'Egypte  :  on  l'appelle 
ordinairement  la  Montagne  fainte  ,  a  eau  fe  d'un  grand 
nombre  de  monafteres  qui  y  ont  été  bâtis  ,  Se  des  faims 
perfonnages  dont  ils  ont  été  remplis.  C'eft  ce  qui  lui 
a  attiré  une  grande  vénération  de  la  part  des  Muful- 
mans  mêmes  ;  en  forte  que  Ebn  Thouloun  ,  qui  étoit 
maître  de  l'Egypte  ,  Se  presqu'iiidépendanc  des  califes , 
étant  tombé  malade  ,  fit  prier  Dieu  pour  lui  fur  cette 
montagne,  Se  voulut  y  être  çntcné.*D'Ifcrbtlot,  Bib.  or. 
MOCCADELII ,  ou  Moccadini,  peuples  de  Ly- 
cie  ,  aux  confins  de  la  Birhynie  :  Ptoiomée,  /.  y.  c.  1.  les 
place  auprès  des  Cydi  fies. 

MOCCHIAMA.  PVy^MoxcHiAMA.  • 
MOCCLE  ,  village  de   Phrygie  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Ortelius ,  Thefaur.  foupçonne  que  le  nom 
de  peuple  Moglem  pourroic  bien  dériver  du  nom  de 
ce  village. 

MOCE  ,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  province 
d'Iunnan,  auprès  de  la  ville  de  Mongcu.  Cette  monta- 
gne, qui  eft  extrêmement  haute,  eft  Terminée  par  vingt 
pointes  différentes,  chacune  d'une  hauteur  prodigieufe. 
*  Atlas  Sinenfis. 

MOCENIA,  bourgade  fur  la  rive  droite  du  Danu- 
be ,  félon  Aventinus ,  qui  fe  fonde  fur  une  ancienne  in- 
feription  ,  Se  ajoute  que  ce  lieu  fe  nomme  présentement 
Momzing.  Voyez.  Motzingi. 
MOCESUS.  Voyez.  Mocisus. 
I.  MOCHA,  ifle  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Chili.  Elle  dépend  de  la  province  d'Arauco  ,  &  eft  ha- 
bitée d'Indiens,  qui  abandonnèrent  cette  province  &  la 
terre  ferme ,  lorsque  les  Espagnols  fe  rendirent  maîtres 
du  pays.  Elle  eft  éloignée  de  la  ligne  vers  le  fuddc  58 
deg.  quelques  min.  elle  eft  à  cinq  lieues  du  continent , 
&  à  fix  vers  l'oueft- fud-oueft  de  la  rivière  de  Labo  ,  qui 
fe  décharge  dans  la  mer  ,  presque  vis-à-vis  de  Pifle,  Le 
•canal  qui  coule  entre  deux ,  a  communément  douze 
brades  de  profondeur  ,  &  il  y  a  des  bancs  Se  des  bas- 
fes  en  quelques  endroits.  Au  milieu  de  cette  ifle  ,  qui  eft 
afiez  fpacieufe,  on  rencontre  une  montagne  extrême- 
ment  haute,  fourchue  au  fommet,  d'où  descend  une 
rivière  d'une  eau  fort  claire  Se  très -bonne.  Depuis  le 
pied  de  cette  montagne  jusqu'aux  bords  de  la  mer  , 
la  terre  va  doucement  en  penchant ,  Se  s'étend  en  une 


MOC 


plaine  fertile  &  abondante  en   toutes  fortes  de  fruits , 
Se  de  bons  pâturages.  Au-defius  de  Pifle  ,  il  y  aune  bon- 
ne rade    Se  l'ancrage  y  eft   aifé.  François  Drac ,  An- 
glois,  y  étant  arrivé  avec  fes  navires,  trouva  les  ha- 
bitans  allez  traitables,  &  tira  d'eux  les  provifions  donc 
il  eut  befoin ,  en  échange  de  quelques  marchandifes  ■> 
mais  le  lendemain  ayant  envoyé  deux  de  fes  hommes 
à  terre ,  les  Infulaires  les  tuèrent ,  Se  empêchèrent  la 
descente  des  Anglois;  ce  qu'ils  firent  encore  depuis  à 
l'égard  de  Thomas  Candish ,  auffi  Anglois;  cependant 
ils  recurent  quelque  tems  après  Olivier  de  Voort  ,  Hol- 
landois ,  qui  eut  des  brebis  Se  d'autres  vivres ,  pour  des 
haches  Se  des  couteaux.  Ils  avoient  auprès  de  la  rade 
un  village  qui    contenoit  environ  cinquante  maifons 
faites   de    paille  ,    rangées   proprement  ,  longues ,  ôc 
ayant  au  milieu  une  espèce  de  portique.  Ils  ne  vou- 
lurent point  fouffiir  qu'Olivier  Voort,  ni  ceux  qui  l'ac- 
compagnoient  enrrafient  dans  ces  maifons  ;    mais  en 
ayant  fait  fortir  toutes  les  femmes  par  un  certain  beu- 
glement qu'ils  firent ,  elles  fe  mirent  à  genoux  par  di- 
vers rangs    dans  une  place  voifine  à  la  vue  des  Hol- 
landois.   Ces  Sauvages   ont  pour  coutume  de  prendre 
autant  de  femmes  qu'ils  veulent ,  Se  celui  qui  a  le  plus 
de  filles  eft  eftimé  le  plus  riche.  Ceux  qui  les  veulent 
avoir  en  mariage,  les  achètent  des  pères  Se  des  mères , 
à  qui  ils  payent  un  bœuf,  des  brebis  ou  quelqu'autrc 
chofe  dont  ils  conviennent  enfemble.  Ils  portent  de  lon- 
gues   robes ,  tant  hommes  que  femmes ,  Se  ces  robes 
faites  de  drap ,  tiflu    de  laine  des  btebis  de  ces  pays, 
leur  vont  depuis  les  épaules  jusqu'aux  talons.  Leshom-' 
mes  laifient  pendre  leurs  cheveux ,  Se  les  femmes  les 
retrouflent  Se  les  nouent  derrière  la  tête.  *  Cor».  Dict. 
DeLaet,  Defcription  des  Indes  occidentales  ,  liv.  12. 
chap.  8. 

2.  MOCHA,  ou  Moka  ,  ville  de  l'Arabie  Heureu- 
fe ,  avec  un  bon  port  à  l'entrée  de  la  mer  Rouge,  ôc 
à  quinze  lieues  du  détroit  de  Babelmandd,  vers  le  nord. 
Elle  n'eft  pas  fi  confidérable  que  la  ville  d'Aden ,  mais 
elle  eft  devenue  plus  marchande ,  car  elle  a  fait  beau- 
coup diminuer  le  commerce  de  cette  dernière  depuis 
quelque  rems.  Elle  ne  contient  pourtant  qu'environ  dix 
mille  habirans ,  presque  tous  Mahométans ,  avec  quel- 
ques Arméniens,  &  beaucoup  de  pauvres  Juifs  dans  un 
quartier  féparé  ou  une  espèce  de  fauxbourg  hors  de  la 
ville,  tous  gens  bafanés,  afiez  bien  faits,  Se  extrême- 
ment civils.  La  ville  eft  entourée  de  murs  à  l'antique  , 
moitié  de  terre  battue  avec  de  la  paille  ,  moitié  terre 
feule.  Il  y  a  quatre  portes  Se  plufieurs  tours,  avec  du 
canon    fur    quelques-unes  ,    mais    il    n'y    a  point  de 

frrr 
One. 

Les  tours  qui  flanquent  les  murs  de  la  ville  ,  font  ha- 
bitées par  des  foldats  qui  font  des  patrouilles  pendant 
la  nuit ,  &  qui ,  durant  le  jour ,  fe  tiennent  fur  le  port 
&  dans  le  bazar,  pour  empêcher  les  désordres  ôc  les 
friponneries.  On  amené  les  coupables  devant  le  gou- 
verneur, qui,  fur  le  rapport  d'un  vieil  officier  qui  com- 
mande fes  gardes,  les  tait  punir  févéremenr.  Tous  ces 
foldats ,  au  nombre  de  cinq  ou  fix  cens,  s'aflèmbknt  tous 
les  jours  depuis  midi  jusqu'à  deux  heures  dans  la  grande 
place  ,  pour  conduire  le  gouverneur  à  la  mosquée  ,  où, 
il  va  avec  beaucoup  de  fafte  Se  d'appareil ,  accom- 
pagné de  fes  fils ,  ôc  de  tout  ce  qu'il  y  a  de  gens  con- 
fidérabîes  fupetbcraent  montés  ,  Se  ftifant  porter  les 
drapeaux  du  roi,  &  ceux  de  Mahomet  &  d'A  ly  au  fon 
des  tymbales.  Lorsque  le  gouverneur  fort  de  la  mosquée, 
toute  cette  infanterie  fait  une  décharge  ,  ôc  toujours  à 
balle. 

Les  femmes ,  excepté  un  petit  nombre  de  celles  du 
commun  ,  ne  paroi  fient  jamais  de  jour  dans  les  rues, 
de  Mocha;  le  foir  elles  onr  un  peu  plus  de  liberté, 
qui  confifte  à  s'entievifiter  :  s'il  arrive  qu'elles  renconî 
trent  des  hommes  en  leur  chemin  ,  elles  fe  rangent 
avec  leurs  femmes  toutes  du  même  côté  de  la  rue, 
auprès  des  maifons;  elles  laifient  paiïer  les  hommes, 
gardant  un  profond  filence  ôc  une  grande  modeftie, 
après  quoi  elles  continuent  leur  route  ;  elles  font  à  peu 
près  vêtues  comme  toutes  les  femmes  de  l'Orient, 
dont  les  habits  font  décrits  par  tant  de  voyageurs.  El- 
les cfnt  entr'aimes  choies  un  grand  voile  d'une  toile 
fine  de  couleur  qui  leur  cache  le  vifage,  fans  les  em^ 


MOC 


MOC 


pêcher  de  voir  à  travers;  elles  portent  aufll  de  petites 
bottines  de  maroquin. 

Il  y  a  chez  les  gens  de  considération  de  très-jolies 
perfonnes  ,  qui  ne  font  pas  plus  brunes  que  des  Espa- 
gnoles ,  avec  des  traits  délicats  Se  fins ,  Se  capables  d'in- 


33* 

MOCISIA,  citerne  auprès  Conftantinople,  dans  un 
lieu  nommé  Blaque-rne.  Voye z.  ce  mot. 

MOC1SUS,  MOCESUS,  MUSCISSUS,  ou  Mo- 
cjssus  ,  nom  d'un  lieu,  dans  la  Cappadoce.  Comme  il 
y  avoit  ,  dit  Procope  ,  I.  j.  des  cd'fives  ,  t.  4,  de  la  tra- 


fpirer  de   la  paflion  ;  elles  ne  font  même  ni  farouches     duil.  de  Confia  ,  dans  une  ràfe  campagne  auprès  de  Ce 


ni  infenfibles. 

Le  port  Mocha  eft  formé  par  deux  langues  de  ter- 
re ;  qui  fe  recourbent  en  manière  d'arc  ,  Se  repréfentenr 
une  demi-lune  parfaite.  Sur  les  deux  pointes  font  fîmes 
deux  forts,  qui  défendent  l'entrée ,  laquelle  a  environ 
une  lieue  de  large  ,  &  fait  une  manière  de  rade  où  les 
grands  vaiflèaux  font  obligés  de  mouiller.  Le  refte  du 
port  n'eft  pas  aflez  profond ,  Se  ne  fert  que  pour  les 
batimens  moyens. 

Le  pays  aux  environs  de  Mocha  eft  en  général  fort 
fec ,  Se  il  n'y  a  que  de  mauvaifes  eaux  nitreufes  Se 
presque  falées.  Tout  le  pays  qui  borde  la  mer  Rouge  , 
peut  paner  pour  fec  :  mais  le  territoire  de  Mocha  eft 
le  pire  de  tous  ;  il  y  fait  une  chaleur  exceflive ,  Se  il 
ne  tombe  presque  jamais  de  pluie. 

On  voit  au  dehors  de  Mocha  quelques  palmiers  plan- 
tés parmi  les  fables  ,  que  l'on  a  foin  d'arrofer  par  le 
moyen  des  puits  que  l'on  a  cicufés ,  Se  qui  portent  des 
dattes  fort  communes.  11  croît  aufll  du  mil  blanc ,  Se 
trois  fois  plus  gros  que  le  nôtre.  Après  le  tems  des 
pluies,  qui  font  quelquefois  deux  ans  fans  tomber,  la 
terre  fe  couvre  d'une  espèce  de  croûte  de  fel  ;  celui 
dont  on  fe  fert  dans  ce  pays  fe  fait  presque  fans  aucun 
travail ,  par  le  moyen  des  foflès  Se  des  rigoles  qui  re- 
çoivent l'eau  de  la  mer ,  lorsque  la  marée  monte;  Se  le 
fel  s'y  durcit  fi  fort ,  que  pour  le  retirer  ,  il  faut  le  rom- 
pre comme  une  pierre  avec  des  pics.  *  La  Roque ,  Voya- 
ge de  l'Arabie  Heureufe  ,  p.  90. 

La  route  de  Mocha  à  Mouab ,  demeure  du  roi  d'Ye- 
men  ,  eft 

De  Mocha  à  Mofa ,  dix  lieues. 
De  Mofa  à  Manzery  ,  quinze  lieues.  Il  n'y  a  que  cinq 
ou  fix  maifons  à  Manzery. 

De  Manzery  à  Tage  ,  dix-huit  lieues. 
De  Tage  à  Manzuel ,  fix  lieues.  Manzuel  ne  confifie 
qu'en  deux  châteaux  fort  antiques  ,   dont  l'un  fervoit 
autrefois  de  demeure  aux  rois  de  l'Yemcn  ,  du  tems  de 
leur  guerre  avec  les  Turcs. 

De  Manzuel  à  Yrame ,  trente  lieues ,  en  pafiant  par 
Gabala  ,  qui  eft  une  petite  ville  murée  d'un  côté , 
&  dont  les  mosquées  ont  de  fort  belles  tours  ou  mi- 
narets. 

D'Yrame  à  Damar  ,  quinze  lieues. 
De  Damar  à  Mouab  ,  un  quart  de  lieue. 
Total ,  quatre  vingt-quatorze  lieues  un  quart.  *  La 
"Roque  ,  Vovage  de  l'Arabie  Heureufe ,  p.  191. 

La  carte  de  de  l'I/le  pour  le  voyage  de  l'Arabie  Heu- 
reufe ,  marque  10  lieues  de  Damar  à  Mouab. 
C'eft  de  Moca  qu'on  transporte  le  meilleur  cafte. 
MOCHADION,  nom  d'un  endroit  du  rivage  de  la 
mer,  au  voifinage  de  Byfance  ,  félon  Procope  ,  cité  par 
Ortelius,  Tbef.  qui  foupçonne  que  ce  lieu  pourroitétie 
fur  le  golfe  Moucaporidcs ,  dont  Denys  de  Byfance  donne 
la  defetiption. 

MOCHMUR  ,  torrent  de  la  Paleftine.  Il  en  eft 
parlé  dans  le  livre  de  Judith,  e.  7  ,  ri.  félon  le  texte 
hébreu 

MOCHON  A ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de 

Jnda.  Dom  Calmet ,  Ditt.  juge  que  c'eft  la  même  que 

*Mechanum ,  que  faint  Jérôme ,  in  locis  ad  Bethmaca. 

place  entre  Eleutheropolis  &  Jérufalem,  à  huit  milles 

de  la  première  de  ces  deux  villes  *  //.  Esdr.  1 1  ,  28. 

MOCHORA.  Kov^Mogaron. 

MOCHURA  ,  ville  de  l'Arabie    Heureufe.  Ptolo- 

mée ,  /.  6.  c.  7.  la  met  dans    les  terres,  entre  AUta 

cxv'uas  Se  Thumna.  Niger  croit  que  c'eft  préfentement 

la  Mecque.  v 

MOCILLUS  ,  colline  de  Bithynie ,  félon  Cédrène  Se 
Zonare.  *  Ortelii  Thef. 

MOCING  ,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  auprès  de  la  ville  de  Yangy.  Cet- 
te montagne  eft  extrêmement  escarpée:  ce  ne  font  que 
rochers  affreux  de  tous  côtés;  Se  par-ci  par-là  on  voit 
diverfes  cavernes  obf cures.  *  Atlas  S'inenfis. 


farée,  un  fort  nommé  le  fort  de  Mocese  ,  qui  étoit 
dans  un  fi  mauvais  état ,  qu'une  partie  de  fes  batimens 
étoit  tombée  en  ruine ,  Se  que  l'autre  étoit  prête  d'y 
tomber.  Jultinicn  le  rafa  entièrement ,  Se  éleva  une  mu- 
raille du  côté  de  l'occident ,  fur  une  colline  fot t  roide 
&  d'un  accès  fort  difficile;  Se  dans  l'étendue  de  fou 
enceinte,  il  fit  bâtir  des  églifes ,  des  hôpitaux,  des  bains 
6:  d'autres  édifices  de  cette  nature  ,  qui  relèvent  la  gloi- 
re des  villes:  ce  qui  a  été  caufe  que  la  ville  de  Céfarée 
eft  devenue  la  métropole ,  qui  eft  le  titre  que  les  Ro- 
mains donnent  à  la  première  du  pays.  Le  père  Har- 
douin  prétend  qu'il  y  avoit  un  fiége  épiscopal  à  Meci- 
fus ,  Se  cite  un  de  fes  évêques  appelle  Tbeopemptus  , 
en  quoi  il  eft  d'accord  avec  le  père  Charles  de  faint 
Paul ,  Se  une  notice  publiée  par  Schelftrate. 

MOCKEREN  ,  petite  «ille  d'Allemagne,  au  cercle 
de  la  balTe  Saxe  ,  dans  l'archevêché  de  Magdebourg  , 
entre  Grabow  Se  Lobing ,  fur  la  Struma  ,  à  trois  mil- 
les de  Magdebourg  Dans  la  guerre  que  ceux  de  Ma- 
gdebourg firent  à  leur  archevêque  en  1433  ,  ils  lui  en- 
levèrent Mockeren ,  mais  elle  retourna  quelque  tems 
après  fous  la  dépendance  de  ce  prélat.  *  Zeyler ,  To- 
pog.  itiner.  Saxon. 

MOCLIN,  bourgade  d'Espagne  ,  dans  le  royaume  de 
Grenade,  an  nord  de  la  ville  de  ce  nom  ,  &  à  l'occi- 
dent de  Baça.  *  De  l'I/le,  Atlas. 

MOCO ,  province  d'Afrique ,  au  pays  des  Nègres. 
Elle  confine  du  côté  de  l'orient  à  la  province  deKRi- 
ké  ;  Se  au  midi ,  en  descendanr  vers  la  côte ,  on  ren- 
contre la  province  de  Bani.  Dans  la  province  de  Mo- 
co  on  bat  une  espèce  de  monnoie  de  fer ,  dont  chaque 
pièce  eft  grande  comme  la  paume  de  la  main ,  Se  a 
une  queue  d'un  empan  de  long  *  Dappcr ,  Defc.  du 
pays  des  Nègres,  p.  3  r j. 

MOCODIEL,  petite  rivière  d'Espagne,  au  royaume 
de  Léon.  Fuen  Pedrofa  eft  le  lieu  de  fa  fourec  ;  après 
avoir  coulé  quelque  tems,  elle  va  mêler  fes  eaux  à 
celles  de  la  rivière  de  Tonnes  ou  Salamanca.  *  Bau- 
drand,  Dict.  édir.  170J. 

MOCONE  (  Le  ) ,  rivière  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Naples,  dans  la  Calabre  citérieure.  Elle  a  fa  fourec 
près  du  bourg  Acri,  Se  prenant  fon  cours  vers  le  nord- 
oueft  ,  elle  fe  joint  au  Crate. 

MOCONT1ACUM.  Voyez.  Magontiacum. 
MOCORETyE  ,  peuples  de  l'Arabie  Heureufe.  Pto- 
lomée,  /.  6.  c.  7.  les  place  avec  les  Dorent  au-defîbus 
des  j\£inxi ,  Se  au-defius  des  Sab&u  Ses  interprètes  ,  au 
lieu  de  Mocoretx ,  lifent  Mocrita. 

MOCRAN  ,  plaine  d'Afie  ,  dans  la  Géorgie ,  auprès 

de  Teflis.* Relis  de  la  Croix,  Hift.  de  Timur-Bec,  /.  5.  c8. 

MOCTENS1S.  Kçy«.MoPTENsis. 

MODAC/E,  peuples  de  la  Sarmatie  Afiatique ,  félon 

Ptolomée,  /.  j.  c.  9.  fes  interprètes  lifent  ModocA  pour 

ModaçA. 

MODEIN.  Voyez.  Modin. 

MODENE,  en  latin  Mutina ,  ville  d'Italie ,  capitale 
du  Modénois  ,  avec  évêché  ,  fous  la  métropole  de  Bou- 
logne dont  elle  eft  éloignée  de  vingt  milles ,  c'eft-à-di- 
re  ,  de  fix  lieues  &  deux  tiers.  Elle  eft  fituée  fous  le  44 
dcg.  34  min.  de  latit.  &au  28  deg.  52  min.  de  longit. 
dans  une  plaine  agréable  Se  très-fertile,  fur  un  canal 
entre  les  rivières  de  Panaro  Se  de  la  Secchia  ,  mais  plus 
proche  de  celle-ci.  Elle  eut  beaucoup  de  part  aux  trou- 
bles du  Triumvirat.  Marc  Antoine  ne  la  put  prendre 
l'an  710  de  la  fondation  de  Rome;  mais  l'année  fui- 
vante  elle  lui  ouvrit  fes  portes  ,  après  qu'il  eut  remporté 
fous  fes  murailles  une  grande  victoire  fur  Hirtius  & 
Panfa.  Modéne  fonffrit  encore  quand  les  Goths  Se  les 
Lombards  vinrent  fondre  fiu l'Italie.  Mais  lorsque  Char- 
lemagne  eut  mit  fin  à  la  monarchie  de  ces  derniers , 
Modéne  fe  releva  de  fes  ruines.  Elle  fut  rebâtie  un  peu 
plus  bas  dans  une  plaine  agréable  Se  fertile  en  bons  vins  où 
clic  eft  aujourd'hui.  *  La  Forêt  de  Bourgon,  Géogr.  Hift. 
t.  2.  p.  474. 

Tom.  IV.    T  t  ij 


MOD 


332. 

La  ville  de  Modéne  ert  ovale  ou  peu  s'en  faut  ;fes 
fortifications  font  en  affez  mauvais  état.  Les  tues ,  les 
maifons  &  les  places  publiques  n'en  font  pas  belles  :il  y 
a  des  portiques  comme  à  Boulogne.  Il  n'y  a  presque 
point  de  commerce  ,  quoiqu'elle  foit  dans  un  pays  gras 
Se  abondant.  *  Labat,  Voyage  d'Italie,  tom.  2.  pag. 
243. 

Il  n'y  a  point  d'églife  fort  rematquable  :  la  cathé- 
drale ert  un  vieux  bâtiment ,  accompagne  dune  très- 
haute  tour  carrée ,  au  pied  de  laquelle  ,  dans  l'égli- 
fe  ,  eft  ce  fameux  fceau  qui  a  été  le  fujet  de  la  guerre 
entre  les  Bolonois  Se  les  Modénois ,  qui  le  confervent 
comme  un  trophée  de  leur  viétoire,  &  ne  manquent 
pas  de  le  montrer  aux  étrangers.  Le  corps  de  faim  Gé- 
minien  répofe  dans  une  belle  Se  grande  chapelle,  qui  eft 
fous  le  chœur.  Elle  eft  toute  pleine  de  vœux. 

Le  palais  du  prince  eft  allez  beau.  Les  appartemens 
font  ornés  de  meubles  très-riches.  Il  y  a  fur-tout  un 
cabinet  de  peintures  ,  où  l'on  voit  des  morceaux  auffi 
finis  Se  en  auiîï  grand  nombre  que  dans  les  premiers 
cabinets  de  Rome.  Il  y  a  une  galerie  toute  remplie  des 
ouvrages  de  Carache.  9 

La  citadelle  eft  forte ,  Se  comme  elle  eft  attachée  à  la 
ville,  elle  la  tient  en  btide. 

Entre  les  hommes  illuftres  qui  font  fortis  de  Modé- 
ne, on  remarque  Jacques  Sadolet ,  né  en  1478.  11  fut 
fucceilîvement  fécretaire  du  pape  Léon  X ,  évêque  de 
Carpentras ,  dans  le  comtat  d'Avignon,  nonce  en  Fran- 
ce &  cardinal.  Il  mourut  à  Rome  en  1547.  Louis  de 
Cartel vetro ,  Charles  Sigonius  Se  Gabriel Fallopio  étoient 
auffi  de  Modéne. 

2.  MODENE  (  Le  duché  de  )  comprend  ,  outre  Mo- 
déne Se  Ces  dépendances ,  le  pays  de  Frignano ,  &  une 
partie  du  Carfagnano.  Cet  état ,  qui  porte  le  nom  de  fa 
capitale,  fut  érigé  en  duché  l'an  14J 3  ,  en  faveur  de 
Borfo  d'Eft  ,  dans  la  famille  duquel  il  étoit  plus  de 
deux  cens  ans  auparavant.  Voyez,  l'article  Ferrare. 
*  La  Forêt  de  Bourgon  ,  Geograph.  Hift.  tom.  2. 
pag.  472. 

MODENOIS  (  Le  ) ,  petit  état  d'Italie ,  dans  lequel 
eft  enclavé  le  duché  de  la  Mirandole ,  avec  quelques  au- 
tres états.  C'ert  un  très-beau  pays ,  abondant  en  bleds 
Se  en  vins.  Cet  état  à  le  Mantouan  au  feptentrion , 
la  Toscane  au  midi,  le  Bolonois  à  l'orient  «Se  le  Par- 
mefan  à  l'occidenr,  Son  étendue  du  nord  au  fud ,  eft 
d'environ  cinquante-fix  milles,  Se  celle  de  l'eft  à  l'oueft 
de  près  de  cinquante  milles. 

La  divifion  eft  en  duchés 

de  Modéne  ,  de  là*  Mirandole  Se  de  Reggio. 

Dans  le  Modénois  propre  ,  ou  duché  de  Modéne, 
font  comprifes  les  places  fuivantes, 


MOD 


Modéne , 
Baftia, 


Final  en  Modénois, 
Frignano , 


Seftola , 
Carfagnano, 


*  Adiflon  y  Voyage  d'Italie  ,  p.  176. 

MODIACUS.  Voyez.  Magodia. 

MODIANA  ,  ville  de  l'Arabie  heureufe.  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  7.  la  met  fur  le  golfe  Arabique ,  entre  Onne  Se 
le  mont  Hippoi. 

MODICA  ,  ville  de  Sicile  ,  dans  le  val  de  Noto  ,  à 
l'orient  de  Noto  ,au  nord  de  Sichili,  Se  au  midi  oriental 
de  Ragufa.  Ceft  l'ancienne  Motyca.  *  Del'ljlc ,  Atlas. 

MODIGLIANA  ,  petite  ville  d'Italie  ,  avec  un  châ- 
teau, dans  la  Romagne  Florentine,  fur  le  torrent  de 
Marzano ,  aux  frontières  de  l'état  de  l'Eglife  ,  environ 
à  douze  milles  de  Faença,  &  au  midi  de  cette  ville."" 
Magin  ,  Carte  de  la  Romagne. 

MODIN  ,  bourg  de  la  Paleftine,  dans  la  tribu  de 
Dan,  Se  d'où  étoient  Matthathias  Se  fes  fils  {a) ,  Ci 
connus  fous  le  nom  de  Machabées.  Ce  lieu ,  célèbre 
dans  l'Ecriture  fainte  ,  ne  devoit  pas  êtte  loin  de  la 
mer  (b  ) ,  puisque  les  mariniers  pouvoient  voir  de  leurs 
vaiffeaux  le  maufolée  qu'on  érigea  en  l'honneur  de 
Matthathias  (c).  Eufebe  dit  que  Modin  n'éroit  pas  éloi- 
gné de  Diospolis ,  Se  que  de  fon  rems  on  y  voyoit 
encote  les  tombeaux  des  Machabées.  Saint  Jérôme, 
fur  le  chapitre  trentième    d'Ifaïe,  infinue  que  c'étoit 


peu  de  chofe  que  ce  lieu ,  puisqu'il  le  nommoit  Am- 
plement un  petit  village ,  VicuUu.  Un  voyageur  mo- 
derne (d)  prétend  que  Modin  étoit  fitué  entre  Emaiis 
Se  Rama  fur  une  montagne ,  où  l'on  ne  voit  plus 
aujourd'hui  qu'un  monceau  de  pierres  qui  en  marquent 
les  ruines,  (a)  I.  Mach.  2.  1.  ij.  &  9.  19.  {b  )  D.  Cal- 
met  ,Dict.  (c)  1.  Mach.  13.  3©.  (d)  Doiibdan,  Voyage 
de  la  Terre  Sainte  ,ch.  j. 

MODIRIS.  Voyez.  Zizerus. 

MODOC/E ,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Afiati- 
que  ,  félon  Ptolomée  ,  1.  j.  c.  9. 

MODOETI A  ,  ville  des  lnfubres ,  félon  Paul  Diacre , 
qui  la  met  à  douze  milles  de  Milan.  Léandcr  dit  qu'on 
la  nomme  aujourd'hui  Monz.a  ,  Se  Mar.  Niger  prétend 
prouver  par  une  ancienne  infeription  trouvée  dans  ce 
lieu ,  qu'on  appelloit  autrefois  cette  même  ville  Mo~ 
gontïa  ;  mais  Ortelius ,  Thefaur.  croit  qu'au  lieu  de 
Mogonna  ,  il  faut  lire  Nlugunûacum ,  comme  on  lit 
effectivement  dans  Gaud.  Merula  ,  qui  rapporte  cette 
infeription  telle  qu'elle  fe  trouvait  à  Monza  de  fon  tems. 
*  GatliaCijalpina. 

MODOGAL1CA  ,  peuples  des  Indes.  Pline  ,  /.  6.  c. 
19.  dit  qu'ils  habitoient  une  ifîe  du  Gange ,  Se  que  cette 
ifle  étoit  extrêmement  grande. 

MODOGULLA,  ville  de  l'Inde  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  la  place  entre  Cailigerïh  Se  Petirgaia. 
MODOMAST1CA  .contrée  de  la  Carmanie  déferte, 
félon  Ptolomée,  /.  6.  c.  6. 

MODON  ,  ville  de  la  Morée ,  dans  le  Belveder.  Pline 
la  nomme  Méthone  ,  nom  qui  lui  avoir  été  donné 
en  mémoire  de  Méthéna  ,  fille  d'Eoner  j  les  Turcs  l'ap- 
pellent Mittum.  Elle  eft  éloignée  de  Coron  de  dix  milles  j 
de  Napoli  de  Romanie  ,  de  cent  vingt  ;  du  cap  de 
Matapan  ,  de  foixante  &  douze  milles.  La  nature  Se 
l'art  ont  également  contribué  à  en  faire  une  place  forte. 
Elle  eft  fituée  fur  un  promontoire  avancé  dans  la  mer 
de  Sapienza,  faifanr  front  aux  côtes  d'Ali ique,  &  au 
pied  eft  un  port  sûr  Se  commode.  *  Curonelli,  Defcription 
de  la  Morée,  p.  52. 

En  diftérens  tems  cette  ville  a  été  expofée  aux  in- 
fuhes  de  divers  peuples  :  ceux  de  Naples  ,  par  le  moyen 
de  leurs  intelligences  avec  la  ville  de  Sparte  ,  fe 
rendirent  maures  autrefois  de  Modon,  &  y  établirent 
une  colonie  de  Napolitains.  Quelque  tems  après  les 
peuples  de  l'illyrie,  ayant  conçu  le  dellein  d'étendre 
leur  domination,  fe  choifirent  un  roi ,  mirent  fur  pied 
une  nombreufe  armée ,  Se  firent  irruption  dans  les 
campagnes  voifines.  Lorsqu  ils  arrivèrent  auprès  de 
Modon  ,  ils  firent  favoir  aux  habitans  qu'ils  fouhaitoient 
acheter  des  vivres.  Ceux  de  Modon  ne  foupçonnant 
aucune  fupercherie ,  leur  portèrent  du  pain  ,  du  vin  Se 
d'autres  provifions.  Alors  les  lllyriens,  qui  voyoientla 
fortereiîè  dégarnie  de  monde ,  s'emprefferent  de  fe  fai- 
fir  de  toutes  les  avenues  Se  de  tous  les  portes  :  ils  tuè- 
rent un  grand  nombre  des  habitans  qui  étoient  fortis  , 
forcèrent  ceux  qui  étoient  dans  la  fortereffe ,  Se  les 
firent  esclaves  ,  biffant  dans  la  ville  de  trirtes  marques 
de  leur  perfidie. 

L'empereur  Trajan  ,  touché  du  malheur  des  habitans 
de  Modon  qui  avoient  échapé  à  la  fureur  de  leurs 
ennemis ,  Se  qui  étoient  retournés  dans  leur  patrie , 
leur  accorda  des  privilèges  Se  des  franchifes ,  Se  les 
laiffa  vivre  dans  une  espèce  de  gouvernement  arirtocra- 
tique.  Ils  fe  maintinrent  dans  cet  état  jusqu'au  tems  de 
l'empereur  Conftantin  ,  qui  quitta  Rome  pour  Conrtan- 
tinople;  mais  la  ville  de  Modon,  quoique  devenue fu- 
jette  de  cet  empereur ,  conferva  toujours  les  premières 
immunités,  Se  garda  la  même  forme  de  gouvernement  ; 
de  forte  qu'à  l'hommage  près  ,  qu'elle  rendoit  à  1  empe- 
reur ,  elle  étoit  plutôt  fous  fa  protection,  qu'entière- 
ment affujettie. 

En  1 124  , Modon  fut  attaquée  Se  prife  par  le  doge 
Domenico  Michiele ,  dans  le  tems  qu'il  revenoit  pour 
la  troifiéme  fois  de.  la  Terre  Sainte,  après  avoir  fait  les 
conquêtes  de  Tvr  Se  d'Ascalon  dans  la  Syrie,  de  Rho- 
des ,  de  Scio  ,  de  Samos ,  de  Lefbos  &  d'Andro  dans  l'Ar- 
chipel ;  Se  enfin  après  avoir  obligé  les  infidèles  de  lever 
le  fiége  de  Zaffa.  Il  ert  vrai  que  l'année  fuivante  Modon 
rentra  fous  la  domination  de  l'empereur  Grec  :  cepen-  ' 
dant ,  lors  de  la  divifion  de  ce  même  empire  en  1 204 , 


MOD 


MOE 


elle  retourna  fous  la  puiffance  de  la  République.  Si 
Léon  Vétrane ,  fameux  corfaire  Génois ,  s'en  empara  , 
il  ne  la  garda  pas  long-tems  ;  ayant  été  fait  prifonnier, 
il  fut  transféré  à  Coi  fou,  où  il  reçut  de  la  main  du 
bourreau  la  récompenfe  de  tous  les  brigandages.  La 
mort  du  chef  jetta  l'épouvante  dans  tous  ceux  de  fon 
parti  ■■,  de  manière  que  les  capitaines  Dandolo  &  Pro- 
marino  fe  rendirent  maîtres  de  la  ville  de  Modon  fans 
beaucoup  d'efforts. 

Bajazet  II  forma  le  fiége  de  Modon  ,  en  1498^ 
la  tête  d'une  armée  de  cent  cinquante  mille  hommes. 
Il  la  ferroit  de  près ,  Se  fon  canon  avoir  fait  une  fi 
grande  brèche  à  la  muraille  du  fauxbourg ,  que  les  ha- 
bitans  fe  trouvèrent  contraints  de  fe  retirer  dans  la  ville. 
Ils  y  furent  de  nouveau  preffés  par  l'ennemi ,  Se  ils 
étoient  prêts  à  demander  une  capitulation  ,  lorsqu'ils 
virent  paroîtte  l'armée  de  la  république  de  Venife ,  qui 
leur  apportoit  du  fecours.  11  y  eut  un  combat  très-vif 
entre  les  Vénitiens  &  les  Turcs.  Le  fuccès  en  auroit 
été  douteux ,  fi  les  premiers  n'euffent  eu  l'avantage  :  une 
felouque  Se  quatre  galères  chargées  de  toutes  fortes 
de  munitions ,  ce  qui  devoir  être  le  falut  de  la  place, 
furent  fa  perte.  Ces  fecours  jetterentla  joie  dans  le  cœur 
des  affiégés  ;  ils  s'y  livrèrent  entièrement  Se  négligèrent 
leurs  portes.  Le  Turc,  profitant  de  leur  négligence, 
donna  l'affaut  Se  entra  dans  la  ville ,  qu'il  remplit  de 
carnage. 

Modon  fut  encore  rendue  aux  Vénitiens  par  la  va- 
leur du  généraliflâme  Morofini ,  qui  s'en  rendit  maître 
en  1686  ;  mais  depuis  elle  eft  retombée  fous  la  puiffance 
du  Turc ,  à  qui  elle  appartient  encore  aujourd'hui. 

Cette  ville  eft  épiscopale,  Se  fon  évêché  efi  fous  la 
métropole  de  Parras. 

MODONUS  ,  fleuve  de  l'Hibernie.  Ptolomée  ,  /.  2. 
c.  2.  place  l'embouchure  de  ce  fleuve  Modonus  entre  le 
promontoire  Sacré  Se  la  ville  Menapia.  Au  lieu  de 
MoJïeoç ,  un  manuferit  porte  MsJsw.  Il  femble  que 
ce  fleuve  foit  celui  qui  paffe  à  Dublin ,  Se  qu'on  nom- 
me aujourd'hui  la  Liffe.  *  Orfc/iiThefaurus. 

MODRENA  ,  ville  de  Bithynie.  On  la  nomme  au- 
jourd'hui Mudurni  ,  à  ce  que  dit  Leunclavius,  in 
.Onomafi.  Mttftdman.  Voyez.  Comopolis. 

MODRIMEN.  L'hiftoire  miscellanée  fait  mention 
de  ce  nom.  Voyez.  Comopolis. 

MODRISCH  ou  Modrusch,  en  latin  Tediaflrum. 
C'étoit  une  ville  confidérable  de  la  Croatie  (a)  dans 
le  royaume  de  Hongrie,  entre  des  montagnes  dans  les 
tetres ,  au  nord  de  Segna ,  Se  au  midi  occidental  de 
Carlftadt.  Elle  a  été  entièrement  ruinée  par  les  Turcs 
(.b)  depuis  plus  d'un  fiécle,  enforte  qu'il  n'y  relie  plus 
que  quelques  cabanes  de  bergers ,  avec  une  petite  cha- 
pelle dans  fes  ruines.  Ce  lieu  eft  fous  la  puiffance  de 
l'empereur ,  comme  roi  de  Hongrie.  L'évêché  de  Mo- 
drisch  ,  qui  étoit  fuffragant  de  l'archevêché  de  Spalatro  , 
a  été  uni  à  celui  de  Zeng.  {a)  De  I'JJle ,  Atlas.  (  b  ) 
Baud.  Did.  éd.  1705. 

MODRON.lieu  de  Phrygie,  où  le  fleuve  Gaïlus 
prenoit  fa  fource,  félon  Srrabon  ,  /.  12.  p.  J43.  Les 
interprètes  de  ce  géographe ,  au  lieu  de  Modron ,  écri- 
vent Modra. 

MODUBE-,  peuples  de  l'Inde.  Pline  ,  /.  6.  c.  19.  les 
place  au-delà  du  Gange. 

MODUNDA,  ville  d'Ethiopie,  fous  l'Egypte,  fin- 
ie bord  du  Nil,  félon  Pline,  /.  6.  c.  30. 

MODUNGA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfatienfe.  Pto- 
lomée,/. 4.  c.  2.  la  place  entre  Ruftcibar  Se  l'embou- 
chure du  fleuve  Serbetes, 

MODUNUS.  Voyez,  Modonus. 

ï  .  MODURA ,  en  gtec  Mo JVp*  ou  la  ville  des  Dieux, 
comme  la  nomme  Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  qui  la  place 
dans  l'Inde  ,  en-deça  du  Gange  ,  chez  les  Caip'iré.  Ca- 
fialdus  veut  que  cette  ville  s'appelle  aujourd'hui  Bis- 

NAGAR. 

2.  MODURA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée  ,  lib.  7.  c.  1 .  la  furnomme  la  Ville  royale  de 
Pandion ,  Regia  Pandionis  :  il  la  place  dans  les  terres 
chez  les  Pandioni,  entre  Tangala  Se  Acur.  C'efi  cette 
ville  qui  eft  appellée  Mvvfytç  ou  Mvtypiç  par  Arrien  ,  pe- 
ripl.  21.  p.  30.  &  31.  &  Mopusa  par  Pline,  lib.  6, 
f.  23. 


33? 

MODUSA.  Voyez,  Modura 

MODUTTI,  ville  de  rifle  deTaprobane  :  Ptolomée, 
L  7.  c.  4.  la  place  fur  la  côte  entre  Anubingara  Se 
l'embouchure  du  fleuve  Phajîs, 

1.  MODZYR,  ou  Mozyr,  en  latin  Modziria  ou 
Modz,yrum  ,  ville  du  grand  duché  de  Lithuanie  (  a)  , 
fur  la  rive  feptentrionale  du  Pripecz,  entre  Turow  à 
l'occident ,  Se  Babica  à  l'orient  (  b  ).  C'cft  le  chef-lieu 
d'un  tei titoire  qui  prend  fon  nom  de  cette  ville.  Mod- 
zyr  eft  fituée  dans  un  marais  ,  de  forte  qu'on  n'y  peut 
aller  que  par  une  chauffée,  (a)  De  l'IJle ,  Atlas,  (b) 
Andr.  Cellarius  ,  Polonia:  defer.  p.  416. 

2.  MODZYR  (  Le  Territoire  de  )  eft  extrême- 
ment  fertile  Se  biencultivé.  On  y  éleveune  grande  quan- 
tité de  bétail  ;  Se  la  chaffe  y  eft  très-abondante. 

MŒCHINDIRA  ,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egyp- 
te ,  félon  Pline ,  /.  6.  c.  29. 

MŒDUM  ORIENTIS,  lieu  de  la  Bithynie  ;  l'itiné- 
raire d'Antoninle  place  fut  la  route  de  Conftantinople 
à  Antioche  ,  entre  Nuée  Se  Coty&htm  ,  à  feize  milles  de 
la  première,  &  à  vingt-huit  milles  de  la  féconde.  Les 
manuferits  varient  beaucoup  par  rapport  au  nom  de  ce 
lieu  :  les  uns  portent  Mœdum  Orientis ,  d'autres  Médium 
Orientis  ,  d'autres  Medum  Orientis.  Simler  prétend  qu'il 
faut  lire  Médium.  *  Ortelii  Thef. 

MCEGILANI ,  peuples  d'Italie ,  que  Denys  d'Hali- 
carnaflè,  /.  8.  p.  509.  met  dans  le  Latium.  Quelques  in- 
terprètes lifent  Mugilani  ;  mais  comme  ce  dernier  nom 
n'eft  guère  plus  connu  que  le  premier,  Sylburge,  not, 
in  Dionyf.  Halic.  doute  fi  au  lieu  de  Moeyihtuvùç,  il  ne 
faudroit  point  dire  Oveihiuvèç  ou  bien  çïvrrtkKivw. 

MŒLCH  ,  Medïkum  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de 
faint  Benoît ,  dans  la  Baffe  Autriche ,  fur  le  Danube , 
entre  Lintz&  Vienne  ,  à  peu  près  à  égale  diftance  ,  dans 
l'étendue  du  diocèfe  de  PaiTau.  C'eft  une  fameufe  ab- 
baye ,  immédiate  au  faint  fiége.  L'abbé  ,  qui  eft  régulier  , 
eft  primat  des  abbés  d'Autriche  ,  Se  préfident  du  clergé 
des  états  de  la  Baffe  Autriche. 

MŒNENSIUM  CASTRUM ,  on  trouve  ce  nom 
dans  Golrzius ,  Thefaur.  qui  le  rapporte  d'après  une  an- 
cienne infeription  :  Je  ne  fins ,  dit  Ortelius  ,  en  quel  en* 
droit  du  monde  étoit  ce  lieu. 

MCENTINE,  peuples  de  l'Illyrie,  félon  Appien  ; 
de  Bell.  Illyric.  pag.  763.  qui  les  met  parmi  les  Ja- 
podes. 

MCENUS  ,  fleuve  de  la  Germanie ,  félon  Pline,  /.  9. 
c.  ij.Il  eft  appelle  Mcenis  par Pomponius  Mêla,  /.  3. 
c.  3.  Menus  par  Ammien  Marcellin,  /.  17.  c.  1.  &  Mo- 
gonum  par  Reginon,  Se  par  les  autres  écrivains  du 
moyen  âge.  Ortelius  foupçonne  que  ce  pourroit  être 
le  même  fleuve  que  Velleïus  Paterculus  appelle/^/;.-?; 
à  moins  qu'il  ne  faille  lire  dans  cet  ancien  Lupia  pour 
Julia ,  comme  quelques  favans  en  font  d'avis.  Le  fleuve 
Mœnus  conferve  fon  ancien  nom  5  c'eft  le  Meyn ,  rivière 
de  Franconie.  Voyez.  Meyen. 

MOEN.  Voyez.  Mone. 

MOERDICK  ,  hameau  des  Pays-Bas.  C'eft  le  lieu  où) 
fe  fait  ordinairement  le  trajet  par  eau  de  Brabant  en 
Hollande ,  à  une  lieue  &  demie  ou  environ  de  Sas- 
ftryen  ,  en  l'ifle  de  Beyerland.  *  Dit't.  géogr.  des  Pays- 
Bas. 

MOERIS,  lac  d'Egypte,  à  l'occident  du  Nil.  Le  plus 
grand  &  le  plus  admirable  de  tous  les  ouvrages  des  rois 
d'Egypte ,  étoit  le  lac  de  Mœris:  aufli  Hérodote ,  /.  2. 
c.  149.  le  met-il  beaucoup  au-deffus  des  Pyramides  & 
du  Labyrinthe.  Comme  l'Egypte  étoit  plus  ou  moins 
fertile ,  félon  qu'elle  étoit  plus  ou  moins  inondée  par 
le  Nil,  &que  dans  cette  inondation,  le  trop  &  le  trop) 
peu  étoient  également  funeftes;  le  roi  Mœris  ,  pour  ob- 
vier à  ces  deux  inconvéniens ,  fît  creufer  le  lac ,  qui 
depuis  a  porté  fon  nom.  Hérodote ,  Se  après  lui  Dio- 
dore  de  Sicile,  /.  1.  p.  47.  dont  Pline  ,  /.  ;.  c.  9.  ne 
s'éloigne  pas  ,  donnent  de  circuit  à  ce  lac  trois  milles 
fix  cens  ftades ,  c'eft-à-dire,  cent  quatre-vingt  lieues  j 
Se  Boffuet ,  dans  fon  discours  fur  l'hiftoire  univerfelle  , 
avance  ce  fait  comme  inconteftable.  On  eft  étonné ,  dit- 
il  ,  quand  on  lit  que  le  lac  de  Mœris  avoit  de  tour  environ 
cent  quatre-vingt  de  nos  lieues.  Pour  moi ,  dit  Rollin  , 
j'avoue  que  je  ne  trouve  aucune  vraifcmblance  dans  ce 
fait ,  qu'Hérodote  ne  rapporte  que  fur  la  bonne  foi  des 


MOE 


3  34 

gens  du  pays.  Le  lecteur  intelligent  fendra  aflez  les  rai- 
fons  que  je  puis  avoir  d'en  douter.  J'ai  donc  cru  de- 
voir fuivre  plutôt  ce  que  j'ai  trouvé  dans  quelques  mé-^ 
moires  modernes  fur  L'étendue  de  ce  lac  ;  d'autant  plus 
que  Pomponius  Mêla  ,  /.  i.  ne  lui  donne  de  circuit  que 
vingt  mille  pas,  qui  font  dix  de  nos  lieues  :  Mœrn  , 
dit-il  ,  aliqaando  campus ,  nunc  lacits  ,  viginti  millia 
pajfuum  in  circuitu  patens.  Ce  lac  ,  félon  Paul  Lucas , 
avoit  de  tour  environ  trente  ou  quarante  milles  ,.c'efi- 
à-dire  ,  environ  douze  ou  quinze  de  nos  lienes,  &  de  pro- 
fondeur trois  cens  pieds.  Deux  pyramides ,  dont  chacu- 
ne portoit  une  ftatue  coloflale ,  placée  fur  un  trône  , 
s'élevoient  de  trois  cens  pieds  au  milieu  du  lac,  Se  oc- 
cupoient  fous  les  eaux  un  pareil  espace.  Ainfi  elles  fai- 
foient  voir  qu'on  les  avoit  érigées  avant  que  le  cteux 
eût  été  rempli ,,  Se  montroient  qu'un  lac  de  cette  éten- 
due avoit  été  fait  de  main  d'homme  ,  fous  un  fcul 
prince. 

Ce  lac  communiquoit  au  Nil  par  le  moyen  d'un  grand 
canal  qui  avoit  plus  de  quinze  ftades ,  ou  quatre  lieues 
de  longueur  «^cinquante  pieds  de  largeur.  De  grandes 
éclufes  ouvroient  le  canal  &  le  lac  ,  ou  les  fermoient , 
félon  le  befoin. 

Pour  les  ouvrir  ou  les  fermer,  il  en  coutoit  cinquante 
talens  ,  c'eft-à-dire  ,  près  de  400000  mille  livres  de  no- 
rre  monoye.  La  pêche  de  ce  lac  valoir  au  prince  des 
fournies  immenfes  :  mais  fa  grande  utilité  étoit  par  rap- 
port au  débordement  du  Nil.  Quand  il  étoit  trop  grand 
6e  qu'il  y  avoit  à  craindre  qu'il  n'eût  des  fuites  fune- 
ftes  ,  on  ouvroit  les  éclufes  ,  &  les  eaux  ayant  leur  re- 
traite dans  ce  Jac  ,  ne  féjournoient  fur  les  terres  qu'au- 
tant qu'il  falloit  pour  les  engraifler.  Au  contraire  ,  quand 
l'inondation  étoit  trop  baffe  Se  menaçoit  de  ftérilité  , 
on  droit  de  ce  même  lac ,  par  des  coupures  Se  des  fai- 
gnées ,  une  quantité  d'eau  fumfante  pour  arrofer  les  ter- 
res :  par  ce  moyen  les  inégalités  du  Nil  éroient  corri- 
gées ;  Se  Strabon  remarque  que  de  fon  tems  ,  fous  Pé- 
trone ,  gouverneur  d'Egypte,  lorsque  le  débordement 
du  Nil  montoit  à  douze  coudées  ,  la  fertilité  étoit  gran- 
de y  Se  lors  même  qu'il  n'alloit  qu'a  huit,  la  famine  ne 
fe  laifîbit  point  fentir  dans  le  pays  :  fans  doute  parce 
que  les  eaux  du  lac  fuppléoient  à  celle  de  l'inondation, 
par  le  moyen  des  coupures  Se  des  canaux.  Voyez.  Ache- 
jvusej.*  Rollin  ,  Hifi.  anc.  des  Egyptiens,  t.  1.  p.  22. 

MOERKERCKE  ,  village  dans  l'ifle  de  Beyerland.  * 
Jiicl.  géo^r.  des  Pays-Bas. 

MOERMONT  ,  fort  des  Pays  Bas  ,  dans  le  Brabant 
Hollandois,  auprès  de  Berg-op-fom,  fur  le  chemin  de 
de  Steenberge.  *  Ditl.gcogr.  des  Pays-Bas. 

MOERSCHANS ,  forterefle  de  la  Flandre  Hollan- 
doife,  entre  la  ville  de  Hulft  vers  le  midi  occidental  & 
Santberge,  vers  le  nord  oriental  :  on  l'appelle  auifi  le 
fort  de  Moer  ,  autrement  le  fort  de  Moure.  *  De  l'ifle , 
Atlas. 

MCESIE  (  a  ) ,  contrée  de  l'Europe  ,  à  l'orient  de  là 
Pannonie,  en  commençant  auprès  de  Tûuritnum,  félon 
la  defeription  que  Ptolomée  en  donne  ;  quoique  des 
écrivains  pofîérieurs  ayent  étendu  plus  loin  les  bornes 
delà  Pannonie.  Presque  tous  les  manuferits  latins  écri- 
vent Mxfîa,  au  lieu  que  la  plupart  des  Grecs  écrivent 
javo-U,  Myfîa  ;  ce  qui  eft  aufli  le  nom  d'une  contrée  en 
Afie  (  b  )  :  c'efl:  pour  cela  que  Dion  Caflîus ,  pour  ne  pas 
confondre  ces  deux  provinces ,  ajoute  au  nom  Myfîa 
le  furnom  E'upww»  ,  turopea  ,  pour  défigner  la  Mœsie. 
On  trouve  rarement  que  les  Latins  fe  fervent  du  mot  My~ 
fia  ,  en  parlant  de  la  Mœfie.  Dans  une  infeription  rap- 
portée par  Gruter ,  p.  446.  »°.  9.  on  lit  Leg.  Leg.  VII. 
CL.  in  Mys.  Inferior.  &  dans  une  autre, p.  j  11.  »°. 
7.  on  trouve  Nat.  Mysia  Superiori.  Le  codeThéo- 
dofien  fournit  auffi  deux  exemples  de  cette  espèce  ;  dans 
l'un ,  leg.  un.  de  Lufor.  Danubii ,  il  y  a  in  Myfiaco  li- 
mite; &  dans  l'autre,  leg.  3.  de  militum  vefte,  on  lit 
Scytbia  &  Mitfia.  Enfin  Ovide,  /.  4.  Pont.  ep.  9.  v.  77. 
dans  le  vers  fuivanr  dit  Myfas  pour  Mœfas: 

Hic  tenuit  Myfas  gentes  in  pace  fideli. 
(a)  Cellarius,  Geogr.  ant.  I.  2.  c.  8.  {b  )  Ibid.  1.  49. 
pag.  413. 

Par-tout  ailleurs  les  auteurs  latins  difent  Mœfïa ,  en 
parlant  de  la  Mœfie  en  Europe,  Se  Myfia ,  quand  il 
cft  queltion  de  la  Myfie  Alladque.  Les  peuples  de  cette 


MOE 


contrée  font  appelles  M<esi  par  Tacite,  /.  ij.  c,  g. 
&  par  Eutrope,  /.  5.  c.  4.  les  Grecs  les  nomment  Mo- 
o-ci,  comme  on  le  voit  entre  autres  dans  Hérodien  ,  /.  2, 
c.  10.  De  Mjqefi  les  Latins  ont  fait  Mœfie  us  Se  Mœfia- 
eus.  Pline,  /.  4.  c.  1.  dit  Mœfiacm  gentes  ;  Tacite,  /.  3. 
hijt.  c.  2.  Mœfiiicœ  exercitus ,  Se  un  peu  plus  bas  Ala  Mœ- 
fic  1  :  cependant  dans  le  code  Théodofien,  leg.  un.  de 
luJor.Danub.  on  lit  Limes  Myfiacus  ,  à  la  manière  des 
Grecs. 

Pline,  /.  3.  c.  26.  nous  donne  la  longueur  de  la  Mœfie 
avec  fes  bornes  ,  &  il  nomme  les  peuples  Se  les  fleuves 
qu'elle  contenoit  :  La  province  appellée  Mœfie  ,  dit-il , 
touche  à  la  Pannonie ,  Se  s'étend  jusqu'au  Pont-Euxin, 
avec  le  Danube.  Elle  commence,  ajoute  t-il ,  au  con- 
fluent de  la  Save  ;  Se  comprend  les  peuples  appelles  Dar- 
dani ,  Ceiegeri  ,  Tribalii ,  Timachi ,  Mccfi  Thraces  ,  Se 
les  Scythes  limitrophes  du  Pont-Euxin.  Les  principaux 
fleuves  font ,  chez  les  Dardant ,  le  Margis ,  le  Pin- 
gus ,  leTimachus ,1'Oefens  qui  fort  du  mont  Rhodope, 
l'Ut its  ,  ï'Escamus ,  &  le  Jeterus  qui  forrent  du  mont 
H&mus.  Ainfi  les  frontières  de  la  Mœfie  prenoient  depuis 
le  confluent  du  Danube  Se  de  la  Save,  où  étoit  la  ville 
de  Taurunum ,  jusqu'à  l'embouchure  du  Danube  dans 
le  Pont-Euxin,  de  façon  que  le  Danube  étoit  au  nord; 
les  montagnes  de  Dalmatie  faifoient  la  borne  au  midi, 
de  même  qu'une  grande  partie  du  mont  Htmiis  qui  fé- 
paroit  cette  contrée  de  la  Macédoine  Se  de  la  Thrace. 
Ptolomée  ,  qii  difiingue  la  Mœfie  en  Mœfie  Supérieure 
Se  en  Mœfie  Inférieure ,  diffère  de  Pline  en  ce  qu'il  étend 
entr'autres  les  bornes  de  la  Bafie-Mœfie  ou  Mœfie  In- 
férieure ,  jusqu'à  l'embouchure  du  Boryfihène.  Dans  la 
defeription  qu'il  donne  de  cette  contrée,  il  y  met  les 
places  fuivantes. 

Dans  la  Haute-Mœsie  : 


Auprès  du  Danube  ,' 


Dans  les  terres , 


Dans  la  Dardanie , 


Singidunum , 

Tricomiumy 
I  Viminatium  Legiot 

Tanatis , 
'  Eteta  y 

Dorticum  , 

Khœtiaria  Myforum, 

Orrea, 

Timacum  , 
Vendcnis  , 
Vellanis , 

Neffitm , 
Arrhibantïum  , 
Ulpianum  > 
Scupi  y 


Dans  la  Basse-Mœsie: 


A  l'orient,  le  long' 
de  la  côte  du  Pont 
Euxin   ,    depuis     les< 
bouches  du    Danube 
jusqu'à  la  Thrace, 


Le  long  du  Da- 
nube, 


Pterum  Promontoriumi 

Ifiropolis, 

Tomi , 

Gallatis  y 

Dionyfpolis , 

Tririfiris  promontoria  ; 

Odejfus  , 

Panyfi  fluminis  oftia , 

Mefcmbria. 

Regianum , 

Oescus  Triballorum  i 

Diacttm  , 
1  Nova , 
YPriman'wm , 
Yf'mftû  Cvitas , 
\Durofiorum  Legio  ,' 
*ïromarisca  , 
\Sucidava , 
\Axium  Civitas  , 

..irjum , 
YTrismis  , 

Dinogetia, 

Nmodunum  ,' 
'Sitiotenta, 


MOE 


MOG 


En-deçà  du  Da- 
nube, 

Depuis  l'embou- 
.çhuredu  Boxyfthène 
jusqu'à  celle  du  Da- 
nube, le  long  de  la 
çôtedu  Pont-Euxin , 

Le  long  du  fleuve 


£  Dausdana, 
i.  Tiùisca. 

'  Axiaciflummis  Ojlia , 
Physcu  Civitas , 
Tyrœfluminis  Ofiia  > 
Hermonailus  Villa  » 
Arpis  Civitas. 


Hierafus , 


;Zargidava , 
Tamafïdava  , 
[^  Piroboridava. 


Niconium , 


En-deçàdu  fleuve   ï  0phiufa  t 


Hierafus, 

Ifles  fur  la  côte  du 
Pont-Euxin. 


{ 


Tyras  Civitas. 


{Infula  ditla  Boryfihenis , 
Acbillis  Infula  alba. 


MCESIE  (  La  haute  ) ,  eft  appcllée  Zirfi  par  Leun- 
clavius  ;  Servie ,  par  Lazius  ;  Bosne  par  Cufpianus  ;  Mol- 
daine  pan  Taurinus  Olmutienfis  ;  Walachie ,  par  Sabel- 
Jicus  \  Se  Hongrie  ,  par  Tzetzes ,  Cbiliad.  2.  *  Ortelii 
Thefaur. 

MCESIE  (La  basse  )  a  été  quelquefois  nommée 
Flaccia  ,  à  ce  que  dit  Sabellicns  :  Pomponius  Sabinus 
î'appelle  le  Grenier  de  Cerès  ;  Taurinus  croit  qu'on  doit 
la  nommer  Walachie  ,  aufli  bien  que  la  haute  Mœfie  ; 
&  divers  auteurs  lui  donnent  le  nom  de  Bulgarie.  Dans 
Jornandès  elle  a  celui  de  Scytbie  Mineure  ;  dans  Zofime  , 
celui  de  Scytbie  de  Thrace.  Ovide  ,  de  Trift.  en  plufieurs 
endroits  l'appelle  Amplement  Scytbie  ,  nom  fous  lequel 
Arrien  ,  Peripl.  ï.  la  connoît  pareillement.  Orrelius  , 
Thefaur. geogr.  I.  i.v.  102.  croit  que  c'eft  de  cette  con- 
trée, dont  Plutarque  entend  parler  fous  le  nom  de  Scytbia 
Œontica  ,  Se  que  ce  font  fes  habitans  qu'il  appelle  Scy- 
thogermani,ou  KiXlo<rx<jQxi. D'autres  l'ont  nomméePont ica 
tnaritima  ;  Se  Ovide  ,  Ptolomée  ,  auiTi  bien  qu'Etienne 
le  géographe  ,  donnent  le  nom  de  Pontus  à  la  partie 
de  cette  contrée  ,  qui  eft  le  long  du  Pont-Euxin.  *  Ortelii 
Thefaur. 

i.  MCESIE  ,  ville  de  Phrigie  ,  au  voifinage  de  Troie , 
(elon  Scrvius  ,  fur  ce  vers  de  Virgile  : 

....  Nulle   tan  thm  fe  Mafia  cultii 
Jalht. 

Etienne  le  géographe  nomme  cette  ville  Myfîa  ,  Se 
il  y  a  apparence  que  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire.  *  Ortelii 
Thefaur. 

MCËSIUM  ,  ville  de  l'Etrurie  ,  félonies  origines  attri- 
buées à  Caton.  C'etl  du  nom  de  cette  ville  qu'avoit 
été  formé  celui  de  Sylva  Mœfta.  Voyez.  M<esia. 

MOESKIRCK,  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  dcSuabe, 
dans  le  Hegow  fur  la  rivière  d'Abkch ,  au  fud-oueft  de 
la  ville  de  Mengen.  Cette  ville  eft  petite  ,  mais  allez 
jolie.  C'eft  le  chef-lieu  d'une  baronnic  qui  a  pris  fon 
nom  de  cette  ville.  Les  barons  de  Moeskirck  font  une 
branche  des  comtes  de  Furftcmberg  ,  qui  a  été  faite 
par  Wratifi.is ,  fils  aîné  de  Chriftophe  II  Se  de  Doro- 
thée de  Stenberg.  *  De  l'IJle  ,  Atlas. 

MCESUS  ,  Mesus  Se  Nyfcsus  -,  car  on  trouve  ces  trois 
noms  dans  Valerius  Flaccus ,  /.  6.  pour  défigner  le  même 
peuple  qui  habitoit  la  Scvthie  Pontique.  Comme  ce 
peuple  tiroit  fon  nom  de  celui  de  la  Mœfie  Euro- 
péenne ,  il  y  a  apparence  que  M(ESus  eft  la  vérita- 
ble orthographe.  *  Ortel.  Thef. 

ï.  MŒURS  comté  enclavé  dans  l'éledrorat  de 
Cologne.  Le  Rhin  le  fépare  du  comté  de  la  Marck.  On 
lui  donne  14  lieues  de  tour.  Ce  comté  a  appartenu  à  la 
maifon  de  Nafiau-Orange  ,  le  roi  de  Prufie  en  a  hérité , 
&  c'eft  en  fa  faveur  que  l'empereur  Joseph  la  érigé  en 
principauté. 

2.  MCEURS,  capitale  du  comté  de  même  nom,  eft  à  la 
gauche  du  Rhin.  Ellecft  force,  &  défendue  par  unebonne 
citadelle.  Elle  a  depuis  peu  rang  de  ville  impériale  au 
banc  de  l'empire. 

MOFFET ,  petite  ville  de  l'Ecoflc  méridionale ,  dans 


33X 

la  province  d'Annandale  ,  vers  le  nord.  Elle  eft  rcmar- 
quable  par  ces  eaux  médicinales.  *  Etat  prefentdela. 
grande  Bretagne,  t.  2.  p.    232. 

MOFILA  ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  dans 
la  Louifiane  ,  au  bord  de  la  rivière  de  faine  Jean ,  vers  les 
fources ,  à  vingt  ou  vingt-cinq  lieues  dans  les  terres ,  au 
nord  du  golfe  du  Mexique.  Ce  peuple  n'eft  pas  confi- 
dérable. 

MOGADOR  ,  ifle  &  château  d'Afrique  ,  au  royaume 
de  Maroc  en  terre  ferme  ,  à  cinq  milles  de  l'Océan ,  près 
du  cap  d'Ozem  On  tient  que  c'eft  l'ifle  d'Erythrée 
des  anciens.  Les  rois  de  Maroc  Tiennent  dans  le  château 
une  garni  fon  de  deux  cens  hommes  ■,  pour  la  garde  des 
mines  d'or  &  d'argent,  qui  fontfituées  dans  la  montagne 
voifine.  Dapper,  Defcript.du  royaume  de  Maroc  ,p.  13  3, 

MOGAMl ,  province  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifla 
Nipos ,  Se  dans  le  royaume  de  Devra. 

MOGARON  ,  ville  de  la  Galatie.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  la  met  fut  la  route  de  Tavia  à  Sebafte  ,  entre 
Tavia  Se  Daranon  ,  à  trente  milles  de  la  première  Se  à 
24  milles  de  la  féconde.  Simler  prétend  que  cette  ville 
eft  appellée  Mochora  dans  la  notice  des  dignités  de 
l'empire. 

MOGETIANA  ou  Mogentiana  .ville de  laPanno- 
nie  inférieure.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la 
route  de  Sirmium  à  Trêves ,  entre  Valcum  Se  Sabaria  , 
à  trente  milles  de  la  première  de  ces  places  ,  Se  à 
trente-fix  milles  de  la  féconde.  Simler  lit  aufîi  Mage' 
tiana.  Lazius  croit  que  c'eft  la  même  ville  qui  eft 
nommée  Magniana  dans  Ptolomée  ,  Se  Magia  dans 
Etienne  le  géographe  :  il  conjecture  de  plus  que  cette 
ville  s'appelle  aujourd'hui  Zika.  *  Ortelii  Thefaur. 

MOGGORESEA.  Voyez,  Magora. 

MOGILNO  ,  abbaye  de  Pologne  ,  dans  le  diocèfo 
de  Gnesne.  Elle  eft  de  l'ordre  de  faim  Benoît.  Nicolas». 
fon  abbé  ,  eut  ordre  l'an  1 3 1 9  du  pape  Jean  XXII ,  d'ex- 
communier conjointement  avec  l'archevêque  de  Gnesne 
&  l'evêque  de  Posnanie  ,  tout  l'ordre  des  chevalier» 
Teutoniques,  s'ils  ne  rendoient  aux  Polonois  laPomé- 
ranie  ,  dont  ils  s'étoient  faifis.  *  Dhtgojf  p.  974. 

MOGLAENAév  Mogle  ,  en  grec  mû? *sio<  ,  peuple» 
de  Macédoine  ,  félon  Cédréne  Se  Curopalate.  Voyez. 
Moccle  Se  Notia. 

MOGLINTENSIS  CAMPUS  ,  campagne  de  France  , 
fur  le  Clin ,  à  dix  milles  de  l'bitiers ,  félon  Surins  dan» 
la  vie  de  Saint  Rcmi.  Ce  même  écrivain  a  remarque 
qu'/£milius  nommoit  cette  campagne  V^gLidenfs.  Gré- 
goire de  Tours  écrit  Vocladenfis  ;  Se  Ma/Ton  prétend 
qu'elle  retient  le  nom  de  Voglenfis. 

MOGLITZ  ,  petite  rivière  d'Allemagne  ,  dans  I* 
haute  Saxe  où  elle  coule  dans  la  Misnie  ,  pane  près  de 
Pirn  Se  fe  joint  à  l'Elbe  *  Zeyler ,  Saxon.  Topog. 

MOGNENEINS  , bourg  de  France, dans  le  comraf 
Venaiflin  ,  au  diocèfe  de  Lyon  ,  châtellenie  de  Toifley. 
Ce  lieu  eft  fitué  près  de  la  Saône,  à  une  lieue,  au  midi  d# 
Toifley  ,  Se  il  y  a  un  château. 

1.  MOGOL  (  Le  )  -,  ce  nom  eft  le  nom  d'une  horde 
de  Tartares  connue  fous  le  nom  de  Mogoi.s  5  Moguls  » 
Monguls  Se  Mongales.  Timur-Bec,qui  en  étoit ,  avant 
conquis  la  plus  grande  partie  de  l'Afie  ,  Se  fondé  urt 
grand  empire  dans  l'Indouftan  ,  fes  fuccefieurs  ont 
affecté  le  nom  de  Mogols.  Ainfi  il  faut  diftinguer  deux 
pays  trcs-difTércns,  ausquels  le  nom  de  Mogol  efteom- 
mun.  11  y  a  le  Mogoliflan  ,  c'eft-à-dire  le  pays  des  Mo- 
gols ,  Monguls  ou  Mongales  dans  la  grande  Tartarie  , 
bien  au  nord  du  mont  Imaus.  Voyez,  au  mot  Mongales. 
Il  y  a  outre  cela  l'empire  du  grand  Mogol.ou  de  l'Indous- 
ftan ,  où  coulent  le  Gange  &  le  Sinde  qui  eft  1  Indus  des 
anciens  ,  Se  c'eft  de  ce  dernier  pays  que  nous  traitons 
dans  l'article  qui  fuir. 

2.  MOGOL  (l'empire  du  ) ,  grand  pays  d'Afie ,  dans 
les  Indes ,  ausquclles  il  donne  propremenr  le  nom.  Il 
eft  borné  au  nord  par  l'Imaiis  ,  longue  chaîne  de  mon- 
tagnes où  font  les  fources  du  Sinde  Se  du  Gange  ,  Se 
qui  le  fépare  de  la  grande  Tartarie.  11  a  à  l'orient  des 
pays  très-peu  connus  des  Européens  &  le  royaume  d'A- 
racan  ,  qui  dépend  de  la  couronne  de  Pégu.  Au  midi 
le  golfe  du  Gange  ,  Se  la  presqu'ifle  de  Malabar  Se  de 
Coromandel ,  datas  laquelle  il  a  conquis  fous  les  der- 
niers régnes  les  pays  de  Décan  ,  de  Golconde  Se  quel- 


MOG 


33* 

ques  autres.  Il  efè  borné  au  couchant  par  la  Perfe  & 
par  les  Agwans ,  qui  occupent  le  pays  de  Candahar. 

Timur-Bec,  ou  Tamerland  fut  le  fondateur  de  l'em- 
pire des  Mogols  dans  l'Indouftan  ,qui  letil  de  tant  d'états 
conquis  par  ce  fameux  Tartarc  ,  elt  demeuré  dans  fa 
famille.  *  Le  Père  Catrou  ,  Hiftoire  générale  du  Mo- 

&o]' 

Miracha  fuccéda   à    fon   père  dans   l'Iraque    Per- 

fienne ,  le  Cabuleftan  ôc  les  Indes.  11  établit  le  fiége  de 
fon  empire  à  Herat  ;  il  entretint  la  domination  de 
fon  père  dans  l'Indouftan  ,  &  fut  tué  en  1 45  1  ,  après 
un  règne  de  quarante-fix  ans.  *  Tbevenot  ,  Voyage  des 
Indes ,  p.  10. 

Il  laifla  le  royaume  à  fon  fils  Abouchaïd  ,  qui  fut 
chafle  du  thrône  à  caufe  de  fon  oifiveté  ,  mais  qui  re- 
couvra la  couronne  Ôc  répara  fes  fautes  par  des  actions 
de  valeur.  Extrême  en  tout,  il  livra  fa  vieillefle  à  des 
guerres  ,  qu'il  ne  devoir  pas  entreprendre  :  celle  qu'il  fit 
contre  Ufum-Caflan  ,  fut  tout-à  la  fois  téméraire  ÔC 
malheureufe  ,  ôc  lui.  conta  la  vie. 

On  croit  queSec-Omor  ,  ou  Sceick -Omar  ,  fon  fils , 
<jui  avoit  eu  pour  héritage  le  Maouarennahar  ,  autre- 
ment la  Tranfoxane  ,  retint  aux  Indes  tout  le  pouvoir 
qu'y  avoit  en  Abouchaïd.  Il  n'eut  rien  de  l'impétuofité 
tartare.  On  lui  reprocha  un  peu  trop  d'oifiveté  ,  & 
elle  paroiffoiten  lui  d'autant  plus  extraordinaire  ,  qu'il 
ctoit  environné  de  princes  belliqueux 

Babor,  fon  fils,  prit  la  réfolution  de  s'établir  entière- 
ment aux  Indes.  Il  fe  déguifa  pour  aller  reconnoître  Jes 
mœurs  des  Indiens  :  il  fit  enfui  te  la  conquête  de  l'In- 
douftan ôc  y  établit  des  loix,  qui  lui  acquirent  la  réputa- 
tion d'un  prince  fage.  Il  mourut  en  1530. 

Il  s'en  fallut  peu  que  le  fultan  Houmaioun  ,  fon  fils 
ne  perdit  ce  grand  empire.  Il  fut  détrôné  par  un 
prince  Patane  ;  mais  quelque  tems  après  il  trouva  moyen 
de  fe  rétablir  fur  le  thrône.  Il  mourut  en  1552. 

Akebar  ou  Ackbar  ,  fucce fleur  de  Houmaioun  ,  réunit 
en  fa  perfonne  toutes  les  bonnes  qualités  des  princes 
Àlogols  ,  presque  fans  aucun  mélange  de  ces  défauts 
qui  nous  les  font  regarder  comme  des  Barbares.  Il 
ajouta  divers  états  à. fon  empire  ,  fe  fit  auteur,  d'une 
nouvelle  religion  ,  par  laquelle  il  vouloit  ramener  à  une 
feule  créance  fes  fujets  idolâtres  ,  Mahométans  ôc  Chré- 
tiens ,  en  unifiant enfemble  ce  qui  tenoit  le  plus  à  cœur , 
à  ceux  qui  profeflbient  c%s  différentes  religions.  11  s'em- 
poifonna par  une  méprife,&  mourut  en  1605. 

Selim  ,  fon  fils  aîné  ,  fe  fit  couronner  fous  le  nom 
de  Dgihan-Ghir.  Ce  fut  un  prince  indolent  ;  il  mou- 
rut à  Bimber  en  1627.  Son  petit-fils  Bolaqui ,  ou  Bullo- 
qui ,  régna  environ  trois  mois  ;  mais  il  fur  étranglé  par 
ordre  du  fultan  Chorrom  ,  fils  rebelle  de  Jean-Guir , 
qui  prit  le  nom  de  Cha-dgiam  en  1628.  Comme  le  fang 
8c  la  rébellion  l'avoient  mis  fur  le  trône  ,  il  éprouva 
de  la  part  de  des  enfans  ies  mêmes  maux  qu'il  avoit  cau- 
fés  à  fon  perc  :  fon  empire  fut  presque  toujours  en  con- 
fufion  par  leur  jaloufie  ,  ôc  enfin  il  romba  lui-même 
entre  les  mains  d'Aurengzeb  ,  le  troifiéme  de  fes  quatre 
fils  ;  ce  fur  un  des  plus  puiflant  monarque  de  l'Inde  ,  il 
fournit  les  royaumes  de  Vifapour ,  de  Golke  ôc  de 
Carnate.  Son  nom  ,  qui  fignifie  Trône  d'or  ,  lui  avoit  été 
donné  par  fon  père,  à  l'occafiondu  fuperbe  trône  que 
ce  prince  avoit  fait  élever ,  ôc  qui  étoit  eftimé  plus  de 
vingt  millions.  Aurcngzeb'  mourut  âgé  de  90  ans.  Son 
fils  Schah-Alem  lui  fuccéda  ,  ôc  mourut  à  Page  de  <?8 
ans.  Après  fa  mort,  fes  quatre  fils  fe  disputèrent  le  trô- 
ne ,  ôc  périrent  dans  la  même  année.  Faronckh  ,  fils 
de  l'un  d'eux,  monta  fur  le  trône,  fur  depofé  en  171 9. 
Rafierdan  lui  fuccéda  ôc  fut  tué  trois  mois  après.  Son 
frère  Baschid-Eddoulet  lui  fuccéda  &  mourut  en  1725, 
Mahomet-Schah  ,  petit-fils  de  Schah-Alem  ,  fut  procla- 
mé empereur.  Ce  fut  fous  fon  règne  que  Thamas  Cou- 
likhan  ,  autrement  Nadir-Schah  ,  pénétra  dans  l'Inde, 
fournit  ce  pays ,  ôc  après  s'être  contenté  de  la  ceflïon 
de^  quelques  provinces,  laifla  Mohammed-Schah  furie 
trône  ,  ôc  s'en  retourna  en  Perfe.  *  Hift.  générale  des 
Hims  ,  t.  1 .  p.  1 00. 

Aurcngzeb  ,  pour  affurer  le  trône  dont  il  s'étoit  em- 
paré, fit  mourir  Data  fon  frère  aine  ,  contraignit  le  fé- 
cond de  fes  frères  à  chercher  un  afile  au  royaume  d'Ar- 
raean  ,  ôta  la  vie  au  dernier  de  fes  frères ,  régna  paifi- 


MOG 


blement  à  la  place  de  fon  père  ,  ôc  foutint  par  fon  ha- 
bileté un  feeptre  ,  dont  il  s'éioit  emparé  par  adrefle. 

Il  eft  confiant  que  l'empire  du  Mogol  ,  qu'on  appelle 
communément  les  Indes  ou  l'Indoufian ,  eft  d'unegrande 
étendue.  Il  ne  paroît  pas  qu'on  l'ait  mefuré  mathémati- 
quement ;  mais  à  en  juger  par  les  journées  qu'on  met 
à  traverfer  le  pays  ,  depuis  la  fronticie  du  royaume  de 
Golkonde  ,  jufques  par- de  là  Kasni  ,  proche  de  Kanda- 
har  ,  qui  elt  la  première  ville  de  Perfe  ,  on  y  trouvera 
plus  de  cinq  cens  lieues.  *Bernier  ,  Voyage  ,  t.  1.  p.  271, 
ôc  fuiv. 

11  y  a  des  cantons  fi  fertiles  ,  qu'ils  le  disputent  à  l'Egy- 
pte. LeMogolelt  affez  peuplé  :  l'artifan,quoiqueparefleux 
de  fon  naturel  ,  ne  laiflè  pas  par  néceffité  ou  autre- 
ment de  s'appliquer  aux  manufacteures  des  tapis  ,  bro- 
cars  ,  broderies. ,  toiles  d'or  ôc  d'argent ,  ôc  aux  divers 
ouvrages  de  foie  ôc  de  coton  ,  dont  on  fe  fert  dans  le 
pays ,  ou  qu'on  tranfporte  ailleurs. 

Le  grand  Mogol  entretient  toujours  un  nombre  prodi- 
gieux de  troupes  :  ce  qui  le  rend  le  fouverain  le  plus  re- 
doutable des  Indes.  On  peut  rapporter  comme  à  trois 
ordres  toute  la  milice  de  ce  grand  empire.  Le  premier 
eft  cette  armée  que  le  Mogol  entretienr  toujours  dans 
fa  capitale ,  ôc  qui  tous  les  jours  monte  la  garde  devant 
fon  palais.  Le  fécond  ,  ces  foldats  qui  font  répandus 
dans  toutes  les  provinces  de  l'empire.  Le  troifiéme  ,  ces 
troupes  auxiliaiiesd'Indiens  que  les  rajas,  vaflaux  de  l'em- 
pereur ,  font  obligés  de  fournir  an  Mogol.  L'armée  qui 
campe  tous  les  jours  aux  portes  du  palais  ,  foit  que  la 
cour  foit  à  Dely  ou  à  Agra, monte  au  moins  à  cinquan- 
te mille  hommes  de  cavaleiie  ,fans  compter  cette  pro- 
digieufe  multitude  d'infanterie  ,  dont  les  deux  capitales 
font  pleines.  Auffi  lorsque  l'empereur  fort  en  campa- 
gne ,lcs  deux  villes  ne  font  plus  que  comme  deux  camps 
qu'une  grofle  armée  auroit  abandonnés.  Tout  fuit  la 
cour  ;  ôc  fi  l'on  en  excepte  le  quartier  des  Banianes  , 
c'elt-à-dire  des  gros  négocians  ,  le  relie  paroît  dépeuplé. 

Pour  connoitre  la  multitude  des  foldats  que  le  Mo- 
gol entretient  hors  de  fa  cour  ,  il  fufht  de  faire  atten- 
tion à  la  quantité  des  royaumes  qui  compofent  l'empire 
du  Mogol.  Si  l'on  en  croit  les  hiftoriens  du  pays  ,  on 
en  compte  jusqu'à  cinquante  quatre  ■-,  mais  en  iuivant 
une  diftribution  moins  détaillée  ôc  telle  qu'on  la  fait 
d'ordinaire  en  Europe  ,  on  réduit  tant  de  royaume  com- 
pris dans  l'enceinte  du  Mogol  .environ  à  vingt  ;  car  les 
autres,  à  vrai  dire  ,ne  font  préfentement  que  de  gran- 
des provinces  dépendantes  de  quelqu'un  des  royaumes 
fuivans  ,  ausquels  je  joindrai  le  nombre  des  troupes 
qu'on  y  entretient.  11  faut  feulement  remarquer  que  dans 
les  troupes  du  Mogol  les  gens  de  pied  ,  à  rout  compter, 
y  font  toujours  au  double  des  gens  de  cavalerie  ,  ainfi  je 
ne  parlerai  que  de  la  cavalerie,  on  fuppléera  l'Infanterie. 

Royaumes  qui  compofent  l'empire  du  Mogol ,  ôc  le 
nombre  des  troupes  qui  y  font  entrenues. 


chevaux. 

chevaux. 

Dely , 

15000. 

Lahor, 

12000. 

Agra, 

15000. 

Asmir , 

éoOO. 

Guzuratte , 

IOOOO. 

Bacar , 

4O30. 

Mallua , 

7000. 

Urecha , 

4OOO. 

Patana , 

7000. 

Cachemire 

,        4OOO. 

Barar  , 

7009, 

Decan , 

80OO. 

Brampour , 

6000. 

Nandé  , 

600O. 

Baglana  , 

5000. 

Bengale , 

40COO. 

Ragemal , 

40CO. 

Ugen  , 

IJOOO. 

Maltan, 

é"ooo. 

Vifapour, 

•      •       •      » 

Cabul , 

6000. 

Golconde, 

2OO0. 

Tara, 

4000. 

Lorsque  la  cour  réfide  à  Dely  ou  à  Agra  ,  on  peut 
aflurer  que  l'empereur  y  entretient  à  fa  folde  ,  même  en 
rems  de  paix  ,  près  de  deux  cens  mille  hommes 

Tandis  que  le  fouverain  conferve  affez  d'autoiité  fur 
les  vicerois  ôc  affez  d'empire  fur  les  troupes  pour  les 
rendre  fidèles ,  nul  fijulevement  n'eil  à  craindre  ;  mais 
lorsque  les  princes  du  fang  Mogol  fe  révoltent ,  ils  trou- 
vent fouvent  dans  la  milice  du  fouverain  de  quoi  lui 
faire  la  guerre. 

Les  troupes  auxiliaires  que  les  rajas  ,    vaflaux   de 

l'empire , 


MOG 


MOG 


ÏVmpîrc  }  font  obligés  de  fournir  au  Mogol ,  augmentent 
encore  fes  forces  :  il  eft  vrai  qu'on  s'en  fert  fouvent  dans 
tes  guerres  ,  moins  par  néceffité  que  pargrandeur.  C'e/t 
Tin  tribut  qu'il  cil  toujours  honorable  d'exiger  ,  &  l'on 
s'aiîiue  de  la  fidélité  des  tributaires  par  leurs  troupes 
qu'on  retient  à  fon  fervice.  On  compte  dans  l'Indou- 
ftan  jusqu'à  quatre-vingt-quatre  decesprinces ,  qui  con- 
fervent  encore  une  espèce  de  fouveraineté  dans  leur  an- 
cien pays  :  cependant  on  peut  dire  que  la  plupart  d'en- 
tr'eux  n'eft  diftinguée  des  omrhas  à  la  cour  du  Mogcl  , 
que  par  les  mépris  du  prince  Se  par  les  mauvais  trai- 
temens  des  grands  offi#icrs  ;  il  eft  vrai  que  les  rajas  ont 
des  terres  en  propre  Se  que  leur  poftérité  hérite  de  leur 
dépouille  ;  mais  c'eft  presque  le  feul  avantage  que  la  fou- 
veraineté leur  donne  fur  les  omrhas  Mahométans,  qui 
Tous  font  des  gens  de  fortune  ,  dont  les  enfans  retour- 
nent fouvent  dans  le  néant  ,  d'où  le  mérite  ou  la  faveur 
avoir  tiré  leurs  pères.  Quelques  rajas  idolâtres  confer- 
vent  encore  quelqu'ombre  de  grandeur  ,  même  en  la 
préfence  du  Mogol  ;  trois  fur-tout ,  dont  les  états  font 
également  peuplés ,  riches  &  inabordables  ,  font  leur 
cour  à  l'empereur.  Ce  font  les  rajas  de  Sedussie  ,  de 
Rator  Se  de  Chagué.  Il  n'y  a  point  de  fi  petite  bour- 
gade qui  n'ait  au  moins  deux  cavaliers  Se  quatre  fantas- 
fîns  :  ce  font  les  espions  de  la  cour  ;  ils  font  obligés  de 
rendre  compte  de  tout  ce  qu'ils  voient ,  &  l'on  envoie 
•des  ordres  dans  les  provinces  fuivant  leurs  déla- 
tions. 

Les  éléphans  de  l'empereur  font  encore  une  des  forces 
de  fon  armée  Se  un  ornement  de  fon  palais  :  il  en  nourrit 
jusqu'à  cinq  cens.  Le  Mogol  leur  donne  à  tous  des  noms 
pleins  de  majelté  &  qui  conviennent  à  ces  grands  ani- 
maux ,  comme  Dut  Hingar,  qui  lignifie  la  terreur  desar- 
mec  .Les  harnois  de  ces  éléphans  font  d'une  magnificence 
qui  étonne  ;  celui  que  monte  l'empereur  a  fur  le  dos  un 
trône  tout  éclatant  d'or  Se  de  pierres  précieufes  ;  les 
autres  font  couverts  de  plaques  d'or  Se  d  argent,  de  hous- 
fes  en  broderie  d  or  ,  de  campanes  Si.  de  franges  d'or. 
Il  i'embie  que  le  Mogol  ait  pris  plailir  d'épuifer  la  magni- 
ficence à  parer  ces  animaux  ;  auifi  ce  font  fes  carottes 
&  fes  voitures  les  plus  ordinaires.  L'éléphant  du  trône 
qu on  appelle  Oranggas  ,  c'elt-à-dire  le  capitaine  des 
éléphans .  a  toujours  un  gros  train  à  fa  fuite  Se  grand 
nombre  d'officiers  à  fon  fervice.  Il  ne  marche  jamais  qu'il 
ne  foit  précède  de  tymbales  Se  de  trompettes ,  Se  qu'on 
ne  porte  devant  lui  des  bannières;  il  a  triple  paye  pour 
fadépenfe.  Lanourriture  dechaqueéléphantett  comptée 
par  jour  fur  le  pied  de  vingt-cinq  roupies  ,  c'eft- à-dire 
de  trente  deux  a  trente  trois  livres ,  monnoie  de  France. 
On  entretient  encore  dix  valets  pour  avoir  foin  de  cha- 
que éléphant.  Ces  éléphans  font  également  drefles  pour 
la  chatte  Se  pour  le  combat  :  ils  attaquent  les  lions  »  les 
tigres ,  Se  c'eft  pat-là  qu'ils  s'accoutument  au  carnage. 

Il  n'y  a  point  d'arfenaux  dans  le  Mogol  :  chaque 
conducteur  de  troupes  eft  obligé  de  fournir  des  armes 
à  fes  foldars;  autti  voit-on  dans  les  armées  un  mélange 
de  moufquets ,  d'arcs  ,  d'épées ,  de  cimeterres  &  de  lan- 
ces. Pour  l'arfenal  particulier  de  l'empereur  ,  on  peut 
dire  que  rien  n'eft  plus  magnifique,,  Toutes  fes  armes  y 
cela  ent  de  pierreries. 

Pour  Contenir  une  pareille  dépenfe  il  faut  de  grands  re- 
venus; auifi  ceux  du  Mogol  font-ils  immenfes.  En  voici 
la  lifte  tiu:e  des  archives  de  l'empire;  mais  afin  d'en  avoir 
■l'inrelligencedl  faut  fuppofer  deuxchofes:premierement, 
que  tous  les  royaumes  de  l'empire  k  divifemen  Sarcars  t 
ce  qui  veut  dire  provinces ,  Se  que  les  Sarcars  fe  divi- 
fent  encore  en  Parganas ,  c'eft  à- dire  en  gouvernemens 
dans  l'étendue  d'une  province  ;  ce  font  ,  à  proprement 
parler,  des  foufermes  :  fecondement  ,  il  faut  fuppofer 
que  félon  la  manière  de  compter  dans  l'Indouftan  un 
carol  vaut  cent  laqs ,  c'eft  a  dire  dix  millions ,  Se  qu'un 
laq  vaut  cent  mille  roupies  ;  enfin  ,  que  les  roupies  va- 
lent à  peu  près  trente  fols ,  monnoie  de  France. 

Le  royaume  de  Dely  a  dans  fon  gouvernement  huit 
far  car  s  Se  deux  cens  vingt  p^rg^w^j  qui  rendent  un  carol, 
Vingt-cinq  laqs  &  cinquante  mille  roupies. 

Le  royaume  d'Agra  compte  dans  fon  enceinte  quator- 
ze farcars  Se  deux  cens  foixante  Se  huir  parganas  ,  qui 
rendent  à  l'emperenr  deuxcarols,  vingt-deux  laqs  Se  trois 
mille  cinq  cens  cinquante  roupies, 


537 

Dans  retendue  du  royaume  de  Lahor  ,  on  trouve  cinq 
farcars  &  trois  cens  quatorze  parganas,  qui  tendent  deux 
carols  ,  trente-trois  laqs  &  cinq  mille  roupies., 

Dans  le  royaume  d'Asmir  fes  farcars  &  fes  parganas1 
payent  deux  carols,  dix -neuf  laqs  &  deux  roupies. 

Le  royaume  de  Guzuratte  qui  renferme  neuf  farcars 
&  dix-neuf  parganas  ,  donne  deux  earols  ,  trente  trois 
laqs  Se  quatre-vingt-quinze  mille  roupies. 

Le  royaume  de  Mâlua  ,  divifé  en  onze  farcars  &:  en 
deux  cens  cinquante  petits  parganas  ,  ne  rend  qae  qua- 
tre vingt-dix-neuf  laqs ,  fix  mille  deux  cens  cinquante 
roupies. 

On  compte  dans  le  royaume  de  Bear  huit  farcars  Se 
deux  cens  quarante  cinq  petits  parganas,  qui  produifent 
un  carol,  vingt  Se  un  laqs  &  cinquante  mille  roupies. 

Dans  le  royaume  de  Multan  les  quatorze  farcars ,  par- 
tagés en  quatre  vingt-feize  paiganas,  ne  donnent  que 
cinquante  laqs  ,  Se  vingt-cinq  mille  roupies. 

Le  royaume  de  Cabul,  divife  en  trente-cinq  parganas , 
ne  rend  que  trente  deux  laqs&  fept  mille  deux  cens 
cinquante  roupies. 

Le  royaume  de  Tata  paye  foixante  laqs  Se  deux  mille 
roupies. 

Celui  de  Bacar  paye  feulement  vingt-quatre  laqs. 

Quoique  dans  le  royaume  d'Urecha  on  compte  onze 
farcars  Se  un  affez  grand  nombre  d°  parganas  ,  on  ne 
paye  que  cinquante  fept  laqs  Se  fept  mille  cinq  cens 
roupies. 

Les  quarante-fix  parganas  du  royaume  de  Cachemire 
ne  rendent  que  trentetinq  laqs  Se  cinq  mille  roupies. 

Le  royaume  d'IUavas  avec  fes  dépendances  ,  rend 
foixante  Se  dix-fept  laqs  Se  trente-huit  mille  roupies. 

Le  royaume  de  Decan  ,  qu'on  divife  en  huit  farcars 
Se  en  foixante  Se  dix  neuf  parganas  paye  un  carol  foixan- 
te deux  laqs  ,  Se  quatre  mille  fept  cens  cinquante  roupies. 

Au  royaume  de  Barar  on  compte  dix  farcars  Se  cens 
quatre-vingt-onze  petits  parganas  ,  d'où  l'empereur  tire 
un  carol  ,  cinquante-huit  laqs  Se  fept  mille  cinq  cens 
roupies. 

La  grande  province  de  Candis ,  qui  peut  être  mife 
fur  le  pied  des  royaumes  ,  rend  au  Mogol  Un  carol* 
onze  laqs  Se  cinq  mille  roupies. 

Le  royaume  de  Baglana  a  quarante-trois  parganas  : 
l'empereur  en  tire  foixante  &  huit  laqs ,  Se  quatre-vingt- 
cinq  mille  roupies. 

On  ne  paye  au  royaume  de  Nandé  que  foixante  Se 
douze  laqs. 

Dans  celui  de  Bengale  on  donne  à  l'empereur  quatre 
carols. 

Le  royaume  d'Ugen  rend  deux  carols. 

Celui  de  Ragemahal  un  carol  Se  cinquante  mille 
roupies. 

On  exige  du  royaume  de  Vifapour  Se  d'une  partie  de 
la  province  de  Carnatte  cinq  carols. 

Enfin  ,  le  royaume  de  Golconde  Se  une  autte  partie 
de  la  Carnatte  rendent  auili  cinq  carols. 

Le  tout  fupputé  fait  trois  cens  quatre-vingt-fept  mil- 
lions cent  quatre-vingt-quatorze  mille  roupies.  Ainfi  à 
prendre  les  roupies  des  Indes  pour  trente  fols  ou  environ 
de  la  monnoie  de  France  ,  le  domaine  de  l'empereur  du 
Mogol  lui  produit  tous  les  ans  cinq  cens  quatre-vingt 
millions  fept  cens  quatre-vingt-onze  mille  livres. 

Outre  ces  revenus  fixes ,  on  exige  tous  les  ans  un  tri- 
but par  tête  de  tous  les  Indiens  idolâtres  ;  toutes  les 
matchandifes  que  les  négocians  idolâtres  font  tranfpor- 
ter  ,  payent  aux  douanes  cinq  pour  cent  de  leurs  valeur  : 
les  Mahométans  font  exemts  de  ces  fortes  d'impôts. 
Le  blanchiffage  de  cette  multitude  infinie  de  toiles 
qu'on  travaille  aux  Indes  eft  encore  la  matière  d'unnibur. 
La  mine  de  diamans  rapporte  à  l'empereur  une  grotte 
fomme  ;  outre  qu'il  exige  les  pins  beaux  Se  les  plus  par- 
faits ,  c'eft  à  dire  tous  ceux  qui  font  au  deflus  de  trois 
huit.  Les  ports  de  mer ,  Se  particulièrement  ceux  de 
Sindi ,  de  Barocha,  de  Suratte  Se  de  Cambaye  ,  font  taxés 
à  de  greffes  fommes.L'empereur  s'empare  des  héri'ages  de 
tous  fesfujets  Mahométans ,  qui  font  à  fa  folde.  Tous  les 
meubles  ,  tout  l'argent  Se  tous  les  effets  de  celui  qui 
meurt  lui  appartiennent  de  dioit.  Par -là  les  fem- 
mes des  gouverneurs  de  provinces  Se  des  généraux  d'ar- 
mée font  fouvent  réduites  à  une  penfion  modique  ;  Se 
Tom.  IF,    V  u 


MOG 


33% 

leurs  enfans ,  s'ils  font  fans  mérite  ,  font  réduits  à  la 
mendicité.  Les  tributs  des  rajas  font  affez  çonfidéra- 
bles  pour  tenir  place  parmi  les  principaux  revenus  du 

Mogol. 

Tout  ce  cafuel  de  l'empire  égale  à  peu  près  ,  ou  furpas- 
fe  même  les  richclTes  immcnfes  que  l'empereur  perçoit 
àes  fculs  fonds  de  terre  de  fon  domaine. 

Rien  n'eft  plus  fnnple  que  la  forme  du  gouvernement 
que  les  Mogols  ont  établie  aux  Indes.  L'empereur  feul 
eft  l'ame  de  ce  grand  empire.  Toute  l'autorité  en  dans  l'a 
feule  perfonne  ,  &  ,  ai.  roprement  parler  il  n'y  a  qu'un 
feul  maître  dans  l'Indouftan.  Tout  le  refte  doit  être  plu- 
tôt regardé  comme  des  esclaves  que  comme  des  iujets. 

Les  affaires  d'état  font  toures  a  la  cour  entre  les  mains 
tie  trois  ou  quatre  omrhas  du  premier  ordre ,  qui  les 
règlent  fous  1  autorité  du  fouverain.  L'etn  acîoulet  a  le 
rang  de  premier  miniftrede  l'empereur.  Ce  n'eft  pour- 
tant affez  fouvent  qu'un  titre  fans  emploi ,  Se  une  dignité 
fans  fondions.  Quelquefois  on  choifît  pour  etmadou- 
let  un  homme  fans  expérience,  &  qui  n'a  de  fa  charge  que 
les  appointemens.Tantôt  c'eft  un  prince  du  fang  Mogol , 
dont  la  vie  a  été  affez  paifible  ,  pour  qu'on  le  laific  vivre 
jusqu'à  la  vieilleffe  ;  tantôt  c'eft  le  père  d'une  itine  favo- 
rite. Alors  tout  le  poids  du  gouverment  retombe  fur 
les  deux  fécretaires  d'état.  L'un  rafiemble  les  trefors  de 
l'empire ,  &c  l'autre  les  diftribue  Lm  troifiéme  officier  des 
finances,  mais -d'une  moindre  confidérauon  ,  elt  chargé 
de  recueillir  les  héritages  de  tous  ceux  qui  meurent  au 
fervice  du  prince.  C'eft  une  commiffion  lucrative ,  mais 
Odieufe. 

Le  commandement  des  armées  ,  lorsque  l'empereur 
lui-même  n'eit  pas  à  la  tête  de  les  troupes  ,  elt  fouvent 
confié  à  unpiince  du  fang.  Ln  l'abfence  d'un  fultan  de 
la  famille  impériale  ,  deux  généraux  fom  choitîs  par  le 
fouverain,  un  du  nombre  des  omrhas  Mahométans, 
l'autre  parmi  les  rajas  Indiens.  Les  troupes  de  l'empire 
font  commandées  par  l'omrha ,  &  les  rageputes  auxi- 
liaires n'obéiflent  qu'a  un  raja  de  leur  nation. 

Rien  n'eft  plus  uniforme  que  l'exercice  de  la  juftice 
dans  les  états  du  Mogol.  Les  vicerois ,  les  gouverneurs 
des  provinces,  les  chefs  des  villes  &  des  fimples  bour- 
gades ,  font  précifément  au  lieu  de  leur  département, 
fous  la  dépendance  de  l'empereur ,  ce  que  le  Mogol 
fait  dans  Agra  ce  dans  Deli.  Eux  feuls  rendent  la  ju- 
ftice ,  &  décident  fur  les  biens  ck  fur  la  vie  des  fujets. 
Après  tout  ,  rien  ne  fe  décide  à  leurs  tribunaux  que  ce 
qu'il  a  plû  aux  parties  d'y  porter.  Tous  ont  droit  de 
recourir  immédiatement ,  ou  à  l'empereur  lui-même  dans 
le  lieu  où  il  téfide  ,  ou  aux  vicerois  dans  la  capitale  de 
leur  vice-royauté ,  ou  aux  gouverneurs  dans  le  lieu  de 
leur  féjour. 

Ce  royaume  eft  habité  par  des  Tartares  ,  des  Maho- 
métans &  des  Ghébres  venus  de  Perfe ,  &  par  des  na- 
turels du  pays  qui  ont  une  religion  particulière ,  dont  les 
Brahmes  font  les  prêtres.  Leurs  principaux  dieux  font, 
Brahma  ,  Vischn  ,  Esvana  ou  Isouren  ,  ou  enfin  Chi- 
ven  :  outre  ces  grandes  divinités  ,  ils  en  admettent  trois 
cens  trente  millions  d'inférieures ,  dont  les  unes  font  des 
anges ,  &  les  autres  de  différens  génies. 

MOGOLA  ,  ville  aux  environs  de  la  Carie ,  félon  Por- 
phyrogenete.  *  Ortelii  Thef. 

MOGONTIA.  Voyez.  Modoetia. 

MOGONUS.  Voyez.  Mof.nus. 

MOGROW  ,  village  de  la  Haute  Hongrie  ,  dans  l'ifle 
du  grand  Schut ,  formée  par  le  Danube.  Ce  lieu  n'eft 
remarquable  que  par  la  mort  d'Albert  II ,  qui  y  finit  fes 
jours  l'an   1459. 

MOGRUS  ,  fleuve  de  la  Colchide ,  félon  Arrien , 
Feripl.  1.  7.  Pline,  /.  6.  c.  4.  écrit  Nogrus  ;  maisOr- 
telius  Thefaur.  croit  que  c'eft  une  faute  de  copifte.  Le 
père  Hardouin  en  a  jugé  de  la  même  manière.  Il  a  cor- 
rigé cet  endroit. 

MOGUER  ,  ville  d'Espagne,  dans l'Andaloufie ,  fur 
lative  orientale  du  Tinto,  environ  aune  lieue  de  l'em- 
bouchure de  cette  rivière.  Moguer  reçut  le  titre  de  ci- 
té en  1642  ,  du  roi  Philippe  IV.  *  Délices  d'Espagne  , 
p.  446".  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MOGUNTIA.  Voyez  Magontiacum. 

MOGUNTIACUM.F^ft  Modoetia. 

MOHA1LA  ,  ville  delà  Paleftine.  Il  en  eft  parlé  dans 


MOI 


la  notice  des  dignités  de  l'Embue,  fecî.  21.  où  on  lit*' 
Equités  fagittarii  indigent  Àiohailœ. 

MOHASCAR  ,  ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Tré- 
mecen  ,  dans  la  province  de  Béni-Arax.  Ce  n'eft  pro- 
prement qu'une  bourgade ,  où  il  y  a  uns  fortereffe  que 
les  Turcs  ont  achevée  ,  qu'Almanfor  commença  à  bâtir, 
parce  qu'ordinairement  il  y  réfidoir  un  gouverneur  avec 
de  la  cavalerie.  Il  y  a  quelques  pièces  d'aitillcne  ôc 
quantité  de  gens  de  guerre  ,  fous  un  commandant  que 
le  gouverneur  d'Alger  y  envoie ,  pour  tenir  en  bride 
les  Arabes  qui  errent  par  la  campagne  ,  ck  qui  ne  font 
jamais  d'accord  entr'eux.  On  y  tient  un  grand  maiché 
tous  les  jeudis  :  les  Arabes  &  les  Beiebères  y  viennent 
vendre  leur  bétail ,  leur  bled ,  leur  01  ge ,  des  îaifins  fecs, 
du  miel,  de  la  cite,  de  l'huile  &  aunes  choies  fem- 
blaoies.  Les  marchands  de  Trémeccn  y  amènent  des 
draps ,  des  toiles ,  des  baiacans ,  ou  tnanreaux  ce  pluies, 
des  mantes  ,  des  tapis ,  des  telles  à  piquer  ,  des  budes, 
deshainois  de  chevaux  &  plufieurs  autres  marchandifcs , 
dont  toute  la  conuee  \icnt  fe  pouvoir.  *  Marmot , 
Dcfc.  du  royaume  de  Trémeccn,  1    j.  c.    14. 

MOHATZ  ,  bourgade  de  la  Baffe  Hongrie  ,  dans  le 
comté  de  Baranrvar ,  au  confluent  de  la  Corafle  dans  le 
Danube.  Ce  lieu  eft  fameux  par  deux  grandes  batailles 
qui  s'y  font  données,  l'une  en  15 16,  entre  Soliman 
II  &  Louis  ,  dernier  roi  de  Hongrie  ,  ce  dans  laquelle 
ce  roi  fut  tué  avec  vingt-deux  mille  Chrétiens.  L'autre 
bataille  fut  donnée  en  1687  ,  entre  le  prince  Charles- 
Louis  de  Lorraine  &  l'armée  Turque  ,  commandée  par 
le  grand  vifir.  Les  Infidèles  perdirent  dix  mille  hommes 
dans  cette  bataille ,  avec  leur  canon  &  leur  bagage  i 
&  il  n'y  eut  que  5  ou  6  cens  Chrétiens  de  tués. 
Quelques-uns  croient  que  c'eft  l'ancienne  Amma.'cia. 
d'Antonin  ,  &  c'eft  le  fentiment  le  plus  probable.  *  De- 
l'JJle  ,  Atlas. 

MOHI,  montagne  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Queicheu  ,  à  l'orient  de  la  fortereffe  de  licie.  Cette 
montagne  eft  fort  escarpée.  11  n'y  a  qu'un  feul  chemin, 
par  où  il  ne  peur  paner  qu'un  cavalier  à  la  fois.  Ce 
chemin,  qui  eft  percé  dans  la  montagne,  eft  très-long; 
des  deux  côtés  la  montagne  forme  comme  deux  murail- 
les d'une  hauteur  prodigieufe.  *  Atlas  Sineafis, 

MOHIANG  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Queicheu  ,  au  département  de  Quei;,ang,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  elt  de  onze  degrés  trente 
minutes  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  vingt- 
cinq  degrés  vingt-fix  minutes  de  latitude.  *  Atlas  Si- 
ntnfis. 

MOHIL ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Connaught.  C'eft  une  des  cinq  baronnies  qui  compo- 
fent  le  comté  de  Letrim.  *  Etat  présent  de  l'Irlande. 

MOHILOW ,  ville  du  grand  duché  de  Lithuanie  (a} 
dans  le  palatinat  de  Msciflaw ,  fur  la  rive  occidentale 
du  Boryfthène,  entre  Otfa  au  nord,  &  Rohaczov/au 
midi.  Cette  ville  eft  grande,  bien  bâtie  &  très  -  mar- 
chande ,  vers  le  54  degré  de  latitude.  C'eft  un  entre-» 
pôt  pour  les  Moscovires  (b),  qui  y  apportent  des  pelle- 
teries &  d'autres  marchandifes  de  leur  pays.  Les  pères- 
Jéfuites  y  ont  un  collège  fondé  par  Alexandre  Go- 
fievrski ,  palatin  de  Smolensko.  Le  roi  de  Suéde  rempor- 
ta une  grande  victoire  fur  les  Moscovites  auprès  de 
cette  ville,  en  1707.  (a)  De  l'ifle ,  Atlas,  (b)  Andu 
Cellarius  ,  Defcr.  Poloniae ,  p.  43 1. 

MOHINA ,  ville  de  l'Amérique  méridionale  au  Pé- 
rou ,  dans  la  province  de  los  Charcas.  C'eft  une  ville 
ancienne,  &  où  il  y  a  eu  autrefois  de  magnifiques  bâ- 
timens,  dont  il  ne  refte  plus  aujourd'hui  que  des  mafures. 
Pizarre  en  enleva  quantité  d  or  ôc  d'argent  ,  lorsqu'il 
domta  ces  provinces.  Proche  de  ce  lieu,  que  Gariil- 
laffo  appelle  Muyna,  il  y  a  des  falines  auprès  desquelles 
fe  donna  un  combat  entre  Almagro  &  Pizarre.  On  y 
vient  de  la  ville  de  Cusco  par  le  chemin  royal  que  les 
Indiens  appellent  Collasayo.  Ce  chemin  eft  pavé  de  gros- 
fes  pierres,  &  muré  des  deux  côtés ,  à  travers  les  fpa-1» 
cieux  marais  de  Mohina. 

MOIEN  MUNSTER.  Voyez,  Moyen-Munster. 
MOIENVIC.  Voyez,  Moyen  vie. 
MOIGNAN,    rivière  de    France,  au  comtat  Ve- 
naiffin  ,  dans  la  châtellenie  d'Amberieu. 

MOINE  (L'ifle  du),  ifle  de  France,  en  Bretagne, 


MOI 


MOK 


fur  là  cote  de  l'évêcné  de  Treguier ,  ôc  Cltie  des  fept 
ifies ,  appdlécs  par  les  anciens  Siaciœ. 

MOING  ,  village  de  France ,  dans  le  Forêt ,  élection 
de  Mombrifon  ,  Se  allez  près  de  cette  ville.  Il  y  a  dans 
ce  viilage  deux  fontaines  minérales  ,  appellées  les  Fon- 
taines de  Movng.  L'ancienne  elt  un  puits  carré  qui  a 
quatre  ou  cinq  pieds  de  diamètre  ,  Se  un  couvert  fou- 
tenu  de  quatre  piliers.  L'eau  en  eft  abondante  ,  Se  ne 
bouillonne  presque  point.  La  nouvelle ,  qui  elt  la  plus 
près  de  la  ville ,  pouffe  de  gros  bouillons.  Cependant 
elle  e.t  presque  abandonnée  ;  parce  qu  on  a  remarqué 
que  plufieurs  perfonnes  fe  trouvoient  incommodées 
après  en  avoir  bu  quelques  jours.  On  s'en  tient  donc 
à  l'ancienne  fource.  L'eau  en  eft  un  peu  aigrette,  Se 
ne  tire  de  la  noix  de  galle  presque  aucune  teinture. 
On  l'ordonne  pour  rafraîchir  Se  pour  defopiler  :  par 
l'évaporation  en  en  tire  une  réfidenec  grisâtre  , 
faline  Se  nitreufe.  *  Piganwl ,  Defcription  de  la  France  , 
t.  6.  p.  220. 

MOINGONA,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale 
dans  la  Louifiane ,  venant  du  nord-eft.  Elle  prend  fa 
fource  au  midi  du  pays  des  Tintons ,  Se  après  un  cours 
de  près  de  cent  lieues,  elle  fe  jette  dans  le  Miffilfipi 
à  la  bande  de  l'oueit  ,  à  quarante  lieues  au  deffus  de 
l'embouchure  du  Milloun  :  dans  fon  cours  elle  arrofe 
de  belles  campagnes  'Se  de  grandes  prairies,  où  l'on 
trouve  une  giai.de  quantité  de  bœufs  Se  de  vaches  fau- 
vages. Cette  rivière  coule  pendant  quelques  tems  parallè- 
lement avec  la  rivière  de  Saint  Pierre  ,  qui  fort  auffi 
du  lac  des  Tintons  ;  enfuite  elle  tourne  au  fud-eft  : 
elle  n'eft  jamais  fort  large  ;  fa  décharge  dans  le  Miffis- 
fipi  eft  vers  les  quarante  degrés  trente  cinq  minutes  de 
latitude  nord.  On  prétend  que  cette  rivière  ,  qui  porre 
le  nom  d'une  des  tribus  de  la  nation  Ilinoife  .  a  été  la 
première  ftation  de  ces  Sauvages  dans  la  Nouvelle  Fran- 
ce ,  lorsqu'ils  y  vinrent  des  bords  de  la  mer.  On  conjec- 
ture que  cette*  mer  eft  celle  du  Sud. 

MOIRAS  ,  prieuré  de  l'ordre  de  Cluni,  fitué  fur 
une  élévation  fort  agréable ,  à  une  lieue  d'Agen.  Il  n'y 
avoit  qu'un  religieux  avec  le  prieur  ,  lorsqu'on  y  mie 
la  réforme,  vers  1670  ou  1680.  Maintenant,  (écri- 
voit  le  père  Martcnne  en  1708.)  il  y  en  a  fept  ou 
huit ,  qui  ont  rebâti  le  monaftere  avec  une  propreté 
&  une  beauté  qui  fait  plaifir  à  voir.  *  Voyage  littéraire , 
I.  tom.  2.  partie. 

MOIREAU  DE  CHAMBON  ,  abbaye  de  France , 
dans  le  Poitou.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Saint  Benoit ,  Se 
fon  revenu  monte  à  trois  mille  livres. 

MOIREMONT,  Miremont  ,  Morimons  ,  abbaye 
•d'hommes,  en  France,  de  l'ordre  de  Saint  Benoît, en 
Champagne  au  diocèfe  de  Châlons  fur  Marne ,  à  une 
lieue  Se  demie  de  Sainte  Menehoud  au  nord.  Elle  fut 
fondée  vers  le  neuvième  fiécle  par  un  comte ,  nommé 
Nauterus,  pour  des  chanoines.  Comme  dans  la  fuite 
elle  étoit  tombée  en  ruines,  elle  fut  rétablie  vers  l'an 
1074  ,  par  Odéric  ,  prévôt  de  l'églife  de  Rheims ,  qui 
y  mil  des  religieux  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  Elle  elt 
de  la  congrégation  de  faint  Vanne.  L'abbé  en  retire 
fept  mille  livres  ,  Se  les  religieux  quatre  mille. 

MOISEVAUX.  Voyez.  Mas-Munster. 

MOISNEY,  en  latin  Maximuiiacum,  lieu  de  France, 
dans  la  Franche  Comté.  C'eft  dans  cet  endroit  que  re- 
pofe  le  corps  de  faint  Lotein. 

1.  MOISSAC,  Muiciacum  ,  petite  ville  de  France, 
dans  le  Querci ,  diocèfe  de  Cahots  fur  le  bord  fep- 
tentrional  du  Tarn  ,  un  peu  au-deffus  de  l'endroit  où 
il  s'embouche  dans  la  Garonne.  Cette  ville  deit  fon 
origine  à  une  abbaye  qui  y  fut  fondée ,  ou  plutôt  ré- 
tablie ,  dans  le  commencement  de  1  onzième  fiécle  :  car 
on  prétend  qu'il  y  avoit  eu  au  même  lieu  un  célèbre 
monaftere  ,  fondé  par  le  grand  Clovis.  Lorsque  ce  mo- 
naftere eut  été  rétabli ,  on  le  mit  fous  la  jurisdiction 
de  faint  Hugues ,  abbé  de  Cluni ,  Se  de  fes  fucceffeurs  : 
ce  qui.  a  fubfifté  jusqu'à  la  fécularifation  qui  en  fut 
faite  l'an  16 1 8  par  le  pape  Paul  V.  Les  comtes  de  Tou- 
loufe  ,  bienfaiteurs  Se  protecteurs  de  cette  abbaye, 
avoient  la  feigneuric  delà  ville  par  moitié  avec  l'abbé  ; 
ce  qui  a  été  confirmé  par  plufieurs  jugemens  &  trans- 
actions entre  les  comtes  de  Touloufe  Se  les  abbés  de 
Moiffac.  L'abbaye  eft  à  préfent  un  chapitre  d'onze  cha- 


noines,  fous  l'invocation  dé  faint  Pierre,  Se  dont  le 
chef  prend  toujours  la  qualité  d'abbé.  *  Longiurue , 
Defcr.  de  la  France  ,  p.  181. 

Outre  l'églife  de  l'abbaye  ,  il  y  avoit  ci-devant  trois 
paroifies  hors  de  Moiffac  ;  mais  les  habitans  les  abbati-* 
rent  eux-mêmes  durant  les  premiers  troubles ,'  Se  ceux 
de  Montauban  brûlèrent  le  pont  qui  étoit  dans  le  voifi- 
nage  ,  pour  paffer  du  Querci  dans  le  Languedoc.  Autre- 
fois le  port  de  la  Pointe  étoit  à  Moiffac  ,  Se  on  le 
regardoit  comme  le  plus  beau  qui  fût  depuis  Gaillac  Se 
Touloufe,  jusqu'à  Bourdeaux  ;  mais  la  Garonne  ,  en> 
changeant  fon  cours ,  a  changé  l'affiette  de  ce  port. 
Cette  ville  a  été*auttefois  beaucoup  plus  grande  qu'elle 
n'eft  préfentement  ;  ce  que  les  reftes  de  fes  murailles 
font  connoïtre.  Les  guerres  l'ont  tant  de  fois  affligée, 
qu'elle  eft  beaucoup  déchue  de  ce  qu'elle  a  été.  Gaifer , 
roi  d'Aquitaine,  s'en  empara,  &  les  François  s'en  ren- 
dirent les  maîtres  fous  la  conduite  du  roi  Pépin.  Les 
comtes  de  Touloufe,  qui  favorifoient  l'héréfie des  Albi- 
geois, laffiégerent  en  121 2  ,  Se  abbatirent  deux  1110- 
nafteres  de  religieufes  Se  quelques  autres  églifes,  donc 
il  ne  refte  plus  que  des  vertiges.  L'année  fuivante , 
Simon  comte  de  Montfort  ,  la  reprit  fur  les  Albigeois, 
après  y  avoir  caufé  de  grands  dommages.  Enfin  ,  les 
Anglois  la  firent  brûler  Se  elle  ne  fut  rébâtie  que  plu- 
fieurs années  aptes.  *  Du  Chêne ,  Antiq.  des  villes  de 
France ,  p.  714. 

De  toute  ancienneté  les  confuls  Se  chefs  de  l'hôtel 
de  ville  de  Moiflac  ont  connu  des  crimes  des  habitans , 
q  oiqu'il  y  eût  un  juge  ordinaire  de  la  part  du  roi.  De 
Page  de  nos  pères ,  dit  André  du  Chêne  ,  on  y  établie 
une  fenéchauffée  ,  afin  qu'elle  pût  plus  facilement  avoir 
juftice,  Se  que  fes  habitans  n'euffent  plus  la  peine  dal- 
ler à  Lauferte  pour  l'obtenir.  Cette  juftice  eft  refiée  à 
Lauferte. 

La  ville  de  Moiffac  a  de  fort  agréables  vues ,  ayant 
au  feptentrion  Se  au  couchant  plufieurs  coupeaux  de 
montagnes  charges  de  vignobles  ;  à  l'orient ,  die  a  une 
vafte  campagne  couverte  d'herbes  Se  d'arbres  fort  efti- 
més  pour  la  bonté  de  leurs  fruits  ;  au  midi ,  le  Tarn 
l'arrofe.  Elle  eft  affez  riche  ,  Se  l'on  voit  toutes  fortes 
de  denrées  dans  les  marchés  ,  bleds ,  vins ,  fafran , 
huile  ,  laine ,  buis ,  fel,  poiffon  ,  &c. 

2.  MOISSAC  ou  Saint  Pierre  de  Moissac," 
bourg  de  France, dans  l'Auvergne,  diocèfe  Se  élection 
de  Clermont. 

MOKAN  ,  petite  contrée  de  Perfe ,  vers  la  mer  Cas- 
pienne Ce  n'eft  qu'une  bruyère  ,  à  laquelle  on  donne 
foixante  farsangues  de  long  Se  vingt  de  Lrge.  Les  Turcs 
la  nomment  Mindunluk. ,  c'eft-à-dire  mille  cheminées, 
ou  mille  trous  par  où  la  fumée  fort.  Les  Perfes  lui 
donnent  le  nom  de  M  o  g  a  n  ou  Mokan.  Cette 
bruyère  eft  habitée  par  plufieurs  peuples  ou  familles ,  donc 
les  prédéceffeurs  ,  qui  avoient  porté  les  armes  fous  le 
commandement  de  Jefîd  ,  contre  Hoffein  ,  furent  relea 
gués  dans  ce  défert  ;  Se  l'on  ne  foufire  point  qu'ils 
demeurent  dans  des  villes  ,  ni  même  dans  des  villages. 
L'été  ils  campent  au  pied  de  la  montagne ,  Se  l'hiver 
il  logent  fous  des  tentes  dans  la  bruyère.  Us  s'entre- 
tiennent de  leur  bétail,  Se  vivent  fort  pauvrement* 
C'eft  pour  cela  qu'on  les  appelle  SumekcRajeti ,  ou  , 
parce  que  d'os  en  os  ,  c'eft-à-dire  de  perc  en  fils  ,  il» 
font  fujets  au  roi ,  comme  les  plus  miférables  efcla- 
ves ,  ou  parce  qu'on  leur  laiffe  à  peine  de  quoi  fe  cou- 
vrir les  os.  Ce  font  comme  des  fauvaftes  ;  Se  leurs  prin* 
cipales  familles  font  connues  fous  les  noms  fuivans  : 

Chotze-Tfchau-   Elmenku,  Karaï, 

bani ,  Hatzikafilu ,        Adenduschenlu; 

Tekle,  Sultan-Baschelu,  Chaletz. 

*  Oleariiis  ,  Voyage  de  Perfe  ,  t.  2. 1.  6. 

MOKHTAR  ,  ville  de  l'iraqtie  Babyloniene  -,  fur  le 
Tigre ,  à  une  journée  de  BalTora.  *  Manuscrits  de  la. 
blibl.  du  Roi. 

MOK1TO  ou  Mokiato  ,  royaume  de  l'Inde  ,  eft 
vers  le  milieu  de  l'Inde  :  &  fait  partie  du  Tien-Tço , 
qui  veut  dire  Milieu- de-t  In  de.  La  capitale  du  Mokito 
s'appelloit  Cha  Po-Ho-Lo  Tching  ,  peut-être  Jaëpour.s 
Elle  eft  fuuée  fur  le  bord  du  Gange.  Le  roi  de  ce  pays. 
Tem.  IV  V  u  ij 


MOL 


34° 

avoir  fournis  en  621 ,  les  quatre  autres  Tieu-Tço  ,  celui 
du  midi ,  où  eft  le  cap  Comorin ,  celui  du  nord  qui 
confine  aux  montagnes  de  Kaschmire  ,  celui  de  l'orient 
,  où  eft  la  côte  de  Coromandcl ,  enfin  celui  d'occident 
où  eft  le  Malabar  ,6c  qui  s'étend  jusqu'aux  limites  de 
la  Perle.  *  Hiftotre  générale  des  Huns,  t.  1.  pag.  jj. 
56. 

MOL  A,  bourgade  du  royaume  de  Naples  (a)  dans 
la  terre  de  Labour ,  fur  le  golfe  de  Gae'te  à  l'embou- 
chure d'une  petite  rivière  ,  &  à  l'orient  de  Caftellone. 
Ce  bourg  ,  fitué  fur  l'Appienne ,  eft  défendu  par  une 
grofTe  rour  qui  le  mer  en  fureté  contre  les  descentes 
des  corfaires.  11  étoit  connu  des  anciens  fous  le  nom 
de  Formiœ  ou  Hormia.  La  beauté  de  les  jardins  le  rend 
fameux  {b);  &  il  eft  furprenant  qu'étant  dans  un  lieu 
ïi  proche  de  la  mer,  il  n'en  reçoive  point  de  domma- 
ge. On  y  voit  dans  un  jardin  un  tombeau  que  bien 
des  gens  prennent  pour  celui  de  Cicéron.  Ce  fentiment 
eft  fondé  (c)  fur  ce  que  Cicéron  avoit ,  à  ce  qu'on 
croit ,  une  maifon  de  plaifance  à  Formie  -,  outre  que  , 
quand  il  fut  affafliné  par  l'ordre  des  triumvirs,  il  alloit 
dans  ce  lieu-là ,  où  il  fe  faifoit  porter  en  litière.  Il  n'y 
a  aucune  infeription  fur  le  tombeau  ;  mais  on  en  trou- 
ve beaucoup  dans  le  bourg  &  aux  environs  :  ce  qui 
perfuade  que  le  bourg  de  Mola  tient  la  place  de  l'an- 
cienne Formie ,  ou  du  moins  a  peu  près.  Quelques  milles 
au-delà  de  Mola  ,  en  allant  vers  Sefie ,  on  trouve  fur 
la  voie  Appienne  un  aqueduc  qu'on  dir  avoir  été  fait 
pour  conduire  les  eaux  dans  Trajetro,  ville  qui  pa~ 
roît  près  de  ce  lieu- là  fur  une  montagne.  On  y  voit 
aufli  les  ruines  d'une  espèce  d'amphithéâtre ,  dont  la 
figure  paroit  avoir  été  ovale.  Ce  q  i  en  refte  eft  fi  peu 
de  chofe,  qu'on  ne  peut  dire  avec  certitude  fi  c'étoit 
une  maifon,  ou  quelqu'autre  bâtiment,  {a)  Magin , 
Carre  de  la  terre  de  Labour  (/)  Leancter ,  Defcr.  di 
tutta  Italia,  p.  1  38.  Corn.  Di£t.  (c)  journal  d'un  voyage 
de  Fr  met  Oj  d'Italie. 

MOLaDA  ou  Molatha  ,  ville  de  la  Paleftine  dans 
la  tribu  de  Siméon  (a).  Elle  avoit  d'abord  été  donnée 
à  la  tribu  de  Juda  ;  mais  en  fui  te  elle  fut  céc^ée  à  celle 
de  Siméon.  Dom  Caimet ,  D:cl.  penfeque  c'eft  la  mê- 
me que  Malatha  ou  Malathts  ,  marquée  dans  la 
nonce  de  l'Empire  ,  6c  encore  la  même  que  Macdoth  , 
dont  il  eft  parle  danslelivre  des  Nombres  ,  c.  33.  25. 
Cette  ville  étoit  dans  la  partie  la  plus  méridionale  de 
Juda.  Saint  Jérôme  lit  Méloda  (b).  Voyez,  au  mot 
Malatha.  '('a)  Jofué ,  15.25.  &  19.  2.  (£)  Ortclii 
Thef. 

MOLADUR  ,  bois  de  France,  dans  la  maîtrife  de 
Moulins.  11  eft  de  onze  cens  cinquante  arpens. 

i.MOLAIZE  ,  MoLEGEouMoLEZE,en  larin Molefta  , 
monaftere  de  France  dans  la  Bourgogne  ,  au  diocèfe  de 
Châlons-fur-Saone.  Ceft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre 
de  Cîteaux  ,  &  de  la  filiation  de  Tard  fous  Cîteaux. 

2.  MOLAIZE.  Voyez,  Moleges. 

MOLAL1A,  Molaille,  Moelie  ou  MuLALY,ifle 
d'Afrique  dans  le  canal  de  Mofambique  (a),  6c  l'une 
des  ifles  de  Comore.  Elle  eft  fituée  au  midi  de  l'ifle 
d'Anjouan  ,  6c  à  l'orient  de  celle  de  Mayote.  On  trouve 
dans  cette  i/le  une  grande  quanrité  de  vaches  ,  de  boucs 
êc  de  moutons  (b).  Ces  derniers  ont  de  grandes  &  larges 
queues.  11  y  a  anffi  des  lapins ,  des  poules  &  d'autres 
volailles  ;  pluficurs  fortes  de  fruits ,  comme  des  oranges 
douces  6c  aigres ,  de  grands  &  de  petits  citrons ,  des 
noix  de  coco,  des  bananes,  du  miel,  des  feuilles  de 
bétel  -,  &  félon  Sanut ,  du  gingembre ,  du  fucre ,  du 
riz,  qui  étant  cuit  eft  d'une  couleur  violette.  Les  mai- 
fons  de  cette  ifle  font  bâties  de  pierre  6c  de  cimenr, 
&  font  enduites  de  plâtre  -,  leur  toit  eft  fott  bas  &  cou- 
vert de  lattes ,  avec  des  feuilles  par-deflus.  (a)  De 
l'ifle ,  Atlas.  (  b  )  Dapper  ,  Defcription  de  l'Afrique  , 
p.  48*. 

MOLARES,  bourgade  d'Espagne ,  dans  l'Andaloufie  , 
au  midi  oriental  de  Sévitle.  On  1a  prend  communé- 
ment pour  l'ancienne  Seripo  de  Pline.  *  Jaillot ,  Atlas. 

MOLAR1A  ,  nom  d'un  lieu  dans  l'ifle  deSardaigne. 
L'itinéraire  d'Antonin  le  place  fur  la  route  de  Tibulis 
à  Caraîis ,  entre  Hafa  6c  Ad  Médias  ,  à  vingt-quatre 
înillcs  de  la  ptemiere,  &  à  douze  milles  de  la  féconde. 

MOLDAVIE  ,  contrée  de  l'Europe,  autrefois  dépen- 


MOL 


dante  du" royaume  de  Hongrie,  aujourd'hui  principauté' 
tributaire  du  Turc.  Celt  proprement  la  Vaiaquie  fu- 
périeure,  qui  a  pris  du  fleuve  Molda  le  nom  quelle 
poire  aujourd'hui.  Celt  encore  la  Lara  Bigaonia  des 
Turcs ,  c'eft  à-dire  Noire  Bogdiane ,  nom  qui  hieft 
venu,  ou  du  bled  noir  qu'elle  produit,  ou  du  titre 
des  princes  de  cette  contrée  qui  fe  qualifioient  Bogdm. 
Ce  titre,  qui  lignifie  don  de  Dieu ,  eft  formé  de  Bog 
ou  Bogh ,  qui,  en  esclavon  ,  veut  dire  Dieu,  &  de 
Dan ,  qui  fignifie  préfent  ou  don  Elle  eft  fituée  entre 
le  45  cleg.  10  min.  &  le  49  de  latit.  &  s'étend  depuis 
le  43    10  min.  jusqu'au  47    50  min.  de  longit. 

De  lllle  ,  Atlas  ,  borne  la  Moldavie  par  la  Pologne  • 
au  nord  ;  partie  par  l'Ukraine  a  l'orient  le  Nieller  ou 
Turla  faUant  la  borne  ,  &  partie  par  le  Bud^iac  ;  au 
midi ,  il  la  borne  par  la  Vaiaquie  ,  ex.  à  l'occident  par 
la  Tranfylvanie.  Ce  pays  elt  arrofé  par  le  Piuth,  par 
le  Molda  6c  par  le  Bardalach.  Ses  principales  villes  fonc 


JaiTi ,  capitale  , 
Pontgratz  , 
Occatz , 


Barlaw , 
Zucakw  , 
Cattinan , 


Coczin , 
Soczi  wa  , 

Beil.ei  w, 
Taigorot. 


La  Moldavie  a  eu  autrefois  fes  ducs  ou  piinces  par- 
ticuliers, dépendans  ou  tributaires  des  ici-,  ae  Hon* 
grie .  On  les  appelloit  alors  communément  Myrtzas  , 
ou  Waïvodes.  Myrtza'  fignifie  proprement  fils  du  prin- 
ce ,  &  Waïvode  général  des  troupes  ,  homme  du  roi, 
ou  gouverneur  dans  une  province.  Quand  les  habitans 
de  Vaiaquie  &  de  Moldavie  fe  furent  foufhaits  de 
1  obeiilance  des  rois  de  Hongrie ,  ils  prirenr  des  Grecs 
le  nom  de  Despotes ,  qui  étoit  la  première  dignité 
après  celle  de  l'empereur.  On  leur  donna  encore  quel- 
quefois le  nom  de  Despotes  ,  ou  ceux  de  Hotpodars  , 
ou  de  Palatins.  Dans  le  tems  que  Sélim  II  fubjugua 
la  Valae]tiie,  en  1 574  ,  la  Moldavie dépendoit  du  Turc  , 
par  la  refignation  volontaire  qu'un  de  fes  princes  en  avoic 
faite  au  fultan  ;  mais  fous  Amurat  Se  Mahomet  III, 
la  Vaiaquie  6c  la  Moldavie  s'affranchirent  de  la  tyran- 
nie, des  Ottomans,  parles  fecours  que  leur  donna  Si- 
gismond  Battori  ,  prince  de  Tranfylvar.ie.  En  1612, 
Thomas  ou  Tomfa  ,  foluatde  fortune  ,  appuyé  des  Tar- 
tares  &  des  Turcs,  s'empara  de  la  Moldavie,  &  défie 
en  une  bataille  Conftaniin ,  fils  de  Jérémie  Mohila  , 
que  les  Polonois  avoiem  érablr  Vaïvode.  Patoce  ,  beau- 
frere  de  Conftantin  ,  lui  ayant  mené  du  fecours ,  fut 
fait  prifonnier  aufli  bien  que  lui ,  6c  envoyé  captif  j  Con- 
ftantinople.  Conftantin  ,  qui  fut  pris  par  les  Tai tares, 
mourut  inconnu  dans  une  longue  6c  dure  captivité.  Tho- 
mas pofféda  la  principauté  de  Moldavie  jusqu'en  1618, 
par  la  protection  des  Turcs,  qui  l'en  dépouillerenr  alors 
pour  y  établir  Gratian.  Cedernier,  ayant  voulu  dé- 
couvrir au  roi  de  Pologne  les  deffeinsde  Betlen  Gabor, 
prince  de  Tranfylvanie  ,  contre  les  Chrétiens ,  éprouva 
la  vengeance  des  Infidèles.  Quoique  fou  tenu  par  Zol- 
kievi,  général  des  Polonois,  il  fut  tué  pat  les  Molda- 
ves dans  un  tumulte ,  qui  s'éleva  parmi  les  troupes  en 
162 1.  Le  général  Polonois  y  périt  aufli,  ôc  l'on  en- 
voya fa  tête  à  Conftantinople.  Les  Turcs  déclarèrent 
enfuite  la  guerre  aux  Polonois  ;  mais  leur  défaite  au- 
près de  Choczin  les  réduifit  à  faire  la  paix  le  9  de 
Novembre  de  l'année  fuivante.  Depuis  ce  tenis  les  Vaï- 
vodes  de  Moldavie  ont  été  dépendans  des  Turcs  &  leurs 
tributaires. 

Les  Moldaves,  aufli-bien  que  les  Valaques  ,  ayant 
pris  le  parti  des  mécontens  pendant  les  dernières  guer- 
res de  Hongrie ,  fe  reflentirent  du  revers  de  fortunt 
que  ceux-ci  éprouvèrent.  Les  Cofaques  fidèles ,  que 
commandoit  le  général  Kunifri,  défirent  leurs  troupes 
6c  celles  des  Tarrares  en  1684.  Le  hospodar  Duca  3 
prince  de  Moldavie ,  fut  fait  prifonnier  avec  fa  fem- 
me, &  ne  put  obtenir  fa  liberté,  malgré  les  offres  qu'il 
fit  de  payer  cent  mille  écus  pour  fa  rançon  ,  &  de  fai- 
re hommage  de  fa  principauté  au  roi  de  Pologne  , 
s'il  vouloir  le  rétablir.  11  fut  conduit  à  Léopold,  où  il 
mourut  l'année  fuivante.  Petrpzensco  ,  ou  Etienne  Pier- 
re ,  fut  établi  en  fa  place ,  6c  par  la  protection  de  la 
Pologne,  il  s'y  maintint  ,  quoique  'es  Turcs  e.  "■  "nt  cn- 
trepi  is  de  l'en  chaffer ,  pour  donner  fa  dignité  de  Vai- 


MOL 


MOL 


vode  à  Dimetre  ou  Démérrius.  *  Corn.  Dict.  hift.  Se 
Defcr.  du  royaume  de  Hongrie ,  1.  4. 

MOLDAW,  ou  Moldawa  ,  rivière  de  la  Turquie, 
eu  Europe,  dans  la  Moldavie.  Elle  a  fa  fource  à  l'oc- 
cident de  Kornar  ou  Koiinara ,  lieu  célèbre  pour  les  vins 
qui  s'y  fonr.  Elfe  fe  rend  à  Soczovfa ,  à  Vaflou  ou 
Vafiui,  Se  après  avoir  reçu  la  rivière  de  Barlat ,  g.  Se 
celle  de  MiiTovo  ou  Miglkovo,  elle  va  fe  perdre  dans 
le  Danube,  auprès  de  Brahilow.  *  Del'IJlç,  Arias. 

MOLEAH  A  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  félon  la  notice  des 
dignités  de  l'Empire,  où  on  lit  ces  mots:  Cohors  frima 
Flavia  Moleaha. 

MOLEATES,  nation  alliée  Se  amie  du  peuple  Ro- 
main ,  félon  Aulu-Gele,  /.  1.  c.  13.  à  moins  qu'il  n'y 
ait  faute  dans  cet  endroit. 

MOLEGENI,  ancien  peuple  de  laScythie,  en-deçà 
de  l'Imaus  ,  félon  Ptolomée,  l.6.c.   14. 

MOLEGES ,  en  latin  Villa  de  Molegio ,  lieu  de  la 
Provence  ,  au  diocèfe  d'Arles ,  viguérie  de  Tarascon.  Il 
y  avoit  autrefois  à  Moleges  une  abbaye  de  filles  de  l'or- 
dre de  Cueaux.  Elle  fut  unie  en  143  j  ,  à  Sainte  Croix 
d'Apt. 

MOLESME ,  en  latin  Molismus ,  bourgade  de  Fran- 
ce, dans  la  Champagne,  au  diocèfe  de  Langrcs ,  dans 
l'élection  de  Tonnerre  ,  entre  Mombar  Se  Mnny-l'Evc- 
que.  Cette  ville  doit  fon  origine  à  une  abbaye  célèbre  , 
fondée  par  faint  Robert ,  religieux  de  la  Celle  ,  de  l'or- 
dre de  faim  Benoît.  Comme  la  folitude  du  défert  de 
Colan  près  de  Tonnerre,  éroit  trop  mal-faine  ,  faint  Ro- 
bert en  retira  les  hermites  qui  étoient  fous  fa  conduite  , 
Se  les  mena  dans  la  forêt  de  Molesme,  furies  confins 
de  la  Champagne  Se  de  la  Bourgogne ,  à  trois  lieues 
de  Chârillon-jur-Seine.  Ils  s'arrêtèrent  auprès  de  la  petite 
riviciede  Leigne ,  &  le  bâtirent  de  leurs  propres  mains 
de  petites  loges  vers  l'an  1075.  Quelques  tems  après, 
on  y  conftruifit  un  monaftere  régulier,  où  faint  Ro- 
bert établit  la  discipline  Cénobitique.  Saint  Robert  les 
abandonna  enfuite  par  deux  fois  ,  pour  leur  indocilité  Se 
•  leurs  révoltes,  Se  il  ailajetter  les  fondemens  de  l'ordre 
de  Cîteaux  en  Bourgogne  >  dont  il  fut  fait  le  premier 
abbé  en  1098  ;  mais  l'année  fuivanre  ,  il  fur  renvoyé  à 
Molesme  par  le  pape  Urbain  II,  &  les  religieux  fe  fou- 
rnirent à  fa  réforme.  Il  y  mourut  l'an  1108.  D'autres 
Cependant  rapportent  l'origine  de  cette  abbaye  à  Gé- 
rard de  Rouffillon ,  fameux  par  la  guerre  qu'il  fou  tint 
contre  le  roi  Charles  le  Chauve.  *  Baillet ,  Topogr. 
des  .Saints,  jp.  3  17. 

MOLFETTA  ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples, 
dans  la  terre  de  Bari ,  fur  la  côte  du  golfe  de  Venife  , 
entre  Bari  à  l'orient,  Se  Ttani  à  l'occident.  Elle  a  un 
ficge  épiscopal  fous  la  métropole  de  Bari  ,  Se  elle  a 
le  titre  de  duché.  Leander  Se  quelques  autres  l'appel- 
lent Morfitta  Se  Morfetta.  Ceft  une  principauté  des 
Gonzagues ,  fortis  de  don  Fernand  de  Gonzague , 
général  de  l'empereur  Charles  V.  *  Magin ,  Carte  de 
la  terre  de  Bari. 

MOLGI1.  Voyez.  Troglodyte. 
>*  1.  MOLHEIM  ou  Muu-ieim  ,  lieu  franc  en  Alle- 
magne au  cercle  de  W^ftphahe  fur  le  Rhin  ,  un  peu 
au-deffons  de  Cologne.  C'eft-là  où  étoit  autrefois  la 
capitale  des  Ubiens ,  Se  la  mère  >  pour  ainfi  dire.de 
la  ville  de  Cologne  ,  comme  on  le  reconnoît  aifemenc 
aux  anciennes  ruines  qu'on  a  découvertes  Se  qu'on  dé- 
couvre encore  tous  les  jours  en  remuant  la  terre  des 
environs  :  c'eft-la  que  Jules-Céfar  fit  conftruire  un  pont 
de  bois  fur  le  Rhin.  Cette  espèce  de  village  eft  une 
dépendance  du  duché  de  Berg.  Oeil  pourquoi ,  lorsque 
les  ducs  de  Cléves,  qui  l'étoient  aullï  de  Berg  ,  man- 
quèrent ,  les  princes  de  Brandebourg  Se  de  Ncubourg, 
qui  fe  font  portés  pour  héritiers  de  leurs  domaines , 
ont  voulu  rebâtir  Mulheim  &  en  faire  une  ville  forti- 
fiée j  mais  Cologne  s'oppofa  à  cette  entreprife  ,  &:  por- 
ta cette  affaire  au  confeil  impérial  ;  l'empereur  Matthias 
appuya  cette  oppofuion,  fit  prendre  la  nouvelle  ville 
en  1614,  par  le  marquis  de  Spinola,  Se  permit  à  ceux 
de  Cologne  d'en  faire  ruiner  toutes  les  fortifications  Se 
les  nouveaux  édifices  à  leur  gré  ;  ce  qu'ils  ne  manquè- 
rent pas  de  faire.  Néanmoins  lorsque  la  guerre  fe  fut 
allumée  plus  forrement  que  jamais  en  Allemagne,  on 
recommença   à  bâtir  Se  à  fortifier  cet  endroit  ;  mais 


541 

ces  nouveaux  ouvrages  furent  rafes  en  1641.  1  eu  de 
tems  après  on  s'en  repentit ,  Se  on  les  releva  ,  lorsque 
les  François  avec  le  duc  de  Saxc-Weimar  entrèrent  dans 
ce  pays.  *  Zeyler ,  Topogr.  Weftphal. 

2.  MOLHEIM ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la 
Weftphalie ,  fur  la  rivicrede  Mocn  ,  au  midi  de  Lipflat , 
entre  Nienhus  à  l'occident ,  Se  Beelick  à  l'orient.  * 
Jaillot,  Atlas. 

MOLIB/E ,  peuples  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte.  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  8.  les  met  au-deflbus  des  SobaridvE. 

MOLICRIA  ,  petite  place  de  la  Grèce ,  dans  la  Liva- 
die,  fur  la  côte  de  la  mer  Ionienne,  auprès  des  Darda- 
nelles de  Lépante,  Se  en  allant  de  Lépante  à  Pcscl.iera» 
Cette  place  eft  fur  le  golfe  de  Panas,  environ  à  une 
lieue  du  cap  de  Molicria  ,  d'Antirio  ou  de  S.  André, 
qui  avec  le  cap  de  Rio  ,  forme  l'entrée  du  golfe  de 
Lépante.  *  Baudrand  ,  Diction,  édit.  1705. 

MOL1CUNZENSIS  ou  Meiicbuzensis  ,  fiége  épis- 
copal d'Afrique,  dans  la  Mauritanie  Sitifenfe  ;  la  no- 
tice des  évéchés  d'Afrique,  n.  27.  qualifie  Romanus , 
episcopns  Mvlicbuaenfis. 

1.  MOLIENS  EN  BEAUVAISIS  ,  bourg  de  France  , 
dans  le  Bcauvaifis ,  entre  Sarcus  à  l'orient  feptentrio- 
nal,  Se  Fronteiies  au  midi  occidental.  *  De  Njle  ,  Atlas, 

2.  MOLIENS  LE  VIDAME ,  bourg  de  France,  dans 
l'Amiénois ,  entre  Amiens  à  louent,  Se  la  forêt  d'Ar- 
guel  à  l'occident. 

MOLIENSES.  Suidas  donne  ce  nom  à  un  peuple 
de  Grèce  -,  mais  Ortelius ,  Thejaur.  doute  fi  au  lieu  de 
Molienjes,  il  ne  faudroit  point  dire  Melitnfes.  *  In  Vcrbo 

KfAiÇblQvQVtÇ. 

i.  MOLIERES,  bourgade  de  France,  dans  le  bas 
Languedoc  ,  diocèfe  Se  recette  d'Alais.  On  y  compte 
environ  fixeens  habitans. 

2.  MOLIERES  ,  bourgade  de  France ,  dans  le  Quer- 
ci,  élection  de  Figeac.  11  y  a  environ  quatre  cens  habitans. 

3.  MOLIERES,  bourgade  de  France,  dans  le  Quer- 
ci ,  élection  de  Montauban.  11  peut  avoir  autour  de  qua- 
tre cens  habitans. 

4.  MOLIERES ,  bourgade  de  France  ,  dans  le  Dau- 
phiné  ,  élection  de  Montehmart.  * 

1.  MOLINA,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  nouvelle  Cas- 
tille  ,  fur  la  petite  rivière  de  Gallo,  à  trois  lieues  de» 
frontières  de  l'Arragon  ,  près  de  Caracofa  ,  ou  Carace- 
na ,  en  tirant  au  nord-eft.  Cette  ville  eft  fituée  dans  un 
pays  de  pâturages  ,  où  l'on  nourrit  quantité  de  trou- 
peaux ,  Se  particulièrement  des  brebis  qui  portent  une 
laine  fort  précieufe.  C'étoit  autrefois  une  feigueuric 
poffédée  par  des  perfonnages  du  fang  royal  ;  mais  elle 
a  été  unie  à  la  couronne ,  Se  Philippe  IV  ordonna 
qu'à  l'avenir  elle  en  feroit  inaliénable.  *  Délices  d'Es- 
pagne,   p.  3J3- 

2.  MOLINA,  petite  ville  d'Espagne,  au  royaume 
de  Grenade.  Elle  pafié  pour  être  ancienne  ;  Se  l'on  pré- 
tend qu'elle  portoit  autrefois  le  nom  de  Sael.  *  Déli- 
ces d'Espagne  ,  p.  *j  2  3 . 

3.  MOLINA  ,  ou  Cabo  de  Molini  ,  cap  de  la  Sici- 
le ,  fur  la  côte  orientale  du  Val  Déinone.  Il  fert  à  for- 
mer du  côté  du  nord  le  golfe  de  Sainte  Tecle  ,  Se  du  cô- 
té du  midi  le  golfe  de  Catane.  *  De  l'IJle ,  Atlas. 

MOLINDiE,  peuples  de  l'Inde.  Pline,  /.  6.  c.  19. 
les  place  au-delà  du  Gange.  Le  père  Hardouin  foup- 
çonne  que  ce  pourroit  être  les  Mops'cJ*/,  que  Ptolomée, 
lib.  7.  cap.  2.  place  pareillement  au-delà  du  Gange. 

MOL1NES  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Cîteaux, 
dans  les  Pays-Bas,  au  comté  de  Namur  fur  la  droite, 
&  près  de  la  Mcufe,  une  lieue  au-defibus  de  Bouvi- 
ncs.  Elle  fur  d'abord  fondée  pour  des  filles  au  XIII  îïécle. 

MOLING,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang ,  au  voifmage  de  la  ville  de  Ma- 
ching.  Cettemontagne  eft  toute  couverte  d'arbres. A  Atlas 
Sint  nfi: , 

MOLINGAR  ,  ou  Mullengar  ,  ville  d'Irlande, 
dans  la  province  de  Leinfter  ,  au  comté  à'Oueft  Mcath , 
à  treize  milles  au-defius  de  Foore.  Elle  tient  deux  mar- 
chés publics,  Se  envoie  deux  députés  au  parlement. 
C'eft  une  ville  forte  &  confidérable ,  la  capitale  du  comi- 
té. Elle  eft  à  quarante  milles  presque  à  l'oueft  de  Du- 
blin ,  Se  à  treize  milles  à  l'eft  de  Balimore.  *  Etat  pré-, 
J'ent  de  la  Grande  Bretagne  ,  r.  3 .  p.  4J . 


34* 


MOL 


MOL 


MOLISCON  ,  lieu  fortifié  ,  dont  Curopalatc  &  Ce-    bourgade  de  France ,  non  dans  le    duché  de    Bourgo- 
drène  font  mention.  Ortelius,  TbeJ.  croit  que  ce  lieu     gne ,  comme  dit  Corneille,  Dict.  mais  dans  la  Chatn 
pouvoit  être  dans  l'Illyrie. 

i.MOLISE  ,  petit  bourg  d'Italie,  an  royaume  de  Na- 
zies ,  dans  le  comté  auquel  il  a  donné  fon  nom.  Ce 
bourg  ,  qui  eft  très-médiocre,  fe  trouve  à  douze  milles 
vers  l'orient  d'Hernie.  *  La  Foret  de  Bourgon.  Gcogr. 
hift.  t.   2.  p.  ;j8. 

a.  MOLISE  (  Lecomtï  de)  a  presque  une  forme  trian-  &  Molomienfe  Monafterium,  ancienne  abbaye  de  Fran 
gulaire,  entre  l'Abbruze  Citérieure,  la  Capitanate  Se  ce,  dans  la  Champagne,  au  diocèfe  deLangres,  dans 
-ia  rerre  de  Labour  propre.  Ce  pays  très-fertile  en  la  petite  ville  ou  bourgade  de  Molosrne.  Elle  étoit  de 
bleds,  en  vins  Se  en  fafran ,  Se  très-abondant  en  gi-  l'ordre  de  faint  Benoît,  Se  l'on  a'-nbuoit  fa  fondation 
•bier  &  en  vers  à  foie,  peut  avoir  dans  fa  plus  grande  à  Clovis.  Comme  elle  fut  détruire  d.ms  les  guerres  des 
longueur  du  nord  au  fud  fud-oueft ,  environ  trente-  Anglois  ,  Etienne  de  Nrcey,  abbe  de* Tonnerre,  la 
trois  milles,  Se  quarante  milles  de  l'eft  à  l'oueft.  Ses     transféra  auprès  de  l'Ifle  de  Saint  Mai  tin,  à  une  lieue 


pagne  ,  élection  de  Tonnerre  ,  environ  à  deux  lieues  au 
nord  oriental  de  la  ville  de  Tonnerre.  11  y  avoit  autre- 
fois à  Molhomme  ,  qu'on  nomme  aufli  Molhomme 
en  Fosse,  ou  Molome  la  Fosse ,  une  abbaye  très- 
ancienne.  Voyez,  l'article  fuivant.  *  De  l'Ifle ,  Atlas. 
2.  MOLOME  »  en  latin  Molundenfe  ,    Malugdcnfle 


principaux  lieux  font 


Ifernie , 
Boiano, 


Molife , 
Trivento , 


Guardia  Alferez , 
Larina. 


MOL1SMUM ,  ville  de  la  Gaule ,  au  diocèfe  de 
Langres.  C'eft  aujourd'hui  Moles-me.  Voyez,  Beccen- 

•6ES. 

MOLIUM.  On  trouve  le  mot  uuUov  dans  la  cte- 
feription  que  Ptolomée,  l..$.  c.  8.  donne  de  la  Cili- 
cie.  Si  ce  n'eft  pas  une  faute  de  copifte ,  ce  mot  eft 
employé  pour  défigner  le  mont  Amamts.  Une  chofe 
•certaine,  c'eft  que  rous  les  exemplaires  latins  portent 
Amunus  Mons ,  au  lieu  de  Molnim 


au-delTus  de  Tonnerre,  fur  la  rivière  d'Armançon.  De- 
puis ce  rems  ,  cette  abbaye  a  pris  le  nom  de  Saint  Mar- 
tin. On  y  conferve  les  reliques  de  faint  Valerius,  ar- 
chidiacre de  Langres.  Les  annales  eccléfiaftiques  de 
France  du  P.  le  Cointe,  font  mention  de  l'abbaye  de 
Molome  en  l'année  496. 

MOLON.  Pomponius  Sabinus ,  in  6.  JEnexdos,  die 
que ,  félon  quelques-uns  ,  Enée  avoit  été  enterré  dans 
la  ville  de  Berecynthe  ,  auprès  du  fleuve  Molon  ;  mais , 
fuivant  Feftus,  c'eft  Nolon  qu'il  faut  lire,  &  non  pas 
Molon.  Voyez.  Nolon. 

MOLOPAGUES,  peuples  de  l'Amérique  méridio- 
nale, au  Bréfil.  Ce  font  des  Sauvages  qui  occupent 
une  contrée  fpacieufe  au-delà  de  la  rivière  Paraciva.  Ils 


MOLL  ,  grand  village  des  Pays  Bas,  fur  la  Nethe,  fonc  d'une  grande  taille ,  fe  couvrent  au  milieu  du  corps 

dans  le  Biabant  Autrichien,  &  dans  la  Mayeried'He-  &  portent  une  barbe:  ce  que  ne  font  pas  la  plupart  de 

Tentais.  Ce  village  a  de  beaux  privilèges.  *  Dict;  gcogr.  jeurs   voifins.    Leurs  bourgades  font   munies    de  rem- 

des  Pays-Bas.  parts  qu'ils  font  de  poutres  entravées  enfemble ,  avec 

MOLLEN  ,  ou  Molna  ,  petite  ville  d'Allemagne,  des  gazons  derrière.  Chaque  famille  a  fa  maifon  fépa- 
«u  cercle  de  la  Bafle-Saxe ,  fur  le  chemin  de  Lunebourg  r<£e,  &  jis  obéiiTent  à  un  d'entre  eux  qu'ils  nomment: 
à  Lubeck,  éloignée  de  fix  milles  de  la  première,  &  de  Moroshoua ,  Se  qu'ils  regardent  comme  leur  roi,  quoi* 
quatre  milles  de  la  féconde.  Elle  a  autrefois  apparte-  Qu'il  n'ait  aucune   parure  qui   le  diftingue  des  autres. 
-nu  aux  princes  de  Saxe-Lawembourg ,  qui  l'ont  cédée  a  Tout*  ce  qu'il  a  de  particulier ,  c'eft  qu'il  nourrit  plus 
la  ville  de  Lubeck.  Cette  place    doit   avoir  été  forte ,  de  femmes  que  fes  fujets.  Il  fe  trouve  beaucoup  d'or 
puisqu'en  1  f 06  ,  les  princes  de  Meklenbourg,  le  duc  dans  le  pays;   mais    les    Molopagues   en  font  peu  de 
de  Brunswick,  Se  le  margrave  de  Brandebourg  l'alfié-  caSj  &  ne  s'en  fervent   que    pour  meute  à  leurs  li- 
bèrent avec  leurs    forces  réunies,  pendant  vingt- qua-  gnes,  quand  ils  pèchent  dans  la  rivière  de  Para,  qui 
tre  jours,  &  ne  purent  la  prendre.  En  1625,  le  gène-  çn-  diftante  de  celle  de  Paraciva  de  quatre-vingt  lieues  , 
rai  Mansfeldt  s'en  rendit  maître,  mais  ce  fut  par  corn-  &  qui  abonde  en  poiflbn.  Ils  ne  tirent  point  cet  or  de 
-pofition.  On  y  voit  encore  le  rombeau  du  fameux  Eu-  ja  terre,  en  amalTcnt  feulement  les  grains  qui  parois- 
lenfpiegel ,  qui  mourut  en  13 50,  après  s'être  rendu  ce-  fent  en  divers  endroits  après    uhe   forte  pluie.  Leurs 
lèbi  e  par  les  tours  de  foupleiîe.  *  Zeyler ,  Top.  infer,  femmes  font  belles ,  ingénieu/es ,  Se  vivent  avec  btau- 
Saxon.  coup  de  fagefle.  Elles  laiiTent  croître  leurs  cheveux  jus-* 

MOLLENBECK,  monaftere  confidérable  d'AHema-  qu'aux  cuifles,  Se  s'en  fervent  pour  couvrir  leur  nudi- 

'gne    en  Weftphalie,  dans  le  comté  de Scha-wenbourg  ,  té:  celles  qui  ont  les  cheveux  courts,  fe  ceignent  le 

près  de  Rinteln.  11  a  été  fondé  par  Hilleburge ,  femme  milieu  du  corps  d'une  petite  peau  qu'elles  nomment 

du   comrc  Urfon  en  896,  auquel  tems  vivoit  Dragon,  SauvayathviafoH.  Leurs  cheveux  font  ou    blonds  ,   on 

cinquième  évêque  de  Minden.  *  Zeyler,  Topogr.  Weft-  châtains,  ou  roussâtres.  Les  Molopagues  mangent  pro 


phal. 

MOLLORTDO  ,  petite  rivière  d'Espagne ,  au  royau- 
me de  Léon  :  elle  a  fa  fource  à  AlSea  Seca ,  Se  fe  rend 
dans  k  Duero ,  au-deffous  dePaladinos  de  Toro.  *  Bau- 
drand,  Dict.  édit.  1703. 

MOLOCHATH  ,  en  grec  MeAux«'â  ,  fleuve  de  la 
Mauritanie  Tingitane,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  i.qui 
place  fon  embouchure  entre  le  promonroire  Metago- 
nites  ,  Se  l'embouchure  du  fleuve  Malva.  Caftald  nom- 
•me  ce  fleuve  Necore'.  Olivier,  dans  fon  commentaire 
fur  Mêla,  c.  5.  edit.  Tarif.  lfS7*  dir  <Fe  ,cs  Arabes 
l'appellent  Mulelacha  \  Se  félon  Niger,  les  Arabes  lui 
donnent  le  nom  de  Munz.emar.  Pomponius  Mêla  ,  /.  1 


prement,  Se  ont  leurs  heures  réglées  pour  les  repas  ; 
favoir  à  midi  Se  au  foir.  *  Corn.  Dict.  De  Laet,  Defc.  des 
Indes  occid.  1.  5  1.  c.  4. 

MOLORCH1A.  Voyez.  Molocria, 

MOLORCHOS ,  forêt  dans  la  Némée ,  contrée  m 
l'Elide.  Vibius  Sequefter  ,  qui  fait  mention  de  cette  fo- 
ret,  dit  qu'elle  tiroit  fon  nom  de  Molorchus,  hôto 
d'Hercule.  Servius  dans  fon  commentaire  fur  le  troifié- 
me  livre  des  géorgiques,  vers  19.  où  on  lit  incosqua 
Molorchi  ,  donne  une  explication  qui  jette  quelque  lu- 
mière fur  ce  paffage  de  Vibius.  Le  bois  de  Molorchus , 
dit  Servius ,  cft  la  forêt  de  Némée ,  dans  laquelle  or» 
c     célébroitdes  jeux  en  l'honneur  d'Archemorus;  Se  quant 


5.  &  Pline,/,  j.c  2.  l'appellent  Mulucha.  C'écoit  la  bor-     à  Molorchus ,  c'étoit  un  berger  qui  exerça  1  hospitalité 


ne  du  royaume  de  Bochus  Se  de  celui  des  Maflkflyliens. 
MOLOCRIA  ,  ville  de  la  Némée,  contrée  de  l'Eli- 
de ,  félon  Etienne  le  géographe.  Ortelius ,  Thef.  foup- 
çonne  que  ce  pourroit  être  la  même  ville  que  Gyral- 
dus  appelle  Molorchia.  On  lit  MoMxpU  Se  Mo*w*p/*  ,dans- 
différens  exemplaires  d'Etienne  le  géographe.  Voyez,  Mo- 

IORCHOS.  - 

MOLOEUNTEM  ,  en  grec  MoXeVra, fleuve  de  Grè- 
ce ,  dans  l'Achaïe,'au  voifinagede  Citheron.  C'eft  Hé- 
rodote ,  /.  8.  qui  en  fait  mention-,  Se  Ortelius,  Tbtf. 
croit  que  ce  pourroit  être  le  Moins  de  Plutarque. 

MOLOGENI.  Voyez.  Scythe. 

1.  MOLOME  ,  MOLOSME  „  ou   Molhomme  , 


envers  Hercule  ,  lorsqu'il  vint  pour  tuer  le  lion  de  Né- 
mée. *  De  Nemor'xb.    p.   117. 

MOLOSIA.  Voyez.  Molossia  Se  Molossi. 

1.  MOLOSSI,  peuples  de  l'Epire,  félon  Pline  ,  /.  4. 
c.  I.  Plutarque ,  in  Qu&fiion.  Grœris  ,  fait  entendre 
qu'ils  étoient  voifins  des  Caljioy&i.  Hcraclide ,  in  poli- 
tiis ,  Se  Strabon .  lib.  7.  pag.  }i6.  les  nomment  Mo*, 
lottt. 

2.  MOLOSSI ,  peuples  de  la  ThefTalie  ,  félon  VicTro- 
rinus  le  grammairien. 

MOLOSSIA.  Voyez.  PassAron. 
i.  MOLOSSIS,  contrée  de  l'Epire.  Tite-Live  ,  l.ty. 
c.  16.  dit  qu'Anicius  en  fournit  toutes  les  villes  a  la  ré- 


MOL 


MOL 


ferve  de  trois.  Etienne  le  géographe  nomme  cette  con- 
trée Molofia  ,  Se  Euripide  ,  in  Andromache  écrit  Mo- 
lojfia.  On  la  nomme  aujourd'hui  Pandofia ,  à   ce  que 

dit  Pinet. 

2.  MOLOSS1S.  Voyez.  Passaron. 
MOLOSSUS.  Voyez.  Molottus. 
MOLOTT1.  Voyez,  Molossi,  n°.  i. 
MOLOTTUS,  fleuve   de  l'Arcadie ,   félon   Paufa- 
ïùas ,  /.  8.  c .  36.  ies  interprètes  lifent  Molossus. 

MOLPA,  Melpes ,  rivière  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples  ,  dans  la  Principauté  citérieure.  Elle  a  fa  fource 
au-deflus  de  Rofrano  qu'elle  baigne  ;  elle  paffe  enfuite 
à  Laurito,à  Rocca-Gloriofa,  à  SanSeverino,  Se  vafe 
Jetter  dans  la  mer  de  Toscane  à  l'orient  du  cap  Pali- 
nuro.  *Jaillot,  Atlas. 

MOLP1DIS  PETRA.  Lycophron  parle  de  ce  lieu. 
Son  commentateur  Ifacius  dit  que  c'eft  le  nom  d'une 
ville  de  l'Elide.  *  Ortelii  Thef. 

MOLSHE1M,  anciennement  Molleskeim  ,  &  en 
latin  Molshemium  ,  ville  de  France,  dans  l'Alface  ,  fur 
la  petite  rivière  de  Btufch  ,  à  deux  ou  trois  lieues  de 
Strafbourg ,  proche  de  Dachftein.  Cette  ville  étoit  de 
l'ancien  domaine  de  l'églife  de  Stralbourg  ;  elle  étoit 
regardée  comme  la  principale  place  de  l'évêque  dans 
le  XII  fiécle,  de  force  que  Philippe  de  Suabe,  pourfe 
venger  de  l'évêque  Conrad  ,  partifan  d'Othonde  Btuns- 
wic,ion  compétiteur  à  l'empire  ,  alfiégca  Se  piit  Mols- 
heim qu'il  biûla  :  Molles  ht  tm  expugnando  cremavit , 
comme  on  lit  dans  l'ancienne  chronique  de  l'églife  de 
Straibourg.  *  Lo/igucrue ,  Defcuption  de  la  France, 
2.  parc  p.  254. 

L évêque  Jean,  qui  avoit  été  évêque  d'Aichftar ,  Se 
chancelier  de  l'empereur  Albert ,  ayant  été  transféré 
au  fiége  de  Strafbourg,  par  le  pape  Clément  V  , 
augmenta  l'enceinte  de  Molsheim ,  &  y  fit  bâtir  ,  dès 
les  fondemens  ,  un  château  ôc  un  hôpital  qu'il  dota 
l'an  1318.  On  voit  fon  tombeau  dans  l'églife  de  cet 
hôpital.  *  l'iganioly  Defcription  de  la  France ,  tom.  7. 
pag.  467. 

Ce  tut  à  Molsheim  que  fe  retirèrent  en  i;6o,le 
chapitre  dcT'églu'e  Cathédrale  de  Strafbourg,  &  des  cha- 
noines des  collégiales  de  Saint^Pierre  le  Vieux  &  de 
Saint  Pierre  le  Jeune.  Le  chapitre  de  Strafbourg  fit  bâ- 
tir l'éghie  paroi/haie  pour  y  faire  le  fervice  divin ,  ôc 
l'évêque  Jean  Mandrescheit  y  fonda  une  école  ou  aca- 
démte  pour  les  Jéfuites ,  afin  de  maintenir  la  reli- 
gion Catholique  Romaine  contre  les  Proteftans  ,  de  fur- 
tout  contre  l'univufité  de  Strafbourg,  qui  étoit  alors  flo- 
îiiime.  Ces  chanoines  retournèrent  dans  le  dernier  fic- 
elé a  Stralbourg. 

Il  y  a  à  Molsheim  une  fort  belle  chartreufe ,  dont 
Es  religieux  partagèrent  presque  toute  la  ville  avec  les 
Jéfuites,  enforte  qu'il  y  a  très- peu  de  bourgeois.  Les 
Impériaux  brûlèrent  Molsheim  en  1677  ;  mais  elle  a 
été  bien  rétablie  depuis. 

MOLSUS  ,  peuple  de  l'^Eolide  :  on  trouve  ce  nom 
dans  le  lexicon  de  Favorin. 

MOLV1US.  Voyez,  au  mot  Pons  Milvius. 
MOLUQUES ,  ifles  de  la  mer  des  Indes ,  firuées  aux 
environs  de  la  ligne  équinoxiale ,  &  qui  compofent  le 
premier  des  cinq  Archipels  des  Indes.  Le  nom  de  cec 
Archipel  dans  la  langue  du  pays  eft  Moloc  ,  qui  fi- 
gnifie  la  tête  ou  le  chef,  parce  que  l'Archipel  des  Mo- 
luques  eft  en  effet  le  principal  Ôc  comme  le  chef  des 
Archipels  voifins.  D'autres  croient  que  le  nom  Mulu- 
co  vient  de  l'arabe  ,  ôc  veut  due  le  royaume,  comme  fi 
on  nommoit  ainfi  cet  Archipel  par  excellence.  *  Hi- 
fioire  de  la  conquête  des  Moluques ,  tom.  1 .  pag.  1 6. 
ôc  fuiv. 

Les  ifles  principales,  qu'on  appelle  proprement Molu- 
ques ,  font  au  nombre  de  cinq  •>  favoir , 

Ternate ,    Tidor,     Machian,     Motir  &  Bachian. 

Leurs  longitudes  ,  toutes  comprifes  entre  deux 
méridiens ,  n'occupent  guère  que  vingt-cinq  lieues  d'é- 
tendue, &  routes  à  la  vue  les  unes  des  autres.  Elles  font 
presque  entièrement  fous  la  ligne  la  plus  feptentriona- 
le ,  n'en  étant  qu'à  un  demi  degré  du  côté  du  nord  , 
ôc  la  plus  méridionale  à  un  degré  du  côté  du  fud.  Vers 


le  couchant,  elles  font    proches   de  l'ifle  de  Ln^io, 
nommée  par  les  Portugais  Batochina  de  Moro. 

Pluficurs  autres  ifles  ,  fituées  autour  ôc  près  de  ces 
cinq,  fonc  auflî  comprifes  fous  le  nom  de  Moluques  , 
comme  nous  difons les  Canaries,  les  Terceres,  lesOr- 
cades.  Avant  qu'on  en  fit  la  conquête  elles  fe  nom- 
moient 

Cape,     Duco,     Moutil ,     Mai  a,    ôc  Scque. 

Aujourd'hui  toutes  les  Moluques  en  général  obéiffent 
à  trois  rois.  Elles  font  féparées  les  unes  des  aiiirts  par 
quelque  petit  bras  de  mer,  ou  par  quelques  1. rires 
ifles  défertes  ,  mais  plus  encore  par  l'ancienne  ànLrno» 
fité  deshabitans.  L'abord  en  eft  dangereux  ,  à  came  ces 
bancs  de  fables  ôc  des  écueils ,  entre  lesquels  néan- 
moins on  trouve  quelques  rades  où  les  ya^fieaujs  peu- 
vent ancrer.  En  général  le  terroir  en  eft  fi  ù  c  Se  fi 
fpongieux  ,  que  dans  les  plus  fortes  pluies  ,  les  nuiieaux 
ôc  les  torrens  qui  tombent  des  montagnes  ne  parvien- 
nent pas  jusqu'à  la  mer.  Jean  de  Barros  dit  qu'éranc 
proches  de  la  ligne  équinoxiale ,  les  arbres  ôc  les  ar- 
brilTeaux  y  font  toujours  couverts  de  feuilles  ;  les  unes 
naiffent  à  mefure  que  les  autres  tombent,  ôc  il  en  efk 
de  même  des  herbes.  D'autres  dil'enr  que  cette  verdu- 
re même  les  rend  agréables  à  la  vue  ,  mais  que  1  air  n'y 
eft  pas  fain  ,  fur- tout  pour  les  étrangers,  qui  y  font 
fujets  à  une  grande  incommodité  qu'on  nomme  Ber- 
ber,  ôc  qui  elt  commune  dr.ns  ce  pays.  Elle  fait  enfler 
tout  le  corps,  aifoiblit  tous  les  membres.  Les  naquis 
du  pays  ont  trouvé  un  remède  pour  s'en  garantir  ou 
pour  s'en  guérir  :  ils  fe  fervent  de  vin  de»  Philippi- 
nes qu  ils  prennent  avec  du  clou  de  girofle  ôc  du  gin- 
gembre,  ou  bien  ils  ufent  d'une  certaine  herbe  qui  leur 
eft  connue. 

Les  Moluques  font  abondantes    en  diverfes   foires 
d'aromares  ôc  de  fruits.  Elles  produifent  des  bananes 
des  noix  de  coco  ,  des  oranges  ,  des  limons  ,  de  l'alôés  , 
du  fantal  ,  de  la  canelle  ,  du  macis ,  de  la  muscade  , 
fur-tout  une  grande  quantité  de  doux  de  girofle  ,  eu  rin 
beaucoup  d'autres  plantes  utiles  :  a  la  vente  on   n'a  ni 
bled  ni  riz  ,  mais  la  nature  Se  l'induftne  fuppléent  à 
ce  défaut.  On  pile  avec  des  pilons  faits  d'une  espèce  de 
canne  très-forte  des  morceaux  de  bois  d'un   arbre    qui 
reflèmble  au  palmier  fauvage  ;  ôc  quand  ce  bois  eft  b'en 
fec,  en  le  pilant  ainfi,  la  moelle  rend  une  espèce  de  farine 
très-blanche.  On  la  recueille  dans  de  petites  écuelJes 
carrées  ,  ôc  l'on  en  fait  des  perits  pains  de  ia  nieme 
figure  que  lesécuelles  ôc  à  peu  prèsfemblables  aux  pains 
de  favon d'Espagne  :  on  nomme  ces  pains  fagu  ,ou  lar- 
dai-). Cette  plante  de  fagu  a  environ  vingt  empans  ou 
quinze  pieds  de  haut  ,  ôc  pouffe  des  branches  qui  a,  pio- 
chent de  celles  du  palmier.  Elle  porte  une  espeee  de 
petic  fruit  rond  qui  rcffemble  allez  à  celui  du  cyprès 
ôc  au-dedans  duquel  il  y  a  de  petits  poils  déliés  qui  cau- 
fent  de  l'inflammation  quand  ils  touchent  à  la  chair  ,  en 
quelque  endroit  du  corps  que  ce  foit.  Lorsqu'on  cou- 
pe les  branches  tendres  de  cette  plante  ,  il  en  fort  une 
liqueur  qui  fert  de  breuvage  aux  Indiens.  Pour  cet  effet: , 
on  met  le  bout  de  la  branche  qui  tient  à  l'arbre  dans 
l'ouverture  étroite  de  quelque  vaiffeau  ,  ôc  dans  l'efpaee 
d'une  nuit  le  vaiffeau  fe  trouve  plein.  La  liqueur  eft 
blanche  ,  &  reffemble  à  du  lait  battu  ôc  plein  d'écu- 
me :  on  la  nomme  Tuac.  Quand  on  la  boit  fra;c!ie  , 
elle  eft  douce  ôc  engraiffe  ;  en  lajfaifant  bouillir,  elle  fer- 
mente à  peu  près  comme  le  grain  germé  dont  on  fait  la 
bière  ,  ôc  elle  prend  le  goût  du  vin  ou  l'aigreur  du  vi- 
naigre -,  car  on  peut  lui  donner  l'un  &  l'autre ,  félon 
qu'on  en  a  befoin.  On  tire  auffi  les  mêmes  avantages  de 
deux  autres  plantes ,  le  ripa  Se  le  coco  ;  outre  cela  le  co- 
co fournit  de  l'huile  ,  &  de  fon  bois  on  fait  des  planches 
ôc  des  folives  pour  bâtir  des  maifons.  On  boit  encore 
d'une  autre  liqueur  qui  fe  trouve  dans  le  cfeux  de  cer- 
tains rofeaux  ou  cannes  qu'ils  appellent  Bambuzes  ou 
Bamboucs 

Il  n'y  a  dans  les  Moluques  aucune  mine  d'or  ni  d'ar- 
gent ,  ni  d'aucun  autre  métal  ;  mais  Lambuco  .  ifle 
abondante  en  fer  Se  en  acier  n'eft  pas  éloignée.  C'eft; 
de-là  que  les  habitans  des  Moluques  rirent  ces  métaux 
pour  en  faire  des  labres  qu'ils  nomment  Campilanes  Se 


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□  ai  loin  ^efans  &  tranchans  ,  &  de  petites  cpécs  ou 
poignards  qu'on  appelle  Cnjfes.  Outre  cela  ,  préfente- 
rnent  ils  ont  des  armes  à  feu  ;  les  Portugais  ôc  les  Hol- 
landois  leur  ont  fourni  des  mousquets  ,  des  fufils  ôc 
des  canons  de  toutes  fortes. 

Les  habkans  de  ces  ifles  paroiffent  d'un  fort  bon  na- 
turel ,  pleins  de  bonté  ôc  de  douceur.  Les  femmes  y 
font  blanches  ,ôc  communément  elles  ont  de  la  beauté. 
Les  hommes  font  un  peu  balanés  Ôc  dune  couleur  jau- 
nâtre :  ils  ont  les  cheveux  plats  &c  plufieurs  les  oignent 
d'huiles  odoriférentes.  Ils  ont  les  yeux  grands  ôc  le  poil 
des  four  cils  long  :  ils  le  peignent  Ôc  le  colorent  auffi  bien 
que  celui  de  leurs  paupières.  Ils  font  robuttes  ,  guer- 
riers ,  mais  pareffeux  à  tout  autre  exercice.  Ils  vivent 
long-tems ,  blanchiffcnt  de  bonne  heure  ,  font  doux  ôc 
officieux  envers  les  étrangers  ,  le  familiarifant  aifé- 
ment  ,  mais  incommodes  ôc  fort  importuns  par  leurs 
-demandes  continuelles ,  quand  ils  font  devenus  fami- 
liers. Ils  font  intérefies  dans  leur  commerce  ,  foup- 
conneux  ,  trompeurs  ,  menteurs  ,  pauvres  6c  néan- 
moins fiers  ôc  orgueileux  ,  ôc  font  ingrats» 

Les  Chinois  fubjuguérent  autrefois  ces  ifles  :  après 
eux  elles  furent  occupées  par  ceux  de  Java  &  par  les 
Malais ,  &  enfin  par  les  Perfans  ôc  par  les  Arabes.  Ces 
derniers  ,  par  le   moyen   du  commerce  introduifuent 
le  Mahométisme  qui  fut  mêlé  avec  les   pratiques  de 
l'idolâtrie.  Il  y  a  des  familles  qui  le  font  un  grand 
honneur  d'une  origine  fabuleufe  ,  qu'elles  prétendent 
tirer  des  faunes  divinités  adorées  dans  le  pays.  Leurs 
loix  font  grolTieres  ôc  barbares  :  ils  ont  plufieurs  fem- 
mes fans  régie  ôc  fans  nombre  fixe.  La  principale  fem- 
me du  roi  s'appelle  Twrix  en  leur  langue  ;  fes  enfans 
font  plus  conlidérés  ôc  eitimés  plus  nobles  que  ceux 
des  autres  femmes  :  ils  font  regardés  comme  les  hé- 
ritiers légitimes  du  royaume  ;  ôc  s'ils  font  plus  jeunes 
'que  leurs  aunes  frères  ,  ou  même  les  plus  jeunes  de 
tous  ,  ils  ne  laiflent  pas   d'être  préférés  à   tous    ceux 
qui  ne  font  pas  de  la  même  mère  qu'eux.  On  pardonne 
difficilement  le  larcin  ,  mai,  fort  aifément  l'adultère.  Ils 
jugent   que   la  propagation  du  genre  humain  en;  une 
-chofe  qui  mérite  les  foins  de  la  politique.  Les  hommes 
■portent  des  turbans  de  diverfes  couleurs  ôc  ornés  de 
plumes  :  celui  du  roi  elt  distingué    des  autres  &  fait 
*n  forme  de  mitre  par  le  haut  ,  ce  qui  lui  fert  de  cou- 
ronne.  Tout   le  monde    porte  une   efpece    de  vefle 
qu'on   nomme  Cbenines  ,  ôc  des  chauffes    de  damas 
bleu  ,  rouge  ,  verd  ou  violet.  On  porte  auffi  des  man- 
teaux courts  de  même  étoffe  :  quelquefois  ils  font  éten- 
dus ôc   quelquefois  racourcis  ou  noués  fur    l'épaule  , 
félon    l'antienne    manière  romaine.  Les  femmes  font 
parade    de    leurs  cheveux  ,  qu'elles    laiflent  quelque- 
fois flotter  tout  étendus  ,  ôc  qu'elles  lient  aufli  quel- 
quefois ,    y  entrelaçant  des  fleurs  ôc   les  rangeant  de 
manière  ,  que  les  aigrettes  Ôc  les  plumes  qu'elles  por- 
tent à   la  tête  ne  les  embatraffent  point.  Toute   cette 
diverfité  ,   quoique    fans    beaucoup  d'art  ,    ne   laine 
■pas  de   leur  être  un  ornement.  Elles  portent  des  bra- 
celets ,  des  pendans  d'oreilles  ,    des  colliers   de    dia- 
mans  Se   de  rubis  ,  &  de  grands  tours  de  perles  qui 
font  des  ornemens  permis  auxperfonnes   du  commun 
èuffi  -  bien    qu'aux  autres.    Leurs  robes  font  de  foie. 
Tout  cela  leureft  fourni  par  le  moyen  des  mers  &des 
terres  de  leur  voifinage. 

Les  hommes  ôc  les  femmes  font  affez  connoître 
dans  toutes  leurs  manières  le  penchant  naturel  qu'ils 
ont  à  l'orgueil. 

On  parle  plufieurs  langues  différentes  dans  ces  ifles , 
de  forte  que  le  langage  ordinaire  d'un  lieu  n'eft  pas 
entendu  le  plus  fouvent  dans  les  autres ,  quelque  peu 
éloignés  qu'ils  foient.  Le  Malais ,  comme  le  plus  aiféà 
prononcer  ,  y  eit  auffi  le  plus  commun.  Cette  diverfi- 
té  de  langues  fait  juger  que  ces  ifles  ont  été  peuj-lées 
par  des  nations  différentes.  On  attribue  aux  Chinois 
la  connoiffance  affez  ancienne  qu'on  y  a  de  l'art  de  la 
navigation.  D'autres  difent  que  les  habitans  des  Mo- 
îuques  font  descendus  des  peuples  de  l'ifle  de  Java  , 
qui  fuient  artirés  dans  les  Moluques  par  le>  aromates 
qui  s'y  trouvent  ,  ôc  qui  les  engagèrent  à  s'y  établir. 
On  ajoute  que  les  habitans  ,  ayant  chargé  des  vais- 
féaux    de  cloux   de  girofle  inconnus  jufques-là  ,   ils 


MOL 


continuèrent  ce  commerce  qui  leur  réuffit  dès  le  com- 
mencement.   Ils   en    portèrent   jusqu'en    Perfe   ôc  en 
Arabie  ;  ôc  dans  la  fuite  ils  portèrent  dans  les  mêmes 
lieux  des  foies  ôc  des  porcelaines ,  ouvrage  de  l'indu-* 
flrie  des  Chinois.  Les  cloux  de  girofle  panèrent  aux 
Grecs  ôc  aux  Romains  par  les  mains  des  Perles  ôc  des 
Arabes,  ce  qui  fit  naître  à  quelques  empereurs  Latins, 
l'envie  de   conquérir  ces  pays  Orientaux ,  pour  lé  ren- 
dre maîtres  de  toutes   les  épiceries  qui  y   étoient     ôt 
qu'ils    eilimoient   fort  ;  ôc  comme  ils  croy  oient  qu'elles 
venoient    de   la  Chine ,  ils  les  nommoient  d'un  nom 
conforme  a  leur  opinion.  Anciennement  les  Espagnols 
les  tiroient  de  la  mer  Erythrée ,  ou  mer  Rouge ,  con- 
jointement avec  d'autres  marchandifes.  Pendant  quel- 
que tems  les  rois  d'Egypte  furent  maints  des  aroma* 
tes,  ôc  en   les  tirant   de  l'Ane,  iii  les  faifoient  paffer 
en  Europe.  Les  Romains  leur  fuccéderent  en  cela,  lors- 
qu'ils eurent  fournis   1  Egypte  à  leur  domina'ion.  Long- 
tems  depuis  les  Génois  le  rendirent  maîtres  de  ce  com- 
merce, ôc  le  transportèrent  a  Théodofia  ,  aujourd'hui 
Cafa  ,  où  les  Vénitiens    ôc  les  autres  nations  avoient 
des  conluls  Ôc  des   fadeurs.  Après  cela  ,  ils  transpor- 
tèrent   les  marchandifes    par  la  mer  Caspienne  ;  mais 
ce  commeice  finit  par  la  chute  de  l'empiie  d'Orient- 
ôc  les  Turcs  qui  ruinèrent  cet  empire  ,  fe  rendirent  auffi 
les   maîtres  du  trafic  ,  faifant  porter  les  marchandifes 
par  descaravanes,tant  fur  dec  chameaux  que  iur  des  ânes 
à  Alep  ôc  à  Damas ,  ôc  en  divers  ports  de  L  mer  Mé* 
diterranée.  Les  foudans  du  Caire  le  rétablirent  fur  \\ 
mer    Rouge  ,    ôc    firent   voiturer  les    marchandifes  à 
Alexandrie  par  le  Nil.  Après  que  les  Portugais  eurent 
fait  des  conquêtes  aux  Indes  orientales ,  ils  entrent  ce 
commeice  aux  foudans ,  Ôc  apportèrent  en  Europe  les 
marchandifes  de*  Indes  dans  leurs  vaiffeaux  par  le  Cap 
de  Bonne- Espérance.  Pour  cet  effet,  ils  tenoienr  tou- 
jours des  vaiffeaux  qui  croifoient  fur  les  côtes  d  Arabie 
ôc   de    Perfe,    au  Cap  de  Gardafu ,  afin  d'empêcher 
qu'on  n'en  portât  au  Caire ,  ôc  ils  couloient  à  fond  les 
vaiffeaux  où  ils  en  trouvaient ,  ou    bien  ils  s'en  ren- 
daient les  maîtres.  Par  ces  foins  cV  par  ces  précautions 
ils  fe    firent   craindre  ,  ôc  firent  ceffer  à  tet  égard  la 
navigation  du    foudan  ;  de    force    qu'ils    demeiuerent 
entièrement  maîtres  d'un  commerce  fi  avantageux  :  ils 
faifoient  venir  les  richeffes  des  Indes  à  Lifbonne. 

Les  ifles  Moluques  ne  connoiffent  point  la  différence 
de  l'été  ôc  de  l'hiver,  ôc  n'ont  point  de  pluies  en  cer- 
tains tems  réglés  ;  on  remarque  néanmoins  qu'il  y  pleut 
ordinairement  plus  du  vent  de  nord-oued  que  du  veut  du 
fud.  On  trouve  dans  ces  ifles  de  grandes  couleuvres  qui 
ont  plus  de  trente  pieds  de  long ,  &  qui  font  groffes 
à  proportion  :  elles  rempent  pefamment,  &  ne  font 
point  venimeufes.  Ceux  qui  les  ont  vues,  affurent  que 
quand  elles  manquent  de  nourriture ,  elles  mâchent  une 
certaine  herbe,  après  quoi  elles  montent  fur  quelques 
arbres  au  bord  de  la  mer,  où  elles  dégorgent  ce  qu'el- 
les avoient  mâché.  Aufli  tôr  plufieurs  poiffons  accou- 
rant pour  l'avaler  ,  en  font  enyvrés  ,  ôc  demeurent 
fans  mouvement  fur  la  furface  de  l'eau.  Alors  les  cou- 
leuvres fe  jettent  fur  la  proie,  ôc  apparent  leur  faim 
en  fe  rempliffant  de  ces  peiflons  engourdis.  Les  croco- 
diles font  fort  dangereux  fur  terre,  contre  ce  que  les 
anciens  écrivent  de  ceux  du  Nil  ,  qui  le  font  beaucoup 
plus  dans  l'eau  ;  mais  ceux  des  Moluques  font  fi  lâches  ' 
ôc  fi  engourdis  dans  la  mer,  qu'on  les  y  prend  aifément. 
On  trouve  aufli  dans  ces  ifles  certains  petits  animaux 
qu'on  nomme  Cuzos  ;  ils  fe  tiennent  fur  les  arbres, 
ôc  fe  nourriffent  de  leurs  fruits.  Ils  reffemblent  aux  la- 
pins ;  mais  leur  poil  cil  épais ,  crépu  &  rude,  de  cou- 
leur entre  gris  ôc  roux  ;  leurs  yeux  font  ronds  ôc  vifs , 
ôc  leurs  pieds  petits  ;  la  queue  efl  longue  ôc  belle  ;  ils 
s'en  fervent  pour  fe  pendre  ôc  fe  tenir  aux  branches , 
afin  d'atteindre  plus  aifément  aux  fruits  :  ils  fentent  mau- 
vais à  peu  près  comme  les  renards.  Il  y  a  dans  ces 
ifles  plufieurs  oifeaux  fauvages  ;  on  y  en  trouve  auffi 
de  domeiiiques  comme  ceux  d'Europe.  Il  y  a  des  perro- 
quets de  diverfes  couleurs  mêlées  enfemble  :  on  les 
nomme  dans  la  langue  du  pays  Nores  ;  ils  crient  beau- 
coup ôc  fort  haut,  ôc  apprennent  fort  bien  à  parler. 
On  voir  auffi  de  grandes  troupes  d'oies  noires,  qui 
ont  les  pieds  faits  comme  des  perroquets  ;  des  canes , 

des 


MOL 


MOM 


tics  grives  &  plufieurs  autres  fortes  d'oifeaux.  On  trouve 
dans  les  mers  voifines  des  poilTons  de  diverfes  espèces 
Se  en  quantité;  entr'autres ,  des  manates  ou  vaches  ma- 
rines, kmblablcs  a  celles  du  Biéfil  ;  une  forte  d'ecre- 
viiïe  de  mer,  qui  fait  mourir  dans  vingt  quatre  heiues  , 
pour  peu  que  l'on  en  mange  ;  enfin  ,  une  autre  forte 
d'écreviffe  qui  fe  trouve  au  bord  de  la  mer  fous  de 
certains  aibres  ,  dont  l'ombrage  ne  fouffre  aucune  her- 
be,  rend  malades  ceux  qui  y  dorment,  &  brûle  la 
terre  aux  environs.  Ces  écrevifles  naiffent  entre  les  ro- 
chers, &  on  va  les  prendre  la  nuit  avec  du  feu.  Elles 
ont  près  de  la  queue  une  espèce  de  fachet  rempli  d'une 
pâte  dont  le  goût  e/t  très  agréable.  Dans  toutes  les 
Moluques,  il  croît  une  espèce  de  bois  rougeâtre  qui 
brûle  Se  fait  de  la  flamme  Se  de  la  braife  fans  fe  con- 
sumer. 11  femble  tenir  de  la  nature  de  la  pierre  :  on  le 
met  aifèment  en  pièces  avec  les  doigts,  Se  on  peut  le 
brifer  entre  les  dents. 

Les  Moluques  furent  découvertes  en  151 1  ,  par  les 
Portugais ,  qui  y  descendirent  fous  la  conduire  de  Fran- 
cisco Serano.  11  trouva  tant  de  fimplicité  dans  les  ha- 
bitans.que  Boleyfe  ,  roi  de  Tcrnate  ,  Se  Almanzor  ,  toi 
de  Tidor ,  demandèrent  d'être  préférés  dans  l'avantage 
qu'ils  prétendoient  tirer  du  fort  que  les  Portugais  vou- 
loient  bâtir  pour  s'affiner  de  la  pofieffion  de  ces  ifles. 
Peu  de  tems  après,  cette  même  pofleffion  caufa  un 
grand  différent  entre  les  Portugais  Se  les  Caftillans.  Il 
y  avoit  déjà  quelque  tems  que  le  pape  Alexandre  VI 
avoit  partagé  les  Indes  entre  les  rois  de  Cathlle  Se  de 
Portugal  ;  en  forte  que  de  trois  cens  foixante  degrés 
dont  l'on  compofa  le  monde ,  les  Espagnols  dévoient 
pofféder  les  conquêtes  qu'ils  feroient  dans  les  cent  qua- 
tre-vingt degrés  ,  à  compter  depuis  le  trente  fixiéme 
degré  de  Liibonne  vers  le  Ponent  ;  Se  les  Portugais 
les  cent  quatre  vingt  autres  vers  le  Levant.  En  vertu 
de  ce  partage,  l'empereur  Charles  V  prétendit  que 
les  Moluques  appartenoient  à  la  ccuronr.c  de  Caltillc. 
En  effet ,  Ferdinand  Magellan  ,  qui ,  après  avoir  fervi 
fort  utilement  dans  les  Indes ,  fous  Alfonfed'Albuquer- 
que  ,  avoit  quitté  le  fei  vice  du  roi  de  Portugal ,  pour 
prendre  celui  de  Charles  ,  fit  voir  que  les  Molu- 
ques erant  éloignées  de  Malaca  ,  vers  FouefU  de  fix 
cens  lieues  ,  qui  font  environ  trente-fix  degrés ,  elles  dé- 
voient appartenir  à  la  couronne  de  Caliille  ^ainli  il  eut 
ordre  ele  l'empereur  d'en  aller  prendre  poffeffion  ;  &  en 
conféquence  il  partit  de  San-Lucar  le  21  de  Septem- 
bre 1  y  19  ,  paffa  le  détroit  qu'on  appelle  Magel  an  de 
fon  nom ,  &  arriva  presque  a  la  hauteur  des  Molu- 
ques ;  mais  les  vents  contraires  «Se  les  couraus  de  la  mer 
Payant  obligé  de  descendre  dans  les  Manilles,  il  y  fut 
tué  avec  trente-cinq  perfonnes  qui  l'accompagnoient. 
Gonçalo  Gomez  d'Espinofa,  &:  bébailien  del  Cano, 
firent  depuis  quelques  établilTemens  aux  Moluques  au 
nom  de  l'empereur ,  qui  fe  fit  prêter  ferment  de  fidé- 
lité par  les  rois  de  Ternate ,  de  Tidor  Se  de  Gilolo  ; 
mais  la  poffeffion  de  ces  ifles  ,  étoit  d'une  fi  grande 
importance  aux  Portugais  pour  la  continuation  du  com- 
merce des  épiceries ,  qu'ils  firent  tous  leurs  efforts  pour 
fe  la  conferver,  &  les  démêlés  de  Charles  avec  le  roi 
de  France ,  leur  fournit  Foccafion  de  réunir  Les  aères 
d'holtilités  ne  cclTant  point  dans  les  Indes  entre  les 
deux  nations  ,  on  fit  différentes  affcmblées  à  Ségovie 
Se  à  Séville  ,  fans  pouvoir  rien  conclure;  &  enfin, 
par  un  traité  fait  à  Saragoffe  en  1529  ,  l'empereur  enga- 
gea ces  ifles  au  roi  de  Portugal  pour  trois  cens  foixante 
mille  ducats,  jusqu'à  ce  que,  par  l'union  des  royaumes 
de  Caftille  Se  de  Portugal,  ces  droits  furent  confondus 
dans  la  perfonne  de  Philippe  II.  Une  nouvelle  révo- 
lution ayant  rompu  l'union  de  ces  deux  couronnes  , 
les  Portugais  trouvèrent  moyen  de  s'emparer  des  Mo- 
luques, mais  ils  en  turent  enfin  chaffés  par  les  Infu- 
laires  ,  appuyés  des  Mollandois  ,  qui  en  font  à  ptéfent 
les  maîtres  en  partie ,  Se  particulièrement  des  ports. 

A  parler  proprement ,  les  ifles  Moluques  ne  font  qu'au 
nombre  de  cinq  ;  l'avoir  ,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut  : 
Ternate,  Tidor,  Mathian ,  Motir  Se  Bachian  ;  mais 
outre  ces  cinq  ifles  ,  qui  produifent  le  clou  de  girofle  , 
il  en  croît  encore  dans  les  ifles  de  Mcao,  de  Mango- 
gran,  de  Cinomo  ,  de  Cnbel  Se  d'Amboine  ,  qui  tou- 
tes, avec  Cclcbes,  Gilolo  Se  plufieurs  autres,  font  auiïi 


34? 

Comprifes  fous  le  nom  de  Aïoluques,  quand  »u  étonne 
à  ce  nom  une  fignification  étendue.  On  n'euime  pas 
tant  ncanmoins  le  clou  qui  vient  dans  ces  cinq  der- 
nières ifles,  que  celui  des  véritables  Moluques.  *  Hi- 
fioirc  de  la  fob^uête  des  MoL.ques ,  tom.  1.  liv.  11. 
pag.  19. 

MOlURIS,  nom  d'une  pierre  ou  d'un  rocher  delà 
Grèce,  au  territoire  eie  Corinthe,  fur  le  chemin  de 
Mégare  :  Paufanias ,  /.  1.  c.  44.  Se  Ifacius  ,  in  Lycopbro- 
ntm  ,  en  font  mention. 

MOLUS ,  fleuve  de  la  Grèce ,  quelque  part  dans  la 
Bœotie.  Plutarque ,  in  Sylla  ,  dit  que  Sylia  dreffa  un 
trophée  dans  l'endroit  où  Archelaus  avoit  commence  à 
plier  ou  à  fuir  fur  les  bords  du  Moins.  Ortelius  The- 
jaur.  foupçonne  que  c'eft  le  même  fleuve  que  Plutar- 
que nomme  plus  haut  Morius  ,  ou  que  du  moins  ils  n'é*- 
toient  pas  éloignés  l'un  de  1  autre. 

MOLWITZ  ,  village  de  Siléfie,  près  de  la  ville  de 
Grotkau.  Il  elt  remarquable  par  la  bataille  que  le  roi 
de  Pruffe  gagna  le  10  Avril  1741  ,  furies  troupes  de 
la  reine  de  Hongrie. 

MOLYBDANA,  ville  de  Libye,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  la  met  chez  les  Majfieni. 

MOLYBODES ,  ifle  fur  la  côte  de  celle  de  Sardai- 
gne ,  Se  ce  font,  dit  Pline,  dans  fa  eorographie  des 
villes  ,  les  ifles  Plumbea  Se  Hïeracum  des  anciens  ,  au- 
jourd'hui IJole  de  S.  Pierro.  Cet  auteur  fe  trompe  ici 
d.ms  les  noms;  car  Molybodes  n'eft  pas  dans  Ptolo- 
mée  ,  /.  3.  c.  3.  un  nom  commun  à  deux  ifles ,  mais, 
le  nom  d'une  feule.  Molybodes  Se  Plumbea  ne  font 
qu'une  même  ifle.  Ainfi  on  doit  s'en  rapporter  plutôt 
à  Leander ,  qui  dit  dans  fon  livre  des  ifles  d'Italie, 
que  Hïeracum  fe  nomme  aujourd'hui  S.  Pierro  ;  Se 
que  Molybodes  elt  appellée  IJola  di  Toro.  Les  inter- 
prètes de  Ptolomée  rendent  Molybodes  par  Plumbea. 
*  Orrclii  Thef, 

MOLYCRIA  ,  en  grec  M&>i«p/<*.  Ptolomée  ,  /.  j.çj 
ij.  Se  Etienne  le  géographe  parlent  de  cette  ville:  le 
premier  la  met  chez  les  Locres  Ozoles,  Se  le  fécond 
dans  l'vEtolie.  Ceft  la  même  ville  que  Paufanias,  /.  j-. 
c.  3.  .appelle  McAimpiof ,  Molycrion. 

MOLYCRION.  Voyez.  Rhium. 

MOLYNDA,  en  grec  M&AuiÔe/*,  ville  de  Lycie  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe,  qui  Cite  Alexandre,/.  1. 
Lycior. 

MOLZOUDON  ,  ville  du  Mogoliftan  ,  à  cent  tren- 
te-deux degrés  de  longitude  ,  Se  à  cinquante  degrés  de 
latitude.  *  Hift.  deTimur-Bec  ,  1.  3.C.  6. 

MOMAQUES.  Voyez.  Maumaques. 

MOMAYA  ,  ou  Momoya,  ville  des  Indes,  dans 
1'ifie  de  Gilolo,  De  l'Ifle  né  la  marque  point  fur  fa  car- 
te. L'hiuoire  de  la  conquête  des  Moluques,  /.  1.  p.  78. 
nous  apprend  que  cette  ville  ayant  été  pillée  au  com- 
mencement du  gouvernement  de  Triftan  d'Ata)de  ,  par 
des  Barbares  ;  le  feigneur  de  Momoya  qui  étoit  idolâ- 
tre ,  embraffa  la  religion  Chrétienne  pour  avoir  la  pro- 
teclion  des  Portugais. 

MOMBOYER,  ou  MaguezieR,  bourg  de  France ," 
dans  la  Sainro.ige. 

MOMBRAY,  bourg  de  France,  dans  la  Norman- 
die ,  diocèfe  de  Coutances,  élection  de  Vire. 

MOMEMPHIS  ,  ville  d'Egypte,  félon  Stiabon ,  /.  1 7. 
p.  803.  Se  Etienne  le  géographe. 

MOMENSTER  ,  Marmunster,  Mauri  Monafle- 
rium,  abbaye  régulière,  en  France,  de  l'ordre  de  faint 
Benoît ,  dans  la  Baffe-Alface  ,  au  diocèfe  de  Stralbourg  , 
à  une  lieue  au  midi  de  Savcrne. 

MOMIANO  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'Irtrie  ,  fur  le 
fleuve  Dragogna ,  au  nord  de  la  ville  de  Buie.  Elle 
efi  bâtie  fur  un  rocher  ,  ce  qui  la  fait  regarder  comme 
une  place  forte.  *  Magin ,  Carte  de  l'Iltrie. 

MOMOCIACUM  ,  ville  de  la  Gaule.  Grégoire  de 
Tours  ,  /.  9.  en  fait  mention. 

MOMONIE  ,  province  d'Irlande.  Voyez.  Munster  1. 

MOMPA,  province  ou  royaume  d'Afrique,  au  pays 
des  Nègres.  Cet  état  efl  borné  au  nord  par  celui  du 
Grand  Incaffan  ,  Se  par  les  royaumes  de  Waffa  Se 
d'Adom  ,  à  l'orient  par  le  pays  maritime  d'Anten,  & 
au  couchant  par  celui  dLwira.  *  Dapper>  Dcfc,  d'A- 
frique, p.  z8S. 

tome   IV       X* 


34*      MON 

MOMPSI  DOMUS.Voyez.  Hemopsonestia. 

i.  MON  A,  ifle  fituée  enrre  la  Grande  Bretagne  & 
l'Hibernie,  félon  Céfar,  de  bell.  Gall.l.  j.  c.  13.  Pli- 
ne,  /.  4.  c.  17.  &  Ptolomée ,  /.  2.  c.  2.  Xiphilin , 
in  Nerva ,  écrit  Monna  ,  Se  Jornandès  Memma  ,  ap- 
paremment par  corruption.  On  la  nomme  aujourd'hui 
Man.  Voyez.  Man  Se  Mo^da. 

2.  MON  A ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Grande  Bretagne. 
Elle  eft  différente  de  celle  dont  il  eft  parlé  dans  l'arti- 
cle précédent  ,  puisque  Tacite,  Annal.  I.  14.  c.  30.  dit 
que  les  chevaux  des  Romains  y  parlèrent  à  gué  Se  à 
la  nage.  Les  peuples  d'Angleterre ,  qui  ont  retenu  l'an- 
cienne langue  des  Bretons  ,  la  nomment  préfente- 
ment  Mon ,  Se  en  anglois  on  l'appelle  Anglefey. 

3.  MONA,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale ,  à  la 
hauteur  de  dix-huit  degrés  de  latitude  ,  ou  un  peu 
moins.  Elle  eft  d'une  grandeur  moyenne  ,  Se  fe  trouve 
fituée  entre  celle  de  Saint  Jean  Se  Saint  Domingue, 
plus  près  néanmoins  de  la  première.  Son  circuit  eft  d'un 
peu  plus  de  trois  lieues.  Ceft  une  terre  baffe  Se  plate, 
iafée  Se  pierreufe  -,  mais  un  peu  plus  haute  du  côté  du 
nord.  Elle  n'eft  point  habitée  ,  quoiqu'elle  foit  remplie 
d'arbres  qui  produifent  de  très-bons  fruits,  fur-tout  des 
oranges,  remarquables  pour  leur  bonté  Se  leur  groffeur. 
Il  y  a  de  ce  côté  là  une  petite  ifle  ,  ou  plutôt  un  rocher 
nommé  Zacben  ,  presque  vis-à-vis  de  Guatabaca  :  ce 
n'eft  qu'un  repaire  d'oifeanx.  *  De  Laet ,  Defc.  des  In- 
des occid.  1.   i.c.  3.  Corn.  Dict. 

•      MQNAB/E  ,  ville  de  l'Ifaurie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  nomme  les  habitans  Monabates. 

MONABATES.  Voyez.  MÔnab^e. 

MONACHE  ,  ifle, devant  celle  de  Taprobane.  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c .  4.  la  place  entre  celles  dVEgidiorum 
Se  d'Ammine. 

MONACHIUM  ET  MONACHUM  ,  noms  latins  de 
la  ville  de  Munich,  capitale  de  la  Bavière. 

MONACO ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  partie  occidentale 
de  la  mer  de  Gènes,  entre  Vintimiglia  Se  Ville-Fran- 
che ,  Se  le  chef-lieu  d'une  principauté,  de  même  nom. 
Elle  eft  fituée  fur  un  rocher  qui  s'étend  dans  la  mer , 
&  qui  eft  fortifié  par  la  nature.  Sur  ce  rocher  ou  pro- 
montoire étoit  autrefois  le  temple  à' Hercules  Monœ- 
cus  ,  qui  donne  encore  le  nom  à  la  ville.  Ce  lieu  étoit 
connu  de  Virgile ,  fuivant  ce  vers  83 1.  de  l'Enéide,  /.  6. 

\Agger\bus  foeer  Alpinis  atque  arce  Mon&ci 
Descendent 

*  Adijfon ,  Voyage  d'Italie ,  p.  y . 

La  ville  de  Monaco  eft  regardée  comme  une  place 
d'une  grande  importance,  à  caufe  qu'elle  eft  à  l'entrée 
de  la  mer  de  Provence,  Se  par  conféquent  frontière 
de  France.  Au  pied  de  la  ville  il  y  a  un  port ,  dont 
Lucain  ,  /.  1.  v.  40;.  &  fuiv.  nous  a  donné  la  de- 
feription  en  ces  termes  : 

Quaque  fub  Herculeo  fatratus  nomine  portus 
Vrget  rupe  cava  pelagus  ;  non  Corus  in  illum 
Jus  babet  aut  Zcpbirtis  :  foins  fua  littora  turbat 
Circius ,  &  tut  a  probibet  flatione  Montci. 

Le  château  eft  bâti  fur  un  rocher  escarpé  >  extrême- 
ment élevé,  Se  que  battent  les  flots  de  la  mer  ;  ainfi 
la  ville ,  le  château  Se  la  citadelle  font  fur  une  langue 
déterre,  détachée  des  montagnes,  d'une  hauteur  pro- 
digieufe ,  Se  qui  fait  comme  un  amphithéâtre  qui  avan- 
ce dans  la  mer.  Cette  langue  de  terre  eft  presque  toute 
environnée  d'eau ,  faifant  comme  une  péninfule;  d'un 
côté  feulement  elle  eft  preffée  d'une  affreufe  montagne  , 
qui ,  commandant  la  ville ,  diminue  beaucoup  de  fa 
torce. 

L'illuftre  maifon  de  Grimaldi  ,  iffue  du  Grimoald , 
maire  du  palais ,  fous  le  règne  de  Childeberr  II  ,  a 
poffédé  la  principauté  de  Monaco  depuis  l'empire  d'O- 
thon  I ,  vers  le  milieu  du  dernier  fiécle  ,  jusqu'à  la  mort 
du  dernier  prince  de  cette  maifon  ,  dont  la  fille  aînée 
a  porté  cette  principauté  dans  la  maifon  de  Matignon  , 
à  la  charge  que  le  nom  Se  les  armes  de  Monaco  fe 
continueraient  dans  fa  poftérité.  Honoré  Grimaldi  II 
du  nom,  prince  de  Monaco,  chaffa  en   1641,  la  gar- 


MON 


nifon  Espagnole  que  fes  prédéceffeurs  avoient  mife  à 
Monaco  ;  il  reçut  en    même  tems  une  garnifon  Fran- 
çoife  ,  Se  fe  mit  fous  la  protection  de  Louis  XIII ,  qui 
lui  donna  le  duché  de  Valentinois  avec  d'autres  avan- 
tages. 

Il  y  a  dans  cet  état  trois  villes', 

Monaco ,       Roque-Brune ,       Se  Menton. 

MONADI,  peuples  d'Italie.  Pline,/.  3.  c.  11.  dit 
que  Dioméde  les  extermina. 

MON/EDA  ,  ifle  que  Ptolomée  ,  1. 1.  c.  2.  place  fur 
la  côte  orientale  de  l'Hibernie.  Quelques  exemplaires 
latins ,  au  lieu  de  Monxda ,  portent  Monarina  ;  Se  on 
lit  auffi  de  la  forte  dans  un  manuferit  grec  Elle  eft  ap- 
pellée  Menavia  par  Bede ,  Se  Eubonia  par  Gyldas. 
Dans  le  langage  breton ,  on  la  nomme  Menau ,  Se  en 
anglois  Man ,  d'où  quelques  modernes  ont  fait  le  mot 
latin  Mania.  Onelius ,  Tbefaur.  croit  que  c'eft  cette 
ifle  que  Pline  appelle  Monapia.  Il  ne  feroit  pas  fi  ai- 
fé  de  décider  que  ce  fût  l'ifle  Mona  de  Tacite. 

1.  MON AGHAN  ,  comté  d  Irlande ,  borné  au  nord 
par  celui  de  Tyrone,  à  l'orient  par  celui  d'Armagh , 
au  midi  par  celui  de  Cavan  ,  a  Foueft  par  celui  de 
Fermagh  :  il  a  trente  quatre  milles  de  longueur  Se  vingt 
milles  de  largeur.  C'eft  un  pays  montagneux  Se  couvert 
de  forêts.  On  le  divife  en  cinq  baronnies,  qui  font 


Trough  , 
Monaghan 


Dartrée, 
C  rémorne , 


Farny-Donagh- 
maine , 


Il  n'y  a  qu'une  feule  ville  qui  ait  droit  d'envoyer  fes 
députés ,  Se  il  n'y  en  a  aucune  qui  tienne  marché  pu- 
blic. *  Etat  préfsnt  de  la  Grande  Bretagne ,  tom.  3. 
pag.  67. 

2.  MONAGHAN,  ville  d'Irlande  ,  au  comté  de  mê- 
me nom  ,  dont  elle  eft  le  chef-lieu.  Cette  ville  n'eft  pas 
fort  confidérable. 

MONALUS,  rivière  de  Sicile.  Elle  a  fa  fourcedans 
les  montagnes  Nébrodes ,  Se  fon  embouchure  fur  la 
côte  feptentrionale,  entre  CcpbaUdium  à  l'occident, & 
ALtfa  à  l'orient.  C'eft  la  pofition  que  lui  donne  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  4.  Fazell  nomme  cette  rivière  Melina  ; 
mais  dans*  un  antre  endroit  il  l'appelle  Pollina  ,  qui 
eft  le  vrai  nom  moderne.  Léander  cependant  la  nom- 
me Tofa.  Voyez,  Pollina. 

MONAPIA.  Voyez,  Monxda. 

MONARINA.  Voyez,  Mon/eda. 

1.  MON  ASTER ,  ville  de  Macédoine.  Voyez,  Toir. 

2.  MONASTER  ,  ou  Monester  ,  ville  d'Afrique , 
dans  le  royaume  de  Tunis ,  On  croit  que  fon  nom  lui 
vient  d'un  couvent  d'Auguftins  qui  en  étoit  proche. 
Elle  eft  fermée  de  bonnes  murailles  fort  hautes ,  Se  a 
été  bâtie  fur  la  côte  par  les  Romains,  à  quatre  lieues 
de  Suze ,  du  côté  de  l'orient.  Les  maifons  y  font  bien 
conftruites ,  &  la  fituation  en  eft  agréable.  Ses  envi- 
rons font  de  beaux  jardins,  tout  remplis  d'oliviers.  La 
terre  étant  trop  légère  pour  le  froment ,  on  n'y  feme 
que  de  l'orge.  Les  habitans  ont  été  û  fouvent  tourmen- 
tés des  Maures ,  des  Turcs  Se  des  Chrétiens ,  depuis 
Tunis  pris  pa"r  Barberouffe,  qu'ils  font  aujourd'hui  fort 
pauvres.  Ils  fe  font  révoltés  plufieurs  fois  contre  leur 
roi  ,  &  ont  été  faccagés  par  les  armées  navales  de 
Charles-Quint.  *  Marmol.,  Defc.  du  royaume  de  Tunis, 
1.  6.  c.  lé. 

L'an  1539,  André  Doria ,  s'étant  rendu  maître  de 
Monafter ,  y  laiffa  un  régiment  espagnol  par  ordre  de 
l'empereur ,  pour  appuyer  les  intérêts  du  roi  de  Tu- 
nis ,  qui ,  ayant  affemblé  le  plus  de  gens  qu'il  lui  fut 
poffible  pour  marcher  contre  Carvan ,  .prit  avec  lui 
ce  régiment  espagnol  ,  Se  quelques  pièces  d'artillerie  ; 
mais ,  lorsqu'il  fut  à  trois  lieues  de  Monafter ,  tous  les 
Maures  de  fon  parti  pafferent  du  côté  des  ennemis, 
de  forte  qu'il  fut  obligé  de  fe  rejoindre  au  bataillon  d'in- 
fanterie espagnole  ,  qui  fit  fa  retraite  en  bon  ordre  à 
travers  d'une  plaine  fablonneufe ,  quoiqu'il  eût  plus  de 
cent  mille  hommes  à  foutenir ,  Se  qu'il  ne  fut  appuyé 
que  de  deux  mille.  Ensuite  il  s'en  retourna  en  Italie, 
Se  les  Turcs  reprirent  la  place.  Dix  ans  après,  André 
Doria,  qui   avoit  paffé  tout  l'été  à  chercher  Dragut, 


MON 


MON 


pirate  fameux  ,  qui  faifoit  beaucoup  de  maux  aux  Chré- 
tiens avec  vingt-quatre  vaifieaux  corfaires ,  courut  toute 
la  côte  de  Tunis  ,  &  réduifir  les  villes  de  Suie ,  de  Mo- 
naftcr  ,  d'Afrique  &  d'Ezfague  ,  qu'il  remit  entre  les 
mains  de  Muley  Bubcer  ,  fils  du  roi  de  Tunis ,  ôc  re- 
tourna paner  l'hiver  en  la  Chrétienté  ;  mais  dès  le  com- 
mencement du  printems  ,  avec  les  galères  du  pape  ,  le 
duc  de  Florence,  &  quelques  compagnies  espagnoles 
des  régimens  de  Naples ,  de  Lombardie  ôc  de  Sicile , 
il  alla  donner  la  chafl'c  à  Dragut ,  qui ,  pendant  l'hiver , 
avoit  repris  Sufe  ,  Monafter  ôc  Ezfague.  André  Doria, 
étant  parti  de  Sicile  avec  toutes  fes  galères  ,  débarqua  au 
cap  de  Mercure,  ôc  faccagea  le  château  de  Calibie.  De- 
là il  s'avança  vers  la  ville  d'Afrique  ;  mais  parce  qu'il 
falloit  plus  de  troupes  qu'il  n'en  avoit  pour  s'en  rendre 
maître  ,  il  fut  réfolu  qu'on  iroit  à  la  Goulette  ,  ôc  qu'on 
prendroit  en  paiïant  la  ville  de  Monafter ,  où  Dragut 
avoit  laifle  quelques  Turcs  en  gatnifon.  Lorsqu'on  y 
fut  arrivé,  on  trouva  les  Turcs,  les  Maures,  &  quel- 
ques Arabes,  qui  s'oppoferent  à  la  descente.  Enfin,  après 
un  combat  aflez  rude,  les  Barbares  plièrent.  L'on  fit 
la  descente,  ôc  l'on  attaqua  la  ville.  Les  habitans  de- 
mandèrent d'abord  à  capituler  ;  mais  comme  on  ne 
voulut  leur  accorder  que  la  vie ,  rien  ne  fut  conclu , 
&  on  fit  en  même  terns  jouer  le  canon.  L'un  des  ba- 
taillons fit  face  pour  s'oppofer  aux  Arabes,  &  la  brè- 
che étant  faire ,  les  autres  entrèrent  dans  la  ville  fans 
beaucoup  de  réfillance,  à  caufe  que  les  femmes  ôc  les 
enfans  s'étoient  retirés  à  la  vue  de  1  armée  navale  ;  le 
refte  fe  jetta  dans  le  château.  Tandis  que  l'on  faccageoit 
la  ville  ,  les  chefs  ,  favoir  ,  don  Garcia  de  Tolède ,  ôc 
don  Alvaro  de  Vega ,  allèrent  fe  failir  des  avenues  de 
£. e  château  ,  ôc  fommerent  ceux  de  dedans  de  fe  ren- 
dre. Sur  leur  refus  ,  on  commença  à  battre  du  côté  de 
terre  avec  deux  pièces  de  canon ,  &  cependant  les  ga- 
Jeres  donnèrent  du  côté  de  la  mer.  11  n'y  eut  pas  plu- 
tôt brèche,  qu'on  y  monta  avec  des  échelles,  ôc  par- 
le pan  qui  joint  de  la  ville  au  château.  L'ennemi  fe  dé- 
fendit aflèz  bien;  mais  le  gouverneur  ayant  été  tué  avec 
les  Turcs  &  plus  de  quarante  Maures,  le  relie  fe  retira 
au  donjon  ,  où  il  fe  rendit  ôc  fut  fait  esclave. 

MONASTERIO  DE  LAS  RODlLLAS  ,  village 
d'Espagne ,  dans  la  Caftille  Vieille  ,  à  trois  lieues  de 
Buigos.  Ce  village  eft  renommé  par  la  bonté  de  fes  fro- 
mages ,  qui  paiïent  pour  être  les  meilleurs  de  toute  la 
Caltille.  Entre  ce  village  de  la  ville  de  Burgos,  on  ren- 
contre une  hauteur  ,  que  l'on  dit  être  l'endroit  le  plus 
chaud  de  toute  la  Caltille  Vieille ,  Se  d'où  l'on  décou- 
vre Burgos,  qui  en  eft  à  une  lieue.  Au  pied  de  la 
hauteur  eft  une  vafte  plaine ,  où  l'on  voit  près  du  che- 
min, une  maifon  de  Chartreux  fuperbe  6c  richement 
rentée.  Cette  plaine  eil  extrêmement  agréable,  particu- 
lièrement dans  le  printems ,  à  caufe  des  chênes  verds 
ôc  de  ces  petits  arbrifieaux  qu'on  nomme  cilles,  dont 
elle  fe  couvre.  L'air  y  eft  embaumé  de  l'odeur  des  hy- 
pociltes,  qui  croiflent  fur  la  racine  de  ces  derniers.  * 
Délices  d'Espagne,  p.  172. 

MONASTERIOLUM  ,  c'eft  le  nom  latin  que  Froard 
donne  à*une  ville  de  la  Gaule  Belgique.  On  l'appelle 
aujourd'hui  Monstreuil.  Voyez,  ce  mot.  *  Ortelii 
The  faur. 

MONASTERO  ,  bourg  ou  village  du  Royaume  d'Es- 
pagne ,  dans  l'Eitremadoure.  De  Xérès  de  Badajoz  , 
tournant  à  l'orient,  on  rencontre  Monaftero  fur  la 
grande  route  de^éville  à  Badajoz  ;  Ôc  entre  ce  village 
ôc  l'Andaloufie  ,  on  traverfe  un  chemin  allez  uni  ôc 
planté  de  chênes  verds  pendant  cinq  lieues.  *.  Délices 
d'Espagne  ,  p.  389. 

MON  ASTRUE  ,  bourg  de  France ,  dans  l'Armagnac , 
élection  d'Armagnac. 

MONBAHUS  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Agénofs , 
élection  d'Agen, 

MONBAR.  Voyez.  Mont-Bar. 

1.  MONBAZA.,  ou  Monbassa,  ifle  de  la  mer  des 
Indes ,  fur  la  côte  occidentale  d'Afrique,  féparée  du  con- 
tinent par  les  bras  d'une  rivière  de  même  nom  ,  qui  fe 
jette  dans  la  mer  par  deux  embouchures. 

On  trouve  dans  cette  ifle  en  abondance  toute  forre 
de  provisions,  comme  du  millet,  du  riz, de  la  volail- 
le, &  des  beitiaux.  extrêmement  gras,  fur-tout  les  mou- 


347 

tons  qui  ny  ont  pas  de  queue.  Leterroireft  fort  agréa- 
ble ,  il  préfente  une  infinité  de  vergers  plantés  de  gre- 
nadiers ,  de  figuiers  des  Indes ,  d'orangers  des  deux  es- 
pèces ;  &  de  citronniers.  L'eau  y  eft  excellente.  Cette 
ifle  fût  découverte  par  Vasco  de  Gama ,  Portugais , 
l'an  1598.  *  Htman  Lopès  de  Cafianneda,  Hift.  de  la 
conquête  des  Indes  orientales  par  les  Portugais. 

2.  MONBAZA  ,  rivière  d'Afrique.  Elle  vient  du 
royaume  de  Nimeamaie  ou  Mono-Emugi  \  fon  coins 
eft  de  l'occident  à  l'orient ,  ôc  elle  va  fe  jetter  par  deux 
embouchures  dans  la  mer  des  Indes  ,  fur  la  côtcdeZan- 
guébar ,  où  elle  forme  à  fon  embouchure  une  petite 
ifle  de  même  nom.  Voyez.  Monbaza  i. 

3.  MONBAZA,  ville  d'Afrique,  fur  la  côte  orien- 
tale de  l'ifle  de  Monbaza,  ôc  la  réfidence  du  roi  de  Mé- 
linde,  ôc  du  gouverneur  de  la  côte.  Elle  eft  bâtie  fur 
une  roche.  Son  enceinte,  qui  eft  affez grande , eft  for- 
tifiée d'un  château  ;  la  plupart  des  maifons  font  de 
pierre ,  ôc  les  plafonds  font  travaillés  en  compartimeus 
de  plâtre.  Les  rues  font  fort  belles.  Les  habitans  font 
des  Maures,  les  uns  blancs,  les  autres  bazanés.  Leur 
parure  eft  riche  ,  fur  tout  celle  des  femmes  ,  qui  ne 
portent  que  des  habits  de  foie  enrichis  d'or  ôc  de  pier- 
res précieufes.  Le  commerce  y  eft  établi  pour  toutes  fortes 
de  marchandifes,  &c  le  port,  qui  pane  pour  bon  ,  eft 
continuellement  rempli  de  vaifieaux.  Cette  ville  reçoit 
du  continent  de  l'yvoire,  de  la  cire  &  du  miel.  Fian- 
çois  Almeïde  ,  s'en  étant  rendu  maître  en  1^05  ,  y  fit 
des  dégâts  terribles ,  ôc  en  brûla  les  trois  quarts.  Ort 
la  rebâtit  enfuite  ,  &  quelque  tems  après,  Nunno 
d'Acunna  la  pilla  tout  de  nouveau  ;  mais  les  Portu- 
gais, confidérant  que  cette  ville  feroit  pour  eux  d'une 
garde  difficile  ,  fe  retranchèrent  dans  la  citadelle ,  d'où 
ils  furent chaflès en  1631  ,  par  le  Chèque  arabe."*'  Her- 
nan  Lopès  ,  Conquête  des  Indes. 

Le  port  de  Monbaza  eft  fort  bon  ;  les  marchands 
de  la  côte  de  Zanguébar  ôc  de  divers  autres  lieux ,  y 
abordent,  à  caufe  de  la  commodité  du  commerce.  *  Djp* 
per ,  Defc.  de  l'Afrique,  p.  199. 

MONBAZENS,  bourg  de  France,  dans  le  Rouer- 
gue  ,  éleétion  de  Villefranche. 

MONBAZON.  Voyez  Montbazon. 

MONBELLIARD.  Voyez  Montbelliard. 

MON  BEN  OIT ,  abbaye  de  Fiance  ,  dans  la  Franche- 
comté.  Voyez  Mont-Benoit, 

MONBLANC,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Catalogne  , 
fur  la  petite  rivière  de  Francoli  ,  au  nord-eft  de  Pra- 
das.  C'eft  une  ville  médiocre,  chef- lieu  d'une  viguerie 
ôc  d'un  comté.  Elle  avoit  autrefois  titre  de  duché  , 
afkcté  aux  fils  des  rois  d'Aragon.  *  D élïc es  d'Espagne, 

P-  J94- 

MONBRISON.  Voyez  Montbrison. 

MONCAIO,  ou  Moncayo,  montagne  d'Espagne, 
dans  l'Aragon  ,  en  latin  Mons-Cauntis. 

MONCALE  ,  cap  de  1  ifle  de  Madagascar  ,  à  qua- 
tre grands  lieues  de  la  rivière  Franshere.  Depuis  ce  cap 
jusqu'à  la  baie  de  Ranoufourchi ,  appellée  la  baie  des 
Galions ,  la  côte  n'a  que  deux  lieues  de  largeur.  Le 
long  de  la  côte,  qui  eft  toute  fablonneufe ,  font  quel- 
ques bois  qui  féparent  deux  grands  étangs ,  appelles 
les  lacs  d'Ambouve.  L'alo'és  croît  en  quantité  le  long 
de  ces  bois,  fur  les  endroits  qui  avancent  dans  le  pays. 
Entre  Moncale  &  Ranoufoutchi ,  il  y  a  une  contrée 
qui  fe  nomme  Mozambique.  *  Flacourt ,  Hift.  de  l'ifle 
de  Madagascar,  c.  12. 

MONCAL1ER  ,  bourgade  du  Piémont,  fur  une  mon- 
tagne ,  aune  grande_  lieue  au-defius  de  Turin,  près  de 
la  rive  droite  du  Pô.  Il  y  a  dans  ce  lieu  plufieurs  mai- 
fons de  plaifance  ,  entre  autres ,  une  bien  meublée  & 
bien  entretenue  ,  ôc  qui  appartient  au  lbuverain.  Mon- 
calier  s'eft  accru  des  ruines  de  Teftone.  *  La  Forêt  de 
Boitrgon  ,  Geogr.  hift.  t.  2.  p.  487. 

MONCALVO ,  perire  ville  d'Italie ,  dans  le  Mon- 
ferrat ,  à  fix  milles  du -Pô  ,  ôc  à  fept  de  Cafal  en  tirant 
vers  le  midi  occidental.  Elle  eft  fituée  auprès  de  la  Stu- 
ra,  ôc  on  l'appelle  communément  Moncal.  Sa  fi- 
tuation  fur  une  momagne  la  fait  regarder  comme  une 
place  forte,  ôc  l'une  des  plus  importantes  du  M  on  fer- 
rat.  *  M.rgin  ,  Carte  du  Monferrar. 

MONÇAON  ,  ou  Monçon  ,  ville  de  Portugal ,  dans 
Tom.  IV.  Xx  ij 


34» 


MON 


MON 


la  province  d'Entre-Douero  6c  Minho,  à  l'occident  de 
Melgaço ,  fur  la  rivière  du  Minho  (  a  ) ,  vis-à-vis  d'une 
petite  place  de  la  Galice ,  nommée  Salvaterra.  Mon- 
çaon eft  défendue  par  un  château  ,  fortifié  d'une  tenail- 
le à  deux  flancs,  6c  les  murailles  de  la  place  forment 
cinq  courtines  revêtues  d'autant  de  plateformes.  Elle 
eff:  la  capitale  d'un  comté  que  Philippe  IV  donna  à 
Rodrigue  Lobo  ,  général  de  l'armée  de  Portugal.  Il  y 
a  à  Monçaon  une  riche  églife  paroiflialc,  un  couvent 
de  religieux,  un -autre  de  religieufes,  &  quatre  cens 
habitans.  La  garnilbn  ordinaire  eft  de  quatre  compa- 
gnies d'infanterie.  Les  armes  de  cette  ville  font  une 
muraille,  fur  laquelle  eft  affife  une  femme,  ayant  deux 
pains  à  fes  côtés.  Elle  prit  ces  armes  (  b  ) ,  fur  ce  qu'é- 
tant arttégée  par  dom  Pedro  Sarmiento  ,  gouverneur  de 
la  Galice  pendant  les  guerres  de  dom  Henriquez  II 
de  Caffille ,  contre  don  Fernand  de  Portugal,  elle  fe 
voyoit  tellement  preffée  par  la  faim ,  qu'elle  fe  difpo- 
foit  à  capituler ,  quand  une  femme  fit  cuire  quelques 
pains  du  peu  de  farine  qui  ïeltoit  aux  aflîégés ,  Se  s'é- 
tant  mile  fur  la  muraille,  les  jetta  à  l'armée  des  en- 
nemis. Ils  crurent  que  l'abondance  étoit  dans  la  ville  ; 
ce  qui  les  engagea  à  lever  le  fiége.  Il  y  a  à  Monçaon 
une  riche  abbaye  de  Bénédictines  compofée  de  150  re- 
ligieufes. (a)  Délices  de  Portugal,  p.  700.  (b)  Le 
Quien  de  la  Neuville,  Hift.  générale  du  Portugal. 
Corn.  Dict. 

1.  MONCASTRO,  ville  de  Moldavie,  dans  la 
Beffarabie ,  dont  elle  eft  la  capitale.  On  la  nomme  plus 
fouvent  Bi.ilogrod ,  &  quelquefois  Akerman.  Voyez. 
Bialogorod. 

2.  MONCASTRO,  bourgade  de  la  Macédoine,  à 
cinq  lieues  de  la  ville  Salonichi ,  vers  le  midi  occiden- 
tal. C'eft  l'ancienne  Aénia.  Voyez,  ce  mot.  n°  1. 

MONCAUREL  ou  Montcaurel  ,  château  de  Fran- 
ce ,  dansleBoulonnois  ,  avec  titre  de  marquifat.  *  Andr. 
Vaiefii  Not.  Gall.  p.  346. 

MONÇAY  ou  Moncê  ,  abbaye  de  France  ,  au  dio- 
cèfe  de  Tours.  C'eft  un  monaftere  de  filles  de  l'ordre 
d?  Cîteaux.  Dom  Martenne  en  parle  dans  fon  voyage 
littéraire  autrement  que  les  dictionnaires,  &  ne  dit  pas 
qu  elle  ait  été  fondée  par  un  fimple  bourgeois  de  Tours 
en  1216-,  mais  qu'elle  doit  fon  origine  à  quelques  filles 
de  pi. te,  qui  s'étant  retirées  dans  ce  défert  pour  y 
vivre  dans  la  pénitence  &  dans  les  exercices  de  la  con- 
templation ,  répandirent  une  odeur  fi  grande  de  vertu 
dans  iout  le  pays, que  Sulpice,  feigneur  d'Amboifc,  en  fut 
touché  ,  6c  leur  offrit  de  bâtir  un  monaftere ,  fi  elles  vou- 
loient  garder  la  clôture ,  6c  s'engager  par  vœu.  Elles 
acceptèrent  fes  offres ,  Se  fe  donnèrent  à  l'ordre  de 
Cîteaux ,  dont  elles  dépendent  encore  aujourd'hui.  La 
fupéiieure  ne  prit  d'abord  que  le  nom  de  prieure ,  & 
elle  étoit  élue  par  la  communauté  ;  ce  qui  a  duré  jus- 
qu'en 1652  ,que  le  pape  Innocent  X,à  la  demande  du 
roi,  lérigea  en  abbaye  en  faveur  de  madame  d'Epi- 
noy.  On  voit  dans  l'églife  cette  épitaphe  gravée  fur 
une  fimple  tombe  :  Hic  jacet  domina  Johanna,  uxor 
Johannis  domini  C.ilvimontis  ,filia  comitis  Vindocenenfis. 
Fuit  in  vita  bon&  memoru.  Anima  ejus  req.  in  pace. 
Quelques-uns  appellent  cette  maifon  en  latin  Mons 
■Çœleftis.  *  Voyage  lut.  tom.  I.  p.  64. 

MONCÉ  6c  Belin  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Mai- 
-ne ,  élection  du  Mans. 

MONCÈ  6c  Saunois  ,  bourg  de  France,  dans  le 
Maine,  élection  du  Mans. 

MONCÉ.  Voyez.  Monçay. 

MONCEAU  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Limoufin , 
élection  de  Brives. 

MONCEAUX,  maifon  royale  de  France,  en  Brie, 
fituée  fur  une  éminence  à  deux  lieues  de  Meaux ,  6e  à 
une  demie  de  la  Marne.  Cette  maifon  a  été  embellie 
par  la  reine  Catherine,  &  augmentée  par  le  roi  Henri 
IV.  La  principale  entrée  eff  au  bout  d'une  avenue  très- 
large  ,  environnée  de  bois  &  de  petites  plaines.  Elle 
aboutit  à  une  avanteour  de  quatre-vingt-cinq  toifes  de 
.  largeur ,  fur  foixante-quinze  de  profondeur  jusqu'aux 
fortes  du  château.  11  devoit  être  bâti  de  trois  côtés  ;  la 
face  auroit  été  devant  l'avenue  ,  avec  des  ailes  à  droite 
&  à  gauche.  L'ouvrage  eff  à  la  moitié  ;  ce  qui  eff  fini 
eft  élevé  à  la  hauteur  d'un  étage.  Il  y  a  des  offices  Se 


des  logemens  pour  les  différens  officiers  de  fervice.  A 
travers  l'aile  gauche  il  y  a  un  partage  pour  aller  au 
village  qui  eft  de  ce  côté. 

Après  l'avantcout ,  on  voit  le  château  qui  eft  fermé 
par  un  forte  fec ,  carré,  ayant  quatre-vingt-dix  toifes 
d'un  fens,  fur  foixante-quinze  de  l'autre  :  fa  largeur 
eft  de  dix  toiles  par  trois  côtés  ,  le  quatrième  eft  occu- 
pé par  une  terraffe  au-devant  du  château.  La  faurte-braie 
en  terraffe  au  pourtour  du  château  eft  de  quinze  toifes  de 
largeur  ;  on  y  entre  par  un  pont  qui  traverfe  le  forte , 
Se  on  en  fort  par  deux  autres ,  dont  l'un  mené  dans  le 
village  ,  l'autre  dans  les  bois.  Les  encognuies  de  la  faurte- 
braie  en  terraffe  font  ornées  de  quatre  beaux  pavillons, 
Se  de  deux  tourelles  à  chaque  porte  pour  des  corps  de 
gardes. 

Le  château  a  quatre  faces ,  fur  un  carré  de  quarante 
toifes.  Chaque  face  a  une  cour  intérieure  de  vingt-huit 
toifes  en  carré.  Chaque  encognure  eft  furmontée  par 
un  pavillon.  Au  milieu  de  la  face  fur  le  jardin  ,  il  y 
a  un  gros  pavillon  qui  s'élève  avec  des  corps  aux  an- 
gles ,  Se  de  chaque  côté  des  galeries  voûtées  qui  com- 
muniquent aux  pavillons  des  encognuies. 

Les  décorations  des  faces  extérieures  font  d'une  belle 
architecture,  ornées  de  pilaftres  ^le  colomnesà  l'avant- 
corps,  Se  de  tout  ce  qui  eft  convenable  pour  fatisfaire 
la  vue  dans  l'ordre  des  grands  bâtimens.  Les  pavillons 
font  couverts  de  grands  combles  à  deux  épies,  les  ailes 
à  deux  égouts  font  percées  dans  les  hauts  par  de  belles 
lucarnes.  Les  deux  faces  à  l'entrée  de  la  cour  du  côté 
du  pont  font  ornées  de  colomnes  à  la  hauteur  de 
deux  étages  :  le  tout  eft  couronné  de  baluffrades  Se  de 
terrartes ,  au  dertus  desquelles  s'élève  un  dôme  qui  fc 
termine  par  une  lanterne  percée.  Les  galeries  baffes 
de  cette  partie  du  bâtiment  font  décorées  d'arcades 
fur  la  cour  du  côté  de  la  faurte-braie  ;  ce  font  des 
pilaftres  dans  les  trémaux  6c  dans  les  croifées,  Il  y  a 
plufieurs  grands  appartemens  dans  ce  château  ;  on  y 
conferve  toujours  celui  d'Henri  IV.  Il  y  a  une  pièce 
deltinée  pour  les  différens  fpectacles.  La  chapelle  du 
roi  étoit  dans  le  gros  pavillon  qui  fe  termine  en  dôme. 

De  la  faurte-braie  en  terraffe  en  face  du  château , 
on  descend  dans  un  jardin  fermé  de  murs.  Ce  jardin 
eft  de  cent  trente  toifes  de  longueur  fur  quatre-vingt- 
dix  de  largeur.  On  y  voit  de  très-belles  pièces  de  gazon 
entourées  d'allées  d'arbres.  Le  parc  eft  auffî  fermé  de 
murs  ,  il  a  une  aflez  grande  étendue ,  il  eff  planté  de 
belles  allées  d'arbres  Se  de  petits  bosquets  pour  la  pro- 
menade. La  forêt  qui  le  joint  ferr  pour  ramufemenr 
de  la  charte.  *  Gabriel,  infpetleur  général  des  bâtimens 
du  roi. 

1 .  MONCEL  ,  Moncellum ,  abbaye  régulière ,  en 
France ,  de  l'ordre  de  Prémontré  ,  dans  la  Champagne , 
au  diocèfe  Se  près  de  Châlons-fur  Marne. 

2.  MONCEL,  abbaye  de  France,  au  diocèfe  de 
Beauvais.  C'eft  un  monaftere  de  filles  de  l'ordre  de 
fainte  Claire.  Il  eft  fitué  près  du  Pont-Sainte-Maixance , 
Se  fut  fondé  en  1 509  ,  fous  Philippe  le  Bel  ;  cependant 
il  ne  fut  bâti  qu'en  1335,  fous  Philippe  de  Valois. 

MONCHÂUDE  ,  bourg  de  France,  dans  là  Sainton- 
ge  ,  élection  de  Saintes. 

MONCHAULON  ou  MONT-CHABLON  ,  lieu  de 
France,  dans  la  Picardie.  Voyez,  au  mot  Mons-Cabilo- 
nis.  *  Andr.  Valefn  Not.  Gall.  p.  346. 

MONCHI,  abbaye  de  France.  Voyez.  Mouchi. 

MONCHICO  ,  bourgade  de  Porwgal ,  au  royaume 
d'Algarve,  entre  Sylves  &  Algezur ,  à  l'occident  delà 
première ,  6c  à  l'orient  de  la  féconde.  Elle  a  donné  fon 
nom  à  une  montagne  appellée  Sierra  de  Monchico, 
en  latin  Cicus  Mons.  Cette  montagne  s'étend  de  l'orient 
à  l'occident ,  entre  le  royaume  d'Algarve  6c  la  pro- 
vince d'Alentejo  ,  vers  la  côte  de  la  mer  Atlantique, 
Se  au  nord  de  la  bourgade  de  Monchico.  *  Jaillot , 
Atlas. 

MONCION  ,  prieuré  de  France ,  au  diocèfe  de 
Meaux  ;  fon  revenu  eft  de  trois  cens  livres. 

MONCLAR,  bourg  de  France,  dans  le  Qucrci, 
élection  de  Montauban.  Il  a"  titre  de  marquifat. 

MONCLOVA  ,  bourg  d'Espagne,  dansl'Andaloufie, 
félon  Corneille,, Difl.  qui  dit,  d'après  Mari,  qu'on 
l'appelle  communément  Caftillo  délia  Monclova.W  ajoute 


MON 


MON 


que  ce  lieu  eft  fitué  entre  les  villes  de  Carmone  Se 
cfEcija  ,  à  fix  lieues  de  la  première  Se  à  quatre  de  la 
dernière,  &  qu'on  le  prend  pour  l'ancienne  ville  d'O- 
bolcola. 

i.  MONÇON  ,  en  latin  Monùo ,  ville  d'Espagne, 
au  royaume  d'Arragon.  On  la  trouve  en  descendant  de 
Balbaftro  le  long  de  la  Cinca.  C'eft  une  ville  forte  , 
fituée  fur  le  penchant  d'une  colline,  Se  défendue  par 
un  bon  château.  L'an  1595  ,  il  s'y  tint  une  affemblée 
confidérable  des  états  de  Valence  ,  d'Arragon  Se  de 
Catalogne  ,  qui  prêtèrent  ferment  de  fidélité  à  Philippe 
II.  En  1641,  cette  ville  fut  prife  par  les  François  ;  mais 
les  Espagnols  la  leur  enlevèrent  l'année  fuivante.  *  Déli- 
ces d'Espagne  ,  p.  6$J. 

2.  MONÇON.  Voyez*  Monsson  &  Mousson. 

1.  MONCONTOUR,  en  latin  Mons  Contorius  ou 
Mans  Conjularis ,  petite  ville  de  France,  dans  le  Mire- 
balais  ,  élection  de  Richelieu  ,  à  neuf  lieues  de  Sau- 
mur ,  Se  à  quatre  de  Loudun.  Elle  eft  fituée  fur  la 
Dive  ,  Se  célèbre  par  la  bataille  qu'y  gagnèrent  les  Ca- 
tholiques le  3  d'Octobre  1569  ,  fur  les  Calviniftes.  L'ar- 
mée des  Catholiques  étoit  commandée  par  le  duc  d'An- 
jou, qui  régna  depuis  fous  le  nom  d'Henri  III.  L'amiral 
de  Coiigni  commandoit  celle  des  Calviniltes.  *  Piganioly 
Defcription  de  la  France  ,  r.  y.  p.  108. 

2.  MONCONTOUR,  ville  de  France,  dans  la 
Bretagne ,  diocèié  de  Saint-Brieux.  Cette  petite  ville , 
donc  la  paroiiïe  cil  dédiée  à  faint  Michel ,  eft  fituée  à 
quatre  lieues  au  fud-eft  de  Saint-Brieux,  &  à  trois  au 
midi  de  Lamballe.  Elle  députe  aux  états  de  la  province. 

3.  MONCONTOUR,  château  de  France,  dans  la 
Touraine  ,  au  voilinage  d'Amboifc. 

MONCORNEIL,  bourg  de  France,  dans  le  Bas- 
Armagnac  ,  élection  d'Aftarac 

MONCORNET,  bourgade  de  France  ,  dans  la  Picar- 
die, élection  de  Laon.  Elle  elt  fur  une  montagne  au  bord 
de  la  Serre  ,  aux  confins  du  Rhételois.  Il  y  a  une  manu- 
facture de  groflés  ferges. 

MONCORVO,  petite  ville  de  Portugal,  dans  la 
province  de  Tra-los-Montes  à  une  lieue  au  nord  du 
Duero.  C'eft  le  chef-lieu  d'une  Comarca. 

MONCOUTANT  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poi- 
tou ,  élection  de  Thouars. 

MONCSBERG  ou  Munchsberg,  petite  ville  d'Al- 
lemagne, au  cercle  deFranconie,  dans  la  principauté 
de  Cul  nbac  ,  entre  Gefrefs  Se  Hof.  *  Zcyler  ,  Topogr. 
Franconis. 

MONCUCQ ,  bourgade  de  France ,  dans  le  Querci , 
élection  de  Cahors. 

MONDA ,  rivière  de  la  Lufitanie ,  fclon  Ptolomée  , 
/.  2.  c.  5.  Se  Pomponius  Mêla,  /.  3.  c.  1.  Pline,  /.  4.  c.  22. 
écrit  Manda.  On  la  nomme  aujourd'hui  Mondego, 
félon  le  père  Hardouin  ,  qui  ajoute  qu'on  trouve  de  l'or 
dans  fon  fable.  Voyez*  Mondego. 

MONDAUPHIN.  Voyez*  Mont-Dauphin. 

MONDAY,  rivière  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
la  province  de  Paraguay ,  laquelle  fe  décharge  dans  le 
Parana,  par  les  Z)  degrés  environ  30  minutes  de  latitude 
aultrale. 

MONDAYE  ou  Mondée  ,  en  latin  Mons  Dei.  Voyez, 
Mondée. 

MONDE  (Le) ,  fubftantif  tiré  du  mot  latin  Mundus, 
qui  fe  prend  dans  le  même  fens.  Nous  lui  donnons 
plufieurs  lignifications,  dont  nous  ne  toucherons  que 
celles  qui  ont  rapport  à  la  géographie. 

1.  MONDE  (Le)  fe  prend  pour  I'univers  entier; 
favoir,  le  ciel  &  la  terre  ,  y  compris  les  aitres,  les  pla- 
nettes ,  en  un  mot  tous  les  ouvrages  de  Dieu  ,que  Moïfe 
renferme  dans  le  premier  chapitre  de  la  genefe ,  In 
■principio  creavit  Deus  cœlum  &  terram ,  Se  dans  tout 
le  détail  de  la  création. 

2.  MONDE  (Le)  fe  dit  auffi  du  globe  Terres- 
tre. En  ce  fens ,  fi  un  voyageur ,  partant  de  Cadix  ou 
de  Seville,  alloit  à  Potto-Bello  dans  la  Nouvelle  Espagne, 
&  de-là  s'embarquant  à  Panama,  pafïbic  aux  Philip- 
pines Se  revenoit  en  Espagne  ;  ou  par  la  Chine  ,  l'em- 
pire Ruifien ,  la  Pologne  ,  l'Allemagne  Se  la  France  ;  ou 
par  les  Indes ,  la  Perle ,  la  Turquie  Se  la  Méditerranée , 
on  diroit  de  lui  qu'il  a  fait  le  tour  du  monde. 

3.  Comme  la  connoiflance  que  les  anciens  avoient 


349 

du  monde,  fe  bornoit  à  I'Hémisphere  où  font  1  Eu- 
rope, l'Afie  Se  l'Afrique,  on  s'elt  accoutumé  adon- 
ner le  nom  de  monde  à  un  feul  hémifphere ,  &  on 
a  appelle  I'ancien  Monde  l'hémifphere  que  l'on  con- 
noifibit  déjà  anciennement ,  Se  nouveau  Monde  celui 
que  l'on  venoit  de  découvrir. 

4.  MONDE  (Le)  lignifie  fouvent  une  partie  du 
globe  terreitre.  Par  exemple  ,  on  dit  tous  les  peuples 
du  monde  Chrétien ,  pour  dire  des  parties  du  monde 
où  la  religion  Chrétienne  elt  la  dominante. 

Le  Monde  dans  le  première  fens  a  été  appelle  par 
les  Grecs  Cofmos ,  VLoepoç  ,  d'où  elt  venu  le  nom  de 
Cosmographie.  Voyez*  ce  mot.  L'étude  qui  fe  propofe 
la  connoifiance  de  tout  l'univers,  renferme  I'Astrono- 
mie  ,  qui  elt  la  feienec  des  révolutions  célelles  ,&  la  Géo- 
graphie ,  qui  s'applique  à  connoître  le  globe  terreltte. 
Voyez.  Géographie.  Mon  but  n'eft  pas  de  donner  ici 
un  cours  complet  d'aftronomie  ;  cela  mérite  d'être  traité 
dans  un  ouvrage  fait  exprès.  Mais  ceux  qui  fe  ferviront 
de  ce  dictionnaire  auront  fans  doute  befoin  d'avoir  au 
moins  une  connoifiance  ébauchée  de  l'arrangement  de 
l'univers ,  Se  je  vais  tâcher  de  leur  en  donner  le  plus 
brièvement  qu'il  fera  polFible,  une  notion  qui  les  mette 
au  moins  en  état  d'entendre  les  livres  qui  en  parlent. 

Systèmes  des  révolutions  des  Corps 
célestes. 

Les  Chaldéens  pafTent  pour  avoir  inventé  l'aftrono- 
mie.  La  vie  paftorale  qu'ils  menoient ,  les  obligeoit  de 
veiller  la  nuit  :  un  grand  loifir ,  de  vaftes  plaines  qui 
leur  offroient  un  horizon  libre  &  découvert,  la  curio- 
fité  naturelle  à  l'homme,  tout  les  conduifoit  à  cette 
étude.  Ils  y  firent  dans  la  fuite  d'aiTez  grands  progrès 
pour  en  tirer  des  avantages  réels.  Les  autres  peuples 
qui  virent  l'utilité  donc  étoit  cette  fpéculation  aux 
Chaldéens ,  étudièrent  le  ciel  à  leur  exemple.  Le  ciel 
eft  un  fpectacle  commun  à  toutes  les  nations  de  la  terre. 
On  impoia  des  noms  aux  aftres ,  Se  fur  les  remarques 
que  l'on  faifoit  fur  le  tems  qu'ils  employoient  à  faire 
leurs  révolutions ,  on  fe  fit  des  régies  pour  prédire  fine- 
ment leurs  abfences  Se  leurs  retours ,  Se  cette  étude 
devint  une  feience. 

Il  étoit  naturel  que  les  changemens  qui  arrivent 
dans  le  ciel ,  par  rapport  à  la  lituation  des  planettes  Se 
des  étoiles  fixes ,  les  frapafient  Se  leur  donnaient  quel- 
que envie  d'en  connoitre  l'économie.  Ils  voyoient  des 
étoiles  qui  gardoient  toujours  entre  elles  la  même  litua- 
tion ,  Se  d'autres  qui  en  changeoient  par  rapport  à  celles 
auprès  desquelles  on  les  avoir  vues  auparavant. 

On  appella  Etoiles  fixes  celles  qui  font  toujours 
dans  la  même  place  les  unes  à  l'égard  des  autres,  Se 
Planettes  ou  errantes ,  car  ces  deux  mots  lignifient 
la  même  chofe,  celles  qui  ont  un  cours  indépendant  de 
celui  des  autres  étoiles. 

On  confidéra  ces  étoiles  fixes  comme  attachées  à  uri 
ciel ,  donc  le  mouvement  les  entraînoit  toutes  ;  mais 
comme  chaque  planctte  avoit  un  mouvement  particu- 
lier ,  on  donna  à  chacune  un  nouveau  ciel  auquel  elle 
étoit  attachée.  Le  mouvement  circulaire  parut  le  plus 
ptopre ,  ainfi  on  imagina  les  creux  comme  autant  de 
cercles ,  auxquels  la  terre  tenoit  lieu  de  centre.  Ou 
balança  long-tems  fur  le  rang  que  l'on  devoir  leur  don- 
ner. On  plaça  enfin  les  planettes  autour  de  la  terre  en 
autant  de  cercles ,  félon  cé"t  ordre.  La  Terre  .  la  Lune  -% 
Mercure  ,  Venus ,  le  Soleil ,  Mars  ,  Jupiter  ,  Satum  -  .  & 
enfin  le  Ciel  des  Etoiles  fixes.  Tel  eft  le  fyfiurK  de 
Ptolomée. 

Des  phénomènes  ne  s'accordoient  point  avec  ce-  cer- 
cles concentriques ,  c'ell  à-dire  ,  avec  ces  CJÇUfl  q*t£  l'on 
fuppofoit  également  diilans  dans  toute  leur  u;cuui'e- 
rence,  &  auxquels  un  même  point  ,  comme ,  par  ..  ■  c  m- 
ple ,  le  centre  de  la  terre  fervoit  de  centre  commun. 
Les  planettes  paroifloient  tantôt  plus  proches  Se  tantôt 
plus  éloignées  de  la  terre.  On  inventa  des  excentriques , 
c'eft-à-dire  des  cercles  qui  enfermoienr  la  terre,  mais 
fans  qu'elle  en  fut  le  centre.  A  mefure  que  par  quel- 
que nouvelle  réforme  oh  crovoit  avoir  remédié  à  un 
défaur  ,  quelque  phénomène  caufoit  un  nouveau  dé- 
rangement, Se  c'étoit  toujours  a  recommencer.  Les  ex- 


MON 


3*o 

centriques  fatisfaifoient  pour  le  mouvement  irrégulier 
des  planetres  ,  mais  il  furvenoic  des  comètes  qui  cou- 
poient  ces  cieux  :  il  fallut  refaire  route  la  machine. 

Quelques-uns  regardant  le  foleil  Se  la  lune  comme 
ayant  une  fupériorité  fur  les  planettes ,  les  mirent  au- 
dcflus  de  toutes  les  autres  ;  mais  les  éclipfes  dérangè- 
rent cet  ordre  :  on  jugea  qu'une  étoile  ,  qui  en  paflanr, 
nous  empêche  d'en  voir  une  autre,  doit  être  entre 
elle  Ôc  nous,  ôc  par  conféquent  plus  proche  de  nous 
que  celle  dont  elle  nous  ôtc  la  vue.  On  obferva  que 
la  lune  étant  entre  la  terre  ôc  le  foleil ,  nous  déro- 
boit  fa  lumière ,  &  on  en  concluoit  qu'elle  eft  plus 
voifinede  la  terre  que  le  foleil.  On  remarqua  que  Mer- 
cure eft  quelquefois  dans  le  disque  du  foleil ,  ôc  on 
décida  qu'il  eft  entre  nous  &  lui.  A  force  d'obferver , 
on  régla  1  ordre  des  planettes  ôc  des  cieux  où  elles  font 
leur  tour  y  ce  tour  s'appelle  période ,  mot  pris  du  grec 
&  qui  lignifie  la  même  chofe. 

On  ne  convint  pas  aifément  du  nombre  des  cieux , 
on  fe  contenta  d'abord  d'en  donner  un  à  chaque  pla- 
nette,  ce  qui  fait  le  nombre  de  fept,  &  un  huitième 
qui  emporte  les  étoiles  fixes  ;  mais  comme  on  remar- 
qua que  toute  cette  vafte  étendue  ,  dont  la  terre  eft  en- 
vironnée ,  fait  un  tour  en  vingt  quatre  heures  d'orient 
en  occident  :  on  fit  un  neuvième  ciel  que  l'on  fuppofa 
entraîner  par  un  mouvement  pareil  toute  la  machine 
de  l'univers, on  lui  fuppofa  deux  pivots  imaginaires, 
fur  lesquels  elle  tourne  chaque  jour  comme  une  roue 
fur  fon  aiiheu.  Ces  pivots  font  ce  que  l'on  appelle  les 
pôles  du  Monde.  Ce  qui  donna  lieu  de  penferainfi, 
ce  fut  que  l'on  remarqua  certaines  étoiles  qui  né  dé- 
crivent qu'un  très- petit  cercle  autour  de  deux  points 
pris  dans  le  ciel,  Se  que  les  autres  étoiles  décrivent 
un  plus  grand  cercle ,  a  proportion  qu'elles  s'éloignent 
de  l'un  de  ces  points,  de  forte  que  le  plus  grand  eft  à 
difhnce  égale  de  l'un  &  de  l'autre. 

Mais  avec  le  tems  on  s'apperçut  que  les  planettes 
ont  un  mouvement  différent  fur  des  lignes  qui  ne  font 
point  parallèles  a  celles  de  la  fphére  des  étoiles  fixes , 
c'eft  l'origine  de  1  Eclyptique.  Voyez,  ce  mot.  On  trou- 
va un  fécond  mouvement ,  &  on  fit  un  autre  ciel  pour 
le  leur  imprimer.  Ces  deux  cieux  font  ce  qu'on  appelle 
le  premier  Se  le  fécond  cryftaliin;  car  ç'auroit  été  une 
extrême  imperfection  à  un  ciel  d'avoir  deux  mouvemens 
oppofés  ;  mais  comme  ces  deux  cieux  dévoient  avoir 
chacun  un  mouvement  différent,  dont  l'un  entraîne 
toute  la  machine  d'orient  en  occident,  ôc  l'autre  re- 
porte les  planettes  &  les  comètes  d'occident  en  orient  ; 
on  s'avifa  d'un  neuvième  ciel ,  qui  par  fon  mouvement 
d'orient  en  occident  fortifiât  celui  de  l'un  des  deux 
cryftallins  :  en  un  mot ,  les  cieux  eoutoient  fi  peu  ,  qu'on 
en  ajouta  un  dixième  fur  ce  que  l'on  remarqua  un  troi- 
fiéme  mouvement  dans  l'univers ,  &  ce  dixième  ciel  fut 
appelle  le  premier  mobile. 

Voici  un  autre  embarras.  On  s'avifa  d'examiner  par 
les  régies  de  la  trigonométrie  les  diftances  des  planettes 
à  la  terre ,  ôc  à  force  de  calculs ,  on  trouva  que  le 
ciel  des  étoiles  fixes ,  ou  le  Firmament,  pouvoit  avoir 
vingt-fept  mille  fix  cens  foixanre  fois  deux  cens  millions 
de  lieues  ou  à  peu  près.  Or  ,en  fuppofant  que  ce  ciel 
fait  tous  les  jours  ce  tour  en  vingt-quatre-heures  ,  cela 
produit  une  rapidité  qui  effraie  l'imagination. 

De  plus,  tous    ces    mouvemens    que  l'on    fuppofe 
partir  des  cieux  fupérieurs  qui  les   impriment  aux  in- 
férieurs, ont  des  différences  dont  ce  fyftême  ne    peut 
cendre  de  bonnes  raifons.  Comment  le   premier  mo- 
bile fait-il  en  vingt-quatre  heures   tout    cet  effroyable 
chemin  dont  nous  venons  de  parler  ;  ôc  comment  le 
ciel  de   Saturne  a-t-il  befoin  de  vingt-neuf  ans ,  cent 
quinze  jours  &  trois  heures  pour  faire  le  fien  ?  Pour- 
quoi Jupiter  met-il   précifément  onze  ans    trois  cens 
treize  jours  &  quatorze  heures  à  achever  fon  rour  î  Mars 
met  au  fien  trois  cens  vingt  ôc  un  jours  ôc  vingt-deux 
heures.  Le  foleil ,  félon  ce  même  fyftême  ,  y  emploie 
un  an  entier  ;  Venus  met  au  fien  fept  mois  Se  demi  ou 
deux  cens  vingt-quatre  jours  -,  Se  enfin  Mercure  quatre- 
vingt-huit  jours.  Eft-il  bien  conforme  à  la  raifon  que 
des  mouvemens  fi  différens  foient  l'effet  d'un   feul  ôc 
unique  premier  mobile,  &  que  Mercure, par  exemple, 
ait  befoin  de  88  jours  pour  décrire  un  cercle  qui  eft 


MON 


moins  qu'un  atome  ,  en  comparaifon  du  cercle  que  dé- 
crit tous  les  jours  le  premier  mobile,  qui  pourtant  le 
fait  dans  la  quatre-vingt-huitième  partie  du  tems  qu'il 
faut  à  Mercure  pour  parcourir  cet  atome  î 

Ce  n'eft  pas  tout ,  les  éclipfes  ont  fait  connoître  que 
coures  les  planettes  n'ont  aucune  lumière  par  elles- 
mêmes  :  elles  n'en  ont  qu'autant  qu'elles  en  reçoivent  du 
foleil ,  ôc  certe  lumière  les  abandonne  aufluôt  qu'elle 
eft  interceptée  par  un  corps  opaque ,  tel  qu'eft  une 
autre  planette  qui  fe  rencontre  entre  elles  Se  le  foleil. 
De-là  il  s'enfuit  que  des  fept  planettes  du  fyftême  de 
Ptolomée,  il  y  en  a  fix  qui  n'ont  aucune  lumière  que 
celle  du  foleil  qu'elles  réfléchiffent ,  &  que  le  foleil 
que  l'on  y  compte  ne  reffemble  en  rien  aux  fix  autres  j 
fi  ce  n'eft  dans  le  chemin  qu'on  lui  fait  Caire  au-deflus 
de  la  Lune ,  de  Mercure  Se  de  Venus ,  Se  aïi-defious 
de  Mars,  de  Jupiter  &  de  Saturne.  En  échange  la  terre 
eft  un  corps  opaque  qui  n'a  de  lumière  que  celle  qu'elle 
reçoit  du  foleil ,-&  à  cet  égard  elle  eft  bien  plus  pro- 
pre que  lui  à  être  une  planette,  ou,  ce  qui  eft  la  même 
chofe,  un  globe  errant.  Cette  notion  de  corps  opaque 
attachée  aux  fix  planettes,  fait  aflez  fentir  que  ni  le 
nom  d'étoiles ,  ni  celui  d'aftres  ne  leur  convient  point. 

Il  y  a  encore  plus ,  Mercure  6c  Venus  font  très-mal 
placés  par  rapport  au  foleil.  Selon  le  fyftême  de  Pto- 
iûmée,  Venus  en  eft  plus  proche  que  Mercure  ,  ce  qui 
fe  trouve  faux  par  l'expérience.  Mercure  fe  perd  quel- 
quefois dans  l'orbe  du  foleil ,  Se  ne  fort  presque  poinc 
de  fes- rayons.  Ce  qu'on  ne  peut  pas  dire  de  Venus. 
Si  les  cieux  de  Mercure  ôc  de  Venus  font  tels  que  le 
fyftême  les  repréfente  entre  ceux  de  la  lune  ôc  du 
foleil  ,  comment  expliquer  les  phénomènes  de  ces  deux: 
planettes  ,  qui  paroifient  quelquefois  au-dtfius  du  foleil 
ôc  quelquefois  au-defi'ous  ? 

Une  planette  fcmble  quelquefois  fu-ivre  l'ordre  des 
figues  du  Zodiaque  ,  d'occident  en  orient ,  ôc  'alors  or» 
dit  qu'elle  eft  directe.  Quelquefois  elle  paroit  aller 
contre  l'ordre  des  figues  d'orient  en  occident ,  ôc  alors 
on  dit  qu'elle  eft  rétrograde,  ôc  enfin  il  y  a  telle 
fituation  où  l'on  diroit  qu'elle  ne  change  point  de  place  , 
ôc  qu'elle  eft  arrêtée  au  même  lieu  du  Zodiaque ,  Se 
alors  on  dit  qu'elle  eft  stationnaire.  La  neceffité 
d'expliquer  tout  cela ,  a  jette  dans  l'ancienne  ailrcno- 
mie  une  multitude  de  cercles  qui  fe  croifent  les  uns  les 
autres,  dont  les  uns  font  concentriques,  c'eft- à  dire 
tirés  d'un  même  centre,  les  autres  excentriques  ,  c'eft- 
à-dire  tités  d'un  centre  particulier ,  Se  cela  pour  trou- 
ver un  Apogée  ôc  un  Périgée  ,  c'eft  à-dire ,  un  poinc 
de  la  circonférence  du  cercle  ,  qui  foit  plus  éloigné  de 
la  terre,  &  un  autre  point  oppofé  qui  en  foit  plus  proche. 

Les  anciens ,  voyant  tout  l'univers  en  mouvement  , 
foupçonnerent  que  la  terre  pouvoit  n'être  pas  dans  un 
repos  abfolu.  Philolaiis ,  disciple  de  Pythagore,  enfeignoie 
qu'elle  fe  meut  véritablement  ;  ainfi  l'opinion  du  mouve- 
ment de  la  terre  n'eft  pas  nouvelle.  Les  uns ,  comme 
Nicétas,fe  contentent  de  la  faire  tourner  fur  fon  axe. 
Cicéron  dit  au  quatrième  livre  de  fes  queftions  aca- 
démiques :  Nicéras  de  Syracufe ,  comme  le  rapporte 
Théophrafie  ,  croit  que  le  ciel ,  le  foleil ,  la  lune  ,  les 
étoiles ,  enfin  tous  les  corps  fupérieurs  font  arrêtés  ÔC 
en  repos  ,  Se  que  rien  au  monde  n'eft  en  mouvemenr , 
hormis  la  terre  qui  tourne  fort  vite  autour  de  fon  axe 
Se  produit  les  mêmes  effets  que  fi  ,  la  terre  étant  en 
repos, le  ciel  étoit  en  mouvement.  Peut-être  faut  il  fe 
prêter  un  peu  au  témoignage  de  Théophrafie  Se  de 
Cicéron  ,  Se  que  l'un  ou  l'autre  n'a  pas  pris  à  la  ri- 
gueur le  vrai  fens  de  Nicéras.  11  y  a  apparence  que 
Nicétas  ne  donnoit  à  la  terre  que  le  mouvement  diur- 
ne ,  c'eft-à-dire  ,  la  révolution  en  vingt  quatre  heures» 
qui  par  le  tour  qu'elle  fait  fur  fon  axe ,  prodi.it  le' 
même  effet  que  fi  les  cieux  tournoient  effectivement 
autour  d'elle.  Nicétas  laiffoit  vraifemblablement  aux  corps 
céleftes  leur  mouvement  particulier.  Diogéne  de  Laerce 
dit  qu'il  y  en  a  qui  croient  que  Philolaiis  eft  le  pre- 
mier qui  ait  dit  que  la  terre  femeut  fur  une  ligne  circu- 
laire, d'autres  affinent  qu'Icétas  (c'eft  Nicétas)  de  Syra- 
cufe eft  l'auteur  de  ce  fentiment. 

Laiffons  parler  Bernier  ,  abbréviateur  de  Gaffendi  : 
«  Entre  les  anciens  les  uns  vouloient  que  la  terre  ,  dans 
»  le  centre  du  monde ,  tournât  autour  de  fon  aiflieu 


MON 


»  d'occident  en  orient ,  qu'elle  fît  un  circuit  entier  en 
»  vingt-quatre  heures ,  Se  que  le  foleil  &  les  autres 
»  aftres  fembloient  à  eaufe  de  cela  tourner  dans  ce  mê- 
»  me  espace  de  tems  d'orient  en  occident.  C'étoit-là  , 
»  le  fentiment  d'Ecphantus  pythagoricien  ,  d'Héraclides 
»  Ponticus ,  de  Platon  dans  fa  jeuneffe  Se  de  quelques 
«autres,  &  c'eft  ainfi  qu'ils  s'expliquoient.  »  Pour  moi 
je  crois  qu'il  en  faut  retrancher  Héraclide  de  Pont, 
"dont  l'opinion  ,  comme  on  verra  dans  la  fuite,  revient 
à  un  fyftême  fort  différent  de  celui  de  Philolaiis. 

«D'autres,  pourfuit  Bernier ,  faifoienr  principale- 
»  ment  deux  choies  immobiles.  D'un  côté  la  fphere 
»  des  étoiles  fixes ,  qu'ils  confidéroient  comme  les  mu- 
»  railles  du  monde  ,  &  de  l'autre  le  foleil  qu'ils  met- 
»  toient  dans  le  centre  du  monde,  le  nommant  la  garde 
»  de  Jupiter  Se  le  foyer  de  l'univers  ;  ils  faifoient  raou- 
»  voir  les  plftnettes  dans  cet  espace  qui  cil  entre  les 
»  étoiles  fixes  Se  le  foleil ,  &  entre  les  planettes  ils  pla- 
»  çoient  la  terre ,  à  laquelle  ils  attribuoient  le  mouve- 
»  ment  diurne  autour  de  fon  propre  aifticu  ,  Se  le  mou- 
«  vement  annuel  autour  du  foleil.  C'eft  ainfi  qu'expli- 
»  quoienf  la  chofe  Philolaiis,  Àriftarque  de  Samos, 
»>  Platon  dans  fa  vieilleffe,  Saleucus  le  mathématicien 
»>  Se  quelques  autres.  » 

Il  y  a  un  partage  dans  Plutarque,  dont  Gaflendi  a 
tiré  une  partie  de  ces  détails.  Le  voici  :  Quelques-uns 
croient  que  la  terre  eft  immobile.  Le  pythagoricien 
Philolaiis  croit  qu'elle  tourne  en  rond  aut^r  du  feu 
(  du  foleil  )  par  un  cercle  oblique  ,  à  la  manière  du 
foleil  Se  de  la  lune.  Héraclide  de  Pont,  Se  Ecphante  le 
pythagoricien  attribuent  le  mouvement  à  la  terre ,  de 
manière  qu'elle  ne  bouge  de  fa  place  ,  mais  qu'elle 
tourne  autour  de  fon  centre  fur  fon  axe  d'occident  en 
orient,  comme  une  roue.  Le  premier,  continue  Plu- 
tarque, fait  tourner  la  terre  autour  du  foleil,  &  lui 
fait  décrire  un  cercle  ;  le  fécond  la  fixe  ,  Se  la  fait  tour- 
ner au  même  lieu  fur  elle-même  fans  avancer,  comme 
une  roue  qui  tourneroit  fur  un  axe  fixement  attaché  à 
une  muraille  >  mais  je  crains  que  Plutarque  n'ait  mal 
pris  le  fentiment  d'Héraclide  Se  des  Pythagoriciens. 
Ceux-ci,  au  rapport  d'Atiiiote  ,  De  cœlo ,  l.  i.  c.  13. 
qui  devoit  connoître  leur  fentiment ,  mettoient  le  foleil 
au  centre  du  monde  ,  Se  la  terre  entre  les  %oiles  -,  de 
forte  que  tournant  autour  de  ce  centre,  elle  fait  l'an- 
née ,  Se  le  pattage  des  jours  Se  des  nuits.  Cette  aftro- 
nomie  pythagoricienne  tomba  avec  la  feéte  de  Pytha- 
gore  qui  s'éteignit  peu  à  peu.  Marin  le  Tyrien  travailla 
beaucoup  fur  cette  matière ,  &  Prolomée ,  profitant 
des  recherches  de  tous  ceux  qui  avoient  écrit  avant  lui , 
affembla  le  fyftême  qui  s'eft  long-tems  confervé ,  & 
que  l'on  a  appelle  de  fon  nom.  *  De  Placitis  phiiofo- 
phor.  1.  3.  c.  13. 

La  manière  méthodique  dont  il  eft  traité  ,  l'accrédi- 
ta. Celui  de  Philolaiis  n'étoit  dévelopé  nulle  part  :  il 
étoit  disperfé  de  côté  Se  d'autre.  Ceux  qui  vouloient 
étudier  l'afironomie,  avoienr  recours  aux  écrirs  de  Pto- 
lomée,  &  en  devenant  fes  écoliers, ils  devenoient  fes  par- 
rifans.  Y°fià  comment  fon  fyftême  a  prévalu  fur  celui 
de  Philolaiis. 

Le  fcrupule  fit  tort  à  l'afironomie.  Les  Païens  ayant 
donné  aux  planettes  les  noms  de  leurs  divinités ,  com- 
me Saturne ,  Jupiter  ,  &c.  les  Chrétiens  eurent  horreur 
d'une  feience  qui  ne  peut  s'en  parler.  Ils  ne  fongerent 
qu'à  calculer  chaque  année  le  tems  paschal. 

L'afironomie  judiciaire ,  à  laquelle  tout  Je  monde 
s'adonna  ,  Se  qui  fut  regardée  comme  une  magie  ,  dé- 
crédita encore  l'afironomie. 

A  la  naiflance  des  lettres ,  l'afironomie  reprit  fon  cré- 
dit. A  mefure  que  les  Grecs ,  chaffésde  Confiantinople 
&  réfugiés  en  Italie  ,  y  rapporterenr  le  goût  de  la  do- 
ue antiquité  que  les  invafions  continuelles  des  Barba- 
res y  avoient  éteint,  on  reprit  la  lecture  des  anciens, 
&  on  chercha  dans  leurs  livres  que  l'on  retrouvoit , 
les  feiences  qui  avoient  été  négligées.  Ptolomée  fut  le 
flambeau  de  ceux  qui  s'adonnèrent  à  l'afironomie.  Ils  y 
trouvoient  des  principes  rangés  dans  un  ordre  dogma- 
tique, Se  avec  un  air  de  démonfiration.  Il  fuffifoit  d'a- 
bord de  bien  étudier  cet  auteur ,  pour  être  cenfé  grand 
afironome. 

Mais  ce  même  fyftême ,  après  avoir  fervi  à  former 


MON       3j-i 

des  aftronomes ,  les  jetta  dans  d'étranges  embarras.  A 
force  d'étudier  le  ciel ,  ils  y  trouvèrent  des  phénomè- 
nes ,  dont  le  fyftême  ne  rendoit  aucune  railbn  plau- 
fible.  Cette  multitude  de  cercles  concentriques,  ex- 
centriques ,  d'épicycles ,  Se  d'autres  refiburces  infuffifan- 
res,  imaginées  pour  fauver  un  fyftême  qui  s'écrou-" 
loit,  tout  cela,  a  force  de  fe  multiplier  à  l'infini  .trou- 
va des  gens  qui  s'en  dégoûtèrent.  On  longea  à  avoir  un 
fyftême  plus  fatisfaifant ,  plus  uni,  &  qui  expliquât 
les  phénomènes  d'une  manière  plus  fimple  &  pins  na- 
turelle. 

Vers  le  milieu  du  quinzième  fiécle,  le  cardinal  Ni- 
colas de  Cufa  effaya  de  rendre  le  mouvement  à  la  ter- 
re,  mais  difitait  par  d'autres  études  ,  il  fe  borna  à  ris- 
quer fon  fentiment,  qui  ne  fit  aucune  fortune.  George 
de  Peurbach  ,  né  aux  confins  delà  Bavière  &  de  l'Au- 
triche, contemporain  de  Cufa,  s'attacha  de  plus  en 
plus  à  Prolomée,  qu'il  tâcha  de  perfectionner.  Son  dis; 
ciple  Jean  Millier,  plus  connu  fous  le  nom  de  Regiomon- 
tarins,  travailla  dans  les  mêmes  principes  que  Peur- 
bach, Se  fit  un  grand  nombre  d'obiervations  utiles; 
mais  toujours  dans  l'ancien  fyftême. 

Enfin  parut  Nicolas  Coptunic,  homme  incom- 
parable ,  au  jugement  de  Ticho  Btahé,  bon  juge  fur 
cette  matière.  Ne  a  Thorn,  dans  la  Pruflc  Polonnoife, 
le  19  Février  1473,11  n'avoit  que  quatre  ans ,  lorsque 
Jean  Muller  mourut.  Il  voyagea  en  Italie,  Se  augmen- 
ta fes  connoiffances  par  le  commerce  qu'il  eut  avec  les 
plus  favans  aftronomes  de  ce  tems.  Il  fit  même  à  Ro- 
me des  leçons  de  mathématiques  qui  lui  attirèrent  un 
grand  concours  d'auditeurs.  De  retour  dans  fa  patrie , 
il  fut  pourvu  d'un  canonicat  à  Fravenherg.  Voyez,  ce 
mot.  11  vécut  jusqu'à  l'âge  de  foixanre  Se  dix  ans,  Se 
pall'a  route  fa  vie  à  perfectionner  les  idées  qu'il  avoit 
fur  les  révolutions  célertes. 

^  Quelque  foin  que  Peurbach  &  Muller  enflent  pris 
d'attacher  au  fyltême  de  Ptolomée,  des  corrections 
qui  en  réparqient  les  défauts  les  plus  greffiers,  Coper- 
nic n'alla  pas  bien  loin  fans  s'appercevoir  qu'un  édifice 
auffi  ruineux ,  &  qu'il  falloir  étayer  de  tous  côtés  , 
ne  pouvoit  être  l'image  fidèle  d'un  ouvrage  auili  par- 
fait que  celui  de  l'univers. 

Le  fyftême  de  Philolaiis  le  frapa  ;  à  fon  exemple 
il  plaça  au  centre  du  monde  le  foleil  defiiné  à  l'éclai- 
rer ,  Se  trouvant  que  les  autres  planettes  étoient  des 
corps  opaques  comme  la  terre ,  &  ne  Iaiffbrent  pas  de 
décrire  de  grands  cercles  par  leurs  révolutions  ,  il  la  fit 
tourner  avec  elles;  pour  rendre  ce  fyftême  complet, 
il  y  travailla  toute  fa  vie.  Trente- fix  ans  ne  furenrpas 
trop  pour  examiner  fon  nouvel  arrangement  des  corps 
céleftes  fur  les  obfervations  s  Se  ce  qui  devoit  le  Ma- 
ter beaucoup  ,  c'eft  qu'elles  s'expliquent  avec  une  grande 
facilite,  en  fuppofant  la  jufteffe  de  l'ordre  qu'il  a  éta- 
bli. Leschofes  mêmes  dont  le  fyftême  de  Ptolomée  ne 
peut  rendre  aucune  raifon  vraifemblable  ,  n'ont  plus 
aucune  difficulté  dans  celui  de  Copernic,  par  exem- 
ple : 

Dans  l'opinion  commune,  dit  Gaffendi ,  on  ne  fau- 
roit  rendre  raifon  pourquoi  les  planettes  le  font  tou- 
jours rétrogrades  dans  l'oppofirion  avec  le  foleil  ,  tou- 
jours directes  dans  la  conjonction,  jamais  en  d'autres 
lieux  Se  en  d'autres  tems.  Dans  Phypothèfe  de  Co- 
pernic ,  il  faur  de  toute  néccffiîé  que  la  chofe  arrive 
ainfi. 

Dans  l'opinion  commune ,  on  ne  fauroir  expliquer 
pourquoi  Mars ,  Jupirer  &  Saturne  font  plus  grands 
dans  l'oppofirion  que  dans  aucun  autre  rems.  Dans  l'hy- 
pothèfc  de  Copernic,  on  voit  clairement  que  c'eft  par- 
ce que  la  terre  paffe  alors  rrès-proclie  d'eux. 

Un  aftronome  disciple  de  Ptolomée  fera  bien  en  pei- 
ne de  dire  pourquoi  le  foleil  &  la  lune  neparoiffent  ja- 
mais ni  rétrogrades ,  ni  ftationnaires.  Un  Copernicien 
dira  ,  fans  être  fort  embarraffé  ,  que  c'eft  parce  que  la 
lune  nous  fuit  par  tout  ,  qu'elle  tourne  avec  nous  en 
quelque  part  que  nous  foyons,  Se  que  nous-mêmes 
tournanr  autour  du  foleil,  il  faut  abfolument  qu'il  pa- 
roiffe  avancer ,  félon  la  fuite  des  figues.  Il  en  eft  ainfi 
de  quantité  d'autres  phénomènes  qui  s'expliquent  pres- 
que d'eux-mêmes  à  quiconque  fuit  l'hypothèfe  de  Co- 
pernic ,  .Se  qui   font  une  fource  d'obfcu rites  pour  les 


MO  M 


3*2 

aitïonomes  qui  fuivent  le  fyltéme  de  Ptolomée.  Selon 
Copernic,  le  Soleil  occupe  le  centre  du  monde. 

Autour  de  ce  centre  ,  elt  l'orbite  de  Mercurf  ,  ou 
le  cercle  que  cette  planette  décrit  .en  quatre  vingt 
jours  ;  après  ce  cercle,  elt  celui  de  Venus  qui  le  décric 
en  neuf  mois. 

Enfuite  vient  le  cercle  de  la  Terre  ,  qui  le  décrit  en 
un  an  j  le  globe  de  la  terre  eit  lui-même  le  centre  d'un 
amie  cercle,  beaucoup  plus  petit ,  que  la  Lune  décrie 
en  un.  mois  lunaire. 

Le  cercle  qui  fuit ,  eft  celui  de  Mars  ,  qui  le  dé- 
crit en  deux  ans. 

Le  cercle  de  Jupiter  vient  enfuite ,  &  cette  pla- 
nette met  douze  ans  à  le  décrire. 

Enfin  vient  le  cercle  de  Saturne  ,  qui  emploie  tren- 
te ans  à  faire  une  de  fes  révolutions. 

Tous  ces  cercles  font  enfermés  dans  une  dernière 
fphère  ,  où  font  les  étoiles  fixes. 

Cette  fphère  elt  immobile ,  félon  Copernic ,  dont 
j'emprunte  ici  le  calcul  pour  le  tems  que  chaque  pla- 
nette mec  à  parcourir  la  fphère  à  laquelle  elle  femble 
attachée.  Ce  calcul  a  été  enfuite  réduit  à  une  plus  gran- 
de précifion. 

Il  traita  cette  feience  félon  fes  lumières  ,  Se  prévit 
bien  que  l'ancien  préjugé  empécheroit  la  plupart  des 
hommes  de  s'y  rendre ,  &  que  les  partifans  de  l'aftro- 
nomie  commune  fe  révolteraient  contre  une  hypothèfe 
qui  rendoit  inutiles  tous  ces  cercles  confus  Se  embar- 
rafles,  qui  leur  avoient  tant  coûté  à  faire  ou  à  appren- 
dre ,  &  qui  ne  fuffifoient  pas  pour  rendre  raifon  des 
phénomènes. 

Cependant  le  livre  étoit  fait ,  Se  l'auteur  n'ofoit  en- 
core le  publier.  En  vain  ,  il  fe  voyoit  raffiné  par  Ti- 
deman  Gifuis ,  évêque  de  Culm  ,  Se  par  Nicolas  Schon- 
berg  ,  cardinal  de  Capoue ,  qui  l'invitaient  à  publier 
fes  recherches.  Il  prit  enfin  fon  parti ,  Se  dédia  ce  fa- 
meux livre  au  pape  Paul  111,  le  fit  imprimer  à  Nu- 
remberg l'an  1543  ,  Se  mourut  la  même  année  avec 
la  réputation  d'un  ecclcfiaitique  vertueux  Se  très-ortho- 
doxe fur  les  matières  de  la  foi. 

Par  malheur  fon  livre  paroiffoit  dans  un  tems  où 
tous  les  nouveaux  fentimens  étoient  fuspccts:on  ne 
parloit  par-tout  que  de  réformation. 

11  n'eft  pas  furprenant  qu'en  de  pareilles  circonftan- 
ces,  on  fit  fcrupule  d'admettre  d'abord  une  hypothèfe, 
ancienne  à  la  vérité ,  mais  tenue  long-tems  cachée  par- 
les Pythagoriciens  qui  l'avoient  imaginée  ;  méprifée  dès 
qu'on  l'avoit  montrée  au  public ,  parce  qu'elle  étoit  dé- 
nuée de  démonftrations  qui  l'appuient.  Les  théologiens 
augmentèrent  le  fcrupule,  ils  apportèrent  des  paliages 
de  l'écriture ,  où  les  écrivains  faciès  s'expriment  en 
des  termes,  qui  étant  pris  à  la  lettre,  l'ont  contraires 
à  l'hypothèfe  du  mouvement  de  la  terre  :  cela  porta 
bien  des  gens  à  la  rejetter ,  fans  vouloir  examiner  fi 
elle  étoit  plus  conforme  que  l'autre  aux  révolutions  cé- 
leftes. 

Ticho-BrahÉj  clarmé  d'ailleurs  de  la  beauté  Se 
de  la  jufteffe  de  cette  hypothèfe  ,  tâcha  d  en  ôrer  ce  qui 
eftarouchoit  les  théologiens.  Ce  fut  en  confervant  le 
mouvement  des  planettes  autour  du  foleil  ,  qui  elt  au 
centre  de  leurs  orbites  ;  en  ôranr  néanmoins  le  foleil  du 
centre  du  monde ,  Se  le  faifant  tourner  lui  même  au- 
tour de  la  terre  qui  occupe  ce  centre  ,  de  manière 
qu'il  entraîne  avec  lui  autour  d'elle  ,  rous  les  deux  dont 
îl  ell  lui-même  environné.  La  lune,  qui  ne  doit  peint 
quitter  la  terre,  a  fon  petit  cercle  inferit  dans  celui 
qui  ell  décrit  par  le  foleil  ;  mais,  comme  dit  de  Fon- 
tenelle  ,  ce  fyfiême  ne  peut  être  propre  tout  au  plus 
qu'à  foutenir  l'immobilité  de  la  terre  ,  quand  on  a  bien 
envie  de  la  foutenir  Se  nullement  à  la  perfuader. 

Cependant  les  ferviceséclatans  queTicho-Biahé  avoit 
rendus  à  l'aftronomie;  le  grand  nombre  d'élèves  qu'il 
avoit  formés ,  Se  l'eftime  publique  que  lui  marquèrent 
les  plus  grands  princes  de  fon  tems ,  tout  cela  concou- 
rut à  mettre  fon  fyftéme  en  vogue.  Le  Nord  l'adopta  , 
Se  il  rît  une  affez  belle  fortune  pendant  quelque  tems. 

Il  s'en  falloir  bien  néanmoins ,  que  le  fyllême  de 
Copernic  fut  abandonné.  Des  Catholiques  d'une  or- 
thodoxie irréprochable  l'examinèrent,  Se  chaimés  de 
la  fimplicité    merveilleufe ,  Te   déclarèrent    en    fa  fa- 


MOM 


veur.  Les  objections  allronomiques  par  lesquelles  oh 
l'attaqua,  furent  fans  force:  il  ne  fut  plus  queftion  que 
de  favoir  fi  la  foi  n'y  couroit  aucun  danger.  On  répon- 
dit aux  pafiages  de  l'écriture  ,  Se  on  prétendit  que  les. 
auteurs  faciès,  n'ayant  pailé  des  chofes  qui  ont  rap- 
port à  l'altronomie  que  par  occafion  &  en  paffant, 
n'avoient  pas  dû  en  parler  d'une  manière  que  le  peu- 
ple n'auroit  pas  entendue  :  qu'ils  s'étoient  conformés 
aux  notions  qu'il  en  avoit  ;  leur  but  n'étant  pas  de  lui- 
enfeigner  l'aftronomie. 

En  effet,  ces  fcrupules  fe  font  fi  bien  diifipés  parmi 
les  nations  lavantes  de  l'Europe ,  qu'on  a  vu  des  ma- 
thématiciens d'une  orthodoxie  généralement  reconnue. 
Se  des  eccléiial tiques  irréprochables  dans  leur  foi  aufli 
bien  que  dans  leur  conduite ,  embraflèr  généralement 
le  fyfiême  de  Copernic  ,  Se  à  préfent  les  aftronomes 
les  plus  célèbres ,  le  prennent  pour  la  bafetde  leurs  étu- 
des ,  Se  le  fuppofcnt  dans  toutes  leurs  démonftra- 
tions. 

Depuis  Copernic  on  l'a  beaucoup  perfectionné  ,  à  quoi 
ont  extrêmement  contribué  les  télescopes  inventés  vers 
le  commencement  du  fiécle  paflé.  Ce  n'eft  pas  que  l'on 
ne  fe  fervit  depuis  long-tems  de  tubes,  afin  de  voir 
plus  nettement  les  objets  ,  Se  le  père  Mabillon,  dans 
fon  voyage  d'Allemagne,  parle  d'un  manufcritplus  an- 
cien que  le  treizième  ficelé  ,  où  Ptolomée  eft  repré- 
fenté  avec  un  tube  de  quatre  pièces  ;  mais  les  verres 
qu'on  y  rajoutés  ,  ont  perfectionné  cet  infiniment, 
Se  ont  aide  a  trouver  des  étoiles  Se  des  planettes  que 
l'on  ne  connoiffoit  pas  auparavant. 

Galilée,  mathématicien  du  grand  duc  de  Toscane, 
a  trouvé  que  la  planette  de  Jupiter  elt  accompagnée  de 
quatre  petites  planettes  qui  tournent  autour  d'elle,  com- 
me la  lune  tourne  autour  de  nous.  On  ne  peut  expri- 
mer l'excès  de  joie  qu'il  refientit  après  cette  décou- 
verte. Il  en  fit  honneur  à  fon  maître  le  grand  duc  de 
Toscane,  &  les  appella  les  astres  de  Medicis;  leur 
nom  le  plus  ordinaire ,  eft  les  satellites  de  Jupiter, 
parce  que  ces  quatre  lunes  lui  font  une  garde  comme 
les  officiers  qui  environnent  un  prince.  Selon  Cafïini  , 
la  lune  intérieure  fait  fon  tour  en  un  jour,  dix-huit: 
heures  vingi-huit  minutes  Se  treme-fix  fécondes  ;  la 
féconde  eStrois  jours ,  treize  heures  treize  minutes  Se 
cinquante-deux  fécondes;  la  troifiéme  en  fept  jours , 
trois  heures  cinquante- neuf  minutes  eSc  quarante  fécon- 
des, Se  la  dernière  ou  extérieure  en  feize  jours,  dix- 
huit  heures,  cinq  minutes  Se  fix  fécondes.  Ces  lunes  de 
Jupiter  ou  fes  fatellitcs  fembloient  d'abord  le  fruit  aflez 
inutile  d'une  oifive  fpéculation ,  mais  le  même  Dominique 
Caffini  en  a  rendu  l'ufage  très-précieux  à  la  géogra- 
phie ;  car  leurs  fréquentes  éclipfes  donnent  lieu  a  d'ex- 
cellentes obfervations  qui  fixent  les  longitudes.  Voyez. 
Longitude. 

Saturne  a  aufïi  fes  Satellites.  On  en  connoîc 
cinq  Se  peut-être  en  découvrira-t-on  davantage.  Le  fa- 
vant  Huyghens  en  découvrit  un  (qui  elt  le  quatrième) 
en  1 6 jj  ,  avec  un  télescope  de  douze  pieds  de  long. 
Dominique  Caflîni  lui  fit  voir  en  1672,1e  rtoifiéme 
Se  le  cinquième.  C'elt  de  ces  trois  que  Gaffendi  parle , 
quand  il  dit  que  l'intérieur  (  c'eft-à-dire  celui  de  Huy- 
ghens )  fait  le  tour  de  Saturne  en  quatre  jours  Se  de- 
mi ;  le  fécond  (  c'eft-à  dire  le  quatrième  de  Cafiîni)  en 
feize  jours  ;&  le  troifiéme  (ou  le  cinquième  du  même 
aftronome  )  en  quatre-vingt-dix  jours  :  dix  ou  onze  ans 
après  il  trouva  le  premier  Se  le  fécond.  On  foupçonne 
qu  il  peut  y  en  avoir  davantage  ;  car  on  remarque 
entre  les  deux  derniers  un  plus  grand  espace  que  ne 
demande  la  proportion  de  la  dikance  des  autres  ;  je  ne 
dis  rien  de  l'anneau  de  Saturne  qui  elt  différent ,  félon 
les  divers  afpects. 

Je  n'ai  point  encore  parlé  du  triple  mouvement  de 
la  terre.  Sans  entrer  dans  un  détail  fcrupuleux  qu'il 
faut  voir  dans  les  livres  mêmes  des  plus  excellens  agro- 
nomes ,  je  me  contente  de  dire  ici  que  l'un  de  ces  mou- 
vemens  elt  nommé  Diurne,  Se  confille ,  en  ce  que 
la  terre  tourne  fur  elle-même  ,  ce  qui  fait  la  difîinction 
des  jours  Se  des  nuits;  le  fécond  elt  nommé  Annuel, 
Se  porte  la  terre  le  long  de  fon  cerclr  où  elle  avance 
autour  du  foleil ,  de  manière  qu'au  bout  d'un  certain 
nombre  de  jours  elle  fe  retrouve  au  même  point   d  où 

elle 


MON 


MON 


felle  étoit  partie ,  &  ce  mouvement  fait  les  années.  Le 
troifiéme  mouvement  confiée  ,  en  ce  que  l'axe  de  la 
terre  eft  toujours  tourné  vers  les  mêmes  pôles  du  mon- 
de ,  c'eft  pourquoi  on  le  nomme  Mouvement  de  Pa- 
rallélisme :  car  l'éclyptique  coupant  obliquement 
l'équateur,  il  s'enfuit  que  l'axé  de  l'une  ôc  celui  de 
l'autre  ne  fauroient  avoir  les  mêmes  pôles.  Si  la  terre  avoit 
fon  axe  parallèle  à  celui  de  l'éclyptique ,  il  y  auroit  un 
équinoxe  perpétuel ,  au  lieu  que  fon  axe  étant  paral- 
lèle à  l'axe  du  monde  ôc  différent  de  celui  de  l'éclyp- 
tique ,  cela  produit  cette  admirable  viciffitude  des  faifons 
qui  fe  fuccédent  les  unes  aux  autres. 

Ptolomée  fuppofoit  la  fphere  des  étoiles  fixes  com- 
me une  voûte  concave  à  laquelle  elles  font  attachées: 
il  lui  donnoitun  mouvement  très-violent.  Copernic  ne 
paroît  pas  avoir  rien  changea  fa  configuration,  finon 
qu'il  la  croit  immobile.  On  a  depuis  obfervé  qu'elle 
a  en  effet  un  mouvement  vers  l'orient ,  mais  très-lent  ; 
car  on  tient  que  les  étoiles  du  bélier  ne  femblent  pré- 
sentement s'être  retirées  de  trente  degrés  du  point  équi- 
noxial  dans  l'espace  de  deux  nulle  ans,  que  parce  qu'elbs 
ont  effectivement  avancé  ,  félon  la  fuite  des  fignes. 

L'étude  qu'on  a  faite  des  Etoiles  fixes  a  été  por- 
tée fort  loin  ,  fur-tout  depuis  qu'on  a  eu  des  inftru- 
tnens  faits  avec  bien  plus  d'exactitude  que  ceux  des 
anciens.  Les  télescopes  ont  fait  connoîcre  des  étoiles 
que  les  anciens  n'ont  pu  voir ,  parce  que  leurs  yeux  n'a- 
voient  pas  les  mêmes  fecours.  On  a  vu  paroître  des 
étoiles  a  la  portée  de  nos  télescopes ,  ôc  disparoi're 
enfuite  pour  reparoître  encore  dans  d'autres  tems.  On 
a  tâché  de  raffembler  aiTez  d'obfcrvations  là-deffus  pour 
pouvoir  établir  des  conjectures  plaufibles  fur  les  révo- 
lutions de  ces  aftres  -,  mais  en  attendant  qu'il  y  ait  affez 
d'obfervations  pour  voir  clair  dans  le  chemin  qu'elles 
décrivent ,  on  peut  toujours  conclure  que  les  fixes  ne 
font  pas  toutes  fur  une  même  ligne  circulaire  ,  comme 
on  l'a  cru  allez  long- tems  -,  mais  qu'elles  occupent  un 
espace  immenfe  que  la  fageffe  divine  a  réfervé  à  des 
ufages  qui  ne  nous  font  pas  connus. 

Cela  a  donné  lieu  à  des  perfonnes ,  d'ailleurs  très- 
favantes  >  de  former  une  nouvelle  hypothèfe  ,  qui  n'a 
été  d'abord  propofée  que  comme  un  jeu,  &:  que  l'on 
a  enfuite  enfeignéé  férieufement  ;  c'en:  ce  que  l'on  ap- 
pelle le  Grand  Système.  Voici  en  quoi  il  confifte. 

Chaque  étoile  fixe  a  autour  d'elle  un  espace  dans 
lequel  roule  un  nombre  plus  ou  moins  grand  de  pla- 
nettes ,  à  proportion  de  fon  étendue,  Ôc  notre  foleil 
n'eft  qu'une  étoile  fixe  par  rapport  à  ces  planettes  d'un 
autre  tourbillon.  Chaque  étoile  fixe  aura  donc  fon  tour- 
billon au  milieu  duquel  elle  eft  placée ,  comme  notre 
foleil  eft  dans  le  centre  de  notre  tourbillon.  On  attri- 
bue à  cette  disposition  les  différences  que  les  aftrono- 
mes  mettent  entre  les  étoiles  pour  la  grandeur  ;  car 
il  eft  narurelque  celles,  qui  font  plus  éloignées,  paroiffent 
plus  peiecs,  ôc  que  celles,  qui  font  plus  proches  de  nbtre 
tourbillon ,  paroifient  plus  grandes. 

Pour  le  fyilême  de  Copernic  on  peut  s'en  fervir , 
à  l'exemple  de  quantité  de  perfonnes  fages  Ôc  pieufes 
qui  l'emploient  comme  l'hypothèfe  la  plus  conforme  aux 
révolutions  céleftes.  Ni  Ptolomée ,  ni  Copernic  n'ont 
jamais  prétendu  que  le  ciel  fût  précifément  fembl.ible 
à  l'idée  qu'ils  en  donnoient  -,  ils  ont  même  averti  „  l'un 
ôc  l'autre,  que  ce  feroit  une  erreur  que  de  leur  attri- 
buer cette  penfée.  Leur  but  n'a  été  que  de  trouver  une 
hypothèfe,  qui  donne  une  folution  fatisfaifante  des  phé- 
nomènes ,  qui  arrivent  dans  le  cours  des  corps  céleftes. 
Celle  de  Ptolomée  a  long-tems  triomphé,  parce  qu'on 
ne  connoiflbit  rien  de  meilleur.  Copernic  en  a  donné 
une  autre ,  qui  enfin  a  obtenu  la  préférence  par  fa 
grande  fimplicité.  S'il  n'a  pas  l'honneur  de  l'invention  , 
il  a  le  mérite  d'en  avoir  donné  les  preuves  ôc  les  ufa- 
gcs.  Descartes  y  a  ajouté  les  tourbillons  ;  Galilée  a 
fourni  les  faillites  de  Jupiter  ;  Huyghens  &  Caffini  les 
fatellites  de  Saturne  :  c'eft  ainfi  que  les  feiences  fe  per- 
fectionnent peu  à  peu. 

En  voilà  affez  pour  fervir  d'ébauche  à  l'étude  de 
l'aftionomie ,  en  faveur  de  ceux  qui ,  n'en  ayant  aucune 
notion,  font  bien  aifes  d'en  prendre  les  premiers  traits. 
Je  n'ai  point  parlé  de  l'Eclyptique  ni  des  cercles  de 
Latitude  ,  de  Longitude  ,  de  l'Equateur  ,  de  l'Hq- 


RizoN  ,  ni  des  Pôles  ,  pour  ne  point  répéter  ici  in- 
utilement ce  que  j'en  dis  dans  les  articles  particuliers  où 
ces  matières  font  traitées. 

Le  Monde  ou  le  globe  Terrestre.  Voyez,  au  mot 
Terre. 

Le  Monde  dans  le  fens  d'Uemispheke.  Veyez.  Hé- 
misphère. 

MONDÉE ,  village  de  France ,  dans  la  baffe  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  de  Bayeux  ,  à  deux  lieues  de  la 
ville  de  ce  nom.  Il  eft  fitûc  fur  la  rivière  d'Aure  ,  ÔC 
remarquable  par  une  abbaye  régulière  de  l'ordre  de 
Prémontré  réformé  ,  appellée  en  latin  Mons  Dei. 
Les  religieux  de  cette  abbaye  deffervent  les  cures  des 
paroiffes  de  Juez  ,  d'Yelon  ôc  de  Trungi.  Hermant , 
dans  le  premier  tome  de  fon  hiltoire  du  diocèfe  de 
Bayeux  ,  dit  que  Jourdain  dit  Hommcr,  compté  dans 
les  tables  du  chapitre  au  nombre  des  chanoines  dé 
Bayeux,  en  fur  tiré  dans  le  treizième  fiécle  pour  être  mis 
fur  le  fiége  épiscopal  de  Lifieux.  Sa  piété  l'avoit  porté 
à  fonder  en  1113  ,  l'abbaye  de  Mondée,  fous  l'invo- 
cation de  S.  Marrin.  Cette  abbaye  étant  de  la  dépen- 
dance des  fiefs  de  la  terre  de  Nonant  ,  qui  eft  a  une 
lieue  de  la  ville  de  Bayeux ,  ôc  qui  appartenoit  aux 
parens  de  ce  Jourdain  du  Hommet ,  on  croit  qu'il 
obtint  de  Robert  des  Ableges  ,  alors  évêque  de  Bayeux , 
que  la  jurisdiction  fpirituelle  de  ce  territoire  dépen- 
droit  à  l'avenir  de  l'évêché  de  Lifieux  ,  dont  cette  ab- 
baye dépend  encore  aujourd'hui  pour  ce  qui  regarde 
le  fpïtituel.  *  Mémoires  manuscrits  de  1706.  Loin.  Dict. 

MONDEGO  ,  fleuve  du  Portugal ,  connu  par  les 
anciens  fous  le  nom  de  Monda  ou  Mitnda.  Il  fort  des 
montagnes  au  couchant  de  la  ville  de  Guarda  ,  paffe  à 
Selorico ,  à  Pegnacova  ôc  à  Coimbre,  ôc  fe  dégorge 
dans  l'océan  par  une  large  embouchure.  Ce  fleuve  eft 
fort  rapide  ôc  devient  exceffivement  gros,  quand  il  pleut. 
Il  porte  bateau  depuis  fon  embouchure  jusqu'à  Coim- 
bre ôc  un  peu  au-deffus.  *  Délices  de  Portugal ,  p.  696. 

MONDEL,  ville  de  l'Inde,  félon  Avicenne,  qui 
dit  que  c'eft  de-là  que  venoit  l'Aloès  noir.  Jofeph  Sca- 
liger  ,  ad  4.  Manilii ,  veut  que  Mondel  foit  Molinde , 
royaume  d'Ethiopie.  *  Ortelii  Thefaur. 

MONDENARD,  bourg  de  France,  dans  le  Quer- 
ci .  élection  de  Cahors. 

MONDEREN  ,  forêt  'de  Lorraine  -,  la  France  la 
rendit  au  duc  par  le  traité  de  1718» 

MONDE  Voyez.  Mundi. 

MONDIDIÈR.  Voyez.  Mokt-didier. 

MONDOA  ,  rivière  des  Indes.  Voyez.MAxr>oA. 

MONDONNEDO,  Mindonia,  ville  d'Espagne,  dans 
la  Galice ,  avec  titre  d'évêché  fuffragant  de  Compo- 
ftelle.  Elle  eft  fituée  au-deffus  de  la  fource  du  Migno 
dans  une  belle  expofition  au  pied  des  montagnes,  à 
l'extrémité  d'une  campagne  très-fertile  ,  ôc  dans  un  air 
fort  fain  ,  ce  qui  n'eft  pas  commun  dans  la  Galice.  Son 
évêque,  qui  avoit  autrefois  fon  fiége  à  Ribadeo ,  eft  fei- 
gneur  fpirituel  &  temporel  de  Mondonnedo  ,  ôc  jouit 
de  quatre  mille  ducats  de  revenu.  *  Délices  a l'Espagne, 
pag.   134. 

MON  DOUBLE  AU.  Voyez.  Mont-Doubleau. 

t.  MONDOVI,  en  latin  Maris  Vici  ou  Mons  rega- 
lis ,  ville  d'Italie(a)  ,  dans  le  Piémont,  &  la  capitale 
d'une  petite  province  à  laquelle  elle  donne  fon  nom. 
Elle  eft  fituée  au  pied  des  Alpes,  fur  une  montagne, 
auprès  de  la  rivière  d'Elero,  au  midi  oriental  de  Bcne, 
&  au  nord  occidental  deCeve(£).  Le  haut  de  la  mon- 
tagne avoit  commencé  d'être  habité  des  l'an  1038  j 
on  y  comptoit  un  nombre  confidéi  able  d'habitans.  L'é- 
poque de  la  fondation  de  cette  ville  eft  marquée  fur 
une  pierre  au-deffus  de  la  porte  de  la  chapelle  de  faint 
Antoine  de  Padoue ,  dans  l'églife  cathédrale  :  on  y  lit  l'in- 
feription  fuivante  :  MCCXXXII.  die  X.  exeunte  An- 
guflo  adificata  fuit  Terra  Montis  Kegalis.  Deo  gratias 
MCCXL.  die  xv.  Augufti  adificatus  eft  locus  Fratrttm 
Minorum  in  Monte  Regali ,  poft  xiv.  annos  ab  obitu  D. 
Francisci.  Cette  églife  étoir  fous  l'invocation  de  faint 
François  avant  qu'elle  fût  églife  cathédrale.  (a)  Del'ljle, 
Atlas,  (h  )  Joan.  Blaeu ,  Theatr.  Pedemontii. 

Les  troubles  d'Iraiie  accrurent  le  nombre  des  habitans 
de  Mondovi  :  il  y  vint  entr'aunes  un  grand  nombre  de 
perfonnes  du  duché  de  Milan  ,  lorsaue  Frédéric  Barbe-, 

Im.1V.    Y  y 


MON 


3*4 

rouflè  eut  détruit  la  capitale  de  ce  duché.  Ces  nouvel- 
les colonies  obligèrent  d'agrandir  l'enceinte  de  la  ville, 
les  murailles  renfermèrent  route  la  montagne,  &  on 
en  voit  encore  aujourd'hui  les  vefliges.  Elles  furent  rui- 
nées durant  les  guerres  du  felziéme  fiécle ,  partie  par 
les  François ,  partie  par  les  Impériaux  :  cependant  Ema- 
nuel  Philibert,  duc  de  Savoye  ,  pour  qu'une  ville  auflî 
peuplée  ne  demeurât  pas  fans  défenfe,  fit  conflruire 
une  citadelle  au  haut  de  la  montagne  dans  l'endroit  où 
avoit  été  la  première  églife  cathédrale. 

Mondovi  jouit  aflez  long-tems  de  fa  liberté  ;  à  la  fin 
les  divifions  furvenues  entre  fes  habitans  l'obligèrent 
de  fe  chercher  des  maîtres.  En  1347,  elle  fe  donna 
aux  princes  de  Savoye ,  Se  fuccefïivement  à  divers  au- 
tres princes,  jusqu'à  la  mort  de  Robert,  roi  de  Na- 
pies,  que  Jeanne  ,  héritière  de  fes  états,  rendit  ,à  ce 
qu'on  prétend  ,  la  liberté  aux  habitans  de  cette  ville.  Ils 
ne  la  conferverent  pas  long-tems  :  leurs  anciennes  ja- 
loufies  s'étant  réveillées  ,  ils  fe  mirent  en  1396  ,  moitié 
de  gré  ,  moitié  de  force  ,  fous  la  protection  d'Amédée 
de  Savoye ,  prince  d'Achaïe.  Depuis  ce  tems ,  ils  ont 
toujours  été  fournis  aux  princes  de  Savoye. 

Outre  la  cathédrale  Se  diverfes  paroillés,  il  y  a  dans 
Mondovi  plufieurs  maifons  religieufes ,  favoir ,  une  de 
Jéfuitcs  qui  ont  le  collège;  deux  couvens  dAugultins, 
les  uns  réformés  ,  les  autres  non-réformés  ;  un  de  Do- 
minicains; un  de  Recollets  ",  un  de  Cordeliers  ;  un  de 
Capucins;  deux  de  Carmes,  les  uns  chauffés,  les  au- 
tres déchaufies;  Se  quatre  monaftercs  de  filles,  un  de 
l'ordre  de  faint  Benoît ,  un  de  faim  Bernard  ,  un  de  re- 
ligieufes de  fainte  Claire  Se  un  de  Capucines  :  il  y  a 
auiïï  une  univerfité  établie  par  le  pape  Pie  V. 

2.  MONDOVI ,  petite  province  du  Piémont ,  au 
pied  des  Alpes.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  pro- 
vince de  Foflano  ,  à  l'orient  par  le  marquifat  de  Ceve , 
au  midi  par  le  mont  Apennin ,  Se  à  l'occident  par  la 
province  de  Coni. 

MONDRAGON,  ville  d'Espagne ,  dans  le  Guipus- 
coa  ,  au  bord  de  la  rivière  de  Deva  ,  à  trois  lieues  au- 
deflusde  Placentia  ,  fur  une  colline.  Cette  ville  efl  re- 
marquable par  des  fontaines  d'eaux  médicinales  ,  qui  y 
font  en  grand  nombre.  Le  territoire  qui  l'environne 
produit  d'excellentes  pommes,  dont  les  gens  du  pays 
font  une  espèce  de  cidre ,  qui  leur  tient  lieu  de  vin. 
Cette  ville  eft  auffi  célèbre  par  le  commerce  qui  s'y 
fait  du  fer  Se  des  armes  qu'on  y  fabrique.  *  Délices 
d'Espagne  ,  p.  88. 

MONDRAGONE.  Voyez,  au  mot  Cap  Mondra- 

GON. 

MONDRY  ,  bois  de  France  ,  dans  la  maîtrife  de 
Mont-Marault.  Il  eft  de  cinq  cens  quatre-vingt  deux 
arpens. 

MONDUROCH,  bois  de  la  France,  dans  la  maî- 
trife de  Valogne.  Il  e(ï  de  trois  cens  cinquante  ar- 
pens. 

MONE,  MEUN,  MEON  ,  MOEN ,  MOON  , 
MUEN  Se  MOW,  ifle  du  royaume  de  Danemarck, 
dans  la  mer  Baltique.  Sa  partie  occidentale  fe  trouve 
entre  laZélande  au  nord,  Se  Pifle  de  Fallter  au  midi  : 
le  refte  de  Pifle  s'étend  à  l'orient  dans  la  mer.  On  l'ap- 
pelle Mone  Danoise,  en  latin  Mona  Danica  , 
pour  la  distinguer  d'une  autre  ifle  de  même  nom,  fituée  en- 
tre l'Angleterre  Se  l'Irlande.  Dans  fa  partie  orientale 
on  voit  plufieurs  montagnes  de  craie  blanche,  Se  qui 
font  très-élevées.  Outre  divers  villages  Se  quelques  pa- 
roiffes,  qui  font  allez  confidé râbles,  il  y  a  dans  cette  ifle 
une  ville  nommée  Stége,  Se  une  forcerefle  appellée 
Elmeland. 

MONEDES,  peuples  des  Indes,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  19. 

MONEINS,  petite  ville  de  France,  dansleBearn, 
diocèfe  d'Oleron.  Aux  environs  de  cette  ville,  il  y  a 
des  mines  de  plomb  ,  de  cuivre  ,  de  fer;  Se  l'on  trouve 
fur  les  montagnes  beaucoup  de  fapins  ,  dont  on  fait 
des  planches  Se  des  mâts  de  navires.  Moneins  eft  peu- 
plée pour  fa  petitefle.  Son  terroir  eft  fur-tout  abon- 
dant en  vins.  Voyez,  Monesi.  *  Piganid,  Defcrip- 
tion  de  la  France ,  tom.  4.  pag.  446.  Mémoires  di- 
vers. 

MONEMBASIA.  Voyez,  Epibaurus  3, 


MON 


MONERABEAU  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Co«- 
domois  >  élection  de  Condom. 

MONERBINO.  Voyez.  Minorbino. 

MONESI ,  peuples  de  la  Gaule  Aquitanîque ,  feloa 
Pline,  /.  4.  c.  19.  De  Valois  Se  le  père  Hardouin 
croient  trouver  quelques  traces  de  ces  peuples  dans  le 
nom  de  la  ville  de  Moneins  en  Bearn.  Voyez,  Mo- 
neins. 

MONEST1ER ,  en  latin  Monaflerium ,  bourg  de 
France ,  dans  le  Bourbonnois ,  élection  de  Gannat ,  à  une 
lieue  de  la  ville  de  Chantelle-le-Château.  La  taille  y  eft 
perfonnelle,  Si  le  terroir  y  eft  bon. 

MONEST1ER  DE  BRIANÇON  ,  bourgade  de 
France,  dans  le  Dauphiné,  au  Briançonnois  ,  dans  la 
partie  occidentale  de  cette  province,  à  quatre  ou  cinq 
lieues  cie  Briançon ,  en  tirant  vers  le  nord  occidental. 
*  Jaillot,  Atlas. 

MONEST1ER  DE  CLERMONT ,  bourg  de  Fran- 
ce,  dans  le  Dauphiné,  au  Diois,  élection  de  Greno- 
ble, à  cinq  lieues  de  la  ville  de  ce  nom.  Il  y  a  une 
fontaine  ,  par  rapport  à  laquelle  les  gens  du  pays  as- 
furent  avoir  fait  une  remarque  ;  c'eit  que  quand  fes 
eaux  s'élèvent  à  la  hauteur  d'une  pique  en  forme  de 
jet  d'eau ,  elles  annoncent  une  année  ftérile  ;  Se  au  con- 
traire une  année  abondante ,  quand  elles  ne  s'élèvent 
pas  fi  haut. 

MONESTIER  SA1NT-CHAFFRE  ,  en  latin  Mona- 
flerium Sjntli  Tb/ofredi ,  bourgade  de  Fiance  ,  dans  le 
Bas-  Languedoc  ,  recette  du  Puy.  Il  y  aune  abbaye  de 
Bénédictins.  Voye  Saint  Chaffre. 

MONEST1ERS  ,  petite  ville  de  France  »  dans  le 
Haut-Languedoc,  recette  d'Albi.  Cette  ville  eft  fur  1» 
Céron  ,  à  deux  lieues  d'Albi,  Se  l'une  des  douze 
principales   du  diocèfe.  Elle  appartient  à  l'archevêque. 

MONESTROL.  Voyez.  Monistrol. 

MONETAU  (  a) ,  en  latin  Monaftellum  ,  village  de 
France  ,  fur  la  rivière  d'Ionne  ,  à  une  lieue   au  -  des- 
fous d'Auxerre  en  Bourgogne.   Ce  lieu  a  été  très  con- 
nu à  Paris    ,    par    le   moyen  des   coches  d'eau    qui 
en    pottoient  le  nom ,    parce    qu'ils   ne   remontoient 
pas  plus  haut   que  cette  paroifie.  On  connoît  depuis 
plufieurs  fiécles    fous   le   nom    de    Monétau   le  terri- 
toire   des  deux    rivages     de    Pionne  ;    mais    il    y    a 
huit  cens  ans ,  celui  qui  eft  tà  gauche ,  Se  où  eft  l'é- 
glife  paroiflïale  de  faint  Cir,  s'appelloit  Champigni.il 
n'y  avoit  que  les  habitans  du  rivage  droit  qui  fuflent 
appelles  du  nom  de  Monétau.  Maintenant,  comme  la- 
rivière  partage  le  village  en  deux ,  on    appelle  ce  qui 
eft  d'un  côté  le  grand  Monétau,  Se  ce  qui  eft  de  l'au- 
tre ,  le  petit  Monétau.  Les  Templiers  avoient  dès  le  tems 
de  faint  Louis,  une  maifon  Se  du  bien  dans  l'ancien 
Monétau  ,   à   droite  de  la  rivière.  On  lit  dans  la  vie 
de  Gui  de  Mello,  alors  évêque  d'Auxerre,  les  pour- 
fuites  qu'il  fit  contre  eux,  pour  les  empêcher  d'exercer 
dans  leur  chapelle  aucunes  fonctions  curiales ,  Se  mê- 
me d'avoir  une  cloche  (  b  ),  Cette  chapelle  paroit  avoir 
été  différente  de  celle  de  faint  Quentin  de  Monétau , 
qui  fubfifte  encore ,  Se  dont  Hémeré  ,  en  fon  Augufta 
Veromanduorum  ,  pag.  242.  attribue  la  dédicace  àErard 
de  Lefignes ,  fuccefieur  de  Gui  de  Mello.  Monétau  eft 
l'un  des  pafiages  fur  la  rivière  d'Ionne ,  où  les  anciens 
conftruifirent    une  des   éclufes    qu'on  appelle  Pertuis 
dans  le  pays  ,  Se  autrefois  Boichel  ou  Bouchet.  Le  droit 
en  eft  très-  ancien  ,  .puisque  dès  l'an    1222  ,  une  dame 
Ifabelle  céda  au  chapitre  d'Auxerre  tout  ce  qu'elle  pou- 
voit  y  prétendre.  Les  habitans  de  Monétau  ,  dépendans 
du  même  chapitre ,  furent  affranchis  Se  mis  en  liberté 
l'an   1253,    moyennant  la    ceflion   qu'ils  firent  de  ce 
qu'ils  pouvoient  avoir  au  bois  de  Bar.  Quant  à  la  Fo- 
rêt de  Tul ,  elle  fut  donnée  aux  mêmes  feigneurs ,  par 
Guillaume,  comte  de  Nevers&  d'Auxerre,  Pan  1161, 
en  dédommagement  du  tort  que  fon  père  avoit  fait  à 
ce  chapitre.  La  fituation  de  cette  paroiffe  efl  très-agréa- 
ble ;  c'eft-Ià  que  la   petite  rivière  de  Beauche  fe  jette 
dans  Pionne,  après  avoir  engraiffé  les  prairies  de  Vil- 
le-Fargeau  ,  de  faint  Georges  Se  de  Perrignv.  (a)  Di- 
vers Mémoires  manuferits.  (b)  Labbe  ,  Bibliot.  manufe. 
tom.  1. 

MONETTIUM  ,  en  „grec  M«c»7t/w  ,  ville   des  Japo- 
dçfii  felun  Stiabon,  /.  4.  r.  207.  Lazius  nosume  cette 


MON 


ville  Mansburg  dans  un  endroit ,  &  Monsburg  dans  un 
autre  :  il  la  place  dans  le  comté  de  Cilicic. 

MONEVAL  ,  bourgade  de  France  ,  dans  la  Picar- 
die ,  diocèfe  de  Soiflbns,  élection  de  Crefpi.  Il  y  a  dans 
ce  lieu  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  faint  Benoît: 
on  la  croit  fondée  par  le  roi  Dagobert ,  qui  y  avoit  éta- 
bli des  moines. 

MONFAUCON.  Voyez.  Mont-Faucon, 

MONFELTRO.  Voyez.  Monte-Feltre. 

MONFERO,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cîteaux  , 
de  la  congrégation  de  Caflille  en  Espagne  ,  dans  la  Ga- 
lice ,  au  diocèfe  de  Compoftelle. 

MONFERRAG,  bourg  de  France,  dans  le  Bas-Ar- 
magnac ,  élection  de  Lomagne. 

MONFERRAND.  Voyez.  Mont-Ferrand. 

MONFIA  ,  ifle  d'Afrique ,  fur  la  côte  du  Zanguc- 
bar ,  environ  à  cinquante-  fix  degrés  6c  demi  de  longi- 
tude ,  fous  les  fept  degrés  cinquante-cinq  minutes  de 
latitude  méridionale.  Elle  produit  beaucoup  de  riz  6c 
de  mil,  quantité  d'oranges,  de  citrons  6c  de  cannes 
de  fucre.  Cette  ifle  renferme  feulement  quelques  villa- 
ges, quoiqu'elle  ait,  à  ce  qu'on  prétend  ,  plus  de  cent 
mille  pas  de  circuit.  *  De  l'IJle ,  Atlas. 

MÔNFLANQUIN  ,  bourgade  de  France  ,  dans  l'A- 
génois ,  élection  d' Agen ,  à  fept  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom,  fur  la  rivière  de  Lez. 

MONFLOUÈT  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la 
Beauce  ,  élection  de  Chartres. 

MONFORT.  Voyez.  Montfort. 

MONFORTE.  Voyez.  Montforte. 

MONFOUCOUR  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Mai- 
ne ,  élection  de  Laval. 

MONFRIN  ,  bourgade  de  France,  dans  le  Bas  Lan- 
guedoc ,  recette  d'Uzès.  11  y  a  auprès  de  ce  lieu  une 
fontaine  d'eaux  minérales  très-eftimées.  On  les  prend 
ordinairement  dans  la  canicule.  Monfrin  a  titre  de  mar- 
quifar. 

MONGAGUABE,  ou  Mongagapi,  rivière  del'Amé- 
lique  méridionale  au  Brefil ,  6c  qui  fe  jette  dans  la  mer 
par  une  embouchure  affez  grande ,  à  cinq  lieues  de 
Parayba  ,  vers  le  nord.  De  l'Ifle  ,  Atlas  ,  la  nomme 
Mongongoape ,  &  met  fon  embouchure  entre  le  cap 
de  Parayba  au  midi ,  6c  la  rivière  de  Trahifon  au  nord. 

*  Corn.  Dict. 

MONGA1LLARD ,  petite  ville  de  France,  dans  la 
Gascogne ,  élection  des  Lannes. 

MONGALES  ,  peuples  Tartares.  Voyez.  Tartares 

MoNGAtES. 

MONGALO  ,  royaume  d'Afrique  ,  dans  la  Baffe- 
Ethiopie.  C'eft  un  petit  état  près  des  embouchures  du 
Cuama.  Il  elt  peuplé  de  Mahométans  Arabes,  &  il  a 
fon  prince  particulier.  Les  habitans  négocient  de  l'or 
avec  les  fujets  du  Monomotapa.  *  Dapj,er  ,  Defc.  d'A- 
frique, p.  397. 

MONGELLINO  ,  ou  Mungellino  ,  château  de  la 
Sicile,  dans  le  val  de  Noto ,  environ  à  quatre  milles 
de  Mineo  en  tirant  vers  le  midi  occidental.  Ce  château 
eft  ruiné.  Quelques-uns  l'ont  pris  pour  l'ancienne  Ma- 
gella.  *  De  l'IJle,  Atlas. 

MONGES  ,  nom  de  plufieurs  ifles  qu'on  trouve  dans 
l'Amérique  méridionale,  au-devant  du  cap  de  Coqui- 
boca  ,  vers  l'eft.  Celle  qui  elt  la  plus  avancée  au  fud  , 
eft  la  plus  haute  ,  6c  paroît  blanche  par  la  quantité  de 
fiente  d'oifeàux  dont  elle  elt  couverte.  Au  nord  de 
cette  ifle,  il  y  en  a  une  autre  remarquable  par  une  mon- 
tagne ,  dont  la  cime  elt  faite  en  forme  de  fclle  à  che- 
val. Les   autres  font   moins  des  ifles  que  des  rochers. 

*  De  Laet ,  Defc.  des   Indes  occid.  liv.  18.  cap.  17. 
Corn.  Dict. 

MONGIA  ,  ville  d'Espagne,  dans  la  Galice.  Entre 
le  cap  Bellem  Se  le  cap  de  Corinne,  la  mer  fait  une  pe- 
tite baie ,  vers  l'entrée  de  laquelle  eft  fituée  la  ville  de 
Mongia  fur  la  rive  méridionale  ,  avec  un  port  paffa- 
blement  bon.  *  Délices  d'Espagne,  p.   117. 

MONGIVRAY,  bourg  de  France,  dans  le  Berri, 
élection  6c  grenier  à  fel  de  la  Châtre,  fur  la  rivière 
d'Indre,  à  quatorze  lieues  de  Bourges,  à  neuf  d'Ifibu- 
dun  ,  6c  à  un  quart  de  lieue  de  la  Châtre  au  nord.  Les 
terres  des  environs  portent  du  froment  :  il  yaaulFides 
vignes  de  grand  rapport  en  vins  blancs. 


MON     3j"y 

MONGOMERI.  Voyez.  Montgomery. 
MONGUENIM ,  bois  de  France ,  dans  la  maîtrife 
de  Moulins  :  il  a  quatre-vingt-trois  arpens. 
MONGUL.  Voyez,  Tartarhs  Mongales. 

1.  MONHEIM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la 
Bavière,  aux  confins  de  la  Suabe ,  à  trois  milles  de 
Weifenbourg  ,  6c  à  deux  de  Donawerth ,  il  s'y  fait  une 
grande  quantité  d'aiguilles.  Munfterus  dans  fa  cosmo- 
graphie, /.  8.  p.  413.  dit  qu'il  a  lui-même  compté  dans 
cet  endroit  foixante-trois  ouvriers  de  cette  profclîion. 
Aventinus  dans  fa  chronique  dit  que  les  comtes  d'Oc- 
tingen  acquirent  ce  domaine  en  vertu  de  l'afiiiiance 
qu'ils  donnèrent  aux  deux  frères  Erneft  6c  Guillaume 
de  Bavière ,  contre  leur  oncle  Louis  le  Barbu ,  qui 
avoit  fa  cour  à  lngolftadt.  *  Zeyler ,  Topograp.  Ba- 
varia; 

2.  MONHEIM,  ville  de  Weitphalie.  Voyez.  Mul- 

HEIM. 

MONHEURT ,  bourgade  de  la  France.  Voyez  Mont 

HEURT. 

MONJAUX  ,  bourg  de  France,  dans  le  Rouergues 
élection  de  Milhaud. 

MONICKEDAM,  MUNICKEDAM  ,  ou  Moni- 
kendam  ,  petite  ville  de  la  Nort-Hollande  (  a  ) ,  fur 
le  Zuiderzée  proche  d'Edam,  à  trois  lieues  d'Amfter- 
dam  dans  le  Waterlancj,  Elle  fut  fermée  de  murailles 
(i>)  en  1286,  du  tems  de  Florent  V,  comte  de  Hol- 
lande. En  1499,  le  10  de  Juillet  elle  fut  affligée  d'un 
incendie  qui  la  réduifit  presqu'entièrement  en  cendres  : 
(c)  on  ne  fauva  qu'environ  quatre-vingt  maifons.  Un 
autre  incendie  arrivé  en  ijij  ,  n'épargna  que  l'églife 
6c  le  couvent  des  Carmes.  Elle  a  été  rétablie  depuis , 
&  elle  eft  une  de  dix-huit  villes  de  Hollande  qui  dé- 
putent aux  états.  Monickedam  fignifie  la  digue  du  Mo- 
nick,  qui  eft  le  nom  d'une  petite  rivière  qui  la  tra- 
verfe,  &  fe  jette  dans  la  mer,  cependant  Alting  (d)  pré- 
rend que  le  nom  Monachodamiim  ,  dont  on  a  fait  Mo- 
nickedam ,  eft  formé  deMonachus  ,qui  fignifie  moine,  6c 
de  Dam,  qui  veut  dire  digue  ,  6c  qu'on  adonné  ce  nom 
à  la  ville,  parce  que  les  moines  avoient  beaucoup  con- 
tribué pour  faire  la  digue ,  fur  laquelle  Monickedam 
eft  bâtie.  (  a  )  Ditl.  géogr.  des  Pays-Bas.  (b)  Longue- 
rue  ,  Defcr.  de  la  France,  part.  2.  pag.  21.  (c)Joart: 
Blaeu ,  Belgium.  (d)  Not.  Germ.inferior.  part.  2.  pag. 
129. 

MONIEN  ,  nom  d'une  colline  dans  la  Chine ,  dans 
la  province  de  Quangfi  ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Pin- 
g!o.  Monien  veut  dire  la  colline  des  Yeux.  L'origine 
de  ce  nom  vient  de  ce  que  fur  le  fommet  de  cette 
colline  on  voit  deux  grandes  pierres  qui  ont  la  figure 
des  yeux  d'un  homme.  C'eft  un  jeu  de  la  nature  qui  a 
fait  dans  cette  occafion  plus  que  l'art  ne  fauroit  faire  : 
on  diftingue  parfaitement  bien  dans  ces  yeux  la  pru- 
nelle ,  6c  les  humeurs  noires  6c  blanches  comme  dans 
nos  yeux.  *  Atlas  Sinenfis. 

MONIGROS  ,  bois  de  France,  dans  la  maîtrife  de 
Saint  Pons  :  il  eft  de  deux  cens  dix  arpens  6c  cinquante- 
huit  perches. 

MONIS  ou  Mony  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  au 
midi  de  la  pointe  occidentale  de  l'ifle  de  Java ,  entre 
l'ifle  de  Selam  au  nord ,  6c  celle  de  Chriftmat  vers  le 
midi.  *  De  l'ifle ,  Atlas. 

MONISTROL  ou  Monestrol,  en  latin  Monaflerio- 
lum  ,  ville  de  France  ,  dans  le  gouvernement  de  Lan- 
guedoc. 

MONKON  ,  ville  de  Perfe  ,  félon  Corneille,  DiVt. 
qui  cite  Tavernier  ,  voyage  de  Perfe  ,  mais  Taver- 
nier  dit  Moukon  dans  deux  éditions  que  j'ai  confultées. 

MONLEVIS ,  bourg  de  Fiance ,  dans  le  Berri  , 
élection  de  la  Châtre ,  à  une  lieue  de  ce  dernier  en- 
droit ,  fur  un  ruifléau  qui  tire  fa  fource  de  deux  étangs. 
La  taille  y  eft  perfonnelle. 

MONLEZUN  ,  lieu  de  France,  en  Gascogne.  C'eft 
le  fiége  principal  du  comté  de  Pardiac,qui  a  été  uni 
à  la  fénéchauffée  d'Armagnac.  Monlezun  eft  une  ville 
démantelée  ,  &  dont  le  château  a  été  démoli.  Sa  juftice 
reflbttit  au  fénéchal  d'Armagnac.  *  Davity  ,  Gascogne» 
p.  320. 

MONLUÇON.  Voyez.  Mont-Luçon. 

HQNWLL.Voyez,  Mont-Luel. 
Tom.  IV.   Y  y  ij 


MON 


3*6 

MONMARTRE.  Voyez.  Mont-Martri. 

MONMEDI.  Voyez.  Mont-Medi. 

MONMELIAN.  Voyez.  MontmeliAn. 

MONMERLE.  Voyez.  Mont-Merle. 

MONMIRA1L.  Voyez.  Mont-Miraii. 

MONMORENCY.  Voyez.  Montmorency. 

MONMORILLON  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Poi- 
tou ,  en  latin  Mons  Morillium ,  Mons  Morillio  Se 
Mous  Morillionis.  Elle  eft  aux  confins  de  la  Marche 
Se  du  Berri ,  à  neuf  lieues  de  Poitiers  au  bord  de  la 
rivière  de  Garrempe  ,  qu'on  y  paffe  fur  un  pont  de  pier- 
res ,dont  la  féconde  arche ,  qui  eft  du  côté  du  château  , 
eft  d'une  ftruéfcure  admirable.  Cette  rivière  ne  tarit 
jamais,  mais  elle  eft  fi  baffe  en  certains  tems  de 
l'été,  qu'au-deffus  de  la  porte  du  pont-neuf  on  la  paffe 
à  pied  fec  fur  des  petites  pierres.  En  bas  ôc  en  haut 
font  des  éclufes  Se  des  moulins  à  farine  &  un  à  papier. 
Monmorillon  a  deux  paroiffes,  l'une  eft  Concife  Se 
l'autre  de  faint  Martial.  Ce  qui  eft  fur  la  gauche  de 
la  rivière  eft  de  la  paroiffe  de  Concife ,  appellée  ainfi 
d'un  petit  village  où  elle  fe  trouve,  Se  qui  eft  diftant 
de  la  ville  d'un  grand  quart  de  lieue  ;  mais  pour  la  com- 
modité des  paroiffiens  de  Monmorillon  ,  il  y  a  des  fonts 
baptismaux  dans  l'églife  collégiale  de  Notre-Dame. 
Cette  collégiale  eft  compofée  d'un  prévôt  qui  eft  élec- 
tif, &  de  quatre  chanoines  à  la  nomination  de  l'évê- 
que  de  Poitiers.  Ce  qui  fe  trouve  fur  la  droite  de  la 
rivière  eft  de  la  paroiffe  de  faint  Martial.  L'églife  eft 
hors  de  la  ville ,  le  cimetière  Se  une  partie  du  faux- 
bourg  de  ce  nom  entre-deux.  Cette  cure  a  une  églife 
fuccurfale  à  un  grand  quart  de  lieue  ,  en  remontant  la 
rivière  jusqu'à  un  méchant  bourg  appelle  Mouffac. 
Les  Récollets  ont  un  couvent  fur  la  paroiffe  de  faine 
Martial.  Près  de  l'églife  collégiale  de  Notre-Dame  eft 
un  couvent  de  Cordelières ,  Se  de  l'autre  côté  ,  beau- 
coup plus  loin  ,  un  monaftere  d'Auguftins  Réformés. 
Cette  maifon  étoit  un  prieuré  de  l'ordre  de  faint  Au- 
guftin  ,  qui  vaut ,  dit-on  ,  avec  fes  réunions ,  cinquante 
mille  livres  de  rente  i  mais  il  y  a  de  fort  groffes  char- 
ges, plufieurs  aumônes  générales,  entre  autres,  une  de 
lard  au  carnaval  Se  une  de  fèves  cuites  en  Carême.  Ce 
prieuré  entretient  un  hôpital  pour  les  paffans  Se  pour 
les  malades.  Le  bâtiment  en  eft  beau.  Il  eft  fur  une  hau- 
teur à  pente  roide  fur  la  rivière,  Se  ceux  qui  viennent 
du  côté  de  Paris,  le  découvrent  de  quatre  ou  cinq 
lieues.  A  un  demi-quart  de  lieue  delà,  on  trouve  fur 
le  chemin  dans  les  vignes  une  chapelle  de  faint  Nicolas, 
qui  dépend  d'un  prieuré  appelle  la  Maifon-Dieu.  Il  don- 
ne fon  nom  à  un  fauxbourg  qui  eft  avant  Notre-Dame. 
La  partie  de  la  ville  ,  qui  eft  à  la  droite  de  la  rivière  , 
eft  la  plus  confidérable  ,  mais  fi  baffe  que  quand  il 
arrive  un  débordement ,  les  rues  font  toutes  couvertes 
d'eau.  Elle  a  trois  portes ,  fans  compter  celle  qui  eft 
fur  le  pont.  Celle  d'en  haut,  près  de  la  rivière  , eft  ap- 
pellée porte  du  Pont- Neuf ,  la  féconde,  presque  à  l'op- 
pofite ,  faint  Martial,  Se  la  troifiéme  porte  des  Récol- 
lets. Le  fauxbourg  de  la  Cucile  eft  entre  ces  deux  der- 
nières. Le  refte  de  la  ville ,  qui  eft  à  la  gauche  de  la 
même  rivière ,  eft  divifé  en  deux  parties  ;  l'une  en  bas 
au  bout  d'un  pont  jusqu'à  la  porte  du  château ,  Se  l'au- 
tre fur  la  hauteur.  Celle-ci  s'appelle  les  Bancs,  Se  n'ert 
pas  fi  peuplée  que  la  première.  Il  y  avoir  autrefois  un 
château ,  dont  il  refte  très-peu  de  veftiges.  11  étoit  bâti 
fur  le  roc  ,  &  on  alloit  de-là  à  Notre-Dame ,  par  une 
galerie  entre  les  deux  portes ,  qu'on  appelle  du  Château. 
Dans  ce  haut  eft  une  place  où  l'on  tient  marché  deux 
fois  par  femaine.  La  ville  de  Monmorillon  eft  affez 
bien  pavée.  La  principale  rue,  qui  va  du  Pont-Neuf  à 
la  porte  de  faint  Martial ,  eft  en  forme  d'équerre,  Se 
d'un  ancien  pavé.  Il  y  a  un  titre  d'archiprêtré  attaché 
à  cette  ville.  L'archiprètre  qui  en  eft  pourvu  ,  eft  cha- 
noine honoraire  de  Notre-Dame  ,  Se  a  pour  annexe  la 
cure  d'Ains,  à  deux  petites  lieues  de-là,  avec  droit  de  vi- 
fite  fur  vingt-quatre  paroiffes.  Celles  de  Monmorillon 
font  du  nombre.  Le  fiége  royal  de  cette  ville  efteom- 
pofé  d'un  fénéchal  de  robe  longue,  d'un  préfident , 
d'un  lieutenant  civil ,  d'un  lieutenant  criminel ,  d'un 
affeffeur  Se  de  huit  confeillers ,  Se  reffortit  au  préfi- 
dial  de  Poitiers.  Monmorillon  a  auffi  un  juge  prévôt 
royal  ,  qui  eft  le  premier  confeiller   né  de  ce  fiége, 


MON 


avec  un  maire  Se  une  maréchauffée.  Le  pays  cîrcon- 
voifin  eft  affez  fertile  en  feigles ,  mais  peu  en  froment. 
Il  produit  du  petit  vin  blanc ,  beaucoup  de  noix ,  de 
pêches  Se  de  cerifes.  *  Mémoires  drejfés  fur  les  lieux 
€it  1702. 

1.  MONMOUTH  ,  ville  d'Angleterre,  dans  le  Mon- 
mouthshire ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  à 
cent  milles  de  Londres  ,  dans  une  fituation  agréable , 
entre  la  Wye  Se  le  Monnow ,  avec  un  pont  fur  cha- 
que rivière.  Elle  étoit  autrefois  défendue  d'un  château  , 
où  naquit  le  roi  Henri  V ,  qui  conquit  la  France  ,  Se 
de-là  vient  qu'on  appelle  ce  prince  Henri  de  Mon- 
mouth.  Le  château  eft  tombé  en  ruines  ;  mais  il  refte 
encore  une  partie  de  la  muraille  &  trois  portes.  * 
Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  >  tom  1.  pag. 
88. 

2.  MONMOUTH,  cap  de  l'Amérique  méridionale. 
Vbye z.  à  l'article  Cap  deMonmouth. 

MONMOUTHSHIRE  ,  province  d'Angleterre  , 
dans  le  diocèfe  de  Landaff.  Elle  étoit  autrefois  regar- 
dée comme  faifant  partie  du  pays  de  Galles ,  mais  on 
la  compte  aujourd'hui  parmi  les  provinces  d'Angleter- 
re. Elle  eft  fituée  .au  couchant  fur  les  frontières  du  pays 
de  Galles ,  Se  arrofée  au  midi  par  la  Severne  ,  qui  fe 
jette  dans  la  mer.  Cette  province  a  huit  milles  de  tour  , 
&  contient  environ  340000  arpens,  &  6490  maifons. 
On  y  trouve  beaucoup  de  bois  Se  quantité  de  monta- 
gnes. Elle  eft  néanmoins  très- fertile,  à  quoi  contribuent 
les  rivières  l'Uslc ,  la  Wye  ,  le  Monnow  &  le  Rumney. 
Les  deux  premières  abondent  en  faumons  &  en 
truites. 

Ses  villes  Se  bourgs  où  l'on  tient  marché  ,  font 

Monmouth  la  capitale , 

Albergavenny,       Chepftow,         Pontpool , 
Caer  ,  Léon  ,         Ntwport ,         Usk. 

MONNERA  eft  un  petit  village  éloigné  d'environ 
demi-lieue  du  Gange ,  entre  Spatna  Se  Sœpra.  Il  n'eft 
habité  que  de  pauvres  gens  qui  s'occupent  au  laboura- 
ge. C'étoit  autrefois  un  lieu  déferr,  mais  un  fakkir 
très-dévot,  appelle  Hia-Monera,  pâffant  par-là ,  Se  re- 
marquant la  fertilité  du  pays,  bâtit  en  ce  lieu  unepe* 
lite  chapelle  où  il  fit  beaucoup  de  miracles.  Après  la 
mort  d'Hia-Monera,  qui  avoit  laiffé  beaucoup  d'argent , 
fon  valet  fit  bâtir,  à  la  mémoire  de  fon  maître,  une 
mosquée  magnifique  ,  qui  eft  fréquentée  par  quantité 
de  fakkirs  ,  qui  y  font  un  grand  nombre  de  miracles 
prétendus. 

Cette  mosquée  eft  un  carré  ,  qui  a  tout  autour  des 
arcades  Se  des  colomnes.  Le  toit  en  eft  rond  Se  couvert 
artiftetnent  de  petites  pierres  jaunes  Se  bleues.  A  cha- 
que angle,  il  y  a  une  petite  tour  dont  le  toit  eft  auffi 
rond  Se  couvert  de  pierres  bleues.  Ce  bâtiment  eft  en- 
touré d'un  mur  qui  a  dix  pieds  de  haut ,  Se  cent  qua- 
rante pas  de  long  de  chaque  côté.  A  la  principale  en- 
trée il  y  a  une  très- belle  porte  de  pierre ,  devant  la- 
quelle on  a  planté  une  pièce  de  canon  forgé  de  plu- 
fieurs barres  Se  cercles  de  fer ,  Se  qui  tire  huit  livres 
de  balle.  Il  y  a  de  l'autre  côté  de  la  mosquée  un  grand 
vivier  ,  où  l'on  descend  par  fept  ou  huit  marches ,  Se 
qui  eft  entouré  d'arbres.  On  voit  plufieurs  tombes  à 
l'un  des  côtés  de  ce  vivier,  &  de  l'autre  une  petite 
mosquée,  auprès  de  laquelle  eft  un  éléphant  de  pierre 
qui  tient  une  aigle  avec  fa  trompe,  Se  qui  arrête,  à 
ce  qu'ils  difent ,  le  tonnerre ,  les  éclairs  Se  le  mauvais 
tems. 

Il  y  a  presque  toujours  dans  la  mosquée  Se  tout  au- 
tour un  grand  nombre  de  fakkirs  &  pèlerins,  ou  plu- 
tôt des  fainéans  Se  des  vagabonds ,  qui  débitent  mille 
fables  aux  pauvres  gens  du  pays ,  Se  qui ,  fous  prétexte 
de  fainteté ,  leur  escroquent  leur  argent,  &  les  trom- 
pent en  mille  manières.  Ces  impofteurs  ne  fe  conten- 
tent pas  de  cela ,  ils  s'attroupent  pour  courir  le  pays , 
prennent  des  enfeignes  Se  des  drapeaux.  Quelques-uns 
font  vêtus  ,  mais  les  autres  font  entièrement  nuds  ,  Se 
fouvent  couverts  de  cendres.  Par-tout  où  ils  vont ,  foit 
villes  ou  villages,  il  faut  que  les  habitans  leur  four- 
niffent  des  vivres ,  Se  fi  on  ne  le  fait  pas  volontsircî 


MON 


MON 


ment,  ils  en  prennent  par  force.  *  De  Graaf,  Voyage 
des  Indes  orient. 

MONNERVILLE,  bourg  de  France,  dans  la  Beau- 
té ,  diocèfe  de  Chartres ,  élection  de  Dourdan. 

MONNET  LA  VILLE,  6c  Monet  le  Vieil,  bour- 
gade de  France  ,  dans  la  Franche-Comté  ,  bailliage  6c 
recette  de  Poligny. 

MONNOYE  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Touraine , 
élection  de  Tours. 

MONOBA,  Voyez.  Manoba. 

MONOBRICA,  ville  de  l'Espagne  Bétique,  félon 
d'anciennes  infcriptions.  On  la  nomme  aujourd'hui  Mon- 
briga.  Ce  n'elt  plus  qu'un  village  de  l'Andaloufie.  * 
Baudrand  ,  Dict.  édit.  1682. 

MONOBRICO,  ou  Monchico,  ville  de  lïfle  de 
Madère ,  Voyez.  Madère. 

MONOCAMINUM,  ville  de  Libye.  Ptolomée,/.  4. 
c.  $.  la  place  dans  la  Maréoride. 

MONODACTYLUS  ,  montagne  d'Ethiopie ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  7.  qui  la  place  entre  la  montagne  des 
Satyres  &  le  mont  Gaurus.  C'elt,  à  ce  qu'on  croit ,  la  mê- 
me montagne  que  Pline,  /.  6.  c,  25?.  nomme  Penta- 
dactylus.  Voyez,  ce  mot. 

MONŒCHUS,  montagne  de  l'Illyrie,  félon  Vibius 
Sequefler;  Bocace  la  nomme  Mo  n  <e  t  e  s.  *  Ortclii 
Thefaur. 

MONQÈCUS.  K<y*s.  Portus  Monœcius. 

MONŒMUGI ,  ou  Nimeamaje  ,  royaume  d'Afri- 
que ,  dans  la  bafie  Ethiopie.  Sanfon  le  divife  en  trois 
pairies  :  le  Monomotapa ,  la  Cafrerie  &  le  royaume  de 
Congo  ;  mais  Luyts,  Introduit,  ad  geogr.  feil.  4.  c,  6.  le 
parrage  en  cinq  ,  qui  font  l'empire  de  Monœmugi ,  ce- 
lui de  Monomorapa  ,  la  Cafrerie  ,  le  royaume  de  Con- 
go &  celui  de  Biafara.  Les  deux  premières  porrions  font 
dans  les  terres,  6c  les  trois  autres  fur  la  côte.  Sanfon 
comprend  le  Monœmugi  dans  le  Monomotapa  ;  6c  les 
cartes  lui  donnent  communément  pour  bornes  au  nord 
l'empire  des  Abiulns  avec  le  lac  imaginaire  de  Zem- 
brefe  ;  le  royaume  de  Mongaie  à  l'orient  ;  le  Monomo- 
tapa 6c  la  partie  feptentrionale  de  la  Cafrerie  au  mi- 
di ,  &  le  royaume  de  Malerabe ,  avec  le  Monomotapa 
au  couchant.  D'autres  étendent  davantage  le  royaume 
de  Monœmugi  vers  le  feptentrion ,  6c  foutiennent  que 
du  côté  de  l'orient  il  touche  aux  royaumes  de  Mofam- 
bique,  de  Quiloa  &de  Monbaze,  &c  que  fes  bornes  , 
du  côté  du  midi ,  ne  s'éloignent  pas  beaucoup  de  l'Equa- 
teur. De  l'Ifle ,  Atlas ,  mer  au  nord  les  états  du  roi 
de  Gingiro ,  6c  le  royaume  d' Alaba  ;  à  l'orient  le  Zangue- 
bar  ;  au  midi  le  royaume  des  Borores ,  6c  à  l'occident 
celui  de  Macoco ,  les  terres  du  Jaya  Cafangi ,  6c  le 
royaume  des  Mumbos. 

Le  pays  ,  félon  Luyts  ,  efl:  couvert  de  montagnes ,  6c 
comprend  en  parrie  celles  de  la  Lune.  11  a  des  mines 
d'or  6c  d'argent  ;  cependant  les  habitans  ne  font  point 
fraper  de  monnoie.  Quelques  relations  portent  qu'ils 
n'en  ont  point  d'autres  que  de  perites  boules  rouges  , 
qui  femblent  être  de  verre.  Il  y  a  auflî  de  l'yvoire  dans 
le  pays ,  qui  efl:  arrofé  par  la  rivière  Cuâma ,  par  le 
moyen  de  laquelle  on  commerce  avec  Sofala.  Les  ha- 
bitans font  noirs.  Ils  patient  pour  être  fauvages  6c  cruels. 
Ils  font  idolâtres  6c  reconnoiflent  un  monarque,  dont 
plufieurs  petits  rois  font  tributaires. 

Comme  les  cartes  ni  les  relations  ne  conviennent 
point  touchant  les  royaumes  ,  6c  les  villes  que  contient 
l'empire  du  Monœmugi ,  je  me  contenterai  de  donner 
la  divifion  marquée  fur  la  carte  de  de  l'Ifle.  La  voici, 

Les  Maracates,  Le  royaume  des  Buengas, 

Les  Mofleguaires ,        Le  royaume  de  Mafly , 
Le  royaume  de  Maravi. 

MONOGLOSSUM ,  entrepôt  'de  l'Inde ,  en-deçà 
du  "Gange  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  1 .  Niger  prétend 
que  c'eft  Mangalor.  *  Ortelii  Thef. 

MONOLEUS  LACUS  ,  lae  d'Ethiopie  ,  auprès  de 
Ptolémaïde  ,  furnommé  Epitheras  ,  félon  Pline  ,  /.  6. 
c.  29.  Strabon,  /.  16.  décrit  ce  lac  fans  le  nommer,  6c 
dit  que  le  fleuve  Aflaboras  y  avoit  fa  fource. 

MONOMERE  Voyez,  Sciopod^. 

1.  MONOMOTAPA,  contrée  d'Afrique,  connue 


3*7 

communément  fous  le  nom  d'état  de  Monomotapa.  H 
comprend  toute  la  terre  ferme  ,  qui  efl:  entre  les  riviè- 
res Magnice  6c  Cuama  ;  commençant  depuis  leur  four- 
ce,  jusqu'à  l'embouchure  de  la  mer,  à  l'exception  de 
la  côte  de  Sofala-,  &  fi  l'on  y  comprend  cette  côte, 
il  efl:  comme  une  ifle  baignée  d'eau  de  tous  côtés.  Ce 
royaume  efl  abondant  en  or ,  &  il  y  a  des  mines  d'où 
l'on  en  tire  une  grande  quantité.  On  y  rrouve  auffi  un 
très-grand  nombre  d'éléphans  ',  6c  l'on  en  tue  rous  les 
ans  environ  cinq  mille.  *  Le  F.  Jarric ,  Hifl.  des  Indes 
orient,  p.   151. 

Le  roi  de  Monomotapa  efl;  riche  6c  puifiant.  Il  a 
fous  lui  beaucoup  d'autres  rois  qui  lui  payent  tribur , 
6c  fon  domaine  s'étend  presque  jusqu'au  cap  de  Bonne- 
Espérance.  11  entretient  perpétuellement  un  grand  nom- 
bre de  foldats ,  qu'il  diflribue  dans  les  provinces  ,  tant 
pour  les  rerenir  dans  le  refpect,  que  pour  faire  mon- 
tre de  fa  puiflance.  Les  armoiries  de  ce  prince  confiflent 
en  une  petite  houe,  avec  le  manche  d'y  voire,  &  en 
deux  flèches.  La  houe  apprend  à  fes  fujets  le  foin 
qu'ils  doivent  avoir  de  cultiver  la  terre  ;  une  des.  flè- 
ches fignifie  qu'il  a  le  pouvoir  de  châtier  les  médians  j 
l'autre  qu'il  a  des  armes  pour  fe  défendre  contre  fes 
ennemis. 

Les  enfans  des  rois  qui  lui  font  tributaires  ;  font 
nourris  6c  élevés  dans  fon  palais,  foit  pour  leur  faire 
apprendre  les  coutumes  6c  les  cérémonies  de  la  cour , 
foit  pour  avoir  un  moyen  de  contenir  les  pères  dans 
l'obéiflance.  Tous  les  ans  le  Monomatapa  envoie  aux 
rois  qui  lui  font  fujets  &  aux  grands  feigneurs  de  fon 
royaume,  qui  onr  des  vaflaux  ,  une  ambaflade  pour  allu- 
mer le  feu  nouveau  ;  ce  qui  efl;  une  cérémonie  infti- 
tuée  pour  avoir  une  preuve  de  leur  fidélité.  Quand 
l'ambafladeur  arrive  à  la  maifon  d'un  de  ces  rois  ou 
feigneurs ,  on  éteint  fur  le  champ  tout  le  feu  qui  s'y 
trouve;  on  n'en  allume  point  d'autre,  que  l'ambafla- 
deur n'en  ait  fait  de  nouveau ,  6c  il  faut  que  tous  les 
fujets  de  ce  roi  ou  feigneur  en  prennent  &  en  em- 
portent dans  leurs  maifons.  Si  quelqu'un  contrevient  à 
cette  coutume ,  il  eft  réputé  rebelle  à  fon  fouverain  6c 
châtié  comme  tel. 

Suivant  de  l'Ifle ,  Atlas ,  les  états  du  Monomotapa 
font  bornés  au  nord  par  la  rivière  de  Zambeze  ou 
Cuama ,  à  l'orient  par  la  mer ,  au  midi  par  la  rivière 
de  Laurent  Marque ,  6c  à  l'occident ,  partie  par  la 
rivière  de  Cuama  6c  partie  par  celle  de  Laurent  Mar- 
que. Dans  cet  espace  efl  renfermé  le  Monomotapa  pro- 
pre ,  le  royaume  de  Quiteve ,  celui  de  Manica ,  celui 
de  Sabia  6c  celui  d'Inhabane ,  félon  la  divifion  qui  fuit. 


Monomotapa  propre ,« 


Tête, 
Bocuto, 
Maflapo , 
Sena , 
Inhamior. 


^  .  r  Simbave  , 

Quiteve,     |Sofala# 

Manica,     ^Fura,  montagne. 


Sabia , 


1 


Inhabane ,     £  Tonge, 

MONOPOLI ,  ville  d'Italie ,  au  royaume  de  Napîes  ; 
dans  la  terre  de  Bari ,  fur  le  golfe  de  Venife ,  à  l'orient 
méridional  de  Polignano.  Cette  ville  efl:  épiscopale, 
6c  fon  évêché,qui  efl  fous  la  métropole  de  Bari,  relè- 
ve immédiatement  du  faint  fiége.  Elle  a  un  château 
aflez  fort  *  Magin ,  Carte  de  la  rerre  de  Bari. 

MONOSCELl.  Voyez.  Sciqpoda. 

MONOSI.  Voyez.  Onesl* 

MONPAZIER,  ville  de  France,  dans  le  Pcrigoid; 
élection  de  Sarlat,  fur  le  Drot. 

MONPELLIER.  Voyez,  Montpellier. 

MONPENSIER.  Voyez.  Montpensier. 


3*8 


MON 


MON 


MONPESAT.  Voyez.  Montpesat. 

MONREAL.  Voyez,  Mont-Real. 

MONRÉJAU,  ville  de  France,  dans  l'Armagnac, 
élection  de  Rivière-Verdun,  fur  une  hauteur  au  bord 
de  la  Garonne,  à  l'endroit  où  la  Nette  s'y  perd. 

MONR1COUX  ,  ville  de  France ,  dans  le  Querci , 
^diocèfe  de  Montauban. 

MONROUY,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  l'ifie  de  faint  Doniingue.  Elle  entre  dans  la  mer , 
à  la  côte  occidentale  du  quartier  du  nord  vis-à-vis 
l'ifie  Gonave. 

i.  MONS,  en  latin  Mons  Hannoniœ  ,  8c  en  flamand 
Berghen  in  Hcnegmw ,  ville  des  Pays-Bas ,  capitale  du 
Hainaut,  à  deux  lieues  de  S.  Guillain,  à  quatre  de 
Maubeuge ,  à  fept  de  Valenciennes  8c  de  Tournai ,  au 
50  deg.  25  m.  de  latic.  &  au  21  deg.  3;  m.  de  longit. 
Le  nom  de  cette  ville  vient  de  la  fituation  de  fon  an- 
cien château  fur  une  montagne.  Une  partie  de  la  ville 
eft  pareillement  aflife  fur  cette  montagne  ;  mais  le 
refte  ell  fitué  dans  la  plaine  &  dans  un  terroir  maréca- 
geux. Elle  eft  défendue   d'un  double  fofle.  La  rivière 


quatre  des  plus  anciennes  chanoinefles  \  car  elles  n'ont 
ni  prévôté  ni  princefie.  C'eft  l'empereur  ,  comme  comte 
d'Hainaut ,  qui  eft  abbé  de  ce  chapitre  &  collateur  des 
prébendes.  On  croit  que  ce  fut  Baudouin  le  Coura- 
geux,  comte  d'Hainaut,  qui  s'attribua  le  titre  d'abbé 
vers  l'an  1 180.  Il  y  a  encore  dans  cette  églife  dix  cha- 
noines,  pareillement  fondés  par  fainte  Vaudru,  &  qui 
ne  font  aucun  office  j  mais  les  chanoines  de  faint  Ger- 
main ,  qui  font  au  nombre  de  quatorze ,  avec  un  pré- 
vôt &  un  doyen  ,  viennent  aux  principales  fêtes  de 
l'année  chanter  l'office  avec  les  chanoinefles  dans  l'églife 
dej  fainte  Vaudru.  L'églife  ,  qui  eft  fous  l'invocation  de 
cette  fainte,  fut  achevée  en  1449.  Elle  eft  longue, 
large ,  haute  &  fort  claire.  La  plupart  des  autels  font 
de  marbre  8c  de  jaspe.  On  y  admire  un  tombeau  avec 
la  figure  d'un  cadavre  rongé  de  vers.  Le  jubé  eft  auflî 
fort  eftimé;  on  y  voit  des  figures  de  marbre  très-bien 
faites.  Cette  églife  eft  auflî  paroifliale  -,  tous  les  ecclé- 
fiaftiques,  les  nobles  ,  les  magiftrats ,  les  confeillers  8s 
les  officiers  du  prince ,  de  la  province  &  de  la  ville , 
tous  les  étrangers,  dans  quelque  quartier  qu'ils  ayenc 


de  Trouille  ,  qui  la  fépare  en  deux  parties  inégales ,  en     leur  demeure  ,  dépendent  de  cette  paroifle.  *  Longuerue » 
remplit  un  ;  8c  la  rivière  d'Haine,  à  laquelle  la  Trouille     Defc.  de  la  France,  part.  2.  p.    99. 

Il  y  avoit  autrefois  une  églife  collégiale  de  faint  Pier- 
re :  elle  fut  détruite  en  1567:  les  prébendes  avoienc 
été   annexées  dès  l'an    108 1  ,  au   monaftere    de  faint 
Denys  près   de  Mons.  La  collégiale  de  faint  Germain 
fubfifte  :  fon  églife  fut  ruinée  par  les  bombes  en  1691  , 
l'églife  de  fainte  Elifabeth,  érigée  en  paroifle  en-1398, 
fut  brûlée  en  1714*,  celle  de  faint  Nicolas,  bâtie  en 
1224;  ccMe  de  faint  Nicolas  de  Bertamont ,  8c  celle 
du  Béguignagej  ce  font- là  les  fix  paroifies  delà  ville. 
En  outre ,  il  y  a  diverfes  maifons  religieufes  ;   l'abbaye 
du  Val  des  Ecoliers,  de  la  congrégation  de  fainte  Ge- 
neviève de  Paris,  fondée  en   1251,   par  Marguerite, 
comtefle  de  Hainaut,   &  érigée  en  abbaye  en   16 17. 
Les  Récollets  reçus  en    1238  ;  les  Jéfuites  qui  obtin- 
rent en  1587  ,  pour  leur  établiflement ,  l'union  d'un  an- 
cien prieuré  de  faint  Antoine  près  de  Mons  -,  les  Capu- 
cins admis  en  1592;  les  Minimes  en  1618  ;  les  Domi- 
nicains, en  1620;  les  Carmes  déchaufTés  en  KÎ38  ;  les 
pères  de   l'Oratoire  en    1631  ;  &  les  grands  Carmes 
qui  y  font  venus  depuis.  Les  monafteres  de  religieufes 
font,  l'abbaye  d'Epinlieu ,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  fondée 
hors   de  la  ville  en  1 2 1 6 ,  par  Béatrix  ,    comtefle  de 
Lens:  les  Religieufes  fe  tiennent  à  Mons  depuis  l'an  1678, 
parce  que  leur  maifon  fut  ruinée  par  les  guerres  ;  l'ab- 
baye de  Notre-Dame  de  Paix  ,  pofledée  par  des  Béné- 
dictines réformées,  qui  s'établirent  à  Mons  en   1641; 
les  filles  de  la  Vifitation ,  admifes  en  KÎ50  ;  les  Car- 
mélites ,   les  Capucines ,  les  Urfulines ,  les    Clarifies  , 
les  Céleftines ,  les  Repenties  ,  les  Sœurs  Grifes  &  Noi- 
res, les  Sœurs  de  Cantipré ,  qui  vont  fervir  les  ma- 
lades ,  l'hôpital  de  faint  Nicolas  &  les  Béguines. 

Il  y  a  deux  collèges  où  l'on  enfeigne  le  latin  •  le 
collège  de  Houdain  fous  la  direction  des  prêtres  fécu- 
liers,  qui  enfeignent  dès  l'an  13 15.  Ce  collège  a  été 
fondé  par  Nicolas  de  Houdain ,  feigneur  de  l'Epinoi  : 
l'autre  collège  appartient  aux  Jéfuites ,  qui  ont  auflî  la 
dheétion  d'un  féminaire. 

Cette  ville  a  été  plufieurs  fois  prife  8c  reprife  de- 
puis près  de  cent  cinquante  ans.  Le  duc  d'Albe  s'en 
rendit  maître  en  1572,  malgré  la  réfiftancedu  comte 
Ludovic  de  Naflau,  8c  de  François  de  la  Noue,  dit 
Bras  de  Fer  qui  la  défendoient ,  8c  malgré  les  efforts 
que  fit  le  prince  d'Orange  pour  la  fecourir.  Elle  fut 
bloquée  en  1677  ,  par  le  maréchal  d'Humieres,  8c  le 
roi  de  France  l'ayant  aflîégée  en  perfonne  avec  une 
armée  nombreufe  en  1 69 1  ,  la  prit  la  même  année.  Les 
alliés  la  reprirent  au  mois  dOctobre  1705.  Louis  XV 
prit  Mons  le  10  Juillet  1746,  8c  l'a  rendu  à  la  maifon 
d'Autriche  par  le  traité  d'Aix  -  la  -  Chapelle  ,  après 
en  avoir  fait  détruire  la  plus  grande  partie  des  forti- 
fications. 

2.  MONS  (  La  prévôté  de)  portoit  autrefois  le  nom 
de  Comté  ,  titre  qui  lui  fut  donné  par  l'empereur  Char- 
lemagne,  qui  la  démembra  du  royaume  d'Auftrafie. 
Cette  prévôté  comprend  fept  villes  5  favoir , 


fe  joint  dans  les  fauxbourgs ,  remplit  l'autre.  Ses  murailles 
font  défendues  de  divers  ouvrages  -,  fes  remparts  ornés 
de  beaux  arbres  ;  8c ,  comme  elle  a  vue  fur  une  belle 
prairie  bordée  de  montagnes,  fa  fituation  eft  char- 
mante. *  Nie.  de  Gnife  ,  Mons  Hannonix. 

Il  y  a  eu  à  Mons  un  ancien  château  qu'on  préten- 
doit  avoir  été  bâti  par  Jules  Céfar  ,  qui  en  avoit  fait 
une  place  d'armes  -,  mais  Jules  Céfar  n'en  fait  aucune 
mention.  Clodion  ,  félon  un  manufetit  du  faint  Sé- 
pulchre  de  Cambrai,  étant  mort  en  449,Albéron, 
fon  fils,  prit  les  armes  pour  recouvrer  la  fucceffion  de 
fon  père,  8c  ,  avec  le  fecours  des  AUemans ,  il  conquit 
une  partie  confidérable  des  Pays-Bas  <Sc  bâtit  fur  la 
montagne ,  où  depuis  a  été  fondée  la  ville  de  Mons , 
une  forrereflè  qui  fut  nommée  Cajirilocus  ou  Mons 
Caftrilucius. 

Ce  château  fut  démoli  en  i6i8,&  fes  matériaux 
furent  employés  pour  bâtir  le  chœur  de  l'églife  de 
fainte  Elifabeth.  Il  y  a  maintenant  au  même  lieu  une 
haute  tour ,  qui  paffe  pour  un  chef-d'œuvre  d'archi- 
tecture. 

La  ville  de  Mons  a  fix  portes ,  qu'on  nomme  de 
Bertamont,  du  Rivage, du  Parc,  de  Nimi,  de  Havre 
8c  de  la  Guérite  -,  entre  celles  de  Nimi  8c  de  Havre  , 
il  y  a  deux  grands  marais ,  l'un  nommé  l'Etang  des 
Prêtres  8c  l'autre  l'Etang  des  Apôtres  :  ils  défendent 
l'accès  de  ce  côté-là.  A  l'égard  des  autres  côtés ,  on 
les  peut  facilement  inonder  ;  ce  qui  rend  cette  ville 
très-forte. 

Les  principaux  édifices  font  le  palais  du  gouverneur  , 
celui  du  confeil  de  la  province  8c  de  la  maifon  de 
ville.  Les  magiftrats  qui  s'y  aflemblent  font  le  maire 
&  dix  échevins.  Il  y  a  deux  chambres,  l'une  du  chef- 
lieu  ,  8c  l'autre  appellée  du  Jeudi.  On  y  juge  en  dernier 
reflbrt ,  en  matière  d'arrêts  pour  les  bourgeois  8c  pour 
ceux  qui  font  dans  le  chef  lieu  de  la  ville.  Dans  les 
cérémonies,  le  maire,  dont  l'office  eft  à  vie,  marche  à 
la  tête  des  échevins.  Il  y  a  deux  penfionnaires  de  la 
ville,  un  avocat,  trois  greffiers  j  favoir,  un  du  chef- 
lieu,  un  de  l'échevinage  &  un  de  la  police-,  un  tréfo- 
rier  ou  maflard;  deux  majors  de  ville,  officiers  d'épée, 
qui  font  chargés  des  clefs  de  la  ville;  un  commifiaire 
d'artillerie  &  autres  officiers. 

Sainte  Waldetrude  ou  Vaudru ,  dont  le  mari  Madel- 
gaire  s'étoit  fait  moine  dans  le  monaftere  d'Aumont 
fur  la  Sambre  ,  fonda  un  monaftere  à  Mons  dans  le 
fepticme  fiécle  :  elle  s'y  fit  religieufe  8c  reçut  le  voile 
des  mains  de  faint  Aubert ,  évêque  de  Cambrai.  De- 
puis ce  tems,  les  religieufes  font  devenues  chanoinefles 
8c  même  féculieres ,  de  forte  qu'elles  peuvent  fe  marier. 
Pour  y  être  reçue,  il  faut  faire  preuve  de  noblcfle.  Le 
nombre  des  chanoinefles  fe  monte  à  trente  ,  qui  demeu- 
rent dans  des  maifons  particulières  autour  de  l'églife. 
Lorsqu'elles  vont  aux  offices ,  elles  portent  une*  robe 
blanche  avec  de  grofles  frai  fes  godronnées  &  un  man- 
teau noir  doublé  d  hermine.  Le  relie  du  jour  elles  por- 
tent des  habits  féculiers.  Le  chapitre  eft  gouverné  par 


Mons , 


Lcflîne, 


S.  Guillain, 


MON 


MON 


Soignies  » 


Ghievrcs , 
Se  Rœux. 


Hall , 


On  y  compte  quatre-vingt:- onze  bourgs  ou  villages  , 
Se  quelques  abbayes  confidérables ,  comme  S.  Guillain  > 
S.  Denys,  S.  Fcuillien  au  Rœux  Se  Belian. 

3.  MONS,  bourgade  de  France  ,  dans  le  Limoufin, 
en  latin  Montes. Elle  eft  fituéeprès  de  Pompadour,  vers  les 
frontieies  du  Périgoid,  Se  remarquable  pour  avoir  don- 
né la  naiflance  au  pape  Innocent  VI ,  connu  avant  fon 
élection  fous  le  nom  d'Etienne  d'Albert.  Il  fuccéda  à 
Clément  VI,  k  18  Décembre  13J2,  Se  travailla  avec 
foin  à  mettre  quelque  réforme  dans  la  cour  romaine , 
&  à  finir  la  guerre  allumée  entre  le  roi  de  France  Se 
celui  d'Angleterre.  Il  mourut  le  12  Septembre  1562,  Se 
l'on  tient  que  ce  fut  de  déplaifir  de  voir  toute  l'Europe 
en  armes ,  malgré  les  efforts  qu'il  fie  pour  en  appaifer 
les  troubles.  Ce  pape  fut  enterré  dans  l'eglife  de  la  char- 
treufe  de  Ville-Neuve-lès-Avignon,  qu'il  avoit  fondée. 
Urbain  V.  lui  fuccéda. 

MONS-ACUTUS  -,  nom  latin  de  divers  lieux,  con- 
nus en  françois  fous  le  nom  de  Mont-Aigu.  Voyez,  au 
mot  Mont  les  articles  Mont-Aigu. 

MONS-ALBANUS ,  nom  latin  de  la  ville  de  Montau- 
ban  ,  dans  le  Querci.  Voyez.  Montauban. 

MONS-ARGENTEUS.  Voyez.  Argenteus. 

MONS-ARGISUS,  nom  latin  de  la  ville  de  Mon- 
TARGis.  Voyez  ce  mot. 

MONS-AUREUS  ,  nom  latin,  félon  quelques-uns, 
d'un  lieu  de  France  ,  proche  de  Vendôme ,  Se  qu'on  nom- 
me aujourd'hui  Montoire.  Voyez,  ce  mot. 

MONS-AUXENTII ,  mont  faim  Auxent,  en  Bithy- 
nie,  abbaye  près  de  Chalcédoine.  Voyez  Saint -Aù- 

XENCE. 

MONS-BARRUS  ,  nom  latin  de  la  ville  de  Monrbar 
en  Bourgogne.  Voyez  Montbar. 

MONS-BASON1S,  Monr-Bazon  dans  la  Touraine. 
Voyez,  au  rpot  Mont  ,  l'article  Mont-Bazon. 

MONS-BERULFI ,  château  Se  village  de  Fiance ,  dans 
l'Angoumois.  Aujourd'hui  on  les  appelle  Montbrun. 
Voyez  ce  mot. 

MONS  -BRISIACUS,  nomlatindelavilledeBrifach 
Voyez  Brisach. 

MONS-BRUSONIS ,  nom  latin  de  la  ville  de  Mont- 
8riscn.  Fovfccemor. 

MONS-CABILONIS ,  nom  latin  deMoNCHAULON 
ou  Mont-Chablon. 

MONS  CAPREQLI ,  nom  latin  de  Montcaurel  en 
Boulonois. 

MONS-CASINUS  Se  CasinuM  ,  ville  épiscopale ,  & 
abbaye  au  royaume  de  Naples.  Fâv^Mont-Cassin. 

MONS-CINIS1US ,  ou  Alpis  Cottia,  nom  latin  du 
Mont-Cenis.  Voyez  Mont-Cenis. 

MONS-CONSULARIS,ouMoNS-CoNTORius,nom 
latin  de  Moncontour.  Voyez  ce  mot. 

MONS-CORNELII,  ou  Cornorum,  Mont-Cor- 
nillon  ,  monaitere  près  de  Liège.  Voyez  Mont  -  Cor- 
millon. 

MONS-CORNUTUS,  nom  latin  de  Moncornet 
en  Tierache  ,  &  de  Moncornet  en  Ardenne. 

MONi-DESIDERIl.  Voyez  Mont-Didier. 

MONS-DUBLELLI.  Voyez  Mont-Doubleau. 

MONS  ELIG1  ,  Mont-Saint-Eloi,  abbaye  en  Artois. 
Voyez  Mont-Saint-Eloi. 

MONS-FALCONIS.  Voyez  Mont-Faucon  ,  Fau- 

QUEMONT  Cv  WALCKENBOURG. 

MONS-FORTIS.  Voyez  Mont-Fort. 
MONS-FORTIS-AUMALARICI.  Voyez  Mont- 
Fort  l'Amauri. 

MONS-GALTHERII,  ouMota-Galtherii,  nom 
latin  d'un  lieu  en  France,  nommé  la  Mote  Gauthier.  * 
Odericits  Vitalis  1.  10. 

MONS-GOMERICI.  Voyez  Mont-Gommery. 

MONS-1NCENSUS  ,  nom  latin  d'un  lieu  de  Fran- 
ce ,  nommé  Motences.  *  Adr.  Valefti  not.  Gall.  p. 
36;. 

MONS  IN  PASCUIS  ,  ou  Mons  in  Pabula  ,  nom 
latin  de  Mons  en  Peule,  ou  Mons  en  Pouille  ,  village 
de  la  Flandre  ,  au  diocèfe  de  Tournay.  *  Adr.  Valu- 
fil  Not.  Gall.  p.  349. 


3*9 

MONS-JOVIS,  ou  Summus  Penninus.  Voyez.  Mont 
Ce  S.  Bernard. 

MONS-LUPELLI.  Fov^Mont-Luei.. 

MONS  LUZZONIS  ,  nom  latin  de  Mont-Luçon. 

MONS-MAURILIONIS,  nom  latin  de  Montmo; 
Rillon.  Voyez  Mont-Morillon. 

MONS-MEDIANUS.  Ce  nom  eft  donné  en  latin 
par  les  écrivains  modernes  à  un  lieu  du  Limoufin,  appel- 
le en  françois  Mîegemont  ,  parce  qu'il  elt  fur  une  mon- 
tagne placée  entre  deux  autres. 

MONS-MEDIUS,  ou  Mons-Maiedictus.  Voyez 
Mont-Medi. 

1.  MONS-MIRABILIS,  nom  latin  d'un  lieu,  dont 
les  hifioriens  du  moyen  âge  parlent  beaucoup.  11  a  eu 
ce  nom  à  eaufe  de  fa  fituation  ;  car  c'eft  un  château 
bâti  fur  une  montagne ,  fituée  près  d'une  petite  rivière 
dans  la  Brie ,  à  moitié  chemin  entre  Provins  Se  Châ- 
teau-Thicrri.  Quelques-uns  nomment  aujourd'hui  ce  lieu 
Montmiraille  ,  Se  d'autres  Montmirail.  Voyez  ce 
mot. 

2.  MONS-MIRABILIS.  C'eft  le  nom  larin  d'une 
des  baronnies  du  Perche,  appellée  en  françois  Mont- 
Miral. 

3.  MONS-MIRABILIS,  lieu  de  France ,  dans  le  Pe'- 
rigord,  fur  la  rivière  de  Vefere.  On  le  nomme  aujour- 
d'hui Miraumont.  Voyez  ce  mot. 

4.  MONS-MIRABILIS,  lieu  de  France,  dans  la 
haute  Auvergne.  C'eft  un  château  bâti  fur  une  monta- 
gne ;  on  le  nomme  préfentement  Miramonts. 

MONS-NONNARUM ,  Nunberg,  abbaye  en  Ba- 
vière. 

MONS  DE  NUBE  ,  ou  Castellum  de  Nube  ,  nom 
latin  d'un  heu  de  France,  ainfi  nommé  à  caufe  de  fa  fi- 
tuation  fur  une  montagne  élevée.  De  Valois,  not.  Gall. 
p.  313,  dit  que  ce  lieu  s'appelle  en  françois  la  Motte 
de  la  Nue. 

MONS-OLYMPI ,  Mont  Olympe ,  en  Bithynie  ,  près 
de  la  ville  de  Prufe ,  retraite  de  quelques  faims  moi- 
nes au  VIII  Se  IX  fiécles.  Voyez  Olympe. 

MONS  OTHILL£  ,  OTHILBERG,  ou  Mont  Ste 
Odille  ,  Hohenbourg  ,  abbaye  Se  petite  ville  en  Alfa- 
ce.  Voyez  FIohenberg. 

MONS-PENSATUS,  nom  latin  de  Montpesat. 
Voyez  ce  mot. 

MONS-PEREGRINUS  ,  lieu  fortifié  dans  la  Paleftî- 
ne.  Guillaume  de  Tyr,  /.  10.  c.  27.1e  place  près  de  la 
ville  de  Tripoli. 

MONS-PESSULANUS  ,  Montpellier,  ville  du  Lani 
guedoc.  Voyez  Montpellier. 

MONS-PESSULUS  (  a  ) ,  nom  que  les  écrivains  du 
moyen  âge  donnent  à  la  ville  de  Montpellier  en  Fran- 
ce. Quelques-uns  veulent  que  ce  lieu  ait  été  autrefois 
appelle  Suftention  ou  Suftencion ,  ou  même  Subfian- 
tion  (b  )  ;  mais  Catel  aflure  dans  fes  mémoires  du  Lan- 
guedoc ,  que  de  fon  tems  on  voyoit  les  ruines  de  Su- 
ftencion  ,  à  mille  pas  du  gtand  chemin  qui  va  de  Mont- 
pellier à  Nismes ,  Se  à  pareille  diltance  de  la  ville  de 
Montpellier  ,  près  des  villages  de  Cafielnau  Se  de  Cla- 
piers. (a)Ortelii,  Thef.  {b)  Longuerne ,  Defc.  de  la 
France  ,  p.  250. 

MONS  P1CIONIS  ou  Pincionis.  De  Valois,  not. 
Gall.  p.  351.  juge  que  c'eft  Montpinson  dans  le  Mai- 
ne ,  auprès  de  Château-Gonthier. 

MONS-PILIGARD^ ,  nom  latin  de  la  ville  de  Mont-, 
beliard.  Voyez  Montbelliard. 

MONS-POLITIANUS  ,  Monte- Pulciano,  en  Tos- 
cane. Voyez  Monte-Pulciano. 

i.  MONS-REGAL1S.  On  a  donné  ce  nom  à  plufieurs 
villes  ou  châteaux  bâtis  fur  des  montagnes  par  quelques 
rois ,  ou  à  caufe  de  quelques  tours  ou  forterefles  qu'ils 
y  avoient  élevées,  ou  fimplement  à  caufe  de  l'élévation 
de  ces  montagnes  qui  dominoient  fur  les  autres,  com- 
me les  rois  fur  leurs  fujets. 

2.  MONS-REGALIS,  château  de  France,  au  diocèfe 
de  Carcaflbne  ,  félon  de  Valois  ,  not.  Gall.  p.  351.  on  le 
nomme  préfentement  Mont-Real. 

3.  MONS-REGALIS  ,  château  de  France ,  au  diocè- 
fe d'Autun  ;  ce  n'eft  aujourd'hui  qu'un  village  près  d'A- 
vallon,  on  l'appelle  Monreal.  *  De  Valois, Not.  Gall. 
pag.  5;i. 


360       MON 

4.  MONS-REGALIS,  ville  de  Fiance ,  dans  le  Com- 
mingeois  :  elle  eft  communément  nommée  Monregeau 
dans  les  actes.  La  plupart  des  cartes  l'appellent  Mon- 
jugaut  ,  nom  corrompu  de  Mqnt-Rigau.  *  De  Va- 
lois ,  Not.  Gall.  p.  351. 

).  MONS-REGALIS,  nom  latin  deMoNREAt, 
ville  de  France  ,  dans  la  Gascogne  ,  affez  près  de  Con- 
dom&de  Nerac*  De  Valois ,  Not.  Gall.  p.  351. 

6.  MONS-REGALIS,  nom  latin  de  Realmont  , 
lieu  de  Fiance ,  au  diocèfe  d'Alby.  *  De  Valois ,  Not. 
Gall.  p.  352. 

7.  MONS-REGALIS  ,  lieu  de  France ,  au  diocèfe 
de  Beauvais ,  près  de  Bemont:  il  fe  nomme  préfentement 
Beaumont.  L'origine  de  ce  nom  vient  d'un  magnifique 
monaftere  que  le  roi  Louis  IX  y  fonda  en  1230;  ce  lieu 
s'appelloit  auparavant  Cuimont.  *  De  Valois ,  Not. 
Gall.  p.  352. 

MONS-REGIS,  lieu  entre  la  Pannonie  &  la  ville 
nommée  Forum- Jitlii ,  félon  Taul  Diacre,  /.  1.  e.  8. 
Lazius  nomme  ce  lieu  Der  Vogel. 

MONS-RELAXUS,  nom  latin  de  la  ville  de  Mor- 
lais.  Voyez,  ce  mot. 

MONS-ROTUNDUS,  château  de  France ,  dans  le 
Berri  :  on  l'appelle  prcfentement  Mont-Rond  ,  mais  plus 
fouvent  Mouron  par  corruption.  Ce  château  fut  dé- 
moli par  l'ordre  de  Louis  XIV,  parce  qu'il  fervoit  de 
retraite  aux  voleurs.    *  Adr.  Valcfii  Not.   Gall.  pag. 

487. 

MONS-REBELLI  ou  Revelli  ,  lieu  de  France,  dans 
l'Anjou,  aujourd'hui  Montreveau  le  petit,  entre 
Beauprean  Se  faint  Florent.  *  Adr.  Valcfii  Not.  Gall. 
pag.  351. 

MONS- SABASTIANI  ou  Sabatiani,  comme  lit 
Simler  dans  l'itinéraire  d'Antonin ,  &  qui  dit  que  c'eft 
un  lieu  d'Espagne  -,  mais  le  même  Simler  doute  s'il  ne 
faudrait  point  lire  Mentefa  Baftianorum.  Morales  ,  Ber- 
tius  &  Surita  lifent  dans  l'itinéraire  d'Antonin  Mentefa 
Cr  Baftia  pour  Mons-Sabaftiani.  *  Ortelii  Thef. 

MONS-SALIONIS,  ou  Mons  Salio.  Voyez.  Mont- 
Saujeon. 

MONS  -SALUTIS  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Cî- 
teaux ,  en  Espagne,  dans  la  nouvelle  Caftille ,  au  dio- 
cèfe de   Cuença. 

MONSSANCTI  RUPERTI,  Mont-Saint-Robert, 
abbaye  au  VahntiaxïVoyez.  Bingën. 

M0NS-SELEUC1 ,  lieu  de  la  Gaule  Narbonnoife  , 
fclon   l'itinéraire  d'Antonin.  Voyez,  Milto  Seleucus. 

MONS-SELEUCUS.  Voyez.  Mons-Seleuci  Se  Milto 
Seleucus. 

MONS-SIGNI  ,  montagne  d'Espagne,  dans  la  Cata- 
logne ;  elle  s'élève  fort  haut  entre  Vie  Se  la  mer ,  Se 
elle  eft  féconde  en  fimples  ou  herbes  médicinales ,  Se 
abondante  en  pierres  rares  Se  précieufes.  On  y  trouve 
du  ciyftal,  Se  fur-tout  une  espèce  d'améthyfte  de  cou- 
leur violette,  très-rare  &  entrecoupée  de  veines  rouges 
très-brillantes.  *  Délices  d'Espagne,  p.  616. 

MONS-SILICIS,  lieu  fortifié  dans  la  Lombardie, 
félon  Paul  Diacre.  Ce  lieu  retient  encore  fon  ancien 
nom  ,  on  l'appelle  Mon-Selice. 

MONS-TARENS1S,  ou  Mons  ad  Taram  ,  ou 
MonsTar/E,  ancien  château  de  France,  dansleBeau- 
vaifis  ,  au  confluent  du  Terain  Se  de  l'Oife ,  près  de 
Oeil.  On  le  nommeaujourd'hui  Mont  à  Taire,  parce 
qu'autrefois  le  Terain  s'appelloit  Taire.  *  Adr.  Valcfii 
Not.  Gall.  p.  353. 

MONS-THESAURI,  lieu  de  France,  dans  la  Tou- 
raine  ,  ainfi  nommé  parce  qu'il  dépendoit  de  l'églife 
de  faint  Maurice  de  Tours \  on  le  nomme  à  préfent 
Mbnt-Tréfor,  que  quelques-uns  écrivent  Montrésor. 
Voyez.  Mont -Trésor.  *  Adr.  Valcfii  Not.  Gall.  p. 
3J3- 

MONS-TRICARDI,  ou  Mons-Tricardus  ,  nom 
latin  de  la  ville  de  Mont-Trichard,  que  quelques- 
uns  écrivent   MONTRICHARD. 

1.  MONSALVI  ,  ou  Mont-Salvi  ,  bourg  ou  petite' 
ville  de  France,  dans  la  haute  Auvergne,  fur  une  haute 
montagne ,  aux  frontières  du  Rouergue ,  Se  à  une  pe- 
tite lieue  du  Lot ,  au  nord  en  allant  vers  Aurillac.  * 
Baitdrand ,  Dicr.  édir.   1705, 

2.  MONSALVI  >  ou  Mont-Salvi  ,  prieuré  de  Fran- 


MON 


ce ,  en  Auvergne ,  dans  le  diftrict  d'Aurillac.  C'efl  un 
prieuré  de  l'ordre  de  S.  Auguftin ,  dont  le  prévôt  a 
toute  la  jurisdiction  d'un  abbé.  On  marque  la  fondation 
de  cette  prévôté  fous  le  pontificat  d'Etienne  V,  évêque 
de  Clermont  ,  &  l'on  ignore  l'année  ;  mais  on  fait  que 
Berenger  ,  vicomte  de  Cariât ,  en  fut  le  fondateur. 

3.  MONSALVI ,  ou  Mont-Salvi  ,  bourg  de  Fran- 
ce ,  dans  le  Haut-Languedoc,  diocèfe  Se  recette 
d'Alby. 

MONSANTO,  bourgade  de  Portugal,  (a)  dans 
la  province  de  Beyra ,  à  quatre  lieues  de  la  frontière 
de  Caftille  ,  à  fix  de  Caftel  Branco  ,  &  à  deux  d'Idan- 
na  (b),  en  tirant  vers  le  nord  oriental  de  cette  der- 
nière place  ,  fur  une  montagne  de  difficile  accès. Mon- 
fanto  eft  environné  de  murailles ,  Se  défendu  par  un 
fort  château.  Quoiqu'on  n'y  compte  qu'une  feule  pa- 
roifle,  Se  feulement  deux  cens  cinquante  habitans ,  cette 
bourgade  a  droit  de  députer  aux  états.  Le  roi  Phi- 
lippe V  la  prit  d'afiaut  le  6  de  Mai  1704  ,  Se  les 
Portugais  s'en  reflaifirent  l'année  fuivanre.  (a)  De  l'IJle, 
Atlas,  (b)  Corn.  Dict.  Defcr.  fumaria  del  regno  de 
Portugal. 

MONSAUJON.  Voyez.  Mont-Saujeon. 

MONSAUNIS  (Les),  peuples  Sauvages  de  l'Amé- 
rique feptentrionale  aux  environs  du  fort  Nelfon.  Cette 
nation  habite  un  peu  plus  haut  que  les  Ouene  bigon 
belinis  s  mais  leur  pays  eft  néanmoins  très-marécageux. 
Comme  il  y  a  quantité  de  ruifieaux  Se  de  petites 
rivières  qui  fe  perdent  infenfiblement  dans  les  grands 
fleuves  ,  ces  peuples  tuent  beaucoup  de  caftors  ;  car 
ces  animaux  ,  qui  font  amphibies ,  cherchent  ordinaire- 
ment les  rivières  pour  y  faire  leurs  maifons.  L'on  y  en 
trouve  de  très-noirs,  qualité  affez  rare;  car  les  caflors 
tirent  ordinairement  fur  le  roux,  Ces  peuples  vouloient 
empêcher  les  autres  nations  plus  éloignées  d'apporter 
leurs  pelleteries  au  fort  ;  mais  les  Anglois  les  obligèrent 
de  leur  donner  le  paffage  libre  fur  leurs  terres ,  s'ils 
vouloient  eux-mêmes  commercer  avec  la  nation  an- 
gloife.  *  La  Potherie,  Hiftoire  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  p.  174. 

MONSEGUR,  ville  de  France,  dans  le  Bazadois» 
élection  de  Condom. 

MONSELICE,  ville  d'Italie,  dans  le  Padouan,  en- 
tre Padoue  Se  Efté,  environ  à  dix  milles  au  midi 
de  la  première,  Se  à  cinq  milles  à  l'orient  d'hiver  de 
la  féconde.  Elle  eft  fituée  fur  une  montagne.  Dans  le 
voifmage  on  prend  un  grand  nombre  de  vipères  que 
l'on  porte  à  Venife  pour  faire  de  la  Thériaque.  Voyez, 
Mons  Silicis.  *  Maçin  ,  Carte  du  Padouan. 

MONSERRAT.  Voyez.  Mont-Serrat. 

MONSIEUR  (L'ifletde),  dans  l'Amérique  fepten- 
trionale, fur  la  côte  de  l'ifle  de  la  Martinique  à  la 
bande  de  l'oueft  ,  entre  la  rivière  du  Gallion  ôc  le  Cul- 
de-fac  Robert.  Cet  iflet  en  a  trois  autres  au  midi  qui 
ferment  le  Cul-de-fac  Robert,  Se  quelques  bancs  de 
fable  à  l'occident.  Il  appartient  aux  Jacobins  de  la 
Martinique.  Le  fleur  Parquet ,  ancien  feigneur  &  pro- 
priétaire, le  leur  a  donné.  On  l'a  toujours  appelle  de- 
puis I'ïslet  a  Monsieur.  La  terre  en  eft  bonne,  Se 
on  pourrait  y  nourrir  quantité  de  cochons,  quoiqu'il 
y  ait  beaucoup  de  ferpens ,  parce  que  les  cochons  ne 
les  craignent  pas  ;  au  contraire,  ils  les  pourfuivent  «Se 
les  mangent.  Le  venin  du  ferpent  s'arrête  dans  leur 
graille ,  où  il  ne  fait  autre  chofe  que  corrompre  les 
environs  de  la  morfure,  qui  pourrit  Se  fait  un  efcar 
qui  tombe. 

MONSINPRON  ,  ville  de  France  ,  dans  l'Agénois, 
fur  le  Lot,  entre  Villeneuve  Se  Fumel. 

MONSOL,  ville  d'Afrique  (a),  au  royaume  de 
Macoco  ou  d'Anzico ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft 
à  trois  cens  lieues  de  la  côte  occidentale  (b).  Les  Portu- 
gais de  Lovango  y  envoient  leurs  pomberos ,  qui  font 
des  esclaves  élevés  dans  la  maifon ,  auxquels  on  ap- 
prend à  lire  ,  à  écrire  Se  à  chifrer  ;  des  gens  d'une  fidé- 
lité éprouvée ,  auxquels  leurs  maîtres  confient  touteî 
leurs  affaires.  Ils  demeurent  quelquefois  un  an  ou 
deux  dehors ,  occupés  à  acheter  des  esclaves ,  de  l'y- 
voire  Se  du  cuivre,  Se  à  leur  retour  ils  chargent  les 
marchandées  fur  le  dos  des  nouveaux  esclaves  ;  de 
forte  que  le  port  ne    leur  coûte  rien,  (a)  De  l'Ijle  * 

Atlas. 


MON 


MON 


Atlas.  (  b  )    Dapper  ,    Description   d'Afrique    ,    pag. 

5J9- 

MONSOLES  ou  iMéticas  ,  peuples  de  l'Afrique  : 
ils  habitent  le  royaume  de  Macoco  ou  d'Afingo.  Ce 
font  des  Antropophages ,  aufli  bien  que  les  Jagos  ou 
Jagas  ;  &  peut-être  que  ce  font  les  ancêtres  des  Jagas. 

MONSONI ,  Monsauni  ou  Monsipi  ,  grand  fleuve 
de  l'Amérique  Septentrionale ,  dans  la  Nouvelle  France. 
Il  a  fon  embouchure  dans  le  fond  de  la  baie  d'Hud- 
fon ,  par  les  cinquante  ôc  un  degrés  vingt  minutes  de 
latitude  nord  ,  auprès  d'un  fort  que  les  Anglois 
nomment  Monsipi  ,  &  auquel  les  François  donnent 
le  nom  de  Fort  Saint-Louis.  On  appelle  ce  fleuve 
Monsoni  ,  à  caufe  des  peuples  qui  habitent  fur  fes 
bords.  Il  reçoit  pluùeurs  rivières  confidérablcs  ,  en- 
tre autres  celles  du  Perray  ,  des  Abitibis,  ôc  des  Ou- 
tabitis. 

MONSONIS  ou  Monsaunis.  Voyez.  Monsaunis. 

MONSOREAU  ouMontsaureau,  en  latin  Morts 
Sorelli,  ville  de  France,  dans  l'Anjou,  avec  titre  de 
comté,  à  l'embouchure  de  la  Vienne  dans  la  Loire  , 
aux  frontières  de  l'Anjou  &  de  la  Touraine  ,  élection 
de  Saumur.  Il  y  a  dans  cette  petite  ville  un  chapitre 
fondé  par  Marie  de  Château- Briand  ,  veuve  de  Jean 
de  Samble  ,  baron  de  Monforeau  ;  il  eft  compofé  d'un 
doyen  &  de  quatre  chanoines.  La  paroiflè  fe  nomme 
Saint  Pierre  de  Retz.  Cette  petite  ville  a  eu  des  fei- 
gneurs  qui  ont  été  très  distingués.  Il  s'y  tient  un  marché 
tous  les  vendredis ,  &ony  fait  un  commerce  considé- 
rable de  bled.  Les  carrières  de  pierres  blanches ,  dites 
de  Tu/eau  ,  fur  le  territoire  de  Iv|onlbreau  8c  du  bourg 
de  Lande ,  font  les  plas  abondantes  du  pays ,  &  fe 
joignent ,  ce  qui  fait  dire  en  commun  proverbe  qu'entre 
JLande  &  Monfaureaii  il  ne  pan  ni  vache  ni  veau.  On 
voit  un  château  dans  cette  ville ,  autour  de  laquelle 
il  y  a  des  grains,  des  vignes,  des  fruits,  des  chanvres 
ôc  des  pâturages.  *  Corn.  Di&.  Mémoires  dreffés  fur  les 
lieux. 

MONSPERG  ,  Monspurg,  Monsburg  &  Mans- 
i>urg  ,  bourg  de  la  Baflé  Stiric ,  près  de  la  rivière  de 
2.eïs ,  environ  à  deux  lieues  de  Pottau  vers  le  midi 
occidental.  Il  y  a  auprès  un  château  de  même  nom.  * 
Zeyler  ,  Carte  de  la  Scirie. 

MONSSON  ou  Mousson,  en  Lorraine,  c'eft  une 
place  qui  n'eu*  plus  rien ,  ôc  qui  étoit  considérable 
dans  le  onzième  iiécle ,  où  elle  étoit  tenue  par  Louis, 
qui  avoit  aufli  Mont  -  beliard  ,  duquel  font  descen- 
dus les  comtes  &  les  ducs  de  Bar ,  dont  la  poftéiïté 
masculine  a  fini  dans  le  quinzième  fiécle ,  après  avoir 
été  notifiante  durant  quatre  cens  ans  ;  &  c'en1  de  cette 
fortereffe  de  Monflbn  que  les  premiers  ancêtres  des 
comtes  de  Bar  ont  pris  le  nom  &  le  titre.  Cette  an- 
cienne place  étoit  très-forte ,  &  paffoit  pour  imprena- 
ble. Sa  Situation  peu  commode  fur  une  montagne  l'a 
fait  abandonner,  &  on  a  mieux  aimé  bâtir  ik  s'établir 
des  deux  côtés  de  la  Mofelle ,  qui  eft  en  cet  endroit 
navigable ,  &  où  l'on  a  bâti  un  pont  qui  a  donné  le 
nom  à  la  nouvelle  ville. 

L'empereur  Charles  IV ,  qui  avoit,  dès  l'an  1354, 
érigé  le  Pont-a-Mouffon  en  marquifat ,  la  créa  cité  de 
l'Empire  ,  avec  les  prérogatives  des  autres  cités,  étant 
à  Metz  ;  ce  qu'il  confirma  ,  étant  à  Prague  l'an  1373,  en 
déclarant  qu'il  n'entendoit  pas  que  l'honneur  qu'il  fai- 
foit  à  cette  ville  détruisît  ou  affoiblît  les  droits  du 
comte  ou  duc  de  Bar,  marquis  de  Pont.  Depuis  ce 
tems-là  la  ville  de  Pont  s'en  beaucoup  accrue,  ôc  elle 
e!t  devenue  confidarable  par  l'univerfité  que  le  duc 
Charles  II  y  a  inftituée  ôc  fondée ,  avec  1 afliftance  de 
fon  parent  le  cardinal  Charles  de  Lorraine  ,  archevê- 
que de  Rheims ,  adminiftrateur  de  l'évêché  de  Metz. 
*  Longuerue,  Defcription  de  la  Fiance  ,  part.  2.  pag. 
189. 

MONSTERBERG  ou  Munsterberg  ,  ville  de  la 
Silcilc ,  à  cinq  milles  de  Glatz  ,  vers  la  Bohême.  Elle 
a  été  fondée  par  l'empereur  Henri  I ,  qui  fit  bâ:ir  en 
ce  lieu  un  monattere  ,  d'où  elle. fut  appellée  Monfler- 
berg.  Elle  eft  capitale  d'un  duché  de  même  nom  ,  qui 
renferme  ,  outre  celle-ci  ,  les  villes  de  Franckenftein  , 
de  Wai'taj  de  Henrichaw ,  de  Tepliwoda  6c  de  Kaments. 


361 


Autrefois  même  les  villes  de  Reichenftein  ôc  de  Sil- 
berberg  en  dépendoient  \  mais  elles  panèrent  en  1599  , 
Sous  L\  puiffance  des  ducs  de  Lignits  &  de  Brieg  par 
accord.  Monfterberg  a  eu  autrefois  Ces  princes  parti- 
culiers,qui  faifoient  une  bi  anche  de  la  maifon  de  Lignits  : 
cette  branche  finit  en  la  peribnne  de  Jean  de  Lignits 
Monfterberg,  défait  ik  tue  en  1428,  par  ceux  de 
Breflau  ,  qui  raferent  l'année  Suivante  le  château  de 
Monfterberg ,  de  peur  qu'il  ne  Servît  de  retraite  aux 
Hufiîres.  Cette  principauté  fut  enfuite  donnée  au  roi 
de  Bohême ,  qui  la  transporta  à  Guillaume ,  duc  de 
Troppau  ,  auquel  fuccéda  Ernefi  Prémiflas ,  Son  frère  : 
celui  ci  étant  morr ,  fans  laiffer  d'héritiers ,  l'empereur 
donna  l'invefliture  de  cet  état  aux  deux  fils  de  George, 
roi  de  Bohême ,  ôc  les  reconnut  princes  de  l'Empire. 
De  ces  nouveaux  ducs  descendoit  Henri  II ,  qui  intro- 
duisît le  Luthéranisme  à  Monfterberg.  Ce  domaine 
fut  incorporé  en  IJ70  à  la  couronne  de  Bohême  par 
l'empereur  Maximilien.  Au  refle  la  ville  de  Monfter- 
berg a  de  bonnes  murailles,  défendues  par  des  Tours , 
pofées  de  difiance  en  diltance,  quatre  portes  allez  bien 
fortifiées  ,  &  un  ancien  château.  Sa  principale  églife  , 
qui  eit  dédiée  à  faint  George ,  eft  un  édifice  fort  vafte. 
Il  y  a  aufli  quelques  couvens ,  un  beau  collège  ,  une 
maifon  de  ville  fort  bien  bâtie  ,  ik  même  une  maifon 
pour  l'aflemblée  des  marchands ,  &  qui  n'eft  pas  un 
des  moindres  ornemens  de  ce  lieu.  La  ville  a  beau- 
coup fouffert  pendant  les  guerres  des  Huflîtes ,  &  par- 
ticulièrement fous  le  règne  du.  roi  George.  Elle  eut 
aufli  lieu  de  Se  reflentir  des  guerres  qui  précédèrent  la 
paix  de  Weftphalie.  *  Zeyler  ,  Top.  Silefue. 

MONSTERLET  ou  Monstrelet,  lieu  de  France, 
en  Ponthieu ,  dans  la  Baffe-Picardie,  Sur  la  rivière 
d'Authie ,  près  de  Boufflers ,  à  deux  grandes  lieues  de 
Saint  Riquier  vers  le  nord.  Ce  fut  le  lieu  de  la  retraite 
de  S.  Mauguille.  *  Baillée  ,  Topographie  des  Saints , 
p.  631. 

MONST1ER  EN  DER.  Voyez.  Moutier  en  Der. 

MONSTIER  NEUF  ,  Monaflerium  Novum  ,  abbaye 
de  France,  dans  la  ville  de  Poitiers.  Voyez,  Poitiers. 

MONSTIER  SAINT  JEAN  ,  abbaye.  Voyez.  Mou- 
tier Saint  Jean. 

MONSURVENT ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  de  Coutances. 

MONT  ou  Montagne.  Voyez.  Montagne. 

1.  MONT  (Le)  ,  bourgade  de  France  ,  dans  le 
Limoufin  ,  près  de  Pompadour.  Elle  eft  connue  pour 
avoir  été  la  patrie  d'Etienne  Aubert ,  qui  d'Avocat  de 
Limoges ,  fut  fait  évêque  de  Noyon ,  puis  de  Cler- 
mont ,  enfuite  cardinal ,  ik  enfin  pape ,  fous  le  nom 
d'Innocent  VI.  Ce  lieu  s'appelle  Mons.  Voyez  ce  mot  n°.  2. 

2.  MONT  (Le),  bourgade  de  France,  dans  la 
Champagne ,  près  de  Stenay.  C'eft  la  patrie  du  célè- 
bre dom  Jean  Mabillon,  Bénédictin  ,  l'un  des  plus  grands 
hommes  de    lettres    que  la    France  ait   produits. 

1.  MONT-AIGU  ,  lieu  de  dévotionx  au  Pays-Bas, 
dans  le  Hainaut.  L'églife  ,  appellée  Notre-Dame  db 
Mont  Aigu  ,  eft  fur  le  haut  d'une  montagne  ,  nommée 
en  latin    Mons  acutus.  Cette  églife   fut  bâtie  par  Al- 
bert ôc  Ifabelle  Claire-Eugénie ,   archiduc  ôc  archidu- 
chefie  des  Pays-Bas.  11  femble   qu'elle  foit  petite,  elle 
peut  néanmoins  contenir  beaucoup  de  monde  ,   parce 
qu'elle  eft  ronde  &  toute  entourée  de  chapelles.   Elle 
eft  couverte  d'un  dôme  ik  d'une  tour  ou  clocher ,  d'où 
l'on  découvre  tout  le  pays  jusqu'à  Anvers  :  le  tout  bien 
travaillé  ôc  bien  01  né.  Il  y  a  un    t  ré  for  fort    riche  , 
tant  pour  les  ornemens  que  pour  les  calices ,  ôc  autres 
pièces  d'or  ôc   d'argent.   Entre  autres,  il  y  a  un  petit 
coffre  carré ,  du  plus  beau  cryftal   qu'on  puiffe    voir. 
Au-dcffous  de  l'églife  ,  vers  le  bas  de  la  montagne  ,  eft 
une  belle  maifon  des  prêtres  de   l'Oratoire  qui  defler- 
vent  cette  églife,    où   ils  fe  rendent   par  une  longue 
galerie,  dont  une  partie  eft  fous  terre.  Devant  l'églife 
il  y  a  une  grande  place  plantée  de  pins  à  la  ligne  ,  ÔC 
à  l'entour  eft  le  bourg   de  Mont-Aigu.  Au-deffous  on 
trouve   une  petite    ville    appellée  Sichen   ou    Siche- 
men.  *  Joly  ,  chanc.   de  Paris,  Retour  de  Munfter. 
Corn.  Dict. 

2.    MONT-AIGU  ou  Mont-Aigu  en   Poitou  , 
X»m.  IV.    Z  z 


3^2 


MON 


bourg  de  France ,  dans  le  Poitou  ,  élection  de  Mau- 
léon.  Cétoic  autrefois  une  baronnie  :  elle  a  été  éri- 
gée en  marquifat.  11  y  a  une  lieutenance  de  maré- 
chaiiflee. 

3.  MONT-AIGU  ou  Mont-Aigu  en  Lanois  , 
bourg  de  France ,  dans  la  Picardie ,  élection  de  Laon. 
Il  y  a  eu  autrefois  fur  la  croupe  d'une  montagne  jointe 
à  ce  bourg  une  fortereffe  confidérable  ,  bâtie  par  les 
anciens  feigneurs  deCoucy.  Thomas  de  Marie,  l'un 
d'eux  ,  moleftant  le  pays  ,  les  habitans  en  portèrent  leurs 
plaintes  à  Louis  le  Gros ,  qui  l'attaqua  dans  ce  fort , 
Se  l'obligea  de  cefTer  fes  brigandages.  Il  refte  encore  quel- 
ques veftiges  qui  peuvent  faire  juger  quelle  étoit  la 
force  de  cette  place  presque  inacceifible. 

4.  MONT- AIGU  ,  bourg  de  France, dans  la  Nor- 
mandie ,  diocèfe  de  Coutances ,  élection  de  Vallognes. 
Il  y  a  aux  environs  des  Bois. 

5.  MONT-AIGU  ,  Montecutum  ou  Mons  Acutus. 
Il  y  a  plufieurs  paroiffes  de  ce  nom  en  Normandie  : 
celle  de  l'élection  de  Vallognes  elî  la  plus  peuplée. 
Elle  fut  érigée  en  marquifat  l'an  1703  ,  en  faveur  de 
la  maifon  de  Mont-Aigu  la  Brifette.  Celle  de  l'élection 
de  Coutances  cil  auffi  confidérable.  Les  feigneurs  de 
cette  dernière  écoient  fameux  dès  le  tems  des  ducs  de 
Normandie.  On  prétend  que  les  ducs  de  Mont  aigu  en 
Angleterre  tirent  leur  origine  d'un  de  ces  deux  lieux. 

6.  MONT-AIGU  EN  COMBRA1LLES  ,  ville  de 
France ,  dans  la  Baffe  Auvergne ,  au  diocèfe  de  Limo- 
ges ,  élection  de  Combrailles.  Cette  ville  a  quelque- 
fois donné  le  nom  à  la  feigneurie  de  Combrailles, 
dont  elle  étoit  la  principale  ville  ;  mais  à  préfent  la 
principale  ville  du  pays  eft  Evaon  ,  que  l'on  prononce 
communément  Evau.  *  Longuet ne  ,  Defcript.  de  la 
France  .p.  138. 

MONT-AIGUILLE  (Le)  ,  montagne  de  France, 
dans  le  Dauphiné,  à  deux  lieues  de  Die  Se  à  fix  de 
Grenoble.  Voyez.  Aiguille. 

MONT- AIMÉ,    ou    Mont-Amy,    montagne  de 
France,  en  Champagne  ,  à  demi  lieue  de  Vertus  :  elle 
eft  fort  élevée.  Autrefois  il  y  avoit  fur  cette  montagne 
une  ville  de  forme  presque  ovale  ,  dont  il  ne  refte  plus 
fur  pied  que   le  pan   d'une  tour  qui    fe  voit  de  fort 
loin  ,  &  quelques  murailles  avec  des  caves  Se  chemins 
fous  terre.  La  fit  nation  avantageufe  de  cette  place  fait 
croire  qu'elle  a  été  autrefois  forte.  11  en  eft  parlé  dans 
la  vie  de  S.  Alpin  de  Béthune ,  évêque  de  Châlons , 
qui  vivoit  vers  le  milieu  du  cinquième  fiécle.  En  l'an 
née    1407,  cette  ville  de  Mont- Aimé  fut  affiégée  par 
Courcelle  ,  bailli  de  Vitri ,  &  il  la  preffa  fi  vivement , 
que  Clugnet  de  Btabant ,  qui   défendoit  la  place  pour 
Louis ,  duc  d'Orléans ,  fut  contraint  d'en  fortir  avec  trois 
cens  chevaux   pour  aller  chercher   du  fecours ,   mais 
n'avant  pu  retourner  affez  à  tems  ,  Jean  de  Btabant, 
frère  de  Clugnet ,   qu'il  avoit  laiffé  en    fa  place ,    fe 
voyant  trop  preffé,  réfolut  de  fe  faire  jour  au    travers 
des  affiégeans,  les  chargea  avec  beaucoup  de    cœur: 
mais  ayant  été  pris ,  il  fut  conduit  à  Vitri  où  il  fut  dé- 
capité ,  Se  la  place  abandonnée  après  avoir  été  ruinée. 
Le  comte  de  Salilbery,  qui  commandoic  alors  les  trou- 
pes des  Anglois, étoit  à  ce  fiége  avec  Cémolles.  Cette 
place  fut  entièrement    démolie    par    les    habitans   de 
Rheims.  de   Châlons  Se  de  Troyes ,  à  caufe  qu'elle 
fervoit  de  retraite  à  une  infinité  de  voleurs  qui    infe- 
itoient  toute  la  province  :  cette  démolition  fut  faite  en 
1443  ,  par  le  capitaine  de  Châtillon.  Elle  avoit  appar- 
tenu, comme  celle  de  Vertus ,  à  la  maifon  d'Orléans, 
de  laquelle  elle  paffa  à  celle   de  Bretagne.  *La    place 
où  étoit  cette  ville  efi  à  préfent  une  garenne  qui  ap- 
partient au  comte  de  Vertus.  En    1239  (Z>  )  le  13  de 
Mai,  qui  étoit  un  vendredi,  on  fit  une  exécution  cé- 
lèbre des  Bulgates  ou  Manichéens  à  Mont-Aimé  ,  en 
préfence   du  roi  de  Navarre  ,   des   barons  du  pays  , 
de  l'archevêque  de  Rheims,  de  17  é-'^ques  ,  Se  entr'au- 
rrcs  de  Géoffroi  II  du  nom  ,  évêque  de  Châlons ,  de 
pkifieurs  abbés ,    prieurs  &    autres  eccléfiaftiques  :  le 
peuple  qui  vint  à  ce  fpectaclc   étoit  efiimé  monter  à 
cent  mille  âmes  -,  on  y  brûla  185  hérétiques.  Ils  avoient 
entr'eux  une  vieille  de  réputation  ,  nommée  Gifle  ,  na- 
tive de  Provins ,  dont  l'exécution  fut  différée ,  parce 


MON 

qu'elle  promit  d'en  découvrir  encore  une  grande  quan- 
tité ,  mais  l'hiftoire  ne  dit  rien  de  l'effet  de  fes  pro- 
meffes  ni  de  fon  fort,  (a)  Baugier  ,  Mémoires  hift.de 
la  Champagne,  t.  1.  p.  288.  (b)  Fleur  y  ,  Hift.  Ecclef. 
t.  1 7.  p.  2 1 7.  Se  le  Monac.  Alberie. 

MONT  d'AMALECH  (Le),  dans  la  tribu  d'E- 
phraïm.  Voyez.  Amalech. 

MONT-ANTIL1BAN   (Le).  Voyez.  A  ht  m- 

BAN. 

MONT- ARAGON,  abbaye  d'hommes,  ordre  de 
Bénédicfins  non  réformés ,  en  Espagne  dans  le  royau« 
me  d'Aragon ,  au  diocèfe  d'Huesca. 

MONT-ARLEUX,  ouArleux.  Voyez,  Ar- 

L  E  UX. 

MONT-AVEMTIN.  Voyez,  Aventin  Se  Rome. 
MONTBAR  ,  en  latin  Mons-Barrus  ,  Mons-Barrï 
Se  Mons-Bardus  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Bourgogne, 
fur  la  rivière  de  Braine ,  bailliage  Se  recette  de  Semur 
en  Auxois.  Elle  ell  firuee  fur  le  penchant  d'une  petite 
montagne  (a),  Se  partagée  par  la  Braine,  qui,  a  une 
petite  lieue  de-là,va  fe  jetter  dans  l'Armançon.  Cette 
petite  ville  ,  qui  de  loin  paroît  quelque  chofe  ,  n'a  que 
fept  cens  pas  de  long ,  deux  cens  cinquante  de  large  , 
Se  deux  mille  quatre  cens  de  circuit ,  en  y  comprenant 
le  château.  Elle  n'a  d'autres  foit;fications  que  de  (im- 
pies murailles  Se  quelques  tours  à  moitié  ruinées.  Le 
château  eft  un  vieux  bâtiment  fermé  par  de  fortes  mu- 
railles flanquées  de  grofîes  tours.  L'églife  qui  lui  fer- 
voit de  chapelle ,  eft  maintenant  paroiffiale  Se  deffer- 
vie  par  un  curé  ,  qui  n'eft  que  le  vicaire  perpétuel  du 
prieur  de  Courtangy,  qui  eft  primitif:  il  y  a  en  outre 
fix  prêtres  habitués ,  (  b  )  qui  ont  chacun  deux  cens 
livres  de  rente.  Ourre  cette  églife,  il  y  a  un  prieuré, 
fous  le  titre  de  S.  Thomas ,  réuni  à  l'abbaye  du  Mou- 
rier  S.  Jean  ;  une  chapelle  de  S.  Jean  ,  laquelle  vaut 
cent  vingt  livres  de  rente  ;  un  couvent  d'Urfulines ,  Se 
un  hôpital  qui  n'a  que  quatre  ou  cinq  lits ,  Se  qui 
ne  fe  foutient  que  par  les  aumônes.  Montbar  eft  le  fiége 
d'une  maréchauffée  Se  d'une  châtellenie  royale,  qui  n'a 
de  jurisdiction  que  fur  le  château  Se  fur  les  hameaux 
voifins  :  la  juftice  de  la  ville  Se  fa  police  font  exercées 
par  le  maire.  Il  y  a  un  grenier  à  fel ,  &  l'on  y  fait  des 
gants  de  chien  ,  qui  ont  quelque  réputation. 

Quelques-uns  veulent  que  cette  ville  foit  ancienne  , 
Se  tire  Ion  nom  des  Bardes ,  philofophes  Se  poê'tes  des 
anciens  Gaulois.  Nous  voyons  (  c  )  que  Robert  II ,  duc 
de  Bourgogne ,  fit  hommage  de  Montbar ,  au  mois  de 
Février  1272,8  Guy,  évêque  de  Langres.  (a)  Piga» 
nïoly  Defcr.  de  la  France,  t.  3.  p.  joj.  (b)  Mémoi- 
res divitf.  (  c  )  Longiterue,  Defc.  delà  France  ,  p.  281. 
MONTBAZON  ,  ville   de  France  ,  dans  la  Tourai- 
ne,  élection  de  Tours,  Se  à  trois  lieues  de  cette  ville 
fur  le  chemin  de  Poitiers.  Elle  eft  fituée  au  pied  d'une 
petite  colline  où  eft  un  ancien   château  ,  dans  lequel 
les  officiers  de  la  juftice   tiennent  leurs  féances.  II  n'y 
a  qu'une  feule  paroiffedans  Montbazon  ,  &  on  n'y  compte 
que  cent  quatre-vingt-fix  feux,  &  huit  cens  habitans  : 
auffi   cette  petite  ville  eft-elle  moins  cor.fidérable  par 
elle  même  ,   que   par  la   dignité  de  duché-pairie  dont 
elle    eft  illuftrée.   Renaud  ,   feigneur  d«  Montbazon, 
forti  d'une  ancienne   maifon    de    même  nom  ,    n'eut 
qu'une  fille,  nommée  Jeanne  de  Montbazon ,  qui  époufa 
en  1 374  ,  Guillaume  de  Craon,  feigneur  de  Marcillac. 
De  ce  mariage  vint  Marguerite  de  Craon  ,  qui  fut  hé- 
ritière de  fes  frères,  Se  fe  maria  avec  Guy  de  la  Ro- 
chefoucault  -,  Jeanne  de  la  Rochefoucault ,  fa  petite-fil- 
le ,  fut  merc  de  Renée  de  Tou  ,  iemme  de  Louis  de 
Rohan,  feigneur  de  Guimenée  ,  Se  par  elle  de  Montba- 
zon. Ce  fut  en  faveur  de  la   maifon  de  Rohan,  que 
Montbazon  fut  érigé  en  duché  dans  l'année   1 540  ,  Se 
en  pairie  en  1588.  C'étoit  auffi  en  faveur  de  la  même 
maifon  que  cette  ville  avoit  auparavant  été  érigée  en 
comté. 

Lesenvironsde  Montbazon  font  très-agréables  ,  fur-roue 
du  côté  du  Pont,  où  la  rivière  d'Indre  arrofe  une  belle 
prairie  qui  s'étend  jusqu'à  Courficre,  maifon  de  Plaifance 
des  ducs  de  Montbazon,  *  Figunwl,  Defc.  de  la  France, 
t.  7.  p.  62. 

MONT-BENOIT,  Mons-Benedidï ,  abbaye  d'hon^ 


MON 


MON 


mes  en  France,  de  l'ordre  de  S.  Auguftin  ,  dans  la  Fran- 
che-Comté, au  diocèfe  de  Befançon ,  fur  le  Doux, 
au-deflbus  de  Pontarlier.  Elle  a  commencé  par  un  her- 
mitage  ,  que  bâtit  un  nommé  Benoît,  8c  dont  le  lieu 
prit  le  nom.  Les  chanoines  réguliers  s'y  établirent  au 
commencement  du  douzième  fiécle,  fous  le  gouverne- 
ment du  nommé  Hardouin  ,  en  qualité  de  prieur  ,  & 
peu  après  cette  maifon  fut  érigée  par  l'archevêque  en 
abbaye  ,  qui  pafiaen  commende  dès  l'an  ijgi.  Elle  vaut 
huit  mille  livres. 

MONT-BOSSE  ,  montagne  en  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie. Il  y  a  une  mine  de  fer. 

MONT-BRENTOS,  monaftere  de  Chartreux  en 
Suilfe  ,  dans  la  partie  occidentale  du  canton  de  Fri- 
bourg,  auprès  d'Eftavayer.  *  Délices  de  la  Suffi ,  t.  3; 
p.  65. 

MONT-CALVAIRE  (Le),  où  Jesus-Christ  fut 
crucifié,  au  couchant  feptentnonal  de  Jerufalem.  Voyez. 
Calvaire. 

MONT-CAPITOL1N.  Voyez  Capitolé. 

MONT-CARMEL.  Voyez.  Carmel. 

MONT-CASS1N  ,  montagne  d'Italie,  au  royaume 
de  Naples ,  8c  au  fommet  de  laquelle  eft  la  célèbre  ab- 
baye du  Mont-Cassin  ,  où  faint  Benoît, cet  illuftre 
patriarche  des  moines  de  1  Occident ,  fonda  fa  régie. 
Ce  monaftere  acquit  une  fi  grande  réputation  de  fain- 
teté  ,  qu'on  vit  des  rois  quitter  leur  couronne  pour  y 
aller  finir  leurs  jouis.  De  ce  nombre  furent  entr'aimes 
Rachis,  roi  des  Lombards,  Carloman  ,  frère  de  Pépin  , 
roi  de  Fiance,  8c  plufieurs  autres. 

Cette  abbaye  elt  fituée  fur  la  pointe  d'une  haure  mon- 
tagne ,  a  trois  milles  de  la  petite  ville  de  San-Germano, 
de  forte  qu'un  l'apperçoit  de  fort  loin.  Les  cloîtres  font 
fpacieux,  8c  les  religieux  en  très-grand  nombre.  On  y 
reçoit  8c  on  y  défraye  les  étrangers.  L'eglii'e  elt  fort 
propre  &  parée  doincmens  8c  de  peintures.  Les  em- 
pereurs, les  rois  &  autres  grands  princes  l'avoicnt  an- 
ciennement enrichie,  a  l'envi ,  de  préfensconfidérables  ; 
mais  toutes  ces  ncheflès  furent  pillées  plufieurs  fois , 
premièrement  par  les  Lombards  ,  enfuite  par  les 
•Sarrazins.  Après  que  les  Lombards  l'eurent  détruit ,  il 
ie  pailâ  près  de  cent  quarante  ans,  pendant  lesquels  on 
ne  penfa  point  à  le  rétablir.  Il  fut  quelque  tems  délért 
ôc  ne  feivit  de  retraite  qu'aux  bêtes  fauvages.  Quelques 
foliraires  s'y  établirent  ,  8c  y  menèrent  une  vie  très- 
reti.ee.  Le  pape  Grégoire  II  permit  à  Pctronax  de  le 
rebâtir,  8c  d'y  mener  des  Bénédictins  de  Rome  ,  qui 
s'unirent  avec  les  foliraires  qui  y  étoient  déjà.  Le  pape 
-Zacharie  favorila  cet  établifitment ,  &  l'exempta  de  la 
jurisdiétion  de  l'évêque  du  diocèfe.  *  Abrégé  de  l'Hijt. 
de  l'ordre  de  S.  Benoit ,  1.  4.  c.  2. 

Ce  faint  lieu  ,  qui  avoit  été  fi  heureufement  rétabli, 
Jfubfilla  encore,  8c  fut  dans  un  état  floriflant  pendant 
une  bonne  partie  du  IX  fiécle  ;  mais  enfuite  il  ne  put 
éviter  la  tempête  des  Sarrazins ,  8c  ces  barbares  n'y 
cauferent  pas  moins  de  délblation  qu'avoient  fait  les 
Lombards  trois  cens  ans  auparavant,  puisqu'après  en 
avoir  tué  l'abbé  8c  quelques  religieux,  ils  obligèrent 
les  autres  d'abandonner  leur  cloître  8c  de  fe  retirer  à 
Téane  ,  où  ils  emportèrent  ce  qu'ils  avoient  pu  fauver 
du  tréfot  8c  des  titres  du  monaftere. 

Dans  des  tems  plus  tranquilles  ,  le  Mont-Caflin  fe 
repeupla  de  religieux,  8c  fut  fécond  en  faints  perfon- 
mges  ,  entr'autres  depuis  le  commencement  du  XI  fié- 
cle -jusqu'au  milieu  :  on  en  compte  jusqu'à  douze.  * 
L'abbé  de  Fleury  ,  Hiftoire  eccléllatique  ,  liv.  59. 
pag.  3  6. 

1.  MONT-CENTS.  Voyez. .  Cenis,  n°.  1. 

1.  MONT-CENIS,  Morts  Semm  ,  Mons  Sertis, 
Morts  Cinifus ,  Monticinium ,  Mons  Cenifinus  ,  ville  de 
France,  dans  le  duché  de  Bourgogne,  à  quinze  lieues 
de  Dijon ,  8c  à  quatre  d' Aucun.  Elle  eft  du  diocèfe  de 
cette  dernière  ville  ,  8c  a  titre  de  baronnie.  Sa  firuation  eft 
fur  une  éminence,  entre  trois  montagnes  afiez  confidé- 
rables  :  l'une  au  midi ,  l'autre  à  l'occident,  la  troifiéme 
a'i  nord.  On  trouve  fur  cette  dernière  les  ny'nes  d'un 
ancien  château  qui  étoit  afiez  fort.  Il  n'y  a  dans  cette 
ville  qu'une  paroifie,  fous  l'invocation  de  la  fainte 
Vierge;  elle  étoit  autrefois  fous  celle  de  faint  Laurent 
&  de  faint  Denis.,  On  y  trouve  un  monaftere  d'Urfu- 


3*? 


lines,  8c  un  hôpital.  Mont-Ccnis  eft  la  vingt  unième 
ville  qui  députe  aux  états  de  Bourgogne  ;  fon  circuit 
eft  d'environ  quinze  cens  pas.  Il  y  a  un  fubdélegué  de 
rintendant  de  Bourgogne,  grenier  à  fel,  un  corps  de 
ville,  un  bailliage  royal  ,  auquel  eft  unie  une  chancel- 
lerie reiïortillânte  au  parlement  de  Dijon.  Il  y  avoit 
autrefois  une  chatellcnie  royale  ;  mais  clic  a  été  lup- 
primée  avec  la  plupart  des  autres  chârdlenics  rojales 
de  la  province ,  8c  reunie  au  bailliage  par  un  édit  du 
mois  d'Avril  1749.  Entre  les  hommes  illuftresque  cette 
ville  a  produits  ,  on  compte  Jean  de  la  Vesyte  ,  vivant 
dans  le  feiziéme  fiécle,  connu  par  plufieurs  ouvrages 
en  langue  hébraïque  8c  latine  ;  N.  Boivcau  ,  grand- 
croix  de  faint  Louis,  gouverneur  des  Invalides;  Mel- 
chior  Cochet  de  Saint  Vallier,  prefident aux  requêtes  du 
palais  de  Paris ,  auteur  d'un  excellent  traité  de  l'in- 
duit. 

On  fabriquoit  autrefois  des  draps ,  des  étamines  8c 
des  ferges  à  Mont-Cenis;  mais  ces  manufactures  font 
presque  entièrement  tombées. 

Le  bailliage  royal  de  Mont-Ccnis  eft  très- ancien.  Lé 
Charollois  en  dépendoit  ;  mais  ,on  l'en  a  désuni  depuis 
plufieurs  fiécles  ,  pour  en  faire  un  bailliage  particulier. 
Celui  de  Mont  Cenis  a  douze  lieues  de  longueur  de- 
pris  Créôt  jusqu'à  Ufieau  ;  quatre  de  largeur  de- 
puis le  Pont  d'Anjou  jusqu'à  Blanzy.  Il  elt  limité  à 
l'orient  par  le  bailliage  de  Châîons  ,  au  midi  par  celui 
de  Charolles  ,  au  couchant  par  celui  d'Autun  ,  8c  au 
nord  par  le  dernier  8c  par  celui  de  Beaune  Une  partie 
du  bailliage  de  Mont-Cenis  eft  dans  la  plaine;  l'autre 
eft  coupée  par  des  montagnes  afiez  conlidcrables ,  fur 
lesquelles  on  trouve  beaucoup  de  fimples.  Le  terroir 
de  ce  .bailliage  eft  en  général  fablonneux  8c  aride;  les 
vins  qu'il  produit  font  foibles;  le  froment  y  eft*  rare; 
mais  le  feigîe  y  vient  en  abondance. 

On  y  trouve  une  quantité  prodigieufe  d'excellent 
charbon  de  terre,  8c  le  pays  eft  tout  rempli  de  forêts; 
mais  les  habkans  n'en  retirent  aucun  avantage,  parce 
que  la  difficulté  des  chemins  rend  le  transport  du  char- 
bon '8c  du  bois  trop  dispendieux,  ce  qui  ne  feroit  pas  , 
fi  l'on  conftruifoit  le  lac  de  Long-Pendu.  Vôyet  ce  mot. 
Si  l'on  rendoit  la  Dehune  flottable,  elle  faciliteroir  le 
débit  du  bois  ;  faute  de  ce  fecours ,  les  habitans  le 
laifient  périr  fur  pied.  En  pratiquant  des  grands  che- 
mins, le  débit  du  charbon  de  terre  de  ^endroit  aulfi  plus 
facile.  Les  vallons ,  qui  font  entre  les  montagnes ,  fotu- 
nifient  de  très-bons  pâturages;  le  gibier  8c  le  poiflbn 
de  ce  bailliage  pafient  pour  être  exceliens. 

On  trouve  dans  ce  pays,  près  du  hameau  de  la  Cou- 
ronne, paroifie  de  Torcy ,  un  banc  de  cailloux  d'uu 
rouge  pale  :  ils  font  ordinairement  gros  comme  un  grain 
de  bled,  taillés  nartuellcment  à  cinq  faces  ,  8c  fe  ter- 
minent en  pointe  triangulaire.  Quelquefois  ils  font 
féparés  ;  mais  ordinairement  ils  font  joints  enfemble 
8c  forment  des  grouppes  irréguliers  à  peu  près  de  la 
grofleur  d'une  noifette.  Il  eft,  pourlors ,  presqu'impos- 
fible  de  les  désunir  fans  les  cafter.  Ces  cailloux  font  fi 
durs ,  qu'on  peut  s'en  fervir  pour  couper  le  verre  ; 
mais  ils  s'égrainent  à  la  longue.  Outre  cette  curiofité 
naturelle,  il  s'en  trouve  une  autre  qui  paroît  encore 
plus  digne  d'attention.  Ceft  un  rocher  mouvant  qui  eft 
comme  planté  dans  la  partie  la  plus  rapide,  8c  du  cô- 
té du  midi  de  la  montagne  d'Uchon  ,  laquelle  eft  fi- 
tuée dans  le  bailliage  de  Mont-Cenis.  Ce  rocher  eft: 
compofé  de  deux  pierres;  celle  de  defibus  eft  un  peu 
concave  ;  celle  de  defius  a  environ  fept  pieds  de  hau- 
teur, vingt-fept  ou  vingt-huit  détour  ;  le  dciTus  eft  pres- 
que plat,  8c  dans  fa  circonférence  elle  préfente  fix  faces 
inégales  ;  fa  bafe  eft  de  forme  ovale  ;  elle  eft  pofée  fur 
celle  de  defibus  ,  à  laquelle  elle  eft ,  félon  les  appa- 
rences,  unie  par  un  pivot  d'une  forme  fi  particulière, 
que  la  moindre  impulfion  fuflîc  pour  la  mettre  en  mou- 
vement,  un  enfant  même  qui  la  poufle  avec  les  mains, 
l'agite  afiez  pour  qu'une  petite  croix  d'environ  deux 
pieds  de  hauteur,  qu'on  a  placée  defius  ,  décrive  une 
portion  de  cercle  de  plus  d'un  demi  -  pied.  Les  forces 
reunies  de  plufieurs  perfonnes  ne  font  pas  faire  à  cette 
pierre  un  mouvement  plus  confidérable  ;  mais  il  ne  fe 
fait  que  du  nord  au  fud  &  du  fud  au  nord  ,  quelque 
chofe  qu'on  ait  faite  pour  lui  en  donner  un  du  cou; 
Tom.  IV.   Z  z   ij 


364       MON 


MON 


chant  au  levant ,  ou  du  levant  au  couchant,  on  n'a  pu 
réuflîr.  Ce  rocher  mouvant  fert  de  bornes  à  trois  ju- 
ftiçes  différentes  ,  Se  eft  cité  dans  les  plus  anciens  ti- 
tres. Sur  le  fommet  de  la  montagne  de  Dété ,  qui  eft 
auffi  dans  le  bailliage  de  Mont-Cenis ,  on  trouve  une 
autre  pierre  mouvante  ;  mais  on  n'y  fait  pas  beaucoup 
d'attention ,  parce  qu'eile  n'eft  pas  fi  grofle  que  celle 
d'Uchon,  &  que  fes  mouvemens  font  beaucoup  moins 
marqués.  *  Mémoires  dreffes  fur  les  lieux. 

MONT-COEL1US.  Voyez.  Coelius  Mons. 
i.  MONT-CORNET,  ou  Mont-Cornet  en  Ar- 
denne  ,  château  de  France,  en  Ardcnne  ,  fur  une  hau- 
teur qui  fe  termine  en  deux   pointes;  il  eft  au  voifi- 
nage  de  Rocroy.*  Adr.  Valefii  Not.  Gall.  p.  347. 

i.  MONT-CORNET,  ouMoncornet  en  Thie- 
rache  ,  château  de  France,  dans  le  Thierache,  auprès 
de  Rofoy. 

MONT-CORNILLON,  ou  Mont  des  Cornouil- 
ies  ,  en  larin  Mons-Cor nel'u  Se  Muns-Cornorum.  Mai- 
fon  de  religieufes  Hospitalières  Se  Léproferie ,  près  de 
la  ville  de  Liège ,  vers  la  porte  Se  le  fauxbourg  de  de- 
là la  Meufe.  Le  monaftere  étoit  double,  l'un  fur  le 
haut  de  la  montagne  étoit  pour  les  hommes ,  Se  avoit 
été  établi ,  vers  les  commencemens  du  XI  fiécle  ,  par 
l'évêque  Adalberon ,  qui  y  mit  des  religieux  de  l'ordre 
de  Prémontré  ,  auxquels  fuccédérent  des  Chartreux  qui 
y  font  encore  ;  l'autre  ,  qui  a  retenu  le  nom  de  Mont- 
Corniilon  ,  étoit  un  grand  hôpital  bâti  par  les  habitans 
de  Liège ,  pour  les  malades  de  lépre  Se  de  ladrerie  de 
l'un  Se  l'autre  fexe  ,  au  bas  de  la  montagne.  Le  couvent 
des  filles  qui  le  fervoient ,  fut  mis  fous  la  régie  de  faint 
Auguftin  ,  quoique  les  moines  de  Cîteaux  Se  les  cha- 
noines réguliers  de  Prémontré  fe  débattent  entr'eux  pour 
nous  perfuader  qu'il  étoit  de  l'ordre  de  leur  inftitut. 

La  bienheureufe  Julienne ,  à  qui  pluh'enrs  attribuent 
les  premières  vues  de  l'inftitution  de  la  fête  du  Saint 
Sacrement,  étant  née  à  Rétines,  Retinna ,  village  de 
la  banlieue  de  Liège,  à  trois  quarts  de  lieues  de  la  vil- 
le ,  fut  élevée  au  couvent  de  Mont  Coimilon;  elle  fut 
enfuite  prieure  de  la  maifon.  Etant  perfécurée  elle  paffa 
dans  plufieurs  monafteres  du  pa)s,  &  mourut  dans  ce- 
lui de  FofTe  l'an  12^8,  fix  ans  avant  l'inftitution  de 
la  fête  du  Saint  Sacrement,  qu'elle  avoit  tant  follicitée. 
Son  corps  fut  transporté  ,  comme  elle  l'avoi:  fouhaité, 
dans  l'abbaye  de  Villiers  en  Brabanr,  entre  Gemblours 
&  Nivelle ,  où  eft  fon  culte  principal.  *  Baillée ,  Top. 
des  Saints,  p.  5 2.0. 

MONT  DE  LA  COURONNE  ,  abbaye  d'hom- 
mes ,  &  chef  d'une  congrégation  de  l'ordre  des  Camal- 
dules  en  Italie  ,  dans  le  diocèfe  de  Péroufe. 

^  MONT-D AVEZAN ,  bourg  de  France ,  dans  le  com- 
té &  dans  l'élection  de  Comminges. 

MONT-DAUPHIN,  petite  place  de  France  (a), 
dans  le  Dauphiné,  à  trois  lieues  au-deffus  d'Embrun, 
Se  près  de  Guilleftre.  Elle  eft  bâtie  fur  une  montagne 
escarpée  Se  presque  environnée  de  la  Durance.  Le  feu  roi 
de  France  (/>  )  Louis  XIV  la  fit  fortifier  en  1695 ,  pour 
mettre  le  pays  en  fureté  de  ce  côté-là.  (a)  Piganiol , 
Defc.  de  la  Fiance  ,  t.  4.  p.  49.  (b  )  Longiurue  ,  Defc. 
de  la  France,  p.  $26. 

MONT-DIDIER  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Picardie , 
au  diocèfe  d'Amiens ,  Se  le  fiége  d'une  élection  à  la- 
quelle elle  donne  fon  nom -,  on  l'appelle  en  latin  Mons 
Defiderii.  Cette  petite  ville  eft  fur  une  montagne  à  fept 
lieues  d'Amiens ,  &  à  pareille  difiance  de  Compiegne  ; 
elle  a  quelquefois  réfifté  aux  Espagnols ,  qui  l'ont  atta- 
quée. On  remarque  à  Mont-Didier  le  prieuré  de  No- 
tre-Dame, qui  fut  uni  à  l'ordre  de  Clugny  en  11 30, 
Se  ou  la  conventualité  s'eft  confervée  jusqu'aujour- 
d'hui ;  il  vaut  quatre  mille  quatre  cens  livres  au  prieur, 
&  deux  mille  deux  cens  livres  aux  religieux.  Il  y  a  cinq 
paroiffes  ,  plufieurs  couvens ,  un  hôrel-dieu  ,  qui  a  fix 
mille  livres  de  revenu ,  Se  un  collège  qui  n'a  qu'un 
feul  régent.  Outre  un  fiége  d'éledion ,  cette  ville  a  une 
prévôté ,  un  bailliage  ,  un  grenier  à  fcl  &  une  maré- 
chauflse.  La  prévôté  eft  compofée  d'un  prévôt ,  d'un 
lieutenant  civil,  d'un  lieutenant  criminel,  d'un  affes- 
feur  ,  de  deux  confeillers,  d'un  avocat  du  roi,  d'un 
.procureur  du  roi  &  d'un  greffier.  Cette  prévôté  con- 
rxxit  en  première  inftanec,  privativement  aux  officiers 


du  bailliage ,  dans  l'étendue  de  fon  reflbrt ,  de  toutes 
les  affaires  civiles  Se  criminelles,  de  quelque  nature 
qu'elles  foient.  Le  bailliage  eft  compofé  d'un  lieutenant 
général ,  d'un  lieutenant  criminel ,  d'un  lieutenant  par- 
ticulier ,  d'un  affefTeur  criminel ,  de  quatre  confeillers  , 
d'un  avocat  Se  d'un  procureur  du  roi ,  de  deux  fubftituts 
adjoints  Se  d'un   greffier. 

La  ville  de  Mont -Didier  eft  ancienne  ;  quelques  rois 
de  la  troifiéme  race  y  ont  eu  un  palais  &  y  ont  tenu 
leur  cour. Elle  a  appartenu  pendant  quelque  tems  aux 
ducs  de  bourgogne ,  auxquels  elle  avoit  été  cédée  en 
I466  >  mais  a  la  mort  du  dernier  duc  ,  Louis  XI  la 
réunit  à  ia  couronne  avec  les  autres  villes  de  la  Pi- 
cardie. *  Piganiol,  Defcription  de  la  France,  tom.  3. 
pag.  zn. 

MONT-DIEU,  Chartreufe  de  France,  en  Champa- 
gne ,  fut-  la  rivière  de  Bar ,  entre  l'Aine  8c  la  Meufe 
Reihel  Se  Mouzon  ,  à  quatre  lieues  de  Sedan ,   en  un 
lieu  défert.  Avant  que  les  Chartruix  y  fufient  établis , 
il  le  nommoit    Mourozin  ,  nom  d'une   idole  que  les 
païens  y  adoroienr.   Ce  monafierea  été  fondé  en  1130 
ou  ii34,par  Eude ,  abbé  de  faint  Remy  de  Rheims, 
du  confentement  de  l'archevêque  Raynaud ,  qui  con- 
nibua  de  fon  côté  à  cet  établiftcinent ,  ainfi  que  firent 
plufieurs  autres  perfonnes ,  comme  Richard ,  abbé  de 
Mouzon  avec  fon  couvent,  Ulric,  abbé  de  faint  De- 
nysde  Rheims,  Hugues,  feigneur  des  Etouvo  ,  Nico- 
las, feigneur  de  Bourg,  &   Guido,  feigneur  d'Artaife. 
Cette  fondation  fut  confirmée  par  les  papes  Innocent 
II  Se  Eugène  III  ,  comme  il  paroît  par  les  bulles  des 
années  n  36  &  1145.    Des  que  les  Chartreux  y  fu- 
rent établis ,  le  général  de  l'ordre  voulut  qu'on   l'ap- 
pellât Mont-Dieu,  par  oppofition au  nom  deMonrozin 
qu'il  portoit  auparavant:  le  premier  prieur  fut  Godo- 
froy  ,  disciple  de    faint  Bruno.  Cette  chartreufe  eft  la 
huitième  de  l'ordre  ,  quant  au  rang  qu'elles  tiennent , 
Se  la  première  établie   dans  le  ro\aume,  par   rapport 
à  l'état  où  il  étoit  .lorsqu'elle  fur  établie.  Les  religieux 
de  ce  monafiere  ont  donné  le  commencement  à  la  char- 
treufe du  Mont  Saint  Pierre.  Cette  chartreufe  du  Mont- 
Dieu  eft  environnée  de  fofTés  à  fond  de  cuve  fort  lar- 
ges ,  revêtus  de  pierres  de  taille  avec  un   pont  levis. 
On  trouve  d'abord  ,  en  y  entrant ,  deux  corps  de  logis  ; 
l'un  deftiné  pour  l'archevêque  de  Rheims ,  lorsqu'il  s'y 
retire;  l'autre  bâti  par.  le  feu  duc  de  Mazarin  ,  pour 
lui  Se  pour  fa  famille.  Il  y  a  à  droite  Se  à  gauche  deux 
pièces  d'eau  carrées ,  revêtues  de  pierres  de  taille,  Se  rem- 
plies de  poiffon  :  tout  le  bâtiment  eft  de  briques,  avec 
des  chaînes   de  pierres    de   taille    Se  à  deux  étages  5, 
le  premier  étage  du  bas  eft  entièrement  voûté  de  pier- 
res de  taille.  11  y  a  deux  cloîtres ,  dont  le  petit  eft  vi- 
tré ,  l'un  Se   l'autre   voûtés  de    pierres  de  taille.   On 
entre  dans  le    grand  ,  qui  forme  un  carré    régulier  , 
par  une  belle  arcade  :  chaque  côté  de  ce  cloître  eft  com- 
pofé de    trente-deux  arcades ,  Se  contient  cinq  habita- 
tions de  religieux  ,  qui  font  autant  de  petits  châteaux 
ou  corps  de  logis ,  détachés  Se  éloignés  par  égales  di- 
ftancesles  uns  des  autres,  couverts  d'ardoifes  Se  bâtis 
à  la  moderne  ;  chacun  a   fon  jardin    fort  propre.  Au 
fond  de  ce  cloître  eft  une  belle  perfpective  formée  de 
grands  aibres:  au  milieu  il  y  a  une  grande  fontaine  jail- 
liffante ,  dont  le  baïïin  qui  eft  fort  gtand  ,  eft  revêtu  de 
pierres  de  taille  :  il  y  a  dans  l'appartement  de  chaque  re- 
ligieux un  tuyau  de  fontaine  :  la  fale  de  leurs  archives 
eft  voûtée  deffous  Se  défais  ,  Se  fermée   de  portes  de 
fer.  L'églife  eft  petite ,  propre  Se  bien  bâtie ,  tournée  à 
peu  près  comme  la  faillie  Chapelle  du  palais  à  Paris; 
le  grand  autel,  les  deux  atitels  de  la  nef  Se  le  pavé  de 
l'églife  font  de  marbre;  les  chaifes  ou  formes  du  chœur 
des  religieux  font  de  pierres  d'une  fort-beile  fculptu- 
re,  &  celles  des  frères  font  d'une  très- belle  menuife- 
ric  ;  elle  eft  fort  ornée  de  peintures.    Cette  églife  fut 
achevée  en  1290,  par  Pierre  Barbe  ou  Barbez,  arche- 
vêque de  Rheims.  Parmi  les  reliques  de  cette  églife  on 
trouve  du  bois  de  la  vraie  croix  ,  du  fuaire  ,  de  la  cou- 
ronne d'épines  de  Jefus  Chrifi  ,  du  linge  dont  il  efliiya 
les  pieds  de  fes  apôtres  après  les  avoir  lavés ,  de  l'épon- 
ge avec  laquelle  on  lui  préfenra  à  boire  fur  la  croix  , 
de  la  lance  dont  on  lui  perça  k  côté ,  de  la  table  où 


MON 


MON 


l'on  fit  la  cène ,  de  Ces  habits  ôc  de  ceux  de  la  fainre 
Vierge  ,  cV  d'autres  reliques  de  plufieurs  fainrs  en  grand 
nombre.  Tout  ce  rnona/kre  eft  grand  Se  beau ,  ôc 
quoique  la  maifon  ait  été  entièrement  rebâtie  depuis 
quelques  années ,  on  a  eu  foin  d'y  conferver  la  cham- 
bre de  faim  Bernard  où  l'on  voit  encore  fa  ceinture  ; 
il  quittoit  Clairvaux  de  tems  en  tems ,  pour  venir  cher- 
cher dans  cette  chartreufe  une  retraite  plus  folitaire. 
Il  V  a  dans  la  cuifine  de  ce  monaftere  un  réfervoir  rempli 
de  poiflbn,  dont  on  ne  s'apperçoit  que  lorsqu'on  ou- 
vre une  trape.  11  y  a  proche  le  pont  -  levis  une  cha- 
pelle,  qui  fert  de  paroille  à  leurs  fermiers ,  &  qui  eft 
delTervie  par  un  Chartreux.  Les  comtes  de  Champa- 
ne  ont  donné  à  ces  religieux  cent  livres  de  rente,  qui 
en  ce  tems  éroit  unefomme  confidérable;  le  roi  con- 
tinue de  leur  faire  payer  cette  fournie  tous  les  ans.  Le 
revenu  de  ce  monaftere  confite  plus  dans  l'induùtiedes 
religieux  qu'en  tout  autre  fonds.  Ils  ont  vingt- deux 
étangs,  ils  font  au  nombre  de  vingt  quatre  religieux, 
fans  y  comprendre  les  frères.  *  Baugier ,  Mém.  hift. 
de  la  Champagne,  t.  1.  p.  61. 

MONT-DOUBLE  AU,  ville  de  France,  dans  le 
Maine ,  élection  de  Château  du  Loir ,  avec  titre  de 
baronnie-pairie  (a).  Cette  petite  ville  eft  fort  ancienne 
ôc  connue  dès  le  commencement  du  XI  fiécie.  Ses  fei- 
gneurs étoient  vaflaux  des  comtes  d'Anjou  ,  ils  s'ap- 
pelloicnt  Dublel  ou  Doubleau  ,  ôc  ont  donné  leur  nom 
à  ce  lieu.  On  voit  par  des  lettres  de  Geofroi  Martel, 
comte  d'Anjou,  données  l'an  103 3,  qu'il  y  avoit  alors 
un  chevalier , nommé  Eudes  Dublel ,  qui  fut  père  de 
Hugues  Dublel,  qui  reconnut  tenir  du  comte  Geofroi 
la  terre  ou  baronnie  de  Mont-Doubleuu.  Orderic  Vital 
nomme  cette  petite  ville ,  par  corruption  ,  Mons-DubLi- 
belis  ;  mais  cent  ans  auparavant  on  l'appelloit  Mous 
Didlclli ,  ôc  ces  feigneurs  avoient  le  furnom  de  Du- 
blel. Cette  terre  (b)  fut  unie  au  comté  de  Vendôme 
par  le  roi  Charles  VIII  ,  au  mois  de  Mai  1484,  en 
faveur  de  François  de  Bourbon ,  avec  exemtion  d'hom- 
mage du  comté  du  Maine  \  mais  depuis  plus  d'un  fiécie 
Mont-Doubleau  a  été  démembré  du  duché  de  Ven 
dôme.  Elle  écend  fa  jurisdiction  fur  iyparoifies  ;  elle 
n'a  que  ijofcux.  (a)  Longuerue  ,  Defc.  de  la  France  , 
p.  115.   {b)  Pigauioly   Defcript.   de  la   France,  t.  4. 

p.  497. 

MONT-DRAGON,  terre  feigneuriale  en  France, 
au  comté  de  Forcalquier ,  en  latin  Muns  Dragonis. 
Elle  °ft  contigue  a  la  terre  de  Grignan  ,  ôc  elle  re- 
connoit  avec  le  pays  voifin  ,  pour  le  fpiritucl  ,1'évêque 
d'Orange,  ôc  pour  le  temporel ,  elle  dépend  de  1  arche 
vêché  d'Arles.  Ces  archevêques  d'Arles  ayant  eu  le 
titre  de  Mont- Dragon  ,  ils  y  eurent  le  haut  domaine 
ôc  le  droit  de  battre  monnoie,  droit  dans  lequel  l'ar- 
chevêque Etienne  de  la  Garde  fut  maintenu  par  Charles 
IV,  lorsque  cet  empereur  allant  à  Rome  pafta  par  la 
Provence  ôc  confirma  la  jurisdiction  temporelle  de  ce 
prélat.  Aujourd'hui  la  terre  de  Mont  Dragon  eft  mife 
dans  les  terres  adjacentes  &  contribue  avec  elles.  * 
Longuerue,  Defcription  de  la  France  ,  p.  375. 

MONT  d'EOLE  ,  montagne  d'Italie  ,  dans  le  duché 
de  Spoléte ,  entre  la  ville  de  Terni  ôc  le  châreau  de 
San-Gemini.  C'eft  une  chaîne  de  montagnes  qui  s'étend 
d'orient  en  occident ,  l'espace  de  huit  milles.  Le  perc 
Kirker  fait  plufieurs  remarques  fur  cette  monragne  :  il 
dit  qu'elle  eft  creufe  au-dedans,&  que  les  rochers  qui 
la  compofent ,  font  remplis  de  tous  côtés  de  fentes  ôc 
de  ctevafTes ,  de  forte  qu'il  fort  de  ces  ouvertures  en 
été  des  vents  d'une  extrême  violence.  11  ajoute  que 
ceux  qui  demeurent  dans  le  bourg  de  Cefi  ,  qui  eft 
fitué  fur  le  penchant  de  cette  monragne  ,  ont  l'adrefle 
de  dispofer  des  tuyaux  à  ces  crevaHes ,  ôc  que  par  le 
moyen  de  ces  tuyaux  ils  font  aller  le  vent  dans  leurs 
caves  où  ils  rafraïchiffent  leurs  vins  ôc  leurs  eaux.  La 
chaleur  eft  excelîive  dans  la  même  faifon  vêts  cette 
montagne,  &  il  n'y  a  point  d'animaux  qui  y  puiflent 
demeurer  au  milieu  du  jour.  A  mefure  que  cette  chaleur 
augmente  ou  diminue  ,  l'impétuofité  des  vents  eft  plus 
ou  moins  violente.  Ils  ne  foufflent  que  quatre  heures 
avant  midi  ôc  autant  après  :  ils  s'appaifent  enfuite  in- 
fenfiblement ,  de  forte  qu'on  n'en  fent  aucun  pendant 
la  nuit.  La  caufe  de  ces  effets  eft  attribuée  par  le  per* 


36f 


Kirker  à  la   raréfaction  &  à  la  condenfation  de  l'air. 
On  peut  voir  dans  fou  livre  les  preuves  qu'il  en  donne. 

Le  nom  d'Eole  n'a  été  donné  à  cette  montagne  que 
par  le  père  Kirker  à  taufe  des  vents  qu'elle  produit. 
Il  a  été  fuivi  par  quelques  écrivains  qui  uni  jugé,  com- 
me lui ,  que  ce  nom  convenoit  parfaitement  à  cette 
montagne,  que  les  cartes  appellent  du  nom  de  Cefi, 
qui  lui  a  été  donné  à  caufe  du  bourg  qui  y  a  été 
bâti.  *  Mundi  fubterranei  ,  l.  2.  de  ufficio  qlubi  ter- 
rent ,  fi\  4. 

1.  MONT-FAUCON,  ville  de  France,  dans  le 
Berri.  Voyez.  Villequiers. 

2.  MONT-FAUCON  ,  lieu  de  France,  dans  la  Brie, 
élection  de  Château-Thierry.  On  fonpçonne  que  ce 
poiirroit  être  le  même  Mont  Faucon  ,  ou,  félon  Ab- 
bon,  dix-neuf  mille  Normands  furent  entièrement  dé* 
faits  par  le  roi  Eudes ,  le  jour  de  S.  Jean  889. 

3.  MONT-FAUCON  ,  lieu  de  France ,  dans  le  Bas- 
Languedoc,  recette  d  Uzès. 

4.  MONT-FAUCON,  feigneurie  de  France  dans  le 
Poitou  ,  élection  de  Châtelleraut.  Elle  appartient  aux 
religieufes  de  Notre-Dame  de  Poitiers. 

y  MONT-FAUCON  ,  petite  ville  de  France,  dans 
l'Anjou,  élection  d'Angers. 

6.  MONT-FAUCON  ,  petite  ville  de  France,  dans 
la  Gascogne  ,  recette  du  comté  de  Bigorre. 

7.  MONT-FAUCON  ,  bourg  de  France,  dans  le 
Querci ,  élection  de  Cahors. 

8.  MONT  FAUCON  EN  ARGONE ,  ville  de 
France ,  dans  la  Champagne.  Elle  a  pris  (on  nom  de 
la  monragne  fur  laquelle  elle  eft  bâtie  ,  aux  confins 
de  l'évêché  de  Verdun,  dans  l'Argone  ,  qui  étoit  autre- 
fois une  grande  forêt.  Ce  lieu  portoit  dJja  ce  nom 
fous  Dagobert  I ,  lorsque  faint  Baldticy  fonda  un  mo- 
naftere avant  le  milieu  du  feptiéme  fiécie.  Les  moines 
dans  la  fuite  furent  chaftés  de  ce  monaltcre  ,  où  il  y 
avoit  des  chanoines  ou  des  clercs  féculiers  fous  un 
abbé.  On  voit  par  une  patente  d'Arnoul,  roi  de  la  France 
orientale  ôc  empereur,  datée  de  l'an  195  ,  que  Mont- 
faucon  étoit  fous  la  jurisdiction  temporelle  de  ce  roi  > 
&  que  l'évêque  de  Verdun  en  étoit  le   maître. 

Ceci  ne  portoit  néanmoins  aucun  préjudice  à  l'ar- 
chevêque de  Rheims ,  dans  le  diocèfe  duquel  elle  étoit 
fituée  :  on  voit  feulement  qu'alors  toute  l'Argone  étoic 
du  royaume  de  Lorraine  ,  uni  à  l'empire  par  Othon  le 
Grand.  Mont-faucon  dans  l'onzième  ficelé  étoit  encore 
fous  les  empereurs  ,  les  ducs  de  Lorraine  ,  ôc  les 
comtes  de  Verdun ,  comme  on  le  voit  par  des  lettres 
de  Godefroi  au  comte  de  Verdun,  pour  empêcher  les 
vexations  que  les  Avoués  faifoient  aux  églifes  ,  entr'au- 
tres  à  celle  de  Mont-faucon.  Alors  le  nom  d'abbé 
avoit  été  changé  en  celui  de  p:evôt ,  ôc  fur  la  fin  de 
ce  fiécie  Mont-faucon  étoit  t  ncorc  in  Episcopio  ,  c'eft- 
à  dire  ,  dans  la  jurisdiction  temporelle  de  l'évêque  de 
Verdun,  comme  nous  l'apprenons  de  Laurent  de  Liège 
dans  la  chronique  de  Verdun.  Il  ajoute  que  le  duc 
Godefroi ,  dit  de  Bouillon ,  y  avoit  fait  bâtir  un  châreau 
qu'il  fit  démolir  avant  que  d'aller  à  la  Terre-fainre  , 
de  crainte  que  cette  place  ne  portât  préjudice  à  1  eglife 
de  Verdun.  Les  rois  de  France  étant  devenus  proprié- 
taires de  la  Champagne  ,  font  devenus  feigneurs  fou- 
verains  de  Mont-faucon  ,  qu'ils  ont  mis  fous  le  redore 
de  Sainte-Menehould  ,  membre  du  bailliage  de  Vitri.  * 
Longuerue  ,  Oefcr.  de  la  France ,  p.  48. 

9.  MONT-FAUCON,  gibet  fameux  en  France,  au 
nord  de  Faris ,  compofé  de  feize  piliers  ,  qu'Engrer- 
rand  de  Marigny,  furintendant  des  finances  fous  Philippe 
le  Bel,  fit  bâtir  pour  expofer  les  corps  des  criminels 
après  leur  fupplice  ,  ôc  où  il  fut  pendu  lui-même.  Une 
femblable  disgrâce  arriva  encore  à  deux  autres  furin- 
tendans,  c'eft-à-dire  à  Jean  de  Mont  Aigu  ,feigneur  de 
Marcouflïs  ,  fous  Charles  VI ,  ôc  à  Jacques  de  Beaune, 
feigneur  de  Semblançay  ,  fous  François  I.  Ce  gibet  eft 
devenu  par  li  fameux  dans  l'hifioire  :  il  eft  aujourd'hui 
presque  entièrement  ruiné.  En  1 476 ,  Laurent  Garnier 
de  Provins ,  après  avoir  demeuré  un  an  ôc  demi  arraché 
à  Mont-faucon ,  où,  nonobftant  fa  grâce,  il  avoir  été 
pendu  par  arrêt  du  parlement  pour  avoir  tué  un  collec- 
teur des  tailles,  fut  dépendu  à  la  follicitation  de  fon 
frère ,  mis  dans  un  cercueil  ôc  porté  avec  tout  l'appa- 


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MON 


MON 


icil  des  pompes  funèbres  par  la  rue  de  S.  Denys ,' 
jusqu'à  La  porte  de  S.  Antoine.  De  côté  ôc  d'autre  mar- 
choient  douze  hommes  vêtus  de  deuil  ,  les  uns  une 
torche  à  la  main ,  les  autres  un  cierge  :  devant  étoient 
quatre  crieurs  formant  de  leur  cloche  ,  tous  ponant  les 
armoiries  du  défunt  fur  le  dos  ôc  par-devant  :  enfin  , 
celui  qu'on  voyoit  à  la  tête  du  convoi  ,  crioit  à  haute 
voix  :  Bonnes  gens ,  dites  vos  patenoftres  pour  tante  du 
ftu  Laurent  Garnier  ,en  Juti  vivant  demeurant  à  Pro- 
vins ,  qu'on  a  nouvellement  trouvé  mort  fous  un  chêne  : 
dites  vos  patenoflres  ,  que  Dieu  bonne  merci  lui  faj]e.  * 
Piganiol ,  Defcription  de  la  France  ,  r.  2.  part.  1.  pag. 
300. 

MONT-FAVREY  ,  prieuré  de  France  ,  dans  le  com- 
tat  Ve naiftin  ,  au  diocèfe  de  Lyon,  &  dans  la  châtelle- 
nie  de  Chalamont. 

MONT-FELIX,  prieuré  de  Fiance,  au  diocèfe  de 
Soiflbns.  11  eft  de  l'ordre  de  S.  Auguftin,  ôc  vaut  huit 
cens  livres  de  rente. 

MONT-FERNEL ,  prieuré  de  France,  au  diocèfe 
de  Paris. 

MONT-FERRAND  ,  ville  de  France  ,  en  Auvergne, 
à  un  quart  de  lieue  de  Clermont.  C'étoit autrefois  un 
château  qui  appartenoit  aux  comtes  d'Auvergne  ,  & 
qui  étoit  alors  leur  meilleure  place  de  guerre  (a); 
c'eft  pourquoi  l'on  dit  encore  en  Auvergne,  Mont- 
Ferrand  le  Fort.  Après  la  divifion  de  l'Auvergne  entre 
les  deux  feigneurs,  le  Comte  Ôc  le  Dauphin,  Mont- 
Ferrand  vint  au  pouvoir  du  Dauphin ,  ôc  ces  feigneurs 
ne  reconnoifioient  au-deflus  d'eux  que  le  roi.  Leurs  biens 
tombèrent  par  mariage  dans  la  maifon  de  Beaujeu  ;  ôc 
ce  fut  de  Louis  de  Beaujeu  que  Philippe  le  Bel  acquit 
l'an  1292.  ,1a  ville  &  feigneune  de  Mont-Fecrand ,  qui 
avoit  quelquefois  porté  le  titre  de  comté  ,  &  qui  a  été 
réuni  à  la  couronne  avec  le  duché  d'Auvergne.  Il  y 
avoit  aunefois  une  cour  des  aides  ,  mais  Louis  XIV 
l'a  transférée  à  Clermont.  Le  collège  a  pareille- 
ment été  transféié  de  Mont  Ferrand  à  Clermont 
(Z>).  La  proximité  de  ces  deux  villes  avoit  fait  naître 
l'envie  au  maréchal  d'Efiiat  de  les  joindre  fous  le  nom 
de  Clermont-Ferrand  ;  mais  la  jalouiic  des  habicans  a 
rendu  ,  jusqu'à  piéient,  cette,, union  impomble.  Mont- 
Ferrand  n'eft  guère  aujourd'hui  connu  que  par  fon  bail- 
liage royal,  par  fon  églife  collégiale  &  par  deux  com- 
tnenderies  ,  1  une  de  l'ordre  de  Malte  ,  ôc  l'autre  de  faint 
Antoine  de  Viennois.  11  y  a  un  couvent  de  Cordeliers 
qui  fut  établi  du  tems  de  faint  François ,  pat  un  de 
fes  compagnons.  Le  bailli  de  Mont-Ferrand  eft  d'épée  : 
il  a  cinquante  livres  dégages  furie  domaine,  (a)  Lon- 
guerue  ,  Defcr.  de  la  France,  pag.  134.  (b  )  Piganiol , 
Defcr.  de  la  France  ,  t.  6.  p.  328. 

MONT. FERRAT ,  pays  d'Italie ,  borné  au  couchant, 
&  au  nord  par  le  Piémont ,  au  levant  par  le  Milanés , 
ôc  au  midi  par  l'état  de  Gènes.  Son  étendue  du  midi 
au  nord  eft  d'environ  22  lieues  communes  de  France  , 
mais  fa  largeur  eft  inégale,  &  il  n'a  guère  plus  d'une 
lieue  dans  fon  milieu  entre  l'Aftefan ,  &c  l'Alexan  ,  mais 
il  s'élargit  beaucoup  vers  le  nord  ôc  vers  le  midi ,  en- 
forte  qu'il  a  quinze  lieues  d'étendue  vers  le  nord ,  & 
1 2  à  1 3  vers  le  midi. 

On  prétend  que  la  fertilité  de  ce  pays  lui  a  donné 
fon  nom  ,  &  on  l'a  appelle  Mont-Ferrat,  comme  qui 
diroit  MonsFerax ,  c'eft  à  dire  ,  montagne  fertile.  En 
eifet  ce  pays  eft  entrecoupé  de  pluiieurs collines,  qui 
produifent  du  bled  ôc  du  vin  en  abondance. 

Le  Mont-Ferrat  a  fait  anciennement  partie  du  mar- 
quifat  d'Ivréc.  Aleram,  petit  fils  d'Anscaire  ,  marquis 
d'Ivrée ,  fut  le  premier  qui  fe  qualifia  marquis  de  Mont- 
Ferrat  ,  au  milieu  du  dixième  fiécle.  Sapofterité  poiléda 
ce  marquifat  jusqu'au  commencement  du  XIV  fiécle 
qu'il  pafia  par  femmes  dans  la  maifon  d'Andronic 
Paléologue  ,  empereur  de  Conftantinople  ,  qui  avoit 
époiifé  Iolande.maïquifede  Morr--^errat.  Jean  Geor- 
ge ,  dernier  marquis  de  Mont-Ferrat  de  la  maifon  des 
Paléologues  ,  étant  mort  fans  enfans  en  1 5  3  5 ,  Marguerite 
Paléologue.fille  de  Guillaume,fixiéme  marquis  de  Mont- 
Ferrat,  frère  aîné  de  Jean  George,  porta  fes  droits  fur  ce 
marquifat  à  Frédéric  de  Goiïzague  ,  duc  de  Mantoue ,  fon 
mari ,  dont  les  descendans  fe  qualifièrent  ducs  de 
Mont-Ferrat  à  caufe  de  l'érection  de  ce  marquifat  en 


duché  faite  en  1573.  Les  ducs  de  Savoye  disputèrent 
ce  duché  aux  ducs  de  Mantoue ,  ôc  après  une  longue 
guerre  ,  ils  convinrent  enfin  de  partager  le  Mont-Ferrat 
par  le  traite  de  Cherasco  de  l'an  1631.  La  partie 
orientale  ,  où  font  Cafal  &  Acqui  ,  demeura  au  duc  de 
Mantoue  ,  ôc  l'occidentale  avec  les  villes  de  Trm  ôc 
d'Albe  au  duc  de  Savoye.  Ferdinand  Charles,  duc  de 
Mantoue  ,  ayant  embraiîé  les  intérêts  de  ia  France  , 
durant  la  guerre  qui  s'éleva  au  commencement  de  ce 
fiécle  pour  la  fucceffion  d'Espagne  ,  l'empereur  con- 
fisqua les  domaines  fous  prétexte  de  félonie  ,  cV  le  duc 
de  Mantoue  étant  mort  en  1708,  l'empereur  dispofa 
de  la  partie  du  Mont-Ferrat  qui  lui  appartenoit  en 
faveur  du  duc  de  Savoye ,  a  qui  elle  eft  re/tée  par  le 
traité  d'Utiecht  de  I'ani7i3  ,  enforte  que  le  duc  de 
Savoye  pofkde  depuis   tout  le  Mont  ferrât. 

Ce  fertile  pays  eft  partagé  en  haut    ôc  bas,  ôc  con- 
tient 200  villes,  bourgs  ou  villages. 

Les  principaux  lieux  lont 


Haut  Mont-Ferrat, 
Calai ,  ôc  Trin , 


Bas  Mont-Ferrat, 
Aibe ,  ôc    Acqui. 


MONT-FLEUR  DE  PROPEY  ,  en  latin  Momis- 
Floris  Abbatia ,  abbaye  de  France,  au  diocefe  de  Va- 
lence. C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  S. 
Auguftin. 

MONT-FLEURY  ,  prieuré  de  France ,  au  diocèfe 
de  Grenoble,  ôc  à  deux  lieues  de  la  ville  de  ce  nom  , 
fur  le  chemin  de  la  grande  Chartreufe.  CVft  une  mai- 
fon de  filles  religieufes  de  l'ordre  de  faint  Domini- 
que, toutes  de  qualité,  ôc  qui  ne  font  point  fujettes  à 
la  clôture.  Ce  monaùerefut  fondé  l'an  1342  ,  par  Hum- 
bert,  dauphin. 

MONT  DE  LA  FOURCHE  ,  montagne  de  la  Suis- 
fe ,  dans  le  Haut-Vailais ,  au  département  de  Goms. 
C^uand  on  va  du  canton  dUri  dans  le  Vallais,  il  faut 
traverfer  le  mont  de  la  Fourche ,  qui  eft  une  chaîne 
de  montagnes  très- hautes  ôc  très-etendues,  ainlî  ap- 
pellée ,  à  caufe  de  deux  grandes  pointes  fort  élevées 
en  façon  de  fourche.  C'eft  dans  cette  montagne  qu'on 
trouve  la  foutee  du  Rhône,  dans  les  glacières  éternel- 
les dont  elle  eft  couverte.  Au  pied  de  cetee  montagne 
ôc  dans  l'extrémité  la  plus  reculée  du  Haut-Vallais  , 
on  voit'  deux  villages  aux  deux  bords  du  Rhône;  fa- 
voir  ,  Underuafen  ôc  Oberxvald.  Les  habirans  tirent 
toute  leur  fubhlîance  des  beftiaux.  qu'ils  élèvent.  *  Etat 
&  Délices  de  la  Suijfe  ,  t.  4.  p.  170. 

MONT-FRAULT,  château  de  France,  au  Blefois; 
dans  la  forêt  de  Boulogne,  à  une  lieue  ou  environ 
du  château  de  Chambord.  On  croit  qu'originairement 
ce  lieu  étoit  une  maifon  royale.  La  tradition  du  pays 
veut  que  c'ait  été  la  demeure  de  la  maitreffe  de  quel- 
qu'un des  comtes  de  Blois.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la 
France,  r.  6.  p.   135. 

MONT-GAAS  (  Le) ,  dans  la  tribu  d'Ephraïm.  Voyez. 

Gaas. 

1.  MONT-GAILLARD ,  petite  ville  de  France,  dans 
le  Haut-Languedoc,  dans  le  duché  d'Aiguillon, recette 
de  Touloufe  ,  fur  une  montagne 

2.  MONT-GAILLARD,  bois  de  Frauce ,  dans  la 
maîtrife  des  •  eaux  ôc  forêts  de  Pamiers.  Il  eft  de  trois 
cens  trente-cinq  arpens  ôc  feize  perches. 

MONT  DE  GALAAD  (  Le  ) ,  au-delà  du  Jourdain. 
Voyez,  Gala  ad. 

MONT-GANELON  (Le),  montagne  de  France, 
dans  le  Beauvaifis ,  près  de  Compiegne ,  entre  les  ri- 
vières d'Oife  ôc  d'Aronde ,  ôc  à  leur  jonction.  On  voie 
encore  fur  cette  montagne  un  fort  ou  ancien  château 
tout  en  ruines ,  que  ceux  du  pays  difent  avoir  fubfiflé 
du  tems  de  Charlemagne.  Ils  ajoutent  qu'il  a  fervi  de 
retraite  ou  d'afyle  au  traître  Ganelon,  dont  il  eft  parlé 
dans  nos  anciens  romans.  *  Piganiol ,  Defcr.dc  la  Fran- 
ce ,  r.  3.  p.  ;6. 

MONT  DE  LA  GARDE ,  pèlerinage  célèbre ,  en 
Italie  ,  à  une  lieue  de  Bologne.  En  forçant  de  cette 
ville  on  fait  les  deux  tiers  du  chemin  dans  une  pfiine 
unie  ôc  agréable ,  ôc  le  refte  en  montant  le  Mont  de 
la  Garde ,  au  fommet  duquel  il  y  a  une  églife  ÔC  un 
monaftere  de  religieufes  de  faint  Dominique.  On  y  con- 


MON 


MON 


ferve  un  tableau  de  la  fainte  Vierge,  que  l'on  croit 
avoir  été  peint  par  faint  Luc.  On  le  va  chercher  pro- 
ceffionnellement  toutes  les  années  :  on  le  porte  dans 
l'églife  de  faint  Pétrone  de  Bologne,  où  l'on  fait  une 
octave  folemnelle ,  en  exécution  d'un  vœu  que  la  ville 
fit,  il  y  a  pluficurs  fiécies  ,à  la  fainte  Vierge,  dans  le 
tems  d'une  perte  furieufe,  qui  ravageoit  tout  le  pays, 
&  dont  la  ville  fut  délivrée. 

Rien  n'ert  plus  commode  pour  les  gens  de  pied  qui 
vont  vifiter  la  fainte  image,  que  les  portiques  que  l'un 
a  bâtis  le  long  du  chemin  ,  &  qui  mettent  à  couver*  du 
foleil  Ôc  de  la  pluie.  On  e(t  redevable  de  cet  ouvrage 
à  quelques  perfonnes  de  piété.  L'allée  a  dix-huit  à  vingt 
pieds  de  large  :  elle  eft  fermée  par  un  bon  mur  plein 
du  côté  de  la  campagne,  ôc  ouverte  du  côté  du  grand 
chemin  par  les  arcades  de  dix  pieds  de  largeur ,  ôc 
d'environ  dix- huit  de  hauteur  fous  clef,  formées  par 
de  gros  pilartres  carrés  de  quatre  pieds  de  largeur,  fur 
deux  pieds  &  demi  d'épaifieur.  Cette  longue  allée  de 
cloître  eft  toute  voûtée  de  briques,  avec  un  maffifau- 
dertus  couvert  de  tuiles  maçonnées.  La  plupart  de  ceux 
qui  ont  fait  travailler  à  cet  ouvrage  ont  fait  mettre 
leurs  armes  dans  les  lunettes.  Ce  travail  étoit  fini  en 
1706.  Depuis  on  a  coupé  un  chemin  dans  la  pente  de 
la  montagne ,  &  on  a  entrepris  d'y  continuer  les  ar- 
cades. *  Labat ,  Voyage  d'Italie,  tom.  2.  pag.  194.  ôc 
fuiv. 

MONT-GARIZIM  (  Le) ,  où  étoit  le  temple  des  Sa- 
maritains. Voyez.  Garizim. 

MONT-GAUGIER,  marquifat  en  France,  dans  la 
Touraine  ,  près  de  S.  Epin.  Il  y  a  un  beau  château  ôc  un 
couvent  de  Minimes. 

MONT-GAY  ,  prieuré  en  France,  au  diocèfe  de 
Paris.  Son  revenu  eft  de  huit  cens  cinquante  liv. 

MONT  DE  GELBOÉ  (Le  )  ,  dans  la  Palertine  ,  au 
mini  de  la  vallée  de  Jczra'él.  Voyez.  GelboÉ. 

MONT-GÎBEL.  Voyez.  /Etna  &  Gibel. 

MONT-GIRAULT,  prieuré  en  France,  au  diocefe 
de  Bourges,  au  voifinaged'Iffoudun. 

MONT-GISCAR,  ville  de  France,  dans  le  Haut- 
Languedoc  ,  recette  de  Touloufe  ,  dont  elle  n'ert  éloi- 
gnée que  de  trois  lieues.  La  plus  grande  partie  de  cette 
petite  ville  fut  détruite  en  izii,  par  Raimond  le 
Vieux,  comte  Touloufe,  pourl  inimitié  qu'il  portoit  à 
Martre  de  Belleveze ,  feigneur  de  ce  lieu. 

MONT-GOSIER,  petite  ville  de  France,  dans  la 
Touraine,  fur  un  ruirteau  ,  dans  l'élection  de  Chinon. 
Elle  a  été  érigée  en  marquifat 

MONT  -  HEBAL  (  Le  ) ,  voifin  de  Garizim.  Voyez. 
Heeal.  _ 

MONT  DE  FIÉRE  ,  bois  de  France ,  dans  la  maî- 
trife  de  Ealaife.  11  eft  d'onze  cens  cinquante  -  fix  ar- 
pens. 

MONT-HERMON  (  Le  ) ,  au-delà  du  Jourdain  , 
près  du  Liban. 

MONT-HOR  (Le  ) ,  dans  l'Idumée.  Voyez.  Hor. 

MONT-HOREB(  Le  ) ,  près  de  Sinaï ,  dans  l'Arabie 
Pétrée.  Voyez.  Houeb. 

MONT-HOUDON  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Mai- 
ne ,  élection  du  Mans. 

MONT-HUL1N.  Kgtffefimix, 

MONT-JAN  ,  prieuré  en  France  ,  dans  l'Anjou  :  il 
dépend  de  Marmoutier. 

M  ONT- JOUET  ,  forterefie  du  Piémont  ,  dans  le 
Val  d'Aorte  ,  au  nord  occidental  de  Tilly  ,  &  au  midi 
oriental  de  Saint  Vincent  ,  à  quelque  dirtance  au  fepten- 
nion  de  la  rivière  de  Doria-  Baltea.  Le  théâtre  de 
Piémont  &  Savoye  nous  apprend  que  Mont- Jouï  (car 
c'eft  ainfi  qu'il  eft  écrit  )  eft  un  des  quatre  Mandemens 
du  Val  d'Aorte ,  ôc  remarquable  par  un  grand  chemin 
qui  parte  au-deffus  d'une  montagne  très  rude,  ôc  pavé 
autrefois  par  les  Romains.  *  Del'I/îe  ,  Atlas. 

MONT-JOUY  ,  ou  Mont-Ivic  ,  montagne  du  royau- 
me  d  Espagne  ,  dans  la  Catalogne  ,  près  de  Barcelone. 
C'eftune  espèce  de  promontoire  élevé  qui  s'avance  dans 
la  mer  ,  ôc  au  pied  duquel  on  a  conrtruit  un  petit  ou- 
vrage carré  muni  de  canons.  Ce  Mont-Jouy  ,  dont  le 
nom  vient ,  félon  quelques-uns  de  Mons-Jovis ,  &  félon 
d'autres  de  Mcns-Jttdxtts,  comme  fi  l'on  difoit  Mont- 
Jui[\  ce  mont ,  dis- je ,  s'élève  dans  le  milieu  de  la  plaine 


3^7 

rout  près  de  la  ville  de  Barcelone  au  couchant ,  &  eft 
couvert  d'une  bonne  forterefie  qu'on  y  a  bâtie  pour  la 
détenfc  de  la  ville.  On  a  de  cet  endroit  une  vue  fort 
étendue  fur  la  mer,  ôc  d'abord  que  les  fentinelles  ap- 
perçoivent  des  vaifteaux  ennemis,  ils  arborent  un  pa- 
villon rouge,  pour  avertir  ceux  de  la  ville,  ôc  ils  allu- 
ment autant  de  feux  qu'ils  voient  de  vairtcaux.  Cette 
montagne  elt  presque  toute  de  rocher,  ôc  l'on  y  a  une 
carrière  inépuilable  d'une  pierre  fort  belle  ce  fort  dure. 
*  Délices  de  Portugal ,  p.  60  J . 

MONT-JOY  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Haut-Lan- 
guedoc, recette  de  Touloufe ,  environ  à  trois  lieues  de 
cette  ville.  Il  y  a  dans  ce  bourg  un  château. 

i.MONT-JULE,  ou  Alpes- Juliennes  ,  en  alle- 
mand Jitlier-Bcrg.  On  donne  ce  nom  à  toute  cette 
étendue  de  montagnes ,  qui  eft  au  pays  des  Grifons , 
dans  la  baffe  Engadine ,  aux  environs  de  la  fource  de 
llnn i  ce  qui  comprend  trois  montagnes  ,  l'avoir  ,  Ma- 
loyen  ou  Malœgien  ,  Septimerberg  ou  Septmerberg  ôc 
le  mont  Jule  proprement  dit.  *  Ddices  de  la  Suijjé  , 
r.  4.  p.  s 8- 

2.  MONT-JULE  (  Le  ) ,  proprement  dit ,  veft  au  nord 
des  deux  autres  montagnes ,  Se  porte  le  nom  de  Jule 
ou  d'Alpes  Juliennes.  On  croit  qu'elle  le  tient  de  Jule 
Céfar,  ou  de  l'empereur  Augurte  ,  qui  prit  auiîilenom 
de  Jule ,  après  avoir  été  adopté  par  fon  grand  oncle. 
L'un  ou  l'autre  de  ces  princes  a  fait  une  expédition 
militaire  dans  ces  montagnes ,  &  y  a  laiffé  un  monu- 
ment de  fa  marche.  Ce  font  deux  colomnes  de  pierres, 
travaillées  grofliérement ,  fans  piédeftal  ni  chapiteau , 
plantées  aux  deux  côtés  du  grand  chemin.  Leur  hau- 
teur hors  de  terre  eft  de  quatre  pieds  ôc  quelques 
pouces  ;  leur  circonférence  eft  de  cinq  ,  ôc  la  dirtance 
de  l'une  à  l'autre  eft  de  quatre  verges  ôc  quatre  pieds. 
On  dit  qu'il  y  avoit  à  chacune  une  infeription  romai- 
ne, l'une  portant  :  Hue  usque  non  ultra;  ôc  l'autre 
avec  ces  mots  :  Omitto  Rhetos  indomitos  ;  mais  on 
ne  voit  aujourd'hui  aucune  trace  dmicription.  En  fup- 
pofant  le  fait  ,  il  conviendroit  de  dire  que  les  neiges 
le  froid  &  la  bife  auroient  charte  l'armée  Romaine  ôc 
contraint  ces  fiers  conquérans  de  retourner  fur  leurs 
pas.  En  effet,  le  froid  elt  tel,  même  au  fort  de  l'été, 
lorsque  le  vent  du  nord  fouffle  ,  que  dans  la  vallée 
voifinc  il  gèle  quelquefois  de  l'épaifleur  d'un  doigt.  Le 
dertus  de  ces  colomnes  ert  plat  &  percé  ;  ce  qui  fâic 
conjecturer  qu'il  y  avoit  autrefois  un  chapiteau  ou  quel- 
que ftatue,  A  une  petite  dirtance  de  ces  colomnes ,  fur 
le  fommet  de  la  montagne,  il  y  a  un  petit  lac  qu'on 
appelle  le  Lac  de  Jule.  Il  en  fort  une  petite  rivière 
qui  descend  dans  l'Engadine  Ôc  coule  près  de  Silva 
Plana. 

MONT   DE    JUPITER.    Voyez.  Mont  de  Saint 
Bernard. 

MONT-LIBAN  (  Le  ).  Voyez.  Liban. 

MONT-LHERI ,  ou  Mont-Leheri  ,  petite  ville  de 
l'Irte  de  France  ,  élection  de  Paris ,  dont  elle  eft  éloignée 
de  fix  lieues  ,  fur  une  petite  colline  ,  à  trois  de  Cor- 
beil.  Son  ancien  nom  latin  eft  Mons  Letherici  (a),  cor- 
rompu dès  le  douzième  ficelé  en  Mons  Leberici  ou  Li~ 
béni.  Elle  a  pris  fon  nom  de  fon  fondateur.  Thibaut , 
furnommé  Fil  d'Etoupe ,  foreftier  du  roi  Robert ,  fir 
bâtir  un  fort  château  à  Mont-Lheri  ;  ce  Thibaut, 
(  b  )  premier  baron  de  Montmorenci ,  donna  commen* 
cernent  à  cette  branche  de  la  maifon  de  Montmorenci. 
Ses  fuçcefleurs  jouirent  de  ce  château  durant  cent  ans. 
Milon ,  feigneur  de  Mont-Lheri,  eut  un  fils,  nommé 
Gui  Trouffel ,  dont  la  fille  unique  héritière,  appelles 
Elifabeth  ,  époufa  Philippe ,  comte  de  Maure,  fils  de 
Philippe  I  ,  &  de  Bertrade  de  Montforr.  Ce  comte 
Philippe,  s'étant  révolté  contre  fon  frère  Louis  le  Gros 
ce  roi  afliégea  ,  prit  Ôc  ruina  le  château  de  Mont-Lhe- 
ri ,  excepté  une  tour  qui  fubfirte  encore  aujourd'hui  : 
enfuitc  Mont-Lheri  qui  avoit  été  confisqué  ,  fut  réuni  à 
la  couronne.  L'évéque  de  Paris  y  avoir  un  fief,  ôc  des 
particuliers  y  avoient  auiîi  des  portions  du  domaine  & 
des  rentes,  qui  ont  été  acquifes  par  plafieurs  rois.  Il 
fe  donna  à  Mont-Lheri  une  fanglante  baraille  le  16  de 
Juillet  1465  ,  entre  le  roi  Louis  XI,  &  Charles  de 
France  ,  duc  de  Berri  fon  frère  ,  dont  les  ducs  de  Bour- 
gogne ,  de  Bc^ague  &   divers   feigneurs  fuivoient  le 


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MON 


MON 


parti.  Mont-Lheri  a  tirre  de  comté, de  prévôté  8c  de 
châtellenie.  11  fut  aliéné  en  faveur  du  cardinal  de  Ri- 
chelieu ,  de  qui  Louis  XIII  le  retira ,  8c  l'unit  au  duché 
de  Chartres ,  qu'il  avoit  donné  en  appanage  à  Galton 
Jean-Baptittede  France, fon  frère,  duc  d'Orléans.  Enfin, 
le  domaine  de  Mont-Lheri  fut  engagé  à  M.  Phelippeaux , 
confeillcr  d'état ,  par  les  commiflaires  du  roi  le  1 8  de 
Juillet  1696.  Il  eft  aujourd'hui  à  M.  lecomtede  Noailles. 
(a)  Longuerue  ,  Defc.  delaFrance,  p. 26.  (h  ) Figamol, 
Defc.de  la  France,  t.  3.  p.  104. 

MONT-LOIS,  en  latin  Mons  Laudiacus  ;  bourg  de 
France  ,  dans  la  Touraine ,  à  trois  lieues  de  Tours , 
entre  la  Loire  8c  le  Cher.  Il  eft  connu  dans  l'hifloire  de 
France  par  le  fameux  traité  de  paix  qui  y  fut  conclu 
le  lendemain  de  la  faint  Michel  de  l'an  1144,  entre  le 
loi  Louis  VII ,  Henri  II ,  roi  d'Angleterre  8c  fes  en- 
fans  ,  qui  furent  réconciliés  avec  leur  père  par  l'entre- 
roife  du  roi  de  France.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France  , 
t.  6.  p.   51. 

1.  MONT-LOUIS  ,  ville  de  France ,  dans  les  Monts- 
Pyrénées  ,  à  la  droite  du  col  de  la  Perche ,  fur  la  hau- 
teur qui  domine  le  pont  de  la  Tet ,  &  qui  fait  la  fepa- 
ration  de  la  Cerdagne  8c  du  Confient.  Elle  fut  bâtie 
en  1681  ,  par  Louis  le  Grand.  De  tant  de  villes  que  ce 
prince  a  fait  bâtir  ou  fortifier ,  Mont-Louis  ne  partage 
•l'honneur  de  porter  fon  nom ,  qu'avec  Saar-Louis.  Tout 
a  contribué  à  la  perfection  de  Mont-Louis  ;  un  terrein 
favorable,  une  fituation  avantageufe  fur  un  roc  escar- 
pé ,  8c  tout  dispofé  pour  faire  une  place  forte.  La 
ville  eft  petite,  &  on  n'y  compte  que  huit  ruesj  mais 
toutes  régulières ,  bien  percées  8c  tirées  au  cordeau. 
La  place  publique  eft  petire  &  régulière.  Il  y  en  a  en- 
core une  autre  qui  n'eft  pas  plus  grande ,  mais  dont  la 
forme  eft  triangulaire.  Les  maifons  font  toutes  d'une 
égale  fymmétrie  8c  d'une  bonne  confiruction.  Les  ca- 
féines font  folides ,  commodes  8c  bien  bâties  ;  8c  I'é- 
glife  eft  fort  jolie.  La  fituation  de  cette  ville  &  la 
qualité  du  terroir  ont  rendu  les  eaux  très-difficiles  à 
découvrir  :  on  a  pourtant  pratiqué  un  puits  public  ,  dont 
l'eau  eft  excellente.  L'esplanade  qui  eft  entre  la  ville 
Se  la  citadelle  eft  des  plus  vaftes  8c  des  mieux  dispofées. 
L'enceinte  de  la  ville  eft  d'une  forme  allez  irrégu'ierc , 
6c  cette  irrégularité  a  été  une  fuite  inévitable  de  fa  fi- 
tuation ,  fur  un  terrein  de  roc.  Les  fortifications  con- 
fiftent  en  trois  bâfrions  8c  en  deux  grandes  lignes  de 
communication.  Le  parapet  règne  autour  de  la  place  , 
comme  par  -  tout  ailleurs ,  8c  ferme  les  battions.  Les 
deux  fronts  que  forme  l'enceinte  font  couverts  chacun 
d'une  demi-lune  ;  celle  qui  couvre  la  porte,  eft  à  flancs 
&  fort  grande;  l'autre  eft  triangulaire  &  d'une  moyenne 
grandeur.  Tous  ces  ouvrages  font  enfermés  d'un  fofie , 
excepté  la  communication  du  côté  où  le  roc  eft  es- 
carpé 8c  inacceflible,  où  il  n'a  pas  été  néceflaire  de 
faire  un  fofle  d'une  largeur  ordinaire  ,  parce  que  la 
défenfe  en  étoit  toute  naturelle.  Le  fofie  eft  accompagné 
d'un  chemin  couvert ,  de  traverfes ,  de  places  d'armes 
£c  de  glacis. 

La  citadelle  de  Mont-Louis  eft  belle  &  bonne.  On 
y  entre  du  côté  de  la  ville  par  une  porte  ,  vis-à  vis  de 
celle  de  fccours,  qui  eft  du  côté  de  la  campagne.  Les 
dedans  font  plus  remplis  de  bâtimens  que  les  autres 
citadelles.  Parmi  ces  bâtimens ,  on  remarque  de  grands 
corps  de  cafernes  bien  bâtis ,  qui  régnent  tout  autour 
àcs  remparts.  On  admire  les  magazins  qui  font  beaux 
ôc  vaftes,  ainfi  que  l'arfenal  &  la  maifon  du  gouver- 
neur ,  qui  eft  à  un  des  angles  de  la  place.  La  place 
d'armes  qui  eft  fpacieufe,  belle  8c  régulière,  occupe 
environ  .la  fixiéme  partie  du  dedans  de  la  citadelle.  L'en- 
ceinte eft  compofée  de  quatre  baftions ,  qui  forment 
autant  de  fronts-,  mais  celui  qui  eft  du  côté  de  l'es- 
carpement du  roc,  a  les  flancs  droits  &  très- petits,  fans 
orillons  &  fans  fofie  ,  n'ayant  qu'un  fimple  chemin  cou- 
vert avec  une  grande  place  d'armes ,  qui  en  occupe 
le  milieu,  &  qui  eft  flanquée  de  deux  traverfes.  Il 
n'y  a  pas  non  plus  d'autres  glacis  que  l'escarpement  du  ro- 
cher. Les  trois  aunes  battions  accefllbles  font  couverts 
chacun  d'une  demi-lune  à  flancs  ;  8c  deux  de  ces  demi- 
lunes  n'ont  point  de  fofie.  Le  tout  eft  enveloppé  d'un 
fofie ,  dans  lequel  ctt  ,  à  l'angle  flanqué  d'un  des  ba- 
sions une  contregarde  ;  8c  le  fofie  eft  accompagné  d'un 


chemin  couvert ,  avec  fes  places  d'armes  &  un  très-grand 
glacis.  Toutes  ces  fortifications  font  du  maréchal  de 
Vauban. 

2.  MONT-LOUIS  ,  maifon  de  campagne  en  France 
au  voifinage  de  Paris  (  a  )  ,  au-deflus  du  rauxbourg  faint 
Antoine  ,  fur  le  chemin  de  Paris  à  Meaux  ;  elle  eft 
fituée  à  mi-côté  d'une  colline,  &  fut  donnée  par  Louis 
le  Grand  au  père  de  la  Chaife,  fon  confeffeur.  C'eft 
dans  cette  maifon  que  ce  père  alloit  fe  recueillir  dans 
les  momens  de  loifir  que  lui  laifibient  la  direction  de 
la  confeience  du  roi  8c  les  affaires  ecclcfiafiiques  dont 
il  étoit  chargé.  Après  fa  mort  cette  maifon  pafla  aux 
Jéfuites  de  la  rue  Saint  Antoine.  Elle  a  été  vendue  de- 
puis quelques  années  à  un  particulier,  (a)  Piganiol, 
Defc.  de  la  Fiance  ,  t.  2.  p.  352. 

3.  MONT -LOUIS  ,  bourg  de  France,  dans  la  Tou- 
raine   Voyez,  Mont-Lois. 

4.  MONT  LOUIS,  colonie  françoife  ,  dans  l'Amé- 
rique fepuntrionale  ,  au  Canada  piopre,  a  la  bai. de 
du  fud  du  fleuve  de  S.  Laurent  vers  fon  embouchue, 
au  bord  d'une  rivière. 

MONT-LUÇON  ,  ville  de  France  ,  8c  la  féconde 
du  Bourbonnois.  Elle  elt  fituée  fur  le  penchant  d'un 
coteau  qui  s'étend  jusqu'à  la  rivière  de  Cher,  laquelle 
baigne  un  de  fes  quatre  fauxbourgs  ,  &  coule  fous  un 
pont  de  pierre  de  cinq  arches.  Cette  ville  etoit  autre- 
fois du  Berri  ,  &  même  de  cette  partie  qui  obeiiloic 
aux  rois  d'Angleterre ,  ducs  de  Guienne.  Elle  fut  prife 
par  Philippe  Augufte  l'an  11 88  .avec  le  château  de 
Paluau  ,  aufli  en  Berri.  Néanmoins  la  propriété  de 
Mont-Luçon  demeura  à  fes  feigneurs  qui  croient  de 
l'ancienne  maifon  de  Bourbon  ,  descendais  tic  Géraud 
qui  fut  feigneur  de  Mont  Luçon ,  fous  le  règne  du  roi 
Robert  en  1028.  Il  eut  un  fils,  nommé  Guillaume, 
dont  descendoit  par  mâles  Jean  de  Bourbon  ,  feigneur 
de  Mont-Luçon,  mort  fans  enfans  l'an  1289,  enfuitc 
cette  feigneurie  fut  unie  à  celle  de  Bourbon.  La  ville 
de  Mont-Luçon  eft  fermée  de  murailles,  défendue  de 
diftance  en  diftance  par  quatre  tours  rondes.  On  n'y 
compte  guère  que  trois  mille  perfonnes.  11  y  a  Une 
égliie  collégiale  fondée  par  les  ducs  de  Bouibonnois  : 
deux  paroifiès  ,  un  couvent  de  Cordeliers ,  un  de  Ca- 
pucins,  un  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  un  d'Urfu- 
lines  8c  un  hôpital  ou  hôtel-Dieu  ,  deflervi  par  des  iœurs 
Grifes.  C'ett  un  pays  de  bonne  chère  ,  8c  l'on  vante  fur- 
tout  le  veau  de  Mont-Luçon.  Il  y  a  aux  environs  beau- 
coup de  vignes,  dont  le  vin  eft  pourtant  d afiez  petite 
qualité.  11  fe  tient  dans  la  ville  deux  marchés  par  fe- 
maine  ,  8c  fept  foires  par  an.  *  Mémoires  divers. 

MONT-LUEL  en  latin  Mons  Lupellus  ,  ou  Mons 
Lupelli ,  ville  de  France,  dans  la  Biefle  ,  à  quelque 
diftance  du  Rhône  ,  à  trois  lieues  de  Lyon  dans  un 
pays  fertile,  8c  dans  une  fituation  agréable.  Elle  eft 
le  principal  lieu  du  territoire  nommé  la  Valbonne.  Ce 
n'éroit  d'abord  qu'un  château  qui  avoir  fon  feigneur 
nommé  Humbert  l'an  1096.  Deux  fiécles  après  ou 
environ ,  un  autre  Humbert  érigea  la  bourgade  de  Mont- 
Luelen  ville  l'an  1276,  8c  pour  la  peupler  plus  aifé- 
ment ,  il  déclara  que  ceux  qui  viendroient  l'habiter , 
feroient  exemts  de  tailles  8c  tributs.  Jean ,  petit-fils 
d'Humbert ,  n'ayant  point  d'enfans ,  donna  cette  feigneu- 
rie à  Humbert  de  la  Tour  du  Pin ,  dauphin  de  Vien- 
nois. Son  fils  Guigues  ,  dauphin  ,  confirma  les  privilè- 
ges de  Mont-Luel  par  fes  lettres  du  18  Mars  13 28  ou 
1329.  Humbert,  dernier  dauphin  de  la  maifon  de  la 
Tour  du  Pin  ,  donna  à  la  France  tous  fes  états,  8c 
même  les  feigneuries  de  la  Tour  du  Pin  8c  de  Mont- 
Luel  ,  avec  la  Valbonne,  l'an  1343.  Les  princes  de 
France  ne  furent  pas  long-tems  en  pofieflion  de  Mont- 
Luel  ,  de  la  Valbonne  ,  &  d'autres  ren  es  que  les  Dau- 
phins avoient  poiTédées  dans  la  Brefie  8c  le  Bugey  ;  car 
en  1354,  le  roi  Jean  8c  fon  fils  Charles,  dauphin  de 
Viennois,  cédèrent  Mont-Luel,  ta  Valbonne  8c  le 
rette  des  terres  de  Bugey  à  Amé  IV  ,  comte  de  Savove  , 
en  échange  de  quelques  terres  enclavées  dans  le  Dau- 
phiné.  Les  princes  de  Savove  ont  été  en  poflcflïon  de 
ces  terres  de  Brefie  8c  de  Bugey  jusqu'à  l'échange  de 
ces  pavs  avec  le  marquifat  de  Saluées  ,  fait  l'an  1601  , 
entre  Henri  IV,  roi  de  France,  8c  Charles  Emmanuel  , 
duc  de  Savove.  *  Longueriie ,  Defc.  delà  France  ,p.  298. 

Depuis 


MON 


Depuis  l'union  de  la  Brefle  à  la  France,  Louis  XIII 
a  cède  Mont-Luel  avec  la  baronnie  de  Gcx ,  en  échange 
du  Châceau-Chinon ,  à  Henri  de  Bourbon  ,  prince  de 
Condé  ,  qui  a  lai/Té  ces  domaines  à  (es  descendais. 

Cette  ville  eft  presque  ronde ,  ayant  deux  cens  cin- 
quante toiles  de  long,  deux  cens  quarante-deux  de 
large ,  &  fept  cens  quatre-vingt  de  circuit.  La  petite 
rivière  de  Seraine,  qui  fe  partage  en  deux,  traverié  la 
ville  du  levant  au  couchant.  On  voit  un  pont  de  pierre 
fur  le  bras  le  plus  conlïdérable.  On  compte  trois  paroifTes 
dans  Mont-Luel  ;  faint  Etienne ,  faune  Barbe  ,  faim 
Barthclemi  Se  Notre-Dame  de  Marcs.  Cette  dernière 
fut  érigée  en  collégiale  l'an  1/30.  Il  y  a  dans  cette 
ville  des  Auguftjns  Se  des  fille  s  de  la  Viiltation.  L'hô- 
pi.al  n'a  au  plus  que  ilx  cens  livres  de  revenu.  Les 
officiers  de  la  châtellenie  royale  font  nommés  par  le 
feigneur  ;  Se  les  appellations  de  leurs  fentences  fe  relè- 
vent au  préfidial  de  Bourg.  Il  y  a  auiiî  un  petit  collège 
compofé  d'un  principal  Se  d'un  régent ,  dont  l'entretien 
fe  prend  far  le  revenu  patrimonial  de  la  ville,  qui 
confnte  en  un  droit  qui  fe  levé  fur  le  vin.  Mont-Luel 
a  environ  quatre  cens  feux  Se  feize  cens  habitans. 
Comme  la  plupart  des  marchandifes  qu'on  porte  des 
pays  étrangers  à  Lyon  ,paiïent  par  Mont-Luel,  on  y  a 
établi  une  douane.  Il  y  a  auili  un  grenier  à  fçl ,  dont  la 
chambre,  qui  eft  à  Péroge  ,  dépend. 

MONT  MAJOR,  ou  Mont-Majour  ,  Morts-Ma- 
jor ,  abbaye  d'hommes ,  en  France ,  de  l'ordre  de  S. 
Benoit ,  en  Provence ,  au  diocèfe ,  Se  à  une  lieue  d'Arles , 
fur  une  petite  éminence.  Quelques-uns  rapportent  fa 
fondation  à  faint  Trophime  ,  apôtre  Se  premier  évêque 
d'Arles  ,  ou  à  faint  Hilaire,  évéque  de  ce  même  fiégej 
Se  d'autres  ont  prétendu  que  cette  abbaye  avoit  été 
rétablie  premièrement  par  Childebert,  fils  du  grand  Clo- 
vis  -,  &  en  fécond  lieu  par  Charlemagne,  après  les  ravages 
des  Sarrazins  ;  mais  fon  établilTement  n'elt  point  antérieur 
au  dixième  fiécle.  Ce  fut  vers  le  milieu  de  ce  lîccle 
qu'une  dame,  nommée  Teucinde,  ayant  acquis  le  Mont- 
Major  par  échange  fait  avec  Manaflès ,  archevêque  d'Ar- 
les ,  Se  le  prévôt  de  fon  églife  ,  qui  étoit  alors  Gautier  , 
évêque  de  Fréjus  ,  donna  ce  lieu  à  quelques  hermites 
qui  s'étoient  retirés  aux  environs  de  la  grotte  ,  où  l'on 
die  que  S.  Trophime  avoit  coutume  de  prendre  fon 
repos ,  Se  de  fe  délafiér  des  travaux  de  l'épiscopat. 
L'abbé  Mauringc ,  qui  écoit  le  chef  de  tous  ces  folitaires , 
les  rafîembla  dans  cet  endroit ,  qui  fut  mis  fous  l'in- 
vocation de  la  fainte  Vierge  Se  de  faint  Pierre  ,  le  prince 
des  Apôtres.  L'acte  authentique  en  fut  pafTé  a  Arles , 
l'an  de  Jesus-Christ  974  ,  le  13  des  Calendes  de  Sep- 
tembre ,  la  3  8  année  du  règne  de  l'empereur  Con- 
rad. 

On  appelle  ce  lieu  Mont-Major  ,  parce  que  c'ell 
la  plus  longue  montagne  Se  la  plus  étendue  de  toutes 
celles  qui  s'élèvent  dans  cette  plaine  marécageufe.  Comme 
les  lacs  des  environs  ne  fe  dégorgent  plus  dans  le 
Rhône  auflî  librement  qu'autrefois ,  l'air  des  environs 
de  Mont-Major  elt  mal  fain.  Les  eaux  croupies ,  qui  en- 
vironnent cette  abbaye,  le  rendent  fi  mauvais  en  été, 
que  les  moines  font  contraints  d'abandonner  leur  de- 
meure dans  cette  faifon.  Ils  fe  retirent  dans  un  hospice 
qu'ils  ont  à  Arles.  *  Longuerue  ,  Defc.  de  la  France , 
pag.  3  y 6. 

MONT-AUX-MALADES  ,  petit  village  de  France  , 
en  Normandie  ,  proche  de  Rouen.  Il  elt  fitué  au  haut 
d'une  montagne  qu'on  trouve'  au  fortir  de  la  porte 
Canchoife ,  après  que  l'on  a  paflé  par  faint  Gervais , 
Se  renommé  par  un  prieuré  confidérable  que  defiervent 
des  religieux  de  l'ordre  de  faint  Auguftin.  Ils  confervent 
une  précieufe  relique  d'un  bras  de  faint  Vincent.  Us 
l'expofent  dans  leur  églife  à  la  vénération  des  fidèles 
le  22  de  Janvier,  jour  de  la  fête  de  ce  faint  Martyr. 
L'églife  paroilïiale  eft  fous  1  invocation  de  faint  Jacques  ; 
Se  c'elt  toujours  un  religieux  de  ce  prieuré  qui  la  dclTert. 
*  Cor».  Did. 

MONT-MARAUT,  ville  de  France,  dans  le  Bour- 
bonnois  ,  élection  de  Mont-Luçon  ,  dont  elle  eft  éloi- 
gnée de  cinq  lieues  :  elle  eit  bâtie  fur  une  hauteur. 
Cette  petite  ville  a  été  ruinée  par  le  paflage  des  gens 
de  guerre  qui  vont  de  Moulins  à  Mont-Luçon.  Il  y  a 
une   maîtrife   des  eaux  Se  forêts.  Se  une  châtellenie 


MON       369 


royale  rcflbrtififante  à  la  fénéchauiTée  de  Moulins.  Cette 
petite  ville  a  droit  de  tenir  marché  toutes  les  femaines, 
Se  par  an  fix  foires,  qui  font  très-fréquemées.  Le  ter- 
roir des  environs  elt  afiez  bon.  »  Piganiol  ,  Defc.  de  la 
France,  r.  6.  p.  215.  Mémoires  divers. 

1.  MONT  DE  MARSAN  (Le),  ville  de  France, 
dans  la  Gascogne  ,  Se  la  capitale  du  pays  Se  de  la  vi- 
comte de  Mari'an.  Elle  a  appartenu  autrefois  aux  princes 
de  Bearn  ,  Se  elle  a  été  bâtie  vers  l'an  1140,  par 
Pierre  ,  vicomte  de  Marfan.  Elle  elt  fituée  fur  une  mon- 
tagne près  de  la  Midouze,  qui  commence  en  cet  en- 
droit a  être  navigable.  Il  y  a  un  lieutenant  du  prevôc 
gênerai  de  la  marechaufTée  de  Pau  -,  une  fénéchauffée  du 
reiïbi  t  du  préfidial  de  Condom  \  un  collège  régi  par  les 
Barnabites ,  Se  un  marché  qui  étoit  autrefois  très-con- 
fidérable  pour  la  vente  des  grains  ;  mais  il  ne  s'y  en 
débite  plus  tant  depuis  que  le  marché  de  Bazas  eft 
devenu  en  réputation. 

2.  MONT  DE  MARSAN  (Le),  en  latin  Morts 
Maniant.  C'étoit  anciennement  l'abbaye  de  Beyries  , 
Veries,  Verrif.s  ou  de  la  Maison-Dieu,  monallere 
de  France  ,  dans  la  Gascogne ,  fondé  pour  des  filles  de 
l'ordre  de  faint  François  ou  de  fainte  Claire ,  Se  qu'on 
appelle  afiez  communément  les  Urbaniites.  Leur  éta- 
bliilement  fe  fit  en  1256,  que  les  vicomtes  Gallon  Se 
Matha  achetèrent  au  mois  de  Mai  un-  endroit  diltanc 
de  trois  lieues  de  Mont- Marfan.  Ce  lieu  fe  nommoic 
Beyries,  Se  fut  furuomfné  dès  ce  rems- là  Maifon-Dieu. 
Le  17  de  Décembre  de  la  même  année,  Raimond, 
évêque  d'Aire,  remit  aux  religieufes  toutes  les  décimes 
qu'il  avoit  droit  de  lever  fur  leurs  terres.  En  1275  > 
comme  les  troubles  des  guerres  commençoient  à  s'éle- 
ver, l'évêque  d'Aire  transféra  ce  couvent  dans  le  faux- 
bourg  de  Marfan,  où  étoit  une  maifon  d'Hospitaliè- 
res ,  fous  le  titre  de  faint  Jacques  que  le  prélat  leur 
donna,  à  la  prière  de  Confiance  ,  fille  de  Gallon  ,  leur 
fondateur,  Se  du  confentement  de  l'abbé  de  Sauve-ma- 
jeure ,  de  qui  cet  hôpital  dépendoit.  Cette  donation  leur 
fut  faite  le  j  de  Mai  1308  ;  mais  cette  nouvelle  re- 
traite ne  les  mit  pas  tout-à- fait  à  fabri  de  la  fureur  des 
hérétiques.  L'an  1561  Se  1569  elles  furent  disperfées 
Se  mifes  en  fuite  par  les  Calviniltes  ,  qui  pillèrent  touc 
ce  qu'ils  y  trouvèrent  de  précieux ,  tant  facré  que  pro- 
fane :  enfin  l'an  1577  arriva  la  ruine  totale  de  cette 
maifon  ,  &  toutes  les  fœurs  furent  contraintes  de  fc 
réfugier  dans  l'enceinte  des  murs  de  Marfan.  Cette  ab- 
baye elt  fituée  au  diocèfe  d'Aire,  archiprêtté  de  Mauléon. 
Lorsque  le  roi  François  I  y  paila  avec  la  princefïe 
Eléonore ,  fa  féconde  femme,  il  y  donna  de  très  -grands 
biens ,  qui  augmentèrent  confiderablement  fes  revenus. 
On  y  comptoir  jusqu'en  1710  ,  cinquante  Se  une  ab- 
beiTes. 

MONT-MARTRE  ,  village  de  l'Ifle  de  France ,  fur 
une  hauteur ,  au  nord ,  près  d'un  des  fauxbourgs  de  la 
ville  de  Paris ,  auquel  il  donne  fon  nom.  C'elt  l'en- 
droit (a)  où  faint  Denys  Se  fes  compagnons  fournirent 
le  martyre  vers  l'an  260.  On  Pappelloit  anciennement 
Mons  Marlis  Se  Morts  Mercurn ,  parce  qu'il  y  avoit 
un  temple  où  étoient  les  idoles  des  dieux  Mars  Se 
Mercure  (  b  ).  On  y  bâtit  dans  la  fuite  une  chapelle 
appellée  l'églife  des  Martyrs,  ce  qui  fit  donner  à  la 
montagne  le  nom  de  Mons-Martyrum \  Se  Guillaume, 
évêque  de  Paris,  donna  en  1098, cette  chapelle  avec 
le  droit  des  dîmes  aux  religieux  de  fainr  Martin  ;  mais 
trente-cinq  ans  après,  Louis  le  Gros  Se  Alix  Adélaïde 
ou  Adelaïs  ,  fon  époufe,  leur  donnèrent  en  échange  iainc 
Denys  de  la  Chartre ,  Se  fondèrent  en  1133,  pour  des 
religieufes  Bénédictines,  l'abbaye  royale  qu'on  y  voit 
aujourd'hui.  Cette  abbaye  fut  dédiée  par  Eugène  III. 
La  chapelle  des  Martyrs  ell  diitinguée  en  fupérieure  Se 
fouterreine.  On  voit  dans  celle-ci  une  ftatue  de  faint 
Denys  en  marbre  blanc.  C'eft  l'endroit  où  l'on  croit 
qu'il  fut  enterré  avec  fes  compagnons.  On  a  une  grande 
vénération  pour  ce  lieu,&  l'on  y  voit  presque  toujours 
un  concours  de  peuple.  Le  monallere  eft  grand  ,  bien 
fitué  Se  entouré  de  jardins  d'une  grande  étendue.  Cette 
abbave  ell  ordinairement  compofée  d'une  abbcfle,  de 
foixante  religieufes  &  de  douze  fœurs  converfes.  Elle 
jouit  de  vingt  huit  mille  livres  de  rente  ,  Se  d'une  pen- 
fion  du  roi  de  fix  mille  livres.  A  chaque  mutation 
Tenu  IV.  A  a  a 


MON 


37° 

d  abbcffe  elle  doit  mille  livres  à  la  menfe  abbatiale  de 
faint  Dcnys  ,  à  caufe  d'un  fief  qu'elle  pofféde  à  Cli- 
gnancoiut.  Il  y  a  dans  le  village  une  églife  paroiftiale 
dédiée  à  faint  Pierre.  En  parcourant  la  montagne  on 
a  une  vue  très-belle  &  très-agréable  :  on  découvre  en 
plein  la  ville  de  Paris  ,  l'abbaye  de  faint  Denys  8c 
quantité  de  villjges.  11  y  a  beaucoup  de  carrières  dont 
on  tire  continuellement  du  plâtre  pour  Paris,  (a)  Baillet, 
Topogr.  des  Saints ,  p.  6$i.(b)  Piganid',  Description 
de  la  France ,  t.  2.  part.I.  p.  24.  Mémoires  divers. 

MONT  DES  MARTYRS.  On  a  donné  ce  nom  à 
une  des  montagnes  du  Japon  dans  l'ifle  de  Ximo,& 
dont  la  ville  de  Nangazaqui  eft  environnée ,  parce 
qu'en  IJ07,  on  y  crucifia  vingt-fept  Chrétiens ,  parmi 
'lesquels  il  y  avoit  fix  Franciscains  &  trois  Jéfuites , 
qui  ont  été  canonifés  ;  8c  parce  que  dans  la  fuite 
on  y  fit  mourir  quantité  d'autres  millionnaires  &  des 
Chrétiens  de  tous  les  ordres. 

MONT-MEDI  ,  en  latin  Mons-Mediits ,  ville  & 
prévôté  de  France  ,  dans  le  Luxembourg  François,  au 
duché  de  Carighan  fur  la  rivière  du  Chier.  Elle  a  peut- 
être  pris  fon  nom  de  ce  qu'elle  eft  fituée  entre  les  châ- 
teaux de  Jarnets  &  de  la  Frette  ,  ou  bien  de  ce  qu'elle 
eft  fituée  au  midi.  Cette  place  cil  formée  de  deux 
différentes  villes,  la  haute  &  la  baffe.  La  rivière  de 
Chier  coupe  la  baffe  en  plufieurs  parties,  &  il  n'y  a 
peut-être  point  de  ville  dans  le  royaume  qui  foit  plus 
coupée  que  celle-ci.  La  ville  haute  eft  la  partie  de 
Mont-Medi ,  qui  eft  la  mieux  confervée  ,  au  lieu  que 
la  baffe  a  été  presque  entièrement  détruite  pour  les 
fortifications  ,  8c  l'on  n'y  a  confervé  qu'une  fimple 
muraille.  On  entre  dans  la  ville  haute  par  deux  feules 
portes  ;  l'une  du  côté  de  la  campagne ,  &  l'autre  du 
côté  de  la  ville  baffe.  Les  dedans  font  des  plus  irréguliers: 
on  voit  des  rues  étroites  8c  mal  alignées,  8c  la  place 
publique  fort  petite.  L'enceinte  eft  compofée  d'une 
muraille  8c  de  huit  baftions  qui  font  du  chevalier  de 
Ville.  Elle  eft  entourée  d'un  fofié  affez  étroit  du  côté 
de  la  baffe-ville  ,  &  affez  large  du  côté  de  la  campagne. 
Dans  ce  FoiTé  font  placées  fix  demi  lunes ,  entre  lesquelles 
on  en  trouve  quelques-unes  d'une  bonne  conftruction  , 
cV  de  l'ouvrage  du  maréchal  de  Vauban.  Le  chemin 
couvert  a  fon  glacis  à  l'ordinaire.  La  baffe-ville  n'a  que 
fept  bnftions ,  8c  même  ce  ne  font ,  à  proprement 
parler  ,  que  des  tours  pentagonales  :  on  y  entre  par  trois 
portes  couvertes  d'autant  de  demi-lunes.  Cette  enceinte 
a  un  petit  foffé  ,  accompagné  d'un  petit  glacis  fans  che- 
min couvert.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  t.  7. 
p.  352. 

MONT-MEJAN ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Rouer- 
gue,  éle&ion  de  Milhaud. 

MONT-MERLE  ,  petite  ville  de  France  ,  fur  le 
bord  de  la  Saône  ,  dans  la  principauté  de  Dombes.  Les 
Minimes  y  ont  un  couvent  fur  une  éminence,  d'où 
l'on  voit  fans  lunettes  fix  provinces ,  fix  villes  8c  plus 
de  deux  cens  villages.  Les  provinces  font  le  Mâcormois, 
le  Forez  ,  le  Beaujolois ,  le  Lyonnois ,  la  Breffe  8c  la 
principauré  de  Dombes  :  les  villes  font  Villefranche  , 
Beanjeu ,  Belleville  ,  Mâcon  ,  Trévoux  8c  Thoiffei. 
Mont- Merle  eft  une  des  douze  châtellenies  de  la  princi- 
pauté de  Dombes.  *  Piganiol ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  3 . 

pag-5  3  3- 

1.  MONT-MIRAIL  ou   Mont-Mireil  ,   en    latin 

Mon  s- Mirabilis  ,  petite  ville  de  France,  dans  la  Brie, 
élection  de  Château-Thierri.  Elle  cil  fituée  fur  une 
montagne  près  du  Grand  Morin  ,  à  quatre  lieues  de 
Château-Thierri.  Elle  a  titre  de  Marquifar. 

2.  MONT-MIRAIL,  en  latin  Morts-Mirabilis,  ville 
de  France,  dans  le  Perche- Gouet,  élection  de  Châteaudun. 
Cette  ville  eft  fituée  fur  une  montagne  à  fix  lieues  de 
Vendôme  ,  8c  à  onze  du  Mans.  C'eft  une  ancienne 
baronnie  du  reffort  du  préfidial  de  Chartres.  Il  y  a  un 
chapitre  cYune  verrerie  confidérablc. 

MONT-MOREL  ,  abbave  de  chanoines  réguliers 
de  l'ordre  de  faint  Auguftin,  au  diocèfe  &  à  trois  lieues 
à  l'eft  d'Avranches. 

MONT-MORIA  (Le),  où  le  temple  de  Jérufalem 
fut  bâti.  Voyez.  Moria  I. 

MONT-NEBO,  partie  des  montagnes  d'Abarim. 
Voyez.  Nebo. 


MON 


MONT-NOTRE  DAME-LEZ-PROVINS ,  en  latin 
Mons  Noftrœ  Domina, ,   Sani~l&  Marix.  in    Monte ,  ou 
de  Monte  Provinenfi   Abbatia  ,  ou  Santla   Maria   de 
Monte  juxta  Provinum.  Abbaye   de  France,  en  Brie, 
auprès  de    la    ville   de    Provins.  C'eft  une  abbaye  de 
filles  de  l'ordre  de  Citeaux ,  fille  de  Preuiily.   Elle  fut 
fondée  l'an   1236,  par  Thibaud  VI ,  roi  de  Navarre, 
comte  palatin  de  Champagne  &  de  Brie.  Ce  monallere 
fubfifta  jusqu'en  1400,  qu'il  fut  détruit  par  les  Anglois. 
En  1465  ,  ce   lieu  fut   changé  en  prieuré  8c  donné  à 
des  religieux  du  même  ordre  ,  qui  le  pofiéderent  jus- 
qu'en   1647,  que  dom  Nicolas  des  Lions, qui  en  étoit 
prieur  ,   en  donna   fa  démifiion  au  roi  qui  y  nomma 
dame   Marthe  Dauvet ,   pour  lors  abbeffe   du  Mont- 
Sainte-Cathcrine-lez  Provins  ,  de  l'ordre  de  lainte  Claire. 

MONT  DE  L  OISEAU   Voyez.  Vogelberg. 

MONT  DES  OLIVIERS  (Le),  autrement  la  mon- 
tagne de  Scandale.  Voyez,  Oliviers  &  Scandale. 

MONT  OLYMPE  (Le)  ,  fortereffe  aux  frontières 
de  la  Champagne ,  fur  la  Meufe  ,  vis  à  vis  de  Chaileville. 
Louis  le  Grand  avoit  fait  bâtir  cette  fortereffe  ,  mais 
il  la  fit  rafer  dans  la  fuite.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

1.  MONT-D'OR,  montagne  de  France,  l'une  des 
plus  hautes  d'Auvergne  :  elle  a  mille  rrente  toifes  d'é- 
lévation fur  la  furface  de  la  terre,  8c  la  nature  y  produit 
des  plantes  très- car ieufes.  Cette  montagne  a  donné  fon 
nom  aux  eaux  8c  aux  bains  que  l'on  y  voit  :  il  y  en 
a  de  chaudes  8c  de  froides  propres  à  boire  &  à  fe  baig- 
ner. La  fontaine  des  eaux  chaudes  a  fans  doute  été 
connue  des  Romains  ,  cela  paroït  par  des  pierres  cifelées 
à  l'antique  qu'on  voit  dans  un  lieu  nommé  Panthéon, 
du  nom  d'un  temple  que  les  Romains  y  avoient  bâti 
8c  par  une  grotte  dont  la  defeription  eft  ci-après.  La 
fource  la  plus  confidérable  des  eaux  chaudes  du  Mont- 
d'Or  cil  au  pied  de  la  montagne  de  l'Angle  :  l'eau  en 
eft  chaude  &  bouillante  ,  mais  plus  tempérée  que  celle 
des  eaux  de  Bourbon  8c  de  Vichi  ,  puisqu'on  peut  fe 
baigner  à  la  fource  pendant  environ  un  quart  d'heure. 
Cette  eau  s'élève  à  gros  bouillons  du  fond  d'un  baffin 
d'une  feule  pierre  de  trois  pieds  &  quatre  pouces  de 
diamètre ,  fur  deux  pieds  de  profondeur.  Ce  bain  eft 
dans  une  grotte  faite  en  partie  du  rocher  8c  en  partie 
d'un  arc  de  pierres  de  taille  qui  empêche  que  la  terre 
ne  s'éboule  ;  la  porte  par  laquelle  on  y  entre  ,  a  fix  pieds 
de  haur,  fur  trois  moins  deux  pouces  de  large  ,  8c  au- 
deffous  règne  une  corniche  de  huit  pieds  de  long.  Quanc 
à  la  grotte  ,  elle  a  onze  pieds  de  profondeur  ,  neuf  de 
large  8c  onze  de  haut.  L'eau  de  cette  fource  eft  fort 
claire,  presque  infipide,  fur-tout  lorsqu'elle  eft  refroi- 
die ;  car  quand  elle  eft  chaude  ,  die  a  un  petit  goût  de 
fel  8c  une  petite  odeur  de  foufre.  A  dix  pas  de  cette 
grotte  &  fur  la  même  ligne  ,  on  en  trouve  une  autre 
dans  laquelle  il  y  a  un  gtand  baffin  carré ,  féparé  en 
deux  par  une  feule  pierre  de  la  même  élévation  que 
les  bords  de  ces  deux  bains,  qui  ont  fix  pieds  de  long, 
quatre  de  large  8c  deux  de  profondeur ,  &  la  voûte 
qui  les  couvre  a  vingt  pieds  fix  pouces  de  profondeur , 
quinze  de  largeur  &  douze  de  haut ,  &  par-deffus  cette 
voûte  on  a  bâti  une  maifon.  Le  bain  ,  qui  eft  à  main 
droite  en  entrant ,  eft  un  peu  plus  chaud  que  celui  qui 
eft  à  main  gauche.  Cinquante  pas  plus  bas  on  en  trouve 
un  autre  qui  eft  entièrement  négligé  ,  quoique  les  four- 
ces  en  foient  très-belles  -,  on  lappelle  le  Bain  aux  che- 
vaux. 

Le  Monnier  ,  médecin,  fit  un  voyage  en  1744  au 
Mont-D'or,  8c  nous  pouvons  nous  en  rapporter  aux 
obfervations  qu'il  fit  fur  ces  eaux  minérales.  Avant  d'en 
venir  à  l'analyfe  chymique  ,il  en  goûta  ,  8c  il  leur  trou- 
va un  goût  aigrelet  8c  piquant.  Elles  font  très-claires , 
légères  à  l'eftomac  ,  douces  au  toucher  jusqu'à  paroître 
favonneufes,  8c  pour  peu  qu'on  les  agite  dans  une  bou- 
teille de  verre,  elles  rendent  quantité  de  bulles ,  beaucoup 
plus  même  que  n'en  rend  un  égal  volume  d'eau  com- 
mune échau  ftéc  au  racine  degré. 

On  foupçonneroit  dans  ces  eaux  un  acide  minéral 
dévelopé,fi  l'on  en  jugeoit  par  le  goût,  mais  comme 
elles  ne  rougiffent  pas  le  papier  bleu,  le  romnefol, 
la  teinture  de  violette  ,  8c  qu'elles  ne  font  aucune  ébulli- 
tion  avec  l'huile  de  tartre  par  défaillance,  on  ne  doit 
pas  l'affurer.   Il  eft  plus  probable ,  par  ks  expériences 


MON 


MON 


%1'on  en  a  faites  avec  l'huile  de  vitriol,  l'efprit  de 
nure  ,  l'efprit  de  fel ,  le  vinaigre  diftillé  ,  que  ces  eaux 
font  bien  plutôt  alkalines  qu'acides ,  quoique  leur 
goût  fembîe  indiquer  le  contraire  ,&  les  aie  fait  ranger 
dans  la  claffe  des  acidulés.  11  eft  auffi  évident  qu'elles 
contiennent  du  fel  marin.  Notre  auteur  conclut  de 
toutes  fes  obfervations  que  les  eaux  Ldu  Mont-l>or 
relâchent  le  tiflu  de  la  peau,  facilitent  la  transpiration, 
Se  caufent  dans  tout  le  corps  une  chaleur  plus  grande 
que  celle  du  fang  :  enfin  elles  forrent  par  ïes  fueurs , 
ou  par  les  urines*  fans  occafionner  aucune  fonte  d'hu- 
meurs ,  Se  fans  aucune  diminution  des  forces.  Ces  bains 
font  fitués  au  pied  d'une  des  côtes  du  Mont-D'or,  à 
fept  lieues  de  Clermont ,  dans  un  vallon  fort  étroit ,  où 
font  les  fources  de  la  Dordogne,  Se  c'eft  dans  cette 
rivière  que  les  eaux  de  tous  ces  bains  vont  fe  perdre. 

2.  MONT-D'OR  ou  Saint  Thierry,  abbaye  de 
Fiance ,  en  Champagne  ,  proche  de  Rhcims  ;  on  croit 
qu  elle  a  été  fondée  par  un  faint  de  même  nom  ,  aumô- 
nier de  faint  Reiny  ,  vers  l'an  530.  Elle  fut  mife  entre 
les  mains  des  Bénédictins  en  995,  par  l'archevêque  Albe- 
ron  :  fes  abbés  ont  été  réguliers  jusqu'en  1 550  ;  la  menfe 
abbatiale  a  depuis  été  unie  à  1  archevêché  de  Rheims. 
11  y  a  encore  dans  cette  abbaye  douze  religieux  de  la 
■congrégation  de  S.  Maur. 

MONT-PALATIN  ,  l'une  des  fept  montagnes  de 
Rome.  Voyez*  Palatin. 

1 .  MONT-PESAT,  en  latin  Mons  Pinfatus,  bourgade 
de  France ,  dans  le  Querci ,  élection  de  Montauban 
près  de  la  Lambon  ,  au  nord  oriental  de  Molieres  ,  Se 
au  midi  oriental  de  Caftelnau  de  Monratié.  *  Juiilot, 
Atlas. 

2.  MONT-PESAT ,  bourgade  de  France  ,  dans 
le  bas  Comminges  ,  au  midi  de  Lombcz.  *  De  l'IJle , 
Atlas. 

3.  MONT-PESAT,  bourg  de  France,  dans  le  bas 
Languedoc  ,  diocèfe  Se  recette  de  Viviers. 

MONT-DE-PHARAN(Le),  dans  l'Arabie  Pétrée. 
Voyez*  Pharan. 

MONT-DE-PHASGA  (Le),  au-delà  du  Jourdain. 
Voyez.  Phasca. 

MONT  DE  PILATE.K<^~  Frackmont. 
MONT-PINSON  ,  bois  de  France  ,  dans  la  maîtrife 
des  eaux  &  forêts  d'Argentan  :  il  eft  de  trois  cens  quatre- 
vingt-un  arpens. 

1.  MONT-RE  AL  ,  bourg  de  France  ,  dans  la 
Bourgogne  ,  bailliage  &  recette  du  Bugey  avec  titre  de 
comté.  Sa  juftice  reflortît  nuement  au  parlement  de 
Dijon.  Il  y  a  une  mairie  ,  c'eft  le  fiége  d'un  mandement  , 
Se  la  communauté  députe  aux  afiemblées  du  Bugey. 

z.  MONT-REAL  Se  la  Boucherasse,  bourg  de 
France,  dans  la  Bourgogne  près  de  la  rivière  de  Serin 
en  Auxois,  Se  fur  la  croupe  d'une  montagne  d'environ 
une  demi- lieue.  Il  y  a  une  châtellenie  royale  ,  une 
mairie  ,  Se  une  collégiale  fondée  en  icdS  ,  par  Robert, 
premier  duc  de  Bourgogne.  Le  chapitre  eft  compofe 
de  fix  chanoines  ,  qui  ont  chacun  trois  cens  livres  de 
revenu.  Le  nom  de  la  paroiffe  eft  faint  Pierre  5  il  y  a 
encore  une  chapelle  de  faint  Barthelemi  :  elle  vaut  deux 
cens  livres  Se  dépend  de  la  Léproferie.  Le  pavs  des 
environs  eft  rempli  de  montagnes,  de  plaines  Se  de 
vignes. 

3.  MONTREAL,  en  latin  Mons-Regalis ,  petite 
ville  de  France,  dans  le  Haut-Languedoc,  recerte  de 
Carcaffonne  ,  dont  elle  eft  à  trois  lieues.  Il  en  eft  beau- 
coup parlé  dans  l'hiftoire  de  la  guerre  des  Albigeois. 
Le  pape  Jean  XXII  y  érigea  une  églife  collégiale.  Il 
y  a  en  outre  un  couvent  de  Carmes.  On  compte  à 
Mont-Réal  trois  mille  habitans. 

4.  MONT  REAL,  bourg  de  France,  dans  le  Con- 
domois  ,  éle&ion  de  Condom. 

5.  MONT-REAL,  ville  d'Espagne,  au  royaume 
d'Arragon ,  fur  la  rivière  Xiloca  ,  au  midi  de  l'Ebra» 
vers  les  frontières  de  la  Callille  Nouvelle.  Cette  ville 
fut  bâtie  par  Alfonfe  VII,  roi  d'Arragon.  Elle  a  un  affez 
bon  château.  *  Délices  à'  Esp  igné  ,  pag.  648. 

6.  MONT-REAL  (L'ifle  de),  dans  l'Amérique 
feptentrionale ,  dans  le  fleuve  de  Saint  Laurent ,  entre 
les  quyante-qnatTe  Se  quarante-cinq  de  latit.  nord. 
On  lui  donne  du  lieues  de  longueur  fur  trois  à  quatre 


37* 

dans  fa  plus  grande  largeur.  Elle  a  pris  fon  nom  d  une 
montagne  fort  élevée  qu'on  y  voit.  Cette  montagne  a 
deux  têtes  d'inégale  hauteur.  Au  refte  le  terrein  de 
l'ifle  eft  fort  uni ,  presque  par-tout  très-fertile  ,  Se  entiè- 
rement défriché.  L'hiver  y  eft  presque  auffi  rude  qu'à 
Québec,  mais  moins  long  de  iix  femaines.  Il  y  a  une 
ville  qu'on  nomme  auffi  Mont- Real  Se  Ville-Marie. 
Après  cette  ville  les  lieux  les  plus  remarquables  de 
l'ifle  font  le  quartier  de  Chine  ;  la  Million  ;  le  Fort 
fondé  par  l'abbé  de  Bellemont ,  à  un  quart  de  lieue  de 
la  ville  ;  les  Iroquois  de  la  montagne ,  où  il  y  a  auffi 
un  fort  •■>  ceux  du  Saut  au  Pvécollcr ,  Se  le  fort  des 
Iroquois  du  Saut.  On  y  recueille  une  grande  quantité 
de  pommes  de  calville ,  des  prunes ,  des  pêches  &  des 
pommes  de  reinette  ,  fruits  qui  ne  viennent  que  diffici- 
lement à  Québec.  Les  Iroquois  firent  deux  cruelles 
irruptions  dans  cette  ifle  en  1689.  Cette  ifle  eft  dans 
le  fleuve  S.  Laurent,  qui  fe  partage-là  en  trois  bras  , 
Se  forme  à  côté  de  Mont-Réal  l'ifle  de  Jésus  ,  voyez. 
ce  nom.  *  La  Potberie ,  Hifloire  de  l'Amérique  fepter.-1 
trionale  ,  t.  1.  p.  3  38.  Mémoires  divers. 

L'ifle  de  Mont-Réal  eft  à  foixante  lieues  de  Québec , 
Se  à  cent  quatre-vingt  de  la  mer  ;  cependant  on  y  peut 
conduire  des  barques  auffi  grandes  que  celles  qui  vien- 
nent à  Rouen  ;  mais  on  ne  peut  aller  plus  loin  qu'en 
canot  ,  parce  qu'entre  l'ifle  &  le  continent  du  côté  du 
fud  ,  il  y  a  un  rapide ,  qu'il  n'eft  pas  même  aifé  de 
franchir  en  canot.  On  le  nomme  le  Saut  S.  Louis. 

Jacq  ïes  Canhier  découvrit  en  1555  ,  l'ifle  de  Mcnt- 
Réal ,  Se  trouva  une  allez  grofle  bourgade  de  Sauvages, 
nommée  Hocbelaga  ,  dont  l'ifle  même  Se  tour  le  pays 
des  environs  ont  porté  quelque  tems  le  nom,  quoique 
Canhier  lui  eût  donné  celui  de  Mont-Royal,  qui  changé  en 
Mont-Réal  eft  devenu  le  nom  de  l'ifle. 

7.  MONT-REAL  ou  Ville  Marie,  ville  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  au  Canada  dans  l'ifle  de  Mont- 
Réal  ,  fur  le  bord  du  fleuve  de  Saint  Laurent ,  qui  3. 
dans  cet  endroit  une  lieue  de  largeur.  Sa  fituation  eft 
très  belle ,  Se  beaucoup  plus  avanrageufe  que  celle  de 
Québec.  Il  y  a  deux  cens  feux.  Meflieurs  du  féminaire 
de  faint  Sulpice  de  Paris  en  font   feigneurs    depuis    la 
eonceifion    qui  leur  en  a  été   faite    en    1663  ,  par    la 
compagnie  dévote,  qui  en  avoit  eu  la  conceffion  en  1 644; 
Ils  y  ont  haute ,   moyenne   Se   baffe  juftice.    Elle  s'ell 
accrue  de  moitié  depuis   1701    jusqu'en    1714.   Elle  a 
une  belle  enceinte  qui  la  met  à  l'abri  des  infultes  des 
Iroquoi?.  C'eft  un  carré  long,  enfermé  de  grands  pieux 
de  dix-huit  à  vingt  pieds  de  haut ,  foutenu  d'onze  redou- 
tes qui  fervent  de  baftions.  Il  y  a  un  petit  fort  revêtu 
de  terrafles  ,  dont   les  batteries  enfilent  les  rues  d'un 
bout  à  l'autre.  Meffieurs  du  féminaire  de  faint  Sulpice 
en  font  les  curés  primitifs  :  ils  y  ont  une  grande  églife 
de  pieires  de  taille  :  ils  tirent  un   revenu  confiderable 
de  la  ville  Se  de  l'ifle.  Il  y  a  un  couvent  de  Récollets  , 
une  communauté   d'Hospitalières  établie1!  en   1669.  Il 
y  a  auffi   une  maifon    de  filles  de    la   Congrégation  , 
très- utiles  &  établies  en   1 671 .   Elles  ont  des  maifons 
particulières  dans    les  grandes  paroiffes    du  pays.  Les 
frères  Hospitaliers  y  ont  une  maifon ,  qui   feroit  une 
espèce  de    palais,  fi  elle   éroit  finie.  Elle  a  été  bâtie 
par  Charon  ,  qui  avoit  gagné  de  grands  biens  dans  le 
tems  que  le  caftor  étoit  cher  :  il  s'y  eft  retiré  lui-même. 
Il  y  a  dans  le   gouvernement    de   Mont-Réal ,  tant  au 
nord  qu'au  fud  du  fleuve  ,  plus  de    trente  feigneuries. 
Le  grand  commerce  de  la  Nouvelle  Fiance  fe  fait  dans 
la  viile  de  Mont-Réal ,   où    abordent   des  nations  de 
cinq  à  fix  cens  lieues,  que  les  François  appellent  leurs 
alliés.  Ils  commencent  avenir  au  mois  de  Juin  en  grandes 
bandes.  Les  chefs  de  chaque  nation  vont  d'abord  faluer 
le  gouverneur  à  qui  ils  font  préfent  de  quelques  pelle- 
teries ,  Se  le  prient  de  ne  pas  foufTrir  qu'on  leur  vende 
trop  cher  les  marchandifes ,  quoiqu'il  n'en  foir  pas  le 
maître.  Us  tiennent  une  foire  fur  le  bord  du  fleuve  ,  le 
long   des  paliffades  de   la  ville:  des  fentinelles  empê- 
chent que  l'on  entre  dans  leurs  cabanes  ,   pour  éviter 
les  chagrins  qu'on  leur  pourroit  faire,   Se  pour   leur 
donner  la  liberté  d'aller  Se  de  venir  dans  la  ville,  où 
toutes  les  boutiques  font  ouvertes.  Le  commerce  dure 
trois  mois  à  plufieurs   reprifes.  On  y  voit  des  peaux 
d'ours,  de  loups  cerviers  ,  de  chats  fauvages,  de  pé- 
Tom.  IV,    A  aa  i) 


MON 


37* 

cans,  de  martes,  de  pichioux,de  loutres,  de  loups 
de  bois ,  de  renards  argentés ,  de  peaux  de  chevreuils , 
de  cerfs,  de  fquenontous  &  d'orignaux  vertes  &  palTées-, 
fur-tout  des  caftors  de  toutes  espèces.  On  leur  vend 
de  la  poudre,  des  balles,  des  capotes,  des  habits  à  la 
françoife  ,  chamarrés  de  dentelles  d'or  faux ,  qui  leur 
donne  une  figure  tout-à-fait  grotesque  ,  du  vermillon  , 
des  chaudières  ,  des  marmites  de  fer  Ôc  de  cuivre  ,  ôc 
toutes  fortes  de  clinquaillerie.  La  ville  reiïemble  alors 
à  un  enfer  par  l'air  affreux  de  tous  ces  Sauvages.  D'ail- 
leurs les  hurlemens ,  le  tintamare  ,  les  querelles  Ôc  les 
diffenfions  qui  furviennent  entre  eux  ôc  noslroquois, 
augmentent  encore  l'horreur  de  ces  fpectacles  ;  car 
quelque  précaution  qu'on  prenne  pour  empêcher  les 
marchands  de  leur  donner  de  l'eau-de-vie,  on  en  voit 
toujours  quantité  qui  font  yvres. 

8.  MONT-RE  AL ,  iile  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  la  Nouvelle  France ,  à  la  bande  de  l'eit  du  Lac 
fupérieur  ,  vis  à-vis  la  rivière  Batchianon. 

9.  MONT-REAL,  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  la  Nouvelle  France  ,  à  la  bande  du  fud 
du  Lac  fupérieur  ,  dans  lequel  elle  fe  jette. 

ic.  MONT-REAL  ou  Mon-Reale  ,  ville  archi- 
épiscopale de  Sicile,  dans  la  vallée  de  Mazare,  à  fix  milles 
au  fud-oueft  de  Païenne  ,  fur  une  montagne.  Elle  doit 
fon  origine  à  une  abbaye  de  Bénédictins ,  que  le  roi 
Guillaume  II,  dit  le  Bon  ,  y  fonda  en  1 1 67.  Ce  monaftere 
fut  érigé  en  évêché  neuf  ans  après,  ôc  en  archevêché 
en  1178.  Le  chapitre  demeura  régulier,  ôc  il  l'eit  en- 
core ;  ôc  c'ett  la  feule  cathédrale  que  les  Bénédictins 
ayent  confervée  parmi  le  grand  nombre  qu'ils  ont 
poiTédé  autrefois  tant  en  Italie  qu'en  France  ,  en  Es- 
pagne ,  en  Angleterre ,  ôc  dans  le  reite  de  la  Chré- 
tienté :  Thibaut,  moine  de  l'abbaye  de  Cave,  fut  le 
premier  abbé  ,  ôc  évêque  du  monaltere  de  Mont-Réal. 
Guillaume ,  aum  moine  de  Cave  ,  lui  fuccéda  dans  ces 
deux  qualités  en  1 178  ,  ôc  il  fut  le  premier  archevêque  ; 
aujourd'hui  l'archevêque  eit  cenfé  le  premier  abbé  :  mais 
le  chapitre  compofé  de  vingt-cinq  religieux  Bénédictins  a 
pour  chef  un  religieux  qui  a  le  titre  d'abbé  .  quoiqu'il  ne 
foit  proprement  que  prieur.  Cette  églife ,  qui  eit  fous  le 
nom  de  ïa  Vierge  ,  fut  unie  à  la  congrégation  du  Mont- 
Caulnen  1506,  ôc  elle  avoit  autrefois  plufieurs  mona- 
iteres  fous  ïa  dépendance.  L'Archevêché, qui eft  le  plus  ri- 
che bénéfice  de  Sicile,  &  d'italie.vaut  60000  écus  de  ren- 
te,fur  quoi  il  y  en  à  dix  milles  pour  lescha!  ges.  Le  chapitrea 
eu  droit  d'élection  jusqu'en  1450.  Outre  la  cathédrale  ily 
a  à  Mont-Réal  un  collège  de  Jefuites ,  une  abbaye  deBé- 
nédidtines,  &c  Toute  la  montagne  où  la  ville  eit  fituée»& 
les  vallées  des  environsfonc  remplies  de  jardins,&  arrofées 
de  fontaines  qui  rendent  le  pays  délicieux.  La  vue  en  efl 
très-belle  ,  ôc  on  découvre  de  Mont-Réal  1a  ville  de 
Païenne,  fa  campagne,  la  mer,  ôc  toutes  les  ifles 
voifines.  Le  diocèfe  eit  petit  ôc  ne  confitte  qu'en  quatre 
bourgs ,  ôc  l'abbaye  d'Alt-Monte  de  l'ordre  de  Citeaux. 

1.  MONT-REDON,  petite  ville  de  France,  dans 
le  Bas-Languedoc  ,  recette  de  Nai  bonne. 

2.  MONT-REDON,  petite  ville  de  France,  dans 
le  Haut- Languedoc,  au  diocèfe  de  Caftres,  avec  titre  de 
baronnie. 

MONT-REGNAULT,  bourg  de  France,  dans  le 
Maine  ,  élection  du  Mans. 

MONT-RENAUD,  en  latin  Mons-Kenaldi ,  Char- 
treufe  en  France ,  à  une  dcmi-lieue  de  Noyon.  Elle 
occupe  toute  la  plate-forme  d'une  petite  montagne , 
dont  la  pente  qui  eit  uniforme  de  tous  côtés ,  confifte 
en  vignes  ôc  en  terres  labourables.  Cette  maifon  fut 
fondée  en  ijo8,par  Renaud  de  Rouy  ,  tréforier  de 
Philippe  le  Bel. 

MONT-ROI  ,  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  d'Arra- 
gon  ,  vers  les  frontières  de  la  Caraïogne  ôc  du  royaume 
de  Valence.  C'étoic  ci-devant  une  ville  forte  avec  un 
bon  château.  Elle  fut  piïfe  au  mois  de  Décembre  1705-, 
par  les  troupes  du  roi  Philippe  V,  livrée  au  pillage 
ôc  enfuite  brûlée. *  Délices  à .Espagne,  p.  65  1. 

MONT-ROND  ,  en  latin  Mons-Rotundus ,  château 
de  France,  dans  le  Berri  ,  près  de  la  ville  de  Saint 
Amand.  Ce  château  eit  connu  dans  l'hiitoire  de  France 
par  le  fiége  qu'il  foutint  contre  l'armée  du  roi.  en 
i6ji  ôc    en  i6j2.  11  a  été  bâti  par  des  feigneurs  de 


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la  mailond'Albret,  ôc  eft  fitué  fur  le  haut  d'une  mon- 
tagne ,  où  l'on  ne  peut  monter  que  par  un  feul  fentier. 
Charles  de  Gonzague ,  duc  de  Nevers ,  ayant  vendu  en 
\6c6 ,  la  te/re  ôc  feigneurie  de  Mont-Rond  à  Maxi- 
milien  de  Bethune  ,  duc  de  Sully  ,  ce  dernier  commença 
à  faire  fortifier  le  château.  Le  duc  de  Sully  vendit 
enfuite  cette  terre  à  Henri  de  Bourbon, II  du  nom, 
prince  de  Condé  ,  le  6  de  Février  1611  ,  ôc  ce  prince 
ne  l'eut  pas  plutôt  acquife ,  qu'il  acheva  de  faire  foitifier 
le  château  ,  enforte  qu'il  paflbit  pour  une  des  plus 
fortes  places  du  royaume ,  ôc  étoit  muni  de  toutes  les 
provifions  de  guerre  ôc  de  bouche  qui  font  néceflaires 
pour  foutenir  un  long  fiége.  En  1651,1!  fut  afliégé 
par  l'armée  du  roi  que  commandoit  le  comte  de 
Palluau,  ôc  fe  rendit  le  premier  de  Septembre  1652, 
après  un  an  de  fiége.  Cette  longue  réfiftance  donna 
lieu  aux  ennemis  du  comte  de  Palluau,  qui  l'année 
d'après  fut  fait  maréchal  de  France  fous  le  nom  de 
Clairembaut ,  de  faire  cette  chanfon  contre  lui  : 

Palluau  avec  f es  railleries 

Non  plus  qiiaz>ec  ces  batteries  , 

Ne  fait  pas  grand'peur  au  Perfan  ; 

Mon  Dieu  !  le  pauvre  capitaine  , 

Il  ne  peut  prendre  un  château  dans  un  an , 

Et  perd  deux  villes  par  jcmaine. 

En  effet ,  il  avoit  laifle  prendre  Courtrai  ôc  YprcS 
en  peu  de  jours. 

Dès  que  l'armée  du  roi  eut  pris  le  château  de  Mont-> 
Rond  ,  les  fortifications  en  furent  démolies  •,  mais  le 
reite  fubfitte  allez  entier  ;  ôc  l'on  y  voit  encore  par- tout 
les  armes  de  la  maifon  écartelées  de  celles  de  France. 
*  Piganiol,  Dciciipr.  de  la  France  ,  r.  6.  p.  458-. 

MONT- ROY  AL,  forterefie  en  Allemagne  ,  dans 
l'électorat  de  Trêves,  fur  le  bord  de  la  Mofelle  à  la 
gauche.  Ce  fut  Louis  le  Grand  qui  la  fit  conrtruire 
lur  un  rocher  escarpé  ,  dans  la  presqu'ifle  de  Trabent , 
vis  à- vis  de  Trarbach.  Elle  fut  démolie  en  1698,  fui- 
vant  le  traité  de  paix  conclu  avec  l'Allemagne.  *  Jaillot, 
Atlas. 

MONT-SAINT- BERNARD,  montagne  de  la  Suifle 
dans  le  Bas-Vallais,  au  gouvernement  d'Entremont.  Ce 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Mont  de  Saint  Bernard  > 
portoit  anciennement  le  nom  d'ALPES   Pennines  ou 
de  Mont  de  Jupiter  ,  (Mons  Jovis)  d'où  l'on  avoir 
fait  auiTi  dans  la  fuite  le  nom  de  Mont-Jou,  à  caufe 
d'une  idole  nommée  Jupiter  Penninus  ,  qu'on  y  adoroit 
du  tems  du  paganisme.  Quelques  fiécles  après  l'intro- 
duction du  Chniîianisme,  on  donna  à  cette  montagne 
le  nom  de  Saint  Bernard ,  à  caufe ,  dit-on  ,  d'un  faint 
prêtre    de   ce   nom  ,  natif  du  Val   d'Aofte  ,    lequel 
avoit  abbatu    l'idole   ôc  fondé  dans  le  même  lieu  un 
couvent  pour  loger  les  voyageurs.  Quoi  qu'il  en  foit , 
ily  a  fur  le  fommet  de  cette  montagne,  que  l'on  tra* 
verfe  pour  aller  au  Val  d'Aolte  ôc  de  -  là  en  Piémont, 
un  giand  couvent  ou  hospice,  dans  lequel  des  religieux 
reçoivent  très-humainement  tous  les  voyageurs.  Ils  les 
logent  ôc  les  nourriflent  trois  jours  durant  gratis  ,  fans 
aucune   diltinction-  de  Catholique    ôc  de    Protefiant. 
Chacun  eit  traité  fuivant  fa  qualité  5  Ôc  les  voyageurs  ' 
qui  ont  quelque  argent  ne  manquent  jamais,  pour  peu 
qu'ils  ayent  d'honnêteté  de  faire  quelque  préfent   au 
couvent.  Si  quelqu'un  meurt  dans  ce  lieu  ,  on  n'enterre 
pas  le  corps  ,  on  le  jette  dans   une  chapelle    qui   eit 
allez  loin   du  couvent,  au  milieu  d'une  glacière,  ôc 
où  les  corps  fe  gardent  long-tems  fans  fe  corrompre , 
à  caufe    de  l'excès   du   froid.    On   ignore  le  tems  ÔC 
l'origine  de  cette  fondation.  Il  eit  pourtant  certain  qu'elle 
eit    forr    ancienne.  Un   évêque  de  Laufanne  ,  nommé 
Hartman,  avoit  été  aumônier  dans   cette  maifon  vers 
l'an  8ço.  Comme  la  montagne  eft  fort  rude  de  chaque 
côté  ,  une  infinité  de  voyageurs  périroient  fans  les  foins 
charitables  de  ces  religieux ,  particulièrement  en   hiver 
ôc  dans  les  tems   de   dégel  :  chaque  jour  ils  ont  foin 
d'envoyer  aux   deux  chemins  oppofés ,  des  gens  avec 
de   Pcau-de-vie  ôc    d'autres  cordiaux  ;  ôc   fouvent   on 
rencontre    de    pauvres  voyageurs    étendus    gar   terre 
ôc    tombés    en    défaillance  ,    par    la    dureté  du  tems 
qu'ils  ont  eiTuyé  >  ôc  on  leur  donne  le  fecours  dont  ils 


MON 


MON 


ont  befoin.  Anffi  aime-r-on  beaucoup  ces  religieux 
dans  toute  la  Suifle  ôc  aux  environs  ;  ôc  quand  ils 
envoient  quêter  pour  leur  maifon ,  ce  qu'ils  font  une 
fois  chaque  année ,  la  plus  petite  maifon  contribue  le 
plus  qu'elle  peut  ôc  de  bon  cœur.  Cet  hospice  eff  très- 
grand  &c  peut  contenir  environ  fix  cens  perfonnes. 
Comme  il  elt  entouré  de  neiges  ôc  de  glaces  ,  il  ne 
croît  abfolument  rien  dans  fon  voilinage  ;  cependant 
tout  y  abonde  par  les  foins  des  perfonnes  qui  en  ont 
la  direction  ,  ôc  par  les  grandes  contributions  qu'on  y 
fait.  *  Etat  &  délic-es  de  la  Sitijfe,  t.  4.  p.  207. 

MONT-SA1NT-ELOI-LEZ-ARRAS ,  abbaye  ré- 
gulière de  l'ordre  de  faint  Auguftin,  dans  1  Artois, 
■au  diocefe  ôc  à  une  lieue  ôc  demie  au  nord  d'Arras. 
Elle  a  été  fondée  ,  à  ce  qu'on  prétend  par  faint  Eloi. 
Les  chanoines  réguliers  de  cette  abbaye  obtinrent  en 
1413,  de  Jean,  duc  de  Bourgogne  ,  la  permiffion  de 
fortifier  leur  monaffere ,  ôc  en  reconnoiflance  ils  s'o- 
bligèrent à  l'hommage  d'une  lance ,  à  chaque  mutation 
d'abbé.  Cette  abbaye  eff  en  régale ,  ôc  jouit  au  moins 
de  cinquante  mille  livres  de  rente.  On  dit  que  les 
chanoines  réguliers  de  cette  maifon  portent  la  foutane 
violette  ôc  le  rochet  par-deffus ,  comme  ceux  de  faint 
Anfbert  de  Cambray.  *  Figaniol ,  Defc.  de  la  Fiance, 
t.  3.  p.  i;6. 

Le  corps  de  faint  Vindicien ,  évêque  d'Arras  ôc  de 
Cambray,  mort  l'an  705  ,  à  Bruxelles,  fut  porté  au 
Mont  Saint  Eloi ,  retraite  qu'il  avoit  toujours  aimée  , 
depuis  que  Saint  Eloi,  fon  maître,  en  avoit  tait  une  dation 
d'oraifon  dans  le  cours  de  fes  travaux  évangéliques.  * 
Bailla  ,  Top.  des  Saints ,  p.  321. 

MOinT- SAINT-JEAN  ôc  Ormancey  ,  bourg  de 
France ,  dans  la  Bourgogne ,  bailliage  ôc  recette  de 
Semur  en  Auxois.  Il  eff  finie  fur  un  coteau.  Il  y  a  peu 
de  vignes  aux  environs.  Les  hameaux  de  Moulin  ,  de 
la  Côme  ,  de  Fleury ,  ôc  le  fief  de  Sémerôte  dépen- 
dent de  ce  bourg ,  qui  a  titre  de  Baronnie. 

MONT-SAINT-JEAN  ,  bourg  de  Fiance  ,  dans  le 
Maine  ,  élection  du  Mans. 

MONT-SAINT-MARTIN,  abbaye  d'hommes,  de 
l'ordre  des  Prémontrés,  dans  le  Cambrefis,  diocèfe 
de  Cambray  ,  entre  le  Catelet  au  couchant ,  ôc  Beaure- 
voir  au  levant,  près  des  fources  de  l'Escaut  dans  une 
agréable  fituation.  Cette  abbaye  a  été  réunie  à  l'arche- 
vêché de  Cambray. 

MONT-SAINT-MICHEL  (Le)  ,  abbaye  de  Béné- 
dictins ,  château  ôc  ville  de  France ,  dans  la  Bafle- 
Normandie ,  au  milieu  d'une  baie  que  forment  en  cet 
endroit  les  côtes  de  Normandie  &  de  Bretagne ,  dont 
les  plus  proches  font  éloignées  d'une  lieue  ôc  demie 
de  ce  Mont.  C'eff  un  rocher  d'environ  un  demi  -  quart 
de  lieue  de  circuit ,  lequel  elt  ifolé  dans  une  plaine 
fablonneufe,  ou  grève  que  le  flux  de  la  mer  couvredeux 
fois  en  vingt-quatre  heures  ,  enforte  qu'on  n'y  peut 
aborder  que  pendant  l'inrervalle  des  marées  :  le  partage 
en  eft  encore  très-dangereux  ,  parce  que  le  fable  de 
la  grève  étant  mouvant,  la  mer  pendant  la  marée  y 
forme  des  précipices  affreux  ,  qu'il  eft  impoflible  d'ap- 
percevoir ,  parce  qu'ils  font  tout  remplis  de  fable  lors- 
qu'on pafle  defllis ,  l'on  y  enfonce  tout-à-coup  ôc  l'on 
s'y  perd.  Il  y  a  dix-huit  ou  vingt-ans  qu'un  vaiffeau 
marchand  ayant  été  apporté  fur  cette  plaine  par  le 
flux ,  qui  en  fe  retirant  le  laifla  à  fec ,  s'enfonça  dans 
le  fable  au  point  qu'en  vingt-quatre  heures ,  l'on  n'en 
voyoit  plus  le  mât.  Pour  éviter  le  danger  ,  les  voyageurs 
prennent  des  guides  qui  marchent  toujours  devant  eux 
pour  fonder  les  partages.  Lorsqu'on  a  trâverfé  cette 
grève ,  qui  eff  toute  femée  de  coquillages ,  l'on  arrive 
au  Mont  Saint-Michel ,  qui  depuis  une  vingtaine  d'an- 
nées a  été  environné  d'une  muraille.  Lorsqu'on  a  pafle 
la  porte  de  la  ville,  l'on  trouve  un  corps  de  garde  où 
les  voyageurs  laiflent  les  armes  à  feu ,  les  épées ,  les 
bâtons  ferrés ,  &c.  L'on  entre  enfuite  dans  la  ville  ,  qui 
n'a  qu'une  rue  en  pente ,  ôc  dont  les  maiibns  font 
aflez  mal  conflruires.  Au  haut  de  cette  rue  ,  on  trouve 
une  églife  qui  efl  la  paroiffe.  On  prend  de-là  à  gauche 
&  l'on  arrive  à  un  fécond  corps  de  garde ,  où  les  fen- 
tinelles  demandent  fi  l'on  n'a  point  d'armes  cachées , 
comme  couteau  ,  &c.  &  l'on  eft  obligé  de  les  y  laifler. 
De-là  on  monte  par  des  degrés  taillés   dans  le  roc-, 


37? 

ion  trouve  une  grande  porte  épaifle  d'un  pied,  toi, ,e 
couverte  de  fer  ,  dont  l'on  n'ouvre  qu'un  guichet  qui 
n'a  que  trois  pieds  de  hauteur  ;  enfuite  ,  l'on  pahe  fous 
une  grande  voûte  obfcure  ,   dont  les  murs    font  tout 
couverts  de  mousquets,  de  pertuifanes  rangés  fur  leurs 
râteliers ,   l'on  voit  enfuite  un  grand  corps  de  garde , 
où  il  y  a  toujours  des  bourgeois  en  faction»,  En  con- 
tinuant de  monter  l'on  pâlie  une  petite  cour  d'environ 
douze  pas  en    carré ,  dont  les   hautes    murailles   fonc 
défendues  par  des  créneaux  &  des  machecoulis.  Enfin , 
l'on  pafle  la  dernière  porte  du  château  ,  ôc  1  on  arrive 
devant  celle  de   l'églife  qui    eff  bâtie    fur   une  plate- 
forme,   appellee  le  Saut-Gauthier.  De  cette  plate-for- 
me ,  on  découvre  une  longue  étendue  de  mer  ôc  dé 
terre.  On  entre  après  cela  de  plein  pied  dans  l'églife, 
dont  la  porte  eff  dans  le  flanc  méridional  de  la  nef. 
Cet  édifice  eff  dispofé  en  forme  de  croix  ,  d'une  ftruc- 
ture  gothique  ,  &  d'une  couleur  enfumée  qui  marque 
fa  grande  ancienneté.  Le   grand  autel  de  faint  Michel 
eft  placé  entre  le  chœur  ôc  la  nef,  ôc  lui  fende  clôture. 
Son  retable  eft    enrichi  d'ornemens  de  fculpture  ;  le 
haut  en  eft  terminé  par  une  niche,  dans  laquelle  eft. 
pofée  une  ftatue  de  l'archange  fainr  Michel  de  la  hau- 
teur d'un  homme.  Cette  ftatue  étoit  d'or  :  mais  on  l'a 
mife  dans  le   tréfor  ,  ôc  l'on  en  a  placé  une  autre  de 
bois  doré  fur  l'autel  :  le  grand  tableau   de  l'autel  eft 
aflez  bon.  Sur  un  des.murs  de  la  croifée  méridionale  de 
l'églife  ,  on  voit  en  peinture  les  armoiries  ôc  les  noms 
de  tous  les  gentilshommes  Bretons  ôc  Normands   qui 
défendirent  cette    forterefie    contre  les  Anglois  ôc  les 
Proteffans  François  du  tems    de    la  ligue.   Dans    une 
chapelle  ,  qui  eff  du  même  côré  ,  on  montre  le  tréfon 
qui  eff  rempli  de  quantité  de  vafes  facrés  ôc  de  pré- 
cieufes  reliques,  parmi  lesquelles  on    voit  le  chef  de 
faint  Aubert  qui  fonda   cette  églife.  On  voit  aufli  au 
bout  de  l'armoire  un  bouclier  carré  &  une  courte  épée 
qu'on  a  trouvée  en  Irlande  auprès  du  corps  d'un  dragon , 
dont  on  attribue  la  mort  à  faint  Michel.  Dans  la  nef, 
il  y  a  un  escalier   qui  conduit  à  une  chapelle    baffe  , 
nommée    Notre-Dame  fous   terre.     De    l'églife    on 
entre  dans  le  cloître,  &  l'on  ne  peut  voir,  fans  ad- 
miration ,  que  l'on  ait  fi  bien  bâti  fur  la  pointe    d'un 
rocher  tous  les  lieux  réguliers  d'un  monafteie.  Ce  cloître 
a  environ  vingt  pas  en  carré  ,  ôc  eft  accompagné  d'un 
côté  de  la  fale  des  chevaliers  de  Saint-Michel ,  qui  eft 
encore  plus  longue  ;  &  de  l'autre ,  d'un  grand  réfectoire 
'Se    de  fes  offices,  auprès  desquels  eft  une  machine  à 
mouliner,  qui  fert  à  monter  pour  l'ufage  de  la  maifon 
les  provifions  que    les  chaloupes  amènent  au  pied  du 
mont ,  qui  eft  fort  escarpé  du  côté  du  nord.  En  hauc 
font  les  dortoirs,  l'infirmerie  &  une  bibliothèque  bien 
fournie  ,  dont  la  voûte  eft  ornée  de  peintures.  Enfuite 
on  monte  deflus  l'églife  ,  autour  de  laquelle  on  peut 
fe  promener  le  long  des  baluflrades,  dont  la  couver- 
ture eft  environnée.  Les  curieux  n'en  demeurent  pas-là , 
ils  montent  dans  la  lanterne  du  clocher ,  qui  eft  élevée 
d'environ  foixante  toifes  au-deffus  du  niveau  de  la  grève. 
On  découvre  de  ce  lieu  au  nord  la  pointe  de  Gran- 
ville ,  ôc  vers  le  levant ,  en  fuivant  la   côte  de  Nor- 
mandie, on    voit    aifémer.t  1a   ville  d'Avrarches;   au 
midi ,  celle  de  Pont-Orfon  ;  au  fud  oueft  ,  le  mont  Dol 
ôc  la  ville  de  Dol  en  Bretagne  5  au  couchant ,  le  havre 
de  Cancale,  ôc  au  nord  oueft    l'ifle  de  Gerzey ,  qui 
eft  éloignée  de  feize  lieues  ;  ainfi  il  faut  une  lunette 
d'approche  pour  la  elillinguer,  car  à  la  vue  elle  ne  pa- 
roit  que  comme  un  nuage.  Après  avoir  v  ifité  le  deflus 
de  l'églife,  on  eft  conduit   avec  une  lanterne  dans  les 
fouterreins  de  cet  édifice.  C'eft  un  vrai  labyrinthe  de 
détours  &  de  descentes  obscures.  On  y  montre  deux 
cachots   de   fept   ou  huit   pieds  en  carré ,  ôc  cù   l'on 
descend  les  criminels  d'érat  par  une  bouche  qui  fe  fer- 
me avec  unerrape.  Pour  achever  la  vifite  entière  de  ce 
mont,  il   faut  fortir  de  ces   murailles,  ôc    aller  voir- 
une  chapelle  d'environ  douze  pieds  de  longueur  fur- 
huit  de  largeur,  dédiée  à  faint   Aubert,  ôc  bâtie    fur 
une  roche  ,  qui  étoit  autrefois  le   fommet  de  la  mon- 
tagne ,  ôc  qui ,  à  la  prière  de  ce  Saint ,  s'en  détacha  , 
pour  laifler  la  place  libre  aux  ouvriers  qui   dévoient 
conffruire  l'églife,  &  alla    fe  précipiter  du   côté   du 
nord.  On  monte  à  cette  petite  chapelle  par  douze  ou 


MON 


374 

quinze  degrés  taillés  dans  le  roc.  Elle  n'eft  point  fer- 
mée, ôc  n'a  qu'un  autel  avec  la  itatue  de  faint  Au- 
bert.  Toute  cette  partie  feptentrionale  du  mont  n'eft 
point  habitée  ;  ce  n'elè  qu'un  rocher  escarpé  ,  qui  n'a 
pas  befoin  de  murailles  pour  fa  défeufe.  On  peut  juger 
par  cette  dcfcnption  que  le  Mont  Saint  Michel  eft 
•une  place  importante  ôc  très-forte.  Les  bourgeois  en 
font  la  garde  ordinaire.  L'abbé  écoit  gouverneur  né  de 
cette  forrereffe  ,  ôc  en  fon  abfence  le  prieur  des  Béné  - 
dictins  ,  auquel  on  portoit  tous  les  foirs  les  clefs.  Mais 
depuis  quelque  tems  fa  majefté  y  a  mis  un  officier  ,  qui 
fait  les  fondions  de  gouverneur. 

Saint  Aubert  ,  eveque  d'Avranches  ,eft  le  fondateur 
de  cette  petite  ville.  11  bâtit  une  églife  fur  le  rocher 
en  709  ,  en  l'honneur  de  faint  Michel,  en  ôta  les  her- 
mites qui  l'habiroient  ,  ôc  y  établit  douze  chanoines. 
Richard ,  duc  de  Normandie  ,  chaffa  les  chanoines ,  à 
caufe  de  leur  libertinage ,  &  y  établit  des  Bénédictins. 
Les  rois  de  France ,  d'Angleterre  ,  les  ducs  de  Nor- 
mandie ont  fait  de  grands  biens  à  cette  abbaye.  La 
réforme  de  faint  Maur  y  a  été  introduite  par  la  fuite. 
Jean  le  Veneur  ,  évêque  de  Lifieux  ôc  cardinal ,  en 
fut  le  premier  abbé  ;  il  en  prit  poffeiTion  en  1524. 
Cette  abbaye  a  donné  lieu  à  l'inititution  des  chevaliers 
de  l'ordre  de  faint  Michel,  établie  par  Louis  XL  Le 
Mont  Saint  Michel  eft  franc  de  tous  droits  royaux, 
■comme  entrées,  tailles,  capitation  ,  &c.  *  Mémoires 
drejjés  fur  les  lieux. 

MONT-SAINT-ODILE  ,  montagne  d'Alface,  ôc  qui 
là  fépare  de  la  Lorraine.  De  fon  fommet  on  découvre 
l'Alface,  le  Palatinat ,  l'Oi'tnaw  &  Biisgaw.  Il  y  avoit 
autrefois  un  Monaftere  de  Bénédictines ,  fondé  au  VII 
fiécle  ,  &  occupé  aujourd'hui  par  les  Prémontrés  réfor- 
més ,  qui  v  ont  une  communauté  fous  un  Prévôt. 
MONT-SAINT  PROU.  Voyez.  Montsemprou. 
MONT-SAINT-QUENTIN,  Mons  Satitli Qiivatwi, 
abbaye  d'hommes  en  Fiance  ,  de  l'ordre  de  faint  Benoît, 
en  Picardie,  au  diocèfe  de  Noyon ,  fur  une  montagne 
au  nord ,  &  proche  la  ville  de  Peronne  ,  fondée  l'an  643. 
MONT-SAINT-ROMAIN,  en  latin,  Mons  Sanlli 
Romani ,  lieu  de  France  ,  dans  le  Dauphiné.  Il  y  a  une 
forêt  de  quatre  cens  foixante-trois  arpens  ,  qui  dépend 
de  la  maîtrife  des  eaux  ôc  foiêts  de  Grenoble. 

MONT  SAINT-SULP1CE,  bourg  de  France  ,  dans 
la  Champagne  ,  élection  de  Joigni.    . 

MONT-SAINTE-CATHERINE  DE- PROVINS. 
Voyez,  Mont-Notre-Dame  le's  Provins. 

MONT- SAINTE -MARIE,  Mons  Santlx.  Maria, 
abbaye  régulière  d'hommes  de  l'ordre  de  Citeaux  ,  filia- 
tion de  Clairvaux  ,  dans  la  Franche- Comté  ,  au  bailliage 
d'Aval ,  à  trois  lieues  au  levant  de  Nozeroi  ,  ôc  à  deux  au 
midi  du  château  de  Joux.  Elle  fut  fondée  ,  félon  quel- 
ques uns  ,  le  7  des  calendes  de  Février  1197,  ou  en  Juil- 
let 1 2 1 8  ,  ôc  félon  d'autres  en  1  2  1 3  ,  par  Gaucher  ,  fei- 
gneur  de  Salins. 

2.  MONT-SAINTE-MARIE ,  abbaye  d'hommes  , 
ordre  de  faint  Benoît ,  dans  la  Caddée.  Elle  fut  fondée 
dans  le  XII  fiécle. 

5.  MONT-SAINTE  MARIE  ,  monaftere  de  filles 
Chartreufes  en  France,  dans  l'Artois,  à  une  lieue  de 
Bethune.  Elle  fut  fondée  ,  l'an  1 308. 

MONT  DE  SEIR  (  Le  ) ,  ou  d'iDUMEE.  Voyez.  Idu- 
mée. 

MONT- SERRAT ,  montagne  d'Espagne  ,  dans  la  Ca- 
talogne ,  célèbre  pour  fa  hauteur  prodigieufe  ;  plus  en- 
core à  caufe  d'un  lieu  de  dévotion  qui  s'y  trouve ,  ôc  qui 
eft  le  plus  fameux  pèlerinage  de  l'Europe ,  après  la  mai- 
fon  de  Lorette ,  ôc  l'églife  de  faint  Jacques.  Cette  mon- 
tagne peut  avoir  environ  quatre  lieues  de  tour  ,  ôc  deux 
de  hauteur.  Elle  s'élève  fi  fort  au-deffus  de  toutes  les 
montagnes  voifines,  que  quand  on  eft  arrivé  fur  fa  cime  , 
elles  paroiffent  presque  au  niveau  de  la  plaine  ;  l'on  dé- 
couvre toute  la  campagne  jusqu'à  Barcelone ,  qui  en  eft  à 
fepr  bonnes  lieues  ,  bien  avant  fur  la  mer ,  jusqu'aux 
ifies  Baléares ,  qui  en  font  éloignées  de  foixante  lieues. 
Eileeft  presque  toute  de  rochers  escarpés,  qui  font  pointus 
Ôc  élevés  en  manière  de  dents  de  feie  ;  ce  qui,  comme  on 
croit ,  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Mons-Serratus  , 
Mont  Serrât ,  du  mot  latin  Serra  ,  qui  fignifie  une  feie. 
C'eft-là  que  les  peuples  vont  de  tentes  parts  implorer 


MON 


l'afliftance  de  la  Mère  de  Dieu  ,  devant  une  image  mira- 
culeufe  qui  fut  découverte  en  880  ,  dans  une  caverne  de 
cette  montagne  ,  par  des  bergers.  L'évêque  de  Barcelo- 
ne ,  dans  le  diocèfe  duquel  elle  étoit ,  alla  à  la  tête  dé 
fon  clergé  ôc  d'une  grande  multitude  de  peuples ,  pren- 
dre cette  image  pour  la  transporter  ailleurs  ;  mais  on 
prétend  que  l'image  s'arrêta  d'elle-même  ,  ôc  demeura 
immobile  dans  l'endroit  où  l'on  a  bâti  le  couvent.  Auflî- 
tôt  Guifred.ditle  Velu,comte  de  Barcelone,  fit  conftruire 
en  l'honneur  de  la  fainte  Vierge  ,  un  monaftere  de  reli- 
gieufes  de  l'ordre  de  faint  Benoit ,  ôc  cent  dix  ans  après 
ce  monaftere  fut  donné  à  des  religieux  du  même  ordre. 
*  Délices  d'Espagne ,  p.  6oj  ,  ôc  fuiv. 

Tous  les  pèlerins  qui  vont  à  faint  Jaques  paffent  pat 
Notre-Dame  de  Mont-Serrat.  Quand  on  y  va  de  Barce- 
lone on  traverfe  le  Llobrégat ,  qui  coule  au  pied  de  la 
montagne ,  roulant  un  fable  rougeâtre  qui  lui  fait  don- 
ner le  nom  de  Rubricaius  ;  en  hiver  il  elt  fort  gros ,  ôc 
n'a  qu'un  filet  d'eau  en  été.  On  monte  cette  montagne 
par  un  chemin  extrêmement  rude,  ôc  l'on  trouve  d'abord 
une  hôtellerie  toute  feule  pour  recevoir  les  voyageurs  ;  ôc 
à  feptou  huit  cens  pas  de-là  on  rencontre  le  cloître  &  l'é- 
glife. Ces  deux  bâtimens  n'en  font  proprement  qu'un  fi- 
tué  dans  une  esplanade  au  pied  d'un  rocher  fort  roide  ôc 
tout  environné  de  muraiilcs.  On  voit  à  l'entrée  du  cloî- 
tre ,  une  grande  quantité  de  chaînes  ôc  d'autres  chofes  , 
offertes  par  des  perfonnes  qui  vouloient  témoigner  leur 
reconnoiffance  des  bienfaits  qu'ils  avoient  reçus  par  lin- 
terceilion  de  la  fainte  Vierge  ■-,  on  voit  auffi  un  grand 
nombre  de  tableaux  qui  reprèfentent  les  miracles  qui  ont 
été  opérés.  Au-deffus  de  l'entrée  il  y  à  une  apothicaireiie 
entretenue  pour  la  guérifon  des  religieux  ôc  der.  pèlerins 
malades  •,  de-là  ou  va  dans  la  vieille  églife  ,  où  il  y  a  pa- 
reillement plufieurs  tableaux ,  ôc  deux  tombeaux  de  mar- 
bre avec  des  épitaphes.  Ceft  en  cet  endroit  que  faint 
Ignace  de  Loyola  a  paffé  beaucoup  de  tems,  lorsqu'il  mé- 
ditoit  l'éiabliflement  de  la  compagnie  de  Jefus  ;  ceft  ce 
que  témoigne  l'infeription  fuivante  qu'on  lit  fur  la  mu- 
raille :  B.  Ignaiius  à  Loyola  hic  multa  precefletuque  Deo 
fe  Virginique  devovit  :  hic  tanquam  armis fpiritualibus  , 
Jacco  je  muniens  ptrnotlavit  >  hinc  ad  focietatem  Jefu 
jundandam prodiit  ,  anno  1522. 

La  vieille  églife  fe  trouva  trop  petite  par  le  grand  nom- 
bre de  pèlerins.  Philippe  II  en  fit  bâtir  une  nouvelle  ,  & 
Philippe  111  1  acheva  ,  Ôc  y  fit  transporter  en  1J99  ,  la 
fainte  image.  Cette  nouvelle  églife  eft  très  belle  ,  ornée 
de  trois  chœurs  d'orgues  Ôc  d'un  autel  tout  doré  qui  a 
coure  trente  mille  écus.   L'image  miraculeufe  eft  fur  cet 
autel  ;  fa  couleur  rite  fur  le  noir ,  ôc  elle  tient  un  enfant 
Jefus  entre  fes  bras  ;  on  la  voit  au  travers  d'un  treillis  de 
fer  doré  ,  fur  lequel  on  lit  l'infeription  fuivante  :  Philip- 
pus  fil ,  rex  Catholicus  yVirgini  matri  dicavit  ,  ann* 
1609.  Aux  deux  côtés  de  l'autel  paroiffent  deux  tableaux , 
dont  l'un  eft  le  portrait  de  ce  prince ,  &  l'autre  celui  de 
la  reine  fa  femme  ;  plus  de  quatre-vingt-dix  lampes  brû- 
lent perpétuellement  devant  cette  image.   Le  tréfor  de 
l'églife  eft  très  riche  -,  on  y  montre  entr'autres  la  couronne 
de  la  fainte  Vierge  ,  pièce  qu'on  efiime  un  million  d'or. 
Les  aumônes  qu'on  fait  à  ce  couvent  font  fi  confidérables, 
que  quoiqu'il  ne  jouiffe  pas  de  plus  de  quatorze  mille 
écus  de  rente  ,  tous  les  pèlerins  y  font  logés  ôc  nourris 
graruitement  pendant  trois  jours. 

On  voit  par-ci  par-là ,  en  divers  endroits  de  la  monta- 
gne, au-deffus  de  l'églife ,  douze  ou  treize  celdas  de  Hcr- 
mitanos ,  ou  cellules  d  hermites ,  qui  femblent  être  atta- 
chées aux  rochers ,  &  où  l'on  ne  peut  monter  que  par  des 
degrés  raillés  dans  le  roc  \  ce  font  d'ordinaire  des 
perfonnes  de  qualité  ,  qui ,  dégoûtées  du  monde, fe  reti- 
rent dans  ces  hermitages  pour  y  confacrer  le  refte  de 
leurs  jours  à  la  pénitence.  Quoique  leurs  cellules  foient 
fur  le  roc  ,  où  il  femble  qu'on  ne  doive  rien  trouver  ,  ce- 
pendant on  y  voit  une  chapelle,  une  chambre,  un  jar- 
din ôc  un  puits  creufé  dans  le  roc ,  le  tout  fait  avec  beau- 
coup de  peine ,  ôc  à  grands  frais.  Quelques-uns  de  ces 
hermites  ne  veulent  point  voir  le  monde;  d'autres  qui 
mènent  une  vie  moins  auftere,  reçoivent  des  vifites. 

Au-deffus  du  cloître  il  y  a  un  rocher  fort  penchant  où 
l'on  a  planté  trois  croix  ,  auprès  desquelles  on  dit  tous  les 
jours  la  ineffe ,  pour  que  la  fainte  Vierge  ne  permette 
pas  que  ce  rocher  tombe  fur  fon  églife  ni  fur  le  cloître. 


MON 


MON 


Ce  n'eft  pas  fans  fujet  qu'on  craint  ce  malheur  ;  car  vers 
le  milieu  du  XVI  fiécle  il  s'en  décacha  un  gros  quartier 
qui  fît  beaucoup  de  ravage  ;  il  tomba  fur  1  infirmerie  , 
la  renverfa  ,  6c  y  tua  plufieurs  malades  ;  du  refte  cette  fo- 
ïitudeeft  tout- à-fait  charmante:  on  y  jouit  d'une  fort  bel- 
le vue  ;  il  y  règne  un  grand  filence ,  &  l'on  n'y  entend  guè- 
re autre  choie  que  le  ramage  des  oifeawx  Se  le  murmure 
dequelques  petits  ruiffeaux    qui  tombent    des    rochers. 

En  forçant  de  ce  lieu  on  continue  à  monter  parmi  les 
rochers  ,  Se  quand  on  eft  parvenu  ait  fommet ,  on  des- 
cend quarte  lieues  avant  que  d  arriver  a  la  plaine. 

i.  MONT-SERRAT,  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nalc  ,  Se  l'une  des  Antilles  {.a).  Son  nom  lai  fut  donne 
parles  Espagnols,  quand  ils  en  firent  la  découverte  ;  Se  la 
relTembl.ince  qu'il  y  a  entre  une  montagne  de  cette  ifle  Se 
celle  de  Mont-Serrat ,  près  de  Barcelone  en  Espagne ,  y 
donna  occafion.  Les  carres  la  placent  à  17  d.  de  latitude 
feptentrionale  :  elle  a  trois  lieues  de  long  Se  presque 
autanr  de  large ,  de  forte  qu'elle  paroîr  d'une  figure  ronde 
•  (  b  )  :  la  terre  y  e/1  fertile  :  les  montagnes  font  ornées  de 
beaux  cèdres  Se  d'autres  arbres  utiles  :  les  vallées  Se  les 
plaines  y  font  auiïï  fore  agréables  Se  fertiles  :  elle  eft  prin- 
cipalement habitée  par  des  lrlandois,  mêlés  de  quelques 
Anglois ,  qui,  en  1688,  faifoient  enfemble  environ  fept 
cens  perfonnes.  Il  y  a  une  églife  d'une  très-belle  ftruclu- 
re  ;  la  chaire ,  les  bancs  &  toute  la  charpente  font  de 
bois  précieux  Se  odoriferenr  que  l'ifie  produit.  On  prend 
entr'autres  poiflbns  fur  la  côre  ,  des  diables  de  mer  ,  des 
licornes  de  mer  ,•  des  lamentins  ou  manates  ,  des  éron- 
délies  Se  des  épées  de  mer  (./)  Rochcfort,  Hift.  narur.  des 
Antilles ,  page  27.  (b)  L'Amérique  An<*loife ,  page  1 75 . 

MONTDE-SINAI  (  Le  )  ,  dans  l'Arabie  Pecrée. 
Voyez.  SlNAI. 

MONT-SlON ,  abbaye  de  France ,  dans  la  Provence , 
près  dé  Marfeille ,  où  elle  fut  transférée  en  1361.  C'eft 
une  abbave  de  hlles  de  Tordre  de  Cireaux  ,  fille  de  Tho- 
ronet.  Pierre  Bicmond  ,  prévôt  (  prœpofïuif  )  de  l'églife 
de  Marfeille  ,  Se  fes  frères  utérins  Raymond  Se  Itérius 
avec  Aicard,  leurcoufin,  iffus  d'une  très-noble  Se  très- 
ancienne  famille  de  Marfeille  ,  mais  qui  elï  éteinte  de- 
puis deux  cens  ans ,  fondèrent  au  commencement  du 
XIII  fiécle  ,  l'églife  Se  1  hôpital  de  faint  Michel  des 
frères ,  (  c'eft  ainli  qu'on  la  nommoit  )  ,  Se  l'enri- 
chirent de  plufieurs  donations.  L'an  1214,  ils  en  firent 
une  ceilion  au  monaftere  des  ifles  d'Hieres  (  infularum 
de  Are'u  ) .  en  fe  réfervaht  feulement  le  droit  de  patro- 
nage ,  mais  comme  l'hospitalité  n'y  étoit  pas  obfervée 
dans  toute  la  ferveur  qu'ils  fouhaitoient ,  ils  y  appelie- 
rent  leur  parente  Nicole  de  Roquefort ,  abbeffe  de  Saint 
Pons  de  Gémenos ,  ordre  de  Cireaux  ,  afin  qu'elle  y 
établît  une  maifon  de  fon  ordre.  Nicole  obtint  à  ce  fu- 
jet un  bref  de  la  cour  de  Rome ,  par  le  moyen  d'Innocent 
IV  ,  qui  alors  étoir  à  Lyon  ,Se  l'an  124;  ,  on  commença 
le  monaftere  de  fainte  Marie  du'Mont-Sion  :  il  fut  d'a- 
bord fujet  à  celui  de  Saint  Pons  de  Gémenos  ;  Se  par  l'au- 
torité du  même  pontife  il  fut  fournis  à  celui  de  Thoronet. 
L'an  1563  ,  ces  religieufes  fe  lafierenc  de  vjvre  en  com- 
mun Se  commencèrent  à* vivre  en  leur  particulier,  Se 
à  prendre  leurs  repas  chacune  féparément  ;  mais  Jean  Pe- 
tit ,  abbé  de  Cîceau»,  les  ramena  a  l'ancienne  obfervân- 
ce  de  la  régie  ,  l'an  1682.  En  1361  ,  durant  les  guerres, 
cette  maifon  en  ayant  effuyé  de  funeftes  orages ,  les  reli- 
gieufes  qui  en  échaperent ,  fe  réfugièrent  à  Marfeille  ,  où 
leur  communauté  fubfifte  encore  ;  on  y  compte  jusqu'en 
1696  ,  trente  trois  abbeffes. 

MONT-THABOR  (  Le  ) ,  danf  la  Baffe-Galilée  ,  au 
nord  du  Grand  Champ.  Voyez.  Thabor. 

MONT-THRESOR  ,  en  latin  Mons  Thefaitri ,  petite 
ville  de  France,  dans  la  Tour  aine  ,  fur  l'indrois,  éle- 
ction de  Loches  :  elle  fut  érigée  en  comté  en  faveur  de 
Claude  de  Bourdeilles ,  puîné  de  certe  famille.  Le  châ- 
teau eft  ancien  ,  Se  doit  fa  fondation  à  Foulques  de  Ne- 
ra  ,  comte  d'Anjou.  Ce  comté ,  qui  appartient  au  duc  de 
Saint  Aignan  ,  a  quatre  châtellenies  dans  fa  mouvance  , 
8e  environ  quatre-vingt  fiefs  :  il  y  a  une  églife  collégiale 
&  une  chapelle  fuccurfale  dans  Monr-Thréfor.  La  pa- 
roiffe  eft  hors  de  la  ville  ,  Se  s'appelle  Beaumont.  Mont- 
Thréfor  ne  contient  qu'environ  cent  trente-fix  feux  ,  Se 
autour  de  lîx  cens  perfonnes.  *  Piganiol,  Defc.  de  la 
France  ,  tom.  7  pag.  jy. 


37f 

MONT-TRICHARD,  ville  de  France,  dans  la  ioti- 
rainc  ,  fur  une  montagne  au  pied  de  laquelle  pafle  la  ri- 
vière de  Cher.  On  l'appelle  en  latin  Mons-Trkhardus 
ou  Mum-Tricb.irdi ,  Se  elle  a  pris  ce  nom  de  fa  (îtuation 
qui  lui  donne  la  facilité  de  tricher,  c'eft-a  dire,  de  faire 
des  incurfions  fur  les  autres  ,  fans  qu'ils  en  puiffent  faire 
f.ir  fes  habitans.  Elle  fut  alliégée  par  Philippe-Augufte  , 
qui  ne  s'en  rendit  maître  qu'après  un  long  luge  :  le  châ- 
teau fut  bâri  l'an  1010  ,  par  Foulques  de  Nera,  comre 
d'Anjou.   Les  feigneurs  d'Amboife,  fur    le  fonds  des- 
quels il  avoit  été  confiant ,  s'en  renduent  les  maîtres 
dans  la  fuite ,  Se  en  jouirent  pendant  plus  de  cinq  cens 
ans.   Louis  d'Amboife  vendit    cette  ville  à  Guillaume 
d'Harcourt ,  fon  gendre  ,  qui  l'échangea  avec  Louis  XI , 
roi  de  France.  Le  roi  Henri  III  la  vendit  avec  faculté  de 
rachat  perpétuel  en  1583  ,  au  comte  de  Limours ,  fils  du 
chancelier  de  Chiverny.  De  celui-ci  elle  paffa  au  marquis 
de  Sourdis ,  Se  par  fa  mort  a  Ifabelle  d'Escoubleau -Sour- 
dis,  fa  fille  ,  qui  la  biffa  à  fon  fils  le  marquis  d'Effiat  , 
chevalier  des  ordres  du  roi ,  qui  en  a  joui  jusqu'à  fa  mort. 
Cette  ville  a  quatre  portes  ,  Se  autant  de  fauxbourgs , 
dont  celui  de  Nanteuil  eft  le  plus  confidérable.  Dans  le 
château  qui  a  été  bâti  par  Foulques  de  Nera  ,  on  remar- 
que une  fort  grofle  tour  carrée.    Hors  de  la  ville  il  y  a 
plufieurs  demeures  fouieireines ,  au-deflus  desquelles  on 
cultive  des  jardins  &  des  vignes.  Monc-Tiichard  a  deux 
paroiffes  ,  l'une  fous  le  titre  de  Sainte-Croix  dans  le  châ- 
teau ,  Se  l'autre  dédiée  à  Norre-Dame  de  Nanteuil  dans 
la  ville  :  c'eft  un  prieuré  dépendant  de  l'abbaye  de  Pont- 
le-Voie  ;  il  y  a  outre  cela  au  milieu  de  la  ville  une  cha- 
pelle &  un  hôpiral ,  avec  un  couvent  d'-Urfu!ines.    11  y 
avoit  ci-devant  des  Bernardines.  Hors  de  la  ville  eft  une 
autre  chapelle  ,  où  l'on  a  érigé  une  confrérie  fous  le  titre 
de  Notre-Dame  du  Mont  Carmel.  *  Pigamol ,  Defc. 
de  la  France,  torn.  7  pag.  j6. 

MONT-VALÈRIEN  (Le),  en  latin  Mons  Valeria- 
ni ,  montagne  de  France,  au  voifinage  de  Paris,  près 
de  Surenne  ,  &  dans  la  paroiffe  de  Ruel.  C'eft  un  lieu 
d'une  grande  dévotion ,  &  qui  offre  une  image  du  Cal- 
vaire où  le  Sauveur  du  monde  eft  mort.  *  Pigamol,  Defc. 
de  la  France ,  tom.  2  parr.  2.  pag.  68. 

Le  Mont-Valérien  eft  habité  par  des  hermires  Se  par 
une  congrégation  de  pierres 3  inftituée  pour  rétablir  le 
culte  de  la  croix  que  les  Calviniftes  avoient  tâché  d'abo- 
lir. A  l'égard  des  hermites  on  prétend  qu'ils  font  en  pos- 
fefiïon  de  ce  lieu  depuis  plus  de  huit  cens  ans  ;  l'établiffe- 
ment  de  la  congrégation  des  prêtres  eft  très-moderne  en 
comparaifon.  Un  faint  prêtre'»  appelle  Charpentier  , 
avoit  inftitué  dans  le  Bearn  ,  une  congrégation  fous  le 
nom  de  Prêtres  du  Calvaire.  Louis  XIII  fouhaita  qu'il 
vînt  s'établir  dans  Paris,  &  les  lettres  parentes  de  ce  prin- 
ce ,  pour l'érabliflemenr  au  Mont-Valérien,  font  de  1  an 
1633.  Le  fleur  Charpentier  obtint  enfuite  du  cardinal  de 
la  Roche-Foucaud  ,  abbé  de  fainte  Geneviève  Se  des 
religieux  de  certe  abbaye,  d'où  dépend  le  Mont-Valérien, 
huit  arpens  &  demi  de  terre  fur  le  haut  de  la  montagne  , 
à  cens  Se  furcens  ,  Se  ils  en  parlèrent  enfemble  un  contrat 
le  30  de  Mars  1634.  L'archevêque  de  Paris ,  pour  con- 
courir à  une  û  bonne  œuvre  ,  donna  en  la  même  année 
des  lettres  de  conceffion  pour  letabliffement  decetre  con- 
grégarion  ,  &  afin  qu'il  ne  manquât  rien  à  la  durée  Se  à 
raffermi ffement  de  cet  inftitut ,  il  fit  dreffer  des  ftatuts  Se 
des  conftitutions  qu'il  lui  accorda  en  1638.  La  reine 
Anne  d'Autriche  employa  fon  zèle  pour  affermir  cet  éta- 
bliffement  ,  Se  porta  le  roi ,  fon  fils  ,  à  confirmer  les  let- 
tres patentes  de  cette  congrégàrion  ,  fes  privilèges  ,  fon 
établiffement  fur  le  Mont-Valérien  ,  Se  fes  (latins  par  de 
nouvelles  lettres  qu'il  accorda  au  mois  de  Février  165-0, 
enregistrées  au  parlement  le  1 3  de  Décembre  de  la  même 
année.  L'éclat  que  l'approbation  royale  donna  à  cet  in- 
ftitut ,  Se  la  vertu  de  l'inftitùteu'r  Se  celle  de  fes  confrè- 
res ,  portèrent  plufieurs  eccléfi.lltiqucs  à  fe  retirer  fur 
certe  montagne  ,  Se  a  y  employer  leurs  biens  Se  leurs 
vies  à  la  confommarion  d'un  deffein  fi  heureufemenj 
commencé  ;  ils  y  élevèrent  en  peu  de  rems  une  églife  Se 
les  bâtimens  qui  etoient  néceflaires  pour  loger  une  com- 
munauté. 

Comme  la  montagne  eft  haute  &  rude  ,  on  a  pratiqué 
dans  l'endroit  le  plus  difficile  ,  de  larges  marches  qui  con- 
duifent  à  trois  ou  quatre  terraffes  l'une  fur  l'autre,  qui 


376 


MON 


MON 


occupent  le  fommet  du  tertre.  Les  vues  de  ces  rerrafles 
■font  uniques  pour  leur  étendue  6c  pour  la  beauté  des  ob- 
jets qu'elles  offrent  :  on  y  découvre  les  beaux  payfages  des 
environs  de  Paris ,  le  canal  de  la  Seine  ,  le  bois  de  Bou- 
logne ,  l'abbaye  de  Long-champ  &  quantité  de  villages. 
Cette  montagne  eft  couverte  de  vignes  qui  donnent  le 
vin  de  Stuenne  :  il  y  a  auili  une  plâtriere  affez  abon- 
dante. 

Sur  le  fommet  qui  a  été  applani  en  forme  de  terraffe  , 
eft  une  petite  églife ,  propre  6c  allez  bien  bâtie.  Der- 
rière l'autel  eft  la  repréfentarion  du  fépulchre  dont  les 
ftatues  font  de  grandeur  naturelle.  La  maifon  des  prê- 
tres qui  la  deffervent ,  eft  fimple  -6c  affez  commode ,  6c 
le  jardin  eft  beau  dans  ce  qu'il  contient.  Trois  grandes 
croix  ornent  le  devant  de  la  terraffe  -,  de  en  descen- 
dant la  montagne,  on  voit  des  deux  côtés  plufieurs 
chapelles  dans  lesquelles  on  a  repréfenté  par  des  figures 
de  grandeur  naturelle  les  différentes  circonftances  de 
la  paffion  de  Notre  Seigneur.  11  y  a  deux  de  ces  cha- 
pelles fur  chaque  terraffe  ,  l'une  à  droite  6c  l'autre  à 
gauche. 

On  trouve  presque  toujours  beaucoup  de  perfonnes 
qui  viennent  vifiter  ce  faint  lieu  par  dévotion  ;  mais 
dans  la  femaine  fainte  &  aux  fêtes  de  la  croix ,  c'eft 
un  concours  étonnant  de  peuple. 

MONT- VERDUN  ,  en  latin  Mons-Verdumis ,  villa- 
ge de  France,  dans  le  Forez  ,  diocèfe  de  Lyon.  De  la 
Mare  écrit  en  fon  hiftoire  eccléfiaftique  de  Lyon ,  que 
ce  fut  le  lieu  où  fe  retira  au  VIII  fiécle  faint  Porcaire, 
II  du  nom  ,  abbé  de  Lerins ,  &  que  le  lieu  où  étoit 
fa  cellule  a  donné  les  commencemens  au  prieuré , 
qui  depuis  y  a  été  conftruit.  Il  y  avoit  eu  par  la  fuite 
du  tems  des  chanoines  réguliers  établis  en  ce  lieu  , 
mais  le  relâchement  introduit  parmi  eux  fut  caufe  que 
Robert  d'Auvergne,  archevêque  de  Lyon ,  y  appella  des 
religieux  de  l'ordre  de  faint  Benoît  qu'il  tira  de  la  Chaife- 
Dieu  ,  du  confentementde  Gui,  comte  de  Forez,  fous 
la  protection  duquel  étoit  ce  monaftere  :  ce  comte  fe 
retint  le  droit  de  ferment  de  fidélité  de  la  part  du 
prieur  ,  &  la  faculté  d'envoyer  à  Mont-verdun  des 
troupes  félon  le  befoin  ,  quittant  le  château  6c  le  village 
de  tout  droit  de  taille  6c  de  chevauchée..  Cet  acte  eft 
de  l'an  i  z 3 3 . 

MONTABAR  ,  autrefois  Montabal  ,  en  latin  Mons- 
Abali  ,  6c  non  pas  Mous-  Abbaiis  ,  comme  l'ont  fup- 
pofé  quelques  modernes,  Abahts  devant  être  un  nom 
d'homme  de  même  qu'Ebiilux ,  qui  étoit  le  nom  d'un 
comte  de  Poitiers.  Ce  lieu  eft  en  France  dans  la  Nor- 
mandie, élection  d'Argentan. 

MONTABAUR  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans 
l'électorat  de  Trêves ,  entre  Coblentz  &  Limpurg ,  à 
l'orient  de  la  première  &  à  l'occident  de  la  féconde. 
Cette  ville  eft  fortifiée,  6c  elle  eft  le  chef-lieu  d'un 
bailliage. 

MONTACHER ,  petite  ville  de  France ,  dans  le 
Forez  ,  élection  de  Mont  brifon. 

MONTAGNAC  ,  ville  de  France ,  dans  le  bas  Lan- 
guedoc, diocèfe  &  recette  d'Agde.  Cette  petite  ville  a 
une  juftice  royale ,  6c  il  s'y  tient  des  foires  confidéra- 
bles  où  les  marchands  de  Montpellier  apportent  beau- 
coup de  marchandifes,  particulièrement  des  laines  qu'ils 
ont  fait  préparer. 

MONTAGNAIS.  On  appelle  ainfi  dans  la  Nouvelle 
France,  les  fauvages  Algonquins  qui  demeurent  vers 
les  montagnes  des  environs  de  Cadouffac  ,  6c  du  Sague- 
nay.  On  lesappelloit  auffi  Algonquins  Inférieurs ,  parce 
qu'ils  font  au-deffous  de  Québec  par  rapport  au  cours 
du  fleuve  S.  Laurent. 

MONTAGNANA,  ville  d'Italie  ,  dans  lePadouan, 
fur  le  Fiumicello,  au  midi  de  Fraffine  6c  à  l'occident 
méridional  d'Eflc.  Elle  eft  fort  peuplée ,  6c  fournit 
quantité  de  chanvre  à  l'Arfenal  de  Venife.  *  Magin, 
Carte  du  Padouan. 

MONTAGNA-NEROS,  montagne  de  Syrie,  fur- 
ies frontières  de  la  Caramanie ,  proche  de  la  ville  de 
Scanderon  6c  du  golfe  de  Lajazzo.  Cette  montagne ,  la 
plus  confidérable  du  pays ,  eft  appellée  Neros  par  fes 
habitans  ,  comme  qui  diroit  montagne  d'Eau  ,  à  caufe 
de  la  quantité  de  fources  6c  de  ruiffeaux  qui  en  cou- 


lent inceffamment.  Delà  vient  que  les  Européens  la 
nomment  par  corruption  Monte-Nero ,  félon  Golius, 
6c  les  Arabes  Aliocam,  *  Baudrand ,  Dict.  édit. 
170;. 

MONTAGNE ,  grande  élévation  de  terre  ou  de 
roche  au-deffus  du  niveau  ordinaire  de  la  terre.  Quoi- 
que les  mots  de  Mont  et  Montagne  l'oient  fynony- 
mes ,  il  y  a  cependant  des  occafions  où  l'on  ne  doit  pas 
les  confondre.  On  dit  le  mont  Caucafe  ,  le  mont  Etna, 
le  mont  Liban ,  le  mont  Apennin ,  le  mont  Caffin  , 
le  mont  Olympe  ,  6cc.  Il  femble  que  le  mot  Mont 
foit  affecté  aux  montagnes  fameufes  parleur  hauteur i 
cependant  on  dit  la  montagne  de  la  Table  pour  mar- 
quer cette  montagne  voifine  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance ,  a  la  pointe  méridionale  de  l'Afiique,  quoiqu'au 
rapport  des  voyageurs  ce  foit  une  des  plus  hautes  du 
monde. 

On  dit  Mont,  d'une  fimple  montagne  ,  Se  d'une 
chaîne  de  montagnes  continuée  dans  un  long  espace 
de  pays.  Comme  les  monts  Pyrénées,  les  monts  krapack, 
le  mont  Taurus  ,  le  mont  Imaus ,  c\'c. 

Les  Allemands  appellent  une  montagne  Berg ,  les 
Espagnols  Sierra.  Voyez,  ces  mots. 

De  la  hauteur  des  Montagnes. 

Dans  les  articles  patticuliers  des  montagnes,  je  fuis 
fouvent  entré  dans  un  détail  de  leur  hauteur  ;  6c  il 
n'eft  pas  néceffaire  de  le  répéter  ici.  Divers  auteuts  , 
en  traitant  des  principes  de  la  géographie,  ont  donné 
dans  leurs  ouvrages  des  régies  pour  mefurer  la  hauteur 
des  montagnes  ;  ruais  elles  ne  peuvent  être  entendues 
que  d'un  géomètre  ,  6c  elles  feroient  inutiles  à  une 
bonne  partie  de  mes  lecteurs.  Quant  aux  favans  qui 
voudront  les  étudier ,  ils  aimeront  mieux  les  aller  pren- 
dre dans  les  auteurs  mêmes.  On  peut  donc  conlulter 
fur  cette  matière  Ricciuli  geog.  reform.  1.6.  ci  3.  6c 
feq.  Varemigeogr.  gencr.  fect.  3.  c.  9  6c  10.  Deschales 
mund.  mathem.  t.  i.geogr.  1.  S-Prol'°J-5'  &  autres.  Cette 
méthode  qu'ils  donnent  de  mefurer  la  hauteur  d'un  fom- 
met de  montagne  par  les  angles  eft  incertaine  à  caufe 
de  la  réfraction  de  l'air  qui  en  change  plus  ou  moins 
le  calcul ,  à  proportion  de  la  hauteur  ;  c'eft  une  in- 
commodité confidéiable,  L'ul'age  du  baromètre  feroit 
plus  court ,  plus  facile ,  fi  on  avoit  pu  convenir  du 
rapport  précis  qu'a  fon  élévation  avec  celle  des  lieux 
où  il  cil  placé  ;  car  le  mercure  contenu  dans  le  baro- 
mètre ,  ne  monte  ni  ne  descend  que  par  le  plus  où  le 
moins  de  pefanteur  de  la  colomne  d'air  qui  le  preffe. 
Or ,  cette  colomne  doit  être  plus  courte  au  fommet 
d'une  montagne  qu'au  pied.  On  a  tâché  de  connoitre 
avec  précifion  le  rapport  de  la  hauteur  du  vif-argent  à 
celle  de  la  montagne  ;  mais  il  ne  paroît  pas  que  l'on 
foit  encore  arrivé  à  cette  précifion  fi  néceffaire  pour 
la  fureté  &  l'exactitude  du  calcul  ;  par  exemple, 

Snowdon  hill  eft  une  des  plus  hautes  montagnes 
dans  le  pays  de  Galles  en  Angleterre.  Caswel  d'Oxford 
qui  l'a  mefurée  par  le  moyen  de  la  trigonométrie  ,  la 
trouve  haute  de  3488  pieds  de  Paris;  le  mercure  baifla 
au  fommet  de  cette  montagne  jusqu'à  24  deg.  Il  s'agit 
de  favoir  combien  cette  baiffe  doit  valoir  de  toiles 
pour  la  hauteur  de  la  montagne.  Les  tables  de  Caffini 
donnent  pour  24  deg.  du  baromètre  676"  toifes  >  celles 
de  Mariote  544  toifes-,  celles  de  Scheuchzer  559.  Cette 
différence  fi  grande  entre  de  fi  habiles  gens  ,  eft  une 
preuve  de  1  imperfection  où  eft  encore  cette  méthode. 
*  Biblioih.  Britann.  t.  1.  part.  1.  p.  235. 

La  hauteur  d'une  montagne  peut  fe  prendre  de  plu- 
fieurs manières  i  le  voyageur  compte  les  heures  qu'il 
marche  pour  arriver  au  fommet  6c  en  fait  des  lieues , 
après  quoi  il  dit  qu'une  montagne  a  tanr  de  lieues  de 
hauteur.  Cette  manière  eft  très-imparfaite  ;  car  outre 
qu'on  ne  monte  guère  une  montagne  en  ligne  droite, 
6c  que  l'on  fait  des  détours  pour  en  adoucir  le  che- 
min ,  le  tems  que  l'on  met  à  la  monter,  ou  pour 
mieux  dire  ,  la  dillance  du  pied  au  fommet  de  la  mon- 
tagne doit  varier  à  proportion  que  la  pente  eft  plus 
ou  moins  roide. 

La  manière  de  calculer  là  hauteur  d'une  montagne, 

c'eft 


MON 


MON 


c'eft  de  fuppofer  une   ligne    perpendiculaire  qui  patte 
du    fommer  de    cette  montagne  au  centre    du  gl^be 
terreftre.   Or,  la  partie  de  cette  ligne  qui    eft  entre  le 
fonimet  de  la  montagne  &  l'arc  du  cercle  de  la  terre 
qui' feroit  découvert:,  fi  le  lieu  ,  où  eft  la  montagne, 
étoit  une  plaine ,  eft  précifément  la  véritable  hauteur 
de  la  montagne.  D'autres  la  prennent  par  rapport  au 
niveau  de  la  mer,  ce  qui  ne  convient  qu'aux  montagnes 
voifines  de    la  mer.  Sans  entrer  ici  en  une  discuffion 
géométrique  ,  que  l'on  peur  voir  dans  les  ouvrages  des 
auteurs  cités ,  je  patte  à  une  objection  que  des  perfonnes 
peu  înitriîitës  pourroient  faire. 

S'il  y  a  de  fi  hautes  montagnes  fur  le  globe  ,  on  ne 
peut  pas  dite  qu  il  foit  rond  ,  puisque  fa    rondeur  ne 
s'accorde  point  avec  des  élévations  fi  confidérables  qui 
la  défigurent.  Il  elt  aile  de  répondre  à  cette  objection 
par  une    démonltration    mathématique    qu'emploie  le 
Père  Riccioli  dans  fon  almagefie  ,  t.  i.p.  727.  La  plus 
haute  montagne ,  telle   que  peut  être  le  Caucafe  ,  n'a 
pas  plus  de  50  milles    italiques  de  hauteur.  Or  ,  il  y 
a   8278  de  ces  milles  dans  un  diamètre  de  la  Terre  , 
ou  4139  dans  un  demi-diamétre.  €e  dernier   nombre 
contient  $5  fois  celui  de  50.  Prenez  une  boule  de  bois 
dont    Je   demi-diamétre  ait  83   pouces,    ou,   fi  vous 
voulez  ,  83    lignes ,  ou  telle  autre  me  fine  qu'il  vous 
plaira  -,  faites  avec  de  la  cire  de  petites  montagnes  d'un 
pouce  ou  d'une  ligne,  félon  la  mefure  que  vous  aurez 
choifie  pour  le   demi-diamétre  du  globe ,  6c  les  appli- 
quez fur  la  furface  du  globe  :  vous  verrez  alors ,  d'une 
manière  fenfible    aux  yeux  ,   que  ce  qui    nous  paroît 
immenfe  ,  par  rapport  à  noue  corps,  6c  par  rapporta 
l'espace  borné  où    nos  fens  agiflenc    autour    de  nous 
jusqu'à  une  diftance  très-médiocre  ,  n'eft  plus  rien  par 
rapport  au  globe   terreftre,  dont  la  rondeur  en   eft  II 
peu    interrompue ,    que  cela   ne  mérite    presque   pas 
d'attention. 

Aiifiote  &  autres  auteurs,  tant  anciens  que  mo- 
dernes ,  difent  qu'il  y  a  des  montagnes  d'une  telle 
hauteur  ,  que  le  fommet  s'élève  au  deffus  de  la  féconde 
région  de  l'air ,  où  fe  forment  les  nuées  6c  les  orages-, 
de  forte  qu'au  haut  de  ces  montagnes ,  il  n'y  a  jamais 
de  pluie  ni  aucune  agitation  d'air.  On  le  conclut  de 
ce  que  les  anciens  ont  trouvé  des  cendres  &  des  letrres 
tracies  fur  la  cendre  ,  qui  après  quelques  années  étoient 
encore  dans  le  même  état;  ce  qui  n'auroit  pu  être,  ïï 
ces   lieux  n'enflent  été  exemts  de  vent  6c  de  pluie. 

11  faut  remarquer  ici  que  la  hauteur  des  nuages  n'eft 
pas  la  même  par  -  tout ,  6c  que  ceux  qui  voudroient 
s'en  fervir  pour  juger  de  là  hauteur  de  deux  montagnes, 
&  conclure  de-là  leur  égalité  ou  leur  différence  ,  rai- 
fonneroient  mal.  Cette  montagne  cil  couverte  de  nuages, 
celle-ci  de  même  ;  donc  elles  font  d'égale  hauteur, 
fauffe  conféquence.  Dans  le  Nord  les  nuages  font  plus 
bas  que  dans  les  pays  méridionaux. 

Il  y  a  des  montagnes  d'une  extrême  hauteur.  Dicéâr- 
que  ,  qui  avoit  eu  commiflîon  de  mefurer  les  montagnes 
de  la  Grèce,  dit  que  la  plus  haute  eftle  Pe  lion  ,  qui , 
félon  lui  ,'a  dix  ftades  de  hauteur  ;  Pline  dit  1250  pas , 
ce  qui  eft  la  même  chofe.  Le  même  Dicéarquedit  que 


77 


De  l'é  tendue  de  quelques  Montagnes, 

Il  y  a  des  montagnes  ifolées  6c  indépendantes ,  qui 

femblent  fortir  d'une  plaine  6c  dont  on  peut  faire  le 

tour;  il  y  en  a  d'autres,  qui  font  contigues  à   d'autres 

montagnes ,  comme  les  Alpes  ,  les  Pyrénées,  les  monts 

Krapack,   &c.   11  y    a  des  montagnes  qui   femblenc 

entaffées  les  unes  fur  les  autres ,  de  forte  que    quand 

on  elt  arrivé  au  fommet  de  l'une  ,  on  trouve  une  plaine 

où  commence  le  pied  d'une  autre.  De-là  eft  venu  l'idée 

poétique  de  ces    géans,  oui  pofoient   les   montagnes 

l'une  fur  l'autre  pour   escalader  le  ciel.  11  y  a  d'autres 

montagnes  qui  s'étendent  a  travers  de  vaftes  pays,  6c 

qui  font  comme  des   bornes   que    Dieu  a  mifes    entie 

certains  peuples  ;  par  exemple,  les  Alpes  l'éparent  l'Italie 

de  la  France  6c  de  l'Allemagne. 

Les  montagnes  ainfi  continuées  ont  été  nommées 
Jugum  par  les  Latins ,  nous  difons  une  chaîne  de 
Montagnes,  parce  que  ces  montagnes  font  enchaînées 
l'une  à  l'autre,  &  quoiqu'elles  ayent  de  tems  en  rems 
quelque  interruption  ,  foir  pour  le  paftage  d'une  rivière, 
foit  par  quelque  Col  ,  Pas  ou  DÉfii  é  qui  les  abbaiffe  , 
elles  fe  relèvent  allez  près  de-là  &  continuent  leur 
cours. 

Ainfi  les  Alpes  ,  traverfant  la  Savoye  &  le  Dauphiné  j 
femblent  fe  continuer  par  une  branche  qui  commence 
au  pays  de  Gex  ,  court  le  long  de  la  Franche- Comté, 
du  Suntgow ,  de  l'Alface,  du  Palatinat ,  jusqu'au  Rhfa 
6c  à  la  Vétéravie.  Une  autre  branche  part  du  Dau- 
phiné ,  recommence  de  l'autre  côté  du  Rhône  ,  iraverfc 
le  Vivarais ,  le  Lyonnois  6c  la  Bourgogne  ,  jusqu'à  Dijon  , 
envoie  fes  ïameaux  dans  l'Auvergne  &  dans  le  Forez  : 
au  midi  elle  fe  continue  par  les  Scvenr.es ,  rraverfe  le 
Languedoc  6c  fe  joint  aux  Pyienées,  qui  féparent  la 
France  de  lEjpagne. 

Elles  fe  partagent  encore  fous  d'autres  noms  en 
quantité  de  branches  :  l'une  court  par  la  Navane ,  la 
Biscaye,  les  Afturies  &  la  Galice  ;  l'autre  par  la  Cata- 
logne ,  l'Arragon,  la  nouvelle  Callille,  la  Manche, 
la  Sierra  Morena  Si  traverle  le  Portugal  ;  une  aune 
branche ,  partant  de  la  Manche  ,  traverfe  le  royaume  de 
Grenade  6c  l'Andaloufie  ,  &  vient  fe  terminer  à  Gibral- 
tar pour  fe  relever  en  Afrique  ,  de  l'autre  côté  du  détroit 
cù  commence  le  Mont  Atlas. 

Ce  n'eft  pas  encore  tout  :  les  Alpes  occupées  par  les 
Suiffes ,  la  Suabe  6c  le  Tirol ,  envoient  une  autre  bran- 
che ,  qui  ferpente  dansl'évêché  deBrixen,  laCarnicle, 
la  Stirie  ,  l'Autiiche,  la  Moravie,  la  Bohème,  la  Po- 
logne ,  jusque  dans  la  Pruffe.  Une  branche  encore  diffé- 
rente part  du  Tirol  ,  parcourt  le  Cadorin  ,  le  Ftioul ,  la 
Carnicîe  ,  Flfirie  ,  la  Croatie  ,  la  Dalmatie  ,  l'Albanie; 
6c  tandis  qu'une  branche  va  fe  terminer  dans  le  golfe  dé 
Fatras  ,  une  autre  va  féparer  la  Janna  de  la  Livadie  ;  une 
autre  va  couper  en  deux  la  Macédoine  ;  une  autre  ,  fe  fé- 
parant  en  quantité  de  branches ,  va  former  les  fameufes 
montagnes  de  Thrace  :  ces  mêmes  montagnes  descendent 
dans  la  Bosnie  ,  la  Servie ,  partent  le  Danube ,  vont  le 
long  de  la  Valaquie  âc  à  travers  la  Translilvanie  &  la 


le  mont  Cyllène  ,  en  Arcadie,  a  près  de  quinze  ftades,  Moldavie,  joindre  le  mont  Krapack,  qui,  par  la  Moravie, 

6c  que  le  mont  Ataby  dus,  dans  l'ille  de  Rhodes ,  en  a  fe  rejoint  aux  montagnes  de  Bohême. 

«nviron  quatorze.  Une  autre  branche  des  Alpes  court  lé  long  de  l'étar  de 

Les  Espagnols  difent  que  le   Pic  de   Tenerife  fe  Gènes,  du  duché  de  Parme,  6c  fe  jeint  à  l'Apennin  t 

voit  en  mer  à  foixante  milles  de  diftance.  Snellius  en  qui,  comme  un  arbre,  envoie  une  infinité  de  branches 

conclut    pour  la  hauteur   perpendiculaire  neuf  milles  dans  toute  l'Italie  jusqu'au  Phare  de  Meffme  ;  il  le  relevé 

6c  demi ,  dont ,  félon  d'autres  ,  il  faut  retrancher  un  encore  dans  la  Sicile,  qu'il  parcourt  presque  en  tous  fens, 

&'demià  caufe  delà  réfraction,    ainfi   il   refte  huit  changeant  de  nom  à  chaque  pays. 

milles  de  véritable  hauteur;  ces  milles  font  des  milles  Le  Mont  Atlas ,  en  Afrique  ,  envoie  au  midi  une  bran- 
italiques  de  foixante  au  degré.  che  qui  parcourt  tout  le  royaume  de  Maroc  jusqu'à  l'O- 

Entre  les  Açores  il  y  a  une  ifle  nommée   Pico  ,  à  céan  ;  une  autre  va  le  long  des  royaumes  de  Fez  ,  d'Al- 

caufe  d'une  montagne  nommée  le  Pic  de  S.  George,  ger  ,de  Tunis  ,  de  Tripoli ,  jusqu'à  l'Egypte,  affez  près 

On  tient  que  ce  pic  eft   égal  en    hauteur  à  celui  de  d'Alexandrie  :  le  Delta  femble  l'interrompre.  De  l'autre 

Tenerife  ;  d'autres  prétendent  qu  il  le  furpafie.  côré  du  Delta  eft  l'Arabie,  qui  eft  remplie  de  montagnes 

Il  n'y  a  peut  être  point  de    montagnes  plus  hautes  auxquelles  nous  reviendrons  dans  un  moment.  Depuis  le 

a  monde  que    les  Andes   en  Amérique.  Voyez,  leur  Caire  jusqu'à  Senna ,  dans  la  Nubie,  ce  n'eft  qu'une 


article  particulier.  Je  ne  parlerai  point  ici  de  FEtna 
en  Sicile  ,del'Hr:CLA  en  Ittande  ,  du  Pic  d'Adam  en 
Ceylan ,  du  Caucase  en  Afie,  de  I'Athos  dans  la 
Macédoine,  de  I'Olimpf.  dans  l'Afie  Mineure,  ni  de 
r Atlas  en  Afrique  ;  il  fuffu  de  les  avoir  indiqués. 


double  chaîne  de  montagnes  le  long  du  Nil  :  FAbiffinië 
n'eft  elle-même  qu'un  amas  de  montagnes  ;  là  côte  d'A- 
bex  en  eft  bordée  fans  interruption ,  de  même  que  l'E- 
gypte le  long  de  la  mer  Rouge.  Le  royaume  de  Dancali  ; 
tout  à  l'entrée  de  la  même  mer ,  n'eft  autre  chofe  que 
Tom.  IV.   Bbb 


378 


MON 


MON 


cectc  même  chaîne,qui  n'eft  presque  pas  interrompue  par 
le  détroit  de  Babel-Mandel ,  dont  l'ifle  &  le  peu  de  pro- 
fondeui"  font  une  espèce  de  continuité  avec  les  monta- 
gnes dont  l'Arabie  eft  hériffée.  L'Yemen  &  l'état  de  la 
Mecque  ont  une  fuite  de  montagnes  qui  fe  joint  à  celles  de 
l'Arabie  Pétrée  :  celles-là  courent  beaucoup  plus  loin  ,  6Y 
fe  joignent  à  celles  de  la  Paleitine  de  la  Syrie  ,  entre  les- 
quelles eft  le  Liban. 

Les  montagnes  voifines  de  l'Oronte  ,  &  celles  qui  s'é- 
tendent le  long  de  la  mer,en  de-çà  d'Antiuche  de  Syrie  , 
le  mont  ,  nommé  par  les  anciens  Amanus  mons  ,  conti- 
nuent cette  chaîne  jusqu'au  Taurus  ,  dont  un  bras,s'é- 
tendantà  l'occident,  court  jusqu'à  l'Archipel  fe  termi- 
ner par  un  promontoire  voilîn  de  l'ifle  de  Rhodes.  Une 
autre  branche  court  vers  l'orient ,  paffe  l'Eu ph rate,  cou- 
pe la  Méfopotamie  en  plufieurs  fens  ,  va  fe  joindre  aux 
montagnes  du  Curdiftan  ,  &  remplit  toute  la  Perfe  de 
fes  rameaux.  Un  autre  bras  du  Taurus  avançant  vers  le 
nord  par  l'ancienne  Cappadoce  &  l'Arménie  ,  va  pren- 
dre enfin  le  nom  de  Caucase  entre  la  mer  Noire  &  la 
mer  Caspienne  qu'il  fépare  ,  &c  le  long  desquelles  il  fe 
replie. 

Le  bras,qui  fe  diftribue  dans  la  Perfe,entre  dans  le  Co- 
rafan  ,  &;  prenant  le  nom  dlMAus  ,  lépare  la  Tarta- 
ne de  l'Indouftan.  Entre  les  plus  confidérables  parties 
il  s'en  détache  une  qui  ,  fei  pentant  dans  les  états  du  Mo- 
gol,  fe  partage  en  quantité  d'autres ,  dont  la  principale 
eft  la  famcule  montagne  de  Gâte  ,  qui  féparam  la  côte 
de  Malabar  de  celle  de  Coromandel ,  dans  la  presqu'ifie 
en-deçadu  Gange  ,  va  jusqu'au  cap  de  Comorin  où  elle 
finit. 

Une  autre  partie  de  l'Imaiis  ,  fe  divifant  au  feptentrion 
du  royaume  de  Siam ,  forme  deux  nouvelles  chaînes  , 
dont  l'une  va  jusqu'à  l'extrémité  de  la  presqu'ifie  de  Ma- 
laca  ,  l'autre  jusqu'au  royaume  de  Camboge  ;  une  troi- 
fiéme  fépare  le  Laos  du  Tonquin,  partage  la  Cochinchine 
dans  toute  fa  longueur  ,  &  va  finir  dans  la  mer  au  royau- 
me de  Ciampa.  Le  Iunnan  &  autres  provinces  de  la 
Chine  font  fituées  dans  une  appendice  de  cette  monta- 
gne. LeTangut,  leThibet,  la  Tartarie  Chinoifc  ,  tou- 
te la  Tartarie  Ruffienne,  y  comprifes  la  grande  pres- 
qu'ifie de  Kamtfchatka  &  la  Sibérie  ,  toute  la  côte  de  la 
mer  Glaciale  jusqu'à  la  mer  Blanche  ;  en  un  mot ,  tous 
ces  pays  font  herifles  de  cette  même  chaîne  de  montagnes, 
qui, par  diverfes  branches  qu'elle  jette  dans  la  grandeTar- 
tarie  ,  va  fe  rejoindre  à  HmaLis.  En  vain  la  mer  Blanche 
femble  l'interrompre  ,  elle  fe  relevé  de  l'autre  côté  dans 
la  Laponie ,  &  courant  de-là  entre  la  Suéde  &  laNorvé- 
ge  ,  elle  arrive  enfin  à  la  mer  de  Danemarck. 

On  ttouve  la  même  économie  de  montagnes  en  Amé- 
rique. Si  nous  commençons  à  l'ifthme  de  Panama  ,  nous 
y  trouvons  ces  hautes  montagnes  qui  féparent  les  deux 
mers  :  la  Caftile  d'or  en  elt  traverfée  en  plufieurs  fens , 
le  Popayan  de  même  ;  cette  chaîne  court  le  long  du  Pé- 
rou ,  du  Chili ,  cV  de  la  terre  Magellanique  ,  jusqu'au 
détroit  de  Magellan  qui  en  cil  bordé  ;  une  branche  fem- 
ble forcir  du  Popayan  ,  coupe  la  Goyane ,  &  borde  toute 
la  côre  du  Brefil  &  du  Paraguay.  Si  on  parcourt  l'Améri- 
que feptentrionale ,  on  trouvera  auffi  de  vaftes  chaînes 
de  montagnes ,  fur-tout  dans  la  nouvelle  Espagne  ,  dans 
le  nouveau  Mexique  ,  dans  la  Louifiane  &c  le  long  de  la 
Caroline, de  la  Virginie,  du  Mariland  &delaPenfilvanie. 
C'eft  cet  enchaînement  de  montagnes  que  quelques- 
uns  ont  regardé  comme  les  liens  qui  forment  la  ftructure 
du  globe ,  de  même  que  les  côtes  &  les  os  foutiennent 
le  corps  qui  n'auroit  ni  la  force  ,  ni  l'arrangement  foli- 
de  des  parties ,  s'il  n'étoit  que  de  muscles  &  de  chair. 
Le  favant  comte  de  Matfllli  avoit  réfolu  de  traiter  cette 
matière  ,  d'y  faire  voir  l'admirable  dispofirion  de  ces 
montagnes  ;  fon  livre  devoir  être  intitulé  Ossatura 
TERRj£;je  crains  que  fa  mort,  arrivée  à  Bologne,  fa 
patrie ,  le  i  Novembre  1730  ,  ne  nous  ait  privés  de  cette 
richeflé. 

Je  n'ai  point  parlé  de  quantité  de  chaînes  de  monta- 
gnes d'Afrique  ,  d'Afie  &  d'Europe.  Mon  but  n'étoit 
que  de  faire  voir  fommairement.en  commençant  par  les 
Alpes ,  la  grande  connexion  qu'elles  ont  avec  les  autres 
ch  unes  de  tout  le  globe. 

Les  montagnes  ,  dit  M.  Roi  ,  fervent  de  paravant  à  la 
terre  ;  elles  détournent  les  vents  froids  6c  piquans  du 


nord&  delcftj  elles  réfléchiffent  la  chaleur  du  foleilj 
enfin  elles  diminuent  beaucoup  les  rigueurs  des  hivers. 
*  De  la  fagijje  de  Dieu  ,  pag.  351.  De  la  dijfolution  du 
monde,  pag.  3J.  Pour  les  avantages  des  montagnes  }Voyez, 
Derham ,  1.  3  c.  4.  Il  elt  inutile  d'entrer  ici  dans  ces  dé- 
tails, qui  n'ont  aucun  rapport  à  la  géographie. 

Différence  des    Montagnes. 

H  y  a  des  montagnes  ifolées ,  comme  l'Etna  en  Sicile  , 
le  Pic  d'Adam,  dans  l'ifle  de  Ceylan  ,  le  Pic  de  Ténerife, 
dans  les  Canaries ,  &  une  infinité  d'autres. 

Il  y  a  des  montagnes  qui  fc  continuent  par  une  chaîne 
plus  ou  moins  grande  ,  comme  nous  avons  fait  voir. 

Il  y  a  des  montagnes  d'une  extrême  hauteur ,  comme 
le  Caucafe  ,  le  mont  Cafius ,  les  Andes.  &  quantité  d'au- 
tres ,  dont  la  lifte  feroit  trop  longue. 

11  y  en  a  d'une  hauteut  médiocre  ,  comme  la  plûpatt 
des  montagnes  de  France  &  d'Allemagne. 

Il  y  en  a  enfin  qui  font  fort  peu  élevées  ,  &  en  ce  cas 
on  les  nommes  Coteaux  ou  Collines.  Le  nembrede 
ces  dernières  eft  innombrable. 

Il  y  a  des  montagnes  dont  le  fommet  fe  termine  en 
pointe ,  d'autres  au  haut  desquelles  il  y  a  une  plaine 
allez  grande  ,  &  quelquefois  même  des  lacs,où  il  fe  trou- 
ve du  poiffon.  D'autres  n'ont  pout  fommet  que  des  ro- 
ches dépouillées  de  toute  verdure  ,  ik  fouvent  noircies 
par  la  foudre  qui  va  s'y  brifer  dans  les  rems  d'orage  &  de 
tonnerre:les  Monts  Acrocéraunicns  font  de  cette  espèce, 
ôc  leur  nom,  qui  eft  pris  de  la  langue  grecque  ,  ne  fignifie 
que  cela.  D'autres  n'ont  pour  fommet  que  d'affreufes 
mafles  de  glaces ,  comme  les  glacières  de  Suiffe  ,  &  c'eft 
entre  ces  glaces  que  fortent  les  ruifleaux  &  les  rivières.  Il 
y  a  une  grande  variété  dans  la  conformai  ion  des  monta- 
gnes ,  &  cette  variété  en  met  beaucoup  dans  les  avanta- 
ges qu'elles  procurent  aux  pays  où  elles  font. 

Les  unes  font  couvertes  d'une  terre  qui  produit  de 
belles  forêts  pour  le  chauffage  ou  pour  bâtir  -,  d'autres  ne 
font  couvertes  que  d'une  péloufe  ,  fous  laquelle  on  trou- 
ve des  veines  de  maibre  ou  d'autres  pierres  qui  ont  leur 
utilité  ,  comme  les  pierres  dont  on  fait  en  Suiffe  des  pots 
&  de  la  vaiflelle  ;  celles  qui  font  propres  à  faire  des  meu- 
les de  moulin  ,  ou  des  pierres  à  aiguifer  ,  &c. 

11  y  a  des  montagnes  qui  jettent  de  la  fumée  ,  d'autres 
des  flammes ,  comme  l'Etna  ,  le  Vefuve  ,  l'Hecla  ,  & 
quantité  d'autres  en  Afie  ,  en  Afrique  &  en  Amérique. 
Voyez.  Volcan. 

Quelques  montagnes  ont  le  fommet  couvert  d'une 
neige  qui  ne  fond  jamais ,  d'autres  n'en  ont  que  pendant 
une  partie  de  l'année  plus  ou  moins  longue.  Cela  dé- 
pend de  leur  hauteur  .  de  leur  expofition  ,  du  climat  & 
de  la  rigueur  ou  de  la  douceur  des  faifons ,  chaque  an- 
née. 

MONTAGNE  (  La  )  ,  ou  le  bailliage  de  la  Mon- 
tagne, petit  pays  de  France,  dans  le  gouvernement 
militaire  de  la  Bourgogne,  au  nord  de"  cette  province, 
le  long  de  la  rivière  de  Seine.  Il  eft  enclavé  dans  la 
Champagne.  Ses  principales  villes  font  : 

Chatillon    et    B  A  R-S  U  R-S  El  N  I. 

C'eft  le  cinquième  bailliage  du  gouvernement  d« 
Bourgogne  ,  &c  il  a  pris  fon  nom  des  montagnes  dont 
il  eft  rempli.  Corneille,  Dift.  qui  cite  Audiffret ,  dit 
que  c'éioit  autrefois  une  feigneurie,  qui  faifoit  partie 
du  comté  de  Champagne.  Philippe  le  Bel  l'acquit  en 
1284  ,  en  époufant  Jeanne,  héritière  de  Champagne, 
&  Charles  VII  la  donna  à  Philippe  le  Bon,  duc  de 
Bourgogne  ,  parle  traité  d'Arras  de  l'an  1435. 

MONTAGNE  DE  L'AIGUILLE.  Voyez,  au  mot 
Aiguille   i. 

MONTAGNE  BASSE  (  La  ) ,  bois  de  France,  dans 
la  maîtrife  des  eaux  &  forêts  de  Saint  Pons:  il  eft  de 
neuf  cens  quatre-vingt-neuf  arpens  Sz  dix-huit  perches. 

MONTAGNE  DES  BEATITUDES,  montagne 
de  la  Judée ,  aux  confins  de  la  tribu  de  Nephthali,  à 
quatre  iieues  du  pont  de  Jacob  ,  entre  le  midi  &  l'oc- 
cident. La  plupart  des  auteurs  l'appellent  la  Mon- 
tagne de  Jesus-Christ  ,  ou  la  Montagne  des 
Apôtres.  Elle  n'eft  ni   des  plus  hautes ,  ru'  des  plus 


ON 


ON 


baffes;  mais  elle  elt  féparée  des  autres,  seleve  comme 
au  milieu  d'une  vafte  plaine,  Se  rermine  un  bel  af- 
pett ,  de  quelque  côté  qu'on  la  regarde.  De  loin  fa 
figure  femble  tenir  quelque  chofe  de  l'ovale,  parce 
qu'elle  elt  plus  longue  que  large.  Elle  fait  comme  deux 
pointes  :  il  y  a  un  enfoncement  vers  le  milieu ,  d'où 
naît  la  dernière.  La  tradition  veut  que  ce  foit  fur  cette 
montagne  que  Jefus-Chrift  fit  ce  fermon  qui  contient 
toute  la  perfection  du  Chriftianisme.  Ce  fut  fur  cette 
même  montagne  qu'il  choifit  fes  apôtres.  Ce  fut  là 
encore  qu'il  paffa  tant  de  nuits  à  prier,  Se  où  il  fe 
retiroir  feul  pour  n'être  interrompu  de  perfoniïe.  On 
croit  que  ce  fur  encore  fur  cette  montagne  qu'il  choifit 
les  foixante  Se  douze  disciples  ;  Se  comme  il  étoit  dans 
un  lieu  d'où  il  pouvoit  découvrir  Bethfaïde  ,  Caphar- 
haiim  Se  Corozaïm  ,  leur  montrant  du  doigt  ces 
villes  .  il  les  affura  que  ceux  qui  mépriferoient  leurs 
paroles  ,  comme  ces  villes  avaient  mépriïe  la  fienne  , 
en  feraient  punis  plus  févèremenr  que  les  habitans  de 
Sodôme  ne  le  dévoient  être  pour  leurs  crimes. 

On  voie  encore  aujourd'hui  fur  cette  montagne  une 
chapelle  ruinée.  Il  y  a  au-devant  une  citerne.  On  dit 
qu'autrefois  il  y  avoit  un  monaftere  ;  mais  il  n'en  refie 
aucune  marque.  Il  faut  descendre  de  cheval  pour  mon- 
ter à  cette  chapelle  -,  car  le  chemin  en  elt  fort  roide , 
Se  les  voyageurs  les  plus  forts  ont  befoin  de  fe  repofer 
Se  de  reprendre  haleine  ,  quand  ils  font  au  haut.  *  Le 
père  Natt  ,  Voyage  de  la  Terre-Sainte,  p.  6"oj-. 

MONTAGNE  D'ENGADDI  (La)  ,  près  de  la  mer 
Morte.  Voyez.  Engaddi. 

MONTAGNE  FERDAYS  (La),  montagne  delà 
Paleftnie,  à  une  lieue  de  Bethléem  ou  un  peu  plus, 
du  côté  du  midi.  Nous  marchâmes ,  dit  le  père  Nau , 
au  midi  de  Bethléem,  descendant  Se  montant  par  des 
chemins  affez  difficiles ,  Se  laiffant  à  gauche  un  village 
nommé  Beyt-Thamar.  Nous  arrivâmes  un  peu  après 
au  pied  d'une  haute  montagne  ,  détachée  de  toutes  les 
autres.  Je  l'ai  ouï  appeller  la  Montagne  des  François  $ 
mais  dans  le  pays  on  la  nomme  Ferdays  ou  Fer- 
daous,  c'eft-à-dire  Paradis.  11  eft  dangereux  d'aller 
fur  cette  montagne  ,  parce  qu'on  y  efl  expofé  à  la 
discrétion  des  Arabes  qu'on  y  rencontre.  On  y  voit  les 
ruines  d'un  grand  château  qui  couvroit  toute  la  cime 
de  cette  montagne  :  il  en  relie  encore  des  caves  Se  des 
chemins  couverts  \  mais  toutes  les  murailles  év  les  tours 
font  abbatues ,  Se  à  peine  en  découvre-t-on  les  fon- 
demens.  On  dit  que  les  François ,  qui  l'avoient  bâti  pour 
la  défehfe  des  faints  lieux  ,  s'y  défendirent  en  grand 
nombre  contre  les  Infidèles.  Il  n'y  eut  apparemment 
que  la  faim  qui  les  contraignit  de  fe  rendre  :  car  l'af- 
lîette  de  ce  lieu  le  fait  parokre  imprenable  par  une 
autre  force. 

MONTAGNE  INACCESSIBLE  (La),  montagne 
de  France  ,  l'une  des  merveilles  du  Dauphiné.  J'en  ai 
déjà  parlé  au  mot  Aiguille  ,  Se  j'y  ai  rapporté  l'opinion 
vulgaire  qui  la  compare  à  une  pyramide  renverfée  :  on 
trouve  cette  opinion  presque  autorifée  dans  l'hiftoire 
de  l'académie  royale  des  feiences ,  année  1700,  pag.  4. 
&  outre  les  circonftances  qu'on  prétend  qu'y  remar- 
quèrent ceux  qui  y  montèrent  par  l'ordre  de  Charles 
VIII  ,  on  y  ajoute  qu'elle  n'a  par  le  bas  que  mille  pas 
de  circuit  ,  Se  deux  mille  par  le  haut  ;  en  ce  cas  ,  il 
feroit  juile  de  la  comparer  à  une  pyramide  renverfée , 
Se  on  pourroit  dire  qu'elle  elt  plantée  fur  fon  fommet 
Se  fur  fa  pointe -,  mais  dans  l'hiftoite  de  la  même  aca- 
démie ,  année  1703  ,  p.  16  ,  on  lit  :  L'Académie  a  appris 
par  de  Vaubonnays ,  premier  préiidcnt  de  la  chambre 
des  comptes  de  Grenoble  ,  qui  veut  bien  être  fon  cor- 
respondant, Se  par  une  lettre  de  Caffet ,  fécretairedé 
Bouchu,  intendant  du  Dauphiné  ,  à  de  la  Mire,  que 
cette  montagne  prétendue  inacceffible  qui  elt  à  huit  ou 
neuf  lieues  de  Grenoble  au  midi  ,  n'eft  qu'un  rocher 
escarpé  planté  fur  une  montagne  ordinaire ,  Se  que 
même  ce  rocher  n'a  nulle  iïgure  de  pyramide  renverfée. 
De  plus ,  il  n'y  a  aucune  apparence  qu'il  fe  foit  dé- 
tache aucune  roche,  ni  aucune  partie  qui  ait  changé 
la  figure  que  cette  montagne  merveilleufe  pouvoit  avoir 
du  tems  de  Charles  VIII  ;  car  elle  eft  entre  des  mon- 
tagnes ,  d'un  roc  très-vif,  Se  l'on  ne  trouve  au  pied 
aucun  débris  de  rochers,  comme  en  plufieurs  autres 


endroits.  Que  devient  donc ,  continue  de  Fontenelle  -, 
toute  l'hiftoire  de  ceux  qui  y  montèrent  pour  fathfaite 
lacurîofitc  de  ce  roi. 

MONTAGNE  NOIRE  ,  montagne  de  France  ,  dan? 
le  Haut-Languedoc  ,  au  Lauragais.  Elle  eft  près  de  Saint 
Pâpôul ,  Se  on  en  a  tiré  plufieurs  canaux  pour  fournir 
de  l'eau  au  grand  canal  que  l'on  a  fait  pour  conduire 
les  marchanctifes  de  Toùloufe  à  Carcaffonnc  ,  év'  de-là 
par  le  Bas- Languedoc  dans  les  étangs  de  Pcraut  Se 
de  Thàu,  Se  enfuite  dans  la  Méditerranée.  *  Co/n. 
Dicr. 

_  MONTAGNE  PELÉE  ,  montagne  de  l'Amérique 
feprentrionale  dans  rifle  de  la  Martinique, à  la  bande 
du  nord  ,  à  l'extrémité  des  pareilles  de  Macoube  Se  du 
Prêcheur.  Vers  l'an  1664,  il  s'y  donna  une  bataille 
entre  les  rrotlpes  de  la  Compagnie  &  les  habitans  de 
la  Cabeftcrre,  qui  ne  vouloient  pas  reconnaître  fon 
autorité.  Les  corps  de  ceux  qui  furent  tués  dans  cette 
occafiohjfe  conferverent  entiers  plus  de  trois  mois:: 
c'étoit  l'effet  du  froid  exceffif  qu'il  fait  fur  cette  mon- 
tàgne«qui  eft  très  haute. 

MONTAGNE  DE  LÀ  QUARANTAINE ,  mon- 
tagne de  la  Palcftine  ,  dans  le  défert  où  Jefus-Chrift 
jeûna  quarante  jours.  Voyez,  au  mot  Grotte  ,  l'ar- 
ticle Grotte  du  désert  de  la  Tentation. 

MONTAGNE  ROUGE,  montagne  de  l'ifle  de 
Bourbon,  dans' l'Océan  Ethiopique.  On  lui  a  donné  ce 
nom  ,  à  caufe  qu'elle  jette  fôùvenc  des  flammes.  *  Ban- 
drafid,  Diét.  éd.  1705. 

MONTAGNE  SACRÉE.  Parmi  les  montagnes  de 
la  Galice,  il  y  en  avoit  une  qui  étoit  flicrée.  Il  irecoic 
pas  permis  d'y  toucher  avec  le  fer  ;  mais  fi  la  foudre  y 
ouvroit  la  terre ,  ce  qui  arrivoit  affez  fouvent ,  elle 
découvroit  de  l'or,  que  les  gens  du  pays  rccueilloienc 
comme  un  préfent  des  dieux.  *  Délices  d'Eïpa?ne  , 
p.jé. 

MONTAGNE  DE  LA  SIBYLLE,  montagne  d'I- 
talie, au  duché  de  Spolette,  au  nord  occidental  du 
lac  de  Nocia.  Elle  a  pris  fon  nom  d'une  Sibylle  qu'on 
dit  y  avoir  eu  fa  caverne.  Voyez,  au  mot  Grotte, 
l'article  Grotte  de  la  Sibylle. 

MONTAGNE  DE  LA  TABLE  ,  montagne  d'A- 
frique ,  dahs  fa  partie  méridionale  au  cap  de  Bonne- 
Efpérance.  On  lui  a  donné  ce  nom  ,  parce  que  fort 
fommet  eft  fort  plat ,  Se  reffemble  affez  à  une  table. 
Il  femble  qu'elle  ne  forme  qu'une  feule  montagne  avec 
celle  du  Lion  ,  qui  ,  quoique  plus  avancée  vers  la  mer, 
n'eft  apperçue  qu'après  celle-ci  par  les  navigateurs  qui 
vont  au  cap  ;  auili  ces  deux  montagnes  ne  font  pas 
éloignées  l'une  de  l'autre.  Quoique  la  montagne  de  la 
Table  foit  à  une  lieue  du  cap,  fa  hauteur  fait  qu'elle 
femble  être  au  pied.  Le  père  Tachard,  fécond  voyage 
de  Siam^iiv.  1.  paç.  $ji  accompagné  de  trois  autres 
perlbnncs,  monta  fur  cette  montagne.  Nous  vîmes, 
dit-il,  du  pied  une  grande  quantité  d'eau  qui  en  tom- 
be de  plulieurs  endroits  comme  en  cascade  le  long  du 
roc  ,  dont  la  hauteur  eft  fort  escarpée.  Si  on  ramaffoic 
toutes  ces  eaux  ,  on  en  feroit  une  rivière  considérable  ; 
mais  la  plus  grande  partie  fe  va  perdre  en  terreau  pied 
de  la  montagne  ;  le  refte  fe  réunit  en  deux  ruiffeaux 
qui  font  aller  des  moulins  auprès  des  habitations  hol- 
landoifes.  Ces  eaux  n'ont  point  d'autre  origine  que  les 
nuages ,  qui  ,  rencontrant  dans  leur  paffage  le  fommec 
de  cette  haute  montagne  fort  échauffée  des  rayons  du 
foleil ,  fe  réfôlvént  en  eaux  &  tombent  ainfi  de  tous 
côtés.  En  approchant  delà  hauteur  ,  nous  entendîmes  ^ 
continue-t-il ,  un  grand  bruit  de  finges  qui  y  habitent, 
Se  qui  faifoient  rouler  de  haut  en  bas  de  groffes  pier- 
res. Le  haut  de  la  montagne  eft  une  esplanade  d'envi- 
ron Une  lieue  de  tour,  presque  toute  de  roc  Se  fort 
unie,  excepté  qu'elle  fc  créufe  tiri  peu  dans  le  milieu, 
où  il  y  a  une  belle  fource,  qui  vient,  félon  les  appa- 
rences des  endroits  de  l'esplanade  les  plus  élevés,  où 
on  trouve  beaucoup  d'eau.  On  y  voit  auili  quantité  dé 
plantes  odoriférentes  qui  croiffent  entre  les  rocher?; 
mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  ,  ce  font  les  vues  de 
cette  montagne.  D'un  côté ,  on  découvre  la  baie  du  cap 
Se  toute  la  rade;  d'un  autre,  on  voit  les  mers  du  Sud; 
du  troifiéme,  le  faux  cap,  une  grande  ifle  qui  eft  au 
milieu  ;  Se  du  quatrième,  le  continent  de  l'Afrique", 
Ton:.  IV.   B  b  b  ij 


380       MON 


MON 


où  les  Hollandois  ont  plufieurs  habitations.  Le  pere 
Tachard  fit  creufer  la  terre ,  parce  que  Thévenot , 
dans  les  infiruétions  qu'il  lui  avoit  données  ,  marquoit 
qu'on  lui  avoit  dit  que  la  nier  avoit  autrefois  patte  fur 
le  haut  de  la  Table,  &  qu'on  y  trouvoit  quantité  de 
coquillages  ;  mais  en  creufant  on  n'apperçut  qu'une 
terre  très-noire  ôc  remplie  de  fable  avec  de  petites 
pierres  blanches. 

Au  bas  de  cette  montagne  &  de  celle  du  Lion  ,  eft 
une  grande  baie  qui  s'avance  en  ovale  deux  ou  trois 
lieues  dans  les  terres,  vers  l'orient -,  &  c'eft  au-defibus 
de  la  montagne  de  la  Table  que  les  Hollandois  ont 
placé  le  fort.  *  Le  fere  Tachard ,  Premier  voyage  de 
Siam  ,  1,   2.  c.  1. 

MONTAGNES  DE  LA  L  U  N  E.  Voyez.  Lun^ 

MONS     2. 

MONT AGNIAC,  ville   d'Afie  ,    dans   la  Natolie  , 
&  dans  la  province  de  Becfangil ,  fur  la  mer  de  Mar- 
riiora ,    ayant   fa   partie  orientale  fur  un  golfe  auquel 
elle  donne  fon  nom.  Parmi  le  grand  nombre  des,  villes 
qui  ont  porté  le   nom  d'Apamée,  celle  que  les  Turcs 
appellent    aujourd'hui    Monragniac  en  elt  une,  fi    ce 
n'eft  qu'on  veuille  dire  que  cette  ville  eft  la  même  que 
Nicopolis  ;  mais  fi  l'on  doit  s'en  rapporter  aux  vieilles 
inferiptions  qui  fe  trouvent  fur  les  lieux ,  on  peut  as- 
furer  que  Montagniac    n'efl   autre  choie    qu'Apamée. 
Vaillant  y  a   trouvé   une  fort  belle  infeription  fur  un 
marbre  carré  ,  où  le  nom  d'Apamée  étoit  écrit.  Il  eft 
vrai  que  cette  infeription  pourroit  y  avoir  été  trans- 
portée  de  quelqu'endroit  voifin  ;  mais   fi  Montagniac 
n'efl  pas  Apàmée,  elle  n'eft  pas  beaucoup  éloignée  du 
lieu  où  cette  ville  étoit.  Montagniac  elt  fituée  dans  un 
endroit  affez  agréable.  Le  golfe,  fur  les  bords  duquel  elle 
eft  bâtie  ,  s'appelloir  autrefois  Cianus   Sinus ,  de  l'an- 
cienne ville  de  Cium ,    dont   on  voit  encore  quelques 
ruines.  Aujourd'hui  il  n'a  point  d'autres  noms  que  ce- 
lui de  Montagniac.  Par  le  moyen  de  ce  golfe  ,  cette 
ville  a  un  grand  commerce  avec  Conftantinople:  &Te 
peu  de  chemin  qu'il  y  a  d'elle  jusqu'à  Burfa,lui  attire 
presque  tout  le  trafic  de  cette  grande  ville  ôc  de  toute 
la  Bythinie  dont  elle  eft  la  capitale.  Il  n'y  a  de  Mon- 
tagniac à  Burfa  qu'environ  cinq  lieues   de  chemin  que 
l'on  fait  toujours  dans  des  campagnes  fort  agréables, 
&  affez  bien  cultivées.  Il  peut  y  avoir  dans  Montagniac 
cinq  ou  fix  mille  habirans  ,  foit  Grecs,  Juifs  ou  Turcs. 
Ils  font  presque  tous  marchands ,  ôc   vivent  du  trafic 
qu'ils  font  de  leurs  denrées.  Les  environs  de  la  ville  font 
abondans  en  toutes  fortes  de  fruits  ,  que  l'on  apporte  à 
'  Conftantinople  pour  les  y  vendre.  *  Grelot ,  Voyage  de 
Conftantinople. 

MONTAGU,  bois  de  France,  dans  la  maîtrife  des 
eaux  ôc  forêts  de  Tarbes:il  eft  de  117  arpens  ôc  trois 
quarts. 

MONTAGUET,  bourgade  de  France  ,  dans  l'élection 
de  Moulins,  au  midi  de  la  ville  nommée  le  Donjon , 
ôc  à  l'orient  de  la  Paliffe.  Corneille ,  Dit!,  donne  à  ce 
lieu  le  titre  de  ville ,  ôc  l'appelle  Mont-Aigu  ;  je  ne 
fais  fur  quoi  il  fe  fonde.  *  J.ullot ,  Atlas. 

MONTAGUT,  ville  de  France ,  dans  le  Haut-Lan- 
guedec,  diocèfe  &  recette  de  Touloufe. 

MONTAIME ,  petite  fortereiTe  de  France  ,  dans  l'Ifle 
de  France,  fur- une  montagne  auprès  de  Vertus.  Elle 
eft  à  préfent  en  ruine  ,  ayant  été  détruite  fous  le  règne 
de  Charles  VII,  par  les  habitans  des  villes  voifines. 

MONTALBAN  ,  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  d'Ar- 
ragon  ,  fur  le  chemin  de  Sarragoffe  à  Valence  ,  au  bord 
du  Rio  Martin ,  à  quatorze  lieues  de  Sarragoffe.  Cette 
ville  eft  dans  une  fituation  avantageufe  &  tres-fôïte  , 
entre  deux  rochers ,  avec  une  bonne  citadelle.  On  y  a 
des  maifons  taillées  dans  le  roc  ,  un  air  fort  doux  ôc 
de  très-bonnes  eaux.  Monulban  eit  la  Major  d'Aira- 
gon  ,  c'eft-à-dire  ,  la  principale  commenderie  que  les 
chevaliers  de  faint  Jacques' ayent  dans  ce  royaume.  * 
Délices  d' Espagne ,  p.  646. 

MONTALC1NO,  ville  d'Italie,  dans  la  Toscane, 
ôc  dans  le  terrirpire  de  Siéne  ,  fur  une  montagne ,  à 
neuf  milles  de  Pienza  au  couchant ,  presque  fur  le  che- 
min de  Siéne  à  Rome.  Cette  ville  eft  épiscopale.  L'évê- 
ché  étoit  autrefois  furTragant  de  l'archevêché  de  Siéne  ; 
toais  il  ne  dépend  plus  majntcnant  que  du  faint  fiége. 


Il  fut  érigé  en  1462  par  le  pape  Pie  IL  La  ville  de 
Montalcino  eft  petite  ,  mais  affez  bien  peuplée.  -  Bau- 
drand,  Dict.  édit.  170J. 

MONTALEGRE ,  château  de  Portugal  ,  dans  la 
province  de  Tra  los  Munies ,  au  nord  du  Douero  Se 
de  la  ville  de  Villa-Réal.  Ce  château  eft  fortifié  d'un 
baftion ,  d'un  demi-bafiion  ,  ôc  de  quelques  autres  ou- 
vrages. *  Délices  de  Portugal,  p.  718. 

MONTALOMAGUM  ,  village  de  la  Gaule ,  dans 
la  Touraine.  Grégoire  de  Tours  en  parle  „ /?//?.  /.  7. 

MONTALTE,  MONTALTO,  ou  Monte-Alto  , 
petite  ville  ou  bourg  d'Italie  ,  dans  le  duché  de  Ca- 
firo ,  à  dix  milles  de  Cometto  ,  à  trois  milles  de  l'em- 
bouchure de  la  Fiora  ,  &  environ  à  quinze  milles  de 
la  ville  de  Caftro.  Il  eft  fitué  fur  une  colline.  *  Labatt 
Voyage  d'Italie,  t.  5.  p.  42. 

1.  MONTALTO,  ou  Monte-Alto  ,  ville  d'Italie, 
au  royaume  de  Naples;  dans  la  Calabre  Citérieure, 
ôc  dans  les  terres ,  au  nord  de  Cofenza.  Elle  eft  épis- 
copale ;  mais  fon  évêché  eft  Uni  à  celui  de  Cofenza. 
C'eft  l'ancienne  Uff'ugum  ,  félon  plufieurs  géographes.  * 
Ma  gin ,  Carte  de  la  Calabre  Citérieure. 

2.  MONTALTO,  ou  Monte-Alto,  ville  d'Italie, 
dans  la  Marche  d'Ancone  ,  entre  Fermo  ôc  Ascoli.  Le 
pape  Sixte  V  y  fonda  un  évêché  fous  la  métropole  de 
Fermo  en  ij,  86.  *  Ma gin ,  Carte  de  la  Marche  d'An- 
cone. 

1.  MONTALVAN.  Voyez.  Montalban. 

2.  MONTALVAN,  petite  ville  de  Portugal  aux  con- 
fins de  l'Espagne ,  fur  le  bord  méridional  du  Tage ,  à 
huit  lieues  au-deffous  d'Alcantara.  Philippe  V  ,  roi  d'Es- 
pagne s'en  rendit  Maître  en  1704,  ôc  en  fit  démolir  les 
murailles.  *  Corn.  Diction.    , 

MONTA  LZ  AT,  bourgade  de  France,  dans  le  Quer- 
ci ,  élection  de  Montauban  :  il  a  une  jufticc  royale. 

MONTANA  PENINSULA  ou  Montuosa  Cher- 
sonesus  ,  en  grec  dotvvt  yjpçivtiro; ,  péninfule  de  l'Ethio- 
pie fur  le  golfe  Adulique.  Prclomée ,  /.  4.  c.  7.  la  pla- 
ce entre  les  villes  de  Sabath  ôc  d'Adulis.  Voyez.  Oiune. 

MONTANA  URBS  ou  Monate,  ville  du  Non- 
que.  Antonin,  dans  fon  itinéraire  ,  la  met  fur  la  route 
d'Aquiléeà  Lauriacum  ,  entre  Candalict  ôc  Sabaiinca , 
à  trente  milles  de  la  première,  ôc  à  dix-huit  milles  de 
la  féconde.  C'eft  aujourd'hui  le  monaftere  d'Admind, 
félon  Lazius. 

MONTANI.  Voyez.  Orini. 

MONTANIATA  ou  Montagnata  ,  petit  pays 
d'Italie ,  dans  le  Siénois.  On  lui  a  donné  ce  nom  ,  par- 
ce qu'il  eft  extrêmement  montagneux.  Il  s'étend  vers 
les  frontières  de  la  province*  du  Patrimoine,  entre  Ra- 
dicofani,  Saona  ôc  Santa  Fioré.  On  y  trouve  plufieurs 
châteaux  &  villages.  *  Magin  ,  Carte  du  territoire  de 
Siére. 

MONTARGIS,  ville  de  France,  dans  l'Orléanois, 
fur  la  rivière  de  Loin,  à  fix  lieues  de  Nemours,  à 
vingt  de  Paris,  ôc  à  même  diftance  de  Nevers.  Son  nom 
latin  eft  Mvns  Argifus ,  que  de  Valois  foupçonne  avoir 
été  formé  par  corruption  ,  au  lieu  de  Mons  Argifi ,  com- 
me on  a  dit  Mons  Lethericus  pour  Mons  Letherici.  II 
tft  porté  même  à  croire  que  le  premier  nom  de  cette 
ville  étoit  Mons  Anfcgifi ,  à  caufe  qu'Anfegife,  évêque 
de  Sens  ,  qui  vivoit  eii  876  ,  l'avoitfait  bâtir.  Il  dit  que 
dans  la  fuite  on  fit  Mons  Argifi  de  Mons  Anfcgifi ,  ôc 
puis  Mons  Argifus.  Ce  qui  paraît  plus  vraifemblable 
que  ce  que  dit  André  du  Chesne,  que  cette  ville  a  été 
nommée  Montargis,  comme  qui  dirait  Mont  d'Argus, 
parce  qu'on  voit  bien  loin  tout  à  l'entour.  *  Piganioly 
Defcription  de  la  France,  r.  6.  p.   142. 

Saint  Louis  donna  Montargis  ôc  tout  le  pays  voifin 
en  appanage  à  fon  fils  Philipe  ;  mais  il  mourut  fans  cn- 
fans,&  cette  donauon  fut  réunie  à  la  couronne.  De- 
puis ce  teins  ,  quoique  quelques  princes  ou  princeffes 
ayent  joui  de  Montargis  par  la  libéralité  des  rois,  néan- 
moins il  ne  fut  point  véritablement  féparé  du  domaine, 
jusqu'à  François  I  ,  qui  l'aliéna  en  faveur  de  fa  btlle- 
fœur  Renée  de  France,  ducheffe  de  Ferraie.  Sa 'fille 
Anne  d  Elt,  ayant  époufé  le  duc  de  Nemours,  elle  lui 
apporta  Montargis,  ôc  fes  héritiers' en  iouhenr  jusqu'à 
Bcrïri  IV,  qui  le  radiera  dés  ducs  de  Ncniours  ,  ÔC 
depuis  Louis  XIII  donna  Montargis  avec  le  titre  de  du- 


O  N 


chc  en  appanage  à  fon  frère  Gallon ,  qui  érant  mort 
en  1660,  Louis  XIV  donna  ce  duché  à  fon  frère  Phi- 
lippe ,  en  appanage;  &  c'cit  à  ce  titre  que  monfieur 
le  duc  d'Orléans  en  jouit  aujourd'hui.  Cette  ville  a  été 
quelquefois  furnommée  Montargis-le  Franc  ,  par  rap- 
port à  plusieurs  privilèges  que  les  rois  de  France  lui 
ont  accordés  en  différais  rems.  On  y  voit  un  ancien 
château  qui  eA  fort  élevé  ,  &  qui  a  été  rebâti  par  Char- 
les V.  La  grande  fale  eft  un  des  plus  grands  vaifieaux 
qu'on  puiffe  voir.  Elle  a  vingt-huit  toiles  &  deux  pieds 
de  long  ,  fur  huit  toifes  quatre  pieds  de  large.  Il  y  a  à 
Montargis  un  couvent  des  Recollas  &  un  de  Barna- 
bites,  qui  tiennent  le  collège  de  là  ville.  Il  y  a  aiiffi 
des  Ucfulines,  des  filles  de  Sainte  Marie,  des  Domi- 
nicaines &  des  Bénédictines,  [.es  habitans  ont  fondé  dix 
chapelles  dans  l'égiife  paroiiïîale ,  Se  ces  bénéfices  font 
à  la  préléntation  du  confcil  de  l'égiife,  qui  cil  com- 
pofé  de  douze  notables  ou  principaux  habitans  de  la 
ville.  C'cft ,  je  crois,  le  feul  confcil  de  cette  espèce 
qu'il  y  a  dans  le  royaume. 

Montargis  "fut  bloquée  par  les  troupes  angloifes  en 
1 41 8  ,&  réduite  à  une  grande  extrémité ,  lorsque  le 
bâtard  d'Orléans  les  força  dans  leurs  retranchemens,  Se 
délivra  les  habitans.  *  Longmrue ,  Defcription  de  la 
France ,  p.   116. 

.  Le  bailliage  de  Montargis  renferme  dans  fon 
reffort  la  prévôté  royale  de  Montargis  ,  Se  les  juftices  de 
Villemandeur ,  de  Milly  ,  de  Chaflette,  de  Châtilion- 
fur-Loin  Se  de  Nogcnr.  Il  comprend  aulîi  les  baillia- 
ges particuliers  de  Saint  Fargeau  ,  de  Bleneau  ,  de  Vil- 
liers ,  de  Saint  Benoît  Se  de  Bonni-fur-Loire  ;  &  quoi- 
que Châtillon  ait  été  érigé  en  duché  en  1 CT96 ,  i!  eft 
encore  du  L'effort  du  bailliage  de  Montargis,  parce  que 
les  officiers  doivent  être  dédommagés  avant  qu'il  en 
foit  ..filtrait.  Le  reffort  du  préfidial  eft  plus  étendu  que 
celui  du  bailliage.  Il  renferme  du  côté  de  Nemours  les 
jufiiees  royales  de  Château-Landon  ,  Se  celles  qui  en 
dépendent-,  Joigni ,  du  côté  d'Auxerre  ;  ôc  du  côté  de 
Gien,'la  châtellenie  de  Château-Rcgnard,  fous  laquelle 
font  les  hautes-juftices  de  Triguiere,  de  Moncorbon , 
de  Selles,  de  Saint  Firmin-des  Bois ,  de  Douchy ,  de 
Saint  Germain,  delà  Chapelle-Laveron,de  Montbouy, 
de  Giy  ;  &  du  côté  d'Orléans,  la  châtellenie  de  Lorris 
avec  les  dépendances,  comme  Vieilles-Maifons,  Mon- 
treau  ,  Saint  Mauriçon ,  Beauchamp  Se  Bellegarde.  Le 
bailliage  tic  fiége  préfidial  de  Montargis  a  fa  coutume 
•particulière,  qui  fut  réformée  en  1  j 3 1  ,  &  qui  eft  fui- 
vie  dans  le  reffort ,  à  l'exception  des  chârellenies  de 
Lorris  Se  du  Château -Regnard,  où  l'on  fuit  la  cou- 
tume d'Orléans. 

La  forest  de  Montargis  eft  de  huit  mille  trois 
cens  arpens,  plantés  de  chênes  Se  hêtres.  Le  bois  s'y 
coupe  à  cinquante  ans  ,  Se  les  ventes  font  de  cent  àr- 
pens, qui  produifent ,  année  commune  , 'quarante-cinq 
mille  liv.  Le  capitaine  des  chaffes  de  Montargis  a  fous 
lui  un  lieutenant  de  robe  courte  Se  plufieurs  gardes  : 
il  exerce  fa  jurisdiction  avec  les  officiers  de  la  maîtrife, 
comme  à  Orléans  ;  fi  ce  n'eft  que  le  maître  particulier 
des  eaux  Se  forêts  en  eft  exclus. 

MONTASTRUC,  ville  de  France,  dans  le  Haut- 
Languedoc,  diocèfe  Se  recette  de  Touloufe. 

1.  MONTAUBAN  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Quer- 
ci  ,  fur  une  colline  ,  au  pied  de  laquelle  pane  la  ri- 
vière de  Tarn.  Quoique  Cahors  foit  le  fiége  principal 
de  la  SéncchauGéc  de  Qucrci,  Se  qu'elle  foit  la  capi- 
tale de  tout  le  pays,  Monrauban  eft  aujourd'hui  beau- 
coup plus  confidérable ,  puisqu'elle  eft  le  fiége  de  la 
cour  des  aides ,  Se  le  chef-lieu  d'une  généralité.  Mon- 
tauban  n'eft  pas  ancienne.  Lile  A  commencé  par  un 
monailere  nommé  Mbns  Aureolm  >  autrement  l'abbaye 
de  Saint  Théodard.  Alfonfe ,  comte  de  Touloufe  ,  filsde 
Raymond  de  Saint  Gilles  ,  fit  bâtir  en  1144,  dans  le 
voilinage  de  ce  monaltere  une  ville  qui  fût  ridrfjuVee 
Monrauban,  cv  les  vaffaux  de  l'abbavc  s'y  retirèrent. 
L'abbé  s'en  plaignit  au  comte  Raymond  ,  fils  Se  fuc- 
ceffeurd'  Alfonfe,  Cv  Raymond,  pour  dédommager  l'ab- 
baye ,  lui  accorda  la  moitié  de  la  feigneurie  de  Monrau- 
ban. Cette  abbaye  fur  enfuite  donnée  aux  abbés  de  la 
Chaize-Dieu  ,  qui  y  établirent  des  fupérieurs,  qui  leur 
payoient  tous  les  ans  des  redevances.  Cette  jurisdiclron 


MON        %%\ 


des  abbés  de  la  Chaize-Dieu  fur  le  monaftere  de  Mon- 
rauban dura  jufqu'au  pontificat  de  Jean  XXII,  qui  en 
1 3 17  ,  érigea  un  évèehé  à  Montauban,  dont  il  créa  pre- 
mier éveque  Jean-Bertrand  Dupuis ,  ou  de  f'odio  , 
fut  le  dernier  abbé  du  monaliere  de  Saint  Théodard. 
Le  même  pape,  par  une  autre  bulle  ,  après  avoir  l'é- 
paté le  territoire  de  ce  nouvel  évêché  des  diocèfes  dé 
Touloufe  Se  de  Cahors ,  l'aiTujettit  à  la  nouvelle  mé- 
tropole de  Touloufe ,  Se  l'exemta  de  la  jutisdiction  de 
l'archevêque  de  Bourges ,  métropolitain  de  l'égiife  de 
Cahors.  il  rendit  aulîi  ce  monaftere  i  dépendant  dé 
l'abbaye  de  h  Chaize-Dieiu  Après  cette  i  ion  les 
moines  demeurèrent  encore  plnfiieurs  années  dans  là  ca- 
thédrale de  Monrauban;  de  forte  qu'en  1:79,  lorsque 
•l'évèque  Pierre  de  Chalais  fit  fon  teftâment,  la  com- 
munauté régulière  de  Montauban  fiibfîfroit  tic  .avoir 
fon  prieur-Mage.  Quelque-tems  après  les  féedlkrs  s'y 
introduifirent ,  Se  fe  mirent  en  pbfïefliôn  des  prébep- 
des,  6k  des  offices  claufîraux.  George  d'Amboife  étoîi 
pourvu  de  l'office  ou  dignité  d'aumônier  de  cette  égli- 
fe  en  1484,  lorsqu'il  fut  élu  éveque  de  Montauban. 
Il  fut  depuis  archevêque  de  Rouen  &  cardinal.  *  Lon- 
guerue ,  Defcription  de  la  Fiance,  p.    1S0. 

Les  comtes  de  Touloufe  &  enfuite  les  rois  de  Fran- 
ce ,  avec  lesévêques  de  Montauban  ,  leurs  cofeigueur-s  j 
avoient  donné  de  grandes  frànchifes  aux  habitans  de 
cette  ville  ,  dont  ils  abuferent  dans  la  fuite  :  car  fous 
le  règne  de  Charles  IX  ,  ayant  èmbrafTé  le  Calvinisme 
en  1J72,  ils  érigèrent  leur  ville  en  une  espèce  de  ré- 
publique qui  méprifoit  l'autorité  royale  ;  Se  pour  fe 
maintenir ,  ils  firent  faire  des  fortifications  à  leurs  deux 
vi'les,  la  vieille  Se  la  nouvelle,  à  laquelle  ils  en  ajou- 
tèrent une  rroifiéme,  fituée  au  midi  du  Tarn  dans  lé 
Langtred  >c,  laque!  •  ils  nommèrent  Ville-Bourbon.  Louis 
XIII  affiégea  cette  ville  en  1611  ,  mais  après  avoir  fait 
une  très-grande  perte,  il  fut  contraint  de  lever  le  fié- 
ge Se  de  fe  retirer.  Les  Montalbinois  contintfe'renî  en- 
core huit  ans  dans  leur  défobéiffance;  tic  lorsque  tout 
le  parti  des  Huguenots  fe  fut  fournis ,  Se  que  le  duc 
de  Rohan  leur  général  fut  forti  du  royaume  en  1619, 
Montauban  rentra  dans  le  devoir.  Le  cardinal  de  Ri- 
chelieu en  fit  rafer  toutes  les  fortifications. 

On  croit  que  Montauban  a  pris  fon  nom  de  la  quan- 
tité des  faules  qui  font  aux  environs ,  Se  qu'on  appelle 
Alba  en  langue  gasconne.  On  divife  la  ville  en  trois 
parties;  la  ville  Bourbon  ,  la  ville  &'  la  nouvelle  ville. 
La  première  n'eft  qu'un  fauxbourg  féparé  des  deux 
autres  par  la  rivière  que  l'on  patte  fur  un  beau  pont 
de  pierres  Se  de  briques.  Le  palais  épiscopa!,  la  fon- 
taine Grifon  ,  le  jardin  de  l'évèque,  le  quai  Foucault, 
&  la  promenade  des  Carmes,  font  ce  qu'il  v  a  de  plus 
agréable  à  Montauban.  La  nouvelle  égliié ,  finie  depuis 
quelques  années,  eft  affez  belle.  Il  n'y  a  pomr1  d'iniver 
fité,  comme  l'ont dir  Corneille  Se  d'autres- j  nui,  une 
académie  établie  en  1744.  *  Pigânhl,  Defaipt.  dé  h 
France,  r.  4.  p.  ^56. 

Quoique  cette  ville  foit  dans  le  Quefci  Se  âé  :v  11 
vernemenr  de  Guienne  ,  plufieurs  pâroiïïes  du  Haut- 
Languedoc  font  cependant  du  diocèfe  de  cette  ville, 
C'eft  en  cette  cdnfidéraridn  que  l'évèque  a  iéance  aux 
affemblées  des  états  généraux  du  Laiiguèdôé\  On  a  vu 
aulîi  ri-deffus  l'origine  de  ce:  évêché  ,  qui  vaut  o  ti  rhre 
mille  livres   de  rente.   L'égiife  cathédrale  e  e  à 

S.  Martin  ;  Se  le  chapitre  cil  eômp'ofé  d'un  prevôr , 
d'un  archidiacre  3c  de  douze  chanoines  il  n'y  a  dans 
ce  diocèfe  qu'une  abbaye.  Elle  elt  de  l'ordre  de  Cîteaur  . 
&  s'appelle  Belle-Perche.  U  y  a  en  outre  dans  Monr'àn- 
ban  une  èglife  collégiale  dédiée  à  S-  Etienne  , 'dont  le 
chapitre,  qui  eft  comppfé  à'v.n  doyen,  d'un  chan- 
tre, Se  de  vingt  fix  femi-prébendie'rs ,  eft  lini  à  celui 
de  la  cathédrale. 

La  généralité  de  Monrauban  ,qni  cotnpofé  la  f  cou- 
de partie  du  gouvernement  de  Guienne,  e!'t  route  du 
relTorr  du  parlement  de  Touloufe,  cV  divifée  en  qua- 
tre grandes  fénéchauffées  qui  èôniprenVient  fôpt  préfi 
diaux  ,  Se  en  deux  petites.  Les  grandes  fénëBMi  es 
-font  celles  de  Querci,  de  Rouergue  ,  d'Armâg^e  i?è  de 
Foix;  Se  les  deux  petites  font  le  N.bouzan  i  [tth* 

tre-Vallées.  Les  charges  de  tous  ces  fériefchii'Hx  fonrd'é- 
pée.  Ce  fut  en  1655,  qu'on  démembra'la  ^iiéiaii^é  de 


382        MON 

Guienne  établie  à  Bourdeaux ,  pour  en  ériger  une  à 
Monrauban ,  Se  jusqu'à  la  création  de  la  cour  des  ai- 
des de  Monrauban  ,  cette  généralité  a  toujours  été  du 
reffort  de  la  cour  des  aides  de  Montpellier.  En  1642  , 
le  roi  créa  une  cour  des  aides  pour  la  haure  Guienne. 
Elle  fut  d'abord  érablie  à  Cahots ,  Se  transférée  à  Mon- 
rauban en  1661,  pour  y  attirer  les  Catholiques.  Son 
reffort  s'étend  fur  onze  élections ,  qui  font  de  la  gé- 
néralité de  Montauban  ou  de  celle  d'Auch.  Ces  éle- 
ctions font 

Montauban ,  Rodez  ,  Armagnac  , 

Cahors,  Milhaud,  Aftarac, 

Figeac,  R  iviere- Verdun ,   Comminges. 

Ville-Franche,  Lomagne, 

La  cour  des  aides  eft  compofée  d'un  premier  pré- 
sident,  de  deux  préfidens,  de  vingt  confeillers ,  de 
deux  avocars  généraux  &  d'un  procureur  général.  Le 
bureau  des  finances  eft  compofé  de  vingt-trois  tréfo- 
riers  de  France,  dont  le  doyen  fair  les  fondions  de 
préfidenr ,  d'un  avocat  Se  d'un  procureur  du  roi.  Les 
tailles  font  réelles  dans  toute  la  généralité. 

Le  domaine  du  roi  dans  la  généralité  de  Montauban 
Se  dans  les  pays  qui  en  ont  été  démembrés ,  Se  qui 
font  préfentement  de  la  généralité  d'Auch  ,  monte  en- 
viron à  cent  trente  cinq  mille  livres ,  fans  y  compren- 
dre les  domaines  aliénés,  ni  ce  qui  provient  delà  ven- 
te des  forets ,  ni  le  revenu  des  greffes  qui  eft  de  dou- 
ze ou  treize  mille  livres  par  an  ,  ni  le  droit  de  la  mar- 
que du  fer  qui  fe  levé  dans  le  pays  de  Foix  ,  ni  la  fer- 
me du  controlle  des  aères  des  notaires ,  ni  celle  du 
papier  Se  parchemin  timbré ,  ni  celle  du  petit  fceau 
des  jugemens ,  ni  ce  qui  revienr  au  prince  des  Traites 
foraines  Se  des  droits  d'entrée  Se  de  fortie.  Les  char- 
ges auxquelles  le  roi  eft  tenu  font  peu  de  chofe,  Se 
ne  montent  qu'à  neuf  mille  lept  cens  foixante-quinze 
livres  par  an.  Le  commerce  du  fel  eft  libre  dans  la 
partie  de  la  généralité  de  Montauban  qui  fe  trouve 
dans  le  gouvernement  de  Guienne.  La  partie  qui  eft 
fituée  dans  le  Languedoc  ,  eft  un  pays  très-fertile  en  bleds 
&  en  vins.  On  convertir  une  grande  quantité  de  ces 
derniers  en  eaux  de-vie.  Les  paroiffes  de  Figeac  des  Ca- 
talans Si.  de  S.  Porquier  produifoient  autrefois  beau- 
coup de  tabac.  On  recueille  dans  cette  pairie  de  la 
généralité  beaucoup  de  paftel ,  &  on  y  élevé  beaucoup 
de  chevaux ,  que  l'on  vend  aux  foires  de  Grifolé.  L'é- 
lecLion  de  Montauban  produit  des  grains,  des  vins, 
des  prunes  ,  Se  du  fafran  :  la  plus  grande  partie  de 
ces  denrées  descendent  à  Bourdeaux  par  le  Tarn  Se  par 
la   Garonne. 

2.  MONTAUBAN,  ancien  château  de  France,  en 
Guienne,  fur  la  Dordogne,  entre  Libourne  Se  Bourg. 
André  du  Chefne  dit  que  ce  château  eft  remarquable 
par  la  valeur  de  ce  Raynaud ,  furnommé  de  Montau- 
ban, Se  l'un  des  quatre  fils  Aimon ,  rant  célébré  dans 
les  romans.  Aujourd'hui  il  n'en  refte  plus  que  les  rui- 
nes Se  mafures. 

3.  MONTAUBAN,  baronnie  de  France,  dans  le 
Dauphiné,au  diocèfe  de  Gap.  Autrefois  cette  baronnie 
étoit  libre  Se  indépendante  d'aucun  autre  feigneur  que 
de  l'empereur,  ayant  été  polTédée  héréditairement  par 
les  barons,  vaffaux  du  royaume  d'Arles,  durant  trois 
cens  ans.  Voyez,  l'article  Baronnies.  *  Longucrue , 
Defcripr.  de  la  France,  p.  329.. 

MONTAUBEUF,  bois  de  France,  en  Normandie, 
dans  la  tnaîtrife  des  eaux  &  forêts  de  Bayeux.  il  eft  de 
deux  cens  quarre-vingt-dix-huir -arpens. 

MONTAUD ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Forez , 
élection  de  S.  Etienne. 

MONTAUDIN  ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
élection  de  Mayenne. 

MONTAULE  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Gascogne, 
élection  de  Lannes. 

MONTAURE  ,  en  latin  Mon  s  Aitreus  Se  Mans  Jau- 
nis ;  bourg  de  France  ,  dans  la  Normandie  ,  diocèfe 
d'"Evreux,  à  une  lieue  de  Louviers.  Il  y  a  des  Carmes 
déchauffés.  Leur  monaftere  s'appelle  le  Défert  ,  Se  eft 
connu  par  le  zèle  Se  l'auftérité  de  ces  religieux. 

1.  MONTAUT ,  bourgade  de  France ,  dans  le  comté 
de  Foix,  recette  de  Rouffillon. 


MON 


2.  MONTAUT  ,  bourgade  de  France,  dans  l'Ar- 
magnac. Le  baron  de  Montaut  eft  un  des  quatre  pte- 
miers  barons  du  comté  d'Armagnac.  Il  a  droit  d'affilier 
au  chœur  des  chanoines  de  la  métropolitaine  d'Auch 

MONTBELLIARD  ,  ville  d'Allemagne  ,  capitale 
d'un  comté  de  ce  nom.  Elle  eft  fituee  aux  confins  de 
l'Alface  Se  de  la  Franche  Comté ,  entre  Porentru  Se 
Bafle  ,  au  pied  d'un  rocher  occupé  par  un  grand  Se  fort 
château  en  façon  de  citadelle,  que  l'afiiette  rend  en 
quelque  forte  imprenable  ,  le  rocher  étant  escarpé  pres- 
que partout.  La  ville  eit  auffi  très  forte.  Elle  a  pour 
rempart  d'un  côté  la  rivière  d'Halle  ou  d'Alaine  ,  qui 
fe  jette  un  peu  au-deffous  dans  le  Doux  ,  &  qui  fait  que 
la  place  eft  d'un  accès  difficile  de  ce  côté-la  ,  parce 
qu'elle  y  forme  un  grand  marais  Toujours  couvert  d'eau. 
La  même  rivière  remplit  les  fofiés  de  Montbelliard , 
qui  eft  défendue  de  plufieurs  grands  baftions  Se  de  ' 
hauts  remparts  terraffés.  Le  dedans  de  la  ville  eft  peu 
de  ehofe ,  il  n'y  a  que  deux  ou  trois  rues  tirées  à  la 
ligne  :  elles  commencent  à  la  porte  par  où  l'on  entre 
en  venant  de  Bafle  ,  Se  finiffent  à  celle  par  où  l'on  fort 
pour  aller  à  Vefoul.  Les  habitans  de  Montbelliard  font 
de  la  Religion  prétendue  réformée. 

Montbelliard  étoit  déjà  une  place  confidérable  avant 
le  milieu  de  l'onzième  fiécle ,  Se  elle  étoit  tenue  par 
Louis ,  comte  de  Monfon  ou  Mouflon  fur  la  Mofelle  , 
Se  de  qui  font  descendus  les  comtes  de  Bar. 

MONTBELLIARD  (  Le  comté  de  ) ,  eft  enclavé  en- 
tre la  Franche-Comté ,  l'Alface  Se  la  principauté  de 
Porentru  ou  l'état  de  1 evêque  de  Bafle.  Le  Montbel- 
liard eft  compofé  du  comté  de  Montbelliard ,  Se  des 
feigneuries  d'Héricourt,  de  Clermont ,  de  Châtelot , 
de  l'Ifle  Se  de  Blamont ,  qui  ont  été  autrefois  poffédées 
par  divers  feigneurs. 

Louis,  comte  de  Montbelliard,  dont  je  viens  de 
parler,  avoit  époufé  Sophie,  fille  de  Fridéric  II,  duc 
de  Mofcllane.  Henri  le  Noir  confia  à  ce  comte  le  com- 
mandement de  l'armée  qu'il  envoyoir  pour  ranger  les 
rébelles  de  Bourgogne  qui  s'étoienr  révolrés  après  la 
mort  de  Conrad  le  Salique.  *  Longuerue  ,  Defcr.  de 
la  France ,  part.  2.  p.  245. 

Renaud ,  comte  de  Bourgogne  ,  outre  Saône  ,  qui 
étoit  à  la  tête  de  ce  patti ,  fut  vaincu  &  pris  prison- 
nier par  le  comte  Louis,  qui  n'étoit  pas  alors  vaflàl  de 
Renaud. 

Le  comte  Louis  eut  pour  héritier  fon  fils  Thierri , 
qui  fur  comte  de  Montbelliard,  de  Mouflon  cVdeBar, 
Se  laiffa  à  Thierri ,  un  de  fes  fils  ,  le  comté  de  Mont- 
belliard, Celui-ci  eur  un  fils  nommé  Thierri ,  qui  mou- 
rut fans  poftériré  ,  &  deux  filles ,  dont  l'aînée  ,  comme 
nous  l'apprenons  d'Alberic,  époufa  Richard,  feigneur 
de  Montfaucon.  Ils  eurent  un  fils  nommé  Amé  ou 
Amedée  ,  qui  fut  comte  de  Montbelliard ,  Se  fuccéda 
au  comte  Thierri  ,  fon  oncle  maternel.  Amé  mourut 
fans  enfans,  Se  eut  pour  héritier  Renaud  de  Bourgo- 
gne, mari  de  Guillemette  de  Neufchâtel ,  fille  du  comte 
de  Neufchâtel  Outre -Joux  ,  en  Suiffe  ,  Se  d'une 
fille  de  Thierri  ,  comte  de  Montbelliard  :  c'eft  par 
cette  Guillemette  que  Renaud  obtint  enfin  la  poffeflion 
du  comté  de  Montbelliard  ,  donr  il  laiffa  une  partie 
à  Marguerite  de  Montbelliard  ,  tante  de  fa  femme  & 
fille  du  comre  Thierri ,  laquelle  avoit  époufé  Thibaud , 
fire  de  Neufchâtel  en  Bourgogne. 

Renaud  &  Guillemette  eurent  un  fils  nommé  Othon  , 
qui  mourut  jeune  ,  fans  poftérité  ,  &  une  fille  appelléc 
Agnès,  qui  fut  comte  fle  de  Montbelliard  Se  dame  de 
Granges  en  Bourgogne:  elle  époufa  Henri  ,  feigneur  de 
Montfaucon  ,  qui  fut  établi  vicaire  de  l'Empire  dans  le 
royaume  de  Bourgogne,  &  mourut  l'an  1397,  lailTant 
de  fa  femme  Marguerite  de  Châlons  un  fils, nommé 
Fleuri,  qui  n'eut  que  des  filles  :  l'aînée,  héritière  de 
Montbelliard,  époufa  Eberhard ,  comte  de  Wirtenbcrg 
Se  mourut  l'an  143 1.  C'eft  d'eux  que  descendoit  Fré- 
déric, duc  de  Wirtenbcrg,  qui  ,  avec  ce  duché  &  les 
autres  terres  de  fa  maifon  en  Souabe  ,  avoit  le  comté 
de  Montbelliard,  Se  les  biens  d' Al  face  Se  de  Bourgo- 
gne ,  qu'il  donna  en  partage  à  fon  fils  Louis  Frédé- 
ric. 

Montbelliard  fut  reftitué  à  cette  maifon  par  la  pais 
de  Weftphalie. 


MON 


ÎJ  y  a  eu  plufienrs  annexes  de  cet  état,  qui  ont  été 
membres  du  comté  de  Bourgogne  ;  ce  qui  donna  lieu  au 
parlement  de  Befançon  ,  de  donner  un  arrêt,  l'an  r68o  , 
qui  condamnoit  le  duc  de  Wirtenberg  ,  poffciïeur  du 
comté  de  Montbelliard  ,  à  frire  foi  et  hommage  au  roi  , 
ctde  reconnoitré  fa  fouverainecé  fans  diftinction  ;  ce  que 
ce  tribunal  exécuta  aifément ,  parce  que  Montbelliard 
avoir  été  démantelé  l'an  1674-,  par  l'ordre  du  feu  roi 
Louis  XIV,  de  forte  que  le  prince  de  Montbelliard 
t'M  contraint  de  fe  foumettre  l'an  168 1  ,  mais  cet  arrêt 
fut  caffé  ,  &  l'hommage  du  prince  annulé  par  le  treiziè- 
me article  du  traité  de  Riswick  ,  qui  porte  que  la  mai- 
fun  de  W.rtenberg,  Se  nommément  le  duc  George  ,pour 
lui  Se  les  fucceffeurs ,  feront  rétablis  en  la  poffcliîon  de 
la  principauté  Se  comté  de  Montbelliard ,  dans  le  même 
état  ,  droits  Se  prérogatives  ,  fur  tout  dans  la  même  im- 
médiatecé  à  l'égard  du  Saint  Empire  dont  il  avoit  joui 
auparavant ,  Se  dont  jouiffent  ou  doivent  jouir  les  autres 
princes  de  l'empire  ,  fans  avoir  égard  à  la  foi  Se  homma- 
ge rendus  à  la  couronne  de  France  l'an  168 1  ,  la  religion 
catholique  devant  feulement  demeurer  en  l'état  où  elle 
avoit  été  mife  par  le  roi  ,  comme  il  eft  porté  par  le  qua- 
trième article  du  traité  ,  Se  ce  qui  concerne  Montbelliard 
a  été  confirmé  au  treizième  article  du  traité  de  Bade. 

La  partie  de  Montbeiliard  qui  vint  à  la  maifon  de 
Neufchatel ,  fut  Blamont  ,  Châtellot ,  l'Ifle  Se  Fléri- 
court.  Thibaud  de  Neufchatel ,  maréchal  de  Bourgogne  , 
par  fon  teftament  fait  à  Dole  l'an  1464  ,  inftkua  héritier 
en  ces  terres  Ferdinand  de  Neufchatel ,  auffi  maréchal  de 
Bourgogne,avec  lesfeigneurs-dc  la  maifon  deCufancexar 
Thibaud  ne  joaiffoit  de  fes  biens  que  fur  un  fideicommis. 
Ce  maréchal  ,  conjointement  avec  Claude  Se  Marc 
de  Cufanee  ,  transporta  &  vendit  au  duc  de  Wirtenberg 
ces  terres  ,  c\r  même  les  fiefs  de  Bourgogne  ;  mais  Bonne 
cv  Elisabeth  de  Neufchatel ,  filles  de  Claude  ,  fils  de 
Thibaud  de  Neufchatel,  furent  obligés  de  plaider  pour 
recouvrer  cet  héritage  de  leur  aïeul. 

L'aînée  fut  mariée  dans  la  maifon  de  Furftenberg ,  Se 
la  cadette  dans  celle  de  Verdenberg. 

D'autre  coté  ,Anne,fillede  Ferdinand  de  Neufchatel, 
fans  s'arrêter  au  contrat  de  vente  fait  par  fon  père  ,  vou- 
loit  avoir  toutes  fes  feigneuries.  Les  trois  filles  qu'elle 
avoit  eues  de  Chrillophe  de  Lonvi  fon  mari  ,  furent 
mariées  dans  la  maifon  de  Rie. 

Tous  ces  prétendans  portèrent  leur  différent  à  la 
chambre  impériale  de  Spire ,  où  rien  ne  fut  décidé  ; 
de  forte  que  lorsque  Montbellinrd  éroit  au  pouvoir  de 
la  France,  la  caufe  fut  portée  à  Befançon  ,  où  le  prin- 
ce de  Montbelliard  obtint  un  arrêt  décifif  en  fa  fa- 
veur. Et  ce  prince  jouit  en  fouveraineté  de  Blamont , 
de  l'Ifle  ,  de  Héricourr  Se  de  Châtellot ,  comme  Ces 
prédéceffeurs  ont  fait  durant  deux  cens  ans ,  n'ayant 
reconnu  les  rois  d'Espagne  ,  comtes  de  Bourgogne  ,  que 
pour  les  fiefs  de  Clerval  Se  de  Paffavant ,  appelles  les 
fiefs  de  Bourgogne  dans  les  traités  de  Weftphalie  Se 
de  Ryswic  Le  collège  des  princes  de  l'Empire  a  long- 
tems  contefté  à  la  maifon  de  Wirtenberg  le  droit  de 
donner  fa  voix  ,  Se  de  prendre  féance  parmi  eux  à 
caufe  du  comté  de  Montbelliard  -,  de  forte  qu'à  la  diète 
de  Ratisbonne  l'an  164c,  le  collège  des  princes  dé- 
termina à  la  pluralité  des  voix  ,  que  l'on  ne  recevroit 
point  le  fuffnge  du  duc  de  Wirtenberg  pour  Mont- 
belliard ,  jusqu'à  ce  que  l'empereur  eût  donné  fur  cela 
un  décret  en  faveur  de  ce  prince ,  contre  lequel  il  y 
en  avoit  un  de  l'empereur  Matthias  de  l'an  161 }  ,  Se 
on  faifoit  fort  pour  exclure  le  comte  de  Montbelliard, 
fur  ce  qu'il  ne  contribuoit  rien  aux  frais  Se  aux  taxes 
de  l'Empire ,  &  qu'il  n'avoit  été  mis  dans  aucun  des 
cercles  depuis  leur  inftitution.  Enfin ,  dans  la  diète  de 
Ratisbonne  de  l'an  165-?  ,  on  accorda  à  ce  comte  la 
voix  Se  la  féance  au  collège  des  princes  ;  Se  ce  différent , 
qui  avoit  duré  fi  long-tems  ,  fut  terminé  à  l'avantage 
du  prince  de  Wirtenberg. 

MONTBIZOT,  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
élection  du  Mans. 

MONTBLANC.  Voyez.  Monblanc. 
MONTBOZON ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Franche- 
Comté  fur  une  colline,  au  pied   de  laquelle    paffe  la 
rivière   d'Ougnon.    Il   eft  à  quatre  lieues  de  Gray  ,  à 
autant  de  Vefoul  Se   à  cinq  de   Befançon.  Ces  trois 


MON        585 

villes  font  un  triangle  au  milieu  duquel  eft  Mcnt- 
bozon.  On  y  tient  un  gros  marché  routes  les  femaincs  , 
Se  une  foire  très-confidérable  tous  les  lundis  pendant 
le  Carême.  On  y  amené  quantité  de  befiiaux,  &  par- 
ticulièrement des  chevaux  de  la  Suiffe  ,  dont  les  mar- 
chands de  France  viennent  fe  fournir.  Il  y  a  dans  ce 
bourg  ,  haute  ,  moyenne  Se  baffe-juftice  ,  fous  le  titre 
de  prévôté  ,  dont  les  appellations  reffortiffent  pour  le 
civil  au  bailliage  d'Amont,  fiége  de  Vefoul  ;  Se  pour 
le  criminel  au  parlement  de  Befançon.  Montbozon 
avoit  autrefois  un  fort  ,  dont  on  voit  les  ruines  fur  la 
colline.  Ce  lieu,  où  les  Dominicains  ont  un  couvent , 
dépend  de  la  paroiffe  de  Thienant,  petit  village  ,quj 
n'eft  éloigné  que  d'une  portée  de  mousquet.  *  Cor». 
DidHon.  Mémoires  drejjésfur  les  lieux  en  1700. 

MONTBRISON  ,  ville  de  France  ,  capitale  du  Fo- 
rez ,  fur  la  petite  rivière  de  Vézize  ,  à  quatre  lieues 
de  la  Loire  au  pied  d'une  montagne  ,  fur  laquelle  eft 
bâti  l'ancien  château  des  comtes  de  Forez  (a).  On 
l'appelle  en  latin  Nions  Brufonis  Se  Mons  Brifonis, 
du  nom  de  fon  fondateur.  Brifo  ou  Brifon  eft  un 
nom  ,  ou  plutôt  un  fumorrt  qui  a  été  dans  la  famille 
romaine  Antia.  11  n'elt  pourtant  fait  aucune  mention 
dans  tous  les  monumens  qui  nous  relient ,  foit  des 
Mérovingiens ,  foit  des  Carlovingiens ,  d'un  lieu  nom- 
mé Mons  Brifonis  ;  nous  voyons  feulement  que  les 
comtes  de  Forez ,  fous  les  Capétiens  ,  confidéroient 
Montbrifon  comme  leur  principale  place.  Elle  eft  en- 
core confidérable  par  la  réfidence  de  plusieurs  corps 
de  juftice  (b)  ,  comme  d'une  prévôté,  d'un  bailliage 
royal  non  reffortiffant ,  d'une  châtellenie ,  d'un  grenier 
à  fe!  ,  d'une  maîtrife  des  eaux  Se  forêts  Se  d'une  maré- 
ebauffée.  L'églife  collégiale  fut  fondée  en  1223  ,  fous 
l'invocation  de  Notre-Dame  par  le  comte  Gui  de 
Montbrifon  ,  qui  y  établir  douze  chanoines  Se  un  doyen  : 
ce  qui  fut  confirmé  en  12  24,  par  Renaud,  archevêque 
de  Lyon  ,  oncle  paternel  du  comte  Gui.  Il  y  a  plufieurs 
paroiffes  Se  couvens.  Les  pères  de  l'Oratoire  y  ont  un 
collège,  où  les  jeunes  gens  font  très  bien  élevés,  [a) 
Longiterue  y  Defcription  de  la  France,  p.  276.  (b) 
Piqaniol ,  Defcription  de  la  France  ,  t.  6.  p.  262.  Mé- 
moires divers. 

MONTBRON  ,  en  latin  Mons  Berulfî,  petite  ville 
de  France,  dans  l'Angoumois,  fur  la  rivière  du  Péri- 
gord,  C'eft  le  chef-heu  d'un  comté  qui  a  dix-huit  pa- 
roiffes dans  fa  juftice,  Se  quarante  fiefs  dans  fa  mou- 
vance. 

1.  MONTBRUN  ,  bourgade  de  France,  dans  le  Bas- 
Languedoc  ,  recette  de  Narbonne. 

2.  MONTBRUN  ,  bourgade  de  France,  dans  le  Poi- 
tou ,  élection  de  Thouars. 

MONTCEL.  Voyez,  Mon  ce  l. 

1.  MON  TC  H  A  M  PS  ,  bourg  de  France,  dans  la  Nor- 
mandie ,  élection  de  Vire. 

2.  MONTCHAMPS,  bois  de  France ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  maîtrife  des  eaux  Se  forêts  de  Vire.  Il  eft  de  cent 
quarante  arpens. 

MONTCHAUVET ,  en  latin  Mons  Calvuhts ,  village 
de  France  ,  au  diocèfe  de  Chartres  ,  archidiaconé  de 
Pinceraye  ,  doyenné  de  Mante  ,Jfur  la  petite  rivière  de  . . . 
Ce  lieu  eft  fort  célèbre  dans  Ihiftoire  de  l'abbaye  de 
Saint  Germain  des  Prés.  Hugues,  abbé  de  ce  monaftere 
fous  Louis  le  Gros  ,  céda  à  ce  prince  Se  à  Amauri  de 
Montfort  un  fonds  pour  y  confiante  le  château  de 
Montchauvet.  Ce  château  étant  conltruit ,  le  même  abbé 
obtint  de  Geoffroi  ,  évêque  de  Chartres  ,  la  permiilion 
d'y  bâtir  une  eglife  paroifliale  en  l'honneur  de  fainte 
Magdelène  hors  de  Montchauvet  ;  parce  qu'il  avoit  des- 
fein  d'y  ériger  un  monaltere  pour  y  mettre  un  certain 
nombre  de  fes  religieux.  Outre  cette  éghfe,  on  lui  per- 
mit d'en  ériger  encore  une  autre  dans  Montchauvet  mê- 
me ,  pour  la  commodité  des  habitans.  La  première  ne 
fubfillc  plus.  On  croit  que  du  tems  des  guerres  les  re- 
ligieux fe  retirèrent  en  celle  du  dedans  ,  qui  eft  encore 
fur  pied  ,  Se  qui  fert  de  paroiffe.  Renaud  ,  évêque  de 
Chartres,  confirma  en  1214  le  droit  de  patronage  de 
cette  églife  à  l'abbaye  de  Saint  Germain ,  &  même  en 
1261  ,  l'abbé  Gérard  permit,  comme  curé  primitif,  à 
une  dame  de  qualité  ,  nommée  Julienne  Britone,  d'éri- 
ger  une  chapelle  dans   la  maifon   qu'elle  venoit  d'y 


384       MON 

bâtir ,  à  condition  que  le  curé  auroit  les  droits  curiaux  , 
&  que  la  nomination  appaniendroit  à  l'abbé.  Cette 
chapelle  ne  fubfifte  plus.  Le  nouveau  pouillé  du  dio- 
cèfe  de  Chartres  marque  le  château  de  Trois  fontaines 
fur  le  territoire  de  Montchauvet.  Ce  village  eft  éloi- 
gné de  douze  lieues  de  Chartres.  Le  dictionnaire  uni- 
verfel  de  la  Fiance  l'appelle  mal-à-propos  Montchau- 
vette. 

MONTE  ,  cap  d'Afrique.  Voyez,  au  mot  Cap,  l'ar- 
ticle Cap  de  Monte. 

1.  MONTE-AGUDO  ,  château  d'Espagne,  au  royau- 
me de  Murcie,  près  de  la  ville  de  ce  nom,  à  laquelle 
il  peut  fervir  de  défenfe  en  cas  de  befoin  :  il  eft  bâti 
fur  une  hauteur.  *  Délices  d'Espagne,  p.  538 

2.  MONTE-AGUDO,  petite  ville  d'Espagne,  dans 
la  Nouvelle  Caftille ,  au  midi  d'Arcos.  Elle  a  titre  de 

•  comté  8c  appartient  aux  marquis  d'Almazan. 

MONTE -ALFONSO  ,  fortereffe  d'Italie,  dans  le 
Modénois  ,  près  de  Carfagnana  du  côté  du  couchant. 
Elle  a  été  ainfi  appellée  d'Alfonfe,  duc  de  Modéne, 
qui  la  fit  bâtir.  *  Magin  ,  Carte  du  duché  de  Mo- 
dère. 

MONTE-  ALVERNO,  montagne  d'Italie  ,  dans  la 
Toscane  ,  à  quatorze  milles  de  Florence  ,  à  deux  de  la 
fource  du  Tybre.  Cette  montagne  eft  .célèbre  par  un 
couvent  de  religieux  réformés ,  de  l'ordre  de  faint  Fran- 
çois ;  8c  qui  eft  comme  un  des  trois  fanétuaires  du  pays  : 
car  c'eft  ainfi  qu'on  appelle  les  trois  couvens  ou  1110- 
nalleres  de  Camaldoli  ,  de  Valombreufc  8c  du  Mont- 
Alvemo.  J'ai  déjà  parlé  de  cette  montagne  au  mot  Al- 
vfrne;  j'ajouterai  ici  que  c'eft  une  des  plus  ftériles 
de  l'Apennin.  Saint  François  aimoit  ce  lieu  ,  parce  que 
c'étoit  une  folitude  ,  où  il  pouvoit  vaquer  à  les  dévo- 
tions &  à  fes  exercices  de  pénitence  ,  fans  crainte  d'être 
interrompu.  Ce  fut  dans  cet  endroit  qu'il  reçut  les  fti- 
gmates  qui  l'ont  rendu  fi  célèbre.  On  montre  encore 
aujourd'hui  le  lieu  où  la  tradition  du  pays  affine  qu'il 
étoit  à  genoux,  quand  il  reçut  cette  faveur  fi  finguliere. 
On  y  a  bâti  une  chapelle  qui  pourroit  paffer  pour  une 
égliie  médiocre,  avec  des  cellules  pour  douze  ou  quinze 
religieux  ,  8c  d'autres  pour  des  étrangers  qui  y  vont  faire 
des  retraites.  *  Labat ,  Voyage  d'Italie,  t.  6.  p.  ij6. 

Environ  à  un  mille  à  côté ,  il  y  a  un  fameux  couvent 
de  religieux  du  même  ordre  :  on  pourroit  l'appeller  une 
petite  ville,  tant  il  eft  vaile  ,  8c  contient  de  logemens, 
foit  pour  les  religieux  ,  qui  y  font  toujours  plus  de  cent, 
foit  pour  les  étrangers,  qui  s'y  trouvent  quelquefois  au 
nombre  de  deux  ou  trois  cens ,  &  qui  y  font  logés  8c 
nourris  gratis.  La  providence  n'a  jamais  manqué  dans 
ce  lieu.  Il  eft  arrivé  une  infinité  de  fois  que  les  reli- 
gieux fe  trouvant  réduits  au  dernier  mouton,  on  a  vu 
arriver  des  troupeaux  de  cinquante  ou  foixante  bœufs  , 
8c  de  deux  ou  trois  cens  moutons  ,  des  convois  de 
charrettes  8c  de  mulets  chargés  devin,  de  farine  &  de 
toutes  fortes  de  provifions.  Tous  les  pèlerins  y  font 
reçus  pendant  trois  jours.  Les  hommes  font  toujours 
féparés  des  femmes  ,  mariés  ou  non  ,  il  faut  que  les 
compagnies  fe  féparent  en  entrant  dans  ce  faint  lieu.  Ce 
font  des  religieux  qui  ont  foin  des  hommes ,  8c  des  re- 
ligieufes  Tierçaires  ,  de  l'ordre  de  faint  François,  qui 
font  chargées  des  femmes. 

Il  ne  va  point  de  religieux  au  Mont-Alverne  ,  qui  ne 
fe  faffe  un  devoir  d'affilier  au  chœur,  aux  offices  di- 
vins, &  fur-tout  à  celui  de  la  nuit.  Après  qu'on  a  chanté 
le  TeDtum,  tous  les  religieux  vont  proceffionnellement 
en  chantant  les  laudes  au  petit  couvent  de  la  lacrée  grotte. 
Les  douze  ou  quinze  religieux  de  ce  petit  couvent  les 
y  attendent.  Ils  difent  enfemble  une  antienne  ,  après 
quoi  on  lit  le  fujet  de  la  méditation  ,  qui  dure  une 
heure.  Chacun  prend  j  pendant  la  ledure,  la  pofture  dans 
laquelle  il  doit  demeurer  pendant  l'oraifon.  Les  uns  fe 
tiennent  debout  les  bras  en  croix  •,  les  autres  à  genoux 
dans  la  même  pofture  :  il  y  en  a  qui  font  prolternés 
tout  de  leur  long  ;  d'autres  ont  la  face  contre  terre  ;  en 
un  mot ,  on  choifit  une  pofture  gênante  &  incommode , 
afin  de  fournir  en  priant  ;  ce  qui  ne  peut  manquer 
d'arriver ,  quand  il  faut  demeurer  immobiles  ,  comme 
des  ftatues ,  pendant  une  heure,  qui  commence  ,  lorsque 
celui  qui  préfide  dit  pour  latroifiéme  fois  ces  paroles: 
Sign.ifti ,  Démine  t  fervurn  hic  ;  c'eft  à-dire,  Vous  avez 


MON 


marqué,  Seigneur ,  votre  ferviteur  dans  ce  lieu ,  en  mar- 
quant avec  le  doigt  l'endroit  où  étoit  faint  François,quand 
il  reçut  les  fiigmates.  Il  demeure  lui-même  dans  cette 
pofture  pendant  tout  le  tems  delà  méditation.  Cet  exer- 
cice eft  fuivi  tous  les  jours  d'un  exeicice  de  pénitence, 
après  lequel  on  s'en  retourne  au  grand  couvent  en  chan- 
tant d'autres  prières ,  à  la  fin  desquelles  il  eft  permis 
de  s'aller  repofer.  Les  femmes  ne  font  pas  admifes  à 
ces  exercices  nocturnes  de  piété.  Il  n'y  a  que  les  hom- 
mes ;  8c  ceux  qui  demandent  au  gardien  cette  grâce  , 
doivent   imiter  en  tout  les  religieux. 

Quoiqu'il  y  ait  un  bon  mille  du  grand  couvent  à  la 
grotte  facrée ,  on  y  alloit  autrefois  à  découvert ,  &  quel- 
que tetns  qu'il  fit ,  perfonne  ne  fe  dispenfoit  de  cet 
exercice  de  piété  8c  de  pénitence.  Il  s'eft  trouvé  des 
gens  riches  &  charitables  qui  ont  eu  pitié  de  ces  fervi- 
teurs  de  Dieu  ,  8c  fait  faire  une  galerie  bien  couver- 
te, pavée  &  bien  clofe,  qui  va  depuis  le  grand  cou» 
vent  jusqu'à  la  fncrée  grotte.  C'eft  par  ce  chemin  com- 
mode qu'on  y  va  à  préfent  toutes  les  nuits  à  l'abri  des 
injures  de  l'air ,  qui  eft  très-froid  dans  ces  montagnes. 

MONTE- ANSIDIANO,  montagne  de  Portugal, 
dans  l'Eftramadure  ,  près  de  Coimbre  ,  dit  l'auteur  des 
délices  de  Portugal ,  p.  730.  il  y  a  une  chaîne  de  mon- 
tagnes qui  femble  fe  divifer  en  deux  branches,  8c  dont 
l'une  s'étend  droit  au  midi  de  Coimbre  jusqu'à  Tomar 
l'espace  de  douze  lieues ,  &  l'autre  tourne  à  l'orient , 
&  s'étend  entre  les  deux  rivières  de  Mondego  8c  de 
Zezare ,  jusque  vers  la  fource  de  la  dernière.  La  pre- 
mière chaîne  de  montagnes  étoit  nommée  anciennement 
Taniacus  Mons  ,  8c  aujourd'hui  Anfidianus  ou  Sera 
d'Ançaon  ,  du  nom  d'un  bourg  qui  s'y  trouve.  On  tra- 
verfe  des  chemins  fort  rudes  8c  fort  pierreux  dans  ces 
montagnes  ;  8c  à  quatre  lieues  de  Coimbre,  on  rencon- 
tre un  bourg  nommé  Rabaçal  (  Kapaciale  )  au-deffus 
duquel  eft  la  partie  la  plus  haute  de  ces  montagnes, 
qui   retient  encore  l'ancien  nom  ,  Porto  Tnpaio. 

MONTE-ARAGON, montagne  d'Espagne,  au  royau- 
me d'Aragon ,  avec  une  abbaye  &  un  bourg  fur  le  tor- 
rent Flumen  ,  à  une  lieue  d'Huesca  au  levant.  *  Bau- 
drand  ,  DicL.  édit.  170J. 

MONTE-BALDO,  haute  monragne  d'Italie  :  elle  eft 
de  rochers  escarpés  proche  d'un  autre  d'aufli  difficile 
accès ,  toutes  deux  fituées  entre  l'Adige  8c  le  lac  de 
Garde,  vers  les  frontières  du  Trentin.  Ces  deux  mon- 
tagnes, avec  leurs  retranchemens  &  redoutes,  qui  dé- 
fendoient  le  paffage  de  la  gorge  ,  gardée  par  un  déta- 
chement de  troupes  impériales ,  furent  forcées  par  les 
François  le  16  de  Juillet  1703 ,  lorsque  le  duc  de  Ven- 
dôme ,  avec  une  partie  de  l'armée  de  France,  paffa ,  des 
environs  de  Mantoue  ,  dans  le  Trentin  ,  pour  y  joindre 
l'électeur  de  Bavière  qui  venoir  de  faire  la  conquête  du 
Tirol.  *  Corn.  Dièt.  Mémoires  du  ttms. 

MONTE-BARBARO  ,  montagne  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naplcs,  dans  la  province  de  Labour  :  elle  eft 
proche  de  la  côte  de  la  mer  ,  auprès  de  la  ville  de  Pouz- 
zol  ,  8c  eft  nommée  Gaitrus  par  les  anciens.  Voyez, 
Gaurus. 

MONTE  BERNINA  ,  montagne  des  Alpes ,  au  pays 
des  Grifons,  8c  dans  la  ligue  de  la  Maifon-Dieu ,  fur 
les  confins  de  la  Valteline.  *  Baudrand,  Dict.  edit.  170/. 

MONTE- BRAULIO.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à 
une  partie  des  Alpes,  entre  le  pays  des  Grifons  à  l'oc- 
cident ,  &  le  comté  de  Tirol  à  l'orient ,  vers  la  fource 
de  l'Adda ,  à  dix  milles  de  Bormio  vers  le  nord. 

MONTE-CAMELIONE,  en  latin  Cerna,  montagne 
de  France ,  dans  la  Provence ,  au  comté  de  Nice ,  & 
qui  fait  partie  des  Alpes  maritimes  :  elle  s'étend  en 
long  entre  les  vicariats  de  Barcelone  8c  de  Saint  Efteve 
au  midi,  8c  le  marquifat  de  Saluées  au  feptentrion,  en- 
tre la  fource  du  Var  &   celle  de  Sture. 

MONTE-CANIGO,  montagne  d'Espagne  ,vers  le 
Rouffillon  :  elle  fait  partie  des  Pyrénées.  *  Délices  d'Es- 
pagne, p.    30. 

MONTE-CARSO  ,  pays  d'Italie  au  Frioul.  On  l'ap- 
pelle ainfi  parce  qu'il  e(t  montagneux,  &  qu'il  ren- 
ferme une  partie  du  pays  de  Carfo  :  les  Allemands 
l'appellent  Karlten  :  il  eft  entre  l'Iftrie  au  levant  8c  la 
rivière  de  Lizonfo  au  couchant  ;  &  dépend  de  l'empe- 
reur. *  Baudrand,  Diét.  édit.  1705. 

MONTE-CAT1NO, 


MON 


MONTE-CATlNO,  château  d'Italie,  dans  la  Tos- 
cane ,  à  huit  milles  de  Piftoie  au  couchant,  en  allant 
à  Lucques ,  dans  le  val  de  Nievole.  Les  Florentins  y 
furent  défaits  en  131  y,  par  Uguccione  Faguiola ,  ap- 
pelle le  Romagnolo  ,  Seigneur  de  Pife. 

MONTE-CAVALLO.  C'eft  ainfi  qu'on  appelle  un 
des  quartiers  de  Rome ,  qui  ell  fur  le  Quirinaî,  &  où 
elt  le  palais  de  Monre-Cavallo,  où  les  papes  font  leur 
demeure  dans  les  chaleurs.  Il  y  a  devant  la  place  deux 
ftarues  d'Alexandre  le  Grand,  faites  l'une  par  Phidias 
&  l'autre  par  Praxitèle,  ce  qui  a  occalionné  le  nom  de 
Monre-Cavallo.  *  Labat ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  3.  p.  167. 
Baudrand ,  Dict.  édit.  17SJ. 

MONTE-CAVO,  montagne  d'Italie,  dans  l'état  de 
fEglife  &  dans  la  Campagne  de  Rome,  vers  Albano 
ik  Savelli.  *  Bâiidrand ,  Dict.   édit.   1705. 

MONTE-CEROGNONE,  montagne  d'Italie,  au 
duché  d'Urbin  &  au  pays  de  Monte-Feltro,  à  cinq 
milles  de  San-Leo  en  allant  vers  Urbin  :  cette  mon- 
tagne efl:  petite  &:  n'a  qu'un  feul  château.  Au  lieu  de 
Cerognone,  Magin  ,  Carte  du  duché  d'Urbin  ,  écrit 
CtNAGNONE.  C'elt  la  Gin^itnum  dont  parle  Strabon. 

MONTE  CPHAROGOLo,  lieu  d'Italie,  dans  le 
duché  de  l'arme ,  fur  la  rive  occidentale  de  la  rivière 
de  Lcnza ,  à  l'orient  méridional  de  Parme.  *  Magin, 
Carte  du  duché  de  Parme. 

1.  MONTE-CHR1STO,  iflc  de  la  mer  de  Tos- 
cane, entre  celles  de  Giglio  au  levant, &  de  la  Piano- 
fe  au  couchant ,  à  près  de  trente  milles  de  la  côte 
du  Siennois  au  midi,  tk  à  quarante  milles  de  l'ifle  d'El- 
be :  elle  dépend  du  prince  de  Piombino  &c  fait  partie 
de  fon  état.  Son  nom  vient  de  ce  qu'il  n'y  a  qu'une 
feule  montagne  qui  comprend  toute  l'ifle  ,  qui  n'a  que 
cinq  milles  de  tour.  On  n'y  voit  qu'une  ou  deux  tours 
courte  les  Corfâires .-  quoiqu'il  y  ait  eu  autrefois  un  cé- 
lèbre  couvent  de  faim  Maximilien  où  il  y  avoit  quan- 
tité de  religieux.  C'eft  l'ifle  appelléc  Oglafa  par  Pline. 
*  Baudrand,  Dict.  édit.   170J. 

2.  MONTE-CHRISTO  ,  montagne  ,  rivière  &  bour- 
gade de  l'Amérique  ,  fur  la  côte  du  nord  de  l'ifle 
Efpagnole  ou  de  S.  Domingue.  Chriftophe  Colomb,  au 
fortir  du  cap  François  à  fon  premier  voyage  de  l'Amé- 
rique ,  apperçut  à  l'eft  une  montagne  qui  fembloit 
avoir  le  pied  dans  la  mer  ;  il  voulut  la  reconnoître , 
&  trouva  que  c'étoit  une  presqu'ifle  fort  élevée ,  qu'il 
nomma  Monte-Chrifio.  Ceux  qui  croient  que  c'elt  ce  que 
nos  marins  nomment  la  Grange ,  fe  trompent.  Monte- 
Chriflo  c(t  à  trois  lieues  au  vent  de  la  Grange  l'Yaqué  , 
qu'on  appelle  ainfi.  La  rivière  de  Monte-Chriflo  a  fon 
embouchure  à  côté  de  la  montagne,  ik  forme  une 
rade  où  on  trouve  depuis  fept  jusqu'à  trente  brafles 
d'eau.  Colomb  ,  auquel  on  avoit  dit  que  ce  fleuve  droit 
fa  fourec  des  mines  de  Cebao,  ce  qui  elt  vrai,  vou- 
lut la  vifiter  :  il  y  entra  ce  trouva  que  fon  fable  étoit 
mêlé  de  pailles  d'or,  ce  qui  fubfiflc  encore  aujour- 
d'hui ,  cV  il  lui  donna  le  nom  de  Rio  de  loro.  En  1 533  , 
les  Espagnols  y  formèrent  une  bourgade  ,  dont  les  pre- 
miers habirans  furent  foixante  laboureurs  venus  d'Espa- 
gne avec  leurs  familles.  Elle  ne  fubfifle  plus ,  ou  elt  ré- 
duire à  très-peu  de  chofe.  *  Le  P.  de  Cbarievoix ,  Hifi. 
de  S.  Domingue. 

MONTE-CIRCELLO.  Voyez.  Circello  Monte. 

MONTE-CODORO.    Voyez.  Codorus. 

MONTE-CORVINO ,  bourg  du  royaume  de  Na- 
plcs ,  dans  la  Capitanate.  Il  efl  préfentement  défert  , 
au  lieu  que  c'étoit  autrefois  un  évêché  fuffragant  de 
l'archevêché  de Béhevent.  Il  fut  Supprimé  en  1433  >  & 
uni  à  celui  de  Volturara,  dont  il  étoit  fort  proche.  Ce 
bourg  fut  ruiné  dans  le  dernier  fiécle.  *  Baudrand , 
Dict.  édit.  170  j. 

MONTE-CORVO.  Voyez.  Corvo. 

MONTE-DESIDERIO  ,  montagne  d'Italie,  dans  le 
Siennois,  près  de  Monte-Pulciano.  Oh  a  nommé  cette 
montagne  Monte-Desiderio,  parce  qu'on  prétend  que 
Didier,  dernier  roi  des  Lombards ,  y  cacha  tous  fes  tré- 
fors  qui  étoient  fort  confidérables.  C'eft  véritablement 
la  montagne  des  defirs  de  tout  le  pays.  *  Labat,  Voya- 
ge d'Italie ,  t.  4.  p.  8<î. 

MONTE- DR AGONE,  palais  ou  vigne  en  Italie, 
aux  environs  de  FrascatL   Cette   vigne  cil;  beaucoup 


MON        38* 

plus  considérable  que  celle  qu'on  nomme  ''igné  Bor- 
ghèfe.  De  cette  dernière,  fituée  à  un  bout  de  Frascati 
du  côté  du  feptentrion ,  on  va  à  Monte  Dragoile  par 
une  allée  de  lauriers  à  peu  près  l'espace  d'un  mille. 
Cette  charmante  maifon  fut  bâtie  dans  un  air  très-pur 
par  les  foins  du  cardinal  Altaemps.cc  augmentée  par 
Grégoire  XIII.  Le  cardinal  Scipion  fiorghèfe  y  alloic 
fouvent  fe  délaiîer  de  fes  pénibles  affaires.  Le  palais  a 
trois  grands  corps  de  logis  &  quantité  de  chambres  \ 
en  forte  qu'on  y  compte  trois  cens  foixante  Se  quatorze 
fenêtres;  Il  y  a  une  galerie  d'une  longueur  extraordi- 
naire ,  ornée  de  diverfes  peintures ,  avec  un  grand  théâ- 
tre, des  plates-formes,  des  cours,  des  vignes  ,  des  bois, 
d'oliviers ,  des  forêts  Se  des  terres  labourables  qui  en 
dépendent',  auffi  n'y  a-t-il  point  de  vigne  au  tour  dé 
Rome,  qui  ait  tant  de  dépendances.  Il  feroit  fort  dif- 
ficile de  faire  la  description  des  peintures ,  des  ftucs 
dorés,  des  Statues  de  prix  &  des  meubles  précieux  qui 
font  dans  ce  fuperbe  palais,  fans  compter  les  cascades  \ 
les  jets  d'eau  ,  &  la  girandole  qui  envoie  un  fleu- 
ve d'eau  vers  le  ciel  ,  quand  elle  joue.  *  Corn.  Dict. 
E.  D.  R.  Nouveau  voyage  d'Italie  ,  t.  3. 

MONTE- EBA  ,  château  d'Italie ,  eh  Toscane,  au  ter* 
ritoire  de  Sienne ,  près  de  la  petite  rivière  d'Albegna , 
dans  la  Maremme  ,  au  couchant  de  Saturnia. 

1.  MONTETALCO,  petite  ville  d'Italie,  dans  l'eût 
de  l'Eglife,  au  duché  de  Spoléte ,  fur  une  montagne 
près  delà  rivière  de  Clitunno,  un  peu  au-deflbus  de  fa 
jonction  avec  le  Rucciano.  On  prétend  qu'elle  a  é'é 
bâtie  des  ruines  de  Coccoronne ,  qui  Fut  ruinée  vers 
l'an  1250.  Monte-Falco  efl  principalement  célèbre  pour 
avoir  donné  la  nai  (Tance  à  Sainte  Claire  :  on  y  voit  un 
rnonaftere  de  religieuses  de  l'ordre  de  S.  Auguflin  ,  où 
le  cerps  de  cette  fainte  ,  qui  y  avoit  été  religieufe ,  fc 
Voit  encore  tout  entier  ,  vetu  d'une  robe  noire,  brodée 
d'or  de  de  foie,  une  couronne  d'argent  dorée  fut  la 
tête  avec  fon  voile  noir,  fon  vifage  couvert  d'une  toile 
de  foie  claire ,  fes  mains  nues  &  demi  jointes ,  &  les 
doigts  ornés  de  plusieurs  riches  anneaux  ,  les  pieds  nuds 
&  découverts,  la  peau  toute  entière ,  mais  féche  ôc  un 
peu  noire  comme  celle  des  mains  ,  ce  qu'on  voie 
clairement  &  facilement  à  travers  une  vitre.  Auprès 
du  corps  efl  un  petit  vafe  de  cryflal  enchaSTé  dans  de 
l'argent  :  on  y  garde  du  fang  qui  fut  tiré  de  ce  faint 
corps ,  lorsqu'il  fut  ouvert  après  fa  mort.  Dans  le  chœur 
des  religieufes  &  devant  la  grille ,  il  y  a  un  beau  Se 
riche  chef  d'argent ,  qui  repréfente  la  même  fainte  ; 
au  bas  eft  enchaSTé  fon  cœur  qu'on  voit  ouvert  ik  éten- 
du dans  un  cryflal  &  fans  aucune  corruption  depuis 
plus  de  quatre  cens  ans  qu'elle  vivoit  :  à  côté  efl  une 
croix  d'argent  de  deux  pieds  de  hauteur  ,  large  de  quatre 
doigts,  creufe  ik  couverte  d'un  cryflal.  Dans  le  milieu 
de  la  croifée  ,  félon  le  chanoine  Doubdan  ,  Voyage  de 
la  Terre-Sainte ,  c.  63  ,  de  qui  je  tire  ce  récit,  il  y  a 
un  petit  crucifix  de  chair  parfaitement  bien  formé, 
qui  fut  trouvé  au  milieu  de  fon  cœur  :  un  peu  plus  bas 
efl  un  autre  morceau  de  chair  qui  y  fut  aulfl  trouvé, 
fait  en  forme  de  fouets ,  de  doux ,  de  lance  &  de 
couronne  d'épine  :  au  haut  de  la  croix  8e  aux  deux 
bouts  de  la  croifée ,  font  trois  petites  boules  qui  furent 
trouvées  dans  fon  fiel.  Doubdan  ajoute ,  qu'on  dit  8c 
que  les  religieufes  lui  afTurerent ,  que  par  une  merveille 
inouie  ces  boules  pefent  autant  l'une  que  l'autre ,  qu'une 
feule  pefe  autant  que  les  trois,  &  que  les  trois  enfem* 
ble  ne  pefent  pas  plus  qu'une  ni  deux  ,  pour  préfenter 
le  grand  amour  que  la  fainte  portoit  à  Jefus  crucifié, 
8e  la  grande  dévotion  qu'elle  avoit  à  la  fainte  Trinité.  * 
Magot ,  Carre  du  duché  de  Spoléte. 

2.' "MONTE  FALCO  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  l'état  de 
l'Eglife,  près  de  la  rivière  de  Topino  ,  fclon  Corneille, 
Did.  qui  cite  Maty:il  ajoute  que  ce  bourg  efl  à  cinq  lieues 
de  la  ville  de  Spoléte  du  côté  du  couchant.  Magin  ne 
connoît  point  ce  bourg.  Et  il  a  raifon  :  c'efl  le  même 
lieu  dont  il  efl  parlé  dans  l'article  précédent. 

1.  MONTE-FALCONE  ,  ou  Mont  Falcone  ,  félon 
Magin  ,  Carte  du  Friotd ,  ville  du  Frioul ,  avec  un  châw 
teau  fur  une  montagne  proche  de  la  petite  rivière  de 
Ponzano,  aSTez  près  du  golfe  de  Triefle  ,  elle  àppârrièiJÉ 
à  la  république  de  Venife  avec  fon  territoire,  quoi- 
qu'il foit  enclavé  de  tous  côtés  dans  les  eeircs  de  Fenv 


386        MON 


il  ON 


pereur.  *  Baudrand,    Dictionnaire ,  édition  de    170J. 

2.  MONTE- FALCON  E  ,  cap  de  rifle  de  Sardaigne  : 
il  eft  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  ,  vis  à-vis  de  l'ifle 
Afinara,  entre  Porto  Torre  &  Argentera.  Voyez.  Gor- 
ditanOM  Promontorium.  *  Magin ,  Carte  de  l'ifle 
de  Sardaigne. 

MONTE  FANO,  ou  Saint  Silvestre  de  Monte- 
Fano  ,  abbaye  d'hommes  ,  chef-d  ordre  de  la  congréga- 
tion des  Sylvétrains ,  de  l'ordre  de  faint  Benoit ,  en  Ita- 
lie »  dans  le  diocèfe  de  Camerino ,  à  deux  milles  de  la 
ville  de  Fabriano ,  ôc  non  pas  dans  la  ville  même  ,  com- 
me 1  avoit  avancé  la  Martinierc. 

MONTE-FELTRO.  Voyez.  Feltro. 

MONTE-FERETRUM  ,  ville  d'Italie,  dans  le  Pi- 
cenum  ,  félon  Procope,  Goibor.  I.  2.  Luitprand  la  nom- 
me Mons  Fcretratus  ôc  Oppidum  Leonis.  C'eft  aujour- 
d'hui Monte-Feltro.  Voyez,  l'article  Feltro. 

MONTE-F1ASCONE,  petite  ville  de  l'état  de  l'E- 
glife,  en  Italie  :  elle  efl  bâtie  fur  une  colline  au  pied  de 
laquelle  ,  comme  je  l'ai  dit  au  mot  Fiascone  ,  on  voit 
le  lac  de  Bolfena  ;  le  dôme  de  la  cathédrale  fait  la 
pointe  de  la  hauteur.  Le  pere  Labat,  Voyage  d'Italie , 
t.  5.  p.  36.  dit  :  On  appelle  Fiasco  en  Italie  une  bou- 
teille ronde  ,  d'environ  une  pinte  de  Paris ,  &  Fiascone, 
une  bouteille  de  même  figure  ,  couverte  de  cordons  de 
paille,  gros  comme  le  doigt ,  &  qui  tient  le  double  de 
la  première.  Le  vin  de  ce  pays-la  efl  excellent ,  c'efl  le 
muscat  ou  muscarelle  ,  dont  on  prétend  qu'un  Allemand 
but  tant  qu'il  en  mourut.  Seroit  il  hors  de  railbn  de 
dire  que  cette  ville  a  pris  le  nom  des  grofles  bouteilles 
où  l'on  met  cette  iiqueur  précieufe ,  ôc  qu'étant  fituce 
Fur  une  montagne  ronde  ,  on  ait  joint  ces  deux  chofes 
enfemble,  pour  compofer  le  nom  de  la  ville,  ôc  l'ap- 
peller  le  mont  de  la  groffe  Bouteille  ,  Monte-Fiascone  ? 
C'efl  ma  conjecture.  De  Monte  -  Fiascone  jusqu'à  Vi- 
terbe  ,  il  y  a  huit  milles  que  l'on  t'ait  dans  une  belle 
plaine,  qui  feroit  mieux  cultivée,  fi  elle  appanenoit  au 
grand  duc  de  Toscane  ,  car  les  fujets  du  pape  foni  très- 
parefïeux.  Ils  n'ont  rien  qui  les  oblige  au  travail.  Leur 
fouverain  leur  demande  fi  peu  de  chofe .  que  ce  n'efl 
pas  la  peine  de  travailler.  Voyez  Fiascone  ,  qui  cil  la 
même  chofe. 

MONTE-FISARDO  ,  moivagne  d'Palic  ,  au  royau- 
me de  Naples ,  dans  la  Calabre  Ultérieure,  près  de 
San-Severino.  Il  en  a  été  parlé  au  mot  Fisardo,  ar- 
ticle rapporré  fur  la  foi  de  Baudrand.  Je  foupçonnerois 
presque  qu'il  y  auroit  faute  ,  ôc  qu'au  heu  de  Fifardo, 
il  faudioit  lire  Riscardo.  le  trouve  en  effet  fur  la 
carte  de  Magin,  Monte-Riscardo  ,  au  voifinage  de 
San-Severino  ,  en  tirant  vers  le  midi  occidental.  Ma- 
gin ne  conriou  pas  Monte-Fisardo.  *  Carte  de  la 
Calabre  Uli  ér  h  ure. 

MONTE-FOSCOLO.  Voyez.  Foscolo. 

MONTE-FURADO,  château  d'Espagne,  dans  la 
Galice  ,  fur  la  rivière  de  Burvia  ,  vers  les  montagnes  en 
allant  d'Orenfe  à  Arlorga.  *  Baudrand  ,  Dictionn.  édit. 
1705. 

MONTE-GALLO.  Voyez.au  mot  Gallo  3. 

MONTE -GIOVF.  Voyez.lvA  2. 

MONTE-GIRARO ,  bourgade  de  l'ifle  deSardaigne, 
fur  la  côte  occidenrale  ,  au  fond  d'une  petite  baie  entre 
Aigentera  &  Porticivolo.  *  Magin  ,  Carte  de  Fifre  de 
Sardniçne. 

MON  FE-GRADACCHIO.  Voyez  Gradacchio. 

MONTE-GRANARIO  ,  ou  Granavo  ,  château  de 
l'état  de  i'Eglife  ,  en  Italie,  dans  la  Marche  d'Ancone  , 
vers  Ofimo.  Ce  lieu  croit  occupé  par  le  peuple  Bcre- 
grani  ,  dont  parle  Pline.  *  Baudrand,  Diéb.  édif 
i~<  5. 

MONTE-HIMETTO.  Voyez Hymette. 

MONTE-IDA.  Voyez  Ida. 

MONTE  DE  1LIPULA,  montagne  dEspagne.au 
royaume  de  Grenade ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  ce 
nom  ,  au  levant  en  allant  vers  Baza  ,  où  il  y  a  quan- 
tité de  ruines  d'une  ancienne  vilie. 

MONTE-LATTARIO,  montagne  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naples  ,  dans  la  FiincijmutéCitérieure  ,  au-delà 
de  h  rivière  de  Sarno  ,  entre  Sorrento  ôc  le  mont  Som- 
jna,  ';   trois  milles  de  Caliel-à  Mare  ôc  de  Lettcrc. 

t   MONTE -LEONE,  ville  d'Italie  ,   au  royaume 


de  Naples ,  dans  la  Calabre  U  ltérieure  ,  dans  les  terres 
entre  la  côte  du  golfe  de  fainte  Euphémie  à  l'occident, 
ôc  le  mont  Apennin  à  l'orient.  Elle  efl  au  nord  de 
Mileto ,  ôc  à  l'orient  de  Tropea.  Elle  efl  aujourd'hui 
très-petite,  parce  qu'elle  fut  ruinée  le  17  Mars  1638 
par  un  tremblement  de  terre.  *  Magin ,  Carte  de  la 
Calabre  Ultérieure 

2.  MONTE-LEONE,  château  de  l'état  de  I'Eglife, 
en  Italie ,  dans  la  Sabine  ,  près  de  la  rivière  de  Tu- 
rano  ôc  du  Poggio  fiiint  Laurent  ,  au  midi  de  Rieti. 
On  le  nomme  aufli  quelquefois  Monte  Leone  de  la 
Sabine  ,  pour*le  diflinguer  des  autres.  *  Baudrand  ,  Dicl. 
édit.  de  17CJ. 

MONTE  DI  LEVANQ,  montagne  d'Italie,  dans 
l'état  de  I'Eglife  ,  &  dans  la  Campagne  de  Rome  ,  vers 
la  côte  de  la  mer  à  quinze  cens  pas  de  Patrica.  *  Bau- 
drand, DicT:.  édit.  de  170J. 

MONTE- LIBRETTI,  château  de  l'état  de  I'Eglife, 
en  Italie,  dans  la  Sabine,  avec  titre  de  principaute.il 
eft  fitué  fur  une  montagne ,  entre  Monte-Ritondo  ôc 
Nerola,  à  fix  milles  de  Tivoli  au  couchant.  Ce  châ- 
teau appartient  à  la  maifon  Barberine. 

MONTE-MAJELLA,  montagne  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naples,  dansFAbrufieCitérieure,  près  de  la  rivière 
de  Fescare  ,  félon  Baudrand  ,  Dicl.  édit.  1 70  f .  qui  ne 
dit  point  fi  elle  eft  vers  la  fource  ou  vers  l'embouchure 
de  cette  rivière. 

MONTE-MAJOR  ,  bourg  d'Espagne  ,  dans  FAnda- 
louflc  ,  environ  à  fix  milles  de  Cordoue  vers  le  midi , 
entie  Santella  à  l'occident ,  &  Aguilraà  l'orient.  Selon 
Morales  ,  c'efl  YUlia  de  Ptolomée.  *  Vaugondy  ,  Atlas. 

MONTE-MARANO,  Mons  Maranus  ,  petite  ville 
épiscopale  d'Italie ,  fous  la  métropole  de  Bénevent , 
dans  la  Principauté  Ultérieure  ,  fur  la  rive  gauche  du 
Sabato ,  entre  Nusco  au  levant ,  ôc  Avellino  au  cou- 
chant. 

MONTE-MARIO ,  petite  montagne  d'Italie  ,  dans 
la  province  du  Patrimoine  ,  à  un  mille  de  Rome.  Cette 
montagne  eft  fort  agréable ,  à  caufe  du  grand  nombre 
de  vignes  ou  maifons  de  plaifance  qu'on  y  trouve.  *  Bau- 
drand, Di<ft.  édit.  1705. 

MONTE-MASS1CO,  montagne  d'Italie,  au  royau* 
me  de  Naples ,  dans  la  terre  de  Labour ,  vers  la  mer 
de  Toscane ,  à  l'occident  méridional  de  Carinola.  Il 
y  a  une  partie  de  cette  montagne  qu'on  appelle  Rocca 
di  Mondragone.  Voyez  Massicus.  *  Magin  ,  Carte  d» 
la  terre  de  Labour. 

MONTE-MAYOR.  Voyez  Monte-Major. 

MONTE-MELONE,  château  d'Italie ,  dans  l'état 
de  I'Eglife,  ôc  dans  la  Marche  d'Ancone  ,  fur  une  mon- 
tagne ,  entre  les  rivières  Potcntia  ôc  Chiento,  à  l'oc- 
cident méridional  de  Macerata.  Ce  château  a  été  au- 
trefois très-confidéi  able.  On  voit  fur  la  montagne  beau- 
coup de  ruines  dune  ancienne  ville.  *  Magin,  Carte 
de  la  Marche  d'Anccnc 

MONTE  DI  MEZZO ,  montagne  de  l'ifle  de  Corfe. 
Elle  eft  au  milieu  de  l'ifle ,  &  s'avance  jusque  vers  la 
côte  occidentale.  *  Baudrand  ,  Dictionnaire ,  édition 
de  1705. 

MONTE-MOR-O-NOVO  ,  ville  de  Portugal,  fur 
le  chemin  de  Lifbonneà  Badajos.  Pour  aller  de  Lifbonne 
à  Monte-Mor-o-Novo  ,  on    traverfc  le  Tage  ,  ôc , 
paflant  au  bourg  nommé  Aldea-Gallega  ,  on  arrive  à 
Monte  Mor-o-Novo ,  qui  en  eft  à  douze  lieues.  Chemin 
faifant  ,  on  voit  un  beau  chemin  fablonncux  ,'  arrofé  de 
quelques  ruiffeaux ,  entrecoupé    de  deux  forets  de  fa- 
pins  ,  ôc  fort  reflemblant  aux  landes  qui  font  en  France 
entre  Bordeaux  ôc  Bayonne.    Après  huit  grandes  lieues 
de  chemin ,  on  trouve   une  bonne  hôtellerie  nommée 
la  Venta  Nova  ,  bâtie  à  l'honneur  de  Philippe  II.  Quatre 
lieues  plus  avant,  on  voit  Montc-Mor-o  Novo  ,  qui  eft 
en  partie  furie  penchant  dune  montagne  ,  ôc  en  partie 
dans  la    plaine ,  au  bord  de  la  rivière  de  Canha  ,  ôc 
défendue  par  un  château  qui  eft  fur  la  montagne.  Cette 
ville  (b)  a  quatre  paroifïes,  avec  environ  deux  mille 
habitans,  qui  jouifîent  du  privilège  de  députer  aux  états. 
C'efl  la  patrie   de  faint  Jean  de   Dieu  ,  ôc  l'on  y  voit 
un  couvent  de  fon  inftitution.  Il  naquît   fur  la  fin  du 
quinzième  fiéele  ,  ôc  fut  fi  touché  d'un  fermon  du  cé- 
lèbre Jean  d'Avila ,  qu'il  réfolut  de  quitter  le  monde 


MON 


MON 


pour  paffer  fa  vie  dans  le  fervice  des  malades.  11  fe  re- 
lira dans  l'hôpital  de  Grenade  ,  ôc  y  jetta  les  premiers 
fondcmens  de  fon  inftitut,  qui  fut  approuvé  en  i;2o 
par  le  pape  Léon  X.  Il  mourut  âgé  de  cinquante-cinq 
ans,  le  8  de  Mars  1//0.  (a)  Délices  de  Portugal,  p. 
783.  (b)  Corn.  Dict.  Defcr.  fumaria  del  Reyno  de 
Portugal. 

MONTE- MOR-O-VELHO,  ville  de  Portugal, 
dans  la  province  de  Beira,  au  couchant  de  Coimbre. 
Elle  ell  innée  fur  une  éminence  au  milieu  d'une  grande 
plaine  de  cinq  lieues  de  longueur.  Cette  plaine  cft  bafle 
ôc  marécageufe ,  parce  que  la  marée  y  fait  déborder 
l'eau  du  Mondego ,  de  forte  qu'on  n'y  recueille  guère 
autre  choie  que  du  bled  de  Turquie.  La  ville  eft  petite: 
elle  a  pour  fa  défenfe  un  château  fort  fpacieux  ôc  fort 
vafte.  Le  Mondego  qui  traverfe  la  plaine,  lui  fournit 
de  bon  poiflbn,  &  la  campagne  eft.  abondante  en  gibier. 

*  Délices  de  Portugal,  p.  729. 

Cette  ville  eft:  le  lieu  de  la  naiflance  du  célèbre 
poète  Caftillan,  connu  fous  le  nom  de  George  de 
Monte-Mayor.  Il  s'introduifit  à  la  cour  de  Philippe  II , 
roi  d'Espagne,  à  la  faveur  du  talent  qu'il  avoit  pour 
la  mufique.  Il  y  excelloit  au-flî  bien  que  dans  celui  de 
faire  des  vers.  11  compofa  une  espèce  de  roman  intitu- 
lé, la  Diane.  Ceft  une  paftorale  eftimée  ,  &  qui  a  été 
traduite  en  diverfes  langues.  Il  mourut  dans  un  âge 
fort  peu  avancé  ,  vers  l'an  1560.  *  Corn.  Diér. 

1.  MONTE -NEGRO,  fuite  de  montagnes,  dans 
l'Albanie,  vers  Scutari  &  fon  lac.  Il  y  a  fur  cette 
montagne  plufieurs  villages  de  Chrétiens ,  qui  y  ont 
allez  de  liberté ,  quoique  fous   la  puiflance  des  Turcs. 

*  Bauirand ,  Dièt.  édit.  1705. 

2.  AÎONTE-NEGRO,  pays  de  la  Syrie,  dans  fa 
partie  feptentrionalc  .  vers  la  Caramanie  &  le  golfe  de 
Lajazzo.  11  ell  ainfi  appelle  de  la  montagne  de  même 
nom ,  qui  en  occupe  la  plus  grande  partie  ,  ôc  qui  fe 
nomme  mieux  montagne  Neros.  Voyez.  Montagna- 
Neros. 

MONTE  DI  NOVO,  château  d'Italie  ,  dans  l'état 
del'Eglife&  dans  la  Marche  d'Ancone  ,  au  nord  occi- 
dental d'Ascoli ,  ôc  à  l'occident  méridional  de  Montal- 
to.  *  Magin,  Carte  de  la  Marche  d'Ancone. 

MONTE-NOVO,  ville  de  la  Servie  ,  dans  la  partie 
occidentale  de  cette  province  ,  entre  les  rivières  Pina 
Se  Medviegha,  au  nord  occidental  d'Iagnievo  ôc  de 
Preftina.  *  De  l'Ifle  ,  Atlas. 

MONTE-DE LL'OLMO,  bourgade  d'Italie,  dans 
la  Marche  d'Ancone,  près  de  la  rivière  de  Chiento, 
au  voifinage  de  Macerata ,  en  tirant  vers  l'orient  méri- 
dional. Quelques-uns  croient  qu'elle  a  été  bâtie  fur  les 
ruines  de  l'ancienne  PaufuU.  *  Magin ,  Carte  de  la 
Marche  d'Ancone. 

MONTE-OLIVETO,  abbaye,  chef  d'ordre  en  Ita- 
lie ,  dans  la  Toscane  ,  au  diocèfe  d'Arezzo.  Elle  fut 
fondée  au  commencement  du  quatorzième  fiécle,  par 
un  noble  Siennois,appellé  Bernard  PtoloméeouTolomei, 
qui ,  ayant  en  feigne  à  Sienne  la  jurisprudence  civile  ôc 
canonique,  renonça  à  cet  emploi,  pour  aller  vivre  fo- 
litairement  fur  une  de  fes  terres ,  nommée  Acona.  Il  y 
attira  Ambroife  Picolomini  ôc  Patrice  Patrici  ,  qu'il 
connoiflbit  touchés  comme  lui  de  l'amour  de  la  folitude. 
Peu  de  tems  après  ils  fe  retirèrent  fur  le  mont  dit 
des  Olives,  où  la  fainteté  de  leur  vie  les  fît  fui  vie 
d'un  grand  nombre  de  perfonnes  pour  y  faire  péniten- 
ce. Guy  d'Arezzo ,  leur  évêque  diocéfain,  leur  donna 
l'habit  blanc  &;  la  régie  de  faint  Benoît  par  ordre  du 
pape  Jean  XXII.  Tolomei  mourut  de  la  pelle  en  1 348. 

MONTE -PATERNO  ,  montagne  d'Italie,  à  une 
lieue  de  Bologne.  Elle  fait  partie  de  l'Apennin ,  ôc  eft; 
fameufe  par  les  phosphores  ou  pierres  de  Bologne  qu'on 
y  trouve.  Ces  pierres  font  une  espèce  de  talc  ,  de  plâtre 
ou  de  pierre  à  chaux  de  couleur  grife ,  aflez  tendre , 
plus  pefante  qu'elle  ne  devroit  l'être  naturellement  par 
rapport  à  fon  volume.  Ceft  après  des  avalafles  confi- 
dérables  d'eau  qu'on  les  trouve.  Quelques  endroits  de 
leur  fu perfide  raboteufe  ,  qui  brillent  comme  de  petits 
miroirs  ,  les  font  découvrir  aux  payfans.  Leur  grofleur 
ordinaire  n'excède  guère  celle  d'un  œuf  de  pigeon.  Il 
y  en  a  quelques-unes  de  plus  grofies  qu'on  vend  plus 
cher.  Ces  pierres  ont  befoin  d'une  préparation  adroite 


387 


pour  produire  l'effet  qu'on  en  attend ,  qui  eft.  de  ren- 
dre la  lumière  qu'elles  ont  reçue ,  quand  après  avoir 
été    expofées  quelques    momens  à   l'air  ,  on   les  met 
dans  un  lieu  obscur.  Quand  elles  font  bien  préparées , 
elles   doivent  paroître  comme   des  charbons  allumés. 
Cette  lumière  dure  plus  ou  moins  de  tems ,  félon  que 
les  pierres  font  bien  ou  mal  préparées  ,  ôc  qu'elles  ont 
été  expofées  à   une  lumière   plus  ou  moins  vive.  Leur 
feu  elt   fans  chaleur    feniîble.  Ce  n'ell  qu'une  lumière 
qui  ,en  s'éteignant  peu  à  peu  ,  ièmble  répandre  fur  la 
fuperficie  lumineufe  une  légère  pouffiere  cendrée  qui  en 
dérobe  la  vue ,  ôc  à  qui  on  la  redonne  en  l'expofant 
de  nouveau  à  la  lumière.  Lemery  donne  la  manière  de 
préparer  ces  pierres  dans  fon  dictionnaire  des  drogues 
(impies,  p.  45 8  ;  mais  il  ne  nous  dit  point  s'il  l'a  mile 
en  pratique  ,  ni  d'où  il  Ta  apprife.  Les  chymiftes  de  Bo- 
logne en  font  un  mylkre ,  ôc  dans  le  petit  nombre  de 
ceux  qui  fe  mêlent  de  cette  préparation ,  il  n'y  en  a  qu'un 
ou  deux   qui  ayent  la  réputation  d'en  faire  d'excellen- 
tes. Ils  les  vendent  très-cher.  Celles  qui  font  bien  pré- 
parées confervent  pendant  quatre  ou  cinq  ans  la  pro- 
priété qu'elles  ont  reçue  de  rendre  la  lumière.  On  leur 
peut  rendre   cette  propriété  en  les  calcinant  de  nou- 
veau ;  c'eft-à-dire  ,  en  ouvrant  de    nouveau  leurs  po- 
res ,  &  les  rendant  propres  à  recevoir  les  parties  les  plus 
fubtiles  de  la  lumière  ,  en  afiez  grande  quantité  pour 
comprimer   les  parties  élaftiques  de  la  pierre,,  ôc  les 
obliger  à  la  détention  de  leur  rciTort ,  ôc  à  pouffer  au- 
dehors  ces  mêmes  particules  lumineufes  qu'elles  avoient 
reçues.  Lemery  dit  qu'on  fe  fert  de  ces  pierres  en  façon 
de  dépilatoire ,  pour  faire  tomber  le  poil  des  endroits 
où  l'on  ne  veut  pas  qu'il  y  en  ait.  Il  furfit ,  fuivant  lui , 
de  la  pulvérifer  ôc  d'en  faire  une  espèce  de  pâte  claire 
ou  de  boue  avec  de  l'eau  pour  la  pouvoir  appliquer  fur 
ces  endroits: il  faut  dire  aufli  que  toute  forte  de  chaux 
produit  le  même  effet.  *  Labat ,  Voyage  d'Italie,  t.  1. 
p.  209. 

MONTE-PELEGRINO,  félon  Baudrand ,  Ditl.  édit. 
1705.  &  Monte-Peregrino  ,  félon  Vaugondy ,  Atlas  , 
montagne  de  Sicile ,  dans  ie  val  de  Mazzara  ,  fur  la. 
côte  feptentrionale  au  nord  delà  ville  de  Païenne.  Elle 
fe  nommoit  anciennement  Erata ,  ôc  il  y  avoit  un  châ- 
teau de  même  nom. 

MONTE-PELOSO  ,  ville  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  Balilicate  ,  vers  les  confins  de  la  pro- 
vince de  Bari,  entre  Oppido  au  couchant  &  Gravina 
au  levant.  Elle  a  un  évêché  qui  fut  érigé  en  1463  par 
le  pape  Pie  II  fous  la  métropole  de  Cirenza  ,  mais 
qui  eft  exemt  de  fa  Jurisdiétion.  *  Magin  ,  Carte  de  la 
Bafilicate.  Baudrand  ,  Maty ,  Davuy  difent  que  l'évê- 
ché  de  Monte-Peloso  fut  érigé  l'an  1463  par  Sixte 
IV  ,  ils  fe  trompent ,  puisque  ce  pape  ne  monta  fur  le 
faint  fiége  que  l'an  1 47 1 . 

MONTE-PH1LIPPO ,  fortereiTe d'Italie,  dans  la  Tos- 
cane ,  près  de  Porto  Hercole ,  dont  elle  ell  comme  la 
citadelle ,  quoiqu'elle  en  foit  éloignée  de  quelques  cen- 
taines de  toifes.  Cette  fortereffe  eft  fur  une  hauteur  con- 
fidérable  qui  découvre  Orbitello.  Le  général  Zumzun- 
gen ,  à  la  tête  des  troupes  de  l'empereur  ,  ayant  fous 
lui  d'autres  officiers  généraux  ,  Ôc  entr'autres  le  comte 
de  Waldec  ,  inveftit  Monte-Philippo  en  17 12.  La  tran- 
chée fut  ouverte  le  22  Mars  \  les  attaques  furent  pous- 
fées  avec  vigueur  ,  &  foutenues  avec  une  valeur  ex- 
traordinaire, le  chemin  couvert  fut  pris  &  repiis  plu- 
fieurs fois;  à  la  fin  les  alfiégés,  n'ayant  plus  de  quoi  fe 
défendre  ,  fe  rendirent  à  discrétion  le  22  Mars  :  la  gloire 
jusque-là  étoit  partagée  ,  mais  celle  des  généraux  Al- 
lemands fe  ternit  auflîtôt  par  leur  cruauté.  Au  lieu 
d'avoir  quelque  confidération  pour  des  gens  qui  s'étoient 
défendus  avec  tant  de  bravoure  ,  ils  les  traitèrent  avec 
la  dernière  dureté ,  en  firent  mourir  quelques-uns  ÔC 
enfermèrent  dans  d'étroites  prifons  le  gouverneur  & 
les  trois  officiers  qui  lui  étoienr  reftés ,  avec  défenfe  à 
tout  le  monde  de  leur  donner  aucun  foulagcment.  * 
Labat ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  4.  p.    108. 

1.  MONTE-DI  PLATA  ,  montagne  de  l'Amérique, 
dans  l'ifle  Espagnole ,  à  la  côte  du  nord  ,  qui  fur  ainfi 
nommée  par  Chriffophe  Colomb  ,  parce  que  tout  fen 
fommet  lui  parut  tout  blanc ,  ce  qui  venoit  d'une  es- 
pèce de  pierre  dont  il  étoit  couvert. 
Tome   IV.    Ccc  ij 


588 


MON 


MON 


2.  MONTE-DI-PLATA ,  bourgade  de  l'ifle  Espa- 
gnole dans  1  Amérique,  formée  en  i6o<5,  des  débris 
de  Pueno-di-Flata  auprès  de  Boya,  où  le  Cacique 
Henri  s'étoit  retiré  avec  ce  qui  reftoit  dans  Fifle  de  les 
anciens  habitans.  En  1716" ,  il  n'y  reftoit  plus  que 
trenre  familles  espagnoles. 

MONTE-POSIL1PPO  ,  montagne  d'Italie ,  au  royau- 
me de  Naples.  C'elt  proprement  une  colline  fort  agréa- 
ble ,  avec  quelques  petites  montagnes  fur  la  côte  de 
la  province  de  Labour ,  Se  qui  fait  une  espèce  de  cap 
à  trois  milles  de  Naplts,  en  allant  vers  Pozzuolo. 
Magin  nomme  cette  montagne  Cabo  di  Posilippo.  * 
Baudrand  ,  Dict.  eciit.  170;. 

MONTE  POSTIGLIONE,  montagne  d'Italie,  au 
royaume  de  i-Japlcs ,  dans  la  principauté  Citérieure , 
près  de  la  rivière  de  Selo. 

MONTE-POZZUOLO  ,  montagne  d'Italie ,  au 
royaume  de  Naples  ,  dans  la  province  de  Labour  ,  fur 
la  côte  de  la  mer  entre  Pozzuolo  Se  la  ville  de  Naples , 
vis-à-vis  l'ifle  de  Nifita. 

MONTE-PULCIANO,  ville  d'Italie ,  dans  la  Tos- 
cane ,  fur  une  montagne  aux  frontières  de  l'état  de 
l'Eglife ,  vers  les  marais  de  Chianes ,  à  vingt-huit  milles 
de  Péroufe  au  couchant ,  Se  à  égale  diftance  de  Sienne 
au  levant  d'hiver.  Elle  eft  le  fiége  d'un  évéché  qui 
ne  relève  que  du  pape, &  qui  fut  érigé  en  ij6i  ,  par 
Pie  IV.  Cette  ville  fur  la  patrie  du  cardinal  Bellarmin. 
Le  terroir  des  environs  de  Monte  Pulciano  produit  des 
vins  merveilleux.  *  La  Forêt  de  Bourgon ,  Géog.  hift. 

t.  2.  p.  J2f. 

MONTE-RABIDA  ,  montagne  de  Portugal ,  dans 
l'Eitremadoure  ,  fur  la  côte  de  l'Océan  près  du  cap  de 
Spichel,  à  cinq  lieues  de  l'embouchure  du  Tage  au 
midi ,  Se  à  égale  diftance  de  Setuval  au  couchant.  * 
Baudrand  ,  DicF.  édir.  170J. 

MONTE-REI,  petite  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Gali- 
ce, aux  frontières  de  Portugal.  Elle  a  titre  de  comté 
Se  un  fort  b<iri  fur  une  montagne  ,  au  pied  de  laquelle 
coule  une  petite  rivière  nommée  Tamaga.  La  cam- 
pagne voifine  elt  couverte  de  plantages  de  lin  Se  de 
vignobles  fort  fertiles ,  qui  rapportent  un  vin  très-dé- 
licat ;  on  y  trouve  auiîi  des  mines  d'étain  fin.  *  Délices 
d'Espagne  ,  p.  141 . 

MONTE-R1TONDO  ,  Eretitm,  château  &  bourg 
d'Italie  ,  dans  l'état  de  l'Eglife ,  dans  la  Sabine ,  fur  une 
montagne  à  deux  milles  du  Tibre  Se  à  dix  de  Rome  au 
feptentrion ,  près  de  Lamentana.  Ce  lieu  a  titre  de 
duché  Se  appartient  à  la  maifon  Barberine  :  on  y  voit 
un  fort  beau  palais.  *  Magin  ,  Carte  du  Patrimoine. 

MONTE-ROSI  ou  Monte-Rossi.  Magin,  Carte 
du  Patrimoine ,  eft  pour  la  première  orthographe  ; 
Baudrand,  Diil.  édit.  1705,  pour  la  féconde,  Se 
Corneille,  DiEt.  écrit  Monte-Roso.  C'eft  le  nom  d'un 
bourg  d'Italie  ,  dans  la  province  du  Patrimoine  ,  à  moi- 
tié chemin  de  Rome  à  Viterbe ,  Se  à  vingt  milles  de 
chacune  de  ces  villes.  Il  dépend  pour  le  fpirituel  de 
l'abbaye  des  Trois  Fontaines  proche  de  Rome  ,  qui  n'eft 
d'aucun  diocèfe. 

MONTE-ROSSO,  montagne  de  l'ifle  de  Corfe  fur 
la  côte  occidentale  vers  le  cap  de  Roflb ,  entre  Calvi 
&  Aiazzo.  *  Baudrand ,  DicF.  édit.  1705. 

MONTE-SAN-ANGELO  (a)  ,  ville  d'Italie,  au 
royaume  de  Naples  ,dans  la  Capitauate,  au  nord  orien- 
tai de  Manfredonia  dans  les  terres.  Cette  ville  a  quan- 
tité de  belles  églifes  (£);on  en  compte  jusqu'à  qua- 
rante, tant  hors  de  la  ville  que  dans  fon  enceinte, qui 
eft  d'environ  un  mille  Se  demi.  Son  château  pafle  pour 
être  imprenable.  On  voit  encore  dans  cette  ville  une 
grande  tour  qu'on  appelle  la  tout  des  Géans,  &  les 
relies  du  temple  du  dieu  Pilumnus,  dans  la  plus  bafle 
partie  de  la  ville.  C'eft  la  même  que  Sant  Angelo 
n°  1,  {a)  Magin  ,  Carte  de  la  Capitanate.  (  b )  Corn. 
Dicb. 

MONTE-SAN-CIRIACO,  cap  d'Italie,  dans  l'état 
de  l'Eglife  ,  joignant  Se  au-deflus  de  la  ville  d'Ancone  , 
avec  une  forterefle.  Magin ,  Carte  de  la  Marche  d'Anco- 
ne ,  le  nomme  Monte  Guasco.  Ce  cap  s'avance  aflez 
dans  le  golfe  de  Venife. 

1.  MONTE-DI-SAN-GIULIANO  ,  montagne  de 
Sicile,  près  de  Trapani,dans  le  val  de  Mazzara.  Voyez. 


dans  cette  lifte  des  mots  Monte  ,  l'article  Monte  di 
Trapano. 

2.  MONTE-DI-SAN-GIULIANO ,  montagne  d'I- 
talie ,  au  toyaume  de  Naples ,  dans  l'ifle  d'Ischia  :  elle 
eft  au  milieu  de  l'ifle  Se  aflez  haute. 

MONTE-DI-SAN-LUIS  ,  montagne  de  Portugal , 
dans  la  province  d'Alentejo ,  félon  Baudrand ,  Ditl. 
édit.  1 70/  ,  qui  cite  Vasconcellos. 

MONTE  DI-SANTA-MARIA  ,  château  Se  bourg 
d'Italie ,  entre  l'état  du  grand  duc  de  Toscane  Se  le 
duché  d'Urbin ,  au  voifinage  du  Tibre  Se  au  midi  occi- 
dental de  Citta  di  Caftello.  Il  appartient  à  fon  marquis 
ifiu  de  l'ancienne  famille  de  Monte.*  Magin,  Carte 
du  duché  d'Urbin. 

MONTE-DI-SAN-MARTINO,  petite  montagne 
d'Italie ,  au  royaume  de  Naples  ,  dans  la  province  de 
Labour ,  &  près  de  la  ville  de  Naples.  *  Baudrand , 
Dicl.  édir.  1705. 

•  MONTE  DI-SAN-NICOLO  ,  montagne  d'Italie, 
au  toyaume  de  Naples ,  dans  la  province  de  Labour  , 
près  de  Sainte  Marie  de  Capoue,  Se  le  long  de  la  rivière 
de  Volturno. 

MONTE-DI-SANT'  ORESTE  ,  montagne  de  l'état 
de  l'Eglife  en  Italie  ,  dans  la  province  du  Patrimoine, 
près  de  Sant'  Orefte  vers  le  Tibre.  Voyez.  Sant* 
Okeste. 

MONTE  DI-SAN-PELEGRINO,  montagne  d'Ita- 
lie, dans  la  Carafagnane  :  c'eft  une  partie  de  l'Apen- 
nin. Cette  montagne  eft  rude  Se  élevée.*  Magin, 
Carte  de  la  république  de  Lucques. 

MONTE-SAN  SAVINO  ,  château  d'Italie  ,  en 
Toscane ,  dans  le  Florentin ,  fur  une  montagne  près 
de  la  ville  d'Arezzo.  Il  n'eft  remarquable  que  pour 
avoir  été  la  patrie  du  pape  Jules  III ,  qui  étoit  de  la 
maifon  de  Cioccha.  *  Baudrand ,  DicL  édit.  1 705. 

MONTE-D1-SAN-SILVESTRO,  montagne  d'Ita- 
lie ,  dans  l'état  de  l'Eglife  Se  dans  la  province  du  Pa- 
trimoine, près  du  Tibre  Se  à  vingt-fix  milles  de  Rome. 
C'eft  fur  cette  montagne  qu'eft  bâtie  la  petite  ville  de 
Sant'  Orefte ,  d'où  vient  qu'on  l'appelle  fouvent  Monte- 
di-sant'Oreste. 

1.  MONTE-SANTO.  Voyez,  Athos. 

2.  MONTE-SANTO,  petit  golfe  de  l'Archipel; 
félon  Corneille,  Ditl.  qui  cite  Maty.  11  dit  qu'on  le 
nomme  aufli  Fassio  ,  Se  que  les  anciens  l'appelloient 
Sinus  Singiticus ,  ce  qui  eft  vtai.  De  l'ifle  ,  Atlas  ,  ne 
nomme  point  ce  golfe  qui  eft  fur  les  côtes  de  Macé- 
doine ,  entre  celui  de  Conteflè  au  nord  ,  Se  celui  d'A- 
jomama  vers  le  midi. 

3.  MONTE-SANTO,  cap  fur  la  côte  orientale  de 
l'ifle  deSardaigne,  entre  le  cap  de  Santa  Maria  au  nord , 
Se  celui  de  l'Arbatache  au  midi. 

MONTE-SARCHIO  ,  bourgade  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naples ,  dans  la  Principauté  Ultérieure  ,  au  mi- 
di occidental  de  Bénevent.  Corneille  dit ,  d'après  Maty  , 
que  cette  bourgade  a  titre  de  principauté.  *  Magin  , 
Carte  de  la  Principauté  Ultérieure. 

MONTE-SARDO,  petite  ifle  d'Italie,  au  royaume 
de  Naples ,  dans  le  golfe  de  Tarente.  Ce  n'eft  pro- 
prement ,  dit  Baudrand  ,  Ditl.  édit.  1705  ,  qu'une  mon- 
tagne avec  un  village  Se  un  château  à  fept  milles  de 
Tarente  au  midi ,  quoiqu'on  la  marque  bien  plus  éloi- 
gnée dans  diverfes  cartes  récentes.  Magin ,  ni  de  l'ifle , 
ni  Jaillot  ne  connOiflent  point  cette  ifle. 

MONTE-SCAGLIOSO,  bourgade  d'Italie  ,  au  royau- 
me de  Naples  ,  dans  la  Bafilicate ,  avec  titre  de  prin- 
cipauté. Elle  eft  près  du  fleuve  Brandano ,  &  à  l'occi- 
dent de  Genofa.  *  Magin ,  Carte  de  la  Bafilicate. 

MONTE-DI-SCUTARI ,  montagne  d'Albanie.  On 
la  nomme  ainfi ,  parce  qu'elle  eft  près  de  la  ville  de 
Scutari  Se  du  lac  de  même  nom.  *  Baudrand,  DicF. 
édit.  170J. 

MONTE-DI  SETIA  ,  montagne  fituée  dans  la  par- 
tie otientale  de  l'ifle  de  Candie ,  près  de  la  ville  de 
Setia ,  &  au  territoire  de  ce  nom  ,  félon  Baudrand  , 
Ditl.  édit.  1705.  Le  père  Coronelli ,  Carte  de  l'ifle  de 
Candie,  met  bien  des  montagnes  à  l'occident  fepteu- 
trional  de  Setia  ,  mais  il  ne  les  nomme  point. 

MONTE-SENARO,  monaftere  d'Iralie ,  dans  le 
Florentin,  à  deux  lieues  de  Florence.  C'eft  le  chef- 


MON 


d'ordre  des  religieux  Services,  inftitué  l'an  1233  ,  par 
fept  marchands  de  Florence. 

MONTE-SEVERO  ,  montagne  d'Iralie,  dans  la 
Sabine ,  aux  frontières  du  royaume  de  Naples ,  Se  de 
l'Abrulie ,  près  de  la  rivière  de  Turano  Se  de  la  ville 
de  RieficoH  l'appelle  le  plus  fouvent   Monte  della 

Moscha. 

MONTE-DELLA-SIBYLLA  ,  montagne   d'Italie, 

dans  l'état  de  l'Eglife,  dans  la  partie  méridionale  de 
la  Marche  d'Ancone ,  au  nord  occidental  du  lac  de 
Norfia  :  c'eft  une  partie  de  l'Apennin  :  on  y  voit  la 
grotte  de  la  Sibylle.  *  Magin,  Carte  de  la  Marche 
d'Ancone. 

MONTE-DE-SINTRA  ou  Cintra,  montagne  de 
Portugal  dans  l'Ettrcmadoure  ,  où  elle  lait  an  cap  qui 
s'avance  fort  dans  l'Océan  ,  au-deflbus  de  l'embouchure 
du  Tage,  à  quatre  lieue:  de  Lifbonne  au  couchant, 
près  du  bourg  de  Cintra,  que  l'auteur  des  délices  de 
Portugal,  pag.  774,  appelle  ville.  La  terre,  dit  cet 
.■  dans  l'Océan  bien  loin  au-dcia  de  l'em- 
boi"  ure  du  rage,  Se  forme  un  promontoire  avancé, 
que  les  anciens  ont  appelle  Promontorium  Lima  ou 
Olijîpon  ■■,>.,  <*.  les  modernes  Cabo  de  Rocca.  Ce  pro- 
montoire cil  un  rameau  dune  montagne  fort  élevée, 
qui  fe  préfente  de  fort  loin  aux  vaifieaux  qui  raient 
cette  côte  ,  nommée  autrefois  Morts  Lima ,  Se  aujour- 
d'hui Sintra  ou  Cintra.  A  l'un  des  cô1  es  de  la  mon- 
tagne eft  une  petite  ville  ,  qui  porte  le  même  nom , 
ficuée  derrière  Cafcaës ,  a  fept  lieues  de  Lifbonne.  Au 
fommet  de  la  montagne  on  voir  un  beau  monaftere 
de  religieux  Hiéronymites ,  dédié  a  Nofira  Senhora  da 
Rocc  : ,  c'eft-à-dire  a  Notre-Dame  du  Roc  ,  ôc  accom- 
pagné d'une  églife ,  qui  eft  un  lieu  de  grande  dévotion 
où  l'on  va  faire  des  neuvaines.  Le  monaftere  Se  l'églife 
font  tous  deux  taillés  dans  le  roc ,  de  même  qu'une 
hôtellerie  deftinée  à  recevoir  les  allans  &  les  venans. 
Les  religieux  ont  un  petit  jardin,  où  il  a  fallu  porter 
d'ailleurs  toute  la  terre  qu'on  y  voir.  On  jouit  dans  ce 
lieu-là  d'une  vue  chatmante  ;  d'un  côté  on  voit  l'Océan  , 
de  l'autre  le  Tage  ,  Se  des  deux  autres  côtés  le  con- 
tinent où  de  belles  Se  riches  campagnes  fc  préfentent 
aux  yeux  Se  forment  un  payfage  très-agréable.  Au  pied 
de  la  montagne  ,au-delTus  du  promontoire  ,  il  y  avoir 
anciennement  un  temple  dédié  au  Soleil  &  à  la  Lune  : 
on  en  voit  encore  les  ruines  &  quelques  colomnes 
chargées  d'inferiptions.  Je  ne  rapporterai  que  celle-ci. 

SoU.ilERNO.    1UNA 
PRO.    yETERNlTATE.    I  M  P  E  R  I  I.    ET. 

Salute    Imp.    Cal....    Sept  i  mil 
Sevhri.    et.  Imp.   A  u  g.   C  je  s.  M. 

AURELII.    AnTONINI. 
A  U  G.  1*  I  I. 

Cjes. 

Et  JulivC.  Aug.  Matris.  C^s. 
Dr  us  ius.   Vaxerius.  Cv£lianus. 

VlATI.    Usi.    Au  GU  S  T  O  R  U  M,&C. 

Au  côté  de  cette  montagne,  qui  regarde  l'Océan,  il 
y  a  un  petit  village  ,  nommé  Collares  ,  auprès  duquel 
eft  une  grotte  fort  ancienne  Se  fort  longue,  au  pied 
d'un  rocher  battu  des  flots  de  la  mer  ,  Se  dans  laquelle 
on  dit  qu'on  a  vu  de  tems  en  tems  des  Tritons  ou 
hommes  marins  jouans  de  leur  cornet ,  comme  les  ha- 
bitons de  Lifbonne  le  firent  favoir  autrefois  à  Tibère , 
par  une  ambaffade  qu'ils  lui  envoyèrent  à  ce  fujet.  En- 
tre ce  village  Se  la  montagne  eft  la  vallée  de  Colla- 
res ,  la  plus  agréable  ,  la  plus  délicieufe  Se  la  plus 
fertile  qui  fe  puiffe  voir  au  monde.  Elle  eft  longue  d'une 
lieue ,  fi  bien  cultivée  Se  fi  bien  plantée  d'arbres ,  qu'elle 
nourrit  presque  toute  la  ville  de  Lifbonne  par  les  fruits , 
le  bled  Se  le  vin  qu'on  v  transporte  de  cette  vallée. 

MONTE-SFREUÉRIO  ,  montagne  de  Sicile  ,  dans 
le  Val-Demone,  affez  avant  dans  les  terres,  entre 
Meffinc,  Randazzo  ,  Franca-Villa  Se  Caftro-Réale.  Les 
anciens  l'appelloient  Mons  Neptunius  ou  Pelorus.  *  De 
l'Ip  ,  Atlas. 

MONTE  DE  LA  STELLA  ,  montagne  de  Portu- 
gal ,  dans  la  province  de  Bcira,  C'eft  une  chaîne  de 
montagnes  qui  tourne  de  Coimbre  à  l'orient ,  entre  les 


MON       389 


rivières  de  Mondego  Se  de  Zezare.  Anciennement  on 
la  nommoit  Hermenus  ou  Herminius  y  mais  elle  eft 
différente  d'un  autre  mont  Herminius  ,  qui  eft  dans  la 
province  d'Alcntejo.  Le  mont  Stella  ou  Hermeno, 
donc  il  eft  ici  queftion  ,  s'étend  en  longueur  de  l'oc- 
cident à  l'orient  jusque  dans  le  voifinage  de  Cwilbana. 
Sur  cette  montagne,  on  trouve  un  lac  admirable.  Quoi- 
qu'il foit  à  plus  de  douze  lieues  de  la  mer ,  Se  fur  le 
fommet  d'une  montagne  fort  haute ,  on  y  voit  quel- 
quefois des  débris  de  navires  ;  Se  les  gens  du  pays 
aflurent  que  toutes  les  fois  que  la  mer  eft  agitée  ,  ce 
lac  s'agice  pareillement ,  Se  avec  beaucoup  de  fracas.  * 
Délice  y  de  Portugal,  p.  73  I. 

MONTE-STORACE  ,  bourgade  d'Italie  ,  au  royau- 
me de  Naples  (a),  dans  la  Calabre  Ultérieure,  au- 
près du  torrent  de  Caftcllane  ,  au  nord  oriental  de  Stilo 
(  b  ).  Elle  a  titre  de  duché  ,  &  on  y  voit  un  château,  (a) 
Magin,  Carte  de  la  Calabre  Ultérieure.  (  b  )  Corn.  DicL. 

MONTE-TESTACCIO ,  colline  de  la  ville  de  Ro- 
me. Elle  s'eft  ainfi  élevée  de  la  quantité  de  pots  cafTés 
que  les  anciens  Romains  y  portoienc ,  quand  ils  étoienc 
rompus  ;  car  ils  ne  fe  fervoienc  pas  pour  lors  d'aurre 
vaiffelle  que  de  terre.  Elle  n'eft  encore  actuellement , 
dit  Baudrand  ,  Dïcl.  édit.  170;  ,  que  de  pots  rompus  , 
ainfi  que  je  l'ai  obferve  plufieurs  fois.  Elle  eft  ficuée 
proche  du  Tibre ,  vers  la  porte  Saint  Paul  ;  Se  les  Fran- 
çois l'appellent  fouvent  le  mont  Teilace  ou  des  Pots 
caffés. 

MONTE  TIGNOSE  ,  montagne  dans  la  partie  oc- 
cidentale de  l'iflc  de  Corfe ,  Se  vers  la  ville  de  Calvi, 
fur  la  côte.  Les  anciens  la  nommaient  Tilox.  Voyez. 
ce  mot.  Cependant  Tilox  érok  un  promontoire  qu'on 
croit  être  aujourd'hui  Capo  Della  Canella. 

MONTE  DI  TRAPANO,  montagne  de  Sicile  ,  dans 
le  val  de  Mazzara  ,  fur  la  côte  occidentale ,  près  de 
la  ville  de  Trapano  ou  Trapani  qui  lui  donne  fon 
nom.  On  la  nommoit  anciennement  Erix.  *  De  l'IJle  , 
Atlas. 

MONTE-TRUCE,  bourg  d'Espagne,  dans  la  Vieille 
Caftille,  dans  la  contrée  de  Rioja ,  près  de  Rio-Leza , 
ôc  proche  de  la  rivière  d'Ebre  Se  de  Varea.  *  Baudrand, 
Diét.  édit   1705. 

MONTE -VALPARAISO  ,  montagne  d'Espagne, 
au  royaume  de  Grenade  ,  près  de  la  ville  de  Gre- 
nade. 

MONTE- DI-UCCELLO,  montagne  du  pays  des 
Grifons,  dans  le  Rhinwald.  Elle  eft  couverte  déglaces 
erernelles,  ou  de  glacières  de  deux  lieues  de  long,  S-l 
d'où  fprtent  divers  ruifiéaux  ,  au  deffous  d'un  endroit 
fauvage  qu'on  nomme  Paradis ,  apparemment  par  iro- 
nie. Tous  ces  ruiffeaux  fe  jettent  dans  un  lit  profond, 
&:  forment  le  Haut-Rhin.  Les  Allemans  nomment  cette 
montagne  Vogehbcrg ,  Se  les  François  l'appellent  le  Mont 
de  POifeait  ou  Saint  Bernardin.  *  Etat  &  Délices  de 
la  Suijje ,  t.  4,  p.  29. 

MONTE-DI-VENZONE ,  montagne  d'Italie,  dans 
le  Frioul .  au  pays  de  Cargna  on  Carnia ,  près  de  la 
ville  de  ce  nom  Se  de  la  rivière  de  Tajamento.  *  Bau- 
drand ,  Diét.  édit.   1705. 

1.  MONTE-VERDE,  petite  ville  d'Italie  ,  au  royau- 
me de  Naples  (  a  ) ,  dans  la  partie  orientale  de  la  Prin» 
cipauté  Ultérieure,  aux  confins  de  la  Bafilicate,  fur  la 
rivière  Ofanto  ,  au  midi  oriental  de  Cedogna  ,  Se  à 
l'orient  feptentrional  de  Melfi.  Cette  ville  a  un  fiége 
épiscopal  (  b  )  fuffragant  de  l'archevêché  de  Compfa  ; 
mais  il  eft  uni  à  perpétuité  à  l'archevêché  de  Naza- 
reth, (a)  Magin,  Carte  de  la  Principauté  Ultérieure. 
{b)  Baudrand,  Diét.   édit.  1705. 

2.  MONTE-VERDE  ,  bourgade  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naples,  dans  le  comté  de  Moliffe,  aux  confins 
de  la  Capitanate.  *  Magin ,  Carte  du  comté  de  Mo- 
liffe. 

MONTE-VERGINE ,  château  d'Italie,  au  royaume 
de  Naples,  dans  la  Principauté  Ultérieure,  entre  Noie 
Se  Bénévcnt ,  avec  une  belle  abbaye  ,  qui  eft  le  chef  de 
l'ordre  de  ce  nom ,  Se  qui  fut  fondée  par  faint  Guil- 
laume, religieux  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  C'eft  l'an- 
cien lieu  appelle  Ad  Matrem  magnam  ,  d'autres  difent 
que  c'eft  Cthele.  *  Baudrand ,  Dict.  édit.  170J. 

MONTE-VISARDO,  montagne  d'Italie,  au  royaume 


MON 


39° 

de  Naples,  dans  la  Calabre  Ultérieure,  au  midi 
occidental  de  Santa  Severjna ,  Se  au  nord  oriental  de 
Policaftro.  *  Magin,  Carte  la  Calabre  Ultérieure. 

MONTEBOURG  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  de  Coutanccs  ■■,  il  eft  à  une  lieue  de 
Valogne  ,  Se  à  quatre  de  Carentan ,  Se  confidérable  par 
une  belle  abbaye  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  Voici  ce  que 
dit  Cenalis  de  cette  abbaye  :  Montanoburgum  Çœnobïum , 
gallicè  Montebourg ,  à  Roberto  Santta  Crucis  extruttum, 
qui  &  ipfe  primus  Cœnobiarcha  prafuit.  Inchoavït  hu- 
juscemodi  Çœnobïum  Henrïcus  Anglorum  rex,  &  Radul- 
phi  Renïeri  cnftodiœ  fideique  commïfu  ,  qui  cura  illius  re- 
ceptâ  locum  ïllum  ampliavit  &  auxit.  Le  père  du  Mon- 
ftier  nomme  aufli  ce  même  Renier  pour  fondateur  de 
cette  abbaye  :  Montisburgus  ,  dit-il,  gallicè  Montebourg , 
tempus  fundationis  hujus  ad  annum  1090.  Balduinus 
de  Renier e  virflrenuus  &  inclitus  fundator  illius  agnosci- 
tur ,  Guillelmus  Rufus  &  Henricus  I,  reges  AnglU  >pr&- 
c'ipui  illius  abbatial,  benefatlores.  On  tient  tous  les  fame- 
dis  à  Montebourg  un  des  plus  beaux  marchés  de  tout  le 
Cotentin.  *  Corn.  Dict.  Vaudome.  Mémoires  manu- 
ferits. 

1.  MONTECCHIO,  ville  d'Italie  s  dans  la  partie 
occidentale  du  duché  de  Reggio  ,  près  du  Lenza  ,  aux 
frontières  du  duché  de  Tarme.  Je  crois  que  c'eft  cette 
même  ville  que  Corneille  ,  DiEl.  nomme  Montechino.  Il 
ajoute  qu'elle  a  titre  de  marquifat,&  qu'elle  eft  aflez gran- 
de Se  allez  forte.  *  Magïn ,  Carte  du  duché  de  Modène. 

2.  MONTECCHIO  ,  château  d'Italie  ,  dans  la  Mar- 
che d'Ancone  (a) ,  à  huit  milles  de  San-Severino  ,  en 
allant  vers  Ofimo.  Il  eft  bâti  (  b  )  fur  les  ruines  d'une  an- 
cienne ville  du  Picenum  Se  nommée  Trea,  Treia,  Traja 
&  Trajana.(a)  Magin,  Carte  de  la  Marche  d'Ancone.  (b) 
Baudrand  ,  Dict.  éd.   1705. 

MONTECH  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Haut- 
Languedoc  (  a  )  ,  près  de  la  Garonne ,  à  deux  lieues  de 
Montauban.  Cette  ville  eft  recommandable  pour  avoir 
été  la  patrie  d'Arnauld  Sorbin ,  dit  Sainte-Foi ,  l'un  des 
plus  célèbres  prédicateurs  de  fon  rems.  Il  fut  (  b  )  celui 
des  rois  Charles  IX  ,  Henri  III ,  Se  Henri  IV  ,  &  nom- 
mé à  l'évêché  de  Nevers  en  1578.  Ce  prélat  né  en  1552, 
remplit  les  devoirs  de  l'épiscopat  avec  autant  de  zèle  que 
de  fagefle  ,  Se  mourut  le  premier  de  Mars  1 606.  (a) 
'André  du  Chesne ,  Antiq.  des  villes  de  France  ,  p.  514. 
(  b  )  Corn.  Dict. 

MONTECLAIR ,  château  de  France  ,  dans  la  Cham- 
pagne ,  diocèfe  de  Langres ,  élection  de  Chaumont ,  fur 
le  haut  d'une  montagne  la  plus  élevée  de  tout  le  pays. 
François  1  Se  Henri  II ,  l'avoient  fait  fortifier  pour  fer- 
vir  de  frontière  à  la  Lorraine.  Il  eft  à  préfenr  ruiné.  *  Du 
Chesne  ,  Antiq.  des  villes  de  France  ,  p.  3  26. 

MONTECLAR  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  du- 
ché d'Aiguillon  ,  au  voifinage  de  la  rivière  de  Lot ,  à  la 
droite  ,  vis-à-vis  de  Sainte  Livrade ,  Se  au  nord  oriental 
de  Caftelmoron.  *  Blaeu  ,  Atlas. 

1.  MONTEGUT,  ville  de  France ,  dans  l'Auvergne , 
élection  de  Riom. 

2.  MONTEGUT  SUR  CHAMPEUX  ,  bourg  de 
France  ,  en  Auvergne  ,  élection  de  Riom. 

MONTEJAN ,  bourg  de  France ,  avec  château  , 
dans  l'Anjou  ,  élection  d'Angers.  Ce  bourg  eft  finie  fur 
le  bord  de  la  Loire.  C'étoit  une  place  confidérable  dès 
le  dixième  fiécle.  Les  Normans  s'en  emparèrent  en  924  , 
Se  elle  fut  reprife  fur  eux.  Il  y  a  aux  environs  des  mines 
de  charbon  de  terre. 

MONTEIL  (  Le  ) ,  bourg  de  France,  dans  la  Marche, 
élection  de  Gueret.  C'eft  une  paroifïe  fituée  dans  un 
pays  de  montagnes  ,  Se  dont  le  terroir  eft  pourtant  fort 
bon. 

MONTELIMAR,  ville  de  France ,  dans  le  Bas-Va- 
lentinois ,  à  deux  lieues  de  Viviers.  Le  nom  de  Monte- 
limar  vient  du  mot  Monteil-Aimar  ou  Ademar  ,  qu'on 
donnoit  autrefois  à  des  feigneurs.  Cette  ville  a  eu  fes  fei- 
gneurs  indépendans  de  toute  autre  puiflance  que  de  celle 
des  empereurs  depuis  l'onzième  fiécle.  On  voit  que 
Monteil  avoir  un  feigneur,  nommé  Hugues  Adhemar,  en 
1076,  Se  qu'il  laifla  plufieurs  enfans ,  dont  l'aîné  Gé- 
raud  Adhemar  fut  feigneur  de  Monteil  :  un  de  fes  frères 
Adhemar  étoit  évêque  du  Puy  ,  Se  légat  apoftolique  à 
la  première  croifade  ,  fous  Godefroi  de  Bouillon.  Dans 


MON 


la  fuite  on  voit  toujours  dans  les  actes  de  la  ville  de  Mon- 
teil ,  nommée  Montelium  Adhemari ,  d'où  eft  venu  le 
nom  de  Montelimar.  Longueruey  Defcr.  de  la  France 
parr.  I  p.  332. 

Elle  fut  affranchie  de  tout  tribut  &  de  toute  impofition 
par  fes  feigneurs  en  1198.  Dansla  fuite  les  feigneurs  de 
Monteil,  qui  avoient  befoin  d'un  protecteur  voifin  d'eux, 
firent  hommage  aux  comtes  de  Valentinois ,  fans  déro- 
ger à  leurfouveraineté.  Ils  avoient  même  reconnu  les 
dauphins  ,  fans  s'affujettir  ,  pour  cela  ,  par  un  droit  réel 
Se  perpétuel.  Cette  terre ,  dans  le  quatorzième  fiécle , 
fut  tenue  par  deux  feigneurs  descendus  de  la  maifon  des 
Adhemars  ,  qui  reconnoiffoient  alors  pour  fupérieur  au 
temporel  l'évêque  de  Valence ,  moyennant  une  récom- 
pense.  L'an  1360  ,  les  habitans  de  la  ville,  avec  un 
de  leurs  feigneurs ,  fe  rendirent  vaflaux  de  l'Eglife  Ro- 
maine ,8c  l'autre  feigneur  de  Montelimar,  qui  préten- 
doit  reconnoître  le  comte  de  Valentinois ,  fut  obligé  de 
fuivre  l'exemple  de  fon  co-feigneur  ,  &  l'inclination  de 
fes  vaflaux  ;  de  forte  que  Louis  Adhemar ,  feigneur  de 
Monteil,  fit  folemnellement  hommage  à  Grégoire  XI 
dans  la  ville  d'Avignon  en  1372  ;  mais  dès  que  ce  pape 
fe  fut  retiré  à  Rome  ,  les  feigneurs  de  Montelimar  fe 
'  mirent  fous  la  protection  du  roi ,  d'auphin  de  Viennois , 
malgré  les  oppofitions  du  comte  de  Valentinois.  Clé- 
ment VII ,  qui  prétendoit  au  pontificat  contre  Urbain 
VI ,  étant  venu  demeurer  à  Avignon  ,  fe  remit  en  pof- 
feflion  du  droit  acquis  par  fes  prédécefleurs  Innocent  Se 
Grégoire  ,  Se  changea  avec  d'autres  biens  ce  que  Géraud 
Adhemar  avoir  en  propre  dans  cette  feigneurie  ,  où  le 
pape  établit  des  juges  Se  des  officiers.  Le  dauphin  Louis , 
qui  fut  enfuite  roi  fous  le  nom  de  Louis  XI ,    défap- 
prouva  l'échange  ;  Se  dans  le  tems  qu'il  demeuroit  dans 
le  Dauphiné  ;  Se  que  n'étant  encore  que  dauphin  ,  il  ra- 
cheta en  1448  ,  les  biens  que  le  pape  avoir  donnés  à  Ad- 
hemar pour  récompenfe,  les  rendit  au  faint  Siège  ,  Se 
demanda  la  reftitution  de  Montelimar.  Nicolas  V  con- 
fentit  au  traire ,  Se  le  dauphin  fut  mis  en  poflefllon  de 
cette  ville  &  de  fes  dépendances  ,  qui  font  aujourd'hui 
partie  du  duché  de  Valentinois.  *  Corn.  Dict.  Mémoires 
drejjésfur  les  lieux* 

La  ville  de  Montelimar  eft  affez  peuplée,  marchande; 
&  fituée  dans  une  plaine  fertile  qui  aboutit  à  une  émi- 
nence,  fur  laquelle  eft  une  ancienne  citadelle  où  l'on 
fait  la  garde  jour  Se  nuit.  Cette  ville  eft  un  grand  paflage 
pour  la  Provence  Se  pour  l'Italie.  Pierre-Late  ,  qui  n'en 
eft  éloignée  que  de  rrois  lieues,  eft  la  dernière  ville  du 
Bas-Valentinois ,  d'où  l'on  entre  dans  la  principauté  d'O-. 
range ,  Se  dans  le  comté  d'Avignon. 

Les  habitans  de  Montelimar  furent  des  premiers  qui ,' 
dans  le  feiziéme  fiécle,  embraflerent  les  erreurs  de  Cal- 
vin. Ils  excitèrent  une  fédition  en  1  j6o  ,  Se  les  plus  cou- 
pables furenr  punis.  En  1567  ,  cette  ville  ambrafla  en- 
core le  parti  des  Réformés.  Après  la  bataille  de  Mon- 
contour ,  qui  fe  donna  deux  années  après ,  l'amiral  de 
Coligni  affiégea  Montelimar  fans  la  pouvoir  prendre. 
Le  connétable  de  Lesdiguieres  l'emporta  en  i;86,&  elle 
lui  fur  enlevée  quelques  rems  après  par  le  comte  de  la 
Suze.  Le  premier  la  reprit  par  le  moyen  du  château  que 
l'on  força.  Ce  fut  lui  qui  renta  le  temple  des  Réformés, 
qui  étoit  fameux,  &  qui  fut  abbatu  quelques  annéesavant 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Il  a  eu  de  célèbres  mi-, 
niftres ,  entre  lesquels  on  compte  Charnier. 

Deux  petites  rivières  ou  ruifleaux  ,  nommés  Robiou  êc 
Dabron,  baignent  les  murailles  de  la  ville  ;  ils  viennent 
des  montagnes,  &  forment  quelquefois  des  torrens  quf 
vont  fe  perdre  dans  le  Rhône ,  qui  n'eft  éloigné  que  d'un 
quart  de  lieue,  lly  a  un  chapitreaflezeonfidérablequi  pré- 
tend ne  relever  que  du  pape  :  mais  l'évêque  de  Valence 
prérend  que  cette  églife  eft  de  fa  jurisdidion  ,  parce 
qu'elle  eft  de  fon  diocèfe.  Les  Capucins  Se  les  Récollets 
y  ont  des  couvens  qui  font  les  plus  beaux  de  la  province. 
Les  dames  de  fainte  Marie  &  les  religieufes  de  fainte 
Urfule  y  ont  aufli  leurs  maifons ,  qui  font  remplies  de 
beaucoup  de  filles  de  qualité. 

MONTEMOR  ou  Monte  Maior  el  Nuevo.  Voyez. 
au  mot  Monte  ,  l'article  Monte-Mor-o-Novo. 

MONTEMOR  ou  Monte-Mor-oVelho.  Voyez,  ay 
mot  Monte,  l'article  Monte-Mor  o-Velho. 


MON 


MON 


MONTENAY  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Maine  ; 
élection  de  Mayenne. 

MONTENDRE  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Sain- 
tonge,  élection  de  Saintes,  avec  titre  de  Marquifat.  iJ 
y  a  auprès  de  ce  lieu  une  fontaine  d'eau  minérale  limpi- 
de Se  tins  faveur. 

MONTE-NSiS  ou  Montenus  ,  fiége  épiscopal  d'A- 
frique ,  dans  la  Numidie.  Dans  la  notice  épiscopale  d'A- 
frique ,  Valentianus  clt  qualifié  Episcopus  Monteufis  , 
Se  la  conférence  de  Carthage,  «°.  122,  fait  mention  de 
Donatianus  Episcopus  Montenus.  Le  père  Hardouin  pré- 
tend que  Montenus  eft  un  fiége  différent. 

MONTENUS.  Voyez.  Montensis. 

MONTERAMO  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Cî- 
teaux ,  de  la  congrégation  de  Caftille ,  en  Espagne  ,  dans 
la  Galice  ,  au  diocèfe  d  Orenfe. 

MONTEREAU-FAUT-YONNE  ,  ville  de  France  , 
en  Champagne  ,  entre  Sens  Se  Melun ,  à  l'endroit  où 
l'Yonne  fe  jette  dans  la  Seine  (a).  Son  nom  latin  eft 
Monafteriolum  Semnurn ,  à  caufe  du  petit  monaltcre  de 
Saint  Martin  qui  y  eft  fitué  ,  Se  où  il  n'y  a  plus  de  moines 
depuis  long-tems.  Quelques-uns  ont  appelle  cette  ville 
MoNTE-REAuFouRcd'YoNNE  (  b  )  ,  parce  que  1  Yonne 
en  cet  endroit  fe  fépare  de  la  Brie  Se  de  la  Bourgogne  en 
forme  de  pied- fourchu.  Montereau-faut- Yonne  a  eu 
long-tems  fes  feignenrs  propriétaires  (  c  ).  Philippe  le 
Bel  l'acquit  par  échange  du  feigneur  d'Auquoi ,  Se  Cho- 
pin ,  au  feptiéme  chapitre  du  domaine  ,  affure  qu'il  en 
a  vu  la  chartre  -,  ce  qui  fe  peut  entendre  de  la  feigneurie 
utile:  car  l'hiftorien  Nicole  Gilles,  dit  que  Thibaut, comte 
de  Troyes  ,  s'étant  révolté  contre  le  roi  faint  Louis ,  fut 
obligé  de  lui  céder  Montereau-faut- Yonne  Se  Bray-fur- 
Seinc ,  qui  furent  pour  lors  unis  au  domaine.  Le  château 
qui  eft  fort  ancien,ert  enfermé  entre  la  Seine  Se  l'Yonne. 
Comme  cet  endroit  cd  un  très-beau  pays  de  chaffe  ,  nos 
rois  y  alloient  fouvent ,  Se  c'étoit  une  de  leurs  principa- 
les maifons  de  plaifance  (  ci).  On  prétend  que  l'églife 
de  Notre  Dame  eft  l'églife  du  monaltere  qui  a  donné  le 
nom  à  la  ville  ,  que  le  doyenné  ,  ou  la  mai  fon  du  doyen , 
porte  encore  aujourd'hui  le  nom  de  Prieuré ,  &  que  l'en- 
ceinte du  clo'ure  où  les  chanoines  demeurent,  reffemble 
beaucoup  à  un  monaftere.  Ce  fut  fur  le  pont  de  cette 
ville  ,  que  fut  tué  d'un  coup  de  hache  ,  par  Tanneguy 
du  Châtel,  le  10  Septembre  141$,  Jean,  duc  de 
Bourgogne  »  dit  l'Intrépide  ou  fans  Peur ,  fils  du  duc 
Philippe  ,  dit  le  Hardi ,  ce  qui  fe  fit  par  le  commande- 
ment du  dauphin  de  France ,  depuis  roi  fous  le  nom  de 
Charles  VII ,  qui  l'avoir  attiré  en  ce  lieu  fous  prérexte 
d'une  conférence  qu'il  vouloit ,  difoit-il ,  avoir  avec  lui , 
Se  pour  fe  venger  de  l'affaffinat  qu'avoit  fait  faire  à  Paris 
le  même  duc  de  Bourgogne  ,  de  la  perfonne  de  Louis  , 
duc  d'Orléans,  fr'ere  du  roi  Charles  VI ,  en  l'année  1407. 
La  dame  de  Grar ,  maîtreffe  du  duc  de  Bourgogne  ,  l'a- 
voit  engagé  à  cette  conférence  ,  en  laquelle  Tanneguv 
du  Chatel  ,  qui  avoit  été  le  favori  du  duc  d'Orléans  affaf- 
finé  ,  fit  une  querelle  d'Allemand  au  duc  de  Bourgogne , 
&  en  lui  reprochanr  qu'il  ne  rendoit  pas  au  dauphin  le 
refpcét  qu'il  lui  devoit  ,  lui  donna  un  coup  de  hache  fur 
la  tête  ,  dont  il  mourut ,  Se  fut  inhumé  avec  ks  habits 
dans  l'églife  de  Notre-Dame,  devant  l'autel  de  faint 
Louis  ,•  mais  peu  après  on  enleva  ce  corps ,  qui  fut  pot  ré 
à  la  Chartreufe  de  Dijon  ,  où  fe  voit  encore  fa  tête  avec 
la  marque  de  la  blefiure.  On  prétend  que  le  roi  Fran- 
çois I  ,  voyant  cette  tête  >  fut  furpris  d'y  voir  un  fi  grand 
trou ,  Se  qu'un  Chartreux  lui  repondit  :  Sire ,  c'eft  le  trou 
{*u"  où  les  Anglois  ont  paffé  en  France,  (a)  Longuerue  , 
Defc.  de  la  France  ,  part.  1.  p.  28.  (  b  )  Baugier ,  Mém. 
de  Champagne  ,  p.  374.  (c  )  Longuerue  ,  paît.  1.  p.  29. 
(  d  )  Baugier  ,  pag.  374. 

Le  commerce  de  l'élection  de  Montereau-faut- 
Yonne  fe  fait  en  bleds,  qu'on  vend  à  Paris ,  en  denrées 
dont  la  principale  eft  le  fromage  ,  &  en  draps  qu'on  fa- 
brique dans  une  petite  manufacture  établie  à  Dormeil- 
les. 

MONTEREUL  L'ARGILE  ,  bourg  de  France  ,  dans 
la  Normandie  ,  au  diocèfe  de  Lifieux  ,  dans  l'élection 
de  Bernay.    C'eft  le  fiége  d'une  jurisdiclion. 

MONTERMOYEN  ,  en  latin  Monaflerïum  Media- 
num  ,  monallere  que  fainte  Euftadiole  bâtit  en  France, 
dans  la  ville  de  Bourges,  du  contentement  de  Tétrade , 


fon  mari ,  &  dont  elle  fut  Ja  première  abbefie  au  feptié- 
me fiécle.  Il  a  été  détruit. 

MONTERRE-SILLY  ,   bourg  de  France,  dans  lé 
Poitou  ,  élection  de  Loudun. 

MONTERY  ,  paroifle  de    France  ,    au  diocèfe  dé 
Meaux ,  dans  l'archidiaconué  de  Brie ,   Se  doyenné  de 
Créci  :  cette  terre  appartenoit  à  l'abbaye  de  Saint  Maur 
des  Foffés-,  dès  le  neuvième  fiécle.    D'anciens  titres  de 
ces  tems  l'appellent  Mous  Hairici.  Elle  eft  fur  le  rivage 
gauche  du  Morain  ,  à  demi-lieue  de  la  Marne.  Ce  lien 
dependoit  de  la  paroifle  de  faint  Germain  de  Couilli  ; 
mais  Thibaut,  abbé  de  faint  Maur,  obtint  d  Hugues, 
abbé  de  faint  Germain  des  Près ,  dont  dépend  Couilli , 
la  permiffion  d'y   coiniruire   une  églife  pour  la  com- 
modité des  habitans.  Hugues   voulut  que  le  fonds  où 
feroient  bâti  l'églife  &  la  maifon  du  curé  ,  fût  à  perpé- 
tuité du  domaine  de  l'on  abbaye,  Se  que  l'abbé  de  faint 
Maur  donnât  au  nouveau  curé  trois  muids  de  bled  Se 
trois  muids  de  vin.  L'aétc    rapporté  dans  l'hiftoire  de 
cette  abbaye  ,  preuve  49  .  eft  de    1134,  ou  environ, 
Se  le  nom  du  lieu  y  eft  déjà  altéré  en  celui  de  Mun- 
tericus.  En  1 1 8j  ,  Simon,  évêque  de   Mcàux  ,  Céda  à 
Foulques ,  abbé  de  faint  Germain  ,  la  préfentation    de 
cette  cure  :  lune  des  conditions  étoit  que  le  curé   de 
faint   Germain   fous    Couilli  defferviroit  fà    cure  une 
femainc,  Se  celle  de  Montery  la  fuivante  ;  que  le  curé 
de  Montery  feroit  la  même  chofe  à  faint  Germain  ,  s'ils 
n'aimoient  mieux  defiervir  leur  cuire  chacun  en  parti- 
culier fans  alternative.  Adam  de  Nanteuil  donna  à  li 
même   abbaye  en  115)4,   beaucoup    de  biens  finies  à 
Montery,  à  l'occafion  de  la  profelTion  monaltique  qu'E- 
tienne, ibn  fils,&  Eudes,  fon  frère ,  y  firent.  *  Hifl.  de  S. 
Germain  des  Prés  &  autres. 

MONTES  AERII.  Diodore  de  Sicile,  ver*  la  fin 
du  livre  quatrième ,  donne  ce  nom  à  des  montagnes 
de  Sicile  \  mais  le  texte  grec  au  lieu  dAerii  porte  E"p«  , 
Se  dans  quelques  manuferits  on  lit  Eraca  ,  Ëpaià.;  Fazel 
prétend  qu'on  nomme  aujourd'hui  ces  montagnes, 
Montisori.  *  Ortehi  Thef. 

MONTES  DE  EUROPA.  Les  Espagnols,  dit  Cor- 
neille ,  Dut.  appellent  ainfi  des  montagnes  fort  rudes 
Se  presque  incultes ,  qui  font  entre  les  Afturies  d'O- 
viedo  Se  de  SantilLma ,  fur  les  frontières  du  royaume 
de  Léon.  Il  ajoute  que  ces  montagnes ,  félon  Rodrigue 
Mendez  Syka ,  font  partie  de  celle  des  Afturies. 

MONTESA ,  ville  d'Espagne,  au  royaume  de  Va- 
lence, à  deux  lieues  de  Xativa  (^),vers  le  couchant. 
On  la  regarde  comme  une  fortereffe  imprenable.  C'eft. 
le  fiége  d'un  ordre  de  chevalerie  qui  en  porte  le  nom  , 
Se  qui  fut  établi  en  1317,  par  Jacques  II.  roi  d'Arragon. 
Les  ftatuts  de  cet  ordre  militaire  étoient  presque  les 
mêmes  que  ceux  de  l'ordre  de  Calatrava.  Les  chevafers 
de  celui  de  Montefa,  qu'on  apnelloit  les  Frères  de  Notre- 
Dame  ,  avoient  de  grands  revenus  dans  les  états  d'Ar- 
ragon  ,  de  Valence  Se  de  Catalogne  (  b  ).  On  les  dis- 
penfa  de  porter  l'habit  religieux  ,  pourvu  qu'ils  euffent 
une  croix  de  gueules  fur  l'eftomac  ;  Se  on  leur  donna 
pour  chef  un  grand-maître.  (  a  )  Délices  d'Espagne  , 
p.  j  57.  {h  )  Mariana ,  L.  1  j .  c.  16. 

MONTESPAN  ,  baronnie  de  France ,  dans  les  Pyré- 
nées ,  à  la  droite  delà  Garonne,  dans  l'élection  de  Com- 
minges. 

1.  MONTESQUIEU,  bourg  de  France,  dans  lé 
Querci,  élection  de  Montauban. 

2.  MONTESQUIEU  ,  bourgade  de  France  ,  dans 
l'Armagnac.  Il  y  a  dans  ce  lieu  un  Prieué ,  dont  lé 
prieur  fait  nombre  parmi  les  dignités  du  chapitre  de 
l'églife  métropolitaine  d'Aufch. 

1.  MONTESQUIOU  ,  ville  de  France,  dans  le 
Haut  Languedoc,  recene  de  Rieux  ,  Se  appellée  de 
Volvestre  ,  parce  qu'elle  eft  fituée  dans  un  petit  pays 
de  ce  nom.  Montesquiou  fut  alfiécée  &  prife  en  1586, 
par  le  maréchal  de  Joyeufc.  Elle  fut  faccagée  Se  brûlée. 
Les  Calviniftes  qui  l'avoient  défendue  fe  plaignirent 
qu'on  violoit  la  capitulation  ;  mais  les  Catholiques  leur' 
répondirent,  qu'on  ne  leur  avoit  ptomis  autre  chofe 
que  la  confervation  de  leurs  vies  &  de  ce  qu'ils  pour1 
roient  emporter  avec  eux.  Le  parlement  de  Touloufe 
fit  défenfe  de  rebâtir  Montesquiou,  &  les  états  de  I2 
province  attribuèrent  à  Montgçaid,  petite  ville  du  v<-> 


MON 


392 

nage  le  droit  d'entrée  que  Montesquiou  y  avoir.  Mon- 
tesquiou  a  pourtant  été  rebâtie  depuis ,  mais  il  s'en 
faut  de  beaucoup  qu'elle  foit  auffi  grande  qu'autrefois. 
*  Piganwl,  Defcription  de   la  France,   tom.  4.  pag. 

2.  MONTESQUIOU,  petite  ville  de  France,  dans 
le  Haut-Languedoc  au  diocèfe  de  Touloufe,  dans    la 
fénéchauffée  &    comté  de   Lauraguais.  Elle  députe  à 
■fon   tour  un  diocéfain  aux  états. 

MONTET-AUX-MOINES ,  paroiffe  de  France  ■> 
dans  le  Bourbonnois ,  élection  de  Mont-Lucon  ,  fur 
une  hauteur.  C'éroit  autrefois  une  ville  qui  a  été  ruinée. 
Il  y  a  dans  cette  paroiffe  an  prieuré  ,  un  marché  cha- 
que femaine  ôc  foire  quatre  fois  par  an.  Le  terroir  eft 
affez  bon. 

1.  MONTFORT  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  au    Rumois ,  avec  un   pont  fur  la  Rille ,  à 
neuf  lieues  de  Rouen  &de  Lifieux,àcinqde  la  Bouille» 
à   trois  de  Pont-Audemer  ,  à  deux  des  abbayes  du  Bec 
&   de  Corneville,    &c  immédiatement  entre   Glos  &c 
Annebaut,  en  latin  Nions  fortis.  La  paroiffe  de  Mont- 
fort ,  fuuée  dans  une  vallée  ,  reconnoît  Saint  Pierre  pour 
patron.  Les  officiers  de  la  vicomte  de   Pont-Audemer 
y  viennent  tenir   la  jurisdiction.  11  y  a  un  monaftere 
de  religieufes  de  FAnnonciade  ,  gouverné  par  des-Cor- 
deliers.  L'églife   eft  d'un  deffein  affez   fingulier.    Huit 
piliers  dans  le  milieu  de  cette  églife  portent  une  cou- 
pole de  figure  octogone  &  une  tour  couronnée ,  auffi 
octogone ,  &  qui  eft  élevée  au-deffiis  de  ce  petit  dôme, 
dont  les  arcs  &  les  dehors  ornés  de  pyramides  ,  pro- 
duifent  un  très  bel  effet.  On  voit  fur  la  côce  les  ruines 
d'un  grand  château  qui  étoit  fortifié  ,  &  qui  défendoit 
autrefois  le  paffage  de  la  vallée.  *  Corn.  Diction.  Mé- 
moires manuscrits, 

2.  MONTFORT,  ville  de  France,  dans  la  Haute- 
Bretagne  fur  le  Men  ,  à  cinq  lieues  de  Rennes  au  nord 
occidental ,  avec  titre  de  comté  depuis  Louis  XII.  Elle 
eft  de  1 évèché  de  faint  Malo.  Elle  eft  quelquefois  fur- 
nommée  la  Canne,  &  l'on  en  peut  voir  la  raifon 
fabuleufe  dans  la  nouvelle  hiftoire  de  Bretagne.  La  ville 
de  Montfort  a  toujours  eu  de  puiffans  feigneurs ,  que 
le  nouvel  hiftorien  de  la  province  fait  connoître  depuis 
Raoul  de  Gael ,  qui  acheva  de  la  bâtir ,  fur  la  fin  du 
onzième  fiécle ,  &  ils  fe  font  toujours  fuccédé  par  al- 
liance. Elle  appartient  aux  comtes  de  LaVal ,  qui  d'a- 
bord fe  qualifioient  vicomtes,  parce  qu'ils  étoient  fans 
doute  lieutenans  du  comte  de  Rennes  pour  une  partie 
de  fon  comté,  &  aujourd'hui  ils  fe  dii'ent  comtes  de 
Montfort  &  vicomtes  de  Rennes  ;  ce  qu'ils  font  feulement 
depuis  qu'ils  font  comtes  de  Laval ,  &  fans  qu'il  y  ait 
eu  d'érection.  Montfort  fut  presque  détruite  en  1190, 
durant  une  guerre,  entre  Richard,  roi  d'Angleteire  ,  & 
Philippe  Augufte,  Il  y  a  une  abbaye  d'hommes  de 
l'ordre  de  Saint  Auguftin  fous  le  titre  de  Saint  Jacques  , 
fondée  par  le  comte  de  Montfort  l'an  iiji.  *  Jaillot, 

Atlas. 

3.  MONTFORT,  petite  ville  de  France,  dans  l'Ar- 
magnac ,  avec  juftice  royale. 

4.  MONTFORT,  ancienne  fortereffe  de  la  Lor- 
raine ,  dans  le  diftrift  de  la  paroiffe  de  Rémoncourt , 
au  bailliage  de  Vosges. 

;.  MONTFORT,  ville  des  Pays-Bas  {a),  dans  la 
province  d'Utrecht  fur  l'Iffel  ,  à  deux  grandes  lieues 
&  demie  d'Utrecht  ,  &  à  une  lieue  &  demi  d'Oude- 
water  en  Hollande.  Cette  ville  n'eft  pas  fort  grande , 
mais  elle  eft  belle  ,  propre  &  affez  forte.  Elle  fut  bâtie 
(b)  par  Godefroi ,  évêque  d'Utrecht,  qui  en  fit  un 
boulevard  contre  les  Hollandois.  Il  y  a  un  château 
ancien  ,  grand  &  magnifique  ,  mais  qui  eft  fort  négligé. 
(a)  Diction,  géograph.  des  Pays-Bas.  (b)  Blaeii , 
Atlas. 

6.  MONTFORT,  bourg  des  Pays-Bas,  dans  la 
Gueidre,  fur  le  bord  fepteutrional  d'un  marais,  entre 
la  Meufe  &  le  Roer,  à  deux  lieues  de  Ruremonde 
du  côté  du  midi ,  &c  à  l'orient  méridional  de  Wefem. 
*  Jaillot  ,  Atlas. 

7.  MONTFORT ,  comté  d'Allemagne  ,  dans  le  Ti- 
rol,  au  Rhinthal.  Il  eft  borné  au  nord  &c  à  l'orient 
par  le  comté  de  Bregentz  ,  au  midi  par  les  comtés  de 
£onenberg  Se  de  Feldkirck  ,  &  à  l'occident  par  le  pays 


MON 


des  Suiffes.  Ce  comté  raifoit  autrefois  partie  du  pala- 
tinat  de  la  Haute  Rhetie ,  &  a  été  appelle  de  la  forte 
d'un  château  de  même  nom,  qui  eft  fur  la  frontière 
des  Suiffes  ,  &  le  chef-lieu  de  ce  comté.  Voyez,  l'article 
fuivant. 

8.  MONTFORT,  château  d'Allemagne,  dans  le 
Tirol ,  le  chef-lieu  du  comté  de  Montfort ,  à  une  lieue 
&c  demie  du  Rhin.  Ce  château  eft  la  réfidence  ordinaiie 
du  comte,  qui  polléde  auffi  les  feigneuries  de  Tef- 
nange  8c  d'Argen.  La  maifon  de  Montfort,  l'une  des 
plus  anciennes  &  des  plus  confidérables  de  Suabc  ,  des- 
cend des  comtes  palatins  de  la  Haute-Rhctie  ,  &  poffé- 
doit  autrefois  une  vaite  étendue  de  pays.  Les  archiducs 
d'Auuicheen  ont  acheté  la  meilleure  partie. *  D 'Au- 
dijfrct ,  Geogr.  t.  4. 

MONT-FORT-PRES-D'ACQS  ,  bourg  de  France , 
dans  la  Gascogne  ,  élection  des  Lannes. 

MONTFORT- L' AM AL LR Y,  en  latin  Mons-fortis- 
Amalrkï  ,  petite  ville  de  Fiance,  dans  rifle  de  Fiance  , 
à  dix  lieues  de  Paris  au  couchant ,  fur  une  petite  colline 
où  eft  encore  un  château  ruiné.  Elle  a  été  furnommée 
FAmaulry    d'un  de    lés   feigneurs ,  tige  d'une  cl  libre 
maifon,  qui  a  commencé  par  un  Amaulry  ,  fils  de  Guil- 
laume de  Hainaut ,  félon  Orderic  Viral.  Le  continua- 
teur d'Aimoin  veut  qu'Amaulr.y  l ,  feigneur  de  Mont- 
fort ,  ait  été  fils  de  Robert  le  Pieux ,  &  d'une  dame 
de  Nogent ,  qu'il  avoit  époufée.  Comme  ce  mariage  eft 
fabuleux  ,  &  qu'il  eft  confiant  que  Robett ,  après  ave  ir 
répudié  Berthe  ,  époufa  Confiance  qui  lui  furvécut  :  du 
Tillet  a  deviné  qu  Amaulty  étoit  bâtard  ;  mais  le   té- 
moignage d'Orderic  Vital,  qui  vivoit  au  commencement 
du  douzième  fiécle ,   &  qui  étoit  voifin  des  comtes  de 
Montfort  qu'il    connoifioir,  doit  être   préféré.  Mont- 
fort-1'AmauIry   eft  le  chef-lieu  d'un  comté,   dont   les 
comtes  font  célebf es  dans  l'hifte  ire  ;  entre  aurres ,  le 
comte  Simon  de  Montfort ,  qui  conquit  Touloufe  ôc 
la  plus  grande  partie  du  Languedoc  fur  les  Albigeois. 
Ce  comté  tomba  par  mariage   dans  la  maifon  royale 
de  Dieux,  &  Jean  portoit  le  nom  de  Montfort,  lors- 
qu'il  conquit   le    duché  de  Bietagne  fur  Charles  de 
Blois.   Le  comté  de  Montfort   appartenoit  à  la  reine 
Anne ,  ducheffe  de  Bretagne ,  &  par  la  reine  Claude  ,  fa 
fille,  il  vint  à  François  I ,  &  à  fes  enfans ,  fous  lesquels 
Montfort  fut  réuni  à  la  couronne.  Le  feu  roi  Louis 
XIV  ,  ayant  échangé  Montfort-l'Amaulry  avec  la  plus 
grande  partie  du  duché  de  Chevreufe  ,  &  ayant  érigé 
Montfort  en  duché,  le  fils  du  duc  de  Chevreufe  prit 
le  nom  de  duc  de  Montfort  ;  mais  peu  de  tems  a^rès 
la  mort  de  ce  duc,   la  terre  fut  vendue  au  comte  de 
Touloufe,  amiral  de  France.  *  Longuerue,  Defcription  de 
la  France  ,  part.  I.  p.  26. 

Il  y  a  à  Montfort-l'Amaulry  un  chapitre  de  fept  pré- 
bendes ,  qui  ne  font  que  de  cent  livres  chacune,  un 
bailliage  royal ,  dont  le  bailli  eft  de  robe-courte ,  un 
bailliage  ducal,  une  élection  ,  un  grenier  à  fil ,  une 
maîtrife  particulière  des  eaux  Se  forêts  &  une  maré- 
chauffée.  Les  appellations  de  ces  deux  bailliages  font 
portées  au  Parlement  de  Paris.La  juftice  ferendfuivantla 
coutume  particulière  de  Montfort-l'Amaulry,  qui  fut 
rédigée  en  1556.  On  fait  à  Montfort  commerce  de 
bleds ,  d'avoines ,  de  vins ,  de  cidres ,  de  fruits  &  de 
bois.  Ce  dernier  eft  le  plus  confidérable,  &  fe  fait 
principalemenr  à  Verfailles.  *  Piganiol,  Defcription  dé 
la  France  ,  r.  3.  p.  34. 

MONTFORT-LE-ROTROU ,  petite  ville  de  France, 
dans  le  Maine ,  fur  la  rivière  d'Huisnes ,  à  trois  licifcs 
&  demie  du  Mans.  Elle  a  été  furnommée  le  Rorrou , 
à  caufe  de  Rotrou  ,  feigneur  de  Mont ,  troifiéme  fils  de 
Rotrou ,  comte  de  Montagne ,  qui  fit  bâtir  le  château 
de  Montfort.  La  terre ,  qui  porte  le  titre  de  marquifat , 
appai tient  à  préfent  au  marquis  de  Montfort,  du  nom 
de  Breffeau.  La  jurisdiction  de  ce  marquifat  s'étend  fur 
trente  paioiffes.  *  Piganiol ,  Defcription  de  la  France  , 
t.  f.  p.  ;o2. 

MONTFORT-SAINT  JACQUES ,  abbaye  de  Fran- 
ce, dans  la  Bretagne,  évêché  de  Saint  Malo,  dans  la 
ville  de  Montfort-la-Canne.  Elle  eft  de  l'ordre  de  faine 
Auguftin.  Guillaume  de  Montfort,  fécond  fils  de  Guil- 
laume ,  mit  la  première  pierre  du  fondement  de  l'églife 

en 


MON 


MON 


en  1 1  ji  ,  le  premier  de  Mai  jour   de   feint  Jacques. 
Voyez,  ils  preuves  de  l'hiftoîre  de  Bretagne. 

MONT  FORTE,  ville  de  Portugal,  au  nord  du 
Douère  ,  au  fud-oueft  de  Vinhaes,  fui  le  penchant  d'une 
montagne  extrêmement  haute,  avec  un  château  fermé 
de  murailles  ,  fortifié  de  deux  baftions ,  &  ceuvert  d'une 
demi-lune  d'un  côté.  *  Délites  de  Portugal ,  p.  7 1 7. 

MONT- FORTE  DE  LEMOS  -,  ville  d'Espagne  , 
dans  la  Galice  ,  au  milieu  d'une  vafte  plaine  ,  à  l'orient 
du  Minho  ,  fur  une  montagne  qui  s'élève  au  milieu  de 
la  plaine.  Elle  eft  la  capitale  du  comté  de  Gomarca  de 
Lemos ,  Se  le  fiége  des  comtes  de  ce  nom.  Ils  y  ont 
un  magnifique  palais ,  dont  la  vue  eft  charmante ,  Se 
s'étend  bien  loin  aux  environs,  de  quelque  côté  qu'on 
fe  tourne.  La  petite  rivière  de  Cabe  mouille  le  pied 
de  la  montagne,  Se  paffe  au-defibus- du  Palais.  On  dit 
que  cette  ville  a  été  bâtie  par  les  Grecs ,  &  l'on  pré- 
tend qu'encore  aujourd'hui  les  habitans  retiennent  quel- 
que chofe  des  qualités  de  leurs  fondateurs  >  favoir ,  la 
bravoure  jointe  à  la  vivacité  d'efprit.  Outre  la  fertilité 
de  leur  terroir ,  ils  ont  encore  des  manufactures  de  foie 
qui  font  d'un  grand  revenu.  Quelques-uns  croient  que , 
.c'eft  l'ancienne  Daclonium.  On  voit  dans  cette  ville  , 
qui  a  titre  de  grandeffe  ,  une  belle  abbaye  du  titre  de 
Saint  Vincent  des  Bénédictins  de  la  congrégation  de 
Valladolid  ,  avec  un  collège  de  Jéfuites.  L'abbé  de  S. 
Vincent ,  qui  eft  archidiacre  de  Lugo  ,  jouit  de  la  juris- 
diclion  épiscopale  fur  trente-deux  paroifles  fans  comp- 
ter celles  de  la  ville.  *  Délites  de  Portugal ,  p.  140. 

MONTGOMERY  ,  ville  ^'Angleterre  ,  au  pays  de 
Galles,  Se  la  capitale  de  Montgomeryshire,  à  cent 
vingt  milles  de  Londres.  Elle  eft  dans  une  agréable 
fituation ,  Se  a  un  fort  château.  Roger  de  Montgomery  , 
feigneur  Normand  &  conne  de  Shrewfbury  ,  ayant  con- 
quis beaucoup  de  terres  à  l'entour  fur  les  Gallois,  la 
fit  bâtir  pour  afïiirer  fa  conquête.  *  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.  1 .  p.  1 40. 

MONTGOMERYSHIRE  ,  province  méditerranée 
dans  les  trois  diocèfe  de  Saint  Afaph  ,  de  Bangor  Se 
d'Hereforcl  ,  au  couchant  de  Shropshire ,  a  94  milles 
de  tour,  6c  contient  environ  jéoooo  arpens  Se  5660 
maifons.  G'eft  un  pays  fertile  ,  quoique  montagneux. 
Il  y  a  quarante-fept  paroiiTes  Se  fix  bourgs  à  marché. 
C'eft  ici  que  la  Saverne  prend  fa  fource. 

MONTGOMMERY,  bourg  de  France,  dans  la 
Haute-Normandie,  avec  titre  de  comté ,  fur  la  rivière 
de  Vie,  au  diocèfe  de  Lifieux  ,  élection  d'Argentan  , 
entre  Vimonftier  &  Livarot.  Le  nom  de  Montgommery  , 
en  latin  Mons  Gomeri ,  ou  Gomcricis  Se  Morts  Gome- 
ricus ,  vient  du  nom  de  quelque  feigneur  du  lieu  ap- 
pelle Gommeric.  Montgommery  comprend  deux  parois- 
fes  ;  Saint  Germain  Se  Sainte  Foi ,  dont  les  cures  font 
à  la  nomination  du  feigneur  temporel.  Cette  terre  don- 
noit  féance  à  l'échiquier ,  Se  elle  eft  une  de  celles  de 
la  province  dont  la  mouvance  a  le  plus  d'étendue.  Près 
de  cent  cinquante  fiefs  ou  arrière -fiefs  en  relèvent, 
félon  le  dénombrement  qu'on  en  trouve  dans  la  biblio- 
thèque du  roi.  Jacques  de  Montgommery  ,  feigneur  de 
Lorges ,  le  fit  dreffer  après  avoir  acquis  cette  terre  de 
François  d'Orléans ,  marquis  de  Rotelin  &  comte  de 
Neufchârel  ,  vers  l'an  1543.  Il  acquit  auffi  la  terre  du 
Mefle-fur-Sarte,  qu'il  retira  des  mains  d'un  tiers,  cri 
vertu  du  droit  que  ce  prince,  qui  l'avoit  aliéné,  lui  en 
■accorda ,  Se  l'une  Se  l'autre  terre  font  regardées  com- 
me unies ,  quoique  ce  ne  foit  peut-être  que  par  ufage  , 
au  tirre  de  comté,  dont  celle  de  Montgommery  fe 
trouve  décorée  depuis  deux  cens  ans  :  car  elle  n'a  ja- 
mais été  élevée  à  cet  honneur  par  des  lettres  paten- 
tes .:  les  plus  anciens  aveux  ne  la  qualifient  jamais  que 
de  baronnie.  Elle  étoit  reconnue  pour  être  la  première 
de  celles  qui  relèvent  du  duché  d'Alcnçon  -,  par  cette 
rai  fon  ,  auflî  bien  que  par  la  confidération  du  prince 
qui  la  poflèdoit ,  Charles  ,  duc  d'Alcnçon,  établilTant 
en  IJ17,  un  confeil  pour  décider  les  affaires,  en  at- 
tendant la  tenue  de  fon  échiquier  ,  voulut  que  le  comte 
de  Montgommery  &  fes  iucceffeurs  après  lui ,  enflent 
le  premier  rang  entre  les  cqpfeillers  laïques.  Ce  qui 
porta  Jacques  de  Montgommery  à  acheter  cette  terte, 
c'eft  qu'il  prétendoit  être  descendu  des  anciens  Mont- 
gommery ,  fi  célèbres  dans  l'hiftone  de  Normandie  ck 


393 

d'Angleterre,  qui  en  avoieru  tiré  leur  nom  ,  Se  qui 
l'avoient  enfuire  donné  à  un  grand  pays  d'Angleterre, 
qui  le  conièrve  encore  aujourd'hui-,  mais,  quoiqu  il 
fût  effectivement  d'une  maifon  très-diftinguée  d'Ecofle, 
cependant  il  y  a  toute  apparence  qu'il  ne  venoit  point 
de  ces  feigneurs,  dont  la  poftérité  masculine  femble 
éteinte  dès  le  commencement  du  huitième  fiécle.  Le 
premier  d'entre  eux  qui  foit  connu ,  eft  Roger  de  Mont- 
gommery ,  comte  d'Alcnçon,  mort  en  1003  ,  qui  fut 
Comte  d'Arondel  Se  de  shrewfbury  en  Angleterre,  Se 
le  dernier  eft  Robert  de  Montgommery  ,  comte  d'Alen- 
çon,morten  1219.  Son  fils  pofthume.de  même  nom 
que  lui ,  n'ayant  vécu  que  iïx  mois ,  Ga  fucceffion  fut 
partagée  j  par  fes  trois  fœurs  ou  leurs  enfans.  Emery, 
vicomte  de  Châtelleraud  ,  fils  de  l'ainée,  eut  Montgom- 
mery. Philippe  Auguftc  ,  ayant  voulu  comme  roi,  qu'ils 
lui  cédaffent  Alençon  ,  Jeanne,  petite  fille  d'Emery  , 
le  porta  à  Jean  d'Harconrt ,  maréchal  de  France  ;  Se 
enfin  il  vint  à  la  maifon  de  Longueville  par  Maiié 
d'Harcourt ,  femme  du  fameux  bâtard  d'Orléans ,  Jean  , 
comte  de  Dunois ,  qui  en  étoit  la  tige.  Le  domaine  par- 
ticulier de  Montgommery  eft  à  préfent  d'un  modique 
revenu  ;  &  c'eft  pourquoi  les  derniers  comtes  ont  ton-; 
jours  fait  leur  réfidence  ordinaire  au  Mefle-fur-Sarte  , 
qui  eft  d'un  revenu  plus  important.  L'ancien  château  de 
Montgommery  ne  fubfifte  plus  ;  Se  il  falloir  qu'il  fût 
bien  fort  ,  puisque  Roger  I  ofa  y  foutenîr  un  fiégé 
en  1039,  courre  Alain,  duc  de  Bretagne,  qui  comman- 
doir  en  Normandie  pendant  la  minorité  de  Guillaume 
le  Conquérant.  Alain  fut  empoifonné  devant  cette  pla- 
ce ,  au  rapport  d'Orderic  Vital.  *  Corn.   Dict. 

MONTHEREAU  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Gâ- 
tin'ois ,  diocèfe  de  Sens,  élection  de  Montargis. 

MONTHEURT,  ville  de  France,  dans  la  Gnien- 
ne ,  fur  ;  la  Garonne  proche  de  Tonneins.  C'eft  une 
petite  ville  allez  peuplée.  Elle  avoir  autrefois  des  for- 
tifications qui  ont  été  rafées.  *  Pigauiot ,  Defcription 
de  la  France,  t.  4.  p.  jjo. 

MONTHIECHIO  ,  montagne  très-haute  du  royau- 
me de  Naples ,  anciennement-  Vultur.  Sur  fon  fom- 
met  il  y  a  deux  lacs  affez  profonds,  Se  quelques  eaux 
minérales.  Près  de  ces  lacs  eft  un  couvent  de  Capu- 
cins, avec  une  ancienne  églife  ,  appellée  Sam  Ange  la , 
dont  labbé  commendataire  eft  presque  toujours  un 
cardinal. 

MONTICELLO  ,  bourg  d'Italie,  dans  le  Plaifantin  , 
au  diocèfe  de  Borgo-fan-Donnino.  Il  y  a  une  colkgiale. 

MONTIEL,  ville  d'Efpagne  ,  dans  la  Vieille-Caftil- 
le,àfixou  fept  lieues  d'Akala  du  côté  de  l'Occident  à 
Se  le  chef-lieu  de  la  partie  Orientale  de  la  Manche  , 
qu'on  appelle  Campo  de  Montiel,  Se  qu'on  nom- 
moit  autrefois  Laminitanits  Ager%  Voyez,  Laminium. 
Ce  fut  à  Montiel  que  dom  Pedro  ,  fur  nommé  le  Cruel, 
roi  de  Caftille  ,  fut  tué  par  Henri  fon  frère  le  23  de 
Mars  13^5).  Montiel  étoit  autrefois  une  ville  épisco- 
pale fous  la  métropole  de  Tolède,  qui  en  eft  à  vingt- 
huit  lieues.  *  Corn.  Dict.  Délices  d'Espagne,  p.  22. 

MONTlER-EN-ARGONNE,M^y?m'«OT/>A?^, 
Abbaye  d'hommes,  en  France,  de  l'ordre  de  Cîreaux  , 

filiation  deTrois-Fonraines  ,  en  Champagne  ,  diocèfe  ce 

Châlons-fur-Marne  ,  entre  la  Meufe    Se  la  Marne ,  à 

trois  lieues  au  midi  de  Sainre-Menehoud  ,  fondée  l'an 

1147.  Ses  religieux  étoient  d'abord  de  l'ordre  de  feint 

Augullin.  Ils  embrafferent  dans  la  fuite  la  régie  de  feint 

Bernard. 

MONTIER  LA  CELLE.  Voyez.  Ceiie. 

MONT1ER  EN  FAGUE,  en  larin  monaflerium  m 
Fana  ,  abbaye  de  France  ,  dans  le  Thierasche.  C'eft  dans 
ce  lieu  qu'étoit  le  folimire  faint  Dodon  en  725. 

MONTIER-HAUTE  PIERRE,  en  larin  Monafle- 
rium Alu  Tetra. ,  prieuré  de  France ,  en  Franche-Com- 
té, au  diocèfe  de  Befançon.  C'eft  un  prieuré  fimple  dé- 
pendant de  Cluni  ,  de  deux  mille  livres  de  rente  ,  Se 
de  nomination  royale. 

MONTIER- DE -L'ISLE,  prieuré  de  France,  en 
Champagne,  fur  le  bord  de  l'Aube,  à  deux  petites 
lieues  de  Bar- fur-Aube,  au  diocèfe  de  Langrcs.  Son 
nom  latin  eft  Monaflerium  ad  Infutam.  11  eft  de  l'ordre 
de  faint  Benoît,  &  dépend  de  l'abbaye  de  Montiez 
Ramey.  *  Baugier,  Mém.  de  Champagne  ,  t.  2.  p.  91  ; 
Trm.  IV.     D  d  d 


MON 


394 

MONTIER-RAMEY  ,  Arremarenfe  Monafter'uim. 
abbaye  d  hommes  de  l'ord  re  de  faine  Benoît ,  en  Cham- 
pagne ,  diocèfe  de  Troyes ,  a  l'entrée  de  la  forêt  de  Dcr , 
fur  le  ruifieau  de  Barfe  ,  entre  T&yes  &  Bar-fur  Aube  , 
au  nord  de  Bar-fur-Seine.  Aidera» ,  comte  de  Troyes1, 
donna  en  837,  la  place  de  l'abbaye,  une  partie  delà 
forêt  de  Der  &  quelques  autres  biens  à  un  faine  prêtre  , 
nommé  Aremare  ou  Adremare ,  qui  en  dix  années  de 
tems  acheva  1  églife  &  les  lieux  réguliers.  On  nomma 
alors  ce  monauere  la  Nouvelle  Celle  en  Der,  en 
latin  Nova  Cella  m  Dervo  ,  ainfi  qu'il  elt  porté  dans 
le  cartulaire  de  cette  abbaye.  Saint  Prudance,  trente- 
feptiéme  évêque  de  Troyes  ,  dédia  en  847 ,  l'églife  fous 
l'invocation  de  Saint   Piètre  Se  de  Saint  Léon  ,  pape, 
par  ordre  du  pape  Léon  IV  ,  qui  y  envoya  plufieurs 
reliques.  Le  roi  Charles  le  Chauve ,  par  fa  chartre  du 
16  Avril  S64,  déclare   que   le  comte  Adon  lui  avoit 
fau  (avoir  que  du  tems  du. comte  Alderan  ,  l'on  predé- 
celleur  ,  quelques  religieux  avoient  demandé,  la  permis- 
sion de  faire  abbatre  un  endroit  en  la  forêt  de  Der  pour 
y  bâtir  une  églife  auprès  de  la  petite  rivière  de  Barfe , 
8c  rendre    quelque  partie  des  terres  labourables ,  afin 
d'y  enl'emencer  un  espace  de  la  longueur  de  cinq  cens 
perches  &  de  deux  cens  vingt  de  largeur,  ce  qu'Alde- 
ran  leur  avoit  accordé.  Le  roi  confirma  cette  donation  , 
Se  accorda  de    plus  à  ces  religieux  le  pouvoir  d'élire 
leurs  abbés,  félon  la  régie  de  faim  Benoit,  fans  être 
obligés  d'avoir  recours  aux  comtes  de  Troyes ,  qui  ufur- 
poient    cette   autorité.  Ce  qui  fait  connoitre  que  ces 
comtes  n'etoient    pas  alors  fouverains.  Ce  même  roi , 
étant  en  l'abbaye  de  faint  Denys  en  France  le  19  Avril 
871  ,  donna  a  cette   abbaye  un  grand  champ  à  Tene- 
liers.  Le  16  Novembre  884, Bodo  ,  quarantième  évêque 
de  Troyes ,  tranilgca  avec  l'abbé  de  Montier-Ramey  , 
par  l'entremife  du  roi  Carloman  &  de  Robert  , comte 
de  Troyes ,  qui  récompenferent  cet  évêque  de  la  ces- 
lion  qu'il  fit  alors  à  cette  abbaye  des  noues  &  des  dé- 
cimes. En  l'année  923  ,   le  roi  Charles  le  Sftnple,  à 
la  prière  du  comte  Raoul,  fon  oncle,   qui  eut  depuis 
le  titre  de  roi,  donna  à  cette  abbaye  cent  vingt  petches 
de  long  Se  foixante  de  large  des   bois   de  la  forêt  de 
Der.  Le   7  Mars  1 100  Hugues  ,  ou    Huon  ,  comte  de 
Champagne,  étant  dans  la  l'aie  de  l'on  palais  à  Troyes  , 
fit  don  publiquement  à  cette  abbaye  de  ia  juitice  du 
fauxbourg  de  S.  Martin  de  Troyes. 

L'églife  de  cette  abbave  elt  affez  belle  :  on  y  con- 
férée le  corps  de  faint  Victor.  L'abbaye  vaut  huit  mille 
livres  de  rente  à  l'abbé ,  Se  environ  quatre  mille  aux 
religieux.  *  Baugier ,  Mémoires  de  Champagne  ,  t.  2.  p. 
2ZG  &  400. 

MONTIER  SAINT  JEAN  ,  abbaye  de  France,  au 
diocèfe  de  LangifS.  Voyez.  Moutier  S.  Jean. 

MONTIER  EN  DER  ,  Monaflerium  m.Dervo, 
abbaye  d'hommes ,  en  France  ,  de  l'ordre  de  faint  Be- 
noit ,  congrégation  de  faint  Vanne ,  en  Champagne  , 
au  diocèfe  de  Châlons- Sur-Marne ,  entre  la  Marne  Se 
l'Aube,  dans  la  forêt  de  Der,  fur  la  petite  livierede 
Voire,  à  fept  lieues  au  midi  de  Vitry  ,  à  quatre  au 
ftid  oueft  de  Saint  Dizier ,  Se  à  trois  de  même  de 
VaiTy.  Son  premier  abbé  &  fondateur  fut  faint  Ber- 
chaire ,  fils  d'un  duc  d'Aquitaine,  qui  avoit  donné  ce 
prince  à  faint  Nivart ,  archevêque  de  Rheims  ,  fon  par- 
rein  ,  afin  qu'il  fût  élevé  fous  la  conduite  d'un  fi  fage 
prélat.  Aptes  quelques  années  le  prélar  permit  à  l'on 
eieve  d'aller  au  monaftere  de  Luxeuil  en  Bourgogne, 
où  il  reçut  l'habit  de  religieux  des  mains  de  S.  Euitafe  , 
qui  en  étoit  abbé.  Bcrchaiie  fur  enfuite  abbé  d'Haut- 
villicrs,  d'où  il  fe  retira  dans  la  forêt  du  Der  chez 
une  dame  de  qualité  ,  qui  lui  donna,  félon  quelques- 
uns  ,  ou  lui  vendit ,  félon  d'autres ,  un  de  Ces  héritages 
qu'on  appeiloii  en  ce  tems-là  Mangeyilhers,  Se  qu'on 
nomme  aujourd'hui  Pelle-Montier,  &  auparavant 
Puellu  Montier  ,  MmajUrium  Puellarum  ,  à  caufe 
d'un  monalterc  de  rcligieufes  qu'il  y  établit  Se  qui  ne 
fubfiflou  plus  en  1029.  Après  cela  Bcrchaire  bâtit  une 
petite  églife  fur  la  rivière  de  Voire  ;  elle  fubfiue  encore 
Aujourd'hui.  Il  obtint  enfin  du  roi  Childeric  II  ,  à  la 
cecommendation  de  faim  Léger ,  évêque  d'Autun  ,  Se 
d'Almaric  ,  maire  du  palais ,  la  place  où  il  defiroit 
coiunuire  un  monaftere  i   le  roi   lui  donna  pour  cet 


M  O  N 


effet  la  maifon  de  plaifajnce  qu'il  avoit  en  cet  endroit , 
nommée  alors  Puis  y  ou  Pvysé  ,  où  il  établit  l'abbaye 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Momkr  en  Der,  Monaflerium 
in  Dervu.  L'églife  en  fut  dédiée  fous  l'invocation  des 
apôtres  faint  Pierre  Se  faint  Paul.  Ce  faint  fondateur 
donna  à  ce  monaftere  vingt  Se  un  villages  qui  étoient 
de  fon  patrimoine ,  ainfi  qu'il  elt  porté  par  les  lettres 
de  donation  qu'il  en  fit ,  Se  qui  font  confervées  dans 
les  archives  de  cette  abbaye  ;  ce  qui  fut  autorifé  par 
le  roi  Childeric  ,  &  depuis  confirmé  par  le  roi  Thierri. 
Saint  Berchaire  mourut  le  26  Mars  69e.  Depuis  ce 
tems  le  pape  Jean  VI  mit  cette  abbaye  fous  la  pro- 
tection du  faint  Siège,  &  Silonius  ,abbé  de  ce  lieu,  à 
la  recommendation  de  Clovis  II  &  de  Pépin  ,  maire  du 
palais ,  obtint  depuis  de  Berthoindus  ,  vingt -troifiéme 
évêque  de  Châlons ,  les  privilèges  de  l'officialité  pour 
cette  abbaye.  La  discipline  régulière  s'y  étant  relâchée 
dans  la  fuite  des  tems ,  l'empereur  Louis  le  Débonnaire 
prit  foin  de  l'y  faire  rétablir  •-,  après  quoi  il  donna  de 
grands  biens  à  cette  abbaye ,  &  lui  confirma  tous  fes 
privilèges.  Le  chevalier  de  Joinville  s'étant  quelques 
fiécles  après  emparé  d'une  bonne  partie  de  fes  biens , 
Dudo  en  obtint  la  reftitution  ,  qui  fut  ordonnée  par  le 
roi  Robert.  Le  pape  Paschal  II  a  exemté  cette  abbaye 
de  la  jurisdidion  de  l'ordinaire ,  Se  Clément  III,  après 
en  avoir  examiné  les  droits ,  tant  à  l'égard  du  fpirituel 
que  du  temporel,  la  déclaia  fujette  au  faint  fiége 
apoftolique  feulement.  *  Baugier,  Mém.  de  Cham- 
pagne, t.  2.  p.  15  j  Se  397. 

Le  premier  qui  a  pofléde  cette  abbaye  en  commende  , 
eft:  François  d'Inteville  .  évêque  d'Auxene  ,  qui  en  fut 
pourvu  en  conféquence  du  concordat  par  le  roi  François 
I.  Armand  Jean  du  Peïré  de  Troisvile  y  a  introduit 
la  réforme  en  1654,  d'autres  difent  en  1659.  Sa  réfi- 
dence  ordinaire  étoit  dans  fon  château  du  bourg  de 
Somme-Voire ,  baronnie  dépendante  de  cette  abbaye , 
qu'il  a  fait  rebâtir  ,  embellir  Se  augmenter  d'une  fort 
belle  chapelle  Se  de  plufieurs  bâtimens.  Elle  doit  valoir 
vingt-deux  mille  livres  à  l'abbé  &  neuf  mille  livres 
aux  religieux ,  qui  font  au  nombre  de  douze.  Les  reli- 
ques de  faint  Betchaire  font  dans  une  fort'  belle  chafle 
fur  l'autel:  fon  chef  fe  conferve  au  tréfor.'On  mon- 
tre au  même  tréfor  un  autre  reliquaire  ,  dont  l'infcrip- 
tion  prouve  qu'il  vient  de  faim  Berchaire  :  il  eft  fermé 
de  deux  tablettes  d'rVoire  très-anciennes ,  fur  lesquelles 
font  représentés  des  facrifices,  avec  le  mot  Niçoma- 
chorum  d'un  côté  ,  Se  de  l'autre  Symmaohoriim. 

MONTIERS  HUBERT  (Les),  en  latin  Huberù 
Monajieria,  bourg  de  France,  dans  la  Normandie ,  élec- 
tion de  Lifieux  ,  à  une  lieue  Se  demie  de  Livarot  :  il  a 
droit  de  marché. 

MONT1EU  ,  château  de  France ,  dans  le  comtaï 
Venailfin  ,  châtellenie  d'Ambrieux.  Humbert  IV,  fei- 
gneur  de  Villars  &  de  The  ire,  fit  hommage  de  ce  châ- 
teau à  Ifabelle  ,damede  Beaujeu  ,  en   1271. 

MONTJEU  ,  marquifat  fitué  en  France,  dans  la 
Bourgogne  ,  au  diocèfe  d'Autun  ,  fur  une  montagne  au- 
deffus  de  cette  ville.  Cette  montagne ,  quoique  fort  éle- 
vée ,  eft  remplie  d'une  grande  abondance  d'eaux  qui 
fonrniffent  les  fontaines  de  la  ville  d'Autun.  Le  nom 
latin  de  ce  lieu  paroit  être  naturellement  Mons  jovis. 
C'en;  au  même  lieu  que  le  (leur  Jannin  de  Saulieu  com- 
mença le  magnifique  château  achevé  par  fon  fils ,  préfi- 
dent  à  Dijon  ,  qui  maria  fa  fille  au  fieur  de  Caflille  ,  à  la 
charge  de  porter  le  nom  de  Jannin  avant  celui  de  Caflille, 
Etienne  Ladon  ,  chanoine  d'Autun, a  dédié  en  1640,  fes 
antiquités  d'Autun  écrites  en  latin  ,  îetro  janino,  barorit 
de  Montjeu. 

MONTIGNAC  ou  Montignacle  Comte  ,  bourg 
de  France ,  dans  le  Péiigord,  fur  la  rivière  deVezere, 
entre  Teralîbn  Se  Limeil ,  au  nord  occidental  de  Sarlat. 
*  De  l'Iflet  Atlas. 

1.  MONT1GNE,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou, 
élection  de  Montreuil-Bellay. 

2.  MONTlGNE,  boutgde  France,  dans  le  Maine, 
élection  du  Mans.  Ce  pourroit  être  ce  lieu  qui  eft 
appelle  Motitanïacum  da^s  les  geftes  des  évêques  du 
Mans,  Se  où  Thuribe  ,  évêque  du  Mans,  mort  en  496,  ou 
497 ,  félon  ces  geftes  ,  confacra  une  églife.  C'eft  un 
prieuré  dépendant  de  Marmouticr. 


MON 


MON 


I.  MONTIGNY,  ville  de  Fiance,  dans  la  Bour- 
gogne, au  bailliage  d'Auxois  fur  la  rivière  d'Arman- 
fcon  ,  félon  André  du  Chesne,  p.  938,  dans  fes  anti- 


félon  André  du  Chesne 
des  villes  de  France. 
MONTIGN  Y,  bourg  de  France ,  dans  la  Eeauce  , 
élection  de  Charries. 

3.  MONTIGNY,  bourg  de  France  ,  dans  la  Cham- 
pagne ,   éledion  de  Rhetel. 

4.  MONTIGNY,  bourg  de  France,  dans  la  Picar- 
die, élection  de  Mont-Didier. 

f.  MONTIGNY  ,  bourg  de  France,  dans  la  Fran- 
che-Comté ,  bailliage  &  recette  d'Arbois,  11  y  a  un 
monaftere  de  religieufes  Urbanises ,  dont  la  fupérieure 
prend  la  qualité  d'abbeffe  :  elle  elt  perpétuelle  &  nom- 
mée par  le  roi. 

MONTIGNY- LE-ROI  ,  en  latin  Montigniacum 
Rectum,  petite  ville  de  France,  dans  la  Champagne, 
élection  de  Langrcs,  fur  la  Meule  ,  à  fix  lieues  de 
la  ville  de  Langres  &  à  fept  de  Chaumont ,  fur  les 
frontières  de  la  Lorraine.  On  a  ruiné  une  partie  de  fes 
fortifications.  *  Baugier ,  Mém.  de  Champagne,!.  1. 

P-  155- 
MONTIJO ,    château  d'Espagne,    dans  l'Ertrema- 

doure  ,  fur  une  hauteur  à  trois  lieues  de  Merida  ,  tirant 

au   couchant.  C'efi  un  château  très-ancien    avec  titre 

de  comté  ,  érigé  par   Philippe   III  ,  en  faveur  de   la 

maifon  de  Porto-Carrero  à  qui  il  appartient.  *  Délices 

d'Espagne ,  p.  314. 

MONTIL,  bourg  de  France,  dans  le  Blaifois,  félon 
Corneille  ,  D'iii.  11  ajoute  :  Ce  bourg  eit  peu  éloigné 
de  Chinon  ,  vers  les  confins  de  la  Touraine ,  &  l'on  y 
voit  les  ruines  d'un  ancien  château  qui  étoit  très  fort. 
Le  roi  Louis  XI ,  ayant  perdu  tout  d'un  coup  la  connoif- 
fance  (par  une  attaque  d'apoplexie)  en  un  village  voifin 
où  il  paffa  en  1482,  fut  porté  à  Montil ,  où  il  la 
recouvra  au  bout  de  deux  jours.  Le  père  Daniel  ,dans 
l'hiltoire  du  règne  de  Louis  XI ,  ne  nomme  point  ce 
lieu. 

MONTILEY ,  prieuré  de  France ,  an  diocèfe  du 
Mans ,  il  dépend  de  l'abbaye  de  Marmoutier. 

MONTILS ,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge , 
élection  de  Saintes. 


39* 

mîere  abbeffe  depuis  fon  rétabliffement,  ce  qui  aniva  en 
103;.  Plufieurs  dames  illultres  par  leur  piété  &  par  leur 
naiffance ,  ont  depuis  gouverné  cette  abbaye  ,  dont  1  e- 
glife  dédiée  à  Notre-Dame  ne  fait  qu'un  même  &  feui 
bâtiment  avec  la  paroiffe  de  faim  Sauveur,  à  laquelle  elle 
eit  jointe.  Ce  bâtiment  a  beaucoup  de  folidité  &de  gran- 
deur :  les  religieufes  en  occupent  le  fanctuaire  8c  le 
chœur,  8c  la  paroiffe  la  nef,  fréquentée  par  les  gens  de 
mer,  qui  viennent  accomplir  les  vœux  qu'ils  ont  faits  dans 
la  tempête.  Robert ,  archevêque  de  Rouen ,  accorda  à 
l'églilc  de  cène  même  abbaye  l'exemption  de  la  jurisdi- 
ction  épiscopale.  Cette  exemption  ,  confirmée  par  les 
papes,  s'étend  fur  quinze  paroiffes  qui  en  jouiffent,  8c 
dont  l'abbefie  de  Montivilliers  elt  dame  &  patrone  :  ces 
quinze  paroiffes  reffortiffent  de  la  jurisdiction  de  l'official 
de  cette  abbaye ,  qui  en  eit  auflï  grand  vicaire.  Ces  pa- 
roiffes  font , 

r  Saint  Sauveur  „ 
Dans  la  ville  ,-v  Saint  Germain, 
L  Sainte  Croix. 


Rouelle  s 

Sanvie  , 

Octeville , 

Harfleur , 

Gournay  ,  dit  Notre-Dame  de  Con- 

folation , 
Saint  Martin  du  Manoir  , 
Epouville  , 
Rolleville , 

I  Sainte  Marie  au  Bofc, 
Gutteville-les  Plains  , 
Notre-Dame  de  l'Illebonne  s 
Saint  Paul. 


Hors  de  la  ville, 


Le  commerce  de  Montivilliers ,  où  il  y  a  un  lieute- 
nant dePolice.trois  échevins  8c  une  maifon  de  ville,confi- 
fie  en  dentelles,  toiles  &  tanneries.  Auffi  voit-on  beau- 
coup de  tanneurs  avec  un  grand  nombre  de  teinturriers , 
&c  d'autres  artifans  qui  font  quantité  de  petites  étoffes; 


MONTILS-LES-TOURS,  lieu  du  parc  du  Pleffis-     *  Corn.  DiCt.  Mémoires  dreflés  fur  les  lieux. 


les-Tours.  Charles  VIII  y  fit  bâtir  un  couvent  pour 
fainr  François  de  Paule  ,  que  Louis  XI ,  fon  père  ,  avoir 
fait  venir  en  France ,  où  elt  le  tombeau  de  ce  faint 
homme  ,  mort  en  1507. 

MONTIO,  nom  latin  de  la  ville  de  Monçon ,  en 
Espagne.  Voyez,  Monçon. 

MQNTIRAT  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Haut- 
Languedoc  ,  diocèfe  8c  recette  d'Alby.  Elle  elt  du  tem- 
porel de  cet  archevêché. 

1.  MONTIVILLIERS,  Monstiers  -  Viliiers  , 
Monjfterium  Villare,  Monafterium  Vêtus  ,  ville  de  Fian- 
ce ,  dans  la  Normandie,  au  gouvernement  du  Havre 
de  Grâce ,  dont  elle  eit  à  deux  lieues  au  nord  ,  au 
pays  de  Caux  ,  fur  la  Lézarde  ,  trois  quarts  de  lieue  au 
nord  d'Harfieur,  à  fix  au  midi  de  Fescamp ,  à  quatre 
au  couchant  de  l'Illebonne ,  8c  à  feize  de  Rouen  , 
presque  entièrement  dans  un  vallon.  Cette  ville  a  trois 
portes ,  trois  fauxbourgs  &c  trois  paroiffes  avec  bailliage, 
vicomte  &  élection.  Ses  murailles  ont  été  autrefois 
bien  bâties  &  flanquées  de  belles  &  hautes  tours  , 
accompagnées  de  folles  larges  8c  profonds ,  8c  en  partie 
remplis  d'eau  ,  mais  elles  tombent  en  ruine.  Il  y  a  dans 


i;  MONTIVILLIERS,  bourg  de  France,  dans  l'An- 
jou ,  élection  de  Montrcuil-Bellay. 

i.MONT-LAUR,  ville  de  France,  dans  le  Haut- 
Languedoc  ,  au  diocèfe  8c  recette  de  Touloufe  ,  dans 
lafénéchauffée  &  comté  de  Lauraguais.  Elle  députe  à  fou 
tour  Un  diocéfain  aux  états. 

z.  MONT-LAUR  ,  petite  ville  de  Fiance ,  dans  le 
Bas-Vivaiais. 

MONT-LE-HERY.  Voyez,  au  mot  Mont  ,  l'article 
Mont-Lheri. 

MONTLOISjOu  Montlouis.  Voyez,  an  mot  Mont^ 
l'article  Mont-Lois. 

1.  MONTMÉLIAN  ,  ville  du  duché  de  Savoie  ,  fur 
le  bord  de  l'Ifére.  Elle  a  toujours  pafie  pour  une  deà 
plus  fortes  places  du  duché.  Quelques-uns  l'ont  prife 
pour  l'ancienne  ville  M-inv.tla  ,  où  Bofon  fut  créé  roi  de 
Bourgogne  en  879  ,  après  la  mort  de  l'empereur  Charles 
le  Chauve  ;  mais  d'autres  écrivains  révoquent  ce  fait  eu 
doute  ,  parce  qu'il  n'efi  appuyé  que  fur  le  témoignage 
de  Ranchin.  On  ne  convient  pas  non  plus  du  nom  latin 
de  cette  ville.  Les  uns  l'appellent  Mommelianum  ,  & 
les  autres  la  nomment  Nions  Emilianus.  Ces  derniers  fe 
Montivillkrs  une  grande  8c  riche  abbaye  royale  de  Bé-     fondent  fur  une  ancienne  infeription  qui  fe  voyoit  dans 


le  château  de  Montmélian.  Ce  qui  elt  certain  ,  ccft  que 
des  le  douzième  fiécle  Montmélian  étoit  une  place  confi- 
dérable  ;  8c  il  ne  feroit  pas  impoflible  qu'elle  dût  feule- 
ment fon  origine  aux  comtes  de  Savoie,  qui  y  bâtirent 
un  château  fur  un  rocher  inacciiîlble,  fi  ce  n'efi  d'un 
coté.  Les  comtes  de  Savoie  demeurent  fouvent  dans 
ce  château,  où  naquirent  AmédéelV  en  1 197  ,  8c  Tho- 
mas lien  1 1 99.  Cette  ville  efi  dans  une  fituation  com- 
mode pour  pafferdans  le  Piémont ,  dans  le  Dauphiné  , 
dans  les  provinces  de  Savoie,  dans  le  Genevois  &  dans  lé 
Fofligni. 

Les  murailles  de  Montmélian  ne  font  pas  fortes.   La 
ville  tiroit  la  principale  défenfe  du  château  ,  les  maifons 


nédictines ,  des  plus  anciennes  de  Normandie ,  8c  même 
plus  ancienne  que  la  ville.  Selon  les  mémoires  de  cetre 
abbaye ,  elle  doit  fa  première  fondation  au  duc  Wara- 
thon  ,  maire  du  palais ,  &  a  été  établie  vers  l'an  674. 
On  tient  que  faint  Philbert ,  premier  abbé  de  Jumiége  , 
l'a  gouvernée.  Ces  mêmes  mémoires  portent  qu'en  Sjo 
ou  860  ,  le  monaftere  de  Morutiers- Viliiers  fut  détruit , 
Suffi  bien  que  les  autres  de  la  province  ,  par  les  incurfions 
de  Flaflimagne  ,  duc  des  Normans  ou  Danois ,  peuples 
du  Nord  ,  8c  rétabli  par  Richard  I  &  Richard  II ,  ducs 
de  Normandie  ,  à  la  prière  de  Béatrix  ,  qui  étoit  fœur  de 
Richard  I  ,  8c  tante  de  Richard  II ,  dit  fans  peur  ,  roi 
d'Angleterre  ,  qui  lui  accordèrent  de  grands  privilèges. 

Cette  princeffe  ,  ayant  renoncé  au  monde  ,  en  fut  la  pre-     y  font  allez  bien  bâties.  Elle  n'a  qu'une  églife  paroiffiale 

lorn.lV.   Dddij 


396 


MON 


MON 


Tous  i  invocation  de  la  fainte  Vierge.  Le  couvent  des  Do- 
minicains fut  fondé  par  Aimon  ,  comte  de  Savoie  -,  hors 
de  la  ville  il  y  a  un  couvent  de  Capucins.  Les  habitans 
ont  généralement  l'humeur  martiale  ,  &  ils  apprennent 
volontiers  le  métier  de  la  guerre."  Les  environs  de  Mont- 
mélian  font  très-agréables ,  étant  entrecoupés  de  plaines , 
de  collines  8c  de  montagnes,  fur  lesquelles  il  croît  du  vin 
allez  bon  que  l'on  transporte  dans  les  contrées  voifines.  * 
Biaeit  ,  Atlas. 

2.  MON TMELI  AN,  château  de  Savoie,  fur  une  mon- 
tagne ,  au  pied  de  laquelle  paffe  lifére  ,  8c  fe  voit  une 
ville  qui  prend  fou  nom  de  ce  château.  Les  ducs  de 
Savoie  y  avoient  fait  faire  de  bons  bâfrions  ,  8c  cette 
place  qui  étoit  inaccefTible  ,  excepté  d'un  côté  ,  paffoit 
pour  imprenable.  Cependant  (  a  )  François  I  &  Hen- 
ri IV  ,  rois  de  France  ,  s'en  rendirent  maîtres  ; 
mais  ils  durent  cette  conquête  à  leur  argent  plutôt  qu'à 
Ja  force  de  leurs  armes.  On  ne  fit  pas  le  même  repro- 
che à  Louis  XIII  ,  auffi  fes  troupes  furent-elles  connain- 
tes  de  lever  le  fiége  après  treize  mois  d'attaque  (b).  Le 
feu  roi  Louis  XIV  ,  la  prit  de  force  en  1691.  11  la  rendit 
en  1696  en  exécution  de  la  paix  de  Turinmiais  durant  la 
dernière  guerre  ,  Montmélian  n'ayant  pu  être  ravitaillé  , 
fut  contraint  d'ouvrir  fes  portes  aux  François  qui  le  rui- 
nèrent de  fond  en  comble.  (  a  )  Blaeu ,  Atlas.  (  b  )  Lon- 
guerue  ,  Defcrip.  de  la  France,  part.  2.  p.  32. 

MQNT^MERRE  ou  Montmaire,  en  latin  Mons 
Mjjorit  ou  Mons  Matreiï,  village  de  France,  au  diocèfe 
de  Seez  ,  à  trois  lieues  de  Seez  ,  fur  la  route  d'Argen- 
tan ,  proche  la  petite  rivière  de  Touane ,  dans  le  bail- 
liage &  vicomte  d'EiTey.  Le  véritable  nom  efè  Mons 
Majoris  ,  ainfi  qu'il  eft  marqué  dans  la  vie  de  faint  Evre- 
niond  ,  abbé  ,  au  feptiéme  fiécle  ,  qui  bâtit  en  ce  lieu  un 
monaftere.  C'eft  par  corruption  que  quelques-uns  ont 
écrit  Mons  Mœroris  ,  depuis  trois  cens  ans.  La  tradition 
eft  cependant  qu'il  s'eft  donné  en  ce  lieu  quelque  grand 
combat  ;  8c  ce  qu'on  voit  à  Cercueil ,  village  voîfin  ,  le 
fuppofe,  Le  monaftere  que  faint  Evremond  y  bâtit  , 
croit  compofé  de  trois  églifes ,  dont  une  étoit  originaire- 
ment fous  le  titre  de  faint  Martin  de  Vertou.  La  nomi- 
nation de  la  cure  ,  8c  une  partie  des  dîmes  appartiennent 
à  l'abbaye  de  faint  Martin  de  Seez  ,  par  conceiîïon  de 
piuficurs  feigneurs  vers  l'an  1080.  Cette  églife  a  été 
quelquefois  appellée  Santli  .Martini  de  Pago  de  Mont- 
merre.  Le  territoire  de  la  paroilîe  eft  affez  étendu ,  mais 
médiocrement  fertile.  M.  de  Medavy  ,  évêque  de  Seez  , 
grand  oncle  du  maréchal ,  qui  en  a  été  depuis  feigneur  , 
s'étoit  fkté  qu'à  caufe  de  la  belle  expofition  du  lieu  8c  de 
fon  terrein  pierreux  ,  la  vigne  pourroit  y  venir  :  on 
l'eflàya  ,  mais  fans  fuccès.  Cette  paroiffe  eft  riche  en 
carrières  de  pierres  de  raille  ,  qu'on  eltime  beaucoup 
pour  fa  blancheur  8c  la  fine  (Te  de  fon  grain.  Il  y  en  a 
auffi  d'autres  qui  font  très-propres  à  faire  de  la  chaux. 

MONTMOREL,  Mons-Morelli,  abbaye  d'hommes  en 
Fiance  ,  de  l'ordre  de  faint  Auguftin  ,  dans  la  baffe  Nor- 
roandie.au  diocèfe  8c  à  deux  lieues  d' A  vranches,  au  midi, 
fur  une  petite  rivière  près  de  fon  embouchure  dans  l'Ai- 
dée, fondée  l'an  1 1 80  ,  par  Jean  de  Hascoiietde  Subligny, 
&   par  Rolland  du  Homet,  feigneur  de  Charvilly. 

1.  MONTMORENCI ,  en  latin  Monsmorenciacum , 
petite  ville  de  l'Ifle  de  France  ,  fur  une  colline  ,  à  deux 
lieues  de  Saint  Denys,  8c  à  quatre  de  Paris.  Elle  eft  bornée 
d  un  côté  par  une  forêt  qui  contient  près  de  fis  lieues ,  8c 
où  eft  un  vieux  château  ,  appelle  le  château  de  la  Chaffe. 
De  l'autre  ,  règne  une  longue  vallée  ,  appellée  la  Val- 
lée de  Montmorenci.  fertile  en  bons  fruits  ,  8c  fur- 
tout  en  cérifes ,  qui  pafienr  pour  très-bonnes.  Les  fei- 
gneurs de  la  maifon  de  Montmorenci  ont  pris  leur  nom 
de  cette  ville.  Ils  y  ont  fondé  I'églife  de  faint  Martin. 
Cette  églife  cil  paroifliale  ,  8c  la  cure  en  eft  gouvernée 
par  des  pères  de  l'Oratoire,  qui  y  ont  une  maifon  ,  & 
qui  y  tout  l'office  divin  ,  à  la  manière  des  collégiales  , 
rempliffant  la  place  des  chanoines  qui  deffervoient  au- 
trefois cette  églife.  On  y  voir  le  magnifique  tombeau  des 
anciens  ducs  de  Montmorenci  ,  repréfentés  en  marbre 
&  en  bronze.  Il  y  a  suffi  des  religieux  de  la  Sainte  Trini- 
té de  la  Rédemption  des  captifs.  Ils  gouvernent  l'Hô- 
teî-Dicu  pour  les  malades.  On  y  trouve  encore  un  prieu- 
ré fimple  fous  le  titre  de  Notre-Dame  ,  &  une  chapelle 
fous  celui  de  faint  Jacques,    Ce  qui  relie  des  murs  de 


cette  ville  paroît  très-ancien  8c  d'une  hauteur  extraor- 
dinaire. L'air  de  cette  ville  eft  très  fain ,  8c  du  grand 
portail  de  I'églife  de  faint  Martin  on  voit  Paris  ,  Saint 
Denys  ,  des  bois  ,  un  étang  ,  8c  des  dépendances  de  plus 
de  foixante  paroiffes-,  ce  qui ,  joint  à  la  beauté  &  à  la  va- 
riété des  productions  de  la  terre  de  cette  vallée ,  fait  un 
des  plus  beaux  points  de  vue  de  France. 

La  terre  de  Montmorenci  fut  érigée  en  duché-pairie  , 
l'an  1  j  5  1  ,  par  Henri  II ,  en  faveur  d'Anne  de  Montmo- 
renci ,  connétable  de  France  ,  avec  l'union  d'Escouan  , 
Chantilli ,  Montepilloir  ,  Chamverfi  ,  Courtoir  ,  Vaix- 
lez-Creil ,  Tillais ,  le  Pleflier,  la  Ville  Neuve  8c  leurs 
dépendances.  C'étoit  auparavant  une  des  anciennes  ba- 
ronnies  du  royaume ,  tenue  immédiatement  de  la  cou- 
ronne, à  un  faucon  d'or  de  relief ,  8c  ayant  plus  de  fix 
cens  fiefs  qui  relevoient  de  fa  feigneurie.  Ce  duché  ayant 
été  éteint  par  la  mort  du  maréchal ,  duc  de  Montmo- 
renci,  Louis  XIII  en  1633  ,  érigea  de  nouveau  cette 
terre  en  duché  ,  en  faveur  d'Henri  II  du  nom ,  duc  de 
Bourbon  ,  prince  de  Coudé ,  à  la  réferve  de  la  terte  , 
feigneurie  8c  juftice  de  Chantilli  8c  de  fes  dépendances. 
Le  nom  de  Montmorenci  fut  changé  en  celui  d  Enguien, 
par  lettres-parentes  du  mois  de  Septembre  1689,  regi- 
ftrées  au  parlement  de  Paris  le  2  de  Janvier  1690. 

Jean  le  Laboureur  ,  prieur  de  Juvigné,  renommé  par 
fon  lavoir,  étoit  originaire  de  Montmorenci.  En  1641, 
il  publia  les  tombeaux  des  perfonnes  illuftrcs  avec  leur 
généalogie,  &  fit  imprimer  cinq  ans  après  le  voyage  de 
la  reine  de  Pologne.  Il   mourut  au  mois  de  Juin  1675. 

2.  MONTMORENCI  (  La  vallée  de  ).  Voyez.  Mont- 
morenci 1. 

3.  MONTMORENCI- BEAUFORT.  Voyez.  Beau- 
fort  2. 

4.  MONTMORENCI  (  Le  fault  de  ) ,  lieu  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  le  Canada.  C'eft  une  chu- 
te d'eau  de  deux  cens  cinquante  pieds  de  haut.  Sa  nappe, 
qui  eft  fort  large,  tombe  à  pic  dans  un  abyme  fur  un 
gros  rocher ,  8c  forme  une  pluie  continuelle.  Ce  lieu  fé- 
pare  la  feigneurie  de  Beaupré  de  celle  de  Bcauport ,  près 
de  Québec. 

MONTMOROT ,  ville  de  France ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  chef -lieu  du  bailliage  de  même  nom,  à  une 
lieue  8c  demi  au  couchant  d'été  de  Lons-le-Saunier  :  c'é- 
toit le  fiége  du  Bailliage  d'Aval  :  il  eft  aujourd'hui  à 
Lons-le  Saunier. 

MONTOIRE  ,  petite  ville  de  France ,  dans  l'Orléa- 
nois  fur  le  Loir,  à  quatre  lieues  au-deffous  de  Vendôme. 
Cette  ville  eft  celle  que  les  anciens  nommoient  Mons- 
Aureus ,  dit  Corneille.  Il  faut  qu'il  ait  pris  Geofioi  de 
Vendôme  pour  un  écrivain  ancien  ,  puisque  nous  ne 
Trouvons  perfonne  qui ,  avant  lui ,  ait  appelle  Montoire 
Mons-Aureus.  Montoire  eft  renommée  par  la  quantité 
de  toiles  qui  s'y  fait.  *  PiganiJ ,  Defc.  de  la  Fiance , 
t.  6.  p.  1 16. 

MONTOISON  ,  lieu  de  France  ,  dans  le  Dauphiné  , 
près  de  Valence.  Ce  lieu  fait  le  titre  d'une  branche  de  la 
maifon  de  Clermont ,  &  fon  nom  eft  devenu  bien  illuftre 
depuis  Philebert  de  Clermont  ,  feigneur  de  Montoifon  , 
capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes ,  lieutenant  gé- 
néral des  armées  du  roi  Louis  XII,  mort  en  151 2  ,  & 
qui  paffoit  pour  un  des  plus  grands  capitaines  de  fon 
tems.  11  eit  enterré  dans  I'églife  de  Montoifon  ,  &  c'eft 
à  lui  à  qui  on  fait  honneur  de  cette  devife  :  A  la  recoure 
Montoifon,  qui  eit  écrite  en  lettres  d'or  dans  la  baffe  cour 
du  château  de  cette  terre.  On  prétend  en  effet  qu'à  la 
journée  de  Fornoue  ,  Chailes  VIII ,  fe  voyant  preffé  par 
les  ennemis ,  fe  fervit  de  ces  termes  :  A  la  recoujje  Mon- 
toifon ,  en  appellant  Philebert  de  Clermont  à  fon  fecours. 
On  ajoute  que  ce  feigneur  chargea  alors  l'ennemi  avec 
tant  de  vigueur  ,  qu'il  dégagea  le  roi.  *  Voyez,  les  notes 
d'E.vpiliy  fin-  la  vie  du  chevalier  Bayard, 

MONTOLIEU  ,  ou  Montolivet  ,  Mons  Oliva- 
rum  ,  petite  vilie  de  Fiance  ,  dans  le  Haut-Languedoc  ,. 
au  diocèfe,  8c  à  deux  lieues  au  nord  de  Carcaffonne , 
fur  l'Alrau  :  il  y  a  une  abbave  d'hommes  de  l'ordre  de 
faint  Benoît ,  congrégation  de  faint  Maur,  fondée  felon 
les  uns ,  par  Charlemagne  ,  8c  félon  d'autres  ,  par  Ro- 
ger ,  premier  comte  de  Touloufe.  Entre  fes  abbés ,  on 
remarque  principalement  D.  Guillaume  de  Court  , 
docteur  en  droit  canon,  qui,  en  i}}6,  affilia  à  l'affem- 


MON 


blée  tenue  pour  la  réforme  de  l'ordre  de  faine  Benoît.  Il 
fur  enfuue  fait  cardinal  prêtre  ,  puis  facré  évêque  de 
Tustuliun , 'par  le  pape  Clément  VI.  Il  mourut  a  Avi- 
gnon en  1561.  Il  y  avoit  autrefois  à  Moncolieu  une 
nunufactu.  e  confidérable  de  draps ,  à  ce  que  dit  Catch 
*  Sarnfon ,  Atlas. 

MONTONA  ,  ville  d'Italie ,  dans  l'Iftric  ,  vers  le 
milieu  de  cette  province.  Elle  efl  fituée  en  fort  bon  air  , 
dit  Corneille  ,j)k'L  qui  cite  Davity.  Il  ajoute  qu'elle  eft 
fur  la  rivière  de  Quiéto.  Cependant  Magin  ,  carie  de 
l'iftrïe ,  l'en  éloigne  de  plus  de  deux  milles  à  la  gauche. 
Cette  ville  s'eft  gouvernée  d'abord  par  elle-même ,  Se 
donnoit  feulement  trente-cinq  marcs  d'argent  au  patriar- 
che d'Aquilée  ;  mais  enfuite  elle  fe  fournit  aux  Vénitiens 
en  1276.  Elle  a  quinze  villages  dans  fon  reflbrt,  Se  le 
bois  de  Vallelong  de  quinze  milles ,  par  lequel  pafle  la 
rivière  de  Quiéto. 

MONÏONE  ,  rivière  d'Italie  ,  nommé  Vitis  par  les 
anciens.  Voyez.  Vitis.  Elle  a  fa  fource  au  mont  Apen- 
nin, prend  fon  cours  du  midi  au  nord  oriental,  'pafle 
à  Citta  de  Sole ,  dans  les  états  du  grand  Duc  ,  &  enfuite 
\  a  mouiller  Ravenne  ,  au-deflbus  de  laquelle  elle  le 
jette  dans  le  golfe  de  Venife.  *  Magin ,  Carte  de  l'état 
de  l'Eglife. 

MONTORELLA,  lieu  d'Italie,  dans  la  Campagne 
de  Rome ,  3  quatre  milles  du  bourg  de  Poli.  C'elt  un 
fameux  pèlerinage  fur  une  montagne  fort  ftérile  ,  &  cou- 
\crte  plus  fouveut  de  neige  que  de  verdure  II  y  a  une 
ancienne églife  dédiée  à  la  Vierge  ,  Se  bkie  par  l'empe- 
reur Conltantin  ,  à  Tendron  où  faint  Euftache  eut  l'ap- 
parition d'un  cerf.  Le  duc  de  Poli  y  entretient  un  chape- 
lain ,  Se  aux  enviions ,  au  plis  haut  de  la  montagne , 
demeureur  quelques  hermites.  Les  Jéfuites  font  une 
million  tous  les  ans  dans  ce  lieu  au  mois  de  Septem- 
bre ,  durant  l'octave  de  faint  Euftache.  On  y  voit  un 
grand  concours  de  peuples  circonvoifins ,  qui  franchis- 
sent avec  zèle  une  montagne  fi  haute  Se  fi  escarpée. 
*  Corn.  Dict.  Nouveau  voyage  d'Italie  ,  t.  2. 

MONTORIODI  PETESE,  bourgade  d'Italie,  dans 
la  Sabine  ,  auprès  de  Pietra-Forte ,  à  l'orient  feptentrio- 
nal.  *  Magin  ,  Carte  de  la  Sabine. 

MONTORIO  DI  ROMAGNA  ,  bourg  d'Italie  , 
dans  la  Sabine  ,  vers  la  fource  de  la  rivière  Correfe  . 
environ  à  trois  lieues  de  Tivoli ,  vers  le  nord. 

MONTORO.  Voyez.  Epora. 

MONTOSSE  ,  Monfurferii ,  petite  ville  de  France  , 
au  diocèfe  de  Coruminges,  dans  les  enclaves  delà  judica- 
rure  de  Rivière  :  c'eft  une  ancienne  châtellenie  de  la  fé* 
néchauflee  de  Touloufe  ,  auprès  de  la  Nefte. 

MONTOURNOIS,  bourg  de  France,  dans  le  Poi- 
tou ,  élection  de  Fontenai. 

MONTÔURUTIER ,  bourg  de  France  ,  dans  le 
Maine  4  élection  de  Mayenne. 

MONTPELLIEPv  ,  en  latin  Mons  PeJJidanus  ou 
Mons  Pèlerins  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Languedoc  ,  à 
une  lieue  de  Maguelone ,  à  deux  de  la  côte  de  la  mer 
Méditerranée  ,  à  huit  de  Nîmes ,  Se  à  quinze  de  Nar- 
bonne  ,  fur  une  colline  dont  la  rivière  de  Lez  arrofe  le 
pied. 

Montpellier  (a)  efl:  aujourd'hui  la  ville  la  plus  confidé- 
rable de  la  province  de  Languedoc  après  Touloufe.  Ce 
n'eft  pas  une  ville  ancienne ,  puisqu'elle  doit  fon  ori- 
gine à  l'entière  ruine  de  Maguelone  ,  qui  étoit  fituée  au 
midi  de  Montpellier  ,  dans  une  ifle  de  l'étang  de  Thau. 
Voyez,  Maguelone. (b)  Le  fiége  épiscopal  étoit  autre- 
fois à  Maguelone  ,  d'où  Charles  Martel  le  transféra  à 
Suftantion  ;  où  il  demeura  trois  cens  ans  ,  au  bout  des- 
quels Arnaud  fît  rebâtir  la  ville  de  Maguelone  vers  l'an 
1060  ,  Se  y  transféra  levêché  en  109J  -,  mais  Paul  III  t 
à  la  follicitation  de  François  I,  &  de  Guillaume  Peliffier, 
évêque  de  Maguelone.  ,  le  transféra  à  Montpellier.  L'é- 
vêque  Se  les  habiians  furent  transférés  à  Suftantion;  mais 
l'air  s'y  trouvant  mauvais ,  ils  réfolurenr  d'abandonner 
ce  lieu  ,  Se  de  bâtir  une  nouvelle  ville  fur  la  montagne 
où  eft  Montpellier.  On  croit  qu'ils  furent  déterminés  à 
choifir  ce  terrein  par  la  fainteté  de  deux  filles  qui  y  yi- 
voient  dans  une  espèce  d'hermitage  ,  ce  qui  a  fait  don- 
ner à  cette  ville  le  nom  de  Mms  Puellarum.  Ce  qu'a 
écrit  l'abbé  de  Longuerue  touchant  l'origine  de  cette 
ville ,  diffère  un  peu  ôc  revienr  cependant  au  même  pour 


MON  397 

l'eflenticl.  Montpellier,  dit-il,  a  commencé  par  un  vil- 
lage qui  fut  donné  à  Rituin ,  évêque  de  Maguelone  , 
par  une  dame  pieufe  ,  fœur  de  faint  l'Iurand,  évêque 
de  Lodève  l'an  57;  ,   fous  le  règne  de  Lothaire.  Rituin 
donna  quelque  terris  après  ce  lieu  à  Gui ,  un  des  cheva- 
liers ou  vaflaux  du  comte  de  Suftantion  Se  de  Melgoirê. 
Gui  fut  le  premier  de  tous  les  feigheurs  de  Montpellier. 
Ses  fucceffeurs  ont  toujours  connu  tevëqùé  de  Mague- 
lone pourlcur  feigneur  fuzerain  ,  Se  quoique  ce  prélat  et 
fes  prédécefieurs  euffent  reconnu  pour  leur  temporel  les 
comtes  de  Suftantion  S:  de  Melgoiie  ,  néanmoins  ils  vou- 
loient  que  le  roi  de  France  fût  leur  premier  (eigneùV'cxïéuc 
fouverain  ;  c'eft  pourquoi  l'évêque  Raymond  s'adrcfïa  à 
Louis  le  jeune  ,  qui  lui  confirma  ,  Se  à  fon  églife  tous  fes 
droits  l'an   1 1  jj  ,  ce  qui  fut  de  nouveau  confirmé  par 
Philippe- Augufte,  qui  en  donna  des  lettres  paternes  à 
l'évêque  Guillaume  d'Altignâc.  (  a  )  Longuerue  ,  Defc. 
de  la  France,  part.  1.  p.  zj.ï.  (b)  Piganiol ,  Defcript; 
de  la  France  ,  t.  4.  p.  3  77. 

La  feigneuric  de  Montpellier  toinb'a  plufieurs  fois  en 
quenouille,  depuis  la  fin  du  dixième  fiécle ,  jusqu'au 
commencement  du  treizième  ;  alors  Marie  ,  fille  Se  hé- 
ritière de  Guillaume,  feigneur  de  Montpellier,  époufa 
Pierre ,  roi  d'Arragon  ,  Se  comte  de  Barcclonne.  Leur 
fils  Jacques ,  aufli  roi  d'Arragon  ,  hérita  de  la  feigneurie 
de  Montpellier,  qui  étoit  un  propre  de  fa  mère,  Se 
qu'il  fe  réferva,  lorsqu'il  abandonna  à  faint  Louis  tout  ce 
qu'il  avoit  ou  prêtendoit  avoir  en  Languedoc.  Ce  roi 
d'Arragon  reconnut  pour  fon  feigneur  l'évêque  de  Ma- 
guelone, Se  lui  fit  hommage  de  la  feigneurie  de  Mont- 
pellier. Il  donna  cette  feigneurie  à  fon  plus  jeune  fils 
Jacques ,  avec  le  royaume  de  Majorque ,  Se  ce  prince 
Jacques  reconnut  aufli  l'évêque  pour  cette  même  fei- 
gneurie ;  mais  il  avoua  l'an  1307  ,  par  un  acte ,  qu'il 
renoit  de  la  couronne  de  France  tout  ce  qu'il  poucdoit 
dans  le  diocèfe  de  Maguelone  :  car  dès  l'an  1192  ,  Phi- 
lippe le  Bel  avoit  acquis  par  échange  les  droits  de  l'évê- 
que de  Maguelone  fur  Montpellier  Se  fes  dépendances  ; 
de  forte  que  Sanche  Se  Jacques ,  fon  fuccefleur  ,  rois  de 
Majorque  ,  ne  reconnurent  plus  que  le  ici  de  France  » 
pour  la  feigneurie  de  Montpellier  ,  Se  le  roi  Jacques  III 
la  vendit  l'an  1349,  à  Philippe  de  Valois  pour  le  prix 
de  fix-vingt  mille  écus  d'or. 

Le  roi  d'Arragon  voulut  s'oppofer  à  l'exécution  de  ce 
contrat  ;  mais  il  renonça  à  fes  prétentions  l'an  1 3  j  1  ,  à 
la  charge  qu'on  feroit  le  mariage  d'une  de  fes  filles  avec 
Louis,  duc  d'Anjou,  fils  du  roi  Jean.  Ifabelle  ,  femme 
de  Jean ,  marquife  de  Montferrat ,  Se  fille  de  Jacques 
III ,  roi  de  Majorque  ,  dernier  feigneur  de  Montpellier , 
foutint  encore  fes  prétentions  fur  cette  ville  ,  fous  pré- 
texte que  le  Contrat  pafle  entre  les  rois  de  France  Se  de; 
Majorque  ,  n'avoir  pas  été  exécuté  en  toutes  fes  claufes  t 
ce  différent  fut  terminé  par  une  transaction  qu'Ifabclle 
fit  avec  Charles  VI ,  l'an  1396. 

Les  rois  d'Arragon  renouvellercnt  leur  ancienne  de- 
mande pour  la  feigneurie  de  Montpellier  ;  ce  qui  fut 
terminé  l'an  1500,  par  un  traité  entre  Louis  XII  ,  Se 
Ferdinand  le  Catholique.  Le  roi  de  France  ayant  renon- 
cé de  nouveau  à  tous  fes  droits ,  Se  à  ceux  de  fes  prédé- 
ceffeurs  fur  le  Rouffillon  ,  le  rci  d'Arragon  lui  céda 
tout  ce  qu'il  prêtendoit  à  Montpellier  Se  à  fes  dépen- 
dances. 

Montpellier  eft  une  des  plus  belles  villes  du  royaume  ; 
quoique  mal  percée  &  mal  fituée.  Elle  a  fept  portes* 
Se  un  grand  nombre  d'églifes  Les  maifdns  ont  peu  d'ap- 
parence en  dehors  ;  mais  propres  en  dedans.  Celle  du 
préfident  d'Esplans  eft  belle  ,  commode  ,  8c  des  plus  lo- 
geables de  toute  la  ville.  Les  princes  ,  fils  de  France  ,  y 
logèrent  en  170 1  ,  pendant  leur  féjour  à  Montpellier. 
Sa  fituation  elt  agréable  ,  Se  les  appartemens  font  beaux 
&  commodes.  Le  palais,  où  les  corps  de  jufricé  s'aÏÏem- 
blent  ,  eft  un  bâtiment  neuf  &  presque  fans  fymmétrie. 
Il  eft  (  a  )  à  l'un  des  bouts  Se  au  quartier  le  plus  élevé  de 
la  ville,  près  d'une  belle  place,  où  paroît  une  horloge 
au-deflus  des  priions.  La  place  de  la  Canourgue ,  où 
s'affemble  ce  qu'il  y  a  de  plus  diftingué  parmi  la  110- 
blefle  pour  entendre  les  concerts  Se  les  férenades ,  l'em- 
porte fur  toutes  les  autres  :  la  grande  rue,  celle  de  1T- 
guillerie,  du  Cheval  Blanc  ,  de  la  Blanquerie  ,  de  Caf- 
tres  &  du  Pile-faint-Gilles,  font  fçrt  belles.  L'égiii'eds 


398 


MON 


M  O  N 


Notre-Dame,  l'une  des  trois  paroifles  de  la  ville,  eft 
remarquable  par  fa  haute  tour ,  par  le  rableau  de  fon 
'maître  autel ,  Se  par  une  chapelle  de  Notre-Dame.  L'é- 
glife  cathédrale  de  Saint  Pierre ,  que  les  guerres  des  Reli- 
gionnaires  avoient  détruite  ,  Se  qu'on  prétend  avoir  été 
bâtie  par  le  pape  Urbain  V  ,  fur  rétablie  en  partie  par  le 
cardinal  de  Richelieu.  On  admire  la  beauté  de  fa  ftru- 
cture ,  la  hauteur  de  la  tour  qui  s'élève  au-deffus  du 
chœur,  Se  les  deux  autres  tours  fans  cloches  qu'on  voie 
au-deffus  de  fon  portail.  Le  palais  de  l'évcque  cil  tout 
proche,  bâti  de  groffes  pierres,  comité  la  plupart  des 
maifons  de  Montpellier ,  qui  font  ornées  de  petites  gué- 
rites un  peu  au-deflus  du  toit ,  pour  y  aller  prendre  l'air 
&  le  vent  frais  qui  s'élève  toujours  fur  les  neuf  heures , 
Se  calme  la  grande  chaleur  de  ce  pays,  La  mai  fon  de 
ville  efl  un  palais ,  dont  les  fales  &  les  chambres  ne  font 
pas  moins  remarquables  pour  leur  fymmétrie  ,  leur  lon- 
gueur &  leur  largeur,  que  pour  les  belles  peintures  qui 
les  ornent.  On  voit  dans  le  couvent  de  faint  Paul ,  le 
bâton  de  pèlerinage  de  faint  Roch.  Il  a  environ  cinq 
pieds  de  haut  :  la  couleur  du  bois  efl  noirâtre  ,  avec  plu- 
sieurs nœuds ,  dont  l'un  représente  la  tête  d'un  ange.  Il 
eft  ferré  par  les  deux  boute  ,  Se  pefe  treize  livres.  Ce 
faint  homme  naquit  Se  mourut  (  b  )  à  Montpellier  : 
cependant  il  n'eft  fait  aucune  mention  de  ce  faint,  ni 
dans  le  Thalamus  ,  qui  eil  le  regiflre  de  tout  ce  qui  eil 
arrivé  dans  cette  ville  depuis  fa  fondation  ,  ni  dans  le 
vieux  rituel  de  l'églîfe  de  Notre-Dame  des  Tables ,  où 
l'on  trouve  les  oraifons  qu'on  difoit  en  rems  de  pefte. 
Lé  cours ,  appelle  la  Place  des  Ormeaux  ,  eil  près  de  la 
porte  de  la  Sonnerie  ,  où  font  des  marais ,  Se  un  peu 
d'ombrage  fous  les  arbres  qui  bordent  la  petite  rivière 
de  Merdançon.  Ce  lieu  eil  une  promenade  allez  agréa- 
ble ,  &  ornée  de  la  Itaruc  de  Louis  XIV,  faite  par  Coyfe- 
vaux.  La  porte  par  laquelle  on  y  entre  ,  eil  un  arc  de 
triomphe  ,  bâti  avec  beaucoup  de  dépenfe  ,  tout  revêtu 
d'architecture ,  accompagné  de  quatre  reliefs  parfaite- 
ment beaux.  Le  premier  des  deux  qui  font  du  côté  de 
la  ville ,  repréfente  la  Religion  qui  renverfe  Se  détruit 
Fhéréfie.  On  y  lit  cette  infçription  :  Extintià  Hxrefî. 
L'autre  fait  voir  la  jonétion  des  deux  mers  par  le  moyen 
du  canal.  L'infcription  efl  conçue  en  ces  termes  :  Jun- 
ftis  Oceano  &  Al  éditer  raneo  mari.  Des  deux  ba  -reliefs 
qui  font  du  côté  de  la  promenade  ,  l'un  repréfente  Her- 
cule qui  terraffe  un  lion  ,  Se  épouvante  une  aigle  :  Fu- 
Jis  terra  marique  conjuratis  gentibm.  Dans  l'autre  on 
voit  parmi  des  trophées  ,  des  villes  Se  des  provinces  qui 
fe  foumertent  à  la  France  :  On  lit  ces  mots  au-deflbus  : 
Sub  oculis  boftium  Belgii  arcibus  expugnatis.  En  fortant 
par  cette  porte  l'on  découvre  fur  la  droite  le  jardin  du 
roi.  Ce  jardin  efl  très-bien  entretenu.  11  y  a  fix  grandes 
allées  principales,  Se  quelques  unes  font  en  amphithéâ- 
tre. Celles  des  plantes  médecinales  font  élevées  &  revê- 
tues de  pierres.  Il  y  a  des  rigoles  de  dillance  en  dillance , 
Se  des  robinets  pour  lesarrofer.  On  voit  un  nombre  in- 
fini de  plantes  différentes  dans  ce  jardin.  (  a  )  Cor».  Dicl. 
(  b  )  Piganiol,  Defc.  de  la  France  ,  t.  4.  p.  381. 

Les  Huguenots  s'étant  emparés  de  cette  ville  fous  le 
règne  d'Henri  III ,  y  érigèrent  une  manière  de  républi- 
que ;  qui  dura  jusqu'à  l'an  1622,  qu'elle  fe  fournit  à 
Louis  XIII ,  après  un  long  Se  fanglanr  fiége.  Ce  prince 
y  fit  fon  entrée  après  la  paix  ,qui  y  fut  faite  cette  même 
année  avec  les  Religionnaires.  Peu  après  Louis  XIII 
y  fit  bâtir  une  citadelle  fur  une  esplanade,  nommée  le- 
Havre  Saint  Denys.  Elle  commande  la  ville  Se  la  campa- 
gne. C'ell  une  place  allez  grande.  Sa  figure  efl  un  carré 
parfait ,  compofe  de  quatre  ballions.  Tout  autour  rè- 
gne un  fofTé  plein  d'eau ,  dans  lequel  font  trois  demi- 
lunes  de  terre.  Le  fofTé  de  ces  demi-lunes  eil  fec  ,  parce 
qu'elles  font  plus  élevées  que  le  corps  de  la  place.  Toute 
la  citadelle  eft  enceinte  de  fon  chemin  couvert  &  de  fon 
glacis.  On  entre  dans  cette  fortereffe  par  deux  portes  ;  fa- 
voir ,  par  le  côté  de  la  ville  ,  Se  par  la  porte  de  Secours 
du  côté  de  la  campagne.  La  place  d'armes  efl:  fort  grande, 
&  occupe  presque  tout  le  dedans  de  la  citadelle.  Elle 
efl  terminée  par  trois  grands  corps  de  bâtimens ,  Se  par 
un  corps  de  garde  ,  qui  efl  auffi  un  grand  édifice  ,  & 
qui  efl  poflé  du  côré  de  la  ville.  Le  parti  Cnlvinille  pré- 
tendit que  la  conltruélion  de  cette  fortereffe  éroit  une 
infraction  au  traité  de  paix  Se  à  l'édit  qui  le  confirmoit. 


Ce  fut-là  un  des  prétextes  que  prit  le  duc  de  Pvohan  ,  gé- 
néral  des  Huguenots ,   pour  recommencer  la  guerre 
qui  leur  fut  funelle  ,  Se  la  citadelle  fubfiila  malgré  les 
efforts  de  leur  parti.  *  Long/terne  ,   Defc.  de  la  France, 
part.  1.  p.  ly). 

Le  diocèfe  de  Montpellier  n'efl  compofé  que  de  cent 
fept  paroifles  ,  Se  vaut  environ  31000  livres.  Il  y  a 
dans  ce  diocèfe  une  abbaye  d'hommes ,  qui  eft  celle  d'A- 
niane.  Voyez.  Aniane;&  trois  de  filles  ,  favoir,  Vi- 
gniegoul  ,  Gigean  &  Saint  Gêniez.  L'abbaye  de  Vi- 
gniegoul  elt  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  &  jouit  de  quatre 
mille  livres  de  rente.  Gigean  efl  du  même  ordre.  Celle 
de  Saint  Gêniez  jouit  de  cinq  mille  livres  de  revenu. 

Dans  la  fénéchauffée  de  Montpellier  il  n'y  a  aucun  au- 
tre bailliage  royal  que  la  fénéchauffée  Se  le  préfidial.  Le 
fenéchal  efl  d'épee  ,  Se  fa  charge  payoit  l'annuel  ;  mais 
depuis  les  arrêts  du  confeil  d'état  du  roi  du  z6  Octobre 
Se  du  2.6  Décembre  1719,  toutes  ces  charges  ne  font 
qu'à  vie.  La  juftice  fe  rend  au  nom  du  fénéihal ,  dont 
les  appointemens  font  de  quatre  cens  ving-cinq  livres. 

Il  y  a  à  Montpellier  une  jurisdiétion  ,  qui  reffortit  au 
parlement  de  Touloufe.  C'eft  la  Cour  du  petit  feel ,  l'une 
des  trois  du  royaume  qui  font  attributives  de  jurisdi- 
clion.  Elle  fut  établie  par  fainr  Louis  pour  la  facilité  du 
commerce.  Ce  prince  lui  accorda  plufieurs  privilèges , 
comme  de  pouvoir  faifir  la  perfonne  Se  les  biens  en 
même  tems  ;  que  le  'débiteur  ne  pourroit  propofer  fes 
défenfes,  qu'il  neût  configné  la  fomme  •,  qu'il  ne  pour- 
roit décliner  la  jurisdiclion  -,  qu'il  ne  feroit  reçu  à  propo- 
fer que  trois  fortes  d'exceptions  ;  favoir  ,  le  payement 
de  la  dette  ,  la  convention  de  ne  la  point  demander  Se 
la  faufleté  de  l'acte.  On  dreffa  un  ftyle  particulier  qui 
s'obferve  encore  aujourd'hui  fort  régulièrement  ;  mais  la 
contrainte  par  corps  a  été  abolie  par  l'ordonnance  de 
1667. 

La  féconde  compagnie  fupérieure  du  Languedoc,  pour 
rendre  la  juftice  aux  peuples ,  elt  établie  à  Montpellier. 
Elle  étoit  autrefois  fepârée  en  chambre  des  comptes  Se 
cour  des  aides.    L'établiffement  de  cette  dernière  étoit 
plus  ancien  dans  cette  province  que  celui  de  l'autre. 
Dans  le  premier  étabhffcment  du  parlement  de  Touloufe 
en  1303  ,  les  généraux  des  aides  furent  fixés  dans  Tou- 
loufe Se  unis  au  parlement.  Ce  fut  en  1467,  pendant 
que  cette  cour  fupérieure  fut  rendue  fédentaire  à  Mont- 
pellier que  le  roi  en  desunit  les  généraux  des  aides ,  Se 
en  fit  une  cour  diltincle  &  féparée.   Malgré  cette  des- 
union ,  cette  cour  fuivitle  fort  du  parlement  Se  revint  à 
Touloufe  en   1468;  mais  peu  après,  elle  retourna  à 
Montpellier  ,  où  elle  a  toujours  été  fédentaire  depuis. 
Les  officiers  Subalternes  de  cette  cour,  telle  qu'elle  eft  au- 
jourd'hui ,  font  par  rapport  à  la  chambre  des  comptes, 
les  comptables  des  bureaux  des  finances  de  Touloufe  Se 
de  Montpellier ,  Se  par  rapport  à  la  cour  des  aides ,  les 
vifiteurs  de  gabelles  ,  les  maîtres  des  ports  ou  juges  des 
traites  Se  droits  forains ,   &  les  juges  conservateurs  de 
l'équivalent.  Ces  derniers  ont  été  établis  pour  juger  des 
différents   qui  naiffent  fur  la  levée  d'un  droit   appelle 
Equivalent ,  parce  qu'il  équipolle  à  la  valeur  des  aides, 
à  la  place  desquelles  il  a  été  établi  dans  la  province. 
Ce  droit  fe  levé  fur  le  vin  ,  la  viande  fraîche  Se  falée  , 
&  fur  le  poiffon.  Il  y  avoit  vers  l'an  14.60,  neuf  juges 
appelles  Conservateurs  de  l'Equivalent ,   qui  jugeoient 
en  dernier  reffort  de  tout  ce  qui  pouvoit  concerner  ce 
droit  dans  les   trois    fénéchauffées  du   Languedoc.    Le 
nombre  en  fut  enfuite  augmenté  jusqu'à  quinze  ;  mais 
Louis  XI  fupprima  ces  confervateurs  l'an  1467,  &  la 
jurisdiétion  de  l'Equivalent  fut  attribuée  en  dernier  res- 
fort  à  la  cour  des  aides  de  Montpellier,  Se  en  première 
inltance  aux  juges  de  l'Equivalent  établis  dans  cette  ville, 
ou  aux  Sénéchaux  qui  en  connoiffent  encore  à  préfent. 
Le  roi  étant  le  feul  dans  le  royaume  qui  puiffe  impofer 
des  tailles,  il   Semble  que  la  connoiffance  des  différents 
qui  Surviennent  pour  l'impofition  ,  doit  appartenir  aux 
juges  royaux  ,   privativement  aux  juges  des  Seigneurs  : 
néanmoins  l'utilité  publiq  îe  a  prévalu  dans  le  Langue- 
doc ,  Se  les  juges  des  Seigneurs  y   Sont  en  poffeffion  de 
conno'itre  dans  leur  di'lricSt  des  matières  des  tailles, com- 
me les  juges  royaux  dans  leur  reffort. 

Les  bureaux  des  tréforiers  de  France   de  Montpellier 
Se  de  Touloufe  ,  furent  établis  en  i/;i  ,  &  depuis  on 


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y  a  fait  des  augmentations  d'officiers  ,  comme  dans  ceux 
des  autres  provinces.  Ils  avoient  autrefois  la  direction 
du  domaine  ,  des  finances  Se  des  chemins  ;  mais  par 
édit  du  mois  de  Novembre  1690,  la  jurisdiction  con- 
tentieufe  du  domaine  eft  attribuée  à  la  chambre  des 
comptes  de  Montpellier  ;  &, comme  la  province  fait  les 
fonds  pour'  L\  réparation  des  grands  chemins  ,  fuivant 
un  arrêt  du  conléil  d  état  du  24  Septembre  1665  ,  les 
tréforiers  de  France  ne  connoiffoient  en  Languedoc  que 
de  l'alignement  des  rues  Se  de  l'inféodation  des  lieux  inu- 
tiles ou  vacans.  Ils  ont  encore  l'intendance  des  gabel- 
les qui  leur  donne  une  infpcétion  générale  fur  les  fail- 
lies. 

H  y  a  aufli  à  Montpellier  vme  jurisdi&ion  confulaire , 
que  l'on  appelle  la  bourfe  commune. 

L'univerfité  de  Montpellier  eft  compofée  de  quatre 
facultés  ;  mais  qui  ne  font  pas  unies  ;  car  chaque  facul- 
té y  fiit  un  corps  féparé.  Cette  univerfité  elt  très-an- 
cienne. Elle  croit  autrefois  célèbre  pour  toutes  les  feien- 
ces  i  fur-tout  pour  le  droit,  dès  le  douzième  ficelé.  Ceft- 
là  que  le  jurisconfulte  Placentin  alla  s'établir.  Il  y  ex- 
pliqua des  premiers  en  fiance  les  loix  romaines ,  qu  le 
corps  du  droit  civil ,  Se  y  mourut  en  1 192.  Azo,  doefeur 
de  Boulogne  ,  fut  appelle  dans  le  îrïéme-tems  à  Mont- 
pellier ,  où  il  enfeigna  pendant  dix  ans  ,  Se  il  eut  pour 
fucceffeur  Accurfe,  qui  étoit  venu  de  la  même  ville  de 
Boulogne  à  Montpellier.  Cette  univerfké  ne  reçut  néan- 
moins fa  forme  entière  Se  parfaite  qu'en  1289  ,  lorsque 
les  habitans  de  Montpellier  obtinrent  de  Philippe  le  Bel , 
le  privilège  général  des  études.  Celles  du  droit  y  ont 
fleuri  jusqu'au  rpgne  de  Louis  XI ,  qui  ayant  fait  une 
allèmbiée  à  Orléans ,  au  fujet  de  la  pragmatique  fan- 
ction,  y  fit  venir  les  plus  habiles  doefeurs  en  droit  civil 
Se  canon.  Il  y  en  eut  un  de  Mon:pellier  qui  s'y  diftingua. 
Cette  faculté  a  plus  de  vingt  bulles  des  papes  ,  qui  lui 
accordent  de  très  beaux  privilèges  que  nos  rois  ont  con- 
firmés. On  compte  parmi  les  profeffeurs  de  cette  faculté 
plufieurs  papes  ,  dont  les  médailles  font  encore  em- 
preintes fur  la  maffe  du  bedeau.  Clément  IV  ik  Urbain 
V  entre  autres  ,  ont  été  de  ce  nombre.  Elle  eft  aujour- 
d'hui compofée  d'un  rciteur ,  d'un  prieur  des  docteurs  % 
dg  quatre  profeffeurs  pour  le  droit  romain  Se  canonique, 
&  d'un  profeffeur  pour  le  droit  françois.  Le  roi  a  en- 
core établi  par  fes  lettre*  patentes  du  3  de  Novembre 
i6"8 2  ,  un  profeffeur  po:r  les  mathémaiques  &  la  navi- 
gation ,  Se  a  voulu  qu'il  eut  rang  Se  féance  avec  les  pro- 
feffeurs en  droit.  *  Longucrue ,  Defcrip.  de  la  France , 
part.  1.  p.  252. 

Aujourd'hui  la  faculté  de  médecine  eft  la  plus  floris- 
fante  :  elle  a  produit  de  grands  hommes.  On  commen- 
ça d'y  enfeigner  cette  feience  en  1  1  So  ,  fous  Guillaume, 
feigneur  de  Montpellier.  Ce  furent  des  médecins  Ara- 
bes ou  Sarrazins  ,  qui  étant  chaffés  d'Espagne  par  les 
Goths,  fe  retirèrent  à  Montpellier  ,  où  Guillaume  leur 
donna  cette  même  année  des  Lttres  qui  les  coniîrmoient 
dans  cette  liberté.  Elle  eft  aujourd'hui  compofée  d'un 
chancelier,  de  fix  profeffeurs  ,  d'un  aggrégé  ,  d'un  pro- 
felleur êk  d'un  démonftrateur  en  chymie.  *  Piganiol  , 
Defcript.  de  la  France  ,  t.  4.  p.  296. 

Le  pape  Martin  V  établit  en  1422  ,  une  école  de 
théologie  à  Montpellier  pour  faite  corps  avec  les  autres 
facultés  ;  mais  les  leçons  ayant  été  interrompues  dans 
cette  univerfité  ,  le  roi  les  y  rétablit  par  fes  lettres  paten- 
tes de  Février  1686  ,  par  lesquelles  fa  majefté  veut 
que  la  théologie  y  foit  enfeignée  par  les  Jéfuites  qui 
etoient  déjà  profeffeurs  des  arts  libéraux. 

L'académie  ou  fociété  royale  des  feiences  de  Montpel- 
lier fut  établie  par  lettres  patentes  du  mois  de  Février 
1706.  Par  ces  lettres  .  le  roi  met  pour  toujours  cette  fo- 
ciété" fous  fa  ptoteéti  m  ,  &#ent  qu'elle  foit  regardée 
comme  une  extenfion  de  l'académie  royale* des  feiences 
de  Paris  ,  6V  qu'elles  ne  faffent  qu'un  feul  &  même  corps. 
Sa  majefté  lui  donna  en  même  tems  des  llamts  contenus 
en  quarante-trois  articles  ,  qui  ne  font  différens  de  l'aca- 
démie royale  des  feiences  de  Paris  ,  qu'autant  que  la 
différence  des  lieux  l'a  demandé.  La  fociété  royale  de 
Montpellier  eft  compofée  de  fix  académiciens  honorai- 
res ,  de  quinze  académiciens ,  &  de  quinze  élèves.  Des 


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quinze  académiciens  ,  trois  s'appliquent  aux  mathémati- 
ques ,  trois  a  l'anatomie  ,  trois  a  la  chymie  ,  trois  a  la  bo- 
tanique &  trois  a  la  phyiique  ,  Se  tous  enfemblc  doivent 
travailler  à  perfectionner  les  arts  &  les  feiences. 

Le  terroir  du  diocèfe  de  Montpellier  ,  quoiqiie  mé- 
diocrement bon ,  eft  couvert  de  vignes  Se  d'oliviers.  Le 
commerce  fe  fait  presque  tout  dans  la  ville  de  Montpel- 
lier. Il  y  en  a  un  qui  lui  eft  fingulier  :  c'eft  celui  du  ver  A 
de  gris  ,  on  n'en  a  jamais  pu  faire  ailleurs  que  dans  cette 
ville  Se  dans  quelques  villages  des  environs.  Il  fert  à  la, 
teinture  ,  à  la  peinture  ,  Se  même  à  la  chirurgie.  On  en 
fait  par  an  dans  Montpellier  environ  deux  mille  quintaux 
&  le  prix  ordinaire  eft  de  vingt  fols  la  livre.  Les  mar- 
chands de  Montpellier  l'achètent  en  détail ,  Se  1  en- 
voient en  Hollande,  en  Allemagne  ,  en  Angleterre  Se  en 
Italie.  *  Pigcwiol,  Defcription.  de  la  France  ,  tom.  q\ 
pag.    307. 

On  fabrique  à  Montpellier,  année  commune,  quatre 
mille  pièces  de  furaine  ,  à  dix-fept  livres  la  pièce.  Le  co- 
ton dont  on  fe  fert  pour  ces  étoffes,  vient  *du  levant, 
ik  on  tire  le  fil  de  la  Breffe.   Ces  futaines  fe  vendent  à 
Touloufe ,  à  Bourdeaux  &  à  Bayonne  ,  d'où  elles  font 
transportées  en  Espagne.    Le  commerce  des  laines  eft  le 
plus  grand  qui  fe  falle  à  Montpellier  Elles  viennent  de 
Smyrne  ,  de  Conftantinople  ,  de  Salé  ,  de  Tunis  ik  d'Es- 
pagne. Les  marchands  de  Montpellier  les  achètent  fur- 
ges,  c'eft-à-dire,  comme  elles  viennent  des  moutons, 
les  font  laver  &  préparer  à  la  petite  rivière  du  Lez  , 
Se  après  les  avoir  alforties ,  ils  les  transportent  aux  foires 
de  Pezenas  ëc   de  Monugnac.  On  fait  aufiï  à  Mont- 
pellier une  grande  quantité  de  couvertures  de  laine.  On 
blanchit  dans  cette  ville  la  cire  jaune  qui  vient  du  Le- 
vant ;  ce  qui  produit  plus  de  cent  mille  livres  par  aru 
On  eftime  cette  cire  infiniment  plus  que  celle  de  Hol- 
lande ,  qu'on  augmente  avec  de  la  graiffe  de  chèvre  Se 
de  bouc ,  &  qu'on  defféche  avec    de  la   cérufe ,  parce 
que  le    foleil  n'y  eft  pas  affez  chaud  pour  la    rendre 
auiîi  belle  que  celle  de   Montpellier.  Les  tanneurs  de 
Montpellier  &  de  Ganges  font  un  commerce  de  cuirs 
qui  monte  à  plus  de  deux  cens   mille  livres  par  an. 
Ils  en  fournirent  la  province ,  ôc  en  envoient  en  Es- 
pagne Se  en  Italie.   Le  commerce   des   vins ,  eaux- de- 
vie  ,  eaux  de  la  reine  d'Hongrie  ,  de  canelle  &  autres 
liqueurs ,  va  à  près  de  cinq  cens  mille  livres  en  tems 
de  paix.  C'eft  la  patrie  de  Ducan,  célèbre  médecin  ;  du 
père  Pujet  de  l'Oratoire  ,  doéteur  de  Sorbonne  ,  auteur 
de  l'excellent  Catéchisme  de  Montpellier. 

MONTPENSIER  ou  Montpencier,  petite  ville 
de  France,  dans  la  Baffe-Auvergne  (a)  ,  avec  titre  de 
duché-pairie.  Elle  eft  fur  une  colline  entre  les  villes 
de  Gannat  &  d'Aigue-Perfe  ,  à  cinq  lieues  de  Clcr- 
mont  au  nord.  Il  y  avoit  autrefois  un  fort  château  ,  qui 
fut  démoli  par  l'ordre  de  Louis  XIII  ,  durant  les  trou- 
bles, de  religion.  On  en  voit  encore  quelques  relies 
fur  un  rocher  escarpé  ,  dans  lequel  l'on  dit  qu'on 
avoit  creufé  une  voûte  qui  conduifoit  fous  terre  jus- 
qu'à la  ville  d'Aigue-Perfe  ,  qui  en  eft  éloignée  d'un 
quart  de  lieue.  Louis  VIII  mourut  dans  ce  château 
fur  la  fin  de  l'année  1226.  Montpenfiera  eu  ancien- 
nement des  feigneurs  particuliers.  Agnès  de  Thiern , 
qui  époufa  Guichard  IV  ,  fire  de  Beaujeu ,  le  porta 
dans  cette  maifon,  Humbert  de  Beaujeu  ,  foii  petit-fils 
ôc  connétable  de  France  ,  laifi'a  une  fille  unique  ap- 
pellée  Jeanne  ,  dame  de  Montpenfier ,  ik  qui  de  Jean 
II,  comte  de  Dreux,  qu'elle  époufâ,  eut  Pierre,  com- 
te de  Dreux.  Jeanne ,  fa  fille  ,  comreffe  de  Dreux 
ik  dame  de  Montpenfier ,  étant  morte  fans  poftérité , 
les  feigneuries  de  Montpenfier  Se  d'Aigue-Perfe  furent 
adjugées  à  Bernard  de  Vendatour,  comme  repréfen-t 
tant  Marguerite  de  Beaujeu  ,  fa  mère.  Peu  de  tems  après 
Montpenfier  fut  érigée  en  comté  ;  mais  ce  Bernard  de 
Vcntadour  le  vendit  en  1384,  à  Jean  de  Fiance,  duc 
de  Berri.  La  princeffe  Marie,  fa  fille  (  b  ) ,  le  porta  a 
Jean  ,  duc  de  Bourbon  ,  premier  du  nom  ,  fon  mari.  Ce 
comté  fut  érigé  en  duché-pairie  par  François  I4  eii 
1538  ,  vérifié  au  parlement  le  6  de  Mars  de  la  même 
année,  Se  confirmé  pour  la  pairie  en  1608.  Marie- 
Annc-Louife  d'Orléans,  unique  héritière  de  tous  les  bien$ 
de  la  branche  de  Bourbon-Montpenfier  mourut ,  le  f 


\ 


MON 


400 

Avril  1693  ,  Sclaiffa  cette  pairie  à  Philippe  de  France, 
duc  d'Orléans ,  frère  unique  de  Louis  le  Grand ,  qui 
par  lettres  parentes  du  mois  de  Mars  169;  ,  accorda  ia 
continuation  de  la  duché  pairie  de  Montpenfier  à  Phi- 
lippe de  France  ,  duc  d'Orléans,  ion  frère ,6c  à  fes  fuc- 
ceffetfrs  mâles  &  femelles.  La  principauté  Dauphine 
d'Auvergne  6e  la  baronnie  de  Combrailles  ,  font  unies 
au  duché  de  Montpenfier.  (a)  Corn.  Diction.  (b)  Pi- 
gariwl ,  Defcript.  delà  France ,  t.  6 .  p.  ; 2  1 . ' 

MONTPESAT,  ville  de  France,  dans  l'Agenois. 
Cette  ville  fut  la  feule  caufe  de  la  guerre  qui  fe  re- 
nouvella  en  1322  ,  entre  la  France  6c  l'Angleterre.  Le 
feigneur  de  Montpcfat  avoit  voulu  faire  fortifier  un 
château  ,  qu'il  avoit  fur  les  limites  des  terres  apparte- 
nantes à  ces  deux  couronnes  ;&  comme  il  y  avoit  un 
différent  entre  elles  pour  railbn  de  ces  mêmes  Unifies , 
les  officiers  de  Châties  le  Bel ,  roi  de  France  ,  empê- 
chèrent que  le  feigneur  de  Montpcfat  ne  fortifiât  l'on 
château.  Sur  ce  différent  il  intervint  yne  fenrence  par 
laquelle  la*  place  fut  adjugée  au  roi  de  France ,  qui  y 
mit  des  gens  pour  la  garder  Se  pour  la  défendre.  Le 
feigneur  de  Montpeiat  mécontent  fe  retira  à  Bourdeaux 
vers  le  fénéchal  d'Angletene ,  qui  pour  foutenir  fes 
intérêts  vint  à  main  aimée  devant  Montpeiat  ,  prit  la 
place  par  force  6c  fit  main  baffe  fur  tous  ceux  qui 
étoient  dedans  en  garçifon.  Charles  le  Bel ,  informé  de 
ces  hoftilrés,  envoya  auffi-tôt  en  Gascogne  une  armée 
confidérable,  qui  après  s'être  faifie  d'Agen  ,  matcha  à 
Montpcfat  ,  la  prit  &  la  rafa  :  la  place  fut  rebâtie  quel- 
que tems  après.  Elle  a  été  prife  depuis  6c  reprife  plu- 
fieurs  fois ,  tant  par  les  Anglois  que  par  fes  propres 
feigneurs.  *  André  du  Chesne ,  Antiquités  des  villes  de 
Fiance  ,  pag.  Si o. 

MONTPESSIER  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Sain- 
tonee  ,  élection  de  Saintes. 

MONTPE1ROUX,  Mons  Petrolus  ,  abbaye  d'hom- 
mes ,  en  France ,  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  filiation  de 
-Bonnevaux,  dans  la  Baffe-Auvergne  ,  diocèfe  de  Clcr- 
mont ,  à  deux  lieues  au  nord  de   Thiers ,  fondée  l'an 
1 126. 

MONTREGE AU  (a)',  petite  ville  de  France ,  dans 
la  Gascogne  ,  au  diocèfe  de  Comminges ,  en  latin  Mons 
Regalis.  Elle  eft  à  deux  lieues  de  faint  Gaudens  du 
côté  de  l'orient  ,  à  une  lieue  de  faint  Bertrand  du  côté 
du  fud ,  fur  une  éminence  au  bas  de  laquelle  paffe  la 
Garonne,  où  la  Nette  fe  décharge  un  peu  plus  haut. 
L'air  feft  très-bon.  L'églife  paioiffiale  eft  dédiée  à  faint 
Jean-Baptifte.  Il  y  a  un  couvent  d'hermites  de  faint 
Auguftin  que  fonda  la  maifon  d'Espagne  ,  maifon  très- 
ancienne  du  pays ,  fondue  dans  celle  de  Gondrin.  Cette 
ville  s'appelloit  autrefois  la  Baptide  ,  6c  étoit  au  bas 
de  la  colline.  Montregcau  (b)  eft  affez  marchande; 
elle  appartient  au  duc  d'Antin.  C'eft  un  des  dix  fiégcs 
de  jullice  royale  du  pays  de  Rivière-Verdun,  (a)  Cura, 
Dict.  xVlémoives  manuferits,  (b  )  Piganiol ,  Defc.  de 
la  Fiance,  t.  4.  p.  y 87. 

MONTRESOR.  Voyez.  Mont-Tresor. 

1.  MONTREVAUX  (Le  grand),  en  latin  Mons 
Revclli,  petite  ville  de  France,  dans  l'Anjou,  élection 
d'Angers  fur  l'ifére  au  pays  de  Manges: elle  a  titre  de 
comté  de  de  •chatellenie.  On  prétend  qu'elle  a  été 
bâtie  par  Foulques  Nera.  Il  s'y  tient  toutes  les  femaines 
un  marché  fort  confidérable  de  befiiaux.  Cette  petite 
ville  a  donné  fon  nom  à  une  famille  illuftre.  *  Piganiol , 
Defc.  de  la  France  ,  t.  7.  p.  1 3  3. 

2.  MONTREVAUX  (Le  petit) ,  bourgade  de  Fran- 
ce ,  dans  l'Anjou ,  élection  d'Angers.  On  y  a  découvert 
une  mine  de  plomb. 

MONTREVEL,  ville  de  France,  dans  la  province 
de  Breffe  fur  la  rivière  de  Reffouze  ,  paroiffe  du  dio- 
cèfe de  Lyon,  comté  le  plus  ancien  de  la  Breffe  :  la 
jullice  d'appel  reffoutit  nuement  au  parlement  de  Bour- 
gogne ou  au  bailliage  de  Bourg  ,  y  ayant  contcilation 
fur  cela  ;  6c  la  juftice  ordinaire  reffortit  îflï  juge  d'appel. 
Cette  ville  députe  aux  érats  de  Breffe.  Ce  comté  ap- 
partient à  la  maifon  de  la  Baume.  *  Carreau  ,  DeCc. 
de  la  Bourgogne. 

i.  MQNTKEUIL,  en  latin  Monajîçriolum  ,  ville 


MON 


de  France  ,  dans  la  Picardie ,  au  comté  de  Ponthieu , 
élection  de  Dourlens,  fur  une  colline  ,  au  midi&  près 
de  la  Canche ,  dans  les  terres  environ  à  trois  lieues 
de  la  mer.  Quelques-uns  veulent  qu'on  l'ait  appelléc 
Montreuil  pour  Mont-Royal ,  mais  il  y  a  plus  d'appa- 
rence que  ce  nom  lui  eft  venu  de  celui  qu'elle  a  en 
latin  Monafterium  ou  Monafteriolum.  Ce  qui  appuie 
ce  fentiment,  c'eft  qu'elle  a  une  abbaye  ancienne  de 
Bénédictins  non  réformés ,  appellée  Saint  Sauve.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  on  nomme  encore  cette  ville  Montreuil 
fur  mer  ,  elle  eft  néanmoins  éloignée  de  la  mer  d'en- 
viron trois  lieues.  Louis  VII  acquit  Montreuil  en 
1224,  de  Guillaume  de  Meneriis  ,  feigneur  de  Main- 
tenay.  Cet!  une  place  fortifiée,  fépatéc  en  haute  6c 
baffe  ville  par  une  fimple  muraille.  On  y  compte  plus  de 
cinq  mille  habitans.  Outre  l'abbaye  de  S.  Sauve  il  y  a  .un 
petit  chapitre  nommé  Saint  Firmin,&huit  paroiffes,  dont 
deux  font  hors  des  murs.  L'abbaye  de  S.  Auftreberte  mo- 
naitete  de  filles  de  l'ordre  de  S.Benoît,  a  été  transférée  du 
lieu  de  fa  fondation  près  de  Hesdin  dans  la  ville  de  Mon- 
treuil. Il  y  a  de  plus  un  couvent  de  Carmes  6c  un  de 
Capucins.  *  Mémoires  divers. 

Le  bailliage  de  Montreuil  a  un  bailli  d'épée,  un  lieu- 
tenant général ,  un  lieutenant  particulier ,  un  confeiller  , 
un  avocat  du  roi ,  un  fubftitut,  un  greffier.  L'étendue 
de  ce  bailliage  étoit  autrefois  plus  confidérable  qu'elle 
n'eft  à  préfent  :  Saint  Orner  ,  Hesdin  ,  Saint  Paul  6c 
Teiouenne  étoient  de.fon  reffort.  Ces  villes  en  furent 
démembrées  par  le  traité  de  Madrid  ,  fous  le  régne  de 
François  I.  Les  appellations  du  bailliage  de  Montreuil 
font  portées  au  parlement  de  Paris ,  hormis  dans  les 
cas  préfidiaux  ;  car  pour  lors  elles  font  portées  au 
préfidial  d'Amiens. 

Cluvier  croit  que  Montreuil  eft  le  Lutomagitl  de  la 
table  de  Peutinger.  *  Piganïol,  Defcrip.  de  la  France, 
t.  3.  p.  161. 

2.  MONTREUIL  ,  bourg  de  France ,  dans  l'Anjou  , 
élection  de  la  Flèche. 

MONTREUIL  L'ARGILE,  petite  ville  de  France, 
dans  la  haute  Normandie  ,  au  diocèfe  de  Lifieux ,  en 
Jatin  Monfirolium.  Elle  eft  fituîe  fur  un  ruiffeau  appelle 
Teinant,  entre  Gaffey ,  Saint  Evroul ,  Chambrais  6c  Or- 
bec.  Le  Ternant  tombe  dans  la  Carentone  entre  Mon- 
treuil 6c  Chambrais.  Cette  ville  eft  le  chef  lieu  d'un 
bailliage.  *  Corn.  Diet.  Mémoiaes  manuferits. 

MÔNTREUIL-BELLAY  ,  petite  ville  de  France, 
dans  l'Anjou  ,  aux  confins  du  Poitou  ,  fur  la  rivière  de 
Toué  ,  à  quatre  lieues  de  Saumur,  à  dix  d'Angers ,  6c 
cependant  du  diocèfe  de  Poitiers  Elle  a  été  fondée  dès 
le  commencement  du  XI,  fiécle,  6c  tire  fon  origine 
d'un  petit  monaftere  qui  avoit  .été  fondé  en  ce  lieu  , 
Se  d'un  feigneur  nommé  Bellay ,  dont  le  nom  a  été 
corrompu  en  Bellay  :  ce  feigneur  y  avoir  fait  bâtir  un 
château  ;  ainfi  cette  ville  fut  nommée  Monafteriolum 
Berlaii ,  6c  en  vieux  françois  Mofterol  Berlay.  Il  eft 
fait  mention  de  ce  Berlay  dans  les  .lettres  de  Geofioy, 
comte  d'Anjou  ,  pour  l'abbaye  de  la  Trinité  de  Ven- 
dôme ,  données  l'an  1030,  Se  à  laquelle  chartre  Berlay 
fouferivit  avec  plufieurs  feigneurs.  Orderic  Vital ,  au 
dixième  livre  de  fes  hiftoires ,  Se  après  lui  Gaufridus 
ou  Geofroy,  disciple  de  faint  Bernard ,  font  mention  des 
feigneurs  de  Montreuil-Bcllay  comme  de  gens  confi- 
dérables,  8e  on  en  voit  un  nommé  Beilay  (comme 
l'ancien)  qui  eft  compté  fous  Philippe  Augufte  entre 
les  chevaliers  Bannetets.  La  race  de  ces  feigneurs  ayant 
été  éteinte  ,  Montreuil -Bellay  fut  réuni  au  domaine  des 
comtes  ou  ducs  d'Anjou.  *  Longuerue ,  Defcription  de 
la  Fiance  ,  part.  1.  pag.  103. 

On  trouve  que  Montreuil  -  Bellay  foutint  un  fiége 
vigoureux  contre  l'armée  de  Geofioy  Plantegeneft ,  com- 
te d'Anjou  ,  qui  s'en  rendit  enfin  le  maître  6c  la  fit 
rafer.  La  chronique  de  Normandie  fur  l'an  1148,  die 
que  ce  fiége  dura  trois  ans;  mais  une  chronique  d'An- 
jou dit  qu'il  ne  fut  que  d'un  an.  Cette  baronnie  fortic 
en  1227,  de  la  maifon  qui  portoit  fon  notn,&  entra 
dans  celle  de  Meltin  par  le  mariage  d'Agnès  de  Bei  lay, 
héritière,  avec  Adam  de  Melun.  En  1417»  Margue- 
rite de  Melun  la  porta  en  mariage  à  Jacques  d'Har- 
court ,  conife  de  Montgommeiy  1   qui  fit  entourer  de 

murailles 


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MON 


MON 


murailles  le  bourg  de  Montreuil.  De  ce  mariage  naqui- 
rent Guillaume  &  Marie  d'Harcourt  ;  Marie  epoufa  le 
19  Novembre  1459,  Jean,  bâtard  d'Orléans ,  comte  de 
Dunois  &  autres  lieux.    Guillaume  d'Harcourr,  fiere 
aîné  de  Marie ,  fut  comte  de  Tancarville  ,  vicomte  de 
Melun ,  baron    de    Montgommery   &  de    Montreuil- 
Bellay.  Il  époufaen  fécondes  noces  Yolande  de  Laval, 
dont  il  eut  Marguerite  d'Harcourt ,  morte  fans  alliance, 
Se  Jeanne  ,  qui  fut  mariée  à  René  II  du  nom  ,  duc  de 
Lorraine,  qui  la  quitta  pour  épou fer  Philippe  deGuel- 
dres.  Jeanne  d'Harcourt  mourut  en  1488,  fans  pofté- 
riré,  Se   laifla  Montreuil -Bellay  Se  fes  autres  biens  à 
François  d'Orléans ,  comte  de  Dunois ,  fon  coufin  ger- 
main, puisqu'il  étoit  fils  de  Marie    d'Harcourt  Se   de 
Jean,  bâtard  d'Orléans ,  comte  de  Dunois  Se  autres  Iieuxk 
Montreuil -Bellay  a  demeuré  dans  la  maifon  de  Lon- 
gueville  jusqu'en  1664,  qu'il  fut  vendu  au  maréchal 
de  la  Meilleraye.  La  feigneurie  de  cette  ville  eft  con- 
fidérable  :  elle  a  environ   cent  vingt    vaflàux  qui   lui 
font  hommage.  Le  feigneur  de  Chourée  qui  en  relevé  eft 
obligé ,  lorsque  la  dame  de  Montreuil  -  Bellay    va  la 
première  fois  à   Montreuil-Bellay ,  de  la  descendre  de 
fa  haquenée  ,  ou    cheval ,    chariot  ou  earofle ,  &  de 
lui  porter  un  plein  fac  de  moufle  es  lieux  privés  de  fa 
chambre.  Ce  devoir  eft  porté  dans  un  aveu  de  la  terre 
de  Montreuil-Bellay  ,  qui  fe  trouve  dans  les  regiftres 
du  Châtelet    de  Paris.  Il  y  a  à  Montreuil-Bellay    une 
maîtrile  des  eaux  &  forêts,  élection,  une  maréchaufiee 
&  un  corps  de  vilie.  La  cure  eft  defiérviepar  un  prieur 
Bénédictin  de  la  congrégation  de  S.  Maur  ,  affilié  de 
quatre  religieux.  On  compte  dans  la   ville   trois  cens 
dix  feux.   11  y  a  dans  le  château  un  chapitre  compofé 
de  quatorze  chanoines  ,  dont  l'ancien  eft  doyen.  De- 
puis deux  cens  ans  ou   environ  les   Auguftins  fe  font 
établis  à  Montreuil-Bellay  ,  Se  les  feigneurs   de  cette 
vilie  ont  fondé  un  hôpital ,  où  il  y  a  quatorze  religieux.  * 
Piçaniol,  Defc.  de  la  France ,  t.  7.  p.  136. 

MONTREUIL-LES  BOIS  ,  bourg  de  France  ,  dans 
l'Ifle  de  France,  élection  de  Paris. 

MONTREUIL-BONNIN,  petite  ville  de  France, 
dans  le  Poitou ,  à  trois  lieues  de  Poitiers  à  l'occident. 
Ce  lieu  a  autrefois  été  fort  célèbre  pour  les  monnoies. 
Le  Blanc  parle  dune  obligation  de  Pierre  de  Poralève  , 
bourgeois  de  Tours,  faite  au  comte  de. Poitiers  &  de 
Touloufe  en  1267  ,  pour  lui  payer  la  fomme  de  mille 
deux  cens  cinquante  livres,  tournois  ,  pour  le  défaut  de 
la  traite  de  la  monnoie  poitevine ,  fabriquée  à  Mon- 
treuil Bonnin,  diocèfe  de  Poitiers.  Saint  Louis  écrivit  une 
lettre  à  fon  frère  Alphonfe  ,  comte  de  Touloufe  Se  de 
Poitiers ,  pour  lui  ordonner  de  faire  cefler  la  fabrica- 
tion de  fa  monnoie  de  Montreuil-Bonnin.  Philippe  le 
Bel ,  par  fon  ordonnance  de  l'an  1308,  enjoint  aux 
changeurs  de  porter  tout  leur  billon  à  la  monnoie  de 
Montreuil-Bonnin.  Sur  toutes  les  monnoies  qui  ont 
été  frapées  dans  cette  petite  ville ,  elle  y  elt  appellée 
Mounturvel  ou  Monturuel.  *  Piganiol ,  Defc.  de 
la  France,  t.  j.  p.  102. 

MONTREUIL-LE-CHETIF  ,  bourg  de  France  , 
dans  le  Maine  ,  diocèfe  Se  élection  du  Mans. 

MONTREUIL-LES  DAMES,  abbaye  de  France, 
dans  l'Iile  de  France  :  c'eft  un  monaftere  de  filles  de 
l'ordre  de  Cîteaux.  Il  fut  d'abord  fondé  en  ri 36,  par 
Barthelemi  ,  évêquedeLaon  ,  à  deux  lieues  d'Avcsne, 
,d'où  il  a  été  transféré  au  pied  de  la  ville  de  Laon  dans 
une  léprofeiie.  Jrovez,  a<i  mot  Laon. 

MONTREUIL-EN  LASSAY  ,  bourg  de  France, 
dans  le  Maine  ,  élection  du  Mans. 

MONTREUIL-SUR-LOIR,  bourg  de  France  en 
Anjou ,  élection  d'Angers. 

MONTREUIL  SUR-MAYENNE, bourg  de  France, 
dans  l'Anjou  ,  élection  d'Angers. 

MONTRICHARD.  Voyez,  Mont-Trichard. 

MONTRIEUX  ,  chartreufe  de  France  ,  en  Proven- 
ce ,  au  diocèfe  de  Marfeille  ,  dans  la  viguerie  de  Bri- 
gnoles. 

MONTROL-SAVART,  bourg  de  France,  dans  le 
Poitou ,  élection  de  Confolens. 

MONTROLLAND  ,  en  latin  Morts  Rollandus , 
prieuré  conventuel  de  France  ,  dans  la  Franche-Comté  , 
du  côté  de  Dôle.  Il  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  con- 


401 

greganon  de  Lorraine,  c'eft  à  dire  de  S.  Vanne  Se  de 
S.  Hidulphe.  Les  Bénédictins  y  ont  un  collège. 

MONTROLLET ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou» 
élection  de  Thouars. 

MONTROSS  ,  ville  d'Ecofle ,  dans  là  province  d'An- 
gus ,  en  latin  Mons  rojarum.  C'eft  un  port  de  mer 
fitué  du  côté  de  Mernes,  à  l'embouchure  de  la  rivière 
d'Esk.  Montrofs  eft  une  ville  marchande  ,  &  fon  port 
reçoit  des  vaifieaux  confidérables.  11  y  a  de  belles  mai- 
fons  &  un  hôpital ,  fondé  pour  les  pauvres  habitans. 
Elle  donne  le  litre  de  duc ,  comme  elle  a  donné  au- 
trefois celui  de  comte  &  de  marquis  au  chef  de  l'an- 
cienne Se  noble  maifon  de  Giaham.  Baudrand,  DicL 
édit.  1 7GJ  ,  croit  que  c'eft  l'ancienne  Celurea  ,  qui 
pouvoit  appartenir  aux  Horeftes.  *  Etat  préfent  de  la. 
Grande  Bretagne  ,  t.  2.  p.  166. 

MONTROTTIER,  bourg  de  France,  dans  le  Lyon- 
nois ,  élection  de  Lyon. 

MONTROU  ,  ville  de  France,  dans  le  Péiigord 
Noir ,  fur  le  Bandiat ,  félon  Davity  ,  Périgord.  De 
l'Ifle,  Atlas ,  écrit  Nontron. 

MONTROZIERS,  feigneurie  de  France,  dans  le 
Rcuergue,  élection  de  Rhodez. 

MONTS  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou  ,électioa 
de  Richelieu. 

MONTS  DE  NOTRE-DAME,  montagnes  de  l'A- 
mérique feptentiionale  ,  d*ns  la  Nouvelle  France.  Cor- 
neille ,  Ditt,  dit  qu'elles  font  entre  le  lac  Cham- 
plain  au  midi,  Se  le  grand  fleuve  de  Saint  Laurent êc 
le  lac  de  Saint  François, du  côté  du  nord.  Je  ne  les 
trouve  point  marquées  dans  la  carte  de  la  Nouvelle 
France  ,  par  de  lifte. 

MONTS-DESERTS  ,  ifle  qu'on  trouve  fur  la  droite 
en  entrant  dans  la  rivière  de  Pentagouct ,  qui  fe 
décharge  fur  la  côte  méridionale  de  la  Nouvelle  France  , 
environ  par  les  44  deg.  20  min.  de  latir.  nord ,  &  au- 
tour de  laquelle  on  pèche  quantité  de  maquereaux^ 
*  Hi(l.  de  la  Nouvelle  France  ,  par  le  père  Charlei'oix. 

MONT-SAINT-VINCENT ,  en  latin  Mansfantli 
Vincent'ùy  bourg  de  France ,  en  Bourgogne ,  dans  le 
Charolois  ,  prieuré  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  uni  à. 
l'abbaye  de  Cluni  à  caufe  du  prieuré  de  Paray  ,  archi- 
prêtré  Se  paroifTe  du  diocèfe  de  Châlons ,  avec  Mé- 
part  i  baronnie  ou  châtellenie  du  domaine  du  feu  comte 
de  Charolois-,  mairie  pour  les  affaires  économiques, 
grenier  à  fel ,  bourg  qui  députe  aux  états  particuliers 
du  Charolois.  La  montagne  fur  laquelle  ce  bourg  eit 
fitué ,  paflè  pour  l'une  des  plus  hautes  de  la  province 
de  Bourgogne.  *  Garreau,  Defcription  de  la  Bourgogne  , 
édit.  17^4. 

MONTSAUJEON  .  bourgou  petite  ville  de  France, 
enclavée  dans  la  Champagne.  Elle  eft  fi  tuée  fur  la 
Vigenne  (a),  au  bas  d'une  petite  montagne,  à  fix 
lieues  de  Langres  ,  en  prenant  la  route  de  Dijon.  Voyez. 
l'article  fuivanr.  L'évéque  de  Langres  fe  dit  comte  de 
Montfaujcon.  Il  y  a  un  grenier  à  fel.  (a)  Corn.  Dict. 
{b)  De  l'Ifle,  Atlas. 

MONTSAUJONNOIS,  petit  pays  de  France  ,ei> 
clavé  dans,  la  Champagne.  Il  eft  borné  au  nord  par 
l'élection  de  Langres,  à  l'orient  par  la  Franche -Comté, 
au  midi  par  la  Bourgogne ,  Se  au  couchant  par  le 
bailliage  de  la  Montagnei  *  Mont-Saujeon  eft  le  chef- 
lieu  de  ce  pays. 

MONTSEMPROU  ou  Mont-Saint  Prou  ,  ville 
de  France,  dans  l'Agénois.  Corneille  ,  Diiï.  dit,  après 
Davity ,  que  cette  ville  eft  entre  le  Lot  Se  le  Dior;, 
De  l'Ifle  ,  Atlas ,  qui  la  nomme  Mosimpron  ,1a  place 
fur  ia  rive  droite  du  Lot,  au-deffous  de  Fumel  Se 
au-defïus  de    Ville  neuve  d'Agénois,  fur  une  hauteur. 

MONTSOREAU.  Voyez.  Monsoreau. 

MONTVILLE  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Nor 
mandie ,  au  pays  de  Caux  ,  avec  haute- jufticc  Se  titre 
de  baronnie*  Il  eft  fitué  à  deux  ou  trois  lieues  de 
Rouen  fur  la  petite  rivière  de  Bapaume  y  où  fe  fait 
la  jonction  des  ruiffeaux  qui  ont  leur  fource  au  deffus 
de  Cailli  Se  de  Claire.  Cette  baronnie  comprend  les 
paroiffes  de  Monville ,  d'EIete ,  d'Anteaumevillc  & 
autres.  *  Corn.  Dict.  Mémoires  dreffés  fur  les  lieux  en 
1705. 

MONTUNATES,  peuples  d'Italie,  dans  le    terri- 
Tom.  IV,  Eee 


MON 


402 

toite  de  Milan.  Us  habitoient  ,  félon  Gaud  Mérula, 
le  village  aujourd'hui  nommé  Galerato.  Cette  opinion 
eil  fondée  fur  une  ancienne  infeription  qui  fe  trouve 
à  Galerato.  *  Ortelii  Thef. 

MONTUNIATES,  VICANI,  LOVAN1ES.  On 
trouve  ces  noms  dans  le  Thréfor  de  Goltzius ,  qui  les 
rapporte  d'après  une  ancienne  infeription.  Si  nous  en 
croyons  Léander  ,  ce  font  les  noms  de  trois  montagnes 
de  la  Toscane  ,  qu'on  appelle  encore  aujourd'hui  Mon- 
tttani. 

MONTZINGEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
le  palatinat  du  Rhin,  entre  Sobrenhtim  &  Gemiinde, 
dont  elle  eft  très-proche.  *  Zeyler ,  Topog.  Palat. 
Rheni. 

MONUCAON  ou  Manukaon,  ville  de  l'ifle  de 
Java.  Corneille,  DicK  qui  cite  le  voyage  des  Indes  de 
Mandeflo ,  écrit  Monvoaon  pour  Monucaon ,  première 
faute.  11  ajoute  qu'elle  obéit  au  roi  de  Bantan  ,  Se  qu'elle 
n'eft  pas  fort  éloignée  de  la  ville  de  ce  nom ,  autre 
faute.  Mandeflo  n'a  point  dit  que  Monucaon  n'étoit 
point  éloignée  de  Bantan  :  il  avertit  feulement  ,  Voyag. 
des  Indes ,  l.  1.  p.  336",  que  de  Monucaon  on  va  par 
le  village  de  Gavon  à  la  ville  de  Jacatata ,  Se  enfin 
à  celle  de  Bantan.  Pour  fixer  la  pofition  de  Monu- 
caon ,  il  faut  dite  qu'elle  eft  fur  la  côte  feptentrionale  de 
l'ifle  de  Java,  environ  à  quatre  milles  à  l'eft  de  Bata- 
via ,  Se  à  fept  milles  de  Bantan.  On  la"  nomme  auffi 
Pananoekan.  *  Roland  ,  Carte  de  L'ifle  de  Java. 

MONZA  ,  Modoetia  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Mila- 
nez  (a),  dans  une  grande  plaine  fur  le  Bord  du  Lam- 
bro  ,  environ  à  onze  milles  au  nord  de  Milan.  Théo- 
doric  ,  roi  des  Goths ,  la  fit  réparer  ,  Se  Théodelinde  , 
reine  des  Lombards  ,  y  fit  bâtir  une  belle  églife  à  l'hon- 
neur de  faint  Jean  Baptifte  (b).  Elle  la  dota  richement , 
Se  fit  préfent  à  cette  églife  d'un  fapphir  de  grand  prix  , 
d'une  poule  qui  couvoit  fes  poumns  &  de  plufieurs 
vafes ,  le  tout  d'or.  Saint  Grégoire  ,  pape,  y  donna  auffi 
plufieurs  reliques  que  l'on  conferve  en  ce  lieu  dans  de 
riches  reliquaires ,  fur  tout  une  croix  de  cryftal  qu'il 
envoya  au  roi  Agilulphe  ,  mari  de  cette  princefle.  On 
y  voit  la  couronne  de  fer,  qui  eft  une  de  celles  dont 
on  couronnoit  autrefois  les  empereurs  ,  en  qualité  de 
rois  de  Lombardie.  Elle  eft  appellée  couronne  de  fer , 
à  caufe  d'un  cercle  de  fer  qui  eft  en  dedans ,  &  qu'on 
prétend  être  fait  d'un  clou  ,  dont  on  s'eft  fervi  pour 
attacher  Notre  Seigneur  en  croix.  Cette  couronne  eft 
dans  le  tréfor  de  cette  églife  ,  où  l'on  conferve  plufieurs 
chofes  curieufes,  parmi  lesquelles  font  deux  autres 
couronnes  d'or  en  forme  de  diadème,  l'une  d'Agilul- 
phe  ,  Se  l'autre  de  la  même  Théodelinde.  Sur  les  monts 
Brianza ,  à  la  gauche  de  Monza ,  il  y  a  un  vignoble 
excellent  Se  renommé.  (  a  )  Magin  ,  Carte  du  Mila- 
nez  (b)  Corn.  DiCt.  Nouveau  voyage  d'Italie.  Délices 
d'Italie. 

L'abbaye  de  Carraval  eft  peu  éloignée  de  cette  ville. 
Les  fiéges  des  religieux  paflent  pour  un  des  plus  beaux 
ouvrages  de  fculpture  qu'il  y  ait  dans  la  Lombardie. 
L'ouvrier  y  a  repréfenté  la  vie  de  faint  Bernard  avec 
une  adrefic  furprenante.  Dans  le  cimetière  des  religieux 
font  quelques  tombeaux  dignes  de  remarque.  On  y 
montre  la  place  où  étoit  celui  d'une  certaine  Guille- 
mine  ,qui  vivoit  dans  le  douzième  fiécle,&  qui  parut 
être  morte  en  odeur  de  fainteté  Tan  1281 ,  après  avoir 
abufé  tout  le  monde  pendant  un  grand  nombre  d'années. 
Cette  réputation  de  fainteté  fe  conferva  quelque  rems 
après  fa  mort.  La  doctrine  déteftable  de  ceux  qui  fui- 
voient  fes  maximes  ,  l'ayant  fait  examiner  plus  particu- 
lièrement ,  on  reconnut  que  c'étoit  une  forciere  qui 
s'étoit  fervi  d'enchantemens  pour  furprendre  l'appro- 
bation du  peuple.  Son  corps  fut  déterré  Se  brûlé  par 
la  main  du  bourreau  en  130©.  On  fait  remarquer  en- 
core fa  maifon  vis-à-vis  des  Buon-Fratclli.  Selon  ce  que 
fes  fectateurs  eurent  la  hardi  efle  de  foutenir  ,  cette 
Guillemine  étoit  le  Saint  Efprit  qui  s'etoit  incarné  , 
félon  la  chair  ,  de  Confiance  ,  reine  de  Bohême.  Ils  di- 
foient  qu'elle  n  étoit  morte  que  félon  la  chair; qu'elle  dc- 
voitreflusci  ter  avant  laréfurredion  univerfelle,  Se  monter 
au  ciel  en  préfence  de  fes  disciples  ;  qu'une  certaine 
Mayfrcda  ,  qu'elle  laifToit  pour  fon  vicaire  en  terre  , 
diroic  la  Méfie  fur  fon  tombeau  ■>  qu'elle  feroit  aflife 


MOP 


fur  le  fiége  de  Rome  ,  d'où  elle  chafTeroit  tous  les 
cardinaux  ,  après  quoi  elle  feroit  choix  de  quatie  per- 
fonnes  éclairées  pour  écrire  un  nouvtl  Evangile.  On 
croit  que  Monza  eft  la  Modoetia  des  Infubres. 

MONZEE  ,  Lunttlacitm  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre 
de  faint  Benoît,  dans  la  haute  Autriche  ,  au  midi  du 
lac  de  Traun. 

MOON  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Normandie , 
élection  de  Saint  Lo.  11  a  titre  de  baronnie  ,  avec  haute 
juftice. 

MOPANG  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'iunnan.  Elle  eft  de  dix-huit  degrés  vingt-une  minutes 
plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  vingt-deux  degrés 
cinquante  une    minutes   de  latitude.   Le    territoire  de 
cette  forterefle  occupe  la  partie  méridionale  Se  la  partie 
occidentale  de  cette    province:  il  eft  au   nord-eft  du 
royaume  de  Mien  ,  &  voifin  de  ceux  de  légu  Si   de 
Bengale.  Comme  les  habitans  ne  font    guère  fournis 
aux  Chinois,  on    connoït   allez  peu  le   pays.  On   dit 
néanmoins  qu'il  produit   du  poivre ,  que  l'on  y  trouve 
de  bon    étain ,   &    qu'il    fournit    d'excelltns    chevaux. 
C'étoit  une  des  dépendances  du  royaume  de  Mien  ,  Se 
le  palais  du  roi  y  étoit  bâti.  La  famille  d'îuen  le  dé- 
truifit  ,  Se  y  conftruifit  une  bonne  forterefle ,  où  elle 
mit  une  forte  garnifon.  Les  hommes  de  ces  quartiers 
font  habillés  de  blanc:  ils  fe  peignent  le  corps,  Se    y 
font  différentes    figures.  Ils  s'arrachent  la    barbe   avec 
des  pincettes  ;  ils   ornent   leurs  fourcils  ;  ils  fe  laiflent 
croître  de  grandes  mouftaches  -,  ils  portent  aux  bras  Se 
aux  jambes   des  anneaux  d'or  ou  d'yvoire  -,  ils  ont  les 
oreilles  extrêmement  longues  ;  ils  fe  les  percent  &  y 
mettent  de  fort  grand    anneaux.  Les  femmes  font  es- 
claves chez  eux.  Ils  s'adonnent  beaucoup  au  commerce 
Se  à  l'agriculture.  Ils  font   d'un  caractère  affez  doux  ; 
mais  il  faut  bien  fe  défier  d'eux:  car  ils  ne  cherchent 
qu'à  tromper.   Us  adorent  l'idole  Fe  :  ils    croient   la 
métempfycofe ,  &  ils  ont  un   refpecl:  très-grand  pour 
leurs  prêtres.  La  carre  de  la  Chine  marque  dans    leur 
territoire  jusqu'à  neuf  fortereffes  ;  favoir, 


Mopang  , 
Mengyang , 
Mengking, 


Mcnglien , 
Mengli, 
Mengting , 


Mengtien, 
Mengco  , 
Mengchang. 


*  Atlas  Sinenfïs. 

MOPH.  Voyez.  Memphis. 

MOPHAS.  Voyez.VvHAs. 

MOPHI  &  Crophi  :  en  grec  uStpt  Se  Kpiïçi ,  mon- 
tagnes d'Egvpte.  Hérodote,  /.  2.  cap.  28.  les  place  au- 
defiîis  de  Thebes  &  d'Elephantina.  11  femble  que  Sé- 
neque  ,  /.  4.  Naturalium  ,  les  appelle  les  veines  du) 
Nil.  Lucain  dans  fa  Pharfale  fe  fert  de  la  même  ex- 
preflîon  dans  ce  vers  ,  /.  10.  v.  325. 

• 
Et  feopuli ,  placuitfluvu  qiios  dicere  venaf. 

MOPHIS  ,  fleuve  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange  ,  félon 
Ptolomée  ,l.j.c.  1 . 

MOPPET  ou  Morpit.  Voyez.  Morpeth. 
MOPSI-TUMULUS.  Voyez,  HemopsonestiA. 

1 .  MOPSIUM  ,  ville  de  la  Pélasgiotide  dans  la  Thes- 
falie  ,  félon  Strabon ,  /.  9.  p.  443  ,  Se  Etienne  le  géo- 
graphe. 

2.  MOPSIUM.  Voyez.Mo?svs. 
MOPSOCRENE  Se  Mopsonestia.  Voyez,  Hemop- 

SONESTIA. 

MOPSOPIA.Ky^  Pamphylia. 

MOPSORUM  URBS,  ville  de  la  Theflalie,  félon 
Rotmarus  dans  fes  notes  fur  Apollonius. 

MOPSOS.  Voyez.  Hemopsonestia. 

MOPSUESTIA  ou  Mopsueste  .ville  de  laCilicie, 
fur  le  fleuve  Pyrame ,  au-defibus  d'Anazaibus,  Se  plus 
près  de  la  mer  que  cette  dernière  ville.  Sirabon,  /.  14. 
p.  676,  la  met  au  nombre  des  villes  fituées  fur  le  golfe 
Iflîcus -,  mais  comme  il  mer  fur  ce  golfe  d'autres  villes, 
qui  en  étoient  à  quelque  diftance  ,  il  n'eft  pas  étonnant 
qu'il  y  ait  mis  Mopfuefte  ,  quoiqu'elle  ne  fût  pasfituée 
précifément  fur  la  côte.  Ptolomée ,  Procope  Se  quel- 
ques autres  ne  font  qu'un  mot  de  Mopfiicftia  ;  mais  Stra- 
bon Si  Etienne  le  géographe  le  divifent  :  ils  écrivent 


MOR 


Mopfu-heflia.  ,  Mo^oo  içriu.  Pline  dit  Amplement  Mop- 
fos  ,  ôc  il  fait  entendre  que  les  Romains  lui  avoient 
laiflé  la  liberté.  Procope,  JEdïf.  l.$.c.  5.  nous  donne 
l'origine  de  cette  ville,  &  décrit  les  édifices  qu'y  fit 
faire  Juftinien.  Mopfuefte  ,  dit-il ,  eft  une  ville  de 
Cilicie,  qui  fut  autrefois  fondée  par  ce  devin  fi  célè- 
bre ,  &  qui  eft  arrofée  &  embellie  par  le  fleuve  Py- 
rame  ,  fur  lequel  il  n'y  avoit  qu'un  pont ,  qui  tomboit 
en  ruine  &  qui  menaçoit  d'une  mort  prochaine  ceux 
qui  y  paflbient.  Cet  ouvrage  /qui  n'avoir  été  bâti  que 
pour  la  fureté  des  hommes ,  étoit  devenu  pour  eux  un 
ïujet  de  crainte  Ôc  un  lieu  de  péril.  L'empereur  a  fait 
réparer  foigneufement  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  rompu , 
&  a  rendu  la  fermeté  au  pont ,  la  fureté  aux  paflàns 
&  l'ornement  à  la  ville.  Quoiqu'après  de  pareils  témoi- 
gnages on  ne  puiffe  douter  que  Mopfuefte  ne  fût  bâtie 
fur  les  bords  du  Pyrame  -,  cependant  Zonare,  in  Nice- 
phoro  Phoca  ,  p.  161  ,ôc  Cédrene  la  placent  fur  le  Sarus  , 
qui  étoit  beaucoup  en-deçà  ;  mais  ou  Zonare  s'eft  trom- 
pé, ou  c'eft  une  faute  de  copiée.  A  l'égard  de  Cédrene  , 
fon  témoignage  n'eft  d'aucun  poids  dans  cet  endroit , 
où  il  n'a  fait  que  fuivre  Zonare.  L'empereur  Adrien 
embellit  cette  ville  de  divers  édifices  ;  auffi  prit-elle  le 
nom  de  ce  prince.  Sur  une  médaille  de  l'empereur 
Antonin  le  Pienx  on  lit  ces  mots  :  AAPIANON  MOPEA- 
TftN  ,  Hadrianorum  Mopfeatarum  :  car  les  habitans  fc 
nommoient  Mopfeates ,  félon  Etienne  le  géographe.  La 
notice  de  Léon  le  Sage  donne  à  Mopfuefte  le  fécond 
rang  parmi  les  évêques  de  la  féconde  Cilicie  :  celle 
d'Hiérocles  lui  attribue  le  même  rang  ;  mais  la  notice 
du  patiiarchat  d'Antioché  lui  donne  le  rang  de  métro- 
pole indépendante. 

MOPSUS  TUMULUS  ,  lieu  de  la  Theffalie,  à  moi- 
tié chemin  ,  entre  Tempe  ôc  Lariffe  ,  félon  Tite- 
hive ,  l.  42.  c.  61.  Les  meilleurs  exemplaires  lifent 
Motfuim. 

MOPTENSIS ,  M?<î7f»/Jj",fiégeépiscopal  d'Afrique, 
dans  la  Mauritanie  Sitifenfe.  Dans  la  conférence  de 
Carthage ,  Léo  elt  qualifié  Episcopus  Moptenfis.  On 
y  trouve  en  même-temps  Félix  ,évêque  Donatifte.  Hard. 
colleét.  conc.  vol.  i.p.  1093  ,  1250. 

MOQUA  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Queicheu  ,  au  département  de  Quciyang ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que 
Pekingde  n  deg.  45  min.  par  les  25  dcg.  37  min.  de 
latit.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  MORA  ou  Moron,  lac  de  la  Paleftine  ,  efl  le 
même  que  celui  de  Semechon.  Voyez.  Semechoh. 

2.  MORA  ,  petite  place  d'Espagne ,  dans  la  Cata- 
logne ,  fur  le  chemin  de  Valence  à  Barcelone.  On  le 
rencontre  fur  le  chemin  de  Gineftar  à  Flix.  *  Délices 
d Espagne  ^.592. 

3.  MORA  ,  ville  d Espagne  ,  dans  la  Nouvelle  Cas- 
tille  ,  à  fix  lieues  de  Tolède  fur  la  Tajuna.  Elle  eft  la 
capitale  d'un  comté  ,  érigé  par  Philippe  III.  On  y  fait 
de  bonnes  lames  d'épée  \  Se  un  château  bien  fortifié 
lui  fert  de  défenfe.  *  Délices  d'Espagne,  p.  340. 

4.  MORA  ,  ville  de  l'ifle  de  Corfc.  Ptolqmée  ,  /.  3. 
c.  2.  la  place  dans  les  terres  entre  Opinum  ôc  Matisa. 
On  croit  que  c'eft  Villa  de  Mori. 

j.  MORA  (La),  ou  Mohr  ,  rivière  du  royaume 
de  Bohême,  en  Moravie.  Elle  a  fa  fource  dans  les 
montagnes  auprès  de  Morawitz ,  d'où ,  ferpentant  vers 
le  fud  eft  &  l'eft ,  elle  paffe  à  Romerftads ,  en  bohé- 
mien RymaroW ,  à  Stahl ,  &  à  Fridland ,  de-là  ,  cou- 
rant vers  le  nord  jusqu'à  Freudental ,  en  bohémien 
Bruntal ,  dans  la  principauté  de  Troppau  ,  elle  fert  de 
limites  entre  cette  principauté  ôc  le  comté  de  Mora- 
vie ,  en  fe  recourbant  vers  le  midi  vers  Raudenberg , 
&  entre  au  duché  de  Siléfie  \  delà  elle  coule  à  l'orient 
jusqu'à  Wigftein  ,  en  bohémien  Witkow;puis  ferpente 
vers  le  nord  de  le  nord-eft ,  paffe  par  Moravice  ,  reçoit 
les  rivières  de  Hosnicz  &c  d'Oppa  ;  6c  fe  tournant  en- 
fin vers  l'orient ,  elle  va  porter  leurs  eaux  &  les  fien- 
nes  dans  l'Oder ,  entre  Hiltschin  ôc  Dubrozlawitz ,  un 
peu  au  deffus  d'Oderberg.  *  Comenius ,  Morav.  Tab. 

MORABA  ,  fleuve  d'Afrique,  dans  l'Abyffinie.  Sa 
fource  eft  au  voifmage  de  Fremona ,  d'où  ,  coulant  vers 
le  nord  ,  il  paffe  au  pied  de  la  ville  de  Duvarna.  Son 
cours  eft  enfuite  au  midi ,  d'où  revenant  vers  fa  fource , 


MOR       403 

après  s'être  caché  quelque  temps  fous  terre,  il  va  fc 
perdre  dans  le  Tekefel  au  pays  de  Deghin.  *  De  l'ifle , 
Rudolf.  Foncet ,  -voyage  d'Ethiopie. 

MORABUS,  lieu  de  la  Pannonie ,  félon  Cédrene 
&  Curopalate ,  qui  la  placent  de  l'autre  côté  du  Da- 
nube ,  Ôc  dans  le  voifmage  de  Crala  en  Turquie.  * 
Ortclii  Thefaur. 

MORADUNUM.  Trithême  ,  dans  les  annales  de 
la  France ,  met  dans  la  Gaule  Belgique  fur  le  Roer  une 
ville  ancienne  qu'il  nomme  Moradunum,  &  qu'il  dit 
voifine  d'un  lieu  quil  appelle  Ntocum  Caflellum.  A  la 
marge  du  livre  ,  dit  Ortelius  ,  Tbefaitr.  on  lifoit  que 
Moradunum  eft  aujourd'hui  Wer&en  ,  ville  ôc  abbaye. 
Voyez.  Werden. 

MORAGUS.  Voyez.  Claroangus. 

1.  MORAN  ,  bourg  de  France,  dans  la  Tourainc  , 
élection  d'Amboife. 

2.  MORAN  ,  on  Morant  ,  port  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,. dans  la  Jamaïque,  dans  fa  partie  orien- 
tale ,  à  vingt-cinq  lieues  du  Port-Royal.  Il  fut  pillé 
en  1694,  ôc  fes  deux  fotrs  démolis  parDucaffe,  alors 
gouverneur  de  Saint  Domingue.  Ce  quartier  étoit  très- 
riche  ôc  très-bien  érabli. 

MORANCY-SUR-OISE,  paroiffe  du  diocèfe  de 
Beauvais ,  à  une  lieue  au-deffus  de  Beaumont ,  fur  le 
rivage  droit  de  la  rivière  d'Oife.  Charles  le  Chauve 
avoit  donné  cette  terre  à  un  de  fes  feigneurs ,  nommé 
Leuton  ,  qui  enfuite  en  fit  donation  ,  de  fon  con- 
fentement  ,  l'an  844  ,  à  l'abbaye  de  Saint  Denys  ,  avec 
l'églife  du  lieu  ,  Vûlam  qua  nuncupatur  Maurinciagï 
curtis  fitara  in  comitatu  Camliacenfe ,  avec  deux  ha- 
meaux qui  en  dépendoienr.  De  Valois ,  en  fa  notice 
des  Gaules ,  a  cru  que  ce  lieu  pouvoir  être  le  Moran- 
tiacum ,  dont  eft  datée  une  loi  des  empereurs  Valens , 
Gtatien  ,  &c.  ou  un  autre  Moranghes  ;  mais  on  ne  voit 
pas  que  ce  Morancy  ait  été  un  lieu  de  paffage  fur 
l'Oife.  Les  ritres  de  Saint  «Denys  font  depuis  toujours 
mention  de  la  terre  de  Morancy.  Elle  eft  fous  le  litre 
de  Moranty-la-vtlle ,  dans  le  pouillé  de  cette  abbaye. 
Le  dictionnaire  univerfel  de  la  France  met  Morancy 
dans  la  Picardie  ,  diocèfe  de  Senlis  :  ce  qui  eft  faux.  Ce 
village  au  refte  eft  peu  confidérable  pour  le  nombre 
des  habitans. 

MORANE  ou  Morannes  ,  bourg  de  France ,  dans 
l'Anjou  ,  fur  la  rivière  de  Sarte ,  à  deux  lieues  au-deffous 
de  Sablé  ,  à  quatre  de  la  Flèche ,  ôc  à  la  même  diltance 
de  Château-Gontier.  Ce  bourg  ,  qui  eft  un  lieu  de 
paffage  de  la  Flèche  &  du  Lude  pour  aller  en  Bre- 
ragne ,  eft  connu  par  fes  tanneries  ,  &  encore  plus  par 
fes  bons  vins.  Ses  maifons  font  bâties  de  pierre  ôc 
couvertes  d'ardoife  du  pays.  Le  rerriroire  produit  des 
grains  ôc  des  pâturages.  Il  y  a  près  de  Morane  un 
couvent  de.Cordeliers  ,  appelle  la  Salle,  &  qui  joint 
la  forêt  de  Précigné.  *  Corn.  Di£t.  Mémoires  ma.*- 
nuferits. 

MORANGE.  Fov^Morhange. 

1.  MORANO  ,  bourg  d'Italie  ,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  Calabre  Citérieure,  avec  un  château 
fur  une  montagne.  Bâudrand  ,  Ditl.  ajoute  que  ce 
bourg  eft  dans  l'Apennin  ,  à  la  fource  du  Cochile ,  aux. 
frontières  de  la  Bafilicate  ,  à  quatre  milles  de  Caftro- 
Villare  ,  à  trente-cinq  de  Cofenze  au  feptentrion ,  & 
presque  à  pareille  diftance  de  la  mer  de  Naples  au 
couchant ,  ôc  du  golfe  de  Tarente  au  levant.  On  pré- 
tend que  c'eft  l'ancien  Muranum  ou  Sitmmuranum. 
Voyez.  Muranum.*  Magin ,  Carte  de  la  Calabre  Ci- 
térieure. 

2.  MORANO  , bourg  d'Italie  ,  dans  l'état  de  l'églife, 
dans  .le  territoire  d'Orviéto ,  au  nord  de  la  ville  de 
ce  nom ,  fur  la  rivière  de  Chianc.  *  Magin ,  De  l'Or- 
viétan. 

MORANTIACUM  ,  nom  de  lien  ,  à  ce  qu'il  paroît 
par  le  titre  premier  du  code  Théodofien ,  De  officia 
rellor.  provincu. 

MORASTHl.Koy^  MaresA. 

MORAT,  ville  de  la  Suiffe,  fur  la  route  d'Aven- 
che  à  Berne  ,  au  bord  du  lac  de  Morat ,  ôc  le  chef- 
lieu  d'un  bailliage ,  auquel  elle  donne  fon  nom.  Cette 
ville  médiocrement  grande  eft.compofée  de  deux  par- 
ties ,  dont  l'une  ,  qu'on  appelle  la  Rive ,  eft  au  bord 
T#w.  IV.  E  e  e  ij 


MOR 


404 

du  lac ,  Se  l'autre  au-deflus  fur  une  hauteur  ,  qui  a 
une  belle  esplanade.  On  y  voit  un  château  antique, 
où  rende  le  bailli ,  que  les  Bernois  Se  les  Fribourgeois 
y  envoient  tour  à  tour  pour  cinq  ans.  *  Etat  &  Dé- 
lices de  la  Suijje  ,  t.  2.  p.  3  J4.  Se  fuiv. 

La  ville  de  Morat  elt  célèbre  par  trois  fiéges  mé- 
morables qu'elle  a  fourenus  :  le  premier  ( a) ,  en  103 2 , 
contre  l'empereur  Conrad  le  Salique  ;  le  fécond  (  b  ) 
en  1291 ,  contre  Rodolphe  de  Habfbourg  ;  Se  le  troi- 
fiéme  (c)  en  1476,  contre  Charles  le  Hardi,  der- 
nier duc  de  Bourgogne.  Ce  dernier  fut  fuivi  de  cette 
bataille  mémorable  ,  qui  fut  livrée  aux  portes  de  Mo- 
ral ,  entre  ce  duc  &  les  SuilTes,  Se  où  le  premier  fut 
vaincu  &  fon  armée  mife  en  déroute ,  de  façon  qu'elle 
laifla  tout  fon  bagage  &  fes  munitions  en  proie  aux 
vainqueurs.  Les  habitans  de  Morat  en  célèbrent  la  mé- 
moire de  tems  en  temspar  des  fêtes  &  des  réjouiflances. 
On  voit  encore  en  quelques  endroits  des  murailles  les 
brèches  que  firent  les  boulets  de  canon.  Quand  on 
confidere  aujourd'hui  l'état  des  murailles  &  des  forti- 
fications de  cette  ville ,  on  ne  peut  concevoir  comment 
elle  put  tenir  tête  à  une  armée  comme  celle  du  duc 
'de  Bourgogne.  On  voit  dans  la  maifon  de  ville  le  por- 
trait de  ce  duc,  &  c'eftle  même  qui  fut  trouvé  dans 
fa  tente.  Il  y  paroît  à  demi-corps ,  la  tête  presque  rafée, 
comme  celle  d'un  moine,  Se  avec  un  air  très-fier,  (a) 
Wipo ,  In  vita  Conradi  Salici.  (b)  Fugger  ,  Ocftreichifch 
Ehren  Spiegel.  (c)  Ettcrling,  Chronic. 

Le  grand  remple  eft  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarqua- 
ble à  Morat  :  il  a  été  bâti  'depuis  peu  d'années.  La  nef 
eil  voûtée,  &  il  y  a  un  très-beau  plafond  de  plâtre, 
orné  des  armes  de  Berne  Se  de  Fribourg  ,  &  de  celles 
de  la  ville.  La  rue ,  qui  elt  près  de  ce  temple,  eft  bor- 
dée des  deux  côtés  de  maifons ,  donr  les  devans  font 
faits  en  arcades  ,  tellement  qu'on  y  peut  pafler  à  l'abri 
des  injures  de  l'air.  Cette  ville  eft  riche.  Elle  a  un 
beau  domaine  ,  entre  autres  la  feigneurie  de  Chatel. 

A  un  quart  de  lieue  de  Morat ,  on  voit  fur  le  grand 
chemin  d'Avenche ,  une  chapelle  remplie  d'oflemens 
de  Bourguignons  qui  périrent  dans  la  bataille  Se  dans 
le  fiége  en  1476".  Au-deflus  de  la  porte  de  la  chapelle  , 
on  lit  cette  infeription  finguliere  que  les  SuilTes  y  ont 
fait  mettre  : 

Deo  opt.   MAX. 
Caroli  inclyti  et  fortissimi 
BurguhdijE  ducis  exercitus, 

MURATUM      OBSIDENS     AbHeLVETIIS 
C'JSCS    HOC    SUI    MONUMENTUM 
RELIQUIT,    ANNO    MCCCCLXXVI. 

Le  territoire  de  Morat  elt  un  pays  de  vignes,  aulTi 
bien  qu'une  partie  du  bailliage,  &  entre  autres  les  Vul- 
lies  -,  mais  le  vin  en  elt  médiocre.  Le  refte  elt  un  pays 
de  champs ,  de  prés ,  de  bois  Se  de  marais.  La  Broyé , 
fortant  du  lac  de  Morat,  forme  un  canal  dune  lieue 
de  long,  &  va  le  jetter  dans  celui  d'Yverdun.  Par  ce 
canal  on  peut  aller  de  Morat  dans  le  lac  d  Yverdun , 
Se  par  ce  dernier  à  Yverdun  ,  à  Neuchâtcl ,  Se  de-là 
dans  le  lac  de  Bienne ,  Se  enfuite  dans  l'Aare ,  Se  de 
l'Aare  dans  le  Rhin  ,  ce  qui  rend  Morat  allez  com- 
merçant. Au  bord  feptentrional  du  lac  de  Morat,  Se 
à  l'occident  du  canal  de  Broyé ,  on  trouve  un  grand 
marais  qui  touche  les  trois  lacs  voifins,  Se  qui  a  quatre 
lieues  de  tour.  Quand  la  Broyé  eft  débordée  ,  ce  marais 
eit  tellement  inondé  que  les  trois  lacs  n'en  font  qu'un  , 
&  il  y  a  grande  apparence  qu'anciennement  tout  cela 
n'étoit  qu'un  lac.  Ce  marais  fert  de  pârurage  aux  com- 
munautés voifines.  Il  ne  feroit  pas  impolTible  de  le 
delTécher  ;  mais  il  faudroit  bien  de  la  dépenle  :  cepen- 
dant on  en  feroit  bien  dédommagé  par  le  terrein  que 
l'on  gagneroit. 

Le  lac  de  Morat  peut  avoir  25  brades  de  pro- 
fondeur. Le  poiffon  qu'il  nourrit  eft  beaucoup  plus 
délicat  que  celui  du  lac  de  Neuchâtel ,  quoique  ces 
deux  lacs  foient  peu  éloignés  l'un  de  l'autre.  *  Etat 
&  Délices  de  la  Siiijfe  ,  t.  2.  pag.  36c. 

Le  bailliage  de  Morat  fe  trouve  fur  la  route 
d'Avenche  à  Berne  (a).  11  appartient  en  commun  aux 
cantons  de  Berne  Se  de  Fribourg.  Ce  bailliage  eft  aux 
frontières  des  deux  langues  :  car  dans  la  partie  qui  eft 


MOR 


au  nord  Se  à  l'orient  de  Morat  on  parle  allemand, 
Se  dans  la  partie  qui  eft  au  midi  Se  à  l'occident  de 
Morat ,  même  dès  le  village  de  Meiri ,  en  allemand 
Merlach  ,  qui  eft  aux  portes  de  la  ville  ,  on  parle  fran- 
çois  ou  romand.  Dans,  la  ville  de  Morat  les  deux  lan- 
gues font  également  en  ufage.  Il  y  a  deux  églifes ,  l'une 
françoife ,  qui  s'allemble  dans  les  deux  temples  de  la 
ville,  comme  étant  la  plus  ancienne  ;  Se  l'autre  alle- 
mande, qui  s'alTemble  dans  les  mêmes  temples,  lors- 
que l'églile  françoife  ne*  les  occupe  pas ,  Se  dans  un 
temple  qui  eft  hors  de  la  ville ,  dans  le  village  de 
Montillier,  lorsque  l'églife  françoife  occupe  le  grand 
temple  de  la  ville.  Autrefois  la  langue  françoife  l'em- 
portoit  de  beaucoup  fur  l'allemande ,  Se  dans  la  ville 
Se  dans  le  bailliage  ;  mais  depuis  quelques  années  dans 
les  tribunaux  tout  fe  traite  en  allemand.  Du  refte  tout 
le  bailliage  eft  de  la  religion  Proteftante ,  &  la  ville 
de  Morat  en  particulier  a  eu  pour  prédicateurs  des 
Protcftans  François ,  entre  autres  le  fameux  Guillaume 
Farel.  La  communion  de  Genève  fut  établie  à  Morat  au 
commencement  de  Tannée  1530,  à  la  pluralité  des  voix 
(/•),  en  préience  des  députés  de  Berne  Se  de  Fribourg,  qui 
y  avoient  été  envoyés  pour  prefider  à  cette  action. 
Le  refte  du  bailliage  imita  bientôt  les  habitans  de  la 
ville,  (a)  Etat  &  Délices  de  ta  Sutffe ,  t.  2.  p.  3^3. 
(b)  Hijtoire  de  la  réforme  de  la  Suijje ,  t.  3.  1.  7. 
p.  24. 

1.  MORAVA  ou  Morawa  (La),  rivière  de  la 
Turquie ,  en  Europe.  Elle  a  fa  fource  dans  la  Bulgarie , 
aux  confins  de  la  Servie ,  dans  les  montagnes  qui  fé- 
parent  la  Bulgarie  de  la  Macédoine  ,  au  midi  de  la 
plaine  de  Collava  qu'elle  arrofe.  Elle  coule  du  fud  au 
nord ,  reçoit  un  ruifleau  qui  vient  de  la  gauche ,  Se 
qui  ayant  fa  fource  auprès  du  tombeau  d'Amurat ,  pafle 
à  Preifina-,  elle  fe  groffit  de  la  Liperitza  un  peu  plus 
loin ,  Se  fe  partage  en  deux  branches  qui  enferment 
une  allez  grande  ifle.  Celle  de  la  droite  s'appelle  la 
Morava  de  Bulgarie,  parce  qu'elle  continue  de  cou- 
ler dans  cette  province.  En  fortant  elle  reçoit  la  Nilla- 
va  ,  déjà  groffie  de  la  Lietniza  Se  de  la  Mouchava  ,  Se 
pourfuit  fa  route  dans  la  Servie.  La  branche  de  la 
gauche  entre  d'abord  dans  la  Servie ,  ferpentant  tantôt: 
vers  le  couchant  jusqu'à  Urchup  ou  Précop  ,  tantôt 
vers  le  nord-oueft  ,  Se  enfin  vers  le  nord  ;  reçoit  auprès 
de  Précop  la  ToplilTe  rivière,  Se  auprès  de  Zazacles 
rivières  de  Hibar  Se  de  Rasca  jointes  dans  un  même  lit. 
Se  fe  rejoint  enfin  à  l'autre  branche.  C'eft  cette  branche 
fie  la  gauche  qu'on  appelle  la  Morawa  de  Servie.  Ces 
deux  branches  enfin  réunies  ,  la  rivière  court  vers 
le  nord  ,  Se  fe  partage  de  nouveau  en  deux  bran- 
ches qui  font  une  ifle  triangulaire ,  Se  elle  feperd  dans 
le  Danube.  Sa  plus  grande  embouchure  eft  à  l'orient" 
de  Semendria.  L'autre  eft  à  l'orient  de  Couîitz  ,  bour- 
gade limée  dans  l'iflc  même. 

2.  MORAVA  ou  Morawa  (La),  rivière  de  Mo- 
ravie, de  Hongrie  Se  d'Autriche.  Elle  a  fa  fource  aux 
confins  de  la  Bohême  ,  dans  les  montagnes  qui  fépa- 
rent  le  comté  de  Glatz  du  marquifat  de  Moravie, 
auquel  elle  donne  fon  nom.  Elle  coule  de  là  vers  le 
midi,  pafle  à  Altftadt ,  à  Krumberg,  à  Fifenburg ,  en 
bohémien  Ruda.  Elle  reçoit  plus  bas  la'DESNA,qui 
vient  de  Schonberg,  puis  la  Sazava  &  la  Brezna  déjà 
mêlées  enfemble ,  Se  continuant  de  s'enfler  de  divers 
ruifleaux  à  droite  Se  à  gauche,  elle  forme  une  petite 
ifle  où  eft  Liita,  en  bohémien  Litowel  ;  elle  arrive  en- 
fuire  à  Olmutz  où  elle  reçoit  deux  rivières,  dont  la 
principale  eft  la  Fiftritz.  Plus  loin  elle  fe  fépare  en  deux 
branches,  enferme  une  ifle  des  deux  côtés  de  laquelle 
elle  reçoit  la  Beceva  ,  la  Blata  &  la  Rumze,  enfuite 
la  Hana ,  la  Ruflawa  au  delTus  &  au-deffous  deKrem- 
fir  ,  en  bohémien  Kromeritz  ■■,  elle  environne  Hradish, 
Se  au-deflbus  reçoit  l'Oflawa  ;  peu  après  elle  fe  parrage 
en  deux  branches,  qui,ens'écartant  Se  fe  rapprochant, 
forment  trois  ifles  dans  l'une  desquelles  eft  limée  Os- 
trow.  La  branche  droite  baigne  Wefeli ,  Stratsnits , 
Skalitz*,  la  gauche  ne  baigne  de  lieux  conlidérables  que 
Godingjelle  fe  groffit  enfuite  de  laTeye,  en  entrant 
en  Autriche ,  ou  plutôt  courant  entre  cette  pro- 
vince Se  la  Hongrie  jusqu'au  Danube.  Voyez.  Mora- 
vie. 


M  OR 


MOR 


3.  MQRAVA  de  Bulgarie.      ?     K««Morawai. 

4.  MOU AVA  de  Servie ,         S        y 
MORAVIE  (La).  Les  Allemands  l'appellent  Mah- 

ren,  8c  prononcent  Mseren ,  maaauifat  annexé  au  royau- 
me de  Bohême.  Il  eft  borné  W  nord ,  partie  par  la 
Bohême,  partie  par  la  Siléfie  ;  à  l'orient,  partie  par  la 
Siléfie  8c.  par  le  mont  Krapack  ;  au  midi  par  la  Hon- 
grie &  par  l'Autriche  ;  au  couchant ,  par  la  Bohême  , 
dont  la  frontière  va  du  fud-oueft  au  nord-eft.  Quoique 
ce  pays  n'ait  que  le  fimple  titre  de  marquifat ,  ceux  qui 
traitent  de  la  Bohême  le  nomment  avant  le  duché  de 
Siléfie.  C'eft  apparemment ,  comme  le  remarque  Zeyler, 
à  caufe  de  fon  étendue ,  Se  parce  que  c'étoit  un  royau- 
me fous  lequel  celui  de  Bohême  a  été  compris  ;  8c 
parce  qu'eniuite  la  Bohême  ,  ayant  pris  la  fupériorité 
fur  ces  deux  autres  pays ,  la  Moravie  y  a  été  incor- 
poré avant  la  Siléfie.  Son  nom  vient  de  la  rivière  de 
la  Morave  qui  le  traverfe.  Le  nom  latin  de  cette  rivière 
cftMAROjles  Allemands  l'appellent  der  Mahr ,  Marti 
ou  March  ;  les  Bohémiens  difent  Mora'va'  8c  Mo- 
ra'wska  Zemie.  Ce  pays  eft  entouré  de  trois  côtés 
par  des  montagnes ,  des  forêts  &  des  rivières  :  il  eft 
hérifie  de  montagnes ,  8c  coupé  par  un  très-grand  nom- 
bre de  rivières  &  de  ruifleaux ,  qui  la  plupart  fe  réu- 
nifient ou  dans  la  Morave  ,  ou  dans  la  Teye  ,  ou  dans 
l'Oder.  Deux  fe  jettent  dans  le  Vag ,  tiviere  de  Hon- 
grie. Voici  une  lifte  des  villes  de  la  Moravie,  félon 
l'ordre  alphabétique  fuivi  par  Zeyler. 

Auspitz  ou  Huflopecz , 

Aulîerlitz  ou  SlawkovV , 

Brinn  ou  Brno,  avec  un  fort  château , 

Brod , 

Buchlowitz  , 

Budweifs  ou  Budegowice, 

Bytetsch  ou  Bytesch, 

Ctemfir  ou  Kremfier ,  ou  Kromertz  ," 

Crumau  ou  Krumlow  , 

Eulenbourg  ou  Eylenberg , 

Eyszgrub  ,  en  bohémien ,  Lednice  , 

Eywanschitz  ou  Ewanczitz , 

Frating  ou  Wrateni , 

Freyberg  ou  Pribor , 

Fridland  , 

Fulneck, 

Gewicz , 

Goding  ou  Hodonin  ," 

Hanftat ,  en  bohémien  ,  Zabrech  , 

Hoff,  en  bohémien ,  Dworce  , 

Holeschau , 

Hofterlitz  ou  Hofteradice , 

Hradisch  ou  Hradicht  ,  ou  Hradistie  , 

Hulin , 

Jamnitz , 

Iglaw  ou  Gihlawa  , 

Ingerwitz  ,  en  bohémien  ,  Gimramon , 

Kamenitz, 

Kaunitz , 

Kofetin , 

Leipnick  ou  Lipnick , 

Lundenbourg,  ou  Luntenbourg ,  ou  Lumpen  , 

Mezeritsch  à  l'orient  vers  la  Hongrie  &  la  Siléfie  , 
fur  la  Beezwa , 

Mezeritsch  ,  au  couchant  vers  la  Bohême  ,  fur  l'Os- 
lawa, 

Mirau  ou  Mirow , 

Muglitz , 

Neuftdat  ou  Unicow , 

Niklsbourg  ,  Nicolai  Burgum  ou  Niclasbourg  , 

OtMuTZ  capital  de  la  Moravie,  &  le  fiége  d'un  éve- 
ché, 

Oftra, 

Polna  , 

Prerow , 

Proftnitz  ou  Proftégow , 

Proftomerioz  ou  Proflmeritz , 

Schatftein  , 

Schauenbetg , 

Selowitz , 

Steinberg , 


4°* 

Strafitz  ou  Strasnitz ,  ou  Strasnicz  , 

Teltsch , 

Tisnow  , 

Titschein  ou  Gitoin  -,  l'ancienne  n'eft  plus  qu'un 
bourg  avec  un  château  du  côté  de  la  Siléfie. 

Tfrschein  ;  la  nouvelle  eft  une  ville  ,  qui  n'eft  pas  loin 
du  bourg  8c  du  château  de  Stramberg  8c  du  mont 
Rodhoft, 

Tabitschau  , 

Trebitz  ou  Trebicz , 

Tribovv  ou  Trebow , 

Weifskirch  ou  Hranicc  , 

Wefeli , 

Wefternitz  ou  Wifternitz  , 

Wischa  ou  Wisko , 

Zblanitz  ou  Slavonice  , 

Znaim  ou  Znoimo,  aux  frontières  de  l'Autriche. 

Outre  cela  il  y  a  d'autres  lieux  remarquables  en 
Moravie ,  entr'autres  le  château  de  Hodolin,  celui 
de  Hollitz  brûlé  en  1621  ,  par  Betlem-Gabor ,  la 
forterefie  de  Jofew itz  prife  en  1 6 i 9 ,  par  Tampir  8ç 
quelques  autres.  Entre  celles  que  nous  avons  ndltimées 
dans  la  lifte  ,  nous  avons  mis  les  principales  en  caractè- 
res différens. 

MORBACH.  Voyez.  Murbach. 

MORBEC,  village  des  Pays-Bas,  dans  la  Flandre, 
entte  Cafiel  8c  Merville.  Il  y  a  un  château.  C'eft  un 
titre  de  principauté.  *  Dictionnaire  géographique  des 
Pays-Bas. 

1.  MORBEGNO.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  au 
cinquième  gouvernement  de  la  Valteline.  Il  eft  partagé 
en  douze  communautés  j  les  principales  font 

Morbegno,       Talamona,        Cofio,     Alebio  , 
Furcola,  Rafura,  Rogolo,  Plantedio. 

*  Etat  &  Délices  de  la  Suffi ,  t.  4.  p.  1  46. 

2.  MORBEGNO.  On  nomme,  ainfi  la  première 
communauté  du  cinquième  gouvernement  de  la  Val- 
teline. Il  tire  fon  nom  du  bourg  de  Morbegno.  Voyez. 
l'article  fuivant. 

3.  MORBEGNO,  bourg  de  la  Valteline,  le  chef- 
lieu  de  la  première  communauté  du  cinquième  gouver- 
nement de  la  Valteline.  Ce  bourg  fitué  fur  la  rive 
gauche  de  l'Adda  8c  presque  vis-à-vis  de  Trahona ,  eft 
beau  8c  grand  ;  fon  nom  lui  vient  de  l'air  mal-fain  qu'on 
y  refpiroit  autrefois ,  lorsqu'il  étoit  bâti  dans  des  marais , 
dont  les  exhalaifons  infe&oient  l'air.  Dans  la  fuite  on 
l'a  bâti  en  un  lieu  plus  fâin  au  pied  d'une  montagne , 
fur  les  deux  bords  d'une  petite  rivière  ,  nommée  Bitto. 
Il  avoir  autrefois  des  murailles  8c  deux  châteaux ,  un 
fur  chaque  bord  du  Bitto,  mais  tout  cela  eft  mainte- 
nant ruiné.  Il  y  a  dans  l'églife  de  Saint  Antoine  un 
couvent  de  Dominicains  avec  un  prieur.  Il  s'y  tient 
toutes  les  femaines  de  gros  marchés  -,  8c  c'eft  en  ce  lieu 
que  réfident  le  gouverneur  8c  la  régence. 

1.  MORBIAN  ou  Morbihan  ,  bourgade  de  France , 
dans  la  Bretagne  :  elle  prend  fon  nom  d'un  port  fur 
lequel  elle  eft  fituée. 

2.  MORBIAN  ,  port  de  mer  en  France ,  fur  la  cote 
de  Bretagne  ,  au  midi  de  la  ville  de  Vannes.  C'eft  pro- 
prement un  golfe  d'une  afiez  grande  étendue ,  &  dans 
lequel  on  trouve  plufieurs  ifles.  Il  eft  formé  par  la 
presqu'ifie  de  Rhuys  ,  qui  ne  laifie  qu'Un  paftage  étroit 
qu'on  appelle  I'Entrée  de  Morbihan  relie  eft  vis-a- 
vis Fine  de  Meban.  Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  ce 
port  foit  à  cinq  lieues  de  la  ville  de  Vannes ,  comme 
le  dit  Corneille,  à  moins  qu'il  ne  veuille  parler  de 
l'entrée.*  Jaillot ,  Atlas. 

MORB1UM  ,  ville  de  la  Grande  Bretagne  ;  la  notice 
des  dignités  de  l'empire  ,fefl.  65  ,  en  fait  mention.  On 
prétend  que   c'eft    aujourd'hui   Moresby.    Voyez,  ce 

MORCON  ,  forêt  de  France ,  dans  la  Maîtrife  des 
eaux  8c  forêts  d'Autun  ,  châtellenie  de  Saint  Léget  ;  elle 
contient  neuf  cens  trente-trois  arpens. 

MORCONE ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples  , 
dans  le  comté  de  Molifle ,  aux  frontières  de  la  Prin- 
cipauté Ultérieure  ,  fur  le  bord  du  Tamaro  ,  au   pied 


40  6 


MOR 

*    Magin 


MOR 


Carte  du   comté  de  Mo- 


de l'Apennin 
liffe. 

MORDENSIMNIS,  peuple  d'entre  les  Goths,  vain- 
cu par  les  Vandales ,  félon  Jornandes ,  De  reb.  Get. 
c.  2J. 

MORDIAEUM  ,  ville  de  Pifidie ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  dit  qu'on  l'appella  dans  la  fuite  Apol- 
lonie.  Athénée  nous  apprend  que  dans  le  territoire  de 
Mordiaeum  il  croiffoit  des  pommes  délicieufes.  *  Or- 
telii  Thefaur. 

MORDOU  ,  village  de  Perfe ,  dans  le  gouverne- 
ment de  Scamachie  ,  à  quatre  grandes  lieues  de  Nia- 
fabath.  Les  maifons  y  font  toutes  rondes  Se  bâtiesd'o- 
fier  &  de  cannes  ,  comme  celles  des  Tartares  :  ceux  du 
pays  les  nomment  Ottak.  Le  mot  de  Mordou  figni- 
ûe  marais ,  &  ce  lieu  tire  fon  nom  des  endroits  ma- 
récageux qui  font  dans  fon  voifinage  ,  où  il  y  a  quantité 
de  fources  qui  pouffent  leurs  eaux  avec  tant  de  force , 
que  le  plus  grand  froid  ne  les  peut  geler  ;  c'eft  pour- 
quoi il  s'y  affemble  un  très  grand  nombre  de  cignes, 
même  en  hiver ,  Se  l'on  en  amaffe  le  duvet  pour  les 
lits  Se  pour  les  oreillers  du  Sophi.  Le  village  de  Mor- 
dou err  habité  par  un  certain  peuple  appelle  Padar; 
il  a  fon  langage  particulier ,  quoiqu'avec  quelque  rap- 
port au  turc  Se  au  pérfan.  Leur  religion  cil  la  Maho- 
métane ,  tenant  de  la  turque,  Se  d'ailleurs  accom- 
pagnée d'une  infinité  de  fuperftitions ,  cntr'ausres  de 
celle-ci.  Ils  laiflent  refroidir  la  viande  cuite ,  jusqu'à 
une  chaleur  modérée  -,  Se  s'il  arrive  que  quelqu'un 
fouffie  deffus ,  faute  de  favoir  leur  coutume  ,  ils  la  re- 
gardent comme  impure  Se  n'en  veulent  point  manger. 
*  Olearins  ,  Voyage  de  Moscovie  Se  de  Perfe  ,  1.  4.  p. 

374- 

MORDRECHT  ,   village   des  Pays-Bas ,   dans    le 

Schieland  ,  au  voifinage  de  Tregavr.  *  Dittion.  géograph. 
des  P  /y  s  Bas. 

MORDU ATES  ouMordua,  peuples  de  la  Tarta- 
ne  Moscovite  ,    idolârres  Se  qui  habitent   des  forêts 
immenfes.  De  l'Ifla ,  Atlas ,  les  place  entre  les  rivières 
d'Occa  ,  de  Sura  &  de  Mokscha-Reca. 
MORDULI.  Voyez.  Diorduli. 
MORE.  Voyez.  Quercus. 

1.  MOREA ,  félon  Corneille  ,  Ditt.  Se  Morrea ,  félon 
Magin  ,  Carte  de  l'Abruz.z.e  citérieure  &  ultérieure  , 
château  d'Italie,  dans  l'Abruzze  ultérieure,  au  midi  du 
lac  de  Celano,  près  de  la  rivière  de  Garillan.  C'eft 
l'ancienne  Marruvium ,  félon  Baudrand. 

1.  MOREA,  petit  pays  de  Chypre,  félon  Etienne 
de  Lufignan.  *  Baudrand. 

MOREAUXou  Moureaux,  Beata  Maria  in  Mo- 
rellis  ,  abbaye  de  France  ,  dans  le  Poitou ,  près  des  Som- 
miéres  &de  la  ville  de  Couhé  ,  àfept  lieues  ou  environ 
de  Poitiers.  C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  faint 
Benoît  ;  il  n'y  refte  plus  maintenant  que  deux  moines 
prébendes  ,  Se  l'on  n'a  aucun  titre  qui  puiffe  donner 
connoiffance  ni  du  tems  des  auteurs ,  ni  des  circonftan- 
ces  de  fa  fondation.  On  y  comptoit  huit  abbés  en  1693. 

MORÉE  (La),  grande  presqu'ifle  contigue  à  la 
Grèce ,  au  midi  de  laquelle  elle  eft  fituée.  Elle  en  eft 
féparée  au  nord  par  le  golfe  de  Lepante ,  &  à  l'orient 
feptentrional  par  celui  d'Engia  :  elle  lui  eft  attachée 
par  un  ifthme  affez  étroit  au  nord-eft  entre  ces  deux 
golfes.  Les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom  de  Pélo- 
ponnèse. Voye$.  ce  mot. 

Outre  les  deux  golfes  qui  la  bordent ,  il  y  a  dans 
la  Morée  plufieurs  autres  golfes  confidérables  :  après 
le  golfe  d'Engia  dans  l'Archipel ,  on  y  trouve  le  grand 
golfe  de  Napoli ,  YArgolicus  Sinus  des  anciens  -,  quand 
on  a  doublé  le  cap  Malée  ,  qui  eft  à  l'extrémité  mé- 
ridionale de  la  côte  orientale ,  on  trouve  le  golfe  de 
Colochine  ,  le  Lacofricus  Sinus  des  anciens.  Il  eft  fépaié 
par  le  cap  de  Matapan  ,  Toenarium  Promontorium , 
d'un  autre  grand  golfe  nommé  aujourd'hui  Golfe  de 
Coron,  anciennement  Mejfeniacus  Sinus.  La  côte  mé- 
ridionale finit  aupiès  de  Modon  ,  la  Methone  des  an- 
ciens. En  remontant  vers  le  nord  on  trouve  deux  au- 
tres golfes.  Le  plus  méridional  eft  celui  de  Zonchio , 
Cyparifflus  Sinus ,  Se  plus  haut  le  golfe  de  l'Arcadia , 
Chelonites  Sinus  ;  Se  enfin  le  golfe  de  Patras ,  qui  fetc 
d'entrée  au  golfe  de  Lépantc. 


Nous  avons  fait  voir  au  mot  Péloponnèse  ,  qu'an* 
ciennement  cette  presqu'ifle  contenoit  un  aflez  grand 
nombre  d'états. 

Ce  pays  fit  partie  dudiocèfe  de  Macédoine  après  la 
divifion  des  deux  emprres,  fous  Arcadius  Se  Hono- 
rius.  Il  fut  défolé  .par  les  Vifigots  fous  Alaric.  Enfin 
après  plufieurs  révolutions  arrivées  dans  ce  pays  les 
Turcs  s'en  font  emparés.  Charles  V  y  envoya  une 
flotte  en  1533  ,  prit  Coron  Se  Patras,  que  les  Turcs 
reprirent  enfuite. 

Les  Vénitiens  reptirent  la  Morée  en  1686  &  1587» 
la  gardèrent  par  la  paix  de  Carlovfits,  &  la  perdirent 
de  nouveau  en  17  ij. 

La  Morée  vers  la  fin  de  l'empire  Grec,  avoit  été 
fermée  par  une  muraille  ,  qui  rraverfoit  1  ifthme  &  met- 
toit  ce  pays  en  fureté.  Amurath  II ,  ayant  forcé  ce 
rempart ,  la  fit  renverfer  par  fon  armée  avant  que  de 
s'en  retourner  ,  afin  de  trouver  moins  d'obftacle  à  fon 
retour.  Après  fon  départ  les  Vénitiens  employèrent  à 
la  relever  trente  mille  hommes ,  qui  y  travaillèrent  avec 
chaleur.  Les  brèches  furent  réparées  Se  la  muraille  fut 
relevée  en  quinze  jours.  Le  Turc  ne  laiffa  pas  d'y  re- 
venir ,  Se  de  détruire  entièrement  cette  muraille. 

Le  père  Coronelli ,  Vénitien  ,  dit ,  d'après  Morcri  8c 
Baudrand ,  qu'elle  le  divife  aujourd'hui  en  quatre  pro- 
vinces. 11  paroit  qu'ils  ont  pris  cette  divifion  dans  les 
parallèles  du  père  Briet ,  puisqu'ils  l'ont  copié  en  partie.- 
Ils  difent  que  la  première  province  de  la  Morée  eft 
le  duché  de  Clarence:  mais  ce  Duché  n'eft  pas 
plus  à  préfent  une  province  de  la  Morée  ,  que  toutes 
les  autres  fouverainetés,  Sec. 

Cet  état  ne  fubfifte  pas  plus  que  celui  du  despote  de  Pa- 
tras Se  de  tant  d'autres.  Je  me  fuis  informé  à  des  perfon- 
nes  qui  onr  fervi  en  Morée  du  tems  des  Vénitiens ,  Se 
j'ai  été  furpiis  que  leur  rapport  s'accordât  fi  bien  avec 
l'idée  qu'en  donne  de  l'Ifle. 

On  ne  connoît  en  Morée  depuis  long-tems  que  trois 
provinces  ,  qui  font  la  Zacanie  ou  Sacanie ,  le  Brazzo  di 
Maina,  Se  le  Belvédère. 

La  Sacanie  occupe  le  royaume  de  Sicyone,  Corinthe 
&  fon  territoire  ,  Se  toute  l'Argie.- 

Le  Belvédère  répond  à  l'AchaVe  proprement  dite; 
&  comprend  outre  cela  l'ancienne  Elide  ,  Se  une  grande 
partie  de  la  Meffenie  ,  fans  compter  la  partie  occidentale 
de  l'Arcadie. 

Le  Brazzo  di  Maina  ,  ou  le  pays  des  Mainotes  ; 
répond  au  refte  de  l'Arcadie,  Se  à  toute  la  Laconie  :  En 
voici  une  table. 


Coranro  ,  ou  Corinthe , 

Bafilico,  l'ancienne  Sicyone.  (Ce  n'eft 

qu'un  très-petit  lieu.  ) 
Veftiza , 

Xilocaftro  ,  jadis  ^€gira  , 
Aderna,       • 
Vulfi  ,  Stymphalus , 
Argo,  Argos  , 
Napoli  de  Romanie ,  Naupl'14. 


Dans  la 
Sacan  ie  , 


Dans  le 
Beivh dere, 


Patras ,  l'ancienne  Patra  , 
Belvédère  qui  donne  le  nom  à  la  prev 

vince ,  autrefois  Buprajîum, 
Chiarenza ,  Cyllene , 
Leonda ,  Trit&a  , 
Dimizana,  Pfophis , 
Gardichi ,   Clitor , 
Cartel  Tornefe , 
Clemouzi , 
Longanico  , 
Pifa  Olympia  , 
Gaftoani , 

L'Arcadia ,  Amnium , 
Zonchio  ,   ou  le  vieux  Navarin  j 

Pylus  MeJJènia  , 
Navarin ,  Coryphafium  t 
Modon  ,  Methone  , 
Coron  ,  Corone , 
Calamata ,  Thuria. 


MOR 


M  OR 


Dans  le 
Brazzo    di 
Maina, 


'  Leontari ,  Megalopolis  , 

Mandi ,   Matainea  , 

Caftro  di  Rocoma ,  Pra/ics , 

Mifitra,   Sparta  , 

Napoli  de  Malvafie ,  Limera , 

Caftro  Rarnpano  ,  JEri&  , 

Palxopoli ,  Gythium  navale  , 

Maina  ,  Minatbus , 

Chielifa  &  tout  auprès  Germen  ,  châ- 
teau qui  conferve  le  nom  de  l'an- 
cienne Gerenïa  , 
,  Zarnata ,  Aba. 


Je  paffe  un  nombre  d'endroits  moins  confrdcrab'.es  , 
dont  la  pofition  eil  moins  certaine,  ôc  dont  nous con- 
lioiflbns  moins  le  rapport  avec  l'ancienne  géographie. 

Le  nom  de  Morée  lui  vient  de  l'abondance  de  Meuriers 
qui  s'y  trouve.  Cet  arbre  eft  appelle  Monts  en  latin  j 
Mop'x ,  Morea  ,'  en  grec  ;  ainii  la  Morée  veut  dire  le 
pays  des  meuriers  ;  mais  nous  remarquerons  que  fa  figure 
rcffemble  allez  à  une  feuille  de  meurier. 

Ce  pays  de  lui  même  elt  aflez  fertile ,  excepté  vers  le 
milieu  où  il  y  a  beaucoup  de  montagnes:  aufli  les  habi- 
rans  de  l'Arcadie  ,  qui  étoit  à  ce  milieu  ,  étoient-ils  pres- 
que tous  pafteurs  ,  parce  que  ce  pays  eft  plus  propre  au 
pâturage  ôc  à  la  nourriture  des  troupeaux  qu'a  l'agricul- 
ture :  il  ne  biffe  pas  d'y  avoir  de  très-bonnes  vallées  qui 
rapporteroient  beaucoup  ,  fi  elles  étoient  cultivées  avec 
autant  de  foin  qu'autrefois.  Le  Brazzo  di  Maina  eft  un 
pays  moins  fertile  que  le  refte  :  auffi  voyons-nous  que  fes 
anciens  nabi  tans  ,  les  Lacédémoniens  ,  fuppléoient  par 
leur  frugalité  à  ce  qui  leur  manquoit  du  côté  de  l'abon- 
dance ôc  du  luxe.  Les  Mainotes  ,  leurs  fucceffeurs ,  font 
de  même  environnés  des  Turcs ,  qui  n'ont  pu  encore 
les  fuojuguer  entièrement ,  ils  leur  font  tête  :  ils  peuvent 
mettre  jusqu'à  loooo  hommes  fous  les  armes ,  ne  fouf- 
frent  point  qu'aucun  gros  vaiffeau  aborde  chez  eux,  ils 
ne  le  permettent  qu'à  de  petites  barques  avec  qui  ils  tro- 
quent des  peaux  ,  des  laines  ,  de  la  graiflè  &  des  vins. 
Autant  de  vaiffeaux  qu'ils  prennent  fur  les  ennemis ,  ils 
les  mettent  en  pièces  ôc  les  brûlent,  &  fe  fervent  de  leurs 
briganiins  pour  aller  piller  les  ifles  qui  font  au  Turc  : 
mais  il  faut  avouer  que  cette  habitude  de  vivre  de  butin 
les  accoutume  fi  bien  à  flibufter  ,  qu'ils  n'épargnent  pas 
les  vaiffeaux  des  Vénitiens ,  ni  ceux  des  autres  nations 
Chrétiennes  où  ils  foupçonnent  qu'ils  feront  quelque 
capture  avantageufe.  Il  y  a  dans  la  Morée  beaucoup 
d'Albanois  qui  s'y  font  gliffés.  Ces  gens ,  qui  ne  favent 
ni  porter  le  joug  du  Turc  ,  ni  le  fecouer ,  remuent  fou- 
vent  &  attirent  par- là  aux  habitans  plufieurs  mauvaifes 
affaires.  Le  Morabf.gi  ,  ou  Sangiac  de  la  Morée  ,  a  fa 
réfidence  à  Modon.  C'eft  lui  qui  commande  dans  la  Mo- 
rée. Le  père  Briet ,  -par ail.  2  part.  L  4.  pjg.  460  ,  prend 
'la  largeur  de  la  Morée  depuis  le  cap  de  Matapan  jusqu'à 
l'Examile  ,  c'eft-à  dire  ,  jusqu'à  cette  muraille  que  les 
Péloponnéflens  avoient  élevée  anciennement  pour  fe 
garantir'des  courfes  des  ennemis  durant  la  guerre  contre 
îe  roi  de  Perfe  ,  ôc  qui ,  comme  nous  avons  dit ,  avoir 
été  rétablie  par  les  Despotes ,  percée  par  Amuraih  II  , 
relevée  par  les  Vénitiens ,  Ôc  rafée  par  Mahomet  IL  11 
compte  de-là  au  cap  de  Matapan  ijo  mille  pas.  qu'il 
évalue  à  75  lieues  françoifes,  ôc  à  J7  milles  Se  demi  de 
milles  d'Allemagne.  11  prend  la  longueur  de  Caftel-Tor- 
nefe,  jusqu'à  Cabo  Schillo,  ôc  lui  donne  cent  quatre- 
vingt  mille  pas  ,  ou  quatre  vingt  dix  lieues  françoifes  , 
qu'il  réduit  à  quarante-cinq  milles  d'Allemagne. 

MOREILLES  ,  ou  MoureilLes  ,  Morolia  ,  abbaye 
d'hommes ,  en  France,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  de 
Clairvaux  ,  dans  le  Poitou  ,  au  diocèfe  de  la  Rochelle  , 
entre  Luçon  ôc  Maillerais.  Elle  fut  fondée  en  121  o,felon 
quelques-uns  en  122c  ,  ou  en  1228  ,  &  félon  d'autres 
le  6  Septembre  1152,  Elle  eft  fous  l'invocation  delà 
fainte  Vierge. 

MORELLA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  le  royaume  de 
Valence  ,  aux  frontières  de  celui  d'Arragon  ,  près  de  S. 
Matheo.ElIe  eft  dans  une  fituation  extrêmement  forte.au 
milieu  de  hautes  montagnes  ,  Se  environnée  de  rochers 
escarpés  Se  de  précipices.  Aujourd'hui  ,  dit  l'auteur  des 
délices  de  l'Espagne ,  elle  n'ell  plus  qu'un  monceau  de 


407 

ruines ,  ayarït  étc  prife  d'aflaut  pat  les  troupe:,  du  roi 
Philippe  V ,  au  mois  de  décembre  17c;  ,  pillée  ôc  réduire 
en  cendres.  Corneille  ,  qui  cite  les  mémoires  du  teras  . 
dit  que  cette  ville  ayant  été  entraînée  dans  la  révolte  du 
royaume  d'Espagne  contre  le  roi  Philippe  V  ,  fut  aflîégée 
par  ks  troupes  de  ce  prince  ,  fous  les  ordres  du  marquis 
d'Arènes,  vers  la  fin  de  l'année  1707.  Une  bombe ,  dit- 
il  ,  tirée  des  batteries  des  affiégeans,  tomba  pendant  le 
fiége  par  la  cheminée  d'une  chambre  où  étoit  le  gouvet- 
neur  de  la  place  ,  avec  le  major  ôc  un  autre  des  princi- 
paux offitiers  qui  furent  tués ,  &  cet  accident  déconcerta 
fi  fort  les  ailiégés,  que  perdant  l'espérance  d'être  fecou- 
rus ,  ils  demandèrent  auffi-tôt  à  capituler.  On  les  écouta 
à  condition  qu'ils  rendraient  le  château  en  même  tems„ 
La  capitulation  fut  fignée  le  1 5  décembre ,  ôc  la  garnifon 
fortit  le  17  pour  être  conduite  à  Tairagone.  Elle  étoit 
compofée  de  cent  cinquante  cavaliers  ôc  de  cinq  cens 
quatre-vingt  fantaflins ,  commandés  par  un  maréchal  de 
camp  ,  deux  colonels ,  vingt  capitaines  ôc  autant  de  licu- 
tenans.  Il  y  avoir  outre  cela  quatre-vingt  déferteurs  qui 
prirent  parti  dans  les  troupes  des  affiégeans ,  plus  de  deux 
cens  officiers  ou  foldats  François  Ôc  Espagnols  faits  pri- 
fonniers  en  diverfes  courfes  de  la  garnifon  ,  ôc  qui  furent 
tous  rendus  par  un  des  articles  de  la  capitulation. 

MORENÀ  ,  contrée  d'Afie.  Strabon  ,  /.  1 2.  p.  ^74  „ 
dit  qu'elle  faifoit  partie  de  la  Myfie,  &  que  Jules  Céfar 
en  donna  une  portion  à  Cléon  ,  chef  de  brigans ,  qui 
avoir  rendu  de  grands  fervices  aux  Romains. 
MORERVELA  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Cîteaux, 
en  Espagne  ,  dans  le  royaume  de  Léon ,  au  diocèfe  de 
Camora. 

1.  MORES.  Voyez.  Mauritanie  Se  Nègres. 

2.  MORES  ,  bourgade  de  France  ,  au  diocèfe  de  Lan- 
gres  ,  au  bailliage  de  Bar-fur-Seine  :  fa  fituation  eft  dans 
un  vallon  affez  couvert ,  au  bas  duquel  paffe  la  rivière 
d'Ourfe  5  il  y  a  beaucoup  de  vignes.  On  y  voit  une  ab- 
baye d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  de  Clair- 
vaux,  fondée  en  1153.  C'écoit  auparavant  une  églife 
dépendante  des  chanoines  réguliers  de  Saint  Denysdé 
Reims ,  que  Samfon ,  archevêque  de  Reims  ,  donna  à 
faint  Bernard,  du  confentement  des  mêmes  chanoines. 
On  y  conferve  le  chef  de  fainte  Beline  ,  vierge  ,  marty- 
riféepour  la  chafteté  par  un  feigneur  de  Lendreville* 
village  voifin. 

MORESBY  ,■  bourgade  d'Angleterre  ,  dans  le  Cum- 
berland  ,  fur  la  côte  orientale  de  cette  province  ,  envi- 
ron à  une  lieue  au  midi  de  Weikinton.  On  croit  quec'eit 
l'ancienne  Morbium.  Voyez  ce  mot.  *  Blacu ,   Atlas. 

MORESSART  ,  village  ou  bourg  de  France  ,  au  dio- 
cèfe de  Meaux ,  dans  l'arehidiaconé  de  Brie ,  doyenné  dé 
Creci ,  à  deux  lieues  de  cette  petite  ville  vers  le  midi ,  elt 
un  lieu  connu  dans  l'hiftoire  depuis  la  fin  du- XI  fiécle  , 
auquel  tems  un  nommé  Robert ,  furno'mmé  Burdin  , 
donna  la  moitié  de  cette  terre  ,  propr'im.  ten  tefçiticet  Mo- 
rijjarti ,  à  l'églife  de  faint  Germain  (dite  depuis  faint 
Martin  )  de  Pontoife  ,  par  les  mains  de  faint  Gautier  à 
qui  en  étoit  alors  abbé.  Hugues  de  Courcelles,  qui  tencit 
de  Roger  l'autre  moitié  ,  la  donna  au  même  abbé.  Ces 
donations  fe  firent  fur  l'autel  de  la  chapelle  de  faint  Ni- 
colas ,  qui  venoit  d'être  bâtie  ôc  qui  étoit  alors  la  feule 
églife  du  lieu.  Ebles  du  château  de  Rouci  ,  qui  avoit  le 
droit  de  voirie  ou  avouerie  du  même  lieu  ,  Vieria  ,  la 
donna  auffi  depuis  aux  moines  qui  habitèrent  ce  lieu  ,  & 
permit  de  prendre  dans  fa  forêt  le  bc  isqui  étoit  néceffairé 
pour  la  bâtir.  Odon  même,  comte  de  Corbeil,  donna 
auffi  un  femblable  droit  de  vouerie  -,  ôc  en  fit  la  ceffion 
en  remettant  entre  les  mains  d'un  moine  les  cifeaux  qu'il 
tenoit  en  main.  Le  prieuré  de  Moreffart  a  depuis  pris  le 
nom  de  faint  Gautier.  Guillaume  de  Carlande  s'empara 
dansta  fuite  des  biens  de  ce  prieuré  ;  mais  en  1 2 1 6  ,  étant 
à  l'article  de  La  mort,il  en  fit  reftitution.  L'année  fuivante, 
Guillaume  ,  éveque  de  Meaux  ,  érigea  en  paroilïe  la  cha- 
pelle de  faint  Nicolas  de  Moreffart.  Le  prieuré  elt  au- 
jourd'hui un  bénéfice  fimple  à  la  collation  de  l'abbé  de 
Pontoife  ,  Ôc  l'églife  fert  de  paroiffe  aux  habitans.  Dans 
l'étendue  de  cette  paroiffe  &  fur  les  bords  de  la  foi  et ,  eft 
l'ancien  château  de  Bec  Oifeau  ou  de  Bec-Oifeî  ,  où  les 
rois  de  la  troifiéme  race  Ôc  autres  princes  fe  font  fotivent 
retirés.  En  1594 ,  au  mois  de  Janvier  ,  le  fieur  de  Maul- 
ny  tenant  parti  des  Ligueurs  ',  s'empara  de  ce  château* 


» 


4o8        MOR 


MOR 


La  chapelle  qu'on  y  voit  efl  fous  le  titre  de  Notre-Dame 
de  Lorette ,  &  à  la  nomination  du  roi.  L'hiftorien  de 
Mcaux  dit ,  pag.  i6j  ,  que  ce  château  tombe  en  ruine. 
Quelques  géographes ,  8c  même  le  dictionnaire  univer- 
fcl  écrivent  Morcerf,  ce  qui  efl  s'éloigner  de  plus  en  plus 
de  l'étymologie.  11  eft  vraifemblable  que  l'origine  de 
Moreflart  vient  de  Mauriejfartum ,  un  coin  de  forêt  dé- 
friché qui  appartenoit  à  un  nommé  Maur. 

MOR  ET  ,  en  latin  Muritum  ,  Murittum  &  More- 
tum>  ville  de  France  ,  dans  rifle  de  France,  fur  le  Loing, 
environ  à  une  lieue  de  l'endroit  où  cette  rivière  fe  jette 
dans  la  Seine.  Cette  ville  efl:  ancienne  {a  )  ,  puisque 
Wemilon  ,  archevêque  de  Sens ,  y  afïembla  un  concile 
où  il  préfida  ,  8e  dont  Lupus  Servants ,  abbé  de  Ferrie- 
res,  fait  mention  dans  la  1 1  j  de  fes  épkres.  Moret  a  titre 
de  comté  depuis  long-tems.  Henri  le  Grand  le  donna 
à  Jacqueline  de  Beuil  ,  fon  amie ,  qui  le  porta  dans  la 
maifon  des  marquis  de  Vardes ,  de  laquelle  cette  ville  a 
paflé  dans  maifon  de  Chabot-Rohan  ,  par  madame  la 
duchefle  de  Rohan  ,  fille  unique  du  dernier  marquis  de 
Vardes  :  il  y  a  un  château  qui  n'efl.  presque  qu'un  donjon 
couvert  d'une  terraffe.  La  principale  églife  efl  dédiée  à 
Notre-Dame  :  elle  efl  proche  du  marché  &  bien  bâtieron 
y  voit  auffi  un  couvent  de  religieufes.  Les  murailles  de 
Moret  font  d'afiez  bonne  défenfe  ,  principalement  du 
côté  de  la  porte  par  où  l'on  y  entre  en  venant  de  Fontai- 
nebleau ,  à  caufe  d'une  grofle  tour  qui  en  défend  l'en- 
trée, comme  fait  celle  du  Pont. On  trouve  enfuiteun  faux- 
bourg  dont  l'églife  porte  le  titre  de  prieuré  ;  celui  de  faint 
Mamert  n'efl  éloigné  que  d'un  quart  de  lieue.  Ceux  qui 
ont  é:é  mordus  de  quelque  chien  enragé  y  vont  porter 
leurs  offrandes.  La  chapelle  de  faint  Nicaife  où  vont 
ceux  qui  font  incommodés  de  la  toux,  n'efl  pas  éloignée 
"delà. 

Le  bailliage  de  Moret  a  dans  fon  reflbrt  plufieurs 
prévôtés  -,  8c  du  comté  de  Moret  relèvent  quantité  de 
fiefs ,  de  comtés  &  de  baronnies ,  &  même  la  feigneurie 
8e  le  château  de  Fontainebleau,  (a)  Longuerue  ,  Dcfc. 
de  la  France ,  part.  i.  pag.  29.  (  b  )  Piganiol ,  Defc.  delà 
France,  t.  3.  p.  loi. 

MOREUIL,  en  latin  Morelium ,  bourg  de  France, 
dans  la  Picardie ,  élection  de  Mont-Didier ,  fur  la  petite 
rivière  d'Aurégue,  dans  le  Santerre ,  entre  les  villes  de 
Corbie  8e  de  Mont  Didier.  Il  y  a  dans  ce  bourg  une 
abbaye  régulière  de  l'ordre  de  faint  Benoît  ,  8c  qui  fut 
fondée  eu  1 109  ,  par  Bernard,  feigneur  de  Moreuil.  Les 
religieux  non-réformés  qui  l'occupoient ,  ayant  diflîpé 
une  partie  des  biens  de  cette  abbaye ,  8e  vendu  jusqu'au 
plomb  des  cercueils  des  feigneurs  de  la  maifon  de  Crequy, 
leurs  bienfaiteurs ,  en  ont  été  chaffés  par  arrêt  du  parle- 
ment de  Paris  :  on  a  mis  à  leur  place  des  religieux  de  la 
congrégation  de  faint  Maur.  Voyez,  au  mot  Saint  , 
l'article  Saint'Wast  de  Moreuil. 

MORGANTIUM  ,  ville  de  Sicile  ,  dans  la  partie 
orienrale  de  cette  ifle,,  au  midi  deCarane,  aflez  près  de 
l'embouchure  du  fleuve  Simaethus.  C'efl  une  ville  très- 
ancienne  ,  dont  le  nom  fe  trouve  écrit  différemment  dans 
les  auteurs.  Silius  Italicus  écrit  Morgenti  a,  8c  Etienne  le 
géographe,  tantôt  yiofrivria^Morgentia^  tantôt  MopyîiTiov, 
Morgentium.  Strabon  lit  Mep^atr/o:-,  Morgantium,  8c  Tire- 
Live  Murgantia.  Les  habitans  font  nommés  Murgantini 
par  Cicéron  ,  in  Verrina  3  ;  Murgentini  par  Pline ,  /.  3. 
c.  8 ,  &  Morgentini  par  Etienne  le  géographe.  Enfin  , 
Diodore  de  Sicile  écrit  Mopya.vTivet,Morgantina.  Il  ne  faut 
pas  confondre  cette  ville  avec  la  ville  Murgantia ,  en 
Italie,  dans  leSamnium.  Voyez,  Murgantia.  Fh.  Clu- 
ver.  Sicilia  antiq.  1.  2.  c.  8. 

MOKGARTEN  ,  lieu  de  Suifle  ,  dans  le  canton  de 
Zug,  remarquable  par  la  victoire  que  les«Suifles  y  rem- 
portèrent fur  les  Autrichiens  en  1 3 15  ,  &  qui  affura  leur 
liberté.  Délices  de  la  Suijfe. 

1.  MORGE.  Voyez.  Amorgos. 

2.  MORGE,  petite  rivière  de  France,  dans  la  Bafle- 
Auvergne. 

MORGENTIA.  Voyez.  Morgantium  8c  Murgan- 
tia. 

1.  MORGES,  ville  de  la  Suifle,  dans  le  pays  Ro- 
mand fur  le  bord  du  lac  de  Genève  ,  environ  à  deux 
lieues  de  Laufanne,  &  la  capitale  d'un  bailliage  auquel 
elle  donne  fon  nom.  Cette  .ville  eft  jolie  ,  très-propre 


Se  compofée  de  deux  grandes  rues  parallèles ,  6c  d'une 
petite  qui  s'étendent  le  long  du  lac ,  dans  une  plaine  en- 
trecoupée de  vignes  8c  de  champs.  Le  château  où  réfide 
le  bailli ,  eft  à  l'un  des  bouts  de  la  ville  ,  &  le  temple  à 
l'autre.  Les  Bernois  ont  pratiqué  à  Morges ,  un  porc 
aflez  fpacieux  ,  fermé  de  murailles ,  avec  un  bon  quai  & 
des  halles.  C'efl  le  heu  où  fe  déchargent  les  marchandifes 
qui  viennent  de  l'Allemagne  pour  la  France  ou  pour 
Genève  ,  ou  qui  viennent  de  Genève  &  de  la  France 
pour  l'Allemagne.  Par  le  moyen  de  ce  port ,  la  ville  de 
Morges  s'efl  fort  enrichie  &  embellie  :  elle  étoit  peu  de 
chofe  dans  le  XI  fiécle.  Conrad,  duc  de  Zéringen  ,  la 
ferma  de  murailles  dans  le  XII  fiécle.  Elle  a  une  très- 
belle  avenue  du  côté  de  l'orient  :  c'efl  une  plaine  cou- 
verte en  partie  d'allées  d'arbres  fous  lesquels  on  peut  fe 
promènera  couvert  des  rayons  du  foleil.  *  Etat&  Dé- 
lices de  la  SuiJJe  ,  t.  2  .  p.  27;. 

2.  MORGES  (  Le  bailliage  de  )  ,  comprend  la 
côte  ,  ou  du  moins  une  partie  de  cette  contrée  ,  8c  pafle 
pour  l'un  des  deux  meilleurs  vignobles  qu'il  y  ait  dans  les 
treize  cantons  de  la  Suifle.  On  en  a  transporté  8c  on  en 
transporte  encore  en  Hollande ,  en  Brandebourg  &  en 
Italie  ,  où  il  efl  autant  eflimé  pour  la  délicatefle  que  les 
meilleurs  vins  de  Champagne  8c  de  Bourgogne.  On  ap- 
pelle la  côte  ,  ce  petit  quartier  de  pays  qui  s'étend  de- 
puis la  rivière  de  l'Aubonne  ,  jusqu'au  torrent  de  la  Pro- 
maxthoufe  ,  qui  coule  à  demi-lieue  de  Nyon  à  l'orient , 
8c  comprend  ainfi  trois  petites  lieues  de  long  :  le  terrein 
n'y  efl  pas  fi  raboteux  que  celui  de  la  Vaux  ,  il  eft  uni  à 
quelque  efpace  de  chemin  au  bord  du  lac  ,  il  s'élève  in- 
fenfiblement  jusqu'à  une  lieue  de  ma'rche.  La  vue  de  la 
Côte  8c  celle  de  la  Vaux  ,  deux  confiées  qui  s'élèvent 
au  bord  du  lac  en  forme  d'amphithéâtre ,  &  qui  font  par- 
femées  de  villes  ,  de  villages  8c  de  châteaux  ,  fait  le  plus 
agréable  afpect  du  monde  aux  yeux  de  ceux  qui  navigenc 
fur  le  lac  de  Genève.  Le  docteur  Burnet  en  parle  ainfi 
dans  fon  voyage  de  Suiffe.  Le  rivage  du  lac  efl  bordé  de 
divers  pelotons  de  terre  ,  fi  bien  pris  &  fi  bien  ordonnés, 
qu'on  diroit  que  le  plus  fin  art  y  a  travaillé.  Et  pour  ce 
qui  eft  du  pays  qui  touche  au  rivage ,  le  penchant  de  fes 
coteaux  droits  &  unis ,  8c  le  ras  de  fes  campagnes  bieft 
cultivées  &  peuplées  font  une  fi  agréable  perfpective, 
qu'il  eft  impoflible  de  rien  voir  de  plus  beau.  Aufli  Ta- 
vernier  dit  dans  quelque  endroit  de  fes  voyages,  qu'il 
n'avoit  rien  vu  de  comparable  à  ce  pays,  finon  un  cer- 
tain endroit  de  l'Arménie  qui  eft  aufli  près  d'un  lac. 

Tout  le  bailliage  de  Morges  eft  rempli  de  terres  feî-* 
gneuriales  :  on  y  voit  les  baronnies  de  Rolle  8c  de  Mon- 
rricher  ,  les  feigneuries  d'Allaman,  de  Bienne,  deWuf- 
flens-le  château  ,  de  Vufflens-la-ville  ,  de  Vullierens  , 
de  l'Ifie  ,  de  Perroy  ,  de  la  Chaux  ,  d'Aclens  ,  de  Ro- 
mand 8c  plufieurs  autres. 

Généialement  parlant,  le  terroir  du  bailliage  de  Mor- 
ges eft  très-fertile  en  bleds  ,  en  vins  8c  en  fruits.  Le  vin 
qui  croît  aux  environs  de  Morges  8c  au-delà ,  jusqu'à  la, 
rivière  de  l'Aubonne,  eft  paflablement  bon;  mais  celui 
de  la  côte  l'emporte  de  beaucoup ,  particulièrement  celui 
des  environs  de  Rolle  8c  de  Burfins. 

5.  MORGES  ,  petite  rivière  de  Savoye  ,  dans  le  Cha- 
blais ,  qu'elle  fépare  du  Vallais.  Son  cours  eft  du  Sud 
au  Nord  ,  8c  fon  embouchure  dans  le  lac  de  Genève. 
*  Robert ,  Carte  de  Savoie. 

MORGETES  ,  peuples  d'Italie ,  dans  l'Oenorrie  : 
Strabon  ,  /.  6.  p.  257  ,  nous  apprend  qu'ils  furent  chafles 
de  leur  pays  par  les  Oenotriens ,  8c  qu'ils  paflerent  en 
Sicile  ,  où ,  félon  quelques-uns ,  ils  donnèrent  leur  nom  à 
la  ville  Morgantium.  Pline ,  /.  3.  c.  5.  fait  mention  de  ces 
peuples. 

MORGNY,  bourg  de  France,  dans  la  Normandie, 
élection  de  Lions. 

MORGYNA,  ville  de  Sicile,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

MORHANGE ,  en  allemand ,  Moerchtngen  ,  bour- 
gade de  la  Lorraine  allemande  ,  avec  titre  de  comté, 
dont  les  feigneurs  n'onc  reconnu  au-deflus  d'eux  ,  ni  les 
ducs  de  Lorraine  ,  ni  les.évêques  de  Metz  ,  mais  feuler 
ment  les  empereurs.  Cette  feigneutie  de  Morhange  étoit 
tenue  ,  il  y  a  près  de  quatre  fiécles,  par  les  Wildgraves  ou 
comtes  Sauvages,  dont  le  dernier  fur  Jean-Simond  Wild- 
grave  ,  comte  de   Salme  ,  qui  ne  laiflà  qu'une  fille  8e 

unique, 


MOR 


MOR 


unique  héritière  ,  nommée  Jeanne ,  qui  époufa  le  Rhin- 
grave  Jean,  &  lui  apporta.entr'autres  biens ,  la  frigneurie 
de  Morhange  ,  qui  étoit  un  franc-aleu  libre  ôc  indépen- 
dant. L'an  168c,  George  d'Aubuffon,  évêque  de  Metz, 
fit  âlfigner  le  Rhingrave  Jean  à  h  chambre  de  Metz  , 
pour  l'obliger  à  lui  faire  hommage  du  comté  de  Mor- 
hange :  comme  on  reconnut  que  Morhange  n'étoic  pas 
un  fief  de  l'évêque  de  Metz ,  mais  une  terre  libre  ,  on 
renvoya  le  Rhingrave  de  cette  demande  ,  &  on  vit  que 
l'on  avoit  confondu  Morhange  avec  Morange  vers 
Sar-Albe  i  cependant ,  parce  que  Morhange  étoit  en- 
clavé dans  l'évêché  de  Metz  ,  on  le  déclara  franc-aleu  de 
Metz  ,  ôc  on  le  fournit  à  la  jurisdiction  du  parlement  de 
Metz.  Cet  arrêt  a  été  caffé  comme  les  autres ,  Ôc  Mor- 
hange a  été  remis  au  même  état  où  il  étoic  autrefois  fous 
les  Rhingraves.  Us  en  avoient  été  dépouillés,  ôc  de  leurs 
autres  biens  par  les  Impériaux  ,  pour  avoir  tenu  le  parti 
des  Suédois.  Le  comte  Jean  Rhingrave  demanda  qu'on 
lui  reftituât  Morhange  :  ce  qui  fut  accordé  par  le  traité 
de  Munfter  ;  mais  comme  le  duc  Charles  de  Lorraine  en 
avoit  été  mis  en  pofleiîîon  ,  ce  prince  ne  voulût  pas  exé- 
cuter le  traité  qu'il  n'approuvoit  pas.  Dix  ans  après  le 
traité  ,  le  duc  étant  prifonnier  en  Espagne  ,  les  états  de 
l'Empire  ,  afiemblés  à  Francfort ,  le  déclarèrent  pour  le 
Rhingrave  ,  ôc  écrivirent  au  feu  roi  Louis  XIV  ,  pour  le 
prier  de  rétablir  le  Rhingrave  avec  des  troupes  :  ce  qu'il 
fie ,  ôc  le  Rhingrave  jouit  librement  ôc  paifiblement  de 
Morhange  ,  jusqu'à  l'an  1680.  Les  troubles  qu'on  lui  a 
caufés  depuis  ont  cciïé  par  le  traité  de  Riswich.  *  Lon- 
gueruè  ,  Defcript.  de  la  France  ,  part.  2.  pag.  167. 

MORI,  village  d'Ethiopie.  Ptolomée , lib.  4.  cap.  7.  le 
place  fur  la  rive  occidentale  du  Nil ,  entie  Satachthe  ôc 
Nacis. 

1.  MORIA  ou  MorIAH  ,  montagne  de  la  Paleftine  , 
Se  fur  laquelle  le  temple  de  Jérufalem  fut  bâti  par  Salo- 
mon.  On  croit ,  dit    Dom.  Calmet ,  Dilïionnaire.  que 
c'eft  au  même  endroit  qu'Abraham  fut  prêt  d'immoler 
Ifaac  (a),  quoique  cela  fouffre  de  grandes  difficultés. 
Les  Samaritains  au  lieu  de  Moria  ,  dans  la  Genefe  ,  ch. 
22.  verf.  2.  lifent  More  ;  ôc  ils  prétendent  que  Dieu 
envoya  Abraham  près  de  Sichem,  où  étoit  certainement 
More  (  b  ) ,  ÔC  que  ce  fut  fur  le  mont  Carizim  qu'lfaac 
fut  mené  pour  y  êtiè  immolé.  Il  y  a  diverfes  conje- 
ctures (  c  )  fur  l'origine  du  nom  Moria.  Quelques-uns 
difent  que  cette  montagne  fut  ainfi  nommée  de  l'hébreu 
DNTirt  ,  biflrutlion,  parce  que  la  loi&  ladoctrine  fe  répan- 
doient  de-là  fur  tout  le  peuple  d'Ifracl;  d'autres  croient 
que  le  nom  Moria  eft  dérivé  de  celui  de  TiO,  qui  veut  dire 
Myrrhe  ÔC  aromathes ,  parce  que  c'étoit  le  lieu  où  l'on 
orfroit  des  parfums  :  d'autres  le  font  venir  de  ïrntnïO  , 
Moreh-Jah  ,    c'eit  -  à  -  dire  ,    le    Seigneur  fera  vu\ 
parce  que  le  Fils  de  Dieu  y  devoit  paroitre  après  fon 
incarnation  :  ainli  tout  le  monde  juge  que  dans  cette 
étymologie  ,  il  y  avoit  une  forte  de  Prophétie  d'une 
chofe  qui  devoit  arriver  ;  mais  fi  on  fait  attention  au 
tems  où  cette  montagne  ôc  toute  la  contrée  voifine  fu- 
rent premièrement  appellées  la  Terre  de  Moriah,  on 
pourra  dire  que  cette  exprelîion  fignifie  la  Terre    du 
Dieu  docteur ,  ou  la  terre  du  Seigneur  mon  dofteur , 
parce  que  Sem  ou  Melchifedech ,  qui   enfeignoit  les 
voies  du  Seigneur ,  habitoit  dans  ce  lieu  ,  lorsque  les 
Chananéens  étoient  dans  les  ténèbres  ôc  dans  les  erreurs 
que  leur  enfeignoient  leurs  docteurs.  La  montagne  de 
Moria  (d)  étoit  fituée  au  milieu  de  Jérufalem,  qui 
formoit  autour  d'elle  une  espèce  de  théâtre.  La  mon- 
tagne Acra  ,  fur  laquelle  cette  ville  étoit  bâtie  ,  fe  trou- 
voit  autrefois    plus    haute  que  la  montagne    Moria  ; 
mais  Hérode  ôc  fes  fucceffeurs  l'applanirent  ôc  firent 
jetter  des  terres  dans  la  vallée  ,  pour  que  le  temple 
dominât  fur  tous  les  bâtimens  de  la  ville  ,  ôc  pour  ren- 
dre le  chemin  du  temple  plus  aifé.  La  montagne  de 
Sion  étoit  au  nord  de  celle  de  Moria.  Cette  dernière 
montagne  fut  partagée  entre  deux  tribus ,  dans  le  tems 
que  fut  faite  la  diltribution  des  terres  ;  car  le  parvis 
du  temple  étoit  fur  les  terres  de  la  tribu  de  Juda ,  & 
l'autel,  le  portique,  le  temple  &  le  Saint  des  Saints 
fe  ttouvoient  fur    les  terres  de  la  tribu  de  Benjamin. 
(a)  Genef.  22.  2.  14.  (b)  Cenef.  12.  6.  ôc  Deut.  n.  30. 
(c)  Jo.  Ligthfort ,   Defcr.  rempli  Hierofol.  c.  1.  (d) 
Jofeph.  Antiquit.  lib.  ij.c.  14. 


2.  MORIA,  ville  de  Sicile,  félon  Corneille.  11  la 
place  dans  le  Val  de  Noto  ,  à  quelques  milles  de  la 
ville  de  Noto  ,  &  ajoute  qu'on  la  nommoit  autrefois 
Modica.  En  dépit  de  Corneille,  nous  cpnnoi  fions  en- 
core aujourd'hui  la  ville  de  Modica,  capitale  d'un  comté» 
Magin  ,  le  père  Coronelli ,  Sanfon  ,  de  PlYle  &  autres, 
confervent  tous  le  nom  de  Modica  dans  leurs  cartes  ; 
aucun  ne  fait  la  moindre  mention  de  Moria. 

MORICAMBE  ,  golfe  de  l'ifle  d'Albion.  Ptolomée, 
i.i.c.j,  le  place  fur  la  côte  occidentale  entre  le  golfe 
Ituna  ôc  le  pott  des  Sctamii,  Le  père  Bùet  dit  que  c'elt 
la  baie  deKirkby. 

MOR1DUNUM  ou  Mùridunum,  ville  de  laGrandc 
Bretagne.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route 
de  Calleva  à  Urioconium  ,  entre  Dumovaria  ôc  Sea- 
dum  Nunniorurn ,  à  trenre-fix  milles  de  la  première  & 
à  quinze  milles  de  la  féconde.  La  table  de  Peutinger  , 
au  lieu  de  Moridùnum ,  écrit  Ridunum.  C'eft  aujour- 
d'hui Seaton  ,  félon  Gale.  *  Amonini  Iter  Brit.  p.  124..' 

MORIENVAL,  Morier.vallis ,  monaftere  de  filles 
en  France  ,  ordre  de  faim  Benoît ,  au  diocèfe  de  Solfions  » 
dans  le  Valois  ,  au  midi  de  Compicgne  ,  à  deux  lieues: 
au  nord  de  Crépi ,  près  de  Pierrefont ,  dans  un  fond 
entouré  de  montagnes  ptesque  de  tous  les  côtés.  Dorra 
Mabillon  avoue  que  cette  abbaye  de  filles  lui  a  été  con- 
nue très-tard:  ôc  en  effet,  quoiqu'elle  foit  très  ancien- 
ne, il  n'en  a  parlé  qu'à  l'an  1122,  dans  fon  fixiéme 
tome  des  annales  Bénédictines,  &  comme  hors  d'oeu- 
vre. On  croit  dans  le  lieu  que  Dagobert  premier  en 
a  été  fondateur-,  mais  cela  n'eft  pas  autorité.  Il  y  eue 
d'abord  des  moines  ôc  des  religieufes  ;  quelques  chanoi- 
nes fuccéderenc  aux  moines.  11  n'y  a  plus  aujourd'hui 
que  des  religieufes  Bénédictines  ,  dont  l'églife  eft  très- 
ancienne.  Elle  eft  fous  le  titre  de  la  fainte  Vierge  :  mais 
on  y  invoque  particulièrement  faint  Aunobert,  évêque 
de  Seez,  dont  la  fête  de  la  Tranfiation  eft  le  premier 
Septembre.  On  dit  que  fon  corps  a  éré  apporté  en  ce 
lieu  dans  le  tems  que  l'on  portoit  les  reliques  des  Saints 
dans  les  campagnes  pour  obtenir  les  aumônes  des  fidè- 
les. Le  nom  latin  de  cette  abbaye  elt  Mauriniana 
Valus  ,  qui  a  été  fort  défiguré  par  la  fuite  >  enforte 
qu'on  a  dit  Morigni  Vallis,  Morgnevallis  ,  Morneval- 
lis,  Maurivallis.  Ce  monaftere  ayant  été  brûlé  avant 
le  règne  de  Charles  le  Simple  ,  les  chartres  données  par 
Charles  Je  Chauve  furent  perdues  ;  mais  Charles  le  Sim- 
ple reconnut  les  dGns  de  fon  aïeul  à  la  prière  du  duc 
Robert ,  fils  de  Robert  le  Fort ,  qui  en  étoit  abbé.  L'é- 
glife pâroifiîale  de  ce  lieu  eit  détachée  de  l'abbaye  -y 
elle  eft  fous  le  titre  de  faint  Denys ,  évêque  de  Paris. 
Au  bout  de  ce  bourg ,  du  côté  du  couchant,  eft  une 
autre  paroifie  du  titre  de  faint  Clément  ,  pape.  Le  dic- 
tionnaire nniverfel  de  la  France  fe  trompe,  en  affinant 
que  Dagobert  avoit  d'abord  fondé  cette  maifon  pour 
des  chanoines  réguliers  :  il  auroit  peut-être  mieux  ren- 
contré, s'il  eût  dit  pour  des  clercs  en  général.  On  fait 
que  l'érabliffement  des  chanoines  réguliers  eft  bien  pofté- 
rieur.  Cette  abbaye  a  été  fupprimée  en  1745. 

MORIES ,  Mcepivç  ,  peuples  de  l'Inde,  félon  Etien- 
ne le  géographe ,  qui  dit  qu'ils  habitoient  dans  des  mai- 
fons  de  bois. 

MORIEZ  ,  bourgade  de  France  ,  dans  la  Provence , 
viguerie  de  Caftelane.  Il  y  a  dans  fon  territoire  une 
fontaine  d'eau  falée ,  ôc  dont  le  fel  eft  plus  difficile  à 
difibudre  que  celui  de  la  mer.  Cette  fontaine  fut  décou- 
verte en  1636. 

MORIGNY  ,  abbaye  de  France,  dans  le  Gâtinois. 
fur  la  rivière  de  Louet ,  élection  d'Eftampes.  Elle  eft 
de  l'ordre  de  faint  Benoît  ,  ôc  fut  fondée  vers  l'an 
1106.    Cette    abbaye  a  été  entièrement   démolie   en 

1749- 

MORILL1I ,  peuples  de  la  Macédoine ,  félon  Pline  „ 

/.  4.  c.  10.  qui  les  place  dans  les  terres.  Le  père  Har- 

douin  écrit  Morylli  ,  ôc  dit  qu'ils  tiroient  leur  nom 

de  la  ville  Moryllos.  Voyez,  ce  mot. 

MORIMARUS A  ,  c'eft- à-dire  Mer  Morte.  Pline, 
/.  4.  c.  13.  dit  que  les  Ombres  donnoient  ce  nom  à  là 
mer  du  Nord  qui  mouilloit  la  Scythie.  Il  ajoute  qu'Hé- 
cathée  appelloit  cette  mer  Amalchium. 

MORIMENA.  Voyez,  Murrani. 

I.  MORIMOND,  Morimons ,  abbaye  régulière  en 
Tom.  IV.   Fff 


MOR 


410 

France ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  en  Champagne  ,  au 
diocèfe  &  à  fix  lieues  au  nord-eft  de  Langres ,  encre 
Choifeul  &  Aigremonc,  dans  un  fond  environné  de 
bois  &  de  montagnes.  Elle  fut  fondée  en  1 1  ij  ,  par 
Oldeiïc  d'Aigremont ,  feigneur  de  Choifeul,  ôc  par 
Adeline ,  fa  femme.  Elle  elt  en  régie  ,  ôc  l'abbé  elt  père 
fupérieur  immédiat  des  cinq  ordres  de  chevalerie  qui 
font  en  Espagne  &  en  Portugal  ;  favoir,  de  Calatrava , 
d'Alcantara,  de  Montefa  ,  d'Avis  ôc  de  Chriit.  Bau- 
gier  dit  qu'elle  fut  fondée  en  1 109  ,  ou  en  1 1 14 ,  mais 
il  ajoute  :  D'autres  difent  plus  v rai fcmblable ment  en 
iiij,  la  même  année  &  le  même  jour  que  celle  de 
Clairvaux,  par  GaufTerand ou  JoHerand, cinquante-qua- 
trième évêque  de  Langres.  Etienne  ,  troifiéme  abbé  de 
Cîteaux ,  douze  ans  après  Pérabliffement  de  l'abbaye  de 
Morimond ,  voyant  que  ce  lieu  n'étoit  qu'un  hermi- 
tage  dans  une  vallée  au  milieu  d'un  boisfolitaire,  la 
fonda  mieux ,  en  quoi  il  fut  aidé  par  les  libéralités  d'Ulric, 
ou  Olderic  feigneur  d'Aigremont,  l'un  àes  feigneurs  de  la 
cour  deThierri,  duc  de  Lorraine.  D'autres  prétendent  que 
ce  fut  cet  Olderic,  qui  avec  Adeline,  fon  époufe,  en 
fut  le  premier  fondateur  ,  lorsqu'il  vint  en  France  pour 
voir  le  pape  Pascal  II  »  qui  étoit  malade  à  Langres.  Cette 
abbaye  fut  depuis  confidéiablemenr  augmentée  parles 
autres  feigneurs  d'Aigremont  &  de  Choifeul ,  qui  font 
reconnus  dans  cette  abbaye  comme  fondateurs  ,  ôc  ont 
leur  tombeau  dans  l'églife.  Il  paroît  par  les  titres  de 
cette  abbaye ,  que  les  feigneurs  de  Bourbonne  ont  été 
du  nombre  de  Ces  bienfaiteurs ,  depuis  fa  fondation 
jusqu'en  l'année  11 60.  Elle  a  dans  fa  dépendance  fept 
cens  bénéfices;  fes  revenus  font  en  Espagne  ôc  en 
Portugal.  *  Piganiol ,  Defcription  de  la  France,  t.  3. 
p.  2.92. 

L'églife  eft  fur  les  terres  de  Champagne ,  il  y  a  une  cou- 
ronne de  fleurs  de  lis  fur  la  flèche ,  la  moitié  du  ré- 
fectoire eft  fur  les  terres  de  la  Lorraine.  On  y  a  com- 
mencé un  bâtiment  magnifique  ,  le  dortoir  eft  fort 
beau.  On  a  fait  fecher  les  étangs  ôc  couper  les  monta- 
gnes ,  pour  donner  de  l'agrément  ôc  de  la  commodité 
a  ce  monaftere.  Il  y  manque  une  bibliothèque.  L'abbé 
eft  régulier,  &  a  fous  lui  trente  religieux.  L'églife  elt 
bien  bâtie  ,  grande  ,  belle  ÔC  fort  éclairée. 

1.  MORIMOND,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cî- 
teaux ,  de  la  congrégation  de  Lombardie ,  dans  le  Mi- 
lanez ,  entre  Milan  ôc  Pavie. 

1 .  MORIN  ,  nom  de  deux  rivières  de  France ,  dans 
la  Brie  ,  qui  fc  jettent  dans  la  Marne.  L'une  eft  nom- 
mée Grand  Morin  ,  elle  paiTe  à  Coulommiers,  à 
Crefïï ,  &  fe  jette  dans  la  Marne  un  peu  au-deflbus 
de  Meaux  ;  l'autre  ,  qu'on  appelle  Petit  Morin  ,  paflè 
à  Monrmirail ,  &  a  fon  embouchure  dans  la  Marne  à 
Ja  Ferré-fous- Jouare.  Ces  deux  rivières  pourroient  être 
rendues  navigables  par  des  éclufes  avec  un  peu  de  dé- 
penfe. . 

i.  MORIN,  quartier  &  paroiffe  de  la  Plaine  du 
cap  François,  dans  Pifle  de  Saint  Domingue ,  &  à  l'eft 
du  cap.  Il  fut  pillé  par  les  Espagnols  en  1695. 

MÔRINGEN  ,  ville  ôc  bailliage  d'Allemagne  ,  dans 
le  duché  de  Brunswick-Lunebourg ,  entre  les  villes 
d'Einbeck  &  de  Hardegsen.  Elle  a  pris  fon  nom  d'un 
ruifleau  appelle  Mohr ,  qui  prend  fa  fource  à  quelque 
diftance  de  là  dans  un  lieu  marécageux.  Elle  fur  pres- 
que entièrement  brûlée  en  1490,  avec  toutes  fes  ar- 
chives ;  ce  qui  fait  qu'on  ne  peut  pas  aifément  favoir 
quelle  a  été  fon  origine  &  fes  progrès.  *  Zeyler ,  Top. 
duc  ,  de  Brunfw.  ôc  Lun. 

MORINI ,  anciens  peuples  de  la  Gaule  Belgique. 
Ils  habitoient  l'ancien  diocèfe  de  Terouenne.  Je  crois, 
dit  Sanfon  ,  Remarques  fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule , 
que  ce  diocèfe  a  autrefois  compris  ceux  de  Terouenne 
6c  de  Tournay  ;  celui  de  Terouenne  fut  encore  divifé 
en  trois,  qui  font  Boulogne,  Saint  Orner  ôc  Ypres  ; 
&  celui  de  Tournay  aulTi  en  trois ,  qui  font  Tournay , 
Gand  &  Bruges  ;  mais  c'eft  une  erreur  de  dire  que  ce 
diocèfe  de  Tournay  ait  été  démembré  de  celui  de  Te- 
rouenne ,  &  par  conféquent  on  ne  peut  l'attribuer  aux 
Morini.  Ce  que  Sanfon  ajoute  que  ces  peuples  étoient 
divifés  en  plufieurs  cantons ,  in  plures  Pagos  ,  eft  plus 
raifonnable  :  cela  fe  peut  prouver  par  Céfar  même  , 
/.  4.  c.  il.  qui  étant  dans  le  port  Iccius  pour  faire  équi- 


MOR 


per  fes  vaifieaux  ,  reçut  les  députés  d'une  grande  partie  • 
des  Morini ,  qui  s'exeuferent  du  pafle  ,  ôc  promirent  de 
faire  ce  qui  leur  feroic  commandé.  Céfar  rrouva  que 
cette  dépuration  venoit  fort  à  propos  ,  parce  qu'il  ne 
laiftoit  point  d'ennemi  derrière  lui.  Quelque  [ems  après 
Cefar ,  en  partant  pour  la  Grande  Bretagne  avec  une 
partie  de  fon  armée,  donna  le  refte  à  Q.  Titurius  Sa- 
binus  ôc  à  L.  Aurunculeius  Cotta,fes  lieutenans  ,  pour 
qu'ils  pailaflent  dans  le  pays  des  Ménapiens  &  dans 
celui  des  Morini ,  de  la  part  de  qui  il  n'avoir  point  en- 
core reçu  de  députés.  Or,  puisque  Céfar  artive  avec 
fon  armée  par  terre  chez  les  Morini ,  que  fes  vaifieaux 
y  abordent  par  mer ,  les  uns  ôc  les  autres  fans  coup 
férir,  il  faut  convenir  que  ce  canton  des  Morini  étoit 
déjà  fous  fon  obéiffance  ;  ôc  puisqu'il  reçoit  dans  cet 
endroit  des  députés  qui  viennent  lui  faire  des  exeufes  , 
&  lui  promettre  obéiilance ,  le  canton  de  ceux-ci  étoit 
plus  avant  dans  les  terres  que  le  lieu  où  fe  faifoit  l'em- 
barquement. Enfin ,  puisque  Céfar  envoie  Tit.  Sabinus 
&  Aurunculeius  Cotta,  fes  lieurenans ,  dans  le  pays  des 
Morini ,  de  la  parr  de  qui  il  n'avoit  point  reçu  de 
députés ,  il  eft  vraifemblable  que  ces  derniers  étoient 
encore  plus  éloignés.  11  ne  feroit  pas  aifé  de  décider 
combien  la  cité  entière  des  Morini  renfermoit  de  pays  : 
il  eft  néanmoins  probable  qu'elle  comprenoit  toute  re- 
tendue àes  diocèfes  qui  ont  été  formés  de  celui  de  Te- 
rouenne ;  favoir  ,  Boulogne ,  Saint  Orner  ôc  Ypres.  * 
And.  V aie fii  Not.  Gall.  p.  356. 

Le  nom  des  Morini ,  comme  celui  des  Àrmorici , 
dérive  du  celtique  Mor ,  qui  fignifie  Mer ,  ôc  il  avoir 
été  donné  à  ces  peuples  à  caufe  de  leur  fituation  fur 
le  rivage  de  la  mer.  Virgile,  JEneid.  I.  8.  v.  727. 
par  une  figure  hardie  met  les  Morini  au  bout  du 
monde  : 

Extremique  hominutn  Morini  Rhenusque  bicornis. 

Pline,/.  19.  c.  1.  adoucit  l'exprefllon ,  en  difant  qu'on 
les  regardoic  comme  placés  à  l'extrémité  de  la  terre  , 
Ultimique  hominum  exiftimati  Morini.  Pomponius  Mê- 
la, /.  3.  c.  2.  parle  plus  juile  :  il  les  dit  les  plus  reculés 
de  tous  les  peuples  Gaulois,  Ultimos  Gallicarum  gen- 
tium  Morinos.  Ptolomée,  /.  1.  c.  9.  donne  aux  Morini 
la  ville  de  laruana  ,  ôc  un  port  nommé  Gefariacum  j 
il  met  auûi  dans  leur  pays  l'embouchure  du  fleuve  Ta- 
dula  ôc  celle  de  la  Meufe. 

MOR1SENI ,  peuples  de  la  Thrace.  Pline,  /.  4.  c. 
11.  les  met  près  du  rivage  du  Pont-Euxin.  La  notice 
d'Hiérocles  compte  Me'p/{eç,  Morifos  parmi  les  villes 
épiscopales  de  la  Thrace. 

MORISQUES  ou  loi  Moriscos.  On  appelloit  ainfi 
les  Maures,  qui  étoient  reliés  en  Espagne  après  la  ruine 
de  l'empire  qu'ils  y  avoient  établi.  Le  roi  Philippe  III , 
foit  par  zèle  pour  la  religion,  foit  par  un  principe  de 
politique,  les  chafla  de  tous  fes  états  en  16 10  ,  &  il 
en  forrit  plus  de  neuf  cens  mille  qui  fe  retirèrent  en 
Afrique  ;  ce  qui  dépeupla  étrangement  le  pays. 

MORISSENA  ,  lieu  de  la  Pannonie ,  fur  le  bord  du 
fleuve  Marifus.  C'eft  l'auteur  de  la  vie  de  faine  Gérard, 
évêque  de  Chonad,  qui  en  parle.  Voyez.  Chonad  I. 

MORITANIA  ,  lieu  fortifié  dans  la  Gaule  Belgique, 
fur  le  bord  de  l'Escaut  :  aujourd'hui  on  l'appelle  Mor- 
tagne.  Frodoard  en  fait  mention  dans  fa  chronique.  Il 
dit  qu'en  928,  le  comte  Héribert  prit  ôc  détruifit  la 
forterefle  nommée  Moritania  ,  qui  appartenoit  aux 
enfans    de  Rotgaire.  *  Andr.   Valefii    Not.    Gall.  p. 

559- 

MORITONIUM ,  lieu  de  France ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  aux  confins  de  la  Bretagne.  De  Valois,  p.  360. 
dit  qu'on  l'appelle  à  préfent  Mortain. 

MORITZBOURG,  château  d'Allemagne,  dans  la 
Misnie ,  à  trois  lieues  de  Dresde.  C'eft  -  là  qu'cll  la 
vénerie  de  l'électeur. 

MOR1US ,  fleuve  de  la  Boeotic ,  au  voifinage  du 
mont  Thurius,  félon  Plutarque,  in  Sylla.  Voyez.   Mo- 

LUS. 

MORL  A  C.  Voyez.  Morlas. 

MORLA1S  ou  Morlaix,  ville  de  France,  dans  la 
Bretagne,  au  diocèfe  de  Tréguier ,  à  deux  lieues  de  la 
mer  ,  ôc  à  pareille  diftance  de  faint  Paul  de  Léon  ,  fur 


MOR 


une  petite  rivière  qui  porte  le  même  nom  que  cette 
ville  ,  ôc  que  les  bârimens  remontent  à  1  aide  de  la 
marée.  Le  nom  de  Morlaix  cil  corrompu  de  Monre- 
lais  ,  dont  on  lé  fervoit  encore  il  y  a  trois  cens  ans  ; 
ôc  le  nom  latin  eft  Mons  Relaxas ,  qu'on  trouve  dans 
les  annales  de  Roger  d'Hoveden  ,  qui  marque  que  cette 
place  n'étoit  qu'un  château  ,  Caflellum  Montïs  Relaxi , 
fut  la  fin  du  douzième  fiécle,  ôc  du  tems  de  Henri 
Il ,  roi  d'Angleterre.  *  Longuerue ,  Defcr.  de  la  France, 
part.  1.  p.  94. 

Aujourd'hui  Morlais  eft  plus  confidérâble  que  la  capi- 
tale du  diocefe.  L'Eglife  de  Notre-Dame  du  Mur  eft  la 
plus  remarquable.  Elle  eft  ancienne,  Se  d'une  ftruéture 
particulière.  La  collégiale  fut  fondée  en  1 29;  ,  par  Jean 
II ,  duc  de  Bretagne  :  fon  chapitre  eft  feulement  compo- 
fé  d'un  prévôt  &rde  fix  chanoines.  Les  rues  des  Nobles 
Se  du  Bouret  font  les  plus  grandes.  Le  fauxbourg  de  Vi- 
riice  eft  auïïi  grand  que  la  ville.  11  eft  adoffé  contre  des 
montagnes  qui  régnent  le  long  de  la  rivière  jusqu'à  fon 
embouchure  dans  la  mer.  La  rivière  fair  en  cet  endroit 
un  port  capable  de  recevoir  des  navires  de  plus  de  cent 
tonneaux  ,  ôc  qui  eft  bordé  des  deux  côtés  par  un  quai , 
revêtu  de  pierres  de  taille.  C'eft  la  plus  belle  promenade 
de  la  ville.  On  remarque  dans  ce  fauxbourg  le  couvent 
des  Dominicains ,  celui  des  Capucins  ,  ôc  un  hôpital  qui 
eft  un  des  plus  fuperbes  bârimens  de  la  province.  La  ra- 
de ,  qui  eft  au-devant  de  la  rivière  de  Morlais,  eftgrandej 
Se  peut  paffer  pour  un  bon  mouillage  ;  car  les  vaiffeaux 
y -font  à  l'abri  des  vents.  La  ville  eft  couverte  par  un 
château  fitué  dans  une  ifle  3  ôc  qu'on  appelle  le  Tau- 
reau. 

Il  le  fait  un  grand  commerce  de  toiles  à  Morlais.  Les 
anciens  ducs  de  Bretagne  ,  6c  les  rois  de  France  depuis , 
ont  accordé  aux  marchands  de  Morlais  le  privilège  d'a- 
cheter feuls  les  toiles  de  la  main  de  l'ouvrier,  ou  du  mar- 
chand de  la  campagne  qui  les  vend.  On  porte  à  cet  effet 
toutes  les  toiles  à  l'hôtel  de  ville ,  ôc  elles  y  font  expo- 
fées  en  vente  à  certains  jours  de  la  femaine.  Les  mar- 
chands de  la  ville  ont  feuls  le  droit  d'y  entrer  alors  ,  ôc 
ils  les  achètent  pour  leur  compte ,  afin  de  les  vendre 
enfuite  aux  Anglois  ôc  aux  Malouins.  Il  eft  confiant  que 
les  Anglois  ne  trouvent  nulle  part  des  toiles  à  meilleur 
marché  que  celles-ci ,  fans  en  excepter  celles  de  Hollan- 
de ôc  de  Hambourg.  Les  Malouins  de  leur  côcé  appor- 
tent à  Morlais  toutes  fortes  de  marchandifes  du  Levant , 
favons ,  huiles ,  alun  ôc  fruits  fecs  de  la  côte  de  Proven- 
ce. Le  commerce  des  fils  eft  auffi  très  bon  ;  ils  fe  débi- 
tent à  Morlais  deux  fois  la  femaine  aux  jours  de  mar- 
ché ,  ôc  en  tems  de  paix  il  s'en  vend  pour  environ  qua- 
tre-vingt mille  livres. 

MORLAN  ,  pays  de  France ,  dans  la  Flandres ,  en- 
tre les  Dunes  ôc  le  canal  de  Fuines.  Il  fait  partie  de  la 
châtellenie  de  Dunkerque.  Ce  n'étoit  autrefois  qu'un 
grand  lac.  On  l'a  defféché  ,  Se  il  eft  presque  par  -  tout 
entre-coupé  de  la  petite  rivière  de  Rinferot.  *  D'An- 
difrec ,  Géographie  ancienne   «Se  moderne,  tom.  2.  p. 

MORLAQUE  (La),  montagne  de  la  Morlaquie  , 
qu'elle  fépare  de  la  Croatie.  Elle  règne  le  long  de  la  Dal- 
matie  ,  ôc  eft  habitée  par  les  Morlaques.  Voyez,  l'article 
fuivant. 

MORLAQUES  ,  peuples  de  la  Morlaquie,  fujersde 
la  république  de  Venife  ,  ôc  qui  habitent  la  montagne 
Morlaque.  Ce  font  des  fugitifs  d'Albanie  ,  gens  détermi- 
nés &  infatigables ,  qui  ne  demandoient  pas  mieux  pen- 
dant la  guerre  que  d'en  venir  aux  mains  avec  les  Turcs. 
Une  poignée  d'entre  eux  faifoit  des  partis  pour  aller 
faccager  quelques  villages  :  ils  en  revenoient  tou- 
jours chargés  de  butin.  Ce  font  des  gens  fi  robuftes ,  que 
les  chemins  étant  très-mauvais  dans  leurs  montagnes  , 
ôc  les  chevaux  courant  quelquefois  risque  de  fe  rom- 
pre le  cou,  quatre  d'entre  eux  porteront  un  cheval  une 
vingtaine  de  pas  ,  en  l'embraffant  fous  le  ventre. 
Spon  ,  voyage  de  Dalmatie,p.  54.  qui  me  fournit  cet 
article  ,  ajoute  que  ces  peuples  ,  ont  la  mine  terrible  , 
&  qu'ils  ne  vont  point  au  marché  avec  leurs  denrées  , 
qu'ils  ne  portent  avec  eux  leur  fabre  ôc  leur  carabine. 
Ils  parlent  csclavon  ,  ôc  fuiyent  la  plupart  la  religiqa  des 
Grecs. 


MOR    411 

MORLAQUIE  ,  contrée  de  la  Croatie ,  dont  elle  oc- 
cupe la  partie  méridionale.  Elle  s'étend  le  long  du  golfe 
de  Venife  ,  entre  l'Iftrie  ôc  la  Dalmatie.  Ses  principaux 
lieux  font 

Zegna,         Sixa  -t         Jablonitz  „         Veza. 

*  Jaïllot ,  Atlas. 

MORLAS  ,  Morlaas  ,  ou  Mort,  ac  ,  ville  du  Bearn  $ 
dont  elle  devint  la  capitale  après  la  ruine  de  la  ville  de 
Bearn.  Elle  fut  auffi  là  demeure  des  vicomtes  ;  de  forte 
que  jusqu'aujourd'hui  elle  a  le  premier  rang  à  FafTem- 
blée  des  états  de  Bearn.  C'eft  le  fiége  d'une  fénéchauiTéev 

*  Pigartiol.  Defc.  de  la  France  ,  p.  209. 
MORMAL  ou  la  Forest  de  Mormal  ,  forêt  des: 

Pays-Bas  dans  le  Hainaut ,  entre  le  Quesnoy  ,  Landrecî 
év  Maubeugc.  Cette  forêt  eft  rrès-confidérable  -,  car  clic 
ne  contient  pas  moins  de  dix-fept  mille  cinq  cens  foi- 
xante-trois  arpens  de  bois  de  chêne  ôc  de  hêtre. 

MORMAUT.  Voyez,  Mormal. 

MORNAC  ou  Saint  Pierre  de  Mornac  ,  bourg 
de  France  dans  la  Saintonge  ,  élection  des  Saintes. 

MORNAS  ,  bourg  de  France,  dans  le  comtat  Vc- 
naiffin ,  fur  la  rive  gauche  du  Rhône ,  au  midi  de  Mont-; 
Dragon  ,  ôc  au  nord  de  Piaulene.  *  De  l'I/le  ,  Atlas. 

1.  MORNE,  mot  donr  fe  fervent  les  François  de 
l'Amérique  pour  fignifier  un  cap  élevé  ,  ou  une  pe- 
tite montagne  qui  s'avance  en  mer.  Deux  mornes  oit 
petites  montagnes  défignent  les  deux  pointes  d'une 
pafTe. 

2.  MORNE  (  Gros  ) ,  gros  cap  de  l'Amérique  fcp- 
tentrionale  dans  Lille  de  la  Guadeloupe  ,  ôc  qui  fépare 
la  partie  de  cette  iik,  nommée  Basse-Terre,  de  celle 
qu'on  appelle  le  Grand-cul-de  Sac. 

3.  MORNE  (  Gros  )  ,  haute  montagne  de  l'Améri- 
que feprentrionale  dans  Fine  de  la  Martinique  ,  près  du 
bourg  de  la  Trinité  ôc  de  l'Anfe  du  Gallion. 

MORNE  ROUGE ,  quartier  ôc  paroifle  de  l'ifle  de 
Saint  Domingue  ,  à  la  bande  du  nord.  Cette  paroifle 
eft  bornée  au  nord  par  la  mer  ,  ou  par  la  paroiffe  du 
Cap  François  ;  à  l'orient  par  le  quartier  de  la  petite  An- 
fe  ;  au  midi  par  les  montagnes  ,  qui  en  cet  endroit  s'é- 
loignent de  la  mer  de  plus  de  fix  lieues  ;  ôc  à  l'occident 
par  l'Acul  ôc  par  de  grandes  montagnes.  *  Frezjer ,  Car- 
te de  l'ifle  de  Saint  Domingue. 

MORNSHEIM  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle 
de  Franconie ,  dans  le  Hanenkam  fur  la  Seyt  ,  entre 
Monheini  ôc  Pappenheim.  Elle  appartient  à  l'évêque 
d'Aichfter.  De  fimple  village  qu'elle  étoit  autrefois  , 
Conrad  II  du  nom  ,  évêque  d'Aichfter,  en  fit  une  vil- 
le ,  en  l'environnant  de  murs  &  de  foffés,  après  y  avoir 
fait  eonftruire  quantité  d'édifices  ;  ôc  l'évêque  Marquait 
qui  vint  après  ,  y  fit  bâtir  un  château ,  ainfï  que  le 
rapporte  Bruschius  dans  fon  livre  des  évêchés  d'Alle- 
magne, cap.  10.  pag.  190.  Zeyler ,  Topograp.  Fran- 
coniae. 

MOROBISDUS.  On  trouve  un  lieu  ainfi  nommé 
dans  Cédrene.  Il  paroit  qu'il  doit  être  quelque  parc 
dans  la  Grèce.  *  Ortelii  Thefaur. 

MOROECA,  ville  d'Espagne.  Ptolomée,  /.  2.  c.  G. 
la  donne  aux  Cantabres,  ôc  la  place  dans  lesterres.il 
y  a  quelques  manuferits  où  ce  mot  ne  fe  trouve  point. 
On  croit  que  c'eft  aujoud'hui  Villa  Diego. 

MOROMBEI,  ou  Lamahoric,  grande  rivière  de 
Madagascar  ,  éloignée  de  celle  de  Pharaon  d'environ 
quatre  lieues  ;  mais  bouchée  du  côté  de  la  mer.  Elle 
fort  des  hauts  pays,qui  font  à  l'oueft  à  dix  ou  douze  lieues. 

*  Flacourt,  Hift.  de  Madagascar  ,  c.  7. 

1.  MORON  ,  ville  de  la  Lufitanie.  Strabon  ,  /.  j, 
p.  1  j-2.  la  met  fur  le  bord  du  Tage,  ôc  dir  que  Brutus , 
qu'on  furnomma  le  Gallicicn ,  s'en  fervit  comme  d'une 
forterefle  pour  réduire  le  pays. 

2.  MORON  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Andaloufie  , 
au  nord  de  Zahara  ,  ôc  à  l'orient  de  Hardalès ,  vers  les 
frontières  de  Grenade.  On  appelloit  anciennement  cette 
ville  Arucci ,  à  ce  que  difent  quelques  géographes  mo- 
dernes. Voyez.  Arucci.  Moron  eft  fituée  dans  une  plai- 
ne riante  ôc  des  plus  fertiles.  On  trouve  dans  le  voifi- 
nage  une  mine  de  pierres  précieufes ,  comme  hyacin? 

•      Iqjïi.  IV.  Fff  i) 


MOR 


412 

thés ,  cornalines ,  rubis ,  agates  &  autres  *  Délices  , 
d'Espagne  ,  p.  479. 

MORONA  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale ,  au 
Pérou.  Elle  prend  fa  fource  au  Volcan  de  Sangay  ,  à 
l'eft  du  golfe  de  Guayaquil ,  d'où  prenant  fon  cours  vers 
le  fud ,  elle  fe  rend  dans  la  rivière  de  l'Amazone ,  au- 
deflbus  de  Borja.  *  Carte  du  cours  de  L'Amazone  ,  par 
de  la  Conâamine. 

MORONEON,  promontoire  d'Afrique,  fur  le  gol- 
fe Arabique ,  félon  Pomponius  ,  cité  par  Ortelius  , 
Thëjuuçr. 

MORONTOBARIS  ou  Morontobarbaris,  ifle 
de  la  Gédrofie.  Arrien ,  in  Indicis ,  p.  337.1a  place  au 
voifinage  du  Port  des  Femmes. 

MOROSGI  ,  ville  d'Espagne.  Pline ,  /.  4.  c.  20.  la 
donne  aux  Vardules.  Le  père  Hardouin  juge  par  la  fitua- 
rion  ,  que  ce  pourroit  être  aujourd'hui  Saint-Sébaftien. 

MOROTAI.  Voyez.  Gilolo. 

MOROTEOTRITANUS.   Voyez.  Mozotcorita- 

NUS. 

MOROTIA  ,  Voyez.  Gilolo. 

MOROVIES  ,  peuples  de  l'Amérique ,  dans  la  Fran- 
ce équinoxiale  :  ils  font  à  27  lieues  &  demi  au  fud  de  la 
Cayenne ,  à  quatre  lieues  du  bord  oriental  de  l'Appa- 
rouaque. 

MORPETH  ou  Morpit  ,  ville  d'Angleterre  ,  dans 
le  comté  de  Northumberlan  fur  le  Wenfbeck  ,  à  dix 
milles  au  nord  de  Newcaftle.  Corneille  ,  Dict.  dir  que  ce 
n'eft  qu'un  bourg  ;  mais  l'auteur  de  l'état  préfent  de  la 
Grande  Bretagne,  t.  i.p.  97.  nous  apprend  que  c'eft 
une  bonne  ville. 

MORRISCH  ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Connaught.  C'eft  une  des  neuf  baronnies  du  comté 
de  Mayo.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  tom. 

3- 

MORRO-MORENO,  port  de  l'Amérique  méridio- 
nale au  Pérou  ,  dans  la  province  de  los  Charcas.  Il  eft 
environ  à  vingt-deux  degrés  de  latitude,  &  comme 
fermé  par  une  ifle  qui  eft  au-devant.  L'entrée  en  eft 
aifée ,  6c  il  y  a  dans  fon  embouchure  vingt-cinq  braffes 
de  profondeur  :  il  peut  contenir  un  grand  nombre  de 
navires ,  fans  qu'ils  craignent  rien  de  l'incertitude  des 
vents.  La  féchereffe  de  la  terre  empêche  qu'on  ne  s'y 
puiffe  fournir  ni  d'eau  ni  de  bois.  Ce  lieu  ne  laiffe  pas 
d'être  habité  de  Sauvages  qui  vivent  de  poiflbn  crud; 
ils  font  dépourvus  de  toute  autre  chofe  :  leur  naturel 
eft  ftupide  :  toute  l'adrefle  qu'ils  ont ,  confifte  à  plonger 
&  à  bien  nager  ;  ils  boivent  même  de  l'eau  de  la  mer 
fans  en  être  incommodés.  Richard  Hawkin  a  écrit  que  ce 
font  moins  des  hommes  que  des  brutes.  *  Corn.  Dict. 
De  Laet  ,  Defc.  des  Indes  occidentales,  liv.'  n.  chap. 
10. 

MORRONE ,  montagne  d'Italie ,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  l'Abruzze  Citéricure  :  elle  eft  dans  le  voi- 
finage de  Sulmone.  On  tient  que  faint  Pierre  Céleftin 
y  vivoit  en  folitude  avant  qu'on  l'eût  élu  pape.  *  Bau- 
drand ,  Dict.  édit.  1705. 

MORS  ou  MœuRs ,  ville,  château  6c  comté  d'Alle- 
magne ,  au  cercle  de  Weflphalie  près  du  Rhin.  Elle  a 
eu  autrefois  fes  comtes  particuliers,  qui  poffédoient  auffi 
les  comtés  de  Rodenach  6c  de  Sarwerde.  Le  dernier 
de  ces  comtes  mourut  en  1/89.  Le  duc  de  Parme  ,  gou- 
verneur général  des  Pays-Bas  ,  s'étoit  emparé  de  Mœurs 
en  158e.  Le  prince  Maurice  de  Naffau  ,  l'ayant  repris 
fus  celui  ci  en  1597,  fe  fit  donner  encore  droit  à  cette 
poffeffion  par  un  teftament  que  la  veuve  du  dernier 
comte  fit  en  fa  faveur  ;  mais  le  duc  de  Cléves  6c  de 
Juliers ,  qui  avoir  quelque  droit  fur  ce  domaine ,  ne 
voulut  point  reconnokre  la  validité  d«  teftament  qui 
le  remettoit  au  prince  Maurice ,  &  s'en  empara  par- 
force  ;  cependant  il  y  eut  en  1606  ,  entre  ces  deux  prin- 
ces un  accord,  en  vertu  duquel  la  ville  de  Mœurs 
devoit  refter  en  féqueftre  ,  &  le  château  être  gardé  par 
les  troupes  du  prince  Maurice ,  &  après  la  mort  de  ce 
dernier  tout  devoit  appartenir  au  duc  de  Cléves.  * 
Zeyler ,  Topogr.  Weftphal. 

I.  MORTAGNE  (a),  petite  villede  France  ,  dans 
la  Flandre  Walonne.au  Tourncfis,  à  l'embouchure  de 
la  Scarpe   dans    l'Escaut,  à  trois  lieues   au-deffus  de 


MOR 


Tournay.  C'eft  le  dernier  porte  de  la  France  de  ce  côté- 
là.  Cette  ville  a  eu  autrefois  des  feigneurs  qui  étoient 
châtelains  de  Tournay  (/>).  D'abord  ils  furent  vaffaux 
du  roi  de  France  &  de  l'Evêque  ,  enfuite  ils  le  furent 
entièrement  du  roi  par  l'acquifition  qu'il  fit  des  droits 
de  lcvêché.  Mortagne  a  été  démembrée  du  Tournefis 
6c  biffée  à  la  France  par  le  traité  de  paix  d'Utrecht 
(  c  ) ,  à  condition  qu'il  ne  feroit  pas  permis  d'y  faire 
de  fortifications  ni  d'éclufes  de  quelque  nature  qu'elle^ 
puiffent  être.  Les  dépendances  de  Mortagne  ont  été 
cédées  à  la  maifon  d'Autriche ,  de  même  que  le  Tour- 
nefis ,  par  le  même  traité.  Il  y  avoit  autrefois  une  cita- 
delle qui  défendoit  cette  ville  -,  mais  l'empereur  Charles 
V  la  fit  démolir,  dès  qu'il  fe  fut  rendu  maître  de  Tour- 
nay. (a)  Dit  florin  aire  géographique  des  Pays-Bas.  (b) 
JLonguerue,  Description  de  la  France  >  part.  2.  p.  79. 
(  c  )  Piganiol ,  Defcription  de  la  France  ,  tom.  7.  pag. 
244. 

2.  MORTAGNE  ,  ville  de  France,  dans  le  Perche  , 
dont  elle  eft  regardée  comme  la  capitale  >  mais  cette 
primauté  lui  eft  disputée  par  la  ville  de  Bellesme  :  ce 
qu'il  y  a  de  fur ,  c'eft  qu'elle  eft  la  ville  la  plus  grande 
6c  la  plus  peuplée  du  pays.  On  l'appelle  en  latin  Mo- 
ritonia  ou  Moritania.  Elle  a  une  égliie  collégiale  dédiée 
à  tous  les  Saints  ,  fondée  par  Mathilde,  veuve  de  Géo- 
iroi  III,  comte  du  Perche.  Le  chapitre  eft  compofé 
d'un  doyen ,  élu  par  les  chanoines  ;  d'un  chancelier  & 
d'un  prévôt  ,  nommés  par  le  roi  en  qualité  de  comte  du 
Perche  ;  d'un  tréforier  ,  nommé  par  le  chapitre  ;  d'un 
chantre  6c  de  fept  chanoines.  Les  dignités  font  de  fept 
cens  livres  6c  les  canonicats  de  trois  cens.  Il  y  a  deux 
paroiffes  &  des  Capucins  ,  des  religieufes  de  faint  Fran- 
çois ,  des  Mathurins ,  un  prieuré  de  chanoines  réguliers 
&  un  hôpital.  Mortagne  eft  le  chef- lieu  d'une  élection, 
le  fiége  d'un  bailliage  6c  d'une  vicomte  d'où  relèvent  près 
de  foixante  paroiffes.  Il  y  a  une  maréchauffée,  une  maî- 
trife  des  eaux  6c  forêts ,  &  un  grenier  à  fel.  *  Lon guérite , 
Defcr.  de  la  France,  part.  1.  p.  99. 

3.  MORTAGNE,  ou  Saint  Etienne  de  Morta- 
gne, bourg  de  France  ,  dans  la  Saintonge,  élection  de 
Saintes ,  fur  le  bord  de  la  Gironde.  Ce  bourg  a  titre  de 
principauté  6c  appartient  au  prince  de  Pons ,  de  la  mai- 
fon de  Lorraine  ,  6c  d'une  branche  cadette  de  la  maifon 
d'Armagnac.  *  Piganiol ,  L>efcription  de  la  France  ,  t.  j. 
pag.  31. 

4.  MORTAGNE  ,  Mduritania  ,  ville  de  France , 
dans  le  Poitou  ,  élection  de  Mauleom  C'étoit  autrefois 
une  baronnie. 

1.  MORTAIN  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Baffe  Nor- 
mandie >  aux  confins  du  Maine  ,  à  huit  lieues  d'Avran- 
ches  ,  6c  à  cinq  de  Vire.  Son  nom  latin  eft  Moritolium. 
Elle  a  d'abord  été  une  fortereffe  ,  bâtie  pour  fervir  de 
place  frontière  contre  les  Bretons  :  elle  fut  donnée  avec 
le  titre  de  comté  par  Guillaume  le  Conquérant  à  fon 
frère  utérin  Robert  ;  car  Hartolte  ,  maitreffe  du  duc 
Robert  6c  mère  du  Conquérant,  époufa  un  feigneurNor- 
mand  ,  nommé  Herluin  ,  dont  elle  eutplufieurs  enfans  * 
6c  entr'aimes  Robert  ,  dont  le  fils  Guillaume ,  qui  kii 
fuccéda  au  comté  de  Mortain  ,  étant  mort  fans  enfans , 
Henri  I ,  roi  d'Angleterre  6c  duc  deNormandie  ,  donna 
ce  comté  à  fon  neveu  Etienne  de  Blois ,  qui  fut  depuis 
roi  d'Angleterre  ,  mais  après  fa  mort  la  couronne  revint 
à  Henri  II,  delà  maifon  d'Anjou,  6c  Guillaume  , fils 
d'Etienne  ,  fut  comte  de  Mortain  par  fon  père  ,  6c  de 
Boulogne  par  fa  mère  Mahaud.  Ce  comte  Guillaume 
étant  mort  fans  enfans ,  fa  fucceffion  vint  à  fa  fœur  Ma- 
rie de  Boulogne,  femme  de  Marthieu  d'Alface  ,  dont 
la  fille  6c  héritière  Ide ,  époufa  Rainaud  de  Dammar- 
tin  ,  duquel  vint  Mahaud  de  Boulogne  6c  de  Dammar- 
tin  ,  qui  époufa  Philippe  ,  fils  de  Philippe- Augufte.  Ce 
roi  donna  à  ce  fils  les  comtés  de  Mortain  &  de  Dom- 
front  ;  ce  qui  fut  confirmé  par  Louis  VIII  l'an  1223  ,  & 
par  faint  Louis  l'an  1226.  Ce  comte  Philippe  étant 
mort  fans  enfans  ,  Mortain  6c  Domfront  furent  réunis 
à  la  couronne.  Philippe  de  Valois  donna  l'an  133/ 
Mortain  à  Philippe,!  oi  de  Navarre,de  la  maifon  d'Evreux 
pour  partie  de  la  récompenfe  de  la  Champagne;  ainfi 
Mortain  demeura  aux  rois  de  Navarre  jusqu'à  h  mort 
de  Pierre  d'Evreux ,  (  autrement  de  Navarre  )   qui  finir 


MOR 


MOR 


fes  jours  Tarn  1411.  Charles  VII  donna  enfuircle  comte 
de  Mortain  au  comte  de  Dunois^le  même  roi  l'ayant 
retiré  cn^diange  de  celui  de  Longueville ,  jouit  quel- 
ques années  de  Mortain,  puis  le  céda  au  duc  d'Orléans , 
à  qui  il  appartenoit  encore  au  tems  de  la  guerre  du  bien 
public.  Leduc  ayant  remis  Mortain  à  Louis  XI,  ce  roi 
le  donna  à  Charles  d'Anjou  ,  comte  du  Maine  ,  qui  laiffa 
fes  biens  à  Ion  fils  Charles  qui  mourut  l'an  1481  ,  &  fit 
fon  héritier  univerfel  le  roi  de  France.  Enfin  François 
I  donna  en  pleine  propriété  le  comté  de  Mortain ,  à  Louis 
de  Bourbon  ,duc  de  Montpenfier ,  avec  le  vicomte  d'Au- 
ge ,  pour  le  dédommager  de  la  terre  de  Leuze  ,  ôc  d'au- 
tres dans  les  Pays  bas,  que  Charles-Quint  avoit  con- 
fisquées ,  ôc  dont  on  n'avoir  pu  obtenir  la  rettitution  au 
traité  de  Cambrai ,  conclu  lan  1529.  Mortain  ôc  Dom- 
front  font  partie  de  la  fucceflîon  de  feue  mademoifelle 
de  Montpenfier ,  qui  a  fait  fon  héritier  univerfel  Phi- 
lippe, fils  de  France,  duc  d'Orléans.  *  Longucrue  ,  Defc. 
de  la  France ,  part.  1 .  p.  80. 

La  ville  de  Mortain  elt  petite,  très-difficile  d'accès  , 
étant  toute  environnée  de  rochers  affez  escarpés.  L'ancien 
château  eft  ptesque  entièrement  détruit.  Il  y  a  environ 
treize  cens  famiiles  dans  la  ville  ôc  dans  les  autres  an- 
nexes ,  qui  font  le  Rocher  ôc  Neubourg.  Il  y  avoit  fui- 
la  petite  rivière  de  Lances  un  beau  pont  de  communi- 
cation entre  Mortain  ôc  Neubourg  ;  mais  il  elt  préfen- 
rement  ruiné.  Le  chapitie  de  cette  ville  eft  plus  nom- 
breux que  riche,  Ôc  fa  jurisdiction  elt  indépendante  de 
celle  de  l'evcque  d'Avranches.  Cette  ville  a  fon 
bailliage,  fa  vicomte,  fon  élection  ôc  fa  mairrife  des 
eaux  ôc  forêts.  *  Piganiol ,  Defcr»  de  la  France  ,  tom.  /. 
pag.  428. 

Le  bailliage  de  Mortain  eft  de  l'ancien  reffbrt  du  bail- 
liage du  Cotentin;  mais  par  échange  qui  fut  fait  en  IJ29 
entre  François  \ôc  Louis  de  Bourbon,  duc  de  Mont- 
penfier ,  de  ce  comté  avec  les  terres  de  Leuze  ôc  de 
Condé  ,  que  François  I  donna  enfuite  à  Charles-Quint  -, 
il  fut  itipulé  qu'il  n'y  auroit  point  de  changement  poul- 
ies juiisdiétions  ;  de  forte  que  lors  de  la  création  des  pré- 
fidiaux  en  1 5  5  1  ,  il  y  eut  ite  déclaration  du  roi  par  la- 
quelle il  fut  dit  que  les  arafes  du  comté  de  Mortain 
iroient  par  appel  au  Parlement,  comme  auparavant  *, 
ainfi  ce  bailliage  eft  entièrement  féparé  ôc  diftinct  de  ce- 
lui du  Cotentin ,  ôc  a  une  exception  particulière  pour 
la  jurisdiction  feulement  ;  car  quant  à  l'appel  des  gen- 
tilshommes pour  l'an  iere-ban  ,  il  eft  du  bailliage  du  Co- 
tentin :il  fut  même  jugé  par  arrêt  du  21  Janvier  1689  , 
que  les  officiers  du  bailliage  de  Mortain  contribueroient 
aux  affaires  communes  des  officiers. du  Cotentin. 

L'élection  de  Mortain  ne  produit  que  du  feigle , 
du  bled  noir,  de  1  orge  ,  de  l'avoine  Ôc  du  cidre.  11  n'y 
a  d'autre  commerce  que  celui  des  beitiaux. 

2.  MORTAIN  ou  la  Blanche  ,  ou  les  Blan- 
ches ,  abbaye  de  France  ,  dans  la  Normandie  ,  près  de 
la  ville  de  Mortain. C'elt  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de 
Citcaux  ,  de  la  filiation  de  Savigny.  On  rapporte  fa  fon- 
dation à  l'année  l  105, 

1.  MORTARE.  PV^Mortaria. 

2.  MORTARE  ,  prieuré  de  France  ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  au  diocèfe  de  Befançon.  Il  eft  des  Cluniltes  ré- 
formés. 

MORTARIA  ,  campagne  d'Italie  ,  dans  la  Ligurie  , 
où  Charlemagne  remporta  une  victoire  fur  Didier ,  roi 
des  Lombards.  Ortelius ,  Thefaur.  dit  que  Godefroi  de 
Viterbe ,  /.  17.  affine  que  ce  lieu  étoit  l'ancien  Forum 
T  eregrinorum  i  ôc  que  Capriolus  y  place  un  château  ou 
bourg,  nommé  Mortarhtm.  téander  veut  que  ce  lieu  ait 
été  appelle  auparavant  Silva  bella  ,  ôc  Lupold  de  Ba- 
benberg  le  nomme  pulchra  Silvula  \  aujourd'hui  c'eft  une 
ville  connue  Tous  le  nom  de  Mortare  ,  entre  Cafal 
&  Vigevano  ,  fur  le  bord  de  la  rivière  Albonea  ou  Al- 
bona. 

MORTARO,  ville  de  Dalmatîe ,  fur  la  côte,  à  quinze 
lieues  de  Zata.  Son  port  eit  conftruit  entre  deux  ifies  qui 
fe  touchent  presque  l'une  l'autre ,  avec  de  hauts  ro- 
chers tout  à  l'enrour.  Ce  port  eft  affez  profond  pour  de 
grands  navires.  La  ville  n'a  qu'environ  foixante  maifons. 
Elle  eit  arrofée  de  bonne  eau  de  fource.  *  Corn.  Dict. 
Wbder>  Voyage  de  Dalmatie  ,  1.  1. 


41? 

MORTEMAR,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Poi- 
tou. Elle  n'avoit  autrefois  que  le  .titre  de  marquifat , 
Louis  XIV  l'érigea  en  duché-pairie  en  faveur  de  Gabriel 
de  Rochcchouart ,  marquis  de  Mortemar ,  par  lettres 
patentes  du  mois  de  Décembre  1650  ,  tegiftiées  le  15 
Décembre  166}  ,  en  conféquence  des  lettres  de  furan- 
nation  du  1 1  du  même  mois.  *  Piganiol,  Defcnption 
de  la  France  ,  t.  5.  p.  93. 

MORTE-MER  ,  en  latin  ,  Beats.  Maris,  de  mortuo 
Mari ,  abbaye  de  France  ,  dans  la  Normandie ,  au  dio- 
cèfe de  Rouen  ,  dans  un  vallon  environné  de  tous  côtés 
de  la  forêt  de  Lions,  à  demi-lieue  de  Lions ,  &  à  quatre 
lieues  d'Andely,  entre  les  rivières  d'Eptc  &  d'Andelle. 
C'eft  une  abbaye  d'hommes,  de  l'ordre  de  Cîteaux  & 
fille  d'Orcamp.  Les  uns  difent  qu'elle  fut  fondée  en 
1134,  d'autres  mettent  fa  fondation  au  premier  No- 
vembre 1156,  &  l'attribuent  à  Henri  I ,  roi  d'Angle- 
terre ôc  duc  de  Normandie.  Elle  fut  placée  d'abord 
en  un  lieu  nommé  Beaumont ,  dans  le  territoire  de 
Guilleaffin  en  Normandie.  L'églife  de  cette  abbaye  elt 
grande  ôc  vaite.  On  y  voit  le  tombeau  de  Robert  Pon- 
tain  ,  archevêque  de  Rouen ,  ôc  ceux  des  barons  de  Bec- 
Crespin. 

MORTHERART,  bourg  de  France,  dans  le  Poi- 
tou ,  élection  de  Confolens. 

MORTIER.  Voyez,  au  mot  Fort  l'article  Fort  du 
Mortier. 

MORTNAW.  Munfter  ,  dans  fa  Cosmographie  ,  /.  y, 
c.  223,  appelle  ainfi  l'Ortnaw,  petit  pays  d'Allemagne» 
aux  environs  de  Gegenbach.  Il  dit  que  ce  nom  a  été 
ainfi  changé  à  caufedes  fréquens  meurtres  qui  s'y  cora- 
mettoient ,  principalement  au  village  de  Humsfelden,  fur 
le  Rhin  ;  que  ce  pays  eft  petit ,  niais  fertile.  Voyez. 
Ortnau. 

1.  MORTON,  bourg  de  Fiante,  dans  le  Poitou, 
élection  de  Loudun. 

2.  MORTON,  bourg  d'Angleterre,  dans  là  pro- 
vince de  Glocefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  pré- 

jent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1 . 

MORTRÉE ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Normandie  , 
fur  le  chemin  de  Seez  à  Argentan.  Il  elt  fitué  fur  les 
paroifTes  de  Bray  ,  de  Marigny  ôc  d'O  ,  &  affez  loin  des 
églifes  de  ces  paroiffes.  On  ne  voit  point  ce  qui  a  don- 
né lieu  de  le  former  dans  cette  fituation.  Il  y  a  dans 
ce  bourg  plufieurs  hôtelleries;  ôc  le  Jeudi  il  fe  tient 
dans  la  partie  d'O  un  marché  qui  fut  établi  en  1/99  -, 
par  lettres  patentes  du  roi ,  en  faveur  d'Alexandre  de 
la  Guefle  ,  marquis  d'O ,  ôc  qui  a  été  confirmé  depuis 
pour  fes  fucceffeurs,  à  qui  on  a  enfuite  accordé  quatre 
foires.  Il  y  a  un  ancien  hôpital  ,  où  on  a  logé 
les  pèlerins  ;  mais  la  vie  déréglée  de  ces  fortes  de 
gens  a  fait  fupprimer  cet  ufage  ;  ôc  le  chapelain  de 
cette  maifon  applique  plus  utilement,  au  foulagement 
des  pauvres  du  lieu,  le  peu  qui  refte  de  revenu.  Il 
eft  obligé  de  dire  la  Meffe  les  Dimanches  &  les  au- 
tres jours  de  fête.  A  un  quart  de  lieue  de  ce  bourg  , 
ôc  fur  le  même  chemin  ,  il  y  a  un  hameau  appelle  la  Pe- 
tite Mortrée. 

MORTUUM  FLUMEN.  Apulée  donne  ce  nom  à 
l'Acheron,  que  les  poètes  avoient  imaginé  être  un  fleu- 
ve de  l'enfer.  *  A  fini ,  1.6. 

1.  MORTUUM  MARE.  Un  ancien  commentateur 
de  Juvenal,  appelle  ainfi  l'Océan  Atlantique.  L'origine 
de  ce  nom  venoit  de  ce  qu'on  croyoit  anciennement 
qu'il  n'étoit  pas  poflible  d'y  naviger.  *  Ortelii  The- 
faur. 

1.  MORTUUM-MARE.  Voyez,  au  mot  Mer  ,  l'arti- 
cle Mer-Morte.  \ 

MORTZUSCHAG,  bourg  fermé  en  Allemagne, 
dans  le  duché  de  Stirie ,  fur  la  route  de  Vienne  à  Mu- 
raw.  Il  eft  du  domaine  du  Prince.  *  Zeyler  ,  Top. 
Stiria?. 

MORVAN  ou  Morven  (Le),  contrée  de  France, 
contigue  au  Nivernois  &  fur  les  confins  du  duché  de 
Bourgogne.  Son  nom  latin  eft  Morvinnus  Pagus  (a)  : 
elle  l'a  pris  d'un  lieu  nommé  Morvennum ,  qui  eÔ.  au- 
jourd'hui' peu  connu.  Le  Morvan  eft  un  pays  de  mon- 
tagnes ôc  de  bois ,  &  qui  ne  produit  qu'un  peu  dé 
feigle,  encore  eit- ce  à  force  d'induftrie  &  de  culture. 


MOR 


414 

Les  fontaines  (b)  Se  les  ruiffeaux  qui  coulent  de  ces 
montagnes  y  produisent  quantité  d'herbages  ,  qui  font 
la  principale  reffource  du  pays,  pour  la  nourriture  Se 
l'engrais  des  beitiaux.  La  montagne  qui  eft  entre  Châ- 
tcau-Chinon  Se  Châtillon  ,  fe  trouvant  directement 
expofée  au  midi  &  à  l'abri  du  nord  par  le  moyen  des 
autres  montagnes  qui  la  couvrent  de  ce  côté-là  ,  eft  la 
feule  où  il  y  ait  des  vignes.  La  douceur  de  cette  ex- 
pofition  Se  la  bonté  du  plant ,  font  que  le  vin  en  eft 
fort  bon.  Le  Morvan  s'étend  le  long  de  la  rivière 
d'Yonne  :  il  eft  presque  tout  du  diocefe  d'Autun  ;  mais 
il  n'eft  pas  des  dépendances  du  duché  de  Bourgogne, 
du  moins  pour  la  plupart.  Les  lieux  les  plus  remarqua- 
bles de  cette  contrée  font 

Vezelay,       Château-Chinon ,       Auroux. 

(a)' Longiterue ,  Defcription  delà  France,  part  1. 
p.  12.1.  (b)  Figaniol,  Defcripr.  de  la  France,  t.  6. 
p.  169. 

Morvïnnus  Pagus  a  toujours  été  le  nom  d'une  con- 
trée. Les  preuves  qu'apporte  de  Valois  pour  affiner 
que  c'étoit  un  village  ,  font  très-foibles.  La  vie  d'un  S. 
Ëptade,  folitaire,  écrite  au  fixiéme  fiécle ,  celle  de  faint 
Germain  de  Paris ,  les  miracles  de  faint  Germain  d'Au- 
xerre  écrits  au  neuvième  fiécle,  Se  plufieurs  autres 
monumens  font  mention  du  pays  de  Morven ,  Se  au- 
cun des  anciens  qui  puiffent  paner  pour  authentiques  , 
n'en  fait  ni  un  bourg  ni  ui»  village. 

1.  MORVEDRO  ou  Morviedro  ,  ville  d'Espagne  , 
au  royaume  de  Valence ,  à  quatre  lieues  au  nord  de 
la  ville  capitale  de  ce  royaume  ,  environ  à  deux  milles 
de  la  mer  ,  fur  un  rocher  élevé  ,  au  bord  d'une  rivière 
qui  porte  fon  nom  ,  Se  appellée  anciennement  Tu  ru- 
lis.  Cette  ville  eft  ancienne ,  Se  ce  font  les  reftes  de 
la  fameufe  Se  infortunée  Sagonte,  qui  avoir  été  bâtie 
par  les  Zacynthiens ,  qui  lui  avoient  donné  le  nom 
de  leur  patrie.  Voyez.  Sagonte.  Aujourd'hui  on  la 
nomme  Morvedro,  en  latin  Muriveteres ,  à  caufe 
des  vieilles  murailles  qui  s'y  trouvent ,  Se  qui  font  con- 
noître  la  grandeur  Se  l'étendue  de  l'ancienne  Sagonte. 
En  y  entrant  on  voit  fur  la  porte  de  la  ville  l'infcrip- 
tîon  fuivante ,  à  demi  effacée  ,  faite  à  1  honneur  de 
l'Empereur  Claude  II ,  fucceffeur  de  Gallien  : 

Senatos  populusque 
Saguntinorum 

Claudio 

Invicto.  p  i  o.  f  e  l.  i  m  p. 

C  A  E  S.    PONT.    MAX, 

T  R  I  B.    POT.    P.    P. 

Pr  O  C  O  S. 

A  une  autre  porte, qui  eft  près  de  l'églife,  on  voit 
une  tête  d'Annibal ,  faite  de  pierre  ;  près  de  cette  égli» 
fe,  on  monte  au-deffus  du  roc  ,  où  l'on  voit  les  mu- 
railles Se  les  reftes  d'un  vieux  amphithéâtre  de  357 
pieds  romains  d'étendue  dans  fon  demi-cercle ,  com- 
pofé  de  vingt-fix  bancs  l'un  fur  l'autre ,  taillés  dans  le 
roc.  Les  voûtes  en  font  fi  épaiffes  Se  d'une  ftruéture 
fi  maffive  Se  fi  forte ,  qu'elles  fe  font  confervées  avec 
les  bancs  jusqu'à  préfent  depuis  tant  de  fiécles  ;  Se  il 
feioit  bien  difficile  de  les  démolir.  Au-deffus  de  l'am- 
phithéâtre paroît  un  vieux  château  ruiné.  *  Délices  d'Es- 
pagne ,paç,.  565.. 

2.  MORVEDRO  ou  Morviedro,  rivière  d'Es- 
pagne ,  au  royaume  de  Valence.  Elletraverfe  ce  royau- 
me du  couchant  au  fud-eft  j  &  elle  fe  jette  dans  la 
mer  au-defibus  d'une  ville  dont  elle  porte  le  nom, 
après  avoir  paffé  à  Segorbe.  C'eft  le  TuRuns  de  Ptolo- 
mée.  *  Délices  d'Espace,  p.  J4J. 

MORVILLIER  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  élection  de  Neufchâtel. 

MORUINNUM.  Voyez.  Morvan. 

MORUMA.  Voyez.  Murum. 

i.  MORUNDA  ,  ville  de  Médie.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  1. 
ia  place  dans  les  terres  ,  entre  Lara  fa  Se  Tigrana. 

u  MORUNDA  ,  ville  de  l'Inde  ,  en-decà  du  Gan- 


MOS 


ge.  Ptolomée  ,  l.j.c.i.  la  donne  aux  peuples  "Aii>  Se 
la  met  dans  les  terres. 

MORUNGEN,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle 
de  la  Baffe-Saxe,  dans  le  duché  de  BruniWick,  près  du 
bois  de  Solling ,  à  deux  milles  d'Einbeck.  Elle  fut  prife 
en  1466  par  les  troupes  que  les  villes  Anféatiques 
mirent  en  carfipagne  contre  les  princes  de  Brunswick. 
*  Zeyler ,  Top.  Infer.  Saxon. 

MORUiNTES,  peuple  des  Indes,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  2.0.  Il  les  fait  voifins  des   Mafutt. 

MORUS.  Voyez,  Marisus  Se  Sycaminos. 

MORYLLOS ,  ville  de  la  Chalcidie ,  contrée  de  la 
Macédoine,  félon  Ortelius  qui  cite  Ptolomée,  /.  3.  c. 
1 3.  cependant  ce  dernier  la  place  dans  la  Paraxie,  entre 
Cbxtœ   Se  Antigoriia   PJaspbara. 

1 .  MOSA  ,  nom  latin  de  la  Meufe.  Nous  en  avons  parlé 
fuffifamment  fous  le  nom  moderne  où  nous  marquons 
le  cours  de  cette  rivière,  lequel  n'a  guère  changé  ,  fi  ce 
n'eft  vers  fon  embouchure.  Céfar ,  B.Gall.L  4.  c.  10. 
dit  qu'elle  a  fa  fource  au  mont  de  Vosge  qui  eft  aux 
confins  du  pays  de  Langres ,  Mo/a  profuit  ex  monte 
Vofego  qui  efi  in  fnibus  Lmgormm.  De  fa  fource  il  court 
jusqu'à  fa  jonction  avec  le  Wahal ,  qui  eft  une  branche 
détachée  du  Rhin  ,  cr  parte  quadam  Rheni  recepta ,  qua, 
appcllatur  Valis  ,  infulam  efficit  Batavorum.  Il  veut  donc 
que  la  Meufe  forme  l'ifle  des  Bataves  par  fa  jonction 
avec  le  Wahal ,  dont  elle  porte  les  eaux  dans  la  mer.  Il 
dit  qu'elle  s'y  jette  à  quatre-vingt  mille  pas  du  Rhinj 
par  où  il  a  voulu  marquer  la  diftance  des  embouchu- 
res de  ces  deux  fleuves  :  Neque  longiiis  ab  eo  millibus 
pajfuum  Lxxx.in  Oceanum  /r^«//f.Quelques-uns  voyant 
le  cours  de  ces  rivières  changé  en  beaucoup  de  choies  , 
fe  fonr  mis  en  tête  que  la  jonction  du  Wahal  Se  de  la 
Meufe  fe  faifoit  affez  près  de  leur  embouchure  commune 
dans  la  mer.  En  ce  cas  Céfar  auroit  eu  tort  de  dire 
que  la  Meufe  forme  l'ifle  des  Bataves.  Leur  jonction 
fe  faifoit  aux  mêmes  lieux  où  elle  fe  fait  encore  ,  c'eft- 
à  dire  ,  auprès  du  fort  faint  André ,  entre  Meghcm  & 
Bommel.  Ces  rivières  s'étant  ainfi  mêlées  en  cet  en- 
droit ,  Se  ne  trouvant  pa^Bu'un  feul  lit  fût  fufrifant 
pour  elles,  fe  partagèrent  crc  nouveau  pour  fe  rejoin- 
dre entre  Dalem,  Vorcum  Se  Louveftein;  mais  la  Meule, 
avant  que  d'y  arriver ,  fe  partageoit  encore ^en  deux  bras. 
L'un  ,  dont  il  ne  refte  plus  que  le  nom  ,  s'appelloit  la 
vieille  Meufe ,  Se  paffoit  par  Heusden ,  en  tirant  fur 
Gertruydenbeig  ,  traverfoit  le  pays,  caché  aujourd'hui 
fous  le  Biefbos ,  paffoit  au  midi  de  Dordrecht ,  &  cou- 
loit  dans  le  cannai  qu'on  appelle  encore  la  vieille  Meufe. 
L'autre  branche,  qui  paffe  à  Vorcum  Se  à  Louveftein,  s'ap- 
pelloit la  nouvelle  Meufe.  Quand  elle  a  rejoint  le  Wa- 
hal ,  cette  branche  prend  le  nom  de  Merve  jusqu'à  ce 
que  toute  la  Meufe  fe  rejoigne  vis-à-vis  de  Vlaerdingue 
au-deffous  de  Roteidam  ;  cette  rivière  n'a  pas  eu  préci- 
fément  les  mêmes  contours  dans  fon  lit ,  qu'elle  a  à 
préfent.  Une  grande  rivière  qui  charrie  aurant  de  li- 
mon que  celle-là ,  a  pu  boucher  fon  lir  en  plufieurs 
endroits ,  Se  faire  des  atterriffemens  confidérables.  Si  on 
joint  à  cela  les  débordemens  ausquels  le  Rhin  eft  fujet, 
Se  dont  elle  recevoir  fa  part  par  le  Wahal,  on  n'aura 
pas  de  peine  à  comprendre  que  d'un  côré  elle  a  pu 
changer  de  cours ,  Se  que  de  l'autre  elle  a  porté  à  fon 
embouchure  des  terres  dans  des  lieux  que  la  mer  cou- 
vroir.  Tacite  appelle  immenfe  l'embouchure  qui  eft 
commune  au  Wahal  Se  à  la  Meufe  :  Ad.  Gallicam  ripant 
Rhenus  latior  G"  placidior  ajjluens  verfo  cognomento  Va~ 
balem  accola  dicunt  :  Mox  id  quoque  voçabulum  mutât 
Mofaflumine  e} us  que  immtnfo  ore  eumdemin  Oceanum 
effundûur  ;  mais  cette  embouchure  n'étoit  pas  la  feule. 
Céfar ,  /.  6.  c.  3  3  dir  que  l'Escaut  fe  jerte  dans  la  Meu- 
fe ,  ce  qui  doit  s'entendre  d'une  des  branches  de  l'Es- 
caut. Entre  ces  deux  embouchures  de  la  Meufe  ,  dont 
l'une  lui  étoit  commune  avec  une  branche  du 
Rhin  ,  l'aurre  avec  une  branche  de  l'Escaur  ,  il  y  en 
avoit  fans  doute  encore  quelques  autres  -,  mais  les  anciens 
ne  parlent  pas  affez  diftindtement  fur  certe  matière  qui 
fe  doit  débrouiller  par  les  écrivains  du  moyen  âge.  C'eft 
ce  que  l'on  voit  exécuté  favamment  dans  le  livre  des 
antiquités  des  Bataves  ,  compofépar  Van  Loon.  *  An-± 
nal.  1.  2.  c.  6, 


MOS 


2.  MOSA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  fur  la  rônre 
de  Mocha  à  Mouab  ,  à  dix  lieues  de  Mocha  Se  à  quinze 
de  Manzery.  C'eft  une  petite  ville  champêtre,  allez 
agréable,  '&.'  qui  fournit  presque  toute  la  volaille  qu'on 
porte  à  Rôcha.  C'eft  aufli  l'entrepôt  &  le  paffage  des 
fruits  qui  viennent  des  montagnes.*  La  Roque ,  Voya- 
ge de  l'Arabie  Heureufe,  p.  154. 

3.  MOSA  ,  nom  de  lieu ,  à  ce  qu'il  femble  parl'itiné- 
raire  d'Antonin  ,  qui  le  met  fur  la  route  d'Antematun- 
rium  à  Toul ,  entre  Antematunnum  Se  Solimariaca ,  à 
douze  milles  de  la  première  de  ces  villes  Se  à  feize 
milles  de  la  féconde. 

MOSACH ,  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Bavière. 
Elle  a  fa  fource  au-deflus  de  Munich,  coule  du  midi 
au  nord  oriental,  paffe  à  Freifmgen,  Se  fe  jette  dans 
l'Ifer  au-deffous  de  cette  ville.  *  Jaillot ,  Atlas. 

MOSyEUS  ,  fleuve  de  la  Sufiane  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  3.  Orielius  ,Tbefaur.  dit  avoir  remarqué  furies 
cartes  d'Abulféda  que  ce  fleuve  y  étoit  nommé  Titiciri. 
Il  ajoute  qu'Am'mien  Marcellih  écrit  Mcjeus. 

MOSAIKS,  ville  de  l'empire  Ruflien  ,  fur  la  rivière 
de  Moska ,  au  midi  occidental  de  la  ville  de  Moscou. 
*  Del'Ifie  ,  Atlas. 

MOSALE  ,  grande  rivière  de  la  Chine.  Elle  fort  du 
lac  de  Siul ,  dans  la  province  d'Iunnan.  Après  avoir  tra- 
verfé  toute  la  province ,  elle  prend  fon  cours  dans  le 
royaume  de  Tungking,  où  ,  groilie  des  eaux  de  diverfes 
rivières,  elle  forme  le  grand  canal  qui  conduit  à  la 
Ville  de  Tungking.  *  Atlas  Sinenjïs. 

MOSAMBIQJUE.  Voyez.  Mozambique. 

MOSARNA,  ville  de  la  Caramanie ,  félon  Arrien. 
Au  lieu  de  Mofarna ,  Ptolomée,  /.  6.  t,  S.  écrit  Mu- 

SARNA. 

MOSBACH,  ville  d'Allemagne,  dans  le  Palatinat, 
fur  le  Necker  :  elle  eft  fort  bien  bâtie  Se  fituée  fur  un 
fond  fertile  ;  aufli  tire-t-elle  des  campagnes  qui  l'envi- 
ronnent quantité  de  froment  &  de  vin.  Elle  a  un  beau 
château,  où  Oihon  ,  comte  Palatin,  a  fait  fa  réfidence 
ordinaire,  Se  a  été  pour  ce  fujet furnommé  Mosbacen- 
y?/.  Sa  femme ,  qui  mourut  jn  1444,  eft  enterrée  dans 
l'églife  principale  du  lieu.  Cette  viile  étoit  autrefois  fort 
renommée  pour  la  fabrique  des  couteaux  Se  des  lames 
d'épée.  On  y  fait  aurli  des  draps.  Elle  eft  le  chef-lieu 
d'un  bailliage,  dont  la  jurisdiction  s'étend  depuis  Wim- 
pfen,  ville  impériale  ,  jusque  près  d'Heidelberg ,  en  des- 
cendant le  Necker.  *  Zeyler  ,  Top.  Palar.  Rheni. 

MOSBURG ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la  Ba- 
vière (  a  ) ,  au  confluent  de  FIfer  &  de  l'Ambert.  Cette 
ville  eft  le  chef-lieu  d'un  comté  (b  ),  dont  Louis  le  Sé- 
vère fut  invefti  en  1287  par  l'empereur  Rodolphe  1. 
(  a  )  Jaillot ,  Atlas.   (  b  )  Corn.  Dict. 

MOSBURG1  CASTRA  ,  lieu  de  la  Caiïnrhie,  Ré- 
ginon  Se  Othon  de  Freifingen  en  font  mention.  Lazius 
prétend  qu'on  en  voit  les  ruines  dans  un  lac  de  la  Ca- 
rimhie,  nommé  Werdzée ,  entre  Clagenfurt  &  Villac. 
*  Ortetii  Thel'aur. 

MOSCA.  Voyez.MosK.A6 

MOSCENI.  Voye^.  Mosteni. 

MOSCHA  ,  port  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolomée , 
/.  6.  c.  7.  le  place  dans  le  pays  des  Adramites.  Arrien 
en  parle  aufli  dans  fon  périple  de  la  mer  Erythrée. 

MOSCHENI,  peuples  de  la  grande  Arménie,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  10. 

MOSCHI  ,  peuples  qui  habitoient  le  long  de  la  mer 
d'Hyrcanie,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  3.  c.  5.  Pline, 
lib.  6.  cap.  4.  les  met  vers  la  fource  du  Phafis.  Le  perc 
Hardouin  dft  que  ce  font  ceux  que  nous  appelions  au- 
jourd'hui les  Géorgiens  :  leur  pays  en  effet  s'appelloit 
Moich'ica  regïo.  Voyez,  l'article  fuivant. 

MOSCHICA  REGIO  .contrée  d'Afie.  Elle  étoit  par- 
tagée en  trois  portions  :  l'une  s'appelloit  la  Colchide  , 
l'autre  l'Ibérie  &  la  troifiéme  l'Arménie.  *  Strabon  ,  1. 
II.  p.  499. 

MOSCHICI  MONTES  ,  montagnes  de  la  grande  Ar- 
ménie ,  félon  Ptolomée.  Voyez.  Armenius  Phasis  , 
Taurus. 

MOSCHIUS,  rivière  de  la  Myfie  fupérieure  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  5.  c.  9.  Lazius  dit  que  c'eft  aujourd'hui 
la  Morave.  Félix  Petancius ,  in  itin.  Turcic.  eft  de  mê- 
me fentiment  -,  mais   Corneille  Sceppcr  ,  in  itin.  By- 


MOS        415- 

fant.  mf.   prétend  qu'on  l'appelle   le  Lym.  *  Ûrtelii 
Thefaur. 

MOSCIUS  MONS  ,  montagne  d'Italie  ,  dans  le  pays 
des  Brutiens  ,  près  de  Syllacium.  Cafliodore  en  fait 
mention  dans  fon  hiftoire  mêlée  ,  ad  Max.  Cancella- 
rium  ;  mais  à  la  marge  du  livre  ,  dit  Ortelius  ,  on  li- 
foit  Mostius  -,  &  Moystius. 

MOSCONNUM ,  ville  des  Gaules.  L'itinéraire  d'An- 
tonin la  met  dans  l'Aquitaine,  fur  la  route  A'Aflurica 
à  Bourdeaux  ,  entre  Aquœ  Tarbellicœ  Se  Seçofa ,  à  feize 
milles  de  la  première ,  Se  à  douze  milles  de  la  fé- 
conde, 

MOSCOPHAGI.  Voyez.  Agmovhages. 

MOSCOU.  Voyez.  Moskow. 

1.  MOSÉ  ,  bourg  de  France ,  dans  l'Anjou  ,  élection 
d'Angers. 

2.  MOSÉ.  Voyez.  Mausé. 

MOSEBOHR  ,  ou  Mosibor  ,  petite  ville  de  Siléfie, 
près  de  Feftenberg  Se  de  Kobelgura.  Elle  appartient 
aux  ducs  de  Meunfterberg  Se  princes  d'Olfen  ,  qui  Font 
acquife  en  1  $99  par  achat ,  du  feigneur  André  Leschinsky 
de  Leschnow.  *  Zeyler,  Top.  Silefia?. 

MOSEGA ,  ville  de  l'Albanie.  Ptolomée  ,  /.  ;.  c. 
12.  la  place  au-deflus  de  Samunis. 

MOSEL,  ville  dont  parle  Ezéchiel,  27.  19.  &  dont 
on  ignore  la  fituation.On  peut  traduire  l'hébreu  d'Ezé- 
chiel ,  Tipn  p'1  JTl ,  comme  a  fait  la  Vulgate  ,  Dan 
&  Grcteia  &  Mofel ,  ou  Dan  &  Javan  d'Oz.el.  Bo- 
chzn  yPhaleg.  I.  2.  c.  22.  croit  que  Javan  d'Oz.el,  ou 
Uz.al ,  font  des  descendans  de  Javan  ,  dont  la  demeure 
étoit  à  Uzal,  ville  d'Arabie.  Les  Septante,  au  lieu  de  Ja- 
van, ont  lu  Jain ,  du  vin.  Ils  ne  lifent  pas  Mosel', 
mais  feulement  Afel  ou  Afaël.  Le  Syriaque  :  Dan  Se 
Javan  d'Uz.el.  L'Arabe  :  ///  apportaient  à  vos  foires  du 
vin  d'Aï!.  Le  Chaldéen  :  Dan  &  Javan  vous  appor- 
taient en  troupes  des  marchandées,  &c.  Je  crois ,  dit 
Dom  Calmer,  Dut.  qu'il  y  a  quelqu'altération  dans  ce 
partage  :  Dan  Se  Javan  font  trop  éloignés  de  demeure 
pour  être  joints  enfemble. 

MOSELANUS  COMITATUS  ,  comté  d'Allema- 
gne ,  dans  l'état  de  levêque  de  Liège.  Selon  Sigebert  „ 
on  le  nommoit  aufli  Haibamum  ou  Hasbania,  que 
Divjeus  rend  par  Haspengott.  Ce  font  d'anciennes  ar- 
chives ,  rapportées  par  Rofier  ,  qui  nous  apprennent 
que  ce  pays  s'appelloit  anciennement  Mofelanus  comi- 
tatt*%  Voyez,  le  mot  Hasbain.  *  Ortelii  Thef. 

MOSÉLE.  Tzetzès,  Cbiliad.  9.  num.  239.  dit  que 
ce  lieu  fut  ainfi  nommé  de  Mofeles,  chef  de  l'armée 
que  battirent  les  Bulgares. 
MOSELLA.  Voyez.  Mosula  &  Obrincus. 
MOSELLE ,  rivière  de  France ,  &  qui  traverfe  une 
partie  de  l'Allemagne.  Florus,  /.  3.  c.  1  o  l'appelle  Mo- 
fula.  Ptolomée ,  /.  2.  c.  9.  la  nomme  Obrincus  ;  ôc  tous 
les  autres  écrivains  la  connoiflent  fous  le  nom  de  Mu- 
fella  ,  ou  fous  celui  de  Mofella.  Elle  prend  fa  fource 
au  mont  des  Faucilles,  dans  les  montagnes  de  Vosges, 
aux  confins  de  la  Lorraine ,  du  Suntgau  &  du  comté 
de  Montbelliard ,  &  aflez  près  de  l'endroit  ou  la  Saône 
prend  aufli  la  fienne.  Cette   proximité  fut  caufe  que 
fous  le  règne  de  l'empereur  Domitius  Néron ,  on  com- 
mença à  faire  un  canal  pour  joindre  la  Mofelle  à  la 
Saône  ;  mais  l'ouvrage  ne  fut  point  achevé.  La  Mofelle 
dans  fa  cour  fe  mouille  d'abord  Remircmont  ,d.Espinal, 
d.Châtel,  d.  Charmes  ,  g.  Bayon  ,  d.  Chaligni ,  d.  Toul , 
g.  Pont-à-Mouflbn  ,  g.  Metz,  d.  Thionville  ,  g.  Sirck, 
d.  Remingen,  g.  Gravenmacheren,  g.  Waflerbilich ,  g. 
Trêves,  d.  Phlatz  ,  g.  Wcldentz  ,  d.  Trarbach  ,  d.  la 
forterefle    de  Mont-Royal,  g.   Cell ,  d.  Cocheim  ,  g„ 
Alken ,  d.   Coblentz  :  c  eft-là   qu'elle   fe  perd  dans  le 
Rhin.  Elle  court  ainfi  par  la  Loraine ,  par  les  évêchés 
de  Metz  &  de  Toul ,  par  le  Luxembourg  ,  par  le  comté 
de  Weldentz  Se   par  la  province  de  la  Saare.  Elle  ne 
commence  à  être  navigable  en  tout  tems  qu'à  Metz  ; 
cependant  on  fait  descendre  du  fel  des  falines  de  Ro- 
fiers ,  depuis  la   jonction  de  la  Meurte  à  la  Mofelle. 
Cette  jonction  fe  fait  à  huit  lieues  au-deflus  de  Metz  ; 
mais  pour  cela  il  faut  prendre  un  tems  favorable  ,  & 
décharger  fouvent  les   grands  bateaux  dans  de  petits. 
On  fait  aufli  descendre  des  planches  de  fapin  qu'on  fait 
dans  les  montagnes  de  Vosges ,  de  même  que  des  mâts 


4i6       MOS 

pour  les  vaifleaux  du  roi.  On  coupe  ces  mâts  dans  les 
montagnes  de  Vosges  ;  8c  quand  ils  font  descendus  jus- 
qu'à Toul ,  on  les  transporte  par  charrois  jusqu'à  Bât- 
ie-Duc,  où  on  les  met  fur  la  rivière  d'Orné,  qui  fe 
perd  dans  la  Marne  au-deflbus  de  Vitri.  De  la  Marne 
ces  mats  paflent  dans  la  Seine  ,  8c  arrivent  enfin  au  Ha- 
vre de  Grâce.  *Piganiol ,  Description  de  la  France  ,  t.  7. 
p.  289. 

MOSENIGO.  Voyez.  Mosseniga. 
MOSERA,  MOSERAH,  ou  Moseroth  ,  n.  20  , 
33.  8c  }$.  30.  C'eft  apparemment  ,  dit  Dom  Calmet , 
Ditt.  le  même  lieu  que  Hâtera  ou  Haz.erotb  ,  num. 
ai,  34,  13,  1.  &  33,  17,  18,  un  des  campemens 
des  Ifrae'lites  dans  le  défert.  Il  étoit  au  voifinage  de  Ca- 
des  8c  du  mont  Hor  ,  où  mourut  Aaron. 

1.  MOSKA  ou  Moscua  ,  petite  rivière  de  l'empire 
Ruflîen  ,  dans  la  province  à  laquelle  elle  donne  le  nom 
de  Moscou,  dont  nous  avons  fait  les  mots  Moscovie 
Se  Moscovites.  Elle  a  fa  fotuce  à  l'extrémité  de  cette 
province  8c  de  celle  de  Twere ,  au  midi  d'Oleschna  qui 
cil  dans  cette  dernière  ,  &  a  l'orient  de  Rzeva  ,  Volo- 
dimerskoi,  ville  de  la   province  de  Rzeva  ,  aflezprès 
de  lalburoc  du  Volga.  De  là,  ferpentani  vers  le  midi , 
puis  vers  l'orient,  elle  coupe  Mofaiks ,  circule  encore 
plus  bas,  6k  remontant  vers  le  nord  oriental ,  ellepafle 
auprès  de  Zvenigurod ,  reçoit  les  eaux  de  la  Neglina 
ruiiïeau,  entre  à  Moscou  ,  capitale  de  la  province  8c 
de  tout  l'empire  Rumen  ,  y  reçoit  les  eaux  de  l'Yaou- 
fa  ,  petite  rivière  qui  vient  du  nord  ,  8c  au  couchant  de 
laquelle   eft  le  Sloboda  ou  Slavoda ,  fauxbourg  où  de- 
meurent les  étrangers  an  nord  de  Moskou.  Au-deflbus 
de  cette  ville  la  Moska  prend  fon  cours  vers  le  midi , 
baigne   le    château   de  Vorobiova  ,    Kolomenskoe 
ville,  Dvorninou  château  ,  Mortschnik  bourgade, 
Forsenis  village  ,  8c ,  paflant  entre  Colomna   &  fon 
fauxbourg  ,  nommé  Goi-utvina  Sloboda  ,  ellefe  perd 
dans  l'Occa  rivière  ,  qui  tombe  enfuite  dans  le  Volga. 
C'elt  ainfi  que  de  l'ifle  décrit  le  cours  de  cette  rivière. 
Nous  parlerons  ci-après  du  canal  qui  pafle  de  Moscow 
à  Saint  Peterlbourg. 

2.  MOSKA  ,  ou  Moskau  ,  petite  ville  d'Allemagne, 
dans  la  Baflé-Luface.  C'eft  une  feigneurie  appartenante 
aux  Burgtaves  de  Donau  ou  Dona.  Le  général  Suédois 
Torftenfon  s'en  empara  en  1642.  *  ZeyUr,  Top.  fup. 
Saxon. 

MOSKE  STROOM.  Baudrand  dit  qu'on  nomme,  ainft 
le  Maelftrom.  Voyez,  ce  mot. 

MOSK1TES  (  Les  ) ,  petite  nation  de  l'Amérique  , 
dans  la  Nouvelle  Espagne ,  du  côte  du  cap  de  Gratia  à 
Dios,  entre  le  cap  de  Honduras  8c  Nicaragua.  Les 
hommes  font  bien  faits ,  vigoureux,  agiles  &  fort  bons 
piétons ,  ont  la  vue  parfaitement  bonne  ,  8c  font  fort 
adroits  à  jetter  la  lance  8c  le  harpon  ,  à  quoi  ils  s'exer- 
cent dès  l'enfance  ,  ce  qui  les  rend  excellens  pêcheurs  ; 
de  manière  qu'un  ou  deux  de  ces  gens-la  feront  habil- 
iter un  équipage  de  cent  hommes.  C'elt  pourquoi  les 
aventuriers,  &  fur-tout  les  Anglois  qui  navigent  fur 
cette  côte,  ont  grand  foin  de  fe  pourvoir  de  quelques 
Moskites.  Ils  s'habillent  quand  ils  font  avec  les  Euro- 
péens ,  mais  chez  eux  ils  vont  nuds ,  excepté  qu'ils  met- 
tent une  bande  de  toile  qui  les  couvre  depuis  la  cein- 
ture jusqu'au  genou.  *  Dampier,  Voyage,  t.  1.  c.  1. 

MOSKOW  ,  capitale  de  la  Ruflie ,  &  l'une  des  deux 
villes  impériales.  Elle  eft  fituée  fur  la  Moska ,  qui  fe 
jette  dans  le  Wolga.  Sa  pofition  eft  au  68  deg.  de  lon- 
git.  &  au  55.  36  min.  de  latit.  feptentrionale,  félon 
les  oblervations  de  Meflîeurs  de  l'Académie  des  Scien- 
ces. On  lui  donne  environ  fix  lieues  de  tour  ;  mais  elle 
n'eft  pas  peuplée  à  proportion.  Une  grande  partie  de 
fon  enceinte  eft  occupée  par  des  places  publiques,  des 
jardins  &  même  des  prairies.  Les  rues  font  fales  ,  n'étant 
pas  pavées  pour  la  plupart  ;  presque  tontes  lesmaifons 
font  de  bois.  Eile  eft  divifée  en  quatre  quartiers  qui  font 
comme  autant  de  villes  ,  fermées  de  murailles. 

La  première  enceinte  eft  nommée  Skoradom  ,  qui 
veut  dire  muraille  faite  à  la  hâte.  C'eft-là  que  font  lés 
SLibodes  ou  fauxbourgs.  Elle  eft  coupée  par  la  rivière 
de  Moska  8c  par  le  ruifleau  d'Yaoufa  &  par  la  Ne- 
glina. 
La  féconde  enceinte ,  quand  on  vient  de  dehors ,  eft 


MOS 


le  Kz>rgorod,  ou  la  ville  du  Czar;  la  troifiéme  eft 
Kittj»i  gorod  ,  ou  ville  des  Chinois  ;  la  quatrième 
qui  eft  le  centre  des  autres,  eft  IcKremelin  ,  ou  Kre- 
mel  qui  tire  fon  nom  du  palais  du   Czar ,  lequel  eft 
dedans.  Ce  palais  a  plus  d'étendue  qu'une  ville  médiocre; 
il  eft  fortifié  de  trois  bonnes   murailles ,  &  d'un  bon 
fofle  (  a  ).  Les  tours  ont  des  toits  furdorés  d'une  grande 
magnificence.  Ce  palais  tombe  en  ruine  ,  au  point  que 
le  czar  ne  pouvoit  y  habiter. Lorsqu'il  alloit  à  Moscow, 
il  logeoit  au  fauxbourg  appelle  Preobras  Chtnskoi, 
dans  une   maifon  de  bois  aufli  fimple  que  celle  d'un 
particulier. 

Dans  la  cour  du  Kremelin  eft  l'églife  patriarchale ; 
c'eft  un  édifice  ancien ,  vafte  8c  mafia f.  On  y  voit  un 
grand  luftre  d'argent  à  plufieurs  branches  ;  c'eft  la  plus 
grande  pièce  en  ce  genre  qui  foit  en  Europe.  Les  Hol- 
landais en  ont  fait  préfent  à  la  cour  de  Ruflie.  (  a  )  Hifi. 
généalogique  des  Tatart. 

Près  de  cette églife  eft  la  maifon  patriarchale,  où  l'on 
ne  voit  rien  de  remarquable  quant  à  l'architedure.  On 
y  garde  foigneufement  dans  des  coffres  les  habits  de  plu- 
fieurs patriarches.  On  afllire  qu'ils  font  extrêmement 
riches. 

L'églife  de  faim  Michel ,  où  font  les  tombeaux  des 
czars,  eft  aufli  dans  le  Kremelin.  Dans  une  chambre 
féparée  de  l'églife  font  trois  cercueils  de  pierre.  Le  pre- 
mier renferme  les  cendres  du  fameux  Ivan  Bafilowitz , 
8c  fes  fils  font  dans  les  deux  autres.  Le  vrai  Démétrius 
aflafliné  en  1691  par  le  grand  maître  de  fa  maifon, 
Boris  Gudenow,  qui  après  la  mort  de  Théodore  ,  fe  mit 
impudemment  fur  le  trône  de  fes  maîtres ,  a  une  place 
à  part  dans  cette  églife.  Son  tombeau  eft  auprès  d'un 
pilier  tout  vis-à-vis  de  l'autel.  Au-deflbus  on  a  élevé 
un  autre  autel  à  fon  honneur.  Les  Rufliens  regardent 
ce  Démétrius  comme  un  faint;  cependant  plufieurscroient 
que  les  meurtriers  envoyés  par  Boris  aflaflinerent  ce  jeune 
prince,  qui  étoit  alors  avec  fa  mère  à  Uglitz  à  cenc 
quatre- vingt  verftes  de  Moskow  ,  8c  que  fon  corps 
aufli  bien  que  celui  du  faux  Démétrius  I  ,  qui  parut 
enfuite  8c  fut  maflacré  ,  furent  réduits  en  cendres ,  & 
que  par  conféquent  le  corps  du  vrai  Démétrius  ne  fau- 
roit  être  dans  ce  tombeau.  Alexis  Micha'e'lowitz  8c  fes 
deux  fils ,  Fédor  8c  Ivan  ,  ou  Théodore  8c  Jean  ,  fre^ 
res  de  Pierre  I ,  font  au  milieu  de  cette  églife  près  l'un 
de  l'autre.  Leurs  cercueils,  qui  font  de  cuivre  jaune, 
font  couverts  chacun  d'un  drap  mortuaire.  La  turquoife 
que  le  czar  Ivan  portoit  fur  lui,  8c  qu'on  a  attachée 
au  drap  qui  le  couvre ,  eft  eftimée  d'un  grand  prix  pour 
fa  grofleur  extraordinaire.  Les  autres  czars  font  rangés 
de  fuite  fur  une  même  ligne  à  un  des  côtes  de  la  mu- 
raille ,  8c  leurs  cercueils  qui  fe  touchent ,  font  ornés 
de  riches  couvertures.  Les  princes  du  fang  ,  qui  n'ont 
point  régné ,  ont  une  place  particulière ,  8c  leurs  tom- 
beaux font  moins  richement  couverts  que  ceux  des 
czars.  Ces  draps  mortuaires  ne  font  pas  toujours  fur 
les  cercueils.  On  ne  les  y  met  qu'aux  grandes  fêtes,  ou 
lorsqu'il  vient  quelque  étranger  pour  voir  les  tombeaux. 
Le  travail  en  eft  très-beau ,  fur  un  fond  de  velours  ou 
de  foie.  Sur  la  plupart  il  y  a  un  crucifix  d'or  maflif, 
8c  aux  bords  on  lit  des  inferiptions  en  caracleres  rus- 
fiens ,  formés  de  perles  8c  de  pierreries.  Dans  cette 
églife  on  montre  le  tombeau  d'un  faint  Alexis,  &  fur 
une  crédence  placée  devant  l'autel  un  grand  reliquaire 
«arrédivifé  en  plus  de  trente  compartimens,  dans  cha- 
cun desquels  il  y  un  petit  morceau  d'os  avec  une  éti- 
quette qui  marque  le  nom  du  faint  ou  de  la  fainte. 
Les  perfonnes  dévotes  en  choififlent  un  qu'ils  invoquent, 
dans  leurs  befoins ,  le  baifent  8c  y  font  leurs  prières. 

Tout  auprès  de  cette  églife ,  eft  l'abbaye  de  Tzudofe  , 
monaftere  de  filles ,  dans  lequel  font  les  tombeaux  des 
Czatitzes  8c  des  princelles  du  fang.  Les  religieufes  por- 
tent de  longues  robes  noires  à  grandes  manches  avec  une 
ceinture  :  elles  ont  fur  la  tête  un  voile  noir  qui  leur  tom- 
be fur  les  épaules,  8c  lorsqu'elles  font  au  chœur ,  elles 
ont  le  haut  du  vifage  couvert  de  gaze.  Elles  difent  l'of- 
fice le  jour  8c  la  nuit ,  8c  chantent  en  deux  chœurs  le 
plein-chant  de  l'églife  Grecque  ;  mais  les  rons  ne  font 
pas  fort  variés  ,  8c  c'eft  une  monotonie  allez  ennyeufe. 
Au  nord  oueft  du  Kremelin  ,  eft  Kitai-Gorod  ,  qui 
en  eft  féparé  par  la  place  la  plus  grande  &  la  plus  belle 

de 


MOS 


MO  S 


de  route  la  ville. C'eft-là  que  fe  fait  tout  le  commerce; 
toutes  les  boutiques  y  font  diltribuées  félon  le  genre  des 
marchandifes.  Les  marchands  d'un  même  négoce  y  font 
enfemble  dans  un  même  quartier  qui  leur  elt  alligué ,  ce 
qui  elt  plus  commode  pour  les  marchands  étrangers , 
que  il  les  boutiques  d'un  même  commerce  étoient  dis- 
perfées  dans  une  fi  grande  ville.  C'eft-la  qu'eft  le  grand 
marché  qui  fourmille  de  monde  tous  les  jours,  les  prin- 
cipaux hôtels,  les  magazins  des  marchands  &:  les  meilleu- 
res boutiques ,  dispolêes  dans  des  rues  particulières,  fé- 
lon les  espèces  des  marchandifes  qu'ils  y  étalent.  Hy  en  a 
de  même  dans  des  lieux  couverts  pour  ceux  qui  vendent 
des  draps ,  des  étoffes ,  des  ouvrages  d'or  ,  des  foieries , 
des  pelleteries  &  autres  pareilles  marchandifes  ;  les  mar- 
chands étrangers  y  ont  auffi  leurs  magazins  Se  le 
rendent  tous  les  jours  au  bazar  pour  négocier.  Les  mar- 
chands d'un  moindre  ordre  &  les  ouvriers  ont,  comme 
les  autres ,  des  rues  particulières. 

Les  images  de  dévotion  s'y  vendent  dans  un  endroit  à 
part ,  perfonne  n'ofe  marchander  ,  il  faut  en  donner  le 
prix  que  demande  le  vendeur  ou  les  laiffer.  Il  y  a  une  11 
grande  foule  de  peuple  dans  les  rues  ,  qu'on  a  fouvent 
de  la  peine  à  paffer  ,  quoique  cette  partie  de  la  ville  foit 
très-grande.  La  muraille  qui  environne  ce  quartier  , 
s'appelle  Crasne  Stenna,  c'elt-à  dire,  Pierre  Rouge,  félon 
Oléarius  ,  Se  Krasnaja  Stenna  ,  félon  le  Brun ,  mot  qu'il 
explique  pat  muraille  Ro  tge ,  parce  ,  dit-ilj,  qu'elle  étoit 
effectivement  autrefois  de  cette  couleur  ;  mais  on  l'a 
blanchie  fous  le  règne  de  la  princefle  Sophie  &  de  fes 
frères  Ivan  Se  Pierre  ,  encore  mineurs.  L'eglife  de  Ste 
Troitza  ou  de  la  Sainte  Trinité  ,  bâtie  par  un  architecte 
Italien,  &  la  principale  de  la  ville,  elt  dans  cette  enceinte 
vis-à  vis  du  château. 

Dans  la  troifiéme  partie  ,  où  le  Czargorod  ,  il  y  a  de 
grands  marchés  ,  où  fe  vendent  des  ouvrages  de  bois. 
Quelques  centaines  de  maifons  y  font  routes  conftrukes  , 
en  attendant  que  quelqu'un  les  vienne  acheter.  Quand 
vous  en  avez  choifi  une  ,  on  la  démonte  aum-tôt ,  Se 
on  la  remonte  en  moins  de  rien  ,  à  l'endroit  où  vous 
fouhaitçz.  La  plus  grande  partie  de  Moskow  n'elt  com- 
pofée  que  de  ces  maifons  ;  ce  font  de  grands  arbres  Se  des 
petits  fendus  en  carré  ,  rangés  horizontalement  les 
uns  fur  les  autres ,  arrêtés  par  les  deux  bouts ,  dans  des 
couliffes  ménagées  dans  les  poutres  qui  font  debout ,  Se 
furmontés  par  une  longue  poutre  de  traverfe  qui  les 
arrête  ,  Se  dans  laquelle  les  poutres  à  couliffes  fe  termi- 
nent par  des  monaifes.  Les  crevaffes  Se  les  fentes  font 
bouchés  avec  de  la  moufle  ,  Se  les  toits  font  faits  de  plan- 
ches minces  :  il  y  a  aufli  dans  ces  marchés  des  milliers  de 
cercueils  de  routes  fortes  de  grandeurs.  Ce  ne  font  fou- 
vent  que  des  arbres  creufés  comme  des  auges  avec  un 
couvercle.  Quand  quelqu'un  d'entre  le  peuple  eft  mort , 
on  va  lai  acheter  un  cercueil  à  ce  marché. 

La  plupart  des  maifons  n'étant  que  de  bois ,  Se  con- 
itruites  de  la  manière  qu'on  vient  d'expliquer ,  les  em- 
brafemens  y  doivent  être  très  fréquens;  en  1737  ,  tren- 
te mille  maifons  furenr  brûlées  en  cette  ville  ;en  1747  » 
les  trois  quarts  de  la  ville  furent  brûlés  ;  en  175  2  ,  cinq 
mille  maifons  furent  réduites  en  cendres.  Pierre  I  dé- 
fendoit  de  rebâtir  les  maifons  brûlées  ;  afin  d'enga- 
ger les  habitans  de  Moscow  d'aller  s'établir  à  Saint  Pe- 
rcrfbourg;  mais  la  Czarine  Elifabcth  Petro  na  a  fait 
rebâtir  en  pierres  toutes  les  maifons  que  le  feu  avoit 
con  fumées. 

La  dernière  partie  ,  nommée  Skorodom  ,  comprend  les 
fanxbourgs  ou  flabodes ,  c'eft  à-dire  ,  les  lieux  où  étoient 
logés  les  ftrelirz  ou  foldats.  Us  avoient  auttefois  leur  de- 
meure dans  les  enceintes  de  la  muraille  Rouge  Se  de  la 
Blanche  -,  mais  leurs  fréquentes  mutineries  portèrent  le 
czar  à  les  en  ôter  Se  à  les  mettte  à  part  dans  les  faux- 
bourgs.  On  voit  au-  delà  du  Skorodom  ,  ou  du  boulevard, 
des  fanxbourgs ,  des  villages  Se  des  monalteres  ,  dont 
la  ville,  elt  environnée  ,  parmi  lesquels  il  y  en  a  de  fort 
ferrés  ,  Se  très- peuplés  ;  il  y  en  a  même  qui  font  conti- 
gus  au  boulevard.  La  flabode  des  Allemands  n'en  eft 
qu'à  demi-lieue  ,  &  on  voit  quantité  de  villages  au-delà. 

A  l'égard  de  la  grandeur  de  Mosko"'  ,  le  Brun  lui 
donne  trois  bonnes  lieues  de  tours  hors  du  boulevard  ou 
delamuraille  de  terre  ,  avec  douze  portes ,  dont  il  four- 
nit le  détail  fuivant.  1.  Celle  qu'on  nomme  Petroffe 
Wafute  ou  forte  de  Petrow ,  donc  la  rue  de  même 


4f7 

nom  s'étend  jusqu'à  la  muraille  Rouge,  c'eit-àdirc  , 
jusqu'à  la  ville  des  Chinois.  2.  La  porte  de  Mesuite  , 
qui  a  une  rue  de  même.  Ces  deux  portes  qui  font  de 
pierres ,  font  à  la  muraille  de  pierre.  La  5.  fe  nomme 
Ustresense  Bralon  :  ce  n'elt  proprement  que  le  che- 
min qui  mené  à  la  poire  de  la  ville  ;  car  il  n'y  a  point  de 
porte  de  ce  côté-là  à  la  muraille  de  terre  ,  il  n'y  a  qu'une 
ouverture.  4.  La  Petroffe  ,  qui  a  une  rue  de  même  qui 
va  à  la  ville.  5.  La  Twerske,  ou  la  porte  de  Twer, 
d'où  il  y  a  une  rue  femblable.  6.  La  Mekitke  ,  avec  une 
rue  de  même.  7.  La  Arbatze.  8.  La  Preszikhwftsche, 
autrefois  nommée  Zortelse  ,  aufli  avec  une  rue.  9. 
La  Dreswetsche,  fituée  de  même.  10.  La  Kakuetskf., 
fur  la  rivière  de  la  Néglina.  La  11.  de  même,  l'auteur 
n'en  dit  point  le  nom.  La  1 1.  Taganse  ou  Tanse. 

La  muraille  nommée  Be  loi-  go  rod  ,  n'a  qu'une  heure 
Se  demie  de  tour  ;  ce  qu'elle  enferme  elt  proprement  la 
ville.  On  a  élevé  enrre  chacune  de  les  portes  deux  tours 
jointes  aux  murailles  Se  trois  enrre  quelques-unes.  Elles 
font  carrées  -,  mais  nullement  propres  à  y  mettre  du 
canon  ,  Se  à  quatre  cens  pas  l'une  de  l'autre.  Il  n'y  a 
que  deux  portes  entre  lesquelles  il  n'y  ait  point  de  ces 
tours.  Pierre  I  y  fit  faire  un  jardin  ;  de  forte  qu'on  ne 
fauroit  faire  le  rour  de  la  muraille  par  le  dehors ,  Se  qu'il 
faut  entier  dans  la  ville  en  cet  endroit  qui  elt  au  nord. 
On  prétend  qu'il  y  a  quinze  cens  égliles,  monalteres 
[ou  chapelles],  &  comme  chacun  a  fes  cloches ,  la  fon- 
nerie  ne  finit  point.  Ces  cloches  ne  fe  mettent  point  en 
branle  comme  les  nôttes  ;  on  les  fonne  par  le  moyen 
d'une  corde  qui  tient  au  battant.  Aux  jours  que  les  Rus- 
fiens  appellent  Pras»ick_,  Se  fur- tout  à  Pâque,  cha- 
cun s'empreffe  à  aller  fonner  les  cloches.  Ils  atrribuenc 
une  vertu  particulière  à  cette  action  :  ils  fe  figurent  que 
cela  attife  une  bénédiction  fur  leurs  oreilles,  Se  qu'ils 
auront  l'ouïe  meilleure  pendant  route  l'année.  Il  y  a 
aufli  des  horloges  publiques  dans  la  ville ,  Se  même  un 
carillon  fur  la  belle  églife  que  le  prince  Menzikow  a 
fait  bâtir.  Les  maifons  des  Boyars  ont  une  garde  qui 
marque  toutes  les  heures ,  ©n  frapant  d'un  maillet  de 
bois  fur  une  grande  planche.  Le  commun  peuple  com- 
pte les  heures  depuis  le  lever  du  foleil  jusqu'à  fon  cou- 
cher. 

Tout  eft  plein  de  mendians  Se  de  vagabonds  qui  font 
trop  parefleux  pour  travailler  :  ils  font  tant  de  desordre 
qu'il  n'y  a  point  de  fureté  à  marcher  le  foir  dans  les  rues, 
fans  erre  bien  accompagné.  Les  voleurs  fe  cachent  au 
coin  des  rues;&  quand  il  pafle  quelqu'un,  ils  lui  jet- 
tent à  la  tête  un  gros  bâton  ,  qu'ils  appellent  Dubin  ;  ils 
font  fi  adroits  qu'ils  ne  manquent  presque  jamais  d'attra- 
per leur  homme  &  de  le  tuer. 

C'cft  la  coutume  à  MoskoW  que  tous  ceux  que  l'on 
trouve  alfaflinés  dans  les  rues  ,  font  portés  dans  un  lieu 
où  on  les  expofe  ,  afin  que  leurs  païens  &:  leurs  amis  les 
recormoiflenc  Se  les  faiTent  enterrer.  Si  perfonne  ne  les 
réclame  ,  on  les  porte  hors  de  la  ville  ,  Se  on  les  jette 
dans  une  grande  folle ,  Se  vers  la  Pentecôte  ,  il  y  a  un 
jour  marqué ,  auquel  des  prêtres  vont  dire  la  mefle  pour 
le  repos  de  leurs  âmes ,  après  quoi  on  remplit  la  foffe. 

Pierre  I  a  fonde  à  Moskow  trois  collèges  ,  qu'il  a 
remplis  de  favans  moines  qui  avoient  fait  leuts  études 
en  Pologne ,  en  Ukraine  Se  en  Prlifle.  Dans  le  premier 
on  enleigne  les  humanités  -,  dans  le  fécond  ,  toutes  les 
parties  des  mathématiques  :  les  étudians ,  félon  leurs 
progrès ,  font  partagés  en  trois  claffes  ,  Se  vivent  fous 
une  discipline  fort  régulière.  Les  maîtres  font  Ruflîens; 
mais  le  principal  étoit  alors  un  Anglois  qui  poffédoit  la 
langue  ruflienne  à  fond.  Quantité  de  jeunes  gens  fort 
habiles  font  fortis  de  fon  école  pour  être  employés  au 
fervice  militaire  ou  de  la  marine.  Ce  profeflèur  a  été 
enfuire  appelle  à  l'accadémie  de  navigation  établie  à 
Peterfbourg.  Dans  le  rroiliéme  collège,  on  enfeigne  la 
navigation  Se  les  feiences  qui  y  onr  du  rapporr. 

Les  tribunaux  de  Moskow,  Se  les  bureaux  nommés 
Prikafe  ou  Précafe  ,  éroienr  autrefois  en  grand  nombre  ; 
mais  depuis  que  la  réfidence  eft  transférée  à  Peters- 
bourg  ,  le  nombre  en  doit  être  diminué,  ou  du  moins 
ils  n'ont  plus  tant  d'occupation.  Voici  le  détail  de  ces 
bureaux  tel  qu'il  étoit  en  1702.  Le  principal  eft  cehi 
de  Possolse,  ou  des  affaires  étrangères  ;  le  Rosred  , 
celui  où  l'on  tient  le  regiftre  de  la  nobleffe  Ruflienne* 
des  gouverneurs ,  Se  des  autres  miniftres  -,  le  DwoR*tz  .. 

Tarn.  /K  Ggg 


4i8 


MOS 


MO  S 


celui  où  l'on  tient  les  comptes  de  tout  ce  qui  appartient 
à  l'entretien  de  la  cour  -,  le  Posnene  ,  où  font  les  regiftres 
de  toutes  les  terres  de  la  Ruine  ,  celui  des  ftrelirz ,   ou 
gens  de  guerre.  Tous  ces  bureaux  font  autant  de  bâci- 
mens  de  pierre  ,  où  il  y  a  toujours  un  grand  nombre 
d'écrivains  ou  de  commis  dans  plufieurs  appartenons  , 
qui  reiïemblent  plus  à  des  prifons  qu'à  autre  choie.  Ils 
fervent  fouvent  auffi  a  cet  ufage  ,  Se  on  y  tient  des  cri- 
minels enchaînés  dans  des  lieux  féparés  ,  &  même  des 
prifonniers  pour  dettes  ,  qui  s'y  promènent  les  fers  aux 
pieds.  Les  principaux  commis  y  ont  des  chambres  à 
part,  &  en  quelques-uns  de  ces  bureaux,  ils  font  aiîîs 
à  une  longue  table  ,  couverte  d'un  tapis  rouge  ,  fem- 
blable  à  la  tenture  des  chambres.  Les  regiftres  des  char- 
ges de  ceux  qui  ont  le  maniment  des  affaires  étrangères , 
fe  tiennent  dans  celui  d'iNosENs.  Ceux  des  terres  des 
royaumes  de  Cafan  &  d'Aftrakan  ,  &  des  provinces  qui 
y   font  annexées  ,  dans  celui  qu'on  nomme  Kasans 
Dwores.  H  y  en  a  un  pour  l'amirauté,  nommé  Rus- 
chewne  ,  où  l'on  garde  le  regiftre  des  armes.    L'apo- 
thicairerie ,   dont     nous    parlerons    enfuite  ,    eft    au 
même  endroit,  auffi  bien  que  le  regiftre  du  nom  des 
orfèvres  qui  font  au  fervice  du  czar ,  &  que  l'on  y  paye. 
Ceux  de  la  meilleure  partie  des  revenus  de  l'état ,  font 
dans  le  Kolschaia  Kasna.  On  fait  les  procès  à  la  no- 
bleffe ,  aux  chancelleries  Se  aux  commis  ,  dans  ceux  de 

SUDNOI     WoLODSMERSKOI    &    de    SlJDNOI   MoSKOWS- 

K.01.  Les  droits  des  fceaux  fe  payent  dans  ceux  de  Pet- 
sutnoi  ,  &  y  font  enregistrés.  Tous  les  cloîtres  font 
fournis  au  bureau  des  monafteres,  Se  les  caufes  fpiri- 
tuelles  fe  jugent  dans  celui  du  patriarche;  favoir,  celles 
qift  regardent  les  mariages  ,  les  héritages  ,  les  différens 
mis  en  arbitrage  ,  les  brouilleries  qui  furviennent  dans 
lés  familles ,  les  adultères ,  Sec.  Lorsque  l'auteur  pafla 
pour  la  première  fois  à  Moskow  ,  le  patriarche  exiftoit 
encore;  peut-être  ce  bureau  a-t  il  fubfifté  fous  la  dire- 
ction du  czar  ou  de  quelque  métropolitain.  Celui  de 
Jamskoi  fert  àl'enregiftrement  des  charretiers  employés 
toute  l'année  au  fervice  de  fa  majefté.  En  1701  ces 
dix-huit  bureaux  fe  tenoient  dans  le  château  ,  hors  du- 
quel il  y  en  avoit  plufieurs  autres  ;  favoir  ,  celui  de  Pus- 
chkarifch  ,  où  l'on  enregiftre  le  canon  -,  le  Sibirsch  , 
pour  les  affaires  de  Sibérie;  le  Rosboina  ,  où  l'on  juge 
les  homicides  Se  quelques  autres  crimes.  Ces  bureaux 
ont  ordinairement  pour  chef  un  des  premiers  officiers 
de  l'état.  C'eft  un  degré  pour  parvenir  aux  plus  grandes 
charges. 

L'Apothicairerîe  de  Moskow ,  dont  on  vient  de  tou- 
cher un  mot,  égale  toutes  celles  de  l'Europe,  fi  elle 
ne  les  furpaffe  pas.  Elle  fournit  feule  les  armées  &  tou- 
tes les  grandes  filles  de  la  Ruffie.  On  met  tous  les 
ans  vingt  mille  roubles  à  en  renouvellet  les  provifions. 
Le  bâtiment  eft  un  des  plus  beaux  de  la  ville.  Ce  font 
des  Allemands  qui  y  travaillent. 

Il  y  a  dans  une  maifon  bâtie  exprès  ,  un  joli  globe 
terreftre  fait  en  Hollande  il  y  a  long  tems  par  un  ha- 
bile homme,  Se  une  petite  chaloupe  à  quatre  rames, 
que  le  czar  Michel  Fedérowitz  a  conftruite  de  fes  pro- 
pres mains,  Se  que  l'on  montre  comme  une  rareté.  Le 
parc  qui  eft  au  bout  de  la  ville  eft  peuplé  de  lions,  de 
tigres,  de  panthères,  d'ours  blancs,  de  renards  noirs , 
de  loups  cerviers,  Se  d'une  infinité  d'oifeaux  de  toute 
espèce.  11  y  a  auffi  des  martes  zibelines ,  elles  reflem- 
blenr  rout  à  fait  à  un  chat.  On  les  tire  avec  l'arc  &  une 
baguette  de  bois  en  guife  de  flèche.  Les  bois  dont  Mos- 
kow eft  environné  font  fort  agréables  Se  remplis  d'oi- 
feaux de  chant.  Comme  les  environs  de  Pererfbourg  en 
manquoient ,  on  en  acheta  quantité  à  Moskow  Se  aux 
villages  voifins,  &  on  les  lâcha  dans  les  buiffons  qui 
font  autour  de  Peterfbourg  où  ils  fe  font  multipliés. 
En  1700  le  czar  avoit  commencé  à  Moskow  de  faire 
bâtir  un  arfenal  d'une  grandeur  extraordinaire  ;  mais 
lorsque  les  fondemens  en  furent  pofés  ,  Se  que  la  ma- 
çonnerie en  fut  déjà  avancée ,  il  fit  interrompre  ce 
travail,  pour  s'attacher  à  ceux  de  fa  nouvelle  ville  de 
Peterfbourg  ,  où  les  principales  familles  de  Moskow 
font  allé  s'établir. 

11  eft  pourrant  refté  dans  la  capitale  quantité  de 
boyars  Se  de  grands  feigneurs ,  dont  les  traîneaux  font 
figure  dans  les  rues  par  la  quantité  de  valets  &de  che- 


vaux. Les  vieux  portent  encore  leurs  cheveux  pour  la 
plupart ,  Se  ne  coupent  leur  barbe  qu'avec  des  cifeaux. 
Ils  ont  des  juftaucorps ,  Se  on  voit  qu'ils  ne  font  pas 
accoutumés  dès  l'enfance  à   les  porter.  La  ville  four- 
mille de  monde  ,  &  on  y  levetoit  une  armée  affez  nou- 
breufe  de  tous  les  fainéans  &  jeunes  gens  inutiles.  L'en- 
tretien ,  les    vivres  Se    le   logement   font  trois  fois  à 
me, Heur  marché  à  Moskow  qu'à  Peterfbourg.  Le  prix 
des  denrées  a  confidérablement  diminué  depuis  Pabfence 
de  la  cour  ;  mais  en  revenche  cela  eft  caufe  que  le  re- 
venu des  terres  a  baiffé  ,  parce  que  ce  qu'elles  produi- 
fent  ne  fe  vend  pas  comme  autrefois  ;  ainfi  telle    fei- 
gneurie  qui  valoit  dix  mille  roubles ,  fe  donne  à  pré- 
fenr  pour  quatre  mille  ,  c'eft  ce   qui  appauvrit  la  no- 
blefie  ;  mais  les  étrangers  qui  n'ont  point  de  bien-fonds 
en  Ruffie  s'en  trouvent  fort  bien.  Grains,  gibiers,  vian- 
de de  boucherie ,  légumes ,  tout  fe   trouve  en  abon- 
dance. Il  n'y  a  que  le  poiffon  qui  eft  cher ,  à  caufê  du 
grand  nombre  d'habitans  &  de  jours  maigres  qu'ils  ob- 
fervenr  durant  l'année. 

Les  environs  de  la  ville  font  délicieux,  &  les  étran- 
gers qui  y  font  établis  ne  fauroient  aflez  vanter  les  plai- 
firs  qu'ils  prennent  l'été  fous  de  belles  allées  dans  les 
bois  du  voifinage ,  dans  les  jardins ,  les  maifons  de 
plaifance  Se  les  métairies  dont  la  ville  eft  environnée. 
Quelques  marchands  Anglois  ,  qui  y  font  bien  leurs  af- 
faires ,  avoient  au  mois  de  Février  des  rofes  hâtives , 
des  œillets  Se  d'excellentes  asperges  dans  leurs  jardins. 
Quoique  le  climat  foit  froid ,  il  produit  cependant  d'ex- 
cellens  melons  ,  qui  ont  une  écorce  verte  ,  Se  font  ronds 
comme  des  oranges.  Ils  ne  valent  qu'un  fol  de  Hol- 
lande.-Il  y  croît  auffi  une  forte  de  pommes  fi  transpa- 
renres,  qu'on  voit  le  jour  au  travers  ;  elles  ont  beaucoup 
de  fuc  &  font  d'un  gcût  exquis.  *  Hifi.  généalogique 
des  Tatars. 

Outre  les  églifes  Se  le»  monafteres  dont  j'ai  parlé 
dans  le  cours  de  cette  defeription ,  il  y  en  a  plufieurs 
très-remarquables  fitués  hors  de  la  ville.  Le  Devitze 
Monaster  ,  ou  le  Monaftere  des  Filles ,  en  eft  à  un 
quart  de  lieue.  C'eft-là  que  la  fameufe  Sophie ,  fœur 
de  Pierre  I ,  fut  confinée  après  les  troubles  qu'elle  avoit 
excités.  Il  eft  fitué  dans  une  belle  plaine  Se  une  agréa- 
ble vue  tout  à-1'entour.  Les  religieufes ,  qui  font  au 
nombie  de  trois  cens ,  mènent  une  vie  fort  régulière, 
&  ne  fortent  jamais.  Elles  ont  feulement  la  permifiîon 
de  fe  promener  les  jours  de  fêtes  fur  des  terraffes ,  d'où 
elles  voient  la  campagne.  A  une  demi  lieue  de  la  ville  , 
il  y  a  d'autres  monafteres,  entre  autres  Simonodons- 
koi  ,  habité  par  des  moines  venus  d'Ukraine  Se  des  bords 
du  Don.  Il  a  été  bâti  à  l'occafion  d'une  image  de  la  fainte 
Vierge ,  que  l'on  trouva  au  bord  de  la  rivière.  Tous 
ces  monafteres  font  d'une  architecture  maffive  :  de  gran- 
des murailles  enferment  l'églife  Se  les  autres  bâtimens. 
Le  monaftere  de  WoskresonsKoi  a  été  bâti  par  le  pa- 
triarche Nikon ,  fur  le  modèle  du  faint  Sépulchrc  de 
Jérufalem.  On  y  trouve  intérieurement  les  mêmes  pro- 
portions ,  les  mêmes  ornemens ,  en  un  mot  la  même 
fabrique  que  dans  l'autre.  Ce  patriarche  fe  fervit  pour 
cet  édifice  d'architectes  habiles ,  qu'il  envoya  exprès  à 
Jâufalem  ,  afin  de  voir  le  modèle  qu'ils  dévoient  co- 
pier ,  ce  qui  coûta  des  fommes  immenfes.  Ce  lieu  eft 
à  huit  milles  de  Moskow,  entouré  d'une  longue  Se 
haute  muraille  ,  Se  d'une  rivière  fort  poifibnneufe.  Au- 
dedans  de  la  muraille  il  y  a  des  cellules ,  occupées  par 
quatre-vingts  moines.  L'églife  du  faint  Sépulchre  eft  bâ- 
tie de  pierres  de  taille  comme  tous  les  autres  mona- 
fteres. On  y  voit,  comme  à  celui  de  Jérufalem,  tous 
les  mêmes  compartimens  en  haut ,  en  bas  Se  fous  terre, 
&  autant  de  petites  chapelles  Se  de  galeries.  Chaque 
chapelle  a  fon  autel ,  Se  il  y  en  a  plus  de  foixante  & 
dix  dans  toute  l'églife.  A  la  porte  du  Sépulchre,  au- 
près de  la  pierre  remuée  ,  Se  de  l'endroit  où  les  gar- 
des étoient  pcints,brû  le  une  lampe.Le  patriarche  Nikon  eft 
enterré  en  cet  endroit  ;  Se  à  un  quatt  de  mille  du  mo- 
naftere eft  un  hermitage  où  ce  patriarche  a  vécu  vingt 
ans.  Il  y  a  une  petite  chapelle ,  entourée  de  quelques 
arbres.  On  entre  dans  la  cour  par  un  escalier  tournant 
bâti  de  pierres  fi  étroit,  qu'il  ne  femble  pas  avoir  été 
fait  pour  l'ufage  des  hommes.  Il  y  a  une  petite  chapelle 
où  Nikon  faifoit  fes  prières.  Elle  n'a  guère  qu'une  toife 


MOS 


cil  carré.  On  y  voit  une  large   plaque  de  fer  avec  un 
crucifix  de  cuivre ,  attaché  a  une  chaîne  qui  pefe  en- 
viron vingt  livres.  Nikon  la  porta  jour   cN:    nuit  fus- 
pendue  à  fon  cou  pendant  vingt  ans.  La  place  où  il 
couchoit  n'a  que  deux  aunes  de  long  fur  une    de  lar- 
geur. Son  lit  n'croir  qu'une   grande    pierre  de   taille  , 
fur  laquelle  il  n'avoit    pour  tout  matelas  qu'une  natte 
de  jonc  que  l'on  garde  dans  le  monaflere ,  parce  que 
les  pèlerins  en  avoient  déjà  emporté  la  moitié ,  chacun 
voulant  avoir  fa  part  de  cette    relique;  En  bas  ,  dans 
une  maifonnette  eft  une  petite  ebeminée  où  le  patriar- 
che taifoit  fa  cuifine.  Deux  hermites  vivent  hiver  ck  été 
dans  ce  lieu,  8c  n'ont  d'autre  fubfiftance  que  les   au- 
mônes que  leur  font  ceux  qui  ont  la  cunofité  de  le  vifiter. 
Je  finirai  cet  article  par  une  obfervation  que  le  Brun 
fournit.  Je  la  rapporte  fans  la  garantir.  Il  ne  fera  pas , 
dit-il ,  hors  de  propos ,    ce  me  femble ,  d'ajouter  ici 
la  longueur  des  jours  8c  des  nuits  en  Ruine.  (  11  dévoie 
dire  en  quel  lieu  de  la  RuTie  ;  car  la  Ruflie  entière 
eit  fi  étendue  que  ce  qu'il  ajoute  ne  peut  convenir 
qu'à  un  lieu  fixe  ;  mais  comme  il  met  ce  calcul  à  la 
fin  du  chapitre  où  il  traite  de  Moskow ,  on  peut  croire 
que  c'eft  fur  Moskow  que  ce  calcul  eit  drefle).  Quoi 
qu'il  en  foit ,  le  voici.  L'équinoxe  commence  le  8  Sep- 
tembre ,  &  égale  les  jours  8c  les  nuits.  Le  24,  le  jour 
eit  de  onze  heures  &  la  nuit  de  rreize.  Le  10  Octo- 
bre, le  jour  a  dix  heures  8c  la  nuit  quatorze.  Le  16  le 
jour  a  neuf  heures  &  la  nuit  quinze.  Le  1 1  Novem- 
bre ,  le  jour  a  huit  heures  8c  la  nuit  feize.  Le  27  ,  le 
jour  a  fept  heures  8c  la  nuit   dix  fepr.  Le  1 2  Décem- 
bre ,  les  jours  recommencent  à  s'allonger.  Le  1  Janvier, 
le  jour  a  huit  heures  8c  la  nuit  feize.  Le  17  ,  le  jour 
a  neuf  heures  &la  nuit  quinze.  Le  2  Février  ,1e  jour 
a  dix  heures  8c  la  nuit  quatorze.  Le  18,  le  jour  en  a 
onze  8c  la  nuit  treize»  Le  6  Mars,  l'équinoxe  du  prin- 
tems  égale  les  jours  Se  les  nuits.  Le  22  ,  le  jour  a  treize 
heures  8c  la  nuit  onze.  Le  7  Avril ,  le  jour  a  quatorze 
heures  8c  la  nuit  dix.  Le  23  ,  le  jour  a  quinze  heures 
&  la  nuit  neuf.  Le  9  Mai,  le  jour  a  feize  heures  8c  la 
nuit  huit.  Le  25  ,  le  jour  en  a  dix-fept  8c  la  nuit  fepr. 
Le  12  Juin,  les  jours  commencent  à  diminuer.  Le  6 
Juillet ,  le  jour  a  feize  heures  8c  la  nuit  huit.  Le  22, 
le  jour  a  quinze  heures  8c  la  nuit  neuf.  Le  1   d'Aoûr , 
le  jour  a  quatorze  heures   8c  la  nuit  dix.  Le  23  ,  le 
jour  a  treize  heures  8c  la  nuit  onze.  Le  8  Septembre  eit 
l'équinoxe. 

Le  gouvernement  de  Moskow  eilbeaucoup  plus 
étendu  que  le  duché.  Il  s'étend  depuis  le  5  2  jusqu'au 
58  degrés  de  latitude  8c  depuis  le  53  jusqu'au  63  de 
longit.  11  comprend  fept  duchés  qui  font  ceux  de  Mos- 
kou  ,  Jaroslaw  ,  Susdal ,  Volodimer ,  Rostow  ,  Woro- 
tinek    8c  Recan. 

Le  duché  de  Moskow ,  province  de  l'empire  Ruf- 


MOS       4*9 

Moskow ,  capitale, 
Mofaisk,  Colomna,        Dmitroff, 

Colomenskoe,     Wiefma,         Golutwina  Slabodav 

fans  parler  des  monafteres  dont  nous  avons  déjà  mar- 
qué quelques  uns. 

Le  Canal  de  Moskow  a  S.  Petersbourg.  Pierre 
la  établi  une  correspondance  entre  la  capitale  de  fes 
états  8c  fa  refidence  par  le  moyen  des  eaux.  Ce  canal , 
qui  eft  achevé  ,  remonte  la  Nie.wa  ,  traverfe  le  lac  d'O- 
nega ,  entre  dans  la  rivière  qu  vient  de  Novogorod, 
coupe  enfuite  au  fud-eft  de  cette  ville  par  Brognitz, 
Chieititz  ,  Chotilova  ,  Wischna-Volotzka,  Torschok* 
Twer  ,  Clin,  8c  arrive  enfin  à  Moskow. 

1 .  MOSNAC  ,  bourg  de  France,  dans  l'Angoumois, 
élection  de  Cognac. 

2.  MOSNAC,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge, 
élection  de  Saintes. 

MOSNES,  bourg  de  France,  dans  la  Touraine, 
élection  d'Amboife.  Il  y  a  un  château. 

MOSODA.,  fiége  cpiscopal  de  Cilicie ,  fous  la  mé- 
tropole deSeleucie,  félon  Ortclms,  Tbefaur.  qui  cite 
Guillaume  de  Tyr.  Au  lieu  de  Mofoda ,  la  notice  du 
patriarchat  d  Antioche  dit  Mobsda  ,  8c  à  la  marge  ort 
lit  Mobsea. 

MOSOMUM.  Frodoard  appelle  ainfi  une  ville  de 
la  Gaule  Belgique  ,  qu'il  dit  être  fujette  de  la  métro- 
pole de  Rheims.  Voyez.  Mouz.on. 

MOSON  ou  Mosium  ,  ville  de  la  Galatie.  Prolo- 
mée  la  met  dans  les  terres  entre  Dacajya  8c  Sacorfa* 
Mar.  Niger  l'appelle  Arïcanda.  Voyez.  Mizinum. 

MOSOPIA,  nom  de  ville,  félon  Ortelius,  qui  cite 
ces  vers  des  métamorphofes  d'Ovide  ,  lib.  6.  verfi 
423. 

........  Sitbjetlaque  Vonto 

Barbara.  Mojopws  terrebam  agminamuroî. 

MOSPURG  ou  Mosbourg  ,  ville  d'Allemagne  , 
dans  la  bafle  Bavière,  entre  les  rivières  d'Ambert  8c 
d'Yfer  ,  qui  fe  joignent  a  quelque  diltance  au-deffous; 
Quoiqu'elle  foit  une  dépendance  de  Landshut  ,  elle 
ne  laiflé  pas  d'avoir  une  jiuisdiction  qui  a  dans  fon 
rertort  quantité  de  bourgs  ,  de  châteaux  ,  de  feigneuries 
&  de  villages.  Elle  n'eft  qu'a  deux  milles  de  Landshuc 
ëc  à  pareille  diltance  de  Freifingen  :  fon  territoire  a 
d'excellens  pâtuiages  ,  8c  ne  manque  point  abfolument 
des  autres  avantages  que  produit  la  campagne.  André 
de  Racisbonne  ,dans  fa  chronique  de  Bavière,  dir  que 
Mofbourgétoit  autrefois  capitale  d'un  comté,  8c  qu'elle 
tomba  au  pouvoir  des  ducs  de  Bavière  ,  du  tems  du 
duc  Louis,  père  de  1  empereur  Louis.  Hoitdius  ,  dans  la 


fien.  On  le  nomme  communément  en  fiançois  la  Mos-     première  partie  de  fon  hiftoire  généalogique  de  Bavie- 


covie  proprement  dite  ,  pour  le  diftinguer  de  tout 
l'empire  du  czar ,  que  quelques-uns  appellent  la  Mos- 
covie  en  général.  Cette  province  particulière  a  rirre 
de  duché ,  8c  pendant  long-tems  fes  czars  n'ont  été 
connus  que  fous  le  nom  de  grands  ducs  de  Moscovie* 
Elle  prend  fon  nom  de  fa  capitale,  qui  elle-même  le 
reçoit  de  la  rivière  qui  l'arrofe.  Ce  duché  e/t  borné 
au  nord'oueft  par  la  province  de  Rzeva  8*  par  le  du- 
ché de  Twere ,  au  nord  par  le  duché  de  Roftow,  au 
nord-elt  par  les  duchés  de  Susdal  8c  de  Volodimer  8c 
par  la  principauté  de  Cachine  ,  au  fud-oueft  8c  au  midi 
par  l'Occa  qui  le  fépare  du  duché  de  Rezan  jusqu'à 


re,  rapporte  qu'après  Conrad ,  qui  fut  le  dernier  des 
comtes  de  Moibourg  8c  mourut  en  1281,  Henri ,  duc  de 
la  Bafle  Bavière  ,  fe  mit  en  poflertion  de  ce  domaine  8c 
en  reçut  l'invertiture  del'évêque  de  Frifingen  ,qui  étoic 
de  la  famille  des  comtes  de  Moibourg,  ce  qui  fut  pra- 
tiqué par  fes  fucceffeurs  jusqu'au  tems  des  ducs  Louis  8c 
George  ,  qui  ne  voulurent  plus  paroïtre  vaffaux  de  l'évê- 
que  de  Frifingen.  Néanmoins  ce  même  auteur  dit  avoir 
trouvé  que  l'empereur  Rodolphe  d'Hapfbourg  après  la 
mort  de  Conrad,  dernier  comte  de  Moibourg,  regar- 
dant ce  domaine  comme  un  fief  de  l'empire  dévolu  à 
fa  dispofition ,  en  avoit  inverti  Louis   de  Bavière  ,  fon 


l'embouchure  de  la  Mosca;  enfuite  par  une  ligne,  qui,  gendre  ;  mais  il  ne  dit  point  comment  celui-ci  <5c  fon 
s'éloignant  un  peu  de  l'Occa  vers  le  couchant  .court  frère  Henri ,  qui  avoit  l'inveftiture  de  l'évêché  de  Frei- 
vers  le  midi  jusqu'à  l'Ugra  ,  rivière  bourbeufe ,  qui  fer-     fingen  ,  s'ajurterent  enfemble  à  cet  égard.  Ce   fut  près 


voit  autrefois  de  bornes  entre- la  Moscovie  8c  la  Li 
thuanie,  &  tombe  dans  l'Occa:  maintenant  elle  fé- 
pare le  duché  de  Moskow  du  grand  duché  de  Smo- 
lensko,qui  le  borne  au  couchant  avec  la  principauté 
de  Biela.  Les  principales  rivières  de  ce  duché  font  la 
Moska  ,  I'Occa  8c  la  Clesma,  qui  grortirtent  le  Volga. 
Dans  la  partie  occidentale  eft  une  grande  forêt  de  vingt 
lieues,  d'où  fort  le  Boryflhene ,  qui  de-là  parte  par  le 
duché  de  Smolensko  &  entre  en  Lirhuanie  ,  en  Pologne  , 


de  cette  ville  que  Louis  de  Bavière,  avant  d'être  parvenu 
à  l'empire  ,  remporta  avec  un  très-petit  nombre  de  gens 
une  glorieufe  victoire  fur  ceux  d'Autriche  en  13 13. 
AventlH  qu'  cn  fa'c  Ie  rec>c  »  dit  en  même  tems  qu'a- 
près Ratifbonne  3  Moibourg  étoit  comptée  pour  la  plus 
ancienne  ville  de  Bavière.  En  1632, elle  fut  prife  par 
le  roi  de  Suéde.  *  Zeyler  ,  Top.  Bavante.' 

MOSSCHEN   ou  Musschen  ,  petite  ville  d'Alle- 
magne ,  dans  la  Misliie  ,  entre  Dalem  8c  Grimma ,  près 


en  Ukraine  ,&c.  Les  principaux  lieux  de  cette  province     de  Calenberg.  Elle  appartient  à  l'électeur  de  Saxe.  On 
f°nt  trouve  quelquefois  dans  fon  territoire  des  améthyfte* 

Tom.  IV.  G  g  g  ij 


MOS 


420 

de  forme  quadrangulaire  Ôc  hexagone ,  qui  font  d'un 
fort  beau  brun.  *  Zeylir  ,  Top.  Saxon. 

MOSSENIGA  ouMosenigo,  ville  de  la  Morée,  que 
toutes  les  carres  s'accordent  à  mettre  dans  le  Belvédère. 
Elics  ne  conviennent  pourtant  pas  également  fur  la 
véritable  pofuion  de  cette  ville  :  les  unes  (a)  la  mettent 
au  nord  de  Coron  fur  le  golfe  de  ce  nom  ;  d'autres 
(b)  la  marquent  bien  avant  dans  les  terres  fur  le  bord 
du  fleuve  Pirmufa  ,  autrefois  Pamifus.  Corneille  ,  Ditl. 
qui  en  fait  un  bourg  ôc  le  place  auiTi  fur  le  golfe  de 
Coron  ,  entre  la  ville  de  ce  nom  ôc  celle  de  Calamata  > 
ajoute  fur  la  foi  de  Mary  ,  que  c'eft  l'ancienne  Mefle- 
ne  ;  mais  quand  il  feroit  vrai  que  Mofieniga  fer  oit  fur 
le  golfe  de  Coron,  entre  la  ville  de  Coron  ôc  celle  de 
Calamata  ,  il  ne  fe  pourroit  pas  faire  que  ce  fût  l'an- 
cienne Melîene,  qui  étoittout  au  plus  fur  la  côte  orien- 
tale du  golfe  de  Coron  ,  ôc  non  fur  la  côte  occiden- 
tale où  le  trouve  la  ville  de  Coron  :  d'ailleurs  il  elt  pro- 
bable que  la  ville  de  Meffene  n'étoit  pas  une  ville  mariti- 
me. Voyez.  Messene.  {a)  DelVu,  Allas.  (b)  Blaeit,  Atlas. 

MOSSILON.  Voyez.  Mosylou. 

MOSS1NI,  peuples  de  l'Afie  propre,  aux  environs 
de  Pergamc.  Voyez.  Mosynoeci. 

MOSSINUS,  fleuve  de  la  Carie  ,  félon  Pline  , /.  5 . 
c.  2.9.  Le  père  Hardouin  lit  Orsinus. 

MOSSYLITES  ou  Mossilicus  ,  port  ôc  promon- 
toire de  1  Ethiopie.  Pline,  /.  6.  (.  29.  le  place  fur  le 
golfe  Abalire.  Ptolomée,  /.  4.  c.  7.  nomme  le  promon- 
toire Mos-uKcv  ,  Mofylon;  ôc  le  père  Hardouin  dit  qu'on 
l'appelle  à  préfent  le  cap  de  Gardafu. 

MOSTA  ,  bourg  de  Bohême  ,  dans  le  Leithome- 
ritzer  Kraifs.  On  le  nomme  plus  fouvent  Brutk.  Il  eir 
fitué  fur  une  rivière  de  même  nom,  qui  fe  jette  dans 
l'Elbe  à  la  gauche,  à  quelques  lieues  au-delfous  de 
Leithomeritz.  *  Jaillot ,  Atlas. 

MOSTAGAN  ou  Moustagan  ,  ville  d'Afrique , 
au  royaume  d'Alger  ,  à  vingt  lieues  à  l'eit  d'Oran.  Cette 
ville  eft  forr  ancienne  (a),  ôc  a  été  bâtie  par  ceux  du 
pays ,  fur  la  côte  dans  la  pente  d'une  montagne.  Ses 
maifons  font  bien  conflruites  ôc  ont  presque  routes  des 
fontaines  (b).  Au  plus  haut  de  cette  place ,  qui  eft  com- 
mandée par  une  éminence  ,  il  y  a  un  château  du  côté 
du  midi  ôc  une  belle  mosquée.  Du  côré  de  l'orient  cou- 
le la  rivière  de  Chilef,qui  a  fur  fes  bords  plufieurs 
moulins  Ôc  quelques  clos  de  vignes  &  de  figuiers.  Son 
port  eft  confidérable  ,  mais  un  peu  éloigné  :  on  l'ap- 
pelloit  autrefois  Cartena.  Ptolomée  le  met  à  quatorze 
degrés  trente  minutes  de  longitude,  ôc  à  trente-trois 
degrés  quarante  minutes  de  latitude.  Martin  de  Cor- 
doue  ,  qui  connoiflbit  l'importance  de  cette  place ,  tâcha 
jusqu'à  trois  fois  de  s'en  rendre  maître  ,  ôc  perdit  la  vie 
à  la  dernière  entreprife.  [a)  Laugier  de  TaJ/y  ,  Hiltoi- 
re  du  royaume  d'Alger  ,  p.  i^i.(b)  Ma.rm.ol ,  Defc. 
du  royaume  de  Trémecen  ,  1.  j.c.  23. 

MOSTAR  ,  ville  de  la  Dalmatie  ,  dans  l'Herzégo- 
vine ,  fur  la  rivière  de  Narenta ,  à  quarante  milles  au 
nord  de  la  ville  de  Narenta.  Quelques-uns  difent  que 
c'elt  l'ancienne  Saloniana  de  Ptolomée.  Elle  elt  fous  la 
domination  du  Turc  ôc  toujours  ville  épiscopale.  Le 
père  Coronelli ,  Carte  de  la  Dalmatie  ,  dit  que  c'eft 
peut-être  l'ancienne  Andecrium  ou  Aadrecium  ,  ôc  que 
c'eft  une  ville  ouverte  compofée  de  mille  maifons.  * 
Mémoires  hijforiqites  &  géographiques  de  la  Dal- 
matie. 

MOSTENI ,  ville  de  Lydie,  félon  Ptolomée,/.  f. 
c.  2.  Dans  le  fixiéme  concile  de  Conftantinople  ,  tenu 
fous  l'empereur  Constantin  ,  cette  ville  elt  appellée 
Maflena  Ôc  Juftinianopolis  ,  ôc  placée  dans  la  féconde 
Cappadoce.  Cette  ville  a  été  épiscopale.  Julianus  ,  fon 
evêque,  fouferivir  au  concile  de  Conftantinople  tenu  l'an 
448.  *  Ortelii  Thef. 

MOSTICZO  ou  Mosticko  ,  petite  ville  de  Pologne , 
dans  le  palatinat  de  Ruine  ,  à  l'orient  de  Prezemglie, 
fur  un  petit  ruifleau  qui  fe  jette  dans  la  rivière  de  sWi. 
*  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MOSTlXJS.Vbyez.  Moscius. 

MOSUL  ou  Moussul,  ou  MoussAt  ,  ville  d'Afie, 
dans  le  Diarbek.à  36  deg.  30  min.  de  latit.  fur  la 
rive  droite  du  Tigre  ;  les  Arabes  l'appelloient  ancien- 
nement Aafuiir.  Elle  cil  toute  entourée   de   murailles 


MOS 


de  petit  moilon  ,  revêtu  de  plâtras  avec  de"  petits  cré- 
neaux pointus  en  haut ,  épais  de  deux  doigts  Se  larges  de 
quatre  ou  cinq,  à  peu  près  comme  des  palifiades  de 
bois.  On  peut  faire  le  tour  de  cette  ville  dans  une  heure. 
Il  y  a  dans  l'eau  un  château  qui  eft  la  demeure  du 
bâcha:  il  ett  étroit  ,  mais  s'étend  en  long  du  nord  au 
midi  ôc  elt  presque  de  figure  ovale.  Du  côté  de  la  riviè- 
re il  elt  tout  bâti  de  pierres  de  taille,  &  fes  murailles 
font  hautes  d'environ  trois  toifes  :  du  côté  de  la  terre 
il  elt  féparé  de^la  ville  par  un  folTé  large  de  cinq  ou 
fix  toifes  ôc  fort  profond  ,  où  l'eau  de  la  rivière  entre ; 
ôc  dans  cet  endroit  il  a  environ  quatre  toifes ,  mais  il 
n'eit  revêtu  de  pierres  de  taille  que  jusqu'à  la  hauteur 
d'une,  en  prenant  depuis  le  fondement;  le  relie  n'eit 
que  de  moilon.  L'entrée  eft  du  côté  de  la  ville  ,  &  la 
porte  eft  au  milieu  d'une  grofle  tour  cariée  bâtie  fur 
une  grande  arcade  ,  fous  laquelle  pafie  l'eau  du  fofle. 
11  y  a  un  petit  pont-levis  qu'il  faut  palier  avant  que 
d'aniver  à  la  porte  ,  qui  étoit  autrefois  bien  munie  d'ar- 
tillerie -,  car  on  y  voit  encore  au  dehors  fix  groffes  pièces 
de  barteries,  dont  il  n'y  en  a  qu'une  de  montée,  ôc  autant 
de  pièces  de  campagne ,  dont  deux  feulement  font  mon- 
tées. On  ptétend  que  ce  château  a  été  bâti  par  les  Chré- 
tiens ,  &  qu'il  y  a  dedans  une  belle  églife. 

Le  Tigre  en  cet  endroit  paroît  un  peu  plus  large  que 
la  Seine  a  Paris,  il  elt  fort  profond  Ôc  rapide;  il  y  a 
cependant  delTus  un  pont  de  bateaux  ,  près  du  château 
un  peu  au-defibus  ôc  vis-à-vis  une  des  portes  de  la 
ville  ,  appellée  Dgefir-Capifi ,  c'eft-à-dire  porte  du  pont. 
Il  elt  compofé  d'environ  trente  bateaux,  par-defius  les- 
quels on  pa(Tc  jusqu'à  une  ifle  ;  l'autre  extrémité  ne 
donne  jusqu'en  terre  ferme ,  que  par  le  moyen  d'une 
chauffée  de  pierres  qui  eft  aufii  longue  que  le  pont  mê- 
me ,  à  laquelle  il  aboutit  :  l'hiver  on  ôte  ce  pont ,  parce 
que  le  fleuve  fe  débordant  devient  en  cette  faifon  plus 
d'une  fois  auiTi  large  qu'en  été.  *  Olearius ,  Suite  du 
voyage  du  Levant , c.  il, 

Moful  paroît  belle  an  dehors  ,  à  caufe  de  fes  hautes 
murailles ,  mais  au-dedans  elle  eft  presque  toute  ruinée 
ôc  n'a  que  de  petits  bazars  ;  ainfi  il  n'y  a  presque  rien 
de  curieux  à  voir  dans  cette  ville  ;  les  maifons  paroiflenc 
plurôt  des  mafures  que  des  maifons  :  le  ferrail  même 
du  bâcha  elt  fort  peu  de  chofe.  Il  y  a  une   mosquée 
qui  elt  partagée  en  plufieurs  nefs ,  par  des  voûtes;  elle 
elt  ornée  d'ouvrages  de  plâtre  ,  mais  qui  tombent  en 
ruine  :  l'édifice  eft  du  moins  aufli  grand  que  celui  de 
Notre-Dame  de  Paris.  Le  plâtre  dont  on  embellit  les 
mosquées  dans  ce  pays,  elt  fait  d'une  certaine  pierre 
qu'on  brûle  &  qu'on  écrafe  enfoke  avec  des  rouleaux 
tirés  par  des  chevaux.  On  compte  cinq  pertes  à  Moful , 
fans  y  comprendre  celle  qui  regarde  le  midi  ,  ôc  qu'on  * 
appelle  Bagdad-Capilî ,  à  caufe  que  c'eft  par  cette  porte 
qu'on  fort  pour  aller  à  Bagdad.  Il  y  a  une  mosquée 
qui  étoit  autrefois  fort  grande  ;  mais  les  Turcs  en  ont 
ruiné  une  bonne  partie ,  de  peur  que  les  Perfans  ve- 
nant aflïéger  cette  ville  ,  comme  ils  font  toutes  les  fois 
qu'ils  poffcdenr  Bagdad  ,  ne   fiffent  de  cette  mosquée  un 
château  pour  battre  la  ville.  Le  dedans  de  cette  mosquée 
eft  entièrement  revêtu  depuis  le  haut  jusqu'en  bas  d'or- 
nemens  de  plâtre  appliqués  fur  la  muraille  ôc  travaillés 
avec  le  cifeau  de  la  profondeur  d'un  pouce  :  cesorne- 
mens  font  petits ,  confus  ôc  difficiles  à  diltinguer.  Mais 
comme  le  fond  elt  d'azur  cela  fait  une  bigarure  qui  n'eit 
pas  désagréable  à  la  vue.  *  Tavemier,  Voyage  de  Perfe» 
1.  i.c.  4. 

La  ville  de  Moful  n'eit  proprement  confidérable  que 
par  le  grand  abord  des  négocians ,  fur-tout  des  Arabes 
&c  des  Curdes.  Il  y  a  dans  cette  ville  quatre  fortes  de 
Chrétiens,  des  Grecs,  des  Arméniens,  des  Neftoriens 
ôc  des  Maronites.  Les  Capucins  y  avoient  une  petite 
maifon  le  long  du  Tigre  ;  mais  le  bâcha  leur  ayant  fait 
une  avanie,  parce  qu'ils  vouloient  un  peu  l'accroître; 
ils  ont  été  contraints  de  l'abandonner.  Le  bâcha  entre- 
tient pour  fa  milice  près  de  deux  mille  hommes ,  rant 
janiflaires  que  fpahis. 

Au  dehors  de  Moful,  à  la  portée  du  mousquet  vers 
l'occident  d'été,  on  voit  un  grand  monaltere  ruiné, 
avec  un  clos  de  hautes  murailles,  dont  la  plus  grande 
partie  eft  encore  debout.  De  l'autre  côté  de  la  rivière 
au  bout  du  pont ,  commencent ,  à  ce  qu'on  croit ,  les 


M  OS 


MOT 


ruines  de  l'ancienne  Ninive  ;  elles  s'étendent  environ 
l'espace  d'une  lieue  le  long  du  fleuve.  Une   ancienne 
tradition  du  pays  porte    que    la  ville  de  Ninive  ayant 
fait  pénitence  fur  les  menaces  du  prophète  Jonas ,  re- 
tourna après  quarante  ans  a  les  premiers  désordres;  que 
Dieu  renverfa  la  ville  6c  que  les  habitans  furent  enter- 
rés fous  les  ruines  la  tête  en  bas.  On  n'y  voit  plus  que 
quelques  butes  qu'on  dit  être  les  fondemens  de  la  ville. 
Un  peu  plus  avant   dans  les  terres  6c  du  même  côté 
du  Tigre,  il  y  a  une  petite  colline  entourée  de  plusieurs 
maifons ,  6c  au-deflus  on  voit  une  aflez  belle  mosquée, 
C'eft- là  qu'une  autre    tradition  veut  que  le  prophète 
Jonas  ait  été  enterré.  Les  gens  du  pays  ont  ce  heu  en 
grande  vénération  :  il  n'y  a  point  de    Chrétiens  qui  y 
puilTe  entrer ,  fi  ce  n'eft  fecrettement ,  par  faveur  par- 
ticulière &  en  donnant  de  l'argent.  Tavernier  dit  qu'il 
y  entra  avec  deux  pères  Capucins  ;  mais  qu'il  leur  fallut 
attendre  la  nuit  6c  fe  déchauffer  félon  la  coutume.  Il 
ajoute  :  Au  milieu  de  la  mosquée  on  voit  un  fépulcre 
couvert  d'un  beau  tapis  de  Perlé  foie  6c  argent ,  6c  aux 
quatre  coins  quatre  grands  chandeliers  de  cuivre  avec 
des  cierges ,  outre  plufieurs  lampes  6c  des  œufs  d'au- 
truche qui  pendent  au  plancher. 

La  chaleur  eft  Il  exceffive  à  Mofnl ,  qu'on  ne  peuc 
paroître  dans  les  rues  que  la  nuit  :  pendant  l'été  on 
couche  à  l'air  fur  les  terraffes.  Oléarius  dit  avoir  remar- 
qué dans  la  ville  à  fon  thermomètre  expofé  au  iolcil 
37  degrés  de  chaleur  le  dernier  jour  de  Juillet.  La  cha- 
leur ,  ajoute-il ,  eft  exceïïive  en  Méfopotamie  ,  6c  quoi- 
qu'en  voyageant ,  j'enfle  fut  ma  tête  un  grand  mouchoir 
noir  fin,  comme  une  coeffe  de  femme,  afin  de  voir 
au  travers  ,  parce  que  les  Turcs  fe  fervent  ordinaire- 
ment de  ces  mouchoirs  par  les  chemins ,  néanmoins 
j'eus  durant  ce  voyage  plufieurs  fois  le  front  brûlé; 
c'eft-à-dire  qu'il  devint  tout  rouge  ,  après  quoi  il  s'en- 
flamma extrêmement  ,  6c  enfuite  la  peau  tomba  :  mes 
mains  furent  aufll  continuellement  brûlées.  La  même 
chofe  arrive  très-fouvent  aux  yeux; mais  on  y  remé- 
die avec  un  remède  qu'on  fait  de  fucre  6c  de  poivre 
long.  On  réduit  le  tout  en  poudre,  6c  quand  on  l'a 
bien  mêlé,  on  le  met  dans  un  petit  fac  long  6c  étroit ,  6c 
lorsqu'on  en  a  befoin  ,  on  prend  un  bâton  pointu  com- 
me un  poinçon  &  aflez  long  pour  atteindre  au  fond 
de  la  bourfe ,  d'où  on  le  tire  plein  de  cette  poudre , 
après  quoi  on  le  pafle  tout  de  fa  longueur  fur  l'œil, 
entre  la  prunelle,  où  il  laifle  toute  la  poudre  qui  y 
étoit  attachée  :  on  en  ufe  ainfi  aux  deux  yeux. 

A  quelques  pas  de  la  rivière  au  defllis  de  Moful ,  il 
y  a  de  grandes  fortes  qu'on  remplit  d'eau  :  on  la  tire 
de-là  pour  arrofer  les  terres ,  Se  pour  cela  on  a  de  grands 
féaux  de  cuir ,  &  au  fond  du  feau  il  y  a  un  tuyau  aufll 
de  cuir,  long  de  trois  pieds  ou  environ:  il  y  a  à  ce 
feau  une  corde  qui  pafle  par  deflus  une  roue  de  bois , 
dont  l'aiffieu  entre  dans  une  charpente  qui  eft  aux  deux 
côtés  du  puits  :  une  autre  corde  attachée  au  haut  du 
canon  de  cuir  le  tient  la  bouche  en  haut ,  de  peur  que 
l'eau  ne  tombe  ;  6c  cette  dernière  corde  pafle  fous  la 
roue.  Toutes  les  deux  font  attachées  à  une  troifiéme 
corde ,  qui  eft  plus  grofle  ;  &  comme  il  faudroit  plu- 
fieurs perfonnes  pour  tirer  le  feau  plein  d'eau  ,  on  at- 
tache cette  grofle  corde  à  un  bœuf,  qu'on  fait  mar- 
cher en  avant,  environ  vingt  pas  dans  une  descente, 
afin  qu'il  tire  plusaifément  &  plus  vite.  Quand  le  feau 
cfi  en  haut ,  on  laiffe  couler  l'eau  par  le  tuyau  de  cuir- 
dans  un  petit  canal,  d'où  elle  fe  dilliibue  dans  les  ter- 
res; après  quoi  on  fait  retourner  le  bœuf  fur  fes  pas 
pour  faire  descendre  le  feau  dans  l'eau  6c  le  remplir  de 
nouveau.  Voyez.  Moussal. 

MOSULA  :  on  lit  ce  mot  dans  Florus ,  De  bcll.  Gall. 
lîb.  j.c.  io.  Quelques  manulcrits  portent  Mofa  ,  au 
lieu  de  Mofula  ;  mais  ce  dernier  eft  fans  doute  le  meil- 
leur ,  puisqu'il  eft  queftion  du  nom  de  la  Mofelle. 

MOSYCHLON  ,  montagne  de  l'ifle  de  Lemnos  , 
félon  Hefyche  ,  cité  par  Ortelius ,  Thefaur. 

MOSYLI,  peuples  de  l'ifle  de  Méroé.  Ptolomée , //£. 
4.  cap.  8.  les  place  au-deflus  du  promontoire  6c  du  port 
Mofylon. 

MOSYLON  ,  promontoire  6c  port  de  l'Ethiopie , 
fous  l'Egypte.  Ptolomée ,  /.  4.  c .  7.  les  place  dans  le 
golfe  Avalite,  entre  les  ports  de  Mondi  6c  de  Cobe. 


42  1 

Pline,  /.  6.  c.  29.  appelle  le  promontoire  MojjyLicum, 
6c  le  père  Hatdouin  dit  que  c'eft  aujourd'hui  le  cap  de 
Gardafu.  A  l'égard  du  porr ,  il  eft  aulll  nommé  Mojfy- 
heus ,  dans  Pline  ,  /.  6.  fri?. 
MOSYNI.  Voyez,  mWynoeci. 
MOSYNOEC1 ,  peuples  qui  habitoient  fur  le  bord 
du  Pont-Euxin,  félon  Denys  le  Péricgéte  ,  vers  766. 
Diodore  de  Sicile ,  /.  1 4.  p.  260  ,  en  fait  mention.  Ce 
mot  veut  dire  la  même  chofe  que  TurricoU  ,  peuples 
qui  habitent  dans  des  tours.  Pomponius  Mêla,  l.i.c. 
19.  dit  que  ces  tours  étoient  de  bois.  Quelques  auteurs 
écrivent  Mojyni  pour  Mofinoec'u  Pline  ,  /.  6.  c.  4.  écrit 
Mvflym.  Voyez.  Mosynopolis. 

MOSYNON.  Voyez.  Mosynopolis. 
MOSYNOPOLIS,  ville  que  Nicétas  6c  Cédrene 
mettent  dans  la  Thrace ,  ou  chez  les  Mofînoeii.  Orte- 
lius ,  Thejaur.  croit  qu'elle  étoit  entre  la  Thrace  Se 
Thcflalonique.  C'eft  la  même  ville  ,  ajoute  t-il,  qu'A- 
thénée ,  /.  8.  appelle  Mofynon  ,  6c  qu'il  place  dans  la. 
Thrace  :  c'elt  aufli  la  même  ville  dont  il  cil  parlé  fous 
le  nom  de  Motuvo.  ,  Mofuna  ,  dans  la  notice  ,  p.  27. 
des  évechés  de  la  Phrygie  Capatiane.  Leunclavius  écrit 
Mca-wuv.  De  cette  ville  tiroient  leur  nom  les  peuples 
que  Pline ,  /.  5 .  c.  3  o.  appelle  MoJJyni ,  &  que  Ptolomée , 
lib.  j .  cap.  2.  nomme  Mo|wo< ,  Moxiam,  pour  M.owot  t 
Mofuni. 
MOSZKA.  Voyez,  Moska  2. 

MOTA  ,  marais  d'Allemagne ,  dans  la  BaiTe-Saxe ,  au 
diocèfe  de  Brème  ,  félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  ajoute 
qu'Albert  de  Staden  le  nomme  en  allemand  Sigefri- 
dismor. 

i.  MOTALA  ,  Motola  ou  Motula  ,  ville  d'Italie  » 
au  royaume  de  Naples ,  dans  la  terre  d'Otrante  ,  à  l'o- 
rient de  Callellanetta ,  6c  à  l'occident  feptentrionalde 
Maflafra.  Cette  ville,  quoiqu'épiscopale  ,  n'eft  pas  bien 
confidérable.  *  Magin,  Carte  de  la  terre  d'Otrante. 

2.  MOTALA ,  rivière  du  royaume  de  Suéde  ,  dans 
l'Ollrogothie.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  lac  Vater  ^ 
coule  presque  en  droite  ligne  de  l'occident  à  l'orient  ; 
6c,  après  avoir  baigné  les  murs  de  Lineikoping ,  d.  de 
Noikoping,  d.  6c  de  Skenas ,  d.  elle  va  fe  jetter  dans  le 
golfe  de  BraWikcn.  *  De  i'Ifle  ,  Atlas. 

MOT  ARAGON.  Corneille  dit,  ville  d'Espagne  ,  dans 
le  royaume  d'Arragon  ,  à  une  lieue  d'Huesca.  Il  eft  vrai 
que  dans  le  voifinage  d'Huesca  ,du  côté  de  l'orient,  il 
y  a  une  petite  ville  ,  mais  elle  fe  nomme  Monte- 
Aragon  ,  6c  non  pas  Motaragon.  Voyez,  au  mot 
Monte,  l'article  Monte-Aragon.  *  J.ii Ilot,  Atlas. 

MOTA  Y  ,  montagne  de  la  Baffe-Hongrie,  en  latin 
CLaidiiis  Mous.  Elle  ell  d'une  grande  étendue  i  6c  s'a- 
vance jusque  dans  la  Stirie  ,  recevant  difïérens  noms , 
félon  la  diverfité  des  lieux.  Voyez,  Claudius  Mons.  * 
Baudratid  ,  Diélion.  édit.  1705. 

MOTAYES ,  peuples  fauvages  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Brefil.  Ils  font  voifins  des  Molopugues , 
6c  petits  de  corps.  Leur  couleur  elt  olivâtre  &  ils  vont 
tout  nuds.  Ils  portent  leurs  cheveux  un  peu  au-deflbus 
des  oreilles ,  tant  hommes  que  femmes.  Quand  ils  de- 
viennent plus  longs,  ils  les  brûlent  tout  à  l'enrour  ,  ce 
qu'ils  fonr  fi  proprement  ,  qu'il  femble  qu'on  les  aie 
coupés.  Ils  ne  fe  laiffent  aucun  autre  poil  ni  aux  fourcils 
ni  ailleurs.  Ils  vivent  de  maïs ,  de  racines ,  de  gre- 
nouilles ,  de  couleuvres  ,  de  ferpens  ,  de  crocodiles  ,  de 
finges  ,  de  chiens  &  de  chats  fauvages.  *  Corn.  DicL. 
Laet ,  Defcript.  des  Indes  occident.  1.  ij.c.4. 

MOTCH1AM A  ,  ifie  d'Afrique ,  dans  la  Balle-Ethio- 
pie ,  à  quinze  ou  feize  lieues  au-deflus  de  l'ifle  de  Maf- 
fander.  C'ell  une  campagne  de  quatre  ou  cinq  lieues  de 
long  6c  d'une  petite  lieue  de  large ,  où  il  n'y  a  que 
deux  petites  collines;  un  terroire  d'herbages  6c  de  bé- 
tail. Cinq  ou  fix  familles  portugaifes  ont  habité  cette 
ifie  pendant  quelque  tems  :  elles  y  vivoient  du  commer- 
ce des  esclaves  Se  de  la  culture  du  mandihoca.  *  Dapper„ 
Defcript.  de  l'Afrique,  p.  361. 

MOTENE  ,  contrée  de  la  grande  Arménie,  le  long 
du  fleuve  Cyrus  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  13.  Ortelhis 
dit  après  Cafiald  ,  que  les  tables  d'Abulféda  l'appellent 
Exfechia.  Elle  ell  nommée  Otene  dans  Pline ,  /.  b.  c. 
13.  dans  Etienne  le  géographe  &  dans  Eulébe  ,  Trs.- 
par.  I.  6.  p.  277.  Peut-être  Otene  eft  il  le  véritable 


MOT 


42.2 

nom  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  qu'on  ne  doit  pas  lire 
Totem  ,  comme  lifent  quelques  interprètes  de  Ptolomée. 

MOTENUM,  ville  de  la  Haute  Pannonie.  L'itiné- 
raire d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Sabaria  à  Vin- 
dobona ,  entre  Scarabantia  Se  Vmdobona  ,  à  dix-huit 
milles  de  la  première ,  &  à  trente-fix  milles  de  la  fé- 
conde. Quelques  manuferits  portent  Mutemim  pour 
Motenum.  Simler  croit  que  ce  pourroit  être  aujourd'hui 
Jiruck  an  der  Leyta  ;  8c  Lazius  ,  qui  au  lieu  de  Mote- 
num ,  lit  Myrtenum ,  veut  qu'on  la  nomme  à  préfent 
Martz..  *  Ortelii  Thefaur. 

MOTHE  (  La) ,  Voyez,  au  mot  Motte  ,  l'article  la 
Motte  ,  ville  de  Lorraine  ,  «°.  3. 

MOTHO  ,  village  de  l'Arabie,  félon  Etienne  le  géogr. 

MOTHONE.  Voyez.  Methone. 

MOTIENI.  Etienne  le  géographe  dit  que  c'eft  une 
ville  de  l'Ibérie ,  8c  qu'elle  étoit  colonie  romaine.  Il 
cite  pour  garant  Polybe;  mais  de  trois  chofes  l'une,  ou 
Etienne  le  géographe  s'eft  fervi  d'un  mauvais  manu- 
ferit  de  Polybe  ,  ou  il  a  mal  lu  ,  ou  bien  fon  ouvrage ,  à 
lui-même  ,  a  été  altéré  dans  cet  endtoit.  Le  mot 
MoTiwai ,  ne  fe  trouve  point  dans  Polybe  ;  il  connoît 
à  la  vérité  une  ville  nommée  Mutina,  qui  eft  Modène  ; 
mais  on  ne  fauroit  la  placer  dans  l'Ibérie,  qui  ne  s'eft 
jamais  étendue  jusques-là. 

MOTINA  ,  ville  d'Italie.  L'itinéraire  d'Antonin  la 
met  fur  la  route  d'Aquilée  à  Bologne  ,  entre  Viens 
Serninus  8c  Bologne  ,  à  vingt-trois  milles  du  premier 
de  ces  lieux ,  &  à  dix  huit  milles  du  dernier.  Quelques 
manuferits  ,  au  lieu  de  Motina  ,  lifent  Mutina.  Il  y  a 
néanmoins  grande  apparence  que  Motina  ,  dont  il  eft 
queftion  dans  cet  article  ,  8c  Mutina  ,  Modène  ,  .font 
des  lieux  différens,  puisque  l'itinéraire  d'Antonin  ne" 
met  que  dix  huit  milles  de  Motina  à  Bologne ,  au  lieu 
qu'il  marque  dans  d'autres  endroits  vingt-cinq  milles  de 
Modène  à  Bologne. 

MOTIR ,  ifle  des  Indes  orientales  ,  l'une  de  celles 
qu'on  appelle  proprement  Moluques ,  8c  qui  font  parti- 
culièrement célèbres  pour  la  quantité  de  diverfes  fortes 
d'épiceries  qu'elles  produifent  (a).  L'ifle  de  Motir  eft 
fituée  entre  celle  de  Gilolo  à  l'orient ,  celle  des  Célè- 
bes  à  l'occident ,  celle  de  Tidor  au  feptentrion  ,  &  celle 
deMachian  au  midi.  On  la  nomme  aufti  Motil  ,  Mou- 
tier  8c  Mutil  (  b  ) ,  &  les  Hollandois  l'appellent  Mo- 
rie  en  quelques  relations.  Cette  ifle, dont  le  tour  eft 
de  quatre  lieues ,  fut  fi  ruinée  8c  fi  dépeuplée  par  de 
longues  guerres,  qu'elle  demeura  déferre  jusqu'à  ce  que 
l'amiral  Witter ,  Hollandois ,  y  bâtit ,  du  côté  du  nord  , 
une  forterefle  dont  les  baftions  font  revêtus  de  pier- 
res. Alors  les  habitans ,  qui  s'étoient  retirés  à  Gilolo  par 
la  crainte  qu'ils  avoient  des  Espagnols,  revinrent  dans 
leur  première  habitation  au  nombre  d'environ  deux 
mille.  Ils  font  plus  noirs  que  bafannés,  &  fecoëffent, 
comme  les  habitans  des  autres  ifles ,  de  turbans  à  la 
turque  de  plufieurs  couleurs  8c  chargés  de  plumes.  Us 
ont  le  corps  fort  8c  robufte  &  vivent  long-tems ,  quoi- 
qu'ils commencent  de  bonne  heure  à  grifonner.  (a)  Hifi. 
de  la  conquête  des  Moluques ,  1.  I.  p.  17.  (b)  Corn  Diét. 

MOTL AW ,  petite  rivière  de  Pologne  ,  dans  la  Pmfle 
Royale.  Après  avoir  traverfé  la  ville  de  Dantzick ,  elle  fe 
rend  dans  la  Viftule  à  un  quart  de  lieue  au-deflbus  de  la 
ville.  *  D' Audifret ,  Géog.  t.  1. 

MOTRICO  ,  ville  d'Espagne.  C'eft  la  dernière  ville 
du  Guipuscoa,  fur  l'Océan,  aux  frontières  de  la  Biscaye 
proprement  dite.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  8j. 

MOTRIL  ,  ville  d'Espagne ,  au  royaume  de  Gre- 
nade ,  à  onze  lieues  de  la  capitale  de  ce  royaume ,  & 
à  une  lieue  deSalobrcna,  avec  un  bon  port.  Cette  ville 
eft  médiocrement  grande.  Son  terroir  produit  d'excel- 
Iens  vins ,  &  l'on  y  fait  auflî  abondance  de  fucre.  On 
croit  qu'elle  eft  l'ancienne  Hexi  ou  Sexi ,  dont  les  ha- 
bitans s'appelloient  Sexitains.* Délices  d' Espagne,  p.  J29. 
1.  MOTTA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  partie  orientale  de 
la  Marche  Trévifane,  au  confluent  de  la  Livenza  &du 
Motregan.  C'eft  la  patrie  de  Jérôme  Alexandre  ,  que 
Je  pape  Paul  III  fit  cardinal  pour  fon  grand  favoir.  * 
Magin  ,  Carte  de  la  Marche  Trévifane. 

2.  MOTTA  (  S.  Nicolas  de) ,  abbaye  d'hommes ,  ordre 
de  Cîteaux ,  en  Italie ,  dans  la  Calabre  Ultérieure ,  au 
diocèfe  de  Nicotera. 


MOT 


MOTTA-GIVIOSA.  Voyez.  Mystia." 

1.  MOTTE  ou  Mote.  Les  François  fe  fervent  de 
ce  nom  pour  déligner  une  petite  montagne ,  ou  une 
petite  élévation.  Us  l'ont  étendu  à  divers  châteaux , 
villages  ou  maifons  de  campagne  fitués  fur  quelque 
éminence. 

2.  MOTTE  (  La) ,  ou  laMoTTE-CANiLLAC  ,  petite 
ville  de  France  ,  en  Auvergne  ,  élection  de  Brioude. 

3.  MOTTE  (La)  ,  ville  de  Lorraine  ,  dans  le  bailliage 
de  Bailigni,  aux  frontières  de  la  Champagne.  Elle  pas- 
foit  pour  une  place  très-forte  pat  fa  fituaiion  au  haut 
d'un  rocher  escarpé  ;  cependant  le  roi  Louis  XIV  l'ayant 
fait  afiîéger  par  le  maréchal  de  la  Force  en  1645  ,  s'en 
rendit  maître  ,  8c  la  fie  ruiner  quelque  rems  après.  Elle 
étoit  fituée  à  une  lieue  de  la  Meufe ,  8c  à  fept  de  Mi- 
recourt  vers  le  couchant.  Le  comte  de  Bar  jouiflbit  de 
la  châtellenie  de  la  Motte  en  13 14,  lorsqu'il  l'engagea 
à  Ferry  ,  duc  de  Lortaine ,  pour  deux  cens  mille  liv. 
par  l'entremife  de  Louis ,  fils  aîné  du  roi  Philippe  ,  8c 
par  l'acte  on  connoît  que  cette  châtellenie  relevoit  du 
comté  de  Champagne  ,  dont  le  même  Louis  ,  alors  roi 
de  Navarre  ,  étoit  en  pofieflion.  La  châtellenie  ou  le 
bailliage  a  été  transféré  à  Bourmonr ,  qui  fe  nomme 
depuis  Bourmont  8c  la  Motte. 

4.  MOTTE  AUX-BOIS  (  La  )  ,  château  des  Pays  Bas, 
à  une  grande  lieue  de  Merville ,  8c  à  deux  lieues  & 
demie  de  Caflel.  Ce  château  eft  fortifié.  *  Dicl.  géogr. 
des  Pays-Bas. 

$.  MOTTE  (  La  ) ,  terre  feigneuriale  ,  en  Suifle,  dans 
le  canton  de  Berne ,  au  bailliage  de  Morat ,  à  un  quart 
de  lieue  de  cette  ville.  11  y  a  un  joli  château.  Le  ter- 
roir des  environs  eft  planté  de  vignes,  8c  l'on  y  voit 
quelques  prairies.  Le  nom  allemand  de  ce  lieu  eft  Le- 
WENBfRG.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suiffi ,  t.  2.  pag.  i6f. 

6.  MOTTE- ACHARD  (  La  ) ,  lieu  de  France ,  dans 
le  Poitou.  *  Cor n.  Dicr. 

7.  MOTTE-CANlLLAC(La).I/'ov^  la  Motte  u 

8.  MOTTE-CHARENÇON  (  La  ) ,  petite  ville  de 
France ,  dans  le  Dauphiné ,  au  Diois ,  à  fix  lieues  de 
la  ville  de  Die  du  côcé  du  midi ,  &  à  l'orient  méridio- 
nal de  Charencon. 

ç>.  MOTTEJ&  CHAMPSAUR  (  La) ,  lieu  de  Fran- 
ce ,  dans  le  Dauphiné  ,  élection  de  Grenoble.  Dans  le 
voifinage  il  y  a  une  fontaine  minérale  dont  les  eaux  font 
grades  8c  pleines  de  bitume. 

10.  MOTTE- FOU GÉRE(  La  ) ,  lieu  de  France ,  dans 
le  Maine. 

1 1.  MOTTE-SAINT-  HERAYE  (  La) ,  bourg  de 
France ,  dans  le  Poitou ,  élection  de  Niort.  On  tient 
dans  ce  lieu  des  foires,  où  il  fe  fait  un  commerce  aflez 
confidérable  de  chevaux ,  de  mulets  8c  de  belliaux. 

12.  MOTTE-SAINT  JEAN  (La),  bourg  de  France, 
dans  la  Bourgogne ,  recette  d'Autun  ,  au  confluent  de 
l'Aroux  &  de  la  Loire.  Ce  bourg ,  qui  a  titre  de  ba- 
ronnie ,  eft  à  demi-ruiné. 

13.  MOTTE  (La)  ,  ou  Saint  Jean  de  la  Mot- 
te ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élection  de  la  Flèche. 

14.  MOTTE  (La),  ou  la  Motte-Ternan  ,  bour- 
gade de  France,  dans  la  Bourgogne,  au  bailliage  de 
Saulieu  ,  fur  un  petit  ruifieau.  11  y  a  dans  ce  lieu,  qui 
a  titre  de  comté  ,  un  prieuré.  Le  pays  des  environs  eft 
coupé  de  bois  8c  de  montagnes. 

MOTTERN  ou  Motter,  rivière  de  France,  dans 
l'Alface.  Elle  prend  fa  fource  dans  les  montagnes  de  Vos- 
ges, à  trois  lieues  au  deflus  de  la  petite  ville  d'Inge- 
weiler ,  dont  elle  baigne  les  murailles.   Elle  paffe  en- 
fuite  par  des  prairies ,  puis  à  Menichoff,  Ober- Motter, 
Phaffenhoffen  ,  Nider- Motter  ,  l'abbaye  de  Neubourg  , 
Schweichauzen  ,  Haguenau  ,  Walthaufen,  Heberhoff, 
Bischwiller  8c  Drouzenheim  ,  où  elle  fe  jette  dans  le 
Rhin  ,  après  avoir  été  groffie  des  eaux  des  rivières   de 
Sintzel  8c  de  la  Soor  ;  de  la  première  ,  proche  de  Scwei- 
chauzen  ,  &  la  dernière  à  cinq  cens  toifes  au-deflbus 
de  Rotweiller.  La  Motter  commençoit  à  être  navigable 
dès  Haguenau-,  mais  à  préfent  elle  ne  l'eft  plus,  parce 
qu'on  n'a  pas  eu  le  foin  de  la  nettoyer,  &  doter  quel- 
ques bancs  de  fable  qui  fefont  formés  dans  les  tournans 
qu'il  y  a.  Elle  ne  commence  aujourd'hui  à  porter  ba- 
teaux qu'entre  Bischwiller  8c  Rotweiller;  encore  faut- 
il  que  le  rems  ne  foit  que  médiocrement  fec ,  8c  que 


MOU 


MOU 


ks  bateaux  ne  foient  que  de  dix  ou  douze  milliers  de 
charge.  Entre  Rotwciller  6c  Drouzenheim  ,  cette  rivière 
e/t  toujours  navigable ,  6c  peut  porter  des  bateaux  de 
quinze  à  vingt  milliers  de  charge.  *  Pïganiol ,  Dcfcr. 
de  la  France  ,  t.  7.  p.  387. 

MOTTEVILLE  ,  paroifle  de  France ,  dans  la  Nor- 
mandie, au  pays  de  Caux  ,  à  une  lieue  d'ivetot,  &  à 
fix  de  Rouen.  Les  feigneurs  de  ce  lieu  y  ont  fonde  fix 
canonicats ,  &  d'autres  titres  eccléfiaftiques.  11  y  a  un 
château  de  belle  apparence ,  accompagné  de  beaux  jar- 
dins &  de  plufieurs  grandes  avenues  d'arbres-,  au  mi- 
lieu d'une  campagne  fertile  en  bons  grains.  *  Corn.  Dict. 
Mémoires  drejfés  fur  les  lieux. 

MOTUCA.  Voyez.  Motya. 

MOTUPE,  vallée  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
la  province  de  Lima.  Elle  eft  large  6c  profonde ,  6c  il 
y  pane  une  petite  rivière  qui  descend  des  montagnes 
des  environs  ,  6c  que  les  fables  engloutiffent  avant  qu'elle 
puiffe  parvenir  jusqu'à  la  mer.  Les  arbres  ne  laiffent 
pas  d'y  venir  fort  bien  ,  à  caufe  de  la  grande  humi- 
dité que  leurs  racines  trouvent  dans  la  terre.  Il  y  a 
des  puits  où  les  Indiens  vont  puifer  leur  eau  ,  6c  quan- 
tité d'arbres  qui  portent  du  coton ,  dont  les  peuples 
s'habillent.  Ils  en  font  auflï  quelque  trafic.  *  Corn.  Dict. 
DeLaet,  Defcription  des  Indes  occidentales,  1.  io. 
cap.  19. 

MOTUTURII,  peuples  de  l'Afrique  propre.  Pto- 
lomée  ,  lib.  4.  cap.  3 .  les  place  au  midi  du  mont  Mam- 
pfarui . 

MOTUTUR1US.  Voyez.  Mampsarus. 

MOTYA ,  ville  de  Sicile  ,  dans  une  péninfule ,  ôc 
près  du  mont  Eryx ,  félon  Diodore  de  Sicile ,  /.  13. 
c.  88.  cV  Etienne  le  géographe.  Paufanias,  Eliac.  I.  c. 
25.  connoît  auflî  cette  ville;  mais»  apparemment  par 
erreur  du  copifte,  elle  eft  marquée  dans  cet  auteur  au 
voifinage  du  promontoite  Pachynus ,  au  lieu  de  dire 
près  du  promontoire  Lilybée.  Cette  erreur  en  a  caufé 
d'autres.  Quelques  géographes  ont  placé  une  féconde 
ville  Motya  proche  du  promontoire  Lilybée  ;  &  comme 
ils  trouvoient  quelque  rapport  de  nom  entre  Motya  6c 
Motyco.  ou  Moiuca  ,  ville  voifine  de  ce  promontoire , 
ils  ne  fe  font  pas  fait  une  grande  peine  de  dire  que  la 
ville  Motya  de  Paufanias ,  étoit  celle  que  Ptolomée  ap- 
pelloit  Motyca.  La  ville  de  Motya,  dont  il  eft  que- 
ftion  dans  cet  article,  ne  fubfilte  plus.  Fazcîl  dit  qu'on 
y  voit  feulement  une  petite  chapelle  fous  l'invocation 
de  S.  Jean. 

MOTYCA  ou  Mutyce,  ville  de  Sicile  ,  près  du  pro- 
montoire Pachynus,  fur  une.riviere  que  Ptolomée  nom- 
me Motychanus.  Pline ,  /.  3.  c.  8.  nomme  les  habitans 
de  cette  ville  Mutycenfes  ,  6c  Cicéron,  Frum.  c.  43.  & 
5  1.  appelle  le  territoire  Mutyenfïs  ager  ,  à  moins  que 
le  copifte  n'ait  oublié  le  C  ,  qui  fait  ia  différence.  Cette 
ville  eft  connue  aujourd'hui  fous  le  nom  de  Modica. 
*  Cellar.  Géogr.  ant.  1.  2.  c.  12. 

MOTYCHANUS ,  fleuve  de  Sicile  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  3.  c.  4.  Fazell  nomme  ce  fleuve  Cycli.  Léan- 
der  l'appelle  Camarana,  6c  Oiiûxus^Thefaur.  croit  que 
c'eft  le  Gelas  de  Pline.  *  Ortelii  Thef. 

MOTYL/E,  château  de  Sicile,  aux  environs  de  Mo- 
tya ,  félon  Etienne  le  géographe. 

1.  MOTZING  ,  village  d'Allemagne  ,  dans  la  Baviè- 
re ,  près  du  Danube  ,  entre  les  rivières  nommées  le  Gros- 
Laber  6c  le  Petit-LafUer.  Aventin  ,  Annal.  Boïor.  I.  2. 
p.  $S.  qui  appelle  ce  village  Montzing,  dit  que  c'eft 
l'ancienne  Mocenia.  *  Philippe  Apien  ,  Carte  de  la 
Bavière. 

2.  MOTZING ,  ou  le  Haut-Motzing  ,  en  allemand 
Ober-MozÀng,  village  d'Allemagne,  dans  la  Bavière, 
fur  le  bord  du  Gros-Laber ,  près  de  fon  embouchure 
dans  le  Danube.  *  Philippe  Apien ,  Carte  de  la  Ba- 
vière. 

1.  MOUAB  ou  Moab.  De  rifle  ,dans  fa  carte  de 
l'Arabie  Heureufe ,  eft  pour  cette  dernière  orthogra- 
ghe  ,  6c  de  la  Roque ,  Voyage  de  l'Arabie  Heureufe , 
publié  par  de  la  Roque ,  p.  197.  &  ftiiv.  pour  la  pre- 
mière. Mouab  eft  une  ville  de  l'Arabie  Heureufe  dans 
les  terres ,  entre  Damar  &  Sanaa  ,  6c  le  féjour  ordinai- 
re du  roi  d'Yemen.  C'eft  une  ville  nouvelle  que  fit 
bâtie  le  prince  qui  regnoit  en  1708,   1709  &  17x0, 


423 

Elle  eft  fituée  fur  la  pente  méridionale  d'une  petite 
montagne.  Cette  ville  n'eft  confidérable  qu'à  caufe  de 
la  demeure  du  prince  ;  car  elle  eft  d'une  médiocre  gran- 
deur ,  avec  des  murailles  de  terre ,  6c  la  plupart  des 
maifons  font  bâties  de  la  même  manière.  Un  des  faux- 
bourgs  eft  entièrement  occupé  par  des  Juifs  ,  qui  fonc 
obligés  de  s'y  retirer  tous  les  foirs ,  n'ayant  pas  la  li- 
berté de  coucher  dans  la  ville.  L'air  eft  fort  tain  à 
Mouab  :  il  y  fait  froid  le  matin  avant  le  lever  du  fo- 
leil ,  &  après  fon  coucher;  mais  depuis  neuf  heures  du 
matin  jusqu'à  quatre  heures  du  foir ,  la  chaleur  y  eft 
très-graude.  Le  terrein  des  environs  de  Mouab  en  géné- 
ral eit  fort  bon  :  tout  ce  qui  eft  plaine ,  eft  ordinaire- 
ment  femé  de  riz  6c  de  froment ,  6c  presque  tout  ce 
qui  eft  colline  6c  vallée  eft  planté  de  beaux  caftes ,  fans 
parler  de  plufieurs  vignobles  &  de  quantité  d'arbres 
fruitiers.  Ceux  qui  ont  fait  le  voyage  de  Mouab  ,  con. 
viennent  tous  qu'il  y  a  une  grande  différence  entre  ce 
pays  6c  celui  où  eft  fitué  Moka  :  car  à  quinze  lieues 
environ  autour  de  cette  ville ,  il  ne  vient  rien  de  tout 
ce  qui  fe  trouve  dans  le  refte  de  l'Yemen. 

2.  MOUAB  ou  Moab,  maifon  de  plaifance  du  roi 
de  l'Yemen,  dans  l'Arabie  Heureufe,  à  un  quart  de 
lieue  de  la  ville  de  Mouab ,  6c  à  pareille  diltance  de 
celle  de  Damar  fur  une  montagne.  Le  prince  qui  re- 
gnoit en  1708,  1 709  &  17 10,  avoit  aufli  fait  bâtir  cette 
maifon  ou  château ,  où  il  alloit  fouvent  fe  délaffer. 
Damar ,  la  ville  de  Mouab  &  le  château  de  même  nom 
font  pofés  comme  un  triangle  ,  6c  à  une  pareille  di- 
ftance  d'un  lieu  à  l'autre.  Dans  des  expéditions  datées 
du  château  de  Mouab  ,  cette  maifon  de  plaifance  y  eft 
nommée  en  atabe  Hisn-al-Maouahib  ,  c'eft- à- dire , 
le  château  ou  le  palais  des  Grâces. 

On  a  de  la  peine  à  comprendre  comment  le  roi  de 
l'Yemen  ,  ayant  fait  bâtir  une  nouvelle  ville  avec  un  pa- 
lais pour  y  faire  fa  réfidence  ordinaire  ,  fans  parler  d'un 
autre  château  qui  n'en  n'eft  guère  éloigné ,  n'a  pas  fait 
conitruire  une  feule  mosquée;  de  forte  qu'il  étoit  obli- 
gé d'aller  faire  fa  prière  en  pleine  campagne.  C'eft  en 
effet  un  myftere ,  qui  peut  pourtant  rouler  fur  la  mé- 
fiance de  ce  prince  Arabe,  qui,  non -content  d'avoir 
mis  fa  maifon  en  fureté  6c  à  couvert  par  une  longue 
fuite  de  montagnes ,  n'ofe  encore  s'enfermer  dans  une 
mosquée  ,  où  il  pourroit  être  furpris  par  fes  ennemis  , 
ou  ttahi  par  fes  propres  fujets.  Cela  ne  feroit  pas  fans 
exemple,  puisque  le  fameux  Aly,  gendre  de  Mahomet, 
fut  affalliné  dans  une  mosquée  le  jour  de  l'aiTemblée , 
ou  de  la  prière  des  Mufulmans. 

MOUABUS.  K^Muabus. 

MOUCAPORIS.  Voyez,  Mochadion. 

MOUCHAMPS,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou, 
élection  de  Fontenay. 

1.  MOUCHE,  bourg  de  la  Baffe  Arménie ,  à  deux 
journées  de  Mia  Farekin  ,  6c  à  trois  d'Eclat.  Ce  bourg 
eft  à  foixante  treize  degrés  cinquante  minutes  de  lon- 
gitude,  &  à  cinquante  neuf  degrés  cinquante  minutes 
de  latitude.  Il  eft  fitué  au  pied  d'une  montagne  ,  d'où 
fort  une  petite  rivière.  Il  a  une  plaine  longue  de  deux 
journées,  &  qu'on  nomme  Sar aï- Mouche  ,  c'eft-à-dire, 
la  Plaine  de  Mouche.  *  Petis  delaCroix ,  Hift.  de 
Timur  Bec  ,  1.  2.  c.  ;8. 

2.  MOUCHE  (  La  plaine  de  ).  Voyez,  l'article  précé- 
dent. 

MOUCHET,  bourg  de  France,  dans  le  Poitou, 
élection  de  Blanc.  C'étoit  autrefois  une  fortereffe  en- 
tourée de  deux  perites  rivières ,  l'une  nommée  Campa- 
let,&  l'autre  Pont-Guerand.  Ce  bourg  eft  à  une  lieue 
&  demie  de  Saint  Benoît  du  Sault.  Le  terroir  y  eft 
bon. 

MOUCHI  LE-PIERREUX ,  ou  Mouchi  ,  Mouchia- 
cum  petrofum  ,  abbaye  de  filles  en  France ,  de  l'ordre  de 
Cîteaux,  dans  le  Beauvaifis ,  fur  la  rive  gauche  de  l'A- 
ronde ,  à  trois  lieues  au  nord  de  Compiegne.  Elle  fut 
fondée  l'an  1238  ,  par  les  anciens  feigneurs  de  la  mai- 
fon d'Humières.  Elle  avoit  été  convertie  en  prieuré 
d'hommes;  mais  en  1 671,  elle  eft  revenue  dans  fon 
premier  état. 

MOUDON  ou  Mouldon,  en  allemand  Mildenen 
latin  Minidunum  ,  ville  de  Suiffe,  dans  le  canton  de  Berne 
au  pays  de  Vaud,  eft  le  chef-lieu  du  bailliage  auquel 


MOU 


42,4 

che  donne  fon  nom.  Cette  ville  elt  ancienne  Se  pas- 
fablement  grande  :  elle  elt  fituée  en  partie  fur  le  pen- 
chant d'une  colline  étroite  Se  fort  élevée  entre  la  ri- 
vière de  Broyé  &  le  ruifleau  de  la  Merine ,  Se  en  partie 
dans  la  plaine  ;  la  Broyé  pane  au  travers  &  la  partage  en 
deux  parties  ,qui  font  jointes  l'une  à  l'autre  par  un  beau 
pont  de  pierres.  Le  quartier  d'enhaut  cft  fi  étroit  au  mi- 
lieu, que  tout  ce  qu'on  a  pu  faire  a  été  de  laifler  une 
rue  libre  avec  un  rang  de  maifons  d'un  côté  ;  de  l'au- 
tre on  l'a  bordé  d'une  épaifie  muraille  d'une  hauteur 
prodigieiife  ,  Se  au  pied  de  laquelle  coule  la  rivière.  Il 
y  a  dans  cet  endroit  une  vieille  tour  de  tuf  carrée  ,  qui 
n'a  que  les  quatre  murailles, &  qui  faifoit  partie  de  l'an- 
cien château.  Un  peu  au-deflus  elt  un  petit  temple  avec 
un  clocher  ;  mais  dont  on  ne  fait  aucun  ufage  ,  finon  pour 
la  fonneiie  Se  l'horloge.  L'églife  paroiflîale  elt  à  l'extré- 
mité du  quartier  d'en  bas  :  elle  ert  aflez  belle  ;  la  nef  a 
unevoûre  très-ex hauflée  ,  foutenue  fur  les  ailes  de  bel- 
les colomncs  :  il  paroit  que  c'eft  un  ouvrage  des  comtes 
de  Savoie  ,  Se  apparemment  du  quatorzième  fiécle.  On 
y  voit  leurs  armes  en  plufieurs  endroits  de  la  voûte  qui 
cft  ornée  de  belles  peintures.  *  Etats  &  Délices  de  la 
Suijje,t.  2.p  334. 

La  ville  de  Moudon  a  été  fous  les  princes  de  la  mai- 
fon  de  Savoie  beaucoup  plus  confidérable  qu'elle  n'eft 
aujourd'hui.  Le  pays  de  Vaud  tout  entier  ne  faifoit  qu'un 
feul  bailliage  ,  Se  Moudon  en  étoit  la  capitale  ,  le  lieu  de 
la  téfidence  du  bailli ,  Se  celui  de  la  tenue  des  états  du 
pays.  Aujourd'hui  elle  n'eft  pas  même  le  lieu  de  la  ré- 
fidence  de  fon  bailli ,  car  il  fe  tient  à  une  lieue  dc-là  dans 
le  château  de  Lucens  ;  cependant  il  relie  encore  à  Mou- 
don l'honneur  d'être  la  première  des  quatre  bonnes  villes 
du  pays  de  Vaud  ,  qui  ont  quelques  franchifes  particu- 
lières ,  ces  villes  font 

Moudon  ,  Yverdun  ,  Morges ,   Nyon. 

Berchtold,  dernier  duc  deZeringen,  ferma  de  murail- 
les la  ville  de  Moudon  eu  1 190,  Se  Amé,  fixiéme  comte 
de  Savoie  ,  confirma  fes  coutumes  &  Ces  privilèges  en 
13  J9. *Piç;aniol,  Dcfc.de  la  France  ,  parr.  2.  pag.  268. 

On  a  trouvé  à  Moudon  une  figure  d'Hercule  en 
bronze  1  un  Mercure  Se  un  Apis  fous  la  forme  d'un 
bœuf.  Ces  trois  pièces  font  dans  la  Bibliothèque  de  Berne. 
Conrad  deZeringen  bâtit  ou  répara  le  château  de  Mou- 
don vers  l'an  1  ijo.  *  Etats  &  Délices  de  la  Suijfe.  t. 
2.  pag.  33;. 

Moudon  eft  à  la  gorge  d'une  longue  Se  étroite  vallée, 
qui  s'étend  entre  deux  rangs  de  montagnes  &  qui  eft 
partagée  par  la  Broyé.  On  y  trouve  les  lieux  fuivans-, 
Lucens,     Villarzcl-l'Evêque ,     Combremont , 
Courtilles  ,  Marnens. 

Le  Bailliage  de  Moudon  confine  au  canton  de  Fri- 
bourg  du  côté  de  l'orient  :  il  eft  d'une  belle  étendue  , 
&  comprend  environ  dix  paroi/Tes  Se  cinq  ou  fix  fois  au- 
tant de  villages.  Il  n'y  a  point  de  vignes  ;  mais  en  ré- 
compenfeil  eft  fertile  en  bleds,  du  moins  dans  la  plai- 
ne: il  a  quatre  lieues  de  longueur  ,  du  nordaufud,  fur 
trois  lieues  de  largeur.  Ce  bailliage  comprend  une  bonne 
partie  de  la  montagne  Se  de  la  forêt  du  Jorat ,  où  l'air 
«Se  le  terroir  font  un  peu  rudes,  &  dans  la  plaine  il  eft 
atrofé  par  la  rivière  de  la  Broyé,  dont  les  environs  font 
fertiles. 

MOUDOULA  ,  lieu  des  Indes,  à  fix  milles  de  Kété, 
&  à  égale  di I tance  de  la  rivière  de  Jaoun  ,  au  voifinage 
dcRabiulakher.  *  Hiftoire  de  Timur-Bec  ,  lib.  4.  cap.  i\, 

MOUILLAGE  (  Le),  paroifle  dans  l'ifiede  la  Mar- 
tinique ,  fitué  à  cinq  lieues  au  nord  du  Fort-Royal ,  Se 
à  une  demi-lieue  au  fud-fud  oueft  du  fort  S.  Pierre.  Cette 
paroifle  napas  plus  d'une  demi-lieue  d'étendue  le  long  de 
la  mer  :  elle  prend  fon  nom,  de  ce  que  c'eft  vis-à-vis  que 
mouillent  les  vaifleaux  ,  qui  ont  affaire  au  fort  S.  Pierre. 
L'ancrage  y  eft  excellent ,  &  les  vaifleaux  y  font  plus  en 
fureté  que  devant  le  fort  S.  Pierre.  Cette  paroifle  s'é- 
tend depuis  la  batterie -de  S.  Nicolas  jusqu'à  celle  de  S. 
Robert.  L'églife  paroiffiaJe  eft  dédiée  à  Notre-Dame  de 
bon  Port  :  elle  eft  deflervie  par  les  Jacobins  :  les  habi- 
tans,  qui  demeurent  fur  les  Mornes  voifines  font  de  cette 
paroifle.  L'églife  eft  de  maçonnerie,  fon  portail  eft  ru- 
iiique  ,  Se  a  quatre-vingt-dix  pieds  de  long  fur  trente  de 


MOU 


large ,  avec  deux  chapelles  de  vingt-quatre  pieds  en 
carré  qui  font  la  croifée  :  l'églife  eft  au  milieu  du  ci- 
metière qui  eft  environné  de  murailles ,  Se  dont  la  porte 
répond  a  la  principale  rue  du  Mouillage.  Cette  églife 
a  été  conftruite  par  les  foins  des  officiers  des  vaifleaux 
du  roi. 

MOULAY  ,  bourg  de  France  dans  le  Maine ,  éle- 
ction de  Mayenne. 

MOULDON.  Voyez.  Moudon. 

MOUL1DARS,  bourg  de  France  dans  l'Angoumois, 
élection  de  Cognac. 

MOULIERNE  ou  plutôt  Molihernes;  en  latin  Mo- 
liherna,  feigneurie  dans  l'Anjou  ,  élection  de  Baugé.  Ce 
lieu  eft  célèbre  dans  1  hiftoire  par  le  fiége  que  le  roi 
Henri  I  en  fit  avec  le  fecours  de  Guillaume  le  Bâtard, 
duc  de  Normandie ,  à  qui  il  avoit  auparavant  aidé  de 
fon  côté.à  réduire  plufieurs  feigneurs  Normands,  qui  s'é- 
toient  révoltés  contre  lui  Se  qui  furent  défaits  à  la  bataille 
des  Dunes  en  1947-  Molihernes  étoit  alors  à  Geofroy 
Martel ,  comte  d'Anjou  ,  Se  Guillaume  de  Malmesbury 
l'appelle  Moulin- H ir le  ,  ce  qui  eft  peut-être  fon  véri- 
table nom ,  dont  l'autre  feroit  venu  par  corruption. 
Voici  les  termes  de  cet  hiftorien,  1.  3.  p.  96.  Tulithu- 
jus  gratis  Jiipendium  rex  Henricus  à  Normano  duce 
contra  Gaitjridum  Martellum  ,  apud  Molendinum  Herlet 
quod  caftrum  in  prima  Andegavenfi  regione  eft ,  fumma 
vi  adjutus  ;  Cependant  le  nom  de  Molihernes  étoit  en 
ufage  dès  Philippe  Augufte ,  qui  donna  cette  forterefle 
à  Guillaume  des  Roches,  vers  l'an  1204,  quand  il  fut 
maitre  de  l'Anjou  ,  comme  on  le  voit  par  ces  vers  de  la 
Philippide  ,  où  il  eft  parlé  de  ce  Guillaume  &  d'A- 
maury  de  Craon  ,  fon  gendre , 

His  parère  dau  cum  Sablolio  Molihernd. 

Apparemment  que  cette  terre  étoit  venue  avec  l'Anjou 
à  Louis  XI ,  qui  la  céda  au  Matéchal  de  Gié  Pierre  de 
Rohan ,  avec  Baugé  Se  la  forêt  de  Monnais ,  en  reti- 
rant Vire  d'entre  fes  mains  l'an  1480,  Se  elle  eft  en- 
core aujourd'hui  du  domaine  royal.  11  eft  à  remar- 
quer qu'Hardouin  de  Bucil ,  évêque  d'Angers ,  donna  à 
Ion  églife ,  dans  le  quatorzième  fiécle ,  des  biens  confi- 
dérables  qu'il  avoit  à  Molihernes ,  dont  elle  jouit  en- 
core à  préfent ,  Se  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
cette  terre.  Voyez.  1  hiftoire  de  Sablé  ,  les  droits  du  roi 
fur  Baugé  par  Dupuy ,  Se  la  Gaule  chrétienne. 

MOULIGNE',  prieuré  de  France  dans  le  Maine:  il 
dépend  de  l'abbaye  de  Marmoutier,  Se  eft  joint  ail 
prieuré  de  Louvigné,  aufli.dans  le  Maine. 

I,  MOULINS  en  latin  Molinx  ,  ville  de  France  ,  ca- 
pitale du  Bourbonnois,  fur  la  rive  gauche  de  l'Allier , 
dans  une  plaine  agréable  Se  fertile  ,  a  douze  lieues  de 
Ncvers ,  à  vingt  de  Clcrmont  en  Auvergne ,  &  à  foi- 
xante-quatre  de  Paris.  Bourbon  l'Archambaud  étoit  au- 
trefois la  capitale  du  Bourbonnois  .auquel  elle  a  donne 
fon  nom  (a)  :  mais  elle  a  cédé  cet  honneur  à  Mou- 
lins qui  n'eft  pas  fort  ancienne.  Elle  doit  fon  aggrandifle- 
ment  aux  princes  du  fang  de  France ,  qui  ont  pofle- 
dé  le  Bourbonnois ,  &  il  n'en  eft  guère  fait  mention 
avant  Robert,  fils  de  S.  Louis ,  qui  y  fit  bâtir  un  hôpital. 
Les  feigneurs  de  Bourbon  (b)  ,  qui  faifoient  leur  demeu- 
re dans  la  petite  ville  de  Souvigny,à  deux  lieues  de 
Moulins ,  s'aflembloient  fouvent  à  l'occafion  de  la  chaflo 
dans  un  endroit,  où  il  y  avoit  une*ancienne  tour  qu'on 
appelle  encore  aujourd'hui  la  Tour  mal-co'éffee ,  &  qui 
fait  partie  du  château  de  Moulins.  Us  y  bâtirent  enfuite 
un  château ,  &  le  féjour  qu'ils  y  firent ,  l'agrément  Se 
la  commodité  du  lieu  formèrent  peu  à  peu  une  ville 
qu'on  appella  Moulins  ,  à  caufe  qu'il  y  avoit  plufieurs 
moulins  aux  environs.  Louis  II,  duc  de  Bourbon  ,  fit  bâ- 
tir les  pavillons  qui  ferment  la  première  cour  joignant 
la  grofle  tour.  Il  mourut  en  1419,  Se  Ces  descendans 
bâtirent  l'églife  dédiée  à  Notre-Dame,  &  y  fondèrent 
un  chapitre  compofé  d'un  doyen  &  d'onze  chanoines. 
Cette  églife  auroit  été  d'une  aflez  belle  architecture  •, 
mais  il  n'v  a  que  le  chœur  qui  en  foit  achevé.  Il  y  a  dans 
cette  ville  des  Carmes,  des  Auguftins,  des  Cordeliers, 
des  Jacobins,  des  Minimes,  des  Chartreux,  des  Capu- 
cins ,  des  frères  de  la  Charité  ,  des  Urfulines ,  des  Car- 
mélites, des  filles  de  la  Vifitation  Ste  Marie,  des  Ber- 
nardines 


MOU 


MOU 


mrdines,  des  filles  de Ste  Claire,  des  Hofpitalieres  de 
S.  Jofeph,  des  fœurs  de  la  Croix  Se  des  fœurs  Grifes. 
La  maifon  des  Chartreux  Se  celle  de  la  Vifitation  font 
magnifiques.  C'elt  Mc  de  Montmorcnci  qui  a  fait  bâtir 
cette  dernière  :  elle  s'y  retira  après  la  mort  de  fon  mari , 
quifucdécapkéàTouloufele30  d'Octobre  i632,&après 
y  avoir  demeuré  pendant  vingt-cinq  ans ,  elle  s'y  rendit 
religieufele  30  de  feptembre  165  j,  &  y  mourut  fupé- 
rieurelc  y   de  juin  1666,  âgée  de  66  ans.  Les  perfon- 
nes de  bon  goût  y  vont  admirer  le   fuperbe  maufolée 
que  cette  ducheffe  fit  élever  à  Henri ,  dernier  duc  de 
Montmorenci ,  ion  mari  :  c'eftun  des  plus  excellens  mor- 
ceaux en  ce  genre  qu'il  y  ait  dans  le  royaume  :  le  duc  y 
efl:  repréfenté  à  moitié  couché  Se  appuyé  fur  le  coude  : 
la  duchefle  fa  femme  eftalîife  à.fes  pieds  voilée  &  en 
mante.  A  côté  du  maufolée  font  deux  fiatues ,  dont  une 
repréfenté  la  valeur  &c  l'autre  la  libéralité.  Derrière  ce 
monument  6c  fur  la  muraille  qui  le  touche  ,  elt  une  es- 
pèce de  portique  avec  fon  fronton,  foutenu  de  deux  co- 
lomncs  Se  de  deux  pilalhes.  Entre  ces  deux  colomnes 
font  deux  autres  ffarues ,  dont  Tune  efl:  la  nobleffe  Se 
l'autre  la  piété.'  Au  milieu  de  ce  pottique  elt  une  urne  , 
dans  laquelle  font   les  cendres  de  ce  duc:  deux  petits 
anges  portent  des  fêlions  qui  l'entourent.  Au-deffus  du 
fronton  font  les  armes  de  Montmorenci.  (a)  Longuerue  , 
Defcription  delà  France,  part.  I.  p.  130.   (b)   Piga- 
niol ,  Defcription  de  la  France ,  t.  6.  pag.  202. 

La  ville  de  Moulins  cil  très- jolie  Se  très- riante  :  on 
peut  la  divifer  en  quatre  parties,  qui  font  la  ville  ,  la 
ville  neuve  ,  le  fauxbourg  des  Carmes  Se  celui  d'Allier. 
Cette  ville  elt  ouverte  Se  fans  défenfe.  On  abbatit  mê- 
me en  1^81  ,  les  quatic  portes  de  l'ancienne  ville.  Il  y 
avoit  dans  Moulins  onze  mille  trois  cens  trente  -  neuf 
perfonnes,  fuivant  un  dénombrement  fait  en  1696,101s 
de  l'établiffcinent  de  la  capitation  ou  taxe  par  tête. 

O.i  voit  a  Moulins  les  ruines  d'un  pont  de  pierres , 
bâti  en  1684,  réparé  en  partie  en  1685  Se  1686,  Se  tom- 
bé en  1689.  On  entreprit  d'en  construire  un  nouveau 
fur  lesdeflcins  de  Jules-Hardouin  Manfard  en  1706,  au 
mois  de  mats  ;  mais  à  peine  fut-il  achevé  qu'il  fut  en- 
traîné par  l'impétuofité  de  la  rivière  le  8  de  novembre 
17 10 ,  à  neuf  heures  Se  un  quart  du  matin  ;  enforte  qu'il 
n'en  relta  qu'une  arcade,  qui,  fe  trouvant  fendue,  fut  dé- 
molie pour  la  commodité  de  la  navigation  ,  par  ordre 
des  confuls  ou  échevins.  On  voit  auïTi  le  long  de  la  ri- 
vière d'Allier  un  cours  très-long  Se  très-agréable  ,  plan- 
té de  quatre  rangs  d'ormes. 

Il  y  a  dans  la  ville  de  Moulins  un  bailliage  Se  une  fé- 
néchauflee ,  dont  le  gouverneur  du  Bourbonnois  elt  fé- 
néchal-ne.  Le  fiége  préfidial  fut  établi  en  ijji  ;  fon  res- 
fort  n'a  pas  plus  d'étendue  que  celui  de  la  fénéchauffée. 
Il  y  a  aulfi  une  châtellenie  royale  Se  un  fiége  particu- 
lier pour  la  connoiflance  des'eaufes  du  domaine  du-  roi, 
ôe  qu'on  appelle  la  Chambre  du  domaine;  mais  ce  fiége  elt 
fans  Territoire  Se  fans  reflort  ,&  borné  aux  feules  caufes 
du  domaine.  La  généralité  Se  le  bureau  des  finances  de 
Moulins  furent  établis  par  Ledit  du  27  feptembre  i^Bj. 
Les  officiersdece  bureau  ont  les  mêmes  fondions  que  les 
tréforiersde  France  des  autres  bureaux  des  finances,  à  la 
réfervedu  domaine  dont  la  connoiflance  efl:  attribuée  aux 
officiers  du  domaine  qui  font  en  poffeifion  de  la  jurisdi- 
ction  contenrieufe j  Se  même  de  recevoir  tous  les  aveux, 
dénombremens ,  foi  Se  hommage ,  depuis  le  premier  jan- 
vier 1688  Se  à  l'avenir,  Se  il  n'a  été  réfervé  aux  offi- 
ciers du  bureau  ,  par  l'arrêt  du  confeil  d'état  du  roi ,  que 
la  réception  des  foi  Se  hommage,  Se  dénombremens 
dûs  au  roi,  Se  échus  avant  le  premier  de  janvier  1688. 
Quant  à  la  voirie  ,  ils  font  en  pofieflion  de  connoître  de 
la  petite  ,  c'elt-à-dire  des  alignemens  des  rues,  toifages  , 
mefurages,  enrreprifes  Se  changemens  de  chemins,  Se 
des  ufurpations  qui  y  font  faites-,  mais  pour  la  grande 
voirie,  qui  concerne  les  réparations  des  chemins  royaux, 
confiruction ,  entretien  des  ponts  Se  chauffées ,  elle  elt 
principalement  exercée  par  l'intendant  de  la  province  , 
qui  en  fait  faire  devant  lui  Se  en  fa  maifon  l'adjudication. 
Pour  marque  néanmoins  de  l'ancienne  jurisdiction  du  bu- 
reau des  finances  ,  le  roi  nomme  ordinairement  un  offi- 
cier de  ce  corps ,  qui  affilie  avec  l'intendant  à  l'adjudica- 
tion des  ouvrages.  Ce  même  officier  avoit  accoutumé , 
par  un  droit  particulier  à  ce  bureau,  de  travailler  con- 


42.? 

joinrement  Se  fubordinément  à  l'intendant,  a  la  liqui- 
dation Se  vérification  des  étapes;  au  lieu  que  dans  les  au- 
tres généralités  ce  foin  ne  regardoit  uniquement  que 
l'intendant  ;  mais  le  roi ,  par  fon  édit  du  mois  de  juin 
1696  ,créa  un  commiflaire  vérificateur  général  des  éta-* 
pes,  Se  obligea  les  tréforiers  de  France  de  ce  bureau  d'en 
réunir  la  charge  à  leur  corps  ;  ainfi  ils  commettent  de- 
puis l'un  d'entre  eux  pour  la  vérification  des  étapes  t 
qui  travaille  avec  l'intendant.  Dans  la  plupart  des  au- 
tres généralités ,  l'un  des  tréforiers  de  France  accompa- 
gne l'intendant ,  Se  affilie  au  département  des  tailles  ; 
mais  dans  celle-ci ,  ils  ne  font  point  dans  cette  poffes- 
fion.  Les  appellations  des  ordonnances  du  bureau,  pour 
ce  qui  regarde  la  finance  Se  la  voirie  ,  font  portées  au 
confeil  du  roi  ;  &  pour  ce  qui  regarde  le  domaine  ,  el- 
les doivent  être  portées  aU  parlement  de  Paris. 

La  généralité  de  Moulins  efl:  compofée  de  fept  éle- 
ctions ,  qui  font 

Moulins ,     Château-     Gannat ,  Gueret , 

Nevers  ,  Chinon ,  Mont-Luçon  >  Hévaux. 
L'élection  de  Moulins  s'étend  fur  neuf  villes ,  &  fur 
deux  cens  paroiffes.  Cette  élection  efl:  du  reffort  de  la 
cour  des  aides  de  Taris.  Suivant  le  dénombrement  exact 
qui  en  fut  fait  le  22  février  1696  ,  à  l'occafion  de  la  ca- 
pitation ,  la  généralité  de  Moulins  renfermoit  foixante- 
feize  mille  fix  cens  vingt-deux  feux  ,  Se  trois  cens  vingt- 
quatre  mille  deux  cens  trente-deux  perfonnes.  Il  y  a 
encore  dans  cette  généralité  cinq  maîtrifes  royales  de» 
eaux  Se  forêts  ;  favoir  , 

Moulins,  Nevers,  Montmaraud,  Cerilli,    Gueret.' 

Les  finances  ou  les  revenus  du  roi  confiflent  dans  cet- 
te généralité,  comme  dans  les  autres  ,  dans  les  tailles ,  les 
cinq,groffes  fermes ,  les  gabelles ,  les  aides  Se  droits  an- 
nexés au  domaine  ,  la  ferme  du  tabac  ,  la  ferme  des  bu- 
reaux des  portes ,  &  la  rente  des  coupes  des  bois  Se  des 
forêts  du  roi.  Les  principaux  bureaux  d'entrée  Se  de  for- 
tie  font  à  Gannat  ,  à  Vichi ,  à  Mont-Luçon  ,  à  la  Paliscej 
mais  outre  ces  bureaux  principaux  il  y  enaplufieurs  petits. 
Il  y  a  dans  cette  généralité  douze  greniers  à  fel ,  qui  fon; 

Moulins,  Moulins-En-   Nevers,  Gannat, 

S.Pierre-le-        gilbert,         Luzi ,  Vichi, 

Moufticr ,  S.  Saulge  ,        Cencoing,  Mont-Luçon* 

Defize ,  Château-Chinon. 

Les  neuf  premiers  font  de  vente  volontaire  ;  mais  les 
trois  derniers  font  d'impôt  ou  de  vente  forcée.  11  y  a 
outre  cela  dés  greniers  de  dépôt  établis  en  plufieurS 
lieux ,  où  les  marchands  Se  toutes  fortes  de  perfonnes 
vont  porter  le  fel  qu'ils  ont  été  prendre  dans  les  falages  , 
fur  les  paflavans  des  contrôleurs  &  commis  de  dépôts, 
Se  le  mettent  dans  de  petits  lieux  féparés,  qu'on  appelle 
dépôts,  d'où  il  efl:  diflribué  au  peuple  des  paroifles  affu-» 
jetties  à  chaque  dépôt ,  où  elles  prennent  le  fel  au  prix 
du  marchand,  Se  pour  leur  proviîîon  feulement  :  car  les 
dépôts  n'ont  été  établis,  que  pour  les  empêcher  d'en 
prendre  dans  les  falages  plus  que  leurs  provifions ,  Se 
d'avoir  enfuite  occafiôn  de  le  revendre  dans  le  pays  de 
gabelles. 

Presque  tout  le  domaine  de  cette  généralité  efl  aliéné, 
Se  le  peu  qui  ne  l'eft  pas ,  efl:  affermé  environ  trente  ou 
trente -cinq  mille  livres.  Quant  aux  forêts,  il  parole 
par  des  mémoires  que  le  roi  a,  dans  la  maîtrife  de 
Moulins,  huit  mille  huit  cens  douze  arpens  de  bois  ; 
dans  celle  de  Cerilli  ,  vingt  huit  mille  huit  cens  foi- 
xante-dix-huit  ,&  dans  celle  de  Montmaraud  onze  mille 
quatre  cens  vingt-trois  arpens.  Le  revenu  des  bois  peut 
être  ,  année  commune,  de  dix  à  douze  mille  livres  de 
coupe  réglée. 

Les  revenus  ordinaires  &  les  affaires  extraodinaires 
rapportoient  au  roi  pendant  la  dernière  guerre,  quia 
précédé  la  paix  de  Ryswyck ,  trois  millions  cinq  cens 
quatre-vingt-fept  mille  fept  cens  foixante-quinze  livres 
feize  fols  trois  deniers  par  an. 

Le  commerce  &  l'induftrie  dés  habitans  mettent  cette 
généralité  en  état  de  fournir  des  fommes  affez  confidéra- 
bles.  On  peut  voir  au  mot  Nivernok  le  commerce 
Tom.   IV.  H  h  h 


42Ô        MOU 

qui  fe  fait  dans  ce  pays  particulier  :  je  n'indiquerai  ici 
que  celui  qui  fe  fait  dans  le  refte  de  la  généralité.  Le 
commerce  des  bleds  Se  des  chanvres  du  Bourbonnois , 
&  des  pays  diftraits  de  l'Auvergne  eft  fort  grand.  Celui 
des  vins  de  Creufier  ,  de  Saint-Pourçain  &  de  Mont- 
Luçon,  eft  confidérable  :  celui  des  befiiaux  e(t  fi  éten- 
du qu'on  n'en  peut  fixer  le  prix  :  celui  du  poiflbn  peut 
rapporter  environ  trois  cens  mille  livres  par  an  ;  auffi 
bien  que  celui  des  cochons  :  celui  des  bois  va  à  près  de 
quatre  cens  mille  livres.  La  clinquaillerie  Se  la  coutel- 
lerie de  Moulins  produifent  tous  les  ans  environ  cent 
cinquante  mille  livres.  Six  mille  ouvriers  qui  fortent 
tous  les  ans  de  la  province  de  la  Marche ,  y  rapportent 
plus  de  deux  cens  mille  livres.  Les  manufactures  de 
tapifleries  d'Aubuflbn  Se  de  Feuilletin  .produifent  tous 
les  ans  environ  cent  mille  livres.  La  confommation  qui 
fe  fait  aux  eaux  dé  Bourbon  Se  de  Vichi ,  eft  de  plus 
de  cent  cinquante  mille  livres.  Celle  qui  fe  fait  fur  la 
route  de  Paris  à  Lyon  Se  en  Auvergne  ,  produit  extraor- 
dinairement. 

Gilbert  Gaulmin ,  maître  des  requêtes  de  l'hôtel  du 
roi,  fameux  par  la  grande  connoiflance  qu'il  avoit  dans 
les  langues  &  dans  les  feiences  étoit  de  Moulins.  Clau- 
de de  Lingendes  ,  Jéfuite  Se  prédicateur  célèbre  ,  Jean  de 
Lingendes,  qui  pour  fes  fermons  fut  fait  évéquede  Sar- 
lat  &  puis  de  Maçon ,  étoient  de  la  ville ,  Se  païens 
du  poète  de  Lingendes ,  qui  le  premier  a  fait  des  fian- 
ces françoi  fes. 

2.  MOULINS,  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
élection  du  Mans. 

3.  MOULINS,  paroifle  de  France,  dans  le  Berri  , 
élection  de  Bourges  ,  à  vingt-deux  lieues  de  cette  ville. 
Cette  paroifle  comprend  dans  fon  diftrict,  le  château  de 
M  aubran  CHES,qu'on  croit  avoir  été  bâti  vers  l'an  1 470. 
On  a  trouvé  auprès  de  ce  château  deux  anciennes  inferi- 
ptions ,  qui  font  juger  que  les  Romains  ont  autrefois 
habité  dans  cet  endroit.  On  voit  auiïi  à  trois  cens  pas 
du  château  ,  une  chapene  dédiée  à  Notre-Dame  de 
Licfle  Se  de  Confolation,  Il  y  vient  tous  les  jours  un 
grand  concours  de  pèlerins.  Cette  dévotion  fubfifie  de- 
puis 1620  ,  que  cette  chapelle  fut  bâtie. 

4.  MOULINS,  abbaye  ,  «dans  les  Pays-Bas ,  fituée  à 
cinq  quarts  de  lieue  de  Dinant.  On  la  dit  fondée  pour 
des  religieufes  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  vers  l'an  1230, 
Se  on  ajoute  qu'environ  deux  cens  ans  après  on  la  don- 
na à  des  moines.  Il  y  a  dans  l'églife  dti  côté  du  nord  , 
l'épitaphe  en  trois  difiiques  d'un  célèbre  perfonnage  du 
nom  de  Guillaume,  &  du  côté  oppofé  on  lit  ;  Anna  Do- 
mini  M  CCC.  feptuagefimo  fexto  pridiè  idus  Mail  obiit 
Willtlmus  miles  ,  avec  quatre  autres  difiiques  ;  Se  de  plus 
l'épitaphe  de  Marie  de  Ligne ,  époufe  de  Giles  ,  baron 
de  Bcrlaymont ,  &  de  Hercies-fur-Sere ,  Aunor  ,  For- 
mies  ,  Wingheies ,  mort  au  château  de  Beauraing  en 
1462. 

MOULINS-ENGILBERT,  ville  de  France,  dans 
le  Nivernois ,  au  pied  des  montagnes  du  Morvant ,  & 
à  deux  lieues  de  Château-Chinon  ,  dans  la  petite  con- 
trée du  Bazois.  Cette  petite  ville  a  une  églife  paroifliale , 
dans  laquelle  il  y  a  un  chapitre.  Les  religieux  du  tiers- 
ordre  de  faint  François  ,  appelles  Picpus ,  ont  une  mai- 
fon  dans  cette  ville  ,  ainfi  que  les  Urfulines.  Quant  aux 
jurisdictions ,  outre  la  jufiiee  ordinaire  du  duc  de  Ne- 
vers  ,  il  y  a  un  grenier  à  fel ,  un  maire,  un  procureur 
du  roi  du  fait  commun  &  des  échevins.  On  compte 
dans  cette  ville  environ  deux  cens  quatre  ving  dix  feux , 
&  fix  cens  perfonnes.Les  habitans  font  laborieux  Se  pro- 
pres pour  le  commerce.  *  Piganiol ,  Defcription  de  la 
France,  t.  6.  p.  171. 

MOULON  ,  petite  rivière  de  France,  dans  le  Berri  ; 
elle  fe  jette  dans  l'Evrc. 

MOULTAN  ,  ville  des  Indes  ,  fur  le  fleuve  Rave. 
Petis  de  la  Croix,  hifl.  de  Timur-Bec ,  L  4  c.  10.  la 
place  à  cent  feize  degrés  de  longitude  ,  Se  à  vingt  neuf 
de  latitude.  Voyez.  Multen.  , 

MOULURE  ,  forêt  de  France,  dans  la  maîtrife  des 
eaux  &  forêts  de  Pamiers ,  elle  ert  de  8170  arpens. 

MOUNCHDENNI ,  montagne  fort  haute ,  en  An- 
gleterre ,  dans  le  comté  de  Biecknok  ,  félon  Corneille , 
DiS.  qui  ne  cite  aucun  garant.  Il  ajoute  :  On  l'appelle 
aufll  Cadierarhur,  c'eft-à'-dire ,  Chaire  d'Anus.  On 


MOU 


a  jette  fort  fouvent  des  bâtons ,  des  chapeaux  Se  d'autres 
chofes  du  fommet  de  cette  montagne  ,  fans  qu'aucune 
foit  tombée  en  bas.  La  force  du  vent  les  a  toujouts  re- 
pouflees  en  haut. 

MOUNIER  ,  forêt  de  France ,  dans  la  maîtrife  des 
eaux  Se  forêts  de  Saint  Pons:  elle  eft  d'onze  cens  cinquan- 
te cinq  arpens  Se  demi. 

MOUNT-SORREL  ,   bourg  d'Angleterre ,  dans  le 
Leiceftershire.  On  y  tient  un  marché.  *  Etat  préfent  de 
la  Grande  Bretagne  ,  t.  1.  p.  82. 

MOURA  ,  ville  de  Portugal ,  dans  la  province  d'A- 
lenteio  ,  au  confluent  de  PArdila  &  de  la  Guadiana ,  au 
nord  de  Serpa.  C'eft  une  ville  ancienne,  connue  autre- 
fois fous  le  nom  d'Arucci  nova ,  ou  Nova  Gvitas  Aruc- 
citana ,  comme  le  prouvent  divers  monumens ,  entre 
autres  l'infeription  fuivante  qu'on  y  a  déterrée ,  Se  qui  a 
été  faite  à  l'honneur  d'Agrippine  ,  mère  de  Germani- 
cus: 

JuLIiî.    AGRIITINit. 
CiS   ARIS     AU  G.     GeRMANICI. 

..Matri  au  g. 

Nova,  civitas.  Aruccitana. 

La  ville  de  Moura  eft  aflez  bien  fortifiée.  Elle  a  un 
vieux  château  qui  pafle  pour  être  de  défenfe.  Il  y  a  d'or- 
dinaire dans  cette  place  une  garnifon  de  cinq  compa- 
gnies d'infanterie  ,  Se  d'une  compagnie  de  cavalerie. 
On  a  découvert  un  très-grand  nombre  de  monumens 
antiques  dans  cette  ville  Se  dans  fon  territoire.  Dans  un 
village  qui  eft  fur  le  chemin  de  Moura  à  Villa  Nova 
de  Ficalho  ,  il  y  a  une  vieille  chapelle  dédiée  à  faint  Mi- 
chel ,  où  l'on  voit  cette  infeription  remarquable  par  la 
fingularité  de  l'orthographe  : 

D  I  I  S     M  A   N. 

Ibus  Aurilliaii.  M.  F.   Gaiiaii. 

A    N    N   O      XII. 

H.  S.  E.  S.  T.  T.  L. 

Les  deux  n  valent  un  a  ;  de  forte  qu'il  faut  lire 
Aurélia  M.    F.  Gall^e.  *  Délices  de  Portugal, page 

75>9- 

MOURAON,  bourg  de  Portugal  ,  dans  l'AIentejo  , 
fur  la  Guadiana  ,  au-deffous  de  Ferteira.  Ce  bourg  eiî 
défendu  par  un  château  médiocrement  fort.  *  Délices 
de  Portugal ,  p.  798. 

MOURBAC.  Voyez.  Murbac. 

MOURÉ  ,  ou  mieux  ,  Mourée  ,  grand  village  d'A- 
frique ,  dans  la  Guinée  ,  fur  la  côte  d'Or ,  au  royaume 
de  Sabou  ,  près  du  fort  de  Naflau  ,  Se  à  une  demi-lieue 
au-deflus  du  moht  de  Fer.  Ce  bourg ,  qui  eft  fort  peuplé , 
appartient  aux  Hollandois,  &  dépend  du  fort  de  Naflau. 
Les  habitans  font  tous  pêcheurs  :  dès  le  matin  avant  le 
jour  ,  ils  fortent  avec  trois  ou  quatre  cens  canots  pour 
aller  pêcher ,  Se  lorsqu'ils  reviennent ,  ils  font  obligés 
de  donner  cinq  poiflbns  au  marchand  qui  commande 
dans  ce  bourg.  C'eft  une  espèce  de  tribut ,  &  les  Hol- 
landois font  les  feuls  Européens  qui  jouiflent  de  ce  droit  j 
aufli  n'y  en  a-r-il  point  qui  ayent  un  pouvoir  fi  abfolu  fur 
ceux  qui  dépendent  d'eux.  *  Guill.  Boman ,  Voyage  de 
Guinée,  lettre  4,  pag.  61. 

MOURE1LLES.  Voyez.  Moreilles. 

MOURJAN  ,  ville  de  Perfe.  Tavernier  ,  Voyage  de 
Perfe ,  /.  3.  la  place  à  84  degrés,  15  minutes  de  lon- 
gitude, &  à  57  degrés  ,  15  minutes  de  latitude.  Il  ajoute 
que  cette  ville  eft  fort  peuplée ,  cv  qu'on  y  voit  de 
belles  mosquées  Se  de  belles  places. 

MOURMAND,  bourg  de  France  ,  dans  le  Forez 
élection  de  faint  Etienne. 

MOURMANSKOY  LEPORI.  Ifaac  Mafia ,  Carte 
de  la  Moscovie  ,  donne  ce  nom  à  une  partie  de  la  La- 
ponie  Moscovite  ,  Se  appelle  Mourmanskoy-More, 
la  mer  qui  eft  au  nord  de  cette  même  Laponie.  Les  car- 
tes modernes  ,  meilleures  fans  contredit  que  celles  de 
Mafia  ,  ne  connoiflent  point  ces  noms. 

MOUROUX  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Brie ,  éle- 
ction de  Coulomiers. 

MOUSCHE  (  La  ) ,  petite  rivière  de  France,  (a)  dans 
la  Champagne.  Elle  vient  de  Noydent  le  Rocheux,coule 
près  de  Saint  Cirque  Se  de  Saint  Martin  ,  arrofe  Pranfay 


MOU 


MOU 


cV  Locquenay  ,  &  après  avoir  pa(Té  à  Humes  ,  où  il  y  a 

un  ponc  de  pierres  ,  elle  tombe  dans  la  Marne  (  b  )  ,  à 
quelque  diilancc  au-deflous  de  la  ville  de  Langres.  (  a  ) 
Coulon  ,  rivières  de   France  ,  p.   94.    (  b  )  De  L'ijle  , 

MOUSIRENES,  bourg  de  France ,  dans  le  Poitou  , 
élection  de  Fontenai. 

MOUSON.  Voyez.  Mouzon. 

MOUSSAIS  ,  château  de  France  ,  dans  la  Bretagne  , 
avec  titre  de  marquifat.  11  eft  aux  confins  du  diocèle  de 
Saint  Brieu,  fur  une  haute  colline  ,  à  trois  lieues  de  Lam- 
bale  ,  Se  à  douze  de  Rennes.  On  voit  a  demi-licue  de- 
là, vers  le  nord  ,  dans  le  même  diocèfe  ,  le  bourg  de 
Plemée  ,  Se  une  lieue  plus  bas,  la  petite  ville  de  Jugon  , 
où  il  y  a  deux  fort  grands  étangs ,  entre  lesquels  font  les 
ruines  d'un  fort  château  ,  fur  un  rocher  escarpé.  *  Corn. 
Dict.  Mémoires  manufcrits. 

MOUSSAL  ou  Moussol.  D'Herbelot  ,  Biblioth. 
Orient,  dit  :  Il  y  a  deux  villes  qui  portent  ce  nom.  La 
première  qui  porte  le  nom  de  Moussal-  Alatik  ,  c'eft- 
à-dire ,  l'ancienne  Mouflal  ,  Se  que  plulleurs  croient 
être  l'ancienne  Ninive  ,  la  capitale  des  Afl'y  riens  ">  celle- 
là  eft  la  plus  proche  de  Mardin.  La  féconde  qu'on  ap- 
pelle Amplement  aujourd'hui  Moussal  ,  eft  cel- 
le que  nous  nommons  vulgairement  Mosul.  Voyez. 
ce  mot.  Ces  deux  villes  font  fituées  fur  le  Tigre  ,  Se  la 
première  doit ,  félon  les  auteurs  Perfiens ,  fa  fondation 
à  Tahmurath  ,  roi  de  Perfe  ,  de  la  première  dynaltie. 
Les  tables  arabiques  lui  donnent  77  degrés  de  longitude, 
Se  34  degrés,  30  minutes  de  latitude  feptentrionale. 
Cette  ville  fut  aflîégée  par  Saladin ,  l'an  de  1  hégire  J78  ; 
mais  ce  prince  fut  obligé  d'en  lever  le  fiége  que  les  habi- 
tans  fournirent  avec  une  fermeté  inconcevable.LesMogols 
la  prirent  l'an  659  ,  trois  ans  après  la  prife  de  Bagdcr  \ 
&Samdagou  ,  qui  les  commandoit  ,  ne  fit  alors  aucun 
quartier  aux  Mufulmans  »  &  n'épargna  que  les  Chré- 
tiens. Mouflal  ne  laifla  pas  de  fe  rétablir  après  la  ruine 
qu'elle  avoir  foufterte  de  la  part  des  Mogols  Genghiz- 
Icaniens  ;  mais  Tamerlan  l'ayant  aiïiégée  avec  fes  nou- 
veaux Tartares  l'an  796  ,  il  la  défola  de  relie  forte  , 
qu'elle  n'eft  plus  aujourd'hi  qu'une  ville  fort  peu  con- 
sidérable. 

MOUSSANS  ,  bois  de  France ,  dans  la  maîtrife  des 
«aux  Se  forêts  de  Saint  Pons:  il  eft  de  fix  censfoixante 
arpens  &  quinze  perches. 

MOUSSON  ,  MONÇON  ou  Monsson  ,  forte- 
îefle  du  duché  de  Bar.  De  Longueruc  dit  :  Cette  place 
n'eft  plus  rien ,  quoiqu'elle  ait  été  confidérable  dans 
l'onzième  fiécle  ,  où  elle  étoit  tenue  par  Louis  de  Mous- 
fon  ,  qui  avoir  aufli  Montbelliard  ,  Se  de  qui  font  des- 
cendus les  comtes  &  les  ducs  de  Bar ,  dont  la  poilérité 
masculine  finit  dans  le  quinzième  fiécle  ,  aptes  avoir  été 
rloriflanre  durant  quatre  cens  ans  ;  &  c'eft  de  cette  forte- 
refle  de  Mouflon  que  les  premiers  ancêtres  des  comtes 
de  Bar  avoient  pris  leur  nom.  Mouflon  étoit  alors  très- 
forte  ,  Se  palToit  pour  imprenable.  Sa  fituation  peu 
commode  fur  une  montagne  l'a  fait  abandonner  ,  &  on 
a  mieux  aimé  bàrir  Se  s'établir  des  deux  côtés  de  la 
Mofclle  ,  qui  eft  en  cet  endroit  navigable  ,  Se  où  l'on  a 
bâti  un  pont  qui  a  donné  le  nom  à  la  nouvelle  ville  de 
Pont  a  Mousson.  Voyez,  au  mont  Pont  ,  l'article 
Pont  a  Mousson.  *  Piganiol,  Defc.  de  la  France  , 
part.  2.    p.   189. 

MOUSTIER-NEUF  ,  en  latin  Monafterium  novum  , 
abbaye  d  hommes ,  ordre  de  faint  Benoît ,  congréga- 
tion de  Cluni ,  dans  un  fauxbourg  de  Poitiers ,  en  un 
lieu  appelle  Chaiflaigne.  Elle  eft  dédiée  Se  connue 
fous  le  titre  de  faint  Jean  l'Evangelifte  ,  Se  quelquefois 
de  faint  André.  On  lit  dans  la  chronique  de  Maillezais , 
t.  3.  anecd.  mart.  col.  1 2 1 1  ,  que  ce  monaftere  fut  fon- 
dé vers  l'an  1066  ou  1069,  par  le  duc  d'Aquitaine, 
Guillaume  VII ,  appelle  aufli  Gui-Geoffroi ,  fils  &  hé- 
ritier de  Guillaume  VI ,  Se  d'Agnès  ,  duc  &  duchefle 
d'Aquitaine.  Le  roi  Philippe  y  donna  ion  confentemenr, 
aufi"i-bien  qu'Ifambert ,  pour  lors  évêque  de  Poitiers  , 
lequel  accorda  aux  moines  le  privilège  de  fe  choifir  un 
abbé  dans  le  monaflcre  de  faint  Benoît  de  Quincey. 
Quoi  qu'il  en  foit ,  la  chartre  du  fondateur  même  obli- 
ge de  croire  la  fondation  du  Mouftier-Neuf  poftérieure 
de  quelques  années  ,  puisqu'il  y  dit  clairement  qu'avant 


4*7 

de  commencer  à  faire  élever  I'églife  de  faint  Jean  ,  ou 
le  Mouftier-Neuf ,  il  avoit  été  voir  le  pape  Audcbra- 
nus ,  qui  ne  parvint  au  pontificat  que  l'an   1073.    Les 
bâtimens  de  ce  monaftere  n'étoient  pas  encore  achevés 
l'ail  1076,  comme  on  le  voit  par  quelques  lettres  du 
même  Guillaume  ;  mais  dès  que  tout  fut  achevé ,  il  en 
confirma  la  conduite  à  faint  Hugues  de  Cluni ,  à  la  per- 
fualion  particulière  duquel  il  1  avoit  fait  bâtir.  Hugues 
y  mit  un  abbé  à  la  tête  de  dix-huit  moines ,  fuivant  l'or- 
dre du  pape  Grégoire  VII ,  de  l'an  1076  ,  qui  veut  que 
ce  foit  l'abbé  de  Cluni  qui  choififle  Se  mette  en  pofleifion 
l'abbé  du  Moufiier-Neuf.  Enfin,  l'an  1096,  le  quatre 
des  calendes  de  Février,  le  pape  Urbain  II,  après  que 
le  concile  de  Clermont  fut  aohevé  ,  célébra  la  bénédi- 
ction du  monallere  du  Moufiier-Neuf,  &  fir  lui-même 
la   cérémonie   de    la    dédicace    de    I'églife  ,    fous    le 
titre  de  faint  Jean  l'Evangelifie  Se   de    faint    André. 
Le  même  comte  ,  ou  duc  Gui-Geoffroi  ,   dota    encore 
de  grands  biens  ce  monaftere  :  après  qu'il  fut  achevé 
l'an  1077  ,  le  j  des  calendes  de  Février  ,  Louis  le  Jeune, 
en  donna  la  confirmation  l'an  1 146  ,  en  préfence  d'un 
Guillaume  ,  évêque  de  Poiners.  Ce  pieux  fondareur , 
Gui  Geoffroi ,  enrichit  aufli  ce  monaftere  d'une   pré- 
cieufe  relique  qu'il  avoir  apportée  de  Venife  ;  c'eil  la 
mâchoire  de  faint  Marc  ,  patron  de  cette  fameufe  Ré- 
publique. 11  mourut  l'an  1086,  dans  fon  château  de 
Chizie  ,  Se  fut  inhumé  dans  le  chapitre  de  cette  abbaye  » 
d'où  il  fut  transféré  l'année  fuivante    dans  I'églife.  Cette 
abbaye  vaut  à  l'abbé  trois  ou  quatre  mille  livres  de  rente. 
Voyez,  la  France  Chrétienne. 

1.  MOUSTIERS,  ou  Monstiers  ,  ville  de  France, 
dans  la  Provence ,  au  nord-eft  de  la  viguerie  d'Aix  ,  Se 
du  bailliage  de  Brignoles  (  a  ) ,  en  latin  Monafterium , 
ou  Monfterium  ,  par  corruption.  Elle  doit  fon  origine 
aux  moines  de  Lerins ,  qui  fonderenr  en  ce  lieu  un 
prieuré  conventuel ,  dépendant  de  leur  abbaye.  Aujour- 
d'hui  il  n'y  a  plus  de  moines ,  mais  des  prêtres  féculiers  , 
dans  I'églife  paroiifiale  de  Mouftiers.  Cette  ville  étant 
le  lieu  où  eft  établi  le  bailliage  royal ,  a  le  droit  de  dé- 
puter aux  états  ou  aflemblées  de  Provence  :  ainfi  elle 
eft  pour  les  chofes  civiles  au  deflus  de  la  ville  de  Riez, 
où  eft  le  fiége  épiscopal.  Il  y  a  (  b  )  à  Mouftiers  une  cha- 
pelle très-célèbre ,  fous  le  nom  de  Notre-Dame  ,  Se  fur 
laquelle  le  peuple  débite  bien  des  fables.  On  y  voit  aufli 
un  couvent  de  Servites ,  qui  eft  le  feul  qu'il  y  ait  en 
France.  Sa  manufacture  de  fayance  Se  de  porcelaine  eft 
aflez  eftimée.  (  a  )  Longuerue  ,  Defcript.  de  la  France  , 
pag.  362.  (b)  Piganiol ,  Defcript.  de  la  France,  t.  4. 
p.  144. 

2.  MOUSTIERS  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Breta- 
gne ,  recette  de  Nantes. 

3.  MOUSTIERS,  MONSTIERS,  ouMoustier, 
en  latin  Monafterium ,  ville  ou  bourgade  du  duché  de 
Savoye  »  capitale  du  pays  de  Tatentaife  ,  à  fix  lieues  de 
Saint  Jean  de  Morienne  ,  &  à  onze  de  Chamberi. 
Mouftiers  eft  le  nom  moderne  de  la  ville  de  Tarentai- 
fe ,  qui  a  perdu  le  fien  Se  s'eft  appellée  Monafterium  » 
à  caufe  d'un  monaftere  qui  avoit  été  fondé  en  ce  lieu  , 
où  les  archevêques  de  Tarentaife  demeuroient ,  Se  oii 
il  n'eft  relié  qu'une  grande  bourgade  toute  ouverte  Se 
fans  défenfe  ,  coupée  par  l'Isère.  Ses  archevêques  étoient 
autrefois  très-puilîans  ,  lorsqu'ils  étoient  ptinces  du> 
pays  de  Tarentaife  ,  dont  la  feigneurie  Temporelle  leur 
avoit  été  donnée  par  les  rois  de  Bourgogne ,  Conrad  le 
Pacifique  Se  Rodolphe  ,  qui  élevèrent  fort  les  évêques 
dans  leur  royaume  de  Bourgogne.  K<y«.TARENTAiSE. 
Le  palais  de  l'archevêque  elt  le  plus  beau  bâtiment  de 
Mouftiers,  où  les  rues  fonr  fort  étroites.  L'églife  mé- 
tropolitaine eft  devant  une  place  de  médiocte  grandeur. 
Il  y  a  quelques  fépulcres  anciens  dans  cette  églife.  Les 
avenues  de  la  ville  font  extrêmement  difficiles  ,  &  l'on 
n'y  arrive  que  par  des  défilés ,  bordés  de  torrens  Se  de 
précipices.  *  Longuerue  ,  Defcript.  de  la  France  ,  part. 
2.  pag.  328. 

MOUSTIERS-EN-ARGONE,  abbaye  de  France; 
dans  la  Champagne.  Voyez,  au  mot  Moutiers  ,   l'article 

MOUTIERS   OU   MoNTIER      EN  ARGONE. 

MOUSTIERS  D'HUN  ou  MoustierId'Hun  ,  en 
latin  Monafterium  Ageduni ,  bourg  de  France  ,  dans  la 
Marche ,  élection  de  Gueret ,  au  bord  de  la  Creufe.  Il 

T9m.IV.  Hhh  ij 


428       MOU 

y  a  dans  ce  lieu  une  ancienne  abbaye  ,  d'où  lui  vient  le 
nom  de  Mouftiers.  Cette  abbaye  ,  qui  eft  dédiée  à  faint 
Etienne ,  eit  de  l'ancienne  congrégation  de  Cluni ,  & 
fa  communauté  eft  compofée  de  huit  ou  dix  religieux. 
Mouftiers  d'Hun  eft  fuué,  partie  en  plaine,  partie  en 
monticules  :  les  terres  &  les  pacages  y  font  très  bons ,  3c 
l'on  y  fait  un  grand  commerce  de  beltiaux. 

MOUSTIQUE ,  bourg  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  l'ifle  de  faint  Domingue  ,  au  couchant  de  la  rivière 
nommée  Trois  Rivières  ,  à  une  lieue  du  port  de 
Paix. 

MOUSTIQUOIS  :  c'eft  la  même  nation  que  Dam- 
pierre  appelle  Moskites.  Voyez,  ce  mot. 

MOUTER  (  La  )  ,  rivière  de  la  Baffe-Alface.  Elle  fort 
des  montagnes  de  la  petite  Pierre ,  au  levant  desquelles 
elle  coule,  pane  par  Ingwiller ,  Pfaffenhoff,  Hague- 
neau  &  Drufenheim,  au-deflbus  duquel  elle  tombe  dans 
le  Rhin ,  à  une  lieue  de  l'embouchure  de  la  Soor.  *  Sup- 
plément au  manuscrit  de  la  Bibliothèque  de  M.  de  Corbe- 
ron  ,  premier  préftdent  au  Confeil  fouverain  d'Alfjce. 

MOUTIER  LA  CELLE,  abbaye  de  Bénédictins  , 
de  la  congrégation  de  faint  Vannes ,  en  Champagne  , 
au  diocèfe  &  près  de  Troyes. 

MOUTIER-GRAND-VAL  ,  en  allemand  ,  Muns- 
tertbal ,  grande  Vallée  en  Suifle  ,  enclavée  dans  les 
terres  que  poflede  l'évêque  de  Bâle.  Elle  comprend  un 
grand  nombre  de  villages.dont  les  principaux  font  Mou- 
tier ,  Bevillars ,  Sernetan  ,  Court ,  cYc.  Voyez.  Mou- 
tiers  2.  Les  habitans  de  cette  Vallée  font  alliés  avec 
le  canton  de  Berne  ,  par  un  ancien  traité  de  combour- 
geoifie  ,  fait  environ  cinquante  ans  avant  qu'ils  embras- 
faflent  la  religion  Proteftante  j  c'eft  pour  cela  que  ce  can- 
ton les  protège  dans  leurs  libertés  fpirituelles  &  tempo- 
relles. Les  évêques  de  Baie  Se  le  ptevôt  de  Delemont 
ont  dans  cette  vallée  le  droit  de  collation  pour  les  églifes 
Proteftantes  -,  mais  comme  on  prérendit  qu'ils  y  mer- 
toient  les  miniftres  les  plus  ignorans  qu'ils  pouvoient 
trouver  ,  les  Bernois  ont  réglé  qu'aucun  miniflre  n'y 
pourroit  être  établi  qu'après  avoir  été  examiné  cVr  ap- 
prouvé à  Berne.  Tous  les  ans  les  magiftrars  de  Berne 
envoient  dans  cette  Vallée  un  des  membres  du  confeil 
Etroit ,  pour  vifiter  les  églifes  &  pour  mettre  ordre  aux 
abus  qui  pourroient  feglifler. 

MOUT1ER-SA1NT-JEAN ,  ou  Saint-Jean  Reau- 
me,  Reomenfe  Monafterium ,  abbaye  d'hommes  ,  de 
l'ordre  de  faint  Benoît ,  en  France  ,  dans  la  Bourgogne  , 
au  diocèfe  de  Langres,  à  une  lieue  de  la  rivière  d'Ar- 
mançon  ,  &  à  deux  de  Semur ,  dans  le  bourg  de  même 
nom  ,  fur  un  ruifleau  nommé  Reaume.  Le  bourg  doit 
fon  origine  à  l'abbaye  ,  qui  fut  fondée  l'an  4S6  ,  par  le 
faint  abbé  Jean  ,  dans  l'emplacement  que  lui  donnèrent 
à  cet  effet  Hilarius  &  Quiéta  ,  c'eft-à  dire  ,  faint  Hi!aire 
ôc  fiinte  Tranquille ,  fes  père  &£  mère.  Clovis  en  con- 
firma l'établiflement  l'année  même  qu'il  embrafla  le 
Chriltianisme  ,  Patientius  tenant  pour  lors  le  fiége  épis- 
copal  de  Langres,  c'eft-a-dire,  vers  l'an  joo.  Le  faint 
abbé  fur  dix-huit  mois  abfent  de  ce  monaftere  ,  &  s'eroit 
caché ,  pendant  cet  intervalle ,  dans  l'ifle  de  Lérins  ; 
mais  faint  Grégoire  ,  fixiéme  évêque  de  Langres ,  l'en  fit 
revenir  Jean  reprit  la  conduite  du  monaftere  :  il  trouva 
ces  religieux  très-incommodés  par  la  difette  d'eau  qui 
leur  manquoit.  Un  bafilique  ,  ferpenr  affreux  ,  infectoit 
celle  d'un  puits  profond  dont  on  fe  fervoit  auparavant. 
Jean  ,  tua  le  monftre  ,  &  rendir  l'eau  potable.  Il  mou- 
rut âgé  de  cent  vingt  ans ,  le  28  Janvier ,  fans  aucune 
altération  ,  ni  de  fa  vue,  ni  de  fes  dents.  Saint  Sylves- 
tre ,  dont  on  célèbre  la  fête  le  1 5  Avril ,  lui  fuccéda. 
Saint  Guillaume  ,  abbé  de  Dijon  ,  y  mit  enfuite  une  re- 
forme. Puis  la  régie  de  faint  Benoît  y  fut  introduite.  Il 
y  avoit  douze  religieux  ,  &  un  abbé  qui  étoit  feigneur 
du  lieu  ;  mais  depuis  1731  ,  la  menfe  abbatiale  a  été 
unie  à  l'évêché  de  Langres. 

i.'MOUTIERS.  Voyez.  Moustiers  I. 

2.  MOUTIERS  ou  Moutier  ,  village  de  Suifle  , 
dans  les  éxars  de  l'évêque  de  Bâle  ,  &  le  chef-lieu  d'une 
prévôté  appelléeMouTiER-GRAND-VAL.  V;yez.cet  ar- 
ticle. Moutiers  tire  fon  nom  d'une  ancienne  &  riche 
abbaye  de  chanoines  réguliers ,  fondée  dans  le  huitième 
fiécle  ,  dont  les  chanoines  rendent  préfentement  à-  De- 


MOU 


lemont.  Ils  quittèrent  le  féjour  de  Moutiers  en  ijjo, 
parce  que  ce  village  avoit  embraffé  la  religion  Pro- 
teftante. 

3.  MOUTIERS  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Perche  , 
élection  de  Mortagne. 

4.  MOUTIERS ,  bourg  de  France ,  dans  le  Gâti- 
nois  ,  élection  de  Gien. 

5.  MOUTIERS ,  ou  les  Trois  Moutiers  ,  bourg 
de  France ,  dans  le  Poitou  ,  élection  de  Loudun.  C'eft: 
le  même  que  Notre-Dame  des  Trois  Moutiers.  Il 
fe  nomme  ainfi  à  caufe  des  trois  églifes  qui  y  font. 

6  MOUTIERS,  abbaye  des  Pays-Bas ,  dans  le  com- 
té de  Namur  ,  fur  la  Sambre ,  à  une  lieue  au-defius  de 
l'abbaye  de  Floreff.  C'eft  une  abbaye  de  chanoinefles. 
*  Diit.  géographique  des  Pays  Bas. 

MOUTIERS  EN-PU1SAYE,  village  de  France,  au 
diocèfe  d'Auxerre ,  à  fept  lieues  de  la  ville  épiscopale 
vers  le  couchant.  Ce  lieu  eft  mémorable  dans  l'hiftoire 
du  pays  •,  parce  qu'il  y  a  toute  apparence  qu'étant  à  peu 
près  le  centre  de  la  Gaule,  c'eft  en  ces  quartiers-là  ,  fitués 
fur  l'extrémité  du  pays  des  Carnutes ,  à  quelques  lieues 
de  la  Loire ,  que  les  Druides  faifoient  leur  aflemblée 
annuelle,  ainfi  qu'il  eft  rapporté  dans  Céfar.  Les  forêts 
couvroient  alors  ce  pays  :  on  ne  fait  en  quel  tems  on 
a  commencé  à  cultiver  les  terres.  Les  étangs  y  étoient 
fort  communs  &  très-profonds ,  ce  qui  fît  donner  à  ce 
territoire  le  nom  celtique  de  Melered.  C'eft  celui  que 
les  hilloriens  des  évêques  d'Auxerre  ont  employé  au 
neuvième  fiécle ,  aufli  bien  que  quelques  capitulaires  de 
nos  rois  du  même  tems ,  en  parlant  de  ce  lieu  ;  mais  le 
monaftere  qui  y  avoit  été  fondé ,  fit  éclipfer  l'ancien 
nom  ,  &  on  fe  contenta  de  dire  Moutiers  ,  comme 
qui  diroit  Monaftere.  Si  l'on  pouvoit  ajouter  foi  aux 
autels  confacrés ,  Virgini  paritura ,  ce  lieu-ci  pafleroit 
pour  avoir  contenu  un  de  ces  autels ,  du  moins  c'eft  la 
tradition  du  pays  ;  mais  elle  n'eft  pas  fi  certaine  qu'il 
l'eft  que  Quintillien  ,  père  de  l'évêque  d'Auxerre  du 
même  nom ,  au  huitième  fiécle  ,  bâtit  à  Melered  un  hô- 
pital pour  y  loger  les  Bretons  qui  entreprenoient  le  voya- 
ge de  Rome  ;  &c  en  même  tems  un  monaftere  ,  qui  de- 
puis, étant  ruiné  ,  fut  uni  a  celui  de  faint  Germain  d'Au- 
xerre ,  fuivant  un  titre  autoijfé  au  concile  de  Pitresdu 
neuvième  fiécle.  Depuis  ce  tems  Melered  ne  fut  qua- 
lifié que  du  nom  de  Celle ,  qui  fignifioit  un  petit  mona- 
ftere. On  croit  que  ce  fut  le  comte  Conrad  qui  avoit 
procuré  cette  union.  Hilderic  .  abbé  de  faint  Germain, 
fit  réparer  ce  monaftere  fur  la  fin  du  dixième  fiécle,  ou 
au  commencement  du  fuivant  ;ik  Hugues  de  Noyers, 
évêque  d'Auxerre,  y  fit  transporter  le  corps  de  faint 
Didier,  l'un  de  fes  prédécefieurs.  Glaberr ,  moine  fort 
connu  patmi  les  hilloriens  de  France,  paile  de  ce  lieu 
de  Moutiers ,  comme  y  ayant  demeuré  quelque  tems. 
L'églifeeft  fous  le  titre  de  Notre  Dame.  Il  paroît  par  ce 
qui  en  relie  depuis  les  guerres  de  la  Religion  ,  que  c'é- 
toit  un  très-bel  édifice  du  treize  ou  quatorzième  fiécle. 
La  paroifie  eft  aujourd'hui  féparée ,  &  porre  le  nom  de 
faint  Pierre.  On  y  conferve  beaucoup  de  reliques  de  faint 
Bon,  qui  ne  peut  être  autre  que  laint  Didier,  dont  le  peu- 
ple a  changé  le  nom. 

Le  bourg  de  faint  Sauvent ,  qui  eft  dans  le  lieu  le  plus 
élevé  des  montagnes  de  Puifaye,  n'eft  qu'à  un  quart  de 
Leue  de  Moutiers.  Glabert ,  lib.x.c.j.  nous  apprend 
que  le  nommé  Robert  ,  que  quelques  François  mal  in- 
tentionnés envoyèrent  au  roi  de  Babylone  avec  des  lettres 
qui  l'excitoient  à  ruiner  les  lieux  Saints,  s'il  ne  vouloit 
lui-même  être  détruit  par  les  Chrériens,  étoit  un  do- 
meltiquc  fugitif  du  monaftere  de  Melered. 

MOUTIERS  RAMEY.  Voyez.  Montier-Ramey. 

MOUTONS ,  prieuré  de  religieufes  Bernardines  , 
en  France  ,  dans  la  Normandie ,  au  diocèfe  d'Avranches , 
près  de  Mortain.  11  a  été  réuni  au  monaftere  des  Béné- 
dictines d'Avranches ,  par  les  foins  de  feu  M.  Huer ,  évê- 
que de  cette  ville  ,  &  par  ceux  de  madame  Montai  erre  , 
fupéricurede  ces  deux  communautés. 

MOUY,  bourgade  de  France  ,  dans  la  Picardie,  au 
Beauvaifis  ,  avec  titre  de  comté.  Elle  eft  fituée  fur  le  Te- 
rain,  entre  Beauvais  &  Creil.  On  y  tient  marché  &  foi- 
re ,  &  les  habitans  y  travaillent  à  des  ferges  qui  font  ex- 
trêmement recherchées. 

MOUZAY,  bourg  de  France,  dans  la   Touraine, 


MOU 


MOY 


429 


élection  de  Loches,  au  voifinage  de  la  ville  de  ce  nom  fur  les  pluies  fréquentes  ,  par   les  torrens  qui  descendent 

le  bord  de  la  rivière  de  Cific.  des  montagnes  ,&  par  le  débordement  des  rivières.  * 

MOUZON  ,  Mofomium ,  Mofomagus  ,  petite  ville  de  Lettres  edif.  X  vol. 

France,  en  Champagne  ,  au  diocèfe  de  Reims ,  entre  MOXIANl,  peuples  de  Bithynie,  ou  aux  environs. 

Sedan,  au  nord,  &Stenay,  au  midi  :  elle  eft  iituée  au  Pcolomée  ,  L5.C.1.  les  place  au-deffous  des  Speltet/i] 

pied  d'une  colline  fort  étroite,  mais  fertile  en  grains  Se  &au-deflus  des  Phylacenfn. 

en  vins.  La  Meufe  paiTe  au  pied  de  fes  murailles ,  d'où  MOXOENA  ,  lieu  d'Afie,  aux  environs  de  la  Mé- 
dis cire  fon  nom  de  Mouzon.  Certe  rivière  le  fépare  en  die  &  de  la  Perfe,  félon  Ammien  Marcdlin  ,  /.  23  p. 


cet  endroit  en  deux  bras,  l'un  desquels  fuie  fon  cours 
ordinaire,  Se  l'autre  paiTe  par-delTus  des  éclufes  lon- 
gues de  cent  pas  dans  un  canal  large  Se  profond  ,  qui  fé- 
pare la  ville  du  fauxbourg.  Cette  ville  étoit  la  capitale 
d'une  petite  contrée  qui  appartenoic  aux  archevêques  de 
Reims  :  un  d'eux  l'échangea  avec  le  roi  de  France  Charles 
V  ,  le  16  Juillet  1379.  La  ville  de  Mouzon,  par  l'avan- 
tage de  fa  lîtuacion  Se  par  celui  de  fes  fortifications ,  a 
toujours  été  une  bonne  place  ,  qui  a  fourenu  plulieurs 
lièges  »  ôc  a  été  louvent  prife  Ôc  reprife  ,  ôc  enfin  eJl  re- 
venueà  l'obéifiaiKe  du  roi  en  l'année  1653.  Après  avoir 
été  trois  ans  entiers  entre  les  mains  des  Espagnols,  elle 
fut  reprife  par  l'armée  françoife  ,  commandée  par  le  vi- 
comte de  Tu  renne  Se  le  maréchal  de  la  Ferté  :  fes  for- 
tifications ont  fubfifté  jusqu'en  167 1  ,  qu'il  a  plu  au  roi 
d'en  ordonner  la  démolition.  L'empereur  Charles-Quint, 
étant  en  paix  avec  le  roi  François  I ,  vint  fur  les  terres  de 
la  Mark ,  feigneur  de  Sedan ,  Se  s'empara  d'abord  de 
Mouzon  ;  mais  le  roi  qui  ne  vouloir  pas  avoir  un  tel 
voifin  de  ce  côté  ,  Se  qui  avoit  eu  le  tems  de  mettre  fur 
pied  une  puifiante  armée ,  donna  par-la  le  moyen  au 
chevalier  Bayait  de  le  jetter  dans  Mezicres,  donc  l'em- 
pereur avoit  formé  le  fiége ,  ôc  Bayait  peu  de  tems  après 
reprit  Mouzon.  Il  eft  certain  que  Mouzon  eft  tort  an- 
rienne,&que  fes  habitans  ont  de  la  valeur,  puisqu'en 
1148  ,  l'antipathie  qui  étoit  entre  eux  &  ceux  de  Bouil- 
lon, les  porta  de  fe  mettre  en  campagne ,  chacun  étant 
dans  "ardeur  de  tirer  vengeance  de  fon  ennemi.  Après 
une  bataille  fanglante    ceux  de  Bouillon  furent  vaincus 
Se  répondes  jusque  dans  leurs  retranchemens  :  l'année 
drivante,  les  vaincus aiïemblerent  une  troupe  nombreu- 
fe  fous  la  conduite  de  l'evëque  de  Liège ,  Se  mirent  le 
liège  devant  Mouzon  qu'ils  emportèrent,  malgré  la  vi- 
goureufe  Se  longue  réiiftance  des  alfiégés  :  ils  y  mirent 
tout  a -feu  Se  à  fang  ,  ôc  ayant  appris  que  l'archevêque 
de  Reims  venoit  avec  de  bonnes  troupes  au  fecours  de 
Mouzon,  ils  fe  retirèrent  promptement  chez  eux.  En 
1639,  Picolomini  mit  le  fiege  devant  cette  ville;  mais  il 
fut  obligé  de  le  lever.  Mouzon  étoit  de  l'ancien  patiimoi- 
nedes  archevêques  de  Reims(/),  qui  y  avoient  fondé  l'ab- 
baye  de  Notre  Dame  de  Mouzon,  la  dotant  des  biens 
de  leur  propre  églile.  Depuis  Clovis  ils  en  étoientfou- 
Vefains  ôc  ils  y  avoient  une  cour  fouveraine.  Ces  pré- 
lats, comme  le  dit  Dupuy,    tenoient  Mouzon  noble- 
ment ëe  en  franc-afcu  ,  fans  recoilnoiflance  d'aucun  fou- 
verain  au  temporel ,  ce  lieu  érant  fit'uc  fur  les  marches 
de  France,  &  hors  d.i  royaume  du  côté  de  l'Empire; 
ce  qui  fut  caulè  de  plulïeurs  guerres  entre  les  archevê- 
ques de  Reims  &  les  évêqùes  de"  Liège.  Le  roi  Charles 
V    fit  l'acquifition  de  Mouzon ,  Se  en  même  tems  de 
Beaumonc,  par  contrat  d'échange  du  7  Février  i379,avec 
Richard  ,  archevêque  de  Reims,  à  qui  ce  roi  donna  en 
échange  Velly,  fur  la  rivière  d'Aisne ,  au  diocèfe  de  Sois- 
fons  ;  ce  qui  fut  ratifié  par  le  cardinal  légat  du  pape , 
à  condition  que  la  ville  de  Mouzon  jouiroit  de  fes  pri- 
vilèges ;  Se  en  effet  elle  a  confervé  la  cour  fouveraine 
jusqu'en  1633  ,  que  le  parlement  de  Metz  ayant  été  éri- 
gé, on  y  établit  un  bailliage  royal.  Le  territoire  de  Mou- 
zon eft  abondant  en  grains  Se  en  vins  fur  les  rivages 
de  la  Meufe.  Au-deiïousde  Mouzon  il  y  ades  prairies 
vaftes  &  fécondes ,  dent  le  pâturage  eft  fort  gras.  Il  s'eft 
tenu  deux  conciles  à  Mouzon  ,  l'un  en  948  ,  Se  l'autre 
en  995.  (a)  Mémoires  de  la  Champagne  par  Biugier,     après  faint  Hidulphe  Se  furent  tous  inhumés  en  707, 


2; 8.  Quelques-uns  écrivent  Mozena  ,  Se  d'autres  Mi- 
S£A  ou  Mizea. 

MOXORITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans 
la  Numidie  ,  félon  la  notice  des  évêchés  d'Afrique,  qui 
fournit  Domninus  Moxoritanus. 

MOYA  ,  ville  d'Espagne ,  dans  la  Nouvelle  Caftillc , 
à  onze  lieues  de  Cuença  vers  les  frontières  de  la  Cas- 
tille,  de  l'Arragon  &  du  royaume  de  Valence,  dans  un 
lieu  élevé  au  milieu  d'une  forêt  de  pins.  Cette  ville  ,  que 
defend  un  bon  château  ,  eft  pofledée  en  titre  de  marqui- 
fat  par  les  ducs  d'Escalona.  *  Délices  d' Espagne  ,  p.  35  e. 
MOYADAS  ,  bourg  d'Espagne  ,  dans  la  Nouvelle  Ca- 
ftille,  entre  Je  Tage  Se  la  Guadiana,  à  3  ou  4  lieues 
d'Althange  du  côté  du  fud  eft.  Ce  bourg ,  qui  eft  fort 
beau  ,  eft  fitué  dans  une  campagne  un  peu  inégale  ;  mais 
fort  agréable  Se  très-fertile,  ôc  qui  abonde  fur- tout  en 
oliviers.  Les  pâturages  y  font  excellens.  *  Délices  d'Es- 
pagne, p.  372. 

1.  MO  Y  AN  G,  montagne  de  la  Chine  ,dans  la  province 
de  Kiangran  ,  au  voilmage  de  la  ville  de  Hiutai.  On  lui 
a  donné  le  nom  de  Moyang.  c  ell-a-dire  la  montagne  du 
Berger ,  parce  qu'anciennement  une  fiile  d'une  rare  beau- 
té ,  Se  qui  avoit  deguilé  ion  lexe ,  ixerça  la  profeffion 
de  berger  dans  cec  endroit.  *  Allas  Smenjis. 

2.  MOYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Nanking ,  au  département  deHoaigang,  huitième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  deux  degrés  dix 
minutes  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  trente- 
quatre  deg.  40   min.  de  latit. 

MOYCASHELL,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  provin- 
ce de  Leinfter.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le 
comté  de  Veftmeath.  *  Etatpréjent  de  U  Grande  Bre- 
tagne ,  t.  3. 

MOYCULLIN,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Connaught ,  au  comté  de  Galiway ,  bornée  au  midi 
par  la  baie  de  Galiway.  Elle  a  une  ville  de  même  nom. 
C'eft  la  baronnie  la  plus  écendue  de  ce  comté.  *Etat  pré- 
fent  de  l'Irlande  ,  p.  28. 

MOYDOE  ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Leinfter.  C'eft  une  des  fix  qui  compofent  le  comté  de 
Longford.  *  Etat  prejent  de  l'Irlande  .  p.  43. 
MOYELLA  (L'iflc).  Voyez.  Moali. 
MO  VENGE,  forêt  de  France  ,  au  comtat  Wcnaiffin  ,' 
dans  la  châtellenie  de  Trivier, 

MOYEN-MOUST1ER  ,  abbaye  d'hommes ,  en  Lor- 
raine ,  au  diocèfe  de  Toul ,  entre  les  abbayes  de  Seno- 
ne  ,  d  Eftival  Se  de  S.  Diey.  C'eft  une  abbaye  régulière  de 
l'ordre  de  faint  Benoit  de  la  congrégation  de  faint  Van- 
ne ,  qui  dépend  immédiatement  du  Saint  Siège.  Elle  re- 
connoit  faint   Hidulphe,  chôrévêque  de  Trêves,  pour 
fon  fondateur.  Ce  Saint    étoit    Bavarois  d'origine ,  ôc 
ayant  embraffé  la  piofelfion  religieufe  à  Trêves ,  il  fut 
tiré  du  cloître  pour gouverneiTéghfe  de  cette  ville.  Le 
goût  que  ce  faint  prélat  avoit  po.ir  la  retraite ,  Se  le 
defir  démener  une  vie  plus  parfaite  ,  l'obligèrent  de  fe 
retirer  dans  les  défères  de  la  Vosge  ,  où  ayant  obtenu 
des  abbés  deSenone  Se  d'Eftival  une  place ,  qui  étoit  en- 
tre ces  deux  monafteres ,  il  en  bâtit  un  troifiéme  vers 
l'an  677  ,  qu'il  appdla  pour  cette  raifon  Moyen-Mous- 
tier.  Il  fe  forma  plufieurs  faints  perfonnages  dans  cette 
abbave  ,  entre  autres  faint  Spinule  ,  les  deux  frères  faint 
Jean  Se  faint  Bénigne  ,  qui  moururent  vingt  Se  un  jours 


p.  3 8 1 .  (I)  Longuerne  ,  Defcription  de  la  France,  p.  jo. 
MOXES,  nation  de  l'Amérique  méridionale ,  dans  le 
Paraguay.  Leur  pays  s'étend  depuis  Santa  Cruz  de  la 
Sierra  ,  le  long  d'une  chaîne  de  montagnes  qui  vont  du 
nord  au  fud.  Il  eft  fitué  dans  laZoneTorride  entre  les 
10  Se  les  15  deg.  delatir.  méridionale  ;  mais  on  n'en  a 
point  encore  marqué  exactemenc  les  limites.  C'eft  une 
plaine  affez  unie  ;  mais  presque  coujours  inondée  faute 
d'ilTue  pour  faire  écouler  les  eaux  qui  s'y  amaiTent  par 


dans  la  ville  de  Toul ,  en  1  eg'ife  de  faint  Grégoire. 
Leur  rranflation  fe  fit  en  954;  ils  furent  portés  dans  l'é- 
glife  principale  dédiée  à  Notre-Dame.  Cent  ans  après  la 
mort  de  faint  Hidulphe ,  les  moines  de  cette  abbaye  tom- 
bèrent dans  un  fi  grand  relâchement ,  que  le  comte  Hillin 
les  chaffa ,  Se  mit  en  leur  place  des  chanoines,  qui  y 
demeurèrent  jusqu'en  896,  que  s'étant  dérangés  à  leur' 
tour,  l'abbé  Adelberr,  moine  de  Gorze  ,  du  confenremenc 
de  Fridéric ,  duc  de  Lorraine ,  y  rétablit  la  discipline 


MOY 


43° 

mpnaïtique.  Comme  elle  le  relâcha  encore  ,  pour  la  ré- 
tablir ,  on  fournit  les  religieux  en  1600,  par  l'autorité 
du  pape  ,  à  la  congrégation  de  faint  Vanne  6c  de  faint 
Hidulphc,  par  les  loins  de  Henri  de  Lorraine  ,  évêque 
de  Verdun  &  abbé  de  ce  monaftere.  *  Piganiol,  Defciip- 
tion  de  la  France  ,  t.  7.  p.  362. 

MOYEN  VIC,  petite  ville  de  France,  dans  le  pays 
Meflin  ;  à  une  lieue  de  Vie.  Il  y  a  dans  cette  ville  des  fa- 
Unes ,  mais  on  n'y  fait  plus  de  fel.  Ce  lieu  avoir  été  for- 
tifié dans  un  marais  par  des  ufurpateurs  des  biens  de 
l'évêché  de  Metz  ornais  il  fut  pris  6c  ruiné  par  l'évêque 
Etienne  de  Bar  ,  dans  le  douzième  fiécle,  il  y  a  près  de 
fix  cens  ans ,  comme  nous  l'apprenons  d'une  ancienne 
chronique  de  Metz  ,  dont  l'auteur  appelle  Moyenvic, 
Mumtionem  inter  Vuum  &  Marfallum  ,  une  fortereffe 
entre  Vie  6c  Marfal. 

Les  Allemands  entrèrent  dans  l'évêché  de  Metz  l'an 
1630  ,  &  commencèrent  à  fortifier  Moyenvic  ;  mais 
Louis  XIII,  étant  allé  en  Lorraine  l'an  163  1  contrai- 
gnit les  Allemands  à  fortir  delà  Lorraine,  6c  le  duc  à 
quitter  leur  parti.  Le  roi  s'afiura  de  Moyenvic,  qui  a 
été  cédé  à  fon  fils  Louis  XIV  ,  l'an  1648,  au  traité  de 
Munfter ,  par  l'empereur  6c  les  états  de  l'Empire  :  mais 
après  que  Marfal  eft  venu  au  pouvoir  des  François , 
on  a  quelque  tems  après  fait  rafer  les  fortifications  de 
Movenvic  comme  d'une  place  inutile.  La  faline  de 
Moyenvic  acquife  de  l'évêque  de  Metz  par  le  duc  l'an 
1571  ,  a  été  cédée  au  roi  par  le  traité  de  Vincennes 
de  l'an  1 66  t  ;  mais  en  cas  qu'il  la  faffe  valoir  ,  il  eft 
obligé  de  diminuer  la  quantité  de  400  muids  de  fel  , 
que  le  duc  doit  fournir  par  an.  *  Longuerue  ,  Defcr.  de 
la  France,  part.  2.  p.  169. 

MOYGOISH  ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  provin- 
ce de  Leinftcr.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent  le 
comté  de  Weftmeath.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bre- 
tagne ,  t.  3. 

1.  MOYOBAMBA  ,  rivière  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Pérou.  Elle  prend  fa  fource  au-delà  des  hautes 
montagnes  des  Andes  ,  prend  fon  cours  du  midi  au  nord, 
mouille  la  partie  orientale  de  l'Audience  deLimaauffi 
bien  que  celle  de  l'Audience  de  Quito,  &  va  fe  jetter 
dans  la  rivière  des  Amazones,  un  peu  au-deffus  6c  à 
l'occident  des  ifles  6c  habitations  des  Omaguas  ou 
Aguas.  *  De  l'ifle  t  Atlas. 

2.  MOYOBAMBA  ,  ou  Santiago  de  Los  Vallès  , 
bourgade  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pérou,  dans 
la  partie  feptentrionale  de  l'Audience  de  Lima  ,  allez 
près  de  la  rivière  de  Moyobamba.  Le  nom  de  Santiago 
de  los  Vallès  lui  a  été  donné  p*ar  les  Espagnols  qui  y 
ont  envoyé  une  colonie.  Le  terrein  des  environs  eit  hu- 
mide, à  caufe  àes  pluies,  mais  fertile  en  pâturages. 

3.  MOYOBAMBA,  province  de  l'Amérique  mério- 
nale ,  au  Pérou  ,  dans  la  partie  feptentrionale  de  l'Au- 
dience de  Lima  ,  à  l'occident  de  la  rivière  de  Moyo- 
bamba. On  dit  cette  province  mal-faine  à  caufe  de  la 
quantité  de  fes  rivières ,  de  la  hauteur  de  fes  monta- 
gnes 6c  de  lepaiffeur  de  fes  forêts  qui  font  presque 
impénétrabjes.  Les  naturels  de  Moyobamba  habitent 
enfemble  par  bourgades  :  ils  font  d'un  efprirgroffier.  On 
les  tient  de  la  race  des  Chancas,  dont  la  nation  com- 
prenoit  anciennement  plufieurs  peuples.  *  Corn.  Dict. 
De  Laet ,  Defcription  des  Indes  occidentales  ,  liv.  10. 
cap.  27.  , 

MOYRASEZ,  bourgade  de  France ,  dansleRouer- 
gue  ,  élection  de  Ville  Franche. 

MOYRGALLON,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinftcr.  C'eft  la  plus  feptentrionale  des  onze 
qui  compofent  le  comté  d'Eaftmeath.  *  Etat  préfent  de 
l'Irlande,  p.   38. 

MOYSBOURG  ,  château  ,  ou  bourg  6c  chef-lieu  de 
Bailliage ,  en  Allemagne  ,  dans  le  duché  de  Brunswich- 
Lunebourg,  &  qui  appartient  aux  princes  de  cette  mai- 
fon  :  il  a  eu  fes  feigneurs  particuliers  du  nom  de  Moys- 
bourg.  Après  que  leur  race  a  manqué  ,  les  feigneurs 
d'Opperhaufen  ,  6c  eni'uite  Henri  de  Wenfe  l'ont  pofté- 
dé  par  droit  d'hypothéqué.  A  la  mort  de  celui-ci  le  duc 
Otton  II ,  de  la  branche  d'Harbourg  ,  s'en  eft  mis  en 
poffeflion.  Son  fils  ,  le  duc  Guillaume ,  le  fit  rebâtir  à 
neuf  en  1618  ,  &c  fit  pafler   tout  à  l'entour  les  eaux 


MOZ 


de  la  rivière  d'Efte  ,  qui  va  fe  rendre  dans  l'Elbe  au 
duché  de  Brème.  *  Zeyler ,  Top.  Duc'  Brunsw. 

MOYSENRAGH  ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  pro- 
vince de  Leinlîer.  C'eft  une  des  onze  qui  compofent 
le  comté  d'Eallmeath.  *  Etat  préfent  de  l'Irlande  ,  pag. 
38. 

MOYTROU  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Maine ,  éle- 
ction du  Mans. 

1.  MOZAMBIQUE  ,  MOSAMBIQUE  &  Mossam- 
bique.  On  entendoit  autrefois  par  ce  nom  un  promon- 
toire de  la  mer  des  Indes  ,  fur  la  côte  orientale  d'Afri- 
que, vis-à-vis  1'ifle  de  Madagascar,  &  le  même  pro- 
montoire qu'on  prétendoit  que  Ptolomée  avoit  appelle 
Prajjnm  promontoruirn  ,•  mais  à  préfent  c'elt  une  ifle  fur 
la  même  côte  d'Afrique  ,  à  1;  deg.  de  latit.  mérid. 
à  une  grande  demi-lieue  du  continent  dans  un  golfe. 
Cette  ifle  a  au-devant  d'elle  deux  autres  petites  ifles 
qui  font  comme  alignées  à  la  terre  ferme,  d'où  le  père 
Jarric  conjecture  que  l'eau  ayant  peu  à  peu  gagné  la 
terre  ,  a  formé  ces  ifles  dans  le  lieu  où  étoit  le  cap. 
La  plus  orientale  de  ces  ifles  porte  à  préfent  le  nom 
de  Saint  George,  &  l'autre  a  celui  de  Saint  Jac- 
ques :  toutes  deux  font  fans  habitans  ,  6c  d'une  allez  pe- 
tite étendue  -,  mais  celle  de  Mozambique  eft  bien  peu- 
plée ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  grande  ,  n'ayant  de  largeur 
que  la  portée  d'une  arquebufe&  quatre  fois  autant  de 
longueur.  Le  terrein  elt  uni  de  même  que  le  rivage, 
qui  elt  tout  couvert  de  fable  blanc.  *  Le  P.  Jarric , 
Hift.  des  Indes  orientales ,  p.  154.  édit.  161 1. 

L'ifle  de  Mozambique  fut  découverte  par  Vasco  de 
Gamo,  Portugais  l'an  ij?8.  Pour  y  arriver  on  patte 
entre  les  ifles  de  faint  George  6c  de  faint  Jacques,  & 
le  continent ,  en  les  laiffant  à  main  droite  du  côté  du 
fud  ,  6c  le  continent  à  main  gauche  du  côté  du  nord  , 
&  l'on  va  jusqu'au  fort  fans  avoir  befoin  de  pilote  co- 
der ;  car  il  y  a  de  la  profondeur  fuffifamment ,  &  on 
voit  diftinctement  les  bancs  &  les  bas  fonds  qui  font 
du  côté  du  continent  à  un  jet  de  pierre  de  l'ifle  , 
6c  les  vaitteaux  y  font  comme  dans  un  fort  à  l'abri  de 
tous  les  vents.  *  P.  van  Caerden ,  fécond  voyage  aux 
Indes  orientales. 

11  y  a  dans  cette  ifle  quantité  de  palmiers  ,  d'oran- 
gers ,  de  citronniers ,  de  limonniers  &  de  figuiers  des 
Indes  \  mais  on  n'y  trouve  pas  les  autres  fruirs  qui  font 
aux  Indes,  ou  bien  ils  n'y  font  pas  communs,  car  on 
les  y  apporte  d'ailleurs.  Il  faut  auflî  y  apporter  l'eau 
douce  dont  cette  ifle  manque  :  on  va  la  chercher  dans 
le  continent.  On  voit  à  Mozambique  beaucoup  de  bœufs, 
de  brebis,  de  chèvres,  de  pourceaux  6c  de  poules.  La 
queue  des  brebis  peut  pafler  pour  un  cinquième  quartier 
de  la  bête.  Les  poules  ont  les  plumes  &  la  chair  noires  -, 
elles  font  pourtant  de  bon  goût.  La  chair  de  pour- 
ceau eit  un  mets  délicieux ,  &  furpafle  en  délicateffe 
celle  de  tous  les  autres  animaux  à  quatre  pieds. 

Les  naturels  du  pays  font  noirs ,  &  fort  fournis  aux 
Portugais.  11  y  en  a  quelques-uns  qui  font  Chrétiens, 
d'autres  Mahométans  6c  le  relie  eit  idolâtre.  Les  hom- 
mes vont  tout  nuds  ,  n'y  ayant  que  l'extrémité  de  leurs 
parties  naturelles  qu'ils  couvrent  d'un  petit  linge  qui  y 
eft  lié.  Pour  les  femmes  elles  font  couvertes  depuis 
le  deflbus  des  mamelles  jusqu'à  la  moitié  des  cuiffes, 
6c  cet  habillement  eft  d'une  grotte  toile  de  coton.  Les 
noirs  du  continent  font  encore  plus  fauvages  ;  les  hom- 
mes 6c  les  femmes  y  font  également  nuds  6c  ne  cou- 
vrent aucune  partie  de  leurs  corps  :  ils  fe  nourriffent 
de  chatte  &  de  chair  d'éléphans.  C'cft  ce  qui  fait  qu'on 
tire  de  ces  pays  tant  de  dents  de  ces  fortes  d'ani- 
maux. 

Pour  tirer.de  la  rade  de  la  mer  par  le  travers  du 
fort  fous  lequel  il  faut  pafler ,  on  porte  le  cap  au  fud- 
eft  ,  un  peu  plus  vers  l'eft,  parce  que  proche  de  la  pla- 
ce il  y  a  une  roche  à  laquelle  il  faut  faire  honneur.  II 
ne  faut  pas  non  plus  s'approcher  des  bancs  qui  font  du 
côté  du  continent  ;  il  faut  courir  autant  que  l'on  peut 
fur  huit  ou  neuf  braffes,  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  dépafïé 
le  fort  :  alors  on  peut  aller  mouiller  fous  les  petites  ifles , 
hots  de  la  portée  du  canon  de  la  place  qui  eft  à  l'oueft 
6c  à  l'oueft-quart  du  nord-oueft,  fur  huit  ou  neuf  bras- 
fes  de  profondeur  ,  6c  l'on  y  eft  à  l'abri  de  tous  les  vents. 
Pour  continuer  à  s'élever  depuis  cet  endroit ,  il  faut 


MSR 


MUC 


prendre  fon  cours  à  l'eft  &  à  l'eft-quart-fud-eft.  Il  y  a 
un  banc  étroit  à  la  plus  méridionale  de  ces  deux  ifles  > 
qui  court  en  mer ,  &  qu'il  faut  bien  prendre  garde 
à  parer.  Il  y  en  a  tout  de  même  un  à  la  plus  fepten- 
trionale,  mais  les  brifans  font  qu'on  pare  plus  aifément 

celui-ci. 

Z.MOZAMBIQUE,  ville  d'Afrique,  fur  fa  côte  orien- 
tale entre  Queloa  au  nord ,  8c  Sofala  au  fud  ,  visa  vis 
l'irte  de  Madagascar ,  &capitale  de  l'ifle  de  même  nom. 
Les  Portugais ,  qui  en  font  les  maîtres,  ainfi  que  de  toute 
l'ifle  ,  la  regardent  avec  raifon,  comme  la  clef  des  In- 
des ,  de  façon  ,  que  s'ils  l'avoient  perdue ,  difficilement 
pourroient-ils  faire  le  commerce  aux  Indes.  Ils  s'y  ra- 
fraichiflent  &  y  font  aiguade  ,  afin  de  pouvoir  continuer 
leur  navigation  ;  car  il  ne  feroic  pas  aifé  de  faire  ce  voya- 
ge tout  d'une  traie.  Elle  leur  fert  aufli  pour  aiïiarer  le 
trafic  qu'ils  font  avec  les  peuples  des  environs ,  com- 
me de  Sofala  8c  de  Monomotapa ,  d'où  ils  tirent  une 
grande  quantité  d'or  -,  elle  fert  encore  à  tenir  en  bride 
les  rois  ou  princes  de  cette  côte  ,  qui  leur  font  presque 
tous  fujets  au  alliés.  Les  religieux  de  l'ordre  de  S.  Do- 
minique ont  une  maifon  à  Mozambique.  *  Le  P.  Jarric, 
Hift.  des  Indes  orient,  p.  15  r.  édir.  161 1. 

Cette  ville  n'a  pour  habitans  que  des  étrangers  8c 
des  M rhomérans  :  les  naturels  du  pays  font  des  Nègres 
du  continent,  il  y  a  peu  de  ports  que  les  Portugais  elti- 
ment  autant  que  celui  de  Mozambique,  parce  qu'il  offre 
une  rcrraite  fure  pour  l'hiver. 

La  fortereiïe  de  Mozambique  eu:  une  des  meilleures 
que  les  portugais  ayenr  dans  les  Indes  :  elle  eft  bien  flan- 
quée &  environnée  de  trois  remparts  ou  murailles.  On 
y  a  pratiqué  des  citernes  pour  y  couferver  de  l'eau.  La 
garnifon  eit  nornbreufe  8c  a  toujours  bonne  provifion 
de  vivres.  Les  Hollandois  l'aflîégerent  fans  fuccès  au 
mois  de  Mars  1607.*  P.  Van  Caerden  ,  fécond  voyage 
aux  Indes  <.>rienr.ilcs. 

$.  MOZAMBIQUE  (  Le  canal).  Voyez,  au  mot  Ca- 
^al  ,  le  Canal  de  Mozambique. 

MOZEL.  Voyez.  Mosel. 

MOZON.  Corneille,  Ditt.  dit ,  fans  citer  de  garant  : 
Mozon,  petite  rivière  de  France,  qui  a  fa  fource  dans  les 
montaanes  delà  Marche. Elle pafleau-deflus  de  la  Motte- 
Barrois ,  &  va  fe  rendre  dans  laMeufe  à  Neufchâtel. 

MÛZOTCORITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique 
dans  la  Byfacène,  félon  les  auteurs  de  l'hilloire  Sacrée 
qui  eit  au  devant  des  œuvres  de  S.  Optât,  de  l'édition  de 
Dupin.  La  notice  des  évêchés  d'Afrique  ,  publiée  par 
Schelitrate  ,1k  Moroteoiutanus.  Il  a  été  aifé  de  faire 
une  r  d'un  z, .  &  un  e  d'un  c.  C'eft  la  différence  qui  fe 
trouve  entre  les  deux  orthographes  de  ce  mot. 

MOZOTENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie  Sitifenfe  ,  félon  la  conférence  de  Carthage  > 
qui  fournit  VilUtlcus  Moz.otenjis. 

M  S. 

1 .  MSCRISL  AU,  palatinat  du  grand  duché  de  Lithua- 
nie  ,  8c  le  plus  oriental.  Il  confine  au  nord  avec  celui  de 
Wiwps ,  dont  il  eft  fépaté  par  le  Nieper  -,  au  levant  avec 
les  duchés  de  Smolensko  8c  de  Czernikow  ;  au  midi 
avec  la  Volhinie  ,  8c  au  couchant  avec  le  palatinat  de 
Minski.  H  s'étend  l'elpace  de  foixante  lieues  communesde 
France  le  long  du  Nieper  qui  le  parcourt  du  nordau  midi, 
8c  qui  le  partage.  Sa  largeur  eft  environ  quarante-cinq 
lieues ,  en  y  comprenant  le  territoire  de  Rohaczow ,  qui 
en  eft  indépendant. 

2.MSCRISLAU  .ville  capitale  du  palatinat  de  même 
nom,  8c  la  plus  orientale  de  la  Lithuanie,  fur  les  fron- 
tières du  duché  de  Smolensko.  Elle  eit  défendue  par  un 
fort  où  il  y  a  toujours  garnifon.  Les  Jefuites  y  ont  une 
million.  Les  Moscovites  prirent  8c  ruinèrent  cette  ville 
en  1660  ,  mais  elle  s'eft  rétablie  depuis. 

1.  MSR  AT  A  ,  ville  d'Afrique,  au  royaume  de  Tri- 
poli, fur  la  pointe  du  cap  qui  forme  l'extrémité  occiden- 
tale du  golfe  de  la  Sidre.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

2.  MSR  ATA,  pays  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Tri- 
poli ,  félon  de  Tlflc.  Ce  pays  eft  bordé  au  nord  par  la 
mer  Méditerranée  ,  à  l'orient  par  le  golfe  de  la  Sidre  , 
au  midi  par  le  pays  de  Haicha ,  8c  à  l'occident  par  la  ri- 


431 


viere  de  Magra  8c  par  le  défert  d'Ezzab.  Les  places  qu'il 
lui  donne,  font 

Mfrata,     Tabia ,     Lebeda,     Ziliten,     Colbene.   ' 
M  U. 

MUABUS,  fleuve  de  laPamphylie,  félon  Ortelius. 
Thef.  qui  cite  Antigonus ,  in  Mirabdib. 

MUCK  ,  ifle  de  la  mer  d'Ecofie  ,  à  l'orient  de  Rum. 
Elle  eft  mife  au  nombre  des  plus  petites  ifles  de  cette 
mer  :  on  lui  donne  quatre  milles  de  tour  :  elle  eft  envi- 
ronnée de  rochers  :  elle  pafle  pour  être  fertile  en  bled 
8c  en  pâturages;  8c  elle  fe  diftingue  par  la  beauté  de  fes 
faucons.  *  Etat  préfent  de  la  Grande-Bretagne  ,  t.  2. 
pag.  291. 

MUÇAMUDINS  ,  peuples  d'Afrique ,  l'une  des 
cinq  colonies  ou  tribus  des  Sabéens ,  qui  vinrent  s'éta- 
blir en  Afrique  avec  Melec-Ifiriqui ,  roi  de  l'Arabie  Heu- 
reufe.  Ils  onteonfervé  leur  ancien  nom  ,  ôc  font  une  tri- 
bu des  Béréberes.  Ils  occupent  la  partie  la  plus  occiden- 
tale de  l'ancienne  Mauritanie  Tingitane,  &  habitent  dans 
les  montagnes  du  Grand  Atlas ,  depuis  la  pointe  que  l'on 
nomme Iduacal, qui  avance  dans  lOcéan ,  jusqu'à  la  pro- 
vince d'Escura  ou  de  Dominette ,  avec  les  coteaux  ôc 
les  plaines  de  part  8c  d'autre ,  dans  l'étendue  des  pro- 
vinces de  Hea,  de  Sus ,  de  Gezula  &  de  Maroc.  La  ville 
d'Agmet  eft  leur  capitale.  Les  Muçamudins  ont  régné 
en  divers  tems  en  Barbarie,  en  Numidie  8c  en  Libye, 
fur  le  déclin  de  l'empire  des  Arabes;  car  auparavant 
ils  n'étoient  gouvernés  que  par  les  chefs,  ou  chèques  de 
chaque  communauté.  *  Marmol ,  Defcrip.  générale  de 
l'Afrique  ,  1.  A  p.  69. 

MUCASUM ,  nom  d'un  lieu ,  où  Traliianus  écrit 
qu'un  certain  Zekedenthes  avoit  vécu  cent  ans.  C'eft  Or-. 
telius ,  Tbefaur.  qui  me  fournit  cet  article. 

MUCERIN^E,  ville  d'Egypte  dans  le  Nome  Sais; 
félon  Ortelius  qui  cite  Héfyche. 

MUCHAWECZ ,  petite  rivière  de  Pologne  dans  la 
Lithuanie  ,  au  palatinat  de  Brzescie.  Son  cours  eit  du  le- 
vant au  couchant,  en  fe  recourbant  vers  le  midi ,  ÔC 
va  fe  joindre  au  Boug  près  de  Brzescie.*  De  l'ifle ,  Atlas. 

MUCHEAS,  lieu  fortifié  quelque  part  au  voifinage 
de  l'Arabie,  félon  l'hiftoire  Miscellanée , lié.  8;citéepac 
Ortelius  ,  Tbefaur. 

MUCHELN  ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Thu« 
ringe ,  fur  la  rivière  de  Geyfel ,  entre  Hal  8c  Naum- 
bourg.  Elle  fait  partie  du  bailliage  de  Frey bourg,  qui 
appartient  à  l'électeur  de  Saxe.  Elle  fut  brûlée  en  1621  , 
par  les  Impériaux,  qui  étoient  fous  les  ordres  du  comte 
de  Tilli.  *  Zcyler  ,  Topog.  Super.  Saxon. 

MUCHIRISIS ,  ville  des  Perfes  ,  à  ce  que  croit  Or- 
telius ,  Tbefaur.  Il  jdge  fur  un  partage  d'Agathias ,  /.  2. 
qu'elle  étoit  aux  environs  de  Phafis  dans  la  grande  Ar- 
ménie. * 

MUCHIRUS ,  lieu  de  la  Dalmatie  ,  presque  fur  la. 
côte,  &  dans  le  voifinage  de  Salo  ou  Salon  ,  félon  Pro- 
cope  ,  Gothor.  I.  3  . 

MUCHLI ,  bourg  de  la  Morée  dans  la  Zaconie,  en- 
tre îes  fources  de  l'Alphée,  à  fix  lieues  de  Napoli  de 
Romanie ,  vers  le  midi  occidental.  On  croit  que  c'eft 
l'ancienne  Tegea.  Voyez,  ce  mot.  *  Baudrand,  DicT:, 
édit  1705. 
MUCHTUSII ,  peuples  de  l'Afrique  propre.  Prolomée, 
/.  4.  et.  les  place  au-defibus  des  Mutur gures. 

MUCIA. Voyez.  Mutia. 

MUC1ALLA  ,lieu  d'Italie  à  unelieue  de  la  ville  de  Flo- 
rence du  côté  de  Ravenne ,  à  ce  qu'il  femble  par  un  pas- 
fage  deProcope  ,  Gothor.  I.  $.  Celfus  Cittadinus  prétend 
que  ce  foit  aujourd'hui  Mugello. 

MUCIAN A  VILLA  ,  maifon  de  campagne  entre  Ro- 
me 8c  Oflie.  Plutarque  en  parle  dans  la  vie  de  Ma- 
rius,au  beau-pere  duquel  elle  appanenoir,  8c  de  qui 
apparemment  elle  tiroit  fon  nom  ,  car  il  s'appelloic 
Mucius. 

MUC1SSUS ,  ville  de  la  Cappadoce,  félon  Etienne 
le  Géographe  Procope  ,  sEdific.  I.  j.c.  4.  en  parle  auffi. 
Comme  il  y  avoit ,  dit-il ,  dans  une  rafe  campagne  un 
fort  nommé  le  fort  de  Mocèfe ,  (  Mucifjus  )  qui  étoic 
dans  un  fi  mauvais  état ,  qu'une  partie  de  fes  bâtimens 


MUG 


432, 

étoit  tombée  en  ruine  ,  Se  que  l'autre  éroic  prête  d'y  tom- 
ber ,  Juftinien  le  rafa  entièrement  ;  Se  comme  ce  fort 
avoit  fervi  de  défenfe  à  la  ville  de  Céfarée ,  cet  empe- 
reur éleva  à  la  place  une  muraille ,  du  côté  de  l'occi- 
dent de  cette  ville,  fur  une  colline  fort  roide  &  d'un 
accès  difficile,  &  dans  l'étendue  de  fon  enceinte  il  fit  bâ- 
tir des  églifes,  des  hôpitaux  ,  des  bains  ,  Se  autres  édi- 
fices de  cette  nature,  qui  relevé  la  gloire  des  villes. 

MUCONI,  peuples  de  la  Mauritanie  Céfarienne. 
Ptolomée  /.  4.  c.  i.  dit  qu'ils  étoient  plus  orientaux 
que  les  Tulenfii.  Ses  interprêtes  hfenr  Mucuni ,  au  lieu 
de  Mutoni. 

MUCRA  ou  Mugra  ,  noms  latins  de  deux  rivières 
de  France  ,  dans  la  Brie  ,  Se  qu'on  nomme  le  grand  Se 
le  petit  Morin.  Voyez.  Morin. 

MUCRi£ ,  ville  d'Italie  dans  le  Samnium.  Il  en  eft 
parlé  dans  ce  vers  de  Silius  Italicus/.  8.  v.  ;66. 

Qui  Batulum  Mucrasque  mttunt ,  Boviania  quique 
Exagitam  lujlra ,  &c 

Silius  Italicus  eft  le  feul  auteur,  jepenfe,qui  fane 
mention  de  cette  ville,  à  moins  qu'on  ne  veuilledire  que 
ce  fou  la  Nucria  d'Etienne  le  géographe  &  de  Suidas. 
Arnould  Drackenborch  ,  dans  l'édition  qu'il  nous  a  don- 
née de  Silius  Italiens,  au  lieu  de  Mucra,  lit  NucrtuOn  ne 
fauroit  dire  au  jufte  quclleétoit  la  fituation  de  cette  ville. 

MUCR1TI ,  peuple  aux  environs  de  l'Inde,  félon 
Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Callilte.  /.  18.  c.  30. 

MUDARNI ,  petite  ville  d'Afic,  dans  la  Natolie.  Les 
noms  anciens  font  Modrena  &  Comopolis.  Voyez.  Co- 

MOPOLIS. 

MUDERNO  ou  Madermo  ,  comme  écrit  Magin  , 
Carte  du  Bref/an ,  château  d'Italie  dans  le  Brefian ,  fur 
la  côte  feptentrionale  du  lac  Garda ,  au  midi  oriental 
de  Salo. 

MUDUTTI,  peuples  de  l'ifle  de  Taprobane.  Ptolo- 
mée ,  /.  7.  c.  4.  les  met  dans  la  partie  feptentrionale 
de  l'ifle  avec  les  C  alibi. 

MUELA  ou  Muel  ,  bourg  d'Espagne  dans  l'Arra- 
gon ,  fur  la  rivière  de  Guerva,  environ  à  quatre  lieues 
au  midi  occidental  de  Saragofle.  Quelques-uns  le  pren- 
nent pour  l'ancienne  Secontia.  Voyez.  Secontia.  *  Jail- 
lot ,  Atlas. 

MUENNA  ,  ville  de  la  Gaule  Belgique.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Bagacum  Nerviorum 
à  Durocortorum  ,  entre  Minaticum  Se  Duroçjrtorum  ,  à 
dix-huit  milles  de  la  première  &  dix  milles  de  la  féconde. 

MUER,  Mura  .  rivière  d'Allemagne  ,  dans  le  duché 
de  Stirie.  Elle  a  fa  fource  dans  la  partie  orientale  de  l'ar- 
chevêché de  Saltzbourg  ,  au  midi  occidental  de  Mau- 
troff.  Elle  coule  de  l'oueft  à  l'eft  en  ferpentant.  Dans 
fa  courfe  elle  mouille  Mautroff,  Muraw ,  Schyfling , 
Weiftritz,  Judenburg,  Knitfcld,  Kobenez,  S.  Michel, 
Levfben ,  Pruck  an  den  Muer  ,  Gratz ,  Murch  ^Mureck, 
Rackellburg  ,  Lutnberg  Se  Sakhon  ,  au-deflbus  duquel 
elle  fe  jette  dans  la  Dravre.  Lesprincipalesrivieresqu'elle 
reçoit  font  le  Radmar ,  g.  la  Muocz  ,  g.  le  Grades  Se 
le  Kaynach ,  d.  *  Jaillot ,  Atlas. 

MUERAW ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  haute  Stirie 
fur  la  Muer,  aux  confins  de  l'archevêché  de  Saltzbourg. 
Elle  fe  trouve  divifée  par  cette  rivière  en  deux  parties  , 
dont  plufieurs  ponts  font  la  jonction.  Philippe  Clavier 
prétend  qu'elle  étoit  autrefois  appellée  Bruck  ,  félon  la 
langue  du  pays,  parce  que  ce  fut  en  cet  endroit  que  fut 
jette  le  premier  pont  fur  la  Muer  :  aurefte,  elle  a  trois 
grandes  places  publiques ,  fept  portes ,  Se  généralement 
elle  eft  allez  bien  bâtie.  L'églife  paroiffiale,  qui  eft  fort 
belle,  eft  firuée  fur  un  terrein  plus  élevé,  que  celui  où 
eft  le  refte  de  la  ville  ,  fi  on  en  excepte  le  château ,  qui 
eft  bâti  fur  une  colline  avec  beaucoup  de  magnificence, 
fur-tout  depuis  qu'on  en  a  réparé  &  augmenté  confidé- 
rablement  les  bâtimens.  Il  y  en  avoit  encore  un  autre  , 
dont  on  voit  les  ruines  ;  il  fut  détruit  par  les  ordres  d'Ot- 
tocare,  roi  de  Bohême,  lorsque  ce  prince  foupçonna  les 
feigneurs  Henri  Se  Othon  de  Lichtenftein  ,  à  qui  ce  do- 
maine appartenait  autrefois ,  d'avoir  voulu  y  rentrer  par 
force.  Les  ancêtres  de  ces  feigneurs,  qui  s'étoient  trou- 
vés chargés  de  dettes ,  s'en  étoient  débarraiïés ,  en  en- 
gageant cette  ville  Se  plufieurs  autres  pofleflions.  Leur 


MUG 


race  s'éteignit  en  16 19.  11  y  avoit  dans  cet  endroit  ua 
fort  bon  collège,  avant  que  la  religion  proteftante  s'y  in- 
troduisît. Les  archiducs4  d'Autriche  ont  eu  foin  de  le 
pourvoir  dans  la  fuite  de  profefieurs  catholiques.  On  a  vu 
fortir  de  cette  école  plufieurs  grands  hommes.  *  Zeyler, 
Topogr.  Stiriar. 

MUERECK ,  bourg  d'Allemagne  dans  la  Bafie  Stirie, 
fur  la  Muer  ,  à  fix  lieues  au-defibus  de  Gratz.  Il  y  a  un 
château  aftez  bien  bâti  fur  la  même  rivière  :  il  apparte- 
noit  ci-devant  avec  le  bourg  &  les  dépendances,  aux  fei- 
gneurs de  Stubenbcrg.  Pyrkamerus  Se  Bertius  croient 
que  Mureck  eft  le  Muroèla  dont  parle  Ptolomée.  * 
Zeyler ,  Top.  Stir. 

MUETLE  ou  Meute  ,  château  royal,  fitué  à  l'entrée 
du  bois  de  Boulogne  du  côté  de  Pafly.  Ce  château  fert 
pour  le  repos  de  chaffe ,  toutes  les  fois  que  le  roi  y  va 
dans  le  bois  ou  aux  environs. 

MUFITI  ou  Mufti.  Voyez.  Amsanctus. 

MUGE  ,  forterefle  des  Pays-Bas ,  fur  la  rive  gauche  de 
laMeufe,  vis-à-vis  de  Gorcum  *  Dictionnaire  géographe 
que  des  Pays-  Bas. 

MUGELLO,  contrée  d'Italie  dans  la  Toscane  :  elle 
s'étend  le  long  des  deux  bords  de  la  rivière  de  Siéve ,  en- 
tre le  mont  Apennin  Se  la  rivière  d'Arno.  Cette  contrée 
ou  vallée  a  pris  fon  nom  du  village  Mugello  ,  ap- 
pelle anciennement  Mucialla.  Voyez,  ce  mat.  *  Magin , 
Carte  du  Florentin. 

MUGELN  ,  petite  ville  d'Allemagne  dans  la  Misnie, 
fituée  fur  la  Colnits  près  de  Leisnick ,  &  à  trois  milles  de 
Strehlen  :  elle  appartient  avec  le  bailliage,  dont  elle  eft  le 
chef  lieu,  Se  le  château  de  Rugethal ,  à  l'évêché  de  Meis- 
fen.  *  Zeyler  Top.  Sup.  Saxon. 

MUG  EN ,  bourgade  de  Portugal ,  dans  PEftremadou- 
re,  au  confluent  de  la  petite  rivière  de  Colo  &  du  Tage, 
à  huit  lieues  de  Lisbonne.  On  l'appelle  autrement  Por- 
to de  Mugen.  Son  nom  lui  vient  des  Muges,  forte  de 
poiflbn ,  dont  la  pêche  eft  très  abondante  dans  cet  en- 
droit. *  Délices  de  Portugal ,  pag.  780. 

MUGGIAou  Muglia;  ville  d'Italie  (  a  )  dans  l'Iftrie, 
fur  la  côte  orientale  d'un  golfe  de  même  nom ,  à  cinq 
milles  de  Triefte  du  côté  du  midi.  Cette  ville  a  deux 
tours  à  l'entrée  de  fon  port  ;  Se  au-deflus  de  la  ville  (  b) 
il  y  a  un  château,  d'où  l'on  donne  avis  par  un  lignai  à  ceux 
d'en  bas ,  de  toutes  les  barques  qui  entrent  dans  le  port. 
Muggia  fe  fournit  volontairement  aux  Vénitiens,  en 
1420.  Le  dernier  jour  du  carnaval,  il  fe  fait  à  Muggia 
une  danfe ,  qu'on  nomme  le  Bal  de  la  Verdure.  Les 
hommes  Se  les  femmes  ont  des  guirlandes  vertes  fur  la 
rête ,  Se  à  la  main  un  arc  compofé  d'or ,  de  branches  Se 
d'oranges.  Les  hommes  font  une  troupe  &  les  femmes 
une  autre.  Les  premiers  commencent  à  unir  fous  ces  arcs 
ceux  de  leur  parti ,  en  forte  que  chaque  homme  fe  trou- 
ve au  milieu  de  deux  femmes  ,  ayant  un  arc  en  chaque 
main ,  Se  les  femmes  de  la  même  forte,  chacune  au  mi- 
lieu de  deux  hommes  ,  avec  auflî  un  arc  en  chaque  main  : 
ainfi  ils  fe  joignent  de  telle  forte  par  le  moyen  de  ces  arcs, 
qu'il  ne  femble  pas  qu'il  fuit  aifé  de  les  féparer.  Les  hom- 
mes &  les  femmes  pourfuivent  ainfi  leur  danfe ,  Se  entre- 
croifant  leurs  mains ,  ils  s'entremêlent  fous  ces  arcs,  après 
quoi  ils  fe  développent ,  Se  fe  trouvent  divifés  en  deux 
troupes  comme  auparavant.  Simler,  veut  que  ce  foit  la 
Ningum  de  l'itinéraire  d'Antonin.  (  a  )  Magin ,  Carte  de 
l'Iftrie.  (  b  )  Cor.  Did.  Manzol,  Iftrie, 

MUG1LLANI.  Voyez  Mœguani. 

MUG1LONES,  peuples  de  la  Germanie,  que  Ma- 
robodus  avoit  fubjugués ,  félon  Strabon.  Lazius  dit 
qu'ils  habitoient  dansl'Autriche ,  fur  les  bords  du  torrent 
Muhei. 

MUGLITS,  ville  de  la  Moravie,  près  de  Hanftatt, 
Se  de  la  rivière  Morawa  ,  entre  Tribau  Se  Neuftadtr.  Du 
tems  que  Ziska ,  général  des  Huflites ,  la  prit ,  favoir  en 
1413  ,  elle  étoit  bien  fortifiée ,  félon  la  manière  qui  étoit 
alors  en  ufage.  *  Zeyler ,  Topogr.  Moravia;. 

MUGLYN  ,  montagne  de  la  Chine  ,  peu  éloignée  de 
la  ville  de  Nanhiung.  Voyez.  Muilin. 

MUGRON,  ville  de  France,  dans  la  Gascogne,  éle- 
ction de  Lannes.  Elle  eft  fituée  fur  la  pente  d'une  mon- 
tagne ,  dans  l'archiprêtré  de  Chalotfe  ,  l'un  des  fix  de  l'é- 
vêché d'Aire.  Cette  ville  eft  la  dernière  de  ce  diocèfe  du 

côd 


MUH 


MUH 


•  côté  de  celui  d'Acqs.  On  y  charge  quantité  de  vins  du 
pays. 

MUGUAS  ,  lieu  de  laNumidie.  C'étoit  un  fauxbourg 
delà  ville,  nommé  Cnirtenfu  colonia ,  félon Ufuard  dans 
la  vie  de  S.  Marian.  *  Ortelii  Thefaur. 

MUH ALLAC A ,  ville  de  l'Egypte,  fur  le  bord  du  Nil. 
Il  y  a,  dit  Marmol ,  Dejcription  de  L' Egypte ,  /.  u.c.  27. 
de  bons  logis ,  Se  des  bârimens  anciens ,  avec  une  belle 
mosquée  fur  le  bord  du  fleuve.  Tous  les  environs  font 
pleins  de  palmiers  Se  de  figuiers  d'Egypte.  La  ville  elt  pe- 
tite ,  &  l'on  y  vit  comme  au  Caire.    Il  pourroit  fe  fai- 
re que  cette  ville  feroit   aujourd'hui  un  lieu  des  Cas- 
fr-Iflcemma  ,  où  le  pere  Vanslcb,  Relation  d'Egypte  ,p. 
237  ,  dit  qu'il  vifita  l'églife  de  Muallaca.  C'elt ,  ajou- 
te t-il  ,  une  églife  fort  ancienne,  magnifique  ,  très-claire, 
&  la  plus  belle  que  tous  les  Coptes  ayent  dans  toute 
l'Egypte.  Elle  cllpatriarchale  ,  Se  c'ell  où  le  patriarche 
célèbre  fa  première  meffe  pontificale.  Les  Coptes  l'ont 
achetée  d  Amru-ibn-il  A Çs .  On  en  voit  le  contrat  écrit 
fur  les  murailles  de  l'églife  ,  de  la  propre  main  de  ce 
prince,  &  où  il  maudit  tous  les    Mahométans    qui  la 
leur  voudront  ravir.  11  y  a  dans  cette  églife  ,cinq  heikels 
ou  chapelles  de  rang  ,  mais  féparées  l'une  de  l'autre  par 
des  petits  treillis  de  bois ,  de  forte  qu'on  y  peut  dire  cinq 
à  fix  melTes  à  la  fois,  fans  que  les  prêtres  s'interrompent 
les  uns  les  autres.  A  l'entrée  de  l'églife,  oh  voit  fur  une 
des  colomnes  à  main  droite  ,  une  petite  image  de  la  Ste 
Vierge,  que  les  Coptes  difent  avoir  parlé  à  Ephrem , 
un  de  leurs  patriarches  :  elle  le  confola ,  lorsqu'il  étoit 
fort  affligé  de  ce  que  Mecz.-le-din-alla ,  calife  de  ce  tems, 
lui  avoit  commandé  de  transporter  la  montagne  ,  nom- 
mée Gahel-'d  wtocattam ,  qui  eit  derrière  le  château  du 
Caire,  d'un    lieu  à  un  autre.  Le  calife  vouloit   qu'E- 
phrem  opérât  ce  miracle  en  preuve  de  fa  religion,  fon- 
dée ùir  les  paroles  du  Sauveur  ,  M<itth.  17.  29.  qui  dit  ; 
Si  vous  aviez,  de  la  foi  comme  un  grain  de  fénevé  ,vour 
diriez,  à  cette  montagne  :  Transportes-toi  d'ici  là  ,  &  elle 
s'y  tramporteroit.  En  même  tems  il  ménaçoit  le  patriar- 
che ,  s'il  ne  transportoit  pas  la  montagne ,  de  détruire  en- 
tièrement fa  nation ,  comme  des  gens  qui  profefTent  une 
faillie  religion,  &qui  ne  méritoient  pas  de  vivre  parmi 
les  mahométans,  qui  étoient  fidèles.  La  ttadition  veut  que 
cette  image  afîura  Ephrem  qu'il  transporte!  oit  la  mon- 
tagne ,  en  dépit  des  Juifs,  qui  avoient irrité  le  calife ,  con- 
tres les  Chrétiens.  C'ell  de-la  que  vient  la  vénération  pour 
cette  image. 

MUHAVEL,  petite  ville  de  l'Iraque  Arabe,  à  deux 
lieues  de  Bagdac ,  &  à  l'occident  de  cette  ville.  Elle  eu: 
fituée  fur  la  rivière  ou  canal  dlilTa  ;  fes  jardins  s'éten- 
dent jusqu'à  Bagdar.  Il  y  avoit  autrefois  un  cabinet  d'une 
beaiué  fans  égale  :  l'on  en  voit  encore  les  vertiges.  *  Ma- 
mtfcrits  de  la  Bibliothèque  du   Roy. 

MUHAYSIRA,  ville  d'Egypte  ,  fur  le  bord  du  Nil , 
fclon  Marmol ,  Egypte  l.  11.  c.  29.  qui  ajoute  qu'elle  eit 
petite ,  Se  qu'e'lle  a  été  bâtie  depuis  le  Caire ,  dont  elle  elt 
éloignée  de  dix  lieues.  On  y  recueille  quantité  de  fefames, 
don»  on  fait  de  l'huile  ,  &  il  y  a  pour  cet  effet  plufieurs 
moulins.  La  plupart  des  habitans  font  laboureurs  Se  gens 
de  campagne  :  il  y  a  pourtant  parmi  eux  quelques  arti- 
fans  cv  quelques  merciers.  Je  n'oferois  alTurer  que  cette 
ville  eût  aujourd'hui  le  même  nom,  ni  même  qu'elle  fub- 
fiftât  ;  je  n'en  trouve  aucune  trace  dans  les  voyageurs  ,  ni 
dans  les  cartes  modernes. 

1.  MUHLBERG,  queCorneille  ,Dicl.  écrit  Milberg 
par  corruption.  C'elt  le  nom  d'un  château  d'Allemagne 
dans  la  Suabe,  au  marquilat  de  Bade-Douvlac  ,  fur  un 
petit  ruifleau  qui  fe  jette  dans  le  Rhin.  Il  appartient  au 
marquis  de  Dourlac  Les  mémoires  &  plans  géographi- 
ques difent  que  ce  château  eft  joli ,  &  bâti  dans  un  bourg 
fermé  de  paliflades.  *  Ja'illvt ,  Carte  de  la  Suabe. 

2.  MUHLBERG  ,  ville  &  bailliage  d'Allemagne  dans 
la  Misnie  fur  l'Elbe,  dans  les  Etats  de  l'Electeur  de  Saxe. 
Elle  elt  proche  de  la  forêt  appcllée  Rédciwac.  La  ville 
elt  compofée  de  deux  parties  ,  dans  l'une  desquelles  elt 
la  paroilîe  ,  Se  dans  l'autre  le  monaltere ,  où  étoit  autre- 
fois des  religieufes  nobles.  11  y  a  un  ancien  château  ,  que 
l'électeur  Augufte  a  fait  fort  bien  réparer.  Ce  Domaine 
avoit  été  cédé  aux  électeurs  de  Saxe  ,  en  même  tems  que 
le  châreau  de  Dreskau ,  iu-defTous  de  Muhlberg ,  par  les 
évêques  de  MeilTen.  Ce  fut  près  de  cette  petite  ville ,  que 


43  3 

l'électeur  Jean-  Frédéric  de  Saxe  fut  fait  prilonniei  en 
J547-  *  Zeyler  ,  Top.  fup.  Saxon. 

3.  MUHLBERG  ,  château  S:  bourg  d'Allemagne  , 
en  Thuringe  ,  fur  les  confins  du  comté  de  Gleichen.  Ce- 
toit  autrefois  aulfi  un  comté  ;  mais  la  race  de  fes  comtes, 
du  nom  de  Muhlberg  ,s'écant  éteinte  ,  ce  lieu  pafia  fous 
la  puifiance  des  landgraves  de  Thuringe  ,  enfuite  fous 
celle  des  électeurs  de  Cologne ,  Se  enfin  fous  celle  de  la 
ville  d'Erfurr.  Au  relte  ce  bourg  a  donné  à  l'Allemagne 
plufieurs  favans  hommes ,  entre  autres  ceux  qui  font 
connus  fous  les  noms  de  Adam  Urfinus ,  mathémati- 
cien ,  Vgndelinus  Hellb.tchius,  Se  Simon  Heringus  ,  Sec 
MUHLDORFF,  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de 
Bavière  ,  dans  l'archevêché  de  Saltzbourg  ,  à  un  mille 
du  vieux  Octingen  ,  fur  la  riv_e  gauche  de  l'Itin.  Elle  elt 
devenue  fameule  par  la  bataille  qui  lé  donna  fur  fon  ter- 
ritoire entre  les  empereurs  Louis  de  Bavière  Se  Frédéric 
d'Autrjcheen  1322  ,  Se  dans  laquelle  ce  dernier  fut  fait 
prifonnier.  En  1248  ,  les  év^ies  de  la  Bavière  y  tinrent 
un  fynode.  *  ZcyUr  ,  Toj  fer. 

1.  MUHLHAUSEN,  ville" impériale  d'Allemagne, 
dans  la  Thuringe ,  fur  la  rivière  d'Unltruth ,  vers  la 
Hefî'e  ,  à  cinq  milles  de  Nordhaufen.  Nonobftant  cette 
pofition  ,  elle  eft  rangée  parmi  les  villes  de  la  BafTe-Saxe, 
Son  mois  romain  limple  eft  de  quarante  hommes  d'in- 
fanterie ,  ou  de  cent  foixante  florins.  Le  rerroir  qui 
l'environne  elt  fort  fertile,  Se  l'Unltruth,  qui  la  baigne, 
lui  apporte  une  infinité  d'avantages ,  aufli  a-t-elle  été 
comptée  parmi  les  villes  anféatiques.  Elle  a  néan- 
moins efl'uyé  en  divers  teins  de  grandes  calamités. 
En  1 1 8 1 ,  Henri ,  dit  le  Lion  ,  duc  de  Saxe  ,  l'ayant  prife 
d'aflaut ,  y  fit  mettre  le  feu  ,  Se  la  réduifit  presque  toute 
en  cendres.  En  1366,  un  furieux  tremblement  de  terre 
en  renverfa  une  grande  partie  ,  Se  enfevelit  fous  fes  rui- 
nes beaucoup  d'habitans.  En  1442,  un  incendie  ,  caufé 
par  accident ,  ne  lui  fut  pas  moins  funelte  ;  le  ravage 
qu'il  y  fit  fut  fi  grand ,  que  l'efpace  ,  depuis  la  porte  de 
Notre-Dame  jusqu'à  celle  qui  eft  appellée  la  porte 
d'Erfurt ,  fut  dégarni  de  mailbns.  En  1  y  1  j-  ,  où  la  ré- 
volte des  payfans  donna  de  l'occupation  à  plufieurs  prin- 
ces Se  villes  d'Allemagne  ,  l'électeur  de  Saxe  Se  le  land- 
grave de  HclTe  afliégerent  Muhlhuifen  ,  dont  ces 
payfans  s'étoient  emparés.  Dans  les  guerres  qui  ont 
précédé  la  paix  de  'Weltphalie  ,  elle  afouffert  beaucoup 
de  la  part  de  tous  les  partis  ,  qui ,  tour  à  tour ,  la  met- 
toient  à  contribution  ou  la  ravageoient.  *  Zeyler ,  Top, 
fup.  Saxon. 

2.  MUHLHAUSEN  ,  petite  ville  d'Allemagne  * 
dans  la  Pomerelle  ,  fur  la  Schone,  entre  Elbing  &  Mel- 
fack  ,  Se  près  de  la  ville  de  Holland.  Elle  a  été  bâtie  en 
1 3  j6  ,  &  appartient  au  roi  de  PrulTe.  *  Zeyler ,  Top. 
PmfT.  Se  Pomerel. 

3.  MUHLHAUSEN  ,  ou  Muhlhouse  ,  ville  libre  , 
alliée  des  SuilTes ,  enclavée  dans  l'Alface  ,  à  quatre  ou 
cinq  lieues  de  Bafle.  Elle  eft  fituée  dans  une  belle  cam- 
pagne ,  fertile  en  bled  ,  en  fruits  Se  en  vin.  Elle  elt 
grande,  bien  bâtie  Se  bien  peuplée  ,  ornée  de  plufieurs 
églilés  Se  d'autres  beaux  édifices  publics  &  particuliers. 
On  croit  qu'elle  elt  X Arialbinum  des  anciens  ,  puisque 
l'itinéraire  d'Antonin  met  une  ville  de  ce  nom  entre  Au~ 
gufla  Rauracorum  qui  eft  Auglt ,  Se  \}runc&  ,  que  les 
uns  prennent  .  pour  Enfisheim.  Cellarius  rejette  cette 
opinion,  parce  qu'il  étoit  impofiible  qu' 'Arialbinum  put 
être  aufli  éloignée  du  Rhin  que  Muhlhaufen  qui  en  eit 
après  de  quatre  lieues.  D'ailleurs  cette  route  paflant  en- 
tre la  Hart  Se  le  Rhin  ,  comme  le  village  de  Kembs  le 
prouve,  il  n'étoit  pas  naturel  qu'elle  duc  retourner  au- 
delàde  la  Hart,  où  Muhlhaufen  eft  fituée  ,  par  rapport 
au  Rhin. 

De  Longuerue  ne  lui  donne  pas  cette  ancienneté. 
Les  empereurs ,  dit-il,  l'ayant  bâtie  fur  les  fonds  de  leur 
domaine  ,  elle  a  été  une  des  plus  anciennes  villes  impé- 
riales ,  obéiflarit  aux  préfets  établis  par  les  empereurs 
dans  l'Alface.  Son  nom  de  Muhlhoufe  lui  vient  de  la 
quantité  de  moulins  qui  s'y  trouvent:  car  elle  eft  dans 
une  fituation  fort  propre  pour  cela  ,  entre  la  rivière  d'Ill 
&  deux  autres  petites ,  qui  l'enferment  comme  une  ifle  ,Se 
lui  fervent  de  fofTés^de  forte  que  de  quelque  côté  qu'on 
y  entre  ,  on  rencontre  trois  fofTés  ,  Se  en  quelques  en- 
droits quatre,  que  l'on  pafie  fur  autant  de  ponts.  Ces 
Tcm.  IV.  Iii 


MUI 


434 

folles  fervent  de  défenfes  à  la  ville ,  Se  lui  fouiniflent 
en  même-tems  de  bon  poiflbn  ,  Se  particulièrement  des 
carpes.  Muhlhoufe  a  beaucoup  fourrerr  durant  les  brouil- 
leries  des  empereurs  avec  les  papes.  Elle  fut  toujours 
fidèle  aux  empereurs  ,  &  par-là  s'attira  la  haine  des  ec- 
cléfiaftiques  &  de  la  noblefle  du  voifinage.  L'an  1 246  , 
les  partifans  de  l'empereur  Frédéric  II ,  ayant  perdu  une 
bataille  contre  Berchtold  de  Teck ,  évéque  de   Stras- 
bourg ,  Se   fes  adhérais  ,  la  ville  de  Muhlhoufe ,  qui 
étoit  du  nombre  des  premiers ,  quoique  fous  la  juris- 
diérion  de  l'évêque  de  Stralbourg  ,  fut  fort  maltraitée  > 
jusqu'à  ce  que- quinze  ans   après  »   Rodolphe  de  Hab- 
fbourg  la  délivra  du  joug  de  l'évêque ,  Se  prit ,  avec 
le  fecours  des  bourgeois  >  la  fortereffe  que  l'évêque  y 
avoir ,  Se  la  démolie ,  n'y  laifiant   que   deux  tours  qui 
fubfiftent  encore.  Ce  prince  ayant  été ,  douze  ans  après, 
élevé  à  l'empire  ,  il    récompenfa  la  fidélité  que  cette 
ville  avoit  eue  pour  les  empereurs  ,  Se  la  rendit. ville  li- 
bre Se  impériale ,  lui  dçuinant  divers  privilèges.   L'an 
1347,  l'empereur  Cha;?^  IV  lui  en  donna  encore  de 
nouveaux  ,  permettant  aux   bourgeois  de  choifir  eux- 
mêmes  leurs  chefs.  Ils  font  partagés  en  fix  tribus  ,  dont 
chacune  a  deux  maîtres  ou  chefs  particuliers,  &  donne 
encore  deux  autres  confeillers ,  qui  compofent  enfem- 
b!e  un  corps  de  vingt-quatre  perfonnes.  Le  chef  géné- 
ral de  la  ville  a  le  titre  de  bourguemaîrre  ,  Se  il  y  en 
a  ordinairement  trois ,  &  quelquefois  quatre,  qui  y  pré- 
sident tour-à-tour  ,  chacun  durant  une  demi-année. 

Cette  ville,  Se  les  autres  qui  étoient  impériales,  fouf- 
frirent  beaucoup  des  landgraves ,  des  avoués  &  des  pré- 
fets d'Alface  ,  fans  néanmoins  perdre  la  prérogative  de 
villes  impériales.  Enfin  ceux  de  Muhlhoufe  craignant 
pour  leur  liberté ,  à  canfe  que  la  noblefle  voifine  les 
harceloit  continuellement ,  firent  alliance  avec  les  Suis- 
fes.  Elle  s'allia  premièrement  avec  Berne  Se  Soleurre 
l'an  1466,  pour  l'espace  de  vingt-cinq  ans,  à  l'occa- 
fion  des  infultes  ôc  des  hoftilités  qu'elle  avoit  perpé- 
tuellement à  effuyer  de  la  part  de  la  noblefle  Autri- 
chienne. L'an  1506 ,  elle  s'allia  encore  avec  Bafle  pour 
vingt  ans.  Et  comme  elle  avoit  toujours  marqué  beau- 
coup d'affection  Se  de  fidélité  aux  Cantons ,  elle  fut 
reçue  de  tous  dans  une  alliance  étroite  &  perpétuelle  , 
&  incorporée  par-là  dans  le  corps  Helvétique;  enverru 
de  quoi  elle  a  toujours  joui  de  l'avantage  de  la  neutra- 
lité Se  de  la  paix ,  au  milieu  des  guerres  presque  per- 
pétuelles qu'il  y  a  eu  depuis  deux  cens  ans  entre  les 
empereurs  d'Allemagne  Se  les  rois  de  France.  Elle  a  vu 
tous  fes  environs  expofés  aux  horreurs  de  la  guerre  , 
pendant  qu'elle  jouifloit  du  repos ,  à  caufe  de  fon  allian- 
ce avec  les  Suiffes.  Il  arriva  un  jour  à  M.  de  Tu- 
renne  de  livrer  bataille  aux  Allemans  presque  fous  le 
canon  de  Muhlhoufe,  Les  Allemans  furent  battus,  Se 
plufieurs  centaines  d'entre  eux  fe  fauverenr  à  Muhl- 
houfe Se  dans  fes  terres.  Ce  prince  ,  quoique  vainqueur , 
refpecta  les  frontières  de  cette  petite  république ,  ôc 
fe  contenta  de  porter  des  gardes  à  toutes  les  avenues 
pour  attraper  les  fugitifs. 

La  petite  république  de  Muhlhaufen  poflede  un  pé- 
rit territoire  ,  compofé  des  bourgs  Se  paroifles  de  Mont- 
heim  ,  Iltzach,Sawisheim ,  Ôc  quelques  autres  de  moin- 
dre conféquence. 

MUI,  ville  de  la  Chine,  dans  le  province  de  Xenfi , 
au  département  de  Fungciang ,  féconde  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  de  neuf  degrés  neuf  minutes  plus 
occidentale  que  Péking  ,  fous  les  trente-cinq  degrés 
cinquante-neuf  minutes  de  latitude.  *  Atlas  Sinetîfls. 

MUJAC  ,  royaume  d'Afrique  ,  dans  la  Nigririe.  Il  a 
au  nord  les  royaumes  de  Courourfa  ôc  de  Gorham; 
à  l'orient ,  les  états  du  roi  de  Gingiro  -,  au  midi ,  le  royau- 
me de  Biafara  ;  Se  à  l'occident ,  les  royaumes  d'iftanna 
&  de  Banin.  Il  fe  pourroit  faire  que  le  royaume  de  Mu- 
jac  ne  feroit  que  la  parrie  Septentrionale  du  royaume 
de  Biafara,  ou  que  ce  dernier  feroit  la  partie  méri- 
dionale du  premier  :  du  moins  ne  connoît-on  pas  les 
bornes  qui  les  féparenr.  *  De  l'ifle  ,  Atlas. 

MUICHEU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  où  elle  a  le  rang  de  féconde  grande  cité.  Elle 
eft  de  douze  degrés  quarante  deux,  minutes  plus  occi- 
dentale que  Péking  ,  fous  les  trente  degrés  dix-huit  mi 
mues  de  latitude ,  &  au  midi  de   Chingcu ,  première 


MUL 


métropole  de  la  province.  Tout  fon  territoire  eft  en- 
touré des  deux  bras  de  la  rivière  Kiang,  Se  la  ville  eft 
fituée  au  milieu  du  lac  Hoan  ,  qui  lui  fert  de  foflès , 
ôc  fur  lequel  il  y  a  quelques  ponts  de  pierres  qui  don- 
nent la  communication  avec  la  campagne.  On  y  compte 
quatre  grands  temples.  Elle  a  dans  fa  dépendance  quatre 
cités  : 

Muicheu ,     Pengxan  ,     Tahlcng ,     Cingxen. 

*  Atlas  Sinenfis. 

MUIHOA  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  provin- 
ce de  Fokien.  Elle  eft  de  trois  degrés  vingt-une  minu- 
tes plus  orientale  que  Péking ,  fous  les  vingt-cinq  de- 
grés cinquante-deux  minutes  de  latit. 

MUILIN  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quangtung  >  auprès  de  la  ville  de  Nanhiung.  Cette 
montagne  étoit  autrefois  escarpée  Se  difficile  à  palier.  Un 
gouverneur  ,  nommé  Changkieuling  ,  la  fit  applanir.  Le 
travail  étoit  immenfe.  En  reconnoiflance  les  habitans 
du  pays  ont  bâti  en  fon  honneur  fur  cette  montagne  un 
temple  ,  auquel  ils  ont  donné  le  nom  d'iunfung. 

MUJU,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  dans  la 
capitainerie  de  Para.  Elle  prend  fa  fource  au  fud ,  ôc  va 
fe  jetrer  dans  le  canal  qui  fépare  la  terre  ferme  du  Pa- 
ra de  l'ifle  des  Joanes ,  à  l'endroit  où  eft  placée  la  ville 
de  Para.  Cette  rivière, deux  lieues  dans  les  terres  ,aété 
trouvée  large  de  749  toiles.  *  Voyage  en  Amérique , 
par  de  la  Gmdanwie. 

MU  LA  ,  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  de  Murcie. 
Cette  ville, fituée  dans  une  plaine  très  fertile,  eft  d'ail- 
leurs très-peu  confidérable.  *  Délices  d'Espagne ,  pag. 
54Z.  * 

MULBRACHT  ,  petit  bourg  d'Allemagne,  au  duché 
de  Julicrs.  11  a  l'avantage  d'avoir  été  la  patrie  d'Henri 
Golrz  ou  Goltzius ,  qui  naquit  en  1  jj  8.  11  étoit  fils  de 
Jean  Golrz,  renommé  par  fon  habileté  à  peindre  fur 
le  verre,  Se  peignoit  lui  même  fort  bien  -,  mais  il  s'eft 
rendu  particulièrement  célèbre  par  les  chofes  qu'il  a 
delfmées  à  la  plume,  Se  qu'il  a  gravées  enfuite  au  bu- 
rin. En  1 59 1  ,  il  fit  un  voyage  en  Italie  ,  &  pendant  le 
tems  qu'il  s'arrêta  à  Naples  Se  a  Venife  ,  il  deflîna  quan- 
tité d'excellens  ouvrages  de  peinture  ,  qu'il  grava  lors- 
qu'il fut  de  retour  en  Allemagne.  Il  mourut  en 
1617. 

MULCETO,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cîteaux, 
en  Italie,  dans  le  diocèfede  Pife.  ■ 

MULCIEN  ou  Multien  ,  pays  de  France,  dans  le 
gouvernement  de  l'ifle  de  France ,  autour  de  la  ville  de 
Meaux,  en  latin  Meldiciamtm  ou  Pagus  Mtldecianus. 
Il  eft  parlé  de  ce  pays  dans  la  légende  de  faint  Ours ,  évé- 
que de  Meaux ,  au  cinquième  fiécle  ,  &  dans  celle  de 
faint  Patu  ,  chanoine  de  Meaux  ,  au  huitième  fiécle.  On 
ne  connoît  guère  aujourd'hui  les  bornes  de  ce  pays. 

MULDAU  ,  rivière  de  Bohême  :  elle  a 'fa  fource  dans 
les  montagnes  qui  féparent  la  Bohême  du  duché  de  Ba- 
vière ,  au  midi  occidental  de  Prachachatiz.  Depuis  fa 
fource  jusqu'à  Rofenberg  ,  elle  coule  du  nord-oueft  au 
fud-oueft  :  près  de  Rofenberg  elle  fait  un  coude,  &  prend 
fon  cours  du  nord  au  midi ,  en  ferpentant  ,  & ,  après 
avoir  baigné  Budweifs  ,  Teyn  &  Prague  ,  elle  va  fe 
perdre  dans  l'Elbe  ,  un  peu  au-deflus  de  Mclnick.  Dans 
fon  cours  elle  reçoit  les  rivières  de  Lausnick ,  d.  de 
Blanitz  ,  g.  de  Sazawa  ,  d.  &  de  Cadburz.  g.  *  Jaillot, 
Atlas. 

MULDE  ,  rivière  d'Allemagne  :  elle  a  fa  fource  dans 
la  partie  méridionale  de  la  Misnie,  paffe  à  Zwikaw  , 
Se  ,  après  avoir  grofli  fes  eaux  de  celles  de  la  Multe  , 
elle  va  fe  rendre  dans  l'Elbe  auprès  de  la  ville  de 
Deflaw. 

MULDOBLACFIIENSIS  ,  fiége  épi  copal ,  dans  la 
Theffalie.  Dàmianus ,  fon  évêque  ,  fouferivit  au  con- 
cile de  Ferrare,  tenu  l'an  1438. 

MULDORFF.  Voyez.  Muhldorff. 

MULDOW  ,  rivière  de  l'empire  Rufiien.  C'eft  la  mê- 
me que  la  N.irva  ,  ou  Welikirzeka  ,  noms  qu'elle  prend 
dans  fa  courfe.  Voyez,  ces  mots. 

MULEBEKG.  Voyez  Muhlberg. 

MULE  DE  GALLOWAY-,  ou  Bec  de  Gallo- 
way  ,  promontoire   d'Eçoffe  ,  dans  la  partie  méridioi 


MUL 


MUL 


nale  de  la  province  de  Galloway ,  qui  lui  donne  fon 
nom  :  il  s'avance  confidérablement  dans  la  mer  d'Ir- 
lande. 

MULE  DE  KINTYR  ,  on  Cap  de  Kintyr,  pro- 
montoire d'Ecoffe  ,  dans  la  partie  méridionale  de  la 
province  de  Kintyr,  qui  lui  donne  fon  nom:  il  s'avance 
beaucoup  dans  la  mer  d'hlande. 

MULELACHA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Tingirane , 
fur  un  promontoire  qui  avance  dans  l'Océan  Atlan- 
tique, félon  Ortelius,  Tbefaur.  qui  cite  Pline,  /.  i.  c. 
I.  Cependant  Pline  ne  dit  pas  absolument  que  Mide- 
lacba  foit  le  nom  de  la  ville;  il  dit  feulement,  Oppi- 
dum in  \romomorio  Miilelacha.  Ortelius  ,  Tbefaur.  croit 
que  c'eft  la  Mulucha  de  Florus.  Voyez.  Mulucha. 

MULHEIM  ou  Monheim  ,    petite  ville    d'Allema- 
gne ,  proche  du  Rhin  ,  dans  1  électoral  de  Cologne  ,  en- 
viion  à  une  lieue  au-deffous  de  cette  dernière  ville.  * 
Jaillot,  Atlas. 
MULHOUSEN.  Voyez.  Muhlhausen  jk 
MULIADAS.  Voyez.  Monda. 
MULIARA.  Voyez.   Miliare. 
MULIENS1S  ,  liège  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la  Nu- 
midie.  La  notice  épiscopale,  n°.  109.   met  dans  cette 
province  Peregrvnui  Mulienfis,  C'eit  ainfi  qu'ont  lu  Or- 
telius &  l'auteur  de  la  géographie  facrée,  qui  eft  de- 
vant les  œuvres  de  faint  Optât ,  édition  de  Dupiti.  L'é- 
dition de Schelltrate  porte  Maliensis. 

MULIERUM  POKTUS.  Voyez.  Senum  Portus. 
MULINGEN  ,  château  d'Allemagne  ,  dans  le  duché 
de  Magdebourg,  entre  Barbi  Se  Stafsfurr.  Jean  Poma- 
rius ,  dans  fa  chronique  de  Magdebourg  ,  écrit  que  Bur- 
chard  de  Schraplau  ,  vingt  neuvième  archevêque  de 
Magdebourg,  prit  &  démenrela  Mulingcn  en  131 81  En- 
fuite  Albrecht ,  comte  de  Barbi ,  le  rebâtit ,  le  fortifia  & 
le  rendit  beaucoup  plus  beau  qu'il  n'étoit ,  en  quoi  il 
fut  aidé  par  les  habitans  mêmes  de  Magdebourg  ,  qui 
étoient  bien  aifes  de  chagriner  leur  prélat.  En  1632, 
les  Impériaux  ,  commandes  parlecomte  de  Pappenheim  , 
attaquèrent  ,1e  jour  des  Rois ,  la  rnaifon  ou  le  château  de 
Mulingen  Se  les  deux  villages  qui  en  dépendent  ,  pillè- 
rent Se  faccagerent  tout,  fans  épargner  l'églife,  vio- 
lèrent de  jeunes  filles  de  huit  à  neuf  ans ,  &  de  vieil- 
les femmes  de  foixante  Se  dix  ans.  Mulingen  eft  de  la 
dépendance  de  la  principauté  d'Anhalt.  C'eft  la  bran- 
che de  7erbft  qui  le  poflede  aujourd'hui.  *  Zeyler  , 
Super.  Saxon.  Topogr.  p.  16. 

MULL,  ifle  de  la  mer  d'Ecoffe,  l'une  des  Wefter- 
nes ,  près  du  continent  de  Lochabar  Se  Lom.  Sa  lon- 
gueur ell  de  vingt-quatre  milles  Se  fa  largeur  à  peu 
près  égale.  On  y  trouve  deux  paroifies.  Elle  abonde  en 
orge  Se  en  avoine  ,  en  bétail,  en  bêtes  fauves,  en  vo- 
laille Se  en  gibier.  Les  chevaux  de  cette  ifle  font  pe- 
tits ,  mais  vifs.  La  chair  du  bétail  y  ell  très-bonne. 
Il  y  a  ourre  cela  de  fort  beaux  faucons.  Les  lacs  Se  les 
rivières  auifi-bicn  que  la  mer  foui  ni  fient  quantité  de 
poiffons.  Dans  les  lacs  il  y  a  fur-tout  beaucoup  de  truites 
&  d'anguilles  ,  Se  dans  les  rivières  beaucoup  de  fau- 
mons.  La  baie  de  Leffan  ell  pleine  de  harengs  &  de 
poiffons  à  coquille.  Le  duc  d-Argile  eft  feigneur  de  cette 
ifle.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  tom.  2. 
pag.  284. 

MULLICIENSIS,  contrée  dont  parle  Hygin  ,  fans 
dire  en  quel  pays  elle  étoit.  Voici  le  paffage  :  In  Prœ- 
fetluris  Mullicienfis  &  Turgallienfts  regionum  Dccu- 
mini  habent  ailus  viginti ,  Kardines  atltts  quadragintA. 
A  la  marge  on  lit  :  Multicenfis.  Ortelius,  Tbefaur. 
foupçonne  que  cette  contrée  pourroit  être  en  Espagne. 
*  De  Limitib.  p.  ijj-. 

MULLITANUS  ou  Mullitensis  ,  fiége  épiscopal 
d'Afrique  ,  dans  la  province  Proconfulaire  ,  fuivant  la 
notice  épiscopale  ,  où  Libérarus  ell  qualifié  episcopus 
Midl'.tanus.  Candorius  eft  nommé  episcopus  plcbis  Mul- 
litana  dans  la  conférence  de  Cartilage,  n°.  133.  & 
Segetius  ,  episcopus  plebis  Mullitana. ,  (ouferivit  au  con- 
cile de  Carthage  en  525. 

MULLON  ,  rivière  d'Espagne  ,  félon  Corneille, 
Di:L  qui  dit  qu'elle  coule  dans  l'Afturie ,  Se  va  fe  dé- 
charger dans  la  mer  de  Biscaye.  11  ne  cite  aucun  ga- 
lant. 


43/ 

MULONA,  ville  d'Ethiopie.  Pline,  /.  b.c.  19.  dit 
que  les  Grecs  nommoient  cette  ville  Hypaton. 

1.  MULTAN  ,  royaume  ,  ou  plutôt  province  des  In- 
des ,  dans  les  états  du  grand  Mogol.  Elle  comprend  le. 
Bucor,  Se  a  vers  le  midi  la  province  de  Sinde  ,  vers  le 
nord  celle  de  Caboul ,  a  l'occident  la  Perfe  &  à  l'orient 
la  province  de  Lahor.  Elle  eft  arrofée  de  plufieurs  ri- 
vières qui  la  rendent  fertile.  Cette  province  produit 
quantité  de  coton  dont  on  fabrique  une  quantité  prodi- 
gieufe  de  toiles  :  elle  fournit  du  fucre ,  de  l'opium  ,  du 
foufre,  de  la  noix  de  gale  Se  beaucoup  de  chameaux 
qu'on  transporte  en  Perfe  par  Gazna  &  Candahar  ,  ou 
dans  les  Indes  mêmes  par  Lahor.  Cependant  le  perc 
Catrou  ,  dans  fon  hiftoire  du  Mogol  ,  p.  361.  dit  que 
le  royaume  de  Multan  ne  fournit  guère  au  commerce 
que  quelques  chevaux  Se  des  chameaux  fans  poil  :  il 
ajoute,  p.  369.  que  les  quatorze  Sarcas  du  même  royau- 
me, partages  en  quatre-vingt-feize  Parganas ,  ne  donnent 
à  l'empereur  que  cinquante  laqs  Se  vingt-cinq  mille 
roupies.  Suivant  Thevenot ,  qc  que  le  grand  Mogol  re- 
çoit par  an  de  cette  provirite  ,  va  à  dix-fept  millions 
cinq  cens  mille  livres.  *  Tbevenot ,  Voyage  des  Indes , 
1.  1.  c.  32. 

2.  MULTAN  ou  Molton,  ville  des  Indes,  dans 
les  états  du  Mogol ,  Se  la  capitale  du  royaume  ou  de 
la  province  de  même  nom.  Le  pereCatrou  la  place  par 
les  33  deg.  40  min.  de  latit.  Se  par  les  1  15  deg.  20 
min.  de  longir.  Thevenot  ,  Voyage  des  Indes  ,  /.  1 .  c: 
32.  dit:  La  ville  de  Multan  eft  attribuée  au  Sinde  par 
quelques  géographes ,  quoiqu'elle  foit  la  capitale  d'une 
province  particulière: elle  eft  fituée  au  29  deg.  40  min. 
de  Luit.  ,  Se  a  dans  fa  dépendance  plufieurs  villes, 
comme  Cozdar  ou  Cordar ,  Candavil ,  Sandur  &  au- 
tres. Elle  fournit  à  l'Indouftan  les  plus  beaux  arcs  qui 
s'y  voient  ,  Se  les  plus  adroits  baladins.  La  plupart  des 
habitans  font  Mahométans.  Il  y  a  cependant  beaucoup 
de  Banians:  car  Multan  ell  leur  principal  rendez-vous 
pour  négocier  en  Perfe,  où  ils  font  ce  que  les  Juifs 
font  ailleurs  ;  mais  ils  font  bien  plus  adroits  que  ces 
derniers  :  car  rien  ne  leur  échappe ,  Se  ils  ne  négligent 
aucune  occafjon  de  gagner ,  quelque  petite  qu'elle  foit. 
Voyez.  Banians.  Il  y  a  encore  à  Multan  une  autre  forte 
de  Gentils  qu'on  appelle  Catri  ou  Raspoutes.  Cette 
ville  eft  proprement  leur  pays ,  &  c'eft  de  là  qu'ils  for- 
tent  pour  fe  répandre  dans  toutes  les  Indes.  Ils  for- 
ment la  féconde  tribu  ou  caile  des  Indiens.  Ils  font 
profcflîon  des  armes  ,  parce  qu'ils  prétendent  être 
descendus  des  princes  Gentils.  Ce  n'eft  pas  qu'il  ne 
s'en  trouve  de  marchands  Se  même  de  tiflerans  ;  mais 
ils  font  méprifés  dans  la  tribu  Se  paffent  pour  des  gens 
lâches  &  fans  honneur.  Ces  peuples  Gentils  ont  une 
pagode  fameufe  à  Multan.  On  y  vient  en  pèlerinage 
de  tous  les  endroits  de  la  province  de  Lahor  Se  de  quel- 
ques autres  pays.  L'idole  qu'on  y  révère  a  la  face  noire , 
Se  eft  vêtue  de  cuir  rouge  :  elle  a  deux  perles  a  la  place 
des  yeux,  &  l'émir,  ou  gouverneur  du  pays,  prend  les  of- 
frandes qu'on  fait  à  cette  idole; 

Pour  une  capirale ,  la  ville  de  Multan  a  peu  d'éten- 
due; mais  elle  eft  aflez  bien  fortifiée  ,  Se  c'eft  une  pîace 
de  grande  importance  pour  le  Mogol ,  lorsque  les  Pcr- 
fans  font  maîtres  de  Candahar.  Multan  étoit  autrefois 
très-marchande;  les  marchandises  dt:,cendoient  à  peu  de 
frais  à  Tatta  par  l'Indus ,  où  les  marchands  de  divers 
royaumes  les  venoientenlever;mais  comme  préfentement 
les  vaifleaux  n'y  peuvent  aller ,  parce  que  le  lit  de  ce 
fleuve  eft  gâté  en  différens  endroits  ,  Se  l'embou- 
chure fort  enfablée ,  le  trafic  eft  beaucoup  diminué  , 
parce  que  les  frais  des  voitures  par  terre  font  trop 
grands. 

MULTE  ,  rivière  d' A  llemagne  ,  dans  la  Haute  Saxe 
(a).  Elle  a  fa  fource  aux  confins  de  la  Bohême  ,  na- 
verfela  Misnie,  où  ,  après  s'être  accrue  des  eaux  de  la 
rivière  de  Schop  ,  elle  va  fe  jetter  dans  la  Mulde ,  un 
peu  au-deffus  de  Grimm  (b).  Zeyler  nomme  cette  ri- 
vière Middœ,  comme  celle  dans  laquelle  elle  a  fon  em- 
bouchure, (a)  Jaillot,  Atlas,  (b)  Zeyler,  Carte  de  M 
Haute  Saxe. 

MULTIEN.  Voyez.  Mulcien. 
MULTZIG,  ville  de  France,  dans  la  Baffe  Alhce , 
bailliage  de  Multzig, 

Torn.  IV.  Iii  ij 


MUN 


436 

MU  LUC  AN  (  a  ) ,  rivière  d'Afrique,  au  royaume  de 
Fez.  Elle  a  fa  fource  au  pied  du  mont  Atlas ,  à  fix  ou 
fept  milles  de  Garviluyin,  ville  de  la  province  de  Chaus  , 
&  traverfant  les  défères  de  cette  province ,  d'Anguet 
&  de  Garet ,  elle  fe  rend  (b)  au  pied  de  la  montagne 
des  Benizenetes  pour  fe  jetter  enfuite  dans  la  mer  Mé- 
diterranée ,  proche  de  la  ville  de  Caçaca.  Le  géogra- 
phe Zwart ,  dans  fa  defeription  de  l'Afrique  ,  dit  que 
les  Maures  donnent  le  nom  de  Muzenar  à  cette  rivière. 
Voyez.  Muluya.  (a)  Marmot,  Defeription  du  royau- 
me de  Fez  ,  1.  4.  c.  96.  &  98.  (  b  )  Dapper  ,  Royaume 
de  Fez  ,  p.  140. 

MULUCHA,  ville  d'Afrique ,  dans  la  Mauritanie: 
Florus,  /.  \.c.  1.  dit  qu'elle  étoit  élevée  fur  la  cime 
d'un  rocher.  Ortelius  croit  qu'elle  pouvoir  être  bâtie  au 
bord  du  fleuve  Mulucha ,  &  que  ce  doit  être  la  ville 
que  Ptolomée  nomme  Molocatb.  Voyez.  Molocath  & 
Mulelacha.  Mais  fi  Mulucha  étoit  la  même  que  Mu- 
lelacha ,  comment  auroit-elle  pu  être  au  bord  du  fleuve 
Mulucha  ,  cV  en  même  4ems  fur  un  promontoire  qui 
avançoit  dans  la  mer  Atlantique  î 

MULUYA  ,  rivière  d'Afrique  ,  félon  de  l'Ifle ,  Atlas. 
C'eft  le  nom  moderne  de  la  rivière  que  les  anciens  ont 
nommée  Malva  ,  Molochath  &  Malvana.  Voyez. 
ces  mots.  C'eft  auiîi  la  même  rivière  que  Marmol  & 
Dapper  appellent  Mulucan,  quoiqu'ils  femblent  en  faire 
deux. 

MUM  ,  ifle  de  la  mer  d'Ecoffe  ,  au  midi  de  celle  de 
Skie.  Elle  eft  mife  au  nombre  des  ifles  du  fécond  rang. 
Sa  longueur  eft  d'environ  cinq  milles.  Elle  eft  monta- 
gneufe  &  peu  habitée.  Ses  côtes  font  la  partie  la  plus 
fertile.  On  pêche  beaucoup  de  faumons  dans  fes  rivières, 
&  fes  montagnes  abondent  en  bêtes  fauves.  11  y  a 
auffi  dans  cette  ifle  grand  nombre  d'oifeaux  de  terre  de 
de  mer.  *  Etat  préfent  de  La  Grande  Bretagne  ,  t.  2.  p. 
288. 

MUNATII ,  ou  L.  Munatii  Planct  Mausoleum  ; 
lieu  d'Italie,  dans  le  Latium ,  fur  le  promontoire  de 
Cayete.  Ortelius,  Tbefaur.  qui  cite  Pighius,  in  Her- 
cule Prodicio ,  dit  que  c'eft  aujourd'hui  Torre  de  Or- 
lando. 

MUNCHE-NEUBOURG  ,  petite  ville  d'Allemagne , 
au  cercle  de  la  haute  Saxe  ,  fur  la  Bude,  qui  va  fe  jetter 
un  peu  au-deffous  de-là  dans  la  Saal.  Elle  appartient  aux 
princes  d'Anhalt-Cothen.  Ge  le  nius ,  dans  fon  livre  inti- 
tulé de  magnitudïne  colon'u  Agr'ipp.  rapporte  que  faint 
Geron,  archevêquedeCologne,  fondaconjointement  avec 
Tiedmar  ,  fon  frère ,  margrave  deBernbourg,  en  l'hon- 
neur de  la  Ste  Vierge  &  de  faint  Cyprien ,  martyr ,  le 
monaftere  ou  abbaye  ,  qui  en  latin  fut  nommé  Novum 
C  tftrum  ,  &  dans  la  langue  du  pays  Muncben-Neuen- 
bourg.  Pomarius ,  dans  fa  chronique  de  Magdebourg , 
dit  que  ce  lieu  devint  une  dépendance  de  l'aichevêché  de 
Magdebourg  fous  Wicbman  ,  feiziéme  archevêque  „  & 
qu'il  fut  ruiné  fous  Hildebrand ,  qui  fut  le  vingtième. 
Néanmoins  d'autres  femblent  penfer  que  ce  domaine 
n'eft  jamais  forti  de  la  maifon  des  princes  d'Anhalc.  * 
Zeyler,  Top.  fup.  Saxon. 

MUNCHROTT  ou  Munerod  ,  bourg  d'Allemagne , 
dans  la  Suabe  ,  entre  Memmingen  &  Biberach  fur  le 
Rott  :  il  y  a  une  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Prémontré. 
De  l'Ifle ,  Carte  de  la  Suabe  ,  marque  bien  l'abbaye  , 
mais  fans  y  mettre  ni  bourg  ,  ni  village.  Zeyler ,  Sue- 
via  Topogr.  p.  1 6.  qui  nomme  l'abbaye  à  l'occafion  de 
Biberach  ,  ne  dit  rien  de  plus.  C'eft  Baudrand  qui  y  met 
le  bourg. 

1.  MUNDA  ,  ville  d'Espagne,  au  royaume  de  Grena- 
de, à  cinq  lieues  de  Malaga,  au-deffous  de  la  fource 
du  Guadalquivirejo,  au  couchant  deSettenil.  Cette  petite 
ville  eft  fort  ancienne.  Céfar  y  vainquit  les  fils  de  Pom- 
pée dans  une  fanglante  bataille.  Il  eft  beaucoup  parlé  de 
Munda  dans l'hiftoire  de  cette  guerre.  Lucain,/.  1.  v. 
40.  dit , 

Ultima  funefla  concurrant  prm.Ua  Munda. 

Elle  a  retenu  fon  nom  tout  entier  fans  aucun  chan- 
gement ;  mais  elle  n'a  confervé  ni  fon  ancienne  grandeur, 
ni  fa  dignité.  Autrefois  elle  étoit  la  capitale  delaTur- 
detaine  ;  aujourd'hui  ce  n'eft  plus  qu'une  petite  ville. 


MUN 


Elle  eft  fituée  fur  le  penchant  d'une  colline ,  au  pied 
de  laquelle  paffe  la  rivière  :  d'un  côté  fon  terrein  eft  maré- 
cageux i  de  l'autre  c'eft  une  plaine  agréable  &  fertile  en 
toutes  choies.   *  Délices  d'Espagne  ,  p.  5  2 1. 

2.  MUNDA  ,  rivière  d'Espagne  ;  c'elt  le  nom  ancien 
de  la  rivière  qu'on  nomme  aujourd'hui  Mondego.  Voyez. 
ce  mot. 

MUNDAT ,  petit  pays  d'Alface ,  aux  environs  de 
Rufach.  Quelques-uns  tirent  fon  nom  de  Mandatum, 
parce  que,  difentils,  le  roi  Dagobcrt  en  fit  préfent  à 
Arbogafte,  évêque  de  Strafbourg  \  d'autres,  de  l'allemand 
latinité  Manthatum  ,  du  mot  Manni ,  c'eft-à-dire  des 
vaffaux ,  des.gens  qui  tenoient  des  terres  à  la  charge  de 
les  cultiver  &  d'en  reconnoître  le  domaine  par  des  hom- 
mages &  des  fervices ,  ou  à  caufe  des  franchifes  8c  des 
immunités  dont  les  habitansde  cette  petite  contrée  fu- 
rent gratifiés.  Cette  diverfité  d'origines  fait  voir  qu'on 
ne  fait  point  la  véritable.  Baudrand ,  édït.  1705.  merle 
Mundat  dans  la  haute  Alface ,  &  dit  qu'il  eft  partagé 
en  deux  ;  favoir  le  haut  Mundat  où  elt  Rafach  ,  &  le 
bas  Mundat  qui  elt  plus  près  de  Stralbourg.  Us  font 
tous  deux  dans  les  terres  de  l'évêché  de  Stt afbourg  &  dans 
la  plaine  d'Alface,  le  long  du  bord  occidental  du  Rhin  au- 
deffous  deBrifach.  *  Zeyler,  Alfat.  topog.  p.  46. 

MUNDELHEIM.  Voyez.  Mindelheim. 

fMUNDEN.  Quelques-uns  prononcent  &  écrivent 
Minden  ,  ville  d'Allemagne ,  au  duché  de  Brunfwich- 
Lunebourg,  fituée  dans  une  très-agréable  vallée,  où  la 
Verra,  qui  descend  du  comté  de  Henneberg  ,  ôc  la  Ful- 
da  viennent  joindre  leurs  eaux ,  &  perdent  leur  nom  par- 
ticulier pour  prendre  en  commun  celui  de  Wefer ,  qui 
apparemment  eft  le  Vifurgis ,  fi  fameux  dans  les  hiitoires 
anciennes.  On  ne  fait  pas  trop  en  quel  tems  ,  ni  par  qui 
elle  a  été  fondée.  Ce  qui  eft  certain,  c'eft  que  le  duc 
Otton ,  furnommé  l'enfant ,  qui  avo  t  été  honoré  en 
125;  ,  du  titre  de  duc  de  Bruniwich  &  de  Lunebourg , 
en  obtint  encore  cette  ville  pour  la  tenir  en  fief  de  l'Em- 
pire ,  &  qu'alors  elle  portoit  le  nom  de  Gemùnden  , 
que  les  embouchures  des  rivières  qui  la  baignent  lui 
avoient  procuré.  Le  beau  château  qu'on  voit  à  un  de  fes 
bouts  a  été  bâti  par  le  duc  Eric  le  jeune ,  à  la  place  d'un 
autre  très  ancien,  que  le  tems&  les  guerres  avoient  ache- 
vé de  ruiner.  Cette  ville  étoit  la  réfidence  la  plus  ordi- 
naire du  duc  Guillaume ,  père  d'Eric  le  Vieux ,  qui  mou- 
rut en  1540  ,  à  la  diète  d'Haguenau.  Aufli  voit-on  dans 
la  principale  églife  de  ce  lieu ,  qui  eft  dédiée  à  faint 
Blaile  ,  le  tombeau  de  ce  duc  &  de  fa  femme  Catherine  , 
née  ducheffe  de  Saxe  ,  &  veuve  de  Sigismond ,  archiduc 
d'Autriche.  Les  deux  rivières  dont  nous  avons  parlé ,  for- 
ment près  de  Munden  quelques  ifles  fort  agtéables  ,  donc 
une  eft  jointe  à  la  ville  par  un  pont  de  bois.  Il  y  a  fur 
la  Verra  un  autre  pont  de  pierres  à  fept  arches  qui  don- 
ne entrée  dans  la  ville.  Les  environs  de  Munden  four- 
nilTent  des  meules  de  moulin  qui  font  fort  eftimées  pour 
leur  bonté ,  &  qui  caufent  beaucoup  de  profit  à  cette 
ville,  d'où  on  lestransporte  aifément  en  une  infinité  d'en- 
droits par  les  facilités  que  donnent  les  deux  rivières  qui 
s'y  viennent  joindre.  On  y.  fait  auffi  une  forte  de  bière 
dont  le  trafic  ne  lui  eft  pas  moins  avantageux.  *  Zeyler  , 
Top.  Duc.  Brunf.  &  Lun. 

MUNDER  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  duché  de 
Brunfwich-Lunebourg,  dans  l'enclave  de  la  principauté 
de  Calenberg  ,  fur  la  rivière  de  Hamel,  enrre  les  trois 
montagnes  appellées  Sonthal ,  Ofterberg  ,  Diefier  &lcs 
bailliages  de  Coppenbrugge,  de  Springe  &  de  Lackenau, 
à  deux  lieues  de  la  ville  de  Hameln.  Elle  eft  ancienne  : 
il  y  a  près  de  là  un  endroit  en  forme  de  camp ,  qu'on 
dit  avoir  été  celui  des  Saxons ,  auxquels  Charlemagne 
faifoit  la  guerre.  Les  évêques  de  Paderborn  ,  de  Min- 
den ,  d'Osnabruck  &  le  comte  de  la  Lippe,  ligués  con- 
tre les  princes  de  Brunswich  ,  l'affiégerent  en  1483 ,  & 
ne  purent  s'en  rendre  maîtres.  Elle  a  fouffert  beaucoup 
dans  les  guerres  qui  précédèrent  la  paix  de  Weftphalie. 
Il  y  a  près  de  la  ville  une  faline.  *  Zeyler ,  Topog.  Bruis. 
Ducatûs. 

MUNDERKINGEN  ou  Mundrinchingen  ,  ville 
d'Allemagne ,  dans  la  Suabe,  fur  la  rive  méridionale 
du  Danube, à  un  mille  d'Allemagne  au-deffus  de  Ehing  , 
&à  quatre  Se  demi  d'Ulm  (*),affcz  près  de  la  Busch  , 


MUN 


MUN 


château  ficué  fur  une  haute  montagne  :  elle  appar- 
tient à  h  maifon  d'Autriche.  Cette  petite  ville  a  extrê- 
mement fouffert  durant  la  longue  guerre  d'Allemagne. 
Ce  fut  à  la  vue  de  Mundetkingen  (b)qac  cinq  nulle 
chevaux  des  meilleures  troupes  de  l'empereur,  fous  le 
commandement  du  comte  de  la  Tour,  furent  défaits 
le  31  Juin  1703  par  trois  mille  hommes  decavalerie  Se 
d'infanterie  que  commandoit  M.  de  Légal,  détaché  de  l'ar- 
mée de  France  .campée  fur  le  Danube  pour  la  défenfe 
des  états  de  l'électeur  de  Bavière.  Les  Impériaux  per- 
dirent quinze  cens  hommes  tués  ou  noyés.  Le  prince 
Chriftian  d  Hanover  fut  du  nombre  des  derniers,  (a) 
Zeyler,  Suevia;  Topog.  p.  57.  (b)  Mémoires  du  tans. 
Corn.  D'Ut. 

MUND1  ou  Mondi  ,  port  de  l'Ethiopie,  dans  le 
golfe  Avalite.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  7.  le  place  entre  le  port 
de  Malao  Se  le  promontoire  Mofylon.  Voyez.  Mandi 

&MANTINÉE. 

MUND1RIS.  Voyez.  Modura. 

MUNES  ,  bois  de  France  ,  dans  la  maîtrife  de  Mou- 
lins :  il  eft  de  fept  cens  cinquante- iix  arpens  Se  trois 
quarts. 

MUNFIA.  Corneille,  Ditl.  dit  :  Ville  ancienne  dE- 
gypte,  qu'on  appciloit  autrefois  Apollinis  &  Civitus  mag- 
na ;  il  cite  Maty ,  qui  avoir  apparemment  copie  Bau- 
drand  j  Se  comme  ce  dernier ,  qui  cite  Léon  d'Afrique  , 
s'eft  trompé  en  Liant  Munfia  pour  Munfia  ,  Corneille 
&  Maty  font  tombés  dans  la  même  faute.  Voyez.  Mun- 
sia. 

1.  MUNG,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  auprès  de  la  ville  de  Mingxan.  Cette  mon- 
tagne fe  termine  en  cinq  pointes  élevées,  fur  la  plus 
haute  desquelles  oir  cueille  de  la  manne  que  les  Chinois 
appellent  Pinglu ,  c'eft-à-dhe  rofée  congelée.  *  Atlas 
Smenfis. 

1.  MUNG  ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Kiangfi ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Singu.  Cette 
montagne  eft  une  des  plus  hautes  ;  cependant  elle  eft 
dans  fa  plus  grande  partie  couverte  d'arbres  ,  Se  le  refte 
eft  en  terres  labourables. 

MUNG ASEJA,  félonie  Brun,  Se  Mangaseja  ,  fé- 
lon la  nouvelle  carte  de  la  grande  Ruflie ,  ville  de  l'em- 
pire Ruffien  ,  dans  la  partie  feptentrionale  delà  Sibérie  , 
fur  la  rivière  de  Tafs ,  quelques  milles  au-deffus  de  l'en- 
droit où  elle  fe  jette  dans  le  golfe  appelle  Guba  Tas- 
faukoya.  Le  Brun  qui  met  cette  ville  près  de  la  rivière 
Jénifia  ou  Jénifea ,  dit  qu  il  s'y  fait  un  grand  négoce  par 
terre  de  toutes  fortes  de  pelleteries  ,  de  naiwal  Se  de 
dents  de  Mammut.  11  ajoute  qu'on  envoie  tous  les  ans 
de  cette  ville  plufieurs  barques  à  l'embouchure  de  la 
rivière  Jénifia  Se  fur  les  côtes  de  la  mer ,  à  la  pêche 
du  narwal  &  des  chiens  marins ,  dont  on  tire  un  pro- 
fit confidéiable.  *  Corneille  le  Brun,  Voyage ,  p.   145. 

MUNGCHING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  provin- 
ce de  Nanking  ,  au  département  de  Fungyang  ,  féconde 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  3;  min. 
plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  3  4  deg.  12  min. 
de  latit.  *  Atlas  Sinenfis. 

MUNGÇU ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan  ,  au  département  de  Lingan  ,  troifiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  13  deg.  §6  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  23  deg.  3;  min.  de 
latitude. 

MUNGHOA,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
d'Iunnan  ,  où  elle  a  le  rang  de  iixiéme  métropole.  Elle 
eft  de  16  deg.  38  min.  plus  occidentale  que  Péking, 
fous  les  25  deg.  23  min.de  latit.  Ce  fut  le  roi  Sinulo 
qui  fonda  cette  ville  ,  &  il  la  nomma  Mungrœ.  La  fa- 
mille Han  l'attribua  à  la  province  d  Yecheu.  La  famille 
Juen  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  aujourd'hui.  11  n'y 
a  que  deux  villes  dans  fon  territoire. 


Mungboa , 


Linglung. 


1.  MUNGLO.  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan,  au  voifinage  de  la  fortereffe  de  Chelo. 
Il  y  a  dans  cette  montagne  une  fource  dont  les  eaux 
donnent  fur  le  champ  la  mort  aux  hommes  Se  aux  bêtes, 
quelque  peu  qu'on  en  boive. 

2.  MUNGLO  ,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 


437 

vince  d'Iunnan,  au  nord  de  la  ville  de  Kmg.ung. 
On  compte  qu'elle  occupe  un  terrein  de  trois  cens 
ftades. 

MUNGYANG  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan ,  au  département  de  Mien  ,  autre  foite- 
reffe  de  la  province.  Elle  eft  de  19  deg.  4  min.  plus 
occidentale  que  Péking ,  fous  les  23  deg.  17min.de 
latitude. 

MUNGYN  ,  ville  de  la  Chine",  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département  de  Cincheu  ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  deg.  27  min. 
plus  orientale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  3  min.  de  latit. 
*•  Atlas  Sinenfis. 

MUNKERÉ ,  château  d'Afie ,  fur  le  Tigre  ,  du  côté 
de  Vafet,  félon Petis  de  la  Croix ,  Hijtoire  de  Timur-Bec, 
1.  3.  c.  22. 

MUNlA  ,  Minie  ,  ou  Minio,  ville  d'Egypte  ,  fur  le 
bord  occidental  du  Nil.  Dans  les  livres  arabes  elle  eft 
appellée  Miniet-inbn-cba/Jit.  C'eft  une  ancienne  ville  , 
grande  &  affez  belle.  Son  antiquité  paroît  par  fes  mai- 
fons  Se  par  fes  murs  de  vieille  fabrique  ,  Se  par  fes 
rues  étroites  où  deux  hommes  ont  peine  à  paffer  de 
front.  C'eft  dans  cette  ville  que  l'on  fait  les  bardaques 
ou  pots  à  l'eau  fi  eftimés  au  Caire  pour  leur  agréable 
façon  ,  Se  pour  la  qualité  qu'ils  ont  de  rafraîchir  l'eau  : 
ils  le  font  d'une  certaine  argille,  qu'on  prend  à  une  jour- 
née de  là  du  côté  du  levant  du  Nil,  dans  un  endroit 
appelle  Sciecbjadl,  du  nom  d'un  dévot  Mahométan  qui 
y  eft  enterré.  La  ville  de  Munia  eft  des  dépendances  du 
Cascie  Flfk  de  Béhnefé.  A  une  heure  de  chemin  de  Mu- 
nia ,  en  remontant  le  Nil,  on  découvre  au  haut  de  la 
montagne  qui  eft  à  l'orient ,  les  Grottes ,  qui  font  le  com- 
mencement de  la  baffe  Thébaïde.  Elles  continuent  tout 
le  long  de  cette  montagne-jusqu'à  Momfallot.  Le  père 
Vanfleb  dit  quil  en  compte  trente-quatre  tout  de  rang; 
mais  que  1  entrée  de  la  plupart  étoit  bouchée  par  la  ter- 
re qui  étoit  tombée  d'enhaut.  *  Le  P.  Vanfleb ,  Relat. 
d  Egypte,  p.  401. 

MUNICH  ,  ville  d'Allemagne  ,  en  Bavière ,  dont  elle 
eft  la  capitale  Se  la  réfidence  ordinaire  des  électeurs , 
Su  48  deg.  2  min.  de  latit.  &  au  29  d.  ij  min.  de  long. 
Les  Allemands  écrivent  Montben  ,  prononcez  Moenken; 
Bertius  écrit  Munchen,  ce  mot  veut  dire  les  Moines. 
Les  hiltoriens  ne  s'accordent  pas  fur  l'origine  de  cette 
ville.  Celui  qui  a  recueilli  la  chronique  de  Nuremberg 
dit ,  que  fous  l'empire  d'Othon  I  ,  qui  commença  de 
régner  en  972,  Henri  ,  duc  de  Brunvwich  ,  ayant  hérité 
d'une  partie  de  la  Bavière  qui  étoit  dévolue  à  fa  mère, 
Se  réfidant  au  château  de  Vering  ,  auprès  d'une  mé- 
tairie de  moines,  y  fit  faire  un  pont  Se  un  nouveau 
partage  fur  l'Ifer ,  &  par  là  donna  lieu  à  y  bâtir  dans 
la  fuite  une  bourgade,  qu'Erneft  fils  d'Henri  obtint 
d'Othon ,  qui  étoit  devenu  fon  beau-pere,  en  époufant  la 
veuve  d  Henri ,  fit  de  ce  lieu  une  ville  ,  à  condition  de  ' 
faire  une  rente  à  l'évêque  de  Freifingen,  pour  le  dé- 
dommager des  pertes  qu'il  fouffroit  par  ce  changement 
de  chemin.  Cet  auteur  ajoute  que  cette  ville  ,  dès  fes 
commencemens ,  s'accrut  ainfi  par  le  grand  nombre 
d'habitans  qui  vinrent  s'y  établir.  Aventin  ,  qui  devoir 
être  plus  au  fait  de  ce  qui  regarde  la  Bavière ,  dont 
il  écrivoit  l'hiftoire  ,  /.  6. p.  z6c).  met  la  fondation  de 
cette  ville  plus  tard.  Il  dit  qu'Henri  ,  duc  de  Saxe  & 
de  Bavière ,  ayant  fuivi  Frédéric  Barberouffe  à  fa  Iixié- 
me expédition  contre  le  Milanez,  Se  étant  de  retour' 
dans  la  haute  Bavière  ,  bâtit  une  petite  ville  au  bord  de 
l'Ifer ,  en  un  lieu  où  étoit  une  métairie  appartenante 
à  des  moines  du  monaftere  de  Schaffelar  ;  qu'il  l'appella 
Munich,  Monachium,  Se  qu'elle  eft  devenue  la  plus 
célèbre  des  villes  qui  ne  font  point  impériales.  Il  ajoute 
que  le  village  de  Vering  ,  Veringiorum  Pagus  ,  à  cinq 
milles  au-deffous  de  Munich,  étoit  alors  un  bourg  ap- 
partenant à  l'évêque  de  Freifingen  :  que  c'étoit  un  lieu 
fort  marchand,  où  il.fe  vendoit  beaucoup  de  fel  ,6c 
qu'il  y  avoir  un  pont  ;  qu'Henri ,  duc  de  Bavière,  attaqua 
de  nuit  le  lieu  de  Vering ,  le  pilla ,  démolit  le  pont , 
brûla  les  maifons,  transporta  les  falines  Se  ceux  qui 
commerçoient  en  fel ,  le  pont  Se  la  douane  que  l'on  y 
payoit ,  les  transporta  ,  dis- je  ,  à  Monachium  ,  où  il 
voulut  que  l'on  fît  à  l'avenir  porter  tout  le  fel  qui  au- 
paravant fe  portoit  à  l'autre  endroit.  Albert ,  évêque  de 


MUN 


438 

Freifingen  ,  s'en  plaignit  à  l'empereur.  Jl  y  eut  des  décrets 
donnés  ,  le  duc  les  méprifa  tous ,  Se  fut  mis  au  ban  de 
l'Empire.  Cela  fut  caufe  qu'il  perdit  la  Bavière  qui  fut 
donnée  à  Othon  ,  comte  de  Wuelfpach  ,  Se  la  Saxe  qui 
pafia  dans  la  maifon  d'Anhalt. 

Cette  ville  eft  au  milieu  d'une  plaine  à  cinq  milles 
d'Allemagne ,  de  Freifingen  ,  à  huit  d'Augfbourg  ,  à 
quinze  de  Ratifbonne.  Corneille  fe  trompe  quand  il 
dit  que  Munich  fut  bâtie  des  ruines  du  monaltere  de 
Schejiar  :  elle  eft  fïtuée  au-deflbus  de  ce  monaltere  qui 
fubfifte  encore, i&  s'appelle  Schoefflarn  ;  niais,  com- 
me je  l'ai  remarqué,  elle  fut  bâtie  aux  dépens  de  ce 
monaftere  ,  c'eft-à-dire  fur  fon  terrein  ,  où  étoit  une 
métairie  appartenante  aux  moines.  Henri  la  commença 
en  962  ,  Se  Othon  IV  de  Witelspach  la  fit  ceindre  de 
murailles  en  1 1 5-7.  Elle  a  au  couchant  le  Leck  rivière 
&  la  ville  d'Augfbourg,  vers  l'orient  l'Inn  &  Waffei bourg: 
elle  a  Freifingen  au  nord  &  les  Alpes  du  Tirol  au  mi- 
di. Elle  n'eft  pas  grande  ,  Se  fon  circuit  dans  l'enceinte 
même  des  remparts  n'eft  que  de  cinq  cens  pas,  félon 
Bettius.  Mi iTon  ,  Lettre  1 1  ,  dit  que  c'eft  une  belle  ville  ; 
mais  mal  fortifiée.  Hubner ,  Geogr.  p.  402.  difoitdans 
le  même  fens  en  17 15.  Elle  eft  belle  &  Magnifiquement 
bâtie  ,  mais  médiocrement  fortifiée.  Ochon  und  prach- 
tig  gebavet ,  aber  maflig  fortificiret. 

Les  principales  églifes  de  la  ville  font  Notre-Dame  , 
où  l'on  voit  dans  le  chœur  le  tombeau  de  l'empereur 
Louis  IV  ,  ou  Louis  de  Bavière.  Il  eft  couché  fous  un 
monument  d'un  ouvrage  ancien  Se  peu  confidérable  ; 
mais  Maximilien  ,  duc  de  Bavière  »  fuivant  les  ordres  de 
fon  père  Se  de  fon  aïeul ,  l'a  fait  revêtir  d'un  beau  tom- 
beau de  marbre  noir  avec  les  ornemens  de  bronze.  Aux 
quatre  coins  il  y  a  quatre.Suiffes  armés ,  un  genou  en 
terre  ,  tenant  une  lance  à  là  main.  Au  milieu  des  côtés 
de  la  longueur  font  les  ftatues  d'Alberr  &  de  Guillau- 
me de  Bavière ,  père  Se  aïeul  de  Maximilien.  Elles  font 
grandes  comme  nature,  debout ,  Se  le  dos  tourné  contre 
le  tombeau.  Sur  les  quatre  coins  de  la  corniche  ,  il  y 
a  huit  anges  &  deux  autres  figures  fur  le  dôme  ,  fur  le- 
quel eft  un  couffin  furmonté  de  la  couronne  impériale. 
Toutes  lesfeize  figures,  le  couffin  ,  la  couronne  &  tous  les 
ornemens  font  de  bronze.  Derrière  le  grand  autel  de 
cette  églife  ,  il  y  a  une  chapelle  de  la  Vierge  dont  l'au- 
tel eft  d'ébéne,  les  bafes ,  chapiteaux,  frifes  des  colom- 
nes  Se  autres  ornemens  font  d'yvoire  (a).  En  entrant 
dans  cette  églife  par  la  grande  porte ,  quand  on  a  fait 
dix  ou  douze  pas,  on  voit  une  des  pierres  du  pavé  , 
fur  laquelle  on  a  gravé  une  double  croix.  On  a  remar- 
qué que  quand  on  eft  debout  en  cet  endroit ,  il  fe  fait 
une  telle  rencontre  dans  la  dispofition  des  piliers  de 
l'églife ,  qu'on  ne  peut  appercevoir  aucune  fenêtre, 
quoiqu'il  y  en  ait  beaucoup.  L'églife  des  Augullinseft 
ornée  de  tableaux  fort  eftimés  (/?)•  L'églife  paroiffiale 
de  Saint  Pierre  ,  le  couvent  des  Franciscains,  des 
Capucins  ,  le  couvent  de  Saint  Jacques  où  font 
des  religieufes,  l'églife  de  Saint  Nicolas,  celle  de  Saint 
Scbaftien, la  chapelle  du  même  faint  Se  quelques  autres 
églifes  de  cette  ville  ont  presque  toutes  quelque  fingu- 
laiité  remarquable.  L'églife  Se  le  collège  des  Jéfuites 
font  un  des  principaux  ornemens  de  Munich.  Ce  collè- 
ge eft  un  magnifique  palais  (c  ).  Leur  églife  eft  à  l'ita- 
lienne avec  trois  chapelles  de  chaque  côté  ,  Se  la  croi- 
«  fée  qui  n'eft  guère  plus  enfoncée  que  les  chapelles. 
Comme  il  n'y  a  que  la  nef  fans  aîles ,  la  voûte  en  eft 
extrêmement  large  &  fort  haute,»?»:  autant  que  la  coquille 
du  chœur.  Elles  font  ornées  de  companimens  fort  agréa- 
bles ,  qui  accompagnent  les  côtés  Se  les  chapelles  qui 
font  féparées  par  deux  pilaftres  canelés  de  l'ordre  co- 
rinthien ,  fur  lesquels  s'appuient  les  arcades  des  chapel- 
les ;  le  tout  propre  &  blanc,  comme  fi  on  ne  faifoit  que 
de  l'achever.  La  maifon  eft  belle,  les  dortoirs  en  font 
magnifiques  de  cent  foixante  pas  de  long ,  avec  des  or- 
nemens de  menuiferie  à  toutes  les  portes  ,  Se  pavés  de 
grands  carreaux  de  pierre  fimple,  qui  eft  auffi  polie  que 
fi  c'étoit  du  marbrt?.  La  facriftie  eft  pleine  de  richefles , 
&  il  y  a  beaucoup  de  reliques,  (a)  Miffon ,  Voyages  ,  t. 
1.  png.  108.  {b)  Zcyler,  Bav.  ropog.  (c)  Monconis  ,  t.  3. 
Le  palais  (  a  )  eft  un  des  plus  grands  Se  des  plus  com- 
modes qu'il  y  ait  en  Europe.  l'Electeur  Maximilien  le 
fit  bâtir  avec  tant  de  dépenfes ,  que  toute  l'Allemagne 


MUN 


en  fut  furprife  ;  encore  difoit-il  ,que  s'il  eût  été  afluré  de 
vivre  dix  ans ,  il  l'auroit  fait  abbatre ,  pour  en  rebâtir  un 
autre  plus  fuperbe.  Il  y  a  tant  d'appattemens  diffétens  , 
qu'outre  ceux  qui  font  occupés,  il  y  en  aurok  de  refte 
pour  l'empereur,  le  roi  Se  les  électeurs,  logés  auffi  commo- 
dément que  chez  eux  (b).  Il  y  a  une  ample  Se  exacte  de- 
feriptionde  ce  palais,  écriteen  italien  par  lemarquis  Ran. 
Palavicino.  Cette  royale  maifon  contient ,  dit-il ,  onze, 
cours,  vingt  grandes  fales,  dix-neuf  galeries,  deux  mille 
fix  cens  grandes  croifées  vitrées,  fix  chapelles  ,  feize  gran- 
des cuifïnes ,  Se  douze  grandes  caves  -,  quarante  vaftes 
appartenons',  qui  font  unis  fans  être  affujettis ,  &  dans 
lesquelles  ont  peut  diltinguer  trois  cens  grandes  cham- 
bres richement  peinres ,  pavées ,  lambriflees ,  meublées , 
&c.  (,i)  Patin  ,  Voyage  ,  p.  85.  (  b  )  Mijfon ,  p.  109. 

Quoique  la  plus  grande  partiedesappartemens  foit  bien 
ordonnée  ,  on  peut  dire  qu'il  y  a  de  l'irrégularité  dans  le 
tout.  Ce  défaut  eft  général  dans  toutes  les  grandes  mai- 
fons  royales ,  qui  n'ont  pas  été  faites  fur  les  deffeins  du 
même  architecte  :  Patin  trouve  néanmoins  qu'il  n'y  a  guè- 
re de  plus  belle  archiredture  que  celle  de  ce  palais  ;  mais 
il  ajoute  qu'on  dit ,  qu'il  n'y  en  a  point ,  dont  les  ordres 
embraffent  tant  d'efpace.  11  y  a  une  fi  grande  abondance 
de  marbre,  qu'on  le  croiroit  du  pays ,  &  les  pierres  or- 
dinaires de  delà  les  monts,  parce  qu'elles  y  font  plus  rares. 

Cela  doit  s'entendre  du  dedans,  car  la  façade  extérieu- 
re n'eft  que  peinte,  avec  des  ordres  d'architecture  fans  au- 
cun relief  de  pierre,  au  rapport  de  Monconis,  t-  3.  p. 
303.  Il  y  a  deux  grandes  portes,  entre  lesquelles  au  mi- 
lieu de  la  façade  eft  une  niche  avec  une  ftatue  de  la  fainte 
Vierge ,  Se  ces  paroles  au  deffous  ;  Patrona  Bajoariœ ,  fub 
tuitm  prœfîdium  confugimus  ,  fub  quofecuri  Utique  de- 
gimits.  Chacune  de  ces  portes ,  auffi-bien  que  la  niche 
du  milieu  ,  eft  ornée  d'une  belle  architecture  de  mar- 
bre ,  deux  grandes çolomncs  avec  leurs  ornemens,  leurs 
bafes,  leurs  frifes  Se  leurs  chapiteaux  ,  portent  un  fron- 
ton accompagné  de  deux  vertus  de  bronze.  Au  côté  des 
colomnes,  les  armes  de  Saxe  d'un  côté,  Se  de  l'autre  cel- 
les de  Lorraine.  La  Vierge  qui  eft  au  milieu  ,  à  diftance 
égale  de  ces  deux  portes  ,  eft  auffi  de  bronze ,  debout , 
plus  grande  que  nature ,  couronnée  d'étoiles.  Tout  le  re- 
fte de  la  Façade,  n'eft  qu'une  architecture  en  peinture  , 
en  grifaille  jaunâtre.  *  Monconis ,  p.  3  1 2. 

La  première  de  ces  portes  mené  dans  une  cour  lon- 
gue Se  étroite  ,  qui  a  deux  corps  de  logis  de  chaque  côté 
Se  femble  une  rue  ,  au  fond  de  laquelle  il  y  a  une  arcade, 
qui  a  un  escalier  à  chaquecôté,  qui  fert  de  paflageà  une  au- 
tre grande  cour  en  ovale.  L'autre  porte  entre  dans  une 
grande  cour  carrée ,  toute  peinte  en  dedans  comme  en 
dehors,  &  en  forme  d'architecture,  mais  foigneufement 
Se  proprement  confervée,  ce  qui  eft  le  plus  beau  de  ce  pa- 
lais, c'eft  le  foin  &  la  propreté. 

Du  milieu  de  cette  cour  élans  le  côté  gauche  du  logis, 
on  voit  un  fort  grand  Se  beau  vcftibule  voûté,  foutenu  de 
quatre  grofies  colomnes  de  marbre  jaspé ,  avec  leurs  bafes 
Se  chapiteaux  de  même  ,  quoique  les  bafes,  qui  ont  deux 
rangs  bas  &  larges ,  ayent  mauvaife  grâce.  A  droire  eft 
un  très-bel  escalier  de  marbre,  Se  généralement  tous  les 
degrés ,  les  planchers ,  les  portes  Se  les  cheminées  font 
de  marbre ,  mais  fi  bien  tenus  qu'on  s'y  mire ,  Se  qu'il  eft 
même  difficile  d'y  marcher  fans  gliiTer.  Les  marches  dç 
ce  bel  escalier  à  pallier  ont  deux  toifes  de  long. 

Il  y  a  au  haut ,  une  très- grande  &  belle  fale  pavée  de 
marbre ,  deux  aux  côtés  de  la  grande  par  où  l'on  entre 
dans  la  fale,  dont  la  menuiferie  eft  de  pièces  rapportées. 
La  façon  Se  la  dorure  des  ferrures  font  remarquables. 
11  y  a  de  belles  colomnes  de  marbre  ;  les  plafonds  pleins 
d'emblèmes  Se  de  devifes  fort  ingénieufement  dispofés  ; 
les  deux  qui  font  à  l'oppofite  ,  accompagnent  une  belle  Se 
grande  cheminée,  fur  laquelleil  y  aune  ftatue  de  la  vertu  as* 
fife,  qui  eft  de  porphyre.  Cette  cheminée  a  lamêmearchi- 
tecturequelagrandeporrepar  où  l'on  entre.  Il  n'y  a  dans 
tout  ce  vafte  palais,  ni  coin  ,  ni  niche  ,  ni  porte,  ni  che- 
minée, qui  n'ait  fon  bufte  ou  fes  reliefs;  mais  tout  cela 
s'efface  à  la  vue  du  filon  des  antiques.  On  y  compte  trois 
cens  cinquante-quatre  buftes  de  jaspe,  de  porphyre  ,  de 
bronze ,  Se  de  marbre  de  toutes  les  couleurs,  qui  repré- 
fentent  des  capitaines  Grecs,  des  empereurs  Romains , 
des  hommes  illultres,  ou  par  la  naifianec  ,  ou  par  les 
actions.    Il  v  en  a  entr'autres  un   d  Alexandre ,  plus 


MUN 


MUN 


ferand  que  nature  ;  il  a  tout  ce  goût  ravifiant  de  l'antiqui- 
té ,  la  valeur,  l'ambition  ,  Se  cette  honnêteté  charmante, 
qui  a  eu  tant  de  part  aux  conquêtes  de  l'Afie  ,y  l'ont  expri- 
mées. Enfin,  c'elt  Alexandre  le  grand,  bien  mieux  que 
dans  fon  hiftoire.  On  y  voit  aulfi  un  grand  nombre  d'I- 
doles Se  de  vailfeaux ,  qui  fervoient  aux  factifices  àxs  an- 
ciens. *  Patin ,  pag.  84. 

11  y  a  deux  galeries ,  dont  l'une  eft  ornée  d'une  centai- 
ne de  portraits  de  perfonnes  illultres ,  principalement  en 
doctrine.  Le  plafond  de  l'autre  repréfente  les  principa- 
.  les  villes  de  Bavière  ,  tes  rivières  ,  fes  châteaux  ,  Se  ce 
qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  l'étendue  de  cet  éle- 
ctorat  :  il  y  a  une  fale  de  cette  efpéce  d'ouvrage  que  les 
Italiens  appellent  Stucador ,  où  les  figures  font  excellen- 
tes. Le  roi  de  Suéde,  qui  s'étoit  rendu  maître  de  Munich, 
ne  trouva  rien  de  plus  beau  dans  ce  palais,  qu'une  chemi- 
née ,  dont  l'ouvrage  en  ftuc  l'avoit  charmé  :  Un  Seigneur 
qui  l'accompagnoit,  lui  confeilla  de  faire  rafer  ces  fuper- 
bes  bâtimens,  il  lui  répondit  qu'il  n'avoit  garde  de  pri- 
ver le  monde  d'une  fi  belle  chofe.  Ce  côhfeil  étoit  digne 
d'un  Goth,  ou  de  la  Courtifane  Thaïs.  Voyez.  Quinté- 
curfe  ,  1.  5.  c.  7. 

L'appartement  de  PSlectrice  eft  admirable  ;  ce  n'eft 
qu'or  &  azur(tf).  Il  a  une  petite  chapelle  particulière 
qui  eft  toute  remplie  de  choies  curieufes  \  ce  n'eft  qu'or 
Se  argent ,  perles  Se  pierreries  de  toutes  les  façons  :  on  y 
garde  auiîi  beaucoup  de  reliques  (/>).  Les  orgues  font  d'ar- 
gent en  relief ,  Se  les  armoires  de  cryftal  de  roche  ,  cifelé 
en  figures.  La  grande  chapelle  où  l'on  fait  ordinairement 
le  fervice ,  eft  aulîi  très-belle  r  on  y  voit  pîufieuis  ba  -re- 
liefs ,  où  font  repréfentéesdiverfes  hiftoires  convenables  à 
une  Chapelle  dédiée  à  la  Sainte  Vierge.  (<*)  Mijjon.  (6) 
Corn.  Dict. 

La  grande  fale  de  l'appartement  de  l'empereur  a  cent 
dix-huit  pieds  de  long,  Se  cinquante  deux  de  large. 
Toutes  les  peintures  en  font  fort  eftimées,  ce  font  des 
hiftoires  :  les  facrées  font  d'un  côté,  Se  les  profanes  de 
l'autre.  Chaque  tableau  a  fon  diltique.  Voici  celui  de 
Sufanne. 

Cafta  Sufannaplacet  :  Lucretia,cede  Sufannœ, 
Tu  pojl ,  Ma  mon  maluit  antefeelus. 

Celui  de  Samfon , 

Samfonfum,  tôt  a  s  qui  ft  ravi  dente  Phalanges , 
Me  ft ravit  tonjîs  ma  paella  corriis. 

Cette  fale  eft  la  même  ,  où  fur  la  cheminée  on  voit 
entr'autres  ornemens,  une  belle  ftatue  de  porphyre  ,  qui 
repréfente  la  vertu  :  elle  tient  une  lance  de  la  main 
droite,  &  de  la  gauche  une  branche  de  palme  dorée. 

Patin  parle  avec  admiration  des  tableaux  qu'il  vit  dans 
l'appartement  de  l'électeur  Se  dans  la  galerie.  Il  ajoute 
qu'aux  efpaces  qui  féparent  les  tableaux  ,  on  a  pratique 
des  armoires  fur  l'épaifieur  du  mur  ,  où  l'on  ga'rdoit  des 
bijoux  très-précieux. Les  pierres  précieufesy  font,dir-il,en 
abondance  :  il  y  a  des  perles  d'Orient ,  il  y  en  a  du  pays, 
qu'on  a  pêchées  dans  cette  petite  rivière  qui  fe  décharge 
à  Partait  dans  le  Danube.  On  remarque  dans  celles-ci 
les  différens  progrès,  où  la  nature  les  conduit  à  leur  per- 
fection. On  y  en  voit  de  noires ,  c'eft  la  couleur  de  cette 
première  matière  qui  prend  fa  folidiré;  de  grifes ,  où  on 
s'apperçoit  que  cetr"e  matière  s'éclaircit ,  de  blanchiflan- 
tes ,  Se  de  parfaitement  blanches. 

Ce  palais  a  quatre  cours  :  celle  de  l'empereur  eft  la 
plus  belle  :  c'eft  un  carré  d'une  fymmét rie  égale  :  celle 
des  fontaines  eft  un  carré  long,&  on  l'a  nommée  ainfi 
à  caufe  de  divers  jets  d'eau  à  figures  de  bronze  qui  cou- 
ronnent un  grand  bafiin  ,  au  milieu  duquel  s'élève  une 
ftatue  de  bronze  ,  d'où  fort  un  jet  d'eau  admirable.  Les 
deux  autres  cours  n'ont  point  de  nom. 

On  y  diftingue 'quatre  appartenons  principaux  ,  fans 
compter  ceux  du  prince  Se  de  fa  cour.  Le  premier  eft 
l'appartement  royal ,  le  fécond  ,  celui  de  Lorraine ,  le 
troifiéme  eft  l'appartement  impérial,  Se  le  quatrième  eft 
celui  de  la  princefle.  Ces  appartemens  communiquent 
par  autant  de  galeries  fort  ornées. 

De  l'appartement  de  la  princeffe  ,  on  va  dans  des  jar- 
dins petits ,  mais  délicieux  Si  remplis  de  toutes  fortes 


439 

de  fleurs.  Il  y  a  dans  le  dernier ,  une  grotte  muvcilltufc 
pour  l'artifice  avec  lequel  elle  eft  faite,  &riche pour  la  ma- 
tière. Outre  ces  jardins  particuliers.;  il  y  a  le  grand  jar- 
din du  château.  Il  y  a  tant  de  chofes  remarquables  dans 
ce  magnifique  palais,  qu'il  faudroit  un  livre  entier  pour 
en  donner  une  defeription  fatisfaifante.  MilTon  y  ayant 
vu  quelque  ouvrage  de  ftuc  ,  parle  d'une  manière  à  faire 
croire  ,  que  ce  n'eft  par  tout  que  du  ftuc  ,  que  l'on  y 
prend  pour  du  marbre.  Le  marbre ,  dit  -  il  ,  le  trou- 
ve par  -  tout  en  abondance  dans  le  palais ,  mais  il  ne 
faut  pas  s'y  tromper ,  car  ils  ont  le  fecrec  d'une  certaine 
compofition ,  qui  devient  fi  dure  Se  qui  eft  capable  de 
recevoir  un  fi  beau  poli ,  que  ceux  qui  ne  font  pas  con- 
noiiïêurs , prennent  ai  fement  celapour  du  marbre.  11  faut  ré- 
duire cette  obfervation  à  quelques  ouvrages  de  ftuc  dont 
on  a  parlé  ;  car  les  colombes,  les  ftatues  Se  quantité 
d'autres  ornemens  de  ce  palais,  font  de  vrai  marbre. 

Le  même  auteur  fait  une  remarque  plus  curieufe,  lors- 
qu'il die  qu'on  a  pratiqué  à  Munich  des  galeries  qui  , 
rraverfant  les  maifons  Se  même  les  rues  ,  par  le  moyert 
des  arcades ,  communiquent  du  palais  aux  principales 
églifes  &couvensdela  ville,  de  forte  que  la  cour  peut 
y  aller  fecrettement. 

On  voit  dans  ce  palais  une  médaille  ,  dont  Patin  don- 
ne la  defeription  :  Se  un  cabinet  de  cèdre  de  trois  pieds 
de  haut  ne  fert  que  de  couverture  a  un  antre  bien  plus 
précieux  :  il  elt  d'ivoire  relevé  de  figures  ,  dont  la  dispo- 
sition ,  le  deflein  Se  le  travail  l'emportent  fur  tout  ce 
que  j'ai  vu  ailleurs  en  ce  genre.  Il  y  a  quatorze  cens  mé- 
dailles d'or  en  vingt  tablettes.  Leur  beauté  confilte  dans 
la  fuite  des  empereurs  Romains;  car  pour  les  Grecques 
Se  les  Confulaires  ,  dont  il  peut  y  avoir  trois  ou  quatre 
cens,  quoiqu'elles  foient parfaitement  bien  contrefaites, 
la  vérité  Se  l'antiquité  leur  manquent.  Un  Jefuite  qui  en 
avoit  la  direction ,  ne  put  appailér  la  curiofité  de  l'éle- 
cteur ,  qu'en  faifant  copier  en  or  celles  qui  lui  man- 
quoient ,  Se  qu'on  ne  pouvoit  recouvrer  ;  ces  copies  font 
fi  belles  que  j'en  fus  lurpris ,  Se  qu'il  trié  fallut  du  tems 
pour  les  reconnoîtie.  Il  y  a  deux  ou  trois  cens  pièces  ad- 
mirables entre  les  impériales,  qui  peuvent  charmer  la 
plus  finecuriofité.  llinfinuequc  les  médailles  de  bronze  & 
d'argent ,  n'ayant  pas  été  fauvées  avec  la  même  attention 
que  celles  dor  ,  ont  été  la  proie  des  Suédois. 

Ce  beau  palais  a  fouffert  deux  incendies  eonfiderables, 
l'un  le  quatorze  décembre  1729  ,  Se  l'autre  au  mois  de- 
mars  1750.  Le  dommage  caufé  par  le  premier  fut  efti- 
mé  à  plus  de  douze  millions  ,  Se  l'autre  à  cinq  cens  mille 
florins. 

Les  principales  portes  de  Munich  font  là  porte  de  Sua-* 
be  (<z)  :  elle  elt  au  nord  de  la  ville,  Se  au  couchant  du 
château  de  l' électeur.  La  porte  de  1  Ifer  ■  qui  va  du  côté 
de  Saltzbourg  ,  eft   à  l'orient    de    la  ville.    En  allant 
delà  vers  le  midi ,  on  trouve  la  Schiffer  Thor ,  ou  la  po;~ 
te  des  bateaux  -,  elle  fe  termine  aux  ouvrages  extérieurs. 
Se  n'a  point  de  forrie  dans  la  campagne.   La  Stndlinger 
Thor  Se  l'Alger  Thor ,  quoique  féparées  par  un  aiîez 
bon  intervalle  dans  le  mur  de  la  ville,  n'ont  qu'une  for- 
tie  commune  dans  là  campagne.  La  porte  de  Neuhaufcn 
ou  de  la  Maifon-Neuve  ,  elt  au  couchant,  au  voifinage  du 
collège  desJefuites,&a  fa  fortie  particulière  dans  la  cam- 
pagne. Il  eft  bon  de  dire  que  Sendling  (h  )  ,  qui  donne  le 
nom  à  une  porte  ,  elt  un  village  au  midi  de  Munich  :  il  y 
en  a  même  trois  de  ce  nom  diftingués  par  les  épithetes 
de  Bas  Sendling,  Moyen  Sendling  Se  HauîSend- 
ling.  A  l'égard  deNeuhaufen,  ce  n'eft  qu'un  château  peu 
éloigné  de  la  ville.  L'Ifer  forme  beaucoup  d  ifles  à  l'orient 
de  Munich  •.  on  en  rràverfe  quatre  ,  quand  on  fort  par  H 
porte  de  l'Ifer.  {a)  Zeyler ,  Plan  de  Munich,  (ù)  Phi- 
Iippi  Appiani ,  Bavar.  Tap.  Geogt. 
MUNlCHlA.K«y«.  Munychia. 
MUNICIPALE  (  Ville),  Lieu  Municipal  ou 
MUNICIPE  ,  en  latin  Municipium.  Ce  nom  a  eu 
des.  fignifications  différentes ,  félon  les  différens  âges  du 
peuple  Romain.  Aulugelle  nous  a  confervé  fur  ce  mot 
quelques  remarques ,  qui  méritent  une  attention  parti- 
culière. Les  voici  :  les  mots  de  MunicipesSc  Municipiat 
dit-il ,  font  aifes  à  prononcer  Se  chacun  s'en  fert ,  mais 
fouvent  on  croit  que  c'elt  une  chofe,  &  c'en  eft  une 
autre  ;  car  qui  elt  celui  d'entre  nous ,  qui  étant  citoyen 
d'une  colonie  du  peuple  Romain,  nt  djfe  qu'il  eft  Mi- 


MUN 


44° 

niccpi  ,  Se  que  fes  compatriotes  font  Munkipes ,  ce  qui 
cil:  contraire  à  la  vérité.  Ainft  nous  ne  favons  ce  que  c'eft, 
que  Municipia  ,  ni  quel  ell  leur  droit,  ni  en  quoi  ils  dif- 
férent des  colonies.  Nous  penfons  que  les  Colonies  font 
de  meilleure  condition ,  que  les  Munkipia.  C'eft  de  ces 
fortes  d'erreurs,  donc   parle  l'empereur    Adrien,  dans 
la  harangue  qu'il  prononça  dans  le  fénat ,  au  fujet  des 
habitans  d'Italica,  ville  dont  il  étoit.  Il  s'étonne  que  les 
citoyens  d'Italica,  &  les  autres  anciens  Munkipia,  en- 
tre lesquels  il  compte  les  habitans  d'Utique,  pouvant 
vivre  félon  leurs  propres  loix  &  coutumes,  euffent  affe- 
&é  de  paffer  au  nombre  des  colonies.  Il  obferve  qu'au 
contraire  ceux  de  Prénelte  avoient  fait  de  fortes  inftan- 
ces  auprès  de  l'empereur  Tibcre,  pour  obtenir  de  lui  , 
que  de  Colonie  qu'ils  étoient  alors ,  ils  devinffenr  un  Mu- 
nkipium. Il  ajoute  que  Tibère  le  leur  accorda  comme 
une  faveur  «5c  comme  une  marque  de  fa  reconnoiflance  , 
de  ce  qu'il  avoit  recouvré  fa  fanté  chez  eux.  Munkipes 
lignifient  donc  des  citoyens  Romains ,  habitans  de  quel- 
que lieu  qualifié  Munkipium  ,  qui  gardoient  fes  loix  , 
fa  jurisprudence ,  qui  pouvoient  parvenir  avec  le  peu- 
ple Romain  à  des  offices  honorables  ;  mais  qui  d'ail- 
leurs   n'avoient  aucune  fujétion  aux  loix  romaines,  à 
moins  que  ce  peuple  ne  fe  fût  lui-même  fournis  Se  don- 
né en  propriété   aux  Romains.  Avant  que  d'aller  plus 
loin  dans  ce  pafiage  ,  il  faut  expliquer  ce  que  l'on  en  vient 
de  lire.  *  Nott.   Attk.  1.   1 6  c.  1 3 . 

Le  lieu  ou  la  communauté  s'appelloit  Munkipium.  Il 
différoit  de  la  colonie  en  ce  que  la  colonie  ,  étant  com- 
pofée  de  Romains  que  l'on  envoyoit  pour  peupler  une 
ville  .  ou  pour  réçompenfer  des  troupes ,  qui  avoit  mé- 
rité par  leurs  fervices  un  établiffement  tranquille ,  ces  Ro- 
mains portoient  avec  eux  les  loix  Romaines,  Se  étoient 
gouvernés  félon  ces  loix  ,  par  des  magiftrars  que  Rome 
leur  envoyoit.  Au  contraire  le  municipe  étoit  compofé 
de  citoyens  étrangers  au  peuple  Romain  ,  &  qui  en  vue 
de  quelques  fervices  rendus ,  ou  par  quelques  motifs  de 
faveur  ,  confervoient  la  liberté  de  vivre  félon  leurs 
coutumes  Se  leurs  propres  loix ,  de  choifir  eux-mêmes 
entr'eux  leurs  magiftrars.  Malgré  cette  différence ,  ils  ne 
lailToient  pas  de  jouir  de  la  qualité  de  citoyens  Romains, 
mais  les  prérogatives  attachées  à  cette  qualité  ,  étoient 
plus  refferrées  à  leur  égard ,  qu'à  l'égard  des  vrais  citoyens 
Romains.  Servius  ou  Servilius,  cité  par  Feftus,  difoit 
qu'anciennement  il  y  en  a  voit  qui  étoient  citoyensRomains, 
à  condition  de  faire  toujours  un  état  à  part  ,  que  tels 
étoient  ceux  de  dîmes ,  d'Acera  ,  d'Atella  ,  qui  étoient 
également  citoyens  Romains  ,  Se  qui  fervoient  dans  une 
légion  ,  mais  qui  ne  poffédoient  point  les  dignités.  Les 
Romains  appelloient  Munkipalia  Jacra  ,  le  culte  reli- 
gieux que  chaque  lieu  municipal  avoit  eu  avant  que  d'a- 
voir reçu  le  droit  de  bourgeoifie  Romaine  :  il  le  confer- 
voit  encore  après  comme  auparavant.  A  l'exemple  des 
Romains  nous  appelions  en  France  Droit  Municipal, 
les  coutumes  particulières  dont  les  provinces jouiffent , 
Se  dont  la  plupart  jouiffoient  avant  d'être  réunies  à  la 
couronne,  comme  les  coutumes  de  Normandie  ,  de 
Bretagne ,  d'Anjou  ,  &c. 

Paulus  diftingue  trois  fortes  de  Munkipia,  i°  Les 
hommes  qui  venoient  demeurer  à  Rome  ,  Se  qui ,  fans 
être  citoyens  Romains,  ne  pouvoient  exercer  certains 
offices ,  conjointement  avec  les  citoyens  Romains  -,  mais 
ils  n'avoient  ni  le  droit  de  donner  leurs  fuffrages  , 
ni  les  qualités  requifes  pour  être  revêtus  des  charges 
de  la  magiflrature.  Tels  étoient  d'abord  les  peuples 
de  Fondi ,  de  Formies ,  de  Cumes ,  d'Acerra  ,  de  La- 
nuvium  ,  de  Tusculum  ,  qui ,  quelques  années  après  , 
devinrent  citoyens  Romains.  2°Ceux  dont  toute  la  nation 
avoit  été  unie  au  peuple  Romain  ,  comme  ceux  d'Aricie , 
les  Cerites ,  ceux  d'Agnani.  3  °  Ceux  qui  étoient  parvenus 
à  la  bourgeoifie  romaine,  à  condition  qu'ils  conferveroient 
le  droit  propre  Se  particulier  de  leur  ville ,  comme 
ceux  de  Tibur ,  de  Prénefte  ,  de  Pife  ,  d' Arpi ,  de  Noie , 
de  Bologne  ,  de  Plaifancc  ,  de  Nepi ,  de  Sutrium  Se  de 
Luque.  C'eft  ce  que  nous  apprend  cet  ancien  ;  Se  quoi- 
que ce  pafiage  ne  (bit  pas  fort  clair,  on  ne  laifle  pas  d'y 
voir  que  les  Municipes  ne  fe  faifoient  pas  aux  mêmes 
conditions,  ni  avec  les  mêmes  citeonftances.  En  géné- 
ral on  voit  que  les  Municipes  étoient  capables  d'être 


MUN 


admis  aux  offices ,  ad  mimera  capescenda  ,  Se  que  c'eft 
l'origine  de  ce  nom. 

Mais  le  droit  municipal  n'a  pas  toujours  été  le  mê- 
me. Anciennement  le  droit  de  bourgeoifie  romaine  s'acr 
cordoit  aux  uns  avec  celui  de  futhage,    aux  autres, 
avec  l'exclufion  de  ce  droit.  Ceux  qui  avoient  droit  de 
fuffrage,n'avoient  point  d'autres  loix  que  les  loix  romaines, 
Se  pouvoient  afpirer  aux  magillratures  de  Rome. Ceux  qui 
n'avoient  pas  ce  droit  de  fuftrage ,  vivoient  &  le  gou- 
vernoient  par  des  loix  propres  Se  particulières  ;  mais  à 
Rome    ils  étoient  exclus  des  dignités.  Avec  le  icms  tous 
les  Municipes  furent  égaux ,  Se  on  leur  accorda  à  tous 
le  droit  de  fuffrage.  Enfin  cela  changea  encore.  Les  Mu- 
nicipes, amoureux  de  leur  liberté,  aimèrent  n.icux  fe 
gouverner  par  leurs  propres  loix  ,  que  par  celles  des  Ro- 
mains. Ainfi  l'habitant  d'un  lieu  municipal  n'étoit  point 
fournis  aux  loix  romaines,  à  moins  que  tout  le  perplc 
de    ce  lieu  -n'eût  renoncé  de  lui-même  à  fes  propres 
loix ,  Se  demandé  les  loix  romaines 

Nous  avons  appris,  continue  Aulugelle  ,  que  les  Ceri- 
tes font  les  premiers  qui  ayent  été  faits  Municipes  fans 
droit  de  fuffrage-,  &  qu'on  leur  accorda  l'honneur  de 
bourgeoifie  romaine  avec  exemption  des  chaiges  ,  à  cau- 
fe  qu'ils  avoient  reçu  Se  gardé  chez  eux  les  choks  (a- 
crées  durant  la  guerre  des  Gaulois.  De-là  font  venues  les 
tables  cerites,  où  les  cenfeurs  faifoient  écrire  les  noms 
de  ceux  qui ,  pour  quelque  fujet  ignominieux ,  étoient 
privés  du  droit  fuffrage.  Strabon  regarde  comme  un  in- 
gratitude, l'exception  que  l'on  fit  en  cette  occafion  dans 
la  récompenfe  de  ce  peuple.  Les  Cerites,  dit-il  ,  atta- 
quèrent dans  la  Sabine  les  Gaulois  qui  avoient  pris  Ro- 
me ,  les  battirent,  &  leur  enlevèrent  le  butin  que  les  Ro- 
mains leur  avoit  eUx-mêmes  livré.  Outre  cela,  ils  fauve- 
rent  les  Romains,  qui  s'étoient  réfugiés  à  Cere  ,  le  feu  fa- 
cré  Se  les  veftales.  Et  il  me  paroît  que  les  Romains  n'eu- 
rent pasaffez  de  reconnoiflance  de  ce  bienfait ,  ce  qu'il 
faut  attribuer  au  mauvais  gouvernement  de  ce  tems  :  car 
en  leur  donnant  le  droit  de  bourgeoifie  romaine,  ils  ne 
mirent  pourtant  pas  leurs  noms  dans  le  regifire  des  ci- 
toyens ,  Se  au  contraire  ils  rejetterent  dans  le  regifire  des 
Cerites ,  ceux  qui  ne  jouiffoient  pas  du  même  droit 
que  les  autres  citoyens.  On  peut  voir  au  digefie  ,  L.  Tu.  1. 
ad  munkipalem  &  de  Incolis  ,  que  ce  mot  Municcps  ne 
fignifioit  plus  que  bourgeois ,  de  quelque  ville  que  ce 
fût. 

11  y  avoit  un  grand  nombre  de  lieux  municipaux  ,  Mu- 
nkipia ,  dans  l'Empire  Romain.  Voici  une  lifie  que  Bau- 
drand  a  dreffée  des  feuls  Municipes  de  l'Italie.  Il  joint 
à  chaque  nom  celui  de  l'auteur  ,  qui  en  fournit  les  preu- 
ves. L'étoile  marque  que  les  lieux  qu'elle  accompagne 
ne  fubfifient  plus. 

Liste  des  Municipes   Romains  en  Italie. 

Acerra,  dans  la  Campanie,  Tite-Live. 

Alatrium ,  dans  le  Latium ,  anc.  infer. 

Allifa,  dans  le  Samnium  ,  anc.  infer. 

Ameria  ,  dans  l'Ombrie  ,  Cicéron. 

Anagnia ,  dans  le  Latium  ,  Tite-Live  ,  Cicéron. 

Aquinum,  dans  le  Latium  ,  Tite-Live,  Cicéron. 

Aretium,  dans  l'Etrurie ,  anc.  infer. 

Aride  ,  dans  le  Latium ,  Tite-Live ,  Velleius  Patercu- 

lus  &  Aulugelle. 
Arpinum  ,  dans  le  Latium  ,  Tite-Live  ,  Cicéron. 
Asculum,  dans  lePicenum,  Cicéron. 
AJJife,  en  Ombrie  ,  anc.  infer. 

*  Àtella  ,  dans  la  Campanie ,  anc.  infer. 
Blera  ,  dans  l'Etrurie  ,  anc.  infer. 
Bologne,  dans  la  Gaule  Cispadane  ,  anc.  infer. 
BovilU ,  dans  le  Latium,  Cicéron. 

Cmre ,  en  Etrurie  ,  Aulugelle. 
Calenum,  dans  la  Campanie  ,  Cicéron. 
Capene  ,  en  Etrurie  ,  anc.  infer. 
Capoite ,  dans  la  Campanie,  anc.  infe. 

*  Cnfïnum  ,  dans  le  Samnium,  anc.  info 

*  Cafuentum  ,  dans  l'Ombrie  ,  anc.  info 
Clufium  ,  en  Etrurie,  anc.  infer. 

*  Cumx ,  en  Campanie  ,  Tite  Live ,  anc  .  infer. 
Eporedia  ,  au  pays  des  Salaffes ,  Tacite. 
Ftrentirmm  ,  au  Latium,  Tite-Live. 

*  Formiez , 


MUN 


MUN 


*  Formïes  »  dans  le  nouveau  Latium,  Tite-Live. 

*  Forum  Flanùnii ,  en  Ombrie  ,  anc.  infer» 
Furidi,  au  Latium  ,  Tite  Live. 

*  Gaules  y  au  Latium  ,  Cicéron. 
Hispellum  ,  en  Ombrie  ,  anc.  infc. 
Hydruntum ,  au  pays  des  Salentins ,  anc.  infc. 
Interamna  ,  au  Latium  ,  anc.  infer. 

*  Lanuvium,  au  Latium  ,  Tite-Live  ,  Cicéron. 
hatinum,  chez  le  peuple  Vr entant ,  Cicéron. 
Lavici,  au  Latium,  Cicéion. 

Laque  ,  en  Etrurie  ,  Feftus. 
Mevania,  dans  I'Ombrie,  anc.  infef. 

*  Mevoniola  ,  de  même. 
Milan  y  dans  l'Infubrie,  Tacite. 

*  Nahartes ,  dans  I'Ombrie  ,  anc.  infc. 
Ncpet  y  dans  l'Etrurie  ,  Feftus. 

Noie ,  dans  la  Campanie  ,  Feftus. 

*  Nomentum ,  dans  la  Sabine ,  Tite-Live. 
Novare ,  dans  l'Infubrie  ,  Tacite. 

*  Numana ,  dans  le  Picenum  ,  anc.  infer. 
Otriculum  y  en  Ombrie,  anc.  infer. 

*  Pedum ,  dans  le  Latium ,  Tite-Live. 
Fifo  ,  en  Etrurie  ,  Feltus. 

Flaijance ,  dans  la  Gaule  Cispadane  ,  Feftiis. 

Frenefle ,  au  Latium  ,  Feftus. 

Privernum  ,  au  Latium  ,  Tite-Live  &  anc,  infer. 

Rhegium ,  au  pays  des  Brutiens ,  anc.  infer* 

S&pinum  ,  au  Samnium ,  anc.  infer, 

Sarfint ,  dans  l'Emilie  ,  anc.  infer. 

*  Scaptia  ,  au  Latium  ,  Pline. 
Scgufinm ,  dans  les  Alpes ,  anc.  infer. 

*  Sinuejfe ,  en  Campanie  ,  anc.  infer. 
Sueffè,  en  Campanie  ,  anc  infer. 

*  Suejjula  ,  de  même. 

Surrentum ,  dans  le  Picentin  ,  anc.  infer. 
Sutrium  ,  en  Etrurie  ,  Foftus. 

*  Tarquinii ,  dans  la  Toscane  »  Ciccron. 
Tibur  y  dans  le  Latium  ,  Feftus. 
Tifernum  ,  dans  I'Ombrie,  anc.  infer. 

*  Trebula ,  au  Latium  ,  Tite-Livc. 

*  Tusculum  ,  au  Latium  ,  Sextus  Pompeius  &  Tite- 

Live. 
VercelU ,  en  Infubrie  ,  Tacite. 

*  Vindinum,  en  Ombrie,  anc.  infer. 
Urbinum,  de  même. 

Par  ce  nombre  de  Municipes  en  Italie  ,  on  peut  juger 
qu'il  y  en  avoit  beaucoup  plus  dans  le  refte  de  l'empire 
Romain.  Chacun  de  ces  Municipes  avoit  fdn  nom  par- 
ticulier &  propre. 

Il  eft  vrai  que  l'on  trouve  dans  Antonin  le  mot  Mu- 
nicipiurriy  fans  autre  nom.  C'eft  dans  la  route  ab  dureo 
Monte  y  Nicomediam  ,  mais  c'eft  une  faute  des  copiftes. 
On  lit. 

Viminacium ,      XXIV.         Mi    Pas. 
Municipium ,     XVII.  M.    P. 

Idimuniy  XXVII.       M.    P. 

Zurita  a  très-bien  foupçontic ,  que  l'on  a  fait  mal- 
à-propos  un  lieu  particulier  de  Municipium  ,  qui  n'eft 
qu'une  qualification  de  Viminacium ,  à  qui  il  appartient. 
11  n'eft  pas  vrailemblable  ,  dit-il ,  que  l'on  eût  mis  nue- 
ment  ce  mot  fans  y  joindre  le  nom  propre.  Aufll  l'a- 
t-il  marqué  d'un  afterisque  ;  mais  il  ajoute  que  dans  des 
manufetits  Se  dans  l'imprimé  de  Longueil,  on  trouve 
Municipium  XVIII.  M.  P.  Cela  ne  prouve  autre  cho- 
fe  ,  finon  que  la  même  faute  fc  trouve  dans  ces  ma- 
nufcrifs,outout  au  plus  qu'il  faut  retrancher  les  XXIV. 
de  Viminacium.  Voici  la  preuve  qu'il  y  a  faute.  Dans 
les  fommes  totales  de  toute  cette  route  ,  qui  fe  trouve 
à  la  27.  page  de  l'édition  de  Zurita  ,  on  compte  de  Sir- 
mium  à  Nicomédie  8 1  j  milles  -,  mais ,  en  calculant  tout 
le  détail,  il  s'en  trouve  85  3.  Ce  qui  fait  38  milles  d'ex- 
cès fur  la  diftance  de  Sirmium  à  Nicomédie.  Or  ,  en 
retranchant  les  XXIV.  il  refte  encore  un  excès  de  XIV. 
ou  bien  en  retranchant  les  18  qui  font  joints  à  Muni- 
cipium ,  il  reliera  XX.  qui  font  encore  de  trop  quel- 
que part ,  où  le  copifte,  peu  attentif  ,  aura  mis  XXX. 
pour  XX.  ou  XX.  pour  X.  Quoi  qu'il  en  foit,  les 
XVIII.  M.  P.  font  de  trop  dans  cette  route,  &  Mu- 


441 

tthipium  feul  n'eit  point  le  nom  particulier  du  neu  , 
mais  un  mot  appellatif  qui  demande  un  nom  propre. 
Le  manuferit  du  Vatican  porte  de  même  dans  la  route 
de  Carthage  à  Alexandrie  : 

Thenis  Colonia ,     XXV III.     M.  Pas. 

Macomadibits , 

Municipium  y  XX  VIII.     M.    P. 

Zurita  a  bien  vu  que,  de  même  que  Colonia  appar- 
tenoit  à  Thena  ,  de  même  Muncipium  appartient  à  Alx- 
comades  ,  aufll  les  a-t-il  joints  fagement. 

Il  eft  vrai  que  dans  la  notice  épiscopale  d'Afrique  » 
on  lit  Vittor  Municipenfu  entre  les  évêques  de  Numi- 
die  ;  ce  qui  pourroit  faire  croire  qu'il  y  avoit  au  moins 
en  Afrique  un  lieu  nommé  fimplement  Municipium. 
Cet  évéché  eft  apparemment  le  même  que  l'on  trouve 
entre  les  fouferiptions  du  concile  de  Carthage ,  tenu 
l'an  j  25  ,  auquel  fouferivit  Mariamis  ,episcvpus  Mu- 
nicipii  'ïullienfis ,  député  de  Numidie.  De  même  que  le 
fiége  ,  nommé  Tuggenfis  ,  eft  nommé  aillcuis  Municipii 
Foggu. 

MUNICIPIUM,  fiége  épiscopal  d'Afrique >  dans  la 
Numidie ,  ftlon  la  notice  d'Afrique ,  qui  fait  mention 
de  Victor  Mun\ti\enfis% 

MUN1CKENDAM,  ville  des  Pays-Bas,  dans  la 
Nort  Hollande  au  Waterland,  fur  leZuiderzée,  proche 
d'Edam,  a  trois  lieues  d'Amfteidàni.  Cette  petite  ville 
tire  fon  nom  de  la  rivière  qui  la  traverfe ,  &  qu'on 
appelle  Monick.  Voyez.  Monickendam.  *  Did.  géo- 
graphique des  Pays-Bas. 

MUNIENSES,  peuples  d'Italie,  félon  Pline  , /.  3. 
r.5. 

MUNIO  ,  ville  d'Italie,  dans  la  Toscane,  au  voifî- 
nage  de  FefuU ,  aujourd'hui  Fiefoli.  Onelius,  The- 
faur.  dit  qu'il  eft  parlé  de  Munio  dans  un  édit  du  roi 
Didier. 

MUNITIUM  ,  ancienne  ville  de  la  grande  Germa- 
nie, félon  Prolomée  ,  /.  2.  c.  1 1.  Ses  interprètes  l'expli- 
quent par  Gortingen,  ville  du  pays  de  Brunswick  }  mais 
ce  n'eft  qu'une  conjecture  fans  aucune  preuve. 

MUNSIA,  ville  d'Egvpte  ,  fur  le  Nil,  félon  Léon 
d'Afrique,  /.  8.  c.  53.  Elle  fut  bâtie  par  un  préfet  des 
caliphes,  vis-à-vis  de  l'endroit  où  étoit  Ichmin.  Les  ruft 
en  font  étroites  ,  ôc  pendant  l'édhil  y  fait  tant  de  pous- 
iiere  ,  qu'il  n'eft  pas  poifible  de  s  y  promener.  Son  ter- 
ritoire produit  beaucoup  de  bled  ,  6c  nourrit  beaucoup 
de  bétail. 

1.  MUNSTER.  Ce  mot  eft  allemand  d'origine  &  li- 
gnifie un  monaftere.  !ll  y  a  eu  des  monafteres  qui  ont 
donné  lieu  à  bâtir  des  villes  autour  d'eux  &  fur  leur 
territoire  ,  &  ces  villes  en  ont  pris  le  nom  de  Munfter  , 
foit  feul ,  foit  accompagné  de  quelque  lyllabe  -,  fouvenc 
même  des  villes  onr  quitté  leur  ancien  nom  ,  pour 
prendre  celui  de  Munster  ,  Minster,  Monstierou 
Moustier  ,  tous  noms  formés  de  Alonufitrium. 

2.  MUNSTER.,  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de 
Weftphalie,  fiége  d'un  évéque  ,  qui  eft  fouverain  d'un 
afiez  puiffant  état  8c  prince  de  l'Empire.  Cette  ville 
eft  à  7  milles  d'Osnabrug  ,  à  12  de  Paderborn,  à  18 
de  Cologne,  &  à  21  de  Brème. On  l'appelle  aujour- 
d'hui en  latin  Monaftcrium  ;  mais  l'ancien  nom  étoit 
Mimigardevordia.  C'eft  ainfi  que  Crantzius  écrit  ce 
mot  :  Mimigar  devor  denfis  ,  qiu  nutte  Monajlerienfis  ec- 
clefia  ,  dit-il  fonvent  dans  fon  livre  ,  intitulé  AJetr<poliSi 
Une  chronique  de  Minden  ,  inférée  au  premier  volume 
du  grand  recueil  de  Meibom  ,  pag>  554,  parlant  des 
églifes  fondées  dans  la  Saxe  &  la  Weftphalie,  porte  :  Quin- 
ta  Mimigaverdf.nsis  »  qu£  eft  modo  Monasterien- 
sis  ,  anno  Domini  DCCLXXX1V.  fundatur.  Et  deux 
pages  après  on  lit  dans  la  même  chronique  :  OlïiivnTrî 
(EccUflam)  MiMiGAvoRDENSEM,  qu&  mine  eft  Mo- 
nasteriensis  sancti  V auli  ,  fundavit  ânno  quofupra. 
La  chronique  d'Osnabrug  ,  inférée  au  fécond  volume  du 
même  recueil ,  nomme  ce  lieu  Mimigevord.  Infrà  prœ- 
mijTa  tempora  de  anno  Domini  DCCLXXVI.  S.  C<~ 
rolus  etiam  in  honorem  omnipotentis  Dei,  beatiffima  Vir-4 
ginis  Mariét,  &  Jancli  Pauli  Aptftoli  fundavit  ecclefiam 
cathedralem ,  in  loto  qui  ex  tune  Mimigevord  ,  nunc 
vero  Mon asterium  fîve  Monasteriensis  votatur  Ec* 

Tom.  IV.  Kkk 


MUN 


't>; 


44  * 

clesia  ;  ubi  S.  Ludgeriim  ,  natione  Frifonem ,  nobilem 
génère  ,  vita  ,fantlhate  ,  moribus  &  fcientia  decoratum  , 
prafecit  ecclefîœ,  atqite  inveftivit ,  &c.  Meibom  lui-mê- 
me dans  une  diflertation  ,  où  il  traite  de  la  ville  de 
Helmftadt ,  nomme  cette  même  églife  Mimingardï- 
rodana  ecclesia.  Fleuri ,  dans  fon  hiitoire  ecclé- 
fiailique  ,  /.  4J.  §.  29.  dit  :  Après  la  converfion  des  Sa- 
xons ,  le  roi  Charles  l'établit  (S.  Ludger)  pafteur  en 
Weftphalie ,  dans  un  canton  ,  dont  la  principale  réfi- 
dence  étoit  un  lieu  nommé  Mimigerneford  ;  faint 
I.udger  y  bâtit  un  monaftere  de  chanoines ,  qui  dans  le 
fiécle  fuivant  a  donné  à  Ce  lieu  le  nom  de  Munfter. 
Bailler ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  3  28  ,  dir  que  l'ancien  nom 

étoit  MlMIGERN   FORD,  MlMIGADE  VORD&MlMGROD. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  de  toutes  ces  différentes  orthogra- 
phes ,  cette  ville  prit  infenfiblement  le  nom  de  Munfter. 
Crantzius ,  Metropolis  ,  /.;.  c.  8.  femble  croire  que  ce 
changement  de  nom  arriva  fous  l'évêque  Frédéric ,  qui 
étoit  frère  du  margrave  de  Misnie ,  &  contemporain  de 
l'empereur  Henri  IV  ,  à  peu  près  dans  le  même  tems 
que  les  Weftphaliens  quittèrent  le  nom  de  Saxons  pour 
prendre  celui  qu'ils  portent  à  préfent.  Cependant  Er- 
po  ,  qui  fut  un  de  fes  fuccefleurs ,  avoit  dans  fon  fceau 
ces  paroles:  Erpo,  episcopus  Mimigardevordensis  , 
félon  le  rémoignage  même  de  Crantzius ,  Metropolis , 
/.  j.r.  29.  qui,  néanmoins  parlant  de  Burchard  ,  fuc- 
cefïeur  d'Erpo  fous  Henri  IV ,  nomme  toujours  fon 
liège  Mimigardevordenfis  ,  qu&  mine  M^nafterienfis  ec- 
clejia.  Dans  la  fuite  de  fon  ouvrage  ,  il  mer  tantôt  l'an- 
cien Se  indique  le  moderne ,  tantôt  le  moderne  Se  in- 
dique l'ancien  :  mais  le  moderne  a  prévalu  chez  tous 
les  autres  écrivains.  *  Metropol,  1.  4.  c.  14.  1.  j.  c.  '8. 
c.  32.   1.  6.  c.  52.  1.  7.  c.  27.  &  alibi  paffim. 

Zeyler  prétend  qu'il  y  a  deux  opinions  fur  l'origine 
du  nom  Munster,  qui  eft  allemand,  Se  ne  fignifie 
qu'un  monaftere  ;  que  les  uns  difent  qu'on  s'accoutuma 
de  nommer ainfi  ce  lieu,  après' que  Charlemagne  y  eut 
érigé  un  évêché  Se  bâti  une  magnifique  églife  accom- 
pagnée d'un  monaftere  \  que  félon  d'autres ,  la  ville  ne 
prit  le  nom  de  Munfler ,  que  lorsqu'Herman  I  du  nom, 
quatorzième  évêque,  eut  bâti  en  l'honneur  de  la  fainte 
Vierge  un  monaftere  au-delà  de  l'eau  ,  trans  aquai  ; 
mais  ce  fécond  fentiment  ne  fauroit  fubfifter ,  s'il  eft 
vrai  que  le  onzième  évêque  ait  pris  le  titre  d'évêque  de 
Munfter.  La  ville  n'avôit  alors  que  quatre  portes  Se  deux 
églifes ,  lorsque  Thierri,  fon  dix  huitième  évêque  ,  de  la 
maifon  de  Wintzenberg ,  qui  en  Sivoit  été  chafle  ,  vint 
avec  le  fecours  du  duc  Lothaire  de  Saxe ,  affcégea  la 
ville  le  8  Mai  1121  ,  &  la  brûla  jusqu'aux  fondemens, 
excepté  la  chapelle  de  faint  Ludger  qui  étoit  au-delà  de 
l'eau.  Burchard ,  fucceffeur  de  cet  évêque,  la  rebâtit  de 
nouveau,  &  le  vingt-cinquième  évêque  Herman  de 
Catzenelnbogen  l'enferma  d'un  mur  avec  des  portes, 
&  Thierri  ,  comte  d'Isenbourg ,  vingt-feptiéme  évêque , 
mit  la  première  pierre  à  l'églife  cathédrale,  qui  fub- 
fifte  encore.  Trente-fix  ans  après  ,  Gérard  de  la  Marck  , 
trente- unième  évêqne  ,  la  confiera  fous  le  titre  de  l'A- 
pôrre  faint  Paul  ,  Se  lui  donna  deux  grottes  cloches. 
Par  fucceflion  de  tems  cette  ville  s'eft  accrue  de  plus 
en  plus.  Elle  eft  à  peu  près  ronde ,  a  huit  portes  ;  celle 
de  Hoxter  ;  celles  de  faint  Maurice  ,  de  faint  Servais , 
de  faint  Ludger  ,  de  faint  Gilles  ;  de  Notre-  Dame ,  des 
Juifs ,  Se  celle  du  Pont-Neuf.  Il  y  en  avoit  ancienne- 
ment trois  autres  qui  font  murées.  11  y  a  cinq  chapitres  -, 
celui  de  la  Cathédrale,  celui  de  faint  Paul,  celui  de 
faint  Ludger  ,  églife  qui  eft  aufli  paroiffiale ,  celui  de 
faint  Maurice  hors  de  la  ville  ,  celui  de  faint  Martin  , 
dans  le  quartier  duquel  eft  un  couvent  de  Frères  Mi- 
neurs. Sans  compter  la  paroifTe  qui  eft  dans  la  cathé- 
drale ,  Se  celle  de  faint  Jacques'  ,  il  y  en  a  fix  autres  ; 
favoir ,  l'églife  au-delà  de  l'eau  ,  celles  de  faint  Lam- 
bert ,  de  faint  Ludger ,  de  faint  Martin  ,  de  faint  Gilles 
Se  de  faint  Servais.  La  paroifTe  de  faint  Jacques  eft 
presque  au  centre  ,  &  faint  Lambert  eft  dans  la  partie 
occidentale.  Le  chapitre  de  faint  Lambert  eft  affeclé  à 
la  noblefTe  ,  les  chanoines  font  preuve  de  feize  quartiers. 
Cette  dernière  églife  y  fut  bâtie  en  137;.  Sur  fa  tour 
eft  une  garde  qui  veille  ,  &  qui  à  toutes  les  heures  joue 
un  .air  de  chalumeau.  Il  y  a  aufli  la  cloche  que  l'on 
onne  en  cas  d'alarme  ,  foit  que  le  feu  prenne  quelque 


MUN 


part ,  ou  qu'en  tems  de  guerre  on  voye  les  ennemis 
approcher  ;  Se  la  cloche  que  l'on  fonne  aux  heures  de 
la  retraite,  ou  toutes  les  fois  qu'on  fait  mourir  un  ci  i- 
minel.  La  ville  de  Munfter  eft  préfentement  bien  for- 
tifiée. A  la  tour  de  faint  Lambert  on  voit  trois  cages 
de  fer.  Une  plus  haut  Se  deux  environ  à  la  hauteur  d'un 
homme  5  dans  la  première  on  voyoit  encore  il  y  a  quel- 
ques années  le  crâne  Se  les  os  du  fanatique  Jean  de 
Leyde  ,  Se  dans  les  deux  autres,  ceux  de  Bernard  Krech- 
ting    &    de   Bernard  Knipperdolling  ,  les    principaux 
d'entre  fes  complices.  Il  y  a  une  citadelle  au  fud-eft  de 
la  ville  ,  laquelle  a  été  bâtie  pour  tenir  les  bourgeois 
dans  le  refpect.  Munfter  a  quatre  couvens  d'hommes , 
favoir ,  faint  George,  faint  Jean  ,  les  Frères,  (Dajj '  Fra- 
terhaujj)  Se  les  Frères  mineurs  ou  Franciscains.  Il  y  en 
a  fept  de  filles  :  Celui  de    de-là  l'eau ,  celui  de  faine 
Gilles ,  auprès  de  lédife  de  même  ncm ,  deux  de  Ni- 
fînek,  de  Rofenthal ,  de  Ringe,  de  Hoffring  Se  de  Rhei- 
ne.  Le  monaftere  de  delà  l'eau  ,  trans  aquas ,  fut  bâti 
par  Herman  1,  quatorzième  évêque  ,  Se  fa  fœur  en  fut 
la  première  abbefle.  L'édifice  fut  brûlé  en  1071  ,  &  re- 
bâti en  quatorze  ans.  Sa  paroifle  s'étend  fort  loin  hors 
de  la  ville ,  Se  PabbefTe  y  a  de  grand:»  droits ,  tant  dans 
la  ville  que  dehors.  Ce  monaftere  a  le  droit  d'afyle  pour 
quiconque  a  commis  un  meurtre  involontaire  &  par 
accidenr,  Se  cette  franchife  dure  un  an  à  compter  du 
jour  qu'il  s'y  eft  retiré  ;  mais  les  afiaffins  &  meurtriers 
de  guet-à-pens    font  exclus  de  cette  faveur.  L'abbef.ea 
fa  jurisdict-ion  particulière  ,  où  l'on  plaide  deux  fois  par 
femaine  les  caufes  où  les  habitans  de  cette  parcifie  font 
intéreflési  Si  quoique  ce  tribunal  foit  occupé  par  le  juge 
de  la  ville,  on  ne  peut  cependant  évoquer  les  caufes 
des  paroiffiens  au  rribunal    ordinaire  de   Munfter ,  ni 
les  citer  à  l'hôtel  de  ville.  Si  quelqu'un  d'eux  eft  tombé 
dans  quelque  crime  qui  mérite  la  mort ,  on  le  transfère 
à  la  porte  de  Notre  Dame,  ou  à  celle  des  Juifs:  là  on 
j'interroge,  on  lui  fait  fon  procès  ,  Se  félon  la  nature  de 
fon  crime  ,  on  le  conduit  au  Truckfburg  devant  la  porte' 
de  Notre-Dame  ,  où  il  eft  décapité ,  ou  bien  on  le  mené 
hors  de  la  ville  par  la  porte  des  Juifs ,  en  un  lieu  où  il 
eft  pendu,  rompu,  ou  brûlé  ,  fuivant  fa  fentence. 

Dans  cette  paroifTe  de  delà  l'eau,  il  y  a  trois  mona- 
fteres  d'hommes,  qui  ne  font  pas  forr  anciens  , desquels 
nous  avons  déjà  donné  les  noms  ;  favoir,  1.  Celui  de 
faint  George  ,  le  plus  cônfidérable  de  la  ville.  Ce  font 
des  gentilshommes  chevaliers  de  l'ordre  Teutonique.  H 
y  a  une  franchife  nommée  Binspinckhof,  dont  les 
habitans  font  francs  des  charges  de  la  ville  Se  ne  dé- 
pendent point  du  confeil.  2.  La  maifon  des  Frères  eft 
attenante  cette  franchife.  Ce  font  des  chanoines  régu- 
liers ,  qui ,  quand  ils  ne  vont  pas  à  l'églife ,  ont  Je  tra- 
vail des  mains,  Se  s'appliquent  à  des  ouvrages  réglés  par 
le  fupérieur  ;  les  uns  l'ont  écrivains  ou  copiftes  ,  parche- 
miniers  ,  relieurs ,  &c.  3.  Celui  de  faint  Jean  occupé 
par  les  Johanires.  11  a  beaucoup  de  terrein  Se  une  éten- 
due afTez  grande  le  long  du  rempart  au  midi.  Le  mo- 
naftere de  Nifing  eft  de  filles  de  qualité  ,  qui  vivent  fous 
la  règle  de  fainr  Auguftin.  Il  eft  très- propre  Se  n'a  guère 
fon  femblable  dans  tout  Munfter. 

L'églife  de  S.  Maurice  eft  une  collégiale  ,  dont  la  pre- 
mière dignité  eft  un  prévôt  ;  c'eft  en  même  tems  une  pa- 
roifle. Le  quartier  eft  hors  de  la  ville  ;  il  y  a  de  beaux 
jardins ,  des  maifons  de  plaifance ,  Se  la  pêche  y  eft 
fort  agréable. 

Il  y  a  à  Munfter  beaucoup  de  maifons  pour  lefoulage- 
ment  des  pauvres, des  malades  Se  des  perfonnes  affligées, 
entr'autres  l'hôpital  où  l'on  retire  les  pauvres  bourgeois 
des  deux  fexes ,  lorsqu'ils  font  malades.  Cette  maifon  eft 
exemte  d'impôts  Se  de  fervirude.  Ceux  qui  y  meurent , 
ne  fauroient  dispofer  de  ce  qu'ils  ont,  cela  appartient  de 
droit  à  l'hôpital.  Il  dépend  du  confeil,  qui  y  entretient 
deux  adminiftrateurs  à  fes  dépens.  Il  y  a  aufli  à  Munfler, 
les  écoles  de  faint  Ludger  Se  de  faint  Martin  ,  où  les  en- 
fans  apprennent  les  premiers  élemens ,  avant  que  d'aller 
au  collège  épiscopal ,  où  il  y  avoit  autrefois  fix  régens 
féculiers ,  gouvernés  par  un  recteur  ;  ce  font  à  prefent 
des  peresJefuites.il  y  a  quatre  places  à  Munfler,  dans  la 
première  eftl'hôrel  de  ville,  dontlc  bâtiment  eft  plus  haut 
que  toutes  les  autres  maifons.  11  eft  orné  decolomnes, 
de  llatues  &  de  peintures.  DefTous  eft  la  cave  de  la  ville 


MUN 


MUN 


où  l'on  vend  du  vin.  Au  marché  au  poiflbn  eft  une 
aflez  belle  maifon  ,  où  s'aflemblenr  les  corps  de  métiers. 
II  y  a  outre  cela  fix  marchés,  où  l'on  débite  le  matin  di- 
verses denrées;  trois  dans  la  ville  Se  trois  dehors,  lesquels 
ont  de  grandes  franchifes,  accordées  par  les  empe- 
reurs. Un  homme  qui  y  blefle  un  autre,  jusqu'à  faire  cou- 
ler le  fang  ,  eft  étranglé  fans  miféricorde.  Une  partie  des 
maifons  bourgeoifes  font  de  pierres  deBAMBtRG,  lieu 
fitué  à  deux  milles  de  Munfter.  Les  aÉcades  du  palais 
épiscopal ,  du  côté  oriental ,  font  un  ornement  de  la  ville. 
Il  y  a  aiiilï  des  maifons ,  dont  le  devant  porte  fur  des 
colomnes  ou  piliers  ,  Se  fous  lesquelles  ont  peut  aller  à 
couvert ,  &  où  l'on  trouve  des  boutiques ,  occupées  par 
des  marchands.  La  petite  rivière  Aa  traverfe  la  ville  ,  Se 
forme  le  quartier  appelle  Ubermajjer  delà  l'eau,  trans 
aquas.  Elle  en  fort  auprès  de  la  porte  du  Pont-Neuf, 
après  avoir  fait  un  cercle  dans  les  fofles  ,  &  va  fe  jetter 
dans  l'Embs.  La  pêche  en  appartient  à  l'évêque. 

Jean  de  Leyde  ,  dont  j'ai  parlé,  étoit  un  tailleur  Hol- 
Iandois  de  la  ville  de  Leyde,  dont  le  vrai  nom  étoit  Jean 
Bocolde  :  il  naquit  en  1510.  A  l'âge  de  24  ans,  il  fe 
joignit  à  Jean  Matthieu  Boulanger ,  autre  fanatique  ,  & 
après  avoir  jette  à  Amfterdam  les  fondemens  d'une  fecle 
d'Anabaptiftes ,  Jean  de  Leyde,  affilié  de  Herman,  prédi- 
cande  cette  fecte,  vint  à  Munfter  la  même  année.  Her- 
man, ayant  gagné  un  miniftre  Luthérien,  prêcha  publique- 
ment fa  doctrine  dans  Péglife  collégiale  de  S.  Maurice, 
pendant  que  Jean  de  Leyde,  femoit  fes  dogmes  durant  la 
nuit.  Ils  féduifirent  tant  de  menu  peuple  ,  qu'ils  fe  ren- 
dirent maîtres  de  la  ville*,  d'où  ils  chalTerent  les  meil- 
leurs bourgeois  &  les  magiftrats.  Ils  commirent  des  ex- 
cès horribles  ,  profanèrent  les  églifes ,  violèrent  les  Vier- 
ges confacréesà  Dieu,  briferent  les  autels.  On  voulut  trop 
tard  s'oppoferà  leur  fureur;  il  y  eut  un  tumulte  ,  &  Jean 
Matthieu  ayant  été  tué  dans  la  mêlée,  Jean   de  Leyde 
prit  fa  place  ,  &  le  titre  de  roi  de  juftice  Se  d'ifraël. 
I  François  de  Waldeck  ,  évêque&  prince  de  Munfter,  vou- 
lut les  réprimer  par  la  force.  Jean  de  Leyde  foutint  le 
fiégc  durant  quatorze  mois.  La  ville  fut  prife  par  force, 
©n  lit  un  grand  carnage  de  ces  fanatiques  désefpéi es  :  le  pré- 
tendu roi  fut  pris;  on  le  promena  dans  le  pays  avec  les  prin- 
cipaux complices  de  fa  fureur.  Enfin  le  22  Janvier  IJ36, 
ce  miférable  fut  tenaillé  ,  Se ,  après  avoir  fouftert  divers 
fupplices ,  on  lui  enfonça  un  couteau  dans  les  entrailles, 
on  le  traîna  fur  la  claie  ,  Se  on  fuspendit  fon  cadavre  dans 
une  cage  de  fer  ,  à  la  tour  de  S.  Lambert,  Deux  autres 
complices  de  fescrimes ,  qui  prenoient  la  qualité  de  prin- 
ces ,  favoir  Bernard  Krechting  Se  Bernard  Knipperdol- 
ling ,  furent  traités  de  même,  Se  mis  dans  des  cages  de 
fer ,  mais  un  rang  au  -  deflôus  de  lui.  Munfter  préten- 
doit  être  ville  anféatique  Se  impériale  ,  Se  en  cette  quali- 
té ,  elle  vouloir  fe  mettre  fur  le  pied  de  quantité  de  villes, 
qui  font  parvenues  à  ne  point  dépendre  du  prélat ,  dont 
elles  renferment  la  Cathédrale.  Le  fameux  Chriftophe  Ber- 
nard de  Galen  l'aifiégea  &  la  prit  en  1661,  fans  troubler  ni 
fes  voifms .  ni  l'Empire,  Se  depuis  ce  tems-là  Mt»nrter 
cft  demeurée  dans  une  entière  obéi/Tance  à  fes  évêques. 
L'Evesché  de  Munster  eft  un  des  plus  confidéra- 
bles  d'Allemagne  par  fon  revenu ,  qui  eft  de  trots  cens 
mille  écris  ,  par  la  fertilité  de  fon   pays  ,  par  le  grand 
nombre  de  gens  robuftes  Se  guerriers  dont  il  eft  peuplé, 
&  par  la  quantité  de  places  fortes  qui  le  couvrent.  C  eft 
préfentement  un  ufage  ,  que  cet  évêché  eft  poftedé  par 
des  Seigneurs  qui  jouiftent  encore  de  quelque  autre.  Le 
comte  de  Méternich  étoit  en  même  tems  évêque  de  Pa- 
derbom  ;  aujourd'hui  l'Electeur  de  Cologne   poflede , 
outre  fon  archevêché  ,  les  évêchés  d'Osnabrug ,  de  Pa- 
derborn  Se  de  Munfter.  *  Heijf  1.  6.  c.  6. 

Les  principaux  lieux  de  cet  évêché ,  font 

Munfter, capitale , 

Coésfeld  ,  autrefois  réfidence  des  évêques ,  avant  la 

réduction  de  Munfter. 
Meppen ,  place  forte  fur  l'Embs. 
Vechte ,  forterefte  dans  un  marais. 
Stromberg,  château  &  Burgraviat  près  de  la  Lippe. 
Boikelo  ,  feigneurieau  pays  de  Zutphen  ,  quiadon- 
•     né  matière  à  des  démêlés,  entre  les  évêques  de 

Munfter  Se  la  république  des  Provinces,- Unies. 


443 

L  état  de  l'évêque  de  Munfter  eft  féparé  en  deux  par 
ties ,  que  l'on  diftingue  par  les  noms  de  Haut  Se  de 
Bas 

Le  Haut  Èvesche'  de  Munster  eft  borné  au  nord 
par  rOveriftel ,  par  les  comtés  de  Benthcin,  de  Lingen, 
l'évêchc  d  Osnabrug  ,  les  comrés  de  Teckelenbourg  Se 
de  Ravenfberg  ;  au  couchant ,  par  les  comtés  de  Rhede, 
de  Rilberg  Se  de  la  Lippe  ;  au  midi  par  la  Lippe  Se  par 
le  duché  de  Cleves;  au  couchant  par  le  comte  de  Zut- 
phen. Le  bas  évêché  de  Munfter  eft  borné  au  nord 
par  la  principauté  d'Oftfrife ,  Se  par  le  comté  d'Olden- 
bourg; à  l'orient,  par  le  comté  de  Diepholt ,  qui  cft  à 
la  màifon  de  Brunswick  ;  au  midi,  par  l'évêché  d'Osna- 
brug ,  Se  par  le  comté  de  Lingen ,  qui  eft  au  roi  de  Prus- 
fe.  Entre  ce  comté  Se  celui  de  Benthem  eft  une  petite 
communication  qui  n'a  pas  plus  d  une  lieue  de  largeur 
en  quelques  endroits,  Se  qui  joint  la  partie  feptentrionale, 
qui  eft  la  balle  ,  avec  la  méridionale  qui  eft  la  haute. 

La  ville  de  Munfter  eft  encore  très-remarquable  par 
le  fameux  traité  de  paix  général,  qui  y  fut  réglé  en  1648. 
On  le  nomme  le  Traité  de  Munfter ,  Se  le  traité-  de 
Weftphalie  ,  parce  que  les  plénipotentiaires  s'étoient  par- 
tagés, Se  travailloient  en  deux  villes  en  même  tems  ;  fa- 
voir, les  Suédois  à  Osnabrug ,  Se  les  François  à  Mun- 
fter ;  dc-là  vient  qu'y  ayant  eu  deux  traités  ,  l'un  de  Mun- 
fter Se  l'autre  d'Osnabrug  ,  on  a  dit  pour  leur  trouver  uu 
nom  commun  ,  le  traité  de  JVeftphalie. 

3.  MUNSTER,  gros  village  des  Pays-Bas  en  Hollan- 
de, dans  leDelfland,  à  trois  petites  lieues  de  Delft ,  Se 
à  égale  diftance  de  la  Haye.  *  Ditlionaire  Géographique 
des  Pays  Bas. 

4.  MUNSTER,  village  de  la  Suilîe  dans  le  haut- Val- 
lais,  au  département  de  Goms,  à  une  demi-heure  de 
chemin  au-deilousd'Ulrichcn  ,  au  milieu  d'une  grande  & 
bel  le  prairie.  *  Etat  &  Délices  dda  Suijfe,'  tome  4.p.  173. 

5.  MUNSTER  ou  Mounster,cii  latin  Mumonia % 
province  d'Irlande,  appellée  par  les  Irlandois  originaires 
Mcwn,&  vulgairement  Wown.  Elle  eft  bornée  à  l'eft 
par  la  province  de  Leinfter  ,  dont  elle  eft  féparée  par  la 
rivière  de  Shure  ;  à  l'oueft  ,  par  la  mer  Atlantique  ou  Oc- 
cidentale ;  au  nord ,  par  la  province  de  Connaught,  donc 
elle  eft  féparée  par  le  Shannon  ;  au  fud  Se  au  fud-oueft  » 
par  l'Océan  méridional  :  fa  figure  eft  un  cfpéce  de  car- 
ré long.  Sa  longueur ,  depuis  le  havre  de  Waterfort  jus- 
qu'à la  pointe  occidentale  dans  le  comté  de  Kerri  ,  allez, 
près  de  Dingle  ,  eft  d'environ  13;  milles;  fa  largeur  de- 
puis les  parties  feptentrionales  de  Tipperari  jusqu'à  Bal- 
timore, dans  le  comté  de  Cork, eft  d'environ  120  mil- 
les; mais  depuis  Baltimore  jusqu'aux  parties  feptentriona- 
les de  Ketri,  ce  qui  eft  plus  naturel,  iln'y  a  que  68  mil- 
les. Du  refte  cette  province  a  environ  600  milles  de 
circuit,  à  caufe  de  fes  grands  tours  Se  retours.  *  Etat 
préjent  de  la  grande  Bretagne ,  t.  3.  p.  22. 

Les  principales  rivières  de  la  province  de  Munfter 
font  la  Shure ,  1  Awtdlufie ,  la  Lée  ,  la  Bande ,  la  Leanc 
Se  le  Cashon.  II. y  a  quantité  de  bons  ports  Se  d'excellen- 
tes baies  avec  plufieurs  villes  riches  :  l'air  y  eft  doux  Se 
tempéré  :  on  y  voit  en  quelques  endroits  de  hautes  mon- 
tagnes ,  déferres  &  couvertes  de  bois  :  mais  les  vallées  en 
font  fertiles ,  abondantes  en  bleds ,  &  agréables  à  la  vue. 
Ses  principales  denrées  font  le  gros  Se  le  menu  bétail . 
le  bois  Se  toutes  fortes  de  poiffons  ,  fur-tout  des  harengs. 
Elle  contient  l'archevêché  de  Cashel ,  Se  cinq  évêchés  , 
fept  villes  avec  des  marchés  publics,  vingt-cinq  bourgs 
qui  ont  droit  d'envoyer  leurs  députés  au  parlement  ;  foi- 
xante  fix  châteaux  d'ancienne  fabrique ,  Se  quatre-vinge 
paroitTes  en  tour.  Quoique  Waterford  palTe  d'ordinaire 
pour  la  principale  de  Ces  villes,  Limerick  l'emporte  au- 
jourd'hui. 

Cette  province  éroit  autrefois  un  royaume  diftinct , 
qui  renfermoir  une  partie  de  Connaught,  c'eft-à-dire  le 
comté  de  Thomond.  Depuis  que  les  Anglois  l'eurent 
conquife,  elle  fut  toujours  unie  à  la  couronne  d'Angle- 
terre, excepté  un  peu  de  tems  fous  la  reine  Elifabeth, 
que  les  Eipagnols  fe  rendirent  maîtres  d"un  petit  quar- 
tier. Elle  eft  gouvernée  par  un  feigneur  préfident,  un  ad- 
joint ,  d;ux  jurisconfultes  Se  un  fecrétaire. 

Anciennement  la  province  de  Munfter  étoit  parta- 
gée enrre  les  Uterni ,  habitués  à  Tipperari;  les  Coriandri, 
qui  poftédoient  Limerick,  Warerford,  une  partie  de  Tip- 
Tarn.  IV.  Kkk  ij 


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peiari  6c  de  Cork.  Les  Lucenï  qui  occupoient  Kerri',  les 
Velibori  qui  avoient  Desmond  cx'Cork  :  Si  les  Vaudii,  qui 
jquiffoienc  d'une  partie  de  Coïk.  Dans  la  fuite  elle  fut  di- 
vifëeen  Desvtotufn  tJ^erwatvn,  AîeàntOoii)ri0"  Urwoivn, 
Se  plus  caïd  en  Ou  est&  Sud-Munster:  mais  aujourd'hui 
on  eri  fait  cinq  comtes,  qui  font  Tipperari ,  Waterford  , 
Coi  k  auquel  on  joint  Desmond, le  comté  de  Lirherick&  ce- 
lui de  Kerri.  Trois  de  ces  comtés, fa  voir  Wateifôrd,  Cork 
&  Kern  continent  a  la  mer  ,  Se  le:;  deux  autres  ,  Tippeia- 
ri &  Limerick  font  enclavés  dans  les  terres.  On  les  fub- 
divife  tous  en  cinquante  deux  baronnies. 

6.  MUNSTER,  paroiffe  du  paysdesGrifons.dans  la  li- 
gue de  laCaddée  oumaifon  de  Dieu,  dans  la  première  ju- 
risdiction de  la  communauté  du  Munlter-Thal.  11  y  a 
dans  cette  paroiile  ,  une  riche  Se  ancienne  abbaye  de  re- 
ligieufes ,  fondée  par  Charlemagne.  L'abbelTe  a  la  fei- 
gneurie  du  lieu  ,  auni-bien  que  de  Ruinaccia  Se  de  Gual- 
do  qui  en  dépendent.  *  Etat  &  Ddices  de  la  Suijje  » 
t.  4.  pag.  69. 

7.  MUNSTER  EN  ARGAEW,  bourg  de  SuifTe  au 
canton  de  Lucerne  ,  au  nord  du  lac  de  Surfée.  Ce  bourg 
eft  beau  Se  grand ,  Se  bâti  comme  une  ville.  Il  y  a  une  ri- 
che abbaye  de  chanoines  réguliers  ,  fondée  dans  le  dixiè- 
me fiécle  par  un  comte  de  Lentzbourg,  nommé  Bero; 
c'eft  pour  cela  qu'on  l'appelle  en  latin  Beroaa  SeBeroutHn- 
fe  manafter'utm.  Le  prévôt  de  l'abbaye  a  haute  Se  baffe  ju- 
if ice  d  tns  toute  la  banlieue  de  Munlter  ,  mais  la  fou  verai- 
nété  appartient  au  canton  de  Lucerne.  On  appelle,  ce 
quartier-là  MicHEL-AMPT,c'eil-à-dire  le  bailliage  de  Mi- 
chel. On  voit  dans  féglife  de  Muniter ,  le  tombeau  d'un 
chanoine,  nommé  Jean  de  Baldcck ,  doyen  de  Kilchberg, 
qui  mourut  en  1 348,  âgé  de  186  ans.  Cet  homme  ,  étant 
parvenu  à  un  âge  extrêmement  avancé  ,  les  dents  lui 
tombèrent -,  il  lui  en  vint  de  nouvelles,  Se  fes  cheveux 
qui  étoient  gris ,  redevinrent  noirs.  Son  rombeau  ,  qui  eft 
à  l'entrée  du  chœur  de  l'eglife,  porte  l'infciiption  ou  épi- 
taphe  fuivante  : 

De  A  ïichberg  canus  edentatus  decamts 
Rttrfum  dente scit ,  nigrescit  ,  hic  requiescit. 

Cette  abbaye  a  produit  quelques  hommes  illuftres , 
entr'autres  l'hiftorien  Henri  Gundelfîngen  Se  Joli  de  Syl- 
lcnen  de  Lucerne  \  il  y  fut  évêque  de  Valais  en  1482  , 
&  administrateur  de  l'évêché  de  Grenoble.  *  Etat  ©"  Dé- 
lice t  de  la  Suijje,  rom   2.  pag.  401. 

8.  MUNSTER  ,  in  der  S.  G.egorienThal ,  c'eft-à-dire 
Munfler  dans  la  vallée  de  S.  Grégoire ,  ville  d'Allema- 
gne en  Alface.  Elle  doit  fon  origine  à  un  monaftere  qui 
y  fut  fondé  au  VII  fiécle  par  Childéric  ,  roi  de  France, 
fous  le  titre  de  la  Ste  Vierge  ,  S.  Pierre  &  S.  Paul  Se  S. 
Grégoire  Pape.  C'elt  S.  Grégoire  le  grand  qu'elle  recon- 
noit  pour  fon  Patron  ;  &  on  y  prétend  que  fes  premiers 
religieux  font  venus  du  monaltere  de  S.  André  de  Ro- 
me-, fondé  par  ce  faint  pape.  Ce  monaftere  a  donné  des 
évêques  à  Strasbourg  Se  a  d'autres  Eglifes  :  il  elt  de  l'or- 
dre de  S.  Benoît.  Les  guéries  Se  l'héréfie  l'avoient  ré- 
duit à  rien,  lorsque  Dieu  infpira  Marchand,  religieux 
de  S.  Germain  des  Prés ,  qui  en  étoit  abbé ,  de  l'unir  à  la 
congrégation  de  S.  Vanne.  C'elt  aujourd'hui  une  des 
meilleures  maifons  de  la  réforme.  On  y  conferve  la  cou- 
ronne du  roi  Dagobert ,  qui  fert  de  mître  aux  abbés  de  ce 
monaftere.  Du  tems  de  l'abbé  George,  la  ville  devint 
une  principauté  de  l'empire  ,  Se  attachée  au  cercle  du 
haut  Rhin.  Cette  ville  &  la  vallée  font  gouvernées  par 
l'abbé  Se  par  un  confeil ,  Se  ont  les  mêmes  privilèges  que 
les  villes  de  Colmar  .Keyferfberg  Se  autres.  La  ville  ,  qui 
eft  dans  la  Haute-Alface ,  a  été  incorporée  dans  le  bail- 
liage de  Haguenau.  Cette  ville  eft  peu  de  chofe.  *  L' Ab- 
bé le  Bœuf. 

9.  MUNSTER  IM  MEYENFELD,  petite  ville  fur 
la  Mofelle ,  dms  léleétorat  de  Trêves  ,  Se  plus  particu- 
lièrement dans  la  plaine  de  Meyen.  Voyez.  Meynfeld. 

10.  MUNSTER  EIFFEL  ,  Mona/ïerium  Eiffile  ,  petite 
ville  de  Weltphalie,  au.duché  de  Juliers.  Elle  a  pris  fon 
nom  d'une  abba<,e  de  Bénédictins  qu'il  y  avoit  autrefois  , 
Se  fondée  au  IX  fiécle. 

MU:>r>TERBERG  ,  petite  ville  de  Siléfic  ,  dans  la 
principauté  de  Munfterhcrg  dont  elle  eft  la  capitale. 
Voyez.  Monsterberg 
MUNSTER -BILSEN,  village  du  pays  de  Liège, 


MUO 


dans  le  comté  de  Lootz ,  fur  la  rivière  de  Demer.  Il 
y  a  un  beau  chapitre  de  chanoineflés ,  Se  le  village  eft 
fort  beau.  *  Ditt.  géogr.   des  Pays-Bas. 

MUNSTLRL1NGEN  ,  abbaye  de  Suiffe  ,  dans 
le  Thourgau  ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Conltance , 
&  fur  le  bord  du  lac  de  ce  nom.  C'elt  un  monallere 
de  filles  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  fondé  en  970 ,  Se 
dont  les  religieu&s  ont  le  titre  de  chanoineflés.  *  Etat 
(Jr  Délices  de  la  suijje  ,  t.  3.  p.  170. 

MUNSTER-THAL  ,  ou  le  val  de  Munster.  Ccft 
le  nom  de  la  onzième  communauté  de  la  ligue  de  la 
Caddée  ,  au  pays  des  Grifons,  entre  les  monts  StrclaÔc 
Fluela.  Le  Munikr-Thal  tire  fon  nom  d'un  couvent 
de  religieufes  qui  s'y  trouve.  Ce  petit  pays  eft  partagé 
en  deux  juiisdictiorjs,  dont  la  première  a  quatre  parois- 
(cs  ,  qui  compiennent  les  lieux  fuivans. 

i".  Vers  le  mont  Valdera  ,  Cierfs ,  Valdera,  Val- 
cava. 

2°.  Santa-Maria,  Silva,  Terza. 

30.  Munster. 

40.  Tuberio  &Bovilio. 

Dans  toute  cette  jurisdiction  ,on  ne  confisque  jamais 
aucun  bien  à  perfonne.  Les  affaires  criminelles  y  font 
pouifuiviespar  le  miniftral,  avec  le  châtelain  ou  bailli 
de  Furftenburg  ,  qui  eft  établi  par  l'évéque  de  Coire  , 
Se  les  amendes  appartiennent  à  ce  châtelain. 

La  féconde  jurisdiction  n'a  que  des  hameaux.  Elle  dé- 
pend pour  le  criminel  des  comtes  de  Tirol ,  qui  font  fei- 
gneurs  du  territoire.  *  Etat  &  JJéiiczs  de  la  Suijje  ,  t.  4. 
pag.  68. 

MUNTOBRICA,  ville  de  la  Lufitanie.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Lifbonne  à  Emérita, 
entre  Fraximts  Se  ad  Septem  Aras  ,  à  trente  milles  de 
la  première,  Se  à  quatorze  milles  de  la  féconde. 

MUNTURNvE.  Voyez.  Minturn^. 

MUNYCHIA,  ou  Munychius  Portus  ,  nom  d'un 
des  ports  d'Athènes.  II  étoit  accompagné  d'un  bo.irg 
de  même  nom  ,  renfermé  par  de  longues  murailles  qui 
s'étendoient  jusqu'au  Firée.  Cornélius  Nepos  ,  in  Thra- 
fyb.  c.  2.  dit  que  Thrafybule  forrifia  Munychia.  Plu- 
tarque ,  in  Demofth.  ajoute  qu'il  y  avoit  une  garnifon. 
Strabon  ,  /.  9.  fait  entendre  que  de  fon  tems  Muny- 
chia  n'étoit  plus  qu'une  élévation  en  forme  de  pénin- 
fule  ;  il  dit  pourtant  qu'anciennement  ce  lieu  avoit  été 
ceint  de  murailles  &  habité.  Ptolomée  place  le  port 
de  Munychia  au-delà  de  l'embouchure  de  llliffus  du 
côté  de  l'orient ,  Se  l'éloigné  de  dix  milles  du  Pirée  :  il 
fe  trompe  encore  en  mettant  Je  port  de  Munychia  au 
levant  de  Phalere  :  il  étoit  au  couchant.  Tous  les  fai- 
feurs  de  cartes  ont  fuivi  cet  ancien  géographe ,  &  fe 
font  trompés  avec  lui.  Comment  Munychia  Se  le  Pirée 
auraient- ils  pu  avoir  une  muraille  commune  ,  s'ils  eus- 
fenc  été  aulTi  éloignés  l'un  de  l'autre  î  MM.  Spon  ,  De- 
feription  de  la  ville  d'Abènes  ,  t.  2.  p.  133.&  Wehler, 
Voyage  d'Athènes,  l.  3.  p.  208.  qui  ont  été  fur  les  lieux, 
difent  que  le  port  de  Munychia  étoit  petit ,  très- bon 
Se  bien  fermé  ;  mais  qu'il  n'y  a  préfentement  presque 
point  de  fond,  Se  qu'il  eft  abandonné.  On  voit  aflez 
près  de  la  côte  dans  la  mer  des  ruines  de  voûte  ,  & 
des  pièces  de  colomnes  Se  de  pierres  de  taille  -,  mais 
il  y  en  a  beaucoup  plus  fur  la  côte  tout  proche  de  la 
mer.  On  y  voit  des  caves  taillées  dans  les  rochers  ,  des 
voûtes,  des  murailles,  Se  les  fpndemens  d'un  temple 
qui  pourrait  être  celui  de  Diana  Munychia.  De  ce 
port  au  Pirée ,  il  y  a  à  peine  deux  portées  de  mousquet 
en  droite  ligne  ;  mais  par  la  côte,  à  caufe  des  contours 
&  des  petites  langues  de  terre,  il  y  a  près  d'une  lieue; 
ce  qui  fait  voir  combien  Ptolomée  s'eft  mépris,  en 
mettant  cinq  lieues  de  diftance  entre  ces  deux  ports  ; 
puisque  mêmePhalara,  qui  eft  le  plus  éloigné  du  Pi- 
rée, n'en  eft  qu'à  deux  lieues.  La  côte  eft  à  la  vérité 
comme  une  presqu'ifle  ,  dont  Phalara  fait  le  détroit 
ou  l'ifthme  à  l'eft ,  Se  Pirée  à  l'oueft.  *  Thucyd.  1.  1. 
p.   109. 

MUNYCHIATES,  contrée  de  l'Arabie  Pérrée,  fé- 
lon Ptolomée,  /.    f.  c.  17. 

MUON  ,  rivière  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Huquang  ,  au  midi  de  la  ville  de  Luki.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

MUONCHING ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 


MUR 


MUR 


vincc  de  Péking  ,  au  département  de  Paoting  ,  féconde 
métropole  de  "la  province.  Elle  eft  d'un  degré  cinquante- 
une  minutes  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  tren- 
te-neuf degrés  vingt-huit  minutes  de  latitude. 

MUR  ,  en  latin  Munis ,  en  grec  Tux°s-  Les  Grecs 
appelloient  ainfi  certaines  niaifons  fortifiées  que  nous 
appellerions  aujourd'hui  Châteaux. 

Il  eft  auffi  arrivé  que  les  anciens  ont  bâti  àes  murs 
extraordinaires.  Telle  étoit  la  muraille  que  les  empe- 
reurs de  Conftantinople  firent  élever  pour  garantir 
Conftantinople  Se  fes  environs  des  incurfions  des  Bar- 
bares. Telle  croit  auffi  !a  muraille  qui  fermoit  l'entrée 
du  Péloponnèlé  ou  de  la  Morée  du  côté  de  l'ifthme. 
Telles  éroient  les  deux  fameufes  murailles  qui  fépa- 
roient  l'Angleterre ,  foumife  aux  Romains ,  du  relie  de 
l'ille  dont  les  habitans  refufoient  de  fe  foumettre.  Telle 
eft  encore  la  grande  muraille  de  la  Chine  ,  dont  je 
parle  ailleurs.  Voyez  aux  mots  Examilion  ,  Tarta- 
rie  ,  Sec. 

MUR  DE  BAREZ  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Rouer- 
gue.  il  y  a  une  collégiale,  dont  le  chapitre  eft  com- 
pofe  d'un  doyen  ,  d'un  facrillain ,  de  dix  chanoines  &c 
de  douze  femi  prébendes  ,  qui  n'ont  enfemble  que  deux 
mille  cinq  cens  livres.  Il  y  a  encore  des  Cordelicrs  Se 
des  Clarifies. 

i .  MURA.  Voyez.  Murs  A. 

2.  MURA  ,  nom  latin  de  la  rivière  de  Muer.  Voyez 
Muer. 

MURADAL,  ou  Puerto  -Muradal  ,  que  quel- 
ques-uns écrivent  PUERTO-MUI.ADAR  ,  HOIT1  d'un  Pas 
de  la  montagne  de  Morena  ,  par  où  l'on  entre  de  la 
Caftille  Neuve  dans  l'Andaloufie ,  vers  les  frontières 
de  Portugal.  Ce  lieu  eft  renommé  dans  l'hiftoire  par 
la  victoire  que  les  Espagnols  y  remportèrent  en  1202 
fur  les  Maures  qui  y  perdirent  deux  cens  mille  hommes. 
Alfonfe  ,  roi  de  Caftille  Se  le  roi  de  Navarre  comman- 
doient  les  Chrétiens  contre  ces  infidèles.  Ce  lieu  s'ap- 
pelloit  ancicnnnemtnt  Saltus  C'fhtlonenfls.  Voyez  au 
mot  Saltus  <  l'article  Saltus  Castulonensis.  *  Cor- 
neille réforme. 

MUKANNIMAL,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  fé- 
lon Pluie  ,  /.  j.  c.  28.  Quelques  manuferits  lifent  Vran- 
mimal. 

MURANO,  ifle  d'Italie ,  à  un  mille  au  nord  de  la 
ville  de  Venife  ,  autrefois  le  refuge  des  Alcinates  Se  des 
Opitergiens,  lorsqu'ils  fuy oient  la  perfécution  des  Huns. 
La  ville  qui  eft  bâtie  dans  cette  ifle ,  &  qu'on  appelle 
une  autre  Venife,  fait  les  délices  des  Vénitiens.  Voyez 
au  mot  Venise.  L'iile  de  Murano  a  trois  milles  de  cir- 
cuit ,  &  eft  divifée  en  deux  parties  par  un  grand  canal. 
*  Magin  ,  Cnne  du  Domaine  de  Venife. 

MURANUM ,  lieu  d'Italie,  dans  la  Campanie  ,  à 
ce  qu'il  paroît  par  une  ancienne  infeription  rapportée 
parLazius  ,  dans  fa  République  Romaine  ,  Se  par  Aide  , 
dans  fon  traité  de  l'Orthographe.  Ortelius,  foupçonne 
que  ce  pourroit  être  la  Summurammi  d'Antonin  , 
itï/icr.  « 

MURASSON  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Rouerguc , 
éleétion  de  Milhaud. 

1..  MURAT  ,  ville  de  France,  dans  la  Haute-Au- 
vergne {a),  fut  l'Alagnon,  en  latin  Muratum  ad  Ala- 
vionem  jluvium.  C'eft  une  ancienne  vicomte  qui  appar- 
tient au  roi.  La  ville  eft  fituée  au  pied  d'un  rocher, 
fur  le  haut  duquel  on  voit  encore  les  ruines  d'un  châ- 
teau. Corneille  n'a  pas  été  bien  inftruit  ,  quand  il  a  dit 
qu'il  y  avoit  un  collège  de  Jéfuites  à  Murât.  Dans  l'é- 
glife  de  Notre  Dame  il  y  a  un  chapitre  {b)\  mais  les 
canonicats  font  d'un  très-médiocre  revenu.  Murât  eft 
le  fiége  d'un  bailliage ,  d'une  maîtrife  des  eaux  &  forêts 
Se  d'une  prévôté  royale  qui  refibrtit  au  bailliage  de  Vie 
en  Carladez.  La  plûparr  des  habitans  de  cette  ville  font 
chauderonnicrs:ony  fait  aufli  beaucoup  de  dentelles, 
façon  d'Angleterre,  (a)  Piganiol,  Defcr.  de  la  France , 
r.  6.  p.  346.  (/>)  lbid.  p.  304. 

2.  MURAT,  forer  de  Fiance,  dans  la  maîtrife  des 
eaux  Se  forêts  de  Lyon  \  elle  eft  de  fept  cens  quatre- 
vingt  deux  arpens. 

MURATEAU  ,  bois  de  France  ,  dans  la  maîtrife  des 
eaux  &c  forêts  de  Montmarault  :  il  eft  compofé  de  cent 
dix-huit  arpens  Se  un  quart. 


445* 

MURAW  ,  bourg   d'Allemagne,  dans  la  iiine,  à 
quatre  milles  des  confins  de  l'Autriche  fur  la  M.icr.  Ou 
croit  que  les  anciens  l'ont  appelle  ad  Tontem  Mûri.  * 
Jaillot ,  Atlas.- 

MURBACH,  abbaye  de  France,  dans  la  Haute-Al- 
face  ,  fur  la  rivière  de  Rotbach  ,  entre  Colmar  Se  Muhlr 
haufen  ,  dont  elle  n  eit  qu'a  trois  lieues.  Cette  abbaye  eft 
très-ancienne,  ayant  été  fondée  en  714.  Saint  I  irmin 
étant  en  Alface  (./),ybarit  l'abbaye  de  Murbach  dans 
un  fonds  qui  lui  fut  donné  par  le  comte  Eb^ihatd,&: 
y  mit  douze  religieux  tires  de  Richnow.  niic  fut  ap- 
pellée  la  Retraite  des  Pèlerins ,  fans  doute  parce  qu  on 
les  y  recevoir  avec  beaucoup  de  charité  ,  connue  il  pa- 
roîr  par  la  chante  de  Tliiei  ri  IV  ,  qui  confirma  cette  fon- 
dation l'an  725  ,  ou  plutôt  l'an  73  1.0117?  2.  On  ditqu'E- 
berhard  y  embraffa  la  profeflion  religieufe,  Se  qu'il  y  finit 
fes  jours.  Ce  monaitere  devint  très-  riche  (  '  )  :  il  eut 
de  grands  biens  en  Suifle  ,  Se  même  la  feigncr.rie  de 
la  ville  de  Lucerne.  L'abbé  a  été  mis  au  nombre  des 
grands  princes  de  l'Empire  ,  qui  donnoient  leur  fuffra- 
gc  libremeni  dans  les  diètes,  Se  il  n'étoir  pas  du  nom- 
bre de  ceux  qui  n'ont  voix  qu'en  corps.  Le  catalogue 
des  abbés  de  Murbach  eft  fort  ftérile  (c  )  ,  Se  ne  con- 
tient presque  que  les  noms.  On  met  de  ce  nombre  faine 
Symbert.  Gontrand  Se  Frédéric  obtinrent  des  bulles  du 
fiége  Apoftolique  Se  des  lettres  des  empereurs  qui  les 
maintinrent  dans  leurs  privilèges.  Entre  ces  deux  abbés 
on  place  Sigismond  ,  ou  Sigimar ,  à  q;;i  l'empereur  Lo-\ 
rhaire  accorda  en  834,  quelque  giace  à  Straibourg. 
Frédéric  fit  en  88 y  ,  une  fociété  de  prières  avec  les 
moines  de  faint  Gai.  Murbach  étoit  alors  du  diocèfe  de 
Bafle.  Rodolphe  Steur  ou  Stohr  de  Srohrenboutg(d) , 
pourvu  par  les  bulles  de  Paul  111,  invefti  par  Charles 
V,  poflèda  conjointement  l'abbaye  de  Murbach  Se  celle 
de  Lure  ou  Luders  ,  fituée  fur  les  confins  du  comté 
de  Bourgogne  Se  des  terres  de  Monrbelliard.  Par  le  trai- 
té de  Munftcr  ,  l'abbé  de  Murbach  Se  de  Lure  eft  comp- 
té entre  les  états  fitués  en  Alface  ,  qui  doivent  demeurer 
immédiatement  fournis  à  l'Empire  par  l'article  Ttneatur  ; 
mais  en  1680,  le  roi  de  France  fut  mis  en  pofleflion 
du  fuprême  domaine  fur  Murbach  :  l'abbé,  qui  étoit  évê- 
que  de  Straibourg  (  François  de  Furftcnberg  )  fe  fournit 
au  feu  roi  Louis  XIV ,  comme  onr  fait  ceux  qui  lui 
ont  fuccédé  dans  cette  abbaye  ;  ce  qui  a  été  autorife 
à  l'égard  de  toute  l'Alface  par  le  traité  de  Ryswyck  , 
confirmé  par  ceux  de  Radftat  Se  de  Bade.  On  fuit  danS 
l'abbaye  de  Murbach  la  régie  de  faint  Benoît  ;  |  on  n'y 
reçoit  que  des  nobles  de  16  quartiers  paternels  Se  ma- 
ternels, L'abbé  eft  feigneur  des  villes  de  Gibreiller ,  de 
Watriker ,  de  faint  Amarin  Se  de  fa  vallée  entière, 
ainfi  que  de  plufieurs  autres  terres.  Les  revenus  de  l'abbaye 
confident  en  vins,  en  grains  Se  en  pâturages.  On  voit 
par  les  anciens  regiftres  qu'il  n'étoit  pas  permis  aux  re- 
ligieux de  procéder  à  l'élection  d'un  abbé,  fans  requé- 
rir les  commifiaires  de  la  régence  établie  à  Enfisheim 
pour  les  archiducs.  C'eft  à  préfent  le  roi  de  France 
qui  nomme  les  commifiaires ,  en  préfence  desquels  les 
religieux  choififlent  trois  perfonnes ,  Se  dreflent  un  pro- 
cès verbal  de  la  pluralité  des  voix  fur  les  trois  qui  ont 
cet  avantage.  Le  roi  choifit  celui  des  trois  qu'il  juge  à 
propos.  On  y  voit  le  tombeau  du  fondateur  à  côté  du 
grand  autel  ,  Se  à  l'oppofite  celui  de  fept  religieux  mafTa- 
crés  par  les  Huns.  La  bibliothèque  eft  dans  le  clocher. 
Les  plus  rares  livres  font  les  manuferits ,  dont  il  y  en  . 
a  en  lettres  mérovingiennes ,  lombardes  Se  faxonnes  ; 
fur  quoi  il  faut  voir  le  voyage  littéraire  de  dom  Mar- 
tenne ,  t.  1.  p.  2.  L'églife  eft  fous  le  titre  de  faint  Léger, 
évêque  d'Autun.  (a)  Abrégé  de  l'hifl.  de  l'ordre  de  faint 
Benoît^  1.  4.  c.  21.  (b)  Longuerite ,  Defcription  de  la 
France,  part.  2.  pag.  242.  (c)  Abrégé  de  l'hifl.  de 
l'ordre  de  faint  Benoît ,  1.  5.  c.  59.  (d)  Longuerue  ,p. 
242. 

MURBOGI ,  peuples  de  l'Espagne  Tarragonnoife , 
félon  Prolomée ,  /.  2.  c.  6. 

MURCI.  Voyez  Virgi. 

1.  MURCIE  ,  c'eft  le  nom  du  plus  petit  de  tous  les 
royaumes  qui  compofent  la  monarchie  d'Espagne,  à 
moins  qu'on  ne  veuille  prendre  Jaen  Se  Cordoue  pour 
deux  royaumes  particuliers.  Il  eft  borné  au  nord  par 
la  Caftille  Nouvelle  -,  à  l'orient ,  par  la  mer  Méditerra- 


44  6 


MUR 


MUR 


née  &  par  le  royaume  de  Valence  ;  au  midi  encore  par  la    1ers  ,  vingt  quatre  greffiers ,  douze  procureurs  Se  divers 


mer  Méditerranée  ;  Se  à  l'occident ,  partie  par  la  Nou- 
velle Caftille,  partie  par  le  royaume  de  Grenade.  11  peur 
avoirenviron  vingt-cinq  lieues  de  longueur,  fur  vingt-trois 
de  large,  Se  vingt-quatre  ou  vinge-cinq  lieues  de  côres 
fur  la  mer  Méditerranée.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  j  3  3. 

Anciennement  ce  royaume  étoit  habité  par  les  Balli- 
tains ,  dont  parle  Ptolomée ,  par  les  Belitains  Se  par 
les  Deitains ,  dont  Pline  fait  mention.  Du  tems  de  Tin- 


avocats,  dont  le  nombre  n'eu,  pas  fixé.  Lorsqu'on  fonne 
le  toefin  aux  environs  de  la  ville ,  le  gouverneur  eft 
obligé  de  fe  rendre  à  la  tête  de  fes  troupes  à  l'endroit 
où  eft  l'alarme  ,  Se  d'aller  enfuite  à  Carthagéne  ,  pour 
défendre  les  côtes  des  invafionsdes  Maures ,  qui  y  font 
de  fréquentes  courles. 

La  police  eft  très- bien  exercée  dans  cette  ville.  Les 
pommes,  les  poires,  les  grenades ,  les  abricots ,  les  fi- 
gues, lesraifins,  les  pèches,  les  dattes  ,  la  chair  &  le 
pain  s'y  vendent  au  poids  Se  le  prix  en  eft  fixé  par  le 
magiftrat  ;  fi  quelqu'un  veut  vendre  au- delà,  le  bourreau 
le  promené  par  la  ville  fur  un  âne  &  le  fouette.  Les* 
officiers  de  la  jultice  fuivent  à  cheval  ,  Se  au-devant  d'eux 
marche  un  trompette  qui  cric  hautement  à  tous  les 
carrefours  :  C'efi  la  punition  que  fa  majefté ,  ou  la  juftice 
en  fon  nom ,  commande  être  faite  de  cet  homme  (  ou  de 
cette  femme  )  pour  tel  crime  ,  pour  lequel  il  efi  condamné 
à  tant  de  coups  de  fouet  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  fingulier  , 
On  compte  dans  ce  royaume  quatre  grandes  villes     c'eft  que  fi  le  bourreau  lui  donne    plus  de   coups  de 

fouet  que  la  fentence   ne   porte ,  on  le   fouette   lt 


vafion  des  Maures ,  ces  barbares  s'en  rendirent  les  maî- 
tres en  715  ,  &  le  pofiéderent  dans  une  entière  indé- 
pendance,  jusqu'en  1 241,  qu'ils  fe  rendirent  tributai- 
res de  Ferdinand  ,  roi  de  Caiîille  ;  Se  pour  la  fureté  de 
l'engagement  qu'ils  contractèrent  avec  lui  ,  ils  remirent 
entre  les  mains  de  l'infant  don  Alfonfc  ,  fon  fils,  la  forte- 
reffe  de  Murcic.  Ce  prince  profita  tellement  de  l'avan- 
tage qu'il  avoir  fur  eux  ,  qu'en  1 26 j ,  il  fe  faifit  du  royau- 
me 5c  du  roi  Maure  qui  regnoit  en  ce  tems-là.  *  Vay- 
rac,  Etat  préfent  d'Espagne,  1.  1.  p.  i;6 


honorées  du  titre  de  cite  ;  favoir , 

Murcic ,     Carthagéne,     Almacaren ,      Lorca. 

Ce  royaume  n'a  que  deux  rivières  qui  foient  un  peu 
remarquables.  La  première  eft  la  Segura  ,   appellée  an- 
ciennement Terebus&  Sorabisj  l'autre  eft  Guadalenrin. 
Le  terroir  de  ce  royaume  produit  de  fort  bon    vin 
&  de  bons  grains ,  mais  non    pas  en  grande  quantité , 
à  caufe  que  dans  la  plupart  des  endroits  il  eft  montueux. 
Ses  plus   grandes  richefles  confiftent  en  fruits  exquis , 
comme  oranges,  citrons,  limons  Se  autres  ;  en  légumes 
de  toutes  espèces ,  en  1  iz  ,  en  fucre  ,  en  miel ,  en  foie 
Se  fur-tout  en  une  espèce  de  jonc ,  qu'on  appelle  Sparto 
en  espagnol ,  qui  eft  d'un  très-grand   ufage  pour  faire 
des  nattes  ,  des  cordes  Se  une  forte  de  chauflure  qu'on 
appelle  Espargatas.  L'air  de  ce  royaume  eft   fort  fain. 
2.  MURCIE  ,  ville  d'Espagne  ,  au  royaume  de  mê- 
me nom  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  C'eft  cette  ville  que 
les  anciens  appelloient  Murgis ,  félon  quelques  hifto- 
riens  ;  mais  d'autres  prétendent  que  Murgis  étoit  fituée 
dans  l'endroit  où  l'on  voit  aujourd'hui  Muxacra,  &  que 
Murcie  eft  l'ancienne    Mencaria.   Quoi  qu'il  en  foit  , 
Murcie  eft  une  grande  Se  belle  ville  ,  fituée  dans  une 
plaine  délicieufe,  au  bord  delà  rivière  de  Segura  ,  très- 
bien  peuplée  ,  ayant  fept  paroifles  &  environ  dix  mille 
habhans.  Les  rues  y  font  très-belles  Se  fort  droites ,  Se 
les  maifons  bien  bâties.  Sa  cathédrale ,  dont  le  clocher 
a  la  montée  fi  douce  ,  qu'on  peut  monter  jusqu'au  faîte 
à  cheval  Se  en  carroffe  ,  fait  un  beau  morceau.  On  voit 
dans  cette  églife  le  tombeau  dans  lequel  le  cœur  &  les 
entrailles  d'Alphonfe  X  ,  roi  de  Calbllc  ,  font  inhumés. 
Ce  monarque    voulut  laifler  à  cette  ville  cette  marque 
de  fon  affection  Se  de  fa  reconnoiffance  du  fervice  im- 
portant qu'il  en  avoit  reçu  ;  car  ayant  été  élu  empereur 
au  préjudice  de  Richard  ,  roi  d'Angleterre ,  Se  ayant  ab- 
diqué l'Empire  à  caufe  de  quelques  difficultés  qu'il  trou- 
va ,  lorsqu'il  en  voulut  prendre  poflèffion  ;  quand  il  pen- 
fa  à  rentrer  dans  fes  états  en  1 27 3,  Sanche ,  fon  fils ,  bien 
loin  d'aller  au-devant  de  lui  pour  le  recevoir ,  lui  en 
défendit  toutes  les  avenues  ;  toutes  les  villes  lui  fermè- 
rent les  portes  ,  excepté  Murcie  ,  qui  lui  fournit  un  afyle 
afluré.  La  première  marque  de  reconnoiflance  qu'il  don- 
na à  cette  ville ,  fut  de  changer  Ces  armes  en  fept  cou- 
ronnes d'or  en  champ  de  gueules.  La  raifon  pour  la- 
quelle Murcie  fit  paroïtre  un  fi  grand  attachement  aux 
intérêts  du  roi  Alphonfe ,  c'eft  que  ce  prince  l'avoit 
tirée  par  fa  valeur  de  la  honreufe  oppreflion  fous  la- 
quelle les  Maures  la  fai foient  gémir. 

Parmi  les  chofes  remarquables  de  cette  ville,  on  fait 
grand  cas  du  couvent  des  Cordeliers ,  tant  par  la  ma- 


tu- 
meme. 

Hors  de  la  ville  on  voit  fur  une  hauteur  un  château , 
que  les  Espagnols  appellent   Monte-  Agudo ,  qui  peut 
lui  fervir  de  défenfe  en  cas  de  befoin.  Tous  les  environs 
de  Murcie    font    agréables,  abondamment  arrofés  Se 
très-fertiles.  On  y  recueille  du  vin  ,  du  miel  Se  toutes 
fortes  de  fruits  excellens  :  on  y  voit   particulièrement 
une  quantité  prodigieufe  d'oliviers  ;  mais  le  plus  grand 
revenu  vient  de  la  foie,  dont  la  quantité  va,  félon  la 
fupputation  des  gens  de  commerce,  à  plus  de  deux  cens 
mille  livres  pefant  par  année ,  Se  qui  produifent  envi- 
ron un  million  de  profit  aux  propriétaires.  On  fait  état 
que  pour  entretenir  les  vers  qui  la  produifent,  on  voit 
dans  la  campagne  jusqu'à  trois  cens  cinquante-cinq  mille 
cinq  cens  pieds  de   mûriers.  On  trouve  auffi  dans  le 
voifinage  de  cette  ville  quantité  de  cannes  de  fucre  Se 
du  riz.  On  y  nourrit  une  multitude  infinie   de  trou- 
peaux. Le  gibier  de  toute  espèce  y  eft  commun,  Se  les 
plantes  medecinales  n'y  manquent  pas. 
MURC1NUS.  Voyez.  Myrcinus. 
MURCONENS1S,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans 
la  Mauritanie  Cefarienfe.  La  notice  d'Afrique  cite  Mad- 
âanius  Murconenfis.  *  Hardouin.  collect.  conc.  vol.  x. 
p.  87y. 

MURCUS,  nom  que  portoit  anciennement  le  mont 
Aventin ,  félon  Sext.  Pompeius. 

MURE,  Se  la  Meyrie  ,  ville  de  France,  dans  la 
Dauphiné  ,  élection  de  Grenoble. 

MUREAUX ,  abbaye  de  France ,  dans  la  Champagne, 
à  une  lieue  au  couchant  de  Neuf- Château ,  &  à  qua- 
tre au  midi  de  Vaucouleurs.  Cette  abbaye  eft  de  l'or- 
dre de  Prémontre.  Les  religieux  de  ce  lieu  difent  être 
de  la  fondation  des  comtes  de  Champagne ,  Se  en  met- 
tent communément  l'époque  à  l'an  iijo-,  mais  leurs 
biens  les  plus  confidérables  viennent  de  la  maifon  de 
Lorraine  ,  anciens  feigneurs  de  Bourlcmont.  Le  revenu 
de  l'abbé  eft  de  deux  mille  cinq  cens  livres.  *  Baugier> 
Mém.  hiltor.  de  Champagne  ,  r.  2.  p.  247. 
MURECK.  Voyez,  Muereck. 

MURET,  ville  de  France  (a),  fur  la  Garonne,  3 
deux  lieues  au-deffus  de  Touloufc.  Dans  les  anciens  ac- 
tes le  nom  de  cette  ville  fe  trouve  écrit  en  françois 
Murel,  Se  en  latin  Murellum.  On  voit  par  les  auteurs 
qui  ont  écrit  de  la  guerre  des  Albigeois ,  que  cette  pla- 
ce étoit  du  Comminges  avant  l'an  1200.  Pierre  d'Arra- 
gon  (b)  ayant  pris  le  parti  des  Albigeois  ,  Se  étant  afîî- 
fté  des  comtes  de  Touloufe  ,  de  Foix  Se  de  Commin- 
ges ,  afliégea  cette  ville  en  1213,  avec  une  armée  de 
cent  mille  hommes.  Saint  Dominique,  qui  étoit  enfermé 
dans  cette  place  avec  l'évêque  de  Touloufe  ,  appella  à 


gnificence  de  fa  ftructure  que  par  la  richeffe  de  fes  or-  fon  fecours  Simon  ,  comte  de  Montfort ,  qui  étant  entré 

nemens.  \\  a  trois  grandes  cours  ,  deux  portiques  l'un  dans  Muret  avec  fes  troupes ,  fit  une  fortie  de  qua- 

fur l'autre  &  une  très-belle  bibliothèque  ,  ornée  de  plu-  torze  mille  hommes,  faint  Dominique  étant  armé  d'un 

fleurs  portraits  des  grands  hommes  ,  qui  ont  fleuri  dans  Crucifix.  Les  affiégés  taillèrent  en  pièces  l'armée  du  roi 

les  armes,  dans  les  lettres  Se  dans  le   gouvernement.  d'Arragon  ,  qui  demeura  mort  fur  la  place,  Se  fut  en- 

LesJéfuitesy  ont  un  collège.  terré  dans  une  chapelle  qui  fubfifte  encore  à  deux  cens 

Il  y  a  dans  Murcie  un  gouverneur ,  qui  eft  comme  pas  de  Muret.  Le  Crucifix ,  que  portoit  faint  Domini- 

une  espèce  de  viceroi ,  Se  qui  commande  à  tout  le  royau-  que  ,.eft  à  Touloufe  avec  trois  flèches  qui  font  planrées 

me:  un  lieutenant-criminel  &  un  civil,  douze  confeiL  dans  le  bois,  fans  que  le  Chrift  ait  été  touché.  Il  j 


MUR 


MUR 


a  dans  Muret  mille  ou  douze  cens  perfonnes.  Murer  elt 
chef  dune  chatelienie  qui  s'éiend  des  deux  côtés  delà 
Garonne  ,  &  Je  fiége  de  l'élection  de  Comminges.  (a) 
Longuerue  ,  Dcfcnpr.  de  la  France  ,  part.  i.  p.  201.  (b) 
Figaniol ,  Deicr.  delà  France  ,  t.  4.  p.  586. 

2.  MURET,  lieu  de  France  ,  dans  le  Limoufin  ,  près 
de  Limoges  vers  le  levanr.  Bailler ,  T.pogr.  des  Suints  , 
p.  $29,  du:  Saint  Etienne  de  Graudmont  fe  retira  vers 
l'an  1076,  Fur  la  montagne  de  Muret ,  où  il  vécut  plu- 
fleurs  années  dans  des  aullérités  fort  extraordinaires.  Il 
y  mourut  en  nz^,&  y  fut  enterré  ;  mais  la  foule  du 
monde  qui  fe  rendoit  de  tous  côtés  à  fon  tombeau  ,  Se 
plus  encore  la  jaloufïe  des  religieux  d'Ambafac,  qui 
étoient  à  une  demi-lieue  de-Ià  ,  Se  qui  prétendoient  que 
Muret  leur  appartenoit ,  obligea  les  disciples  d  aban- 
donner le  lieu  pour  éviter  une  contestation.  Ils  fe  re- 
tirerenr  avec  le  corps  du  fainr  en  un  autre  lieu  ,  nom- 
mé Grandmond.  Oii  ne  laiffa  pas  de  faire  porter  en- 
core long-tems  depuis  le  furnom  de  Muret  à  faint  Etien- 
ne. Voyez.  Grandmond. 

MUREX,  ville  qu'il  fcmble  queCédrene  place  aux 
environs  de  la  Méfopotamie.  Gabius  lit  Tumitrecem  dans 
Curopalate;  mais  c'elt  une  faute,  car  il  joint  l'article 
avec  le  nom.  *  Ortelu  Tbefaur. 

MURGA,  ville  d'Espagne,  dans  la  petite  profince 
d'Alava,  fur  le  mont  Gotdea.  *  Délices  d'Espagne  , 
p.  97. 

MURGANTlA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Samnium  , 
félon  Tite-Live,  /.  6.  c.  17.  &  18.  On  ignore  en  quel 
lieu  précifément  elle  étoit  fituée.  Etienne  le  géographe 
nomme  cette  ville  Morgentium  Se   Morgentia.   Voyez 

MoRGANTIUM. 

MURGENTINI.  Voyez.  Morgantium. 

MURGI.  Voyez.  Murgis. 

MURGILLUM,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  le  code 
Théodofien  ,  tit.  2.  de  Judœis.  Orrelius  »  Tbcfanr.  fur 
la  foi  de  Sigonius ,  die  que  c'eft  une  ville  de  la  Pan- 
nonie. 

MURGIS  ,  ville  de  l'Espagne  Bétique,  fur  la  côte 
de  la  mer  d'ibérie,  félon  Pline,  /.  3.  c.  1.  Antonin  ,  Lin. 
qui  écrit  Murgi,  la  met  fur  la  roure  de  Caltulo  à  Ma- 
laxa ,  entre  Turaniana  Se  Sexitanum ,  à  douze  milles  de 
la  première ,  Se  à  trente-huit  milles  de  la  féconde.  Si 
on  en  croit  Mendoza ,  In  concil.  lltib.  c'eft  aujourd'hui 
Almeria  ;  Se  fi  on  s'en  rapporre  à  Mariana  ,  Hift.  Hijp. 
h  i.c.  18.  ce  fera  Muxacra.  Le  père  Hardouin  pré- 
tend que  cette  ville  de  Murgis  elt  différente  de  celle 
que  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  4.  donne  aux  Turdules  Bétiqucs  , 
*k  qu'il  place  dans  les  terres  :  elle  elt  auffi  différente  de 
la  ville  de  Murcie  ,  capitale  du  royaume  de  même  nom  ; 
car  cette  dernière ,  bien  loin  d'être  fur  la  côte  de  la 
mer ,  en  ett  forr  éloignée.  Voyez.  Murcie  2. 

MURGISCA  ,  ville  aux  environs  de  la  Thrace,  à 
ce  qu'il  paroît  par  l'orailon  d'Eschine  contre  Ctéfiphoiï. 
*  Orttlii  Thefaur. 

MURGUM.  Voyez.  Margum. 

MURGUS.  Voytz.  Murtius. 

MURI  ou  Mou  ri  ,  abbaye  de  SuilTe,  dans  les  Pro- 
vinces libres  ou  Bailliages  francs ,  à  une  lieue  au-deffous 
de  Bremgarten  ,  près  d'un  village  du  même  nom ,  au 
bord  de  la  petite  rivière  de  Bintz.  Mûri  eft  une  grande 
&  riche  abbaye  de  l'ordre  de  fainr  Benoît ,  fondée  en 
1026  ,  par  Radpoto,  comte  de  Habfbourg.  Le  nom  de 
ce  lieu  eft  venu  de  ce  qu'on  y  a  trouvé  de  vieilles 
murailles ,  qu'on  iuppofe  avoir  été  des  relies  d'un  tem- 
ple païen  ou  d'une  ancienne  forrereffe  romaine.  L'é- 
difice de  cetre  abbaye  eft  rrès-beau  Se  compofé  de 
plufieurs  grands  corps  de  logis.  On  y  remarque 
particulièrement  une  fale  qui  eft  d'une  grandeur  pro- 
digieufe  Se  de  la  dernière  magnificence.  On  y  a  auffi 
une  fort  belle  bibliothèque  où  fe  trouvenr  er.rr'autrcs 
quantité  de  manuferits  qui  regardent  la  maifon  de  Habs- 
bourg. On  garde  dans  le  tréfor ,  parmi  quelques-autres 
raretés  ,  le  cor  de  chaffe  d'Albert  le  Sage ,  comte  de 
Habfbourg  :  on  croit  que  ce  cor  eit  fait  d'une  dent 
d'éléphant  ;  il  porte  cette  infeription  : 

Notum  fît  omnibus  cornu  ifiud  afptciemibus  ,  qitod 

C  ornes , 
Albenus  Alfatienfîs  landgravius  de  Habispurg 
nains  ..  .  . 


447 


Sac  ris  rellquus  cornu  iftud  ditavit. 

H&c  atla  funt  anno  MCXCVIU. 

Dans  1  eglife  de  cette  abbaye  ,  qui  eft  dédiée  à  faine 
Martin,  on  voit  le  tombeau  du  fondateur,  celui  d'ifa 
fa  femme,  fille  de  Charles,  duc  de  Lorraine  ;  Se  celui 
d'Hedwige,  fille  d'Ulrich,  comte  deKybourg,  femme 
d'Alberr  le  Sage  ,  comte  de  Habfbourg  Se  mère  de  Ro- 
dolphe I ,  qui  fur  empereur.  *  Etat  &  Délices  de  la. 
Sui/fe,  r.  3.  p.   ijo. 

MURI  AN  A  ou  Murianna,  contrée  de  la  petite. 
Arménie.  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  7.  qui  lui  donne  le  titre 
de  préfecture ,  y  place  les  villes  fuivantes. 

Sindite ,     Zoropajfus ,    Arafaxa ,     Garnace. 
Cbauna  ,  Nyjja ,  Carnalts. 

MURICI.  Voyez.  Sicmi. 

MURICUM.  Voyez.  Autricum*. 

MURIDUNUM,  ville  d  Angleterre ,  fclon  l'itiné- 
raire d'Antonin.  Le  MS.  du  Vatican  lit  Merodunum. 
Voyez  Maridunum. 

MURII.  Voycz.ïicuu. 

MURIS  STATIO.  Voyez.  Myoshormos. 

MURISIOS  ,  lieu  fortifié  dans  la  Lazique,  félon 
Ortelius,  Tbefaur.  qui  cite  les  Authentiques. 

1.  MURO  ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples, 
dans  la  Bafilicare  ,  vers  les  confins  de  la  Principauté 
Citérieure  ,  au  midi  de  la  ville  de  Ruvo.  Elle  eft  épis- 
copale ,  Se  fon  évêché  elt  fous  la  métropole  de  Conza. 
*  Magin  ,  Carre  de  la  Bafilicare. 

2.  MURO ,  montagne  de  Portugal ,  dans  la  pro- 
vince de  Tra  los  Montes  ;  c'eft  une  de  celles  qui  ren- 
fermenr  cette  province  du  côté  de  l'occident ,  Se  c'eft 
une  des  branches  du  mont  Vindius  ou  Vmduus.  *  Dé- 
lices de  Portugal ,  p.  713. 

3.  MURO,  port  du  Japon,  fur  le  canal  qui  fépare 
la  grande  ifle  Niphon  de  celle  de  Xicoco.  Il  eft  dans 
la  province  de  Bitfiu ,  dans  la  première  de  ces  deux 
ifies. 

MUROCARINI.  Voyez.  Hyccara. 
MUROCINCTA.  Voyez,  au  mot  Ad,  l'article  Ad- 
Muros. 

MUROELA,  ville  de  la  Haute  Pannonie.  Ptolo- 
mée, /.  i.  c.  iy.  la  place  entre  Sacrabantia  Se  Le- 
mudum.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  aujourd'hui 
Mureck. 

MURON,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge  , 
élection  de  S.  Jean  d'Angeli. 

MUROS,  ville  d'Espagne,  dans  la  Galice,  fur  la 
rive  feptentrionale  d'un  petit  golfe ,  que  la  Tambre 
forme  à  fon  embouchure.  Quelques-uns  cioyenr  que 
c'eft  l'ancienne  Clattdiomerium.  *  Délices  d'Ejpagne  , 
pag.    127. 

MUROTRIGES  &  Sumotriges.  Humfried  Lhuyd 
donne  ces  noms  à  des  peuples  qui  habiroient  le  comté 
de  Somerfet ,  en  Angleterre.  Ortelius  ,  Tbefaur.  croit 
qu'il  y  a  faute  dans  le  premier  de  ces  mots ,  Se  qu'au 
lieu  de  Murotriges ,  il  faut  lire  Durotrigcs. 

MURRANI,  peuples  de  l'Afie  propre,  félon  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  1.  c.  2.  Quelques  manuferits  portent 
Miorani  pour  Murrani  ,  d'autres  liienr  Mariandym  ; 
Se  comme  fi  ce  n'éroit  pas  aiîez  de  ces  différentes  le- 
çons pour  nous  embarraffer  ,  Pintaut  voudroit  lire  Mo- 
rimeni.  Mêla  eft  le  feul  ancien  qui  faffe  mention  des 
Murrani. 

MURRAY,  province  d'Ecoffe  ,  au  couchanr  de  Bu- 
chan,  entre  la  rivière  Spey  à  l'orient,  Se  le  Nairnau 
couchanr.  Cette  province  elt  maritime,  &:  la  meilleure 
Se  la  plus  fertile  de  toutes  les  provinces  du  Nord.  Elle 
abonde  en  toutes  chofes,  en  bled  ,  en  bétail  ,  en  finir , 
en  poiffon  ,  en  oifeaux  fauvages  Se  domelîiques ,  Se  le 
terroir  y  elt  fi  bon ,  que  la  récolte  y  eft  fouvent  faire 
avant  qu'elle,  foit  commencée  dans  les  provinces  voifi- 
nes.  Les  habitans  fe  vantent  d'avoir  quarante  beaux 
jours  dans  l'année  plus  qu'aucuns  de  leurs  voifins,  Le  pays 
eft  plat,  fi  on  en  excepte  quelques  collines  qui  le  ven- 
dent plus  charmant» 


448       MUR 

Ses  principales  rivières  font  le  Spey  à  l'orient  ,  le 
Nairn ,  le  Findorn  ou  Herin. 

Cette  province  efh  divifée  en  deux  parties  ,  dont  la 
plus  grande  s'appelle  Shire  of  Elgin  ,  Se  l'autre  thb 
Shire  of  Nairn.  Elle  donne  le  titre  de  comte  à  une 
branche  de  la  mai  (on  des  Stuars ,  descendue  du  fameux 
comte  de  Murray  ,  qui  fut  régent  d'Ecofle  pendant  la 
minorité  de  Jacques  VI.  Les  principales  villes  font  El- 
gin Se  Nairn.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne , 
t.  2.  p.  274. 

MURRHART,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle 
de  Souabe  ,  dans  le  duché  de  Wurtenberg  :  fur  la  Murr , 
à  deux  milles  de  Hall ,  Se  à  pareille  diftance  de  Schorn- 
dorff.  Il  y  a  une  abbaye  ,  qui  ,  félon  quelques-uns  ,  a  été 
fondée  fous  le  règne  de  l'empereur  Louis  le  Débonnaire , 
Se  même  par  ce  prince  ,  en  faveur  du  bienheureux  Vai- 
nc ,  hermite,  qui  en  prit  la  conduite.  L'abrégé  de  l'hi- 
ftoire  de  l'ordre  de  raine  Benoît,  /.  ;.  c.  56.  ajoute  que 
l'établiflèment  de  cette  abbaye  fut  fait  pour  douze  re- 
ligieux qui  dévoient  garder  la  régie  de  faine  Benoit.  D'au- 
tres cependant  mettent  cet  établiflement  fous  Pépin , 
père  de  Charlemagne.  Quoi  qu'il  en  foit ,  la  ville  a 
été  fous  la  dépendance  de  ce  monaftere:  il  eft  vrai  que 
les  comtes  de  Wurtenberg  en  étoient  protecteurs  ,  ce 
qui  leur  valoir  presque  autant  que  d'en  être  les  feigneurs 
immédiats.  Au  relie ,  cette  ville  a  un  fauxbourg  qui  la 
fait  paroîrre  plus  confidérable  qu'elle  n'eft  en  effet.  * 
Zeyler  ,  Top.  Suevix. 

1.  MURSA  ou  Mursia  ,  ville  de  la  Bafle  Pannonie  , 
félon  Antonin  ,  itiner.  qui  la  met  pour  terme  de  fa 
route  de  Siicia  à  Mur/a ,  à  trente  milles  de  Straviana. 
Dans  la  route  de  Sirmium  à  Trêves ,  il  la  place  entix 
CibaU  Se  Anûan&y  à  vingt-deux  milles  de  la  première 
Se  à  vingt-quatre  milles  de  la  féconde.  Quelques  MSS. 
en  cet  endroit  lifent  Mura  pour  Murfa  ;  mais  c'eft  une 
faute  de  copiite.  Ptolomée,  /.  2.  c.  16.  nomme  cette 
ville  Mufia  culonia.  ,  Se  la  met  entre  Vacontium  Se 
Sallis.  Le  père  Hardouin  &  plufieurs  autres  croient  que 
c'eft  aujourd'hui  Eflek. 

2.  MURSA  ou  Mursium  ,  ville  de  l'Ionie,  félon 
Etienne  le  géographe. 

3.  MURSA,  lieu  fortifié  dans  la  Gaule  ,  à  trois  jour- 
nées de  chemin  de  la  ville  de  Lyon  ,  félon  Socratedans 
fon  hiftoire  eccléfiaftique  ,  lié.  2.  cap.  3 1.  De  Valois , 
Not.  Gall.  pag.  366.  croit  que  ce  lieu  eft  le  même 
qu'on  nomme  aujourd'hui  la  Mure  dans  le  Dauphiné  , 
à  vingt -cinq  ou  trente  lieues  de  Lyon  ,  ce  qui  peut 
répondre  aux  trois  jours  de  chemin  dont  parle  So- 
crate. 

MURSELLA  ,  ville  de  la  Pannonie  inférieure.  Ptolo- 
mée ,  /.  2.  c.  16.  la  range  au  nombre  des  villes  éloi- 
gnées du  Danube  ,  Se  la  met  entre  Certifia  Se  hibalis. 
L'itinéraire  d' Antonin  place  cette  ville  fur  la  route  de 
Sobaria  à  Bregentio  ,  entre  Baiîîana  Se  Arrabona ,  à 
trente-quatre  milles  de  la  première ,  &  à  vingt  milles 
de  la  féconde.  Quelques  exemplaires  d'Antonin  écrivent 
Murcella. 

MURSIA.  Voyez.  Mursa. 

MURTA ,  en  latin  ,  monaflcrhim  fanEli  Hleronymï 
de  la  Murta ,  célèbre  monaftere  d  Espagne  ,  dans  la 
Catalogne ,  près  de  la  ville  de  Barcelone.  11  eft  de  l'or- 
dre de  faine  Jérôme.  *  Marca  ,    Hispan.  lib.  2.  cap. 

MURTHLAY,  ou  Murtlac  ,  ville  d'Ecofle ,  dans 
le  comté  de  Marr,  ik  qui  n'eft  plus  aujourd'hui  qu'un 
village  ,  à  quatre  lieues  d'Aberden  ,  où  fon  évêché  fut 
transféré  en  1130.  L'abbé  de  Commanville,  Tables  al- 
phabétiques.des  cvêchés ,  p.  154.  dit  que  Malcolm  III  , 
mit  à  Murtlac  un  évêché  vers  l'an  1060.  C'eft  une 
erreur  :  Murtlac  étoit,  félon  Buchanan ,  Rer.  Scot.l.y. 
un  des  quatre  anciens  évêchés  dEcofle  ,  auxquels  Mal- 
colm ne  fit  qu'en  ajouter  deux  autres.  De  Commanville 
lui-même  a  marqué  dans  un  autre  endroit ,  Tab.  géogr. 
&  chr.  part.  1.  c.  ia.  que  l'évêché  de  Murtlac  avoit 
été  fondé  dans  le  VII  fiécle 

MURTIUS  ,  lieu  où  l'empereur  Carinus  fur  tué  , 
félon  Vopiscus.  Eutrope  &  Eufébe  placent  Murgus 
entre  Vimïnacium  Se  le  Mont  d'or  dans  la  Pannonie. 
On  lit  Margm  dans  un  MS.  d  Eutrope.  Voyez.  Mar- 
GUM. 


MUR 


MURU,  ville  Se  port  du  Japon  ,  dans  la  pres- 
qu'jfle  de  Niphon,  province  de  Bifien  ,  fur  la  route 
de  Simonofecki  à  Ofacca,  entre  ltzijmodo  &  Akafi  i 
à  dix  lieues  marines  de  la  première ,  à  treize  de  la  fé- 
conde ,  Se  à  trente  Se  une  d'Ofacca.  Le  port  du  Mu- 
ru  eft  étroit  ;  mais  c'eft  un  des  plus  furs  contre  la  rcm- 
pete ,  parce  qu'il  eft  couvert  par  une  montagne  qui  du 
continent  s'avance  vers  l'oueft  Se  en  couvre  une  bonne 
partie.  Les  navires  qui  y  abordent ,  doivent  gouverner 
nord  eft,  enfuite  tourner  fud-fud  par  elt ,  pour  jetter 
l'ancre  près  de  la  ville.  Une  bonné^artie  du  port  eft 
entourée  d'un  mur  de  pierres  de  taille.  La  fituation  de 
la  ville  elt  agréable  &  commode  :  elle  eft  bâtie  le  long 
de  ce  mur  ou  mole  :  elle  contifte  en  une  longue  rue 
étroite  ,qui  règne  Le  long  du  rivage  ,  fait  en  demi-cer- 
cle, &  de  quelques  autres  rues  derrière  le  port,  en  al- 
lant vers  la  montagne.  Le  nombre  des  maifons  peut  al- 
ler en  tout  à  fix  cens.  Elle  eft  habitée  fur-tout  par  des 
brafleurs  de  Sacki ,  des  cabaretiers  à  bière  ,  Se  des  mar- 
chands en  détail ,  qui  gagnent  confidérablement ,  à  caufe 
de  la  multitude  de  navires  qui  fe  rendent  tous  les  jours 
à  ce  port.  La  ville  eft  gouvernée  par  un  Bugio.  Il  y  a 
une  célèbre  manufacture  de  cuirs  de  chevaux  qu'ils  tan- 
nent à  la  manière  du  cuir  de  Ruine  ,  Se  qu'ils  vernis- 
fent  f  on  ne  les  vend  que  quatre  maas  la  pièce.  Quel- 
que fale  que  foit  cette  ville,  Se  quelque  vile  que  foit  la 
condition  defes  habitans,  ils  ne  laiflent  pas  d'avoir  un 
marian  ,  ou  lieu  de  débauche  public  ,  pour  s'aller  diver- 
tir. Les  montagnes  voifines  font  cultivées  jusqu'au  fom- 
met  Se  vues  de  loin  :  elles  forment  une  perfpective  eu- 
rieufe.  Le  bois  qui  eft  derrière  la  ville  d'un  côté  de  la 
montagne ,  qui  met  le  port  à  couvert ,  reflemblanc  à 
une  presqu'ifle  ,  donne  auflï  un  point  de  vue  fort  agréa- 
ble Se  fort  varié.  Ce  bois  eft  fur  un  fol  pierreux  ;  il 
eft  entouré  de  plufieurs  baftions  ronds,  de  corps  de 
gardes  Se  d'autres  maifons  bien  bâties ,  Se  agréablement 
ficuées  pour  loger  les  officiers  &  les  foldats.  A  l'extré- 
mité occidentale  du  Havre  près  de  l'entrée ,  il  y  a  un 
petit  fort  avec  une  garde  de  foldats.  La  colline  fur  la- 
quelle eft  ce  bois ,  ou  ce  fort ,  elt  jointe  à  la  ville  par 
une  petite  langue  de  terre  ;  mais  elle  en  eft  féparée 
pourtant  par  des  portes  Se  des  murailles ,  pour  em- 
pêcher une  communication  qui  n'eft  pas  néceflaire.  * 
Kaempfer ,  Hiftoire  du  Japon,  1.  5.  p.  117.  178  & 
182. 

MURVIEL,  ville  de  Fiance,  dans  le  Bas  Langue- 
doc, fur  le  Caulazon,  à  quatre  lieues  de  Montpellier  , 
Se  à  cinq  de  l'étang  de  Thau.  On  voit  diverfes  mar- 
ques d'antiquité  dans  ce  lieu. 

MURVIS  ,  ville  de  l'Afrique'propre.  Ptolomée,  /.  4. 
c.  3.  la  place  entre  Caraga  Se  Zugar. 

1 .  MURUM  ,  ville  d'Espagne.  Antonin ,  itiner.  la  mec 
fur  la  route  de  Laminium  à  Tolède,  entre  Laminium 
Se  Confabtum  ,  à  vingt-fept  milles  de  la  première  Se 
à  vingt-huit  milles  de  la  féconde.  Simler  dans  ce  paflage 
d'Antonin  ,  au  lieu  de  Murum  ,  lit  Aurum. 

2.  MURUM  ,  lieu  dans  les  Alpes  Rhétiques,  félon 
Antonin  ,  qui  le  place  fur  la  route  de  Bregenti  à  Mi- 
lan ,  en  pafiant  le  long  du  lac: il  le  met  entre  Tinnetio 
Se  Simrnus  Lacus,  à  15  milles  du  premier  de  ces  lieux , 
&  à  20  milles  du  fécond. 

3.  MURUM  ou  Murom  ,  comme  écrit  de  rifle, 
Atlas,  ville  de  l'empire  Ruffien,  dans  la  principauté 
de  Cachine  ,  fur  la  rive  occidentale  de  l'Occa ,  à  quelques 
milles  au-deflbus  de  la  ville  de  Cachine. 

MURUS  CiESARIS.  Il  refte  encore  quelques  mar- 
ques de  cette  muraille  entre  le  lac  de  Genève  du  côté 
de  Nyon  Se  le  mont  Jura  ',  du  moins  c'eft  l'opinion 
commune.  D'autres  pourtant  veulent  que  ce  mur  aie 
été  au-delà  du  Rhône ,  entre  le  lac  de  Genève  Se  le  pas 
de  Clufe  ,  dans  l'endroit  où  le  mont  Jura  traverfe  le 
Rhône  &  continue  dans  la  Savoie  ,  ce  qui  paroît  mieux 
convenir  au  texte  de  Céfar ,  /.  i.  c.  8.  *  Samfon  ,  Rem. 
fur  la  carte  des  Gaules. 

MURUSTAGENSIS  ,  fiége  épiscopal d'Afrique,  dans 
la  Mauritanie  Céfarienfe ,  félon  la  notice  épiscopale, 
où  Martianus  eft  qualifié  episcopus  Muruflagenfis.  Il  fe 
pourroit  faire  que  ce  feroit  aujourd'hui  la  ville  de  Mu- 

fttigan. 

MUSAE, 


MUS 


MUS 


MUSAE  ,  lieu  de  l'Egypte  L'itinéraire  d'Antonin  le 
place  fur  la  route   de   Pelufe  à  Memphis ,  en  partant 
par  l'Arabie,  &  entre  Peos  Artemidos  Se  Hipponon,  à 
trente-quatre  milles  de  la  première  de  ces  places,  & 
à  trente  milles  de  la  féconde. 

MUS<£SILII ,  peuple  de  la  Mauritanie  Céfarienfe  , 
félon  Ptolomée ,  /.  4.  c.  2. 

MUSAEUS,  fleuve  de  Gothie  ,  félon  Métaphrafte, 
dans  la  vie  de  faint  Sabas  :  il  dit  que  ce  faint  fut  noyé  dans 
ce  fleuve.  *  Ortelii  Thefaur. 

MUSAGORI ,  nom  commun  que  les  anciens  don- 
noient  à  trois  ifles  voifines  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Pom- 
ponius  Mêla  ,  /.  2.  c .  7.  Pline  ,  /.  4.  c.  1 2  les  nomme 
Afufagores. 

MÛSANA.  Voyez.  Muzana. 
MUSARABES  ou  Mosarabes  ,  nom  que  l'on  don- 
noit  aux  Chrétiens,  qui  vivoient  en  Espagne  ,  fous  la  do- 
mination des  Maures  ou  des  Arabes.  Voyez.  Mosarabes. 
Il  y  en  a  voit  auffi  dans  le  royaume  de  Maroc,  où  ils  fer- 
voient  le  roi  à  la  guerre,  &  ils  avoient  leurs  femmes  Se 
leurs  enfans  avec  eux.  Jacob  Almanfor  les  avoit  emme- 
nés d'Espagne  pour  la  garde  de  fa  perfonne,  &  ils  étoient 
ordinairement  au  nombre  de  cinq  cens  cavaliers  fort  bien 
payés.  On  les  laiffoit  vivre  dans  leur  religion  ,  Se  ils 
avoient  une  églife.  Ils  furent  entretenus  long-tems  de  la 
forte  ,  jusqu'à  ce  que  don  Jean  I ,  roi  de  Caltille  ,  les  fit 
revenir  en  Espagne,  Se  leur  donna  de  grands  biens  &:  de 
grands  privilèges,  comme  on  le  voit  par  ceux  des  Farfa- 
nes  des  Goths  dans  l'Andaloufie  ,  qui  en  viennent.  En  la- 
tin on  les  nomme  Mujjarabes,  Se  les  Arabes  les  appellent 
Muflarabins,  félon  quelques-uns ,  parce  qu'ils  fe  mirent 
au  fervice  de  Muça,  apiès  la  défaite  du  roi  Rodrigue, 
&  félon  d'autres,  parce  qu'ils  favoient  l'arabe,  Se  que 
Arab  en  cette  langue  fignifie  un  homme  Arabe.  Il  eft 
vrai  qu'il  y  avoit  parmi  eux  quelques  gentilshommes  de 
la  fuite  des  enfans  du  roi  Vitifa  Se  du  comte  Julien  ,  qui 
peuvent  avoir  été  caufe  qu'on  les  nomma  ainfi.  Les  Mu- 
farabes  avoient  dans  le  fervice  divin  des  cérémonies  dif- 
férentes de  celles  de  l'églife  Romaine,  Se  leur  office  ,  ap- 
pelle Mufarabin ,  fut  aboli  dans  l'Espagne  par  S.  Gré- 
goire ,  pape ,  fous  le  règne  d'AIphonfe  VI.  Il  a  été  néan- 
moins confervé  dans  fept  égliles  paroiffialcs  de  la  ville  de 
Tolède,  &  dans  une  chapelle  de  la  grande  églife  ,  auffi 
bien  qu'à  Salimanque  ;  mais  dans  cette  dernière  ,  feule- 
ment pour  certains  jours  de  l'année.  *  Marmol,  Defc.  du 
royaume  de  Maroc  ,1.  3 .  c  40. 
1.  MUSARNA.  Voyez,  Mosarna. 
i.  MUSARNA  ,  ville  delà  Gédrofie,  félon  Ptolo- 
mée, l.G.c.n. 

MUSARNAEI ,  peuples  que  Ptolomée  ,  /.  6.c.  21. 
place  dans  la  Gédrofie,  auprès  de  l'Arachofie. 

MUSASI,  province  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifle  de 
Niphon.  Sa  capitale  eit  Jeuo.  Voyez,  ce  nom. 

MUSBADENSIS,  fiégeépiscopal  de  l'Ifaurie  :  cette 
ville  étoit  fituée  entre  Lamum  ,  Se  Celenderim.  Ger- 
manus ,  Se  Sifinmus  ont  occupé  ce  fiége.  *  Harduin.  col- 
leét.  conc.  vol.  4.  p.  470. 

MUSCANDA  ,  ville  delà  Cappadoce,  dansla  préfe- 
cture d'Andoche,  félon  Ptolomée,/.  y.  c.  6.  qui  place  cette 
/ille  au-deffous  d'Olbaffa.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque 
(Palatine  lit  Mm  banda. 

MUSCAR1A  ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife.  Pto- 
lomée ,  /.  2.  c.  6.  la  donne  aux  Vascones ,  Se  la  place  en- 
tre Tarraga  Se  Setia. 

MUSCHELLANDSBERG  ,  maifon  ou  château  de 
kince,  n  Allemagne,  dans  le  PalatinatduRhin.à  un  mil- 
le de  Meyfenheim.  Il  eit  fur  une  haute  montagne  escar- 
pée de  tous  côtés,  hors  celui  de  l'entrée  ,  Se  fa  conftru- 
ftion  ,  de  même  que  fe  fituation  le  rend  une  place  dedé- 
tenfe,  *  Zcyler ,  Topogr.  Palat.  Rheni. 

MUSCHIO  ou  Castel  Muschio  ,  bourg  ou  petite 
'ille  de  l'ifle  de  Veglia,  fur  la  côte  de  la  Croatie.  Mus- 
:hio  eft  fituée  dans  la  partie  occidentale  de  cette  ifle  ,  fur 
a  côte  feptentrionale  d'un  golfe  qui  en  prend  fon  nom  Se 
lu'on  nomme  Vallone  di  Castel  Muschio.  Le  père 
loronelli ,  IfoLirio,  t.  1.  p.  143.  dit  que  ce  golfe  a  huit 
nilles  de  contour  Se  deux  milles  de  profondeur  ,  Se 
lue  le  terroir  des  environs  de  Muschio  eft  planté  de 
.'ignés. 

MUSCHKUR(le  territoire  de),  eft  fitué  dans  le  Schir- 


449 

van,  en  une  plaine  près  de  la  mer,  entre  les  rivières  de 
Jelamah  Se  Bœhbarlah  ;  cette  dernière  fépare  le  territoire 
de  Schabran  de  celui  de  Muschkur ,  leauel  s'étend  du 
cote  du  couchant  jusqu'à  Cuba.  C'eft  un  terrein  plat  \ 
il  efl  très- fertile  Se  très-abondant,  étant  arrofé  par  une 
infinité  de  petites  rivières  ,  &  fournit  le  Schirvan  Se  le 
Dagillan  de  bled  ,  d'orge  &  de  riz.  Les  pâturages  y  font 
excellens  :  les  prés  y  font  presque  toujours  couverts 
d'herbe;  car  fi  les  chaleurs  de  Juin  &de  Juillet  la  brûlent, 
elle  commence  à  pouffer  au  mois  d'Août ,  Se  refte  verte 
pendant  tout  l'hy  ver  :  les  champs  font  même  couverts  de 
fleurs  en  Décembre  Se  Janvier ,  Se  les  campagnes  font 
couvertes  de  beftiaux  pendant  tout  l'hyver.  Ce  pays,  ou- 
tre ces  avantages,  a  encore  celui  de  produire  toutes  for- 
tes d'arbres,  comme  chênes,  hêtres,  pommiers,  poi- 
riers ,  noyers,  pruniers,  néfliers  ,  &  quantité  de  vignes 
fauvages  qui ,  s'attachant  aux  plus  hauts  arbres ,  &  paf- 
fant  de  l'un  à  l'autre  ,  font  un  ombrage  auffi  agréable 
que  commode  pendant  les  grandes  chaleurs.  Il  n'y  a  point 
de  villes  dans  ce  territoire,  mais  beaucoup  de  beaux 
villages,  qui  ont  été  ruinés  lors  de  la  rébellion  :  une  par- 
tie des  habitans  fut  maffacrée,  Se  l'autre  fut  enlevée  & 
transplantée  à  Schamachie,  & -en  d'autres  lieux.  Enfin 
une  autre  partie  fe  disperfa  ,  Se  fe  raflèmbla  peu  à  peu  , 
Se  retourna  dans  le  territoire  de  Muschkur  qu'ils  com- 
mencent à  repeupler.  Leur  langage  eu  un  mélange  du 
turc  Se  du  tartare:  ils  font  rnahométans  Sunni.  Ils  étoient 
ci-devant  fujets  de  la  Perfe ,  Se  le  Sultan  de  Derbent 
avoit  établi  un  Darga  fur  tout  ce  territoire  ,  pour  en  re- 
tirer les  revenus ,  Se  les  erivover  à  Derbent  :  mais  ils  font 
fujets  delà  Ruffie  depuis  1726  ,  Se  chaque  village  a  fon 
ancien  ou  kauchah  ,  dont  quelques-uns  dépendent  à 
leur  cour  d'un  Juchs  Baschi.  Ce  peuple  vit  de  l'agri- 
culture, du  produit  des  befliaux  ,  Se  du  trafic  de  foye 
qui  eit  affez  confidérable  ,  quoiqu'il  ait  diminué  depuis 
la  rébellion.  Pendant  trois  ou  quatre  mois  de  l'été  ,  cha- 
cun fe  retire  avec  fa  famille  dans  des  cavernes  qui  font 
dans  les  montagnes  inférieures.  On  les  nommoit  autre- 
fois Awgani,  Se  peut-être  fuivant  d'autres  prononcia- 
tions Awani  ou  Âlbani.  (Ce  ne  font  pas  les  Awgafi  qui 
habitent  encore  à  préfent  près  de  la  Mingrclie.  )  Ils 
étoient  Chrétiens  Arméniens  ,Se  l'on  trouve  encore  dans 
ce  territoire  beaucoup  de  villages  Arméniens ,  dont  les 
prêtres  font  facrés  par  l'archevêque  d'Arménie ,  du  Cloî- 
tre de  Grégoire  le  grand  ,  fitué  près  du  mont  Ararat , 
près  d'Erivan.  Lors  de  l'invafion  de  Tameilan  ,  les  Aw- 
gani descendirent  au  midi ,  vers  la  Perfe ,  où  ils  s'accou- 
tumèrent à  demeurer  fous  des  tentes  dans  des  plaines  , 
fans  s'éloigner  les  uns  des  autres ,  Se  fe  tenant  toujours 
unis.  De-la  ils  pafferent  fur  les  frontières  de  l'Inde ,  près 
de  Candahar ,  où  ils  continuèrent  à  porter  le  nom  d'Aw- 
gani.  Leurs  prêtres  étant  décédés,  &  converfant  conti- 
nuellement avec  les  Mahométans ,  ils  embrafferent  la  re- 
ligion mahométane.  Ce  font  ces  Awgani ,  qui  ont  aidé 
à  Myr-weis  Se  à  fon  fils  Myr-Machmuth  ,  à  faire  de  il 
grands  progrès  en  Perfe.  *  Description  des  bords  Occiden- 
taux de  la  mer  Caspienne  par  Garber  ,  officier  aujervi- 
te  de  la  RuJJ/e  dans  ce  pays. 

MU  SCI  AS-CALMES,  lieu  delà  Gaule, au  voifinage 
d'Embrun,  félon  Grégoire  de  Tours,  /.  4.  C'eft  le  lieu 
où  Mummolus  mit  en  fuite  les  Lombards.  Paul  Diacre  j 
Longobard.  I.  3.  lit  Mufti  a-Sc  aime  s  ,  Se  un  lfianufcrit 
porte  en  un  feul  mot  Mufti  as  calmes. 

MUSEE  ,  colline  de  l'Attique,  dans  la  ville  d'Athè- 
nes, Se  que  l'on  trouve  aujourd'hui  au  fud-oucft  de  là 
citadelle.  Cette  colline  avoit  pris  fon  nom  de  l'ancien 
poëte  Mufée ,  disciple  d'Orphée  ,  qui  y  récitoit  fes  vers. 
Une  infeription  queSpon  a  trouvée  dans  ce  lieu,  dit  que 
Mufée  étoit  fils  d  Eumolpus.  Suidas  fait  Eumolpus  fils  de 
Mufée  Se  Mufée  fils  d'Antiphcmus.  Il  eft  vrai  qu'il  y  a  eu 
un  autre  Eumolpus,  aïeul  du  poëte  Mufée  Se  que  les  des- 
cendansreprenoient  fouvent  le  nom  de  leurs  ancêtres.  Le 
même  marbre  dit  que  fon  fépulchre  étoit  au  port  Phale- 
re,  &Paufanias  écrit  qu'il  étoit  à  la  colline  même  de  Mu-» 
fée.  Le  vulgaire  appelle  cette  bute  Tofeggio  ,  Se  quelques- 
uns  de  nos  Francs,à  caufe  d'un  monument  qui  y  a  été  bâti, 
la  nommela Colline  de  l'Arc  de  TRAjANjmaiscen'eft 
point, comme  on  l'acru,unarc  de  triomphe;  Se  même  cet 
ouvragen'aétéfait,nipourTrajan,  ni  pour  Adrien,  com- 
me plufieurs  écrivains  l'avoient  affuré.  C'eft  un  monu- 
T»m.  IV.  LU 


MUS 


4*° 

ment  d'honneur  crigé  par  un  confiai  Romain ,  apelle  Ca- 
jus  Juliits  Anùochus  Philopappus.  C'eft  une  muraille  de 
marbre  blanc,  légèrement  enfoncée  en  demi  cercle,  fur 
laquelle,  dncôté  qui  regarde  Athènes  ,  eft  gravé  un  char 
de  triomphe  à  quatre  chevaux,  qui  poire  ce  conful,  précé- 
dé par  quelques  figures,  &  fuivi  d'une  vi&oire.  Ati-des- 
fus  eft  fa  ftatue  affife  dans  une  niche ,  avec  fon  nom  fous 
les  pieds  en  caractères  grecs  ; 

«HAonAnnos  Eni*AN0T2  bhsiaeys. 

C'eft- à-dire  ,  Philopappus  ,  fils  d'Epiphanes  de  Bifa  , 
(  bourg  de  l'Attique  ).  A  fa  droite  il  y  a  une  femblable  ni- 
che ,  fous  laquelle  on  lit  ce  nom  : 

BAriAEYS   ANTI0X02   BA2IAEOS   ANTIOXOY. 

C'eft-à  dire  Le  roi  Anùochus ,  fils  d' Anùochus .  A  la  gau- 
che il  devoir  v  avoir  une  autre  niche  pour  faire  la  fymmé- 
trie ,  mais  ce  côté  de  la  muraille  eft  tombé. 

Entre  les  deux  niches  qui  relient ,  eft  un  pilaftre  qui 
contient  les  qualités  de  ce  Philopappus,&  fans  doute  qu'au 
côté  qui  eft  ruiné  ,  il  y  en  avoit  un  femblable  qui  finiffoit 
l'infcription.qui  n'eft  qu'à  demi  danscelui-ci.  Comme  le 
nom  de  Trajan  s'y  rencontre  ,  c'eft  ce  qui  a  donné  occa- 
sion à  ceux,  qui  n'examinent  pas  ces  antiquités  à  fond  ,  de 
croire  que  c'étoit  un  monument  dédié  à  Trajan.  Voici  ce 
qui  s'y  lie  : 

C.  Ju  l  i  us     CF. 

F  a  b.    Antio- 

c  h  us  Philo- 

pappus  Cos. 

Frater    A  r- 
valis    sulle- 

ctus    Inter. 

PRiTORI 
OS     A  B    I  M  P. 

C  y£  S  A  R  E. 

N  E  R  V  A 

T  R  A  J  A  N  O. 

Optumo 

Germanico 

D  A  C  I  c  o. 

Ce  qui  veut  dire  :  Càjus  Juliits  Anùochus  Philopap- 
"pus ,  fils  de  Cjjus  ,  de  la  tribu  Fubia  ,  conful  frère  Arva- 
le ,  aggrégé  parmi  les  prétoriens  par  l'Empereur  &  Ce- 
Jar  NervaTrajan,  très-bon  &  très-Augufte  ,qui  a  triom- 
phé des  Allemands  &  des  Daces. 

Cette  infeription  explique  ce  quePaufanias  n'a  dit  que 
fort  obscurément  :  car  en  parlant  de  Mufée ,  il  marque 
qu'on  y  avoit  érigé  un  monument  d'honneur  à  un  certain 
Syrien,  Se  cet  Antiochus  Philopappus,  quoiqu'il  fut 
natif  de  Bifa  dans  l'Attique ,  étoit  fans  doute  Syrien  d'o- 
rigine ,  ce  qui  fe  reconnoît  par  fon  nom  d'Antiochus , 
commun  presque  à  tous  les  rois  de  Syrie,  Se  par  la  fta- 
rue  d'un  de  ces  princes  qu'on  avoit  mife  à  fon  côté  ,  com- 
me un  de  fes  illuftres  ancêtres ,  à  qui  même  le  peuple 
d'Athènes  avoit  de  l'obligation  ,  &  à  l'honneur  duquel 
il  avoit  confacré  une  de  (es  tribus,  qui  fut  nommée  An- 
liochide. 

Il  refte  une  difficulté,  c'eft  que  dans  les  tables  con- 
sulaires on  ne  voit  point  le  nom  de  ce  conful.  Tout  ce 
qu'on  peut  dire  ,  c'eft  qu'il  a  été  conful  fujfeflus  ;  c'eft  à 
dire  fubrogé.  Ce  qui  furprend  encore ,  c'eft  que  cette 
infeription  eft  citée  par  Gruter  fur  la  foi  de  Scaliger  , 
comme  fi  elle  éroit  à  Andrinople ,  quoiqu'elle  n'ait  ja- 
mais été  qu'à  Athènes ,  où  elle  eft  enclavée  dans  cette 
muraille  ancienne.  Apparemmenr  Scaliger  l'avoit  eue  de 
quelque  voyageur  qui  l'avoit  écrite  fur  fes  tablettes,  fans 
s'être  bien  expliqué  de  l'endroit  où  elle  étoit ,  comme 
on  peut  fouvent  confondre  ces  chofes ,  quand  on  n'y  ap- 
porte pas  du  foin. 

L'Ilifl'us  parte  au  pied  du  Mufée  -,  mais  il  eft  presque 
toujours  à  fec  dans  cet  endroit ,  à  moins  que  les  pluies 
ou  les  neiges  du  mont  Hymette  ne  lui  fourniflenr  de  l'eau  : 
car  ce  n'eft  proprement  qu'un  torrent. 

Il  y  a  grande  apparence  que  c'eft  de  ce  Mufée  d'Athè- 
nes que  l'on  a  pris  occafion  de  nommer  Mufeum  le  ca- 
binet des  favans ,  Se  les  lieux  où  on  s'applique  à  la  cul- 
ture des  feiences. 


MUS 


MUSERTITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ;  on  ne 
fait  dans  quelle  province.  La  conférence  de  Carthage 
fournit  Cresconius,é\ëqae  Donatifte  ,  Se  Leontius, évêque 
Catholique.  *  Harduin.  colleét.  conc.   vol.  i.p.  1087. 

1.  MUSEUM.    Voyez.  Musée. 

2.  MUSEUM,  lieu  de  la  Macédoine.  Etienne  le  géo- 
graphe le  dit  voifin   du  mont  Olympe. 

z.  MUSEUM,  lieu  au  voifinage  de  la  Bœotie  ,  félon 
Plutarque  ,  in  Syila.  C'étoit  un  temple  des  mufes. 

4.  MUSEUM  ,  lieu  de  l'ifle  de  Crète ,  entre  Aptera 
Se  la  mer.  Suidas  Se  Etienne  le  Géographe  difent  que  les 
Sirènes  avoient  disputé  avec  les  Mufes  dans  CL-t  endroit. 
*  Ortelii  Thefaur. 

MUSGI,  ville  de  la  Galatie  ,  à  ce  qu'il  paroît  par  la 
vie  de  faint  Théodore  Archimandrite ,  compofée  par 
Métaphraftc. 

MUSICANI  TERRA  ou  Musicani  Regnum  ,  con- 
trée d'Afie.  Strabon  ,  /.  14.  p.  694.  dit  qu'elle  étoit  la 
plus  méridionale  de  l'Inde,  Se  Arrien,  de  exped.  Aie- 
xandri.  /.  6.  pag.  253,  ajoute  que  le  royaume  de  Mufi- 
canus  paffoit  pour  le  plus  opulent  des  Indes.  Diodore 
de  Sicile,/.  17.  fait  suffi  mention  de  ce  pays,  &  quel- 
ques-uns croient  que  c'eft  le  même  que  Ptolomée,  /.  7. 
c.  1.  appelle  Suficana. 

MUS1E.  Marmol  donne  ce  nom  à  la  ville  que  Léon 
d'Afrique  appelle  Munsia.  Voyez,  ce  mor. 

MUSIO.  C'eft,  dit  Blondus ,  le  nom  de  la  première 
rivière  que  l'on  trouve  au-deflbus  du  promontoire  Cu- 
merum.  Il  ajoute  que  cette  rivière  à  fon  embouchure 
s'appelle  Aspidum.  Peut-être ,  dit  One\h\s,Thejanr.  Mu- 
fto  Se  Aspidum  font  deux  noms  modernes,  Se  j'avoue 
n'avoir  trouvé  ni  l'un  ni  l'autre  dans  aucun  ancien.  Sans 
doute  que  Mufïo  eft  corrompu  de  Mujone  Se  Afpi- 
dum  A'Aipido.  En  effet  au  midi  du  cap  d'Ancone  ,  qui 
eft  le  promontoire  Cumerum ,  la  première  rivière  qu'on 
rencontre  s'appelle  indifféremment  Aspido  Se  Mujone , 
des  noms  de  deux  rivières  à  peu  près  auifi  confidérables 
l'une  que  l'autre,  qui  fe  joignent  un  peu  au-deflus  de  leur 
embouchure  dans  le  golfe  de  Venife.  *  Magin ,  Carte  de 
la  Marche  d'Ancone. 

MUSIS  ,  rivière  de  la  grande  Arménie.  Pline  ,  /.  6.  c. 
9.  dit  qu'elle  fe  perd  dans  l'Araxe.  Au  lieu  de  Mufis,  la 
plupart  des  manuferits  lifent  UJîs. 

MUS1STRATUM.  Voyez,  Mytistratum. 

MUSITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  Felicianns 
eft  qualifié  episcopus  Mufitanus  dans  une  lettre  de  faint 
Auguûin,  Epift.  165.  Ortelius  foupçonne  qu'il  y  a  faute 
dans  ce  mot ,  Se  qu'au  lieu  de  Mufitanus  ,  il  faut  lire 
Muflitanus.  Voyez,  Musti. 

MUSKERY  ,  baronnie  d'Irlande  dans  la  province  de 
Muniler.  C'eft  une  des  quinze  qui  compofenr  le  comté 
de  Corck.  *  Etat  préféra  de  l'Irlande,  p.  48. 

MUSLUB1UM,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  Mauritanie 
Çéfaricnne.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route 
de  Lemna  à  Carthage  ,  entre  Salde  Se  Coba  ,  à  vingt-fept 
milles  de  la  première ,  Se  à  vingt-huit  milles  de  la  fé- 
conde. 

MUSON ,  ville  d'Egypte  ,  félon  la  notice  des  dignités 
de  l'Empire  ,/ecl.  18. 

MUSONE  ,  rivière  d'Italie,  dans  la  Marche  d'Ancone. 
Elle  pafl'e  à  Reccanati ,  reçoit  près  de  Lorete  un  rorrenc 
appelle  Aspido,  Se  fe  rend  dans  le  golfe  de  Venife.  *Léan- 
dre  ,  Baudrand.  Edit.  170;. 

MUSONII.  Voyez.  Mussini. 

MUSOPALE ,  ville  de  l'Inde  ,  en  deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée , /.  7.  c.  1,  lui  donne  le  titre  de  métropole. 

MUSSE,  ville  de  l'Afrique  propre ,  félon  Ptolomée, 
/.  4.  c.  4.  qui  la  met  entre  Thnnaba  Se  Themif'ua.  Ses  in- 
terprètes lifent  Mufle;  mais  Ptolomée  connoît  encore 
un  autre  lieu  qu'il  nomme  Mujle  :  ce  dernier  eft  un  vil- 
lage entre  les  deux  Sirtes.  Voyez,  Musti. 

MUSSELBOROW  ou  Musselburg;  car  c'eft  ainfi 
qu'écrit  l'auteur  de  l'état  préfent  de  la  Grande  Bretagne , 
t.  t.  p.  245.  ville  d'Ecoffe  ,  dans  la  Province  de  Lothian, 
fur  le  golfe  de  Forth,  à  l'orient  de  Leith.  Cette  ville  eft 
fameufe  dans  l'hiftoire  parla  défaite  de  l'armée  Ecoflbife, 
fous  le  règne  d'Edouard  VI,  roi  d'Angleterre. 

MUSSIA  (  La  ).  Baudrand,  Ditt.  édit.  1705.  dit: 
Pays  de  la  Turquie  d'Europe  ,  dans  l'Albanie.  11  s'étend 
l'espace  de  vingt-fix  milles  le  long  du  golfe  de  Venife, 


MUS 


MUT 


entre  la  ville  de  Pescia  &  le  cap  de  Durazzo.  On  appelle 
ceux  de  ce  pays  Mussignians. 

MUSSICK,  rivière  de  France  ,  dans  l'Alface.  Elle  prend 
fa  fource  dans  les  montagnes  de  Vosges,  6c  fe  forme  de 
deuxruilTeaiix  qui  fe  joignent  à  Romerwillers;  après  avoir 
pa/Té  à  la  perite  ville  de  Vahheim ,  elle  va  fe  perdre  dans 
le  canal  de  Brusch  auprès  de  Soults. 

MUSSIDAN  ,  MuJJiddnum    ,    Mukcdonum  ,  ville 
de  France,  clans  le  haut  Périgord,  fur  la  rive  gauche  de 
Lille,  au-dclTous  de  Férigueux.  C'en  un  heu  fort  ancien, 
&  il  étoit  connu  dans  le  neuvième  fiècle  du  tems  de  S. 
Géraud  d'Aurillac ,  comme  on  le  peut  voir  dans  la  vie 
de  ce  fiint ,  écrite  par  S.  Eudes ,  abbé  de  Cluni.  Au  com- 
mencement du  douzième  fiéde  ,  on  nommoit  Mumdan 
Moyfiâatwnt  en  latin.  Il  avoit  alors  un  Seigneur  nomme 
Robert ,  du  tems  d'Adelbert,  comte  de  Périgord  ,  comme 
on  le  voit  par  un  acte  imprimé  dans  le  onzième  tome  de 
d'Acheri.  Cette  place  eft  fameufe  par  les  fiéges  qu'elle  a 
foutenus,  6c  principalement  par  celui  de  l'an  1 579  ,  où 
périrent  quantité  d'officiers  6c  de  perfonnes  de  diltin- 
clion  ,  entr'autres  le  comte  de  Briflac,  jeune  feigneur  de 
grande  efpérance.  Brantôme  dit  :  Ce  brave  Briliac  étant 
venu  au  fiége  de  Muffidm  ,  M. .Ion  général  ne  le  voulant, 
&  tenant  indigne  d'y  envoyer  fes  colonels,  le  comte  s'ap- 
prètant  pour  l'afTaut  ,  armé  de  toutes  pièces-,  car  il  ne  dé- 
daignoic  nullement  les  armes ,  qui  étoit  figne  qu'il  en 
voulait  manger  à  bon  escient.  11  eut  un  coup  à  la  tête 
près  les  deux  yeux  ,  cV  encore  qu'il  eût  l'on  casque  très- 
bas  6c  couvert,  il  en  mourut.  Un  bon  foldat  Périgourdin 
le  tua  ,  qui  étoit  dedans,  qu'on  appelloit  Carbonniere, 
lequel  avoit  été  à  moi  6c  de  ma  compagnie,  6c  étoit  un 
des  meilleurs  6c  des  plus  juftes  arquebufiers    qu'on  eût 
fu  voir,  &  ne  failbit  autre  chofe,  finon  qu'étant  alfis  fur 
un  petit  tabouret ,  6c  la  plupart  du  tems,  il  dînoit  6c  fou- 
poit ,  regardant  par  une  canonnière  ,  que  tirer  inceflam- 
ment ,  &  avoit  deux  arquebu fes  à  rouetiSc  une  à  mèche  , 
&  fa  femme  &  un  valet  près  de  lui,  qui  ne  lu*  fervoienc 
qu'à  charger  fes  arquebulès,  6c  lui  de  tirer ,  fi  bien  qu'il  en 
perdoit  le  boire  ex  le  màpger.  Il  fut  pris ,  6c  M.  frète  du 
ïoi  voulut  le  voir ,  6c  pour  avoir  tué  un  fi  grand  perfon- 
nage,  commanda  qu'il  fût  pendu*  Longuente,  Defcrip. 
delà  France,  part.  1.  p.  17;. 

MUSSINI ,  peuple  d'Afrique  ,  félon  Pline,  /.  5.  c.  4. 
Prolomée,  /.  4.  c.  3.  qui  les  met  dans  l'Afrique  propre, 
les  nomme  Musini  :  peut-être  ,  dit  Ortclius,  Thejaitr. 
font-ce  les  mêmes  peuples  que  la  carte  de  Peutinger 
appelle  Musonii. 

À1USSY,  Mussi  ou  Mussei  ,  bourg  de  France  ,  au  du- 
ché de  Bar,  avec  château.  Ce  n'en;  pins  aujourd'hui 
qu'une  annexe  de  la  paroifle  de  Neuville  fur  Orne  : 
c'étoit  autrefois  le  chef-lieu  d'une  châtcllenie  ,  membre 
du  bailliage  de  Saint  Mihel.  Quand  le  cardinal  Louis, 
duc  de  Bar ,  donna  l'on  duché  à  René  d'Anjou  ,  le  châ- 
teau de  MuiTei  etoit  une  place  forte;  car  le  duc  Charles 
de  Lorraine,  après  avoir  perdu  fori  état ,  fe  maintint  en 
poffcffionde  MufTi,  queles  François  attaquèrent  envain; 
mais  lorsqu'il  fut  chalTé  en  1 670 ,  les  François  s'empa- 
rèrent de  cette  place  &  là  raférént.  Elle  appartenoit  an- 
ciennement à  l'archevêque  6c  à  lcglife  de  Trêves  ;  mais 
Guillaume  Hellin,  archevêque  de  Trêves  ,  céda  en  1 1 C9 
le  bourg  6c  le  château  de  Multià  Albert  de  Marci,  évèque 
de  Verdun  ,  &  à  fes  fucceffeurs  en  cet  évêché,  pour  in- 
demnifer  ieglife  de  Verdun.  Cent  cinquante  ans  après 
ou  environ  ,  Nicolas  de  Neuville ,  évêque  de  Verdun  , 
donna  en  fief  à  Pierre  de  Bar ,  feigneur  de  Pierre-  fort , 
Mufti  ,  à  la  charge  délai  faite  foi  &c  hommage.  Pierre  de 
Bar  ayant  cédé  Muffi  à  Edouard  ,  cornu  de  Bar,  le  comte 
en  fit  foi  6c  hommage  à  l'évêque  Henri  d'Apremont , 
fuccefleur  de  Nicolas  de  Neuville  en  1322.  Robert ,  duc 
de  Bar,  rendit  aufli  foi  6c  hommage  en  1 399  ,  à  Liebaud 
de  Cufance, évêque  de  Verdun  ,  pour  Muflèi  6c  pour 
d'autres  feigneuries  qu'il  tenoit  en  fief  de  cette  églife. 
Les  ducs  de  Lorraine  étant  devenus  ducs  de  Bar,  fe  font 
affranchis  de  cette  fujétion.  *  Longuerue ,  Defc.  De  la 
France,  part.  2.  p.  188. 

MUSSY-L'EVESQUE ,  ville  de  France  ,  dans  la  Bour- 
gogne ,  fur  la  Seine ,  entre  Châtillon  6c  Bar-fur-Seinc. 
Elle  a  pris  fon  nom  de  l'Evêquede  Langies,  qui  en  eft 
feigneur,  6c  qui  y  a  un  château.  Elle  eft  le  fiége  d'un  gre- 
*»«£  à  fel ,  cv  il  y  a  un  chapitre  compofé  de  huit  cha- 


4/ï 

noines  à  la  collation  de  l'évêque  de  Langres.  Edme  Bour- 
faul: ,  connu  par  des  ouvrages  de  vers  6c  de  profe  ,  n'a- 
quit  dans  cette  petite  ville  en  1(^38  ,  &  mourut  à  Paris 
en  1701.  On  a  remarqué  comme  une  choie  allez  fingu- 
liere  parmi  les  auteurs  ,  qu'il  ne  favoit  point  le  latin. 
*  Piganiol,  Defcript.  de  la  France,  t.  3.  p.  291. 

MUSTASAR,  bourgade  du  royaume  de  Suéde  ,  dans 
la  Finlande,  ôô dans  la  Cajanie  ,  ou  Bothnie  orientale  , 
fur  la  côte  du  golfe  de  Bothnie  ,  entre  Ny-Carleby  au 
nord  oriental  ôc  Chriilinefiat  au  midi.  Muftafar  eft  le 
nom  que  les  Finlandois  donnent  à  cette  bourgade  :  les 
Suédois  l'appellent  Vas  a.  *  Del'JJÎey  Atlas. 
MÛSTE.  Voyez.  Musse. 

MUSTI,  ville  d'Afrique  ,  fur  le  fleuve  Bagtada  ,  félon 
Vibius.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Car- 
thage  à  Sitifis ,  entre  Coreva  6c  Latibum  Colonia  ,  à 
vingt-huit  milles  delà  première,  &  à  trente  milles  de  la 
féconde.  Ortclius  ,  Thefaur,  croit  que  c'eft  la  ville  Muffè 
de  Prolomée ,  que  fes  interprètes  nomment  Mufle* 
Voyez.  Musse. 

MUSTIA-SCALMES.  ^«.Muscias  Calmes. 
MUSTILIA  ,  ville  de  la  Cilicie  ,  dans  la  Cappadoce. 
Ptolomée  ,  /.  j .  c.  6.  la  place  dans  la  préfecture  même 
de  Cilicie  ,  au-rieffus  de  Sina. 

MUSTITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Numidie,  félon  la  notice  épiscopale  ,  où  Antonianus  ell 
qualifié  Episcopus  Mufiitanus.  La  conférence  de  Car- 
thage  nomme  deux  évêques  de  ce  lieu,  Felicïanus,  évêque 
Donatifte,  6V  Vicloiïanus  ,  Catholique. 
MUSUCENSIS.  Voyez,  Muzuensis. 
MUSUELA  ,  bourg  d'Espagne  ,  au  petit  royaume  de 
Jacn.  Ceux  qui  vont  de  Madrid  à  Grenade,  6c  qui  ne 
veulent  pas  s'arrêter  à  Jaen  ,  laiffent  cette  ville  à  côté, 
pafient  le  Guadalquivir  fur  un  pont  de  pierres,  dans  un 
endroit  où  il  eft  auez  rapide,  6c  viennent  à  Mufuela.  De 
ce  bourg,  qui  eft  très  joli,  on  traveife  un  pays  qui  eft  fort 
inégal ,  étant  entrecoupé  de  vallées  6c  de  montagnes  , 
mais  qui  eft  fort  agréable.  On  voit  chemin  faifant  de 
fort  beaux  lieux  ,  6c  des  folitudes  charmantes.  Des  fo- 
rêts d'oliviers,  de  grenadiers  ,de  figuiers  6c  d'orangers  fe 
préfentent  fur  la  route.  Le  pays  eitarrofe  de  petits  ruis- 
feaux  qui  coulent  en  quelques  endroits  avec  un  doux 
murmure ,  6c  qui  dans  d'autres  ,  formant  des  cascades 
naturelles,  tombent  avec  bruit  des  rochers  dans  les  val- 
lons. Ce  chemin  eft  d'une  journée  6c  demi  ,  l'on  ne  quit- 
te les  montagnes  qu'à  trois  lieues  de  Grenade  :  il  ferok 
incomparablement  plus  agréable,  fi  le  pays  étoit  plus  ha- 
bité ;  mais  du  bourg  de  Mufuela  jusqu'à  Grenade,  on  ne 
trouve  dans  toute  la  route  qu'un  miférable  village  nom- 
mé Campillo.  *  Délices  d  Espagne ,  p.  400. 

MUSULANI,  peupks  d'Afrique  dans  la  Numidie. 
Voyez.  Misulani. 

MUSULON,  ville  d'où  l'on  tiroir  le  Cinnamome,  fé- 
lon Ortclius,  Thefaur,  qui  cite  Siméon  Sethi. 

MUSUMELLI  ,  Mussumeli  ,  6c  Misilmerio, 
château  de  Sicile  ,  dans  le  val  de  Mazara  ,  dans  les 
terres,  au  nord  de  Sucera  ,  fur  la  montagne  de  Meile.  * 
De  l'Ifîe ,  Atlas. 

MUSUVIS  ,  nom  d'un  fleuve  Se  d'un  village  de  la 
Gaule  Lyonnoife,  félon  Ives ,  Epifl.  224. 

MUTAGENENS1S  ou  Mutugennensis  ,  fiége  épis- 
copal d'Afrique,dans  la  Numidie.  La  conférence  de  Car- 
thage,  »°  133.  fait  mention  d'Antonius  episcopus  pleins 
'  Mutugennenfis.  Dans  le  diocèfe  d'Flippone  il  y  avoit 
un  village  nommé  Mutugenna  ,  6c  où  cioit  un  prêtre 
Donatiite  du  tems  de  faint  Auguftin,  Epifl.  23  &  173. 
comme  ce  Saint  nous  l'apprend  lui-même  ;  mais  il  n'y 
avoit  point  d'évêque  dans  ce  village. 

MUTALASCA  ,  village  de  la  Cappadoce  ,  dépen- 
dant de  la  métropole  de  Cefarée.  C'étoit  la  patrie 
de  faint  Sabas  ,  félon  Métaphrafte  ,  dans  la  vie  de  ce 
Saint. 

MUTATiO.  Ce  mot, qui  veut  dire  changement ,  fe 
dit  en  géographie  de  certains  lieux  où  lescouriers  publics, 
les  grands  officiers  qui  vovageoient  pour  le  fetvice  de  l'é- 
tat ,  &c.  trouvoient  des  relais ,  6c  changeoient  de  che- 
vaux. On  yentretenoit  des  chevaux,  pour  qu'ils  en  pus- 
fent  changer,  ôc  continuer  promptement  leur  route. 
Avec  le  tems  on  en  établit  pour  tous  les  voyageurs.qui 
voulakit: payer.  De-là  vient  que  le  mot  mutatio  fe  trouve 
Tom.  IV.  Lliij 


MUT 


45*2, 

fi  Couvent  répété  dans  les  itinéraires  ,  comme  dans 
l'itinéraire  de  Bourdeaux  à  Jérufarem.  Mutatio  diffère 
de  Manfio,  en  ce  que  le  premier  lignifie  un  lieu  où  l'on 
change  de  chevaux ,  ôc  le  fécond  un  gîte ,  un  lieu  où 
l'on  couche  ,  &  où  même  on  peut  faire  le  féjour  néces- 
faire  pour  fe  délaffer  d'une  trop  grande  fatigue. 

MUTE.  On  trouve  ce  mot  dans  ce  vers  de  Siliuslta- 
licus,  /.   14.  v.  273. 

Nec  major  Megara  Mute  concordions  aujîs. 

Mais  presque  tous  les  critiques  conviennent  que  ce 
partage  eft  défectueux ,  ôc  qu'au  lieu  de  Mute ,  il  faut  lire 
Motye  ouMutye  :  ainlî  c'en:  d'une  ville  de  Sicile  dont  il 
eft  queftion.  Voyez.  Motya. 

MUTECITANUS,  liège  épiscopal  d'Afrique  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe  ,  félon  la  notice  d'Afrique  ,  qui 
fournit  Quint  ajius  Miitecitanus.  *Harduin.  colleit.  conc. 
vol.   2.  pag.  78;. 

MUTELA  ,  montagne  d'Italie  ,  dans  la  Sabine,  félon 
Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Froïitius  ôc  Aggenus. 

MUTENUM.  Voyez  Motenum. 
MUTH1,  ville  de  l'Egypte  ,  dans  la  Thebaïde  :  l'iti- 
néraire d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Pélufium  à 
Memphis  par  l'Arabie,  entre  Anteu  ôc  Ifiu,  à  huit  mil- 
les de  la  première  ôc  à  vingt-quatre  milles  d«  la  fé- 
conde. La  notice  des  dignités  de  l'Empire  ,/<?#.  20.  écrie 
Mutheos. 

MUTHUL  ,  ville  de  Numidie.  Voyez.  Suthul. 

MUT1A  ou  Mucia  Prata  ,  prairie  d'Italie  ,  au-delà 
du  Tibre  :  elle  tiroit  fon  nom  ,  à  ce  que  nous  apprend 
Feftus  ,  De  verbor.  fignïf.  /.  1 1.  de  ce  Mucius  à  qui  le 
peuple  Romain  la  donna  pour  récompenfe.  Tite-Live, 
lib.  2.  c.  x  3.  parle  auiîi  de  cette  prairie  ,  auffi  bien  que 
Feftns  :  il  écrit  Mucia  ,  au  lieu  que  Cornélius  Nepos 
écrit  Mutia 

MUTIENI.  Voyez,  Motieni. 

MUTIENSES.   Voyez  Motya. 

MUTIGENNENSIS.  Voyez.  Mutaginensis  ,  qui  cft 
le  même  lieu. 

MUTILA,  ville  de  l'Iftrie  ,  félon  Tite-Live  ,  /.  41. 
c.  1;.  On  ignore  quelle  étoit  fa  véritable  fituation.  Or- 
telius ,  Thef.  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même 
ville  que  Metulum. 

MUTILUM,  ville  d'Italie  ,  dans  laFlaminie,  entre 
les  fleuves  Gabellus  &  Scukenna  ,  au-deffus  de  Modéne. 
Tite-Live,/.  33.  c.  37.  fait  entendre  que  c'étoit  une  for- 
tercfTe  ;  Cellarius ,  Geog.  ant.  /.  2.  c.  9.  dit  que  ce  lieu 
s'appelle  aujourd'hui  Medolo  ,  ôc  qu'on  le  trouve  au  pied 
de  l'Apennin  ,  au-deffus  de  la  ville  de  Modéne. 

MUTINA,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Gaule  Cispadane  , 
entre  les  fleuves  Gabellus  &  Scukenna ,  fur  la  voie  ALmi- 
lienne.  Elle  devint  colonie  Romaine  en  même  tems  que 
Parme  Ôc  Aquilée ,  comme  nous  l'apprend  Tite-Live ,  /. 
39.  c.  55.  Polybe,/.  3.C.  40.  &  l'itinéraire  d'Antonin 
écrivent  Motina.  Cicéron  ,  Philip.  V.c.  9.  appelle  cette 
ville  frmiffima  &  fplendidijjîma  populi  Romani  colonia. 
Tacite  Hijl.  I.  1.  c.  jo.  &  la  plupart  des  hiltorîens  Latins 
ont  décrit  les  maux  que  cette  ville  fouffrit  durant  les 
guerres  civiles.  Silius  Italicus ,  /.  8.  v.  592.  dit  : 

Certavit  Mutina  quajfata  Placentia  btll». 

Et  on  lit  dans  Lucain  ,  Pharf.  /.  1.  v.  41. 

His  Cœfar ,  Peritjïna  famés  ,  Mutinaque  lab$res. 

Mutina  eft  aujourd'hui  la  ville  de  Modéne.  Voyez, 
Modéne. 

MUTTISTRATUM.  Voyez,  Mytistratum. 

MUTUCUMENSES,  peuples  d'Italie  ,  félon  Pline, 
/.  3.  c.  j. 

MUTURGURES.  Voyez,  Burturgures. 

MUTUSCAou  Mutusc>e,  village  d'Italie,  dans  la 
Sabine.  Virgile ,  JEneid.  /.  7.  v.  7 1 1 .  dit  qu'il  y  croiflbit 
beaucoup  d'oliviers. 

Ereti  manus  omnis ,  oliviferxque  Mutusct. 

Léander  &  Philander  prétendent  que  ce  lieu  s'appelle 


MUZ 


aujourd'hui  Trevi.  Ortelius  fortifie  ce  fentiment  du  té- 
moignage de  Cittadinus  Angelerius  qui  lui  avôit  écrit  de 
Rome  ,  que  le  village  Muiusca  s'appelloit  préfentement 
Trevi  ;  qu'il  étoit  fitué  dans  la  Sabine  près  de  Spolettc 
près  de  Mevania,  aujourd'hui  Bevagna,  ôc  près  de  Fulgi- 
nium  ,  à  préfent  Fuligno,  ôc  que  les  habitans  de  ce  quar- 
tier étoienr  nommés  par  Pline  Trebulani  Mutuscei  ou 
Sufenates.  En  effet ,  on  trouve  le  village  Mutuscm.  Tre- 
bula ,  d'où  l'on  peut  aîoir  fait  Trevi.  Voyez.  Trebula. 

MUTUSC/tl.  Voyez.  Mutusca. 

MUTUSTRATENI.  Voyez,  Mytistratum. 

MUTYCENSES,  Mutyenses  ou  Motyenses.  Le 
père  Hardouin  affure  que  tous  les  manuferits  de  Pline, 
l.  i.  c.  8.  font  pour  la  première  orthographe  ,  ainlî  que 
l'édition  de  Panne  ,  de  même  que  Cicéron  ,  V.  Ver.  101. 
il  ajoute  que  ce  nom  eft  formé  de  celui  de  Motuca  ,  au- 
jourd  hui  Modica  ,  ville  de  Sicile  ,  entre  Pachynus  &  Sy- 
racufe,  &  que  cette  ville  paroît  différente  de  celle  de 
Motya,  dont  parle  Thucydide,  /.  6.  p.  412.  ôc  Diodo- 
re  de  Sicile  ,  /.  1 1.  p.  G<). 

MUXACRA,  ville  d'Espagne,  au  royaume  de  Grena- 
de, fur  une  montagne,  avec  un  port  où  la  pêche  eft 
abondante.  Cette  ville  eft  l'ancienne  Murgis  ,  &  à  l'em- 
bouchure du   Trabay.  *  Délices  d'Espagne ,p.  j  31. 

MUYDEN  ,  ville  des  Pays-Bas ,  dans  la  province  de 
Hollande  au  Goyland  ,  fur  le  Vecht.  Albert  de  Bavière 
lui  accorda  en  1403  divers  privilèges.  Les  habirans  d'U- 
trecht  l'avoient  brûlée  entièrement  en  1356  :  elle  fe  ré- 
tabliffoit  peu  à  peu  ,  lorsque  les  mêmes  habitans  d'U- 
trecht  la  brûlèrent  de  nouveau  en  1374.  Elle  fut  trai- 
tée de  la  même  façon  en  1505,  par  les  habitans  delà 
Gueldre.  Cette  ville  a  un  château  très-ancien  ,  où  fut 
porté  le  comte  Florent  V ,  après  qu'il  tût  été  tué  par 
Gérard  Velfen.  Quelques-uns  difent  pourtant  que  ce 
comte  rendit  le  dernier  foupir  dans  ce  château.  *  Blaeu , 
Atlas 

MUYO ,  forterefle  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Queicheu*,  au  département  de  Jungning  ,  féconde  gran- 
de cité  de  la  province.  Elle  eft  de  1 2.  deg.  jo.  min.  plus 
occidentale  que  Peking  fous  les  25.  degrés  5.  m.  de  latit. 
Atlas  Sinenfïs 

MUZA ,  port  de  l'Arabie  Heureufe ,  dans  le  pays 
des  Elifari.  Ptolomée ,  /.  6.  c.  7.  le  place  entre  Sacâ- 
cia  &  le  port  de  Sofippus.  Arrien  dans  fon  périple  de 
la  mer  Rouge ,  s'accorde  afTez  avec  Ptolomée  ;  car  il 
met  Muza  à  douze  mille  ftades  au  midi  de  Bérénice. 
Pline,/.  6.  c.  23.  parle  aufli  du  port  Muza,  ôc  dit  que 
fon  commerce  ne  confiitoit  que  dans  le  débit  de  l'en- 
cens ôc  des  autres  aromates  de  l'Arabie ,  ôc  n'alloit 
point  aux  Indes.  C'eft  aujourd'hui ,  félon  le  père  Har- 
douin ,  une  ville  confidérable  nommé  Zibit. 

MUZANA  ,  ville  de  l'Arménie  Mineure.  L'itiné- 
raire d'Antonin  la  met  à  quarante-huit  milles  d'A- 
rabiffus. 

1.  MUZON  ou  Moson  »  comme  écrit  de  Mlle, 
Atlas  ,  comté  de  la  Baffe-Hongrie ,  borné  au  nord  par 
l'Autriche  ,  à  l'orient  par  le  Danube  ,  au  midi  par  le 
comté  de  Spron  cV  par  celui  de  Javarin ,  ôc  à  l'occident 
par  l'Autriche. 

2.  MUZON  ou  Moson  ,  petite  ville  de  la  Bafle- 
Hongric  ,  au  comté  de  même  nom.  Quoique  cette  ville 
foit  le  chef-lieu  du  comté  ,  elle  eft  peu  confidérable. 

MUZONELLA ,  petite  rivière  d'Italie  ,  dans  le 
Frioul.  Son  cours  eft  du  nord  au  midi ,  &  fe  joint  à  celle 
de  Stella  dans  les  marais  de  Marano.  Le  père  Hardouin 
croit  que  c'eft  le  Varramus  des  anciens. 

MUZUCENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Byzacéne  ,  félon  la  notice  des  évêchés  d'Afrique  ,  où 
Innocentius  eft  qualifié  episcopus  Muz.ucenfis.  La  confé- 
rence de  Cartha^e ,  »°.  1 3  2  ,  nomme  Reftitutus  episcopus 
plebis  Muzjucenfis. 

MUZUENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans  la 
province  Proconfulaire.  Dans  la  conférence  de  Cartha- 
ge  Rufinianus  eft  appelle  episcopus  plebis  Muzuenfis. 
Ce  même  prélat  affifta  au  concile  de  Carthage  tenu  en 
419  ,  fous  Aurelius  ;  mais  le  nom  de  fon  fiége  fe  trou- 
ve écrit  différemment.  Dans  l'édition  des  conciles  du 
père  Labbe,  t.  2. col.  i6qi  ôc  160;,  on  lit  Rufinianus 
Muz.utenfis  ,  ou  Muftenfis  ,  Ôc  dans  un  autre  endroit , 
col ,  1570,  il  y  a  Rufinus  episcopus  Maz,enfis.  Dan» le 


MYC 


MYC 


recueil  des  canons  de  leglifc  d'Afrique,  cari.  127,  iî 
eit  dit  MuzMtenfis ,  Se  il  efl  mis  entre  les  députés  de 
la  province  Proconfulaire  ;  mais  comme  Muuica  étoit 
dans  la  Byzacéne,  il  vaut  mieux  lire  MuÇu-atMo? ,  Mu- 
z.uenfis  ,  comme  porte  le  grec  aum  bien  que  les  fou- 
feriptions  ;  ce  qui  d'ailleurs  s'accorde  avec  la  conférence 
de  Carthagc  Se  avec  la  notice  épiscopale. 

'MUZULENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
province  Proconfulaire-,  Januarius,  fon  évêquc,artifta  au 
concile  tenu  fous  fainr  Cyprien.  *  Harduin.  colletl.  conc. 
vol.  1 .  p.  1 70. 

MUZY,  en  latin  Mufeium  ,  Mufiacum ,  lieu  de 
France ,  dans  la  Normandie  fur  l'Aurc  ,  à  une  lieue  de 
Dreux  au  nord  ,  diocéfe  &  élection  d'Evreux.  La  terre 
de  Muzy  a  eu  des  feigneurs  de  marque ,  qui  portoient 
fou  nom.  Ils  venoient  de  Rahier  de  Donon  ,  qui  avec 
Amaury  de  Donjon,  fon  parent,  fonda  une  abbaye  dans 
la  paroifle  de  Muzy  ,  du  confentement  de  Geofroi  Se 
de  Rayer,  fes  fils,  vers  l'an  1 144,  Geofroi  de  Liéve,  évê- 
que  de  Chartres&  légat  du  pape  Innocent  II ,  en  France  , 
dont  faint  Bernard  a  fait  un  fi  bel  éloge,  reçut  lui-même 
leur  fondation  par  un  acte  qui  fubfifte  encore  ;  Se  il 
paroît  que  Rayer  le  père  avoir  époufé  fa  fœur  ,  puis- 
qu'il donne  le  titre  de  neveu  dans  cet  acte  à  Goflin ,  pré- 
vôt de  fon  églife,  troifiéme  fils  de  ce  Rayer,  Gujlenus 
prmpofmis  ecclefia  noftrœ  ,  nepos  no/ter  &■  films  fupradicli 
RatieriSenis.  2„  Geofroi  de  Muzy,  fon  fils  aîné  ,  qui  por- 
toit  le  nom  de  ce  digne  évêque,  fut  père  de  3.  Rayer 
de  Muzy  II  du  nom  ,  vivant  en  iij8,  qui  fut  enterré 
à  l'Eitrée ,  Se  d'où  fortit  4.  Rayer  III ,  appelle  le 
Jeune  en  une  chartre  de  1 191,  où  il  retient  cinq  fols 
de  rentes  fur  l'abbaye  de  l'Eftrée ,  que  lui  ou  un  autre 
Rayer  ,  fon  fils ,  remit  un  peu  après  à  ce  monaftere  du 
confentement  d'A,  femme  du  donateur.  5.  Ceux-ci  eu- 
rent pour  fils  Jean  I  de  Muzy  ,  qui  de  Mathilde  fa 
femme ,  avec  laquelle  il  avoit  fait  bâtir  une  chapelle  à 
TEltrée  en  122J,  eut  Jean  II,  feigneur  de  Muzy  Se 
Robert ,  feigneur  de  Mofelle,  père  d'un  autre  Robert, 
feigneur  de  Racville  ,  qui  de  Marguerite  fa  femme  eut 
Jean  de  Muzy,  vivant  en  1 341,  Jean  II,  vivoit  en  1243 , 
il  lairta  de  Gillc ,  fa  femme  ,  Jean  III ,  Se  Mathilde  de 
Muzy  ,  femme  de  Guy  de  Tournebu  ,  dont  elle  eut  Jean 
de  Tournebu  ,  mort  jeune  fans  alliance  avant  l'an  1 305  , 
Se  Jean  III  de  Muzy,  qui  vivoit  encore  en  1306,  qui 
.avoit  époufé  Mathilde  ,  dame  d'un  fief  d'Acheres  n'eut 
qu'une  fille,  qui  fut  Jeanne  de  Muzy, femme  de  Ro- 
bert de  Tournebu ,  dont  vint  Guy  de  Tournebu  ,  qui 
vendit  la  terre  de  Muzy  avec  celle  de  Louye,  qui  n'en 
a  point  depuis  été  féparée. 

M  Y. 

1 .  MYA  ,  bourg  de  la  tribu  de  Gad  ,  au-delà  du  Jour- 
dain ,  félon  Jofeph  ,  Antiq.l.  20. c.  i.C'elt  peut-être, 
dit  D.  Calmet ,  Dlit.  le  même  lieu  que  Zia  dont  parle 
Eufébe  ,  in  lù/u. ,  in  locis  Hcb.  Se  qu'il  met  à  cinq  milles 
de  Philadelphie  vers  l'occident. 

2.  MYA ,  ifle  de  la  Doridc.  Pline  ,l.$.c.  31.  la  met 
dans  le  golfe  Céramique. 

MYANDA,  ville  de  la  Cilicie,  félon  Pline,  l.  f.  c.  27. 
qui  la  place  dans  les  renés.  Quelques  exemplaires  li- 
fent  Myfanda.  Ortelius  ,  Thefaur.  écrit  Myarida  ;  mais 
•  eft  une  faute  d'Imprimeur. 

MYARA  ,  nom  qu'Etienne  le  géographe  donne  à 
l'Egypte. 

MYASES  ,  ou  félon  un  autre  manuferit,  Myses,  fié- 
ge épiscopal  dont  il  eft  fait  mention  dans  le  concile  d'E- 
phéfe.  Cet  évêché  ne  m'eft  point  connu  ,  à  moins  que 
ce  ne  foit  celui  de  Myce  ,  que  la  notice  d'Hiérocles  met 
danb  la  province  cKAfie  fous  la  métropole  d'Ephefe. 

MYBLIS.  Voyez.  Melos. 

MYCALE,  montagne  d'Afie  ,  dans  l'Anatolie,  pro- 
che de  la  côte  du  détroit  appelle  le  petit  Boughas, 
vis-à-vis  le  cap  de  Neptune  de  l'ifle  de  Samos.  Cette 
montagne  ,  la  plus  élevée  de  la  côte  ,  eft  partagée  en 
deux  fommets ,  &  le  trouve  aujourd'hui  dans  le  mê- 
me état  que  Strabon  l'a  décrite;  c'eft-à-dire  que  c'eâ 
un  très  beau  pays  de  charte  .couvert  de  bois  &  plein  de 
bêtes  fauves;  on  la  nomme  la  montagne  de  Samfon.à 
Ciufe  d'un  village  de  même  nom  qui  n'en  cil;  pas  éioi- 


gn- ,  Se  qui ,  fuivant  les  apparences  ,  a  été  bâti  fur  les  rui- 
nes de  l'ancienne  ville  de  Prient ,  où  Bias ,  l'un  des  fept 
Sages  de  la  Grèce  ,  avoit  pris  naifïance.  Il  court  fur  cette 
côte  des  voleurs  par  bandes,  qui  ne  permettent  guère 
d'en  approcher.  *  Tournefort ,  Voyage  du  Levant ,  let- 
tre 10.  p.   1J4. 

Les  anciens  ont  connu  cette  montagne.  Strabon  ,  /. 
14.jp.  636.  dit  qu'elle  eit  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Samos  „ 
Se  ajoute  q,\e  le  bras  de  mer  qui  fe  trouve  entre  deux 
efl  d'environ  fept  ftades.  Homère  en  parle  dans  fort 
catalogue  des  villes,  verf.  xj6.  Hérodote  ,  /.  y.c,  106. 
Thucydide  ,  /.  8.  p.  599.  Se  Diodote  de  Sicile  ,  /.  1  j. 
c.  34.  en  font  aùffi  mention,  Se  la  mettent  tous  dans 
l'Ionie.  Il  en:  vrai  qu'Etienne  le  géographe  la  place 
dans  la  Carie ,  qui  ne  s'étendit  jamais  au-delà  du  Méan- 
dre ;  mais  comme  il  eft  le  feul  de  fon  fentiment ,  on  ne 
doit  pas  beaucoup  s'en  embarrafTer. 

1.  MYCALESSUS  ,  ville  de  Bœotie,  dans  les  terres, 
Paufanias,/.  9.  c.  19.  Strabon,  /.  y.  p.  40 j.  & fuiv. 
Se  Etienne  le  géographe  font  mention  de  cette  ville, 
Pline ,  /.  4.  c.  7.  dit  qu'elle  étoit  fur  la  côte  ;  Se  Thu- 
cydide,  /.  7.  p.  509.  paroit  favorifer  ce  fentiment. 

2.  MYCALESSUS  ,  montagne  de  Bœotie  ,  félon  Pli- 
ne, /.  4.  c.  7.  Elle  tiroir  fon  nom  de  la  ville  dont  il 
eft  parlé  dans  l'article  précédent. 

MYCEN  A.  On  lit  ce  partage  dans  la  chronique  d'Eu- 
fébe ,  Mycena  coudita  in  Italia  ,  qitx  mine  Cumx.  Je 
crois,  dit  Ortelius,  Thefaur.  que  ce  partage  eft  cor- 
rompu ;  car  Miféne  Se  Cumes  font  deux  lieux  difFérens. 
Ortelius  ajoute  que  dans  un  manuferit  qu'il  avoir  en- 
tre les  mains ,  on  lifoit  Mycena  condita  in  Italia ,  ce 
qui  feroit  plus  raifonnable.  C'eft  de  la  ville  de  Miféne 
dont  il  eft  queftion. 

MYCENA.  Voyez.  Mycena. 

MYCENA  ,  ville  du  Pèloponnéfe  ,  dans  l'Argie  ,  & 
la  capitale  du  royaume  d'Agamemnon.  Les  poctes  ont 
célébrécette  ville.  Virgile,  JEneid.l.  6.  i>.  838.  dit: 

Eruet  ille  Argos  ,  Agamemnonïasque  Mycenas. 

Et  Horace  ,  /.  1.  Od.  7. 

Aptum  dicit  equis  Ârgos  ,  ditesque  Mycenas. 

J'ai  parlé  du  royaume  de  Mycenes  dans  l'article  de 
la  Grèce.  Voyez,  au  mot  Grèce.  Strabon  remarque , 
qu'après  l'extinction  du  royaume  d'Agamemnon  la  ville 
de  Mycenes  déchut  fi  confidérablement ,  que  de  fon 
tems  on  n'en  voyoir  plus  aucun  veitige.  Dans  le  tems 
néanmoins  que  les  Romains  faifoient  la  conquête  de  la 
Macédoine  ,  quelque  partie  de  cette  ville  fubfiftoir  en- 
core; du  moins  Polvbe  ,  Excerpt.  I.  \6.  p.  73.  éd.  Va- 
lef.  nous  le  fait  entendre  ;Se  Tite-Live  même  ,  /.  3  i-  c. 
39.  femble  dire  la  même  chofe.  Presque  tous  les  au- 
teurs écrivent  Mycena  au  nombre  pluriel.  Homère  mec 
le  nom  de  cette  ville  au  nombre  pluriel  Se  au  fingulier. 
Dans  le  catalogue  des  villes  il  écrit  Viukwoli  ,  Mycenœ; 
Se  dans  le  livre  quatrième  il  dit  MvyJvn  ,  Mycena.  On 
croit  que  Mycena  efl  aujourd'hui  Charie  ou  Saint 
Adrien. 

MYCENI ,  peuples  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Pto- 
lomée  ,  /.  4.  c.  2.  les  met  avec  les  Nacuenjïi  Se  les 
Maccurtz  ,  au-deflbus  des  monts  Garapbi. 

MYCHALE.  Voyez.  Mycale. 

MYCHOPONTION;  Nom  que  les  habitans  de  Bi- 
rhynie  donnoient  à  la  caverne  d'Achérufe,  par  où  on 
fuppofoit  qu'Hercule  étoit  descendu  aux  enfers.  Il  elt 
parlé  de  cette  caverne  au  mot  Héraclée.  Voyez.  Héra- 
clee  ,  n°   2f.  *  Amrnian.  Marcel.  1.  22.  p.  230. 

MYCHTHONIA.  Voyez.  Mygdonia. 

MYCHUS ,  port  de  la  Phocide ,  félon  Strabon  ,  /. 
9.  p.  409.  Se  Eiienne  le  géographe. 

MYCI ,  peuples  d'Afie,  dit  Etienne  le  géographe, 
fans  marquer  en  quel  pays.  Ils  habitoient  apparemment 
dans  la  Perfie ,  car  il  elt  à  croire  que  ce  font  les  mê- 
mes peuples  qu'Hérodote  ,  /.  7.  appelle  pareillement. 
Mukoi  ,  Myci ,  Se  qu'il  place  dans  la  Perfie. 

MYC1NI,  peuples  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Voyez; 
Myceni. 

MYCLEA  ,  lieu  d'Italie  ,   auprès  de  Tsrracine  ,  fe- 


MYC 


4*4 

Ion  Gesner  ,  4.  Aquaïil.  de  Serpente.  11  dit  ,  d'après  So- 
tion  &  Ifigonus,  que  les  habitans  de  cette  ville  fuient 
contraints  de  l'abandonner  par  la  grande  quantité  d'hy- 
dres qui  s'y  trouvoienr.  Au  Heu  de  Mvclea  ,  Pline  , 
/.  8.  c.  29.  lit  Amicl^e  ,  Se  dit  que  cette  ville  périt  par- 
les ferpens. 

MYCONE  ,  ifle  de  la  mer  Egée  ,  Se  l'une  des  Cy- 
clades.  Elle  s'étend  de  l'en1  à  l'ouert.  On  lui  donne  tren- 
te-fix  milles  de  tour,  Se  on  la  met  à  trente  milles  de 
Naxie  ,  à  quarante  milles  de  Nicarie  ,  Se  à  dix-huit 
milles  du  porc  de  Tine  ,  quoique  le  canal  ,  qui  eft  en- 
tre le  cap  Trullo  de  Mycone  &  le  Tine  ,  n'ait  que  dix- 
huit  lieues  de  largeur  :  celui  de  Mycone  à  Delos  n'eft 
que  de  trois  milles ,  depuis  le  cap  Alogomandra  de 
Mycone  à  la  plus  proche  terre  de  Delos  ;  car  Pline , 
qui  a  peut-être  compté  d'un  port  à  l'autre,  donne  jus- 
qu'à quinze  milles  à  ce  canal.  On  y  voit  les  deux  pe- 
tits écucils  de  Praforirfi  ,  que  MM,  Spon  Se  Wheler  ont 
pris  pour  Tragonifi  ou  Dragonera ,  autre  écueil  du  cô- 
té de  l'eft  fud-eft ,  &  par  conféquent  hors  du  canal 
dont  nous  parlons.  *  Tour  ne  fort >  Voyage  du  Levant , 
lettre  6.  p.    106. 

Le  port  de  Mycone  eft  fort  découvert  &  regarde  en- 
tre l'oueft  Se  l'oueft-nord-oucft }  mais  le  golfe  qui  eft 
à  côté  de  ce  port  Se  qui  fe  termine  en  cul  de-fac  ,  eft 
affez  bon  pour  les  plus  gros  bâtimens,  qu'une  jettée  na- 
turelle ,  formée  par  des  rochers  presque  à  fleur  d'eau, 
met  à  couvert  du  vent  du  nord.  L'entrée  de  ce  golfe 
eft  entre  le  nord  &  le  nord  oueft.  Le  port  d'Ornos  eft 
oppofé  au  fond  du  golfe  ,  Se  regarde  entre  le  fud  Se 
le  fud -fud-eft.  L'iflede  Saint  George  fe  trouve  à  la  pointe 
du  golfe  à  main  droite,  tout  près  de  deux  rochers  ifo- 
lés ,  avec  la  grande  Se  la  petite  ifle  aux  Ecreviffes.  Les 
autres  ports  dç  l'illc  font  Palermo  Se  Sainte  Anne  : 
le  port  Palermo  eft  fort  grand ,  mais  trop  expofé  au 
vent  du  nord.  Celui  de  Sainte  Anne  eft  fort  découvert 
auflt ,   Se  regarde  le  fud-eft. 

Les  matelots  de  Mycone  paffent  pour  les  plus  ha- 
biles de  tout  le  pays.  Il  y  a  pour  le  moins  cinq  cens 
hommes  de  mer  dans  cette  ifle,  &  l'on  y  compte  plus 
de  cent  bateaux  ,  outre  quarante  à  cinquante  gros  cal- 
ques deftinés  pour  le  négoce  de  Turquie  Se  de  la  Mo- 
rée.  Celui  de  Turquie  fe  fait  en  cuirs  Se  en  maroquins , 
qu'on  va  chercher  à  Siagi ,  proche  de  Smyrne  ,  Se  à  Soa- 
la-Nova:  celui  de  la  Morée  roule  préfentement  fur  le 
vin.  Il  y  a  des  caïques  à  Mycone  qui  portent  jusqu'à 
fept  ou  huit  cens  barils  de  vin:  le  baril  pefe  ijo  liv. 
de  France  :  ce  n'eft  fouvent  que  de  l'eau  rougie  i  mais 
on  le  paye  fuivant  fa  force  &  fa  qualité.  On  recueille 
ordinairement  à  Mycone  vingt-cinq  ou  trente  mille  ba- 
rils de  vin  par  an,  Se  l'on  y  cultive  la  vigne  depuis 
fort  long-tems. 

L'ifle  de  Mycone  eft  fort  aride  ,  &  fes  montagnes 
font  peu  élevées.  Les  deux  plus  conûdérables  portent 
le  nom  de  Saint  Helie.  L'une  eft  tout  près  du  cap 
Trullo,  à  l'entrée  du  canal  de  Mycone  Se  de  Tine: 
l'autre  à  l'extrémité  de  Mycone,  vis-à-vis  Tragonifi. 
Le  nom  Dimastos  que  Pline,  /.  4.  c.  12.  donne  à 
la  plus  haute  montagne  de  l'ifle,  convient  également 
à  toutes  les  deux  ,  puisque  chacune  aie  fommet  fendu 
en  deux  parties.  Ovide  ,  Mctàmorph.  /.  7.  qui  dans  fon 
voyage  du  Pont  avoit  vu  Mycone  de  plus  presque  Vir- 
gile ,  Mneid.  3.  a  eu  ràïfôri  de  dire  que  c'éroir  une  ifle 
peu  élevée  ;  Virgile  dit  tout  le  contraire  :  ce  n'eft  pas  que 
humtlis  Infula  ne  lignifie  auflï  une  ifle  méprifable  Se 
vile  ,  comme  Stace  ,  Achïl.  1.  a  appelle  l'ifle  de  Se- 
ri'p] 

Stfibon  rapporte  que  les  po'etes  ont  fait  de  Mycone 
le  tombeau  des  Centaures  ,  défaits  par  Hercule  ;  d'où 
ctoit  venu  le  proverbe  :  Tout  eft  dans  Mycone,  pour 
dire  qu'un  homme  vouloir  parler  de  tout  dans  le  mê- 
me discours.  Etienne  le  géographe  ,qui  a  copié  Stra- 
bon  ,  affure  que  cette  ifle  a  pris  fon  nom  d'un  certain 
Myconus,  fils  dVEnius  ;  mais  on  çonnoît  auffi  peu  l'un 
que  l'autre,  Se  la  plupart  dés  anciens  font  tombés  dans 
le  même  défaut.  La  remarque  de  Strabon,/.  10.  Se 
dEufuthe,  Ad  Dyomf.  veff.  j  26.  eft  mieux  fondée. 
Ils  difent  que  les  Myconiotcs  étoirnt  fujets  à  devenir 
chauves ,  puisqu'aujouid  'hui  la  plupart  des  habitans  y 
perdent  leurs  cheveux  à  l'âge  de  20011  2j   ans.  Pline 


MYC 


/.  11.  c.  37.  a  outré  i'obfervati  on  ,  en  affurant  que  les 
enfans  y  naiffent  fans  cheveux.  Cependant  les  habitans 
de  cette  ifle  font  bien  faits. 

Les  Francs  appellent  cette  ifle  Micoult.  On  y  re- 
cueille affez  d'orge  pour  les  habitans,  beaucoup  de  fi- 
gues ,  peu  d'olives.  Les  eaux  y  font  affez  rares  en  été  : 
un  grand  puits  en  fournit  à  tout  le  bourg  ,  qui  eft  le 
feul  de  1  ifle  ,  Se  qui  ne  renferme  guère  plus  de  trois 
mille  âmes  ;  mais  pour  un  homme  qu  on  y  voit ,  on 
y  trouve  quatre  femmes  :il  eft  vrai  que  les  hommes  fré- 
quentent la  mer.  On  y  nomme  tous  les  ans  deux  con- 
fuls  pour  y  prendre  foin  des  affaires.  En  1700  les  My- 
coniotcs payèrent  cinq  mille  écus  de  capitation  Se  de 
taille  réelle.  L'ifle  dépendoit  alors  de  Mezomorto ,  ca- 
pitan  bâcha  :  dans  la  dernière  guerre  ,  elle  obéiffoit  au 
bey  de  Stanchio ,  Mehemet  Bey ,  dit  Càflîdi ,  qui  com- 
mandoit  quelques  galiotes  pour  purger  l'Archipel  des 
petits  corfaires. *  Ptolcme'e  il.  3.  c.  iy. 

Le  féjour  de  Mycone  eft  affez  agréable  pour  les 
étrangers  :  on  y  fait  bonne  chère  ,  quand  on  a  un  bon 
cuifinier  ,  car  les  Grecs  n'y  entendent  rien.  Les  per- 
drix font  en  abondance  Se  à  bon  marché  dans  cette  ifle, 
de  même  que  les  cailles,  les  bécaffes ,  les  tourterelles, 
les  lapins  Se  les  beefigues.  On  y  mange  d'excellens  rai- 
fins  Se  de  fort  bonnes  figues  :  ordinairement  les  falades 
s'y  font  avec  une  espèce  de  laitteron  tout-à-fait  ragoû- 
tante ,  quand  on  a  froté  le  plat  avec  de  l'ail.  UAdralida 
Se  la  Radiée  y  font  affez  recherchées  :  la  première  eft 
une  espèce  de  racine  de  feorfonere,  Se  la  radice  eft  la 
chicorée  épineufe,  dont  les  jeunes  pouffes  fe  blanchiffenr 
naturellement  dans  le  fable  le  long  de  la  mer.  On  fait 
un  bon  ragoût  en  carême  avec  les  Vroulas  bouillies.  Le 
fromage  mou  qu'on  prépare  dans  cette  ifle  eft  délicieux: 
il  n'y  a  que  les  cailles  confites  au  vinaigre  qui  cho- 
quent les  étrangers  ;  car  ces  oifeaux  font  réduits  en  une 
espèce  de  bouillie  :  les  gens  du  pays  les  préfèrent ,  fans 
doute,  aux  cailles  fraîches.  On  ne  brûle  à  Mycone  que 
des  broffailles  tirées  des  ifles  de  Délos. 

Mycone  a  été  pbffédée  quelques  années  par  les  ducs 
de  Naxie.  Le  père  Sauger  ,  Hift.  des  ducs  de  lArchipel. 
dit,  que  Jean  Crispo  .vingtième  duc  de  l'Archipel,  la 
donna  en  mariage  avec  l'ifle  de  Zia  à  fa  fille  Tadée, 
époufe  de  François  de  Sommerie.  Ce  feigneur  n'en  jouit 
pas  long-tems,  &  les  Vénitiens  étant  maîtres  de  Tine, 
prirent  Mycone,  d'où  vient  que  le  provéditeur  de  Tine 
fe  dit  encore  aujourd'hui  provéditeur  de  Mycone.  Bar- 
berouffe,  capitan  bâcha, la  fournit  à  Soliman  II,  avec 
presque  toutes  les  ifles  que  la  république  poffédoit  dans 
l'Archipel.  Mycone  Se  Tine  furent  conquifes  fous  l'em- 
pereur Henri  par  André  Gizj ,  quelques  années  après 
la  prife  de  Conftantinople  par  les  François  Se  par  les 
Vénitiens.  Jérôme  Gizi,  fon  frère,  eut  pour  partage  Skyro 
Se  Scopoli.  C'eft  de  cet  André  Gizi  que  descend  le  fieur 
Janachi  Gizi ,  qui  étoit  conful  à  Mycone  Se  à  Tine  au 
commencement  de  ce  fiécle  ,  Se  qui  fit  ériger  à  Mycone 
une  chapelle  en  l'honneur  de  faint  Louis. 

L'égMfe  Latine  du  bourg  dépend  de  l'évêque  de  Ti- 
ne ,  qui  la  fait  deffervir  par  un  vicaire  à  vingt- cinq  écus 
romains  d'appointemens.  L'aumônier  de  la  chapelle  de 
faint  Louis  en  avoit  de  plus  confidérabîes  ;  mais  on  n'a 
rien  à  reprocher  à  l'évêque  de  Tine,  puisque  la  con- 
grégation de  prepaganda  Fide  n'en  donne  pas  davan- 
tage aux  vicaires  des  autres  ifles.  11  y  a  même  des  évê- 
ques  qui  ne  leur  donnent  que  quinze  écus  ,  Se  qui  trou- 
vent plus  de  vicaires  qu'ils  n'en  veulent  ;  parce  que  les 
prêtres  de  l'Archipel  font  ravis  d'occuper  ces  portes  pour 
relier  honorablement  chez  eux. 

Il  y  a  à  peu  près  cinquante  églifes  Grecques  dans 
l'ifle  de  Mycone  :  chacune  a  fon  papas  ,  ■&  presque  tous 
les  habitans  font  du  rit  grec.  Il  n'y  a  de  Turc  qu'un 
cadi  ambulant.  Ces  fortes  de  cadis  achètent  une  com- 
milllon  du  grand  cadideScio,&  parcourent  tout  l'Ar- 
chipel ,  faifaat  afficher  dans  les  bourgs  par  où  ils  paffent, 
que  tous  ceux  qui  ont  des  procès  apportent  leurs  pa- 
piers ou  amènent  les  témoins  néceffaires  ,  qu'on  les  dé- 
pêchera promptement  Se  à  bon  marché. 

Il  y  a  plufieurs  rnonafteres  Se  quelques  chapelles  à 
Mvcone:  Paleocastriani  eft  un  monaflere  de  trois 
ou  quatre  reFgieufes ,  fitué  presque  au  milieu  de  l'ifle, 
autour    de    Puleocafiro  ,    ancienne    fortereffe  ruinée 


MYC 


MYL 


fur  une  colline  agréable.  L'églife  de  la  Trinité  eft  dans 
l'enceinte  de  Paleocaftro  :  celle  de  Sainte  Marine  n'eft  pas 
loin  delà; on  y  célèbre  tous  les  ans  le  17  de  Juillet  une 
grande  fête  ,  où  i'on  danfe  Se  où  l'on  boit  à  la  grecque. 
A  côté  de  Paleocaftro ,  dans  une  belle  plaine  à  la  vue 
du  port  Anne  ,  eft  le  grand  monaftere  de  Trullianî  , 
occupé  par  dix  ou  douze  caloyers  Se  quelques  vieilles 
caloyeres.  Ils  ont  de  grands  biens  dans  la  plaine  d'Ano- 
meria ,  quartier  de  l'ifleie  plus  fertile.  Le  couvent  de 
Saint  Pantaléûri  eft  en-deçà  de  Paleocaftro  ,  allez  près  du 
port  Palermo  ;  mais  il  n'y  a  que  trois  ou  quatre  religieux. 
Les  monafteres  de  la  Vierge ,  de  Saint  George  Se  du 
Sauveur  font  abandonnés.  *  Ptolomée ,  Liv.  3.C  16.  Scyl. 
Péri  pi. 

Outre  le  conful'de  France  ,  il  y  en  a  un  pour  l'Angle- 
terre Se  un  autre  pour  la  Hollande  ,  quoiqu'il  ne  vienne 
à  Mycone  aucun  bâtiment  de  ces  deux  nations  ;  mais 
les  Grecs  fe  mettent  à  couvert  des  infultes  des  Turcs , 
•avec  une  patente  de  confiai.  Les  batimens  François  defli- 
nés  pour  Smyrne  Se  pour  Conftantinople,  paflent  dans 
le  canal  de  Tine  &  de  Mycone,  tirant  entre  le  nord 
<8c  le  nord-eft.  Dans  le  mauvais  tems  ils  relâchent  or- 
dinairement à  Mycone  ,  Se  y  viennent  prendre  langue 
pendant  la  guerre.  La  route  ordinaire  des  Anglois  Se 
des  Hollandois  eft  entre  Négrepont  &  Macronifi.  il 
vient  fouvent  à  Mycone  des  barques  françoifes  oharger 
des  grains ,  de  la  foie ,  du  coton  Se  d'autres  marchandifes 
des  ifles  voi fines. 

Les  dames  de  Mycone  ne  feroient  point  désagréables, 
û  leurs  habits  étoient  un  peu  moins  ridicules  :  cepen- 
dant ces  habits ,  &  même  les  plus  communs  ,  leur  re- 
viennent a  deux  cens  écus  :  il  y  en  a  qui  coûtent  cent 
cinquante  fequins.  Il  eft  vrai  que  la  plupart  ne  s'habil- 
lent qu'une  fois  en  leur  vie.  Premièrement,  c'eft  une 
espèce  de  chemifette,  qui  à  peine  leur  couvre  la  gorge  : 
elle  a  des  manches  à  poignets  ;  ordinairement  on  la  fait 
de  moufleline  ,  de  boucalfin  ,  ou  de  toile  de  foie ,  rele- 
vée de  paffemens  d'or ,  ou  de  broderie  :  ainfi  les  plus  ri- 
ches chemifettes  font  de  véritables  blaires;  car  leurs  or- 
nemens  s'impriment  fur  la  peau.  On  met  par-delïus  la 
chemifette  une  grande  chemife  de  toile  de  coton ,  ou 
de  foie, à  manches  auflî  larges  que  celle  d'un  furplis: 
cette  chemife  descend  jusqu'à  mi-jambes ,  &  tient  lieu 
de  jupon  ;  elle  eft  garnie  de  dentelles  ou  brodée  de  foie , 
de  fils  d'or  ou  d'argent.  La  troifiéme  pièce  eft  une  espè- 
ce de  plaltton  couvert  de  broderie  d'or  ou  d'argent  qu'on 
applique  fur  la  gorge  ,  Se  qui  répond  à  un  jufte-au- 
corps  fans  manches  ;  qui  ne  prend  qu'au  -  délions  des 
bras ,  fuspendu  fur  les  épaules  par  deux  gros  cordons  en 
manière  d'anfes  :  toutes  les  femmes  ne  fe  fervent  pas  de 
cette  troifiéme  pièce  :  ordinairement  elle  eft  de  toile 
de  coton  ,  pliiTée  à  petits  plis  8e  ferrés;  mais  garnie  en 
bas  de  dix  ou  douze  cercles  de  même  étoffe  ,  épais  cha- 
cun de  près  d'un  pouce  ,  Se  qui  fervent  à  relever  le  co- 
lubi ,  Se  à  lui  donner  une  agréable  rondeur.  On  endofte 
enfuite  un  corcelet  qui  a  deux  ailes  fur  les  côtés ,  Se 
deux  ouvertures  pour  palier  les  bras  ;  c'eft  une  espèce 
de  corps  fans  manche ,  brodé  d'or  Se  d'argent ,  relevé  de 
perles;  on  le  garni  de  manches  en  hiver.  Ce  corps  dé- 
borde environ  trois  ou  quatre  pouces  fur  le  colubi ,  es- 
pèce de  Jupon  fort  épais  Se  tout  pliffé  ,  qui  ne  descend 
que  fur  les  genoux  :  on  le  ferme  par  devant  avec  des  ru- 
bans ;  mais  les  dames  qui  portent  le  jufte  au-corps,  en 
lailTent  paroître  deux  pouces  au-deffous  du  jupon.  A  Na- 
xie  pour  relever  le  bas  de  ce  jupon ,  on  met  au-deffous 
trois  ou  quatre  pièces  de  même  ftruciure  fort  épaiffes  Se 
fort  lourdes  :  la  même  chofe  eft  encore  plus  ridicule  à 
Andros  ;  car  on  y  place  un  cerceau  femblable  à  ceux 
qu'on  met  aux  vertugadins.  La  fixiéme  pièce  de  l'ajufte- 
ment  des  femmes  eft  un  tablier  de  moufleline,  ou  de 
toile  de  foie  toute  brodée.  Comme  la  broderie  a  été  in- 
ventée au  Levant ,  on  l'applique  fur  tout  ,  Se  certaine- 
ment on  y  brode  bien  plus  proprement  qu'en  France  ; 
mais  les  defleins  ne  font  pas  de  fi  bon  goût.  En  été  on 
porte  des  bas  de  coton  ,  &  en  hiver  des  bas  de  drap  rou- 
ge, ornés  de  dentelles  d'or  &  d'argent  :ces  bas  font  tout  re- 
pliflesj  car  les  dames  en  chauffent  quatre  ou  cinq  paires 
les  unes  fur  les  autres  :  les  jarretières  font  des  rubans  gar- 
nis de  dentelles  d'or  ou  d'argent ,  Se  nouées  à  deux  ganfes. 
Les  mules  font  de  velours,  mais  fi  courtes  par-deffus,  qu'il 


4*  y 

n'y  entre  que  les  doigts  des  pieds,aufli  ces  dames  înarchent- 
ellesde  très-mauvaife  grâce,  trainantleurs  pantoufles  :  on 
en  voit  quelques-unes  qui  ont  des  fouliers  à  la  vénitienne, 
qu'elles  attachent  avec  des  rubans  à  dentelles.  Enfin ,  leur 
couvre-chef  eft  un  voilede  moufleline  ou  de  toile  de  foie, 
long  ordinairement  de  fept  ou  huitpieds  fur  deux  de  lar- 
ge :  elles  le  tortillent  fur  la  tête  &  autour  du  menton 
d'une  manière  agréable ,  Se  qui  leur  donne  un  air  affez 
éveillé. 

Tournefort  dit  avoir  obfervé  fur  la  montagne  de  S. 
Helie  du  cap  Drullo ,  que  Naxie  eft  entre  le  fud-fud  eft 
Se  le  Cud;  la  petite  Délos  entre  le  fud-fud-oueft  Se  le  fud- 
oueft  ;  Paros  dans  la  même  ligne  :  le  milieu  de  la  gran- 
de Délos  Se  Cabronifi  au  fud-oueft  ,  Se  Tragonifi  à  l'eft- 
fud-eft. 

MYCONIUS,  montagne  de  Sicile,  félon  Appien, 
De  Bell.  Civil.  I.  5.  p.  739.  Cluvier  ,  Siciliœ  ant.  I.  2. 
c.  1 2.  prétend  que  c'étoit  le  nom  d'un  des  fommets  du 
mont  Pelorus  ou  de  Neptune  ,  Se  qu'il  étoit  entre  Mes- 
fine  ,  Pelorus  Se  Naulochus ,  à  la  gauche  du  défilé  de 
Myles  ,  ou  de  la  route  par  laquelle  on  alloit  de  Myles 
à  Meifine. 

MYDIONIA ,  ville  de  l'Étolie.  Polibe ,  /.  2.  c.  3.  lui 
donne  un  port. 

MYECPHOR1TANA ,  tribu  ou  nome  en  Egypte. 
Hérodote,  /.  2.  c.  156.  dit  que  ce  canton  étoit  à  l'op- 
pofite  de  la  ville  de  Bubaftes. 

MYENUS  ,  montagne  de  l'Étolie.  Elle  fe  nommoit 
auparavant  Alphius ,  félon  le  témoignage  de  Plutarque, 
de  fluminib.  <T  montib. 

MYES ,  ville  de  l'Ionie  ,  félon  Etienne  le  géographe, 
qui  cite  Hecatée. 

MYEZ A ,  ville  de  la  Macédoine  dans  l'Emathic.  Voyez. 
Mieza. 

1.  MYGDONES  ,  nom  des  habitans  de  la  Mygdonie. 
Voyez.  Mygdonia  I. 

2.  MYGDONES  ,  peuples  d'Afie  ,  au  voifinage  de  la 
Troade  Se  de  la  Phrygie.  Strabon  ,  /.  12.  p.  564.  dit  qu'il 
eft  difficile  de  marquer  les  bornes  du  pays  qu'ils  occu- 
poient. 

3.  MYGDONES  ,  peuples  de  la  Myfie.  Ils  habîroienr, 
félon  Strabon  ,  /.  1 2.  p.  575.  au  pied  du  mont  Olympe. 
Etienne  le  géographe  les  place  dans  la  grande  Phrygie. 

1 .  MYGDONIA ,  contrée  de  la  Macédoine  :  elle  avoit 
au  nord  la  Pélâgonie,  à  l'orient  la  Calcidice;  au  raidi 
la  Péonie  ;  Se  à  l'occident  la  province  Deuriopus.  Héro- 
dote ,  /.  7.  c.  1 2  3 .  Pline  ,  /.  5 .  c.  3  2.  Se  Ptolomée  ,  /.  3 .  c. 
13.  parlent  de  cette  province.  Ce  dernier  y  met  les  vil- 
les fuivantes  ; 

Antigonia  ,      Physcx ,      Xylopolis,       Mygdonia  ; 
Caïwdoea,       Terpillus ,    Afforus ,  Lete. 

B&rus ,  Carrabia  ,  Apclloma, 

z.  MYGDONIA  ,  province  de  l'Afie  dans  la  Méfo- 
potamie.  Théodoret  dit  qu'elle  étoit  ainfi  nommée  d'un 
fleuve  qu'on  appelloit  Mygdonius  ;  mais ,  félon  Pline , 
/.  6.  c.  12.  ce  nom  lui  avoit  été  donné  par  lesMygdo- 
niens  de  Macédoine  ,  qui  y  avoient  appatemment  en-- 
voyé  une  colonie.  Strabon,  /.  16.  p.  747.  qui  dit  la  mê- 
me chofe  ,  nous  apprend  que  la  Mygdonie  s'étendoit  le 
long  de  lEuphrate  ,  depuis  Zeugma  jusqu'à Thapfacus, 
&  il  y  renferme  Nifibis  ,  qu'on  appella  Antiocbia  Myg- 
donia. De  cette  façon  la  Mygdonie  de  Méfopotamie 
comprenoit  la  partie  occidentale  de  la  Méfopotamie. 

MYGDONIUS.  Voyez  Mygdonia  2. 

MYGDUS ,  lieu  de  l'Afie  Mineure.  Ammien  Marcel- 
lin  ,  /.  16.  p.  347.  dit  que  ce  lieu  étoit  fitué  fur  le  bord 
du  fleuve  Sangarius. 

MYGISI ,  ville  de  la  Carie ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  qui  cite  Hécatée  ,  /.  3.  Genealogiar. 

MY1M.  Ortelius ,  Thejaur.  dir  que  c'eft  un  fiége  épis- 
copal  de  laCilicie,  fous  la  métropole  de  Séleucie ,  & 
cite  Guillaume  de  Tyr.  Les  notices  publiées  par  Schel- 
ftrate  ne  connoiffent  point  ce  fiége  ,  d'où  l'on  pourroic 
conjecturer  qu'il  ne  feroit  pas  ancien. 

MYLA ,  fleuve  de  Sicile.  Il  couloir ,  félon  Tite-Live, 
/.  24.  c.  50.  entre  Syracufe  Si  Leontium;  mais  comme 


4*6       MYL 


MYR 


il  y  a  plus  d'une  rivière  dans  ce  quartier  ,  il  eft  difficile  de 
décider  laquelle  portoic  anciennement  le  nom  de  Myla. 
Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  préfentement  le  Mar- 
cellino  ou  le  Marcellini  :  d'autres  le  prennent  pour  la  ri- 
vière Saint  Giuliani.  De  rifle,  dans  fa  carte  de  l'ancienne 
Sicile  ,  nomme  Alabus  ou  Xiphonius  l'embouchure  du 
fleuve  Myla. 

MYL  ACES,  peuples  de  l'Epire,  félon  Etienne  le 
géographe,  qui  cite  Lycophron.  Ifacius  veut  que  les  My- 
taces  fuffent  voifïns  de  l'Illyrie. 

i .  MYLJE ,  ifles  au  voifinage  de  l'ifle  de  Crète.  Pline , 
/.  4.  c.  11.  eft  le  feul  des  anciens  qui  en  faffe  mention. 
Le  pere  Hardouin  dit  que  ce  font  des  écueils  plutôt  que 
des  ifles.  Niger  les  nomme  Cambrufie,  &  Pinet  les  ap- 
pelle Gnioja  8c  Lifte. 

2.  MYL,£,  ville  de  l'ifle  de  Sicile,  félon  Pline,/,  3.C.8. 
Strabon,/.  6. compte  mille  pas  de  MyU  à  Pilorus,  8c  le  Pé- 
riple de  Scylax  dit  que  Mylae  eft  une  ville  Grecque,  avec 
un  port.  Vvlleïus  Paterculus ,  /.  i-.e.  79.  &  Suétone,  in 
Aug.  c.  16.  nous  apprennent  qu'Agrippa  remporta  une 
viétoire  fur  Pompée  auprès  de  Myla;.  Silius  Italicus,/. 
14.  v.  213.  eft  le  feul  qui  écrive  Myle  : 

Sabfidium  i/îfidum  jugientibus  xquora,  Myle. 
Cette  ville  a  été  épiscopale.  Joannes,  fon  évêque,  fou- 
ferivit au  concile  tenu  à  Rome  l'an  68o.C'eft  aujourd'hui 
Milazzo. 

3.  MYL/E,  ville  de  Theffalie.  Tite-Live,  /.  42.  c.  J4. 
dit  qu'elle  étoit  extrêmement  forte ,  ôz  que  cette  force  en 
rendoit  les  habitans  infoleus.  Elle  fut  cependant  prife  Se 
abandonnée  au  pillage. 

M  YLANTIA ,  promontoire  de  l'ifle  de  Rhodes ,  dans 
la  ville  de  Camhus,  félon  Etienne  le  géographe. 
MYLAON  ,  fleuve  de  l'Arcadie.  Voyez.  Mylois. 
MYLAS.  Voyez.  Mylasa. 

MYLASA  ou  Mylassa,  ville  de  la  Carie.  Paufanias, 
Arcad.c.  10.  dit  qu'elle  étoit  éloignée  de  quatre-vingt 
ftades,  tant  de  la  mer  que  de  fon  port.Elle  étoit  fituée,  fé- 
lon Strabon,/.  14.  dans  une  riche  campagne,  &  elle  pas- 
foit  pour  une  des  trois  principales  villes  de  la  province. 
Hérodote  ,  /.  \.c.  171.  dit  qu'il  y  avoità  Mylafa  un  an- 
cien temple  dédié  à  Jupiter  Catien  ;  8c  Pline  »  /.  5.  c. 
29.  nous  apprend  que  les  Romains  accordèrent  la  liber- 
té à  cette  ville.  Quelques-uns  écrivent  Mylafa ,  8c  d'au- 
tres MyL/JJa ,  tous  deux  au  nominatif  pluriel  ;  mais  il 
femble  qu'on  doit  préférer  la  première  orthographe  ,  qui 
eft  conforme  aux  inferiptions  des  médailles ,  que  cette 
ville  fit  fraper  en  l'honneur  de  quelques  empereurs.  Cet- 
te ville  a  été  épiscopale.  Xenophon,  fon  évêque,  fouferivit 
au  conciL*  de  Condantinople  tenu  l'an  8  70.  Elle  fe  nom- 
me à  piéfent  Melazzo. 

MYLASSA.  Voyez.  Mylasa. 
i.MYLE.  Voyez.  Myl^  2.. 

2.  MYLE ,  ville  de  Carie ,  félon  Pline  ,  l.j.c.  27.  Le 
pere  Hardouin  croit  que  ce  pourroit  être  la  même  ville 
que  Moloë,  que  la  notice  eccléfiaftique  met  dans  l'Ifaurie. 
MYLIAD1S  PODALIA.  Voyez.  Podalia. 
MYLIAS ,  contrée  quifaifoit  originairement  partie  de 
la  grande  Phrygie  ',  mais  qui  dans  la  fuite  fut  rangée  fous 
la  Lycie.  Au  lieu  de  Mylias ,  Ciccron ,  //.  lib.  Ver.  écrit 
Milias;  8c  Pline,  /.  $.c.  27.  aufli  bien  qu'Hérodote,  /.  1. 
n°  173.  appellent  les  habitans  de  cette  province  Myll/E. 
Ptolomée,  /.  j.c.  3.  qui  écrit  Mylias ,  met  dans  cette 
contrée  quatre  villes  ,  qui  font 

Podal&a ,  Nifa  ,       Chôma ,  Condica. 

*  Arrian ,  De  exped.  Alex.  /.  1.  p.  50. 

MYLISIN  ,  peuples  de  la  Phrygie ,  félon  Etienne  le 
géographe,  qui  cite  Hécatée. 

M  Y  LOIS,  fleuve  de  l'Arcadie ,  félon  Hefyche,cité  par 
Ortcl  Thef.Ce  dernier  foupçonneque  ce  pourroitetre  le 
Mylaon  ou  le  Molorus,  dont  parle  Paufanias,  /.  8.  c.  xG. 
MYLOMNORUM.  Le  pere  Hardouin  met  un  fié- 
ge  épiscopal  de  ce  nom  dans  la  Pamphylie ,  fondé  fur 
des  notices  grecques.  Theoàorus,  fon  évêque ,  eft  nommé 
dans  le  faux  fynode  de  Photius. 

MYLON ,  ville  d'Egypte.  Athénée  &  Etienne  le  géo- 
graphe en  font  mention.  Elledonnok  le  nom  au  nome' 
Mvlopolite  ,  félon  Ortclius  yTbcjaitr. 

MYLSIAT,  ville  d'Allemagne  dans  la  Carinthic  , 
fur  le  bord  d'un  lae    à  l'orient  méridional  de  Stal. 
MYLY1US.  Voyez,  Pons-Mylvius. 


MYLUS ,  nom  d'une  ifle,  où  Ariftote  ,  in  admirandii. 
dit  que  les  cavernes  que  l'on  creufe  dans  la  terre,  fe  rem- 
pliffent  derechef  par  le  moyen  de  la  terre  qui  s'y  élevé 
d'elle-même.  Au  lieu  de  Mylus,  quelques  manuferits  por- 
tent Melus. 
MYNDONES,  ville  de  Libye  ,  félon  Etienne  legéogr. 

1.  MYNDUS ,  ville  de  la  Carie.  C'eft  ainfi  qu'écrivent 
Strabon  ,  /.  14.  p.  658.  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  2.  8c  Etienne 
le  géographe.  On  lit  Mindus  dans  Pomponius  Mêla  ,  /. 
1.  c.  16.  8c  Leunclavius  foutient  que  le  nom  moderne 
de  cette  ville  eft  Mentefe. 

2.  MYNDUS,  ville  de  la  Carie.  Etienne  le  géogra- 
phe la  diftingue  de  la  précédente  par  l'épithète  den  «*«/*, 
c'clî-à-dire,  la  Vieille.  On  prétend  que  cette  dernière 
s'appelle  aujourd'hui^.  Pietro,  mais  Pline,  /.  5.  c.  29. 
dit  que  la  Vieille.Myndus  avoit  été  dans  le  lieu  où  fe  trou- 
voit  la  ville  de  Myndus.  C'eft  peut-être  le  village  Min- 
dya ,  dont  parle  Strabon.  Cette  ville  a  été  épiscopale. 
Parmi  les  fouferiptions  du  concile  de  Calcédoine ,  on 
trouve  celle  D'Alphius  Myndi  CarU  epistopus.  Hardouin 
collect.  conc.  vol.  2.  pag.  63.  Voyez.  Mindya. 

3.  MYNDUS,  ifle  de  la  mer  Icarienne ,  Ptolomée, 
/.  5.  c.  2. 

4.  MYNDUS,  ville  de  l'Arcadie,  félon  le  témoigna- 
ge de  Winfemius  dans  fes  remarques  fur  Théocrite.*  Or- 
telii  Xhefaur. 

MYON,  ville  des  Locres  dans  l'Epire.  C'eft  Etienne 
le  géographe  qui  en  parle  fur  le  témoignage  de  Thucy- 
dide ,  /.  }.fub  finem ,  où  il  eft  effectivement  parlé  d'un 
peuple  nommé  Mionmjes.  Paufanias  connoît  auffi  ce  peu- 
ple. Voyez.  Myonia. 

MYONIA  ,  ville  de  la  Phocidc  ,  félon  Paufanias,  /. 
10.  c.  38.  &  Etienne  le  géographe.  Ortelius,  Tbefaitr. 
croit  que  ce  pourroit-être  la  même  ville  que  Myon  : 
car  la  Phocide  8c  la  Locride  étoienc  limitrophes. 

1 .  MYONNESOS ,  ville  de  l'Ionie.  Etienne  le  géogra- 
phe la  place  entre  Teïos  8c  Lebcdus.  Strabon  ,  /.  14.  p. 
(Î43.  en  fait  une  péninfule,  8c  Tite-Live ,  /.  37.  c.  27.  un 
promontoire.  C'eft  une  ifle  des  Tcïens ,  félon  Thucy- 
dide ,  /.  3.  pag.  190. 

1.  MYONNESOS,  ifle  de  la  Theffalie.  Strabon,/. 
9.  p.  435.  la  met  vis-à-vis  de  Lariffc. 

MYOSHORMOS,  c'eft-à-dire  le  Port  de  la  Sou- 
.Ris  ,  port  d'Egypte.  Ptolomée,/.  4.  c.  j.  8c  Pline,/.  6. 
c.  23.  le  mettent  fur  la  mer  Rouge.  Àrrien,  2.  Perip. 
p.  1.  &  11.  dit  que  ce  port  étoit  un  des  plus  célèbres 
de  cette  mer.  Agatharchis  ,  p.  54.  nous  apprend  que  ce 
port  fut  dans  la  fuite  appelle  le  Port  de  Venus»  8c 
Strabon  ,  /.  1 6.  connoît  ce  port  fous  ces  deux  noms. 
La  ville  de  Bérénice ,  dit  Huet ,  hiftoire  du  commerce 
Gr  de  la  navigation ,  page  317.  fe  fervoit  du  port  de 
Myoshormos ,  qui  en  étoit  proche  ,  comme  de  fon  pro- 
pre port.  Casir  ,  ajoute-t-il,  eft  le  nom  moderne  du  pott 
de  la  Souris. 

MYPS^EI ,  peuples  de  la  Thrace  ,  félon  Hérodote  , 
/.  4.  c.  93. 

MYRCINUS ,  ville  de  Thrace ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Hérodote  ,  /.  5.  n°  23.  &  Thucydide,  /.  j.p.  324. 
la  mettent  fur  le  bord  du  fleuve  Strymon.  Appien,  A4. 
Civil,  la  place  au  voifinage  de  Philippes ,  &  Tzerzés,  Chil. 
3.».  96.  dit  qu'on  la  nommoit  anciennement  Hedonus. 

MYRE  ,  ville  de  Lycie  ,  où  S.Paul  s'embarqua  pour 
aller  à  Rome  fur  un  vaifleau  d'Alexandrie.  Le  texte  la- 
tin des  Aétes,  Ailes  27.5.  porte  Liftram  au  lieu  de 
Myram,  qui  eft  dans  le  grec;  mais  il  y  a  fuite  :  car  Lyftre 
eft  dans  la  Lycaonie,  8c  non  pas  dans  la  Lycie.  De  plus, 
Lyftre  n'étoit  nullement  ville  maritime.  Etienne  le  géo- 
graphe nomme  cette  ville  Myron.  On  l'appelle  aujour- 
d  hui  Strumita  ,  à  ce  que  dit  l'itinéraire  de  Stunica,  que 
cite  Ortelius ,  Tbefaur.  Cette  ville  a  été  épiscopale  , 
HerermiamtS)  fon  évêque,  affifta  au  concile  d'Ephèfe,  te- 
nu l'an  431.  Nicolaus  à  celui  de  Condantinople  de  l'an 
870  ,  &  Petrus  fouferivit  à  la  lettre  adreffée  à  l'empe- 
reur Léon.  Harduin.  coll.  conc.  vol.  1.  p.  1603.  vol.  j. 
p/924.  v.  2.  p.  735.  *  Ortel.  Thef.  D.  Calmet  Ditl. 

MYRENORUM  CIVITAS.  Le  fixiéme  concile  de 
Condantinople  fait  mention  de  cette  ville,&  la  place  dans 
la  Phrygie  fakuaire.  Elle  éroit  épiscopale  au  rapport  du 
pere  Hardouin,  qui  cire  Megalus  &  Damiamis  qui  en 
ont  été  éveques.  *  Harduin  collcit.  conc  vol.  3.  p.  206. 

myrgeta:  a 


MYR 


MYR 


MYRGET/E ,  peuples  de  Scythie ,  félon  Etienne  le 
géographe ,  qui  cite  Hécate  e. 

M  YRIANDRI ,  peuples  de  Syrie.  Pomponhis  Mêla, 
1.  i.  (.   12.  les  place  au  bord  du  fleuve  Amanus. 

MYRIANDRUS  ,  ville  de  Syrie,  dans  le  golfe  liïîque, 
félon  Strabon  ,  /.  14.  Xénophon  ,  /.  i\  p.  1  $0.  dit  qu'elle 
fut  bâtie  par  les  Phéniciens.  Ptolomée,  /.  5.  c.  ij.  Ôc 
Arrien  ,  /.  2.  deexped.  Alex,  parlent  de  cette  ville  \  mais 
les  interprètes  du  premier  écrivent  Myrandrus  pour  My- 
riandrus. 

MYRICA  ,  ifle  de  la  mer  Rouge,  félon  Etienne  le 
géographe.  Ptolomée ,  /.  4.  c,  8.  la  place  dans  la  mer 
d'Hippadei  mais  fes  interprètes  lifent  Myr/iaca  poiu  My- 
rica.  Voyez.  Amphipolis. 

MYRICUS,  ville  de  la  Troade.  Etienne  le  géographe, 
qui  cité  Hécatée,  dit  que  cette  ville  croit  de  Ténédos  ôc 
de  Le^bos. 

MYRIDA.  Voyez,  Mœridis. 

1.  MYRINA.  ville  de  l'/Eolide.  Strabon,  /.  13.  p. 
622.  lui  donne  un  port.  Pline,  /.  j.  c.  30.  dit  qu'elle 
prenoit  le  nom  de  Sébaftopohs  ,  ôc  Pomponhis  Mêla, 
/.  1.  c.  18.  qui  la  qualifie  de  première  ville  de  l'./Eoli- 
de ,  ajoute  qu'elle  fut  bâtie  par  Myrinus  ,  d'où  elle  prit 
le  nom  de  Myrina.  On  la  nomme  préfentement  Mar- 
tiani ,  félon  Leunclavius;  mais ,  félon  Mottet ,  c'cltGi  r- 
cona. 

2.  MYRINA  ,  ville  de  l'ifle  de  Lemnos ,  félon  Pline  , 
/.  4.  c.  11.  ik  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  13.  Belon  lui  donne  le 
nom  de  hemno. 

3.  MYRINA  ,  ville  de  la  Troade.  Strabon  ,  /.  12.  p. 
573.  dit  qu'elle  ri  1  oit  fon  nom  d'une  Amazone,  appcllée 
Myrina.  Tzetzès ,  in  Lycophron.  fait  aufli  mention  de 
cette  ville. 

4.  MYRINA,  ville  de  rifle  de  Crète.  Pline,  /.  4.  c. 
.1 2.  la  phee  dans  les  terres  ;  mais  le  père  Hardouin  croit 
qu'il  faut  lire  Mycen-t  pour  Myrina.  Il  fonde  fon  opinion, 
premièrement ,  fur  le  filence  des  anciens  écrivains  qui 
ne  parlent  point  de  Myrina  ;  fecondement ,  fur  un  parta- 
ge de  Velleius  Paterculus,  /.  1.  qui  dit  que  le  roi  Aga- 
memnon , ayant  été  jette  par  la  tempête  dans  lifte  de 
Crète  ,y  fonda  trois  villes,  favoir  Mycenes,  Tégée  & 
Pergame. 

j.  MYRINA  ,  ville  de  Thracc ,  félon  Agathias ,  cité 
par  Ortelius ,  Thefaur.  qui  remarque  pourtant  qu'Aga- 
thias  écrit  Myrrina  ,  ôc  non  pas  Myrina. 

MYRIOCEPHALUM,  ville  de  l'Afie  Mineure,  félon 
Nicétas.  *  Ortelii  Thefaur. 

MYRIOPHYTUS,  ville  épiscopale,fous  la  métropole 
de  Céfarée,  félon  une  notice  anonvme  publiée  par  Schel- 
flrate  :  elle  étoit  voifme  de  Callipolis. 

MYRLAEUM  ,  lieu  voifin  de  Conftantinople  ,  félon 
Pierre  Gilles ,  dans  la  defeription  du  Bofphorc. 

MYRLEIA.  Voyez.  Apamée  2. 
1    MYRMECES  SCOPULI ,  écueil  quelque  part  dans  le 
golfe  de  l'Ionie  ,  félon  Pline  ,  /.  5.  c.  29. 

MYRMECIUM  ,  ville  de  la  Sarmatie  ,  dans  la  Cher- 
fonnèfe  Taurique  ,  félon  Pline,  /.  3-r.  12.  Pomponius 
Mêla,  /.  2.  c.  1.  ôc  Ptolomée  /.  3.C.  5.  Les  deux  pre- 
miers lui  donnent  le  nom  de  petite  ville  ,  ôc  le  dernier  en 
fait  un  ptomontoirc  ■■,  de  forte  que  la  ville  étoit  fituéeprès 
du  promontoire,  ou  même  deffus.  Pline  &  Pomponius 
Mêla  lifent  Myrmecium,  ôc  on  lit  Mirmycion  par  cor- 
ruption dans  Jornandès.  *  Ortelii  Thefaur. 

MYRMENA  ,  ville  habitée  par  des  Antropophages, 
félon  Nicéphore,  qui  dit  que  l'apôtre  faint  Matthieucon- 
vertit  le  prince  de  cette  ville  à  la  foi  Chrétienne.  Orte- 
lius, Thefaur.  foupçonne  que  Myrmena  pouvoit  être  dans 
l'Ethiopie. 

MYRMEX  ,  ifle  d'Afrique,  fur  la  côte  de  la  Cyrenaï- 
que,  félon  Ptolomée, /.  4.  c .  4.  qui  la  place  auprès  de 
rifle  Laea  ,ou  de  Venus. 

MYRMIDON  ,  ville  du  Péloponnèfe , dans  l'Achaïe. 
C'eA  Abdias  le  Babylonien  qui  en  fait  mention,  dans  la 
vie  de  faint  André.*  Ortelii  Thefaur. 
f«  MYRMIDONES.  Philoftrate  ,  de  Viris  itluftrib.  dit 
que  ce  nom  fut  commun  à  tous  les  Theflaloniens. 

MYRMISSUS  ,  ville  de  Myfie.  Etienne  le  géographe 
la  met  au  voifinage  de  Lampfacus.  Ne  feroit-ce  point , 
dit  Ortelius  ,  Thefaur.  la  même  ville  que  Mermejfus  ? 
MYROBRIGA.  Voyez.  Mirobriga. 


4*7 

MYRON ,  fleuve  de  la  Lycie,  pics  de  la  ville  de  Myre, 
félon  Etienne  le  géographe:  il  y  a  grande  apparence  que 
c'efl  le  même  que  Lymira  ou Lymi, us.  Voyez.  Myre  6c 
Lamura. 

MYRONOS  ou  Myronis  ,  ifle  du  golfe  Arabique  , 
félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c .  8.  ôc  Etienne  le-géographe. 

MYROPOLON  ou  Myropole  ,  ville  de  Grèce ,  près 
des  Thermopyles  ,  vis-à  vis  d'Héraclée.  Procope  ,  /Edi- 
fie. I.  4.  c.  2.  de  la  tradutlion  de  Coufin  ,  dit  :  Quand  on 
va  d'Ulyrie  en  Grèce  ,  on  rencontre  deux  montagnes, 
qui,  en  s'approchant ,  forment  un  port  fort  étioit.  Il 
en  fort  une  fontaine  qui  produit  un  petit  ruiffeau  \  mais 
lorsque  la  pluie  tombe  en  abondance ,  il  s'y  amafle  un 
torrent  qui  roule  avec  impétuofité  à  travers  les  monta- 
gnes. Les  Barbares  pouvoient  entrer  par  cet  endroit 
dans  les  Thermopyles ,  &  enfuite  dans  la  Grèce.  Il  avoir 
autrefois  ét«  fortifié  d'un  côté  par  la  ville  d'Héraclée  , 
&  de  l'autre  par  celle  de  Myropole  qui  en  cil  proche  ; 
mais  comme  le  tems  avoit  ruine  les  fortifications  de  ces 
deux  villes ,  Juftinien  les  répara,  ôc  éleva  un  mur  très- 
folide,  par  le  moyen  duquel  il  joignit  les  extrémités 
des  montagnes,  ôc  en  boucha  l'entrée. 

MYRRHE.   Voyez,  Myre. 

MYRRHENE  ,  en  latin  ,  Myrrinus  ôc  Myrrhi- 
nus,  municipe  de  l'Attique  ,  félon  Strabon  ,  /.  9. p.  399. 
Etienne  le  géographe  dit  que  ce  municipe  faifoit  partie 
de  la  tribu  Pandionide.  Ce  lieu  étoit  peu  éloigné  de 
Marathon.  Quelques-uns  le  placent  entre  Marathon  ôc 
la  mer  ./Egée. 

MYRROFERA  REGIO.  Voyez,  Smyrnophora. 

MYRSIACA.  Voyez,  Myrica. 

MYRSIN1TIS  VALLIS,  vallée  longue,  profonde 
&  couverte  d'arbres,  félon  Syncfius ,  tpift.  122.  Oi- 
telius juge  qu'elle  pourroit  être  en  Afrique  ,  aux  envi- 
ions de  la   Cyrenaïque. 

MYRSINÛS,  bourgade  du  Péloponnèfe,  dansl'E- 
lide.  Strabon,  /.  8.  p.  341.  dit  que  de  fon  tems  on  la  nom- 
moit  Myrtuntium.  Selon  Etienne  le  géographe,  Myr- 
sinus  étoit  une  ville  de  l'Elide. 

MYRSOS.  Voyez,  Megatichos. 

MYRTANIA.  Voyez.  MyrtoniuM. 

MYRTEI  CAMPI ,  campagne  dans  laquelle  Orte- 
lius,  Thefaur.  nous  apprend  que  Papyrius  défit  les  ha- 
bitans  de  rifle  de  Sardaigne:malheureufement  il  a  ou- 
blié de  marquer  l'auteur  qui  lui  avoit  fourni  cet  ar- 
ticle :  Myrtei  Campi,  dit-il,  in  auibus  Surdos  Jupera-1 
tos  à  Papyrio  tradit. 

MYRTETA,  bains  chauds,  en  Italie,  félon  Orte- 
lius, Thefaur.  qui  cite  Celfus.  Ils  étoient  au  voifimge 
de  la  ville  de  Baïes,  ôc  tiroient  leur  nom  d'un  bois  de 
Myrtes  qui  étoit  autour  de. la  ville,  ôc  qui  contribuoic 
à  rendre  ces  bains  fi  délicieux ,  qu'on  n'y  alloit  pas 
moins  pour  le  plaifir  que  pour  la  guéri  fou  des  mala- 
dies. Horace,  Epift.  15.  v.  5.  fait  mention  de  ces  bains 
dans  le  premier  livre  de  fes  épitres. 

MYRTHE ,  ville  des  Indes ,  à  l'occident  du  Gange , 
ôc  à  quatorze  milles  de  ce  fleuve.  Petis  de  la  Croix  , 
hift.  de  Timur-Bcc ,  /.  4.  c.  22.  dit  que  cette  ville  eft 
glande. 

MYRTILIS.  Voyez,  Julia  Myrtilis  &  Mertola. 

1.  MYRTION  ,  montagne  du  Péloponnèse.  Paul'a- 
nias ,  /.  2.  c.  27.  dit  qu'elle  étoit  aux  confins  des  Epi- 
dauriens  ,  6c  que  de  fon  tems  on  la  nommoit  Tu- 
thion. 

2.  MYRTION ,  ville  de  la  Thrace  ,  félon  Ortelius , 
Thefaur.  qui  cite  Démoflhene  ,  in  Corona. 

MYRTONIUM,  lieu  fortifié  dans  la  Thrace.  C'efl 
Suidas  qui  en  fait  mention  d'après  Démoflhene.  Il  ajoute 
que  quelques-uns  l'appelloient  Myrtania.  Peut-être  ,  dit 
Oitelius  ,  Myrtonium  ,  Myrtania.  ôc  Myrtion  font  ils  le 
même  lieu.  Voyez,  Myrtion   2. 

MYRTOS,  ifle  de  la  mer  yEgée ,  au  midi  occiden-- 
tal  de  la  pointe  la  plus  méridionale  de  l'ifle  Eubée.  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.  11.  dit  qu'elle  donnoit  fon  nom  à  cette  par- 
tie de  la  mer  ALgéc  ,  qu'on  appelloit  Myrtoum  Mare, 
Voyez,  au  mot  Mare  ,  l'article  Mare  Myrtoum. 

MYRTOS1UM.  Voyez,  Myrtussa. 

MYRTOUM  MARE.  Voyez,  au  mot  Mare  ,  l'article 
Mare  Myrtoum. 

*.  MYRTUNTIUM.  K^t.Myrsinus. 
Tom.  IV.  M  m  m 


» 


4*8       MYS 

2.  MYRTUNTIUM  MARE  ,  ou  Myrtuntius 
Lacus  ,  mer  ou  lac  de  Grèce  ,  entre  la  côte  de  l'Acar- 
lunie  a  l'orient ,  6c  l'ifle  Leucade  à  l'occidenc ,  félon 
Strabon  ,  /.  10.  p.  459. 

MYRTUSSA  ,  montagne  de  la  Libye,  félon  Etienne 
le  géographe.  Ortelius  ,  Thejaur.  dit  que  Callimaque 
la  met  dans  la  Cyrenaïque  ,  6c  qu'Apollonius  en  taie 
un  promontoire  qu'il  nomme  Myrtosium. 

MYSAR1S.  Voyez.  Misa  ris. 

MYSE  ,  ou  Mysa  ,  rivière  d'Allemagne,  dans  la  Bo- 
hême. Elle  a  fa  fource  aux  confins  du  palatinat  de  Ba- 
vière .  6c  prenant  fon  cours  d'orient  en  occident ,  en 
ferpentant ,  elle  trayerfe  le  cercle  de  Pilfen  ,  côtoyé 
enfuite  Geux  de  Rakonick  6c  de  Pod-Berdesk  ,  6c  va 
fe  perdre  dans  le  Muldaw  à  Sbrafla.v  ,  un  peu  au-deuus 
de  la  ville  de  Prague.  Les  principaux  lieux  qu'elle  baigne 
dans  fa  conrfc ,  font  Statz  ,  Meifs ,  Pilfen ,  Bern-Beraun  , 
Karlikin  Se  Sbraflaw.  Entre  autres  rivières  ou  ruilTeaux 
elle  reçoit  le  Cadburz  ,  d.  &  la  Watta  ,  d.  *  Jaillot , 
Atlas. 

MYSECROS,  fleuve  de  l'Arabie  Heurcufe.  Pline, 
/.  6.  c.  28.  le  met  dans  la  partie  méridionale  de  cette 
province. 

1.  MYSIA   Voyez.  Mœsia. 

2  MYSIA  ,  contrée  de  l'Afie  propre.  Strabon  ,  /.  1 2. 
p.  571.  fait  entendre  qu'il  y  avoir  deux  Myfies  dans 
l'Afie  propre.  Les  peuples  ,  dit-il ,  qui  habitent  aux  en- 
virons de  l'Olympe  de  Myfie  ,  font  au  midi  des  Bithy- 
niens:  ils  font  appelles  Myficns  6c  Phrygiens,  6c  cha- 
cune de  ces  nations  eft  double.  Enfuite,  après  avoir- 
parlé  de  la  grande  &  de  la  petite  Phrygie ,  il  ajoute: 
11  en  eft  de  même  de  la  Myfie  ;  l'une  ,  furnomméc 
Olympéne  ,  joint  la  Bithynie  ,  6c  s'étend  jusqu'à  l'Epi- 
ctete  ,  dans  la  Phrygie  ;  l'autre  prend  depuis  le  fleuve  Caï- 
eus  &  la  ville  de  Pergame  jusqu'à  Teuthrania  ,  &jusquà 
l'embouchure  du  Caïcus.  A  la  vérité  Strabon  ne  dit  pas 
clairement  qu'il  y  eût  la  grande  Mysie  6c  la  petite 
Mysie;  mais  comme  Ptolomée  , /.  j.  c.  2.  fait  men- 
tion de  la  petite  Mysie,  on  doit  conclure  qu'il  y 
avoit  une  grande  Mysie  -,  &  puisqu'il  met  la  petite 
fut  l'Hellespont ,  il  s'enfuit  que  la  grande  elt  celle 
que  Strabon  place  aux  environs  des  fleuves  Caïcus  6c 
de  Pergame.  Pomponius  Mêla,  /.  1.  c.  18.  &  Pline, 
7.  5.  c.  30.  difent  que  la  Myfie  avoit  une  grande  éten- 
due avant  l'arrivée  des  ^Eoliens  dans  l'Afie  ;  mais  alors 
l'/Eolide  s'étant  formée  de  la  plus  grande  partie  de 
la  Myfie  ,  cette  dernière  province  fe  trouva  reflerrée 
dans  les  bornes  que  lui  donne  Strabon. 

3.  MYSIA,  centrée  6c  ville,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  n'en  donne  pas  une  plus  grande  explication. 

4.  MYSIA  ,  petite  contrée  du  Péloponnèfc.  Il  y  avoit , 
félon  Paufanias,  /.  2.  c.  18.  dans  cette  contrée  un  tem- 
ple dédié  à  Céres  Myfienne.  Ce  nom  de  Myfie  lui 
venoit  d'un  certain  Myfius  ,  que  les  habitans  d'Argos 
difoient  avoir  été  hôte  de  Céres. 

v.  MYSIA,  ville  de  la  Troade.  Strabon,  /.  13.  p. 
615.  la  place  au  voifinage  d'Adramittium. 

0.  MYSIA  ,  ville  de  la  Parrhie  ,  félon  Prolomée,/. 
6.  c.  5.  qui  la  place  entre  Par bar a  Se  Charax. 

MYSIA-ABRETTENA.  On  donnoit  ce  nom  à  une 
partie  de  la  Myfie,  félon  Strabon,  /.  12.  p.  J74.  qui 
dit  que  la  Myfie  Abtettene  étoit  arrofée  par  le  fleuve 
Rhvndacus. 

MYSIA  COMBUSTA  ,  ou  Mysia  Catacecau- 
mene.  Strabon  ,  /.  1 3.  p.  626.  donne  ce  nom  aune  pe- 
tite contrée  de  la  Myfie. 

MYSIA  HELLESPONTIA  ,  nom  que  Ptolomée,  /. 
4.  c.  2.  donne  à  la  petite  Mysie  ,  parce  qu'elle  étoit 
ntuée  fur  l'Hellespont. 

MYSIA  MAJOR  ,  ou  la  grande  Mysie.  Voyez. 
Mysia  2. 

MYSIA  MINOR,ou  la  petite  Myfie.  Voyez  Mysia  2. 

MYSIA  MORENA,  nom  que  Strabon,  /.  12.  p. 
^74.  donne  à  une  partie  de  la  Myfie. 

MYSIA  OLYMPENA  ,  nom  que  l'on  donne  à  la 
pctire  Myfie,  qui  fut  ainfi  appellée  à  caufe  du  mont 
Olympe  qui  s'y  trouvoit.  Elle  étoit  fituée  fur  la  Pro- 
pontide,  Si  s'étcndoit  afiez  avant  dans  les  terres. 


MYX 


MYSIANUM  STAGNUM,  ouMysianus  Lack  , 
lac  delà  Scythie  Européenne,  félon  Ortclius,  Thejaur. 
qui  cite  Jornandès.  Il  ajoute  que  quelques  manuferits  , 
au  lieu  de  Mitfiamis  ,  lifent  Murfiaaus  ;  6c  que  d'autres 
portent  Nurfiaruts. 

MYSISTRATUM.  Voyez  Mytistratum. 

MYSIUS,  fleuve  de  lVEolide  ,  félon  Stiabon  ,  /.  15. 
p.  615.  qui  dit  qu'il  avoit  fa  fource  au  mont  Tem- 
nus  ,  6c  qu'il  fe  jettoit  dans  le   Caïcus. 

MYSlVS.  Voyez  Moesius. 

MYSOCARAS,  port  d'Afrique  ,  dans  la  Maurita- 
nie Tingitane  :  il  étoit ,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  i.au- 
defiïis  du  port  d'Hercule. 

MYSOMACEDONES  ,  peuples  d'Ane,  dans  la  My- 
fie ,  félon  Pline,  /.  j.  c.  29.  Ptolomée,  /.  j.  c.  2.  les 
met  dans  la  grande  Phrygie.  C'étoient  des  Macédoniens 
mêles  avec  des  Myficns. 

MYSORUM  ESCHATE.  Voyez  Thyatira. 

MYSOTMOLITy£,  peuples  de  la  Lydie  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  5.  c.  29.  Quelques  manuferits  lifent  Mysoti- 
moutjî  ,  6c  d'autres  Mesotimolit^e.  Le  père  Har- 
douin  préfère  cette  dernière  orthographe  ,  tant  parce 
qu'elle  lui  feinble  la  plus  jufte,  s'agiflant  des  peuples 
qui  habitoient  au  milieu  du  mont  Tniolus  ,  que  parce 
qu'elle  fe  trouve  appuyée  des  notices  épiscopales  de 
la  province  de  Lydie,  où  MuroripôùXot,  Mcjotomellos  pour 
Mcjotimoloi ,  a  le  dixième  rang.  Le  père  Hardouin 
convient  néanmoins  que  Mifotmoliu  peut  fe  foutenir , 
parce  qu'alors  il  fignifkroit  des  Myfiens  mêlés  avec  des 
Tmolites. 

MYST1A  ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  grande  Grèce-,  fé- 
lon Pline,  /.  3.  c.  10.  Pomponius  Mêla,  l.i.  c.  4.  écrit 
Miftia ,  6c  Etienne  le  géographe  la  donne  aux  Sam- 
ni'es.  Ceft  aujourd'hui ,  dit  le  père  Hardouin  ,  Mo- 
n^iflerac'i  ,   ou  comme  d'autres  difent  Monte  Araci. 

MYSTICUM  HELLESPONT1S.  Sophronius  fait 
mention  de  ce  lieu,  dans  le  pèlerinage  de  S.  Pierre  &c  de  S. 
Paul.  *  Ortclii  Thefaur. 

MYSTIENSIS ,  fiége  épiscopal  de  la  Lycaonre ,  fé- 
lon le  premier  concile  de  Conflantinople.  La  notice  de 
Léon  le  Sage  écrit  Mysthia  ,  6c  lui  donne  le  72  rang 
parmi  les  fiéges  indépendans. 

MYSTUS  ,  ifles  fur  la  côte  d'iEtolic  ,  félon  Pline  » 
/.  4.  c.  1  2. 

MYTHEPOLIS.  Voyez  Mythopolis. 

MYTHOPOLIS  ,  lieu  où  les  fontaines  ont  quelque 
chofe  de  commun  avec  le  Nil ,  à  ce  que  dit  Antigo- 
nus ,  in  mirabilib.  Ariftote  ,  in  admirandis ,  qui  fait 
auffi  mention  de  ce  lieu  ,  le  place  au  voifinage  du  ma- 
rais Ascanius ,  à  cent  vingt  ftades  de  Cius. 

MYTHOS.  Voyez  Fabula. 

MYT1LENE.  Voyez  Mitylene. 

MYTISERATA.  Voyez  Musistratum. 

1.  MYTISTRATUM,  ville  de  l'Acarnanie  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

2.  MYTISTRATUM  ,  ville  d'Afrique  ,  aux  environs 
de  Carthage.  C'efl  Etienne  le  géographe  qui  fait  men- 
tion de  cette  ville;  il  cite  Polybe,  mais  il  cire  à  faux; 
car  Polybe  ,  /.  t.  c.  24.  dit  que  Mytiftratum  eft  une 
ville  de  Sicile,  fous  la  dépendance  pourtant  de  Cartha- 
ge. Voyez  l'article    fui  vaut. 

3.  MYTISTRATUM,  ville  de  Sicile,  félon  les  in- 
terprètes de  Polybe,  /.  i.'c.  24.  Le  texte  grec  poire 
Mmliç-pcerov ,  Muttijfrattim.  Diodore  de  Sicile,  in  Eclog. 
p.  876.  écrit  MÛçj>a.Tov ,  M.tfîraton  ,  6c  Etienne  le  géo- 
graphe lit  A/utiçpaToç ,  s4mefïratoir  On  prétend  que  ce  fat 
aujourd'hui  Mijiretta.  Pline  donne  aux  habitans  de  cette 
ville  le  nom  de  Mittitfiratini. 

MYUS.  On  nommoir  ainfi  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  une  des  douze  villes  de  l'Ionie.  Strabon,  /.  14. p. 
636.  dit  que  de  fon  tems  il  n'en  refioit  pas  le  moindre 
veftige.  Paufanias,  /.  3.  p.  400.  6c  Pline,  /.  $.  c.  29. 
nous  apprennent  que  cette  ville  avoit  été  fondée  par  les 
Ioniens. 

MYX/E  ,  Maximianopolis  ,  ville  cpiscopale  de  Thra- 
ce  ,  dans  la  province  deRhodope.  Ennepius  ,  fon  évêque, 
affifta  au  concile  d'Ephéfe  tenu  l'an  431.  *  Hardain. 
Collect.  conc.  vol.    1.  p.  1423. 


FIN  DE  LA  LETTRE     M, 


LE    GRAND 


ICTIONNAIRE 

GÉO  GRAPHIQUE, 

HISTORIQUE    ET    CRITIQUE. 


NAA 


AÀGRAMMA  ,  ville  d'Afic,  fur  le 
Gange ,  félon  Ptolomée ,  /.  7.  cap. 
1.  qui  la  mec  entre  Budœa  &  Cami- 
gara. 

NAAGRAMMUM  ,  Ptolomée , 
/.  7.  c.  4.  dit  que  Naa^pa/^uov  étoit  la 
métropole  de  l'ifle  Taprobane  :  il  la 
place  dans  les  terres,  entre  Anurogrammum  &  Adi- 
famum. 
NAALOL  ,  ouNahaloi  ,ouNachalal  ,  ville  delà 
tribu  de  Zabulon  (a).  Elle  fut  cédée  aux  Lévites  & 
donnée  à  la  famille  de  Merari.  Les  enfans  de  Zabulon 
n'exterminèrent  point  les  habitans  de  Naalol  (£);ils 
y  laifferenr  habiter  les  Cananéens,  qui  devinrent  leurs 
tributaires.  On  ne  fait  pas  pofitivement  la  fituation  de 
cette  ville  (c).  (  a)  JoJ'ué ,  19  j  J;'-(^)  Judic:  1,  je. 
(  c  )  Dom  Culmet ,  Diéb. 

NAAMA  ,  ville  de  la  tribu  de  Juda.  Elle  eft  feule- 
ment nommée  dans Jofuc  ,  c.  ij  ,  41. 

NAAMATH  ,  ou  Naam  a.  Sophar ,  un  de  trois  amis 
de  Job  qui  le  vinrent  trouver ,  étoit  de  Naamath.  Cette 
ville  eft  nommée  Minai  par  les  Septante.  Eufébe ,  Pr&- 
■par.it.  écrit  Mctvmïoi.  *  Job.  fc.II. 

NAANA.  Voyez,  Nabla. 

NAANSI  .  peuples  de  l'Amérique  feptcntrionale  , 
dans  la  Louïliane,  auprès  de  Nabiri ,  entre  les  Cenis 
&  les  Cadodaquios.  Ce  peuple  eft  très-nombreux. 

NAARAN  ,  appellée  autrement  Noran,  ville  de 
la  tribu  d'Ephraïmdu  côté  de  l'orient.  *  I.  Parai;  7.  28. 

NAARATHA  ,  ville  de  1a  tribu  d'Ephraïm(  a  )  ,  fur 
la  frontière.  Eufébe  ,  in  Na«p«ôa  ,  met  une  ville  de  Naa- 
rath  à  cinq  milles  de  Jéricho.  C'cft  apparemment  la  mê- 
me que  Neara  dont  parle  Jofephe ,  Se  d'où  il  dit  que 
l'on  conduifoit  les  eaux  pour  arrofer  les  palmiers  de 
Jéricho  (b).  C'eft  peut  être  aufli  la  même  que  Naa- 
ran  dont  on  vient  de  parler,  (a)  Jofué ,  16.  y.  (b) 
D.  Calma  ,  Dift. 

NAARDA  ,  ville  de  Syrie  ,  fur  FEuphrate  ,  félon 
Etienne  le  géographe.  Ptolomée,  /.  y.  c.  18.  la  place 
dans  la  Méfopotamic  >  entre  Teridata  Se  Sipphara.Koy^ 
Nfarda. 

NAARMALCHA ,  c'elU-dire  ,  le  fleuve  des  Rois 


NAA 


l 


a),  nom  d'une  forte  creufée  par  les  ordres  de  Trajan  j 
Se  enfuite  par  ceux  de  Sévère,  pour  joindre  FEuphrate 
avec  le  Tigre.  D'antres  (^)difent  que  Trajan  rie  fie 
pas  creufer  cette  fofle ,  mais  qu'il  en  forma  feulement 
le  projet.  Voyez,  EurMRATE.  (a)  Am.  Mar.  1.  24. {b) 
Dion,  in  Vit.  Trajani. 

NAARSAFARUM,  ville  d'Arabie  *  félon  la  notice 
des  dignités  de  l'Empire  Romain,  fefl.  2.  où  on  lit: 
Alafecunda  miliarenfis  Naarjafarii 

1.  NAAS  ,  ville  de  la  tribu  de  Juda.  Elle  fut  peuplée 
par  Theinna.  *  I.  Parai.  4.  12. 

2.  NAAS  ,  ville  d'Irlande  ,  dans  la  province  de  Leirf- 
fter ,  au  comté  de  Kildare,  à  treize  milles  au  fud-eft 
de  Carburi ,  près  de  la  Liffe  ,  Se  à  onze  milles  presque  3 
i'eft  de  Kildare.  Cette  ville  a  droit  d'envoyer  deux  dé- 
putés au  parlement.  *  Etat  préfent  d'Irlande ,  p.  40. 

NAASON,ou  Naasson,  ville  de  la  Galilée,  au  des- 
fous de  la  ville  de  Nephtali.*  Tobia,  1.  1. 

NAASSE  ,  forterefle  des  Turcs,  dahs  la  Haute  Egypte, 
à  la  droite  du  Nil.  Elle  eft  bâtie  fur  une  petite  hau- 
teur &  n'a  qu'une  porte  pour  y  entrer.  Ses  murailles 
ne  font  que  de  briques  cuites  au  foleil.  Toute  fon  ar- 
tillerie confifte  en  cinq  petits  fauconneaux  Se  un  gros 
canon  de  fer.  Là  garnifon  eft  d'environ  cent  cinquante 
janiflaires.  On  commence  delà  à  entendre  le  bruit  des 
catara&es  du  Nil ,  &  à  voir  les  montagnes  d'où  les  eaux 
de  ce  fleuve  fe  précipitent.  A  un  quart  de  lieue  de  cette 
forterefle,  on  trouve  un  endroit  rempli  de  tombeaux 
d'une  très-belle  pierre  blanche  comme  du  marbre  \  ôc 
fur  ces  tombeaux  il  y  a  des  inferiptions  d'un  caraclere 
inconnu.  Au  fortir  de  ces  rombeaux ,  on  entre  dans  une 
des  plus  grandes  villes  du  monde  ,  mais  tuinée  :  elle  eft 
fituée  au  pied  d'une  longue  montagne.  Ori  y  voit  enco- 
re un  temple  qui  étoit  un  fuperbe  bâtiment  ,  à  en  ju- 
ger par  ce  qui  en  cette.  Il  y  a  apparence  que  les  rui- 
nes cachent  les  marches  qui  conduifoient  à  quatre 
grandes  portes ,  dont  chacune  étoit  foutenue  par  huit 
grandes  colomnes  de  granité  rougeâtre  Se  comme  jas- 
pées. Tour  le  defius  des  colomnes  eft  tombé  en  ruine. 
Au  milieu  de  ce  vaile  édifice  ,ily  avoic  un  bâtiment  de 
marbre  blanc,  donr  les  dehors  étoient  pleins^dc  figures 
en  bas  relief:  elles  repréfentoient  des  petits  enfen*  1  <M 
Jm»  IV.  M  ra  m  ij 


4^0       NAB 

oueaux  ,  des  vaches  Se  d'autres  animaux ,  fur-tour  quân- 
ûté  de  chats-huans.  11  n'eft  pas  poflible  d'approchcr'de 
ce  petit  remple  ,  à  caufe  de  la  quantité  de  ferpens  au 
milieu  desquels  il  faudroit  paffer.  Il  y  avoit  1 60  colom- 
nes  autour  de  cet  édifice;  mais  plus  des  deux  tiers  font 
tombées  par  terre.  On  voit  aufii  aux  environs  plufieurs 
palais  bâtis  de  pierres  d'une  prodigieufe  groiTeur. 

Après  avoir  marché  quelque  tems  dans  les  ruines  de 
cette  ancienne  ville,  on  rencontre  à  l'abri  d'une  mon- 
tagne ,  Se  précisément  au  midi ,  un  bâtiment  merveil- 
leux. C'eft  un  palais  grand  comme  une  petite  ville.  Qua- 
tre avenues  de  colomnes  conduifent  à  quatre  portiques, 
à  chacun  desquels ,  entre  deux  grandes  colomnes  de 
porphyre  ,  font  deux  figures  de  géans  en  marbre  noir, 
Se  qui  Ont  chacun  une  mafle  à  la  main.  Chaque  ave- 
nue eft  compofée  de  plus  de  1500  colomnes  placées  en 
triangle  ;  Se  fur  le  chapiteau  de  chaque  triangle  il  y  a 
un  fphinx.  Toutes  ces  colomnes  ne  font  pas  debout ,  on 
en  voit  plufieurs  qui  font  tombées.  Elles  ont  70  pieds 
de  haut  Se  font  toutes  d'une  feule  pierre.  Il  faut  que 
dans  les  quatre  avenues  leur  nombre  aille  à  cinq  ou 
fix  mille. 

La  ptemiere  fale  de  ce  palais  eft  peinte  de  très-beaux 
Tujets  dhiitoirc  ;&  il  ne  paroît  pas  qu'il  y  ait  bien  lung- 
rems  que  cette  peinture  eft  achevée.  On  y  voit  des 
chafTes  de  gazelles  en  quelques  endroits ,  des  fellins  en 
d'autres ,  Se  quantité  de  peats  enfans  qui  jouent  avec 
divers  animaux.  Oh  paffe  de-là  à  d'autres  appartenons 
tout  revêtus  de  marbre  .  Se  dont  les  voûtes  et  oient  fou- 
tenues  par  des  colomnes  de  porphyre  Se  de  marbre 
noir.  Quoique  les  décombres  lie  permettent  pas 
d'aller  par-roue ,  on  ne  laiffe  pas  de  trouver  le  moyen 
de  parvenir  jusqu'au  haut ,  d'où  l'on  apperçoit  les  rui- 
nes d'une  des  p'.us  giandes  villes  qu'on  pu  1  fie  fe  figu- 
ier. Quelques  uns  croient  que  ce  pourroit  être  l'an- 
cienne Thébes  à  cent  portes.  En  regardant  du  côté  du 
d:lerr,qui  cil  au  levant,  on  découvre  environ  douze 
glandes  pyramides ,  qui  ne  cèdent  en  rien  à  celles  du 
grand  Caire  ;  outre  cela  ,  on  voit  quantité  de  buftes  de 
figures  d'hommes  ,  qui  ont  plus  de  30  pieds  de 
haut.  On  remaïquc  encore  un  fort  grand  nombre  de 
palais  qui  paroiffent  rous  entiers  ;  mais  ils  font  ;ellcment 
enfevelisdans  les  ruines  ,  que  l'on  n'en  voir  plus  les  por- 
tes. Sur  le  chemin  de  cette  ville  a  Naafie ,  en  prenant  le 
penchant  de  la  montagne,  on  trouve  un  endroit  tout 
rempli  de  puits  carrés;  ils  fervoient  à  enterrer  les  gens 
du  pays.  '  Paul  Lucas  ,  premier  voyage  du  Levant ,  t. 
1.  p.  89. 

NAB,  ou  Nabe,  rivière  d'Allemagne.  Elle  fort  des 
montagnes  de  Pranconie,  prend  fou  cours  du  côté  du 
midi,  traverfc  le  palatinat  de  Bavière  Se  le  duché  de 
Neubourg,  Se  va  fe  jetter  dans  le  Danube  ,  un  peu  au- 
deflus  de  Ratifbonne.  *  De  l'IJle ,  Carte  de  l'Allemagne 
Se  du  cours  du  Danube. 

NABA.  Voyez.  Abarim1. 

NABABURUM,  vide  de  la  Mauritanie  Céfarienfe, 
félon  Ptolomée  ,  /.  4.  e.  2.  qui  la  place  entre  Zaratha  Se 

\^it«3C3 

NADADATH.  Voyez.  Madaba. 

NABADES  ,  peuples  de  la  Mauritanie  Céfarienfe, 
félon  Pline  ,  /.  $.  c  z.  Ne  feroit-ce  point  les  Nabafî, 
que  Ptolomée ,  lib.  4.  cap.  2.  place  fur  le  mont  Cin- 
naba  ? 

NAB/E.  Voyez.  Nobe. 

NAB/EUS.  Voyez.  Nan/eus. 

NABALENSIS.  Cet  évêché  étoit  vacant ,  lorsque  la 
notice  épiscopale  des  évêchés  d'Afrique  fut  faite.  C'eft 
peut-être  la  feule  trace  qui  nous  refte  de  cet  évêché. 

i.NABALlA  ,  fleuve.  Voyez.  Vahalis. 

2.  NABALIA  ,  ville.  Voyez.  Navalia. 

NABALLO  ,  fortereflê  des  Arabes  ,  dans  la  Paleftine. 
Les  IfraL'litcs  en  firent  la  conquête.  *  Jojeph.  Antiq. 
1.  14.C.  2. 

NABANDIS.Koyw,  Namados. 

N  ABANN<£  ,  peuple  d'Aiie  ,  dans  la  Sérique  ,  félon 
Ptolomée,  /.  6.  c.  i<5.  qui  les  dit  plus  orientaux  que 
les  Annibi.  Ammien  Mareellm,  /.  23.  p.  277.  au  lieu 
de  Nabahnm.  lir  Rttbaûn&\  ôc  c'eft  ainiî  qu'écrivent  les 
iiuerpiéfcs  de  Ptolomée,  de  forte  que  Nabann<&SeRa> 
itAïiiiz  font  le  même  peuple. 


NAB 


NABANTIUM.  Voyez.  Tomar. 

NABAON,  petite  rivière  de  Portugal,  dans  l'Eftrama- 
dure.  Elle  baigne  Tomar  à  quelques  lieues  au-uefious  de 
fes  fources  ;  elle  va  enfuite  fe  déchager  dans  le  Zezare 
entre  Punette  Se  Tancos ,  un  peu  avant  que  le  Zezare 
mêle  fes  eaux  avec  celles  du  Tage.  *  JailLt ,  Carte  de 
Portugal. 

NABAR.  Voyez.  Nasabath. 

NABARA,  village  de  la  Batanée  ,  fuivant  Eufébe, 
in  Nebra. 

NABARIS,  ville  de  l'Arie  ,  fuivant  le  témoignage 
de  Ptolomée,  /.  6.  c.  17.  Ses  interprètes  lifent  Na- 
maris. 

NABARUS.  Voyez,  Nouerus. 

NABASI,  peuples  dé  la  Mauritanie  Céfarienfe  ,  fur 
le  mont  Cinnaba  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  2.  Ses  inter- 
prètes croient  qu'il  faut  lire  Enabast. 

NABATH.  Voyez.  Naiboth. 

NABATH^EA  Petra  ,  ville  de  l'Arabie ,  félon  Stra- 
bon  ,  qui  la  place  entre  le  glofe  Arabique  Se  la  Baby- 
lonie.  C'eft  la  ville  de  Petra,  dont  Ptolomée,  /.  j.c. 
17.  fait  mention  dans  l'Arabie  Petrée. 

NABATH/EI,  les  Nabathéens,  ou  les  Nabathé- 
nienS;  peuples  de  l'Arabie  Heureute.  Ce  font  les  des- 
cendans  de  Nabajot ,  premier  fils  d'Ismaël.  Leur  pays 
s'appelle  Nabathène,  Se  s'étend  depuis  lEuphrate  jus- 
qu'à la  mer  Rouge  (a).  Ce  n'eft  pas  à  dire  que  les 
Nabathéens  foient  les  feuls  qui  habitent  ces  vaftes  con- 
trées, mais  ils  en  font  les  principaux  habitans.  Leurs 
principales  villes  font ,  Pétra  ,  capitale  de  l'Arabie  dé- 
ferte  ,  MÉdaba  Se  quelques  autres  ;  car  le  pays  eft, 
pour  ainfi  dire ,  entièrement  défert,  &  les  Nabathéens  , 
non  plus  que  les  autres  Arabes  de  l'Arabie  déferte,  ne 
fe  mertenr  point  en  peine  de  bâtir  des  maifons ,  ni  de 
demeurer  dans  des.  villes.  La  plupart  même  regardent 
cela  comme  une  fervitude  Se  une  lâcheté.  La  vie  errante 
qu'ils  mènent  avec  leurs  femmes ,  leurs  enfans  Se  leurs 
beftiaux,cV:  la  liberté  dont  ils  jouiflent ,  n'ayant  à  ré- 
pondre à  perfonne ,  leur  paroît  le  plus  grand  de  tous 
les  biens  de  la  vie  :  leurs  principales  richefles  confi- 
ftent  en  bétail.  Ifaïe  ,  60.  7.  promet  à  Jérufalem  que 
les  gras  béliers  de  Cédar  Se  de  Nabajcr  feront  appor- 
tés dans  le  temple  du  Seigneur ,  &  offerts  fur  fon  au- 
tel. Les  Nabathéens  ne  font  guère  connus  dani  l'Ecri- 
ture que  du  tems  des  Machabées.  Pendant  les  guerres 
que  les  Juifs  foutinrent  contre  les  Syriens,  Se  pendant 
le  foulevemenr  de  presque  tous  les  peuples  des  envi- 
rons de  la  Judée  contre  les  Hébreux  ,  les  feuls  Naba- 
théens leur  témoignèrent  de  l'affection.  Juda  Machabée 
étant  allé  au  fecours de  fes  frères,  dans  le  pays  de  Ga- 
laad  ,  fut  fort  bien  reçu  des  Nabathéens  (  b  ).  Quelque- 
tems  après  (  c  )  ,  Jonathas  Machabée  envoya  fon  frerc 
Jean  pour  conduire  &  pour  mettre  en  dépôt  chez  les 
Nabathéens  les  bagages  de  fon  armée  qui  l'embarras* 
foient  ;  mais  les  Jiabitans  de  Medaba  prirent  Jean ,  le 
tuèrent  &  fe  faifirent  de  tout  ce  qu'il  avoit.  (  a  )  Jo- 
fephe ,  Antiq.  1.  1.  c.  13.  Hieronym.  qu.  Hcb.  in  Ge- 
nef.  2j.  13.  (b)  I.  Macb.  v.  24.  z5.ar1.du  monde, 
3842.  avant  J.  C.  ijp,  avant  l'Ere  vulgaire  163.  (c) 
1.  Macb.  9.  35.  vers  l'an  monde  3843.  avant  J.  C. 
Ij7.  avant  l'Ere  vulgaire  161. 

Diodore  de  Sicile,  /.  2.  c.  48.  après  avoir  dit  que 
l'Arabie  eft  fituée  entre  la  Syrie  Se  l'Egypte,  Se  parta- 
gée entre  difterens  peuples,  ajoute  que  les  Arabes Na- 
batbai  habitent  un  pays  déferr ,  qui  manque  d'eau  ,  & 
qui  he  produit  aucuns  fruirs ,  fi  ce  n'eft  dans  un  très- 
petir  canton.  Il  fembleroit  par  là  que  le  pays  de  ces 
peuples  s'étendoit  jusqu'à  la  Chaldée  ,  Se  qu'il  faudroit 
en  retrancher  toute  la  partie  occidentale  des  terres  qu'on 
leur  attribue  communément.  Ovide  ,  /.  1.  metarnorph. 
■v.  61.  paroît  même  favorifer  ce  fentiment  dans  ce 
vers  : 

Enrus  ad  Auroram  Nabatkœaque  régna  recejjît. 

Au  contraire  ,  Etienne  le  géographe  met  les  Naba- 
tkat  dans  l'Arabie  Hcureufe;  niais  tous  les  autres  géo- 
graphes s'accordent  à  leur  donner  l'Arabie  Pétrée. 
Strabon  ,  l.  16.  dit  que  la  ville  de  Petra  leur  apparre- 
noit.  Pline ,  /.  6.  c.  28.  dit  la  même  chofe  ;  Se  Dio- 


NAB 


dore  de  Sicile  lui-même  die  dans  un  autre  endroit ,  /. 
3.  c.  43.  que  les  Nabathd  habitoient  aux  environs  du 
golfe  Elanitique,  qui  eft  à  l'occident  de  l'Arabie,  & 
en  même  tems  dans  l'Arabie  Pétrée.  Jofephe  ,  Antia. 
I.  13.  c.  9.  nous  apprend  que  Jonathas  Machabée 
étant  dans  le  pays  d'Emath,  Ôc  ayant  chaiTé  fes  enne- 
mis au-delà  du  fleuve  Eleuthére,  entra  dans  l'Arabie, 
battit  les  Nabathéens  ôc  vint  à  Damas.  Saint  Epipha- 
ne,  Htref.  I.  10.  vel  30.  ajoute  que  les  Ebionices  ve- 
noient  principalement  du  pays  des  Nabathéens  Ôc  de 
Panéade. 

1.  NABATHR4L ,  peuples  de  la  Libye  intérieure.  Pro- 
longée ,  /.  4.  c,  (■>.  les  place  immédiatement  après  les  Na- 
nofbes ,  ôc  les  étend  jusqu'au  mont  Arualtus. 

2.  NÀBATHR/4L  ,  peuples  de  l'Afrique  propre  ,  dans 
la  partie  Occidentale  de  cette  contrée,  félon  Ptolomée, 
/.  4.  (.   3. 

NABD.£I ,  peuples  différensdes  Nabathù.  Eufébe3 

9.  prapar-,  dit  que  David  les  donna. 

NABEL,  Nt.B£L  ou  Nabis  ,  comme  les  Maures 
l'appellent ,  petite  ville  d'Afrique ,  dans  la  feigneurie 
de  la  Goulette.  Ptolomée  ,  /.  4.  t.  3.  en  fait  mention 
ibus  le  nom  de  Neapolis  colonia.  Les  habitans  la 
nomment  encore  aujourd'hui  Napoli  de  Barbarie.  Elle 
a  été  bâtie  par  les  Romains.  Elle  eft  fituée  près  de  la 
mer  Méditerranée ,  à  trois  lieues  de  Tunis  vers  l'orient. 
On  n'y  trouve  à  préfent  que  quelques  payfans.  Cétoic 
autrefois  une  ville  très-peuplée.  *  Dapper ,  Defc.  de 
l'Afrique  ,  p.   194. 

NABIANI ,  peuples  de  1a  Sarmatie  Afiatique  ,  fé- 
lon Strabon ,  /.  11.  p.  yo6.  Il  les  place  fur  le  Palus 
Méotide.  1!  ajoute  qu'ils  vivent  errans  &  qu'ils  font  voi- 
iins  des  Aorfes. 

N  ABIRI ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionalc ,  dans 
la  Louïiiane.  Ce  peuple, qui  eft  nombreux,  habitoit  entre 
les  Cenis  &  les  Cadodaquios  ,  fur  la  route  que  lefieur 
Cavelier  tint  pour  aller  des  Cenis  aux  Alkanfa,  après  la 
more  du  fieur  de  la  Sale ,  fon  frere.  On  dit  que  ce  peuple 
s'eft  retiré  plus  bas ,  au  nerd  de  la  rivière  Rouge  ôc 
de  celle  des  Ouanahinan. 

N  ABITI ,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  la  Louïiiane.  11  demeure  au  bord  de  la  rivière 
Ouatchitas ,  entre  les  Chiakantefou  ôc  les  Ouana- 
hinan. 

NABIUS,  fleuve  de  l'Espagne  Tarraconnoife,  félon 
Ptolomée,  /.  2.  c,  6.  qui  place  Nabii fluminis  oflïa , 
entre  Mctariflttmittis  oftia  ôc  Navil'ovionis  ftuminis  oftia. 
Pomponius  Mêla  ,  A3,  c.  \.  nomme  ce  fleuve  Narius , 
félon  Pintaur.  Les  autres  éditions  portent  [via. 

NABLA,  ville  de  la  Sarmatie  Afiaiique.  Ptolomée, 
/.  j.  c,  9.  la  place  auprès  du  fieuveCorax.  Ses  interprè- 
tes lifent  Naana  au  lieu  de  Nabla. 

i.NABO,  ou  Nebo  ,  ville  de  la  tribu  de  Ruben. 
Comme  elle  croit  au  voifinage  du  pays  de  Moab,  les 
Moabites  s'en  rendirent  maîtres  ;  ôc  du  tems  de  Jéré- 
mie  elle  étoit  à  eux.  *  Jerem.  48.  1.  Narn.  32  38. 

2.  NABO  ,  ou  Nf.bo  ,  ville  de  la  tribu  de  Juda  (  a). 
C'eft  apparemment  le  village  de  Nabau,à  huit  milles 
d'Hébron,  vers  le  midi  (b  )  ôc  qui  étoit  défère  du  tems 
d'Eufébe  &  de  faint    Jérôme,  (a)  I.    Esdr.   11,29, 

10,  43.  &\l.  Esdr.  7  ,  33.  (  b  )  Dum  Calmet ,  Diction- 
naire. 

5.  NABO  ou  Nebo  ,  montagne  au-delà  du  Jour- 
dain. C'eft-là  que  Moïfe  mourut.  Voyez.  Nïbo.  *  Deut. 
•32.  49. 

4.  NABO  ,  cap  du  Japon  ,  que  les  Hollandois  nom- 
ment cap  de  Goerée.  C'eft  le  plus  fcptentrional  de  la 
côte  orientale  de  la  grande  ifle  Niphon ,  par  les  39 
deg.  45  min.  de  latitude  nord.  Voyez.  Nato.  *  Père  de 
Gurlevoix. 

N  ABOR  ou  S.  Nabor  ,  abbaye  de  France  ,  en  Lor- 
raine ,  diocèfe  rie  Metz.  Saint  Fridolin  ,  abbé  de  Saine 
Hilaire  de  Poitiers ,  quittant  le  Poitou  pour  aller  s'ha- 
bituer en  Allemagne  ,  fonda  placeurs  monafteres  fur 
la  route.  L'un' des  plus  célèbres  fut  celui  qu'il  fît  bâtit- 
vers  Pan  516,  dans  le  diocèfe  de  Metzs  ,  fous  le  nom  de 
Saint  Hilaire  de  Mofelle  ,  quoique  fort  loin  de  cette 
rivière  ;  mai  en  765,  faint  Chrodegung,  évêque  de  Metz, 
y  ayant  dépofe  le  corps  du  martyr  faint  Nabor ,  qu'il 
avoit  eu  des  cimetières  de  Rome ,  le  monaftere  de  Saine 


NAC       4&Î 


Hilaire  de  Mofelle  changea  de  nom  &  fut  appelle  l'ab- 
baye de  S.  Nabor.  *  Tupug.  des  Saints  ,  p.  3  30. 

NABOTH  ,  ville  bâtie  par  les  enfans  de  Ruben.  La 
verfion  Chaldéenne  lit  Nebo.  Voyez.  Nebo  i.  ôc  Nobe.  * 
Num.  32.  38. 

•  NABOUZAN.  Voyez.  Nebouzan. 

NABRUM  ,  fleuve  d'Aile  .dans  la  Gédrofie.  Pline, 
L.G.C.  33.  dit  qu'il  efl  navigable. 

NACANNE  ,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale, dans  la  Louïiiane,  au  bord  oriental  delà  rivière 
des  Cenis  vers  le  haut  de  ce  fleuve. 

NACACHES ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  Louïiiane.  Il  habite  à  l'occident  du  Mifnifipi* 
au  bord  de  la  rivière  que  le  fieur  Tonti  appelle  Ono» 
royfte,  c'elt-à-dire  rivière  Rouge. 

NACADUMA,  ville  de  Pille  de  Taprobane.  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c.  4.  la  place  dans  les  terres  auprès  de  Vlis- 
pada. 

NACCARARUM ,  ancien  nom  d'un  marais  dans 
l'Espagne  Tarraconnoife,  félon  Ortelius.  Avienus  ,  On 
Mark.  t».  492  ,  en  fait  mention  dans  ces  vers  ; 

Palus  per  Ma  Naccararum  extenditur  : 
Hoc  nomen  ifti  nam  paludi  mos  dédit , 
Stagnique  medioparva  furgit  infula , 
Ferax  olivi ,  &  bine  Minerv&ftatfacra. 

NACCHEB  ,  ville  de  la  Tartaric  ,  dans  la  Transoxia- 
ne.  On  la  nomme  affez  fouvent  Carchi ,  ôc  quelquefois 
Nesef.  Voyez.  Nekshcheb.  *  Petis  de  la  Croix,  Hift.  de 
Timur,  1.  3.  c.  7. 

NACCH1DGEHAN.  C'eft  le  nom  du  palais  du  roi 
de  Perle  à  Ispahan.  *  Petis  de  la  Croix  ,  Hiit.  d«  Timur  t 
c.  27. 

NACCHIVAN,  ville  de  l'Arménie,  dans  la  partie 
de  cette  province  dont  elle  eft  la  capitale.  Les  hiftoires 
de  Perfe  font  foi  que  Nacchivan  a  été  une  des  plus 
grandes  &  des  plus  belles  villes  de  l'Arménie.  L'hiftoire 
qui  fe  garde  dans  le  célèbre  monaftere  des  Trois  Eglifes, 
porte  que  cette  ville  efl  l'ancienne  Ardaschad  ,  nommée 
Artaxate  Ôc  Artaxafate  pir  les  écrivains  Grecs.  D'autres 
auteurs  Arméniens  font  Nacchivan  encore  plus  ancien- 
ne. Ils  difent  que  Noé  commença  à  la  bâtir,  ôc  qu'il 
y  établit  fa  demeure  après  le  déluge.  Ils  rapportent  à 
cette  origine  l'étymologiedu  nom  Nacchivan  ,  qui ,  félon 
eux  ,  fignine  envieux  arménien  ,  première  habitation  ou 
premier  hospice.  Ptolorhée  ,  /.  j.c.  13.  fait  mention  en 
cet  endroit  d'une  ville  qu'il  nomme  Naxuana  ,  ce  pour- 
roit  être  Nacchivan.  On  croit  que  c'eft  la  fameufe 
Artaxate ,  ou  du  moins  qu'Artaxate  en  étoit  fituée  fort 
proche.  Tacite  dit  que  l'Araxe  pafïbic  près  de  la  ville  j 
ôc  ce  fleuve  n'eft  qu'à  fept  lieues  de  Nacchivan.  La 
hauteur  du  pôle  fur  fon  horizon  eft  marquée  fur  les 
aflrolabes  perfans ,  38  deg.  40  min.  ôc  la  longitude 
81  deg.  34  min.  *  Chardin,  Voyage  à  Ifpahan,  t.  2.  p„ 
30f. 

Les  ruines  que  l'on  y  voit  aujourd'hui  (a)  témoignent 
aufïï  fon  ancienneté  ,  ôc  marquent  combien  elle  a  fouf- 
fert  par  les  guerres  ,  fur-tout  de  la  barbarie  d'Amurath 
qui  la  ruina.  Il  ne  laifla  fur  pied  aucune  de  ces  fuper- 
bes  mosquées  que  les  fecïateurs  d'Aly  avoient  fait  bâtiri 
Les  Turcs  les  croyoient  impures:  de  même  les  armées 
des  Perfans  ruinèrent  les  mosquées  des  Turcs  par  une 
jaloufie  de  fe&c  (  b).  Nacchivan  n'eft  proprement  au- 
jourd'hui qu'un  grand  ôc  prodigieux  amas  de  ruines  qu'on 
relevé  ôc  qu'on  repeuple  peu  à  peu  :  il  n'y  a  que  le 
chœur  de  la  ville  qui  foit  rebâti  ôc  habité.  On  y  voie  de 
beaux  bazars  ou  rues  couvertes  ,  remplies  de  boutiques  i 
on  y  vend  toutes  fortes  de  marchandifes  ôc  de  denrées. 
Il  y  a  cinq  caravanferais,  des  bains,  des  marchés ,  ai 
grands  cabarets  à  tabac  &  à  café,  ôc  deux  mille  maifons 
ou  environ.  Les  hiftoires  du  pays  affurent  qu'il  y  a  eJ 
autrefois  quarante  mille  maifons.  Le  fauxbourg  eft  périt 
ôc  fes  maifons  reflernblent  à  des  grottes,  (a)  Carerïi 
Voyage  autour  du  monde  ,  t.  2.  p.  18.  (b)  Chardin. 

On  voit  proche  de  Nacchivan  un  grand  édifice  de 
briques ,  haut  de  près  de  70  palmes  ,  octogone  ôc  ter- 
miné par  une  aiguille  :  on  y  entre  par  une  grande  porte  ', 
on  monte  par  un  escalier  en  limaçon  à  deux  tour? 
fort  élevées  qui  foin  de  chaque  côté  ,  fans  avoir  de  «©iîi-^ 


4-6 


NAC 


NAD 


nmnication  avec  l'aiguille.  On  dit  que  Tamcrlan  le  fit 
faire  ,  quand  il  alla  à  la  conquête  de  la  Perfe.  La  ville 
Se  le  pays  qui  en  dépend  font  gouvernés  par  un  kan. 
Il  eft  bon  de  remarquer  ici  que  cette  ville  fert  de  titre 
à  l'archevêque  des  Arméniens  Catholiques,  qui  réfideau 
monaftere  d'Abrener ,  fitué  tout  près ,  avec  un  bourg. 
Ce  Prélat  eit  élu  par  les  Arméniens  qui  habitent  une 
douzaine  de  bourgs  aux  environs  de  Nacchivan.  Les 
■religieux  de  faint  Dominique  font  leurs  feuls  ecciéfiafti- 
ques  ,  &  c'eft  parmi  eux  qu'ils  choififient  l'archevêque. 
Le  pape  le  confirme  après  fon  élection. 
NACE.  Voyez.  Ptolemaide. 

NACHABA  ,  ville  de  l'Arabie  déferre.  Ptolomée , 
l.$.c.  19.  la  place  dans  le  voifinage  de  la  Méfopota- 
mie,  entre  Artemita  &  Dumxtha.  Au  lieu  de  Nacha- 
ba  ,  les  interprètes  lifent  Banacha. 

NACHAL  ou  Nehel  Escol  ,  c'eft-à-dire  le  torrent 
de  la  Grapc.  Voyez.  Nehel-Escol. 

NACHES  .  peuples  de  l'Amérique  feptenttionale , 
dans  la  Louiïiane.  Voyez,  Natchïs  ,  qui  eft  le  vrai 
nom. 

NACHITOCHES ,  peuples  de  l'Amérique  fepten- 
trionale.  Voyez,  Natchicotes. 

NACHOD ,  principauté  du  royaume  de  Bohême,  dans 
le  cercle  de  Konigingrats.  Elle  appartient  à  la  maifon 
de  Picolomini. 

NACHON.  Il  eft  parlé  de  l'aire  de  Nachon  ,  dans  le 
fécond  livre  des  Rois ,  c.  6.  v.  6.  Ainfi  Nachon  ,  dit  D. 
Calmer,  Ditt.  devroit  être  un  nom  d'homme  ,  qui  ne 
nous  eft  connu  par  aucun  autre  endroit  de  l'écriture  , 
que  par  celui  où  il  eft  dit  que  quand  les  bœufs  qui  por- 
toient  l'arche  furent  arrivés  à  l'aire  de  Nachon ,  ils  com- 
mencèrent à  regimber  ;  ce  qui  ayant  mis  l'arche  en  dan- 
ger d'être  renverfée ,  Oza  y  voulut  mettre  la  main  , 
&c.  Mais  d'autres  traduifent  l'hébreu  }>33  pa  *iy  par 
l'aire  préparée,  l'aire  d'Obédédom,  que  l'on  trouva,  près 
delà  ,  dispoféc  pour  y  placer  l'aiche.  Les  livres  des 
Paralipoménes ,  /.  Par.  13.9.  lifenc  l'aire  de  Chidon, 
au  lieu  de  l'aire  de  Nachon-,  le  Chaldécn  dit  fimple- 
ment  ,  au  lieu  préparé.  Ce  lieu  ,  quel  qu'il  foit ,  étoit 
eu  dans  Jérufalem  ,  ou  fort  près  de  Jérulalcm  &  de  la 
maifon  d'Obédédom  qui  étoit  dans  cette  ville.  II.  Reg. 
6.  10.*  D.Calmet,mù.. 

NACHOR  ,  ville  de  Méfopotamie  ,  fuivant  les  Sep- 
tante ,  Se  de  Syrie  auprès  de  l'Euphrate  ,  fuivant  le 
Chaldécn.  11  en  eft  parlé  dans  la  Genéfe  ,  c.  24.  v.  ic. 
où  au  lieu  de  Nachor ,  Jofephe1  lit  xàppai.  On  croit  que 
c'eft  la  ville  de  Haran  ,  qui  eft  nommée  la  ville  de  Na- 
chor dans  deux  autres  endroits  de  la  Genéfe  ,  c .  20.  v. 
20.  21.  22. 

NACHSHAB  ou  Nasaph  ,  ville  de  la  grande  Tar- 
tarie  ,  dans  le  Mawaralnahar ,  fur  la  frontière.  Nachshab 
eft  le  nom  que  les  étrangers  donnent  à  cette  ville: les 
Arabes  la  nomment  Nalaph.  Elle  eft  fituée  dans  une 
plaine.  Les  montagnes  en  font  éloignées  de  deux  jour- 
nées de  chemin  du  côté  du  fleuve  de  Cash.  Entre 
Nachshab  Se  Jihun ,  il  y  a  un  défert  :  tout  le  refte  du 
pays  eft  fertile.  Cette  ville  fournit  ordinairement  un 
gr.ind  nombre  de  favans.  Selon  Alfaras  ,  elle  eft  fituée  à 
88  deg.  40  min.  de  longitude  &  à  xy  deg.  o  min.de 
latitude;  mais ,  fuivant  Albiruni,  elle  n'eft  qu'à  88  d.  o 
min.  de  longitude,  &  à  39  deg.  50  min  de  latitude.* 
Abulfeda  ,  Chorafmiar,  &c.  defeript.  p.  60. 

N  ACIS  ,  village  d  Ethiopie  ,  que  Ptolomée ,  /.  4.  c.  7. 
place  fur  le  bord  occidental  du  Nil,  entre  Mori  Se  Ta- 
thif. 

NACKEL ,  château  de  la  grande  Pologne ,  dans  le 
Palatinat  de  Kalisch  ,  au  nord  de  Gnesne ,  fur  la  rive 
droite  du  Notecz.  Uladiflas  Herman  ,  roi  de  Pologne, 
fut  obligé  l'an  1092,  d'en  lever  le  liège  ,  après  avoir 
perdu  une  partie  de  fes  troupes.  *  De  I'Ijle ,  Aths.Andr. 
Cellar.  Polon.  defeript.  p  499. 
NACLENSES.  F^Thessalie. 
NACLES,  ville  de  la  Phénicie ,  auprès  d'Héliopo- 
lis,  félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Suidas. 

NACMUSII ,  peuples  de  la  Mauritanie  Céfarienfe. 
Ptolomée,  /.  4.  c.  2.  les  place  derrière  le  mont  Durdus 
avec  les  Tolou  Se  les  Elulii,  jusqu'aux  montagnes  Gara- 
phes. 
NACOLE.  Vojtz,  Nacoma. 


NACOLEIA  ,  ville  de  la  grande  Phrygie ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  j.  c.  2.  Se  Strabon ,  /.  t2.  Etienne  le  géogra- 
phe Se  Ammian  éciivent  Nacdia  ,  NetK&Ai'a.  Suidas 
dit  Nacoleum  Se  Nacoleia,  mettant  ce  dernier  mot  au 
pluriel  ;&  Leunclavius  lit  Einagiol.  Selon  d'Herbclor, 
Biilwth.  orient,  cette  ville  eft  fituée  auprès  d'un  lac  que 
les  Turcs  appellent ,  aufîi  bien  que  la  ville  ,  Ainehghiol. 
Ce  lac  eft  le  Sangarius  des  anciens.  Comme  il  forme 
un  marais  ,  d'Herbelot  a  pu  lui  donner  le  nom  de  lac. 
Cette  ville  a  été  épiscopale  :  Bafiluts ,  fon  évêque ,  fou- 
ferivit  au  concile  de  Chalcédoine  ,  tenu  l'an  4;  1  ,  Se 
Phoiius  à  celui  de  Conftantinople  ,  de  l'an  870. 

NACONA  ,  en  grec  Nuxgv»,  ville  de  Sicile  ,  félon 
Etienne  le  géographe  ,  qui  cite  Philiftus.  Phavorinus , 
Lexic.  écrit  N«ko?w. 

NACONENS1S  Colonia.  Onuphre,  Ex  Ulpia- 
no.  fait  mention  de  cette  colonie ,  Se  la  met  dans  la 
Syrie. 

NACRAS  A,  ville  de  Lydie,  félon  Ptolomée,  /.  ;.<•. 
2.  qui  la  met  entre  Hiero-Cxfarea ,  &  Tbyatire. 

NACRI.  Voyez,  Campi  Ma  cri. 

NACRIA  ou  Nucria,  ville  de  la  Tyrfénie,  félon 
Etienne  le  géographe  Se  Suidas.  Il  fe  pourroit  faire  que 
ceferoit  Nuceria.  '  Ortelii  Thefaur. 

NACSIA.  %«.Naxe. 

NACSIVAN  ,  ville  de  Perfe  ,  dans  la  province  d'A- 
ran  ,  au  39  deg.  ij  min.  de  latit.  Elle  pafle  pour  erre 
une  des  plus  anciennes  de  toute  la  Perfe  ;  mais ,  comme 
elle  a  beaucoup  fouffert  dans  les  dernières  guerres  entre 
les  Turcs  Se  les  Pcrfans ,  elle  eft  fort  déchue  :  Schek 
Abas  le  grand  a  encore  achevé  de  la  ruiner  ,  craignant 
que  les  Turcs  ne  s'en  prévaluflent  contre  lui.  *  Hiji. 
généalogique  des  Tatars  ,  p.  428. 

NACUENSII  peuples  de  la  Mauritanie  Ccfariehfe. 
Ptolomée ,  /.  4.  c.  2.  les  met  au  pied  des  monts  Gara- 
phes.  Les  interprètes ,  au  lieu  de  Natucnfîi ,  écrivent 
Acitcifii. 

N  ADDAUER  ,  grande  ville  d'Ethiopie  ,  félon  Orte- 
lius, qui  cite  Abdias  le  Babylonien,  in  Vita  Matthœi 
Api'ft.  Se  Fortunat ,  de  Partu  Virginis  ,  &  de  atemx  vit* 
gaitdiif. 

NADER,  ville  des  Indes  orientales,  dans  llndouftan. 
Elle  eft  éloignée  d'Agra  de  60  lieues ,  Se  fe  trouve  fur 
la  route  de  cette  ville  à  Surate.  On  ne  compte  que 
quatre  lieues  de  Nader  à  Gâte.  Nader  eft  une  grande 
ville  fur  la  pente  d'une  montagne  ,  au-deffus  de  laquelle 
il  y  a  une  forterefle;  Se  toute  la  montagne  eft  entourée 
de  murailles.  La  plupart  des  maifons  font  couvertes 
de  chaume  ,  Se  n'ont  qu'un  étage.  Celles  des  gens  riches 
vont  jusqu'à  deux  étages ,  Se  font  en  terrafle.  On  fait 
à  Nad^r  quantité  de  couvertures  piquées  ,  les  unes  blan- 
ches, les  autres  brodées  en  or,  en  argent  ou  en  foie.* 
Tavernier  ,  Voyage  des  Indes  ,1.  1.  p.  42. 

On  trouve  aux  environs  de  certe  ville  pluficurs 
grands  étangs  ,  qui  ctoient  autrefois  revêtus  de  pierres 
de  taille,  Se  que  l'on  a  négligé  d'entretenir.  A  une  lieue 
de  la  ville  il  y  a  quelques  lépulrures  remarquables.  La 
même  rivière  qu'on  pafle  avant  que  d'arriver  à  Nader, 
Se  qu'on  reparle  quatre  ou  cinq  lieues  au-delà,  entoure 
les  trois  quarts  de  la  ville  Se  de  la  montagne,  dont 
elle  fait  comme  une  presqu'ifle ,  Se  ,  après  un  long 
cours  ,  en  ferpentant  ,  elle  va  fe  rendre  dans  le 
Gange. 

NADIN  (a)  y  petite  ville  de  laDalrqatie,  fur  une 
montagne  ,  dans  le  comté  de  Zav/a.  Elle  eft  à  fept  milles 
de  la  côte  du  golfe  de  Venife  ;  à  dix  d'Urana  &  à  quinze 
de  la  ville  de  Zara.  Elle  fut  piife  en  premier  licu(/>) 
par  les  Turcs  en  1539.  Les  Vénitiens  la  leur  enlevè- 
rent en  1647.  Ils  la  rendirent  au  Turc  à  la  paixdeCan^ 
die  -,  mais  enfin  ils  s'en  rendirent  de  nouveau  les  maîties 
en  1684  ,  Se  la  détruifirent  enfdrte  qu'on  n'en  voit  plus 
aujourd  hui  que  les  ruines,  (a)  Corneille ,  Ditt.  (b)  Fres- 
thor.  Memor.  geogr.  délia  Dalmatia.  p.  283. 

NADIR  (Le)  ,on  appelle  ainfi,  en  géographie  ,  l'ex- 
trémité inférieure  d'une  ligne  que  l'on  conçoit  pafferpar 
le  centre  de  l'horizon  d'un  homme  qui  eft  debout.  Nous 
avons  obfervé  ailleurs  que  fon  horizon  le  fuit  par  tout: 
car  fi  nous  fuppofons  un  homme  marchant  dans  une 
plaine  où  la  vue  n'eft  bornée  par  aucun  objet  plus  élève 
que  le  relie ,  il  apperçoit  autour  de  lui  tous  les  objet? 


NJEF 


qui  fe  trouvent  dans  une  certaine  diftance  ;  &  fa  vue 
forme  autour  de  lui  un  cercle  d'autant  plus  régulier  que 
le  terrein  fera  plus  égal  &  plus  de  niveau.  S'il  avance  , 
il  perdra  à  la  vérité  la  vue  de  certains  objets  qu'il  laide 
derrière  Ilu  ,  mais  il  en  regagne  autant  devant  lui  ;  de- 
forte  qu'a  vrai  dire ,  il  ne  perd  rien  ,  &  ne  fait  que  chan- 
ger d'ob;cis.  Or ,  h  l'on  imagine  une  ligne  auifi  longue 
que  l'on  voudra ,  &  qui  coupe  perpendiculairement  le 
plan  de  cet  horizon  d.ms  le  centre ,  en  palTant  par  la  tête 
&  par  les  pieds  de  cet  homme  ,  que  nous  fuppofons  de- 
bout ,  cette  ligne  aura  deux  extrémités ,  l'une  au-deflus 
de  fa  tête ,  1  autre  fous  fes  pieds.  Nous  avons  pris  des 
Arabes  deux  noms  pour  défigner  ces  extrémités.  Nous 
appelions  la  Supérieure  Zenith  ,  &  l'inférieure  Nadir. 
On  devroit  dire  Natir  ;  l'arabe  étant  TOa  hx  ,  al- 
Natir  ,  du  verbe  1133  ,  Natar  ,  voir  ,  confidérer  ,  ob- 
ferver,  remarquer  -,  mais  ce  13  ou  t ,  eft  pondue  &  fe  pro- 
nonce en  arabe  comme  d.  Ainfi  nous  écrivons  Se  pro- 
nonçons Nadir.  Voyez  Zenith. 

NADOUBAH,  ville  du  pays  que  les  Arabes  appel- 
lent Kofarah  ,  qui  eft  la  Cafrerie  ,  &  qui  eft  diftingué 
du  pays  des  Zinges ,  qui  eft  le  Zanguebar.  Cette  ville 
eft  éloignée  de  celle  de  Beroah ,  environ  de  trois  jour- 
nées par  mer  -,  &  elle  eft  à  pareille  diltance  de  Melinde  , 
qui  eft  au  pays  des  Zinges.  *  D'Hcrbelot ,  Biblioth. 
orient. 

NADOUESSANS ,  ou  Nadouessioux  ,  ou  Nx- 
douessions,  peuples  fauvages ,  dans  l'Amérique  fep- 
rentrionale.  Ils  ont  leur  demeure  vers  le  lac  des  Iffati , 
à  foixante  &  dix  lieues  à  l'oueft  du  lacfupérieur.  Il  eft 
impoiîible  d'aller  par  terre  de  l'un  à  l'autre  ,  à  caufe 
des  terres  marécageufes  &  tremblantes  qui  font  entre- 
deux. On  peut  y  aller  en  raquette  ,  quand  il  y  a  de  la 
neige.  Si  le  voyage  n'eft  pas  impoiîible  par  eau  ,  il 
n'eft  pas  fans  difficulté,  parce  qu'il  y  a  plufieurs  por- 
tages, ë<  que  d'ailleurs  on  eft  obligé  de  faire  plus  de 
cent  cinquante  lieues  de  chemin  ,  par  les  détours  qu'on 
eft  forcé  de  prendre.  Aux  environs  de  ce  lac  des  Is- 
fati  ,  il  y  en  a  quantité  d'autres ,  d'où  fortent  plufieurs 
rivières',  fur  les  bords  desquelles  habitent  les  Iffati  ,  les 
NadouefTans,  lesTintonha,  c'eft-à-dire  ,  gens  de  prai- 
rie j  les  Ouadebathon ,  ou  gens  de  rivière  ;  les  Chongas- 
keton  ,  nation  du  Chien  ou  du  Loup  -,  le  mot  de  Chon- 
ga  lignifiant  chez  ces  peuples  un  chien  ou  un  loup.  Il 
y  a  encore  plufieurs  aunes  nations  comprifes  fous  le 
nom  général  des  NadouefTans.  Tous  ces  Barbares  peu- 
vent faire  huit  ou  neuf  mille  hommes  de  guerre  :  ils 
font  vaillans,  grands  coureurs,  &  très-bons  archers.  * 
Le  père  Hemtpin  ,  Nouvelle  découverte  dans  l'Améri- 
que feptentrionale  ,  chap.  4.  Amfterdam  ,  1688.  Corn. 
Diction. 

NADRAVIE  ,  ou  Nadrovie  ,  province  du  royaume 
de  Pruffe,  dans  le  cercle  de  Samland.  Elle  eft  bornée 
au  nord  par  la  Sclavonie  ,  a  l'orient  par  le  fleuve  Nié- 
men ,  au  midi  parleBiff,  &  à  l'occident  par  le  Sam- 
land propre.  La  petite  ville  de  Labiaw  eft  le  lieu  le  plus 
confidérable  de  cette  province ,  dont  les  rivières  princi- 
pales font 

» 

La  Wippe  ,       Le  Schilup  ,  L'Infter , 

Le  Lauckne ,     Le  Niémen ,  Le  Schhkup , 

Le  Neuken  ,     L'Iodup  ,  Le  Biff, 

Le  Meldanck  ,  L'Eimen ,  Le  Deme  , 

L'Argo,  Le  Nipot ,  LeSwerupe, 

Le  Schenecke,  Le  Strige  ,  Le  Mavers. 

*  Zeyler  ,  topog.  Electorat.  Brandeburg. 

N/EFELS,  ou  N^hefels,  en  latin  Navalia  ,  bourg 
de  Suiffe ,  dans  le  canton  de  Glaris ,  fur  la  Lint.  Ce 
bourg  eft  fort  joli.  Il  y  a  fur  la  rivière  un  pont  qui  con- 
duit à  Mullis  ou  Mollis ,  beau  &  grand  village.  Quel- 
ques-uns prétendent  que  N^fels  eft  un  mot  corrom- 
pu du  latin  Navalia  ,  &  quec'étoit  autrefois  un  port , 
fur  le  lac  de  Wahleftatt ,  qui  s'étendoit  jusques-là.  On 
remarque  dans  ce  lieu  deux  bâtimens  magnifiques  : 
l'un  eft  le  palais  de  l'illultre  maifon  de  Frauilers ,  & 
l'autre  un  couvent  de  Capucins ,  fitué  fur  une  hau- 
teur ,  &c  conftruit  de  manière,  qu'il  peut  fervir  de  cita- 
delle en  cas  de  befoin.  Il  a  été  bâti  à  l'endroit  où  étoit 
autrefois  un  fort  château  ,  qui  fervoit  de  réfidence  aux 


NJES      463 


gouverneurs  du  pays ,  lorsqu'il  étoit  fous  la  domina- 
tion de  la  maifon  d'Autriche.  Ce  château  s'appelloit 
anciennement  Burg-Stock ,  &  fon  nom  eft  maintenant 
Mariebourg.  Le  château  fut  rafé  en  1352,  &  le  cou- 
vent a  été  bâti  en  1677  ,  &  dédié  en  1679.*  Etat  & 
délices  delà  Suiffe ,  t.  2.  p.  470. 

N^GELSEE ,  petit  lac  de  la  Suiffe ,  dans  le  comté 
de  Bade  :  il  eft  fur  une  montagne-,  il  appartient  à  l'abbé 
de  Wettingen,  &  il  fournit  une  grande  quantité  de 
poiflons.  *  Etat  &  dtlices  ae  Li  Sitijfe  ,  t.  3.  p.  144. 

N/ELDWICK,  viliage  de  Hollande,  dans  le  Del- 
fland  ,  à  deux  lieues  de  Delft  ,  &  à  une  petite  lieue 
de 'sGravefend.  Ce  viliage  eft  ancien.  *  Dut.  géugraph. 
des  Pays-Bas. 

N^ELUS.  Voyez,  Melsus. 

N/EPAPHA  ,  village  de  Galilée.  Jofeph  ,  in  vitafua. 
dit  qu'il  le  fit  fortifier. 

N  AERDEN  ,  petite  ville  des  Pays-Bas,  dans  la  Hol- 
lande ,  fur  le  Zuiderfée,  a  quatre  lieues  d'Amfteidam  , 
&  à  même  diltance  ou  environ  d'Utrccht.  Elle  eU  la 
capitale  du  Goyland.  Sa  fondation  ne  remonte  pas  au- 
delà  du  milieu  du  quatorzième  fiécle.  Des  lettres  pa- 
tentes de  Guillaume  de  Bavière  ,  données  l'an  1350, 
en  font  foi.  On  y  voit  que  l'ancienne  ville  de  Naerden  , 
ayant  été  brûlée  &  détruite,  on  penfa  à  en  bâtir  uns 
nouvelle.  L'ancienne  étoit  aufli  bâtie  fur  le  Zuiderfée, 
cv'  fes  ruines  en  ont  été  fubmergées.  Lorsque  l'eau  eft 
baffe,  on  découvre  encore  aujourd'hui  les  veftiges  des 
principaux  édifices.  Il  ne  feroir  pourtant  pas  aifé  de 
marquer  précifément  en  quel  tems  cette  ville  fut  incen- 
diée ik  ruinée.  La  plupart  des  écrivains  rapportent  cet 
événement  au  tems  de  Jean  d'Arckcl  ,évêqued'Utrecht. 
On  fait  que  ce  prélat  eut  en  1348  une  rude  guerre  avec 
Guillaume  de  Bavière.  On  conjecture  que  la  ville  de 
Naerden  s'y  trouva  mêlée.  Cette  première  ville  s'appel- 
loit Naerdinc.  Ceft  du  moins  le  nom  qui  lui  eft  don- 
né en  1233  ,  dans  des  lettres  de  Gilbert  d'Amftel,  à 
l'abbeffe  &  aux  religieufes  du  couvent  de  Reinfburche  ; 
au  bas  de  ces  lettres  on  lit  :  Daatm  in  Naerdinc  ,  &c. 
Les  habitans  de  cette  ancienne  ville  rendirent  en  1296 
de  grands  fervices  à  Florent  V  ,  comte  de  Hol- 
lande. 

Les  fondemens  de  la  nouvelle  Naerden  ayant  été 
jettes,  Guillaume  de  Bavière,  dans  la  vue  d'y  attirer  des 
habitans,  accorda  en  1355  ,  diverfes  immunités  à  Ces 
habitans.  Elle  fe  peupla  en  fi  peu  de  tems  ,  que  dès 
l'année  fuivante  ,  elle  fut  en  état  de  tenir  tête  à  ceux 
d'Amersford  ,  fur  qui  elle  eut  même  l'avantage.  En 
1472,  Charles  de  Bourgogne  ,  comte  de  Hollande, 
donna  aux  habitans  de  Naerden  des  lettres  ,  par  les- 
quelles il  leur  promettoit  que  leur  ville  ne  feroit  jamais 
feparée  du  comté  de  Hollande.  Les  habitans  d'Utrecht 
ayant  furpris  en  1481  la  ville  de  Naerden  >  elle  ne  fe 
racheta  que  moyennant  une  groffe  fomme  d'argent  ; 
mais  la  même  année  les  habitans  de  Naerden  eurent 
leur  revenche  ,  ils  entrèrent  en  armes  fur  le  territoire 
d'Utrecht  j  ils  y  raferent  quelques  châteaux  ,  livrèrent 
un  combat ,  dans  lequel  quinze  cens  de  leurs  ennemis 
demeurèrent  fur  la  place ,  &  remportèrent  un  butin 
confidérable.  Des  dépouilles  des  habitans  d'Utrecht ,  ils 
bâtirent  une  tour  ,  fur  laquelle  ils  mirent  cette  inferi- 
prion  :  Swiicht  Utrecht, c'eft-à-dire, tais-toi,  Utrecht. 
En  i486  ,  la  ville  de  Naerden  fut  presque  toute  ré- 
duite en  cendres,  par  un  embrafement  arrivé  par  acci- 
dent. Les  Espagnols,  qui  la  prirent  en  IJ72  ,  y  firent 
un  grand  carnage  ;  &  les  François  s'en  étant  rendus 
maîtres  en  1672,  le  prince  d'Orange  la  reprit  fur  eux 
un  an  après.  Comme  cette  ville  eft  à  la  tête  des  canaux 
de  la  province  de  Hollande ,  on  y  a  fait  de  bonnes 
fortifications  avec  de  doubles  foffés.  L'églife  paroiffiale 
étoit  dédiée  à  faint  Vit.  Elle  fut  bâtie  en  1440.  Il  y 
avoit  un  couvent  de  religieufes  de  faint  François  ,  Se 
près  de  la  ville  un  prieuré  de  chanoines  réguliers  ,  fon- 
dé en   1400. 

NAERDINC.  Voyez.  Naerden. 
Ni£SOPOLlS  ,  en  grec  NHa-ovwo'*/?,  place  que  fit  forti- 
fier l'empereur  Juftinien  ,  &  dont  Procope,  /.  4.  Edif.  c. 
1.  de  latraduElion  de  Coit/tn,  parle  ainfi  :  »  Il  a  réparé  de 
»  telle  forte  les  murailles  de  Sardique,  de  NaÏsopole,  de 
»  Germane  &  de  Pantalie  ,  qu'elles  font  maintenant  im- 


464        NAG 

»  prenables.  Il  â  fondé  tout  auprès  trois  autres  villes  , 
y  Cratiscar,Quimedabe,  &  Rumifiene,  parce  qu'il  avoic 
»  deiîein  que  le  Danube  fervîr  comme  de  rempart  à  l'Eu- 
»  rope ,  Se  à  toutes  les  places  que  je  viens  de  nommer.  » 
Ortelius,  Thefaur.  croit  que  Njïsopolis  pourroit  être 
la  même  ville  que  Keu  ira-os. 

NAESSON  ,  ville  épiscopale  ,  aux  frontières  de  la 
Perfe  ,  félon  Métaphrafte  dans  la  vie  de  fainte  Acepfime. 

NAESSOS.  Voyez.  Nessus. 

NAETyE,  peuples  aux  environs  du  Pont-Euxin  ,  félon 
Onelius  ,  qui  cite  Orphée ,  in  Argonaut. 

N^EVIA  SILVA.  On  appelloit  ainfi  une  forêt  à  qua- 
tre milles  de  Rome  ;  la  mai  fou  d'un  certain  Nacvius,  bâtie 
dans  ce  quartier  ,  lui  avoit  fait  donner  ce  nom.  Vairon  , 
/.  4.  de  L.  L.  fait  mention  de  N&v'ia  Silva  Se  de  Nœvia 
porta,  C'eft  aujourd'hui  Porta  Majore.  *  Sexti  Pomp. 
Fcfti ,  de  verb.fgnif.  1.  12. 

NAFA.  Voyez,  Hafa. 

N AFIA  ,  Naphia  ou  Naphitia  ,  petit  lac  de  la  val- 
lée de  Noto  ,  en  Sicile ,  auprès  de  Mineo  ,  en  tirant  vers  le 
nord.  On  le  nommoit  anciennement  Valicorum  Lacus  : 
il  eft  au  midi  de  P  alicor  umT  emplum  ;  &  l'on  voit  fur  fes 
bords  les  ruines  de  l'ancienne  Palica.  *  De  t'Ifle  ,  Carte 
de  la  Sicile. 

N  AGADEBA  ,  en  grec  Nayet^ti^*.  Ptolomée,  /.  7.  c.  4. 
nomme  ainfi  une  des  treize  cens  ("oixante  Se  dix  huit  ifies 
qu'on  difoit  être  devant  l'ifle  de  Taprobane. 

NAGADIBA  ,  ville  de  l'iile  de  Taprobane,  furla  côte  , 
appellée  Litus  Magnum.  Ptolomée ,/.  7.  c.  4.  la  place 
entre  Spatana  Portas  Se  Famifinus. 

NAGADIBI,en  grec  N*>a<r»/3«'a/,  peuples  de  l'ifle  deTa- 
probane.  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  4.  les  met  avec  les  Anuro- 
grammi  dans  la  partie  la  plus  feptentrionale  de  l'ifle,  fous 
les  Galibi  Se  les  Mitdutu. 

NAG  AI  A  ,  partie  de  laTartarie  ,  entre  les  rivières  de 
Wolga  Se  d'Iaïka  :  elle  s'étend  jusqu'à  la  mer  Caspienne. 
Voyez,  Tartares-Ncgaïs. 

1 .  N  AG  AR  A,  ville  métropole,  dansl'Arabic  Heureufe , 
félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  107. 

2.  NAGARA,  ville  des  Indes  en-deçà  du  Gange.  Voyez, 

DlONYSOPOLIS. 

NAGARGARITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  , 
dans  la  province  proconfulairc.  Vitlorinus  ,  fonévêque, 
fouferivit  au  concile  de  Carthage  tenu  l'an  $ij.*Har- 
dnïn,  collect.  conc.  vol.  2.  p.  1082 

NAGARUR1S  ou  Natarura  ,  félon  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  ville  des  Indes,  en-deçà  du 
Gange  ,  entre  le  fleuve  Bynda  &  Pfeudo  flomus ,  au  nord 
d'Hippocura.  Cette  ville  étoit  dans  les  terres ,  Se  par  con- 
féquent  peu  connue  des  étrangers. 

NAGASACKI.  Voyez.  Nangasacki. 

NAGASAMA,  petite  ville  du  Japon,  dans  l'ifle  de  Ni- 
phon  ,  au  royaume  d  Omi.  Dans  l'année  1  j8é  ,  la  moitié 
de  cette  ville  fut  abymée  par  un  tremblement  déterre, 
&  l'autre  moitié  fut  confumée  par  un  feu  qui  fortit  de  la 
terre.  Elle  avoit  environ  mille  maifons.  *  Kampfer ,  Hifl. 
du  Japon  ,  delà  traduction  de  Scheuchzer,  r.  1.  p.  90. 

NAGAZ  on  Nagar,  ville  d'Afie  dans  l'empire  ,  du 
Mogol ,  Se  dans  la  province  de  Cabuleflan  ,  entre  l'indus 
Se  la  rivière  de  Cabul.  *  Pctis  de  la  Croix ,  Hiftoire  de 
Timur-Bec  ,  /.  4.  c.  8. 

NAGERA  ,  Najara  ouNaxera  ,  ville  d'Efpagne, 
dans  la  province  de  Rioxa ,  au  pied  d'une  petite  hauteur  , 
avec  une  fortereffe  élevée  au  bord  du  ruiflèau  Nagerilla  , 
dans  un  canton  fertile  en  grains ,  en  vin  ,  en  fruits ,  en 
gibiers  ,  en  volaille  ,  en  poiflon  Se  en  jardinage.  Il  y  atreize 
cens  feux  ,  trois  paroifles ,  trois  couvens  d'hommes  ,&  un 
de  religieufes.  On  y  tient  marché  toutes  les  femaines  ,  Se 
une  foire  à  la  faint  Michel.  Elle  a  été  autrefois  le  fiége 
d'un  évêché  ,  &  Garcie  ,  fon  évêque  ,  aflïfia  au  concile 
de  Pampelunc  l'an  1030.  Ce  fiége  fut  transféré  en  1 196 
à  Saint  Domingue  de  la  Calz.<nda  ,  à  l'inftance  de  don 
Rodrigue  ,  prélat  de  Calahorra.  On  y  conferve  avec  foin 
un  crucifix  que  le  peuple  croit  être  un  ouvrage  de  Ni- 
codème.  Quelques  rois  de  Navarre  y  ont  fait  leur  féjour , 
particulièrement  don  Sanche  le  Grand  en  igq6.  Il  fe 
qualifioit  don  Garcie  ,  roi  de  Nagera.  *  Rodrigo  Mendez. 
,Sï/<y*,problncion  gênerai  de  Efpaha  ,  fol.  27. 

Les  rois  Catholiques  don  Ferdinand  Se  doha  Ifabelle 
érigèrent  Nagera  en  duché  ,  par  lsurs  lettres  patentes, 


NAG 


données  a  Cordouc  le  30  Août  1481,  en  faveur  de  don 
Pedro  Manrique  de  Lara ,  fui  nommé  le  Vaillant ,  fécond 
comte  de  Trevigno ,  &  dixième  feigneur  d'Amusco ,  qui 
l'avoit  acquife  un  peu  auparavant.  Ce  nouveau  duché 
fut  d'abord  revêtu  de  la  prérogative  de  la  perpétuité  j 
mais  il  eft  tombé  fi  fouvent  en  quenouille  ,  que  depuis 
fon  érection  il  eft  paifé  dans  fix  familles.  *  Vayrac  ,  état 
préfent  de  l'Espagne  ,  1.  5.  p.  1 3  2. 

NAGERI ,  peuples  de  l'ifle  de  Taprobane.  Ptolomée  , 
l.j.c.  4.  les  met  dans  la  partie  la  plus  méridionale  de  l'ifle. 
Au  lieu  de  Nageri  ,  les  interprètes  lifent  Nanigeri. 

NAGERILLA  ,  ruiflèau  d'Espagne.  11  a  fa  fource  dans 
la  Vieille  Caftille  ,  aux  frontières  du  petit  pays  de  Rioxa , 
qu'il  traverfe ,  prenant  fon  cours  vers  le  nord  oriental , 
jusqu'à  l'Ebre  où  il  fe  perd ,  au-deffous  de  Logrogne,  après 
avoir  arrofé  la  ville  de  Nagera.  *  De  l'ifle,  Carte  d'Espa- 
gne. 

1.  N AGIA,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  dans  le  pays  des 
Gébanites,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  28.  qui  ajoute  que  cette 
ville  étoit  très-grande. 

2.  N  AGI  A,  ville  de  la  Barbarie  Ethiopique,  dans  la  pro- 
vince de  Berberah.  Elle  eft  au  midi  de  la  ville  de  Mara- 
cah  ,  qui  en  eft  éloignée  d'une  journée  Se  demie  par  mer , 
Se  de  quatre  par  terre.  *  D'Herbelot ,  Biblior.  orient. 

3.  N  AGIA  ou  Calaat  Alnagia  ,  c'eft-à-dire  le  châ- 
teau de  Nagia.  Cette  place  eft  fituée  fur  les  confins  de  la 
province  de  Schirvan  >  avec  celle  d'Adherbigian  ,  Se  ces 
deux  villes  font  la  Médie  des  anciens.  Ahmed- Ben-A'iab- 
fchah  fait  pafler  Nagia  pour  la  plus  forte  place  de  toute 
l'Afie.  Ce  château,  que  quelques  hiftoriens  appellent  auiîi 
Nagion  ,  eft  celui  oùThogrul  Ben  Arflan  ,  fultan  des  Sel- 
giucides  de  l'Iraque  perfienne  ,  fut  enfermé  ;  Se  c'eft  aufli 
le  même  que  Tamerlan  tint  afliégé  pendant  l'efpace  de 
douze  ans.  Il  tomba  enfin  entre  les  mains  de  ce  prince  pat 
la  fuite  de  Dhaher  ,  fils  du  fultan  Ahmed  Ben  Avis. 

NAGIAD  ou  Neged,  petite  province  de  lArabie, 
dans  laquelle  la  ville  de  Médine  eft  fituée.  On  l'appelle 
ainfi  à  caufe  que  fon  ten ein  eft  un  peu  plus  élevé  que  celui 
de  la  province  de  Tahamah  ,  où  la  ville  de  la  Mecque  eft 
bâtie. 

NAGIAGAH,  petite  villedu  pays  de  Habaschah,  qui 
eft  l'Ethiopie.  Elle  eft  fituée  fur  une  grande  nvicre ,  qui  fe 
décharge, auprès  de  la  ville  d'ilak,  dans  le  Nil.  Cette  ville 
eft  éloignée  de  huit  journées  de  celle  de  Giambita  ,  &  feu- 
lement de  fix  journées  de  celle  de  Marcathah.  On  dit 
qu'au-delà  de  cette  ville  ,  en  tirant  vers  le  midi ,  on  ne 
trouve  plus  aucun  lieu  habité. 

NAGIAT  ,  peuple  d'Ethiopie.  Au  rapport  d'Ebn  Ba- 
trik ,  ce  peuple  fe  circoncifoit  encore  de  fon  tems  avec  des 
couteaux  faits  de  pierre  dure,  femblables  à  ceux  desquels 
Jofuéfe  fervit  pour  faire  circoncire  les  Juifs  qui  ne  l'a- 
voient  pas  été  dans  le  défert. 

N  A  GIB  A  NI  A ,  petite  ville  de  la  Transylvanie,  aux  con- 
fins de  la  Haute-Hongrie,  fur  la  rivière  de  Samos,  à  l'orient 
de  la  ville  de  Zatmar.  De  l'ifle,  dans  fa  carte  de  1703,  dit 
qu'elle  s'appelle  Nagibania  ou  Neustadt.  Cependant 
dans  fa  carte  de  17 17,  drefléefur  de  nouveaux  mémoires, 
on  n'y  trouve  ni  Nagibania  ,  ni  Neuftadt  -,  il  n'y 
eft  pas  même  fair  mention  d'aucune  ville  qui  appro- 
che de  ces  noms.  On  trouve  feulement  le  comté  de  Neu- 
bania ,  dont  Koforvar  paroït  être  le  chef-lieu. 

N  AGIDOS  ,  ville  fituée  entre  Ja  Pamphylie  &  la  Cili- 
cie,  félon  Etienne  le  géographe  ,  Se  Srrabon ,  /.  14.  L'in- 
terprète de  ce  dernier  avoit  par  erreur  écrit  Agidos  pour 
Nagidos.  Ce  changement  étoit  pourtant  fondé  fur  un  ma- 
nuferit,  où  on  lifoit  eç-iv  A'?  /Jo? ,  pour  l'sv  NâytSo;  ;  mais  la 
faute  étoit  dans  le  manuferit  où  la  lettre  Af ,  qui  eft  la  pre- 
mière de  t<âyiSo<;  avoit  été  jointe  avec  ïçs.*  Pintaut  ,  dans 
fes  not.  fur  Mêla  ,1.  1.  c.  13. 

N  AGIDUSA  ,  ifle  fur  la  côte  de  Cilicie,  aux  environs 
de  Nagidos  ,  félon  Etienne  le  géographe. 

NAGIREM  ,  ville  de  la  province  de  Fars  ,  c'eft-à-djre 
de  la  Perfe  proprement  dire  ,  Se  firuée  dans  le  fécond 
climat ,  félon  l'auteur  de  Maflahat  Alàrdh.  *  D'Herbelot , 
Bibliot.  orient. 

N  AGNATA ,  ville  de  l'ancienne  Hibernie ,  félon  Pto- 
lomée, /.  2.  c.  1.  qui  1a  place  fur  la  côte  occidentale,  Se 
ajoute  que  c  etoit  une  ville  confidérable.  On  croit  que 
c'eft  aujourd'hui  Liraerich. 

NAGNAT/£,  peuples  de  l'ancienne  Hibernie,  fur  la 

côte 


NAH 


côte  occidentale.  Ptolomée,/.  2.  c.  i.  les  met  fous  les 
Erdini. 

NAGNIA.  Voyez.  Narni. 

NAGR  ACUT ,  ville  des  Indes  dans  les  états  du  Grand 
Mogol  (a)  ,au  royaume  de  Nagracut-Ayoud,  dont  elle  clt 
la  capitale.  Elle  ert  fituée  fur  la  rivière  de  Ravi ,  qui  la 
traverfe  (£).  Il  y  a  dans  cette  ville  un  petit  temple  fore 
riche  ,  pavé  de  carreaux  d'or  maliif.  Il  y  vient  tous  les  ans 
un  nombre  infini  d'Indiens  en  pèlerinage  pourvoir  l'idole 
de  ce  temple ,  appellée  Matta  ;  8c  parmi  ces  pèlerins  il 
s'en  trouve  quelques-uns  qui  fe  coupent  un  peu  de  la  lan- 
gue pour  lui  en  faire  un  facrifice.  (a)  De  l'Ifie,  Atlas,  (b  ) 
Terri ,  Voy.  au  Mogol ,  p.  10 

NAGRACUT-Ayoud,  royaume  des  Indes, dans  les 
états  du  Grand  Mogol  (a),  il  eil  borné  au  nord  par  le 
royaume  du  petit  Tibet  ;  à  l'orient,  par  le  grand  Tibet  j 
au  midi ,  en  partie  par  le  royaume  de  Siba  ,  8c  en  partie 
par  celui  de  Pengab  ;  à  l'occident,  par  ceux  deBankich 
8c  de  Cachemire  (b).  11  y  a  dans  ce  royaume  deux  pèleri- 
nages fameux, l'un  à  Nagracut,  l'autre  dans  un  lieu 
nommé  Jallamaka  ,  où  l'on  adore  des  flammes  qui  for- 
tent  du  creux  d'une  roche  8c  d'une  fontaine ,  dont  l'eau  eft 
très-froide,  (a)  De  l'Ile,  Atlas,  (b)  Terri,  Voyage  aii 
Mogol ,  p.  10. 

NAGRAM  ou  Nogran  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe, 
&  l'une  des  principales  du  pays  de  Sabéens  ou  Homéri- 
tes.  Elle  étoit  toute  Catholique  au  commencement  du 
fixiéme  fiécle.  Son  éveque  Paul  étant  mort  en  520  ,  Aré- 
tas,  principal  magiltrat  de  la  ville,  prit  foin  de  l'églife  jus- 
qu'en 522  »  qu'il  fouffrit  le  martyre  fous  Dunaam.  Trois 
cens  quarante  autres  citoyens  de  la  ville  eurent  auflî 
la  tête  coupée  :  plufieurs  furent  jettes  dans  des  bûchers 
allumés  ;  le  refte  fut  vendu  comme  des  esclaves  dans  le 
pays  même  ,  ou  emmené  en  captivité.  *  Topograpb.  des 
Saints  ,  p.  3  3 1. 

NAGRAN  ou  Nedgeran  ,  ville  de  la  province  d'ïe- 
men  en  Arabie ,  dont  le  terroir  efl;  couvert  d'arbres  contre 
l'ordinaire  de  ce  pays-là.  Abulfeda ,  Defcr.  génér.  de  l'A- 
rabie ,  de  la  Traducl.  de  la  Roque  ,  dit  que  cette  ville  eft 
petite  ,  8c  qu'il  y  a  des  palmiers.  Elle  elt  habitée  par  des 
familles  des  tribus  de  l'Iemen ,  de  qui  l'on  tire  des  maro- 
quins. Nagran  efl  éloignée  de  dix  flations  deSanaa,  8c 
fuuée  entre  Aden  8c  Hadramout,  dans  des  montagnes  où 
l'on  trouve  quantité  d'arbres.  On  va  fur  des  chameaux 
de  la  Mecque  à  Nagran  ,  presque  en  vingt  jours  de  tems, 
par  un  chemin  uni  8c  fort  droit.  Cette  route  fe  fait  entre 
Sanaa  &  la  Mecque ,  à  l'orient  de  Saadah.  Nagtan  efl  une 
des  dépendances  de  la  tribu  de  Hamadan  ,  fituée  entre  des 
villes  ,  des  villages ,  des  bâtimens  8c  des  eaux.  *  D Her- 
belot ,  Biblioth.  orient. 

NAH.  Koy<x  Naw. 

NAHALIEL ,  campement  des  Ifraëlites  dans  le  défert. 
De  Mathana  ils  allèrent  à  Nahaliel,  8c  de  Nahalielà  Ba- 
moth.  Dom  Calmet ,  Dict.  qui  cite  Eufebe ,  dit  que  Na- 
haliel efl  fur  l'Arnon,  &  que  Mathana  efl  au-delà  de  l'Ar- 
non  vers  l'orient ,  à  douze  milles  de  Medaba.  Nahaliel 
fignifie ,  Mon  fleuve  cft  le  Seigneur.  Voyez.  Nathan  ael.  * 
Num.  11.  19. 

NAHAR.  Ce  nom  fignifie  en  arabe  un  fleuve  ou  une 
rivière-,  c'eft  ce  qui  fait  qu'il  fe  trouve  joint  au  nom  de 
quelques  villes  fituées  fur  des  rivières.  *  D'Herbelot , 
Biblioth.  orient. 

NAHAR-MALEK  ou  Nahar-Melik  ,  c'efi-à- dire  le 
fleuve  du  Roi.  C'efl  le  nom  d'une  ville  de  l'Iraque  Arabi- 
que ou  Babylonienne,  qui  efl  éloignée  de  la  ville  de  Cou- 
fa  h  de  quatre  paralanges ,  qui  font  huit  de  nos  lieues.  Elle 
porte  ce  nom ,  a  caufe  qu'elle  efl  fituée  fur  un  grand  bras 
de  l'Euphrate  :  ce  bras  fut  féparé  de  ce  fleuve ,  dès  le  tems 
des  guerres  que  les  Romains  firent  aux  Perfes;  &  c'efl 
autour  de  ce  bras  de  l'Euphrate,  que  les  bourgades,  appel- 
lées  par  les  Arabes  Souad-Erak,  font  difperfées. 

C'eft  donc  proprement  ce  bras  de  l'Euphrate  qui  s'ap- 
pelle Nahar  al  Malek ,  de  même  que  les  anciens  l'ont 
appellée   FoJJa  rezxa  8c  Bafilicus  fluvius. 

NAHAR-OBÔLLAH  &  Nahar  Al  Obolla  :  c'eft 
le  nom  d'un  vallon  coupé  par  une  petite  rivière ,  qui  fe 
décharge  dans  le  Tigre,  auprès  de  la  ville  de  Baflbrah.  Ce 
vallon  pafle  chez  les  Orientaux  pour  un  des  quatre  lieux 
qu'ils  appellent  Montazehat  al  Duniah  >•  c'eft-à-dire  les 
plus  délicieux  de  toute  l' Afic,  &  auxquels  ils  donnent  auflî 
le  nom  de  Feradis ,  c'eft-à-dire  Paradis. 


NAHARTES.  Voyez.  Interamna  I. 

NAHARU ALI,  peuple  de  la  Germanie.  Tacite ,  De 
morib.  Germatior.  fait  entendre  qu'ils  habitoieiit  avec  d'au- 
tres peuples,  entre  la  Ouatre  8c  la  Viflule.  11  ajoute  qu'ils 
avoient  un  bois  facré  ;  que  le  prêtre  étoit  vêtu  en  femme , 
8c  que  la  divinité  qu'on  y  adoroit,  s'appelloit  Alcé.  Elle 
avoir  quelque  rapport  à  Caflor  &  à  Pollux.  C'étoi:  deux 
jeunes  hommes  que  l'on  croyoit  frères.  Il  n'y  avoit  pour- 
tant aucune  flatue  ,  ni  aucune  image  étrangère. 

NAHARU  AN  ,  ancienne  ville  des  Indes ,  fituée  entre 
Bagdet  8c  Vafleth,  a  quatre  lieues  du  Tigre  du  côte  de  l'o- 
rient. Elle  a  donné  fon  nom  à  un  petit  pays  dans  lequel  un 
trouve  une  autre  petite  ville  nommée  Afl'af.  Il  y  aplufieurs 
auteurs  qui  confondent  la  ville  de  Naharuan  ,  avec  celle 
de  Nahar-Malek  ;  mais  c'efl  fans  aucun  fondement.  Cette 
dernière  n'efl  fituée  qu'à  deux  lieues  de  Coufah  fur  un  des 
bras  de  rEuphràte.  Le  géographe  Perfien  dans  fon  troifié- 
me  climat,  écrit,  pour  diflinguer  ce  bras  de  l'Euphrate , 
que  les  Arabes  l'appellent  Nahar  Coufah  ,  le  fleuve  de 
Coufah.  *  D'Herbelot  ,  Biblioth.  orient. 

NAHE.  Voyez.  N  av.  1. 

NAHIAH,  ville  d'Afie,  félon  Corneille ,  Dïïlion.  Il 
cite  la  bibliothèque  orientale  de  d'Herbelot ,  qui  ne  dit 
n'en  de  pareil.  L'erreur  efl  double  de  la  part  de  Corneille  : 
premièrement ,  il  n'y  a  point  dans  la  bibliothèque  orien- 
tale de  ville  nommée  Nahiah  ,  mais  bien  une  ville  appellée 
Nagia  ,  qui  efl  celle  dont  il  efl  queftion  dans  cet  article  : 
fecondement ,  ni  Nagia  ,  ni  le  Zanguebar ,  ni  les  provin- 
ces deBetberah  &  de  2enghe,  où  Corneille  met  Nahiah , 
ne  font  point  en  Afie ,  mais  dans  la  Barbarie  Ethiopique. 
Voyez.  Nagia  2. 

NAHON  ,  Naon  ,  Nahom  8c  Naum  ,  petite  rivière 
de  France,  dans  le  Berri.  11  en  efl  fait  mention  dans  la  vie 
de  S.  Genou  ,  /.  1.  c.  16.  fous  le  nom  de  Naum.  Elle  a 
deux  foulées^  l'une  à  l'orient,  &  l'autre  à  l'occident  :  la 
première,  au-deflùs  de  S.  Phaher  où  elle  pafle  ,  auflî  bien 
qu'à  Levroux  ,  à  Moulins  8c  à  Tarzay  -,  la  féconde  qui  vient 
d'au-defl'us  d'Heugnes ,  fe  rend  de  cet  endroit  à  Selles  fut 
Naon ,  à  Croix  &  a  Géez.  Un  peu  au  deflbus  de  ce  dernier 
lieu  les  deux  bras  fe  joignent  8c  ne  forment  plus  qu'un 
ruiffeau  ,  qui ,  après  avoir  baigné  Balzème ,  Langeai  ,Vic, 
Bourneuf,  Veuil,  Bourg  de  l'Hôpital,  Valançay,  Varen- 
nes  8c  Menetou-fur-Naon  ,  reçoit  la  rivière  de  Fouzon  , 
8c  celle  de  Fourion ,  déjà  jointes  enfemble  un  peu  au-des- 
fus ,  fe  rend  à  Paumery  8c  à  Meusnes ,  au-deflbus  duquel 
il  va  fe  jetter  dans  le  Cher  auprès  de  Gouffi. 

N  Al  A  ,  fontaine  dans  la  Laconie  ,  aux  environs  de  la 
Teuthrone  ,  félon  Paufanias,  in  Laconica,  l.  3.  c.  2j. 

NAJAC,  Najacum  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le 
Rouergue,  diocèfe  de  Rodez,  élection  deVillefranchc.Elle 
efl  fur  la  rivière  d'Aveïrou ,  à  fix  lieues  au  nord  d'Albi,  8c 
elle  a  une  fênéchauflféenon  refibrtifiante. On  trouve  auprès 
de  cette  ville  une  mine  de  cuivre  rouge  ,  qui  fut  ouverte 
par  ordre  du  roi  en  1672.  Ses  jambons  font  en  réputation. 

NAIACIS.JV^Nain, 

NAlBOTH  ,011  Naioth,  ou  Nabad  ,  comme  écri- 
vent les  Septante,  lieu  de  la  Paleftine  auprès  de  Ramatha , 
où  David  fe  retira  pour  éviter  la  violence  de  Saiil,qui 
cherchoit  à  le  faire  mourir.  Samuel  avec  les  enfans  chs 
prophètes  demeuroit  à  Naioth,  près  de  Ramatha.  C'étoit- 
làquefe  tenoit  le  collège  des  prophètes.  Naioth  fignifie 
maifon  de  Doctrine.  *  I.  Reg.  c.  19.  v.  25. 

NA1D  ,  c'efl  la  terre  où  habita  Caïn  après  fon  péché  : 
elle  étoit  vers  la  région  orientale  d'Eden.  Le  paraphrafle 
Chaldéen  lit  Nod  au  lieu  de  Naïd.  Voyez.  Non.  f  Genef. 
c.  4.  v.  16. 

N  A1M  ,  ville  de  la  Palefline  ,  peu  éloignée  de  Caphar- 
naiim,  8c  où  Jesus-Christ  refluscita  le  fils  d'une  veuve  , 
dans  le  tems  qu'on  le  portoit  en  terre.  Eulébe  ,  Onomajh 
in  Endor .  dit  que  cette  ville  étoit  aux  environs  d'Endor 
&  de  Scythopolis.  Ailleurs  il  dit  qu'elle  cft  à  deux  milles 
duThabor  vers  le  midi.  Le  ton  eut  de  Cifon  coule  entre  le 
Thabot/Naïm  8c  Endor,  félon  Phocas,cité  par  Reland, 
de  Urb.  PaUfl.  I.  3.  mais  il  ajoute  que  Naïm  étoit  au 
Nord  du  Thabor  ,  environ  à  douze  ftades,  oc  qu'Endor 
étoit  à  l'orient  de  Naïm.  *  Luc.  c.  7.  v.  11.  &  juiv. 

NAIMA  ,  Taimi  ,  ou  NaVm  ,  village  d'Afrique,  au 
royaume  de  Tripoli,  dans  la  province  deMacellata,  fui  la 
côte.  C'efl  là  qu'eftle  tombeau  des  Philénes,  deux  frètes 
qui  s'étoient  immolés  pour  leur    patrie  ,  8c  à  qui   ts* 

Tum.  IV.  Nnn 


466 


NAL 


NAM 


Carthaginois  avoient  confacré  des  autels.  Ainfi  ce  lieu 
feroit  la  petite  ville  que  les  anciens  appelloient  Pbilcni 
Vicus.  '  Oapper  ,  Description  du  royaume  de  Tripoli , 


202. 


NAIMAN  ou  Nagman  ,  pays  ficué  dans  le  Petcheli, 
proche  la  grande  muraille  de  la  Chine.  C'eit  la  patrie 
des  anciens  Naïmans.  11  commence  à  la  rive  méridionale 
du  Siramouran.  La  latitude  ,  prife  fur  le  lieu  ,  eft  de  qua- 
rante-trois degrés ,  trente  fept  minutes  ,  ôc  la  longitude 
de  cinq  dégrés  à  l'eit  de  Pckmg.  Topir-tala  eft  le  princi- 
pal point  du  nord.  "  Hiftoire  générale  des  Huns  par  M. 
JJeguignes  ,  /.  4. p.  23e. 

NAIN,  ville ,  bourg  ,  ou  village  de  l'Idumée  ,  félon 
Jofephc  ,  de  Bell.  I.  f .  c .  7.  Simon,  fils  de  Giora,  entou- 
ra ce  lieu  de  murailles.  Hegefippus,  /.  4.  c.  21.  appelle 
cet  endroit  Aiacïs  munis  \  mais  il  faut  lire  Naiaeis  munis. 

N  AIR  IN  Keutel,  montagne  du  Mogoliiîan ,  félon 
Petis  de  la  Croix,   Hiftoire  de  Timur-Bec  ,  l.   3.  C.6. 

1.  NAlPvN,  rieuve  d'Ecofle dans  la  province  de  Mur- 
rai. Il  fort  des  montagnes  quiféparent  Stratherin  deGlen- 
rarf,  parte  par  la  vallée  de  Strathnairn  ,  ôc  fe  jette  dans 
la  mer  auprès  de  Nairn.  *  Etat  préfent  de  la  Grande 
Bretagne ,  p.   176. 

2.  NAIRN,  contrée  d'Ecofle ,  avec  titre  de  comté, 
appellée  communément  the  Shire  of  Nairn.  C"  eft  une 
des  deux  parties  ôc  la  plus  grande  de  la  province  de 
Mu  irai. 

3.  NAIRN,  ville  d'Ecofle,  dans  la  partie  occiden- 
tale de  la  province  de  Murrai ,  fut  le  fleuve  de  même 
nom ,  &  à  fon  embouchure. 

NAIS,  village  du  pays  de  Samarie ,  dans  le  grand 
Champ,  félon  Jofephe,  Ànt.  10.  5  .Ailleurs  ce  même  au- 
teur,^ Beil.l.  2.  c.  1  1.  l'appelle  iH/uai'.L'interpréteRufin, 
au  lieu  de  NaÏs,  avoit  écrit  GinaÏs,  dans  une  ancienne 
notice  eccléfiaftique  :  K&!u»  Nai?  étoit  mile  au  rang  des 
villes  de  la  féconde  Paleftine.  *  Rcland.  de  urb.  Pal.  I.  3 . 

NAISUM&Ingidunum.  Ce  font  deux  villes  de  1*11— 
lyrie  ,  fuivant  Marcellinus  Cornes  ;  il  dit  qu'elles  furent 
enlevées  aux  Huns.  Peut-être  faut-il  lire  Nestum  &  Lin- 
gidunum.  *  Ortelii  Thefaur. 

NA1THUM  ou  Naithus  ,  ville  d'Egypte  ,  félon  la  no- 
tice des  dignités  de  l'Empire  ,fccî.  1 8.  qui  la  met  dans  la 
province  Auguftamnique.  On  y  lit  Cobors  prima  Sagitta- 
riorum  Naithu. 

NAKHLAT  Mahmoud  ,  lieu  fort  agréable  dans  l'A- 
rabie ,  à  trois  journées  de  la  ville  de  Coufah  :  les  pèle- 
rins de  la  Mecque  ont  coutume  de  s'arrêter  dans  cet  en- 
droit, ôc  de  camper  fous  les  palmiers  qui  lui  ont  don- 
né le  nom.  *  D' Herbelot ,  Bibliot.  orient. 

N  AKI,  cité  delaChine,  dans  la  province  de  Suchuen , 
au  département  de  Liucheu  ,  cinquième  grande  cité  de 
la  province.  Elle  eft  de  11  degrés  4  minutes  plus  occi- 
dentale que  Peking,  fous  les  29  deg.  12  min.  de  lati- 
tude ieprentrionale.  *  Atlas  Swenf. 

NAKSCHEBE  -,  c'eft  le  nom  de  la  campagne  aux  en- 
virons de  Carschi ,  dans  la  Transoxiane.  On  donne  à  la 
ville  le  nom  de  la  campagne  ,  &  on  les  prend  fouvenc 
l'une  pour  l'autre  ,  ainfi  que  Nefef.  Voyez.  Naccheb.  * 
Petis  de  la  Croix  ,  Hiftoire  de  Timur-Bec  ,  1.  1.  c.  1 2. 

N  ALAY ,  petite  ifle  à  l'occident  de  l'Ecofle ,  proche  de 
l'iflede  North-Vift.  Elle  a  quatre  milles  de  tour,  &  elle 
eft  fertile  en  bleds  ôc  en  pâturages.  On  y  compte  trois 
chapelles.*  Etat  préfent  de  la  GrandcBretag.  t.  2.  p.  204. 

NALB ANE,  montagne  de  Perfe,  à  une  petite  lieue  de 
la  ville  d'Amadan.  11  y  en  a  qui  l'appellent  la  montagne 
du  Soleil ,  parce  que  ie  foleil  la  regarde  toujours  depuis 
fon  lever  jusqu'à  fon  coucher.  Elle  n'a  guère  que  cinq 
quarts  de  lieue  de  long  ôc  autant  de  haut,  ôc  elle  fe  joint  à 
d'autres  montagnes  fort  élevées-, mais  il  n'y  a  que  ce  petit 
espace  qui  s'appelleNalbane.On  aflure  qu'elle  produit  des 
herbes  très-  précieufes  pour  la  fanté,  Ôc  qu'on  dit  avoir- 
fait  vivre  jusqu'à  deux  cens  ans  ôc  au-delà  des  perfon- 
nes  qui  s'en  font  fervies.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft 
qu'on  trouve  dans  cette  montagne  de  quoi  fatisfaire  fa 
curiofité  par  rapport  aux  fimplcs.  Il  femble  qu'on  y  ait 
femé  de  toutes  les  plantes  qui  font  au  monde.  Pour  peu 
qu'on  s'éloigne  d'un  endroit  où  l'on  voit  une  certaine 
plante  ,  on  ne  la  retrouve  plus  dans  les  autres  endroits 
de  la  montagne  ,  quelque  paît  qu'on  la  cherche.  On  y 
refpire  de  fi  agréables  odeurs ,  &  l'air  y  efi  fi  bon,  qu'on 
fc  fenr  dans  un  état  plus  tranquille  &  plus  délicieux  que 


par  tout  ailleurs.  On  ajoute  qu'il  n'y  a  fur  cette  mon- 
gne    aucune  herbe  dans  laquelle  on  connoirte  la  moin- 
dre malignité.  Il   paroît  en  différens  endroits   des  rui- 
nes d'habitations,  qu'on  croit    avoir  été  occupées  par 
des  folitaires  ,  ou  par  des  perfonnes  curieufes ,  qui  ve- 
noient  y  apprendre  la  vertu  des  fimples.  11  femble  en 
efiet  que   l'on  doit  compter  pour  rien   les  grands  voya- 
ges que  les  curieux  ont  entrepris  pour  la  recherche  des 
plantes  ,  s'ils  n'ont    pas  été  au  mont  Nalbane.  Dans  le 
printems  on  y  voit  venir  de  tous  côtés  des  malades  qui 
fe  couchent  fur  les  herbes  pour  y  recouvrer  leur  fanté. 
Les  moutons,  quiy  paiflenr ,  ont  la  laine  plus  fine  ôc  plus 
longue  que  les  aimes.  *  Paul  Lucas ,  2.  Voyage  au  levant, 
tome  2.  chap.  10. 

NALCUA.  Voyez.  Caleva. 

NALEU,  forterefie  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan,  au  département  de  Lingan  ,  troifiéme  métro- 
polede  la  province.  Elle  eft  de  14  deg.  25  min.  plus 
occidentale  que  Peking,  fous  les  23  deg.  19  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenf. 

NALO,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province  d'Iun- 
nan, au  voifinage  de  la  ville  de  Chinyven.  Elle  eft  dan- 
gereufe  à  caufe  des  tigres  &  des  léopards  qui  l'habitent. 
NALPOTES,  lieu  dans  l'Afrique  propre ,  félon  1  iti- 
néraire d'Antonin.  11  étoit  fur  la  route  d'Hippon  à  Uti- 
que ,  entre  le  lieu  nommé  Ad  Dianam  ôc  la  ville  de  Ta- 
brac.i ,  à  quarante  mille  pas  à' Ad  Dianam ,  ôc  à  vingt- 
quatre  mille  de  Talraca. 

NAM  ADOS,  fleuve  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée ,  /.  7.  c.  1 .  dit  que  ce  fleuve  prend  fa  fource 
au  mont  Vindius ,  &  qu'il  a  fon  embouchure  dans  le  gol- 
fe Canthicolpique.Dans  un  endroit  il  le  nomme  Na/zadV, 
ôc  dans  l'autre  Na/Sai^ç.  D'autres  l'appellent  Amaudau- 
ne.  Ce  pourroit  bien  être  le  LAMN^us^Aa^uya^j  d'Arrien, 
*  l'erip.  Mar.  Erjthr.  p.  2J. 

N AMAQUAS,  nation  d'Afrique  furla  côte  occidentale, 
entre  l'Ethiopie  Ôc  le  cap  de  Bonne  Espérance.  Quelques 
Hollandois  la  découvrirent  pour  la  première  fois  en 
1632  ;  ils  entrèrent  dans  leur  village, &  envoyèrent  au  ca- 
pitaine du  tabac ,  une  pipe  ,  de  l'eau  de  vie,  un  couteau  ôc 
quelques  grains  de  corail.  Le  capitaine,  en  teconnoiflance, 
envoya  aux  Hollandois  deux  moutons  gras,  dont  la  queue 
pefoit  chacune  plus  de  vingt  livres ,  avec  un  vafe  plein  de 
lait  ôc  une  certaine  herbe,  qu'ils  appellent  Kanna,qui  eft, 
félon  les  apparences ,  cette  plante  fameufe  que  les  Chi- 
nois appellent  Genseng.  Ces  peuples  ufent  du  Kanna  aufll 
fréquemment  que  les  Indiens  du  Bétel  &  de  l'Areka.  Le 
lendemain  un  de  leurs  capitaines  alla  trouver  les  Hollan- 
dois :  il  menoit  à  fa  fuite  cinquante  jeunes  hommes, avec 
autant  de  femmes  &  de  filles.  Les  hommes  portoient  à  la 
main  une  flûte  d'un  certain  rofeau ,  très  -  bien  travaillée 
ôc  qui  rendoit  un  fon  affez  agréable.  Le  capitaine  leur 
ayant  fait  ligne  ,  ils  fe  mirent  à  jouer  tous  enfemblede  ces 
inftrumens  ,  auxquels  les  femmes  &  les  filles  mêloient 
leurs  voix,&  le  bruit  Qu'elles  faifoient  en  frapant  des 
mains.  Us  fe  rangèrent  en  deux  cercles  renfermés  l'un 
dans  l'autre  ;  le  premier  ,  qui  étoit  extérieur  &  formé 
par  les  hommes ,  entouroit  le  fecond  ou  celui  des  fem- 
mes ,  qui  étoit  intérieur.  Les  uns  ôc  les  autres  danfoient 
ainfi  en  tond  ;  les  hommes  tournant  à  droite  ôc  les  fem- 
mes à  gauche,  tandis  qu'un  vieillard,  qui  fe  tenoit  debout 
au  milieu  d'eux  un  bâton  à  la  main ,  battoit  la  mefure  & 
régloic  leur  cadence.  La  mufique  ,  entendue  de  loin ,  pa- 
roirtbit  agréable  ôc  même  afiez  harmonieufe  ;  mais  la 
danfe  n'avoit  rien  de  régulier,ce  n'étoit  qu'une  confufion. 
Ces  Namaquas  font  en  grande  réputation  parmi  ces 
nations,  ôc  font  eftimés  braves,  guerriers  ôc  puiflàns, 
quoique  leurs  plus  grandes  forces  ne  partent  pas  deux 
mille  hommes  portant  les  armes.  Ils  font  tous  de  gran- 
de taille  ôc  robuftes  :  ils  ont  un  bon  fens  naturel ,  & 
lorsqu'on  leur  fait  quelque  queftion ,  ils  ne  répondent 
qu'après  avoir  bien  pefé  leurs  paroles  ,  ôc  toutes  leurs 
réponfes  font  courtes  Ôc  accompagnées  de  gravité.  Ils 
rient  rarement  &  parlent  fort  peu.  Les  femmes  parois- 
fent  artificieufes,  ôc  ne  font  pas  à  beaucoup  près  fi 
graves  que  les  hommes.  *  Voyage  de  Siam ,  1. 1.  Traduit, 
d'une  relation  latine  des  environs  du  Cap.  Ibid.  &  Juiv. 
NAMAR  ,  nom  d'une  tribu  des  Arabes. 
NAMARINI.  K*)>«.  Egurri. 
NAMARIS.  Voyez.  Nabaris. 
NAMAST/E.  Voyez.  Nomast*. 


NAM 


NAM       467 

laume  III,  roi  d'Angleterre,  qui  lui  avoit  donne  ion  nom. 
Coehorn  ayant  été  bleiTé  ,  le  fort  fe  rendit  le  22.  Les 
François  attaquèrent  enfuite  le  château  qui  capitula  le  30. 
Ils  n'en  réitèrent  que  trois  ans  les  maîtres  ;  ils  rendirent 


NfAMBU,on  prononce  Nambou,  province  du  Ja- 
pon ,  dans  la  grande  ifk  Niphon  ,  ôc  la  plus  feptentrio- 
nale  de  toutes  :  elle  a  fait  long-tems  partie  du  royaume 
d'Oxu  :  fa  capitale  eA  très-riche  ôc  fort  marchande.  En 

1643,  le  roi  de  Fitachi,  auquel  toute  cette  province  obéis-  Namur  le/    Septembre  1695,  après  un  fiége  de  deux 

foit,  y  avoit  un  magnifique  palais  :  elle  a  un  bon  port  fur  mois ,  formé  par  Guillaume  lil ,  roi  d'Angleterre,  ôc  par 

la  mer  du  Japon.  *  P.  de  Charlevoix,  Hiltoire  du  Japon.  Maximilien-Emmanuel.ckdeui  de  Bavière  ;  la  place  avoic 

NAMFIO.  Voyez.  Nanfio.  été  défendue  par  le  maréchal  de  Bouflets.  Le  26    de 

NAMKING.  Kçy^i  Nankin.  Juillet  1704  ,  le  feldt-maréchal  Auwcikeike  s'approcha 

NAMMANTIA  ,  ville  delà  Valérie  ,  fur  le  Danube  ,  de  Namur  avec  l'armée  des  allies ,  ôc  le  retira  après  y 

félon  le  livre  des  notices  de  l'Empire.  On  y  lit,  fett.  jj.  avoir  jette  quantité  de  bombes  ôc  de  boulets  rouges,  qui 

Equités  DalmatA  ad  Nammantia.  '  ne  rirent  presque  aucun  mal.  Enfin  en  1713  la  paix  ayant 

NAMNET.fE.  Voyez.  Nannetes.  été  conclue  à  Utiecht,  la  ville  de  Namur  fut  cédee  par  le 

N AMSLAU,  petite  ville  de  Si lélle,  dans  la  principau-  traité  aux  Etats-Généraux  pour  leur  fervir  de  barrière 


té  de  Breflau ,  fur  la  rivière  de  Wcida.  Elle  n'a  rien  de 

remarquable  qu'un  château  affez  joli.  *  Hubner  ,  Géog. 

1 .  NAMUR. ,  ville  des  Pays  Bas ,  capitale  du  comté  de 

même  nom.  Elle  prend  fon  nom  d'une  idole  nommée 


contre  la  France. 

L'églife  cathédrale  eft  dédiée  à  S.  Alban  ,  martyr  de 
Mayence.  On  voit  fur  le  maître-autel  l'epiraphe  de  dom 
Jeand'Autriche,  gouverneur desPays-Bas.  Alexandre  Far- 


Nam ,  par  où  ceux  du  pays  avoient  voulu  défigner  Ne-     nèfe  l'avoit  fait  faire  en  mémoire  de  fon  oncle  ,  dont  le 


ptuue.  On  veut  que  S.  Materne  ,  apôtre  des  Namarois 
ôc  disciple  de  S.  Pierre  ,  ait  fait  taire  cette  idole  ,  &  que 
écNum  mutum  fe  foit  formé  infenfiblement  Namur cum. 

Quoi  qu'il  en  foit,  on  place  cette  ville  à  cinq  lieues  de 
Hui ,  a  égale  dillance  de  Dinant ,  à  fix  lieues  de  Char- 
leroi  ,6c  a  dix  de  Liège ,  de  Bruxelles  &  de  Louvain. 
Elie  elt  fituée  au  confluent  de  la  Meufe  ik  de  la  Sam- 
bre ,  entre  deux  montagnes ,  6c  défendue  d'un  château 
très-fort,  placé  fur  un  roc  escarpé,  à  l'oppofitc  de  la  Sam- 
bie  ,  ôc  qui  a  été  bâti  long-tems  avant  la  ville ,  au  50  de- 
gré 24  min.  de  latitude. 

Cluvier  ik  Sanfon  veulent  que  cette  fortereffefoit  l'an- 
cienne capitale  des  Aduatiques,  que  Céfar  décrit  dans 


corps  avoit  été  mis  en  dépôt,  en  attendant  qu'il  fût  trans- 
porté en  Espagne.  Le  chapitre  elt  compofé  de  20  cha- 
noines. 11  a  un  prévôt  ,  un  doyen,  deux  archidiacres  ,  un 
chantre,  un  écolàtre  ,  un  pénitencier  ,  un  archipictre  ik 
neuf  gradués.  Ce  chapitre  fut  fondé  en  1046  par  Albert, 
comte  de  Namur,  ik  confirmé  enfuite  par  Frideric  de 
Lorraine  ,  beau-frere  du  comte  Albert,  qui,  d'archidiacre 
de  Liège  ,  devint  pape ,  fous  le  nom  d'Etienne  IX.  Ou- 
tre l'églife  cathédrale  ,  il  y  a  encore  la  collégiale  de  No- 
tre-Dame, où  elt  un  chapitre  compofé  de  douze  cha- 
noines ,  avec  un  abbé  féculier ,  qui  ell  l'évêque  colla- 
teur  des  prébendes  avec  le  pape,  outre  un  prévôt  &  urti 
doyen.  11  y  a  eu  au  château  une  autre  collégiale  dédiée  à 


fes  commentaires ,  où  il  dit  qu'elle  étoit  environnée  de  .S.  Pierre,  fondée  en  1212,  par  Philippe  le  Noble,  comte 

.rochers ,  ik  qu'on  n'en  pouvoir  approcher  que  par  une  de  Namur  ;  mais  elle  a  été  unie  au  chapitre  de  famt 

langue  de  terre  laige  de  deux  cens  pas  ;  mais  ce  n'elt  Alban.  Notre-Dame  elt  la  principale  paroiffe ,  les  au- 

tju'une  fimple  conjecture.  On  ne  peut  déterminer  la  pla-  rrcs  font  S.  Jean  l'Evangéliite ,  S.  Jean-Baptilte ,  S  Loup 

ce  où  étoit  cette  capitale  des  Aduatiques,  qui  ne  paroit  ou  S»  Leu,  dont  le  curé  ell  religieux  de  l'abbaye  de  Ma- 

pas  convenir  à  un  fimple  château  comme  Namur  :  ou-  logne  ,  &S.  Nicolas. 

ne  que  Céfar,  en  décrivant  cette  capitale  des  Aduati-  Il  y  a  des  Jéfuites  qui  enfeignent  les  humanités,  des 

ques,  qu'il  fait  voifins  des  Nerviens  ôc  des  Eburons ,  ne  Recollets ,  des  Dominicains ,  des  Capucins ,  des  Carmes 

parle  ni  delà  Meufe,  ni  de  la  Sambre,  qui  fe  joignent  à  déchaullés  ik  des  Croifiers.  On  compte  fept  monalteres 

Namur ,  ôc  qui  font  des  rivières  qu'il  a  bien  connues  ,  de  filles  -,  lavoir ,  l'abbaye  des  Bénédictines  réformées  , 

&  qu'il  nomme  Mofa  ôc  Subis.  Ce  château  étoit  déjà  bà-  dite  Notre-Dame  de  Paix  ;  les  Urfulines ,  les  Annoncia- 

ti  dans  le  feptiéme  fiécle.  Le  continuateur  de  Frcdegai-  des ,  les    Carmélites  déchauffées  ,  les  Recollectines ,  les 

re , marquant  que Gislemar ,  maire  du  palais,  y  furptit  Dames  Blanches,  ou  Carmélites  chauffées  ôc  les  Has- 

par  une  trahifon  les  troupes  de  Pépin  le  gros,  appelle  pitalieres.  L'églife  des  Jéfuites  elt  d'une  grande  beauté, 

cette  place  caftrum  Manucum.  Ce  nom  a  été  long-tems  toute  incruftée  de  marbre  rouge  &  noir ,  ik  foutenuc 


en  ufage ,  puisque  Flodoard,  qui  écrivoit  près  de  300  ans 
après ,  dit  qu'un  certain  Robert  fe  fortifia  l'an  960,  con- 
tre Brunon, archevêque  de  Cologne,  à  qui  Othon  le 
Grand,  fon  frère,  avoit  donné  le  commandement  général, 
ou  l'adminiftration  de  tout  le  royaume  de  Lorraine  -,  ôc 
cette  place  efl  nommée  caftrum  Matiuviitm,quï  doit  être 
Mirwtum  ,1a  fituation  de  Namur  convenant  à  celle  dont 


par  dix  grandes  colomnes  de  marbre  noir  ;  fon  frontis- 
pice cft  auffi  très-beau. 

Entre  les  autres  bâtimens  publies ,  on  admire  princi- 
palement la  cour  du  prince.  C'efl:  un  beau  palais  carré,  qui 
fert  ordinairement  de  demeure  au  gouverneur. 

On  renouvelle  le  magiftrat  de  Namur  tous  les  ans  à 
la  faïnt  André.  Il  a  pour  chef  le  grand  mayeur ,  donc 


parle  cet  auteur ,  du  tems  duquel  on  n'avoit  pas  encore     la  charge  ell  perpétuelle,  &  il  ell  compofé  du  bourgue- 


transpofe  Mm  en  n ,  ce  qui  fut  fait  peu  après;  car  dans  le 
dixième  fiécle  ôc  dans  le  fuivant ,  on  voit  toujours  Na- 
mucum  ôc  jamais  Manuatm.Delz  vient  que  Sigebert,  rap- 
portant l'expédition  du  maire  Gislemar    contre  Pépin  , 
die  que  je  combat  fe  donna  entre  Pépin  &  Gislemar  apud 
Namucum  caftrum,  ôc  on  continua  à  appeiler  ce  château 
ôc  la  ville  qui  eft  au  pied  Namucum  en  latin.  Mais  dès  le 
douzième  fiécle  le  nom  vulgaire  étoit  Namur  ,  com- 
me on  le  voit  par  des  lettres  de  Louis,  comte  de  Soiffons, 
écrite  au  roi  Louis  VII,  dit  le  Jeune ,  où  il  ell  fait  men- 
tion du  comté  de  Namur.  Dans  la  fuite  on  a  appelle 
en  latin  cette  ville  Namurcum  ,  au  lieu  de  Namucum.  * 
honguerue ,  Defcrip.de  la  France,  2.  part.  pag.    107. 
Le  château  ell  maintenant  défendu  par  le  fort  Guillau- 
me, qui  vaut  une  autre  citadelle,  outre  plus  de  douze 
forts  qui  environnent  la  ville.  Les  plus  confidérables  font 
le  fort  de  Meufe ,  bâti  à  l'oppofite  du  château  ,  celui  de 
Cocquelet,  qui  eft  fi  grand ,  qu'il  renferme  dans  fes  for- 
tifications l'étendue  de  deux  villages.  *  Délices  des  Pays- 
Bas  ,  t.  3.  p.  17.  drfuiv. 

Louis  XIV,  roi  de  France  ,  afliégeaen  perfonne  cette 
place  en  1692.  Le  premier  de  Juin  on  ouvrit  la  tranchée, 
ôc  la  ville  ne  tint  que  fix  jours.  On  attaqua  enfuite  le  fort 
Guillaume,  dans  lequelcommandoit  l'ingénieur  Coehorn; 
\\  l'avoit  confinât  l'année  précédente  par  ordre  dcGuil- 


mellie  ou  premier  élu ,  du  lieutenant  mayeur  ou  fécond 
élu ,  de  fix  échevins ,  parmi  lesquels  il  y  en  a  deux  qui 
font  nobles,  de  deux  avocats,  de  deux  bourgeois,  du 
greffier  de  la  ville ,  du  greffier  des  élus  ôc  de  quatre  jurési 
11  y  a  encore  un  autre  tribunal,  qui  eft  le  fouverain  bail- 
liage; il  eft  compofé  de  fix  avocats ,  qui  jugent  de  tou- 
tes les  matières  féodales  en  première  inilance.  Le  gou- 
verneur de  la  ville  elt  chef  de  ce  corps. 

L'évêché  de  Namur  ell  fuffragant  de  l'archevêché  de 
Cambrai.  Il  fut  démembré  de  l'évêché  de  Liège  en  15J9, 
par  le  pape  Paul  IV ,  à  la   prière  de  Philippe  II.  Cec 
évêché,  outre  le  comté  de  Namur,  comprend  tout  le 
Brabant ,  deforte  qu'il  a  huit  villes  ,  trois  cens  quarante- 
fept  villages ,  quatorze  doyennés ,  quatre  abbayes  de  Tor- 
dre de  fàinc  Benoît ,  quatorze  de  l'ordre  de  Cùeaux ,  une 
de  Piémontré ,  une  abbaye  ôc  deux  prieurés  de  chanoines 
réguliers,  fept  chapitres  de  chanoines,  trois  chapitres 
de  nobles  chanoineffes  ,  ôc  un  grand  nombre  de  couvens. 
Le  bailliage  de  Namur  comprend  douze  villages  avec 
le  bois  de  Mailagne  ,  un  grand  nombre  d'abbayes  ôc  de 
couvens ,  ôc  plufieurs  hameaux.  Toute  cette  contrée  elt 
arfofée  des  eaux  de  la  Meufe  &  de  là  Sambre. 

2.  NAMUR,  province  des  Pays-Bas  avec  titre  de 
comté.  Elle  cil  bornée  du  côté  du  nord  par  le  Brabant- 
Wallon  j  à  l'orient ,  par  l'évêché  de  Liège )  au  midi,  pa£ 
Tom.  IV.  N  11  n  ij 


4*8       N  A  M 


NAN 


le  même  évêché  &  par  la  terre  d'Agimont ,  y&  tre  Sam- 
bre &  Meufe  ;  à  l'occident  ,  par  le  pays  ent  re  Sambre 
Ôc  Meufe  ,  qui  dépend  de  Liège ,  &  de  ce  côté  elle  tou  - 
che  au  Hainaut. 

Ce  comté  ,  qui  faifoit  autrefois  partie  du  pays  des  Ebu- 
10ns  Se  des  Tongriens ,  fut  mis  fous  la  féconde  Germa- 
nie par  les  Romains.  Il  fut  enfuite  occupé  par  les  Fran- 
çois, qui  le  mirent  fous  le  royame  d'Auftrafie.  Ce  royau- 
me ayant  été  conquis  par  Othon  le  Grand  ,  ôc  polîédé 
par  fon  fils  &  fon  petit-fils ,  ils  y  établirent  des  ducs , 
&  entre  autres  Charles,  frère  de  Lothaire ,  roi  de  Fran- 
ce; Ermengarde,  fille  de  Charles,  ayant  époufé  l'an  iooo, 
un  feigneur  nommé  Albert ,  il  fut  premier  comte  de  Na- 
mur.  11  laifla  ce  comté  à  fon  fils  Albert  II ,  qui  eut  pour 
fuqcefleur  fon  fils  Geofioi.  Ce  dernier  eut  deux  eni'ans  , 
Henri,  comte  de  Namur ,  ôc  Alexie  ou  Aleïfe.  Henri,  en 
mourant ,  laifTa  fa  fille  Ermefende  ou  Ermenfon ,  qui  fut 
privée  de  la  fucceifion  de  fon  père  par  fon  cou  fin  Bau- 
douin le  Courageux,  comte  de  Hainaut,  fils  d'Aléxie  , 
tante  d'Eimenfon.  L'ainédes  fils  de  Baudouin  fut  comte 
de  Flandre  ôc  de  Hainaut,  &enfin  empereur  de  Conftanti- 
nople.  Il  eut  pour  fuccefièur  à  l'empire  fon  frère  Henri  , 
qui  étoit  comte  de  Namur ,  ôc  qui  céda  ce  comté  à  fon 
frère  Philippe  qui  mourut  fans  enfans,  ôc  eut  pour  héri- 
tière fa  Cœur  Yoland  ,  qui  époufa  Pierre  de  Courtenay  , 
comte  d  Auxerre  ôc  de  Nevers.  Pierre  fut,  par  fa  femme, 
comte  ou  marquis  de  Namur.  Ce  comté  relevoit  de  ce- 
lui de  Hainaut ,  «Se  il  n'avoit  été  donné  à  Henri ,  qu'à 
la  charge  de  le  tenir  en  fief  de  fon  frère  Baudouin. 

Pierre  de  Courtenay  ayant  été  tué  en  Grèce,  il  eut 
pour  fuccefleur  au  comté  de  Namur  fon  fils  Philippe . 
qui  mourut  fans  enfans  l'an  1216.  Son  frère  Henri  lui 
fuccéda ,  &  étant  mort  fans  poftérité  ,  fa  fœur  Margue- 
rite, nommé  Sibylle  par  Alberic,  laquelle  avoir  époufé' 
Henri  de  Luxembourg ,  comte  de  Vianden  ,  s'empara  du 
comté  de  Namur  ,  ôc  en  jouit ,  jusqu'à  ce  que  l'empereur 
de  Confiantinople  Baudouin  II ,  fils  de  Robert ,  Ôc  pe- 
tit-fils de  Pierre  de  Courtenay,  étant  venu  de  Grèce  en 
France ,  obligea  lacomtefie  à  le  lui  rendre.  Baudouin  en- 
gagea  ce  comté  à  Blanche  ,  reine  de  France,  &  pour  cela 
la  comteiTe  de  Flandre  ôc  de  Hainaur  Jeanne ,  foutint 
qu'elle  pouvoit  confisquer  le  fief  de  Namur. 

Jean  &c  Baudouin  d'Avênes,  neveux  de  Jeanne  &  fils 
de  fa  fœur  Marguerite,  cédèrent  au  roi  faint  Louis  le 
droit  que  la  comteiTe  Jeanne  Ôc  l'empereur  leur  avoienc 
donné  ,  ne  réfervant  rien  que  l'hommage  dû  au  comte 
de  Hainaut.  Jean  ôc  Baudouin  révoquèrent  la  donation 
qu'ils  avoient  faite  du  comté  de  Namur  à  Henri  de  Lu- 
xembourg. Saint  Louis  fit  généreufemenr  rétablir  l'em- 
pereur Baudouin  en  la  jouiiïance  de  ce  comté;  mais  com- 
me il  avoit  de  la  peine  à  s'y  maintenir,  il  le  vendit ,  par  le 
confeil  de  faint  Louis,  l'an  1161,  à  Gui  de  Dampierre, 
comte  de  Flandre  ;  ôc  ce  comté  demeura,dans  cette  mai- 
fon  près  de  cent  foixante  ôc  dix  ans;  car  Gui ,  comte  de 
Flandre,  le  donna  à  un  de  fes  jeunes  fils  nommé  Gui, 
dont-ies  descendais  mâles,  qui  prenoient  le  nom  de 
Flandre,  furent  comtes  de  Namur  jusqu'à  Jean  de  Flandre, 
dernier  comte  ,  qui  vendit  tous  fes  biens  en  1421  ,  à  Phi- 
lippe ,  duc  de  Bourgogne, 


On  le  divife  en  fept  bailliages ,  qui  font 


Namur , 
Waffeige  ; 


Foix  , 
F  leur  us , 


Bouvigne , 
Sanfons , 


Polvache. 


ge 


Les  états  du  comté  de  Namur  font  compofés  du  cler- 
,  de  la  noblefle  ôc  des  députés  des  villes.  L'évêque 
de  Namur  eft  le  chef  de  l'état  eccléfiaftique  ;  &  le  gou- 
verneur de  la  province  eft  le  chef  de  la  noblefle.  Les 
états  ne  s'aflcmblent  que  lorsque  le  fouverain  l'ordonne  \ 
mais  chaque  corps  choifit  fes  députés. 

11  y  a  dans  le  Namurois  douze  anciennes  pairies  ,011 
fiefs,  qui  relèvent  du  château  de  Namur  ;  favoir , 


Le  ban  de  Syes, 

La  feigneurie  de  Bailleul , 

Le  fief  d'Oudenarde, 

Lefiefd'Obay, 

Lefiefd'Avelois, 

Ham  fur  Sambre , 

Faux  ,  pairie  éteinte , 


La  terre  de  BoiTu  en  Hair 

naut , 
Zetrud  &  Lumay, 
Le  fief  deWanghes, , 
Le  fief  de  Bergilers, 
Polvache, pairie  éteinte. 


Dans  les  grandes  révolutions  du  feiziéme  fiécle,  Na~ 
mur  &  Luxembourg  furent  les  deux  provinces  qui  reliè- 
rent les  plus  fidèles  au  roi  d'Espagne ,  leur  fouverain.  * 
Délices  des  Pays-Bas  ,  t.  3.  pag.  1.  &  fuiv. 

NAMUTENSIS  ,  dans  les  décrétales ,  /.  i.c.  36.  de 
Refcripiis ,  il  eft  fait  mention  d'une  comtefie  de  ce  nom. 
Ortelius  croit  que  ce  lieu  pourroit  être  en  France  aux 
environs  de  Toul. 

1.  NAN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Chekiang.au  dépanemenr  de  Chinxan  ,  grande  for- 
terefle de  la  province.  Elle  eft  de  quatre  degrés  fix 
minutes  plus  orientale  que  Péking ,  fous  les  vingt-fepe 
degrés  vingt  minutes  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas 
Sinenfis. 

2.  NAN,  lac  de  la  Chine,  dans  la  province  deHo- 
nan,  au  midi  de  la  ville  de  Queitc.  11  y  a  fur  ce  lac 
un  pont  de  pierres,  avec  un  grand  nombre  d'arches. 

3 .  NAN  ,  grande  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Quangfi  ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Quei.  On 
lui  compte  jusqu'à  vingt-quatre  fommets. 

NANA.  Voyez.  Tussa. 

NAN/EUS,  fleuve  de  l'ifle  d'Albion.  Ptolomée,/. 
2.c.  i.met  Nand  fluminis  oftia  dans  la  partie  fepten- 
trionale de  l'ifle.  Au  lieu  de  Nanaus,  les  interprètes  lifent 
Nabaus.  Je  crois  avec  Baudrand  que  e'eft  aujourd'hui 
Navern.  La  fituation  ôc  la  refièmblance  de  nom  parois- 
fent  le  prouver. 

NANAGUNA  ,  fleuve  en-deçà  du  Gange  ,  félon 
Ptolomée  ,l.j.c.  1.  Ce  géographe  place  Nanagunaflu- 
vii  oflia  dans  le  golphe  Barygazene.  On  croit  que  c'eft 
aujourd'hui  Paddar ,  rivière  de  1 Indouftan. 

NANCEI.  Voyez.  Nancy. 

i.NANCHANG,  prononcez  Nantchang,  ville 
de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Kiangfi  ,  où  elle  a 
rang  de  première  métropole.  Elle  eft  d'un  degré  trente- 


Le  duc  ,  après  la  mort  du  comte  Jean  ,  prit  pofleiîion     fix  minutes  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  vingt 


l'an  1429  du  comté  de  Namur,  qui  fut  dès-lors  in 
dépendant  du  comté  de  Hainaut ,  ôc  mis  fous  le  reflbrt 
du  parlement  de  Malines ,  d'où  Namur  relevé  encore 
aujourd'hui.  Ce  comté  ,  porté  dans  la  maifon  d'Autriche 
par  le  mariage  de  Marie  de  Bourgogne  ,  y  ell  encore  au- 
jourd'hui. Par  le  traité  de  Barrière  les  Etats  Généraux 
des  Provinces- Unies  ont  la  gatde  de  la  ville  ôc  du  châ- 
teau de  Namur ,  où  ils  ont  garnifon.  *  Longuerue ,  De- 
feription  de  la  France ,  part.  2.  p.  106. 

Le  territoire  du  comté  de  Namur  eft  montucux  ôc 
inégal  ,  arrofé  des  rivières  de. Meufe,  de  Sambre  &  de 
la  Mchagne.  11  eft  rempli  de  forêts ,  fur-tout  dans  fa 
partie  méridionale  où  eft  la  forêt  de  Marlagne ,  qui  a 
plusieurs  mines  de  fer  ôc  de  plomb ,  des  carrières  de  di- 
verfes  fortes  de  marbre  ,  des  fortes  d'où  l'on  tire  des  pier- 
res blanches  ôc  bleues  ôc  des  charbons  de  terre.  Ce  terri- 
toire renferme  les  villes  de 


Namur, 
Charleroi , 


Charlemont, 
Maiienbourg; 


Bouvigne , 
Walcourt , 


neuf  degrés  treize  minutes  de  latitude   feptentrionale. 
Quoique  cette  ville  ne  foit  pas  mife  au  nombre  des  plus 
grandes  &  des  plus  célèbres ,  elle  eft  très-renommée  par 
la  multitude  des  lettrés  qui  s'y  trouvent  :  elle  n'eft  mê- 
me pas  fi  petite  ,  puisque  fon  enceinte  eft  de  deux  mil- 
les tout   au  moins.  Il  eft  arrivé  à  cette  ville  une  chofe, 
dont  l'hiftoire  de  la  Chine    ne   fournit   point   d'autre 
exemple  ;c'eft  que  deux  rois  de  la  famille  Taiminga  y 
ont  demeuré  en  même  tems.  Les  Je  fui  tes  y  avoient  au- 
trefois une  églife  aflez  belle  &  une  maifon  commode, 
mais  ces  édifices  furent  réduits  en  cendres,  lorsque  les 
Tartares  brûlèrent  cette  ville  pour  la  punir  d'une  révol- 
te. Nanchanga  été  rétablie  depuis,  ôc  elle  a  aujour- 
d'hui un  viccroi  ôc  d'aurres  magiftrats;  mais  les  Jéfuites 
ne  fe  font  pas  trouvés  en  état  de  relever  leur  églife.  * 
Atlas  Sinenfis. 

Cette  ville  eft  fituée  fur  le  bord  méridional  d'un 
grand  lac ,  nommé  Poyang  ou  Pengly  ,  dans  une  ifle  que 
forme  la  rivière  Kiam.  Elle  étoit  anciennement  la  borne 
entre  les  royaumes  de  Çu  Ôc  d'U.  Sous  la  famille  Cina, 


NAN 


NAN 


«lie  étoit  unie  an  pays  de  Kiei,kiang  :  la  famille  Hana 
lui  donna  le  nom  d'Iuchung  ;  celui  qu'elle  porce  aujour- 
d'hui ,  lui  a  été  donné  par  la  famille  Tanga  :  la  famille 
Sunga  le  changea  en  celui  de  Lunghing  ;  mais  enfin  la 
famille  de  Taiminga  rétablit  le  nom  de  Nanchang.  Il  y 
a  plus  de  trois  fiécles  que  cette  ville  eut  le  titre  de 
ville  royale.  Le  prêtre  Chu ,  après  avoir  chaflè  les  Tar- 
tares  de  la  Chine ,  prit  le  nom  de  roi ,  Se  fixa  fa  de- 
meure à  Nanchang  ,  qu'il  nomma  Hungtu ,  c'eft-à-dire 
grand  palais  royal  :  lorsqu'il  eut  remporté  d'autres  victoi- 
res ,  il  transporta  fon  trône  à  Nankin  ,  &  rendit  à 
Nanchang  fon  premier  nom.  Aujourd'hui  cette  métro- 
pole a  dans  fa  dépendance  fept  villes,  qui  font 


4^9 


Nanchang,       Cinhien,       Cinggan, 
Fungchin,         Fungfin,       Ning, 


Vuning. 


Tout  le  territoire  de  cette  ville  eft  fertile  ;  le  moin- 
dre petit  endroit  eft  cultivé  ,  Se  tant  dans  la  ville  qu'au 
dehors  on  élevé  une  quantité  prodigieufe  de  cochons.  Le 
nombre  en  eft  fi  grand ,  que  fouvent  il  n'elt  pas  pofli- 
ble  de  palier  dans  les  rues ,  tant  elles  font  remplies  de 
ces  animaux.  Malgré  cela  la  ville  ne  lâifle  pas  d'être 
propre ,  parce  qu'on  a  grand  foin  d'enlever  les  excré- 
mens  des  cochons  pour  fumer  les  champs. 

2.  NANCHANG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang  ,  au  département  de  Siangyang  ,  troi- 
fiéme  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  cinq  degrés 
quarante-huit  minutes  plus  occidentale  que  Péking, 
fous  les  trente-deux  deg.  neuf  minutes  de  latitude  fep- 
tentrionale.  *  Allas  Sinenfisi, 

NANCHAO,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Honan  ,  au  département  de  Nanyang ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  fept  degrés  trente- 
cinq  minutes  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les 
trente-quatre  degrés ,  o  min.  de  latitude  feptentrionale. 

1.  NANCHUEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Quanfi  ,  au  département  de  Kingyuen ,  troifié- 
me  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  dix  degrés  qua- 
rante-fept  minutes  plus  occidenrale  que  Péking  ,  fous 
les  vingt-quatre  degrés  trente-trois  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale. 

2.  NANCHUEN,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen  ,  au  département  de  Chungking  ,  cin- 
quième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  neuf  deg. 
cinquante  minutes  plus  occidentale  que  Péking ,  fous 
les  trente  deg.  cinquante  minutes  de  latitude  fepten- 
trionale. 

NANCING ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Fokien  ,  au  département  de  Changcheu  ,  troifiéme 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  trente- 
quatre  min.  plus  orientale  que  Péking ,  fous  les  vingt- 
quatre  degrés  trente  neuf  minutes  de  latitude  fepten- 
trionale. 

NANCUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Péking ,  au  département  de  Chinting  ,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  trente-neuf 
minutes  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  trente- 
fept  degrés  cinquante-fix  minutes  de  latitude  fepten- 
trionale. 

J.  NANCY ,  ville  de  Lorraine,  dans  le  bailliage  Fran- 
çois. Elle  eft  le  chef-lieu  de  ce  bailliage  ,  Se  la  capitale 
des  états  du  duc  de  Lorraine  ,  où  eft  fa  cour  fouve- 
raine  qui  décide  en  dernier  reflort  les  procès  de  Ces 
fujets.  Quelques-uns  prétendent  que  cette  ville  s'appel- 
loit  autrefois  Nancei ,  Se  que  c'eftlamème  que  Nafium 
de  l'itinéraire  d'Antonin  ;  mais  Nafiitm  étoit  entre  An- 
dclot  Se  Toul ,  Se  Nancy  eft  au  delà  de  Toul.  Frede- 
gaire  marque  Nafium  dans  la  même  fituation  que  l'itiné- 
raire, Se  dit  au  chapitre  27,  que  le  roi  Thierri  ,  mar- 
chant contre  fon  frère  Théodebert  ,  alla  de  Langres  à 
Andelotj  {Andelaum)  que  de-là  il  marcha  à  Nafîum 
fur  la  rivière  d'Orne ,  qui  étoit  un  château  ou  place 
forte  qu'il  prit ,  &  enfuite  alla  rencontrer  fon  frère  à 
Toul.  Voyez.  Nasium.  *  Longuerue  ,  Defcription  de  la 
France  ,  2.  part.  p.  143. 

Nancy  n'a  pas  été  connue  avant  le  douzième  fiécle. 
Ce  n'étoit  alors  qu'un  château  qui  appartenoit  à  un  fei- 
gneur  nommé  Drogon.  Matthieu  I  du  nom,  duc  de  Lor- 
raine, l'acquit  l'an    iijj  ,  en  donnant  à   Drogon  en 


échange  les  feigneuries  de  Lénoncourt  Se  de  Roficre 
aux  Salines.  Cette  feigneurie  de  Nancy  étoit  alors  de 
fort  petite  étendue ,  puisque  Simon  ,  duc  de  Lorraine  , 
avoir  tout  auprès  un  château  ,  où  il  fit  une  donation  a 
FabbeiTe  de  Bouxieres  l'an  1130,  comme  on  le  voit  par 
la  àate,datum  in  Caftromeo  jitxta  Nanceium  ,  en  mon 
château  près  de  Nancy.  Le  duc  Matthieu  commença 
d'y  faire  fa  réfidence  fur  la  fin  de  fa  vie ,  car  aupara- 
vant il  demeuroit  a  Chatenoi.  Cette  terre  de  NancV 
rclevoit  du  comte  de  Champagne  ,  qui  avoit  de  grands 
fiefs  dans  le  diocèfe  de  Toul. 

Thibault ,  comte  de  Champagne  ,  qui  fut  depuis  roi 
de  Navarre ,  invertit  Matthieu  II  du  nom  ,  duc  de  Lor- 
raine, de  Nancy  &  de  fes  dépendances  l'an  1220.  Ferri 
II,  duc  de  Lorraine,  fils  de  Matthieu  II,  donna  aux 
bourgeois  de  Nancy  des  privilèges,  &  à  ceux  des  villes 
de  Port,  aujourd'hui  faint  Nicolas  de  Lùnéville ,  Lu- 
naris-VilU  ,  Se  à  Amance  ,  Esmantix.  Il  reconnut  par 
fes  lettres  datées  de  l'an  1 265  ,  le  jeune  Thibault ,  comte 
de  Champagne  pour  garant  Se  protecteur  ,  confentant 
qu'en  cas  qu'il  vînt  à  manquer  à  fa  parole ,  le  comte 
de  Champagne  pût  prendre  fes  fiefs  fans  lui  faire  tort, 
carpere  Feoda  mea  fine  mesfacere.  Lé  duc  ne  dit  point 
quels  étoient  ces  fiefs ,  mais  on  voit  ailleurs  que  c'étoit 
Nancy  Se  fes  dépendances ,  Neuf-  château  ,  Chatenoi , 
Montfort  près  de  Mirecourt,  Se  Grands  en  Baflîgny  , 
Se  on  ne  voit  point  que  les  ducs  de  Lorraine  ayeiît  fait 
hommage  au  comte  de  Champagne  de  Port ,  d'Amance 
Se  de  Lunéville ,  que  le  duc  foumet  à  la  loi  de  Beau- 
mont  en  Argone ,  qui  appartenoit  à  i'archevêque  de 
Reims  en  fouvetaineté  ;  ce  comte  étoit  établi  feule- 
ment garant  des  promenés  faires  pat  le  duc  à  fes  fujets. 
Depuis  la  fin  du  treizième  fiécle  Se  la  réunion  de  là 
Champagne  à  là  couronne  ,  on  ne  Voit  pas  que  les  ducs 
de  Lorraine  ayent  reconnu  les  rois  de  France  ou  les 
comtes  de  Champagne  pour  Nancy  ,  Se  ils  y  ont  été 
Souverains ,  quoiqu'ils  ayent  continué  loiig-tems  à  recont 
noître  les  rois  pour  Neufchâteau ,  Chatenoi ,  Frouar- 
&  Montfort.  Nancy  étoit  aloi's  fort  petit,  n'y  ayanc 
que  la  vieille  ville ,  fermée  d'une  muraille  à  l'antique. 
Eile  fut  prife  par  Charles ,  dernier  duc  de  Bourgogne 
après  un  long  liège ,  l'an  147;  ,  fur  le  duc  René  ,  qui  fut 
chafie  de  fon  pays  par  les  Bourguignons ,  &  contraint 
de  fe  retirer  chez  les  Allemands  Se  les  Suifies. 

Le  duc  de  Bourgogne ,  ayant  attaqué  les  Suifles  l'an 
1470  ,  fut  défait  en  deux  batailles ,  &  René  rentra  dans 
Nancy.  Le  duc  de  Bourgogne  l'afiiégca  encore  :  mais  il 
fut  encore  défait  par  les  Suifies  Se  les  Allemands ,  & 
périt  dans  l'action.  René  Se  fes  fuccefieurs  jouirent  en- 
fuite paifiblement  de  Nancy  Se  de  la  Lorraine  ,  bâti- 
rent la  nouvelle  ville  d'une  manière  régulière ,  la  forti- 
fièrent aulfi  bien  que  l'ancienne  qui  fervoit  de  citadelle 
à  la  nouvelle. 

Le  duc  Charles  s'étant  brouillé  avec  Louis  XIII ,  roi 
de  France,  fut  contraint  de  lui  remettre  Nancy  pour  lé 
garder  durant  la  guerre  qui  étoit  allumée  dans  l'empire, 
Se  les  François  en  ont  été  les  maîtres  jusqu'après  la  paix 
des  Pyrénées,  par  laquelle  on  accorda  que  les  fortifia- 
cations  des  deux  villes  de  Nancy  feroient  rafées,  fans 
pouvoir  être  refaites.  Cet  article  fut  confirmé  par  la 
traité  que  le  duc  fit  à  Paris  l'an  1661  ,  le  dernier  Fé- 
vrier avec  Louis  XIV ,  Se  enfuite  les  François  évacuè- 
rent Nancy  ,  qui  fut  démantelé  cette  même  année.  Neuf 
ans  après  ce  traité  le  duc  Charles  fut  contraint  de  fè 
retirer  en  Allemagne  ,  lorsque  les  François,  fous  la 
conduite  du  maréchal  de  Créqui ,  occupèrent  la  Lorrai- 
ne l'an  1670  ;  Louis  XIV  fit  après  cela  refortifier  les 
deux  villes  de  Nancy  ,  &  obtint  au  traité  de  Nimé- 
gue  la  cefïîon  de  ces  deux  villes  en  échange  de  celle  dé 
Toul  ;  mais  le  duc  Charles,  neveu  de  celui  qui  avoic 
perdu  fon  pays ,  ne  voulut  point  accepter  ces  condi- 
tions ,  Se  le  roi  continua  de  jouir  de  Nancy  jusqu'au 
traité  de  Risirick  conclu  le  31  Octobte  1697,  parle- 
quel  il  fut  arrêté  que  la  Lorraine  feroit  rendue  au  duc 
Léopold  ,  fils  du  duc  Charles ,  pour  en  jouir  comme  fon 
grand  oncle  Charles  en  jouifloit  l'an  1670. 

Cependant  on  accorda  par  l'article  19  que  tous  les 
remparts  Se  les  baltions  de  Nancy  ,  qui  dévoient  être 
démolis  ,  feroient  confervés  •,  mais  il  fallut  dé- 
truire   tous  les  dehors  de  l'une  Se  de  l'autre    ville  - 


470         NAN 

Tans  pouvoir  être  relevés  dans  la  fuite  des  tems ,  en 
laiflant  néanmoins  au  duc  Se  à  fes  fucceffeurs  la  liberté 
d'enfermer  la  ville  neuve  d'une  fimple  muraille  fans 
angles. 

Le  corps  de  faint  Sigebert ,  roi  d'Aufhafie  ,  mort  en 
£jj  ,  fut  transporté  en  ijjz  de  Mets  à  Nancy ,  où  il 
eft  confervé  dans  l'églife  collégiale.  *  Topograph.  des 
Saints ,  p.  391. 

Nancy  eft  divifé  en  trois  paroiffes,  qui  font,  faint 
Evre  ,  donc  le  chapitre  de  faint  George  eft  patron.  Ce 
ti'étoit  dans  fon    commencement  qu'un  petit  oratoire 
que  l'on  bâtie  peu  après  l'egliie  du  prieuré  de  Notre- 
Dame  ;  Les  religieux  de  ce  prieuré  firent  les  fondions  de 
curé  dans  cet  oratoire  jusqu'en  1340,  qu'il  fut  érigé  en 
pareille ,  dont  la  cure  fut    unie  au  chapitre  de  faint 
George  ,  qui  la  fit  deffervir  par  un  chanoine  qui  chan- 
geoit  toutes  les  femaines;  enfuite  par  un  vicaire  amo- 
vible, qui  devint  dans  la  fuite  perpétuel.  Au  commen- 
cement du  quinzième  fiécle  ,  l'églife  fut  bâtie  en  l'état 
où  elle  eft  à  préfenticn  1^9^  ,  le  chapitte  fe  déporta 
de  cette  cure  Se  s'en  réferva  le  droit  de  patron.  11  y  a 
dans  cette  églife  neuf  chapelles  en  titre.  La  féconde  pa- 
roiffe  eft  dédiée  fous  le  titre  de  l'Affomption  de  No- 
tre-Dame ,  c'eft  un  prieuré  :  le  chapitre  de  la  prima- 
tiale  étoit  autrefois    collateur  de  cette  cure  ;  mais  il 
s'eft  déporté  de  ce  droit  en  faveur  des  pères  de  l'Ora- 
toire, que    le  duc  Henri   appella  pour  la  dellerte  de 
cette  cure,  Se  s'eft  feulement  réfervé  les  droits  hono- 
rifiques. Le  titulaire  de  la  cure  n'a  qu'une  commiffion  de 
fon  général.  Le  prieuré  de  Notre-Dame  ,  qui  eft  affecté 
à  la  même  églife  ,  fut  fondé  vers  l'an  1075,  Par  Thier- 
ri ,  duc  de  Lorraine,  Se  Haduide  de  Namur ,  fa  mère  ;  ils 
y  appelèrent  les    religieux    de  Molesme ,  qui  dans  la 
fuite  abandonnèrent  ce  prieuré  à  l'abbaye  de  faint  Mar- 
tin de  Mets ,  dont  les  religieux  s'y  retirèrent  après  l'in- 
cendie arrivé  à  leur  abbaye ,  dans  le  quinzième  fiécle  ,  Se 
ils  apportèrent  avec  eux  le  corps  de  faint  Sigebert ,  roi 
•d'Atiftrafie.  Ce  prieuré  a  depuis  été  uni  à  la  primatiale 
de  Nancy  par  Clément  VIII  ;  il  y  a  dans  fon  églife  dix 
chapelles  en  titre.  La  troifiéme  paroifie  eft  celle  de  faint 
Sébafticn  dans  la  Villeneuve  :  elle  a  quatre  chapelles.  Il 
y  a  dans  Nancy  trois  collégiales,  la  primatiale,  faint 
George  Se  faint  Michel.  La  primatiale  a  été  érigée  par 
Clément  VIII,  au  commencement  du  dix-feptiéme  fié- 
cle ,  à  la  prière  de  Charles  III,  duc  de  Lorraine.  Ses 
revenus  font  formés  de  la  fuppreffion  de  la  menfe  ab- 
batiale de  Clair-Lieu ,  de  l'abbaye  faint  Martin  ,  de  trois 
prébendes  de  faint  Dié  ,  de  la  collégiale  de  Dieuloiiart, 
•des  prieurés  de  Varengeville,  de  faint  Nicolas,  de  S. 
Dagobert  de  Stenay,  deSalone,  ôcc.  Elle  eft  fous   le 
titre  de  Notre  Dame.  Le  chapitre  eft  compofé  d'un  pri- 
mat qui  officie  pontificalement,  d'un  doyen  ,  d'un  chan- 
tre ,  d'un  écolâtre ,  de  treize  chanoines  Se   de  dix  vi- 
caires :  toutes  ces  prébendes  font  à  la  collation  du  duc 
de  Lorraine  pendant  onze  mois ,  &  du  chapitre  feu- 
lement dans  le    mois  d'Avril.  Les  prébendes  font  de 
mille  liv.  Le  primat  a  dix  mille  livres  ;  le  doyen  a  deux 
prébendes  ;  le  chantre  Se  l'écolâtre  en  ont  trois  à  eux 
•deux.  Le  prince  a  fait  pîufieurs  efforts  pour  faire  éri- 
ger cette  collégiale  en  cathédrale.  La  collégiale  de  S. 
George  a  été  fondée  par  Rodolphe  ,  duc  de  Lorraine  , 
en  1339,  &  confirmée  par  Thomas  de  Bourlemont , 
évêque  de  Toul  la  même  année.  Ce  chapitre  eft  com- 
pofé d'un   prévôt ,  d'un  chantre ,  d'un   écolâtre ,  d'un 
tréforier  ,  d'un  aumônier  Se  de  huit  chanoines  :  les  pré- 
bendes font  d'environ  trois  cens  cinquante  livres  ;  la  pre- 
mière eft  pour  le  duc ,  qui  fe  qualifie  de  premier  cha- 
noine de  faint  George  ;  le  prévôt  a  double  prébende  : 
toutes  ces  prébendes  font  à  la  collation  du  fouverain. 
L'églife  fut  achevée  par  Jean  I,  duc  de  Loi  raine.  11  y 
a  quatre  chapelles  en  titre.  Le   petit  chapitre  de  faint 
Miche!,  compofé  de  quatre  chanoines,  eft  aufii  dans  cette 
ville.  Ils  n'ont   que  douze  écus  de  rente.  11  y  a   deux 
abbayes  ,  la  première  eft  d'hommes ,  de  l'ordre  de  faint 
Benoît,  de  la  congrégation  de  faint  Vanne  &  de  faint 
Hidulphe.  Cette  abbaye  eft  quinquennale  à  la  nomi- 
nation du  chapitre  de  la  congrégation  de  faint  Vanne. 
Le  favant    père  dom  Auguftin  Calmer,  fi  connu  par 
fes  commentaires  fur  la  Bible  ,    en  eft  ancien    abbé. 
Le  prieuré  de  Belval  du  même  ordre  eft  uni  à  cette  ab- 


NAN 


baye.  La  féconde  abbaye  eft  celle  de  Notre-Dame  de 
Confolation;  c'eft  une  abbaye  de  filles,  ordre  de  faint 
Benoit ,  fondée  par  Catherine  de  Lorraine ,  abbeiïe  de 
Remiremont  ,  Se  Marguerite  de  Lorraine  ,  ducheiïc 
d'Orléans  ,  fa  nièce.  En  1625  ,  le  titre  abbatial  a  été  fup- 
primé  ,  Se  la  maifon  donnée  aux  religieufes  Bénédi- 
ctines de  l'Adoration  perpétuelle  du  Saine  Sacrement  en 
1669.  11  y  a  à  Nancy  une  communauté  d'ecclefiakiques 
compofee  de  huit  prêtres  pour  aider  le  cure  de  faint 
Sebamen.  On  voit  un  hôpital  fous  le  titre  de  faint  Ju- 
lien :  il  eft  fous  1  adminikration  des  notabics  bourgeois: 
il  eft  de  fondation  ducale  :  l'on  y  enuetient  un  grand 
nombre  de  pauvres.  Le  chapelain  en  a  la  charge  d'ame 
qu'il  reçoit  de  lcveque.  Les  Jéfunes  ont  trois  maifons  , 
le  noviciat  fondé  par  Charles,  cardinal  de  Lorraine  Se 
Antoine  de  Ltnoncourt ,  à  U  fin  du  itiziéme  fiécle  ;  le 
collège  fondé  par  M.  de  Maillane  ,  éveque  de  Toul ,  peu 
de  tems  après  le  noviciat ,  Se  la  Million  royale  ,  fon- 
dée par  le  roi  Stanifias.  Les  prêtres  de  l'Oratoire  ont 
une  maifon  a  Nancy.  Le  duc  Henri ,  comme  je  l'ai 
déjà  dit  ci-devant,  les  appella  en  1619  pour  deffervir 
la  paroifle  de  Notre-Dame.  Les  chevaiieis  de  fainr  Jean 
de  Jérufalem ,  dit  de  Malte ,  ont  la  commenderie  de 
faint  Jean  de  Vielatre  ,  à  laquelle  on  a  uni  celle  de  faint 
George  ;  elle  vaut  oix  mille  livres.  Il  y  a  neufeouvens 
d'hommes  Se  huit  de  filles.  Les  Coraeliets  fondés  en 
1484,  par  René  II,  duc  de  Lorraine.  C'eft  dans  leur 
églife  que  font  les  tombeaux  des  ducs  de  Lorraine.  Les 
Capucins  fondés  en  1593  ,  par  le  cardinal  de  Lorrai- 
ne. Les  Picpus  vulgairement  nommés  Tiercelins  ,  pat 
le  fieurs  Bouvet  en  1720.  Les  Prémontrés  à  l'hospice  de 
faint  Jofeph.  Les  Jacobins  fondés  en  1644,  par  M.  du 
Hailler.  Les  Auguftins  dans  l'ancien  hôtel  de  Mayanne. 
Deux  couvens  de  Minimes;  l'un  fondé  en  IJ92,  par 
meilleurs  de  Bafiompiere  -,  Se  celui  de  Bon  Secours,  pour 
deffervir  la  chapelle  des  Bourguignons  en  1609.  Les 
Carmes  en  ont  auifi  un.  Les  couvens  de  filles  font  les 
fœurs  Grifes  ou  religieufes  de  fainte  Elifabeth  ,  fondées 
en  148;  ,  par  René  II,  duc  de  Lorraine.  Les  religieufes 
du  Refuge.  Les  grandes  Carmélites  fondées  le  ij  Juillet 
1618.  Les  petites  Carmélites  fondées  le  19  Mai  !(>/)■. 
Les  religieufes  de  la  congrégation  de  Notre-Dame  en 
1627.  Celles  de  faint  Dominique  fondées  en  1299,  par 
Ferri  IV,  duc  de  Lorraine,  Se  Marguerite  de  Navarre, 
fon  époufe.  Les  Annontiadescclefl.es  fondées  l'an  1616. 
Les  religieufes  de  la  Vifitation  fondées  l'an  1630.  Les 
filles  de  la  Charité  fondées  par  M.  Chauvenel ,  con- 
firmées par  Charles  IV  ,  approuvées  par  M.  du  Sauffay  , 
évêque  de  Toul  en  1663  ,  Se  engagées  à  faire  des  vœux 
par  M.  de  Fieux  ,  auffi  évêque  de  Toul ,  en  1679. 

Le  roi  Stanifias  a  embelli  cette  ville  par  des  ouvra- 
ges fuperbes.  Nancy  eft  la  patrie  de  Jacques  Callot, 
fi  célèbre  par  fes  deiîeins. 

Outre  la  cour  fouveraine ,  il  y  a  à  Nancy  une  cham- 
bre des  comptes ,  une  fénéchauflée  Se  une  prévôté. 

2.  NANCY  ou  Grand  Nancey,  village  de  Lorrai- 
ne ,  dans  le  duché  de  Bar ,  entre  Donremi-au-Bois  Se 
Villeroncourt ,  environ  à  trois  lieues  de  Bar-le-Duc,  du 
côté  du  levant.  On  le  prend  affez  communément  pour 
l'ancien  Nafiura.  Voyez.  Nasium. 

3.  NANCY  ou  petit  Nancy,  village  de  Lorraine, 
dans  le  duché  de  Bar,  fur  la  rivière  d'Orne  a  la  droite, 
entre  Bar-le-Duc  Se  Ligny  en  Barrois ,  mais  plus  près 
de  cette  dernière  ville. 

NANDE,  ville  de  Médie.  Ptolomée,  /.  6.  ç.  2.  la 
met  dans  les  terres  ,  entre  Gabris  Se  Zazaca. 

NANDER  ,  ville  des  Indes ,  dans  les  états  du  Grand 
Mogol ,  Se  dans  la  province  de  Doltabab.  Elle  eft  firuée 
à  cinq  lieues  de  Lazana.  *  Thevenot ,  Voyage  des  Indes, 
pas.  22J.  Se  fuivantes. 

NANDIA  Nullus  ou  Nantianulum,  lieu  d'A- 
fie,  aux  confins  delà  Galatie  Se  de  la  Cappadoce,  en- 
tre Archelaïde  colonie  Se  Safima,  à  vingt-cinq  mille 
pas  de  la  première ,  Se  à  vingt-quatre  mille  de  h  fé- 
conde. *  Antomm  itin. 

NANDRIA.  Voyez.  Neandria. 

NANDUBANDAGAR,  ville  de  l'Inde,  en-âeçk 
du  Gange  ,  félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  i.  qui  la  plaLC  dans 
laSandrabatide. 

NANESSUS.  Voyez.  Neanessus. 


N..AN 


NAN 


NANFIO ,  en  grec  ANA<l>H,  &  ANAPHE,  ifle de  l'Ar- 
chipel ,vcts  la  met  de  Candie  (y). C'eft  une  de  ces  ifles  qui 
faifoient  partie  du  duché  de  Naxie ,  fous  les  princes  des 
rriaifons  de  Sànudo  «Se  de  Crispo.  Jacques  Crispo.douziémc 
duc  (/>)  ,  donna  cette  ifle  à  fon  frère  Guillaume  ,  qui  y 
fit  bâtir  la  fôrtefèffe  ,  donc  on  voit  les  ruines  fur  un  rocher 
tout  au  haut  du  bourg  :  il  fut  duc  de  Naxie  après  la  mort 
de  Jacques ,  fon  frerc.  Sa  fille  unique  Florence  Crispo 
relia  dame  de  Nanfio,  &  lifte  ne  fut  réunie  au  duché  qu'a- 
près fa  mort.  (  a)  loiirnefort ,  Voyage  du  Levant ,  lettre  6. 
(b)  Hifi.  des  ducs  de  l'Archipel. 

Membliaros  a  été  l'ancien  nom  de  l'ifie  de  Nanfio  (a) , 
nom  tiré  de  Membliarès ,  parent  de  Cadmus ,  Se  qui  vint 
s'établir  à  Thera ,  au  lieu  de  fui  vie  les  aventures  de  ce  héros. 
Nanfio  ne  fut  nommée  Anaphe  qu'à  l'occafion  des  Argo- 
nautes ,  qui  la  découvrirent  après  une  tempête  horrible  , 
qui  les  jetta  au  fond  de  l'Archipel.  Cette  ifle  n'a  que  feize 
milles  de  tour ,  point  de  port ,  Se  fes  montagnes  font  toutes 
peLes  ;  elles  fourniffent  pourtant  de  belles  fources,  capa- 
bles de  porter  la  fécondité  dans  les  campagnes  pour  peu 
qu'on  fût  les  employer  utilement. 

Les  habitans  de  Nanfio  font  tous  du  rit  grec  ,  Se  fournis 
à  l'évêque  de  Siphanto  :  on  n'y  voit  ni  Turcs  ni  Latins.  Le 
cadi  Se  le  vaivode  font  ambulans.  En  1700,  ils  payetent 
cinq  cens"  écus  pour  tous  droits ,  la  capitation  n'y  étant 
qu'à  un  écu~&  demi  par  tête,  &  tout  leur  négoce  confille 
en  oignons,  en  cire  &  en  miel  :  ils  n'ont  de  vin  Se  d'orge 
que  pour  leur  entretien.  Quant  au  bois,  il  n'y  en  a  pas  allez 
pour  faire  rôtir  les  perdrix  qu'on  y  pourroit  manger.  La 
quantirédecetteespéce  de  gibier  eft:  fi  prodigieufe, que  pour 
conferver  les  bleds ,  on  amaffe  par  ordre  des  confuls  tous 
les  œufs  que  l'on  peut  trouver  vers  les  fêtes  de  Pique  ,  Se 
l'on  convient  qu'ils  fe  montent  ordinairement  à  plus  de 
dix  ou  douze  mille.  On  les  met  à  toutes  fortes  de  faufles  , 
Se  fur-tout  en  omelettes  ;  cependant ,  malgré  cette  pré- 
caution ,  on  ne  peut  faire  un  pas  dans  l'ifie  fans  voir  lever 
des  perdrix.  La  race  en  eft  ancienne  ;  elles  font  venues 
d'Aftypalia  ou  Srampâlia  ,  s'il  en  faut  croire  Hegefander  : 
un  habitant  d'Aftypalia  n'en  porta  qu'une  paire  à  Anaphe; 
mais  elle  multiplia  fi  fort  (b) ,  que  les  habitans  faillirent  à 
en  être  chaffés  :  c'eft  apparemment  depuis  ce  tems  qu'on 
s'eft  avifé  d'en  cafter  les  œufs,  (a)  Sccp.  Dict.  (  b)  Athen. 
Deipn.  1.  9. 

Du  côté  de  la  Marine  vers  le  fud  ,  en  allant  à  la  cha- 
pelle de  Notre-Dame  du  Rofeau  ,  on  voit  fur  un  petit 
tertre  les  ruines  d'un  temple  d'Apollon  Eglete  ,  brillant  de 
lumière.  Strabon  ,  qui  parle  de  ce  temple ,  ne  dit  pas  à 
quelle  occafion  il  fut  bâti  :  c'eft  Conon  ,  narrât.  49.  qui 
nous  l'apprend.  Suivant  cet  auteur ,  la  flotte  de  Jafon  ,  re- 
venant de  laColchide,  fut  battue  d'une  fi  furieufe  tempête, 
qu'on  eut  recours  aux  prières  Se  aux  vœux.  Appollon  vint 
au  fecours  de  tant  de  héros  :1a  foudre  ,  qui  tomba  du  ciel, 
fit  fortir  du  fond  de  la  mer  une  ifle  pour  les  recevoir.  On 
y  drefta  un  autel  à  Appollon  ,  fauveur  des  Argonautes  :  on 
fit  des  réjouifiànces.  Conon  afture  qu'après  que  cette 
ifle  fut  peuplée,  les  habitans  célébrèrent  tous  les  ans  l'anni- 
verfaire  :  on  y  facrifioità  Apollon  ,  le  vin  n'y  étoit  pas 
épargné.  Les  ruines  du  temple  confiftent  en  quelques  mor- 
ceaux de  colomnes  de  marbre,  qui  en  indiquent  la  fitua- 
tion:  on  y  voit  une  belle  architrave  de  même  pierre  ;  fur 
laquelle  il  y  a  une  infeription  fort  longue:  peut-être  fai- 
foit-elle  mention  du  conte  de  Conon;  mais  elle  eft  fi 
ufèe  qu'à  peine  connoîr-on  qu'il  y  ait  eu  des  caractères 
fur  ce  marbre.  On  a  bâti  à  quelques  pas  de-là  une  cha- 
pelle des  débris  du  temple.  La  carrière  de  marbre  eft  tout 
ptoche  du  côté  de  la  mer  ,  au  pied  d'une  des  plus  effroya- 
bles roches  qui  foit  au  monde ,  Se  fur  laquelle  eft  bâtie  la 
chapelle  de  la  Vierge.  On  voit  aufti  dans  ce  quartier  les 
ruines  d'un  bel  édifice  de  marbre ,  qui  paroît  du  tems  des 
ducs  de  Naxie.  *  Strabon  ,1.  10. 

NANFUNG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi  ,  au  département  de  Kienchang,  fixiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  o  degré  49  minutes  plus 
occidentale  que  Péking  ,  fous  les  27  degrés  42  minutes 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

I.NANGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi  ,  où  elle  a  le  rang  de  treizième  métropole.  Elle  eft 
de  3  degrés  3  minutes  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous 
les  23  degrés  49  minutes  de  latitude  feptentrionale.  Cette 
ville  eft  fituée  dans  la  partie  méridionale  de  la  province. 


47  * 

Le  fleuve  Chang baigne  Ces  murailles,  ce  qui  fait  qu'elle 
eft  un  entrepôt  confidérable.  Toutes  les  marchandifes 
qu'on  porte  a  Quantung  des  diverfes  provinces  de  l'em- 
pire, Se  celles  qui  fe  transportent  de  Quantung  dans  les 
diverfes  provinces  de  la  Chine ,  paffent  par  cette  ville. 
Les  unes  font  mifesfur  le  fleuve  Chang  &  le  descendent  , 
les  autres  font  transportées  par  terre.  C'eft  ce  qui  fait  la  ri- 
cheffe  deNangan.  Quoique  cette  ville  foit  grande ,  fc^ 
fauxbourgs  le  lui  difputcnt  presque  pour  la  grandeur.  Elle 
a  dans  fa  dépendance  quatre  villes  : 

Nangan ,     Nankang  ,     Xangyeu ,     Çungy. 

Autrefois  Nangan  appartenoit  au  royaume  d'U.  C'eft 
la  famille  Sanga  qui  lui  a  donné  le  nom  qu'elle  porte.  * 
Atlas  S  w  en  fis. 

2.  NANGAN  ,  ville  de  la  Chine, dans  la  province  de 
Fokien  ,  au  département  de  Civencheu  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2  degrés  29  minutes  plus 
orientale  que  Péking  ,  fous  les  2;  degrés  14  minutes  de 
latitude  feptentrionale. 

3.  NANGAN,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province 
d'Iunnan,  au  département  de  Çuhiung,  quatrième  metro- 
pole  de  la  province.  Elle  eft  de  1  j  degrés  i  2  minutes  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  24  degrés  jj  minutes 
de  latitude  feptentrionale. 

NANGASACKI  ou  Nangazaqui  ,  l'une  des  cinq 
villes  impériales  du  Japon  ,  à  l'extrémité  occidentale  de 
lifte  de Ximo ,  dans  la  province  de  Figen ,  au  bout  du 
havre  de  même  nom,  dans  l'endroit  où  il  a  le  plus  de  lar- 
geur ,  Se  où,  allant  au  nord  ,il  forme  un  rivage  en  demi- 
cercle.  Elle  eft  fituée  vers  les  i  7deg.  de  long,  à  32deg.  36 
min.  de  latit.  Elle  a  ttois  quarts  de  lieue  de  longueur  Se 
presqu'autant  de  largeur.  Sa  figure  repréfente  celle  d'un 
croiflant ,  tirant  un  peu  fur  celle  du  triangle.  Elle  eft 
bâtie  fur  le  rivage ,  dans  une  vallée  étroite,  qui  va  du 
côté  de  l'eft.  La  vallée  eft  formée  par  l'ouverture  des 
montagnes  voifines  qui  ne  font  pas  hautes;  maisroides, 
Se  d'ailleurs  vertes  jusqu'à  leur  fommet,  ce  qui  forme 
un  point  de  vue  très-agréable.  *  Kœmpfer ,  Hift  du  Ja- 
pon ,  de  la  traduction  de  Scheuzer ,  1.  4.  c.  1. 

La  ville  de  Nangaficki  eft  ouverte,  comme  le  font  la 
plupart  des  villes  du  Japon  ,  fans  aucunes  défenfes.  Les 
rues  n'en  font  ni  droites,  ni  larges  :  elles  vont  en  mon- 
tant vers  la  colline  ,  Se  finiffent  près  des  remples  qui 
font  au-dehors.  Trois  rivières ,  dont  l'eau  eft  belle  ,  tra- 
verfent  la  ville.  Elles  ont  leurs  fources  fur  les  montagnes 
voifines.  Celle  du  milieu,  qui  eft  la  plus  gtande,  rraverie 
la  vallée  de  l'eft  à  l'oueft.  Pendant  la  plus  grande  partie 
de  l'année  elles  ont  à  peine  affez  d'eau  pour  arrofer  des 
champs  de  riz,  Se  pour  faire  aller  quelques  moulins; 
mais  pendant  les  pluies  elles  grofliffent  au  point  qu'elles 
entraînent  des  maifons  entières. 

Nangafacki  tire  fon  nom  de  fes  anciens  feigneurs,  qui 
la  poffedoient  avec  tout  fon  diftriét ,  d'environ  trois  mille 
kokfsde  revenu  annuel.Ils  en  ont  joui  depuis  Nangafacki 
Kotavi  premier  du  nom  ,  jusqu'à  Nangafacki  Sijn  Seije- 
mon ,  pendant  douze  générations  de  père  en  fils.  On  mon-» 
tre  encore  au  haut  d'une  colline ,  derrière  la  ville ,  les 
ruines  de  leur  ancienne  demeure.  Le  dernier  de  cette  fa- 
mille étantenort  fans  enfans  vers  la  fin  du  quinzième  fié- 
cle ,  la  ville  Se  fon  reflbrr  tombèrent  fous  la  puiffance  du 
prince  d'Omura.  L'endroit  où  Nangafacki  eft  bâtie  n'étoic 
qu'un  miférable  hameau,  habité  par  quelques  pauvres  pê- 
cheurs :  on  l'appelloir  Fukajeou  Irije ,  c'eft-à-dire  la  lon- 
gue baie,  à  caufe  de  la  longueur  du  havre,  Se  pour  le  diftin- 
guer  d'un  autre  village  fitué  près  du  même  port ,  appelle 
Fukafori ,  comme  qui  diroit  le  long  Etang ,  nom  qu'il 
garde  encore.  Le  nouveau  feigneur  de  Fukaje  changea  le 
nom  de  ce  hameau  dans  celui  de  Nangafacki  ;  &  ce  fut  par 
fes  foins  Se  par  fon  attention  que  ce  lieu  devint  avec  le 
tems  un  gros  village  ou  bourg, 

Les  chofes  continuèrent  fur  ce  pied  encore  quelque 
tems  après  la  première  arrivée  des  Portugais  au  Japon. 
On  ne  leur  avoit  affigné  aucun  port  particulier  :  ils  firent 
divers  établiffemens  dans  les  provinces  de  Bungo  Se  de  Fi- 
fen  ,  où  ils  pouffèrent  leur  négoce,  Se  travaillèrent  en  mê- 
me tems  à  la  propagation  de  la  religion  Chrétienne.  Le 
princed'Omuralui-même,ayant  embraffé  l'évangile,  invira 
les  Portugais  à  venir  s'établit  à  Nangafacki 3  Se  ce  nouvel 


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ctablifFerncnt  devint  avantageux  à  cette  ville  à  divers 
égards.  La  fituation  fure  &  commode  du  havre  8c  le  né- 
goce des  Portugais  invitèrent  les  Chinois  d'y  venir  avec 
leurs  navires  8c  leurs  marchandifes.  Les  Japonnois,  attirés 
par  l'aurait  du  gain  ,  vinrent  en  même  tems  s'y  établir  en 
fi  grand  nombre ,  que  la  vieille  ville ,  qu'on  nomme  en- 
core Utfimatz  ,  ou  le  cœur  de  la  ville  ,  contenant  en  tout 
vingt- fix  rues  ,  ne  fut  pas  afiez  grande  pour  les  contenir. 
Il  fallut  bâtir  de  nouvelles  rues.  Aintî  Nangafacki,  de 
pauvre  8c  chetif  hameau  qu'il  étoit  auparavant ,  de- 
vint par  degrés  une  ville  riche  8c  peuplée  ,  ou  il  y  a 
environ  quatre  vingt  fept  rues  bien  habitées. 

Les  Portugais  s'étant  établis  en  grand  nombre  à  Nanga- 
facki ,  cette  ville  devint  extrêmement  florifiante  ,  8c  on 
y  a  compté  jusqu'à  foixante  mille  âmes.  Tous  les  habi- 
rans  y  étoient  Chrétiens  ;  le  prince  d'Omura  n'ayant  pas 
fouftert  un  feul  idolâtre  dans  lés  états ,  8c  les  évêques 
du  Japon  y  ont  presque  toujours  fait  leur  réfidence.  En 
i  580,  le  prince  permit  aux  Portugais  de  le  fortifier.  Vers 
l'an  1 J92,  l'empereur  Taycolama  réunit  Nangafacki  à  fon 
domaine ,  8c  la  déclara  ville  impériale  ;  alors  elle  s'accrut 
tellement  qu'on  fut  obligé  de  bâtir  une  nouvelle  ville,  qui 
en  peu  de  tems  ne  fut  point  inférieure  à  l'ancienne,  ni 
pour  le  nombre  ,  ni  pour  la  beauté  des  édifices.  Elle  ap- 
partenoit  au  prince  d'Omura ,  parce  qu'elle  étoit  bâtie 
fur  un  fonds,  dont  on  lui  avoit  confervé ,  la  propriété,  en 
lui  enlevant  Nangafacki ,  &  elle  le  dédommageoit  afiez 
bien  de  la  perte  qu'il  avoit  faite  de  l'ancienne  ville  \  mais 
cette  proximité  des  deux  villes ,  qui  fe  gouvernoient  fui- 
vant  des  loix  différentes ,  8c  fouvent  contraires  ,  caufa 
bientôt  de  grands  troubles  8c  de  grands  desordres  ,  fur- 
tout  par  la  facilité  qu'avoient  les  criminels  &  les  débi- 
teurs de  fe  réfugier  de  l'une  dans  l'autre,  &  d'y  être  à 
l'abri  des  pourfuires  de  la  juftice  ou  de  leurs  créanciers. 
L'empereur  Cnbofama  ne  trouva  point  d'autre  remède  à 
ce  mal ,  que  de  réunir  encore  à  fon  domaine  le  nouveau 
Nangafacki ,  8c  de  céder  en  dédommagement  au  prince 
d'Omura  un  autre  terrein  qui  étoit  fort  à  fa  bienféance  ,ce 
qui  fut  exécuté  en  1604  ou  i6oj.  Depuis  ce  tems  les 
deux  villes  n'en  ont  fait  qu'une ,  qui  n'a  pas  aujourd'hui 
plus  de  huit  à  dix  mille  habitans ,  parce  qu'on  a  exter- 
miné tous  les  Chrétiens  par  l'exil  ou  par  les  fupplices. 

Nangafacki  eft  diviféeen  deux  parties  ;  l'une  eft  ap- 
pellée  Utfimatz  ou  ville  intérieure  ,  8c  confine  en  vingt- 
fix  tsjoo  ou  rues  toutes  fort  régulières  ;  lautre  en1  appel- 
lée  Sottomatz ,  ville  extérieure  ou  les  fauxbourgs:  elle 
contient  foixante  8c  une  rues.  Lesbâtimens  les  plus  remar- 
quables de  Nangafacki  8c  de  fon  voifinage,  font  les  Jana- 
gura  qui  appartiennent  à  l'empereur.  Ce  font  cinq  grandes 
maifons  bâties  de  bois ,  au  côté  feptenrrional  de  la  ville , 
fur  un  fonds  bas  auprès  du  rivage.  On  y  garde  trois 
grandes  jonques  impériales  ou  vaifleaux  de  guerre  ,  avec 
tous  leurs  agrêts,  8c  prêts  à  mettre  en  mer  au  premier  li- 
gnai. Le  magazinà  poudre  efi  fur  le  rivage  vis-à-vis  de  la 
ville  ;  pour  plus  de  fureté  &  pour  prévenir  les  accidens  , 
on  a  bâti  une  grande  voûte  fur  une  colline  aux  environs 
où  l'on  garde  la  poudre.  Les  palais  des  deux  gouverneurs 
occupent  un  terrein  confidérable  ,  un  peu  plus  élevé  que 
le  refte  des  rues.  Les  maifons  font  propres ,  belles ,  toutes 
uniformes  8c  également  élevées.  On  entre  dans  la  cour 
par  des  portes  fottifiées  8c  bien  gardées.  Le  troifiéme  gou- 
verneur loge  à  Taftejama  dans  un  temple.  Outre  les  palais 
des  gouverneurs ,  il  y  a  vingt  autres  maifor.s  8c  des  pièces 
de  terre  qui  appartiennent  a  tous  les  Dai  Mio  &  à  quel- 
ques-uns des  Sio  Mio  du  plus  haut  rang.  Les  Dai  Mio  font 
les  feigneurs  du  premier  rang  ou  les  princes  de  l'Empire  , 
8c  les  Sio  Mio  font  d'un  rang  inférieur.  Quelques  uns  de 
leurs  gentilshommes  réfident  perpétuellement  dans  ces 
maifons ,  pour  veiller  aux  intérêts  de  leurs  maîtres ,  à  qui 
ils  font  relponfables  de  tout  ce  qui  fe  pafie. 

Les  étrangers  demeurent  hors  delà  ville  dans  des  en- 
droirs  feparés  où  ils  font  veillés  comme  des  perfonnes  fus- 
pectes.  Les  Hollandois  demeurent  dans  une  petite  ifle 
fituée  dans  le  port  tout  contre  la  ville  ,  &  qu'on  nomme 
de  Sima ,  c'eft  à-dire  l'fie  de  De.  Les  Chinois  &  les  nations 
voifines,  qui  profeflenc  la  même  religion  &  négocient  fous 
le  même  nom  ,  demeurent  derrière  la  ville  au  bout  méri- 
dional fur  une  éminence  ;  leurs  demeures  fonr  entourées 
d'une  muraille  &:  font  nommées  Jàkujin  ou  jardin  de  mé- 
decine ,  parce  qu'il  étoit  autrefois  en  cet  endroit.  On  rap- 


pelle aufli  Diufensju ,  nom  liié  des  obfervateurs  de  l'em- 
pereur, employés  a  obferver  du  haut  des  collines  voifines 
les  navires  étrangers  ,  8c  à  donner  avis  de  leur  arrivée  au 
gouverneur  de  la  ville. 

11  y  a  environ  foixante  8c  deux  temples ,  tant  au-de- 
dans  qu'au  dehors  de  la  ville;  favoir,  cinq  des  Sinfia  con- 
facrés  aux  cami  ou  dieux  8c  idoles  adorés  dans  le  pays  de- 
puis un  temps  immémorial  ;  fept  de  jammabosou  prêtres 
de  montagne  ,  8c  cinquante  tira  ou  temples  en  1  honneur 
des  idoles  étrangères,  dont  le  culte  a  été  apporté  d'outre 
mer.  De  ces  derniers  il  y  en  a  vingt- un  au-dedans  &  vingt- 
neuf  au  dehors  de  la  ville  ,  fur  le  penchant  des  collines 
avec  de  beaux  escaliers  de  pierres  pour  y  monter.Ces  tem- 
ples font  confacrés  à  la  dévotion  &  au  culte,  &  fervent 
encore  au  diveniiïement  &  à  la  récréation  ;  c'eft  pourquoi 
ils  font  accompagnés  &:  ornés  de  jardins  agréables,  de 
belles  allées  8c  de  beaux  appartenons.  Ce  font  les  plus 
beaux  édifices  de  Nangafacki. 

Après  les  temples ,  les  lieux  les  plus  fréquentés  font  les 
maifons  de  débauche.  La  partie  de  la  ville  où  elles  font  bâ- 
ties, fe  nomme  Kafiematz,  c'eft-à-dire  le  quartier  des  filles 
de  joie  •,  ce  quartier  efi  au  midi  fur  une  éminence  appellée 
Mariam.  Il  contient  les  plus  jolies  maifons  de  particu- 
liers de  toute  la  ville ,  toutes  habitées  par  des  cour- 
tifanes.  Cet  endroit  8c  un  autre ,  qui  eft  dans  la  province 
de  Tfikufen  ,  quoique  de  moindre  réputation  ,  font  les 
deux  feuls  mariam  ou  lieux  publics  de  débauche  qui 
foient  dans  l'ifle  de  Saikokf.  C'eft-là  que  le  pauvre  peu- 
ple de  cette  ifle ,  qui  produit  les  plus  belles  filles  du 
Japon  ,  fi  Ion  en  excepte  Miaco  ,  peut  placer 
fes  filles  pour  ce  genre  de  vie.  Ce  commerce 
eft  plus  lucratif  à  Nangafacki  qu'en  aucun  autre 
endroit,  tant  à  caufe  du  grand  nombre  des  étrangers, 
Nangafacki  étant  le  feul  lieu  où  ils  ayent  la  permiflion 
de  féjourner;  que  parce  que  les  habitans  eux-mêmes 
font  les  plus  débauchés  de  tout  1  Empire. 

La  prifon  eft  au  cœur  de  la  ville ,  à  la  descente  d'une 
rue.  Elle  confifte  en  plufieuts  hutes  ou  petites  cham- 
bres féparées  pour  loger  les  prifonniers,  félon  leur  qua- 
lité, ou  le  genre  du  crime  pour  lequel  on  les  a  arrêtés. 
Outre  ceux  qu'on  met  dans  cette  prifon  pour  les  cri- 
mes commis  à  Nangafacki  ,on  ymetaufii  les  fraudeurs 
de  douane,  &ceux  qui  font  foupçonnés  de  profefierla 
religion  Chrétienne.  Les  triftes  relies  des  Chrétiens  du 
Japon  font  maintenant  condamnés  à  une  prifon  perpé- 
tuelle. Ils  ne  connoiiTent  guère  autre  chofe  de  cette  re- 
ligion que  le  nom  de  notre  Rédempteur  8c  celui  de  fa 
bienheureufe  mère  ;  cependant  ils  y  font  attachés  avec 
tant  de  zèle  ,  qu'ils  aiment  mieux  mourir  miférable- 
ment  en  prifon,  que  de  fe  procurer  la  liberté  en  fai 
faut  abjuration. 

11  y  a  à  Nangafacki,  35  ponts,  tant  grands  que  pe- 
tits ,  vingt  desquels  font  bâtis  de  pierres.  Ils  n'ont  rien 
de  remarquable  dans  leur  ftruclure  :  ils  font  faits  pour 
réfifter  à  la  violence  de  l'eau  8c  non  pour  la  parade. 
Les  rues  pour  la  plupart  ne  font  ni  droites  ni  larges , 
mais  irrégulieres,  mal  propres  8c  étroites  :  elles  mon- 
tent 8c  descendent  à  caufe  de  l'inégalité  du  terrein. 
Elles  fonr  féparées  l'une  de  l'autre  par  deux  portes  de 
bois,  une  à  chaque  bout  ,  que  l'on  ferme  toutes  les 
nuits  8c  fouvent  pendant  le  jour.  Les  maifons  du  peu- 
ple font  petites ,  baffes  8c  ont  rarement  plus  d'un  éta- 
j;e.  Elles  font  bâties  de  bois  ,  comme  celles  de  tous  les 
autres  endroits  de  l'Empire.  Les  maifons  des  riches 
marchands  ,  tant  naturels  qu'étrangers,  8c  des  autres 
perfonnes  riches ,  font  beaucoup  mieux  bâties  :  elles 
ont  ordinairement  deux  étages  avec  une  avant-cour  8c 
un  jardin  fur  le  derrière. 

Nangafacki  eft  habité  par  des  marchands,  par  des  gens 
de  boutique ,  des  artifans  ,  des  ouvriers ,  des  artiftes ,  des 
brafleurs ,  outre  les  nombreufes  fuites  des  gouverneurs 
de  la  ville  ,  8c  les  perfonnes  qui  font  employées  dans  le 
commerce  des  Hollandois&  des  Chinois.  11  y  a  des  men- 
dians,  qui  font  plus  effrontés  que  par  tout  ailleurs ,  8c  de 
pauvres  gens  qui  font  vœu  de  mener  une  vie  dévote ,  cha- 
fte  &  auftere.  Ils  fe  font  rafer  la  tête ,  8c  s'habillent  de 
noir  comme  les  prêtres  pour  obtenir  plus  facilement  l'au- 
mône. 

Les  manufactures  pour  la  plupart  ne  font  pas  fi  Don- 
nas à  Nangafacki,  que  dans  les  autres  endroits  de  l'em- 
pire , 


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NAN 


pire  ;  Se  cependant  tout  fe  vend  plus  cher,  fur-tout  aux 
étrangers.  Il  faut  pourtant  en  excepter  ce  qui  fe  travaille 
en  or ,  en  argent  Se  fawaas.  Ces  fortes  de  marchandifes 
ne  font  pas  fi  propres  pour  le  commerce  domeflique  que 
pour  l'étranger  ;  aufli  ces  ouvrages  fe  font-ils  avec  plus 
de  goût. 

Le  riz ,  qui  efl  la  nourriture  ordinaire  dans  toute  l'Afîe, 
ne  vient  pas  en  allez  grande  abondance  aux  environs  de 
Nangafacki  pour  nourrit  fes  habitans  :  il  faut  faire  ve- 
nir des  vivres  des  provinces  voifines. 

On  entend  un  bruit  continuel  dans  cette  ville  :  on  y 
crie  dans  les  rues  ,  pendant  le  jour  ,  les  vivres  Se  les  au- 
tres marchandifes.  Les  ouvriers,  qui  travaillent  à  la  jour- 
née s'encouragent  l'un  l'autre  par  un  cri  toujours  du  mê- 
me ton.  Les  matelots , dans  le  port,  mefurent  le  pro- 
grès de  leur  manœuvre  à  un  autre  ton  fort  élevé.  Pen- 
dant la  nuit ,  les  gens  du  guet  Se  les  foldats  qui  font  en 
fa&ion ,  foit  dans  les  rues ,  fou  fur  le  port ,  battent  deux 
fortes  pièces  de  bois  l'une  contre  l'autre  ,  afin  de  mon- 
trer leur  vigilance  ,  Se  d'enfeigner  les  heures  de  la  nuit 
de  tems  en  tems.  Les  Chinois  augmentent  le  bruit ,  fur- 
tout  fur  le  foir,  lorsqu'ils  brûlent  des  morceaux  de  papier 
doré  Se  les  jettent  dans  la  mer ,  comme  une  offrande 
qu'ils  font  à  leur  idole  Maatfo  Bofa  ,  ou  lorsqu'ils  por- 
tent en  proceflion  cette  idole  autour  du  temple ,  ce  qu'ils 
font  au  (on  des  tambours  &  des  cymbales^  mais  tout  cela 
eft  peu  de  chofe  en  comparaifon  des  cris  Se  des  clabau- 
deries  des  prêtres  Se  des  païens  des  agoni  fans  ou  des  per- 
fonnes  moites ,  qui  dans  les  maifons  où  efl:  le  corps  mort, 
ou  ailleurs, dans  certains  jours  conl'acrés  à  la  mémoire  du 
défunt ,  chantent  des  namanda  à  haute  voix  ,  Se  battent 
des  cloches  pour  le  repos  de  fon  ame.  Namanda  efl  une 
courte  prière ,  abrégée  des  mots  Nama  amida  budfu  , 
addreflée  a  leur  dieu  Amida,  à  qui  ils  demandent  inter- 
cerfion  auprès  du  fupréme  juge  de  la  cour  des  enfers,  en 
faveur  de  la  pauvre  ame  condamnée  à  fouffrir.  La  mê- 
me choie  fe  fait  aufli  par  les  Nembuds  Koo,  qui  font  cer- 
taines confréries ,  ou  fociétés  de  voiiins  dévots,  amis  ou 
païens ,  qui  fe  rendent  cour  à  tour  dans  leurs  maifons 
matin  ou  foir,  pour  chanter  le  namanda  par  précaution, 
pour  le  foulagement  à  venir  de  leurs  propres  âmes. 

Le  havre  de  Nangafacki  commence  au  nordde  la  ville. 
Son  entrée  efl  étroite  ,  Se  n'a  que  peu  de  braffes  de  pro- 
fondeur avec  un  fond  de  fable.  La  mer  reçoit  auprès 
quelques  rivières  qui  descendent  des  montagnes  voifines. 
Le  port  s'élargit  enfuite  Se  devient  plus  profond  ;  Se  lors- 
qu'il a  une  demi-lieue  de  largeur ,  Se  cinq  ou  fix  braffes 
de  profondeur  ,  il  tourne  au  fud-oueft  ,  Se  court  ainfi  la 
longueur  d'une  lieue ,  le  long  d'une  côte  élevée  Se  des 
montagnes.  Il  a  du  moins  un  quait  de  lieue  de  largeur , 
jusqu'à  ce  qu'il  aboutiflé  à  une  montagne  entourée  de  mer 
ôe  appellée  Taka  Jama ,  ou  Taka  Boko ,  comme  qui  di- 
roit  le  pic  des  Bambous ,  ou  la  haute  montagne  des 
Bambous.  Les  Hollandois  la  nomment  Papenberg. 

Tous  les  navires  qui  doivent  faire  voile  de  Nangafacki 
à  Batavia  Jettent  l'ancre  ordinairement  près  de  cette  ifle, 
pour  attendre  l'occafion  de  fortir  du  Havre  :  ce  que  l'on 
feroit  aifément  en  deux  heures ,  fi  ce  n'étoit  la  quantité 
de  bancs  de  fable,  de  bas  fonds  &  de  rochers,  qui  ren- 
dent le  paffage  de  ce  détroit  difficile  &  dangereux.  Pour 
fe  tirer  d'affaire  les  navires  doivent  gouverner  ouefl ,  lais- 
fer  la  terre  à  la  droite  ,  Se  gagner  la  pleine  mer,  paffant 
entre  de  petites  ifles.  On  a  élevé  des  Dallions  tour  le  long 
du  Havre,  comme  une  défenfe-,  mais  ils  n'ont  point  de 
canon.  A  une  demi-lieuc  de  la  ville  ,  il  y  a  deux  gardes 
impériales  vis-à-vis  l'une  de  l'autre  Se  entourées  de  pa- 
lilTades  :  elles  font  de  700  hommes  chacune  ,  y  compris 
ceux  qui  font  en  faction  dans  les  bateaux  de  garde  qui 
font  dans  le  Havre  pour  fa  défenfe ,  Se  pour  empêcher 
les  navires  étrangers  de  jetter  l'ancre.  Auprès  de  Papen- 
berg, où,  à  proprement  patler  ,  commence  le  port  ,il  y 
a  une  petite  ifle  où  le  dernier  navire  Portugais  envoyé  de 
Macao  au  Japon ,  fut  brûlé  en  1 642 ,  avec  toutes  les  mar- 
chandifes qu'il  avoit  à  bord.  Depuis  ce  tems  on  appelle 
ce  lieu  l'endroit  où  on  brûle  les  vaiffeaux  ennemis  ,  parce 
qu'il  efl  defliné  pour  être  le  théâtre  de  pareilles  exécu- 
tions à  l'avenir. 

Il  y  a  raremenr  moins  de  cinquante  navires  dans  le 
port ,  outre  quelques  centaines  de  bateaux  de  pêcheurs  Se 
autres  petits  bâtimens.  A  l'égard  des  vaiffeaux  étrangers , 


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fi  l'on  en  excepte  quelques  mois  de  l'hiver ,  il  y  en  a  ra- 
rement moins  de  trente,  la  plupart  desquels  font  des  jon- 
ques de  la  Chine.  Les  vaiffeaux  Hollandois  ne  féjournenr. 
jamais  plus  de  trois  mois  en  automne ,  &  rarement  tout 
ce  tems  ;  parce  qu'alors  le  vent  du  fud  ou  d'ouefl ,  ou  la 
monfon  qui  les  a  amenés  au  Japon  ,  tourne  au  nord. 
C'efl  à  la  faveur  de  la  monfon  du  nord  -  efl ,  qu'ils  doi- 
vent retourner  à  Batavia ,  ou  aux  autres  ports  pour  les- 
quels on  les  a  équipés.  L'ancrage  efl  au  bout  de  la  baie, 
à  portée  des  gardes  impériales ,  à  une  portée  de  fufil  de 
la  ville.  On  y  mouille  fur  une  argillc  molle,  à  fix  braffes 
de  profondeur ,  Se  à  quatre  Se  demie  ,  quand  la  marée  efl 
baffe. 

NANGATO  ,  royaume  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifle 
Niphon,  dont  il  efl  la  partie  la  plus  occidentale.  Il  a  un 
petit  port,  nommé  Ximonofequi,Cut  le  canal  étroit  qui  fé- 
pare  l'ifle  Niphon  de  celle  de  Ximo.  Sa  ville  capitale  efl 
Amanguchi,  ou  félon  d'autres,  AuAKGVci.Voyez,  ce  mot. 
*  Le  Père  de  Charlevoix. 

NANGAXIMA,  place  forte  du  Japon, dans  l'ifle  de 
Xicoca  ,  Se  dans  le  royaume  de  Tofa. 

NANGIS,  petite  ville  de  France,  dans  la  Brie  ,  diocè- 
fe  de  Sens,  parlement  de  Paris,  avec  titre  de  mat quifar. 
Elle  efl  fituée  dans  une  plaine  fertile  en  grains ,  a  deux 
lieues  de  la  Chapelle-Gautier ,  à  trois  lieues  de  Rofay  , 
de  Provins  Se  de  Vaudois ,  à  quatre  de  Melun  Se  de  Mon- 
tereau-fur-Seine  ,  Se  à  quaroize  de  Paris.  On  y  voit  un 
beau  château  ,  Se  l'on  y  tient  marché  tous  le--  mercredis  , 
Se  un  grand  marché  franc  tous  les  premiers  mardis  de 
chaque  mois.  Le  revenu  de  ce  marqnifat  efl  d'environ 
quinze  mille  livres  de  rente.  *  Corneille ,  Dict.  Mémoi- 
res drejjés  fur  les  lieux. 

NANGOLOG^€,  NMyaXoyeii,  peuples  de  l'Inde  ,  au- 
delà  du  Gange,  félon  Ptolomée,  /.  1.  c.  2.  qui  les  place 
après  les  Dabafœ  jusque  fur  le  Méandre. 

NANGOYA,  port  du  Japon  dans  l'ifle  de  Ximo  ,  Se 
dans  la  province  de  Figen.  Il  appartenoit  au  prince  d'O- 
mura  ;  mais  en  1 590  ,  l'empereur  Tayco-Sanu  s'en  em- 
para ,  Se  en  fit  fa  place  d'armes  pour  la  guerre  de  Corée. 

NANGUEI,  cité  militaire  de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Huquang  ,  au  département  de  Xi ,  grande  cité  mi- 
litaire de  la  province.  Elle  efl  de  7  deg.  35  min.  plus 
occidentale  que  Péking ,  fous  les  30  deg.  10  min.  de 
latitude  feptentrionale.  '    Atlas  Sinenfîs. 

1.  NANHIUNG  ou Namheung,  ville  de  la  Chine, 
dans  la  province  de  Canton  ou  Quangtung  ,  où  elle  a  le 
rang  de  troifiéme  métropole.  Elle  efl  de  3  deg.  10  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  2j  deg.  32  min. 
de  latitude  feptentrionale.  En  remontant  le  fleuve  Chin 
jusque  vers  fa  fource ,  on  rencontre  la  ville  de  Nanhiung, 
qui  n'en  efl:  pas  éloignée.  C'efl  la  ville  la  plus  feptentrio- 
nale de  la  province ,  Se  en  même  tems  un  entrepôt  riche 
&  fréquenté.  Le  pays  appartenoit  ancienne  ment  aux  rois 
de  Çu  :  fous  la  famille  de  Cina  il  dépendait  du  pays  de 
Nanhai ,  Se  de  celui  de  Queiyang  fous  la  famille  de  Ha- 
na.  On  l'appelloit  alors  Hiungcheu.  La  famille  Sungalui 
donna  le  nom  moderne.  Cette  métropole  n'a  que  deux 
villes  dans  fa  dépendance, 


Nanhiung , 


Xihing. 


Cette  ville  efl  femblable  àSucheu.Elle  efl  fituée,  com- 
me cette  dernière  ville ,  fur  une  langue  de  terre  entre  les 
deux  rivières  ,  fituation  qui  la  rendroit  imprenable,  fi  elle 
étoit  ménagée,  fans  y  employer  d'autres  avanrages  que 
ceux  qu'elle  tire  de  la  nature  même.  Il  y  a  de  bons  ponts 
de  pierres ,  pour  paffer  de  la  campagne  en  la  ville  :  cha- 
cun de  ces  ponts  a  huit  arcades ,  Se  chaque  arcade  efl 
barrée  par  de  groffes  chaines  de  fer  ,  en  forte  que  per- 
fonne  n'y  peut  paffer  que  du  confentement  du  gouver- 
neur ,  Se  après  avoir  payé  le  droit  de  péage  :  elle  a  été 
fort  maltraitée  par  les  Tartares  la  dernière  fois  qu'ils  l'ont 
prife  ;  cependant  du  côté  de  la  rivière  ,  où  demeurent  la 
plûparr  des  marchands  Se  des  voituriers  ;  les  maifons  y 
font  encore  en  leur  entier,  apparemment  pour  s'être 
rachetés  du  pillage  à  force  d'argent.  L'on  voit  dans  cette 
ville  plufieurs  maifons,  où  le  nom  de  notre  Sauveur  efl 
gravé  en  lettte  d'or  au-deffus  des  porres.  *  Ambajj.uli 
des  Hollandois  à  Péking; ,  au  fecueil  de  l'bevenot. 

2.  NANHIUNG  ou  Namheung,  montagne  de  1a 
Tom.  IV.   ûoo 


NAN 


474 

Chine  ,  d.ms  la  province  de  Canton  ,  entre  la  ville  de 
Nanhiung  Se  celle  de  Nanyang.  Cette  montagne  elt  fore 
élevée  :  elle  a  pris  Ion  nom  de  la  ville  de  Nanhiung.  Il 
faut  paiîerpar  cette  montagne,  quand  on  va  parterre  à 
Nanyang.  Le  chemin  qui  conduit  par  cette  montagne  , 
depuis  la  ville  de  Namheung  jusqu'à  celle  de  Naii)ang, 
eft  au /fi  bien  pavée  que  la  plus  belle  ville  de  Hollande, 
ce  qui  le  rend  fort  commode  aux  perfonnes  qui  voya- 
gent i  la  vue  d'ailleurs  elt  fort  agréable  ,  à  caufe  des  bel- 
les plaines  ,  des  campagnes  labourables ,  Se  des  ruiffeaux 
d'eaux  courantes  que  l'on  y  rencontre. 

NANHO ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de  Pé- 
king  ,  au  département  de  Xunte  ,  cinquième  métropole 
de  la  province.  Elle  elt  de  2  deg.  c  3  min.  plus  occi- 
dentale que  Péking  ,  fous  les  37  deg.  48  min.  de  latitu- 
de feptemrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

NAN1A.  Voyez.  Vania. 

NANlABE,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  dans  la  Louïfiane  ,  au  bord  de  la  rivière  de  la  Mo- 
bile ,  près  de  Tomes ,  à  la  bande  de  l'oueft. 

NANIAN.  Voyez.  Nanyang. 

NANICHE.  Voyez,  Anich^. 

NANIGANA.  Voyez.  PanigenA. 

NANIGERI.  Voyez  Nageri. 

NANIGERIS,  ifle  des  Indes  fur  la  côte.  Ptoloméc  , 
/.  7.  c.  i.la  met  en-deçà  du  golfe  Colchique  ,  &  la  place 
plus  près  de  ce  golfe.  Au  lieu  de  Nanigeris,  les  manu- 
ferits  grecs  portent  nwiytipiç,  Mercator  écrit  Nanigeris 
dans  fa  table  générale ,  Se  ajoute  que  nos  géographes  l'ap- 
pellent Zeilan  ,  mais  que  les  habitans  de  l  ifle  la  nom- 
ment Tenarifis. 

1.  NANKANG,  ville  delà  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi ,  où  elle  a  le  rang  de  quatrième  métropole  de  la 
province.  Elle  elt  d'un  deg.  1 3  min.  plus  occidentale  que 
Péking  ,  fous  les  30  deg.  2  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale. Cette  ville  eft  bâtie  affez.près  du  lac  Poyang  ,  du 
côté  de  l'occident.  Son  territoire  elt  très-fertile,  il  pro- 
duit du  grain  Se  des  légumes  en  abondance  ;  les  monta- 
gnes voifines  donnent  beaucoup  de  bois  dans  les  endroits 
où  elles  ne  font  pas  cultivées ,  &c  le  lac  enrichit  les  habi- 
tans par  la  quantité  de  poiffons  qu'il  fournit.  Il  y  a  qua- 
tre villes  qui  dépendent  du  territoire  de  Nankang  ; 

Nankang,       Tuchang,       Kienchang,       Gany. 

La  métropole  appartenoit  anciennement  aux  rois  Çu  : 
la  famille  Cina  l'unit  au  pays  de  Kieukiang;  celle  de  Ha- 
na  l'appella  Pengçe;  celle  de  Tanga  la  nomma  Kiancheu, 
&  celle  de  Sunga  lui  donna  le  nom  qu'elle  porte  aujour- 
d'hui. *  Atlas  Sinenfis. 

2.  NANKANG ,  ville  de  la  Chine  dans  la  province  de 
Kiangfi,  au  département  de  Nangan  ,  treizième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2  deg.  49  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking,  fous  les  2j  deg.  §6  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  NANKI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Su- 
chuen,  au  département  de  Siucheu,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1 1  deg.  47  min.  plusoc- 
cidentale  que  Péking  ,  fous  les  29  deg.  7  min.  de  lati- 
tude feptentrionale. 

2.  NANKI ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xanfi ,  auprès  de  la  ville  de  Fung.  Il  y  a  fur  cette  mon- 
tagne un  grand  lac. 

NANKIANG ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Paoning  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  1 1  deg.  35  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking,  fous  les  3 1  deg.  55  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

x.  NANKIN  ,  ou  Nanking  ou  Kiangnan  ,  grande 
province  de  la  Chine,  qui  n'a  que  le  neuvième  rang  par- 
mi les  provinces  de  ce  vafte  empire;  mais  qui  pourroit 
pa/Ter  pour  la  première,  fi  l'on  confidéroit  feulement  fon 
étendue  Se  fa  richeffe.  Voyez  Kiangnan. 

2.  NANKIN,  autrement  Kiangning,  villede  la  Chine, 
dans  la  province  de  Nankin  ,  où  elle  a  le  rang  de  capitale. 
Elle  eft  d'un  deg.  25  min.  plus  orientale  que  Péking, 
fous  les  32  deg.  40  min.  de  latitude.  Cette  ville  ,  autre- 
fois nommée  la  fuperbe  &la  nonpareille  ,  reconnoît  pour 
fon  fondateur  Guejus,  roi  de  Çu,qui  l'appella  Kinling, 
c'e/t-à-dire  pays  d'or  ;  le  premkr  de  la  famille  Cina  la 


NAN 


nomma  Moling  :  les  rois  d'U,  qui  y  tinrent  leur  cour  ,  lui 
donnèrent  le  nom  de  Kienye  :  fous  la  famille  Tanga  elle 
fut  appellée  Kiangning  ,  nom  que  la  famille  de  Taiminga 
changea  en  celui  dlngtien.  Enfin  les  Tartares,  après  qu'ils 
eurent  conquis  la  Chine,  lui  donnèrent  le  nom  de  Kian- 
gning; mais  elle  n'a  pas  lai/Té  de  conferver,  fur-rout  par- 
mi les  étrangers,  le  nom  de  Nanking. 

Cette  ville  eft  fituée  dans  un  fond  très  -  fertile  ,  arrofé 
par  rout  du  grand  fleuve  de  Kiang,  par  le  moyen  d'une 
infinité  de  canaux  artificiels,  fur  lesquels  il  y  a  autant  de 
ponts  bâtis  de  pierres.  Elle  avoit  anciennement  trois  en- 
ceintes de  murailles ,  à  la  troifiéme  desquelles  on  donnoit 
feize  grandes  lieues  de  circuit.  On  en  voit  encore  quelques 
velligcs ,  Se  il  femble  que  ce  foient  plutôt  les  bornes 
d'une  province  que  celles  d'une  ville.  Quand  les  empe- 
reurs y  tenoient  leur  cour ,  le  nombre  des  habitans  étoit 
infini  ,  fa  fituation ,  l'on  port,  la  fertilité  des  terres  qui 
l'environnent ,  les  canaux  qui  facilitent  le  commerce, 
tout  cela  contiibuoit  à  fa  fplendeur.  Depuis  ce  tems  elle 
a  fort  déchu  de  fon  ancien  état  ;  cependant  fi  l'on  com- 
pte fes  fauxbourgs  Se  les  habitans  de  fes  canaux,  il  s'y  trou- 
ve encore  plus  de  monde  qu'à  Péking.  Quoique  les  colli- 
nes incultes ,  les  terres  labourées  ,  les  jardins  &  les  vui- 
des  confidérables  qu'on  voit  dans  fon  enceinte  ,  en  dimi- 
nuent la  grandeur  ,  ce  qui  eft  habité  fait  une  ville  d'une 
prodigieufe  étendue.  Elle  a  encore  des  palais  ,  des  tours 
Se  des  temples  très-fomptueux.    Ses  autres  édifices  pu- 
blics ont  auffi  beaucoup  de  magnificence.  Ses  rues  piin- 
cipales  font  droites  Se  bâties  au  cordeau  ,  Se  ont  envi- 
viion  vingt  huit  pas  de  large. 

Le  milieu  efi  pavé  de  grands  marbres,  &  les  côtés  font 
garnis  d'un  pavé  à  menus  cailloux  cimentés.  Elles  ont 
chacune  un  guichet  .qu'on  ferme  la  nuit  pour  empêcher 
les  désordres  ;  chaque  rue  a  aulfi  un  fyndic  qui  tient  ré- 
gi lire  de  ceux  qui  y  demeurent.  Les  maifons  du  me- 
nu peuple  n'ont  qu'une  porte  pour  y  entrer  &  pour  for- 
tir  ;  qu'une  chambre  de  retraite  pour  manger  Se  pour 
coucher,  Se  qu'un  trou  carré  à  la  rue ,  fur  lequel  ils  éta- 
lent leurs  denrées.  Celles  des  marchands  fameux  ont 
divers  corps  de  logis  de  plufieurs  étages,  &  de  très- bel- 
les boutiques  remplies  d'étoffes  de  coton  Se  de  foie;  de 
porcelaines,  de  perles,  de  diamans ,  Se  d'autres  mar- 
chândifes  de  grand  prix.  On  voit  devant  chaque  bou- 
tique ,  le  nom  du  marchand  écrit  en  lettres  d'or  fur  une 
planche  ,  Se  tout  proche ,  il  y  a  un  mât  qui  s'élève  au- 
deffusdu  toit  :  ce  mât  eft  orné  d'une  banderole  ,  ou  d'une 
autre  marque  qui  faitconnoîtie  la  demeure  du  marchand. 
^Corneille,  Dici.  Le  P.  le  Comte,  Mémoires  fur  l'état  pré- 
fent  de  la  Chine  ,  t.  2.  1.  3 

On  compte  plus  d'un  million  d'habitans  dans  cette 
ville  ,  où  le  lieutenant  général  des  provinces  du  Midi 
fait  fa  réfidence,  fans  comprendre  une  garnifon  de  qua- 
rante mille  hommes.  Les  vivres  y  font  à  un  fort  bas  prix, 
parce  que  les  campagnes  voifines  font  fertiles.  Les  fini- 
pies  y  croiflent  fort  heureufement,  Se  le  ciel  y  eft  fi  ferein 
&  fi  tempéré,  que  les  médecins  choififfent  Nankin  pré- 
férablement  à  tous  les  autres  lieux  du  royaume  ,  pour  y 
établir  la  première  académie  de  leur  faculté. 

La  première  muraille  de  cette  ville  a  treize  portes 
revêtues  de  lames  de  fer ,  avec  des  canons  de  chaque  cô- 
té. Son  circuit  elt  de  vingt  milles  d'Italie  ,  Se  félon  quel- 
ques-uns de  fix  grandes  lieues  d'Allemagne  ,  fans  parler 
des  fauxbourgs  qui  font  d'une  longueur  incroyable.  Il 
y  a  encore  une  mviraille  qui  eft  d'une  plus  valte  éten- 
due ;  mais  elle  ne  va  qu'aux  endroits  où  il  y  a  le  plus  de 
dangers ,  &  où  la  nature  femble  avoir  befoin  du  fecours 
de  l'art.  Les  Chinois  ,qui  veulent  vanter  la  grandeur  de 
Nankin  ,  difent  que  fi  deux  hommes  fortoient  à  che- 
val arf  point  du  jour  par  la  même  porte ,  Se  qu'ils 
pri/ïent  le  grand  galop  ,  l'un  d'un  côté  ,  l'autre  de  l'au- 
tre ,  ils  ne  pourroientfe  rencontrer  le  foir.  *  Arnbajja- 
de  des  Hollandois  à  la  Chine. 

Le  palais  impérial ,  qui  n'eft  plus  aujourd'hui  qu'une 
mafure  de  ruines ,  avoit  plus  d'une  lieue  de  circuit  & 
étoit  environné  d'une  fort  bonne  muraille.  Il  y  avoit 
au  milieu  une  voie  croiféequi  fervoit  à  la  promenade, 
Se  qui  étoit  couverte  d'un  pavé  de  groffes  pierres  car- 
rées Se  unies  ,  &  défendue  de  chaque  coté  d'un  bas 
mur  de  pierres  de  taille ,  dont  le  pied  étoit  mouillé 
des  eaux  d'un  ruiffeau.  On  voit  encore  au-deffus  de  la 


NAN 


NAN 


porte  du  deuxième  rez-de-chauflee  une  cloche  d'une 
grofleur  extraordinaire,  de  la  hauteur  de  deux  hom- 
mes ,  de  trois  braffes  &  demie  de  tour ,  Se  de  l'épais- 
feur  d'un  bon  quart  d'aune.  Les  Tartares  qui  ont  fait 
dans  cette  ville  de  moindres  dégâts  qu'ailleurs  ,  ont  dé- 
chargé leur  fureur  fur  ce  palais,  par  la  haine  qu'ils 
avoient  pour  la  famille  de  Taiminga  ,  qui  avoit  tenu 
long-tems  fon  fiége  en  ce  lieu. 

Au  fortir  de  la  ville ,  on  entre  dans  une  grande 
plaine  que  les  habitans  appellent  Paolinki  ou  Paulingyng. 
Cette  plaine  enferme  un  beau  bois  planté  de  pins:  il  a 
de  circuit  plus  de  douze  milles  d'Italie ,  &  contient  un 
petit  mont ,  qui  a  fervi  de  fépulcie  aux  anciens  rois  de  la 
Chine.  On  voit  dans  cette  plaine  plufieurs  magnifiques 
bâcimens ,  de  fort  hautes  tours  Se  des  temples  fuper- 
bes.  11  yen  a  un  entr'autres  qui  eft  un  ouvrage  vraiment 
royal:  il  eft  bâti  dans  un  lieu  élevé,  fur  une  terrafle 
faite  de  pierres  carrées  ,  avec  quatre  escaliers ,  dont  les 
degrés  font  de  marbre  Se  regardent  les  quatre  parties 
du  monde.  Ce  temple  a  cinq  nefs ,  qui  ont  deux  rangs 
de  colomnes  de  chaque  côté.  Ces  colomnes  font  ron- 
des, longues ,  bien  polies  ,  Se  d'une  telle  grofleur,  que 
deux  hommes  peuvent  à  peine  en  embrafler  une  :  cha- 
cune a  plus  de  vi-^t-quatre  coudées  de  hauteur.  Elles 
foutiennent  de  très-grofles  poutres,  fur  lesquelles  on  a 
dieflé  des  piliers  plus  petits  pour  mettre  la  couverture, 
qui  eft  faite  d'ais,  lambriffée  &  d'une  ftruchire  rare. 
On  voit  dans  les  portes  de  ce  temple  des  lauriers  gra- 
vés Se  des  lames  dorées ,  que  l'on  a  pris  foin  d'y  en- 
«haffer  :  les  fenêtres  y  font  défendues  d'un  fil  d'archal  fi 
fin  Se  fi  délié ,  qu'il  ne  met  aucun  obftacle  à  la  lu- 
mière. On  montre  ejhcore  au  milieu  du  temple  deux 
trônes,  enrichis  de  perles  &  de  pierres  précieufes.  Il  y 
a  aufli  deux  fiéges  dans  l'endroit  le  plus  élevé  :  l'un  fer- 
voit  au  roi,  quand  il  vouloit  facrifieren  ce  lieu,  ce  qui 
n'étoit  permis  autrefois  qu'à  lui  ;  l'autre  ,  qui  a  toujours 
été  vuide,  eft  pour  la  divinité  qu'ils  croient  s'y  trou- 
ver iuvifiblement.  Dans  les  cours  du  temple  ,  il  y  a  un 
grand  nombre  d'autels  de  marbre  rouge,  où  font  re- 
préfentés  le  foleil ,  la  lune  ,  les  monts  Se  les  fleuves  de 
la  Chine.  Ce  temple  eft  ,  outre  cela ,  environné  de  di- 
verfes  chambres ,  où  les  bains  du  roi  étoient  enfermés  : 
des  chemins  fpacieux  y  conduifent  ,  ainfi  qu'aux  fépul- 
cres.  Ces  chemins  font  plantés  de  pins  en  échiquier 
dans  une  diftance  égale.  La  tour  de  porcelaine ,  qu'on 
nomme  la  grande  tour ,  embellit  la  même  plaine.  Voyez. 
au  mot  Tour. 

La  ville  de  Nankin  ,  ayant  été  forcée  de  recevoir  le 
joug  des  Tartares ,  tâcha  par  toutes  fortes  de  moyens 
de  s'infinuer  dans  les  bonnes  grâces  de  l'empereur.  Elle 
lui  envoie,  tous  les  ans  à  Péking  ,  cinq  vaifleaux  chargés 
de  riches  rouleaux  de  draps  de  foie  Se  d'autres  belles 
étoffes.  On  nomme  ces  vailTeaux  Lungychueu  ,  comme 
qui  diroit  les  navires  des  habits  du  dragon  ,  parce 
qu'ils  font  deftinés  pour  l'empereur  qui  porte  des  dra- 
gons dans  fes  armes.  Lorsque  les  mariniers  apperçoivent 
ces  vaifleaux  ,  ils  calent  aufiitôt  leurs  voiles.  Certe  mê- 
me ville  envoie  à  la  cour ,  vers  les  mois  d'Avril  Se  de 
Mai,  d'excellens  poiflbns,  qui  fe  pèchent  an  pied  de 
fes  murailles ,  dans  la  rivière  de  Kiang.  Quoiqu'il  y  ait 
plus  de  deux  cens  lieues  d  Allemagne  de  là  à  Péking, 
ce  chemin  fe  fait  en  huit  ou  dix  jours.  Il  y  a  des 
hommes  gagés  pour  tirer  les  navires  jours  Se  nuits  ,  & 
d'autres  tout  frais  pour  prendre  la  place  de  ceux  qui 
fe  trouvent  fatigués.  On  donne  avis  du  jour  précis  que 
ces  vaifleaux  doivent  arriver  ;  Se  on  dit  qu'il  y  va  delà 
vie  même  des  gouverneurs ,  s'il  y  a  du  retardement. 
Pendant  cette  pêche  deux  navires  fe  rendent  à  la  cour 
toutes  les  femaines. 

Quand  on  fort  de  Nankin  par  la  porte  de  Suifimon  > 
Se  qu'on  a  fait  environ  deux  lieues ,  on  trouve  au 
bout  des  dernières  murailles  de  cette  ville  un  temple 
fort  fomptueux  ,  où  des  Hollandois  entrèrent  en  1655  , 
Se  furent  témoins  d'un  facrifice  qu'y  firent  quelques 
Chinois.  Ces  idolâtres  fe  profternoient  à  l'cnvi  fur  le 
pavé ,  Se  fe  frapoient  la  poitrine  avec  de  grands  hurle- 
mens.  Us  égorgèrent  enfuite  des  boucs  &  des  pourceaux 
qu'ils  mirent  fur  l'autel ,  au  derrière  duquel  étoit  placé 
un  marnioufet  monftrueux  ,  qu'ils  difoient  être  le  dieu 
tutclaire  du  lieu ,  <Sc  le  fouverain  des  eaux  de  cette  cor* 


,475* 

tree.  Toutes  les  autres  petites  poupées  qui  Pentoutoient 
étoient  fes  miniftres.  Lorsque  les  boucs  Se  les  pour- 
ceaux eurent  été  immolés ,  on  apporta  un  grand  nom- 
bre de  coqs  qu'on  égorgea  :  on  àrrofa  de  leur  fâng  tou- 
tes ces  petites  images ,  qui  furent  lavées  Se  nettoyées 
un  moment  après  par  les  afliftans.  Enfin  on  alluma  un 
grand  nombre  de  flambeaux,  Se  tôUt  le  monde-  fe 
mit  à  genfcux  ,  les  yeux  abbatus  Se  en  marmotant  en- 
tre les  dents.  Les  prêtres,  qui  faifoient  fort  les  empres- 
fés  dans  cette  cérémonie,  montrèrent  aux  Hollandois 
une  boëte  de  bambous,  garnie  de  petits  tuyaux  de  -ro- 
feau  ,  figurée  de  différens  caractères,'  &  de  laquelle  ils 
fe  vantoient  de  tirer  le  don  de  prophétie ,  les  horos- 
copes Se  le  bonheur  ou  le  malheur  de  ceux  qui  les  con- 
fultoient. 

La  métropole  de  Nankin  a  dans  fa  dépendance  fept 
villes  ;  lavoir, 

Nankin  ou  Kiangnirtg ,     Lieyang ,     Caoxun , 
Kiuyung,  Liexui,  Kiangpu    , 

Se  Loho. 

3.  NANKIN  ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Fokien  ,  au  midi  de  la  ville  de  Foning  ,  fur  lé 
bord  de  la  mer.  *  Atlas  Sinenfîs. 

NANL1NG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Nanking ,  au  département  de  Ningque  ,  douzième  mé- 
ttopole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  40  min.  plus 
orientale  que  Péking ,  fous  les  3  1  degi  54  min.  de  la- 
tit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfîs. 

NANLO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Péking  ,  au  département  de  Taming ,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2  deg.  o  mih.  plus  oc- 
cidentale que  Péking,  fous  les  36  deg.  3  1.  min.de  la- 
titude feptentrionale. 

NANMO,  torrent,  ou  plutôt  ruifleau  delà  Chine» 
dans  la  province  d'Iunnan,  auprès  de  la  ville  de  Fu. 
Ses  eaux  font  toujours  chaudes  :  on  leur  attribue  la  ver- 
tu de  guérir  diverfes  maladies. 

NANNETES  ,  peuples  de  la  Gaule  Celtique,  au 
diocefe  de  Nantes,  félon  Jules  Céfar ,  /.  $.c.  9.  Pres- 
que tous  les  autres  écrivains  difent  Namnètes  .  au  lieu 
de  NANNF.TEs.Strabon,  /.  4.  les  met  les  premiers  dans 
l'Armorique  ,  aux  frontières  de  l'Aquitaine.  Pline,  /. 
4-  c.  i  S.  dit  :  Vitra  peninjulam  (  la  province  de  Breta- 
gne )  Nannetes.  Ce  font  les  Na^^Tcu,  Namnett,  de  Pto- 
lomée,  /.  1.  c.  8.  Se  leur  ville  s'appelloit  Condivic- 
num.  Elle  étoit  fituée  fur  la  Loire  ,  dans  le  lieu  où  eft 
aujourd'hui  la  ville  de  Nantes.  Dans  le  moyen  âge  (a)  t 
comme  cela  eft  arrivé  à  beaucoup  d'autres  villes,  celle 
de  Condivicnum  perdit  fon  ancien  nom  ,  pour  prendre 
celui  du  peuple  ;  Se  non  feulement  on  l'appella  Civitas 
Namnemm  {b)  ,  Se  Civitas  Namnetica  ( c)  ;  on  fe  con- 
tenta même  de  l'appeller  Amplement  Namnètes  (  à  )  , 
du  Namnetœ ,  comme  Ptolomée  ;  d'où  s'eft  formé  le 
nom  vulgaire  de  Nantes.  Voyez,  ce  mot.  (  a  )  CelLir. 
Geogr.  ant.  1.  2.  c.  i.(b)  Noth.provinc.  Litgdun.  Hh 
(c)  Gregori  Turon.  1.  6.  c.  15.  (d)  Venant.  Fortwiat. 
1.  3. 

NANNIGI,  Nannagi  ou  Dannagî  ,  nation  de 
l'Afrique  intérieure,  félon  Pline,  /.  j.  c.  j.  Elle  fut 
fubjuguée  par  Cornélius  Balbus, 

NANNING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Quangfi  ,  où  elle  a  le  rang  de  feptiéme  métropole. 
Elle  eft  de  9  deg.  30  min.  plus  occidentale  que  Pé- 
king, fous  les  23  deg.  40  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale. Le  territoire  de  Nanning  eft  fort  étendu ,  fi  l'on 
regarde  fa  longueur  :  il  prend  depuis  le  fleuve  Puon4 
Se  s'étend  jusqu'au  Ly  ;  mais  fa  largeur  ne  répond  pas 
à  fa  longueur.  Le  terrein  eft  partagé  en  plaines  Se  en 
montagnes  ou  collines;  Se  c'eft  un  des  plus  beaux  & 
des  meilleurs  endroits  de  la  province.  La  ville  de  Nan- 
ning eft  fituée  au  confluent  de  deux  rivières ,  qui  fe 
jettent  dans  le  fleuve  Takiang ,  au  midi  de  la  ville  , 
&  y  perdent  leur  nom.  La  partie  méridionale  de  ce 
pays  fut  envahie  par  les  rois  de  Tnngking  ,  lorsque  les 
Chinois  fe  révoltèrent  contre  leur  empereur.  Avant 
qu'il  fût  réuni  à  l'empire  de  la  Chine,  il  dépendoit 
de  la  principauté  de  Pegao  :  la  famille  Cina  l'unit  au. 
pays  de  Queileu  :  celle  d'Hana  le  nomma  Yolin;le  rçi 
Tom.  IV>  O  e  o  Ij 


47*       NAN 

Cyn  l'appella  Xihing  :  fous  Suius  la  ville  eut  le  nom 
de  Yhoa  ,  Se  celui  de  Vute  fous  la  famille  de  Tanga  ; 
la  famille  Sunga  lui  donna  le  nom  moderne.  Cette  mé- 
tropole a  fix  villes  fous  fa  jurisdi&ion  > 

Nanning  ,  Heng ,  0         Xangfu  ,  @ 

Lunggan  ,         Yunghiang ,     Sinning.  0 

*  Atlas  Sinenjîs. 

NANOSBES ,  peuples  de  la  Libye  intérieure.  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  6.  les  place  entre  les  Gongalca  Se  les 
Nabathra. 

NANPI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Pé- 
king ,  au  département  de  Hokien ,  troifiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  20  min.  plus  orientale 
que  Péking,  fous  les  38  deg.  20.  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale.  *  Atlas  Sinenjîs. 

NANPU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Snchucn  ,  au  département  de  Paoning,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  cft  de  11  deg.  1  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking,  fous  les  31  deg.  38  min.  de  la- 
titude feptentrionale. 

NANSBERG  ,  montagne  du  pays  de  Trente:  elle 
eft  à  quatre  lieues  de  la  capitale ,  Se  remarquable  par 
tout  ce  qu'elle  produir.  On  y  trouve  du  froment,  du 
vin  ,  des  prés ,  des  forêts ,  des  pommes  ,  des  noix  ,  de 
l'or  ,  de  l'argent ,  du  plomb ,  de  l'étain  ,  du  fer,  des  cha- 
mois ,  des  chevreuils,  des  rats  de  montagne,  quantité 
de  bétail  gros  Se  menu ,  du  beurre ,  du  fromage ,  des 
oifeaux  ,  Se  beaucoup  de  gibier.  *  Corn.  Dict. 

NANSOUA  ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
fur  le  bord  du  lac  des  Hurons  :  il  eft  allié  des  Fran- 
çois. 

NANTCHAO,  ou  Tau,  ancien  royaume  de  l'Inde. 
Il  y  avoit  dans  la  province  de  Yunnan ,  du  tems  des 
Han ,  des  barbares  appelles  Gnailas ,  gouvernés  par 
leurs  chefs  ,  qui  envoyoient  des  ambafTadeurs  aux  Chi- 
nois. Quelquefois  auffi  ils  firent  des  courfes  dans  la 
Chine.  Tchao,dans  la  langue  de  ces  peuples,  lignifie 
un  roi ,  comme  il  le  fignifîe  encore  dans  la  langue  Sia- 
moife.  Ces  barbares  avoient  anciennement  fix  chefs  ,  qui 
portoient  le  titre  de  rois:  celui  qui  étoit  le  plus  au  mi- 
di ,  poitoit  le  nom  de  Mum-che-long.  Ses  descendans 
régnèrent  fur  une  partie  du  Yunnan  Se  du  Sse-tchuen. 
Mum-che  long  demeuroit  originairement  à  l'occident  de 
Tias-tcheou  :  fon  pays  étoit  borné  au  fud-eft  par  le 
Tonquin  ,  au  nord  oueft  par  les  Toufan.  Dans  la  fuite 
fies  descendans  devinrent  très-puifians ,  Se  il  eft  fouvent 
parlé  d'eux  dans  l'hiltoire  Chinoife.  Kublai  ,  Kan  des 
Mongoûs  ,  descendans  de  Gengiskan,  entra  dans  ce 
pays  l'an  1 2.5 3  ,  le  fournit,  &  le  royaume  de  Nan- 
tchao  fut  détruit.  *  Hift.  générale  des  Huns ,  par  M. 
de  Guignes .  1.  1.  p.  173. 

NANTERRE,  Nemetodorum,  félon  la  vie  de  faint 
Germain  d'Auxetre ,  village  de  France ,  à  deux  lieues 
de  Paris ,  fameux  par  la  naifiance  de  fainre  Geneviève. 
La  tradition  veut  fotement  que  cette  fainte  fût  une  pay- 
fane  Se  une  gardeufe  de  mourons.  Les  peintres  ont  été 
fort  fidèles  à  copier  cette  fotife  :  ils  nous  repréfentent 
fainte  Geneviève  en  bergère ,  avec  un  bavolet  &  une 
quenouille  à  la  main  ,  gardant  un  troupeau.  Le  judi- 
cieux Se  favant  de  Valois  prétend  qu'elle  étoit  fille  du 
feigneur  de  Nanterrc  ,  ou  du  moins  de  quelque  Pari- 
fien  de  diftinétion  ,  qui  avoit  une  maifon  de  campagne 
en  cet  endroit.  Ce  que  faint  Germain  d'Auxerre  lui  dit , 
en  la  confactant  à  Dieu  ,  prouve  parfaitement  qu'elle 
n'écoit  point  bergère.  Ce  faint  homme  lui  rccomrncnda 
de  renoncer  à  la  braveric,  Se  de  ne  plus  porter  à  l'ave- 
nir aucuns  joyaux.  L'exhortation  auroit  été  rifible,  fi 
elle  avoit  été  adreflée  à  une  payfane.  Ce  fut  dans 
l'églife  paroiffiale  de  Nanterrc  qu'elle  fit  vœu  de  vir- 
ginité ,  entie  les  mains  de  faint  Germain.  Elle  y  ren- 
dit auffi  la  vue  à  Geronce  ,  fa  mère  ,  en  lui  lavant  les 
yeux  avec  de  l'eau  du  puits  que  l'on  voit  dans  l'églife 
qui  eft  fous  fon  invocation,  Se  où  l'on  tient  qu'étoit 
fon  domicile  ordinaire.  Les  religeux  de  fainte  Gene- 
viève ont  un  collège  à  Nanterre ,  où  l'on  inftruit  la 
jeunefle. 

NANTES  (  a  ) ,  en  latin  Condivicnnm  ,  Civitas  Nan- 
tie tum,  Civitas  Namnetica ,  Namnetes  ,  Namneta ,  ville 


NAN 


de  France ,  dans  la  Haute-Bretagne  ,  fur  la  Loire  & 
l'Erdte  ,  eft  très-heureufement  fituée  pour  le  commer- 
ce -,  aufli  en  fait-elle  un  des  plus  confidérables  du  royau- 
me. Elle  eft  fort  ancienne  \  Strabon  ,  Céfar ,  Pline  & 
Ptolomée  en  font  mention.  Nantes  eft  une  allez  grande 
ville,  entourée  de  remparts  ,  qui  ont  des  fo  fies  très-pro- 
fonds Se  quelques  fortifications.  Elle  a  été  fouvent  la 
réfidence  des  ducs  de  Bretagne.  Ils  demeurcient  dans  le 
château  Saint  Hermine  ,  qui  fubfifte  encore  aujourd'hui. 
Alain ,  dit  Barbe-torte ,  le  fit  bâtir  fur  le  bord  de  la 
rivière:  il  eft  flanqué  de  groffes  tours  rondes  du  côté 
de  la  ville  ,  Se  de  quelques  demi-lunes  du  côté  du  faux- 
bourg  Saint  Clément.  L'églife  cathédrale  eft  dédiée  à 
faint  Pierre.  On  voit  dans  les  aétes  de  faint  Félix ,  que 
du  tems  deConflantin  ,  on  éleva  à  Nantes  une  églife; 
du  tems  de  Clotaire ,  fils  de  Clovis  ,  Eumelius ,  éve- 
que  de  cette  ville  ,  jetta  les  fondemens  d'une  plus 
grande,  Se  mourut  avant  qu'elle  fût  achevée.  Saint  Fé- 
lix ,  fon  fuccefïeur,  conduifir  cet  édifice  jusqu'à  fa  per- 
fection ,  Se  le  fit  bénir  en  j68.  Cette  églife  étoit  cou- 
verte d'étain,  Se  la  grande  nef  étoit  flanquée  de  deux 
autres,  Se  au-deflus  s'élevoit  une  tour  cariée,  termi- 
née en  dôme  ,  &  foutenue  de  plufieurs  arcades.  La  dé- 
coration intérieure  étoit  fomptueufe  \  un  grand  nom- 
bre de  colomnes ,  dont  les  chapiteaux  étoient  de  mar- 
bre de  diverfes  couleurs ,  foutenoient  cet  édifice ,  & 
les  autels  étoient  enrichis  des  marbres  les  plus  rares , 
de  couronnes  d'or  ,  de  vafes  d'argent  Se  d'ornemens 
précieux.  Saint  Félix  fit  pofer  au  milieu  de  l'églife  fur 
une  colomne  de  marbre  un  crucifix  d'argent,  ceint  d'un 
jupon  d'or,  embelli  de  pierres  précieufes  ,  &  attaché  à 
la  voûte  principale  par  une  chaîne  d'argent.  Tout  le 
pavé  étoit  de  diftérens  marbres ,  Se  Félix  avoit  fait  met- 
tre fur  une  colomne  ,  auffi  de  marbre  ,  un  gros  rubis 
qui  éclairoit  toute  l'églife  pendant  la  nuit  (b).  Ce  ma* 
gnifique  temple  fut  détruit  par  les  Normands,  Se  après 
que  leur  fureur  fut  appaifée,  on  en  bâtit  une  nouvelle 
dans  la  même  partie  de  la  ville.  Jean  V  ,  duc  de  Bre- 
tagne, pofa  la  première  pierre  de  la  façade  que  l'on 
voit  aujourd'hui,  au  mois  d'Avril  de  l'an  1434.  Elle 
eft  d'une  architeéture  gothique ,  flanquée  au-dehors  de 
deux  tours  carrées  &  fort  hautes,  qui  augmentent  la 
façade  fur  les  ouvertures  des  grandes  pones.  On  voit 
dans  l'églife  quelques  anciens  tombeaux  des  ducs  de 
Bretagne.  Celui  de  François  II ,  dernier  duc  de  cette 
province,  eft  dans  l'églife  des  Carmes,  avec  ceux  de 
les  femmes  Se  de  fes  enfans.  Leur  tombeau  eft  de  mar- 
bre, &  eftimé  pour  fa  fculpture,  qui  eft  de  Michel  Co- 
lombe. La  maifon  de  ville  eft  un  bâtiment  tout  neuf, 
Se  afîez  bien  entendu,  (a)  Piganiol  de  la  Force ,Defc. 
de  la  France,  r.  $.  p.  220.  Se  fuiv.  (b)Fertunat.  Lib. 
3.  A  et.  de  faint  Félix.  Mém.  de  Trévoux,  mois  d'Août 

17141 

11  y  a  à  Nantes  évêché ,  chambre  des  comptes  >  bu- 
reau des  finances  ,  préfidial ,  une  univerfité  ,  fénéchaus- 
fée  ,  préfidial  Se  chambre  des  monnoies. 

On  compte  dans  Nantes  plus  de  cent  mille  habi- 
tans,  tant  dans  la  ville  que  dans  les  fauxbourgs  ,  qui 
font  beaucoup  plus  grands  que  la  ville.  Ils  font  au  nom- 
bre de  quatre  ;  Saint  Clément ,  le  Marché ,  la  FofTe  , 
&«Pillemil.  Celui  de  la  Fofle  eft  près  du  port,  coha- 
bité par  de  riches  marchands.  La  bourfe  eft  proche  le 
port  au  vin;  on  y  a  confttuit  un  très-bel  édifice,  c'eftlc 
fiége  de  la  jufiiee  concernant  les  affaires  du  commerce. 
Il  y  a  un  grand  quai ,  le  long  duquel  on  voir  de  belles 
maifons  &  de  grands  magazins.  C'eft  par  ce  fauxbourg 
que  l'on  pane  pour  aller  à  l'Hermitage ,  fitué  fur  un 
roc  d'où  l'on  découvre  la  ville,  les  fauxbourgs ,  &une 
grande  étendue  de  pays  le  long  de  la  Loire.  Les  foli- 
taires  qui  habitent  cet  hermitage,  ont  creufé  dans  le 
roc  ,  Se  y  onr  pratiqué  des  jardins  &  une  fort  jolie 
églife.  Une  partie  de  ce  rocher,  qu'on  appelle  la  pierre 
Nantoife,  cft  en  pente  Se  d'un  grand  poli.  Ce  fut  en 
cette  ville  que  le  roi  Henri  le  Grand  donna  au  mois 
d'Avril  de  l'an  1598  ,  le  fameux  édit  de  Nantes ,  par 
lequel  il  permettoit  aux  Calvinifles  de  fon  royaume  le 
libre  exercice  de  leur  religion.  Cet  édit  a  été  révoque 
par  Louis  le  Grand  l'an  i68j. 

On  croit  que  faint  Clair  fut  le  premier  évêque  de 
Nantes  vers  l'an  177 ,  Se  qu'il  y  fut  envoyé  par  faint 


NAN 


NAN 


Catien,  évêque  de  Tour»:  du  moins  eft-îl  certain  que 
Nunnechius,  évêque  de  Nantes,  affifta en  468  au  con- 
cile de  Vannes ,  convoqué  pour  l'ordination  d'un  évè- 
que. Leurs  fucceffeurs  onr  eu  la  feigneurie  d'une  par- 
tie de  la  ville,  Se  font  confeillers-nés  au  parlement  de 
Bretagne.  L'évêché  eft  un  des  plus  confidérables  de  la 
province  pour  le  revenu  :  fon  temporel  eft  affermé  trente 
mille  livres ,  fans  compter  quelques  autres  revenus  qui 
ne  s'afferment  point ,  comme  le  fecrétariat ,  le  droit  de 
procuration,  &c.  L'églife  cathédrale,  comme  je  l'ai  dit 
ci-deffus ,  eft  dédiée  à  faint  Pierre ,  Se  fon  chapitre 
confifte  en  dix-neuf  canonicats ,  non  compris  les  di- 
gnités qui  font ,  le  doyen  ,  deux  archidiacres ,  le  chan- 
tre ,  l'écolâtre  &  le  tréforier.  Le  chapitre  de  l'églife 
collégiale  de  Notre-Dame  à  Nantes  ,  compofé  d'un 
chefeier ,  d'un  chantre  ,  Se  de  dix-fept  chanoines ,  fut 
fondé  l'an  940,  par  Alain  Barbe-torte,  duc  de  Breta- 
gne. Il  y  a  encore  deux  autres  chapitres  dans  le  dio- 
cèfe;  favoir, 


Guerande , 


Cliûou. 


On  compte  dix  paroiffes  dans  la  ville  dont  l'une  eft 
dans  la  cathédrale  ,  une  autre  dans  la  collégiale.  Les  Ja- 
cobins ,  Cordeliers ,  Carmes ,  les  religieufes  Carmélites > 
Se  de  fainre  Claire  font  auffi  dans  la  ville. 

Dans  le  fauxbourg  Saint  Clément  fe  trouvent  la  pa- 
roi ffe  qui  en  porte  le  nom ,  une  communauté  d'ecclé- 
fiaftiques ,  les  Chartreux  ,  les  prêtres  de  l'Oratoire ,  qui 
ont  le  collège ,  les  filles  de  la  Vifitation ,  les  Uffuli- 
nes  ,  les  Minimes ,  deux  Séminaires.  C'eft  dans  ce  faux- 
bourg  qu'eft  la  feule  promenade  de  la  ville  ,  qui  prend 
depuis  la  porte  de  faint  Pierre  jusqu'au  bord  de  la  ri- 
vière de  Loire  &  le  long  des  murs  de  la  ville  jusqu'à 
la  porre  du  château.  Elle  eff  ornée  de  lièges  d'espace 
en  espace  ,  &  embellie  de  trois  rangs  d'arbres. 

'A  y  a  dans  le  diocèfe  deux  cens  douze  paroiffes, 
Se  huit  abbayes. 


Blanche-Cou- 
ronne , 
La  Chaume , 


S.  Gildas-des-Bois, 
Pornid , 
Genefton , 


Buzé  » 
Mêlerai , 
Villeneuve. 


*  Fortunat.  Lib.  3.  Act.  de  S.  Félix.  Mém.  de  Tré-ùoux  , 
mois  d'Août  17 14.  p.  138. 

L'univerfité  de  Nantes  fut  fondée  par  Pie  II,  à  la 
prière  de  François  II ,  dernier  duc  de  Bretagne ,  vers 
l'an  1460. 

Nantes  eft  très-heureufement  fituée  pour  le  com- 
merce ,  n'étant  éloignée  de  la  mer  que  d'une  journée. 
Les  vaiffeaux  de  cent  tonneaux  Se  au-deffus  font  obli- 
gés de  décharger  leurs  marchandifes  à  Painbœuf,  Se  de 
les  faire  transporter  à  Nantes  ,  qui  en  eft  à  9  lieues:  pour 
ce  transport  on  fe  fert  de  bateaux  légers  nommés  Ga- 
bares.  Les  vaiffeaux, ainfi  déchargés,  remontent  la  ri- 
vière, Se  fe  rendent  devant  un  gros  bourg  appelle 
Pellerin,  à  cinq  lieues  au-deffus  de  Painbœuf,  Se  à 
quatre  au-deffous  de  Nantes.  C'eft-là  qu'on  les  désarme 
entièrement.  C'eft-là  auffi  que  fe  font  les  radoubs  i  Se 
quand  les  vaiffeaux  font  en  état  de  recevoir  les  mar- 
chandifes qui  leur  font  deftinées ,  on  les  fait  descen- 
dre à  Painbœuf,  Se  on  leur  envoie  les  marchandifes 
par  les  gabares.  Quant  aux  bâtimens  qui  font  au-dès- 
fous  de  cent  tonneaux ,  ils  peuvent  remonter  la  rivière 
&  fe  rendre  devant  la  ville  de  Nantes. 

Depuis  que  le  roi  a  fupprimé  la  compagnie  de  Gui- 
née ,  Se  qu'il  a  permis  aux  négocians  d'y  envoyer  ,  l'on 
arme  tous  les  ans  dix-huit  ou  vingt  vaiffeaux  à  Nan- 
tes pour  ce  commerce,  Se  ils  transportent  au  moins 
trois  mille  Noirs  dans  les  colonies  françoifes.  Outre 
cela ,  on  arme  tous  les  ans  foixante  Se  dix  ou  quatre- 
vingt  bâtimens  pour  les  ifles  françoifes  de  l'Amérique, 
la  plus  grande  partie  pour  Saint  Domingue  &  la  Mar- 
tinique. Les  cargaifons  de  ces  vaiffeaux  confident  en 
toutes  fortes  de  chofes  néceffaires  à  la  vie  ,  Se  elles  ne 
différent,  quant  à  la  deftination  ,  qu'en  ce  qu'on  porte 
à  la  Martinique  une  très-grande  quantité  de  bœuf  falé 
qu'on  tire  d'Irlande.  On  arme  auffi  tous  les  ans  des 
vaiffeaux  qui  vont  à  la  pèche  de  la  morue  verte ,  fur 
le  banc  de  Terre-Neuve,  Si,  à  celle  de  la  morue  que 


477 

l'onféche  au  cap  Breton.  Ces  bâtimens  appouem  ici 
le  poiffon  Se  l'huile  de  leur  pèche ,  dont  la  meilleure 
partie  eft  envoyée  par  la  rivière  de  Loire  dans  diffé- 
rentes provinces  du  royaume.  Avant  la  ceffion  faite 
aux  Anglois,  par  le  traité  d'Utrecht,  de  Plaifance  & 
de  la  côte  de  Terre-Neuve,  il  partoit  de  Nantes  pour 
cette  pêche  un  plus  grand  nombre  de  bâtimens -,  donc 
plufieurs  portoient  leur  poiffon  en  Espagne  Se  dans  la 
Méditerranée  -,  mais  cette  ceffion  a  beaucoup  dérangé  ce 
commerce  :  on  court  même  risque  de  le  voir  tomber 
entièrement  aux  Anglois,  fi  on  n'apporte  autant  de 
foin  à  le  foutenir  ,  qu'ils  en  apportent  à  s'en  rendre  les 
maîtres. 

On  arme  encore  à  Nantes,  quinze  ou  vingt  vaiffeaux  „ 
depuis  quarante  jusqu'à  cent  tonneaux  -,  pour  le  com- 
merce avec  les  états  voifins.  Quelques-uns  vont  en  Ir- 
lande pour  y  prendre  des  viandes  falées  :  les  autres  en 
Angleterre  ,  en  Hollande ,  dans  la  mer  Baltique ,  en  Es- 
pagne Se  en  Portugal. 

Le  commerce ,  qui  fe  fait  par  les  vaiffeaux  qui  vien- 
nent des  ancres  ports  du  royaume  »  ou  même  par  les 
vaiffeaux  étrangers,  n'eft  pas  moins  confidérable.  II  en- 
tre tous  les  ans  à  Nantes  neuf  cens  milliers  de  morue 
verte,  dont  la  plus  grande  partie  eft  apportée  par  des 
bâtimens  d'Olonne.  Dans  les  tems  où  la  France  eft  en 
guerre  avec  la  Hollande  Se  l'Angleterre  ,  il  y  en  vient 
un  plus  grand  nombre,  à  caufe  du  danger  qu'il  y  a 
d'entrer  dans  la  Manche  pour  aller  à  Rouen  ou  au  Ha- 
vre. Pour  lors  Nantes  eft  le  feul  entrepôt  du  royaume 
pour  la  diftribution  de  la  morue.  La  plupart  des  vais- 
feaux  que  l'on  arme  dans  les  autres  ports  du  royaume  , 
foit  pour  les  iffes  de  l'Amérique  ,  foit  pour  la  pêche 
de  la  morue ,  déchargent  à  Nantes  ,  à  l'exception  des 
bâtimens  de  la  Rochelle  Se  de  Bourdeaux  :  le  débit  de 
toutes  fortes  de  marchandifes  eft  plus  aifé  Se  plus  vif 
à  Nantes  qu'ailleurs.  Il  vient  auffi  tous  les  ans  à  Nan- 
tes plufieurs  bâtimens  de  Bayonne  Se  de  cous  les  ports 
de  la  province  de  Bretagne ,  Se  même  de  presque  tous 
les  ports  du  royaume. 

On  voyoit  autrefois  à  Nantes  Un  grand  nombre  de 
vaiffeaux  Anglois ,  Hollandois  ,  Suédois ,  Danois ,  Ham- 
bourgeois,  &c.  pour  y  enlever  des  vins  du  comté  Nan- 
tois  Se  d'Anjou ,  des  eaux-de-vie ,  du  fel  Se  différens 
fruits  ;  mais  les  longues  guerres  que  la  France  a  eues 
avec  la  plupart  de  ces  nations  ;  Se  plus  encore  les  droits 
qu'on  a  impofés  fur  l'entrée  de  ces  vaiffeaux  Se  fur  la 
fortie  des  marchandifes  ,  ont  fort  diminué  ce  com- 
mercei 

On  remarque  une  fociété  bien  finguliere,  établie  de- 
puis plus  d'un  fiécle  ,  entre  les  marchands  de  Nantes 
Se  ceux  de  Bilbao.  Cette  fociété  s'appelle  la  Contr avia- 
tion ,  Se  a  un  tribunal  réciproque  en  forme  de  juris- 
didtion  confulâire  :  un  marchand  de  Nantes  qui  fe  trou- 
ve à  Bilbao ,  a  droit  d'affilier  à  ce  tribunal ,  Se  a  voix: 
délibérative  \  Se  les  marchands  de  Bilbao ,  quand  ils  font 
à  Nantes,  font  traités  de  même.  C'eft  à  caufe  de  cette 
fociété  que  les  laines  d'Espagne  ne  payent  qu'un  droit 
fort  léger  à  Nantes  ■-,  Se  en  revenche  les  toiles  de  Bre- 
tagne font  traitées  furie  même  pied  à  Bilbao.  Ces  deux 
villes  avoient  même  autrefois  des  vaiffeaux  Communs 
qui  trafiquoient  au  profit  de  la  fociété  ;  mais  cet  ufage 
a  ceffé. 

Depuis  quelques  années  on  a  établi  à  Nantes  une 
manufacture  de  toiles  cotonades  ,  qui  réuffit  auffi  bieri 
que  celle  qui  eft  établie  à  Rouen  depuis  long-tems  :  elle 
pourra  même  la  furpaffer  un  jour,  parce  que  le  co- 
ton Se  l'indigo  font  ici  à  meilleur  marché  qu'à 
Rouen. 

Le  pays  Nantois  ou  le  comté  de  Nantes  eiï 
divifé  en  deux  parties  par  la  Loire.  La  partie  d'outre- 
Loire  eft  à  la  gauche  ,  en  descendant  la  rivière,  &  celle 
d 'en-deçà  eft  à  la  droite.  Cette  dernière  a  eu  fes  comtes 
particuliers ,  Se  a  été  réunie  à  la  Bretagne  il  y  a  plu- 
fieurs fiécles  :  la  partie  qui  eft  à  la  gauche  ou  au  midi  de 
la  Loire,  dépendoit  anciennement  de  l'Aquitaine.  Hé- 
rispée,  roi  des  Bretons, s'en  empara  ,  Se  elle  lui  fut  cédée 
par  Charles  le  Chauve  avec  Rennes  Se  Nantes  en  8  p. 
On  l'appelle  en  latin  Pagits  Ritiatcnfis  ou  Raftn/î.'^ 
Voyez.  Rez.  Les  villes  de  ce  comté  font 


/ 


47  8 


NAN 


NAN 


-  Nantes, 

A  la  droite  de  la  Loire  ,  )  ^hareàubriant , 

C.  Guerande , 


Outre-Loire , 


Painbœuf , 
Le  Croific, 
Machecou , 
Bourgneuf s 
Titfauge , 
Cliiïon. 


Il  n'y  a  que  les  villes  de  Nantes ,  de  Guerande  Se 
du  Croific  qui  foient  au  roi;  les  autres  appartiennent  à 
des  feigneurs  particuliers.  Les  villes  de  Nantes ,  de 
Guerande  ,  de  Châteaubriant ,  d'Ancenis  ,  le  Croific  Se 
le  bourg  de  la  Roche-Bernard  ont  droit  d'envoyer  des 
députés  à  l'aflémblée  des  états  de  la  province. 

On  fait  du  fiel  dans  deux  cantons  différens  du  Nan- 
tois.  L'un  à  la  baie  de  Bourgneuf ,  qui  eft  compofé  de 
neuf  paroiffes,  dont  les  marais  falans  produifent  envi- 
ron douze  mille  charges  de  Ici ,  qui  font  feize  ou  dix- 
fept  mille  muids  de  la  mefure ,  dont  l'ufage  eit  établi 
dans  la  ferme  générale  des  gabelles.  Les  autres  marais 
falans  font  dans  le  territoire  de  Guerande  Se  du  Croi- 
fic ,  qui  ne  comprend  que  cinq  paroiffes.  On  eftime  , 
qu'année  commune,  ces  marais  falans  produifent  la  quan- 
tité de  vingt-cinq  mille  muids.  Il  le  fai:  auiîï  des  nour- 
ritures de  beftiaux  &  des  engrais  dans  les  paroiffes  d'ou- 
tre Loire;  ce  qui  produit  un  grand  avantage  au  pays: 
enfin  on  y  recueille  du  bled  &  du  vin. 

Il  y  a  dans  le  comté  Nantois  une  redevance  feigneu- 
riale  ,  appellee  laQuintaine.  Les  hommes  de  bas  état, 
qui  fe  font  mariés  depuis  un  an ,  doivent  courre  la 
Quintaine  ,  un  certain  jour  de  l'année ,  ou  payer  l'amen- 
de au  feigneur ,  fur  le  fief  duquel  ils  ont  couché  la 
première  nuit  de  leurs  noces.  La  quintaine  confitte  à 
aller  rompre  une  perche  ou  lance  de  bois  contre  un 
poteau  qui  eft  planté  exprès.  On  court  la  quintaine  ou 
en  bateau,  ou  à  cheval  en  trois  courfes.  La  quintaine 
du  roi  fe  court  à  Nantes  par  terre ,  Se  celle  de  l'évê- 
que  par  eau  fur  la  Loire.  Il  y  a  un  grand  nombre  de 
feigneurs  hauts  jufticiers  dans  ce  comté  ,  qui  onr  droit 
de  quintaine. 

i.  NANTEUIL  ,  en  latin  Nantogilum,  Nantoilum 
Se  Nantolium  ;  tous  ces  mots  viennent  de  Nant ,  vieux 
mot ,  dont  les  Gaulois  Se  les  Bretons  fe  fervoient  pour 
défigner  une  eau  couranre  ou  une  quantité  d'eau  qui  fe 
ramaffoit  dans  un  lieu.  Il  y  a  divers  villages  en  Fran- 
ce ,  qui  portent  le  nom  de  Nanteuil ,  Se  divers  autres 
lieux ,  dont  le  nom ,  formé  du  mot  Nant ,  a  la  même 
origine. 

2.  NANTEUIL  ou  Nantueil  le  Haudouin  ,gros 
bourg  deflfie.de  France,  dans  le  duché  de  Valois,  à 
dix  lieues  de  Paris  ,  fur  la  route  de  Soiflons.  L'hiftorien 
de  l'églife  de  Meaux  fait  remarquer  l'antiquité  de  ce 
lieu  ,en  l'affignant  pour  celui  de  la  naitfance  de  faint 
Valbcrr,  qui  fut  abbé  de  Luxeu  après  Euftafe  ,  au  fep- 
tiéme  fiécle  j  au  moins  dès  le  teins  de  l'auteur  d'une 
partie  de  fa  vie  ,  qui  eit  le  dixième  fiécle  ,  on  appelloit 
Nanteuil ,  Famofi  Virus  nominis.  De  Valois  obferve  aus- 
fi  en  fa  notice  des  Gaules ,  que  l'écrivain  de  la  vie  de 
Louis  le  Débonnaire  en  fait  mention  fous  le  nom  de 
Nantagilum.  Il  y  a  apparence  que  ce  lieu  exiftant  avant 
l'origine  de  l'ordre  de  Cluni ,  il  y  a  eu  un  rnonaftere 
d'anciens  Columbanifies,  comme  à  Luxeu  ,  d'autant  plus 
que  faint  Valbert  avoit  donné  à  cette  abbaye  de  Bour- 
gueil  les  biens  qu'il  avoit  dans  ce  lieu  de  Nant  ou  Nan- 
teuil ;  ainfi  le  prieuré  de  l'ordre  de  Cluni  qui  y  fut  éta- 
bli ,  fut  enté  fur  certe  ancienne  ,  celle  de  Luxeu  ,  com- 
me le  penfe  dom  du  Pleflis.  L'églife  en  elt  très-ancienne. 
On  y  voit  dans  le  côté  droit  un  beau,  maufolée  du 
maréchal  Schomberg -,  le  portail  eft  orné  de  deux  tours. 
L'églife  eft  fous  le  titre  de  la  fainte  Vierge.  On  y  honore 
auffi  faint  Babylas ,  martyr ,  évêque  d' Anrioche  ,  dont  on 
y  apporta  des  reliques  au  retour  d'une  croifade  ,  qui  font 
avec  quelques-unes  de  faint  Agfibert.  L'Eglife  paroiiîiale 
eft  fous  le  titre  de  faint  Pierre  ,  &  eft  à  la  préfentation 
du  prieur.  Ç'eft  l'abbé  de  Cluni  qui  confère  de  plein 


droit  le  prieuré.  Il  eft  deffervi  par  les  Réformés  qui 
l'ont  rebâti.  Nanteuil  eft  le  titre  d'un  doyenné  rural 
du  diocèfe  de  Meaux,  érigé  en  1730.  Le  château  fei- 
gneurial  eft  régulier  Se  bien  fitué.  Il  appartenok  au 
maréchal  d'Ettrées ,  &  il  en  eft  fait  mention  dans  l'é- 
loge funèbre  que  l'académie  de  Soiflons  a  fait  imprimer 
de  ce  maréchal.  La  juftice  du  prieuré  de  Nanteuil  reflor- 
tiflbit  autrefois  à  Pierre-Fond  ,  mais  elle  en  fut  dé- 
membrée en  «3J4,  &  attribuée  à  Senhs.  Le  furnom 
de  Nanteuil  le  Haudouin  lui  vient  d'un  nommé  Hil- 
duinus ,  à  qui  il  a  appartenu  autrefois.  *  Notes  manu- 
ferites  de  Lebœuf, 

3.  NANTEUIL  ,  en  latin  Nantus  ,  &  quelquefois 
Nantogilum  ,  lieu  près  de  la  mer  ,en  Baffe- Normandie , 
aux  extrémités  du  Côtentin  ,  du  côté  du  BeiTin.  Ce  fonds 
fut  donné  par  le  roi  Childebert  à  faint  Marconi ,  pour 
y  bâtir  un  monaftere  ,  dont  il  fut  le  premier  abbé.  Son 
corps  y  fut  enterré  l'an  55  8,  par  faint  Lo ,  évéquede 
Coutances  :  mais  la  crainte  des  Normands  l'en  fit  enlever 
vers  la  fin  du  neuvième  fiécle.  *  Baïllet  ,  Topogr.  des 
Saints ,  p.  332. 

4.  NANTEUIL  en  Vallée  ,  Nantolium  in  Valle , 
bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou ,  au  diocèfe  &  à  douze 
lieues  au  midi  de  Poitiers  ,  à  fept  au  nord  d'Angoulêmc, 
au  confluent  des  petites  rivières  d'Or  &  d'Argent.  Il  y 
a  une  abbaye  d  hommes  ,  de  l'ordre  de  faint  Benoît , 
qui  le  rend  confidérable.  Charlemagne  fonda  cette  ab- 
baye dans  un  lieu  qu'on  nomme  Foffe ,  Se  elle  fut  re- 
bâtie en  1046,  par  le  feigneur  de  Château-Rouffy.  * 
Corbeille  ,  Diètion. 

NANTIEN  ,  forrerefle  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince d'Iunnan  ,  au  départemenr  de  Mengyang ,  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  18  deg.  43  min.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  les  2j  deg.  8  min.  de 
latit.  feptenti  ionale.  *  Atlas  Simnfis. 

NANTONENSE  Castrum  ,  ancien  château  ou 
forrerefle  de  France  ,  dans  le  diocèfe  de  Sens ,  felor» 
Ortelius  ,  qui  cite  Ivon  ,  Epi/lola  122. 

NANTOUNAGAN  ou  Rivière  Talon  ,  rivière 
de  l'Amérique  feptentrionale  dans  la  nouvelle  France, 
à  la  bande  du  fud  du  lac  fupérieur,  près  de  l'Anfe  de 
Kiaonan.  Cette  rivière  a  reçu  fon  fécond  nom  d'un  in- 
tendanr  de  la  nouvelle  France. 

NANTUA  ,  Nantuacum,  ville  de  France,  dans  le 
Bugey ,  où  elle  a  le  fécond  rang ,  entre  Montréal  & 
Seyflèl ,  à  l'extrémité  d'un  lac  qui  eft  à  l'occident  Se 
qui  a  un  quart  de  lieue  d'étendue  ,  entre  la  rivière  d'Ain 
Se  le  Rhône.  11  n'y  a  dans  cette  ville  qu'une  grande  rue , 
longue  d'environ  mille  pas.  Se  dont  les  maifons  font 
affez  bien  bâties.  La  largeur  de  Nantua  n'eft  que  de 
deux  cens  pas.  11  y  a  un  prieuré  de  l'ordre  de  fiant 
Benoît ,  Se  de  la  congrégation  de  Cluni  ;  il  eft  confidé- 
rable. Le  piieur  eft  commendataire ,  Se  les  religieux 
font  gouvernés  par  un  prieur  clauftral.  Ils  ne  font 
point  réformés ,  cependant  ils  doivent  vivre  en  com- 
mun ,  fuivant  l'arrêt  du  grand  confeil  de  l'an  1688, 
qui  porte  auflî  que  nul  n'y  fera  reçu  ,  s'il  n'eft  de  famille 
noble.  Il  n'y  a  qu'une  feule  paroiffe  à  Nantua  ,  dont 
l'églife  eft  collégiale.  Le  couvent  des  religieufes  Béné- 
dictines eft  fort  pauvre,  &  nouvellement  établi.  Le  col- 
lège eft  occupé  par  quelques  prêrres  du  féminaire  de 
fainr  Jofeph  de  Lyon  ,  qui  montrent  aux  jeunes  gens 
à  lire  ,  à  écrire,  la  grammaire,  Se  les  principes  des  hu- 
manités. La  feigneurie  Se  la  terre  de  Nantua  font  fort 
confidérables  ,  Se  dépendent  en  toute  juftice  du  ptieuré. 
*  Piçanitl ,  Defcript.  de  la  France  ,  t.  3.  p.  537. 

NANTUATES  Se  Antuates.  Céfar  n'écrit  qu'une 
feule  fois  Nantuates,  Se  trois  fois  Antuates  ;  mais 
dans  ces  trois  occafions  il  y  a  deux  fois  in  Antuates, 
Se  une  fois  in  Antuatibus ,  toujours  N  avant  A  :  ce 
n'eft  pas  le  paflage  feul  du  livre  IV  qui  fait  juger  qu'il 
faut  mettre  la  lettre  N  par  tout ,  Se  lire  in  Nantuates 
Se  in  Nantuatibus  ;  c'eft  encore  le  témoignage  de  tous 
les  anciens  géographes.  Pline,  /.  3.  c.  10.  Strabon,  /.  4. 
Se  la  table  itinéraire  ,  écrivent  tous  Nantuates  ,  Nan- 
t/tatœ,  Nantuani.  Marlianus.à  la  vérité  ,  a  voulu  lire 
Antuates  dans  le  livre  3  ,  Se  Nantuates  dans  le  livre 
4.  I!  a  fait  plus  :  il  a  placé  les  Antuates  entre  les  Allô- 
broges  Se  les  Vcragri ,  Se  mis  les  Nantuates  à  Conftan- 
ce.°D'autres  encore  fe  font  avifés  de  mettre  les  Nw 


NAO 


tuâtes  à  Nantua  ,  ville  du  Bugey  ;  mais  Jofeph  Scaligcr 
tourne  en  ridicule  ces  deux  opinions;  Se  Sanfon  ,  Kcmar. 
fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule ,  les  réfute  par  l'auto- 
rité de  Pline,  de  Scrabon  Se  de  la  table  itinéraire.  Ce 
dernier  met  les  Nantuates  entre  les  Allobroges  Se  les 
Veragri;  Se  c'ciï  la  place  que  femble  leur  aiïigner  Céfar, 
/.  4.  en  les  joignant  avec  les  Veragri  Se  les  Seduni  ,  qui , 
félon  cet  auteur  ,  habitoient  depuis  les  confins  des  Al- 
lobroges ,  le  lac  de  Genève  &  le  Rhône  ,  jusqu'aux  plus 
hautes  Alpes.  *  De  beli  Gall.  1.  3.  Se  4. 

NANTWICH,  ville  d'Angleterre,  dans  le  Cheshire 
ou  le  oomté  de  Chefter.  Elle  eft  remarquable  par  Ces 
mines  de  fel  :  c'eft  où  fe  fait  le  meilleur.  *  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1.  p.  48. 

NANTZ  ou  Nant,  en  latin  Nantum  ,  petite  ville 
ou  bourg  de  France  ,  dans  le  Rouergue ,  au  diocèfe  de 
Vabres.  Il  y  a  une  abbaye  de  Tordre  de  faint  Benoît , 
dédiée  à  faint  Pierre  :  l'abbé  eft  feigneur  du  lieu  ,  Se  jouit 
de  fix  mille  livres  de  rente. 

1.  NANUANG  ,  lac  de  la  Chine  ,  dans  la  provin- 
ce de  Xantung  ,  auprès  de  la  ville  de  Ven.  *  Atlas  Si- 

nenjîs. 

1.  NANUANG ,  haute  montagne  de  la  Chiné  ,  dans 
la  province  de  Queicheu  ,  au  nord  de  la  ville  de  Quei- 
yang.  Peu  de  perfonnes  ofent  y  monter,  tant  elle  eft  es- 
carpée. 

NANYANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Honan  ,  où  elle  a  le  rang  de  feptiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  5  deg.  1 5;  min.  plus  occi- 
dentale que  Piking,  fous  les  33  deg.  /3  min.  de  latit. 
feptentrionalc.  Cette  ville  eft  bâtie  fur  la  rive  occiden- 
tale du  fleuve  Yo,  Se  fon  territoire  paffepour  le  plus 
fertile  de  la  Chine.  On  y  compte  treize  villes, 


Nanyang , 
Chinpcing, 
Tang , 
Pieyang , 


Tungpc , 
Nanchao , 
Teng  , 
Nuihiang, 


Sinye  , 
Chechuen, 
Yu,0 
Vuyang  ,  Se  Ye. 


Le  territoire  de  la  ville  de  Nanyang  eft  tout  entouré 
de  montagnes  Se  de  rochers  ;  Se  la  ville  eft  féparée  en 
deux  par  la  rivière  de  Kian  ,  qui  vient  du  côté  du  nord- 
nord-oueft.  11  s'y  fait  un  grand  négoce.  Cette  ville  eft 
un  peu  plus  petite  que  Naheung  ;  mais  elle  n'eft  pas 
fi  ruinée.  Du  côté  du  nord  il  y  a  un  temple  bâti  fur 
la  pente  de  la  montagne.  Le  pays  eft  coupé  de  rivières , 
Se  il  produit  une  fi  grande  abondance  de  grains ,  qu'on 
pourroit  y  faire  fubfifter  de  grandes  armées.  L'empereur 
Yous  unit  ce  pays  à  la  province  de  lu.  C'étoit  le  royau- 
me propre  de  la  famille  Hiaa ,  avant  qu'elle  envahît 
l'empire.  Sous  la  famille  Cheva  ,  il  s'appelloit  Xinpe  : 
les  rois  Çu  s'en  emparèrent  enfuite  ;  Se  après  eux  la 
famille  Han  le  pofleda.  Le  nom  qu'il  porte  aujourd'hui 
lui  a  été  donné  par  la  famille  Cina  :  celles  de  Sunga  Se 
de  Tangale  nommèrent  Voncheu.  La  ville  de  Nanyang 
eft  très-peuplée  &  très-riche.  On  y  voit  des  édifices 
magnifiques  Se  en  grande  quantité  -,  on  remarque  entre 
aunes  neuf  temples  dédiés  à  des  héros.  Ce  qui  a  princi- 
palement illuflré  cette  ville  ,  c'eft  le  féjour  qu'y  fit  un 
roi  de  la  famille  Taiminga. 

NAO.  Voyez,  Anao. 

NAON.  Voyez,  Nahon. 

NAOPOURA,  ville  d'Afie,  dans  l'Indoufian,  au 
royaume  de  Décan  ,  fur  les  frontières  des  provinces  de 
Candich  &  de  Guzurate ,  au  bord  méridional  de  la 
rivière  de  Tapti ,  qui ,  coulant  de-la  vers  l'occident ,  paffe 
à  Surate.  Les  terres  des  environs  font  en  labour; Se  le 
riz ,  dont  les  campagnes  font  couvertes ,  eft  le  plus  beau 
qu'il  y  ait  dans  toutes  les  Indes.  Il  a  un  goût  odori- 
férent ,  qui  n'eft  pas  commun  au  riz  des  autres  pays. 
On  y  fait  auiïï  quantité  de  coton.  Il  y  a  des  cannes  de 
fucre  en  divers  endroits  ;  &  les  gens  à  qui  elles  appar- 
tiennent «ont  tous  un  moulinet  pour  brifer  les  cannes, 
Se  un  fourneau  pour  en  cuire  le  fuc. 

NAOUBAKHT,  ville  du  pays  d'Ilak ,  dans  le  Ma- 
verannahar.  Ce  pays  d'Ilak  ,  qui  eft  le  même  que  celui 
de  Schah  ,  s'étend  depuis  les  confins  du  territoire  de 
Naoubakht  jusqu'à  celui  de  Faganah.  *  D'Herbelot , 
Bilblioth.  orient. 

NAOUBENDAN  ,  nom  d'une  grande    campagne 


NAP       479 

déferte  Se  ftérile  qui  s'étend  entre  le  pays  de  Fais,  qui 
eft  la  province  de  Perfe  proprement  dite ,  Se  celui  de 
KhoraiTan. 

NAOUBENDGIAN  ou  Naoubendighian,  ville 
de  la  province  de  Fars  ,  ou  de  Perfe  proprement  dite. 
Elle  a  été  bâ:ie  par  Schabour  ou  Sapor  ,  ancien  roi  de 
la  troifiéme  dynaftie  de  Perfe.  C'eft  auprès  de  certe  ville 
qu'on  trouve  un  petit  pays  nommé  Schibbavan.  Voyez. 
ce  mo:.  Le  géographe  Perfien  écrit  ,  dans  fon  troïficmO 
climat,  que  la  ville  de  Naoubendgian  eft  aulTi  com- 
munément appellée  Casbah  Schabour  ,  c'eft-à-dire 
la  vil:e  ou  la  bourgade  de  Schabour. 

NAOUDIKHE  ,  nation  de  l'Amérique  feptentrio- 
nalc, dans  la  Loui'fiane,  Se  alliée  des  Cénis. 

NAP/E,  peuples  de  la  Scythie  ,  félon  Diodore  de 
Sicile  ,  /.  2.  c.  43.  ce  font  les  Napxi  de  Pline  ,  /.  6.  c.  7. 
Voyez.  ScYTHvE. 

NAP^EI,  peuple  de  l'Epire ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

NAPARIS  ,  fleuve  de  la  Scythie,  Se  l'un  des  cinq 
qui ,  félon  le  témoignage  d'Hérodote,  /.  4.  c.  48.  fe  jet- 
tent dans  l'Ifter.  Peucer  a  prétendu  que  les  habitans  du 
pays  nommoient  ce  fleuve  Dnieper  ;  mais  il  ne  paroît 
pas  que  le  Dnieper  fe  jette  dans  l'Ifter ,  ce  que  fait  le 
Naparis. Selon  le  fentiment  de  plufieuts  géographes, 
entre  autres  d'Ortelius,  c'eft  aujourd'hui  Sereth  appelle 
aufll  Moldaw,   qui  fe  rend  dans  le  Danube. 

NAPATVE.  Voyez,  Tanape. 

NAPATH/EI.  Voyez.  Nabath>ea. 

NAPE,  ou  Nap^,  ville  de  l'ifle  de  Lefbos  ,  félon 
Etienne  le  géographe ,  qui  cite  Hellanicus  :  cependant 
Strabon ,  /.  9.  dit  qu'Hellanicus  la  nomme  par  igno- 
rance Lape  au  lieu  de  Napje.  Le  même  Strabon  ajoute 
que  cette  ville  etoit  dans  la  plaine  de  Méthymna.  Voyez. 
Pytho. 

NAPEGUS,  petite  ville  ou  gros  village  de  l'Arabie 
Heureufe:il  étoit  dans  le  pays  des  Elefates ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  7. 

NAPES.  Voyez.  Pau. 

NAPHAT-DOR.  Voyez.  Nephatdor. 

NAPF11LUS,  rivière  de  l'Arcadie,  félon  Paufanias,' 
/.  8.  c.  3  8.  c'eft  une  des  cinq  rivières  qui  fe  jettenc  dans 
le  fleuve  Alphée. 

NAPHTHUIM.F^cAFRrQUE  Propre. 

NAPIS,  village  de  Scythie,  fuivant  Etienne  le  géo- 
graphe. Voyez.  Pâli 

NAPITlA(tf),  ville  de  la  Calabre  ,  dans  le  pays 
des  Brutiens.  Barri  prétend  que  c'eft  aujourd'hui  la 
ville  d'Amantea  ,  dans  la  Calabte  Citer  ieure;  maisSci- 
pion  Mazella  ,  dans  fa  defeription  du  royaume  de  Na- 
ples ,  fait  voir  que  Barri  fe  trompe  (b)  ,Se  qu'il  prend 
Nepetia  pour  Napuia;  il  ajoute  que  Napitia  eft  Piz.z.0 , 
château  de  la  Calabre  Ultérieure,  au  royaume  de  Na- 
pies ,  dans  le  golfe  Hipponiate ,  qui  eft  aufli  nommé 
Napitïnus  Sinus ,  vulgairement  le  golfe  de  Sainte  Eu- 
pbemie ,  environ  à  fix  milles  d'Hipponium,  vers  le  fep- 
rentrion.  (a)  Ortelii  Thefaur.  (b)  Baitdrand ,  Diction. 
édit.    1 68 1 . 

NAPITÏNUS  SINUS.  Voyez.  Hipponiates. 

NAPLES  ,  ville  d'Italie ,  capitale  Se  métropole  du 
royaume  auquel  elle  donne  fon  nom.  Cette  ville  eft 
très-ancienne,  Se  fut  appellée  d'abord  Parthenope  ,  à 
caufe ,  difenr  quelques-uns ,  cfu'Ulyffe  Se  fes  compa- 
gnons s'étoient  échapés  des  douceurs  du  chant  de  la 
firéne  Parthenope  ,  cette  nymphe  marine  qui  fe  pré- 
cipita de  désespoir ,  Se  fur  enterrée  à  Palsopolis  :  d'au- 
tres prétendent  qu'une  Parthenope  ,  fille  d'Eumeleus  , 
roi  de  Theffalie ,  Se  petite-fille  d'Alcefte  ,  y  amena  une 
colonie  des  états  de  fon  père  ,  Se  qu'elle  donna  fon 
nom  à  cette  ville  ,  qui  en  portoit  auparavant  un  qui 
eft  inconnu.  *  Mijjbn ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  2.  p.  27. 

L'hiftoire  ajoute  que  les  Cumains  ayant  détruit  cette 
ville,  de  peur  qu'elle  ne  s'élevât  au-deflus  de  celle  de 
Cumes ,  furent  attaqués  d'une  cruelle  pefte  ,  Se  aver- 
tis en  même-tems  par  l'oracle  qu'elle  ne  cefferoit  point 
jusqu'à  ce  qu'ils  euffent  rebâti  la  ville  de  Parthenope  , 
Se  qu'ils  y  honoraiTent  le  tombeau  de  cette  déeffe  :  les 
Cumains  remirent  cette  ville  fur  pied  ,  Se  la  nommè- 
rent Neapolis,  des  mots  Grecs  ttgàk  ville  ,  Se  via.  neu- 
ve. Quoi  qu'il  en  foit ,  ces  noms  Grecs  prouvent  qu'elle 


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NAP 


NAP 


a  été  bâtie  par  des  Grecs.  Ce  qui  eft  encore  certain  , 
c'eft  qu'elle  eft  plus  ancienne  que  la  ville  de  Rome, 
à  laquelle  néanmoins  elle  fe  fournit.  Elle  lui  garda  tou- 
jours inviolablement  la  foi ,  &  en  reconnoifiance  les 
Romains  la  mirent  au  nombre  des  villes  libres  8c  con- 
fédérées. *  Journal  d'un  voyage  de  France  &  d'Italie, 
pag.  ;i6. 

La  beauté  de  fa  Situation ,  la  quantité  de  noblefle 
qu'on  y  voit ,  la  multitude  de  fes  marchands  ,  le  grand 
nombre  de  fes  palais ,  la  magnificence  de  fes  églifes , 
tout  cela  la  rend  considérable.  Quoiqu'elle  ait  fouvent 
efïuyé  de  terribles  afiauts ,  c'eft  encore  une  des  plus  "bel- 
les villes  du  monde  ,  8c  peut-être  la  plus  également 
belle.  Elle  eft  toute  pavée  d'un  grand  carreau  d'échan- 
tillon. Les  mes  font  droites  8c  larges  pour  la  plupart  : 
les  maifons  font  hantes  ,  presque  toutes  à  toits  plats  8c 
d'une  Structure  uniforme.  Rome  ,  Paris  ,  Londres  , 
Vienne  ,  Veniiè,&  quantité  d'autres  villes  fameufes,  ont 
à  la  vérité  des  beaux  palais  ;  mais  ces  palais  font  entre- 
mêlés de  vilaines  maifons  ;  au  lieu  que  Naples  eft  gé- 
néralement toute  belle.  La  mer  y  fait  un  petit  golfe 
qui  Farrofe  au  midi.  Vers  le  nord  elle  a  de  riches  co- 
teaux ,  qui  montent  infenfiblement  à  la  Campagne 
Heureufe  :  à  l'orient ,  c'efl  la  plaine  qui  conduit  au 
mont  Véfuve,  &  à  l'occident  c'ell  la  haute  Naples  , 
où  font  les  grands  Chartreux  &  le  château  de  Saint 
Erasme.  On  compte  communément,  qu'en  fuivant  les 
murailles  de  la  ville,  Naples  a  neuf  milles  de  tour, 
&  a  dix  huit  milles  en  fuivant  fes  fauxbourgs.  *  MiJJon, 
pag.  28. 

La  place  qui  règne  des  deux  côtés  du  palais  du  roi 
eft  des  plus  agréables ,  tant  parce  qu'elle  s'étend  jus- 
que fur  le  bord  de  la  mer  ,  que  par  les  deux  belles 
fontaines  dont  elle  eft  ornée.  La  première ,  qui  eft  la 
plus  belle  de  la  ville  ,  a  été  faite  par  le  duc  de  Médina  , 
viceroi.  Autour  de  fon  grand  baffin  font  huit  lions  de 
marbre ,  qui  font  autant  de  grands  jets  d'eau  ,  entre  les- 
quels il  y  en  a  plufieurs  autres  petits.  Au  milieu  il  y 
a  un  baSfin  plus  petit ,  où  quatte  hommes  montés  fur 
des  tigres  font  rejaillir  autant  de  fontaines,  &  entre 
eux  font  des  têtes  de  différens  animaux  qui  donnent 
leurs  eaux  d'une  manière  fort  ingénieufe  :  on  voit  au 
milieu  une  taffe  où  quatre  chevaux  marins  fourniflent 
de  l'eau  en  abondance ,  ainfi  qu'un  Neptune  par  fon 
trident.  La  féconde  fontaine ,  qui  fert  d'ornement  à  la 
même  place  ,  eft  de  Gusman,auSfi  viceroi:  des  dauphins, 
des  chevaux  marins  y  forment  différens  jets  d'eau.  Du 
côté  de  la  mer ,  à  l'extrémité  de  la  place  qui  eft  de- 
vant le  palais ,  il  y  a  une  belle  Structure  de  marbre 
où  font  diverfes  Statues ,  &  au  milieu  un  baffin  qui 
reçoit  les  eaux  d'un  jet  d'eau  fort  élevé.  L'eau  de  la 
fontaine  qui  eft  devant  le  palais  eft  reçue  dans  un 
aqueduc  ,  fur  lequel  d'espace  en  espace  font  des  ti- 
gres ,  des  lions  8c  d'autres  animaux  qui  fe  donnent  de 
l'eau  les  uns  aux  autres;  8c  à  l'extrémité  de  cet  aque- 
duc eft  une  autre  fontaine  ,  au/fi  de  marbre ,  avec  di- 
verfes ftatues.  Il  y  a  encore  un  grand  nombre  de  mai- 
fons qui  méritent  le  nom  de  palais  :  on  peut  mettre  de 
ce  nombre  celles  des  ducs  de  Matalone  ,  de  Gravina , 
d'Airola ,  de  la  Tour ,  des  princes  de  Sainte  Agathe , 
de  Mont-Milct,  de  Botera ,  de  Cellamare,  &c. 

Il  n'y  a  qu'un  fofie  qui  fépare  le  palais  du  viceroi  d'avec 
le  Château  neuf:  il  y  a  même  une  communication  par  le 
moyen  d'une  galerie  fecrette.  Ce  château  eft  le  plus  fort 
des  quatre  qui  font  à  Naples.  11  eft  élevé  fur  le  bord  de  la 
mer  ,  entre  le  Mole  8c  le  Palais  royal.  11  fut  bâti  par  les 
rois  de  la  maifon  d'Anjou.  Ses  tours  font  de  pierres  de 
taille ,  très-hautes  &  d'un  travail  admirable.  C'efl  à  l'en- 
trée de  ce  château  qu'on  voit  ce  bel  arc  de  triomphe  en 
marbre  blanc,  érigé  en  l'honneur  du  roi  Alfonfe.  Ferdi- 
nand le  Catholique ,  roi  d'Arragon ,  engagea  le  fameux 
Pierre  de  Navarro  à  l'environner  d'une  enceinte  à  la  mo- 
derne. C'eft  un  carré  long  à  quatre  baftions.  Celui  qui  eft 
le  plus  proche  du  Mole  fut  bâti ,  à  ce  qu'on  dit ,  des  de- 
niers provenais  d'une  impofition  fur  les  filles  de  mauvaife 
vie.  On  a  gravé  des  lofanges  fur  toutes  les  pierres  dont  il 
\(l  revêtu.  C'étoit  autrefois  un  couvent  des  Frères  Mi- 
neurs de  l'Obfervance  ,  &  on  le  nommoit  Sanila  Maria 
délia  nuova  ,  8c  quelquefois  la  Torre  Maeftra.  Charles  I, 
roi  de  Naples ,  transporta  le  couvent  à  l'endroit  où  il  eft 


préfentement ,  8c  fit  un  château  de  cette  Torre  Maefîra. 
En  continuant  le  long  du  rivage  de  la  mer,  on  rencontre  le 
château  de  l'Œuf,  ainfi  appelle  parce  qu'il  eft  bâti  fur 
une  petite  ifie  de  figure  ovale,  appellée  Megaris  8c  Mega- 
lia  par  les  anciens.  On  y  peut  aller  de  la  ville  par  le 
moyen  d'une  levée  faire  de  main  d'hommes ,  defius  laquel- 
le font  deux  ponts  qu'on  levé  ou  qu'on  abbaifie,  fuivant  le 
befoin.  On  prétend  que  ce  fut  le  fameux  Lucullus  Romain 
qui  fit  bâtir  ce  château  ;  8c  que  c'étoit  une  de  fes  maifons 
de  plaifance.  Les  princes  Normands ,  firent  une  forterefie 
de  ce  lieu.  C'eft  un  amas  de  tours  rondes  8c  carrées,  ex- 
cellentes avant  l'invention  du  canon  8c  des  bombes  ;  mais 
qui  fetoient  aujourd'hui  une  foible  réfiftance.  Entre  ce 
château  &  le  Mole  on  trouve  la  tour  de  S.  Vincent,  ou 
de  gli  Kçigatzj. ,  parce  qu'on  y  renferme  les  fous  &  les  en- 
fans  qui  ont  befoin  de  correction:  c'eft  unegroflé  tour  ron- 
de, fort  élevée,  renfermée  dans  un  ouvrage  à  plufieurs  fa- 
ces. Le  château  Saint  Elme  ou  Saint  Erasme  eft  dans  la 
partie  occidentale  de  la  ville  ,  fur  le  fommet  d'une  petite 
montagne  au  couchant.  D'un  côté  il  commande  presque 
toute  la  ville  ,  &  de  l'autre  il  regarde  la  mer.  La  figure  de 
ce  château  n'eft  qu'une  étoile,  mêmeirréguliere.  Ses  mu- 
railles font  extrêmement  hautes ,  &  toute  l'escarpe  eft 
taillée  dans  le  roc.  On  ne  peut  l'attaquer  dans  les  formes 
que  par  un  feul  endroit ,  tout  le  refte  eft  presque  inacces- 
fible. 

Près  du  grand  marché  ,  il  y  a  un  autre  château  moins 
confidérable,  qui  prend  fon  nom  de  l'Eglife  de  Notre- 
Dame  dcl  Carminé  ,  8c  du  couvent  des  Carmes ,  qui  eft 
presque  tout  enclavé  dans  ce  château.  Ce  pofte  étoit 
autrefois  fort  négligé  ;  mais  on  en  connut  l'importance  à 
l'occafion  des  tumultes  de  l'an  1646  ,  qui  firent  aller  le 
duc  de  Guife  à  Naples;  c'eft  pourquoi  on  y  bâtit  un  grand 
baftion  ,  qui  d'un  côté  garde  une  des  principales  avenues 
de  la  ville  &  le  fauxbourg  de  Lorctte  ;  &  de  l'autre  la 
mer  :  comme  ce  baftion  fut  bâti  à  la  place  de  quelques 
tours  à  l'antique ,  qui  étoient  du  tems  du  roi  Ferdinand  I 
d'Arragon  ,  on  l'appelle  la  Torrione  del  Carminé.  Le  roi 
Robert  bâtit  cette  forterefie  ,  8c  Charles  V  y  ajouta  de 
nouveaux  ouvrages. 

Le  nonce  du  pape  a  fon  palais  dan»  la  rue  de  Tolède 
(a)  8c  fon  tribunal ,  fes  prifons,  fon  barigel,  fes  fbirres,  en 
un  mot  tout  l'attirail  de  la  judicature.  Comme  il  a  bien 
des  gens  qui  ont  leurs  caufes  commifes  devant  lui ,  8c 
qui  croient  en  être  quittes  à  meilleur  marché  qu'aux 
tribunaux  féculiers ,  il  eft  fouvent  chargé  d'affaires.  Le 
co'lége  de  l'univerfité ,  appelle  Studii   Novi ,  eft  d'une 
grande  beauté.  Le  bâtiment  eft  immenfe.  Les  profefleurs 
en  toutes  fortes  de  feiences  y  ont  leurs  écoles  8c  leurs 
appartenons.  Leurs  appointerons  font  confidérables , 
8c  le  nombre  des  écoliers  eft  très-grand.  Il  y  a  encore 
d'autres  collèges ,  fans  compter  ceux  qui  font  chez  les 
Réguliers.   Le  mont  de  Piété  a  auffi  été  bâti   par   le 
chevalier  Fontana.  On  y  obferve  les  mêmes  régies  & 
les  mêmes  formalités  que  dans  le  mont  de  Rome  ;  8c 
tout  s'y  pafle  avec  un  extrême  fecret    8c   une  fidélité 
à  toute  épreuve.  Bien  des  gens  riches  y  dépofent  leur 
argent ,  afin  qu'il  y  foit  plus  en   fureté  que  chez  eux , 
&  qu'il  foit  prêté  aux  pauvres  fans  intérêt.  On  a  remar- 
qué plufieurs  foisque  ,  pendant  les  plus  grands  troubles 
8c  les  plus  grandes   féditions ,  ce  lieu  a  toujours  été 
refpeété   même  du  bas  peuple ,  8c  qu'on  y  étoit  auiïi 
tranquille  que  dans  la  plus  profonde  paix  (b).  L'aca- 
démie où  l'on  enfeigne  à  monter  à  cheval,  les  couvens, 
les  hôpitaux ,  l'arfenal  8c  les  magazins  pour  les  galères , 
font  encore  autant  d'édifices  confidérables  ;  mais  ce  qui 
paroît  le  plus  extrarodinaire  à  Naples,  c'eft  le  nombre 
&  la  magnificence  des  églifes.  Cela  furpafle  l'imagina- 
tion. Si  on  veut  voir  de  beaux  morceaux  d'architecture, 
il  faut  vifiter  les  églifes, il  faut  voiries  chapelles,  les 
autels ,  les  tombeaux  ;  il  y  a  à  la  vérité  peu  de  belles 
façades  à  Naples  :  presque  toute  la  beauté  eft  en-de- 
dans. Si  on  veut  voir  de  rares  peintures ,  de  la  fculp- 
turc  8c  des  charretées  de  vafes  d'or  &  d'argent ,  il  ne 
faut  qu'entrer  dans  les  églifes.  Les  Toutes,  les  lambris, 
les  murailles  ,  tout  eft ,  ou  revêtu  de  marbres  précieux 
&  artiftement  rapportés,  ou  à  compartimens ,  de  bas 
reliefs  &  de  menuiferie  dorée,  &  enrichie  des  ouvrages 
des  plus  fameux  peintres.  On  ne  voit  par  tout  que  jaspe , 
que  porphyre ,  que    mofaïque  de  toutes  façons ,  que 

chef  d'eeuvres 


NAP 


NAP 


chef-d'œuvres  de  l'art.  Que  l'on  parte  d'une  églife  à 
l'autre ,  on  fe  trouve  toujours  nouvellement  furpris. 
(a)Labat,  Voy.  d'Italie,  t.  y. p.  264.  (b)  MiJJon  ,  p. 

L'églife  de  la  maifon  profefie  des  Jéfuites  ,  entre  au- 
tres, eft  une  pièce  admirable  :  le  dôme  eft  peint  de  la 
main  du  cavalier  Lanfranc ,  Se  de  quelque  côté  qu'on 
fe  tourne  dans  ce  fuperbe  édifice ,  tout  y  eft  chargé 
d'enrichifiemens  qui  disputenr  enfemblc  de  prix  .depuis 
le  pavé  jusqu'à  la  voûte.  C'en:  la  même  chofe  à  Sainte 
Marie  de  l'Annonciade.  On  peut  dire  que  ce  vaifleau 
eft  d'une  éclatante  beauté  :  c'eft-là  que  l'on  voit  aufli 
ce  fameux  hôpital  dont  le  revenu  monte  à  plus  de 
deux  cens  mille  écus.  Ces  quatre  vers  fe  lifent  fur  la 
porte  : 

Lac  puerif  ,  clotem  innuptis ,  velumque  pudicis  , 
Datque  medelam  agris ,  hœc  opulent  a  domus. 

Hinc  mérita  facra  eft  Mi ,  qiu  nupta  ,  padica  , 
Et  laclans ,  Orbis  ver  a  medelafuit. 

Tout  eft  encore  riche  Se  furprenant  à  Saint  Philippe 
de  Neri ,  à  Santa  Maria  la  Nuova ,  à  Saint  Severin  , 
à  Saint  Paul ,  à  Saint  Dominique ,  à  l'églife  Se  au  mo- 
naftere  du  mont  Olivet  ,  aux  Saints  Apôtres,  à  Saint 
Jean  Carbonara  ,  à  la  Cathédrale  ,  à  l'Hospitalette  ,  à 
Sainte  Marie  de  la  Santé  ,  &  en  plus  de  trois  cens  au- 
tres églifes ,  dont  la  plupart  renferment  des  rréfors  Se 
des  lacrifties  où  l'on  voit  des  richeffes  immenfes.  Par 
exemple,  dans  la  facriltie  des  Saints  Apôtres,  églife 
qui  appartient  aux  Théatins  ,  on  trouve  quatorze  grandes 
armoires  à  doubles  battans,  toutes  remplies  de  vaiffelle, 
de  vafes  facrés  d'or  Se  d'argent ,  &  d'autres  chofes  pré-- 
cieufes.  La  grande  Chanrcufe  de  Saint  Martin  efi  un 
lieu  extraordinairement  rempli  de  chofes  rares  Se  ma- 
gnifiques. On  artiirc  que  fous  un  feul  Priorat  ,  il  y  fut 
dépenfé  jusqu'à  cinq  cens  mille  ducats  en  argenterie, 
en  tableaux  &  en  ouvrages  de  fculptuie.  Leur  églife  n'eft 
pas  des  plus  grandes  ;  mais  elle  n'a  aucune  partie  qui 
ne  mérite  d'être  admirée.  La  Nativité  ,  du  Guide ,  dans 
le  cœur  de  cette  églife  ,  cil  une  pièce  ineftimable.  Les 
quatre  tableaux  de  la  Cène,  qui  fe  voient  dans  le  mê- 
me lieu ,  font  de  l'Espagnolet ,  d'Ann.  Carache  ,  de 
Paul  Véronèfe  &  du  cavalier  Maiïimo.  Le  cloître  a 
cent  pas  en  carré  :  tout  le  pavé  eft;  de  marbre  ,  rap- 
porté en  rinceaux  Se  en  autres  ornemens  de  cette  forte  •■, 
Se  les  quatre  galeries  font  foutenues  de  foixante  colom- 
nés  d'une  feule  pièce  d'un  beau  marbre  blanc  de  Car- 
rare. Les  religieux  font  agréablement  logés ,  Se  l'appar- 
tement du  prieur  eft  digne  d'un  prince.  On  y  voit  la 
mer  Se  plufieurs  ifles  :  on  peut  confidérer  diftinctement 
la  grandeur  de  Naples ,  avec  fes  châteaux  ,  fon  port , 
fon  mole  &  fon  fanal.  On  fe  plaît  à  regarder  les  jardi- 
nages qui  environnent  la  ville  ôc  les  châteaux  fertiles 
qui  montent  à  la  Campagne  qu'on  appelle  Heureufe. 
Si  on  jette  les  yeux  d'un  autre  côté ,  en  fuivant  le  ri- 
vage ,  les  finuofités  qui  fe  mêlent  réciproquement  avec 
les  petits  caps  que  cette  paifible  mer  arrofe ,  Se  les 
jolis  villages  dont  cette  côte  eft  parfemée ,  on  a  des 
objets  tout-à-fait  agréables.  Un  peu  plus  loin  ,  l'air  s'é- 
pairtît  des  horribles  fumées  du  Véfuve ,  Se  l'on  voit 
tout  à  plein  cette  affreufe  montagne. 

Les  reliques,  les  ftatues  Se  les  images  miraculeufes 
font  en  fi  grand  nombre  ,  qu'il  n'eft-  pas  pofiîble  de  les 
détailler.  Une  des  plus  célèbres  eft  le  fang  de  faim  Jan- 
vier qu'on  garde  dans  l'églife  de  l'Afi'omption,  qui  eft 
la  métropole.  Tous  les  ans  le  jour  de  la  fête  de  ce 
faint  Martyr ,  on  approche  fon  chef ,  qui  eft  confervé 
dans  la  même  églife ,  de  la  fiole  où  eft  renfermé  fon 
fang,  qui  fe  liquéfie  ,  dit-on ,  à  la  vue  de  tout  le  peu- 
ple. 

A  l'exception  d'un  certain  nombre  de  rues  de  mé- 
diocre largeur,  qui  aboutifient  au  port,  presque  toutes 
les  autres  font  larges  Se  autant  droites ,  qu'il  a  été 
pofiîble  de  le  pratiquer  dans  une  ville  où  il  y  a  à  mon- 
ter confidirablement.  Toutes  les  maifons,  comme  il  eft 
dit  plus  haut,  font  belles,  avec  des  toits  la  plupart  en 
terrafle ,  &  où  il  y  a  des  loges  pour  prendre  le  frais. 
Le  pavé  des  rues  eft  grand ,  parfaitement  bien  entrete- 
nu Se  très-propre.   Outre  le  foin  qu'on  a  de  balayer 


48  î 


les  rues  ,  on  les  inonde  pour  les  rafraîchir,  Se  ces  tor- 
rens  d'eau  emportent  avec  eux  toutes  les  ordures.  11  a 
déjà  été  parlé  de  quelques  fontaines  :  il  y  en  a  de  tous 
côtés,  Se  toutes  ont  quelque  chofe  de  beau  Se  defin- 
gulier  dans  leur  figure  Se  dans  leur  matière  ;  à  peine 
en  trouvera-r  on  cinq  ou  fix  qui  ne  mériteront  pas  l'at- 
tention des  curieux.  *  Labat ,  p.  27  3. 

Cette  abondance  d'eau  n'empêche  pas  qu'il  n'y  ait 
un  très-grand  nombre  de  gens  qui  gagneur  leur  vie  à 
vendre  de  l'eau  aux  paflans,  foit  pour  fe  désaltérer  , 
foit  pourfc  rafraîchir. 

Le  meilleur  favon  Se  les  meilleures  favonnettes  fe 
font  à  Naples.  On  y  a  aufiTt  des  manufattutes  d'étoffes 
de  foie  de  toutes  fortes ,  de  bas,  de  bonnets,  de  ca- 
mifoles ,  &c.  Il  y  en  a  aufiî  de  toile  ,  de  coton  &  de 
laiue.  La  rue  des  orfèvres  peut  pafier  pour  la  plus  ri- 
che de  la  ville.  Rien  n'eft  plus  beau  que  les  boutiques  , 
les  ateliers  Se  les  magazins  de  ces  ouvriers.  Ils  excel- 
lent fur-tout  dans  l'argenterie  d'églife  :  comme  ils  en 
font  beaucoup ,  ils  fe  perfectionnent  dans  ce  genre  d'ou- 
vrage. 

On  compte  dans  la  ville  Se  aux  environs  dix-huit 
couvens  de  Dominicains ,  Se  huit  monafteres  de  religieu- 
fes  de  l'ordre  de  faint  Dominique  ;  huit  couvens  d'Au- 
guftins  Se  cinq  d'Auguftines  ;  huit  de  Carmes  Se  cinq 
de  Carmélites  ;  deux  de  Chartreux  ;  deux  de  Céleftins  -y 
cinq  de  chanoines  Réguliers  Se  un  de  Chanoinefles  ; 
un  de  Bénédictins  ;  cinq  de  Bénédi&ines  ;  un  d'Olivé- 
tains  ;  quatre  de  Minimes  ;  trois  de  Servîtes  ;  un  de  Jé- 
ronymitains  ;  un  de  Camaldules  ;  un  de  Baiîléens  ;  un  de 
moines  de  Monte  Virgini  -,  fix  de  Théatins  ;  un  de  Théa- 
unes  ;  trois  de  Clercs  réguliers  ;  trois  de  Clercs  appelles 
Minuties  des  infirmes  ;  fix.  de  la  Compagnie  de  Jefus ; 
trois  de  Clercs  appelles.  Operarii  pu  \  trois  de  Barna- 
bites  ;  quatre  appelles  ScboU  pU  ;  un  de  Somasques  ; 
cinq  de  pères  de  la  Merci  Espagnols  ;  deux  de  religieu- 
fes  Espagnoles  ;  deux  de  Clercs  Réguliers  de  la  Congré- 
gation de  Luques  ,cinq  confervatoites  de  garçons  ;  vingt- 
neuf  de  filles  Se  de  femmes  ■■,  onze  hôpitaux  ;  cinq  fé- 
minaircs  d'eeelefiaftiques  ;  quatre  paroiiTes  principales, 
ayant  titre  de  Bafiliques-,  trente  deux  autres  paroirtes  ; 
foixante  Se  dix  autres  églifes  ou  chapelles  deflèrviespar 
des  prêtres  féculiers ,  6V  plus  de  cent  rrente  chapelles 
de  confréries  ou  oratoires.  Un  fi  grand  nombre  d'églifes 
&  de  couvens  fuppofe  un  très-grand  nombre  de  per- 
fonnes  :  il  va  jusqu'à  trois  cens  mille  âmes ,  ce  qui  eft 
confidérable ,  quoique  bien  au-deflous  de  ce  que  l'on 
en  débite  communément. 

La  noblefie  de  Naples  eftdivifée  en  deux  clartés  prin- 
cipales. La  première ,  qui  eft  divifée  en  cinq  fiéges  ,  qu'on 
appelle  le  Seggi,  Se  qui  a  l'adminiftration  de  la  police 
de  la  ville.  La  féconde  ,  qui  ne  veut  point  fe  mêler  des 
affaires  publiques  ,  &  qui  par  conféquent  n'eft  ni  inferite 
ni  entoilée  dans  les  fiéges.  Ces  fiéges  ,  ou  lieux  d'aflem- 
blée  ,  font  des  falons  magnifiques ,  accompagnés  des  au- 
tres pièces  nécertaires ,  où  la  noblefie  fe  rend  pour 
traiter  des  affaires  particulières  Se  de  celles  de  fon 
reflbrt.  Ce  font ,  à  proprement  parler,  des  tribunaux; 
car  elle  eft  chargée  de  beaucoup  de  détails;  comme  de 
la  confervation  des  privilèges ,  franchifes  Se  immunités 
de  la  ville ,  du  foin  d'y  maintenir  l'abondance ,  chofe 
abfolument  nécefiaire  pour  contenir  dans  le  devoir  un 
peuple  naturellement  mutin  Se  volage  '■>  de  mettre  les 
taxes  aux  vivres  Se  à  toutes  les  denrées  ,  de  châtier  ceux 
que  l'on  furprend  en  contrebande ,  d'empêcher  qu'on 
ne  mette  de  nouveaux  impôts  fans  fon  agrément.  Elle 
eft  encore  chargée  de  l'entretien  Se  de  la  réparation  des 
murailles  de  la  ville ,  des  aqueducs ,  du  pavé  des  rues , 
des  édifices  publics,  &  de  quamité  d'autres  chofes  qui 
regardent  le  bien  public.  Les  fiéges  de  la  noblefie  font 
la  porte  Capuane  ,  le  Nido  ,  la  Montagne,  le  Port  & 
la  Porte-neuve.  On  les  appelle  ainfi,  parce  que  les  fa- 
lons ou  tribunaux  font  voifins  de  ces  lieux.  Le  peuple 
a  aurtî  un  fiége  pour  veiller  à  fes  intérêts  particuliers , 
Se  pour  empêcher  qu'il  ne  foir  opprimé  par  la  no- 
blefie. Ce  fiége  eft  dans  le  cloître  des  Auguftins.  Ceux 
de  la  noblefie  choififlenr  chacun  tous  les  ans  un  chef 
à  qui  on  donne  le  nom  d'élu  ;  mais  le  chef  du  fiége 
du  peuple  eft  nommé  par  le  viceroi ,  Se  demeure  en 
charge ,  tant  qu'il  plaît  à  celui  qui  l'a  nommé.  G'efl  «in* 
Tom.  IV.  P  p  p 


482       NAP 

choie  incroyable  que  la  quantité  de  gens  de  juftice  & 
de  pratique  qu'il  y  a  dans  la  ville  de  Naples.  Tout  le 
monde  fait  la  réponfe  du  marquis  Carpio  à  Innocent 
XI ,  lorsque  ce  pontife  le  fit  prier  de  lui  fournir  trente 
mille  têtes  de  cochon.  Je  ne  faurois  fournir  tant  de 
cochons,  dit  le  marquis  ;  mais  fi  fa  fainteté  a  befoin 
de  trente  mille  avocats,  je  lésai  tous  prêts  à  fon  fer- 
vice.  Ces  fortes  de  gens  ne  manquent  pas  d'occupation 
à  Naples.  Il  y  a  peu  de  perfonnes  de  confidération  qui 
n'ayent  quelque  procès.  On  dit  communément  que,  lors- 
qu'un cavalier  Napolitain  n'a  rien  à  faire,  ce  qui  ar- 
rive fouvent ,  il  fe  renferme  dans  fon  cabinet  8c  fe  met 
à  feuilleter  fes  papiers ,  pour  voir  s'il  ne  peut  point  com- 
mencer quelque  procès  8c  tourmenter  fes  voifins  :  tant 
a  changé  le  génie  de  ce  peuple  depuis  le  tems  de  Stace  , 
S;/./.  5. 

Nulla  foro  rabier,  aut  flritt*  jurgia  legis , 
Moris  jura  virisfolum  &  fine  fascibus  xqitum. 

Un  autre  point,  fur  lequel  ils  n'ont  guère  changé,  c'eft 
la  parefie.  Les  habitans  de  Naples  ont  toujours  été  ré- 
putés très-parefieux  8c  très-voluptueux.  Ces  défauts 
pourroient  bien  venir  en  partie  de  la  grande  fécondité 
du  pays ,  qui  ne  leur  rend  pas  le  travail  fi  ncçeffaire  ,  8c 
en  partie  du  climat  ,  qui  relâche  les  fibres  de  leur  corps 
&  dispofe  le  peuple  à  une  humeur  fainéante  &  indo- 
lente. De  quelque  côté  que  cela  vienne,  les  Napoli- 
tains étoient  autrefois  aulfi  fameux  à  cet  égard  qu'au- 
jourd'hui. Horace  ,  epifi.  ;.  dit, 

Oliofa  Neapolis. 

Ovide ,  Metam.  /.  1  ; .  dit  la  même  chofe. 

Et  va  otia  natam 
Parthenopen. 

*  Jddijfon  ,  Voyage  d'Italie,  t.  4.  p.  130. 

La  Baie  de  Napi.es  cfi:  la  plus  agréable  que 
l'on  puifie  voir  :  elle  eft  presque  ronde  ,  d'environ  trente 
milles  de  diamètre.  Les  côtés  font  couverts  de  forêts 
8c  de  montagnes.  Le  haut  promontoire  de  Surrentum 
fépare  cette  baie  de  celle  de  Salerne.  Entre  l'extrémité 
de  ce  promontoire  &  l'Ifle  de  Caprée ,  la  mer  entre 
par  un  détroit  large  d'environ  trois  milles.  Cette  ifle  eft 
comme  an  varte  mole  ,  pour  rompre  la  violence  des  va- 
gues qui  entrent  dans  la  baie.  Elle  eft  en  long  ,  8c  presque 
dans  une  ligne  parallèle  à  Naples.  La  hauteur  exceffive 
de  fes  rochers  fert  d'abri  contre  une  grande  partie  des 
vents  &  des  ondes.  Cette  baie  elt  appcllée  le  Crater  par 
les  anciens  géographes ,  probablement  à  caufe  defares- 
femblance  à  une  boule  ronde  ,  à  moitié  pleine  de  quel- 
que liqueur.  Peut-être  que  Virgile  ,  qui  compofa  à  Na- 
ples une  partie  de  fon  Enéide  ,  prenoit  de  cette  baie  le 
plan  de  ce  beau  Havre  ,  dont  il  donne  la  defeription 
dans  fon  premier  livre  :  car  le  port  Libyen  n'elt  que  la 
baie  de  Naples  en  petit. 

Eft  in  feceffii  longo  lecus.  Infitla  portum 
Efficit  objeilu  laterum  ,   quibiis  omnis  ab  alto 
Frangitur ,  inque finit! jCindit  fefe  unda  redit flos: 
Hinc  atque  bine  vaftm.  rupes  geminique  minanuir 
In  cœlumf copiai ,  quorum fuh  vertice  laté 
JEquora  tut  a.  filent ,  tumfilvisjcenacoriticis 
Dejuper  ,  horrentiqite  anirum  nemus  imminet  timbra. 

*   JEneid.  I.  v.   163. 

Le  mole  elt  large  8c  fort  long.  Il  paroît  ancien  :  il  a 
une  branche  en  retour  d'équerre  ,  à  un  bout  de  laque1  le 
cfi;  la  tour  de  la  Lanterne  ,  autrement  le  Fanal  .  où  l'on 
doit  allumer  des  feux  pour  diriger  les  vaifleaux ,  qui 
veulent  s'approcher  pendant  la  nuit.  L'autre  extrémité 
elt  chargée  d'une  batterie  fermée  en  forme  de  tour  car- 
iée baffe.  On  l'appelle  le  fort  Saint  Jacques  Tous  les 
bâtimens  mouillent  à  couvert  de  ces  deux  branches.  La 
douane  eil  vis-à  vis.  Elle  a  une  place  de  grandeur  rai- 
fonnable  ,  avec  trois  frn  quatre  petites  jettées  ,  accom- 
pagnées de  degrés  pour  la  commodité  du  débarquement 


NAP 


des  chaloupes.  Il  y  a  une  petite  chapelle  à  un  bout  de 
cette  place. 

2.  NAPLES  (Le  royaume  de)  ,  grande  contrée  d'I- 
talie ,  dont  il  occupe  toute  la  partie  méridionale.  Il  efi: 
borné  au  nord-oueft  par  l'Etat  eccléfialtique ,  &  par  la 
mer  de  tous  les  autres  sôtés.  Cet  état ,  le  plus  grand 
de  l'Italie ,  pafia  dans  le  cinquième  fiécle  de  la  domi- 
nation des  Romains  à  celle  des  Goths  :  enfuite  les  Lom- 
bards en  furent  les  maîtres ,  jusqu'à  ce  que  leur  Roi 
Didier  eut  été  vaincu  &  pris  par  Charlemagnc.    Les 
enfans  de  ce  grand  Empereur  partagèrent  cet  état  avec 
les  Grecs ,  qui  n'y  voulurent  point  de  compagnons ,  8c 
prirent  la  part  des  autres.  Les  Sarrazins  leur  en  enle- 
vèrent une  grande  partie  vers  la  fin  du  neuvième  fié- 
cle ,  8c  au  commencement  du  dixième.   Ils  y    étoient 
très puiflans,  lorsque  dans  le  fiécle  fuivant ,  les  enfans 
de  Tancréde  ,  gentilhomme  Normand  ,  les  en  chaue- 
rent.  Lesdescendans  de  ceux-ci  y  régnèrent  jusqu'à  Guil- 
laume III ,  qui  ne  laiffa  point  d'enfans.  Confiance  ,  fille 
pofihume  de  Roger ,  duc  de  la  Pouille  ,  porta  cette  riche 
fucccHion  a  l'empereur  Henri  VI.  Après  la  mort  de 
Conrad  ,  leur  petit-fils,  en  1 257,  Mainfroi,  fon  frère  bâ- 
tard, fut  reconnu  pour  fon  héritier;  mais  Charles  de 
France,  frère  de  S.  Louis  ,  comte  d'Anjou  ,  de  Proven- 
ce ,  ckc.  ayant  été  invelli  du  royaume  de  Naples  8c  de 
Sicile  par  le  pape  Clément  IV  ,  en  126"/,  défit  &  tua 
Mainfroi  l'année  fuivante  ,  8c  fit  couper  la  tête  à  Con- 
fadin  ,  fils  de  Conrad  ,  le  29  Octobre  1 269  ;  il  avoit  pris 
ce  prince  dans  une  bataille  près  du  lac  Celano  le  23 
Août  de  l'année  précédente.  Pierre  III ,  roi  d'Arragon  , 
qui  avoit  époufé  Confiance ,  fille  de  Mainfroi ,  fit  au 
premier  coup  du  fon  des  vêpres  égorger  tous  les  Fran- 
çois ,  en  1 282  ,  le  jour  de  Pàque  ,  d'où  ce  maflacre  a  été 
appelle  les  Vcpres  Siciliennes.  Cette  catafirophe  com- 
mença les  fameufes  querelles  des  deux  maifons  d'An- 
jou 8c  d'Arragon.  La  première  eut  auiïi  fes  divifions 
particulières  :  la  reine  Jeanne,  petite-fille  de  Robert, 
ayant  adopté  par  fon  tefiament  du  29  Juin  1 380 ,  Louis 
de  France  ,  premier  du  nom ,  duc  d'Anjou  ,  &  devenu 
par-là  chef  de  la  féconde  branche  d'Anjou  à  Naples, 
Charles  de  Duras ,  fon  coufin  ,  s'établit  fur  le   trône  , 
d'où  fon  compétiteur  fit  fes  efiorts  pour  le  faire  descen- 
dre. Jeanne  II  ou  Jeanntlle  ,  fille  de  Chai  les,  renouvella 
les  prétentions  des  Ariagormois,  en  adoptant  Alfonfe  V, 
roi  d'Arragon,  l'an  1420;  ce  qu'elle  fit  en  haine  de  ce 
que  le  pape  Martin  V  avoit  donné,  trois  ans  auparavant, 
l'inveititure  du  royaume  à  Louis  III,  petit  fils  de  Louis  I. 
Il  elt  vrai  que  cette  princeffe,  pénétrée  de  l'ingratitude 
d'Alfonfe ,  révoqua  cette  adoption  par  fon  tefiament , 
fait  le  22  Février  1434  ,  &  reconnut  René  d'Anjou  ,  fils 
de  Louis,  pour  fon  fuccefieur.  Ce  prince  qui  avoit  en- 
core lieu  de  prétendre  au  royaume  d'Arragon  par  fa 
mère  Yolande  ,  fut  contraint  de  borner  fes  prétentions 
à  ce  qu'il  pofièdoit  en  France  -,  8c  ayant  vu  mourir  tous 
fes  enfans  avant  lui  ,  il  laiffa  fes  états  à  Charles ,  fils  de 
fon  frère ,  de  même  nom  ,  comte  du  Maine.  Celui-ci 
infiitua  pour  fon  héritier  Louis  XI  ;roi  de  France,  fon 
coufin  germain  ,  &:  les  rois  de  France  fes  fucceffeurs ,  par 
fon  teiiament  le  10  Décembre  1681.  Charles  VIII ,  fon 
fils  &  Louis  XII ,  fon  fuccefieur  ,  fe  rendirent  maîtres  de 
ce  royaume  :  mais  1  eloignement&  la  mativaife  foi  des  Ar- 
ragonnois  leur  firent  perdre  leurs  conquêtes  presque au  ffi- 
tôt  qu'ils  les  eurent  faites.  Pour  revenir  à  Alfonfe  V , 
roi  d'Arragon  ,  ce  prince  s'empara  du  royaume  en  1442 , 
8c  y  laiffa  en  mourant  Ferdinand  ,  fon  fils  naturel  ,  qui 
perdit  deux  fois  fes  états  ,  &  les  recouvra  deux  fois  avec 
le  fecours  des  papes.  Son  fils   Alfonfe  II  8c  fon  frerc 
Ferdinand  II  lui  fuccéderenr.  Frédéric  ,  fils  de  ce  dernier, 
fur  chaffé  par  le  roi  Louis  XII ,  8c  par  Ferdinand  V  ,  roi 
d'Arragon:  ces  deux  princes  partagèrent  lesdépouillesdc 
Ft  ederic;mais  l'Arragonnois  fe  fervant  d'une  dispute  con- 
certée pour  les  limites  l'an  1  j  04 ,  en  chaffa  les  François , 
qui  n'y  ont  pu  mettre  le  pied  depuis  ;  fi  l'on  en  excepte  la 
révolte  des  Napolitains,  qui  appellerent  à  leur  fecours 
Henri  de  Lorraine,  II  du  nom  >duc  deGuife,  en  1647. 
Mais  ce  prince,  pour  n'avoir  pas  été  fecouru  à  propos, 
fut  fair  prifonnier  l'année  fuivante  par  les  Efpagnols.  Ce 
royaume,  après  avoir  pafie  en  deux  branches  de  la  mai- 
fon  d'Anjou  ,  pafia  encore  avec  toute  la  fucceffion  d'Es- 
pagne en  1700,  à  Philippe  de  France ,  duc  d'Anjou  ,  qui 


NAP 


fît  fon  entrée  publique  à  Naples  le  29  Mai  1702.  ;  mais 
les  affaires  des  François  étanr  fur  leur  déclin  en  Italie , 
l'Archiduc  Charles ,  depuis  empereur  ,  fous  le  nom  de 
Charles  VI,  envahit  le  royaume  de  Naples  en  1706" ,  Se 
le  pofieda  jusqu'à  la  paix  d'Utrecht.  Les  alliés  en  gra- 
tifièrent le  duc  de  Savoie  ,  qui  porta  le  titre  de  roi  de 
Sicile.  L'Espagne  ayant  attaqué  ce  royaume  ,  les  Pié- 
montois  appellerent  les  Autrichiens  à  leur  fecours.  Le 
traité  de  Londres  dispofa  de  ce  royaume  en  faveur  de 
l'Empereur ,  qui  réunit  fous  une  feule  domination  les 
royaumes  de  Naples  Se  de  Sicile.  Mais ,  par  le  traité  de 
paix  conclu  entre  les  rois  de  France  ,  d'Espagne  Se 
l'Empereur,  le  18  Octobre  1738  ,  l'Infant  dom  Car- 
los en  fut  déclaré  roi;  mais  ayant  hérité  du  royaumed'Es- 
pagne  par  la  mort  deFerdinandIV  ,  il  y  a  pafïé,  &  a  laiffé 
celui  de  Naples  à  fon  fécond  fils  Ferdinand.  *  La  Ferêt 
de  Bourgon ,  Géogr.  hiftor.  r.  2.  p.  537. 

Le  royaume  de  Naples,  qu'on  appelle  auflî  Sicile  en- 
beça  du  Fare  ,  cil  gouverné  par  un  Viceroi  triennal  : 
cependant  la  plupart  font  continués  deux  ou  trois  fois , 
félon  que  les  rois  le  jugent  à  propos.  Le  fouverain  de 
Naples  tient  ce  royaume  avec  la  Sicile  en  fief  de  l'E- 
glife  ,  &  en  rend  tous  les  ans  la  veille  de  S.  Pierre  ,  le 
tribut  d'une  bourfe  de  fept  mille  écus  d'or  ;  &  le  lende- 
main d'une  haquenée  blanche ,  qu'il  fait  préfenter  au 
pape. 

La  plus  grande  longueur  du  royaume  de  Naples  eft 
d'environ  trois  cens  milles ,  à  compter  depuis  l'extré- 
mité de  lAbruzze  ultérieure  ,  jusqu'à  Reggio  ,  au  fond 
de  la  Calabre  ;  Se  fa  plus  grande  largeur  ,  depuis  Gacte 
jusqu'à  l'embouchure  du  Pescaire  ,  cil  de  près  de  80  mil- 
les. L'air  y  etl  fi  admirable  &  la  terre  fi  fertile  en  grains , 
vins  Se  fruits  excellens ,  que  les  Italiens  difent  en  pro- 
verbe ;  que  N.iples  e(t  un  paradis  habile  par  des  diables. 
11  eft  vrai  que  les  habitans  de  ce  royaume  font  grofilers  , 
inconftans  ,  fainéans  Se  même  diffimulés  ;  mais  ils  font 
généreux ,  bienfaifans ,  Se  les  meilleures  gens  du  monde  , 
lorsqu'on  fait  s'accommoder  à  leurs  manières.  Il  y  a 
quantité  de  fleuves  dans  cet  état;  mais  la  plupart  ,  Se 
presque  tous,doivent  être  confidérés  comme  des  torrens. 

Division  du  Royaume  de  Naples. 


NAP      481 


Le 

royaume 
de    Na- 
ples divi 
fé       em 
douze 
parties. 


Sur  ou: 

proche  de' 
la  mer  fu- 

[péri  cure. 


Sur  ou 
proche  la 
mer  in- 
férieure,  i 


La  terre  d'Otrante . 

La  terre  de  Barri , 

LaCapitanate, 

Le  comté  de  MolifiTe, 

L'Abruzze  Citérieure , 

L'Abruzze  Ultérieure , 

La  terre  de  Labour  , 

i  La  Principauté  Citérieure  . 
La  Principauté  Ultérieure. 

'  La  Bafilicate , 
La  Calabre  Citérieure, 

>La  Calabre  Ultérieure. 


NAPLOUSE  ,  ville  de  la  Palefline  ,  à  dix  lieues  de 
Jérufalem  ,  du  côté  du  nord.  C'en1:  la  même  que  Sichem 
ou  Sichari  ,  ville  célèbre  de  la  tribu  d'Eprahïm  ;  ou  du 
moins  Naploufe  étoit  très-voifine  de  la  place  de  Si- 
chem (a).  Cette  ville  a  eu  pluficurs  noms.  S'il  eft  vrai 
qu'elle  foit  la  véritable  Sichem  ,  elle  fut  appellée  depuis 
Mabarta,  félon  Jofephe  ,  de  Bello  ,  /.  5.  c.  4.  ou  Mamor- 
tba  ,  comme  écrit  Pline  ,  /.  5.  c.  13.  On  lui  donna  en- 
fuite  le  nom  de  Flavia  Cœfarea  de  celui  de  l'empereur 
Flavien  Domitien  :  on  a  des  médailles  avec  cette  in- 
feription  *A.  neaC.  riOAEnc.  CTP.  nAA.  c'ell-à-dire 
Flavia  Neapolis  Syr'u  PaLftinœ  :  enfin  elle  fut  nommée 
Amplement  Neapolis ,  Se  elle  a  aujourd'hui  ce  nom  par- 
mi les  Arabes ,  qui  le  corrompent  pourtant ,  en  l'appel- 
lant  Naplos.  Naploufe  efi  presque  auiïï  grande  que  Jéru- 
falem 5  &  il  y  a  une  milice  entretenue  de  divers  ordres. 
LesJaniflairesfontà  la  folde  du  bâcha  de  Damas;  le  relie 
dépend  de  l'émir  Hhagge  ,  c'efi-à-dire  du  prince  con- 
ducteur des  pèlerins  de  la  Mecque.  Cette  ville  eft  à  pré- 
fent  fans  murailles  &  fans  portes  ,  au  fond  d'une  vallée, 
terminée  au  midi  par  la  montagne  de  Garizim ,  Se  au 
feptentrion  par  celle  d'Hebal  ,  deux  montagnes  fameu- 
fes  dans  l'écriture  par  les  bénédictions  que  les  fix  prin- 
cipales tribus  donnèrent  aux  obfcrvateurs  de  la  loi ,  & 


par  les  malédictions  que  les  fix  autres  tribus  donnèrent 
à  ceux  qui  la  violeroient.  Ces  deux  montagnes  font 
proches  1  une  de  l'autre  ,  Se  les  Mahométans  racontent 
qu'un  géant ,  nommé  Aïrout ,  neveu  de  Noé  ,  mettoit  un 
pied  fur  l'une  Se  un  pied  fur  l'autre.  Il  y  a  encore  dans 
cette  ville  quelques  Juifs  Samaritains,  que  les  autres  Juifs 
désavouent  Se  maudiflent.  On  dit  qu'ils  adorent  les  co- 
lombes. Cependant  ils  prient  Se  lifent  dans  des  livres 
femblables  à  ceux  des  autres  Juifs.  Ils  ne  mangent  rien 
de  ce  que  les  Chrétiens  ou  les  Mahométans  apprêtenr , 
ni  même  de  ce  qu'ils  touchent  (  b  ).  La  terre  des  envi- 
rons de  Naploufe  eft  fertile  Se  produit  desolives  en  abon- 
dance :  les  jardins  font  remplis  d'orangers  3c  de  citron- 
niers ,  qu'une  rivière  Se  divers  ruifleaux  arrofent.  A  cinq 
cens  pas  de  la  ville,  fort  une  fontaine  fous  une  voûte  vers 
le  levant.  Son  eau  fe  répand  dans  un  réfer  voir  de  mar- 
bre tout  d'une  pièce ,  long  de  dix  pas  Se  large  de  cinq  , 
avec  autant  de  hauteur.  Au  devant  il  y  a  quelques  feuil- 
lages Se  des  rofiers  en  relief,  taillés  fur  le  marbre.  Voyez, 
Sichem.  (a)  Le  P.  Naît,  Voyage  de  la  Terre  Sainte, 
I.4.  c.  22.  (b)  Thevenot,  Voyage  du  Levant,  part. 2.  c.  j6. 

1.  NAPO  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou, dans  l'audience  de  Quito.  Elle  a  fa  fource  au-deflbus 
de  Ba'èça  :  elle  prend  d'abord  fon  cours  en  ferpentant 
du  coté  du  fud-eft  ;  elle  tourne  enfuite  du  côté  du  fud  i 
Se  après  avoir  baigné  Napo  ,  elle  court  du  côté  du  nord 
oriental  :  après  avoir  reçu  le  Coca  Se  le  Curaray  ,  elle  fc 
rend  dans  la  rivière  des  Amazones  au-deflus  de  S.  Joa- 
chim  d'Omaguas ,  à  3  dégrés  24  minutes  de  latitude 
auftrale. 

C'eft  par  cette  rivière  que  François  d'Orellana ,  en 
1^40,  parvint  à  la  rivière  des  Amazones,  Se  jusqu'au  cap 
du  nord  fur  la  côte  de  la  Guiane  en  1638.  Pedro  Texeiraj 
s'étant  embarqué  fur  cette  même  rivière  à  Napo  ,  tint  la 
même  route.  Le  Napo  eft  encore  devenu  célèbre  parla 
prétention  des  Portugais  fur  le  domaine  des  bords  du 
fleuve  des  Amazones  jusqu'au  Napo  ,  dont  l'embou- 
chure, félon  les  obfervations  faites,  a  600  toifesde  large. 
Voyage  de  la  Condaminc  en  Amérique. 

2.  NAPO  ,  bourgade  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Pérou,  dans  l'audience  de  Quito,  fur  la  rivjcre  de  Napo , 
à  la  droite  ,  dans  l'endroit  où  elle  prend  fon  cours  du 
côré  du  nord  oriental. 

NAPOCENSISColonia.  Il  eft  fait  mention  de  cettet 
colonie  dans  le  Digefte,  /.  $o.tit.  de  Cenfib.  Un  manuferit 
lit  NacocenfiSy  Turnebe  lit  Naponenfis  ,  Se  fans  auto- 
rité il  en  fait  deux  lieux  ,  favoir ,  Ncapolif  Se  Occnfist 
Ortelius ,  Tbefaitr.  parle  d'un  autre  manuferit  où  il  y 
avoit  Narporenfis. 

i.NAPOLI  (a),  ville  de  Grèce  ,  dans  l'ancienne 
Argic ,  qui  eft  aujourd'hui  la  Saccania  ou  la  Romanie 
mineure  ,  riche  contrée  de  la  Morée,  vers  le  37  degré 
40  minutes  de  latitude.  De  toutes  les  villes  de  l'ancienne 
Argie ,  Napoli  eft-,  pour  ainfi  dire  ,  la  feule  qui  ait  con-> 
fervé  jusqu'à  préfent  des  relies  de  fa  première  fplcn- 
deur.  Les  anciens  l'appelloient  Anaplia  ;  Se  Ptolomée , 
/.  3.  c.  16.  la  nomme  Nattp'ia  navale.  Cette  ville  fut 
bâtie  par  Nauplio  ,  fils  de  Neptune  Se  d'Amimone  ,  dans 
l'endroit  le  plus  reculé  du  golfe  appelle  ,  communément 
le  golfe  de  Napoli  ,  Se  par  Ptolomée  Argolicus  Sinus , 
fur  le  haut  d'un  petit  promontoire  qui  fe  fépare  en  deux 
pointes.  Celle  qui  eft  vers  la  mer  ,  forme ,  un  port  fpa- 
cieux  ,  Se  l'autre  gêne  les  paflages ,  parce  qu'ils  ne  peu- 
vent y  monter  que  par  un  fentier  étroit  &  escarpé,  qui  eft 
entre  le  mont  Palamides  Se  la  Marine  {b).  Son  port , 
qui  eft  un  des  meilleurs  du  pays ,  eft  à  couvert  des  cor- 
faircs  Se  du  vent  par  un  petit  château  que  l'on  a  bâti 
fur  un  écueil ,  Se  qui  en  défend  l'entrée.  Comme  il  y  a 
plus  d'abri  &  plus  de  fond  qu'en  aucun  autre  port  de 
tout  le  parage  oriental  de  la  Morée  ,  il  s'y  fait  un  grand 
trafic  de  bleds  ,  de  vins ,  d'huiles  ,  de  foie  ,  de  coton  Se 
de  tabac.  Pour  entrer  dans  la  ville  du  côté  de  la  terre 
ferme ,  il  n'y  a  qu'une  avenue  Se  qu'une  porte  qui  re- 
garde 1 i'oueft  :  par -tout  ailleurs  la  mer  bat  contre  les  mu- 
railles qui  font  aflez  bonnes  ,  &  flanquées  par  des  tours  à 
l'antique.  Pour  chaque  cheval  qui  entre  dans  la  ville  par- 
cette  porte  ,on  paye  trois  âpres.  Outre  le  château  qui  eft 
à  l'entrée  du  port ,  il  y  en  a  un  autre  du  côté  du  nord  : 
il  avoit  autrefois  trois  enceintes ,  qui  font  réduites  pré- 
fentement  à  une  feule.  De  quelque  côté  qu'on  regarde 
Tem.  IV,  P  p  p  ij 


484       NAR 

cette  place  ,  on  trouve  que  la  nature  &  l'art  ont  éga- 
lement concouru  pour  la  rendre  forte.  Comme  elle  eft 
fituee  au  pied  d'une  roche  qui  regarde  le  midi ,  6c  qui 
renvoie  en  bas  les  rayons  du  foleil  avec  force ,  les  cha- 
leurs font  presque  infupportables  à  Napoli.  Les  rues 
font  extrêmement  fales.  Elles  font  peuplées  de  Chrétiens, 
de  Turcs  &  de  Juifs  ;  car  les  Arnautes  demeurent  dans  le 
fauxbourg.  Les  Grecs  ont  fept  ou  huit  églifes  dans  la 
ville.  L'églife  cathédrale  s'appelle  Sotiras  ,  parce  qu'elle 
eft  dédiée  au  Sauveur.  Les  Juifs  ont  une  fynagcgue  ,  & 
les  Turcs  ont  trois  mosquées  ,  fans  compter  celle  du  châ- 
teau. Les  Capucins  François  ,  qui  ont  été  appelles  à  la 
million  de  la  Morée  par  la  congrégation  de  propaganda 
Fide  ,ont  leur  principale  rélidence  à  Napoli.  (  a  )  Coro- 
nelli ,  Mem.  hift.  6c  géogr.  part.  2.  p.  107.  (  b)  La  Guil- 
htiere ,  Lacédémone  ancienne  6c  moderne,  1.  4.  pag. 
329. 

Parmi  les  cabanes  des  Arnautes  qui  compofent  le  faux- 
bourg  de  Napoli ,  il  y  a  trois  ou  quatre  petites  églifes 
grecques ,  6c  à  côté  de  celles  qui  font  dédiées  à  la  Pa- 
nagia  6c  à  Agios  Thomas  ,  on  voit  un  Takias  ou  mo- 
naïtere  de  dervis.  Celui-ci  a  été  bâti  par  Muftapha  Bâ- 
cha. Au  nord  du  fauxbourg  de  Napoli  6c  au  nord-oueft 
de  la  ville ,  on  voit  le  Vouai  toit,  Palamedou  ,  c'eft-à-dire 
la  montagne  de  Palaméde.  Voyez,  ce  mot.  Au  nord  de  la 
ville  font  les  ruines  de  l'ancienne  Nauplion.  Voyez. 
ce  mot.  Crufius  a  été  trompé  par  de  faux  avis  ,  quand 
il  a  écrit  que  les  Grecs  de  Napoli  étoient  exemts  du 
tribut  des  enfans.  Les  plus  anciens  du  pays  n'ont  jamais 
entendu  parler  de  ce  privilège. 

Les  habitans  de  Napoli  ont  beaucoup  d'efpik.  Quand 
deux  hommes  veulent  faire  quelque  complot  fecrét  de- 
vant le  monde  &  tromper  les  témoins ,  ils  tiennent  tous 
deux  les  mains  couchées  fur  l'eftomac  ,  6c  feignant  de 
faire  un  gefte  d'étonnement  ou  de  joie  ,  félon  la  nature 
des  affaires  6c  le  fujet  de  la  converfation  ,  ils  lèvent  le 
bras  &  fe  montrent  les  doigts  ouverts  de  la  manière  qu'ils 
ont  concertée  :  ils  expliquent  ainfi  leurs  penfées  en  as- 
furance. 

Napoli  a  paffé  fous  la  domination  de  différens  prin- 
ces. Eile  fut  prife  en  1 205  par  les  Vénitiens  ligués  avec 
les  François.  Quelque  tems  après  le  roi  Giovanifia  rem- 
porta d'affaut ,  pafia  la  garnifon  au  fil  de  l'épée ,  6c  ruina 
la  ville.  Unedespœne  ou  princeffe,  appellée  Marie,  dont 
les  aïeux  étoient  François  d'origine  ,  cemmandoit  dans 
Napoli  6c  dans  Argos ,  dans  le  quatorzième  fiécle.  Elle 
époufa  un  noble  Vénitien  ,  nommé  Pietro  Cornaro  ,  6c 
lorsqu'elle  fut  veuve,  elle  céda  en  1385  ces  deux  vil- 
les à  la  république  de  Venlfe,  moyennant  une  penfion 
annuelle  de  deux  mille  pièces  d'or.  En  1539  la  répu- 
blique l'abandonna  au  Grand  Seigneur  pour  acheter 
la  paix.  Elle  la  reprit  en  1686  ;  mais  enfin  cette  place 
tomba  entre  les  mains  des  Turcs  au  commencement  de 
ce  fiécle. 

2.  NAPOLI  de  Barbarie.  Voyez,  Ne  bel. 

1.  NAPOULE(La),  bourg  ou  village  de  France , 
dans  la  Provence  ,  diocèfe  de  Fréjus ,  fur  la  côte  occiden- 
tale d'un  golfe  appelle  de' même  nom  ,  6c  par  d'autres , 
Plage  de  Cannes.  Il  contient  environ  430  habitans.  Il 
y  a  auprès  de  ce  lieu  un  étang  qui  a  une  demi  -  lieue 
de  circuit  ,  où  l'on  trouve  beaucoup  de  poiiîon  6c 
quantité  d'oifeaux  aquatiques.  Quelques  -  uns  ont  cru 
que  c'étoit  l'ancienne  Athenopoiis.  Voyez,  ce 
mot. 

2.NAPOULE(Le  golfe  de  la  ) ,  dans  la  mer  Mé- 
diterranée ,fur  la  côte  de  France.  Quelques-uns  l'appel- 
lent pourtant  Plage  de  Cannes.  Il  eft  fitué  entre  le  cap 
de  la  Napoule  6c  celui  de  la  Croifettc  ,  le  premier  à 
l'occident ,  &  le  fécond  à  l'orient.  Les  Ifles  de  Ste  Mar- 
guerite &z  de  S.  Honorât  font  à  l'entrée 

3.NAPOULE,  cap  fur  la  côte  de  France  ,  dans 
la  mer  Méditerranée,  dans  la  partie  occidentale  du  goliè 
de  même  nom  ,  6c  au  midi  du  bourg  de  la  Napoule. 

N  A  P  U  C  A  ,  ancienne  ville  de  la  Dacc  ,  félon  Pto- 
lomée,  1.x.  c.  8.  qui  la  place  entre  Ulpiamim  6c  Patruiffa. 
Lazius  ,  1 2.  R.  P.  R.  Jecl.  z.c.  1 .  la  nomme  Bufa  6c  Bti- 
faten. 

i.NAR,  rivière  de  l'Umbrie.  Tacite  ,  Annal. 
I.  i.c.  79.  dit  que  le  lac  Vélinus  y  décharge  Ces  eaux. 


NAR 


Elle  donna  le  nom  ,  félon  Tite-  Live  ,  /.  10.  c.  10.  à  une 
colonie  que  les  Romains  envoyèrent  dans  l'Urabiic. 
Pomponius  Sabinus  a  remarqué  qu'elle  tiroit  fa  fource 
des  montagnes  d'Amiterne.  Selon  Léandre ,  c'eft  aujour- 
d'hui le  Negra. 

2.  N  A  R  ,  petite  ville  de  Pologne  en  Mazovie  ,  nu 
palatinat  de  Czersk  fur  le  Bug  ,  à  16  lieues  de  Biehk. 
C'eft  le  chef-lieu  d'une  châtellenie.  *  Buudrand  ,  édic. 
170;, 

1.  N  A  R  A. Voyez.  Narensis. 

2.  N  A  R  A ,  ville  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifle  Ni- 
phon  ,  dans  la  province  de  Jamatfyro  ,  6c  à  une  journée 
au  nord  de  Méaco  ,  avec  un  château  d'une  grande  ma- 
gnificence. Toutes  les  maifons  de  la  ville  font  aufli  fort 
belles  6c  fort  riches  ,  6c  dans  un  très-bon  goût  d'archi- 
teéturc.  Le  père  Alencida  ,  qui  eft  entré  dans  un  dé- 
tail des  beautés  de  cette  ville ,  remarque  que  dans  le 
mortier  dont  on  fe  fert  dans  ce  pays-là  ,  ce  n'eft  pas  du 
fable  qu'on  mêle  avec  la  chaux  ,  mais  une  espèce  de 
papier  fort  blanc.  *  Le  P.  de  Char levoix ,  H iftoire  du  Ja- 
pon, /.  3. 

N  A  R  A  B  O  ,  fleuve  de  la  Pannonie  inférieure ,  félon 
Ptolomée,  /.  2.  c.  16.  Quelques-uns  nomment  ce  fleuve 
Arrabo  ,  &  prétendent  que  ce  foit  le  Rab.  L'itinéraire 
d'Antonin  écrit  Arrabona  ,  &  le  met  fur  la  route  de 
Taurunum  dans  les  Gaules ,  entre  le  lieu  nommé  Ad 
mures  ,  &  un  autre  lieu  nommé  Ad  ftatuas  ;  à  quinze 
milles  de  l'un  6c  de  l'autre,  dans  la  première  Pannonie, 
en  allant  de  Valérie  vers  le  Norique. 

NARACCATENSIS,  liège  épiscopal  d'Afrique, 
dans  la  Numidie.  La  notice  épiscopale  d'Afrique  nom- 
me Fortunation  fon  évêque.  11  eft  vrai  que  dans  l'édi- 
tion ordinaire  ,  on  lit  Fortunatianus  Naratcatenfs  ; 
mais  dans  le  concile  de  Carthage,  tenu  l'an  52;  fous 
le  pape  Boniface ,  on  trouve  entre  les  pères  qui  y  fou- 
ferivirent,  Colombus,  episcopus  plebis  Naraccatenjis  : 
c'eft  le  même  fiége. 

NARACUM.  Fôv^Inariacium. 

NARAGGARRITANUS,fiége  épiscopal  d'Afrique, 
dans  la  province  Proconfulaire.  La  notice  épiscopale 
d'Afrique  fournit  ce  mot  très- corrompu.  On  y  lit  Ma- 
ximinus Maragaritanus  ou  Maraggavitanus.  Dans  le 
concile  de  Carthage  de  5  2; ,  Viclorin  eft  qualifié  episco- 
pus plebis  Nagargarttana  ;  6c  dans  la  lettre  fynodale 
des  évêques  de  la  province  Proconfulaire ,  qui  fe  trou- 
vèrent au  concile  de  Latran  ,  fous  le  pape  Martin,  on 
lit  entre  les  fouferiptions  ,  Benenatus  episcopus  ccclefiA 
Naraggaritanx,.  Ce  qui  fait  voir  que  cette  dernière  or- 
thographe eft  la  véritable ,  c'eft  que  Ptolomée ,  /.  4.  c. 
3.  nomme  la  ville  Naraggara.  Tite-Live,/.  30. c.  29. 
•  la  nomme  Nadagara.  Antonin  la  met  fur  la  route 
d'Hipporegius  à  Carthage ,  entre  Tagafte  6c  Siéca  Ve- 
ncria  ,  à  vingt-cinq  mille  pas  de  la  première,  &  à 
trente-deux  mille  pas  de  la  féconde. 

NAR  ANGARA.  K^zlNaraggarritanus. 

N  ARANGIA  ,  ville  d'Afrique  ,  au  royaume  de  Fez  , 
dans  la  province  de  Habad  ou  Elhabad ,  à  trois  milles 
d'Ezagen ,  près  du  fleuve  Licus ,  au-deffus  de  l'embou- 
chure de  ce  fleuve.  Dans  le  voifinage  de  cette  ville , 
mais  un  peu  plus  avant  dans  le  pays ,  on  voit  les  ma- 
fures  de  Befar  ou  Besray  autrefois  Lixa.  *  Dapper , 
Dcfcr.  de  l'Afrique  ,  153. 

NARANUS.  Voyez.  Volceium. 

NARBAS ,  rivière  aux  environs  de  la  Perfide.  Cé- 
drene  en  fait  mention  dans  fon  hiftoire  de  la  guerre 
d'Héraclius  contre  Cosroès ,  6c  dans  fon  hiftoire  Mis- 
cellanée. 

NARBASES.  C'eft  ainfi  que  Vafa?us  lit  ce  nom  dans 
Ifidore  ;  ce  doit-être  un  peuple  d'Espagne  ,  dans  la  Ga- 
lice. D'autres  placent  dans  le  même  canton  des  monta- 
gnes nommées  Arbases  ou  Arvases  :  c'eft  aujourd'hui 
Aruas  cutreLéon  6c  Oviedo.  Cet  atticle  n'eft  jusqu'ici 
que  le  fentiment  d'Ambroife  Morales,  rapporté  par  Or- 
telius.  Il  ajoute  à  cette  occafion  que  Ptolomée,  /.  2. 
c.  6.  nomme  entre  les  peuples  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife  une.  nation  qu'il  nomme  Narbafi:  il  lui  donne 
une  ville,  appellée  forum  N^rbajorum  :  fes  interprètes 
la  prennent  pour  Aruas. 

NAKBATA,  ville  ou  lieu  de  laPalcfline,  capitale 


NAR 


NAR 


du  canton  nommé  Narbatène.  Elle  étoit  fituée,  félon 
Jofephe,  de  Bello ,  l.  n.  c.  14.  à  foixante  ftades  de 
Céfarée  de  Paleftine.  Rufin  lit  Nabata,  &  la  met  dans 
la  Samaiie. 

NARBATÈNE  ,  canton  de  la  Paleftine  ,  auquel  la 
ville  de  Narbata ,  qui  en  étoit  la  capitale ,  donnoit  le 
nom.  Ce  canton  ,  fclon  Jofephe  ,  de  Bello  ,  L  u.c.  22. 
croit  voifin  de  Céfarée  de  Paleftine  c/xopoç  th$  Kauntptïctç. 
Rufin  ,  fur  la  foi  apparemment  de  quelque  manufcrit 
particulier  ,  traduit  finitimam  Samaru  Nabartenem  , 
pour  finitimam  Gzfareœ.  Ccdrenc  ,  p.  189.  qui  a  cou- 
tume de  copier  Jofephe ,  fait  aufli  mention  de  Narba- 
tène ,  en  ces  termes  :  K«<  NapjSaSoi'  ko.)  tw  Utfccia.v.*Reland. 
deUrb.  &  Vie.  Tahft.  t.  2.  p.  90  j. 

NARBINCENSIS.  Voyez.  Nasbincensis. 

NARBIS,  ville  de  l'illyrie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe :  ne  feroit-ce  point  la  Narbona  colonia  de  Pto- 
lomée,  /.  2.  c.  17?     1 

NARBON,  ou  Narbo  Martius,  fleuve  de  la 
Gaule,  félon  Polybej  /.  3.  c.  37.  qui  le  donne  pont* 
la  borne  de  la  plus  grande  partie  de  l'Europe ,  Se  le 
place  auprès  de  Marfeille  Se  des  bouches  du  Rhône. 
Comme  on  ne  troiiTc  point  de  fleuve  confidérable  en- 
tre les  bouches  du  Rhône  Se  la  ville  de  IVlarfeille  ,  8c 
que  d'ailleurs  le  nom  de  Narbo  Martius  n'a  jamais  été 
donné  qu'à  la  ville  de  Narbonne ,  il  eft  vifible  que 
Polybe.par  ce  fleuve  Narbo  Martius,  n'entend  autre 
chofe  que  la  rivière  de  Narbonne  ,  c'eit-à-dire ,  l'Atax , 
aujourd'hui  l'Aude ,  à  l'embouchure  de  laquelle  Strabon 
dit  que  Narbonne  cft  fituée. 

1.  NARBONA,  ville  de  l'illyrie,  dans  la  Dal- 
matie ,  félon  Ptoloméc ,  qui  dit  que  c'étoit  une  co- 
lonie Romaine  ,  Se  qu'elle  étoit  fituée  dans  les  ter- 
res. 

2.  NARBONA.  Voyez  Narenta. 
NARBONENSIS  L  O  C  U  S.  Voyez.  Rubren- 

fezs. 
NARBONENSIS   PROVINCIA.  Voyez.  Narbo- 

NENSIS   GALLIA. 

NARBONENSIS  Gallia  ,  ou  Provincia  Roma- 
na.  Avant  la  divifion  des  Gaules  par  Augufte  ,  les 
Romains  appelloient  Provincia  Romana  {a)  tous  les 
pays  de  la  Gaule  qui  ctoient  compris  depuis  les  Py- 
rénées ou  les  frontières  d'Espagne ,  jusqu'aux  Alpes 
ou  jusqu'à  l'Iralie ,  Se  entre  la  mer  Méditerranée ,  les 
Cévénes,  le  Rhône  avant  qu'il  foit  joint  à  la  Saône 
Se  le  lac  de  Genève.  On  lui  avoit  donné  ce  nom ,  Se 
Céfar  l'avoit  appellée  Provincia  ou  Provincia  noftra  , 
parce  qu'elle  étoit  la  première  Se  la  feule  province  des 
Romains  au-delà  des  Alpes.  Belga,  dit  Céfar  ,  /.  1,  c. 
1.  à  cidtu  atque  humanitate  Provincia  longifflmè  ab~ 
fient  ;  Se  dans  un  autre  endroit  il  dit  :  Quum  nunti attira 
effet  Helvetios  per  Provinciam  nqflram  iter  facere  ca- 
nari. Lorsqu'Augufte  eut  fait  la  divifion  des  Gaules ,  la 
province  Romaine  fut  appellée  Gallia  Narbonenfis,  ou 
Gaule  Narbonnoife.  Pline,  lib.  3.  cap.  4.  en  donne 
les  bornes  en  cette  manière  :  Narbonenfis  Provincia 
pars  Galliarum  :  qiu  interno  mari  abluitur  Braccata 
antea  d'tla  amne  Varo  ab  Italia  discreta  ,  Alpiitmque 
vel  faluberrimis  Kornano  imperio  jugis  :  à  r cliqua  vero 
Gallia  laterc  feptcntrionali  montibus  Gebenna  &  Jura. 
Elle  fe  trouva  alors  fi  peuplée  de  colonies  Romaines 
&  de  villes  municipales .  que  Pline  eft  tenté  de  la  re- 
garder plutôt  comme  l'Italie  même  ,  que  comme  une 
province  dépendante  de  l'Italie.  Elle  fournit  suffi  de 
grands  hommes  à  la  ville  de  Rome ,  ce  qui  fait  dire 
à  Claudius  (  b  )  :  Num  pœnitet  Balbos  ex  Hispania , 
nec  minus  infignes  viros  è  Gallia.  Narbonenfi  trans- 
ivijfe.  Après  Augufte  ,mais  avant  Conftantin  ,  félon  Ca- 
rolus  à  fanto  Paulo,  Geogr.  Sacra,  l.  f.  n.  3.  la  pro- 
vince de  Narbonne  fut  démembrée  ,  &  de  ce  démem- 
brement on  forma  deux  autres  provinces  ;  favoir  ,  la 
province  des  Alpes  Se  la  province  Viennoife-  Enfin  dans 
la  fuite ,  comme  on  le  voit  dans  la  huitième  lettre  du 
pape  Hilaire,  du  3  des  nones  de  Décembre  462  ,  la  pro- 
vince Narbonnoife  étoit  divifée  en  première  Narbon- 
noife «Se  féconde  Narbonnoife  (  c  ).  Elle  fut  toujours  re- 
gardée comme  appartenant  aux  Gaules  jusqu'au  règne 
des  Goths ,  qui  la  mirent  fous  la  dépendance  de  l'Es- 
pagne ,  &  elle  y  demeura  jusqu'à  la   fin  du  feptiéme 


48* 

fiécle,  Se  quelques  années  même  au-delà  ,  puisque  l'on 
voit  la  foufeription  de  Suniefredus  ,  métropolitain  de 
Narbonne ,  parmi  celles  des  éveques  qui  affilièrent  au 
quinzième  concile  de  Tolède  l'an  726.  Voici  de  quel- 
le manière  le  père  Briet  divife  la  Gaule  Narbonnoife 
du  tems  d'Auguite.  (  a  )  Cellarius ,  Geogr.  ant.  1.  2.  c. 
2.  (b)Tacit.  1.  11.  c.  i^.{c)Scbelflrate  >  Antiq.  ec- 
clcf.  t.  2.  p.  298. 

Division  de  la  Gaule  Narbonnoise; 
ou  province  Romaine. 


VolccTec-1 
tosages  , 

Tout  l'arche- 
vêché de  Toulou- 
fe  ,  &  les  diocè- 
ses de  Narbonne, 
de  Bejîers  ,  de 
Carca]fonne,de  S. 
Pons  er  d'Aleth. 


Narbo  Martius ,  Narbonne , 
Tolofa,  Touloufe, 
Carcaflo ,  Carcaffonne , 
Blieerrœ  Septimanorum ,  Befiers  , 

Dunitari ,    Caftelnaudari   ou   Mire- 
poix, 

Alethum  ,  Aleth , 

Safula ,  Salfes , 
|  Leocata ,  Leucate  , 

Ruffino  ,    aujourd'hui  la   Tour   de 
Rouffillon  ,  auprès  de  Perpignau , 

Illiberis ,  El  ne  , 

Telis  ,  rivière  ,  aujourd'hui  Egli. 


Nemaufus ,  Nîmes , 
Ç  Rhode  ou  Civitas  Rbodiorim,  Pccais , 
VoLCtë  Are-1   Agatha,  ad  Araurarim  ,  Agde  fut 
comici,  1     l'Errault, 

Lesdiccèfcsde  1  Agatha  ,  Ifle  :  Magalone  , 
Nîmes ,  d'UfezA  Ucecia ,  Ufez, 
de  Montpellier, de  j  Gemma  ou  Ugernum,  Bcaucaire  , 
Lodève  &  d' A- 1  Lutena  ou LutanaCaftritm,Lodève, 
gde.  f  Blascon  ,  Ifle  :1e  Brescou  , 

v.  Mans  Setius ,  le  cap  d'Agde. 

Le  Vivant.    ?^W"A*,  Viviers. 


Allobroges, 
Le  Viennois,  du 
ché  de  Savoie 
Graifivaudanje 
Genevois,  leCha 
biais  &  FoJJigny 


) 


Vienna  Col.  Rom.  Allobrogum  ,  Vien- 
ne en  Dauphiné  , 

Cularo  ou  Acu/îorum  Col.  Grenoble  , 

Gcneva  ,  Genève , 

Lacus  Lemanus  ,  le  lac  de  Genève 
ou  de  Laufane. 


Segalauni ou  1 
Segovellani , 
Le  duché  de 
Valcminois. 

Centrones 
La  Tarentaifc 
&  le  Vaide  Mo- 
rienne. 


Valentia  ,  Valence , 
Troph&um    JEmiliani 
Curfol. 


auprès  de 


Forum  Claudii ,  Mouftier  en  Taren- 
taifc. 


Caturiges  ,    r  Vapincum  ,  Gap  en  Dauphiné  ,  ou 
Le  Gapenfois.  \_     Charges  auprès  de  Gap. 

Segusiani  , 
ou 
Segusini  ,      }  Segufium ,  Suze , 
Le  marquifat\Brigatium,  Briançon. 
de    Suz.e    &  le 
Brianconnois. 

Ebroduntii,    r 

Le     diocefel  Ebrodunum  ,  Embrun. 
d'Embrun.  L 


Ditiatii  , 
Les  diocèfes  de 
Glandève  ,     de. 
Vence      &     de 
Graffe. 


Antipolis,  Antibes, 

Glanateva  Capillatoriim ,  Glandève, 

Vintium  Neruforum  ,  Vence , 

Varus  ,  fleuve  :  le  Var , 

Lero  ,  ifle   Sainte  Marguerite  ou   S, 

Honorai 


486      NAR 


NAR 


VOCONTI   , 

'LeDioisJesBa- 
ronnies  &  l'évê- 
ché  de  Vaifon , 
au  Comtat. 

Tricastini, 
L'évêché  de  S. 
Pol  ou  de  TV ois- 
Châteaux, 

Cavares  ou/ 
Cavari, 

Le  comtat  d'A- 
vignon ,  la  prin-* 
cipauté  d'Oran- 
ge   &    l'évêcbél 
d'Apt. 

NlMENT  , 

Les  diocèfes  de 
Cifleron ,  de  Di- 
gne ,  de  Senez.  &  ■ 
de  Riez.. 

Sauiou  Sa-i 
iies  , 

Les     diocèfes 
d'Aix&  d'Arles. 


Anatili  oui 
Auatili  , 

La  Cran  &* 
Camargue. 


Commoni  , 
Les  diocèfes  de , 
Marfeille  ,     de 
Toulon    &    de 
Fréjus. 


Peuples  attri- 
bués à  la  Gaule  ' 
Narbonnoife 
quoique      fitués< 
hors  des  limites 
de  cette  provin- 
ce. 


,  Vafw  ,  Vaifon  , 
Dea  Vocontiorum ,  Die. 


Augufla  Tricaftinorum  ,  S.  Pol  des 
Trois-Châteaux  ou  de  Tricaitin. 


Avenio ,  Col.  Rom.  Avignon  , 
CarpentoraEle ,  Carpentras , 
Araufîo,  Col.Sccundanorum,  Orange, 
Undalitm  ,  le  pont  de  Sorge  , 
Cabellio,  Cavaillon, 
Apta  Julia ,  Apt. 

'  Durlo  ,  Cifteron , 

l  Forum  Neronis  ,  Forcalquier  , 
Dinia  Sontiorum  ,  Digne, 
Sanicium  Veidantiorum  ,  Senez  , 
Reij  Apollinarii  Albicorum ,  Riez. 

Aqu&  Sextiœ,  Aix  en  Provence, 
Arelate ,  Arles , 
Tarasco ,  Tarascon. 


Maritima  Colonia ,  Martegue  ou  Mar- 

tigue, 
Fojfa  Mariana , 
Dian<x.  Fanum  ,  Notre-Dame  , 
Rhodani  Oftia  ,  la  Robine ,  le  Gras 

d'Orgon  ,  le  Gras  de  Paflon  , 
Campus  Lapideus ,  la  Crau. 

Majfilia ,  Marfeille, 

Promontoriitm  Ciihariftes ,  le  cap  de 

la  Croifette , 
Olbia,  Hières, 
Taurois ,  ou  Tauroe'ntum  ,  peut-être 

la  Ciotat, 
Telo  Martin  s  ,  Toulon  , 
Forum  Julii ,  Fréjus, 

C  Prote ,  Porquerolles  , 
Stoeca-  \  Mefe  ,   ou   Pomponiana 
DES,fe-\      Porte  Cros, 
.Ion  Pline.  /  Hypa?aou  Hippata,  lifle 
^     de  Titan. 

S alaffi  Augufla  Pretoria,  Aorte, 

Leponti  Oscela  ,  Domo  d'Oscela, 

■rr         .       ,    ,r     r  Otlodoïiis ,  Mar- 
Veragrt^leVz-f     tinachj 

^  lais  '  \  Sedinum ,  Sion  , 

r  Nicea  ,  Nice  , 
Vediantii  ,<    Caput       Camelenum     , 

L   Monte    Cameliono  , 
Vagienni  Salinœ  ,  Salufles , 
Libici  Riomagus,  Trin, 
Taurini,  AuguftaTaurincrum ,  Turin. 


[Sed, 


uni 


NARBONESIA  ,  nom  que  quelques-uns  ont  donné 
à  la  ville  de  Narbonne. 

NARBONNE,  en  latin  Narbo ,  ville  de  France, 
dans  le  Bas- Languedoc.  Elle  eft  fituée  fur  un  canal  tiré 
de  la  rivière  d'Aude  (a) ,  qu'on  appelle  en  latin  Atax  : 
elle  eft  à  deux  lieues  de  la  mer  près  du  lac  ,  nommé 
par  Pline  &  par  Mêla ,  Rubrefus  ou  Rubrenfis ,  ôc  en 
francois,  l'Etang  de  la  Rubine,  qui  formoit  autrefois  un 
port  où  les  vaiflfeaux  abordoient ,  &■  par  où  ceux  de  Nar- 
bonne faifoient  un  très-grand  commerce  en  toutes  les 
provinces ,  qui  font  fur  la  mer  Méditerranée ,  jusqu'en 
Egypte.  C'eft  ce  que  nous  apprenons  de  plufieurs 
auteurs  ,  ôc  particulièrement  de  Sulpice  Sévère ,  qui 
vivoit  fous  les  empereurs  Valentin  II ,  Théodofe<.\:  Ho- 
norius  ;  mais  il  y  a  long  tems  que  ce  port  a  été  bou- 
ché, la  mer  s  étant  retirée   de   fes  côtes  ,  où  les    na- 


vires ne  peuvent  plus  aborder  à  caufe  des  bas  fonds, 
Narbonne  a  donné  fon  nom  à  la  province  Narbonnoi- 
fe  ou  Gaule  Narbonnoife  (  b  ) ,  dont  elle  étoit  la  capi- 
tale :  ôc  qui  dans  la  fuite  fut  divifée  en  Narbonnoife 
première,    Narbonnoife  féconde  ,  Viennoife  ,  Alpes 
Graïennes ,  ôc  Alpes  Maritimes.  Elle  a  auffi  donné  fon 
nom  à  cette  partie  de  la  mer  Méditerranée ,  qui  mouil- 
loit  les  côtes  de  la  province  Narbonnoife  ,  &  que  Stra- 
bon  appelle  Mare  Narbonenfe  ,  ôc  d'autres,  Mare  Nar- 
bonicum.  Narbonne  étoit  la  plus  ancienne  colonie  des 
Romains  dans  la  Gaule-Transalpine.  Elle  fut  fondée  l'an 
deRomeôjiS  ,fous  leconfulatdePorcius&  Martine,  pac 
l'orateur  Licinius  Crafîus,  qui  avoir  été  chargé  de  la 
conduite  delacolonie.  Il  donna  à  Narbonne  le  furnom 
de  Martius  ôc  de  Decumanorum  Colonia  ,  à  caufe  qu'il  y 
établit  des    foldats   vétérans    de    la  dixième    légion  » 
furnommée  Martia.  Cette  ville  fut  durant  quelque  tems 
confidérable  ,  &  un  boulevard  de  l'empire  Romain  con- 
tre les  nations  voifines  qui  n'étoient  pas  encore  foumi- 
fes.  C'eft  ce  que  nous  apprenons  de  Cicéron  ,  dans  fon 
oraifon  pour  Fonteius,   où  il  appelle  cette  colonie  de 
Narbonne  ,  Spécula  populi  Romani  ac  propugnaculum 
iftis  ip/ïs  nationibus  oppofitum  &  ob']eilum.  Pomponius 
Mêla ,  qui   vivoit  fous  l'empereur  Claude  ,  parle  au  V 
chapitre  de  fon  II  liv.  de  Narbonne ,  comme  d'une  co- 
lonie qui  I'emportoit  fur  les  autres  ;  voici  fes  termes. 
Sed  anteftat  omnes  Atacinorum  Decumanorumque  Co- 
lonia ,  unde  olim  bis  terris  auxilium  fuit ,  nunc  &  nomen, 
&  decus  eft  Martius  Narbo.  On  voit  par-là  que  Nar- 
bonne s'appelloit  Decumanorum  Colonia  &  Atacino- 
rum ,  à  caufe  de  la  rivière  Atax ,   ou  Aude ,  fur  la- 
quelle cette  ville  avoit  été  bâtie ,  à  caufe  de  laquelle  on 
nommoit  les  habitans  de  Narbonne  Atacini ,  comme  le 
po'ête Gaulois  Vairon,  qu'on  nomme  Atacinus ,  pour  le 
diftinguer  du  favant  Vairon  ,  qui  étoit  Romain  ;  on  a  de- 
puis détourné  le  cours  de  l'Atax  ou  Aude.  Sidonitis  fait 
auffi  l'éloge  de  cette  ville  ,  dans  la  pièce  de  vers  qu'il  a 
intitulée  Narbo.  Il  dit  entr'autres  qu'elle  étoit  célèbre 
Mûris,  Civibus  ,  ambitu ,  tabernis , 
Portis ,  porticibus  ,  foro ,  théatro  , 
Delubris  ,  Capitohis ,  monetis , 
Tbermis ,  arcubits  ,  borreis  ,  maccllis  , 
Pratis ,  fontibus,  infulis  ,fahnis  , 
Stagnis ,  fiumine  ,  mer  ce  ,  ponte  ,  ponto. 
Les  écrivains  du  moyen  âge    nomment  quelquefois 
cette  ville  Narbona  au  lieu  de  Narbo  :  c'eit  une  faute  ; 
Narbona  eft  une  ville  de  1  Ulyrie ,  &  aucun  ancien  au- 
teur, fi  cen'eft  Ammien  Marcellin,  /.  ij.p.  y?,  ne  don- 
ne le  nom  de  Narbona  à  la  ville  de  Narbonne.  (a)  Lon- 
guerue  ,  Defcription  de  la  France ,  I.  part.  pag.  241.  (  b  ) 
Hadr.  Valefîi  Not.  Gall.  p.  370. 

Narbonne  ,  après  les  premiers  Céfars ,  fut  obligée  de 
céder  le  rang  à  Vienne ,  fur  le  Rhône,  à  qui  les  Romains 
avoient  donné  de  grandes  prérogatives  ;  mais  lorsque 
fous  Conftantin  les  charges  de  l'Empire  Ôc  les  provin- 
ces furent  multipliées ,  Narbonne  fut  reconnue  métro- 
pole de  tout  le  pays  qui  eft  entre  le  Rhône  &  la  Ga- 
ronne, quoiqu'il  y  eût  alors  en  cepays  des  villesqui  nelui 
cédoient  pas  en  grandeur  ôc  en  puiflance,  ôc  cette  pro- 
vince fut  nommée  la  Première  Narbonnoife. 

Narbonne  vint  au  pouvoir  des  Vifigoths  fur  la  fin 
du  regnede  Valentinien III,  au  milieu  du  cinquiémefiécle, 
&  ils  l'ont  confervée  jusqu'à  la  mort  de  leur  dernier 
roi  Roderic ,  tué  en  Espagne  par  les  Sarrazins ,  qui  éta- 
blirent une  colonie  de  Mahométans  à  Narbonne ,  la- 
quelle devint  leur  place  d'armes  au- deçà  des  Monts.  Ils 
s'y  foutinrent  long-tems  contre  les  François;  mais  enfin 
fous  le  règne  de  Pépin  ,  les  Sarrazins  furent  contraints 
l'an  759,  après  avoir  fourFert  un  blocus  de  plus  de  fix  ans, 
de  rendre  la  place. 

Sous  le  règne  de  Charlemagne  ,  Narbonne  fut  prife 
encore  par  les  Sarrazins  ;  leur  roi ,  qui  avoit  fon  fiége  à 
Cordoue  en  Espagne ,  ayanr  pafie  les  Pyrénées ,  défit 
en  bataille  les  François  ,  commandés  par  Guillaume ,  qui 
étoit  alors  duc  ou  gouverneur  général  d'Aquitaine  ôc  de 
Septimanie.  Ce  roi ,  après  fa  victoire,  s'empara  de  Nar- 
bonne. Les  Sarrazins  en  furenr  chartes  deux  ans  après  par 
les  troupes  de^Charlemagne  :  enfuite  les  François  con- 
quirent en  plufieurs  années  la  Catalogne  ;  ce  qui  éloigna 
entièrement  les  Sarrazins  du  voifinage  de  Narbonne. 


NAPv 


Le  roi  Pépin  donna  la  moitié  de  la  Seigneurie  de  cette 
▼ille  &  de  fon  domaine  aux  archevêques,  ce  qui  fut  con- 
firmé par  Charlemagne  &  fes  fuccefTeurs  :  néanmoins  les 
ducs  qui  commandoient  pour  le  roi ,  avoient  une  jurisdi- 
ction  fupérieure  à  celle  de  l'archevêque  ;  ce  qui  dura  jus- 
qu'au déclin  de  la  race  de  Charlemagne,  lorsque  les  com- 
tes de  Touloufe  &  de  Carcaflbnne  ,  Se  même  plufieurs 
vicomtes  fe  rendirent  propriétaires  Se  indépendans.  Ou 
voit  que  les  vicomtes  de  Beziers  avoient  quelque  parc  à 
la  feigneurie  de  Narbonne  &de  fon  territoire;  mais  ce- 
lui qui  avoit  le  plus  d'autorité  ,  étoit  le  vicomte  de  cette 
ville,  qui  relevoit  de  l'archevêque  :  ce  prélat  renoit  alors 
lieu  de  duc  de  Narbonne,  ce  qui  dura  jusqu'à  la  fin  du 
onzième  fiécle.  Ce  fut  alors  que  Raimond  de  S.  Gilles, 
comte  de  Touloufe  ,  prit  le  titre  de  duc  de  Narbonne, 
auquel  fesprédécefleurs,  les  comtes  propriétaires  de  Tou- 
loufe ,  n'avoient  jamais  prétendu  :  car  ceux  qui  ont  joui 
fous  Charlemagne  Se  fes  fuccefieurs  du  titre  de  duc  de 
Narbonne,  deSeptimanie  Se  de  Gothie,  n'étoient  que 
de  fimples  officiers  Se  commandans  par  commiiUon  du 
roi;  ce  fut  donc  uniquement  par  la  loi  du  plus  fort  que 
Raymond  de  Saint  Gilles  s'empara  du  haut  domaine  de 
Narbonne  &  des  villes  voifines ,  ayant  même  ufurpé  une 
partie  de  la  Provence.  Ses  enfans  Se  fes  fuccefieurs  vou- 
lurent fou  tenir  fes  prétentions,  à  quoi  ils  trouvèrent  de 
grandes  oppofitions;  les  archevêques  fe  maintinrent  tou- 
jours dans  leurs  droits,  &  continuèrent  à  recevoir  l'hom- 
mage des  vicomtes  de  Narbonne ,  Se  même ,  lorsque 
Simon  de  Montfort  ,  après  avoir  vaincu  les  Albigeois , 
fc  fut  rendu  le  maîrre  de  tout  le  pays ,  il  fit  hommage 
&  prêta  ferment  de  fidélité  à  Renaud  Amauri,  archevê- 
que de  Narbonne  ,  comme  on  voit  par  une  lettre  d'In- 
nocent III  écrire  à  Simon  ,  ou  ce  pape  le  blâme  d'avoir 
fait  plufieurs  attentats  fur  la  ville  de  Narbonne&  fur  fon 
é^iife  ,  quoiqu'il  eût  fait  hommage  Se  ferment  de  fidéli- 
té à  l'archevêque  ,  lie  et  ei  bominium  feceris  £r  fidelitatis 
pr&jliteris  juramentitm. 

Enfin  ce  vicomte,  après  avoir  pafie  dans  bictl  des  fa- 
milles, s'elt  trouvé  réuni  à  la  couronne  de  France  par 
Henri  IV,  qui  en  hérita  du  coté  de  fa  mère,  Jeanne  d'Al- 
bret. 

Il  y  avoir  autrefois  à  Narbonne  grand  nombre  de 
bàtimens  antiques ,  un  capitole  ,  un  cirque,  un  amphi- 
théâtre ;  mais  tout  cela  a  été  ruiné  ,  Se  on  s'eft  feevi  des 
matériaux  pour  bâtir  les  nouvelles  fortifications  de  cette 
ville,  qui  étoit  un  boulevard  de  la  France,  au  tems  que  les 
Espagnols  tenoient  Perpignan. 

La  ville  de  Narbonne  eft  divifée  par  fon  canal  en  ci- 
ré &  en  ville.On  y  entre  par  quatre  portes,  dont  la  Roya- 
le Se  la  Connétable  font  anciennes  :  les  deux  autres  font 
aflez  nouvelles,  Se  leurs  inferiptions  marquent  les  raifons 
qu'on  a  eues  de  les  ouvrir.  Le  féminaire  elt  auprès  d'une 
de  ces  dernières,  Si  fon  bâtiment  eft  eftimé  des  con- 
noifieurs.  La  cathédrale  pafie  dans  l'efprit  des  gens  du 
pays  pour  un  chef-d'œuvre ,  à  caufe  de  fes  voûtes ,  Se  de 
la  hardieffe  de  l'a  ftructure.  Ce  bâtiment  fut  commencé 
fous  le  pontificat  de  Clément  IV  ,  qui  en  avoit  été  ar- 
chevêque^ fous  le  règne  de  faim  Louis.  Il  fut  inter- 
rompu après  la  conltruction  du  chœur ,  Se  on  ne  la  re- 
prit qu'en  1708.  Ce  fut  le  17  de  Juin  de  cette  année-là, 
que  Charles  le  Gcux  de  la  Berchere  ,  archevêque  de  Nar- 
bonne, pofa  folemncllement  la  première  pierre  pour  la 
continuation  de  cet  édifice.  Ce  prélat  a  eu  la  confola- 
tion  avanc  de  mourir  d'en  avoir  fait  élever  la  croifée  , 
ouvrage  qui  avoit  été  toujours  regardé  comme  un  cho- 
fe  très-difficile.  Il  mourut  le  deux  Juin  1719,  Se  fut  enter- 
ré dans  la  chapelle  de  faint  Charles  :  elle  fait  partie  du  bâ- 
timent qui  a  été  élevé  de  fon  vivant.  On  trouve  dans  cet- 
te Eglife  plufieurs  tombeaux  de  marbre  :  celui  du  milieu 
du  chœur  elt  de  Philippe  le  Hardi  ,  &  un  des  plus  an- 
ciens que  l'on  voyc  de  nos  rois  de  la  troifiéme  race.  Ce 
prince  mourut  à  Perpignan  d'une  fièvre  chaude,  le  troi- 
fiéme des  nones  d'Octobre  1285.  Il  fut  porté  à  Nar- 
bonne ;  fes  entrailles  Se  toutes  les  chairs  furent  mifes 
dans  ce  rombeau  ,  &  fes  os  avec  fon  cœur  furent  poirés  à 
Paris.  Il  eft  repréfenré  fur  ce  tombeau  en  marbre  blanc, 
revêtu  de  fes  habits  royaux  &  couché  :  il  tient  de  la  main 
droite  un  long  feeptre  ,  Se  de  l'autre  fes  gants.  Derrière 
le  chevet  du  tombeau  ii  y  a  une  infeription  latine  en  let- 
tre gothiques  :  elle  eft  conçue  en  ces  termes; 


NAR       487 

Scpiilclontm  bonne,  memoriœ  Pbilippi  quondam  Franco- 
rum  régis  ,  fi tii  B.  Ludovici ,  qui  Perpi  niant  calidâfe- 
bre  ex  bac  lace  mi  gravit  in  tertio  nonas  Oclobris  ,  anm 
Domini  MCCLXXXy. 

Sur  les  quatre  faces  de  ce  tombeau  on  a  repréfenté 
le  convoi  :  les  chanoines  y  portent  leurs  aumuces ,  les 
uns  fur  la  tête  ,  Se  les  autres  fur  le  bras  ;  de  l'autre 
côté  on  voit  des  princefies  qui  portent  auffi  des  aumu- 
ces fur  la  tête.  Enfin  on  voit  Philippe  le  Bel  entre 
Ces  deux  gardes  de  la  manche  :  il  eft  en  habit  de  deuil 
qui  ne  traîne  point.  Sa  cornette  elt  rabaiffée  fur  les  épau- 
les, au  lieu  que  les  autres  la  portent  fur  la  tête.  Cette 
repréfentation  fait  connoître  que  les  rois  de  France  as* 
fiitoient  alors  aux  funérailles  de  leurs  prédécefleurs.  Ceft 
Philippe  le  Bel,  qui  fit  élever  ce  tombeau  bientôt  après 
la  mort  de  fon  père ,  pour  qui  il  fie  une  fondation.  * 
Piganiol ,  Description  de  la  Fiance  ,  t.  4.  p.  364. 

Le  foleil  où  l'on  expofe  le  Saint  Sacrement  elt  fi  grand 
Se  fi  maffif ,  qu'il  faut  huit  prêtres  pour  le  porter.  Le 
tableau  qui  repréfenté  la  réfurrection  du  Lazare ,  eft  un 
chef-d'œuvre  deSéballien  de  Venife,  Se  unpréfent  du 
cardinal  Jule  de  Médicis  ,  archevêque  de  Narbonne. 
Parmi  les  reliques  de  cette  églife,  on  garde  dans  un 
magnifique  reliquaire  un  morceau  de  la  vraie  Croix.  L'é- 
glife  des  Carmélites  fait  l'admiration  des  curieux  par  la 
beauté  des  marbres  de  fon  maître-  autel  Se  de  fes  cha- 
pelles. Dans  l'églife  de  Saint  Paul ,  il  y  a  des  tapifieries 
qui  font  anciennes  Se  d'un   goût  exquis. 

Saint  Paul  eft  honoré  comme  le  premier  évêque  de 
Narbonne.  Saint  Rultique  fut  évêque  de  cette  ville  après 
la  mort  d'Hilaire  ,  vers  l'an  427,  ou  peu  après:  d'autres 
diient  l'an  430.  11  mourut  vers  l'an  462.  Saint  Théo- 
datd  ou  Thodart  en  fut  fait  évêque  l'an  885 ,  Se  mourut 
l'an  893  à  Monrauban  ,  où  fon  corps  eft  demeuré.  Saine 
Jufi  ,  martyr  de  Complute  en  Espagne  ,  eft  devenu  le 
patron  de  la  cathédrale  de  Narbonne.  *  Topograpb.  des 
Saint i  ,  p.  3  3  4. 

Le  palais  de  l'archevêque  eft  une  espèce  de  fortc- 
reffe  ,  compofée  de  plufieurs  corps  de  logis  ,  Se  flan- 
quée de  plufieurs  tours  carrées.  Le  jardin  eft  fpacieux  , 
&  on  y  remarque  un  antique  Se  magnifique  tombeau  de 
marbe  blanc,  Se  une  niche  aufli  de  marbre  au  travers  de 
laquelle  les  prêtres  du  paganisme  rendoient  les  oracles 
par  un  rrou  carré  qui  paroît  au  milieu  de  la  niche. 

Bachaumont  Se  Chapelle  étoientbien  de  mauvaife  hu- 
meur, lorsqu'ils  ont  apoftrophé  Narbonne  en  ces  termes  s 

Digne  objet  de  notre  couroux , 
Vieille  ville  toute  de  fange  , 
Qui  n'es  que  ruifleaux  Se  qu'égouts; 
Pourrois  tu  prétendre  de  nous 
Le  moindre  vers  à  ta  louange  î 

Il  faut  néanmoins  convenir  que  comme  Narbonne  eft 
fituée  dans  un  fond  environné  de  montagnes',  lorsqu'il  j 
pleur  cinq  ou  fix  jours  de  fuite,  les  eaux  fe  ramafient  en 
fi  grande  abondance  ,  qu'il  eft  presque  impoflible  d'en 
fortir,  fans  courir  risque  de  fe  noyer.  *  Piganiol,  page 
365. 

L'archevêque  de  Narbonne  éroir  autrefois  le  feul  qu'il 
y  eût  dans  le  Languedoc.  Le  pape  Jean  XXII  érigea  ce- 
lui de  Touloufe  en  1 3 1 6,  &  l'évêché  d'Albi  a  été  démem- 
bré de  Bourges  Se  érigé  en  archevêché  en  1676.  Les  ar- 
chevêques de  Narbonne  perdirent  auffi  ,  il  y  a  environ  fix 
cens  ans,  la  jurisdiction  que  leurs  prédécefieurs  avoienc 
eue  fur  toutes  les  églifes  de  la  Catalogne ,  Se  dont  ils 
avoient  été  mis  en  pofleffion  dans  le  huitième  fiécle,  où 
la  ville  métropolitaine  deTarragone  fut  ruinée  jusqu'aux 
fondemens  par  les  Sarrazins.  Cette  dernière  métropole  , 
ayant  été  rétablie  fur  la  fin  du  onzième  fiécle  Se  au 
commencement  du  douzième  ,  rentra  dans  fes  pre- 
miers droits;  cependant  l'archevêque  de  Narbonne  prend 
toujours  le  titre  de  Primat.  Cer  archevêché  eft  ainfi  con- 
fidérable  par  fon  ancienneté ,  par  fa  primatie ,  par  fon 
droit  de  préfider  aux  états  de  la  province ,  &  par  fon  re- 
venu. On  prétend  que  le  proconful  Sergius  Paulus,  qui 
fut  converti  par  faint  Paul ,  fut  le  premier  évêque  de 
Narbonne.  Cette  ville  ayant  été  la  métropole  de  la  pie- 


488       NAR 

fniere  Narbonnoife ,  la  primatre  fut  dévolue  à  fon  arche- 
vêque. Celui  d'Aix  voulut  lui  contefter  la  primatie  fur 
fon  diocèfe  ;  mais  le  pape  Urbain  II  décida  en  faveur 
de  l'archevêque  de  Narbonne.  On  remarque  qu'en  588, 
l'évêque  de  Narbonne  aflifta  au  troifiéme  concile  de  To- 
lède ,  8c  qu'il  y  prit  la  qualité  d!  évêque  de  Narbonne  ,  mé- 
tropolitain de  la  province  des  Gaules.  La  préfidence  aux 
états  dont  jouiffent  les  archevêques  de  Narbonne  ,  leur  a 
été  acquife  par  la  pofiéflion  8c  parles  délibérations  des 
états  mêmes.  L'églife  métropolitaine  eft  fous  l'invocation 
de  la  fainte  Vierge  ,  8c  des  faims  Juft  8c  Pafteur.  Son 
chapitre  eft  compofé  d'un  grand  archidiacre  ,  d'un  pré- 
centeur ,  des  archidiacres  de  Corbieres  8c  du  Razes,  d'un 
fuccenteur ,  &  de  vingt  chanoines. 

11  y  a  deux  autres  chapitres  -.Saint  Paul  qui  eft  une  col- 
légiale compofée  d'un  abbé  &  de  douze  chanoines  :  la 
collégiale  de  faint  Sébaftien  a  un  prévôt ,  un  facriftain  , 
un  précenteur  8c  douze  chanoines. 

Le  diocèfe  de  Narbonne  n'elt  compofé  que  de  cent 
quarante  paroiffes;  8c  le  revenu  de  l'archevêché  eft  cepen- 
dant de  près  de  cent  cinquante  mille  livres.  Il  y  a  onze 
fuffragans  qui  font 

Carcaffonne,  Beziers,  Lodévc,  Nisme,  S.  Pons, 
Aleth,  Agde,     Montpellier,      Uzès, 

Alais.       Perpignan. 
On  compte  dans  le  diocèfe  de  Narbonne  quatre  ab- 
bayes d'hommes  8c  une  de  filles, 


NAR 


Abbaye 
d'hommes. 


Cannes ,  S.  B. 
Fontfroide ,  C.  & 
S.  Policarpe.  S.  B. 
Quarante  ....  S.  A. 


Abbaye       Ç       _.,.  „ 
de  filles.      I       OIlvCS- 

Le  diocèfe  de  Narbonne  produit  beaucoup  de  bled  , 
qui  même  ,  à  ce  qu'on  affûte  ,  eli  d'une  meilleure  quali- 
té qu'ailleurs.  Il  eft  fort  recherché  pour  les  femailles  ,  8c 
il  y  a  à  Narbonne  de  fort  riches  marchands  qui  entendent 
parfaitement  le  commerce  du  bled  ,  8c  de  toute  fortes  de 
grains.  Il  y  a  peu  de  vin ,  mais  la  récolte  d'huile  eft  rrès- 
confidérable.  Lesfalins  de  Périac  fourniffent  des  fels  qui 
fe  débitent  dans  le  Haut-Languedoc.  Ce  pays  produit  en- 
core beaucoup  de  falicot. 

2.  NARBONNE  (  Le  golfe  de  )  en  latin  Narbonenfe 
mare  ;  c'eft  une  partie  du  golfe  de  Lyon  ou  de  Léon.  Il 
commence  au  port  ou  cap  de  Lanfranqui  ,  8c  finit  au 
cap  de  Cette. 

N  ARC  ASUS  ,  natio  n  8c  ville  de  Carie,  félon  Etien- 
ne le  géographe ,  qui  cite  Apollodore. 

NARCESou  Narce,  ville  de  Numidie.  Appien  d'A- 
lexandrie ,  De  bell.  Pun.  pag.  14.  dit  qu'Annibal  fur- 
prit  cette  ville. 

NARC1SSI  Fons.  Paufanias  /.  9.  c.  ji.  dit  qu'aux 
confins  des  Tespiens ,  il  y  a  un  village  nommé  Hedo- 
riacon  -,  que  dans  ce  village  ,  on  trouve  une  fontaine  ap- 
pelle Napx/svK  îra>» ,  Narciffifons  ,  8i  que  l'on  préten- 
doit  que  c'étoit  dans  cette  fontaine  que  Narciffe  fe  re- 
garda, 8c  entra  en  admiration  de  lui-même.  Ovide,  Met. 
/.  3.  a  décrit  élégamment  cette  fontaine. 

NARCY,  en  latin  Narciacum  ,  paroiffe  de  France, 
du  diocèfe  d'Auxerre.  Elle  étoit  au  IX  fiécle  de  l'an- 
cien patrimoine  de  l'églife  d'Auxerre.  L'évêque  Hen- 
fride  obtint,  vers  l'an  900,  de  Charles  le  Simple  ,  qu'elle 
lui  fût  reltituée.  Mais  Rainard  ,  vicomte  d'Auxerre  ,  & 
Manaffesde  Vergi,fon  frère,  s'en  emparèrent  presque 
aufluôt.  Geran,  évêque  d'Auxerre  ,  travailloit  à  fe  la  faire 
rendre ,  lorsqu'il  mourut  à  Soiffons  l'an  9 1 4.  La  cure  du 
titre  de  Saint  Marcel  eft  fous  le  patronage  du  prieur 
de  la  Chanté  :  elle  lui  apppartenoit  dès  le  XII  fiécle. 
Il  y  a  fur  fon  territoire  une  chapelle  dite  de  Saint  Syl- 
vain, qu'on  dit  être  de  l'ordre  de  Malte.  On  a  établi 
aux  environs  de  Narcy  plufieurs  forges,  à  la  faveur  de  la 
petite  rivière  de  même  nom,  qui  a  fa  fburce  auprès  de 
l'abbaye  de  Bouras  ,  8c  qui  va  fe  jetter  dans  la  Loire  à 
Mêve,  au-defibus  de  la  Charité.  *  Notes  mamtfcrites  de 
Lebœuf. 


NARDINIUM ,  ville  de   l'Espagne  Tarragonoife.' 
Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  la  met  fous  les  S&lini. 

1.  NARDO  ,  Neritum  ,  ville  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  terre  d'Otrante ,  dans  une  plaine  à  quatre 
milles  de  la  côte  du  golfe  de  Tarente,  à  neuf  au  nord  do 
Gallipoli,  Se  à  quinze  au  fud-ouefi  de  Lecce.  Elle  eft  peu- 
plée ;  c'eit  le  fiége  d'un  évêché  ,  érigé  par  le  pape  Jean 
XXIII,  fuffragant  de  l'archevêché  de  Blindes,  quoiqu'il 
ne  relevé  que  du  faine  Siège  3  ayant  été  tiré  de  la  jurisdi- 
clion  de  l'archevêque  de  Blindes.  Le  pape  Alexandre  VII 
poffédoitcet  évêché  dans  le  tems  qu'il  faifoit  les  fonctions 
de  nonce  à  Cologne  8c  à  Munfter.  Nardo  a  auffi  le  titre 
de  duché  ,  8c  appartient  à  la  maifon  d'Aquaviva.  Cette 
ville  fut  presque  entièrement  détruite  par  un  tremble- 
ment de  terre  en  1745  >  Pjlls  de  cinq  cens  perfonnes  fu- 
reur enfevelies  fous  les  ruines  des  bâtimens.  Voyez.  Ne- 
ritum. 

2.  NARDO.  C'eft  ainfi  qu'écrivoient  quelques  an- 
ciennes éditions  de  Sidonius  Apollinaris  ,  /.  2.  cap.  9. 
Ortelius ,  The/aur.  dit  avoir  eu  un  manuferit  en  parche- 
min ,  où  on  lifoit  Wardo.  11  y  a  apparence  que  c'eft  ainfi 
qu'il  faut  lire.  C'eft  aujourd'hui  le  Gardon  qui  conferve 
encore  fon  ancien  nom  ,  à  la  première  lettre  près.  11  eft 
affez  ordinaire  de  voir  le  double  W  changé  en  G. 

N  ARDUS,  ville  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange,  &  dans 
le  voifinage  de  ce  fleuve.  Ptolomée ,  /.  7.  c.  2.  la  place 
proche  de  Rbandamarcotta. 

NAREA ,  Nerea,  Enarea  ou  Enarja.  Ludolf, 
/.  \.  c.  t.Jetl.  14.  préfère  ces  deux  derniers.  C'eft  un  des 
royaumes  d'Afrique  dans  l'Abiffinie  ,  entre  le  huitième 
&  le  neuvième  degré  de  latitude  feptentrionale.  Ce 
royaume  eft  habité  par  des  Chrétiens  8c  par  des  Païens. 
Melec  Saghed  s'en  rendit  maître,  lorsque  le  fouverain 
du  pays  eut  embraffé  la  foi  Chrétienne.  La  terre  eft  fer- 
tile, &  produit  beaucoup  d'or.  Les  peuples  qui  l'habi- 
tent ,  quoique  peu  policés  ,  font  fort  eftimables.  Ils  font 
plus  finceres  que  ne  le  font  ordinairement  les  peuples  d'E- 
thiopie 8c  d'Abiffinie.  Ils  font  aufli  religieux  obfervateurs 
de  leurs  promeffes  ;  8c  ils  ne  furpaffenr  pas  moins  leurs 
voilîns  par  les  qualités  du  corps  que  par  celles  de  l'efptir. 
*  Ludolf,  1.  1.  c.  3.  fecL  18. 

NARE/E,  peuple  de  l'Inde,  félon  Pline,  l.G.c.  20.' 

NARENS1S,  fiége  épîscopal  d'Afrique ,  dans  la  Byza- 
cène.  Janvier  ,  fon  évêque ,  fut  préfent  à  la  conférence  de 
Carthage.  La  notice  épiscopale  d'Afrique,  n.  11.  met 
Victor  Narenfîs  entre  les  évêques  de  la  Bizacène  >  8c  A11- 
tonin  place  Nara  fur  la  route  âïAJfurœ  à  Thenœ  ,  entre 
Suffit ula  8c  Mardarfuma ,  à  15  milles  de  la  première  » 
&  à  2j  de  la  dernière. 

1.  N  ARENTA ,  Naro  ,  Naron  8c  Narona  ,  ville 
de  la  Dalmatie  dans  M  Herzégovine,  fur  une  rivière  de  mê- 
me nom  à  la  gauche.  Cette  ville  eft  moins  fameufe  par  fes 
fortifications  préfentes ,  que  par  la  réputation  de  fes 
premiers  habitans.  Ils  fe  rendirent  fi  puiffans  fur  mer  , 
que  les  villes  de  la  Dalmatie,  la  république  de  Venife  mê- 
me , furent  forcées  pendant  plus  de  1 70  ans  de  leur  payer 
tribut,  pour  avoir  la  liberté  d'entrer  dans  le  golfe  de  Na- 
renta.  Elle  fut  anciennement  nommé  Naro ,  Narona,  8c 
même  Narbona.  Son  territoire  confifte  en  une  feule  val- 
lée d'enviton  trente  milles  de  longueur  :  la  rivière  l'inon- 
de en  certains  mois  de  l'année  ,  ce  qui  rend  le  pays  ex- 
trêmement fertile.  Elle  a  eu  autrefois  l'honneur  d'être  la 
capitale  de  toute  la  Dalmatie.  Les  députés  des  autres  vil- 
les s'y  rendoienr ,  pour  travailler  aux  intérêts  communs 
de  la  province.  Du  tems  de  Cicéron  ,  Narenta  étoit  une 
fortereffe  de  conféquence  ,  comme  on  le  voit  dans  la  let- 
tre où  Vatinius ,  Epijl.adfa.md.  I.  $.cpift.  10.  lui  man- 
de la  peine  qu'il  avoit  eue  à  emporter  cette  place.  Elle 
fut  une  des  villes  où  les  Romains  envoyèrent  des  colo- 
nies ,  après  la  conquête  du  royaume  de  l'Illyrie.  Dans  la 
fuite  elle  eut  des  fouverains  indépendansdes  rois  des  deux 
Dalmatics;  &  comme  ces  fouverains  faifoient  leur  prin- 
cipale occupation  de  la  piraterie  ,  ils  n'embrafferent  que 
fort  tard  la  foi  Chrétienne.L'Evangilen'y  fut  reçu  que  dans 
le  onzième  fiécle  j  l'Empereur  Bafile  s'étant  rendumaître 
de  la  partie  orientale  de  la  Dalmatie,  procura  la  conver- 
fion  des  habitans  de  Narenta.  Cette  ville  devint  bientôt 
épiscopale  fous  la  jurisdiction  de  l'Archevêché  de  Ragu- 
fe,  d'où  Narenta  eft  éloignée  de  30  milles  vers  le  fep- 
tenttion.  Son  évêque  fe  trouve  eormnunément  nommé 

évêque 


NAR 


NAR 


évêque  de  S.  Etienne ,  parce  que  l'églife  cathédrale  efl: 
fous  l'invocation  de  ce  faint.  Pfarenta  a  encore  été  de- 
puis une  principauté  particulière  ,  fous  le  nom  de  princi- 
pauté de  Chulmia,  &  quelques  rois  de  Dalmatic  ont  pris 
ce  titre.  Aujourd'hui  le  pays  s'appelle  Y  Herzégovine , 
ou  le  duché  de  S.  Saba,  quoique  ce  duché  s'étende  jus- 
qu'aux frontières  de  la  Bosnie. 

2.  NARENTA,  fleuve  de  Dalmatie.  Il  ne  porte  ce 
nom  qu'après  la  jonction  des  rivières  Vifera  &  Trebi- 
fat,  qui  le  forment  de  leurs  eaux  ,&  qui  viennent  des 
montagnes  de  Bosnie.  Autrefois  il  fe  liommoit  Naro 
ou  Naron.  Après  avoir  couru  quelques  lieues  du  nord 
au  midi ,  il  reçoit  à  £1  droite  la  rivière  de  Rama  ;  il 
tourne  alors  du  côté  de  l'orient  pour  recevoir  la  Buna  : 
grofli  des  eaux  de  cette  rivière  ,  il  prend  fon  cours  du 
côté  du  midi ,  &  ,  après  avoir  reçu  à  droite  la  Rado- 
bugla ,  à  gauche  la  Boiogaua ,  Se  encore  à  droite  l'Ya- 
biak ,  il  fe  rend  à  Narenta ,  au-deflbus  de  laquelle  il 
fe  partage  en  deux  bras  qui  forment  une  ifle,  auprès  de 
laquelle  on  a  bâti  la  forterefle  de  Ciclut  avec  un  bourg 
d'environ  300  maifons.  A  cinq  milles  par  terre,  &  à 
neuf  milles  au-deflbus  de  Ciclut ,  il  forme  encore  l'ifle 
de  Norin  ,  où  il  reçoit  à  la  droite  une  rivière  aufli 
nommée  Norin  ;  Se  enfin  il  va  fe  décharger  dans  le 
golfe  de  Narenta,  par  diverfes  embouchures  qui  forment 
différentes  ifles. 

3.  NARENTA  ,  golfe  de  la  mer  de  Dalmatie  ;  il  eft 
entre  les  côtes  de  l'Herzégovine  au  nord,  celles  de  la 
république  de  Ragufe  à  l'orient ,  celles  de  Sabioncelo 
au  midi,  Se  l'ifle  de  Liéfina  à  l'occident. 

NARESII,  peuples  de  la  Dalmatie,  félon  Pline,  /. 
3.  |(.  22.  ce  font  les  N*pW«/  ,  que  Ptolomée,  /.  2.  e. 
17.  place  avec  les  Sardiota  dans  l'intérieur  des  terres, 
au-deflus  des  Comenii  Se  des  Vardet. 

NARETI ,  ancien  peuple  de  l'Arabie  Heureufe  ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  1.6.  c.j. 

1.  NAREW,  rivière  de  Pologne  ;  elle  a  une  fourec 
dans  le  duché  de  Lithuanie ,  au  palatinat  de  Brzefcie  du 
côté  de  l'occident ,  Se  dans  la  partie  la  plus  feptentrio- 
nale.  L'autre  dans  la  Podlaquie  au  midi  de  Bielsck  où 
elle  pafle.  La  première   prend   fon  cours  d'orient  en 

occident ,  pafle  à  Narew ,  à  Sieras  ,  à  Tykoczin ,  à 
Wizna ,  à  Rozana,  à  Pultausk  ;  Se  après  avoir  ainfi 
traverfé  les  palatinats  de  Podlaquie  &  de  Mazovie , 
elle  va  fe  jetter  dans  le  Boug  au-deflus  de  Serolzeck. 
*  De  l'ifle  ,  Carte  de  la  Pologne. 

2.  NAREW ,  petite  ville  ou  bourgade  de  la  Pologne , 
fur  la  rivière  de  même  nom ,  dans  la  partie  'orientale 
du  palatinat  de  Podlaquie,  au  nord  oriental  de  la  petite 
ville  de  Bielsk. 

NARGARAou  Nadagara,  ville  de  l'Afrique  pro- 
pre. Scipion  Se  Annibal  y  eurent  une  conférence ,  félon 
Tite-Live , /.  30.  c.  29.  Cependant  Surîta  Se  Sigonius 
ont  remarqué  qu'on  lifoit  Narangara  dans  des  anciens 
manuferits.  Polybe  écrit  Margarum  ;  mais  c'eft  une 
faute,  félon  les  apparences.  Voyez.  Naraggarrita- 
nus. 

NARGOLOGiE.  Voyez.  Nangoloce. 

NARGUR,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée,/. 7.  c.  1.  la  place  la  dernière  dans  les  terres  au 
pays  des  Soretanes.  Quelques  interprètes  lifent  Magur 
pourNARGUR. 

NARIAD  ou  Niriaud  ,  petite  ville  des  Indes  orien- 
tales» dans  le  Guzerat ,  entre  Broudra  Se  Amcdabad.  Il 
fe  fait  beaucoup  de  toile  dans  cette  ville.  *  Thevenot , 
Voyage  des  Indes  ,  c.  18. 

NARIANDUS  ,  ville  de  la  Carie  ,  félon  Pline ,  Z.  ;. 
c.  29.  Voyez.  Caryanda. 

1.  NARIME  ou  Narvm,  contrée  de  la  Tartarie, 
en  Sibérie,  au  nord  du  fleuve  Kéta,  Se  au  midi  de  la 
contrée  d'Ostiaki.  A  l'orient  Se  à  l'occident  leurs  bornes 
ne  patoiflent  pas  fixées. 

2.  NARIME  ou  Narym  ,  ville  de  la  Tartarie,  en 
Sibérie,  dans  la  contrée  de  Narym ,  fur  le  bord  oriental 
de  l'Oby  ,  un  peu  au-deflbus  de  l'endroit  où  il  reçoit  le 
Kéta. 

NARINSII.  Voyez.  Narïsii. 

NARISCI  ou  Narisques  ,  anciens  peuples  de  la 
Germanie  ,  félon  Tacite  ,  Germ.  c.  42.  Ils  font  nom- 
més Varifii  par  Ptolomée,  /.  2.  (.  11.  Se  Dion  >  /.  71. 


4*9 

les  appelle  Narifta.  Il  y  a  grande  apparence  que  ces 
peuples  tiroient  leur  nom  d'une  rivière  ,  nommée  Na- 
vus,  la  Nawe  qui  travetfoit  leur  pays.  Peut-être  que  le  Na~ 
vus  fut  aufli  appelle  Narus ,  ou  que  les  Navisd  furent 
nommés  Nurisci  par  les  Romains ,  en  changeant  \'n 
en  r.  Le  lieu  qu'ils  habitoient  s'étendoit  au  midi  du 
Danube  des  deux  côtés  de  la  Nawe  ,  Se  félon  la  pofition 
que  Ptolomée  leur  donne,  ils  étoient  bornés  au  fep- 
tentrion  par  la  forêt  Gabreta  Se  par  les  montagnes  Her- 
cyniennes ,  à  l'orient  par  la  forêt  Hercynienne  ,  au  midi 
par  le  Danube,  &  au  couchant  par  le  pays  des  Hei- 
munduri  ;  de  cette  façon  leur  pays  renfermoit  le  haut 
Palatinat  ou  le  palatinat  de  Bavière  avec  le  landgraviat 
de  Leuchtenberg.  Tacite  ,  Germ.  c.  42.  fait  l'éloge  des 
Narisques  :  après  avoir  donné  des  louanges  aux  Mar- 
comans,  il  dit  que  les  premiers  ne  cèdent  en  rien  à 
ceux-ci.  Il  y  a  apparence  que  leur  pays  compofoit  une 
partie  du  royaume  de  Marobodus  Se  d'Ariovifte.  Les  hi- 
ftoriens  ne  le  difent  pas  néanmoins  pofuivement ,  mais 
tout  concourt  à  le  perfuader.  Si  après  que  Marobodus  eut 
été  chafle  de  fes  états  ,  ils  jouirent  de  leur  liberté,  ou 
bien  s'ils  furent  gouvernés  par  un  roi  ou  par  un  duc  , 
c'efl  ce  qu'il  n'eft  pas  pofljble  de  décider ,  parce  que  l'an- 
tiquité n'en  dit  rien  ;  nous  apprenons  feulement  de 
Dion,  /.  71.  &  de  Capitolin,  in  Anton'mo,  c.  22.  que  ces 
peuples  fubfift-oient  du  tems  des  Antonins,  puisque  ces  au- 
teurs les  mettent  au  nombre  des  nations  qui  confpirerent 
contre  les  Romains.  *  Spener  ,  Not.  Germ.  ant.  1.  5.  c.  6* 

NARÏSII.  Vvyez  Narnii. 

NARIST^L.  Voyez.  Narisci. 

NARITI ,  peuples  de  l'Arabie  Heureufe,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  7.  qui  les  place  fur  le  golfe  Perfique. 

NARIUS.  Voyez.  Nacius. 

N  ARM AL1S,  ville  delaPifidie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

NARMUNTHUM  ,  ville  d'Egypte.  Voyez.  Hêrmun- 
Trtis. 

N  ARNI ,  Narnia ,  petite  ville  d'Italie  ,  dans  la  terre 
des  Sabins,  province  de  l'Etat  Eceléfiaflique ,  fur  la  riviè- 
re de  Néra.  Elle  efl  en  partie  fituée  fur  la  croupe,  &  en 
partie  fur  la  pjrnte  d'une  montagne  élevée  •  escarpée ,  Se 
d'un  accès  difficile  (  a  ).  Ses  habitans  difent  qu'elle  eft 
plus  ancienne  que  Rome  ;  mais  le  plus  grand  nombre 
prétend  qu'elle  efl.  postérieure.  Il  feroit  plus  facile  de 
s'accorder  fur  ce  point,  que  fur  l'étymologie  de  fon  an- 
cien nom.  On  l'appelloit  Nequinum  ,  qu'on  fait  venir  de 
Nequitia ,  méchanceté.  Les  uns  difent  que  ce  nom  lui  eft 
venu  de  la  difficulté  des  chemins  qui  y  conduifent  (  b  ) , 
ou  à  caufe  de  fa  fituation  fur  une  montagne  rude  Se  es- 
carpée, où  l'on  ne  peut  arriver  qu'avec  peine  :  d'autres 
îbutiennentque  cette  ville  avoit  mérité fe  nom  odieux, 
à  caufe  de  la  méchanceté  de  fes  habitans ,  &  de  leur  na- 
turel  cruel  Se  barbare.  Ils  fondent  ce  fentiment  fur  un 
point  de  l'hifloire  ,  qui  dit  que  cette  ville  ayant  été  as- 
siégée Se  tellement  preflee  par  la  difette  ,  qu'il  falloir  fe 
rendre  ou  mourir  de  faim,  les. habitans  réfolurenr  de 
tuer  lents  mères,  leurs  fœurs  Se  leurs  femmes ,  afin  d'é- 
pargner le  peu  de  vivres  qui  leur  reftoient  ;  Se  que  ces 
vivres  étant  confumés ,  ils  fe  tuèrent  les  uns  les  autres, 
préférant  la  mort  à  la  perte  de  leur  liberté.  On  conclud 
de  ces  aérions  barbares  ,  qu'elles  ont  donné  l'origine  au 
nom  Nequinum.  Il  faut  pourtant  qu'il  foit  reflé  quel- 
ques-uns de  ces  désefpérés ,  puisqu'on  voit  dans  l'hik 
ftoire  Romaine,  que  les  Nequiens  Se  les  Samnites con- 
fédérés furent  défaits  par  les  Romains  commandés  par 
le  conful  M.  Fulvius  Tetunius ,  qui  triompha  d'eux 
l'an  de  Rome  454.  Leur  ville  a  pris  depuis  le  nom 
de  Narnia  ou  de  Nami ,  à  caufe  de  la  rivière  Néra  , 
qui  pafle  au  pied  de  la  montagne  fur  laquelle  eft  bâ- 
tie Natni.  Ce  changement  arriva  lorsque  les  Romains 
la  peuplèrent  d'une  colonie  à  qui  il  ne  convenoit  pas 
de  porter  un  nom  aufli  odieux  que  celui  de  Nequi- 
num.(a)  Labat ,  Voyage  d'Italie,  t.  7.  p.  86.  Se  fuiv. 
(b)  Tite-Live,  1.   10.  c.  9. 

On  voit  à  Narni  les  relies  d'un  pont  magnifique , 
qu'on  dit  avoit  été  bâti  par  Augufle  après  la  défaite 
des  Sicambres  Se  de  leurs  dépouilles.  Ce  pont  étoit  ex- 
traordinairemenr  exhaufle ,  afin  de  pouvoir  joindre  les 
fommets  des  deux  collines ,  au  milieu  desquelles  pafle 
la  Néra ,  Se  pour  donner  un  cours  plus  libre  à  l'eau  de 
Tom.  IV.  Q  q  q 


NAR 


49° 

ce  tentent ,  qui  #eleve   fouvent  à  une    hauteur  confi- 
dérable.  On  juge  par  ce  qui  en  refte  ,  que  l'arche  du 
milieu  avoit  deux  cens  pieds  de  large  Se  cent  cinquante 
de  haut  ;  il  étoit  bâti  de  grands  quartiers  de  marbre  joints 
enfemble  par  des  bandes  de  fer  fcellées  en  plomb.  On 
a  fait  un  autre  pont  au-deffous,  Se  à  une  affez  petite 
di  (tance  de  celui  qui  eft  rompu.  Il  .eft   de  pierres  de 
taille  Se  de  briques.  Il  s'en  faut  beaucoup  qu'il  foit  de 
la  beauté  de  l'ancien  :  auïîi  n'eft-il  pas  permis  à  tout  le 
monde  d'imiter  Augufte.  Ce  nouveau  pont  a  fept  ar- 
ches ,  au  lieu  que  l'ancien  n'en  avoit  que  quatre.  Une 
de  ces  arches  eft  en  pont-levis.  La  tête  du  côté  oppo- 
fé  à  la  ville  eft  fortifiée  d'une  tour  carrée  de  peu  de  dé- 
fenfe.  Le  chemin   qui  conduit  du  pont   à  la  ville  eft 
difficile  Se  rude.  On  trouve  en   entrant  par  ce  côté , 
une  espèce  de  fauxbourg  environné  de  vieilles  murail- 
les flanquées  de  tours  ;  on  continue  de  monter ,  &  on 
trouve  la    ville  auffi  environnée  de  vieilles  murailles 
avec  des  créneaux  Se  des  tours.  Il  y  a  de  ce  côté  trois 
boulevards ,  qui  paroiffent  d'une  maçonnerie  plus  mo- 
derne que  le  refte  de  l'enceinte. 

La  ville  de  Narni  eft  beaucoup  plus  longue  que 
large.  Quoique  fa  fuuation  n'en  rende  pas  le  terrein 
commode  ,  les  rues  ne  biffent  pas  d'être  belles  :  les 
maifons  font  bien  bâties,  Se  les  églifes  font  propres.  La 
cathédrale  eft  fous  l'invocation  de  faim  Juvenal ,  pre- 
mier évêque  de  Narni ,  au  quatrième  fiécle  ,  félon  Bail- 
ler (  a  ).  Elle  eft  ancienne  ,  bâtie  dans  le  goût  gothi- 
que ;  mais  réparée  à  la  moderne  Se  ornée  autant 
qu'on  a  pu.  Le  revenu  de  l'évêché  n'eft  pas  fort  con- 
fidérable;  mais  le  chapitre  eft  très-riche.  L'ordre  de  S. 
Dominique  y  a  un  couvent  bien  bâti  avec  de  bons  re- 
venus.  Les  Auguftins ,  les  Conventuels  de  faitu  Fran- 
çois Se  les  Obfervantins  y  onr  chacun  une  maifon  ,  Se 
les  Capucins  en  ont  deux  :  elles  font  à  la  vérité  hors  des 
murs.  Il  y  a  un  collège  fous  la  direction  des  écoles 
pieufes  :  ces  pères  ne  fe  mêloient  autrefois  que  d'en- 
feigner  aux  enfans  à  lire ,  à  écrire  Se  à  leur  apprendre 
les  premiers  rudimens  de  la  grammaire  ;  ils  les  condui- 
foient  enfuite  au  collège  des  Je  fuites  ou  d'autres  ,  dans 
les  villes  où  ils  étoient  établis  ;  mais  peu  à  peu  ils  fe 
font  érigés  eux-mêmes  en  maîtres,  Se  ont  fait  des  clo.ffes. 
(  a  )  Topograph.  des  Saints  ,  p.   334. 

Narni  ,  qui  réfifta  à  toute  la  puiffance  d'Annibal , 
fut  foumife  par  les  Vénitiens  qui  avoient  embrafié  le 
parti  de  Charles  V.  On  ne  fauroit  exprimer  les  rava- 
ges qu'ils  y  firent  :  ils  brûlèrent  Se  démolirent  la  plupart 
des  maifons  Se  des  édifices  publics  :  ils  égorgèrent  fans 
pitié  jusqu'aux  femmes    Se  aux    enfans,  Se  réduifirent 
cette  ville  dan%un  étar  fi  affreux ,  que  l'hiftorien  Léan- 
dre  témoigne  n'avoir  pu    trouver  un    endroit   pour  y 
loger  dans  le  voyage  qu'il  fit  en  cette  ville ,  en   1/30, 
le  peuple  Se  les  magiftrats  mêmes,  qui  gouvei noient  la 
ville  fous  le  nom  de  prieurs ,  n'avoient  pas  de  quoi  fe 
mettre  à  couvert.  Elle  eft  heureufement  reffuscirée  de 
fes  cendres,    riche   &  bien  peuplée.   Ses  citoyens  font 
polis  -,  il  y  a  nombre  de  familles  nobles  qui  donnent 
tous  les  jours  des  chevaliers  aux  ordres  de  Malte  Se  de 
faint  Etienne,  dans  lequel,  comme  dans  le  premier, 
il  faut  faire  les  mêmes  preuves  de  nobleffe.  Les  familles 
nobles  les  plus  confidérables ,  font  celles  des  Scotti,  des 
Cardoli,  des  Cardoni ,  des  Gérémics,  des  Mangoni , 
des  Vipera  Se  plufieurs  autres ,  à  la  tête  desquelles  on 
doit  mettre  la  maifon  des  princes  Cefi  ,  établie  à  Ro- 
me depuis  bien  des  années,  &  qui  pofféde  encore  de 
grands  biens  dans  cette  ville  &  aux  environs;  mais  ce 
qui  relevé  infiniment  cette  ville ,  c'eft  que  l'empereur 
Ncrva  y  étoit  né.   L'eau  n'y  manque  pas ,  quoiqu'elle 
foit  bâtie  fur  une  montagne  haute  Se  escarpée.  Elle  y 
eft  conduite  par  un  aqueduc  auquel  on   donne  quinze 
milles  de  longueur.  Il  paffe  fous  des  montagnes ,  une 
desquelles  eft  ttès-haute  Se    très-difficile  à  percer  ;  on 
n'a  pas  laiflc  de  creufer  fon  lit  avec  des  peines  Se  des 
dépenfes  très-grandes  ;  il  fournit  l'eau  à  trois  fontaines 
publiques ,  ornées  de  baffins  de  marbre  Se  de  ftatues  de 
bronze  qui  font  plufieurs  jets ,  dont  les  eaux  fe  parta- 
gent en  différens  canaux  de  plomb  ,  qui    les   condui- 
fent  dans  plufieurs  maifons. 

On  voir,  auprès  de  la  ville  ,  le  lieu  d'où  fort  une  fon- 


NAR 


taine  que  l'on  appelle  la  fontaine  de  la  Famine  :  parce 
qu'on  a  obfervé  qu'elle  n'y  donne  de  l'eau ,  que  pour 
marquer  que  l'année  fuivante  fera  ftérile.   Elle  étoit 
alors  à  fec.  Ceux   qui  en   voudroient    douter,  n'ont 
qu'à  confulter  les  regiftres  de  l'hôtel  de  ville  ,  où  l'on 
a  marqué  avec  exactitude  les  années  que  cette  fontaine 
a  coulé  ,  Se  les  ftérilités  qui  les  ont  fuivies.  Il  y  a  à  l'ex- 
trémité Se  au  plus  haut  de  la  montagne ,  fur  laquelle 
la  ville  eft  fituée ,  une  ancienne  fortereffe  carrée ,  flan- 
quée de  quatre  tours  carrées  ,  qui  étoit  refpectable  dans 
le  rems  qu'on  n'avoir  ni  canons  ni  bombes.  Elle  eft  à 
préfent  forr  délabrée.  Quoiqu'on  la  veuille  fane  paffer 
pour  un  ouvrage  des  Romains ,  le  père  Labat  dit  qu'il 
a  des  raifons  de  croire  qu'elle  n'eft  rout  au  plus  que 
du  tems  des  Lombards.  Une  des  choies  extraordinai- 
res que  l'on  remarque   dans  ce  canton  ,   c'eft  que  les 
revers  des  montagnes  qui  regardent  le  midi  ,  qui ,  dans 
toute  l'Italie,  &  je  crois  dans  tout  le  refte  du  monde  , 
font  les  plus  fertiles  à  caufe  de  leur  expofition  au  fo- 
leil  t  le  nourricier  des  plantes  Se  des  arbres  ,  font  dans 
celui-ci  les  plus  ftériles.  Ce  ne  font  que  des  rochers 
nuds ,  fecs ,  brûlés  ^incapables  de  rien  produire  ,  Se  qui 
n'offrent   rien    que  de   trifte   Se   de   désagréable  à  la 
vue  ;  au  lieu  que  ceux  qui  font  tournés  vers  le  fepten- 
trion ,  l'orient  Se    l'occidenr ,  font  très  fertiles.   On  y 
voit  quantité  d'oliviers,  dont  les  fruits  produifent  une 
huile  fort  vantée  pour  fa  bonté.  Les  vignes  y  viennent 
très-bien ,  &  le  vin  eft  bon.  11  y  a  auffi  de  ces  treilles 
qui  .  portent  le  raifin   appelle  Paffarine  ,  qui  eft    une 
efpéce  de  raifin  de  Corinthe  forr  petit ,  d'un  goût  ad- 
mirable ;  on  le  fait  fécher  ,  Se  on  l'envoie  piesque  par 
toute  l'Italie.    Il  s'en  fait  une  grande  confommation. 
Les  Italiens,  les  Hollandois,  les  Anglois  Se  toutes  les 
nations  du   Nord  les  mettent  à  toutes  fauecs. 

Narni  n'eft  pas  féconde  feulement  en  nobleffe ,  elle 
l'eft  encore  en  favans  »  Se  en  grands  capitaines.  C'eft  la 
patrie  du  fameux  Gattamelata,  général  des  aimées  des 
Vénitiens ,  qui  les  conduifit  avec  tant  de  fageffe ,  de 
bravoure  &  de  bonheur,  qu'après  avoir  remporté  une 
infinité  de  victoires,  ces  fuperbes  républicains  lui  firent 
élever  une  ftatue  de  bronze  dans  Padoue,  celte  ville 
célèbre  qu'il  avoit  prife  Se  unie  au  domaine  de  la  ré- 
publique. Sans  parler  des  cardinaux  Cefi  ,  Se  de  plu- 
fieurs favans  évêques  de  la  famille  des  Carduli ,  on  con- 
ferve  avec  refpect  la  mémoire  d'un  François  Carduli , 
favant  au-delà  de  ce  qu'on  peut  s'imaginer ,  &  dont  la 
mémoire,  étoit  fi  prodigieufe ,  qu'il  répétoit  mot  pour 
mot  deux  pages  entières ,  qu'il  avoir  entendu  lire 
une  feule  fois,  mais  même  en  rétrogadant  du  dernier 
mot  jusqu'au  premier.  Son  frère  Marc  étoit  un  des 
favans  hommes  de  fon  fiécle,  &  d'une  mémoire  qui 
ne  cédoit  guère  à  celle  de  fon  frère  François.  Galeoto  , 
Maxime  Arcano ,  Michel-Ange  Arrono ,  Pierre  Do- 
minique Scoro,  Se  une  infinité  d'autres ,  qui  ont  honoré 
la  république  des  lettres ,  dans  les  feiziéme  Se  dix-fep- 
tiéme  fiécles ,  étoient  de  Narni. 

1.  NARO  ,  ville  du  royaume  de  Sicile  ,  dans  la 
vallée  de  Mazzara.  Elle  eft  fituée  vers  la  fource  de  la 
rivière  de  Naro ,  à  dix  milles  de  Gergenti  vers  l'orient. 
*  De  l'I/îe,  Carte  de  la  Sicile,  17 17. 

2.  NARO,  rivière  de  la  Sicile,  dans  la  vallée  de 
Mazzara.  Elle  prend  fa  fource  auprès  de  la  ville  de 
Naro  ;  fon  cours  eft  du  côté  du  midi ,  Se  elle  fe  jette 
dans  la  mer  d'Afrique  auprès  de  Vallone  di  Mole. 

3.  NARO,  ville  Se  rivière  de  Dalmatie.  Voye z,  Na- 
renta  ,  n°.  1  Se  1. 

NARQN,  fleuve  de  la  Dalmatie.  Voyez.  Narén- 
ta  2. 

NARONA.  Voyez.  Narenta  i. 

NAROUA,  lac  "de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans 
la  Nouvelle  France,  du  côté  du  midi,  à  douze  lieues 
ou  environ  de  Montréal  Se  de  la  grande  rivière  de  S. 
Laurent,  du  côté  du  fud.  *  Corn.  Dict. 

NARRACUSTOMA.  Voyez.  Inariacium. 

1.  NARRAGA  ,  fleuve  aux  environs  de  la  Babylo- 
nie  ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  16.  Narraga  vient  du  chal- 
déen  Naarraga  ,  qui  fignifie  faimcn  fcijfum  ,  fleuve 
coupé.  Le  père  Hardouin  prétend  que  Bochard ,  Geogr. 
I.  il  c,  8.  fe  trompe,  lorsqu'il  dérive  Narraga,  de 
Naar-agatQ.  C'eft  le  canal  ou  la  branche  la  plus  «c- 


NAR 


NAR 


cidcntale  de  l'Euphrate  ;  Se  ce  canal  a  été  creufé  de 
mains  d'homme.  Ptolomée,  l.j.  c.  20.  l'appelle  Maar- 
farej;Ôc  Ammien  Marcellin,  /.  13.  p.  ijz,  le  nomme 
Marfias. 

2.  NARRAGA  ,  ville  aux  environs  de  la  Babylonie, 
félon  Pline ,  /.  6.  c.  26.  qui  die  qu'elle  tire  fon  nom  du 
fleuve.  Narraga. 

NARRAGARA.  Voyez  Narangara. 

NARSAPOUR ,  ville  de  l'Inde ,  dans  le  golfe  de 
Bengale,  fur  la  côte  de  Coromandel,  au  royaume  dé 
Golconde  ,  à  l'embouchure  méridionale  de  la  rivière  de 
Veneron ,  environ  à  douze  lieues  au-deffiis  de  Ma- 
fulipatan,  du  côté  du  nord-eft.  *  De  l'IJle  ,  Atlas. 

NARSEPILLE  ,  rivière  des  Indes  orientales  ;  elle 
prend  fa  fource  dans  les  montagnes  d'Orixa ,  court  dii 
nord-oueft  au  fud  eft ,  pafl'e  à  Narfingaparan ,  Se  va  fe 
jetter  dans  la  mer ,  à  l'extrémité  de  la  côte  de  Coro- 
mandel, entre  l'embouchure  orientale  dé  la  rivière  de 
Veneron  Se  l'embouchure  de  la  rivière  de  Coran- 
gui- 

NARSINGAPATAN,  ou  Narsingue  ,  ville  de  l'In- 
de ,  dans  le  golfe  de  Bengale  ,  à  l'extrémité  de  la  côte 
de  Coromandel,  dans  la  pauie  orientale  du  royaume 
de  Golconde  ,  fur  la  rivière  de  Narfcpille  à  la  droite  , 
Se  environ  à  dix  lieues  au-deflus  de  fon  embouchure  , 
en  tirant  vers  le  nord.  Corneille,  trompé  par  Maty  , 
qu'il  fuit  aveuglément ,  fait  une  ville  de  Narfingaparan 
Se  une  autre  de  Narfingue  ;  cependant  le  rapport  qu'il 
trouvoit  entre  les  deux  noms ,  Se  la  pofition  qu'il  donne 
à  l'une  Se  à  l'autre,  dévoient  bien  lui  donner  à  pen- 
fer  qu'il  ne  s'agifibit  que  d'une  feule  ville.  *  De  l'IJle , 
Atlas. 

NARTABRE  ,  petite  rivière  de  France  ,  dans  la  Pro- 
vence. Elle  prend  fa  fource  près  de  Trigance  ,  Se  fe  jette 
dans  le  Verdon  auprès  d'Aiguines. 

NARTES.  Voyez  Narni  &  Interamna. 

NAKTEX.Voyez  Narthecis. 

NARTHACIENSIUM  Mons  ,  autrement  Anthra- 
ceorum  Mons,  c'eft-àdire,  la  montagne  des  Char- 
bonniers. Xénophon ,  Orat.  de  Agcftlao  ,  p.  658.  la 
place  dans  la  Theffalie.  On  trouve  dans  cette  monta- 
gne quatre  belles  fontaines  ,  dont  les  eaux  s'afiemblent 
dans  la  plaine  de  Pharfale ,  Se  forment  grand  nombre 
de  mifleaux  qui  vont  fe  jetter  dans  le  Penée.  Ce  fut 
fur  cette  montagne  qu'AgefilaLis  ,  étant  revenu  d'Afie  , 
éleva  un  trophée  après  la  victoire  qu'il  remporta  fur 
ceux  de  Pharfale;  Se  ce  fut-là  aufli  que  l'Ephore  Di- 
phridas  vint  trouver  ce  prince  iin  peu  avant  la  bataille 
de  Coronéc.  A  côté  de  la  montagne  de  Narthacium 
il  y  a  des  forêts  peuplées  de  bêtes  fauves  Se  de  bêtes 
noires.  *  La  Guilletiere ,  Lacédémone  anc.  Se  mod. 
liv.  4. 

NARTHACIUM,  ville  d'Afie,  dans  laPhthiotide, 
félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  13. 

NARTHAICUM.Kçye*.  NartMecium  Se  Nartha- 

CIENSIUM  MONS. 

NARTHECIS  ,  en  grec  Nafflau/c ,  petite  ifle  fur  la 
côte  de  celle  de  Samos ,  félon  Strabon  Se  Etienne  le 
géographe.  Suidas  écrit  Narthex.  On  trouve  cette  ifle 
à  la  droite ,  en  allant  à  la  ville  de  Samos  par  mer. 

NARTHECIUM  ,  ou  Narthacium,  lieu  de  la 
Thefialie,  félon  Xénophon  ,  Orat,  de  Agefilao ,  p. 
658.  Ortelius  croit  que  ce  pourroit  être  le  Napâasaoy 
de  Ptolomée.  Voyez  Narthacium  Se  NartHacien- 
sium  Mons. 

NARTHECUSA  ,  ifle  jointe  au  promontoire  Par- 
thenium  par  un  tremblement  de  terre  ,  félon  Pline  , 
/.  2.  c.  89.  mais  plus  bas,/.  5.  c.  31.  il  fait  entendre 
que  c'étoit  encore  une  ifle  aux  environs  de  celle  de  Rho- 
des. *  Chejtnus. 

1.  NARVA  ou  Nerva  (a)  y  rivière  de  Livonie. 
Elle  fort  du  lac  de  Peipus  ,  baigne  la  ville  de  Narva  dont 
elle  reçoit  le  nom  ,  Se  à  deux  lieues  au-defTous,  elle  va 
fe  jetter  dans  le  golfe  de  Finlande.  Elle  elt  presque  aufïï 
large  que  l'Elbe ,  mais  beaucoup  plus  rapide  ,  &  fes 
eaux  font  fort  brunes.  A  demi-lieue  au-deffus  de  la  ville, 
elle  a  un  faut  ;  ces  eaux  tombent  avec  un  bruit  effroya- 
ble &  avec  tant  de  violence  ,  qu'elles  fe  brifent  contre 
les  rochers  ,  Se  fe  réduifent  en  de  très-perites  gouttes 
Lorsque  le  foleil  y  donne  le  matin ,  on  y  voit  une  forte 


49  ! 

d  arc  en-ciel  aufli  admirable  que  celui  qui  fe  forme  quel- 
quefois dans  les  nues.  Ce  faut  fait  qu'on  eft  contraint 
de  décharger  en  cet  endroit-là  toutes  les  marchandifes 
que  l'on  envoie  de  Plefcow  Se  de  Derpt  à  Narva.  Cette 
rivière  a  cela  de  particulier  (£),que  fon  eau  ne  peut 
fournir  aucune  bête  venimeufe.  Cette  rivière  eft  la  mô» 
me  que  Welikarzcka  Se  Muldow.VoyezWELiKARZtKA. 
(a)  Olearins ,  Voyage  de  Mofcovie,  t.  1.  p.  85.  (b) 
Voyage  hi/tor.  de  l'Europe. 

2.  NARVA  ou  Nerva,  ville  de  l'empire  Ruffien  t 
dans  la  Livonie,  fur  la  rivière  de  Narva  qui  lui  donne 
fon  nom.  On  tient  que  cette  ville  fut  bâtie  par  Valde- 
rharll ,  roi  Danemark  en  1213.  Jean  Bafilcwitz,  grand 
duc  de  Moscovie,  la  prit  en  1558  ,  Se  Pontus  de  la  Gar- 
die  la  leur  enleva  en  ij8i.  Les  Suédois  en  demeurè- 
rent les  maîtres  jusqu'en  1704,  qu'elle  fut  reprife  par  le 
ézar  Pierre  le  Grand.  Narva  a  longtems  joui  des  pri- 
vilèges des  villes  Anféatiques  -,  mais  les  guerres  entre  la 
Moscovie  Se  la  Suéde  y  avoient  tellement  ruiné  le  com- 
merce ,  qu'il  a  été  longtems  à  fe  rétablir  :  il  ne  s'eft  mê- 
me relevé  qu'aux  dépens  de  celui  de  Revel.  La  guerre 
entre  les  Anglois  Se  les  Hollandois  fut  favorable  à  la 
ville  de  Narva  ;  le  commerce  d'Archangel  fe  trouvant 
alors  interrrompu  ,  les  vaiiTeaux,  qui  avoient  coutume 
daller  en  Moscovie ,  furent  obligés  de  fe  lérvir  du  ha- 
vre de  Narva.  Il  y  en  aborda  plus  de  60  en  1654.  On 
commença  après  cela  à  nettoyer  Se  aggrandir  la  ville  :  on 
y  fit  des  rues  neuves  Se  régulières  pour  la  commodité 
des  marchands  étrangers ,  Se  on  raccommoda  le  havre 
pour  faciliter  l'abord  dés  navires.  La  reine  Chriftine  dé 
Suéde  avoir  retiré  cette  ville  de  la  jurisdiction  générale 
du  gouvernement  de  la  province ,  Se  lui  avoir  donné 
un  vicomte  particulier  pour  juger  en  dernier  reffort  les 
affaires  ,  tant  féculieres  qu'eccléfiaffiques.  Le  château  e(t 
au-deçà  de  la  rivière  ,  Se  au-delà  fe  trouve  celui  d'Iwa- 
nogorod  ,  bâti  par  les  Moscovites  fur  un  roc  escarpé  , 
dont  la  rivière  de  Narva  fait  une  péninfule.  Au  pied  de 
ce  château  eft  un  bourg  qu'on  appelle  Narva  la 
Russienne  ,  pour  la  diftinguer  de  la  Narva  Teuto* 
nique  ou  Allemande.  Voyez  l'article  fuivant.  *  Olea- 
rins ,  Voyage  de  Moscovie  ,  t.  1.  p.  8j. 

3.  NARVA  LA  RUSSIENNE  ,  bourg  de  l'empire 
Rufiien ,  dans  l'Ingrie  ,  fur  la  rivière  de  Narva  ,  au  pied 
du  château  d'Iwanogorod.  Dans  le  tems  que  la  Livo- 
nie Se  l'Ingrie  appartenoient  aux  Suédois ,  ce  bourg  étoit 
habité  par  des  Moscovites ,  fujets  de  la  couronne  de 
Suéde  ;  mais  cette  couronne  ,  en  perdant  ces  provinces  , 
a  perdu  ce  bourg. 

i.NARVAR  ,  ville  des  Indes,  dans  les  états  du  grand 
Mogol ,  Se  dans  la  province  de  Halabas.  Cette  ville  eft 
allez  confidérable  ,  mais  les  peuples  y  font  rrès-fuperfti- 
tieux.  Ils  donnent  dans  tout  ce  qu'ils  voient  ^approu- 
vent toutes  les  actions  de  ceux  qui  font  paroître  de  la 
dévotion  ,  quelque  extravagantes  qu'elles  puiflent  être.  * 
Thevenot ,  Voyage  des  Indes,  p.  19$.  Delifle  ne  fait 
qu'une  ville  de  Halabofs ,  Se  une  province  de  Narvar. 

2.  NARVAR,  royaume  ou  province  des  états  du 
Grand  Mogol ,  dans  les  terres  :  il  eft  borné  au  nord  par 
les  royaumes  d'Agra  ,  de  Doab  &  de  Mevat  ;  à  l'orient 
par  celui  de  Patna  -,  au  midi  par  ceux  de  Bengale  Se  de 
Malva  ,  Se  à  l'occident  par  celui  d'Asmer  ,  Se  JeiTelmere,! 
Ses  principaux  lieux  font 


Narvar , 


Halabas , 


Gehud. 


*  De  l'I/le  ,  Carte  des  Indes  Se  de  la  Chine. 

■  3.  NARVAR,  petite  rivière  d'Afie ,  dans  l'Indouftan. 
Elle  a  fa  fource  au  couchant  méridional ,  Se  allez  près  de 
la  ville  de  Mandoa.  Elle  ferpente  d'orient  en  occident 
dans  le  pays  de  Candich  ,  fe  joint  avec  la  rivière  de  Ce- 
pra  ,  Se  forme  avec  elle  la  rivière  de  Nerdaba  ,  qui  pas- 
sant à  Baroche,  a  fon  embouchure  dans  le  golfe  de  Cam- 
baye.  *  De   l'IJle  ,  Carte  des  Indes  Se  de  la  Chine. 

NARULLA ,  ville  en-deçà  du  Gange.  Ptolomée, 
/.  y.  c.   1.  la  place  fur  le  PJettdoJtomiif. 

N  ARYCION  ,  ville  des  Locres  Ozoles ,  félon  Pline  , 
/.  4.  c.  7.  Suidas  &  Etienne  le  géographe  écrivent  Na- 
ryx  ,  NÛput;  Se  Naryciurn  ,  aafw.m.  *  Ortelii  Ths- 
faur. 

Tom,  IV.  Q  q  q  ij 


NAS 


492, 

NARYTIA.  Voyez.  Locri. 

NASABATH  ,  fleuve  de  la  Mauritanie  Céfarienfe  , 
félon  Pcolomée  ,  /.  4.  c.  2. Quelques  manufciits  grecs 
portent  Ha.a-a.ua.  ,  8c  celui  de  la  bibliothèque  Palatine 
écrit  N*oW<srr.  Pline  ,  /.  j.  c.  2.  le  nomme  Nabar  ;  8c 
Marmol ,  /.  j.  c.  49.  dit  qu'on  l'appelle  Hael-elle-quïbir 
ou  Rio  dï  Zinganor.  Selon  ce  dernier  géographe ,  Na- 
fabath  a  fon  embouchure  au  levant  de  la  ville  de  Bu- 
gie.  Cette  rivière  eft  aflez  petite ,  mais  elle  s'enfle  ex- 
traordinairemcnt ,  quand  les  neiges  fe  fondent.  Elle  eft 
très  poiflbnneufe.  Dans  le  tems  que  Bugie  appartenoit 
aux  Chrétiens ,  il  n'entroit  point  de  vaiffeaux  dans  cette 
rivière  ,  à  caufe  du  fable  qui  étoit  à  fon  embouchure. 
Cependant  la  même  année  que  Salharraes  prit  Bugie  ,  il 
plut  tant ,  que  les  eaux  emponetent  la  barre  de  la  ri- 
vière ■■,  il  y  entra  depuis  des  galères  8c  des  galiotes ,  & 
même  de  gros  vaifleaux.  Ils  y  font  à  couvert  de  la  tem- 
pête ;  ils  ne  peuvent  être  incommodés  que  du  vent  du 
nord.  La  rivière  Nasabath  pane  entre  les  montagnes 
de  Coco  8c  d'Abez  ,  l'une  au  feptentrion  ,&  l'autre  au 
midi. 

NASABUTES  ou  Nazabutes  ,  peuples  de  l'Afri- 
que propre.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  les  place ,  dans  la  par- 
tie occidentale ,  entre  les  Mifulam&  les  Nifibes  ,au-des- 
fous  des  premiers,  &  au-deflus  des  derniers.  Quelques 
interprêtes,  au  lieu  de  Nazabutes  ,  lifent  Natabutes. 

NASA1TENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ;  mais  dont 
on  ne  connoît  point  la  province.  La  notice  épiscopale 
d'Afrique  fournit  feulement  le  nom  Nafaitenfis  ;  &  la 
conférence  de  Carthage  nous  apprend  que  Liber alis  > 
episcopus  loct  Nafaitenfis  ,  y  fut  préfent. 

NASAMONES,  peuples  d'Afrique,  félon  Hérodote , 
/.  i.c.  32.  Ils  étoient  nombreux,  habitoient  la  Syrte , 
ÔC  étoient  fitués  à  l'occident  des  Auschifœ.  Dans  l'été,  ils 
lailToient  leurs  troupeaux  le  long  des  côtes  de  la  mer  ,  8c 
fe  rendoient  à  un  lieu  ,  dans  les  terres  ,  nommé  Augila 
pour  y  cueillir  des  dattes.  Lorsqu'ils  prenoient  des  faute- 
relles  à  lachaffe  ,  ils  les  faifoient  fécher  au  foleil  8c  les 
nettoient  en  poudre  ,  ils  jettoient  enfuite  du  lait  fur 
cette  poudre  8c  avaloient  le  tout.  Ils  prenoient  plufieurs 
femmes  ;  mais  la  première  nuit  des  noces ,  la  femme 
s'abandonnoit  à  tous  les  convives  ,  qui  après  avoir 
habité  avec  elle ,  lui  faifoient  chacun  un  préfent.  Ils 
avoient  l'ufage  du  ferment  8c  de  la  divination  ;  ils  ju- 
roient  au  nom  des  perfonnes  qui  avoient  vécu  avec 
probité  ,  8c  ce  jurement  fe  failbit  en  touchant  leurs  tom- 
beaux :  pour  prédire  ,  ils  fe  rendoient  aux  tombeaux 
de  leurs  ancêtres  ;  après  avoir  fait  leurs  prières  ,  ils  s'en- 
dormoient ,  8c  tout  ce  qu'ils  revoient  durant  le  fom- 
meil  étoit  réputé  pour  des  prédictions.  Quand  deux 
perfonnes  vouloient  fe  donner  la  foi,  elles  buvoient 
dans  la  main  l'une  de  l'autre  •■,  fi  elles  n'avoient  aucune 
liqueur  ,  elles  prenoient  de  la  pouflîere  qu'elles  lé- 
choient.  Ptolomée ,  /.  4.  c.  y.  place  ces  peuples  dans 
la  partie  feptentrionale  de  la  Marmariquc  ,  entre  les 
AuçiLcSclcs  Bacatœ  8c  dans  le  voifinage  des  Auschifœ, 
ce  qui  convient  aflez  à  la  fituation  que  leur  donne  Hé- 
rodote. Pline  ,  /.  4.  c  5.  leur  donne  aufli  la  même  po- 
fition  en  les  plaçant  dans  la  Syrte  i  mais  il  met  au-des- 
fous  d'eux  les  Hasbitœ  8c  les  Mac£.  11  ajoute  que  les 
Nasamones  avoient  été  appelles  Mesammones  par 
les  Grecs  ,  parce  qu'ils  étoient  fitués  au  milieu  des  fables. 

NASANIA_,  fontaine  dans  la  forêt  d'Ardcnne,  fé- 
lon Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  la  vie  de  S.  Monon. 

NASAUA.  Voyez.  Nasabath. 

NASAUDUM,  ville  d'Ethiopie,  fous  l'Egypte,  fé- 
lon Pline  ,  /.  6.  c.  19. 

NASBANA  ,  ville  des  Indes  ,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c .  1.  la  place  à  l'occident  de  ce  fleuve  ,  dont 
il  die  qu'elle  étoit  lin  peu  éloignée.  Quelques  inter- 
prètes lifent  Sabana. 

NASBINCENSIS,  fiégc  épiscopal  d'Afrique,  dans 
la  Mauritanie  Céfarienfe.  L'unique  monument  que  l'on 
en  ait ,  eft  la  notice  épiscopale  d'Afrique ,  n°.  39.  où  l'on 
trouve  Januarius  Nasbincenfis  ,  nommé  entre  les  évê- 
ques  de  cette  province. 

1.  NASCA  ou  la  Nasca  ,  lieu  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,fur  la  côte  du  Pérou ,  dans  l'Audience  de  Lima , 
environ  à  15  deg.  de  latitude  méridionale,  entre  le 
port  S.  Nicolas  &  le  cap  de  Saugalla.  Ce  lieu  efl  à  l'em- 


NAS 


bouchure  d'une  petite  rivière  qui  forme  une  efpece  de 
cap.  *  De  l'IJle ,  Carte  de  la  terre  ferme  du  Pérou. 

2.  NASCA  ,  nom  d'une  montagne  ,  félon  Serapion  , 
Cap.  de  Vifco,  cité  par  Ortelius, 

NASCARO  ,  rivière  d'Italie  ,au  royaume  de  Naples, 
dans  la  Calabre  ultérieure.  Elle  a  fa  fource  dans  l'A- 
pennin ,  auprès  du  village  Marulata.  Son  cours  eft  du 
nord  -  oueft  au  fud-eft  ,  depuis  fa  fource  jusqu'à  Bel- 
caftro  ,  8c  depuis  cette  petite  ville,  dont  elle  mouille  les 
murailles ,  elle  court  du  nord  au  fud.  Elle  a  fon  em- 
bouchure dans  le  golfe  Squilacci ,  entre  l'embouchure 
du  Tacina  à  l'orient ,  8c  celle  de  la  petite  rivière  d'Aco-. 
ni  à  l'occident.  Cette  rivière  s'appelloit  anciennement 
Cirus.  *  Ant.  Magini  Calabria  ultra. 

NASCI ,  peuples  de  la  Sarmatie  Européenne  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  3,  c.  4.  qui  les  met  au  voifinage  des  monts 
Riph&i ,  auprès  des  Acibi ,  «Se  au-deflus  des  Vibiones  & 
des  Idrœ. 

NASCICA.  Voyez.  Calaguris. 

NASCUS ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Pline  ,  /.  6.  c. 
28.  la  met  dans  les  terres ,  de  même  que  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  7.  qui  en  fait  une  métropole.  Quelques  inter- 
prêtes ,  au  lieu  de  Nascus  ,  lifent  Maocosomos.  Ammien 
Marcellin  écrit  Nafcum. 

NASENUR.  La  table  de  Peutinger  place  une  Iflc 
de  ce  nom  entre  la  Gaule  Belgique  &  lifte  des  Bre- 
tons. *  Ortelii  Thefaur. 

1.  NASIBINE  ,  ville  de  Perfe  ,  dans  le  Courdiftan. 
Elle  eft  fituée  à  j6  d.  30  m.  de  longitude  ,  fous  les  37 
d.  de  latitude.  *  Feus  de  la  Croix ,  Hift.  de  Timur-Bec  , 
/.  ;.  c.  31. 

2.  NASIBINE ,  ifle  de  Perfe ,  dans  la  province  de 
Hamid  Eïli ,  au  milieu  du  Iac-Falac-Abad  On  y  avoir 
bâti  une  forterefle  ,  avec  des  maifons  8c  des  jardins.  Ti- 
mur  Bec  prit  cette  forterefle  en  1413. 

NASIBIS.  Voyez.  Nisibis. 

NASICA,  ville  des  Jndes,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c.  1.  la  nomme  parmi  les  villes  qui  étoient 
à  l'orient  du  Gange. 

NASIUM,  ancienne  ville  ou  forterefle  des  Gaules, 
chez  les  Lcuci ,  fur  la  rivière  d'Orne  ,  entre  Andelot 
8c  Toul.  Ptolomée ,  /.  2.  c .  9.  met  deux  villes  dans  le 
pays  des  Leuci  ;  favoir ,  Tullum  8c  Nafîum ,  8c  l'iti- 
néraire d'Antonin*  place  Nafium  entre  Caturrigœ  ôc 
Tullum ,  à  feize  milles  de  celle-ci  ,  &  à  neuf  milles 
de  la  première  ,  fur  le  chemin  de  Durocoriorum  à 
Divordurum.  Frédégaire  ,  Cbron.  I.  5.  c.  38.  défigne  la 
fituation  de  ce  lieu  en  ces  termes  :  Anno  XVII.  regni 
Theuderici  Lingonas  de  univerfis  regni  fui  provinciis 
menfe  Madio  exercitus  adunatur  :  dirigensque  per  An- 
delaum ,  Nafio  cafiro  capto  ,  Tullum  civitatem  perrexit. 
On  voit  par-là  que  Nafium  étoit  fur  le  chemin  d'An- 
delot  à  Toul.  Nous  en  trouvons  une  nouvelle  preuve 
dans  la  chronique  de  l'abbaye  de  S.  Béngine  de  Dijon  , 
8c  l'auteur  de  cette  chronique  ajoute  de  plus  ,  que  Na- 
fium. étoit  fituée  fur  la  rivière  d'Orne  :  ainfi  en  allant  de 
Langtes  à  Touî  ,  &  panant  par  Andelot ,  on  rencon- 
troit  Nafium  fur  la  rivière  d'Orne.  Comme  il  y  a  encore 
aujourd'hui  fur  l'Orne  deux  villages  ,  l'un  nommé  le 
petit  Nanci ,  l'autre  le  grand  Nanci ,  il  eft  hors  de  doute 
que  l'un  ou  l'autre  ne  foit  le  Nafium  des  anciens  ,  puis- 
qu'ils en  confervent  8c  le  nom  8c  la  fituation.  Quel- 
ques-uns ont  cru  que  Nanci  ,  la  capitale  de  la  Lorraine , 
étoit  cet  ancien  Nafium  ;  mais  ce  fentiment  ne  peut  fc 
foutenir ,  car  Nafium  étoit  entre  Andelot  8c  Toul.  Ceux 
qui  veulent  que  Nafium  foit  le  village  de  Nus ,  dans 
le  duché  de  Bar  ,  à  douze  milles  de  Nanci ,  ne  font 
pas  mieux  fondés  :  la  fituation  de  Nafium  (m  l'Orne, 
entre  Andelot  &  Toul ,  y  répugne.  *  Hadr.  Valefii 
Not.  Gall.  p.  371. 

1.  NASO  ou  Nasso  ,  bourg  8c  château  de  Sicile, 
avec  titre  de  comté,  dans  le  val  Démona  ,fur  une  mon- 
tagne ,  au  pied  de  laquelle  pafle  une  rivière  de  même 
nom.  Ce  bourg  eft  environ  à  quatre  milles  de  la  côte 
feptentrionale  de  l'Ifle  ,  au  fud-oueft  du  fort  de  Brolo  , 
&  au  fud-eft  du  cap  d'Orlando.  *  De  l'Ifle ,  Atlas. 

2.  NASO  ou  Nasso  ,  rivière  de  Sicile  ;  dans  le  Val 
Démona  :  elle  a  fa  fource  entre  Ucria  8c  Raccuria  ,  court 
l'cfpacede  quelques  milles  du  fud-eft  au  nord-oueft,^&: 
baigne  Uciia  8c  Caftania  ;  après  quoi ,  tournant  du  côté 


NAS 


NAS 


du  nord  ,  elle  paficauprès  du  château  deNàfo  ,  Se  va  Ce 
décharger  dans  la  mer ,  entre  le  cap  d'Orlando  8c  le 
fort  de  Brolo. 

NASONNACUM.  Il  eft  parlé  d'une  ville  de  ce  nom 
dans  le  douzième  livre  du  code,  th.  1 1.  aufllbien  que 
dans  le  code  Théodofien  ,  Th.  6.  de  Prœtoriù. 

NASOR.  Voyez.  Asor. 

NASOS  ,  ville  du  Péloponnèfe  ,  félon  Paufanias , 
in  Arcad.  I.  8.  c.  i$. 

NASOTIANI,  peuples  d'Afie.  Pline,  /.  3.  c.  16. 
femble  les  placer  aux  environs  de  la  Sogdiane. 

NASQUE  ou  Nesque  ,  rivière  de  France  ,  dans  la 
Provence.  Elle  prend  fa  fource  dans  les  Omergues  de 
Forcalquier  au  diocèfe  de  Cifteron ,  pafife  à  Sault ,  tra- 
verfele  diocèfe  de  Carpentras ,  ôc,  après  avoir  reçu  un 
ruiffeau  à  la  gauche  ,  ôc  l'Aufon  à  la  droite  ,  elle  va  fe 
joindre  à  la  Sorgue  un  peu  avant  que  cette  dernière  ri- 
vière fe  décharge  dans  le  Rhône. 

NASSA  ou  Nessa  ,  bourgade  d'Afie,  dans  le  terri- 
toire deFarganah.  C'eft  la  première  qu'on  trouve,  quand 
on  entre  dans  cette  ville  du  côté  de  Khogend.  Elle  eft  di- 
vifée  en  haute  ôc  en  baffe  bourgade.  La  première  eft  ap- 
pellée  Najfa-Aliah  ,  parce  qu'elle  eft  fituée  fur  une 
montagne  couverte  de  bois ,  ôc  où  l'on  recueille  beau- 
coup de  poix  ôc  de  raifine  :  l'autre  eft  nommée  NaJJa- 
Alfefeli  ,  parce  qu'elle  eft  dans  une  plaine  fort  unie  ,  où 
il  n'y  a  pas  la  moindre  hauteur.  *  D'Hcrbelot ,  Bi- 
blioth.  orient. 

NASSAFou  Nesef.  Voyez.  Neckscheb. 

NASSARloti  Nausari  ,  petite  ville  des  Indes ,  dans 
les  états  du  Grand  Mogol ,  au  royaume  de  Guzurate ,  ôc 
à  fix  lieues  de  la  ville  de  Surate,  vers  le  midi.  Elle  eft 
fttuée  environ  à  deux  lieues  de  la  mer.  On  y  fait  quan- 
tité de  groffes  toiles  de  coton  ,  ôc  c'eft  dans  ce  quar- 
tier là  que  l'on  coupe  le  bois  qui  s'emploie  dans  tout 
le  royaume  ,  au  bâtiment  des  maifons  Se  des  navires. 
*  Mandefl» ,  Voyage  des  Indes  ,1.   1.  p.  194. 

NASSARIES  (  Les  ).  Voyez.   Nazerinorum  Te- 

TRARCHTA. 

NASSARO  ,  Naxaro  ou  Casal  Nasehar  ,  vil- 
lage de  Pifle  de  Malte  ,  à  deux  ou  trois  lieues  de  la  cité 
de  la  Valette  ,  du  côté  du  feptentrion.  Il  eft  orné  d'une 
fort  belle  églife.  Tout  auprès  ,  on  voit  un  beau  jardin 
de  plaifance  ,  appelle  Saint  Antoine  ,  du  nom  du  grand- 
maître  qui  le  fît  planter.  Ce  jardin  eft  grand  ,  ôc  divifé  en 
plufieurs  autres  jardins  ,  ou  quartiers  plantés  de  vignes  , 
d'orangers  ,  de  limonniers,  de  grenadiers  ,  de  citron- 
niers ,  d'oliviers.  Il  eft  de  plus  embelli  d'un  palais  mé- 
diocrement grand  ,  &  orné  de  plufieurs  fales  ,  cham- 
bres ,  fontaines  ôc  jets  d'eau.  *  Dapper  ,  Defcript.  des 
ifles  d'Afriqde  ,  p.  517. 

1.  NASSAU  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  cer- 
cle du  Haut-Rhin  ,  Se  dans  un  comté  auquel  elle  don- 
ne fon  nom  ,  à  fut  milles  de  Hâger ,  Se  à  deux  de  Dietz , 
fur  la  rive  droite  de  Lohn  ,  que  l'on  y  paffe  fur  un  pont 
de  pierres  qui  a  dix  arches.  Son  terrein  eft  fort  maré- 
cageux. De  l'autre  côté  de  la  rivière  ,  fur  une  hauteur  , 
on  voit  un  château  nommé  Stein  ,  dont  le  pied  eft  lavé 
des  eaux  de  la  Lohn  ;  Se  fur  une  montagne  plus  haute 
Se  ifolée  eft  l'ancien  château  de  Naflau  ,  qui  a  donné 
le  nom  au  pays  &  à  l'illuftre  maifon  ,  qui  a  fourni  un 
empereur  à  l'Allemagne  ,  un  roi  à  l'Angleterre  ,  des 
ftadhouders  à  la  république  des  Provinces-Unies  ,  ôc 
des  ducs  à  la  Gueldre. 

2.  NASSAU  ,  pays  d'Allemagne  ,  avec  titre  de  com- 
té. Ce  pa^  renferme  plufieurs  autres  comtés  partagés 
entre  un  afTez  grand  nombre  de  branches  ,  qui  portent 
les  unes  le  titre  de  prince  ,  les  autres  celui  de  comte, 
Se  qui  prennent  chacune  le  nom  de  leur  réfidence  ; 
favoir , 


Siegen, 

Dillenbourg, 

schaumbourg, 


DlETS   , 

Hadamar , 
Verburg&Idstein. 


On  peut  voir  ces  articles ,  chacun  en  leur  rang  par- 
ticulier. Le  pays  de  Naflau  eft  montueux  en  quelques 
endroits,  uni  en  d'autres -,  une  partie  eft  couverte  de  fo- 
rêts ,  une  autre  peuplée  de  vignes  ;  en  d'autres  endroits 
il  y  a  de  gras  pâturages  Se  àes  terres  fertiles  qui  pro- 


495 

duifent  du  froment  ôc  des  légumes.  On  y  trouve  auiïi 
des  mines  de  plomb  ôc  de  cuivre,  &  une  pierre  donc 
on  tire  une  certaine  maffe  de  fer  qui  fert  à  faire  des 
marmites  ,  des  enclumes  ,  ôec.  La  principale  forêt  eft 
celle  de  Weftcrwald  :  les  autres  font  Kaldt-Eych  ,  Hei- 
ger-Struth ,  Schelder-Waldt  ,  Horre  ôc  Calmberg.  Là 
Lohn,  le  Dill  ôc  le  Siegen  font  les  principales  rivières. 
Le  comté  de  Naffau  a  toujours  été  mis  au  rang  des 
fiefs  les  plus  libres  de  l'Empire  ,  comme  ne  reconnois- 
fant  que  l'empereur ,  ôc  jouifTant  de  tous  les  privilèges 
&  de  toutes  les  prérogatives  dont  jouiffent  les  comtes 
de  l'Empire,  ôc  particulièrement  du  pouvoir  de  battre 
monnoie  d'or ,  d'argent  ôc  de  cuivre.  La  maifon  de 
NafTau  pofTéde  encore  dans  le  Weftreich ,  aux  confins 
delà  Lorraine,  les  comtés  de  Saarbruck  &  de  Saar- 
Werden.  Voyez,  ces  articles  particuliers. 

3.  NASSAU  ,  forterefTe  des  Pays-Bas ,  entre  Berg  op- 
Zom  ôc  Tholen  ,  dans  les  marais. 

4.  NASSAU  (Le  cap  de  ).  Dans  le  temsqueles  Hol- 
landois  cherchoient  dans  le  Nord  un  chemin ,  pour 
pafler  dans  les  mers  d'Orient ,  ils  donnèrent  le  nom 
de  Naffau  à  plufieurs  endroits  des  côtes.  Ces  noms 
pour  la  plupart  n'ont  pas  été  confervés  :  le  cap  de  Naffau 
eft  de  ce  nombre. 

).  NASSAU,  ifle  de  l'Océan  Indien.  Voyez.  Isle  de 
Nassau. 

6.  NASSAU,  château  en  Afrique.  Voyez.  Fort  de 
Nassau. 

7.  NASSAU,  détroit  entre  la  nouvelle  Zemble  & 
les  Samoyedcs.  Voyez.  Fort  de  Nassau. 

NASSAVELS.  Voyez.  .Nassenfels. 

NASSENFELS,  beau  bourg  d'Allemagne,  en  Fran- 
conie ,  dans  l'état  de  l'évêque  d'Aichftadt.  Aventin, 
Annal.  Boior.  ôc  le  père  Gretzer  ,  De  episetp.  Eycb- 
ftedt.  p.  ij  5.  le  prennent  pour  l'ancienne  Aureatum, 
ôc  en  rapportent  beaucoup  d'antiquités.  On  prétend 
que  la  cour  qui  eft  dans  le  château  fur  une  roche  eft 
un  ouvrage  des  Romains.  Les  payfans  y  ont  quelque- 
fois trouvé  dans  la  terre  d'anciennes  monnoics,  des  ar- 
mes telles  que  celles  dont  fe  fervoient  les  païens,  & 
des  épées  rompues.  *  Zeyler  ,  Francon.  topogr.  pag. 

71- 

NASSIBIN.  Voyez,  Nisibe. 

NASSO,  ou  Asso  ,  forterefTe  de  l'ifle  de  Céfalonie, 
dans  la  partie  orientale.  Les  Vénitiens  relevèrent  eii 
lS9S  Pour  ta  défenfe  de  l'ifle,  que  la  ville  de  Céfalo- 
nie feule  ne  pouvoit  pas  mettre  en  fureté  contre  les 
infulres  des  ennemis.  Cène  forterefTe  eft  fituée  fur  une 
montagne  très  haute,  qui  forme  en  cet  endroit  une  pé- 
ninfule  environnée  de  la  mer  de  trois  côtés  ,  ôc  qui  eft 
très-escarpée.  Ses  fortifications  font  proportionnées  à 
l'inégalité  du  terrein  -,  de  forte  qu'il  n'y  fimt  pas  chercher 
de  régularité.  L'ifthme  ,  qui  communique  de  l'ifle  à  la 
forterefTe  ,  n'a  que  vingt  pas  de  largeur  ;  &  on  a  même 
parlé  plufieurs  fois  de  le  couper  pour  rendre  la  forte- 
refTe entièrement  ifolée.  On  y  compte  foixante  bâtimens 
publics  deftinés  au  logement  des  officiers  Se  des  fol- 
dats  ,  Se  a.  fervir  de  magazins  pour  les  munitions:  il 
peuï  y  avoir  outre  cela  deux  cens  maifons  de  particu- 
liers. Le  petit  port  ,  qui  eft  au  pied  ,  ne  peut  êtred'auJ 
cune  utilité,  parce  que  les  torrens  qui  tombent  des 
montagnes  dans  les  tems  de  pluie ,  le  rempliffent  de 
pierres  ;  ôc  l'on  ne  fauroit  y  apporter  de  remède.  *  Ije- 
lario ,  del  P.  Coroticllï,  p.  177. 

NASSONY  ou  Assony  ,  peuples  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  la  Louïfiane  ,  à  trois  lieues  des  Naou- 
dikhes ,  du  côté  de  l'orient.  Ils  font  alliés  des  Cenis^ 
De  la  Salle,  qui  les  reconnut  dans  le  tems  qu'il  cherchoic 
le  Miffiffipi,  les  nomme  Assony.  Le  P.  Anaftafe  Ré- 
collet ,  qui  accompagnoit  de  la  Salle,  les  appelle  Nas- 
sony  :  d'autres  écrivent  As-sinais.  Il  paroît  qu'il  y  en 
a  deux  colonies  :  Tune  près  de  Cenis  ;  c'eft  celle  dont  il 
eft  parlé  au  commencement  de  cet  article  ;  l'autre  près- 
dès  Cododaquios  ,  Se  alliés  de  ceux-ci.  On  appelle  à 
préfent  les  derniers  Nassonis. 

NASSUNIA  ou  Nasunia  ,  ville  de  la  Sarmatie  Afia- 
tique.  Ptolomée,  /.  5.  c.  5.  dit  qu'elle  étoic  fur  le  haut 
d'une  montagne. 

NASTEDE  ,-beau  bourg  d'Allemagne,  dans  la  Wet- 
téravie ,  au  bailliage  de  Hohnftein  ,  à  un  demi-mille 


NAT 


494 

de  Grima  qui  étoit  autrefois  un  monaftere  ,  Se  qui  eft 
pféfentement  un  hôpital.  *  Zeyler ,  Topogr.  Hafiïx  , 
Se  finitirp.  reg.  pag.  72. 

NASTUS.  Voyez.  Nestus. 

NASUS,  lieu  dans  i'Arcadie,  félon  Paufanlas,  in 
Arc  ad.  I.  8.c.  2.3. 

NATA ,  ville  de  l'Amérique  méridionale  ,  dans  le 
gouvernement  de  Panama.  Elle  eftfituée  fur  la  baie  de 
Parita  ou  de  Paris,  à  trente  lieues  de  Panama  vers  l'oueft; 
&  on  l'appelle  aufîî  San  Jago  de  Nata.  Son  terroir  eft 
fertile,  plat  Se  agréable.  11  eft  fermé  du  côté  du  Nord 
par  les  montagnes  d'Urraca,  ou  de  Veragua.  Après  le 
golfe  de  Parita,  s'élève  le  cap  Chama,  où  le  rci  Chia- 
pes  commandoit ,  quand  Balboa  découvrit  la  mer  du 
Sud.  Vers  le  levant  de  la  petite  ville  de  Nata ,  on  ren- 
contre d'abord  la  rivière  de  Coquira  ou  de  Chcpo  ;  puis 
celle  de  las  Balfas  ;  Se  la  côte  fe  courbant  de-là  vers  le 
fud  ,  on  trouve  le  golfe  de  San  Niguel ,  au  fond  duquel 
fc  décharge  la  rivière  de  Congos.  *  Laet ,  Defcript.  des 
Indes  occident.  1.  8.  c.  10. 

NATAL,  pays  d'Afrique  dans  la  Cafrerie,  comprend 
environ  3  deg.  Se  demi  de  latitude  du  nord  au  fud ,  puis- 
qu'il eft  fitué  entre  le  3 1  deg.  30  min.  &  le  28  deg.  de 
latir.  méridion.  11  eft  borné  au  fud  par  un  pays  qu'une 
petite  nation  de  Sauvages  habite  :  ils  demeurent  dans  des 
cavernes  ou  trous  de  rochers ,  Se  n'ont  ainfi  d'autres  mai- 
fons  que  celles  que  la  nature  leur  fournit.  Ils  font  bafanés, 
ont  la  taille  perite  &  les  cheveux  crépus.  Ils  patient  pour 
fort  cruels  envers  leurs  ennemis  :  ils  tirent  de  l'arc, 
Se  fe  fervent  de  flèches  empoifonnées.  Les  Hottentots 
font  leurs  voifins  au  fud.  Le  pays  de  Natal  eft  borné  au 
nord  par  la  rivière  Dellagoa  qui  eft  navigable.  Ceux  qui 
habitent  auprès  de  cette  rivière,  ont  commerce  avec  les 
Portugais  de  Mozambique,  qui  s'y  rendent  fur  de  peti- 
tes barques ,  Se  leur  achètent  des  dents  d'éléphant ,  dont 
ils  ont  grande  abondance.  Quelques  Anglois  y  font  aufli 
allés  depuis  peu  dans  la  même  vue  ,  entr'autres  le  capi- 
taine Freke,  qui  après  avoir  embarqué  huit  ou  dix  ton- 
neaux de  dents  d'éléphant ,  eut  le  malheur  d'échouer 
fur  un  roc  proche  de  Madagascar.  Le  capitaine  Rogcrs 
y  a  été  auflî  à  bord  d'un  vaifleau  qu'il  commandoit.  Ce 
pays  eft  borné  à  l'eft  par  la  mer  des  Indes  ;  mais  on  ne 
fait  pas  encore  jusqu'où  il  s'étend  à  l'oueft.  Le  quartier 
qui  regarde  la  mer ,  eft  un  pays  de  plaines  Se  de  forêts; 
mais  plus  avant  dans  les  terres ,  il  y  a  plufieurs  monta- 
gnes de  différentes  hauteurs.  On  y  voit  un  mélange  fort 
agréable  de  vallées  Se  de  grandes  plaines ,  de  bocages  & 
de  favanes.  On  n'y  manque  pas  d'eau  non  plus,  puisque 
toutes  les  montagnes  en  fournitient ,  &  qu'il  en  décou- 
le une  infinité  de  petits  ruifleaux ,  qui ,  après  plufieurs 
tours  &  détours,  fe  joignent  enfemble  Se  forment  la  ri- 
vière de  Natal,  qui  fe  décharge  dans  l'Océan  oriental 
des  Indes ,  au  trentième  degré  de  latitude  méridionale. 
Son  embouchure  eft  aflez  large  Se  profonde  ,  pour  re- 
cevoir de  petits  vaifleaux  ;  mais  il  y  a  une  barre  ,  fur  la- 
quelle on  n'a  pas  plus  de  dix  à  douze  pieds  d'eau,  dans  les 
plus  hautes  marées ,  quoique  l'on  trouve  aflez  de  pro- 
fondeur au-delà.  11  y  a  d'autres  rivières  qui  courent 
vers  le  nord  ,  fur-tout  une ,  qui  eft  aflez  confidérable  , 
à  cent  milles  ou  environ  de  la  mer,  Se  qui  court  droit 
au  nord.  Les  bois  font  remplis  de  diverfes  fortes  d'ar- 
bres de  haute  futaie,  dont  les  uns  fout  fort  gros ,  &  pro- 
pres à  tous  les  ouvrages  de  charpente.  Les  favanes  y 
font  aufli  revêtues  de  très  bonne  herbe  ,  foire  épaifle. 
Entre  les  animaux  terreftres ,  on  voit  ici  des  lions ,  des 
tigres ,  des  éléphans ,  des  bufles  ,  des  bœufs,  des  bêtes 
fauves,  des  cochons,  des  lapins,  &c.  Il  y  a  aufli  quan- 
tité de  chevaux  marins  ,  ou  de  vaches  de  montagnes. 
On  y  apprivoife  les  bufies  ,  les  bœufs,  mais  les  autres 
font  tous  fauvages.  Les  éléphans  y  font  fi  communs  , 
qu'on  en  voit  des  bandes  de  mille  ou  quinze  cens.  Soir 
Se  matin  ,  on  leur  voit  brouter  l'herbe  dans  les  favanes; 
mais  durant  la  chaleur  du  jour,  ils  fe  retirent  dans  les 
bois.  Du  refte  ils  font  fort  paifibles ,  pourvu  qu'on  ne 
les  inquiète  pas.  Il  y  a  aufli  un  grand  nombre  de  bêres 
fauves ,  que  les  naturels  du  pays  laiflent  vivre  tranquil- 
lement dans  les  favanes  avec  le  bétail  domeftique.  11 
y  a  des  canards  fauvages  Se  domefliques  ,  des  farce  lies  , 
quantité  de  coqs  Se  de  poules;  outre  une  infinité  d'oi- 
fèaux  fauvages  qui  nous  font  inconnus.  On  y  en  trou- 


NAT 


ve  d'une  efpéce ,  qui  eft  aflez  rare  Se  timide ,  de  la 
groflèur  d'un  paon ,  Se  dont  le  plumage  eft  bigarré  de 
très-belles  couleurs.  11  y  en  a  d'autres,  qui  reflemblent  à 
nos  corlieux  ,  quoiqu'ils  foient  plus  gros ,  Se  dont  la 
chair  eft  noire,  mais  de  bon  goût  Se  fort  faine.  La  mer 
Se  les  rivières  abondent  en  poiflon  de  diverfes  for- 
tes ;  mais  les  habitans  du  pays-  ne  prennent  guère  que 
des  tortues  ,  fur-tout  lorsqu'elles  viennent  de  nuit  pon- 
dre à  terre.  Quelquefois  ils  les  pèchent  d'une  manière 
aflez  plaifante.  Ils  ont  pour  cet  effet  un  poiflon  en  vie  , 
qu'on  appelle  Rémore,  Se  après  lui  avoir  mis  un  cor- 
don à  la  tête  &  un  autre  à  la  queue,  pour  le  tenir  bien 
ferme ,  ils  le  jettent  dans  l'eau  à  l'endroit  où  les  jeunes 
tortues  fe  rendent.  Le  poiflon  ne  manque  pas  de  s'atta- 
cher d'abord  fur  le  dos  de  quelqu'une ,  &  dès  que 
les  pêcheurs  s'en  apperçoivent ,  ils  les  titent  tout  d'un 
coup  l'un  &  l'autre.  La  principale  occupation  des  ha- 
bitans eft  l'agriculture.  Ils  ont  quantité  de  taureaux ,  de 
vaches ,  dont  ils  prennent  grand  foin  ;  Se  quoique  ces 
bêtes  s'entremêlent  dans  les  favanes ,  chacun  connoît 
celles  qui  font  à  lui.  D'ailleurs  ils  ont  de  petits 
pates  tout  auprès  de  leurs  maifons,  pour  y  tenir  leurs 
vaches,  &  les  accoutumer  à  fe  laitier  traire.  Ils  enfer- 
ment leurs  champs ,  pour  empêcher  le  bétail  d'y  en- 
trer. Il  n'y  a  ni  arts  ni  métiers  établis  parmi  eux  ;  mais 
chacun  fait  pour  foi  ce  qui  lui  eft  nécefiaire  ,  foit  pour 
la  vie  ou  l'ornement ,  les  hommes  d'un  côté ,  &  les 
femmes  de  l'autre.  Le  hommes  bâtitient  les  maifons , 
châtient,  plantent,  Se  gouvernent  toutes  les  affaires  du 
dehors.  Les  femmes  vont  traire  les  vaches ,  apprêtent  à 
manger ,  &  ont  foin  de  tout  ce  qui  regarde  le  domefti- 
que. *  Dampier ,  Voyage  autour  du  monde ,  tome  2. 
page  141. 

Leurs  maifons  ne  font  ni  grandes,  ni  richement  gar- 
nies ;  mais  elles  font  fi  ferrées   Se  fi  bien  couvertes  de 
paille ,  que  les  vents  Se  la  pluie  ne  fauroienty  pénétrer. 
Les  hommes  vont  presque  tout  nuds,  puisqu'ils  ne  por- 
tent d'ordinaire  qu'un  morceau  carré    d'étoffe  ,  faite 
d'herbe  à  foie ,  ou  d'écorce  de  Moho  ,  en  forme  de  ta- 
blier court.  Aux  deux  bouts  d'en  haut ,  il  y  a  deux  cor- 
dons, qui  fervent  à  l'attacher  autour  de  la  ceinture  ,  Se 
au  bas  il  y  a  une  jolie  frange  de  la  même  étoffe ,  qui  leur 
pend  jusqu'aux  genoux.lls  portent  des  bonnets  faits  de  fuif 
de  bœuf,  Se  hauts  d'environ  neuf  ou  dix  pouces.  Us  y  tra- 
vaillent long-tems,  parce  que  le  fuif  doit  être  bien  épuré, 
auparavant  qu'on  le  puifle  employer  à  cet  ufage.  Ils  n'en 
mettent  qu'un  peu  à  la  fois,  ôc  ils  le  mêlent  fi  bten  avec 
leurs  cheveux,  qu'il  y  demeure  toujours  collé  dans  la  fui- 
te. Lorsqu'ils  vont  à  la  chafle  ,  ce  qui  n'arrive  guère,  ils 
en  ôtent  trois  ou  quatte  pouces  du  fommet,  afin  qu'il 
tienne  mieux  fur  la  tête  ;  mais  ils  ne  manquent  pas  de  le 
réparer  le  lendemain.  Ce  feroit  la  chofe  du  monde  la 
plus  ridicule,  fi  un  homme  y  paroiflbit  fans  avoir  un  bon- 
net de  fuif  fur  la  tête  ;  mais  ils  ne  commencent  à  le  con- 
ftruire  qu'après  avoir  atteint  un  âge  raifonnable ,  Se  il 
n'eft  pas  permis  aux  jeunes  garçons  d'en  porter.  Lorsqu'il 
pleut ,  ils  jettent  fur  leurs  épaules  un  fimple  cuir  de  va- 
che ,  dont  ils  fe  couvrent  comme  d'un  manteau.  Les  fem- 
mes n'ont  qu'une  efpéce  de  jupon  fort  court,  qui  ne 
pafle  pas  le  genou.  Ils  fe  nourritient  pour  l'ordinaire  avec 
du  pain  rout  de  bled  de  Guinée ,  du  bœuf,  du  poiflon  , 
du  lait ,  des  canards ,  des  poules  ,  des  œufs ,  &c.  Ils  boi- 
vent aufll  fort  fouvent  du  lait  pour  fe  désaltérer,  fur-tout 
après  qu'il  eft  un  peu  aigri.  Outre  cette  boiflon  ,  qui  leur 
eft  ordinaire  ,  ils  en  font  une  d'une  petite  graine  qui  n'eft 
pas  plus  grofie  que  celle  de  moutarde.  Les^iommes  fe 
rendent  aux  réjouiflances  avec  leurs  bonnets,  chargés  des 
plus  longues  plumes  qu'on  trouve  à  la  queue  des  coqs. 
Ils  portent  aufli  une  bande  de  cuir ,  large  d'environ  fix 
pouces ,  qui  leur  pend  fur  le  derrière  en  forme  de  queue» 
depuis  la  ceinture  jusqu'à  terre,  Se  dont  les  bords  de  l'un 
&  l'autre  côté  font  ornés  de  petits  anneaux  de  fer  qu'ils 
.fabriquent  eux-mêmes.  Il  eft  permis  à  chaque  homme 
d'avoir  autant  de  femmes  qu'il  en  peut  entretenir;  mais 
il  faut  qu'il  les  acheté,  puisque  c'eft  la  feule  marchandi- 
fe  de  ce  pays.  Les  pères,  les  frères,  ou  les  plus  proches 
païens  maies    dispofent  des  jeunes  filles,  dont  le  prix 
eft  proporrionné  à  la  beauté.  Comme  il  n'y  a  point  d'ar- 
gent,  on  donne  des  vaches  en  troc  pour  des  femmes: 
de  forte  que  le  plus  riche  eft  celui  qui  a  le  plus  de  fille* 


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ou  de  fœtus  à  marier ,  &  qui  eft  par  conféquenr  en  état 
d'acquérir  le  plus  de  bétail.  Ils  fe  réjouiflent  bien  quand 
ils  fe  marient  ;  mais  l'époufe  pleure  tout  le  jour  des  no- 
ces. Ils  demeurent  enfemble  dans  de  petits  villages,  coin- 
pofés  de  familles  toutes  alliées  les  unes  avec  les  autres. 
C'eft  pour  cela  qu'ils  fe  foumettent  volontiers  au  plus 
âgé  d'entre  eux  qui  les  gouverne  tous;  Ils  font  fort  ju- 
ftes  ôc  civils  envers  les  étrangers.  Deux  de  nos  Matelots 
Anglois ,  dit  Dampier ,  en  ment  une  heureufe  expérien- 
ce cinq  années  de  fuite.  Après  que  leur  vaiileau  eut 
échoué  fur  la  côte,  &  que  leurs  camarades  eurent  pafle 
à  la  rivière  Delhgoa,  ils  s'arrêtèrent  ici  jusqu'à  ce 
que  le  capitaine  Rogers  y  toucha  par  accident ,  ôc  les 
prit  fur  fon  bord.  Ils  favoient  déjà  la  langue  du  pays , 
6c  les  habitans  leur  avoient  donné  des  femmes  ôc  des 
vaches  ,  d'une  manière  fort  généreufe.  Tout  le  monde 
les  aimoit,  &  l'on  avoit  de  fi  grands  égards  pour  eux, 
que  leurs  paroles  étoient  rcfpectées  comme  des  loix  : 
de  forte  qu'a  leur  embarquement ,  il  y  eut  quantité  de 
jeunes  gai çons  qui  plcuroicnt  ,  parce  que  le  capitaine 
Rogers  ne  vouloit  pas  les  prendre  avec  lui. 

t.  NATANGEN ,  cercle  du  royaume  de  Prufle.  Il  eft 
borné  au  nord  par  la  Samlandie  ôc  par  la  Nadrovie , 
dont  il  eft  féparé  par  le  PrégeL,  à  l'orient  en  partie  par 
la  Nadrovie  ,  &  en  partie  par  le  palatinat  de  Troki 
ôc  par  la  Podlachie;  au  midi  par  le  duché  de  Mazo- 
vie  ,  ôc  à  l'occident  par  le  Frifch-HafF,  par  le  palatinat 
de  Marienbourg  &  par  le  Hockerland.  Ce  cercle  con- 
tient quatre   provinces,  qui  font 


Le  Natangen  propre, 
Le  Bartenland , 


La  Sudavie , 
La  Galindie. 


1  NATANGEN,  natangerland  ou  natangie, 
contrée  de  la  Prufle  ducale  fur  le  Pregel ,  qui  la  borne 
au  nord  :  à  l'orient  elle  a  le  Bartenland  ,  dont  elle  eft  fé- 
parée  par  la  Deme  :  au  midi  elle  eft  bornée  par  le  pala- 
tinat de  Matienbourg,  ôc  à  l'occident  par  le  Frifch-Haff. 
Ses  principaux  lieux  font 

Brandebourg,  Heiligpeil,  Fridland,  Landfperg. 

*  Homan ,  Carte  du  royaume  de  Prufle. 
NATABURA.  Voyez.  Nagaruris. 
NATAURI.  voyez.  Nothabris. 
NATCHEZ,  Nachez  ouNachié,  peuple  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  La  Louïfiane,  finie  fur  le 
bord  oriental  du  Mifliflipi  ,  ÔC  à  quatre -vingt  lieues 
ou  environ  de  l'embouchure  de  ce  fleuve.  Du  tems  de 
Ferdinand  de  Soto ,  cV  même  du  tems  de  M.  de  la  Salle  , 
ce  peuple  étoitunde  plus  nombreux  de  ce  continent.  Le 
gouvernement  y  eft  despotique.  Le  grand  chef,  qu'on 
appelle  le  Soleil  ,  parce  qu'il  fe  prétend  être  iflu  de  cet 
aftre ,  a  droit  de  vie  ôc  de  mort  fur  les  fujets  ;  il  faut 
même  que  ceux  qui  font  à  fou  fervice,  pendant  fa  vie, 
Se  qu'on  nomme  fes  Alloués,  le  fuivent  en  l'autre  mon- 
de :  ce  qui  arrive  au lïi  à  la  mort  de  la  femme  chef. 
Cette  femme  eft  toujours  là  plus  proche  parente  du  So- 
leil ,  Se  la  mère  de  fon  fuccefleur.  On  lui  rend  à  peu 
près  les  mêmes  honneurs  qu'au  grand  chef;  mai.  elle 
n'a  aucune  part  au  gouvernement.  Au  relie ,  quoiqu'il 
y  ait  dans  cette  nation  une  efpéce  de  police  &  des  loix  , 
qu'on  ne  connoît  point  dans  la  plupart  des  autres  de 
ee  continent ,  les  Natchez  ne  différent  point  à  l'exté- 
rieur ,  ni  dans  la  manière  de  vivre  des  antres  Sauva- 
ges. Leurs  cabanes  font  un  peu  mieux  bâties ,  toutes 
ifolées  ôc  en  forme  de  dôme  en  dedans ,  un  peu  car- 
rées en  dehors-,  mais  fans  aucun  ameublement  que 
ceux  des  fauvages  du  Canada. 

Les  Natchez  adorent  le  Soleil  dans  un    temple  où 
ils  entretiennent  un  feu  perpétuel.    Ce  temple  ,  dont 
quelques-uns  nous  ont  donné  des  deferiptionsde  fan- 
taifie  ,  n'etoit  au  moins  en  1741  ,  que  le  pere  de  Char- 
ievoix  le  vit,  qu'une  efpéce  de  cabane  longue,  avec  un 
toit  couvert  de  feuilles  de  laraniers ,  comme  les  caba- 
nes des  Sauvages.    Aux  deux  extrémités  du  toit,  il  y 
avoit    deux  figures  d'aigles  groflîerement  taillées ,    ôc 
qui  reflembloient  aflez  à  des  girouettes.  Au  milieu  du 
temple  il  y  avoit  fur  le  fol  ,  qui  éroit  la  terre  toute  nue, 
trois  bûches  dispofées  en  triangle,  Se  qui  brûloient  par 
V s  bouts  qui  fe  touchoient ,  ce  qui  rempliflbit  de  fu- 


49/ 

mee  le  temple  où  il  n'y  avoit  p4>int  de  fenêtres.  On  a 
dit  que  les  corps  des  grands  chefs  y  étoient  rangés  en 
rond  fur  une  eftrade  ,  6c  couchés  tout  de  leur  long  ; 
il  n'y  avoit  rien  alors  de  tout  cela.  Vis-à-vis  de  la  porte, 
il  y  avoit  dans  le  fond  une  table  attachée  au  mur  qui 
pouvoit  fervir  d'autel ,  ôc  une  autre  un  peu  en-deçà  fur 
laquelle  il  y  avoit  quelques  peaux  de  chevreuils /quel- 
ques figures  comiques  de  bois ,  une  tête  de  même  ma- 
tière. On  voyoit  auflî  quelques  oflemens  fecs  dans  des 
caifles  qui  étoient  par  terre  fans  aucun  arrangement. 
11  eft  vrai  que  tout  étoit  en  desordre  dans  ce  temple, 
&  que  les  gardes  n'y  étoient  point. 

Le  pays  des  Natchez  eft  fort  beau,  &  n'eft  pasfujet 
aux  inondations  du  Mifliflipi ,  parce  qu'il  eft  fort  éle- 
vé. D'iber ville  s'étant  a\ancé  jusques-là  en  1700  , 
trouva  le  lieu  fi  beau  &  la^fituation  fi  avantageufe  , 
qu'il  y  traça  le  plan  d'une  ville  qu'il  deftinoit  à  être 
la  capitale  du  pays  ;  il  lui  donna  même  d'avance  le 
nom  de  Rofalie,  qui  étoit  celui  de  madame  la  chance- 
liere  de  Pontchartiain ,  ôc  on  la  trouve  marquée  dans 
la  carte  de  la  Louïfiane  de  de  PIflc  ;  mais  elle  n'a  ja- 
mais exifté  qu'en  projet.  Les  François  y  ont  eu  un  fort , 
6c  c'étoit  le  canton  de  la  colonie  le  plus  peuplé  ,  lors- 
qu'à la  fin  de  Novembre  1629,  les  Natchez  firent 
main-bafle  dans  toutes  les  habitations ,  ôc  en  une  heure 
de  tems  tuèrent  plus  de  200  hommes ,  ayant  commencé 
par  le  commandant  ;  ils  rélcrverent  les  femmes  &  les 
enfans  pour  en  faire  des  esclaves,  ôc  les  Nègres  pour 
les  vendre  à  la  Caroline.  Ils  dirent  aux  femmes  qu'il 
ne  reftoit  plus  de  François  dans  la  colonie  \  ôc  en  effet, 
il  y  avoit  un  complot  général  de  toutes  les  nations  fau- 
vages pour  faire  le  même  traitement  à  tous  les  Fran- 
çois ,  mais  il  fut  découvert  au  fieur  du  Pericr ,  gou- 
verneur de  la  Louïfiane,  qui  fe  tint  fur  fes  gardes, 
&  n'eut  pas  le  tems  de  faire  donner  le  même  avis  au 
commandant  des  Natchez. 

L'année  fuivante  on  fit  la  guerre  à  ces  traîtres ,  qui 
fe  défendirent  très-bien  d'abord  ,  mais  qui ,  poursuivis  de 
toutes  parts ,  font  préfentement  réduits  à  très  peu  de 
chofe,  6c  tellement  disperfés ,  qu'ils  ne  font  plus  un 
corps  de  nation.  Leurs  villages  ont  été  rafés  ôc  le  tem- 
ple brûlé. 

NATCHITOCHES  ,  peuple  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  la  Louïfiane ,  fur  la  rivière  Rouge ,  à 
quarante  lieues  environ  de  fa  décharge  dans  le  Miflîs- 
fipi.  Cette  nation  a  presque  toujours  été  alliée  des 
François ,  qui  ont  un  fort  ôc  quelques  habitations  dans 
fon  voifinage. 

NATEL,  ville  de  Perfe ,  fituée,  félon  Tavernier , 
/.  j.  p.  402..  à  77  deg.  40  min.  de  longit.  fous  les  56 
deg.  7  min.  de  latit. 

NATEMBES ,  peuple  de  la  Libye  intérieure  :  il  étoit , 
félon  Pline ,  /.  4.  c.  6.  plus  au  nord  que  la  montagne 
Ufargala. 

NATENS  ,  ville  de  Perfe  -,  c'eft  la  même  que  Con- 
tarini  nomme  Nehas;  les  habitans  du  pays  l'appellent 
Natens.  Elle  eft  fituée  dans  un  vallon  au  pied  d'un 
grand  rocher ,  qui  eft  entre  le  midi  Ôc  le  couchant  de 
la  ville  j  clic  a  du  côté  de  l'orient  ôc  du  nord  d'autres 
montagnes  pins  petites  ,  enlbrte  qu'elle  eft  environnée 
de  hauteurs  de  tous  côtés. Quoique  les  montagnes, qui 
fépaient  la  Perfe  de  la  Médic ,  foient  û  unies ,  qu'on  n'y 
voit  presque  point  des  roches ,  celles  de  Natens  en  font 
hériOees  ôc  font  par  conféquent  très  difficiles  cepen- 
dant elles  ne  laiflent  pas  de  donner  en  certains  endroits 
des  pafiages  aifés  du  côté  par  où  elles  coupent  le  che- 
min. Ce  qu'il  y  a  de  particulier  &  d'avantageux ,  c'eft 
qu'on  y  trouve  de  l'eau  en  quantité.  Cette  eau  ,  descen- 
dant depuis  le  fommet  des  montagnes  par  toutes  leurs 
pentes,  fe  va  rendre  dans  le  fond  de  la  vallée  qui  eft 
toute  pat feméc  de  jardins ,  où  il  vient  de  très-excellens 
fruits ,  quoique  la  terre  y  foit  aflez  ftérile  Si  pierreufe. 
Le  lieu  même  eft  tellement  environné  d'arbres  ,  de 
vergers  ôc  de  levées  de  pierres  pofées  les  unes  fur  les 
autres ,  que  ceux  qui  ne  connoifient  pas  bien  le  che- 
min ,  ont  beaucoup  de  peine  à  le  trouver.  Natens  eft 
fituée  à  l'oppofite  de  ce  vallon ,  quand  on  va  de  Cas- 
bin  à  Ispahan  ,  &  ce  vallon  eft  parfemé  de  petits  vil- 
lages bâtis  entre  les  jardins-,  mais  fi  peu  feparés  les  uns 
des  autres ,  qu'ils  fcmblent  ne  faire  qu'une  feule  ville. 


45)6       NAT 

En  arrivant  à  Natens^on  laifle  à  la  droite  deux  mon- 
tagnes fort  hautes  Se  fort  pointues  :  une  de  ces  mon- 
tagnes a  fur  fon  fommet  une  groffe  tour  que  Schach 
Abas  fit  bâtir  en  mémoire  de  l'avantage  qu'un  de  (es 
faucons  eut  en  ce  lieu  fur  une  aigle  qu'il  attaqua  ,  ab- 
batit  &  tua  ,  après  un  combat  fort  opiniâtre.  Ce  bâ- 
timent eft  fait  de  briques  Se  de  forme  oétogone  par  le 
bas  :  il  a  environ  huit  pas  de  diamètre  :  à  mefure  qu'il 
s'élève,  il  perd  peu  à  peu  de  cette  forme  Se  de  fagros- 
feur  :  il  cil  percé  en  haut  de  tant  de  fenêtres ,  que  le 
jour  y  entre  de  tous  côtés.  *  Olearius ,  Voyage  de  Per- 
fe,  1.  4.  p.  477. 

NATERNBERG,  bourgade  d'Allemagne,  dans  la 
Bavière,  au  midi  du  Danube,  fur  la  rive  gauche  de 
l'Ifer ,  Se  près  de  fon  embouchure  dans  le  Danube.  * 
Zeyler ,  Topog.  Bav.  p.  11. 

NATERS  ,  bourg  du  H%ut-V allais ,  au  département 
de-Brieg,  à  la  droite  du  Rhône,  dans  un  lieu  pier- 
reux ,  femé  de  rochers ,  Se  néanmoins  paffablement  fer- 
tile. Il  a  de  belles  maifons  conftruites  de  pierres,  Se  beau- 
coup de  vignes.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe ,  tom.  4. 
pag.  178. 

NATHABUR  ,  fleuve  de  l'Afrique  intérieure,  fé- 
lon Pline,  /.  5.C.  5.  Peut-être  arrofoit-il  le  pays  des 
Nathabres.  Voyez.  Nothabres. 

NATHAN.  C'eft  le  nom  que  faint  Jérôme  donne  à 
un  lieu  de  la  Paleftine  ,  nommé  Hanatbon  par  les  Sep- 
tante. La  frontière  des  enfans  de  Zabulon  tournoit  au 
feptentrion  vers  Hanathon.  *  Jofué,  c.  19.  14. 

NATHAN AEL  ,  lieu  dans  le  Defert.  Saint  Jérôme  , 
n".  21.  19.  lit  Nahaliel.  De  Matthana  le  peuple  vint 
à  Nahaliel ,  de  Nahaliel. à  Bamoth. 

NATHO,  ifle  de  l'Egypte,  dans  le  Delta.  Héro- 
dote,/. 2.  c.  165.  dit  que  la  moitié  de  l'ifle  Profopitis 
s'appellôit  Natho. 

N  ATHUMBES.  Voyez.  Mentoubes. 

NATIDOS.  Voyez.  Nagidos. 

NATION  ,  fubftantif  féminin.  Ce  mot  dans  fa  ligni- 
fication ptimitive  veut  dire  un  nombre  de  familles  for- 
ties  d'une  même  tige ,  ou  nées  en  un  même  pays.  On 
entend  otdinairement  par  le  mot  de  nation  un  grand 
peuple  gouverné  par  les  mêmes  loix  &  parlant  une 
même  langue  ;  Se  quelquefois  la  nation  fe  divife  en  tri- 
bus ,  comme  la  nation  Juives  en  cantons ,  comme  la  na- 
tion Helvétique;  en  royaumes  ,  comme  la  nation  Es- 
pagnole ;  en  divers  peuples ,  comme  dans  l'ancienne 
Gaule  ,  où  le  mot  de  nation  eft  exprimé  par  celui  de 
Civitas ,  qui  comprenoit  fous  lui  des  peuples  particu- 
liers. Voyez,  Civitas.  Plufieurs  peuples  font  une  feule 
nation  ( Civ itas)  :  les  Bourguignons ,  les  Champenois, 
les  Picards,  les  Normands ,  les  Bretons ,  les  Angevins, 
les  Tourangeaux  ,  &c.  font  autant  de  peuples  qui  font 
partie  de  Ja  nation  Françoife. 

Les  Nations  ,  en  latin  Gentes  ,  dont  nous  avons 
pris  le  mot  de  Gentils  ,  dans  le  fens  de  Païens  Se  d'I- 
dolâtres. Les  auteurs  facrés  Se  les  pères  de  l'églife  onc 
employé  ce  mot  pour  lignifier  tous  les  peuples  qui 
étoient  plongés  dans  l'idolâtrie.  On  a  dit  en  ce  fens 
que  faint  Paul  étoit  l'apôtre  des  Nations  ,  c'eft-à-dire  des 
Gentils. 

NATIONENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans 
la  province  de  Byzacène.  La  notice  épiscopale  d'Afri- 
que nomme  Pirafius  fon  évêque  ;  &  l'on  trouve  dans 
la  conférence  de  Catthage ,  Fauftin  qualifié  episcopus 
Nationenfïs.  *  Geft.  Collât.  Carthag.  n°.  208. 

NATISCOTEC  ,  ifle  de  l'Amérique  feptenxrionale , 
dans  l'embouchure  du  grand  fleuve  de  Canada  qui  la 
divife  en  deux.  Natiscotee  eft  le  nom  que  lui  don- 
nent les  Sauvages.  Quartier ,  en  la  découvrant ,  l'appella 
l'ifle  de  l'Affomption  ,  Se  Jean  Alphonfe  lui  donna  le 
nom  d'ifle  de  l'Ascenfion. 

NAT1SO  ,  fleuve  des  Venetes  ,  félon  Pline , /.  x.e. 
18.  qui  dit  qu'il  paffoit  auprès  à'Aquileiacolonia.Jot- 
nandes ,  de  reb.  Getic.  dit  la  même  chofe  en  ces  termes  : 
Aquile'u  muros  ab  oriente  Natifo  amnis  elambit.  Lean- 
der  le  nomme  Natifone.  Il  prend  fa  fource  dans  les 
Alpes ,  court  d'abord  en  ferpentant  du  nord-oueft  au 
fud  -eft  ,  jusqu'à  Starafelle  ;  de  -  là  tournant  de  l'eft  à 
l'oueft  ,  il  fe  rend  à  San  Pietro  ,  d'où  après  avoir  reçu 
les  eaux  du  Cofice  Canal  Se  de  San  Leonardo  Canal , 


NAT 


il  court  du  nord  au  midi ,  paffe  à  Cividal  de  Friuli 
Se  à  Palmala  Nuova,  après  s'être  joint  à  la  rivière 
Corno  :  enfin  ,  prenant  fon  cours  du  côté  du  fud-eft, 
il  va  fe  jetter  dans  la  Lifonzo  au-deflbus  de  Gradisca. 
Les  anciens  font  entendre  que  le  Natifo  fe  jettoit  dans 
la  mer  ;  ainfi  ils  donnoient  le  nom  de  Natifo  à  la  Li- 
fonzo avecJaquelle  il  fe  joint. 

N  ATIUS ,  port  dans  la  Bœtique  ,  félon  Avienus  ,  cité 
par  Ortehus, Tbefaur. 

NATO ,  château  aux  environs  de  la  Mœfie ,  félon 
Ortelius  ,  qui  cite  Marcellinus  Cornes  :  il  étoit  fitué  fut 
la  rive  du  grand  fleuve. 

1 .  N  ATOLIE  ou  An  atolie  ,  anciennement  appelléc 
I'Asie  Mineure  ,  eft  une  grande  presqu'ifle  qui  s'a- 
vance entre  la  mer  Méditerranée  Se  la  mer  Noire  ,  jus- 
qu'à l'Archipel  &  la  mer  de  Marmara.  Les  Turcs  la 
nomment  Anatol  Vilaiete.  On  la  divifoit  autrefois  en 
plufieurs  royaumes  ou  provinces.  On  mettoit  la  Cap- 
padocc  ,  la  Galatie ,  la  Lycaonie  Se  la  Pifidie  vers  le 
milieu  :  la  Bithynie,  la  Paphlagonie  Se  le  royaume  de 
Pont  vers  la  mer  Noire  ;  l'Arménie  Mineure  à  l'occi- 
dent de  l'Euphrate  -,  la  Cilicie,  la  Pamphylie  ,  la  Carba- 
lie,  l'Ifaurie  Se  la  Lycie  vers  la  mer  Méditerranée  ;  la 
Carie  ,  la  Doride  ,  la  Lydie  ,  l'Ionie  ,  1  '^Eolide ,  la  grande 
&  petite  Phrygie ,  la  grande  &  petite  Myfie ,  Se  laTroa- 
de  fur  l'Archipel.  Tous  ces  royaumes  Se  provinces  fe 
divifoient  encore  en  plufieurs  autres ,  ce  qui  fe  peut  voir 
fous  chaque  article  particulier.  Aujourd'hui  la  Nato- 
lie  eft  divifée  en  quatre  principales  parties,  dont  la 
plus  occidentale  Se  la  plus  grande  eft  encore  appelléc 
du  même  nom.  Voyez,  l'article  fuivant.  Les  trois  autres 
font  laCARAMANiE,  l'Amasie  &  l'Aladulie.  Voyez. 
ces  trois  articles  fous  leur  titre  particulier.  *  Robbe » 
Méthode  pour  apprendre  la  géographie,  r.  2.  p.  10. 

Division  di   la    Natolie. 


Natolic  propre. 


Caramanie. 


Natglie< 


Amafie. 


Aladulic. 


Chiutaye , 

Burfe, 

Angouri , 

Bolli, 

Chiangarc, 

Smyme, 

Ephèfe . 

Cogni , 
Tiagna, 
Scalemurc  , 
Satalie , 
Tarfun. 

Amafie , 
Toccat , 
Sivas, 

Trébifonde , 
Arfinga , 
Charaifar. 

Maraz , 
Sis, 

Sarmufada, 
Lajazzo , 
Adena. 


Les  principales  rivières  font  Zagari ,  Porreni ,  Ai- 
toefu  ,  Cafalmach ,  qui  fe  jettent  dans  la  mer  Noire  j 
Jechel  Irma  ou  la  rivière  Verte  qui  fe  joint  au  Kara  j 
Kara  ou  la  rivière  Noire  qui  fe  décharge  dans  l'Eu- 
phrate \  Satalie  qui  a  fon  embouchure  dans  la  mer  Mé- 
diterranée ;  Madré  Se  Sarabat  qui  fe  rendent  dans  l'Ar* 
chipel. 

2.  NATOLIE  Propre,  contrée  de  la  Turquie  en 
Afie  ,  &  l'un  des  quatre  go.uvernemens  de  la  presqu'ifle 
de  Natolie.  Elle  occupe  presque  la  moitié  de  la 
presqu'ifle  ,  s'étendant  depuis  la  rivière  de  Casalmach  , 
fur  la  mer  Noire  ,  fur  la  mer  de  Marmara  ,  fur  l'Ar- 
cnipel  Se  fur  la  mer  Méditerranée  ,  jusqu'à  la  côte  qui 
eft  entre  l'ifle  de  Rhodes  Se  le  Xante  ,  d'où  tirant  une 
ligne  à  l'embouchure  du  Casalmach  ,  elle  fe  trouve  f<é- 
parée  de  la  Caramanie  Se  de  l'Amafie.  La   ville  de 

Chiutaye 


NAU 


NAV 


Chiutayc  ,  fituée  fur  le  fleuve  Ayala ,  eft  la  capitale  de 
cette  province  Se  I«  fiége  d'un  Béglyer-bej.  On  compte 
dans  fon  gouvernement  les  Ziamets  5c  les  Timars  fui- 
vans. 


Sangiaci, 


Ziamets  » 


Timars. 


Kiorahia, 

39 

948. 

Saruhan , 

4* 

674. 

Aidin  , 

i? 

Sjx. 

Caftamoni , 

*4 

570. 

Hudavendighiar, 

4* 

100;. 

Boli, 

H 

;n. 

Mentesché, 

;* 

381. 

Augura , 

IO 

*J7- 

Cara  hifar, 

IO 

6"i/. 

Tekeili , 

7 

M7- 

Kiangri , 

7 

381. 

Féamid , 

9 

585. 

Sultan-Ughi , 

7 

390. 

Carefi  , 

7 

241. 

Jcnigehifar. 

7 

112. 

En  tout 

19$  Ziam. 

Se  7440  Tira. 

Ainfi,  en  comptant  fuivant  la  plus  baffe  eftimation , 
quatre  Gebelus  pour  chaque  Zaim  ,  ils  peuvent  monter , 
avec  ceux  qui  les  accompagnent  ,  au  nombre  de  -  11 80 

En  doublant  le  nombre  des  Timariots ,  félon  leftima- 
tion  la  plus  baffe,  ils  font 14880, 


En  tout 


16060. 


Pour  l'entretien  de  cette  armée  le  revenu ,  fui- 
vant l'état  du  grand  feigneur,  eft  de  37310700  as- 
pres. 

Outre  ces  cavaliers,  on  entretenoit  autrefois  environ 
fix  mille  neuf  cens  hommes ,  pour  nettoyer  les  che- 
mins, pour  porter  des  ptoviiions  Se  pour  le  fervicc 
de  l'artillerie  ;  &  il  y  avoit  encore  un  fonds  pour  douze 
cens  quarre-vingt  futlers  ou  vivandiers  ,  Se  pour  cent 
vingt-huit  trompettes  &  tambours  qui  étoient  Egyptiens; 
mais  cela  n'aéré  en  ufage  que  lorsque  la  Natolieétoic 
frontière  des  Chrétiens  ;  car  en  ce  tems-là  elle  étoic 
mieux  fournie  Se  mieux  fortifiée  qu'elle  n'eft  aujour- 
d'hui. Depuis  qu'elle  elt  devenue  une  des  provinces  des 
plus  tranquilles  &  des  moins  expofées  aux  attaques  des 
ennemis,  on  a  donné  ce  revenu  aux  Zaims  Se  aux 
Timariots  ;  de  forte  qu'on  a  augmenté  leur  nombre  de 
trois  cens  trente  fix  Ziamets,  &  de  onze  cens  trente  fix 
.Timars,  Voyez.  Caramanie.  *  Ricaut ,  Etat  préfenc  de 
l'empire  Ottoman,  1.  3.  p.  ;i8.  de  la  traduction  de 
Be.'p'.er. 

NATSOHOS,  peuples  de  l'Amérique  feptentriona- 
le  ,  dans  la  Louïfiane  :  ils  font  amis  des  Affonys. 

NATUPHA  ,  défert  aux  environs  de  la  PaLftine, 
félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Méraphrafte. 

1.  NAU,  Nave.ou  Nahe,  Nava ,  rivière 
d'Allemagne.  Tacite,  Hifl.  L  4.  c.  70.  fait  mention  de 
cette  rivière  ,  Se  dit  qu'elle  fe  joint  au  Rhin  auprès  de 
Bïngium ,  aujourd'hui  Bingen:  en  effet ,  Bingen  eft  en- 
core fitué  au  lieu  où  la  Nau  fe  jette  dans  le  Rhin. 
Aufcne  parle  auffi  de  cette  rivière  dans  ce  premier  vers 
de  fa  rviofelle  ,  Edyl.  3. 

Tranjieram  celerem  nebulofo  litmine  Navam. 

Les  Allemans  nomment  aujourd'hui  cette  rivière  N*- 
he.  Elle  a  fa  foui  ce  dans  la  Lorraine,  à  l'orient  de 
Neukirch  ,  prend  fon  cours  du  fud-oueft  au  nord  eft, 
paffe  à  Werdenftein  &  à  Oberfien  ,  traverfe  le  Lenahe- 
gaw,  où  elle  reçoit  diverfes  rivières  &  pluficurs  ruiffeaux, 
Se  baigne  Kirn  ,  Martenftein  ,  Sobernheim  ,  Eberburg, 
Crcutznah  -,  enfin  tournant  du  midi  au  nord  ,  après 
avoir  mouillé  les  murs  de  Bretzenheim,  elle  va  fe 
jetrer  dans  le  Rhin  au-deffous  de  Bingen. 

NAU-A.  Voyez.  Naît. 

NAVALE.  Ce   mot  latin  peut  avoir   beaucoup  de 


497 

lignifications  différentes.  11  peut  fignificr  un  port,  un 
havre  i  quelquefois  le  lieu  du  port  où  l'on  conitruit 
les  vaiffeaux,  comme  à  Venife  ;  ou  le  bajfin  où  ils  font 
confervés  Se  entretenus ,  comme  au  Havre  de  Grâce  : 
mais  ce  n'eft  point  la  le  principal  ufage  de  ce  mot.  il 
y  avoit  des  villes,  qui  étoient  affez  importantes  pour 
avoir  un  commerce  maritime,  Se  qui  néanmoins  n'é- 
toient  pas  fituées  affez  près  de  la  mer  pour  faire  un 
port.  En  ce  cas  on  en  choififfoit  un  le  plus  près  Se  le 
plus  commode  qu'il  étoit  poffàble.  On  bâti  (Toit  des  mai- 
ions  à  lentour ,  Se  ce  bourg  ou  cette  ville  devenoit  le 
Navale  de  l'autre  ville.  C'eit  ainfi  que  Corinthe,  fituée 
dans  l'ifthme  du  Péloponnèfe,  avoic  deux  ports  ,  (du* 
Navalia  ) ,  favoir  ,  Lech&um  dans  le  golfe  de  Corinthe , 
Se  Cenchrees  dans  le  golfe  Saronique.  Quelquefois  une 
ville  fe  trouvoit«bâtie  en  un  lieu  qui  n'avoic  pas  uri 
port  fuffifant  pour  fes  vaiffeaux  ,  parce  que  fon  com- 
merce, auquel  des  barques  avoient  iufh  au  commence- 
ment ,  étoit  devenu  plus  florilTant ,  Se  demandoit  un 
havre  où  de  gros  bâtimens  puffent  entrer  ;  alors,  quoique 
la  ville  eût  déjà  une  espèce  déport,  elle  s'en  procuroit 
un  autre  plus  large,  plus  profond,  quoiqu'à  quelque 
diftance ,  Se  fouvent  il  s'y  formoir  une  colonie  qui  de- 
venoit auffi  floriffante  que  la  ville  même.  C'eft  une 
erreur  de  croire  que  le  port  ou  Navale  fût  toujours 
contigu  à  la  ville  dont  il  dépendoit  ;  il  y  avoit  quelque- 
fois une  diffance  de  plufieurs  milles. 

NAVALE.  Voyez.  Epenium. 

NAVALE  Ci€s.  Aug.  Voyez,  Forum  Jolii  ,  &  Fre» 
jus. 

NAVALE  Stagnum.  Voyez.  C^saris  Dictatoriî 
Vilia. 

NAVALIA,  ville  de  la  Germanie  inférieure  ,  Félon 
Ptolomée  ,  1. 1.  c.  11.  qui  la  met  entre  Asciburgutm  Se 
Mediolamum.  On  croit  que  c'eit  la  ville  de  Zwol. 

NAVAN  ,  petite  ville  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Leinfter ,  au  comté  d'Elt-Meath  ,  fur  la  Boyne  ,  à  dix 
milles  Se  à  l'oueft  de  Duleck ,  à  fept  ,  presque  au  fud- 
eft  ,  de  Kells  ,  &  à  huit  milles  au  nord-eft  d'Athboy.  Elle 
a  droit  d'envoyer  deux  députés  au  parlement.  Cette 
ville  eftunedes  onze  baronnies  qui  compofent  le  com- 
té d  Eft-Meath.  *  Etat  préjent  de  l'Irlande ,  p.  39. 

NAVAPOURA  ,  gros  bourg  des  Indes ,  fur  la  route 
d'Agra  à  Brampour.  11  elt  firué  à  quinze  coffes  de  Kekoa, 
Se  à  neuf  de  Nafarbar.  On  y  trouve  une  grande  quan- 
tité de  tifferans  ;  Se  il  y  paffe  une  rivière  qui  rend  fon 
territoire  excellent  Se  fort  abondant  en  riz  ,  dont  le 
négoce  eft  le  principal  de  ce  lieu-là.  Tout  le  riz  qui 
croit  dans  ce  quartier-là  ,  a  une  qualité  particulière  qui 
fait  qu'il  eft  fort  eftimé.  Son  grain  eft  la  moitié  plus 
petit  que  celui  du  riz  ordinaire  &  quand  il  eft  cuit ,  la 
neige  n'eft  pas  plus  blanche  :  outre  cela  il  fent  le  musc. 
Les  grands  feigneurs  des  Indes  ne  mangent  point  d'au- 
tre riz ,  &  quand  on  veut  faire  un  préfent  agréable 
à  quelqu'un  en  Perfe ,  on  lui  donne  un  fac  de  ce  riz. 

NAVARETTE  (a) ,  ville  d'Espagne,  dans  la  petite 
province  de  Rioxa.  Elle  eft  fituée  fur  une  montagne  a 
deux  lieues  ou  environ  de  Logrogno  ,  du  côté  du  cou- 
chant ,  &  à  pareille  diftance  de  Nagera  ou  Najara,  du 
côté  du  levant,  entre  ces  deux  villes  (b).  Ce  fut  Al- 
phonfe  de  Caftille  qui  la  fit  bâtir  pour  mettre  le  pays 
en  fureté.  L'an  1367  il  s'y  livra  une  bataille  ,  où  le 
fameux  du  Guesclin  fut  fait  prifonnier  par  le  prince  de 
Galles,  (a)  De  l'IJle ,  Carte  d'Espagne,  {b)  Corn. 
DicF. 

NAVARI  ou  Navarri,  peuples  de  la  Sarmatie 
Européenne  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3  ■  c.  $ . 

NAVARIN  ou  Zonchio,  ville  de  la  Morée,  dans 
le  petit  pays  de  Belvédère ,  fur  la  côte  du  golfe  de 
Zonchio  ,  au-deffus  de  Modon,  en  tirant  vers  le  nord. 
Il  y  a  apparence  que  c'eit  la  même  ville  que  Ptolomée, 
/.  3.  c.  16.  nomme  Pylus ,  &  Abarinus  ;  il  la  met  dans 
la  Meffenie.  Navarin  eft  à  dix  milles  de  Coron  fur  une 
hauteur,  au  pied  de  laquelle  eft  le  port ,  qui  peut  con- 
tenir plus  de  deux  mille  vaiffeaux.  Ce  port  a  deux  châ- 
teaux pour  défenfe  :  l'un  eft  le  Vieux  Navarin,  fur 
une  haute  montagne ,  &  qui  commande  l'entrée  du 
port  du  côté  du  nord;  l'autre  château  commande  l'en- 
trée du  port  du  côté  du  midi ,  Se  défend  la  ville  do 
Tum.  IV.  Jl  r  r 


NAV 


498 

Navarin,  qui  eft  bâtie  fur  le  penchant  d'une  colline.  Na- 
varin a  pa<Té  de  tout  tems  pour  une  place  importante  ; 
C'eft  ce  qui  fait  qu'elle  a  changé  fouvent  de  maîtres. 
En  1 498  ,  les  Turcs  la  prirent  fur  les  Vénitiens  ,  ôc  ceux- 
ci  y  rentrèrent  peu  de  tems  après  ■■>  les  Turcs  les  en  chafle- 
rent  bientôt ,  &  la  gardèrent  pendant  près  de  deux  fié- 
cles.  En  1686,  le  généraliifime  Morofini  l'obligea  de 
rentrer  fous  l'obéiffance  de  la  république  ;  mais  enfin  les 
Vénitiens  la  cédèrent  aux  Turcs  avec  toute  la  Morée 
en  1715. 

1.  NAVARRE,  royaume  d'Europe,  fitué  entre  la 
France  &  l'Espagne  ,  Se  divifé  en  haute  &  baffe  Navarre. 
La  première  appartient  à  l'Espagne  ,  8c  la  féconde  à  la 
France  ;  8c  toutes  les  deux  enfemble  fe  divifent  encore  en 
plufieurs  diftric~ts  ou  bailliages,  qu'on  appelle  en  Espagne 
Merïndades  :  la  haute  Navarre  en  comprend  cinq  ,  qui 
ont  pour  leurs  capitales, 

Pampelune,  Eftella,  Tudéle ,  Olite,  &  Sangueffa. 


NAV 


La  baffe  Navarre  ne  contient 
Se  a  pour  capitale  Saint  Jean 
Etat  préfent  de  l'Espagne  ,  1.  1. 

z.  NAVARRE  (La  Haut 
des  provinces  de  Guipuscoa  Se 
le  Bearn  Se  le  pays  de  Labour 
Basques  ;  à  l'orient  une  partie 
les  Pyrénées  Se  les  vallées  qui 
par  Roncevaux ,  par  le  val 
lui  de  Roncal,  jusqu'à  Yfava. 
font 

L'Ebre ,     l'Arragon , 


qu'un  de  ces  ba  illiages  , 
Pié-de-  Port.  *  Vayrac , 

P-74- 

E  ) ,  a  au  nord  une  partie 

d'Alava  ,  les  Pyrénées , 
,  autrement  le  pays  des 
du  royaume  d'Arragon , 
fe  jettent  dans  l'Espagne 
de  Salazar  ,  &  par    ce- 

Ses  rivières   principales 

l'Arga,      l'Elba. 


Et  fes  principales  vallées  font  celles  de 
Roncevaux  ,  Salazar  ,  Roncal ,  Ahescoa  ,  Se  Baftan. 

Ce  royaume  avoit  autrefois  une  étendue  bien  plus 
grande  que  celle  qu'il  a  aujourd'hui.  Il  comprenoit  les 
provinces  de  Guipuscoa,  d'Alava,  de  Rioja  ,  Se  une 
partie  de  l'Arragon  5  mais  à  préfent  il  efl:  restreint  à  ce 
qu'on  appelle  proprement  Haute-Navarre ,  Se  peut 
avoir  vingt  huit  ou  trente  lieues  de  longueur,  &  en- 
viron vingt-trois  on  vingt-quatre  de  largeur.  Quelques- 
uns  prétendent  qu'on  y  peut  compter  jusqu'à  quarante 
mille  familles  ;  mais  il  y  a  des  écrivains  qui  en  comp- 
tent beaucoup  moins.  On  y  va  de  France  par  Ronce- 
vaux ,  par  Maya  8c  par  Vera. 

On  n'eft  pas  d'accord  fur  le  tems  de  la  fondation  de 
ce  royaume.  Il  y  en  a  qui  veulent  qu'il  ait  été  établi 
dès  l'an  716  ,  après  que  les  Maures  eurent  occupé  l'Es- 
pagne. Voici  le  fentiment  de  plufieurs  hiftoriens  à  cet 
égard.  Dans  une  roche ,  difent-ils ,  appellée  Pena  de 
Oreul ,  près  de  la  ville  de  Jacca  ,  vivoir  un  bon  her- 
mite  en  compagnie  de  quatre  confrères.  Ce  faint  foli- 
taire  étant  mort ,  trois  cens  gentilshommes ,  ou  environ, 
s'aflemblerent  pour  honorer  fon  enterrement ,  Se  étant 
venus  à  parler  du  malheur  de  l'Espagne,  ils  délibérè- 
rent d'élire  un  chef  pour  conferver  le  refle  de  leur  li- 
berté Se  de  leur  religion  dans  les  détroits  de  ces  mon- 
tagnes. Après  une  mure  délibération,  le  choix  tomba 
fur  Garcie  Ximenès  ,  le  plus  confidérabïe  d'entre  eux  , 
François  de  naiffance ,  comte  de  Bigorre  &  pofleffeur 
de  plufieurs  riches  terres  dans  la  Biscaye.  Ce  prince  fe 
fignala  par  une  infinité  d'exploits  contre  les  Maures. 
Gardas  Ignigo  ,  fon  fils  ,  Fortunio ,  Sanche  Gardas  , 
Ximenès  Gardas ,  un  autre  Gardas  8c  Ignigo  Xime- 
nès ,  fumommé  Arifta  ,  lui  fuccéderent  de  père  en  fils. 
Cependant  d'autres  foutiennent  que  cet  Ignigo  Arifla , 
que  les  Espagnols  donnent  pour  le  dernier  fucceffeur  de 
Garcie  Ximenès ,  efl  le  premier  qui  ait  régné  dans  la 
Haute  Navarre.  Ils  ajoutent  qu'il  fut  nommé  par  les 
principaux  de  la  noblefle  pour  les  conduire  contre  les 
Sarrazins. 

Les  descendans  d'Ignigo  Ariita  jouirent  du  royaume 
de  Navarre  jusqu'en  1234  ,  que  Sanche  VII  ,  dit  l'En- 
fermé ou  le  Fort ,  mourut  fans  enfans ,  Se  ne  laifla  que 
deux  foeurs  ,•  l'une  appellée  Bérengere  ,  fut  mariée  avec 
Richard,  furnommé  Cœur  de  Lion ,  roi  d'Angleterre , 
&  mourut  aufli  fans  enfans  ;  l'autre  appellée  Blanche  , 


époufa  Thibaut  V  ,  comte  de  Champagne,  dont  le  fils, 
nommé  Thibaut  VI  ,  fut  roi  de  Navarre.   Ce  dernier 
laiffa  deux  enfans  mâles  j  favoir ,  Thibaut  Se  Henri,  qui 
furent  fucceflivement  rois  de  Navarre.  Henri  laifla  en 
mourant  une  fille  unique  ,  appellée  Jeanne  ,  &  qui  fut 
mariée  avec  Philippe  le  Bel,  roi  de  France  &  de  Na- 
varre-, mais  Jeanne,  fille  de  Louis  X,  dit  Hutin,  ayant 
hérité  de  la  Navarre  après  la  mort  de  fon  frère  ,  porta 
en  13 16,  cet   état  dans  la  maifon  d'Evreux  par  fon 
mariage  avec  Philippe, comte  d'Evreux.  Charles,  leur 
petit-fils ,  ayant    laiflé  Blanche  11 ,  héritière  de  la  Na- 
varre ,  cette  princeffe  époufa  en  premières  noces  Mar- 
tin ,  roi  de  Sicile,  Se  en  fécondes,  Jean,  roi  d'Arragon  Se 
de  Navarre,  de  qui  elle  eut  Charles  ,  prince  deViane, 
mort  en  146 1,  fans  poltérité  :  Blanche,  première  femme 
d'Henri  quatrième,  furnommé  l'Impuiffant,  roi  de  Caftil- 
le ,  morte  en  1463  ,8c  Eléonore  qui  porta  la  Navarre 
à  Gafion,  comte*  de  Foix  8c  de  Bigorre,  vicomte  de 
Bearn.  Catherine  leur  fille  la  porta  à  Jean,  fire  d'Albret , 
à  qui  Ferdinand  le  Catholique,  roi  d'Arragon,  l'enleva, 
à  la  faveur  d'une  bulle  du  pape,  qui  expofoit  la  Na- 
varre au  premier  occupant ,  fous  prétexte  que  Jean  étoit 
fauteur   du   concile  de  Pife  ,  &  allié  de   Louis  XII , 
roi  de  France ,  alors  ,  félon  lui ,  ennemi  du  faint  fiége. 
Ferdinand  &  fes  fucceffeurs  gardèrent  cet   état  à  titre 
de  conquête ,   fondant   leur   droit  fur  les  loix   de   la 
guerre. 

Les  premiers  rois  de  Navarre  ne  prenoient  quelque- 
fois que  le  titre  de  roi  de  Pampelune.  DonPetro,  pre- 
mier de  ce  nom ,  Se  dix-feptieme  roi  de  Navarre ,  fe 
nommoit  roi  de  Pampelune  &  d'Arragon.  Lorsqu'ils  pre- 
noient pofleflîon  ,  ils  juroient  fur  l'évangile  de  mainte- 
nir les  droits  ,  les  coutumes  Se  les  libertés  du  pays , 
&  les  députés  des  états  lui  juroient  enfuite  de  garder 
Se  de  défendre  fidèlement  fa  perfonne  ,  &  fes  états. 
Ces  fermens  prêtés  de  part  Se  d'autre  par  les  états  ,  à 
l'exception  du  Clergé  qui  ne  juroit  pas ,  le  roi  fe  re- 
tiroit  dans  la  chapelle  de  faint  Etienne  de  la  même 
églife  :  il  y  prenoit  une  robe  de  foie  blanche  ,  Se  enfuite 
deux  évêques  le  ramenoient  dans  la  grande  chapelle  , 
où  l'évêque  de  -Pampelune  l'oignoit  d'huile  avec  les  cé- 
rémonies accourumées.  Immédiatement  après  l'onction  , 
le  roi  prenoit  les  habits  royaux  &  s'approchoit  du  maî- 
tre-autel ,  où  il  trouvoit  une  épée  ,  la  couronne  du 
royaume  ,  garnie  de  pierreries ,  Se  le  feeptre  royal.  Il 
ceignoit  lui-même  l'épée ,  8c  la  tirant  du  fourreau  ,  il 
la  levoit  en  haut  en  figne  de  juftice.  Après  cela  il  fe 
mettoit  la  couronne  fur  la  tête  ,  8c  prenoit  le  feeptre  en 
main  ,  pendant  que  les  prélats  continuoient  les  priè- 
res ■-,  Se  lorsque  les  prières  étoient  finies ,  le  roi  mon- 
toit  fur  un  pavois  ou  écn  ,  fur  lequel  les  armes  de  Na- 
varre étoient  peintes.  Cet  écu  étoit  foutenu  par  les  dé- 
putés de  la  noblefle ,  des  cités  Se  des  villes  du  royau- 
me, qui  pouflbient  de  grands  cris  de  joie,  tandis  que 
le  roi  jettoit  au  peuple  des  pièces  de  monnoie  d'or  Se 
d'argent.  Après  cela  ,  les  prélats  le  conduifoient  à  fon 
fiége  royal ,  qui  étoit  fort  élevé  Se  très-magnifique  :  on 
chantoit  alors  le  Te  Deum  ,  à  la  fin  duquel ,  l'évê- 
que de  Pampelune  ,  commençoit  la  méfie  pontificale- 
ment  ;  Se  à  l'offertoire  le  roi  offroit  de  l'or  ,  de  l'argent 
&  de  l'écarlate. 

Ce  royaume  jouit  encore  de  grands  privilèges.  Lors- 
que Ferdinand  le  Catholique  aggrégea  le  royaume  de 
Navarre  à  fes  autres  états ,  il  ne  changea  rien  dans  la 
forme  du  gouvernement ,  ni  dans  les  loix  que  les  an- 
ciens rois  y  avoient  établies  ;  de  forte  que  le  confeil 
fouverain ,  où  s'exerçoit  la  juftice  avant  cette  aggréga- 
tion ,  a  toujours  fubfiffé  dans  l'exercice  de  fes  droits , 
fans  recevoir  la  moindre  atteinte.  11  efl  compofé  du 
viceroi  qui  y  préfide ,  quand  il  lui  plaît  ;  d'un  régent , 
qui  efl:  un  homme  de  robe  -,  de  fix  confeillers,  avec  titre 
d'auditeurs  ;  de  quatre  alcades  ;  d'un  rapporteur  ;  d'un 
écrivain  ou  greffier ,  qui  a  fous  lui  quelques  commis  ; 
de  divers  alguazils ,  Se  de  deux  portiers.  Sa  jurisdiction 
s'étend  fur  toute  la  Haute-Navarre  ,  Se  il  juge  fouve- 
rainement ,  tant  au  civil  qu'au  criminel.  Il  confulte 
toutes  les  femaines  avec  le  viceroi  fur  les  affaires  qui 
furviennent ,  par  rapport  à  la  police  &  au  gouverne- 
ment du  royaume;  mais  il  ne  prend  aucune  connoiflan- 
ce  du  gouvernement   ecslcfiaftique,    militaire,  ni  des 


NAV 


NAV 


finances  royales,  qui  font  de  la  compétence  delà  chambre 
des  comptes  ,  à  laquelle  le  viceroi  eft  en  droit  d'affilier  , 
quand  il  lui  plaît ,  de  même  qu'au  confeil. 

Comme  le  royaume  de  Navarre  a  des  loix  particu- 
lières ,1a  jurisprudence  ôc  le  ftyle  n'ont  aucun  rapport 
ni  à  la  jurisprudence,  ni  au  llyle  des  autres  tribunaux 
fourerainsd  Espagne,  fi  ce  n'elt  dans  le  cas  où  les  uns 
ôc  les  autres  le  conforment  au  droit  romain.  Les  ha- 
bitans  trouvent  un  avantage  dans  ce  confeil  fouverain, 
c'eft  que  les  procédures  n'y  traînent  pas  en  longueur, 
comme  dans  les  autres  tribunaux.  Lorsque  le  viccroi 
n'affilie  pas  an  confeil ,  le  régent  y  préfide ,  ôc  en  fon 
abfence  le  plus  ancien  auditeur.  Les  commiffions  des 
juges  ne  font  que  pour  trois  ans  •>  mais  quelquefois  elles 
font  prorogées  ;  ôc  de-là  ils  font  admis  au  confeil  de 
Caftille,  ou  à  quelqu 'autre  tribunal  fouverain,  dont 
les  émolumens  ôc  les  prérogatives  font  plus  confidé- 
rables. 

L'air  de  ce  pays  eft  plus  doux  ,  plus  tempéré  Se  plus 
fain  que  celui  des  provinces  voifines,  qui  font  plus  avan- 
cées dans  l'Espagne.  Le  terrein  eft  raboteux  ,  entrecou- 
pé ,  hériffé  de  montagnes  ;  cependant  il  ne  laiffe  pas 
de  produire  affez  de  grains  ôc  de  vins,  dont  les  meil- 
leurs font  ceux  de  Peralta  &  de  Tudele.  Celui  de  Pe- 
ralta  eft  une  espèce  de  vin  de  liqueur  approchant  de 
celui  de  Saint  Laurent  -,  mais  incomparablement  plus 
fort  ôc  meilleur.  Celui  de  Tudele  a  beaucoup  de  rap- 
port au  vin  de  Bourgogne  ;  mais  il  n'efl  pas  tout  à-fait 
fi  délicat  ,  ni  fi  bon.  La  terre  produit  auffi  des  fruits 
excellens  ,  fur-tout  des  muscats ,  des  poires  ôc  des  pê- 
ches. Il  s'y  trouve  des  fangliers  en  quantité ,  des  che- 
vreuils ,  des  lièvres ,  des  loups ,  des  renards  ,  des  per- 
drix ,  des  bécaffes  ,  ôc  toute  forte  d'autre  gibier  de  de 
venaifon.  Les  mines  de  fer  y  font  fréquentes  ôc  abon- 
dantes :  il  y  a  même  ,  ôc  en  quantité  ,  des  mines  d'or  , 
d'argent  ôc  de  plomb  ;  mais  on  ne  fe  met  pas  en  peine 
de  les  exploiter.  Le  cidre  qu'on  fait  dans  quelques  val- 
lées de  la  Navarre ,  &  fur-tout  dans  celle  de  Baftan  , 
paffe  pour  le  meilleur  qui  fe  faffe  dans  toute  l'Es- 
pagne. 

Les  Navarrois  ont  beaucoup  d'efprit  :  ils  font  polis  , 
fins,  adroits,  induftrieux  ,  laborieux,  ôc  très  propres 
pour  les  feiences  &  pour  les  affaires.  Leurs  mœurs  font 
affez  conformes  à  celles  des  François. 

3.  NAVARRE  (La  Basse)  ,  c'eft  une  des  Mer'm- 
dades  ou  bailliages  dont  tout  le  royaume  de  Navarre 
étoit  compofé.  Elle  a  au  nord  les  Landes  ôc  le  terri- 
toire d'Acqs,  à  l'orient  la  Soûle ,  au  midi  les  Pyrénées  , 
qui  la  féparent  de  la  Navarre  Espagnole  ,  ôc  à  1  occi- 
dent le  Labour.  Les  Espagnols  appellent  la  Baffe-Na- 
varre Merindada.  de  ultra  Puertos  ;  parce  qu'elle  eit  à 
leur  égard  au-delà  des  Pyrénées  ôc  des  paffages  des  mon- 
tagnes qu'ils  nomment  Puerto;,  ports. 

Ce  pays  fut  occupé  des  premiers  par  les  Gascons , 
lorsqu'ils  paflcren:  les  monts  pour  s'établir  dans  la  No- 
vempopulanie  fur  la  fin  du  fixiéme  fiécle  :  auffi  tous  les 
habitans  font  Basques ,  ôc  parlent  la  langue  basque , 
qui  eft  la  même  que  celle  des  Biscayens  Espagnols.  Les 
ducs  de  Gascogne  furent  toujours  fouverains  de  ce  pays, 
qui  étoit  partagé  entre  plufieurs  feigneurs  ou  vicomtes. 
Les  ducs  d'Aquitaine  fuccéderent  aux  droits  des  ducs 
de  Gascogne  ,  ôc  ils  en  jouirent  toujours  jusqu'au  der- 
nier duc  Guillaume  ,  qui  laiffa  fes  états  ôc  les  droits 
à  fa  fille  Eléonor.  Cette  princeffe  ayant  époufé  Louis 
le  Jeune,  roi  de  France  ,  ce  prince  acquit  par  ce  matiage 
route  l'Aquitaine  ,ia  Gascogne  &  le  Navarrois,  jusqu'à 
la  Croix  de  Charlemagne ,  usqite  ad  Crnccm  Caroli. 
Cette  Croix  qui  eft  au  port  de  Roncevaux  ,  étoit  autre- 
fois la  borne  de  la  France  ôc  de  l'Espagne,  &  le  dio- 
cèfe  de  Bayonne  s'étendoit  auffi  jusques-là.  Roger  de 
Hoveden,  qui  vivoit  fur  la  fin  du  douzième  fiécle  ,  affure 
que  Richatd,  comte  de  Poitiers  ,  fils  de  Henri  ,roi  d  An- 
gleterre, ôc  d'Eléonor  de  Guienne  ,  fe  fit  reconnoître 
pour  fouverain  par  tous  les  Basques  Ôc  les  Navairois 
jusqu'au  port  de  Sifare  ,  qu'on  nomme  aujoud'hui  com- 
munément le  port  de  Roncevaux.  *  Longuerue }  Defcr. 
de  la  France  ,  part.  I.  p.  2  1 1 . 

On  donnoit  dans  le  douzième  fiécle  le  nom  de  Na- 
vairois aux  Basques  qui  habitent  au  nord  des  Pyrénées; 
parce  qu' Alfonfe,  roi  d'Arragon  ,  fe  rendit  maître  de  ce 


499 

pays  5c  de  celui  de  Labour,  l'an  iijo,  ayant  pris 
alors  Bayonne,  qu'il  perdit  auffi  tôt  après  ;maisilcon- 
ferva  le  pays  voifin.  Après  fi  mort ,  fon  frère  ôc  fuc- 
ceffeur  Ramire  le  Moine,  ne  fut  pas  en  état  de  réfifter 
à  lapuiffance  du  dernier  Guillaume,  duc  d'Aquitaine , 
ôc  encore  moins  à  celle  de  Louis  le  Jeune,  roi  de  France, 
qui  avoit  époufé  Eléonor  ,  fille  ôc  héritière  du  duc  Guil- 
laume :  de  forte  qu'on  voit  dans  l'ancienne  chronique 
de  Vezelai ,  écrite  par  Hugues ,  auteur  contemporain  , 
que  ce  roi  fe  fit  reconnoître  pour  fouverain  de  tout  le 
pays  des  Basques  &  de  la  Navarre,  jusqu'aux  monts 
Pyrénées  ôc  à  la  Croix  de  Charlemagne ,  Acquifîvit  om- 
nem  Aquitanïam  ,  Gascognam  ,  Bascloriiam  &■  Navar- 
riam  ,  us  que  ad  montes  Pyreneos ,  &"  us  que  ad  Crucem 
Caroli.  Oeil  ce  paffage  que  les  anciens  appellent  P  or  tus 
Sifarœ,  ôc  quelquefois  la  Porte  d'Espagne. Eléonor  ayant 
été  répudiée  par  Louis  le  Jeune  ,  &  ayant  enfuite  épou- 
fé Henii  II,  roi  d'Angleterre,  elle  transporta  fes  droits 
à  fon  fils  Richard,  comte  de  Poitiers  ;  ôc  ce  prince  fub- 
jugua  les  Basques  ôc  les  Navarrois  jusqu'à  la  Porte  d'Es- 
pagne ,  &  fut  enfuite  roi  d'Angleterre. 

Ce  ne  fut  que  fous  Jean  fans  Terre,  frère  &  fuc- 
cefieur  de  Richard,  que  les  ducs  de  Guienne  perdirent 
la  Baffe-Navarre  &  les  pays  adjacens.  Alfonfe  le  No- 
ble ,  roi  de  Caftille ,  profitant  des  malheurs  de  Jean 
fans  Terre ,  fe  rendit  maître  de  la  ville  ôc  du  territoire 
de  Saint  Sébaltien  ,  ôc  fubjugua  tous  les  Basques  qui 
font  au  nord  des  monts  Pyrénées,  ôc  même  une  par- 
tie de  la  Gascogne  ôc  du  Beam  :  car  il  prit  la  ville 
d'Acqs  en  Gascogne ,  ôc  celles  de  Sauvetat  ôc  d'Ortez  , 
comme  le  rapporte  en  fa  chronique  Lucas  Tudenfis, 
autrement  Luc  ,  évêque  de  Tuy  ,  en  Galice  ,  qui  vivoit 
du  tems  du  roi  Alfonfe.  Néanmoins  il  eft  probable  que 
ce  roi  rendit  au  vicomte  de  Bearn  ce  qu'on  lui  avoit 
pris.  En  effet  on  voit  par  un  titre ,  cité  dans  l'hiftoire 
de  Bearn ,  que  l'an  1 204  ,  le  roi  Alfonfe  avoit  avec 
lui  comme  un  de  fes  amis  le  vicomte  de  Bearn.  Il  eft 
indubitable  qu'Alfonfene  conferva,des  conquêtes  qu'il 
avoit  faites  dans  le  pays  des  Basques  ôc  dans  la  Gas- 
cogne ,  que  Saint  Sébaltien  ôc  fon  territoire ,  où  font 
Fontarabie ,  lion  ôc  Oyarçon.  Sanche  ,  roi  de  Navarre, 
s'appropria  ce  qu'on  appelle  la  Baffe-Navarre,  &  les 
Anglois  regagnèrent  ce  qu'ils  avoient  perdu  jusqu'à  la 
rivière  de  Bidaffoa ,  qui  fur  depuis  ce  tems  la  borne 
du  duché  de  Guienne  du  côté  de  l'Espagne. 

Tout  ce  que  Jean  d'Albrer  ôc  Catherine  ,  reine  de  Na- 
varre ,  fa  femme,  purent  recouvrer  des  états  que  Ferdi- 
nand,roi  d'Arragon  ôc  de  Caftille,  leur  enleva  en  1512, 
fe  réduit  à  la  Baffe  Navatre  ,  petit  royaume  qui  n'a  que 
huit  lieues  de  long  fur  cinq  de  large  ,  ôc  qui  ne  renfer- 
me que  trois  petites  villes  ;  favoir , 


Saint  Jean-Pié-de  Porr ,     Saint  Palais , 
la  Baftide  de  Clarence. 

Henri  d'Albret ,  fils  de  Jean ,  ne  fut  pas  plus  heu- 
reux que  fon  père  ,  ôc  ne  régna  que  dans  cette  petite 
partie  de  la  Navarre.  Il  ne  laiffa  qu'une  fille  de  fon 
mariage  avec  Marguerite,  fœur  de  François  1.  Cette  prin- 
ceffe, appcllée  Jeanne ,  époufa  le  21  d'Octobre  154S, 
Antoine  de  Bourbon  ,  ôc  en  eut  entre  autres  énfans 
Henri  le  Grand ,  qui  fut  roi  de  France.  Ce  magnani- 
me prince  laiffa  la  couronne  de  France  ôc  de  Navarre 
à  Louis  XIII ,  fon  fils.  C'eft  ce  dernier  qui  a  uni  au 
royaume  de  France  la  Baffe  Navarre  ôc  le  Bearn  en 
1620.  *Pigœnïol,  Defcr.  de  la  France,  t.  4.  p.  41g.  & 
fuiv. 

Ce  pays  eft  montueux  ,  fiérile  ,  &  les  terres  n'y  rap- 
portent qu'à  force  de  foins  ôc  de  travail  5  il  produit  peu 
de  fruits ,  mais  ils  font  excellens.  Les  habitans  y  font 
fort  laborieux  ,  d'un  efprit  vif  ôc  brillant ,  ôc  fort  zélés 
pour  la  religion  &  pour  le  fervicè  du  roi.  Ils  parlent 
la  langue  Basque.  Les  deux  principales  rivières  font 


la  Nive, 


ôc  la  Bidoufe. 


Une  partie  de  la  Baffe-Navarre  e(l  du  diocefe  d'Acqs , 
&  l'autre  pairie  de  celui  de  Bayonne.  Au  refte,  il  n'y 
a  aucun  chapitre  ,  ni  abbave  ,  ni  monaftere.  On  compte 
Tom,  IV,  R  rr  ij 


NAV 


yoo 

feulement  quatre  prieurés-cures  ,  dont  le  revenu  eft  très- 
modique  ,  Se  cent-deux  paroiffes. 

Quant  au  gouvernement ,  la  Baffe-Navarre  Se  le 
Bearn  n'en  font  qu'un  aujourd'hui ,  Se  font  du  reffort 
du  parlement  de  Pau.  La  Baffe-Navarre  eft  divifée  en 
cinq  territoires  ;  favoir, 


NAV 


L'Amix , 
La  Cize, 


Le  Baigorri 
L'Arberou , 


L'Oftabaret. 


La  juftice  fe  Tend  conformément  aux  coutumes  du 
pays  :  on  les  appelle  Fors. 

Le  royaume  de  Navarre  étant  un  pays  d'états ,  Se  fe 
ttouvant  presque  tout  paffé  en  15 12,  fous  la  domi- 
nation de  Ferdinand  ,  roi  d'Arragon  Se  de  Caftïlle  ,  Hen- 
ri d'Albret ,  fils  de  Jean  ,  à  qui  cinq  provinces  de  ce 
royaume  avoient  été  enlevées ,  fongea  à  conferver  dans 
la  Mérindade,  qui  lui  étoit  demeurée,  la  même  forme  de 
gouvernement,  qui  étoit  obfervée  dans  la  Haute  Navar- 
re, «5c  pour  cet  effer  inftitua  des  états  dans  la  Baffe.  Ils 
font  compofés  du  clergé,  delà  nobleffe  Se  du  tiers  état.  Le 
clergé  comprend  les  évêques  de  Bayonne  &  d'Acqs,  leurs 
vicaires  généraux,  le  prêtre  majeur  ou  curé  de  S.  Jean-Pié- 
de-Port,  du  prieur  de  la  ville  de  S.  Palais, du  prieur  d'Ha- 
rembels  &  du  prieur  d'Utziat.  Le  corps  de  la  nobleffe  eft 
compofé  de  gentilshommes  poffédans  des  terres  ou  mai- 
fons  nobles,  Se  ayant  entréetaux  états.  Le  tiersérat  confifte 
en  vingt-huit  députés  des  villes  &  communautés  qui 
ont  entrée  aux  mêmes  états. 

Quand  ces  affemblées  font  convoquées  à  Saint  Jean- 
Pié-de-Port ,  qui  eft  dans  le  dioeèfe  de  Bayonne  ,  l'é- 
vêque  de  Bayonne  eft  à  la  tête  du  clergé  ,  &  lorsqu'elle 
eft  convoquée  à  faint  Palais  qui  eft  dans  le  dioeèfe  de 
d'Acqs ,  c'eft  l'évêque  d'Acqs.  En  i'abfence  des  deux  évê- 
ques, leurs  vicaires  généraux  obfervent  le  même  ordre. 
Il  n'y  a  point  de  fang  réglé  dans  le  corps  de  la  nobleffe  : 
chacun  fe  place  félon  qu'il  arrive  dans  l'affemblée.  Quoi- 
que le  clergé  Se  la  nobleffe  foient  deux  corps  diftingués , 
ils  n'ont  pourtant  qu'une  féance  où  le  clergé  tient  le 
premier  rang.  Le  dépuré  de  Saint  Jean-Pié-de- Port  pré- 
fide  dans  le  corps  du  tiers  état ,  parce  que  cette  ville 
eft  la  capitale  du  royaume.  Il  y  a  un  fyndic ,  un  fecré- 
raire  Se  un  huiffier  des  états  ,  Se  ces  commiflions  font 
à  la  nomination  des  états.  Le  fyndic  fait  les  propo- 
rtions, rapporte  les  requêtes,  fait  délibérer  &  prend 
les  avis ,  car  il  n'y  a  point  de  préfident  dans  ces  affem- 
blées ;  les  évêques  ne  préfident  que  le  clergé.  Le  fecré- 
taire  a  foin  d'écrire  les  avis  fur  le  regiftre.  Lorsque 
des  trois  corps  il  v  en  a  deux  du  même  avis ,  ils  l'em- 
portent. Néanmoins  en  matière  de  finances  le  tiers  état 
feul  l'emporte  fur  les  deux  autres. 

La  commiffion  du  roi  pour  tenir  les  états  eft  ordi- 
nairement adreffée  au  gouverneur  ou  au  lieutenant  de 
roi  de  la  province.  Il  envoie  des  lettres  circulaires  à  tous 
ceux  qui  ont  entrée,  8c  leur  marque  le  jour  &  le  lieu 
où  ils  doivent  fe  trouver.  Quand  les  états  font  affem- 
blés  ,  ils  envoient  une  dépuration  des  trois  ordres  à  celui 
qui  eft  chargé  de  la  commiffion  du  roi ,  pour  l'avertit 
qu'ils  l'attendent,  afin  de  favoir  ce  qu'il  a  à  leur  propo- 
fer  de  la  part  du  roi.  Pour  lors  le  gouverneur ,  ou  celui 
qui  eft  chargé  de  la  commiffion  du  roi  ,  accompagne  la 
députation  jusque  dans  le  lieu  de  l'afïemblée  ,  où  celui 
qui  eft  à  la  tête  du  clergé  lui  fait  un  discours  qu'il  écoute 
couvert  ôc  debout ,  Se  auquel  il  répond  auffi  couvert. 
11  parle  de  fa  commiffion  Se  exhorte  l'affemblée  à  faire 
le  don  le  plus  fort  qu'il  fera  poffiblc.  Après  ce  discours 
il  fe  retire  chez  lui ,  Se  il  eft  accompagné  àes  mêmes 
députés.  Il  envoie  enfuite  la  commiffion  aux  états  affem- 
blés  Se  une  lettre  de  cachet  pour  les  renir.  On  fait  la 
lecture  de  l'une  &  de  l'autre  ;  on  les  enregiftre  Se  on 
nomme  des  députés  pour  compofer  le  cahier.  Il  contient 
les  griefs  que  l'on  a  à  alléguer ,  ou  les  réglemens  que 
l'on  a  à  demander  pour  le  bien  de  la  province.  Les  dé- 
putés ,  pour  travailler  à  ce  cahier ,  ont  trois  jours ,  pen- 
dant lesquels  les  états  ne  s'affemblent  point.  Au  bout 
de  ce  terme  le  fecrétaire  fair  la  lecture  du  cahier  en  pleine 
affcmblée;  on  délibère  fur  chaque  article  Se  on  arrête 
que  le  cahier  fera  mis  au  net  Se  préfenté  par  le  fyndic 
à  celui  ,  qui  repréfente  la  perfonne  du  roi  Se  qui  eft  char- 
gé de  l'examiner  ,  en  prefence  du  commiffairc  départi , 


qui  afîifte  aux  états ,  Se  fur  l'avis  de  deux  gradués.  Le 
fyndic  rapporte  alors  le  cahier  aux  états  ;  &  s'il  y  a  quel- 
ques articles  fur  lesquels  ils  ne  foient  pas  fatisfaks ,  ils 
en  demandent  la  réformation  par  une  requête  qu'ils 
préfentent  au  gouverneur  ,  ou  à  celui  qui  repréfente  la 
perfonne  du  roi  :  en  cas  de  refus  on  fe  pourvoit  devant 
le  roi  même. 

On  procède  après  cela  au  don  pour  le  roi  Se  à  l'état 
des  fommes  qui  doivent  être  impefées ,  ce  qui  fe  fait 
en  prefence  du  commiffaire  départi  qui  figne  l'état.  Après 
la  lignature  on  nomme  des  députés  des  trois  corps  pour 
en  aller  donner  avis  au  gouverneur ,  ou  à  celui  qui  eft 
chargé  de  la  commiffion  du  roi  ,  Se  pour  le  prier  de 
fe  rendre  à  l'affemblée ,  afin  de  faire  la  clôture  des  états. 
11  s'y  rend  accompagné  des  députés  Se  précédé  de  l'huiflier 
des  états ,  ayant  à  la  main  une  baguette  ,  aux  deux  bouts 
de  laquelle  font  empreintes  les  armes  de  Navarre.  Celui 
qui  eft  à  la  tête  du  clergé  rend  compte  du  don  fait 
au  roi  par  les  états:  le  gouverneur,  après  l'avoir  écouté 
debout  Se  couvert  ,  lui  répond ,  Se  les  états  fe  féparent. 
Ce  n'eft  qu'après  la  clôture  que  le  tréforier  rend  fes 
comptes  aux  députés  nommés  par  les  états  ,  Se  en  pre- 
fence du  commiffaire  départi. 

Les  dons  ordinaires  que  les  états  font  au  roi ,  ne  vont 
qu'à  quatre  mille  huit  cens  foixante  livres ,  outre  deux 
mille  livres  qu'on  donne  pour  la  fubfïftance  des  trou- 
pes ,  encore  prend-t-on  fur  ce  don  neuf  cens  livres  que 
le  roi  donne  pour  les  frais  de  la  tenue  des  états.  On 
donne  davantage  au  gouverneur  ;  les  états  lui  allouent 
fept  mille  fept  cens  quatorze  livres ,  &  au  lieutenant 
de  roi  deux  mille  fept  cens  quatorze  livres. 

Les  habitans  de  ce  pays  font  fort  laborieux  ,  &  le 
commerce  qu'ils  ont  avec  l'Espagne  fert  beaucoup  à  les 
faite  fubfifter. 

4.  NAVARRE  ,  bois  de  Fiance  ,  dans  le  Languedoc, 
maîtrife  de  Quillan  ;  il  a  quinze  cens  arpens  trois 
quarts. 

J.NAVARRE  ou  Château  de  Navarre,  en 
France,  dans  la  province  de  Normandie, auprès  d'E- 
vieux.  Ce  château  eft  d'une  ftructure  magnifique  ;  il 
confifte  en  un  gros  corps  de  bâtiment  à  quatre  faces 
de  même  deffein ,  de  même  hauteur  &:  demêmefym- 
métric.  Le  bas  de  ce  bâtiment  où  font  les  offices,  eft 
couvert  par  un  talus  en  forme  de  boulevard  gazonne, 
élevé  de  huit  à  neuf  pieds  au-deffus  du  niveau  du  jardin. 
On  monte  de  ce  jardin  au  premier  étage  du  château  par  de 
grands  degrés  ,  qui  conduifent  par  un  veftibuie  à  un  fa- 
lon  d'une  grande  magnificence ,  pavé  de  marbre  &  or- 
né de  quantité  de  buftes  de  differens  marbres.  Un  grand 
dôme  ou  coupole  couvre  ce  falon  ,  qui  eft  accompagné 
de  quatre  veftibules  qui  féparent  quatre  grands  appar- 
temens,  Se  ce  dôme  eft  enrichi  de  trophées  d'armes  en 
relief  fur  la  pierre  ,  avec  les  écuffons  de  la  maifon  de 
Bouillon  Se  autres  ornemens  d'une  grande  beauté.  Le 
fécond  étage  contient  autour  du  dôme  vingt  chambres 
meublées  pour  y  loger  des  perfonnes  de  diftinction.  Les 
quatre  faces  de  ce  fuperbe  château  ont  des  vues  diffé- 
rentes &  variées  :  une  fur  Evreux  ,  dont  les  églifes ,  avec 
leurs  tours  Se  leurs  clochers,  forment  un  bel  afpcct; 
une  fur  la  prairie  qui  conduit  au  bois  qu'on  a  ouvert 
pour  étendre  la  vue  ;  les  deux  autres  fur  de  grandes 
pièces  d'eau  ,  Se  routes  les  quatre  vues  donnent  fur  des 
jardins  très-bien  ordonnés  ,  Se  fur  des  canaux  artificiels 
formés  par  les  eaux  de  la  petite  rivière  de  Conches. 
On  arrive  à  ce  château  par  quantité  d'avenues  d'arbres. 
*  Corn.  Dicl.  fur  des  mém.  dreffés  fur  les  lieux. 

NAVARREINS  ou  Navarrinx  ,  ville  de  France, 
dans  le  Bearn  ,  fur  le  Gave  d'Oleron ,  dans  la  fené- 
chauffée  de  Sauveterre.  Elle  fut  bâtie  par  Henri  d'Al- 
bret ,  roi  de  Navarre  Se  prince  de  Bearn ,  au  milieu 
d'une  plaine  très-fertile  :  elle  eft  de  figure  carrée.  Son 
enceinte  eft  affez  petite  ,  mais  elle  a  de  belles  murailles 
Se  quatre  bons  baftions.  D'ailleurs  elle  n'a  nuls  dehors, 
Se  elle  eft  commandée  au  levant  par  des  hauteurs.  C'é- 
toit  du  tems  du  prince  qui  la  fit  bâtir  une  affez  bonne 
place,  on  la  regardoit  comme  le  boulevard  de  ce  pays; 
mais  préfentement  elle  ne  peut  plus  paffer  pour  telle. 
Il  y  a  à  Navarreins  un  gouverneur  particulier ,  un  lieu- 
tenant de  roi  Se  un  major.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la 
France  ,1.4.  p.  445. 


NAU 


NAVAS  DE  TOLOSA,  montagne  d'Espagne,  dans 
la  partie  feptentiionale  de  l'Andaloufie ,  à  l'orient  de 
Sierra  Morena.  Elles  font  remarquables  par  la  grande 
bataille  que  les  Chrétiens  y  gagnèrent  fur  les  Maures  le 
iô"  Juillet  1 2 1  z  ,  fous  les  ordres  d'Alfonfe  ,  roi  de  Cas- 
tille.  Ce  fut  près  du  partage  que  l'on  appelle  el  Puerto 
de  Muladar.  *  De  l'ifle ,  Carte  d'Espagne. 

NAUATA  ,  ville  de  la  Valérie  Ripenfe  ,  félon  la  no- 
tice des  dignités  de  l'Empire  ,feit.  57.  Dans  un  ancien 
manufcrit,  au  lieu  de  Nauata,  ou  lifoit  Poneuata. 
Il  elt  fait  mention  d'un  évêque  de  Navata  dans  les  dé- 
crétâtes, Dcjcr.  z.caufa  q.  &  Decreto  1.  difl.  14. 

NAVAZA ,  ifle  de  l'Amérique  feptentiionale,  à  huit 
degrés  de  la  ligne  (a).  Elle  eft  fort  petite  Se  âpre  par 
les  rochers ,  Se  n'a  pour  verdure  que  de  petits  arbris- 
feaux.  On  met  entre  les  merveilles  du  monde  une  fon- 
taine qui  elt  en  mer  à  demi-lieue  de  cette  ifle  (b).  Cet- 
te fontaine  eft  profonde  au  plus  de  feize  pieds,  Se  jaillit 
d'une  telle  force,  que  l'on  puifefoneau  douce  au  mi- 
lieu des  ondes  de  la  mer.  {a)  De  Laet ,  Defc.  des  In- 
des occidentales ,  1.  1.  c.  8.  (b)  Corn.  Diét. 

NAUBARIS.  Voyez*  Navari. 

NAUBARUM,  ville  de  la  Sannatie  Européenne. 
Quelques  manuferits  de  Pline,  /.  4.  c.  12.  lifent  Nava- 
rum.  Ptolomée,  /.  3.  c.  5.  la  met  la  dernière  ville  dans 
les  terres. 

NAUBOLENSES.  Voyez.  Drym^a. 

NAUBONENSES ,  lieu  de  la  Mauritanie  Céfarienfe. 

N  AUCRAT1S ,  ville  d'Egypte,  dans  le  Delta ,  au  des- 
fus  de  Metelis ,  à  main  gauche  en  remontant  le  Nil. 
Cette  ville  étoit  ancienne  ,  Se  Strabon  dit  qu'elle  fut 
bâtie  par  les  Miléfiens ,  mais  il  l'appelle  n«i^j3«tcx  ;  il  y  a 
apparence  que  c'eit  une  faute  de  copilte  ;  car  Strabon 
un  peu  plus  bas  l'appelle  Naucratis.  C'eft  ainfi  qu'é- 
crivent Hérodote ,  Gymnofopkiftar.  I.  11.  c.  9.  Ptolo- 
mée Se  Etienne  le  géographe.  Cette  ville  a  été  la  pa- 
trie d'Athénée,  célèbre  grammairien  ,  comme  il  le  té- 
moigne lui-même  dans  un  de  fes  ouvrages.  Elle  a  été 
aufli  épiscopale.  Parmi  les  évêques  qui  fouferivirent 
au  concile  de  Nicée,  tenu  l'an  325  ,  on  trouve  Harpo- 
cration  Naucratites  ,  Se  Ifaias  fouferivit  à  celui  de  Con- 
ftantinople  de  l'an  460. 

NAUECTABE  ,  ville  d'Ethiopie,  fous  l'Egypte.  Pli- 
ne, /.  6.  c.  30.  la  met  au  bord  du  Nil. 

NAVEDAD.  C'eft  le  nom  que  Criftophe  Colomb 
donna  au  premier  fort  qu'il  bâtit  dans  l'Ifle  Espagno- 
le ;  il  étoit  fuué  à  Puerto  Real ,  à  la  côte  feptentriona- 
le  de  l'ifle ,  où  Colomb  étoit  entré  le  jour  de  Noël 
1492.  Il  y  laifla  trente-huit  hommes  avec  quelques  piè- 
ces de  canon  ;  mais  l'année  fuivante  il  fe  trouva  dé- 
moli,  &  tous  les  Espagnols  avoient  été  égorgés  parles 
Infulaires  qu'ils  avoient  fort  maltraités.  *  P.  de  Cbar- 
levoix. 

NAUEGO.  Voyez.  Bubegent^c. 

NAVEILLE ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Beauce  ,  dio- 
cèfe  de  Blois ,  élection  de  Vendôme. 

NAUENNA.  Voyez.  Ravenna. 

N  AVERN  ,  Nub.uts ,  Nan&us ,  rivière  d'Ecofle  ;  elle 
prend  fa  fource  dans  les  montagnes  de  Sutherland ,  Se 
donne  fon  nom  à  la  province  de  Stratb-Navern  qu'elle 
traverfe  du  fud  au-nord.  *  Etat  préfent  de  la  Gran- 
de Bretagne ,  t.   2  p.  280. 

NAVES ,  bourg  de  France ,  dans  le  Limoufin ,  dio- 
cèfe  Se  élection  de  Tulle  ;  il  a  1700  habitans. 

NAUGRACUT.  Voyez.  Nagracut. 

NAVIA  ,  port  d'Espagne ,  dans  l'Afturie ,  aux  fron- 
tières de  la  Galice.  Il  y  a  auprès  de  ce  port  un  bourg 
firué  dans  une  plaine.  Les  habitans  prétendent  que  leur 
bourg  doit  fa  fondation  à  Noé ,  Se  qu'il  l'appella  Navia 
du  nom  de  fa  belle  fille,  femme  deCham.  Voyez,  Noega.* 
Délices  d'Esp.igne  ,  t.  1.  p.  114. 

NAUIA  Voyez.  Flavionavia. 

NAUILLOINUS ,  fleuve  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife.  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  met  Nauillouionis fiuv.  vftia 
immédiatement  après  Nabiifluv.  ojlia ,  chez  les  Cal- 
laici  Lucenfes.  Pline ,  /.  4.  c.  20.  écrit  Nauilubio. 

NAUILUBIO  Voyez,  Nauilloinus. 

NAULIBE  ,  ville  des  Indes ,  en-deçà  du  Gange  ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  qui  la  place  entre  le  Sua- 
fins  Se  Xlndus. 


NAU         JOE 


NAULIBIS,  ville  ou  bourg  de  la  Paropamifade.  Pto- 
lomée, /.  6.  c.  18.  la  place  entre  Gauz,aca  Se  Parfia. 

NAULOCHIUM  ,  lieu  de  la  Sicile,  fur  la  côte,  en- 
tre Pclorum  Se  Mylas,  félon  Suétone ,  in  Aug.  I,  2.  c. 
1 6.  Auguftc  remporta  une  viétoire  fur  Pompée ,  entre 
Mylas  Se  Naulochium. 

NAULOCHOS,  ifle  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Crète. 
Pline,/.  4.  c.  12.  la  place  devant  le  promontoire  Sam' 
monicum.  Voyez,  Naumachos. 

1.  NAULOCHUM,  ville  de  la  Phocide  ,  félon  Pli- 
ne, /.  4.  c.  3. 

2.  NAULOCHUM  Promontorium.  Pline  ,  lib.  j. 
cap.  32.  met  ce  lieu  dans  la  Bithynie.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  le  Naufimachium  de  Denys  de  Byzance 

NAULOCHUS.  Voyez,  Smyrna. 
NAULOGON.  Voyez,  Naumachos. 

1.  NAUM  ou  Naun  ,  ville  d'Afie,  aux  confins  de 
la  Tartarie  Moscovite  &  de  la  Tartarie  Chinoife.  La 
carte  d'Isbrantz  Ides  écrit  Navnkoton  ,  Se  la  nouvelle 
carte  de  l'empire  de  la  grande  \uflie  porte  Amplement 
Naun.  L'une  Se  l'autre  placent  cette  ville  fur  la  riviè- 
re de  Naun ,  à  la  gauche  Se  à  peu  près  dans  l'endroit 
où  elle  fait  un  coude  pour  prendre  fon  cours  à  l'eu. 

2.  NAUM  ou  Naun  ,  rivière  de  la  grande  Tarta- 
rie, aux  confins  de  la  Tartarie  Moscovite  &  de  la  Tar- 
tarie Chinoife.  Elle  prend  fa  fource  au  midi  d'Albas- 
finskoy  ,  ville  des  Rufles  ,  ruinée  par  les  Chinois  Se 
par  les  Mongales  :  elle  court  en  ferpentant  du  nord  au 
midi,  baigne  Mergeen  &  fe  rend  à  Naum  ,  au-deflus  de 
laquelle  ayant  reçu  l'Ialo ,  elle  commence  à  courir  du 
côté  de  l'elt  :  elle  va  enfuite  fe  joindre  au  Chingal,  qui 
fe  décharge  dans  le  fleuve  Amur.  *  Nouvelle  carte  de 
l'empire  de  la  grande  Ruf/ie. 

NAUMACHOS,  ifle  fur  la  côte  de  cellede  Crète: 
Pomponius  Mêla,  /.  2.  ç,  7.  v.  iij  en  fait  mention. 
Ne  feroit  ce  point  l'ifle  Naulochos  de  Pline,  /.  4.  c.  12? 

1.  NAUMBOURG,  ville  du  cercle  de  la  haute  Saxe , 
dans  les  états  de  la  branche  de Saxe-Zeitz  fur  la  Sale  (a). 
Avant  la  réformation  elle  étoit  le  fiége  d'un  évêché,  qui 
y  avoit  été  transféré  de  Zcitz  en  1028.  Ce  fiége  ne  fub- 
fifle  plus  aujourd'hui.  Il  y  a  une  foire  célèbre  à  Naum- 
bourg  le  29  de  Juin,  jour  de  la  fête  de  faint  Pierre  & 
faint  Paul(^).  En  17 14,  cette  ville  fut  réduite  en  cen- 
dres par  un  incendie  arrivé  le  jour  de  la  foire.  On  y 
voit  un  château  allez  grand,  ouvrage  de  Louis ,  furnom- 
mé  de  Fer,  landgrave  de  Turingc.  {a)  tPagenfeil,  Lo- 
culament.  IL  ad  orbis  notit.  p.  306  (b).  Hubner  ,  Geo- 
graph.  p.  577. 

2.  NAUMBOURG  ,  petite  ville  de  Siléfie  ,  fur  la 
Queifs ,  dans  la  principauté  de  Jauer ,  Se  aux  confins 
de  la  Haute-Luface.  Les  Suédois  y  étoient  l'an  1642.* 
Zeylcr  ,  Bohem.  topog.  p.  163. 

3.  NAUMBOURG, ville  de  Siléfie,  dans  la  princi- 
pauté de  Sagan  ,  fur  le  Bober.  Il  y  a  eu  autrefois  un 
évêché  ;  mais  Primiflas,  duc  deGlogau,  feigneurde 
Sprotau  Se  de  Sagan  ,  le  transféra  le  19  Mai  1284,  de 
la  ville  de  Naumbourg ,  où  fon  aïeul  le  duc  Henri  le 
Barbu  l'avoit  établi ,  à  Sagan  ,  qui  devint  grande  Se  ri- 
che avec  le  tems. 

NAUNDA.  C'eit  le  nom  que  donne  Isbrantz  Ides  à 
la  rivière  de  Naum ,  depuis  fa  fource  jusqu'à  la  ville 
de  Naum  i  au-deffousde  cette  ville  jusqu'à  fon  embou- 
chure dans  le  Chingal,  il  la  nomme  Naun.  Voyez  Naum. 
*  Nouvelle  carte  de  l'empire  de  Rujfie. 

NAUNES  ou  plutôt  Genaunes  ,  peuples  des  Al- 
pes,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  20.  Tous  les  manuferits  écri- 
vent Genaunes  ,  Se  le  perc  Hardouin ,  in  not.p.  177, 
avertit  que  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire.  La  première  fylla- 
be  de  ce  mor  eft  retranchée  mal-à-propos  d?.ns  les  exem- 
plaires latins.  Ils  étoient  voifins  des  Brettk\  Horace, 
/.  4.  od.  14.  a  parlé  de  ces  peuples  en  ces  termes  : 

Dritfus  Genaunos  ,  implacidum  genus , 
Breunosque  veloccî  ,  or  arecs 

Alpibus  impofitas  tremendis 
Dcjicit  accr ,  &c, 

NAUONIUS  PORTUS,  aujourd'hui  Porto  Navo- 
ne  ,  port  de  l'ifle  de  Corfe,  dans  la  partie  méridionale 
de  cette  ifle  ,  &  dans  le  voifinage  de  Portus  Syracu- 


y  02,        NAU 


NAU 


fanus  de  Ptolomée,  /.  3.  c.  2.  Quelques  manufcrits 
de  l'itinéraire  d'Antonin  lifent  Nauonius  l'ortus ,  & 
placent  ce  port  dans  l'ifle  de  Corfe  fur  la  route  de 
Mariana  à  Plalas,  entre  Pr&fidum  Se  Plalas ,  à  trente 
milles  de  la  première  &  à  vingt-cinq  milles  de  la  der- 
nière -,  cependant  les  exemplaires  revus  par  Surita  8c 
par  Bertius ,  au  lieu  de  Tortum  Nauomum .  écrivent 
Portum  Favorit. 

NAUOS ,  ville  d'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte  ,  fur  le  bord 
du  Nil,  félon  Pline,  /.  6.  c.  30.  Le  père  Hardouin, 
Not.  &  Emend.  n°  118.  foupçonne  que  ce  mot  pour- 
voit être  corrompu ,  aufîi  bien  que  celui  de  Nantis  , 
qu'on  lit  dans  quelques  manufcrits. 

NAUPACTUS,  ville  de  Grèce,  dans  l'iEtolic.  C'eft 
aujourd'hui  Lépante.  Strabon,/.  9.  p.  427.  nous  don- 
ne fa  fituation  &  l'origine  de  fon  nom  :  Naupailus  , 
dit-il ,  Antirrh'io  vicina  ,  à  navibus  ibï  compattis  nomi- 
nata  Pline  ,  /.  4.  c.  2.  la  place  dans  le  golfe  de  Co- 
rinthe,  parmiles  villes d'/Etolie.  A  la  vérité,  Ptolomée,  /. 
3,  c.  i'j.  la  donne  aux  Locriens  Ozoles  -,  mais  Strabon  ex- 
plique la  chofe.  11  dit  que  de  fon  tems  Naupactus  étoit 
de  l'/Etolic ,  parce  que  Philippe  avoir  jugé  à  propos  de 
l'attribuer  à  cette  province:  Nunc  vero  NaupattusJEto- 
lornm  eft  Philippo  adjudicante. 

NAUPHRA  ,  ville  de  Crète  ,  félon  Pomponius  Sa- 
binus,  Ad  not.   in  Cirim.  qui  dans  ce  vers  de  Virgile, 

Gnofia  neu  Partho  contendens  fpicula  cornu  : 

au  lieu  de  neu  Partho ,  lit  Nauphreo  :  d'autres  au  con- 
traire ,    pour  neu  Partho,  lifent  Naupacto. 

NAUPL1A  ou  Nauplia  Navale  ,  ville  &  port  de 
mer ,  dans  l'Argie.  Strabon  ,  /.  8.  la  place  après  Te- 
menium.  Ptolomée,/.  3.  c.  16.  &  Hérodote,/.  <a.c.j6. 
en  font  mention;  &Paufanias,  /.  2.  c.  38.  dit  qu'el- 
le étoit  à  cinquante  ftades  de  Temenium.  Ces  auteurs 
en  ayant  parlé  comme  d'un  port  fort  commode ,  on  a 
jugé  que  ce  devoit  être  Napoli  de  Romanie.  Du  tems 
de  Paufanias,  Nauplia  étoit  détruite  Se  à  peine  en 
voyoit  -  on  les  ruines.  On  prétend  qu'elle  avoit  été 
bâtie  par  Nauplius ,  fils  de  Neptune  8c  de  la  nymphe 
Amymone  ,  fille  du  roi  Danaù's  ,  &  l'un  des  Argonau- 
tes. On  voit  encore  auprès  de  Napoli  de  Romanie 
les  ruines  de  l'ancienne  Nauplia.  On  y  découvre  entre 
antres  un  grand  portail  frit  en  voûte.  Il  eft  bâti  de 
pierres  de  taille  d'une  grofleur  &  d'une  dureté  extraor- 
dinaire. Il  paroît  aufli  une  grande  enceinte  de  murail- 
les fort  hautes ,  qui  enferment  un  champ  de  terres  la- 
bourables ,  8c  où  l'on  feme  du  grain.  La  montagne  de 
Palaméde  eft  dans  le  voifinage  •,  mais  on  ne  peut  plus 
démêler  la  célèbre  fontaine  de  Canathus ,  où  la  déefle 
Junon  alloit  fouvent  fe  baigner ,  8c  d'où  elle  fortoit 
toujours  en  état  de  vierge  :  fans  doute  que  les  femmes 
du  pays,  ayant  inutilement  eflayé  fi  elles  en  fortiroient 
comme  Junon  ,  ont  laifle  perdre  la  mémoire  du  nom 
de  Canathus.  *  Lacédcmone  ancienne  &  nouvelle ,  1.  4. 

NAUPLIUM  ,  ville  aux  environs  de  l'Eubée  ,*  félon 
Ortclius  ,  Thefaur.  qui  cite  Euripide. 

NAUPONTUS.  Voyez.  Nauportus. 

NAUPORTUM  ,  ville  des  Taurisques ,  vers  la  four- 
ce  de  la  rivière  Nauportus.  Strabon,/.  7.  c.  18.  la  nom- 
me NaÛ77ovToy  ,  Nauponium  ;  mais  c'eft  une  faute ,  car 
elle  tire  fon  nom  de  la  rivière  Nauportus ,  félon  •  le 
témoignage  de  Pline  ,  /.  3.  c.  17.  Dans  la  table  de  Peu- 
tinger  cette  ville  eft  placée  entre  Longaticum  8c  JEmo- 
na  »  à  fix  milles  de  la  première  Se  à  douze  milles  de 
la  dernière.  On  juge  de-là  que  Nauportum  étoit  pré- 
cifément  où  eft  aujourd'hui  Ober-Laubach.  *  Cellarius  , 
Geograph.  ant.  1. 1.  c.  8. 

NAUPORTUS  ou  Naupontus  ,  rivière ,  qui ,  félon 
Pline,/.  3.C-.  18.  prend  fa  fource  dans  les  Alpes,  en- 
tre /Emona  &  les  Alpes,  auprès  de  Longaticum ,  lieu 
qui ,  dans  la  table  de  Peutinger ,  eft  à  fix  milles  de  la  ville 
Nauportus.  Cette  rivière  pafibit  à  /Emona ,  8c  à  un  mille 
au-defl'ous  de  cette  ville  elle  fe  joignoit  avec  le  Save. 
On  croit  que  cette  rivière  eft  le  Laubach.  *  Cellarius  , 
Geogr.  ant.  1.  2.  c.  8. 

NAURA,  contrée  de  la  Scythie  Afiatique,  félon 
Quinte-Curfe.  Arian  ,  dans  le  périple  de  la  mer  Rouge  , 
en  fait  une  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange  ,  dans  la  Li- 


myrique.  Stukius  de  Zurich  prétend,  qu'au  lieu  de  Nau- 
ra  ,  on  doit  lire  Nitria  ,  comme  Pline  ,  /.  6.  c.  24.  Se 
Ptolomée  , /.  7.  c.  1.  à  moins  qu'on  n'aime  mieux  corri- 
ger ces  deux  écrivains  ,  8c  y  lire  Naura  pour  Nitria. 

NAURIA, place  d'Afie,  dans  la  Syrie,  qu'on  croit  être 
l'ancienne  Cbalybon  ou  Calybon  :  elle  eft  fituée  à  trente 
mille  pas  d'Alep,  du  côtéde  l'occident ,  8c  elle  eft  fort  peu 
confidérable.  *  Corn.  Dict. 

NAUROUSE  ,  lieu  de  France ,  où  l'on  fait  le  point 
de  partage  des  eaux  qu'on  a  aflemblées  pour  fournir  aux 
canaux  qui  font  la  jonction  de  la  mer  Océane  avec  la 
mer  Méditerranée.  C'eft  une  petite  éminence  fituée  dans 
la  route  qui  conduit  du  bas  au  haut  Languedoc ,  & 
où  il  y  a  deux  vallons  qui  naiftent  :  un  de  ces  vallons 
a  fa  pente  du  couchant  au  levant  ,  8c  eft  arrofé  par  une 
petite  rivière  qui  descend  dans  celle  de  Fresques.  La 
rivière  d'Aude  ,  qui  reçoit  cette  dernière  au-deflus  de 
Carcaflbnne  ,  fe  rend  d'un  côté  par  fon  canal  naturel 
dans  l'étang  de  Vandres ,  qui  communique  avec  la  Mé- 
diterranée ,  8c  elle  eft  conduite  de  l'autre  par  un  canal 
artificiel  jusqu'à  Narbonne  ,  d'où  elle  va  fe  perdre  dans 
la  mer  même.  L'autre  vallon,  qui  descend  du  levant  au 
couchant ,  eft  traverfé  par  les  eaux  de  la  rivière  de  Lers. 
Elle  entre  dans  la  Garonne  au-deflous  de  Touloufe, 
&  ces  deux  petites  rivières ,  Aude  &  Lers,  ayant  leurs 
fources  à  la  tête  de  ces  deux  vallons ,  à  un  quart  de 
lieue  l'une  de  l'autre ,  on  connut  qu'en  les  élargifîant  ,  on 
pourroit  faire  approcher  à  une  fort  petite  diftance  les 
bateaux  dont  on  fe  ferviroit  fur  l'une  8c  fur  l'autre. 
La  difficulté  ne  confiftoit  plus  qu'à  faire  fur  l'éminence 
de  Nauroufeun  baffin  Se  un  canal  à  droite  8c  à  gauche, 
pour  descendre  d'un  côté  à  la  fource  de  la  rivière  de 
Lers ,  8c  de  l'autre  à  celle  de  Fresques ,  qui  entre  dans 
l'Aude ,  8c  fuppofé  que  ce  baffin  eût  pu  fe  faire  ,  s'il 
feroit  poffible  d*aflembler  des  eaux,  8c  de  les  y  ame- 
ner en  aflez  grande  abondance  pour  remplir  les  deux 
canaux  8c  les  rendre  propres  à  la  navigation.  *  Vie  de  M. 
Colberr.  Corneille ,  Dict. 

Pour  cet  effet  on  vifita  toutes  les  montagnes  voifi- 
nes  ;  on  chercha  la  hauteur  des  fources  de  plufieurs  ri- 
vières que  l'on  y  voit  naître  :   on  parcourut ,  on  con- 
fidéra ,  on  nivella  tant  de  fois  le  terrein  ,  qu'on  trouva 
enfin  qu'il  étoit  aifé  d'aflembler  les  eaux   des   petites 
rivières  ,  qui   fortoient  de  ces  petites  montagnes.  Ces 
rivières  arrofent  la  plaine  de  Rével  8c  d'autres  contrées 
du  Laurageois  ,  &  s'appellent  Aliau  ,  Bernaflbn  ,  Lam- 
py  ,  Lampillon  ,  Rientort  &  Sor.  On  trouva  même  qu'en 
pratiquant  un  canal  qui  cotoyeroit  les  montagnes ,  on 
en  feroit  descendre  les  eaux  jusqu'à  l'éminence  de  Nau- 
roufe  ,  qu'on  regarda  comme  le  point  de  partage  où 
l'eau  fe  diftribueroit  pour  aller  à  droite  8c  à   gauche 
vers  l'Océan  Se  vers  la  Méditerranée ,  remplir  les  ca- 
naux qu'on  auroit  faits  pour  la  navigation.  On  fit  enfin 
l'eflai  de  cette  entreprife  par  une  petite  rigole  dans  la 
montagne  Noire,  au-deflus  de  la  ville  de  Rével,  Se 
elle  fut  conduite  fi  heureufement,  qu'elle  porta  à  Nau- 
roufe  l'eau  de  ces  rivières.  Alors ,  au  lieu  de  la  rigole^ 
on  fir  un  canal  de  largeur  Se  de  profondeur  fuffifante 
pour  le  transport  des  eaux   nécefiaires.  11  fut  ouvert, 
près  delà  forêt  de  Ramondins,un  peu  au-deflus  delà 
fource  de  l'Alfau,  &  conduit  en  la  manière  fui  vante.  A  près 
qu'il  a  descendu  jusqu'aux  deux  petits  ruifleaux  de  Cam- 
berouge  8c  de  Coudiere ,  il  prend   la   rivière  de   Ber- 
naflbn ,  avec  un  autre  rui'fleau  du  même  nom  un  peu 
au-defibus;  enfuite  il  reçoit  les  rivières  de  Lampy  Se  de 
Lampillon  ,  avec  le  ruifleau  de  Cofière ,  Se  porte  toutes 
ces  eaux  dans  la  rivière  de  Sor  au  defllis  de  Campinafe, 
petit  village  ,  près  de  la  forêt  de  Crables  mortes.  Tout 
ce  chemin  eft  fort  fumeux  ,  Se  a  de  longueur  dix  mille 
fepteens  foixante  &  une  toifes.  Pour  faire  entrer  l'eau 
de  ces  rivières  dans  la  rigole,  il  a  fallu  les  barrer  par 
des  digues  de  terre  bien  cimentées  :  la  hauteur  de  ces 
digues  eft  telle,  que  fi  l'eau  devenoit  trop  abondante, 
elle  pourroit  fe  furnager  Se  fe  répandre  dans  les  canaux 
naturels.  Comme  on  a  cherché  à  donner  de  l'eau  à  ces 
mêmes  rivières,  après  que  les  baffins  de  communication 
en  feroient  fournis ,  on  a  fait  à  la  rigole  plufieurs  dé- 
charges appellées  dans  le  pays  Escampadours.  La  rivière 
de  Sor ,  étant  enflée  de  toutes  ces  eaux ,  les  porte  la  lon- 
gueur de  trois  mille  quatre  cens  quarante-neuf  toifss, 


NAU 


NAU 


jusqu'au  pied  de  la  montagne  ,  où  elles  font   arrêtées 
par  une  digue  femblable  aux  premières,  pour  les  fane 
entrer  dans  un  autre  canal ,  qui  ferpente  le  long  des 
coteaux  jusqu'à  Nauroufe  durant  l'espace   de    dix-neuf 
mille  trois  cens  foixante  Se  dix-huit  toifes.  La  crainte 
qu'on  eut  de  ne  tirer  pas  allez  d'eau  de  toutes  les  petites 
rivières  que  la  rigole  recevoir  ,  fur-tout  pendant  l'été 
où  la  plupart  font  à  fec ,  fit  chercher  dans  la  montagne 
un  lieu  propre  à  faire   un   réfervoir    fi  confidérable , 
qu'il  put  en  rout  tems  fuppléer  au  défaut  des  rivières. 
Ce  lieu  fut  trouvé  :  c'eft    un  vallon  fitué  à  un  quart 
de  lieue  au-deffous  de  la  ville  de  Rével.  On  lui  a  don- 
né le  nom  de  Suint  Ferréol  ,  à  caufe  d'une  métairie  de 
ce  nom  qui  en  eft  proche.  Comme  le  ruiffeau  d'Au- 
daut  le  traverfe  entièrement,  ce  fut  de  fan  eau  Se  de 
celle  des  pluies  Se  des  neiges  qui  font  fort  fréquentes 
dans  cette  montagne,  qu'on  prétendoit  le  pouvoir  rem- 
plir. Ce  vallon  qui  a  fept  cens  toifes  de  longueur  fur 
cinq  cens  cinquante  de  largeur ,  eft  fort  étroit  à  la  tête  , 
s'élargit  au  milieu ,  Se  eft  refferré  au  pied  par  l'appro- 
che de  deux  monragnes  qui  le  bornent  de  l'un  Se  de 
l'autre  côté  ,  Se  qu'on  a  jointes  enfemble  pour  former 
un  étang ,  Se  retenir  l'eau  par  le  moyen  d'une  chauffée. 
On  peut   appeller  cette  chauffée    une  troifiéme  mon- 
tagne ,  tant  elle  a  de   hauteur  Se  d'épaiffeur.   11  n'y  a 
qu'une  petite  ouverture  audeffus  en  forme  de  voûte  ,  à 
rez  de  terre  ,  Se  qui  fert  de  paffage  à  l'eau  de  ce  réfer- 
voir. On  s'eft  affujetti  à  fuivre  le  ruiffeau  d'Audaut  qui 
coule  dans  ce  vallon ,  afin  que  l'eau  paffant  par  un  côté 
qui  lui  cil  naturel ,  Se  n'ayant  aucune  violence  à  fouftïir , 
elle  ne  caufàt  aucune  ruine  :  on  a  donné  neuf  pieds  de 
hauteur  à  ce  paîTage  ,  douze  de  largeur  ,  Se  quatre-vingt-., 
feize  toiles  de  longueur ,  en  allant  en  lignecourbe.  Un  gros 
mur  eft  élevé  fur  le  corps  de  cette  maçonnerie  ,  qui  ex- 
cède de  quelques  toifes  la  hauteur  de  la  voûte  en  aque- 
duc.  Ce   mur  prend  depuis  la  tête  de  la    digue  ,  Se 
va  jusqu'au  pied  en  droite  ligne.  Dans  l'épaiffeur  de  ce 
mur  eft  une  autre  voûte  en  forme  de  galerie  ,  qui  a  fon 
entrée  vers  le  pied  de  la  chauffée ,  Se  fa  hauteur  auffi 
bien  que  fa  largeur  eft  parallèle  à  celle  de  la  première.  La 
galerie  qui  fe  rétrécit  infenfiblement  au  fond  ,  n'a  qu'une 
toile  de  largeur  ,  Se  une  demie  à  la  tête  de  l'ouvrage.  Elle 
eft  moins  longue  que  l'aqueduc  ,  parce  qu'elle  eft  tirée  en 
droite  ligne  Se  non  pas  en  ligne  coufbe  ;  ainfi  elle  n'a 
que  foixante  Se  une  toifes ,  au  lieu  que  l'aqueduc  en  a 
quatre-vingt-quatorze.  Elle  répond  par  en  haut ,  c'eft-à- 
dire  ,  à  la  tête  de  la  chauffée ,  perpendiculairement  àl'ori- 
fi.ee  de  cet  aqueduc ,  Se  par  en  bas  elle  eft  à  côté  Se  à 
main  gauche  de  l'on  embouchure.  Ces  travaux  ayant  été 
ainfi  dispofés  ,  on  bâtit  trois  murs  ,  qui  allant  d'un  bout 
de  la  chauffée  à  l'autre  ,  font  fondés  fur  le  corps  de  la 
maçonnerie  qui  fait  la  bafe  du  travail  :  ils  font  auffi  enla- 
cés avec  la  maçonnerie  de  la  galerie  ,  qu'ils  traverfent  en 
forme  de  croix  ,  ancrés  Se  enlacés  à  droite  &  à  gauche 
dans  les  rochers  des  deux  côreaux  du  v.dlon.  Le  premier , 
placé  à  la  tête  de  la  chauffée  ,  eft  de  doUze  pieds  d'épais- 
feur  à  l'extrémité ,  étant  plus  large  au  bas ,  à  caufe  du  talus. 
11  n'a  que  fept  toifes  de  hauteur ,  Se  huit  à  dix  de  lon- 
gueur. Le  fécond  ,  qui  eft  le  plus  élevé  des  trois ,  a  cent 
dix-huit  toifes  de  longueur  ,  quinze  pieds  d'épaiffeur  Se 
feize  toifes  deux  pieds  de  hauteur.  Il  eft  placé  à  peu  près 
au  milieu  de  la  chauffée ,  à  ladiftance  de  trente-trois  toifes 
du  premier  :  il  peut  être  prolongé  jusqu'à  la  diftance  de 
deux  cens  quatre-vingt-neuf,  Se  même  davantage.  Le  troi- 
fiéme ,  qui  eft  éloigné  de  trente  Se  une  toifes  du  fécond  , 
fait  le  pied  de  la  chauffée ,  Se  a.  la  même  hauteur  &  la  mê- 
me longueur  que  le  premier ,  avec  huit  pieds  d'épaiffeur. 
Des  deux  voûtes  dont  il  a  été  parlé  ,  celle  d'en  bas  fert 
pour  l'écoulement  des  eaux  du  magafin  ,  Se  celle  de  des- 
fus  pour  en  ouvrir  ou  fermer  le  paffage  par  le  moyen  de 
deux  trébnehers  de  bronze ,  pofés  horizontalement  dans 
un  tour  ,  qui  eft  attaché  au  premier  mur.  Au  troifiéme 
mur  ,  font  les  ouvertures  de  ces  deux  voûtes.  Quant  au 
balfin  de  Nauroufe  ,  qui  eft  le  lieu  où  les  eaux  de  la 
montagne  Noire  Se  du  réfervoir  de  Saint  Ferréol  font 
apportées  par  le  canal  de  dérivation, on  l'appelle  le  Point 
de  Pattage  ;  à  caufe  que  c'eft  de- là  que  l'eau  fe  diftribue  à 
droite  Se  à  gauche  dans  les  canaux  qui  conduifent  aux 
deux  mers.  Sa  figure  eft  un  octogone  ovale  ,  dont  le 
grand  diamètre  eft  de  zoo  toifes,  Se  le  petit  de  i  jo,  Se 


*°3 

il  eft  rout  revêtu.  Ce  baffin  reçoit  les  eaux  de  la  rigole 
par  l'un  de  fes  angles ,  Se  les  diftribue  par  deux  canaux 
fortant  de  deux  autres  angles  -,  l'un  qui  va  vers  l'Océan  , 
gagne  la  vallée  de  Lers  ■■>  Se  le  fécond  fe  rend  dans  la  Ga- 
ronne. Il  a  18  éclufes,  tant  doubles  que  fimples ,  qui  font 
27  corps  d'éclufes  dans  l'espace  de  vingt-huit  mille  cent 
quarante-deux  toifes  :  ce  font  quatorze  lieues  de  France. 
L'autte canal,  qui  va  vers  la  Méditerranée,  jusqu'à  l'étang 
de  Thun  ,  a  quarante  éclufes ,  tanr   doubles  que  triples  * 
quadruples  Se  octuples  ,  Se  contient  en  longueur  quatre- 
vingt-neuf  mille   quatre  cens  quarante  toifes  ,  qui  font 
près  de  cinquante  lieues  de  France.  Il  y  a  encore  deux  au- 
tres canaux.  Le  premier  pour  décharger  le  baffm  ,  quand 
il  y  a  trop  d'eau  ;  Se  comme  il  feroit  inutile  de  le  répan- 
dre dans  les  canaux  qui  fervent  à  la  navigation  ,  on  le  fait 
décharger  dans  la  rivière  de  Lers.  Le  fécond ,  qui  ne  tient 
point  au  baffin  ,  a  fon  iffue  à  la  rigole  pour  faire  couler 
les  eaux  fales  &  boueufes  qu'elle  pourroit  amener  ,  afin 
que  l'étang  ne  recevant  que  des  eaux  claires  Se  nettes  , 
ne  foit  pas  fujet  à  fe  remplir  de  boue  ,  Se  à  fe  combler  , 
comme  font  les  autres  étangs  ,  qu'il  faut  nettoyer  Se  ap- 
profondir de  nouveau  de  tems  en  tems.  Pour  faire  la 
communication  des  mers,  rien  n'étoit  plus  favorable  que 
la  rivière  de  Garonne  ,  qui  donne  un  paffage  libre  & 
commode  à  l'Océan.  Il  n'en  étoit  pas  de  même  des  riviè- 
res qui  vont  à  la  Méditerranée  ,  le  long  des  côtes  du 
Languedoc.  Mais  on  trouve  un  fond  fuffifant  pour  les 
vaifieaux  de  cinq  à  fix  cens  tonneaux  au  cap  de  Sete. 
C'eft  un  promontoire  dans  le  voifinage  de  la  petite  ville 
de  Frontignan,  recommendable  par  fes  vins  muscats.  Elle 
a  d'un  côté  la  mer  ,  de  l'autre  les  étangs  de  Thau  ,  de 
Maguelone  &  de  Péraut ,  bornés  par  les  plaines  du  Bas- 
Languedoc  ,  &  à  droite  Se  à  gauche  la  plage  qui  eft  entre 
la  mer  Se  ces  étangs.  Cette  montagne  pouffe  dans  la  mer 
un  longue  pointe ,  Se  d'un  autre  côté  ,  cela  fait  un  ven- 
tre dans  la  terre ,  où  l'on  a  trouvé  ce  fond  fuffifant  dont 
il  a  été  parlé.  Les  bords  qui  font  le  long  de  la  plage  ,  re- 
liant de  la  plage  même,  font  remplis  de  fable,  comme  rou- 
tes les  autres  côtes  du  Languedoc.  Aux  environs  du  golfe 
de  Lyon  ,  le  cap  eft  plus  enfoncé  ,  Se  A  a  tout  à  l'entour 
depuis  vingt  jusqu'à  vingt-quatre  pieds  d'eau.  Comme  les 
étangs  n'ont  d'eau  que  ce  qu'ils  en  peuvent  tirer  des  graux 
ou  pafiages  que  la  mer  ,  quand  elle  eft  forte  ,  donne  à 
travers  la  plage ,  ils  changent  au  gré  du  vent ,  Se  donnent 
communication  des  étangs  à  la  mer.  Cela  ne  pouvoir  fer- 
vil'  qu'à  de  petits  batimens ,  à  caufe  qu'il  n'y  a  pas  affez  de 
fond  ,  ni  en  la  plupart  des  étangs  ,  ni  aux  graux  ,  ni  en 
plufieurs  endroits  de  la  mer  où  ils  aboutiffenr.  Il  falloir , 
afin  que  cette  communication  fût  parfaite  ,  chercher  les 
moyens  de  la  rendre  propre  pour  toutes  fortes  de  vais- 
feaux.  L'étang  de  Thun ,  comme  le  plus  profond  Se  le 
plus  grand  ,  fut  choifi.  On  y  navige  auffi  finement  que 
commodément ,  &  dans  un  befoin,  il  pourroit  fervir  de 
port.    D'un  côté  ,   on  y  fait  aboutir   les   canaux   qui 
viennent  à  Nauroufe,  Se  qui  communiquent  à  l'Océan ± 
Se  de  l'autre  côté  ,  on  y  joint  un  canal ,  qui  ,  en  traver- 
fant  la  plage ,  fe  rend  dans  la  mer  Méditerranée.  Ce  ca- 
nal qui  eft  profond  de  deux  toifes ,  en  a  feize  d'ouvertu-* 
re ,  huit  de  bafe ,  Se  environ  huit  cens  de  longueur.  Voyez. 
à  l'article  Canal  Royal  2. 

NAURUS,  rivière  de  la  Theffalie.Fçre*.  Anaurus  i. 
N  AUS  ,  lieu  maritime  en  Italie, aux  environs  de  Cro- 
tone,  félon  l'itinéraire  d'Antonin',  qui  le  marque  fur  la 
route  des  endroits  où  l'on  doit  toucher,  lorsqu'on  navige 
de  la  province  de  l'Achaïe  jusqu'en  Afrique  ,  en  paffant 
par  la  Sicile.  Ce  lieu ,  fuivanr  cet  itinéraire  ,  eft  entre 
Crotone  &  Stilida  ,  à  cent  ftades  de  la  première,  Se  aux 
cens  de  la  féconde.  *  It'wer.  Maritim. 
NAUSICLIA.  Voyez.  Apsasium. 
NAUSIMACHIUM.  Voyez.  Naulochus. 
NAUSTAQUION  ,  rivière  de  l'Amérique  feprentrio- 
nale,  dans  la  Nouvelle  France  ,  à  la  côte  de  la  terre  des 
Eskimaux.  Cette  rivière  fe  jette  dans  l'embouchure  du 
fleuve  Saint  Laurent ,  vis-à-vis  de  l'ifle  d'Anticofti. 

1 .  N  AUST  ATHMUS ,  port  de  Sicile  ,  félon  Pline ,  /„ 
3.  c.  8.  Prolomée  le  nomme  Qotvixv;  ^i/um.  C'eft  aujour- 
d'hui FoneanA  Biancha ,  entre  Syracufe  Se  le  fleuve  Acel- 
laro  ,  autrefois  nommé  Elorus. 

1.  NAUSTATHMUS  Portus  ,  port  d'Afrique  dans 
la  Penrapole ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  4.  PomponiusM'é- 


NAX 


504 

la  ,  /.  1.  c  8.  v.  13.  en  fait  mention a,  mais  il  le  place  dans 
laCyrénaïque,  où  Strabon  ,  /.  17.  met  pareillement  un 
port  nommé  Nauftathmus. 

3.  N  AUSTATHMUS,  lieu  matitime  de  l'Ane  Mineu- 
re ,  félon  Arrien  ,  Peripl.  Pont,  Eux.  p.  16.  qui  dit  qu'il 
y  avoit  quatre-vingt-dix  ftades  du  fleuve  Halys  à  Nau- 
ftathmus ,  Se  qu'on  trouvoit  un  marais  dans  ce  lieu. 

4.  NAUSTATHMUS ,  port  à  l'embouchure  du  fleuve 
Indus,  félon  Marcian  Héracléote,  Peripl.  p.  27.  28.  & 
fuiv.  Il  dit  que  ce  porr  étoit  dans  le  golfe  Canthi. 

5 .  NAUSTATHMUS ,  port  d'Afie,  aux  environs  de  la 
Troade ,  félon  Strabon. 

NAUTAC  A  ,  ville  d'Afie ,  dans  la  Sogdiane.  Arrien ,  /. 
3.  p.  147.  dans  l'hiftoire  de  l'expédition  d'Alexandre  ,  dit 
que  Beflus  ayant  appris  que  ce  prince  n'étoit  pas  loin  , 
traverfa  le  fleuve  Oxus,  brûla  les  vaifleaux  qui  lui  avoient 
fervi  à  faire  pafler  fes  troupes ,  &  fe  retira  à  Nautaca 
dans  la  Sogdiane.  Le  même  auteur  &  Diodore  de  Sicile  , 
in  Fragmento ,  lib.  17.  patient  aufli  des  peuples  nommés 
Nautacœ. 

N  AUZESoulas  Nauzes  ,  forêt  royale  de  France ,  dans 
}e  Languedoc ,  maîrrife  de  Saint  Pons  :  elle  contient  trois 
cens  quatre-vingt-huit  arpens. 

NAW.  Voyez.  Nau. 

NAX  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Botirbonnois ,  diocèfe 
&  élection  de  Nevers ,  à  neuf  lieues  de  Moulins ,  Se  à 
quatre  de  la  Loire,  en  plaine.  Ce  bourg  a  plus  de  quatre 
cens  habitans  :  les  terres  des  environs  font  varennes  à  fei- 
gle  &  de  bon  rapport.  Il  y  a  aufli  des  vignes. 

NAXE.  Voyez.  Naxos. 

NAXERA.  Voyez.  Nagera  Se  Anagarum. 

N AXIA ,  ville  de  la  Carie  ,  félon  Ortelius ,  Thefaur. 
qui  cite  Etienne  le  géographe  Se  Suidas. 

NAXIO,  bourg  de  l'Anatolic  ,  dans  la  province  de 
Becfangil  ,  anciennement  Acone.  Ce  bourg  efl  fur  la  côte 
de  la  mer  Noire  :  il  a  un  port  proche  de  Pcndarachi. 
*Corn.  Diction. 

N  A  XI  US ,  fleuve  de  la  Myfie  ,  auprès  de  la  ville  To- 
mis ,  félon  /Elien  ,  Animal.  I.  14.  c.  25. 

NAXK.OW ,  Nachsow  &  Naschou  ,  ville  de  Da- 
nemarck.dansl'ificdeLalandjfur  la  côte  feptentrionale 
de  l'ifle.  Cette  ville  a  un  port  commode  qui  procure  aux 
habitans  l'avantage  de  pouvoir  exercer  le  commerce  Se 
la  navigation  :  la  pêche  outre  cela  efl  abondante  fur  cet- 
te côte  ,  Se  les  terres  qui  font  fettiles  ,  produifent  des 
grains  pour  la  nourriture  des  habitans ,  Se  de  bons  pâtura- 
ges pour  les  beftiaux  qu'on  y  élevé  en  quantité.  En  1510, 
ceux  de  Lubec  furprirent  cette  ville ,  Se  la  réduifirent  en 
cendres,  après  l'avoir  pillée.  Les  Suédois  qui  la  prirent 
dans  le  dernier  fiécle,  après  un  long  fiége  ,  la  traitèrent 
plus  humainement  ,Se  la  tendirent  par  le  traité  de  paix. 
*  Rntgeri  Hermanid.  Daniatdefcr.  p.  683. 

NAXON  ,  ville  del'Euboée,  félon  Tzetzès,  in  Variis , 
Cbeliad.  I.  n°.  32.  Voyez.  Tauromenium. 

1.  NAXOS  ,  ifle  au  milieu  de  l'Archipel  (-0,  à  trente- 
fepr  degrés  d'élévation  ,  fon  circuit  efl:  de  plus  de  cent 
milles ,  c'eft-à-dire ,  de  près  de  trenre-cinq  lieues  françoi- 
fes ,  Se  fa  largeur  efl  de  trente  milles,  qui  font  dix  lieues 
de  France.  C'efl  la  plus  grande ,  la  plus  fertile  Se  la  plus 
agréable  de  toutes  les  Cyclades.  Les  anciens  l'appelloient 
Dionyfia(b)  ,  parce  qu'on  afluroit  que  Bacchusy  avoit 
ëténourri ,  Se  les  habitans  prétendoient  que  cet  honneur 
leur  avoit  attiré  toutes  fortes  de  félicités.  D'autres  (<) 
croyoient  que  Jupiter  avoit  confié  Bacchus  à  Mercure 
pour  le  nourrir  dans  l'antre  de  Nyfe  ,  fur  les  côtes  de  la 
Phénicie  ,  d'où  vient  que  Bacchus  fut  furnommé  Diony- 
fuu.  Ce  n'efl:  pas  ici  le  lieu  de  débrouiller  l'hifloire  de 
Bacchus ,  il  fuffit  de  dire  que  Bacchus  éroit  particulière- 
ment adore  dans  l'ifle  de  Naxos  Cette  ifle  s'appella  aufll 
Strongiliy  à  caufe  de  fa  figure  ronde,  (a)  Hftoire  nouvelle 
des  anciens  ducs  de  l'Archipel  ,  p.  4.  (b)  Ton  me  fort  , 
Voyage  du  Levant,  Iett.  j.  (c)  Diodor.  Sicil.  Biblioth. 
hift.  1.  4. 

Les  principales  chofes  qui  rendent  Naxos  célèbre  , 
font  la  hauteur  de  fes  montagnes ,  la  quantité  de  marbre 
blanc  qu'on  en  tire,  la  beauté  de  fes  plaines ,  la  multitu- 
de des  fontaines  Se  des  r  ni  fléaux  qui  arrofent  Ces  campa- 
gnes, le  grand  nombre  de  jardins  remplis  de  routes  forres 
d'arbres  fruitiers ,  les  forets  d'oliviers ,  d'orangers ,  de  li- 
»wjiiniets  Se  de  grenadiers  d'une  hauteur  prodigieufe. 


NAX 


Tons  ces  avantages  lui  ont  acquis  le  nom  de  reine  des  Cy- 
clades. Cependant  cette  ifle  n'a  jamas  eu  que  peu  de  com- 
merce par  le  défaut  d'un  beau  port ,  où  les  bâtimens  pus- 
fent  être  en  fureté  j  car ,  quoiqu'outre  le  port  ordinaire 
qui  efl:  au-deflbus  de  la  ville  ,  il  y  en  ait  quatre  autres  , 
favoir  ,  Driagatha  ,  Agiaj]o  ,  Panermo  Se  les  Potami- 
des  ,  ce  ne  font ,  à  proprement  parler ,  que  des  rades ,  où 
les  galères  Se  les  vaifleaux  peuvent  être  a  l'abri  du  vent  du 
nord,  mais  jamais  de  celui  du  fud-oueft  qui  excite  fouvent 
de  violentes  tempêtes  dans  toutes  ces  mers.  *  Hifioire  des 
anciens  ducs  de  t Archipel ,  p.  j. 

Naxos  (a) ,  quoique  fans  ports  ,  étoit  une  république 
très-florifiante  Se  maïtrefle  de  la  mer ,  dans  le  tems  que 
les  Perles  paflerent  dans  l'Archipel.  Il  efl:  vrai  qu'elle  pos- 
fédoit  les  ifles  de  Paros  &  d'Andros  ,  dont  les  ports  font 
excellens  pour  entretenir  Se  recevoir  les  plus  grandes 
flottes.  Arillagoras  (b) ,  commandant  à  Milet  en  Ionie  , 
forma  le  deflein  de  furprendre  Naxos  ,  fous  prétexte  de 
rétablir  les  plus  grands  feigneurs  de  l'ifle  chartes  par  la 
populace  Se  réfugiés  chez  lui.  Darius,  roi  de  Perfe,  lui 
fournit  des  troupes  Se  uue  flotte  de  200  vaifleaux.  Les  Na- 
xiotes  avertis  de  cette  entreprife  »  fe  mirent  tellement  en 
défenfe  ,  qu'Ariflagoras  fut  obligé  de  fe  retirer  après  un 
fiége  de  quatre  mois ,  &  tout  le  fervice  qu'il  put  rendre 
aux  Infulaires,  qui  s'étoient  retirés  à  Milet ,  fut  d'obtenir 
qu'on  leur  bâtiroit  une  ville  à  Naxos  pour  les  mettre  à 
couvert  des  infultes  du  peuple,  (a)  Tournefort ,  Voyage, 
du  Levant ,  lett.  5 .  (b)  Hérodote ,  1.  j. 

Les  Perfes  firent  un  féconde  descente  dans  cette  ifle  , 
lorsqu'ils  ravagèrent  l'Archipel.  Daris  Se  Arraphernes,n'y 
trouvant  pas  de  réfiflance, firent  brûler  jusqu'aux  temples, 
Se  emmenèrent  un  très  grand  nombre  de  captifs.  Naxos 
fe  releva  de  cette  perte  ,  Se  fournit  quatre  vaifleaux  de 
guerre  à  cette  puiflante  flotte  des  Grecs  qui   battit  celle 
de  Xerxès  à  Salamine  ,  dans  le  fond  du  golfe  d'Athènes. 
Lefouvenirdes  maux  que  les  Perfes  avoient  faits  à  Na- 
xos, Se  la  crainte  de  s'en  attirer  de  nouveaux  ,  obligèrent 
le  peuple  à  fe  déclarer  pour  les  Afiatiques  -,  mais  les  offi- 
ciers de  l'ifle  furent  d'un  fentiment  contraire,&  menèrent 
à  l'armée  grecque ,  par  l'ordre  de  Démocrite ,  le  plus  ac- 
crédité des  citoyens  de  Naxos  ,  les  vaiffeauxqu'ilscom- 
mandoienr.  Diodore  de  Sicile  ,  Biblioth.  hift.  I.  j.  allure 
que  les  Naxiotes  donnèrent  des  marques  d'unegrande  va- 
leur à  la  bataille  de  Platée  ,  où  Mardonius ,  autre  général 
des  Perfes,  fut  défait  par  Paufanias.  Néanmoins  les  alliés, 
ayant  donné  le   commandement  des  troupes  aux  Athé- 
niens, ceux-ci  déclarèrent  la  guerre  aux  Naxiotes  pour 
châtier  les  partifans  des  Perfes.  La  ville  fut  donc  affiégée 
Se  forcée  à  capituler  avec  fes  premiers  maîtres  ;  car  Héro- 
dote, qui  place  Naxos  dans  le  département  de  Viorne,  Se 
l'appelle  la  plus  heureufe  des  ifles  ,  en  fait  une  colonie 
d'Athènes,  &  rapporte  que  Pififtrate  l'avoit  pofledée  à 
fan  tour.  *  Thuiydid.  1.  1. 

Voilà  ce  qui  fe  pana  de  plus  remarquable  en  l'ifle  de 
Naxos  dans  les  tems  floriflans  de  la  Grèce.  Si  l'on  veut  re- 
monter jusqu'à  l'antiquité  la  plus  reculée  ,  on  trouvera 
dans  Diodore  de  Sicile  Se  dans  Paufanias ,  l'origine  des 
premiers  peuples  qui  s'y  établirent.  Butes,  fils  de  Boreas, 
roi  de Thrace,  ayant  voulu  furprendre  en  embuscade  fon 
frère  Lycurgus,  fut  obligé  par  ordre  de  fon  père  de  quitter 
le  pays  avec  fes  complices.  Leur  bonne  fortuneles  condui- 
fit  à  l'ifle  Strongili ,  autrement  l'ifle  ronde.  Comme  les 
Thraces  n'y  trouvèrent  que  peu  ou  point  de  femmes  ,  & 
que  la  plupart  des  ifles  de  l'Archipel  étoient  fans  habi- 
tans ,  ils  firent  quelques  irruptions  dans  la  terre  ferme 
d'où  ils  emmenèrent  des  femmes ,  parmi  lesquelles  étoit 
Iphimédie  ,  femme  du  roi  Alœus ,  Se  Pancraris ,  fa  fille. 
Ce  roi,  outré  de   dépit,  ordonna  à  fes  fils  Ocus  Se 
Ephialtes  de  le  venger  :  ils  battirent  les  Thraces ,  &  fe 
rendirent  les  maîtres  de  l'ifle  ronde  .  qu'ils  nommèrent 
Dia.  Ces  princes  s'entretuerent  enfuite  dans  un  com- 
bat,  comme  dit  Paufanias:  ainfi  les  Thraces  reflètent 
paifibles  poflefleurs  de   l'ifle ,  jusqu'à  ce  que  la  grande 
fécherefle  les  contraignît  de  l'abandonner ,  plus  de  deux 
cens  ans  après  leur  érabliflement.  Elle  fut  enfuite  occu- 
pée par  les  Cariens,  Se  leur  roi  Naxios  ou  Naxos,  fui- 
vant  Etienne  le   géographe ,  lui    donna  fon   nom.  Il 
eut  pour  fuccefleur  fon  fils  Leucippus,  père  de  Smar- 
dius,  fous  le  règne  duquel  Théfée  ,  revenant  de  Crète 
avec  Ariadne .  aborda  dans  l'ifle  ,  où  il  abandonna  fa 

maître  fle 


NAX 


niaîtreffe  à  Bacchus ,  dont  les  menaces  l'avoicnt  horri- 
blement frapé  dans  un  fonge. 

Dans  le  tems  que  les  Athéniens  étoient  maîtres  de 
cette  ifle  ,  ils  y  bâtirent  un  aqueduc  long  de  deux 
lieues  ;  il  portoit  de  l'eau  jusque  dans  le  fameux  tem- 
ple de  Bacchus  .  &  pour  réunir  deux  fontaines  d'où 
l'on  tiroir  cette  eau  ,  il  fallut  percer  une  prodigieufe 
montagne.  Ils  bâtirent  encore  à  l'extrémité  de  l'ifle , 
du  côté  qu'elle  regarde  Délos ,  un  temple  magnifique  en 
l'honneur  d'Apollon ,  dont  il  ne  reite  plus  aucun  ve- 
rtige. Ils  y  établirent  le  culte  des  dieux  qui  étoient  en 
vénération  dans  leur  pays ,  &  ainfi  l'idolâtrie  s'y  aug- 
menta tellement ,  qu'on  ne  voyoit  par  tout  que  des 
temples  Se  des  idoles.  Les  nabi  tans  de  Naxos  demeu- 
îerent  dans  les  ténèbres  de  l'idolâtrie,  jusqu'à  l'arrivée 
de  faint  Jean  l'Evangéliiîe  dans  l'ifle  de  Patmos.  Ce 
grand  apôtre ,  fe  voyant  dans  le  voifinage  d'une  ifle  fi 
peuplée ,  y  envoya  un  de  fes  disciples  pour  y  prêcher 
la  foi.  C'efl  pour  cela  que  les  peuples  reconnoiflent 
faint  Jean  pour  leur  apôtre,  Se  qu'ils  célèbrent  fa  fête 
avec  beaucoup  de  magnificence.  *  Hift.  de  l'Archipel , 
pag.  7- 

Pendant  la  guerre  du  Péloponnèfe(^) ,  Naxos  fe  dé- 
clara pour  Athènes  avec  les  autres  ifles  de  la  mer 
Egée  ,  excepté  le  Milo  Se  Thera  ;  enfuite  elle  tomba 
fous  la  puifîance  des  Romains ,  Se  après  la  bataille  de 
Philippes,  Marc-Antoine  la  donna  aux  Rhodiens(^). 
Cependant  il  la  leur  ôta  quelque  tems  après,  parce 
que  leur  gouvernement  étoit  trop  dur.  Elle  fut  fou- 
mile  aux  empereurs  Romains ,  Se  enfuite  aux  empe- 
reurs Grecs,  jusqu'à  la  prife  de  Conftantinople  par  les 
François  &  par  les  Vénitiens  en  1Z07  ;  car  trois  ans 
après  ce  grand  événement ,  comme  les  François  tra- 
vailloient  fous  l'empereur  Henri  à  la  conquête  des 
provinces  &  places  de  terre -ferme  (  c) ,  les  Vénitiens, 
maîtres  de  la  mer  ,  donnèrent  la  liberté  aux  fujets  de 
la  République  qui  voudraient  équiper  des  navires ,  de 
s'emparer  des  ifles  de  l'Archipel  (  d)  Se  autres  places 
maritimes ,  à  condition  que  les  acquéreurs  en  feraient 
hommage  à  ceux  à  qui  elles  appartenoient  ,  à  raifon 
du  partage  fait  entre  les  François  &  les  Vénitiens  (c). 
Marc  Sanudo ,  l'un  des  capitaines  les  plus  accomplis 
qu'eut  alors  la  République  ,  s'empara  des  ifles  de 
Naxos ,  Paras  ,  Antiparos  ,  Milo  ,  l'Aigentierc  ,  Si- 
phanto ,  Policandro  ,  Nanfio,  Nio  Se  Santorin.  L'em- 
pereur Henri  érigea  Naxos  en  duché  ,  Se  donna  à  Sa- 
nudo le  titre  de  duc  de  l'Archipel  Se  de  prince  de 
l'Empire.  Ses  descendans  régnèrent  dans  la  même  qua- 
lité jusqu'à  Nicolas  Carceiro  ,  neuvième  duc  de  Naxos, 
qui  fut  aûaffiné  par  les  ordres  de  François  Crispo  , 
qui  prétendait  descendre  des  anciens  empereurs  Grecs  , 
Se  qui  avoit  époufé  la  fille  du  prince  Marc ,  frère  de 
Jean  Carceiro,  feptiéme  duc  de  Naxos.  Après  la  mort 
de  Nicolas  Carceiro  ,  François  Crispo  s'empara  du 
duché  ;  fon  fils  Jean  lui  fuccéda  ,  &  transmit  le  duché 
à  fa  pofferité  ,  qui  en  jouit' jusqu'à  Jacques  Crispo, 
vingt  Se  unième  &  dernier  duc  de  Saxe.  Les  Grecs  ,  qui 
haiflbient  les  Larins  ,  envoyèrent  deux  députés  à  la 
Porte  ,  pour  demander  au  Grand  Seigneur  qu'il  leur 
donnât  de  fa  main  quelqu'un  qui  fût  plus  digne  de  les 
commander.  Voyez,  au  mot  Archipel  ,  de  quelle  ma- 
nière prit  fin  la  fouveraineré  du  duché  de  Naxos.  Le 
Grand  Seigneur  eflaya  pendant  quelque  tems  de  met- 
tre dans  l'ifle  de  Naxos  un  officier  qui  gouvernât  en 
fon  nom  ;  mais  les  Armateurs  Chrétiens  qui  couraient 
ces  mers,  leur  faifoient  tous  les  jours  tant  d'infultes  , 
que  la  Porte  a  pris  le  parti  de  ne  gouverner  plus  cette 
ifle  que  de  loin.  Depuis  ce  tems  Naxos  crée  des  ma- 
gistrats tous  les  ans ,  &  fait  comme  une  petite  Répu- 
blique à  part.  Ses  magiftrars  fe  nomment  Epitropcs.  Ils 
ont  une  autorité  fort  étendue,  Se  à  la  mort  près ,  qu'ils 
ne  peuvent  ordonner  fans- la  participation  de  la  Porte, 
ils  font  maîtres  d'infliger  toutes  les  autres  peines  (a) 
Thitcydid.  1.  1.  (b)  Appian,  1.  5.  {c).  Flavius  Blond. 
Breviar.  Rer.  Venet.(^)  Du  Cinge ,  Hifl.  des  empe- 
reurs de  Conflantinople  ,  1.  2.  (  e)  Hiftoirc  des  ducs  de 
l'Archipel. 

Il  faut  parcourir  Naxos  ,  pour  en  découvrir  les  beaux 
endroits ,  qui  font 


NAX        $of 


Les  plaines  de 


Les  vallées  de 


{ 


Naxia , 
Angarez, 
Carchi, 
Sangri , 
Sideropetra  : 
Potamides , 
Livadia. 

Melanes, 
Perato. 


Les  anciens  ont  eu  raifon  de  l'appeller  la  petite  Si- 
cile. Archilochus  ,  dans  Athénée  ,  compare  le  vin  de 
Naxos  au  nectar  des  dieux.  On  voir  une  médaille  de 
Septime  Sévère,  fur  le  revers  de  laquelle  Bacchus  eft  re- 
préfenté  le  gobelet  a  la  main  droite  Se  le  thyrfe  à  la 
gauche  :  pour  légende  il  y  a  ce  mot  NASlflN.  On  boit 
encore  aujourd'hui  d'excellent  vin  à  Naxos  :  les  Naxio- 
tes ,  qui  font  les  vrais  enfans  de  Bacchus ,  cultivent  bien 
la  vigne  ,  quoiqu'ils  la  laiflent  traîner  par  terre  jusqu'à 
huit  ou  neuf  pieds  loin  de  fort  tronc  ;  ce  qui  fait  que 
dans  les  grandes  chaleurs  le  foleil  defléche  trop  les  rai» 
fins,  &  que  la  pluie  les  fait  pourrir.  *  Agathem.  1.  i.c.  /; 

Quoique  les  ports  de  Naxos  ne  foienr  pas  commo- 
des ,  on  ne  laine  pas  d'y  faire  un  trafic  confidérable 
en  orge  ,  vins ,  figues  ,  coton  ,  foie  ,  émeril  Se  huile. 
Le  bois  Se  le  charbon,  marchandilés  très-rares  dans 
les  autres  ifles ,  font  en  abondance  dans  celle-ci.  On 
y  fait  bonne  chère  :  les  lièvres  Se  les  perdrix  y  font  à 
bon  marché.  Les  perdrix  s'y  prennent  avec  des  trapes 
de  bois  ou  avec  des  filets. 

z.  NAXOS  ou  Naxie,  ville  de  l'ifle  de  même  nom, 
dont  elle  eft  la  capitale.  Cette  ville  eft  fit  née  fur  la 
côte  occidentale  de  l'ifle  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Paros. 

Suivant  les  apparences ,  la  ville  de  Na\ie  a  été  bâtie 
fur  les  ruines  de  quelque  ancienne  ville  du  même  nom, 
dont  il  femble  que  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  iy.  ait  fait  men- 
tion. Le  château,  fitué  fur  le  haut  de  la  ville,  eit  l'ou- 
vrage de  Marc  Sanudo ,  premier  duc  de  l'Archipel,  c'eft 
une  enceinte  flanquée  de  groffes  tours  qui  en  renfer- 
me une  plus  confidérable  &  cauée,  dont  les  murail- 
les fonr  fort  épaiffes ,  &  qui  proprement  étoit  le  par- 
lais des  ducs.  Les  descendans  des  gentilshommes  La- 
tins qui  s'établirent  dans  l'ifle  fous  ces  princes ,  occu- 
pent encore  l'enceinte  de  ce  château.  Les  Grecs ,  qui 
font  en  beaucoup  plus  grand  nombre ,  s'étendent  de- 
puis le  château  jusqu  à  la  mer.  La  haine  de  la  no- 
blefle  grecque  Se  de  la  latine  eft  irréconciliable.  Les  La- 
tins aimeroienr  mieux  s'allier  à  des  payfanes  que  d'é- 
poufer  des  demoiielles  Grecques;  c'ett  ce  qui  leur  a 
fait  obtenir  de  Rome  la  dispenfe  de  fe  marier  avec 
leurs  confines  germaines.  Les  Turcs  traitent  tous  ces 
gentilshommes  fur  un  même  pied.  A  la  venue  du  moin« 
dre  bey  de  galiote  les  Latins  Se  les  Grecs  n'oferoient 
paraître  qu'en  bonnets  rouges ,  comme  les  forçats  ue  ga- 
lères ,  Se  tremblent  devant  les  plus  petits  officiers.  Dès 
que  les  Turcs  fe  font  retirés,  la  nobleffe  de  Naxie  re- 
prend fa  première  fierté  :  on  ne  voit  que  des  bonnets 
de  velours,  &  l'on  n'entend  parler  que  d'arbres  de  gé- 
néalogie ;  les  uns  fe  font  descendre  des  Paléolopues  ou 
des  Comnénes;  les  autres  des  Juftiniani,  des  Giimal- 
di ,  de  Summaripa  ou  Sommerives.  Le  grand  Seigneur 
n'a  pas  lieu  d'appréhender  de  révolte  dans  cette  ifle  ; 
dès  qu'un  Latin  fe  remue,  les  Grecs  en  aver  ■iflent  le 
cadi ,  Se  fi  un  Grec  ouvre  la  bouche  ,  le  cadi  fair  ce 
qu'il  a  voulu  dire  avant  qu'il  l'ait  fermée.  '  Tournefort , 
Voyage  du  Levant ,  t.  1.  p.  82. 

Les  dames  y  font  d'une  vanité  ridicule.  Les  Lati" 
nés  s'habillent  quelquefois  à  la  Vénitienne  :  l'habit  des 
Grecques  eft  un  peu  différent  de  celui  des  dames  de 
Milo. 

Il  y  a  deux  archevêques  dans  Naxie,  l'un  Grec  Se 
l'autre  Latin  :  le  Latin  eft  allez  à  fon  aife  .  c'eft  le  pa- 
pe qui  le  nomme  :  fon  églife,  qui  s'appelle  la  méne^ 
pôle,  fut  bâtie  Se  rentée  par  le  premier  duc  de  l'ifle  $ 
auflî  le  chapitre  eft  compofé  de  fix  chanoines ,  d'un 
doyen,  d'un  chantre,  d'un  prévôt  Se  d'un  tréfoiier* 
outre  neuf  ou  dix  prêtres  habitués  qui  forment  le  r<- 
fte  du  clergé. 

Tom.IV.  Sff 


So6       NAX 

Les  Jéfuites  ont  leur  réfidence  auprès  de  la  tour  du- 
cale :  ils  font  ordinairement  fept  ou  huit  occupés  à 
élever  la  jeunefle ,  ôc  à  faire  des  millions  avec  beau  • 
coup  de  zélé  dans  les  autres  ifles  de  1  Archipel.  Les  Ca- 
pucins font  auffi  établis  à  Naxie,  ôc  ne  s'appliquent 
pas  avec  moins  d'ardeur  ôc  de  fuccès  à  1  inihuction 
des  Chrétiens.  La  maifon  des  Cordeliers  eft  hors  de 
la  ville;  mais  il  n'y  a  qu'un  prêtre  Se  un  fiere  lai, 
logés  dans  l'ancien  monaftere  de  Saint  Antoine ,  éri- 
gé en  commenderie  de  Rhodes ,  ôc  donné  aux  cheva- 
liers par  la  duchefle  Françoife  Crispo. 

La  médecine  y  eft  exercée  par  tous  ces  religieux. 
Les  Jéfuites  &  les  Capucins  y  ont  de  très-bonnes  apothi- 
caireries.  Les  Cordeliers  s'en  mêlent  auffi. 

La  maifon  de  campagne  des  Jéfuites  eft  jolie  pour 
un  pays  où  l'on  ne  fait  pas  bâtir^  Les  Grecs,  qtiifavent 
à  peine  placer  une  échelle  en  dehors  pour  monter  au 
premier  étage  d'un  bâtiment,  admirent  l'escalier  de 
celui-ci,  qui  eft  renfermé  en  dedans  ;  cela  paffe  la  ca- 
pacité de  leurs  architectes.  Nous  en  admirâmes  les  jar- 
dins ôc  les  vergers  :  les  champs  s'étendent  jusque  dans 
la  vallée  de  Melanez  ,  quartier  des  plus  agréables  de 
l'ifie. 

L'archevêque  Grec  de  Naxie  eft  fort  riche  :  Paros 
&  Antiparos  dépendent  de  lui  pour  le  fpirituel  :  il  y 
a  dans  la  ville  trente-cinq  prêtres  ou  moines  faciès  qui 
lui  font  fournis.  Voici  les  noms  de  Ces  principales  égli- 
fes: 


NAY 


La  Métropolitaine, 
Deux  églifes  fous  le  nom 

de  Chrift, 
L'églife  de  la  Croix  , 
Notre-Dame  de  Miféri- 

corde , 
Notre-Dame  protectrice 

de  l'ifle, 
Saint  Jean  l'Evangélifte , 
Saint  Dimitre, 
S.  Pantaléon,  ouïe  Grand 

Aumônier, 


Deux  églifes  fous  le  nom 
de  Sainte  Venerande , 

Saint  Jean  Baptifte, 

Saint  Michel  Archange , 

Saint  Hél:e , 

L'églife  du    Favori 
Dieu, 

Sainte  Théodofïe  ,( 

Saint  Dominique, 

Sainte  Anaflafie, 

Sainte  Catherine , 

L'Annonciade. 


de 


Les  principaux  Monafleres  de  l'ifle  font 


La  Vierge  de  Publication , 
La  Vierge  h  plus  élevée , 
Le  Saint  Efprir , 
Saint  Jean  por te-lumiere , 


Le   couvent  de   Bonne 
Remontrance  , 
Le  couvent  de  la  Croix , 
Le  couvent  de  S.  Michel. 


Les  villages  de  l'ifle  fe  nomment 


Comiaqui, 
Votri , 
Scados , 
Checrez , 
Apano  Sangri , 
Cato  Sangri , 
Cheramoti , 
Siphones, 
Moni, 
Perato , 
Caloxylo, 
Charami , 
Filoti , 
Damariona 
VoLirvouria , 


Sca\a.ùa,oùfe 
fabriquent  les 
marmites, 
Couchouchera- 

do , 
Gizamos , 
Damala, 
Melanez , 
Cabonez , 
Cournocorio  , 
Engarez, 
Danaio , 
Tripodez , 
Apano  Laga- 
dia, 


Cato  Lagadia, 
Metochi, 
Pyrgos , 
Carchi, 
Acadimi , 
Mognitia, 
Kinidaro , 
Aiolas , 
Apano    Pota- 

mia, 
Cato  Potamia, 
Aitelini , 
Vazokilotifa , 


Saint  Eleuthere ,  dont  la  tour  s'appelle  Fafonilla. 

Tous  ces  villages  ne  font  pas  fort  peuplés  :  on  affure 
qu'il  n'y  a  guère  plus  de  8  mille  âmes  dans  l'ifle.  En 
1700,  les  habitans  payèrent  cinq  mille  écus  de  capi- 
tation,  ôc  cinq  mille  cinq  cens  écus  de  taille  réelle. 
On  élit  tous  les  ans  dans  la  ville  fix  adminiftrateurs. 

Les  gentilshommes  de  Naxie  fe  tiennent  à  la  cam- 
pagne dans  leurs  tours ,  qui  font  des  maifons  car- 
rées affez  propres ,  &  ne  fe  vifitent  que  rarement  : 
la  chalTc  fait  leur  plus  grande  occupation.  Pliki  eft 
un  quartier  de  l'ifle  où  l'on  dit  qu'il  y  a  des  cerfs  :  les 
arbres  n'y  font  pas  fort  hauts  ;  ce  font  des  cèdres  à 
feuilles  de  cyprès. 


A  une  portée  de  funlde-L'  île,  tout  près  du  château, 
s'élève  un  petit  écueil ,  lui  lequel  on  voir  une  très- 
belle  porte  de  maibre,  parmi  quelques  grofles  pièces 
de  la  même  pierre  ôc  quelques  moiceaux  de  granic: 
les  Turcs  ôc  les  Chrétiens  ont  emporté  le  relie  :  on 
dit  que  ce  font  les  débris  du  palais  deBacchus;  mais 
il  a  plus  d'apparence  que  ce  font  les  relies  d'un  rem- 
ple  de  ce  dieu.  Cette  porte ,  qui  n'eft  que  de  trois  piè- 
ces de  marbre  blanc  ,  eft  de  grand  goût  dans  fa  (im- 
plicite :  deux  pièces  en  font  le  montant ,  ôc  la  troifiéme 
le  linteau  :  le  feuil  éroit  de  trois  pièces  ;  on  a  emporté 
celle  du  milieu.  La  porte  dans  œuvre  a  18  pieds  de  haut, 
fur  1 1  &  5  pouces  de  large  :  le  linteau  eft  épais  de  4 
pieds  ;  les  montans  ont  trois  pieds  ôc  demi  de  lar- 
geur, fur  quatre  d'épaifïeur  :  tous  ces  maibres  éroient 
cramponés  avec  du  cuivie  :  car  on  en  trouve  encore 
des  moiceaux  parmi  ces  ruines. 

Zia ,  qui  eft  la  plus  haute  montagne  de  l'ifle ,  fi- 
gnifie  le  mont  de  Jupiter,  &  a  retenu  le  nomdcDia, 
qui  étoit  autrefois  celui  de  l'ifle.  Coron o ,  autre  mon- 
tagne de  Naxie ,  a  confervé  celui  de  la  nymphe  Co- 
ronis,  nounice  de  Bacchus  ;  ce  qui  fen  ble  autorifer 
la  prétention  des  anciens  Naxiotes,  qui  vouloient  que 
l'éducation  de  ce  Dieu  eûr  été  confiée  dans  leur 
ifle  aux  nymphes  Coronis ,  Philia  &  Cléis ,  dont  les 
noms  fe  trouvent  dans  Diodore  de  Sicile.  Fanari  eft 
encore  une  autre  montagne  de  Naxie  affez  confidérable. 
Vers  le  bas  de  la  montagne  de  Zia  ,  à  la  droite  du 
chemin  de  Pérato  ,  fur  le  chemin  même  ,  fe  préfente 
un  bloc  de  marbre  brur  ,  large  de  huit  pieds ,  natu- 
rellement avancé  plus  que  les  autres  d'environ  deux 
pieds  ôc  demi.  On  lit  fous  ce  marbre  cette  ancienne 
infeription  :  OP02  £102  MHAOSlOT  ,  c'eft-à-dire  , 
Montagne  de  Jupiter  ,  conjervatcur  des  troupeaux. 

Galand  ,  de  l'académie  royale  des  infciiptirns  ,  qui 
accompagna  de  Nointel  dans  fon  voyage  de  l'Aichi- 
pel ,  a  communiqué  cette  infeription  à  Spon  ,  ôc  le  pè- 
re Sauger  l'a  rapportée  auffi.  La  manière  d'écriie  par 
defleus  }  ou  pour  mieux  dire  ,  fur  la  furface  infé- 
rieure d'un  marbre,  eft  fort  propre  pour  en  confer- 
ver  le  caradere. 

On  voit  auffi  la  grotte  où  l'on  prétend  que  les  Bac- 
chantes ont  célébré  les  Orgies.  On  allure  qu'il  y  3 
des  mines  d'or  Si  d'argent  tout  près  du  château  de 
Naxie.  Celles  d'émeril  font  au  fond  d'une  vallée  au- 
deffous  de  Perato.  On  d'éeouvre  lémeril  en  labourant _ 
ôc  on  le  porte  à  la  Marine ,  pour  l'embarquer  à  Trian- 
gata  ou  à  Saint  Jean.  Les  Anglois  en  lellent  fouvent 
leurs  vaifleaux  :  il  eft  à  fi  bon  marché  fur  les  lieux , 
qu'on  en  donne  vingt  quintaux  pour  un  écu ,  ôc  cha- 
que quintal  pefe  cent  quarante  livres. 

3.  NAXOS,  ville  de  Crète,  fuivant  Suidas,  cité 
par  Ortelius ,  Thefaur. 

4.  NAXOS,  ville  de  l'Acarnanie,  félon  Polybe, ////?, 
/.  4.  9.  c.  35.  les  vEtoliens  enlevèrent  cette  ville  aux 
Acamaniens. 

5.  NAXOS,  ouNaxus,  ancienne  ville  de  la  Sicile, 
fur  la  côte  orientale  de  cette  ifle.  Elle  étoit  bâtie  fur 
un  petit  promontoire ,  au  midi  d'Apollinis  Archaget* 
Ara  ,  ôc  à  l'orient  de  Veneris  Fanum.  C'eft  aujourd'hui 
Cafiel  Schifo.  *  De  lifte  ,  Siciliœ  ant.  Tabul. 

NAXUANA  ,  ville  de  la  Grande  Arménie.  Ptolo- 
mée  ,  l.  $.  c.  13.  la  place  auprès  de  l'Euphrare,  dans 
le  voifinage  à'Artaxata. 

1.  NAY,  ville  de  France,  dans  le  Betarn ,  diocèfe 
deLescar,  fur  le  Gave  Béarnois.  Cette  ville  eft  fort 
marchande  :  elle  fut  presque  entièrement  confuméepar 
le  feu  du  ciel  en  154;  ;  elle  a  été  rebâtie  depuis.  * 
Piganiol ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  4. .  p.  44  j . 

2.  NAY,  bourg  de  France,  dans  l'Auvergne,  diocèfe 
de  Saint  Flour. 

3.  NAY,  bois  de  France,  dans  le  Rouergue  ,  maî- 
trife  de  Rhodes  :  il  contient  dix  arpens. 

4.  NAY  ou  NÉ ,  rivière  de  France  :  elle  prend  fa 
fource  à  Maints-Fonts  en  Angonmois  ,  entre  dans  la 
Sainronge  ,  Se  arrofe  toute  cette  grande  plaine  que  les 
habitans  du  pays  appellent  la  Champagne  de  Cognac  : 
elle  fe  jette  dans  la  Charante  entre  Cognac  ôc  Saintes. 
*  Q>u  Ion  ,  Rivières  de  France,  p.  44;. 

NAZADA ,  ville  de  Médic  :  elle  étoit  dans  les  ter- 


NAZ 


NAZ 


res,  félon  Ptolomée ,  /.  6.  c.  z.  qui  la  mer  entre  Pha- 
naca  6c  Alinz.a. 

NAZALA  ,  ville  de  Phénicie.  On  lit  dans  la  notice 
des  dignités  de  l'Empire,  _/k7.  23.  Equités  promotiin- 
digen&  Naz.aU. 

NAZAMA,  ou  Naz,areus\  ville  de  Syrie,  dansl'A- 
pamenes,  félon  Ptolomée ,  /.  5.  c.  15. 

NAZAMBA,  perite  ville  de  la  Cilicie.  Rubeus  dit 
d'après  Andréas  Agnellus ,  que  cetre  ville  fut  abymée 
par  un  tremblement  de  terre.  *  Orteïïus ,  Thef. 

NAZAMONS.  Voyez,  Nasamones. 

NAZARBONENSEM.  S.  Athanafe  ,  /.  1.  félon  Or- 
telius ,  Tbef.  donne  le  titre  de  Nafarbonenjïs  à  un  cer- 
tain Athanafe. 

NAZAKÉEN,  Naz,arœus  ou  Naz.arenus  :  ce  ter- 
me peut  fignifier , 

1 .  Celui  qui  eft  de  Nazareth  ;  un  homme  natif  de 
cette  ville  ,  quel  qu'il  l'oit. 

2.  On  a  donné  ce  nom  à  Jesus-Christ  6c  à  les 
disciples ,  6c  ordinairement  il  fe  prend  dans  un  fens 
de  mépris  ou  de  dérifion  dans  les  auteurs ,  qui  ont 
écrit  contre  le  Chriftianisme. 

3.  On  l'a  pris  pour  une  fecte  d'hérétiques  nommés 
Nazaréens. 

4.  On  entend  par  un  Nazaréen  ,  un  homme 
qui  a  fait  vœu  d'obferver  les  régies  du  Nazaréat. 

j.  Le  nom  de  Nazaréen,  Nazarœus ,  dans  quel- 
ques endroits  de  l'Ecriture  ,  marque  un  homme  d'une 
diftinction  particulière  ,  6c  qui  poffede  une  grande  di- 
gnité dans  le  palais  d'un  prince.  *  Gcnef.  49.  26.  Dent. 
53.  16. 

NAZARETH,  petite  ville  delà  Paleftine,  dans  la- 
tribu  de  Zabulon,  dans  la  Baffe  Galilée,  au  couchant 
du  Thabor  6c  à  l'orient  de  Ptolémaïde.  Eufebe  dit  qu'elle 
eft  à  quinze  milles  de  Légion  vers  l'orient.  Cette  ville  eft 
très-célèbre  dans  l'Ecriture,  pour  avoir  été  la  demeure 
de  Jesus-Christ  ,  pendant  les  trente  premières  années 
de  fa  vie  (a).  Ceft-là  où  le  Sauveur  s'eft  incarné  , 
où  il  a  vécu  fous  l'obéiffance  de  Jofeph  6c  de  Marie  , 
Se  d'où  il  a  pris  le  nom  de  Nazaréen.  Depuis  qu'il  eut 
commencé  fa  million  ,  il  y  prêcha  quelquefois  dans  la 
Synagogue  (  b  )  ;  mais  comme  fes  compatriotes  n'avoient 
point  de  foi  en  lui  ,  6c  que  la  baffeffe  de  fa  nais- 
fance  leur  caufoft  du  fcandale,  il  n'y  fit  pasbeaucoup 
de  miracles  (c)  ,  6c  ne  voulut  pas  même  y  demeu- 
rer ;  de  forte  qu'il  fixa  fa  demeure  à  Capharnaiim  pen- 
dant les  dernières  années  de  fa  vie.  La  ville  de  Naza- 
reth étoit  fituée  fur  une  hauteur,  6c  il  y  avoir  à  côté  un 
rocher,  d'où  les  Nazaréens  voulurent  un  jour  préci- 
piter le  Sauveur  (  d  ) ,  parce  qu'il  leur  reprqchoit  leur 
incrédulité,  (a)  Luc  ,  1  1.5  1.  {b  )  Luc  ,4.  16.  (  c  )  Mat  th. 

I3.I4...  5§-  id)    LltC  ,    4.    IC). 

Saini  Epiphane  ,  Heraf.  xo.c.  11.  p.  136.  a.  dit  que 
de  fon  tems  Nazareth  n'étoit   plus  qu'une  bourgade , 
&que,  jusqu'au  règne  de  Ccnftantin ,  les  Juifs  feuls 
Phabitoient   à    l'excluilon  des  Chtétiens.  Adamnanus, 
/.  2.  de  locis  SS.  écrivain  du  feptiéme  fiécle  ,  dit  que 
de  fon  tems  on  voyoit  à  Nazareth  deux  grandes  égli- 
fes  :  l'une  au  milieu  de  la  ville  ,  &  bâtie  fur  deux  arca- 
des ,  au  lieu  où  étoit  autrefois  la  maifon  où  notre  Sau- 
veur fut  élevé.  Au-deffous  des  deux  arcades  ,il  y  avoir 
une  fort  belle  fontaine,  qui  fourniffoit  de  l'eau  a  toute 
la  ville  ,  6c  d'où   par    une  poulie  l'on  en  tiroit  auffi 
pour  l'églife  qui  étoit  au-deflus.  La  féconde  églife  de 
Nazareth  étoit  bâtie  au  lieu  où  étoit  la  maifon  dans  la- 
quelle l'Ange  Gabriel  annonça  à  Marie  le  myftere  de 
l'incarnation.  Saint  WiHibrode  ,  au  huitiémefiécle  (a  ), 
parle  de   la  même  églife  de  Nazareth  ,  6c  dit  que  les 
Chrétiens  étoienr  fouvent  obligés  de  la  racheter  à  prix 
d'argent  des  payens  qui  la  vouloient  démolir.  Phocas  , 
qui  écrivoit  au  douzième  fiécle ,  dit  qu'auffitôt  qu'on 
étoit  entré  dans  Nazareth  ,  on  trouvoit  l'églife  de  faint 
Gabriel  ,  6c   qu'au-deffous    étoit  une  petite  voûte ,  où 
fe  trouvoit  la  fontaine  près  de  laquelle  l'Ange  avoir 
parlé  d'abord  à  Marie.  Il  eft  à  remarquer  que  les  Orien- 
taux (  b)  croient  que  d'abord  l'Ange  parla  à  Marie  près 
d'une  fontaine ,  Se  enfuite  dans  fa  maifon.  Phocas  ajoute 
qu'il   y    a  dans   la    même  ville  une  fort  belle  églife , 
qui  étoit  autrefois  la  maifon  de  faint  Jofeph. (  a  )Vtdc 


y  QJ 

in  atl.  SS.  ord.  S.  Bctied.  t.  4.  pag.  374.  (  0  )  Voyez,  te 
Protévangile  de  faint  Jacques,  n°.   2. 

Tous  ces  témoignages  rendent  tort  fuspeéte  la  fi- 
meufe  tranflation  de  la  maifon  de  la  fainie  Vierge  en 
Italie ,  fi  connue  fous  le  nom  de  Notre-Dame  de  Lu- 
rette. *  Voyez,  l'Hiftoire  de  Lorette  ,  par  le  père  Tur- 
félin. 

Aujourd'hui  (a)  Nazareth  n'eft  qu'un  très-petit 
village,  compofe  de  cinquante  ou  foixante  maiibns. 
Il  eft  fitué  fur  le  penchant  d'une  montagne  environ- 
née d'autres  petites  montagnes  6c  collines  ,  dans  un  ter- 
rein  ingrat  6c  ftérile  ,  à  l'exception  de  quelques  peti- 
tes vallées,  qui  fonr  arrofées  des  eaux  de  diverfes  fon- 
taines (b).  Le  feul  bâtiment  qui  ait  un  peu  d'apparence  , 
eft  le  couvent  des  religieux  de  faint  François  :  on  le 
prendroit  de  loin  pour  un  petit  château  ,  parce  qu'on 
à  été  obligé  de  l'environner  de  hautes  murailles  pour 
le  défendre  des  courfes  des  Arabes.  Les  étrangers  ont 
coutume  d'y  loger  en  laiffant  quelque  aumône  poi:r 
la  dépenfe  qu'ils  y  font.  Auprès  de  ce  couvent  eft  une 
chapelle  bâtie  au  même  endroit  où  fe,  trouva  Marie , 
lorsque  l'Ange  lui  annonça  le  myftere  de  l'incarnation. 
On  prétend  que  la  chambre  ,  qui  eft  aujourd'hui  à  Lo- 
rette, fut  tirée  miraculeufemcnt  de  ce  faint  lieu,  qui 
eft  en  partie  creufé  dans  la  montagne,  comme  I'étoient 
les  autres  maifons  des  Nazaréens.  Us  avoient  (  c  )  creu- 
fé dans  la  roche  même  de  petites  chambres  en  for- 
me de  cabinets ,  6c  fur  le  devant  ils  avoient  bâti  un  pe- 
tit corps  de  logis ,  confiftanr  ,en  une  fale  baffe  feule- 
ment-, car  pour  l'ordinaire  il  n'y  avoit  qu'un  étage  aux 
maifons  du  commun ,  comme  on  y  en  voit  encore. 
De  ces  deux  places  ,  qui  netoient  fépâréesque  d'un  mur 
Se  d'une  porte,  on  ne  Faifoit  qu'un  feul  appartement; 
car  on  alloit  de  plein  pied  d'une  chambre  à  l'autre. 
(  a  )  Doubdan  ,  Voyage  de  la  Terre-Sainte  ,  p.  508. 
(  b  )  Coppin  ,  Voyage  de  Phénicie,  p.  436,  (  c  )  Doub- 
dan ,  Voyage  de  la  Terre-Sainte,  p.  509. 

La  maifon  de  la  fainte  Vierge  6c  de  faint  Jofeph  con» 
fiftoit  en  une  grotte  ou  cabinet  taillé  dans  le  roc ,  6c 
unechambrebâtie  fui  la  rue.  Après  la  dernière  pertequ'en 
firent  les  Chrétiens ,  les  Infidèles  avoient  comblé  ce 
lieu  6c  caché  fous  des  ruines ,  afin  d'en  dérober  la  con- 
noiffance.  Au  bout  de  plufieurs  années,  un  religieux 
de  faint  François  apprit  d'un  vieux  Juif  où  étoit  la 
place  ,  qui  avoit  été  confacrée  par  le  myftere  de  l'in- 
carnation du  Verbe.  11  commença  alors  à  nettoyer  ce 
lieu  ,  6c  il  trouva  d'abord  le  pavé  :  il  rencontra  enfuite 
un  peu  à  côté  deux  colomnes  de  pierre  grife,  qui 
avoient  été  plantées  anciennement ,  l'une  à  l'endroit  où 
l'on  avoit  cru  qu'étoit  la  Vierge  ,  lorsque  l'Ange  Ga- 
briel lui  apparut ,  6c  l'autre  à  l'endroit  où  étoit  l'An- 
ge quand  il  falua  la  Vierge.  Ce  religieux,  affilié  de  quel- 
ques Chrétiens ,  remit  la  grotte  en  quelque  forte  de 
décence  ,.  6c  la  fit  connoître  aux  pèlerins.  Les  Turcs 
le  battirent  au  point  qu'il  en  mourut  quelque  tems 
après.  *  Coppin  ,  Voyage  de  Phénicie  6c  de  la  Terre- 
Sainte,  p.  437. 

On  ne  fait  pas  fi  les  chapelles  que  l'on  voit  mainte- 
nant à  Nazareth  furent  trouvées  par  ce  religieux  dans  la 
forme  où  elles  font ,  ou  fi  l'on  y  a  ajouté  quelque  chofe 
depuis.  Quoi  qu'il  en  foit ,  voici  le  véritable  état  où  fe 
trouvent  les  chofes.  On  entre  par  deux  poires  différentes 
dans  la  principale  chapelle  ou  grotte,  qui  eft  du  côté 
du  chemin  :  elle  a  1 8  pieds,  de  long  d'orient  en  occident  ; 
fur  onze  de  Luge.  Dans  les  endroits  où  le  roc  a  manqué , 
on  y  a  fuppléé  par  des  murs  qui  paroiflènt  très-art- 
ciens.  II  y  a  un  autel  qui  regarde  du  côté  du  le- 
vant ,  6c  dans  la  muraille  du  midi  ,  on  voit  une  fe- 
nêtre à  l'endroit  où  l'on  dit  que  l'Ange  paffa  -,  c'étoit 
la  chambre  de  la  fainte  Vierge:  toute  la  maçonnerie, 
qui  étoit  de  brique,  eft  ,  à  ce  qu'on  dit  ,  à  Lorette  ; 
il  ne  refte  plus  que  le  pavé  ;  que  les  Chrétiens  a- 
voient  enrichi  d'une  marqueterie  de  marbre  blanc  , 
noir  Se  rouge  ,  dont  la  plus  grande  partie  fubfifte 
encore.  Cette  première  chapelle  n'a  qu'un  fimple  cou- 
vert ;  mais  du  côté  du  feptentrion ,  elle  eft  jointe 
par  une  arcade  à  une  plus  petite  chambre  ,  qui  eft 
voûtée  ,  6c  qui  fervoit  apparemment  ou  de  chambre  de 
provifions  ,  ou  de  cabinet  ,  ou  d'oratoire  à  la  Mère 
Tom.lV.  Sffij 


./ 


yo8       NAZ 


NAZ 


de  Dieu.  Sur  l'autel  de  cette  féconde  chambre  ,  Se 
aufli  du  côté  de  l'orient ,  on  lit  ces  mots  écrits  en  gros- 
fes  lettres  :  Hic  Verbum  caro  factum  est  ;  ôc 
les  deux  colomnes  qui  marquent  le  lieu  de  l'Annon- 
ciation ,  font  dispofées  à  cinq  pieds  de  diftance  , 
comme  pour  foutenir  la  voûte  dans  fa  longueur  :  elles 
ont  chacune  dix-fept  ou  dix-huit  pieds  de  hauteur.  La 
colomne  de  l'Ange  eft  encore  dans  fon  entier  ,  mais 
l'autre  eft  rompue  par  le  bas  :  il  s'en  manque  deux 
pieds  qu'elle  ne  pofe  à  terre  ;  elle  demeure  comme 
fuspendue  en  l'air  par  une  espèce  de  prodige  ;  car 
elle  ne  tient  que  bien  peu  à  la  voûte.  Les  Turcs  qui 
avoient  abattu  une  belle  égiife  ,  bâtie  par  fainte  Hé- 
lène ,  au-deflus  de  la  fainte  Grotte  ,  vouloient  encore 
détruire  la  grotte ,  &  avoient  déjà  commencé  à  renver- 
fer  cette  colomne  ;  mais  une  telle  épouvante  les  prit , 
que  pas  un  d'eux  n'ofa  continuer  l'ouvrage  :  ils  rem- 
plirent les  deux  chapelles  d'immondices  ,  ôc  répandi- 
rent les  ruines  de  l'églife  au-deflus  ,  afin  de  dérober 
la  connoiflance  de  ce  lieu.  Tout  refpire  une  extrême 
pauvreté  dans  ces  deux  chapelles  :  les  murs  en  font 
grofirers  ,  fans  être  blanchis  :  fur  les  autels  il  n'y  a 
pour  tout  ornement  que  des  chandeliers  de  bois  fort 
fimples  ,  ôc  l'on  n'y  lailTe  pas  même  de  cierges  ,  parce  que 
les  Turcs,  à  qui  l'on  n'oferoit  refufer  les  portes,y  alloient 
quelquefois ,  commandoient  qu'on  allumât  les  cierges,  ôc 
Ôc  s'en  fervoient  pour  mettre  le  feu  à  leurs  pipes. 

On  allure  que  la  colomne  qui  eft  rompue  ,  opère  tous 
les  jours  de  grandes  merveilles.  On  dit  que  les  femmes 
enceintes,  qui  peuvent  s'y  aller  frotter,  accouchent  heu- 
reufement  ;  qu'en  y  touchant  du  dos  ,  on  eft  délivré  de 
toutes  fortes  de  douleurs  de  reins;  en  forte  que  non-feule- 
ment les  Chrétiens ,  mais  encore  les  nations  infidèles  y 
accourent  pour  recevoir  la  guérifon.  On  ajoute  que  des. 
ceintures  que  l'on  avoic  fait  toucher  à  cette  colomne  , 
ont  produit  les  mêmes  merveilles  en  différens  pays. 

Au  fond  de  la  grotte,  du  côté  du  nord,  il  y  a  une  ouver- 
ture qui  répond  à  un  petit  caveau  de  figure  ovale  ,  qui 
fert  de  facriftie  -,  &  au  fond  de  cette  facriftie ,  aufli  du  cô- 
té du  nord ,  on  voit  un  escalier  fort  obscur  ,  qui  fait  la 
communication  avec  le  couvert  qui  eft  fort  pauvre  ,  ôc 
dont  toute  la  communauté  confifte  en  un  feul  prêtre 
ôc  un  feul  frère. 

Il  y  a  plufieurs  autres  endroits  remarquables ,  tant  au 
dedans  qu'au  dehors  de  Nazareth.  Tout  proche  du  cou- 
vent ,  du  côté  du  feptentrion,  eft  un  lieu  où  faint  Jofeph 
avoitfa  boutique.  Il  y  avoir  autrefois  en  cet  endroit  une 
belle  égiife,  autant  qu'on  en  peut  juger,  par  quelques 
bouts  de  murailles ,  ôc  par  des  relies  de  beaux  piliers.  Elle 
fert  maintenant  d'habitation  aux  Infidèles. 

A  quelques  centaines  de  pas  du  couvent  ,  presque  au 
milieu  de  la  ville ,  en  tirant  un  peu  vers  le  couchant ,  on 
trouve  un  vieux  bâtiment  de  pierres  de  taille  ,  qu'on  dit 
être  un  refte  de  la  fynagogue,où  notre  Seigneur  étant  en- 
tré (7)  ,  on  lui  donna  le  livre  du  prophète  Ifaïe  ,  qui  re- 
gardoit  fa  miflion  ,  Ôc  où  s'étant  fait  admirer  d'abord  de 
fes  auditeurs ,  il  en  fut  enfuite  maltraité ,  lorsqu'il  vint  à 
leur  reprocher  l'aveuglement  de  leur  efprit  &'  la  dureté  de 
leur  cœur  ;  de  forte  qu'ils  fe  faifirent  de  lui  à  deffein  de 
l'aller  jetter  dans  un  précipice  (b).  Ce  précipice  eft  en- 
viron à  une  demi-lieue  de  Nazareth  -,  ôc  c'eft  un  des  plus 
tiffreux  qui  fe  puiffe  voir.  Il  eft  presque  fur  l'extrémité 
de  la  montagne  qui  va  du  nord-oueft  de  cette  ville  au  fud- 
eft.  Il  eft  extrêmement  profond ,  ôc  le  côté  de  la  mon- 
tagne par  où  on  avoit  réfolu  de  jetter  le  Fils  de  Dieu  ,  eft 
tout-à-fait  escarpé  :  il  aboutit  à  une  vallée  étroite  ,  qui 
eft  couverte  de  gros  grès  ,  difficile  à  marcher  ,  mais 
agréable  par  la  diverfité  des  arbrifleaux,  entre  lesquels  on 
marche  à  couvert.  A  l'endroit  où  ceux  de  Nazareth  con- 
duifirent  le  Sauveur  ,  il  y  a  une  pierre  d'une  grofleur 
énorme  ,  élevée  ôc  comme  mife  à  deflein  fur  le  haut  de 
la  roche  du  côté  du  précipice.  On  dit  que  lorsque  notre 
Seigneur  disparut  ,  cette  pierre  fe  leva  d'elle  même  , 
comme  pour  marquer  le  lieu  du  crime  des  Nazaréens  , 
ôc  pour  leur  reprocher  leur  injuftice  ;  mais  quoiqu'il  y  ait 
quelque  chofe  d'extraordinaire  dans  la  firuarion  de  cette 
pierre  ,  die  peut  être  un  effet  de  la  nature  &  du  hazard. 
Quoi  qu'en  difenr  quelques  écrivains ,  on  ne  trouve  point 
en  cet  endroit  les  veftiges  des  pieds  du  Sauveur  im- 
primés dans  le  roc  ,  comme  on  les  trouve  fur  la  monta- 


gne des  olives:  on  montre  feulement  au-deffous  de  ce 
lieu  ,  dans  la  descente  du  précipice  ,  une  grotte  large 
d'environ  quatre  ou  cinq  pieds  ôc  peu  enfoncée.  Il  y  en 
a  qui  veulent  que  notre  Seigneur  s'y  cacha ,  le  haut  de 
la  montagne  s'étant  ouvert  pour  le  recevoir ,  ôc  s'étant 
au  même  moment  refermé.  On  y  a  bâti  un  autel ,  où  l'on 
die  la  Méfie  aux  pèlerins ,  Ôc  c'étoit  l'églife  d'un  monafte- 
re  du  voifinage.  On  y  voit  encore  quelques  peintures  > 
mais  fi  effacées  qu'on  n'y  peut  rien  reconnoître.  Pour  ve- 
nir du  haut  du  précipice  à  cette  grotte  ,  il  y  a  des  degrés 
qu'on  dit  que  fainte  Hélène  fit  faire  pour  rendre  le  che- 
min plus  aifé.  (a)  Luc  ,  4.  (b)  Le  père  Nm,  Voyage  de  la 
Terre  Sainte  ,  1.  5.  c.  16. 

Près  de  cette  grotte  ,  en  retournant  vers  Nazareth ,  on 
rencontre  deux  citernes  :  l'une  d'environ  douze  pieds  de 
diamètre ,  où  il  y  a  de  l'eau  ;  l'autre  une  fois  plus  grande  , 
ôc  qui  cfl  à  fec.  Toutes  deux  étoient  pour  l'ufage  du  mo- 
naftere. 

Vis-à-vis  de  la  haute  montagne  du  précipice,  on  en 
voit  une  autre  encore  plus  haute  ,  ôc  qui  n'eft  guère 
moins  roide.  Leur  fommet  n'ert  éloigné  que  d'une  bon- 
ne portée  de  fufii ,  &  le  bas  dans  la  vallée  s  entre-touche 
presque  :  le  torrent  qui  paffe  entte  deux  dans  les  grandes 
pluies  en  fait  la  féparaàon.  Toutes  deux  regardent  à  leur 
pointe  le  champ  ■;!  Esdrelon  ,  qui  eft  une  des  plus  belles  , 
des  plus  fertiles  Ôc  des  plus  grandes  plaines  qu'on  puiffe 
voir.  Le  torrent  de  Cifion  y  pafl'e  environ  à  une  lieue 
de  ces  montagnes  ;  mais  il  eu  a  fec  la  plus  grande  partie 
de  l'année.  11  n'a  de  l'ëau  en  tout  rems  que  depuis  En- 
dor,  dont  il  eft  proche ,  jusqu'à  la  mer  de  Galilée  ,  où  il  fe 
décharge  du  côié  de  l'orient.  11  en  a  auih"  toujours  ,  à  ce 
qu'on  dit ,  vers  le  mont  Cafrnel,  au  pied  duquel  il  coule  , 
ôc  va  enfuite  s'emboucher  dans  la  mer  Méditerranée , 
du  côté  de  l'occident. 

En  montant  la  montagne  vers  l'occident  de  la  fainte 
Mai  fon ,  on  voit  fur  la  descente  une  groffe  pierre  ,  fur  la- 
quelle on  dit  que  notre  Seigneur  mangeoit    quelquefois 
avec  fes  Apôtres.  Sur  un  des  côtés  de  cette  pierre  on  re- 
marque comme  des  plis  de  robe ,  ôc  la  figure  des  plis 
qu'elle  fait  fous  les  genoux  ,  quand  on  courbe  un   peu 
les  jambes  pour  fe  repofer.  On  voit  ces  plis ,  comme  ve- 
nanr  jusqu'à  mi-corps ,  ôc  à  prélènt  on  n'en  découvre 
pas  davantage,  parce  que  la  pierre  eft  couverte  de  terre 
vers  l'autre  bout.  Elle  étoit  ci-devant  vers  le  haut  de  la 
montagne  ,  ôc  il  y  avoit  à  quelques  pas  une  fontaine 
que  les  Chrétiens  nomment  la  Fontaine  de  Saint  Pierre. 
Une  tradition  veut  ,  que  notre  seigneur  ayant  envoyé 
S.  Pierre  cheicher  de  l'eau  en  cet  endroit  ,  faint  Pierre 
obéit, quoiqu'il  fut  qu'il  n'y  avoiepoint  d'eau.  On  ajoute 
qu'à  fon  arrivée  la  fontaine  commença  à  couler.  C'eft 
pout  cela  qu'on  l'appelle  auffi  en  arabe  Aain  gedide  ,  la 
Fontaine  Nouvelle.  Depuis  environ  cinquante  ans,  cette 
fontaine  ne  paroît  plus  ,  ôc  la  grande  pierre  dont  je 
viens  de  parler ,  eft  descendue  bien  bas  dans  le  penchant 
de  la  montagne.  Elle  a    été   pouftée  hors  de  fa  place 
par  un  tremblement  de   terre  ôc  par   le  tonnerre  qui 
tomba  dans  la  place  où  elle  étoit ,  &  tarit  la  fontaine. 
On  alloit  fouvent  dire  la  Me(Te  fur  cette  pierre ,  pour 
laquelle  on  a  une  grande  vénération. 

Il  y  a  une  autre  pierre  fur  le  chemin  de  Nazareth 
au  précipice  ,  ôc  pour  laquelle  les  Chrétiens  ont  aus- 
(i  de  la  vénération.  On  y  apperçoit  la  figure  de  deux 
genoux  imprimés  fort  avant.  On  dit  que  c'eft  celle  des 
genoux  de  la  fainte  Vierge.  Quand  elle  apprit  le  des- 
fein  que  les  Nazaréens  avoient  de  précipiter  le  Sau- 
veur ,  elle  alla  après  eux ,  ôc  ayant  été  informée  en 
chemin  qu'il  s'étoit  miraculeufement  fauve  de  leurs 
mains,  elle  fe  mit  à  genoux  pour  en  rendre  fes  actions 
de  grâces  à  Dieu:ce  fut  alors,  à  ce  qu'on  prérend,  que  cet- 
te pierre  reçut  la  forme  de  fes  genoux.  On  avoit  bâti  fur 
cet  endroit  de  la  montagne  un  monaftere  nommé  Sairitt 
Marte  de  la  Crainte  :_il  étoit  habité  par  des  religieufesj 
mais  on  n'en  voit  plus  que  les  ruines. 

La  montagne  où  étoit  ce  couvent  ôc  le  précipice, 
fembleêtre  féparée  delà  montagne  fur  laquelle  la  ville 
de  Nazareth  eft  bâtie.  Cette  réparation  eft  formée  par- 
une  petite  vallée  fort  étroite  -,  ce  qui  fait  douter  fi  le 
précipice  eft  au  lieu  où  on  le  montre.  Saint  Luc  die 
exprefTément  qu'il  étoît  fur  la  montagne  où  Nazareth 
étoit  bâtie  :  Et  Jurrexerwn  &  (jecerunt  eum  extra  ci- 


NAZ 


NEA 


vitatem ,  &  duxerum  ilhtm  usque  ad  fttpercilium  mon- 
tis  Juptr  quem  civitas  illorumerat  adificata.  Cette  diffi- 
culté cit  grande  ;  &  pour  y  répondre ,  on  dit  que  ce  ne 
furent  pas  ceux  de  Nazareth  ;  mais  les  habitans  d'un  vil- 
lage ou  bourg  voifm  qui  étoit  fur  cette  montagne  , 
&  dont  on  voit  quelques  vertiges ,  qui  fe  faifirent  de 
notre  Seigneur  pour  l'aller  précipiter.  Cependant  l'é- 
vangile exprime,  ce  femble,  affez  clairement  que  ce 
furent  les  Nazaréens.  D'autres  ont  dit  qu'une  partie  de 
Nazareth  étoit  bâtie  fur  cette  montagne;  mais  alors  Na- 
zareth n'auroit  pas  été  une  ville  fi  petite  qu'on  nous  la 
repréfente.  11  conviendroit  mieux ,  peut-être ,  de  dire 
que  toutes  ces  montagnes  entourant  Nazareth  ,  ôcs'ap- 
pellant  les  montagnes  de  Nazareth,  &  la  féparation 
qui  fe  voit  entre  celles  dont  il  eft  queftion  étant  fort 
petite,  elles  peuvent  palier  toutes  pour  une  feule  mon- 
tagne. Elles  ne  font  en  effet  rien  autre  chofe  -,  on  eft 
forcé  d'en  convenir ,  fi  l'on  y  veut  faire  quelqu'atten- 
tion  Se  l'on  explique  ainfi  l'Evangile  à  la  lettre.  * 
Doubdan,  p.  508. 

•  La  ville  de  Nazareth  diminua  beaucoup  dans  les 
premiers  fiécles  de  l'églife.  Saint  Jérôme  témoigne, 
que  de  fon  tems ,  ce  n'étoit  qu'un  fort  petit  village  ; 
mais  dans  la  fuite  les  Chrétiens  ,  confidérant  combien 
elle  avoir  été  honorée  par  le  myftere  de  l'Incarnation 
ou  de  la  Conception  de  Jefus-Chrift ,  Se  par  une  de- 
meure qu'il  y  avoit  faite  de  plus  de  trente  ans ,  y  fi- 
rent mettre  le  fiége  d'un  évêché ,  qu'ils  firent  même 
depuis  ériger  en  archevêché  fous  le  patriarchat  de  Jé- 
rusalem. Depuis  que  les  Mahométans  fe  font  rendus 
les  maîtres  du  lieu  ,  l'archevêché  a  été  éteint ,  ou  du 
moins  rendu  titulaire,  comme  ceux  qui  font  demeu- 
rés ou  péris  dans  les  pays  infidèles,  puis  transporté  au 
royaume  de  Naples,  mis  dans  le  diocèfe  de  Trani , 
annexé  à  l'églife  de  Batletta,  dans  la  terre  de  Bari , 
vers  ia  côte  de  la  mer  Adriatique.  Cet  archevêché  de 
Nazareth ,  dont  on  a  vu  Urbain  VIII  titulaire  avant 
qu'il  fut  pape  ,  a  été  uni  à  l'évêché  de  Monte  Ver  de , 
petite  ville  de  la  Principauté  Ultérieure ,  fur  les  li- 
mites de  la  Bafilicatc  Se  de  la  Cnpitanatc,  dont  le 
fiége  étoit  fufrragant  de  l'archevêché  de  Compfa.  *  To- 
pograph.  des  Saints  ,  p.  3  35. 

Saint  Jofeph  mourut ,  félon  les  apparences ,  à  Na- 
zareth ,  &  peut-être  les  païens  de  la  fainte  Vierge , 
faint  Joachim  Se  fainte  Anne  y  moururent  auffi.  Pour 
clic ,  depuis  le  batême  de  fon  fils ,  elle  quitta  ce  fé- 
jour  ,  Se  alla  demeurer  à  Capharnaiim. 
NAZAVITIUM.  Voyez.  Taurus. 
NAZEBY ,  bourg  ou  village  d'Angleterre ,  dans  la 
province  de  Northamptonshire.  C'eft  le  lieu  où  fe 
donna  le  14  de  Juin  1645  ,  la  fameufe  bataille  en- 
tre le  roi  Charles  I  &  l'armée  du  parlement ,  Se  où 
cette  dernière  remporta  la  viétoire.  *  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.   1 .  p.  94. 

NAZELLES,  NavicelU  ,  bourg  Se  château 
de  France  ,  dans  la  Touraine  ,  élection  d'Amboife ,  au  ' 
levant  de  Tours.  Ce  lieu  eft  fitué  fur  la  rivière  de 
CifFe  (adSiceram)  ;  il  eft  deftiné  particulièrement  au 
culte  de  faint  Martin  dès  le  cinquième  fiécle.  La  cure 
eft  à  la  collation  de  l'archevêque  de  Tours.  *  Topograph. 
des  Saints,  p.  6 3 4. 

MAZERINORUM  Tetrarchia  ,  la  Tétrarchie 
des  Naz,erini ,  étoit  dans  la  Cœlefyrie ,  félon  Pline  , 
/.  5.  c.  23.  Le  père  Hardouin  ,  ibid.  in  Not.  n°.  6.  croit 
que  ce  font  les  peuples  que  Strabon  ,  /.  10.  donne  pour 
voifins  aux  Apamiens ,  du  côté  de  l'orient,  auprès  du 
fleuve  Marfyas,  Se  que  ce  géographe  appelle  ^vxâpx^i 
Awp«/2ac.  Ils  venoient  de  ceux  qui  s'avancetent  vers  l'oc- 
cident ,  pafferent  le  Marfyas  Se  l'Oronte  ,  s'établirent 
dans  les  montagnes ,  entre  l'Oronte  à  l'orient ,  la  mer 
Méditerranée  au  couchant,  le  Marathus,  To^tofc  ,  au 
midi ,  Se  Laodicée  au  nord  ,  &  où  ils  confervent  leur 
ancien  nom  ,  s'appellant  encore  les  Najfarics. 

NAZIANSUS  ,  lieu  fortifié  dans  l'Afie  Mineure , 
félon  Ortelius ,  Thejattr.  qui  cite  Suidas ,  &  dir  qu'il 
y  avoit  une  auberge.  Il  pourroit  fe  faire  que  ce  feroit 
la  même  chofe  que  Nazianze.  Voyez,  ce  mot. 

NAZIANZE  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Cappadoce  ,  au 
foifinage  d«  Céfarée.  Cette  ville  étoit  petite;  mais  elle 


T09 

devint  célèbre  dans  la  fuite.  Selon  Bailler ,  Topograph* 
des  Saints,  p.  336.  elle  fut  d'abord  fuffragante  de  Cé- 
farée :  depuis  on  l'érigea  en  métropole.  Saint  Grégoire 
le  père  en  fut  fait  évêque  l'an  528.  Il  y  mourut  Se 
y  fut  enterré  en  373.  Le  grand  Se  do&e  faint  Gré- 
goire le  fils  y  naquit  peu  de  tems  après  l'ordination 
de  fon  père.  Il  n'en  fut  point  évêque  ;  mais  il  fervit 
l'églife  après  la  mort  de  fon  père  durant  la  vacance  du 
fiége  ,  comme  il  avoit  fait  pendant  quelques  tems  ,  dès 
le  vivant  de  fon  père.  Saint  Céfaire  ,  le  dernier  des 
enfans  de  faint  Grégoire  Se  de  fainte  Nonne  ;  mourut 
le  ptemier  de  cette  fainte  famille ,  en  Bithynie  ou  à 
Conftantinople  ,  l'an  379  y  mais  fon  corps  fut  rapporté 
à  Nazianze  ,  où  fon  père  Se  fa  mère  le  mirent  dans 
le  tombeau  qu'ils  avoient  préparé  pour  eux  ;  Se  fon 
frère  ,  Grégoire  le  théologien  ,  fit  fon  oraifon  funè- 
bre. Sainte  Gorgonie,  leur  fœur, étoit  aufli  née  à  Na- 
zianze; mais  elle  fut  mariée  à  Séleucie  enlfaurie,  & 
elle  y  mourut;,  On  n'a  point  laine  d'affigner  fon  culte 
à  Nazianze  dans  les  martyrologes.  Sainte  Nonne  , 
femme  du  vieux  faint  Grégoire  ,  mère  de  Saine 
Grégoire  ,  de  faint  Céfaire  Se  de  faint  Grégoire ,  fur- 
nommé  de  Nazianze,  mourut  dans  cette  ville,  Se  fut 
enterrée  auprès  de  fon  mari. 

NAZORIUM,  montagne  dont  fait  mention  Phavo- 
rin ,  dans  fos  Lexicon.  *  Ortelii  Thef. 

N  E. 

1.  NEA  ou  No  A  ,  ville  de  la  tribu  de  Zabulon.  Voyez. 
No  a.  *  Jofué ,  19,  13. 

2.  NEA  ,  ville  d'Egypte  ,  dans  la  province  Thébaï- 
que ,  au  voifïnage  de  la  ville  de  Chemnis.  Héro^  c, 
in  Euterpe ,  i.  1.  c.  $1.  en  fair  mention,  Se  Ces  inter- 
prètes, milieu  de  Nea ,  lifent  Neapolis.  La  notice  des 
dignités  de  l'Empire  dit  Ala.  oftava  Vandilorum 
Ne<s. 

3.  NEA  ou  Née,  ville  de  la  Troade,  félon  Pli- 
ne, /.  2.  c.  96.  Etienne  le  géographe  la  met  dans  h 
Myfie. 

4.  NEA ,  lieu  fortifié  dans  la  Myfie,  félon  Etienne 
le  géographe. 

y.  NEA  ,  ifle  d«  la  mer  ALçée.  Pline,  /.  2.  c.  87.  la 
met  entte  Lemnos  &  l'Hellespont.  Elle  étoit  confa- 
crée  à  Minerve.  D'autres  en  comptent  plufieurs  dans 
le  même  quartier ,  Se  les  nomment  Nex. 

1.  NEVE  ,  ville  de  la  Sicile  ,  félon  Diodore  de  Sicile. 
Fazell  dit  que  c'eft  le  Neetum  de  Ptoloméc,  /.  3.  c.  4. 
mais  dans  les  manuferits  de  ce  géographe  on  lit  Nhctwc, 
Netlum.  C'eft  la  même  ville  que  Pline,  /.  3.  c.  8.  nom- 
me Netini,  Se  queCicéron,  /.  5.  22.  in  Verr.  appelle 
du  même  nom.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  aujour- 
d'hui Non  ;  d'autres  foutiennent  que  c'eft  Mineo. 

2.  NE/E.  Voyez,  Nea  5. 

NE/ETHUS  ,  fleuve  de  la  gtande  Grèce  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  3.  c.  1 1.  &  Strabon,  /.  6.  Il  étoit  dans  le  ter- 
ritoire de  Crotone.  Ovide,  Metamorph.  ij.  ^.5!. 
le  furnomme  Salleniinum  dans  ce  vers: 

Pr&terit  &  Sybarim  Salleminumqite  NeœtLum. 

Il  avoit  fon  embouchure  dans  le  golfe  de  Crorone. 
Théocrue  ,  Idyl.$.  v,  24.  en  parle  .  Se  fon  fcholiafte 
en  fait  un  fleuve  de  Sicile ,  mais  c'eft  toujours  le  même 
fleuve  ;  car  par  le  nom  de  Sicile  ce  fcholiafte  n'entend 
autre  chofe  que  cette  partie  de  1  Italie ,  à  laquelle  les 
écrivains  du  moyen  âge  ont  donné  le  nom  de  Sicile  , 
&  que  Ton  appelle  encore  de  la  forte,  quand  on  diftin» 
gue  les  deuxSicilcs.  *  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  lib.  2. 
cap.  9. 

NÉAGH  ,  grand  lac  d'Irlande  ,  dans  la  province 
d'Ulfter,  entre  les  comtés  d'Antrym  ,  de  Downe ,  d'Ar- 
mach  ,  de  Tyrone  Se  de  Londonderry.  Il  renferme  deux 
principales  ifles ,  favoir  ,  celle  de  Sidncy  au  midi,  Se 
celle  d'Enisgarden  au  nord.  Il  reçoit  grand  nombre  de 
rivières  ,  dont  la  plus  confidérable  eft  celle  de  Ban  ,  qui 
le  traverfe  du  fud  au  nord.  Baudrand  fe  trompe  en 
donnant  à  ce  lac  le  nom  d'Eagh.  *  Allard  ,  Carte  d'Ir- 
lande. Robert,  17JO. 


fio      NEA 

NEAMA  ,  lieu  de  la  Palestine.  Jofué ,  ij.  41.  en 
parle  :  la  yerfion  des  Septante  porte  No^ua,  Noma. 

NEANDRÏA  ou  Neandrium,  ville  de  la  Troade, 
fur  l'Hellesponr  ,  félon  Strabon.  Quelques-uns  ont 
écrit  Leandria  pour  Neandrïa ,  mais  c'eft  une  faute.  Les 
habitans,  de  cette  ville  furent  transférés  à  Alexandrie. 
Neandrïa.  eft  appellée  Neandros  par  Pline,  /.  5.  c.  30. 
Antigonus  cité  par  Ortelius,  Tbefaur.  écrit  Neandri- 
d<x.  au  nombre  pluriel. 

NEANE  ou  Neyne.  VoyeaNtu. 

NEANESSUS  ,  ville  de  la  Garfaurie  ,  dans  la  Cap- 
padoce  ,  félon  Ptolomée ,  /.  j.  c .  6.  Ses  interprètes 
écrivent  Nanefliis.  Ortelius,  Thefaur.  croit  que  c'eft  le 
Nanianullus  d'Antonin. 

NEAOAT1SEOTON  ,  ou  aux  Aunages  ,  petite 
rivière  de  l'Amérique,  dans  la  Nouvelle  France  j  elle  fe 
jette  dans  le  Lac  fupérieur  ,  à  la  bande  du  fud,  à  l'oc- 
cident de  l'anfe  Chaguamicon ,  Se  près  de  l'ifle  de  Saint 
Michel. 

NEAPAPHOS.  Voyez.  Paphos. 

NEAPECHA  ,  en  grec  Nê«^%«  ,  lieu  où  étoient  les 
ftatues  que  fit  Tilefius  l'Athénien ,  félon  faint  Clément 
d'Alexandrie  ,  ad  gentes.  Léopardus  lit  ïvvitt7i»x»  >  c'eft- 
à-dire  ,  de  neuf  coudées  -,  ce  ne  feroit  donc  pas  le  nom 
d'un  lieu.  Cette  remarque  eft  d'Ortelius ,  Thef. 

1.  NEAPOLIS  ,  autrement  Naplouse.  Voyez,  ce 
mot  en  fon  rang.  Le  vrai  nom  de  Neapolis ,  comme 
il  eft  marqué  dans  les  médailles ,  eft  Flavïa  Neapolis 
Syr'u ,  PaUftïn&  ou  Samar'u.  Voyez,  au  mot  Sichem. 
*  Dcm  Calmet,  Dicl. 

2.  NEAPOLIS  ,  aujourd'hui  Napoli  ,  dont  il  eft 
parlé  dans  les  actes  des  apôtres,  c.  16.  v.  n.C'eft 
une  ville  de  Macédoine ,  où  faint  Paul  arriva  en  ve- 
nant de  l'ifle  de  Samothrace.  De  Napoli  il  alla  à  Phi- 
lippes.  Napoli  eft  toute  voifine  des  frontières  de  la 
Thrace.  Voyez.  Napoli. 

3.  NEAPOLIS,  ou  Neapolis  colonia,  ville  de 
l'Afrique  propre  ,  félon  Ptolomée,  /.  q.c.  3.  qui  l'ap- 
pelle auiïi  Tripoli  dans  fes  manuferits  grecs;  mais  dans 
les  exemplaires  latins,  au  lieu  deTripoli  on  lit  Leptis 
magna.  Voyez.  Leptis  Magna. 

4.  NEAPOLIS  ou  Nabel.  Voyez.  Nabel. 
j.  NEAPOLIS.  Voyez.  Naples. 

6.  NEAPOLIS  ,  lieu  fortifié  ,  dans  la  Cherfonnèfe 
Taurique  ,  félon  Strabon. 

7.  NEAPOLIS  ,  ville  de  la  Carie.  Pline  ,  /.  f .  c.  29. 
la  place  entre  Narianduscv  Caryanda.  Pomponius  Mê- 
la, /.  i,e.  6.  Se  Ptolomée  ,  /.  y.  c.  z.  parlent  auflide 
cette  ville ,  ainfi  que  la  notice  des  évêchés  de  la  pro- 
vince de  Carie. 

^  8.  NEAPOLIS  ,  ville  de  Grèce  ,  dans  i'Ionie  ,  félon 
Strabon  ,  qui  la  place  entre  Samos  Se  Ephéfe. 

9.  NEAPOLIS,  ville  d'Afie, dans  l'Ifaurie,  félon 
Suidas ,  au  mot  rWsoccç.  Il  fe  pourroit  faire  que  ce  fe- 
roit la  même  ville  que  Ptolomée,  /.  r.  c.  4.  place  dans 
la  Pifidic. 

10.  NEAPOLIS,  ville  d'Egypte,  dans  la  Thébaïde. 
Hérodote  ,  /.  1.  c.  91.  la  place  auprès  de  Chem- 
nis. 

11.  NEAPOLIS.  Métaphrafte,  in  S.  Spirione  ,  donne 
ce  nom  à  un  des  ports  d'Alexandrie ,  Se  fait  une  ma- 
gnifique defetiption  de  ce  port. 

12.  NEAPOLIS,  ville  de  la  Pifidic.  Voyez.  Neapo- 
11s  9. 

15.  NEAPOLIS  ,  ville  de  l'ifle  de  Sardaigne,  fur 
la  côte  occidentale.  Ptolomée,  i.  3.  c.  3.  la  place  en- 
tre Sardopatoris  fanum  Se  Pachia  extrema. 

14.  NEAPOLIS  ,  ville  de  la  Colchide.  Ptolomée, 
/.  5.  c.  10.   la  mer  entre  Siganeum  Se  Acapolis. 

15.  NEAPOLIS,  ville  de  la  Cyrénaïque,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  4.  il  la  met  dans  les  terres ,  entre  la 
ville  de  Cb&recla  Se  le  village  A'Artamis. 

16.  NEAPOLIS  ,  ville  de  l'Afle  propre,  dans  la  Ly- 
die ou  dans  la  Mœonie.  Ptolomée  ,  /.  ;..c.  2.  la  place 
entre  Ortbofia  Se  Bargaza. 

\-j.  NEAPOLIS,  ville  de  l'ifle  de  Cypre ,  Se  dont 
Sigebert  de  Gemblours  femble  donner  la  defeription  ; 
il  nomme  fon  évêque  Leotius.  Ortelius ,  Thefaur.  dit 


NEB 


que  Méthaphrafte&Lufignan  font  mention  de  cette  ville. 
Selon  le  témoignage  de  ce  dernier  les  Grecs  la  nom- 
ment Lcmife  la  neuve ,  Se  les  Latins  l'appellent  Nemo- 
fia  ou  Lemonce. 

iS.  NEAPOLIS.  Voyez.  Anazarcus. 

NEAPOLITVE,  peuples  de  l'ifle  de  Sardaigne.  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  3.  les  met  au  nord  de  l'ifle,  auprès 
des  Valentini  Se  au-deflbus  des  Siculenfiï.  Pline  ,  /.  3. 
c.  7.  les  nomme  Neapolïtanï.  Leur  ville  s'appelloit 
Aquœ  Neapolicana.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la 
route  de  Tribulis  à  Caralis ,  entre  Otboca  Se  Cara- 
lis ,  à  feize  milles  de  la  première,  Se  à  trente-fix  milles 
de  la  dernière.  Cette  ville  ,  félon  le  père  Hardouin , 
conferve  encore  aujourd'hui  fon  nom:  on  l'appelle  Na- 
poli. 

NEAPOLÏTANÏ  Aqu^e.  Voyez.  Aqw/E  Neapoli- 
tan^  Se  Neatolit^e. 

NEARA.  Voyez.  Naaratha. 

NEARCHI ,  peuples  delà  Gaule  Narbonnoife,  fé- 
lon Ortelius ,  Tbefaur.  qui  cite  Sextus  Avienus. 

NEARDA  ,  ville  de  la  Babylonie.  Jofephe  ,  Ant ,  l. 
18.  c.  16.  dit  que  l'Euphrate  la  baignoit  de  tous  les 
côtés.  Ce  pourroit  être  la  même  ville  que  Ptolomée, 
/.  $.  c.  18.  appelle  N  A  arda. 

NEARTHI ,  nation  Ichthyophage  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

1.  NEATH  (a)  ,  petite  ville  ou  bourg  d'Angleter- 
re, dans  le  Glamorganshire,  fur  une  rivière  de  même 
nom  à  la  gauche.  Elle  eft  fituée  entre  Swanfey  Se  Lan- 
daff.  Quelques-uns  (  b  )  croient  que  c'eft  l'ancienne  Ni- 
dum ,  cité  des  Silures.  (  a)  Atlas.  Robert  de  Vaugondy.  (b) 
Corn  Dicr. 

2.  NEATH  ,  rivière  d'Angleterre  :  elle  a  fa  fource 
dans  le  South-Walles  ,  traverfe  le  Glamorganshire  , 
mouille  la  ville  de  Neath ,  &  va  fe  jetter,un  peu  au- 
deflbus  ,  dans  le  canal  de  Saint  George  *  Atlas.  Ko- 
bert  de  Vaugondy . 

NEAUFLE-le-vieux,  bourg  de  France,  fur  la  Mau- 
dre  ,  dans  la  prévôté  de  Paris  ,  élection  de  Mante , 
diocèfe  de  Charrres ,  à  une  lieue  de  Montfort-l'Amau- 
ry  ,  Se  à  deux  lieues  de  Villepreux.  L'abbé  Chaftc- 
lain  a  cru  qu'il  falloit  écrire  Neaufle  l'Evicnx  ou  l'Ai- 
veux  ,  enforte  que  fon  nom  feroit  Nidelfa  Aquofa , 
à  caufe  qu'elle  eft  fur  la  rivière ,  à  la  différence  de 
Neaufle  le-Château  qui  en  eft  éloigné.  De  Valois ,  en  fa 
notice  ,  croit  au  contraire  qu'on  dit  Neaufle-Ie-vieil, 
pour  Neaune-la-ville.  Il  y  a  une  abbaye  d'hommes  de 
l'ordre  de  Saint  Benoît  non  -  réformée  ,  elle  eft  fous 
l'invocation  de  faint  Pierre.  Il  n'y  a  que  deux  reli- 
gieux ,  le  prieur  Se  le  préchantre.  Le  nouveau  Pouillé 
de  Chartres  dit  qu'elle  a  5000  liv.  de  revenu.  En  ce 
même  lieu  eft  un  prieuré-cure  fous  le  titre  de  Saint 
Nicolas, à  la  préfentation  de  l'abbé.  Les  châteaux  ou 
maifons  feigneuriales  font  Villiers  Se  le  Sours.  C'eft  un 
feigneur  de  Neaufle  qui  a  fondé  l'abbaye  des  Vaux  de 
■  Cernay ,  au  diocèfe  de  Paris. 

NEAUFLE-le-Chateau,  bourg  de  France,  dans  la 
prévôté  de  Paris ,  élection  de  Montfort.  Il  eft  autre- 
ment dit  Pont-Chartrain.  Ce  lieu  eft  à  une  lieue  ou 
environ  de  Neaufle-le-vieux  vers  l'orient.  Chaftelain 
l'appelle  Nidelfa  Petrofa ,  par  oppofition  à  l'autre  qu'il 
nomme  Nidelfa  Aquofa.  Saint  Nicolas  eft  patron  de 
l'églife ,  qui  eft  à  la  préfentation  de  l'abbé  de  Bour- 
gueil. 

NEBALLAT,  ville  de  la  tribu  de  Benjamin.  *  Esdr. 
n.  34. 

NEBBITANUS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  ne 
fait  dans  quelle  province  la  conférence  de  Carthage 
fournit  Quod-vult-Deus  Nebbitanus.  *  Harduïn.  Col- 
leét.  conc.  t.   1.  p.   1102. 

NEBBITENSIS.  Voyez.  Nebbitanus. 

NEBEL.  Voyez.  Nabel. 

NEBESSE,  ouEnabeesse  (  a),  ville  d'Afrique,  dans 
le  royaume  de  Goiame.  Cette  ville  eft  remarquable  par 
un  temple  magnifique  ,  que  l'impératrice  Hélène  ,  mè- 
re de  l'empereur  David  ,  y  fit  bâtir  autrefois.  Il  fut  en- 
fuite  détruit  par  les  Galles  ,  Se  il  a  été  relevé  depuis 
par  les  Jéfuites ,  qui  ont  une  réfidence  à  Enabeesse  , 
(b)  appellée  vulgairement  Nebesse.  (a)  Corn.  Difet. 


NEB 


Defc.  de  l'empire  du  frète- Jean.  (  b  )  Ludolf,  Hiftoirc 
./Ethiop.  1.  j.c.  1 1. 

NEBIO,  ou  NtBBio  ,  ville  ruinée  de  l'ifle  de  Corfc  , 
dans  fa  parcie  feptenuionale.  Ce  n'eft  plus  qu'un  vil- 
lage ,  quoiqu'il  ait  un  évéché  furhagant  de  l'archevê- 
ché de  Gênes.  Il  eft  à  un  mille  de  la  côte  ôc  du  châ- 
teau de  Saint  Florent,  ôc  à  neuf  milles  de  la  Baitie. 
Olivier  croit  que  c'e&i'cLiicieimcCc)juTium.*Bauarand, 
Diét.  édir.  1707. 

NEBIODUNUM  ,  nom  de  lieu.  Il  en  eft  parlé  dans 
le  code  ,  lib.  1 1.  tu.  8.  mais  peut-être  Nebiodunum  eft- 
il  la  pour  Noviodunum. 

1.  NEBO,  montagnes  au-delà  du  Jourdain  ,  dans  11 
tribu  de  Ruben  ,  au  pays  des  Moabites,  à  l'orient  delà 
ville  de  Jéricho  ,  mais  à  une  diftance  de  plus  de  dix 
lieues  de  cette  ville:  on  les  nomme  auiîî  Abarim  ôc 
même  encore  Phasga.  Ce  fut  du  haut  de  l'une  de  ces 
montagnes  qui  le  touchoient  que  Dieu  lit  voir  à  Moï- 
fe  la  terre  promife  aux  Ifraëlites,  &  dontil  ne  lui  per- 
mettoit  pas  l'entrée.  Moïfe  y  mourut  tnfuitej  mais  le 
Seigneur  voulmt  cacher  fon  corps  aux  Ifraëlites  pour 
les  empêcher  d'en  abufer  ,  l'enfevelit  (  par  un  de  fes  An- 
ges) dans  la  vallée  du  pays  de  Moab  ,  vis-à-vis  de  Pho- 
gor,  de  forte  que  nul  homme  n'a  jamais  fu  où  il  avoit 
été  enterré.  A  la  prife  de  Jérufalem  par  Nabuchodo- 
sofor  ,  le  prophète  Jérémie  ,  profitant  de  la  faveur  & 
du  crédit  que  fa  réputation  lui  avoit  donné  auprès  de 
Nabuzardan  ôc  des  autres  généraux  des  Chaldccns , 
fit  retirer  le  feu  facré  du  temple,  avec  le  tabernacle, 
l'arche  d'alliance  ôc  l'autel  des  encenfemens.  Il  les  fit 
porter  au-delà  du  Jourdain ,  Se  alla  lui-même  les  en- 
terrer dans  une  caverne  de  la  montagne  de  Nebo  ,  où 
Moïfe    étoit    mort.    *    Topographie    des  Saints  ,   pag. 

337- 

2.  NEBO  ,  NABO  ou  Naboth  ,  ville  de  la  Pale- 
ftine,  au-delà  du  Jourdain  ,  dans  la  tribu  de  Ruben  , 
au  pays  des  Moabites.  La  montagne  de  Nebo  donna 
fon  nom  à  cette  ville ,  qui  fut  toujours  peu  confide- 
rable.  L'opinion  de  la  mort  ou  de  la  fépulture  de 
Moïfe,  n'eut  point  la  force  d'y  attirer  les  peuples  en 
pèlerinage.  Voyez.  Nabo,  n°.  1.  *  Topographie  des  Saints, 

pag.  537* 

3.  NEBO.  Voyez.  Nabo,  ri0.  2. 
NEBOPRIDUM  ,    ou   Novobardum  ,     ville  de 

Mœfie  ,  à    ce  que   croit  Ortelius  ,   Thefaur.  qui  cite 
Laonicus. 

NEBOUZAN  ,  pays  du  gouvernement  de  Guienne 
&  de  Gascogne.  Il  eftlitué  le  long  du  pays  de  Commin- 
ges.  Ce  pavs  a  titre  de  vicomte  ,  relevant  de  la  prin- 
cipauté de  Bearn  ,  &  il  fait  partie  de  1  ancien  domaine 
de  Navarre  Se  du  pays  d'Armagnac.  Ses  lieux  les  plus 
confidérablcs  font 


Barbazan,         Maurefug , 


S.  Gaudens. 


Quoique  la  juftice  du  pays ,  dont  le  fiége  eft  à  S.  Gau- 
dens ,  ait  le  titre  de  fénéchauffée ,  les  appellations  des 
jugemens  ne  lailTent  pas  de  Ce  porter  dans  tous  les  cas 
au  fénéchal  ôc  fiege  préfidial  de  Touloufe.  Le  féné- 
chal  de  Nebouzan  a  foixante  &  quinze  livres  de  ga- 
ges de  fa  charge  ;  cent  cinquante  livres  que  le  roi  lui 
donne  pour  fa  table  ,  ôc  cinq  cens  livres  que  le  pays 
lui  paye  tous  les  ans  pouf  l'ouverture  des  états  com- 
me commilTaire  du  roi.  Ses  appointemens  font  payés 
pat  le  tréforier  général  de  Navarre  établi  à  Pau , 
fur  les  deniers  du  don  annuel  que  le  pays  fait  au  roi. 
Les  états  du  Nebouzan  s'affemblent  routes  les  années 
à  S.  Gaudens.  L'abbé  de  Nifos  eft  chef  ôc  préfident 
né  de  clergé  ;  le  baron  de  la  Rocque  eft  le  chef  de  la 
nob!e(Te  ,  &  le  premier  confiai  de  S.  Gaudens  eft  le 
chef  du  Tiers  état.*  Piganiol ,  Defcription  de  la  France , 
t.  4.  p.  jii. 

NEBRIM  ou  Nemium.  Il  eft  parlé  des  eaux  de  Ne- 
brim  dans  Ifaïe  ,  c.  1;.  6.  S.  Jérôme  dit  que  c'eft  un 
village  appelle  Benamsrïum  ,  au  nord  de  Zoaras.  Eu- 
fébe  en  fait  mention  au  mor  Nw»p</u.  ,  mais  il  faut 
lire  N^Bf/yu. 

NEBRISSA  ou  Nabrissa  ,  ville  d'Espagne ,  dans  la 
Bœtique.  Ptolomée ,  /.  2.  c.  4.  la  met  dans  les  terres 
au  voifmage  de  la  Lufitanie ,  entre  Sala  ôc  Ugia.  Pli- 


NEC      jftt 

ne,  /.  3.  c.  1.  la  furnomme  Veneria;  ôc  elle  a  le  mê- 
me (m nom  dans  une  médaille  de  l'empereur  Claude, 
félon  le  témoignage  de  Ligorius  ,  qui  n  eft  pas  toujours 
bien  exact.  Ow  la  voit  dans  le  recueil  de  Holtein  * 
pag.  128.  &  on  y  lit  cette  infeription  :  Colonia  VE- 
nerea  Nabrissa  Augusta.  Cette  ville  étoit  fuuéc 
fur  la  branche  orientale  du  Bonis  ;  mais  cette  branche  s'é- 
rant  bouchée  avec  le  rems  ,  elle  fe  trouve  aujourd'hui 
à  deux  bonnes  lieues  du  fleuve  Guadalquivir.  Mariana  $ 
Hift.  Hispan.  I,  1.  c.  3.  dit  qu'elle  eft  a  prêtent  éloi- 
gnée du  Battis  de  huit  mille  pas.  On  la  nomme  main- 
tenant Lebrixa.  Voyez,  te  mot. 

NEBRODES ,  montagne  de  la  Sicile.  C'eft  ainfi 
qu'écrivent  PomponiusMéla  &  Solin  ;  mais  on  lit  dans 
Strabon  ,  Nevrodes  ,  Neupî&ç.  11  eft  furprenant  que  Xy- 
lander  ne  fe  foit  pas  apperçu  que  c'étoit  un  nom  pro- 
pre ;  il  l'a  traduit  par  Nervofus;  cependant  Solin  décide 
que  ce  mot  ne  vient  pas  de  Nervi ,  mais  de  Damai, 
Fazell  ,  Decad.  I.  I,  10.  qui  dit  qu'on  le  nomme  au- 
jourd  hui  Madonia  ,  veut  que  ce  foit  le  Cratona  de  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  4.  mais  on  lit  Cratas  ,KpxTa.<;  ,Sc  non 
pas  Craton ,  dans  Ptolomée  ,  Ôc  Cratas  même  eft  diffé- 
rent de  Nebrodes.  Silvius  ltalicus  fait  mention  de  cette 
montagne  en  ces  termes: 

Nebrodes gemini  nutrit  divortia  fonds , 

Quo  mons  Sicania  non  fur  gît  ditior  umbru.    . 

NEBSAN  ,  ville  de  la  tribu  de  Juda  :  1  hébreu  Ut 
Nipfan.  *  Jofité ,    ij.  62. 

NECAMIDON.  Voyez.  Sosippus  Portus. 

NECATE,  promontoire  dans  le  Piccntin  ,  auprès  de 
n/aurum,  félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  dit  que  quel- 
ques-uns le  nomment  Focaria. 

NECAUS,  ville  d'Afrique,  au  royaume  de  Tré- 
mecen  ,  dans  la  province  de  Bugie  ,  fur  les  confins  de 
la  Numidie.  Ptolomée,  /.  4.  c.  3.  la  nomme  Vaga  ,  ôc 
la  place  avec  cinq  autres  entre  le  fleuve  Ampfigu.  ôc  la 
ville  de  Thabraca.  Necaus  eft  une  ville  ancienne  ,  fer- 
mée de  hautes  murailles  de  pierres,  ôc  bâtie  par  les  Ro- 
mains a  vingt  lieues  de  Teztéza  ,  du  côté  du  midi.  Tout 
auprès  pâlie  une  rivière  dont  les  bords  font  couverts 
de  bocages  d'arbres  fruitiers  ,  parmi  lesquels  il  y  a  des 
noyers  ôc  des  figuiers  confiderables  par  leur  grandeur 
&  par  leur  beauté.  Les  figues  de  ces  quartiers  font  les 
meilleures  de  l'Afrique  :  après  les  avoir  ftLhées ,  on  les 
porte  vendre  à  Connantiue,  qui  en  eft  a  plus  de  cin- 
quante lieues ,  entre  le  levant  &  le  nord.  Le  territoire 
de  Necaus  eft  un  plat  pays ,  qui  rapporte  de  bon  fro- 
menr  ;  de  forte  que  les  gens  de  la  contrée  font  fort  à 
leur  aife.  Au  dedans  de  la  ville  il  y  a  une  fuperbé 
mosquée ,  dont  l'ouvrage  eft  très-delicat ,  ôc  où  l'on 
trouve  un  grand  nombre  d'alfaquis.  Auprès  de  cette 
mosquée  il  y  a  un  collège,  où  l'on  inftruit  la  jeunefle 
aux  feiences  &  dans  la  religion  Mahométane  ,  ôc  où 
il  y  a  plufietir>  bourfiers  qui  vivent  des  pendons  qu'on 
a  fondées.  Les  femmes  de  cette  ville  font  fort  blanches 
ôc  ont  les  cheveux  noirs  :  les  hommes  y  font  fort  fo- 
ciables  ôc  amisdes^étrangers.  Il  y  a  des  bains  en  plu- 
fieurs  endroits  de  la  ville  :  les  maifons  y  fiant  agréables , 
quoique  pludeurs  n'ayent  point  de  plancher  ,  la  plu- 
part font  embellies  de  fontaines  &  de  jardins  où  Ion 
voit  des  jasmins,  des  rofiers  ,  des  géroflees ,  des  myr- 
tes, des  lauriers  Se  d'autres  fleurs,  avec  des  grandes 
treilles,  ôc  quantité  d'orangers,  de  limonnieis  ,  de  ci- 
tronniers ôc  d'autres  arbres  de  cette  nature.  Ce  feroit 
une  des  meilleures  ôc  des  plus  belles  villes  de  la  Bar- 
barie ,  Ci  les  Turcs ,  qui  en  fonr  les  Seigneurs ,  ne  char- 
geoient  les  habitans  d'impôts.  *  Marmot ,  Defeript.  du 
royaume  de  Trémecen  ,  1.  j\  c.   s  S- 

NECCARTHAL.  Voyez.  Neckerthai. 

NECEB.  Voyez.  Adami. 

NECHERS  ,  bourg  de  France ,  dans  l'Auvergne  ,  éle- 
ction de  Clermont. 

NECHES1A,  lieu  en  Egvpte.  Ptolomée,  /.  4.  c.  /„ 
le  place  fur  le  golfe  Arabique  ,  entre  les  montagnes 
A.  abe  ÔC  SmaradgvS. 

NECHILIS  ,  nom  de  lieu  dans  la  Syrie,  à  ce  que 
croit  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Sozomene.  Callifte, 
/.  x.  c.  41.  écrit  Michilis, 


JTI2, 


NEC 


NED 


NECHR^EI,  peuples  des  Indes,  voifins  des  Oxy- 
dracét,  8c  des  Brachmanes.  Lucien ,  in  Fugitivis  ,  éci'ic 
qu'ils  font  adonnés  à  la  philolbphie. 

NECICA  ,  ville  de  la  Dalaflide  ,  dans  la  Cilicie  ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  /.  5.  c.  8.  Ses  interprètes  lifent  Nirrica. 

NECII,  nation  voifine  de  la  Grèce,  à  ce  que  croit 
Ortelius  ,  Tbefaur.  qui  dit  que  Frontin ,  Stratagan.  I.  2. 
c.  -il.  en  parle. 

NECIUM  ,  c'eft  un  des  noms  latins  que  l'on  donne 
à  la  ville  d'Annecy  ,  dans  les  états  du  duc  de  Savoye. 
Voyez.  Annecy. 

NECKAR  ,  Necker  ou  Necre  ,  rivière  d'Alle- 
magne. Elle  a  fa  fource  dans  la  Foret-Noire ,  auprès 
du  village  de  Schwenningen  ,  environ  à  deux  lieues  au- 
deflusde  Rotweil,  en  tirant  du  côté  du  midi.  Son  cours 
eft  en  partie  du  midi  au  nord  en  ferpencant ,  Se  après 
avoir  mouillé  les  murs  de  Rotweil ,  elle  pafle  à  Obern- 
dorff,  à  Sultz  ,  à  Horb  ,  à  Hohenberg ,  à  Rotenbourg , 
a  Tubingen  ,  à  Niertingen  ,  à  Eflingen  ,  à  Canftatt ,  à 
Marpac  ,  à  Lauffen  ,  à  Hailbron  ,  à  Wimpfen  ,  à  Gun- 
delsheim ,  à  Neckerelrz ,  d'où,  en  commençant  à  couv- 
rir de  l'eft  à  l'oueft ,  elle  fe  rend  à  Eberbach ,  à  Hirsch- 
horn  ,  à  Neckers-Gemund  ,  à  Heidelbeig  8c  enfin  à 
Manheim  ,  où  elle  fe  décharge  dans  le  Rhin.  Les  prin- 
cipales rivières  qu'elle  reçoit ,  font  le  Breim,  au-deflbus  de 
Rotweil,  le  Teyach  &  le  Staitzeck,  entre  Horb  & 
Hohenberg  ;  le  Lauter  Se  le  Wils ,  au-deflus  d  Eflingen  , 
le  Remms ,  le  Murtz ,  le  Botwar  ,  entre  Eflingen  ,  8c 
Hailbron  i  le  Koker,  l'iagfl,  entre  Hailbron  &c  Necke- 
reltz: toutes  ces  rivières  fe  jettent  dans  le  Neckar  à  la 
droite.  Elle  reçoit  encore  à  la  gauche  le  Glact ,  entre 
Sultz  &  Horb  -,  le  Zaber  ,  au-deflous  de  Lauffen  i  l'Entz, 
entre  Marpac  &  Hailbron  ;  le  Bellingenbach  ,  entre 
Hailbron  ôc  Wimpfen  ,  Se  l'Elfats  à  Neckcrs  -  Ge- 
mund. 

NECKARS-ULM(>),  ville  d'Allemagne,  dans  la 
Franconie  ,  aux  frontières  de  cette  province  ,  fur  le 
Neckar ,  à  la  droite  ,  entre  Hailbron  &  Wimpfen,  à 
égale  diflance  de  chacune  de  ces  villes.  Elle  appartient 
(b)  au  grand  maître  de  l'ordre  Teutonique.  (a)  San- 
fon  ,  Carte  du  Cercle  de  Suabe.  (  b  )  Corneille ,  Di- 
ctionnaire. 

NECKERSGEMUND,  vi'le  d'Allemagne,  dans  h 
palatinat  du  Rhin  ,  fur  le  Necker,  à  la  gauche  de  ce 
fleuve  ,  Se  à  l'endroit  où  l'Elfarz  a  fon  embouchure. 
*  Sanfon ,  Carre  du  Cercle  éledt.  du  Rhin. 

NECKER-THAL,  ou  Ne-ccarthal  ,  vallée  de  la 
Suiffe  ,  dans  le  comté  de  Toggenbourg  :  elle  eft  parta- 
gée en  Necker-thal  fupérieur,  8c  en  Necker-rhal  infé- 
rieur.  *   Etat  &  délices  de  la  Suiffe,  t.  3.  p.  319. 

Necxer-Thal  Supérieur  (  Le)  ;  il  n'a  qu'une  com- 
munauté 8c  qu'une  paroifle  principale ,  appcllée  Pe- 
terz.ell.  Aux  confins  du  Necker  -  thaï  Supérieur  , 
on  voie  les  reftes  d'une  ancienne  fortereffe  qui  a  été  dé- 
truite. 

Necker -Thal  Inférieur  (Le)  ;  il  ne  compofe 
qu'une  feule  juftice;  mais  les  paioiiïes  fuivantes  y  font 
comprifes , 


Brimaderen , 
Mogelsperg , 


Helffenschweil , 
Ganderschweil. 


NECOU1A  ,  ou  Necuia,  ville  de  l'Umbrie ,  félon 
Etienne  le  géographe,  qui  cite  le  dix  fepriéme  livre  des 
antiquités  romaines  deDenys  d'Halicarnafle,  livre  que 
nous  n'avons  plus.  11  ajoute  que  le  nom  vulgaire  de 
cette  ville  étoit  N«Kot//aT«< ,  Necuiata.  Cet  endroit  eft  fus- 
peét  à  Cluvier.  11  croit  que  Denys  d'Halicarnafle  avoit 
écrit  unxmiv»,  8c  que  le  nom  vulgaire  étoit nhkh/mt»?.  Or- 
telius, Thef.  juge  que  ce  doit  être  Ne quimtm. 

NÉCRÉTI  CE,  contrée  de  la  Colchide  ,  félon  Pto- 
lomée, /.  j.  c.  10.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque  Pa- 
latine porte  Ecrétice,  Se  Pline,  /.  6.  c.  4.  lit  Ecre- 
ilicc  Pomponius  Mêla,/.  1.  c.  19.  lit  auflî  Ecrettice ; 
mais  Arrien  ,  Peripl.  Ponti  Euxini.  p.  18.  appelle  cette 
contrée  Nitke  ,  Se  dit  qu'elle  fut  anciennement  habitée 
par  une  nation  Scythe. 

NECROPOLIS,  c'efl-à-dire  ,  la  ville  def  Cadavres. 
Ce  nom  avoit  été  donné  à  une  espèce  de  fauxbour»  de 
h  ville  d'Alexandrie,  en  Egypte.  Il  y  avoit  en  cet  en- 


droit une  grande  quantité  de  jardins ,  de  tombeaux  & 
de  maifonsoù  l'on  trouvoit  les  chofes  propres  pour  em- 
baumer les  corps  morts.  *  Strabun ,  1.  17. 

NECROPYLA  Sinus  ,  golfe  qui  borne  à  l'occident 
la  Cherfonnèfe  Taurique,  dans  la  côte  feptentrionale 
du  Pont-Euxin  i  le  Danapris  ou  Borifthène,  le  Bogu& 
le  Danaftris  s'y  jettent.  *  Atlas.  Robert  de  Vaugondy. 

NECROTHALASSA  ,  grand  golfe  ou  port  que  la 
mer  fait  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Coi  fou,  du  côté  de 
l'ouell,  dans  la  Vallée  des  Saints.  Un  écueil ,  embelli 
d'un  monaftere  de  Caloyers  Grecs ,  occupe  le  milieu  de 
l'entrée.  Ce  port  étoit  autrefois  fort  profond  &  capa- 
ble de  contenir  deux  cens  galères  ;  mais  à  préfent  il 
eft  en  grande  partie  rempli  de  fable,  8c  par-là  devenu 
inutile.  11  s'y  prend  néanmoins  une  grande  quantité  de 
poifTons  qui  font  très-bons.  Il  fert  comme  d'étang  ou 
de  réfervoir  à  des  particuliers  qui  en  ont  le  droit,  ÔC 
s'appelle  en  langue  grecque  Necrothdajfa  ,  c'eft-à  dire  . 
Mer  Morte.  *  Davuv,t.  3.  p.  167. 

NECTENSIS  Sylva,  forêt  de  l'Hibernie,  félon 
Ortelius,  Thcfaur.  qui  cite  Surius  Se  Vincent  de  Beau- 
vais ,  dans  la  vie  de  faint  Ethbin. 

NECTIBERES  ,  peuples  de  la  Mauritanie  Tingita- 
ne.  Ptolomée,  /.  4.  c.  1.  les  place  au-deflbus  des  Angar> 
caucani. 

NECTUM.  Voyez.  Ne,*. 

NECUIA.  ^«.Necouia. 

N  ECYOPA  ,  marais  fitué  quelque  part  aux  envi- 
rons de  la  Campanie  ,  félon  Ortelius  ,  Thcfaur.  qui  cite 
Cedrène  :  ce  dernier  écrit  qu'Ulyfle  y  apprit  diverfes 
chofes  ,  qui  dévoient  lui  arriver. 

1.  NEDA  ,  en  grec  nh<Th  ,  fleuve  ,  qui ,  félon  Pau- 
fanias , /.  4.  c.  zo.  prend  fa  fource  au  mont  Lycée, 
traverfe  l'Arcadie ,  Se  fépare  les  Mejfenii  des  Elet  ,  du 
côté  de  la  mer.  Paufanias  ,  /.  8.  c.  41.  dit  encore  qu'a- 
près le  Méandre  ,  le  Neda  eft  celui  de  tous  les  fleuves , 
qui  ferpente  davantage.  Il  pafle  au  voifinage  de  la  ville 
de  Leprius  ,  &  fe  jette  dans  la  mer ,  félon  Ortelius, 
Thcfaur.  qui  cite  Callimaque.  On  croit  que  c'efl  la  Lon- 
garola  ,  le  même  fleuve  que  Strabon  ,  /.  8.  appelle  Ne- 
das. 

1.  NEDA  ,  ville  d'Arcadie ,  félon  Ortelius,  Thefaur. 
qui  cite  Etienne  le  géographe. 

NEDGERAN.  Voyez,  Nag'ran. 

NEDINUM,  ville  de  la  Libuinie.  Ptolomée,/.  x. 
c.  17.  la  met  dans  les  terres.  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite 
Niger ,  dit  que  les  habitans  du  pays  l'appellent  Sufied. 

1.  NEDON  ,  lieu  dans  la  Lycaonie  ,  félon  Strabon 
8e  Etienne  le  géographe.  Le  premier  ajoure  que  Tele- 
chus  y  avoit  bâti  FœceJJa  ,  Echeias  ,  &  Tragium. 

2.  NEDON  ,  ville  de  la  Lycaonie.  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  fait  mention  de  cette  ville ,  avertit  que 
Ns'Jwf  fait  au  génitif  n/JWoç. 

3.  NEDON,  fleuve  du  Péloponnèfe.  Strabon  dit  qu'il 
traverfe  la  Lycaonie,  8c  qu'il  ell  différent  du  Neda. 

NEDROMA  ou  Ned  Roma  ,  ancienne  ville  d'A- 
frique ,  dans  le  royaume  de  Trémecen ,  bâtie  par  les 
Romains ,  dans  une  grande  plaine  à  deux  lieues  8c  de- 
mie du  mont  Atlas,&  à  quatre  de  la  mer.  Sa  fituation  eft 
femblable  à  celle  de  Rome  ,  dont  elle  a  tiré  fon  nom. 
Les  interprètes  de  Ptolomée  ,/.  4.  c.  2.  difent  que  c'eft 
l'ancienne  Celama  ,  8c  la  mettent  à  12  d.  10  m.  de  lon- 
gitude fous  les  3  3  degré  20  min.  de  latitude.  Les  murs 
font  bâtis  de  gros  moilons  ,  liés  avec  de  la  chaux  ,  à  la 
façon  des  Romains.  Les  maifons  ont  été  ruinées  dans 
les  guerres ,  que  les  rois  de  Trémecen  ont  eues  avec  ceax 
de  Tunis  8c  de  Fez  :  8c  les  maifons  qui  fubfiftent  au- 
jourd'hui ,  font  bâties  à  la  manière  du  pays.  On  voit 
hors  des  murailles  ,  les  reftes  de  quelques  valtes  édifi- 
ces des  Romains  :  il  y  a  de  grandes  tables  ,  des  colom- 
nés  d'albâtre  8c  des  tombes  de  pierre  avec  des  inferip- 
tions  latines.  Près  de  la  ville  pafle  un  fleuve ,  dont  les 
bords  font  couverts  d'arbres  fruitiers ,  de  toutes  fortes* 
Les  montagnes  d'alentour  ,  portent  de  certains  arbres , 
appelles  carrobiers  :  le  fruit  en  eft  fi  doux  ,  que  les  ha- 
bitans en  font  du  miel ,  Se  en  mangent  toute  l'année 
avec  leurs  viandes.  Cette  ville  ,  fituée  au  plus  bel  en- 
droit de  l'Afrique  8e  dans  un  bon  pays  ,  eft  tellement 
ruinée,  qu'on  la  prendroit,  en  y  entrant,  pour  une 
baiTc-cour.  Les  habitans  cueillent  quantité  de  froment 

Si 


NEF 


N£G 


&  d'orge  ;  ils  ont  beaucoup  de  troupeaux  ,  '8c  font  les 
plus  belles  toiles  de  coton  de  toute  la  Barbarie.  La  plu- 
part font  marchands  ,  trafiquent  à  Alger  &  à  Trémc- 
cen  i&  pour  la  liberté  de  ce  commerce  ,  ils  payent  quel- 
que reconnoiffance  au  roi.  Ils  pourroient  néanmoins 
s'en  dispenfer  ;  parce  qu'ils  ont  pour  amis  les  Zénétes  de 
la  montagne  ,  qui  font  les  plus  braves  de  toute  l'Afri- 
que. Ces  Zénétes  font  vingt-cinq  mille  combattans  bien 
équipés  ,  ôc  la  plupart  ont  des  mousquets.  *  Marmot , 
Defcript.  du  royaume  de  Trémccen,  1.  j.  c.  7. 

NEDUBA ,  ville  d'Afrique,  félon  Corneille  ,  Diilion. 
qui  cite  la  bibliothèque  orientale  de  d'Herbelot.  Cette 
ville  eft  dans  le  pays  qu'habitent  les  Cafres  ,  Ôc  plus 
feptentrionale  que  celle  de  Berua  ,  dont  elle  n'eft  éloi- 
gnée que  de  trois  journées  de  chemin  ,  fur  le  rivage  de 
la  mer  Ethiopique. 

NEDUS.  Voyez.  Nedon  1, 
NEE.  Voyez.  Nea. 

NEEDHAM  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  comté  de 
Suffolc.  Il  s'y  tient  un  marché.  *Etatpréfeni  de  la  Gran- 
de Bretagne  ,  t.   1 .  p.  1 1 2 . 

NEERDA  ,  ville  de  la  Babylonie  ou  de  la  Méfopo- 
tamie.  Les  Juifs  y  avoient  une  école  célèbre.  Les  deux 
frères  Afinée  ôc  Amlée  ,  connus  dans  l'hiftoire  de  Jo- 
fephe,  Antiqmt.  I.  18.  c.  12.  étoient  natifs  de  Néerda  , 
&  les  Juifs  de  Méfopotamie  ,  perfécutés  à  caufe  d'eux, 
furent  obligés  de  fe  retirer  à  Nifibe  &  à  Néerda  ,  vers 
l'an  40  de  Jefus-Chtift ,  ou  de  l'ère  vulgaire.  *  Dom 
Calmet  ,  Diétion. 

NEERE  ou  Neerre  ,  rivière  de  France  ;  elle  arrofe 
la  Sologne.  Sa  fource  eft  à  une  lieue  au-deffus  d'Aubi- 
gny  ;  Ôc  ,  après  l'avoir  traverfé  ,  elle  va  fe  joindre  a  la 
grande  Saudre  ,  un  peu  au-defibus  de  Clermont.  On  y 
pêche  beaucoup  d'écrevifles.  *  Coulon  ,  Rivières  de  Fran- 
ce ,  p.  311. 

NEEREN5IS.  C'eft,  félon  Ortelius,  Tbefaur.  le  nom 
d'un  village  de  France,  dont  fait  mention  Grégoire  de 
Tours  ;  mais  on  lit  Nereenfis  dans  cet  ancien  hiftorien  , 
&  non  pas  Neerenfis.  Voyez.  Nereensis. 

NEETO  ou  Netho  ,  rivière  d'Italie ,  dans  le  royau- 
me de  Naples  ,  en  latin  Ne&tbm.  Elle  coule  fur  les  con- 
fins des  deux  Calabres,  du  coucliant  au  levant.  Elle  pafle 
à  S.  Severina  ,  ôc  va  fe  jetter  dans  la  mer  Ionienne  , 
entre  le  cap  del  Alice  ,  &  le  cap  délie  Colonne  ,  environ 
à  égale  diftance  de  l'un  ôc  de  l'autre.  *  Atlas.  Robert  de 
Vaugondy. 

NEFÇAOA  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  province  de 
Biledulgerid  ,  à  42  degr.  1  j  min.  de  longitude  ,  ôc  à 
30  degrés  de  latitude.  Ce  font  trois  villages  aiïcz  près 
l'un  de  l'autre  ,  ôc  allez  bien  peuplés  ;  mais  les  maifons 
ou  les  murailles  n'en  valent  rien.  *  Da^per  ,  Defcript. 
de  l'Afrique,  p.  213. 

NEFISE.  Voyez.  Nefusa  i. 

NEFTA  ,  ville  d'Afrique,  au  défert  de  Numidie,  dans 
la  province  de  Zeb.  Cette  ville  eft  partagée  en  trois  ; 
elle  fait  comme  trois  places  ,  féparées  les  unes  des  au- 
tres par  des  murailles  ,  ôc  dans  l'une  desquelles  il  y  a 
une  fortereffe  ,  dont  la  ftrudhire  témoigne  que  c'eft  un 
ouvrage  des  Romains.  Nefta  eft  fort  peuplée  ,  mais 
il  n'y  a  aucune  police.  Les  habitans  étoient  autrefois 
aflez  riches,  ce  qui  venoit  de  ce  qu'ils  étoient  fur  la 
frontière  de  la  Libye  ,  ôc  fur  le  chemin  qui  va  de  la 
Barbarie  au  pays  des  Nègres;  mais  comme  ils  fe  révol- 
tèrent plufieurs  fois  contre  les  rois  de  Tunis  ,  ils  furent 
pillés  &  faccagés ,  il  y  a  environ  deux  cens  ans.  Enfin 
Mahamet,  père  deHascen,  roi  de  Tunis ,  que  Charles  V 
rétablit  dans  fon  état ,  ayant  pris  Nefta  de  force ,  tua  une 
partie  des  habitans ,  ôc  fit  abbatre  quelques  pans  de  mur. 
Il  y  a  auprès  de  cette  ville  ,  une  petite  rivière  d'eau  chau- 
de :  le  peuple  en  boit  ôc  en  arrofe  les  terres.  *  Marmot , 
Defcript.  de  !a  Numidie  ,1.  7.  c.  50. 

1.  NEFUSA  ,  montagne  d'Afrique,  qu'on  nomme 
maintenant  Derenderen  ou  d'ADREN.  C'eft  une  bran- 
che du  grand  Atlas  ,  ôc  qui  borne  du  côté  du  coucha  nt 
celle  de  Tenzete  dans  la  province  de  Hea.  Ily  neige  ordi- 
nairement ,  parce  qu'elle  eft  très-haute  -,  cependant  ou 
ne  laide  pas  d'y  cueillir  quantité  d'orge.  Elle  eft  peu- 
plée des  communautés  de  Recrée ,  de  Hascure  ,  de 
Janface  ôc  autres  Béréberes  de  la  tribu  de  Muçamoda  , 
dations  vaillantes ,  mais  û  fimples  ôc  fi  ruftiques ,   qu'el- 


ï*3 


les  croient  tout  ce  qu'on  leur  dit  en  matière  de  religion. 
Us  ont  quantité  de  troupeaux  de  chèvres,  ôc  beaucoup 
de  miel ,  de  cire  ôc  de  ces  fruits  dont  on  fait  de  l'huile. 
Ils  ne  font  occupés  qu'à  tromper  les  éi rangers.  Ils  n'ont 
point  de  villes  fermées  ,  ôc  leurs  maifons  répandues  çà 
ôc  là  par  la  montagne ,  font  faites  de  pierres  féches , 
ou  de  méchans  carreaux  de  terre  qui  ne  font  liés  avec  au- 
cun mortier,  ôc  elles  font  couvertes  d'une  cfpéce  d'ar- 
doife  ,  ou  feulement   de  branches  d'arbres.  La  princi- 
pale habitation  n'eft  pas  compofée  de  plus  de  cinquan- 
te maifons  ,   &  la  plupart  n'en  ont  que  huit  ou  dix  , 
qui  font  placées  dans  des  fonds  qui  fe  trouvent  fur  les 
plus  hautes    montagnes.  En    IJ43,  Cidi  Abdalla  ,  al- 
faqui  ou  prédicateur  Morabite   de  la  fecte   de  Moay- 
din ,  fe    fouleva  dans  cette  montagne  contre  le  cherif 
Mahamet,  roi  de  Maroc  ,  ôc  afiembla  plufieurs  Barba- 
res. Auflîrôt  le  cherif  envoya  contre  lui  fept  cens  ar- 
quebufiers  Turcs ,    ôc  quatre  mille  Maures  à  cheval  , 
fous   le   commandement  d'un    marchand   Fcrfan.    Les 
Turcs  grimpèrent   fur  la  montagne   aprts  avoir    laifle 
leurs  chevaux  au  pied ,  ôc  comme  elle   eft  fort  droite  , 
&  qu'il  y  a  des  endroits  difficiles  ,  ils  ne  parvinrent  jus- 
qu'au haut ,  qu'avec  beaucoup  de  peines  ôc  de  dangers. 
Les  Barbares  rouloient  fur  eux  de  grandes  pièces  de  ro- 
cher ,les  effrayoient  avec  leurs  hurlemens  ôc  leurs  cris , 
ôc  fans  fe  foucier  des  coups  d'arquebufe ,    paflbient  à 
leur  vue ,  d'une  montagne  à  l'autre  ,  &  franchiflbient  les 
déttoits  ôc  les  détours  de  la  montagne.  Malgré  ces  dif- 
ficultés ,  les  Turcs  tinrent  un  fi  bon  ordre  ,  faifant  fou- 
tenir  un  peloton  par  un  autre  ,  qu'ils  arrivèrent  au  haut 
de  la  montagne.  Abdalla  fe  retira  d'abord  au  lieu  le  plus 
élevé  ;  cependant  comme  les  montagnes  voillnes  étoient 
foumifes  au  cherif ,  ôc  qu'il  ne  lui  reftoit  plus  aucune 
reiïburce  ,  il  fe  rendit ,  à  la  charge  qu'il  pourroit  fe  re- 
tirer au  royaume  de  Fez  avec  fes  enfans  &  fa  fuite.  On 
le  lui  promit  ;  mais  le  cherif  ,  fuivant  la  maxime  de  Ja- 
cob Almanfor  ,  qui  veut  qu'on  ne   foit  point  obligé  dé 
garder  la  foi  à  un   traître,  lui  fit  couper  la  tête  en  fa 
préfeuce.  Abdalla  étoit  grand  magicien  ,  ou  du  moins  fe 
donnoit  pout  tel.  Quand  il  voulut  fe  foulcver ,  il  aflem- 
bla  d'autres  Béréberes  de  la  montagne  de  Chauchava  ,  & 
leur  dit  qu'il  viendroit  aifément  à  bout  des  ennemis  , 
par  fon  favoir.  Les  troupes  du    cherif  trouvèrent  en  ar- 
rivant   à  la  montagne  ,  dans  le  milieu  du  chemin  ,  des 
moutons  égorgés  :  la  laine  en  étoit  grillée  ,  &  les  pieds  , 
qui  étoient  coupés,  étoient  pafles  dans  les  yeux.  Il  avoit 
fait  encore  divers  autres  fortilége^  aux   pafiages   diffi- 
ciles,  ce  qui  épouvanta  d'abord  les  troupes  du  cheru, 
ôc  leur  faifoit  appréhender  quelque  chofe   de  finiflie; 
mais  le  Perfan ,  qui  les  commandoir ,  ayant  fait  avancer 
quelques  Chrétiens  qu'il  avoit  avec  lui ,  &  leur  ayant 
dit  de   brûler  ces  fortiléges ,  fes  troupes  fe  raffinèrent  -, 
ce    qui  fit  dire  à  Abdalla  ,  qu'il   avoit  été  vaincu  par 
les  Chrétiens  ,  ôc  non  par  les  Maures  contre  qui  il  avoit 
fait  fes  enchantemens ,    au   lieu  qnil  n'en  avoit  point 
fait    contre   les  premiers.  La  plus  belle  fille  du  pays  , 
voyant  fuir  fes  compatriotes ,  délia  fes  beaux  cheveux 
qui  étoient  trèfles  ôc  fort  longs ,  ôc  prenant  deux  dards 
à  la  main  ,  commença  à  crier  à  la  jeunefie  :  courage  ,  qui 
m'aime  me  fuive.  Ne  fouffrez  pas  que  d'autres  joniilcnt 
de  ce  que  vous  aimez  ,  ni  que  je  fois  en   proie  à  des  bri- 
gans  :  après  avoir  ainfi  rafiemblé  autour  d'elle  une  trou- 
pe de  jeune  gens ,  elle  alla  tomber  fur  les  ennemis  ,  à  qui 
elle  eût  pu  donner  de  la  peine ,  fi  un  coup  d'arquebuie 
ne  l'eût  renverfée.  Depuis  ce  tems ,  les  habitans  de  cette 
montagne  fe  font  révoltés  encore  plufieurs  fois.  *  Mar- 
mol ,  Defcript.  du  royaume  de  Maroc,  1.  3.  c.  4}. 

2.  NEFUSA,  rivière  d'Afrique  ;  elle  a  fa  fource 
dans  la  montagne  du  même  nom  ,  ôc  elle  fe  joint  au 
Tanfift. 

3.  NEFUSA  ,  montagne  d'Afrique  ,  au  royaume  de 
Tunis  ,  auprès  du  défert  de  Numidie  ,  fur  la  frontière 
des  Esfaques  &  des  Gelves,  dix  lieues  au  dedans  du  pays, 
du  côté  du  midi.  Voyez,  au  mot  Benitéferen  ,  autre 
montagne  du  même  canton.  Marmol ,  Defc.  du  royaume 
deTuniî  ,/.  6.  c.  56.  dit  de  l'une  ce  qu'il  dit  de  Faune. 

NEGA,  ville  de  l'Albanie, félon  Ptolomée,/.  5.  c.  12, 
fes  interprêtes  écrivent  Niga. 

NEGADE  ,  ou  I'Isle  noyée.  Voyez.  Anégada. 
NEGAPATAN  ,  ville  des  Indes,  fur  la  côte  de  Co- 
Tom.  IV.  T  1 1 


NEG 


J14 

romande! ,  au  royaume  de  Tanjaour  ,  un  peu  au-deflus 
du  cap  de  Cagliamera ,  en  tirant  vers  le  nord  (a).  Elle 
eft  faute  à  1 1  degrés  de  latitude  feptentrionale.  Les  In- 
diens l'appellent  Nagapattenam,  c'eft-à-dire  ,  la  ville 
des  Serpens.  On  lui  a  donné  ce  nom  à  caufe  de  la  multi- 
tude des  ferpens  qui  y  font  (  b  ).  De  tout  tems  il  y  en  a 
eu  beaucoup  ;  les  habitans  ne  les  tuent  point.  Cette  ville 
a  été  bârie  par  les  Portugais ,  Se  c'étoit  un  de  leurs  plus 
beaux  établifiemens  fur  la  côte  de  Coromandel.  Comme 
ils  pofledoient  la  côte  delà  Pescherie  &  Tille  deCeylan  , 
Negapatan  étoit  d'un  grand  abord  :  on  y  voyoit  plufieurs 
belles  églifes,  Se  un  collège  appartenant  aux  Jéfuites. 
Les  Portugais  la  conferverent  jusqu'à  l'an  1558,  qu'elle 
fut  fubjuguée  par  les  Hollandois  ,  avec  le  fecours  du  roi 
de  Tanjaour  ,  qu'ils  engagèrent  à  trahir  les  Portugais. 
Depuis  ce  tems  elle  a  été  afliégée  par  le  roi  de  Tanjaour; 
mais  ayant  été  battu  dans  une  fortie  que  les  Hollandois 
firent ,  il  fe  retira.  La  place  eft  aflez  forte  ,  revêtue  de 
murailles ,  fortifiée  d'un  foffé  plein  d'eau  Se  de  quelques 
ouvrages.  La  garnifon  elt  nombreufe  Se  bien  fournie 
de  tout  ce  qui  eft  néceflaire  pour  une  bonne  défenfe. 
On  y  a  même  bâti  une  forterefle.  Les  rues  de  Negapa- 
tan font  larges ,  les  maifons  aflez  grandes ,  mais  vieil- 
les &  bâties  à  la  mode  de  Portugal ,  c'eft  à-dire  ,  avec 
de  grandes  fales  ,  de  grandes  chambres  ,  de  grands  ap- 
partemens  Se  des  galerie";.  Il  y  a  auffi  plufieurs  églifes  , 
entr'autres ,  une  églife  Catholique  ,  deflervie  par  un  re- 
ligieux de  S.  François.  Les  habitans  font  en  grand  nom- 
bre ,  Se  la  plupart  font  des  Métifs ,  descendus  des  Por- 
tugais ,  ou  des  Caftillans  Chrétiens.  On  y  voit  des  Mau- 
res ,  des  Benjanes  Se  des  Indiens  ,  qui  font  tranquille- 
ment leur  commerce,  fous  la  régence  des  Hollandois.  En 
fortant  par  la  porte  du  nord  ,  on  trouve  un  beau  faux- 
bourg  qui  a  plufieurs  pagodes  Se  temples  d'idoles  ;  mais 
ils  font  obscurs  ,  fales  Se  presque  bâtis  comme  les  fours 
à  brique  ,  qu'on  voit  en  Hollande.  Ils  font  ornés  d'ido- 
les ,  de  itatues  Se  de  têtes  de  monftres  -,  Se  presque  toutes 
les  idoles  font  des  figures  de  monftres  affreux ,  faites 
d'argille.  Plus  loin  ,  on  voit  une  tour  ou  une  pagode  con- 
itruite  de  pierres,  [a]  Lettres  édifiantes  ,  t.  15.  p.  32.  (/•) 
Voyage  de  Gaut.  Schoitten  ,  p.  4J4. 

NEGEUGNUS  ,  montagne  d'Italie.  Le  pape  S.  Gré- 
goire le  grand,  Epifi.  I.  7.  c.  2.  en  fait  mention.  Orte- 
lius  ,  Thifaur.  croit  qu'elle  eft  aux  environs  de  Spolete. 

NEGLA  ,  ville  d'Arabie  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. Ortelius  dit  que  Suidas  écrit  Negne  ,  Se  il  juge 
que  ce  pourroit  être  la  Negra  de  Cédréne. 

NEGLIMELA  ,  ville  de  l'Afrique  intérieure,  félon 
Ortelius,  Tbefaur.  qui  cite  Pline  ;  mais  au  lieu  de  Ne- 
glimela ,  on  lit  Negligemela  dans  Pline,  /.  j.  c.  j. 
C'efi;  une  des  villes  que  fubjugua  Cornélius  Balbus. 

NEGLINA  ,  petite  rivière  de  l'Empire  Rulîien,au 
duché  de  Moskou.  Elle  a  fa  fource  au-defiîis  du  mo- 
naftere  de  la  Trinité  auprès  duquel  elle  paflie  ,  Se  elle 
va  le  jetter  enfuite  dans  la  rivière  de  Moska  ,  un  peu  au- 
defiiis  de  la  ville  deMoskou.*  Atlas. Kob.  deVaugondy. 

NEGNE.  Voyez.  Negla. 

NEGOAS  ou  IIsle  des  Nègres  ,  ifie  d'Afie  &  l'une 
des  Philippines  ,  entre  l'ifie  de  Luçon  au  nord  ,  Se  celle 
de  Mindanao  au  midi  ;  clic  eft  accompagnée  de  l'ifie 
du  nom  de  Jefus  à  l'eft  ,  &  de  celle  de  Panay  au  nord- 
cft.  Cette  ifie  eft  grande  Se  bien  peuplée. 

1.  NEGOMBO,  forterefle  de  l'ifie  de  Ceylan,au  pays 
de  la  Canelle ,  fur  la  côte  occidentale  ,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  du  même  nom.  Ce  lieu  n'étoit  proprement 
qu'un  carré  fermé  de  murailles ,  avec  deux  redoutes 
que  les  Portugais  avoient  bâties ,  pour  empêcher  qu'on 
ne  vînt  inquiéter  leurs  caneliers  dans  le  tems  de  leur 
travail.  Ils  y  avoient  mis  cinq  pièces  de  canon  ,  un  ca- 
pitaine avec  quelques  foldats  Se  un  chapelain  pour  dire 
la  méfie.  Les  Hollandois  la  leur  enlevèrent  en  1640, 
Se  s'y  fortifièrent.  Les  Portugais  la  reprirent  en  1643  , 
mais  ce  ne  fut  pas  pour  long-tems  -,  les  Hollandois  s'en 
rendirent  maîtres  l'année  fuivante,  Se  elle  leur  eft  de- 
meurée. *  /.  Ribeyro  ,  Hift.  de  l'ifie  de  Ceylan  ,  p.  9t. 

2.  NEGOMBO  ,  rivière  de  l'ifie  de  Ceylan  ,  dans  le 
pays  de  la  Canelle  ,  auparavant  dit  le  royaume  de  Cota. 
Elle  prend  fa  fource  au  nord  de  la  province  de  Dehi- 
bambarc-Corla.  Elle  court  de  l'eft  à  Poueft  ,  Se  va  fe  jet- 
ter dans  la  mer  au  midi  de  la  forterefle  de  Negombo. 


NEG 


NEGRA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  ,  où  quelques- 
uns  veulent  que  S.  Arethas  ait  été  tué  par  les  Homéri- 
tes.  Peut-être  eft-ce  la  même  ville  que  Negla.  Voyez. 
ce  mot.  *  Ortelius  ,  Thefaur. 

NEGRAILLES,  ifie  des  Indes  ,  au  royaume  de  Pégu  , 
dans  le  golfe  de  Bengale  ,  aflez  près  de  la  terre  ferme  , 
dont  elle  n'eft  féparée  que  par  un  détroit  peu  large. 
Elle  n'eft  remarquable  que  par  fa  pagode.  *  Atlas  de 
Robert  de  Vaugundy. 

NEGRAM.  Voyez,  Nag'ran. 

NEGRAN.  Voyez.  Egra. 

NEGREPELISSE  ,  Nigrapelifsa  ,  petite  ville  de 
France, dans  le  Querci ,  diocèfe  Se  élection  de  Montau- 
ban,  à  quatre  lieues  au  nord-eft  de  cette  ville  fur  l'Avei- 
rou.  Elle  avoit  été  fortifiée  par  les  Calviniftes  -,  mais 
Louis  XIII  l'ayant  prife  d'aflaut  le  11  Juin  1622  ,  il 
la  livra  au  feu  &  au  pillage.  La  feigneurie  de  Negre- 
pelifle  fut  autrefois  vendue  par  un  comte  d'Evreux  à  Pier- 
re de  la  Deveze ,  de  qui  eft  fortie  la  maifon  de  Carmain , 
Se  qui  étoit  frère  du  pape  Jean  XXII.  Le  maréchal 
de  Lavardin,  descendu  d'une  fille  de  cette  maifon  ,  ven- 
dit le  comté  de  Negrepelifle  à  Henri  de  la  Tour ,  grand- 
pere  de  M.  le  duc  de  Bouillon,  mort  en  1722.  C'efi: 
aujourd'hui  M.  Bergeret ,  Receveur  général  des  Finan- 
ces ,  qui  en  eft  le  propriétaire.  *  Piganiol,  Defcr.de  la 
France,  t.  4.  p.  J58. 

1.  NEGREPONT  ,  ifie  de  Grèce  (  a) ,  que  les  an» 
ciens  appelloient  Euboée  ,  Se  qui  eft  ,  après  Candie , 
la  plus  belle  de  toutes  les  ifles  de  l'Archipel.  Voyez,  Eu- 
boée. Elle  a  trois  cens  foixante  milles  de  tour ,  &  s'é- 
tend le  long  de  la  Béotie ,  dont  elle  n'eft  féparée  que 
par  le  fameux  canal  de  l'Euripe.  Le  nom  moderne  de 
Negrepont  ou  Negreponte,  ou  mêmeNiGROPONTE 
(b)  ,  vient  de  celui  à'Egripos  que  les  Grecs  lui  donneur. 
Les  premiers  François  qui  paflèrent  dans  cette  ifie  ,  en- 
tendant dire  aux  gens  du  pays ,  eis  ton  Egripon ,  ce  qui 
fignifie  à  Egripos  ,  crurent  qu'on  appelloit  ce  lieu  Ne- 
gripon,  confondant  la  dernière  lettre  de  l'article  ton  avec 
Egripon.  Il  ne  faut  donc  point  aller  chercher  d'autre 
origine  de  ce  nom  fur  l'erreur  des  Italiens ,  qui  l'appel- 
lent Nigroponte ,  comme  s'il  y  avoit  quelque  pont  de 
pierre  noire  qui  pafsât  de  la  Béotie  dans  l'ifie.  Le  nom 
de  Negrepont  eft  commun  à  l'ifie,  à  la  ville  Se  au  dé- 
troit. (  a  )  Hiftoire  de  l 'Archipel ,  1.  2.  p.  127.  (b)  Spon  , 
Voyage  de  Negrepont,  t.  2.  p.  i8<5. 

Plufieurs  ont  eru  que  cette  ifie  a  été  autrefois  jointe 
à  la  Béotie ,  Se  qu'elle  en  a  été  féparée  par  des  trem- 
blemens  de  terre  ,  ou  par  l'effort  impétueux  des  eaux 
de  la  mer.  Piano  de  Negroponte ,  ou  la  plaine  de  Ne- 
grepont ,  eft  au  milieu  de  l'ifie  ,  Se  en  occupe  environ  le 
tiers.  Il  y  a  quatre  principaux  promontoires  :  l'un  au 
nord,  &  qui  a  l'Archipel  à  l'orient ,  Se  le  golfe  de  Zci- 
ton  à  l'occident  :  le  fécond  eft  dans  la  partie  méridio- 
nale du  côté  de  l'eft  ,  Se  fe  nomme  le  cap  d'Oro.  C'cft 
fur  la  coupe  de  ce  promontoire  que  Nauplius ,  roi  de 
cette  ifie  ,  fit  allumer  des  feux  ,  afin  qu'à  la  faveur  de 
cette  lumière,  l'armée  des  Grecs  qui  revenoit  de  Troye , 
pût  arriver  à  bon  port  :  le  cap  Mantello  eft  dans  la  par- 
tic  la  plus  méridionale;  &  le  cap  Zittar  eft  du  côté  du 
nord  dans  la  partie  la  plus  occidentale  :  il  eft  baigné  d'un 
côté  par  les  eaux  du  détroit  de  Negrepont ,  Se  de  l'autre 
par  celle  du  golfe  de  Zenon.  Au  voifinage  de  ce  promon- 
toire étoit  la  côte  d'Artcm/ïa  ,  ainfi  appellée  du  tem- 
ple qui  y  avoit  été  élevé  fous  le  nom  à'Artemijïa  ,  Se 
c'eft-là  que  les  Grecs  mirent  leur  armée  navale  à  l'abri 
durant  les  guerres  que  leur  firent  les  Perfes.  *  Coronclli, 
Defcriptiwn  delà  Morée  ,  p.  205. 

Les  principaux  lieux  de  cette  ifie  font  aujourd'hui, 
au  nord  ,  £    Litad  ou  Litar. 


à  l'orient , 


Oreo , 

Cerinto  , 

Valonis  ou  Vakna  , 

Giaspitea , 

Acatia  , 

Aimcnia. 


NEG 


NEG      f.%% 


au  midi, 


rp 


Porto  Chimi , 
Bocca  di  Silofia, 
orto  Carilto , 


à  l'occident, 


Dans  les  terres  > 


Porto  Buffalo , 

Disco  , 

Cariflo  ou  Chateauroux, 

Stura , 

Potiri , 

Cupna , 

Protino , 

Andi  , 

Varia, 

Negroponte , 

Polirica  , 

Limiilt  ou  Limea  » 

Dipfo  » 

Colochit , 

Porto  Caloss 

Nefo 
)do 


r  r\eio  , 

J    Iltrodo 

L  Tianto. 


+  Coronelli  ,  Carte  de  Negrepoiit. 

Après  la  prife  de  Conflantinople  (a)  ,  plufieurs  fei- 
gneurs  Grecs,profitant  de  la  confufion  où  fe  trouvoit  l'em- 
pire ,  formèrent  divers  petits  états  dans  la  Grèce  ;  mais 
ils  en  furent  bientôt  dépouillés  par  les  François  &  par  les 
Vénitiens.  Boniface  (b),  marquis  de  Montferrat,  devenu 
roi  de  ThelTalie  ,  pour  reconnoître  les  fervices  qu'il  avoir 
reçus  de  Ravan  on  Ravin  de  Carceiro  ,  originaire  de 
'Vérone,  lui  aida  à  conquérir  fur  les  Grecs  l'ifle  de  Ne- 
grepont ,  que  ce  Ravin  Se  ("es  descendans  pofiederent  à 
titre  de  fouveraineté.  Guillaume  Carceiro,fon  fils,pouffa 
la  fortune  encore  plus  loin  :  outre  qu'il  fut  fouverain  de 
Negrepont  par   fucccflîon  ,   Se  de  l'ifle  de  Schyro  par 
conquête,  fa  femme  Hélène  de  Monferrat,  petite-fille  de 
l'Empereur  Ifaac,  lui  apporta  encore  en  dot  le  royaume 
deTheflalie.  De  ce  mariage  fortirent  trois  enfans,  Fran- 
çois ,  Conrad  &  Boniface  ,  auxquels  Guillaume  parta- 
gea l'ifle  de  Negrepont ,  Théodore  Comnéne  ayant  en- 
vahi la  ThefTalie.  François ,  qui  étoit  l'aîné  ,  eut  la  ville 
de  Negrepont  Se  toutes  fes  dépendances  :  Conrad  eut 
pour  fa  part  la  partie  fupérieure  qui  regarde  le  nord , 
dont  la  principale  ville  étoit  Oreo  ,   que  les  anciens 
nommoient  Orcum  :  la  partie  méridionale  fut  le  par- 
tage de  Boniface  ,  qui  choifit  la  ville  de  Cariflo  pour  le 
lieu  de  fa  réfidence.  François  Carceiro  n'eut  qu'un  fils , 
nommé  Jean  ,  qui  devint  duc  de  l'Archipel ,  du  chef 
de  fa  femme  Florence  Sanudo  ,  fille  unique  de  Jean  Sa- 
nudo  ,  fixiémeduc  de  Naxe.  NicolasCarceiro  ,fon  fils  , 
neuvième  duc  de  Naxe  Se  feigneur  de  Negrepont  ,  ayant 
été  aflafliné  par  les  ordres  de  François  Crispo  ,  celui- 
ci  (c),  devenu  par  ce  crime  duc  de  Naxe  Se  feigneur 
de  Negrepont ,  rechercha  la  protection  des  Vénitiens , 
fans  lesquels  il  n'eut  pu  coni'erver  long  tems  fon  ufur- 
pation.  Il  céda  à  la  république  la  partie  de  Negrepont , 
qui  avoit  appartenu  à  Carceiro  ,  Se  qui  n'avoit  point 
laiffé  d'autres  héritiers  que  Marie  ,  fa  iœur  utérine.  Les 
foumiiïions  dont  il  accompagna  fa  donation  ,  lui  ac- 
quirent l'affection  des  Vénitiens,  qui  fe déclarèrent  hau- 
tement Ces  protecteurs. 

Les  Vénitiens ,  devenus  peu  à  peu  maîtres  de  l'ifle 
entière ,  y  envoyèrent  un  baile ,  avec  des  troupes  de 
terre  ,  &  une  escadre  de  vaiffeaux  de  guerre  pour  la  dé- 
fenfe  de  l'ifle.  Ils  lui  confièrent  aufii  1  adminiflration  de 
lajultice.Ils  gouvernèrent  ainfi  cette  ifle  jusqu'en  l'année 
1469  ,  que  les  Turcs  la  leur  enlevèrent.  Voyez,  l'article 
fuivant. 

La  terre  de  Negrepont  efl  très-fertile  (  à)  :  elle  pro- 
duit quantité  de  bled  ,  de  vin  Se  de  coton  ,  &  l'huile 
aufïi  bien  que  le  miel  y  font  en  grande  abondance.  Il 
y  a  de  beaux  Se  vaftes  pâturages  où  l'on  élevé  des  trou- 
peaux fans  nombre  :  la  laine  ,  les  fromages  &  les  autres 
denrées  qu'on  en  tire  ,  font  une  partie  des  richefles  de 
l'ifle.  Il  y  avoit  autrefois  plufieurs  villes  fort  peuplées , 
un  très-grand  nombre  de  gros  bourgs  Se  plus  de  huit 
cens  villages  -,  mais  depuis  que  cette  ifle  efl  paflee  feus 


la  domination  des  Infidèles ,  elle  a  beaucoup  déchu. 
On  y  voit  de  hautes  montagnes ,  couvertes  de  neiges 
fix  mois  de  l'année.  La  partie  méridionale  efl  C\  étroite 
en  quelques  endroits ,  qu'elle  n'a  pas  plus  d'une  demi- 
lieue  de  large  :  vers  la  fin  du  dernier  fiécle ,  un  arma- 
teur François  s'étoit  engagé  dans  le  détroit  de  Ne- 
grepont ,  dans  l'efpérance  d'y  faire  quelque  bonne  ren- 
contre -,  mais  il  s'y  vit  enfermer  de  côté  Se  d'autre  par 
fix  galères  Turques  ,  qui  lui  ôterent  tout  moyen  d'écha- 
per.  Le  capitaine  ,  ne  fâchant  quel  parti  prendre  ,  S'a- 
vifa  de  faire  tirer  à  terre  fa  galiotc  fur  le  foir ,  Se  pen- 
dant la  nuit  il  la  fit  porter  en  filence  d'une  mer  à  l'au- 
tre fur  les  épaules  de  Ces  foldats  &  de  fes  matelots , 
traverfant  ainfi  toute  la  largeur  de  l'ifle  en  cet  endroit , 
c'efl-à  dire  urt  efpace  de  près  de  deux  lieues.  Les  Turcs, 
qui  n'attendoient  que  le  jour  pour  attaquer  &  prendre 
l'armateur ,  furent  furpris  de  ne  plus  le  trouver  le  len- 
demain, (a)  Hiftoire  de  l'Archipel,  1.  1.  p.  2.  (b)  L.  2. 
p.  126.  Se  fuiv.  (  c)  L.  3.  p.  194.  &fuiv.  (d)  L.  2.  p* 
127. 

2.  NEGREPONT ,  ville  de  Grèce  ,  capitale  de  l'ifle 
de  même  nom  ,  fur  la  côte  occidentale  ,   dans  le  fa- 
meux détroit  de  l'Euripe  (  a  )  ,  aujourd  hui  le  détroit 
de  Negrepont.    C'eft  l'ancienne  Chalcis.   Voyez,  ce 
mot.  L'enceinte  des  murailles  de  Negrepont  efl  d'en- 
viron deux  milles  ;  mais  il  y  a  plus  de  maifons  Se  plus  de 
peuple  aux  fauxbourgs  où  font  les  Chrétiens ,  que  dans 
la  ville  où  font  les  Turcs  &  les  Juifs.  Les  Turcs  y  ont 
deux  Mosquées ,  Se  deux  autres  au-dehors.  Les  Grecs 
ont  leurs  églifes  dans  les  fauxbourgs,  Se  tous  les  habitans 
peuvent  monter  à  près  de  quinze  mille.  11  n'y  a  guè- 
re que  fept  ou  huit  familles  de  Francs  Se  quelques  es- 
claves des  galères ,  qui  fe  tiennent  à  terre  une  partie  d» 
l'année.  Les  Jéfuites  y  ont  une  maifon  où  ils   enfei- 
gnent  la  jeuneffe.  La  ville  efl:  féparée  des  fauxbourgs  par 
un  grand  foffé  à  fond  de  cuve,  Se  elle  efl;  fituée  dans 
un  lieu  plain  Se  uni.  Le  ferrail  du  capitan  bâcha  ,  bâti 
fur  le  détroit ,  efl  enjolivé  de  galères  &  de  portiques 
de  bois  rouge  vefniflë.  Cefl  lui  qui  commande  toute 
l'ifle  Se  une  partie  de  la  Béotie  :  en  fon  abfence,  les  or- 
dres font  donnés  par  fon  kiaja  ou  lieutenant ,  &  dans 
l'abfencc  de  celui-ci ,  par  le  fous-kiaja.  11  y  a  aufli  un 
bey  qui  a  quelques  revenus ,  dont  il  doit  entretenir  un« 
galère.  Dans  l'endroit  où  le  détroit  efl  le  plus  reflerré 
(b) ,  on  traverfe  de  Béotie  dans  l'ifle  par  un  pont  de  pier- 
res de  cinq  petites  arcades ,  Se  qui  n'a  que  trente  pas  de 
long  :  il  mené  fous  une  tour  ,  bâtie  au  milieu  du  canal 
par  les  Vénitiens ,  Se  l'on  voit  encore  la  figure  de  faine 
Marc  fur  la  porte  de  la  tour  dans  la  ville  :  il  n'y  a  qu'un 
pont-levis  en  dos  d'âne  d'ehviron  vingt  pas  de  long  :  il 
fe  levé  ,  la  moitié  du  côté  de  la  totir  ,  Se  l'autre  moi- 
tié du  côté  de  la  ville  ,  pour  donner  paffage  aux  galères 
Se  aux  bâtimens  qui  veulent  paffer  ;  ce  qui  ne  fe  peut, 
faire  aifémeiit  fans  retirer  les  rames.  Le  palais  qu'occu- 
poit  le  baile  ou  provéditeur  des  Vénitiens  (  c  ) ,  efl  dans 
la  ville.  On  y  trouve  des  caves  voûtées  ;  Se  dans  la  cour , 
on  voit  fur  une  pierre  du  pilier  une  infeription  de  l'an- 
née 1273  ,  qui  fait  mention  d'une  chapelle  de  S.  Marc  , 
bâtie  par  le  baile  Nicolas  Miliani.  (<?)  Sport  ,  Voyage  de 
Negrepont,  tom.  2.  p.  188.  {b)  Coronelli ,  Defcription 
de  la  Morée  ,  p.  207.  (c)  Spon ,  Voyage  de  Negrepont  , 
r.  2.  p.  188. 

Les  Dimanches ,  qui  font  les  jours  de  marché  ,  les 
payfâns  d'une  partie  de  la  Béorie  ,  Se  de  presque  toute 
l'ifle  ,  fe  rendent  à  la  ville  de  Negrepont ,  comme  à  une 
foire ,  ce  qui  fait  que  les  denrées  font  à  très-bon  mar- 
che. La  livre  de  mouton  ne  valoit  pas  en  1676  tour-à- 
fait  un  fol ,  monnoie  de  France  ;  celle  de  chèvre  ne  cou- 
toit  qu'un  demi-fol  ,  Se  la  livre  de  poiffon  valoit  trois 
liards  ou  un  peu  plus.  On  a  pour  trois  aspres  le  Cron- 
diri  de  vin  ,  ce  qui  revient  à  un  fol ,  mefure  de  Lyon. 
Les  confitures  de  coins  ,  de  poires  Se  d'amandes  au  vin 
cuit ,  qui  font  meilleures  dans  cette  ifle  qu'en  aucun 
lieu  du  monde  ,  ne  valent  que  cinq  liards  la  livre. 

Ce  fut  en  1469  que  les  Tuf  es  entreprirenr  la  con- 
quête de  cette  ville.  Ils  fe  rendirent  dans  le  détroit  de 
Negrepont  avec  une  flotte  de  300  voiles,  firent  d'a- 
bord un  pont  fur  l'Euripe  ,  pour  avoir  la  liberté  de  ré- 
pandre leurs  rroupes  dans  les  campagnes  de  l'ifle  ;  mais 
les  habitans  du  pays  s'oppoferent  fi  fortement  à  lade-i 
Tirth  IV.Tti  V) 


$\6      NEG 


NEG 


cerne,  que  les  Infidèles  fuient  contraints  de  retourner 
fur  leurs  galères.  Peu  de  tems  après ,  Mahomet  II  y 
parut  lui-même  en  perfonne  à  la  tête  d'une  armée  for- 
midable. Il  fit  dreflèr  un  nouveau  pont  à  un  mille  de  la 
ville  ,  &  fe  fit  par- là  un  chemin  pour  faire  le  fiége.  La 
ville  de  Negrepont  étoit  fortifiée  à  la  manière  de  ce 
tems  ;  j$c  il  y  avoit  dedans  une  forte  garnifon  fous  les 
ordes  de  Giovanni  Bondulmiero  ,  Ludovico  Calbo  & 
Paolo  Erizzo.  Ce  dernier  avoit  été  baile  de  la  ville  ,  Se 
quoique  le  tems  de  fa  charge  fût  expiré  ,  il  ne  voulut 
point  partir  dans  un  tems  qu'il  pouvoit  contribuera  la 
défenfe  de  la  place  ,  Se  fignaler  fon  zèle  pour  le  fervice 
de  la  patrie.  Les  Turcs,  après  avoit  battu  en  brèche  ,  li- 
vrèrent quatre  afiauts ,  quarante  mille  de  leurs  gens  y 
furent  tués.  La  place  étoit  afiiégée  par  mer  Se  par  terre, 
&  preflee  vivement  de  tous  les  côtés.  Néanmoins  les 
afliégés  tenoient  toujours  bon ,  Se  ils  avoient  déjà  foute- 
nu  un  mois  de  fiége  ,  lorsqu'on  découvrit  une  trahifon. 
Une  petite  fille  trouva  une  lettre  à  l'adrefle  de  Thoma- 
fo  Schiava ,  Se  dans  cette  lettre,  il  étoit  parlé  des  moyens 
de  foumettre  au  plûto:  la  ville  au  pouvoir  des  Ottomans. 
Luigi  Delfino,  transporté  d'indignation  ,  attaqua  le  traî- 
tre en  pleine  place  ,  Se  lui  fit  avouer  à  grands  coups  d  e- 
pée  fa  confpiration.  Les  afliégés  s'en  animèrent  de  plus 
en  plus  à  la  défenfe  :  ils  donnoient  à  tous  momens  des 
marques  deleur  valeur  Se  de  leur  conftance:mais  enfin  ils 
fe  trouvèrent  fi  abbatus  du  travail  continuel  Se  û  preffés 
de  la  faim  ,  que  ceux  qui  faifoient  garde  à  la  porte  Bu- 
reliana,  abandonnèrent  leur  porte,  Se  forment  de  la  ville 
le  il  Juillet  1469.  Les  Turcs,  s'appeteevant  que  l'en- 
trée de  cette  porte  étoit  libre  ,  s'avancèrent  Se  péné- 
trèrent dans  la  ville  l'épée  à  la  main.  Ils  laiflcrent  par  tout 
des  marques  de  leur  barbarie.  Calbo  fut  tué  au  milieu 
de  la  place,  Se  Bondulmiero  dans  fa  maifon.  Erizzo  , 
s'étant  retranché  dans  un  porte  avantageux  ,  fe  défen- 
doit  vaillamment  :  le  fultan  lui  promit  la  vie ,  s'il  vou- 
loit  fe  tendre.  Erizzo  fe  rendit  ;  mais  le  cruel  vainqueur  , 
au  lieu  de  lui  tenir  fa  parole  ,  le  fit  feier  en  deux.  Une 
des  filles  de  ce  brave  Vénitien  ,  jeune  perfonne  d'une 
rare  beauté  ,  aima  mieux  fe  lai  (Ter  poignarder  que  de 
recevoir  des  carènes  du  fultan.  On  fit  mourir  toutes  les 
perfonnes  qui  paffoient  vingt-ans.  Mahomet  partit  en- 
fuite  ,  laiflant  dans  la  place  une  garnifon  qui  devoit  veil- 
ler fur  toute  l'ifle.  *  Coronelti ,  Defcription  de  la  Mo- 
rée ,  pag.  210. 

3.  NEGREPONT  ,  détroit  ou  petit  bras  de  mer  , 
qui  fépare  l'ifle  de  Negrepont  de  la  Livadie  en  terre 
ferme.  Voyez.  Euripe. 

i.  NEGRES,  mot  que  les  François  ont  emprunté 
des  Portugais  ,  qui  difent  Negro,  Noir  ,  Se  qui  appellent 
de  ce  nom  les  peuples  de  cette  couleur ,  qui  habitent  la 
Nigritie  ,  la  Haute  Se  la  Bafie-Guinée  ,  l'Abifunie  Se 
autres  pays  voifins.  Quelques  uns  ont  appelle  très-impro  - 
prement  pays  des  Nègres  ,  le  pays  qui  ell  des  deux  côtés 
du  Niger  ,  &  dont  le  vrai  nom  elt  la  Nigritie  ;  mais 
ils  n'ont  pas  fait  réflexion  que  ce  nom  convient  géné- 
ralement à  tous  les  pays  qui  font  habités  par  des  peu- 
ples noirs  ;  que  le  mot  de  Nègre  ne  vient  pas  de  Niger , 
nom  propre  de  ce  fleuve  ,  mais  des  Portugais ,  qui  dans 
ces  derniers  fiécles ,  ont  les  premiers  découvert  les  cô- 
'  tes  occidentales  de  l'Afrique  ,  Se  transporté  les  habitans 
qu'ils  ont  employés  ,  foit  en  Europe  ,  foit  ailleurs  ,  à 
tous  les  travaux  ferviles  :  ainfi  fous  le  nom  de  Nègres , 
on  comprend  comme  autant  d'espèces  un  grand  nombre 
de  nations  différentes  ,  qui ,  à  la  honte  du  genre  humain, 
entrent  dans  le  nombre  des  marchandifes  dont  on  tra- 
fique ,  tant  dans  leur  propre  pays  qu'ailleurs.  Les  Eu- 
ropéens, depuis  quelques  fiécles  ,  font  commerce  de 
ces  malheureux  esclaves  ,  qu'ils  tirent  de  Guinée  Se 
des  autres  côtes  d'Afrique  ,  pour  foutenir  les  colo- 
nies qu'ils  ont  établies  dans  plufieurs  contrées  de  l'Amé- 
rique. 

Le  commerce  des  Nègres  eft  fait  par  toutes  les  na- 
tions ,  qui  ont  des  établiflemens  dans  les  Indes  occiden- 
tales ,  Se  particulièrement  par  les  François  ,  les  An- 
glois ,  les  Portugais ,  les  Hollandois  ,  les  Suédois  Se  les 
Danois. 

A  l'égard  des  Espagnols ,  quoiqu'ils  foient  les  mieux 
établis  dans  cette  vafte  partie  du  monde  qu'ils  ont  dé- 
couverte les  premiers  ,  Se  dont  ils  ont  été  aufli  les  pre- 


miers conquérans  ,  ils  n'ont  guère  les  Nègres  de  la 
première  main:  ce  font  les  autres  nations  qui  font  des 
traités  avec  eux  pour  leur  en  fournir ,  comme  ont  fait 
long-tems  la  compagnie  des  Grilles  établie  à  Gènes, 
celle  de  l'Afliento  en  Fiance ,  Se  à  prefent  la  compa- 
gnie du  Sud  en  Angleterre,  depuis  la  paix  d'Utrecht  en 
17  13  ,  paix  qui  a  terminé  la  guerre  pour  la  fucces- 
fion  d'Espagne. 

Il  paroît  presque  indubitable  que  ce  font  les  Fran- 
çois qui  ont  fait  les  premiers  le  commerce  du  Cap- 
Verd  Se  des  côtes  de  Guinée  ,  où  fe  fait  préfentement 
le  plus  grand  commerce  d'esclaves  Nègres.  Les  noms 
de  baie  de  France,  de  Paris,  de  Petit  Diépe  ,  que  plu- 
fieurs lieux  d'Afrique  confervent  encore  ,  rendent  cette 
opinion  plus  que  vraifemblable ,  &  il  y  a  même  des 
auteurs,  qui,  parlant  plus  affirmativement,  avancent 
que  les  Diépois  en  ayant  entrepris  le  voyage  dès  l'an 
1364, s'y  étoient  établis ,  Se  y  avoient  des  habitations 
plus  de  cinquante  ans  avant  que  les  Portugais  en  eus- 
fent  eu  connoiflance  ;  mais  on  n'y  faifoit  point  le  com- 
merce des  Nègres. 

Ce  n'eft  qu'affez  long-tems  après  l'établiflement  des 
colonies  Françoifes  dans  les  ifles  Antilles  ,  qu'on  a  vu 
des  vaifleaux  François  fur  les  côtes  de  Guinée  ,  pour  y 
faire  le  trafic  des  Nègres  ,  qui  commença  à  devenir  un 
peu  commun  ,  lorsque  la  compagnie  des  Indes  occiden- 
tales eut  été  établie  en  1 664,  Se  que  les  côtes  d'Afrique  , 
depuis  le  Cap-Verd  jusqu'au  Cap  de  Bonne-Efpérance , 
eurent  été  comprifes  dans  fa  conceflîon.  La  compagnie 
du  Sénégal  lui  fuccéda  pour  le  commerce  ;  mais  quel- 
ques années  après  ,  la  conceflion  de  cette  dernière  ,  com- 
me trop  étendue,  fut  partagée  ,  &  ce  qu'on  lui  en  ôta, 
fut  donné  à  la  compagnie  de  Guinée  ,  qui  prit  enfuite 
le  nom  de  compagnie  de  l'Afliento.  De  ces  deux  com- 
pagnies Françoifes  ,  celle  du  Sénégal  fubfi/ta long-tems: 
mais  celle  de  l'Afliento  finit ,  comme  il  a  été  dit ,  après 
le  traité  d'Utrecht. 

Les  meilleurs  Nègres  fe  tirenr  du  Cap-Vcrd  ,  d'An- 
gole,  du  Sénégal ,  du  royaume  de  Joloffes ,  de  celui  de 
Galland  ,  de  Damel ,  de  la  rivière  de  Gambie  ,  de  Muju- 
gard  ,  de  Bar ,  Sec.  Un  Nègre  pièce  d'Inde,  comme  on 
les  nomme  ,  depuis  dix  fept  à  dix-huit  ans  jusqu'à  trente, 
ne  revenoit  autrefois  qu'à  trente  ou  trente-deux  livres 
en  marchandifes  propres  au  pays ,  qui  font  des  eaux 
de  vie  ,  du  fer ,  de  la  toile ,  du  papier ,  des  mafles  ou 
rafades  de  toutes  couleurs ,  des  chaudières  Se  baflïns 
de  cuivre  ,  &  autres  chofes  femblables  que  ces  peuples 
eftiment  beaucoup  ;  mais  depuis  que  les  Européens  ont , 
pour  ainfi  dire,  enchéri  les  uns  fur  les  autres,  ces 
barbares  ont  fu  profiter  de  la  jalonne  des  marchands, 
Se  il  eft  rare  qu'on  traite  encore  de  beaux  Nègres  pour 
foixante  livres,  la  compagnie  de  l'Afliento  en  ayant 
acheté  jusqu'à  cent  livres  la  pièce. 

Ces  esclaves  fe  font  de  plufieurs  manières  :  les  uns  , 
pour  éviter  la  faim  ,  fe  vendent  eux-mêmes ,  leurs  en- 
fans  Se  leurs  femmes  aux  rois ,  ou  aux  plus  puiflans 
d'entre  eux  qui  ont  deqaoi  les  nourrir  ;  car ,  quoiqu'ils 
fe  paflent  de  peu  ,  la  itérilité  eft  quelquefois  fi  extraor- 
dinaire dans  certains  endroits  de  l'Afrique ,  fur-roue 
quand  il  y  a  pafle  quelque  nuage  de  fauterelles ,  qu'on 
ne  peut  alors  faire  aucune  récolte ,  ni  de  mil ,  ni  de 
riz ,  ni  des  autres  légumes  dont  ils  ont  coutume  de 
fubfifier.  Les  autres  font  des  prifonniers  faits  en  guerre, 
Se  dans  les  incurfions  que  ces  petits  roitelets  font  fur 
les  terres  de  leurs  voifins  ,  fouvent  fans  d'autres  rai- 
fons  que  de  faire  des  esclaves:  ils  emmènent  jeunes, 
vieux  ,  femmes  ,  filles ,  jusqu'aux  enfansà  la  mammel- 
le. 

Il  y  a  des  Nègres  qui  fe  furprennent  les  uns  les 
autres,  pendant  que  les  vaifleaux  d  Europe  font  à  l'an- 
cre: ils  y  amènent  ceux  qu'ils  ont  pris ,  les  vendent  Se 
les  embarquent  malgré  eux  ,  &  il  n'eft  point  nouveau 
de  voir  des  fils  vendre  de  cette  forte  leurs  malheureux 
pères ,  des  pères  leurs  propres  enfans ,  &  encore  plus 
fouvent  ceux  qui  ne  font  liés  d'aucune  parenté  ;& 
mettre  la  liberté  des  uns  des  autres  à  prix  de  quelques 
bouteilles  d'eau  de  vie ,  ou  de  quelque  barre  de  fer. 
Ceux  qui  font  ce  négoce  ,  outre  les  victuailles  pour 
l'équipage  du  vaifleau  ,    portent  du  gruau ,  des  pois 


NEH 


gris  &  blancs ,  des  fèves  ,  du  vinaigre  Se  de  l'eau  de 
vie  pour  la  nourriture  des  Nègres  qu'ils  efperenr  avoir 
de  leur  traite. 

Sitôt  que  la  traite  eft  finie  ,  il  ne  faut  pas  perdre  de 
tems  pour  mettre  à  la  voile  :  l'expérience  a  fait  con- 
noître  que  tant  que  ces  miférables  l'ont  encore  a  la  vue 
de  leur  patrie ,  la  triltefle  ou  le  désefpoir  les  prend  : 
l'une  leur  caiife  des  maladies ,  qui  en  font  mourir  une 
bonne  partiedurant  la  traverféc  ;  l'autre  les  porte  a  s'ôter 
eux-mêmes  la  vie  ,  foit  en  fe  refufant  la  nourriture  , 
fuit  en  s'ôtant  la  refpiration  par  une  manière  don:  ils 
faveur  plier  &  contourner  la  langue,  qui  à  coup  fur 
les  étouffe ,  foit  enfin  en  fe  brifant  la  tête  contre  le 
vaifleau,  ou  fe  précipitant  dans  la  mer,  s'ils  en  trou- 
vent l'occafion.  Cet  excès  d'amour  pour  la  patrie  fem- 
ble  pourtant  diminuer  à  mefure  qu'ils  s'en  éloignent  : 
la  gaieté  même  leur  prend  ;  Se  c'efi  un  fecret  presque 
immanquable  pour  la  leur  infpirer- ,  Se  pour  les  con- 
ferver  jusqu'au  lieu  de  leur  defiination  ,  que  de  leur 
faire  entendre  des  infirumens  de  mufique. 

A  l'arrivée  aux  ifies  ,  chaque  tête  de  Nègre  fe  vend 
depuis  rrois  jusqu'à  cinq  cens  livres  ,  fuivant  leur 
jeuneffe ,  leur  vigueur  Se  leur  fanté  >  ce  n'eil  pas  pour 
l'ordinaire  en  argent ,  mais  en  marchandifes  du  crû  du 
pays. 

Ces  Nègres  font  la  principale  richefle  des  habitans 
des  ifies  :  quiconque  en  a  une  douzaine  peut  être  efii- 
mé  riche.  Comme  ils  multiplient  beaucoup  dans  les  pays 
chauds,  leurs  maîtres,  pour  peu  qu'ils  les  traitent  avec 
douceur  ,  voient  croirre  infenfiblement  cette  famille  de 
Noirs ,  Se  augmenter  en  même  -  tems  le  nombre  de 
leurs  esclaves  ,  l'esclavage  étant  héréditaire  parmi  ces 
iniféribles.  Il  eu  vrai  qu'il  eu  quelquefois  dangereux 
d  avoir  trqp  d'indulgence  pour  eux:  car  ils  font  pour  la 
plùparr  d'un  naturel  dur ,  intrairable  Se  incapable  de 
fe  gagner  par  la  douceur  ;  mais  il  faut  éviter  les  deux 
cxrrémités  :  un  châtiment  modéré  les  rend  fouples  Se 
les  anime  au  travail  :  au  contraire  ,  trop  de  dureté  les 
rebute  ;  Se  dans  leur  désefpoir  ils  fe  jettenr  parmi  les 
Nègres  Marrons  ou  Sauvages ,  qui  fe  tiennent  dans  des 
lieux  inacceflîbles  ,  où  ils  mènent  une  vie  très-mi  féra- 
ble,  mais  plus  à  leur  gré  ,  parce  qu'elle  efi  libre.  Voyez, 
Ethiopie  ,  Abissinie  Se  Nigritie. 

2.  NEGRES  (  Fond  des  ) ,  lieu  de  l'Amérique  fepten- 
rrionale,  dans  l'ifle  de  Saint  Domingne.au  quartier 
François,  fur  le  chemin  du  petit  Goave,  au  fond  Jac- 
quin.  Il  efi  à  huit  lieues  au  fud  du  petit  Goave  :  il  y  a  une 
quantité  prodigieufe  de  cacao. 

3.  NEGRES  (  La  pointe  des  ) ,  petit  cap  de  l'Amé- 
rique feprentrionale  ,  dans  l'ifle  de  la  Martinique  ,  Se 
qui ,  avec  la  pointe  du  Fort  Royal  ,  forme  la  rade  de  ce 
forr.  Cette  pointe  cù  de  la  paroiflede  la  Cafie-Pilottf  . 
à  une  lieue  au  nord  du  Fort-Royal.  Il  y  a  une  fucrerie 
en  cet  endroit ,  Se  les  terres  v  fonr  fort  hautes. 

NEGRETES.  Voyez.  NigritjE. 

NEGRO  ,  en  latin  Niger  ou  Tanager  ,  rivière  du 
royaume  de  Naples  ,  dans  la  Principauté  Citérieure  ,  fé- 
lon Baudrand  ,  D'iEl.  éd.  1705.  Elle  a  fa  fource  aux 
frontières  de  la  Bafilicate  ,  à  quelques  milles  de  Policas- 
tro  ,  d'où  ,  courant  au  feptentrion  par  Atino  ,  Auleta  Se 
ouelques  autres  lieux  ,  Se  étanr  accrue  des  eaux  de  la 
Bota  Se  d'autres  rivières  moins  confidérables ,  elle  fe 
rend  dans  la  rivière  de  Selo.  Baudrand  ,  qui  cite  Clu- 
vier ,  ajoute  que  cette  rivière  fe  perd  fous  terre  avec 
un  grand  bruit  l'espace  de  quatre  milles  ,  entre  l'hôtel- 
lerie de  la  Polla  Se  le  château  d'Auleta. 

1.  NEGRO  ou  Capo  Negro.  Voyez,  le  Cap  Nè- 
gre I. 

2.  NEGRO  ou  Monte  Negro.  Voyez,   Amanus. 
NEHA VEND,  ville  de  Pcrfe,  dans  le  Couhefian  (*), 

au  midi  de  Hamedan  fur  une  montagne  ,  à  quatorze 
lieues  de  Hamedan  ,  près  de  Ouroudgerd.  On  dit  que 
cette  ville  fut  bâtie  par  Noé  ,  Se  que  de  Nouhavend  , 
qui  efi  fon  véritable  nom  ,  on  a  fait  par  corruption 
Nehavend.  Elle  efi  fituée  à  83  deg.  50  min.  de  longit. 
cV  à  34  deg.  10  min.  de  latit.  11  s'y  donna  le  fameux 
combat  des  Mahométans  ,  commandés  par  le  calife 
Omar,  fils  d'Elcatrab,  avec  le  roi  de  Perte  Isdegerde,qui 
fut  vaincu  Se  perdit  fon  royaume  en  l'an  638.  Après 
ce  combat ,  les  Perfans  n'oferent  plus  parokre  en  corps 


NEÎ       ft 


d'armée  devant  les  Arabes,  &  c'efi  cette  journée  fatale 
pour  la  Perfe  que  les  Arabes  appellent  Fath-al-Fotouth, 
c'efi-à-dire  la  victoire  des  victoires,  (a)  Feus  de  la 
Croix  ,  Hifloire  de  Timur-Bcc  ,  1.  3.  ch.  22. 

NEHAUS,  ville  d'Allemagne ,  dans  la  Weftphalic  > 
félon  Corneille ,  DïcL  c'efi  ainfi  qu'il  a  traduit  Neu- 
hufium  ;  mais  c'efi  une  faute.  Le  véritable  nom  eft 

NlENHAUS 

NEHELouNîHELAMjOuplûtotNAHAL.SéméïaSi 
faux  prophète  de  Juda  ,étoit  de  Nehelam(  a).  Le  nom 
de  Nehelamith  peut  lignifier  un  fonge  -y  ainfi  Séméïas 
Nehelamith  peut  figniiîer  Séméïas  le  rêveur  (b).Nous 
connoifibns  une  ville  deNÉHELAL  ou  Nahalal  dans 
la  tribu  de  Zabulon(c  ).  C'efi  peur-être  delà  qu'étoic 
Séméïas.  (a)  Jerem.  39.  24.  (  b  )  Dom  Culmet ,  Diction. 
(c)Jofué,  19.  15. 

NEHEL-ESCOL  ,en  latin  Vallis  Botri ,  le  torrent 
du  Raifin  ,  ou  la  vallée  du  Raifin  :  on  donna  ce  nom  à 
la  vallée  de  la  Terre  Promife  ,  où  les  envoyés  des  Ifra'ê- 
lites  cueillirent  un  raifin  que  deux  perfonhès  appor- 
tèrent au  camp  de  Cadès  fur  un  bâton  (a).  Le  terme 
hébreu  Nehel  ou  Nachal  (b) ,  fignifie  une  vallée  ou  un 
rorrenr.  Nehel-Escol  étoit  vers  le  midi  de  la  Terre- 
Promife.  (  a  )  Nitm.  1 3.  2j.  {b  )  Dom  Calmet,  Dicl. 

NEHEM1ANE,  petite  ville  ou  bourg  d'Espagne,  dans 
la  Galice  ,  auprès  du  cap  de  Coriane.  *  Délices  d'Es- 
pagne ,  tom.  1.  pag.  127. 

NEHER-TERU,  ville  de  Perfe ,  fituée  à  7;  degrés 
de  longitude  ,  Se  à  3  2  degrés  40  minutes  de  latitude. 
Cette  ville  fut  démolie  l'an  279  de  l'hégire»  *  Taver- 
nier  ,  Voyage  de  Perfe  ,1.3. 

NEHIEL.  Voyez.  Neiel. 

NEI  A  ,  ville  de  Phénicie,  félon  la  notice  des  digni- 
tés de  l'Empire  ,  fetl.  23.  on  y  lit  ces  mots:  Ala  pri- 
ma A'amannorum  Ncia. 

NEîBE.  Quelques  carres  donnent  ce  nom  à  une  ri- 
vière de  l'ifle  de  S.  Domingue ,  que  nous  appelions 
Ne  y  va.  Voyez,  ce  mot. 

NEIDINGEN  ,  abbave  de  filles ,  ordre  de  Cîteaux 
dans  la  Suabe,  en  la  principauté  deFurfienberg  ,  à  deux 
lieues  des  fources  du  Danube  au  diocèfe  de  Confian- 
ce. Les  princes  de  Furfienbergy  ont  leur  fépulture. 

NEIEL  ou  Nehiel  ,  en  grec  noc/m'a  ,  ville  de  la 
Palefiine.  La  frontière  de  la  tribu  des  enfans  d'Afer  s'é- 
tendoit  jusqu'à  Nehiel.  *  Jofué  .  19.  27. 

NEIFFEN  ,  ville  d'Allemagne,  dans  le  duché  de 
Wirtemberg  Se  chef-lieu  d'une  feigneurie  de  même  nom» 
d'où  dépend  encore  la  ville  de  Nirtingen.  *Zeyler,  Suev. 
topogr. 

1.  NETLIOS  ,  colonie  Romaine  conduite  en  Afie  , 
félon  Ortelius  ,  Tbefaur.  qui  cite  Suidas. 

2.NEILIOS,  contréede  l'Ethiopie  ,  félon  Ortelius  » 
qui  cite  Strabon  ,  où  je  l'ai  cherchée  en  vain. 

NEIN  ou  Neyn  ,  fiége  épiscopal  en  Syrie  ,  fous  la 
métropole  de  Bererca  d'Arabie  ,  félon  la  notice  de  1  e- 
vêqne  de  Cathara.  *  Schelftrat ,  Ant.  Ecc.  t.  2.  pag.  769. 

1.  NE1NDA  ,  montagne  du  Bas-Vallais,  dans  le  gou- 
vernement de  Gondes  ou  Gonthey  :  cette  montagne 
abonde  en  vignes  Se  en  pâturages.  *  Etat  ûr  Délices  de 
la  Suiffè  ,  tom.  2.  p.  203. 

2.  NEINDA  ,  village  du  Bas-Vallais, dans  le  Gondes 
ou  Gonthey.  Il  elt  au  pied  de  la  montagne  de  même 
nom. 

NEISCHABOUR  ou  Nischabourg,  ouNescha- 
bur  ,  ville  de  Perfe, dans  la  province  de  Khorafian  , 
dont  elle  pafie  pour  erre  la  plus  grande  Se  la  plus  riche. 
Elle  efi;  fituée  au  5 1  deg.  de  latit.  félon  Nafir  Eddin 
Toufli  ,  auteur  des  Ephémerides.  Elle  fut  bâtie ,  félon 
les  hifioriens  de  Perfe  ,  par  Thahmurath  ,  roi  de  la  pre- 
mière dyna^ie  des  Perles ,  Se  ruinée  par  Alexandre  le 
Grand.  Schabour,  fils  d'Ardeschir  Babegan ,  furnom- 
mé  Dhoulacthaf ,  que  nous  pourrions  nommer  Sapor 
aux  épaules  ,  Se  qui  fur  un  des  anciens  rois  de  Perfe  de 
la  quatrième  dynafiie  ,  étant  en  marche  dans  fes  états  , 
fe  trouva  un  jour  auprès  des  ruines  d'une  ville  ,  Se  vou- 
lut y  camper.  Ces  ruines  étoient  celles  d'une  ancienne 
ville  qui  portoit  le  nom  à'Aber  Scheber  ,  mot  qui  fi-* 
gnifie  Haute-ville  ,  Se  que  l'on  dit  communément  avoir 
été  le  nom  ancien  de  la  ville  de  Neischabour.  Sapor 
trouva  ce  lieu  fi  fort  à  fon  gré ,  qu'il  réfoluc  d'y  bâtir 


fi8 


NEI 


NEL 


une  ville.  Il  fit  couper  une  grande  quantité  de  rofeaux 
qui  éroient  à  l'cntour ,  &  défricha  ainfi  la  place  ,  où  il 
prétendoit  établir  le  fiége  de  fon  empire  «Se  fa  ré- 
iidence.  Ce  fut  alors  que  cette  ville  prit  le  nom  de 
Neïschabour  ,  qui  eft  compofé  de  Ne ï ,  qui  fignifie  en 
perfien  un  rofeau ,  &  de  Schabour  qui  étoit  le  nom  du 
fondateur.  Sa  ftatue  a  demeuré  long-tems  fur  pied  auprès 
de  cette  ville ,  &  on  l'y  voyoit  encore  lorsque  les  Mu- 
fulmans  fe  rendirent  maîtres  de  cette  place  ;  mais  ils  la 
renverferent  &  la  mirent  en  pièces.  Cette  origine  de 
la  ville  de  Neïschabour  eft  rapportée  par  Al-Meïdani  , 
dans  fon  livre  intitulé  Alanfab  ,  c'eft-à-dire  des  gé- 
néalogies Se  des  origines ,  &  par  Ben-Khalecan  ,  dans  la 
vie  d  Ahmeth-al-Thalebi,  furnommé  Al-Niscabouri ,  à 
caufe  qu'il  étoit  natif  de  cette  ville.  *  D'Herbelot , 
Biblioth.  orient. 

La  ville  de  Neïschabour  a  toujours  paffé  pour  une 
des  quatre  villes  ,  qui  ont  été  fucceflivemenc  capitales 
Se  royales  dans  la  province  de  KhorafTan.  Les  fultans 
Selgiucides  y  ont  fait  leur  réfidence  ordinaire  depuis 
que  Thogrul  Beg  ,  le  fondateur  de  cette  dynaftie ,  s'y 
fit  couronner. 

Sous  le  règne  de  Sangiar ,  fulran  de  cette  même  dy- 
naftie ,  Neïschabour  fut  tellement  défolée  par  les  Tur- 
comans,  que  les  habitans ,  après  la  retraite  des  ennemis, 
ne  pou  voient  reconnoître  ni  le  quartier ,  ni  la  lltuation 
de  leurs  maifons.  Le  po'ète  Perfien  Khacani  ,  qui  fleu- 
riffoit  en  ce  tems ,  a  déploré  le  miférable  état  de  'cetre 
ville  ,  d'une  manière  fort  touchante.  Neïschabour  fut 
encore  réparée  Se  poiïédée  par  les  fultans  de  Khoua- 
rezm  ;  mais  elle  fut  une  féconde  fois  ruinée  par  les  Mo- 
gols  &  Tartares  de  Ginghizkhan  ,  fous  le  règne  du  mal- 
heureux Mohammed  Kouarezm  Schah.  Cette  ville  eft 
grande  «Se  bien  peuplée  ,  «Se  l'on  y  fait  beaucoup  de  com- 
merce en  toutes  fortes  d'étoffes  de  foie  «Se  en  tapis.  Les 
plus  belles  turquoifes  de  Perfe  fe  trouvent  dans  les  mon- 
tagnes qui  font  proches  de  cette  ville;mais  il  n'eft  permis 
aux  habitans  de  négocier  que  les  plus  petites  :  les  plus 
belles  font  refervées  pour  le  tréfor  de  la  Couronne. 
Hift.  des  Tatars  ,  pag.  3  24. 

1.  NEISS  ou  Neisse,  ville  d'Allemagne, dans  la  Hau- 
te-Siléfie  ,  proche  d'une  rivière  dont  elle  a  pris  le  nom  , 
Se  arrofée  d'une  autre  rivière  nommée  Biela.  Cette  ville, 
qui  eft  la  réfidence  ordinaire  de  l'évêque  de  Breflau , 
égale  en  grandeur  celles  de  Lignitz  «Se  de  Brieg  dans  la 
même  province  ;  mais  elle  les  fur  patte  beaucoup  en  ma- 
gnificence. La  plupart  de  fes  maifons  ,  qui  font  fort 
élevées ,  font  bâties  de  pierres  de  raille  ,  «Se  forment  de 
belles  rues  «Se  de  belles  places  publiques.  Elle  eft  envi- 
ronnée chine  bonne  muraille  «Se  défendue  d'un  fotté  plein 
d'eau  :  fes  fauxbourgs  font  fort  fpacieux,  &  fon  terri- 
toire eft  très-fertile.  Encre  un  grand  nombre  d'édifices 
publics ,  on  remarque  le  palais  de  l'évêque  «Se  la  maifon 
de  ville.  Ces  deux  bâtimens  ont  un  air  de  grandeur.  La 
paroitte  de  faint  Jacques  eft  la  plus  ancienne  Se  la  plus 
remarquable.  L'églife  des  chanoines  de  faint  Jean  ,  celle 
des  Frères  Mineurs  «Se  celle  des  Jéfuites  peuvent  pas- 
fer  pour  belles.  Le  collège  qui  appartient  à  ces  derniers , 
fut  richement  fondé  en  1615  par  l'empereur  Ferdinand 
II.  Il  y  a  aufli  différens  hôpitaux  pour  les  malades  , 
pour  les  pauvres  habitans  «Se  pour  les  étrangers.  Le  bon 
air  dont  on  jouit  dans  cette  ville  ,  Se  les  autres  avan- 
tages que  fa  fituation  lui  donne  ,  y  ont  fait  fouvent  te- 
nir l'afiemblée  des  princes  «Se  des  états  de  la  Siléfie.  * 
Zeyler ,  Topogr.  Silefue  ,  pag.  164.  Cette  ville  fut  bom- 
bardée par  les  troupes  du  roi  de  Prufte  l'an  1741  ,  «Se  la 
garnifon  fut  obligée  de  fe  rendre  prifonniere  de  guerre. 

2.  NEISS  ,  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Siléfie.  Elle 
prend  fa  fource  dans  les  montagnesdu  comté  deGlatz, en- 
viron à  une  demi-lieuede  Mittelwald.  Après  avoir  patte 
«Glatz  fous  un  pont,«Se  enfuite  auprès  de  la  ville  deNeifs, 
où  elle  a  aufli  un  pont ,  elle  va  fe  perdre  dans  l'Oder  , 
au-dettus  de  Brieg.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Silefiac ,  p.  164. 

j.  NEISS,  rivière  d'Allemagne  ,  dans  la  Siléfie  ,  «Se 
différente  de  la  précédente  :  elle  prend  fa  fource  dans 
les  montagnes  de  Bohême  ,  d'où  elle  entre  dans  la  Hau- 
re-Luface  ,  arrofe  Zitrav  «Se  Gotlitz  ,  traverfe  un  coin 
de  la  principauté  de  Sagan  ,  où  elle  baigne  Prybus  , 
au-dettbus  duquel  elle  entre  dans  la  Bafte-Luface , 
eu  elle  forme  une  ifle  qui  renferme  la  ville  de  Ferft , 


patte  enfuite  à  Guben ,  &  va  fe  joindre  à  l'Oder  au- 
dettbus  de  Croflen.  *  Zeyler.  top.  Bohem.  Jaïlloi ,  Atlas. 
NEITRA  ,  ville  «Se  comté  de  Hongrie.  Voyez.  Ney- 
tracht. 

1.  NEIVA  ou  Neyva  ,  rivière  de  Portugal  ,  dans  la 
province  d'Entre-  Minho  «5;  Douro.  Elle  prend  fa  four- 
ce à  quelques  milles  de  Braga ,  à  l'oueft  de  cette  ville  , 
elle  court,  en  ferpentant,  du  nord-eft  au  fud  oueft,  patte 
à  Ponte  ,  fe  rend  à  Neiva  ,  au-dettbus  de  laquelle  elle 
fe  décharge  dans  l'Océan  occidental.  Elle  a  fon  em- 
bouchure entre  celles  des  rivières  de  Lima  2u  nord, 
Se  de  Cavado  au  midi.  Cette  rivière  s'appelloit  ancien- 
nement Nabis.  *  Sanfan ,  Carte  de  Portugal. 

2.  NEIVA  ou  Neyva  ,  petite  ville  de  Portugal ,  dans 
la  province  d'Entre-Minho  &  Douro  ,  fur  la  côte  oc- 
cidentale ,  Se  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  Neiva , 
qui  lui  donne  fon  nom.  Elle  eft  capitale  d'un  comté 
qui  appartient  au  roi  en  qualité  de  duc  de  Bragance. 
*  Délices  de  Portugal ,  pag.  704. 

NEIUM  ,  montagne  de  l'ifle  d'Itaque  ,  dont  parle 
Homère,  Odyff.  I.  z.v.  81.  Strabon ,  /.  10.  dit  qu'il  eft 
incertain  fi  Homère ,  par  le  mot  Neium  ,  entend  le 
mont  Ncritum ,  ou  une  autre  montagne  ,  ou  quelque 
autre  lieu.  Ortelius  ,  Thefaur.  dit  que  Suidas  appelle 
cette  montagne  Hyponeium  j  mais  qu'Etienne  le  géo- 
graphe écrit  Hyperneium. 

NEKERKOUS  ,  pays  rempli  de  montagnes  :  il  eft  de 
la  dépendance  de  Lahor,  au  royaume  du  Mogol ,  où  il 
y  a  une  forterefie  &  un  château  très-élevé.  L'on  voit  au 
pied  de  la  montagne  où  eft  le  château  ,  une  pierre  or- 
dinaire ,  fous  un  dôme  ,  pour  laquelle  les  Indiens  ont 
une  grande  vénération.  11  y  va  deux  fois  l'an  plufieur* 
milliers  d'hommes ,  la  tête  Se  les  pieds  nuds  :  ils  fonc 
une  proceflion  autour  du  dôme  ;  fe  coupent  le  bout  de 
la  langue,  le  mettent  fous  le  feuil  de  la  porte  de  ce 
dôme,  «Se  demandent  avec  ferveur  ce  qu'ils  défirent.  S'ils 
l'obtiennent ,  ils  fe  perfuadent  que  leur  langue  revien- 
dra comme  elle  étoit  auparavant.  *  Manuscrits  de  la 
bibliothèque  du  Roi. 

NEKHIL-BANLHELAL  ,  c'eft-à-dire  les  Palmier» 
des  enfans  de  Helal.  On  donne  ce  nom  à  un  lieu  dan» 
l'Arabie ,  à  treize  journées  de  la  ville  de  Coufah  ,  Se  à 
quatre  de  Médine.  C'eft  un  des  entrepôts  de  la  cara- 
vane des  pèlerins  de  la  Mecque.  *  D'Herbelot ,  Bi- 
blioth. orienr. 

NEKSHCHEB ,  ville  de  la  Tranfoxane ,  c'eft-à  dir« 
du  pays  qui  eft  au-delà  du  fleuve  Gihon  ou  Amou  , 
que  les  auteurs  on  nommé  Oxus.  Les  Arabes  ont  adouci 
la  prononciation  du  nom  de  cette  ville  :  ils  l'appellent 
ordinairement  Neffef  ou  Naffaf.  Elle  eft  fituée  dans  une 
gtande  plaine  arrofée  deplufieurs  ruiffeaux  qui  rendent 
le  terrein  très-fertile  ,  «Se  elle  n'eft  éloignée  que  de 
deux  journées  du  mont  Imaiis.  Les  fruits  qui  croiffent 
aux  environs ,  l'ont  rendue  fameufe  -,  on  n'en  peut  voir 
ni  de  plus  beaux  ni  de  meilleurs  :  les  grands  hom- 
mes qui  en  font  fortis ,  Se  qui  ont  porré  le  furnom  de 
Nafiafi  ou  Neffefi ,  l'ont  aufli  rendue  célèbre.  Ce  fut 
Nekshcheb ,  que  le  fameux  impofteur  Barcâï  choifit 
pour  le  théâtre  de  fes  preftiges,  «Se  où  il  fit  fortir  du 
fond  d'un  puits  une  machine  qu'il  difoit  être  la  lune, 
«Se  que  l'on  a  toujours  appellée  depuis  la  Lune  de  Neksh- 
cheb. Abulfeda  «Se  Ahmedben  A'rab  Schah  écrivent  qu« 
certe  ville  porte  aufli  le  nom  de  Carschi ,  qu'elle  eft  fi- 
tuée fur  le  chemin  qui  conduit  depuis  les  bords  du 
Gihon  jusqu'à  la  ville  de  Kasch,  &  que  du  ritage  de 
ce  fleuve  jusqu'à  Nekshcheb ,  le  pays  eft  déferr  «Se  fort 
ftérile.  Le  Canoun  de  Baïnouri  donne  à  cette  ville  88 
degrés  de  longitude  &  39  degrés  jo  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale.  Quelques-uns  pourtant  retranchent  les  /© 
min.  de  latitude. 

NELAXA,  ville  de  Syrie,  dans  la  Batanée.  Prolo 
mée ,  /.  j.  c.  15.  la  met  entre  Elere  Se  Adrama. 

NELCYNDA ,  ville  d'Arabie  ,  fur  la  côte  de  la  mer 
Rouge.  Arrien,  Peripl.  11.  p.  30  &  31.  en  fait  men- 
tion ,  «Se  dit  qu'il  s'y  faifoit  du  commerce.  Ortelius , 
Thefaur.  croit  que  c'eft  la  ville  Mclenda  de  Prolomce , 
/.  7.  c .  1.  que  fes  interpréres  écrivent  Melcynda. 
NELEA.  Voyez.  Pvlus. 

NELEUS  ,  fleuve  de  l'Euboée  ,  félon  Ortelius  ,  The- 
faur. qui  cite  Antigonus.  Il  eft  nommé  Nueas  par 


NEL 


NEL 


Strabon,  &  il  femble  que  Pline,  /.  31.  c.  2.  l'appelle 
Mêlas.  Onelius  juge  que  c'eft  une  faute. 

NELI  ,  peuples  Troglodytes,  que  Pline  , /.  6.  c.  29. 
place  fur  le  golfe  Arabique. 

NELIA  ,  ville  de  Grèce,  fur  le  golfe  Pélasgique ,  fé- 
lon Strabon  ,  /.  9. 

r.  NELLENBOURG,  landgraviat  d'Allemagne,  dans 
la  Suabe  Autrichienne ,  entre  l'evéché  de  Conllance, 
le  canton  de  Schafhoufe  8c  la  principauté  de  Furfienberg. 
On  l'appelloit  autrefois  le  Hegow,  8c  il  avoit  une 
étendue  beaucoup  plus  grande  qu'il  n'a  préfentement  ; 
parce  qu'il  comprenoit  la  ville  de  Schafhoufe  8c  plu- 
iieurs  terres  qui  appartiennent  à  l'évêquede  Conllan- 
ce &  à  la  maifon  de  Furftenberg.  11  a  été  poffédé  par 
des  feigneurs  particuliers  qui  portoient  le  titre  de  land- 
graves de  Nellenbourg.  Marguerite  ,  fille  aînée  de 
Conrad  ,  ht  parler  ce  landgraviat  dans  la  maifon  de 
Tengen  ,  par  fon  mariage  avec  Evrard  ,  comte  de  Ten- 
gen.  Chriflophe  Ladiflas,  prévôt  de  l'églife  de  Stras- 
bourg ,  fut  le  dernier  de  fa  race ,  &  l'empereur  Ro- 
dolphe 11  donna  l'inveAiture  de  ce  landgraviat  à  l'ar- 
chiduc Ferdinand,  L'empereur  Léopold  Ignace  en  dé- 
membra le  comté  de  Tengen,  qu'il  vendit  en  166}  à 
Jean  Wicard,  prince  d'Aversperg.  Il  n'y  a  dans  ce 
landgraviat  que  les  petites  villes  de  Stockeim  &  de 
Nellenbourg ,  avec  la  forterefle  de  Hohentwiel ,  qui 
efl  à  deux  milles  de  Schafhoufe,  fur  un  rocher  presque 
inacceflible.  *  D'Audïjret ,  Géogr.  anc.  8c  mod.  t.  3 . 
p.  201. 

2.  NELLENBOURG,  petite  ville  d'Allemagne,  dans 
la  Suabe  Autrichienne,  au  landgraviat  de  Nellenbourg, 
dans  la  partie  feptentrionale. 

NELO .  fleuve  de  l'Espagne  Tarragonnoife  ,  félon 
Pline  ,  /.  4.  c  20.  Le  P.  Hardotiin  dit  que  ce  fleuve  s'ap- 
pelle aujourd'hui  Ulla. 

NELOUR  »  ville  des  Indes ,  fur  la  route  de  Mafulipa- 
tan  à  Gandicor.  A  un  quart  de  lieue  de  cette  ville , 
il  paffe  une  grande  rivière.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  re- 
marquable fur  cette  route ,  ce  font  les  pagodes  qui 
font  en  fort  grand  nombre.  *  Tavcmier  ,  Voyage  des 
Indes ,  t.  2.  p.  192. 

NELSON  (  Le  Port)  ,  dans  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  fur  la  côte  méridionale  de  la  baie  d'Hudfon.  Les 
Anglois  donnèrent  ce  nom  également  au  port  &  au 
fort  que  les  François  appelloienr  le  fort  Bourbon.  Le 
port  efl  une  petite  baie  dans  laquelle  fe  déchargent  fore 
près  l'une  de  l'autre  les  rivières  de  fainte  Thérèfe  8c 
de  Bourbon.  Le  fore  eft  fur  la  première ,  environ  à 
une  demi-lieue  de  fon  embouchure.  Les  Anglois  pré- 
tendent qu'un  nommé  Nelfon ,  pilote  de  Henri  Hud- 
fon  .  découvrit  ce  port  en  1 6 1 1  ,  8c  en  prit  poiTcfiion 
au  nom  de  la  couronne  d'Angleterre  :  mais  il  elt  cer- 
tain qu'en  1682,  deux  François  Canadiens,  rangeant 
la  côte  occidentale  de  la  baie  d'Hudfon,  entrèrent  dans 
ce  port,  donnèrent  aux  deux  rivières  les  noms  qu'elles 
portent  ,  &  bâtirent  un  fort  à  l'endroit  où  eft  le  port 
Nelfon  ,  8c  le  nommèrent  le  fort  Bourbon  ;  mais  l'an- 
née fuivante ,  ayant  eu  quelque  mécontentement  de  la 
cour  de  France  ,  ils  livrèrent  la  place  aux  Anglois  :  elle 
a  été  depuis  prife  &  repiïfe  pluficurs  fois,  6c  elle  éroit 
enfin  demeurée  aux  François  jusqu'à  la  paixd'Utrccht, 
qu'elle  fut  cédée  à  la  couronne  d'Angleterre.  C'eft  une 
perte  confidérable  pour  la  France,  parce  que  dans  nul 
autre  port  on  ne  fait  la  traite  des  pelleteries  d'une  ma- 
nière plus  avantageufe,  8c  que  ce  font  les  meilleures 
pelleteries  de  l'Amérique  feptentrionale.  Ce  fort  eft  au 
57  deg.  30  min.  de  latit.  nord.  C'eft  la  dernière  place 
de  l'Amérique  de  ce  côté.  Il  a  la  figure  d'un  trapeze 
flanqué  de  trois  bâfrions  8c  demi.  L'un  eft  au  nord  , 
le  fécond  à  left-fud-eft  ,  8c  le  troifiéme  au  fud-fud- 
ouett.  Celui  du  nord  &  le  demi-baftion  font  rêvé; lis 
d'un  chemin  couvert.  La  fituation  du  pays  parok  a,0«z 
agréable  ;  il  eit  tout  couvert  de  bois  taillis ,  8c  beau- 
coup marécageux ,  d'ailleurs  la  terre  y  eft  ingrate.  Le 
froid  commence  dès  le  mois  de  Juin,  mais  il  ne  qr.kte 
pas  pour  cela.  Il  n'y  a  point  de  milieu  entre  le  froid 
&  le  chaud:  ou  les  chaleurs  y  font  exceflâves ,  ou  le 
froid  y  eft  perçant.  Les  vents  du  nord  qui  viennent  de  la 
mer  diflîper.t  cette  chaleur ,  8c  quiconque  a  bien  fui 
le  matin  çfl  glacé  le  foir.  Il  y  pleut  rarement  :  l'air  y 


$  19 

efl  pur  8c  net  tout  l'hiver.  Il  y  neige  même  peu  à 
proportion  ,  (k.  l'on  n'y  voit  que  neuf  pieds  de  neige 
tout  au  plus.  Les  rivières  y  font  fort  poilTonneufes.  La 
chaffe  y  elt  abondante.  Il  y  a  des  perdrix  en  fi  grande 
quantité,  que  l'on  en  peut  tuer  des  quinze  à  vingt 
mille  dans  un  an.  Elles  font  toutes  blanches  presque 
toute  l'année  ,  8c  grofles  comme  des  geli notes  ;  mais 
beaucoup  plus  délicates  qu'en  Europe.  Elles  ont  les 
pieds  païus,  8c  dans  le  mois  d'Août  elles  ont  une  pat- 
tie  des  ailes  grifes  avec  plufieurs  taches  rouges.  Les  ou- 
tardes 8c  les  oies  fauvages  y  abondent  fi  fort  au  prin- 
tems  8c  en  automne  ,  que  tous  les  bords  de  la  rivière 
de  fainte  Thérèfe  en  font  converts.  L'outarde  eft  uu 
très-bon  manger  qui  reflemble  aflez  à  l'oie ,  mais  beau- 
coup plusgrofie  8c  d'un  autre  goût.  Le  caribou  fe  trou- 
ve presque  toute  l'année ,  principalemenr  au  printems 
8c  en  automne ,  8c  en  bandes  de  fept  à  huit  cens.  La 
viande  en  efl  plus  délicate  que  celle  du  cerf.  Lorsqu'un 
chaffeur  en  tue  quelqu'un  fur  la  place  ;  les  autres  s'ar- 
rêtent tout-à-coup  fans  s'émouvoir  du  bruit  de  l'arme 
à  feu  ;  mais  lorsque  le  caribou  n'eft  que  blefle  ,  il  court 
avec  une  grande  vitefle ,  8c  tous  les  autres  le  fuivent. 
Il  y  a  aufli  beaucoup  de  pelleteries  fines ,  comme  des 
martes  fort  noires,  des  renards  de  même,  des  loutres, 
des  ours  ,  des  loups ,  dont  le  poil  eft  fort  fin  ,  8c  prin- 
cipalement du  caftor ,  qui  eft  le  plus  beau  de  tout 
le  Canada.  *  La  Potherie ,  Hiftoire  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale, p.  i  10. 

Les  peuples  qui  viennent  faire  la  traite^  ce  fort  font 
les 


Oùene  b'izpnhtlin'u , 
Ajfin'iboeli , 
Morij'aunis , 
Savunoïs , 
Chnjlinaiix  ou  Kricqs , 


Migichihilbrous  , 
Osk,quijaqttamaïs  , 
MichinipiCpoets , 
Netaoïtatum'ipoets 
Attimospqaaies. 


Ceux  d'entre  ces  nations  qui  viennent  de  loin  pour 
faire  la  traite ,  s'y  dispofent  au  mois  de  Mai.  Lorsque 
les  lacs  8c  les  rivières  commencent  à  charrier,  ilss'as- 
femblent  quelquefois  douze  à  quinze  cens  fur  le  bord 
d'un  lac  ,  qui  efl  un  rendez-vous.  Les  chefs  repréfen- 
tent  les  befoins  de  la  nation  ,  engagent  les  jeunes  chas- 
feurs  à  prendre  les  intérêts  publics ,  les  conjurant  de 
fe  charger  de  caflors  au  nom  des  familles.  Quand  ils 
ont  jette  les  yeux  fur  un  certain  nombre ,  ce  font  des 
feflins  que  chaque  famille  leur  fait.  La  nation  fe  donne 
mutuellement  toutes  les  marques  d'eftime  que  l'on  peut 
fouhaiter.  La  joie,  le  plaifir,  la  bonne  chère  régnent 
alors,  &  pendant  ce  tems,l'on  conflruitdes  canots  pour 
le  départ.  Ils  font  faits  d'écorce  de  bouleau  ,  8c  ces  ar- 
bres y  font  d'une  grofleur  extraordinaire.  Les  fonde- 
mens  font  des  varangues  ou  petites  pièces  de  bois  blarc 
de  la  largeur  de  quatre  doigts,  qui  en  font  le  gabari. 
Ils  attachent  au  bout  des  bâtons  d'un  pouce  de  large, 
qui  foutiennent  l'ouverture  des  deux  cô:és.  Ces  petits 
bâtimens  font  d'une  diligence  furprename.  L'on  peut 
faire  en  un  jour  plus  de  trente  lieues  fur  les  rivières. 
On  s'en  fert  aufli  pour  la  mer.  Leur  grandeur  n'efl  pas 
réglée.  On  les  porte  facilement  furie  dos.  Us  font  fort 
volages  à  l'eau,  8c lorsqu'on  veut  ramer  ,  il  faut  fe  te- 
nir debout ,  à  genoux  ou  aflis  dans  le  fond  ,  car  il  n'y 
a  point  de  fiéges. 

Lorsque  les  Sauvages  font  prêts  de  descendre  ,  l'on 
choifit  outre  ces  chafleurs ,  quelques  chefs  qui  viennent 
lier  commerce  de  la  part  de  la  nation.  Il  uc:t  pas 
poflîble  de  donner  au  jufle  le  nombre  des  Sauvages  qui 
descendent ,  parce  qu'il  y  a  des  années  qu'ils  font  oc- 
cupés à  la  guerre  ,  ce  qui  les  détourne  de  la  chaffe;  il 
peut  arriver  ordinairement  mille  hommes,  quelques 
femmes  8c  environ  fix  cens  canots.  Ils  ne  prennent 
point  leur  pofle  en  arrivant  ,  que  quelqu'un  ne  leur- 
air  limité  auparavant  un  endroit.  Et  lorsqu'ils  font  à 
une  certaine  diilance  du  fort ,  il  fe  laiflent  aller  infenfi- 
blcmcnt  au  courant ,  afin  que  Ion  ait  le  rems  de  les  ap- 
percevoir ,  &  ils  font  enfuire  des  cabanes  fur  le  bord 
de  la  rivière. 

Le  chef  d'une  nation  entre  au  fort  avec  un  ou  deux 
de  fes  Sauvages  les  plus  qualifiés. 

Celui  qui  commande  dans  cette  place  leur  fait  d'à- 


5*20 


NEM 


NEM 


bord  préfent  de  pipes  Se  de  tabac.  Ce  chef  lui  fait  un 
compliment  fort  fuccincT: ,  le  priant  d'avoir  quelque 
confidération  pour  fa  nation.  Ce  que  le  commandant 
lui  promet.  Le  chef,  ayant  fumé  ,  fort  fans  prendre  con- 
gé de  qui  que  ce  foit.  L'on  ne  s'en  formalife  même 
pas.  Il  affemble  fes  gens ,  leur  fait  le  récit  de  l'accueil 
qui  lui  a  été  fait ,  &  rentrant  enfuite  au  fort ,  fait 
préfent  au  commandant  de  quelques  pelleteries ,  le 
priant  derechef  d'avoir  en  mémoire  fa  nation  ,  (c'eft-là 
leur  exprefiion)  Se  de  ne  point  traiter  fes  marchandi- 
fes  auflï  cher  qu'aux  autres  nations,  car  c'eft  à  qui  au- 
ra bon  marché.  Le  commandant  l'anure  de  fa  bienveil- 
lance ,  lui  fait  encore  préfent  de  pipes  Se  de  tabac  pour 
faire  fumer  tous  fes  députés.  La  traite  fe  fait  auprès 
du  fort  par  une  fenêtre  grillée,  car  l'on  ne  fouffre 
point  que  le  commun  des  Sauvages  y  entre.  Lorsqu'elle 
etl  faite  avec  le  chef  d'une  nation,  on  lui  fait  un  fe- 
ftin  hors  du  fort.  L'on  apporte  fur  l'herbe  une  gran- 
de chaudière ,  dans  laquelle  il  y  a  des  pois ,  des  pru- 
neaux &  de  la  mélafle.  Lorsque  les  Sauvages  font  as- 
femblés ,  une  perfonne  de  la  part  du  commandant 
vient  les  prier  de  continuer  toujours  la  même  allian- 
ce ,  préfente  le  calumet  au  chef ,  Se  fait  fumer  tous  les 
autres.  Après  que  ce  repas  eft  fait ,  on  les  prie  de  faire 
une  danfe ,  ce  qu'ils  font  avec  plaifir.  Le  chef  com- 
mençant le  premier ,  dit  un  air  fur  le  champ ,  fur  l'a- 
gréable accueil  qui  lui  a  été  fait.  On  lui  donne  à  fon 
départ  du  tabac  pour  faire  fumer  ceux  des  autres  na- 
tions qu'il  rencontrera ,  Se  les  engager  de  venir  faire 
la  traite  ,  en  cas  qu'elles  ne  foient  point  encore  venues. 
Le  rabac  eft  le  préfent  le  plus  confidérable  dont  on 
puifle  les  régaler.  Tel  a  été  l'ufage  pratiqué  par  les 
François ,  dans  le  tems  qu'ils  ont  été  maîtres  du  fort 
Nelfon. 

NELUPA,  lieu  dans  l'Egypte ,  félon  Ortelius  ,  The- 
faur.  il  cite  faint  Athanafe,  qui  nomme  l'évêque  de 
ce  lieu  Théo». 

NEMALONI ,  peuples  des  Alpes.  Pline  /.  3.  c.  20. 
les  met  au  nombre  de  ceux  qui, furent  fubjugués  par 
Augufle.  11  y  en  a  qui  croient  que  c'eft  aujourd'hui 
Miolans ,  au  voifinage  d'Embrun  ;  mais  dans  les  états 
du  duc  de  Savoie.*  Honor.  Bouche,  p.  104. 

NEMANTURISTA,  ville  d'Espagne,  félon  Ptolo- 
mée  ,  /.  1.  c.  6.  qui  la  place  chez  les  Vajcones ,  dans 
les  terres ,  entre  Andelus  Se  Curnomum  ;  quelques-uns 
croient  que  c'eft  Olite ,  ville  de  la  Navarre. 

NEM  AS  ,  lieu  fortifié  auprès  de  Forum  Julium,  fé- 
lon Paul  Diacre  ,  dans  fon  hiftoire  des  Lombards  :  les 
manuferits  varient  fur  ce  mot.  11  y  en  a ,  qui ,  au  lieu 
de  Nemas  ,  lifent  Nemausum  ,  Si.  d'autres  portent 
Memasum.  Voyez.  Biliga. 

NEMASI A  ,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  le  code  Théo- 
dofien,au  titre  douzième  ,  De  Ponderatoribus. 

1.  NEMAUSUS.  C'eft  l'ancien  nom  latin  d'une 
fontaine  de  France ,  qui ,  félon  les  apparences,  a  don- 
né le  nom  à  la  ville  de  Nismes ,  dans  le  lias-Langue- 
doc. C'eft  de  cette  fontaine  que  parle  Aufone ,  Clara 
Urbes ,  v.  1 1 4.  en  ces  termes  : 


.Vitrea  non  luce  Nemaufus 


Purior. 

Elle  s'appelle  aujourd'hui  le  Viftre  :  c'eft  un  petit 
ruiffeau  ,  qui  pafle  au  travers  de  la  ville  de  Nismes , 
Se  qui ,  après  avoir  mouillé  le  Bourg  ,  Vergezes ,  Ves- 
tric,  Vauvert ,  Salmoze,  va  fe  jetter  dans  l'étang  du 
Tau  ,  au  voifinage  d'Aigue-Mortes.  Comme  les  eaux 
de  cette  petite  rivière  font  extrêmement  claires  ,  on 
lui  donna  dans  le  moyen  âge  le  nom  de  Vïtreus , 
d'où  l'on  a  fait  le  nom  françois  Viftre ,  en  ajoutant 
une/.  *  Adr.  Valefii.Noi.  Galliar.  p.  618. 

2.  NEMAUSUS,  ville  des  Gaules,  chez  les  Vol- 
c&Arecomici.  Strabon  dit  que  Volcarum  Arecomicorum 
Nemaufus ,  étoit  à  cent  ftades  du  Rhône ,  Se  Mêla 
met  Arecomicorum  Nemaufus  au  nombre  des  villes  les 
plus  riches  de  la  Gaule  Narbonnoifc.  Pline,  /.  3.  c. 
4.  la  place  dans  la  même  province,  Se  d'anciennes 
médailles  lui  donnent  le  titre  de  colonie  Romaine. 
On  trouve  avec  ces  inferiptions  :  Col  Nem.  c'eft-à- 
dire  Colonia  Nemaufus  ;Cot.  Aug.  Nem.   Colonia  Ah- 


gufta  Nemaufus.  Selon  Ptolomée,  /.  2.  c.  10.  Ne- 
maufum  Colonia  ,  étoit  au  pays  des  Voice.  Aricomii  dans 
les  terres.  Etienne  le  géographe  dit  que  Parthemces 
avoir  avancé  que  la  ville  Nemaufus  dans  les  Gaules 
avoit  été  fondée  par  Nemaufus  l'Héraclide  -,  mais  il 
eft  bien  plus  probable  que  cette  ville  tiroit  fon  nom 
de  celui  d'une  petite  rivière  qui  la  traverfe.  Voyez. 
Nemausus  ,  n°  1.  Dans  les  anciennes  notices  despro- 
viuces  Se  des  villes  des  Gaules ,  on  lit  ordinairement 
Civicas  Ncmaufienfum  ,  Se  une  feule  fois  Civitas  Ne- 
maufa  ;  ce  qui  eft  une  faute.  Quelquefois  on  lui  don- 
ne le  quatrième  rang  entre  les  huit  principales  villes 
de  la  Gaule  Narbonnoife  ;  mais  le  plus  fouvent  on 
ne  lui  donne  que  le  cinquième  rang ,  &  ce  qui  eft 
furprenant  ,  les  notices  poftérieures  ne  la  mettent 
qu'au  feptiéme  rang.  L'itinéraire  d'Antonin  place  jus- 
qu'à deux  fois  Nemaujus  entte  Arelate  Se  Ambrus- 
fum ,  à  dix-neuf  milles  de  la  première  ,  &  à  quinze  de 
Ja  féconde  -,  dans  un  autre  endroit  néanmoins  il  la 
place  à  quatorze  milles  à' Arelate.  Enfin  Grégoire  de 
Tours ,  /.  8.  c.  30.  la  met  dans  la  Septimanie.  C'eft 
aujourd'hui  la  ville  de  Nismes.  Voyez,  ce  mot.*  Adr. 
Valefii  Not.  Galliar.  p.  618. 

1.  NEMEA,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Argie,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  3.  c.  16.  qui  la  place  dans  les  ter- 
res. Paufanias,  /.  2.  c.  1;.  Se  Strabon,  /.  8.  fontauffi 
mention  de  cette  ville.  Au  lieu  de  Nemea  011  lit  Ne- 
mefa  dans  Appien  ;  mais  Ortelius ,  Thcfmr.  juge  que 
c'eft  une  faute  :  il  ajoute  que  Niger  veut  que  cette 
ville  Se  fon  territoire  s'appellent  aujourd'hui  Triftena. 

2.  NEMEA  ,  fleuve  du  Péloponnèfe.  Strabon  ,  /.  8. 
p.  382.  dit  qu'il  féparoit  le  royaume  de  Sicyone  du 
Territoire  de  Corinthe.  Quelques-uns  ont  cru  que  c'eft 
le  même  fleuve  qui  eft  appelle  Langia  ,  dans  plu- 
fieurs  endroits  de  Stace  ,  Thebaid.  I.  4.  v.  1  j8  &  fuiv. 

3.  NEMEA  ,  contrée  du  Péloponnèfe,  dans  l'Elide, 
félon  Etienne  la  géographe. 

4.  NEMEA  ,  rocher  dans  le  voifinage  de  Thebes , 
félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Servius.  Virgile  en 
parle  dans  le  livre  8.  de  fon  Eneïde. 

$.  NEMEA  Charadra  ,  lieu  du  Péloponnèfe,  félon 
Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Suidas. 

NEMEIUMlieu  dans  la  Locride.  Plutarque  ,  In  Sa- 
pient.  Convivio  ,  dit  que  c'eft  l'endroit  où  Héfiodefut 
tué.  Ce  lieu  étoit  chez  les  Locres  Ozoles ,  fuivant  Orte- 
lius ,   Thefaur. 

NEMEN.  Voyez.  Niémen. 

NEMENTURI,  peuples  des  Alpes.  Pline,  /.  3.  c. 
20.  les  met  au  nombre  de  ceux  que  fubjugua  Augu- 
fte.  Ortelius ,  Thefaur.  croit  qu'il  faut  IheNemeturi, 
comme  portent  quelques  manuferits.  Columelle ,  qui 
parle  de  la  poix  de  ce  pays ,  Se  la  nomme  Neme' 
turica  pix ,  appuie  le  fentiment  d'Ortelius. 

NEMEROW,commenderie  de  Malthe  ,  en  Allema- 
gne ,  dans  le  duché  de  Mcckelbourg ,  comprife  dans  la 
ieigneuiie  de  Stargard.  Elle  a  été  fécularifée  depuis  la 
paix  de  Weftphalie. 

1.  NEMESA  ,  contrée  du  Péloponnèfe;  c'eft  celle 
où  Hercule  tua  le  lion.  Ortelius ,  Thefaur.  qui  fait 
mention  de  ce  nom ,  Se  qui  cite  S.  Grégoire  de  Na- 
zianze ,  doute  fi  on  ne  devroit  pas  lire  Nemea  ,  au  lieu 
de  Nemesa. 

2.  NEMESA,  rivière  qui,  félon  Aufone,  Mofel- 
la ,  v.  3J4.  fe  joint  au  Saur.  Ortelius  dit  qu'elle  s'ap- 
pelle aujourd'hui  le  Nyms. 

1.  NEMESIUM  ,  en  grec  ni/ulUiov  ,  ville  de  la  Mar- 
marique.  Ptolomée  /.  4.  c.  ;.  la  met  entre  Aùcis  Se 
Tifarchi. 

2.  NEMESIUM  ,  temple  de  la  Grèce ,  dans  l'Eoli- 
de.  Paufanias  /.  7.  c.  j.  dit  qu'il  étoit  bâti  fur  le  mont 

Pagus. 

NEMETA  ,  nom  d'une  fontaine  ou  d'une  rivière 
d'Espagne ,  félon  Maniai  »  Epigr.  49.  ad  Licinianum; 
mais,  au  lieu  de  Nemeta ,  quelques-uns  lifent  Ncmea 
Se  d'autres  Nutha. 

NEMETACUM.  Voyez.  Nimetacum. 

NEMETATI,  peuples  de  l'Espagne  Tarragonnoife, 
félon  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  qui  ne  leur  donne  qu'une 
feule  ville,  nommée  Volobriga.  Quelques  interprètes 
de  Ptolomée  lifent  Nemetani  pour  Nemetati. 

NEMETES, 


NEM 


NEM 


NEMETES  ,  peuples  du  diocèfe  de  Sj-iié,  puisque 
leur  ville  capitale  efl:  Noviomagus ,  félon  Ptolomée, 
ëc  que  cecte  Noviomagus  répond  à  Spire  ,  fuivant  les 
itinéraires  romains.  Du  cenis  de  Cefar ,  ces  peuples 
«toient  des  deux  côtés  du  Rhin.  Il  dit  que  la  ioiCt 
Hercynienne,  qui  traverlbit  toute  la  longueur  de  la 
Germanie,  commençoit  ab  Hclvetiorum,  Rauracorum 
(y*  Nemetum  fi.iibus  ,  fur  les  confins  de  la  Suifle  ,  de 
Bile,  de  l'Aiface  6c  du  palatinat  du  Rhin.  Tous  ces 
peuples  ont  donc  occupé  ce  qui  en:  deffus  6c  au-delà 
du  Rhin  ,  jusqu'aux  montagnes  qui  l'épatent  l'Alface 
de  la  Suabe ,  dans  l'endroit  où  commence  la  foret  Noi- 
re ,  que  les  Romains  appelioient  dans  ce  quartier  Mar- 
ciana.  Sylva ,  laquelle  eit  le  commencement  de  l'an- 
cienne foret  Hercynienne.  Ces  peuples,  naturels  Ger- 
mains d'au-delà  du  Rhin ,  étoient  habitués  dans  cette 
partie  de  la  Gaule  Belgique  ,  un  peu  avant  l'anivée  de 
Céfar  dans  les  Gaules.  Durant  toutes  les  guerres  qu'il 
fit  dans  Ls  Gaules,  on  ne  voit  les  Nemetes  que  dans  les 
troupes  d' Ariovijl  us  joi  des  Germains,  6c  jamais  unis  aux 
Gaulois.  *  Sanfon  ,  Remarques  fur  l'ancienne  Gaule. 

NEMETOBRIGA,  ville  des  Tiéuri ,  dans  l'Espagne 
Tanagonnoife ,  félon  Ptolomée,  l.  2.  c.  G,  Quelques 
uianufcrits  de  l'itinéraire  d'Antonin  écrivent  Ni-.meto- 
brica  ,  ëc  tous  les  exemplaires  la  placent  fur  le  che- 
min de  Bracara  à  Afturica/-,  entre  Pr&fidium  ëc  Fo- 
rum ,  à  treize  milles  de  la  première,  &  à  dix-neuf  mil- 
les de  li  féconde.  Il  y  en  a  qui  veulent  que  ce  foit 
aujourd'hui   Val  de  Ncbro. 

NEMETOŒNNA  ou  Nemetocerna  :  Nemetocer- 
rta.'/i  cvllucat  CliiVerius  in  Bellovacis  (dit  le  père  Lab- 
bc)  quibuidam  (celt  de  nous  qu'il  entend)  efi  Arras 
Monda  Gand ,  Boiiïllo ,  Narnur.  Ego  ver  à  hic  vn.t%u.  Le 
père  Labbe  ,  dit  Sanfon  ,  Remarques  fur  la  carie 
de  l'ancienne  Gaule  ,  fe  trouve  ici  bien  empêché  ,  par- 
ce qa'il  rencontre  diverfes  opinions;  quand  il  ne  faut 
que  copier  le  travail  d'autrui ,  cela  ne  l'empêche  pas 
tant.  Ce  géographe  ajoute  qu'il  a  montré  dans  fon 
traité  de  Britama  ou  Abbeville  ,  que  Nemetocenna  efl 
dans  ie  Belgium  ,  6c  précifément  dans  l'Artois ,  qu'il 
le  prouve  par  Céfar  même ,  que  c'eft  la  même  ville 
que  les  itinéraires  romains  appellent  Nemetacum  6c 
qu'ils  placent  entre  Teruanna  ,  Samarobriva  6c  Baga- 
cum ,  entre  Terouenne,  Amiens  ,  6c  Bavay ,  ce  qui 
ne  peut  répondre  ailleurs  qu'à  Arras. 

NEMETURI.  Voyez.  Nementuri. 

i.  NEMEUS  ou  Nem^.us.   Voyez.    Nemea  ,  n°  3. 

2.  NEMEUS,  Mons  Cieonensium  ou  Deinonen- 
tium.  C'en:  ainfi  qu'on  lit,  félon  Ortelius ,  Thcjaur. 
dans  les  divers  exemplaires  de  Vibius,  6c  d'autres 
écrivent  Nem&us  par  une  diphthongue  ,  6c  Clionenfium 
pour  Clcvnenfîum;  mais  il  y  a  apparence  que  toutes  ces 
orthographes  fontvicieules,  &  qu'il  faut  lire  Nemeus 
mons  Cleonensium  -,  car  la  ville  de  Nemée  n'étoit 
pas  éloignée  de  celle  de  Cléonis  :  on  la  trouve  dans 
l'Argie,  contrée  du  Péloponnèfe. 

NEMIA  ,  ville  deTheffalie  ,  félon  Ortelius  Thcfaur. 
qui  cite  le  grand  Etymologique. 

NEMI/EUM  ,  montagne  du  Péloponnèfe  ,  félon  Pha- 
vorin ,  Lexic. 

NEMINIA  ouNeminie,  fontaine  d'Italie ,  dans  le 
territoire  des  peuples  Reatini.  Pline,  /.  2.  c.  103.  fait 
mention  de  cette  fontaine  i  il  dit  qu'elle  fortoit  tan- 
tôt d'un  endroit ,  tantôt  d 'un  autre ,  6c  qu'elle  mar- 
quoit  la  fertilité  ou  la  ftérilité  de  l'année. 

1  NEMISCO,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  nouvelle  France.  C'eft  une  grande  rivière  qui 
part  du  grand  lac  de  Miflafin  ,  à  cent  lieues  au  nord 
de  Québec  ;  elle  traverfe  le  lac  de  Nemisco,  &  fe  rend 
dans  le  fond  de  la  baie  d'Hudfon  ,  au  bas  de  la  côte 
orientale  après  un  cours  de  foixante  à  foixante-cinq 
lieues  à  travers  des  montagnes.  De  cette  rivière  on 
peut  communiquer  en  canot  au  fleuve  de  S.  Laurent 
par  la  rivière  de  Kokigaou  \  on  va  du  lac  de  Miftafin 
dans  le  l?c  de  S.  Jean;  6c  du  lac  de  S.  Jean  par  la 
rivière  du  Saguenay  ,  on  descend  dans  le  fleuve  de  S. 
Laurent  auprès  de  Tadoufiac.  *  Atlas,  Rob.  de  Vangondy. 

1.  NEMISCO,  lac  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  nouvelle  Fiance.  11  ett  formé  par  les  eaux  de 


J2.I 


h  rivlerè  de  même  nom ,  environ  aux  deux  tiers  de 
fa  courfe. 

NEMITZI,  peuple  de  la  Gaule,  félon  Ortelius, 
Thejaur.  qui  cite  Zonare.  H.  Wolfius  croit  que  ce 
font  les  Nemetes. 

NEMORENSIS  AGER.  Voyez.  Tkivije. 
NEMORENSIS  LACUS.  Voyez.  Tribus, 
NEMOS  ville  du  Latium,  félon  Appien,  ;.  Civiliumi 
NEMOSSUS,  ancienne  ville  des  Gaules,  fur  la  Loi- 
re 6c  la  capitale  des  Arverni ,  félon  Strabon  ,  /.    4.   pi 
191.    Lucain,  Pharfal.    I.   1.  v.  419.    paile  aulli  de 
cette  ville.  On  croit  communément  que  c'elt  l'Augu- 
Jlcmeneium  de    Ptolomée,  /.    2.   c.    7.   ce  qui  a  faic 
croire  à  Cafaubon  qu'il  faut  lire  nifvfloc  dans  Strabon 
au  lieu  de  mptaWç  :  il  le  fonde  fur  ce  qu'il  efl   allez 
ordinaire  aux  copifles  de  même  un  u  pour  un   t  6c  de 
changer  le  double  t7  en  double  a<r.  On  a  aulli  cru  de- 
voir faire  un  changement  dans  le  419  vers  du  premier 
livre  de  la  Pharfale  de  Lucain ,  au  lieu  de  tune   rura. 
NemoJJi ,    les  uns  lifent   tune  rura  Nernetis;    d'autres 
pour  Nemo/Ji  ont  écrit  Monethis ,  ou  Nanttii  ou  Me- 
né tis. 

NEMOURS,  Ncmus ,  ville  de  1  Me  de  Fran- 
ce, fur  la  rivière  de  Loing ,  a  quatre  lieues  de  Fon- 
tainebleau 6c  à  dix-huit  de  Paris  (  a  ).  On  la  nomma 
anciennement  Nemox  ,  6c  Ncmoux  en  hançois  ,  ëc  de 
ce  dernier  on  a  fait  le  nom  moderne  Nemours.  Quel- 
ques-uns l'ont  appellée  Nemojïum  6c  Nemoftim ,  mais 
ces  noms  font  corrompus*  Celui  de  Nemus  lui  aveie 
été  donné ,  parce  qu'elle  étoit  fuuée  dans  la  forêt  de 
Bière  ou  de  Fontainebleau  :  aujourd'hui  que  l'on  a 
coupé  une  partie  de  cecte  forêt ,  Nemours  fe  trouve 
entre  les  forets  de  Fontainebleau  &  de  Montargis , 
mais  plus  près  de  la  première  que  delà  dernière.  Elis 
efl  entre  deux  collines  (b) ,  dans  l'endroit  où  étoit  la 
ville  de  Grex  du  rems  de  Céfar.  On  a  trouvé  depuis 
peu  du  côté  dufauxbourg  S.  Pierre,  les  fondemens des 
murailles  6c  des  fortifications  de  cette  ancienne  ville. 
Nemours  a  commencé  par  un  château  qu'on  nommoic 
Nemus.  Il  étoit  bâti  dans  une  ifle  que  forme  le  Loing, 
6c  n'étoit  point  fermé  de  murailles.  Ce  château  n'a 
pas  aujourd'hui  grande  apparence.  11  y  a  quelques  tours 
fort  hautes  qui  fervent  de  priions.  La  ville  fe  forma 
peu  à  peu  quand  la  terre  eut  été  érigée  en  duché. 
Dans  la  grande  rue  efl  un  marché  couvert ,  &  la  pa- 
roifle  de  la  ville,  appellée  le  prieuré  de  S.  Jean ,  lequel  fut 
fondé  par  Louis  VII ,  à  fon  retour  de  Jerufalem.  Ce 
prince  le  dota  de  grands  revenus  8c  lui  donna  une 
partie  de  la  mâchoire  fupérieure  de  S.  Jean  i  il  aveie 
obtenu  cette  relique  de  l'évêque  de  Sébafle  (c).  Le 
prieuré-cure  6c  la  paroifle  appartiennent  à  l'ordre  de 
S.  Auguflin  ,  ayant  été  mis  dès  le  tems  de  leur  fonda- 
tion fous  le  patronage  du  monaftere  des  chanoines 
réguliers  de  S.  Jean  de  Sébafle  en  Arménie,  qui  a 
été  détruit ,  comme  tous  les  autres  du  même  pays ,  par 
les  Mahométans.  Le  couvent  des  religieufes  de  Ste 
Marie  (d)  efl  un  bâtiment  neuf  6c  beau.  Dans  le 
fauxbourg  de  S.  Pierre  efl  une  autre  églife  paroifliale , 
fous  l'invocation  de  ce  prince  des  apôtres.  Tout  au- 
près efl  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  deCîteaux  ;  on 
l'appelle  Notre-Dame  de  la  Joie ,  6c  on  y  voit  quel- 
ques tombeaux  des  anciens  feigneurs  de  Nemours  (a)t 
Hadr.  Valefti  Not.  Gall.  p.  372  (b)  Piganiol ,  De- 
feriptionde  la  France,  tom.  3.  p.  99.  (c)  Longuerue  t 
Defcription  de  la  France,  part.  1.  page  29.  (d)  Pi- 
ganiol, p.  ico. 

Il  y  a  dans  cette  ville  un  bailliage  royal,  établi  par 
François  I  ,  en  1524.  Il  efl  régi  par  la  coutume  de 
Louis  rédigée  en  153  I.  malgré  les  oppofitions  qu'y  for-' 
merent  les  députés  de  la  ville  de  Sens.  On  compte 
cinq  prévôtés  royales  dans  le  reflbre  de  Nemours  j 
ce  font 


Château-Landon ,       Cheify , 
Pont-fur-Yonne  î         Lorrey, 


Vaux. 


Le  commerce  du  pays  fe  fait  en  bleds,  farines,  vins 
&  fromages  qu'on  vend  à  des  marchands  des  enviions , 
ou  qu'on  transporte  à  Patis  par  la  rivière  de  Seine , 
mais  il  n'y  a  aucune  manufacture. 

Tom.  IV.  V  «1  a 


NEO 


5*22, 

François  Hedciin,  connu  fous  le  nom  d'abbé  d'Atibi- 
gnac  ,  etoit  né  à  Nemours  ,  dont  le  père  écoit  lieu- 
tenant général.  Il  mourut  en  1673.  La  pratique  du 
théâtre  eft  celui  de  fes  ouvrages  qui  lui  a  fait  le  plus 
d'honneur. 

Nemours  a  eu  autrefois  fes  feigneurs  particuliers,  qui 
n'avoient  d'autre  qualité  que  celle  de  chevaliers  ;  8c 
ce  fut  d'eux  que  le  roi  Philippe  le  Hardi,  fils  de  S. 
Louis,  l'acquit  vers  l'an  1176.  Le  roi  Charles  VI ,  vou- 
lant récompenfer  Charles,  roi  de  Navarre  ,de  fes  droits 
fur  le  comté  de  Champagne  Se  d'Evreux  ,  lui  donna 
entr'autreschofes  Nemours.  *  Longucrue ,  pag.  29. 

Ce  roi  de  Navarre  étant  mort  l'an  141;  ,  Blanche 
fa  fille  &  femme  de  Jean  ,  prince  de  Caltille  ,  laquelle 
avoit  hérité  des  terres  que  fon  père  avoit  en  France , 
prit  le  parti  des  Anglois  l'an  1425  ,ce  qui  lui  fit  con- 
fisquer fon  bien  ,  dont  Charles  VII  jouit  jusqu'à  fa 
mort. 

Blanche  avoit  eu  une  fille  ,  nommée  Beatrix,  qui  épou- 
fa  Jacques  de  Bourbon,  comte  de  la  Marche,  dont  elle 
n'eut  qu'une  fille  ,  appellée  Eléonore,  qui  époufa  Ber- 
nard d'Armagnac  ,  dont  le  fils  Jacques  d'Armagnac  fut 
mis  en  polleflion  de  Nemours  &  de  plufieurs  aunes 
terres  fousCharles  VIII.  Jean,  fils  de  Jacques ,  eut  une 
fille,  nommée  Mai  guérite,  qui  époufa  Pierre  de  Rohan 
de  Gié ,  maréchal  de  France  ,  lequel  étant  mort  fans  en- 
fans ,  Louis  XII  donna  Nemours  à  fon  neveu  Gallon 
de  Foix,  Se  l'érigea  en  duché-pairie  l'an  1507,1a  pre- 
mière érection  que  Chailcs  VI  en  avoit  faite  ayant 
été  fupprimée.  Après  la  mort  de  Gallon  8e  celle  de 
Louis  XII ,  ce  duché  fut  donné  par  François  I ,  l'an 
1  j  15  ,  à  Julien  de  Médicis,  frère  de  Léon  X ,  6e  enfuite 
ce  même  roi  donna  ce  duché  à  Louife  de  Savoye  fa 
mère  :  elle  le  fit  transporter  à  Philippe  de  Savoye  fon 
frère,  comte  de  Genevois,  fur  la  fin  de  l'an  152.8;  mais 
par  arrêt  du  parlement  du  22  Février  1531,  le  duché 
de  Nemours  fut  réuni  à  la  couronne  ,  quoique  Jacques 
de  Savoye  ,  fils  de  Philippe ,  prît  toujours  le  titre  de  duc 
de  Nemours.  Charles  IX  ,  l'an  1570  ,  pour  récompen- 
fer Renée  de  France ,  ducheffe  de  Ferrare ,  de  fes  pré- 
tentions fur  la  fucceffion  d'Anne  de  Bretagne  fa  mère, 
donna  à  cette  ducheffe  de  Ferrare ,  le  duché  de  Ne- 
mours ,  qu'elle  transporta  à  Anne  d'Eft  fa  fille  Se  à  Jac- 
ques de  Savoye ,  duc  de  Nemours  fon  gendre ,  qui  laiffa 
ce  duché  à  fes  fucceffeurs.  Les  deux  derniers  ducs  de 
cette  mai  fon  étant  morts  fans  enfans  mâles ,  Louis  XIV  , 
retira  ce  duché  qu'il  a  donné  à  fon  frère  Philippe  ,  & 
qui  eft  poffedé  aujourd'hui  par  monfieur  le  duc  d'Or- 
léans. 

NEMRA  ou  Nimra  ,  ville  de  la  tribu  deGad  ,  ou 
plutôt  de  la  tribu  de  Ruben  ,  à  1  orient  de  la  mer  Mor- 
te. Eufébe  ,  fur  le  nom  Nebra  ,  dit  qu'il  y  a  un  grand 
bourg  dans  la  Batanée  ,  nommé  Nabara.  Dom  Calmer , 
DiEL  ne  doute  pas  que  Nimra  ,  Nimra ,  Nimrim , 
Nemrim  Se  Beth-Ntmra  ne  foient  la  même  ville.  Jé- 
rémie  parle  de  Nemrim  Se  de  fes  belles  eaux.' Ifaïe  fait 
aufli  mention  des  eaux  de  Nemrim,  Se  faint  Jérôme, 
in  If.  15.  6.  dit  que  Nemrim  eft  fituée  fur  la  mer 
Morte  ;  il  ajoute  que  fon  nom  de  Nemrim  vient  de 
l'amerrune  de  fes  eaux  qui  n'ont  contracté  cette  qua- 
lité que  depuis  la  défolation  de  cette  ville  ,  qui  a  été 
annoncée  par  les  prophètes  Ifaïe  Se  Jcrémie. 

NEMRIM.  Voyez.  Nebrim  Se  Nemra. 

NEN  ,  NEANE  ou  Neyne  ,  rivière  d'Angleter- 
re. Voyez.  Nyn. 

NENSIA  ,  en  grec  N-'t-o-a  3  ville  de  l'Afrique  propre. 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  la  met  au  nombre  des  villes  qui  font 
entre  celles  de  Thabraca  Se  le  fleuve  Bagrada. 

NENTIDAVA  ,  ville  de  la  Dace  ,  félon  Ptolomée, 
/.  3.  c.  8.  &  l'une  des  plus  confidérables  de  cette  pro- 
vince. On  veut  que  ce  foit  la  ville  que  les  Allemands 
appellent  Nofenftadt ,  &  que  les  Hongrois  nomment  Bi- 
ftrick. 

NEO  A.  Vbyez.  Neva. 

1.  NEOCASTRO  ,  bourg  de  la  Morée  ,  fur  la  cô- 
te du  Bclvcder  :  on  l'appelle  aufli  Aliarcho ,  mot  cor- 
rompu d' Al'nirtits ,  nom  qu'il  portoit  autrefois.  Il  eft 
fitué  à  fix  lieues  d'Arcadia  vers  le  nord.  *  Atlas  de 
W~it. 

2.  NEOCASTRO  ,  ou  Nouveau  Chatsau  ,  for- 


NEO 


tereffe  de  la  Romanie  ,  fur  le  promontoire  Hermatus , 
à  deux  ou  trois  lieues  au  nord  de  Conftantinople. 
Calchondyle  écrit  mal-à-propos  que  cette  forterefle  eft 
fituée  fur  la  Propontide  ,  puisqu'il  dit  lui-même  qu'elle 
eft  au  milieu  du  Bosphore.  Cet  auteur  nous  apprend 
par  qui  ce  château  a  été  bâti.  Au  commencement 
du  printems  ,  dit-il  ,  Mechmet  ,  fils  d'Amurat  ,  bâtit 
auprès  de  la  Propontide  ,  dans  l'endroit  où  le  trajet 
du  Bosphore  ,  pour  pafîèr  de  l'Afic  en  Europe ,  eft  le 
plus  étroit  ,  une  forterefle  qui  fut  appellée  L&mccopien  ; 
Se  y  ayant  auftitôt  appelle  des  Afiariques  Se  des  Euro- 
péens j  à  qui  il  dilhibua  des  emplacemens  pour  bâtir 
«les  maifons  ,  il  confomma  dans  peu  de  tems  fon  ou- 
vrage. Le  deffein  qu'il  eut ,  en  élevant  cette  forterefle  , 
fut  d'affiner  le  paffage  du  Bosphore  ,  &  d'empêcher 
que  les-  peuples  de  l'Europe  n'en  puffent  faire  le  tra- 
jet pour  aller  recommencer  la  guerre  en  Afie  :  d'ail- 
leurs il  prévoyoit  qu'elle  lui  feroit  d'un  grand  fecours 
pour  le  fiége  de  Conftantinople.  Les  murailles  furent 
flanquées  de  trois  tours  les  plus  grandes  qu'on  eût  en- 
core vues  :  deux  regardoient  le  continent  ,  la  troifié- 
me  étoit  du  côté  de  la  mer  ,  Se  elles  furent  toutes 
trois  couvertes  de  plomb.  L'épailTeur  des  murs  de  la 
place  eft  de  vingt-deux  pieds  ,  Se  celle  des  tours  de 
trente-deux.  L'ouvrage  fut  porté  à  fa  perfection  dans 
l'espace  de  trois  mois.  Depuis  ce  tems  les  Turcs  y 
ont  toujours  tenu  une  forte  garnifon.  Us  Ce  fervent 
aujourd'hui  de  ces  tours  pour  y  renfermer  les  prifon- 
niers  de  conféquence  qu'ils  font  fur  les  Chrétiens  pen- 
dant la  guerre.  11  ne  peut  demeurer  que  des  Turcs  dans 
cette  forterefle  ,  non  plus  que  dans  les  maifons  qu'on 
a  bâties  au  dehors  furie  rivage,  dans  un  espace  de  pr,ès 
de  quatre  cens  ftades.  Rob.  de  Vaugondy  ,  Atlas ,  appelle 
cette  forterefle  les  nouveaux  Châteaux  ,  fans  doute 
parce  qu'il  y  a  'une  autre  forterefle  oppofée  à  celle-ci 
de  l'autre  côté  du  Bosphore.  *  Gyllius  ,  de  Bosphoro 
Thracico,  p.  165». 

1.  NEOCÉSARÉE  ,  ville  de  la  province  du  Pont  , 
comprife  allez  fouvent  dans  la  Cappadoce  ,  fituée  fur 
la  rivière  de  Lyque ,  Se  appellée  par  divers  auteurs  Ha- 
drianopolis.  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  6.  la  place  dans  les 
terres  ,  entre  Ablata  Se  Saurania.  Elle  fut  érigée  en 
évêché  dans  l'année  240 ,  par  Phédime  ,  évêque  mé- 
tropolitain d'Amafée  ,  qui  y  établit  S.  Grégoire  Thau- 
maturge pour  premier  évêque.  Cette  ville  ,  que  les 
Grecs  aujourd'hui  nomment  Nixar,  d'un  mot  abrégé  ou 
corrompu  de  Neocéfarée  ,  Se  que  les  Turcs  appellent 
Tocate ,  étoit  alors  métropole  civile  de  la  province  du 
Pont ,  dite  Polémoniaque  ,  Se  elle  devint  enfuite  mé- 
tropole pour  le  gouvernement  eccléfiaftique.  Elle  étok 
célèbre  par  fon  commerce  ,  Se  fort  peuplée;  mais  tout 
y  étoit  encore  païen  ,  Se  S.  Grégoire,  en  y  entrant, n'y 
trouva  que  dix-fept  Chrétiens.  Sainte  Macrine  ,  grand- 
mere  de  S.  Bafile  le  Grand  ,  étoit  de  ce  lieu.  S.  Troa- 
de,  Se  plufieurs  autres ,  furent  martyrifés  en  cette  ville 
durant  la  perfécution  de  l'empereur  Dece.  *  Baillet  , 
Topogr.  des  Saints,  p.  338. 

2.  NEOCÉSARÉE ,  ville  de  la  Bithynie  ,  félon  Orte- 
lius ,  Thefaur.  qui  cite  Suidas  Se  Etienne  le  géographe. 
Elle  étoit  différente  de  Neocéfarée  de  Cappadoce. 

3.  NEOCÉSARÉE  ,  ville  de  Syrie  ou  de  l'Euphra- 
tenfe.  La  notice  des  dignités  de  l'Empire ,  fetl.  24.  en 
fait  mention  en  ces  termes  :  Equités  Mauri  Illyricianï 
Neocxfareœ. 

4.  NEOCÉSARÉE  ,  ville  d'Afie ,  fur  le  bord  de 
l'Euphrate  ,  fclon  Ortelius  ,  qui  cite  l'hiftoire  Tripar- 
tie Se  Callifte  ,  qui  dit  que  fon  évêque  préfida  an  con- 
cile de  Nicée  ;  ce  pourroit  être  la  même  que  celle 
dont  fait  mention  la  notice  des  dignités  de  l'Empire. 
Voyez,  l'article  précédent. 

5.  NEOCÉSARÉE  ,  ville  de  Mauritanie,  félon 
le  martyrologe  :  elle  donna  la  naiffance  à  S.  Sévé- 
rian. 

NEOCL AUDIOPOLIS,  ville  de  Paphlagonie.  Pro- 
lomée  ,  /.  5.  p.  8.  la  place  dans  les  terres,  entre  Co- 
nica  Se  Sabanis.  Elle   eft  auflî  appellée  AndRapa. 

NEOCNUS.  Voyez.  Neognus. 

NEOCORES.  On  donnoit  ce  nom  chez  les  Grecs 
à  ceux  qui  prenoienr  le  foin  des  temples  communs  à 
toute  une  province  ,  6e  dans  lesquels  on  s'affemWcii 


NEO 


à  l'occafion  des  jeux  publics.  La  charge  de  Ncocore 
xépondoit  à  peu  près  à  celle  de  Marguillier  ;  mais 
comme  dans  la  fuite  on  s'avifa  de  déifier  les  empe- 
reurs ,  les  villes  qui  demandèrent  qu'il  leur  fût  permis 
de  leur  drefler  des  temples  ,  acquirent  auflï  le  nom  de 
Néocores.  Par  exemple,  la  légende  d'une  médaille  du 
vieux  Valérien  ,  marque  que  la  ville  d'Ancyre  étoit  deux 
fois  Néocore.  Elle  reçut  cette  dignité  pour  la  premiè- 
re fois  fous  Caracalla  ,  &  pour  la  féconde  fois  fous 
Valérien  le  vieux.  Le  revers  de  cette  médaille  repré- 
fente  trois  urnes  ,  de  chaque  côté  desquelles  forcent 
deux  palmes.  Voici  la  légende  :  ANKTPA2  MHT.  B.  N. 
c'eft-à-dire ,  Ancyra  Metropolis  bis  Neocora.  Cette  re- 
marque elt   de  Tournefbrt  ,  Voyage   du  Levant ,  lett. 

21. 

NEOCORIA  ,  village  dans  la  Béotle  ,  an  pied  du 
mont  Zagara  ou  Hélicon.  Neocoria  veut  dire  nou- 
veau village.  *  Whcler  ,  Voyage  de  Grèce  ,  t.  2.  1. 
3.  p.  50;. 

NEOCRETES.  Pline  ,  /.  37.  c.  40.  Se  Polybe  ,  /. 
5.  c.  6y.  parlent  d'un  peuple  de  ce  nom.  11  y  a  appa- 
rence qu'il  étoit  de  l'ifle  de  Crète. 

NEOCUM.  Voyez.  Moradunum. 

NEODA.  Voyez.  Netad. 

NEODUNUM  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Bretagne , 
félon  Grégoire  de  Tours ,  Hijtor.  I.  2.  Ortelius ,  'fhc- 
faur.  croit  que  c'efl  Dol  ,  ou  ,  comme  lit  Cenalis,  £)<«//, 
qui  anciennement  a  été  appelle  Neodunum. 

NEOGIALA  ou  Neogilla  ,  port  de  l'Arabie  Heu- 
reufe.  Ptolomce  ,  /.  6.  c.  7.  place  Neogilla  Navale 
dans  le  golfe  Sachalite  ,  entre  le  village  d'Ajha  & 
Hormani  fiuv.  Ofiia. 

NEOGNUS  ,  fleuve  aux  environs  de  la  Colchide  ,  à 
ce  que  croit  Ortelius  ,  Tbefaur.  qui  cite  Agathias  i  mais 
les  manuferits  grecs  portent  kiokvoç. 

1.  NEOMAGUS.  Ce  mot  hybride  eft  compofé  du 
grec  6c  du  gaulois ,  8c  donné  à  diverfes  villes  ou  bourgs 
de  France ,  des  Pays  bas  8c  d'Allemagne ,  8c  même  en 
Angleterre  à  la  ville  de  Chichefter. 

2.  NEOMAGUS  ,  NOVIMACUS  ou  Novioma- 
cus  ,  ville  des  Regni ,  peuples  de  l'ifle  d'Albion  ,  félon 
Ptolomée,  /.  2.  c.  3.  L'itinéraire  d'Antoniu  la  marque  fur 
la  route  du  retranchement  au  port  Ritupœ  ,  entre  Londi- 
nio  8c  Vagniacis  ,  à  dix  milles  de  la  première  Se  à 
dix-huit  milles  de  la  féconde.  Cambden  croit  que  c'eft 
aujourd'hui  Wooicote  ,  8c  une  ancienne  8c  confiante 
tradition  veut  qu'il  y  ait  eu  autrefois  une  ville  dans  cet 
endroit.  Diverfes  chofes  appuient  cette  opinion.  On 
y  voit  de  vieilles  mafures  ,  des  tuiles ,  des  rues ,  des 
fondemens  de  murailles  ,  des  pierres  taillées  ,  &  une 
grande  quantité  de  puits  fort  près  les  uns  des  autres,  & 
d'une  profondeur  incroyable  ,  û  l'on  en  juge  du  moins 
par  celle  d'un  d'entr'eux  :  les  laboureurs  rencontrent 
fouvent  des  pierres  polies,  pour  peu  qu'ils  creufent  dans 
le  voifinage  ;  enfin  la  fituation  de  ce  lieu  convient 
fi  fort  avec  la  difiance  marquée  par  l'itinéraire  d'Anto- 
nin  ;  qu'on  ne  peut  guère  fe  dispenfer  d'y  placer  Neo- 
magus.  La  pofition  que  Ptolomée  donne  à  Neoma- 
gus  convient  aufli  bien  que  celle  que  marque  Auto- 
nin  ,  car  il  met  Neomagus  après  les  peuples  Cdntia- 
ni  8c  chez  les  Regni  ou  Reïerfes.  On  peut  même  dire 
que  fi  on  change  une  lettre  dans  le  nom  Pnyim  ,  8c  que 
l'on  écrive  Pvyvvs ,  on  y  verra  le  nom  de  l'ancien  peu- 
ple Regni  ,  comme  il  s'en  conferve  encore  quelques 
traces  dans  les  noms  modernes  de  Suth  Rie  ,  de  Rei- 
gate  8c  de  Rye.  *■  Gale  ,  dans  fon  commentaire  fur  Anto- 
nin,  p.  73. 

3. NEOMAGUS  NEMETUM.  Voyez,  Noviomagus 
Nemetum. 

4.  NEOMAGUS  ou  Novtomagus  Batavorum 
(  a  )  ,  ancienne  ville  de  la  féconde  Germanie ,  fur  la 
rive  gauche  du  Wahal  ,  à  l'extrémité  de  la  Gaule.  La 
table  de  Peutinger  ,  Segment.  1.  eft  le  plus  ancien 
monument  qui  foffe  mention  de  cette  ville  ;  elle  la 
met  fur  le  Rhin,  entre  caftra  Hercuïis  8c  Arenatio  ,  à 
huit  milles  du  premier ,  8c  à  douze  milles  du  fécond. 
Cependant  quelques-uns-  prétendent  que  Tacite  ,  Htjl. 
L  5.  c.  19.  l'a  connue,  8c  que  c'eft  elle  qu'il  a  indi- 
quée fous  le  nom  d'oppidum  Batavorum  (b)  ,  jugeant 
qu'elle  étoit  fuftifamment  défignée  par  le  titre  de  eapi- 


NEO        J23 

taie  du  pays.  Tous  les  géographes  ne  s'accordent  pas 
néanmoins  à  lui  donner  ce  titre  de  capitale  des  Bata- 
ves  :  on  peut  voir   à  l'article  Batavodurum  ,  n°  1. 
que  Cluvier  donne  ce  titre  à  une  autte  place.  Dans  les 
fiécles  fuivans  cette  ville  fut  plus  connue  (c).  Charle- 
magne  y  fit  bâtir  un  palais  royal  :  Inchoavit ,  dit  Egin- 
hard  ,  &  palatia  operis  egregii ,   unum  haud  longé  à 
Moguntiaco  ,  juxtà  villam  cid  nomen  efl  Ingelheim  ,  al- 
ler um  Noviomagi  fuper  Vahalem  fluvïum.  Le  même  au- 
teur ajoute  que  ce  prince  célébra  la  pâque  à  Novioma- 
gus  en  777,  qu'il  j  pana  le  carême  ,  8c  y  fit  pareille- 
ment la  pâque  en  806.  Qu'en  817  l'empereur  Louis 
le  Débonnaire  s'y  rendit  8c  y  prit  le  divertifiement  de 
la  chafle  \  8c  qu'en  821 ,  le  même  empereur  y  convo- 
qua une  diète   au  mois  de   Mai.  Les  autres  écrivains 
la  nomment  Niumagus  ,  Niumagum  ,  Niumaga  ,  Nio- 
maga  ,  Neomagum   8c   Neumaga  ,   tous    noms    cor- 
rompus de  Noviomagus.  Dans  ce  pays  elle  a  été  ap- 
pellée  ,  tantôt  Nmmegen  ,  tantôt  Nimmegben  ,  Nime- 
gen  ,  ou  plus  communément   Nimmeguen.  Les  Fran- 
çois écrivent  8c  prononcent  Nimégue;  quelquefois  pour- 
tant ils  ont  écrit  Nimaye.  C'efl  aujourd'hui  la  capitale 
de  la  Gueldre  hollandoife.  Voyez,  Nimegue.  {a)  Ponta- 
mts ,  Hift.  Gelric.  {b)  Job.  Imith  ,  Oppid.  Batav.  c.  1. 
O)  Hadr.  Valefii  Not.  Gall.  p.  38;. 

1.  NEON  ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Phocide  ,  au- 
près du  Parnafle,  félon  Paufanias,  /.  ic.  c.  2.  8c  3.  8c 
Etienne  le  géographe.  Hérodote  ,  /.  8.  c.  3  2.  &  33.  fait 
auffi  mention  de  cette  ville. 

2.  NEON  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Berri ,  élection 
de  Blanc  :  il  a  82;  habitans. 

i.NEONTlCHOS,  ville  del'Eolide,  félon  Pline, 
/.  j.  c.  30.  &  Etienne  le  géographe.  Stiabon,  /.  13. 
p.6zi.  dit  qrfellc  étoit  éloignée  de  Larifle  de  vingt  fta- 
des  ,  8c  Hérodote  ,  in  Homero.  la  met  au  voifinage  du 
fleuve  Hermus. 

2.  NEONTICHOS,  ville  de  la  Phocide,  félon  Or- 
telius, Tbef.  qui  cite  Paufanias. 

3.  NEONTICHOS,  ville  de  Thrace ,  fur  la  Pro- 
pontide.  Ortelius  parle  de  cette  ville,  8c  cite  Xéno- 
phon. 

4.  NEONTICHOS,  ville  de  h  Carie.  Ptolomée, 
/.  ;.  c.  2.  la  place  entre  Ortbojia  8c  Bargaffd  ;  mais 
presque  tous  les  exemplaires  lifent  Neapolis  pour  Ncon- 
tiebos. 

NEOPACTUS.  Voyez,  Naupactus. 

NEOPAGUS ,  lieu  aux  environs  de  l'embouchure 
du  Rhin.  Ortelius ,  Tbef.  qui  cite  Hunibaldus ,  dit  que 
c'efl:  l'endroit  où  les  Franco-Galli  avoient  coutume  d'éli- 
re leurs  rois. 

NEOPOLICHNA  ,  ville  du  Péloponnèfe ,  félon  Or- 
telius ,  qui  cire  Calchondyle. 

NEOPOLIS.  Voyez,  Neapoli?. 

NEOP1VVTENSIS ,  Fiége  archiépiscopal  ,  dans  la 
Thefialie,  fuivanr  la  notice  de  l'abbé  Mi  Ion  ,  qui  lui  don- 
ne deux  fuffragans  i  favoir  les  évêques  de  Zaroconium 
&  de  Caflorie.  La  notice  de  l'évêque  de  Cathara  lui 
donne  des  fufiragans  au  pluriel ,  8c  n'en  marque  qu'un 
qu'elle  nomme  Lunacenfis  ou  Lauaten/îs.  Ce  fiége  s'ap- 
pelle Nespotrenfis.  On  trouve  parmi  les  évêques  Léo 
Neopatrenfîs. 

NEOPTANA  ,  rivage  de  la  Carmanie  ,  à  l'occident 
&  à  cent  fiades  du  fleuve  Anamis ,  félon  Arrien ,  in 
Induis  ,  c.  33. 

NEOPTOLEMI  Turris  ,  tour  à  l'embouchure  du 
fleuve  Tyra.  Strabon,  /.  7.  p.  305.  dit  qu'il  y  avoit  au- 
près un  village,  nommé  Uermonaclis. 

NEORIS,  ville  de  l'Ibérie  Afiatique,  félon  Pline, 
l.6.c.  10.  Peut-être  efi-ce  la  ville  oWpwa,  que  Ptolo- 
mée ,  /.  j.  c.  1 1.  place  dans  l'Ibérie. 

NEORIUM  Portum.  C'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  k 
defeription  de  Conftantinople ,  Région  fixiéme.*/»- 
certi  AuBoris. 

NEOS.  Voyez.  Nov^. 

NEOSTI,  ville  de  Syrie,  fuivant  Jofephe,  Anùquu. 
I.  4. 

NEOTENSES.  Ortelius,  trouvant  ce  mor  dans  Dé- 
mofthene  ,  foupçonneque  c'étoit  un  peuple  de  la  Béo- 
e. 

NEOTERIDIS  ,  contrée  des  Indes,  aux  environs  de 
lom.  IV.  V  u  u  ij 


tre. 


NEP 


724 

la  Gédroiïe.  Diodore  de  Sicile  la  place  au  voifinage  du 
fleuve  Indus. 

NEOTTIUM,  montagne  de  la  Némée,  félon  Pha- 
vorin  ;  mais  comme  le  nom  de  Némée  étoic  commun  à 
divers  lieux  ,  c'eft  ne  rien  expliquer. 

NEPA,  lieu  fortifié,  dans  quelque  quartier  de  la 
Syrie ,  fuivanc  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Guillaume 
de  Tyr. 

NÈPEIUM.  Voyez.  Nepias. 

NEPETA,  ville  d'Italie,  dans  la  Toscane.  Ptolomée, 
/.  3 .  c.  1.  là  mer  dans  les  terres ,  encre  Forum  Clau- 
dii  Se  Falerinum.  Tire-Live,/.  6.  c.  9.  &  Pline  écri- 
vent Nepet  Se  Nepete.  C'efl  aujourd'hui  la  ville  de 
Nepe  ou  Nepï ,  auprès  du  ruiffeau  Pozzolo  ,  encre  Ro- 
me Se  Viterbe.  Dans  les  décrets  du  pape  Hilaire  on  lit: 
Frojeflm  Nepefinus  episcepus.  On  lit  au  (fi  Nepejïnos  fur 
un  ancien  marbre.  *  Leand.  Alb. 

NEPHADOR  ,  lieu  ou  pays  de  la  Paleftine ,  fur  la 
Méditerranée  ,•  il  en  eft  parlé  au  croifiéme  livre  des  Rois , 
c.  4.  v.  1.  où  il  eft  die  que  Benabinadab  en  avoir  l'inten- 
dance. Ortelius  ,  'ïhefaur.  dit  que  Jofephe  l'appelle  Do- 
renSis  &  Littoralis.  Saine  Jérôme,  dans  Jofué ,  tra- 
duir  Ntphat-Dor  par  regionei  Dor  ,  les  cantons  de  Dor, 
ou  la  province  de  Dor. 

NEPHARIS.  Voyez.  Nepheris. 

NEPHELE,  c'eft-à-dire  ,  Nue.  Ortelius  dit  que  c'eft 
un  lieu  dans  les  montagnes  ,  ou  un  village  quelque  parr 
dans  la  Grèce  :  il  cite  pour  garant  Palephatus  dans  fes 
fables. 

NEPHELIDA  ,  promontoire  de  la  Cilicie.  Tite-Li- 
ve ,  /.  3  3 .  c.  20.  dit  qu'il  étoic  célèbre  par  une  ancienne 
alliance  des  Athéniens.  Voyez.  Nephelis. 

NEPHELIS,  ville  de  Cilicie,  félon  Prolomée , 
h  5.  c  8.  Elle  étoic  bâtie  fur  le  promontoire  Nephe- 
lida. 

NEPHEONIT7E  ,  peuples  de  la  Sarmarie  Afiatique, 
félon  Pline  ,  /.  6.  c.  7.  Au  lieu  de  Neophenitas  ,  le  père 
Hardouin  lit  Inap&os  ,  fans  marquer  la  raifon  de  ce  chan- 
gement. 

NEPHERIS ,  ville  de  l'Afrique  propre.  Scipion  la 
prie  après  vingt-deux  jours  de  fiége  :  elle  lui  fervic  beau- 
coup pour  le  fiége  de  Cairhage.  Scrabon  ,  /.  17.  p.  834. 
dit  que  de  cette  dernière  ville  à  Nepheris  il  y  avoir 
cent  vingt  ftades.  Nepheris  étoit  forte  par  fa  ficuation 
fur  un  rocher.  *  Appïan.  de  Bell.  Pun.c.  57. 

NEPHI.  C'eft  le  nom  que  plufieurs  donnoient  au 
lieu  où  Néhemie  trouva  l'eau  boueufe  ,  qui  éroir  dans 
le  puits  où  le  feufacré  avoic  été  caché  (a).  Les  exem- 
plaires varienc  fur  le  mot  Nephi  (b)  :  le  Syriaque  ôc 
le  Grec  de  l'édicion  romaine  lifent  Naphtaï  ;  le  manu- 
ferit  alexandrin  ,  ôc  les  autres  exemplaires  grecs  por- 
tent Nephtar.  (a)  IL  M.ichab.  1.  36.  {b)  Dom  Cal- 
me t ,  Diction. 

NEPHTALIM ,  ville  de  Judée  ,  à  trois  lieues  de 
Nafon  ,  du  côté  de  l'orient ,  Se  à  égale  diftance  de 
Dotaim,  du  côté  du  nord,  félon  le  moine  Brocardus. 
Il  ajoute  que  du  tems  de  la  deftruétion  de  Jerufalem  , 
elle  s'appelloit ,  à  ce  qu'on  croit,  Jonapa,  ôc  que  Beth- 
faïde  en  étoit  éloignée  de  trois  lieues.  Ortelius ,  The- 
faur. qui  cire  Poftellus  ,  dit  que  les  Arabes  la  nom- 
ment aujourd'hui  Sizir  ,  &  que  d'autres  l'appellent  Sy- 
rin  Se  Suziz.  *  Terrœ  fanflx  defer.  p.  16. 

NEPHTAR  (a).  C'eft  le  nom  que  Néhemie  donna 
au  lieu  où  avoir  été  caché  le  feu  facré  ,  Se  où  l'on 
trouva  une  eau  boueufe  ,  qui  ayant  été  répandue  fur 
le  bois  de  l'autel,  s'alluma  dès  que  le  foleil  commença 
à  paroître  (  b  ).  Ce  mot  peut  dériver  du  chaldéen  petir  ; 
c*eft  à-dire  pur ,  fans  mélange  ;  ou  en  lifant  Neephar  , 
il  dériveroir  de  l'hébreu  caphar  ,  expier  ,  purifier  , 
nettoyer,  (a)  Dom  Calmet  ,  Diction,  (b)  IL  Ma- 
chab.   1.    36. 

NEPHTHALI.  C'eft  le  nom  d'une  des  douze  tribus 
d'Ifra'el.Nephthali  étoit  le  fixiéme  fils  de  Jacob  &  de  Bala, 
fervante  de  Rachel.  Le  nom  de  Nephthali  vient  de  l'hé- 
breu Phatal ,  qui  fignifie  lutter  ,  combattre  ,  faire  ef- 
fort ,  fupplanter.  Lorsque  Rachel  lui  impofa  le  nom  , 
elle  dit  (a)  :  J'ai  lutté  contre  ma  fœur  par  une  lutte  de 
Dieu ,  Se  j'ai  remporté  la  victoire.  J'ai  combattu  contre 
elle  à  la  manière  des  lutteurs  ,  qui  cherchent  à  fe 
renverfer  ;  j'ai  fait  de  grands  efforts ,  ôc  je  fuis  enfin 


NEP 


fortie  victorieufe.  Nous  ne  favons  aucune  particula- 
rité de  la  vie  de  Nephthali  :  fes  fils  furent  (b)  Jaziel , 
Guni ,  Jezer  ôc  Sallem.  Le  patriarche  Jacob ,  dans  la  bé- 
nédiction qu'il  donne  à  fon  fils  Nephthali,  lui  die  (c); 
Nephthalieft  comme  uncerf  échapé,  il  parle  avec  beau- 
coup de  grâce*  La  plupart  des  rabbins  Se  des  commenta* 
teurs  expliquent  cela  de  Barac  ,  qui  éroit  de  la  rribu  de 
Nephthali  ,  ôc  qui  ayant  d'abord  témoigné  la  timidité 
d'un  cerf ,  en  refufanc  de  marcher  contre  les  Chana- 
néens  ,  à  moins  que  la  prophéteffe  Débora  ne  vint 
avec  lui  (d)  ,  imita  dans  la  fuite  la  vîteffe  d'un  cerf 
en  pourfuivanc  l'ennemi  :  il  fignala  fon  éloquence 
dans  le  beau  cantique  qu'il  compofa  avec  Débora  , 
pour  rendre  grâce  à  Dieu  de  fa  victoire.  («)  Gemj'. 
30.  8.  (b)  Ibid.  46.  24.  (c)  Ibid.  49.  21.  {d)  Judic* 

4-  S- 

Les  Septante  expliquent  autrement  le  texte  de  la 

Genèfe  :  Nephthali  eft  comme  un  arbre  qui  poulie 
des  branches  nouvelles  ,  ôc  dont  les  rejetons  font 
beaux.  Ce  fens  me  paroît  du  moins  aufii  bon  que  ce- 
lui qu'on  fuit  ordinairement.  Jacob  loue  la  grande  fé* 
condité  de  Nephthali  ôc  la  beauté  de  fa  race.  Nephthali 
n'eut  que  quatre  fils  ,  Se  cependant  au  fortir  de  l'E- 
gypte, fa  tribu  étoit  compofée  de  cinquante- trois  mille 
quatrecenshommescapables  de  porter  les  armes.  Moïfe, 
dans  la  bénédiction  qu'il  donne  à  la  même  tribu  ,  lui 
die  :  Nephthali  jouira  en  abondance  de  coûtes  chofes  ; 
il  fera  comblé  des  bénédictions  du  Seigneur  -,  il  poffé- 
dera  la  mer  ôc  le  midi  ,  c'eft-à-dire  ,  la  mer  de  Ge- 
nezareth ,  qui  étoit  au  midi  du  parrage  de  cette  tribu. 
Son  terrein  étoit  très- fertile  en  froment  Se  en  huile. 
Il  s'étendoit  dans  la  baffe  &  dans  la  haute  Galilée  , 
ayant  le  Jourdain  à  l'orient  ,  les  tribus  d'Afer  Se  de 
Zabulon  au  couchant  ,  le  Liban  au  feptencrion  Se  la 
tribu  d'Iffachar  au  midi.  *  Deut.  33.  23. 

La  rribu  de  Nephchali  étoic  campée  dans  le  défert 
au  feptencrion  du  Tabernacle  ,  entre  les  tribus  de- 
Manaffé  &  de  Dan  {a).  Après  le  partage  que  Jofué 
fie  de  la  eerre  promife ,  les  enfans  de  Nephthali  n'ex- 
rerminerenc  pas  rous  les  Chananéens  ,  qui  éeoient 
dans  leur  pays  (b)  :  ils  aimerenr  mieux  les  y  laiffer  Se 
leur  faire  payer  eribut.  Les  Nephthalites  ,  comme  les 
plus  avancés  vers  le  feptentrion  du  pays  ,  furent  aulîi 
des  premiers  emmenés  captifs  par  les  rois  d'Affyrie(c). 
Ifaïe  ,  9.  1.  leur  prédie  qu'ils  verronr  la  lumière  du 
Meifie  ,  Se  qu'ils  ferone  des  premiers  éclairés  de  l'évan- 
gile. En  effec  ,  norre  Sauveur  prêcha  plus  fouvenc 
Se  plus  long-cems  dans  la  Galilée  ,  Se  en  parciculier 
dans  lacribu  de  Nephthali  (d)  ,  que  dans  aucun  ancre 
endroic  de  la  Judée.  On  lie  dans  le  reftamenc  des  douze 
pacriarches ,  quelques  particularicés  de  la  vie  de  Neph- 
chali ,  Se  quelques  prédictions  qu'on  lui  accribue  ;  mais 
ce  livre  eft  reconnu  pour  apocryphe  ,  Se  il  n'eft  d'au- 
cune aueoriré  parmi  les  favans.  (a)  Num.  n.  2;. 
26.  27.  &c.  (b)  Judic.  1.  33.  (c)  IV.  Reg.  ij.  29. 
(d)  Matth.  4.  13.  1;. 

Les  villes  de  ceree  eribu  écoiene  crès-fortes  (  a  ) ,  ôc 
montoient  à  dix-neuf ,  félon  Jofué  ,  qui  n'en  marque 
néanmoins  que  feize  -,  favoir  , 


Affedin, 

A  rama , 

Magdalel , 

Ser  1 

Afor  , 

Horem  , 

Emath  , 

Cedès  » 

Bethanath , 

Reccath  , 

Edraï  , 

Bethfamès. 

Cenereth , 

Enhafor , 

Edema  , 

Jeron  , 

Quelques-uns  croient  que  pour  remplir  le  nombre 
des  dix  neuf  villes ,  il  faut  y  en  ajouter  trois  de  celles 
que  Jofué  (b)  met  aux  frontières  de  cette  tribu  ;  telles 
que  font 


Heleph  , 


Lecum , 


Hucuca. 


(  a  )  Jofué ,  1 9.  3 ;.  (  b  )  Ibid.  v.  3  2  &  34. 

NEPHTHOA.  La  fontaine  de  Nephthoa  étoit  dans 
la  tribu  de  Benjamin  (#).  On  moncre  aux  voyageurs 
(b)  une  fonraine  que  l'on  dir  être  celle  de  Nephthoa  , 
Se  près  de  laquelle  il  y  avoic  aucrefois  une  églife  dé- 
diée fous  l'invocacion  de  faint  Jean-Bapeifte  ;  parce  que 


NEP 


NEP 


l'on  croyoit  que  la  demeure  de  Zacharîe  Se  d'Eli- 
fabeth  avoic  été  en  ce  lieu  ,  Se  que  cette  fontaine 
leur  avoir  fervi.  (a)  Jojué  ,  ij-  5?.  (b)  Dom  Calmet , 
Diction. 

NEP1  ,  petite  ville  d'Italie ,  dans  le  patrimoine  de  S. 
Pierre  ,  fur  la  rivière  de  Triglia  ,  qui  fe  jette  dans 
le  Tibre  (  a  ).  Le  titre  cpiscopal  de  Sutri  ,  ville  aban- 
donnée à  caufe  du  mauvais  air  qui  y  règne  ,  a  été 
transféré  à  Népi  ,  autre  ville  dépeuplée  ,  Se  qui  ne 
vaut  guère  mieux.  La  feigneurie  (b)  avec  la  princi- 
pauté de  Camerin  ,  qui  appartenoient  aux  Farnèfes  ,  fu- 
rent données  au  faint  fiége  par  Pierre- Louis  Farnèfe  , 
en  échange  de  Parme  Se  de  Plaifance  ,  que  lui  donna 
le  pape  Paul  III ,  fon  père  ,  chef  de  la  maifon  de 
Farnèfe.  Ces  deux  feigneuries  étant  plus  voifines  de 
Rome  ,  croient  par  conféquent  plus  à  la  bienféance  de 
l'Eglife  ,  que  le  Parmefan  qui  en  étoit  plus  éloigné. 
(a)  Labat  ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  3.  p.  40.  (b)  lbid„ 
t.  2.  p.  245. 

NEPIAS,  en  grec  NimW ,  campagne  aux  environs 
de  la  ville  de  Cyzique  ,  dans  la  Myfie  ,  félon  Orte- 
lius  ,  Thefaur.  qui  cite  le  Scholiafie  d'Apollonius. 
Phavorin  lit  nmwhW. 

NEPISTA  ,  ville  de  la  Carmanie.  Ptolomée  ,  /.  6. 
f.  8.  la  place  dans  les  terres  entre  Thaspis  Se  Chodda. 
Ses  interprètes  écrivent  Nipifla. 

NEPOMUC  ,  château  du  royaume  de  Bohême  , 
dans  le  cercle  de  Pilfen.  C'eft  dans  ce  château  qu'eft 
né  S.  Jean  Nepomucéne  ,  que  l'empereur  Wenceslas 
V  fit  précipiter  dans  la  Moldaw  à  Prague  ,  pour  n'avoir 
pas  voulu  révéler  la  confeffion  de  l'impératrice. 

NEPOS  ,  nom  d'une  montagne  ,  félon  le  grand  Ety- 
mologique ,  qui  nous  dit  feulement  qu'elle  étoit  fans 
une  goutte  d'eau  ',  mais  il  ne  marque  point  où  elle  eft 
fituée.  *  Ortelius  ,  Thefaur. 

NEPR.  COL.  CARENORUM.  On  lit  fur  une 
médaille  de  l'empereur  Gordien  ces  mots  grecs  :  Nn-rp.  nox. 
xxpwu.  Cette  ville  pouvoit  être  aux  environs  de  la  Per- 
fide ,  où  étoient  les  peuples  Careni.  Voyez,  ce  mot. 
*  In  Goltzji  Thefaur. 

NEPTÈ  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  province  Byzacè- 
ne  ,  félon  Bailler ,  Topogr.  des  Saints ,  p.  634.  d'où  étoit 
évêque  faint  Laetus ,  martyrifé  l'an  484  ,  fous  les  Van- 
dales. 

NEPTOA.  Voyez.  Nephthoa. 

NEPTODURUM  ou  Nemetodurum.  Ce  font  les 
noms  latins  du  bourg  de  Nanterre  ,  lieu  de  la  nais- 
fance  Se  de  l'éducation  de  fainte  Geneviève.  Voyez.  Nan- 
terre. 

NEPTRECUM  ou  Neptricum.  C'eft  le  nom  pri- 
mitif de  la  Neuftrie  ,  ancienne  partie  des  Gaules  qui 
formoit  un  royaume.  Le  terme  de  Neufiria ,  Se  celui  de 
Neuflrafïi ,  en  ont  depuis  été  dérivés.  L'abbé  Lebœuf  a 
fait  cette  obfervation  à  l'aide  d'un  rnanuferit  de  la  chro- 
nique de  Frédégaire  ,  qui  eft  du  fiécle  même  de  l'au- 
teur -,  Se  il  penfe  que  ce  Neptrecum  ou  Nemptrich  , 
fignifioit  en  langage  des  Francs  le  royaume  principal. 
Voyez,  fa  diflertation  imprimée  à  Paris ,  en  l'année 
1740,  chez  de  Lespine. 

NEPTUNE  ,  dieu  de  la  mer  :  ce  nom  a  été 
donné  à  plufieurs  lieux,  où  il  y  avoitdes  temples  éle- 
vés en  l'honneur  de  cette  divinité. 

1.  NEPTUNI  AR,£  ,  ville  maritime  dans  l'Afri- 
que propre.  Ptolomée  ,  l.  4.  c.  3.  la  place  dans  le 
golfe  de  Numidie  ,  entre  Apollinis  Templum  &  Hip- 
pon. 

2.  NEPTUNI  FANUM.  Strabon  ,  /.  8.  p.  336.  pla- 
ce un  temple  de  Neptune  dans  le  Péloponnèfe,  entre 
Patras  Se  /Egium  :  il  ajoute  que  ce  temple  éroit  fort 
beau. 

3.  NEPTUNI  TEMPLUM  ,  temple  dédié  à  Nep- 
tune dans  l'Eléc  ,  félon  Strabon  ,  /.  8.  p.  351.  qui  dit 
que  de  Pylus  de  Meuenie  jusqu'à  ce  temple  ,  il  y 
avoit  quatre  cens  ftades  par  mer. 

4.  NEPTUNI  TEMPLUM.  Strabon  ,  /.  8.  p.  363. 
met  ce  temple  dans  la  Meflenie  :  In  orœ  maritime 
fitm  ,  dit- il  ,  Tœnarum  efl  ,  alla  in  mare  porrella  ,  qu& 
commet  Neptuni  Fanum.  Ce  temple  étoit  dans  un 
bois. 

5.  NEPTUNI  TEMPLUM.  Strabon  ,  /.  8.  p.  580. 


$2.? 


témoigne  que  fur  l'ifihme  de  Corinthe  il  y  avoit  un 
temple  ombragé  d'une  forêt  de  pins  ,  où  les  Corin- 
thiens célébroient  les  jeux  nommés  les  Combats  de 
l'ifihme. 

6.  NEPTUNI  TEMPLUM  ,  temple  de  Neptune 
dans  l'Achaïe,  félon  Strabon  ,  /.  8.  p.  38;.  où  on  lit 
ces  mots  :  Pofl  Sicyonem  P aliène  efl  fita ,  deinde  fecun- 
da  JEgira  ,  tertïa  JEgs.  ,  qim  templum  habent  Nep- 
tuni. 

7.  NEPTUNI  TEMPLUM  ,  il  y  avoit  un  temple 
de  ce  nom  à  Gerefie  ,  dans  l'Euboée.  Strabon  ,  /. 
10.  p.  446.  dit  que  ce  temple  étoit  le  plus  beau  de 
tout  le  pays. 

8.  NEPTUNI  TEMPLUM  ,  temple  dans  rifle  de 
Tenos ,  l'une  des  Cyclades.  Il  y  avoit  ,  à  ce  que  dit 
Strabon  ,  /.  10.  p.  487.  une  petite  ville  dans  cette  ifle» 
hors  de  la  ville  un  bois  où  étoit  un  temple  de  Nep- 
tune ,  Se  ce  temple  méritoit  d'être  vu. 

9.  NEPTUNI  TEMPLUM  ,  temple  de  Neptune 
dans  l'ifle  de  Samos  :  Ad  dexteram  ,  dit  Strabon  ,  1. 
14.  p.  637.  qtix  intro  navigatur  ad  arbem  (Samum) 
efl  Poffidium  promontorium  ,  quod  cum  oppofita  Myçala 

fretum  includit  VII.  fladiorum  :  templum  habet  Nep- 
tuni. Au-devant  de  ce  temple  étoit  fituée  la  petite 
ville  Narthecis. 

10.  NEPTUNI  TEMPLUM.  On  voyoit  ancienne- 
ment  un  temple  de  ce  nom  à  Poflidium  fur  la  côte 
d'Egypte,  au  voifinage  d'Alexandrie.  Strabon ,  lié.  17. 
pag.  794.  en  fait  mention. 

1 1.  NEPTUNI  TEMPLUM.  Plutarque  ,  Vie  de  Dé- 
moflhene  ,  trad.  de  M.  Dacier  ,  t.  7.  p.  242.  parle 
d'un  temple  de  ce  nom  dans  l'ifle  de  Calaurie.  Ar- 
chias  ayant  appris  que  Démofthene  ,  retiré  dans  l'ifle 
de  Calaurie  ,  s'étoit  rendu  fuppliant  dans  le  temple 
de  Neptune  ,  il  y  pafla  fur  des  esquifs  ,  Se  étant  des- 
cendu à  terre  avec  quelques  foldats  de  Thrace  ,  il  alla 
dans  le  temple  ,  Se  là  il  confeilloit  à  Démofihene  de 
fe  lever  Se  de  venir  avec  lui  vers  Antipater ,  l'afluranc 
qu'il  ne  lui  feroit  fait  aucun  mal  ;  mais  Démofihe- 
ne avoit  eu  la  nuit  précédente  un  fonge  qui  le  diflua- 
da  de  faire  ce  qu'Archias  defiroir. 

12.  NEPTUNI  TEMPLUM.  A  Onchefle  dans  la 
Béotie  il  y  avoit  un  temple  de  ce  nom  ,  félon  Stra- 
bon ,  /.  9.  p.  41 2.  qu'il  appelle  Templum  nudum,  parce 
qu'il  étoit  fans  arbres  ;  mais  les  poètes  par  coutume , 
ou  pour  l'ornement  de  la  po'éfie  ,  ne  laiflent  pas  de 
donner  à  un  pareil  temple  le  nom  de  Lucus  ou  de 
Nemus.  Homère  lui-même  ,  parlant  du  temple  de  Nep- 
tune à  Onchefte  ,  l'appelle  ficrum  nemus  dans  ce  vers 
de  l'Iliade ,  /.  2.  v.  506. 

Oncheflumqite  facrum  Ncptimium  clarum  nemus. 

13.  NEPTUNI  ASPHALII  TEMPLUM.  Les  Rho- 
diens  élevèrent  ce  temple  dans  une  ifie  ,  qui  félon  le 
témoignage  de  Strabon  ,  /.  1.  p.  57.  fortit  de  la  mer 
par  une  forte  de  prodige.  Il  place  cette  ifie  entre  celles 
de  Triera  Se  de  Therafia.  C'eft  l'ifle  Automate  de  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.   1 2. 

1 4.  NEPTUNI  ^GEI  TEMPLUM.  Voyez,  Neptuni 
Templum  7. 

15.  NEPTUNI  HELICONIf  TEMPLUM,  temple 
dédié  à  Neptune  Héliconien.  Voyez.  Helicie  2. 

16.  NEPTUNI  ISTHMII  FANUM.  Voyez,  Nep- 
tuni  Templum  6.  Se  Samicum. 

17. -NEPTUNI  SAMEI  TEMVLUM.Voyez,  Neptu- 
ni Templum  9. 

NEPTUNI  A  COLONIA  ,  ville  d'Italie.  Velleïus  ,  /. 
1.  c.  15.  eft  ,  je  crois  ,  le  feul  qui  en  parle.  Orte- 
lius ,  Thefaur.  foupçonne  que  ce  pourroit  être  Pofi- 
donia  de  Strabon  ,  qui  eft  la  même  ville  que  Paflo. 
Voyez,  Pj€stum  Se  Regium. 

NEPTUNIA  CLAUSTRA  ,  lieu  d'Italie  dans  lç 
pays  des  Brutii.  Il  étoit  au  pied  du  mont  Moscius  , 
Se  auprès  de  Scyllatium  ,  félon  Cafllodote  ,  12.  Varia?\ 
*  Ortelius ,  Thef. 

NEPTUNIUM  NEMUS,  en  grec Uoruhma  «W. 
Ortelius ,  Thefaur.  croit  qu'il  faut  chercher  cette  forer 
quelque  part  en  Grèce.  11  devoir  dire  plutôt  qn  il  fal- 
loir la  chercher  dans  l'imagination  des  po'etes  ,  qui  , 


Ïi6        NER 

pour  la  grâce  de  la  po'éfie  ,  mettent  des  bois  Se  des 
forêts  où  il  n'y  en  eut  jamais.  Neptunium  Nernus  n'eft 
autre  chofe  qu'un  bois  imaginaire  que  les  poe'tes  ont 
fuppofé  être  autour  du  temple  de  Neptune  à  Onche- 
fte.  Voyez,  Neptuni  Templum  13. 

NEPTUNIUM  POSIDIUM  ou  Posidium  pro- 
Montorium  ,  promontoire  de  l'Arabie  Heureufe  dans 
le  golfe  Arabique ,  félon  Ptolomée  }  /.  6.  c.  7.  Se  Dio- 
dore  de  Sicile  ,  /.  3. 

NEPTUNIUS  FONS ,  fontaine  d'Italie  ,  dans  la 
Terracine.  Vitruve  ,  /.  8.  c.  3.  dit  que  fes  eaux  étoient 
empoifonnées ,  Se  que  ceux ,  qui  en  buvoient  impru- 
demment ,  en  mouroient.  Il  ajoute  qu'on  difoit  qu'an- 
ciennement on  avoit  jugé  à  propos  de  combler  cette 
fontaine.  Ortelius  ,  Thejaur.  juge  que  ce  pourroit  être 
de  cette  fontaine  que  parle  Tite-Live  ,  /.  39.  c.  44. 
lorsqu'il  dit  :  Flaccus  melem  ad  Neptutùas  aquas ,  ta 
iter  populo  effet  &  viam  per  Formïamim  montent  , 
Sec.  Voyez,  Posidian>€. 

NEPTUNIUS  AIONS  ,  montagne  de  la  Sicile  ,  qui 
prend  depuis  les  racines  de  l'Etna  ,  Se  s'étend  jusqu'à 
la  pointe  de  Mefline.  Solin  ,  c.  5.  edit.  Salmaf. parle  de 
cette  montagne  ,  Se  dit  qu'an  fommet  il  y  avoit  une 
guérite  qui  avoit  la  vue  fur  la  mer  de  Toscane  Se  fur 
la  mer  Adriatique  :  on  nomme  aujourd'hui  cette  mon- 
tagne Spreverio  monte.  *  Atlas.  Roi?,  de  Vaugondy. 

1.  NERA  ,  village  de  l'Arabie  Heureufe.  Strabon  , 
/.  16.  p.  78 z.  le  place  fous  Obida  ,  fur  le  rivage  de 
la  mer. 

i.  NERA  (La)  ,  rivière  d'Italie ,  ou  plutôt  torrent , 
qui  a  fa  fource  dans  l'Apennin  ,  un  peu  au-deffus  de 
Montaglioni  :  elle  parte  à  Terni  &  à  Narni ,  &  après 
un  cours  de  quarante-cinq  à  cinquante  milles  ,  elle  va 
fe  perdre  dans  le  Tibre  a  Guaftanello  ,  un  peu  au-des- 
fus  ,  Se  au  nord- eft  d'Orta.  C'eft  plutôt  un  torrent 
qu'une  rivière.  Elle-  groflït  confidérablemcnt  par  les 
moindres  pluies  ,  ou  par  la  fonte  des  neiges  :  les  fauts 
&  les  cascades  qu'elle  fait  en  rendent  la  navigation 
impraticable. 

3.  NERA  ou  Neero  ,  ou  même  Banda,  ifled'Afie  , 
dans  les  Indes  ;  c'eft  la  féconde  des  ifles  de  Banda. 
Elle  eft  fituée  entre  rifle  de  Gunnanappi  ou  Goenongapi , 
Se  celle  de  Lontoor  ,  Se  à  vingt-quatre  lieues  d'Amboi- 
ne  (a).  Ceux  qui  la  nomment  Banda  ,  difent  qu'elle  com- 
munique fon  nom  aux  deux  autres  ifles  qui  font  auprès  : 
ils  ajoutent  qu'elle  eft  de  la  figure  d'un  fer  à  cheval ,  s'é- 
tend du  nord  au  fud  l'espace  de  trois  lieues  ,  ce  qui  fait 
toute  fa  longueur  ,  &  qu'elle  n'a  guère  qu'une  lieue  de 
largeur,  (b)  Le  principal  fort  que  les  Hollandois  ayent 
dans  les  ifles  de  Banda ,  fe  trouve  dans  celle  de  Nera  : 
il  fe  nomme  Naffau  ,  Se  il  y  en  a  encore  un  autre 
plus  petit  fitué  fur  une  montagne  :  on  a  donné  à  celui- 
ci  le  nom  de  Belgica.  L'ifle  de  Goenongapi ,  qui  eft 
une  montagne  ardente  peu  éloignée  de  Nera  ,  Se  où 
perfonne  n'habite  ,  fume  jour  &  nuit ,  Se  vomit  quel- 
quefois des  flammes  de  feu  &  des  pierres.  Au  commence- 
ment du  dernier  fiécle  ,  elle  jetta  une  fi  grande  quan- 
tité de  pierres  qu'elles  comblèrent  le  canal  qui  fépare 
les  deux  ifles  :  ce  canal  avoit  alors  vingt  braffes  de 
profondeur  ;  Se  il  n'a  plus  été  navigable  depuis  ce 
tems. 

Il  y  a  quantité  de  grands  ferpens  à  Nera.  Ils  dévorent 
les  poules  ,  les  canards  Se  jusqu'aux  petits  cochons. 
Rechteren,  dans  fa  relation  ,  rapporte  (c)  qu'un  jour 
ayant  fait  tuer  un  de  ces  ferpens  ,  on  lui  trouva  dans 
le  ventre  un  cochon  de  lait,  un  canard  Se  cinq  pou- 
les :  il  ajoute  qu'on  les  fit  cuire  ,  Se  qu'on  les  mangea 
avec  la  chair  de  ferpent  qui  n'eft  point  venimeufe.  (a)  Se- 
cond Voyage  des  Hollandois  aux  Indes  orient,  p.  488. 
{b)  Voyage  de  Rechteren  aux  Indes  orient,  p.  116.  (c) 
îbid.  p.    izo. 

L'ifle  de  Nera  a  plufieurs  montagnes  toutes  couver- 
tes d'arbres  qui  produifent  la  noix  muscade.  On  y 
trouve  quantité  de  cerifters  dont  le  fruit  eft  aufli  gros 
que  des  prunes  ;  il  y  a  même  de  ces  cerifes  qui  font 
auflî  groffes  que  des  poires  ;  elles  font  d'un  beau  rou- 
ge ,  pleines  de  jus  ,  &  d'un  goût  très-agréable.  On  a 
dans  les  bois  une  forte  d'arbres  qu'on  nomme  Sag- 
gueiieres  ou  Clappes  :  on  en  tire  ,  comme  d'une  fontaine  , 
une  agréable  liqueur  qu'on  boit  Se  qui  enyvrc  comme 


NER 


le  vin.  Pour  la  tirer ,  on  coupe  une  branche  de  l'ar- 
bre ,  Se  on  pend  au  bout  qui  relie  de  la  branche 
coupée  un  roîeau  creux ,  capable  de  contenir  environ 
cinq  pots  de  liqueur.  On  va  au  matin  Se  au  foir  bat- 
tre Se  fecouer  l'arbre  ,  &  il  diftille  dans  le  rofeau  fa 
liqueur  ,  qui  eft  à  peu  près  de  la  couleur  du  petit 
lait  ;  mais  fi  l'on  ne  fecoue  point  ces  arbres  ,  au  lieu 
de  rendre  leur  liqueur  ,  ils  produifent  des  noix  qui  font 
presque  aufli  groffes  que  la  tête  d'un  homme  ,  Se  à 
peu  près  du  goût  des  noifettes.  On  les  prépare  pour 
les  faire  cuir  dans  l'eau  comme  le  riz.  Elles  ont  au- 
dedans  une  liqueur  à  peu  près  femblable  à  celle  qui 
coule  de  leurs  arbres. 

On  trouve  aufli  dans  les  bois  beaucoup  de  perroquets , 
des  cacataus  qui  font  plus  gros  que  les  perroquets,  Se  qui 
ont  un  beau  plumage  ides  corbeaux  des  Indes,  dont  les 
plumes  font  plus  belles  que  celles  des  perroquets  ;  des 
oifeaux  nommés  Lo  ,  qui  ont  aufli  un  beau  plumage  , 
Se  d'autres  qui  ne  vivent  que  de  noix  muscades.  On 
leur  a  donné  le  nom  de  mangeurs  de  noix  :  ils  font 
de  la  grandeur  d'un  coq  de  bruiere  ,  Se  ne  font  pas 
moins  bons.  Quand  on  veut  les  manger  on  les  fait  cuire 
fans  les  vuider.  Voyez.  Banda. 

4.  NERA  ,  ville  des  Indes  ,  dans  l'ifle  de  même 
nom  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  dans  la 
partie  occidentale  de  l'ifle.  Ses  habitans  font  presque 
toujours  en  guerre  avec  ceux  d'une  autre  petite  ville 
nommée  Labbetacca  ,  qui  en  eft  à  une  petite  lieue. 
Us  fe  livrent  des  combats  fur  terre  Se  fur  mer.  Ils  ont 
des  galères  dont  ils  fe  fervent  dans  ces  occafions.  Elles 
font  fort  foibles  de  bois.  Les  pièces  en  font  liées  en- 
femble  avec  des  cordes.  Les  côtes  font  à  une  braffe  de 
diftance  les  unes  des  autres  ,  Se  on  prend  garde  en 
bordant  le  bâtiment  que  toutes  ces  côtes- ,  qui  tiennent 
les  bordages ,  s'accordent  bien  enfemble  ,  Se  viennent 
l'une  fous  l'autre  pour  former  le  gabarit  ;  &  pour  les 
joindre  Se  en  faire  la  liaifon ,  on  met  deux  taquets  ou 
pièces  de  bois  aux  deux  côtés  de  chaque  endroit  où  les 
côtés  du  gabarit  portent  carrément  l'un  fur  l'autre  ;  ce 
qui  fuffit  pour  les  lier  Se  les  affermir.  On  ne  fe  fert  ni  de 
brai  ni  de  goudron.  On  prend  des  écorces  des  plus  groffes 
noix  des  Indes ,  calepas  ou  coco  ,  Se  on  les  bat  avec  un 
maillet  pour  les  réduire  en  étoupe  ,  Se  en  calefater  le 
vaiffeau.  Enfuite  on  frotte  les  coulures  d'une  compo- 
fition  de  chaux  mêlée  avec  certaines  autres  matières  qui 
la  rendent  propre  à  cet  ufage  ,  Se  qui  la  mettent  en  état 
de  n'être  pas  détrempée  Se  ôtée  par  l'eau.  Quand  ces 
galères  mettent  à  la  mer  pour  aller  exécuter  quelques 
entreprifes ,  les  habitans  font  un  fi  grand  bruit  de  cris , 
de  hurlemens  ,  de  fons  de  tambours  Se  de  retentis- 
fcment  de  baflîns  fur  lesquels  on  frape  ,  qu'on  les 
prendrait  pour  des  gens  furieux  Se  hors  de  leur  bon 
fens.  Les  nobles,  qui  font  fur  le  haut  de  la  galère, 
font  des  fauts  périlleux  Se  gefticuknt  avec  leurs  armes , 
Se  celui  qui  faute  le  mieux  eft  le  plus  admiré.  Aux 
deux  côtés  de  la  galère  il  y  a  comme  deux  galeries* 
ou  un  petit  toit  de  rofeaux  ,  qui  fait  faillie  en  dehors  Se 
touche  presque  à  l'eau.  C'eft  là-deffus  que  font  les  es- 
claves ,  deux  ou  trois  par  rang  ,  pour  nager.  Les  rames 
font  proprement  des  pelles  de  bois,  qu'ils  font  paffer 
par-deffus  leur  tête  pour  ramer ,  jettant  ainfi  l'eau  à-cô- 
té. Pendant  ce  tems ,  ils  ne  laiffent  pas  de  chanter  de 
toutes  leurs  forces ,  de  battre  la  caiffe  Se  de  fraper  quel- 
quefois fur  leurs  baflins.  Cette  manière  de  nager  donne 
tant  d'air  à  leurs  bâtimens  ,  qu'ils  avancent  autant 
qu'un  navire  pourroit  faire  par  un  bon  vent.  11  y  a  or- 
dinairement fur  chaque  galère  deux  pierriers  ,  dont  ils 
favent  paffablement  fe  fervir  ;  enforte  qu'ils  fe  défen- 
dent fort  bien  contre  leurs  ennemis.  *  Voyage  des  Hol- 
landois aux  Indes,  p.  488. 

NER  ABUS  ,  en  grec  n»/js/3o«  ,  ville  de  Syrie  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

NERAC  ,  ville  de  France,  dans  la  Gascogne ,  la  fé- 
conde ville  du  Condomois  (  a).  Elle  n'eft  pas  fort  an- 
cienne ;  mais  elle  eft  devenue  confidérable  ,  parce  que  les 
feigneurs  d'Albrct,  à  qui  elle  appartenoit,  &  qui  fe 
trouvoient  rois  de  Navarre  Se  fouverains  de  Bearn  , 
l'aggrandirent  Se  y  bâtirent  un  château  ou  palais ,  dans 
lequel  ils  tenoient  fouvent  leur  cour.  Ils  y  établirent  le 
principal  fiége  de  juftice  du  duché  d'Albret  (  b  ).  Nérac 


NER 


NER 


eft  à  deux  lieues  de  la  Garonne,  à  quatre  d'Agen  Se  fur 
la  lîvierc  de  Baife  ,  qui  la  fépare  en  deux  parties  ,  ap- 
pelles le  grand  Se  le  petit  Nérac,  trois  lieues  environ 
au -défions  de  la  ville  de  Condom.  Des  collines  s'élè- 
vent de  chaque  côté.  Le  grand  château  que  les  Anglois 
ont  bâti ,  elt  ce  qu'on  y  voit  de  plus    remarquable.  Il 
eft  au  bord  de  la  Baife  ,  avec  de  profonds  foffés  Se  des 
pont-lcvis ,  d'où  l'on  va  dans  une  garenne ,  où  eft  un  beau 
jeu  de  mail.  Celle-ci  s'appelle  la  Garenne  de  Bas  ,  parce 
qu'il  y  en  a  deux.  Dans  le  milieu  de  cette  garenne  ,  fin- 
ie bord  de  la  rivière  ,  il  y  a  une  fort  belle  allée  ,  qui  con- 
duit à  un  moulin  appelle  Nazareth.  A  gauche  Se  près 
du  château  ,  il  y  a  une  fontaine  dans  un  roc  :  on  la  nom- 
me la  fontaine  de  Saint   Jean.  Elle  fournir  de  l'eau  à 
la  ville  par  trois  gros  jets  différens.  Proche  de  cette  fon- 
taine eft  un  arbre,  appelle  Yarbre  de  la  Reine.  La  garenne 
d'en  haut  eft  de  la  même  longueur  que  celle  d'en  bas  , 
&  on  la  peut  voir  d'un  bout  à  1  autre,  par  le  moyen 
d'une  allée  qui  eu;  formée  par  de  gros  arbres.  L'églife 
paroiffiale  elt  renfermée  dans  le  grand  Nérac.  Elle  eft 
proche  du  château  ik  dédiée  à  faint  Nicolas.  Il  y  aauïîi 
des  Capucins  qui  ont  un  foit  beau  couvent  ;  des  Doctri- 
naires ,  des  Cordcliers  &:  un  monaltere  de  religieufes. 
Du  coté  de  la  ville ,  pour  entrer  dans  le  château ,  eft  un 
pont-levis  ,  après  lequel  on  trouve  une  belle  cour.  La 
place  qui  elt  devant  ce  pont ,  eft  ornée  d'une  belle  croix 
de  marbre  &  de  quantité  de  grands  ormeaux  ,  avec  une 
belle  halle  à  côté  ,  ik  plus  bas  une  grande  &  large  rue  , 
qui  s'appelle  k  Pavé, &  qui  aboutit  à  la  rivière. Cette  halle, 
où  fe  vendent  toutes  fortes  de  denrées  ,  eft  proche  d'une 
très-belle  fontaine  ,  appcllée  le  Grif ,  &  de  la  rue  d'Hou- 
rinder ,  au  bas  de  laquelle  eft  la  porte  de  Bordeaux.  Le 
grand  Nérac  a  encore  deux  autres  portes  ;  celle  de  Mar- 
cadion  ,  où  fe  tient  le  marché  du  bétail ,  ik  celle  de  Con- 
dom. Autour  de  la  ville ,  eft  une  promenade  très  agréa- 
ble ,  qui  s'appelle  les  Allées.  On  paffe  du  grand  Nérac 
au  petit  par  le  moyen  d'un  pont ,  où  il  y  a  un  très-beau 
moulin  à  eau,  &  au  delà  une  affez  longue  chauffée.  Le 
petit  Né  tac  eft  plus  élevé  que  le  grand,  parce  qu'il  eft 
bâti  fur  des  rochers.  Il  y  a  auiîi  trois  portes  ;  celle  de  Gau- 
jac ,  celle  d'Agen  Se  celle  de  Saint  Germain.  A  côté  du 
château  »  il  y  a  un  très-beau  jardin  nommé  le  jardin  du 
Roi  :  il  eft  orné  d'une  fontaine  qui  jette  de  l'eau  de  tous 
côtés ,  Se  qui  fert  à  l'arrofer.  A  la  fortie  du  jardin  , 
on  trouve  une  longue  allée  où  l'on  joue  au  mail.  (  a  )  Lon- 
guerue  ,  Defcript.  de  la  France ,  part,  i .  p.  1 87.  (  b  )  Corn. 
Diét.  Mémoires  manuscrits. 

Les  habitans  de  Nérac  embrafferent  la  plupart  le  Cal- 
vinisme dans  le  feiziéme  fiécle ,  Se  y  firent  établir  la 
chambre  mi-partie  de  Guienne ,  où  les  Huguenots  du 
parlement  de  Bordeaux  avoient  leurs  caufes  commifes. 
Cette  ville  ,  qui  étoit  affectionnée  à  fon  parti ,  prit  les 
armes  contre  Louis  XIII,  en  1621;  mais  ayant  été  at- 
taquée par  l'armée  royale ,  elle  fut  contrainte  de  fe 
rendre. 

Nérac  fut  érigé  en  fiége  préfidial  l'an  1629  ;  mais 
le  fiége  ne  fut  établi  qu'en  1639. 

Comme  la  Baife  commence  à  être  navigable  à  Né- 
rac ,  cette  ville  elt  affez  marchande ,  Se  les  habitans  y 
font  plus  aifés  que  ceux  des  villes  des  environs.  Il  y 
avoit  autrefois  une  chambre  des  comptes  pour  les  par- 
ties du  domaine  de  Navarre  étant  dans  le  royaume  de 
France  :  mais  elle  a  été  reunie  à  celle  de  Navarre  féante 
&  Pau.  *  Mémoires  dre/jés  jur  les  lieux. 

NERATA  ,  ville  de  Liburnie ,   félon  Ortelius ,  qui 
cite  un  manuferit  de  Pline. 
NERBII.  Voyez.  Nervio. 

NERDABA  ,  rivière  de  l'Indouftan  ,  où  elle  prend  fa 
fouree  ,  au  nord  de  Brampour ,  capitale  de  la  province 
de  Candisch ,  d'où  elle  court  vers  le  couchant ,  où  elle 
arrofe  la  partie  méridionale  de  Baroche ,  Se  va  fe 
rendre  dix  lieues  au-deffous  dans  le  golfe  de  Cambaye. 
Cette  rivière  blanchit  fort  bien  les  toiles.  *  Tavemier  , 
Thevenot : ,  voyage  des  Indes. 

NERE  ,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge ,  éle- 
ction de  Saint  Jean  d'Angeli. 

NEREA  ou  Alapia  ,    ville   de   Cœlefyrie  ,    fclon 
Guillaume  de  Tyr ,  /.   z.  c.  19.  Il  y  en  a  qui  croient 
que  c'eft  aujourd'hui  Alépo. 
NERE/E,  Voyez.  Narb^. 


NEREENSIS  Vicus,  bourg  ou  village  de  France, 
vers  les  confins  du  Bourbonnois ,  au  voifinage  de  1  ab- 
baye de  Colombieres  en  Bcrri.  Grégoire  de  Tours,  in 
vita  S.  Patrocli  retiaii/i ,  fait  mention  de  ce  lieu  ,  Se  dit 
que  faint  Patrocle  y  bâtit  un  oratoire  ,  qu'il  y  mit  des 
reliques  de  faint  Martin ,  Se  qu'il  s'y  appliqua  quelque 
tems  à  l'inltrucLion  de  la  jeuneffe.  11  ajoute  que  faint 
Patrocle  étant  mort,  le  piètre  de  ce  lieu  ,  qu'il  qua- 
lifie Archipresbytcr  Nereenfts  Vui,  à  la  tête  d'une  trou- 
pe de  fes  clercs  ,  voulut  aller  enlever  de  force  le  corps 
de  ce  faint ,  pour  l'enterrer  dans  fon  village  ,  d'où  il  étoit 
forti  quelque  tems  avant  fa  mort  ;  mais  dès  que  cet 
archiprêtre  apperçut  le  drap  mortuaire  ,  il  fut  faifi 
d'une  telle  frayeur ,  qu'il  neut  pas  la  force  d'exécuter 
le  deffein  qu'il  avoit  formé.  Au  lieu  de  penfer  à  en- 
lever le  corps  du  faint ,  il  fe  joignit  avec  les  religieux 
qui  faifoient  l'enterrement ,  Se  les  accompagna  jusqu'à 
l'abbaye  de  Colombieres,  où  le  corps  de  faint  Patro- 
cle fut  enterré  ,  ainfi  qu'il  l'avoit  demandé.  Voyez.  Ne- 
ris  3. 

NERESHEIM,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  S.  Be- 
noît, dans  la  Suabe  ,  au  nord  du  Danube,  dans  la  prin- 
cipauté d'Oè'ting,  à  deux  lieues  au  fud-oueft  de  Noxd- 
lingue. 

NERESSUS,  en  grec  N«p»w«f ,  ville  de  l'Archipel  , 
dans  l'ifle  nommée  Cia  par  les  Latins ,  Se  Zea  par  les 
modernes.  Ortelius ,  îhefaur.  parle  de  cette  ville  & 
cite  yEschius ,  in  Epifiolis.  Mais  Ptoloméc,  Pline,  Stra- 
bon,  &c.  au  lieu  de  Nerejfus  ,  lifent  Caressus.  Veyez. 
ce  mot. 

NERESTABLE,  bourg  de  France,  dans  le  Forez, 
élection  de  Roanne.  11  a  plus  de  mille  habitans. 

NERETINI  ,  ou  ,  comme  portent  quelques  manu- 
ferits  ,  Nerecini  ,  peuples  d'Italie  dans  le  pays  des  Sa- 
Imtini ,  félon  Pline,  lib.  3.  cap.  iz.  Ptolomée ,  lib. 
3.  cap.  1.  nomment  leur  ville  tinpiTov  ,  Se  la  place 
dans  les  terres.  C'eft  aujourd'hui  !a  ville  de  Nardo. 

NERGHES,  ville  de  Géorgie,  ou  de  Mingrelie,  à 
77  degrés  de  longitude  ,  Se  à  43  degrés  de  latitu- 
de. *  Petit  de  la  Croix ,  Hift.  de  Timtu-Bec ,  liv.  3. 
chap.  6. 

NERGOBRIGES.  Voyez.  NertobrIGa. 

NERIiE  ou  Nerii.  Voyez.    Celtici. 

NERICIA.  Voyez.  Ithaque. 

NERICIE,  province  de  Suéde,  dans  les  terres. 
Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  Weftmanie ,  à  l'orient 
par  la  Sudermanie,  au  midi  en  partie  par  l'Oftrogo- 
thie  Se  en  partie  par  l'extrémité  feptentrionale  du  lac 
Vater,  Se  à  l'occident  en  partie  parla  Weftrogothie, 
Se  en  partie  par  le  Vermeland.  Il  n'y  a  proprement 
qu'une  ville  dans  la  Nericie  -,  favoir ,  Orebro ,  Ore- 
borg  ou  Orcbroa  ;  fes  autres  lieux  les  plus  confidéra- 
ble  font 

Askelfund  ,     Hielmersberg  ,     Glanshammar , 

Entre  plufieurs  lacs  qui  fe  trouvent  dans  cette  pro- 
vince ,  le  lac  Hielmer  en  occupe  une  partie  confide- 
rable  à  l'orient ,  Se  le  lac  Vater  au  midi.  Il  y  a  aufli 
quelques  rivières ,  entre  autres  la  Trofa  ,  qui  coupe  la 
province  en  deux,  d'occident  en  orient.  *  Atlas  ,  ÂV 
bert  de  Vaugondy. 

Il  y  a  des  mines  d'argent  dans  la  Nericie  ;  mais  on 
n'y  travaille  point  :  les  habitans  fe  contentent   de  faire 
valoir    celles  de  fer  ,   d'alun  Se  de  foufte.  Il  fe  trou- 
ve parmi  eux  quantité  de  forgerons ,  qui  font  de  tou- 
tes fortes  d'inftrumens  de  fer  ,  dont  ils  fouiniffent  les 
étrangers.  *  Martin.  Zeyler  ,  Suecia:  defer.  p.  7. 
NERICUM.  Voyez.  Leucas. 
NER1EU.   Voyez.  Neronica. 
NER1GON.  Quelques-uns  fe  font  imaginés,  que 
par  ce  mot  Pline  /.  4.  c.  \6.  entendoit  parler  d'une  iile 
aux  environs  de  celle  des  Bretons;  mais  Ortelius,  The- 
faur.  fur  le  témoignage  de  Becanus ,  Si  le  père  Har- 
douin  dans  fes  notes  fur  Pline ,  prétendent  que  Neri- 
gon  ne  fignifie  rien  autre  chofe  que  la  Norwege.    Il 
n'eft   même  pas  permis  de  penfer  autrement. 

NERII ,  peuples  de  l'Espagne  Tatragonnoife.  Pompo- 
nius  Mêla,  de  fuuOrkis  a  l.    3.  c.   1.  les  place  avec. 


5-28       NER 

les  Tamarici ,  auprès  du  promontoire  Nerium.  Pintaut 
croie  qu'on  doit  lire  Neria,  au  lieu  de  Nerii. 

NERIPHUS  ,  ifle  dél'erte  ,  auprès  de  la  Cherfon- 
nèfe    de  Thrace,  félon  Pline,  /.  4.  c.  12. 

NER1P1  »  peuples  de  la  Sarmatie  Afiatique  :  Pline  . 
/.  6.  c.  7.  les  place  entre  les  Catom  Se  les  Agandei. 

1.  NERIS,  ville  de  Mefienie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Stace  en  parle  dans  le  quatrième  livre  de  la 
Thébaïde.  *  Ortelius ,  Thefaur. 

2.  NERIS ,  ville  de  Grèce ,  dans  l'Argie.  Paufa- 
nias,  lib.  2.  cap.  38.  la  met  aux  confins  *.4e  la  La- 
conie. 

3.  NERIS,  Nerus,  Nerea,  Aqus  Neri,  ou  Ne- 
reensis  Vicus  ,  ville  d'une  ancienneté  Gauloife  ,  que 
quelques-uns  prennent  pour  la  Gergobia  Boiorum,  dont 
il  eft  parlé  dans  Céfar.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft 
qu'aujourd'hui  ce  n'eft  qu'un  bourg,  fur  les  confins  du 
Bourbonnois  &  de  l'Auvergne ,  élection  de  Montluçon. 
Plufieurs  prétendent  que  c'eft  en  cet  endroit  que  laint 
Patrocle  reclus  en  Berri ,  fie  bâtir  un  monafiere  de  fil- 
les. D'autres  cependant  l'appellent  Mère,  Se  lui  don- 
nent une  autre  fituation.  Kov^Neerensis  Vicus.  Ne- 
ris  eft  fituée  fur  un  coteau,  ou  plutôt  fur  des  rochers, 
Se  les  environs  font  terres  à  feigle.  Il  y  a  des  eaux 
minérales  infipides.  D'une  livre  de  ces  eaux  on  en  a  ti- 
ré plus  de  huit  grains  de  réfidence,  &  le  fel  a  été  trou- 
vé fort  femblable  à  celui  des  eaux  de  Bourbon.  Les 
anciens  les  ont  connues  Se  les  nommoient  Aqus  Ne- 
RiyE.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  table  de  Peutinger , 
Segm.  1 .  qui  met ,  Aquïs  Neri ,  entre  Meàiolanum  Se 
Cantilia.  Les  eaux  qui  s'écoulent  font  tourner  fept  à 
huit  moulins.  On  y  trouve  encore  de  beaux  relies  d'an- 
tiquités. On  tient  trois  foires  chaque  année  à  Neris. 
*  Baillet ,  Topograph.  des  Saints,  p.  635 

NERISUM  ,  en  grec  mparov ,  montagne  de  Thrace , 
félon  Etienne  le  géographe ,  qui  la  place  auprès  de  la 
ville  de  Cynetha. 

1.  NERITUM,  ville  d'Arménie.  Ferculphe  écrit 
que  l'Apôtre  faim  Jacques  y  a  été  enterré.  *  Ortelius, 
Thefaur. 

2.  NERITUM,  ville  d'Italie,  dans  le  pays  des  Sa- 
le ntini ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  1.  On  croit  allez  gé- 
néralement que  c'eil  aujourd'hui  la  ville  de  N.irdo.  C'elt 
peur- être  auffi  la  même  choie  que  les  Neretini  de  Pline. 
Voyez.  Neretini. 

3.  NERITUM  Actoricum,  lieu  de  l'Epire,  appel- 
lé  depuis  Ltttcas.  Voyez.  Leucade.  *  Ortelius,  Thefaur. 

NERITUS,  montagne,  dans  l'ifie  d'Ithaque.  Ho- 
mère en  parle  dans  le  fécond  livre  de  l'Iliade  ,  v.  139. 
Pline  ,  /.  4.  c  1 2.  en  fait  auffi  mention.  Ortelius ,  The- 
faur. foupçonne  que  c'eft  cette  montagne  que  Suidas 
appelle  Neritum. 

1.  NERIUM.  Voyez.  Artabrum. 

2.  NERIUM,  petite  ville  d'Espagne,  dans  la  Ga- 
lice ,  auprès  du  cap  de  Finiftere ,  appelle  par  quelques 
auteurs  Nerium promontorium.  Ce  cap  lui  adonné  fon 


NER 


nom. 


NERLAC  ou  Noirlac,  abbaye  de  France,  dans 
le  Berri.  Son  nom  latin  eu"  Nigri  laciîs  abbatia  ,  ou 
Domus  Dei  deNigrolacu.  C'eft  une  abba)e  d'hommes , 
ordre  de  Cîteaux ,  fille  de  Clairvaux.  Elle  eft  fituée  fur 
le  Cher ,  à  une  lieue  de  Saint  Amand.  Dom  Etienne 
rapporte  fa  fondation  à  Robert ,  parent  de  faint  Ber- 
nard ,  l'an  1 1 36  :  on  lui  donne  néanmoins  ordinairement 
pour  fondateur  Ebbon  de  Charenton,  qui  donna,  du 
confenrement  d'Agnès ,  fa  femme ,  aux  moines  de  Clair- 
vaux,  l'an  1150,  un  lieu  appelle  Maifon- Dieu  ,  pour 
rétabliflement  d'une  abbaye ,  avec  des  revenus  pour 
l'entretien  Se  la  fubfiftancc  des  moines  qui  l'habiteroient. 
Pierre ,  archevêque  de  Bourges,  confirma  cette  fonda' ion 
l'an  11 55).  Le  cloître,  le  réfe&oire,  le  vivier,  le  dor- 
toir ,  la  celle  des  novices  Se  le  chapitre,  font  très-beaux. 
On  voit  dans  le  chapitre  les  tombes  d'Ebbon,  fon  fon- 
dateur ,  d'Agnès  fon  époufe ,  d'Ebbon  leur  fils ,  Se  de 
Mahaut  ou  Matilde  de  Charenton  ,  &  de  Raimond  de 
Montfaucon  le  Jeune.  Dans  le  cloître  eft  la  tombe  du 
feignent  de  la  Chaftre ,  Se  dans  1  eglife  près  du  grand 
autel  du  côté  de  l'évangile ,  fe  voit  celle  d'Henri  d'A- 
vaugour,  archevêque  de  Bourges,  qui  mourut  l'an  1 346. 


On  compte  trente- fix  abbés  de  cette  maifon  jusqu'en 
1714. 

NERMAY,  petite  ville  d'Allemagne.  Elle  eft  fituée 
dans  une  campagne  très  fertile,  Se  des  dépendances  de 
Neubourg  à  caufe  de  Juliers.  L'enceinte  en  eft  afiez  gran- 
de ;  mais  elle  n'a  point  de  foliés.  Le  long  de  fes  mu- 
railles ,  qui  font  extrêmement  fimples ,  legne  une  ga- 
lerie couverte  ,  où  l'on  peut  faire  la  ronde;  le  tout  fans 
terre-plein.  *  Mémoires  &  plans  géographiques.  Corn. 
Dici. 

NERMONSTIER.  Voyez.  Noirmoustier. 

NERO,  bois  au  fauxbourg  près  d'Antioche,  capi- 
tale de  la  Syrie  :  il  fut  premièrement  appelle  Daphné. 
Voyez,  ce  mot ,  n°   3. 

On  a  donné  à  ce  lieu  le  nom  de  Nero,  du  mot  fy- 
riaque  Ner ,  qui  veut  dire  fontaine  ou  fleuve,  à  caufe 
de  la  grande  abondance  de  fes  eaux  ,  outre  que  Nero  , 
dans  la  langue  grecque  moderne,  lignifie  de  l'eau.  Cet- 
te remarque  eft  de  Corneille,  qui  cite  Sozomène,  Ba- 
ronius  Se  Procope. 

NEROASSUS.  Voyez.  Nera. 

1.  NERON,  ifle  de  la  mer  Rouge,  fur  la  côte  de 
l'Arabie.  Pline  ,  /.  37.  c.  2.  dit  que  le  cryftal  y  croît. 
Selon  le  père  Hardouin,  tous  les  manuferits  portent  Ne- 
cron.  Il  prétend  que  Néron  eft  une  faute. 

2.  NERON  ou  Nerondes  ,  ville  de  France  ,  dans  le 
Forez ,  élection  de  Roanne.  Il  y  a  une  châtellenie 
royale  relTortilTante  de  la  fénéchaufïée  de  Saint  Etienne. 

NERONDES  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri ,  éle- 
tion  de  Bourges ,  &  à  huit  lieues  de  cette  ville.  Il  y 
a  plufieurs  annexes.  Precilli-Milli  en  eft  la  plus  confi- 
dérable.  Le  terroir  eft  excellent  :  il  produit  du  bled 
de  toutes  espèces  ;  il  y  a  des  étangs  Se  de  bons  pâtu- 
rages pour  les  beftiaux. 

NERONIA  eu  Neronias  ,  ville  de  la  Paleftine  , 
près  de  la  fource  du  Jourdain.  Jofephe  /.  20.  c.  8. 
dit  que  le  jeune  Agrippa  donna  le  nom  de  Néronia- 
de  à  la  ville  de  Panéade. 

NERON  I  AN  A  ,  c'eft  le  nom  d'un  aqueduc ,  en  Ita- 
lie ,  à  trois  milles  de  Rome  :  il  avoir  été  bâti  par  Né- 
ron pour  conduire  les  eaux  Claudiennes  au  mont  Ce- 
lius  Se  au  mont  Aventin  dans  la  ville. 

NERONIANA  Piscina  ,  lac  d'Italie,  dans  le  Pa- 
douan  aux  environs  de  Bagni  d'Abano.  Voyez.  Abano. 

NERONIANA  Villa  Sublacensis  ,  maifon  de 
campagne  d'Italie,  dans  le  Latium,  auprès  de  Sublac, 
félon  Frdntin. 

NËRONIANjE  Thermo  ,  bains  conftruits  à  Ro- 
me ,  par  l'empereur  Néron.  On  les  appella  depuis 
Thermœ  Alexandrins  ,  félon  le  témoignage  d'Eutrope. 

NERONIANI  Campi.  Procope  fait  entendre  que 
les  Champs  de  Néron  étoient  aux  environs  de  Rome, 
entre  Salaria  ôc  Pinciana. 

NERONIAS,  ville  de  la  féconde  Cilicie ,  &  aujour- 
d'hui appellée  Irenopolis,  félon  NicephoreCallifte,  lib. 
8.  c.  18.  Théodoret ,  /.  1.  c.  7.  dit  la  même  chofe. 
On  lit  HERENoroLis  pour  Irenopolis  dans  une  anciens 
ne  infeription.  Saint  Athanafe  ,  félon  Orrelius,  The- 
faur. fait  mention  d'une  ville  nommée  Neronipolis,  de 
donne  le  nom  de  Narcifle  à  fon  évêque  ;  mais  dans 
un  autre  endroit  il  appelle  ce  même  évêque  épiscopus 
Neroniadis  ;  ainfi  Neronias  Se  Neronipolis  font  la  mê- 
me ville. 

NERON  ICA,  ancienne  ville  de  Suifle,  dans  la  fei- 
gneurie  de  Neuchâtel.  On  la  nommeit  en  François 
Nerieu.  Elle  étoit  très -grande  :  on  prétend  qu'elle  tc- 
noit  depuis  le  mont  Jura  jusqu'à  la  Thiele,  Se  depuis 
Landeron  jusqu'au  village  de  Crefly.  Landeron ,  à  ce 
qu'on  croit ,  a  été  bâtie  de  fes  ruines.  *  Etat  &  Dé- 
lices de  la  Suijfe  ,  t.  3.  p.  244. 

NERON1ENSES  ou  Foro-Neronienses.  Voyez. 
Forum  Neronis. 

NERONIS  Imperatoris  Suburbanum.  Ce  lieu 
étoit  entre  la  voie  Salaria  Se  la  voie  Numentana  , 
félon  Suétone ,  /.  6.  c.  48.  Se  environ  à  quatre  mil- 
les de  Rome  ;  peut-être  étoit-il  dans  les  Champs  Ne- 
roniens. 

NEROUER  ,  montagne  des  Indes  ,  dans  les  états 
du  Grand  Mogol ,  à  cinq  journées  au-delà  de  la  ville 
d'Agra  ,  fui  le  chemin  de  Surate  à  Golconde.  Il  y  a  dans 

cette 


NER 


NER 


cette  montagne  une  mine  d'excellent  fer;  mais  ce  n'en: 
pas  pat  où  elle  rapporte  le  plus  de  profit  :  les  chafïeurs 
d'Agra  s'y  rendent  pour  y  prendre  certaines  vaches  fau- 
vages  qu'ils  nomment  Mérous.  Ils  les  trouvent  dans  des 
bois  aux  environs  de  cette  montagne,  &  comme  ces  va- 
ches font  ordinairement  fort  belles,  ils  en  tirent  un  grand 
profit.  *.Thevenot,  Voyage  des  Indes,  p.  1 13. 

NERRE  (La)  ,  rivière  de  France,  dans  le  Berri.  Elle 
a  fa  fource  à  trois  lieues  au-defTus  d'Aubigni ,  coule  du 
levant  au  couchant,  8c  tombe  dans  la  grande  Sàudré 
aux  Planches  du  bourg  de  Clémorit,  au-deiïbus  d'Au- 
bigni. *  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  t.  6.  p.  406. 

NERTERAN/EouNerteriAni,  ancien  peuple  de  la 
Germanie.  Ptolomée,/.  2.  c.  11.  les  place  entre  les  Cu- 
fuarï  8c  les  fianduti,  au-defïbus  des  premiers,  8c  au- 
defTus  des  derniers. 

NERTOBR.IGA  ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tàr- 
ragonnoife,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  qui  la  place 
chez  les  Celtiberes ,  entre  Turiajfo  8c  BilbiliS.  Elle  étoit 
grande  &  fort  confîdérable.  On  en  voit  encore  les  rui- 
nes auprès  de  Merida ,  à  une  lieue  de  Frexenal,  dans 
un  lieu  nommé  Valera  ,  Se  ces  ruines  font  connoître 
de  quelle  grandeur  elle  étoit.  Elle  fut  détruite  dans  le 
rems  de  l'invafion  des  Barbares ,  &  de  fes  ruines  on 
a  bâti  trois  ou  quatre  bourgades;  favoir ,  Frexenal, 
Fuentes,  Bodenal  8c  Higuera.  Les  manuferits  varient 
beaucoup  fur  le  nom  de  cette  ville  :  les  uns  écrivent 
Nertobriga  ,  qui  efl  le  véritable  nom  :  d'autres  por- 
tent Ncrgobrïges ,  Nitobrica  8c  Natobrica.  *  Délices 
d'Espace,  t.  2.  p.  384. 

NERTZINSKOY.  Voyez.  Nerzinskol 
NERUA ,  fleuve  d'Espagne ,  dans  le  pays  des  Can- 
tabres ,  félon  Ortelius  :  il  cite  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6. 
qui  met  l'embouchure  du  fleuve  N'enta  chez  les  Autri- 
gones ,  peuples  voifius  des  Cantabres.  Pomponius  Mê- 
la,/. 3.  c.  1.  appelle  ce  fleuve  Nesva\  8c  Pintaut 
croit  que  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire  ,  tant  parce  que 
quelques  manuferits  de  Ptolomée  portent  aufit  Nefua} 
que  parce  que  le  nom  moderne,  qui  elt  Nanfx,  fem- 
ble  confirmer  cette  otthographe. 

NERVESI/E ,  village  d'Italie  ,  au  pays  des  JEqui- 
coles.  Pline,  /.  2j.  c.  8.  dit  que  l'herbe  nommée  par 
les  Latins  Con/iligo  ,  8c  Pommelée  en  François ,  crois- 
foit  aux  environs  de  ce  village. 

NERVICIQ ,  bourg  de  France ,  dans  le  Forez  ,  éle- 
ction de  Montbrifon. 

NERVII ,  anciens  peuples  de  la   Gaule  Belgique  : 
ils  tiroient  leur  origine  des  Germains ,  félon  Strabon  , 
/.  4.  p.  194.  qui  les  place  au  voifinage  des  Treviri.  Ils 
affeéloient  eux-mêmes  cette  origine  germanique  &  s'en 
faifoient  gloire  ;  ce  qui  a  fait  dire  à  Tacite ,  de  Mo- 
rib.  Germ.  eap.  2  S.   Treveri  &  Nervii  cire  a  adfeïha- 
t'wnem  Germanie  £  originis  ultra  ambitiofi  Junt ,  tanquam 
fer  banc  ghriam  fanguinis   à  fim'liiudiiie    &  inertia 
Gallorumfeparentur.  Céfar ,  /.  2.  e.  4    en  parle  com- 
me d'un  peuple  confîdérable  ,  qui  pouvoit  fournir  jus- 
qu'à cinquante  mille  hommes  pour  une  guerre  com- 
mune. Leur  cité  en  effet  étoit  d'une  fi  grande  étendue, 
qu'elle  prenoit  depuis  les  Treviri ,  félon  le  témoigna- 
ge de  Strabon  ,  jusqu'aux  Bellovaci ,  comme  Céfar ,  /.  2. 
c.    ij  &  16.  nous  le  fait  entendre.  Ils  confinoient  ou- 
tre cela  aux  Ambiant ,  aux  Atrebates  8c  aux  Veroman- 
dui.   Ils  avoient  ces  derniers  auffi  bien  que  les  Rhemi 
au  midi ,  au  nord  les  Aduatici ,  8c  à  l'orient  la  Meufe. 
Céfar  dit  que  lorsqu'il  fut  aux  frontières  des  Ambiant*  qui 
touchoient  les  Nervii ,  s'étant  informé  des  mœurs  de 
ces  derniers,  il  apprit  qu'ils  ne  permettoient  l'entrée 
de  leur  pays  à  aucuns  marchands  étrangers,  8c  ne  fouf- 
froient  point  qu'on  leur   apportât   du  vin ,  ni  aucune 
autre  chofe  capable  de  relâcher  la  vertu.   Ils  avoient 
excité  les  Atrebates  8c  les  Veromandui  à  une  généreu- 
fe  défenfe  ,  8c  avoient  joint  leurs  forces  à  celles  de  ces 
deux  peuples  :  ils  donnèrent  à  Céfar  une  bataille ,  dont 
il  parle  comme  de  la  plus  fanglante  8c  de  la  plus  pé- 
rilleufe  où  il  fe  fût  trouvé  de  fa  vie.    Il  paroît  par  le 
récit  qu'il  en  fait ,  que  les  feuls  Nerviens ,  après  que 
les  deux  autres  peuples  eurent  été  défaits ,  le  reduifi- 
rent  à  l'extrémité ,  8c  que  quand  le  fecours  que  lui  en- 
voya Labienus,  un  de  fes  lieutenans,  les  y  eut  réduits 
eux  mêmes ,  il  ne  fut  pas  pofiible  de  les  rompre.  Dès 


f*'9 

qu'il  en  romboit  quelqu'un,  un  autre  incontinent  le 
mettoit  fur  fon  corps ,  où  il  combattoit  comme  fur  un 
rempart,  8c  Céfar,  qui  admira  ces  derniers  efforts,  dir 
qu'il  ne  falloir  pas  s'éronner  fi  des  gens  qui  en  étoient 
capables  avoient  parte  une  large  rivière,  franchi  une  rive 
escarpée ,  8c  grimpé  fur  une  montagne  pour  le  venir 
attaquer.  Leur  réfiftance  fut  fi  opiniâtre ,  que  de  foi- 
xante  mille  qu'ils  étoient,  ils  fe  virent  réduits  à  cinq 
cens ,  8c  de  fix  cens  perfonnes  de  familles  Patricien- 
nes il  n'en  refla  que  rrois.  Céfar  leur  laifl'a  toutes  leurs 
villes,  8c  pour  empêcher  qu'on  ne  profitât  de  leur  foi- 
bleiïe  ,  il  fit  défendre  à  tous  leurs  voifins  de  les  opprimer. 
Par  les  bornes  que  Céfar  donne  aux  Nervii ,  on  peut 
conjecturer  quelles  étoient  leurs  villes.  Il  femble  que 
C  imeracum ,  Cambrai ,  en  devoir  être  la  capitale ,  quoi- 
que cette  ville  ne  foit  nommée  par  aucun  des  écrivains 
qui  ont  précédé  la  table  de  Peutinger  &  l'itinéraire  d'An- 
tonin.  Ce  dernier,  en  décrivant  la  route  AcCaffellumh 
Cologne,  obferve  cet  ordre  : 


Cafldlo, 
Minariacum , 

XI 

M. 

Pas 

Nemctacum , 

XIX 

M. 

P. 

Camaracum, 

XIV 

M. 

P. 

B.igacum  , 

XVIII 

M. 

P. 

Vodgoriacura  , 

XII 

M. 

P. 

Germiniacum  _, 

X 

M. 

P. 

Perviciacum, 

XXII 

M. 

P. 

Advocam  Tongrorum , 

XIV 

M. 

P. 

Et  dans  une  autre  route  de  Tarvenna  à  Durocorto- 
rum ,  le  même  itinéraire  garde  «et  ordre  : 


Tarvenna  , 
Nemetacum  , 
Camaracum , 


XXII     M.  Pas. 
XIV      M.  P. 

AuguftamVeromanduorum,  XVIII  M.  P. 


Ces  routes  nous  apprennent  la  fituation  de  Cam- 
brai ,  8c  celle  de  Bagaeum,  Bavay ,  qui  appartenoit 
pareillement  aux  Nervii,  comme  le  témoigne  une  in- 
feription  qui  fe  voit  dans  le  même  itinéraire  :  on  y 
lit  ces  mots  :  Iter  à  Bagaco  Nervioritm  >  Durocorto- 
rurn  ,  Rcmorum  us  que. 

La  table  de  Peutinger  appelle  pareillement  cette  ville 
Bagacum  Nerviorum,  dans  cer  ordre  : 

Turnacum ,  *  —  . 

Ponte  Scaldis ,  XII  M.  Pas. 

Bacaco  Ncrvior.  X  M.  P. 

*  Ceîlarius,  Gcogr.ant.  1.  2.  c.  3. 

Pons  Scaldis  ,  aujourd'hui  Condé  ,  doit  auffi  être  mis 
au  rang  des  places  qui  appartenoient  aux  Nervii  :  car 
la  table  de  Peutinger  8c  l'itinéraire  d'Antonin  le  placent 
entre  Turnacum ,  Tournai ,  8c  Bagacum  Nerviorum. 
Peut-être  doit-on  également  leur  donner  Fanum  Mar- 
ris ,  dont  il   efl  parlé    dans  la  notice  des  dignités  de 
l'Empire  en  ces  termes  :  Prafetlus  Lœtorum  Nerviorum 
Fano  Martis  Belgicxfccunda.  De  plus  ,  on  voit  que  les. 
Nervii  avoient  différens  peuples  fous  eux.  Céfar,  /.  y. 
c.  39.  le  dir  pofitivement ,  8c  nomme  même  ces  peuples  : 
Facile,  dit-il ,  kâc oratione  (Ambiorix  }  Nerviis perfua- 
det.  Itaque  confeftim  dimi/fis  nunûis  ad  Centrones  ,  Gru- 
dios  ,   Levacos  ,  Pleumofios ,    Gordunos ,  qui  omries  Juù 
eorum    imperio  fitnt  ,  quam    maximas   manus   ro(funt , 
cogunt.  Ces  peuples  ne  font  point  connus  dans  les  au- 
tres auteurs  ;  ce  qui  doit  faire  croire  ,  ou  qu'ils  changè- 
rent de  nom  ,  ou  ,  ce  qui  efl  plus  vraifcmblable  ,  qu'ils  fu- 
reur compris  fous  le  nom  général  de  Nervii.  Cluvier, 
croit  que  ces  peuples  fournis  aux  Nervii,  formèrent  en- 
femble  le  peuple  nommé  Sueconi ,  dont  Pline  feul  ,  /. 
4.  c.  17.  fait  mention  ,  8c  leur  donne  encore  la  ville  de 
Tournai  ;  mais  outre  que  Ce  nom  Sueconi  efl  fuspect , 
aucun  autre  écrivain  ne  le  connoifTant  point ,  la  fitua- 
tion   de    Tornacum  ,  8c  l'ordre  des  itinéraires  rappor- 
ts ci-defTus ,  obligent  de  donner   cette  ville  aux  Ner- 
vii. 

Le  père  Briet ,  Gallia  ant . p irt.  i.l.  6.  paroît  de  l'opi- 
nion de  Cluvier  ,  par  rapport  aux  Sueconi ,  8c  à  la  ville 
de  Valenciennes ,  Valentinianct  >  qu'il  donne  aux  Net'. 
Tom.  IV.  Xxx 


530         NER 

va  i  quoiqu'il  foie  probable  que  cette  ville  appartient  à 
la  géographie  du  moyen  âge  plutôt  qu'à  l'ancienne.  Voici 
la  table  que  nous  a  donné  ce  père  j 

Bacacum  ou  Ba- 
garnira  ,  Bavay 


NES 


Nervii  , 
leHainault, 
le  Cambre- 
fis  &  la  Flan- 
dre Françoi- 
fe. 


en  Hainault, 
Ventinianœ  ,  Va- 

lenciennes  , 
Pons     Scaldis    , 

Condé , 
Cameracum    , 

Cambrai , 
Sueconi  ou  les 

environs     de 

Tournai,  fous 

la  dépendance 

des  Nervii. 


Centrones  ,' 
Grudii,  Le- 
vaci  ,     Ple- 
mofi ,  Gor- 
duni. 


Torna- 
\cum    ou 

Turna- 
)atm     t 
Tournai. 


NERVIO,  rivière  d'Espagne, dans  la  Biscaye,  &  la 
plus  confidérable  de  la  province.  Les  Biscayens  l'appel- 
lent en  leur  langue  Ybay  çabal,  ce  qui  fignific  unelaige  ri- 
vière. Elle  traverfe  le  milieu  du  pays  du  midi  au  iep- 
tentiion,  pafle  à  Bilbao,  capitale  de  la  province,  &àdeux 
milles  au-deflbus  de  cette  ville,  ôc  non  à  deux  lieues, 
comme  Moreri  le  dit  dans  fon  dictionnaire ,  elle  va  fe 
jetter  dans  l'Océan.  Les  anciens  l'ont  appeiléè  Chalybs. 
Son  eau  eft  excellente  pour  la  trempe  des  armes  ;  de- 
là venoit  que  les  Cantabres  n'eftimoient  nullement  les 
epieus  ou  les  autres  armes  de  cette  forte,  fi  le  fer  n'en 
avoit  été  trempé  dans  le  Chalybs.  Voyez.  Ybay-ç aval  , 
c'eit  la  même  rivierequcquelques  auteurs  appellent  aufli 
Negangesia.  *  Délices  d'Espagne,  t.  i.  p.  72. 

NERULA  (a),  château  d'Italie  ,  dans  la  Sabine,  fur 
la  rivière  Farfaio  a  la  droite.  Certe  terre,  qui  apparte- 
noit  (b)  autrefois  à  la  maifon  des  Urfins,  a  le  titre  de 
duché  &  appartient  aujourd'hui  à  la  maifon  des  Barbet  ins. 
(a)Leander,  Defcr.di  tutta  Italia,  p.  105.  (b)Com.  Diét. 

NERULONENSIS.  ^«.Neruium. 

NERULUM,  ville  d'Italie,  dans  la  Lucanie:  Tite- 
Live,/.  9.  c.  20.  dit  que  le conful  yEmilius  la  prit  d'em- 
blée. Litinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Mi- 
lan à  la  Colomne ,  entre  Semunclam  ôc  Summuramtm  , 
à  feize  milles  de  la  première  &  à  égale  diftance  de  la 
féconde.  11  la  place  auflî  fur  la  route  de  la  ville  Jjpia, 
à  la  Colomne ,  ôc  la  met  entre  Cafariana  ôc  Summu- 
ramcm ,  à  trente- fix  milles  de  la  première  ôc  à  qua- 
torze milles  de  la  féconde.  Ainfi  ces  deux  routes  va- 
rient pour  la  dirtance  de  Nerulum  à  Summuranum. 
Cette  différence  a  engagé  quelques  géographes  moder- 
nes à  dite  qu'il  y  avoit  dans  la  Lucanie  deux  villes  nom- 
mées Nerulum;  mais  fi  cette  raifon  étoit  fuffifante  ,  il 
faudroit  admettre  pareillement  une  troifiéme  Nerulum  , 
puisqu'il  y  a  des  manuferits  d'Antonin  qui  ne  mettent 
que  treize  milles  de  diltance  de  Nerulum  à  Summura- 
num. Ortelius ,  Thefaur.  croit  que  c'eft  aujourd'hui  La- 
gonero.  On  lit  Nerulonenfïs  dans  Suétone ,  in  Aitgiifi. 
c.  4.  mais  tout  le  monde  avoue  ne  favoir  ce  que  ligni- 
fie ce  nom  ,  qui  ne  paroît  avoir  aucun  rapport  avec  la 
ville  Nerulum. 

NERVOSI  Montes  ,  montagnes  d'Espagne ,  dans  la 
Galice,  fclon  Ortelius,  Thejaur.  qui  cite  lfidore. 

NERUSU  ou  Nerusi  ,  peuples  des  Alpes.  Pline,  /.  . 
3.  c.  20.  les  met  au  nombre  de  ceux  qui  fuient  fubjugués 
par  AugulTe.  Quelques  exemplaires  portent  Verufi  pour 
Nerit/i,  mais  c'eft  une  faute.  Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  les 
place  dans  les  Alpes  maritimes,  ôc  leur  donne  une  ville 
nommée   Vintium.  Voyez,  ce  mot. 

NERWINDE  ou  Neerwinde,  village  du  Bra- 
bant  à  une  lieue  de  Tillemont ,  ôc  à  une  lieue  &  de- 
mie de  Landen.  Ce  lieu  eft  fameux  par  la  bataille  qui 
s'y  donna  le  29  de  Juillet  169}  ,  &  qu'on  nomme  éga- 
lement la  bataille  de  Neerwinde  Ôc  la  bataille  de  Lan- 
den. Voyez.  Landen.  *   Ditlion.  geogr.  des  Pays-Bas. 

NERZINSKOI ,  ville  (a)  de  l'empire  de  Ruine  ,  en 
Sibérie,  fur  les  frontières  delà  Tartane ,  vers  les  52 
deg.  10  min.  de  latir.  ôc  les  128  de  long,  fur  la  riviè- 
re de  Nerza  ,  à  500  toifes  de  fon  embouchure  dans  l'O- 
rne. C'ell  la  feule  ville  que  les  Uuflcsont  à  palier  aux 
environs  de  cette  dernière  rivière.  Elle  eft  allez  grande 


&  bien  peuplée  ,  a  une  forte  garnifon  avec  une  affez  bon- 
ne artillerie.  Les  environs  de  certe  ville,  quoique  très» 
montueux,  font  allez  fertiles,  (ù)  On  y  trouve  toutes 
fortes  de  fleurs  ôc  de  plantes  ;  de  la  rhubarbe  bâtarde 
ou  du  rapontica  d'une  grofleur  extraoïdinaue  ,  des 
beaux  lis  blancs ,  des  lis  orangés ,  des  pivoines  rouges 
&  blanches  d'une  odeur  charmante ,  du  romarin ,  du 
thim ,  de  la  marjolaine  ôc  de  la  lavande  ,  outre  plu- 
fleurs  autre  plantes  odoriférentes  inconnues  parmi  nous; 
mais  on  n'y  trouve  point  de  fruits,  fi  ce  n'eft  des  gro- 
feilles.  Les  Païens,  qui  habitent  depuis  long-tems  ce 
pays  là  ,  vivent  fous  la  domination  du  czar  de  Mosco- 
vie  ôc  font  de  deux  fortes  -,  favoir  les  Konni  Tungu- 
fi  ôc  les  Olenï  Tungu/ï.  Les  premiers  font  obligés  de 
monter  à  cheval  aux  premiers  ordres  du  vaivode  de 
Nerzinskoi ,  ou  quand  les  frontières  fonr  infeftées  de 
Tartares  :  les  Olenï  font  tenus  de  comparoître  à  pied  ÔC 
armés  dans  la  ville,  lorsque  la  néceffité  le  requiert,  (a) 
Hiftoire  généalogique  des  Tatars  p.  233.  (b)  Lt 
Brun  ,  Voyage  de  Moscovie ,  p.  1 16. 

NESA,  ville  d'Afie,  dans  la  Perfe,  au  défert  deKi- 
vac ,  entre  le  KhoralTan  ôc  le  Carezem  ,  à  93  deg.  20 
min.  de  longitude  ,  &  48  deg.  4;  min.  de  latitude.  * 
Petïs  de  la  Croix ,  Hiltoire  de  Timur-Bec,  liv.  2.  chap. 
48. 

NESACTIUM  ou  Nesartium  ,  ville  de  l'Inné,  fe- 
lonTite-live  ,  /.  41.  c.  15.  qui  fuit  la  dernière  orthogra- 
phe. M.  Julius  ôc  A.  Manlius  allîégerent  &  prirent  cette 
villel'anj7j  de  la  fondation  de  Rome.  Du  tant  le  fiége 
ils  avoient  détourné  le  cours  de  la  rivière  Arfia  qui 
paflbit  au  travers  de  la  ville  :  le  manque  d'eau,  qui  de- 
voir naturellement  obliger  les  habi  ans  à  fe  rendre , 
leur  infpira  au  contraire  des  fentimens  de  fureur.  Ils 
égorgèrent  leurs  femmes  &  leurs  enfans,  ôc  jerterent 
les  corps  par  defius  les  murailles,  afin  que  les  Romains 
euflent  horreur  de  l'extrémité  à  laquelle  ils  les  redui- 
foient  i  mais  les  alliégeans  profiterenr  de  ce  rems  pour 
escalader  les  murailles,  ôc  fe  rendirent  ainfi  maîtres  de 
la  ville,  où  le  roi  /Epulo  &  les  princes  du  pays  s'é- 
toient  renfermés  pour  la  défendre.  Sitôt  que  le  roi  ap- 
prit que  la  ville  éroir  au  pouvoir  de  l'ennemi ,  il  fe  pas- 
fa  fon  épée  au  travers  du  corps  pour  s'épargner  les  cha- 
grins de  la  captivité.  Tout  le  refle  des  habitans  fut,  ou 
fait  esclave,  ou  pafle  au  fil  de  l'épée.  Pline,  /.  3.  c. 
1 9.  parle  de  cette  ville,  ôc  la  nomme  Nefaclïum.  Pto- 
lomée,/. 3.  c.  1.  écrit  Nefatlum.  On  convient  que  c'eft 
aujourd'hui  Caftel  Nuovo,k  l'embouchure  de  l'Arfa. 

NES/EA ,  en  grec  ■tiwa.ia..  C'eft  le  nom  que  donne 
Strabon  à  une  partie  de  l'Hyrcanie,  ôc  dont  d'autres  ce- 
pendant font  un  pays  entièrement  féparé.  Le  fleuve 
Ochus  coule  au  travers  de  cette  contrée. 

1.  NES/EUM,  lieu  ou  campagne,  dans  la  Médie, 
félon  Ortelius,  Thefaur.  Vvyez.  Hippoboton  ,  nç    1. 

2.  NES/EUM ,  lieu  fur  les  côtes  de  la  mer  Rouge, 
félon  Suidas  qui  cite  Orphée.  *  Ortelii  Thefaur. 

NESAIS.  Voyez.  Nisa. 

NESB1N.  Voyez.  Nesib. 

NESCANIA,  ville  de  la  Bétique,  à  fix  millepasd'An- 
riquera  ;  il  en  eft  fait  mention  dans  un  ancien  marbre, 
à  ce  que  dit  Ambroife  Morales.  *  Ortelii  Thefaur, 

NESEF.  Voyez  Carschi. 

NESEI  ,  peuples  de  l'Inde.  Pline,  /.  6.  c.  20.  nom- 
me feulement  ces  peuples. 

NESIADES,  ifles  de  la  Gaule  Celtique.  Ce  font  les 
mêmes  que  Pline,  /.  4.  c.  1.  appelle  Venetic&infuU. 
Voyez  ce  mot. 

NESIB  ,  ville  de  la  Palefline  ,  dans  la  tribu  de  Ju- 
da.  Eufébe  dir  qu'elle  eft  à  fept  milles  d'Eleutheropo- 
lis ,  ôc  S.  Jérôme  la  met  à  neuf  milles  de  cette  même 
ville  ,  tirant  vers  Hébron.  *■  Jofué,  1  $.  43. 

NESIBIS.  Voyez.  Nisibis. 

NESIDION.  Fô^Halonese,  n°  1. 

NESIDUM.  Voyez.  Amnit^. 

NESIOPE.  Voyez-Nisorz. 

NESIOT.E,,  Cranii,  Sam^i  &  Pallentes,  peu- 
ples de  1'ifle  de  Céphallenie,  félon  Tite-Live ,  /.  }S.c. 
58.  qui  fair  entendre  qu'ils  n'éroient  pas  fortpuiflans. 
Strabon  ,  /.  !  o.  p.  45^5.  &  fuiv.  connoît  quelques-uns  de 
ces  peuples  ôc  leur  donne  quatre  villes ,  qu'il  dit  être  de 
peu  de  conféquence.  Ces  villes  font 


NES 


NES 


S3l 


SamoouSame,    Paleis,    Pronefits ,     Cranii. 

NESIOTIS.  Voyez.  Henesiotis. 

i.  NESIS  ,  ifle  d'Italie  ,  fur  les  côtes  de  la  Campa- 
nie.  Pline,  /.  19.  c.  8.  vante  la  bonté  des  asperges 
qui  y  croiflbient.  Cicéron ,  /.  1 6.  epifi.  ad  Attie.  epifi. 
1.  3  çr  4.  parle  auflî  de  cette  ifle.  C'efl  aujourd'hui  l'ifle 

NlSITA. 

2.  NESIS,  ville  ou  lieu  de  la  Sarmatîc    Afiatique  , 
félon  Arrien,    Peripl.  Pont.  Eux.    18.  Cr  19.  qui  dit 
que  de  Borgy  à  Ne  fis ,  où  efl:  le  promontoire  d'Hercu- 
le ,  on  comptoit  foixante  flades ,  8c  que  de  Nefis  à  Ma- 
j&iica  on  en  comptoit  quatre-vingt-dix. 

NESLAU  ,  village  de  Suiiïe  ,  dans  leToggenbourg. 
C'efl  le  chef-lieu  de  la  communauté  de  Zum-Waffer 
ou  Waflergmcind ,  &  le  feul  village  de  cette  communau- 
té. *  Etat  &  Délices  de  la  Suifie,  t.  3.  p.  3  1 7. 

1.  NESLE  ou  Nelle,  en  latin  Nigella,  petite  ville 
de  France,  (a)  dans  la  Picardie ,  au  gouvernement  de  San- 
terre,  fur  le  Lingon  ou  l'Ingon  qui  fe  jette  dans  la  Som- 
me.  Elle  efl  fituée  entre  Koye  8c  Ham  ,  au  nord-eft 
de  la  première  8c  à  l'occident  de  la  féconde.  C'efl  le 
premier  marquifat  de  Fiance ,  8c  l'une  des  plus  grandes 
terres  du  royaume ,  car  elle  a  dans  fa  mouvance  plus 
de  80  fiefs.  S.  Louis  (b) ,  avant  que  de  paflér  la  mer 
pour  la  féconde  fois,  confia  la  régence  de  fon  royau- 
me à  Matthieu  ,  abbé  de  S.  Denis,  &  au  feigneur  Si- 
mon de  Nèfle,  perfonnagesfages,  prudens&d'une  fidélité 
reconnue,  8c  lorsque  Philippe,  fon  fils  &fuccefieur,  mar- 
cha contre  le  roi  d'Arragon  ,  il  mena  avec  lui  Radulfe 
de  Nèfle,  connétable  de  France.  L'an  1472,  (c)  Char- 
les le  téméraire,  duc  de  Bourgogne,  afliégea  la  ville  de 
Nèfle  8c  la  prit  après  plufieurs  aflauts,  qui  fureur  vail- 
lamment foutenus  par  le  gouverneur  nommé  lePetit  Pi- 
card. Il  fit  pendre  ce  gouverneur  8c  la  plupart  de  la 
garnifon  ,  8c  couper  le  poing  à  quelques  autres ,  pre- 
nant pour  prétexte  de  cette  cruauté  la  vengeance  de  la 
mort  du  duc  de  Guienne  ,  dont  il  aceufoit  le  roi  ;  mais 
dans  la  vérité  c'étoit  la  rage  où  il  étoit  de  n'avoir  pas 
été  remis  en  pofleflîon  d'Amiens  8c  de  S.  Quentin , 
tomme  on  en  étoic  convenu  par  un  traité  que  le  roi 
avoit  refufé  de  ratifier.  Le  marquifat  de  Nèfle  palTa 
autrefois  dans  la  maifon  de  Clermont  en  Beauvaifis  par 
le  mariage  de  Gertrude,  dame  de  Nèfle.  Il  appartient 
préfentement  à  la  maifon  de  Mailli  ;  il  s'eft  tenu  l'an 
1200  un  concile  dans  cette  ville,  (a)  Atlas,  Robert  de 
Vaugondy.(b)  Hadr.  Valefii  not.  Gall.  p.  375  (c)  Le 
F.  Daniel,  Hifl.  de  France  ,  vie  de  Louis  XL 

2  NESLE  LA  REPOSTE,  en  latin  Nigella  ,  village 
de  France,  au  diocèfe  de  Troyes ,  dans  la  Brie,  doyen- 
né de   Pont-fur-Seine.  Il  y  avoit  autrefois  en  ce  lieu 
une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  con- 
nue dans  l'hiftoirc  fous  le  nom  de  Nigella  abscondi- 
ta ,  Nigella  Repofita.  On  l'a  cru  fondée  par  Clovis  8c 
Ste  Clotilde  ,  fur  ce  que  leurs  figures  étoient  repréfen- 
tées   au  vieux  portail.  Elle  a  été  ruinée  par  les  Cal- 
viniftes  en   1568,  &  l'abbaye  a  été  transférée  à  Ville- 
noce,  qui  n'en  efl  éloigné  que  d'une  lieue  vers  le  midi. 
Nèfle  elt  dans  un  fond ,  entre  deux  montagnes  &  dans 
un  lieu  fort  couvert  de  bois ,  ce  qui  lui  avoit  donné 
le  fui  nom  de  laRepofte.  Desguerrois,  qui  dit  s'y  être 
transporté  en  1632,  jugeoit  de  l'antiquité  de  l'églifecV: 
de  l'abbaye  par  fa  reiTemblance  avec  celle  de  Ste  Ge- 
neviève de  Paris.  Le  portail  qui  étoit  ce  qu'il  y  avoit 
de  plus  vénérable  pour  l'antiquité  ,  a  auflî  été  trans- 
porté 8c  placé  à  Villenoce  ,  où  l'abbaye  efldeflervie  par 
des  Bénédictins  de  la  congrégation  de  S.  Vanne.   Il  y 
avoit  eu  à  Nèfle  un  monaflere  de  filles ,  féparé  de  ce- 
lui des  religieux.  On  honoroit  particulièrement    dans 
ces  maifons  un  S.  Albain  8c  une  Ste  Balde ,  abbefle  de 
Jouarre.  Le  portail,  aujourd'hui  transféré  à  Villenoce  , 
a  été  gravé  dans  les  annales  bénédictines  de  dom  Ma- 
billon  ,  t.  1. 

NESONIS.  Voyez,  Thessalia,  Nessum  8c  Nes- 

SONIUM. 

1.  NESOS ,  ville  de  l'Iberie ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

2.  NESOS ,  lieu   de  l'Arcadie ,  au  voifinage  de  la 
ville  d'Orchomene.  Denis  d'Halicarnafle,  lib.  1.  pag. 


39.  en    parle.  Voyez.  Atalanta,  Mesus  8c  Okcho- 

JHENUS. 

NESPETOS.  Voyez.  Nepeta. 

NESS ,  rivière  d'Ecofie ,  dans  la  province  de  Mu  ■» 
ray.  Elle  fort  du  lac  de  Loch- Neffè  ,8c  va  fe  jetter  dans 
la  mer  à  quelques  milles  au-delà  ;  quelque  froid  qu'il 
fafle  cette  rivière  ne  gelé  point ,  non  plus  que  le  lac.  * 
Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  2.  p.  276. 

1.  NESS  A  ,  ville  de  Sicile  avec  une  forterefle ,  félon 
Thucydide,  /.  3.  p.  241.  Les  Athéniens  qui  avoient 
fait  une  descente  dans  la  Sicile,  attaquèrent  cette  place 
en  vain. 

2.  NESS  A  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Pline,  /.  6. 
c.  28.  la  donne  aux  peuples  Amatbei.  Agatharchides, 
/.  de  Rubro  Mari,  c.  45.  fait  mention  d'une  ville  nom- 
mée Nessa,  qui  tiroit  fon  nom  de  la  grande  quanti- 
té de  canards  qu'on  voyoit  aux  environs  :  mais  peut- 
être  que  cette  ville  efl:  différente  de  celle  de  Pline  ;  car 
Agatharchides  fait  entendre  qu'elle  étoit  fort  éloignée 
de  la  mer,  au  lieu  que  Pline  la  met  fur  la  côte.  *  Le 
P.  Hardouin  ,  Not.  fur  Pline. 

3.  NESSA,  ville  de  Perfe,  dans  le  Khorafan ;  c'eft- 
là  que  les  Selgiucides  ,  après  avoir  paflé  le  Gihon ,  s'ar- 
rêtèrent 8c  fixèrent  leur  demeure,  auflî  bien  qu'à  Bavard 
qui  n'en  efl;  pas  éloignée.  Cet  événement  arriva  fous  le 
règne  de  Mahmoud,  fils  de  Scbekteghin,  fultan  de  la 
dynaflie  des  Gaznerides.  Nefla  a  donné  la  naiffance  à 
plufieurs  auteurs  célèbres.  *  D'Herbdvt ,  Bibl.  orient. 

NESSAH  ,  ville  de  Perfe,  que  les  géographes  du 
pays  mettent  à  84  deg.  45  min.  de  longitude,  &  à  38 
deg.  40  min.  de  latitude.  Par  cette  polîtion  elle  doic 
être  dans  la  partie  méridionale  du  Schiiwan.  Taver- 
nier,  /.  3.  p.  403.  qui  en  parle  dans  fon  voyage  de 
Perfe ,  dit  qu'il  y  croît  d'excellens  fruits. 

1.  NESSONIUM.  Voyez.  Thessalia. 

2.  NESSONIUM  ,  étang  de  la  Theflalle,  félon  Or- 
telius,  Tbef.  qui  cite  Suidas  ,  8c  dit  qu'il  étoic  auprès 
de  la  ville  de  Larifle.  Strabon,  /.  9.  p.  430.  en  fait  un 
marais  ,  8c  le  nomme  Nefonis. 

1.  NESSUM,  ville  de  la  Theflalie ,  fclon  Etienne 
le  géographe. 

2.  NESSUM,  ou  Nessus  , ville  de  la  Haute  Mœ- 
fie ,  dans  le  canton  de  la  Dardanie ,  félon  Ptolomée ,  lib. 
3.  cap.  9 

NESSUS,  fleuve  de  Thrace.  Ptolomée,  /.  3.  c.  11. 
nomme  Nejfus  le  fleuve  qu'Hérodote,  /.  7.  c.  109.  & 
Pline,  /.  4.  c.  11.  appellent  Nestus.  Les  Turcs,  fé- 
lon Belon  ,  lui  donnent  le  nom  de  Charafon ,  8c  les 
Grecs  celui  de  Mcftro.  *Ortelii  Thefaur. 

NESTvEI,  peuples  de  l'Illyrie.  Apollonius  les  place 
au-près  des  Monts  Ccrauniens  ,   &  du  fleuve    Nifis. 

*  OrteliiThehiu. 

1.  NESTE,  rivière  de  France;  elle  prend  fa  four- 
ce  vers  le  haut  Comminge ,  dans  trois  lieux  différens; 
favoir  des  fontaines  de  Bagneres,  de  Luchon  8c  de  Goueil, 
trois  fontaines ,  ou  petits  étangs  appelles  Boms  par  cetir 
du  pays,  8c  dont  les  eaux,  quoique  glacées  la  plupart, 
du  tems  ,  font  renommées  pour  la  guérifon  de  diverfes 
maladies.  Cette  rivière  coule  enfuire  dans  la  vallée  d'Au- 
re,  &  va  enfin  fe  jetter  dans  la  Garonne  à  Montréal. 

*  Coulon  ,  Rivières  de  Fiance,  p.  502  8c  505. 

2.  NESTE,  petite  vallée  de  Fiance,  en  Gascogne, 
au  pays  des  Quatre-vallées ,  &  au  nord  de  celle 
d'Aure.  Elle  prend  fon  nom  de  la  rivière  qui  la  tra- 
verfe  du  midi  au  nord.  C'efl:  dans  cette  vallée  qu'efl  fi- 
tué  le  château  de  la  Barthe. 

NESTENIA.  Voyez,  Nostia. 
NESTER.  Voyez.  Niester. 

1.  NESTUS  ou  Nastus  ,  ville  de  Thrace,  félon 
Etienne  le  géographe  8c  Suidas.  C'efl  peut  être  la  ville 
que  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  9.  appelle  nsVk  ,  8c  qu'il  place 
dans  la  Myfie.  Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  au* 
jourdhui  Nyssa,  métropole  de  la  Servie.  *  Ort.  Thef. 

2.  NESTUS,  ville  de  l'Illyrie,  fclon  Etienne  le  géo- 
graphe. Orrelius,  l'hejaur.  dit  fur  la  foi  de  l'itinéraiie 
de  Corneille  Scepper ,  que  cette  ville  fe  nomme  aujour- 
d'hui NlSSAUA. 

3.  NESTUS,  fleuve  de  l'Illyrie.  Etienne  le  géographe  en 
parle,  8c  les  cartes  géographiques  lenomment  Nissava. 

NESUA-Voyez.  NeruA. 

Tom.  IV.    X  x  x  \) 


NET 


J32 

NtbWlCZ,  ville  de  la  Ruffie  Lithuanienne,  dans 
le  Palatinac  de  Novogrodeck ,  8c  chef-lieu  d'un  des 
quatre  territoires.  Cette  ville  eft  confidérable ,  8c  fi- 
tuce  fur  la  rivière  d'Usza  ,  qui  fe  jette  dans  le  Niémen, 
dans  la  pattie  orientale  du  Palatinat:  les  Jéfuites  y 
ont  un  collège,  une  maifon  de  noviciat,  «Scunetroi- 
fiéme  maifon. 
NESYDRION.  Voyez.  Halonesb. 
NETAD  ,  fleuve  de  la  Pannonie  ,  félon  Jomandès. 
qui  écrit  Nedaok  la  marge-, d'autres  lifent  Neoda. 

NETAOUATSEM1POETS  (  Les)  ,  c'eft  -  à  -  dire  , 
hommes  de  Pointe.  Ce  font  des  peuples  de  l'Amérique 
feprentrionale  ,  qui  vont  tous  les  ans  faire  la  traite 
au  fort  Nelfon.  Leur  demeure  ordinaire  en  eft  cepen- 
dant éloignée  de  quatre  cens  lieues.  *  La  Poterie , 
Hiftoire  de  l'Amérique  feptentrionale ,  p.  177. 
NETEC.  Voyez.  Notecz. 

NETHE.ou  plus  communément  Neehete  ,  rivière 
des  Pays  Bas ,  dans  le  Brabant.  Elle  eft  divifeeen  grande 
8c  en  petite:  la  grande  a  fon  commencement  entre  Po- 
llel  8c  Moll ,  dans  le  quartier  d'Anvers,  paffe  à  Moll , 
à  Gheel ,  à  Oofterloo ,  à  Wefterloo ,  à  Heeft-Meer- 
beck,  à  Ramey ,  à  Gheftel,  à  Ballar  8c  à  Liere  ,  où 
elle  reçoit  la  petite  Neehete.  *  Dict.  géographique  des 
Pays-Bas. 

La.  petite  a  fa  fource  au-deffus  du  village  de  Refthy  , 
d'où  elle  paffe  à  Herentals  ,  à  Thoren  ,  à  Grobben- 
donck  ,  à  Neetwerfel  ,  à  l'abbaye  de  Nazareth  8c  à 
Liere  ,  où  elle  fe  joint  à  la  grande  ;  depuis  Liere  elles 
ne  font  plus  qu'une  même  rivière ,  qui  fe  rend  à  Duf- 
fel  ,  à  l'abbaye  deRofendael  &àHeydonck  ,  où  elle  fe 
perd  dans  la  Dyle. 

NETHERBY.  Voyez.  ^Zsica. 
NETHUM  ,  Ne  a  ,  Ne^thum  ,  ce  font  les  noms 
latins  de  la  ville  de  Noto  en  Sicile.  Voyez.  Noto. 
NET1NENSES.  Voyez.  Ne*. 
NET1NI.  Voyez.  Ne*. 

NETIS  ,  autrement  Homeri  Vicus.  Théodoret  parle 
de  ce  lieu  ,  in  vita  S.  Maris.  Ortelius  fupçonne  qu'il 
pouvoit  être  chez  les  Homérites. 

NET1UM  ,  ville  d'Italie.  Strabon  ,  /.  6.  p.  282. 
la  place  chez  les  Peucetii  ,  fur  la  route  de  Brundufe 
à  Benevenr.  Comme  aucun  géographe  ne  parle  de  cette 
ville  ,  mais  bien  à'Ehetium  ,  il  y  en  a  qui  ont  cru 
que  Netium  étoit  un  mot  corrompu  A'Ehetium  ,  ou 
qa'Ehetium  étoit  corrompu  de  Netium  ;  mais  Surira  , 
dans  fes  remarques  fur  l'itinéraire  d'Antonin  ,  avertit 
qu'au  lieu  de  Netium  il  faut  lire  Neritum. 
NETOPHA.  Voyez.  Netupha. 
NETSIBIS.  Voyez.  Nisibis. 

NETTACOURT  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Cham- 
pagne ,  élection  de  Châlons. 

N  E T  T  U  NO  ,  Ncptunium  ,  ville  d'Italie  , 
dans  la  Campagne  de  Rome  ,  à  l'embouchure  8c  fur 
la  rive  droite  de  la  Loracina  ,  8c  à  l'eftdu  cap  d'An- 
zio.  Cette  ville  eft  petite  8c  affez  mal  peuplée.  Elle 
cil  ceinte  de  murailles  qui  forment  des  baftions  fans 
remparts  ,  fans  foffés  8c  fans  chemin  couvert.  On  a 
joint  à  fa  partie  occidentale  une  petite  fortereffe  car- 
rée ,  dont  les  angles  flanqués  de  baftions  font  arron- 
dis. L'ingénieur  en  a  tiré  l'avantage  de  pouvoir  y  pla- 
cer une  embrafure  qui  n'auroit  pu  y  être,  fi  l'angle 
avoir  été  aigu.  Il  y  a  dans  cette  fortereffe  un  Gouver- 
neur ,  auquel  ,  félon  l'ufage  du  pays  ,  on  donne 
le  nom  de  Caftelan.  Il  a  fous  lui  un  lieutenant ,  avec 
une  garnifon  proportionnée  au  pofte  qu'elle  doit  gar- 
der. *  Labat  ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  6.  p.  27. 

On  ne  fait  ,  ni  par  qui  cette  ville  a  été  bâtie  , 
ni  dans  quel  tems  ,  ni  à  quelle  occafion  ,  ni  pour- 
quoi on  lui  a  donné  le  nom  de  Nettuno  ,  corrompu 
de  celui  de  Neptune  ,  dieu  de  la  mer.  Le  père  Labat 
dit  ,  fans  citer  fes  garans ,  que  quelques-uns  croient 
qu'il  y  avoit  très-anciennement  dans  cet  endroit  un 
temple  dédié  à  Neptune  ,  pour  qu'il  fût  favorable  à 
ceux  qui  arrivaient  fur  cette  côte  ,  fujette  à  des  vents 
impétueux  8c  à  des  tempêtes  qui  rendent  le  rivage  très- 
dangereux.  Il  ajoute  qu'il  y  a  apparence  que  ce  tem- 
ple n'étoit  pas  fi  feul  ,  qu'il  n'y  eût  autour  de  lui 
quelques  maifons  ,  dont  le  nombre  s'augmentant  peu 
à  peu  ,  auroit  à  la  fia  formé  quelque  espèce  de  villa- 


NET 


ge  ou  de  bourg ,  à  qui  on  auroit  donné  par  honneur 
le  nom  de  celui  a  qui  le  temple  éroit  dédié.  Les  an- 
ciens nous  apprennent  que  ,  lorsque  les  Romains  atta- 
quèrent les  Antiates  ,  ils  leur  enlevèrent  d'abord  une 
petite  ville  maritime  qui  leur  fervoit  de  port  ,  &  que 
Denis  d'Halicarnafie  ,  /.  9.  p.  612.  appelle  Navale 
Antiatium.  Tite-Live  ,  /.  2.  c.  63.  en  parlant  de 
cette  première  expédition  des  Romains  ,  fous  la  con- 
duite de  Numicius  ,  nomme  cette  petite  ville  Ceno. 
On  doit  conclure  qu'elle  étoit  voifine  d'ANTiuM  ,  puis- 
que ,  félon  Denis  d'Halicarnaffe  ,  /.  9.  p.  612.  les 
Antiates  y  tenoient  leurs  marchandises  &  leur  butin, 
outre  que  c'étoit  le  marché  où  les  habitans  d'Antium 
achetoient  toutes  les  choies  néceffaires  à  la  vie.  Cela 
ne  décide  pourtant  pas  de  quel  côté  de  la  ville  d'An- 
tium étoit  Ceno  ;  car  le  rivage  paroît  fans  ports  des 
deux  côtés  ,  &  il  n'y  a  aucune  rivière  proche  d'An- 
tium ,  fi  ce  n'eft  la  Loracina ,  à  l'embouchure  de  laquel- 
le eft  aujourd'hui  la  ville  Nettuno  ,  ce  qui  fait  que 
Olivier  ,  liai.  ant.  I.  3.  Holftenius ,  Cellarius  ,  Geo- 
gr.  antiq.  I.  2.  c.  9.  8c  la  plupart  de  autres  géogra- 
phes modernes  s'accordent  à  dire  que  Ncptunium  ou 
Nettuno  eft  précifément  au  même  lieu  où  étoit  la  pe- 
tite ville  Ceno  ,  8c  par  conféquent  le  Navale  Antia- 
tium. Le  P.  Labat  ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  6.  p.  28. 
dit  qu'il  n'a  pu  découvrir  de  port  aux  environs  ; 
mais  le  tems  8c  la  mer  ont  pu  le  ruiner  8c  renver» 
fer  les  travaux  que  les  Antiates  avoient  faits. 

Nettuno  fut  ravagée  au  huitième  &  neuvième  fié- 
clés  par  les  Sarrafins.  Cependant  ces  mêmes  Barbares 
s'aviferent ,  on  ne  fait  pourquoi  ,  d'établir  une  colo- 
nie de  leur  nation  en  cet  endroit  ;  mais  les  Chrétiens 
ayant  pris  le  deffus ,  chafferent  ces  infidèles  ou  les  ruè- 
rent 8c  ne  firent  grâce  qu'aux  femmes  8c  aux  enfans. 
On  prétend  que  les  habitans  de  Nettuno  viennenc 
de  ces  femmes  Sarrafines  ,  qui ,  en  embraffant  la  reli- 
gion Chrétienne  ,  n'ont  pas  tellement  quitté  les  cou- 
tumes de  leur  pays  ,  qu'elles  n'en  ayent  confervé  plu- 
fieurs  qu'elles  transmettent  à  leurs  descendantes  ,  qui 
les  confervent  encore  avec  foin.  De  ce  nombre  peut 
être  mife  la  coutume  de  s'habiller  de  rouge  ,  celle  de 
porter  de  petits  corfets  ,  comme  en  portent  les  fem- 
mes de  Barbarie;  d'être  extrêmement  laborieufes  ,  obéis- 
fantes  8c  foumifes  à  leurs  maris  ,  fort  économes  ,  fort 
retirées  ,  élevant  leurs  enfans  avec  un  foin  tout  par- 
ticulier ,  en  un  mot ,  telles  qu'étoient  celles  dont  elles 
descendent. 

Le  terrein  aux  environs  de  Nettuno  feroit  fer- 
tile ,  s'il  étoit  cultivé  :  mais  les  habitans  n'en  cultivent 
qu'à  peu  près  autant  qu'ils  croient  en  avoir  befoin 
pour  eux.  Ils  ne  penfent  point  au  trafic  qu'ils  pour- 
roient  faire  avec  les  étrangers  ,  foit  qu'ils  ne  l'aiment 
pas  ,  ou  qu'ils  n'en  aient  point  befoin  ;  ils  n'ont  au- 
cun impôt  à  payer.  Leur  paffion  eft  pour  la  chaffe. 
Ils  font  tous  chaffeurs  8c  oifeleurs.  Leur  pays  eft  fort 
propre  pour  ces  exercices  ;  il  eft  environné  d'épaiffes 
forêts  8c  de  marais  ,  où  l'on  trouve  des  fangliers  ,  des 
dains  8c  des  chevreuils  en  quantité.  Les  plaines  8c  les 
bords  de  la  mer  fourniffent  des  lièvres  8c  des  lapins. 
On  rrouve  des  bécafles  dans  la  faifon  8c  d'autres  oifeaux 
de  mer  &  de  rivière.  On  a  dans  le  printems  8c  dans 
l'automne  le  retour  8c  le  paffage  des  cailles  qui  vien- 
nent d'Afrique  ,  &  qui  s'y  en  retournent  après  avoir  fait 
leur  ponte.  Quelque  quantité  de  gibier  qu'ils  ayent  , 
ils  font  furs  d'en  trouver  un  prompt  débit  à  Rome  , 
où  ils  ont  coutume  de  le  porter.  Les  rues  de  cette  petite 
ville  font  propres  ,  le  pavé  bien  entretenu  ,  les  maifons 
peu  élevées  8c  en  affez  bon  état  -,  il  y  manque  du  peu- 
ple. Ce  défaut  eft  ordinaire  dans  presque  tout  l'Etat 
eccléfiaftique  ,  excepté  dans  quelques  grandes  villes  ,  tout 
le  refte  paroît  défert  ,  quoiqu'on  n'y  paye  moins  d'im-> 
pots ,  que  le  pays  foit  fertile,  que  les  vivres  y  foienrà 
grand  marché ,   &  que  les  femmes  y  foienr  fécondes. 

Il  y  a  une  collégiale  à  Nettuno  ,  dont  les  prébendes 
font  d'un  revenu  affez  raifonnable  pour  le  pays.  Ils 
font  quatorze  ou  quinze  chanoines.  Il  eft  vrai  qu'ils 
l'abrègent  autant  qu'ils  peuvent,  à  caufe  du  mauvais  air 
dont  les  lieux  peu  fréquentés  font  plus  fusceptibles  que 
ceux  qui  le  font  davantage.  C'eft  par  cette  raifon  qu'ils 
vont  tous,  ou  presque  tous,  paffer  leur  fémeftre  à  Rome  , 


NEU 


NEU 


c'eft-à-dire,Ie  rems  de  la  canicule,  qu'on  fair  durer  depuis 
la  fin  de  Juillet  jusqu'au  commencement  d'Octobre  ,  ou 
peu  s'en  faut.  Il  eft  cerrain  que  dam  ces  chaleurs  les  exha- 
laifons  qui  s'élèvent  des  marais  infectent  l'air  ôc  caufent 
de  grandes  maladies  ,  ôc  fur- tout  des  fièvres  ardentes 
avec  des  Transports  au  cerveau ,  des  dyflentetics  opiniâ- 
tres qui  dégénèrent  fouvent  en  hydropifies  presqu'incu- 
rables.  Autli  y  voir  on  communément  dans  ce  pays  les 
vifages  plombés ,  les  yeux  jaunes  ôc  battus ,  ôc  les  enfans 
s'y  élèvent  difficilement. 

Cette  malheureufe  ville  a  effuyé  dans  le  mois  de 
Février  1757  un  affreux  ouragan  qui  a  emporté  tous  les 
toits  des  maifons  ,  ôc  a  fracaflé  les  vaiiTeaux  qui  étoient 
dans  le  port.  Mémoires  du  tems. 

NETUM.  Voyez  Micite. 

NETUPHA  ,  Netuphat  &  Netophathi  ,  ville  & 
campagne  entre  Bethléem  ôc  Anatoth.  On  trouve  dans 
l'écriture  quelques  perfonnages  natifs  de  Netophathi. 
Dom  Calmer  croit  que  Netophathi,  fils  de  Salma ,  dont  il 
eft  parlé  au  premier  livre  des  Paralipoménes  ,  n.  54. 
fur  le  perc  des  habitans  de  Netuphat.  *  /.  Efdr. 
II.  22.  &  IL  Efdr.  7.  76.  Jérem.  40.  8.  /.  Tarai.  9.  16. 

NETUSE  ,  ville  de  Perfe ,  dans  la  province  d'Ye- 
rach  ou  d'Iraque  ;  elle  eft  dans  le  voifinage  de  Ca- 
chan.  *  fetis  de  la  Croix  ,  Hift.  de  Ti mur- Bec  ,  1. 
$.  c.  4. 

1.  NEVA,  rivière  de  l'empire  Ruflien.  Voyez.  Nar- 

VA. 

2.  NEVA  ,  ville  de  la  Cœlefyrie.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  la  place  fur  la  route  de  Bemmari  à  Néapolis  , 
entre  JEtc  Se  Capitoîiada  ,  à  trente  milles  de  la  pre- 
mière ,  ôc  à  rrente-fix  milles  de  la  féconde. 

NEUBOROUGH ,  ville  d'Angleterre  ,  dansl'ifle  d'An- 
gleiey. 

1.  NEUBOURG  ,  ville  d'Allemagne  ,  capitale  du  du- 
ché cie  même  nom  ,  fur  le  Danube ,  dans  le  diocefe 
d'Augfbourg,  à  trois  lieues  au-deffus  d'IngoIftadt.  Elle 
eft  petite  ,  mais  bien  bâtie.  Marc  Vellér,/o/.  2jj.  rer. 
Auguftan.  Vindel.  dit  que  du  rems  de  Charlemagne , 
cette  ville  avoir  un  éveque  nommé  Manno  ;  mais  que 
dans  la  fuite  cet  évêché  fut  réuni  à  celui  d'Augfbourg. 
André  Bruner  ,  /.  Annal.  Boic.  p.  711.  ajoute  que  ce 
même  Manno  préfida  au  concile  tenu  à  Dingolving 
(  Dingelfing  ) en 772.  C'eft  le  feul  évêque  de  cette  ville, 
dont  l'hiftoire  faffe  mention.  Selon  Wiguleus  Hund  , 
Metro-ç.  Salif.  t.  1.  fol.  524.  cette  ville  fut  appellée 
Neubourg  pour  la  diftinguer  d'un  ancien  château  nom- 
mé Altenbourg  ,  donr  les  ruines  fe  voient  un  peu  au- 
deffus  de  Neubourg.  Matthieu  de  Pappenheim ,  en  par- 
lant de  l'origine  des  feigneurs  Palatins,  avance  que  Neu- 
bourg avoir  appartenu  à  fes  ancêtres.  Quoi  qu'il  en  foit , 
il  eft  certain  que  ce  lieu  a  appartenu  à  la  maifon  de 
Bavière  ,  puisque  Louis  le  Boffu ,  duc  d'ingoliladr ,  y 
alfiégea  fon  père  Louis  le  Barbu  ;  mais  après  la  guerre 
de  Bavière  ,  l'empereur  Maximilien  unir  en  ijoj  cette 
ville  au  Palatinat,  ôc  il  s'en  forma  une  nouvelle  prin- 
cipauté avec  titre  de  duché  ,  dont  Neubourg  fut  le 
chef-lieu.  On  lit  dans  la  cosmographie  de  Munfterus, 
l.$.  c.  324.  que  Neubourg  eft  fief  masculin  ôc  femi- 
flin ,  relevant  de  l'empire.  Du  tems  de  l'empereur  Char- 
les V  ,  le  comte  Otton  fit  rebâtir  le  château  ,  &  le  comte 
Wolfgang  Wilhelm  fit  fortifier  la  ville.  Il  y  a  eu  à 
Neubourg  un  monaftere  de  filles  nobles  de  l'ordre  de 
faint  Benoît,  fondé  ou  du  moins  rétabli  en  1007,  par 
l'empereur  Henri  II  ôc  Cunigonde  ,  fa  femme  ,  née 
comiefle  Palatine.  La  dernière  abbeffe  fut  Magdeléne 
de  Hundt  de  Lautterbach  ;  elle  mourut  en  1575.  Le 
Luthéranisme  s'étanr  alors  introduit  dans  la  ville  ,  on 
fit  fortir  ces  religieufes  ,  &  on  leuraffigna  une  penfion 
à  chacune.  Cependant  le  comte  Wolfgang  Wilhelm 
ayanr  introduit  de  nouveau  la  religion  Catholique  dans 
fes  états,  changea  cette  abbaye  en  un  collège,  qu'il 
donna  aux  Jéfuites  en  161 8.  La'ville  de  Neubourg  fouf- 
frit  beaucoup  durant  les  guerres  de  religion.  Dans  les  an- 
nées 1632  ôc  1633  ,  elle  fut  fouvent  prife  &  reprife , 
foit  par  les  Suédois,  foit  par  les  Bavarois.  Il  fe  tient 
foutes  les  femaines  dans  certe  ville  un  marché  pour  le 
vin.  *  Zeyler ,  Topogr.  Palat.  Rheni. 

2.  NEUBOURG,  duché  d'Allemagne ,  fur  le  Danu- 
be; C'eft  un  petit  pays  entre  Donawerth  ôc  Ingolftadc. 


Au  commencement  du  feiziéme  fiécleilfut  érigé  en  cuchc 
fouverain ,  en  faveur  d'une  des  branches  de  la  maifon 
Palatine  ,  qui  prit  le  nom  de  Neubourg  ,  ôc  qui  eft  par- 
venue depuis  a  la  dignité  électorale.  Ainfi  ce  duché  ap= 
partient  aujourd'hui  à  l'électeur  Palatin,  Voici  fes  prin- 
cipaux lieux , 

Neubourg  i         Keifersheim  ,  ou  Keisheim  , 
Laugingen ,         Hochftadt. 

*  Hubncr ,  Geogr.  p.  408. 

3.  NEUBOURG ,  en  allemand  Neuburg  vorm  Wald± 
petite  ville  avec  un  château  ,  dans  le  Palatinat ,  à  trois 
lieues  de  Cham,  entre  Retz  &  Schwandorff,  fur  une 
petite  rivière  appellée  Schwatzach  ,  qui  va  fe  jetter  dans 
la  Nabe.  Les  Suédois  attachèrent  le  pétard  à  une  des 
portes  en  1634,  ôc  y  entrèrent.  En  1641  ,  le  général 
Banier  s'en  rendit  encore  maître  ;  mais  peu  de  tems 
après  les  Impériaux  la  reprirent.  *  Zeyler ,  Topogr.  Pa- 
lat. Rheni. 

4.  NEUBOURG  ou  Neuenbourg  ,  petite  ville  d'Al- 
lemagne, fur  l'Ens  ,  dans  le  duché  de  Wirremberg  j 
au-deffus  de  Pfortzheim.  Elle  a  un  château  ,  ôc  elle  eft 
le  chef-lieu  d'un  bailliage.  Elle  jouit  du  droit  d'afyle  :  un 
meurtrier  ,  qui ,  dans  un  premier  mouvement  de  colère  , 
a  tué  quelqu'un ,  peut  y  demeurer  en  fureté  fix  femai- 
nes &  trois  jours.  L'empereur  Sigismond ,  à  la  prière 
du  comte  Louis  de  Wirremberg,  accorda  à  cerre  ville 
le  privilège  de  tenir  deux  foires  par  an  ,  l'une  à  l'As- 
cenfion ,  Ôc  l'autre  à  la  faim  André.  Une  ancienne  chro= 
nique  dit  qu'elle  fut  ceinte  de  murailles  en  1 274.  *  Zey- 
ler ,  Topogr.  Suevia:. 

$.  NEUBOURG,  en  allemand  Neuenbourg  ,  ville 
d'Allemagne,  dans  le  Brisgaw.  Elle  eft  fituée  près  du 
Rhin,  entre  Bâle  ôc  Brifack.  Cette  ville  a  eu  ancienne- 
ment Ces  comtes  particuliers.  On  dir  qu'elle  fur  entou- 
rée de  murailles  en  1212,  par  Wulfelin  ,  gouverneur 
du  pays  pour  l'empereur  Fridéric  II.  Ce  fut  une  des 
villes  que  l'empereur  Louis  de  Bavière  donna  en  hy- 
pothèque pour  les  frais  de  la  guerre  à  Otton  ,  duc  d'Au- 
triche ,  fui  nommé  le  Joyeux.  Depuis  ce  tems,  elle  eft 
reftée  à  la  maifon  d'Autriche.  Elle  fut  prife  en  1631 
&  en  1634  par  les  Suédois,  &  en  1638  par  le  duc  de 
Saxe-Weymar ,  qui  y  mourut  l'année  fuivante.  Le  Rhin 
eft  fi  rapide  en  cet  endroit  t  que  l'églife  qui  en  étoit 
autrefois  allez  éloignée  ,  a  éré  emportée  pour  la  plus 
grande  partie  par  ce  fleuve,  dont  les  eaux  ont  gagné 
jusque-la.  11  y  avoit  quelques  forts  auprès  de  cette  ville  > 
mais  les  payfans  du  voifinage  les  raferent  en  1 649.  *  Zey- 
ler ,  Topogr.  Alfaria?. 

6.  NEUBOURG,  ville  delà  Baffe-Autriche  ,  fur  le 
Danube ,  à  deux  lieues  de  Vienne ,  près  de  la  monta- 
gne de  Kalenberg.  On  la  nomme  communément  Clou- 
ter Newbourg,  pour  la  mieux  diftinguer  de  Kornew- 
bourg  ,  qui  eft  de  l'autre  côté  du  Danube.  Le  fameux 
monaftere  qu'elle  renferme,  &  qui  lui  fait  donner  com- 
munément le  nom  de  Clofter  Newbourg,  a  été  fondé  eri 
1 120  ,  par  Léopold  ,  marquis  d'Aurriche  ,  ôc  Agnès,  fa 
femme  ,  qui  étoit  fille  de  l'empereur  Henri  IV.  Il  eft 
vrai  qu'ils  n'y  mirent  d'abord  que  des  chanoines  fécu- 
liers -,  mais  ceux-ci  embrafferent  enfuite  la  règle  de  faine 
Auguilin,  qui  s'y  eft  maintenue  jusqu'à  préfent  :  en  con- 
féquence  de  cette  démarche  ,  la  maifon  fut  comblée  des 
grâces  du  faint  Siège,  qui  lui  accorda  de  trcs-gràndcs 
prérogatives.  Elle  conferve  encore  les  rombeaux  de  fes 
deux  illuftres  fondateurs.  Il  n'y  a  point  de  monaftere  plus 
confidérable  ôc  plus  magnifiquement  bâti  dans  toute 
l'Autriche.  Cette  ville  a  au  Ai  un  château  où  fes  princes 
ont  fait  leur  réfidence.  Elle  vint  au  pouvoir  de  l'empe- 
reur Rodolphe  1 ,  en  1 275  ,  par  l'adrefle  d'un  petit  nom- 
bre de  Bavarois ,  qui  la  furprirent.  Elle  fur  emportée 
en  1477  par  les  armes  victorieufes  de  Matthias  Cor- 
vin  ,  roi  de  Hongrie  ,  après  la  mort  duquel  elle  fut  re- 
prife  par  l'empereur  Maximilien  I ,  l'an  1490.  *  Zeyler  i 
Topogr.  Auftria;. 

7.  NEUBOURG  ,  ou  Nyborg,  ville  du  royaume  de 
Danemarck  ,  fur  lacôteorientaledel'iflede  Funen.  Cette 
ville  eft  allez  bien  bâtie  :  elle  rapporte  fa  fondation  à 
l'année  1 175  ,  ôc  les  états  du  royaume  s'y  font  affemblés 
fort    fréquemment ,  parce   qu'elle  fe   rrouvoit   fituée 


NEU 


*34 

comme  au  milieu  du  royaume.  C'eft  dans  le  port  de  cette 
ville  qu'on  s'embarque  pour  traverfer  le  Belt  ôc  palier 
de  l'iflc  de  Funen  dans  celle  deZelande.  En  1549 ,  le  roi 
Chriftian  Iil  la  fit  fortifier.  Elle  eft  fameuie  par  la 
victoire  que  les  troupes  de  l'empereur,  de  l'électeur  de 
Brandebourg  ,  du  roi  de  Pologne  ôc  des  états  généraux 
des  Provinces-Unies  y  remportèrent  fur  les  Suédois, 
qui  s'étoient  emparés  de  toute  l'ifle  de  Funen ,  ôc  qui 
en  furent  chalTés  par-là.  *  Rutg.  Hermanid.  Defcr.  Da- 
nia: ,  p.  711. 

8.  NEUBOURG  ,  en  latin  Novus  Burgus  (  a  ) ,  bourg 
de  France ,  dans  la  Normandie,  entre  la  Rille  Ôc  la  Seine  , 
à  fix  lieues  de  Rouen  Se  à  quatre  d'Elbeuf ,  au  mi- 
lieu d'une  belle  plaine.  Ce  bourg  eft  confidérable  :  il  a 
donné  le  nom  à  un  petit  pays.  Il  a  un  château  avec 
titre  de  marquifat.  Le  marché  qu'on  y  tient  toutes  les 
femaines  pour  le  bétail ,  ôc  qui  eft  un  des  plus  beaux 
marchés  de  la  province,  le  rend  fort  connu  ôc  forr 
fréquenté.  Il  s'y  tient  aufti  quatre  foires  par  an.  La  pa- 
roifTe  eft  fous  l'invocation  de  faint  Pierre  ôc  de  faint 
Paul  (  b  ).  On  y  trouve  un  prieuré  de  Bénédictines  ôc  un 
hôpital,  avec  une  commenderie  de  l'ordre  de  Malte, 
dans  fen  voifinage  à  Saint  Etienne  de  Renneville.  Les  of- 
ficiers du  bailliage  Se  de  la  vicomte  de  Beaumont-le-Ro- 
ger  ,  viennent  tous  les  mercredis  à  1  alternative  admini- 
strer la  juftice  dans  ce  bourg.  Le  château ,  nommé  le 
Champ  de  bataille  ,  n'eft  éloigné  de  Neubourg  que  de 
demi-lieue,  (a)  Figaniol>  Defcr.  de  la  France,  t.  j.  p. 
389.  (  b  )  Corn.  Dict.  Mémoires  drejjes  fur  les  lieux  en 


NEU 


170 


-• 


9.  NEUBOURG  ,  plaine  de  France,  dans  la  Nor- 
mandie. C'eft  un  petit  pays  qui  s'étend  entre  les  rivières 
d'Eure  ôc  de  Rille  ,  Ôc  les  contrées  de  Lieuvin  ôc  du  Ru- 
mois.  Il  eft  très-fenile  en  bons  grains  ,  qu'on  transporte 
aux  marchés  d  Elbeuf  ,  de  Brionne  ,  d'Harcourr  &  de 
Beaumont-le-Roger.  Ce  pays  eft  une  portion  de  la  Cham- 
pagne ,  contrée  de  la  Normandie. 

On  y  trouve  les  villes  ou  bourgs,  qui  fuivent , 


Le  Pont  de  l'Arche  , 


i-ouviers 


Neubourg, 
Harcourt , 


Evreux 
Gaillon,  &c. 


10.  NEUBOURG  ,  Neoburgum  ,  abbaye  régulière  de 
l'ordre  de  Citeaux  ,  filiation  de  Bellevaux  ,  en  Alface  , 
au  diocèfe  de  Strafbourg ,  fur  la  Motter ,  à  une  lieue  ôc 
demie  de  Haguenau.  Elle  fut  fondée  en  1228  par  les 
comtes  de  Lutzelbourg  ,  dont  la  feigneurie  n'eft  plus 
qu'un  village  près  de  Phaltzbourg.  Ils  appellerent  douze 
religieux  de  l'abbaye  de  Lutzel ,  fous  la  conduite  du  moi- 
ne Waldrick,  qui  étoit  de  la  maifon  des  comtes  de 
Bourgogne  ,  ôc  qui  fut  le  premier  abbé  de  Neubourg. 
L'abbaye  jouit  d  environ  dix  mille  livres  de  rente.  Son 
abbé  ne  prend  point  de  bulles  à  Rome  ;  il  reçoit  fes 
provifions&r  l'inveftiture  de  l'abbé  de  Lutzel ,  fur  le  bre- 
vet que  le  roi  lui  accorde  après  l'élection  ;  il  reçoit  en- 
fuite  la  bénédiction  comme  un  autre  abbé. 

1 1.  NEUBOURG  ,  ancienne  abbaye  de  Bénédictines 
en  Allemagne,  dans  le  Palatinat ,  près  dHeidelberg , 
de  l'autre  côté  du  Ntckre.  11  y  a  eu  des  comtefies  palati- 
nes pour  abbefles. 

NEUBURY,  ou  Newberry,  bourg  d'Angleterre, 
fur  la  rivière  de  Kennet,  dans  le  Berkshire  ,  autrement 
le  comté  de  Bciks.  Il  s'y  tien:  un  marché.  11  fe  livra  une 
bataille  aux  environs  en  1644  ,  entre  Charles  I  ôc  les 
parlementaires.  Elle  ne  fut  décifive  pour  aucun  des  deux 
partis. 

NEUCAN  ,  ville  de  Perfe  ,  dans  le  Khorafan  :  elle 
eft  fituée  au  82  deg.  41  min.  de  longitude  ,  fous  les 
38  dcg.  8  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  D' Herbe- 
lot  ,  Biblioth.  orient. 

NEUCHAN  ,  NieuWschans  ou  Schans-ter-Nie, 
tous  noms  qui  fignifient  le  Fort- neuf.  C'étoit  une  for- 
tereffe  fituée  fur  la  Nieva  ,  du  côté  de  la  Finlande  ,  à 
quarante  werftes  au  couchant  de  Nootebourg  ,  &  dans 
un  angle  formé  par  un  gros  ruiffeau  qui  fe  joint  dans 
cet  endroit  à  la  Nieva.  Les  Suédois  y  tenoient  garnifon 
dans  le  teins  qu'ils  en  étoient  en  poiîeflïon  ,  Ôc  les  ha- 
bitans  faifoient  un  commerce  allez  confidérable.  Pierre 
Je  Grand,  empereur  de  Ruifie ,  s'en  étant  emparé  au 
commencement  de  ce  ficelé,  a  ruiné  cette  forterefle. 


1.  NEUCHATEL.  C'eft  le  nom  que  l'on  donne  à  un, 
lac  de  la  Suiiïe  ,  que  l'on  nomme  également  le  lac  db 
Neuchatel  ôc  le  lac  d'Yverdun.  Il  a  plus  de  fept 
lieues  de  long  ,   depuis   Yverdun  jusqu'à  Saint  Blaife  ; 
mais  il  n'a  guère  plus  de  deux  lieues  dans  fa  plus  grande 
largeur  ,  qui  eft  de  Neuchatel  à  Cudrefin.  Ce  lac  fé- 
pare  la  fouveraineté  de  Neuchatel  ôc    le  bailliage  de 
Granfon  en  partie ,  des  terres  des  deux  cantons  de  Ber- 
ne &de  Fribourg.  Il  y  a  beaucoup  d'apparence  qu'il  a  été 
autrefois  plus  longicar  on  voit  vers  fes  deux  bouts  ,  d'un 
côté  dans  le  bailliage  d  Yverdun,  à  compter  depuis  la  vil- 
le ,  ôc  de  l'autre ,  dans  le  lieu  ôc  dans  le  voifinage  de  S. 
Blaife  ,  un  allez  long  espace  de  pays  marécageux  ôc  uni , 
environné  de  rochers  ôc  qui  femble  avoir  été  autrefois 
couvert   d'eau.  Comme  il  fe  retire   à  préfent  tous  les 
jours ,  on  a  lieu  de  croire  qu'il  l'a  fait  dès  les  rems  pafles. 
II  y  a  cinquante  à  foixante  ans  qu'il  venoit  battte  jus- 
qu'aux murailles  d  Yverdun  ;  maintenant  il  en  eft  éloigné 
d'environ  la  portée  d  un  canon.  De  même  à  Neuchatel 
plufieurs  vieillards  le  fouviennent  qu'il  alloit  quelque- 
fois  jusqu'à  la  porre  de  la  ville,  aujourd'hui  il  en  eft 
bien  reculé.  D'autre  côté  ,  on  remarque  que  le  pays  de 
Vullics ,  qui  eft  la  presqu'ifie  fituée  entre  les  lacs  de  Neu- 
chatel ôc  de  Morat,  s'abaifle  peu  à  peu,  de  forte  que 
de  certaines  hauteurs  du  bailliage  d'Avenche,  on  peut 
découvrir  par-defïus  cette  presqu'ifie  ,  de  certains  endroits 
du  côté  de  Neuchatel ,  qu'on  ne  pouvoit  pas  découvrir 
auparavant.  On  remarque  que  ce  lac  n'eft  pas  fort  pro- 
fond :  c'eft  ce  qui  fait  qu'il  eft  très-orageux  &  très-péril- 
leux. Il  fe  gelé  quelquefois ,  comme  cela  lui  eft  arrivé 
au  commencement  de  l'année  169J.  Néanmoins  ce  qui 
eft  furprenant ,  il  ne  fe  gela  point  dans  le  rude  hiver  de 
1709.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe  ,  t.,  3.  p.  26 1. 
2.  NEUCHATEL,  en  allemand WeUch-Ncwenbourg% 
ôc  en  latin  Neocomum ,  Neoburgum  ,  Neopyrgum ,  Noi- 
dedolex-Aventicus  ôc  Novic.ijlrum ,  ville  de  SuifTe  fur 
un  lac  ,  auquel  elle  donne  fon  nom,  &  la  capitale  d'un 
comté  fouverain  de  même  nom,  au  47  degré  j  minutes  de 
latitude.  Cette  ville  eft  belle ,  pafiablement  grande  ôc 
dans  une  fituation  inégale.  Elle  eft  partie  fur  une  col- 
line, dont  la  pente  eft  allez  rude,  &  en  partie  dans 
la  plaine.  Il  paroît  qu'elle  n'occupoit  autrefois  que  la 
colline  ,  ôc  qu'elle  s'eft  étendue  dans  la  plaine  à  mefu- 
re  que  le  lac  s'eft  retiré.  Les  maifons  y  font  générale- 
ment bonnes  &  bien  bâties,  ôc  l'on  y  voit  divers  beaux 
édifices,  tant  publics  que  particuliers.    La  rivière  de 
Sion  coule  au  milieu  ôc  y  forme  d'espaces  à  autres  di- 
verfes  cascades  agréables.  Le  château  eft  fur  la  hauteur 
qui  commande  la  ville.  C'eft  un  grand  bâtiment  à  l'an- 
tique. On  y  monte   par  un  escalier  de  pierre  d'une 
centaine  de  marches  ,  dont  quelques-unes  font  taillées 
dans  le  roc.  A  côté  du  château  eft  un  beau  temple  an- 
tique &  dans  la  même  enceinte,  avec  une  belle  place 
en  terraffe ,  qui  donne  la  vue  fur  la  ville  &  fur  le  lac. 
On  dit  que  ce  château  ôc  ce  temple  ont  été  bâtis  par 
la  reine  Berthe  ,  femme  de  Rodolfe  II,  roi  de  Bour- 
gogne, mort  l'an  937.  On  voyoit  autrefois  en  has  re- 
lief au-defius  du  grand  portail  de   ce  temple ,  la  Ste 
Vierge    aifife  fur  un  trône ,   la  reine  Berthe  à  genoux 
devant  elle  en  habit  royal,  préfentant  un  temple  à  la 
Vierge  ,  ôc  S.  Ulrich,  fon  frère , en  habit  de  prêtre  auS- 
fi  à  genoux.  On  y  lifoit  cette  infeription  en  latin  bar- 
bare :  Kespice  ,  Vit  go  pia  ,  me  ,  Bertha  Scamaria ,  &  fi 
mul  Ulricus  Ù"  fugiens  inimici  -y  dat  domus  honoris  in 
facientibus  &    Paradifum  •■,    mais   de  faux   zélés   ont 
abbatu   tout  celai  ce  qui  a  fait  dire  aux  Catholiques , 
que  les  habitans  de  Neuchatel  avoient  ôté  la  Ste  Vier- 
ge de  la  porte  de  leur  temple ,  ôc  y  avoient  laide  le 
diable.  En  effet,  on  le  voit  repréfenté  en  pierre  à  un 
des  côtés  de  la  même  porte.  Il  y  a  dans  ce  temple  quel- 
ques maufolees  des  anciens  comtes  ôc  comteffes  de  Neu- 
chatel. 

Au  milieu  de  la  place  qui  eft  devant  le  temple ,  on 
montre  une  pierre,  fous  laquelle  eft  enterré  Guillaume 
Farel ,  le  réformateur  de  l'égliie  de  Neuchatel.  En  des- 
cendant la  ville,  on  rencontre  une  ancienne  &  grofic 
tour,  épaiffe,  conftrviite  de  gros  quarriers  de  pierre,  & 
qui  eft  un  refte  de  l'antiquité  de  cette  ville.  Dans  la 
plaine,  on  voit  la  maifon  de  ville  ôc  le  temple  neuf, 
qui  eft  commode  ôc  fort  propre.  11  fut  bâti  en  169J. 


NEU 


De  trois  côtés  il  eft  entoure  de  grandes  Se  larges  ga- 
leries conftruites  en  amphithéâtre  pour  la  commodité 
des  auditeurs.  11  fert  aux  aflembléesde  l'églife  du  lieu, 
ôc  à  celles  de  l'églife  Allemande.  Au  bord  du  lac  il  y  a 
une  très-belle  place  ,  longue ,  large ,  Se  bordée  de  plu- 
sieurs belles  maifons. 

3.  NEUCHATEL,  comté  fouverain  dans  laSuiflej 
à  l'occident  des  cantons  de  Berne  Se  de  Fribourg ,  ôc 
à  l'orient  de  la  Franche  Comté ,  de  laquelle  il  eft  fé- 
paré  par  le  mont  Jura.  Ce  comté  eft  un  démembre- 
ment du  duché  de  la  Bourgogne  Transjurane ,  pofiedé 
par  les  princes  de  Zeringue.  *  Longuerue,  Description 
de  la  France }  p.  299.  B. 

Le  premier  comte  de  Neuchàtel  qui  eft  connu ,  efl 
Ulric ,  qui  vivoit  vers  la  fin  du  douzième  flécle  Se  au 
commencement  du  treizième.  Il  avoit  un  fils  nommé 
Bertold,  qui  fit  l'an  12 14  ,  une  convention  avec  les  ha- 
bitans  touchant  les  franchifes  de  ces  bourgeois  Se  des 
gens  du  pays.  Bertold  eut  pour  héritier  Rodolfe  I ,  dont 
vint  Rolin. 

Jusqu'ici  les  comtes  avoient  relevé  des  empereurs  im- 
médiatement ;  mais  Rolin  ayant  réfigné  volontairement 
fon  comté  à  l'empereur  Rodolfe  de  Habfbourg  l'an 
1288,  cet  empereur  en  invertit  Jean  de  Châlon.  Rolin 
reprit  en  fief  ce  comté  de  Jean  de  Châlon  pour  le  te- 
nir de  lui  à  foi  Se  hommage ,  félon  la  nature  des  fiefs 
impériaux  -,  ainfi  Rolin  ne  fut  plus  qu'arriere-vaflal  de 
l'empire.  Rodolfe  ,  qui  fuccéda  à  Rolin  a  ce  comté ,  en 
fit  hommage  l'an  1 3 1 1  ,  au  même  Jean  de  Châlon,  Se 
alors  les  tilles  furent  déclarées  habiles  à  fuccéder  au  dé- 
faut des  maies. 

Louis,  comte  de  Neuchàtel  ,  fon  fils,  rendit  homma- 
ge l'an  1357,  aux  mêmes  conditions  :  ce  comte  Louis 
mourut  l'an  1373,  ne  laiflant  que  deux  filles,  dont  l'aî- 
née s'appelloit  Ifabclle,  Se  la  cadette  Frena  ou  Varen- 
ne.  Ifabclle  jouit  feule  du  comté  de  Neuchàtel  ;  Se  n'ayant 
point  d  enfans ,  elle  déclara  que  fon  héritier  étoit  Con- 
rad de  Fribourg ,  fils  de  fa  fœur  Frena  ou  Varenne  , 
qui  rendit  hommage  l'an  1407 ,  de  ce  comté,  à  la  réferve 
du  droit  que  les  filles  avoient  d'y  fuccédet. 

Conrad  de  Fribourg  lailîa  ce  comté  à  fon  fils  Jean 
de  Fribourg  ,  qui  fit  le  même  hommage  que  fes  prédé- 
eelTeurs.  L'an  1406,  les  habitans  de  Neuchàtel  ayant 
obtenu  la  confirmation  de  leurs  privilèges  de  Jean  de 
Châlon  ,  feigneur  direcF  du  comté ,  lui  pafferent  cette 
reconnoiflance  ,  que  fi  la  poltérité  de  Conrad  manquoit 
du  côte  des  mâles,  ils  reconnoîtroient  alors  Jean  de 
Châlon  pour  leur  feigneur  ;  Se  que  fi  Conrad  ou  fes 
héritiers  vouloient  donner ,  vendre  ou  transférer  par  tes- 
tament ,  inftitution  héréditaire  ou  autrement ,  le  tout 
ou  partie  du  comté  de  Neuchàtel  à  d'autres  qu'aux  en- 
fans  qui  leur  dévoient  fuccéder ,  les  habitans  de  Neuchà- 
tel promettoient  par  ferment  qu'ils  ne  fe  foumettroient 
point  à  ceux  à  qui  ce  comté  autoit  été  aliéné  ,  mais 
qu'ils  reconnoîtroient  pour  leur  feigneur  Jean  de  Châ- 
lon. 

L'an  1409,  Conrad  mécontent  de  ce  que  ceux  de  Neu- 
chàtel avoient  fait ,  s'en  plaignit  au  fénat  de  Berne  » 
qui  eft  juge  compétent  des  différens  qui  furviennent  en- 
tre les  feigneurs  de  Neuchàtel  Se  fes  fujets  ;  il  renonça 
à  fes  plaintes,  ôc  l'acle  demeura  dans  fa  force.  Jean 
de  Fribourg  n'eut  point  d'enfans,  ôc  mourut  l'an  14J7. 
Il  avoit  cédé  fon  comté  à  fon  coufin  germain  Rodol- 
fe, marquis  de  Hochberg  Se  de  Rotelin  ,  qui  étoit  de 
la  tnaifon  de  Bade  ,  Se  fils  de  Guillaume  de  Bade , 
marquis  de  Rotelin  ,  Se  d'Anne  de  Fribourg,,  fœur  du 
comte  Conrad.  Le  marquis  Rodolfe  avoit  époufé  Mar- 
guerite de  Vienne,  fille  de  Guillaume  de  Vienne,  fei- 
gneur de  Sainte  Croix  ,  Se  d'Alix  de  Châlon. 

Par  ce  mariage  Rodolfe  crut  avoir  réuni  ôc  acquis 
les  prétentions  que  ceux  de  la  maifon  de  Châlon  avoient 
eues  fur  le  comté  de  Neuchàtel.  Il  mourut  l'an  1 487,  ne 
laiflant  qu'une  fille  &  unique  héritière  Jeanne  de  Hoch- 
berg ,  qui  époufa  Louis  d'Oiléans ,  duc  de  Longueville. 
Elle  fut  reconnue  dame  de  Neuchàtel ,  &  reçue  dans  l'al- 
liance des  quatre  cantons  de  Berne  ,  Lucerne  ,  Fribourg 
ôc  Soleure  ,  en  laquelle  ce  pays  de  Neuchàtel  étoit  entré 
cent  ans  auparavant. 

Les  Suifles  étant  devenus  ennemis  de  Louis  XII ,  roi 
de  France ,  dépofféderent  Louis  ôc  Jeanne  l'an  1/09.  Les 


NEV       S3S 

cantons ,  après  avoir  joui  dix  ans  de  Neuchàtel ,  reltitue- 
rent  a  cette  princefle  fafouveraineté,  en  confirmant  les 
anciennes  alliances  Se  le  droit  de  Bourgeoifie  ,  avec  les 
franchifes  des  habitans  ,  par  lesquelles  ils  n'ont  aucun 
pouvoir  fur  eux  ,  que  de  leur  confentement. 

Ils  ont  même  changé  de  religion  fans  l'aveu  du  prince , 
ôc  ont  aboli  la  Méfie  Se  tous  les  cultes  de  l'Eglife  Romai- 
ne l'an  1  r  30 ,  étant  appuyés  de  ceux  de  Berne  leurs  pro- 
tecteurs. Du  relie  ils  ont  laifie  jouir  ceux  de  la  maifon 
d'Orléans- Longueville  de  leurs  droits  Se  de  leurs  re* 
venus. 

Le  dernier  mâledecette  maifon  a  été  Jean  Louis  d'Or- 
léans ,  mort  l'an  1694.  Le  prince  deConti ,  fondé  fur  un 
teftament  de  Jean-Louis,  fait  en  fa  faveur ,  lui  voulut  fuc- 
céder ;  mais  il  eut  les  trois  états  contraires ,  qui  rejette- 
rent  fa  demande  dans  les  années  1694&  1699. 

Dans  ce  tems ,  Guillaume ,  roi  de  la  Grande-Bretagne 
ôc  prince  d'Orange  ,  foutint  qu'il  avoit  des  droits  fur  le 
comté  de  Neuchàtel ,  à  caufe  de  la  maifon  de  Châlon. 
Ce  prince  étant  mort  l'an  1702,1e  feu  roi  de  Prufle  fe  dé- 
clara fon  héritier  comme  fils  de  la  fœur  aînée  de  Guillau- 
me, prince  d'Orange  ,  perc  du  roi  Guillaume,  ôc  fou- 
tint que  la  principauté  d'Orange  ôc  le  comté  de  Neu- 
chàtel lui  appartenoienr. 

L'an  1707,  après  la  mort  de  Marie  d'Oiléans,  du- 
che/Te  de  Nemours,  inveftie  de  cette  principauté  par  les 
trois  états  l'an  1694  ,cc  roi  envoya  demander  l'inveûiture 
de  Neuchàtel  aux  trois  états,  qui  la  lui  accordèrent ,  par- 
ce qu'il  étoit  de  leur  religion;  ils  rejetterent  les  parens 
de  la  défunte  &  les  autres  prétendans. 

Après  fa  mort,  fon  fils  le  roi  de  Prufle  ,  faifimt  la  paix 
à  Utrccht  l'an  1713  avec  Louis  XIV  ,  a  obtenu  par  le  neu- 
vième article  que  le  roi  Très-Chrétien  le  reconnoîtroit 
pour  fouverain  feigneur  de  la  principauté  de  Neuchàtel 
ôc  de  Valengin  :  le  roi  promit ,  pour  lui  Se  fes  fuccefleurs , 
qu'il  ne  le  troubleroit  point  dans  la  poffeftîon  de  cette 
principauté  ,  les  habitans  de  laquelle  jouiront  en  France 
des  mêmes  avantages  dont  jouiflènt  ceux  des  autres  pays 
de  la  SuiiTe. 

Les  comtes  de  Neuchàtel  d'autrefois  avoient  toujours 
un  gouverneur  qui  réfidoit  dans  le  pays.  Le  roi  de  Prude 
en  envoie  pareillement  un;  mais  la  juftice  ordinaire  eft 
administrée  par  un  confeil  qui  réfide  dans  la  ville  de  Neu- 
chàtel. Il  eft  compofé  de  foixante-quatte  perfonnes ,  qui 
rendent  la  juftice  au  nom&  de  la  part  du  prince.  La  ju- 
ftice en  dernier  reflbrt  eft  rendue  par  le  corps  des  états , 
formé  de  quatre  confeilleis  d'état ,  de  quatre  officiers  de 
judicature  ,  &  de  quatre  confeilleis  de  la  ville.  C'eft  àa 
corps  d'état  feula  qui  il  appartient  de  faire  des  régle- 
mens,  des  ftatuts  ,  des  loix  ôc  des  ordonnances.  C'eft 
lui  qui  repiéfente  lafouveraineté,  &  qui  exerce  l'auto- 
rité fuprême.  Le  prince  y  fait  préfider  fon  gouverneur  ; 
mais  il  n'entre  point  en  confuLation  avec  les  confeillers. 
C'eft  ce  tiibunal  qui  donna  l'inveftiture  de  la  fouveiai- 
neté  au  feu  roi ,  ôc  devant  qui  tous  les  prétendans  firent 
valoir  leurs  prétentions  ,  ôc  inftruifirent  leur  affaire.  * 
Etat  &  Délices  de  la  Sui/Je  ,  tom.  3.  pag.  2jo.  Ôc  fui- 
vantes. 

Quoique  les  habitans  de  Neuchàtel  foient  fort  jaloux 
de  leurs  privilèges ,  ils  ne  Enflent  pas  d'être  attachés  à 
leur  prince.  Ce  pays  n'eft  pas  à  beaucoup  près  fi  riche 
qu'il  étoit  autrefois.  i°.  11  en  fort  tous  les  ans  des  fom- 
mes  confidérables  pour  les  deniers  feigneumux.  20.  Le 
commerceyeft  entièrement  tombé  depuis  1  interdiction 
que  la  France  a  publiée  de  celui  qui  fe  faifoit  par  la 
Bourgogne ,  ôc  on  y  eft  réduit  au  feul  commerce  des 
vins. 

L'air  du  comté  de  Neuchàtel  eft  doux  le  long  du  lac  , 
mais  un  peu  vif  dans  les  montagnes.  De  même  le  terroir 
y  eft  différent ,  félon  la  différente  fituation  des  lieux  ;  mais 
le  travail  des  habitans  l'a  rendu  fertile  en  général.  Au  pied 
des  montagnes  il  y  a  de  bonnes  prairies  &  des  champs  fer- 
tiles. Les  coteaux  le  long  du  lac  font  couverts  de  vignes 
qui  rapportent  de  deux  fortes  de  vins ,  du  blanc  ôc  du 
rouge.  Le  blanc  eft  médiocre,  &Ie  rougeeft  excellent. 
On  trouve  beaucoup  de  bêres  fauves  dans  les  bois ,  auffi 
bien  que  d'autre  gibier.  Le  lac  Se  la  Reufe  fourniflent 
de  très-bons  poiflbns.  Il  y  a  dans  ces  montagnes  plus  de 
pierres  rares  ôc  de  coquillages  pétrifiés  qu'en  aucun  au- 
tre endroit  de  laSuiffe.  11  s'en  trouve  aulfi  dans  le  tor- 


NEV 


536 

rentdeSyon.  Dans  divers  endroits  du  pays,  on  a  des 
mines  de  fer  Se  de  plomb,  des  carrières  de  marbre  Se 
des  minières  de  craie  :  il  y  a  auili  quelques  eaux  miné- 
rales. 

Les  habitans  paflent  généralement  pour  être  gens  d'es- 
prit ,  induftrieux  ,  adroits  ,  appliqués  ,  laborieux  ;  mais 
un  peu  glorieux,  ce  qui  vient  des  grands  privilèges  dont 
ils  jouiffent.  Ils  font  tous  Proteltans,  depuis  l'an  ij  30  , 
à  l'exception  d'un  petit  nombre  ,  qui  demeure  ferme  dans 
la  religion  Catholique.  Parmi  les  Proteltans ,  la  discipli- 
ne eccléfiaflique  s'exerce  avec  plus  de  rigueur  qu'en  au- 
cun autre  endroit  de  la  Suilïe.  On  va  jusqu'à  condamner 
à  faire  amende  honorable  en  pleine  affemblée  ceux  qui 
font  convaincus  de  mener  une  vie  libertine  ou  fenfuelle. 
A  l'égard  des  Catholiques  »  ils  font  uniquement  dans  la 
baronnie  de  Landeron  ,  qui  contient  une  petite  ville  & 
trois  ou  quatre  villages  ,  qui  dépendent  actuellement , 
pour  le  fpirituel  ,  de  l'évêque  de  Fribourg.  Quant  au 
gouvernement  fpirituel  des  Proteltans ,  il  ett  tout  entier 
entre  les  mains  de  la  claffe  oudufynode  des  miniftres , 
qui  s'affemblent  tous  les  ans  à  Neuchâtel,  &  auili  quel- 
quefois extraordinairement.  C'eft  la  claffe  qui  donne  l'im- 
pofition  des  mains  ou  l'ordination  ;  c'eft  elle  qui  donne 
les  pafleurs  aux  églifes ,  à  la  réferve  de  la  ville  de  Neu- 
châtel quia  le  droit  de  choifir  les  fiens. 

Dans  tout  le  pays  on  parle  françois  ,  ou  plutôt  un 
jargon  ou  patois  particulier ,  approchant  du  bourgui- 
gnon ,  Se  qui  efl  affez  agréable  dans  la  bouche  des  fem- 
mes. 


NEV 


Les  principaux  lieux  de  ce  comté  font 


Neuchâtel, 
Serrière , 
S.  Aubin, 
Vaumarcus, 
Creffy , 
Rochefort , 


Bevais , 

Boudri(j/*Buldri, 
Colombier , 
Cortaillot , 
Vaux-Travers , 
Travers , 


Auvergnez, 
S.  Blaife, 
Landeron , 
Nerieu , 
Les  Verrières. 


Les  comtes  de  Neuchâtel  ont  une  ancienne  alliance 
de  combourgeoifie ,  avec  les  quatre  cantons  fuivaas , 
Berne,  Lucerne ,  Fribourg  «Se  Soleure  ;  Se  la  ville  de 
Neuchâtel  a  aufli  une  étroite  alliance  de  combourgeoi- 
fie avec  Berne. 

NEUDINGEN,  abbaye  de  filles ,  ordre  de  Cîteaux, 
en  Allemagne  ,  dans  la  Suabe  ,  au  diocèfe  de  Con- 
fiance. 

NEtJDRUS,  fleuve  de  l'Inde.  Arrien  ,  in  Indlcis  c. 
4.  dit  qu'il  a  fa  fource  dans  le  pays  des  Attaccnï  ,  Se  qu'il 
fe  décharge  dans  le  fleuve  Hyraotes.  Dans  un  manulcrit 
on  lit  EûJpoç  pour  Nivtyoç. 

NEVEIA  ,  en  grec  nm/3«'/c«,  ville  de  la  Toscane.  Voyez 
Larnia. 

NEUENCALEN  ,  ou  Niencalen  ,  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  le  Melkelbourg ,  près  du  lac  de  Kumme- 
row  ,  en.tre  Dargun  Se  Malchin.  Le  nom  de  ce  lieu  ligni- 
fie le  nouveau  Calen ,  &  dénote  que  fes  habitans  y  fu- 
rent transportés  du  vieux  Calen  ,  ou  ,  félon  la  langue  du 
pays ,  Old  Calen  ,  qui  efl  à  quelque  diftance  de-là  ,  près 
de  Dargun.  Neuencalen  eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage.  * 
Zeyler  ,  Topogr.  Infer.  Sax.  p.  186. 

NEVERD,  ville  d'Afie  :  c'eft  une  des  dépendances  de 
Cazeron  ,  félon  Petis  de  la  Croix  ,  dans  fon  hiftoire  de 
Timur-Bec ,  /.  5.  c .  68. 

NEVERS,  ville  de  France,  fur  la  Loire  ,  Se  la  capi- 
tale du  Nivernois.  Plufieurs  écrivains  ont  appliqué  à  cette 
ville  ce  que  les  commentaires  de  Céfar  difent  de  Novio- 
dunum  ,  fitué  dans  le  pays  des  Eduens.  Mais  d'autres 
regardent  cette  application  comme  fauffe ,  Se  préten- 
dent que  les  anciens  ne  lui  ont  donné  d'autre  nom  que 
celui  de  Nivernum  ,  qui  a  été  formé  de  la  rivière  de  Niè- 
vre ,  qui  fe  jette  en  cet  endroit  dans  la  Loire.  Selon  ceux- 
là  ,  Nevers  n'auroit  été  d'abord  qu'un  château  bâti  à  ce 
confluent.  Il  n'eft  pas  en  effet  dans  les  plus  anciennes  co- 
pies du  dénombrement  des  cités  de  la  Gaule  ,  fait  fous 
l'empereur  Honorius  ,  Se  cette  ville  ne  peut  produire 
d'évêques  avant  le  règne  de  Clovis. 

Après  l'irruption  des  Barbares ,  Nevers  relia  fous  la 
domination  de  ceux  auxquels  Autun  appartenoit ,  Se  ce 
ne  fut  que  depuis  qu'il  fut  érigé  en  cité  Se  en  ville  épis- 


copale.  Les  rois  de  France  pofféderent  Nevers  depuis  la 
mort  de  Clovis  jusqu'au  déclin  delà  race  de  Charlema- 
gne.  Ce  fut  pour  lors  que  les  gouverneurs  s'étant  rendus 
abfolus  dans  les  villes  où  ils  commandoient,  le  comte 
Guillaume  devint  propriétaire  du   comté  de  Nevers , 
vers  le  milieu  du  dixième  fiécle,  fous  le  règne  de  Lothai- 
re.  11  laifla  ce  comté  à  fon  fils  Landri ,  Se  Landri  à  fon 
fils  Renaud,  qui  époufa  Alix,  que  quelques-uns  font 
fille, &  d'autres,  feeur  du  roi  Robert.  Ce  comte  Renaud 
fut  aufli  invefti  du  comté  d'Auxerre  ;  Se  fon  petit-fils  Re- 
naud fut  comte  de  Tonnerre.  Gui  ,  aniere-petit-fils  de 
Renaud  II  ,  n'eut  qu'une  fille  nommée  Agnès ,  qui  épou- 
fa Pierre  de  Courtenai ,  empereur  de  Conftaminople  , 
qui  n'eut  d'Agnès  qu'une  fille  nommée  Mathilde ,  fem- 
me d'Hervé,  baron  de  Donzi ,  dont  la  fille  Agnès  époufa 
Gui  de  Châtillon ,  qui  n'en  eut  qu'une  fille  nommée 
Yolande ,  femme  d'Archambaud,  feigneurde  Bourbon. 
De  ce  mariage  ,  il  n'y  eut  encore  qu'une  fille  nommée 
Mathilde,  laquelle  hérita  des  trois  comtés  de  Nevers , 
d'Auxerre  &  de  Tonnerre  ,  après  la  mort  de  fa  bisaïeule 
Mathilde  de  Courtenai.  Mathilde  de  Bourbon  ,   époufa 
Eudes  ,  fils  de  Hugues  de  Bourgogne  ,  dont  elle  eut  trois 
filles ,  Yolande  ,  Alix  Se  Marguerite.  Yolande ,  qui  étoic 
l'aînée  ,  eut  en  partage  la  baronnie  de  Donzi  Se  le  comté 
de  Nevers  :  elle  époufa  premièrement  JeanTriHan  ,  fils 
de  faint  Louis ,  dont  elle  n'eut  point  d'enfans ,  Se  en  fé- 
condes noces  elle  époufa  Robert ,  dit  deBethune,  filsde 
Gui ,  comte  de  Flandre  ,  qui  étoit  de  la  maifon  de  Bour- 
bon-Dampierre.  Robert  eut  d'Yolande,  Louis ,  comte  de 
Nevers ,  qui  mourut    avant  fon  père  ,  &  laifla  un  fils 
nommé  Louis,  qui  fut  comte  de  Nevers,  &  fuccéda  à 
fon  aïeul  Robert  au  comté  de  Flandre  Se  à  d'autres  grands 
états.  Mais  cette  maifon  étant  tombée  en  quenouille  , 
Marguerite  qui  en  fut  l'héritière,  époufa  Philippe ,  fils 
de  France ,  dit  le  Hardi,  duc  de  Bourgogne,  dont  le 
troifiéme  fils  ,  nommé  Philippe  ,  eut  en  partage  les  com- 
tés de  Nevers  Se  de   Rétel.  Le  dernier  mâle  de  cette 
branche  de  Bourgognc-Ncvers ,  fut  le  comte  Jean  qui 
n'eut  que  des  filles,  dont  l'aînée  Elilabeth  avoit  époufe 
le  duc  de  Cléves  ;  Se  la  cadette  ,  Charlotte ,  le  firc  ci'Or- 
val;cequi  forma  une  grande  conteftation  ,  qui  fut  as- 
foupie  par  le  mariage  de  Charles  de  Cléves  avec  Ma- 
rie d'Albret,  fille  du  lire  d'Orval.  Cet  accord  fut  fait 
l'an  1 504  par  l'autorité  de  Louis  XII. 

Charles  de  Cléves  Se  Marie  d'Albret ,  eurent  pour 
fucceflèur  au  comté  de  Nevers  Se  à  leurs  autres  gran- 
des terres ,  François  de  Cléves  ,  qui  fut  premier  duc 
de  Nevers.  Les  ducs  François  &  Jacques  furent  fucces- 
fivement  ducs  de  Nevers  Se  moururent  fans  enfans , 
laiffant  pour  héritières  leurs  fœurs,  dont  l'aînée  Hen- 
riette ,  qui  eut  en  partage  les  duchés  de  Nevers  Se  de 
Rétel ,  époufa  Ludovic  de  Gonfagues  ,  cadet  de  la  mai- 
fon de  Mantoue.  Leur  fils  Charles ,  fuccéda  aux  du- 
chés de  Mantoue  Se  de  Montferrat  l'an  1627  ,  Se  de- 
puis tous  les  duchés  Se  les  autres  grandes  terres  qu'il 
avoit  en  France  ,  furent  vendues  à  la  pourfuire  de  fes 
filles  Marie  ,  reine  de  Pologne  ,  Se  Anne  ,  princeffe  Pa- 
latine. Le  cardinal  Mazarin  acheta  le  duché  de  Nevers  j 
qu'il  donna  à  fon  neveu  Mancini  ,  qui  ne  s'étant  jamais 
fait  recevoir  duc  Se  pair  ,  le  titre  ducal  après  fa  mort  fut 
fupprimé  Se  celui  du  comte  de  Nevers  rétabli  en  la 
perïbnne  du  fils  Se  fucceflèur  du  duc  de  Nevers-Man- 
cini. 

La  ville  de  Nevers  efl  bâtie  en  forme  d'amphithéâtre , 
fur  les  bords  de  la  Loire  ,  qui  paffe  fous  un  pont  de  pier- 
res ,  compofé  de  vingt  arches ,  au  bout  duquel  il  y  a  une 
levée  fort  large  &'  fort  longue  ,  qui  rend  l'abord  de  cette 
ville  magnifique  du  côté  de  Moulins.  Les  rues  font  étroi- 
tes ,  Se  le  terrein  fort  inégal.  L'églife  cathédrale  efl  belle 
Se  dédiée  à  S.  Cyr.  Il  y  a  onze  paroiffes  Se  plufieurs 
maifons  religieufes  de  l'un  Se  de  l'autre  fexe  On  découvrit 
en  1719  ,  dans  l'abbaye  de  Notre-Dame  ,  un  tombeau 
couvert  d'une  pierre  d'environ  flx  pieds  de  long.  On 
voyoit  deffus  une  figure  en  boffe  dont  la  tête  poire  une 
couronne  radiale  ,  ou  à  pointes.  On  trouva  dedans  onze 
pièces  de  monnoie  ,  parmi  lesquelles  il  y  en  a  de  Charles 
VII ,  de  François  I ,  d'Henri  II ,  &c.  Quelques  antiquaires 
croient  que  ce  tombeau  efl  celui  d'un  comte,  enterre  dans 
cette  églilc  ,  au  treizième  ou  quatorzième  ficelé  ,  Se 
que  les  pièces  de  monnoie ,  qui  font  poftérieures  au  qua- 
torzième 


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forz'iénte  fiécle  ,  onc  été  jettées  après  coup  dans  ce  mo- 
nument ,  ou  y  ont  été  cachées  comme  dans  un  lieu  facré 
ôc  inviolable.  *  PiganioL ,  Defc.  de  la  France ,  t.  6.  p. 

163. 

On  compte  dans  Nevcrs  environ  huit  mille  habitans  , 
ôc  mille  huit  cens  feux.  Le  château  des  ducs  eft  ancien  , 
ôc  fait  face  à  une  grande  Ôc  belle  place  ,xbnt  les  maifons, 
bâties  avec  fymmétrie,  font  un  afped  très- agréable.  On  y 
fair  un  débir  affez  confidérable  de  verrerie  ôc  de  fayance. 
Les  environs  de  la  ville  font  beaux  ,  &  il  y  a  une  prome- 
nade publique  appellée  le  Parc. 

Adam  Billaud ,  connu  fous  le  nom  de  maître  Adam  , 
étoit  menuifier  à  Nevers ,  ôc  fit  quelqie  figure  parmi  les 
poètes  qui  fe  fignalerent  fous  le  miniltere  du  cardinal  de 
Richelieu.  Jaques  Carpentier ,  fieur  de  Marigni  ,  étoit 
aullî  de  Nevers,  ôc  fils  d'un  marchand  de  fer.  11  eut  beau- 
coup d'accès  auprès  du  prince  de  Condé  ,  qu'il  fuivit  en 
Flandre  :  il  y  trouva  des  gentilshommes  de  fon  nom ,  qui 
le  reconnurent  pour  leur  parent ,  ce  qui  fut  caufe  qu'il  fe 
fit  réhabiliter.  Il  y  a  quelques  lettres  ôc  quelques  poëfies 
de  fa  façon  qui  ont  été  imprimées.  Voyez,  fur  cette  ville 
les  écrits  inférés  dans  les  mercures  d'Avril  ôc  Mai  1740. 
Voyez,  aulfi  Nivernois. 

NEUF-BRISAC  (Le) ,  ville  de  France  dans  la  haute 
Alface.  C'eft  une  ville  régulière  ,  flanquée  de  huit  ba- 
ftions,&  fondée  par  le  feu  roi  Louis  XIV  ,  aprèsla  paix  de 
Ryswick.  Elle  eft  fituée  dans  une  plaine  ,  environ  à  mille 
pas  du  Rhin  -,  ôc  fur  la  rive  gauche  il  y  a  un  fort  nommé 
le  Mortier.qui  eft  demeuré  entier  à  la  France  par  les  trai- 
tés de  Ryswick,  de  Raflât  &  de  Bade.  11  eft  vis-à-vis  du 
vieux  Brifac  ,  ôc  il  fervoit  autrefois  à  défendre  la  tête 
du  pont  du  Rhin  :  ce  pont  étoit  de  bois,  &  il  a  été  deux  fois 
ruiné  en  exécution  des  traités  de  paix.  *  Longuerue  , 
Defcr.  de  la  France  ,  part.  r.  p.  240. 

NEUF-CHATEAU  ,  en  latin  Neomagns ,  changé  en 
celui  de  Neocafirum  ,  dont  on  a  fait  le  nom  moderne. 
C'eft  une  ville  des  états  du  duc  de  Lorraine ,  fur  la  Meufe, 
dans  la  châtellenie  de  Châtcnoi ,  dont  elle  eft  la  capitale. 
Il  y  a  long-tems  que  les  ducs  de  Lorraine  en  font  fei- 
gneurs ,  ôc  l'on  voit  que  Matthieu  premier  demeuroit  , 
vers  le  milieu  du  douzième  fiécle,  à  Châtenoi.  Ils  tenoient 
cett«  feigneurie  avec  les  dépendances  (  qui  étoient  Mont- 
fort  ,  Frouart ,  &  la  moitié  de  Grand ,  qui  eft  à  l'occident 
de  la  Meufe  )  en  fief  des  comtes  de  Champagne.  *  Lon- 
guerue ,  Defc.  de  la  Fiance  ,  part.  2.  p.  150. 

Neuf-Château  faifoit  d'abord  une  châtellenie  féparée 
de  Châtenoi.  Matthieu  II ,  duc  de  Lorraine  ,  en  rendant 
hommage  à  Blanche,  comteffe  de  Champagne ,  &  à  fon  fils 
le  comte  Thibaut  ,  reconnut  par  un  acte  du  30  Juillet 
1220,  qu'il  avoit  reçu  Neuf-Château  en  augmentation 
des  fiefs  qu'il  tenoit  de  ce  comte  ,Ôc  promettoit  de  rendre 
Neuf-Château  fitôt  qu'il  en  feroit  requis.  Depuis  ce  tems, 
les  ducs  de  Lorraine  regardèrent  Neuf-Château,  Châte- 
noi, Montfort  &  Frouart  comme  unis. 

Après  la  mort  de  Matthieu ,  fon  fils  ôc  fucceffeur ,  Ferri 
II  obtint  la  confirmation  des  droits  ,  tant  des  feigneurs 
que  des  bourgeois  de  Neuf- Château ,  de  Thibaut ,  roi  de 
Navarre  &  comte  de  Champagne ,  qui  donna  fur  cela  fes 
lettres ,  où  il  eft  exprimé  que  Neuf-Château  eft  un  fief  qui 
relevoit  de  lui.  Philippe  le  Bel, ayant  époufé  l'héritière  de 
Champagne  ,  fut  reconnu  feigneur  fuzerain  de  Neuf- 
Château  ,  Châtenoi  ôc  Frouart  ;  ôc  en  les  déclarant  fiefs 
de  Champagne,  il  ordonne  que  les  habitans  feront  reçus 
aux  foires  de  Champagne,  par  fes  lettres  du  22  Janvier 
1296  ou  1297.  Ce  monarque  renonça  enfuite  aux  droits 
de  fouveraineré  ôc  de  reffort  fur  Neuf  Château  en  faveur 
du  duc  :  mais  le  parlement  ôc  la  chambre  des  comptes  ne 
reconurent  pas  cette  renonciation ,  ôc  le  duc  Ferri  ayant 
donné  à  fon  fils  Thibaut  en  mariage  Neuf-Château  , 
Châtenoi  ,  Frouart  ôc  Montfort ,  avec  ce  qu'il  avoit  à 
Grand,  il  en  fit  foi  ôc  hommage  au  roi  Philippe  ,  qui  lui 
jiccorda  plufieurs  privilèges ,  ôc  entr'autres  celui  de  bat- 
tre monnoie,  pourvu  qu'elle  n'eût  cours  que  dans  l'em- 
pire ,  ôc  non  dans  le  royaume  de  France  ,  par  fes  lettres 
Jonnées  à  Orléans  au  mois  de  Juin  l'an  1 300  ,  dans  les- 
quelles il  eft  expreffément  marqué  que  s'il  arrive  quelque 
:onteftation  pour  ces  fiefs  ,  les  caufes  feront  portées  aux 
iflifes  d'Andelot  en  Champagne  ,  &  en  cas  d'appel ,  aux 
grands  jours  à  Troye.  Louis ,  dit  Hutin  ,  fils  aine  de  Phi- 
ippe  le  Bel ,  ayant  eu  i'adminiftration  du  comté  de  Cham- 


Ï37 

pagne, qui  étoit  un  propre  de  fa  mère,  confirma  les  lettres 
du  roi  fon  pere,données  aux  Bourgeois  de  Neuf-Château, 
à  la  prière  du  duc  de  Lorraine,  par  d'autres  lettres  don- 
nées à  Paris  au  mois  de  Juin  1312.  Dans  le  même  tems, 
Louis  Hutin  ,  roi  de  Navarre ,  ôc  comte  de  Champagne  , 
traita  avec  Ferri ,  fils  aine  de  Thibaud ,  duc  de  Lorraine, 
pour  la  réparation  des  injures  ôc  desobeiffances  qu'il  avoit 
commifes  contre  le  roi  de  Navarre,&:  en  même  tems  Ferri 
fit  hommage  au  roi ,  comte  de  Champagne  ,  de  Neuf- 
Château  ,  Châtenoi ,  Frouart,  Montfort,  d'une  partie  de 
Grand  ôc  de  leurs  dépendances.  Les  lettres  du  roi  Louis 
furent  confirmées  par  fon  frère  Charles  le  Bel ,  roi  de 
France  ôc  de  Navarre  ,  par  d'autres  lettres  données  au 
mois  de  Novembre  1322.  Sous  Philippe  de  Valois,  l'an 
ï  344 ,  Neuf-Château  fut  reconnu  fief  de  Champagne  du 
reffort  d'Andelot.  Le  même  roi  fit  taxer  les  habitans  de 
Neuf-Château  pour  l'entretien  des  hommes  d'armes ,  ôc 
le  bailli  de  Chaumont  commit  le  prévôt  d'Andelot  pour 
les  contraindre.  Sous  le  règne  de  Charles  VI ,  Jean  ,  duc 
de  Lorraine ,  reconnut  tenir  du  roi  Neuf  Château  ôc  fes 
dépendances  à  caufe  du  comté  de  Champagne  ;  cependant 
l'efprit  du  roi  étant  aliène,  ôc  les  troubles  affaibli  fiant  la 
Fiance  ,  Charles  duc  de  Lorraine  ,  fils  &  fucceffeur  de 
Jean ,  voulut  fe  dispenfei  de  l'hommage  qu'il  devoir  pour 
Neuf-Château  ôc  les  autres  biens:  mais  il  fut  comdâmric 
à  faire  hommage  pour  ces  villes  par  un  arrêt  célèbre  dç 
la  cour  rendu  l'an  1 399,  Labeau  ,  fille  de  Charles ,  ayant 
porté  le  duché  de  Lorraine  dans  lamaifon  royale  d'Anjou, 
par  fon  mariage  avec  René  ,  dont  nous  avons  déjà  parlé  , 
les  princes  d'Anjou  reconnurent  ce  droit  du  roi ,  comte  de 
Champagne,  pour  Neuf-Château  ,  Frouart  ôc  Châtenoi. 
Jean  ,  duc  de  Calabre  ôc  de  Lorraine ,  fils  de  René ,  pré- 
fenta  fes  aétes  de  foi ,  hommage  ,  ôc  fon  dénombrement 
pour  ces  villes,  comme  Charles  VII  le  reconnut  par  fes 
lettres  du  21  d'Août  1456".  Le  même  duc  de  Calabre  re- 
connut la  fouveraineré  du  roi  pour  Neuf- Château  &  les 
autres  terres ,  &  il  obtint  un  délai  d'un  an,  à  caufe  qu'il 
étoit  occupé  à  la  guerre  pour  le  recouvrement  du  royau- 
me de  Sicile  tenu  par  les  Arragonnois  ,  ôc  Louis  donna 
Tur  cela  fes  lettres  le  9  Mars  1463.  Aprèsla  mort  du  jeune 
duc  Nicolas ,  fils  du  duc  Jean ,  René ,  coufin  germain  du 
duc ,  fils  d'Yoland  d'Anjou  ,  ayant  fuccédé  au  duché  de 
Lorraine  ,  on  ne  voit  pas  qu'il  ait  reconnu  les  rois  pour 
Neuf  Châtheau&  fesannexes,ni  même  que  les  officiers  du 
roi  l'ayenr  pourfuivi.il  n'y  a  eu  que  Grand  qui  eft  demeuré 
uni  à  la  Champagne  ;  mais  Neuf  Château  ,  Châtenoi  ôc 
Montfort  ont  été  unis  au  bailliage  de  Vosge  ,  ôc  Frouart 
à  celui  de  Nanci.  Enfin  ,  la  chambre  des  réunions ,  éta- 
blie à  Metz  ,  donna  des  arrêts  où  l'on  allégua  la  plupart 
des  titres  Ôc  des  aétes  dont  j'ai  fait  mention  ;  enexécution 
de  ces  jugemens  ,on  réunit  Neuf-Château  ,  Châtenoi  ôc 
Frouart ,  l'an  1 68 1  ,  le  feigneur  ayant  encouru  la  commife 
ôcla.  confiscation  pour  n'avoir  pas  reconnu  le  roi  à  caufe 
de  fon  comté  de  Champagne  -,  mais  ces  réunions  ayant 
été  révoquées,  &  les  arrêts  de  cette  chambre  annullés  paf 
le  traité  deRyhvick,  Léopold  I,  duc  de  Lorraine ,  a  été 
rétabli  l'an  1698  ,  non -feulement  dans  la  propriété  , 
mais  dans  la  fouveraineté  de  ces  lieux  ,  comme  fon 
bisaïeul  le  duc  Henri  ôc  fon  grand-oncle  Châties  en 
jouiffoient. 

Cette  ville  eft  confidérable  ôc  bien  peuplée  ,  ôc  elle  a 
titre  de  Doyenné  dans  le  diocèfe  de  Toul.  Son  églife  pa- 
roiffiale  eft  dédiée  à  faim  Chriitophe.  Les  religieux  de 
faint  Manfui  font  patrons  de  la  cure ,  ôc  ils  ont  les 
deux  tiers  des  dîmes.  La  cure  eft  unie  au  prieuré  de  Notre-- 
Dame,&  cependant  deffervie  par  un  prêtre  féculier.  Il  y  a 
une  églife  fuccurfale  ,  dédiée  à  S.  Nicolas,  &  fondée  par 
Thierri  ,  duc  de  Lorraine  ,  à  la  fin  de  l'onzième  fiécle. 
Cette  églife  eft  très-bien  entretenue.  On  trouvedans  cette 
ville  un  abbaye  ,  une  maifon  de  l'ordre  de  Malte,  un  hô- 
pital, deux  couvens  d'hommes  ôc  trois  maifons  de  reli- 
gieufes.  L'abbaye  fut  fondée  en  1 29;  par  Ferri  IV,  duc  de 
Lorraine  ,  ôc  Marguerite  de  Navarre  fa  femme.  Jean  de 
Sirck,  évêquedcToul,enconfacral'églifeen  1 301.  Elle 
eft  occupée  par  des  religieufes  de  l'ordre  de  Ste  Claire  , 
qui  choififfent  leur  abbeffe  tous  les  trois  ans.  Ste  Colette 
effaya  envahi  d'y  mettre  la  réforme  ,  les  religieufes  s'y  op- 
poferent ,  ôc  voulurent  fuivre  la  commune  obfervance. 
Le  prieuré  eft  dédié  à  Notre  Dame.  Il  a  été  fondé  pac 
Thierri }  duc  de  Lorraine  ,  fur  la  fin  du  onzième  fiécle  , 

lorn.lV.  Yyy 


y38         N'EU 

pour  Tordre  deS.  Benoît.  On  l'a  uni  à  l'abbaye  de  Manfui , 
6c  il  eft  defTervi  par  un  religieux  de  cette  raaifon.  La  mai- 
fon  de  l'ordre  de  Malte ,  dont  l'églife  eft  dédiée  à  S.  Jean  , 
fe  trouve  aujourd'hui  unie  à  la  commenderie  de  Robe- 
court.  L'hôpital  eft  fitué  dans  un  fauxbourg  :  il  a  été  uni 
à  la  mai  Ton  de  Befançon,  de  l'ordre  du  S.  Efprit.  C'eft  une 
commenderie  eccléfiaflique.  Le  comtnendeur  eft  aidé 
par  des  religieufes  du  même  ordre  pour  le  foulagemenc 
des  malades.  Cet  hôpital  n'a  que  douze  cens  livres  de 
rente.  Lescouvens  de  religieux  l'ont  les  Cordcliers  6c  les 
Capucins:  les  premiers  furent  établis  en  1249  par  Mat- 
thieu Il  ;  Ferri  IV,  Ton  fils  ,  6c  Marguerite  de  Navarre 
achevèrent  le  monaftere  6c  l'églife ,  qui  fut  confacrée 
en  1291.  C'eft  le  premier  couvent  de  la  Cuftodie  de 
Lorraine.  Les  Capucins  furent  appelles  en  1619  par 
Louis  de  Lorraine,  prince  de  Phaltzbourg  ,  6c  Henriet- 
te de  Lorraine  ,  fa  femme.  Les  couvens  de  filles  font  les 
Annonciadesdes  dix  vertus  fondées  en  1630  ,  par  Hen- 
riette de  Lorraine  ,  princefle  de  Phaltzbourg  :  les  reli- 
gieufes de  la  congrégation  de  Notre-Dame,  qui  furent 
établies  en  1639,  les  Carmélites  établies  en  164J  par 
la  libéralité  de  la  reine  mère ,  Anne  d'Autriche  &  de 
Henriette  de  Lorraine ,  princefle  de  Phaltzbourg.  11  y 
a  aufli  un  hermitage  fur  le  bord  de  la  Meufe  :  il  eft  dé- 
dié à  S.  Léger. 

1.  NEUF-CHATEL  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Mai- 
ne, diocèfe  6c  élection  du  Mans. 

2.  NEUF-CHATEL,  bourg  &  lieu  de  paffagedans 
la  Picardie,  aux  confins  de  la  Champagne,  diocèfe  de 
Laon.  IPa  titre  de  comté  fous  le  nom  de  comté  d'Avaux* 

3.  NEUF-CHATEL  en  Ardenne  ,  feigneurie  ôc  châ- 
teau au  duché  de  Luxembourg,  à  quatre  grandes  lieues 
d'Arlon.  *  Dicl.  des  Pays-Bas. 

4.  NEUF-CHATEL ,  ville  de  Lorraine.  Voyez.  Neuf- 
Chateau. 

5.  NEUF-CHATEL  EN  BRAY,  petite  ville  de  Fran- 
ce ,  m  Normandie ,  fur  la  rivière  d'Arqués ,  à  neuf  lieues 
au  nord-eft  de  Rouen ,  6c  à  fept  au  fud-eft  de  Dieppe. 
Ce  n'eft  pas  une  ville  ancienne ,  ni  connue  dans  l'hi- 
ftoire  avant  les  derniers  fiécles.  Le  pays  où  elle  eft  fituée* 
eft  abondant  en  pâturages ,  mais  fort  bourbeux  ,  d'où  eft 
venu  ce  nom  Bray  ,  qui  dans  l'ancienne  langue  françoife 
fignifioit  de  la  boue ,  comme  on  le  voit  dans  le  livre 
des  miracles  de  faint  Bernard,  dont  l'auteur  vivoit  il 
y  a  près  de  fept  cens  ans  ;  car  en  parlant  de  Brai- fur- 
Seine  ,  il  dit  Caftrum  Braium  quod  littum  interpretatur. 
La  fituation  de  cette  petite  ville  eft  agréable  &  commo- 
de. Elle  renferme  trois  paroifles  dans  fon  enceinte  :  celle 
de  Notre-Dame ,  celle  de  faint  Pierre  &  celle  de  faint 
Jacques.  Il  y  a  un  prieuré  royal  de  Bemadines  ,  un  cou- 
vent de  Cordeliers ,  un  hôpital  6c  couvent  de  Pénitens 
dans  un  des  fauxbourgs.  Neuf-Châtel  eft  le  chef  lieu 
d'une  élection  ,  compoféede  1 1 3  paroifles.  11  y  a  un  bail- 
liage 6c  un  grenier  à  fel.  Il  s'y  tient  deux  foires  tous  les  ans. 
Corneille  &Baudrand  difent  dans  l'article  du  pays  de  Bray, 
que  !a  ville  de  Neuf  Ghâtel  y  eft  renfermée  :  cependant, 
à  l'article  de  Neuf-châtel ,  ils  fe  donnent  la  main  pour  la 
placer  dans  le  pays  de  Caux.  Ce  font  des  fautes  qui  écha- 
pent  dans  des  ouvrages  d'une  auffi  grande  étendue  qu'un 
dictionnaire  géographique.  Tout  ce  qu'on  étoit  en  droit 
d'exiger  d'eux  ,  c'étoit  que  ces  fortes  de  fautes  ne  fus- 
fent  pas  aufli  fréquentes  qu'elles  le  font.  *  Longuerue , 
Defcr.  de  la  France  ,  part.  1.  p.  69. 

NEUF-FONS  ,  NEUF-FONTAINES  &  AUBE- 
TERRE  ,  en  latin  Novem  Fontes  6c  Alba  terra;  mo- 
naftere de  France,  eu  Auvergne.  Saint  Gilbert,  gentil- 
homme d'Auvergne,  au  retour  de  la  malheureufe  croi- 
fade  de  la  Paleftinel'an  1 149,  ayant  trouvé  fa  femme  Pé- 
tronille  &  fa  fille  Ponce  ,  dispofées  à  renoncer  au  mon- 
de, comme  lui,  vendit  tout  fon  bien,  dont  il  diftri- 
bua  une  partie  aux  pauvres,  6c  employa  l'autre  à  bâ- 
tir 6c  doter  deux  monafteres  :  l'un  pour  des  religieufes  , 
au  diocèfe  de  Clermont  ;  c'eft  aujourd'hui  le  prieuré 
d'Aubeterre  ,  de  l'ordre  de  Prémontré,  fur  les  limites 
du  Bourbonnois  &  de  l'Auvergne,  près  de  la  rivière 
de  Sioulc.  Pétronille  &  Ponce  s'y  renfermèrent ,  en  fu- 
rent abbefles  fucceflivement  6c  s'y  fancti  fièrent.  L'autre 
monaftere  deftiné  pour  les  hommes ,  fut  bâti  dans  un 
lieu  ,  appelle  Neuf-Fons  ou  Neuf-Fontaines,  à  une  lieue 
£c  demie  de  celui  d'Aubeterre,  dans  le  même  diocefe  , 


NEU 


fur  la  petite  rivière  d'Andelot ,  dans  la  paroifie  de  S. 
Didier ,  à  une  grande  lieue  de  Saint  Pourçain  ,  vers  le 
midi.  C'étoit  un  lieu  marécageux  ,  mal-fain  6c  convena- 
ble à  des  pénitens.  L'abbaye  fut  fonmife  aufli  à  Tordre  de 
Prémontré  ;  6c  faint  Gilbert  en  fut  fait  le  premier  ab- 
bé.* Baillet ,  Topogr.  des  Saints,  p.  339. 

N  EU  FOSSE  (-Le  ).  On  nomme  ainfi  le  Canal  qu'on 
a  tiré  depuis  Aire  jusque  par  de-là  Saint  Orner  en  Artois. 

NEUF-MARCHÉ,  bourg  de  France  ,  en  Norman- 
die ,  diocèfe  de  Rouen  ,  avec  prévôté.  Il  eft  fitué  fur 
TEpte  ,  quatre  lieues  au-deflus  de  Gifors,  &  une  lieue 
au-defibus  de  Gournai  en  Bray,  dans  une  vallée  entre 
Vardes  6c  Boucheviller.  L'églife  de  faint  Aubin  eft  pa- 
roifle  primitive  de  ce  bourg  ;  mais  aujourd'hui  celle  de 
faint  Pierre  eft  la  réfidence  du  curé  ,  qui  y  fait  toutes 
les  fondions  curiales ,  6c  tout  le  fervice  paroiflîal.  Le 
bâtiment  du  prieuré  fimple  communique  à  cette  der- 
nière églife ,  comme  celui  d'un  monaftere.  Neuf-mar- 
ché étoit  autrefois  plus  confidérable  qu'il  n'eft  à  pré- 
fent.  On  y  voit  les  ruines  d'un  grand  château  qui  dé- 
fendoit  le  paflage  «Je  fon  pont  de  pierres.  Ses  murail- 
les ont  été  entièrement  détruites-,  mais  il  y  a  encore  des 
relies  de  belles  tours  à  fes  trois  portes.  Son  territoire 
confifte  partie  en  terres  de  labour  6c  partie  en  pâtura- 
ges. La  chapelle  du  titre  de  la  Magdeléne  ,  qui  eft  pro- 
che de-là  ,  eft  en  décadence  ;  mais  la  chapelle  du  Mont 
Crispin  eft  affez  bien  entretenue.  *  Corn.  Di<ft.  Mémoi- 
res drejjés  fur  les  lieux  en  1 704. 

NEUF-MOUSTIER,  abbaye  de  chanoines  réguliers , 
dans  le  pays  de  Liège ,  fituée  dans  un  vallon  près  de 
la  ville  d'Hui. 

1.  NEUFVI  , bourg  de  France,  dans  le  Maine  ,  éle- 
ction du  Mans. 

2.  NEUFVI ,  bourg  de  France,  dans  la  Champagne  , 
diocèfe  de  Sens ,  élection  de  S.  Florentin. 

NEUFVILLETTE,  bourg  de  Fiance,  dans  le  Mai- 
ne ,  élection  du  Mans. 

1.  NEUFUY  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  petit  pays 
de  Puyfaye.  Voyez.  Neuvi. 

2.  NEUFUY  -  SUR  -BARANGEON.  Voyez.  Nsuvy 
sur  Barangeon. 

NEUGARTEN  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la 
Poméranie,  à  un  mille  6c  demi  de  Golncw,  6t  à  deux 
de  Platte  ,  furie  chemin  de  Cammin.  Elle  appartenoit 
autrefois  aux  évêques de  Cammin:  elle  a  été  depuis  pos- 
fédée  par  les  comtes  d'Eberftein  ,  qui  la  reçurent  en  fief 
de  Tévêque  Hermand ,  qui  étoit  de  la  même  famille.  A 
la  droite  de  cette  ville ,  eft  un  fort  château  que  le  comte 
Louis  fit  bâtir  fous  le  règne  de  Barnime,  duc  de  Pomé- 
ranie. Neugarten  fut  presque  entièrement  brûlée  en  1635; 
mais  elle  s'eft  affez  bien  rétablie  depuis.  Il  s'y  tient  une 
foire  tous  les  ans  le  premier  Dimanche  après  l'Aflbmp- 
tion.  *  Zeyler ,  Topog.    Bohem. 

i.NEUHAUS  , autrement  Hradetz,  Novadomus , 
félon  le  nom  bohémien ,  ville  avec  château  ,  dans  le  cer- 
cle de  Bechyn  ,  en  Bohème  ,  fituée  proche  de  Strasch  Se 
de  Cardaflawa ,  en  tirant  vers  l'Autriche.  File  a  tu  ci- 
devant  des  feigneurs  du  même  nom  ,  qui  ont  fait  du  biuit 
dans  Thiftoire ,  6c  fe  font  rendus  redoutables  aux  Huffi- 
tes  Se  au  roi  George  par  le  zèle  qu'ils  avoient  pour  la 
religion  Catholique.  Après  Fcxtincîion  des  feigneurs  du 
nom  de  Neuhaus ,  cette  ville  ,  avec  la  plus  grande  par- 
tie de  leurs  domaines ,  a  paffé  aux  feigneurs  de  Slawata. 
L'an  1467 ,  elle  fut  afliégée  par  les  deux  fils  du  roi  Geor- 
ge. En  1618,  au  commencement  de  la  guerre  de  Bohê- 
me ,  les  états  de  ce  royaume  mitent  fi  bonne  g.irnifon 
dans  Neuhaus,  que  ce  fut  en  vain  que  le  général  Tam- 
pir  entreprit  d'en  faire  lefiégepar  deux  fois,  &  que  les 
efforts  du  général ,  comte  de  Buquoi ,  ne  furent  pas  plus 
heureux.  Cependant  les  Suédois  l'emportèrent  aifément 
en  164J  ,  fous  la  conduite  du  général  Torftenfon  ,  après 
qu'ils  eurent  gagné  la  bataille  de  Jankow  ,  &  ils  eurent 
foin  d'y  confti  uire  de  nouvelles  fortifications.  Cetre  ville 
appartient  au  comte  de  Czcrniu.  LesJcfuites  y  ont  un  col- 
lège &  un  féminaire.  *  Zeyler  ,  Topog.  Bohcm. 

2.  NEUHAUS  ,  lieu  fortifié  dans  le  cercle  de  Bechyn, 
en  Bohême,  proche  Dobrawoda.  Ce  château  eft  fitué 
fur  une  montagne. 

NEUHAUSEL,  Neofclium  ou  Ovarias  ,  ville  de 
la  Haute- Hongrie  ,  dans  une  plaine  marécageufe  ,  mail 


NEU 


NEU 


dont  le  fond  eft  fi  bon,qu'on  peur  palier  partout.  Elle  efi  à 
deux  milles  ou  environ  du  confluent  du  Vag  avec  le  Da- 
nube.  Elle  eft  fortifiée   de  fix  battions  revêtus  d'une 
bonne  maçonnerie.  Les  courtines  font  de  différentes  lon- 
gueurs. Il  y  a  un  foiTe  plein  d'eau  de  fcpt  à  huit  pieds 
de  profondeur ,  Se  large  de  dix-fept  à  dix-huit  toiles. 
Cette  place  ayant  été  afiiégée  en  1663  par  Mahomet 
Coprogli  ,  fournit  trois  aflauts  ;  Se  trois  mille  hommes 
que  le  comte  Forgatz  ,  gouverneur ,  &  le  comte  Palfi 
Se  le  marquis  Pio,  commandèrent  pour  furprendre  l'en- 
nemi ,  ayant  été  mafiacrés  ou  faits  prifonniers ,  elle  per- 
dit toute  espérance  d'être  fecourue  ,  Se  le  rendit  par  corn- 
pofition  le  27  de  Septembre.  Le  prince  de  Lorraine  la  fit 
invertir  le  3  de  Juin  1683  ,  Se  Aly  Bâcha  qui  y  com- 
mandoit,  fie  arborer  deux  drapeaux  blancs  Se  un  rouge  , 
Se  mettre  le  feu  aux  fauxbourgsaux  premières  approches 
des  Chrétiens,  qui ,  après  quelques  attaques,  ayant  ap- 
pris que  les  Turcs  étoient  en  marche  pour  la  fecourir  , 
levèrent  le  fiége  fi  précipitamment ,  que  quelques  trou- 
pes qui  étoient  au  fourrage  n'en  ayant  pas  été  averties , 
furent  presque  entièrement  taiLées  en  pièces.  On  l'as- 
fiégea  de  nouveau  en  1685  ;   on  ouvrit  la  tranchée  le 
11  de  Juillet ,  Se  on  la  prit  le  19  Août.  11  y  eut  plus  de 
fix  mille  hommes  paffés  au  fil  de  l'épée ,  Se  le  bâcha  fut 
blefle  à  mort.  On  y  trouva  quatte-vingt-trois  pièces  de 
canon  ,  trois  mortiers,  deux  chambres  pleines  de  bom- 
bes, quatre  cens  milliers  de  poudre  &  quantité  d'autres 
munitions.  Le  butin  qu'on  y  fit  alla  au-delà  de  deux  mil 
lions.  En  général,  la  place  fut  tellement  ruinée,  qu'il 
n'y    refta  presque  pas   une  maifon    qu'on    pût    habi- 
ter. La  principale  mosquée,  qui  étoit  autrefois  l'églife 
de  faint  François,  fut  de  nouveau  bénite,  Se  l'on  re- 
commença à  y  célébrer  la  méfie.  Les  Hongrois  donnent 
à  la  ville  de  Neuhausel  le  nom  d'OuvAR  ,  ce  qui  fi- 
gnifie  château.  *  Corn.  Dict.  Hiftoire  &  Defcription  du 
royaume  de  Hongrie  ,  1 .  3 . 

1.  NEUHAUSEN3  bailliage  de  Suifle,  dans  le  can- 
ton de  Schafthoufe  ,  au-deflus  de  la  ville  de  Klergaw  , 
dans  le  petit  pays  de  même  nom.  On  envoie  un  membre 
du  grand  confeil  de  SchafFhoufe  pour  gouverner  ce  bail- 
liage. *  Etat  &  Délices  de  la  Sut/Je ,  r.  3.  p.  96. 

».  NEUHAUSEN  SUR  EKEN  ,  bailliage  delà  Suis- 
fe  ,  dans  le  canton  de  Schafthoufe,  au  vieux  comté  de 
Baar.  On  donne  ordinairement  ce  bailliage  à  un  bourgeois 
d'Engen  en  Suabe. 

NEUHAUSS ,  maifon  ou  château  appartenant  aux 
princes  de  Bnms'Wich-Wolffenburtel  ,  en  Allemagne.  Il 
elt  fitué  fur  un  rocher  Se  au  milieu  d'un  bois  allez  près 
de  Dromling.  Il  y  a  deux  fortes  tours ,  qui ,  jointes  à 
fes  autres  dé  feules  ,  l'ont  mis  en  état  de  foutenir  des  liè- 
ges. Ceft  aufii  un  bailliage.  *  Zeyler ,  Topogr.  Brun.w. 
Se  Luneb.  p.  159. 

NEVIAN ,  bourg  de  France ,  dans  la  Saintonge  ,  éle- 
ction de  Saint  Jean  d'Augely. 

NEVIASCA  ,  fleuve  de  Ligurie  ,  félon  Ortelius,  Thef. 
qui  le  met  auprès  de  Gènes  ,  &  cite  pour  garant  une  an- 
cienne table  de  cuivre  qui  fe  trouve  à  Gènes. 
NEVIDUNUN.  Voyez.  Noviodunum. 
NEVIL  SOUS  PASSAVANT  ,  bourg  de  France , 
avec  château  dans  l'Anjou  ,  élection  de  Montreuil-Be- 
lav. 

NEVILLAC  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Saintonge  , 
élection  de  Saintes. 

NE  VILLE,  bourg  de  France ,  ou  gros  village,dans  la 
Haute- Normandie ,  à  une  lieue  de  Saint  Valcri ,  en 
Caux.  11  eft  au  milieu  d'une  belle  campagne  de  terres 
de  labour.  L'églife,  qui  eft:  ornée  d'une  tour ,  eft  afiez 
bien  bâtie,  entretenue  proprement ,  Se  les  autels  ont 
des  retables  dorés.  Le  château  de  Bréauté  fe  trouve  dans 
le  territoire  de  cette  paroifie.  11  eft  bâti  de  pierres  de 
grès  &  flanqué  de  bonnes  tours  ,  avec  des  foffés  &  un 
pont-levis.  De  belles  chênaies  forment  quantité  d'agréa- 
bles avenues  autour  de  ce  château.  *  Corn.  Dict.  Mé- 
moires drejjés  fur  les  lieux  en   1703. 

NEVILLE  AUX  BOIS,  bourg  de  France,  dans  l'Or- 
léanois ,  élection  de  Petiviers. 

NEVILLE-PONT-SAINT-PIERRE,  bourg  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Touraine ,  élection  de  Tours. 

NEUILLE,  bourg  de  France  ,  dans  l'Anjou,  avec 
château,  élection  de  Saumur. 


*39 

1.  NEUILLY  ,  bourg  de  France,  dans  la  ToumuiC, 
élection  d  Amboife. 

2.  NEUILLY  ,  en  latin  Neuv'tllium  ,  Neucallium  Se 
Nulhacum,  bourg  de  Franceavec  feigneurie,  dans  laTou- 
rair-,  élection  de  Chinon. 

>  NEUILLY,  bourg  de  France,  dans  la  Champa- 
gne ,   élection  de  Joigni. 

4.  NEUILLY-SAINT-FRONT  ,  petite  ville  de  Fran- 
ce ,  dans  le  diocèfe  de  Soifibns ,  au  levant  de  la  Ferté-Mi- 
lon,  «3c  a  fix  lieues  de  Soiflons  vers  le  midi.  Ceft  un  gou- 
vernement particulier  ,  dépendant  du  gouvernement  de 
l'Ifle  de  France.  11  y  a  une  prévôté.  On  l'appelle  Neuilly- 
Saint-Front ,  pour  le  diftinguer  des  autres  lieux  de  mê- 
me nom,  à  caufede  l'églife  de  Saint  Front  qui  eft  dans 
le  château,  entouré  de  folTés  pleins  d'eau  coulante.  Ceft 
la  principale  paroifie  de  la  ville  ;  l'autre  ,  qui  eft  Saine 
Rémi,  n'a  dans  la  ville  que  quelques  mai  Ions  :  l'églife  eft 
fituée  hors  les  murs  à  un  demi-quart  de  lieue.  On  honore 
à  Neuiily-faint-Front ,  premier  évêque  de  Périgueux.  On 
y  croit ,  fur  la  relation  d'une  vie  fabuleufe  Se  rejettée 
par  du  Bosquet ,  qu'il  y  eft  venu  ,  qu'il  y  a  célébré  fur 
un  grès  :  il  y  a  apparence,  comme  Lebeuf  la   avancé 
dans  fa  difiertation  fur  les  premiers  évêques  de  Sois- 
fons ,  que  ce  faint  Front  a  été  un  cor-évêque  de  Sois- 
fons  dans  les  fiétles  reculés ,  Se  qu'on  l'a  depuis  confon- 
du avec  le  Saint  le  plus  célèbre  du  même  nom.  On  peut 
encore  voir  là-dcflus  un  écrit  du  Mercure  de  Mars  1752. 
Il  y  a  fur  le  territoire  de  Neuilly-Saint-Front  la  chapelle 
faint  Front  des  Bruyères,  unie  à  la  cure  du  lieu,  qui 
pourroit  bien  être  l'endroit  où  faint  Front  auroit  habi- 
té ,  Se  feroitmort.  Dans  la  partie  fupérieure  de  la  ville  de 
Neuilly  eft  l'Hôtel-Dieu  ,  dont  la  chapelle  du  titre  de 
Notre-Dame  fait  voir  qu'il  a  été  une  maifon  confidé- 
rable.  On  croit  ordinairement  que  tous  les  lieux  appel- 
lés  Neuilly,  viennent  de  l'ancien  mot  Noviliacum  ou 
Nobiliacum  ;  celui-ci  eft  le  titre  d'un  doyenné  rural.  * 
Mémoires  drejjés  fur  les  lieux. 

y.  NEUILLY-SUR-LA-SEINE,  à  une  lieue  de  Pa- 
ris ,  nord-nord-oueft  de  cette  ville.  L'on  y  fait  du  rata- 
fiat  qui  a  quelque  réputation. 

NEVIUS.  Voyez.  Pons  jElii. 

NEUKERCK,  bourg  de  Flandre,  dans  le  bailliage 
de  Baillieu  ou  Belle  ,  entre  cette  ville  &  celle  de  Vat- 
neton.  *  DiU.  des  Pays-Bas. 

i.NEUKIRCH,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la 
Principauté  de  Troppau,  en  Siléfie. 

2.  NEUKIRCH  ou  Neunkircm  ,  bailliage  de  laSuis- 
fe,  dans  le  canton  de  Schafthoufe,  au  pays  de  Kletgaw. 
On  donne  ordinairement  ce  bailliage  à  un  bourgeois  de 
la  ville  de  Neukirch.  De  ce  bailliage  dépendent  Hallaui , 
Sieblingen,  Wiichengen,  Ofterfingcn ,  &c.  *  Etat  & 
Délices  de  la  Suijfe ,  t.   3.  p.  98. 

3.  NEUKIRCH  ou  Neunkirch  ,  petite  ville  deSuis- 
fe ,  dans  le  canton  de  Schafthoufe.  Elle  eft  fituée  dans  le 
Haut-Kletgau  ,  &compoféede  trois  tues  parallèles.  Hu- 
gues de  Landenberg ,  évêque  de  Confiance ,  la  vendit 
au  canton  de  Schafthoufe  en  1 5  20. 

4.  NEUKIRCH ,  petite  ville  de  la  Baffe-Siléfie ,  dans 
la  principauté  de  Javet ,  fur  la  rive  droite  du  Katzbach  , 
entre  Schonavr  au  midi  Se  Goldberg  au  nord.  *  Zeyler  , 
Boh.  Top.  Jaillot ,  Atlas. 

1.  NEUMARCK  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la 
principauté  de  Brefiau ,  entre  la  ville  de  ce  nom  &  celle 
de  Lignitz ,  à  quatre  lieues  de  difiance  de  l'une  Se  de  l'au- 
tre. L'an  1 24J  ,  pendant  la  guerre  que  les  fils  du  duc 
Henri  le  Pieux  fe  firent ,  Bolefias  ,  un  de  ces  pt inces , 
prit  cette  ville  d'aflaut ,  &  y  commit  de  grandes  cruau- 
tés :  il  alla  même  jusqu'à  faire  mettre  le  feu  à  une  églife , 
où  plus  de  cinq  cens  bourgeois  s'étoient  retirés  avec  leurs 
femmes  &  leurs  enfans ,  comme  dans  un  afyle  où  ils 
avoient  cru  que  leurs  vies  pourroient  être  en  fureté.  On 
trouvecet  événement  dans  la  chronique  de  Siléfie  ,  écrite 
par  Cureus  en  1 459.  Neumarck  fut  prife  par  les  troupes 
de  George,  roi  de  Bohême.  En  1632,  les  troupes  de 
l'électeur  de  Saxe  s'en  emparèrent.  Quelques  années 
après  elle  efluya  encore  diverfes  viciflitudes  ,  en  palîant 
aux  Suédois  ,  puis  aux  Impériaux  >  de  ceux-ci  encore  aux 
Suédois,  qui  furent  enfin  contraints  de  la  rendre  aux  Im- 
périaux. *  Chron.  part.  1.  fol.  94. 

a.  NEUMARCK  ou Neuenmarck,  bourg  d'Allema- 
Tvm.  IV.  Y  y  y  ij 


NEU 


54° 

gne  ,  dans  le  Voigtland  ,  entre  Plawen  &  Zwickau  ,  à 
deux  lieues  de  chacun  de  ces  deux  endroits.  Il  apparte- 
noit  en  1632  au  feigneur  Haubolden  de  Schonberg.  * 
Zeyler  ,  Top.  friper.  Sax.  p.  144. 

3.  NEUMARCK,  autre  bourg  d'Allemagne,  en  Thu- 
ringe,  fitué  fur  la  petite  rivière  de  Vippach,  proche  du 
lac  appelle  Schwanfée  ,  c'eft-à-dire ,  lac  des  Cygnes. 

4.  NEUMARCK,  petits  ville  d'Allemagne, dans  la 
Poméranie  ,  entre  Stettin  &  Pyrits.  Elle  eft  du  cercle  Se 
bailliage  de  Colbatz.  Il  s'y  tient  une  foire  dans  le  Carême. 

*  Zeyler  ,  Topogr.  Pomerania% 

y.  NEUMARCK  (Les  Polonois  l'appellent  Novo 
Miafto  ) ,  petite  ville  de  Pruffe ,  fur  la  rivière  de  Drie- 
bentz ,  auprès  de  Bretchem.  Elle  fut  bâtie  l'an  1329-. 

6.  NEUMARCK,  bourgade  de  la  Prufie  ,  auprès  de 
Chriltburg. 

7.  NEUMARCK,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
Haut-Palatinat.  Elle  elt  fuuée  dans  une  plaine  à  cinq 
milles  de  Miïrnberg , &  à  deux  d'Aldorff,  anez  près  de 
WorTstein,  fur  la  Sultz.Autrefois  elle  appartenoitau  mar- 
grave de  Vochbourg  ,  en  Bavière  ;  Se  elle  a  été  enfuite 
fous  la  puiffance  des  rois  de  Bohème,"  mais  en  1266  , 
le  duc  de  Bavière  l'enleva.  D'autres  veulent  pourtant 
qu'elle  ait  appartenu  à  Conradin  >  dernier  duc  de  Sua- 
be  ,  Se  que  ce  ne  foit  qu'après  fa  mort  qu'elle  foit  tom- 
bée entre  les  mains  du  duc  de  Bavière.  L'empereur  Al- 
bert I  la  prit  en  1300  ou  1301  ,  fur  l'électeur  palatin, 
Rodolphe  ;  mais  elle  fur  reftituée  dans  la  fuite.  Le  com- 
te palatin  ,  Fridéric  II ,  avant  que  de  parvenir  à  l'éleélo- 
rat,  y  faifoir  fa  réfidence.  Il  y  a  un  beau  château.  Les  Sué- 
dois la  prirent  en  163  3 ,  Se  la  gardèrent  allez  long-tems. 

*  Zeyler  ,  Topogr.  Palatinat. 

8.  NEUMARCK,  bourg  d'Allemagne,  dans  la  Hau- 
te-Styrie  ,  à  trois  milles  au-defibus  de  Muraw  ,  Se  à  deux 
de  Friefach.  Ce  bourg  eft  fermé  ,  Se  eit  du  domaine  du 
fouverain. 

9.  NEUMARCK,  bourg  d'Allemagne,  dans  le  Ty- 
rol,à  quatre  milles  ou  à  une  demi-journée  de  chemin 
de  Trente  ,  dans  l'Etschland.  Ce  bourg  en;  bien  bâti ,  Se 
eft  accompagné  d'un  château  fitué  fur  une  hauteur.  Il  ap- 
partient aux  comtes  de  Trautfam. 

10.  NEUMARCK,  ville  de  la  Tranfylvanie ,  fur  la 
rivière  de  Marisch  ou  Marosch,  dans  une  ifle  formée 
par  cette  rivière  au  nord  d'Albe- Julie.  Elle  eil  capitale 
du  comté  de  V  a  fa  tel ,  dont  elle  porte  auflï  le  nom. 

NEUMASUM  CASTRUM.  Voyez.  Nemas  &  Bi- 

LIGA. 

N  EU  MUNSTER  ou  Niemunster  ,  petite  ville  d'Al- 
lem.igne  ,  dans  le  Holftein  ,  entre  Itschoa  Se  Ploën,  fur 
la  rivière  de  Schwala  ou  de  Schala  ,  qui  va  fe  jetter  dans 
la  Stor.  Selon  la  chronique  des  villes  du  Holftein  ,  faite 
par  Andréas  Angélus,  c.  18.  le  premier  nom  de  ce 
lieu  étoir  Vippenrode  ,  il  a  eu  enfuite  celui  de  Falder  ; 
après  qu'on  y  eut  bâti  un  monaftere  ,  il  n'a  plus  eu  d'au- 
tre nom  que  celui  de  Neumunfter.  Sa  longitude  eil  de 
27  deg.  40  min.  Se  fa  latitude  de  jo  deg.  16  min.  La 
grande  antiquité  de  cette  ville  fait  qu'on  en  ignore  la  pre- 
mière origine.  A  l'égard  de  la  fondation  du  monaftere 
qui  lui  a  procuré  le  nom  qu'elle  a  préfentement  ,  elle 
s'eil  faire ,  félon  Crantzius ,  du  rems  d'Adolphe  I ,  com- 
te de  Holftein,  &  d'Adalberon,  archevêque  de  Ham- 
bourg Se  de  Brème  ,  &  un  certain  Vicelinus  en  fut  le 
premier  abbé.  Neumunfter  fut  presque  entièrement 
ruiné  par  le  fer&  le  feu  des  Wendes  en  1 140.  Il  éprouva 
le  même  fort  en  1322  delà  part  des  Ditmarfiens.  *  Zey- 
ler ,  Top.  inf.  Saxon,  p.  1 86. 

NEUNHAUSS  ,  ou  Nienhuss  ,  fortereilc  de  la  Bas- 
fèSaxe,  en  Allemagne  ,  fuuée  fur  l'Elbe ,  entre  Do- 
mits  Se  Lawembourg  ,  dont  elle  eft  éloignée  rie  quatre 
lieues.  Les  eaux  Si  les  marais  qui  l'environnent  contri- 
buent le  plus  à  fa  défenfe.  Cependant  le  général  Tilly 
l'emporta  en  1627  après  qu'il  eut  pris  Buytzenbourg. 
Le  comte  de  Pappenheim  ,  général  des  troupes  impéria- 
les,  s'en  rendit  aufïi  maître  en  1630.  Ceft  le  chef-lieu 
du  bailliage  de  même  nom.  *  Zeyler ,  Top.  inf.  Saxon, 
p.  186.  J 

NEURI  ou  Neur^ei  ,  peuples  de  la  Sarmatie ,  en  Eu- 
rope ,  félon  Etienne  le  géographe.  Hérodote ,  /.  4.  c. 
105.  Pline,/.  4.  c.  11.  Se  Pomponius  Mêla,  /.  i.c.  1. 
en  font  mention.  Hérodote  ajoute ,  qu'avant  l'expédition 


NEU 


de  Darius ,  ces  peuples  furent  forcés  d'abandonner  leur 
pays  ,  qui  étoit  infecté  d'une  quantité  prodigieufe  de 
ferpens ,  Se  qu'ils  allèrent  demeurer  dans  le  pays  des  Bu- 
dïni.  Ammien  Marcellin  met  les  Neuri  au  nombre  des 
Alains/.  3. 

1.  NEURIS.  C'eil  le  nom  qu'Hérodote,  /.  4.  c.  ji. 
donne  au  pays  de  Neuri.  Il  dit  qu'un  vafte  marais  le 
féparoit  de  la  Scythie. 

2.  NEURIS.  Voyez.  Proconnesus. 
NEU  RODES.  Voyez.  Nebrodes. 
NEUROE.  Voyez.  Neuri. 
NEUS.  Voyez.  Nessus. 

NEUS1UM  ,  en  grec  NsaTf/xov,  lieu  deThrace,  en- 
tre Philippopolis  Se  Hadrianopolis ,  félon  Nicetas.  *  Or- 
telii  Thef. 

1.  NEUSTADT  ou  Neustattlein  ,  petite  ville 
d'Allemagne  ,  dans  la  principauté  de  Glogau ,  en  Silé- 
fie.  Elle  eft  fituée  entre  Milkau  Se  Freyftatt ,  fur  la  pe- 
tite rivière  de  Weisfurt ,  qui  va  fe  jetter  dans  l'Oder, 
au-deffous  de  Beuten.  Elle  fut  entièrement  brûlée  en 
1474.  Elle  a  auiîi  beaucoup  fouffert  dans  la  guerre  que 
les  Suédois  ont  portée  en  ce  pays.  *  Zeyler  ,  Topogr. 
Silefia*. 

2.  NEUSTADT  ou  Nienstadt  ,  ville  d'Allema- 
gne,  au  cercle  de  la  BafieSaxe,  dans  la  Wagrie.  Cette 
ville  qui  eft  fituée  au  bord  de  l'Oftfée  ou  mer  Balti- 
que,  fut  prife  en  1644  par  les  Suédois  fous  la  con- 
duite du  général  Wrangel.  *  Zeyler ,  Top.  Saxon,  inf. 
p.ig.  186. 

3.  NEUSTADT,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cer- 
cle de  la  Balle  Saxe,  dans  le  duché  de  Meckelbourg, 
fur  l'Elde  ,  qui  reçoit  le  lac  de  Schwerin  &  tombe  dans 
l'Elbe  à  Domitz.  Elle  forme  à  Newftadt   un  petit  lac. 
Cette  ville  qui  eft  à  quatre  milles  de  Schwerin  eft  peu 
de  chofe  ;  mais  elle  eft  remarquable  par  un  ancien  châ- 
teau dans  lequel  fe  voit  une  tour  dont  les  murs  font 
fort  épais ,  Se  dans  le  milieu  de  laquelle  eft  une  fofle 
où  on  ne  peut  descendre  que  par  une  échelle.  Ceft 
dans  ce  trou,  que  Waldemar  II ,  roi  de  Danemarck,  fie 
une  rude  pénitence  de  l'incontinence  qu'il  avoit  eue  en 
deshonorant  la  femme  d'un  duc  de  Meckelbourg,  corn* 
te  de  Schwerin.  Ce  roi  fut  pris  &  enfermé  en  cet  en- 
droit par  le  mari  qu'il  avoit  outragé.  Ce  château  étant 
fort  vieux  Se  mal  bâti ,  le  duc  Frédéric  Guillaume  en 
fit  conftruire  un  nouveau  qui  ne  confifte  qu'en  un  corps 
de  logis  avec  deux  ailes.  Le  premier  deflein  n'a  point 
été  exécuté.  L'architeéte  Sturme  ,  fils  du  fameux  mathé- 
maticien ,  y  a  fait  des  changemens  qui  en  ont  fait  un 
léjour  allez  incommode.  Ce  n'eft  après  tout  qu'une  Am- 
ple  maifon  de  chafle.  Le  terrein  où  eft  la  ville  n'eu 
qu'un  fable    où   l'abfynthe  croît    naturellement  Se  en 
abondance.  En  récompenfe  c'eft  le  plus  beau  pays  de 
chalTe  qu'il  y  ait  au  monde.  *  Mémoires  drejfésfur  les 
lieux  en  171 8. 

4.  NEUSTADT,  ville  de  la  Bafle-Autriche,  fituée 
fur  le  grand  chemin  de  Styrie  Se  de  Gratz  ,  à  huit  lieues 
de  Vienne.  Elle  a  été  appellée  de  ce  nom ,  qui  fignifie 
nouvelle  ville  ,  parce  que  divers  incendies  qui  l'ont  en- 
tieremenr  confumée  ,  l'ont  auffi  fait  entièrement  renou- 
veller.  Elle  avoit  d'abord  été  fondée  par  Léopold  fur- 
nommé  le  Glorieux ,  marquis  d'Autriche ,  qui  mourut 
en  1230.  Son  château  ,qui  a  un  très-beau  parc ,  a  été 
magnifiquement  rétabli  par  l'empereur  Ferdinand  I.  II 
y  a  un  arfenal  tout  vis-à-vis.  Cette  ville,  dont  l'aifiet- 
te  eft  fur  un  terrein  uni,  a  de  fortes  murailles  &  peut 
être  entièrement  environnée  d'eau  lorsqu'on  le  juge  à 
propos ,  ce  qui  fait  fa  meilleure  défenfe.  L'empereur 
Frédéric  IV  y  avoit  fondé  un  évêché  ,  qui  fut  enfuite  uni 
à  celui  de  Vienne;  mais  ce  fiége  a  été  relevé  depuis 
peu,  &  a  un  évêqtie  particulier,  le  feul  fuffragant  de 
Vienne.  Ce  même  empereur  fut  aflîégé  dans  Neuftadt 
par  l'armée  des  étars  d'Autriche ,  parce  qu'il  ne  leur  vou- 
loit  pas  rendre  le  jeune  Ladiflas ,  légitime  héritier  de 
cette  province  ,  Se  prétendoit ,  fous  prétexte  de  tutelle  , 
y  dispofer  de  tout.  11  fut  enfin  contraint  de  rendre  la 
ville ,  Se  le  jeune  prince  qui  étoit  pour  lors  dans  fa 
treizième  année.  Matthias  Corvin ,  roi  de  Hongrie,  la 
prit  en  l'an  1485  ,  après  un  fiége  de  19  mois ,  fi  on  en 
croit  Bonfinius  ;  mais  après  la  mort  du  prince  Hongrois, 
les  Autrichiens  la  recouvrèrent  par  la  faveur  des  ha- 


NEU 


NEU 


bitans  ,  qui  aidèrent  eux  mêmes  à  chaflcr  les  Hongrois. 
Néanmoins  ceux-ci  gardèrent  encore  quelque  tems  le 
château.  '  Zeyler,  Topogr.  Aulhiae. 

j.  NEUSTADT,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Fran- 
conie ,  évêché  de  Vurtzbourg ,  fur  la  Saale ,  près  de 
KoeningshorTen.  Munfterus  dit  que  Charlemagne  bâtit 
dans  ce  lieu  ,  nommé  pour  lors  Ober  Salt^a  ,  un  magni- 
fique palais  ;  Se  qu'après  lui  les  empereurs  Louis  le  Dé- 
bonnaire, Arnould  Se  Otton  I,  y  tinrent  quelques  diè- 
tes. Ce  palais  a  depuis  été  ruiné  ;  on  en  voit  encore 
les  relies  ;  mais  il  s'elt  formé  d'Ober-Saltz  une  ville  qu'on 
nomme  Neuftadt.  *  Zeyler ,  Topogr.  Franconiœ. 

6.  NEUSTADT,  ville  d'Allemagne,  dans  le  Hol- 
ftein  ,  fur  un  golfe  que  forme  la  mer  Baltique  fur  la 
côte  de  la  Wagiie.  Elle  a  un  port  commode ,  capable 
de  recevoir  un  bon  nombre  de  vailTeaux  marchands. 
Son  enceinte  eft  un  vieux  rempart  fans  billions  ni  bou- 
levards ;  il  s'y  fait  quelque  négoce.  On  ignore  le  tems 
de  fa  fondation  ;  on  fait  feulement  qu'il  en  eft  parlé  dans 
l'acte  de  partage  fait  en  1339,  entre  Gerhard,  Albert 
Se  Henri,  ducs  de  Holltein  Se  de  Stormarie.  Elle  eft 
fituée  à  quatre  grands  milles  d'Oldenbourg  ,  Se  envi- 
ron à  pareille  diftance  de  Lubec ,  d'Eucin  Se  de  Plocn. 
En  IJ44,  elle  paffa  entre  les  mains  d'Adolphe,  duc 
de  Schleswic  Se  de  Holftein ,  Se  elle  eft  toujours  de- 
meurée depuis  en  la  poflefllon  des  ducs  de  Gottorp.  * 
Ktttger.  Herrnanid.  Holfatiac  defcr.  p.  96$. 

7.  NEUSTADT  SUR  L'ORLA  ,  ville  d'Allemagne, 
dans  la  Thuringe  ,  fur  la  petite  rivière  d'Orla  ,  à  une 
lieue  dePesneck.  Elle  eft  préfentement  ruinée.  Drefferus 
dans  fon  livre  des  villes ,  rapporte  qu'il  y  avoit  en  ce 
lieu  un  monaftere  d'hermites ,  de  l'ordre  de  faint  Au- 
guftin,  qui  avoit  été  fondé  en  1 292  ;  mais  ces  religieux 
ayant ,  dès  les  premiers  tems  de  la  réformation ,  brûlé  les 
images  Se  pris  des  femmes ,  fans  celTer  néanmoins  de 
vivre  en  communauté  ,  les  habitaus  peu  fatisfaits  de  leur 
conduite,  pillèrent  entièrement  le  monaftere,  Se  priè- 
rent d'une  manière  peu  gracieufe  les  moines  d'aller  lo- 
ger ailleurs  avec  leurs  femmes.  Cette  ville  étoit  venue 
en  ijci  avec  le  comté  d'Odamond  &  quelques  autres 
domaines  en  la  puiffance  de  Frédéric ,  marquis  de  Mis- 
nie ,  par  fon  mariage  avec  Elifabeth,  comteffe  d'Arns- 
haug.  Elle  fubliftoit  encore  en  1632,  &  fut  pillée  cette 
même  année  par  les  Cravattes  ,  Se  on  ne  fait  pas  pré- 
cifément  le  tems  où  elle  fut  détruite.  *  Zeyler ,  Top.  fu- 
per.  Sax.  p.    144. 

8.  NEUSTADT  AM  RUBENBERG  ,  ville  Se  châ- 
teau d'Allemagne  ,  dans  le  duché  de  Brunswich-Lune- 
bourg  ,  à  trois  milles  d'Hanover ,  fur  la- rivière  de  Leyne. 
Ce  lieu  faifoit  autrefois  partie  du  comté  de  Wolpe  , 
avant  qu'il  eut  été  érigé  en  ville  par  les  ducs  de  Bruns- 
wich-Lunebourg.  Le  château  eft  entouré  de  fortes  mu- 
railles ;  la  ville  n'eft  encore  ceinte  qu'en  partie.  *  Zcyler t 
Top.  Duc.  Biunsw.  p.  160. 

NEUSTAT  AN  DER  HART  ou  fur  la  Hart  , 
ville  d'Allemagne.dans  le  Palatinatdu  Rhin, fur  une  petite 
chaîne  de  montagnes  appellée  la  Hait.  Comme  fon  terri- 
toire fait  partie  duSpeyrgow  ,  les  Latins  l'appellent  Nea- 
polis  Nemetum.  Les  habitans  y  jouifTent  d'un  air  fort  bon  ; 
plufieurs  eaux  vives  y  donnent  des  truites,  des  écrevifles,& 
diverfes  aunes  fortes  de  poilTons  en  abondance.  C'éroit 
autrefois  le  fiége  d'un  tribunal  pour  tout  le  Speyrgow  -,  il 
étoit  compofé  de  tous  les  nobles  de  cette  contrée  qui  s'y 
affembloient  en  certain  tems  de  l'année.  Robert  l'ancien  , 
électeur  Palatin  ,  qui  mourut  en  1 3  90 ,  &  Beatrix  fa  fem- 
me ,  avoient  fondé  en  ce  lieu  un  chapitre  de  feize  chanoi» 
nés  ;  mais  les  revenus  de  quatre  prébendes  furent  enfuite 
appliqués  à  l'entretien  de  l'univerfité  de  Heidelberg.  Le 
duc  Se  comte  palatin  Jean  Cafimir  ,  frère  de  l'électeur 
Louis,  fe  rendir  maître  de  Neuftat  en  1579.  Ce  prince 
ayant  trouvé  moyen  de  fe  faire  inviter  à  un  repas  que  les 
magiftrats  donnèrent  dans  la  maifon  de  ville, &  ayant  pous- 
l'é  alîez  avant  dans  la  nuit  le  divertiftement ,  demanda  en- 
fuite  qu'on  lui  ouvrît  une  porte  pourfortir  avant  le  point 
du  jour  ,  fous  un  prétexte  qu'il  leur  expofa  ;  on  y  confen- 
tit ,  quoiqu'avec  peine.  La  porte  ne  fut  pas  plutôt  ouverte, 
que  des  troupes  qui  s'en  étoient  approchées ,  à  la  faveur 
des  ténèbres ,  s'en  faifirent ,  Se  entrèrent  en  aflez  grand 
nombre  pour  mettre  le  duc  en  état  de  faire  la  loi  auxbour- 
geois.  Dès  que  ce  prince  lut  poflefleiu'  tranquille  de  es 


*4i 


nouveau  domaine,  il  y  établit  des  écoles  pour  les  Huma- 
nités, &  enfuite  pour  toutes  les  autres  facultés.  Son  but 
étoit  de  faire  fleurir  en  ce  lieu  Se  dans  fes  autres  domaines 
la  religion  Calvinifte  dont  il  faifoit  profeflion  ,  8c  d'y  faire 
inftruire  ,  félon  fes  idées ,  de  jeunes  gens  ,  qui  auttemenc 
auroient  été  faire  leurs  études  à  Heidelberg,  où  fon  frère 
Louis ,  électeur  palatin  ,  avoit  rendu  l'univerfité  Luthé- 
rienne. Aufli  l'académie  de  Neuftat  tomba-t-elle,  dès  que, 
par  la  mort  de  l'électeur  Louis, l'univerfité  de  Heidelberg 
eut  encore  une  fois  changé  de  fentimensou  deprofefleurs. 
11  y  a  aufli  eu  ci-devant  deux  monafteres  de  religieufes  ; 
l'un  étoit  dans  le  fauxbourg ,  Se  fes  bâtimens  fubfntent  en- 
core ;  mais  ils  ont  été  appropriés  à  une  école  appeliée  la 
CUufs  ;  l'autre  qui  étoit  près  des  murs  de  la  ville,  fut  en- 
tièrement ruiné,  lorsque  les  habitans  eurent  livré  en  1 525 
leur  ville  aux  payfans  qui  s'étoient  attroupés ,  Se  avoienc 
déjà  détruit  tous  les  châteaux  des  environs.  Dans  les  guer- 
res qui  précédèrent  la  paix  de  Weftphalie  ,  cette  ville  fut 
obligée  de  fe  rendre  tantôt  à  un  parti ,  tantôt  à  l'autre  ; 
mais  comme  elle  ne  fit  pas  beaucoup  de  réfiftance  aux  uns 
Se  aux  autres ,  elle  ne  fut  pas  beaucoup  endommagée 
par  ces  viciflitudes.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Palat.  Rheni , 
pag.  38. 

1.  NEUSTATT  ou  Neu  Stattelein  ,  petite  ville. 
d'Allemagne  ,  dans  la  Franconie  ,  fituée  aftez  près  de 
Chronnach  ,8e  à  deux  milles  de  Cobourg,  fur  le  territoire 
de  laquelle  elle  fe  trouve. 

2.  NEUSTATT,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  U 
Franconie  ,  près  de  Schnabel  wyd  ,  Raukulm  ,  Eschen- 
bach  Se  Grattent erd.  Elle  eft  le  chef  lieu  d'un  bailliage , 
Se  appartient  au  margrave  de  Culmbach. 

3.  NEUSTATT  AN  DER  A1SCH,  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Franconie  :  elle  eft  aflez  jolie  ;  c'eft  le 
chef-lieu  d'un  bailliage.  Lorsque  l'électeur  palatin  Frédc* 
rie  le  Victorieux  donna  du  fecours  â  Louis  de  Bavière  , 
contre  le  margrave  Albert  de  Brandebourg  ,  cette  ville 
tomba  entre  les  mains  du  Palatin. 

4.  NEUSTATT  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
landgraviat  de  Heflé ,  à  cinq  lieues  de  Marpurg ,  vers 
l'orient  feptentrional.  Elle  appartient  à  l'électeur  de 
Mayence  ,  avec  un  petit  pavs  qui  en  dépend.  *  Corn. 
DiCt. 

;.  NEUSTATT  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
cercle  de  Weftphalic.au  comté  de  la  Marck.  Elle  eft  fituée 
à  la  fource  de  î'Egers ,  vers  les  confins  du  duché  de  Veft- 
phalie  &  de  Berg ,  environ  à  fix  lieues  de  Ham  ,  du  côté 
du  nord.  *  Zeyler ,  Topogr.  Weftphalia;. 

6.  NEUSTATT  ou  Neustettlein  ,  ville  d'Alleu 
magne,  dans  la  haute  Bavière,  fur  l'Abenz  ,  près  du  Da- 
nube. Elle  a  été  nommée  anciennement  Salingftat.  Oli- 
vier l'appelle  Celeufitm.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Bavaria?. 

7.  NEUSTATT  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
Nortgau  ,  entre  le  bourg  de  Dompach  Se  la  petite 
ville  de  Kemmath  ,  fur  le  chemin  d'Eger  à  Nurnberg. 

8.  NEUSTATT ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la 
Bavière  ,  près  de  Wald-Nabe  ,  fur  le  chemin  d'Eger  à 
Ratifbonne  ,  entre  le  bourg  de  Schone-fecht  &  la  ville 
de  Vyden  ,  dont  elle  eft  éloignée  d'un  mille.  Elle  eft  aflez 
jolie,  Se  a  un  château. 

9.  NEUSTATT,  petite  villedu  royaume  de  Bohême, 
dans  la  Moravie ,  environ  à  trois  lieues  d'01mutz,vers  le 
nord.  *  Corn.  Diét. 

NEUSTATT  AM  KOCHER  ,  ville  d'Allemagne  , 
dans  la  Suabe ,  à  deux  lieues  de  Wimpffen  au  levant,  Se  à 
trois  au  nord-eft  de  Heylbronn,  fur  le  Cocher  ou  Rocher. 
Selon  le  rapport  de  Crufius  ,  dans  fes  annales  de  Suabe  , 
ce  lieu  ou  domaine  qu'on  appelloit  autrefois  Helmftadt  , 
avoit  appartenu  aux  barons  de  Weinfperg  ,  enfuite  à  la 
maifon  électorale  palatine  ,  d'où  il  paffa  dans  celle  des 
ducs  de  Wiirtenberg  en  1404,  à  l'occafion  des  guerres 
du  haut  Palatinat.  Depuis  il  eft  entré  dans  celle  des 
comtes  de  Trautmandorff.  *  Zeyler  ,  Topog.  Suevia?  , 
p.;  8. 

NEUSTATT  W  UNICO  ,  ville  d'Allemagne,  dans 
la  Moravie  ,  fituée  proche  Littaou  Littowal,  à  deux  mil- 
les  Se  demi  d'Olmiïtz  ,  vers  le  comté  de  Glatz  ,  qui  eft 
dans  la  Siléfie.  Les  Suédois  qui  s'en  étoient  rendus  maî- 
tres en  1642  y  furent  bloqués  en  1643  par  les  Hongrois. 
Peu  de  tems  après  ,  un  incendie  en  ruina  une  grau* 
de  partie.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Marg.  Morav.  p.  103, 


NEU 


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NhuSTATTLElN,  très-petite  ville  d'Allemagne, 
dans  le  duché  d'Oppelen  en  Siléfie  ,  près  du  petit  Glogau 
ôc  de  Ziilch.  *  ZeyUr ,  Top.  Silefue. 

i.  NEUSTRIE.  Ccft  le  nom  que  l'on  impofa  après  la 
mort  de  Clovis,  ou  un  peu  auparavant ,  à  cette  partie  de 
la  France  qui  comprend  tout  ce  qui  eft  renfermé  entre  la 
Meule  &  la  Loire  ,  &les  Amoriques ,  qu'on  appelloit  dès 
lors  petite  Bretagne ,  par  ce  que  les  Bretons  y  habitoient. 
On  l'appella  en  latin  Neufirto ,  Neujirafia  ou  Neufier ,  ôc 
quelquefois  Neptricum  ou  Neptria  ;  les  habitans  du  pays 
furent  nommés  Neuftrajîi  ;  on  ne  donnoit  le  nom  de 
Franci  qu'aux  Neufirafii  Ôc  aux  Aufirafii  joints  enfemble; 
comme  on  n'appelloit  France  que  la  Neuftrie  ôc  l'Auftrafie 
prifes  conjointement.  Voyez,  à  l'article  France.  *  Had. 
Valefii  Not.  Gall.  p.  372.  M.  de  Cordemoi ,  Hift.  de 
France,  pag.  1J9. 

Vers  le  teins  de  Charlemagne  les  bornes  de  la  Neus- 
trie  furent  plus  étroites  ;  elle  fe  trouva  alors  ren- 
fermée entre  la  Seine  &  la  Loire.  C'eft  ce  que  nous 
apprennent  entr'autres  Adrevald  ,  moine  de  Fleury  , 
dans  fon  livre  des  miracles  de  S.  Benoit  j  Guillaume  , 
moine  de  Jumiége  ,  dans  fon  livre  des  geftes  des  Nor- 
mands, &  Conrad  ,  abbé  d'Uferche,  dans  fa  chronique, 
où  on  lit  ces  mots  :  Neujiria  pars  eft  Gallia  Celtiea  ,  Ma 
Jcilicet  qu&  Sequana.  Ligerique  interjacet.  La  partie  de  l'an- 
cienne Neuftrie  ,  comptife  entre  la  Seine  ,  l'Escaut  ôc  la 
Meufe ,  fut  appellée  Francei  ôc  toutes  les  fois  que  les  écri- 
vains de  ce  tems  veulent  distinguer  la  France  de  la  Neu- 
ftrie ôc  de  l'Auftrafie  ,  ils  donnent  le  nom  de  France 
à  cette  portion  de  l'ancienne  Neuftrie  ,  qui  comprend  les 
environs  de  Paris  ôc  le  pays  au-delà  de  la  Seine. 

Comme  l'Armoriquc  ,  qui  comprenoit  d'abord  les  terres 
qui  font  entre  la  Seine  &  la  Loire,fut  enfin  réduite  à  l'éten- 
due de  la  feule  Bretagne  -,  de  même  la  Neuftrie ,  bornée  en 
premier  lieu  par  la  Meufe  ôc  par  la  Loire  ,  ôc  enfuite  par 
la  Seine  &  par  la  Loire ,  fut  enfin  tellement  reflerrée  , 
qu'on  ne  donna  plus  ce  nom  qu'au  pays  que  nous  appel- 
ions aujourd'hui  la  Normandie.  On  lit  dans  les  geftes  des 
Normands ,  que  Charles  le  Simple,  roi  de  France ,  donna 
en  8  j»y  à  Rollon ,  duc  des  Normands,  la  Neuftrie  que  ces 
peuples  avoient  nommée  Nortmannie  ;  mais  il  en  arriva 
encore  à  la  Ncuftrie<ommc  à  l'Armorique  :  l'une  ôc  l'au- 
tre perdirent  leur  nom  ;  ôc  comme  on  ne  connut  plus 
celle-ci  que  fous  le  nom  de  Bretagne ,  on  ne  donna  plus  à 
la  première  que  le  qom  de  Normandie. 

2.  NEUSTRIE  ,  contrée  de  l'Italie  entre  la  Ligurie  ôc 
l'Emilie.  Les  Lombards s'étant  rendus  maures  d'une  partie 
de  l'Italie ,  donnèrent ,  à  l'imitation  des  François,  les  noms 
de  Neuftrie  ôc  d'Auftrafie  à  une  portion  de  leurs  conquê- 
tes. Ils  appeilerent  Auftrafie  la  partie  qui  étoit  à  l'orient , 
&  Neuftrie  ou  Hesperie  ,  celle  qui  étoit  à  l'occident ,  ôc 
laiflerent  à  la  Toscane  fon  ancien  nom.  *  Hadr.  Vakfii 
Not.  Gall.  p.  372. 

NEUTRE ,  nation  fauvage  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale:  elle  a  été  détruite  par  les  Iroquois.  Elle  habitoit  en- 
tre les  trois  lacs  Huron  ,  Erié  &  Frontenac. 

NEU VERBURG,feigneurie,  dans  le  Luxembourg  , 
à  deux  petites  lieues  de  Vianden. 

N  E  U  V  I ,  Novus  viens  ,  bourg  de  Ftance ,  dans 
la  Touraine ,  à  une  lieue  au  deflus  de  Beuil.  Ce  bourg  eft 
bien  bâti ,  Ôc  a  l'air  d'une  petite  ville  ;  tout  auprès ,  on 
voit  le  château  de  Grois-Bois ,  qui  eft  aufli  très-bien  bâti. 
*  Piganiol,  Defcr.  de  la  France ,  t.  7.  p.  45. 

N  EU  V IC ,  bourg  de  France ,  dans  le  Périgord ,  élection 
de  Périgueux. 

NEU  VIC  ENTIER ,  bourg  de  France,  dans  le  Limou- 
sin ,  élection  de  Limoges. 

NEUVICQ,  petite  Ville  de  France,  dans  le  Limoufin, 
élection  de  Tulle. 

1.  NEUVILLE,  petit  village  en  Hainatu ,  vis-à  vis  de 
la  Buiîiere. 

2.  NEUVILLE,  petite  ville  delà  bafleAlface,  à  demi- 
lieue  de  la  rivière  de  Zinzel. 

3.  NEUVILLE ,  bourg  de  France,  dans  le  Poitou,  élec- 
tion de  Poitiers. 

4.  NEUVILLE  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Norman- 
die ,  élection  de  Caudebec ,  pioche  de  la  mer. 

j.  NEUVILLE  AUX  BOIS  ,  village  de  France  ,  dans 
la  Picardie  ,  éledïon  d'Abbeville.  Ste  Goberre  ,  l'unedes 
patronesde  la  ville  deNoyon,  naquit  à  Neuville  aux  Bois. 


NEU 


6.  NEUVILLE  LES  DAMES,  bourg  de  France ,  dans 
la  BreiTe,  au  diocèfede  Lyon,  gouvernement  &  généralité 
de  Bourgogne.  11  y  a  un  célèbre  chapitre  de  dames  qui  font 
obligées  de  faire  des  preuves  de  noblefle.  Le  roi  vient  de 
les  décorer  d'un  ruban  bleu  ,  bordé  de  rouge  ,  qu'elles 
portent  en  écharpe ,  au  bas  duquel  eft  une  croix  d'or 
cmaillée.  *  Mémoires  dre fiés  fur  les  lieux. 

7. NEUVILLE  SUR  SAONE,  petite  ville  de  France, 
capitale  du  Franc-Lyonnois ,  ôc  où  les  afiemblées  géné- 
rales du  pays  fe  tiennent.  Elle  eft  à  deux  lieues  de  Lyon 
ôc  de  Trévoux.  Cette  ville  s'appelloit  autrefois  Vincy  ; 
mais  Camille  de  Neuville ,  archevêque  de  Lyon ,  de  la 
maifon  de  Villeroy ,  lui  donna  fon  nom ,  ôc  en  fit  un  mar- 
quifat.  *  Mémoires  drejjés  Jur  les  lieux. 

8.  NEUVILLE-CHAMP-D'OISEL  (La), bourg  de 
France  ,  dans  la  Normandie  ,  élection  de  Rouen. 

9.  NEU  VILLE-EN-HEZ  (La),  bourg  de  France,  au 
diocèfe  de  Beauvais  ,  ainfi  dit ,  parce  que  la  forêt  dans 
laquelle  il  eft  fitué  ,  ôc  dont  il  y  a  des  reftes ,  s'appel- 
loit He z.  ou  Haye.  Ce  lieu  eft  fur  la  route  de  Beauvais 
à  Clermont.  C'étoit  autrefois  une  terre  royale ,  &  peut- 
être  fut-elle  l'un  des  villages  que  Louis  VII  fe  plut  à 
bâtir  au  milieu  des  forêts ,  ou  dans  les  lieux  dont  la 
fituation  paroiflbit  agréable ,  ôc  qui  ont  tiré  delà  le  nom 
de  Villeneuve  ou  Neuville.  Saint  Louis  y  eft  venu  quel- 
quefois réfider  dans  le  château  qui  fubfiftoit  alors.  11 
y  a  même  affez  de  fondement  pour  croire  qu'il  y  étoit 
né  ,  ôc  qu'il  fut  auflîtôt  porté  a  PoiiTy  pour  y  être  bap- 
tifé.  On  peut  voir  là-deflus  le  procès  littéraire  agité  en- 
tre le  père  Matthieu  Texte ,  Jacobin ,  &  l'abbé  Lebœuf , 
dont  les  pièces  font  dans  les  mercures  de  1737  &  1738. 
Louvet  rapporte  dans  fon  hiftoire  de  Beauvais,  l'ére- 
ction de  la  cure  de  la  Neuville  à  l'an  1 251.  Jeanne, 
comte/Te  de  Blois  ôc  de  Clermont ,  témoigna  par  un  acte 
de  1 208  ,  qu'il  y  avoit  un  chapelain  du  titre  de  fainte 
Catherine ,  dans  les  murs  de  la  forterefie  de  la  Neu- 
ville-en-Hez,  Scelle  le  dota.  A  une  demi-lieue  de  ce 
bourg  ,  dans  un  vallon  ,  au  delà  de  la  montagne,  eft  le 
couvent  des  Cordeliers  appelle  de  !a  Garde  ,  dont  il  eft 
parlé  dans  la  vie  du  célèbre  Adrien  Bailler ,  qui  étoit 
natif  de  la  Neuville-en-Hez.  En  1269  ,  faim  Louis  don- 
na à  Robert ,  fon  fils  ,  avec  le  château  de  Clermont 
en  Beauvaifis,  la  Neuville-en-Hez,  la  forêt  ôc  les  ap- 
partenances. *  Tom.  I.  Tbtf.  ùtiecdot. 

10.NEUVILLE-LALAIS,  bourg  de  France,  dansle 
Maine,  élection  du  Mans. 

1 1.  NEUVILLE-LA-MARC  ,  lieu  de  la  naiflance  de 
S.  Lomer  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  de  Chartres. 

12.  NEUV1LLE-AU  PONT,  bourg  de  France,  dans 
la  Champagne.  Il  fut  bâti  dans  l'année  1 203  par  Blanche , 
comeefle  de  Champagne ,  fur  les  terres  de  l'abbaye  de 
Moirmont. 

13.  NEUVILLE  -SUR-SARTE,  bourg  de  France, 
dans  le  Maine,  élection  du  Mans. 

NEU  VILLER  .petite  ville  de  France,  dans  l'Alface. 
Elle  eft  fituée  au  pied  d'une  haute  montagne,  fon  enceinte 
eft  fermée  par  un  mur  de  dix-huit  ou  vingt  pieds  de  haut, 
ôc  elle  a  une  ancienne  faufle-braie  presque  entièrement 
ruinée.  Le  fofle  eft  comblé  \  il  étoit  autrefois  revêtu , 
comme  on  en  peut  juger  par  des  marques  qui  en  re- 
ftent.  Il  y  avoit  autrefois  une  abbaye  de  l'ordre  de  faint 
Benoît.  Elle  fut  fécularifée  en  1496,  fon  chapitre  eft 
compofé  d'un  prévôt ,  d'un  doyen  ,  de  fix  chanoines 
réfidens  ôc  de  quatre  autres  non  réfidens.  Les  canoni- 
cats  font  de  mille  livres.  La  prébende  du  prévôt  elt  de 
deux  canonicats  ,  ôc  celle  du  doyen  d'un  canonicat  ÔC 
demi.  *  Pigamol ,  Defcription  delà  France, tom.  7.  p. 
4<fc. 

NEUVILLY  ,  bourg  de  France,  dans  la  Normandie, 
éledion  de  Bayeux. 

1.  NEUVY.  Ce  mot  a  été  fotmé  du  latin  Novus  Vi* 
eus  ou  de  Noviacus  ôc  de  Noviaeum  ,  mots  corrompus 
de  Novus  Virus.  En  effet ,  tous  les  lieux  appelles  Neu- 
vy  ont  cette  origine.  On  en  trouve  autant  d'exemples 
qu'il  y  a  de  lieux  qui  portent  le  nom  de  Neuvv. 

2.  NEUVY,  bourg  de  France,  dans  la  Touraine. 
Voyez.  Neuvi. 

3.  NEUVY  ,  bourg  ou  village  de  France ,  dans  le  pe- 
tit pays  de  Puyfayej  fon  nom  latin  eft  Novus  Vient 


NEW 


NEW 


ou  Noviacus  ad  Ligerim.  Il  efl  fitué  fur  la  Loire  ,  aux 
frontières  du  Nivernois,  Se  visa  vis  du  Item,  quatre 
lieues  au-defïus  de  Briare ,  en  allant  vers  Cône.  Ce  bourg 
efl  accompagné  d'un  château.  *  La  Thaiima/Jiere  ,  1  Ii- 
ft'oire  de  Berri,  p.  610.  Mémoires  de  littérature ,  t.  9. 

p.  378. 

'  4.  NEUVY-SUR-BARANGEON  ,  petit  village  de 
France,  dans  le  Berri,  à  cinq  lieues  de  Vierzon.à  à 
feptde  Bourges.  De  Valois  croit  que  c'efl  la  ville  No- 
viodunum  que  l'armée  de  Céfar  trouva  fur  fon  che- 
min dans  le  pays  des  Buuriges  (  le  Berri  ) ,  lorsqu'elle 
s'approcha  de  l'armée  de  Vcrcingetorix  -,  mais  Lancelot , 
Mémoires  de  littérature ,  t.  9.  p.  578.11e  peut  fouferire 
à  cette  opinion  ,  parce  que  tous  les  lieux  appelles  Neu- 
vy  ,  viennent  de  Novits  Viens  ,  d'où  Noviacus  Se  No- 
viacum.  VoyeL  Neuvv  ,  rP  u 

;.  NEUVY-LE-PAILLOUX ,  en  latin  Novus  Vi- 
ens Faludofus ,  bourg   ou  village  de  France ,  dans  le 

Berri.  , 

6.  NEUVY-SAINT-SÉPULCRE  ,  bourg  de  France  , 
dans  le  Berri ,  élection  d'Inoudun.  C'eft  une  châtcllenic 
qui  relevé  du  duché  de  Château-Roux.  Ce  bourg  efl  fi- 
tué à  dix-huit  lieues  de  Bourges  &  à  neuf  d'Iflbudun  , 
dans  un  pays  où  il  y  a  beaucoup  de  bois  &  d'étangs , 
fur  la  petite  rivière  de  la  Bouzane.  Dans  le  château  qui 
«Il  auprès  du  bourg,  il  y  aune  collégiale  ,  fous  l'invo- 
cation de  faine  Jacques  le  Majeur,  &  fondée  avant  l'an 
1228.  Le  cardinal  de  Châceau-Roux  ayant  fait  préfent 
en  1245  au  chapitre  de  cette  églife  d'une  pierre  du  faine 
Sépulchre  ;  ce  bourg  qui  s'appelloit  fimplement  Neuvy  , 
prit  le  nom  de  Neuvy-saint-Sépulchre. 

NEW-ABERDEEN.  Voyez.  Aberdeen. 

NEW-ANGERMUND.  Voyez.  Angermund, 

NEWARK ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  Nottin- 
ghamshire,  fur  la  Trente.  11  a  pris  fon  nom  d'un  châ- 
teau qu'Alexandre  ,  évêque  de  Lincoln  ,y  fit  bâtir  fous 
le  règne  d'Etienne  ,  Se  dont  on  voit  encore  les  murailles 
qui  font  de  belles  preuves  de  fa  magnificence.  Il  y  a  une 
belle  églife.  Ce  bourg  a  droit  de  députer  au  parlement. 
*  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  tom.  1.  pàg. 
98. 

NEWBERRI  ,  bourg  d'Angleterre.  Voyez,  Neubu- 

RY. 

NEWBRANDEBOURG  ,  petite  ville  d'Allemagne  , 
dans  le  duché  de  Meckelbourg  ,  comprife  dans  la  fei- 
gneurie  de  Stargard.  Elle    fut  réduite  en  cendres  en 

1757. 

1.  NEWCASTLE ,  ville  d'Angleterre ,  capitale  de 
la  province  de  Noi  thumberland  ,  fur  la  Tine  ,  à  fept 
milles  de  la  mer  &   à  212  milles  de  Londres.   Elle 
efl   bâtie  fur   le    penchant   d'une    colline  ,    avec  un 
quai  fur  la  rivière  pour  la  commodité  des  vaifïeaux  qui 
y  abordent.  Elle  efl  grande  &  bien  peuplée  ,  négocian- 
te Se  riche.  Les  maifonsy  font  la  plupart  bâties  de  pier- 
res ,  Se  la  plupart  des  rues  ont  une  fort  grande  pente. 
La  maifon  de  ville  n'eft  pas  éloignée  du  quai ,  ni  ce- 
lui-ci du  pont  de  pierre  qu'il  y  a  fur  la  rivière,  avec 
une  porte  de  fer  au  milieu  qui  fépare  cette  province  de 
celle  de  Durham.  C'efl  ici  que  le  fait  le  grand  négoce 
du  charbon  de  terre ,  cette  ville  étant  presque  toute 
environnée  de  mines  de  charbon.  Il  s'en  débite  à  Lon- 
dres jusqu'à  6ocooo  chaldrons  par  année,  à  36  bois- 
feaux  le  chaldron.  De-là  vient  qu'on  y  voit  toujours  des 
flottes  de  vaiffeaux  charbonniers ,  quelquefois  de  3  ,  4 
oujoo  voiles ,  dont  le  rendez -vous  efl  à  Sheals,  à  l'em- 
bouchure de  la  Tine.  C'efl  ce  négoce  particulièrement 
qui  rend  cette  ville  opulente.  Elle  a  quatre  grandes  pa-  ' 
roiffes  Se  quatre  églifes  ,  dont  la  principale  ell  celle  de 
faint  Nicolas.  Cette  ville  étoit  autrefois  défendue  par 
un  château  ,  dont  on  voit  encore  les  murailles.  Camb- 
den  dit  qu'elle  s'appelloit  Monkchefier,  Se  qu'elle  ne 
prit  le  nom  de  Newcaitle ,  qui  lignifie  Château-  euf, 
qu'après  que  ce  château  fut  bâti  par  le  prince  Robert , 
fils  de  Guillaume  le  Conquérant.  Enfin  cette  ville  jouit 
de  grands  privilèges  qu'elle  obtint  fous  la  reine  Elifà- 
beth.  Elle  efl  du  nombre  de  celles  qui  le  gouvernent 
elles-mêmes ,  indépendamment  du  lieutenant  de  la  pro- 
vince ,  Se  qu'on  appelle  County-Toivns  ou  QtMttesÇor- 
forate.  Tout  y  abonde,  &  les  provifions  s'y  vendent  à 


-T43 

grand  marché.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne , 
t.  1.  p.  9j. 

2.  NEWCASTLE,  bourg  d'Irlande,  dans  le  comté 
de  Staflbrd ,  à  la  fourec  de  la  rivière  de  Trente. 

3.  NEWCASTLE,  bourg  d'Irlande  ,  dans  le  comté 
de  Dublin  ,  à  huit  milles  de  cette  capitale ,  presqu'à 
l'ouefl.  11  a  titre  de  baronnie ,  Se  droit  d'envoyer  deux 
députés  au  parlement. 

4.  NEWCASTLE  ,  bourg  d'Irlande  ,  avec  titre  de  ba- 
ronnie ,  dans  le  comté  de  Wickiow. 

j.  NEWCASTLE,  petite  ville  d'Angleterre  ,  dans 
la  province  de  Stafford.  Elle  a  féance  au  parlement  Se 
droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat  préfent  de  La  Grande 
Bretagne ,  t.  1. 

NEWENDEN.  Voyez.  Anderida. 

NEWENT  ,  bourg  d'Angletrre,  dans  la  province  de 
Glocefler.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  Grande  Bretagne ,  t.  1 . 

NEW-FOREST ,  l'une  des  principales  forêts  de  l'An- 
gleterre. Elle  ell;  dans  l'Hampshire.  *  Etat  préjent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.   i.p.  16. 

NEWHAM-REGIS,  village  d'Anglctetre ,  en  War- 
wickshire.  Il  n'efl  connu  que  par  fes  eaux  minérales , 
qui  ont  le  goût  Se  la  couleur  du  lait.  On  dit  qu'elles 
font  laxatives  lorsqu'on  les  boit  avec  du  fel ,  Se  aftringentes 
lorsqu'on  y  met  du  fucre.  *  Baudrand  ,  édit.  1705. 

NEW- JERSEY  ou  Nouveau  Jersey  ,  province  de 
la  Nouvelle  Albion,  divifée  en  Efl-Jefey  ,  ou  Jer- 
fey  orientale  j  Se  en  Oueft-Jerfvy ,  ou  Jeifey  occiden- 
tale. 

La  province  d'EsT- Jersey  efl  fituée  entre  le  39  & 
le  41  degré  de  latitude  feptentrionale.  Elle  ell  bornée 
au  fud-efl  par  là  met  Océane  ;  à  l'efl  par  un  gros  torrent 
navigable  ,  appelle  la  rivière  de  Hudfon  -,  à  l'oueft  par 
une  ligne  de  féparation  ,  qui  la  difiingue  de  l'Ouell- 
Jerfey  ,  Se  au  nord  par  pluiieurs  terres  qui  s'étendent 
en  long  fur  les  côtes  de  la  mer,  &  au  long  de  la  ri- 
vière d'Fludfon ,  l'espace  d'environ  cent  milles  d'Angle- 
terre. 

La  commodité  de  la  fituation  ,  la  bonté  de  l'air  &  la 
fertilité  du  terroir  ont  fait  qu'on  y  a  bâti  fept  villes 
confidérablcs ,  qui  font  : 


ShrtWsbury ,  Burgin  , 

Aîiddlc-ToAjvn,       Ncuwark, 


Elifabcth  Town  , 
Voodbridge , 
Piscatav,  av. 


Cette  province  a  de  grands  avantages  pour  la  navi- 
gation ;  elle  ell  G  tuée  le  long  de  la  partie  navigable  de 
la  rivière  d'Hudlbn  ,  elle  s'etend  encore  pluc  le  cin- 
quante milles  fur  la  mer.  Vers  le  milieu  de  la  côte 
il  y  a  une  baie  pour  les  navires  dans  SandhooJç.  Les  bâ- 
timens  peuvent  y  demeurer  en  fureté  dans  les  plus 
grandes  tempêtes,  &  l'on  peut  les  expédier  de  tous  vents  , 
Se  entrer  Se  fortir  auffi  bien  en  été  qu'en  hiver.  La  pê- 
che y  ell  abondante.  On  trouve  dans  ce  pays  plulieurs 
fources  d'eau  &  de  petites  rivières  qui  fe  rendent  dans 
la  mer,  ou  dans  la  rivière  d'Hudfon.  Il  y  a  une  grande 
quantité  de  bois  propres  pour  la  conflru&ion  des  na- 
vires Se  pour  des  mars.  La  terre  efl  généralement  fer- 
tile. Elle  produit  abondamment  de  toutes  les  espèces  de 
grains  qui  ci  oiffent  en  Angleterre  -,  de  bons  lins  Se  des 
chanvres  dom  on  fait  de  la  toile.  Les  habitans  n'ont 
point  encore  cherché  quelles  fortes  de  mines  ou  de 
minéraux  fe  trouvent  dans  la  terre  :  il  y  a  cependant 
dans  cette  colonie  un  fourneau  de  fonte  Se  une  forge 
où  l'on  fait  de  bon  fer;  ce  qui  efl  d'un  grand  revenu 
dans  le  pays.  Il  y  a  des  Indiens  naturels  ;  mais  en  pe- 
tit nombre  ,  ti  on  les  compare  à  ceux  des  colonies  voi- 
fines.  lis  ne  font  point  ennemis  des  Planteurs  Se  autres 
habitans  ;au  contraire  ,  ils  leur  rendent  toutes  fortes 
de  bons  qrfices.  Ils  chaffent  Se  prennent  les  bêtes  fa 
rouches  Se  fauvages  :  ils  les  fourniflent  de  poiflbn  Se 
d'oifeaux  pour  manger  :  ils  détruifent  les  caflors,  les 
leups  ,  les  renards ,  Sec.  dont  on  porte  les  peaux  &  les 
fourrures  en  Angleterre.*  Etat  préfent  des  tores  des 
A    'lois  dans  l'Amérique  ,  p.  94. 

La  province  d'OutsT-JERsEY  s'étend  fur  la  mer  Se 
far  la  rivière  Delaware.  Elle  a  tous  les  avantages  dont 
jouit  la  province  d'Ell  Jciiey ,  Se  l'emporte  même  à  di- 


NEW 


5*44 

vers  égards.  C'eft  une  des  meilleures  colonies  de  toute 
l'Amérique,  tant  par  fa  fituation  avantageufe ,  par  la 
bonté  de  l'air  qu'on  y  refpire ,  ôc  par  la  fertilité  de 
fon  terroir  ,  que  par  fes  ports ,  fes  criques  Se  fes  havres. 
Les  Anglois  qui  font  établis  dans  ce  pays,  achètent  des 
terres  des  naturels ,  Se  font  par-là  aflurés  de  leur  ami- 
tié. Ces  Sauvages  fe  trouvent ,  par  le  moyen  du  tra- 
fic ,  fournis  de  tout  ce  qui  leur  manquoit.  Il  y  a  dans 
cette  province  une  ville  nommée  Burlington.  Il  y  a  du 
miel ,  de  la  cire ,  de  la  foie.  La  terre  produit  de  la 
poix  liquide  ,  du  brai  ,  de  la  réfine  ,  de  la  térébenthine , 
Sec.  Pour  les  fourrures  ,  il  y  a  des  caftors ,  des  renards 
noirs ,  des  loutres ,  &c  Le  tabac  y  eft  excellent ,  fur- 
tout  fur  la  rivière  Delaware.  La  pêche  de  la  morue  Se 
de  divers  autres  gros  poiflbns  eft  abondante. 
NEWIS.  Voyez.  Mewis. 

i.  NEWMARKET,  grande  plaine  d'Angleterre ,  fur 
les  frontières  deSuffolc  Se  de  Cambrige.  Elle  ell  fameufe 
par  les  courfes  à  cheval  qui  s'y  font  ordinairement  après 
la  faint  Michel  Se  au  mois  d'Avril.  *  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.Is-  p.  2J. 

2.  NEWMARKET ,  maifon  royale  en  Angleterre, 
fur  les  frontières  de  Suffolc&  de  Cambrige.  Charles  II , 
la  fit  bâtir  feulement  pour  s'y  loger  dans  la  faifon  des 
courfes  :  elle  n'en1:  pas  fort  confidérabie. 

5.  NEWMARKET,  petite  ville  d'Angleterre,  dans 
la  province  de  Suffblc ,  aux  frontières  de  Cambriges- 
hire  ,  &  à  dix  milles  de  Cambrige.  Cette  ville  feroit  peu 
connue  fans  les  courfes  des  chevaux ,  qui  rendent  fon 
nom  fameux  ,  Se  qui  fe  font  dans  une  grande  plaine 
voifine.  Le  roi  Charles  II ,  qui  prenoit  un  grand  plai- 
fir  à  ces  fortes  de  courfes ,  bâtit  une  maifon  à  Ncw- 
'market.  Voyez,  ce  mot ,  n°.  1  Se  1.  *  Mémoires  d'An- 
gleterre ,  p.  306. 

NEW-MILS  ,  lieu  d'Ecofle  ,  dans  la  partie  occiden- 
tale de  ce  royaume.  On  y  trouve  une  eau  admirable 
pour  les  maux  feorbutiques  Se  hypocondriaques.  *  Etat 
préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  r.  2.  p.  206. 

NEW-MINSTER  ,  en  latin  novum  Monafterium,  ab- 
baye en  Angleterre  ,  au  diocèfe  d'Yorck  ,  près  de  Mor- 
pet ,  au  pays  de  Northumberland  ,  félon  Bailler ,  Topo- 
graphie des  Saints  ,  p.  635.  Cette  abbaye  étoit  de  l'or- 
dre de  Cûeaux.  Saint  Robert  en  fut  le  premier  abbé  au 
douzième  fiécle. 

NEW-MUNSTER ,  NEUENMWNSTER  ouNien- 
munster,  petite  ville  du  duché  de  Holftein  ,  fur  la 
Swale.  Voyez,  Neumunster.  Il  y  a  vingt-huit  villages 
Se  divers  hameaux  dans  le  reflbrt  de  cette  ville.  Elle 
n'eft  habitée  aujourd'hui  que  par  des  charretiers  Se  des 
laboureurs.  *  Rutger.  Hermanid.  Holfatiœ.  Defcript. 
pag.  496. 

NEWNHAM  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Glocefter.  On  y  rient  marché  public*  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  r. 

NEW-PLYMOUTH  ,  ville  &  colonie  Angloife  ,  dans 
l'Amérique  feptentrionale ,  fur  la  côte  de  la  Nouvelle 
Angleterre  ,  où  elle  eft  la  capitale  d'une  province  nom- 
mée aufli  Plymout  ,  Se  qui  s'étend  l'espace  de  cent 
milles  le  long  de  la  mer,  depuis  Kabeliawuskaap,  au 
canton  de  Barnftable  ,  jusqu'à  Manchefter ,  dans  la  pro- 
vince de  Briftol ,  fur  environ  cinquante  milles  de  lar- 
geur. Cette  province  eft  divifée  en  fept  cantons  qui 
prennent  chacun  le  nom  de  leur  ville  -,  favoir , 

Flymouth,  Duxbury,  Middlebury, 

Bridgewater,       Marsfeild,  Scituate. 

La  capitale  eft  en  même-rems  la  principale  Se  la  plus 
ancienne  colonie  de  la  Nouvelle  Angleterre.  Elle  eft  fi- 
tuée  dans  le  grand  golfe  de  Patuxet ,  Se  confiile  en  trois 
ou  quatre  cens  familles.  La  féconde  ville  pour  la  gran- 
deur eft  Scituate  qui  a  deux  églifes ,  quoique  Plymouth 
n'en  ait  qu'une.  *  Het  Britan.  Ryl^,  in  Amerik^,  pag. 
77- 

1.  NEW -PORT,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  l'ifie 
de  Wight.  On  y  tient  marché ,  Se  il  a  le  privilège  de 
députer  au  parlement.  Ce  bourg  eft  aflez  grand  ôc  bien 
peuplé.  A  l'entrée  du  havre  de  New-Port  on  trouve 
Cowes ,  où  les  vaifleaux  viennent  fouveut  fe  mettre  à 
couvert,  fous  la  protection  d'un  château    qui  défend 


NEU 


fa  place  Si  le  havre,  &  au  couchant  de  New-Port  ii  v 
a  un  autre  châreau ,  nommé  Carifbrook-Caftle.  «  Ei.it 
préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1 .  p.  70. 

2.  NEW-PORT  ,  ville  ou  bourg  d'Angleterre,  dans 
le  Buckinghamshire.  Il  s'y  tient  un  marché. 

3.  NEW-PORT,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
vince de  Cornouailles.  Il  a  droit  de  députer  au  par- 
lement. 

4.  NEW-PORT,  ville  d'Angleterre,  dans  le  Mon- 
mouthshire,  fur  la  rivière  d'Usk.  On  y  tient  marché. 

5.  NEW-PORT  ,  bourg  d'Angleterre',  dans  le  Shiews- 
bury.  On  y  tient  marché  public*  Etat  préfent -de  la. 
Grande  Bretagne  ,  t.   1. 

i.NEWRY,  petite  rivière  d'Irlande.  Elle  fort  de 
Longh-Neagh  ,  prend  fon  cours  du  nord  au  fud ,  fépare 
le  comté  de  Down  de  celui  d'Armagh  ,  mouille  la  ville 
de  Newry ,  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer  un  peu  au-des- 
fous  de  cette  ville. 

2.  NEWRY,  petite  ville  d'Irlande,  dans  le  comté 
de  Down,  à  vingt-cinq  milles  au  fud  oueft  de  Dcwn 
fur  la  rivière  de  Newry  ,  près  des  frontières  d'Armagh. 
Elle  envoie  deux  députés  au  parlement ,  Se  a  le  droitde 
tenir  un  marché  public. 

NEWSHOREHAM  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la 
province  de  Suflex.  Il  a  droit  d'envoyer  fes  députés  au 
parlement.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne , 
tom.  1. 

NEWSIDEL ,  petite  ville  de  la  Baffe-Hongrie  ,  au 
comté  de  Sporon ,  fur  la  rive  feptentrionale  du  lac  New- 
fidlerzée,  auquel  elle  donne  fon  nom.  Elle  ne  confilie 
qu'en  une  feule  rue  ,  avec  quelques  maifons  deriicie. 
11  y  a  un  petit  château  bâti  fur  une  montagne ,  d'où 
on  découvre  facilement  le  lac.  *  Atlas ,  Kob.  de  Vax- 
gondy.    Defc  delà  Hongrie,  p.  12. 

NEWSIDLERZÉE ,  lac  fitué  dans  la  Bafte-Autri. 
che,  à  quelques  milles  du  Danube,  au  midi  de  ce 
fleuve.  Les  Allemands  lui  donnent  le  nom  démet  àcaufe 
de  l'abondance  des  poiflbns  que  l'on  y  prend.  Les  Hun  - 
grois  l'appellent  Terteu  ou  Terto.  Pline,  /.  $,c.  24.1e 
nomme  l'tifo.  Il  a  fept  milles  d'Allemagne  de  longueur , 
&  trois  milles  de  largeur.  Pendant  les  troubles  de  Bot- 
feai,  les  Turcs  Se  lesTarrares  brûlèrent  quatorze  villa- 
ges  qui  étoient  bâtis  aux  environs  de  ce  lac  *  Edouard 
Brown  ,  Defc  de  la  Hongrie,  p.  12. 

NEWTEICH  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  h 
Prude ,  dans  le  grand  Werder ,  fur  la  rivière  de  Schwen- 
te.  Elle  fut  bâtie  en  1 329,0^  ruinée  par  un  incendie 
en  1400.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Pruflîa?. 

1.  NEWTOWN,  ville  d'Irlande,  dans  le  comté  de 
Down  ,  à  quatre  miiles  presque  au  fud  de  Bangor.  Elle 
eft  fnuée  fur  le  côté  feptentrional  du  lac  de  Srrangford* 
Elle  envoie  deux  députés  au  parlement.  *  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bretagne  ,  r.  3 .  p.  60. 

2.  NEWTOWN  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Lancaftre.  On  y  tient  marché  public  *  Etat 
préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1 . 

NEWYN  ,  petit  port  de  mer  ,  dans  la  Grande  Bre- 
tagne ,  au  pays  de  Galles,  au  fond  d'une  petite  anfe  ,  fur 
la  côte  occidentale  de  Carnarvanshhe,  au  midi  de  rifle 
d'Anglefey.  C'eft  une  bourgade  où  il  y  a  quelque  com- 
merce. *  Allard ,  Atlas. 

NEU-ZOLL,  ville  delà  Haute-Hongrie  (  a)  ,  Se  l'une 
des  fept  villes  des  montagnes,  parmi  lesquelles  elle  a 
le  troifiéme  rang.  Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Gran. 
C'eft  une  ville  aflez  jolie  (£),  au  bout  de  laquelle  il  y 
a  une  belle  tour.  Le  château  eft  grand.  11  y  a  dedans 
une  églife  toute  couverte  de  cuivre  Se  dans  laquelle  font 
plufieurs  figures  de  bois  Se  quelques  reliques.  Comme 
ce  fonr  les  Luthériens  qui  les  pofiedent,  ils  nelesefti- 
ment  pas  beaucoup  ,  quoiqu'ils  les  confervent  avec 
foin. 

Il  y  a  dans  cette  ville  Se  aux  environs  les  plus  belles 
mines  de  cuivre  qui  foient  en  Hongrie  ;  mais  comme 
le  cuivre  eft  fort  attaché  à  la  pierre  qui  eft  dans  la  mi- 
ne ,  on  a  bien  de  la  peine  à  l'en  tirer.  Quand  on  en 
eft  venu  à  bout,  on  le  fait  brûler  Se  fondre  quatorze 
fois  avant  qu'on  s'en  puifiè  fervir.  On  le  fait  première- 
ment fondre  avec  une  pierre  appellée  Fluff-ftein ,  Se 
avec  un  peu  delà  propre  écume  Se  du  kis,  qui  cil  unç 
forte  de  pyrite.  On  le  porte  enfuite  dans  l'endroit  où 

on 


NIA 


«n  le  fait  rôtir  ,  Se  on  le  place  fur  de  grands  monceaux 
de  bois  auxquels  on  met  le  feu.  On  le  fait  brûler  de 
cette  manière  fept  ou  huit  diverfes  fois  ,  &  on  l'ap- 
pelle alors  rôti.  On  le  fait  encore  après  cela  fondre  une 
fois  dans  la  fournaife ,  avant  qu'il  puifle  fervir  à  quel- 
que chofe. 

On  voit  dans  cette  ville  un  pont  fur  lequel  on  pafle 
la  rivière.  On  y  a  élevé  un  très-beau  bâtiment  pour  ar- 
rêrer  le  bois  qu'on  jette  dans  cette  rivière  dix  milles  au- 
deflus  de  la  ville.  C'eft  par  ce  moyen  qu'on  fait  venir 
du  bois  à  Neu-Zoll,  fans  qu'il  en  coûte  beaucoup ,  8c 
on  s'en  fert  pour  travailler  aux  mines  qui  font  dans  la 
ville,  (a)  Atlas,  Roi?,  de  Vaugondy.  {b)  Edouard  Bïovin , 
Voyage  de  Komara ,  p.  153. 

NEX  ou  Nexoe,  petite  ville  de  Danemarck  ,  dans 
rifle  de  Bornholm,  fur  la  côte  occidentale  (a).  On  la 
nomme  communément  Nexoe.  Elle  a  été  ruinée  (b) 
par  les  guerres.  (  a  )  Rutger  Hermanïi.  Def.  Danix  ,  p. 
1  3  4.  (  b  )  Theat.  Eur.  fol.  807. 

NEXON  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Limoufm ,  éle- 
ction de  Limoges. 

NEYSTRISS  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Prémon- 
tré ,  en  Allemagne ,  dans  la  Bavière. 

1.  NEYTRACHT  ,  ou  Neitra  ,  contrée  de  la 
Haute-Hongrie ,  avec  titre  de  comté.  Elle  eft  bornée 
au  nord  par  le  comté  de  Trànchin  ;  à  l'orient  par  le 
comté  de  Zv/ol  ;  au  midi  par  le  comté  de  Comore , 
&  à  l'occident  par  celui  de  Pofon.  Elle  a  pris  fou  nom 
de  fa  capitale.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy. 

1.  NEYTRACHT  ou  Neitra,  ville  de  la  Haute- 
Hongrie  ,  &  la  capitale  d'un  comté  de  même  nom.  Elle 
eft  fituée  fur  la  rivière  de  Neitra.  Elle  ell  remarqua- 
ble par  le  fiége  d'un  évêché ,  nommé  en  latin.  Nurien- 
fis  epiicopatuf. 

3.  NEYTRACHT  ou  Neitra  ,  rivière  de  la  Haute- 
Hongrie.  Elle  a  fa  fource  dans  le  comté  de  Trànchin. 
Après  avoir  mouillé  la  ville  de  Neitra,  elle  pafle  à 
Neuhaufel  ,  Se  va  enfuite  fe  joindre  au  Danube ,  un 
peu  au-deflbus  de  Comore.  *  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy. 

i.NEYVA,  rivière  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  l'ifle  de  Saint  Domingue  (a).  Elle  a  fa  fource 
vers  le  milieu  de  l'ifle,  court  presque  du  nordaufud, 
&c  fe  partage  en  fept  branches  avant  que  de  fe  déchar- 
ger dans  la  baie  à  laquelle  elle  donne  fon  nom.  Cette 
rivière  eft  aflez  profonde  à  fon  embouchure  (/>)  -,  mais 
un  peu  plus  haut  elle  eft  plate  &  pleine  de  bancs:  elle 
change  fouvent  de  lit.  (  a  )  Frez.ier  ,  Carte  de  l'ifle  de 
Saint  Domingue.  (b  )  Laet  ,  Dcfcr.  des  Indes  occid. 
1.  1.  c.  y. 

2.  NEYVA ,  baie  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  fur 
la  côte  méridionale  de  l'ifle  de  Saint  Domingue ,  en- 
viron à  trente  lieues  de  la  ville  de  San  Domingo,  en 
tirant  à  l'ouefl.  Elle  tire  fon  nom  de  la  rivière  de  Neyva 
qui  s'y  décharge.  *  Frezier ,  Carte  de  l'ifle  de  Saint  Do- 
mingue. 

3.  NEYVA ,  petite  ville  de  Portugal.  Voyez.  Neiva 
1.  2. 

NEZ ,  rivière  de  France ,  dans  le  Bearn.  Son  cours 
n'eft  que  de  deux  lieues  :  elle  prend  fa  fource  près 
du  château  de  Ravenac  ,  pafle  au  bourg  de  Gan  8c  à 
Juranfon  ,  &  va  fe  jetter  dans  le  Gave ,  auprès  de 
Pau  ,  fans  avoir  reçu  d'autres  eaux  que  celles  de  fa 
grande  fource.  *  Coulon,  Rivières  de  France  ,  p.  J71. 

NI. 

NI,  montagne  de  la  Chiue,  dans  la  province  de 
Kiangnan,  au  voifinage  de  la  ville  de  Nanking.  Il  y  a 
fur  cette  montagne  un  temple  ,  dans  lequel  on  compte 
au-delà  de  mille  idoles.  *  Atlas  Sinenfis. 

NIA,  fleuve  dans  la  Libye  intérieure.  Ptolomée,  /. 
4.  c.  6.  place  l'embouchure  du  fleuve  Nia ,  dans  le  gol- 
fe Hespérien ,  entre  Catharum  Vromomormm  8c  Hespsri 
Ceras. 

NIACCABA  ,  ville  de  la  Commagene.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  place  fur  la  routed'Antiocheà  Emefa, en- 
tre Antioche  8c  Caperturi ,  à  vingt  cinq  milles  de  la 
première ,  8c  à  vingt-quatre  milles  de  la  féconde.  Quel- 
ques manuferirs  lifent  Niacuba  ;  d'autres  portent  Nu- 
coaba  ,  8c  Ortelius ,  Tbejatir.  Niaccura; 


NIA        *4# 

I.  NIAGARA  ,  rivière  de  l'Amérique  fepicntrib- 
nale,  dans  le  pays  des  Iioquois.  Elle  fort  du  lac  Erié , 
ôc  après  un  cours  de  quatorze  lieues  ,  tîle  va  f:  jetter 
dans  le  lac  Ontario ,  autrement  le  lac  de  Frontenac  y 
mais  à  quarre  lieues  au  deflus  de  fon  embouchure  ,  elle 
fait  un  faut  prodigieux.  Au  pied  de  cet  affreux  faur ,  la 
rivière  n'a  qu'un  demi  quart  de  lieue  de  large  ;  mais  clle- 
eft  très-profonde  en  quelques  eudroirs.  Elle  eft  û  ra- 
pide au  deflus  de  fon  faut ,  qu'elle  entraîne  avec  violence 
toutes  les  bêtes  l'auvages  qui  veulent  la  traveifer  pour 
aller  pâturer  dans  les  terres  qui  fonr  au-delà.  Rien  ne 
peut  réfifter  à  la  force  de  fon  cours ,  &  tout  ce  qu'elle 
entraîne  eft  précipité  de  plus  de  cent  quarante  pieds 
de  haut.  *  Le  père  Henncpïn ,  Nouveau  voyage  de  l'Amé- 
rique feptent.  c.  7. 

Cette  chute  incomparable  eft  compofée  de  deux 
grandes  nappes  d'eau  8c  de  deux  cascades  ,  avec 
uneifle  en  talus  au  milieu.  Les  eaux  qui  tombent  d'une 
hauteur  fi  prodigieufe ,  écument  8c  bouillonnent  de  la 
manière  du  monde  la  plus  éronnante.  Elles  font  un 
bruit  rerrible  qui  elt  plus  fort  que  le  tonnerre ,  & 
quand  le  vent  fouffle  au  fud ,  on  entend  cet  effroyable 
mugiflement  à  plus  de  quinze  lieues.  Depuis  ce  grand 
faut,  ou  chute  d'eau  ,  la  rivière  de  Niagara  fe  je're 
fur-tout  pendant  l'espace  de  deux  lieues,  jusqu'à  un  gros 
rocher,  avec  une  rapidité  extraordinaire  ;  u.a.s  pen- 
dant deux  autres  lieues  fon  impétuofleé  fe  ralientir. 

Depuis  le  furt  de  Frontenac  ,  on  peut  aller  en  bar- 
que,  ou  fur  de  grands  bâtimens  jusqu'au  pitd  du  g:  os 
rocher  qui  eft  à  l'ouefl; ,  8c  détache  de  la  terre  par  la 
rivière  de  Niagara  ,  à  deux  lieues  du  grand  faut.  C'eft 
dans  ces  deux  lieues  qu'on  eft  obligé  de  faire  le  por- 
tage ,  c'eft-à-dire ,  de  transporter  les  marchandifes  par 
terre.  Heureufemenr  ie  chemin  eft  très-beau.  Il  y  a  peu 
d'arbres  :  ce  font  par  tout  des  prairies ,  dans  lesquelles 
on  trouve  d'espace  en  espace  des  chênes  &  des  lapins* 
Depuis  le  grand  faut  jusqu'au  rocher  ,  les  deux  bords 
de  la  rivière  fonr  d'une  hauteur  fi  prodigieufe ,  qu'on 
ne  peut  s'empêcher  de  frémir  ,  en  regardant ;  fixement 
la  rapidité  avec  laquelle  les  eaux  coulent  au  bas.  Sans 
ce  grand  faut  qui  interrompt  la  navigation ,  on  pour- 
roit  aller  avec  de  grandes  barques ,  8c  même  avec  des 
navires  plus  de  quatre  cens  cinquante  lieues ,  en  tra- 
versant le  lac  des  Huions ,  jusqu'au  bour  du  lac  des 
Illinois. 

2.  NIAGARA.  C'eft  le  nom  d'un  fort  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  même 
nom.  On  l'appelle  auil'i  le  Fort  de  Coati ,  ou  le  Fort 
de  Denouville ,  du  nom  de  l'officier  qui  le  ht  bâtir. 
11  eft  fitué  à  l'eft  de  la  rivière ,  fur  le  bord  du  lac  de 
Frontenac,  8c  il  fert  à  aflûrer  le  paflage  aux  Fran- 
çois 8c  aux  Sauvages  qui  leur  font  alliés ,  contre  les  in- 
ftiltes  des  Iroquois  qui  en  font  voifins.  Ce  fort  fut 
commencé  par  le  ficur  de  la  Salle  en  1679.  Ce  n'etoit 
alors  qu'une  maifon  8c  un  magafin  fous  le  nom  de 
Conti.  Depuis,  le  fleur  Denouville  y  fi>  un  fort  de 
pieux  à  quatre  battions  ;  mais ,  ou  il  ne  fubfilte  plus, 
ou  il  n'y  a  pas  d'apparence  qu'on  le  puifle  confeiver. 
Ce  pofle  ett  regardé  comme  infourenable  à  caufe  de 
la  difficulté  des  cataractes  inaceeflibles ,  où  dix  Iroquois 
embusqués  pourvoient  aifément  arrêter  mille  François 
à  coup  de  pierres.  *  La  Hornan  ,  Voyage  de  l'Améri- 
que feptentrionale ,  r.  1.  p.  10 1   8c  loç. 

3.  NIAGARA  ,  village  des  Iroquois  Tfonnontouans  , 
près  du  fort  &  du  faut  qui  portent  le  même  nom  , 
fur  le  bord  oriental  du  lac  de  Frontenac  ,  à  l'embou- 
chure de  !a  rivière  de  Niagara  dans  ce  lac. 

N1ANG,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Kianfl  ,  au  midi  de  la  ville  d'Ivencheu.  Niang  en 
chinois ,  fignifie  viflble.  Ce  nom  a  été  donné  à  cette 
montagne  ,  parce  qu'on  peut  feulement  la  voir ,  fans 
qu'il  foit  pofllble  d'y  monter ,  à  caufe  des  rochers  6c 
des  précipices  dont  elle  eft  environnée.  Elle  occupe  en- 
viron trois  cens  flades  de  terrein ,  &  il  en  fort  une 
fontaine  dont  l'eau  eft  fl  froide  en  toute  forre  de 
tems,  que  perfonne  ne  peut  en  boire,  fi  on  ne  l'ex- 
pofe  un  peu  au  foleil.  *  Atlas  Sinenfis. 

NIAOSO  ,  ifle  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Huquang  :  elle  eft  formée  par  les  eaux  du  fleuve  Kiang , 
8c  fituée  auprès  de  la  ville  de.Ki. 
Tom,  IV.  Z  z  2 


S46 


NIC 


NIC 


NIAPOLLINIS.  Voyez,  Aqu^c. 

NI  ARA,  ville  de  Syrie.  Ptolomée,  L  $.  C.  l$ .  la 
place  dans  la  Cyrreftique ,  au-deflbus  d'Héraclée.  Théo- 
doret en  fait  aufli  mention.  Voyez.  Cittaca. 

NIBA,  fontaine  de  Thrace,  félon  Ortelius,  Thef. 
qui  cite  Suidas. 

t    NIBARUS  ,   fleuve  de  la  grande  Arménie ,  félon 
Strabon ,  /.  1 1 .  c.  5  2  7. 

NIBAS,  lieu  au  voifinage  de  Theflalonique.  iElien, 
*  j.  Animal,  dit  que  les  poules  y  font  muettes. 

NIBENES.  Voyez.  Minius. 

NIBENSIS  ,  fiége  épiscopal  de  la  Numidie  :  Faulus 
Nibenjts  fe  trouve  au  nombre  des  évêques  Catholiques 
de  la  province  de  Numidie ,  dans  la  lifte  des  évêques 
d'Afrique ,  cités  à  Carthage  la  fixiéme  année  du  règne 
de  Huneric ,  pour  rendre  raifon  de  leur  foi.  *  Scbel- 
firate  ,  Append.  ad  opus  geogr.  p.  657. 

NIBIANO,  petite  ville  d'Italie,  dans  la  partie  oc- 
cidentale du  duché  de  Plaifance ,  fur  le  Tidone,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  de  Plaifance,  en  tirant  vers  le  fud- 
oueft.  *  Nie.  Wischer ,  De  Stoel  des  Oorlogs  in  Ita- 
lien. 

NIB1S  ,  village  d'Egypte  ,  félon  Suidas.  Etienne  le 
géographe  en  fait  une  ville.  *  Ortelii  Thefaur. 

NICA,  ville  de  Thrace,  félon  Ortelius*  qui  cite 
Callifte ,  U  9.  c.  41.  &  Socrate  le  fcholaftique,  /.  2.  c. 
29.  Voyez.  NrcE  8. 

1.  NI(L£A.  Voyez.  Nicée. 

2.  NICEA ,  ville  des  Locres  Epicnemidiens ,  dans  le 
golfe  Maliacus  ,  félon  Strabon  ,  /.  9.  p.  42e.  Tite  Li- 
ve,  /.  32.  c.  32.  dit  que  le  conful  Q.  Minutius  eut 
une  entrevue  avec  le  roi  Amynander ,  dans  le  golfe 
Maliacus  ,  auprès  de  Nicaa.  Etienne  le  géographe  fait 
aufll  mention  de  cette  ville. 

3.  NlC/£A,ville  del'lllyrie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

4.  NIC.&A  ,  ville  de  l'Inde,  au  voifinage  du  fleuve 
Hydaspe.  Arrien  ,  de  exped.  Alexandrie  l.  5.  p.  219. 
Etienne  le  géographe,  Quinte  Curfe  ,  l.y.c,  3.&JU- 
ftinien ,  /.  12.  c.  8.  parlent  de  la  fondation  de  cette 
ville ,  8c  difent  qu'elle  t\u  bâtie  par  Alexandre  après 
la  victoire  qu'il  remporta  fur  Porus. 

5.  NIC^£A  ,  ville  des  Indes,  au  voifinage  des  Pa- 
rapamifades ,  &  auprès  du  fleuve  Cophene.  Arrien, 
/.  4.  p.  183.  dit  qu'Alexandre  entra  dans  cette  ville, 
&  qu'il  y  fît  un  facrifice  à  Pallas. 

6.  NIŒA ,  ville  de  l'ifle  de  Corfe  :  elle  fut  fondée , 
félon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  j.  c.  13.  par  les  Errti riens  , 
lorsqu'ils  avoient  l'empire  de  la  mer ,  &  qu'ils  s'ap- 
proprioient  les  ifles  voifines  de  l'Etrurie.  Etienne  le  géo- 
graphe fait  aufli  mention  de  cette  ville.  Ccllarius  croit 
que  c'eft  aujourd'hui  Mariana. 

7.  NIC/EA ,  ville  de  la  Bœotic  ,  chez  les  Leuttrienf , 
félon  Etienne  le  géographe. 

8.  NIC/EA.  Etienne  le  géographe  met  une  ville  de 
te  nom  dans  la  Thrace ,  8c  ajoute  qu'il  y  en  a  encore 
d'autres  aux  environs  des  Thermopy  les  8c  de  la  Thrace. 
Théodoret,/.  2.  c .  21.  parle  aufll  d'une  ville  nommée 
Nicxa  ,  dans  la  Thrace ,  8c  devenue  fameufe  par  la 
fupercherie  que  les  Ariens  y  firent  aux  députés  que  le 
concile  de  Rimini  avoit  envoyés  à  l'empereur.  Ces 
députés ,  qui  étoient  à  Andrinople  ,  dit  Théodoret ,  fu- 
rent conduits  malgré  eux  à  une  petite  ville  voifine, 
nommée  Nice  ou  Nicée ,  8c  auparavant  Vflodizo  ;  où 
les  Ariens  féduifant  les  plusfimples,  &  intimidant  les 
autres,  leur  rirent  fouferire  une  formule  de  foi  fem- 
blable  à  la  dernière  de  Sirmium ,  qui  avoit  été  rejet- 
tée  à  Rimini ,  ôc  encore  pire ,  en  ce  qu'elle  difoit  que 
le  Fils  elt  femblable  au  Père ,  félon  les  écritures ,  fans 
ajouter  en  toutes  chofes.  Elle  rejette  abfolument  le  mot 
de  Subftance ,  comme  introduit  par  les  Pères  avec  trop 
de  fimplicité,&  feandalifanr  les  peuples  :  elle  ne  vent 
pas  que  l'on  parle  d'une  feule  Hypoftafe  en  la  perfonne 
du  Père,  du  Fils  &  du  Saint  Efprit.  Enfin,  elle  dit 
anathême  à  toutes  les  héréfies  tant  anciennes  que  nou- 
velles ,  contraires  à  cet  écrit,  c'ert-à  dire,  qu'elle  con- 
damne la  doctrine  Catholique.  Ceux  qui  fe  trouvèrent  à 
Nicée  lignèrent  cette  formule,  &  les  Ariens  voulu- 
rent la  faire  palier  pour  la  profefllon  de  foi  de  Nicée  en 
Bithynie ,  &  tromper  les  fimples  par  cette  confufion 


de  nom  :  car  c'eft  pour  cela  qu'ils  avoient  affe&é  ce  lieu  ; 
mais  l'artifice  étoit  fi  grofller ,  que  peu  de  gens  y  furent 
trompés.  *  Fleury  ,  Hift.  Ecclef.  I.  14.  »°  13. 

NICAGUAYA  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentriona- 
le ,  dans  l'ifle  de  Saint  Domingue.  Elle  eft  remarqua- 
ble par  l'or  qu'elle  porte.  Elle  traverfe  la  province  de 
Cibao  j  8c  après  avoir  reçu  les  eaux  de  trois  autres  ri- 
vières ,  elle  va  fe  jetter  dans  la  mer.  *  Corn.  Didt.  La'et 
Defcr.  des  Indes  occid.  1.  1.  c.  5. 

NIC  AM  A,  ville  de  l'Inde,  en- deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c.  1.  la  place  chez  les  Baii,  8c  lui  donne 
le  titre  de  métropole  :  fes  interprètes  lifent  Nigama  , 
au  lieu  de  Nicama. 

1.  NICARAGUA  i  province  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  (a),  dans  l'audience  de  Guatimala.  Elle  eft: 
bornée  au  nord  par  la  province  d'Honduras  i  à  l'orienc 
par  la  mer  -,  au  midi  par  la  province  de  Coftarica ,  & 
à  l'occident  par  la  province  de  Guatimala.  Cette  pro- 
vince eft  fertile  (b  ) ,  l'air  y  eft  très-fain ,  8c  le  payfagc 
un  des  plus  agréables  du  monde.  Il  offre  à  la  vue  des 
plaines,  des  rivières  ,  desruiffeaux  ,  des  bosquets,  dont 
les  arbres  s'élèvent  jusques  dans  les  nues  ,  &  il  s'y  en 
trouve  d'une  fi  prodigieufe  grofleur ,  que  douze  hom- 
mes fe  tenans  par  les  mains ,  les  peuvent  à  peine  em- 
brafler.  Il  y  a  dans  cette  province  un  grand  nombre 
de  villages,  de  bourgs  &  de  villes,  dont  les  principa- 
les font, 

Léon,      Ségovie,      Grenade,      Nicaragua. 

Il  y  a  aufli  quelques  rivières  qui  ont  leur  cours  de  l'oc- 
cident à  l'orient  ;  favbir , 

L'Yare ,        L'Yairepa ,        Desaguadero. 

A  cinq  milles  de  Nicaragua,  on  voit  une  très-belle 
ifle  fur  un  lac  de  même  nom.  Cette  ifle  eft  fertile  en  ca- 
cao ,  ouatte ,  teinture  d'écailate  8c  en  fruits  d'un  goût 
délicieux.  Ses  ports  fur  la  mer  du  Sud ,  font  ceux  de  Ni- 
coya ,  de  Réalexo  &  de  Mafoya  ;  8c  cette  célèbre  ha- 
bitation des  Indiens  du  pays ,  qu'on  appelle  le  Vieux 
Bourg  ,  eft  fi  grande  8c  fi  peuplée  ,  qu'on  y  compte  vingt 
mille  perfonnes.  On  y  voit  dans  le  couvent  des  religieux 
de  faint  François  une  image  de  Notre-Dame ,  qui ,  par 
fes  miracles,  rend  cet  endroit  célèbre.  Dans  toute  cette 
province ,  on  recueille  en  abondance  du  fucre ,  de  la 
teinture  d'écarlate ,  de  la  gomme  ,  de  la  poix  ,  de  la  ré- 
fine ,  du  goudron,  du  bois  pour  les  navires,  du  chan- 
vre ,  du  lin  &  du  meilleur  cacao  de  toutes  les  Indes  ; 
mais  il  ne  fort  guère  du  pays  ,  à  caufe  que  ce  fruit  eft  le 
principal  ingrédient  qui  entre  dans  la  compofition  du 
chocolat ,  dont  on  fait  un  ufage  exceffif.  C'eft  entre  les 
rochers  de  ces  côtes  qu'on  pêche  ce  petit  poiflbn  à  écaille 
fi  renommé  qui  travaille  la  pourpre  ,  dont  on  teint  une 
fi  grande  quantité  de  toiles  de  foie,  de  coron  8c  de  fil , 
&  cette  teinture  ne  perd  jamais  fa  couleur ,  quoiqu'on 
la  lave  dans  la  lefllve  la  plus  forte.  (  a  )  Atlas  ,  Rob. 
de  Vaugondy.  (  b  )  Wafer  ,  Voyage ,  p.  218. 

2.  NICARAGUA,  lac  de  l'Amérique  feptentriona- 
le  ,  dans  l'audience  de  Guatimala,  au  gouvernement  de 
Nicaragua.  La  tête  de  ce  lac  n'eft  qu'à  quatre  lieues  de 
la  mer  du  Sud.  Il  a  quatre-vingt  lieues  de  circuit.  Les 
vaiffeaux  y  peuvent  naviger  commodément  ;  mais  ce  qu'il 
y  a  de  merveilleux ,  c'eft  qu'étant  par-tout  d'une  eau 
très-douce  8c  bonne  à  boire ,  il  ne  laifle  pas  d'avoir  fon 
flux  8c  fon  reflux  comme  la  mer.  Une  chofe  encore  as- 
fez  extraordinaire ,  c'eft  que  dans  la  grande  ifle  qui  fe 
voit  au  milieu  ,  8c  où  il  y  a  une  grande  quantité  de 
fruits  délicieux  de  toutes  espèces  ,,on  trouve  un  volcan , 
qui  jette  beaucoup  de  flammes  8c  presque  autant  que 
celui  de  Guatimala.  On  peut  en  quelque  façon  dire  quç 
ces  flammes  fortent  du  fein  des  eaux  ,  puisque  ce  vol- 
can eft  tout  environné  de  celles  du  lac.  *  Voyage  de  Wa- 
fer ,  p.  257. 

3.  NICARAGUA ,  ville  de  l'Amérique  fepxentrio- 
nale,  dans  la  province  de  Nicaragua,  dont  elle  eft  la 
Capitale.  Cette  ville  eft  épiscopale ,  &  fon  évêché  rap» 
porte  huit  mille  écus  de  revenu.  Cette  ville  de  Nicara- 
gua eft  la  même  que  Léon  de  Nicaragua.  Voyez.cc  mot. 

NICARIA»  ou  Icaria  ,  ifle  de  l'Archipel,  entre 


NIC 


ÏC 


celle  de  Samos  à  l'orient ,  &  celle  de  Tîne  à  l'occident. 
Cette  iile  (a)  a.  foixante  milles  de  tour  ,  ôc  s'étend  de- 
puis la  pointe  Papa,  qui  regarde  Mycone ,  jusqu'à  celle 
duaFanar ,  qui  eft  vis-à-vis  du  cap  Catabate  de  l'ifle  de 
Samos.  Strabon  ,  /.  14. p.  639.  ne  donne  à  Nicaria  que 
trois  cens  ftades  de  circonférence ,  qui  font  çrente-fept 
milles  ôc  demi.  Il  détermine  la  diftante  de  ces  deux 
caps  à  quatre-vingt  ftades ,  qui  ne  font  que  dix  milles  ; 
cependant  le  grand  Bougas ,  ou  le  canal  qui  eft  entre 
Sainos  &  Nicaria,  eft  de  dix-huit  milles  de  large.  L'ifle 
de  Nicaria ,  anciennement  appcllée  Doliche  &  Macris 
(b),  eft  fort  étroite ,  ôc  traverfée  dans  fa  longueur  par 
une  chaîne  de  montagnes  en  dos  d'âne ,  qui  lui  avoit  fait 
donner  autrefois  le  nom  de  l'ifie  Longue  ôc  Etroite.  Ces 
montagnes  font  couvertes  de  bois  ôc  fourniflent  des  four- 
ces  à  tout  le  pays.  Les  habitans  ne  vivent  que  du  com- 
merce des  planches  de  pin  ,  des  chênes  ôc  des  bois  à 
bâtir  ou  à  brûler  qu'ils  portent  à  Scio  ou  à  Scalano- 
va  :  suffi  ces  Nicariens  font  fi  miférables ,  qu'ils  deman- 
dent l'aumône  dès  qu'ils  font  hors  de  leur  ifle.  Ils  fe- 
roient  plus  heureux  ,  s'ils  vouloient  cultiver  leur  terre. 
Ils  recueillent  peu  de  froment ,  afléz  d'orge  ,  de  figues, 
de  miel  ôc  de  cire  ;  mais  ils  font  greffiers  ôc  à  demi- 
fauvages.  Ils  font  leur  pain  à  mefure  qu'ils  veulent  dî- 
ner ou  louper.  Ce  pain  n'eft  autre  chofe  que  des  foua- 
ces fans  levain:  on  les  fait  cuire  à  demi  fur  une  pierre 
plate  bien  chaude.  Si  la  maître/Te  de  la  mailbn  eft  gros- 
fe,elle  tire  deux  portions  de  fouaces,  une  pour  elle  & 
l'autre  pour  fon  enfant.  On  fait  la  même  honnêteté  aux 
étrangers.  (a)Toitrnefort ,  Voyage  du  levant,  1. 1.  p.  153. 
{b)  Pliti.l  4.  c.  12. 

Cette  ifle  n'a  jamais  été  bien  peuplée.  Strabon  ,  /.  10. 
p.  488.  en  parle  comme  d'un  pays  inculte  ,  dont  les  pâ- 
turages étoient  d'une  grande  utilité  aux  Samiens.  On  ne 
croit  pas  qu'il  y  ait  préfentement  plus  de  1000  âmes.  Les 
deux  principales  villes  font  d'environ  ico  maifons  cha- 
cune ;  l'une  s'appelle  Malïeria  Se  l'autre  Peramaré.  Les 
villages  fonC 


Aratufa , 
Ploumara , 


Nea, 
Perdikis , 


Oxo  , 

Lan  gara. 


On  appelle  villages  dans  cette  ifle  les  endroits  où  il  y  a 
plus  d'une  maifo».  Le  plus  fort  n'en  a  que  fept. 

Nicaria  n'a  pas  changé  de  nom  ;  elle  s'appelle  Icaria. 
Voyez,lcAKiA  ,  »°  1.  mais  les  Francs  qui  ne  favent  pas  le 
grec  ,  corrompent  la  plupart  des  noms.  Tout  le  monde 
fait  que  l'on  attribue  ce  nom  à  Icare,  fils  de  Dédale,  qui 
fe  noya  aux  environs  dans  la  mer ,  qui  pour  la  même 
raifon  fut  nommée  Icarienne.  Strabon  enferme  dans 
cette  mer  les  ifles  de  Leros  Ôc  de  Cos.  Pline ,  /.  4.  c .  1 2. 
ne  lui  donne  de  l'étendue  que  depuis  Samos  jusqu'à  My- 
cone. Iiochart  eft  le  feul  qui  dérive  le  nom  d'Icarie  d'un 
mot  phénicien  Icaute,  qui' lignifie  poiffonneux  -,  il  con- 
vient cependant  affez  à  un  nom  grec  que  les  anciens 
ont  donné  à  la  même  ifle.  Quoi  qu'il  en  foit ,  la  fable 
d'Icare  paroît  bien  expliquée  par  Pline  ,  /.  7.  c.  $6.  qui 
attribue  l'invention  des  voiles  des  navires  à  Icare.  Pau- 
faniasveut  que  ce  foit  Dédale  \  mais  de  quelque  manière 
qu'on  le  prenne,  il  v  a  beaucoup  d'apparence  que  les  ai- 
les que  la  fable  a  données  à  Icare  pour  fe  fauver  de 
Crète ,  n'étoient  que  les  voiles  du  bâtiment  fur  lequel 
il  paffa  jusqu'à  l'ifie  de  Nicaria,  ou  Icaria  ,  &  où  il  fit 
naufrage  faute  de  favoir  les  gouverner. 

Tous  les  habitans  de  Nicaria  font  du  rite  grec ,  ôc  leur 
langue  tient  plus  du  grec  littéral ,  a  ce  qu'on  dit ,  que 
celle  des  autres  ifles,  où  le  commerce  a  fait  établir 
plufieutsétrangersqui  ont  introduit  une  infinité  de  mots 
ôc  de  tetminaifons  de  leur  pays.  On  ne  s'eft  jamais  em- 
barrafle  de  conquérir  cette  ifle  :  il  y  a  beaucoup  d'appa- 
rence qu'elle  a  fuivi  le  deftin  de  celle  de  Samos,  fa 
voifine  ôc  fa  maîtreile.  Il  n'eft  parlé  de  l'ifle  Nicaria 
dans  la  relation  d'aucune  guerre  ;  fi  ce  n'eft  dans  celles 
qui  fe  pafierent  entre  Baudouin  II  du  nom ,  empereur 
de  Conftantinople  ,  ôc  Vatace ,  gendre  de  Théodore 
Lascaris  ;  car  la  flotte  de  Vatace  prit  en  j  247  les  ifles  de 
Metelin  ,  de  Scio ,  de  Samos ,  d'Icarie  ôc  de  Cos ,  com- 
me nous  l'apprend  Gregoras,  /.  2.  c.  y.  Les  Nicariens  re- 
connoiflent  l'évêque  de  Samos  pour  le  fpirituel.  Il  y 
tient  fon  protopapas  ,  fous  lequel  il  y  a  vingt-quatre  pa- 


pas ,  qui  ont  foin  de  pluficurs  chapelles.  Il  n'y  a  < 
monaftere  appelle  Sainte  Lelbie  ,  dont  ils  ont  le  corps  j, 
à  ce  qu'ils  croient  ;  mais  ce  monaftere  eft  aufli  bien  en 
religieux  ,  que  les  villages  ,  dont  il  vient  d'être  parlé  ,  le 
font  en  habitans;  car  il  n'y  a  qu'un  feul  câloyer.  *  Du 
Cange  ,  Hiftoire  des  empereurs  de  Conftantinople, 
1.  4. 

L'ifle  manque  déports,  comme  Strabon,  /.  14.  p.  639. 
l'a  remarqué.  L'une  des  principales  calanques  eft  à  Fa- 
nar ,  où  étoit  l'ancienne  ville  Dracanr.i.  L'autre  regar- 
de Scio,  ôc  s'appelle  Carabouftas  ,  c'eft- à-dire,  la  Ca- 
lanque ou  le  Porr.  Les  ruines  de  la  ville  d'/Eiioë  font 
tout  auprès  ,  dans  un  quartier  appelle  le  Champ 
ou  le  Champ  des  Rofeaux.  C'eft  apparemment 
dans  ce  lieu  que  les  Miléfiens  menèrent  une  colonie  ; 
év  comme  Carabouftas  eft  le  meilleur  port  du  pays ,  il  y 
a  lieu  de  croire  que  c'eft  celui  qu'on  nommoit  7/?i, 
dans  ce  tems-là.  Les  bons  ports  de  ces  quartiers  font 
aux  ifles  de  Fourni ,  qui  ont  pris  leur  nom  de  leur  figure  ; 
car  ces  ports  font  creufés  naturellement  dans  les  ro- 
chers ,  comme  des  voûtes  de  fours.  Ces  ifles  font  à  égale 
diftance  de  Nicaria  ôc  de  Samos  au-deflbus  du  vent, 
&  par  confisquent  plus  méridionales.  On  n'y  voit  que 
des  chèvres  fauvages. 

Strabon  ,  /.  14. p.  639.  aflïiïe  qu'il  y  avoit  dans  Ni- 
caria un  temple  de  Diane  appelle  Taitropolium.  Golt- 
zius  a  donné  le  type  d'une  médaille  repréfentant  d'un 
côté  une  Diane  chaflerefle,  &  de  l'autre  une  perfonne 
fur  un  taureau  :  on  y  lit  ce  mot  :  IKAPION.  Nonius  pré- 
tend que  c'eft  Diane  ,  Ôc  que  le  taureau  marque  l'a- 
bondance des  pâturages  de  l'ifle.  Voyez.  Icaria  ,  n° 
2. 

Le  Fanar  ou  Fanari  de  Nicaria  eft  une  vieille  tour , 
pour  éclairer  le  paffage  des  vaifleaux  entre  cette  ifle  ôc 
celle  de  Samos  ;  car  ce  canal  eft  dangereux  ,  quand  la 
mer  eft  grofle  ,  quoiqu'il  ait  dix-huit  milles  de  large.  Ce- 
lui de  Nicaria  à  Mycone  a  près  de  quarante  milles ,  ôc 
il  en  faut  faire  plus  de  foixante  pour  aller  d'un  port  à 
l'autre.  Fcrmanel  Se  Thevenot  fe  font  trompés  en  parlant 
de  Nicaria  :  ils  l'ont  piife  pour  Niffaro  où  font  les  plus 
fameux  plongeurs  de  l'Archipel.  Les  habitans  de  Nica- 
ria n'ont  ni  Cadi ,  ni  Turc  chez  eux.  Deux  adminiftra- 
téurs  qui  font  annuels ,  font  toutes  les  affaires  du  pays. 
En  1700  ils  payèrent  cinq  cens  vingt-cinq  écus  pour  la 
capitation ,  ôc  cent  trente  au  douanier  de  Scio  pour  la 
taille,  ôc  fur-tout  pour  avoir  la  liberté  d'aller  vendre 
leurs  bois  hors  de  l'ifle.  On  ne  fe  fert  à  Nicaria  que 
de  moulins  à  bras  que  l'on  fait  venir  de  Milo  ou  de  l'Ar- 
gentiete  -,  mais  les  pierres  de  Milo  font  les  meilleures. 
Ces  moulins  confiftent  en  deux  pierres  plates  &  rondes 
d'environ  deux  pieds  de  diamètre  ,  que  l'on  fait  roûlec 
l'une  fur  l'autre  par  le  moyen  d'un  bâton  ,  qui  tient 
lieu  de  manivelle.  Ces  moulins  à  bras  ne  fe  vendent  qu'un 
écu  ,  ou  un  écu  ôc  demi  la  pièce. 

NICASIA,  petite  ifle  de  l'Archipel  ,  auprès  de  celle 
de  Naxos ,  félon  Ortelius ,  Tbcf.  qui  cite  Etienne  le 
géographe  Se  Suidas. 

NICASTRO,  Neocaftram ,  petite  ville  d'Italie  ,  au 
royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  Ultérieure,  aux 
confins  de  la  Citérieure  ,  à  deux  lieues  du  golfe  de  Ste 
Euphémie.  Elle  a  un  évêché  ,  fuffragant  de  Rhegio. 
Elle  fut  presque  ruinée  en  iû'38  par  un  tremblement 
de  terre."*  Baudrand ,  édit.  170 jf. 

NICATES ,  montagne  d'Italie,  dont  Tite-Live  fait 
mention.  Niger  juge  que  c'eft  aujourd'hui  la  monta- 
gne que  l'on  appelle  Matellaôc  Mathcfio  ,  ôc  que  Cio- 
fanus  &  Leander,  Defcr.  di  tutta  Italia  ,  p.  259.  pla- 
cent chez  les  Peligni.  *  Ortelii  Thef. 

N1CATORIUM  ,  montagne  d'Aflyrie  :  Strabon  , 
/.  16.  p.  737.  la  met  auprès  d'Arbele.  Sur  une  mé- 
daille de  Vespafien ,  rapportée  par  Goltzius ,  on  lit  m- 

KO.Ta.ptov. 

1.  NICE.  Cédrène  met  une  ville  de  ce  nom  aux  con- 
fins de  la  Macédoine.  *  Ortelii  Thef. 

2.  NICE,  ville  de  Thrace,  félon  Ortelius  qui  cite 
Callifte. 

3.  NICE,  ville  de  Thrace,  ou  fimple Station  ,  com=* 
me  l'appelle  Ammien  Marcellin,  /.  3  1.  p.  490. 

4.  NICE.  Voyez.  Nicensis, 

j.  NICE ,  ville  aux  confins  de  la  France  ôc  de  l'Ita-. 
Tem,  IV.  £  z  z  ij 


j48 


NIC 


NIC 


lie,  à  demi- lieue  à  l'orient  de  l'embouchure  du  Var , 
dans  les  états  du  roi  de  Sardaigne  ,  au  43  deg.  43  min. 
de  latit.  &  au  24  d.  5  2  m.  de  longit.  Les  Phocéens ,  fon- 
dateurs de  la  ville  de  Marfeille,  voyant  leur  colonie  ac- 
crue confidérablement ,  s'étendirent  le  long  de  la  côte, 
&  ayant  trouvé  fur  le  Var  un  endroit  fort  agréable, 
ils  y  bâtirent  une  ville ,  au  retour  d'une  expédition  con- 
tre les  Saliens  &  les  Liguriens,  ils  nommèrent  cette  nou- 
velle ville  Nic&a.  Leandet ,  qui  l'appelle  Nicia ,  prétend 
qu'elle  fut  fondée  par  Nicius  Laërtes ,  duc  d'Etrurie-, 
cependant  tous  les  anciens  géographes  &  les  modernes 
attribuent  la  fondation  de  cette  ville  aux  Marfeillois  ôc 
non  aux  Etturiens.  *  Theatrum  Pedemontii ,  p.  141. 

André  Thevet ,  Géographie  itnïverfelle ,  dit  qu'il  n'a 
point  vu  de  ville  fi  agréablement  fituée.  Les  Romains 
faifoient  leurs  délices  de  ce  lieu  ,  où  croiflent  en  abon- 
dance tous  les  fruits  que  produit  l'Italie.  Ceft  une  erreur 
gtoffiere  dédite  que  la  ville  de  Nice  fe  forma  des  rui- 
nes de  Ctmeilemtm  ;  car  celle  ci  fubfifla,  félon  Sidonius 
Apollinaris  ,  jusqu'au  tems  de  l'irruption  des  Lombards 
dans  les  Gaules,  &  la  ville  de  Nice,  dès  le  tems  de 
Ptolomée,  étoit  regardée  comme  une  des  plus  célèbres 
de  l'Italie.  En  effet ,  ce  géographe  la  met  immédiate- 
ment après  Rome.  Aujourd'hui  cette  ville  eft  déchue 
confidérablement  de  fon  ancienne  dignité.  Elle  a  beau- 
coup fouffert  durant  les  guettes ,  parce  qu'elle  fe  ttou- 
voit  fur  le  paîTage  des  armées  françoifes  qui  alloient  en 
Italie  ;  mais  le  plus  grand  desafirc  qu'elle  ait  effuyé  arri- 
va en  1;  43  que  François  I  l'afliégea  avec  une  armée 
de  terre ,  tandis  que  les  Turcs  la  preffoient  du  côté  de 
la  mer.  Elle  fut  prife  ,  pillée  ôc  presque  réduite  en 
cendres  par  Barberoufle  II  ,  roi  d'Alger.  Depuis  ce  tems  , 
le  nombre  des  habitanseft  beaucoup  diminué.  *  Europa 
Tabula  VI. 

La  citadelle  de  Nice  fait  cependant  regarder  encore 
cette  ville  comme  une  place  très-importante.  Au  milieu 
d'une  plaine ,  s'élève  fut  le  bord  de  la  mer  un  gros  rocher , 
qui  fut  premièrement-  fortifié  par  Louis  ôc  par  Charles 
III ,  duc  de  Savoie  ,  de  forte  qu'il  n'y  avoit  guère  de 
places  en  Europe  capables  de  faire  une  meilleure  dé- 
fenfe  ôc  qui  fuflent  plus  en  fureté  contre  le  canon  & 
contre  la  mine.  Du  côté  de  l'orient  ôc  du  midi ,  le  ro- 
cher fe  trouvoit  tellement  escarpé  ,  qu'il  n'avoir  pas  be« 
foin  de  murailles  pour  être  hois  d'attaque.  L'endroit  le 
plus  foiblc  étoit  du  côté  du  notd ,  à  caufe  d'une  hau- 
teur contigue  au  rocher ,  &  fur  laquelle  les  Turcs  avoienr 
monté  leur  canon  ,  qui  avoit  presque  renverfé  toute  la 
muraille  de  la  citadelle  de  ce  côté;  mais  Emmanuel  Phili- 
bert, duc  de  Savoie  ,  fit  fottifier  cette  hauteur ,  qui  ,  de- 
venue une  féconde  citadelle ,  pourroit  donner  une  re- 
traite aflurée  aux  habitans ,  au  cas  que  la  ville  vînt  à  être 
prife.  Les  fortifications  ont  été  élevées  de  façon  qu'il  fe 
trouve  une  triple  muraille  ,  dont  la  plus  bafie  efl  défen- 
due par  la  plus  haute.  Quand  on  y  eft  entré ,  on  trou- 
ve une  grande  place  ,  à  la  gauche  de  laquelle  on  a  bâti 
une  églife  magnifique  toute  de  marbre ,  fous  l'invocation 
de  la  Sainte  Vierge  \  ôc  à  l'extrémité  de  cette  place  ,  on 
a  ménagé  une  longue  battetie  de  canon  ,  qui  donne  fur 
la  mer.  Au  pied  de  cette  batterie,  il  y  a  un  puits  d'une 
profondeur  extraordinaire  &  dont  l'eau  eft  très-bonne. 
Quelque  forte  que  foit  cette  place  ,  elle  ne  put  réfifter 
en  1691  au  maréchal  de  Catinat ,  ni  au  duc  de  Bar- 
wick ,  fous  le  règne  de  feu  Louis  XIV. 

La  ville  eft  bâtie  au-deffous  de  la  citadelle  du  côté 
de  l'occident ,  où  le  rocher  a  une  pente  douce  ,  de  n'el  t 
point  escarpé  comme  ailleurs.  La  hauteur  des  maifons 
iupplée  à  la  petiteiTe  de  l'enceinte,  qui  d'un  côté  eft  baigné 
par  la  mer,  ôc  de  l'autre  par  le  fleuve  Polone,  &  il  y 
a  fur  ce  fleuve  un  pont  de  pierres  qui  donne  la  com- 
munication avec  les  fauxbourgs.  La  ville  eft  aufii  forti- 
fiée. 

Elle  fut  anciennement  foumife  aux  comtes  de  Pro- 
vence, rois  de  Naples.  Dans  le  rems  des  démêlés  de  La- 
diflas  &  de  Louis  II ,  elle  prit  le  parti  de  la  maifon  de 
Dutas  contre  le  duc  d'Anjou.  Au  bout  d'une  guerre  de 
fix  ans ,  Ladiflas  lui  permit  de  fe  mettre  fous  la  pro- 
tection du  prince  qu'elle  choifiroit ,  pourvu  que  ce  ne 
fût  point  le  duc  d'Anjou.  En  conféquence  de  cette  li- 
berté, elle  fe  donna  à  Amé  ou  Amédéc  VII,  comte 
de  Savoie  en  1 388  ;  elle  lui  fit  ferment  de  fidélité  ,  &  ce 


prince  devint  par-là  fouverain   de   tout  le   comté  de 
Nice. 

On  prétend  que  dès  le  tems  des  Apôtres ,  faint  Na- 
zaire  prêcha  l'évangile  dans  cette  ville  ,  &  que  du  telfcs 
des  premières  perfécutions,  quelques-uns  de  fes  évê- 
ques  eurent  la  gloire  de  foufrrir  le  martyre.  Après  la 
ruine  de  Cemele ,  on  transporta  à  Nice  le  corps  du  mar- 
tyr faint  Pons ,  ôc  l'on  y  bâtit  fous  Chaiiemagne  un  mo- 
naftere  de  fon  nom.  Au  dixième  fiécle,  une  partie  de  ce 
faint  corps  fut  porté  à  Tomières ,  en  Languedoc,  ôc 
l'autre  demeura  à  Nice.  Saint  Hospice  ,  reclus  en  Pro- 
vence ,  étant  mort  près  de  Villefranche,  à  une  lieue  de 
Nice  l'an  ;8i  ,  fon  corps  fut  transporté  dans  la  cathé- 
drale de  cette  ville.  Outre  la  cathédrale,  il  y  a  à  Nice 
un  grand  nombre  d'églifes  anciennes  ;  celles  de  fainte 
Réparate  ,  vierge  &  martyre ,  de  faint  Dominique  ,  de 
faint  François ,  de  faint  Auguftin  ,  de  faint  Jacques,  da 
faint  Roch ,  de  fainte  Croix ,  du  faint  Sépulcre ,  du 
faint  Suaire  ,  du  Saint-Esprit  5  celles  des  filles  de  fainte 
Claire,' de  la  Vifitation,  ôc  des  Bernardines  ;  celles  des 
Jéfuites,  des  Minimes,  des  Auguftins  déchauffés  &  des 
Théatins  ;  ôc  celles  des  religieux  des  quatre  ordres  men- 
dians;  outre  un  grand  nombre  d'hôpitaux  fondés  pour 
le  foulagement  des  pauvres  ôc  des  malades.  La  ville  de 
Nice  eft  le  fiége  d'un  évêque  fuffragant  d'Embrun  ,  & 
le  tribunal  d'un  fénat  ou  parlement  ,  que  le  duc  Char- 
les-Emmanuel y  établit  dans  le  fiétle  dernier.  *  Baillet , 
Topogr.  des  Saints  ,  p.  341. 

Le  gouvernement  de  Nice  eft  une  espèce  de  démo- 
cratie. Elle  eft  divifée  en  quatre  claffes,qui  font  celle 
des  nobles,  celle  des  marchands,  celle  des  artifans,& 
celle  des  habitans  de  la  campagne.  Chaque  claffe  élit  un 
conful  annuel,  qui  a  pour  confeillers  dix  perfonnes  de 
fa  claffe. 

Il  y  avoit  autrefois  de  grands  fauxbourgs  auprès  de 
Nice  ;  mais  on  n'en  voit  plus  aujourd'hui  que  les 
ruines. 

Le  comté  de  Nice  s'étend  du  fud  au  nord  l'espace  de 
quatre-vingt-dix  milles.  Comme  les  Alpes  féparent  l'Italie 
de  l'ancienne  Gaule, il  eft  afiez  furprenant  comment  d'ha- 
biles géographes  ont  placé  dans  l'Italie  le  comté  de  Nice  , 
qui  eft  en- deçà  de  ces  hautes  montagnes ,  ôc  qui  a  fait  du- 
rant plufieurs  fiécles  partie  de  la  Gaule  Narbonnoife ,  ôc 
enfuire  partie  du  comté  de  Provence.  IT  fut ,  comme  on 
l'a  vu  ,  démembré  de  ce  dernier  en  1388,  que  les  habitans 
du  pays  fe  donnèrent  à  Amé  VII ,  comte  de  Savoie.  Yo- 
lande d'Arragon,  mère  &  tutrice  de  Louis  III,  roi  de  Na- 
ples, le  céda  à  Amé  VIII  par  le  traité  de  Chamberi  du 
5  Octobre  1419 ,  pour  quelque  fomme  d'argent  qu'Ame 
le  Verd  avoit  autrefois  piêtée  à  Louis  1  ,  comte  de 
Provence.  *  La  Forêt  de  Bourgon  ,  Geog.  hift.  t.  2. 
p.  ;o7. 

Ce  pays ,  quoiqu'entrecoupé  de  hautes  montagnes,  eft 
affez  fertile  en  vin  ôc  en  huile.  Ses  bornes  font  au  nord  , 
le  marquifat  de  Saluées  -,  le  Piémont  propre  à  l'eft  ;  la 
Méditerranée  au  fud  ,  ôc  la  Provence  à  l'oueft.  Son  éten- 
due du  feptentrion  au  midi  eft  d'environ  treize  lieues ,  & 
celle  d'orient  en  occident  de  près  de  dix-huit.  Sous  le 
comté  de  Nice ,  on  entend  le  comté  de  Nice  particulier , 
ôc  d'autres  états  qui  lui  font  annexés ,  favoir  : 


Le  comté  de  Nice  pro- 
prement dit  , 
Le  comté  de  Tende , 


LecomtédeBeuil, 
La  principauté  de 
Barcelonette. 


Le  comté  de  Nice  particulier  eft  entre  le  marquifat 
de  Saluées  ,  le  comté  de  Tende  ,  l'état  de  Gènes  ,  la  mer 
Méditerranée ,  la  Provence  ôc  le  comté  de  Beuil  :  il  com- 
prend deux  villes  qui  font 


Nice 


ÔC 


VillefranGhe. 


6.  NICE  DE  LA  PAILLE  .petite  ville  du  Montferrar, 
dans  les  états  du  roi  de  Sardaigne.  Elle  eft  fituée  fur  lft 
rivière  de  Belbo,  entre  les  villes  d'Acqui& d'Api,  (c'eft 
fans  doute  Afti  )  à  neuf  milles  de  la  première  3  &  à  douze 
milles  de  l'autre. 

1.  NICÊE,  ville  de  Bithy nie, aujourd'hui  Ismch.C'eit 
la  Nii£«/x  de  Ptolomée ,  /.  }.  e.  1.  Sttabon  ,  /.  12-  p-  S^f. 
lui  donne  k  même  nom  &  le  titre  deprimaria  Bitbjnix 


NÏC 


IC 


urbs.  Il  la  place  fur  le  lac  Ascanius.  Elle  étoic  entourée 
d'une  grande  plaine ,  très- fertile  ;  mais  l'air  n'y  étoit  pas 
fort  fain  en  été.  Antigonus,  fils  de  Philippe  ,  en  avoit  été 
le  fondateur ,  Se  l'avoit  nommée  Antigonia.  Dans  la  fuite 
Lyfimachus  l'appella  Nicœa  ,  du  nom  de  fa  femme  ,  fille 
d'Antipater.  Cette  ville  étoit  de  figure  carrée,  Se  avoit 
du  tems  de  Strabon  feize  ftades  de  circuit.  Elle  étoit  éloi- 
gnée de  la  mer  (a) ,  Se  diftante  de  vingt-cinq  mille  pas 
de  Prufa,  cV  le  lac  Ascanius,  aujourd'hui  Laço  di  Nicea, 
à  une  journée  de  la  mer ,  fe  trouvoit  entre  deux.  Nic&a  , 
ou  la  ville  de  Nicée ,  eft  principalement  célèbre  par  la  te- 
nue du  premier  concile  général.  On  a  diverfes  médailles 
de  cette  ville  depuis  Augufte  jusqu'à  Gallien.  Néanmoins 
elle  n'a  dans  aucune  le  titre  de  métropole.  La  médaille 
de  l'empereur  Domitien,où  on  voit  cette  infeription  :  Nl- 
KAIEIC  nPHTOITHC  EriAPXEIAC,  Nic£enfes pnmi pro- 
vincix,  ne  dit  pas  que  Nicée  fut  la  première  de  la  provin- 
ce :  elle  apprend  feulement  que  l'es  habitans  furent  les 
premiers  qui  firent  des  facrifices  à  Jupiter  pour  la  confer- 
vation  de  Domitien.C'eft  ce  que  prouve  l'autel  qui  paroît 
fur  cette  médaille  avec  ces  mots  :  AIOC  ATOPAlOr  > 
Jovis ,  qui  Fori  Cuftos  &  Prœfes  eft.  Cette  médaille  eft 
dans  le  cabinet  du  roi  de  France.  Nicée  (b)  fut  d'abord 
évêché  :  elle  devint  enfuite  métropole  pendant  quelque 
tems.  Sainte  Théodote  Se  fes  enfans ,  au  nombre  de  trois 
au  moins,  y  fouffrirent  le  martyre  vers  l'an  305.  Saint 
Tryphon  Se  S.  Refpice  ,  transférés  d' A  pâmée ,  ville  de  la 
même  province,  avoient  déjà  été  martyrifés  dans  Nicée 
vers  l'an  2  y  1  ,  fous  l'empereur  Déce.  Saint  Théophane , 
frère  de  S.  Théodore  Grapt ,  défenfeur  des  images  ,  fut 
évêque  de  Nicée  après  la  mort  de  ce  frère  ,  au  neuvième 
fiécle.  (a)  Le  père  Hardouia  ,  dans  l'es  notes  fur  Pline  > 
1.  j.  c.  3  2.  (b)  Topograph.  des  Saints  ,  p.  341. 

2.  NICEE,  ville  de  Bithynie,  fur  la  côte.  Pline,  /.  y.  c. 
3  2.  dit  qu'elle  fe  nomnooit  anciennement  Olbia  ,  nom 
que  lui  donne  auffi  Ptolomée, /.j.c.  1.  Cette  ville  eft  diffé- 
rente de  la  précédente. 

NICENS1S  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  félon  Orte- 
lius ,  Tbef.  mais  c'eft  une  faute.  Il  falloit  lire  Oensis. 
Voyez,  ce  mot. 

1.  N1CEPHORIUM,  ville  de  Méfopotamie,  fur  l'Eu- 
phrate  ,  félon  Ptolomée ,  /  y.  c.  18.  qui  la  place  entre 
Muube  Se  Maguda.  Pline ,  /.  6.  c.  x6.  dit  que  la  fituation 
avantageufe  du  lieu  engagea  Alexandre  à  bâtir  cette  ville. 
Elle  fut  depuis  rétablie  par  l'empereur  Conltantin,  félon 
le  témoignage  de  Suidas  Se  d'Etienne  le  géographe.  Quel- 
ques-uns veulent  qu'elle  fe  nomme  aujourd'hui  Nafiuan- 
cafr.  d'autres  l'appellent  Nephrun. 

2.  NICEPHORIUM ,  ville  de  l'Afie  Mineure  ,  auprès 
de  la  Propontide.  Arrien  ,  In  Mithridaticis ,  c.  114. 
en  parle  comme  d'un  lieu  foçtifié  ,  Se  où  il  y  avoit  des 
temples. 

NICEPHORIUS  AMNIS ,  fleuve  de  l'Arménie.  Ta- 
cite, Annal.  /.  15.  c.  4.  dit  qu'il  arrofoit  Se  défendoit 
d'un  côté  la  ville  de  Tigranncerta. 

NICER  ,  fleuve  de  Germanie.  Voyez.  Neckar. 

NICERTE,  village  très  grand  Se  très-peuplé  ,  félon 
Ortelius  ,  Tbefaur.  Il  cite  Théodoret ,  In  Tbeophilis  ,  Se 
dit  que  ce  village  étoit  aux  environs  d'Apamée ,  fans  dire 
de  quelle  Apamée  il  entend  parler. 

NlCETÂ.  Ortelius ,  Tbefaur.  croit  que  c'eft  un  lieu  de 
la  Thrace  ,  ôc  cite  l'hiftoire  Miscellanée. 

NICETIANA  ,  nom  d'un  lieu  dans  la  France  ,  félon 
Ortelius.  Tbefaur.  qui  cite  Sidonius  Apollinaris,  Epift.  t. 
/.  3.  où  on  lit  ces  mots  :  Nicetiana  namque  ,/ï  nefeis  ,  ba- 
reditas  Curticiaci  fupernum  pretium  fuit  ;  mais  il  y  a  ap- 
pat ence  que  Sidonius  parle  en  cet  endroit  de  la  fucceflîon 
d'un  certain  Nicetius,  &  non  d'un  héritage  ou  terre  ap- 
pellée  Nicetiana. 

N1CHABOUR  ,  gros  bourg  de  Perfe  ,  renommé  par 
une  mine  de  turquoifes  qui  fe  trouve  dans  fou  voifinage. 
Il  eft  à  trois  journées  de  Mesched  ,  tirant  au  nord-oueft. 
Cette  mine  eft  appellée  la  Vieille  Roche.  Depuis  plufieurs 
années  le  roi  de  Perfe  a  défendu  d'y  fouiller  pour  tout  au- 
tre que  pour  lui ,  parce  que  n'y  ayant  point  d'orfèvres  du 
pays  qui  fâchent  émailler  fur  l'or ,  il  fe  fert  de  ces  turquoi- 
fes au  lieu  d'émail  pour  les  garnitures  des  fabres ,  des  poi- 
gnards Se  autres  ouvrages.  Ceux  qu'il  emploie  pour  ce  tra- 
vail taillent  ces  turquoifes  &  les  appliquent  dans  des  cha- 
tons ,  félon  les  fleurs  Se  autres  figures  qu'ils  font.  Cela 


49 

frape  aflez  la  Vue,  Se  part  d'un  travail  patient ,  mais  qui  n'a 
aucun  deffein.  *  Tavernier  ,  Voyage  des  Indes  ,  1.  1, 
c.   19. 

Nichabour  n'eft  point  au    nord-oueft  de  Mesched» 
mais  à  fon  midi,  à  vingt  lieues  dediftance  d'Anville  j  carte 
de  l'Afie  ,  17JI. 
•    NICHIOS.  Voyez.  Nichocis. 

NlCHOClS,ifle  d'Egypte,  félon  Achilles  Tatius , 
Amer.  /.  4.  p.  2;o.  éd.  U.  Salmafii.  Ortelius  ,  Thefaur. 
croit  que  ce  pourroit  être  la  même  ifle  que  Nichies  donc 
parle  Théophile  d'Alexandrie. 

NICI.  Voyez.  Tonica. 

1.  NICIA.  Voyez.  Nice  ;. 
»  2.  NICIA  ,  fleuve  d'Italie,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  16. On 
croit  communément  que  c'eft  le  Lenz.a ,  d'autres  veulent 
pourtant  que  ce  foit  le  Nura. 

3.  NICIA.  Kçy^Nicu. 

NIC1BENSIS,  fiége  épiscopal  dans  la  Numidic ,  fé- 
lon la  notice  des  évêchés  d'Afrique.  Juftus,episcopus  Ni- 
tïbenfis  ,  eft  aufli  nommé  dans  la  conférence  de  Car- 
thage. 

1 .  NICII ,  ville  métropole  de  la  baffe  Egypte.  Ptolomée, 
/.  4.  c.  5.  la  place  fur  le  Nil.  Magin  remarque  fur  cet  en- 
droit de  Ptolomée  ,  que  Nicn  eft  la  même  chofe  que  le 
village  Nicia  de  Strabon  ,  /.  17.  p.  75,9  -,  cela  ne  fe  peut. 
Strabon  met  Nicia  fur  la  mer ,  6e  Ptolomée  place  Nicii 
fur  le  Nil. 

z.NiCII.  Parmi  les  évêquesquifoufcrivirentàlalettre 
adreffée  a  l'empereur  Léon,  on  trouve  Tlufaminon  Nicio- 
tarum.  Ce  même  prélat  aflifta  au  concile  de  Conftanti- 
nople  tenu  l'an  460.  *  Harduin.  coll.  conc.  t.  2.  p.  786. 

NICKLSPURG  ou  NiKLAusPURG.ville  d'Allemagne, 
dans  la  Moravie  ,  fur  les  frontières  de  l'Autriche.  Elle  eft 
fort  bien  bâtie ,  Se  a  un  bon  château  qui  la  commande 
tout  entière.  Il  y  a ,  à  quelque  petite  diftance,de  très-beaux 
vignobles  fur  des  côteaux,en  tirant  vers  Laba. Cette  place 
avoit  été  promile  en  propriété  à  Ladiflas  Keretfchin  ,  qui 
avoit  livré  aux  Turcs Giula en  Hongrie;  mais  on  ne  lui  tint 
pas  parole.  Fridcric  ,  baron  de  Tieffenbach  ,  général  des 
états  de  Moravie  ,  la  prit  en  1620  ,  Se  y  fir  un  butin  con- 
iidérable.  Le  tréfor  qu'il  y  trouva  appartenoit  en  grande 
partie  au  comte  Tampier ,  qui  avoit  ramaffé  en  ce  lieu  les 
richeffes  qu'il  avoit  tirées  d'une  infinité  d'endroits.  Ce  fut 
en  cette  ville  que  la  paix  fut  conclue  en  1 6i  1 ,  entre  l'em- 
pereur Se  Bethlem  Gabor  ,  prince  de  Tranfilvanie.  En 
Ï64J  ,  les  Suédois ,  fous  la  conduite  du  général  Torten- 
fohn,  s'emparèrent  de  Nicklfpurg  ,  Se  y  trouvèrent  un 
grand  nombre  de  canons  de  bronze  ;  mais  l'année  fuivan- 
te  les  Impériaux  prirent  d'affaut  la  ville  ,  Se  peu  de  tems 
après  le  château.  *  Zeyler ,  Topog.  Mor.  p.  103. 

NICKLSTATT  ou  Nicklastatt,  Se  proprement  Nr- 
colstat  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la  Siléfie ,  au  du- 
ché de  Lignits.  Il  y  a  eu  autrefois  près  de-là  une  mine 
qui  donnoit  de  l'or ,  mais ,  foit  qu'on  l'ait  épuifée  ou  gâ- 
tée ,  elle  a  ceffé  d'en  donner  en  1 3  60  ;  en  récom- 
penfe  il  s'en  eft  découvert  une  nouvelle  d'argent  à  Rei- 
chenrtein ,  lieu  qui  n'eft  pas  bien  éloigné  de  Nicklftatt ,  Se 
le  Katfbach  ,  petit  ruiffeau  fur  lequel  Lignits  eft  fitué,a 
commencé  à  donner  des  grains  Se  des  paillettes  d'or  pur. 
*  Zeyler  ,  Topog.  duc.  Silefue.  p.  1 66. 

1 .  NICOBAR  ,  N  1  c  o  u  b  a  r  ,  Nicubar  ou  Nr- 
coubars  ,  iflesdes  Indes  ,  àl'entrée  du  golfe  de  Bengale, 
vis-à-vis  l'une  des  embouchures  du  détroit  de  Malaca.  El- 
les s'étendent  depuis  le  feptiéme  degré ,  jusque  vers  le  di- 
xième de  latitude  feptentrionale.  La  principale  de  ces  ifles 
s'appelle  Nicobar  ,  &  elle  donne  l'on  nom  à  toutes  les 
autres,  quoiqu'elles  ayent  outre  cela  un  nom  particulier,. 
Voyez,  l'article  fuivant.  *  Lettres  édifiantes ,  t.  10.  p.  67. 

2.  NICOBAR  ,  ifle  des  Indes  ,  à  l'entrée  du  golfe  de 
Bengale.  C'eft  à  cette  ifle  que  vont  mouiller  les  vaiffeaux 
des  Indes ,  Se  que  les  peuples  qui  l'habitent  paroiffent  plus 
traitables  que  ceux  des  autres  ifles ,  que  l'on  comprend 
quelquefois  fous  le  même  nom.  Voyez,  l'article  précédent. 
Lifle  de  Nicobar  n'eft  éloignée  d'Achen  que  de  trente 
lieues  ;  car  elle  eft  la  plus  méridionale  des  ifles  Nicobar,. 
Le  gros  de  cette  ifle  eft  à  8  degrés  30  minutes  de  latitude 
feptentrionale.  Elle  peut  avoir  dix  lieues  de  long ,  Se  trois 
ou  quatre  de  large.  Le  côté  méridional  eft  aflez  élevé  :  Se 
pi  es  de  la  mer,  il  y  a  des  rochers  escarpés.  Le  refte  de  Lifle 
eft  bas ,  plat  Se  uni.  Le  terroir  eft  noir  &  profond ,  &  ar- 


NIC 


rofé  par  de  petits  ruiffeaux.  Il  produit  quantitéde  grands 
arbres  ,  bons  à  toutes  fortes  d'ufages ,  ôc  qui  paroiffent 
ne  former  qu'un  feul  bocage;  mais  plufieurs cacaotiers 
qui  croiflent  autour  de  cette  ifle  dans  chaque  baie ,  en  ren- 
dent la  vue  agréable.  Les  baies  ont  un  demi-mille  ,  ou 
un  mille  de  long  plus  ou  moins,  &  elles  font  divifées  les 
unes  des  autres  par  autant  de'petites  pointes  pierreufes  de 
terres  garnies  de  bois.  Comme  les  cacaotiers  croiflent  par 
bocages  dans  les  baies,  il  y  â  aufli  une  autre  forte  d'arbres 
fruitiers,  qui  fonr  face  derrière  les  cacaotiers,  ôc  qui  font 
plus  éloignés  de  la  mer.  Les  habitansdel'ifle  appellent  ces 
arbres  Mélori.  Ils  font  delà  groffeurde  nos  gros  pommiers, 
ôc  à  peu  près  de  la  même  hauteur  :  lécorce  eft  noirâtre  , 
Se  la  feuille  allez  large.  Le  fruit  eft  de  la  grofleur  d'un  pair» 
d'un  fol ,  &  de  îa  figure  d'une  poire ,  avec  la  peau  dure  ôc 
polie,  Se  d'un  verd  clair.  Dampier  déclare  n'avoir  jamais 
vu  de  ces  fortes  d'arbres  ailleurs.  *  Dampier ,  Voyage  au- 
tour du  monde,  r.  2.  p.  1536»:  fuiv.. 

Leshabitans  de  Nicobar  font  grands  &  bien  proportion- 
nés: ils  ont  le  vifage  affez  long  ,  les  cheveux  noirs  &  liflés, 
le  nez  médiocre,  ôc  leur  teint  en;  de  la  couleur  du  cuivre. 
Les  hommes  font  tout  nuds,  à  la  referve  d'une  longue  Se 
étroite  pièce  de  toile  ou ceintUrequ'ils  ont  autourdes  reins, 
&  qui,  leur  descendant  entre  les  cuiffes,  fe  relevé  par  der- 
rière Se  fe  retrou  fie  dans  la  ceinture:  les  femmes  ont  une 
espèce  de  jupon  court ,  qui  s'attache  fur  les  reins ,  &  des- 
cend jusqu'aux  genoux.  Leur  langage  eft  différent  de  tous 
ceux  des  Indes.  Cependant  ils  ont  quelques  mots  malayans, 
&  il  y  en  a  parmi  eux  qui  parlent  quelques  mots  du  por- 
tugais. Ils  les  apprennent  des  vaiffeaux  qui  paffent  par-là. 
En  effet ,  quand  ces  gens  voient  un  vaiffeau  ,  ils  prennent 
incontinent  leurs  canots  Se  fe  rendent  à  bord.  Souvent  ils 
s'y  rendent  à  la  nage. 

Ilsfont  fi  bons  nageurs,  qu'ils  peuvent  atteindre  un  vais- 
feau  qui  va  à  pleines  voiles.  En  nageant  ils  fautent  de  rems 
en  tems  hors  de  l'eau.  Ils  portent  leurs  marchandifes  atta- 
chées au  cou,  tk  les  troquent  contre  des  ameçons ,  de  pe- 
tits couteaux  &  d'autres  iemblables  bagatelles;  mais  prin- 
cipalement contre  du  linge.  Dequelque  côté  qu'ils  abor- 
dent le  vaiffeau  ,  ils  y  grimpent  avec  une  légèreté  &  une 
adreffe  furprenante.  On  dit  qu'ils  font  encore  fort  cruels, 
&  que  fi  un  Européen  tomboit  entre  leurs  mains ,  ils  le 
mangeroient.  *  Kœmpfer,  Hift.  du  Japon ,  de  la  traduér. 
de  M.  Schcuchzer,  tom.  1.  page  9. 

Tout  ce  qu'on  a  pu  connoître  de  la  religion  des  Nico- 
i>arois ,  c'eft  qu'ils  adorent  la  lune ,  Se  qu'ils  craignent  fort 
les  démons,  dont  ils  oht  quelque  grofiiere  idée.  Us  ne  font 
point  divifés  en  divers  caftes  ou  tribus,  comme  les  peuples 
de  Malabar  Se  de  Coromandel.  Les  Mahométans  même 
n'ont  pu  y  pénétrer ,  quoiqu'ils  fe  foient  répandus  fi  aifé- 
ment  dans  toute  l'Inde  ,  au  grand  préjudice  du  Chriftia- 
nisme.  On  n'y  voit  aucun  monument  public  qui  foit  con- 
facréàun  culte  religieux.  Ily  a  feulement  quelques  grottes 
creufées  dans  les  rochers,  pour  lesquelles  ces  Infulaires 
ont  une  grande  vénération  ,  ôc  où  ils  n'ofent  entrer  de 
peur  d'y  être  maltraités  du  démon.  *  Lettres  édifiâmes  , 
T.  10.  p.  69.. 

Comme  il  ne  croît  ni  bled,  ni  riz,  ni  autre  forte  de  grains 
dans  l'iile ,  les  Nicobarois  fe  nourriffent  de  fruits,  de  pois- 
fons  ôc  de  racines  forts  infipides,  appellées  Ignames.  Il  y  a 
pourtant  des  poules  &  des  cochons  en  affez  grande  quan- 
ti:é;  mais  ces  Infulaires  n'en  mangent  point  :  ils  les  trafi- 
quent, lorsque  quelque  vaiffeau  paffe.  Us  vendent  de  là 
même  manière  des  fruits ,  ôc  leurs  perroquets,  qui  font 
fort  eftimés  dans  l'Inde ,  parce  qu'il  n'y  en  a  point  qui  par- 
lent fi  diftinétement.  On  y  trouve  encore  de  l'ambre  ôc  de 
l'étain. 

Il  n'y  a  que  les  côtes  qui  foient  habitées  (a).  Les  Nico- 
barois demeurent  tout  autour  de!  ifle  dans  les  baies  proche 
de  la  mer.  Il  peut  y  avoir  dans  chaque  baie  quatre  ou  cinq 
maifons  plusou  moins.  Elles  font  bâties  fur  des  pilotis  :  leur 
figure  eft  carrée ,  ôc  elles  font  petites  &  bafles.  Chaque 
maifon  n'a  qu'une  chambre  exhauffée  d'environ  huit  pieds. 
Le  toit  n'a  point  de  gouttières:  il  eft  fait  en  forme  de  dôme, 
avec  de  petits  folivaux  de  la  grofleur  du  bras: ils  font  cour- 
bés en  rond  comme  un demi-croiffant, &  forr  adroitement 
couverrs  de  feuilles  de  Palmeto.  Leurs  plantations  font 
compofées  uniquement  de  cacaotiers ,  qui  croiflent  près 
de  la  mer;  la  terre  n'eft  point  défrichée  plus  avant  dans  le 
pays  ;  car  quand  on  a  pa-fle  les  fruitiers ,  on  ne  voit  point 


NIC 


de  chemins  qui  conduilent  dans  les  bois.  Les  hommes  s'oc- 
cupent principalement  à  la  pêche  :  chaque  maifon  a  pour 
le  moins  deux  ou  trois  canots  qu'on  ti  re  à  terre.  Ces  canots 
font  pointus  par  les  deux  bouts,  qui  aufli  bien  que  le  fond, 
font  fort  minces  ôc  fort  polis: ils  font  plats  d'un  côté  ;  de 
l'autre  ils  font  un  affez  gros  ventre,  &  d'un  côté  ils  ont  de 
petits  ailerons  légers.  Comme  ces  canots  font  minces  Se 
légers,  on  les  mené  mieux  à  la  rame  qu'à  la  voile.  Cepen- 
dant ils  vont  affez  bien  à  la  voile  ,  &  on  les  gouverne  par 
le  moyen  d'une  pièce  de  bois  qui  pend  dans  l'eau  perpen- 
diculairement. Il  y  a  communément  fur  un  de  ces  canots 
vingt  ou  trente  hommes ,  &  il  eft  rare  qu'il  y  en  ait  moins 
de  neuf  ou  dix.  Leurs  avirons  font  courts ,  &  ils  s'en  fer- 
vent ,  comme  nous  faifons  des  nôtres.  Les  bancs  fur  les- 
quels les  rameurs  s'affeyent ,  font  des  bambous  fendus ,  mis 
en  travers ,  ôc  fi  près  les  uns  des  autres,  qu'il  femble  que 
ce  foit  un  pont.  Ces  bambous  font  mobiles ,  ôc  quand 
quelqu'un  entre  pour  ramer ,  il  enlevé  le  bambou  de  l'en- 
dreit  où  il  veut  s'affeoir  ,Se  le  met  à  côté  pour  faire  place 
à  fes  jambes.  Les  autres  canots  des  ifies  voifines  font  faits 
comme  ceux  de  l'ifle  de  Nicobar;  &  il  y  a  apparence  qu'il 
en  eft  de  même  pour  toutes  les  autres  chofes.  Au  commen- 
cement (b)  de  171 1  ,  les  pères  Fouie  &  Bonnet,  Jéfuites, 
fe  firent  débarquer  par  un  navire  Malouin  dans  les  ifles 
Nicobar,  où  l'on  eut  avis  quelque  tems  après  qu'ils  avoient 
été  maflacrés  par  les  Infulaires.  (a)  Dampier  ,  Voyage, 
t.  2.  p.  1 1  j.  (b)  Le  P.  de  Charlevoix. 

NICOLAS  ( llfle  de  Saint  )  ou  San  Nicolao ,  ifle  , 
une  de  celles  du  Cap  verd,  à  trente  lieues  à  l'oueft  de  l'ifle 
de  Sel.  Sa  figure  eft  triangulaire ,  le  plus  long  de  fes  trois 
côtés ,  qui  eft  à  l'eft  ,  n'a  pas  moins  de  trente  lieues ,  & 
les  deux  autres,  vingt  lieueschacun.  Elle  eft  montagneufe, 
ôc  toutes  fes  côtes  font  ftériles ,  16  d.  45  min.  latit.  nord. 
6  d.  j  2  min.  de  longir.  oueft  du  Cap  verd  (ci). 

La  meilleure  rade  de  Saint  Nicolas  elt  celle  de  Terrœ- 
falt  firuée  à  l'oueft  de  l'ifle.  On  y  voit  une  multitude  de 
grandes  barques  qui  entrent  «Se  fortent  continuellement. 
Du  côté  du  fud  ,  il  y  a  celle  de  Paraghi/ï,  de  Puerto  vel- 
ho,  ôc  de  Porto  lappa;  à  l'eft  de  l'ifle ,  on  trouve  celle  de 
Currifal. 

Au  centre  de  l'ifle  ,  il  y  a  quelques  vallées  où  les  Por- 
tugais ont  leurs  vignobles  ôc  leurs  plantations.  Le  terroir 
eft  fertile  pour  le  maïz,  les  plantains,  les  bananes ,  les 
courges ,  les  limons  ôc  les  oranges.  On  y  voit  quelques 
cannes  de  fucre.  Aujourd'hui  le  principal  commerce  de 
l'ifle  fe  réduit  aux  tortues,  ôc  à  quelques  autres  poiflbns. 

La  ville  de  Saint- Nicolas  ,  qui  eft  la  feule  de  l'ifle  ,  ôc 
au  fud  ,  eft  une  des  mieux  bâties ,  ôc  des  plus  peuplées  de 
toutes  les  ifles  du  Cap  verd.  Cependant  les  maifons  n'y 
font  pas  fi  grandes  qu'à Saint-Jago,  ni  fi  bien  couvertes. 
Les  toits,  celui  même  de  l'églife,n'y  font  quede chaume, 
onde  feuilles  d'arbres;  d'ailleurs  les  rues  font  très  régu- 
lières. Pour  le  gouvernement  eccléfiai tique,  ils  ont  un  prê- 
ti  e  Portugais  :  quant  au  civil ,  il  y  a  un  gouverneur  qui  dé- 
pend de  celui  de  Saint-Jago.  Voyages  de  Roberts  Se  de 
Dampier.  (a)  Carte  des  ifles  du  Cap  verd,  par  Nebel- 

lin,  I746-    , 

NICOMÉDIE ,  ville  d'Afie ,  capitale  ôc  métropole  de 
la  Bithynie,  fur  la  Propontide ,  entre  Chalcédoine  &  Ni- 
cée ,  aujourd'hui  appellée  Comïdia  par  les  Italiens  ;  elle  a 
toujours  été  tecommendable,  depuis  que  Nicoméde,  roi 
de  Bithynie ,  fils  de  Zipoltes,  père  de  Zéla ,  Se  grand-per* 
de  Prufias  ,  l'augmenta  &  lui  donna  le  nom  de  Nicomé- 
die ,  au  lieu  de  celui  d'Olbia  qu'elle  avoir  eu  auparavant 
de  la  nymphe  Olbia ,  qui  en  jetta  les  premiers  fondemens. 
Pline,  /.  j.  c,  ult.  lui  donne  le  titre  à'Urbs  praclara  : 
Ammien  Marcellin  ,  /.  17.  c.  1 5.  l'appelle  la  mère  des 
villes  de  Bithynie.  Paufanias,  Eltac.  I.  1.  cil.  dit  que 
c'éroir  la  plus  grande  des  villes  de  Bithynie ,  Se  ajoute 
qu'elle  fe  nommoit  Ajiacus ,  nom  qui  fut  changé  par  le 
roi  Nicoméde.  Trébellius  Pollio.  in  Gallienis  ,  c.  4.  & 
Ammien  Marcellin,/.  22.  c  12.  font  du  même  fenti- 
ment  ;  mais  malgré  ces  autorités  on  ne  peut  guère  fe  dis- 
penfer  de  dire ,  qu'Aftacus  Se  Nicomédie  font  deux  villes 
différentes.  Voyez.  Astacus.  Prolomée,  /.  j.  c  i.faic 
trois  villes  voifines  de  Nicomédie ,  d'Olbia  ôc  A'Aftacus  , 
ce  qui  n'eft  pas  fans  vraifemblance.  Ce  fut  à  Nicomédie 
qu'Annibal ,  après  toutes  fes  défaites,  fe  réfugia  ôc  fe  don- 
na la  mort.  *  Tz.etz.es ,  Chil.  3.  hift.  1 1;.  v.  9/0.  Etienne 
le  géographe. 


NIC 


La  ville  tkNicomédic  ne  fut  pas  célèbre  feulement  fous 
fes  rois,  elle  le  fut  auffi  fous  les  Romains.  Pline,  /.  lo.epift. 
16.  40.  42.  <T  50.  qui  fut  préteur  de  Bithynie,  parle  de 
cette  ville  avec  éloge.  Elle  a  été  une  des  premières  qui  ait 
reçu  la  foi  Chrétienne ,  &  le  grand  nombre  de  martyrs 
qui  y  ont  verfé  leur  fang  pour  la  défenfe  de  la  foi ,  l'ont 
rendue  encote    plus  illuftre.  Ce    fut  ,  félon    Bailler , 
Topogr.  des  Saints, p.  341.  par  la  ville  de  Nicomédieque 
commença  la  perfécution  fous  Dioclétien.  Saint  Anthime , 
qui  en  étoit  évêque,  eut  la  tête  coupée,  Se  l'on  fît  mourir 
beaucoup  de  citoyens  ,  &  même  des  officiers  de  la  maifon 
de  l'empereur  dans  cetre  ville.  Les  eunuques  de  la  cour , 
Se  les  officiers  de  la  chambre ,  furent  martyrifés.  Enfin  on 
compte  un  grand  nombre  de  Martyrs  dans  cette  ville. 
*  Cellarius  ,  Geogr.  Anr.  1.  3.  c.  8. 

Saint  Arface  menoit  une  vie  folitairedans  Nicomédic , 
vers  le  milieu  du  quatrième  fiéde.  11  y  mourut  l'an  358 
durant  le  tremblement  de  terre  qu'il  avoit  prédit.  Le  trem- 
blement arrivé  le  24  d'Août  ne  dura  que  deux  heures  ; 
mais  il  caufa  un  incendie  qui  acheva  la  ruine  de  Nicomé- 
die. 

Ce  fut  proche  de  cette  ville ,  dans  un  bourg  nommé  Ac- 
ciron  ,  que  le  grand  Conftantin ,  âgé  de  foixante-fix  ans  , 
mourut  d'une  fièvre  chaude  en  l'année  340.  Cela  eft  con- 
traire à  ce  quedifent  les  bons  hiftoriens.*  Greloe ,  Voyage 
eje  Conftantinople ,  p.  41. 

Il  feroit  difficile  de  trouver  une  fituation  plus  avanta- 
geufe,  que  celle  de  Nicomédic:  elle  remporte,après  Con- 
ftantinople, fur  toutes  les  autres  villes.  Elle  eft  placée  au 
fond  d'un  golfe  ,  à  qui  elle  donne  le  nom  ;  Se  elle  couvre 
tout  le  penchant  d'une  petite  colline  embellie  de  fontai- 
nes ,  &  chargée  d'arbres  fruitiers ,  de  vignes  &  de  grains. 
Elle  a  quantité  de  grands  jardins,dont  les  fruits  font  excel- 
lens ,  entre  autres  les  melons  qui  ne  cèdent  en  rien  à  ceux 
de  Cachan  en  Perfe  ,  que  l'on  eftime  pat-deffus  tous  les 
autres.  Les  voyageurs  curieux  des  belles  inferiptions  trou- 
vent de  quoi  fatisfaire  leur  curiofité  dans  la  ville  de  Nico- 
médie  ;  il  n'y  a  guère  de  rues  ni  de  cimetières  où  l'on  n'en 
voye  quelque  fragment ,  Se  fouvent  même  d'entières ,  foit 
grecques  foit  latines. 

La  ville  de  Nicomédie  eft  grande  Se  bien  peuplée.  Il  y 
a  quantité  d'églifes  grecques  Se  de  belles  mosquées ,  pla- 
ceurs kans  ou  caravanfeiais ,  Se  plufieurs  beaux  bazars  , 
halles  ou  marchés.  Elle  eft  peuplée  d'environ  trente  mille 
ames  ,  tant  Grecs  &  Arméniens ,  que  Juifs  Se  Turcs ,  qui 
exercent  ptesque  tous  le  commerce  des  foies ,  cotons ,  lai- 
nes ,toiles,fruits  ,  poterie,  verrerie  Se  d'autres  chofes  qui 
rendemeette  ville  d'un  grand  trafic.  La  plupart  des  grands 
vaifieaux  ,  faïques ,  barques  ,  kaïques  Se  autres  bateaux 
des  marchands  de  Conftantinople,  fe  fabriquent  à  Nico- 
médie j  mais  les  Turcs  ne  réufliflent  pas  mieux  dans  lacon- 
ftructioii  des  bânmens  de  mer  que  dans  l'architecture  ci- 
vile &  militaire.  Il  s'y  fait  à  la  vérité  des  vaifieaux  qui 
font  de  très-haut  bord  Se  fort  grands ,  mais  qui  font  auflï 
très-méchans  voiliers  Se  de  facile  prife. 

LeGoLFE  de  Nicomédie  n'a  pas  plus  d'une  demi  lieue 
de  large  :  il  eft  alTcz  long ,  Se  on  découvre  de  côté  Se  d'au- 
tre quantité  de  petites  collines ,  qui  par  leurs  inflexions 
&  finuofités  différentes,  forment  avec  le  golfe  qui  eft  en- 
tr'elles  un  des  plus  charmans  payfages  qu'on  puiffe  voir. 
On  trouve  à  la  droite  de  ce  golfe ,  ou  à  fon  nord ,  au  cou- 
chant de  Nicomédie  ,  une  fontaine  d'eau  minérale ,  alu- 
mineufe,  à  ce  qu'on  prétend  ,  Se  dont  les  Turcs  Se  les 
Grecs  difent  des  merveilles  :  ils  y  vont  en  troupes  de  tous 
côtés  ;  Se  à  les  entendre  parler ,  il  n'y  a  guère  de  maladies 
que  cette  fontaine  ne  guériffe.  Elle  eft  au  pied  d'un  rocher 
attaché  à  une  petite  montagne ,  d'où  s'écoulant  vers  le  gol- 
fe ,  elle  arrofe  avec  quelques  autres  petits  ruiffeaux ,  une 
plaine  couverte  de  joncs  Se  autres  herbes. 

Un  peu  plus  avant  .vers  le  couchant  ,  on  trouve  dans 
le  golfe  ,  à  main  gauche  au  fud ,  une  avance  de  terre  com- 
me un  grand  mole ,  qui  n'a  pas  plus  de  cinq  à  fix  toifes  de 
large  Se  un  demi  quart  de  lieue  de  long.-  Au  bout  de  cette 
avance  il  y  a  une  mosquée ,  pour  laquelle  les  Turcs  ont 
une  grande  vénération. 

N1COMEDIUM  ,  entrepôt  dans  la  Bithynie  ,  félon 
Etienne  le  géographe ,  qui  cite  Arrien ,  in  Bithyniacis.  Or- 
telius ,  Thefaur.  foupçonne  que  ce  pourroic  être  le  Nava- 
le de  Nicomédie. 

N1CON.  Voyez.  Tonica. 


NIG       sïl 

1.  NICONIA  ,  ville  du  Pont.  Etienne  le  géographe  la 
mer  à  l'embouchure  de  l'Ifter.  Ce  pourroit  être  le  tfi- 
conium  que  Ptolomée ,  /.  3.  c.  10.  place  dans  la  Baffe  - 
Myfie.  Niconium  feroit  néanmoins  un  peu  plus  reculé 
puisqu'il  eft  mis  près  du  fleuve  Hierajus.  *  Ortetii  The- 
laur. 

2.  NICONIA ,  ville  du  pays  des  Getes  ,  fur  le  fleuve 
Tyras,  a  la  gauche.  Strabon,  /.  7.  p.  JC<S ,  qui  parle  de  cette 
ville ,  nous  apprend ,  qu'il  y  en  avoit  une  autre  à  la  gauche 
du  même  fleuve  ,  qu'on  la  nommoit  Opbiufa ,  Se  que  ces 
deux  villes  étoient  à  cent  vingt  ou  à  cent  quarante  ftades 
au-deflus  de  l'embouchure  du  Tyras.  Ortelius ,  Tbefaur. 
dit  que  Niger  donne  à  la  ville  de  Niconia  le  nom  de 
Nomanofter. 

NICONIUM.  Voyez,  Niconia  ,  n°  1. 

NICOPING.  Voyez,  Nikoping. 
1.  NICOPOLI  ou  Nicopolis  ,  ville  de  la  Grèce  dans 
l'Epire  ,  à  l'entrée  du  golfe  de  Larta ,  fur  la  côte  jfepten- 
trionale  à  l'oppofite  de  la  ville  d'Aclium.  Cette  ville  doit 
fa  fondation  à  Augufte  qui  la  fit  bâtir  pour  être  le  monu- 
ment de  la  victoire  qu'il  avoit  remportée  fur  Antoine  à  la 
journée  d'Aétium.  Ce  prince  n'oublia  rien  pour  la  rendre 
recommendable  dès  fes  premiers  commencemens:  Pline , 
/.  4.  c.  1 .  la  nomme  Ville  libre  :  Tacite ,  Annal,  l.j.c.  10. 
lui  donne  le  titre  de  colonie  Romaine ,  Strabon,  /.  7.  p. 
3  2;.  dit  quVUigufte  voyant  que  les  villes  des  environs  de- 
venoient  défertes  ,  raffembla  leurs  habitans  ,  Se  les  attira 
dans  la  ville  à  laquelle  il  venoit  de  donner  le  nom  de  Ni- 
copolis ;  enfin ,  Paufanias ,  Eliac .  I.  i.c.11.  nous  a  confer- 
vé  les  noms  de  deux  de  ces  peuples ,  qu'il  nomme  Ambra- 
ciou  Se  Anailoni.  Comme  il  y  avoit  déjà  plufieurs  villes 
nommées  Nicopolis  ;  pour  diftinguer  celle-ci  ,  on  l'ap- 
pella  (a)  Achat*  Nicopolis  ou  Aétia  Nicopolis  (b).  (a)  Ta- 
cite. An.  1.  2.  c.  5  3 .  (b)  Anton.  Itin.  l'Anonyme  de  Raven- 
ne  ,  1.  4.  c.  8. 

S.  Paul  paffa  dans  cette  ville  l'hiver  de  l'an  64 ,  de  l'ère 
commune.  Il  manda  à  S.  Tite ,  qui  étoit  en  Grèce ,  de  l'y 
venir  trouver  {a).  Cependanr  quelques-uns  {b)  croient 
que  la  ville  de  Nicopolis  ,  où  S.  Paul  voulut  pafler 
l'hiver  ,  n'étoit  pas  celle  de  l'Epire  ,  mais  celle  de 
Thrace ,  à  l'entrée  de  la  Macédoine,  fur  la  rivière  de 
Nèfle,  {a)  Ttt.  }.  14.  (b)  Cbryfofi.Théodoret  Jbéophyl. 
Capell.  J 

Le  pape  S.  Eleuthére  étoit  de  ce  lieu  ;  mais  on  ne  voit 
pas  qu'on  lui  ait  décerné  un  culte  particulier  dans  cette 
ville ,  qu'on  nomme  aujourd'u*  Prevefa  ,  fur  le  golfe  de 
Larta. 

2.  NICOPOLIS  ,  ou  Nicopolis  ad  FLîmum  ,  ville 
de  la  Thiace  au  pied  du  mont  Hemus  ,  vers  la  fource  du 
fleuve  Iatrus.  Ptolomée,  /.  \.c.  1 1.  la  place  dans  les  terres 
entre  Pra/ïdium  Se  Ofiapbos.  Elle  étoit  différente  d'une 
autre  Nicopolis  auffi  dans  la  Thrace ,  fur  la  rivicre  de 
Nèfle. 

3.  NICOPOLIS,  ville  de  la  baffe  Mœfie  fur  l'Iarrus ,  à 
l'embouchure  de  ce  fleuve ,  dans  le  Danube.  Pour  la  diftin- 
guer de  Nicopolis  fur  PHemus, bâtie  auflifur  l'Iatrus  ,  on 
l'appclloit  Nicopolis  ad  Danubium  ,  ou  Nicopolis  ad 
Ijlrum.  Trajan  en  fut  le  fondateur ,  félon  Ammien  Mar- 
cellin,/.  3 1.  c.  \6.  Se  il  la  bâtit  après  la  victoire  qu'il  rem- 
porta furlesDaces.Bonfinius,  Rer.  Hungar.Dccad.  3.  /. 
2.  met  fur  le  Danube  ,  deux  villes  nommées  Nicopolis  ; 
favoir,  une  peu  confidérable  au-delà  du  Danube,  fondée 
par  Trajan  ;  l'autre  plus  grande ,  au- deçà  de  ce  fleuve,  & 
fondée  par  Adrien  :  il  ajoute  que  ces  deux  villes  étoient 
feulement  féparées  par  le  Danube.  Le  mal  qu'il  y  a  ,  c'eft 
qu'il  ne  cite  aucun  ancien  écrivain  pour  garantir  ce  qu'il 
avance.  Ce  qu'ily  a  de  sûr,  c'eft  que  ni  Antonin  ni  la  table 
de  Peutinger  ne  font  point  cette  diftinetion.  Cette  ville 
s'appelle  aujourd'hui  Nigeboli ,  ou  Nicopoli.  Voyez.  Nl- 
geboli.  *  Cellarius ,  Geogr.  ant.  1.  2.  c.  8. 

4.  NICOPOLIS,  ou  Nicopolis  ad  Nessum  ,  ville 
de  la  Thrace ,  fur  la  rivière  de  Neffe  ou  Nefte.à  la  gauche, 
à  quelques  lieues  au-deffus  de  fon  embouchure.  Elle  fur 
fondée  par  Trajan.  Ptolomée,  /.  $.c.  11.  la  place  dans 
les  terres  entre  Pantalia  Se  Topiris.  Nous  avons  quelques 
anciennes  médailles  de  cette  ville;  elle  y  eft  furnommée 
Ulpia  ou  Olpia ,  ce  qui  eft  la  même  chofe  ;  car  quel- 
quefois dans  les  médailles  on  met  O  potufl.  L'in- 
feription  d'une  de  ces  médailles ,  qui  fe  trouve  dans  le 
recueil  de  Spanheim ,  eft  conçue  en  ces  tenues  :  Or  ait. 


NIC 


5*2, 

NiKOnOAEOC  npOC  nectoj  c'eft  à-dire ,  Ulpu  Nico- 
poleos  ad  Neflum. 

5.  NICOPOLIS  ,  ville  d'Egypte  ,  aux  environs  d'Ale- 
xandrie. Jofephe,  de  Bello  Jud.  I.  4.  c.  14.  parle  de  cecre 
ville  en  décrivant  la  route  que  prit  Titus  pour  fe  rendre 
d'Alexandrie  en  Judée,  ôc  il  la  met  à  vingt  ftades  de  cette 
dernière  ville.  Dio  Caflius,  /.  5  1.  p.  456.  nous  apprend 
qu'Augufte  en  fut  le  fondateur  ;  qu'il  la  bâtit  dans  le  lieu 
où  il  avoit  donné  la  bataillejqu'il  lui  donna  le  même  nom, 
Se  lui  accorda  le  privilège  des  mêmes  jeux  qu'il  avoit  ac- 
cordés à  la  ville  de  Nicopolis  enEpire. 

6.  NICOPOLIS ,  ville  de  l'Arménie  Mineure.  Strabon, 
2.  n.p.  $$$.  ne  nomme  que  cette  feule  ville  dans  cette 
province ,  &  il  nous  apprend  qu'elle  fut  bâtie  par  Pom- 
pée. Pline,  /.  6.  c.  9.  Ptolomée ,  /.  5.  c.  7.  &  Etienne  le 
géographe  en  parlent.  Ptolomée  la  met  dans  les  terres  ; 
c'eft-à-dire,  qu'il  l'éloigné  de  l'Euphrate ,  &  il  ajoute 
qu'elle  étoit  au  voifinage  des  montagnes.  Pour  la  diftin- 
guer  des  autres  Nicopolis,  on  lui  donna  le  nom  de  fon 
fondateur  (a)  :  on  l'appella  Nicopolis  Pompeii.  Dans  le 
moyen  âge ,  elle  fut  la  féconde  ville  de  la  première  Armé- 
nie. C'étoit  un  fiége  épiscopal ,  fuffragant  de  Sebafte  (b). 
On  la  nomme  maintenant  Gianicb:  elle  eft  fur  la  rivière 
de  Ceraune.  C'eft  aujourd'hui  un  fiége  de  juftice  ôc  de 
gouvernement  chez  les  Turcs.  S.  Grégoire  d'Arménie, 
qui  fut  depuis  reclus  à  Pluviers  en  France ,  fut  élevé  dans 
cette  ville  ,  ôc  en  fut  évêque  vers  la  fin  du  dixième  fiécle. 
(a)  Dio  Caflius  ,  /.  49.  p.  415.  (b).  Bailla ,  Topogr.  des 
Saints  ,  p.  343. 

7.  NICOPOLIS  ,  ville  de  Bithynie  fur  le  Bosphore, 
ou  du  moins  dans  le  voifinage.  Pline  &  Etienne  le  géogra- 
phe font  les  feuls  qui  connoifient  cette  ville.  Le  premier 
en  parle  ainfi  ,  /.  y.  c.  32.  Ultra  Calchedona  Chryfopolis 
fuit.  Deinde  Nicopolis ,  à  qua  nomen  etiamnum  Sinus  reti- 
net.  Le  fécond  nomme  feulement  cette  ville  qu'il  appelle 
Nicopolis  de  Bithynie.  Le  P.  Hardouin  prétend  que  c'eft 
aujourd'hui  Scutari. 

S.  NICOPOLIS ,  ville  de  l'Afie  Mineure ,  dans  la  Cili- 
cie  propre  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5.  c .  8.  qui  la  place  entre 
Caflabala  Ôe  Epiphania;  mais  il  ne  s'accorde  pas  avec 
Strabon,  /.  14.  p.  676.  qui  la  met  au  nombre  des  villes 
qui  font  fur  la  côte  du  golfe  Iffits.  Quoi  qu'il  en  foit ,  ces 
deux  écrivains  distinguent  la  ville  de  Nicopolis  de  celle 
d'Iflus;  de  forte  qu'Etienne  le  géographe  fe  trompe.quand 
il  dit  qu'Alexandre  donna  le  nom  de  Nicopolis  à  la  ville 
d'Iflus ,  après  qu'il  eut  vaincu  Darius  auprès  de  cette  der- 
nière ville. 

9.  NICOPOLIS,  ville  d'Afie,  dansla  Phrygie  falutaire, 
félon  la  notice  de  Léon  le  Sage.  Cette  ville  ne  paroît  point 
dans  la  notice  d'Hieroclès. 

10.  NICOPOLIS,  autrement  Emmaus,  ville  de  la  Pa- 
leftine.  Voyez.  Emmaus,  n°  2.  Elle  commença  à  porter  le 
nom  de  Nicopolis  fous  l'empereur  Alexandre ,  fils  de 
Mammée.  Jules  A  fricain  (a) ,  auteur  eccléfiaftique ,  célè- 
bre par  fes  chroniques,  fut  envoyé  à  l'empereur  ,  pour 
folliciter  le  rétabliflement  de  cette  ville  qui  s'appelloit 
Emmaus  ;  cependant  Sozomene  Hifi.  Ecclef.  I.  f.c.  21. 
dit  que  cette  ville  eut  le  nom  de  Nicopolis ,  auflitôt  après 
la  ruine  de  Jerufalem  par  les  Romains.  Ce  n'étoit  avant 
cela  qu'un  bourg  nommé  Emmaus  (b).  Vespafien  l'érigea 
en  ville,  en  lui  donnant  le  nom  de  Nicopolis ,  lorsqu'il  y 
eut  envoyé  une  colonie.  Ce  bourg  avoit  été  ruiné  par  Va- 
rus  qui  y  avoit  fait  mettre  le  feu.  La  ville  devint  évêché 
fous  les  empereiKs\Chi:étkns.(a).Chronic.Pascbal.adAn. 
Chrifti.  223.  (b)  Topogr aph.  des  Saints,  p.  344. 

1 1.  NICOPOLIS ,  ville  de  Cappadoce ,  fur  les  limites 
d'Arménie, évêché  fuffragant  deSébafte.Koy^CoLONiA, 
n°  2.  *  Topograph.  des  Saints,  p.  343. 

NICOPOL1TANUS  SINUS ,  petit  golfe  auprès  de  la 
ville  de  Nicopolis.  Voyez.ce  moi ,  n°  7. 

NICOPSIS.  Voyez  Zicchia. 

NICOSIA  ou  Nicusia,  ville  de  Sicile,  dans  le  val 
Demone  ,  auprès  de  la  rivière  de  Cérame  ,  à  la  gauche  , 
entre  Trahina  ôc  Calataxibeta.  Quelques-uns  croient 
que  c'eft  l'ancienne  Erbita.  Voyez,  ce  mot*  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vaugnndy. 

NICOSIE,  ou  Leucosie  ,  anecinnement  Leucoto , 
capir.ie  de  l'ifle  de  Cypre.  Elle  cil  fituée  dans  les  terres  , 
à  une  journée  de  la  mer ,  ôc  dans  la  grande  plaine  de  Mas- 
farée.  Elle  eft  grande  ,  allez  belle,  &  bâtie  à  la  façon  des 


NIG 


Orientaux.  Son  enceinte  eft  de  forme  ronde ,  flanquée 
d'onze  baftions ,  &  défendue  par  de  bons  foflés.  Elle  a  eu 
autrefois  jusqu'à  quarante  mille  maifons  -,  mais  elle  a  été 
ruinée  en  divers  endroits  durant  les  guerres  5  qui  en  ont 
fait  perdre  la  domination  aux  Vénitiens ,  ôe  l'ont  fait 
palier  fous  celle  des  Turcs.  Les  rois  de  la  maifon  de  Lu- 
fignan  y  avoîent  établi  leur  féjour.  C'étoit  le  fiége  de  l'ar- 
chevêque de  toute  l'ifle.  Le  bâcha  y  fait  actuellement  fa 
réfidence.  Les  tours  ôc  les  clochers  font  pour  la  plupart 
en  ruine  ôc  fans  cloches.  Il  y  *  à  Nicofie  quatre  fortes 
d'églifes.  Les  mosquées  des  Turcs  font  les  plus  confidé- 
rables,  tant  par  leur   nombre,  que  par  la  beauté  & 
par  la  grandeur  de  leurs  bâtimens.  Celle  qui  a  été  ci  de- 
vant le  temple  de  Sainte  Sophie,  eft  la  principale  ôc  la 
plus  magnifique.  C'eft  un  grand  &  fpacieux  vaifleau ,  qui 
a  quantité  de  colomnes.  11  y  a  à  la  porte  de  cet  édifice 
une  belle  fontaine,  qui  n'y  étoit  point  du  tems  des  Chré- 
tiens. Les  Turcs  s'y  lavent  le  haut  de  la  tête ,  les  mains  ôc 
les  pieds ,  avant  que  d'entrer  dans  la  mosquée  aux  heures 
ordinaires  de  la  prière.  Les  Grecs  occupent  une  autre 
forte  d'églifes  mais  fi  quelque  prêtre  Latin  y  dit  la  mefle, 
ils  ne  croient  pas  que  toute  l'eau  de  la  mer  foit  fuffifante 
pour  la  purifier  :  ils  lavent  l'autel  ôc  toute  l'églife  dans  la 
penfée  qu'ils  ont  que  la  mefle  des  Latins  la  rend  impure 
&  profane.  Les  Latins  n'ont  qu'une  petite    églife,  oti 
plutôt  une  chapelle,  qui  eft  bien  entretenue  &  deflervie 
par  un  prêtre.  Les  marchands  Italiens  qui  demeurent  dans 
la  ville,  lui  fourniflent  fa  nourriture,  fes  habits  &  les 
ornemens  facrés.  Enfin ,  les  Maronites  y  ont  auflî  leur 
églife ,  qui  eft  en  aflez  mauvais  état.  *  Dandini ,  Voyage 
au  mont  Liban ,  p.  2 1.  &fuiv. 

NICOTERA  i  ville  d'Italie  chez  les  Brutii.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Rome  à  la  Colomne  par 
la  voie  Appienne  ,  entre  Vibo  ôe  Ad  Mallias  ,  à  dix-huit 
milles  de  la  première ,  ôc  à  vingt-quatre  milles  de  la  fé- 
conde. Leander  ,  Dejcrit.  di  tutta  Italia ,  p.  205.  dit 
qu'on  la  nomme  aujourd'hui  Nicodro.  Baudrand  ,  Difv. 
édit.  1705.  la  nomme  Nicotera  fans  aucun  change- 
ment de  l'ancien  nom  ^  ôc  dit  qu'elle  eft  dans  la  Calabre 
Ultérieure  ,  avec  un  évêché  fuftragant  de  Rhegio,  fur  la 
côte  de  la  mer  de  Naples  &  du  golfe  de  Gioia.  11  ajoute  : 
Elle  eft  bien  petite  ôc  peu  habirée,  &  fut  fort  maltrai- 
tée par  un  tremblement  déterre  en  1638.  Elle  eft  fur 
le  haut  d'une  montagne,  à  fix  milles  de  l'embouchure  du 
Metramo  vers  le  nord  en  allant  du  côté  de  Tropea. 

NICOURIA,  ifie  de  l'Archipel,  à  un  mille  de  celle 
d'Amorgos.  C'eft  une  roche  escarpée ,  ou  proprement 
c'eft  un  bloc  de  marbre  au  milieu  de  la  mer.  Il  eft  peu 
élevé ,  &  il  a  environ  cinq  milles  de  tour.  On  n'y  voie 
que  des  chèvres  aflez  maigres ,  ôc  des  perdrix  rouges 
d'une  beauté  mrprenante  ,  mais  qui  font  maigres  &  co- 
riaces. *  Tour  ne  fort  t  Voyage  du  Levant ,  lett.  6. 

NICOYA,  ville  de  l'Amérique  feptentrionale,  dans 
la  Nouvelle  Espagne  (  a  )  ,  fur  la  côte  de  la  mer  Pacifi- 
que ,  au  fond  dû  golfe  des  Salines.  Elle  eft  fituée  aux 
confins  des  provinces  de  Nicaiagua  Ôc  de  Coftarica  (b) , 
ôc  dirigée  par  le  lieutenant  du  gouverneur  de  la  pre- 
mière de  ces  provinces.  La  ville  ,  appellée  Aranjucz  ,  eft 
du  territoire  de  N  icoya  :  ce  territoire  s'étend  jusqu'aux 
limites  des  Sauvages  que  l'on  nomme  Chômas ,  ôc  n'eft 
féparée  que  de  cinq  lieues  de  leurs  principales  bourga- 
des. Ce  quartier  éroit  anciennement  fous  le  parlement 
de  Panama;  mais  en  1576,  il  fut  joint  à  Coftarica  , 
quoiqu'il  y  ait  un  lieutenant  de  Nicaragua  pour  le  tem- 
porel ,  &  un  vicaire  de  1  evêque  de  la  même  province 
de  Nicaragua  ,  pour  ce  qui  regarde  le  fpiriruel.  Il  y  a  eu 
autrefois,  fur  la  côte  du  golfe,  une  colonie  d'Espagnols, 
nommée  Bruxelle.  Il  n'en  refte  plus  aujourd'hui  aucune 
marque,  (a)  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy.  (b)  Corn.Dict. 
De  Laet ,  Indes  occid.  1.  7.C  22. 

NICSAR A  ou  Neoc^sarea  ,  ville  de  l'empire  Otto- 
man ,  dans  la  Natolie,  à  deux  journées  de  Tocat,  Se 
presque  ruinée.  Elle  eft  encore  la  métropole  de  la  Cap- 
padoce ,  Ôc  l'on  n'oubliera  jamais  que  dans  le  troifié- 
me  fiécle  elle  a  eu  pour  pafteur  faint  Grégoire  Thau- 
maturge ,  ou  le  faifeur  de  miracles.  Niger  &  quelques 
autres  géographes  n'ont  pas  eu  raifon  de  confondre 
certe  ville  avec  Tocat.  L'archevêque  de  Nicfara  a  la  cin- 
quième place  parmi  les  prélats  qui  font  fous  le  patriar- 

«h: 


NID 


NID 


che  de  Conftantinople.  *  toumefort >  Voyage  du  Levant, 
lect.  21. 

NID  ,  forât  de  Fiance  ,  dans  la  Bourgogne  ,  maîrrife 
de  Chalons  ,  châtcllenie  de  Buxi.  Elle  elt  de  quatre  cens 
trois  arpcns. 

i.  NIDA  ,  fleuve  de  l'Inde ,  félon  Ortelius ,  Tbef.  qui 
cite  Ifidore. 

2.  NIDA  ,  petite  rivière  de  Pologne,  dans  le  Palati- 
nat  de  Sendomir  :  fon  cours  elt  du  couchanr  au  fud- 
eit.  Elle  fc  joint  à  la  Viltule  au-defTous  de  Cracovie , 
après  avoir  paffé  à  Wislicza,  *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy. 

1.  NIDAUou  Nidow  ,  ville  de Suifle,  dans  le  can- 
ton de  Berne  ,  au  bord  du  lac  de  Bienne,  Se  à  l'endroit 
où  ce  lac  fe  dégorge  Se  rend  la  Thiele  telle  qu'il  l'a 
reçue.  Nidait  lignifie  en  allemand  une  prairie  baffe; 
aufli  cette  ville  eft-elle  dans  un  terrein  fort  bas ,  Se  à 
la  moindre  inondation  qui  arrive  ,  toute  la  campagne  eft 
couverte  d'eau.  Si  cette  fituation  la  rend  un  peu  mal -fai- 
ne ,  elle  contribue  d'un  autre  côté  à  la  rendre  forte , 
Se  peut  lui  fervir  de  rempart  dans  un  befoin  contre  les 
infultes  des  ennemis.  Cette  ville  peut  pafler  pour  jolie, 
&  elle  a  un  château  bien  bâti  qui  fert  de  réfidence  ait 
bailli.  Elle  a  eu  anciennement  les  comtes  particuliers  , 
qui ,  profitant  de  la  foiblefle  des  empereurs ,  fe  rendirent 
fouverains  indépendans.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe , 
t.  2.  p.  175. 

2.  NIDAU,  bailliage  de  Suide,  dans  le  canton  de 
Berne,  Se  dont  la  ville  de  Nidau  elt  le  chef-lieu.  Ce 
bailliage  s'étend  aux  deux  côtés  du  lac  de  Bienne  Se 
comprend  une  dixaine  de  paroiffes.  Son  territoire  elt 
fertile:  il  a  été  autrefois  un  comté  dont  les  comtes  font 
affez  célèbres  dans  l'hiftoire  de  Suifle  ;  car  Rodolphe  I, 
comte  de  Nidow ,  fut  tué  avec  plufieurs  autres  dans 
une  bataille  où  les  Bernois  &  leurs  alliés  les  vainquirent 
l'an  1291  ,  &  firent  lever  le  fiége  de  Loupen.  Dans 
le  fiécle  fuivant,  Rodolphe  II,  comte  de  Nidow,  fut 
tué  l'an  137;  ,  faifant  la  guerre  aux  Suifles.  Il  ne  laiffa 
point  d'enfans  mâles.  Son  gendre  Rodolphe,  comte  de 
Kibourg  Se  de  Habfbourg ,  fe  faifit  du  comté  de  Ni- 
dow, qu'il  vendit  à  Léopold  d'Autriche  ;  mais  ce  duc 
avant  été  vaincu  Se  tué  à  la  bataille  de  Sampach  l'an 
13  87,  avec  le  marquis  Hocberg,  le  comte  deFuilem- 
berg  Se  plufieurs  autres  grands  feigneurs  ,  les  Bernois 
affiegerent  Se  prirent  Nidow.  *  Longuerue ,  Defcript. 
de  la  France,  part.  2.  pag.  262. 

1.  NIDDA,  rivière  d'Allemagne  (a).  Elle  a  fa  fource 
dans  la  partie  orientale  du  comté  de  Solms ,  au-deflus 
de  Schotten  qu'elle  baigne.  Elle  pafle  enfuite  à  Nidda 
Se  à  AiTenheim  ;  au-deflus  de  ce  lieu  ,  elle  reçoit  le  Kir- 
lof  Se  au-defTous  le  Wetter.  D'Afiénheim  (  b  )  elle  entre 
dans  l'éleétorat  de  Maycnce ,  Se  ,  après  avoir  mouillé 
Dorreweil  &  divers  autres  petits  lieux  ,  elle  va  fe  jetter 
dans  le  Meyn ,  au-deflus  de  Hoechlt.  [a)  Gerhard 
Valk,  Carte  de  la  HefTe.  (  b)  Sanfon ,  Carte  de  l'électo- 
rat  de  Mayence. 

2.  NIDDA  ,  comté  d'Allemagne  ,  dans  les  états  du 
landgrave  de  Heffe-Darmftar.  Il  eu:  borné  au  nord  par 
la  principauté  de  Lahn  ;  à  l'orient  par  celle  d'Ifenbourg  ; 
au  midi  auffi  par  la  principauté  d'Ifenbourg  ,  Se  à  l'oc- 
cident ,  partie  par  le  comté  de  Solms ,  Se  partie  par  les 
terres  du  comté  de  Hanau.  *  Gerhard  Valk.  »  Carte  de 
la  NefTe. 

3.  NIDDA  ,  petite  ville  ou  bourg  d'Allemagne  ,  dans 
les  états  du  landgrave  de  HefTe- Darmftat,  Se  le  chef- 

.lieu  du  comré  de  même  nom.  Ce  lieu  eft  fitué  fur  la 
rivière  de  Nidda,  à  la  gauche,  entre  Schotten  &  Affcn- 
heim.  Les  anciens  comtes  de  Nidda  tenoient  leur  cour 
dans  cette  ville. 

NIDE,  rivière  de  Lorraine.  Elle  eft  formée  de  deux 
rivières  ,  qui  font  la  Nide  Françoise  Se  la  Nide  Alle- 
mande. La  première  a  diverfes  fources  dans  le  marqui- 
fat  de  Pont  à  Mouflon.  Les  principales  font  dans  la  par- 
tie orientale  de  ce  marquifat  -,  favoir ,  au-deflus  de  S. 
Jean,  au-deflus  de  Martille,  au-defius  de  Cartel  Bre- 
hain.  Elles  fe  joignent  au-defTous  de  ce  lieu  où  la  ri- 
vière commence  à  couler  du  fud  au  nord.-  Elle  pafle 
à  Luci ,  à  Ste  Eve,  à  Remilli  ,à  Courcelle  fur  Nide, 
à  Pange  ,  à  Pont ,  à  Chaufly  ,  à  Condé  Se  à  Norten. 
La  Nide  Allemande  prend  fa  fource  dans  la  prévô- 
té de  Gemunde  ,  au-defius  de  Mongas  ;  elle  coule  d  a- 


J/3 

bord  del'eft  à  l'oueft  jusqu'à  Fauquemont ,  où  elle  com- 
mence à  prendre  fon  cours  du  côté  du  nord  en  ferpen- 
tant.  Sur  fa  route  ,  elle  mouille Créange,  Foligny  ^la- 
ville,  Bionviile,  Voirife,  Lautremang ,  Se  va  fe  join- 
dre à  la  Nide  Françoife ,  au-deflbus  de  Norten.  Ces  deux' 
rivières  jointes  enfemble  n'ont  plus  alors  qu'un  feul  lit 
qui  porte  le  nom  de  Nide,  fe  rendent  en  ferpentant  à  Gen- 
kirchen,  à  Bouflbnville ,  à  Felftroff ,  à  Hiritroff  Se  à1 
Omcrflroff,  au  dcllbus  duquel  elles  vont  fe  jetter  dans  la 
Sare.  *  Jaillot ,  Carte  des  états  du  duc  de  Lorraine. 

1.  NIDECK  ,  château  &  bailliage  d'Allemagne,  dans 
le  duché  de  Brunswich-Lunebourg  ,  fur  une  haute  mon- 
tagne, à  deux  milles  de  Gottingen  ,  fur  le  chemin  de 
Duderltatt.  Il  fait  partie  du  diftrict  ou  de  la  principauté 
de  Calenberg.  *  Zeyler ,  Top.  Duc.  Brunsw. 

2.  NIDECK,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  le  du- 
ché de  Juliers,  fur  la  rivière  de  Roer  ou  Ruhr,  en- 
tre Duren  Se  Zulpich.  *  Zeyler ,  Top.  Wcftphal. 

NIDER-  ALTAICH,  Altahimum  inferins ,  abbave 
dans  la  Haute-Bavière  ,  au  diocèfe  de  Paflaw.  Elle  fut 
fondée  ,  félon  Baillet ,  Topogr*.  des  Saints  ,  p.  63  j.  par 
les  .foins  de  faint  Pyrmin ,  inftituteur  ou  réformateur  de 
l'ordre  monaftique ,  Se  dont  faint  Godard ,  évêque  de 
Hildesheim  ,  fut  l'élevé  ,  puis  abbé  à  la  fin  du  dixième 
fiécle. 

NIDER-BAZENTHEIDT;  c'en:  le  nom  que  l'on  a 
donné  à  un  petit  quartier  du  Tockenbourg  ,  Se  qui  com- 
pofe.  la  moitié  de  la  juflice  de  Bazentheider.  *  Etat  & 
Délices  de  la  SuiJJe  ,  t.  3.  p.  320. 

NIDER-BUNDT  ,  petit  pays  delà  Suifle,  dans  la 
dépendance  de  l'abbaye  de  S.  Gall.  Il  eft  partagé  en 
quelques  bailliages.  *  Etat  &  Délices  de  la  Sttijfe  ,  t.  3 . 
p.  30;. 

NIDER-MOTTERN  ,  château  d'Allemagne  ,  dans 
l'Alface.  11  a  appartenu  autrefois  aux  feigneurs  d'Albcn, 
Se  depuis  à  ceux  de  Burn  qui  le  vendirent  à  Frideric, 
comte  de  Deux- Ponts.  En  1592,  les  feigneurs  de 
Sultz  y  faifoient  leur  réfidence  ,  mais  cette  maifon  finit 
en  1 648,  à  la  mort  de  Nicolas  Jacques  deSultz.  En  1653, 
il  appartenoit  aux  feigneurs  de  Bocklen.  Ce  château  a 
été  appelle  Nider-Mottern  ou  le  Bas-Mottcrn  ,  pour  le 
diltinguer  du  Haut-Mottern  ou  Ober  -  Mottern  qui  eft 
dans  le  comté  de  Hanau.  *  Zeyler,  Top.  Alfatiœ. 

1.  NIDER-MUNSTER  ,  b.ferius  Monaflerwm,  ab- 
baye en  Alface  ,  au  diocèfe  de Strafbourg. Selon  Bailler, 
Topographie  des  Saints,  pag.  6$$.  Elle  fut  bâtie  par 
fainte  Odile,  au  commencement  du  huitième  fiécle. 

2.  NIDER-MUNSTER,  abbaye  d'Allemagne  ,  dans 
la  Bavière.  Elle  fut  réformée ,  à  ce  que  dit  Baillet  ,  par 
faint  Wolfgang,  puis  changée  en  chapitre  de  chanoi- 
nefles. 

NIDER-URNEN  ,  village  de  la  Suifle  ,  dans  le  can- 
ton de  Glaris.  Entre  ce  village  Se  celui  d'Ober-Urnen  , 
on  trouve  un  excellent  bain  d'eau  minérale ,  qui  char- 
rie divers  métaux  &  minéraux,  &qui  eft  utile  pour  la 
guérifon  de  diverfes  maladies.  L'eau  en  eft  ordinairement 
froide  ;  mais  elle  s'échauffe  quelquefois  de  façon ,  qu'il 
n'eft  pas  pofiible  de  la  boire.  Il  y  avoit  anciennement 
à  Nider-Urnen ,  un  château  affez  fort,  qu'on  nommoit 
Windek  ;  il  eft  maintenant  ruiné.  L'an  1703  ,  ce  village 
fouffrit  beaucoup  le  1 3  d'Août ,  par  un  déluge  d'eau  qui 
tomba  tout  près  Se  qui  enfla  fi  fort  le  ruiffeau  qui  y 
pafle  ,  que  femblable  à  un  lac,  ou  plutôt  devenu  un  tor- 
rent impétueux  ,  il  inonda  tout  le  village  ,  renverfa  les 
haies,  remplir  d'eau  les  étages  d'en  bas  de  toures  les  mai- 
fons ,  de  forte  que  les  habitans  purent  à  peine  fc  fau- 
ver  dans  les  étages  d'en  haut  -,  il  couvrit  les  campagnes 
voifines  de  fable  ,  de  gravier  Se  de  pierres ,  entraîna  di- 
vers ponts,  détruifit  un  moulin  Se  une  blancherie  ,  Se 
déracina  quantité  d'arbres.  La  perte  fut  confidérable  pour 
le  lieu  ;  Se  fi  le  torrent  ne  s'éroit  pas  partagé  bientôt , 
il  auroit  entièrement  ruiné  le  village.  Les  eaux  avoient 
été  prodigieufement  grofies  dans  la  montagne  &  avoient 
arraché  quantité  de  lapins  Se  d'autres  arbres ,  de  déta- 
ché de  gros  quartiers  de  roche.  Auprès  du  village  de 
Nider-Urnen  ,  on  voit  un   pont  nouvellement  bâti:  il 
donne  une  libre  communication  aux  Réformés  du  can- 
ton de  Glaris  qui  habitent  des  deux  côtés  de  la  Linr. 
On  a  confiant  ce  pont  dans  la  crainte  que  fi  les  Ré- 
formés demeuroient  féparés ,  ils  ne  fuffent  un  jour  op- 
Tom.  IV.  A  a  a  a 


NIE 


S  5*4 

primes  pariesCatholiquesdc  Glans,  psrceuxdeSchwîtz 
ou  par  ceux  du  pays  des  Grifons.*  Etat  &  Délices  de  la 

Suijfe  ,  t.  2.  p.  467- 

NIDER-UZWEIL.  C'eft  le  nom  de  la  dixième  juftice 
du  Tockenbourg  inférieur ,  en  Suiffe.  *  Etat  &  Délices 
delaSuijJe  ,  t.  3.  p.  523. 

NIDISDAIL.K^y^  Nithsdale. 

NIDOISEAU ,  abbaye  de  filles ,  ordre  de  fainr  Be- 
noît ,  dans  l'Anjou  ,  au  couchant  d'Angers.  11  y  a  qua- 
rante bénéfices  qui  en  dépendent. 

NIDROSIA.  Voyez.  Drontheim. 

NIDS  ou  S.  Pierre  de  Nids  ,  bourg  de  France  ,  dans 
le  Maine,  élection  du  Mans. 

NIDUM  ou  Nidus,  ville  d'Angleterre  ,  félon  l'itiné- 
raire d'Antonin  ,  qui  la.  met  fut  la  route  de  Calleva  Mu- 
ridunumi  Uriconium,  entre  Bomium  ôc  Iscelegua  Au- 
gufli ,  à  quinze  milles  de  la  première  ôc  à  égale  diftance 
de  la  féconde  ;  mais  Gale ,  dans  fon  commentaire  fur  l'iti- 
néraire Britannique  d'Antonin  ,  prétend  qu'il  y  a  une 
transpofition  dans  l'itinéraire  ,  &  qu'il  faut  Nidus 
au  lieu  de  Bomium  ,  ôc  Bomium  à  là-  place  de  Ni- 
dus. Il  fe  fonde  fur  la  fituation  des  lieux.  En  effet, 
Nidus,  qui  eft  aujourd'hui  Neath  ,  fur  la  rivière  de  mê- 
me nom,  fe  trouve  fur  cette  route  avant  Bomium,  qui  eft 
Boverton.  Il  prétend  auffi  que  Nidus  étoit  éloignéde  Leu- 
carum  d'onze  milles ,  &  de  vingt-deux  milles  de  Bo- 
mium. 

NIEBE  ouNiibe  ,  petite  ville  du  Danemarck,  dansle 
Jutland  ,  furie  détroit  du  Lymfiord,  à  quelques  mil- 
les à  l'oueft  d'Albourg.  Elle  eft  fituée  auprès  d'un  angle 
d'un  petit  lac  formé  par  le  détroit  dans  ce  quartier.  * 
Atlas ,  Rob.  de  Vaitgundy. 

NIEBLA  ,  ville  "d'Espagne  ,  dans  l'Andaloufie  ,  fur 
la  rive  occidentale  du  Rio  Tinto  ,  environ  à  fix  lieues  de 
la  mer.  Niebla  eft  une  ancienne  ville,  fermée  de  mu- 
railles paffablement  bonnes.  Elle  appartient  aux  ducs  de 
Médina  Sidonia  ,  fous  le  titre  de  comté  ,  dont  les  aînés 
de  ces  feigneurs  prennent  le  nom.  Le  Rio  Tinto  &  l'O- 
dier  ou  Odiel  forment  une  petite  presqu'ifle  en  cet  en- 
droit :  au  milieu  de  cette  presqu'ifle ,  à  cinq  lieues  de  Nie- 
bla,  eft  un  beau  bourg  nommé  Traigueros.  La  campagne 
voifine  eft  fertile  en  bled  &  en  vin  ;  feulement  du  côté 
qu'on  vient  de  Niebla,  on  rencontre  de  grandes  bruyè- 
res d'une  bonne  lieue  d'étendue,  peuplée  de  ferpens& 
d'autres  femblables  infecte.  Bailler ,  Topogr.  des  Saints, 
pag.  6 36.  dit  que  c'eft  le  lieu  de  la  naifiance  de  fainte 
Marie ,  compagne  de  fainte  Flore  ,  vierges  ôc  martyres , 
fous  les  Sarrazins.  Niebla  étoit  autrefois  une  ville  confi- 
dérable  :  elle  fe  nommoit  Elepla  ou  Ilipla  *  Délices  d'Es- 
pagne ,  t.  3.  p.  446. 

NIEBROECK  ,  village  des  Pays-Bas  ,  dans  la  Guel- 
dre  ,  au  quartier  de  Veluwe  ,  à  demi- lieue  de  l'Iffel.  * 
Ditï'onnaire  des  Pays-Bas. 

N1EDERN  BRECHEN  ,  bourg  d'Allemagne,  dans 
les  états  de  l'électeur  de  Trêves.  La  chronique  de  Lim- 
bourg  lui  donne  le  titre  de  ville.  *  Zeyler  ,  Topogr.  elect. 
Trevirenf. 

N1EM  ou  Nihem  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
l'évêché  de  Paderborn  ,  fituée  près  de  Driborg.  Les  Sué- 
dois la  pillèrent  en  1639.  *  Zeyler  ,  Topograph.  Weft- 
phalia?. 

NIEMECK,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  l'électo- 
rat  de  Saxe ,  fur  la  rivière  d'Ada  :  elle  fait  partie  du 
bailliage  de  Belzioi ,  ôc  n'eft  pas  loin  de  cette  dernière 
ville.  Elle  a  été  fort  maltraitée  dans  les  guerres  qui  ont 
précédé  la  paix  de  Weftphalie  ,  ôc  ne  paroît  plus  qu'un 
amas  de  ruines.  *  Zeyler,  Topograph.  fup.  Saxon, 
pag.  144. 

N1EMECZ  ou  Nimiec  ,  place  forte  de  la  Moldavie. 
Elle  eft  fur  les  confins  de  la  Tranfylvanie ,  entre  Socoz- 
wa  &  Cronftadt ,  à  deux  lieues  de  l'une  ôc  l'autre  pla- 
ce ,  félon  Baudrand ,  Ditt.  ôc  à  dix  lieues  de  ces  deux 
villes  >  félon  Corneille  ,  Ditl.  Les  Polonois  s'en  rendi- 
rent maîtres  en  169 1  ,  Ôc  la  reftituerent  à  la  paix  qui  fut 
faite  enfuite. 

NIEMEN  ,  grande  rivière  de  Pologne.  Elle  a  fa  four- 
ce  dans  la  Lithuanie  ,  vers  la  partie  méridionale  du  pa- 
latinat  de  Minski.  Depuis  fa  fuurce  jusqu'aux  frontiè- 
res du  palatinat  de  Troki ,  fon  cours  eft  du  fud-cft  au 
cord-oueft.  Elle  fait  un  coude  en  cet  endroit  ,ôc prend 


NIE 


fon  cours  du  nordeft  au  fud-oueft  ,  recevant  fur  Ca 
route  diverfes  rivières  ;  favoir,  l'Usza ,  le  Molziac,  ia 
Sezara  ,  le  Zehvio  à  la  gauche,  &  le  Kotra  à  la  droite. 
Un  peu  au-deffous  de  cette  dernière,  elle  fait  un  nou- 
veau coude  ,  coule  alors  du  fud  au  nord  ,  mouille  Grod- 
no  cv  Merecz ,  au-deffus  de  laquelle  elle  reçoit  la  rivieie 
de  même  nom.  Après  avoir  ainfi  traverfe  le  palatinat 
de  Troki.  elle  tourne  à  l'oueft,  côtoyé  le  royaume  de 
Pruffe  ôc  la  Samogitie ,  ôc  va  fe  jetter  dans  le  Curish- 
haff  par  plufieurs  embouchures ,  dont  la  plus  fcp;en- 
trionale  prend  le  nom  de  Rus  ,  qui  eft  celui  d'un  bourg 
fitué  fur  cette  embouchure  à  la  droite.  Les  anciens  ont 
connu  cette  rivière  fous  le  nom  àcCbronus,  félonie 
témoignage  de  Ccllarius  &  de  la  plupart  des  géographes. 
*  Atlas ,  Rob.  de  Vangondy. 

1 .  NIENBOURG ,  ville  &  château  d'Allemagne ,  dans 
le  duché  de  Erunswich-Lunebourg  ,  fituée  fur  le  W'efer, 
entre  Stolzenau  ôc  Eloye.  Elle  appartient  aux  comtes  de 
Hoye,  ôc  en  étoit  autrefois  la  réfidence.  Son  territoire 
eft  fi  fertile  qu'il  entretient-  les  habitans  de  grains  ôc  de 
fruits ,  ôc  qu'ils  en  font  même  commerce  avec  le  relie 
de  la  province.  Comme  il  y  a  auffi  des  pâturages,  on 
y  nourrit  une  grande  quantité  de  bétail.  On  croit  que 
les  comtes  de  Eloye  ont  bâti  cette  ville  &  fon  château 
■  fur  les  débris  d'une  feigneuric  qui  avoir  appartenu  aux 
feigneurs  de  Stumpcnhaufen.  Ce  qui  eft  certain  ,  c'eft 
qu'aux  murs  du  château ,  dans  l'églife  ,  ôc  en  quelques 
autres  endroits  on  voit  les  anciennes  armes  des  comtes 
de  Hoye ,  qui  paroiffent  y  avoir  été  pofées  en  même 
rems  que  les  édifices  ont  été  conftruits.  Le  château  qui 
eft  au  couchant  par  rapport  au  refte  de  la  ville  ,  eft  bâri 
en  carré  fur  le  Wefer ,  qui  en  baigne  les  murs  de  ce  cô- 
té. Du  côté  de  la  ville ,  il  a  des  foffés  larges  &  profonds, 
ôc  un  bon  rempart.  Par  fa  firuation ,  il  commande  une 
bonne  partie  de  la  ville  ôc  le  paffage  du  Wefer.  La  ville 
a  auffi  de  fortes  murailles  terrafites ,  dont  un  double 
foffé  ôc  quelques  autres  ouvrages  environnent  la  plus 
grande  partie  ;  il  y  avoit  autrefois  un  fort  beau  ponc 
fur  le  Wefer  ,  mais  il  a  été  ruiné  ;  cependant  on  y  fup- 
plée  par  des  bacs ,  parce  que  c'eft  un  principal  paffr.ge 
qui  fert  beaucoup  à  Ja  communication  ôc  au  com- 
merce du  cercle  de  Saxe  avec  la  Weftphalie.  La  facilité 
qu'on  a  de  transporter  beaucoup  de  chofes  par  le  We- 
fer,  facilite  le  commerce  de  cette  ville,  qui  confifte 
principalement  en  bled  ,  en  laine,  en  lin  ,  en  miel ,  en 
cire  ôc  en  bétail.  *  Zeyler,  Topograph.  duc.  Brumv/. 
pag.  161. 

Nienbourg  a  une  très-belle  églife'paroiffiale ,  où  tous 
les  ornemens  que  peut  donner  l'aichirecture  ne  parois- 
fent  point  épargnés.  Un  grand  nombre  des  comtes  de 
Hoye  y  ont  leurs  monumens.  C'eft  auffi  à  cette  églife 
qu'eft  attachée  la  furintendance  ou  l'infpection  fur  tou- 
tes celles  du  comté  de  Hoye.  Ceux  qui  feront  curieux 
de  favoir  comment  le  Luthéranisme  s'eft  introduit  en 
cette  ville  ,  pourront  le  rrouver  dans  l'hiftoire  eccléfia- 
ftique  que  Herman  Hamelman  a  donnée  du  comté  de 
Hoye.  Cette  ville  ,  qui ,  de  même  que  le  refte  du  comté, 
a  paffé  aux  ducs  de  Brunswich-Lunebourg ,  a  été  foit 
inquiétée   par  les  guerres  qui  ont  agité  le  dix-feptiéme 
fiécle  ,  principalement  avant  la  paix  de  Wefiphalie.  Le 
roi  de  Danemarck,  s'en  étant  emparé  en  1625  ,  y  mit 
une  bonne  garnifon  :  peu  après ,  le  général  Tilli  la  vint 
affiéger  avec  une  armée  de  rrente  mille  hommes  d'in- 
fanterie,  ôc  de  neuf  mille  de  cavalerie  ;  il  faigna  les  fos- 
fés  ,  battit  en  brèche  avec  une  très-nombreufe  artillerie, 
donna  plufieurs   afiauts ,  enfin   preffa  extrêmement  la 
ville  pendant  plus  d'un  mois  :  mais  la  garnifon  ,  qui  étoit 
fous  les  ordres  du  commandant  Danois  ,  nommé  Lym- 
bach,  ôc  les  habitans  firent  une  telle  réfiftance  ,  que  le 
général  Tilli  fut  obligé  de  lever  le  fiége ,  ôc  de  décam- 
per à  la   fourdine  -,  encore  ne  put-il  éviter  d'être  atta- 
qué dans  fa  retraite  ,  ôc  d'y  perdre  une  partie  de  fon 
ârriere-garde.  La  ville  avoit  fait  un  tel  feu  fur  les  en- 
nemis ,  pendant  le  mois  qu'avoit  duré  le  fiége,  qu'elle 
avoit  employé  cinq  cens  tonnes  de  poudre:  cependant, 
après  que  le  roi  de  Danemarck  eut  perdu  la  bataille  de 
Lutter,  Nienbourg  ayant  été  derechef  bloquée  par  les 
troupes  impériales,  fous  les    ordres  du  comte  d'Au- 
holt,  ôc  le  commandant  Lymbach  ,  étant  venu  à  mou- 
rir de  la.  pefte ,  la  garnifon  fut  obligée  de  fe  rendre  par 


NIE 


NÏE 


sss 


accord  l'an  1627.  Cette  ville  revint  en  1632  Tous  La 
puiflânee  de  George ,  duc  de  Brunswich-Lunebourg.  Les 
Suédois  s'en  emparèrent  quelques  années  après ,  &  la 
gardèrent  jusqu'en  l'année  i<5;o,  où  elle  fut  reftituée  à 
Louis  ,  duc  de  Brunswich-Lunebourg. 

2.  NIENBOURG  ,  château  8c  bailliage  d'Allema- 
gne ,  dans  la  Haute-Saxe  ,  dépendante  de  la  principauté 
deKothen,  une  des  quatre  parties  de  celle  d'Anhalt.  Il 
y  avoir  autrefois  une  abbaye  qui  a  été  détruite  depuis 
que  le  Luthéranisme  a  été  introduit  dans  cette  partie 
d'Allemagne.  *  Htibner  ,  Geogr.  p.;  60. 

N1ENCHEU,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Chekiang ,  où  elle  a  le  rang  de  quatrième  métro- 
pole. Elle  eft  de  2  deg.  24  min.  plus  orientale  que  Pé- 
king ,  fous  les  29  deg.  33  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale.  Presque  tout  fon  territoire  eft  couvert  de  mon- 
tagnes ou  de  collines  ;ce  qui  fait  que  cette  ville  ne  peut 
être  comparée  aux  autres  de  la  même  province  ,  ni  pour 
fa  grandeur ,  ni  pour  le  nombre  de  fes  habitans.  Elle 
a  néanmoins  un  avantage  allez  confidérable  que  lui 
procurent  deux  rivières  navigables ,  qui  fe  joignent  au- 
près de  fes  murs  ;  outre  que  fes  habitans  font  un  afiez 
grand  commerce  de  papier.  Dans  les  montagnes  voifi- 
nes,il  y  a  des  mines  de  cuivre.  Anciennement  cette 
ville  étoit  appellée  Sintu.  La  famille  Tanga  la  nomma 
Locheu  ,  8c  celle  de  Sunga  lui  donna  le  nom  de  Nien- 
eheu.  Il  y  a  fix  villes  fous  cette  métropole  , 


Niencheu  , 
Xungan  , 


Tungliû  , 
Suigan , 


Xeuchang, 
Fuenxui. 


*  Atlas  S'menfis. 

NIENCUNG,  montagne  delà  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu,à  l'orient  de  la  ville  de  Ganxun. 
Cctcemontagne  eft  extrêmement  haute,  quoiqu'elle  n'oc- 
cupe qu'environ  dix  ftades  de  terrein. 

NIENHAUSEN  ,  ville  de  Livonie,  dansl'évêchéde 
Derpr.  Quelques-uns  lui  donnent  feulement  le  nom  de 
château  ;  d'autres  lui  donnent  le  nom  de  petite  ville.  * 
Zeyler ,  Topogr.  Livonix. 

i.NIENWUSS  ou  Neuhauss,  bourg  &  château  de 
Weftphalie  ,  dansl'évêchéde  Paderborn,  à  la  jonction 
de  la  Lippe  8c  de  l'Alm ,  auprès  de  la  ville  de  Pader- 
born ,  en  tirant  à  l'oueft.  Il  y  a  plus  de  quatre  fiécles 
que  ce  lieu  eft  la  demeure  ordinaire  des  évêques  de 
Paderborn.  Quelques  uns  prétendent  que  c'eft  le  lieu 
où  Drufus  éleva  la  fortereffe  Alifon  ,  pour  arrêter  les 
courfes  des  Sicambres ,  8c  que  Charlemagne  répara  ce 
lieu  dans  le  delTein  de  tenir  les  peuples  voifins  en  res- 
pect. Dans  la  fuite,  les  évêques  de  Paderborn  bâtirent 
un  château ,  8c  penferent  à  y  fixer  leur  demeure  pour 
fe  mettre  à  l'abri  des  infultes  des  bourgeois  de  Paderborn , 
avec  lesquels  ils  avoient  de  tems  en  rems  de  grands 
démêlés.  *  Monumtnta  Paderborn.  p.  252. 

2.  NIENHUSS  ou  Newhausen,  bourgade  d'Alle- 
magne, dans  le  comté  de  Bentheim,  fur  le  Vecht,  ri- 
vière de  Wellphalie.  *  Zeyler  ,  Topogr.  Veftphalia:. 

NIENOVER,  château  d'Allemagne,  dans  le  duché 
de  Brunswich-Lunebourg ,  fur  une  montagne  ,  au  milieu 
de  la  forêt  de  Solling,  à  un  demi- mille  d'Ufier.  C'elt  le 
chef  lieu  d'un  bailliage  delà  principauté  de  Calemberg. 

*  Zeyler  ,  Topogr.  ducat.  Brunswic. 

NIENWARPE  ,  bourg  de  la  Poméranie ,  fitué  au 
bord  du  lac  qui  fait  pat tie  de  celui  qu'on  nomme  FrischarT. 
11  eft  à  l'oppofite  d'un  bourg  nommé  Oldtwarpe ,  qui 
eft  de  l'autre  côté  du  lac.  On  tient  que  ces  deux  en- 
droits ont  été  autrefois  contigus ,  avant  que  les  eaux  eus- 
fent  emporté  le  terrein  qui  les  uniffoit.  Eneffet,  Goro- 
pius  Becanus.faifant  mention  de  ces  deux  bourgs  de  Po- 
méranie,  Gorop.  Bec.  lib.  1.  Orig.  Aniw.  dir ,  quecé- 
toienr  deux  jettées  que  la  nature  8c  l'art  réunies  avoient 
contribué  à  former  fur  ce  lac;  8c  que  leur  nom  même  , 
qui  ne  fignific  autre  chdfe  que  nouvelle  8c  vieille  jettée  , 
marque  que  cela  étoit  ainfi. 

i.NlÉPE,  petite  rivière  ou  canal,  dans  la  Flandre 
Teutone  ,  dans  la  partie  méridionale  de  la  châtcllenie  de 
CafTel.  Elle  fort  de  la  rivière  de  Borre ,  traverfe  la 
forêt  de  Niepe,  &va  fe  joindre  à  la  Merle.  -"Atlas,  Rob. 
fie  Vaugondy. 

1.  NIEPE ,  forêt  ou  bois,  de  la  Flandre  Teutone , 


dans  la  partie  méridionale  de  la  châtcllenie  de  Cafiel , 
au  nord  de  la  Lis ,  au-deffus  de  Saint  Venant.  Cette  fo- 
rer contient  quatre  mille  cinq  cens  arpens.  Elle  prend 
fon  nom  de  la  petite  rivière  de  Niepe,  qui  la  traverfe 
du  nord  eft  au  lud-oueft. 

3.  NIEPE  ,  gros  village  ou  bourg  de  la  Flandre  Teu^ 
tone ,  dans  la  forêt  de  Niepe ,  fur  la  rivière  de  même 
nom.  Il  y  a  autour  de  mille  habitans. 

NlEPER  ou  Dnieper.  C'eft  le  Borysthenes,  fleuve 
de  Ruine.  Pomponius  Mêla ,  /.  2.  c.  1 .  Ptolomée ,  Euro- 
px  tab.  8.  en  parlent ,  mais  d'une  manière  très-confufe. 
Ce  fleuve  eft  plus  connu  préfentement  qu'il  ne  l'étoitdu 
tems  de  ces  deux  écrivains.  Il  a  fa  fource  dans  la  Ruffie 
Moscovite ,  vers  la  partie  méridionale  du  duché  de  Rec- 
chou  ,  entre  Wolock  8c  Oîeschno.  Il  prend  d'abord  fon 
cours  (a)  de  l'orient  à  l'occident ,  traverfe  le  Palatinat  de 
Smolenskow  ,  mouille  la  ville  de  ce  nom  ,  pafTc  à  Dr-5, 
browna ,  enfuite  à  Orfa  ,  d'où  il  commence  à  couler ,  en 
ferpentant  du  nord  au  midi,  dans  laparrie  occidenrale 
delà  Lithuanie,  où  il  reçoit  à  droite  la  Cobosna,  la  Bere^ 
zina  8c  la  Wyedrzyez  :  aux  confins  du  Palatinat  de  Czer- 
nichow ,  de  la  terre  de  Ryeczifca  8c  de  la  Ruffie  Polo- 
noife  ,il  reçoit  la  Sosz  à  gauche.  Environ  vingt  lieues  au- 
defibus ,  il  fe  grolfit  des  eaux  du  Pripecz,  coule  dans  le 
Palatinat  de  Kiow,  8c  reçoit  la  Dezna  à  une  lieue  au- 
deflbus  de  la  ville  de  ce  nom.  Enfuite  il  court  du  nord- 
oueft  au  fud-eft ,  recevant ,  à  droite  8c  à  gauche  diverfes 
petites  rivières  -,  il  tourne  enfuite  du  nord  au  midi,  reçoit 
à  gauche  la  Samaia  8c  la  Kuhaczow.  Il  reçoit  encore  plu- 
fieurs  autres  rivières ,  8c  fe  jette  dans  la  mer  Noire  ;  fon 
embouchure  a  une  bonne  lieue  de  large. 

Entre  la  Samara  8c  la  Kuhaczow ,  le  Boryflhenes  eft 
coupé  par  une  chaîne  de  rochers,  à  travers  lesquels  il 
fe  précipite,  pendant  plus  d'un  quart  de  lieue,  avec  tant 
d'impétuofité,  que  le  moindre  bâtiment  n'y  peut  paiTer 
fans  un  danger  extrême.  Comme  les  RufTes  appellent  ces 
fortes  de  Cataractes  Porovi ,  ils  ont  donné  aux  Cofaques, 
qui  habitent  de  ce  côté,  le  nom  de  Sa  Porovi, c'eft-à-dire 
Cofaques  au-delà  des  Cutaratles.  Au  défions  de  ces  ca- 
taractes ,  il  fe  trouve  une  infinité  de  petites  ifles,  au  mi- 
lieu desquelles  il  s'en  trouve  de  plus  grandes ,  dont  il  eft 
i  m  poffible  d'aborder,  fans  une  connoiffance  parfaite  des 
routes  qu'il  faut  prendre.  C'étoit-là  que  les  Cofaques 
avoient  établi  leurs  magafins  8c  leurs  chantiers  :  ils  y  équi- 
poient  de  petites  flottes  compofées  de  barques,  avec  les- 
quelles ils  couroient  la  mer  Noire,  faccageoint  &  brû- 
loient  toutes  les  villes  8c  bourgades  desTurcs&Tartares, 
où  ils  pouvoient  aborder.  Dans  les  guerres  de  la  Suéde 
8c  de  la  Ruffie  ,  ils  embrafierenr  le  parti  de  Charles  XII, 
&  le  czar  ,  pour  fe  venger  ,  envoya ,  après  la  bataille  de 
Pultava,  un  corps  de  troupesdansces  ifles  du  Borvfthenes 
où  les  Cofaques  s'étoient  retirés:  on  en  fit  un  horrible 
carnage,  8c  on  y  laiffa  des  foldars  pourles  tenir  dans  le 
devoir:  mais  depuis  la  morr  du  czar,  on  leur  laiffe  un  peu 
plus  de  liberté,  (a)  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy.  (b)  H'ifl.  gé- 
néalogique des  Tatars  ,  p.  436.  8c  fuiv. 

N1ERS,  Nerifîum,  rivière  d'Allemagne  :  elle  prend 
fa  fource ,  partie  dans  l'électorat  de  Cologne  à  l'occident 
de  Nuys ,  partie  dans  le  duché  de  Juliers  à  l'orient  d'Er- 
kelens  de  Gueldre.  Elle  coule  du  midi  au  fud ,  pafTe  par 
Wachtendonck,  par  Gueldre,  par  Goch  ,  8c  fe  rend  à 
Gennep  ,  au  deffous  de  laquelle  elle  fe  jette  dans  la  Meu- 
fe.  *  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy. 

NIERTINGEN  ,  bourg  d'Allemagne,  dans  le  Bas- 
Palatinat.  Il  eft  fitué  fur  le  Necker  ,  à  trois  lieues  de  la 
ville  d'Efling ,  du  côté  du  fud.  Ce  bourg  qui  appartient 
auducdeWirtenberg  étoit  autrefois  ville  impériale.'''  Cor  tu 
Dict. 

NIESABATH  (  Le  terriroirede)eftdans  leSchirwan, 
tout  près  de  la  mer  Caspienne.  On  le  confond  fou  vent 
avec  celui  de  Muschkur.  Ce  pays  étoit  autrefois  fournis 
à  la  Perfe  :  il  s'y  faifoit  commerce  entre  les  Ruffiens ,  les 
Perfans  8c  les  Dagiltans  qui  venoient  y  échanger  leurs 
marchandifes.  Pour  cet  effet,  on  avoit  conftruit  divers 
magafins  le  long  de  la  mer  ,  8c  les  droits  que  l'on  droit 
de  ces  marchandifes  étoient  au  profit  du  fultan  de  Scha- 
machie  ;  mais  lors  de  la  rébellion  ,  tous  ces  magafins  fu- 
renr  détruits ,  8c  le  commerce  fut  aboli. 

Il  y  a  plufieurs  villages  dans  ce  territoire,  8c  chacun  cil 
gouverné  par  un  Cauchah,  qui,  lorsque  ce  pays  étoit  fous 
Tom.  IV.  A  a  a  a  ij 


SS6       NIE 

la  domination  de  la  Perfe ,  étoit  fournis  au  Darga  éta- 
bli fur  Muschkur,  à  qui  ils  faifoient  tenir  les  revenus  de 
leurs  villages.  Ce  territoire  eft  fournis  à  la  Ruflîe  depuis 
1726  ;  Se  depuis  ce  tems,  les  bâtimens  d'Aftrakan  n'y 
abordent  plus.  11  y  a  de  très-bons  pâturages  Se  d'excel- 
lentes terres  pour  les  bleds  :  elles  fonr  fi  grades  que  ,  pour 
le  labourage ,  on  eft  obligé  d'attacher  fix  ou  huit  bufles  à  la 
charrue.  Comme  il  n'y  a  point  de  port  à  Niefabath  ,  que 
la  côte  eft  un  terrein  mou  &  plat,  que  le  fond  n'eft  que  de 
fable  fin&  de  coquillages  brifés,  les  bâtimens  qui  y  abor- 
dent jettent  rarement  l'ancre  ;  mais  ils  attendent  que  le 
vent  du  levant  règne  ,  &  viennent  à  toute  voile  échouer 
fur  le  fable  fin  ;  le  vent ,  auflî  -  bien  que  les  vagues  , 
affemblant  beaucoup  de  fable  autour  des  vaiffeaux  ,  ils  y 
font  auflî  en  fureté  que  dans  un  port  ;  Se  le  fond  fur  le- 
quel ils  font  pofés  étant  mobile,  ils  font  toujours  en  mou- 
vement ,  fi-tôt  qu'il  fait  vent.  Pour  s'en  retourner ,  ils 
attendent  le  vent  du  couchant  qui ,  emportant  peu  à  peu 
le  fable ,  les  dégage  :  alors  ils  tendent  leurs  voiles,  Se  par- 
tent très- facilement. 

Les  habitans  de  ce  territoire  font  Mahométans  Sunni , 
Se  leur  langage  eft  un  mélange  du  Turc  Se  du  Tartare. 
Description  des  peuples  Occidentaux  delà  mer  Caspienne 
par  Al.  Garber  ,  officier  aufervice  de  la  RuJJie  dans  ces 
pays. 

NIESEN ,  montagne  de  la  SuifTe ,  au  canton  de  Berne , 
«ans  l'Oberland  ou  paysd'en-haut,  au  voifinage  du  lac  de 
Thoun.  Cette  montagne  eft  très-haute,  Se  Rabman,  De 
Montib.  lui  fait  disputer  la  prééminence  avec  le  Stoër- 
horn  ,  autre  montagne  voifine.  *  Etat  &  délices  de  la 
Sitiffe  ,  t.  2.  p.  211. 

NIESN  A ,  ville  de  l'Empire  Ruflien.  Voyez.  Nisen. 

NIESTER ,  rivière  de  Pologne:  elle  a  fa  fource  au  pa- 
latinatde  Ruflîe ,  dans  les  montagnes  appellées  ancienne- 
ment mont  Carpathiens.  Son  cours  efl  du  nord-oueft  au 
fud-eft.  Elle  traverfe  la  Pokucie,  fépare  la  Moldavie  du 
palatinat  de  Podolie  Se  de  celui  de  Bracla-w  ,  Se  fe  rend  à 
Akierma,  autrement  Billogrod,  où  elle  fe  décharge  dans 
la  mer  Noire.  *Andr.  Cellarius,  PoloniaeDefcript.  p.  2J 
Se  328. 

NIE  VA,  rivière  dans  les  états  de  l'Empeteur  de  Ruflîe. 
Ceft  le  canal  par  lequel  le  lac  de  Ladoga  fe  décharge  dans 
le  golfe  de  Finlande. 

N1EVES  ,  qui  fignifie  des  neiges ,  ifle  de  l'Amérique 
feptentrionale:  elle  eft  au  fud  de  S.  Chriftophe  ,  dont  elle 
ne  fe  trouve  éloignée  que  d'une  lieue.  Ceft  une  petite  ifle, 
mais  affez  fertile  en  fucre,  en  coton  ,  en  gingembre  Se  en 
tabac.  On  y  a  auflî  des  dains  &  quelques  fources  d'eau 
douce.  Les  Anglois  en  prirent  pofleflîon  en  1628  ,  &  y 
bâtirent  un  fort  qui  faitla  fureté  de  la  colonie,  forte  d'en- 
viron quatre  cens  hommes.  En  1700",  MM.  de  Chava- 
gnac  Se  d'Iberville  la  prirent  fur  les  Anglois ,  ausquels 
elle  fut  reftituée  par  le  traité  d'Utrecht.  Voyez.  Me- 
wis.  *  Etat  préfent  delà  Grande  Bretagne,  tome  3. 
page  208. 

1.  NIEUIL,  Niolium ,  abbaye  d'hommes ,  de  l'ordre  de 
S.  Auguftin ,  dans  le  Bas-Poitou  ,  près  de  Fontenai-le- 
Comte,  fur  l'Autire,  fous  l'invocation  de  S.  Vincent.  Elle 
étoit  autrefois  du  diocèfe  de  Maillezais ,  Se  elle  eft  pré- 
fentement  de  celui  de  la  Rochelle.  La  chronique  de 
Maillezais  qui  en  place  la  fondation  fous  l'an  1068  ou 
1069 ,  lui  donne  pour  fondateur  Ayraud  Gaffadener,  que 
les  tables  de  Nieuil  appellent  feigneur  de  Vouranr.  La  pre- 
mière chartre  de  fa  fondation  eft  perdue  ,  on  n'a  que  la 
féconde  de  l'an  1076,  &  celle  de  l'an  1141.  Depuis  170c, 
les  revenus  de  cette  abbaye  ont  été  unis  au  chapitre  de  la 
Rochelle  ,  Se  les  religieux  ont  été  fécularifés  Se  incorpo- 
rés avec  les  chanoines  ;  on  a  confervé  la  dignité  d'Abbé 
qui  doit  être  la  féconde  du  chapitre ,  Se  dont  le  revenu  eft 
fixé  à  5000  livres. 

2.  NIEUIL,  bourg  de  France,  dant  le  paysd'Aunis,  à 
une  lieue  de  la  Rochelle. 

3.  NIEU  IL  LES  SAINTES ,  bourg  de  France ,  dans  la 
Saintonge  ,  élection  de  Saintes. 

4.  NIEUIL  LE  VEROUL,  bourg  de  France,  dans  la 
Saintonge  ,  élection  de  Saintes. 

NIEUKI ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
à  Iunnan  ,  au  département  de  Lungchuen  ,  grande  cité  de 
la  province.  Elle  eft  de  16  d.  3  m.  plus  occidentale  que 


NIE 


Péking  ,  fous  les  24  d.  17m.de  latitude  feptemrîonalev 
*  Atlas  Sinenfis. 

NIEULAND  ,  village  des  Pays-Bas,  au  voifinage  de 
la  Brille  ,  dansi'ïtte  deV  00m.  +  Diction,  des  Pays-Bas. 

NIEULET ,  fort  de  France ,  dans  la  Picardie.  Il  eft  placé 
dans  les  marais  de  Calais  à  l'occident  de  cette  ville ,  dont 
il  eft  fort  près.  On  l'a  bâti  pour  la  défenfe  des  éclufes.  11 
eft  très-bien  fortifié. 

1.  NIEUPORT ,  ville  des  Pays-Bas  Autrichiens,  dans 
la  Flandre,  fur  la  rivière  d'Yperlée  qui  la  traverfe ,  à  trois 
lieues  d'Oftende,  à  deux  de  Fui  nés,  Se  à  cinq  de  Dunker- 
que.  Cette  ville  ,  fituée  à  un  quarr  de  lieue  de  la  mer ,  a 
un  port  propre  pour  de  moyens  bâtimens ,  &  qui  eft  for- 
mé par  un  canal  où  fe  déchargent  les  eaux  de  la  rivière 
d'Yperlée  &  celles  de  la  châtellenie  de  Fumes.  Le  port 
devient  presque  fec  ,  lorsque  la  mer  s'eft  retirée ,  &  à  fon 
retour  il  y  a  rreize  pieds  de  profondeur.  La  principale  dé- 
fenfe de  cette  ville  confifte  encore  plus  en  feséclufes  qu'en 
fes  fortifications-,  car  on  peut  inonder  en  un  inftant  tous 
les  environs.  Elle  s'appelloit  autrefois  Sandbooft,  c'eft-à- 
dire,  la  tête  du  fable.  On  la  nomma  Nieuport  vers  l'an 
1 168  ,  lorsque  Philippe  d'Alface  ,  comte  de  Flandre ,  y 
fit  un  port ,  Se  donna  à  ce  même  lieu  de  grands  privilèges 
&  de  belles  loix ,  qui  ont  été  fort  louées  des  JurisconfuI- 
tes  ,  Se  entr'autresde  Cujas.  *  Longuerue ,  Defcript.  d« 
la  France,  part.  2.  p.  61. 

2.  NIEUPORT,  eft  une  vicomte  que  Jeanne,  dame  de 
Halluin  Se  de  Commines ,  porta  en  mariage  à  Philippe  de 
Croi ,  duc  d'Arfchot.  Elle  dépend  pour  le  fpirituelde  l'évê- 
que  d'Ypres.  Il  n'y  a  qu'une  paroiffe ,  qui  eft  fous  l'invo- 
cation de  Notre-Dame.  On  y  voit  des  Recollets,  des Car- 
mçs  Se  un  Béguinage.  L'hôpital  de  Notre-Dame  eft  des- 
fervi  par  des  religieufes  du  tiers- ordre  de  faint  François. 
Il  y  a  auffi  un  monaftere  de  Chartreux  Anglois ,  fondé  l'an 
141  $  à  Schene  en  Angleterre,  par  Henri  V,  roi  de  la 
Grande  Bretagne ,  mais  durant  la  perfécution  de  la  reine 
Elifabeth,  ils  furent  obligés  de  quitter  le  pays.  Après  avoir 
demeuré  quelque  tems  à  Malines ,  ils  vinrent  s'établir  à 
Nieuport  l'an  1626. 11  y  a  eu  aufli  dans  cette  ville  un  mo- 
naftere de  religieufes  Angloifes  du  tiers-ordre  de  faint 
François ,  mais  elles  fe  font  transportées  à  Bruges.  *  Dé- 
lices des  Pays-Bas ,  t.  2.  p.  131. 

Dans  l'année  1 183 ,  cette  ville  fut  brûlée  par  les  Gan- 
tois rébelles.  En  1488,  elle  foutint  un  fiége  contre  Phi- 
lippe, duc  de  Cléves,  Se  les  femmes  des  aflîégésy  firent 
admirer  leur  courage.  Elle  fut  cnvclopée  dans  la  révolte 
des  Pays-Bas  j  mais  e  lie  fut  foumife  en  1583  par  le  duc  de 
Parme. 

Ce  fut  dans  le  voifinage  de  cette  ville ,  que  le  2  de  Juillet 
de  l'an  1600  fe  donna  cette  fameufe  bataille ,  nommée  !a 
bataille  de  Nieuport ,  entre  le  prince  Maurice  de  Naffau, 
commandant  l'armée  des  étais  des  Provinces  Unies,  Se 
l'archiduc  Albert  d'Autriche:  l'armée  de  celui-ci  fut  en- 
tièrement défaite,  lui-même  bleffé,  Se  dom  Francisco  de 
Mendoza  ,amirante  d'Arragon,  fait  prifonnier.  En  1706, 
le  feld  maréchal  d'Owerkerke  ,  général  des  troupes  des 
états  généraux  de  Provinces-Unies,  fe  préfenta  devant 
cette  ville  le  17  Juin  avec  plufieurs  régimens  Anglois  Se 
Hollandois  pour  en  former  le  fiége  -,  mais  foit  que  l'expé- 
dition parut  trop  difficile,  foit  que  ce  ne  fut  qu'une  feinte, 
il  décampa  le  1 9  du  même  mois  pour  aller  attaquer  Often- 
de.  Enfin  la  paix  ayant  été  conclue  l'an  171 3  entre  la 
France  &  F  Angleterre ,  les  François  qui  y  étoient  en  gar- 
nifon  ,  cédèrent  Nieuport  aux  Anglois ,  qui  en  fortirenc 
en  1 7 1  ;  ,  pour  faire  place  aux  troupes  de  l'empereur 
Charles  VI. 

3.  NIEUPORT,  petite  ville  des  Pays-Bas  en  Hol- 
lande, fur  la  rive  gauche  du  Leck ,  proche  de  Schonhove, 
Se  à  trois  petites  lieues  de  Gorcum.  *  Diilion.  des  Pays- 
Bas. 

NIEURE ,  rivière  de  France,  dans  le  Nivernois,&  qui, 
à  ce  qu'on  croit,  a  donné  fon  nom  àlavilledeNevers  Elle 
entre  dans  la  Loire,  fous  le  grand  pont  de  Nevers,  auprès 
de  Bify  ,  paroide  de  Parigny.  Elle  prend  fa  fource  en  deux 
lieux  différens  :  favoir  ,  à  Giry  &  dans  l'étang  de  Bouras, 
près  de  Champlcmy.  Il  y  a  fur  cette  rivière  plufieurs  mou- 
lins Se  des  forges  de  fer  &  d'acier.  *  Coulon ,  Rivières  de 
France ,  page  261. 

NIEUSA VANNE  ou  Nieusaverne  ,  rivière  de 
l'Amérique  feptentrionale, qui  a  fon  embouchure  dans  la 


NIG 


baied'Hudfon,  environ  à  trente  Ueues  au-deffous  du  fort 
Nelfon,  en  tirant  vers  le  fond  de  la  baie.  Cette  rivière  fort 
d'un  lac ,  qu'on  nomme  le  Lac  des  deux  décharges ,  parce 
qu'il  en  fort  une  autre  rivière,  dont  le  cours  eft  d'occident 
en  orient  jusqu'à  la  baie  d'Hudfon.  Pour  celle  dont  il  eft 
ici  queltion,  elle  court  du  fud  au  nord.  *  LaPotherie, 
Hiftoire  de  l'Amérique  feptentrionale,  p.  164. 

Le  fort  de  Nieusavanne  eft  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière de  Nieulavanne  dont  il  porte  le  nom,&  fur  la  côte 
orientale. 

N1EUSTAT  ou  Nieuwerstat  ,  feigneurie  des  Pays- 
Bas  Autrichiens],  dans  la  Gueldre,  enclavée  dans  le  duché 
de  Juliers  ,  à  une  lieue  de  la  Meufe.  *  Diilïon.  des  Pays- 
Bas. 

N1EUWECK  ,  Nova  cella ,  abbaye  d'hommes ,  ordre 
de  Cîteaux  ,  dans  la  Baffe  Luface ,  à  fix  lieues  au  nord-eft 
de  Guben ,  au  confluent  de  la  Neiffc  &  de  l'Oder ,  fur  les 
frontières  du  duché  de  Croffen. 

NlEUWE-HOON  ,  petit  village  des  Pays-Bas  ,  dans 
Vide  de  Voorn,  entre  la  Brille  8c  Helvoetfluis. 

NIEUWEND AM ,  gros  village  du  Pays-Bas ,  proche 
de  Nieuport  en  Flandre. 

NIEUWENRODE ,  village  des  Pays-Bas,  dans  la  fei- 
gneurie d'Utrecht,  fur  la  rivière  du  Wechr. 

N1EUWERBURG,  village  des  Pays- Bas,  fur  le  Rhin, 
entre  Vocrden  8c  Bodcgrave. 

NlEUWERKERK,villagédesPays-Bas,dansleSchie- 
land ,  à  deux  petites  lieues  de  Rotterdam. 

NIEUWERWART.  Voyez.  Clundert. 

NIEUWKERCK,  petit  villagedes  Pays-Bas, dans  l'ifle 
de  Cadfant. 

NIEW-FRIESLAND.  Voyez  Frîesland. 

NIEWKOOP,  village  des  Pays  Bas,  dans  le  Rhinland, 
à  une  lieue  &  demie  d'Alphen  ,  &  à  une  grande  lieue  de 
Bodegrave. 

N1EUWOLDE  ,  monafiere  de  nobles  en  Allemagne  , 
dans  le  duché  de  Brème ,  au  bailliage  de  Wurften.  Ceft  le 
feul  du  pays  qui  n'ait  pas  été  féculatifé. 

NIG  A.  Voyez,  Nega. 

N1G/EA.  Voyez.  Nisjea. 

NIGAMA.  Voyez,  Nicama. 

NIG  ATA ,  port  du  Japon ,  fur  la  mer  de  Corée  de  Jel- 
fingo  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Sado. 

NIGBENI ,  peuples  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée, 
/.  4.  c.  t.  les  place  entre  les  Damenfii  8c  les  Nycpii ,  au- 
deffous  des  premiers  8c  au-deffus  des  autres. 

NIGDE  ou  Nigida  ,  petite  ville  de  la  Natolie,dans  k 
Caramanie  ou  pays  de  Cogni.  Elle  elt  bâtie  en  dos  d'âne. 
Son  château  eft  au  milieu,  &  dans  l'endroit  le  plus  élevé. 
Elle  a  été  confidérable  autrefois,  mais  à  préfent  c'elt  peu 
de  chofe ,  8c  elle  fe  détruit  même  tous  les  jours.  Il  y  a  un 
affezbon  nombre  de  Grecs,  &  quelques  Arméniens  feu- 
lement. Les  deux  fectes  y  ont  chacune  leur  églife  ;  mais 
celle  des  premiers  eft  plus  belle  &c  beaucoup  mieux  or- 
née. Nigde  n'a  que  trois  bazars  affez  beaux  :  tous  les  fa- 
medis  il  s'y  tient  un  petir  marché  qui  dure  jusqu'au  di- 
manche. Son  terroir  eft  plein  de  jardinages ,  ce  qui  rend 
le  pays  très- agréable.  Les  collines  d'alentour  font  pleines 
de  fouterreins  travaillés  qui  reffemblent  fort  à  des  cata- 
combes. On  affure  que  fur  les  autres  montagnes  plus  hau- 
tes &  plus  éloignées ,  il  croît  des  herbes  fort  fingulieres  , 
tant  pour  la  figure  que  pour  les  propriétés  médeci- 
nales.  *  Paul  Lucas ,  Voyage  de  l'Afie  Mineure,  t.  2„ 
p.  114. 

NIGEBOL1 ,  ville  des  états  du  Turc ,  dans  la  Bulgarie  , 
fur  le  Danube.  Les  Grecs  y  ont  un  archevêque.  Les  Ar- 
méniens &  les  Juifs  y  furpaffent  les  Turcs  en  nombre.  Il 
fe  donna  près  de  cette  ville  en  1396  une  célèbre  bataille 
entre  Bajazet ,  empereur  des  Turcs  ,  qui  la  gagna  ,  8c  qui 
J  perdit  6oco  hommes ,  &  Sigismond,qui  fut  enfuite  em- 
pereur d'Allemagne ,  lequel  en  perdit  20000.  Cette  ville 
croit  anciennement  appellée  Nicopolist  Voyez  ce  mot 

NIGELLA.  Voyez,  Nesle. 

NIGENTIMI ,  peuples  de  l'Afrique  propre,  félon  Pto- 
lomée, lih.  4.  c.  3.  qui  dit  qu'ils  s'étendoient  depuis  les 
Cnichii  jusqu'au  fleuve  Cyniphus.  Quelques-uns  croient 
que  ce  font  les  Cinichii  de  Tacite ,  annal.  I.  2.  &  les 
Sihini  de  Pline ,  /.  4.  c .  4.  mais  Ortelius ,  Thefaur.  foup- 


NIG       $$j 

çonne  que  les  C'inuhii  de  Tacite  font  les  Gncthti  de  Hu- 
lomée. 

NIGER,  Nigris  ouNigir,  autrement  la  Rivière 
du  Sénégal  ,  grand  fleuve  d'Afrique.  Ptolomée,  /.  4. 
c.  6.  l'appelle  Nigir,  8c  Pline,/,  j.  c.  4,  le  nomme 
Nigris  :  il  le  donne  pour  la  borne  qui  féparoit  l'Afri- 
que de  l'Ethiopie  ,  &c  plus  bas  il  ajoute  :  La  nature  du 
Nigris  eft  la  même  que  celle  du  Nil:  il  produit  .dit- 
il  ,  le  rofeau  &  la  plante  appellée  Papyrus:  on  y  voit  les 
mêmes  animaux,  8c  il  a  fes  accroiffemens  dans  les  mêmes 
tems. 

On  ne  connoît  que  depuis  peu  d'années  le  cours  de  ce 
fleuve  dont  les  anciens  8c  les  modernes  ont  parlé  au  ha- 
zard.  Les  François  qui  ont  pénétré  affez  avant  dans  le 
pays  ,  ont  en  partie  reconnu  par  eux-mêmes ,  8c  en  par- 
tie appris  des  Nègres ,  des  particularités  que  l'on  avoit  jus- 
qu'ici ignorées.  Les  Nègres  Mandingues ,  dit  le  père  Labat , 
Nouvelle  re.'at.  dAfriq.  t.  2.  p.  101.  qui  font  de  tous  les 
peuples  noirs  ceux  qui  voyagent  davantage  ,  8c  qui  font 
les  plus  habiles  commerçansi  rapportent  que  ia  fource  du 
Niger  eft  dans  un  lac  qu'ils  nomment  Maberia.  On  ne 
peut  s'en  rapporter  à  eux  fur  la  fituation  de  ce  lac  , 
parce  qu'ils  ne  font  pas  affez  habiles  pour  connoître  les 
longitudes  8c  les  latitudes.  Ils  ajoutent  que  cefleuve ,  étant 
arrivé  à  un  lieu  nommé  Baracota  ,  fe  partage  en  deux 
branches  •,  que  celle  qui  court  vers  le  fud  ,  eft  appellée 
Gambea  ou  Gambie  ,  laquelle,  après  un  affez  long  cours , 
fe  perd  ,  ou  femble  fe  perdre  dans  un  lac  marécageux  , 
rempli  d'herbes  8c  de  rofeaux  ,  fi  forts  8c  fi  preffés  j 
qu'il  eft  impénétrable  ;  qu'elle  en  fort  à  la  fin  ,  &  re- 
prend la  forme  d'une  rivière  belle  8c  profonde ,  telle 
qu'on  la  voit  au  village  de  Baraconda  ,  ou  les  Anglois 
8c  les  Portugais ,  établis  fur  cette  rivière  ,  vont  faire  leur 
traite  avec  les  marchands  Mandingues.  Les  canots  peu- 
vent aller  de  Baraconda  jusqu'au  lac  des  Rofeaux;  mais 
les  barques  ne  le  peuvent  faire  ,  même  dans  la  faifon  des 
grandes  eaux,  àcaufed'un  banc  de  roches  qui  borne  toute 
la  rivière  entre  ces  deux  endroits ,  &  qui  ne  laiffe  que 
de  petits  chenaux  étroits  qui  fuffifent  à  peine  pour  le 
paflage  d'un  canot  ,  quoique  d'ailleurs  affez  profonds 
pour  porter  une  barque.  Ils  fuppofent  encore  qu'à  quel- 
que diflance  de  Baracota .  où  le  Niger  a  formé  la  ri- 
vière de  Cambie  ,  il  fe  partage  de  nouveau  en  deux 
bras.  Celui  qui  va  à  l'oueft  traverfe  le  pays  de  Bam- 
bouc  qui  renferme  tant  de  mines  d'or  5  on  l'appelle  la 
rivière  de  Faleme.  Ses  bords  font  fertiles,  elle  retombe 
dans  le  Niger,  un  peu  au-deffus  de  Guion ,  dans  le  royau- 
me de  Galam.  Ils  affurent  qu'après  que  le  Niger  a  formé 
la  rivière  de  Gambie  ,  il  fe  partage  derechef  en  deux 
branches  ,  qui  font  une  ifle  fort  confidérable  3  appellée 
Baba  Degou  j  ils  nomment  la  branche  du  Niger  qui  des- 
cend à  gauche,  la  rivière  Noire,  8c  l'autre  la  rivière  Blan- 
che :  ces  deux  branches  fe  réunifient  à  Caffou ,  vingt  lieues 
ou  environ  au-deffus  de  la  cataraéte  de  Govina ,  8c  con- 
tinuent à  former  le  Niger.  A  leur  compte  ,  on  trouve  à 
l'eft  du  lac  Maberia,  le  pays  ou  royaume  deGuinbala* 
gouverné  par  un  roi  Nègre  ,  nommé  Tonca-Quata ,  dans 
les  états  duquel  eft  la  rivière  de  Guion  ,  qui  paffe  par  la 
ville  de  Tombut.  C'eft-là  où  ils  vont  traiter  de  l'or  ,  du 
morphil  8c  des  esclaves.  Ils  comptent  deux  lunes  ou  foi- 
xante  jours  de  chemin  du  rocher  Felou  à  cette  ville,  ce 
qui  feroit  environ  quatre  cens  cinquante  lieues. 

Si  on  pouvoit  s'en  rapporter  aux  relations  des  Nègres , 
&  fixer  au  jufte  la  pofition  du  lac  Maberia  ,  il  feroit  fa- 
cile de  donner  une  defeription  complette  du  cours  du 
Niger  ;  mais  il  faut  fe  contenter  de  marquer  les  décou- 
vertes qui  ont  été  faites  depuis  fon  embouchure  jusqu'à 
la  cataraéte  de  Govina.  En  prenant  par  le  bas  de  la  ri- 
vière ,  à  la  gauche,  on  trouve  que  le  Niger  a  fait  un  coude 
environ  à  vingt-cinq  lieues  avant  que  de  fe  jetrér  dans  la: 
mer ,  &  que  cette  partie  de  fon  coUrs  eft  du  nord  au  fud. 
C'eft  au  village  de  Serinpeta  que  ceux  qui  le  remontent 
s'apperçoivent  qu'il  court  de  l'eft  à  l'oueft.  Depuis  l'ifle 
de  S.  Louis  »  jusqu'à  quatre  ou  cinq  lieues  au-deffus  ,  la 
côte  de  terre  ferme  n'eft  point  habitée ,  elle  eft  maigre  8c 
fablonneufe  en  bien  des  endroits  ;  le  relie  eft  couvert  de 
brouffailles  8c  de  quelques  prairies  qui  fervent  pour  le 
pâturage  des  belliaux.  A  mefure  que  le  terrein  devient 
meilleur ,  on  le  trouve  cultivé  &  habité  par  des  Nègres 


y;8 


NIG 


NI  G 


qui  choififient  presque  Toujours  pour  leur  demeure  le  bord 
de  la  rivière  ou  les  marigots  qui  en  forcent. 

On  trouve  à  dix  ou  douze  lieues  au-deffus  de  l'ifle  de 
Saint  Louis  ,  une  pointe  de  terre  aflez  confidérable  ,  où  le 
terrein  s'eit  trouvé  fi  bon,  qu'il  s'y  eft  formé  fept  ou  huit 
villages ,  dont  le  principal  s'appelle  Buckfar.  A  mefure 
qu'on  l'éloigné  de  la  mer  ,  on  trouve  le  pays  plus  gras 
ôc  aflez  bien  cultivé  j  il  abonde  en  mil  ou  maïs. 

Le  Niger  peut  porter  en  tout  tems  des  barques  de  40  à 
50  tonneaux,  depuis  fon  embouchure  jusqu'à  Donguel: 
c'eft  une  étendue  de  cent  quarante  lieues  ou  environ. 
Il  y  a  en  cet  endroit  un  banc  de  rochers  qui  traverfe 
toute  la  rivière  ,  &  fur  lequel  il  ne  peut  pafler  que  des 
canots.  On  trouve  encore  des  bancs  de  fable  ôc  de  terre  à 
Abdala  ôc  à  Santavis ,  qui  empêchent  la  navigation  des 
barques  depuis  le  mois  de  Décembre  jusqu'à  la  fin  de  Mai. 
Dans  les  autres  mois ,  les  barques  peuvent  monter  jus- 
qu'au rocher  Felou  :  c'eft  une  étendue  de  deux  cens  quatre^ 
vingt-fept  lieues. 

On  a  remarqué  que  le  Niger  faifoit  plufieurs  ifles  con- 
sidérables ,  plufieurs  marigots  ôc  plufieurs  lacs ,  entre  les- 
quels il  y  en  a  deux  qui  font  fort  grands.  Le  premier  eft 
le  lac  du  Pania  Fouli  :  on  le  trouve  à  la  droite  de  la  ri- 
vière ,  à  trente-fept  lieues  un  quart  de  la  Barre.  On  y  entre 
par  un  bras  de  la  rivière  ,  appelle  la  rivière    Portu- 
gaife,  avecaurti  peuderaifon  qu'on  a  nommé  l'ifiet  aux 
Anglois  celui  qui  eft  voifin  de  la  Barre  y  car  il  eft  certain 
que  les  Portugais  n'ont  jamais  eu  d'établiflement  de  ce  cô- 
té. Quoi  qu'il  en  foit,  cette  rivière ,  quin'eft ,  à  proprement 
parler ,  qu'un  canal  naturel  qui  joint  le  Niger  au  lac  ,  ôc 
par  lequel  l'eau  de  la  rivière  reflue  dans  le  lac  au  tems  de 
fon  inondation  ,  ôc  en  fort  à  mefure  que  la  crue  des  eaux 
diminue  ;  cette  rivière ,  dis-je ,  n'a  que  cinq  à  (ïx  lieues  de 
longueur.  Vbye^PAmA  Fouli.  Le  fécond  lac  que  leNiger 
fait ,  ou  du  moins  dont  il  augmente  feseaux  dans  le  tems  de 
fon  inondation  ,  s'appelle  Cayor.  Il  eft  fitué  à  la  gauche 
de  la  rivière  ,  à  cinquante  lieues  ou  environ  de  la  Barre 
en  la  remontant.  On  ne  le  connoît  pas  parfaitement ,  on 
fait  feulement  qu'il  eft  très  grand,  &  plus  confidérable  que 
celui  du    Pania  Fouli. 

Les  ifles  les  plus  confidérables  que  fait  le  Niger 
au-deffus  de  celle  de  Saint  Louis ,  font  celles  de  Bifé- 
che ,  de  Buckfar  ôc  du  Palmier ,  dans  le  pays  d'Oval  ; 
celles  d'Ivoire  ou  de  Morfil,  de  Bilbas  ôc  de  Sadel,  dans  le 
pays  des  Foulis  ;  celle  de  Cagneux,  au  deffous  du  rocher 
Felou,  ôc  celle  deLonr,ouau-deflusdu  même  rocher,  dans 
le  royaume  de  Galam. 

Nous  avons  vu  ci-devant  que  le  Niger  couloit  presque 
toujours  de  l'eft  à  l'oueft  ,  depuis  qu'il  étoit  forti  du  lac 
Bournou  jusqu'à  deux  lieues  ôc  demie  près  de  l'Océan  oc- 
cidental ,  ôc  que  dans  cet  endroit  il  faifoit  un  coude  ,  ôc 
tournoit  tout  d'un  coup  au  fud.  11  n'eft  alors  féparé  de  la 
mer  que  par  une  digue  naturelle  ou  langue  de  fable  ôc  de 
terre  ,  qui  dans  quelques  endroits  n'a  pas  cent  toifes  de 
large,  &  dans  d'autres  une  ou  deux,  ôc  jusqu'à  deux  lieues 
Ôc  demie.  Après  un  cours  d'environ  vingt-cinq  lieues  du 
nord  au  fud  ,  il  s'ouvre  enfin  un  partage  dans  la  mer  par 
les  2  y  degr.  j  j  min.  de  latitude.  Ce  partage  a  quelquefois 
une  demi-lieue  de  large,  mais  il  eft  fermé  par  une  digue  de 
fable  mouvant  qu'on  appelle  Barre ,  dont  le  trajet  eft  très- 


volages  ,  c'eft-à-dire  ,  qu'ils  lont  fujets  à  tourner  deflus 
deffous  ;  maix  ceux  qui  les  montent  s'en  embarraflent  peu. 
Ils  ont  foin  de  bien  attacher  au  fond  ôc  aux  côtés  ce  qu'ils 
y  mettent  ;  ôc  quand  il  leur  arrive  de  virer ,  ils  en  font 
quittes  pour  retourner  le  canot ,  après  quoi  un  d'eux  entre 
dedans  ôc  le  vuide ,  &  les  autres  qui  ont  foutenu  le  bâti- 
ment pendant  ce  tems-là  y  montent ,  ôc  continuent  leur 
voyage. 

Les  ouvertures  ou  partes  que  la  rivière  fe  fait  dans  la 
Barre  pour  fe  jeteer  dans  la  mer ,  ne  font  pas  toujours  au 
même  endroit  :  félon  la  grofleur  de  fes  eaux  &  la  rapidité 
de  fon  cours,  elle  s'ouvre  ces  partages,  tantôt  dans  un  lieu, 
tantôt  dans  un  autre  ;  de  forte  que  l'ifle  du  Sénégal ,  où 
eft  le  fort  Saint  Loui<; ,  fe  trouve  quelquefois  à  quatre 
lieues ,  ôc  quelquefois  feulement  à  deux  lieues  de  la 
Barre.   C'eft  uniquement  cette  Barre  qui  empêche  les 
navires   de  quatre  ou   cinq    cens    tonneaux    d'entrer 
dans  la  rivière  ,  &  d'aller  mouiller  fous  le  fort  de  Saint 
Louis.  Cette  incommodité  oblige  la  compagnie  du  Séné- 
gal à  l'entretien  d'une  barque  montée  de  quelques  Nègres 
libres  :  d'un  autre  côté  ,  cette  difficulté  met  la  compagnie 
dans  une  entière  fureté  contre  les  attaques  de  fes  ennemis , 
tels  qu'ils  puiflent  être.  La  faifon  la  plus  commode  pour 
pafler  la  Barre ,  eft  depuis  le  mois  de  Janviei  jusqu'à  ce- 
lui d'Août  :  les  vents  font  alors  variables  ,  ôc  le  flot 
porte  en  haut ,  c'eft  à  dire  veis  le  nord  :  deux  circonftan- 
ces  qui  favorifent  le  partage  ,  parce  que  la  mer  eft  alors 
plus  traitable ,  ôc  que  du  moins  elle  donne  lieu  d'attendre 
que  les  vents  &  la  marée  ne  s'oppofent  point  directement 
au  courant  de  la  rivière.  Ce  choc  impétueux  des  eaux  de 
la  mer  qui  montent  contre  celles  de  la  rivière  qui  descen- 
dent ,  fait  ces  groffes  lames  qui  s'élèvent  extrêmement 
haut ,  ôc  qui  fe  brifent  fur  la  Barre  de  manière  à  faire 
trembler  les  plus  hardis. 

Cet  Obftacle  étant  furmonté  ,  on  fe  trouve  dans  une 
belle  rivière  d'une  largeur  très  confidérable  de  dix-huit  , 
vingt  &  vingt-cinq  pieds  de  ptofondeur  ,  dont  l'eau  eft 
parfaitement  belle,  &  le  cours  eft  aufli  agréable  ôc  auffi, 
uni,  que  fon  entrée  eft  rude  &  dangereufe.  Le  terrein  que 
l'on  trouve  à  gauche  ,  en  entrant  dans  la  rivière ,  ôc  qui  la 
fépare  de  la  mer ,  eft  cette  langue  ou  pointe  de  fable  mou- 
vant ,  fin  ôc  fec  comme  de  la  pouffiere  ,  que  le  vent  en- 
levé ôc  fait  voler  çà  ôc  là.  On  l'appelle  Pointe  de  Barba- 
rie :  elle  eft  plate  ,  inculte  ôc  ftérile  ;  elle  n'a  pas  plus  de 
cent  toifes  de  large  à  quelque  diftance  de  la  Barre.  Elle 
s'élargit  dans  la  fuite  jusqu'à  deux  lieues  ôc  deux  ieues& 
demie  ,  ôc  conduit  la  rivière  en  fuivant  le  bord  de  la  mer 
presque  droit  au  nord  pendant  près  de  vingt-cinq  1  eues. 
Lorsqu'on  a  monté  la  rivière  environ  une  lieue  ôc  de- 
mie au-deffus  de  fon  embouchure,  on  trouve  que  cette 
pointe,  en  s'élargirtànt,  devient  meilleure  ôc  fablonneufe. 
Elle  commence  à  fe  couvrir  d'herbes  ôc  de  verdure  ;  ôc 
c'eft  en  cet  endroit  que  la  compagnie  fait  paîrre  fon  bétail. 
La  droite  de  la  rivière ,  après  que  l'on  a  parte  la  Barre,  eft 
incomparablement  plus  agréable  ôc  meilleure  que  la  Poin- 
te de  Barbarie  :  on  l'appelle  Terre  de  Guinée  ,  c'eft-à-dire, 
dans  le  langage  du  pays ,  Terre  du  Diable.  On  trouve  à  deux 
lieues  de  la  Barre  un  marigot,  c'eft-à-dire,  un  bras  ou 
canal  naturel  de  la  rivière  qui  conduit  au  village  de  Bi- 
cart.  Ce  marigot  a  une  barre  à  fon  entrée  qui  eft  quelque- 


difficile  &  très-dangereux,  à  caufe  du  peu  d'eau  qu'il  y  a     fois  dangereufe.  11  renferme  deux  petites  ifles ,  celle  qui 


défais.  Elle  eft  formée  par  les  vafes  «Se  par  les  fables 
que  la  rivière  emporte  avec  elle  dans  fes  déborde- 
mens ,  ôc  que  la  mer  repouffe  continuellement  vers  la 
terre.  Cela  fuffiroit  pour  rendre  fon  embouchure  im- 
praticable ;  mais  la  violence  du  mouvement  de  la  ri- 
vière ,  &  la  pefanteur  de  fes  eaux  y  font  deux  ouvertures; 
&  c'eft  proprement  ce  qu'on  appelle  les  Partes  de  la  Barre 


eft  fur  la  grande  rivière  s'appelle  l'ifle  de  Bocos.  C'étoit- 
là  que  la  première  compagnie  avoir  bâti  fon  comptoir. 
L'ifle  qui  eft  derrière  celle  de  Bocos  eft  inculte  ôc  inhabi- 
tée. On  l'appelle  l'ifle  de  Mogue.  Entre  l'ifle  de  Bocos  ôc 
la  grande  irte  de  Biféche ,  on  trouve  une  ifie  de  cinq  à  fix 
lieues  de  circonférence  ,  on  l'appelle  l'ifle  de  Jean  Barre. 
Elle  eft  accompagnée  de  deux  autres,qui  lui  font  presque 


La  plus  grande  a  pour  l'ordinaire  cent  cinquante  à  deux     parallèles ,  &:  à  peu  près  de  même  grandeur.  Elles  font  à 


cens  brafles  de  largeur ,  ôc  depuis  une  braffe  ôc  demie  , 
jusqu'à  deux  brafles  de  profondeur.  11  s'en  faut  de  beau- 
coup que  cette  profondeur  fuffife  pour  des  bâtimens  , 
même  médiocres:  il  n'y  peut  paffer  que  des  barques  de 
quarante  à  cinquante  tonneaux  ,  qui  ne  tirent  que  dix 
pieds  d'eau  au  plus  ;  le  furplus  leur  eft  nécertàire  pour  le 


l'eft  de  celle  de  Jean  Barre  ,  &  dans  le  même  marigot  ;  la 
première  s'appelle  Guiogoa ,  &  la  féconde  Doremour.  Il 
y  a  encore  un  iflet  peu  confidérable  ,  à  la  tête  de  l'ifle  de 
Jean  Barre  ,  on  l'appelle  l'ifiet  à  Galet.  On  trouve  vis-à- 
vis  l'ifle  de  Bocos  un  petit  Iflet ,  au  milieu  delà  rivière ,  à 
qui  on  a  donné  le  nomd'irtetaux  Anglois.  Environ  à  trois 


tangage,  qui  eft  rude  fur  cette  Banc,  où  il  s'élève  des  lames  quarts  de  lieues  au-deffus  ,  on  rencontre  l'ifle  du  Sénégal , 

rrès-grofles,courrcs&  qui  febrifent  dune  manière  à  épou-  nommée  auffi  l'ifle  de  Saint  Louis,  à  caufe  du  fort  de  ce 

vanter  ceux  qui  n'y  font  pas  accoutumés.  La  petits  eft  droi-  nom  qui  y  eft  fitué.  La  pointe  de  la  grande  ifle  de  Bif< :che 

te,  &afi  peu  de  profondeur,  qu'il  n'y  a  que  les  canots  des  eft  environ  à  deux  lieues  plus  haut  que  l'ifle  du  Sénégal,  à 

Nègres  qui  y  puifleur  pafler.  Ces  canots  font  extrêmement  la  droite  de  la  riviere.Le  royaume  de  Cayor  finit  à  cet  en- 


NIG 


NIG 


droit ,  6c  c'eft-là  que  commence  celui  deHoval ,  qui  a  en- 
viron 46  lieues  d'étendue  de  .1  eft  à  l'oueft.  Le  royau- 
me des  Foules  eft  à  l'eft  de  celui  d'Hoval,  Se  s'étend  en 
remontant  la  rivière  jusqu'au-defius  du  village  d'Emba- 
cané  ou  Embacany.  Les  pays  qui  font  depuis  Embacané 
jusqu'au  rocher  Fclou  Se  au-delà ,  font  partie  du  royaume 
de  Galam.  On  compte  quarante-cinq  lieues  depuis  Emba- 
cané jusqu'à  ce  rocher ,  es:  environ  quarante  lieues  depuis 
ce  rocher  jusqu'à  une  autre  cataracte  appellée  Govina  , 
plus  haute  Se  plus  escarpée  que  la  première.  Ce  qui  eft 
au-delà  ,  comme  ou  l'a  vu  ci-devant ,  n'eft  connu  que 
fur  les  relations  des  Nègres. 

Le  rocher  Felou  fait  une  cataracte  de  plus  de  trente 
toifes  de  hauteur ,  presque  perpendiculaire.  Avant  que 
la  rivière  arrive  à  cet  endroit ,  qui  eft  reflerré  entre 
deux  montagnes  fort  élevées ,  elle  coule  pendant  plus 
de  quatre  à  cinq  lieues  entre  des  rochers,  dont  ion  lit , 
fort  large  en  cet  endroit ,  fe  trouve  femé.  Il  fcmble 
qu'ils  fanent  partie  d'une  montagne ,  par  le  milieu  de 
laquelle  J'eau  fe  feroit  ouvert  un  chemin ,  en  détrem- 
pant les  terres  Se  les  emportant  avec  elle ,  fans  laifler 
autre  chofe  que  les  rochers,  qu'elle  n'a  pu  déraciner, 
entre  lesquels  elle  coule  par  cent  canaux  difféfehs ,  qui 
reflerrent  fes  eaux  Se  en  rendent  le  cours  très  -  rapide 
Se  impraticable.  Ces  rochers  Unifient  à  une  grande  Se 
belle  ifle  que  la  rivière  forme  en  fe  partageant  en  deux 
bras.  Cette  ifte  n'a  point  encore  de  nom. 

La  cataracte ,  appellée  Govina  ,  eft  encore  plus  hau- 
te que  celle  de  Felou.  La  rivière  y  forme  une  nappe 
d'une  largeur  confidéiable,  Se  tombant  enfuite  avec  un 
bruit  qu'on  entend  de  fort  loin  ,  elle  s'élève  en  petites 
parties  qui  font  une  espèce  de  nuée  épaifie  ,  où  les 
rayons  du  foleil  repréfentent  quantité  d'Iris  ou  d'arcs-en- 
ciel  ,  félon  lesdifférens  points  de  vue  dont  on  les  regarde. 
Les  inondations  du.Niger  font  caufées  par  les  pluies 
qui  tombent  entre  la  ligne  Se  le  tropique.  Ces  pluies 
commencent  tous  les  ans  au  royaume  de  Galam  Se  aux 
autres  pays  qui  lui  font  à  l'eft ,  les  premiers  jours  du 
mois  de  Juin  ;  elles  continuent  pendant  trois  à  quatre 
mois ,  fans  qu'il  fe  pafle  presque  jamais  un  jour  entier 
fans  pluie,  Se  fouvent  il  pleut  jour  &  nuit  fans  discon- 
tinuer. Ces  pluies  avancent  de  l'eft  à  l'oueft  ,  félon  que 
le  vent  d'eft  les  pouffe  ou  les  retarde. 

On  ne  les  voit  guère  au  bas  de  la  rivière  avant  le  ij 
de  Juin  ,  ni  plus  tard  que  le  19  du  même  mois.  Elles 
font  tellement  croître  les  eaux  ,  qu'elles  rendent  la  ri- 
vière navigable  jusqu'au  pied  de  la  première  cataracte  , 
appellée  le  rocher  Felou.  Elles  fe  répandent  en  même- 
tems  de  tous  côtés ,  rempliffent  une  infinité  de  mari- 
gots Se  de  petits  ruiffeaux  qui  n'ont  de  l'eau  que  dans  ce 
tems  :  elles  forment  les  lacs  de  Cayor  Se  du  Paiiia  Fou- 
li ,  Se  d'autres  moins  conlidérables ,  ou  du  moins  elles 
augmentent  tellement  leurs  eaux ,  qu'elles  les  font  res- 
sembler à  de  petites  mers  ;  &  en  inondant  tous  les  pays 
plats,  elles  engraiffent  les  terres  par  le  limon  qu'elles 
y  laiffent ,  Se  les  rendent  extrêmement  fertiles.  Elles  de- 
meurent dans  presque  toute  leur  hauteur  jusqu'à  la  fin 
de  Novembre,  fans  qu'on  s'apperçoive  de  leur  diminu- 
tion; mais  auflitôt  qu'elles  commencent  à  fe  retirer ,  el- 
les décroiflent  fi  promptement ,  qu'on  s'en  apperçoit  à 
vue  d'œil  -,  de  manière  que  du  6  au  huit  de  Décem- 
bre ,  on  a  trouvé  qu'elles  étoient  quelquefois  diminuées 
de  quatre  pieds  fur  le  banc  des  roches  de  Donguel.  Le 
9  ,  il  ne  s'en  trouvoit  plus  qu'un  pied  de  haut  ;  ce  qui  di- 
minuaen  peu  d'heures  fi  confidérablement,  qu'il  n'y  reftâ 
plus  qu'un  petit  canal ,  où  à  peine  un  canot  de  Nègre 
pouvoit  être  à  flot.  Telle  eft  la  crue  des  eaux  du  Ni- 
ger Se  leur  abbaiffement  qui  arrivent  fi  régulièrement  tou- 
tes les  années ,  qu'on  n'y  voit  jamais  plus  de  différence 
que  celle  qui  a  été  remarquée. 

NIGER.  LAPIS,  en  grec  mîxu;  xiôo; ,  montagne  d'E- 
gypte ,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  5. 

NIGER  MONS,  montagne  de  France,  dans  le  Limou- 
fin.  Grégoire  de  Tours,  bi/f.  I.  4.  c.  16.  parle  de  cette 
montagne. 

NIGER  TUMULUS,  lieu  aux  environs  delaThra- 
ce  ,  félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Nicetas. 

NIGETIA ,  lieu    aux  frontières  de  l'Affyrie  &  de  la 
Médie  ,  félon  Ortelius,  Thef.  qui  cite  Calchondyle. 
NIGILGIA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Ptor 


SS9 

ioméc  ,  /.  4.  c.  z.  la  place  dans  les  terres ,  cuire  Tig-i- 
va  Se  Thijîz.ima. 

NIGIR.  Voyez.  Niger. 

NIGIRA,  ville  métropole  de  la  Libye.  Ptolomée,  /. 
4.  c.  6.  la  place  près  du  Nigir  ou  Niger ,  fur  h  rive  fcp- 
tentrionale  de  ce  fleuve. 

NIGIRIS.  Voyez.  Niger. 

NIGOLA,  rivière  d'Italie  ,  dans  le  duché  d'Urbin  , 
où  elle  prend  fa  fource ,  fur  les  confins  de  h  Marche 
d'Ancone,  Se  ,  courant  au  nord-eft ,  elle  fe  rend  dans  la 
mer  à  Sinigaglia.  C'eft  la  rivière  appellée  Mtfus  ,  dans 
la  table  de  Peutinger.  *  Corn.  Robert ,  Atlas. 

NIGRA  REGIO,  contrée  dans  le  voifinage  des  Mé- 
des.  Galien  en  fait  mention ,  dans  fon  livre  de  la  bonté  de 
l'Eau  ,  Se  dit  que  l'eau  de  cette  contrée  s'allumoit 
avec  le  feu.  *  Ortelii  Thefaur. 

NIGRAMMA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange  , 
félon  Ptolomée, /.  7.  c.  1.  qui  la  place  fur  FIndus.  Le 
manuferit  de  la  bibliothèque  Palatine  porte  Nigrani- 
gramma. 

NIGRANIGRAMNA.  Fojv^NigrÀmma. 

NIGRENTIUM  MAJORUM,  fiége  épiscopal  d'A- 
frique ,  dans  la  province  Proconfulaire  ,  félon  la  confé- 
rence de  Carthage  ,  où  il  eft  fait  mention  de  Lucrus 
Nigrentïam  Major um.  *  Harduin.  collect.  conc.  tom. 
1.  p.  1085. 

NIGR1S,  fontaine  chez  les  Ethiopiens  Hcspériens, 
félon  Pline  ,  /.  ;.  c.  9. 11  y  en  a  qui  la  prennent  pour  U 
fource  du  Nil.  Ceft  peut  eue  le  Nigritis  Valus  de  Pto- 
lomée. *  Ortelii  Thefaur. 

NIGRIT^,  c'eft  le  nom  que  Pline,  /.  ;.  c.  8.  Se 
Ptolomée,  /.  4.  c.  6.  donnent  aux  Ethiopiens  les  plus 
feptentrionaux.  Ils  difent  que  ces  peuples  étoient  ainfi 
nommés  à  caufe  qu'ils  habitoient  fur  les  bords  du  Ni- 
ger. Denys  le  Periégete,  Orbis  defeript.  v.  2ij.  les  nom- 
me N/VpHTêÇ  ,  Nigretes. 

NIGRITIE  ,  grand  pays  d'Afrique.  Il  s'étend  d'orient 
en  occident,  des  deux  côtés  du  Niger.  Les  déferts  de 
Barbarie  le  bornent  au  feptentrion  ;  il  a  la  Nubie  Se  l'A- 
byffinie  à  l'orient ,  la  Guinée  au  midi ,  Se  l'Océan  occi- 
dental au  couchant.  Ce  pays  comprend  plufieurs  royau- 
mes ,  tant  au  notd  qu'au  midi.  Voici  les  noms  qu'on 
leur  donne  en  les  prenant  d'orient  à  l'occident,  cnlém- 
ble  leurs  principaux  lieux. 


"  Gaoga 
Bournou  , 


Au  nord/    A8adès> 
du  Niger.  \    Ouangara, 

Zanfar, 


1 
I 


Gaoga  ou 
Kaugha. 

Bournou 
Défert  de  Seth. 


\    Agadès. 
2.   Zanfara. 


Cano ,  i"  Cano. 

^Goubour,  S  Goubour. 


'Gorham , 
Courourea , 

NoufTy,  <>  NoufFy. 


Au  midi 
du  Niger. 


.Zarzac  5    Zarzac. 

Yaourry ,         5    Yaourry, 

Gonge,  JGoafty, 

c  Gago 

Les  Mallous,   |  Guinala  , 


S6o       NIK 


NIL 


& 


Tombut , 


Des  deux 
côtés     du< 
Niger. 


Jaga  ou  pays) 
1  des      Mauciin-> 
gués , 

Galam. 
Foules, 
Ouale. 


Tanbouctou    ou   Tom- 
but, 
Cabra , 
Cachine , 

Gaby ,  petit  royaume. 
Quequia, 
Boufa , 
Cormachy , 

Cormaya,  petit  royaume, 
Téloué ,  petit  royaume. 
Collega , 

Caftaba ,  petit  royaume. 
Bourgou , 
Gingiro,  petit  royaume. 

Jara-Saracolé  , 
Jagou  , 
Barou , 
Conjour , 
Borocata , 
Banbouc , 
Songo. 
Foules, 
Tuabo. 


*  Atlas  ,  Rob.  de  Vaugondy. 

NIGR1TIS  PALUS  ,  marais  de  la  Libye  intérieure. 
Ptolomée ,  /.  4.  c.  6.  dit  qu'il  eft  formé  par  les  eaux  du 
fleuve  Nigris.  Voyez.  Nilides. 

NIGRO^E  ,  peuples  d'Ethiopie,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  30.  qui  dit  que  leur  roi  n'avoit  qu'un  œil  au  front. 
Oeil  apparemment  le  même  peuple  qu'il  nomme  ailleurs 

NlGRIT/E. 

^  NIGRONIS  MONS,  montagne  de  la  Palcftine,  félon 
Guillaume  de  Tyr ,  l.i.c.  n. 

NIGROPOLI ,  ville  qui  eft  ,  dit  on  ,  dans  la  petite 
Tartarie  ,  au  fond  du  golfe  &  fur  la  rivière  de  même 
nom.  Ortelius  Se  Mercator  en  font  mention  dans  leurs 
cartes  ;  mais  les  relations  modernes  n'en  difent  rien  :  ce 
qui  donne  lieu  à  Baudrand  ,  édit.  1705.  de  croire  que 
c'eft  une  ville  ruinée ,  ou  qu'elle  n'a  même  jamais  exifté. 
Il  ne  laide  pas  de  l'appellcr  en  latin  Carcina ,  comme  fi 
elle  occupoit  la  place  de  cette  ancienne  ville.  Il  demeure 
toujours  vrai  que  le  golfe  de  Nigropoli  ou  Negrepotiçft 
le  nom  moderne  du  golfe  que  lés  anciens  ont  nommé 
Carcinites  Sinus. 

NIGRO  PULLO  ,  lieu  dans  le  pays  des  Bataves,  fé- 
lon la  table  de  Peutinger ,  Segment.  1 .  qui  la  place  en- 
tre Albamana  Se  Lauris. 

NIGRUM  MONASTERIUM.  Voyez.  Noirmou- 

TIER. 

NIGRUM  PROMONTORIUM.  Voyez.  Acritas. 

NIGUA  ,  rivière  de  l'Amérique  feptenrrionale  ,  dans 
l'ifle  de  Saint-Domingue.  Elle  fe  décharge  dans  la  mer ,  à 
quatre  lieues  de  la  ville  de  San-Domingo.  Cette  rivière 
eft  petite-,  mais  on  la  tient  fans  pareille  pour  la  fertilité 
des  terres  qui  en  font  voifines ,  Se  pour  la  quantité  des 
villages  qui  font  fur  fes  bords.  *  Corn.  Dict.  Laet ,  Defcr. 
des  Indes  occid.  1.  1 .  c.  j. 

NIGUZA  ,  ville  de  Médie.  Ptolomée ,  /.  6.  c.  2.  la  pla- 
ce dans  les  terres ,  entre  Vcfaspe  Se  Sanais. 

NIGUZUBITENSIS  ,  flége  épiscopal  en  Afrique,  fé- 
lon Ortelius ,  The/aur.  qui  cite  la  conférence  de  Canna- 
ge ;  mais  il  faut  lire  Niguz.ubitanus.  On  trouve  en  effet 
dans  la  conférence  de  Carthage  ,edit.  de  Dupin  ,  p.  28;. 
que  Gaudentius  epucopus  Niguzubitanus  y  aflîfta  Se  y 
fouferivit.  On  ne  fait  pas  de  quelle  province  il  étoit. 

NIKIKON  ,  lac  de  l'Amérique  fcptentrionale  ,  dans 
la  nouvelle  France  Se  dans  la  terre  de  Labrador:  il  eft  peu 
confidérable  ,  Se  fe  forme  des  eaux  d'une  rivière  ,  qui 
prend  fa  fource  à  quelques  lieues  au  nord ,  Se  qui ,  après 
avoir  pane  par  le  lac  Pereitibi  ,  fe  va  jetter  dans  le 
fleuve  de  Saint-Laurent,  à  vingt-cinq  lieues  au-deflbus  de 
Tadouffac. 

NIKONATICHIOU,  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionalc ,  dans  la  nouvelle  France ,  fur  les  côtes  de  la  terre 
des  Eskimaux.  Elle  fe  rend  dans  l'embouchure  du  fleuve 
de  Saint-Laurent  >  vis-à-vis  l'ifle  d'Anticofte. 


NIKOPING  ,  ville  du  royaume  de  Danemarck ,  dans 
l'ifle  de  Falfter,  dont  elle  efl  la  capitale.  Elle  eft  fituée  dans 
le  Synderberrit ,  autrement  dans  la  préfecture  méridio- 
nale ,  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  ,  dans  le  détroit  qui 
fépare  l'ifle  de  Falfler  de  celle  de  Laland.  En  1 288 ,  le  roi 
de  Norwege  pilla  Se  brûla  ce;te  ville ,  Se  affiégea  la  cita- 
delle ,  qui  a  été  démolie.  On  a  bâti  à  la  place  une  aune 
for:erefié.  Elle  fut  commencée  en  1589.  Ce  fut  dans  ce 
lieu  que  Sophie ,  fille  d'Ulric  ,  duc  de  Mecklenbourg  , 
Se  veuve  du  roi  Frideric  II  ,  fixa  fon  domicile  *  Rutga: 
Hemtanid.  Defcrip.  Dams,  p.  677. 

I.  NIL  ,  grand  fleuve  d'Afrique ,  qui  a  fa  fource  dans 
la  Haute-Ethiopie.  Pluficurs  l'ont  pris  pour  le  Géhon 
(a) ,  un  des  quatre  fleuves  du  paradis  terreflre.  Ce  fenri- 
ment  a  trop  peu  de  vraifemblance  pour  qu'on  entrepren- 
ne de  le  réfuter.  Jofephe  ,  Ant.  l.i.c.  2. l'appellerez; 
d'autres  écrivains  (b)  le  nomment  Gihon ,  Se  les  peuples 
du  royaume  de  Goyam  lui  donnent  encore  aujourd'hui  ce 
nom.  Les  Abyfïïns  l'appellent  Abari  ou  Abanhi ,  le  père 
des  eaux  ou  des  rivières  ;  mais  ce  ne  font  pas-4à  fes  anJ 
ciens  noms.  Il  s'appella d'abord /Egyptus  ,OceamtsiSiris  t 
Triton  ,  Aftapus  SeAftaboras.  Homère  ,  OdjJJ.  14.  Dio- 
dore  de  Sicile,  /.  1  .p.  3  9.  Se  plufieurs  autres  écrivains  an- 
ciens témoignent  que  ion  ancien  nom  étoit  JEgyptus  \ 
mais  ils  ne  difent  point  fi  c'eft  le  Nil  qui  a  porté  d'abord  le 
nom  d'Egypte,  &  qui  l'a  communiqué  au  pays  qu'il  arro- 
fe,  ou  fi  on  l'appella  ainfi  du  nom  du  pays.  Hefychc  oit 
que  le  Nil  s'appelloit  d'abord  Egy pte ,  Se  que  c'ei t  ce  fleu- 
ve qui  a  donné  fon  nom  au  pays ,  Se  Diodore  afiure  qu'il 
ne  prit  le  nom  de  Nilus  que  depuis  le  règne  d'un  roi 
d'Egypte,nommé  Nilus.  Pline ,  /.  j.  c.  9.  rapporte  le  Cen- 
timent  du  roi  Juba  ,  qui  ditoit  que  le  Nil  avoit  fa  fource 
dans  la  Mauritanie ,  qu'il  paroiiïbit  Se  reparoiflbit  en  dif- 
férens  endroits ,  fe  cachant  fous  terre  ,  puis  fe  montrant 
de  nouveau  ,  qu'en  ce  pays  il  s'appelloit  Nigir  ;  que  dans 
l'Ethiopie  on  lui  donnoit  le  nom  d'Aftapus;  qu'aux  en\i- 
rons  de  Méroé ,  il  fe  partageoit  en  deux  bras ,  dont  le 
droit  s'appelloit  Aftufapes  Se  le  gauche  Aftabore;Se  qu'en- 
fin il  ne  prenoit  le  nom  de  Nil  qu'au-deffus  de  Méroé. 
Denys  le  Périégete  dit  que  les  Ethiopiens  l'appellent 
Sirïs  ,  Se  que  lorsqu'il  eft  arrivé  à  Siéne,  on  lui  donne  le 
nom  de  Nilus.  11  y  a  afiez  d'apparence  (c)  que  le  nom  Siris 
vient  de  l'hébreu  Sihors  ou  Sic bor  ,  qui  fignifie  trouble,  Se 
que  Nilus  vient  de  l'hébreu  Nabal  ou  Nachal,  qui  figni- 
fie rivière  ou  torrent.  Dans  l'écriture ,  on  ne  donne  com- 
munément au  Nil  que  le  nom  de  fleuve  d'Egypte.  Jo- 
fué ,  1 3 . 3 .  Se  Jérémie ,  11.  1 8.  le  défignent  pourtant  fous 
le  nom  de  Sicbor  ,  ou  fleuve  d'eau  trouble.  Les  Grecs 
le  nomment  Mêlas  ,  qui  fignifie  aufli  noir  ou  trouble.  En 
effet  l'eau  de  ce  fleuve  eft  ordinairement  trouble  :  mais 
on  l'éclaircit  très-aifément  en  jettant  dedans  quelques 
amandes  ou  quelques  fèves  pilé-es.  Servius,  Geogr.  L  4.  en 
expliquant  ce  vers  de  Virgile , 

Et  viridem  JEgyptum  nigra  fecundat  arena  , 

remarque  que  les  anciens  nommoient  le  Nil  Melo.  Me!o 
en  hébreu  fignifie  rempli  ;  ce  qui  peut  convenir  au  Nil ,  a 
caufe  de  fes  grands  débordemens.  Selon  Diodore  de  Sic** 
le,/.  1.  c.  \.&  l.  2.  c.  2.  le  plus  ancien  nom  que  les  Grecs 
ayent  donné  au  NU  ,  c'eft  celui  d'Oceanits.  On  l'appella 
aufli  JEtus  ou  Aqiiila ,  c'eft-à  dire  Aigle ,  puis  JEçyput,  ; 
Se  à  caufe  de  ces  trois  noms  Oceanus ,  JEtus ,  JEgypius  , 
on  lui  donna  celui  de  Triton.  Enfin  les  Grecs  Se  les  Latins 
ne  le  connoiffent  aujourd'hui  que  fous  le  nom  de  Nil.  Les 
Egyptiens  qui  croyoientlui  être  redevables  de  lafécondité 
de  leurs  terres,  &  de  tout  ce  qu'elle  produit,  lui  ont  pro- 
digué les  noms  de  Sauveur ,  de  Soleil ,  de  Dieu  Se  de  Père. 
C'eft  peut-être  pour  cela ,  dit  D.  Calmet ,  Ditlion.  que  le 
Seigneur  dans  ks  Prophètes  (d)  ,  menace  quelquefois  le 
fleuve  d'Egypte  de  le  deffécher ,  de  faire  mourir  fes  pois- 
fons  ,  comme  pour  faire  fentir  3ux  Egyptiens  la  vanité 
de  leur  culte  ,  Se  la  foibleffe  de  leur  prétendue  divini- 
té, {a)  Dont  Calmet  ,  Diction,  (b)  Ortclii  Thefaur.  (c) 
Dom  Calmet ,  Diction,  {d)  If  ai.  1 1.  15.Ez.ecb.  29.  3.  & 
fuiv. 

Les  plus  grands  hommes  de  l'antiquité  ont  fouhaité  de 
pouvoir  découvrir  les  fources  du  Nil ,  s'imaginant ,  après 
plufieurs  conquêtes  (a) ,  que  cette  découverte  manquoit 
encore  à  leur  gloire.  Cambyfc  perdit  beaucoup  de  tems , 


NIL 


&facr*fia  beaucoup  de  monde  dans  cette  recherche.  Lors- 
qu'Alexandre  confulta  l'oracle  de  Jupiter  Amraon  ,  la 
première  choie  qu'il  demanda  ,  fur  où  croit  la  fourcc  du 
Nil.  Et  depuis  ayant  campe  à  la  tête  du  fleuve  Indus, il  crut 
que  c'étoit  celle  du  Nil ,  &  il  en  eut  une  joie  infinie.  Pto- 
lémée  Philadelphe ,  un  de  Ces  fuccefieurs ,  porta  la  guerre 
en  Ethiopie ,  afiu  de  pouvoir  remonter  le  Nil.  Lucain  fait 
dire  à  Céfar  qu'il  auroit  abandonne  le  defiein  de  faire  la 
guerre  à  fa  patrie  ,  s'il  avoit  cru  être  allez  heureux  pour 
voir  le  lieu  où  le  Nil  prenoit  fa  fource ,  qui  étoit  la  chofe 
qu'il  defuoit  le  plus  : 

Nihil  efl  qnod  nofeere  malint , 

Qjtam  Fluvii  caufas  perfacula  tant  a  latentis , 
Ignotum  caput  ;  fpesflt  mihi  certa  videndi 
Niliacos  fontes ,  bcllum  civile  relinquam* 

Néron,  pouffé  par  d'autres  motifs,  eut  la  même  envie: il 
envoya  des  armées  entières  pour  faire  cette  découverte  ; 
mais  le  rapport  qu'on  lui  fit  ôta  toute  efpérance  d'y  pou- 
voir réuflir.  La  fource  du  Nil  demeura  toujours  inconnue 
(b).  Er  quoique  dans  le  feiziéme  fiécle  la  navigation  eût 
ouvert  le  chemin  de  l'Ethiopie  ,  il  ne  fe  trouva  pourtant 
perfonne  qui  pût  fe  vanter  d'avoir  vu  couler  les  premiè- 
res eaux  de  ce  fleuve.  C'eft  dans  le  fiécle  paffé  que  cette 
découverte  fut  faite  par  le  P.  Pierre  Pays  ,  Jéfuite  Portu- 
gais :  voici  la  relation  qu'il  en  a  donnée,  {a)  Le  Grand  , 
Voyage  d'Abyfiînie ,  page  207.  (b)  La  Chambre,  Du  dé- 
bordement du  Nil ,  page  286. 

Le  Nil,  que  les  Ethiopiens  apellent  maintenant  Abaoi, 
a  fa  fource  dans  le  royaume  de  Goyam ,  en  un  certain  ter- 
ritoire que  les  habitans  nomment  Agous. 

L'an  16 1 8,  dit  le  père  Pays,  le  2 1  d'Avril,  je  me  trouvai 
avec  l'empereur  d'Ethiopie  ,  qui  étoit  à  la  tête  de  fon  ar- 
mée dans  le  royaume  de  Goyam.  Il  étoit  campé  dans  le 
territoire  de  Sacala ,  pays  des  Agaux  ,  aflez  près  jd'une 
montagne  qui  ne  paroït  pas  fort  haute ,  parce  que  toutes 
celles  qui  l'environnent  le  font  beaucoup  plus.  Je  montai 
dans  ce  lieu  ,  Se  j'y  obfervai  attentivement  routes  chofes. 
Premièrement ,  je  découvris  deux  fontaines  rondes  ,  Se  le 
diamètre  de  chacune  étoit  large  de  quatre  palmes.  Je  ne 
puis  exprimer  quelle  fut  ma  joie  en  confidérant  ce  que 
Cyrus ,  ce  que  Cambyfe ,  ce  qu'Alexandre  ,  ce  que  Jules- 
Céfar  avoient  defiré  fi  ardemment  de  favoir.  L'eau  de  ces 
fontaines  efl  très-claire ,  très-légère  &  très-agréable  à  boi- 
re. Aucune  des  deux  n'a  de  fortie  dans  cette  plaine;  mais 
feulement  au  pied  de  la  montagne.  Je  voulus  fonder  la 
profondeur  decesfources  :  j'enfonçai  dans  la  première  une 
lance  longue  de  douze  palmes ,  il  me  fembla  qu'elle  ren- 
contrait les  racines  des  arbres  voifins ,  qui  étoient  entre- 
lacées. J'allai  pour  fonder  la  profondeur  de  1  autre,  qui 
eft  difiante  de  la  première,  vers  l'orient,  d'un  jet  de  picrie: 
je  n'en  trouvai  point  le  fond  avec  la  lance  de  douze  pal- 
mes :  je  liai  enfemble  deux  lances  qui  faifoient  la  lon- 
gueur de  vingt  palmes  ;  je  les  enfonçai  dans  la  fon- 
taine ;  mais  je  ne  pus  encore  trouver  le  fond  par  cette 
voie. 

Les  habitans  affurent  que  toute  la  montagne  eft  pleine 
d'eau  ;  &  que  ce  qui  en  fait  la  preuve  ,  c'eft  que  toute  la 
terre  qui  ell  autour  de  ces  fontaines  tremble  Se  efl;  mobi- 
le ,  figue  certain  que  l'eau  efl:  deflbus.  Ils  ajoutent  une  cho- 
fe que  l'empereur,  qui  étoit  préfent,  confirma  j  favoir  que 
cette  année  la  terre  avoit  été  peu  tremblante  à  caufe  de 
la  grande  fécherefle  qui  avoir 'précédé  ;  mais  que  dans  les 
années  précédentes ,  elle  avoit  fi  fort  tremblé ,  qu'on  avoit 
cru  n'y  pouvoir  aller  fans  péril. 

L'enclos  de  cette  plaine  reffemble  à  un  lac  de  figure 
tonde ,  &  une  pierre  jettée  avec  la  fronde  pourroit  la  tra- 
verfer.  Au-deflbus  de  la  montagne  ,  il  y  en  aune  autre  vers 
l'occident ,  &  qui  efl  éloignée  de  cette  fource  d'environ 
une  lieue.  C'eft  l'endroit  où  habite  le  peuple  qu'on  nomme 
Guyx.  Au  relie  ,  il  eft  difficile  de  monter  au  lieu  où  font 
ces  fontaines,  à  moins  qu'on  ne  prenne  par  le  côté  de  la 
montagne  qui  regarde  le  nord  ;  dans  cet  endroit ,  la  mon- 
tée eft  aflez  facile.  Une  lieue  au-deflbus  de  la  montagne , 
il  y  a  une  profonde  vallée  où  fort  un  autre  ruifleau  qui  fe 
joint  bientôt  à  celui  du  Nil.  On  croit  qu'il  vient  de 
la  même  fource  ',  mais  qu'après  avoir  coulé  dans  des 
canaux  fouterreins  ,  il  commence  à  paroître  dans  cette 
vallée. 


NIL      ?6t 


Le  NiJ ,  qui  fort  du  pied  de  la  montagne  ,  coulé 
d'abord  vers  l'orient  environ  l'espace  d'une  portée  de  ca- 
non ;  alors  il  fe  détourne  tout  à  coup  ,  Se  va  vers  le 
nord.  A  trois  quarts  de  lieue  de-là ,  il  rencontre  un  autre 
ruifleau  qui  fort  des  rochers  ;  un  peu  après  ,  il  en  re- 
çoit deux  autres  qui  viennent  du  côté  de  l'orient  ;  Se 
fe  joignant  encore  à  quelques  autres  ,  il  croît  confidéra- 
blement.  Enfuite  ayant  couru  l'espace  d'une  journée  d« 
chemin ,  il  fe  joint  avec  un  gros  ruifleau  nommé  Ima  ;  de- 
là il  coule  vers  l'occident  jusqu'à  trente  lieues  loin  de  fa 
fource.  Après  quoi, changeant  fon  cours  ,  il  va  vers  l'o- 
rient ,  Se  tombe  dans  un  grand  lac  de  la  province  de  Bcd 
Se  dont  une  partie  eft  dans  le  royaume  de  Goyam,  &  l'au- 
tre dans  celui  de  Dambia  ;  mais  il  traverfe  ce  lac  de  ma- 
nière qu'il  eft  aifé  de  discerner  les  eaux  de  l'un  Se  de  l'au- 
tre, parce  qu'elles  ne  fe  mêlent  point.  En  forçant  de  ce 
lac ,  il  prend  fon  cours  vers  le  midi,  baigne  par  les  divers 
détours  qu'il  fait  le  pays  d'Alata  ,  éloigné  du  lac  de  cinq 
lieues.  Il  rencontre  en  cet  endroit  des  rochers ,  qui  font  un 
précipice  de  quatorze  brades  de  haut  ;  il  s'y  précipite  avec 
un  bruit  épouvantable ,  Se  avec  rant  de  violence  ,  que  de 
loin  on  diroit  que  toute  fon  eau  s'en  va  en  écume  Se  en 
fumée.  Après  qu'il  s'eft  ainfi  précipité  ,  il  eft  comme  en- 
glouti entre  deux  grandes  roches  ,  qui  le  refferrent  telle- 
ment ,  qu'on  a  peine  à  le  voir  :  ces  roches  font  fi  près 
l'une  de  l'autre ,  qu'en  jettant  un  pont  deflus ,  l'empereur  y 
a  pafle  quelquefois  avec  route  fon  armée.  Le  Nil  coule 
enfuite  en  ferpentant  par  les  royaumes  de  Bagamidri  Se 
de  Goyam,  Se  par  tous  les  autres  royaumes  qui  font  entre 
deux  ,  comme  ceux  à'Ambara  ,  d'Olaca  ,  de  XaoaSc 
de  Damot  ;  il  arrofe  le  pays  de  Bizan  Se  celui  de  Gu- 
macanca ,  Se  fe  rapproche  infenfiblcment  dii  royaume  de 
Goyam  ;  en  forte  qu'il  n'eft  éloigné  de  fa  fource  que  d'en- 
viron une  journée  de  chemin.  De-là  il  prend  fon  cours 
vers  les  royaumes  de  Fazelo  Se  d'Ombarea  ,  qu'Eraz  Sela-^ 
chriftes ,  frere  de  l'empereur ,  conquit  en  16 1 3  ,  Se  qu'il 
nomma  Ayz.o!am,  c'eft-à-dire  ,  nouveau  monde  ,  parce 
que  c'eft  un  pays  vafte ,  &  qui  étoit  inconnu  auparavant. 
Le  Nil  quitte  alors  l'orient  (l'Abyflinie)  Se  commence 
à  couler  vers  le  nord  ,  Se  après  avoir  traverfe  une  infinité 
de  pays  ,  Se  pafle  par  des  précipices  effroyables ,  il  tom- 
be dans  l'Egypte  ,  Se  va  fe  décharger  dans  la  mer  Médi- 
rerranée. 

Le  père  Pays  n'expliquant  pas  davantage  le  cours  du 
Nil,  &  n'en  difant  presque  rien  depuis  que  ce  fleuve  a  lais- 
fé  l'Abyflinie ,  il  faut  avoir  recours  à  ce  que  l'Abyflin  Gré- 
goire en  a  appris  à  Ludolf,  Hift.  JEthiop.l.  i.e.  S.Sei 
à  ce  que  les  autres  voyageurs  nous  en  apprennent. 

Après  que  Je  Nil  a  paffé  entre  Bizamo  &  Goyam  f 
il  entre  dans  le  pays  des  Shankclas  ;  Se  alors  ,  tôurnans 
fur  la  droite,  il  laifl'e  à  gauche  la  partie  occidentale  cv 
traverfe  le  royaume  de  Sennar  :  mais  avant  que  d'y  ar- 
river ,  il  reçoit  la  rivière  de  Tacaze ,  qui  a  fa  fource 
dans  le  royaume  de  Tigré ,  Se  le  Gangue  qui  vient  de 
Dambée.  Lorsqu'il  eft  dans  le  royaume  de  Sennar  ,  il 
pafle  par  le  pays  de  Dangala ,  Se  entre  dans  la  Nubie  , 
Se  tournant  encore  plus  adroite,  à  mefure  qu'il  s'ap- 
proche d'Alexandrie,  il  arrofe  le  pays  d'Abrim,  où\ 
s'arrêtent  toutes  les  barques  qui  viennent  d'Egypte , 
étant  impoflible  de  remonter  cette  rivière  plus  haut  à 
caufe  des  rochers  dont  elle  eft  remplie.  Le  Nil  entre 
enfuite  dans  l'Egypte  ;  il  couvre  toujours  les  royaumes 
de  Sennar  Se  de  Nubie  du  côté  du  levant  -,  les  Abys- 
fins ,  Se  ceux  de  Sennar  qui  descendent  en  Egypte  ,  ont 
toujours  ce  fleuve  à  leur  droite.  Dès  qu'ils  ont  pafle  11 
Nubie,  ils  traverfenr  pendant  quinze  jours  fur  des  cha- 
meaux un  defert  où  ils  ne  trouvent  que  du  fable.  Us  ar- 
rivent enfin  dans  le  pays  de  Rif,  qui  eft  la  haute  Egyp- 
te, &  là  ils  quittent  les  chameaux  Se  fe  mettent  fur 
Peau  ;  quelques-uns  néanmoins  vont  par  terre  .  Se  à 
pied. 

Le  Nil ,  continue  le  même  Grégoire  ,  reçoit  dans  fort 
cours  toutes  les  rivières  grandes  Se  petites ,  hors  le  Ha- 
nazo ,  qui  a  fa  fource  dans  le  royaume  d'Angore  Si 
l'Aoaxe  ou  Hawash,  qui  pafle  par  les  royaumes  deDa» 
wara  Se  de  Fatcgur. 

Atlas,  Rob.de  Vaugondy  marque  une  cararaéîe  du  Nil , 

environ  les  23  deg.  de  latitude  feptentrionale  ,   fous  les 

47  deg.  50  min.  de  longitude  ,  &  il  l'appelle  la  petite 

Cataracte ,  pour  la  diftineuer  d'une  plus  grande  qu'il 

lom.  IV.   B  b  b  b 


f62.        NIL 

met  auprès  de  Souené  ,  à  49  dcg.  50  min.  de  latitude , 
fous  les  2  3  deg.  60  min.  de  longitude.  Le  Nil  tombe 
là  par  plufieurs  endroits  d'une  montagne  de  plus  de  deux 
cens  pieds  de  haut.  Le  feul  endroit  remarquable  eft 
une  belle  nappe  d'eau ,  large  de  trente  pieds ,  Se  qui 
forme  en  tombant  une  espèce  d'arcade  ,  par-defious  la- 
quelle on  pourroit  paflèr  fans  fe  mouiller.  11  y  a  appa- 
rence qu'on  y  prenoit  autrefois  ce  plaifir.  On  y  voit 
en  effet  comme  une  petite  plate- forme  où  il  y  a  plufieurs 
niches  pour  s'afleoir .  Se  plufieurs  ouvertures  qui  con- 
duifent  à  des  lieux  fouterreins  -,  mais  on  n'y  fauroit  al- 
ler préfentement,  patee  que  l'eau  quipaffe  par  plufieurs 
endroits  en  empêche  l'abord.  Depuis  cette  cataracte  * 
le  Nil  coule ,  en  ferpentant  du  nord  au  fud  ,  jusqu'à  Chi- 
lacan.  Les  principaux  lieux  qu'on  trouve  dans  ce  grand 
espace  ,  tant  à  la  gauche  qu'à  la  droite ,  font 


NIL 


d.  Afluanâ, 

g.  Siout, 

d.  Naafla, 

g.  Mans  allit , 

d.  Des  cabanes  d'A- 

g. Fai faire  , 

rabes  , 

g.  Meloué , 

g.  Eflenai, 

g.  Minio , 

g.  Luxor, 

g.  Samalut, 

g.  Bellade  Moufle', 

d.  Le  couvent  de  la  Poulie, 

g.  Barbampou  pays , 

g.  Fefene  , 

g.  Dandre , 

g.  Benefuées, 

d.  Caana, 

g.  Guifle , 

d.  Hus, 

d.  Le  vieux  Caire, 

g.  Girgé, 

d.  Le  grand  Caire  , 

d.  Aquemin  , 

d.  Boulac , 

g.  Taata, 

g.  Ernbab , 

g.  Cardoufle, 

g.  Couratije, 

g.  Aboutiche, 

d.  Chilacan. 

Au-dcflbus  de  Chilacan ,  le  Nil  fe  divife  en  deux 
principaux  canaux  qui  forment  cette  partie  de  la  bafle 
Egypte ,  à  laquelle  les  anciens  ont  donné  le  nom  de 
Delta.  Voyez,  ce  mot.*  Lucas ,  Voyage  du  Levant, 
t.  1.  p.  9J. 

On  remarque  que  le  Nil  a  très-peu  de  poiflbn  -,  cela 
vient  fans  doute  du  grand  nombre  de  chevaux  marins 
&  de  crocodiles  qui  le  dépeuplent  ;  peut  être  auflf  fc- 
roit-ce  en  partie  l'effet  de  fes  cataractes ,  parce  qu'il 
eft  difficile  que  le  poiflbn  ne  fe  tue  pas  en  montant.  *  Le 
Grand ,  Relation  de  l'Abyflinie ,  p.  1 1  o. 

Il  n'eft  pas  étonnant  que  les  Grecs  Se  les  Romains 
n'aient  pu  arriver  aux  fources  du  Nil  :  ils  ont  toujours 
été  arrêtés  par  les  cataractes.  Si  cependant  ceux  qu'on 
avoit  envoyés  pour  faire  cette  découverte  ,  éroient  en- 
trés par  la  mer  Rouge  ,  ils  auroient  pu  avec  moins  de 
frais  Se  de  dépenfe  trouver  ce  qu'ils  cherchoienr ,  en 
allant  de  Maçua  un  peu  plus  au  midi  qu'au  fud-oueft. 
En  prenant  cette  route,  il  n'y  a  guère  plus  de  vingt 
journées  de  chemin  de  la  mer  Rouge  aux  fources  du 
Nil. 

Le  point  qui  a  le  plus  tourmenté  les  écrivains  anciens 
&  modernes,  c'eft  l'accroiflement  ou  le  débordement 
du  Nil.  Us  vouloient  en  favoir  la  cruifc,  Se  croyoient 
Fa  pouvoir  trouver  à  force  de  bâtir  les  fyftêmes.  Diodo- 
re de  Sicile,  /.  1.  c.  37.  après  avoir  décrit  le  cours 
du  Nil ,  traite  de  fon  accroiflemenr.  Il  rapporte  toutes 
les  opinions  de  ceux  qui  l'ont  précédé  ,  Se  dont  il  a  eu 
connoiflance.  Il  commence  par  Thaïes  Miléfien,  un  des 
fept  Sages  ,  qui  dit  que  le  Nil  ne  fe  déborde,  que  par- 
ce que  fes  eaux  font  arrêtées  par  la  violence  des  vents 
du  nord,  que  les  Grecs  appellent  Etefies  ou  Etefiens. 
Diodore  dit  que  11  cette  raifon  étoit  vraie,  routes  les 
rivières  qui  coulent  du  fud  au  nord  devroient  fe  dé- 
border de  la  même  manière  que  le  Nil.  Anaxagoras& 
Euripide ,  fon  disciple  ,  prétendent  que  le  débordement 
du  Nil  eft  caufé  par  la  fonte  des  neiges  i  mais,  com- 
me remarque  Diodore  de  Sicile ,  il  n'y  a  point  de  nei- 
ges dans  les  montagnes  d'Ethiopie,  ou  du  moins  il  n'y 
en  a  presque  point.  D'ailleurs,  fi  le  Nil  eaofliflbit  par 
la  fonte  des  neiges,  l'air  feroit  beaucoup  plus  froid  , 
Se  cette  rivkte  feroit  couverte  de  brouillards.  Or  ,  le 
Nil  a  cela  de  particulier ,  qu'on  ne  le  voit  point  cou- 
vert de  nuages  épais  dans  aucun  tems.  On  ne  rapporte 
point  le  fentiment  d'Hérodote.  Démociite  paroit  ap- 
procher davantage  de  la  vérité ,  quoique   Diodore  le 


réfute  comme  les  autres.  Il  dit  que  les  vents  du  nord 
qui   foufflent  un   peu  avant  ta  débordement  du  Nil 
amènent  la  neige  des  pays  plus  froids  ;  que  cette  neiie 
fe  convertit  en  pluies ,  Se  que  les  pluies,  qui  tombent  en 
quantité  dans  ce  tems  ,  le  groflîflent  Se  le  font  fortir  de 
fon  lir. 

Plufieurs  ont  cru  que  la  mer  communiquoir  au  Nil 
par  des  canaux  fouterreins,  &  que  l'accroiflement  du 
Nil  venoit  dans  une  faifonoù  la  mer  ,  étant  violemment 
agitée  ,  pouflbir  fes  vagues  fous  terre  Se  faifoft 
déborder  cette  rivière.  D'autres,  ont  cru  que  c'étoit  des 
vents  réglés ,  qui  retardoient  le  cours  des  eaux  du  Nil. 
Quelques-uns  fe  font  imaginé  que  la  Goutte  ,  qu'on  dit 
tomber  dans  ce  fleuve  ,  le  faifoit  fermenter  &  cau- 
foit  ce  débordement  On  appelle  Goutte  ,  dans  les  re- 
lations qu'on  fait  de  l'Egypte,  une  certaine  rofée  qui 
tombe  en  ce  pays  vers  le  mois  de  Juin ,  &  qui  vient 
un  peu  avant  l'accroiflement  du  Nil  au  pays  du  Sud , 
à  fept  ou  huit  journées  du  Caire.  Ce  font  des  vents 
du  Nord  Se  du  Ponent  qui  la  caufent ,  en  portant  des 
nuages  de  la  Méditerranée.  Elle  eft  fi  fubtile  qu'elle 
pénètre  le  verre  ,  en  forte  que  du  fable  qu'on  enferme 
dans  une  boureille  bien  bouchée  en  eft  humecté.  On 
connoît  cette  forte  de  rofée  au  coton  que  l'on  met 
dans  une  bo'éte  fur  une  fenêtre.  Ce  coton  devient  hu- 
mide lorsque  la  goutte  eft  tombée ,  &  auflitôt  toutes 
les  maladies  cèdent  ,  &  on  peut  communiquer  fans  au-, 
cun  péril,  même  avec  ceux  qui  font  atteints  de  la  pelle. 
*  Dit!,  de  l'acad.  Franfoife ,  éd.  1694. 

Peu  fe  font  arrêtés  à  ce  que  les  géographes  Se  les 
hiftoriens  les  plus  exacts  parmi  les  anciens  Se  parmi  les 
modernes  ont  écrit,  ôc  dont  on  ne  peut  plus  douter 
aujourd'hui;  favoir,  que  les   pluies  tombent  en  abon- 
dance dans   l'Abyifmie  pendant   les  mois  de  Juillet , 
Août  Se  Septembre.  Strabon ,  lib.   15. p.  693.  l'avoir 
écrit  :  faint  Athanafe  ,  in  v'ua  S.  Amonii ,  l'avoit  con- 
firmé :  Cosmas  Indopluftes,  quia  parlé  plus  pertinem- 
ment   qu'aucun   autre   de  l'Abyflinie,  a  dit  la    même 
chofe  que  Strabon  Se  faint  Athanafe  i  enfin,  tous  les 
Jéfuites  Portugais ,  qui  ont  demeuré  long-tems    en  ce 
pays ,  ne  nous  permettent  plus  de   douter  que  l'inon- 
dation du  Nil  eft  caufée  par  les  pluies  qui  tombent 
pendant  les  mois  de  Juin  Se  de  Juillet.  Ils  réfutent  ceux 
qui  l'attribuent  à    la  fonte  des  neiges ,  Se  ils  aflurent 
qu'il  ne  neige   point  en  Ethiopie ,  à  moins  que  ce  ne 
foit  fur   le  fommet    de  quelques-unes  de  ces  hautes 
montagnes ,  qui  font  dans  le  royaume  de  Tigré  ;  mais 
s'il  y  tombe  de   la  neige,  c'eft  en  fi  petite  quantité, 
qu'elle  ne  pourroit  faire  enfler  le  moindre  ruiiïeau.  Ain- 
fi  ,  comme  l'Abyflînie  ,   où   le  Nil  prend  fa  fource, 
eft  pleine  de  Montagnes ,  que  l'hiver  y  commence  au 
mois  de  Juin ,  Se  dure  jusqu'en  Septembre  :  que  pen- 
dant ce  tems ,  il  y  pleut  tous  les  jours  :  que  l'Ethiopie 
eft  beaucoup  élevée  au-dcfiiis  de  l'Egypte  :  que  le  NI 
reçoit  dans  fon  lit  toutes   les  rivières ,  tous  les  îuis- 
feaux  ,  tous  les  torrens  qui  tombent  de  ces  montagnes , 
Se  enflent  conlldérablcment  ce  fleuve -,jl  faut  nécefiai- 
rement  qu'il  inonde  toutes  les  campagnes  de  l'Egypte. 
Cette  inondation  arrive  régulièrement  vers  le  mois  de 
Juillet ,  c'eft-à-dire  ,  environ  trois  femaines  ou  un  mois 
depuis  que  les   pluies  ont  commencé  en  Abyflinie;& 
félon  que  l'inondation  eft  plus  ou  moins  grande  ,  l'an- 
née eft  plus  ou  moins  abondante.  Aufli  a-t-on  foin  de 
remarquer  au  Caire  jusqu'à  quelle  hauteur  le  Nil  mon- 
te ,   Se  de  publier  par  la  ville  de  combien  il  croît  cha- 
que nuit.  "Voyez,  pu  mot  Caire. 

On  relevé  fort  la  bonté  de  l'eau  du  Nil  :  on  dit  que 
quoiqu'elle  foit  toujours  un  peu  trouble  ,  elle  eft  très- 
légère  Se  très-faine.  Galien  dit  que  les  femmes  groflès 
qui  boivent  de  l'eau  du  Nil  ,  accouchent  plus  aifé- 
ment  ,  que  fouvent  elles  accouchent  de  deux  ,  de  trois 
Se  même  de  quatre  enfans  ;  que  les  brebis  Se  les  chè- 
vres font  plus  fécondes  fur  les  bords  du  Nil,  que  par 
tout  ailleurs.  J'ai  déjà  dit  que  la  fertilité  de  l'Egypte 
dépend  du  débordement  du  Nil  :  l'année  eft  mauvaife  , 
quand  le  débordement  eft  au-de(Tous  de  quatorze  cou- 
dées ,  ou  au-dcfl"us  de  dix-huit  :  elle  eft  très-bonne  lors- 
qu'il eft  de  feize  coudées.  *  Le  Grand,  Relar.  d'A* 
byfllnie  ,  p.  21  j. 

2.  NIL  ou  NiLoriE,  ville  de  l'Egypte,  dont  étoit 


NIL 


NIM 


évoque  faint  Chérémont ,  félon  Baillet,  Topographie 
des  Saints ,  pag.  6)6.  Ce  faint  évêque  vivoit  durant 
la  perfécution  de  l'empereur  Dece.  Voyez,  Nilopo- 
iis. 

NILAB  ,  rivière  des  Indes  :  elle  a  fa  fourec  dans  le 
royaume  de  Caboul  -,  qu'elle  mouille  du  nord  au  midi. 
Elle  fe  jette  dans  l'Inde,  à  l'oricnc  du  royaume  do  Ha- 
jacan  ,  un  peu  au-defïbusde  la  ville  Atok.  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vaugondy. 

D'Herbelot ,  dans  fa  Bibliothèque  orientale  ,  dit  : 
Nilab,  l'Eau,  ou  plutôt  le  fleuve  du  Nil.  Les  Per- 
ilcns  appellent  ainfi  une  des  rivières  qui  fe  jettent  dans 
le  fleuve  Indus ,  à  caufe  de  la  grande  quantité  d'indi- 
go qui  croît  fur  fes  bords ,  &  duquel  on  fait  un  très- 
grand  trafic  dans  les  états  du  Mogol.  Ce  Nil ,  rivière 
des  Indes  ,  ajoute-t-il  ,  poturoit  mieux  convenir  que 
celui  d'Egypte  à  la  fuuation  du  Paradis  Terreflre ,  le- 
quel ,  félon  le  commun  confentement  de  tous  les  an- 
ciens ,  étôit  dans  le  milieu  de  l'Ane  ,  Se  non  pas  dans 
l'Afrique. 

NILCOS  ,  port  de  l'Amérique  fcptcntrionale ,  fur 
la  côte  du  gouvernement  de  Panama.  Il  efl:  tout  pro- 
che de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Darien  ,  qui  fé- 
pare  ce  gouvernement  de  celui  de  Carthagene.  C'eft-là 
que  finit  le  golfe  d'Uraba,  d'où  ce  lieu  a  été  appelle 
par  les  Espagnols  la  Culata ,  comme  qui  diroit  le  fond 
du  golfe.  *  Corn.  DicL.  Lact ,  Indes  occidentales ,  1. 
8.   chap.   io. 

NILEUS.  Voyez'Ntttvs  Se  Thonis. 

NILIDES  LACUS,  lac  fur  une  montagne  de  la 
Baffe-Mauritanie ,  au  voifinage  de  l'Océan.  Pline,  /.  y. 
c.  9.  Se  Solin,  c.  32.  p.  59.  parlent  de  ce  lac.  On  pré- 
rendoic  que  c'étoit  la  fouice  du  Nil ,  &  on  le  plaçoit 
fur  le  mont  Atlas.  Voyez.  Nuchui.. 

N1LI  OSTIA.  Pomponius  Mêla,  lib.  1.  c.  9.  Stra- 
bon ,  /.  17.  p.  788.  Se  Diodore  de  Sicile,/,  r.  c.  33. 
prétendent  que  le  Nil  a  neuf  bouches  par  lesquelles  il 
le  décharge  dans  la  mer.  Ptolomée  ,/.  4.  c.  5.  en  compte 
neuf  5  mais  il  y  en  a  deux  qu'il  appelle  fauffes  embou- 
chures. Hérodote,  qui  n'en  compte  que  fept,  en  ad- 
met pareillement  deux  fauffes.  Voici  les  noms  de  ces 
embouchures  : 

Heratleoticum ,     Sebennuwum ,     Thatriuicum , 

Pelujîacum,  Tuniticum ,         Mendefmm  ,■ 

Bulbitinum. 


$6$ 


Les  deux  que  Ptolomée  ajoute  ,  font 


Dioclos  y 


Si 


Pincptim'u 


Pline,  /.  y.  c.  ïo.  nomme  la  première  des  embou- 
chures du  Nil  Heraclcoûcam  ou  Naucraticum ,  com- 
me mots  fynonymes ,  Se  Pomponius  Mêla,  /.  l.c.  9. 
l'appelle  Canopicum  au  lieu  de  Phatniticum.  Ptolomée, 
/.  4.  c.  y.  écrit  Vathmeticum.  Strabon  ,  /.  17.  p.  7S8. 
&  Diodore  de  Sicile,  /.  1.  c.  33.  lifent  Phathmicum  s 
mais  dans  un  autre  endroit  ce  dernier  change  fon  or- 
thographe, Se  écrit  Phagneticum.  Hérodote,  /.  2.  p. 
17.  femble  aulïi  varier  fur  le  nom  de  cette  embouchu- 
re: car  il  y  a  apparence  que  c'eit  celle-là  qu'il  appelle 
Bucolicum.  Quelques-uns  pour  Tuniticum  lifent  Saiti- 
cum,  Se  les  exemplaires  de  Pomponius  Mêla  ,  /.  1.  c.  9. 
portent  Tanicum. 

NILI  VEN,£.  Voyez.  Mophi. 

NILOPOLIS  ,  en  grec  NêM«W/ç  félon  Ptolomée  ,  /. 
4.  c.  5.  Se  N'Sxcç  7rc/uç  félon  Etienne  le  géographe.  C'é- 
toit une  ville  d'Egypte.  Ptolomée ,  /.  4.  c.  r.  la  place 
dans  les  terres.  Eui'ebe  en  fait  mention  dans  fon  hi- 
ftoire  Eccléfiaflique ,  /.  6.  c.  34.  il  fuit  la  même  or- 
thographe qu'Etienne  le  géographe,  Se  il  nomme  fon 
evêque  Charremon.  Eufebius  ,  fon  évêque,  feuferivit  au 
concile  d'Ephèfe  ,  tenu  l'an  43 1. 

NILOPTOLEM/EUM.lieu  d'Ethiopie,  fur  la  côte 
de  la  mer  Rouge ,  félon  Arrien ,  Penpl.  maris  Ery- 
thrdi ,  p.  7. 

1.  NI  LUS.  Voyez  Nil. 

2.  N1LUS,  contrée  quelque  part  dans  l'Arabie,  fé- 
lon Strabon,  /.  16.  p.  774.  Il  la  met  dans  les  terres 
Se  dit  qu'on  y  ttouveit  de  la  myrrhe  Se  de  l'encens. 


NIMBOURG  ,  ville  du  royaume  de  Bohême  ,  dans 
le  cercle  de  Konigingratz  ,  près  du  bord  feptcntrional 
de  l'Elbe. 

NIMEGUE,  ville  des  Pays  Bas,  dans  la  Gueldre 
Hollandoilê ,  fur  la  rive  gauche  du  Wahal ,  à  trois  lieues 
communes  de  Cléves ,  à  trois  du  fort  Skenk ,  eiv.ro 
Arnhcm  Se  Grave.  Le  nom  de  cette  ville  efl.  diverfe- 
ment  écrit   dans  la  langue  du    pays.  Les   uns  écrivent 

NlEW-MEEGEN  ,     d'aUtlXS    NlEW  MAGEN    ,    NYMEGEN, 

Nimwegen,  Se  Nimmegen,  d'où  les  François  ont  dit 
Nimegue.  Cette  ville  efl  très-ancienne  :  il  n'en  faut  pas 
d'autres  preuves  que  les  monnmens  d'antiquité  Ro- 
maine que  l'on  découvre  de  tems  en  tems ,  au-dedans 
de  fes  murailles  Se  dans  fon  territoire  :  de  plus ,  on  là 
trouve  nommée  Noviomagus ,  dans  la  table  de  Peutin- 
ger ,  où  elle  efl;  marquée  à  fix  milles  à'Arenututmt 
qu'on  croit  être  Arnhem.  De  Noviomagus ,  on  a  fait 
par  corruption  Niomagus  ,  Neumagus  ,  Neumaga  , 
Se  enfin  Nimegue.  Après  la  décadence  de  l'Empire 
Romain  ,  elle  demeura  quelque  tems  dans  l'alliance  que 
les  Batavesavoient  avec  les  François -,  mais  quelque  tems 
après ,  le  pays  ayant  été  démembré  Se  fournis  à  la  puis- 
fance  des  comtes  de  l'Empire,  la  ville  de  Nimegue  fut 
foumife  ,  premièrement  aux  rois  d'Auflrafie  ,  Se  enfuite 
aux  empereurs.  Chailemagnc,  vers  l'an  774,  rétablit 
le  château  ,  ouvrage  des  Bataves ,  Se  en  fit  un  palais 
royal ,  où  lui-même ,  ion  fils ,  Louis  le  Débonnaire  Cv 
divers  autres  empereursdemeurerentaffez  fouvenr.  L'An- 
lialifle  de  Metz  dit ,  que  de  fon  tems ,  ce  palais  étoit 
très-grand  &  d'une  mcrveilleufe  architecture,  ingentis 
magnitudinis  mirique  operis  ;  enforte  qu'on  comptoit 
pour  les  deux  premiers  palais  impériaux,  Aix-Ia  Cha- 
pelle Se  Nimegue ,  Noviomagus.  L'empereur  Fridéric 
Barbcrouffe  le  répara  en  115;  ,  comme  on  le  voit  dans 
une  infeription  gravée  fur  un  marbre  en  lettres  gothi- 
ques. *  Theatr.  urb.  Belg. 

Dix  ans  après  ,  naquit  dans  ce  même  palais  Henri, 
fils  de  Fridéric  Barberouffe ,  Se  fon  fucceffeur  à  l'em- 
pire. Fridéric  II ,  fils  de  celui-ci ,  Se  Henri  II ,  fon 
petit-fils ,  confirmèrent  à  la  ville  de  Nimegue  fes  an- 
ciens privilèges  ,  Se  lui  accordèrent  tous  ceux  dont 
jouiffoit  la  ville  d'Aix-la-Chapelle.  Les  empereurs  leurs 
fucceffeurs  confirmèrent  ces  mêmes  privilèges  -,  Se  quoi- 
que Guillaume  ,  roi  des  Romains  ,  eût  engagé  en  1248  , 
à  Otton  ,  comte  de  Gueldre  ,  le  palais  impérial  avec 
fon  domaine  ,  la  ville  conferva  toujours  le  titre  de 
ville  impériale,  &  les  privilèges  que  les  empereurs  lui 
avoient  accordés  en  diftérens  tems  i  &  même  les  com- 
tes, Se  enfuite  les  ducs  de  Gueldre,  lorsque  là  ville 
fe  fut  mife  fous  leur  protection  ,  n'étoient  point  re- 
connus qu'ils  n'euflènt  auparavant  confirmé  ces  privi- 
lèges ,  tant  par  ferment ,  que  par  une  patente  qu'ils  en 
faifoient  expédier.  La  ville  de  Nimegue  jouit  encore  dû 
l'exemtion  de  tous  impôts  fur  la  Meufe  :  ces  avanta- 
ges ont  engagé  les  autres  villes  à  lui  céder  le  premier 
rang. 

Ses  habitahs  ,  pendant  les  troubles  des  guerres  civiles 
dans  les  Pays-Bas ,  demeurèrent  fidèles  à  Philippe  II , 
jusqu'à  l'extrémité.  Ce  ne  fut  qu'en  IJ79  ,  que  le  cha- 
grin de  voir  leurs  privilèges  violés  par  l'empiifonnc- 
ment  de  leurs  concitoyens  fufpects  d  héréfie  ,  les  en- 
gagea à  entrer  dans  l'alliance  d'Utrecht,  qui  a  donné 
le  nom  aux  Provinces  Unies  des  Pays-Bas.  Une  fédi- 
tion  qui  s'éleva  dans  la  ville  ,  les  fit  retomber  en 
i  j  85  fous  la  puifiànce  du  roi  d'Espagne  ;  mais  en  1 590 , 
le  comte  Maurice,  pour  les  bloquer,  ayant  fait  bâtir 
fur  la  rive  droite  du  Wahal ,  vis-à-vis  de  Nimegue  ,  le 
fort  Knodfebourg,  Se  l'année  fuivante,  ce  comte  les 
ayant  attaqués  vivement ,  ils  furent  contraints  de  ca- 
pituler ,  de  rentrer  dans  l'alliance  des  Provinces-Unies, 
&  de  confentir  à  l'abolition  de  l'exercice  de  la  religion 
Catholique. 

L'enceinte  de  la  ville  de  Nimegue  efl:  fortifiée  de 
divers  ouvrages.  Au-delà  du  Wahal,  il  y  a  le  fort  de 
Knodfebourg ,  bâti  en  premier  lieu  pour  bloquer  les 
habitans,  mais  qui  depuis  efl  devenu  leur  fureté  &  les 
rend  maîtres  du  paffage  du  Wahal.  Le  bourg  ou  le 
palais  impérial ,  appelle  vulgairement  Vakkhof,  efl  une 
grande  forttreffe  qui  commande  le  fleuve  Se  la  ville. 
Elle  elt  bâtie  fur  une  colline  affez  élçyée  &  escarpée 
Tom.  IV.  Bbbb  |j 


564        NIM 

par-tout ,  excepté  d'un  côté.  Son  enceinte  qui  eft  de 
pierres  de  taille ,  efl  flanquée  de  plufieurs  tours  ;  du 
côté  du  midi  néanmoins  la  muraille  n'eft  que  de  bri- 
ques ,  auffi  eft-elle  nouvelle:  l'injure  du  tems  avoir  ruiné 
l'ancienne  muraille  de  ce  côté.  Outre  une  grande  quan- 
tité de  bâtimens ,  cette  fortereffe  renferme  trois  gran- 
des places  Se  deux  chapelles  ,  dans  la  plus  grande  des- 
quelles on  voit  des  infcriptions  anciennes.  De  cette  for- 
tereffe, &  fur-tout  de  fa  principale  tour,  on  aune  des 
plus  belles  vues  qu'on  puiffe  fouhaiter.  Le  palais  eft  re- 
spectable par  fon  antiquité  &  remarquable  par  fon 
architecture.  L'enceinte  de  cette  ville  étoit  autrefois  bien 
moins  gra"nde  qu'elle  n'efl  préfentement  ;  les  anciens 
fauxbourgs  Se  la  citadelle  ont  été  renfermés  dans  la 
ville  :  on  voit  encore  deux  des  anciennes  portes.  La 
ville  eft  bâtie  fur  plufieurs  collines ,  on  en  compte 
neuf,  Se  dans  l'endroit  le  plus  élevé  il  y  a  trois  fon- 
taines qui  fourniffent  de  l'eau  abondamment.  On  a 
creufé  dans  presque  toutes  les  rues  des  puits  publics; 
ils  font  d'une  grande  profondeur  ;  Se  ce  qui  eft  Surpre- 
nant ,  ils  ne  tirent  pas  leur  eau  du  Wahal  qui  eft  û 
voifin  ,  mais  de  la  Meufe  qui  en  eft  allez  éloignée. 

Avant  les  troubles  des  guerres  civiles,  on  voyoit  à 
Nimegue  un  très-grand  nombre  d'églifes.  Il  n'en  refle 
plus  que  dix  qui  ayent  des  clochers ,  les  autres  ont  été 
deftinées  à  l'ufage  du  public.  La  principale  églife,  qui 
porte  le  nom  de  faint  Etienne ,  étoit  collégiale  autre- 
fois; elle  fut  bâtie  en  1272,  Se  confacrée  par  faint  Al- 
bert le  Grand  ,  évêque  de  Ratifbonne.  On  y  voit  dans 
le  chœur  un  fuperbe  monument  de  Catherine  de  Bour- 
bon ,  fille  de  Charles  de  Valois ,  femme  d'Adolfe  d'E- 
gmond ,  duc  de  Gueldre.  L'école  eft  voifine  de  cette 
eglife.  On  compte  à  Nimegue  un  grand  nombre  d'hô- 
pitaux bien  fondés  Se  bien  entretenus;  Se  entre  plu- 
fieurs beaux  édifices,  on  remarque  la  maifon  de  ville 
qui  eft  magnifique  Se  ornée  des  ftatues  de  divers  em- 
pereurs. 

C'eft  dans  cette  ville  que  les  plénipotentiaires  de  la 
plupart  des  princes  de  l'Europe  ,  après  y  avoir  été  as- 
femblés  près  de  trois  ans,  conclurent  une  paix  générale 
dans  les  années  1678  Se  1679. 

Les  habitans  de  Nimegue  paffent  pour  être  ceux  de 
toutes  les  Provinces-Unies,  qui  ont  confervé  avec  plus 
d'attachement  les  mœurs  Se  les  ufages  de  leurs  ancê- 
tres. Ils  accordent  difficilement  le  droit  de  bourgeoifie 
aux  étrangers.  Le  plus  grand  nombre  s'adonne  au  com- 
merce ,  qui  eft  favorifé  par  la  fituation  avantageufe  de 
la  ville  Se  parles  exemtions  d'impôts.  Plufieurs  famil- 
les nobles  des  Provinces-Unies  tirent  leur  origine  de 
cette  vilie. 

NIMEGUE  (  Le  QUARTtER  de  ),  contrée  de  la  Guel- 
dre ,  bornée  au  nord  par  le  quartier  de  Veluwe  ,  donc 
elle  eft  féparée  par  le  Rhin  ;  le  comté  de  Bcrg  Se  le 
duché  de  Cléves  la  bornent  à  l'orient  ;  elle  a  au  midi 
le  Brabant ,  dont  elle  eft  féparée  par  la  Meufe  ,  Se  elle 
eft  bornée  à  l'occident  par  la  Hollande.  Cette  con- 
trée eft  partagée  en  fix  autres  quartiers  on  préfectures  , 
qui  font 

H  et  Eykjvan  Nimxvegen ,  ou  diftrict  de  Nimegue , 

De  Over-Bctinoe,  ou  le  Haut-Betuwe , 

De  Neder-Betuwe,  ou  le  Bas-Betuwe , 

Tielertuardc ,  ou  le  territoire  deTiel , 

Bommelerwardt ,  ou  le  territoire  de  Bommel, 

MaasenWaal,  c'eft-à  dire  entre  la  Meufe 

&  le  Waal. 

Il  y  a  dans  ces  préfectures  deux  villes ,  qui  font 
Tiel  &  Bommel ,  Se  deux  autres  lieux  qui  participent 
à  quelques  droits  des  villes ,  favoir  Bateburg  Se  Genr. 
On  y  compte  cinquante  terres  feigneuriales  avec  droit 
de  juftice  criminelle  ,  Se  un  plus  grand  nombre  qui 
n'ont  que  la  juftice  civile.  Il  y  a  cinq  fortereflés  où 
on  tient  toujours  gamifon  ;  favoir , 

Le  fort  de  Skenk  ,  Le  fort  S.  Andries  , 

Le  fort  de  Knodfebourg ,  Le  fort  de  Lœwenflein. 
Le  fort  de  Naffau , 

N1METACUM.   L'itinéraire  d'Antonin   met   cette 


NIN 


ville  fur*  la  toute  de  Ceftelhim  à  Coloma  Àgntpina 
entre  Mmariacum  Se  Camaracum  ,  à  dix-huit  mille  pas 
de  la  première  Se  à  quatorze  mille  de  la  féconde.  Or- 
telius ,  Thef.  dit  que  ce  doit  être  Lens  en  Artois,  à 
moins  qu'il  n'y  ait  erreur  dans  le  nombre  des  milles. 
Meyer  prétend  au  contraire  que  ce  foit  Mainy  ,  dans 
la  châtellenie  de  Lille.  La  notice  des  dignités  de  l'Em- 
pire ,  J'eci.  65.  femble  pourtanr  favorifer  l'opinion  d'Or- 
telius;  on  y  lit  ces  mots  :  Tr&fùlus  L&ioram  Batavo- 
rwn  Nimetacenfium  Atrebatis  Belgicx.  fecundœ. 

IMIMETSCH  ,  monaftere  de  filles,  en  Allemagne, 
dans  la  Misnie.  11  eft  remarquable  ,  parce  que  c'en;  dans 
ce  couvent  qu'étoit  religieufe  la  femme  de  Luther. 

N1MIROUF  ,  ville  de  Pologne  ,  dans  le  palatinat  de 
Ruine.  Elle  eft  affez  grande  Se  bâtie  toute  de  bois. 
Elle  a  un  étang  coniidérable  ,  au  milieu  duquel  on 
voit  dans  une  ifle  un  ancien  château  aujourd'hui  fort 
délabré.  C'eft  la  maifon  de  la  Staroftie.  *  Cor».  Di6t. 
Mémoires  du  chevalier  de  Beaujeu. 

NIMIS.  Voyez.  Minius. 

NIMISSAKOUAT  ou  Naouessacouet  ,  petite  ri- 
vière de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle 
France.  Elle  fe  jette  dans  l'extrémité  occidentale  du  lac 
fupérieur.  Les  deux  noms  qu'on  donne  à  cette  rivière  font 
proprement  le  même  :  ils  ne  différent  que  dans  la  pro- 
nonciation. Les  François  prononcent  de  la  première 
manière ,  Se  les  Sauvages  de  la  féconde.  La  différence 
vient  de  ce  que  les  Sauvages  ne  fe  fervent  jamais  de  la 
lettre  M. 

NIMOSIENSIS  ,Nimociensis  ,  fiége  épiscopal,  dans 
fifle  de  Cypre.  Parmi  les  évêques  qui  fouferivirent  au 
concile  de  Trente ,  on  trouve  Andréas  Morenhus  Ni- 
mofienfïs.  *  Harduin.  colleét.  conc. 

NIMPTSCH  ,  petite  ville  d'Allemagne,  au  duché 
de  Siléfie,  dans  la  principauté  deBrieg,  entre  Franc- 
kenftein  Se  Breflau  ,  Se  fur  le  chemin  qui  va  de  Pra- 
gue Se  de  Glatz  à  Breflau.  Cette  ville  étoit  déjà  confi- 
dérable  dans  l'onzième  fiécle.  L'empereur  Henri  II , 
l'an  1017  ,  fut  obligé  d'en  lever  le  fiége  au  bout  de 
trois  femaines.  Il  eft  encore  fait  mention  de  cette  ville 
&  de  fon  château  dans  l'hiftoire  dès  l'an  1  3  3  1  ;  mais 
particulièrement  au  tems  des  Huflites ,  qui  fe  défendi- 
rent fi  vaillamment  dans  cette  place  en  1431  Se  1434, 
contre  les  Siléfiens ,  qu'ils  les  obligèrent  d'en  lever  le 
fiége,  après  leur  avoir  fait  perdre  l'élite  de  leurs  trou- 
pes. *  Zeyler ,  Top.  Duc.  Silef. 

NINiEA,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  l'Oenotrie. 
Ortelius ,  Thef.  dit  que  Suidas  Se  Etienne  le  géographe 
la  placent  dans  les  terres ,  Se  que  félon  Gabriel  Barri , 
les  Latins  la  nomment  Ninetum  ,  &  les  Italiens  San- 
Donato. 

1.  NING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  d'Iun- 
nan  ,  au  département  de  Lingan ,  troifiérne  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  14  deg.  o  min.  plus  occi- 
dentale que  Peking,  fous  les  24  deg.  10  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.  *  Allas  Sinenfis. 

2.  NING ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi,  au  département  deKingyang,  feptiéme  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  8  deg.  54  min.  plus 
occidentale  que  Péking ,  fous  les  37  deg.  jj  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

3.  NING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kiangfi,  au  dépai  rement  de  Nanchang  ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  2  deg.  59  min.  plus  occi- 
dentale que  Péking  ,  fous  les  29  deg.  1 1  min,  de  latitude 
feptentrionale. 

1.  NINGCIN,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Péking  ,  au  département  de  Chinting  ,  quatrième  mé- 
trople  de  la  province.  Elle  eft  de  2  deg.  14  min.  plus  oc- 
cidentaleque  Péking,  fous  les  38  deg.  23  min.delatitude 
feptentrionale. 

2.  NINGCIN,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Péking  ,  au  département  de  Hokien  ,  troifiérne  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  efl  de  o  deg.  3  min.  plus 
orientale  que  Péking  ,  fous  les  3  8  deg.  o  min.  de  latitude 
feptentrionale. 

NINGC'ING,  fortereffe  delà  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Channton  ,  où  elle  a  le  rang  de  première  grande 
fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  de  4  deg.  ;;  min.  plus 


NIN 


NIN        s6f 


orientale  que  Péking  ,  fous  les  36  deg.  18  min.  de  latit. 
feptentrionale. 

NINGCO,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Queicheu ,  au  département  de  Ganxun  ,  quatrième  gran- 
de cité  de  la  province.  Elle  eft  de  12  deg.  16  min.  plus 
occidentale  que  Péking ,  fous  les  25  deg.  2j  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

1.  NINGHAI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  provincede 
Chekiang,  au  département  de  Taicheu  ,  dixième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  ;  deg.  18  min.  plus  orien- 
tale que  Péking,  fous  les  29  deg.  3  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale. 

2.  NINGHAI ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Channton ,  au  département  deTengcheu  ,  cin- 
quième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  deg.  40 
min.  plus  orientale  que  Péking  ,  fous  les  37  deg.  4  min. 
de  latitude  feptentrionale. 

3.  NINGHAI,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Chekiang ,  au  département  de  Chinxan  ,  gran- 
de fortereffe  de  la  province.  Elle  eu;  de  y  deg.  28  min. 
plus  orientale  que  Péking,  fous  les  29  deg.  10  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

NINGHIA  ,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Xenfi  ,  au  département  d'Iungchang ,  première 
fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg.  20  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  38  deg.  50  min.  de 
latitude  feptentrionale.  Cette  fortereffe  eft  environnée 
du  mont  Holan  ,  qui  forme  une  espèce  de  muraille  tout 
autour.  Dans  le  voifinage  ,  il  y  a  deux  lacs  d'eau  falée  ; 
l'un  eft  grand  8c  l'autre  petit.  La  nature  d'elle  même 
y  produit  du  fel,  fins  que  l'induftrie  des  hommes  y  con- 
tribue en  rien. 

NINGHIACHUNG ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans 
la  province  de  Xenfi ,  au  département  de  Jungchang , 
grande  fortereffe  de  ia  province.  Elle  eft  de  11  deg.  10 
min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  38  deg.  40 
min.  de  latitude  feptentrionale. 

1.  NINGHIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Channfi,  au  département  de  Fuencheu  ,  cinquiè- 
me métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  6  deg.  4^  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  38  deg.  10  min. 
de  latitude  feptentrionale. 

2.  NINGHIANG,  ville  delà  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Channton,  au  département  d'Yencheu ,  fé- 
conde métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  16 
min.  plus  orientale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  30 
min.  de  latitude  feptentrionale. 

3.  NINGHIANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang  ,  au  département  de  Changxa ,  hui- 
tième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  y  deg.  22 
min.  plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  29  deg.  1 1 
min.  de  latitude  feptentrionale. 

NINGHOA,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Fokien  ,  au  département  de  Tingcheu  ,  fixiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  deo  deg.  44  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  26  deg.  30  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

NINGKIANG,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Xenfi,  au  département  deHanchung,  troifié- 
me  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg.  3  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  35  deg.  13  min. 
de  latitude  feptentrionale. 

NINGLINÇ  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Honan  ,  au  département  de  Queite ,  féconde  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  d'un  deg.  46  min.  plus  occiden- 
tale que  Péking  ,  fous  les  3;  deg.  11  min.  de  latitude 
feptentrionale. 

NINGO,  Lempi  ou  Lampi,  félon  les  François, 
Lampa  ou  Alampo  félon  les  Anglois  ,  royaume  d'A- 
frique ,  fur  la  côte  d'Or ,  borné  à  l'oueft  par  celui  de 
Labade  ,  à  l'eft  par  celui  de  Soko ,  8c  au  fud  par  la 
mer.  11  a  treize  lieues  d'étendue  le  long  de  la  côte.  Son 
fouverain  eft  dépendant  de  celui  d'Aquambo.  Le  pays 
n'eft  ni  fertile,  ni  peuplé;  mais  il  nourrit  beaucoup  de 
beftiaux ,  comme  vaches,  porcs ,  moutons,  8c  quantité 
de  volailles.  Les  principaux  lieux  font  le  petit  Ningo , 
Temina,  Chincka  ,  Brambo,  Pampena  ,  le  grand  Nin- 
go ,  &  Lay  :  les  deux  derniers  font  les  plus  connus  pour 
le  commerce. *  Artits  ,  p.  52. 'Côtes  de  Guinée,  par 
Sc/Aa. 


NINGOUTA  ,  ville  de  la  Tartane  Chinoife  ,  dans 
la  province  de  Kirin,  fur  la  rivière  de  Hourka-Pira  , 
à  cinquante  lieues  au  nord-eft  de  Kirin.  Les  Chinois  y 
commercent  beaucoup. 

1.  NING'PO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Chekiang,  où  elle  a  le  rang  de  neuvième  métro- 
pole. Elle  eft  de  4  deg.  46  min.  plus  orientale  que 
Péking,  fous  les  29  deg.  40  min.  de  latitude  fepten- 
trionale. Les  Portugais  fréquentoient  autrefois  beaucoup 
le  promontoire  de  cette  ville  ,  qu'ils  appellercnt  Liaf/i- 
po  par  corruption.  On  dit  communément  que  de  ce 
promontoire  ,  lorsque  le  rems  eft  ferein  ,  on  voit  les  côtes 
du  Japon  ;  mais  la  chofe  n'eft  guère  pofllble ,  vu  la 
grande  diftance  qu'il  y  a. 

Sous  les  rois  de  Jue,  cette  ville  futappellée  Jung- 
tung.  La  famille  Cina  la  joignit  à  la  province  d'Hoei- 
ki  ;  la  famille  Tanga  lui  donna  le  nom  de  Mingcheu  ; 
celle  de  Sunga  celui  de  Kingyuen  ,  8c  celle  deTaimin- 
ga  la  nomme  Ning'po ,  mot  qui  fignifie  qui  appnije  les 
ondes.  L'air  qu'on  refpire  dans  ce  quartier  eft  afièz 
pur  ;  le  pays  eft  agréable  8c  le  terroir  eft  très-fertile, 
fi  ce  n'eft  en  quelques  endroits  où  l'on  trouve  des  ro- 
chers escarpés.  Il  fe  fait  à  Ning'po  un  grand  com- 
merce de  poiffbn,  foit  frais,  foit  féché  au  foleil.  Ses 
habitans  partent  pour  avoir  beaucoup  d'cfprit ,  8c  à 
chaque  examen  ,  elle  fournit  un  grand  nombre  de  do- 
cteurs à  l'empire.  Dans  la  ville  ,  comme  dans  la  campa- 
gne, on  ne  mange  guère  que  des  chofes  falées.  Cela  a 
donné  lieu  à  une  espèce  de  proverbe.  On  dit  commu- 
nément que  les  corps  des  habitans  de  Ning'po  ne  fc 
corrompent  point  après  leur  mort,  parce  qu'ils  ont 
été  confits  dans  le  fel  dès  leur  vivant.  Il  y  a  cinq  villes 
fous  cette  métropole , 

Ning'po,  Çuki,  Funghoa,  Tinghai ,  Siangxan. 

2.  NING'PO,  fortereffe  delà  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen  ,  au  département  de  Cienguei ,  gran- 
de fortereffe  de  la  province.  Elle  eft  de  14  deg.  42  min. 
plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  28  deg.  ;o  min. 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenjis. 

1.  N1NGQUE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Nanking  ,  où  elle  a  le  rang  de  douzième  mé- 
tropole. Elle  eft  d'un  degré  o  min.  plus  occidentale 
que  Péking,  fous  les  31  deg.  40  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale. La  rivière  Von  baigne  fes  murailles  du  cô- 
té de  l'orient ,  &  facilite  fon  commerce  ,  en  portant 
les  navires  de  cette  ville  jusque  dans  le  grand  fleuve 
Kiang.  Tout  fon  territoire  eft  couvert  de  hautes  mon- 
tagnes. Au-dedans  de  fes  murailles ,  il  y  a  d'agréables 
collines ,  de  petits  bois  8c  de  magnifiques  édifices  ,  Se 
l'on  y  fait  beaucoup  de  papier.  Cette  métropole  a  fix 
villes  dans  fes  dépendances  : 


Ningque, 
Ninque , 


King , 
Taiping , 


Cingte, 
Nanling. 


2.  NINGQUE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Nanking  ,  au  département  de  Ningque ,  douzième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  deg.  1 3  min. 
plus  orientale  que  Péking ,  fous  les  3 1  deg.  9  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

NINGTE  ,  cité  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Fokien  ,  au  département  de  Foning ,  grande  cité  de  la 
province.  Elle  eft  de  3  deg.  34  min.  plus  orientale 
que  Péking ,  fous  les  26  deg.  3  2  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale. 

N1NGTU,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Kianfi  ,  au  département  de  Cancheu  ,  douzième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  d'un  deg.  20  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  27  deg.  10  min.  de 
latitude.  *  Atlas  Slnenjts 

NINGUM  ou  Mingum:  on  lit  l'un  &  l'autre  dans 
l'irinéraire  d'Antonin  ,  qui  place  cette  ville  fur  la  route 
d'Italie  en  Dalmatie ,  en  paffant  par  l'Iftrie,  &  plus  par- 
ticulièrement furlarouted'AquiléeàSnlone ,  par  l'Iftrie, 
en  ne  prenant  point  la  mer.  Il  h  met  entre  Tergelle  8c 
Parentium  ,  à  vingt-huit  milles  de  la  première ,  8c  à 
dix-huit  de  la  féconde.  Oitelius ,  Thcfaur.  dit  que  Sim- 


S66 


NIN 


NIN 


1er  veut  qu-e  ce  foit  Mitgia ,  ville  de  l'Iftrie  ;  d'autres 
croient  que  c'eft   Umago. 

NiNGYANG,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Fokien ,  au  département  de  Changcheu  ,  troifiéme 
métropole  de  la  province.  Elle  eit  d'un  deg.  15  min. 
plus  orientale  que  Péking,  fous  les  24  deg.  56  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenjis. 

1.  NINGYUEN  ,  ville  de  l'empire  Chinois  ,  clans  la 
province  de  Leaotung,  au  département  de  Leaoyang, 
métropole  de  cette  province.  Elle  eit  de  2  deg.  38  m. 
plus  orientale  que  Péking,  fous  les  40  deg.  26  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

2.  NINGYUEN ,  forterefie  de  l'empire  Chinois ,  dans 
la  province  de  Leaotung,  au  département  de  Leaoyang  , 
métropole  de  cette  province.  Elleeil  de  2  deg.  55  min. 
plus  orientale  que  Péking,  fous  les  40  deg.  13  min.de 
latitude  feptentrionale. 

1.  N1NGYVEN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Cungch'ang ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eh;  de  10  deg.  ;8  min. 
plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  36  deg.  38  min. 
de  latitude  feptentrionale. 

2.N1NGYVEN,  ville  de  la   Chine,  dans  la  pro- 
vince  de    Muquang  ,   au    département    d'Iungcheu  , 
treizième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  ;  deg. 
50  min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  26  deg.  ' 
<  min.  de  latitude  feptentrionale. 

NIN1A  ,  ville  de  la  Daluuuie  ,  félon  Strabon  ,  /.  7. 

f.  315. 

NINTCA.  Voyez  Necica- 

1.  NINIVE  ,  Niniue  ,  félon  les  écrivains  facrés,  ou 
Ninos  félon  les  profanes.  Ce  font  les  noms  que  l'on  a  don- 
nés à  l'ancienne  ville  deNinive,  capitale  de  l'Afiyrie,  fon- 
dée par  Aflur ,  fils  de  Sem ,  ou  par  Nemrod,  fils  de  Chus; 
car  ces  paroles  de  Moiïe  (a):  De  Mo  egrejjus  eft  AJurdr 
adificavit  Niniven ,  fe  rapportent ,  félon  quelques-uns ,  à 
Nemrod ,  dont  il  eft  parlé  auparavant ,  enforte  qu'il  fau- 
droitlire:De  terra  Ma  {Babylonia  Nemrod)  egre/fat  eft 
in  Ajjyriam  &  adificavit  Niniven.  Quoi  qu'il  en  foit  (/>) , 
il  faut  convenir  que  Ninive  étoit  une  des  plus  ancien- 
nes ,  des  plus  illuftres  ,  des  plus  puiffanres  Se  des  plus 
grandes  villes  du  monde.  Il  feroit  difficile  de  marquer 
au  jufte  le  tems  de  fa  fondation  :  cependant  on  ne  peut  la 
mettre  long-tems  après  la  tour  de  Babel.  Elle  étoit  fi- 
tuée  fur  le  Tigre ,  &  du  tems  du  prophète  Jonas,  qui  y 
fut  envoyé  fous  Jéroboam  II,  roi  dlfracl ,  Se,  comme 
on  croit ,  fous  le  règne  de  Phul ,  père  de  Sardanapal ,  roi 
d'Afiyrie  ;  Ninive  étoit  une  très-grande  ville ,  ayant  trois 
jours  de  chemin  de  circuit.  Diodore  de  Sicile  qui  nous 
en  a  confervé  les  dimenfions  dit  ,  Qu'elle  avoit  cent 
cinquante  flades  de  longueur  ,  quatre-vingt-dix  de  lar- 
geur ,  Se  quatre  cens  quatre-vingt  de  tour  ;  c'eft-à-dire  , 
pour  réduire  ces  mefures  aux  nôtres  ,  fept  lieues  de'long , 
en  prenant  la  lieue  à  trois  mille  pas ,  environ  trois  lieues 
ide  large  ,  &  dix  huit  lieues  de  tour.  Ses  mursétoienthauts 
de  cent  pieds,  &  fi  larges,  que  trois  chariots  y  pou- 
voient  marcher  de  front.  Les  tours  qui  étoient  au  nombre 
de  quinze  cens ,  étoient  hautes  chacune  de  deux  cens  pieds. 
Strabon  fait  aufli  mention  de  la  grandeur  de  cette  ville. 
Comme  elle  ne  fubfiftoit  plus  de  fon  tems  ,  il  dit  qu'elle 
avoit  été  beaucoup  plus  grande  que  Babylone  ,  Se  que  , 
comme  Babylone ,  elle  renfermoit  des  jardins ,  des  champs 
&  d'autres  lieux  qui  n'étoient  point  habités,  (a)  Genef. 
10.  11.  (/')  Dom  Cilmet ,  Diction. 

Diodoie  de  Sicile  place  Ninive  fur  l'Euphrate  -,  mais 
c'eft  une  erreur. Hérodote,  /.  1.  c.  193. &7. 2. e.  ijo.dk 
quelle  étoit  fur  le  Tigre.  Pline  ,  /.  6.  c.  1 3.  dit  la  même 
chofe  ,  Se  ajoute  qu'elle  avoit  été  bâtie  fur  la  rire  gau- 
che de  ce  fleuve,  quoique  d'autres  1.1  placent  fur  la  rive 
droite.  Enfin  Strabon  ,  Ptolomée  Se  les  autres  géo- 
graphes ,  la  mettent  pareillemenr  fur  le  Tigre.  Du 
tems  que  Jonas  y  fut  envoyé  ,  elle  étoit  fi  peuplée 
qu'on  y  comptoit  plus  de  fix-vingt  mille  perfonnes  , 
qui  ne  favoient  pas  difiinguer  leur  main  droite  de  leur 
main  gauche  ,  ce  qu'on  explique  communément  des 
enfans  qui  n'avoient  pas  encore  l'ufage  de  leur  rai  fon; 
deforte  qu'à  ce  compte  il  devoit  y  avoir  plus  de  fix  cens 
mille  perfonnes  à  Ninive.  Elle  fut  prife  l'an  du  monde 
32^7  ,  743  ans  avant  Jefus-Chtïft  ,  Se  747  avant  l'ère 
vulgaire.  Ce  fut  Arbacès  Se  Bclcfus ,  qui  la  prirent  fur  le 


roi  Sardanapal ,  du  tems  d'Achas,  roi  de  Juda,  vers  le 
tems  de  la  fondation  de  Rome  (<?).  Elle  fut  prife  une 
féconde  fois  par  Aftyages  Se  Nabopolaflar  fur  Q.i- 
naladan  ,  roi  d'Afiyrie,  l'an  du  mcnde3  378,  622  ans 
avant  Jefus-Chrift ,  Se  616  ans  avant  l'ère  vulgaire. 
Strabon,  /.  16,  pag.  737,  dit  qu'auffitôt  après  la  de- 
ftruclion  de  l'empire  des  Syriens  (  ou  plutôt  des  Afiy- 
riens  )  la  ville  de  Ninive  fut  ruinée  ,  Si.  elle  l'étoit  telle- 
ment du  tems  de  Lucien  de  Samofate ,  qui  vivoit  fous 
Adrien  ,  qu'on  n'en  voyoit  plus  aucuns  veftiges  ,  &  qu'on 
ignoroit  même  le  lieu  où  elle  avoit  été  bâtie.  Auffi  Sau- 
maife  a-t-il  repris  Ptolomée  d'avoir  mis  Ninive  au  nom- 
bre des  villes  de  l'Afi'yrie  ,  qui  fubfiftoient  de  fon  tems. 
Le  témoignage  ce  Tacite  feroit  plus  embarrafiant  ;  il  dit 
An.  t.  12..  c.  13  :  Sed  c^pta  in  transita  urbs  Ninos  ,  ve- 
tuftijjim.ifedes  Affuris,  s  Se  même  Ammien  Marcellin,  /. 

1 3.  c.  20.  met  de  fon  rems  une  ville  de  Ninive  dans  l'A*- 
diabene.  11  cil  à  croire  (/)  qu'après  la  deftruction  de  Ni- 
nive par  les  Mcdts  ,  il  fe  forma  de  fes  ruines  une 
nouvelle  ville  ,  à  laquelle  on  donna  le  nom  de  la  pre- 
mière ,  &  qui  cependant  ne  lui  étoit  comparable  ni  en 
grandeur  ni  en  magnificence,  {a)  Diodor.  1.  2.  Aihen. 
1.  12.  exCiejïa.  (b)  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  1.  3.  c.  17. 

Ce  fut  cette  dernière  Ninive  que  les  Sarrazins  ruinè- 
rent vers  le  feptiéme  fiécle  ,  félon  Marsham  ,  Canon 
JEgy\,t.  Sacnlo  xvin.  tit.  Nini  excid.  Se  Ufierius ,  Ad. 
an.  mundi  3257,  Se  3378.  Les  voyageurs  modernes 
difenr ,  qu'on  voit  fur  le  bord  oriental  du  Tigre  les  ruines 
de  l'ancienne  Ninive ,  Se  que  fur  le  bord  oppofé,  on  trou- 
ve la  ville  de  Muz.nl  ou  Moz.il ,  que  plufieurs  confon- 
dent avec  Ninive.  Voyez.  Mozul. 

Les  hifioriens  profanes  veulent  que  Ninus  l'Ancien 
ait  été  le  fondateur  de  Ninive  ;  mais  l'écriture  fainte  infi- 
niment plus  croyable ,  dit  que  ce  fut  Afiur  ou  Nemrod 
qui  la  fonda  ;  comme  je  l'ai  remarqué  au  commencement 
de  cet  article.  Les  auteurs  facrés  ont  fou  vent  parlé  de 
Ninive.  Les  rois  Teglathphalafar  ,  Sennacherib  ,  Salma- 
nàfar,  Se  Aflarador  ,  fi  fameux  par  les  maux  qu'ils  firent 
aux  Hébreux  ,  regneient  à  Ninive.  *  Dom  Calmet  , 
Didion. 

Tobie  a  vécu  dans  cette  ville.  Nahum  &:  Sophonie  (u) 
ont  prédit  la  ruine  de  Ninive  d'une  manière  très-claire  Se 
très-pathétique.  Tobie,  14.  6.  l'avoit  aulTi  prédite.  On 
fait  ce  que  fit  Jonas  a  Ninive  ,  Se  la  pénitence  des  Nini- 
vites  louée  même  dans  l'Evangile  (b).  Ce  fut  le  lieu  de  la 
fépulture  de  Tobie  (c).  Son  fils  quitta  enfuite  cette  de- 
meure pour  fe  retirer  à  Ecbatanc  en  Médie  ,  auprès  de 
fon  beau-pere ,  pour  n'être  point  enveloppé  dans  la  ruine 
de  Ninive.  (a)  Nahum  Se  Sophon.  per  rotum.  (b)  Maté. 

14.  41.  Luc.  il.  32.  (c)  Baillée ,  Topog.  des  Saints  , 

P-  34J- 

2.  NINIVE  ,  ville  de  l'Arabie.  S.  Jérôme  la  diftmgue 
de  Ninive,  capitale  de  1'Afly  rie.  11  dit  qu'elle  étoit  frués 
dans  l'angle  de  l'Arabie,  Se  que  de  fon  tems  on  l'appelloit 
par  corruption  Neuve.  *  Ortelius ,  Thefaur. 

NINOE  ,  ville  de  la  Carie.  Elle  s'appelloit  au/fi 
Aphrodifias ,  félon  Suidas  Se  Etienne  le  géographe.  Elle 
avoit  été  bâtie  par  les  Pelasges  Leleges  ;  ce  qui  l'avoit 
fait  nommer  Kihiywnêuc.  Dans  la  fuite  on  lui  donna  en- 
core le  nom  de  Mcgalopolis ,  c'eft-à-dire  grande  ville, 
en  latin  Magna  urbs. 

NINOVE  ,  petite  ville  des  Pays-Bas,  dans  la  Frandre 
Autrichienne  ,  fur  la  rivière  de  Denre",  à  deux  lieNes 
au-deflus  d'Alofi.  Cette  ville  efi  très  ancienne.  Elle  étoit 
déjà  en  réputation  dans  l'onzième  fiécle  ,  Se  avoit  fes 
feigneurs,  dont  plufieurs  ont  été  connétables  des  com- 
tes de  Flandre  ;  ce  qui  fait  qu'on  leur  a  donné  le  fur- 
nom  de  Connétables.  Ils  étoient  eilimés  très-braves  ; 
deforte  que  Baudouin  le  Grand  ,  feigneur  d'Aloft  ,  ayant 
attaqué  Amauri ,  feigneur  de  Ninove  ,  il  fut  défait  Se 
pris  prifonnier  par  le  feigneur  de  Ninove  vers  l'an 
1090.  Gérard,  qui  lui  fuccéda ,  y  fonda  l'abbaye  de  faint 
Corneille  ,  de  l'ordre  de  Prémontré  ,  l'an  1 137.  Cette 
feigneurie  ayant  enfuite  été  réunie  au  domaine  des  corn- 
tes  de  Flandre  ,  la  ville  fut  fermée  de  murailles  l'an 
11 94.  Jean  Defpautère  ,  célèbre  grammairien,  étoit 
de  Ninove.  *  Longuerue  ,  Defcr.  de  la  France  ,  part.  2. 

p.  c  8. 

NINTIACUM.  Voyez.  Minaticum. 


NIO 


NIO 


i.  NINUS,  fleuve  de  la  Lycie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe Voyez.  Calbis. 

2.  MINUS  ,  c'efl  le  nom  que  les  écrivains  profanes 
donnent  à  la  ville  de  Ninive.  Voyez,  ce  mot. 

5.  N1N US,  ancienne  ville  de  la  Comagéne,  félon 
Ortelius  ,   Thefaur.  qui  cite  Ammien  Marcellin. 

NIO  ou  Ios  ,  ifle  de  l'Archipel ,  entre  celle  de  Na- 
xie au  nord  ,  celle  dAmorgo  à  l'orient  ,  celle  de  San- 
torin  au  midi  ,  8c  celle  de  Sikino  à  l'occident.  Cette 
ifle  (a)  a  été  connue  des  anciens  fous  le  nom  de  Ios  , 
8c  nommée  ainfi  par  les  Ioniens  qui  l'habitèrent  les 
premiers.  Elle  a  quarante  milles  de  tour  ;  elle  efl:  cé- 
lèbre par  le  tombeau  d'Homère  (b).  Ce  fameux  poè'te  , 
paflant  de  Samos  à  Athènes  ,  vint  aborder  à  Ios  ,  y 
mourut  fur  le  port  ,  8c  on  lui  drefla  un  tombeau  ,  où 
l'on  grava  long-tems  après  l'épitaphe  rapportée  par  Héro- 
dote ,  à  qui  on  attribue  la  vie  d'Homère.  Strabon  , 
Pline  8c  Paufanias  parlent  de  ce  tombeau  :  ce  dernier 
ajoute  qu'on  y  montroit  aufli  celui  de  Climene  ,  mère 
de  cet  illuflre  poète  ,  &  allure  qu'on  lifoir  un  vieil 
oracle  à  Delphes  ,  gravé  fur  une  colomne  qui  foute- 
noit  la  flatue  d'Homère.  Il  paioifibit  par  cette  inferip- 
rion  que  fa  mère  étoit  de  l'ifle  d'Ios  :  on  lit  le  mê- 
me oracle  dans  Etienne  le  géographe  ,  qui  a  été  fuivi 
par  Euflathe  fur  Homère  8c  fur  Dcnys  d'Alexan- 
drie i  mais  Aulugelle  ,  notl.  Attic.  lib.  ?.  cap.  n. 
prétend  qu'Ariflote  a  écrit  qu'Homère  avoit  pris  nais- 
fance  dans  l'ifle  dont  nous  parlons.  Quoi  qu'il  en  (bit  , 
on  cherche  inutilemenc  les  refles  de  ce  tombeau  à  Nio 
autour  du  port  :  on  n'y  voit  qu'une  excellente  fource 
d'eau  douce  qui  bouillonne  au  travers  d'une  auge  de 
marbre  >  à  un  pas  feulement  de  l'eau  falée.  (a)  'ïour- 
nefort  ,  Voyage  du  Levant  ,  Lettre  6.  p.  9;.  (b)  l'U- 
ne ,  1.  4.  c.  12. 

Pline  a  bien  déterminé  la  diflance  de  Nio  à  Na^ 
xie ,  à  vingt  quatre  milles  :  car  on  compte  douze  mil- 
les de  Naxie  à  Radia  ,  6c  autant  de  Raclia  à  Nio. 
Le  même  auteur  a  fort  bien  connu  la  diflance  de  Nio  à 
Santorin.  Elle  efl  de  trente  milles  ,  quoiqu'il  ne  la 
marque  que  de  vingt-cinq  5  mais  cette  différence  n'eft 
pas  confidérable. 

Marc  Sanudo  ,  premier  duc  de  Naxie  ,  joignit  Nio 
à  fon  duché  ,  8c  cette  ifle  n'en  fut  démembrée  que 
par  Jean  Crispo  ,  douzième  duc  ,  qui  la  donna  au 
prince  Marc  fon  frère.  Ce  prince  fit  bâtir  un  château 
dans  un  lieu  élevé  ,  à  deux  milles  au  de  (lus  du  port  , 
pour  défendre  fon  petit  domaine  contre  les  Mahomé- 
rans  :  8c  voyant  que  les  terres  de  Lille  ,  naturelle- 
ment fertiles  ,  demeuroient  incultes  faute  de  labou- 
reurs ,  il  fit  venir  quelques  familles  Albanoifes  pour 
les  cultiver.  Par  les  foins  de  ce  prince  ,  cette  ifle  , 
regardée  comme  un  délért  ,  fe  trouva  très-peuplée  en 
peu  de  tems  ,  8c  tout  le  néceflaire  en  abondance.  Le 
bourg  qui  fubfifle  encore  à  prélcnt ,  fut  bâti  autour  du 
château  en  manière  d'aniphitéatre  ,  fur  les  ruines  ap- 
paremment de  l'ancienne  ville  d'Ios  :  car  l'auteur  de 
la  vie  d'Homère  rapporte  que  les  habitans  de  la  ville 
descendoient  à  la  marine  pour  prendre  foin  de  cet 
homme  admirable.  *  Hifi.  des  ducs  de  l'Archipel. 

Le  Turc  ,  qui  efl  aujourd'hui  en  pofleflion  de  Nio , 
y  tient  un  cadi  ,  8c  la  coutume  efl  d'y  élire  tous  les 
ans  un  conful  ou  deux.  A  l'égard  des  droits  du  Grand 
Seigneur  ,  les  habitans  de  Nio  payèrent  en  1700  deux 
mille  écus  pour  la  capitation  ,  8c  trois  mille  pour- 
la  taille  réelle.  L'ifle  efl  allez  bien  cultivée  ,  8c  n'efl 
pas  fi  escarpée  que  les  ifles  voifines  ;  ainfi  l'étymolo- 
gie  que  lui  donne  Bochart  ,  geogr.  Sacr.  I.  1.  c. 
14.  ne  lui  convient  pas  :  les  terres  en  font  excellen- 
tes ,  &  l'on  eftime  beaucoup  le  froment  qu'elle  pro- 
duit ,  8c  qui  fait  presque  tout  le  commerce  de  fes  ha- 
bitans ;  mais  elle  manque  d'huiie  8c  de  bois.  On  n'y 
voit  pU'.s  de  palmiers  ,  quoique  ,  fuivant  les  apparen- 
ces ,  ces  fortes  d'arbres  lui  ayent  anciennement  attiré 
le  nom  de  Phénicie  qu'elle  a  porté  ,  fuivant  la  remar- 
que de  Pline  &  d'Etienne  le  géographe.  Il  y  a  dans  le  ca- 
binet du  roi  de  Fiance  une  médaille  à  la  légende  de 
cette  ifle  ,(  IHTQN.  )  :  d'un  côté  c'efl  la  tête  de  Jupiter  , 
de  l'autre  une  pallas  £c  un  palmier.  Le  père  Hardouin 
fait  mention  d'une  aune  médaille  de  cette  ille  :  la  tête 
de  Lucjlla  y  çfl  repréfentee  avec  cette  légende  ,  N»M, 


S  67 


popul.  et  urb.  Il  ne  refte  pourtant  aucune  marque 
d'antiquité  dans  Nio.  Ses  habitans  ne  font  curieux  que 
de  piaflres  ,  8c  tous  voleurs  de  profeflion.  Aufli  les 
Turcs  appellent  Nio  la  petite  Malte  ,  c'efl-à-dirc  la 
retraite  de  la  plupart  des  corfaires  de  la  Méditerranée. 
Les  Latins  n'y  ont  qu'une  égiife  deffervie  par  un  vicaire 
de  l'eveque  de  Santorin.  Les  autres  églifes  font  Grec- 
ques ,  &  dépendent  de  l'évêque  de  Siphanto. 

La  beauté  des  ports  de  cette  ifle  y  attire  fouvent 
des  armateurs.  Au-deflbus  du  bourg  ,  il  y  a  im  des 
ports  les  plus  affurés  de  tout  l'Archipel  ,  8c  fon  en- 
trée décline  du  fud  au  fud-fud  oueft.  Le  port  de  Man- 
ganari  regarde  l'eft  ,  8c  les  plus  grandes  flottes  peu- 
vent y  mouiller  fans  crainte  8c  fans  précaution.  Les 
pilotes  de  Nio  panent  pour  les  plus  habiles  du  Le- 
vant ,  parce  qu'ils  connoiflent  bien  les  ports  de  Sy- 
rie 8c  d'Egypte  ,  où  fe  font  les  prifes  des  meilleures 
faiques. 

On  n'oubliera  jamais  dans  Nio  les  grandes  actions 
des  chevaliers  d'Hoquincour  8c  de  Téméricourt.  Le 
premier  vint  s'y  radouber  ,  après  avoir  combattu  dans 
le  port  de  Scio  ,  avec  un  feul  vailïeau  ,  trente  ga- 
lères commandées  par  le  capitan  bâcha  :  le  fécond, 
à  la  faveur  d'un  bon  vent  ,  obligea  dans  le  porc 
de  Nio  foixante  galères  Turcques  à  le  quitter  ,  après 
en  avoir  maltraité  plufieurs  :  cette  flotte  eut  toutes  les 
peines  du  monde  à  arriver  en  Candie  ,  où  elle  con- 
duifoit  deux  mille  Janiffaires. 

Le  terroir  de  Nio  ne  rapporte  aucun  fruit.  L'ha- 
bit des  dames  de  cette  ifle  n'eft  guère  mieux  que  celui 
des  femmes  des  autres  ifles  ,  quoiqu'il  paroifle  un  peu 
moins  embarraflanr. 

D'une  des  hauteurs  qui  font  autour  du  port  , 
de  Tournefort  a  remarqué  la  pofition  de  cette  ifle, 
par  rapport  aux  ifles  du  voifinage.  L'Argentiere  refle 
entre  l'ouefl  8c  l'oueft-nord-ouefl  de  Nio  :  Siphanto, 
entre  le  nord-ouefl  8c  l'ouefl  nord-ouefl  :  Santorin ,  au 
fud-fud-eft  :  Chrifliania  décline  du  fud  au  fud-fud-oueft  : 
Sikino  fe  trouve  à  l'oueft-fud-ouefl  :  Avélo  décline  du 
nord-nord-cfl  au  nord. 

NlOBE  ,  fontaine  de  la  Laconie  ,  félon  Pline  ,  /. 
4.  c.  j-.  Elle  fut  ainfi  nommée  de  Niobe  ,  fœur  de 
Pelops  ,  8c  femme  d'Amphion.  *  Strabon  ,  1.  8. 
p.  360. 

NIOBES  LACRYMAL.  Les  anciens  avoient  donné 
ce  nom  à  une  fource  qui  couloit  d'un  certain  promon- 
toire de  la  Phrygic.  Ortelius  ,  Thefaur.  ajoute  ,  fur 
le  témoignage  d'Euflathe  ,  que  de  loin  ce  promon- 
toire avoir  la  reflemblance  de  la  tète  d'une  femme. 

NION.  Voyez.  Nvon. 

NIONS  ou  Nyon  ,  petite  ville  de  France,  dans  le. 
Dauphiné  ,  8c  dans  la  baronnie  de  Montauban.  Ella 
efl  fituée  dans  un  vallon  ,  fur  le  bord  de  la  rivière 
d'Aygues.  Il  y  a  dans  cette  ville  un  pont  qu'on  die 
être  un  ouvrage  des  Romains.  Il  y  fouffle  un  vent  particu- 
lier ,  qu'on  appelle  Fomias ,  du  nom  de  la  montagne ,  où 
quelques-uns  croient  qu'il  commence.  C'efl  un  vent  froid; 
quifouffleordinairementdepuisminuitjusqu'àdixouonze 
heures  du  matin.  Jacques  Bernard  ,  pafteur  de  l'Eglifq 
Walonnc ,  8c  profefleur  de  Philofophie  à  Leyde ,  étoit 
né  à  Nions  le  1  de  Septembre  16;  8.  Il  mourut  à  Leydq 
le  27  d'Avril  17 18.  Il  a  donné  au  public  plufieurs  ou- 
vrages qui  ont  été  bien  reçus.  *  Piganiol.  ,  Defcr.  dç 
la  Fiance  ,  t.  4.  p.  5  1 . 

NIORA  ,  autrefois  Hélice  ,  ancien  bourg  de  la  Mo? 
rée,  dans  le  duché  de  Clarence .  à  l'embouchure  du  Cimo, 
dans  1*  golf»-  de  Lépante  ,  à  douze  lieues  de  Patras  , 
du  côté  du  couchant.  Ce  lieu  a  été  presque  englouti  paç 
les  eaux.  *  Baudrand ,  édition  170;. 

1.  NIORT  ,  ville  de  Fiance  ,  dans  le  Poitou  ,  vers 
les  confins  de  la  Saintonge  ,  à  quatoze  lieues  de  Poi- 
tiers ,  8c  à  autant  de  la  Rochelle.  C'efl  une  des  plus 
confidérables  du  Poitou.  Elle  n'eft  pas  fort  ancienne  i 
puisqu'il  n'en  eft  fait  aucune  mention  avant  le  dou- 
zième fiécle.  Guillaume  le  Breton  ,  dans  fon  poëme, 
loue  la  fertilité  du  territoire  de  cette  ville  ,  fur-tout 


en  vin 


fera.x  Bacchique  Niortum* 


?68 


NIP 


NIP 


L'auteur  de  la  vie  de  Louis  VIII  nomme  Niort  un 
château  noble  ,  Caflrum  nobile.  Cette  place  a  toujours 
été  du  domaine  des  comtes  de  Poitiers  :  elle  eft  fituée 
dans  une  plaine  fur  la  rivière  de  Sevré  ,  qu'on  écri- 
voit  autrefois  Savre  ,  en  latin  Savara.  Il  y  a  la  pa- 
roiffe  de  Notre-Dame  ,  Se  celle  de  faint  André  ,  une 
maifon  de  Prêtres  de  l'Oratoire  ,  un  couvent  de  Ca- 
pucins ,  un  de  Cordeliers,  &  un  de  Frères  de  la  Charité  ; 
auifi  bien  que  des  Carmélites  ,  des  Bénédictines  ,  des 
Urfulines  ,  des  Hofpitalieres  ,  Se  des  Filles  de  faint 
François.  Quant  à  la  justice  ,  il  y  a  un  fiége  royal  , 
une  élection  ,  une  maréchauffée  ,  une  jurisdiction  des 
eaux  Se  forêts  ,  une  des  traites  foraines  ,  Se  une  de  ju- 
ges Se  de  confervateurs  des  marchands. 

Dans  1  élection  de  Niort  on  fait  un  gtand  commerce 
de  beltiaux  ,  de  chevaux  Se  de  mulets  aux  foires  de 
Niort,  de  la  Motte-Sainte-Heraye ,  de  Chandenier  , 
&c.  Le  principal  commerce  des  habitans  de  la  ville  de 
Niort  confifte  dans  la  manufacture  du  chamois ,  dont 
il  fe  fait  un  grand  débit ,  comme  aulïï  de  droguets ,  fer- 
ges,  Se  autres  étoffes  de  laine  qu'on  y  fabrique.*  Lon- 
guérite,  Defc.  de  la  France,  part.  i.  p.  149. 

2.  NIORT  ou  Saint  Martin  de  Niort  ,  bourg 
de  France  ,  dans  la  Saintonge  ,  élection  de  Saintes. 

NIOSSUM,  ville  de  la  Sarmatie  Européenne.  Pto- 
lomée,  lib.  3.  cap.  $.  la  met  fur  un  bras  du  Bory- 
fthéne. 

NIPCHU ,  Nipchou  ou  Nerezin  ,  ville  de  l'em- 
pire Ruffien  .  dans  la  Tartarie  Moscovite ,  au  pays  des 
Daouri ,  fur  la  rivière  d'ingueda  ,  félon  Atlas  ,  Robert 
de  Vaug.  mais  que  les  lettres  édifiames,f.  7.  p.  178.  nom- 
ment Hélonkian.  Cette  ville  eft  fituée  au  52  deg.  de 
'latitude  feptcntrionale ,  Se  presque  fous  le  même  méri- 
dien que  Péking.  Ce  fut  à  Nipchou  ,  nommé  pat  les 
Moscovites  Ncgoviim,  que  les  plénipotentiaires  duezar 
&  de  l'empereur  de  la  Chine  lignèrent  la  paix  entre 
les  deux  empires,  le  3  de  Septembre  1689.  *  Hift.de 
l'édit  de  l'empereur  de  la  Chine  ,  1.  2.  p.  210. 

NIPES  ou  Nipe  ,  colonie  Françoifc  ,  dans  Pifle  de 
Saint  Domingue  ,  au  quartier  du  Sud  ,  au  bord  d'une 
petite  rivière,  à  deux  lieues  de  la  mer,  &  à  quatre  ou 
cinq  à  l'oneit  du  petit  Hoare.  L'on  trouve  aux  envi- 
rons de  cette  colonie  des  chevaux  marons  qui  ne  font 
pas  plus  gtands  que  des  ânes ,  mais  plus  ramaffés  Se 
furt  bien  proportionnés  :  ils  font  vifs,  infatigables  &  de 
très-petite  nourriture.  Nipes  eft  une  paroiffe  deffervie 
à  préfent  pat  les  Jacobins  ;  elle  n'eft  presque  compo- 
fée  que  de  Mulâtres  Se  de  Nègres  libres  qui  ont  une 
infinité  d  enfans. 

NIPHAGR^E  ,  en  grec  N/<p*>pa  C'étoit ,  félon  Héro- 
dote ,  /.  7.  c.  1 1 2.  le  nom  d'une  muraille  chez  les  Pie- 
res,  peuples  voifins  de  la  Macédoine  ;  mais  Oitclius, 
Thejaur.  après  quelques  autres  écrivains ,  avertit  qu'il 
faut  lire  <!>«■;  p»«  Phagres. 

NIPHANA  ,  nom  d'un  pays.  Il  en  eft  fait  mention 
dans  le  fécond  livre  des  Pandectes.  *  Ortelii  Thef. 

NIPHANDA,  ville  de  la  Paropanifade  ,  félon  Pto- 
lomée,  /.  6.  c.  18.  qui  la  place  entre  Citifa  Se  Dra- 
fioca. 

N1PHAS  ,  village  de  la  Terre  Sainte.  Benjamin , 
dans  fon  itinéraire  cité  par  Baudrand  ,  Dill.  prétend 
qu'il  tient  aujourd'hui  la  place  de  Gad ,  ancienne  ville 
de  la  tribu  de  même  nom  ;  mais  l'un  ou  l'autre  au- 
roient  dû  nous  dire  quelle  autorité  ancienne  ils  trou- 
Vent  de  l'exiftcnce  de  cette  ville  de  Gad. 

1.  NIPHATES,  montagne  de  l'Arménie.  Ptolomée, 
/.  j.r.  13.  dit  que  ceft  une  partie  du  mont  Taurus,. 
Se  il  l'éloigné  beaucoup  du  mont  Abos  qu'il  place  au 
nord.  Strabon  ,  /.  1  x.p.  527.  au  contraire  met  les  mon- 
tagnes Niphates  ,  Abus  Se  Nibarus  fur  la  même  ligne: 
au-deffus  de  Mafium  ,  dit-il ,  mais  allez  loin  du  côté 
de  l'orient,  eft  fitué  Niphates;  enfuite  Abos,  Se  après 
Abos,  Nibarus  ;  Se  quelques  pages  auparavant,/.  11. 
p.  523.  il  dit  que  du  côté  du  midi  on  trouve  dans  cette 
montagne  les  fonrces  du  Tigre.  Quant  aux  fources  de 
ce  fleuve ,  Ptolomée  les  éloigne  du  mont  Taurus  du 
côté  du  feptentrion,  Se  les  place  à  trente  neuf  deg. 
vingt  min.  de  latitude  ;  mais  dans  la  carte  qui  a  été 
dreffée  fur  la  defeription  que  donne  Ptolomée  ,  le  mont 
Niphates  fe  trouve  être  une  partie  du  mont  Taurus, 


Se  fur  la  même  ligne.  Les  poètes  ont  parlé  de  cette 
montagne  :  Virgile  en  fait  mention  dans  le  troifiéme 
livre  des  Géorgiques,  v.  30.  en  ces  termes  : 

Addam  urbes  Afî&  domitas  ,  pulfumque  Niphatem. 

11  donne  ainfi  au  peuple  le  nom  du  fleuve.  Horace  , 
/.  2.  Od*t).  dit  : 

Cantemus  Augufti  troph&a. 
Claris  ,  &  rigidum  Niphaten  : 
Medumqtte  flumen  ,  gentibus  additltm 
Viilis  minores  volvere  vortices. 

Cette  montagne  s'appelle  aujourd'hui  Curdo.  Voyez. 
ce  mot. 

2.  NIPHATES.  Ceft  le  nom  d'une  partie  de  la  Mé- 
fopotamie ,  fi  on  s'en  rapporte  à  Probus , ad  3 .  G1.0rg, 
Voyez.  Nymphates  &  Taurus. 

NIPHAUANDRA  ,  ville  de  Médie.  Ptolomée,  /.  6, 
c.  2.  la  place  dans  les  terres ,  entre  Choaftra  Se  Guriau- 
na.  Ses  interprètes  lifent  Niphanandra. 

NIPHON  ou  Nipon  ,  gtande  ifle  de  l'Océan  orien- 
tal ,  Se  la  plus  confidérable  partie  de  l'empire  du  Japon. 
Ce  mot  s'écrit  toujours  Nipon  ,  &  fe  prononce  par  les 
Japonnois  Niphon.  Les  Chinois  difent  Zipon  ou  Sii- 
pon.  11  fignifie  le  commencement  du  Soleil ,  Se  il  doit 
ion  origine  à  l'idée  qu'avoient  les  Japonnois  Se  les  Chi- 
nois ,  qu'au-delà  du  Japon  il  n'y  avoit  rien  ,  Se  par  con- 
féquent  que  les  ifles  du  Japon  étoient  les  premières 
éclairées  du  foleil.  Quoique  proprement  Nipon  n'étoit 
que  la  plus  grande  de  ces  ifles,  comme  elle  paffe  de 
beaucoup  en  grandeur  toutes  les  autres ,  fon  nom  s'éten- 
doit  dans  l'ufage  à  tout  cet  empire.  Je  n'en  ferai  ici  ni 
defeription  ni  divifion  ;  je  ne  le  pourrois  ,  fans  répéter 
ce  que  j'en  ai  dit  au  mot  Japon  ,  fur  les  mémoires 
de  Kxmpfer,  celui  de  tous  les  écrivains  qui  a  le  mieux 
débrouille  cette  matière.  J'ajouterai  feulement  ici ,  qu'a- 
vant que  le  Kubo  eut  abforbé  tous  les  petits  états  de  ce 
pays,  on  comptoir  cinquante-trois  royaumes  dans  cette 
feule  partie  de  l'Empire.  Voyez.  Japon.  *  Notes  manu- 
scrites du  P.  Charlevoix. 

N1PISS1GNIT  ou  Nepegiguit,  rivière  de  l'Amé- 
rique fcptentrionale ,  dans  la  Gaspefie.  Elle  coule  de 
l'occident  à  l'orient  Se  va  fe  jetter  dans  le  golfe  de  S. 
Laurent ,  à  l'extrémité  de  la  baie  des  Chaleurs  (a).  L'en- 
droit où  elle  fe  décharge  eft  un  beau  baifin ,  ferma 
également  par  deux  autres  rivières.  Il  y  a  derrière  ce 
baifin  de  grandes  Se  belles  prairies  qui  s'étendent  une 
grande  demi-licue  dans  les  terres  (  b  ).  Le  baifin  a  plus 
d'une  lieue  Se  demie  de  longueur  Se  près  d'une  lieue 
de  large.  A  trois  lieues  en  mer  ,  vis-à-vis  de  fon  entrée, 
il  y  a  des  battures  dont  la  moitié  afféche  de  baffe  mer: 
il  refte  un  petit  canal  par  où  des  chaloupes  peuvent 
entrer  environ  une  portée  de  fufil  dans  le  baifin  ,  Se 
tout  le  relie  du  baifin  afféche  de  baffe-mer.  On  y  Trou- 
ve une  quantité  prodigieufe  d'outardes  ,  de  canards  Se 
decravans.  (  a  )  Atlas  ,  Rvb.  de  Vaugondy.  (  b  )  Denis , 
Defc.  de  l'Amérique  fcptentrionale,  c  8. 

NIPISS1NG,  ou  Nipissiriniens  ,  fauvages  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle-France.  Ce 
font  les  Algonquins  de  la  première  tribu.  On  leur  a 
apparemment  donné  ce  nom  ,  parce  qu'ils  habitoient  les 
bords  du  lac  Nipiffing  ,  fitué  au  nord  eft  du  lac  Hu- 
ron ,  dans  lequel  il  fe  décharge  par  le  moyen  d'une  pe* 
tite  rivière  ,  appellée  la  rivière  des  François. 

N1PISTA.  Voyez.  NEPrsTA. 

NIPONBAS,  c'eft-à-dire ,  le  pont  du  Japon.  Ceft 
le  cinquième  grand  pont  de  cet  Empire.  Il  eft  nom- 
mé Niponbas  par  excellence  Se  par  prééminence.  Il  eft 
placé  précifément  à  l'oppofite  du  palais  royal  ,  au  mi- 
lieu de  Jcdo ,  &  il  eft  particulièrement  renommé  à 
caufe  que  les  lieues  qui  fervent  à  mefurer  tous  Les" 
grands  chemins  du  Japon ,  commencent  à  fe  compter 
de  cet  endroit,  Se  s'étendent  jusqu'aux  extrémités  de 
ce  grand  Se  puiffant  Empire.  *  Kampfer ,  Hilt.  du  Ja- 
pon ,  delà  traduétion  de  Schcuchz.er,t.  2.  p.  r^J. 

NIPPES,  petit  pott  du  grand  cul-de-fac  de  !a  par- 
tie occidentale  de  1  ifle  de  S?  Domingue ,  à  quatre  lieues 

à  l'oueft  du  petit  Goave. 

N1PSA . 


NÎS 


NIPSA,  ville  de  Thrace  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  qui  a  formé  ie  nom  aiilfibien  que  la  ville  du  nom 
des  peuples  nommés  So-4-a.roi  dans  quelques  anciens 
exemplaires  d'Hérodote  ,  /.  4.  c.  9  5.  Mais  comme  aujour- 
d'hui au  lieu  de  nu-^moi  011  lit  uv-\-ctïoi  >  fi  ces  peuples 
avoient  une  ville ,  elle  devoir  fe  nommer  Mipfa  ,  Se  non 
pas  Nipfa. 

NIRETHINE.  Voyez.  Nithine. 

N1RIDANUM ,  mohaftere  en  Italie  ,  au  voifinagede 
Naples ,  félon  Bede ,  qui  nomme  fon  éveque  Adrianus 
Aftr.  *  Ortelii  Thclàur. 

NIRIZ ,  grande  ville  Se  forterelTe  de  la  Pevfe  pro- 
prement dite,  à  90  deg.  de  longitude  ,  Se  à  29  &  demi 
de  latitude.  L'on  en  tire  de  l'acier,  plufieui  s  fortes  d'ar- 
mes ,  Se  d'inltrumens  de  fer.  L'air  y  elt  plus  chaud  que 
froid  :  le  pays  abonde  en  raifms  de  Corinthe.  *  Manu- 
scrits de  la  Bibliothèque  du  Roi. 

N1RSTEIN  ou  NERsTtiN  ,  bourg  d'Allemagne  , 
dans  ie  Bas-Palatinat ,  fur  le  Rhin.  Avant  la  guerre  qui 
précéda  la  paix  de  Weflphalie,  il  y  avoir  pluiieurs  châ- 
teaux Se  maifons  de  plaifance  qui  ont  été  ruinés.  Ce 
bourg  eft  à  un  demi  mille  d'Oppenheim  ,  allez  près 
du  bourg  &  château  de  Schvartzbourg,  qui  elt  auiîi 
ruiné.  *  Zyler  ,  Top.  Palar.  infer.  p.  64. 

N1RT1NGEN  ou  Nurtingen  ,  ville  d'Allemagne  , 
dans  ie  duché  de  Wurtenbcrg  ,  fit'uée  fur  le  Necker, 
entre  Tubingen  Se  Kirchheim,  Elle  a  un  beau  château 
qui  a  été  quelquefois  la  réfidence  des  princes  de  Wur- 
tenberg.  File  fait  néanmoins  partie  de  la  feigneurie  de 
Neiffcn.  Il  y  a  des  vignobles  à  l'entour ,  mais  le  vin 
n'en  cil  pas  d'une  fort  agréable  faveur.*  Zeyler ,  Top. 
SueviîE ,  p.  58. 

1 .  NISA  ,  ville  de  Lycie  ,  dans  la  Myliade.  Ptolomée, 
/■  5.  c.  3.  la  place  entre  Podalia  Se  Chôma.  Ortelius, 
Thefaur*  conjecture  que  le  territoire  de  cette  ville  pour- 
roit  bien  être  la  même  chofc  que  le  Nyfais  ou  Ncfais 
de  Strabon,  /.   12.  p.  579.  Voyez.  Nysais. 

2.  NISA,  ville  de  l'Alie,  dans  la  CoraiTane  ,  aux 
confins  du  déferr:elle  cft  fituée  au  39  deg.de  latitude, 
tlle  lervoir  autrefois  de  frontière  aux  Turcs  Se  aux 
Perfans  ,  &c  l'on  dit  qu'elle  a  été  bâtie  par  Darius  Hy- 
ftaspes,  roi  de  Perfe  ,  que  les  Turcs  appellent  Guifeh- 
raibe  Le  fultan  Mehemet  avoir  ufurpé  cette  ville  fur 
les  enfans  mineurs  d'un  prince,  nommé  Nasreddin ,  qui 
en  étoit  le  fouverain.  Il  en  avoir  fait  rafer  la  citadelle  , 
&  par  fon  ordre, on  avoir  femé  de  l'orge  fur  la  place 
où  elle  avoit  été  bâtie  ;  mais  depuis ,  il  avoit  permis 
aux  habirans  de  la  faire  rétablir  ;&  comme  elle  étoit 
bien  fortifiée  ,  les  habitans  efpérerent  en  1 221,  de  s'y 
défendre  Contre  l'armée  du  grand  Kan  ;  mais  après  quin- 
ze jours  d'une  vigoureufe  défenfe ,"  les  Mogols  firent  une 
brèche  que  les  alfiégés  ne  purent  réparer.  Ils  le  faifirerit 
des  murailles  une  nuit  j  on  ne  put  les  en  ehaffer,  Se  le 
lendemain ,  s'étant  rendus  maîtres  de  la  place  ,  ils  al- 
lerenr  dans  routes  les  maifons ,  ils  en  firent  fortii  les  ha- 
bitans Se  les  conduifirenr  dans  une  plaine ,  où  ces  mal- 
heureux ne  furent  pas  plutôt  affemblés ,  que  l'armée  du 
Mogol  les  environna  de  toutes  parts  pour  les  empê- 
cher de  fe  retirer  dans  la  montagne.  Alors  on  fir  rom- 
ber  fur  eux  une  grêle  de  flèches  &  de  traits  qui  les 
percerenr  Se  les  tuèrent  tous  ,  fans  qu'un  feul  pût  fe 
fauver  de  ce  carnage.  On  dit  qu'ils  étoielit  au  nombre 
de  foixante  Se  dix  mille,  tant  habitans  naturels ,  qu'é- 
trangers Se  payfans ,  qui  s'étoient  retirés  dans  la  ville. 
Il  paroît  que  c'eft  la  même  ville  que  l'Hiltoire  généa- 
logique des  Tatars  nomme  Nasaï,  &  qu'elle  met  au 
lud  de  la  rivière  d'Anin ,  vers  les  confins  des  provin- 
ces d'Altarbarh  Se  de  Chorafan  ,  à  38  deg.  20  min. 
de  latitude.  Elle  ell  à  prefent  fous  la  domination  des 
Tartares  Usbecks,  du  pays  de  Charas'm.  *  Vêtis  de  la 
Croix  ,  Hill.  du  grand  Gengis-Kan ,  1.   3.  c.  .8. 

3.  NISA  ,  Niss/e  ou  Nysa  ,  ville  de  l'Alie  procon- 
fulaire,  fur  le  Méandre  ;  elle  étoit  épiscopale  ,  fous  la 
métropole  d'Ephèfe,  félon  la  notice  de  Léon  le  Sage. 
La  notice  de  Hieroclès  écrit  Nyjfa,  en  grec  M><r<ra..  Voyez. 
Antioche  ,  n°  3.  &  Nysa  ,  n°  4. 

4.  NISA  ,  lieu  fur  la  mer  Rouge,  félon  Suidas, 
qui  cite  Orphée  au  mor  1W05  vtotung.  *  Ortelii  The- 
jaur. 

;.  NISA  ou  Nyssa,  ville  de  la  Cappadoce.  L'iri* 


NIS       S69 

ncraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  d'Ancyrc  à  Lé- 
farée,  entre  Parnagus  Se  Oftana,  à  vingt  quatre  mille 
pas  de  la  première  Se  à  trente-deux  mille  de  la  fé- 
conde. Elle  étoic  épiscopale.  Voyez.  Nysa  ,  n°  3. 

NlSvEA,  ville  d'Afie,  dans  la  Margiane  ,  félon  Pto- 
lomée, /.  6.  c.   10.  Dans  fon  huitième  livre  il  la  nom- 
me Nig&a-,  11  y  a  apparence  que  c'eft  une  faute  de  co~ 
piite.  Voyez.  Niss^ea. 
NIS.LE.  Voyez.  Niss^ea. 

NIS/EI,  peuple  de  l'Arie.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  17.  dit 
qu'ils  en  occupoient  la  partie  feptentrionale  avec  les 
Aftabcnu 

NISARO,  Nisari  ou  Nissari  ,  f/lè  de  l'Archi- 
pel ,  à  l'occident  de  celle  de  Rhodes ,  Se  entre  celles  de 
Piscopia  Se  de  Galy.  Elle  elt  habitée  par  des  Grecs  qui 
payent  tribut  aux  Vénitiens  Se  aux  Turcs.  Il  y  croît  du 
bled,  du  coton  ,  du  vin,  Sec.  Il  n'y  a  guère  de  vais- 
feaux  qui  la  fréquentent,  parce  que  la  rade  elt  mau- 
vaife  Se  qu'on  n'y  peur  faire  de  l'eau.  C'eïï  la  Nifyrus 
des  anciens.   *   Voyage  de  Robert,  t.  4,  p.  29;. 

11  NISA WAE Y,  contrée  d'Ane,  dans  le  Schiiwan  , 
fur  Ja  côte  occidentale  de  la  mer  Caspienne.  On  ne 
trouve  ni  villages,  ni  maifons  fur  cette  côre  qui  eft 
baflê  ;  de  forte  qu'on  elt  obligé  d'y  dreffel  des  ten- 
tes ,  ou  d'avancer  plus  avant  dans  le  pays ,  félon  qu'on 
le  juge  à  propos,  Se  félon  le  féjour  qu'on  y  veut  fai- 
re. Les  Arabes  y  viennent  trouver  les  voyageurs  avec 
des  chameaux  Se  des  chevaux  pour  les  conduire  à  Sa- 
machi.  Les^  Turcs  Transportent  aulli  des  marchândifes 
fur  cette  côte,  Se  les  uns  Se  les  autres  habitent  fous 
des  tentes  en  été,  Se  en  hiver,  dans  des  villages  allez 
éloignés  des  cotes.  Avant  que  de  partir  ,  il  faut  payer 
les  droits  ;  ils  fe  montent  à  quarante-fix  fols  par  bal- 
lot,  Se  chaque  ballot  pefe  quatre  cens  livres,  charge 
ordinaire  d'un  cheval.  On  trouve  fur  ce  rivage  de  gros 
animaux  avec  de  petites  têtes;  on  les  nomme  des  chiens 
marins.  11  y  en  a  d'àu/Ii  gros  qlie  des  chevaux  ,  &  leur 
peau  elt  admirable  pour  couvrir  des  coffres:  Dans  la 
faifon  où  ces  animaux  s'accouplenr ,  on  en  voir  des 
milliers  fur  le  rivage  de  Nifawaey.  *  Le  Brun,  Voyage, 
pag.    148. 

2.  NISAVVAEY  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  le  Schiiwan 
(a),  qui  donne  fon  nom  à  une  partie  delà  côte  oc- 
cidentale de  la  mer  Caspienne.  Elle  a  fa  lburce  dans  les 
montagnes.  Son  cours  e/t  du  couchant  au  levant;  elle 
fe  jette  dans  la  mer  Caspienne  par  deux  embouchures 
différentes,  Se  (h)  elle  elt  remplie  de  poiffons  en  cer- 
tain rems,  (a)  Reiner  Ottens ,  Carte  de  la  mer  Caspien- 
ne, (b)  Le  Brun  ,  Voyage  ,  p.  Î48. 

NISBARA  Se  NiscHanabe  ,  ville  de  Perfe,  félon 
Ortelius,  Thef.  qui  dit,  d'après  Zofime  ,  /.  3.  que  le 
Tigre  féparoirces  deux  villes. 

NISCHABOUR  ,  ville  d'Afie.  Voyez.  Neischabour; 

NISCHANABE.  Voyez.  Nisbara. 

NlSE.  Voyez.  Nissa. 

NISE.  Voyez.  Nisa. 

NISE.  Voyez  Nisen. 

NISEN,  NIESNA,  NISI-NOVOGOROD  ou  le 
petit  Novogorod  Se  Nisen  Nieugarten  ,  ville  de 
l'empire  Rulfien  ,  au  confluent  de  l'Occa  &  du  Wol- 
ga,  Se  la  capitale  d'un  petir  duché  de  même  nom. 
Elle  eft  bâtie  fur  un  rocher ,  Se  ceinte  d'une  belle  mu- 
raille de  pierres  avec  uUe  chadelle.  On  rraverfeun  grand 
bazar  ou  marché  ,  avant  que  d'arriver  à  la  porte  d'I- 
V/anofskie,  qui  eft  du  côré  de  la  rivière.  Cette  porte 
eft  bâtie  de  grandes  Se  gi  odes  pierres ,  Se  eft  fort  pro- 
fonde ;  on  va  de-là  toujours  en  montant  par  une  gran- 
de rue  ,  remplie  de  ponts  de  bois  ,  jusqu'à  l'autre  porre 
nommée  Diawietrofskie.  On  voir  auprès  de  celle  ci  la 
grande  églife  qui  elt  de  pierres  ,  Se  dont  les  cinq  dô- 
mes font  vernis  de  verd  Se  ornés  de  belles  croix.  Le 
palais  archiépiscopal  elt  à  côré  Se  auifi  bâti  de  pierres. 
Il  y  a  dans  ion  enceinte  une  jolie  petite  églife  avec  tut 
clocher  Se  deux  aurres  églifes  ,  l'une  de  pierres  Se  l'au- 
tre de  bois.  Le  prikaes  ou  la  chancellerie  eft  aulli  pro- 
che de  cette  porte,  Se  de  bois  aulTi  bien  que  la  mai- 
fon  du  gouverneur  ;  c  eft  rour  ce  qu'il  v  à  de  plus  re- 
marquable dans  certe  ville,  qui  n'eft  pas  bien  grandes 
Se  dont  toutes  les  maifons  font  de  bois.  Les  murailles 
fout  flanquées  de  rours  tohdes  Se  cariées;  on  en  voit- 
Tom.  IV \  C  e  e  e 


NIS 


170 

entr'aurres  une  grande  ,  beaucoup  plus  élevée  que  les 
autres  ,  Se  que  l'on  découvre  de  fort  loin  ;  il  n'y  a  que 
deux  portes.  Les  fauxbourgs  font  très-grands,  fur-tout 
celui  qui  eft  du  côté  de  la  rivière ,  &  où  il  y  a  plu- 
fieurs  églifes  de  pierres.  La  montagne  qui  eft  féparée  en 
diverfes  parties ,  fur  lesquelles  il  y  a  des  églifes  &  des 
maifons ,  fait  un  très  -  bel  afpect.  Les  hauteurs  Se  les 
vallées  empêchent  cependant  d'en  voir  le  tour.  La  ri- 
vière eft  toujours  remplie  d'un  grand  nombre  de  bar- 
ques, qui  vont  &  viennent  de  tous  côtés  fur  l'autre  ri- 
ve. A  l'oppofite  de  la  ville  ,  il  y  a  un  grand  village 
dans  lequel  on  trouve  une  grande  églife  Se  une  grande 
maifon,  bâties  de  pierres.  L'eau  de  vie  y  en;  à  ii  bon 
marché  ,  qu'on  en  a  huit  bouteilles  pour  quarante  fols. 
Les  vivres  n'y  font  pas  plus  chers  à  proportion.  On  y 
acheté  un  agneau  ou  un  mouton  ordinaire  treize  à 
quatorze  fols-,  deux  petits  canards  un  fol,  une  bonne 
poularde  trois  fols  ,  vingt  œufs  un  fol,  deux  pains 
blancs  de  grandeur  raifonnable  un  fol,  un  pain  bis  de 
fept  à  huit  livtes  aufli  un  fol.  La  bière  y  eft  bonne  Se 
à  grand  marché.  *  Le  Brun  ,  Voyage ,  p.  80. 

On  compte  que  la  ville  de  Nifen  eft  à  huit  cens 
werltesde  Moscou  ;  ce  qui  fait  cent  foixante  lieues  d'Al- 
lemagne ;  mais  il  n'y  en  a  pas  plus  de  cent  par  terre. 
La  ville  n'eft  habitée  aujourd'hui  que  par  des  Rufliens: 
on  n'y  voit  plus  de  Tartares.  Elle  eft  fort  peuplée.  Les 
jours  de  fêtes  fe  folemnifent  dans  cette  ville  par  la  dé- 
bauche. On  ne  fait  rien  que  s'enyvrer  ces  jours  -  là. 
Les  riches  boivent  chez  eux  :  les  pauvres  fe  rendent  de- 
vant les  Kabaks  ou  maifons  où  l'on  vend  de  l'eau  de 
vie,  &  en  prennent  outre  mefure.  Lorsque  laboiflbn  leur 
monte  à  la  tête  ,  ils  fe  couchent  fur  le  pavé  •,  car  il 
faut  qu'ils  relient  dans  la  rue  :  il  ne  leur  eft  pas  per- 
mis d'entrer  dans  la  maifon.  Il  y  a  à  la  porte  une  ta- 
ble, fur  laquelle  ils  mettent  leur  argent:  on  leur  mefure 
alors  la  quantité  d'eau  de  vie  qu'ils  fouhaitent.  On  la 
•tire  d'un  grand  chauderon  avec  une  cuiller  de  bois , 
&  on  la  met  dans  une  rafle  qui  eft  auflï  de  bois.  Les 
femmes  y  vont  comme  les  hommes  Se  s'enyvrent  de 
même. 

NISERGE ,  ville  de  la  Perfide.  Ptoloméc  ,  /.  6.  c.4. 
îa  place  dans  les  terres. 

1.  NISI ,  rivière  de  Sicile,  dans  le  Val-Demone.  Elle 
a  fa  fource  dans  le  mont  Spreverio  :  elle  coule  du  nord- 
oueft  au  fud  eft  ,  &  fe  décharge  dans  le  Fare  de  Mes- 
fine ,  au  nord  du  cap  Saint  Aleflio.  *  Atlas,  Rob.  de 
Vaugondy. 

2.  NISI ,  bourg  de  Sicile,  dans  le  Val-Demone,  fur 
une  rivière  de  même  nom.   Il  a  titre  de  baronnie. 

NISJBEou  Nisibis  ,  ville  très  ancienne  &  très-célè- 
bre, dans  la  partie  feptentrionale  de  la  Méfopotamie. 
Elle  étoit  fort  éloignée  de  l'Euphrate  ,  mais  voifine  du 
Tigre  ,  donr  elle  étoit  diflante  de  deux  journées  de  che- 
min ,  félon  Procope  ,  Fcrjïc,  l.  1.  c.  11.  ainfi  Pierre 
Patrice  fe  trompe  ,  lorsqu'il  dit ,  in  ultimis  Excerf  ùs , 
p.  30.  que  Nifibe  étoit  firuée  fur  le  bord  du  Tigre.  Il 
eft  bien  vrai  qu'elle  étoir  fur  une  rivière,  mais  c'étoit  fur 
leMygdonius,  Se  non  fur  le  Tigre.  Julien,  Orat.  1. 
p.  27.  de  Nifibe  ,  &  Oral.  2.  p.  6t.  le  dit  pofuivement 
en  ces  termes  :  Amnis  Mygdonius  inundans  infundïtur 
in  adjacentem  mœmbus  campum.  A  la  vérité,  Etienne 
le  géographe  paroît  la  placer  fur  le  Tigre  ;  mais  il 
faut  traduite  avec  précaution  ce  paflage  de  cet  écri- 
vain ,  N/V//3/Ç  770A/Ç  w  Tti  ntpaid  tïi  7rpoç  raTi,)p>tri7roTtitfA.u:  il 
doit  fe  rendre  de  la  forte;  «  Nifibe  eft  une  ville  fituée 
«dans  le  quartier  appelle  Trans-Euphratenfe,  qui  eft 
»  dans  le  voifinage  du  Tigre.  »  *  Cellarius ,  Geogr. 
ant.  1.  3.  c.    if. 

La  ville  de  Nifibe  pafTe  pour  être  û  ancienne,  qu'on 
ne  fait  aucune  difficulté  d'attribuer  fa  fondation  à 
Nemrod.  En  effet  ,  on  lit  dans  faint  Jérôme  ,  que  Neir- 
rod  régna  Se  dans  Arac  ,  qui  eft  Edefle  ,  &  dans  Achad , 
qu'on  appelloit  de  fon  tems  Nifibe.  Les  Macédoniens 
ne  la  fondèrent  pas,  ils  ne  firent  qu'en  changer  le  nom: 
comme  ils  donnèrent  à  ce  canton  de  la  Méfopota- 
mie le  nom  de  Mygdonie ,  ils  donnèrent  à  la  ville  de 
Nifibe ,  qui  s'y  trouve  fituée ,  le  nom  d'Antioche  de 
Mygdonie.  Les  Barbares  ,  dit  Plutarque  ,  in  Lucidlo  , 
p.  514.  la  nommoient  Nifibe,  Se  les  Grecs  l'appel- 
îoient  Antioche  de  Mygdonie.  Sti  abon ,  /.  16.  p.  747. 


NIS 


eft  de  ce  fentiment ,  Se  ajoute  qu'elle  étoit  fituée  à\i 
pied  du  mont  Mafius.  Tigranes  en  étoit  poflefleur 
du  tems  de  la  guerre  de  Mithridate,  &  Lucullus  la 
lui  enleva.  Elle  devint  alors  le  boulevard  de  l'empire 
Romain,  contre  les  Pannes;  mais  l'empereur  Jovien  la 
leur  rendit  ignominieufement  (a).  Saint  Jacques,  qui  y 
étoit  né ,  en  fut  fait  évoque  (b) ,  vers  les  commence- 
mens  du  règne  de  Conftantin  ,  qui  le  regarda  toujours 
comme  un  puiflant  protecteur  de  la  ville.  En  effet, 
tant  qu'il  vécut ,  il  la  garantit  des  aflauts  des  Teffes. 
Après  fa  mort ,  Jovien  ayant  cédé  Nifibe  aux  Perfes , 
la  plupart  des  habitans  ,  plutôt  que  de  fubir  le  joug  de 
ces  nouveaux  maîtres,  s'en  allèrent  demeurer  dans  un 
bourg  éloigné  Se  emportèrent  le  corps  de  faint  Jacques 
avec  eux.  Saint  Ephrem  étoit  né  dans  le  territoire  de 
cette  ville  ,  Se  y  avoir  demeuré  long-tems  avant  que  de 
paffer  à  Edeffe.  Saint  Makh  ,  folitaite  célèbre  par  fa 
captivité  ,  dont  faint  Jérôme  nous  a  donné  l'Hiftoire , 
étoit  né  aufli  dans  le  territoire  de  Nifibe.  {a)  Ant*. 
Marcel.  1.  2j.  c.  31.  {b)  Baillet ,  Topographie  des 
Saints ,  p.  547. 

Dans  l'infcription  d'une  médaille  de  Julia  Paulla ,  ori 

lit  ces  mots  Ce KOAn.NECiBi ,  c'eft-à  dire  ,  Sep- 

timiœ  Colonie  Neftbitana.  Etienne  le  géographe  veut  que 
quelques  uns  ayent  écritN«V//2/J,  Nafibis  ;  mais  par  tout 
ailleurs  on  lit  Ntjibis.  Aujourd'hui  on  écrit  Nf.sbin, 
Nassibin  ou  Naisibin  ,  c'eft  le  nom  moderne  ;  mais 
la  ville  n'eft  plus  que  l'ombre  de  ce  qu'elle  étoit  an- 
ciennement. Elle  eft  partagée  en  deux  quartiers  fépa- 
rés  par  une  terre  labourée,  &  ces  deux  quartiers  ne 
valent  pas  un  bon  village.  Il  y  avoit  autrefois  une 
églife  dédiée  à  faint  Jacques ,  qui  eft  appelle  frère  de 
Notre  Seigneur:  on  ne  voit  à  préfent  que  les  arcades 
des  portes ,  ôc  un  petit  espace  qui  étoit ,  félon  les  ap- 
parences, le  fond  de  l'églife.  Les  Syriens  ont  fermé  cet 
endroit,  Se  y  célèbrent  encore  aujourd'hui ,  de  même 
que  les  Arméniens.  Nefbin  dépend  du  bâcha  de  Mer- 
din.  *  Olearius ,  Voyage  du  Levant,  t.  3.  p.  92. 

A  une  grande  demi-lieue  de  Nefbin,  du  côté  du  levant,' 
il  pane  une  affez  belle  rivière,  qu'on  traverfe  fur  un 
pont  de  pierres  ;  Se  l'on  voit  fur  le  chemin  plufieurs  pans 
de  murailles  avec  une  grande  arcade  ;  ce  qui  fait  juger 
qu'anciennement  la  ville  s'étendoit  jusqu'à  la  rivière.  A 
deux  portées  de  mousquet  du  pont ,  vers  le  couchant , 
on  rencontre  une  pierre,  à  moitié  enfoncée  dans  la 
terre  Se  fur  laquelle  font  écrits  quelques  mots  latins 
qui  font  connoitre  que  c'eft  le  tombeau  d'un  général 
d'armée ,  François  de  nation  ;  mais  le  tems  a  effacé  le  nom. 
Naflibin  eft  éloignée  de  Mouiïul  de  cinq  journées  :1e 
pays  eft  presque  par  tour  défert  &  inhabité  de  ce  cô- 
té. On  ne  trouve  de  l'eau  qu'en  deux  endroits ,  enco- 
re n'eft-ellc  pas  trop  bonne  :  de  tems  en  rems  on  ren- 
contre quelques  Pâtres  qui  habitent  fous  des  tentes.  A 
deux  ou  trois  lieues  en  deçà  de  Nefbin  ,  il  y  a  proche 
du  chemin  un  hermitage.  C'eft  une  petite  chambre  dans 
un  enclos  de  murailles,  Se  dont  la  porte  eft  très-baffe. 
Quelques  Juifs  vont  de  tems  en  tems  à  cet  hermitage 
pour  y  faire  leurs  prières  ,  parce  qu'ils  croient  que  c'eft 
le  lieu  où  eft  enfeveli  le  prophète  Elifée. 

Le  pays  qui  s'étend  depuis  Coufafar  jusqu'à  Nefbin , 
eft  une  large  campagne ,  &  la  première  journée  on  ne 
voit  d'autre  herbe  fur  la  terre  ,  que  de  la  pimprenelle  î 
la  plante  en  eft  fi  groffe  ,  qu'il  s'en  trouve  d'un  pied 
Se  demi  de  diamètre.  La  journée  fuivante ,  on  trouve 
la  campagne  couverte  d'une  autre  plante ,  dont  la  feuille 
eft  grande  ,  large  Se  épaifle  ,  Se  l'oignon  gros  comme 
un  œuf  d'oie  :  on  y  voit  aufli  quantité  de  fleurs  jau- 
nes, rouges  &  violettes,  des  tulipes  de  différentes  cou- 
leurs ,  des  anémones  Se  des  narcifles  fimples.  *  Tavtr- 
nier.  Voyage  de  Perfe  ,  1.  2.- 

N1SIRES.  Voyez  Nisives. 

1.  NISIBIS.  Voyez.  Nisibe. 

2.  NISIBIS,  ville  de  la  Méfopotamie,  fur  l'Euphra- 
te, félon  Jofephe,  Amiq.  I.  i8.c.  12.  Je  ne  crois  pas 
qu'aucun  autre  écrivain  fafle  mention  de  cette  ville. 

3.  NISIBIS,  ville  d'Afie ,  dans  l'Ane.  Ptolomée  , 
lib.  6.  cap.   17.  la  place    entre   Arcitane  Se  Taraca- 


nece. 


NISICATES  ,  ou  Nisicastes  Se  Nisn\£ ,  peuples 
de  l'Ethiopie,  fou*  l'Egypte,  félon  Pline,  /.  6.  (.  30, 


ms 


N 


qui  die  que  ces  noms  lignifient  des  hommes  qui  ont 
trois  ou  quatre  yeux  :  non  pourtant  que  ces  peuples 
faflent  tels  ,  mais  parce  qu'ils  appliquoient  toute  leur 
attention  ,  en  tirant  leurs  flèches,  8c  tiroient  jufte. 

NISIOBENSES.  Ortelius  ,  Thef.  dit  qu'il  trouvoit  àes 
peuples  ainfi  nommés  fur  une  médaille  en  cuivre  de 
l'empereur  Trajan  ,  qu'il  avoit  entre  les  mains. 

NISIS.  Voyez.  Nestus. 

NISISTA,  nom  d'une  ville  dont  il  étoit  parlé  dans 
les  fanerions  pontificales  des  empereurs  d'Orient: Or- 
telius ,  Thefaur.  juge  qu'elle  écoit  aux  environs  de 
l'Epire. 

NISITA ,  ifle  fur  la  côte  du  royaume  de  Naples  , 
tntre  Pozzuolo  &  l'ifle  de  Lagajola.  Elle  elt  de  forme 
ronde  ,  &  n'a  guère  qu'un  mille  8c  demi  de  tour.  Du 
côté  du  midi ,  elle  a  un  petit  port  appelle  Porto  Pa- 
voue.  On  lit  les  deux  vers  fuivans  (<?)  dans  un  marbre 
ancien  fur  la  porte  du  pont  qu'il  faut  paffer  pour  mon- 
ter dans  l'ifle  : 

Navita  ,  fijle  ratem ,  terrtonem  hic  velaque  fige. 
Meta  laborum  h&c  eft  ,  Uta  quies  ammo. 

Quelque  petite  que  foit  cette  ifle  (b) ,  elle  rapporte 
huic  mille  ducats  tous  les  ans.  Elle  en  l'apporterait 
davantage  ,  s'il  y  avoit  moins  de  lapins.  Ces  animaux 
femblent  en  être  les  maîtres ,  8c  il  pourrait  bien  ar- 
river aux  habitans  ce  qui  arriva  à  ceux  de  Porto  Santo  , 
près  de  Madère,  que  ces  animaux  chafferent  de  l'ifle. 
On  fait  ce  qu'on  peut  pour  empêcher  que  le  nombre 
n'en  devienne  exceffif;car  pour  les  détruire ,  il  ne  faut 
pas  y  fonger.  Ils  font  leurs  trous  dans  des  rochers  es- 
carpés, qui  environnent  l'ifle  ,  &:  où  l'on  ne  peut  grim- 
per. On  trouve  auffi  dans  cette  ifle  quantité  de  per- 
drix, de  faifans  &'de  cailles,  dans  la  faifon  de  leur 
paffage.  Outre  cela,  il  y  a  une  Madrague  pour  la  pê- 
che du  ton  ;  8c  le  ter  rein  de  l'ifle  eft  excellent  :  c'eft 
dommage  qu'il  n'y  en  a  pas  davantage.  En  fuivant  la 
route  par  mer ,  à  environ  un  demi-mille  ,  on  rencon- 
tre un  petit  écueil,  qui  n'en:  détaché  de  la  terre  que 
de  l'espace  de  quinze  pas.  Il  eft  nommé  par  les  gens 
du  pays  Lagajola  ,  la  cage.  Sur  le  fommet  8c  aux  en- 
virons même  dans  la  mer  ,  on  voit  des  mannes  de  bâ- 
rimens  anciens,  &  au  rivage  de  la  terre  ferme  ,  il  y  a 
le  refte  d'un  temple  ancien  ,  qu'on  appelle  1  Ecole  de 
Vitgile.  C'eft  à  préfent  un  hermitage  fort  bien  finie  8c 
dans  une  folitude  très  agréable,  (a)  Corn.  Dict.  (/•)  La- 
bat,  Voyage  d'Italie,  t.  y.  p.  241. 

NISIT/E.  Voyez.  Nisicates. 

N1SIVES,  peuple  de  l'Afrique  propre  ,  félon  Pline , 
/.  j.  c.  4.  Ptolomée,  /.  4.  c.  3.  les  place  après  les  Na- 
tabiitA.  Ce  font  peut-être  les  mêmes  peuples  que  Ti- 
te-Live,  /.  33.  c.  18.  nomme  Ntjueta. 

N1SMES,  Nemaufus ,  ville  de  France,  dans  le  Lan- 
guedoc. Elle  eft  fort  ancienne ,  &:  il  paraît  qu'on  peut 
lui  trouver  environ  3400  ans  de  durée  depuis  fa  première 
fondation  ,  dont  on  fait  honneur  à  Nemaufus  ,  fils 
d'Hercule  ,  foit  du  Thebain  ,  foit  de  l'Egyptien  ,  foit 
du  Libyen.  On  prétend  doneque  l'un  de  ces  Hercules,  qui 
vint  dans  les  Gaules  pour  combattre  le  tyran  Tau riscus, 
8c  qui  paffa  en  Espagne  pour  domter  un  autre  tyran  , 
nommé  Gérion  ,  cur  des  femmes  de  ces  princes  vain- 
cus ,  un  grand  nombre  d'enfans  ,  8c  entr'autres  un  ap- 
pelle Nemaufui  ,  qui  fonda  Nismes  ,  &  lui  donna  fon 
nom.  Cet  Hercule  8c  ce  Nemaufus  ,  félon  Eufebe  8c 
Prosper  ,  étoient  à  peu  près  du  tems  de  Priam  ,  roi  de 
Troye  ,  un  peu  avant  l'époque  de  fâ  deftrnction.  Se- 
lon ce  fentiment  ,  Nismes  aurait  été  feulement  fondée 
j  ou  600  ans  avant  Rome.  Cette  origine  paraît  afièz 
vraifemblable ,  d'autant  qu'on  fait  qu'il  y  a  eu  en  effet 
un  Nemaufus  ,  fils  d'un  Hercule.  Diodore  de  Sicile 
8c  Ammien  Marcellin  rapportent  que  les  enfans  qu'Her- 
cule eut  de  plufieurs  femmes  dans  la  Gaule  Celtique  y 
fondèrent  beaucoup  de  villes,  auxquelles  ils  donnèrent 
leurs  noms  ;  depuis  cette  fondation  de  Nismes  par  Ne- 
maufus ,  on  ne  connoît  plus  l'état  de  cette  ville  jus- 
qu'au tems  que  les  Phocéens  de  Marfeille  ,  colonie 
Grecque ,  vinrent  s'y  établir  mille  ou  onze  cens  ans  après. 
Quelques-uns  prétendent  que  cette  ville  fe  gouverna 
pendant  ce  long  intervalle  en  République  ,  &  qu'elle 


S 


7  r 

avoir  même  vingt-quatre  bourgs  ou  villes  dans  fa  d& 
pendance  au  tems  que  les  Phocéens  de  Marfcillc  y  vin- 
rent. Ces  Phocéens  avoienr  été  premièrement  habitans 
de  l'Ionie  dans  l'Alie  Mineure  ,  autrefois  colonie  d'Athè- 
nes ,  8c  avoient  été  contraints  de  quitter  leur  pays  dé- 
folé  par  les  Médes  &  par  les  Perfes.  Ils  étoient  venus  fur 
les  côtes  de  Provence  ,  &  y  avoient  fondé  Marfcille  du 
tems  de  Taïquin,  cinquième  roi  des  Romains.  Ils  avoient 
même  été  rejoints ,  60  ou  80  ans  après ,  par  le  refte  de 
leurs  compatriotes  ,  lorsque  Cyrus  ,  roi  des  Perfes  eur 
porté  de  nouveau  la  guerre  dans. l'Ionie  ;  mais  cette 
double  colonie  s'étant  trouvée  trop  refferrée  dans  le 
territoire  de  Marfeille  ,  fut  obligée  de  fe  répandre  du 
côté  d'Avignon  ,  à  Orange  ,  à  Nice  f  à  Amibes  ,  à 
Turin  ,  à  Tarragone  ,  &  à  Nismes.  Auffi  voit-on  qi.e 
la  plupart  des  noms  des  lieux  circonvoifihs  de  cette  der- 
niefe  font  grecs  ■,  comme  celui  du  Catarau  ,  torrent 
qui  coule  avec  une  très-grande  impéruofné  ,  8c  qui  tra- 
verfoit  l'ancienne  ville.  On  a  même  trouvé  quelques 
épiraphes  grecques  qui  doivent  achever  de  confirmer 
cette  opinion.  De  plus  ,  le  fymbole  ou  les  armoiries 
anciennesde  Nismes  ,  qui  étoient  un  taureau  d'or,  eu 
champ  de  gueules,  femblables  à  celles  de  Marfeille  & 
de  Turin  ,  font  voit  que  ces  villes  avoient  eu  quelque 
chofe  de  commun  dans  leur  origine.  Au  refle  ,  les  Pho- 
céens qui  vinrent  habiter  Nismes ,  s'accommodant  avec 
les  plus  anciens  habitans  qui  fuivoieht  les  fupérftitioris 
égyptiennes  ,  adorèrent  les  mêmes  divinités  en  chan- 
geant feulement  les  noms.  Ainfi  la  Décile  Ifis  devint 
Diane  ,  &c.  &  les  temples  ne  recurent  aucun  chan- 
gement. *  Gautier  ,  Hift.  de  la  ville  de  Nisme. 

Nismes  relia  environ  440  ans  dans  l'état  où  les  Pho- 
céens la  mirent  ,  &  tomba  ,  avec  le  refle  des  Vols- 
ques  ,  dont  elle  éroit  capitale  ,  fous  la  puiffancé  des 
Romains.  Les  Volsques  habitoieht  le  long  du  Rhône , 
ils  avoient  affujetti  cette  ville  ,  ou  avoient  été  con- 
quis par  elle.  Ce  qu'il  y  a  de  fur  ,  c'eft  qu'au  tems  où 
Fabius  Maximus  la  fournir  aux  Romains  ,  elle  étoit  ap- 
pellée  Nemanjus ,  urbs  Volsterum  Arecofnkoriim.  Ap- 
paremment qu'elle  fur  dans  la  fuite  fe  fbuflraire  de 
cette  nouvelle  domination  ,  car  on  trouve  qu'elle  fut 
du  nombre  des  837  villes  que  Pompée  conquit  dans 
Ces  exploits  ,  depuis  les  Alpes  jusqu'aux  derniers  con- 
fins de  l'Espagne. 

Plufieurs  marbres  que  l'on  a  trouvés  dans  les  débris 
de  Nismes  avec  des  inferiptions  latines,  font  voir  que 
les  Romains  y  ont  envoyé  des  colonies  ;  qu'elle  a  été 
gouvernée  par  des  conflits  8c  des  àuumv'irs ,  qu'il  y  avoit 
des  édiles  comme  à  Rome ,  un  fénât ,  une  compagnie 
de  décurions,  unquefteuii  qu'il  y  avoir  un  collège  de 
prêtres  8c  un  temple  dédié  à  Augufte.  Ces  inferiptions  , 
répandues  en  différens  endroits ,  font  au  nombre  de  cinq 
à  fix  cens. 

Le  gouverneur ,  qui  avoit  été  établi  à  Nismes  avec 
les  colonies  Romaines  ,  y  dura  jusqu'en  l'an  de  la  fon- 
dation de  Rome  1160,  qui  fe  rapporte  à  l'année  410 
de  l'ère  Chrétienne,  auquel  tems  les  empereurs  Flo- 
norius  8c  Àrcadius»  cédèrent  Nismes  aux  Goths ,  après 
que  cette  ville  eût  été  environ  jco  ans  ou  plus  fous  la 
domination  des  Romains.  Durant  ces  cinq  fiécles,  Nis- 
mes a  produit  de  grands  hommes  dans  la  profvifion 
des  lettres,  &  dans  celle  des  armes.  On  en  vit  fortir 
fous  l'empire  de  Tibère  un  préteur ,  orateur  d'une 
grande  réputation  ,  appelle  Domains  Afer.  Elle  .donna 
auffi  la  naiffance  à  Aurtltus  Fidvhts  ,  qui  fut  confulà 
Rome,  8c  père  de  l'empereur  Antonin  Pie.  il  ne  faut 
pas  douter  que  cette  ville  ne  fe  foit  beaucoup  aggran- 
die  ,  pendant  qu'elle  a  été  fous  la  puiffancé  des  Romains. 
Ou  fait  par  certains  indices  ou  reftes ,  que  les  murs 
dont  ils  l'environnèrent ,  faifoient  46^0  toiles  de  cir- 
cuit ,  &  que  l'étendue  de  ces  murs,  comparée  avec 
celle  des  murs  de  Rome,  du  tems  de  Vespafien  ,  n'en 
étoit  moindre  que  de  mille  toifes.  Ce  fut  pendant  le 
même  tems  que  la  plupart  des  monumens  qu'on  y  vois 
aujourd'hui ,  furent  conftruits  :  mais  on  ne  fair  par  qui. 
Dès  que  les  Gors  furent  arrivés  à  Nismes,  ils  firent  une 
citadelle  des  Arènes,  y  bâtirent  les  deux  tours  qu'on 
y  voir  encore  aujourd'hui,  du  moins  en  partie. 

Quoique  fous  les  derniers  empereurs  Romains,  8i 
fous  les  premiers  rois  Gorhs,  le  Christianisme'  eût  fait 
'lom,  IV.  C  e  c  c  ij 


NIS 


172, 

quelque  progrès  dans  Nismcs,  cène  fut  qu'environ  l'an 
J3  5  >  qu'on  changea  divers  établiffemens  du  Paganis- 
me en  d'autres  plus  conformes  à  l'eiprit  de  la  vraie 
Religion.  Néanmoins  comme  les  Goths  voulurent  ab- 
folumcnt  faire  régner  l'Arianisme  ,  les  Chrétiens  ortho- 
doxes ne  laifferent  pas  d'être  encore  l'objet  de  la  per- 
sécution qui  ne  finit  que  par  la  converfion  du  roi  Re- 
carede.  Ce  prince  fit  prélent  de  fa  couronne  à  l'églife 
de  S.  Julien. 

Cette  ville  étant  enfuite  tombée  au  pouvoir  des  Wifi- 
goths ,  fouffrit  beaucoup  fur  la  fin  du  feptiéme  fiécle, 
ayant  ofé  foutenir  un  long  fiége  contre  le  roi  Wamba. 

Dans  le  huitième  fiécle,  Nismes,  malgré  fes  efforts,  fuc- 
comba  fous  la  puiflance  des  Sarrazins  qui  s'étant  empâté 
de  l'Espagne,vouloient  réunir  toutee  qui  enavoit  dépendu. 
Ses  habkans  ayant  marché  à  la  rencontre  de  ces  nouveaux 
conquérans  ,  défendirent  pendant  quelque  temsle  partage 
de  la  rivière  du  Vidoure;  mais  ces  derniers  l'ayant  enfin 
traverfée ,  Se  s'étant  établis  d'abord  à  Galargues  Se  àSatu- 
rargues ,  qui  font  à  trois  Se  quatre  lieues  de  Nismes , 
prirent  enfin  cette  ville  Se  quelques  autres  places  du 
Languedoc  qu'ils  conferverent  environ  vingt  années.  Pen- 
dant ce  tems  l'exercice  public  de  la  religion  Chrétienne 
y  ceiTa  ,  Se  les  églifes  furent  changées  en  mosquées  ;  mais 
après  que  Charles  Martel  eut  délivré  la  Guienne  des 
Sarrazins,  par  la  célèbre  victoire  qu'il  remporta  à  Poi- 
tiers ,  où  plus  de  trois  cens  mille  de  ces  infidèles  péri- 
rent, il  vint  affiéger  Nismes  qui  tenoit  encore  pour  eux, 
Se  l'ayant  prife  d'aiïaut,  il  la  brûla,  &  renverfa  presque 
tout  ce  qui  n'avoit  pu  être  confirmé  par  le  feu  ;  néan- 
moins l'amphithéâtre  &  quelques  autres  monumens  écha- 
perent  à  ce  ravage.  Les  Wifigoths,  qui  vinrent  peu  après 
du  côté  des  Alpes ,  rétablirent  un  peu  cette  ville  ;  mais 
les  Sarrazins  la  reprirent  encore  une  fois,  &  la  gardèrent 
Jusqu'à  ce  que  Pépin  reconquit  tout  ce  pays.  Nismes  fut 
dans  la  fuite  gouverné  par  des  vicomtes  fous  l'autorité 
des  ducs  de  Septimanie.Ces  vicomtes  de  Nismes  fe  rendi- 
rent propriétaires  dans  le  dixième  fiécle  &c  prirent  quel- 
quefois le  nom  de  Comtes  :  car  on  voit  que  Berthe  , 
mère  de  Raimond ,  à  laquelle  ce  territoire  appartenoit 
l'an  960 ,  dans  la  feptiéme  année  de  Lothaire  ,  fils  de 
Louis  d'Outremer ,  prenoit  la  qualité  de  Comreffe;  mais 
fous  le  règne  de  Robert,  fils  de  Hugues  Capet,  Hermen- 
garde,  en  fes  Chartres,  ne  prend  que  le  titre  de  vicom- 
te/Te. 

Raimcnd ,  comte  de  Touloufe ,  ufurpa  pendant  quel- 
ques annnées  le  haut  domaine  de  Nismes ,  quoique  les 
habitans,l'évêque&  le  vicomte  prétendirent  être  vaiïaux 
immédiats  du  roi.  Les  comtes  ou  vicomtes  deCarcafibne 
Se  deBeziers  avoient  aufii  leurs  prétentions  fur  Nismes, 
de  forte  que  les  rois  d'Arragon,  de  qui  toutes  les  terres 
de  ces  Seigneurs  relevoienr ,  croyoient  avoir  aufii  droit 
fur  cette  ville  Se  fur  fon  territoire  ,  appelle  le  Nemofez.^ 
mais  Jacques ,  roi  d'Arragon ,  y  renonça  en  faveur  de 
S.  Louis  Se  delà  couronne  de  France,  par  une  trans- 
action de  l'an  1 2.58.  Quant  aux  prétentions  des  comtes 
de  Touloufe,  elles  furent  anéanties  avec  eux. 

Sur  la  fin  du  douzième  fiécle ,  l'héréfie  des  Albigeois 
s'étoit  répandue  jusqu'à  Nisrnes.  Le  mal  s'étant  fortifié  , 
le  pape  Honorius  111  exhorta  infiamment  les  habirans 
de  cette  ville  de  rentrer  dans  le  fein  de  l'églife  ,  comme 
on  le  voit  par  fes  Lettres,  qui  font  encore  dans  les 
archives  du  lieu  même.  On  déféra  à  fes  ordres  ou  folli- 
citations  en  1226  ,  mais  ce  ne  fut  pas  pour  long  tems-; 
de  forte  que  le  faint  père  fut  obligé  de  faire  agir  les 
armées  des  princes  catholiques  j  pour  mettre  ces  réfra- 
ctaires  à  la  raifon.  Cette  héréfie  finit  à  Nismes  au  décès 
de  Jeanne,  leur  dernière  Comtefle,  Se  d'Alphonfe,  comte 
de  Poitiers,  fon  mari,  vers  l'an  1170,  &  le  Languedoc 
fut  alors  réuni  à  la  couronne  de  France. 

En  1417,  Nismes,  qui  appartenoit  à  Charles  VI ,  roi 
de  France  ,  fut  pris  par  le  prince  d'Orange ,  qui  étoit 
à  la  tête  des  Anglois  ;  ce  fut  alors  que  le  château  des 
Arènes  fut  ruiné,  Se  réduit  en  l'état  où  on  le  voit  au- 
jourd'hui. Depuis  1  extinction  des  Albigeois  jusqu'en  l'an 
1560  la  religion  catholique  ne  fouffrit  plus  aucun  trou- 
ble dans  Nismes  -,  cependant  il  y  avoir  déjà  du  tems 
que  plufieurs  perfonnes  fuivoient  la  réforme  de  Calvin. 
Plufieurs  Miniftres  venus  de  Genève  l'y  avoient  prèchée 
fccrçttemeni  ;  mais  comme  ceux-ci ,  après  que  leur  Secte 


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eut  fait  du  progrès ,  ne  gardèrent  plus  de  mefures  en 
1560  ,  il  y  eut  bientôt  plufieurs  troubles  Se  divers  mas- 
facres  au  fujet  de  la  religion ,  Se  on  y  bâtit  un  temple 
en  156 j  ,  pour  les  Calviniltes;  mais  il  fut  brûlé  en 
1568  ,  rétabli  en  1 569  ,  Se  dura  jusqu'en  l'année  1685  > 
qu'il  fut  abbatu  par  ordre  de  Louis  XIV.  Quelque 
tems  après ,  ce  même  monarque  fit  bâtir  à  Nismes ,  le 
château  ou  fort  à  quatre  battions  qu'on  y  voit  aujour- 
d'hui ,  pour  la  tenir  mieux  en  bride.  Depuis  que  cette 
ville  avoit  été  fous  le  domaine  des  rois  de  France  ,  elle 
avoir  obtenu  de  grands  privilèges;  mais  comme  elle  parue 
en  abufer  Se  vouloir  fe  rendre  indépendante ,  après 
qu'elle  eut  embraffé  le  Calvinisme  ;  qu'elle  fe  diftingua 
même  par  fa  fierté ,  entre  routes  les  villes  de  fon  parti , 
pendant  un  tems  allez  considérable,  elle  fut  contrainte 
par  la  force  de  fe  foumettre,  Se  fe  vir  dépouillée  d'une 
partie  de  fes  privilèges.  C'étoit-là  qu'avoit  été  publié 
ï'édit  de  grâce  &  de  pacification  l'an  1629. 

On  prétend  que  faint  Sernin,  disciple  des  Apôtres, 
fut  le  premier  qui  apporta  le  Chriftianisme  en  Lan- 
guedoc ,  Se  par  conséquent  à  Nimes ,  Se  qu'il  y  con- 
vertit d'abord  Honeftm  natif  de  cette  ville.  Quoi  qu'il 
en  foit,  faint  Cafior ,  qu'on  dit  être  né  dans  les  Arènes, 
fut  le  premier  évêque  de  Nismes,  Se  la  cathédrale  lui 
a  été  dédiée  dans  la  fuite. 

Il  s'eft  tenu  à  Nismes  quatre  conciles  :  le  premier  en 
l'an  389  :  le  fécond  en  886  ,  contre  Salva ,  clerc  Espa- 
gnol, qui  fe  portoit  pour  archevêque  de  Natbonne. 
Théodat ,  véritable  archevêque  de  Narbonne ,  y  étoit 
avec  trois  autres  métropoli:ains ,  Gilbert  de  Nismes  étoit 
du  nombre  des  évêques.  Un  troifiéme  en  897  ;  enfin  le 
quatrième  en  1096  parle  pape  Urbain  II,  qui  retour- 
noit  à  Rome  après  la  célébration  du  fameux  concile  de 
Clermont.  Ce  pontife  y  donna  l'archevêché  de  Narbonne 
à  Bertrand,  évêque  de  Nismes. 

Cette  ville  jouit  d'un  ciel  pur  &  ferein  pendant  pres- 
que toute  l'année  ,  &  fe  trouve  fituée  dans  un  des  plus 
agréables  pays  du  monde.  Une  belle  plaine  couverte  de 
beaux  jardins,  dont  les  graines  fe  répandent  dans  toute 
l'Europe  ,  fait  une  partie  de  fon  terroir.  L'autre  et!  com- 
pose de  plufieurs  coteaux  Se  vallons  couverts  de  vignes 
&  d'oliviers ,  Se  d'autres  coteaux  nommés  Gangues ,  qui 
font  des  endroits  couverts  de  bois  taillis,  où  croiiïent 
pour  l'ordinaire  le  thim ,  le  ferpolet ,  la  farriette ,  le  ro- 
marin. Ces  Garigues  produifent  une  belle  espèce  de 
vermillon ,  qui  s'y  ramaffe  fur  des  feuilles  de  certains 
arbuftes,  où  un  petit  ver  le  jette.  On  en  compofe  la 
couleur  rouge  de  Garance,  Se  lefyrop  de  Kermès  ,  qu'on 
envoie  dans  les  pays  les  plus  lointains.  Dans  tout  ce  ter- 
ritoire les  vins ,  le  gibier  Se  le  bétail ,  font  des  plus  ex- 
cellens  de  la  province.  Enfin  ,  tout  ce  qui  peut  contri- 
buer à  rendre  la  vie  délicieufe  ,  s'y  trouve  tellement 
raffemblé ,  qu'il  n'eft  pas  étonnant  que  les  colonies  Égy- 
ptiennes, Grecques  &  Romaines  ,  ayent  préféré  ce  pays 
au  leur. 

Un  des  plus  confidérables  monumens  antiques  de  Nis- 
mes, eft  l'amphithéâtre  nommé  les  Arènes.  Il  eu  de  figure 
ovale,  parce  que  les  jeux  qu'on  y  faifoit,  étoient  con- 
factés  à  Cafior  Se  à  Pollux  ,  frères  jumeaux ,  que  la  my- 
thologie des  Gentils  difoit  être  nés  d'un  œuf.  Il  eft 
compofé  de  deux  rangs  d'arcades ,  dont  le  nombre  fe 
monte  à  vingt-deux  :  elles  font  l'une  fur  l'autre  ,  for- 
ment quatre  portiques  tout  autour;  un  contour  de  cent 
quarre-vingt  toifes.  Comme  les  Goths  en  firent  une  for- 
tereffe,  on  voit  une  fort  grande  brèche  que  firent  ceux 
qui  les  y  forcèrent. 

Le  pont  du  Gard,  qui  n'eft  pas  loin  de  cette  ville, 
eft  une  des  plus  belles  antiquités  du  monde,  Se  l'ouvrage 
le  plus  hatdi  qu'on  ait  jamais  pu  imaginer.  Il  fervoit 
en  même  rems  d'aqueduc  pour  conduire  les  eaux  de  la 
fontaine  d'Eure  depuis  U fez  jusqu'à  Nismes, en  les  faifant 
paffer  fur  la  rivière  du  Gardon  d'une  montagne  à  l'au- 
tre ,  à  la  hauteur  de  vingt-cinq  toifes.  Cet  ouvrage  eft 
compofé  de  rrois  rangs  d'arcades  à  plein  ceintre  les 
unes  fur  les  autres,  qui  four  trois  pour  s  les  uns  fur  les 
autres.  L'aqueduc  qui  eft  au-defius  du  troifiéme  pont , 
Se  qui  en  fait  le  couronnement  a  quatre  pieds  de  large 
Se  cinq  de  haut  dans  œuvre.  On  ne  fait  précifément 
à  quel  ufage  fervoient  les  eaux  que  cet  aqueduc  con- 
duifoit  à  Nismes:  les  uns  veulent  qu'elles  croient  pour 


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Pufagedu  temple  de  Diane  ;  d'autres  pour  donner  lieu 
à  des  Naumachies ,  ou  combats  navals  dans  l'amphi- 
théâtre ;  d'autres  à  des  bains,  ou  pour  fervir  à  la  boillon 
des  habiians  de  ceire  grande  ville,  qui  étoit  regardée 
comme  une  féconde  Rome. 

On  voit  aufîi  un  beau  refte  des  anciens  murs ,  qui  > 
comme  je  l'ai  déjà  dit ,  avoient  un  circuit  de  4640  roifes- 
Ce  relie  fait  connoître  qu'ils  avoient  fix  toifes  de  hau- 
teur Se  une  d'épaiffeur  ,  deforte  qu'ils  foutenoient  un 
corridor  ou  chemin  de  ronde.  Ces  murs  parçouroient 
fept  montagnes  ou  collines  comme  celles   de  Rome. 
Ces  fept  montagnes,  fur  lesquelles  on  voit  encore  quel- 
ques débris  de  ces  murs ,  font  1  °.  celle  de  Tafi.au  ou  des 
Juifs;  z°.  celle  de  Pïed-Ferrié  ;  30.  celle  de  Pied  Crema\ 
4°.  celle  de  Lampez,e  ;  50.  celle  de  la  Tour  magne  ;  6°, 
celle  de  Canteduc  \  70.  celle  de  Montauri  ou  du  Peirel. 
Charles  Martel  fit  abbatre  ces  murs  en  736  ,  à  l'exce- 
ption de  la  partie  qui  eft  entre  la  tour  du  Château  Se 
la  plate-forme.  Entre  les  quatre  vingt-dix  tours,  qui  dé- 
fendoient  les  anciens  murs,  la  plus  , grande  appellée  la 
Tourmagne,  fubfiite  encore  en  partie.  Elle  commandoit 
toutes  les  autres  ;  elle  avoit  fept  faces  par  en  bas  Se 
huit  en  haut.  Sa  circonférence  eft  par  le  bas  de  qua- 
rante toifes  cinq  pieds.  Depuis  fon  rès  de  chauffée  jus- 
qu'à la  galerie,  elle  a  de  hauteur  cinq  toiles  deux  pieds. 
Cette  galerie  regnoit  tout  autour  à  la  hauteur  des  murs 
de  la  ville  ,  Se  avoir  deux  toifes  deux  pieds  de  largeur  , 
à  la  réferve  de  la  face  du  levant,  qui  n'avoit  qu'une 
toife  de  large.  La  tour  au-deffus  de  la  galerie  avoit  dix- 
fept  toifes  cinq   pieds  de  circonfcrence.  Elle  avoit  en 
tout  dixmeuf  toifes  trois  pieds  de  haut ,  lorsqu'elle  étoit 
en  fou  entier-.  Les  ornemens  de  cette  tour.étoient  d'or- 
dre dorique.  Trois  corniches  la  partageoient  différem- 
ment, au  deffus  desquelles  l'ouvrage  alloiten  diminuant 
de  deux  pieds  de  recraite  vers  fon  centre.  Il  n'y  a  que 
les  premiers  pilaftres  du  premier  étage  qui  foient  en- 
tiers. Ils  font  au  nombre  de  quatre  fur  chaque  face.  Le 
fécond  étage  ,  qui  ctoit  également  compofé  de  colomnes 
doriques,  Se  en  pareil  nombre  ,  eft   renverfé,dc  même 
que  l'escalier ,  dont  on  voit  encore  l'emplacement.  On 
croit  que  cette  magnifique  tour  étoit  un  ouvrage  des 
Phocéens ,  qui  avoient  coutume  de  bâtir  leurs  tours  de 
forme  pyramidale  ;  Se  que  les  Romains  pouvoient  avoir 
conftruit  les  autres. 

Il  refte  encore  quelques  anciens  temples  qui  donnent 
pareillement  une  grande  idée  de  la  puiffance  de  ceux 
qui  les  ont  fait  bâtir ,  Se  de  l'état  où  les  arts  étoient 
alors.  Celui  qu'on  croit  avoir  été  dédié  à  Diane,  ou 
même  ,  félon  quelques-uns ,  à  Vefta ,  eft  entièrement 
bâti  de  groffes  pierres  fans  cimenr  ni  mortier ,  avec 
pluficurs  niches  dans  les  intercolonnes.  11  eft  de  dix- 
neuf  toifes  de  long,  de  fept  Se  demi  de  large,  Se  de 
fix  de  hauteur  dans  œuvre  ;  il  a  feize  colomnes  d'ordre 
Corinthien,  qui  fupportent  une  corniche  ,  fur  laquelle 
pofe  la  voûte  avec  des  arcs  doubles. 

Ce  qu'on  appelle  vulgairement  la  maifon  Carrée, 
paroît  auffi  avoir  été  un  temple  ;  on  a  voulu  que  ce 
fût  autrefois  le  capitole ,  parce  que  les  confuls  Se  les 
magiftrats  s'y  font  affemblés  pour  délibérer  des  affaires 
publiques  -,  mais  il  faut  remarquer  que  ce  n'a  été  que  de- 
puis la  deftruction  de  Nismes  par  Charles  Martel,  qui 
respectant  la  beauté  de  cet  édifice,  l'avoit  biffé  dans 
fon  entier.  Les  premiers  citoyens  de  la  ville  de  Nismes 
alors  fans  maifons,  purent  fe  fervir  pour  un  tems  de  ce 
bâtiment ,  mais  ils  l'abandonnèrent,  dès  qu'ils  furent  en 
état  d'avoir  un  hôtel  de  ville. 

Cette  maifon  n'a  aucune  fenêtre  qui  n'ait  été  faite 
après  coup.  Selon  qu'elle  a  été  conftruite  d'abord  ,  elle 
ne  pouvoit  avoir  de  jour  que  par  la  porte,  qui  étoit 
à  la  vérité  fort  grande  à  proportion  du  relie.  Elle  eft 
enrichie  en  dehors  de  trente  colomnes  canelées  de  l'or- 
dre Corinthien.  Le  plan  de  tout  l'édifice  eft  de  douze 
toifes  de  long,  Se  de  fix  de  large  fur  autant  d'éléva- 
tion. Les  ornemens  de  la  corniche  Se  de  la  frife  font 
fort  beaux  ,  mais  les  ornemens  des  chapitaux  Corin- 
thiens ont  paru  inimitables  aux  plus  habiles  architectes 
&  fculteurs ,  qui  font  allés  exprès  de  Rome  ou  de 
Paris,  pour  examiner  ce  beau  morceau  d'antiquité.  Louis 
lf  Grand,  informé  que  cet  admirable  édifice  dépéiifToit , 


le  fit  reparer  en  1689,  &  de  profane  qu'il  cton  aupa- 
ravant ,  en  a  fait  un  temple  confacré  au  vrai  Dieu. 

On  croit ,  ce  femble  ,  avec  fondement ,  que  la  cathé- 
drale de  Nismes ,  eft  le  temple  même  qui  avoir  été  dé- 
dié à   Auguite  ,    de    qui  elle  avoit  reçu  beaucoup   de 
bienfaits.    11  eft  vrai  qu'on  rrouve  au-deffous   de   fon 
fronton  en  bas  relief,  l'hiftoire  de  notre  religion,  de- 
puis la  création  du  monde  jusqu'à  J.  C.   mais  on  pré- 
tend que  cela  eft  poftiche  Se  fair  après  coup.  En  effet , 
on  y  voyoit  autrefois  la  coupe  d'un  grand  arc,  avec  un 
pavé  à  la  mofaïque  qui  a  été  recouvert  par  le  moderne. 
Se  de  deux  têtes  de  taureaux  de  marbre  fur  la   petite 
porte  du  feptentrion.  11  n'y  a  pas  de  doute   que  ces 
têtes  de  taureaux  ne  foient  des  marques  de  la  religion 
païenne.  L'on  voit  encore  à  cet  édifice  une  figure  cou- 
ronnée ,  tenant  deux  bâtons  à  la  main ,  Se  près  d'elle 
deux  taureaux  élevés  par  deux  griffons,  avec  une  autre 
figure  ailée,   un    autel,   &   un    facrificateur ,    tenant 
une   patere    à  la    main   qu'il   offre    en    libation ,     Se 
tout    proche    un   autre   perfonnage  qui   tient  un  bé- 
lier. 

La  colonne  de  la  Salamandre,  fur  laquelle  eft  une 
efpéce  de  dragon  qui  brûle  au  milieu  des  flammes ,  eft 
un  monument  qu'on  éleva  à  la  gloire  do  François  I ,  en 
15  f  3  ,  lorsqu'il  fit  fon  entrée  à  Nismes.  Ce  prince  y 
fonda  alors ,  pour  l'éducation  de  la  jeuneffe  ,  un  collè- 
ge. 

Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  la  ville  de  Nismes  ne 
foit  auffi  grande  aujourd'hui  qu'elle  l'a  été  autrefois. 
On  y  compte  cependant  encore  d  juze  mille  cinq  cens 
familles  ou  environ.  On  entre  dans  la  ville  par  neuf 
portes.  Les  rues  en  font  affez  belles  Se  les  maifons  bien 
bâties.  La  maifon  de  ville  n'eft  remarquable  que  par 
fon  horloge.  L'esplanade  eft  une  promenade  hors  de  là 
ville  Se  fort,  agréable  :  on  y  va  le  foir  prendre  le  fiais. 
Le  couvent  des  Récollers  eft  à  la  poire  de  la  Magde- 
léne.  11  v  a  au-devant  de  ce  couvent  une  avenue  de  plu- 
fieu  rs  allées  d  ormes,  Se  qui  fert  auffi  de  promenade.  Le  jar- 
din de  ces  religieux  eft  fort  beau.  L'églife  qui  appartenoic 
aux  Jéfuites  eft  belle  Se  magnifique ,  fon  feul  défaut  eft 
d'avoir  trop  d'ornemens  dans  les  ordres  d'architecture  ; 
ce  qui  en  rend  le  goût  mesquin  Se  colifichet.  *  Piga- 
nïol ,  Defcriprion  de  la  France,  t.  4.  p.  392. 

Nismes  eft  la  patrie  de  Jean  Nicot,  auteur  du  di- 
ctionnaire François  Se  latin  qui  porte  fon  nom.  11  fut 
ambaffadeur  en  Portugal  en  1  _$■  j  9,&  en  rapporta  la  plan- 
te ,  qui  de  fon  nom  fut  appellée  Nicotiane  ,  Si  que  nous 
nommons  aujourd'hui  tabac.  Jean-Baptifte  Cotelier, 
docteur  delà  maifon  Se  fociété  de  Sorbonne  Se  Pro- 
feffeur  royal  en  langue  grecque ,  étoit  auffi  de  Nis- 
mes. Il  a  donné  divers  ouvrages  au  public  ;  il  mourut 
à  Paris  le  12  Août  1686. 

NISOPE  ,  ifle  fur  la  côte  de  celle  de  Lefbos ,  Se  qui 
forme  le  port  Sigrif,  félon  Etienne  le  géographe.  Les 
dernières  éditions  portent  Nefope ,  nh^Wh  ,  Se  Suidas 
écrit  nîwW». 

NISORS  ,  N'fortiitm,  bourg  de  France  ,  dans  la  Gas- 
cogne, au  diocciède  Comminges,  entre  la  rivière  de  Gi- 
mone  Se  la  Save,  vers  la  fource  de  la  première.  Ce 
lieu  eft  remarquable  par  une  abbave  d'hommes  de  l'ordre 
de  Cîteaux,  fille  de  Bonnefont,  à  laquelle  il  donne  (on 
nom  ,  Se  qu'on  appelle  auffi  la  BéniJ]îns-Diçu  ,  en  latin 
Beneditlio  Domini.  Cette  abbaye  fut  fondée ,  félon  quel- 
ques uns,  en  1184,  &  félon  d'autres,  en  1x13.  Elle 
vaut  2000  liv. 

1.  NISSA  (a)  .ville  de  la  Turquie,  en  Europe  ,  dans 
la  Servie,  aux  confins  de  la  Bulgarie,  fur  la  rivière  de 
Niffava  ,  qui  peu  après  fe  joint  avec  la  Morave,  à 
l'orient  de  la  ville  d'Uschup  ,  ou  Precop.  C'cft  la  Neftus- 
des  anciens.  On  y  voit  (  b  )  plnfieuts  mosquées,  dont 
la  principale  eft  nommée  Ditnkiar  Giami/fî:  on  appelle 
la  féconde  Yufouf  Begi-Giqmi(Jf.  Les  autres  font  moin- 
dres. Il  y  a  deux  bains  Se  plufieurs  fontaines  dans  la 
même  ville.  (  a  )  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy.  [b)  Corn. 
Dict.  Voyage  de   Ojj'iclct ,  à  Conftantinople  ,  1664. 

2.  NISSA,  Nis,€A,  ou  Nisa,  ville  de  l'Achaïe  „ 
dans  la  Megaride  :  on  l'appelloit  auffi  Megara ,  félon 
Ptolomée  /.  5.  c.  15.  Voyez.  Megara.  La  mer,  dit 
Spon,  n'eft  qu'à  deux  lieues  de  Megare,  Se  il  y  a  un 
petit  port  qu'on  appclloic  anciennement  Nifaa,   On  y 


NIT 


5*74 

voit  encore  les  ruines  d'un  couvent ,  6c  quelques  églifes 
déferres,  fans  aucune  habitation. 

NISS^A.  Voyez.  Nissa  2. 

NISSAVA  ,  rivière  de  la  Bulgarie.  Elle  fa  fource  dans 
la  plaine  de  Sophie  ;  fon  cours  eft  d'abord  del'eft  à  loueft, 
jusqu'à  Pirot  ou  Chercui  ;  de-là  elle  coule  du  fud-eft  au 
nord-oueit  jusqu'à  Niffa  ,  au-deffous  de  laquelle  elle  fe 
jette  dans  la  Morave.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaitgondi. 

NISSOS ,  ville  aux  environs  de  Pallene,  péninfùlé 
de  la  Macédoine  ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.  10.  Le  père  Har- 
douin  juge  qu'il  faut  lire  Nyssos,  comme  portent  les 
meilleurs  manuferits  ;  6c  parce  que  Hefyche  nomme 
une  montagne  de  la  Thrace  Nva-trctv  6c  avtriov ,  ou  tiûovtov, 
il  foupçonne  qu'il  a  pu  y  avoir  auffi  une  ville  de  même 
nom.  Du  refte  il  biffe  à  juger,  fi  au  lieu  de  Nijfos  on 
ne  devroit  point  mettre  Ehn ,  qui  eft  une  ville  de  Thrace 
&  colonie  des  -Mendri ,  dont  parle  l'Hârpocration ,  p. 
141,  ex  Thucidyde. 

NISTKOW  ou  Nistko  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au 
duché  de  Siléfie ,  dans  la  principauté  de  Teschen ,  près 
de  la  fource  de  l'Ofhawitz.  Comménius  6c  quelques 
autres  la  mettent  dans  la 'Moravie ,  &  la  nomment 
Misko.  *  Zeyler ,  Top.  duc.  Silefiat. 

NISTRA  ,  c'eft  le  nom  d'une  ville,  quelque  part 
aux  environs  de  l'Illyrie  ,  félon  Calchondyle.  *  Ortelii 
Thefaur. 

NISUA  ,  ville  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée  ,  /.  4. 
c.  3.  la  place  fur  le  golfe  de  Numidie ,  entre  Carpis 
Ôc  Clipea.  Ortelius ,  Thefaur.  foupçonne  que  c'eft  la 
même  ville  ,  que  Pline  ,  /.  $.c.  4.  nomme  Mifua.  Fazel 
l'appelle  Nubia. 

NISUET.dE.  Voyez,  Nisives. 

NISUM.  Voyez.  Nestus. 

NISYRIORUM  INSUL/E  ,  petites  ifies  de  l'Archi- 
pel. Strabon  les  place  au  voifinage  de  l'i/le  Nisyrus. 

1.  NISYRUS  ou  Nisyros,  ifie  des  Rhodiens,  fé- 
lon Pline ,  /.  5.  c.  3 1  ,  qui  dit  ,  d'après  Apollodore , 
qu'elle  avoir  été  féparée  de  l'ifle  de  Cos;  &  qu'on  la 
nommoit  autrefois  Porphyris.  Strabon  ,  /.  12.  p.  489. 
îa  met  auprès  de  l'ifle  de  Cnide.  Cette  ifle  s'appelle 
aujourd'hui  Nisaro.  Voyez,  ce  mot. 

2.  NISYRUS  ou  Nisyros  ,  ville  dans  l'ifle  de  même 
nom ,  félon  Strabon. 

3.  NISYRUS.  Strabon  donne  ce  nom  à  une  des 
quatre  villes  de  l'ifle  Carpathus. 

NITASUM  ou  Nitalis,  ville  de  Galatie,  félon  l'i- 
tinéraire d'Antonin,  qui  la  met  fur  la  route  de  Con- 
ftantinople  à  Antiochc,  entre  Ozzala  &  Colonia  Ar- 
chelaïda ,  à  dix-huit  mille  pas  de  la  première ,  6c  à 
vingt-fept  mille  de  la  féconde.  Quelques  manuferits 
portent  Hitafis. 

NITERIS,  peuples  de  l'Afrique  Intérieure.  Pline, 
/.  5.  c.  5.  les  met  au  nombre  de  ceux  que  fubjugua 
Corn.  Balbus.  Il  y  a  des  manuferits  où  on  lit  Nitebrcs 
pour  Niterit. 

NITH,  rivière  d'Ecoffe  (a),  qui  donne  fon  nom  à 
la  province  de  Nithsdale,  qu'elle  traverfe  du  nordau  fud. 
Elle  a  fa  fource  dans  la  partie  méridionale  de  la  pro- 
vince de  Kyle ,  6c  fon  embouchure  fur  la  côte  méri- 
dionale du  golfe  de  Solwai  (b)  ,  auprès  de  la  ville  de 
Dumfries.  Son  eau  eft  fort  claire,  (a)  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne ,  t.  2.  p.  i$i.(b)  Atlas  ,  Robert  de 
Vaugondy. 

NlTHAGOU  ,  contrée  de  la  Germanie.  Eginhardy 
place  ces  trois  lieux,  Hecgftadt ,  Urfel  6c  Suntiligen  , 
dont  il  donne  la  defeription  dans  le  troifiéme  livre  de 
la  tranflation  des  faints  martyrs  Marcellin  6c  Pierre. 
*  Ortelii  Thefaur. 

N1TH1NE  ouNichine,  ville  d'Egypte  ,  félon  l'iti- 
néraire d'Antonin ,  qui  la  mer  fur  la  route  de  Con- 
ftantinople  à  Antioche  ,  entre  Andron  6c  Hermupolis  , 
à  douze  mille  pas  de  i-i  première,  6c  à  vingt  quatre 
mille  de  la  féconde.  Les  manuferits  varient  fur  ce  nom  : 
les  uns  écrivent  Nitine  ;  d'autres  Nircthine ,  &  d'autres 
Naith:t  6c  Niciit.  Voyez.  Nicii. 

NITHSDALE  ,  province  maritime  d'Ecoffe ,  dans  fa 
partie  méridionale,  à  l'eft  de  Galloway.  Elle  a  tiré  fon 
nom  de  la  rivière  de  Nith  ,  qui  la  traverfe  du  nord  au 
fud.  Cette  province ,  particulièrement  le  territoire  de 
Durnfiici ,  abonde  en  bled  Se  en  pâturages ,  6c  les  ha* 


NIT 


bitans  trouvent  bien  leur  compte  dans  la  vente  qu'ils 
font  de  leur  bétail  en  Angleterre.  11  y  a  beaucoup  de 
forêts  dans  cette  province:  Holy-wood  ,  qui  elt  la  prin- 
cipale ,  a  donné  le  nom  au  fameux  altronome  Johannes 
de  Sacro  Bosco.  Les  places  les  plus  confidérables  de 
cette  province  font 

Sanquehar,        Dumfries,         Drnmlanrig. 

*  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  tom.  2.  pag. 
231. 

NITIBRUM,  ville  de  l'Afrique  Intérieure.  Pline, 
/.  $.  c.  j.  la  place  au  nombre  de  celles  qui  turent  fub- 
juguées  par  Corn.  Balbus. 

N1TICE.  Voyez,  Necreticé. 

NITIOBRIGES,  peuples  que  Cefar ,  de  bell.  Gall. 
I.  7.  c.  7.  &  J'eq.  place  entre  les  Celtes  :  dans  la  fuite 
ils  furent  mis  entre  les  Aquitains.  Pline  ,  /.  4.  c.  19. 
en  a  corrompu  le  nom  en  Antobroges.  Leur  ville  ca- 
pitale e(l  Aginnum ,  encore  aujourd'hui  Agen  ,  6c  le 
peuple  répond  au  diocèfe  d'Agen. 

NITOBRICA.  Voyez,  Nertobriga. 

NITRA.  Voyez.  Nitrie. 

NITRyE^E,  lieu  dans  l'Egypte,  félon  Etienne  le 
géographe.  Le  Nitriotes  Nomits  de  Strabon ,  /.  17.  p.  803. 
avoit  pris  fon  nom  de  ce  lieu. 

NITRAN  ,  contrée  de  la  Palefline ,  à  ce  que  croit 
Ortelius ,  Thef.  qui  cite  Serapion. 

i.NITRIA,  Neitra  ou  Neytrack,  ville  de  la 
Haute-Hongrie ,  capitale  d'un  comté  du  même  nom. 
Voyez,  Neytrack. 

2.  N1TRIA  ,  montagne  d'Egypte ,  aux  environs  de 
Scété.  Voyez.  Nitrie. 

NlTRI/E ,  entrepôt  dans  l'Inde,  en-deçà  du  Gan- 
ge, félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  Ses  interprètes  lifenc 
Nitra. 

1.  NITRIE  (Le  défertde) ,  fameufe  foiitude  ,  dans  la 
Baffe-Egypte ,  contigue  au  défert  de  Sceté ,  en  avan- 
çant du  côté  d'Alexandrie  ,  vers  l'embouchure  la  plus 
occidemale  du  Nil  ,  auprès  d'une  haute  colline  ou  mon- 
tagne médiocre,  aufft  nommée  Nitrie.  Le  défert  &  la 
montagne  ont  pris  ce  nom  d'un  lie  de  nitre  qui  s'y 
rencontre  ;  &  le  bourg  qui  en  étoit  le  plus  proche , 
s'appelloit  encore  Nitrie  avant  qu'il  tombât  fous  la 
puiffance  des  Sarrazins.  Le  défert  a  plus  de  quarante 
milles  de  longueur  :  il  eft  borné  au  nord  par  la  Mé- 
diterranée 5  à  l'orient  par  le  Nil;  au  midi  par  le  dé- 
fert de  Scété,  6c  à  l'occident  par  ceux  de  Saint  Hi- 
larion  ,  6c  des  Cellules.  Comme  le  Nil  ne  peut  ap- 
procher jusques-là,  le  terrein  eft  aride  6c  inculte,  6c 
tout  ce  défert  eft  une  grande  plaine  de  fable ,  entre- 
coupée feulement  de  deux  ou  trois  petites  montagnes. 
Ce  fut  fur  la  montagne  de  Nitrie,  félon  Bailler, 
Topogr.  des  Saints,  p.  348.  que  fe  retira  fainr  Amons 
ou  faint  Ammon ,  vers  l'an  326.  Il  fut  le  premier  qui 
habita  cette  célèbre  montagne  ;  il  y  fut  fuivi  par  quel- 
ques anachorètes  ,  6c  bientôt  après,  il  s'y  vit  le  fupé- 
rieur  d'un  grand  nombre  de  folitaires.  11  eft  regardé 
comme  le  fondateur  de  ce  fameux  hermitage.  Ce  lieu 
fut  long  tems  le  fejour  de  faint  Macaire  d'Alexandtie. 
Saint  Indore ,  prêtre  hospitalier  de  l'églife  d'Alexandrie , 
eft  auffi  qualifie  folitaire  de  Nitrie,  qui  étoit  fa  retraite 
ordinaire.  Il  n'y  a  plus  aujourd'hui  que  quatre  cou- 
vens  habités  par  des  Cophtes,  qui  ont  les  mêmes  régies 
6c  les  mêmes  vêtemens  que  ceux  de  la  ThébaVde.  Les 
voyageurs  qui  veulent  vifirer  ce  défert  ,  fe  rendent  par 
le  Nil  à  un  gios  village  nommé  Terrana,  fur  la  rive 
occidentale  du  fleuve  ,  &  où  réfide  un  cachef  qui  eft 
chargé  de  veiller  fur  les  frontières  de  Libye  :  on  lui 
fait  un  préfent  pour  obtenir  l'escorte  qu'on  demande  , 
afin  d'être  en  état  de  fe  défendre  des  troupes  Arabes, 
qu'on  pourroit  rencontrer.  *  Coppin ,  Voyage  d'Egypte, 

pag-  343- 

Du  village  de  Terrana ,  en  marchant  vers  le  cou- 
chant 6c  le  nord  ,  on  arrive  en  une  journée  au  pre- 
mier des  monafteres.  On  n'entre  point  dans  ceux-ci  par- 
deffus  les  murailles  comme  à  la  ThébaVde  :  ils  ont  cha- 
cun une  porte  couverte  de  lames  de  fer ,  6c  les  murs 
en  font  élevés.  Ils  font  tous  quatre  dans  la  plaine.  Le 
premier  qu'on  trouve,  6c  qui  eft  le  plus  près  du  Nil, 


NIT 


porte  le  nom  de  faine  Macaire,  à   qui  fon  églife  elt 
dédiée.  C'elt   un  bâtiment  très-varte  ,  donc   les  débris 
annoncent  la  beauté  :  l'on  y  voit  encore  cinq  ou  fix  ta- 
bles  d'autel  de  marbre.  Le  corps  de  fon  fondateur  y 
repofe  dans  un   fépulchre  grillé  de  fer.  11  y  a  aulli  plu- 
sieurs autres  faints  inhumes  dans  cette  églife,  qui  eft 
encore  fournie  de  tous  les  ornemens  néceflaires  pour 
Je  fervice  divin.  La  plus   grande   partie  de  cette  mai- 
fon  ,  qui    étoit    fort  nombreufe  ,  a  été  détruite  :  auiïï 
n'y  demeure  t- il  qu'un   petit   nombre  de  religieux.  Le 
meilleur  de    leur  bâtiment  ^  eft  une    tour  carrée ,  où 
l'on  entre  par  un  périt  pont-levis;  c'clt-là  qu'ils  tien- 
nent  leurs  provifions  ôc   leurs    livres .    dont  ils  font 
tant  de  cas ,   qu'il   elt  défendu   aux  religieux  d'en  di- 
vertir un  feul  fous  peine  d'anathême.  Les  autres  cou- 
vens  de  ce  défert ,  ont  chacun  une  tour  femblable  ,  qui 
fert  de  retraite  aux  folitaires   quand  ils  fe  voient  at- 
taqués de  quelques  Arabes  qui  ne  leur  font  pas  con- 
nus. Le    premier ,  qu'on   appelle   faint   Macaire ,    n'a 
d'autre  eau  que  celle  d'un  puits,  qui  eft  unpeufalée, 
Se  manque  de  jardinage ,  parce   que   le  terrein  où  il 
elt  iitué  ,  n'elt  qu'un  fable  Itérile. 

Le  fécond  ,  qui  porte  le  nom  d'AMBACiocHÉ,  eft 
éloigné  du  premier  d'environ  dix  ou  douze  milles,  & 
l'on  trouve  dans  cet  espace,  de  petites  éminences  ou 
hauteurs  de  terre  qui  ont  deux  ou  trois  pieds  de  lar- 
ge ,  ôc  qui  font  dispofees  par  intervalle  le  long  du  che- 
min. On  dit  qu'elles  furent  faites  pour  guider  les  her- 
mites  répandus  dans  le  défert  ;  parce  qu'ils  s'égaroient 
fouvent  le  Dimanche  en  venant  entendre  la  Méfie  à 
quelqu'un  des  monalteres ,  dans  le  tems  qu'il  n'y  eh 
avoit  qu'un  peiic  nombre.  Il  leur  étoit  aile  de  s'éga- 
rer quand  le  vent  foulevoit  les  fables  de  la  plaine.  En 
travetfant  ces  petites  éminences,  on  apperçoit  des  rui- 
nes de  tous  côtés  :  ce  font  les  reltes  de  trois  cens  mo- 
nalteres. Tant  de  graves  auteurs  ont  marqué  ce  nom^ 
bre ,  qu'on  ne  fauroit  guère  le  révoquer  en  doute  : 
peut  être  cependant  que  dans  ce  nombre,  on  compre- 
noit  les  petites  demeures  où  quelques-uns  des  religieux 
les  plus  parfaits  fe  retiroient  deux  ou  trois  enfemble 
pour  y  vivre  avec  plus  de  folitude  ôc  d'auftérité  qu'on 
ne  faifoit  dans  les  communautés.  Entre  toutes  ces  ma4 
fines,  on  voit  encore  un  petit  dôme  qui  faifoit  par- 
tie d'une  églife  dédiée  à  faint  Jean  le  Petit  ;  Se  tout  au- 
près on  montre  l'arbre  que  produific,  à  ce  qu'on  dit, 
le  bâton  fec  qu'il  arrofa  par  l'ordre  de  fon  fupérieur  : 
on  lui  a  donné  le  nom  de  Chad^tret-el-Taa  ,  c'elt-à- 
dire,  arbre  d'obéiflTance.  Ambacioché  elt  le  couvent  le 
plus  agréable  &  le  mieux  bâti  des  quatre  :  il  y  demeure 
vingt  religieux  ,  Se  l'églife  elt  d'une  belle  fculpture. 
Elle  eft  dédiée  à  la  Vierge  fans  tache.  Les  eaux  font 
beaucoup  meilleures  en  ce  lieu  qu'à  faint  Macaire  ;  8t 
comme  le  terrein  n'en  elt  pas  fi  fablonneux  ,  il  y  a  un 
jardin  d'une  grandeur  raifonnable. 

Le  troifiéme  monaltere ,  qu'on  appelle  des  Syriens ,  eft 
dédié  à  faint  George  ,  Se  n'eft  éloigné  d'Ambacioehc 
que  d'un  petit  mille.  Ces  trois  monafîeres  forment  comme 
un  triangle  ,  &  fe  regardent  l'un  &  l'autre.  Ce  dernier  eft 
peu  habité  Se  tombe  en  ruine.  11  y  a  deux  églifes . 
dont  l'une  fert  pour  les  Syriens  ou  Jacobites  qui  vont 
vifiter  ce  défert.  On  a  confervé  jusqu'ici  beaucoup  de 
reliques  dans  ces  deux  églifes.  C'elt  dans  ce  couvent 
que  l'on  montre  l'arbre  de  faint  Ephrcm,  qui  eft  uni- 
que de  fon  espèce  dans  toute  l'Egypte.  On  attribue  fa 
production  à  un  miracle.  On  dit  que  le  ferviteur  de 
Dieu  étant  entré  dans  la  cellule  d'un  folitaire  pour  le 
Vifiter ,  fon  bâton  qu'il  avoit  laide  à  la  porte  prit  ra- 
cine &  fleurit  pendant  l'entretien  qu'il  eut.  L'eau  de 
cette  maifon  elt  àfTez  bonne  ,  ôc  les  jardins  y  produifent 
affez  de  fruits. 

Le  quatrième  monaftere  eft  éloigné  d'une  journée 
de  celui  des  Syriens,  ôc  en  y  allant  on  voit  la  mer 
Sèche  ,  que  les  gens  du  pays  appellent  Bjhr-el-malame  , 
c'eli-à-dire ,  mer  de  reproche.  C'eft  préfentement  une 
plaine  de  fable,  ôc  lesCophtes  affûtent  que  c'étoit  au- 
trefois une  anfe  ou  baie.  Ils  difenr  que  faint  Macaire 
Se  fes  religieux  ,  ayant  apperçu  des  barques  pleines  de 
pirates  qui  venoient  par  ce  petit  golfe ,  fe  profterne- 
rent  en  terre  pour  implorer  l'afliftance  divine ,  &  que 
la  mer  s'étant  en  un  mitant  retirée  de  la  baie ,  tout  ce 


NÏU        S7f 

qui  s  y  trouva  d'hommes,  d'animaux  ôc  de  baïques 
fut  pétrifié  ;  du  moins  la  chofe  paffe  t-elle  pour  cer- 
taine en  Egypte.  On  allègue  pour  preuve  de  ce  grand 
miracle  les  pétrifications  dont  cet  endroit  eft  parlemé. 
En  effet ,  on  y  en  voit  d'affez  curieufes  :  on  y  trouve 
des  os  humains  qui  n'ont  rien  de  reconnoifiable  que 
la  figure.  Ce  dernier  couvent  qui  porte  le  nom  de 
Notre-Dame  eft  allez  éloigné  de  la  mer  Sèche.  On 
ne  s'y  rend  qu'aux  approches  de  la  nuir.  Il  eft  fort 
grand,  mais  un  peu  ruiné;  &  quoique  l'eau  y  fbit  fa- 
lée,  il  eft  le  plus  rempli  de  religieux,  à  caufedes  re- 
venus qu'il  tire  du  nitre.  Il  y  a  une  affez  belle  églife 
Se  un  jardin  avec  une  tour,  où  l'on  entre  par  un  pont- 
levis  ,  comme  aux  trois  autres.  A  quelques  mille  pas 
de  ce  monaftere  ,  on  trouve  le  lac  où  fe  fait  le  nitre. 
Voyez,  l'article  fiiivanr. 

2.  NITR1E  (  Le  lac  de  ).  On  appelle  ainfi  un  lac  qui  fe 
trouve  dans  le  défert  de  même  nom  ,  parce  qu'il  s'y 
fait  du  nitre  ,  que  l'on  appelle  communément  Natroii 
en  Egypte.  Il  paroît  comme  un  grand  étang  glacé,  fur 
lequel  il  feroit  tombé  un  peu  de  neige.  Il  eft  plus  long 
que  large,  ôc  il  rétrécit  par  le  milieu,  en  forte  qu'il 
eft  presque  divifé  en  deux  parties.  Celle  qui  eft  au 
feptentrion  eft  formée  par  des  eaux  qui  fourdent  du 
fond  ,  fans  qu'on  puiffe  remarquer  de  quel  endroit  pré- 
cifément  ;  mais  celle  qui  eft  au  midi ,  eft  formée  par 
une  groffe  fource  qu'on  voit  bouillonner ,  Se  qui  de- 
meure liquide  trois  ou  quatre  pieds  à  l'entout  de  la 
bouche  qui  la  vomit.  Par  tout  ailleurs  cette  eau  ,  qui 
eft  rougeâtre ,  fe  congelé  d'abord  ;  cependant  elle  ne  s'en- 
durcit pas  fitôt  :  elle  refte  pendant  long  tems  comme 
une  glace  affez  tendre  ;&  il  faut  le  cours  d'une  anneç 
pour  achever  d'en  former  le  véritable  nitre.  Quand  le 
nitre  eft  dans  fa  perfection  ,  le  deffus  du  lac  eft  une 
glace  qui  reffemble  à  un  fel  rougeâtre  ,  Se  dé  l'épaiffeur 
d'un  demi  pied  ,  au-deffous  de  ce  premier  couvert  elt 
un  nitre  noir ,  dont  on  fe  fert  pour  faire  la  leifive  en 
Egypte  ;  Se  quand  on  a  ôté  tout  ce  qu'il  y  a  de  noir  , 
en  trouve  le  véritable  nitre  ou  natron ,  qui  ert  fem- 
blable à  la  glace  de  defîus ,  excepté  qu'il  eft  plus  dur 
ÔC  plus  folide.  Il  s'en  fait  un  grand  commerce  ,  parce 
qu'il  eft  utile  à  plufieurs  chofes.  Ce  nirre  a  une  qua- 
lité déterfive  qui  blanchit  ôc  qui  nettoie.  *  Coppm  , 
Voyage  d'Egypte  ,  p.  347. 

3.  N1TRIE,  bourg  d'Egypte.  Vvyez.Nnp.iE  r. 
NFTRIOT/E,  peuples  de  la  Libye.  Ptolomée  ,  /.  4; 

c.  5.  les  place  avec  les  Oafn&  ,  auprès  des  Mafiit£,  mais 
plus  au  midi.  Ortelius,  Thcf.  foup^orme  qu'ils  prenoienc 
leur  nom  du  mont  Nitria. 

NITRIOTES.  Voyez.  Nitr**. 

NIVAL1S.  Voyez.  Nivigella. 

1.  NI  VARIA  ,  une  des  ifles  Fortunées  ,  félon  Pline, 
/.  6.  c.  31.  qui  dit  qu'elle  avoit  pris  ce  nom  de  la 
neige  qu'on  y  voyoit  perpétuellement.  Tous  lesmanu- 
ferits ,  dit  le  père  Hardouin ,  portent  Ninguaria  ;  Ôc 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  6.  écrit  KêiT«p«'«  pour  vuvyxpio.  ou  n/>- 
r*<apU.  C'eft  Lille  de  Teneriffe  ou  fille  d'Enfer  ;  cardans 
les  autres  Canaries ,  on  ne  voit  point  de  neige  ;  on  n'en 
trouve  que  dans  celle-là. 

2.  NI  VARIA,  ville  d'Espagne ,  félon  l'itinéraire  d'An- 
tonin,  qui  la  met  fur  la  route  à'Emerita  à  C&jareaai  - 
gufta  ,  entre  Scptimanca  ÔC  Cauca  ,  à  vingt-deux  mil- 
les de  la  première  &  à  égale  diltance  de  la  féconde. 

NIU-TCHE  ou  Niù-tchin.  (les  Tartares  )  ont  en- 
core été  appelles  Y-leou,  So-ehin ,  Ous-kjje ,  ou  Moka. 
Ils  font  fitués  au  nord  de  la  Corée ,  Se  s'étendent  jus- 
qu'à la  mer  Orienrale  ,  &  au  fleuve  Amour.  Ils  font 
les  mêmes  que  ceux  qui  portent  à  préfent  le  nom  dé 
Man-Tchéous.  Dès  la  plus  haute  antiquité  ,  ils  ont  été 
connus  des  Chinois,  auxquels  ils  payoient  des  tributs. 
Ils  étoient  fournis  aux  Kitans ,  &  avoient  differens  chefs* 
Dans  la  fuite  ,  ils  fe  révoltèrent  contre  les  Kitans , 
fur  qui  ils  prirent  une  grande  étendue  de  pays.  Ils  pro- 
clamèrent un  empereur ,  firent  alliance  avec  les  Chi- 
nois :  mais  fitôt  qu'ils  eurent  mis  le  pied  dans  la  Chi- 
ne, ils  n'en  voulurent  plus  fortir ,  s'emparèrent  de  rou- 
te la  partie  feptentrionale  de  cet  empire  ,  ôc  contrai- 
gnirent l'empereur  de  fe  retirer  au  midi.  C'eft  au  fi 
que  les  Chinois  ont  fouvent,  par  leur  imprudence  ata 
tiré  les  étrangers  chez  eux  ,  Se  fe  font  donné  de»  mai- 


S76        NIV 

très.  Les  Niu-tche  devinrent  alors  les  fouverains  de  la 
Tartarie,  comme  les  Huns,  les  Turcs,  les  Kitans  l'a- 
voient  été  auparavant.  Dans  la  Chine  ,  ils  polTédoienr 
les  provinces  de  Chan-tong ,  Ho-nan ,  Pe-tche-li ,  Chan- 
fi  ,  plufieurs  villes  du  Kiang-nan&  duChen  fi ,  le  Leao- 
tong ,  ôc  tout  ce  qui  eft  au  nord  ôc  au  nord-eft  jus- 
qu'aux rivières  de  Kerlon ,  Saghalien-oula ,  Toula  & 
Ârghon.  Le  père  Gaubil ,  dans  fon  Hiftoire  des  Mon- 
gous ,  remarque  que  ces  peuples  ,  dans  les  commence- 
mens ,  n'avoient  ni  caractères ,  ni  livres ,  ni  hiltoire  ; 
mais  que  l'an  1119,  ils  inventèrent  des  caractères  fur 
le  modèle  de  ceux  des  Kitans.  Ceux  qui  font  aujour- 
d'hui en  ufage  chez  les  Niu-tche,  s'ils  font  les  mêmes 
que  les  anciens ,  reffemblent  presque  à  ceux  que  les 
Syriens  appellent  Stranghelo,  ce  qui  fait  foupçonner 
que  les  Neftoriens  y  auront  eu  quelque  part.  Cette 
nation  fut  fubjuguée  par  les  Mogols  vers  l'an  1234, 
après  avoir  régné  dans  la  Tartarie  l'espace  de  1 20  ans. 
*  Hiftoire  générale  des  Huns  ,  par  M.  de  Guines. 

NIVE ,  rivière  du  royaume  de  Navarre  ,  appellée 
Errobi  dans  la  langue  du  pays.  Elle  descend  des  mon- 
tagnes de  la  Baffe-Navarre  ,  ôc  prend  fa  fource  en  trois 
endroits  5  favoir  ,  auprès  de  Saint  Jean-Pied  de-Port , 
dans  la  terre  de  Baigorri  ôc  dans  celle  d'Offez.  Après 
avoir  paffé  à  Jatfu ,  à  Cambo,  à  Uftans ,  à  Villefran- 
che  ,  elle  va  fe  joindre  avec  l'Adour ,  dans  les  foffés  de 
Rayonne ,  pour  aller  fe  jetter  dans  la  mer  à  une  lieue 
de  cette  ville.  Elle  eft  navigable  depuis  la  mer  jusqu'à 
Cambo.  Un  grand  canal ,  détaché  de  cette  même  rivière  , 
va  fe  rendre  plus  bas  dans  la  mer  ,  entre  Saint  Jean 
de  Luz  ôc  Sibouré,  deux  gros  bourgs  fitués  fur  la  cô- 
te, &  joints  enfemble  par  un  pont  qui  traverfe  ce  ca- 
nal ,  où  le  reflux  de  la  mer  monte.  Les  gros  vaiffeaux 
y  peuvent  entrer.  *  Coitlon  ,  Rivières  de  France ,  pag. 

J77- 

NIVELLE  ,  ville  des  Pays-Bas  Autrichiens ,  dans  le 

Brabant  Wallon  ,  diocèfe  de  Namur  ,  à  cinq  lieues 
de  Bruxelles  ,  à  fept  de  Namur  ôc  à  neuf  de  Lou- 
vain.  On  l'entoura  de  murailles  l'an  1210,  ôc  on  y  fit 
fix  portes.  Outre  l'églife  collégiale  de  fainte  Gertrude 
ôc  celle  de  faint  Paul ,  il  a  cinq  paroiffes  qui  font  S. 
Jacques,  Notre-Dame  ,  faint  André  ,  faint  Nicolas  ôc 
faint  Sépulchre  qui  eft  à  un  pas  de  la  ville.  Il  y  a  des 
Recollets  t  des  Carmes  ,  des  religieufes  de  la  Concep- 
tion ,  des  Annonciades  ,  des  Béguines,  des  Hospitalières 
un  féminaire  que  François  Buifferet ,  évêque  de  Na- 
mur ,  y  a  fondé  pour  vingt  étudians,  ôc  un  collège. 

La  bienheureufe  Itte  ou  Iduberge  ,  veuve  du  bien- 
heureux Pépin  de  Landcn,  maire  du  palais  d'Auftrafie, 
fonda  ,  vers  l'an  640,  l'abbaye  de  Nivelle  pour  des  re- 
ligieufes, fur  les  avis  de  faint  Amand,  qui  fut  depuis 
évêque  de  Maftricht.  Elle  y  joignit  auffi  un  monailere 
pour  des  hommes ,  félon  1  ufage  de  ce  tems.  Elle  s'y 
retira  auffuôt  avec  fa  fille,  fainte  Gertrude,  qu'elle 
y  fit  établir  abbeffe  en  647  ,  quoiqu'elle  n'eût  que  vingt 
ôc  un  ans.  La  discipline  de  cette  abbaye  s'eft  confervée 
avec  réputation  dans  fa  première  régularité  jusqu'à  ce 
qu'elle  a  été  changée  dans  un  chapitre  double  de  cha- 
noines ôc  de  chanoineffes ,  qui  font  les  maîtreffes  de  la 
ville  avec  l'abbeffe.  Elles  peuvent  fortir  Ôc  fe  marier , 
à  l'exception  de  l'abbeffe  qui  fait  vœu  de  virginité.  * 
Topogr.  des  Saints  ,  p.  348. 

Les  chanoines  chantent  journellement  leur  office  dans 
l'églife  de  faint  Paul ,  excepte  en  certaines  fêtes  de  l'an- 
née ,  qu'ils  font  l'office  conjointement  avec  les  chanoi- 
neffes dans  l'églife  de  fainte  Gertrude.  On  ne  reçoit 
dans  le  chapitre  des  chanoineffes ,  que  des  filles  nobles 
de  quatre  générations ,  tant  du  côté  paternel  que  ma- 
ternel. On  nomme  leur  abbeffe  la  princeffe  de  Nivelle. 
La  nomination  appartient  au  prince  ,  après  que  les  cha- 
noineffes lui  ont  préfenté  trois  fujets  de  leur  Corps. 
Elles  s'habillcm  le  matin  en  religieufes  ôc  l'après  dînée 
en  féculieres. 

La  bienheureufe  Marie  d'Ognies  naquit  à  Nivelle 
l'an  1177.  Elle  s'appelloit  d'abord  Marie  de  Wiliem- 
proek ,  qui  efl  au  fauxbourg  de  Nivelle.  Elle  fe  retira 
depuis  au  village  d'Ognies  ,  à  une  lieue  de  Nivelle , 
qui  eft  maintenant  dans  le  diocèfe  de  Namur  ,  &  y 
mourut. 

Jean  de  Nivelle  dont  on  parle  tant ,  n'eft  autre  chofe 


NIV 


qu'un  homme  de  fer  qui  eft  tout  droit  fur  fes  pieds  au 
haut  d'une  tour ,  auprès  de  l'horloge  de  la  ville ,  qui 
répond  fur  la  grande  place  j  cet  homme  de  fer  fonne 
les  heures  avec  un  marteau. 

On  voit  aux  enviions  de  cette  ville  un  prieuré  des 
pères  Trinitaires ,  dit  Orival  :  l'abbaye  de  Nivelle  en  eft 
à  une  lieue  :  elle  fut  commencée  vers  l'an  1425  par 
quelques  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  qui  y  furent 
envoyés  de  l'abbaye  de  Moulins ,  au  comté  de  Namur. 
Les  armes  de  Nivelle  font  d'argent  à  une  crofle  de  gueu- 
les niife  en  pal. 

NIVERN1UM.  Voyez.  Nevers. 

NIVERNOIS  ,  province  de  France,  bornée  au  nord 
par  le  pays  de  Puifaie  ,  à  l'orient  par  le  duché  de  Bour- 
gogne ,  au  midi  par  le  Bourbonnois,  ôc  au  couchant 
par  le  Berri.  Une  partie  de  cette  province  a  été  dé- 
membrée du  territoire  des  peuples  Mdui ,  à  qui  ce  pays 
appartenoit  avec  la  ville  Noviodunum  ,  fituée  fur  la 
Loire,  félon  Jules  Céfar  ,  /.  7.  de  bello  Gai.  Quant  à  la 
partie  du  Nivernois ,  qui  eft  dans  le  diocèfe  d'Auxer- 
re,  elle  a  été  démembrée  des  peuples  Sénonois ,  de 
qui  Auxerre  dépendoit.  Le  Nivernois  a  pris  le  nom  qu'il 
porte  aujourd'hui  de  la  ville  de  Nevers  fa  capitale  , 
qui,  comme  on  l'a  vu  à  l'article  Nevers,  a  reçu  le 
fien  de  la  petite  rivière  de  Nyevre ,  qui  entre  dans  la 
Loire  fous  le  pont  de  cette  ville.  *  Longuerue,  Defc. 
de  la  France,  part.  i.p.  119. 

Cette  province  eft  affez  fertile  en  vins,  en  fruits  & 
en  grains  ;  excepté  le  Morvant ,  qui  eft  un  pays  de  mon- 
tagnes fort  ftériles,  &  où  on  ne  recueille  pas  allez  de 
grains  pour  la  nourriture  des  habitans.  On  y  trouve 
auffi  quantité  de  bois  ôc  plufieurs  mines  de  fer.  Ces  mi- 
nes font  principalement  dans  la  partie  de  cette  provin- 
ce ,  qu'on  appelle  les  Vaux  de  Nevers.  On  fond  la  mine 
de  fer  avec  une  matière  appellée  Caftine.  Les  pièces 
de  fer  qu'on  tire  des  fourneaux,  font  affinées  dans  les 
forges ,  ôc  par  le  moyen  d'un  gros  marteau ,  font  bat- 
tues ôc  réduites  en  bandes  plates.  C'eft  de  la  même 
matière  de  fer  bien  affinée  ôc  bien  trempée  ,  que  Ce 
fait  l'acier ,  qui  fe  met  en  petits  carreaux.  Auprès  de 
Decife,  il  y  a  des  mines  de  charbon  de  terre,  gras  & 
visqueux.  11  s'allume  auffi  facilement  que  le  charbon 
de  bois  ,  mais  le  feu  en  eft  plus  ardent ,  Ôc  ceux  qui 
travaillent  aux  forges  s'en  fervent  plus  volontiers.  * 
Figaniol ,  Defcript.  de  la  France ,  t.  6.  p.  147. 

Le  Nivernois  eft  arrofé  par  un  grand  nombre  de  ri- 
vières,  dont  trois  font  navigables-,  fçavoir, 


La  Loire,  L'Allier, 


L'Yonne. 


Les  antres  rivières  arrofent  de  belles  prairies,  ôc  fervent 
à  plufieurs  moulins  &  à  plufieurs  forges:  ces  rivières  font: 
La  Nyevre,       LaCreffonne,     L'Aubois , 
L'Arron  ,  L'Acolin,  LaNarcy, 

L'Alaine ,  L'Abrcn,  La  Guerchy, 

La  Quenne  ,     La  Befbre,  La  Noain, 

L'Andarge  ,       L'Acolaftre  ,        L'Arrou ,  ôcc. 
L'Yffcure  ; 
Il  y  a  deux  fontaines  d'eaux  minérales ,  celle  de  St 
Parise  ôc  celle  de  Pougues.  Voyez,  ce  mot. 

11  y  a  dans  le  Nivernois  deux  évêchés,  celui  de  Ne- 
vers ôc  celui  de  Bethléem.  La  plus  grande  partie  de  cette 
province  efl  de  l'évêché  de  Nevers  -,  la  partie  fepten- 
trionale  eft  de  l'évêché  d' Auxerre,  ôc  celle  qui  eft  au- 
delà  de  l'Yonne  ,  eft  de  l'évêché  d'Autun. 

L'évêché  de  Nevers,  félon  quelques-uns,  reconnoît 
pour  premier  évêque  faint  Are  ou  Arcy  ,  en  latin  Are- 
gins  ,  qui  vivoit  vers  le  milieu  du  fixiéme  fiécle  ;  mais 
on  lit  ailleurs  ,  que  l'an  vingtième  de  Childeberr ,  roi  de 
France,  c'eft-à-dire  ,  environ  l'an  5  34,Rufticus,  évê- 
que de  Nevers ,  affilia  au  concile  nationnal  affemblé  à 
Orléans.  Clementius,  autre  évêque  de  Nevers ,  fe  trou- 
va au  cinquième  concile,  tenu  à  Orléans  l'an  trente-huit 
du  même  Childebert,  environ  l'an  552.  11  n'eft  donc 
pas  polfible  que  faint  Are  ait  été  le  premier  évêque  de 
Nevers. 

Cet  évêché  eft  fuffraganr  de  Sens  :  il  vaut  trente 
mille  livres  de  rente,  &  renferme  dans  fon  diocèfe  deux 
cens  foixante&  onze  paroiffes,  partagées  entre  l'Archi- 
diaconé  de  Nevers  &  celui  de  Décife.  L'évêque  de  Ne- 

v  ers 


NIV 


NIV 


vers  eft  feigncur  temporel  des  châtclleniesde  Premery, 
d'Urzy  &  de  Parzy  ;  Se  de  fon  évêché  relèvent  plusieurs 
fiefs,  entre  autres  quatre  principaux,  qui  font 

Drui,         PoifeuXj     Cours-les-Barres,     Givry. 

Chacun  de  ces  fiefs  a  le  titre  de  baronnie  de  l'évêché-, 
Se  ceux  qui  les  poflèdenc  ,  font  obligés  de  porter  l'évê- 
que  le  jour  qu'il  fait  fon  entrée  à  Ne  vers. 

L'églife  cathédrale  de  Nevers  étoit  autrefois  dédiée 
à  faint  Gervais  ;  mais  Charles  le  Chauve  l'ayant  ag- 
grandie,  la  fit  dédier  à  faint  Cyr,  dont  il  lui  donna 
les  reliques.  Le  chapitre  eft  compofé  d'un  doyen ,  de 
l'archidiacre  de  Nevers,  d'un  tréforier ,  d'un  Chan- 
tre ,  de  l'archidiacre  de  Decife,  qui  font  dignités  ;  d'un 
facriftain  Se  d'un  fcholallique ,  qui  font  perlbnnats ,  Se 
de  quarante  prébendes,  dont  quatre  font  amorties  ;  l'une 
a  été  affectée  au  doyenné,  une  autre  à  l'entretien  des 
enfans  de  chœur,  la  troifiéme  Se  la  quatrième  aux  re- 
ligieux de  faint  Gildard.  Tous  ces  bénéfices  font  à  la 
collation  de  l'évêque.  Le  doyenné  vaut  environ  douze 
cens  livres ,  Se  les  prébendes  trois  cens  au  plus.  Le  tré- 
forier a  droit,  par  un  ancien  ufage,  d'affilier  au  chœur 
l'épée  au  côté  ,  l'oifeau  fur  le  poing,  botté  Se  épe- 
ronné.  Les  autres  chapitres  du  diocèfc  de  Nevers  font 
ceux  de  Franay-les-Chanoines,  de  Premery ,  de  Tannai, 
de  Notre-Dame  ,  de  faint  Pierre-le-Mouftier ,  de  Dorne 
&  de  Mclins.  On  compte  trois  abbayes  :  celle  de  faint 
Martin  de  Nevers ,  de  l'ordre  de  faint  Auguftin ,  oc- 
cupée par  des  chanoines  réguliers  de  la  congrégation 
de  France.  Cette  abbaye  fut  fondée  par  Hervé  , 
baron  de  Donzy ,  Se  Mathilde  de  Courtenai,  fa  femme. 
Le  revenu  de  l'abbé  eft  d'environ  trois  mille  livres,  Se 
celui  des  religieux  de  deux  mille.  Bellevaux  eft  de  l'or- 
dre de  Prémontré,  Se  rapporte  à  l'abbé  environ  huit  cens 
livres,  Se  aux  religieux  environ  mille.  Notre-Dame  de 
Nevers  eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  faint  Benoît. 
Elle  jouit  d'environ  dix  mille  livres  de  rente. 

L'évêché  de  Bethléem  a  été  établi  à  Clameci.  Voyez 
Bethléem  Se  Clameci. 

Le  Nivernois  eft  du  reflbrt  du  parlement  de  Paris, 
&  a  fa  coutume  particulière,  qui  fut  rédigée  par  écrit, 
mais  non  entièrement  accordée  par  les  états  du  pays  , 
aflemblés  parle  commandement  de  Jean  de  Bourgogne, 
comte  de  Nevers,  l'an  1490.  En  l'année  1  j 34  ,  les  états 
du  pays  furent  encore  aflemblés  par  commiflïon  du  roi 
adreflëe  à  Marie  d'Albret ,  comtefl'e  de  Nevers  ;  Se  la 
coutume  du  Nivernois  fut  arrêtée,  accordée  ÔV  mife  par 
écrit  pardevant  les  commiflaires  du  roi. 

11  y  a  dans  le  Nivernois  deux  bailliages  ;  une  féné- 
chauffée  Se  un  préfidial  :  un  de  ces  bailliages ,  la  féné- 
chauflee  Se  le  préfidial  font  établis  à  Saint  Pierre  le- 
Moustier.  Voyez,  cet  article  en  fon  rang.  L'autre  bail- 
liage eft  à  Nevers  :  fon  reflbrt  eft  d'une  grande  éten- 
due ,  Se  les  appellations  font  portées  immédiatement  au 
parlement  de  Paris.  On  compte  vingt-quatre  châtelle- 
nies  qui  dépendent  du  duché  de  Nevers ,  Se  qui  res- 
fortiflent  à  ce  bailliage.  Ces  châtellenies  fonc 


Cufy , 
Chàtel-neuf  fur 

Allier, 
Pougues , 
Garchefy , 
Chaugne  , 
La  Marche , 
Saint  Saulge , 
Decife , 
Gannat , 


Charrain , 
Champuer, 
Cercy  la  Tour, 
Lucy , 

Moulin  en  Gil- 
bert , 
Liemaix 
Saint  Briflbn  , 
Montruillon , 
Chaftel-Cenfoi , 


Clameci , 
Metz-le-Comte, 
Monceaux  -  le- 

Comte  , 
Neusfontaines , 
Château-Ncufau 
Val   de  Bar- 
gis  , 
Champalemand , 
&  Montenoifon. 


f?7 

Le  Nivernois  eft ,  pour  la  plus  grande  partie,  de  la  gé- 
néralité de  Moulins.  Il  y  a  deux  élections  qui  en  dé- 
pendent i  favoir  ,  Nevers  &  Château-Chinon.  Celle  de 
Clameci  eft  de  la  généralité  d'Orléans  ,  Se  celle  de  la 
Charité  eft  de  celle  de  Bourges. 

Le  duc  de  Nevers  a  une  chambre  des  comptes  pour  la 
confervation  de  fon  domaine.  Elle  eft  compofee  d'un 
préfident,  de  quatre  maîtres  des  comptes,  d'un  procu- 
reur général ,  de  deux  fécretaires ,  d'un  Greffier  Se  d'un 
huiifier.  Cette  chambre  fut  établie  par  Philippe  de 
Bourgogne,  comte  de  Nevers,  troifiéme  fils  de  Philippe 
le  Hardi,  duc  de  Bourgogne.  11  y  a  encore  une  maî- 
trife  particulière  des  eaux  &  forêts,  Se  une  maîtrife  du- 
cale. La  première  eft  pour  les  forêts  du  roi ,  Se  l'autre 
pour  celles  du  duc  de  Nevers. 

Danscette  province,  les  revenus  du  roi  confiftent  dans 
les  tailles ,  lacapitation ,  les  gabelles  ,  les  aides ,  le  domai- 
ne, ia  ferme  du  tabac,  la  ferme  des  bureaux  des  polies, 
la  vente  Se  la  coupe  des  bois ,  Sec.  Les  greniers  à  fel  de 
Saint  Pierre-le-Mouftier,  de  Decife,  de  Moulins  en 
Gilbert,  de  Saint  Saulge,  de  Château  Chinon,  de  Nevers, 
de  Luzi  Se  de  Cencoings,  font  tous  de  vente  volontaire. 
A  l'égard  du  domaine ,  le  roi  n'en  a  point  d'autre  que 
celui  de  la  Tour  carrée  de  Saint  Pierre-le-Mouftier  Se 
de  fes  dépendances.  Les  fermiers  du  domaine  ont  autre- 
fois prérendu  que  le  comté  de  Château-Chinon  avoir 
été  engagé  ;  Se  ils  intentèrent  procès  à  ce  fujet  à  mes- 
dames de  Carignan  Se  de  Nemours  ;  mais  l'inftance  eft 
demeurée  indécife. 

Le  commerce  du  Nivernois  confifte  en  bleds,  chan- 
vres ,  bois ,  charbon  de  pierre  que  l'on  tire  du  côté  de  De- 
cife, Se  qui  rapporte  à  la  province  envi  Ion  12000.  liv. 
par  an,  en  poiflons ,  en  cochons,  en  fer,  qui,  année 
commune,  produit  trois  cens  mille  livres  ;  en  fer  blanc, 
qui  rapporre  environ  cinquante  mille  livres  $  en  fayan- 
cerie  &  verrerie,  qui  peuvent  produire  environ  deux 
cens  mille  livres  ;  en  draps  de  Château-Chinon.  Quanc 
au  commerce  de  fer ,  il  feroit  aifé  de  l'augmenter  ,  en 
y  continuant  les  manufactures  des  boulets ,  ancres  &  ca- 
nons que  le  roi  y  a  fait  faire  pour  la  marine.  Il  faudroic 
encore,  par  des  franchifes  &  par  des  privilèges ,  y  atti- 
rer des  ouvriers  pour  la  manufacture  du  fer  blanc  ;  elle 
feroit  aufli  confidérable  que  celle  d'Allemagne ,  fi  elle 
étoit  foutenue.  La  manufacture  de  draps  de  Château- 
Chinon  feroit  avantageufe ,  fi  la  pauvreté  des  ouvriers 
n'étoit  pas  fi  grande. 

11  y  a  à  Nevers  un  collège  dont  l'ancienne  fonda- 
tion a  été  augmentée  par  Ludovic  de  Gonzague  Se 
Henriette  de  Cleves,  fa  femme,  en  1571. 

Il  y  a  dans  le  Nivernois  un  gouverneur  ,  un  lieute- 
nant général  Se  un  lieutenant  de  roi  de  nouvelle  créa- 
tion. 

Le  ban  du  Nivernois  eft  partagé  en  deux  corps  : 
l'un  eft  compofé  de  la  noblefle  du  bailliage  de  Saine 
Pierre-le-Mouftier,  qui  élit  fon  commandant  Se  fes  offi- 
ciers :  l'autre  confifte  dans  la  noblefle  du  bailliage  &t 
comté  de  Nevers,  qui  nomme  aufli  fon  commandant  & 
fes  officiers.  Ces  deux  corps  marchent  néanmoins  tou- 
jours enfemble ,  Se  les  commandans  commandent  alter- 
nativement la  compagnie ,  ayant  chacun  leur  jour.  11  y 
a  un  prévôt  provincial  à  Nevers ,  Se  fa  compagnie  eft 
compofee  d'un  lieutenant,  d'un  afleffeur  Se  de  dix-fepe 
archers. 


Cette  province  eft  divifée  en  huit  contrées  princi- 
pales ,  dont  quelques-unes  renferment  des  villes  ;  fa- 
voir , 


Outre  ces  châtellenies ,  il  y  a  deux  cens  cinquante  au- 
tres juftices  fubaltcmes.  Les  châtellenies  du  Donziois 
font 


Antrain  , 
Eftaiz , 
Dreve 


Se  le  Châtel  de  Cosne 


Billy, 

Coroul  l'orgueilleux , 

Saint  Sauveur  en  Puifaie , 


r  Nevers , 
Les  Vaux  de  Nevers.  1  La  Charité , 
L  Chamlemy. 


Les  Amognes. 


Ç  II  n'y  a  ni  ville  ,  ni 
s    bourgs  qui  méritent 
t  quelque  attention; 


lom.  IV.  D  d  d  d 


f78        NIV 

,,,      .     r  Montenoifon , 
Les  vallées  de  l  Pre         ville, 
Montenoifon ,     ^  Champalemand. 


NIZ 


Les  vallées 
d'Yonne, 


Clamecy , 
Tannay  , 
Domecy , 
Vezelay , 
Vaify  , 
1  Corbigny  ou  S.  Lconaid. 


,    ,  ,  <■  Château-Chinon , 

LcMorvant,  £Aul-0UX. 


Le  Bazois, 


! 


Moulins-Engilbert  j 
Montruillon  , 
Cercy , 
Decife , 
Saint  Saulge , 
Chatillon , 
Luzy. 


Le  pays  d'entre  Loire  C  Saint  Pierre-le-Mouftier, 
8c  Allier.  ^  La  Ferté-Chauderon. 


Le  Donziois , 


Donzy , 

Antrain  , 

Dreve , 

Saint  Sauveur , 

Coroul  l'Orgueilleux , 

Billy, 

Eltaiz, 

Cosne-fur-Loire. 


N1VESDUM  ou  Nivesdonck  ,  village  des  pays  Bas , 
dans  le  Brabant ,  félon  L'auteur  de  la  vie  de  faint  Cum- 
mar.  Ce  village  regardoit  d'un  côté  le  pays  des  Taxan- 
dri  de  1  autre  la  province  de  Rien  ,8c  la  Nethe  le  fé- 
patoit  en  deux.  On  l'appelloit  vulgairement  Ledo,  8c 
bien  des  gens  prétendent  que  c'eft  aujourd'hui  la  ville 
de  Lire-  Voyez»  ce  mot.  *  Grtelii  Thefaur. 

Saint  Gomer  ,  né  au  village  d'Emblehem ,  dont  il 
étoit  feigneur ,  au  canton  de  Rien  ou  Riiii  ,  dans  le  Bra- 
bant, à  une  lieue  de  la  ville  de  Lire,  étant  rebuté  par 
la  mauvaife  conduite  de  fa  femme ,  fe  retira  dans  un 
hermitage  qu'il  fe  bâtie  dans  une  petite  ifle  de  la  rivière 
de  Nethe  ,  en  un  lieu  qui  s'appelloit  Nivesdunck.  Les 
peuples  lui  donnèrent  depuis  le  nom  de  Ledo  ;  &  c'eft 
aujourd'hui  la  ville  de  Lire ,  qui  eft  petite  ,  mais  forti- 
fiée, parce  que  fon  territoire  touche  le  Brabant-Hol- 
landois.  Saint  Gomer  y  mourut  vers  l'an  774 ,  après  y 
avoir  paffé  neuf  ou  dix  ans.  L'on  y  bâtit  dans  la  fuite 
une  églife  en  fon  honneur ,  8c  l'on  y  transféra  fon  corps. 
C'eft  aujourd'hui  une  collégiale  de  fon  nom  ,  où  fe  gar- 
dent fes  reliques.  *  B aille t ,  Topogr.  des  Saints,  p.  272. 

NEVIGELLA  on  Nivalis.  Ce  font  les  noms  latins  de 
la  ville  de  Nivelle  dans  le  Brabant.  Voyez.  Nivelle. 

NIV1SIUM.  Voyez.  Novesium. 

NIUKIANG,  ville  de  Chine  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Chingtu  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  1 1  degrés  ;  8  minutes 
plus  occidentale  que  Peking ,  par  les  30  degrés  6 
minutes  de  latitude.  *    Atlas  Sïnenfis. 

N1ULHAN  ,  royaume  de  la  Tartarie  Orientale  ou 
Chinoife  ,  &  qui  dépend  du  royaume  de  Niuche:  c'eft 
proprement  la  partie  de  ce  dernier  royaume ,  qui  re- 
garde vers  le  nord-eft  &  vers  le  nord.  Les  Tartares 
Ypicns ,  qui  ne  font  pas  loin  de  la  mer  ,  font  pioche 
de  Niulhart.  On  les  nomme  ainfi  ,  parce  qu'ils  fe  font 
des  casques  8c  des  corfelets  de  peaux  de  poiffons  très- 
dures  8c  très  fortes.  Plus  loin,  il  y  a  une  terre  ferme 
de  grande  étendue  :  les  Chinois  l'appellent  Yeço  -,  c'eft 
fans  doute  la  même  que  celle  qu'on  nomme  d'ordinaire 
Jlso.  Voyez,  ce  mot.  *  Le  P.  Martini  ,  Relat.  de  la 
Tartarie  orientale  ,  p.  iyi. 

NIVOMAGUM  ,  ou  comme  d'autres  lifent ,  No- 
Viomagum,  ville  fur  laMofcllc,  aujourd'hui  Numa- 
gen.  Voyez,  ce  mot.  Aufone,  Mofella ,  v.  11.  appelle 
cette  ville, 


-  -  -  Divi  Cajlra  inclyta  Confiantini. 

Ortelius,  Thefaur.  dit  qu'elle  eft  aufli  appellée  Mo- 
fomagum. 

N1VOS  ou  Nivors  ,  bourg  ou  petite  ville  de  Tur- 
quie ,  dans  la  Baffe-Bulgarie  ,  aux  confins  de  la  Beflara- 
bic  ,  fur  le  Danube  ,  qui  s'y  partage  en  deux  bras.  Elle 
eft  dans  le  pays  des  Tartares  de  Dobruce  ,  à  vingt-trois 
lieues  de  Chiuftinge.  On  prétend  que  c'étoit  autrefois 
une  ville  confidérable.  *  Baudrand.  Dict.  édit.  1705. 

N1XAPA ,  Ville  des  Indes  occidentales ,  dans  la  nou- 
velle Espagne.  Elle  eft  bâtie  fur  le  bord  d'une  rivière 
que  l'on  croit  être  un  des  bras  de  la  grande  rivière  d'Aï- 
varado.  Cette  ville  ,  qui  n'eft  pas  loin  de  celle  d'Ante- 
quera ,  a  du  moins  huit  cens  habitans  Espagnols  8c  In- 
diens. On  y  voit  un  riche  couvent  de  religieux  de  l'or- 
dre de  faint  Dominique,  où  une  image  de  la  Vierge, 
qu'on  dit  avoir  fait  plufieurs  miracles ,  attire  par 
dévotion  grand  nombre  de  gens  de  divers  endroits.  H 
y  a  quantité  de  lampes  d'argent  8c  d'autres  richefles.  La 
ville  de  Nixapa  eft  eltimée  un  des  plus  riches  lieux  de 
tout  le  pays  de  Guaxuca  ,  à  caufe  de  la  grande  quantité 
d'indigo,  de  fucre  &  de  cochenille  qu'on  y  recueille.  Il 
y  a  aufli  beaucoup  d'arbres ,  qui  produifent  le  cacao  8c 
1  achiote  ,  dont  on  fait  le  chocolat.  *  Corn.  Diction. 
Thomas  Gage ,  Nouvelle  relat.  des  Indes  occid.  p.  2.  c.  o. 

N1XAR ,  mot  abrégé  ou  corrompu  de  Néocéfarée , 
ville  du  Pont ,  puis  de  la  Cappadoce,  appellée  Tocatc 
par  les  Turcs.  Voyez.  Néocésarée. 

NIXE  ,  petit  pays  dans  la  Baffe-Navarre.  Del'Ifle  écrit 
Mixe  dans  fa  carte  de  la  Navarre.  Il  y  a  dans  ce  pays 
un  bailii  d'épée  8c  un  lieutenant  général  de  robe  lon- 
gue, qui  a  fon  fiége  dans  la  petite  ville  de  Gai  ris.  Il 
connoït  en  première  inftance  de  toutes  les  affaires  avil- 
ies 8c  criminelles  dans  l'étendue  de  fa  jurisdiction.  Le 
bailli  eft  d'épée  &  employé  dans  l'état  du  roi  pour  deux 
quartiers  de  gages ,  à  cinquante-fept  livres  quatorze  fols 
quatre  deniers.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  t. 4. 
p.  419. 

NIXI.  Le  duc  de  Northumbetland ,  auteur  de  YAr- 
cano  del  Mare ,  appelle  ainfi  la  pointe  occidentale 
d'Yeffo  ,  8c  a  cru  que  c'étoit  un  nom  propre  ;  mais  dans 
la  langue  du  pays,  félon  le  P.  Jérôme  de  Angelis,  Nixi 
veut  dire  occidentale. 

1.  NIZAO,  rivière  de  l'Amérique  ,  dans  l'Ifle  Espa- 
gnole ou  Saint  Domingue.  Elle  prend  fa  fource  vers  le 
milieu  de  rifle,"  court  du  nord  au  fud,  8c  va  fe  jetter 
dans  la  mer  à  neuf  ou  dix  lieues  au  couchant  de  la  ville 
de  San  Domingo.  Cette  rivière  n'eft  ni  profonde  ni  large  , 
mais  elle  eft  confidérable  pour  le  terroir  8c  pour  les 
prairies  qu'elle  arrofe  :  elle  fort  du  pied  d'une  mon- 
tagne ,  au  haut  de  laquelle  il  y  a  une  lagune  qu'on  n'a 
jamais  ofé  approcher  de  fort  ptès ,  à  caufe  d'un  bruic 
épouvantable  qu'on  y  entend.  11  y  croît  des  cannes 
de  fucre  fort  hautes.  *  Frcz.ier  ,  Carte  de  l'ifle  de  S. 
Domingue. 

2.  NIZAO,  cap  de  l'Amérique,  fur  la  côte  méri-- 
dionale  de  l'Ifle  Espagnole  ou  Saint  Domingue.  Der- 
rière ce  cap  ,  il  s'ouvre  une  baie  remarquable  par  trois 
havres  qu'on  y  trouve  ;  favoir ,  Porto  Fomiofo,  à  feize 
lieues  de  San-Domingo ,  auprès  duquel  il  y  a  des  fa- 
lines  excellentes  :  Zez.ebin  8c  Ocoa  ,  à  dix-huit  lieues  de 
la  même  ville.  La  flotte  Espagnole,  qui  va  dans  la  Nou- 
velle Espagne  ,  a  coutume  de  mouiller  dans  ces  ha- 
vres, principalement  dans  celui  d'Ocoa.  Elle  y  fait  de 
l'eau ,  8c  s'y  rafraîchit  -,  car  il  y  a  une  habitation  de 
quarante  ou  cinquante  maifons  ,  qui  eft  à  une  lieue 
du  rivage,  &  l'on  peut  s'y  fournir  de  routes  fortes  de 
vivres.  Près  de  cette  habitation  ,  eft  un  moulin  à  fu- 
cre ,  que  pillèrent  les  Angloisi  lorsque  Chriftophe  de 
Neuport,  qui  les  commandok  ,  aborda  en  ce  lieu.  *  Laè't , 
Delcripr.  des  Indes  occidentales,  1.  1.  c.  j.cv  8.  Corn. 
Diction. 

NIZARI.  Voyez.  Nisaro. 

N1ZELLE  ,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cîteaux, 
dans  les  Pays  Bas  ,  au  Brabant  Walon. 

NIZ1BIS.  Voyez.  Nizibe. 

NIZYN,  petite  ville  de  l'empire  Rufficn,  aux  fron- 
tières du  palatinat  de  Kiow ,  fur  la  rive  gauche  d'un 


/ 


NOA 


NOB 


petit  ruifleau  qui  fépare  ce  palatinat  du  duché  de  Czcr- 
mchow.  Les  Polonois  enlevèrent  cette  place  aux  Co- 
faques  en  1652;  mais  ils  la  cédèrent  aux  Moscovites 
en  1687.  Nizyn  elt  une  petite  place  foi -te  Se  bien  peu- 
plée.  *  And.  Cellarii  Defcript.  Polonia? ,   p.  400. 

NIZZA.  C'eft  le  nom  que  les  Italiens  donnent  à  la 
ville  de  Nice.  Voyez.  Nice. 

N  O. 

NO,  ville  d'Egypte,  dont  parlent  les  prophètes 
Ezechiel ,  c.  30.  14.  Se  Nahum ,  c.  3.  8.  félon  1  hé- 
breu. Saint  Jérôme  a  traduit  No,  par  Alexandrie,  pont 
faire  entendre  quelle  ville  c'elt.  Les  Septante  portent 
Diospolis ,  qui  elt  la  même  que  Thébes,  Se  dans  Na- 
hum ils  lifent  Artimon.  Ils  entendent  fans  douta  le  tem- 
ple de  Jupiter  Ammon  ,  qui ,  félon  Diodote  de  S.cile  , 
ctoit  bâti  dans  la   Thebaïde.  Voyez.  Noo. 

1.  NOA  ,  ville  de  l'Arabie  Hcureule  ,  félon  Oitehus  , 
Thef.  qui  cite  le  faux  Bcrofe. 

z.  NOA  ou  Nea  ,  ville  aux  confins  de  la  tribu  de 
Z.ibuloiî  .  félon  Jofué  ,  c.  19.  13.  Réland  ,  de  Uibib. 
PaUfl.  I.  3.  dit  qu'Eufebe  la  nomme  A'vcui.  Je  foupçon- 
ne ,  dit  Dom  Calmet,  Ditl.  que  c'elt  la  même  que 
Neifé  ,  marquée  dans  l'itinéraire  d'Anronin  ,  à  trente  nx 
milles  de  Capitoliade  :  mais  il  faut  avouer  que  la  ma- 
nière dont  Nea  s'écrit  n'eft  pas  favorable  à  cette 
conjecture. 

NO^£ .  ville  de  Sicile,  félon  Etienne  le  géographe 
Se  Suidas.  Les  habitans  de  cette  ville  font  nommés  Note- 
nt par  Pline,  /.  3.  c.  8.  On  croit  que  c'elt  aujour- 
d'hui la  ville  de  Noara.  *  Ortelii  Thef. 

NOAILLAN  ,  bourg  de  France ,  dans  le  comté  de 
Comminge. 

NOAILLÉ  ,  Nobiliacum ,  bourg  de  France  ,  en  Poi- 
tou ,  à  trois  petites  lieues  de  Poitiers  ,  vers  le  midi.  Cor- 
neille écrit  mal  à-propos  Noailles  pour  Noaillé  ,  Se 
par  une  autre  erreur  auiîi  grande  ,  il  dit  que  ce  bourg 
a  donné  fon  nom  à  l'illuitie  maifon  de  Noailles ,  com- 
me fi  cette  maifon  étoit  originaire  de  Poitou  ,  &  non 
du  Limoufin.  Voyez.  Noailles. 

Saint  Junien  ,  né  à  Bnou  ,  fur  la  Boutonne  ,  en  Poi- 
tou ,  qui  étoit  une  terre  de  fa  famille ,  comme  celle  de 
Champagne ,  fe  fit  reclus  à  Chaunay  ,  puis  à  Chàtel- 
Achar.  Il  bâtit  un  monaltere  a  Mariac  ,  aujourd'hui 
Maire,  où  fon  corps  fur  apporté  de  Chaunay -,  car  il 
y  étoit  retourné  pour  mourir  dans  fon  hermitage.  Il 
fut  transporté  l'an  830  à  Noaillé,  qui  de  prieuré  dé- 
pendant de  l'cglife  de  faim  Hilaire  de  Poitiers ,  avoit 
été  érigé  en  abbaye  vers  la  fin  du  huitième  fiécle.  Le 
jour  même  de  cette  tranfiation  fe  fit  la  dédicace  de  la 
nouvelle  églife  de  Noaillé  fous  fon  nom ,  Se  il  en  a 
toujours  été  le  patron  depuis.  *  Baillet ,  Top.  des  Saints , 
p.  349.^ 

Maire  avoit  été  ruiné  fous  Charles  Martel  ;  &  Noail- 
lé ayant  été  fait  abbaye  fous  Charlemagne  ,  il  n'eut 
point  d'autres  abbés  que  ceux  de  Maire  jusqu'à  cette 
tranfiation.  L'églife  de  Maire  fut  raccommodée  depuis 
&  érigée  en  paroi  fie  ,  qu'on  appelle  Maire  l'Eve  s  eau  , 
c'elt -à-dire ,  l'épiscopil ,  pour  être  diltingué  de  Mnrê 
le  Gaulier.  L'abbaye  de  Noaillé  fubfilte  toujours  dans 
la  régie  de  faim  Benoît. 

NO  AILLES ,  duché  pairie  de  France ,  dans  le  Limou- 
fin. Elle  cit  corn po fée  des  châtellenies  d'Ayen  ,  de  Lar- 
che ,  de  Manzat ,  de  Terraflbn  Se  de  vingt-quatre  pa- 
roifles ,  dont  quelques  unes  font  dans  le  Périgord.  La 
châtellenie  d'Ayen  fut  acquife  en  1581  ,  par  François 
de  Noailles ,   évêque  d'Acqs ,  de  Henri  IV  ,  pour  lors 
roi  d«  Navarre.  Elle  fut  érigée  en  comté  en  1594.  en 
faveur  de  Henri  de  Noailles ,  lieurenanr  général  Se  gou- 
verneur de  Rouergue.  11   y  a  cinquante  neuf  vaflaux 
qui  en  relèvent.  La  châtellenie  de  Tcrrafion  eft  fur  la 
Vczere  ,  en  Périgord  ,  Se  n'appartient  qu'en  patrie  au 
duc  de  Noailles.  Ces  quatre  châtellenies  furent  érigées 
en  duché-pairie,  fous  le  nom  de  Noaiiles,  par  lettres 
patentes  du  mois  de  Décembre  iéc»3  ,   cnregiltrées  le 
15  du  même  mois,  en  faveur    d'Anne   de    Noailles, 
premier  capitaine  des  gardes  du  corps  du  roi ,  Se  grand- 
pere  du  duc  de   Noailles   d'aujourd'hui.    *  Piçaniol , 
Defcript.  de  la  France,  t.  6,  p.  371. 


5*79 

NOAIN  ,  rivière  de  France  ,  dans  le  Ni',  émois.  fcJIé 
pafle  à  Donzy  ,  à  Vergez  Se  à  Sully,  où  de  fc  dé- 
charge dans  la  Loire.  *  Coulon ,  Rivières  de  France , 
p.  2.61, 

NO-AMMON ,  ville  d'Egypte  ,  que  faint  Jérôme 
traduit  toujours  par  Alexandrie.  Dom  Calmet ,  Dict. 
croit  que  c'elt  plutôt  la  ville  de  Diospolis  ,  dans  le 
Delta ,  entre  Bufiris  au  midi  Se  Mendeie  au  nord.  Voyez. 
No.      N/hum  ,3.8. 

NOARA,   NOARATH,    NoARATHA  OuNeARATH, 

ville  de    la    tribu  d'Ephraïm  ,  à  cinq  milles  de  Jéri- 
cho ,  a  ce  que  dit  Eufebe  fur  le  mot  Naaratha. 
NOARUS  Voyez.  Sauus. 

NOAS,  fleuve  de  Scythie.  Valcrius  Flaccus  en  parle 
quclq.ie  part.  Hérodote  ,  /.  4.  c.  49.  le  nomme  Ne»'? , 
Noei  ,  il  fe  décharge  dans  le  Danube,  & Peucer croie 
que  c'elt  aujourd'hui  le  Sithniz. 

NOB,  Nobé,  Noba  ou  Nomba  (a),  ville  facer- 
dotale  de  la  tribu  de  Benjamin  ou  de  celle  d'Ephraïm. 
Saint  Jérôme  (b)  dit  que  de  fon  tems  elle  éroit  dé- 
truite ,  Se  qu'on  en  voyoit  les  ruines  au  voifinage  de 
Diospolis.  David  chafle  par  Saiil,  étant  allé  à  Nobé, 
&  ayant  demandé  quelque  chofe  à  manger  au  grand 
prêtre  Achimelech ,  celui-ci  lui  donna  des  pains  qu'on 
avoit  ôtés  tout  récemment  de  delTus  la  table  facrée ,  Se 
lépée  de  Goliath  (c).  Saiil  en  ayant  été  informé  pat 
Doeg ,  fit  tuer  tous  les  prêrres  de  Nobé ,  Se  faccagea 
leur  ville.  And.  Mafius  prérend  que  ce  foit  la  même 
ville  qu'Anab,  que  faint  Jérôme  appelle  Beth-Anoba. 
Quelques-uns  la  nomment  Bochonopolif;  Se  Guillau- 
me de  Tyr ,  /.  14.  c.  8.  dit  qu'on  lui  donnoit  vulgai- 
rement le  nom  de  Bettemubie.  {a)  Ksdr.  11.  32.  (b\ 
In  Epiîaphio  PauU.  Eufeb.  in  locis  voce  Nombra.  Dom 
Calmet t  Dict.  (t)  L  Rcg.  22.  9.  Se  feq.  Se  21.  6.  ÔC 
feq. 

NOBA.  Voyez.  Noua  &  Nomba. 
NOBA  BARBARENS1S  ou  Nova  Barbarensis, 
fiége  épiscopal  d'Afrique  $  dans  la  Numidie ,  félon  la 
notice  d'Afrique ,  qui  fournit  Adeodatus  ,  un  de  Ces  évê- 
ques.  *  Harduin.  collect.  cohe.  t.  2.  p.  870. 
NOB£.  Voyez.  PygmjEi. 

NOBA  GERMANIA  Voyez.  Nova  Germanià. 
NOBALICIANENSIS  ,  fiége   épiscopal  d'Afiique, 
dans  la  Mauritanie  SLifenfe.  Redux  ,  fon  évêque ,  fe 
trouve  dans  la  notice  d'Afrique*  *  Harduin.  10m.  2. 
pag.  876.  ' 

NOBANA.  Voyez,  Novana. 
^NOBASINENSIS,  fiége   épiscopal  de  la  Numidre. 
Candidus ,  fon  évêque  ,  eft  nommé  dans  la  norice  d'A- 
frique. *  Harduin.    collect.  conc.  t.  2.  p.  8711 

NOBASPARSENSIS.  La  notice  d'Afrique  fait  aufit 
mention  de  ce  fiége  épiscopal ,  qui  étoit  dans  la  Nu- 
midie. Parmi  fes  évêques,on  trouve  Félix.  *  Harduin. 
t.  2.  p.  871. 

NOBATyE,  peuples  d'Ethiopie  ,  aux  environs  dit 
Nil>  dans  le  voifinage  de  la  ville  Oafis.  Procope,  Per- 
fiel.  1.  c.  19.  en  parle-,  &  Ortclius,  Tbefa'ur.  foup- 
çonne  que  ce  font  les  mêmes  peuples  que  quelques- 
uns  appellent  Nubai. 

NOBÉ  ,  Naba  ,  Canatha  ou  Canath,  ville  delà 
tribu  de  Manaffé.  Elle  étoit  au-delà  du  Jourdain.  Le 
nom  de  Nobé  lui  fut  donné  depuis  qu'un  Ifra'elitc  de 
ce  nom  en  eut  fait  la  conquête  (a).  Gédéon  poutfui- 
vit  les  Madianites  (b)  jusque-là.  Eufebe  dit  qu'il  y  a  à 
huit  milles  d'Efebon  vers  le  midi  un  lieu  nommé  No- 
bé ,  Se  qu'il  eft  abandonné;  mais  ce  n'elt  pas  le  Nobé , 
dont  il  eft  ici  queftion  -,  car  il  étoit  beaucoup  plus  avant 
vers  le  feptentrion.  Les  Septante  écrivent  Na/2a.  Voyez, 
Nob  Se  Nomba.  (a)  Num.  32.  42.  (b)  Judic.%.  11. 
NOBENSES&  NoBicENsEs.Kojy^  Nova. 
NOBENS1S,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  Mauri- 
tanie Céfarienfe.  La  conférence  de  Carthage  fournit  Vc 
recundus  ,  qui  en  étoit  évêque  ,&  on  trouve  Min  gin  , 
dans  la  notice  d'Afrique.  *  Harduin.  colleét.  conc. 
t.  2.  p.  78?.  874. 

NOBICENS1S  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe ,  félon  la  notice  d'Afrique ,  où 
on  trouve  Donatus  Nobicenfis.  *  Harduin.  collect, 
conc.  t.  2.  p.  874. 

NOBIL1A  Se  Cusibi  ,  villes  des  Otetanes,  dans 
Tmt.  IV.  D  d  d  d  ij 


*8o      NOD 

l'Espagne,  fur  le  Tage  ,  félon  Tite-Live  ,  /.  3;.  c.  32. 
Morahs  lie  Nuliha  dans  l'es  antiquités  :  il  s'agit  de  fa- 
voir  ,  fi  c'eft  une  faute  de  copifte  ,  ou  s'il  eft  fondé 
fur  quelque  ancien  manuicrit. 

NOBILIACENSIS  PAGUS,  ancien  canton  de  la 
Fiance,  près  de  la  ville  de  Tours,  félon  faint  Grégoire 
<le  Tours,   2  Martyr  11m. 

NOBÎLIACUM.  C'eft  le  nom  d'un  ancien  fauxbourg 
de  Ki  ville  d'Arras ,  félon  Meyer.  Il  en  eft  auffi  fait 
mention  dans  la  vie  de  faint  Wall.  Ortelius  ,Thef.  pré- 
tend que  c'eft  l'ancien  nom  de  l'abbaye  même  de 
faint  Walt. 

NOBOPYRUS  ,  ville  de  Mcefie  ,  félon  Ortelius,  qui 
cite  Calchondyle. 

NOBUNDi£,  peuple  des  Indes ,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  20. 

NOCEN  ,  ville  du  Japon  ,  dans  l'ifie  de  Ximo  ,  ôc 
dans  le  royaume  de  Bungo  :  elle  eft  presque  fur  la  côte 
orientale  de  l'ifie.  *  Le  P.  de  Charlevoix. 

1.  NOCERA,  ville  d'Italie,  dans  l'Umbrie  ou  du- 
ché de  Spolette ,  au  pied  de  l'Apennin  ,  Ôc  au  voifi- 
nage  d'une  des  fources  du  Topino.  Elie  eft  nommée 
Nuceria  par  Strabon,  /.  ;.  p.  227.  qui  dit  qu'il  s'y  fa- 
briquoit  des  vafes  de  bois  qui  étoient  eftimés.  Ptolo- 
mée,  /.  3.  c.  1.  lui  donne  le  nom  de  colonie,  &  Pli- 
ne ,  /.  3.  c  5.  la  nomme  Amplement  Nuceria.  On 
l'appella  auffi  anciennement  Nuceria  Alfa'enia ,  fans 
doute  pour  la  diftinguer  des  autres  villes  qui  portoient 
le  nom  de  Nuceria.  Voyez,  ce  mot.  Cette  ville  eft  épis- 
copale. 

2.  NOCERA,  ville  d'Italie,  dans  la  principauté  Ci- 
térieure,  a  quatre  milles  de  la  rivière  Sarno  ou  Safa- 
ti ,  &  à  neuf  milles  de  la  côte  de  la  mer.  On  la  nom- 
mou  autrefois  Alfatema ,  pour  la  diftinguer  de  Nuce- 
ria-Camellaria  ,  dans  l'UmDric.  Goltzius  rapporte 
quelques  médailles  grecques  de  cette  ville.  Voyez.  Nu- 
ceria. 

3.  NOCERA,  ville  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  Calabre  Ultérieure.  Elle  eft  fituée  envi- 
ron a  huit  milles  au  notd  du  golfe  de  Sainte  Euphé- 
mie  ,  dans  les  terres ,  entre  Martorano  a  l'orient ,  ôc  la 
mer  a  l'occident  ,  à  égale  dillance  de  l'une  ôc  de 
l'autre. 

NOCETUM  ,  village  ou  château  de  Fiance  ,  fur  la 
Marne.  Grégoire  de  Tours  &  Aimoin  en  font,  mention. 

*  Ortelii  Thef. 

NOCHETI ,  peuples  de  l'Arabie  Heureufe.  Pline, 
/.  S.  c.  28.  les  place  fur  le  golfe  Perfique. 

NOCKES,  peuples  de  1  Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  Nouvelle  Fiance ,  fur  le  bord  du  lac  des  Hu- 
rons ,  à  vingt  lieues  à  l'occident  des  Miflîflaguez. 

NOCOR  ,  rivière  d'Afrique ,  au  royaume  de  Fez.  Elle 
fort  des  montagnes  d'Elchans ,  prend  fon  cours  vers 
le  nord  ,  fépare  la  province  d'Errif  de  celle  de  Gared  , 
&  fe  jette  dans  la  mer  Méditerranée.  Caftel  croit  que 
c'eft  le  Molocath  de  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  1.  ôc  Davity 
la  prend  pour  la  rivière  de  Milucan.  *  Dapper,  Defc. 
d'Afrique  ,  p.   140. 

NOD  ou  Terre  de  Nod.  C'eft  le  pays  où  fe  retira 
CaYn  après  fon  crime  (a).  Les  Septante,  auffi  bien  que 
Jofephe  ,  ont  lu  Na'i'd  (b)  au  lieu  de  Nod  ,  ôc  font  pris 
pour  un  nom  de  lieu.  On  ne  fait  pas  distinctement 
quel  étoit  ce  pays  de  Nod ,  fi  ce  n'eft  peut-être  le  pays 
de  Nvfeou  Nyfée,  vers  l'Hyrcanie.  Saint  Jétôme  ôc  le 
Chaldéen  ont  pris  le  terme  Nod  dans  un  fens  généri- 
que pour  vagabond  ,  fugitif  :  Habit avit  profugm  in 
terra.  L'Hébreu  porte  (c)  :  Habitavit  in  terra  Nod. 
(*)  Genef.  4.  16.  (b)  Dom  Calmet ,  Di£t.  (c)  Genef. 
4.  16. 

NODAB  ,  pays  voifin  de  l'Iturée  &  de  l'Idumée  ,  mais 
aujourd'hui  inconnu.  On  lit  dans  le  premier  livre  des 
Parai ipnménes ,  c.  y.  19.  que  la  tribu  de  Ruben  ,  aidée 
de  celles  de  Gad  ôc  de  Manafie,  eut  une  guerre  con- 
tre les  Agarécns ,  les  Tharéens  &  les  peuples  de  Nophis 
ôc  de  Nodab ,  dans  laquelle  le*  lfra'élites  eurent  de 
l'avantage  ,  mais  on  ignore  le  tems  ôc  les  autres  parti- 
çulariés  de  cette  guerre. 

NODALES,  bourg  ou  village  de  la  Vieille  Caftille, 
en  Espagne  ,  entre  les  villes  de  Siguença  ôc  de  Medi- 
na-Celi.  Corneille ,  Dicl.  dit  qu'il  y  a  des  géographes 


NOG 


qui  le  prennent  pour  l'ancienne  Aracillum.  J'ai  marqué 
au  mot  Aracillum  en  quel  endroit  les  meilleurs  géo- 
graphes plaçoient  cette  ancienne  ville.  Voyez.  Aracil- 
lum. 

NOE  ,  ville  de  France,  dans  le  Haut  Languedoc, 
diocèfe  ôc  recette  de  Rieux. 

NOEGA,  ancienne  ville  d'Espagne,  félon  Pompo- 
nius  Mêla,  /.  3.  c.  1.  qui  la  place  chez  les  Afluri  fur 
la  côte.  Pline ,  /.  4.  c.  20.  la  met  auffi  dans  le  même 
quartier.  A  la  vérité  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  qui  l'appelle 
■HoiyaL  Ovxicrla. ,  Noega  Ucefla  ,  la  place  chez  les  Canra- 
bres,  parmi  leurs  villes  maritimes; mais  lautorité  de 
Pomponius  Mêla  paroît  préférable.  On  croit  commu- 
nément que  c'eft  aujourd'hui  Navia. 

NOELA,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife  ,  dans  le 
pays  des'  Afluri ,  félon  Pline,  /.  4.  c.  20.  C'eft  aujour- 
d'hui Noya  ,  fur  le  T ambre.  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  nom- 
me cette  ville  Novium ,  ôc  l'attribue  aux  Artabres.  Quel- 
ques manuferits  portent  Noeia  pour  Noela. 

NOEL^E&  Noegl*  ,  colonies  des  Celtibériens  fortis 
d'Hispal ,  félon  le  faux  Bérofe.  *  Ortelii  Thef. 

1.  NOEMAGUS,  ville  de  la  Gaule  Lyonnoife.  Pto- 
lomée, /.  2.  c.  8.  l'attribue  auxVœdicaffi. 

1.  NOEMAGUS,  ville  de  la  Gaule  Lyonnoife.  Pto- 
lomée la  place  chez  les  Lexubi,  ôc  de  Villeneuve  la 
nomme  San  Salvator. 

3.  NOEMAGUS  TRICASSINORUM  ou  Trecas- 
tinorum.  Voyez.  Saint  Paul  Trois-Chateaux. 

NOEODUNUM  ,  ville  des  Gaules.  Ptolomée  la  don- 
ne aux  Auierci  Diablimes  ,  peuples  de  la  Gaule  Lyon- 
noife. De  Villeneuve  dans  fon  Ptolomée  la  nomme  Leon- 
doul. 

NOERE,  rivière  de  France,  dans  l'Angoumois.  Elle 
fe  jette  dans  la  Charente ,  entre  la  ville  d'Angoulême 
Se  Château  Neuf.  *  Coulon ,  Rivières  de  France ,  pag. 

45  5- 

NOES.  Voyez,  Noas. 

NOESA  ou  plutôt  Noeslau  ,  ifle  de  la  merdes  In- 
des, à  l'embouchure  du  détroit  de  Ceru  ,  à  l'orient  d'Am- 
boine.  Les  habitans  (ont  anthropophages.  *  Hifloire  de 
la  conqutte  des  Moluques ,  1.  7.  p.  97. 

NOESIA,  ifle  de  l'Archipel  ,  au  voifinage  de  celle 
de  Rhodes ,  félon  Euftathe.  C'eft  une  des  Sporades.  * 
Ortelii  Thef. 

NOGALES,  Nuceria,  abbaye  d'hommes,  ordre  de 
Cîteaux  ,  en  Espagne ,  dans  le  royaume  de  Léon  ôc  au 
diocèfe  d'Aftorga. 

NOGARO,  petite  ville  de  France,  dans  la  Gasco- 
gne ,  ôc  la  capitale  du  Bas-Armagnac.  Cette  ville  eft  fi- 
tuée fur  la  rivière  de  Midouze ,  à  trois  lieues  d'Eaufe 
ôc  à  quatre  d'Aire.  C'eft  une  des  cinq  villes  qui  fu- 
rent données  en  échange  au  duc  de  Bouillon  pour  la 
principauté  de  Sedan.  Il  s'eft  tenu  deux  conciles  en  cette 
ville  ,  où  il  y  a  une  églife  collégiale,  l'un  en  1290,  & 
l'autre  l'an  1 3 1  j.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France ,  t.  4. 1 

P-  f7«.  ,  ..''', 

NOGENS,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  élection 

de  la  Flèche. 

NOGENT ,  bourgade  de  l'ifie  de  France ,  à  deux 
lieues  de  Paris  :  c'eft  un  grand  bourg  au  bord  de  la  Sei- 
ne. Ce  lieu  eft  fort  ancien  ,  ôc  fon  nom  latin  étoit  No- 
vigentum  ou  Novientum.  Il  étoit  déjà  une  bourgade  dès 
le  commencement  du  fixiéme  fiécle  ,  fous  les  enfans  de 
Clovis.  Ce  fut-là  où  Clodoald  ,  vulgairement  appelle^. 
Cloud,  fils  du  roi  Clodomir ,  fe  retira  après  avoir  évi- 
té la  mort.  Il  y  bâtit  un  monaftere,  qui  depuis  a  été 
changé  en  une  églife  collégiale,  où  le  corps  de  ce  faint 
eft  gardé  dans  une  chaiïe.  La  grande  dévotion  que  le 
peuple  a  eue  pour  lui ,  a  fait  changer  le  nom  de  No- 
gent  en  celui  de  S.  Cloud.  Voyez,  Saint  Cloud.  *  Lon- 
guerue  ,Defc.  de  la  France,  part.  1.  p.  ij. 

NOGENT-L'ARTAUT ,  bourg  de  France,  dans  la 
Brie  ,  diocèfe  de  Soiflbns  ,  élection  de  Château-Thierri. 
Il  y  a  uneabbaye  de  religieufes  de  l'ordre  de  S  Benoît,fon- 
dée  par  la  reine  Blanche ,  mère  de  S.  Louis.Ce  font  à  pré- 
fent  des  religieufes  de  l'ordre  de  Ste  Claire:  l'abbefleeft 
triennale.  Cette  maifon  n'a  qu'environ  fept  mille  livres 
de  rente ,  quoiqu'il  y  ait  une  grande  quantité  de  reli- 
gieufes. Ce  lieu  a  pris  le  nom  d'Artaut ,  tréforier  de 


NOG 


NOI       *8i 


Thibaut,  le  libéral  comte  de  Champagne,  fou  fon- 
dateur. 

NOGENT-SUR-AUBE,  bourg  de  France,  dans  la 
Champagne,  élection  de  Troves. 

NOGENT-LE-BERNARD',  bourg  de  France, dans 
le  Maine ,  élection  du  Mans. 

NOGENT-SOUS-COUCY  ,  Nogentum  ,  bourg  de 
France  ,  dans  la  Picardie  ,  diocèfe  &  élection  de  Laon  , 
vers  les  limites  du  diocèfe  de  Soiffons,  fur  la  rivière  de 
Delette.  Il  y  a  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  S. 
Benoît ,  congrégation  de  faint  Maur.  Elle  eft  lltuée  à 
une  demi-lieue  de  Coucy  vers  le  midi ,  ôc  à  deux  lieues 
&  demi  de  Prémontré,  vers  le  couchant  d'hiver.  Saint 
Godefroi ,  depuis  évêque  d'Amiens ,  fut  abbé  de  ce  mo- 
naftere fui  la  fin  de  l'onzième  fiécle.  Les  fires  de  Cou- 
cy font  pour  la  plupart  enterrés  dans  cette  abbaye  ,  qui 
vaut  fept  à  huit  mille  livres  à  l'abbé.  On  veut  qu'il  y  ait 
eu  autrefois  dans  ce  lieu  un  temple  des  Druïdes ,  con- 
facré  à  la  Vierge  qui  doit  enfanter  :  Vtrgini  pariturœ. 
L'abbé  Lebeuf  a  conjecturé  que  l'on  tnettoit  quelque- 
fois cette  infeription  fous  les  images  de  l'Annoncia- 
tion, qui  eft  la  fête  la  plus  ancienne  de  la  fainte  Vier- 
ge ,  ôc  dont  le  fondement  eft  explique  dans  l'évangile. 
Ainfi  cette  infeription ,  quelque  ancienne  qu'elle  ait  pu 
paraître  ,  ne  devoit  naître  que  depuis  le  Chriftianisme. 
*  Baillet ,  Topog.  des  Saints  ,  p.  350. 

NOGENT-SUR-MARNE  ,  bourg  de  l'Iflede  Fran- 
ce ,  élection  de  Paris.  Ce  lieu  exiftoit  dès  le  règne  de 
Chilperic ,  qui  y  reçut  une  ambafiade  des  grands  du 
royaume  d'Auftrafie,  vers  l'an  j8o.  Cette  ville  relevoit 
autrefois  de  l'abbaye  de  S.  Denis. 

1.  NOGENT-LE-ROI ,  ville  de  France,  dans  la 
Champagne ,  élection  de  Langres.  C'eft  le  fiége  d'une 
prévôté  royale ,  reflbrtifiante  au  bailliage  de  Chaumont 
en  Baffigny. 

2.  NOGENT-LE-ROI,  Novigentum  Régis,  petite 
ville  de  France  ,  dans  l'Orléanois ,  à  cinq  lieues  de  Char- 
tres &  à  quatre  de  Dreux.  Elle  eft  fituée  dans  un  val- 
lon à  l'endroit  où  l'Eure  commence  à  porter  bateau. 
Quelques-uns  croient  qu'elle  a  pris  le  nom  de  Nogent- 
le-Roi  ,  parce  que  Philippe  VI ,  roi  de  France  ,  y  mou- 
rut en  1350.  D'autres  prétendent  que  cette  petite  ville 
s'appelloit  autrefois  Nogent-Ifembert  ou  l'Erembert; 
mais  qu'Ifabelle  de  Blois  l'ayant  donnée  à  Philippe  Au- 
gufte,  elle  fut  nommée  Nogent-le  Roi.  *  Piganiol, 
Defc.  de  la  France  ,  t.  6.  p.  100. 

NOGENT-LE  ROTROU,  bourg  de  France,  dans 
le  Perche,  fur  la  rivière  d'Huine,  diocèfe  de  Chartres  , 
élection  de  Mortagne.  Cette  ville  a  pris  fon  nom  de 
Rotrou  ,  comte  du  Perche,  qui  demeurait  fouvent  dans 
le  château  qui  eft  fort  ancien  :  on  l'appelle  en  latin 
Novigentum  Rotrodi  ou  Rotroci.  C'étoit  anciennement 

NoVIODUNUM     DlABLINTUM.    Voyez.   DlABLINTES.  Ce 

n'eft  aujourd'hui  qu'un  bourg ,  mais  auffi  peuplé  que 
beaucoup  de  villes.  La  baronnie  a  toujours  eu  fes  fei- 
gneurs  particuliers  ,  qui  y  ont  leur  jufticereflbrtiuanteau 
fiége  royal  de  Bellême.  Il  y  a  dans  Nogent-le-Rotrou 
une  églife  collégiale  du  titre  de  faint  Jean ,  fondée  en 
1 194 ,  par  GeoftroilII  ,  comte  du  Perche  ôc  feignenr  de 
ce  lieu.  Renaud  de  Montreuil ,  foixante-feptiéme  évêque 
de  Chartres,  unit  à  la  menfe  de  ce  chapitre  la  cha- 
pelle de  faint  Etienne  fondée  dans  le  château ,  où  il 
y  avoit  un  chevecier  &  des  chanoines,  ôc  n'en  fit  qu'un 
même  chapitre.  En  1 1 98  ,  Guillaume  ,  évêque  de  Char- 
tres i  comte  du  Perche  ôc  feigneur  de  Nogent ,  y  fon- 
da un  doyen  ,  un  chantre  ,  un  tréforier,  un  prévôt. 
Le  nombre  des  canonicats  étant  trop  grand  en  1467  , 
Miles  d'Illiers,  évêque  de  Chartres,  les  réduifit  à  dix, 
dont  le  doyen  en  a  deux ,  du  confentement  de  Char- 
les ,  duc  d'Anjou,  comte  de  Mayenne,  alors  feigneur 
de  Nogent.  Au  bourg  de  Nogent  eft  contigu  celui  de 
Saint  Denis,  qui  en  eft  entièrement  féparé  pour  la 
feigneurie  &  le  renort ,  ne  relevant  que  du  roi  Se  ap- 
partenant au  monaftere  de  Saint  Denis ,  qui  y  eft  fitué 
&  dépend  de  Clugni.  Henri  de  Bourbon  I  du  nom  , 
prince  de  Condé  ,  obtint  du  roi  Henri  Iil  des  lettres  , 
par  lesquelles  la  baronnie  de  Nogent  le-Rotrou  fut 
érigée  en  fa  faveur  en  duché-pairie,  fous  le  nom  d'En- 
ghien  le  François.  Son  fils ,  Henri  II ,  s'accommoda  de 
Nogcnt-le-Rotrou  avec  Maximilien  de  Béthunc ,  duc  de 


Sulli,  qui  a  laide  cette  baronnie  à  fes  enfans  du  fécond 
lit.  Le  prince  Henri  II  obtint  des  lettres  de  Louis  XIII 
en  16 14,  pour  faire  transférer  le  titre  de  duché  d'En- 
ghien,  fur  KIoudun,  en  Berri.  Il  s'y  trouva  de  la  diffi- 
culté ,  parce  qu'Ifioudun  eft  un  domaine  royal  qui  eft 
feulement  engagé.  Enfin  ,  Henri- Jules  de  Bourbon , 
qui  le  dernier  a  porté  le  titre  de  prince  de  Condé  , 
obtint  des  lettres  de  Louis  XIV  ,  pour  faire  changer  le 
nom  de  Montmorenci  en  celui  d'Enghien  ;  ainfi  le  du- 
ché de  Montmorenci  eft  aujourd'hui  celui  d'Enghien* 
La  terre  de  Montigni  eft  jointe  à  celle  de  Nogent  -, 
il  y  a  cent  fiefs  qui  relèvent  l'un  de  l'autre ,  &  plus 
de  quarante  juftices-, 

NOGENT-SUR-SEINE  ,  Novigentum  ad  Sequa- 
nam  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la  Champagne  > 
fur  les  frontières  de  la  Brie  ,  au  bas  d'une  côte  ,  fur 
la  rivière  de  Seine.  Elle  eft  à  vingt-deux  lieues  de  Paris  , 
à  douze  de  Troyes,  &  à  neuf  de  Montereau.  Elle  relevoit 
autrefois  de  l'abbé  de  faint  Denis  ,  Se  fut  comprife 
dans  le  douaire  d'Elifabeth  de  Bavière.  Cette  ville  eft 
le  fiége  d'un  bailliage  ,  d'un  grenier  à  fel  ,  ôc  d'une 
maréchauffée.  Les  prairies  font  le  principal  revenu  de 
l'élection  de  Nogent.  11  s'y  fait  un  afiez  grand  com- 
merce de  foin  ,  qu'on  transporte  à  Paris  par  le  moyen 
de  la  Seine.  Il  y  a  auffi  des  vignes  dans  quelques  pa- 
rojfles  ,  où  l'on  recueille  ,  année  commune  ,  environ 
deux  mille  muids  de  vin  ,  mais  il  fe  confume  dans 
le  pays.  *  Piganiol  ,  Defcription  de  la  France  ,  t.  3. 
p.  58;. 

C'eft  à  Nogent-fur-Seine  que  naquit  ,  vers  le  milieu 
du  fixiéme  fiécle  ,  S.  Vinebaud  ,  abbé  de  S.  Loup  de 
Troves.  Il  y  avoit  pratiqué  un  hermitage  où  il  de- 
meura jusqu'à  ce  que  l'évêque  de  Troyes  l'eût  appelle 
dans  la  ville  ,  pour  le  retenir  dans  fon  clergé  ,  ôc 
le  faire  abbé  du  monaftere  de  S.  Loup.  Pour  conferver 
la  mémoire  de  S.  Vinebaud  ,  il  refte  à  Nogent  un 
prieuré  dépendant  de  l'abbaye  de  faint  Loup  de  Troyes. 
*  Baillet  ,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  3  50. 

NOGENT-LES-VIERGES  ,  village  de  France  ,  au 
diocèfe  de  Beauvais,  presque  fur  le  bord  occidental  de 
la  rivière  d'Oife.  Il  eft  fitué  un  peu  au-defius  de  Pont- 
Saint- Maxence.  Lebeuf  fait  remarquer  que  ce  doit 
être  le  Novigentum  où  étoit  retiré  le  roi  Thierri  , 
dans  le  tems  de  la  mort  de  Childeric  II ,  fon  frère,  l'an 
673.  Ce  lieu  eft  furnommé  les  Vierges  ,  à  caufe  des 
faintes  Maure  ,0c  Brigide  dont  on  y  a  confervé  des 
reliques.  Il  y  a  encore  une  crypte  dans  l'églife  ,  dont 
elles  font  patrones.  On  y  voit  à  l'entrée  ,  à  main  gau- 
che ,  une  cheminée  à  l'antique  proche  les  fonts  ,  qui 
fervoit  dans  le  tems  qu'on  baptifoit  par  immerfion. 
Nogent-les-Vierges  eft  encore  connu  par  un  rrfande- 
ment  de  M.  l'évêque  de  Beauvais  ,  donné  il  y  a  envi- 
ron dix- huit  ans  ,  touchant  la  vifite  des  reliques  des 
faintes  de  ce  lieu.  *   Notes  manuferites  de  Lebeuf. 

NOGNE  ,  Nunez  ,  ou  Nunho  ,  rivière  d'Afri- 
que ,  à  feize  lieues  de  Rio  grande  ,  vers  le  fud.  Elle 
a  le  même  cours  ,  ôc  forme  une  petite  ifle  appelléd 
Taffagan  ,  proche  fon  embouchure.  Il  fe  fait  fur  leâ 
bords  de  cette  rivière  un  commerce  annuel  de  trois 
cens  quintaux  d'ivoire  ,  &  d'une  centaine  d'esclaves.  Le 
riz  y  eft  excellent  ,  ôc  à  fort  bon  marché.  Les  cannes 
de  fucre  ôc  l'indigo  y  croifient  naturellement.  Le  pays 
aux  environs  de  cette  rivière  produit  un  fel  que  les 
Portugais"  regardent  comme  un  contre-poifon  ;  il  eft 
blanc  ,  ôc  a  le  goût  de  l'alun.  On  prend  une  dragme 
de  ce  fel  délayée  dans  de  l'eau  chaude.  *  Voyage  de 
Brue  en  Afrique  ,    1 70 1 . 

NOGRUS.  Voyez.  Mogrus. 

NOGUERA  ,  rivière  d'Espagne  ,  dans  la  Cata- 
logne. 

"nOHAN  EN  GOUST  ,  bourg  de  France  ,  dans  le 
Berri ,  diocèfe  ôc  élection  de  Bourges.  La  petite  rivière 
de  Tripende  y  pafie.  La  cure  eft  à  portion  congrue 
de  trois  cens  livres.  Le  commerce  confifte  en  laines  , 
vacives  ,  vacivaux  Ôc  chanvres. 

1.  NOIA  ,  bourg  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naple? , 
dans  la  terre  de  Bari  ,  au  nord  oriental  de  Rutigliano, 
environ  à  quatre  milles  de  la  côte  du  golfe  de  Ve- 
nife  ,  ôc  à  dix  milles  de  Bari.  *  Magin  ,  Carte  de  la 
terre  de  BarL 


*82,       NOI 

2.  NOIA,  bourg  d'Italie,  au  royaume  de  Naples  , 
dans  la  partie  méridionale  de  la  Bafilicate  ,  environ  à 
cinq  milles  de  Franca  Villa  ,  en  tirant  vers  l'orienr.  * 
Magin  «  Carte  de  la  Bafilicate. 

3.  NOIA  ,  château  d'Italie  ,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  terre  d'Otranre  ,  à  fix  milles  de  Con- 
vertino.  Ce  château  eft  très-fort  par  fa  fituation.  * 
Leander  ,  Defc.  di  tima  Ital.  p.  240. 

NOINTEL ,  village  de  France  ,  en  Picardie  ,  dio- 
cèfe  de  Beauvais  ,  à  quelque  diitance  du  rivage  gau- 
che de  la  rivière  de  Bresche  ,  dans  l'élection  de  Cler- 
mont.  Ce  lieu  eft  aujourd'hui  un  marquifat.  Il  elt  en- 
core plus  célèbre  pour  avoir  été  la  patrie  du  cardinal 
Jean  Cholet  ,  ou  du  moins  le  Heu  où  il  fut  éjevé  , 
ainfi  que  l'a  écrit  du  Boulay  au  catalogue  des  hommes 
illuftres  du  XlIIfiécle,  t.  3.  p.  696.  11  étoit  fils  dOu- 
daid  ,  chevalier  ,  feigneur  de  Nointel  :  ôc  par  l'on 
teitament  ,  il  donna  aux  pauvres  du  même  village  la 
fomme  de  trois  cens  livres  parifis. 

1.  NOIRE  (Rivière)^  c'eft  une  rivière  de  l'Amé- 
rique feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle  France.  Elle 
fort  du  lac  Manikouagen  ,  dans  la  terre  des  Eski- 
maux ,  &  fe  rend  dans  le  fleuve  de  S.  Laurent ,  à  vingt- 
cinq  ou  trente  lieues  au-deflbus  de  Tadoufïac  ,  après 
avoir  travetfé  une  partie  de  la  province  de  Saguenay 
&  le  pays  des  Berfiamites, 

2.  NOIRE  (La  pointe),  autrement  le  Quartier 
de  Caillou  à  la  Guadeloupe.  Ce  quartier  elt  entre 
celui  de  l'ifle  à  Goyave  &  l'Ance  Ferri.  Il  elt  coupé 
de  mornes  ou  de  petites  ances  :  le  terrein  en  elt  pier- 
reux ;  il  ne  laine  pourtant  pas  d  être  allez  bon  ôc 
bien    cultivé.  On  y  a  bâti  une  églife  paroifhale. 

3. NOIRE  (La  rivière);  c'elt  une  des  petites  riviè- 
res de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle 
France.  Elle  fe  jette  dans  le  lac  des  Illinois  ,  à  la 
bande  de  l'efl.  Son  embouchure  eft  entre  celles  des 
rivières  Mars  mec  ôc  des  Miamis. 

4.  NOIRE  (Rivière),  c'eft  une  petite  rivière  de  l'Amé- 
xique  feptentrionale  ,  dans  le  pays  des  Iflatis  ,  qui  la 
nomment  Chabaâcha  ou  Ooabaoudtba.  Elle  fe  jette 
dans  le  fleuve  du  Miffiffipi  ,  à  la  bande  de  l'eft  ,  à 
vingt  lieues  au  nord  de  la  rivière  d'Onisconfing ,  par 
les  43  deg.  de  latitude  feptentrionale. 

/.NOIRE  (Rivière),  rivière  d'Afrique, dans  le  royau- 
me de  KafTan  ,  au  nord  du  Sénégal.  Qupiqu'elle  prenne 
fa  fource  à  un  quart  de  lieue  du  Sénégal  ,  on  prétend 
que  c'en  eft  une  branche.  Elle  forme  avec  la  rivière 
Blanche  ,  qui  eit  a  fon  nord  ,  l'ifle  ou  peninfule  de 
KafTan  ;  &  apvès  un  cours  de  foixante  lieues  ,  elle  fe 
rend  dans  le  grand  lac  de  KafTan.  Sa  fource  eft  fi  confi- 
dérable  qu'elle  n'elt  plus  guéable  à  une  lieue  de  fon 
origine.  *  Second  voyage  de  Brue  fur  le  Sénégal. 

6.  NOIRE  (Montagne).  On  appelle  ainfi  une  mon- 
tagne de  l'ifle  de  S.  Domingue  ,  dans  le  quartier  du 
fud.  C'eft  la  retraite  ordinaire  des  Negres-Marons  de 
l'ifle  ,  où  ils  font  en  grand  nombre  ôc  armés. 

NOIREAU  ,  petite  rivière  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie. Elle  a  fa  fource  au-deflus  de  Condé  ,  &  va 
fe  jetter  dans  l'Orne  ,  au  defibus  de  Clifly.  *  Coulon  , 
Rivières  de  France ,  p.  20J. 

NOIRLAC  ,  abbaye  de  France  ,  fur  le  Cher.  Voyez. 
Nerlac. 

1.  NOIRMOUTIER  ,  ifle  de  l'Océan  occidental  , 
fur  la  côte  de  France  ,  aux  extrémités  du  Poitou  ôc 
de  la  Bretagne  ,  au  midi  de  l'embouchure  de  la  Loire. 
Elle  a  environ  trois  lieues  de  long  ,  ôc  fept  de  tour. 
Elle  eft  fort  étroite  depuis  la  Barre  de  Mont  ,  jus- 
qu'à Barbaflre  ;  mais  elle  s'élargit  en  approchant  de 
la  ville  de  Noirmoutier.  Elle  eft  du  diocèfe  de  Luçon  ôc 
de  la  généralité  de  Poitiers.  Il  y  a  deux  paroiffes  ,  ôc 
S.  Nicolas  dans  le  bourg  de  Barbaflre , S.  Philibert  dansla 
ville  de  Noirmoutier  ,  dans  laquelle  on  compte  mille  huit 
censhabirans.*  Pigamol,  Defcr.  de  la  France.,  t.  j.  p.  1 2 1. 

Cette  L9e  s'appello^  autrefois  Her  ,  Her'to  ,  Hero 
ou  Hervis.  S.  Philibert  (a)  ,  qui  avoir  été  chaffé  de 
fon  monaftere  de  Jumieges  par  S.  Ouën  ,  parrifan 
d'Ebroïn  ,  maire  du  palais  ,  s'éta.it  retiré  en  Poitou  , 
pour  fuir  la  perfécunon  de  fes  ennemis  ,  Anfoald  , 
évêque  de  Poitiers  ,  lui  donna  une  retraite  dans  l'ifle 
de  Her.  Le  faint  y  fonda  vers  l'an  674  un  monaftere 


NOL 


qui  fut  appelle  Hermoutier  ,  ôc  depuis  Noirmou- 
tier ,  ou  par  corruption  ,  ou  à  caul'e  de  l'habit  noir 
des  Bénédictins  qui  l'occupoient.  S.  Philibert  y  mou- 
rut ,  ôc  le  monaitere  fublilta  jusqu'au  rems  des  cour- 
fes  des  Normands  ,  qui  le  ruinèrent  fous  le  règne  de 
Louis  le  Débonnaire,  (b)  Lorsqu'en  l'année  834  ,  dans 
leurs  premières  courtes  ,  les  Normands  ravagèrent  les 
ifles  ôc  les  côtes  de  France  ,  ces  moines  furent  plu- 
fieurs  années  errans  en  diverfes  provinces  ,  ôc  s'arrê- 
tèrent enfin  à  Tournus  ,  fur  la  Saône  ,  que  Charles 
le  Chauve  leur  donna.  Us  conferverent  néanmoins  leur 
ancienne  maifon  de  1  ifle  ,  où  ils  avoient  un  prieure 
conventuel.  Les  moines  de  Cîtcaux  s'établirent  au  dou- 
zième fiecle  dans  cette  ifle  :  ils  y  vinrent  du  mona- 
ftere de  Buzay  ,  près  de  Nantes  ;  ôc  c'eft  à  caufe  de 
leur  robe  blanche  que  l'abbaye  de  Notre-Dame  en  l'ifle 
de  Noirmoutier  fur  appellée  l'Abbaye  blanche.  On  a 
donné  encore  anciennement  à  cette  ifle  le  nom  à'in- 
fiLi  Dei  ,  l'ifle  de  Dieu  ;  parce  qu'elle  étoit  habitée 
par  des  moines  qui  y  vivoicnt  faintement  \  mais  de- 
puis long  tems  il  n'y  a  plus  de  moines  Noirs  dans  le 
prieuré  de  S.  Philibert  ;  ôc  les  Blancs  ne  font  pas  en 
grand  nombre  dans  l'abbaye  de  Notre-Dame.  Il  y  a 
long-tems  que  les  laïcs  fe  font  rendus  les  maîtres  de 
l'ifle.  El'e  vint  au  pouvoir  des  feigneurs  de  la  bran- 
che cadette  de  la  maifon  de  la  Trémoille  ,  qui  pour 
cette  ifle  relevoieut  de  la  baronnie  de  la  Garnache 
dans  la  terre  ferme  du  Poitou  qui  appartient  à  pré- 
fent  à  la  maifon  de  Villeroi  ,  comme  héritière  de  la 
duchefle  de  Lesdiguieres.  Au  commencement  de  1720, 
madame  la  princefle  des  Urfins  ,  de  la  branche  ca- 
dette de  la  Trémoille  ,  vendit  l'ifle  de  Noirmoutier  à 
M.  le  duc  de  Bourbon.  Son  revenu  elt  d'environ  feize 
mille  livres  de  rente,  (u)  Bailler  ,  Topogr.  des  Saints  , 
p.  334.  (b)  Longucrue  ,  Defcripr.  de  la  France,  part, 
x.  p.  1/4. 

En  allant  de  Barbaflre  à  la  ville  de  Noirmoutier  , 
on  trouve  beaucoup  de  marais  falans  ,  des  terres  la- 
bourables ,  dont  la  plupart  font  cultivées  ,  ôc  qu'on 
feme  alternativement  de  froment ,  d'orge  ôc  de  féves  , 
fans  les  laifler  repoler.  Il  y  a  auiTi  des  vignes  ,  dont 
le  vin  eft  très-médiocre  ;  peu  de  pâturages  ,  ôc  par 
conséquent  peu  de  beftiaux.  Il  y  a  un  partage  réglé 
de  la  Barre  de  Mont  ,  en  bas  Poitou  ,  à  la  fofle  de 
l'ifle  de  Noirmoutier  :  il  eft  denviron  un  quart  de 
lieue  de  large.  Du  refte  ,  c'eft  une  espèce  d'ifle 
Fortunée  ;  la  maltôte  n'y  a  jamais  pénétté.  Les  habi- 
tans  ne  payent  ni  taille  ,  ni  capitation  ,  ni  dixième  ,  ni 
aucun  autre  fubfide  que  le  papier  timbré  &  les  droits 
de  controlle  &  d'infinuation. 

2.  NOIRMOUTIER  ,  ville  de  France ,  dans  l'ifle  de 
même  nom.  Voyez.  Noirmoutier.  Elle  peut  contenir 
deux  mille  cinq  cens  habitans.  *  Pigamol ,  Defcript.  de 
la  France,  t.  5.  p.  122. 

NOISEAU  ou  Nid-Oiseau  ,  Nldus  Avis  ,  bourg 
de  France  ,  dans  l'Anjou  ,  élection  d'Angers,  Il  y  a  une 
abbaye  de  filles  ,  de  l'ordre  de  S.  Benoît ,  congrégation 
de  S.  Maut.  Elle  eft  dédiée  à  Notre  Dame  ,  Ôc  jouit  de 
dix  mille  livres  de  revenu.  Ce  lieu  eft  fitué  entre  Craon 
&  Château-Gontier  ,  à  une  lieue  de  Segré  ,  vers  le  nord. 
Il  y  a  environ  quarante  bénéfices  qui  en  dépendent.  Elle 
fut  fondée  en  1068  par  Airaud  Galfeneder ,  feigneur  du 
lieu  ôc  de  Vouvant  fur  l'Autife. 

NOIZ  AY  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Touraine ,  élec- 
tion de  Tours  :  il  eft  au  bord  delà  rivière  deLifïe. 

1,  NOL  A  ,  ville  d'Italie  chez  les  Picentini ,  félon  Pio- 
lomée ,  /.  3.  c.  1.  ôc  Strabon,/.  $.  p.  249.  Tite-Livc, 
/.  9.  c.  28  &  93.  la  met  dans  le  Samnium.  Elle  eft  ap- 
pellée par  Frontin  ,  Colonia  Augufla.  Son  nom  eft  cor- 
rompu dans  Polybc  ,  qui  la  nomme  NoAtlfa^.  Elle  con- 
ferve  encore  fon  ancien  nom.  Voyez,  l'article  fuivanr. 

2.  NOLA  ou  Nole  ,  ville  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples  ,  dans  la  terre  de  Labour  ,  avec  évêché  fufira- 
gant  de  Naples.  Cette  ville  eft  très-ancienne.  Les  hiflo- 
riens  ôc  les  géographes  en  parlent  comme  d'une  place 
forte  ,  ôc  qui  avoit  été  fondée  par  les  Chalcidiens.  Elle 
fubfifte  encore  aujourd'hui ,  ôc  conferve  fon  ancien  nom., 
qui  étoit  Nola  :  mais  elle  a  beaucoup  perdu  de  fa  fplen- 
deur.  Silius  Italicus  en  parle  delà  forte,  lib.  12.  vgrf. 
\6i. 


NOM 


Hl.ic  ad  Chaltidham  transfert  citus  agmina  Nolam. 
Campa  Nolafedct ,  crebris  circumdata  in  or 6cm 
Turribits  ,  &  celfo  facilcm  tutaïur  adiri 
Planiciem  vallo. 

Juftin  ,  /.  20.  c.  1.  appuie  le  fentiment  qui  veut  que 
Noie  ait  été  fondée  par  les  Chalcidiens  ;  car  il  appelle 
les  habitans  de  Noie  Chalcidienfmm  Coloni  :  cependant 
Velleïus  ,  /.  i.r.  7.  dit  que  quelques-uns  prétendoient 
qu'elle  avoit  été  bâtie  par  les  Toscans.  Annibal  l'aiïïé- 
gea  inutilement  l'an  5  40  de  la  fondation  de  Rome  ,  & 
ce  fut  aux  portes  de  cette  ville  ,  que  le  conful  Marcellus 
lui  préfenta  la  bataille.  Augufte  y  mourut.  Vespafien 
honora  Noie  du  titre  de  colonie  Romaine.  Tite-Live  , 
lib.  23.  cap.  14.  appelle  les  habitans  Notant ,  8c  le  ter- 
ritoire de  la  ville  Nolanus  ager.  On  conferve  plufieurs 
corps  faints  dans  cette  ville  ;  entr'aimes  ceux  de  S.  Félix  , 
martyr  ,  &  de  S.  Paulin ,  qui  a  été  évêque  de  Noie.  Jean 
de  Noie,  excellent  fculpteur,  &  Jordanus  Brunus  , 
philofophe,  ont  fait  honneur  à  leur  patrie ,  ainfi  que  plu- 
fîeurs autres  perfonnages  fameux  de  la  même  ville.  S.  Fé- 
lix ,  prêtre  de  Noie  8c  confefleur  ,  félon  Baillet ,  Topo- 
graphie des  Saints,  p.  3  ;o  ,  eft  patron  de  la  ville  de  Noie. 
Saint  Maxime  fut  évêque  de  ce  lieu  ,  vers  le  milieu  du 
rroifiéme  fiécle.  Saint  Paulin ,  reclus  près  de  Noie  ,  8c 
facriftain  de  l'églifc  de  S.  Félix  ,  fut  fait  évêque  de  cette 
ville  ,  vers  la  fin  de  l'an  409.  Il  mourut  en  43 1.  *  Tit- 
Liv.  /.  22.  c.  16. 

NOLASENA,  ville  de  la  petite  Arménie.  Ptolomée, 
l.  $.  c.  7.  la  met  dans  la  préfecture  nommée  Lavia- 
nenfis  ,  auprès  de  l'Euphrate.  Ses  interprètes  lifent  No- 
falene. 

C'eft  fans  doute  la  même  ville  dont  l'evêque  fou- 
ferivit  au  concile  de  Conftantinople  de  l'an  448  ,  8c  qui 
eft  nommé  Secundinus  Nojalenenjts.*  Hardiiin.  collect. 
conc.  t.  2.  p.  170. 

NOLAY  , bourg  de  France  ,  dans  la  Bourgogne,  bail- 
liage de  Beaune.  11  eft  lîtué  dans  un  vallon  fort  étroit. 
La  fontaine  ,  nommée  la  Tournée ,  y  a  fa  fource  ,  8c  les 
environs  font  plantés  de  vignes.  Nolay  a  ti;rede  Mar- 
quifat. 

NOLI ,  ville  d'Italie  ,  fur  la  côte  de  Gènes ,  à  l'occi- 
dent de  cette  dernière  ville.  Elle  a  été  fondée  par  les  ha- 
bitans de  Gènes  ,  8c  par  ceux  de  Savone.  Le  pape  In- 
nocent IV  y  mit  un  évêque  fuffragant  de  1  archevêque  de 
Gênes.  Il  y  en  a  néanmoins  qui  veulent  que  l'évéché 
ait  été  établi  par  le  pape  Alexandre  III.  Noli  a  un  port 
fort  confidérable  ,  non  feulement  pour  fon  étendue ,  mais 
encore  pour  les  avantages  que  les  habitans  en  retirent. 
Us  ne  font  plus  néanmoins  ce  qu'ils  étoient.  11  y  avoit 
autrefois  de  très  riches  marchands  dans  cette  ville  ,  mais 
le  nombre  en  eft  confidérablemcnt  diminué  ;  parce  que 
la  ville  a  beaucoup  fouffert  en  différens  tems  des  démê- 
lés des  Génois  ;  outre  qu'elle  fut  pillée  par  l'armée 
d'Alfonfe  I  d'Aragon  ,  roi  de  Naples  8c  d'Espagne.  On 
attribue  ces  calamités  de  Noli  à  la  malédiction  d'un  de 
fes  évcqucs.qui,  voyant  qu'il  ne  pouvoir  les  détourner 
de  porter  du  fer  8c  autres  chofes  femblables  aux  infidè- 
les ,  les  menaça  de  la  colère  du  Ciel.  *  Leaader ,  Defc. 
di  tutta  ltnlia.  p.  12. 

NOLON  ou  Nolos.  Voyez,  Berecinthe  ,  1. 

NOLYNADES.  Voyez.  Nola. 

NOMA  ,  lieu  de  la  Paleftine  ,  félon  Jofué  ,  r.  1  j.  41 . 
S.  Jérôme  lit  Ncama. 

NOMADES.  Ce  nom  a  été  donné  à  divers  peuples  , 
qui  n'avoient  point  de  demeures  fixes ,  8c  qui  en  chan- 
geoient   perpétuellement    peur  chercher  de    nouveaux 
pâturages  ;  de  forte  que  ce  mot  ne  défigne  pas  un  peu- 
ple particulier  ,  mais  le  genre  de  vie  de  ce  peuple  ;  e'eft 
ce  qui  fait  qu'on  trouve  dans  les  anciens  écrivains  des 
Nomades  Arabes,  Numides,  Scythes,  &c.  Feflusctoit 
que  le  nom  de   Ne/*a<Tês ,  Nomades  ,  fut  donné  à  ces 
peuples ,  parce  qu'ils  commerçoient  en  bétail,  ou  parce 
qu'ils  fe  nouriiflbient  d'herbes   comme    les  animaux  ; 
mais  il  eft  plus  probable  qu'ils  furent  ainfi  appelles  ,  à 
caufe  qu'ils  changeoient  de  pâturages  ,  appelles  en.Grcc 
no/ahV  En  effet  ,  les  meilleurs  MSS.  de    Piine  portent 
Nomades ,  à  permutandis  p.ibulis.  A  la  vérité  ,  dans  l'é- 
dition de  Parme  ,  on  lie  à  permutandis  papilionibus  ; 


NOM      583 

mais  cette  leçon  feroit  fupportable  ;  car  on  ap^elloir 
anciennement  PapiUiones  des  tentes,  8c  c'eft  delà  que 
les  François  ont  fait  leur  mot  Pavillon. 

NOMADES  ARABES.  Après  les  déferts  Palmire- 
nés,  dit  Pline,/.  6.  c.  28.  fuivent  du  côté  de  l'orient 
les  Nomades  Arabes ,  8c  ils  s'étendent  du  côté  du  midi 
jusqu'au-delà  du  tac  Asphaltite.  Enfuite  on  trouvé  les 
Anales  ,  peuples  accoutumés  à  faire  des  courfes  fur  les 
terres  des  Chaldéens ,  voifins  de  l'Euphrate.  Ces  deux 
peuples ,  favoir  les  Nomades  8c  les  Attales  ,  étoient  bor- 
nés au  midi  par  les  Scenites  ,  qui,  félon  Euftathe,  In  Dio- 
nyf.p.  121.  habitoient  depuis  la Ccelefyrie jusqu'à  l'Eu- 
phrate. Strabon,  /.  16.  p.  767.  eft  du  même  fentimenc 
que  Pline ,   par  rapport  à  la  fituation  de  ces  peuples. 

NOMADES  NUMIDES  ,  les  Numides  furent  ap- 
pelles NojUî<<r«  Nomades,  par  les  Grecs,  félon  Pline, 
/.  5.  c.  3.  de  forte  que  le  mot  Nomades  auroit  une  ori- 
gine grecque.  Ab  Ampfada  Nitmidia  eft ,  dit  cet  auteur, 
M.tfinijfa  clara  nomine,  Met  agoni lis  terra  à  Grœcis  ap- 
pellata  :  Namidœ  vero  Nomades  à  permutandis  pabulis  , 
&c.  Ni  l'un  ni  l'autre  ne  plaît  à  Ifaac  Voiïïus ,  /.  1,  c.  7. 
ad  Melam.  Voyez.  Metagonitide.  Quant  au  mot  No- 
mades ,  il  dit  qu'il  a  trouvé  que  pluficurs  des  anciens 
s'étoient  trompés  en  prenant  les  Nomades  pour  les  Nu- 
mides. Polybe  ,  /.  3.  c.  33.  place  dans  la  Numidic  les 
Nomades  Maffylcs ,  &  les  Nomades  Maflœfyliens  :  De- 
nys  le  Périegéte  ,  v.  186.  appelle  les  Maflœfyliens  &  les 
Maflyles  No?nadum  Gcntes  :  8c  Dion  Canins  ,  /.  41.  p. 
172.  dit  que  Juba  ,  filsd'Hiempfal  ,  regnoit  fur  les  No- 
mades ,  c'eft-à-dire ,  fur  les  Numides.  On  ne  fauroit  nier 
que  dans  l'Afrique  ,  8c  même  dans  la  Numidie,  il  n'y  eût 
des  Nomades  ;  c'eft-à-dire,  des  peuples  qui  changeoint 
de  lieu  à  mefure  que  les  pâturages  venoient  à  leur  man- 
quer ;  mais  il  ne  feroit  pas  aufli  aifé  de  décider  fi  le  nom 
de  Numidie  a  une  origine  grecque.  Il  eft  à  croire  qu'un 
pays  barbare  a  eu  un  nom  barbare.  *  Cellarhts ,  Geog. 
Antiq.  I.  4.  c.  5. 

NOMADES  SCYTHES.  Pline  ,  /.  JÇ.e.  12.  les  place 
à  la  gauche  de  la  mer  Caspienne  ,  8c  dit  que  le  fleuve 
Panticapes  les  féparoit  des  Géorgiens.  Strabon,  /.  i$. 
p.  76-/.  ajoute  qu'ils  habitoient  fur  des  chariots. 

NOM/EA  ,  peuple  de  la  Libye.  Elien  ,  Annibal.  I. 
17.  c.  27.  nous  apprend  qu'il  fur  détruit  par  les  lions. 

NOM/EI ,  peuple  de  la  Thrace.  Etienne  le  géogra- 
phe dit  qu'ils  furent  dans  la  fuite  appelles  Scythes. 

NOMANIAH,  ville  de  l'Iraque  Arabique  ou  Baby- 
lonienne ,  qui  eft  la  Chaldée.  Elle  eft  fituée  fur  le  Ti- 
gre ,  entre  les  villes  de  Bagder  8c  de  Vafléthe.  Elle  a  été 
bâtie  par  un  roi  appelle  Noman-Ben-Mondir.  *  D'Her- 
bclot ,  Bibliothèque  orientale. 

NOMANTIA.  Voyez,  Numantia. 

NOM  ARE.  Voyez.  Melck. 

NOMAS ,  fleuve  de  la  Sarmatie  Européenne ,  à  ce 
qu'il  paroîr ,  félon  cet  endroit  de  Valerius  Flaccus ,  /.  4. 
v.  719. 

QuasTanais  .fiavusqiie Lyccs^Hyspanïsque  Nomasque 
Ad  dit  opes. 

Cependant  quelques  exemplaires  au  lieu  ,  de  N ornas , 
portent  Mclas, 

NOMAS,  lieu  de  la  Sicile  ,  félon  Diodore  de  Sicile, 
/.  U.c.  90.  Les  habitans  de  ce  lieufe  nommoient  No- 
m£.  Ils  dévoient  être  voifins  d' Amajlratum.  Silius  Ita- 
licus,  /.  14.  v.  267.  en  parle  dans  ces  vers: 

-----  comitâta  Nomœis 
Venit  Amaftra  Viris. 

Atlas ,  Rob.  de  Vaug.  place  Nom/E  au  nord  des  monts 
Nebrodes  ,  à  quelques  milles  de  la  mer. 

NOMAST/E ,  peuples  de  la  Scythie.  Ptolomée,  /.  6. 
c.  14,  les  met  en-deçà  du  mont  Iinaiis.  Ses  interprètes 
lifent  Numaftœ  pour  Nomaftœ.. 

NOMATIS  AGER.  Il  en  eft  parlé  dans  le  livre  des 
Limites.  Ortelius ,  Tbefaur.  foupçonne  qu'il  pourroit 
être  en  Sicile  ,  8c  tirer  fon  nom  de  Nom  a  s  ou  Nom/E. 

NOMBA  ,  ville  de  Judée  ,  fclon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  d'après  Jofephe,  antiq.  I.  8.  mais  ce  dernier  dans  un 
autre  endroit ,  /.  1 .  c.  14.  écrit  Oba  pour  Noba. 


584       NOM 

NOMbRE  DE  DIOS,  ville  ruinée  en  Amérique  l 
dans  la  Nouvelle  Espagne  ,  fur  la  côre  feptentrionale 
de  l'iilhme  de  Panama ,  au  nord  de  la  ville  de  même 
nom,  8c  à  l'orient  de  l'orto  Belo. 

Llle  étoit  bâtie  au  fond  d'une  baie ,  tour  auprès  de  la 
mer,  dans  un  lieu  qui  eit  à  prefenc  rempli  d'une  espèce 
de  cannes  fàuvagcs  ,  qui  reffemblent  beaucoup  à  celles 
donc  les  pêcheurs  fe  fervent  en  Angleterre  ;  8c  il  n'y  a 
plus  de  traces  d'aucune  maifon.  Cette  fituation  ne  pa 
Toît  pas  avoir  été  fort  avantageufe  ,  puisque  la  baie  eit 
toute  ouverte  à  la  mer,  &  qu'il  n'y  a  presque  point  d'a- 
bri pour  les  vaiiTeaux.  C'ert  aufli  la  raifon ,  a  ce  qu'on  dit , 
qui  obligea  les  Espagnols  à  l'abandonner  ;  8c  peut  être 
que  l'intempériede  l'air, qui  eit  fort  mal-fain  dans  ce  pays 
bas  8c  m  a  récage  ux,en  fut  un  autre  motif  ;  cependant  il  y  a 
un  petit  ruiffeau  d'eau  douce  qui  coule  à  l'elt ,  du  lieu  où 
étoit  la  ville.  Ce  fut  en  1402  que  Chriftophe  Colomb 
le  découvrir  dans  fon  dernier  voyage  &  qu'il  le  nomma 
Puert  ode  BaftimentoS  ,  parce  qu'il  y  trouva  quantité  de 
vivres  ;  mais  en  1 5  io,Diego  deNicueffa,qui  s'étoit  chargé 
d'établir  la  Caltilie  d'or  ,  ayant  perdu  presque  tous  l'es 
navires  &  la  plupart  de  fes  gens ,  entra  dans  ce  havre  ,  8c 
il  dit  en  y  entrant  :  Paremas  à  qui  en  el  nombre  de  Dios  : 
Arrêtons-nous  ici  ,  au  nom  de  Dieu  :  il  en  prit  poffes- 
fion ,  8c  y  bâtit  un  fort  qui  fut  nommé  Nombre  de  Dios  ; 
ce  qui ,  avec  le  tems  ,  devint  une  ville  ,  dont  il  ne  refte 
plus  que  les  ruines.  L'embouchure  du  havre  eit  fort  large, 
&  quoiqu'il  y  ait  deux  ou  trois  pentes  ifles  ou  rochers 
qui  le  couvrent ,  on  y  étoit  pas  trop  en  fui  été.  Les  Es- 
pagnols le  quittèrent  .peur  aller  s'établir  à  Portobel  ,où 
le  havre  ell  merveilleux  &  facile  à  défendre.  *  Voyage  de 
Waj'er  ,  p.  ;  1 . 

NOMBRE  DE  JESUS,  petite  Ville  fortifiée  que  bâ- 
tirent les  Espagnols  dans  l'Amérique  méridionale,  au 
nord  de  l'entrée  orientale  du  détroit  de  Magellan ,  au- 
près du  cap  de  las  Vtrgines ,  ou  des  onze  mille  Vierges. 
Elle  eit  préfentement  ruinée  8c  abandonnée.  *  Sanfon  t 
Carte  du  déiroir  de  Magellan. 

NOMENTUM  ,  ancienne  ville  d'Italie  ,  chez  les  La- 
tins. Elle  n'étoit  pas  el  >ignée  du  Tibre  ,  puisque  Stra- 
bon,/.  y.  p.  2.28.  rire  les  limites  des  Sabins  du  côté  de 
l'occident ,  depuis  le  Tibre  8c  la  ville  Nomentum  ,  jusque 
chez  les  Vc/lini.  Tire-Live  ,  /.  ï  c .  3S.  la  place  au  nom- 
bre des  villes  des  anciens  Larins ,  qui  furent  réduites 
fous  la  puiffance  de  Rome  par  Tarquin  le  Vieux.  Etienne 
le  géographe  la  nomme  Nm/asctoj.  Leander  dit  que  c'elt 
aujourd'hui  Lamentana  dans  la  Sabine,&  Baillée ,  Topogr. 
des  Saints ,  pag.  3^0, la*  mec  à  quatre  ou  cinq  lieues  de 
Rome  vers  le  nord.  Il  ajoute  que  c'étoit  autrefois  une  ville 
épiscopale  à  l'entrée  du  pays  des  Sabins  ;8c  que  ce  fut 
le  lieu  du  martyre  de  faint  Prime  8c  de  faint  Félicien  , 
dont  les  corps  furent  transportés  à  Rome  trois  cens 
foixante  ans  environ  après  leur  mort. 

NOMENY  ,  petite  ville  de  Lorraine  ,  fur  la  Seille  , 
avec  titre  de  marquifat.  Elle  eit  fituée  à  cinq  lieues  de 
Nancy  vers  le  nord ,  8c  à  pareille  diltance  de  Metz , 
entre  l'une  8c  l'autre  ville.  Elle  a  été  une  des  princi- 
pales places  de  l'évêché  de  Metz.  Le  comte  Sauvage  ou 
Wiidgrave,  étoit  avoué  de  cette  ville,  8c  un  de  fes 
comtes  fit  hommage  de  cette  avouerie  à  l'évêque  Re- 
nnud  de  Bar, l'an  1306.  Sur  la  fin  de  ce  fiécle,  Raoul 
de  Couci  ,  évêque  de  Metz  ,  engagea  à  Charles  I. 
du  nom ,  duc  de  Lorraine ,  pour  fept  mille  francs  de 
bon  or ,  la  ville  8c  le  château  de  Nomeny  8c  le  Ban  de 
Dehne.  L'année  fuivante,  l'évêque  retira  du  duc  le  tiers 
de  ce  qu'il  avoit  engagé.  L'évêque  Conrad  Baïer  retira 
encore  un  tiers  de  Nomeny  8c  de  Delme  l'an  1436  ,  de 
René  d'Anjou  8c  de  fa  femme  Ifabelle  -,  enforte  que 
peu  à  peu  Nomeny  8c  Delme  furent  dégagés  entière- 
ment. Ils  demeurèrent  unis  au  domaine  de  l'évêché  jus- 
qu'à l'an  155 1,  que  les  Cardinaux  de  Lenoncourt  8c 
de  Lorraine,  qui  poffédoient  l'évêché  de  Metz  ,  inféo- 
dèrent Nomeny  à  Nicolas  de  Lorraine  ,  comte  de  Vau- 
demont,  à  quoi  le  chapitre  de  Metz  confentit  le  6  de 
Juillet  155 1  »  pour  la  crainte  des  incommodités  que  le 
comte  de  Vaudemont  pouvoir  apporter  à  l'églife  de  Metz. 
Dix  ans  après ,  le  Cardinal  de  Lorraine,  adminillrateur 
de  Metz  ,  donna  en  fief  perpétuel  au  comte  de  Vaude- 
mont Delme  Se  fon  ban  ,  achetés  8c  unis  au  domaine  de 
l'évêché  de  Metz  par  l'évêque  Jacques  de  Lorrain  e , 


NOM 


qui  tenoit  ce  fiége  vers  1 240.  Le  chapitre  néanmoins  ne 
voulut  confentir  a  cette  aliénation  l'an  1562,  que  pour 
les  héritiers  mâles  du  comte  >  ce  qui  ne  le  fatisfic  pas. 
Le  roi  Charles  IX ,  alors  protecteur  de  l'évêché ,  loin 
de  s'oppofer  à  cette  aliénation ,  l'appuya  de  fon  auto- 
rité ,  8c  écrivit  au  chapitre  des  lettres  pour  l'obliger  à 
conlentir  à  une  aliénation  pure  8c  fimple  de  Nomeny  & 
de  Delme  ;  8c  le  maréchal  de  Vieillev  îlle ,  gouverneur 
de  Metz ,  avec  les  autres  officiers  royaux ,  renouvel- 
lerent  leurs  inllances-,  de  manière  que  le  chapitre  de 
Metz  donna  l'an  ij66  ,  fon  commencement  à  l'aliénation 
8c  a  l'accroiffement  de  Delme  au  fief  de  Nomeny  pour 
le  comte  de  Vaudemont  8c  fes  descendans  en  loyal  ma- 
riage. *  Longuerue,  Defcrfptionde  la  France,  part.  2.  p. 

Le  cardinal  Charles  de  Lorraine  ,  adminillrateur  de 
l'évêché,  tranfigcal'an  ij7i,avecle  comte  de  Vaude- 
monc  fur  planeurs  dirférens.  Le  droit  de  fupériorité  ter- 
ritoriale fuc  confervé  a  l'évêque  de  Merz,  auffi  bien  que 
le  droit  d'appel  du  juge  de  Nomeny  au  bailli  de  l'évê- 
ché ,  duquel  on  pourroit  appeller  a  la  chambre  impé- 
riale. 

Le  comte  de  Vaudemont  eut  pour  héritiers  en  Ces 
feigneuiies  de  Nomeny  8c  de  Delme,  fon  fils  Philippe 
Emmanuel  de  Lorraine  ,duc  de  Mercœur  ,  qui  n'eut  de 
fa  femme ,  Marie  de  Luxembourg,  qu'une  fille  unique 
nommée  Françoife ,  femme  de  Céfar,  duc  de  Vendôme. 
Après  la  mort  du  duc  de  Mercœur,  le  cardinal  de  Lor- 
raine, évêque  de  Metz,  demanda  a  Françoife  de  Lor- 
raine i'hommage  ,  les  reconnoiflancts  8c  les  devoirs  que 
les  vaffaux  dévoient  à  cette  églife;  mais  la  duchefie, 
mère  8c  tutrice  cte  Françoife,  demanda  l'an  1607 ,  un 
délai  jusqu'à  ce  que  la  fille  tût  maiiée  :enfuite  la  ducheflè 
Marie  de  Luxembourg  vendit  Nomeny  8c  Delme  a  Hen- 
ri ,  duc  de  Lorraine  ,  moyennant  cinq  cens  mille  livres. 
Le  duc  fe  fit  reconnoitre  pour  vaffal  immédiat  de  l'Em- 
pire ,  en  qualité  de  marquis  de  Nomeny.  Les  Lorrains 
ont  même  prétendu  que  leur  duc  n'étoit  vraiment  vaffal 
de  l'Empire,  que  pour  ce  feul  marquifat ,  &  que  pour 
toutes  les  autres  feigneuries,il  n'étoit  que  fous  la  protec- 
tion de  l'empire,  dont  les  Allemands  ne  conviennent  pas. 
Le  duc  Charles  de  Lorraine  fuc  rétabli  l'an  1661  en 
poffoflion  de  Nomeny  8c  de  Delme  ,  à  la  réferve  de  ce 
qui  a  été  cédé  par  le  traire  de  Vincennes  en  fouverai» 
neté  ,  pour  le  chemin  royal,  large  d'une  demi-lieue  de 
Lorraine  ;  8c  enfin  par  le  traité  de  Paris  de  l'an  17 18 , 
le  Roi  a  déchargé  le  duc  pour  le  marquifat  de  Nome- 
ny de  tous  les  droits  de  fuprême  domaine  que  la  cou- 
ronne de  France  avoir  acquis,  cane  par  le  craicé  de  Mun- 
fler  l'an  1648  .  qu'autrement. 

NOMIC1US.  Voyez.  Numicius. 
NOM1I ,    en  grec  uc/xia. ,  montagne  de  l'Arcadie. 
Paufanias  ,  /.  8.  c.  38  ,  dit  qu'il  y  avoit  dans  ces  monta- 
gnes un  temple  confacré  au  dieu  Pan  le  Nomien. 

NOM1STERIUM  ,  ville  de  la  Germanie.  Pcolomée, 
/.  2.  c.  1 1  ,  la  place  entre  Redimuinum  8c  Melïodunum. 
NOMMANA.  Voyez.  Combana. 
1.  NOMUS,  canton,  province,  ou  plutôt  préfectu- 
re. Ce  terme  eit  employé  dans  la  divifion  des  préfe- 
ctures de  l'Egypte,  que  l'on  partageoit  en  plufieurs  no- 
mes. Il  paroit  plutôt  être  de  la  langue  égyptienne ,  que 
de  la  langue  grecque.  Strabon  /.  17.  p.  787  ,  8c  Ptolo- 
mée ,  /.  4.  c.  f  ,  8c  les  Latins  même  fe  font  fervis  du 
mot  Nomus.  Pline,  /.  j.  c.  9.  dit ,  l'Egypte  eft  divifée 
en  préfectures  de  villes,  que  l'on  appelle  Nomus.  Saine 
-Cyrille  d'Alexandrie,  in  Efa.  c.  19.  parle  encore  plus 
clairement  :  il  dit  qu'on  appelle  Nomus  ,  chez  les 
Egyptiens  ,  chaque  ville  avec  fes  bourgs  8c  villages. 
Trajan  ayant  demandé  à  Pline  de  quelle  préfecture, 
ex  quo  Nomo  ,  'étoit  fen  patfumeur  ,  Pline  lui  ré- 
pondit ,  qu'il  étoit  delà  préfecture  de  Mcmphis,  ng/xcu 
Mî/j.ipiTiy.ov.  Il  ne  feroit  pas  poffible  de  dire  combien  il  y 
avoit  de  ces  fortes  de  préfectures  dans  l'Egypte,  Strabon 
les  compee  d'une  façon,  Pcolomée  de  l'ancre,  8c  Pline 
encore  différemment.  Le  nombre  n'étoic  réglé ,  félon  les 
apparences  ,  que  fuivant  le  caprice  du  fouverain,  qui  dis- 
tribuoit  fes  états  en  plus  ou  moins  de  préfectures,  fui- 
vant qu'il  le  jugeoit  à  propos.  Par  exemple ,  Strabon 
compte  neuf  préfectures  dans  la  Thébaïde  ,  Pline  y  en 
met  onze  ,  8c  Ptolomée  treize.  Il  en  écoit  ainfï  des 

autres 


NON 


autres  grandes  parties  de  l'Egypte.  En  général,  chaque  ville 
un  peu  confidérable  ,  formoit  un  nome  avec  ion  terri- 
toire, &  chaque  nome  portoit  le  nom  de  Ta  ville  capi- 
tale. 

2.  NOMUS  ,  en  grec  Nôy.oç,  lieu  dans  PAttique  ,  fé- 
lon le  fcholiafte  de  Sophocle,  cité  par  Ortclius ,  Tbe~ 
faur. 

NONA  ,  ville  de  la  Dalmatie  ,  dans  la  partie  de  l'an- 
cienne Liburnie  qu'elle  renferme.  On  l'appelloit  ancien- 
nement JEnona  8c  ACnonum.  Elle  eft  éloignée  de  Zara 
du  côté  du  nord-oueft ,  de  dix  milles  par  terre  ,  &  de 
vingt  milles  par  mer.  Cette  ville  a  douze  cens  pas  de 
tour  ,  &  environ  huit  cens  habitans.  Elle  appartient  aux 
Vénitiens,  &  la  mer  l'entoure  de  tous  côtes ,  fi  ce  n'eu: 
lorsque  les  eaux  font  baffes.  Elle  a  un  évêché  fous  la 
métropole  de  Spalatro  *  Corn.  Dicïionn.  Niger.  Eur. 
coin.  6. 

NONACRINUM  NEMUS  ,  forêt  de  l'Arcadie,  au 
voifinage  de  la  ville  Nonacris  ,  qui  lui  donnoit  fon  nom. 
Ovide  ,  Faftor.  lib.  z.  v.  175.  en  fait  mention  dans 
ce  vers  : 

CmUaque  Vineùs  nemorïs  juga  Nonacrini. 

1.  NONACRÏS  ,  ville  du  Poloponnèfe  ,  fameufe  par 
la  fource  du  Styx  ,  qui  étoit  auprès  ,  félon  Hérodote  , 
/.  4.  c.  74.  Paufanias  , /.  8.  c.  17.  dit  que  le  nom  de 
Nonacrïs  lui  avoit  avoir  été  donné  par  une  fille  de  Ly- 
caon  ■,  8c  il  ajoute  que  de  fon  tems  cette  ville  ne  fubfiftoit 
plus. 

2.  NONACRÏS,  montagne  de  l'Arcadie,  félon  Pli- 
ne,/. 2.  c.  103.  C'eft  au  pied  de  cette  montagne  qu'é- 
toit  la  ville  de  Nonacris ,  qui  lui  avoit  donné  le  nom. 
Paufanias ,  /.  8.  c.  17.  témoigne  n'avoir  jamais  vu  de  mon- 
tagne fi  haute.  De  (es  roches  il  diftille  ,  dit  Vitruve  ,  /.  S. 
s.  3.  une  eau  appeilée  Styx  ,  &  cette  eau  eft  fi  froide  , 
qu'elle  ne  peut  être  contenue  en  aucun  vafe ,  fut-il  d'ar- 
gent ,  d'airain  ou  de  fer.  Elle  paffe  au  travers  8c  fe  dilîî- 
pe  :  il  n'y  a  que  la  corne  du  pied  du  mulet  qui  puiffe 
la  retenir. 

NONAGRIA.  Voyez.  Andros. 
NONAGRIS.  Voyez.  Nonacris. 
NONA  NCOURT,  Nonanticuria ,  ville  de 
France,  en  Normandie  ,  avec  titre  de  vicomte.  Mie  eft 
fituée  fur  la  rivière  d'Aure  dans  lediocèfe  d'Evreux  ,  en- 
tre Dreux  ,  Damville  8c  Tillieres.  Ses  murailles  bâties 
de  briques  fe  dégradent  fort  ,  8c  la  plupart  de  i'ts  mai- 
fons  n'ont  pas  beaucoup  d'apparence.  C'étoit  une  place 
de  défenfe  dans  L  douzième  fiécle.  Il  y  a  à  Nonancourt 
trois  fiéges  ;  celui  du  bailliage  ,  celui  de  la  vicomte  ,  & 
celui  d'une  jurisdiction  des  eaux  &  forêts.  *•  Corn. 
Dicftionn. 

NONANT  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Normandie, 
éle&ion  d'Argentan  ,  avec  titre  de  marquifar.  11  eft  fnué 
au  bord  de  la  forer  d'Hiefine  ,  entre  Seez  ,  Argentan  8c 
Gaffey.  Il  y  a  une  belle  verrerie  à  Nonant.  Les  Hagio- 
logiftes  placent  à  Nonant ,  en  Normandie,  la  mort  de  S. 
Godefranc  ,  évêque  de  Seez  ,  frere  de  fainte  Opportune. 
11  y  fut  maffacré  au  huitième  fiécle  ,  le  3  Septembre  par 
un  émiffaire  de  Chrodebett,  qui  avoit  envahi  ies  biens 
de  1  évêché. 

NONANTOLA  ,  ville  d'Italie,  au  duché  de  Mo- 
déne  (j) ,  dans  une  ifle  formée  par  les  deux  bras  de 
la  Muzza  ,  aux  confins  du  territoire  de  Bologne. Elle  eft 
ceinte  de  bonnes  murailles ,  8c  de  foliés  pleins  (  b  ).  Elle 
a  une  riche  abbaye  ,  où  l'on  voit  une  bibliothèque  rem- 
%  plie  d'anciens  manuferits  :  entre  autres  ,  on  y  garde  le 
I  bréviaire  de  la  comteffe  Mathilde.  Il  y  a  dans  l'églife  fept 
corps  Sts  dans  une  grande  chaffe  :  on  y  voit  celui  de  S. 
Adrien,  pape  ,  8c  une  partie  de  celui  de  faint  Sylveftre. 
Entre  les  peintures, on  remarque  les  tableaux  de  la  fainte 
Vierge ,  de  faint  Roch  ,  8c  de  faint  Sébaftien  ,  par  le 
Guerchin.  (  a  )  Mag'in ,  Carte  du  territoire  de  Bologne. 
{b)  Cor.  Dift. 
NONASINUENSIS.  Voyez  Novasennensis. 
NONDAQUO  ,  petit  peuple  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  dans  la  Louïliane  :  il  eft  voifin  des  Cenis  ,8c  ha- 
bite enrre  ces  derniers  &  les  Nacanncz. 

NONENQUE  ,    Nonnaticum  ,  abbaye  de  filles  en 
France ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  de  Silvanès , 


NOO         $%$ 


dans  le  Rouergueau  diocèfe  ,  8c  a  trois  lieues  au  fud  eft 
de  Vabres.  Gérard  III  ,  abbé  de  Silvanès ,  la  fonda  en 

I  16 1  ,  8c  plufieurs  rois  de  Fiance  l'ont  dotée.  Elles  ne 
font  point  cloîtrées  :  l'abbeffe  jouit  de  2/coo    liv. 

NONIGENTUM.    Voyez.  Alisium  8c  Novigen- 

TL'M. 

NUNNENBOCK,  abbaye  de  filles,  ordre  de  Cîteaux, 
dans  la  Flandre ,  au  diocèfe  ,  8c  près  de  la  ville  de 
Gand. 

1 .  NONNETTE ,  rivière  de  France.  Elle  prend  fa 
fource  auprès  de  la  Fontaine  Saint  Pierre, paffe  à  Nanteuil 
à  Veifigny  ,  à  l'abbaye  de  la  Viètoire  ,  dans  un  faux- 
bourg  de  Senlis  :  au-deffous  de  certe  ville  ,  elle  entre  dans 
l'étang  de  Gouvieux ,  8c  quand  elle  en  eft  fortie  ,  elle  va 
fe  joindre  avec  l'Oyfe.  Le  château  de  Chantilli ,  à  l'en- 
trée de  l'étang  de  Gouvieux,  eft  auffi  fitué  fur  cette  ri- 
viete.  *  Coulai ,  Rivières  de  France  .  p.  1 57. 

2.  NONNETTE  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Auver- 
gne,  élcdtion  d'Iffoire.  C'eit  une  châtellenie  royale,  du 
reffort  de  la  fénéchauffée  de   Riom. 

NONSUCH  (a)  ,  c'eft  le  nom  d'une  maifon  royale 
d'Angleterre  ,  dans  la  province  de  Surrey  ,  auprès  de 
Cheam  ,  dans. un  lieu  fort  fain  8c  fort  agréable  ,  nommé 
Cudintlon  (b).  Ce  mot  de  Nonsuch  veut  dire  fans 
pareille  ,  8c  en  effer  ,  il  n'y  avoit  rien  de  fi  beau  en  An- 
gleterre, On  y  avoir  employé  tout  ce  que  1  architecture 
a  de  plus  parfait  :  elle  étoit  environnée  de  jardins  déli- 
cieux ,  de  parcs  remplis  de  daims  ,  de  boccages  où  étoient 
taillées  les  figures  de  toutes  fores  d'animaux  ,  8c  elle 
étoit  affortie  des  plus  belles  promenades.  La  reine  Marie 
l'échangea  pour  d'autres  poffeffions  avec  Henri-Fitz' 
Alan  ,  comte  d'Arondcll ,  qui  l'augmenta  de  nouveaux 
ouvrages  ,  8c  d'une  fort  belle  bibliothèque.  En  montant , 
il  transporta  tous  fes  droits  au  baron  de  Lumley  ;  &  cette 
maifon  retourna  depuis  aux  lois  d'Angleterre  ,  qui  l'ont 
fi  fort  négligée  (c) ,  qu'à  peine  en  voit-on  aujouidhui 
les  traces,  (a).  Etat  préfent  de  la  Grande  Breta^,ie ,  r.  1. 
p.  116.  (A)  Corn.  Diéticn.  (c)  Etat  préfent  de  la  G.  E, 
t.  1.  d.  116. 

NONTRON  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Périgord, 
élection  de  Périgueux.  Quelques-uns  lui  donnent  le  nom 
de  ville  8c  le  titre  de  baronnie.  Nontron  eft  fitué  fur 
le  Bandiat ,  8c  fut  fujet  autrefois  a  la  vicomte  de  Li- 
moges ,  comme  on  le  peut  voir  par  les  alliances  &  les 
armoiries  de  Bretagne  8c  de  Limoges  ,  qui  (ont  dans 
)  églife  de  faint  Etienne ,  bâtie  dans  le  château.  *  Du 
Chérie  ,  Antiquités  des  villes  de  France.  Corn.  DicTion- 
naire. 

NONYMNA,  ville  de  Sicile,  félon  Orrelius ,  Tbe- 
faur.  qui  cite  Etienne  le  géographe  &  Suidas.  Il  n'v  a 
rien  de  certain  touchant  la  fituation  de  cette  ville. 
Quelques-uns  prétendent  pourtant  que  c'eft  aujourd'hui 
Nauny.  Ce  n'eft  qu'une  pure  conjecture  imaginée  par 
Fazell ,  Decud.   1.  /.  10. 

NOO,  c'eft  la  ville  de  Thcbes,  en  Egypte,  à  ce 
que  croit  Matth.  Beroald.  Voyez.  No  ,  8c  Alexan- 
drie. 

NOOENI.  Voyez.  No*. 

NOORDA ,  lieu  de  l'empire  des  Perfes ,  au-delà 
du  Tigre,  félon  Zofime  ,  /.  3.  Oirehus,  Thefaur.  foup- 
çonne  que  c'eft  le  Neard.i  de  Jofephe. 

NOORDEN,  ville  d'Allemagne  ,  dans  le  cercle  de 
Weftphalie,  à  deux  milles  d'Embden.  Elle  appartient 
au  prince  d'Ooftfrife.  Elle  eft  affez  grande  &  affez  peu- 
plée ,  mais  elle  n'a  ni  murai  les  ni  portes  :  Ci  grande  t  la- 
ce ,  où  fe  tient  le  marché  ,  n'eft  pas  même  pavée  ,  quoi- 
que la  maifon  de  ville  8c  plufieurs  autres  édifices  bien 
bâtis  y  foient  fitués.  On  y  fuit  la  confeffion  d'Augibourg, 

II  y  a  auffi  desCalviniftes,  mais  en  petit  nombre.  Cette 
ville  a  un  port,  qui  pourrait  être  mis  en  meilleur  état. 
La  fèpulture  des  comtes  d'Ooftfiife  étoit  auuefois  à 
Noorden  -,  mais  lorsque  Balthafar ,  feigneur  d'Efens ,  eut 
ravagé  cette  place  par  le  fer  &  le  feu ,  en  153 1  ,  & 
détruit  les  deux  monafteres  qui  y  étoient ,  avec  la  belle 
églife  paroiffiale  qui  éroir  dédiée  à  faint  André  ,  le  com- 
te d'Ennon  fut  enterré  à  Embden  en  1^40;  les  os  de 
fes  ancêtres  furent  auffi  tirés  de  Noorden  pour  être 
placés  dans  le  nouveau  monument  qui  fut  conftruit  à 
Embden,  pour  la  fèpulture  des  comtes  d'Ooftftitè.  L  hi- 
ftorien  Adam  de  Brème   rapporte  que  les  Normand* 

Tem.  IV.  E  e  e  s 


586        NOR 

ayant  abordé  en  Frife  du  tans  de  faint  Rembert ,  arche- 
vêque de  Brème,  furent  défaits  au  nombre  de  plus  de 
dix  mille  près  du  village  de  Nordw'ide.  C'eft  ce  lieu- 
là  même  qui  eft  devenu  la  ville  de  Noorden  dont  nous 
parlons,  quoique  Boxhorn  ait  voulu  que  le  champ  de' 
bataille  ait  été  à  Noiv/yk  ,  pour  faire  honneur  à  fes 
compatriotes  Hollandois  :  deux  raifons  prouvent  que  le 
Nordwide  de  ce  tems ,  eft  la  ville  de  Noorden  d'aujour- 
d'hui. Premièrement ,  on  trouve  dans  l'hiftoire  des  ar- 
chevêques de  Brème ,  ôc  en  particulier  dans  la  vie  de 
faint  Rembert ,  le  lieu  en  queftion  ,  défigné  auffi  par  le 
mot  Norden ,  &  il  en  eft  parlé  comme  d'un  endroit 
qui  étoit  fous  la  jurisdiction  de  l'églife  de  Brème.  En 
fécond  lieu,  il  eft  marqué  dans  cette  vie  de  faint  Rem- 
bert que  Norden  avoit  un  port  ,  ce  qui  convient  à  la 
ville  dont  nous  parlons  ici ,  ôc  non  au  bourg  de  Nord- 
wyck  ,  dans  la  Hollande.  *  Zeyler ,  Topograph.  Weft- 
phal. 

NOPH.  J'exterminerai ,  dit  le  Seigneur,  les  idoles, 
&  j'anéantirai  les  ftatues  de  Noph.  Saint  Jérôme  tra- 
duit Noph  par  Memphis.  Voyez,  ce  mot.  *  Ez.ech}el, 
c.  30.  15. 

NOPHAC,  &  Nophé,  lieu  dansledéfert.  Il  eneft 
parlé  au  livre  des  Nombres  ,  c.  11.  30.  où  faint  Jérôme 
traduit  Jopbe.  Nophé ,  dit  Dom  Calmet ,  Dittion.  eft 
une  ville  des  Moabites ,  qui  fut  enfuite  aux  Amor- 
rhéens,  ôc  enfin  aux  Ifrae'lites.  Nophé  étoit  près  de 
Medaba.  Il  y  a  quelque  apparence  que  c'eft  la  même 
que  Nephis  (a) ,  ou  bien  (/>)  Nebo,  ou  Nabo.  La  fitua- 
■tion  des  lieux  y  convient  parfaitement.  Nabo  eft  jointe 
à  Medaba,  dans  le  prophète  Ifaïe ,  15.  2.  46.  \.{a) 
III  Esdr.  5.41.  {b)  II  Esdr.  7.  33.  ôc  1.  Esdr.  11. 
29.  &c. 

NOPHET.  Ce  nom  fe  prend  dans  Jofué  ôc  ailleurs 
pour  un  canton  ou  pour  une  province.  Aiïez  fouvent  (a) 
on  le  joint  à  Dor  :  Nophct-Dor  ou  Nophar-Dor  ;  le  can- 
ton des  environs  de  la  ville  de  Dor,  fur  la  Méditerranée, 
au  midi  du  Mont-Carmel  &au  nord  de  Céfarée  de  Pale- 
fline.  Dans  l'endroit  où  Jofué  lit  dans  la  Vulgate(£), 
tertia  pars  urbis  Nophet  ;  Ihébreu  porte  Amplement 
tertiapars  Nopbct ,  le  tiers  du  canton  nommé  Nopheth. 
Ce  canton  étoit  aux  environs  de  Dor  ,  ôc  il  étoit  poffé- 
dé  par  la  tribu  de  Zabulon  ,  pour  deux  tiers  -,  ôc  par 
celle  de  Manaffé  pour  l'autre  tiers,  (a)  Jofué ,  1 1.  2.  & 
12.  23.  (b)  Jofué y  17.  11. 

NOPIA  ou  Cnopia  ,  ville  de  Bœotie  ,  dans  la  dé- 
pendance de  Thebes,  félon  Strabon  ,  /.  9.  p.  404. 

NOPOIN,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Mar- 
che de  Brandebourg.  Les  habitans  ne  voulurent  point 
donner  des  quartiers  aux  troupes  du  général  Mansfeld 
en  1626.  *  Zeyler ,  Top.  Pomeraniae. 

1.  NOR  A  ,  ville  de  lifte  de  Sardaigne.  Ptolomée, 
/.  3.  c.  3.  la  place  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle  , 
entre  Heruùis  Portus  ôc  Litus  Anneum.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  nomme  Nura  ,  ôc  la  met  à  trente-cinq 
mille  pas  de  Tegula,  ôc  à  trente-deux  mille  de  Gara- 
lis.  Pline,  /.  3.  c.  7.  ne  la  connoît  que  fous  le  nom 
de  Norcnfes.  Solin  l'appelle  Norus  ôc  Léander  la  nom- 
me Calvin.  Paufanias ,  /.  10.  c.  17.  dit  qu'elle  fut  bâ- 
tie par  les  lbércs ,  ôc  que  leur  chef  Norax  lui  donna 
fon  nom. 

2.  NORA  ,  lieu  fortifié  dans  la  Phrygie  ,  félon  Dio- 
dore  de  Sicile,  /.  18.  c.  41.  Plutarque,  in  vita  Eitme- 
nis ,  p.  589.  dit  que  cette  fortereffe  étoit  fituée  aux  con- 
fins de  la  Lycaonie  ôc  de  la  Cappadoce.  Cornélius  Ne- 
pos ,  la  met ,  comme  Diodore  de  Sicile  ,  dans  la  Phry- 
gie ;  mais  il  y  a  des  écrivains  qui  étendent  fort  loin  les 
bornes  de  la  Phrygie.  Du  refte ,  Strabon,  /.  12.  p. 
J57.  la  place  dans  la  Cappadoce  ,  ôc  nous  apprend  que 
de  fon  tems  on  la  nommoit  Nnpoewrév ,  Neroajjttm. 

3.  NORA  ou  Noran,  ville  de  Palefline,  dans  la 
tribu  d'Ephraïm.  Elle  étoit  du  côté  de  l'orient.  L'hé- 
breu porte  Naaram.  Dom  Calmet ,  Dillion.  femblc 
croire  que  c'eft  la  même  ville  qu'Eufebe  nomme  Noo- 
ratb  ou  Naarath,  ôc  qu'il  place  à  fix  milles  de  Jé- 
richo. *  I.  Parai.  7.28. 

4.  NORA.  Voyez.  Ora. 

5.  NORA  ,  petite  ville  de  Suéde  ,  dans  la  Weflma- 
nic  ou  Weftermanland ,  entre  les  mines  de  Norbcrg  au 


NOR 


midi ,  Se  celles  de  Lindefberg  au  nord ,  fur  la  rivière 
d'Arbogha.  / 

NORACUS,  ville  de  la  Pannonie ,  filon  Etienne 
le  géographe.  Dans  presque  toutes  les  anciennes  édi- 
tions on  lifoitNwfctxaç,  7J&À«  ria/ciiaç,  pour  7tcXiç  ï\uvvovia.ç  ; 
C'eft  une  faute  allez  ordinaire  dans  les  écrits  anciens  , 
de  confondre  na/ei'/a  avec  nanoviu.  On  a  rétabli  la  véri- 
table leçon -,  mais  c'eft  toujours  une  faute  dans  Etienne 
le  géographe  ,  comme  dans  Suidas  qui  la  fuivi,  d'avoir 
fait  une  ville  d'une  province.  Nuracus  n'eft  autre  cho- 
fe  que  le  Norique.  La  ville  s'appelloit  NoreÏa.  Voyez. 
ce  mot  auifi  bien  que  Norique. 

NORAGH  ,  baronnie  dit  lande,  dans  la  province 
de  Leinfter.  C'eft  une  des  huit  qui  compofent  le  com- 
té de  Kiidare.  *  Etat  préfent  de  V lrlat.de  ,  p.  40. 

1.  NORBA  ,  ville  d'Italie,  dans  le  Latium.  Denys 
d'Halicarnaffe  ,  /.  7.  p.  428.  en  fait  l'éloge  >  ôc  Tite- 
Livc,  /.  2.  c.  34.  lui  donne  le  nom  de  colonie  Romai- 
ne. Il  appelle  ,  /.  8.  c.  1.  le  peuple  Norbani ,  ôc  le  ter- 
ritoire Norbanus  Ager.  Ces  Norbani  de  Tite-Live  font 
diffétens  des  Norbanenjes  de  Pline,  /.  3.  c.  11.  qui 
place  ceux-ci  dans  la  Calabre.  Norba  s'appelle  aujour- 
d'hui Norma.  On  la  trouve  dans  la  Campagne  de  Ro- 
me ,  au  midi  de  Segni.  *  Magini  ,  Campagna  di 
Roma. 

2.  NORBA  CiESAREA  ,  ancienne  ville  de  la  Lu- 
fitanie ,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  5.  qui  la  place  dans 
les  terres ,  entre  Ebura  ôc  Ltcinniana.  Mine  ,  /.  4.  c.  22. 
la  nomme  Norbenfis  Colonia  C&jariana  ;  Ôc  ne  la  met 
point  fur  le  Tage  ;  ce  qui  pourroit  donner  lieu  de  dou- 
ter que  ce  fût  aujourd'hui  Alcantara  ,  comme  plufienrs 
l'ont  prétendu.  11  fe  pourroit  faire  pourtant ,  qu'/?/- 
cantara  auroit  été  bâtie  dans  fon  voifinage  ôc  de  fes 
ruines.  Voyez.  Alcantara. 

NORBANI.  Voyez.  Norba  î. 

NORBENSES.   Voyez.  Norba  2. 

NORBURG  ou  Nlrburg,  petite  ville  d'Allema- 
gne ,  qu'on  met  communément  dans  l'électorat  de  Co- 
logne. Dans  l'hiftoire  d'Allemagne  du  dernier  ficelé  ,  il 
eft  dit  que  cette  ville  appaitenoit  au  duc  d'Arfchot. 
Le  général  Suédois  Bauditz  s'en  empara  en  1633.  * 
Zeyler  >  Top.  elecc.  Colonirnf. 

NORCIA  ,  Nursia  ou  Norsia  ,  petite  ville  d'Ita- 
lie, dans  l'Ombrie,  au  duché  de  Spolete ,  autrefois 
épiscopale.  Son  évéché  a  été  réuni  à  Spolete.  Elle  eft 
fituée  entre  les  montagnes ,  vers  le  nord  du  duché  de 
Spolete  ,  ôc  à  vingt-cinq  milles  ou  environ  de  cette 
ville.  Quoiqu'elle  foit  fujette  au  pape,  elle  conferve 
une  espèce  de  gouvernement  républicain  :  elle  élit  fes 
magiftrats  qui  font  au  nombre  de  quatre ,  ôc  qui  ne  doi- 
vent favoir  ni  lire  ni  écrire  ;  ce  qui  les  fait  appeller  li 
quatri  Illiterati.  On  prétend  que  les  habitans  ont  pris 
ce  parti  fi  extraordinaire,  danslapenfée  que  l'étude  in- 
fpiroit  l'efprit  de  chicane.  On  nourrit  dans  le  territoi- 
re de  Norcia  une  quantité  prodigieufe  de  cochons, & 
ils  font  presque  tous  noirs.  Bailler ,  "ïopograph.  des 
Saints  ,  p.  351.  dit  que  faint  Benoît  naquit  dans  cette 
ville  ou  dans  fon  territoire  vers  l'an  480  ,  &  que  faint 
Eutique,  abbé  en  Ombrie ,  mort  dans  fon  rr.onaftere 
vers  l'an  J40,  fut  mis  au  rang  des  patrons  de  Norcia, 
fur-tout  depuis  l'an  1492..  *  Atlas,  Robert  de  Van- 
gondy. 

NORD  ,  Nort  ou  North,  mot  que  les  Septen- 
trionaux emploient  pour  fignifier  la  partie  du  ciel  & 
celle  du  globe  de  la  terre  qui  eft  oppofée  au  midi ,  ÔC 
qui  fe  trouve  entre  l'équateur  ou  la  ligne  équinoxiale  ôc 
le  pôle,  où  les  anciens  remarquèrent  fept  étoiles  qu'ils 
nommèrent  Septem  Triones  ,  d'où  eft  venu  à  cette 
partie  le  nom  de  Septentrion  ,  ôc  celui  de  Septentrio- 
nal à  tout  ce  qui  eft  tourné  de  ce  côté-là.  C'eft  la  mê- 
me conftellation  que  les  aftronomes  appellent  la  petite 
Oitrfe ,  ôc  le  peuple  le  chariot  de  S.  Jacques.  Comme 
le  pôle  doit  être  un  point  fixe  dans  le  ciel  ,  Ôc  que 
cette  conftellation  tourne  avec  le  ciel  autour  du  pôle, 
on  peut  conclure  qu'elle  n'eft  pas  précifément  au  point 
du  pôle.  On  choifit  donc  pour  l'étoile  du  Nord  ,  la  der- 
nière de  la  queue  de  la  petite  Ourfe  ,  parce  qu'elle 
décrit  le  plus  petit  cercle,  &  eft  par  conl'équent  la  plus 
voifine  du  pôle  qui  doit  être  un  point  immobile  au  cen- 
tre du  cercle  qu'elle  décrit.  Ce  centre  eft  le  véritable 


NOR 


Nord.  Le  Nord  moins  proprement  dît ,  eft  cette  cotî- 
ftellation  que  le  peuple  appelle  le  Nord  ;  &  on  appelle 
vent  du  Nord  le  vent  qui  vient  de  ce  côté-là.  Le  Nord 
jufte  &  le  Midi  jufte  font  diamétralement  oppofés ,  ôc 
une  ligne  que  l'on  tireroit  de  l'un  à  l'autre,  eft  la  Mé- 
ridienne. Voyez.  Méridien. 

On  appelle  encore  Nord  tout  ce  qui  cil  depuis  l'oueft 
jusqu'à  l'eft  ,  c'eft-à-dire  ,  depuis  l'Occident  vrai  jusqu'à 
l'Orient  vrai;  mais  les  navigateurs  divifent  ce  demi-cer- 
cle en  quatre  ,  en  plaçant  le  Nord-Est  entre  le  nord  & 
feftj  c'eft  à-dire  ,  entre  le  vrai  Septentrion  ôc  l'Orient 
vrai  ;  ôc  le  Nord-ouest  entre  le  nord  ôc  rouefl ,  c'eft- 
à-dire,    entre    le    même  Septentrion   ôc   l'Occident 

vrai. 

lis  fubdivifent  encore  les  espaces  qui  font  entre  l'oueft , 
le  nord-oueft  ,  le  nord  ,  le  nord-eft  ôc  l'eft.  Ils  placent 
I'ouest-nordouest,  entre  l'oueft  Ôc  le  nord-oueft ,  ôc 
le  nord-nord-ouest  entre  le  nord-oueft  ôc  le  nord.  De 
même  ils  mettent  le  nord-nord  est  entre  le  nord-eft  ôc 
le  nord,  ôc  I'est-nord-est  entre  l'eft  ôc  le  nord-eft 

Comme  cette  fubdivifion  ne  fuffifoit  pas,  ils  en  ajoutè- 
rent une  autre.  Entre  l'oueft  ôc  l'oueft-nord-oueft  ,  ils  di- 
fent  ouest-quart  au-nord-ouest.  Entre  ï'oueft-nôrd- 
oueft  ôc  le  nord-oueft  ,  ils  difent  nord-ouest  quart-a- 
i'ouest.  Entre  le  nord  oueft  ôc  le  nord-nord-oueft ,  ils 
difent  nord-ouest  quart-au-nord.  Entre  le  nord- 
nord-oueft  &  le  nord, ils difentNORD-QUART-Au  nord- 
ouest.  De  même  en  avançant  vers  l'orient ,  entre  le  nord 
&  le  nord-nord-eft ,  ils  difent  nord  quart-au-nord- 
est.  Entre  le  nord- nord-eft  ôc  le  nord-eft  ,  ils  difent 
mord-est  quart-au-nord.  Entre  le  nord-eft  &  l'eft- 
nordeft,  ils  difent  nord-est  quart  a-lest;  ôc  enfin 
entre  l'eft-nord  eft  &  left,  ou  l'orient  vrai,  ils  difent  est- 
quarT-au-nord  est. 

Quand  les  voyageurs  ôc  le  plus  grand  nombre  des  géo- 
graphes,aprcs  eux, difent  qu'un  lieu  eft  au  nord  de  l'autre;, 
ils  parlent  rarement  avec  affez  de  précifion  -,  ainfi  il  ne 
faut  pas  toujours  l'entendre  du  vrai  nord  ;  mais  du  nord 
plus  ou  moins  oriental  ou  occidental. 

On  appelle  les  trois  Couronnes  du  nord  ,  le  Da- 
nemarck,  la  Norvège  &  la  Suéde. 

Quelques-uns  nomment  les  puifïances  du  Nord,  les 
£tats  qui  ont  des  ports  &  leurs  forces  autour  de  la 
mer  Baltique  ,  ôc  y  comprennent  la  Russie  ,  la  Polo- 
gne ôc  l'électeur  de  Brandebourg,  en  qualité  de  roi  de 

Pruffe. 

On  appelle  une  partie  de  l'Océan  la  mer  du  Nord  , 
par  oppoikion  à  la  mer  du  Sud.  Voyez.  Mer. 

Maty  nomme  rivière  du  Nord  la  rivière  qui  tombe 
au  fond  du  golfe  de  Californie.  Son  vrai  nom  eft  Rio 
Colorado  -„les  Espagnols  l'ont  quelquefois  nommée 
Rio  del  Norte;  mais  ils  femblent  avoir  préfentement 
réfervé  ce  nom  à  une  grande  rivière  du  nouveau  Mexi- 
que. Voyez.  Rivière  du  Nord. 

On  appelle  Nordalbingie  ,  dans  les  écrivains  d'à 
moyen  âge,  le  pays  fitué  au  nord  de  l'Elbe.-,  favoir  le 
Holftein  ôc  le  Sleswig. 

Le  NoRD-LAND&lesNoRDELLEs  font  les  provinces 
feptentrionales  de  la  Suéde. 

On  appelle  cap  du  Nord  le  cap  le  plus  feptentrional 
de  l'Europe.  Voyez.CAP. 

NORD  ET  SUD  FOELE.  C'eft  ainfi  que  le  Brun  , 
Voyage  s ,  p.  434.  nomme  des  rochers  ou  ifles  au  nord 
de  la  Laponie  Danoife.  Il  dit  que  ces  rochers  font  la- 
vés de  la  mer  de  tous  côtés ,  &  qu'il  y  en  avoir  qui 
étoient  couverts  de  neige.  Il  ajoute  que  ces  rochers 
font  inconnus  ,  ôc  que  les  géographes  ne  les  marquent 
point  dans  leurs  cartes.  Je  crois  que  dé  l'Ifle ,  Carte 
des  Couronnes  du  Nord  ,  les  a  connus ,  ôc  que  ce  font 
ceux  qu'il  place  au  nord  des  ifles  de  Tromfond ,  ôc  qu'il 
nomme  Nord-fottlen. 

NORDBOURG  ou  Norbourg  ,  c'eft  à  dire  .  forte- 
reffe  du  Nord.  On  a  donné  ce  nom  a  un  château  11- 
rué  dans  la  panie  feptentnonale  de  l'ifle  d'Allen  ,  dans 
la  mer  Baltique  ,  fur  la  côte  du  duché  de  Schleswig  „ 
&  qui  eft  la  réfidence  des  ducs  de  Nordbourg.  Ce  châ- 
reau  eft  très-ancien  :  on  prétend  qu'il  fut  bâri  par  le  roi 
Suénon  Gratenhédc  :  il  eft  dans  la  partie  de  l'ifle  la  plus 
fertile.  11.  a.  donné  le  nom  à  une  branche  de  la  niaifon 


NOR        J87 

de  Holftein.  *  Rutger    Hermanid.   Defcript.  Dama:  , 
pag.  697. 

NORDELLES  ,  partie  de  la  Suéde  qu'on  nomme 
communément  les  Provinces  du  Nord ,  Nordlandm  ou 
Frovincu  Boréales.  Elles  renferment  la  Geftricie  ,  l'Hel- 
fingie,  la  Médelpadie  ,  l'Angermanie  ,  la  Bothnie,  la 
Laponie  Suédoife ,  le  Jemptland  ôc  le  Harndall.  *  Ait-^ 
difret ,  Geogr.  anc.  ôc  mod.  t.  1.  p.  joj. 

NORDEN.  Voyez.  Noorden. 

NORDHAUSEN  ,    ville    impériale   d'Allemagne,' 
dans  les  confins  de  la  Thuringe,  près  de  la  rivière  ap- 
pellée  Hartz ,  qui  fépare  cette  province  de  la  Saxe  électo- 
rale, fous  la  protection  de  laquelle  elle  eft,  quoiqu'elle 
appartienne  proprement  au  cercle  de  la  Baffe -Saxe.  Elle 
a  reçu  fon  nom  de  fa  ntuation  à  l'égard  de  la  Thurin- 
ge ,  au  nord  de  laquelle  elle  fe  trouve.  Cette  ville  eft 
foumife  à  la  confeilion  d'Augibourg  ,  ôc  faifoit  autrefois 
une  des  villes  Anfeatiques.   On  prétend    que   l'empe- 
reur Théodqfe  II,  en  jeua  les  fondemens,  ou  du  moins 
lui  accorda  la  plupart    de  fes    privilèges.  Cependant: 
Dnjjcrus   veut  que  Mérovée  ,  roi  de  France ,  en  ait 
été  le  fondateur.  Ce  qui  eft  de  certain,  c'eft  qu'on  lit 
fur  une  de  fes  portes  linfcriprionfuivante  tracée  en  let- 
tres d'or:  Anno  Domini  410.  Theodofiits  H,   Nobitijf. 
Hispanus  Roman.  Imp.  anno  imperii  fui  quarto  banc 
Vrbem  fundavit ,  liber  tatibus  armïi  que  Imperialibus  do- 
tavit.  IÎ  faut  favoir  fi  cette  infeription  eft  du  tems  de 
Théodofe  II.  Cette  ville  a  fonconfeil  fouverain  qui  dé- 
cide toutes  les  affaires  publiques  ôc  particulières.  Néan- 
moins la  charge  du  bailli  qui  répond  a   celle  de  grand 
prévôt  en  France  ,  eft  à  la  dispofirion  de  l'électeur  de  , 
Saxe  ,  comme  landgrave  de  Thuringe.  Le  bon  air  donc 
on  jouit  à  Nordhaufen ,  la  fertilité  du  terroir  qui  eft 
à  l'entour ,  ôc  les  autres  agrémens  que  fa  fituation  offre  , 
y  ont  fait  tenir  pluiieurs  diètes  de  l'Empire ,  ôc  célé- 
brer quelques  tournois  ,  entr'autres  celui  que  Henri,  fur- 
nommé  l'illuftre  ,  landgrave  de  Thuringe  &  marquis  de 
Misnie  ,  fit  durer  pendant  huit  jours  confecutifsen  1 12.5. 
Si  nous  en  croyons  Reusncr  us  ,da.ns  fa  defeription  des  vil- 
les impériales ,  celle-ci  a  eu  beaucoup  à  fouffrirfous  Her- 
mand  ,  landgrave  de  Thuringe ,  ôc  fous  les  empereurs 
Othon  IV,  ôc  Adolphe.  Elle  a  eu  aufli  beaucoup  à  dé- 
mêler avec  les  comtes  de  Hohnftein  &  quelques  autres  , 
qui  étoient  ligués  avec  ces  premiers.  L'an  16 iz,  un  in- 
cendie la  confuma  presque  entièrement.  A  peine  étoit- 
elle  relevée  de  ce  malheur  ,  qu'elle  fe  vit  expofée  aux 
guerres  qui  agitèrent  l'Allemagne  dans  le  fiécle  paffé, 
avant  la  paix  de  Weftphalie.  Elle  tint  d'abord  le  parti 
des  Impériaux  ôc    leur    rendit  de  bons  fervices;  mais 
lorsque  les  Suédois   en  approchèrent  avec  une  armée 
confidérable ,  elle  reçut  garnifon  du  duc  George  de  Lu- 
nebourg.  Comme  elle  ne  l'avoir  reçue  que  parce  qu'elle 
ne  voyoit  pas  lieu  de  faire  autrement ,  elle  ouvrit  fes 
portes  aux  Impériaux  ,  lorsqu'ils  furent  en  état  de  lui  en- 
voyer des  troupes  fuffifantes  pour  lui  fervir  de  défenfe. 
Cette  démarche  ayant  piqué  les  Suédois  ,  ils  vinrent  l'at- 
taquer ,  fous  la  conduite  du  général  Konigsmarck  ,  rem- 
portèrent d'alfaut  ôc  firent  prifonniers  les  chefs  de  la  gar- 
nifon impériale.   *    Zeyler  ,   Topog.   Sax.    fup.    pag. 
14J. 

Sainte  Mathilde  avec  le  roi  Henri  l'Oifeleur,  fou 
mari ,  bâtit  en  Thuringe,  vers  l'an  9 3 4,  deux  grands  mo- 
nafteres ,  l'un  à  Palid  ou  Poled,  pour  trois  mille  ecclé- 
fiaftiques  religieux  -,  l'autre  à  Nordhaufen ,  pour  trois 
mille  religieuïes.  Elle  fe  retira  elle-même  dans  ce  der- 
nier pour  y  achever  fa  courfe.  *  Bàillet,  Top.  des  Saints , 

p.  351. 

NORDERHERDE.  C'eft  le  nom  que  Ton  a  donné  à 
la  partie  feptentrionale  de  l'ifle  d'Alfen ,  dans  la  mer- 
Baltique  ,  fur  la  côte  du  duché  de  Schleswig.  Le  châ- 
teau de  Nordbourg  ,  qui  eft  la  réfidence  des  ducs  de  ce 
nom  ,  eft  fitué  dans  cette  contrée: elle  renferme  outre 
cela  quatre  églifes  qui  ont  chacune  leur  territoire , 
favoir , 


Eeckenkirche , 
Schwenftrupkirche , 


Ôxbyllkirche  , 
Tundtofftkirche. 


*  Rutger  Hermanid.  Defc.  Daniae ,  p.  6*97. 
NORDKIRCHEN,  magnifique  château,  en  Veftpha- 
lom.  IV.  Eeeeij 


j88       NOR 

lie  ,  dans  l'évêché  de  Munfter.  Il  appartient  à  une  des 
branches  de  la  maiibn  de  Plettenberg. 

NORDKOPING,  ville  de  Suéde.  Voyez.   Norko- 

ping. 

NORDLINGEN  ou  Norlin,  ville  d'Allemagne, 
dans  la  Suabe.  On  rapporte  la  première  origine  de  cette 
ville  à  un  campement  que  Tibère  Néron ,  conduifant 
une  armée  entre  les  Vindélices,  forma  en  ces  quartiers , 
Se  d'où  on  prétend  que  le  nom  de  Nordlingen  lui  eft 
refté.  Quoi  qu'il  en  foie  ,  il  eft  certain  qu'elle  étoit  fur 
les  hauteurs  voifines,  où  les  Proteftans  campèrent  en 
1546.  Après  un  incendie  qui  ne  laifia  qu'un  fort  petit 
nombre  de  maifons  entières ,  on  jugea  à  propos  de  la 
rebâtir  dans  le  lieu  qu'elle  occupe ,  à  caufe  de  la  com- 
modité de  l'eau.  L'empereur  Frédéric  II  lui  donna  alors 
de  nouveaux  privilèges  ,  les  inftrumens  authentiques  des 
anciens  ayant  été  brûlés.  L'empereur  Louis  IV  Faggran- 
dit  encore  confidérablement  en  1 3  27  ,  ôc  l'environna 
de  murailles ,  de  tours  ôc  d'autres  ouvrages  qui  pou- 
voient  fervir  de  défenfes  en  ce  tems.  Sa  figure  eft  ron- 
de ,  elle  a  cinq  portes  ôc  des  folles  qui  font  pleins  d'eau 
en  quelques  endroits  ,  ôc  fecs  en  d'aurres.jSes  rues  font 
fort  larges  &  ont  des  maifons  afTez  bien  bâties  ;  néan- 
moins la  plupart  font  de  bois.  Entre  fes  édifices  pu- 
blics ,  l'églife  ôc  paroifTe  de  faint  George  eft  remarqua- 
ble ;  elle  efl  fou  tenue  fur  vingt-deux  colomnes ,  ôc  a  un 
clocher  qui  pafle  pour  le  plus  haut  de  toute  l'Allema- 
gne :  il  eftconftruit  de  pierres  de  taille  presque  jusqu'à 
fa  pointe.  L'églife  qui  avoit  appartenu  aux  Carmes  avant 
la  réformation  qui  fut  introduite  en  1524  dans  ce  lieu, 
efl  un  aflez  beau  vaiffeau  :  c'eft-là  que  le  récitent  les 
oraifons  funèbres.  Les  bâtimens  de  l'école  latine  ôc  de 
l'hôpital  du  Saint  Efprit  font  propres  ôc  commodes. 
Ce  dernier  efl  fort  ample,  ôc  la  fondation  y  efl  riche. 
Enfin  la  maifon  de  ville  ,  Farfenal  ôc  la  maifon  des 
marchands  font  encore  honneur  à  ce  lieu.  On  fait  à 
Nordlingen  un  trafic  confidérable  ,  principalement  de 
toiles  &  de  peaux  aprêtées.  Elle  étoit  même  autrefois, 
félon  que  le  rapporte  l'ancienne  chronique  d'Augfbourg , 
la  ville  la  plus  marchande  de  toute  l'Allemagne.  On  y 
tient  encore  tous  les  ans  aptes  pâques  une  foire  ,  qui  ne 
laifle  pas  d'être  confidérable.  Il  y  vient  des  marchands  d'as- 
fez  loin  ,  qui  y  apportent  toutes  fortes  de  marchandifes  ôc 
remportent  celles  des  fabriques  du  pays.  La  plus  grande 
partie  de  la  bourgeoifie  profefie  la  religion  Luthérienne. 
La  ville  qui  avoir  d'abord  été  impériale  ,  devint  enfuite 
un  domaine  de  l'évêque  d'Eichftatt.  Le  treizième  évê- 
que  de  celle-ci  la  céda  pour  un  équivalent  à  celui  de 
Ratifbonne  ;  mais  Nordlingen  ,  après  avoir  été  quelque 
tems  fous  cette  nouvelle  domination ,  crut  avoir  lieu 
de  s'en  plaindre  -,  elle  fe  fouleva  ôc  redevint  comme  au- 
trefois ville  impériale.  Son  contingent  pour  chaque  mois 
romain  qui  fe  paye  pour  les  nécefiités  de  l'Empire  ,  efl 
de  deux  cens  foixante  florins  du  Rhin.  Elle  eft  gouver- 
née par  quinze  confeillers,  douze  juges  ôc  trois  bour- 
guemaîtres.  Au  refie  elle  a  eu  beaucoup  à  fouffrir  en 
différentes  occafions.  Dès  le  tems  de  l'empereur  Sigis- 
mond  ,  les  comtes  d'Oetingen,  fur  le  terrein  desquels  elle 
eft  bâtie ,  ont  fait  plufieurs  tentatives  pour  la  foumet- 
tre  à  leur  domination.  Pendant  la  guerre  que  fit  éclore 
la  ligue  de  Smalcalde  ,  elle  fut  expofée  à  bien  des  dan- 
gers ,  ôc  un  grand  nombre  de  fes  habitans  y  périt  par  le 
fer  ou  par  la  famine.  L'an  1634,  elle  fut  affiégée  par 
Ferdinand  III ,  roi  de  Hongrie  ôc  de  Bohême,  depuis  em- 
pereur ;  ôc  comme  les  Suédois ,  dans  l'alliance  desquels 
elle  étoit  ,  furent  mis  peu  de  femaines  aprèsque  le  fiége 
eut  été  commencé,  hors  d'état  de  la  fecourir ,  elle  fut 
dans  la  néceffité  de  fe  rendre  à  discrétion.  Néanmoins 
Ferdinand  lui  accorda  fon  pardon  ,  &la  laifia  jouir  com- 
me auparavant  du  libre  exercice  de  fa  religion  ôc'àe  [es 
autres  privilèges. 

NORDSTEIMKE,  château  ou  maifon  feigneuriale 
d'Allemagne,  dans  le  duché  de  Brunswich-wolftenbtu- 
tel ,  fituée  à  une  demi-lieue  de  Droinling.  Il  n'y  avoit 
autrefois  en  ce  lieu  que  quelques  maifons  de  payfans  ; 
mais  les  feigneurs  de  Marenholtz  ,  l'ayant  acquife ,  y  fi- 
rent bâtir  la  maifon  qu'on  y  voit.  *  Zeyler ,  Top.  Duc. 
Brunsw. 

NORDSTRANDou  Noorstrand,  ifle  du  royau- 
me de  Danemarck,  dans  le  duché  de  Schleswig  ,  fur  la 


NOR 


côte  occidentale,  vis-à-vis  les  préfectures  de  Flenlbourg 
ôc  de  Hufum.  On  afiure  qu'anciennement  elle  faifoit 
partie  du  continent,  ôc  que  ce  font  les  tempêtes  &  les 
inondations  qui  l'en  ont  détachée.  Quand  elle  fut  ré- 
duite en  ifle ,  elle  avoit  trois  milles  d'Allemagne  de  lon- 
gueur, &  fa  largeur  étoit  inégale:  dans  des  endroits  elle 
alloit  à  un  mille  ,  •&  dans  d'autres  elle  étoit  moindre. 
Elle  renfermoit  vingt  ôc  une  ou  vingt-deux  paroifles , 
peuplée  d'environ  huit  mille  habitans  ,  ôc  divifée  en 
cinq  territoires  ;  favoir 

Pilwormharde ,     Edomsharde ,     Beltringharde; 
Lindtbollharde.       Widtichshardc. 

Le  nombre  de  ces  territoires  fut  enfuite  réduit  à 
trois  j  favoir , 

Pilwormharde ,     Edomsharde ,     Beltringharde. 

Le  terroir  de  cette  ifle  eft  très-fertile.  Il  produifoit  dii 
froment  en  abondance,  avant  les  inondations ,  dont  je 
parlerai  plus  bas.  11  y  avoit  de  gras  pâturages  où  onéle- 
voit  du  bétail  qui  étoit  eftimé  pour  fa  bonté  ,  &  tous  les 
jours  on  portoit  à  Hufum  ,  &  ailleurs  ,  une  quantité  in- 
croyable de  moutons,  de  poules,  d'oies,  de  canards  & 
de  beurre.  *  Rutgeri  Hermanid.  Defcript.  Dania:,pag. 
900. 

Les  anciens  habitans  étoient  originaires  de  la  Frifc 
feptentrionale.  Dans  la  dernière  divifion  du  duché  de 
Schleswig  ,  entre  Frideric  ,  roi  de  Danemarck  ,  &  Adol- 
fe  ,  duc  de  Schleswig  ôc  de  Holftein ,  l'ifle  de  Nordftrand 
fut  adjugée  au  duc  ,  ôc  elle  eft  toujours  demeurée  de- 
puis dans  la  ligne  des  ducs  de  Gottorp. 

Cette  ifle  a  été  affligée  en  differens  tems  par  de  fu- 
neftes  inondations,  qui  l'ont  peu  à  peu  diminuée,  ôc  l'ont 
enfin  fubmergée  ,  à  quelques  endroits  près  ,  dans  le  der- 
nier fiécle.  En  1300,  la  petite  ville  de  RunghoJt,  plu- 
fieurs églifes  ôc  divers  villages  ,  furent  emportés  par  les 
eaux  ,  qui  firent  périr  beaucoup  de  monde  ôc  beaucoup 
de  bétail.  En  1  j  3  2,1e  lendemain  de  la  Toufiaints,  il  s'éleva 
une  furieufe  tempête  ,  qui  inonda  presque  toute  l'ifle» 
feize  cens  perfonnes  ,  ou  dix-neuf  cens  ,  félon  d'autres ,  y 
furent  noyées.  L'année  fuivante  ,  une  nouvelle  tempête 
caufa  beaucoup  de  dommage  aux  digues.  Depuis  1 612, 
jusqu'en  1 6 1 8  ,  il  y  eut  tous  les  ans  des  inondations ,  qui 
Gaulèrent  de  grandes  pertes  ,  &  engagèrent  dans  de  gros 
frais  :  celle  de  16  r  5  >  entre  autres  ,  fit  périr  jusqu'à  trois 
cens  perfonnes.  On  refpira  les  années  fuivantes ,  ôc  on 
eut  le  tems  de  réparer  les  digues  ;  mais  les  foins  qu'on 
s'étoit  donnés  ,  ôc  les  précautions  qu'on  avoit  prifes  , 
ne  purent  rien  contre  la  tempête  du  1 1  Oétobre  1634. 
A  dix  heures  du  foir  ,  toute  l'ifle    fe  trouva  couverte 
d'eau  ;  plus  defix  milles  perfonnes  furent  fubmergées.  De 
tous  les  habitans ,  il  s'en  fauva  à  peine  quinze  cens.  Les 
églifes  qui  étoient  fur  des  lieux  élevés  réfifterent ,  à  la  vé- 
rité ,  mais  elles  tombèrent  dans  la  fuite.  Cette  tempête 
renverfa  vingt-huit  moulins  à  vent  :  on  comptoit  que  la 
perte   du  bétail  fe  montoit  à  cinquante    mille  pièces  , 
tant  bœufs ,  chevaux  ,  vaches  ôc  veaux  ,  que  brebis  &: 
cochons.  Les  digues  furent  rompues  en  quarante-quatre 
endroits.  Toute  l'ifle  demeura  ainfi  fubmergée  ,  à  l'ex- 
ception d'un  endroit ,  qui  étoit  plus  élevé  que  le  refte. 
Depuis,  les  habitans  ont  travaillé  avec  le  fecours  de  quel- 
ques Hollandois ,  à  regagner  quelque  partie  du  terrein 
qu'ils  avoient  perdu. 

NORDUMBRI  ,  peuples  de  l'ifle  d'Angleterre ,  fé- 
lon Bede  :  il  dit  qu'ils  étoient  partagés  en  deux  pro- 
vinces ;  favoir  ,  les  Dciri  ôc  les  Bernici.  *  Ortelii  Thefaur. 

1.  NORE.  Voyez.  Nora  ,  n.  2. 

2.  NORE,  ruifleau  de  France  en  Champagne:il  fe  rend 
dans  la  Vefle  à  Fimes.  *Coidon,  Rivières  deFranccp.  167. 

NORENA.  Voyez.  Bedunia. 

NORENSES  ,  peuples  de  Sardaigne  ,  félon  Pline. 
Voyez.  Non  a  ,n.  1. 

NORFOLCK ,  province  maritime  d'Angleterre ,  dans 
le  diocèfe  de  Norwich.  Elle  eft  bornée  au  nord  ,  Ôc  à 
l'eft  par  l'Océan  Germanique.  On  lui  donne  cent  qua- 
rante milles  de  tour  ,  ôc  elle  contient  environ  un  million 
cent  quarante-huit  mille  arpens,&  quarante-fept  mille 
cent  quatre-vingt  maifons.   Son  terroir  varie  fort.  En 


NOR 


certains  endroits  ,il  eft  gras  ,  en  d'autres ,  fablonneux  ,  Si 
en  d'autres  pefant.  Vers  la  mer  ,  c'eft  un  pays  plat , 
qui  abonde  en  bled.  Ailleurs  on  trouve  des  bois  Se  des 
bruyères:  les  bois  nourrirent  beaucoup  de  bétail  ,  &les 
bruyères  nourrifiènt  une  infinité  de  brebis  &  de  lapins. 
Ses  principales  rivières  font  l'Oufe  ,  le  Waveney  ,  la 
Yare  Se  le  Thym.  Ses  marchandifes  confiftent  en  bled  , 
laine ,  miel  Se  fafran,dont  le  meilleur  croît  auprès  de 
Walfingham.  Il  y  a  quelques  manufactures,  commeétoffes 
Se  bas  d'eftame.  Les  côtes  abondent  en  harengs  ,  &  l'on 
y  trouve  quelquefois  du  jayet  Se  de  l'ambre  fur  le  ri- 
vage. *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  tom.  i . 
pag.  89. 

Les  habitans  de  cette  province  ont  la  réputation  d'ai- 
mer fort  la  chicane  :  de-là  vient  qu'elle  fourmille  de 
procureurs.  On  en  compte  jusqu'à  quinze  cens ,  qui 
taillent  plus  de  befogne  aux  juges  dans  les  Aflifes ,  que 
ne  font  trois  autres  provinces. 

Les  villes  Se  bourgs ,  où  l'on  tient  marché ,  font 


NOR       5-89 


*  Norwich  ,  la  capitale. 


*  Lvn  , 

*  Yarmouth , 

*  Thetford, 

*  Caftlc-rifing , 
Attleborough  , 
Alesham , 
Buckenham , 
Burnham , 
Dereham , 
Downham , 
Walfingham , 


Walsham  , 
Windham , 
Repeham  , 
Snasham  , 
Swafham  , 
Fakenham , 
Foulham  , 
Hingham  , 
Carton, 
Clay, 


Cromer , 
Diff, 
Harlfton  , 
Herling , 
Hickling  , 
Holt, 

Mcthwould , 
Lodden  , 
Wotton , 
Worfted, 


NORIN  ,  (  Tifle  de  )  petite  ifle  de  Dalmatie ,  for- 
rnée  par  la  rivière  de  Narenta  ,  entre  fon  embouchure 
au  midi,  Se  l'ifle  de  Ciclut  au  nord.  *CoroneUï carte  de 
Dalmatie. 

NORINE.  Voyez.  Orine. 

NOR1QUE  ,  en  latin  Noricwn  ,  gtande  contrée , 
fituée  entre  le  Danube  Se  les  Alpes  ,  que  le  Danube 
féparoît  de  l'ancienne  Germanie  ,  &  qui  s'y  trouva  de- 
puis entièrement  enclavée.  Ses  bornes  étoient  originai- 
rement le  Danube  du  côté  du  nord  ,  le  mont  Cetius  à 
l'orient ,  les  Alpes  Noriques  au  midi ,  Se  l'Inn  à  l'occi- 
dent. Ces  bornes  font  conformes  à  celles  que  marque 
Ptolomée ,  /.  2.  c.  14.  Il  ne  paroît  pas  qu'il  ait  été  fait 
aucune  divifion  du  Norique  avant  l'empire  de  Conftan- 
tin.  Jusques-là  ,  il  avoit  été  compris  fous  une  feule  con- 
trée ,  qui  fut  premièrement  le  royaume  Norique  ,  Se  en- 
fuite  le  pays  ou  la  province  Norique.  La  notice  de  l'Em- 
pire &  Sextus  Rufus  ,Brev.  c.  7.  &  8.  nous  apprennent 
que  ce  pays  fut  partagé  en  deux  principales  provinces , 
l'une  nommée  Nuricum  Ripenfe  ,  parce  qu'elle  étoit  fi- 
tuée le  long  du  Danube  ,  l'autre  Noricurn  Mediterra- 
neum ,  parce  qu'elle  fe  trouvoit  dans  les  terres.  Les  bor- 
nes de  ces  deux  provinces  font  incertaines  :  il  n'y  a  au- 
cun écrivain  ancien  qui  nous  les  ait  données.  On  fait 
que  le  Drave  partageoit  la  féconde  en  deux  portions  ,  Se 
l'on  conjecture  feulement  ,  que  le  Mitrus  (  Muer  )  étoit 
la  borne  des  deux.  Lorsque  le  Norique  eut  fecoué  le 
joug  des  Romains  ,  fes  limites  furent  tantôt  plus  éten- 
dues ,  tantôt  plus  refferrées.  Les  Boiariens  s'emparèrent 
d'une  partie  du  Norique.  Ce  ne  fut  qu'allez  tard  que  ce 
pays  recouvra  fes  premières  bornes  ,  qui  furent  enfuite 
étendues  jusque  dans  la.  Pannonie  ,  Se  qu'il  fe  trouva 
comprendre  une  grande  partie  de  l'Autriche  ,  l'archevê- 
ché de  Saltzbourg  ,  avec  la  Stirie  Se  la  Catinrhie.  *  Spe- 
ner  ,  Not.  Germ,  antiq.  I.  6.  c.  2. 

L'ancien  Norique  renfermoit  plufieurs  villes  ,  dont 
la  plupatt  fubfiftent  encore  aujourd'hui ,  Se  confervent 
leur  ancien  nom  ;  favoir , 


Boioditrum  , 
JLcnua  , 
Laureacum , 
Ar lapis  ou  Arlape , 
Pirum  tortura , 
(E/ii  ports , 


Innftadt, 

Lintz , 

Lorch ,  mais  mieux  Ens, 

Pechlarn, 

PixendorfT, 

Oetingen , 


Jovamtm  ou 

via  , 
Vifcelli , 
Graviacis  , 
Solva  Fia  via , 
Celeïa , 


Jura- 


Saltzbourg , 
Weltz , 
Gurck , 
Solfeld , 
Cilley. 


J'ai  dit  que  le  Norique  fut  premièrement  un  royau- 
me. En  effet ,  nous  voyons  dans  les  anciens  hiitoriens^ 
que  ce  pays  avoit  fes  rois  particuliers.  Céfar  nous  a  mê- 
me confervé  le  nom  d'un,  qu'il  appelle  Vocion.  Nous- 
trouvons  aufli  que  les  habitans  du  Norique  ,  étoient  ori- 
ginaires de  l'Ulyrie  ;  mais  on  doit  regarder  comme  des 
fables  ,  tout  ce  qu'on  dit  de  Noricus ,  fils  d'Hercule ,  ou 
d'un  autre  Noricus  ,  que  l'on  fait  descendre  du  roi  Ale- 
mannus.  On  ne  doit  pas  plus  compter  fur  l'opinion  de 
ceux  qui  veulent  que  le  Norique  tirât  fon  nom  de  celui 
de  l'ancienne  ville  Noreia  ;  car  il  feroit  plus  natutel  de 
dire  que  c'etoit  le  pays  qui  avoit  donné  fon  nom  à  la 
ville.  Ce  qu'on  peut  regarder  comme  confiant ,  c'eft  que 
le  Norique  fut  fubjugué  par  les  Romains ,  Se  réduit 
en  province  Romaine  fous  Augufie ,  que  les  Germains 
en  tentèrent  fouvent  la  conquête  fans  luccès ,  Se  que  les 
Quades ,  les  Marcomans  Se  les  autres  Sueves  ne  réuni- 
rent pas  mieux  dans  une  pareille  entreprife.  Les  Goths 
s'emparèrent  du  Norique  :  Alaric  parut  même  quelque 
tems  vouloir  y  fixer  fa  demeure-,  mais  à  la  fin,  il  aima 
mieux  porter  fes  armes  dans  les  Gaules  Se  dans  l'Espa- 
gne. *  Velleïus  ,  1.  2.  c.  9.  Sueton.  in  Tiberio  ,  c.  16.  Ge- 
far  ,  bell.  Gall.  1.  i.c.  5  3.  Se  Bel.  civ.  1.  1.  c.  18. 

Après  le  départ  des  Goths  ,  le  Norique  fut  expofé 
aux  incurfions  de  divers  peuples.  Les  Sueves,  les  Ru- 
giens ,  les  Hernies ,  &c.  y  partagèrent  fucceflivement  les 
dépouilles  des  Romains. 

Saint  Severinfut  l'apôtre  de  ce  pays,  au  cinquième 
fiécle.  Les  lieux  où  il  fit  plus  de  féjour  ,  font  Aftures  ou 
Aftaris  ,  où  eft  aujourd'hui  Stockeraw  ;  Comagenes  ,  où 
eft  aujourd'hui  Langenleber  ;  Se  Favianes,  que  quelques- 
uns  prennent  fans  fondement  pour  la  ville  de  Vienne 
en  Autriche.  *  Baïllet  ,Top.  des  Saints ,  p.  35 1. 
NORITiE.  Voyez.  Orit^. 

NORKOP1NG,  ou  No  r  ko  e  pin  g,  Nor- 
copia  ,  ville  de  Suéde  (a)  ,dans  l'Ofirogothie  ,  entre  Su- 
dercoeping&  Nicoeping,fur  le  bord  d'un  grand  étang  (b), 
qui  a  fa  décharge  allez  près  de  cette  ville ,  Se  dont  les 
eaux  vont  fe  rendre  dans  le  golfe  Brawiken.  Comrn* 
l'eau  de  l'étang ,  fur  lequel  cette  ville  eft  bâtie ,  fe  trouve 
douce  ,  les  faumons  montent  jusques-là  ;  ce  qui  produit 
une  pêche  avantageufe  aux  habitans.  Cette  ville  eft  gran- 
de Se  afiez  peuplée  :  on  y  a  donné  le  nom  de  Norko- 
ping ,  qui  veut  dire  marché  du  nord  ,  parce  qu'elle  eft 
fituée  dans  la  partie  feptentrionale de  1  Oftrogothie.  (a) 
Atlas,  Rob.  de  Vaugondy.  (b)  Zeyler ,  Succiœ  Defcr. 
p.  120. 

NORMANDIE  .grande  province  de  France  ,  avec 
titre  de  duché  ,  Se  l'un  de  fes  plus  importans  gouverne- 
mens  généraux ,  par  fa  fituation  fur  la  mer  Océane , 
dans  le  voifinage  de  l'Angleterre  ,  qu'elle  a  au  fepten- 
trion  ,  Se  dont  elle  n'eft  féparée  que  par  le  canal  de  la 
Manche.  Elle  a  à  l'orient ,  la  Picardie  Se  l'ifle  de  France  ; 
au  midi  ,1a  Beaufle  ,  le  Perche  Se  le  Maine  ,  Se  au  cou- 
chant ,  la  Bretagne.  Son  étendue  de  l'orient  à  l'occi- 
dent ,  pafle  foixante  lieues ,  depuis  Aumale  fur  la  Brefle  , 
&  Gifors  fur  l'Epte  ,  jusqu'à  Grandville  Se  au  Mont 
faint  Michel  ,  fitués  fur  l'Océan  vers  la  côte  de  Breta- 
gne. Sa  largeur  du  midi  au  feptentrion  eft  de  ttente  lieues, 
depuis  Verneuil  fur  l'Aure  ,  Se  les  environs  de  Dreux  , 
jusqu'à  la  ville  d'Eu  Se  Treport ,  fitués  au  pied  de  la  côte 
de  Picardie  ,  Se  fa  largeur  eft  aufli  étendue  depuis  Pon- 
torfon  fur  le  Coesnon ,  jusqu'au  cap  de  la  Hogue  Se  jus» 
qu'à  la  pointe  de  Barfleur  ,  au-deffous  de  Cherbourg. 
Le  circuit  de  la  Normandie  ,  eft  d'environ  deux  cens 
quarante  lieues ,  dont  la  plus  grande  partie  eft  en  côtes 
de  mer  ;  mais  particulièrement  le  Cotentin  ,  qui  avance 
dans  la  mer  en  manière  de  peninfule.  *  Corn.  Diét. 

Ce  pays ,  du  tems  des  empereurs  Romains  ,  faifoit 
partie  de  la  Gaule  Celtique  ou  Lyonnoife.  Lorsque  les 
François  eurent  conquis  les  Gaules,  il  fit  partie  du  royau- 
me de  Ncuftrie  ,  fous  les  rois  Mérovingiens.  Sous  les 


NOR 


590 

Carlovîngkns  ,  nprès  le  partage  des  enfans  de  Louis  le 
Débonnaire,  cette  province  demeura  à  Charles  le  Chau- 
ve ,  roi  de  la  Fiance  occidentale.  Ce  prince  en  donna  le 
commundement ,  6c  de  tous  les  pays  voifins ,  finies  entre 
la  Seine  Se  la  Loire  ,  à  Robert  le  Fort ,  tige  de  la  mai- 
fon  des  Capets ,  &  ce  gouvernement  fut  nommé  le  du- 
ché de  France  j  les  Normans ,  ou  Danois ,  s'étant  em- 
parés de  la  Neullrie  maritime ,  fous  la  conduite  de  Rollo, 
Charles  le  Simple  ,  petit  fils  de  Charles  le  Chauve  ,  leur 
céda  ce  pays  en  pleine  propriété.  Rollo  fe  fitbâtifer,&  fe 
rendit  vaffal  des  rois  de  France.  Charles  lui  donna  en 
mariage  fa  fille  Gifelle  ,  Se  en  cette  confidération  ,  il  lui 
céda  la  partie  du  Vcxin  ,  qui  eft  entre  les  rivières  d'An- 
delle  &  d'Epte.  Les  fuccefieurs  de  ce  duc  Rollo  ,  fu- 
rent ttès-puifians  ,  non-feulement  au-deçà  de  la  mer , 
mais  au-delà:  car  Guillaume , duc  de  Normandie,  fils 
naturel  du  duc  Robert  ,  descendit  en  Angleterre  l'an 
icGG  ,  y  vainquit  &  rua  Harald  ,  qui  s'étoit  fait  roi  après 
la  mort  de  faint  Edouard  ,  Se  s'étant  rendu  maître  de 
tout  le  royaume  ,  il  en  fut  couronné  roi  le  jour  de  Noël 
de  la  même  année.  Henri  I ,  roi  d'Angleterre ,  Se  duc 
de  Normandie  ,  fils  de  Guillaume  ,  n'ayant  eu  qu'une 
fille  légitime  ,  Mathilde,  mariée  à  Geofroi  Plantageneft  , 
comte  d'Anjou  ,  la  Normandie  premièrement  ,  Se  en- 
fuite  l'Angleterre  vinrent  au  pouvoir  de  Henri  ,  fils  de 
Geofroi.  Ce  roi  Henri  II ,  eut  plufieurs  fils  ,  Se  ie  plus 
jeune  nommé  Jean  ,  après  la  mort  de  lés  frères  ,  s'empara 
de  tous  les  états  du  roi  Richard  I ,  fon  frère ,  Se  de  fa 
mère  Eléonore  de  Guienne.  Geofroi,  duc  de  Bretagne, 
frère  aîné  du  roi  Jean  ,avoit  Iaifle  un  fils,  nommé  Anus, 
que  Jean  fit  mourir  étant  en  Normandie  ,  Se  qui  pour 
cela  fut  mis  au  ban  du  royaume  ,  l'an  1 202  ,  par  Philippe 
Augufte ,  du  confentement  des  pairs  ;  ce  q*„ii  fit  perche  à 
Jean  (ans  Terre,  la  plus  grande  partie  des  états  qu'il 
avoir  en  deçà  de  la  mer,  &  la  Normandie  fut  conquife 
ce  réunie  a  la  couronne  l'année  fuivanre  1203.  Henri 
III ,  fils  de  Jean  ,  par  le  traité  de  paix  qu'il  conclut 
avec  faint  Louis,  lui  céda  ,  &  à  fes  fuccefieurs,  toutes 
fes  prétentions  fur  la  Normandie  ,  Se  depuis  ce  tems-là , 
quelques-uns  des  rois  de  France  ,  jusqu'à  la  fin  du  qua- 
torzième fiécle  ,  donnèrent  à  leurs  fils  aînés ,  le  titre 
de  duc  de  Normandie  ,  jusqu'à  ce  que  celui  de  Dau- 
phin ait  prévalu.  *  Longuerue ,  Defcription  de  la  France, 
part.  I.  p.  66. 

Comme  cette  province  eft  une  des  plus  grandes  Se  des 
plus  fertiles  du  royaume  ,  elle  eft  aufii  celle  qui  donne 
le  plus  au  roi.  La  terre  y  produit  en  abondance  toute 
forte  de  grains ,  du  lin  ,  du  chanvre  &  des  herbes  pro- 
pres pour  la  teinture  ,  telles  qnelagarence,  le  paftel  Se  la 
guesde.  11  n'y  a  de  vignobles  que  dans  quelques  cantons 
des  diocèfes  de  Rouen  Se  d'Evteux ,  Se  le  vin  en  ell  même 
d'une  petite  qualité  ;  mais  en  récompenfe,  il  y  a  dans 
cette  province  une  prodigieufe  quantité  de  pommiers 
&  de  poiriers  ,  du  fruit  desquels  on  fait  le  cidre  Se  le  poi- 
ré ,  qui  eft  la  boiffon  ordinaire  des  habitans  du  pays.  On 
y  voit  aufii  de  vaftes  prairies  Se  des  pâturages  très-gras  , 
qui  fervent  à  l'engrais  de  quantité  de  beftiaux.  On  vante 
le  bœuf  du  pays  d'Auge  ,  le  veau  &  les  confitures  de 
Rouen  ,  les  moutons  Se  les  lapins  de  Cabour  ,  les 
poules  de  Caux  Se  de  Befiin  ,  Se  les  perdrix  rouges  du 
Bec.  La  mer  y  eft  très-poifibnneufe  ,  Se  le  poifibn  en  eft 
excellent.  Il  fe  fait  beaucoup  de  fel  blanc  dans  l'Avran- 
chin  ,  dans  le  Cotentin  8c  dans  le  Befiin  ,  dont  on  fale 
les  beurres  du  pays.  On  dit  que  parmi  les  cailloux  appel- 
les Galets  ,  que  la  mer  roule  fur  la  côte  de  Normandie  , 
il  y  en  a  dans  lesquels  on  trouve  de  fort  beaux  cryftaux 
de  différentes  couleurs  ,  qui  ne  le  céde'roient  pas  à  beau- 
coup d'autres  qu'on  eftime ,  fi  on  favoit  les  tailler  Se  les 
polir  comme  les  diamans. 

Cette  province  a  des  mines  de  fer  à  Conches  ,  à  Saint 
Evroul ,  à  Carouges ,  à  Baleroi ,  Sec.  où  l'on  fait  des 
canons ,  des  bombes ,  des  boulets ,  des  pots  ,  des  mar- 
mites ,  Se  toutes  fortes  d'ouvrages  de  ferrure  Se  de  clou- 
terie. Elle  a  auffi  quelques  mines  de  cuivre  dans  la  fo- 
ur de  Briquebcc,  en  Cotentin,  à  Carolles  auprès  d'A- 
vranches  Se  ailleurs.  Ces  mines  font  caufe  qu'il  y  a  un 
grand  nombre  de  fontaines  minérales  en  Normandie. 
L'eau  de  la  fontaine  de  Belesme  ell  froide  Se  infîpide , 
Se  participe  d'un  fel  fembhble  au  fcl  commun;  celle 
de  Saint  Paul  de  Rouen  eft  froide ,  limpide ,  &  a  une 


NOR 


légère  âpreté  qui  rend  la  langue  un  peu  féche.  Les  eaux  de 
celles  d'Hebecrevon  ,  près  de  Saint  Lo  ,  de  Menitoue  , 
de  Bourberouge  ,  Se  de  Pont-Normand ,  dans  l'élection 
de  Morcain  ,  de  Monbosq ,  dans  l'élection  de  Bayeux  5c 
celles  des  Forges  font  froides  Se  de  faveur  ferrugineufe 
ou  auftere.  Il  y  a  aufii  des  mines  de  charbon  de  terre, 
une  entr'autres  très-abondante  à  Litri ,  au  diocèfe  de 
Bayeux  ,  &  pour  laquelle  il  s'eft  formé  depuis  peu  d'an- 
nées une  compagnie  qui  en  retire  déjà  de  grands  avan- 
tages. 

Les  rivières  qui  arrofent  cette  province  ,  font 


La  Seine , 
L'Eure , 
L'Aure , 
L'Iton , 


L'Andtlle, 
LaRille, 
La  Dive , 
La  Touque , 


La  CarentonneJ 
L'Ante , 
L'Orne , 
&laDrome. 


On  trouve  dans  cette  province  plufieurs  petits  ports  J 
dont  les  plus  confidérables  font  Dieppe,  le  Havre  ,  Hon- 
fleur,  Cherbourg  &  Granville  ;  à  ceux-là  quelques-uns 
ajoutent  la  Hogue  Saint  Waaft,  dans  le  Cotentin  ;  mais 
ce  n'eft  pas  un  port  ,  ce  n'eft  qu'une  rade  défendue  de 
quelques  ifles. 

La  Normandie  comprend  fous  la  métropole  de  Rouen 
fix  évêchés ,  qui  font 


Bayeux , 
Avranches , 


Evrenx , 
Séez, 


Lifîeux , 

Cou  tance. 


L'on  compte  dans  ces  fept  diocèfes  quatre-vingt  ab- 
bayes Se  quatre  mille  deux  cens  quatre-vingt-neuf  pa- 
roilïes.  L'archevêque  de  Rouen  prend  la  qualité  de  pri- 
mat de  Normandie,  quoiqu'il  n'air  aucun  archevêque 
pour  fuffragant;  mais  ce  titre  ne  lui  donne  d'autre  pré- 
rogative que  de  n'avoir  point  de  fupérieur  en  France  ,  Se 
de  dépendre  immédiatement  du  faint  Siège  :  encore  cet- 
te immunité  lui  a-t-clle  été  conteftée  par  l'archevêque 
de  Lyon  jusqu'en  1702.  C'cft  un  droit  de  l'églife  cathé- 
drale de  Rouen,  que  les  évêques  fuffragans  de  la  pro-| 
vince  font  obligés  de  lui  prêter  ferment  d'obéifiauce  ;  com- 
me aufii  à  l'archevêque.  Ils  prêtent  ce  ferment  entre  les 
mains  de  ce  prélat  ,  ou  ,  en  fon  abfence  ,  entre  celles  du 
célébrant ,  lorsqu'il  eft  monté  à  l'autel  avant  que  de  dire 
l'introït.  Jusqu'à  ce  qu'ils  s'acquittent  de  ce  devoir  ,  ils 
ne  font  point  reconnus  pour  évêques  fuffragans  dans  l'é- 
glife métropolitaine  ,  ne  font  point  admis  aux  affemblées 
provinciales  ,  Se  ne  peuvent  être  députés  de  la  pro- 
vince pour  les  affemblées  générales  du  clergé  de 
France. 

Les  principales  ou  plus  riches  abbayes  de  la  provincft 
font 

S.  Ouè'rt  de  Rouen ,  de  l'ordre  des  Bénédictins  ré- 
formés. 

Fecamp ,  Mortemer, 

Jumicge ,  Foucarmont, 

Le  Bec,  Beaubec  , 

Saint  Vandrille  ,  Saint  Etienne  de  Caen , 

S.  George  de  Bocherville  ,  Cerify  , 

Saint  Amandde  Rouen ,  La  Trinité  de  Caè'n  , 

La  Valace  ,  Mondée  ,  ou  Mons  Dei± 

Savigni ,  Mont  Saint  Michel , 

Lyre ,  Saint  Evroul , 

Saint  Martin  de  Séez ,  Bernai , 

La  Trappe ,  Leffei. 

Lorsque  Rollo  fut  maître  de  la  Normandie,  il  y  éta- 
blit des  loix  compofées  de  quelques  coutumes  de  Danè- 
marck  ,  Se  de  quelques  ufages  François.  Ce  prince  étoit 
fi  équitable  ,  que  ceux  de  fes  fuiets  qui  fe  trouvoient 
vexés,  s'écrioient  Ha  Roi,  comme  pour  implorer  fon 
afiiftance.  Il  fut  informé  de  cet  ufage  ,  &  ordonna  que 
ceux  qu'on  entendroit  ainfi  l'appeller,  fuffent  conduits 
devant  lui  ,  afin  qu'il  leur  fît  juftice  8c  punît  ceux  qui  les 
vexoient.  Voila  l'origine  de  la  Clameur  de  Haro.  Apres 
la  conquête  de  l'Angleterre  par  Guillaume  le  Conqué- 
rant ,  les  Normands  empruntèrent  quelques  ufages  des 
Anglois,  qui  de  leur  côté  avoient  reçu  les  loix  norman- 
des avec  leur  fouverain.  Tel  eft  le  droit  de  Garde-noble 
Se  le  droit  de  Viduitc  ,  qu'Us  appellent  la  Courtoifie 


NOR 


NOR 


d'Angleterre.  Ceft  de  tous  ces  ufàges  qu'cft  formée  la 
coutume  de  Normandie ,  qui  fut  réformée -en  1583. 
Cette  coutume  eil  favorable  aux  maris  ,  aux  femmes 
veuves ,  aux  aînés  de  familles  i  mais  elle  lailfe  peu  de  li- 
beité  de  dispofer  de  ion  bien.  Comme  Louis  Hutin  ac- 
corda une  chartre  aux  Normands  pour  la  manutention 
de  leur  coutume  ,  6c  pour  l'établiiTement  de  quelques 
privilèges  en  faveur  de  la  nation  ,  &  que  cette  chante 
fut  augmentée  par  Philippe  de  Valois ,  on  a  été.  obli- 
gé dans  la  fuire  d'employer  dans  les  édits  ôc  déclarations 
du  roi  la  çlâufe  dérogatoire  à  la  chartre  Normande. 

Le  tribunal  fupérieur  que  Rollo  ,  duc  de  Normandie , 
avoit  établi  pour  juger  les  appellations  des  jugesinférieurs 
fe  nommoit  l'Echiquier.  11  éteit  compofé  de  juges  ecclé- 
fiaftiques  ôc  laïcs.  Rollo  avoit  auffi  établi  en  rhême- 
tems  un  grand  fenéchal  pour  redrefier  les  fentences  des 
vicomtes  Se  des  baillis ,  pour  vifiter  la  province ,  ôc  pour 
juger  toutes  les  caufes  provifoires ,  en  attendant  la  féan- 
ce  de  l'échiquier ,  qui  fe  tenoit  en  tel  tems ,  ôc  en  tel  lieu 
qu'il  plaifoit  au  prince.  L'échiquier,  à  proprement  par- 
ler, étoit  l'affcmblée  de  tous  les  notables  de. la  province, 
ou  un  parlement  ambulatoire  qui  fe  tenoit  deux  fois  l'an  , 
à  Rouen  ,  à  Caé'n  ,  ôc  quelquefois  à  Falaife  ,  ôc  qui  du- 
rcit trois  mois  ou  environ  chaque  fois.  Aux  échiquiers 
que  les  ducs  de  Normandie  ,  fucceffeurs  de  Rollo  ,  ont 
fait  tenir,  les  eccléfiaftiques  ôc  les  nobles  avoient  ainfi 
voix  délibérative  ;  mais  les  rois  de  France  ayant  réuni 
la  Normandie  à  la  couronne  ,  députoient  tels  juges  qu'il 
leur  plaifoit  pour  tenir  le  parlement  ou  l'échiquier,  &  ces 
juges  feuls  décidoient,  comme  on  le  voit  par  celui  qui 
fut  tenu  en  142e,  où  les  évêques  «Scies  autres  eccléfia- 
ftiques .  les  comtes  ôc  les  nobles  eurent  feulement  féan- 
ce ,  ôc  non  pas  voix  délibérative.  Ils  y  étoient  unique- 
ment appelles  pour  la  décoration ,  &  pour  y  donner  l'or- 
nement, ainfi  que  porte  le  titre. 

Louis  XII ,  qui  avoit  été  gouverneur  deRouen ,  chan- 
gea en  1499  ,  la  forme  de  l'échiquier  à  la  prière  des 
états  de  la  province,  ôc  principalement  à  celle  du  car- 
dinal d'Amboife.  11  établit  donc  à  Rouen  un  corps  de 
juftice  fouveraine  &c  perpétuelle ,  compofé  de  quatre  pré* 
fidens  ôc  de  vingt-huit  confeillers ,  dont  il  y  en  avoit  trei- 
ze eccléfiaftiques.  Ses  fucceffeurs  augmentèrent  dans  la 
fuite  le  nombre  des  officiers ,  &  depuis  quelques  années 
on  y  a  établi  une  féconde  chambre  des  enquêtes.  La 
jurisdiétion  de  ce  parlement  s'étend  fur  toute  la  Norman- 
die ,  qui  eft  divifée  en  fept  grands  bailliages ,  ôc  autant  de 
fiéges  préfidiaux. 

Les  bailliages  font 

Rouen,         Evrenx,         Caën ,  &  Gifors. 

Caux,  Alençon,       Coutance , 


Les  fept  fiéges  préfidiaux  ont  été  établis  par  édit  du 
roi  Henri  II ,  donné  à  Rheimsen  ij;  1  ,  ôc  font  dans  les 
villes  fuivantes, 


S9 

Le  bureau  des  finances  de  Rouen  fut  établi  en  ij$i. 
Il  eft  compofé  de  vingt-fix  officiers,  y  compris  les  gens 
du  roi  «Se  le  greffier.  Cette  généralité  comprend  quator- 
ze élections ,  qui  font 


Rouen  , 
Pont  de  l'Ar- 

Magny , 
Gifors, 

Arques , 
Eu, 

che, 
Andely  , 
Evreux , 

Lions , 
Caudcbec, 
Montivillicrs , 

Neuf-Châtel , 
Pont-Audemer , 
«ScPont-l'Evêque. 

Le  bureau  des  finances  de  Caën  eft  auffi  de  l'an  i;y  1 , 
&  compofé  d'un  pareil  nombre  d'officiers  que  le  précé- 
dent; mais  cette  généralité  ne  renferme  que  neuf  éle^ 
«fiions ,  qui  font 


Caën  , 
Bayeux  , 
Carentan , 


Valogne , 
Coutance , 
Avranches, 


Morrain, 

Vire, 

&  Saint  Lo. 


Le  bureau  des  finances  d'Alençon  n'eft  compofé 
que  de  vingt-un  officiers,  ôc  comprend  neuf  élections, 
qui  font 


Bernai , 
Lifieux , 
Couches, 


Verneuil , 
Alençon , 
Domfront , 


Falaife , 
Argentan  , 
ôc  Morragne 
dans  le  Perchée 


Rouen ,     Caudebec , 
Evreux,     Caën, 


Alençon,     ôc  Coutance. 
Andely , 


Ce  dernier  avoit  d'abord  été  mis  à  Saint  Lo. 

Dès  l'an  1580  ,  une  chambre  des  comptes  fut  créée 
à  Rouen.  Elle  fut  fupprimée  en  15-53,  par  Henri  II ,  Ôc 
rétablie  en  1580,  par  Henri  III.  Elle  eft  compofée  de 
quatre  préfidens ,  de  vingt  neuf  maîtres  des  comptes  , 
de  huit  correcteurs,  ôc  de  trente  auditeurs  fervant  par 
femeftre. 

La  cour  des  aides  de  Normandie  fut  établie  à  Rouen 
par  l'édit  de  l'an  1 483.  Il  y  en  eut  une  féconde  érigée  à 
Caën  en  1638  ;  mais  elle  fut  unie  à  celle  de  Rouen  par 
un  édit  donné  à  Saint  Germain  en  Lave  en  1 64 1 .  La  cour 
des  aides  de  Rouen  fut  unie  à  fon  tour  à  la  chambre  des 
comptes  de  la  même  ville  en  1705. 

Il  n'y  eut  d'abord  que  deux  généralités  en  Norman- 
die ,  celle  de  Rouen  ôc  celle  de  Caën  ,  &  par  confé- 
quentque  deux  bureaux  des  finances  ;  mais  en  1636  ,  le 
roi  créa  celle  d'Alençon,  qui  eft  un  démembrement 
des  deux  autres. 


Outre  ces  jurisdidions  ,  il  y  a  à  Rouen  une  table  de 
marbre,  une  jurisdiclion  appelléc  la  vicomte  de  l'Eau, 
qui  eft  très-ancienne,  ôc  dont  le  juge  connoît  de  tout  ce 
qui  arrive  fur  la  rivière  ,  depuis  Vernori  jusqu'à  la  mer  , 
ôc  de  tous  les  poids  ôc  mefures  de  Rouen  :  il  y  a  aurtl 
dans  la  même  ville  un  fiége  d'amirauté  ,  «5c  un  con- 
fular. 

Comme  la  Normandie  eft  une  des  grandes  provinces 
du  royaume,  il  y  a  trois  grands  maîtres  des  eaux  &  fo- 
rets. L'un  a  le  département  de  Rouen,  le  fécond  celui 
de  Caën ,  ôc  le  troifiéme  celui  d'Alençon. 

Le  commerce  de  la  ville  ôc  généralité  de  Rouen  eft 
ttès-confidérable.  II  confifte  en  laines ,  draperies ,  toiles, 
cuirs  ,  chapeaux  ,  peignes ,  cartes ,  papier  ,  ôc  une  infi- 
nité d'autres  marchandifes.  En  particulier  le  commerce 
des  draperies  ôc  autres  étoffes  eft  fort  avantageux  pour 
toute  la  province.  Toutes  ces  étoffes  fe  vendent  ôc  fe 
confomment  en  France  ,  ou  font  utiles  au  royaume  eu 
empêchant  l'argent  d'en  fortir  pour  l'achat  des  draperies 
étrangères.  Le  commerce  des  toiles  qui  fe  fabriquent  dans 
cette  généralité  ,  qui  fortent  pour  la  plus  grande  partie 
du  royaume,  attire  beaucoup  d'argent  dans  la  France. 
Ces  toiles  font  envoyées  en  Espagne  ,  ôc  paffeht  pour 
la  plupart  aux  Indes  occidentales ,  où  elles  font  en  gran- 
de réputation  fous  le  nom  de  Toiles  de  Rouen  ;  ks  re- 
tours s'en  font  en  or  ôc  en  argent.  L'on  compte  qu'en 
tems  de  paix,  il  s'en  débite  pour  plus  d'un  million  par 
an. 

Il  fe  fait  d'antres  toiles  dans  le  pavs  de  Caux  propres 
pour  faire  des  chemifes ,  des  mouchoirs ,  «S:  pour  tous 
les  ufages  du  ménage.  On  en  fabrique  encore  d'autres 
propres  pour  les  voiles  de  vaiffeaux  Se  les  emballages. 
On  en  fait  d'autres  à  carreaux  dont  une  partie  paffe  en 
la  Nouvelle  France  ;  mais  la  fabrique  la  plus  conlidjia- 
ble  eft  celle  des  toiles  brunes  qui  fervent  à  doubler  les 
habits.  Il  s'en  fait  jusqu'à  fîx  ou  fept  mille  pièces  par 
an  ,  ôc  cinq  ou  fix  mille  ouvriers  y  font  occupés. 

Les  verreries  font  dans  cette  province  en  très-grand 
nombre  ,  Se  y  attirent  beaucoup  d'argent.  On  y  fabrique 
du  verre  de  toute  espèce  ,  &  des  glaces  de  miroir  d'une 
grandeur  extraordinaire  ;  de  forte  que  le  profit  de  ces  ma- 
nufacturés cft«un  des  plus  avantageux  à  la  province. 

Les  cuirs  des  bêtes  que  loi  ttie  aux  boucheries,  Se 
quantité  de  ceux  qui  viennent  des  ifles  font  tannés  à 
Rouen  ôc  atix  environs,  ôc  delà  transportés  dans  le 
refte  du  royaume. 

La  pêche  eft  encore  un  des  principaux  commerces  dé 
toute  la  province.  Ce  font  principalement  les  habitans  de 
Dieppe  qui  la  continuent  toute  l'année.  En  tems  de  paiis 
la  pêche  du  hareng  commence  avec  le  mois  d'Août  fur 
les  côtés  d'Angleterre  au  nord  ,  proche  d'Yarmoutf»,- 


NOR 


592, 

Les  Dieppois  y  envoient  ordinairement  foixante  grands 
bateaux ,  qui  portent  leur  fel  Se  des  barils ,  Se  revien- 
nent à  la  mi-octobre.  Ces  mêmes  pêcheurs  vont  enfuite 
faire  une  nouvelle  pêche  fur  la  côte ,  depuis  Boulogne 
jusque  vers  le  Havre.  Le  hareng  qu'ils  y  prennent  étant 
moins  bon  que  celui  de  la  côte  d'Angleterre  ,  fert  à  faite 
du  hareng  foret.  Cette  pêche  eft  ordinairement  de  cent 
bateaux  ,  Se  lorsqu'elle  efl  abondante  ,  elle  va  jusqu'à 
trois  ou  quatre  cens  mille  écus. 

La  pêche  des  vives  commence  avec  le  Carême,  Se  Ce 
fait  vers  la  côte  d'Angleterre  :  celle  desmarquereaux  com- 
mence à  la  fin  d'Avril ,  Se  eft  très-confidérable.  On  con- 
tinue toute  l'année  celle  des  merlans,  des  foies  &  au- 
tres poifïbns. 

Celle  de  la  morue  fur  le  grand  banc  à  Lille  Royale  Se 
à  Labrador  fe  fait  principalement  par  les  vaiflèaux  de 
Honfleur,  du  Havre  Se  de  Saint  Valeri  en  Caux. 
La  foire  de  Giubraï ,  qui  fe  tient  clans  un  des  fauxbourgs 
de  Falaiiè,  contribue  beaucoup  au  commerce  de  cette 
province  :  elle  commence  le  16  d'Août,  &  dure  huit 
jours.  11  s'y  fait  un  grand  commerce  ,  à  caufe  des  exem- 
ptions de  péage  Se  d  impôts  accordées  par  Guillaume  le 
Conquérant. 

Comme  la  Normandie  a  toujours  produit  des  gens 
d'efprit,  &  propres  aux  feiences ,  on  a  eu  foin  d'établir 
des  collèges  dans  presque  toutes  les  villes.  Dès  l'an 
143 1  ,  Henri  VI  ,  roi  d'Angleterre  Se  duc  de  Norman- 
die ,  fonda  une  faculté  de  droit  civil  Se  canonique  à  Caën. 
Les  facultés  de  théologie  Se  des  arts  y  furent  établies  par- 
le même  prince  en"  1436,  Se  la  faculté  de  médecine  l'an- 
née fuivante.  Charles  Vil,  roi  de  France  ,  ayant  con- 
quis la  Normandie  fur  les  Anglois ,  fit  expédier  en.  1452. 
de  nouvelles  lettres  de  fondation  à  cette  univerfité.  Depuis 
ce  tems ,  il  y  a  eu  quantité  d'autres  établiffemens  en  fa- 
veur des  feiences  Se  des  arts  en  divers  autres  endroits  de 
cette  province.  Le  goût  que  plufieurs  perfonnes  d'efprit 
ôc  de  favoir  avoient  pour  les  belles  lettres ,  forma  en 
i6ji  ,  une  académie  à  Caën  ,  fur  le  modèle  de  celle  de 
Paris.  Il  fuffir,  pour  en  donner  une  idée,  de  dire  que 
Huer ,  qui  a  été  depuis  éveque  d'Avranches,  de  Segrais , 
Bochart  Se  Morin  en  étoient  membres.  Cette  compagnie 
obtint  en  1705  ,  des  lettres-patentes  du  roi  qui  l'érigent 
en  compagnie  réglée  ,  Se  rendent  fon  établiflement  fohde. 
Le  gouvernement  militaire  de  la  Normandie  étant  un 
des  plus  confidérables  du  royaume ,  eft  divifé  en  deux 
lieutenanecs  générales ,  celle  de  la  Haute  &  celle  de  la 
BafleNormandie.il  y  a  auffi  un  lieutenant  de  roi  dans 
chacun  des  fept  grands  bailliages  de  cette  province.  Les 
places  fortifiées  de  cette  province  font  Cherbourg,  h  Ho- 
gue,  Caën,  Honfleur,  le  Havre,  qui  fait  un  gouvernement 
féparé  ,  Se  indépendanr  du  gouverneur  général  de  Nor- 
mandie, Dieppe,  Saint  Valeri  en  Caux,  Treport,  Sec. 
Dans  chacune  il  y  a  un  gouverneur  particulier,  Se  dans 
quelques-unes  un  état  major. 

Les  pairies  &  duchés  de  cette  province  qui  fubfiftent 
aujourd'hui  font  Eu,  Aumale ,  Elbœuf&  Harcourt , 
ci-devant  nommé  Tury. 

Du  tems  des  Romains ,  le  pays  que  comprend  la  Nor- 
mandie s'appelloit  la  féconde  Lyonnoife  ,  (Se  étoir  divifé 
en  fept  peuples  ;  aujourd'hui  eile  eft  divifée  en  Haute 
Se  Basse-Normandie. 

La  Haute-Normandie  ,  efl:  vers  l'orient ,  Se  confine 
à  l'ifle  de  France  &  à  la  Picardie.  Sa  principale  ville  eft 
Rouen ,  capitale  de  toute  la  province ,  &  le  lieu  de  la  ré- 
fidence  des  cours  fouveraines.  Voyez.  Rouen. 

La  Basse-Normandie,  eft  la  partie  occidentale  de 
la  province  :  elle  s'étend  jusqu'aux  confins  de  la  Bretagne  , 
Se  fa  capitale  eft  Caën  ,  une  des  plus  confidérables  vil- 
les de  France.  Voyez.  Caen. 

NORMAN  VILLE,  bourg  de  France,  en  Norman- 
die ,  avec  château,  titre  de  baronnie  Se  haute  juftice. 
Il  eft  fitué  fur  la  rivière  d'Iton  ,  dans  le  diocéfe  d'E- 
vreux,  à  une  lieue  &  demie  au-deflous  de  la  ville  de  ce 
nom  ,  dans  un  vallon  dont  on  voit  les  deux  coteaux 
couverts  de  bosquets.  *  Corn.  Diction.  Mémoires  mu- 
nuferitr. 

NORONH A  (  Ifle  de  Fernando  de  ) ,  ifle  de  l'Améri- 
que méridionale,  fur  la  côte  du  Brefil.  Quoique  cette 
ifle  foit  commode  aux  voyageurs  par  fa  fituation  ,  rien 
«'eft  fi  dangereux  que  fes  bords.  L'agitation  des  vagues 


NOR 


y  eft  fi  violente  ,  qu'elle  occafionne  de  fréquens  naufra- 
ges. On  y  voit  beaucoup  de  chèvres  Se  de  vaches  fau- 
vages,  de  tourterelles',  &  plufieurs  autres  espèces  d'oi- 
feaux.  Eile  produit  auffi  du  maïs  en  abondance  ,  du  co- 
ton ,  des  gourdes  fauvages ,  Se  des  melons  d  eau.  *  Hifi, 
générale  des  Voyages ,  t.   I.  1.   3. 

Elle  eft  à  60  lieues  de  la  côte  du  Brefil  ,  félon  les  pi- 
lotcs  François ,  Se  à  80  félon  les  Portugais  qui  "font  beau- 
coup plus  fouvent  cette  traverfée.  Latit.  mérid.  3.  J3. 

Les  Portugais  s'étant  appercu  qu'il  venoit  dans  cette 
if|e  des  vaiflèaux  des  puifiances  étrangères ,  Se  ne  vou- 
lant pas  fouffrir  qu'aucun  pût  s'établir  fi  près  du  Brefil , 
l'ont  fortifiée  ,  Se  y  entretiennent  une  garnifon  aftez  for- 
te. On  y  fait  venir  de  Pernambuco  tout  ce  qui  efl  néces- 
faire  ,  Se  on  change  tous  les  fix  mois  les  troupes  réglées. 
Le  refte  font  des  habitans  qui  nourrifïent  un  peu  de  bé- 
tail ,  comme  ils  n'en  font  presque  aucun  ufage  pour 
eux-mêmes,  ils  en  fourniflent  aux  équipages  qui  îela- 
chent.  *  Voyage  fait  dans  l 'Amérique mérid.par  D.  Juan,  ' 
&  Antonio  de  Ulloa.  1742. 

NOROSSI ,  peuples  de  Scythie.  Prolomée ,  /.  6.  c.  14. 
les  place  avec  les  Norosbes  ,  en-deçà  de  i'Imaiis ,  entre  les 
Marcbetegi  Se  les  Cachaga  ,  au-deflbus  des  premiers, 
Se  au-deflus  des  derniers. 

NOROSSUS  ,  montagne  de  la  Scythie,  félon  Ptolo- 
mée. 

NORRE-TELGE  ou  Norr  Talge  ,  ville  de  Suéde, 
dans  la  partie  orientale  de  l'Uplande,fur  unpetirlac, 
à  quelques  milles  dUplal ,  en  tirant  vers  l'orient,  &  as- 
fez  près  de  la  mer.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vattgondy. 

NORTBARW1CH  ,  ville  d'Ecoffe,  dans  la  province 
de  Lothian,  environ  à  fix  limes  d  Edimbourg,  vers  le 
levant.  Elle  eft  fituée  fur  la  côteméiidionale  du  golfe 
de  Forth.  *  Atlas,  Rob.  de  Vai.çondy. 

NORTCURREY  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  pro- 
virce  de  Sommerfer.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public. 
*  Etatpréfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  r.  1. 

NORTGAW  ,  NortCow  ouNortcoew,  contrée 
d'Allemagne,  appel'ée  autrement  le  Haut  ralarinat  du 
Rhin,  ou  le  Palatinat  de  Bavière  ,  en  allemand  l'faltz. 
in  Bayern  ou  Ober  Tfdtz. ,  Se  en  latin  Nortgavia.  La  ca- 
pitale de  cette  contrée  eft  Amberg. +  Le  père  Labbe  t 
Géograph.  royale,  p.  263. 

Le  nom  de  Nortgau  eft  préfentement  peu  uficé ,  Se 
négligé  dans  presque  toutes  les  cartes, 

NORTHALBEN  ouNortalben  ,  bourg  Se  baillia- 
ge d'Allemagne  ,  dans  l'évêché  de  Bamberg  ,  en  Franço- 
ise.   *  Zeylcr ,  Top.  Franconia?. 

NORTHALVERTON  ou  Norshailerton  ,  petite 
ville  ou  bourg  d'Angleterre  ,  dans  Yoikshire.  11  s'y  tient 
un  marché. 

NORTHAMPTON  ,  ville  d'Angleterre ,  fur  le  Nen. 
Elle  eft  la  capitale  du  Norrhamptonshire  ,  &fituée  à  cin- 
quante cinq  milles  de  Londres.  C'eft  une  des  plus  agréa- 
bles villes  du  royaume.  Le  3  de  Septembre  169;  ,  elle  eue 
le  malheur  de  fe  voir  enfevelie  fous  fes  cendres  ,  Se  peu 
de  tems  après,  par  la  généreufe  contribution  de  diver- 
fes  perfonnes,  elle  eut  l'avantage  de  fe  relever  beaucoup 
plu»  belle  Se  plus  uniforme  qu'auparavant.  Il  s'eft  tenu 
dans  cette  ville  un  concile  l'an  1136.  *  Etat  présentât 
la  Grande  Bretagne  ,  r.  1 .  p.  9  3 . 
t  NORTHAMPTONSHIRE   ,    province    maritime 
d'Angleterre,  dans  le  diocèfe  de  Peterborough.  Elle  a 
cent  vingt  milles  de  tour ,  Se  contient  environ  cinq  cens 
cinquante  mille  arpens,  Se  vingt  quatre  mille  huit  cens 
huit  maifons.  C'eft  une  des  meilleures  provinces  d'An- 
gleterre ,  extrêmement  peuplée  ,  &  où  il  y  a  beaucoup 
de  noblcfle.  L'air  y  eft  fain  Se  le   terroir  fertile.  Elle 
abonde  en  bled  Se  en  bétail ,  &  ne  manque  ni  de  bois  , 
ni  de  falpêtre.  Ses   principales  rivières  fon"  l'Oufe  ,  le 
Wcland  &  le  Nen,  qui  ont  toutes  trois  leurs  fources 
dans  cette  province. 

Les  villes  Se  bourgs  où  l'on  tient  marché  font 
Northampton  ,  capitale, 
Pcreiborough ,  Tuwcefter , 

Brackley,  Rothwell  ; 

Higham  Ferrers ,  Wellingborough, 

Davenrry  ,  Kettering , 

Rockingham  ,  Thrapfton , 

Oundle,  Cliff. 

NORTHAUSEN. 


NOR 


NORTHAUSEN.  Voyez.  Nordhausen. 
i.  NORTHEIM,  ville  d'Allemagne,  dans  le  duché 
de  Brunswich-Lunebourg,  fimée  entre  les  rivières  de  Rhu- 
me 6c  de  Leina.  C'en:  une  des  principales  villes  de  ce  du- 
ché ,  6c  un  lieu  de  partage  fort  fréquenté.  Quelques-uns 
prétendent  qu'elle  a  tiré  fon  nom  des  Normands  qui  fe 
font  arrêtés  en  cet  endroit  en  878  ;  mais  il  eft  plus  pro- 
bable que  c'en:  des  comtes  de  Northeim ,  du  domaine 
desquels  elle  a  autrefois  fait  partie.  Quoiqu'il  en  foit, 
on  ne  commença  à  l'entourer  de  murs  que  l'an  1246  , 
6c  ils  ne  furent  achevés  que  long-tems  après,  aufîî  bien 
que  les  fortes.  Ses  principales  défenfes  confirment  en  qua- 
rante-huit tours  qu'on  a  conftruites  au-dedans  des  murs 
Se  en  quinze  autres  ouvrages  extérieurs  3  mais  contigus 
aux  murs  qui  font  des  espèces  de  baftions  à  l'antique. 
Il  y  a  trois  portes  ;  celle  qui  eft  vers  l'orient  eft  appel- 
lée  Oùerthor  ou  la  Haute  Porte.  Celle  qui  regarde  le 
couchant,  fe  nomme  Hockelbeimerthor ,  parce  qu'elle  eft: 
vis-à-vis  du  monaftere  de  Hockelheim.  La  dernière,  qui 
eft  du  côté  du  nord,  s'appelle  Mublentbor ,  parce  que 
le  moulin  qui  eft  fur  la  rivière,  eft  devant  elle.  CelJe- 
ci  eft  une  des  mieux  fortifiées.  L'églife  paroirtlale  eft  allez 
belle.  Il  y  a  dans  cette  ville  un  chapitre  du  nom  de  faint 
Blaife,  fondé  en  1050,  par  Othon,  duc  de  Bavière, 
6c  comte  de  Northeim;  mais  ce  premier  chapitre  ayant 
péri  entièrement  par  la  cruauté  du  comte  Adolphe  de 
DafTel,  qui  fit  confumer  parle  feu  lesbâtimens ,  6c  un 
bon  nombre  de  perfonnes  de  diftinction  qui  s'y  trouvè- 
rent enfermées ,  le  comte  Siftoi  de  Northeim  en  fit  une 
nouvelle  fondation  en  1141.  *  Zeyler ,  Topog.  duc. 
Brunsw. 

La  religion  Proteftante  s'établit  dans  cette  ville  l'an 
1539,  du  confentement  des  magiftrats&:  des  chefs  des 
communautés  6c  corps  de  métiers.  Depuis  on  y  a  éta- 
bli une  école  qui  eft  pourvue  de  difTérens  maîtres  ou 
proferteurs ,  pour  l'inftruétion  de  la  jeunefte. 

On  tient  à  Northeim  tous  les  ans  quatre  foires.  On 
y  brarte  beaucoup  de  bière  qui  fe  transporte  en  diffé  - 
rens  endroits ,  Se  fait  une  des  fources  de  l'opulence  de 
cette  ville. 

2.  NORTHEIM s  bourg  d'Allemagne  ,  dans  le  comté 
de  Henneberg,  en  Franconie.  11  y  a  dans  ce  lieu  un  doyen- 
né. *  Zeyler ,  Top.  Franconia;. 

NORTHEN,  petite  ville  d'Allemagne  •  dans  l'éle- 
étorat  de  Mayence ,  fur  la  rivière  de  Bibert ,  au-dertlis 
de  fon  embouchure  dans  la  Leine.  Entre  cette  ville  & 
le  château  de  Hardenberg ,  on  trouve  le  monaftere  de 
Sein  ,  qui  appartenoit  aux  feigneurs  de  Fiefs. 

NORTHLEECH  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Gloceftcr.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  pré- 
fent de  la  Grande  Bretagne ,  t.  l . 

NORTH-RONALSA.  On  appelle  ainfi  une  des  irtes 
Oicades.  On  lui  a  donné  ce  nom  par  oppofltion  à  South- 
Ronalfa.  De  toutes  les  Orcades  elle  eft  la  plus  avan- 
cée vers  le  nord.  On  lui  donne  environ  trois  m'Ues  de 
longueur  6c  un  demi-mille  de  largeur.  *  Etatpréfent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.  3.  p.  302. 

1.  NORTHUMBERLAND  ,  ancien  royaume  de  la 
Grande-Bretagne.  Il  étoit  fitué  au  nord  de  l'Humber  , 
comme  fon  nom  le  porte.  Cette  rivière  qui  lebornoitdu 
côté  du  midi ,  le  féparoit  de  la  Mercic.  Il  avoit  la  mer 
d'Irlande  à  l'occident ,  le  pays  des  Piétés  &  des  Ecos- 
fois  au  nord  ,  6c  la  mer  Germanique  à  l'orient.  11  con- 
tenoit  les  provinces  qu'on  nomme  aujourd'hui  Lanca- 
ftre  ,    Cumberland,  Weftmorland  ,    Northumberland, 
Yorck  &c   l'évêché  de    Durham.   Ses  principales  villes 
étoient    Yorck ,    Dunelm  ,  appellée  depuis   Durham , 
Carlifle ,  nommée  par  les  Romains  Lnguballia,   Hen- 
ham  ou  Hagulftat,  Lancaftre ,  &  quelques  autres  moins 
confidérables.  Ce  pays  ecoit  divifé  en  deux  parties  ;  fa- 
voir,la  De'ire  &  la  Bernicie  ,  dont  chacune  fit  quel- 
quefois un  royaume  à  part.  La  première  étoit  le  Nor- 
thumberland méridional  ,  6c  l'autre  le  Northumberland 
feptentrional.  Celle-ci  étoit  en  partie  au  nord  de  la  mu- 
raille de  Sévère  ,  &  s'étendoit  en  pointe  du  côté  de  l'o- 
rient ,  jusqu'à  l'embouchure  delà  Tv/ede.  Tout  le  royau- 
me ,  en  y  comprenant  les  deux  parties  ,  avoit  environ  cent 
foixante  milles  dans  fa  plus  grande  longueur  ,   6c  cent 
milles  dans  fa  plus  grande  largeur.  Ida  ,  premier  roi  de 
çe  pays,  commença  fon  règne  l'an  747.  Ces  royaumes 


NOR       yçj 

fubfifterent  fous  trente-cinq  rois  ,  quelquefois  iouve- 
rains  feulement  d'une  partie  du  Northumberland  ,  quel- 
quefois portédant  les  deux  portions.  Enfin ,  dans  l'année 
810,  fous  le  règne  d\Andred,  dernier  roi  dç  ce  pays, 
le  Northumberland  fe  fournit  à  la  domination  d'Éc- 
bert,  roi  de  Wellcx.  *  Rapin ,  Hiltoire  d'Angleterre,  1. 
3-  P-  i/4- 

2. NORTHUMBERLAND,  province  maritime  & 
feptentrionale  de  l'Angleterre ,  dans  le  diocefe  de  Dur^ 
ham  ,  6c  qui  confine  a  i'Ecorte.  Elle  a  cent  quarante-trois 
milles  de  tour,  &  contient  environ  un  million  trois  cens 
foixante  6c  dix  mille  arpens ,  &  vingt-deux  mille  fept  cens 
quarante  6c  une  maifons.  Cette  province  n'efi  pas  des 
plus  fertiles  ,  quoiqu'il  y  ait  d'afiéz  bons  endroits  ,  fur- 
tout  du  côté  de  la  mer.  Elle  a  plufieurs  mines  de  char- 
bon de  terre ,  qu'on  transporte  dans  la  plupart  des  ports 
d'Angleterre ,  Se  principalement  à  Londres.  Il  y  a  aurtl 
plufieurs  mines  de  plomb  ;  le  gibier  6c  le  poirtbn  abon- 
dent dans  cette  province.  *  Etat  préfent  de  la  Grande. 
Bretagne  ,  t.   1 .  p.  94. 

Les  villes  6c  bourgs  où  Ton  tient  marché,  font 


Newcastle,  capitale, 


Benvick , 
Morpheth  ,' 
Alnwick , 
Hexham  ; 


Learmourth, 
Hattwifle , 
Beltingham , 
Billingham , 


Hellcrdofi 
Rothbury  , 
Weller. 


Sur  les  côtes  de  cette  province  on  trouve  trois  ifles  £ 
qui  font 


Holy  Ifland , 


Cocker , 


Farn; 


NORTHUMBRIE.    Voyez.     Northumberland; 


»"  1. 


NORTHWALES  ,  partie  feptentrionale  de  la  princi- 
pauté de  Galles ,  'en  Angleterre.  Voyez.  Galles. 

NORTMANNI.Sigebert  6c  les  écrivains  du  même 
fiécle  donnent  ce  nom  à  presque  tous  les  peuples  du 
Nord,  favoir  aux  Norwegiens,  aux  Suédois  &  aux  au- 
tres nations  qui  habitent  la  Scandinavie  6c  la  Ruflle.  *" 
Ortelii  Thef.  I 

NORTMANNIA  ,  province  du  royaume  de  France; 
appellée  auparavant  Nèustrie  ,  6c  depuis  Normandie. 
Voyez,  ces  mots. 

NORTVICH  ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  le  Cheshire. 
Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Weever  ,  6c  elle'  eft  remar- 
quable par  fes  mines  de  fel.  *  Etat  préfent  de  la  Grande 
Bretagne ,  r.  1.  p.  48. 

NÔRUS.  Voyez.  Nora. 

NORWEGE  ,  royaume  d'Europe  ,  dans  la  Scandina- 
vie. Il  s'étend  du  midi  au  nord  ,  depuis  le  59  deg.  jus- 
qu'au 72  de  latitude  ,  6c  depuis  le  26  jusqu'au  52  de  lon- 
gitude, fans  y  comprendre  fes  dépendances  (a).  11  eft 
borné  au  feptentiion  par  la  mer  du  Nord  ;  à  l'orienc 
par  une  longue  chaîne  de  montagnes  qui  le  féparent  de 
la  Suéde  ;  au  midi  par  l'entrée  de  la  mer  Baltique ,  6c  à 
l'occident  encore  par  la  mer  du  Nord.  Il  eft  penché  fur 
la  Suéde  (  b  )  en  forme  d'une  côte  de  baleine  ,  6c  il  peut 
avoir  environ  quatre  cens  lieues  de  côtes,  &  foixante  & 
quinze  de  largeur,  (a)  Rutger  Hermamd.  Dcfcript.  Nor« 
wegix,  p.  j.{b)  La  Forêt  de  Bourgon ,  Géograph.  hiflv 
t.  2.  p.  207. 

On  veut  que  fon  nom  lui  vienne  de  fa  fituation  Vers  le 
Pôle  Arctique  ,  6c  qu'il  foit  formé  de  Nor  6c  de  Weg  , 
qui  dans  la  langue  du  pays  fignifient  chemin  du  Nord. 
Il  a  été  appelle  en  latin  Norimannia ,  du  nom  de  fes 
peuples  connus  fous  celui  de  Norrnanni,  qui  veut  dire 
hommes  du  Nord.  Les  anciens  l'ont  connu  6c  l'ont  ap- 
pelle Nérigon.  *  Pline,  1.  4.  c.  16. 

Les  Sithons  qui  habitèrent  originairement  la  Norwege» 
vécurent  long-tems  fans  loix  &  fans  religion.  Un  certain 
Norus ,  à  ce  qu'on  prétend  ,  leur  apporta  l'un  6c  l'autre 
environ  1300  ans  avant  Jefus-Chrift.  Quelques-uns  de 
fes  descendans  gouvernèrent  ces  peuples ,  tantôt  comJ 
me  monarques ,  tantôt  comme  chefs  de  république  ;  mais 
ces  gouvernemens  furent  fouvent  interrompus  par  des 
anarchies.  On  n'a  rien  de  certain  fur  les  premiers  tems 
Tom.   IV.  Ffff 


NOR 


*94 

de  ces  peuples.  Les  hiftoriens  font  commencer  la  fuc- 
ceffion  chronologique  des  rois  de  Norwege  vers  le  milieu 
du  dixième  fiécle  par  Harald.  La  plupart  affûtent  que 
fa  poftérité  s'y  perpétua  ,  à  l'exception  d'un  interrègne 
de  quatre  ans ,  entre  Gibbus  ôc  Magnus  IV  ,  jusqu'après 
la  mort  d'Olaiis  IV  ,  que  ce  royaume  fut  incorporé  à  ce- 
lui de  Dancmarck  en  1587,  par  le  mariage  d'Aquin, 
roi  de  Norwege ,  avec  Marguerite  de  Danemarck.  De- 
puis ce  tems ,  le  royaume  de  Norwege  a  fuivi  le  fort 
de  ce  dernier.  La  juftice  y  eft  adminiftrée  en  plufieurs 
tribunaux ,  dont  les  appellations  relTortiffent  à  celui  de 
la  capitale  du  royaume,  où  le  viceroi,  qui  gouverne 
avec  un  pouvoir  abfolu ,  fait  fa  réfidence. 

La  fituation  de  ce  pays,  partie  dans  la  Zone  tempé- 
rée ,  ôc  partie  dans  la  Zone  froide  feptentrionale  de  no- 
tre hémisphère,  y  rend  le  froid  extrême  &  la  terre 
peu  fertile.  Le  froment  n'y  vient  point  :  celui  dont  on 
ufe  eft  apporté  d'ailleurs  à  Berghen  ,  la  feule  ville  qui 
ait  droit  de  le  diftribuer.  Cependanton  en  recueille  dans 
la  partie  méridionale  du  royaume.  Dans  le  refte  du  pays  , 
le  terrein  eft  fablonneux  ôc  plein  de  cailloux  :  outre  que 
les  rochers ,  les  bois  &  les  montagnes  en  occupent  la  plus 
grande  partie.  Tout  ce  qu'on  en  peut  tirer  confifte  en 
mâts  de  vaiffeaux ,  en  poix  ,  en  goudron  ,  en  cuivre ,  en 
fourrures  ôc  en  poiffonsjce  qui  fait  tout  le  commerce 
de  la  Norwege. 

Il  n'y  a  que  deux  rivières  de  remarque:  leTeno  vers  le 
feptentrion  ,  ôc  le  Glama  vers  le  midi.  Il  n'y  a  même  que 
cette  dernière  qui  puiffe  porter  quelques  bateaux  :  les 
principales  montagnes  font  celles  qu'on  appelle  Félices  , 
Domines  ôc  Daars-Field. 

La  ftérilité  fut  caufe  des  fameufes  irruptions  de  la  plu- 
part de  fes  habitans ,  fur  les  côtes  de  la  Frife  ôc  des  ifies 
Britanniques ,  ôc  comme  la  bafe  de  leurs  conquêtes  ôc  de 
leur  établiffement  dans  une  des  meilleures  provinces  de 
France  ,  ôc  du  grand  nom  que  leurs  descendans  fe  font 
fait  en  Europe  ,  fous  celui  de  Normands ,  par  leurs  ex- 
ploits en  Angleterre  ,  en  France  ,  &  jusque  dans  l'Italie 
&  dans  la  Grèce. 

Aujourd'hui  les  habitans  de  Norwege  paffent  pour 
être  forts ,  vigoureux,  bons  matelots  ,  groffiers  &  fort 
fimples.  Les  Lapons  ,qui  habitent  la  partie  la  plus  fepten- 
irionale  de  ce  royaume ,  ôc  par  conféquent  du  continent 
de  l'Europe,  font  mal  faits,  fauvages,  jaloux  .trom- 
peurs ,  ôc  fans  aucune  induftrie  que  pour  la  pêche  ôc 
pour  la  chaffe.  Les  Norwegiennes  font  belles,  moins 
groffieres  ôc  plus  fpirituelles  que  leurs  maris.  Quant  aux 
femmes  des  Lapons  ,  elles  font  affez  paffables  pour  le 
vifage;  mais  petites  ôc  mal  faites,  à  demi-fauvages  ,  vin- 
dicatives ôc  colères. 

Le  roi  Olaiis ,  furnommé  le  Saint ,  établit  le  Chriftia» 
nisme  dans  fes  états ,  avec  tant  de  zèle ,  qu'il  en  chaffa , 
au  commencement  du  onzième  fiécle ,  ceux  qui  ne  vou- 
lurent pas  fe  convertir ,  ôc  quelques  autres  qui  fe  mê- 
laient de  magie.  La  fuperftition ,  excitée  par  la  fimpli- 
cité  de  ces  peuples ,  altéra  fouvenr  la  religion  ,  ôc  enfin 
la  doctrine  de  Luther  abolit  la  religion  Catholique  en 
ijzy.  On  trouve  encore  quelques  idolâtres  danslaLa- 
ponie  Norwegienne. 

On  divife  le  royaume  de  Norwege  en  deux  parties 
principales  ■■>  favoir ,  la  Norwege  propre  ôc  l'es  dépen- 
dances. 

La  Norwege  propre  eft  partagée  en  quatre  gouver- 
nemens  généraux  ,  qui  font 


NOT 


Aggerhus  , 
Berghen, 


Drontheim, 
Wardhus. 


Voici  les  villes  ôc  les  principaux  bourgs  qu'ils  con» 
tiennent  : 


Gouvernement, 
à'  Aggerhus , 


Opfolo  ,  Obfolo  ou  Chriftiania , 

Aggerhus, 

Frideiichftadt, 

Tonfberg  , 

Vleckeren  , 

S   een, 

Salrzbcrg, 

1  Hammçr. 


Gouvernement  J"  Berghen , 
de  Berghen  ,         .«-  Stavanger. 


Gouvernement 
de  Drontheim , 


Gouvernement 


.Drontheim  ou  Druntheim, 
Romsdael  ou  Romsdalen  , 
Lofoten  ,  ou  Lofoeren  , 
Maelftrom , 
Samien ,  ille , 
Salière,  ifie, 
Tromnes ,  ifie. 


gouvernement  r  ,„,     -, 
,  „7     „        •       2  Watdhus. 
de  Wardhus,  £ 

Les  Dépendances  de  la  Norwege  font 

L'Islande    ôc    L'Isle  de  Fero. 

NORWICH  ,  Norvicum  ou  Norâovicum  ,  ville  d'An- 
gleterre, dans  la  province  de  Norfolck,  dont  elle  eft 
la  capitale.  Elle  eft  fituee  au  cœur  de  la  province,  dans 
l'endroit  où  le  Winsder  fe  jette  dans  la  Yare  ,  à  qua- 
tre-vingt dix  milles  de  Londres.  On  croit  que  f;ette  ville 
fut  bâtie  par  les  Saxons  clés  ruines  de  Venta  Icenonm, 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Cafter ,  &  où  l'or-i  a  trouvé 
depuis  quelque  tems  plufieurs  urnes  romaine  5.  Du  tems 
des  Angio-Saxons,  Norwich  étoit  la  capitale  des  An- 
gles Orientaux.  Dans  la  fuite  elle  fut  réduite  en  cen- 
dres par  Suenon  ,  roi  des  Danois.  Elle  fe  r  établit  Ôc  fuc 
forcée  par  la  famine  de  fe  rendre  à  Guillaume  le  Con- 
quérant. La  rébellion  fuscitée  par  Kett ,  tanneur  de  Wind- 
ham ,  fous   le  règne  d'Edouard  VI ,  cau'fa  derechef  la 
ruine  de  cette  ville  ;  mais  elle  fut  rétablie  par  la  reine 
Elifabeth,  qui  y  envoya  une  partie  des  Wallons,  qui 
fe  réfugièrent  en  Angleterre  du  tems  que  îe  duc  d'Albe 
étoit  gouverneur  des  Pays-Bas.  Ce  furent  ces  Flamaus 
qui  établirent  la  manufacture  des  étoffes  de  Norwich  , 
dont  le  débit  monte  tous  les  ans  à  la  fomme  de  cenc 
mille  livres  fterlin.  C'eft  ce  qui  rend  cette  ville   floris- 
fante.  On  y  compte   fept   mille  maifons  ôc  au  moins 
trente  mille  âmes.  Enfin  c'eft  une  des  plus  grandes  ôc 
des  plus  belles  villes  d'Angleterre.  C'eft  le  fiége  d'un 
évêque  :  l'évêché  a  été  transféré  de  Thetford  à  Nor- 
wich en  1088  ,  par  l'évêque  Herebert.  Les  principaux 
bâtimens  de  cette  ville  font  la  cathédrale  ,  la  maifon 
du  duc  de  Norfolck,  le  palais  de  l'évêque  ôc  l'hôpital. 
Elle  a  trois  marchés  par  femaine.  *  Etat  présent  de  la. 
Grande  Bretagne,  t.   1.  p.  90. 

NOSALA.  Voyez.  Sous  Insula. 

NOSALENA.  Voyez.  Nolasena. 

NOSCOPIUM,  ville  de  Lycie,  félon  Pline,  /.  /.' 
c.  17. 

NOSORA.  Voyez,  Sous  Insula. 

NOSTANA,  ville  de  laDrangiane.Ptolomée  ,  /.  6.c. 
lç),  la  place  entre  Xarxiara  ôc  Pharaz.ana. 

■  NOSTIA  ,  village  de  l'Arcadie.  Il  y  en  a  qui  écri- 
vent Neftania ,  on  lit  Eftiania  dans  Etienne  le  géo- 
graphe ,  ôcNefiana  dans  Paufanias ,  /.  8.  c.  7.  *  Ortelii 
Thefaur. 

NOTEBOURG ,  ville  de  l'empire  Ruffien ,  dans 
l'Ingrie,  ôc  qu'on  appelle  aujourd'hui  Sleutelbourg. 

NOTECZ ,  rivière  de  Pologne.  Elle  fort  du  lac  de 
Goplo  ,  ou  Guplo  ,  dans  le  palatinat  de  Cujavie ,  à 
l'orient  de  Gnesne.  Elle  prend  fon  cours  du  côté  de 
l'oueft  ,  traverfe  la  Grande  Pologne  ,  arrofe  les  villes 
ôc  châteaux  de  Nackel ,  Pyla  ,  Usztye  ôc  Zandock ,  ôc 
va  fe  joindre  à  la  Warta,  un  peu  au-deffus  de  Lands- 
perg  ,  dans  le  Brandebourg.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaii- 
gondy. 

'  NOTHABUES ,  peuples  d'Afrique ,  félon  Orofius. 
Un  manuferit  en  parchemin  porte  Nathabres  ;  ôc  l'itiné- 
raire d'Antonin  lit  dans  cet  endroit  Natauros.  *  Orte- 
lii Thefaur. 

NOTi  CORNU  ,  en  grec  n/t»  xtpaç ,  promontoire    ■ 
de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte.  Ptolomée  ,  lib.  4.  cap.  7. 
le  place  dans  le  golfe  Arabique,  entie  Apocopa  ôepar- 
yum  Litur, 

NOTI  A,  lieu  fortifié  dans  la  Macédoine ,  à  cç  qu« 


NOÏ 


.croit  Ortclius ,  Tbcf.  Cedrene  &  Ciiropalace  le  mettent 
dans  le  voifinage  de  Moglene. 

NOT1T.E,  peuples  de  Méfopotamie.  Pline,/.  6.  c. 
16.  les  place  vers  le  midi. 

1.  NOTIUM,  en  grec  no't/oc,  c'eft-à-dire,  méridional 
On  appelloit  ainfi  anciennement  un  cap  de  l'Irlande, 
fur  la  côte  méridionale  :  il  regardoit  l'Espagne.  Il  y  en  a 
qui  prétendent  que  c'eft  le  cap  de  Claie  ;  d'autres  le 
nomment  Biarheat.  *  Cellar.  Geograph.  antiq.  lib.  2. 
cap.  4. 

2.  NOTIUM,  ville  de  l'Ionie,  félon  Hefyche  Se 
Etienne  le  géographe.  *  Ortclii  Thef. 

3.  NOTIUM,  ville  de  l'^olide.  Hérodote,  /.  1.  r, 
149.  en  fait  mention  ;&  Tite  Live,  /.  37.  c.  16.  die 
qu'elle  étoit  éloignée  de  douze  mille  pas  de  l'ancienne 
Colophene. 

4.  NOTIUM ,  ville  dans  l'ifle  de  Calydna ,  aux  envi- 
rons de  l'ifle  de  Rhodes ,  félon  Pline ,  l.  5.  c.  31. 

j.  NOTIUM  ,  promontoire  de  la  Chine.  Ptblomée  , 
/.  7.  cap.  3.  le  place  auprès  de  l'embouchure  du  fleuve 
Senus. 

1.  NOTO,  ville  de  Sicile  (a) ,  dans  la  partie  méri- 
dionale de  l'ifle  ,  vers  la  fource  d'une  petite  rivière  de 
même  nom.  C'eft  l'ancienne  Nceturru  Elle  eft  fituée 
dans  les  terres  fur  une  petite  montagne  allez  escarpée  , 

•  à  neuf  milles  de  Modica  du  côté  de  l'orient;  à  huit  mil- 
les de  la  mer  de  Sicile ,  en  tirant  au  couchant ,  Se  à 
quinze  milles  du  cap  de  Pafiaro  du  côté  du  nord.  Cette 
ville  eft  grande  Se  belle  :  elle  donne  le  nom  à  une  des 
trois  contrées  qui  partagent  la  Sicile  ,  Se  qu'on  nomme 
Valdi  Noto.  Ce  fut  à  Noto(£)  que  fe  retira  le  bien- 
heureux Conrad  de  Plaifance.  Il  paflade-là  fur  une  mon- 
tagne déferte  qui  en  étoit  proche.  Il  y  mourut  l'an  1 3  5 1 , 
Se  fon  corps  contefté  entre  les  habitans  de  Noto  Se  ceux 
d'Avola ,  fut  adjugé  aux  premiers  après  la  décifion  des 
armes,  (a)  Atlas ,  Rob.  de  Vangondy.  (b)  Baillet ,  Top. 
■des  Saints,  p.  352. 

2.  NOTO  NOVO,  petite  ville  de  la  Sicile,  dans  fa 
partie  méridionale ,  à  trois  milles  de  la  ville  de  Noto , 
en  tirant  vers  le  midi. 

3.  NOTO  ,  petite  rivière  de  Sicile,  dans  le  Val  No- 
to. Elle  a  fa  fource  à  l'orient  de  la  montagne  fur  laquelle 
eft  bâtie  la  ville  de  Noto.  Son  cours  eft  du  couchant 
au  levant.  A  quelques  milles  de  fa  fource ,  elle  prend 
1  nom  de  Nuciforo  ,  Se  à  fon  embouchure ,  qui  eft  fur 
Ja  côte  orientale  de  l'ifle ,  elle  fe  nomme  Fiitme  de 
Falconara. 

4.  NOTO  ,  ou  Val  di  Noto  ,  l'une  des  trois  vallées 
ou  provinces  qui  partagent  la  Sicile  ,  Se  à  laquelle  la  ville 
de  Noto ,  qui  en  eft  la  capitale  ,  donne  fon  nom.  Elle  eft 
bornée  au  nord  par  le  Val  Demone,  à  l'orient  Se  au  midi 
par  la  mer ,  Se  à  l'occident ,  partie  par  la  mer  ,  partie 
par  le  Val  di  Mazzara  ,  dont  elle  eft  féparce  par  les  ri- 
vières Amurello  Se  Salfo. 

Ses  principales  villes  ou  forterefles  font  » 


Sur  la 
côte , 


Dans 

les  terres, 


Catane  > 

Augufta, 

Fargia,  forterefle4 

Syracufe  , 

Terra  nova ,  duché  , 

Falconara    ,     fortereffe» 


Calascibetta,  principauté , 

CaftroGiovane, 

S.Philippe  d'Argiron, 

Pietra  Prezia ,  principauté , 

Piazza , 

Butera ,  principauté , 

Calata  Girone  » 

Mineo, 

Lentini , 

Carlentini , 

Vifini  , 

Buccheri ,  principauté , 

La  Vittoria , 

Palazzolo ,  principauté  > 


NOT      s9f, 

Ragufa  , 
Dans  les  1  Modica  , 

terres,   i  £«0  , 

■  oichili  , 

Novo  Noto. 

Parmi  les  principales  rivières  on  compte 

Jaretta,  Cafibli,         Mazzuruni; 

Gobella,  Atellari,        Manumufa, 

FiumediS.  Paolo,  Mauli ,  Fiume  di Terranova^ 

Alfeo,  Camarana , 

J.  NOTO  ,  province  du  Japon ,  dans  l'ifle  de  Niphon  ; 
où  elle  forme  une  espèce  de  péninfule.  Elle  a  deux  jour- 
nées Se  demi  de  longueur  de  l'eft  à  l'oueft.  On  la  di- 
vife  en  quatre  diftriéb  où  fe  trouvent  des  mines  de 
fer.  Les  habitans  ont  en  abondance  du  poiffon  Se  des 
écrevifles. 

1.  NOTRE-DAME,  bourg  de  France,  dans  l'Age- 
nois ,  élection  d'Agen. 

2.  NOTRE-DAME  ,  abbaye  de  France  ,  dans  l'ifle  de 
Ré.  C'eft  la  même  que  les  petits Châteliers.  On  la  nomme 
en  latin  Beat.t  Maria,  de  Reaco  abbatia,  C'étoit  une  abbaye 
d'hommes ,  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  fille  de  Pontigni. 
Elle  fut  fondée  au  mois  de  Mai  1156.  Depuis  elle  a 
été  unie  à  la  maifon  des  prêtres  de  l'Oratoire  de  la 
rue  faint  Honoré  à  Paris.  Elle  vaut  environ  fept  mille 
livres. 

3.  NOTRE-DAME  (  les  Montagnes)  ,  montagnes  de 
l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  Gaspefie.  Elles  font 
toujours  couvertes  de  neige.  Leur  vue  caufa,  dit-on, 
tant  de  mépris  aux  Espagnols  ,  qui  les  premiers  décou- 
vrirent ces  côtes ,  qu'ils  appellerent  cette  contrée ,  Capo 
di  nada  ,.  Cap  de  rien.  De-là  eft  venu  le  nom  de  Canada  » 
qui  depuis  a  été  donné  à  la  plus  grande  partie  des  terres 
fituées  au  midi  du  fleuve  S.  Laurent. 

4.  NOTRE-DAME  D'AMBROUEL,  abbaye  de 
France,  dans  le  diocèfe  d'Angoulême,  à  cinq  lieues  de 
la  ville  de  ce  nom.  Elle  doit  fa  fondation  aux  feigneurs 
de  Mont-Moreau. 

5.  NOTRE-DAME-DES  ALLEUDS ,  abbaye  de 
France  ,  dans  le  Poitou  :  elle  eft  de  l'ordre  de  faint 
Benoît. 

6.  NOTRE-DAME  DES  ANGES  ,  autrefois  million 
des  Jéfuites,  dans  l'Amérique  feptentrionale,  au  Cana- 
da, à  trois  quarts  de  lieue  de  Québec. 

7.  NOTRE  -  DAME  DES  ARDILLIERS.  Voyez. 
Saumur. 

8.  NOTRE-DAME  DE  BEAUPREAU,  bourg  de 
France ,  dans  l'Anjou  ,  élection  d'Angers. 

9.  NOTRE-DAME  DE  BEON  ,  bourg  de  France  , 
dans  la  Normandie ,  élection  de  Vire. 

10.  NOTRE-DAME  AUX  BOIS,  autrement I'Ab- 
baye  aux  Bois,  ou  la  Franche  Abbaye  de  Notre- 
Dame  aux  Bois,  Beata  Maria  in  Boscisi  ou  in  Bosco  ; 
abbaye  de  France  ,  dans  le  diocèfe  de  Noyon ,  en  Pi- 
cardie. C'eft  une  abbaye  de  filles ,  ordre  de  Cîteaux  , 
•fille  de  Clairvaux.  Elle  a  été  transférée  dans  la  ville  de 
Paris  ,  au  fauxbourg  de  faint  Germain. 

11.  NOTRE  DAME  DE  BOIS  VAYER,  prieuré 
de  France ,  dans  la  Touraine ,  près  de  Tours.  Il  eft  de 
Tordre  de  Grammont ,  Se  fut  fondé  par  Henri  II ,  roi 
d'Angleterre.  Le  revenu  du  prieur  eft  de  trois  mille 
livres. 

12.  NOTRE  DAME  DU  BOIS,  bourg  de  France, 
dans  la  Normandie,   élection  de  Lifieux. 

13.  NOTRE-DAME  DE  BONNE  NOUVELLE. 
Voyez.  Orléans. 

14.  NOTRE-DAME  DU  BOURG,  ou  Ste  Marie  > 
abbaye  d'hommes  en  France  ,  en  Bretagne  ,  au  diocèfe 
Se  au  fud-oueft  de  Nantes,  près  de  Pornid ,  dans  le 
duché  de  Retz  ,  vers  l'Océan.  Elle  eft  de  l'ordre  de  faine 
Auguitin. 

ij.  NOTRE-DAME  DE  BUSS1ÈRES.  Voyez.  Bus- 

SIÈRE. 

16.  NOTRE-DAME  DE  CELLES  ou  Selles,  ab- 
baye de  France  ,  dans  le  Poitou.  C'eft  une  abbaye  d'hom- 
mes de  l'ordre  de  faint  Auguftin  §:  qui  fuit  la  reforme. 
Tarn.  IV.    Ffffij 


?96       NOT 


NOT 


Elle  cil  fîtuée  à  cinq  lieues  de  Saint  Maixant ,  fur  la  ri- 
vière nommée  la  Belle.  Elle  exiftoit  dès  l'an  1 100 ,  puis- 
qu'on trouve  qu'en  cette  année  Pierre  ,  évêque  de  Poi- 
tiers ,  lui  accorda  les  églifes  de  faim  Hyppolitc  de  Lu- 
ché,  de  faint  Martin  d'Asnieres,  de  faint  Maixant  ,  de 
Payiai  le  Chapt ,  ôc  la  chapelle  du  Poupon.  Cependant 
cette  abbaye  n'étoit  alors  qu'une  Celle  ou  Cellule,  qui 
dépendoit  encore  de  l'abbaye  de  Stirp  en  1121  ,  que 
l'évêque  Guillaume ,  de  l'avis  &  confentement  des  clercs 
de  la  mère  églife  de  Poitiers ,  y  donna  encore  les  églifes 
de  faint  Sulpice  de  Teillou  ,  de  faint  Hilaire  de  Ligné , 
de  faint  Sauvan  &  de  faint  Martin  de  Perigné.  Cette 
Cellule  ou  Celle  n'eut  le  titre  d'abbaye  que  vers  l'an 
11 37  :  elle  eft  du  moins  honorée  de  ce  titre  dans  une 
chartre  de  Guillaume  ,  évêque  de  Poitiers  ,  de  l'an  1 148  , 
par  laquelle  il  oblige  les  chanoines  de  Stirp  de  céder 
rout  ce  qu'ils  fembloient  avoir  de  droit  dans  l'églifede 
Celles.  Le  roi  Louis  XI  répara  magnifiquement  cette 
églife,  qui  eft  regardée  comme  une  des  plus  belles  du 
Poitou.  Elle  a  en  tout  dix-huit  mille  livres  de  rente  :  la 
portion  de  l'abbé  eft  de  dix  mille  livres. 

17.  NOTRE  DAME  DE  CEZANNE,  abbaye  de 
France  ,  diocèfe  de  Troyes.  C'eft  un  monaftere  de  fil- 
les de  l'ordre  de  faint  Benoit.  11  y  a  vingt-huit  rcli- 
gieufest 

18.  NOTRE  DAME  DES  CHAMPS,  bourg  de  Fran- 
ce, dans  le  Maine  ,  élection  du  Mans. 

19.  NOTRE-DAME  DE  LA  CHAPELLE  AUX 
PLANCHES.  Voyez.  Chapelles  aux  Planches. 

20.  NOTRE-DAME  DE  CHASSÉ ,  bourg  de  France, 
dans  le  Maine  ,  élection  du  Mans. 

21.  NOTRE-DAME  DU  CHASTELIER ,  bourg 
de  France  ,  dans  la  Normandie ,  élection  de  Bernai. 

22.  NOTRE-DAME  DES  CH ATELIERS.  Voyez. 

ksCHATELIERS. 

23'.  NOTRE-DAME  DE  LA  COLOMBE  ,  prieuré 
fimple  Se  régulier  de  l'ordre  de  faint  Benoît  ,  dans  le 
diocèfe  d'Angers,  près  de  Briftac.  11  dépend  de  l'abbaye 
de  Ta  Trinité  de  Vendôme  ,  ôc  rapporte  actuellement, 
quitte  de  charges  ,  500  liv. 

24.  NOTRE  DAME  DE  DURETAL  ,  petite  ville 
ou  bourg  de  France ,  avec  titre  de  comté ,  dans  l'An- 
jou ,  élection  de  la  Flèche.  11  y  a  un  château. 

iS.  NOTRE-DAME  DE  L'EPINE  ,  bourg  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Champagne  ,  élection  de  Châlons.  Ce  n'étoit 
en  1400  qu'un  hameau  avec  une  chapelle  dépendante  de 
la  paroifle  de  Mélay  ,  ôc  faifant  partie  du  village  de  Cor- 
tifou:on  l'appelloit  le  territoire  de  fainte  Marie,  ôc  il 
n'étoit  compofé  que  d'une  ferme  ôc  d'une  maifon  fei- 
gneuriale  ,  qui  appartenoient  aux  religieux  de  S.  Jean  de 
Laon.  Son  églife ,  qui  elt  fort  belle  ,  fut  bâtie  à  l'occafion 
d'un  miracle  qui  arriva  près  cette  chapelle,  où  l'on  vit 
vers  la  fête  de  l'Annonciation  de  la  même  année ,  re- 
nouveller  le  miracle  du  buiffon  ardent ,  ce  qui  dura  un 
jour  ôc  une  nuit  :  l'on  trouva  enfuitedans  le  buiffon  une 
petite  image  de  la  Vierge  tenant  fon  cher  fils  entre  Ces 
bras,  ôc  le  buiffon  refta  auiïï  verd  qu'auparavant.  Ce 
prodige  y  fit  accourir  une  grande  multitude  de  peuples 
qui  laifferent  de  quoi  bâtir  l'églife  :  les  habirans  de  Mé- 
lay s'y  établirent ,  &  ce  lieu  devint  conlidérable.  Louis 
XI  y  vint  en  pèlerinage  en  1472,  ôc  fit  préfent  à  l'é- 
glife de  douze  mille  écus  d'or.  Les  feigneurs,  qui  ache- 
tèrent en  1550  ce  lieu,  le  défendirent  contre  les  Cal- 
viniltes  dans  le  tems  des  guerres  de  la  Religion.  En  mé- 
moire de  cette  défenfe  ,  le  curé  eft  obligé  de  faire  pré- 
fent de  deux  épées  bénites  au  feigneur  du  lieu  ,  qui  les 
diftribue  aux  jeunes  gens  du  village  qui  ont  gagné  le 
prix  à  la  courfe.  Cette  églife  eit  un  des  plus  grands  pèleri- 
nages de  la  France. 

26.  NOTRE-DAME  D'ERI VAL ,  bourg  de  France , 
dans  le  Maine  ,  élection  du  Mans. 

27.  NOTRE-DAME  D'ESPAN  ,  ouEsperan  ,  ab- 
baye de  France  ,  au  diocèfe  de  Perpignan  ,  Abbatia  Bea- 
tœ  Mariai,  de  Sperano  ou  Esperano.  C'eft  un  monaftere 
d'hommes  de  l'ordre  de  S.  Augirftin, 

28.  NOTRE-DAME  D'ESTRÈE,  ouEstrez  ,  bourg 
de  France,  dans  le  Berri .  avec  titre  debarôhnie.  Il  eft 
dans  l'élection  de  Bourges,  fur  la  rivière  d'Indre  ,  à  trois 
Jicues  de  Châtillon,  Il  y  a  un  monaftere  d'hommes  de  l'or: 


dre  de  faint  Benoît ,  ôc  dont  le  revenu  monte  à  fix  mille 
livres. 

29.  NOTRE-DAME  D'EU.  Voyez.  Eu. 

30.  NOTRE-DAME  DE  FRESNAY ,  petite  ville 
de  France ,  dans  le  Maine.  Il  y  a  un  grenier  à  fel. 

3 1.  NOTRE-DAME  DE  GONTAUD  ,  bourg  de 
France,  dans  l'Agenois,  élection  d'Agen. 

32.  .NOTRE-DAME  DE  GRACE.  Voyez.  Cam- 
brai. 

33.  NOTRE-DAME  DES  HERM1TES,  prieuré  de 
France  ,  dans  le  diocèfe  de  Châlons ,  à  une  lieue  de  Vas- 
fy,  dans  la  forêt  qui  eft  voifine.  Il  fut  fondé  en  faveur 
de  Drogon  ,  hermite ,  par  Blanche  de  Navarre ,  com- 
teffe  de  Champagne.  11  a  été  conventuel  ôc  d'un  revenu 
confidérable  ;  mais  fes  biens  ont  été  pris  ou  aliénés  pen- 
dant les  guerres  de  la  religion  :  il  ne  vaut  plus  que  trois 
cens  livres  de  rente. 

34-  NOTRE-DAME  D'ISSOUDUN.  Voyez.  Issou- 

DUN. 

35.  NOTRE-DAME  DE  LANDRECY,  abbaye  de 
France  ,  dans  la  Champagne  ,  au  diocèfe  de  Châlons. 
C'eft  un  monaftere  de  filles  de  l'ordre  de  S.  Benoit  ,  fon- 
dé en  1 1  3  1 ,  par  Simon  de  Broyés ,  feigneur  de  Bay.  11  y 
a  trente-trois  religieufes. 

36.  NOTRE-DAME   DE   LISIEUX.   Voyez.  Li- 

SIEUX. 

37.  NOTRE-DAME  DU  MONT  ,  bourg  de  Fran- 
ce ,  dans  le  Poitou ,  élection  des  Sables  d'Olonne. 

38.  NOTRE-DAME  DE  MONTENEGRO,  pè- 
lerinage en  Italie  ,  à  quatre  ou  cinq  milles  à  l'eft  de  Li- 
vourne  ,  fur  une  montagne  très-haute.  C'eft  un  lieu  d'une 
très-grande  dévotion  ,  ôc  dont  l'accès  feroit  presque  im- 
poiTible,  fans  les  travaux  que  le  grand  duc  ôc  d'autres  per- 
fonnes  dévotes  ont  fait  faire  pour  rendre  le  chemin  pra- 
ticable ,  même  aux  calèches.  Il  y  a  un  couvent  qui  eft: 
fort  joli ,  en  bon  air  Se  en  belle  vue.  C'eft  la  plus  gran- 
de dévotion  de  Livourne  ôc  de  tous  les  environs.  On  y 
conferve  une  image  de  la  fainte  Vierge ,  qui  eft  une  fource 
intariffable  de  prodiges  ;  aufli  y  a-ton  recours  de  toutes 
parts ,  ôc  les  tableaux  ou  autres  marques  d'actions  de  grâ- 
ces tapiflent  toute  l'églife  ôc  toutes  les  chapelles.  *  La- 
bat ,  Voyage  d'Italie ,  t.  7.  p.  122. 

39.  NOTRE-DAME  DE  MONTS  ET  AIGRE, 
bourg  de  France ,  dans  l'Angoumois ,  élection  de  Lou- 
dun. 

40.  NOTRE-DAME  DE  TROIS  MOUTIERS, 
bourg  de  France  y  dans  la  Touraine  ,  élection  de  Lou- 
dun. 

41.  NOTRE-DAME  DE  NANTILLE.  Voyez.  Sau- 

MUR. 

42.  NOTRE-DAME  DU  NID  D'OISEAU ,  Nidus 
Avis  ,  abbaye  de  filles  ,  en  France  ,  de  l'ordre  de  faint 
Auguftin  ,  dans  l'Anjou ,  diocèfe  d'Angers ,  entre  Craon 
ôc  Château-Gonthier. 

43.  NOTRE-DAME  DE  LA  NOUE.  Voyez,  la 
Noue. 

44.  NOTRE-DAME  D'OLONNE.  Voyez.  Olon- 

NE. 

4;.  NOTRE-DAME  D'ORBEC,  ville  de  France, 
dans  la  Normandie  ,  élection  de  Lifieux ,  avec  titre  de 
vicomte.  Voyez.  Orbec. 

46.  NOTRE  -  DAME  DE  PAREDE.  Voyez.  Pim- 

■nrc 

47.  NOTRE-DAME  DU  PÉ  ,  bourg  de  France,  dans 
l'Anjou  ,  élection  de  la  Flèche. 

48.  NOTRE-DAME  DES  PIERRES ,  Beata  Maria 
de  Pétris ,  abbaye  de  France,  au  diocèfe  de  Bourges,  dans 
laparoiffe  de  faint  Paul  Sidiables  ,  dans  une  vallée  affreu- 
fc.  C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  ôc 
fille  d'Aubepierre ,  fous  Clairvaux.  Elle  fut  fondée  l'an 
1149,  des  bienfaits  de  Raoul  &  d'Ebon  ,  princes  de 
Déols  :  elle  a  reçu  auffi  beaucoup  de  biens  d'Adélard  de 
Château-MeiTin(ûte  Caftro  Meiiano  ),  ôc  de  Marie  Agnès  , 
première  prieure  du  monaftere  d'Ourfan ,  (  Urf.r/iienfîs 
Tarthenoriu)ox.fcz  Se  fille  de  Fontevrault&  des  feigneurs 
de  Culent. 

49.  NOTRE-DAME  DE  LA  PIERRE  ,  Tetra  Ma* 
ruina  ,  abbave  d'hommes ,  ordre  de  faint  Benoît ,  eu 
Suiffe,  danslcvêché  de  Bâle,  entre  cetévèché  ôc  l'Ai- 
face. 


NOT 


NOV 


jo.  NOTRE  DAME  DES  TREIZE  PIERRES,  lieu 
de  France ,  dans  le  Rouergue.  Ceit  un  pèlerinage  très- 
fréquente,  pioche  de  Ville  franche.  Ce  font  des  prêtres 
féculiers  qui  defiervent  cette  églife. 

ji.  NOTRE-DAME  DU  PORT,  petite  ville  de  Fran- 
ce, dans  l'Agenois,  élection  d'Agen. 

52.  NOTRE-DAME  DU  PRÉ,  abbaye  de  France  ; 
dans  la  Normandie  ,  diocèfe  de  Lifieux ,  en  latin  Beau 
Maria  de  Frato  abbatia.  C'eft  un  monaftere  de  filles  de 
l'ordre  de  S.  Benoît,  dans  le  fauxbourg  de  S.  Difier,à 
Lifieux. 

;5.  NOTRE-DAME  DES  PRES  , abbaye  de  France , 
dans  la  Champagne  ,  au  diocèfe  Se  près  de  Troyes.  Ceit 
un  monaftere  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation 
de  Clairvaux.  Il  n'a  le  titre  d'abbaye  que  depuis  l'an 
123J,  que  des  religieufes  s'étant  établies  dans  cet  en- 
droit de  la  Champagne ,  furent  obligées  d'embraffer  la 
règle  de  Cîteaux,  quoiqu'il  y  eût  alors, vingt-cinq  re- 
ligieufes. Cette  maifon  n'a  que  deux  mille  liv.  de  rente. 

j4.  NOTRE-DAME  DE  PROVINS.  Voyez.  Mont 
Notre-Dame. 

;;.  NOTRE-DAME  DE  RIÈ  ,  bourg   de  France, 
dans  le  Poitou  ,  élection  des  Sables  d'Olonne. 
56.  NOTRE-DAME  DE  LA  ROE  ,  abbaye  de  chanoi- 
nes réguliers,  dans  l'Anjou,  diocèfe  d'Angers,  vers  le 
couchant. 

57.  NOTRE-DAME   DE    ROQUEMADOUR. 

Voyez.    ROQUEMADOUR. 

58.  NOTRE-DAME  LA  ROYALE  ,  abbaye  de  Fran- 
ce ,  au  diocèfe  de  Paris ,  élection  de  Beauvais  ,  à  un  quart 
de  lieue  de  Pontoife.  C'eft  une  fort  belle  abbaye  de  fil- 
les de  l'ordre  Se  de  la  filiation  de  Cîteaux.  Elle  eft  de 
l'étroite  obfervance.  Elle  fut  premièrement  fondée  en 
1241  ,  par  Blanche  de  Caftille  ,  mère  de  faint  Louis  , 
dans  un  lieu  appelle  Aulnaii  Se  après  que  cette  reine  ,  en 
a  245  ,  eut  acquis  la  terre  de  Maubttiffon,  qui  a  donné 
le  nom  à  l'abbaye,  les  religieufes  furent  incontinent  trans- 
férées dans  ce  lien..  Elle  vaut  cinq  mille  livres  de  rente  à 
l'abbeffe. 

j9.  NOTRE-DAME  ET  SAINT  COSME  DU 
VERD,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  élection  du 
Mans. 

60.  NOTRE-DAME  DE  SAINT  DISIER  ,  abbaye 
de  France ,  dans  la  Champagne ,  au  diocèfe  de  Châ- 
lons.  C'eft  un  monaftere  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux  , 
fondé  par  les  comtes  de  Champagne.  Il  y  a  quinze 
religieufes  qui  jouiffent  de  quinze  mille  livres  de 
rente. 

61.  NOTRE-DAME  DE  SAINTES  ,  abbaye  royale 
de  France,  en  Saintonge.  Elle  fut  fondée  en  1047  ,  par 
le  comte  Gaufrai  Se  Agnès,  fa  femme,  dans  un  fauxbourg 
de  la  ville  de  Saintes ,  en  l'honneur  de  faint  Sauveur  Se 
de  la  fainte  Vierge.  Elle  eft  occupée  par  des  filles  de  l'or- 
dre de  S.  Benoît.  Cette  abbaye  eft  très-riche. 

62.  NOTRE-DAME  DE  SENILLY,  bourg  de 
France ,  dans  la  Normandie  ,  élection  de  Courance. 
Ce  lieu  dépend  de  l'abbaye  d'Aulnai ,  ordre  de  faint 
Bernard  ,   diocèfe  de  Baveux. 

63.  NOTRE  DAMÉ  DE  SONNEBEKE ,  abbaye 
de  chanoines  réguliers ,  en  Flandre  ,  au  diocèfe  Se  à 
deux  milles  d'Ypres. 

64.  NOTRE-DAME  DU  TIL  ,  bourg  de  France,  dans 
la  Picardie  ,  diocèfe  Se  élection  de  Beauvais. 

6$.  NOTRE-DAME  DU  VAL,  abbaye  de  France  , 
entre  Pontoife  Se  l'Ifle  Adam  ,  à  huit  lieues  de  Paris.  C'eft 
une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  fille  de  la 
Cour-Dieu.  Elle  fut  fondée  le  dix  fept  des  calendes  de 
Décembre  1 143.  Son  revenu  eft  de  fix  mille  livres.  Elle 
eft  entièrement  unie  à  la  maifon  des  Feuillans  de  la 
me  faint  Honoré  à  Paris.  Son  nom  latin  tiïVallis  Bea- 
tœ  Marix. 

66.  NOTRE  DAME  DU  VAL  ,  Beata  Maria  de 
Valle ,  abbaye  d'hommes ,  en  France ,  de  l'ordre  de  S. 
Augufiin  ,  en  Normandie  ,  au  diocèfe  de  Baveux  ,  près 
de  la  rivière  d'Orne  .  fur  la  droite  ,  à  fept  lieues  au 
midi  de  Caè'n.  Elle  fut  fondée  l'an  iifv- 

67.  NOTRE-DAME  DU  VAL  DES  ECOLIERS, 
abbaye  de  Fiance  ,  dans  la  Champagne  ,  diocèfe  de  Lan- 
ces. C'étoit  autrefois  un  prieuré  fimple  :  il  fut  érigé  en 
abbaye  en  1639,  Se  uni  en  meme-tems  à  la  congréga- 


*97 

non  des  chanoines  réguliers  de  France.  L'abbé  eit  régu- 
lier ,    Se  l'abbaye  jouit  de  quatre  mille  livres  de  rente 

68.  NOTRE-DAME  DU  VAL  DE  PARADIS,  ab- 
baye de  France  ,  dans  la  Picardie.  Elle  fut  fondée  près 
dAbbeville,  en  n9o,  par  Enguerrand  des  Fontaines, 
fenechal  de  Ponthieu.  Elle  a  été  transférée  dans  la  ville 
d'Abbeville,  où  elle  eft  à  préfent.  Ceit  un  monaftere 
de  religieufes  de  l'ordre  de  Cîteaux. 

69.  NOTRE-DAME  DU  VAL  SAINTE  CROIX. 
Voyez.  Val  Sainte. 

70.  NOTRE-DAME  DE  VALENCE.  Voyez.  Va- 
lence. 

71.  NOTRE-DAME  DE  LA  VEGA,  abbaye  de 
filles ,  ordre  de  faint  Benoît ,  dans  la  Galice ,  en  Espa- 
gne ,  au  diocèfe  d'Oviedo. 

72.  NOTRE-DAME  DE  VERTU,  Beau  Mari* 
deVirtute  ou  de  Virento  Abbatia,  abbaye  de  France, 
dans  la  Champagne  ,  au  diocèfe  de  Châlons ,  Se  dans  le 
bourg  auquel  elle  donne  le  nom,  Ceit  une  abbaye 
d'hommes  de  l'ordre  de  faint  Augufiin.  Elle  vaut  pal- 
an 3000  liv.  à  l'abbé. 

73;  NOTRE  DAME  DE  VICO,  abbaye  de  Tordre 
de  Cîteaux ,  de  la  congrégation  de  Lombardie  ,  dans  le 
Piémont ,  à  un  mille  de  Mondovi.  On  y  voit  la  fépul- 
ture  de  plufieurs  ducs  de  Savoye. 

74.  NOTRE-DAME  DU  V(EU  ,  ou  Valace  ,  ab- 
baye de  France ,  dans  la  Normandie  ,  au  diocèfe  de 
Rouen.  C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux. Elle  fut  fondée  en  1157,  par  Valeran,  comte 
de  Meulan.  Mathilde  ,  mère  du  roi  Henri  II,  lui  a  fait 
beaucoup  de  bien.  Elle  jouit  de  trente  mille  liv.  de  rente. 

NOTTINGHAM,  ville  d'Angleterre,  dans  le  Not- 
tinghamshire,  dont  elle  eft  la  capitale.  Cette  ville  eft 
fiuuée  fur  la  rivière  de  Tient  pu  Trente ,  à  quatre- 
vingr-feize  milles  de  Londres  :  elle  eft  fort  agréable  Se 
bien  bâtie.  Il  y  a  trois  paroiffes  Se  un  château  d'Angle- 
terre ou  de  la  Couronne.  La  place  du  marché  eft  très- 
belle.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  r.  1.  p.  98 

NOTTINGHAMSHIRE  ,  province  d'Angleterre  \ 
au  diocèfe  d'Yorck  ,  dans  les  terres.  Elle  a  cent  milles 
de  tour,  Se  contient  environ  cinq  cens  foixante  mille 
arpens ,  Se  dix-fept  mille  cinq  cens  cinquante-quatre  mai- 
fons.  L'air  y  eft  pur  ;  mais  le  terroir  n'eft  pas  le  même 
par  tout.  Au  fud-eft  elle  eft  fertile ,  Se  à  l'oucft  elle  eft 
pleine  de  bois  Se  de  mines  de  charbon  de  terre.  C'eft 
dans  cette  province  que  fe  trouve  la  famenfe  forêt  de 
Shervood.  Outre  la  Trente ,  rivière  qui  fépare  cette 
province  de  Lincolnshire ,  il  y  a  l'Iddle  Se  quelques 
ruiffeaux. 

Les  villes  Se  bourgs  où  l'on  tient  marché ,  font 


Nottingham  la  capitale, 


Newarft , 
Retford , 


Mansfield , 
Southwell, 


Bingham , 
Tuxford  , 


Woïkfop. 


NOVA  ou  ad  Novas  ,  ville  de  la  Mauritanie  Tin- 
gitane  :  elle  eft ,  félon  l'itinéraire  d'Antonin  ,  fur  la  routé 
de  Tocolofida  à  Tingis ,  entre  Oppidum  novitm  Se  ad 
Mercurii,  à  trente-deux  milles  de  la  première,  Se  à 
douze  milles  de  la  féconde. 

NOVA,  ville  de  l'Afrique  propre,  félon  S.  Auguftin 
Se  S.  Cypricn ,  cités  par  Ortelius  ,  Thef. 

NOVA  BARBARENSIS.  Voyez.  Nobabarbaren- 

SIS. 

NOVA  CIVITAS,  ville  d'Italie  ,  à  quatre  mille  pas  dé 
Modene,  félon  Sigonius,  Reg.  ItalU.  Ortelius ,  Thef. 
dit  qu'on  la  nommoit  auîfi  Geminianx. 

NOVA  CIVITAS  ARRU  ClTftNA.  Voyez,  Aruc- 
ci  Se  Moura. 

NOVAGERMANÏA,  ou  Noba  Germanîa  ,  ville 
épiscopale  d'Afrique,  dans  la  Numidie.  Florentins  No- 
ba Germanienfis  eft  nommé  dans  la  notice  dAfriquc 
parmi  les  évêques  de  la  province  de  Numidie.  Cette 
Nova  Germania  étoit  différente  d'une  autre  Germania 
dont  il  elt  parlé  plus  bas  dans  la  même  notice.  Senîo- 
res  Nova.  Germanix  font  nommés  jusquà  deux  fois  dans 
le  code  des  canons  de  l'Eglife  d'Afrique,  Can.  iooi 

NOVA  PETRA,  ville  épiscopale  d'Afrique-,  dans  la 
Numidie.  L'itinéraire  d'Antonin  la  place  fur  la  route  de 


S9% 


NOV 


NOV 


Thevifte  à  Sitïfis  par  Lambèfe ,  entre  Diana  Se  Gcrnel- 
J<e ,  à  quatorze  milles  de  la  première ,  Se  à  vingt-deux 
railles  de  la  féconde.  Dativus  eft  qualifié  ephcopus  hlo- 
vapetrenjïs  dans  la  conférence  de  Carthage. 

NOVA  SPARSA  ou  Noba  Sparsa  ,  ville  de  l'Afri- 
que propre.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route 
de  Lambèfe  à  Sitifis  ,  entre  Taduttis  &  Gemellœ ,  à 
trente-deux  mille  pas  delà  première,  Cv -à  vingt-fept 
mille  de  la  féconde.  Félix  Nobasparjenfis  eft  nommé 
dans  la  notice  des  évêchés  d'Afrique  parmi  les  évêques 
de  la  province  de  Numidie. 

NOVA  URBS  ,  en  grec  Newro*/s  ,  ville  de  Thrace. 
Hérodote,  7.  7.  c.  122.  la  met  aux  environs  de  Pal- 
lene. 

1.  NOV  AL,  en  grec  New»,  ville  de  la  Bafle-Mœfie* 
Ttolomée,  /.  3.  c.  10.  la  place  fur  le  Danube ,  entre 
Diacum  Se  Trimanium.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met 
fur  la  route  de  Viminacium  a  Nïcomédie  ,  en  prenant  le 
Jong  du  rivage  de  la  mer,  Se  placée  entre  D.mon  Se 
Scaidava,  à  dix-fept  milles  de  la  première  ,Se  à  dix- huit 
de  la  féconde.  C'etoit  la  demeure  de  la  première  'légion 
Italique.  Marcellinus  Cornes  l'appelle  Novenfis  ùvi- 
tas ,  Se  Lazius,  Novomom.  *  Ortel'u  Thef. 

z.  NO  VAL  j  ville  de  la  féconde  Mœfie ,  félon  la  no- 
tice des  dignités  de  l'Empire ,  fett.  29.  Parmi  les  éve- 
ques qui  fouferivirent  à  la  lettre  adreilée  à  l'empereur 
Léon  ,  on  voit  la  foufeription  de  Petrus  Novenfis.  * 
Harduin.  ccilect.  conc.  t.  z.  p.  711. 

3.  NOV  AL  ,  ville  de  la  Haute-Mœfie.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Viminacium  a  Nïco- 
médie ,  entre  Qippœ  Se  Talia  ,  à  vingt-quatre  milles  de 
la  première,  Se  a  douze  milles  de  la  féconde. 

4.  NOV/E,  ville  de  la  féconde  Pannonie,  félon  la 
notice  des  dignités  de  l'Empire  ,  feu.  $6.  L  itinéraire 
.d'Antonin  la  place  fur  la  route  de  Taurunum ,  dans  les 
Gaules ,  en  prenant  le  long  de  la  côte ,  &  il  la  met 
entre  Murfa  Se  Amiante ,  à  vingt-quatre  milles  de  la 
première ,  &  à  vingt  trois  milles  de  la  féconde. 

j.  NOV^£  ou  ad  Novas  ,  ville  de  Macédoine,  fé- 
lon l'itinéraire  d'Antonin  ,  qui  la  met  fur  la  route  d'J-Jy- 
drus  à  Aidon ,  entre  Apollonia  Se  Claudiante ,  à  vingt- 
cinq  milles  de  celle-ci,  Se  à  vingt  quatre  de  la  pre- 
mière. 

6.  NOV.E  ou  ad  Novas  ,  ville  d'Espagne  ,  que  l'iti- 
néraire d'Antonin  place  fur  la  route  dAftorga  à  Tar- 
ragone ,  entre  llerda  Se  le  lieu  nommé  ad  feptimum  de- 
cimum ,  à  dix-huit  milles  de  la  première.  Se  à  treize 
milles  de  la  féconde. 

NOV^E  AQUILONLE  ou  Aquiuanje  ,  lieu  de  l'A- 
frique propre,  félon  l'itinéraire  d'Antonin,  qui  la  met 
fur  la  route  de  ToJulofida  à  Tingis ,  entre  Oppidum  no- 
vum  Se  ad  Mercurii ,  à  trente-deux  milles  de  la  premiè- 
re ,  Se  à  douze  milles  de  la  féconde. 

NOV^E  AUL^E  ou  Theodosiupolis.  Le  concile  de 
Chalcédoine  fait  mention  de  cette  ville  ,  fans  marquer 
de  quelle  province  elle  étoit.  Ce  pourroit  être  la  même 
ville  que  la  notice  des  dignités  de  l'Empire  appelle  l'hco- 
dofiopolis  ,  Se  qu'elle  place  dans  la  Méfopotamie.  *  Or- 
te/h  Thefaur. 

N  OU  AILLE  (  La  ) ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Limou- 
fin  ,  électionde  Gueret.  Ce  bourg  eft  fitué  dans  le  Limou- 
fin  j  mais  une  bonne  partie  des  villages  qui  en  dépen- 
dent font  dans  la  Haute- Marche.  La  cure  dépend  du 
chapitre  de  faint  Etienne  de  Limoges.  Le  terroir  de  cette 
paroifle  eft  très- fertile. 

i.NOU AILLÉ.  V0yez.NoMi.1i. 

z.  NOUAILLÉ  ou  Saint  Sauveur  de  Noaillé  , 
bourg  de  France,  dans  le  pays  d'Aunis,  élection  de  la 
Rochelle. 

NOVALE  ,  petite  ville  ou  gros  bourg  d'Italie  ,  entre 
Padoue  &  Trévife.  Ce  lieu  pafie  pour  être  riche  &  eft 
bien  peuplé.  '*  Leander  ,  Defcript.  di  tuta  ltalia ,  pag. 
480. 

NOV  ALESE  ou  Novaleso,  bourg  du  Piémont,  dans 
le  marquifat  de  Suze  (  >),  au  pied  du  mont  Cenis ,  fur  le 
torrent  de  ce  nom.  On  y  voit  une  abbaye  de  l'ordre  de  S. 
Btaoît  (b),  fondée  par  Frodonius  ,  prince  du  iang  de 
France,  Se  augmentée  confidérablement  par  Charlcma- 
gnc.  Plnfieurs  abbayes  d'Italie,  de  France  &  d'Espagne 
€n  dépendoient  autrefois.  11  y  a  une  Chartreufe  près  de 


ce  bourg,  (a)  Leander ,  Defcr.  di  tuta  ltalia  ,  pag.  4c  6. 
(b)  Corn.  Dict. 

1 .  NOUAN ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Orléanois ,  éle- 
ction de  Beaugency. 

2.  NOUAN  ,  bourg  de  France,  dans  la  Touraine ,  éle- 
ction de  Loches. 

NOVANA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Picenum  ,  félon 
Pline,  A3,  c.  13.  Quelques  manuferits portent Nobana. 
On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Citia  Nova. 

NOV ANT 'AL ,  ou  Novantes  ,  peuples  de  l'ifle  d'Al- 
bion ,  félon  Ptolomée,  /.  z.  c.  3.  qui  les  place  dans  la 
partie  feptentrionale ,  Se  leur  donne  deux  villes  }  fa-, 
voir , 

Lcucopibia  Se  Retigonium. 

NOVANTRIUM  FORUM,  ville  d'Italie.  Ortelius, 
Ihejaur.  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  ville  Nova- 
na  de  Pline.  Dans  le  tréfor  de  Goltzius ,  on  lit  une  an- 
cienne infeription,  qui  porte  ces  mots  :  Forum  No- 
vant. 

NOVANTUM  CHERSONESUS.  Ptolomée ,  /.  z. 
c  3.  donne  ce  nom  à  une  contrée  de  la  partie  feptentrio- 
nale de  Tifle  d'Albion. 

NOVANTUM  PROMONTORIUM  ,  promon- 
toire de  rifle  d'Albion ,  félon  Ptolomée ,  qui  le  place 
dans  la  partie  la  plus  feptentrionale,  au  pays  des  No\ 
vantA. 

NOVANUSFLUVIUS,  fleuve  d'Italie  ,  dans  l'Um- 
brie ,  au  territoire  de  Pitinum ,  au-delà  de  l'Apennin* 
Pline  ,  /.  z.  c.  103.  dit  qu'il  s'enfle  dans  tous  les  folfti- 
ces  ,  Se  qu'il  fe  defléche  tous  les  hivers.  Le  père  Har- 
douin  croit  qu'on  doit  lire  Vomanus  au  lieu  de  Nova- 
nus  ;  parce  que  Pline  parle  ailleurs,/.  3.  c.  13.  d'un 
fleuve  nommé  Vomanus  dans  le  Picenum  y  au-delà  de 
l'Apennin. 

NOVARE  ou  Novara  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  du- 
ché de  Milan  ,  &  la  capitale  du  Novarèfe  ,  petite  con- 
trée à  laquelle  elle  donne  fon  nom.  Les  anciens  l'onr 
nommée  Novaria,  Se  il  en  eft  fait  mention  dans  un* 
ancienne  infeription  qui  fe  conferve  à  Rome , 

C.  Livius.  C.  F. 

J  u  s  t  u  s. 

Novaria.  Mil. 

Cho  1111.  pr. 

£).  Licini.  Milit. 

Ann.XVlIII. 
Vix.  an.  XXVII. 
H.S.E.T.F.I. 

*  Paittli  Meruh  Cosmogr.  part.  z.  1.  zl 

Le  livre  des  origines,  attribué  à  Caton,  porte  que  cette 
ville  fe  nomma  anciennement  Aria  ,  Libya  Se  Leonlina. 
D'autres  veulent  qu'elle  fut  fondée  par  Eltius  Troyen  , 
fils  de  Venus,  Se  qu'il  nomma  Novaria  pour  Nova  Ara  ; 
parce  qu'il  y  avoit  élevé  un  temple  dédié  à  Venus.  Pline 
dit  cependant  qu'elle  fut  bâtie  des  ruines  de  la  ville  Ver- 
tacomacori ,  dans  le  pays  dcsVocont.i,  Selon  Tite-Live, 
c'eft  une  des  colonies  forties  des  Gaules ,  Se  envoyée 
par  le  roi  Ambigate,  613  ans  avant  J.  C.  fous  la  conduite 
de  Bcllovèfe.  C'eft  auïfi  à  ce  général  que  Jnftin  attri- 
bue la  fondation  de  Novare.  Quoi  qu'il  en  foir,  cette 
ville  qui  eft  le  fiége  d'un  évêque  fuffragant  de  l'arche- 
vêché de  Milan ,  eft  bâtie  fur  une  petite  colline.  Elle 
demeura  long-tems  fous  la  piiifTance  des  ducs  de  Milan  , 
après  quoi  elle  fut  poflédée  fucceflivement  par  les  de 
la  Torre ,  par  les  Visconti ,  par  les  Sforce  ,  par  les 
François  Se  par  les  ducs  de  Parme.  Ce  fut  dans  le  châ- 
teau de  cette  ville ,  que  Louis  Sforce ,  duc  de  Milan  , 
fur  arrêté  prifonnier  en  1500  par  les  Suifles ,  Se  livre 
aux  François  qui  l'emmenèrent  en  France ,  où  il  mou~ 
rut. 

Entre  les  grands  hommes  que  cette  ville  a  produits, 
on  compte  Albutius  Silon ,  célèbre  orateur  du  rtms 
d'Augufte.  Mérula  ajoute  qu'elle  a  donné  la  naifiance 
à  Pierre  Lombard  ,  évêque  de  Lyon ,  dit  le  maître  des 
fentencesj  mais  Fleuri  marque  feulement  qu'il  étoit  ne 
pi  es  de  Novare.  Mérula  erre  encore  en  difant  que 
Pierre  Lombard  fut  évêque  de  Lyon  t  efisçopitm  Lug* 


NOV 


NOV 


dunetifem  :  il  fut  évêque  de  Paris  en  1 1/9  ou  11 60; 
Se  mourut  en  1164,  comme  le  porte  fon  épitaphe, 
qui  fe  voit  en  l'églife  de  faint  Marcel  de  Paris ,  où 
il  fut  enterré. 

NOVARESE  ,  petite  contrée  d'Italie,  dans  le  duché 
de  Milan.  Elle  eft  bornée  au  nord ,  partie  par  les  val- 
lées de  Seflla ,  ôc  partie  par  celles  d'Ouola  ;  à  l'orient 
parle  Milanez  propre  ;  au  midi  par  le  Vigevanasc  ,  ôc 
à  l'occident  par  le  Piémont.  Les  principaux  lieux  de 
cette    contrée ,  font 

Novara ,     Borgomanero ,  Trccafte ,  Se  Biandrate. 
Orta ,         Romagnano  ,   Silavengo  , 

NOVARIA  ,  ville  de  l'Infubrie.  Ptolomée  /.  3.  c  1. 
&  Pline  /.  i.c.  17.  parlent  de  cette  ville.  C'eft  aujour- 
d'hui la  ville  de  Novàre.  Voyez,  ce  mot. 

NOVASENNENSIS,  Novasumensis  ,  Novasi- 
nensis  ou  NoBasinensis,  ville  épiscopale  d' Afrique, 
dans  la  province  de  Numidie.  Rcjlitutus  elt  qualifié  épis- 
copia  plebis  Novafmenjîs ,  dans  la  conférence  de  Cac- 
thage  ,  n.  1 1.1 . 

NOUDARD,  bourg  de  Portugal,  dans  la  province 
d'Alentejo.  Il  eft  fitue  à  l'orient  de  Mouraon  fur  la 
rivière  d'Ardita ,  Ôc  défendu  par  un  château.  *  Délices 
de  Portugal ,   tom.  y.  p.  798. 

NOUDAUGUSTA,  ville  d'Espagne,  chez  les  Are- 
vac&y  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  Pline,  /.  j.  c.  3.  la 
nomme  Nova  Augufia. 

NOUE  (La),  abbaye  de  France  ,  dans  la  Normandie  , 
au  diocèfe  d'Evreux  ,  entre  cette  ville  ôc  celle  de  Con- 
ches,  fur  un  ruiffèau  qui  va  de  Conches  à  Evreux.  C'eft 
une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  fous  la 
filiation  de  Jouy.  On  rapporte  fa  fondation  au  premier 
de  Janvier  n  44,  ôc  on  l'attribue  à  l'impératrice  Ma- 
thilde.  Cette  abbaye  vaut  huit  mille  livres  par  an  à 
l'abbé. 

NOVÉ  ou  Novi ,  petite  ville  duRovaume  de  Prune, 
dans  le  palatinat  de  Culm,  deux  lieues  au-delTous  de 
Graudentz.  Elle  eft  fituée  fur  une  montagne  ,  dont  la 
Viff  ule ,  qui  commence  à  s'élargir  dans  cet  endroit ,  lave 
le  pied.  *  La  Forêt  de  Bourgon ,  Géograph.  hift.  t.  2, 
p.  30. 

1.  NOVELLARE ,  petite  ville  d'Italie,  dans  le  comté 
de  même  nom  ,  dont  elle  eft  le  chef-lieu.  Elle  eft  fituée 
entre  Guaftalla  vers  le  nord,  Carpi  à  l'orient,  Reggio 
au  midi ,  ôc  Verceil  au  couchant.  Elle  a  un  affez  beau 
château ,  où  le  comte  fou  fouverain  fait  fon  féjour  or- 
dinaire. 

2.  NOVELLARE  ,  petite  contrée  d'Italie,  avec  ti  re 
de  comté,  au  midi  du  duché  de  Gualtalla,  ôc  encla- 
vée dans  le  duché  de  Reggio.  Ce  comté  eft  poffédé 
par  une  branche  cadette  de  la  maifon  de  Gonzague  , 
ifllie  de  Louis  III  de  Gonzague ,  marquis  de  Mantoue. 
Cette  branche  de  la  maifon  de  Gonzague  s'étant  éteinte 
en  1728  ,  l'empereur  dispofa  en  1757  du  convé  de  No- 
vellare  en  faveur  du  duc  de  Modene ,  auquel  il  le 
donna  en  fief. 

NOVEMPAGI ,  ville  ancienne  de  la  Toscane.  Pline, 
1.  3.  c.  5.  la  met  dans  les  terres,  ôc  Leander  foutient 
que  c'eft  aujourd'hui  Bagnarea.  Il  reprend  Volaterra- 
nus  de  l'avoir  nommée  Dccempagi  au  lieu  de  Novcrn- 
pagi.  L'un  ôc  l'autre  difent  que  dans  le  moyen  âge  , 
elle  fut  connue  fous  le  nom  de  Balneoregium ,  ôc  que 
le  roi  Didier  la  nomma  Roda.  *  Ortelii  Thefaur. 

NOVEMPOPULANIE  ,  nom  qui  fut  donné  ancien- 
nement à  une  grande  contrée  de  la  France.  L'Aquitai- 
ne ,  du  rems  de  Jules  Céfar ,  étoit  renfermée  entre  la 
Garonne ,  les  Pyrénées  ôc  l'Océan.  Augufte  l'érendit 
jusqu'à  la  Loire  ;  ôc  elle  demeura  long-tems  en  cet  état , 
ne  formant  qu'une  feule  province.  On  croit  que  ,  fous 
Conflantin  le  Grand,  elle  fut  divifée  en  deux  provin- 
ces, qui  fureur  nommées  Aquitaine  ôc  Novempopula- 
nie.  Enfin  quelque  tems  après,  toutes  les  terres  qu'Au- 
gufte  avoir  renfermées  dans  l'Aquitaine  ,  furent  divi- 
fées  en  trois  provinces  ,  qui  furent  nommées  l'Aquitaine 
première,  l'Aquitaine  féconde  ôc  la  Novempopulanie. 
Ce  fut  Adrien  qui  fit  cette  dernière  divifion  ,  lorsquil 
multiplia  les  provinces  des  Gaules,  où  il  jugea  à  pro 
pos  de  mettre  un  grand  nombre  de  gouverneurs,  afin 


?99 

de  contenir  plus  aifément  les  peuples.  On  appella  a  ors 
Novempopulanie,  l'ancienne  Aquitaine  ou  l'Aquitaine 
proprement  dite,  qui  comprenoit  du  tems  de  Céfar  les 
terres  qui  le  rrouvoient  entre  la  Garonne,  les  Pyrénées 
&  l'Océan.  Rufus  Feftus ,  in  Breviar.  rer.  gefl.  Populï 
Rom.  appelle  cette  province  Novempopidana.  La  no- 
tice de  l'Empire  fe  fert  tantôt  du  nom  de  Provincia 
Novempopidunu  ,  tantôt  de  celui  de  Novcmpopuli  :  les 
anciennes  notices  des  provinces  des  Gaules  difent  Pro- 
vincia NovempopuLma  :  Grégoire  de  Tours,  Hift.  I.  2. 
c.15.  emploie  le  nom  de  Nevempopulana:  une  ancienne 
inscription  confervée  dans  le  recueil  de  Goltzius,  porte 
Gemem  Poptdanam\  &dam  le  concile  d'Aquilée,  aufii- 
b/en  que  dans  le  décret  que  l'empereur  Hon<  riusadrefia 
à  Agricola  ,  préfet  des  Gaules,  cette  province  eft  ap- 
pelle Novrmpopitlania.  C'elt  le  nom  que  les  écrivains  , 
qui  font  venus  depuis  ,  lui  ont  donné  plus  communé- 
ment ,  quoiqu'ils  fe  foient  aulïï  fervis  de  celui  de  No- 
vempopuli.  Ces  neuf»peuples  étoient,  à  ce  que  croit  de 
Valois,  Notit.  Gai.  p.  381. 


Elitfates  y 

A 11. ici , 

Aqjfenfes  ou  Aqiàtani , 

Lacloraies , 

Convenu  , 


Conforani , 
Tarbelli  ou  Boates  , 
Vafates  , 
Bigerrones  ou  Bigerri. 


*  Cordcmoy ,  Hift.  de  France,  t.  1.  p.  63. 

Ce  font  encore  aujourd'hui  les  peuples  les  plus  con- 
fidérables  de  cette  province  ,  du  moins  fi  on  en  excep- 
te les  Elufates,  Quant  aux  Benarnenfes ,  Aturenjes  Se 
Eloronenfes ,  qui  fe  trouvent  aufli  renfermés  dans  les 
mêmes  bornes  ,  ce  font  des  noms  de  villes ,  plutôt 
que  de  peuples.  Ortelius  ,  Thef.  place  mal  à  propos  dans 
la  Novempopulanie  les  Vwuci,  peuples  cnnfidérables 
dans  la  féconde  Aquitaine ,  les  Medulli  ôc  les  Boii  » 
petits  peuples  qui  n'ont  jamais  fait  grande  figure,  ôc 
dont  on  ne  connoît  guère  que  les  noms.  En  effet ,  Bor- 
deaux étoit  la  capitale  des  BiairigesVivisci,  de  qui  dé- 
pendoient  les  Medulli  ôc  les  Boii.  Quoiqu'ils  raflent 
au-delà  de  la  Garonne ,  ôc  aux  confins  de  la  Novempo- 
pulanie ,  ils  étoient  cependant  compris  fous  la  féconde 
Aquitaine. 

Ifidore ,  dans  la  notice  des  Gaules  qu'il  publia  vers 
l'an  800  ,  donne  à  la  Novempopulanie  le  nom  de  troi- 
fiéme  Aquitaine,  Provincia  Aquitania  tcrri.r,  nom  nou* 
veau,  mais  qui  paroiffoit  aflèz  convenir.  D'autres  l'ont 
appcllée  Provincia  Aitscenfis  ou  Auscitana ,  ôc  quel- 
quefois même  Amplement  Auscitania ,  du  nom  de  la 
ville  d'Ausch,  qui  étoit  la  capitale  ôc  la  métropole  de 
la  province.  Enfin  les  modernes  par  corruption  ont 
écrit  Auxitana  ôc  Auxitania. 

Sous  les  règnes  qui  précédèrent  celui  de  Chilperic  II , 
les  Gascons  ,  quittant  leurs  montagnes  ,  ôc  ne  fe  con- 
tentant plus  de  faire  des  courfes  fur  les  terres  de  France , 
s'étoient  rendus  maîtres  du  pays  ôc  des  villes  entre  la 
mer ,  la  Garonne  ôc  les  Pyrénées.  La  Novempopula- 
nie commença  alors  à  s'appeller  Gascogne ,  du  nom 
de  fes  vainqueurs  ;  ôc  ce  n'eft  en  effet  que  vers  le  tems 
de  Chilperic  II ,  que  les  Hiftoriens  commencèrent  à 
l'appeller  ainfi.  Les  Gascons  avoienr  alors  à  leur  tête  un 
duc,  nommé  Eude,  que  les  uns  font  François  &  les  autres 
Espagnol.  Quel  qu'il  fût ,  c'étoit  un  très-habile  hom- 
me,  qui  avoir  profiré  des  guerres  civiles  de  la  France, 
ôc  du  mauvais  état  du  gouvernement,  pour  fe  faire  duc 
abfolu  ôc  indépendant  des  Gascons  ôc  d'Aquitaine.  Il 
pouffa  fes  conquêtes  fi  loin ,  qu'il  laiffa  peu  de  chofe 
aux  François  au-delà  de  la  Loire. 

NOVÊM  TURRES.  C'eft  ainfi  que  Diodore  de  Si- 
cile nomme  un  lieu  de  la  Sicile,  où  il  dit  que  le  roi 
Gelon  fut  enterré.  Ce  lieu  étoit  à  deux  cens  ftades  de 
Syracufe,  félon  Ortelius ,  ibefaur. 

NOVEM  VL€.  Voyez,   Amphipolis. 

NOVENS ,  bourg  de  France  ,  avec  château  ,  dans  le 
Maine  ,  élection  du  Mans. 

NOVENSIS  C1VITAS.  Voyez,  Nova. 

NO  VENSIS ,  iïége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  Mau- 
ritanie Céfarienne  ,  félon  la  conférence  de  Carrhage, 
où  on  trouve  Félix  Novenfis.  *  Harduin.  collecF.  concj 
C.  I.  p.  un. 


£oo       NOV 

NOVERUS,  NABARUS  ou  Novarus  ,  ancien 
bourg  ou  village  de  France,  dans  la  Saintonge  ,  au-delà 
de  la  Charente ,  par  rapport  à  Bordeaux.  C'eft  dans 
ce  lieu  qu'étoit  fituée  la  maifon  d'Aufone  (a).  On  croie 
que  c'eft  aujourd'hui  le  village  appelle  (b)  ies  Nouliers. 
(a)  Aufon.  Epift.  23.  (b)  Vinetus ,  in  Aufon.  epift. 

NOVESIUM.  C'eft  le  nom  ancien  de  la  ville  de 
Nuvs,  dans  l'électorat  de  Cologne.  Voyez.  Nuys. 

NO VI,  petirc  ville  d'Italie,  autrefois  dans  le  Mila- 
nez  ,  aujourd'hui  dans  la  partie  la  plus  feptentrionale 
de  l'état  de  Gènes,  au  nidi  delà  ville  de  Tortone.  Les 
Génois  s'emparèrent  de  Novi  vers  le  milieu  du  feizié- 
me  flécle ,  à  la  faveur  des  troubles  qui  agitoiem  l'Ita- 
talie.  *  V;J]er ,  Carte  du  Milanez. 

NOV1A  ,  ville  d'Italie.  On  trouve  dans  le  tréfor  de 
Goltzius,  une  ancienne  inicription  qui  fait  mention  de 
cette  ville  ;  Se  Lazius,  l.$.R.  P.  Roman,  ditquecette 
inicription  fe  conferve  à  Urbin  en  Italie.  On  la  voit  auiïï 
dans  le  recueil  de  Smécc.  *  Ortelii  Thefaur. 

NOVI-BASAR  du  Jeni-BasAr  ,  ville  de  la  Turquie, 
en  Europe,  dans  la  Servie,  aux  frontières  de  l'Herzé- 
govine. Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Rasca  ,  entre 
Urchupou  Précop  à  l'orient ,  &  Pleusglie  à  l'occident. 

1.  NOVIDUNUM,  ville  fur  le  Danube,  aux  envi- 
rons du  pays  de  Grutungi ,  félon  Ammien  Marcellin , 
l.    27.  p.   36;. 

2.  NOVIDUNUM,  nom  latin  de  la  ville  de  No- 
G£NT  le  Rotrou.  Voyez,  ce  mot. 

i.  NOVIENTUM.  Voyez.  Ebersmunster. 

2.  NOVIENTUM  ,  village  de  France  aux  environs 
de  Paris.  Surius  en  fait  mention  dans  la  vie  de  faint 
Rémi  *  Ortelii  Thefaur. 

NOVIGENTUM  ,  petite  ville  de  France  fur  la  Mar- 
ne. Il  en  eft  parlé  quelque  part  dans  Grégoire  de  Tours 
de  dans  la  vie  de  faint  Germain ,  éveque  de  Paris.  Quel- 
ques manuferits  portent  Nunigentum.  Il  fe  pourrait  fai- 
re que  ce  feroit  le  même  lieu  que  Novientum. 
Voyez,  ce  mot,  n°  2. 

1.  NOVIGRAD,  ville  de  la  Haute-Hongrie,  dans 
le  comté  de  même  nom ,  dont  elle  eft  le  chef-lieu.  Elle 
eft  bâtie  fur  une  colline  environ  à  deux  milles  du  Da- 
nube à  l'orient  de  ce  fleuve.  *  Atlas  ,  Rob.  de  Vaugonây. 

2.  NOVIGRAD  ,  contrée  de  la  Haute-Hongrie  , 
avec  titre  de  comté.  Elle  eft  bornée  au  nord ,  partie  par 
le  territoire  des  fept  villes  des  Montagnes ,  partie  par 
quelques  terres  du  comté  de  Hont  ;  à  l'orient  par  le 
comté  de  Hont;  au  midi  parle  comté  de  Peft ,  Se  à  l'oc- 
cident ,  partie  par  le  comté  de  Bars,  partie  par  le  Danube. 

3.  NOVIGRAD,  lac  de  la  Dalmatie ,  au  fond  du 
golfe  de  la  Morlacca;  il  tire  non  nom  de  la  ville  de 
Novigrad,  bâtie  fur  l'un  de  Ces  bords.  Il  reçoit  à  l'o- 
rient les  eaux  de  l'Obrazzo,  &  celles  du  lac  Carin  ;  au 
midi  celles  de  la  rivière  de  Novigrad ,  &  à  l'occident, 
il  fe  décharge  par  un  long  canal  dans  le  golfe  de  Mor- 
lacca.  Il  y  à  dans  ce  lac  divers  écueils  tous  voifins  de  la 
terre ,  &  fur  lesquels  fe  trouvent  quelques  habitations. 
*  Coronclli ,  Carte  de  la  Dalmatie. 

4.  NOVIGRAD ,  petite  rivière  ou  torrent  de  la 
Dalmatie.  Elle  fe  jette  dans  le  lac  de  même  nom ,  à 
l'occident  de  la  ville  de  Novigrad. 

5.  NOVIGRAD  ,  ou  Stretto  di  Novigradi ,  détroit 
dans  la  Dalmatie  :  c'en:  par-là  que  les  eaux  du  lac  de 
Novigrad  fe  déchargent  dans  le  golfe  de  Morlacca. 

6.  VOVIGRAD  ou  Novegradi  ,  ville  de  la  Dal- 
matie, fur  la  rive  méridionale  du  lac  de  même  nom.  Elle 
eft  fortifiée  &  bâtie  fur  une  éminence. 

7.  NOVIGRAD,  petite  ville,  ou  plutôt  château, 
de  la  Croatie,  fur  la  rivière  de  Dobra ,  à  l'occident  de 
Çarlftat.  *  Atlas,  Rob.  de  Vaugondi. 

NOVILIACUM  ou  Nobiliacum,  c'eft  le  nom  la- 
tin du  bourg  de  NoailJé  ,  en  Poitou.  Voyez.  Noaille. 

NOVIODUNUM  OPPIDUM  SUESSONUM  , 
Soi  fions  ,  ville  de  France,  &  non  pasNoYON,  dont  le 
nom  chez  les  anciens  n'a  jamais  été  Noviodunum  ,  mais 
Noviomagus  ,  ou  Neomagus  Verom  anduorum. 
Voyez  Soissons  Se  No  von. 

'NOVIODUNUM  ,£DUOPvUM.  Il  eft  incertain  fi 
ectre  ville  éroit  où  l'on  voit  aujourd'hui  Nevers.  Quel- 
qu'un du  Bourbonnois  a  promis  de  prouver  que  ce  No- 


NOV 


v'iodunum  étoit  plus  proche  de  la  fource  de  la  Loire  que 
n'eft  Nevers.  *  Notes  manuscrites  de  Lebeuf 

NOVIODUNUM  BITURIGUM,  ville  des  Gaules, 
chez  les  anciens  Bituriges.  Quelques  uns  croient  qu'elle 
étoit  où  eft  Neuvi  fur  Baranjon  ;  d'autres  que  c  étoit  où 
eft  placée  aujourd'hui  la  ville  de  Sancerre.  Lancelot  eft 
d'avis  que  ce  foit  Nouan  le  Fuzelier  qui  repréfentece 
Noviodunum.  *  Mém.  de  l'Acad.  des  Belles-Lettres , 
t.;.  p.  643. 

NOVIODUNUM  DIABLINTUM.  Voyez.  Nogent-; 

LE-ROTROU. 

NOVIODUNUM  TRICASTINORUM  ou  Trecas- 
tinorum.  Voyez.  Saint-Paul-trois-Chateaux. 

NOVIODUNUM  ou  Nuiodunum,  ville  de  la  Bafle- 
Mcefie.  Ptolomée,  /.  3.  c.  10.  la  place  dans  l'endroit 
où  le  Danube  fe  partage  en  diverfes  branches  qui  for- 
ment ces  différentes  bouches.  L'itinéraire  d'Antonin  la 
met  fur  la  route  A'Arrubium  à  Nicomcdie ,  entre  Dini- 
gulliaSe  JEgifon,  à  vingt  milles  de  la  première,  Se  à 
vingt-quatre  milles  de  la  féconde. 

NOVIODUNUM  ,  ville  de  la  Pannonie.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  place  fur  la  route  à'/Emona  à  Su  mu  m , 
entre  Pr&torium  Latovicorum  Se  Quadratum ,  a  trente 
8c  un  milles  tde  la  première  ,  Se  a  vingt  huit  miîlev  de  la 
féconde.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Krinbmg. 

NOVIOMAGUS  BATAVOilUM.  Voyez.  Nimfgue. 

NOVIOMAGUS  NEMETUM.  Voyez,  Nemetes 
Se  Spire. 

NOVIOMAGUS    TREVIRORUM.     Voyez.   Nu- 

MAGEN. 

NOVIOMAGUS  TRICASTINORUM  ou  Trecas- 
tinorum.  Voyez.  Saint-Paul-trois-Chateaux. 

NOVIOMAGUS  VEROMANDUORUM ,  ville 
des  Gaules ,  dans  la  féconde  Belgique  ,  aujourd'hui 
Noyon.  On  l'a  confondu  mal  à  propos  avec  Novio- 
dinum  Suessionum  ,  aujourd'hui  Soissons.  Voyez. 
Noyon  Se  Soissons. 

NOVIOMUS,  NOVIONUS  Se  NOVIONUM. 
Voyez,  Noviomagus  Veromanduorum. 

NOVION  ou  Nouvion  le  Vineux  ,  bourg  de  l'Ifle 
de  France ,  élection  de  Laon.  Les  habitans  de  cette 
paroifie  doivent  à  leur  feigneur  une  espèce  de  taille  en 
vin  de  cent  muids  par  an.  11  intervint  arrêt  du  parle- 
ment de  Paris  en  150J  ,  confirmatif  d'une  fentence  qui 
débôutoit  les  habitans  de  Novion  le  Vineux  ,  dé  la 
demande  qu'ils  faifoient,  à  ce  que  cette  rente  de  cent 
muids  par  an  fût  fixée  à  une  fournie  en  argent,  La  fin 
de  cet  arrêt  qui  eft  en  latin,  eft  remarquable  :  Sauf 
toutefois  à  l'intimé  de  faire  aux  appellanf  telle  grâce  , 
qu'il  az>ifera  bon  être,  à  caufe  de  la  misère  &  cala- 
mité du  tems.  Cette  claufe,  qui  fembleroit  à  préfent 
inutile  jusqu'à  l'impettinence ,  étoit  apparemment  pour 
lors  de  quelque  poids,  pour  infinuer  dans  l'efprit  d'une 
perfonne  de  qualité ,  une  confidération  d'équité  que  le 
parlement  ne  pouvoir  pas  preferire  avec  juflice.  *  Pi- 
ganiol ,  Defcription  de  la  France,  t.  3.  p.  84. 

NQVIOREGUM,  ville  d'Aquitaine.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Bordeaux  à  Autun, 
entre  Tamnum  Se  Mediolanum  Santonum  ,  à  douze  milles 
de  la  première  Se  à  quinze  milles  de  la  féconde.  Orte- 
lius ,  Thefaur.  croit  que  cette  ville  eft  la  même  chofe  que 
Noverus.  Voyez,  ce  mot. 

NOVIS.  Tite  Live  ,  /.  t.  c.  48  ,  dit  que  c'eft  aînfi 
que  s'appelloit  de  fon  tems  le  lieu  où  Virginius  tua  fa 
fille  Virginia.  Ce  lieu  étoit  vis-à-vis  du  temple  de  Ve. 
nus  Cîoacinc. 

NOVISONA  ,  petite  rivière  de  France ,  en  Franche- 
Comté  dans  le  bois  de  Saint  Claude.  Il  en  eft  parlé  dans 
la  vie  de  faint  Claude.  *  Ortelii  Thefaur. 

NOVITO  ,  petite  rivière  d'Italie  ,  au  royaume  de  Na-' 
ples.  Elle  a  fa  fource  dans  l'Apennin,  coule  dans  la  Ca- 
labre  ultérieure,  un  peu  au  nord  de  la  ville  de  Giera- 
ce  ,  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer  Ionienne.  Cetre  rivière 
s'appelloit  anciennement  Butrotus.  *  Magin>  Carte  de 
la  Calabre  ultérieure. 

NOVIUM.  Voyez,  Noela. 

NOVIUS  ou  Nuius ,  fleuve  de  la  Libve  intérieure. 
Ptolomée,  /.  4.  c.  6.  met  fon  embouchure  entre  la  ville 
de  Bagazi  Se  le  promontoire  Soloentia  ©u  Soluentia. 

NOVIUS, 


NOV 


NOVIUS,  fleuve  de  rifle  d'Albion  ,  félon  Ptolomée , 
/.  z.c.  3.  qui  place  fon  embouchure  entre  celle  du  fleuve 
DevaSc  le  golfe  Ituna.  Ortelius,  Thefaur.  croit  que 
c'efl  aujourd'hui  le  Nyd.  Cambden  efl:  de  même  fenti- 
mentj  mais  au  lieu  de  Novias,  il  voudrok  lire  Nodius 
dans  Ptolomée.  Voyez.  Pons  ALui. 

NOVOBARDUM.  Voyez.  Nebopridum  Se  Novo- 

PYRGUM. 

NOVOCOME.  Voyez.  Novum-Comum. 

NOVO-COMUM.  Voyez.  Come. 

NOVOGORD-SEVIERSKI  ou  Novogrodeck  , 
forêt  de  l'empire  Ruflien,  dans  la  partie  méridionale  du 
duché  de  Séverie  ,  entre  la  rivière  de  Nevin  à  l'orient , 
&  celle  d'Ubiecz  ou  Dubica  à  l'occident.  La  rivière  de 
Dezna  la  traverfe  du  nord  au  fud.  On  lui  donne  vingt- 
quatre  lieues  d'Allemagne  de  longueur ,  8c  fa  largeur 
n'efl  pas  de  beaucoup  moindre. 

1.  NOVOGOROD  ou  Novogrod,  ville  de  l'em- 
pire de  Ruine ,  de  la  grande  Novogorod,  fur  la  rivière 
de  Wolchowa.  Lundorp  dans  la  continuation  de  Slcidan, 
la  met  à- 62  deg.  d'élévation,  Se  Paul  Jove  à  64dcg. 
mais  dans  l'obfervarion  qu'OIearius  en  fit  le  1  j  de  Mars 
i6$6  ,  il  trouva  qu'à  midi  le  foleil  étoit  élevé  fur  l'ho- 
rizon de  3  3  deg.  4J  min.  Se  que  la  déclinaifon  du  foleil , 
à  caufe  du  biflexte  ,  à  raifon  de  jj  deg.  étoit  de  2  d. 
8  min.  lefqucls  étant  déduits  de  l'élévation  du  foleil , 
celle  de  la  ligne  équinoéïiale  ne  pouvoir  être  que  de  3 1 
deg.  27  min.  lesquels  ôtésde  90  deg.  il  n'en  pouvoit  de- 
meurer que  58  deg.  23  min.  Cette  obfervation  s'accorde 
à  peu  près  avec  le  calcul  qu'en  avoir  fait  Bureus ,  quel- 
que tems  auparavant  étant  ambafladeur  de  Suéde  en  Mos- 
covie ,  Se  qui  dans  fa  carre  géographique  de  Suéde  Se 
de  Moscovic  ,  met  la  ville  de  Novogorod  à  58  deg.  1 3 
min.  Cette  ville  efl  fituée  dans  une  grande  plaine  fur 
le  bord  de  la  rivière  de  Wolchowa  ou  Wolcbou ,  qui  fort 
de  la  partie  feptentrionale  du  lac  d'Ilmen,  à  une  demi- 
lieue  au-deflus  de  la  .ville,  Se  qui  efl  très  abondante  en 
poiflbn  ,  particulièrement  en  brèmes,  qui  y  font  excel- 
lentes Se  à  grand  marché.  Mais  le  plus  grand  avantage 
que  Novogorod  tire  de  cette  rivicre  ,  c'efl  celui  du  com- 
merce. Comme  elle  efl  navigable  depuis  fa  fource ,  Se 
que  le  pays  elt  très-riche  en  bled  ,  lin ,  chanvre  ,  cire 
Ôc  cuir  de  Ruilie  ,  que  l'on  prépare  mieux  à  Novogo- 
rod qu'en  aucune  autre  ville  de  Moscovie  ;  la  facilité 
du  transport  de  ces  marchandifes  attiroit  autrefois  les 
Livoniens  ,  les  Suédois ,  les  Danois,  les  Allemands  Se 
les  Hollandois.  Les  villes  Anféatiques  y  avoient  leur 
bureau  ou  comptoir ,  ôc  les  privilèges  dont  elle  jouiffbit 
fous  fon  prince ,  qui  ne  reconnoiiïbit  point  le  grand  duc, 
l'avoient  rendue  li  puiflante,  qu'il  étoit  pafîé  en  pro- 
verbe :  Qui  èft-cc  qui  peut  s'oppojer  à  Dieu  &  à  la 
grande  ville  de  Novogorod  ? 

On  l'appelle  communément^-/^/  Novogorod,  c'efl- 
à  dire ,  le  grand  Novogorod  ;  elle  a  beaucoup  diminué  ; 
l'on  voit  dans  fon  voifinage  les  reftes  des  murailles  Se 
de  plufieurs  clochers ,  qui  faifoient ,  fans  doute  ,  partie 
de  la  ville.  Le  nombre  des  clochers  qu'elle  a  confèrvés 
promet  quelque  chofe  de  plus  beau  que  ce  qu'elle  efl: 
en  effet.  Lorsqu'on  en  approche ,  on  n~  voit  que  des 
murailles  de  bois  Se  des  maifons  bâties  de  poutres  ôc 
de  folives  de  fapin  entaffées  les  unes  fur  les  autres. 

Vithold  ,  grand  duc  de  Lithuanie,  &  général  de  l'ar- 
mée de  Pologne,  fut  le  premier  qui  contraignit  cette  ville 
en  1427  à  payer  tribut.  On  prétend  qu'il  étoit  décent 
mille  roubles.  Le  tyran  Jean  Bafili  Giotsdin,  après  une 
guerre  de  fept  ans,  remporta,au  mois  de  Novembre  1467, 
une  grande  victoire  fur  une  armée  que  cette  ville  avoir 
tnife  fur  pied  ,  Se  força  les  habitans  de  fe  rendre  Se  de  re- 
cevoir un  Gouverneur  de  fa  part.  Enfuite  ne  s'y  croyant 
pas  allez  abfolu  ,  il  y  alla  en  perfonne  ,    fe  fervant  du 
prétexte  de  la  religion  ,  Se  les  vouloir  empêcher  de  fui- 
vre  la  Catholique  Romaine.   L'archevêque  Théophile, 
qui  y  avoit  le  plus  d'autorité,  fut  celui  quifavorifa  da- 
vantage fes  dentins.  Il  en  fut  mal  récompenfé  dans  la 
fuite  ;  à  peine  le  tyran  fut-il  entré  dans  la  ville  ,  qu'il  la 
pilla.  En  fe  retirant ,  il  emmena  avec  lui  trois  cens  cha- 
riots chargés  d'or  ,  d'argent  &  de  pierreries ,  des  riches 
étoffes  &  des  meubles  précieux,  qu'il  fit  mettre  fur  plu- 
fieurs autres  chariots  Se  porter  à  Moscou.  11  y  transporta 


NOV        601 

aufll  un  grand  nombre  d'habitans  Se  envoya  des  Mosco- 
vites tenir  leur  place  à  Novogorod. 

La  cruauté  de  Jean  Bafilowitz,  grand  duc  de  Moscovie, 
fut  encore  plus  funefle  à  cette  ville.  Sur  la  feule  dé- 
fiance qu'il  eut  de  la  fidélité  des  habitans ,  il  y  entra  en 
1569,  Se  y  fit  tuer ,  ou  jetter  dans  la  rivière,  deux  mille 
fept  cens  foixante  Se  dix  perionnes ,  fans  diflinction  de 
qualité  ,  de  fexe  ni  d'âge,  outre  une  infinité  de  pauvres 
gens  qui  furent  écrafés  par  la  cavalerie  qu'on  lâcha  fur 
eux.  On  jetta  tant  de  corps  dans  le  Wolchowa ,  que 
-les  eaux  fe  débordèrent  fur  toute  la  campagne  voifine. 
La  pelle,  dont  la  ville  fut  infectée  à  la  fuite  de  ce  des- 
ordre, fut  fi  furieufe  ,  que  perfonne  ne  voulant  fe  ha- 
zarder  d'y  porter  des  vivres,  les  habitans  furent  réduits 
à  manger  les  corps  morts.  Le  tyran  prit  prétexte  de  cette 
espèce  d'inhumanité  pour  faire  tailler  en  pièces  la  plus 
grande  partie  de  ceux  qui  avoient  échapé  à  fa  première 
cruauté ,  à  la  pefle  &  à  la  famine.  L'archevêque  de  ia. 
ville,  croyant  adoucir  le  tyran,  lui  fit  dans  fon  palais 
un  grand  feflin  ,  pendant  lequel  le  duc  envoya  piller  le 
riche  temple  de  fainte  Sophie&  tous  les  tréfors  des  autres 
églifes  qu'on  y  avoit  retirés,  comme  dans  un  lieu  de 
fureté.  Il  n'en  demeura  pas-là;  après  le  diner ,  il  fit  aufll 
piller  l'archevêché  ,  déclara  à  l'archevêque  qu'il  vouloir 
qu'il  fe  mariât,  Se  que  tous  les  autres  prélats  &  abbés 
qui  s'étoient  réfugiés  dans  la  ville  fufient  des  noces;  & 
il  ordonna  à  chacun  la  fournie  dont  il  vouloit  qu'ils  fifient 
préfent  aux  nouveaux  mariés.  Tous  apportèrent  ce  qu'ils 
avoient  pu  fauver,  dans  l'espérance  que  leur  archevêque 
en  profiteroit  :  mais  le  tyran  ,  après  avoir  pris  l'argent , 
fit  amener  une  cavale  blanche  ,  &  lier  l'archevêque  in- 
dignement deflus ,  avec  des  flageolets  pendus  au  cou, 
une  vielle  Se  un  ciflre,  &  l'obligea  de  jouer  du  flageolet. 
On  le  mena  ainfi  à  Moscou  -,  tous  les  autres  prélats  , 
abbés  Se  moines  furent  taillés  en  pièces ,  ou  chafles  à 
coups  de  piques  Se  de  hallebardes  dans  la  rivière. 

On  dit  qu'anciennement,  avant  que  la  ville  de  No- 
vogorod eût  embraflé  le  Chriflianisme ,  il  y  avoit  une 
idole  qu'on  appelloit  Perun,  c'efl-à  dire,  le  dieu  du 
Feu.  Cette  divinité  étoit  repréfentée  la  foudre  à  la  main; 
Se  on  enttetenoit  auprès  un  feu  perpétuel  de  bois  de 
chene,  Se  s'il  s'éteignoit,  ceux  qui  éroient  chargés  de 
le  conferver  ,  éroient  punis  de  morr.  On  dit  que  le  Mo- 
naflere  Perunski  Mmafler,  a  été  bâti  au  lieu  où  étoit 
autrefois  le  temple  de  l'idole. 

Hors  de  la  ville  Se  de  l'autre  côté  de  la  rivière ,  on 
trouve  un  château  ceint  de  murailles  de  pierres.  C'efl  la 
demeure  du  vaivode  Se  de  l'archevêque.  Ce  château  efl: 
joint  à  la  ville  par  un  grand  pont ,  d'où  le  duc  Ivan 
Bafilowitz  fit  précipiter  dans  la  rivière  ce  grand  nom- 
bre d'habitans,  dont  il  a  été  parlé.  Vis  à  vis  du  château 
du  côté  de  la  ville  }  on  voit  un  couvent  dédié  à  faint 
Antoine.  Les  Moscovites  difenr  que  ce  faint  étoit  venu 
de  Rome  en  ces  quartiers  fur  une  pierre  de  moulin , 
avec  laquelle  il  descendit  par  leTibie,  paffa  la  mer  Se 
remonta  la  rivière  de  Wolchowa  jusqu'à  Novogorod.  Ils 
ajoutent  qu'en  arrivant  il  rencontra  des  pêcheurs  avec 
lesquels  il  fit  marché  de  tout  ce  qu'ils  prendroient  du 
premier  jet;  qu'ils  amenèrent  un  grand  coflïe  plein  d'or- 
nemens  facerdotaux ,  de  livres  &  d'argent  appartenant 
à  ce  faint ,  Se  qu'enfuite  il  bâtit  dans  ce  lieu  une  cha- 
pelle,  où  ils  prétendent  qu'il  efl  enterré,  Se  que  fon 
corps  y  efl  encore  aufll  entier  que  le  jour  de  fa  morr. 
On  allure  qu'il  s'y  fait  beaucoup  de  miracles  ;  mais  orl 
ne  permet  pas  aux  étrangers  d'entrer  dans  la  chapelle. 
On  montre  feulement  la  pierre  de  moulin,  fur  laquelle 
on  prétend  que  le  faint  a  fait  le  voyage  :  elle  efl  cou- 
chée contre  la  muraille.  Les  grandes  dévotions  qui  s'y 
font  ,  ont  fourni  de  quoi  bâtir  le  couvent  de  faint  An- 
toine. *  Olearius,  voyage  de  Moscovie,  1.  2.  p.  89.  Se 
fuiv. 

2.  NOVOGOROD  WELIKI,  duché  dans  les  états 
de  l'empire  Ruflien.  La  ville  de  Novogorod  Weliki  qui 
en  efl  la  capitale  ,  lui  donne  fon  nom.  Il  efl  borné  au 
nord  ,  partie  par  le  lac  d  Onega  ,  partie  par  le  Carga- 
pol;  à  l'orient  par  le  duché  de  Belozero  Se  par  celui 
de  Twere  ;  au  midi  par  la  province  de  Kzeva  ;  &  au 
couchant  par  l'Ingrie  Se  par  la  feigneurie  de  Plcskow, 
*  Robert  de  Vaugondi ,  Atlas. 
Tom.lV.  Gggg 


602       NOU 

Ce  duché  efl  partagé  en  divers  quartiers,  qui  font 

Ob-Oneskaia  Petina ,  ou     Quartier  d'au-deçà  de 

l'Onega , 
Grufîna   Pogofi ,        ou     Tribu  de  Grufîna, 
VichneyVolock.  /      Espèces   de    républi- 

ZioufolikhêVolock^      $  ques, 

Befvohk'i  Petina ,  Quartier  aride. 

Parmi  les  lacs  qui  fe  trouvent  dans  ce  duché ,  on  compte 
l'Ilmen,  le  Voldai,  le  Lutinifch  ,  le  Mftim. 
Le  pays  eft  arrofé  de  plufieurs  rivières  ;  favoir , 
Wolchowa ,      Niescha  ,  Uffa  , 

Viregra,  Mfta,  Vidocha , 

Suite,  Palamit,  Strupin, 

Bad agh-konza ,  Sna  ,  Pchega  , 

Pach ,  Lovai ,  Loega. 

Ochtoma ,         Salona , 

Les  villes  ou  principaux  lieux  ,  font 


NOY 


Novogorod , 

Nitzgora  ou  Vitegra , 

Ochtoma 

Tiffina , 

Ludoga  ou  Ladiskia, 

Soltza  , 

Gorodna , 

Poliffa  , 

Parcof , 


Nova-Ruffa  ou  nou- 
velle Rnffa  , 

Staraia  Ruffa  ou  vieil- 
le Ruffa, 

Krocka , 

Quclcor  » 

Niubocki, 

Chem, 


NOVOGOR-SËRPSKOY,  ou  Novoserpskoy  , 
yille  de  l'empire  Ruilîen  ,  dans  le  duché  de  Severie  ,  fur 
la  rivière  d  Ubiecz. ,  autrement  de  Dubica  ,  au  midi  de 
Stari  Zaugra  ou  du  vieux  Zaugra.  *  Robert  de  Vaugondi , 

NOVOGOROD,  NISI-NOVOGOROD,  ou  Nis- 

kei  Novogorod.  Voyez.  Nisen. 

NOVOGRODECK,  Palatinat  de  PaRuflie  Lithua- 
niene ,  &  le  plus  occidental.  La  rivière  de  Niémen  le 
fépare  au  nord  de  celui  de  Trcki ,  &  au  nord  eft  de 
celui  de  Minski  ;  il  a  au  midi ,  &  en  partie  au  cou- 
chant celui  de  Brzescie ,  &  celui  de  Troki  achevé  de  le 
borner  au  couchant.  Il  a  plus  de  60  lieues  communes 
de  France  d'étendue  du  levant  au  couchant,  Si  50  du 
midi  au  nord.  Ce  Palatinac  eft  partagé  en  quatre  ter- 
ritoires ;  favoir ,  Novogrodeck  ,  Slonim ,  Wolkovirs  & 

Neswis. 

NOVOGRODECK  ,  ville  de  la  Ruffie  Lithuaniene, 
capùale  du  Palatinat  de  même  nom.  Cette  ville  ,  qui 
eft  fans  défenfe .  eft  fituée  au  milieu  d'une  vafte  plaine  , 
à  fix  lieues  à  la  gauche  du  Niémen.  Ses  maifons  font 
de  pierres ,  &  le  parlement  ou  confeil  fouverain  de  Li- 
thuanie  s'y  affemble  en  été  à  l'alternative ,  &  dans  la  ville 
de  Minski.  Les  Je  fuites  y  ont  un  collège. 

NOVOMONTE.  Voyez.  Monte-novo. 

NOVO-PYRGUM,  Chalcondyle  place  cette  ville 
auprès  du  Morave.  Ortelius,  Tbejaur.  dit  qu'il  y  avoit 
à  la  marge  Novobardum ,  qui  eft  la  même  chofe  que 
novus  Mons  ou  Monte  novo.  Voyez,  ce  mot. 

NOURAGUES  ,  peuples  de  l'Amérique  méridiona- 
le (a),  dans  h  Guiane  ou  Goyane.  Ils  demeurent  vers 
la  fource  de  la  rivière  Yapoco,  environ  à  foixante  lieues 
dans  les  terres.  Ils  cultivent  beaucoup  de  coton  (  b  ) , 
dont  ils  font  des  amacs,  ou  lits  pendans ,  qu'ils  vendent 
aux  autres  Sauvages ,  qui  ont  moins  d'induftrie  qu'eux. 
Ils  jouiffent  d'un  air  beaucoup  plus  fain  que  ceux  qui 
habitent  près  du  rivage.  On  trouve  dans  leur  contrée 
de  certaines  pierres,  qui  approchent  en  couleur  des  ru- 
bis appelles  Rubis-baluys.  (  1)  Robert  de  Vaugondi,  Atlas. 
(b)  Com.  Dict.  Lae't.  Defcr.  des  Indes  occid. /.  ij.ç.  7. 

NOUS.  Voyez.  Nus. 

NOU  V  ION,  village  de  France ,  dans  la  Picardie, 
diocèk-  d'Amiens,  élection  d'Abbeville ,  fur  la  route 
d'Abbeville  à  Montreuil.  Le  château  de  ce  lieu  a  été 
célèbre  au  quatorzième  fiécle.  Louis  XI  vint  de  Rouen 
y  faire  fa  réfidence  l'an  1464  ;  François  I  y  a  auffi  donné 
des  déclarations  en  Février  &  Mars  1539.  Kn  1465  & 
1474,  le  roi  confirma  à  Jean  d'Eftouteville  le  droit  de 
garenne  ëc  de  chaile  dans  les  bois  de  Nouvion.  Blan- 


chard a  quelquefois  écrit  dans  Ces  tables  Noyon  ;  l'édi- 
teur de  l'abrège  de  la  vie  de  Charles  VII  l'a  nommé 
Nommon  encore  plus  mal.  La  cure  eft  à  la  nomination 
du  chapitre  de  faint  Vulfran  d'Abbeville.  C'eft  une 
châtellenie  pairie  de  Ponthieu,qui  a  de  belles  mouvances. 
NOVUM  CASTRUM,  nom  commun  à  divers 
lieux.  Voyez.  Neucastle,  Neuf-Chatil  ,  Chateau- 

NEUF  &   NEOCASTRO. 

NOVUM  LOMUM.  Voyez.  Côme. 

NOVUS  MURUS  Voyez.  Neontichos. 
•  NOVUS  PORTUS ,  port  de  Lifte  d'Albion.  Ptolp- 
mée ,  /.  2.  c.  3.  le  place  fur  la  côte  méridionale  de  1  Ifle, 
entre  l'embouchure  du  fkuv cTrifaaton  &  le  promon- 
toire Cantiurn.  Il  pourroit  avoir  confervé  fon  ancien 
nom  i  car  il  y  a  dans  ce  quartier  un  port  qu'on  appelle 
aujourd'hui  Neviaven  ,  ce  qui  veut  dire  la  même  chofe. 

NOUY  ,  village  de  France,  dans  la  Champagne  ,  éle- 
ction de  Rhetel.  11  y  a  dans  ce  village  un  prieuré  con- 
fidérable,  de  l'ordre  de  faint  Benoit  &  de  la  congréga- 
tion de  faint  Vanne.  11  jouit  de  quinze  mille  livres  de 
rente.  11  n'y  a  que  le  prieur  &c  huit  religieux. 

NOYA  ,  rivière  d'Espagne  dans  la  Catalogne  ;  elle 
tombe  dans  le  Llobregat  auprès  de  Martorel.  *  Déli- 
ces d' Es-pagne,  t.  4.  p.  589. 

NOYA,  Noela  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Galice, 
fur  la  rive  méridionale  d'un  petit  golfe  que  la  T'ambre 
forme  à  fon  embouchure.  Cette  ville  eft  fituée  ai  bout 
d'une  plaine  très-fertile.  C'cft  l'un  des  chantier;,  dt  la 
Galice  :  on  y  fabrique  un  grand  nombre  de  vaiffeaux. 
*  Délices  d' Espagne ,  t.  i.p.  127. 

NOYAN  ,  village  de  France,  proche  Soiflbns.  Voyez. 
Noviodunum  Oppidum  Siteffonum. 

i.NOYELLES  SUR  MER,  bourg  de  France,  dans 
la  Picardie  ,  fur  la  côte  ,  élection  d'Abbeville.  11  y  a  un 
chapitre  compofé  d'un  doyen,  qui  eft  élu  par  le  cha- 
pitre ,&  confirmé  par  l'évêque  d'Amiens.  Ce  doyen  eft 
à  la  tête  de  douze  chanoines.  *  Piganiol,  Defcr.  delà 
France ,  r.  3.  p.  137. 

2.  NOYELLES ,  château  de  la  Flandre  Françoife 
dans  la  châtellenie  de  Lille  ,  au  pays  de  Mélantois ,  au 
nord  de  Seclin. 

NOYEN  ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  élection 
de  la  Flèche. 

NOYERS,  Nuceru  ,  petite  ville  de  France,  dans 
la  Bourgogne ,    entre    Montbart    &    Auxerre  ,    dans 
un  vallon  entouré  de  montagnes  de  tous  côtés.  Cet- 
te ville  a  fix  cens  pas  de  long  &  trois  cens    dans   fa 
plus  grande  largeur.  Elle  eft  ceinte  de  murailles  fort  an- 
ciennes, avec  vingt-deux  tours  bâties  de  pierres  de  taille. 
Elle  a  deux  portes ,  l'une  au  midi ,  &  l'autre  au  fepten- 
trion.  La  rivière  de  Serin  l'environne  de  tous  côtés , 
hors  celui  du  nord.  Cette  ville  eft  du  diocèfe  de  Lan- 
gres.  Ses  anciens  comtes  étoient  de  puiflans  feigneurs; 
on  n'en  connoît  point  l'origine  :  on  fait  feulement  que 
Hugues  de  Noyers  ,  évêque  d'Auxerre  ,  mort  en  1 206" , 
doir  en  être  regardé  comme  le  fécond  fondateur.  Ce 
prélat  la  mit  en  état  de  fe  défendre  contre  les  attaques 
les  plus  fortes,   &  la  laifiâ  en  cet  état  à    fon    neveu 
Milon  ,  fils  de  Clerembaud.   Ceci  fe  prouve  par  fon 
hilloire  dans  les  geftes  des  évêques  d'Auxerre.  On  doit 
regarder  comme  fabuleux  tout  ce  que  Gaspard   Marin 
a  écrit  en  1591  >  fur  les  anciens  feigneurs  de  Noyers 
avant  ce  Clerembaud  ,  quoiqu'il  affine  avoir  tiré  ce  qu'il 
en  dit  des  manuferits   d'Evrard,  abbé  de  FontenaLau 
diocèle  d'Autun ,  qui,  félon  lui,  vivoit  en  1350.  Le 
collège  a  été  fondé  de  l'union  de  quelques  chapelles, 
&  de  cent  écus  de  rente ,  que  îa  ville  donne  aux  pères 
de  la  Doctrine  Chrétienne;  qui  y  en  feignent  les  baffes 
clafles.  Il  y  a  deux  petits  hôpitaux,  l'un  dans  la  ville, 
l'autre  dans  le  fauxbourg.  La  juftice  appartient  au  fei- 
gneur  ,  qui  la  fait  exercer  par  un  bailli,  un  lieutenant , 
lin  procureur  fiscal,  cVc.  Ce  bailliage  eft  ad  iriftar  des 
royaux  &  en  a  les  privilèges.  L'appel  des  fentences  fe 
relevé  au  préfidial  de  Semur.  11  y  a  auffi  un  grenier  à 
fel.L'églife  paroiffiale  eft  dédiée  a  Notre-Dame.  le  faux- 
bourg,  quoique  féparé  de  la  ville,    en  dépend   auffi- 
bien  que  le  village  de  Puis-de-bon  raifin.  Les   métairies 
de  Champferin  ,  de  la  Borde,  de  la  Folle  de  Vaux  ,  des 
Veilles  ôc  de  Beauvais;  les  granges  neuves d'Arfan  ,  de 
Clavifi ,  de  Burfon ,  les  métairies  de  Seuhe- Bouteille ,  & 


iNOY 


du  Pois  de  l'Echelle,  font  auffi  des  dépendances  de  la 
paroille  de  Noyers.  11  y  a  quantité  de  vignes.  L'abbé 
de  Molesme  eft  collateur  de  la  cure.  Il  y  a  deux  cha- 
pelles dans  l'églife  paroiffiale.  Dans  le  fauxbourg  eft  le 
prieuré  de  faint  Jacques ,  qui  appartient  aux  religieux 
Bénédictins.  Il  y  a  un  couvent  de  religieufes  Urfuli- 
nes ,  Se  une  maifon  des  pères  de  la  Doctrine.  On  voit 
au-deflus  de  la  ville  de  Noyers  les  vertiges  d'un  ancien 
château  ,  qui  fubfiftoit  encore  au  feiziéme  fiécle ,  qui 
fut  pris  par  les  Calviniftes  en  1568,  Se  qui  a  été  dé- 
moli depuis.  Noyers  eft  le  partage  des  troupes  de  Mont- 
bar  à  Auxttze.*Pigamol3  Defcr.  de  la  France,  t.  3.  p.  ;o6. 
NOYERS ,  bourg  de  France ,  dans  la  Touraine  ,  éle- 
ction de  Chinon. 

NOYERS  ,  NitcerU,  Abbaye  d'hommes  en  France, 
de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  de  la  congrégation  de  faint 
Maur  dans  la  Touraine  :  elle  eft  fuuée  fur  le  bord  fep- 
tentrional  de  laCreufe,  &à  droite  de  celle  de  Vienne 
au  diocèfe  de  Tours,  à  deux  lieues  de  fainte  Maure, 
&  à  une  demi-lieue  du  port  de  Piles ,  dans  le  bailliage 
&à  trois  lieues  de  Chinon,  Se  à  quatre  petites  de  Châ- 
relleraud.  Elle  a  été  fondée  l'an  1030.  Le  revenu  de 
l'abbé  eft  de  douze  cens  livres,  &  celui  des  religieux, 
qui  font  au  nombre  de  neuf  ou  dix ,  au  moyen  des  offi- 
ces clauftraux  ,  eft  de  deux  mille  cinq  cens  douze  livres. 
L'on  veut  qu'il  y  ait  de  l'or  mêlé  dans  le  terrein  de  ce 
monaftere  :  on  en  a  cherché  la  mine  inutilement ,  parce 
que  l'eau  de  la  rivière  remplit  les  foflës  que  l'on  fait. 
Il  y  a  auffi  des  mines  de  fer  Se  de  cuivre.  Ceft  dans 
ces  dernières  qu'on  prétend  qu'il  y  a  de  l'or. 

NOYON  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Vermandois ,  en 
Picardie  ,  aujourd'hui  du  gouvernement  del'Ifle  de  Fran- 
ce, à  vingt-deux  lieues  de  Paris,  fur  la  petite  rivière 
de  Vorfe ,  qui  fe  jette  à  un  quart  de  lieue  de-là  dans 
l'Oife. 

Cette  ville  eft  fort  ancienne.  Elle  étoit  la  féconde 
du  pays  des  Veromandui  ,  &  s'appelloit  Noviomagus 
Veromanduorum.  Elle  ne  porte  point  d'autre  nom 
chez  tous  les  anciens.  C  eft  fous  ce  nom  que  la  défigne 
l'itinéraire  d'Antonitr,  en  décrivant  la  route  de  Medio- 
lanum  Santonum  à  Vienne  par  les  Alpes  Cottiennes. 
Ceft  auffi  le  feul  nom  qu'elle  porte  dans  la  notice  de 
l'Empire,  où  l'on  lit  :  t'rjfeElus  Lœtorum  Batavorum 
Contruginenflum  Noviomago  Bclglcn,  fecundx.  Dans  la 
fuite  par  corruption  de  Neomagus ,  on  a  fait  Noiomtis 
Se  Noiomum ,  Noiomts  Se  Noionum ,  d'où  s'eft  formé 
Noyon  ;  que  depuis  Se  dans  les  derniers  ficelés  on  a  re- 
traduit ,  par  ignorance ,  en  latin  par  Noviodunum.  Cette 
ignorance  a  produit  une  bévue  ,  dans  laquelle  beau- 
coup de  favans  ont  donné.  Trompés  par  ce  mot  No- 
viodumim ,  ils  ont  cru  que  Noyon  étoit  l'ancien  Novio- 
dunum Suc/ftonum;  mais  Sueffiones &  Veromandui  étoienc 
deux  peuples  tres-diftincts ,  quoique  voifins  ;  Se  ce  que 
Céfar  a  dit  de  Noviodunum ,  dont  il  fait  la  cité  des 
Sueffiones,  ne  peut  jamais  convenir  à  Noviomagus. 
Voyez  Soissons.  Ceft  d'ailleurs  une  règle  confiante  pour 
la  géographie  des  premiers  fiécles  de  l'églife ,  que  les 
diftriôts  des  évêchés  étoient  les  mêmes  que  les  dillricts 
civils.  Les  Sueffiones  eurent  leur  évêque  ,  dont  le  fiége 
fut  à  Augufta  ,  précédemment  Noviodunum  Sutffîonum, 
Soijjons  ,  les  Veromandui  eurent  auffi  leur  évêque  qui  fié- 
geoit  à  Augufta  Veromanduorum ,  ville  bâtie  par  les 
Romains,  &:  qui ,  lorsque  cette  ville  eut  été  ruinée, 
transporta  fon  fiége  à  Noviomagus ,  Noyon.  Le  diocèfe  de 
cet  évêque  Se  celui  de  l'évêque  de  Soifîons,  font  en- 
core aujourd'hui  les  mêmes  qu'ils  ont  été  dans  leur  ori- 
gine. L'un  comprend  tout  le  pays  des  Veromandui ,  Se 
l'autre  tout  celui  des  Sueffiones. 

Noyon  étoit  peu  confidérable  avant  que  les  Romains 
fulfent  maîtres  des  Gaules ,  &  lorsqu'ils  les  poffede- 
rent ,  parce  que  la  capitale  des  Veromandui  étoit  Au- 
gufta, qui  fut  ruinée  vers  j31.Ce  fut  alors  que  faint 
Médard ,  évêque  des  Vermandois  ,  transféra  fon  fiége  à 
Noyon  ,  qui  depuis  s'eft  beaucoup  accrue  ;  elle  eft  au- 
jourd'hui parTablement  grande,  Se  dans  une  fittjation 
commode  pour  le  commerce.  On  y  compte  quatre  mille 
cinq  cens  habitans.  Il  y  a  huit  paroiffes  dans  la  ville, 
Se  deux  dans  les  fauxbourgs.  La  plus  ancienne  eft  celle 
de  fainte  Magdelène,  &  celle  de  faint  Martin  eft  la  plus 
grande.  La  ville  renferme  encore  dans  fon  enceinte  deux 


NOY        603 


abbayes ,  qui  étoient  autrefois  dans  fes  fauxbourgs.  La 
plus  ancienne  Se  la  plus  confidérable  eft  celle  de  faint 
Eloi ,  fondée ,  ou  du  moins  amplifiée  par  ce  Saint ,  & 
illuftrée  dans  la  fuite  de  fon  tombeau  Se  de  fon  nom. 
Elle  eft  occupée  par  vingt  religieux  Bénédictins  de  la 
congrégation  de  faint  Maur.  Son  revenu  eft  de  douze 
mille  livres.  L'églife,  bâtie  à  la  moderne,  &  achevée 
vers  lan  1680  ,  eft  très  belle,  auffi-bien  que  la  maifon 
conventuelle.  L'autre  abbaye  eft  celle  de  faint  Barthcle- 
mi,  fondée  l'an  604.  par  Baudoin  I  ,  évêque  de  Noyon. 
Elle  eft  oectipée  par  douze  chanoines  réguliers  de  l'or- 
dre de  faint  Auguftin.  L'églife,  quoique  petite,  eft  affez 
jolie.  Elle  a  été  bâtie  vers  l'an  17 10.  Les  Cordeliers , 
qui,  d'abord  ne  furent  que  dans  un  des  fauxbourgs  vers 
l'an  1230,  ont  à  préfent  dans  la  ville  un  fort  beau  cou- 
vent. Les  pères  Capucins  s'établirent  auffi  en  1 6 1  o ,  dans 
un  fauxbourg,  Se  ils  y  font  encore.  Il  y  a  de  plus  dans 
Noyon  un  Hôtel-Dieu ,  ou  hôpital  Saint  Jean ,  fondé 
au  douzième  fiécle.  Il  eit  deliervi  par  une  nombreufe 
communauté  de  religieufes  de  l'ordre  de  faint  Augultin. 
Les  Urlulines  forment  à  préfent  une  communauté  de 
foixante  religieufes.  Les  fœurs  de  la  Ste  Famille  ont  été 
établies  vers  la  fin  du  dernier  fiécle,  pour  la  retraite 
des  femmes  Se  pour  l'inftruction  des  jeunes  fille*  :  e  les 
font  au  nombre  de  huit  ou  dix  religieufes.  Il  y  a  encore 
deux  ou  trois  filles  établies  depuis  long-tems  pour  le 
même  fujet ,  fous  le  nom  de  Béguinage.  Le  collège  eft  oc- 
cupé pai  quatre  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de  S.  Augu- 
ftin.  L'hôpital  général  des  pauvres  enfermés  eft  deflervipar 
un  curé  Se  par  un  chapelain.  Le  féminaire  a  été  bâti  en 
1700.  Il  eft  adminiftré  par  quatre  prêtres  de  la  con- 
grégation de  la  Milfion. 

La  ville  de  Noyon  a  quatre  portes  principales  avec 
quatre  fauxbourgs  qui  en  prennent  le  nom.  Ces  faux- 
bourgs font  Damejoume,  Saint  Eloi,  Saint  Jacques  Se 
Due.  Il  y  a  encore  une  autre  petite  porte  qui  conduit 
au  fauxbourg  de  Saint  Blaife,  dans  lequel  il  y  a  une 
chapelle  du  nom  de  ce  Saint,  avec  titre  de  prieuré  fim- 
ple,  qui  dépend  de  l'abbaye  de  Saint  Eloi. 

Depuis  l'an  1108,  les  habitans  de  Noyon  jouiflcnt 
du  droit  de  commune,  établi  par  l'évêque  Balderic ,  <5c 
confirmé  par  le  roi  Louis  VI ,  dit  le  Gros ,  &  par  Louis 
VII,  dit  le  Jeune.  On  dit  par  fobriquet  les  Friands  de 
Noyon  ;  ce  qui  eft  venu  des  excellentes  patilîeries  qui 
s'y  faifoient. 

Chilperic  II ,  roi  delà  première  race,  fut  enterré  à 
Noyon  en  72 1  ;  Charlemagne ,  de  la  féconde  ,  y  fut  cou- 
ronné en  768  ,  &  Hugues  Capet ,  de  la  troifiéme  ,  y 
fut  élu  roi  en  987.  Elle  eft  la  patrie  de  Jean  Cauvin  , 
qui  changea  fon  nom  en  celui  de  Calvin  ,  Se  qui  n'eft 
que  trop  connu  par  fes  ouvrages,  par  fes  disciples,  Se 
par  les  peuples  chez  qui  fa  doctrine  eft  devenue  la  re- 
ligion dominante.  Antoine  le  Comte ,  Antonins  Contins , 
étoit  auffi  de  Noyon  :  il  fut  profeffeur  de  droit  à  Bour- 
ges, enfuite  à  Orléans  Se  puis  à  Bourges ,  où  il  mourut 
l'an  1586.  Cujas  difoit  que  le  Comte  avoit  plus  de  gé- 
nie que  lui  pour  le  droit. 

La  ville  de  Noyon  a  effiiyé  en  differens  tems  diveifes 
calamités.  Céfar  s'en  rendit  le  maître  avec  beaucoup  de 
peine.  Les  Normands  la  prirent  Se  h  faccagerent  dans 
le  neuvième  fiécle.  Elle  a  été  brûlée  fix  fois  dans  les 
onzième ,  douzième  Se  quinzième  fiécles.  Du  tems  de 
la  Ligue  ,  elle  fut  prife  Se  reprife  diverfes  fois.  Elle  fut 
enfin  rendue  à  Henri  le  Grand  le  18  d'Octobre  IJ94. 

L'églife  cathédrale  qui  exifte  aujourd'hui ,  a  été  bâtie 
par  Pépin  le  Bref  Se  par  Chailemagne  fon  fils.  Elle 
eft  longue  de  trois  cens  vingr  pieds,  &  fon  portail  eft 
orné  de  deux  grofics  tours  hautes  de  deux  cens  pieds. 
Elle  eft  dédiée  à  la  fainte  Vierge  ,  Se  reconnoît  auffi 
pour  patrons  faint  Medard  Se  faint  Eloi.  Il  y  a  dans  cette 
églife  fix  dignités;  favoir,  le  doyen,  l'archidiacre,  le 
chancelier ,  le  tréfoiier ,  le  chantre  Se  l'écolatre.  L'ar- 
chidiacre, le  chancelier  Se  le  tréfoiier  font  à  la  collation 
de  l'évêque  ;  le  doyen ,  le  chantre  &  l'écolatre  font  à 
la  nomination  du  chapitre.  L'archidiacre  Se  le  chance- 
lier ne  font  point  capiculans ,  à  moins  qu'ils  ne  foient 
auffi  chanoines.  Il  y  a  cinquante  fix  prébendes  ou  ca- 
nonicats  effectifs,  tous  à  la  collation  de  l'évêque,  Se 
égaux  en  revenu.  Ils  font  tous  de  mille  livres.  Dans 
le  nombre  de  ces  prébendes  on  n'en  compte  pas  cinq  au- 
Tom.  IV,  G  g  g  g  ij 


6o4       NOZ 

très  qui  font  affectés  au  doyen  ,  au  tréforier ,  au  chan- 
tre, à  l'écolâtre  &  au  principal  du  collège.  Il  y  a  encore 
trente-neuf  chapelles ,  toutes  affez  bien  fondées.  Dix 
de  ces  chapelles ,  jointes  à  deux  autres  richement  fon- 
dées pour  les  premières  méfies ,  ont  été  rendues  vica- 
riales,  ôc  attribuées  aux  feuls  vicaires  muficiens  par 
Clément  VII,  le  22  Novembre  1348.  Outre  cela  il  y 
a  la  chapelle  royale  de  Notre  Dame  de  bonnes-Nou- 
velles ,  fondée  par  le  roi  Louis  XI.  C'eft  le  roi  qui  y 
nomme.  Quatre  autres  bénéficiers,  appelles  Marguil- 
liers  ou  Cornets  d'Autel ,  font  obligés  de  coucher  dans 
l'églife  par  quartier  pour  la  garder  ,  ôc  de  remplir  quel- 
ques autres  devoirs  pendant  le  jour.  Enfin  ,  il  y  a  fix 
enfans  de  chœur. 

Dans  la  chapelle  de  l'évêque  il  y  a  deux  chapelle- 
nies ,  dont  les  titulaires  n'ont  point  entrée  dans  le  chœur 
de  la  cathédrale,  comme  tous  les  autres  qu'on  vient 
de  nommer,  lesquels  jouiflent  de  ce  privilège,  aufll-bien 
que  les  dix  curés  de  la  ville. 

Noyon  efi  bâtie  fur  une  pente  douce  qui  regarde  îe 
midi.  Elle  eft  bien  percée  &  en  bon  air.  Elle  eft  ornée 
d'un  palais  épiscopal ,  d'un  cloître  de  maifons  canonia- 
les fort  logeables,  ôc  d'un  hôtel  de  ville  fort  régulier, 
bâti  fur  la  grande  place ,  au  milieu  de  laquelle  il  y  a 
une  fontaine ,  dont  les  eaux  conduites  d'une  montagne 
voifine,y  coulent  continuellement  par  trois  canaux.  Le 
furplus  cil  reçu  dans  un  baflin  de  pierre  dure ,  qui  les 
conferve  en  cas  d'incendie.  11  y  a  encore  diverfes  fon- 
taines ,  plufieurs  marchés  ôc  deux  jardins  publics  :  celui 
des  chevaliers  de  l'Arc  ,  ôc  celui  des  chevaliers  de  l'Ar- 
quebufe. 

Le  principal  commerce  de  cette  ville  confifte  en  bled 
Se  avoine  qu'on  transporte  à  Paris  :  celui  des  toiles  de 
chanvre  ôc  de  lin ,  &  de  cuirs  tannés  y  efi  aufil  fort 
confidérable. 

L'eveché  de  Noyon  eft  fuffragant  de  Rheims  »  ôc 
fon  évêque  eft  comte  ôc  pair  de  France.  Il  porte  le  cein- 
turon ôc  le  baudrier  au  lacre  du  roi.  Cet  évêché  vaut 
au  moins  vingt-deux  mille  livres  de  revenu ,  &c  le  ca- 
fueleneft  très-confidérable.  On  compte  dans  le  diocèfe 
dix-fept  abbayes ,  &  quatre  cens  cinquante  paroifies ,  qui 
font  partagées  en  douze  doyennés  ruraux. 

Outre  le  chapitre  de  la  cathédrale  ,  il  y  en  a  un  au- 
tre dans  le  diocèfe ,  c'eft  celui  de  la  ville  de  Nèfle. 

En  532,  faintMédard,  évêque  des  Vermandois,  fut 
chargé  de  l'évêché  de  Tournai ,  après  la  mort  de  faine 
Eleuthere  ;  &  depuis  ce  rems-là  ,  les  deux  évêchés  de 
Noyon  ôc  de  Tournai  demeurèrent  unis  jusqu'en  1 147. 
Vers  la  fin  de  l'épiscopat  de  Simon  de  Vermandois  , 
faint  Eberland ,  qui  fut  depuis  abbé  d'Aindre  fur  Loire 
en  Bretagne  ,étoit  de  Noyon  ,  ôc  delà  première  nobleflè 
du  pays.  Il  y  fut  élevé  &  y  demeura  jusqu'à  ce  qu'il  re- 
nonçât au  monde ,  après  avoir  eu  les  premières  char- 
ges de  la  cour.  Sainte  Godeberte,  vierge,  native  du 
diocèfe  d'Amiens ,  fut  fupérieure  d'une  communauté  de 
filles  à  Noyon.  Ses  reliques  font  dans  la  cathédrale. 
Sainte  Hunégonde  étoit  religieufe  à  Homblieres ,  où 
fe  garde  fon  corps ,  à  une  lieue  de  Saint  Quentin  en  Ver- 
mandois, dans  le  diocèfe  de  Noyon.*  Longuerue  ,  Defcr. 
de  la  France.  Piganiol  de  la  Force ,  Defcript.  de  la  Fran- 
ce, t.  1.  Baillet,  Topogr.  des  Saints,  p.  352. 

NOYON-SUR-ANDELLE ,  beurg  de  France ,  dans 
le  Vexin.  On  le  nomme  à  préfent  Charleval.  Voyez. 
ce  mot. 

NOYONNOIS  ,  petit  pays  de  France  ,  compris  dans 
le  gouvernement  de  rifle  de  France,  ôc  dont  la  ville 
de  Noyon  q{\  la  capitale.  Il  eft  borné  au  nord  par  le 
Vermandois ,  dont  une  partie  eft  de  l'élection  de  Noyon  ; 
à  l'orient  parle  Laonnoisjau  midi  parle  Soiflbnnois, 
ôc  à  l'occident  par  le  bailliage  de  Roye.  Ce  pays  étoit 
compris  autrefois  dans  la  Picardie.  On  n'y  compte  que 
deux  villes ,  qui  font  Noyon  ôc  Chauny.  *  Rob.  de  Vmi- 
gondy,  Atlas. 

NOZEROY  ou  Nozeret,  petite  ville  de  France, 
dans  la  Franche-Comté  ,  au  bailliage  de  Salins.  Elle  eft 
fituée  près  d'une  des  fomees  de  la  rivière  de  Dain  , 
au  haut  d'une  montagne  ,  avec  un  château  couvert  de 
plomb ,  enfermé  des  mêmes  murailles  que  la  ville.  Gil- 
bert Coufin  ,  auteur  célèbre  du  feiziéme  fiéele ,  étoit 
natif  de  cette  ville.  Il  en  a  donné  une  notice  dans  fa 


NUB 


defeription  de  la  Bourgogne.il  y  dit  qu'elle  a  tiré  fon 
nom  de  la  quantité  de  noifetiers  qui  y  étoient  :  que 
Louis  de  Challon  ,  I  du  nom ,  étant  de  retour  de  Jéru- 
falem  ,  l'ayant  réparée,  lui  donna  le  nom  de  Naza- 
reth, à  caufe  de  fa  reffemblance  du  côté  de  la  fitua- 
tion  avec  le  Nazareth  de  la  Palefiine  ;  mais  que  le  peu- 
ple changea  depuis  la  prononciation  d'à  en  0.  Il  ajoute 
que  la  forme  de  cette  ville  e(l  triangulaire: que  vers  le  mi- 
di el\  le  château ,  dont  une  tour  eft  couverte  de  plomb , 
enfermée  des  mêmes  murailles  que  la  ville.  Les  princes 
d'Orange  y  ont  fouvent  fait  leur  féjour.  Vers  l'an  141 i, 
Jean  de  Challon,  fire  d'Arlay  ,  prince  d'Orange,  ôc 
Marie  de  Baul,  l'on  époufe ,  fondèrent  à  la  place  où  étoit 
l'ancien  hôpital ,  une  collégiale  du  titre  de  faint  Antoine, 
compofée  d'un  doyen  ôc  de  fix  chanoines  :  ils  furent 
dotés  depuis ,  en  partie  par  Louis ,  leur  fils  aîné  ,  ôc 
par  Gui  d'Efternol,  chevalier  ôc  curé  de  Coulans  en 
1424.  Le  prieuré  ôc  paroifié  faint  Germain  de  Miége& 
autres  y  furent  annexés.  Gilbert  Coufm  faifant  rénumé- 
ration des  anciens  chanoines,  apprend  qu'il  a  été  de 
ce  nombre,  après  avoir  été  disciple  ôc  fecrétaire  d'E- 
rasme. Il  ajoute  qu'en  15  15  ,  les  habirans  bâtirent  une 
églife  fous  le  titre  de  la  Trinité ,  ôc  qu'on  l'appella  la 
chapelle  des  Calendes ,  à  caufe  qu'on  y  célébroit  ces 
jours-là  des  fervices.  Coufin  fait  l'éloge  des  places,  fon- 
taines &  citernes  de  ce  lieu ,  &  encore  davantage  des 
beaux  esprits  qui  en  font  fortis ,  fur-tout  Jean  Chap- 
puis,  grand  Jurisconfulte.  11  y  a  aufli  un  couvent  de 
Franciscains. 

NOZIEUX,  château  de  France ,  dansl'Orléanois,  fur 
la  rivière  de  Loire ,  vis-à-vis  le  château  de  Menars. 
Cette  feigneu rie  fait  aujourd'hui  partie  du  marquifat  de 
Menars.  *  l'iganiol ,  Defcript.  de  la  France ,  t.  6.  p.  138. 

N     U. 

NU  ou  LU ,  rivière  de  la  Chine  :  elle  prend  fa  fource 
dans  le  royaume  de  Tufan  ,  &  coule  auprès  de  la  ville 
d'Iungchang,  dans  la  province  d'Iunnan.  *  Allas  Sinenfir. 

NUAILLE  ou  Saint  Martin  de  Nuaillé  ,  beurg 
de  France , dans  le  pays  d'Aunis ,  élection  de  la  Rochelle. 
Il  y  a  un  ancien  château  qui  tombe  en  ruine ,  ôc  le 
bourg  a  titre  de  marquifat. 

NUBA.  Voyez.  Nutha. 

NUB;£.  Voyez,  Naimîi. 

1.  NUB/EI,  Arabes  aux  environs  du  mont  Liban, 
félon  Pline ,  /.  6.  c.  28. 

2.  NUB^EI,  peuples  d'Ethiopie.  Pline,  /.  6.  c.  30. 
les  place  au-delà  de  Méroë ,  entre  l'Arabie  Pétrée  ôc  h 
rive  orientale  du  Nil.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  8.  les  nomme 
No5j3a/  ,  Nubm ,  Ôc  comme  il  les  place  au  même  endroit, 
il  eft  vifible  que  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  géographes  n'a 
prétendu  parler  des  peuples  qui  habitent  le  pays  appelle 
le  royaume  de  Nubie ,  qui  eft  bien  plas  haut  ôc  de  l'au- 
tre côté  du  Nil.   Voyez.  Nubie. 

NUBARTHA,  ville  de  l'ifle  Taprobane,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c.  4.  Il  en  fait  une  ville  maritime. 

NUBIE  ,  royaume  d'Afrique,  borné  au  nord  par  l'E- 
gypte, à  l'orient  par  le  Nil ,  au  midi  par  le  défert  de 
Gorhan  ,  ôc  à  l'occident  par  le  royaume  de  Gaogn.  II 
n'eft  pas  poflible  de  descendre  de  ce  royaume  en  Egy- 
pte le  long  du  Nil  ;  car  ce  fleuve  eft  fi  peu  profond  dans 
ces  quartiers ,  qu'on  pourroit  aifément  le  pafler  à  pied. 
La  principale  ville  du  pays  s'appelle  Dangala.  Dans  le 
refie  du  royaume  on  ne  trouve  que  quelques  bourgs  &c 
quelques  villages  fitués  fur  le  bord  du  Nil.  Tous  les 
habitans  du  pays  s'adonnent  à  l'agriculture ,  ôc  la  terre 
produit  du  bled  en  abondance,  des  cannes  de  fucre; 
mais  dont  on  ne  connoît  pas  l'ufage.  Le  musc  Ôc  le 
bois  de  fandal  font  communs  ,  fur- tout  aux  environs  de 
Dangala.  Il  y  a  aufli  beaucoup  d'ivoire ,  parce  qu'on 
prend  une  grande  quantité  d'éléphans.  On  a  encore 
dans  le  pays  un  poifon  fi  vif,  que  fi  on  en  diftribue 
un  gra'n  entre  dix  hommes ,  ils  feront  tous  morts  avant 
un  quatt  d'heure ,  &  fi  on  donne  ce  grain  tout  entier 
à  un  feul ,  il  meurt  au  même  infiant.  L'once  vaut  cent 
ducats  ,  mais  on  ne  le  vend  qu'aux  étrangers ,  à  qui  on 
fait  promettre  par  ferment  qu'ils  ne  s'en  ferviront  point 
dans  l'étendue  du  royaume  de  Nubie.  Celui  qui  acheté 
de  cette  efpéce  de  poifon ,  eft  obligé  de  donner  au  roi 


NUC 


la  même  fomme,  qu'il  paye  au  vendeur,  Se  fi  quelqu'un 
en  vendoit  en  cachette ,  il  s'expoferoit  à  perdre  la  vie , 
fi  on  venoit  à  le  découvrir.  Le  roi  eft  presque  conti- 
nuellement en  guerre,  tantôt  contre  les  peuples  du 
royaume  de  Gorhan  ,  qui  habitent  dans  des  déferts  Se 
qui  ont  une  langue  particulière ,  tantôt  contre  les  peu- 
ples qui  habitent  d'autres  déferts  au  delà  du  Nil,  jus- 
que fur  les  bords  de  la  mer  Rouge.  La  langue  de  ceux- 
ci  eft  mêlée  du  chaldéen  ,  de  l'arabe,  de  1  égyptien.  Ces 
peuples  font  pauvres  Se  desarmés ,  ils  vivent  de  lait , 
de  chair  de  chameaux  Se  de  bêtes  fauvages ,  Se  ne  lais- 
fent  pas  pourtant  de  tirer  quelquefois  des  contributions 
de  Suaquin  Se  de  Dangala.  Ils  avoient  autrefois  une 
grande  ville  près  la  mer  Rouge,  avec  un  port  qui  ré- 
pondoit  à  celui  de  Siden ,  qui  eft  à  quatorze  lieues  de 
la  Mecque  i  mais  il  y  a  long-tems  que  le  foudan  d'Egy- 
pte ,  irrité  de  ce  qu'ils  avoient  pillé  une  caravane  de 
pèlerins  qui  alloient  du  Caire  à  la  Mecque  ,  envoya  une 
armée  navale  prendre  leur  ville  Se  leur  port.  Ceux  qui 
fe  fauverent,  fe  retirèrent  à  Dangala  Se  à  Suaquin  ; 
mais  le  fouverain  de  ce  dernier  endroit  ne  pouvant 
fouffrir  leurs  brigandages ,  les  tailla  en  pièces ,  en  tua 
en  un  jour  plus  de  quatre  mille ,  Se  en  prit  mille  qu'il 
mena  prifonniers  à  Suaquin,  où  ils  furent  déchirés  en 
pièces  par  les  femmes  Se  les  enfans.  Voyez.  Sennar.  * 
Joan.  Leonis ,  Defcript.  Africx,  1.  7.  c.   17. 

NUBIS  ,  nom  latin  du  Carrion ,  rivière  d'Espagne. 
Voyez.  Carrion  ,  n°  2. 

NUCARIA  ,  nom  latin  de  deux  rivières  d'Espagne. 

1.  NUCERIA,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Pouille,  pres- 
que aux  confins  des Hirpini  ;  c'étoit  une  colonie  Ro- 
maine. Pline  ,  /.  3.  c.  11.  Strabon  /.  6.  p.  284.  Se  Ci- 
céron ,  pro  Tlancio  ,  c.  69.  la  nomment  Luceria  ;  mais 
foit  que  le  nom  de  cette  ville  fe  fur  corrompu  ,  foit 
qu'il  y  ait  faute  dans  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  1.  ce  géographe 
écrit  -HovKifict  A7Tov?\m' ,  Nuceria  Apulorum.  La  table  de 
Peutinger  porte  aufli  Nuceria  ApuU.  Tice-Live  ,  /.  27. 
c.  10.  appelle  les  peuples  Lucerini.  Aujourdhui  cette 
ville  s'appelle  Lucera  Se  Nocera. 

2.  NUCERIA ,  ville  d'Italie ,  dans  l'Umbrie,  en-deçà 
de  l'Apennin  ,  auprès  de  la  fource  du  'ïinia.  C'eft  au- 
jourd'hui la  ville  de  Nocera ,  furnommée  Camellaria , 
comme  dans  la  table  de  Peutinger.  Strabon ,  /.  y.  p.  227. 
Se  Ptolomée ,  /.  j,f,  1.  l'appellent  Now«p/<x ,  Nuceria. 
Ce  dernier  ajoute  le  titre  de  colonie. 

3.  NUCERIA,  ville  d'Italie,  dans  laCampanie,  aux 
confins  du  Picenum ,  auprès  du  fleuve  Sarno.  On  l'ap- 
pelle à  préfent  Nocera.  Pour  la  diftinguer  des  autres 
villes  de  même  nom,  on  lui  donna  le  furnom  d'Al- 
phaterna  ou  Alfaterna.  Elle  eft  ainfi  nommée  dans 
Diodore  de  Sicile ,  /.  19.  c.  6r.  Se  dans  Tite-Live  ,  /.  9. 
c.  41. 

4.  NUCERIA  ,  ville  d'Italie  dans  la  Gaule  Cispa- 
dane  fur  le  Pô  ,  au-deffous  de  Brixellum.  Ptolomée , 
/.  3.  c.  1.  qui  eft  peut-être  le  feul  des  écrivains  anciens 
qui  en  fafie  mention  ,  la  nomme  Ncw«p/a.  Elle  conferve 
encore  fon  nom ,  du  moins  à  une  lettre  près ,  car  on 
l'appelle  aujourd'hui   Lucera  ou  Luzara. 

NUCHALO ,  nom  d'un  lieu  dans  les  Gaules ,  aux 
environs  de  Touloufe  ,  à  ce  que  croit  Ortelius ,  Thefaur. 
qui  cite  Cicéron  dans  l'oraifon  pour  M.  Fonrejus  ;  mais 
dans  l'édition  de  Gronovius ,  de.  Or.  pro  M.  Fontejo  t 
on  lit  Bttlchaltne,  au  lieu  de  Nuchalone. 

NUCHEYLA  ,  ville  d'Afrique,  au  royaume  de  Fez, 
dans  la  province  de  Tremecen.  Elle  avoit  été  bâtie  par 
ceux  du  pays  au  milieu  de  cette  province ,  &  l'on  en 
voie  encore  les  ruines.  Elle  étoit  peuplée  de  braves 
gens ,  fur-tout  lorsque  Quimen  Se  fes  descendans  en 
étoient  les  maîtres.  Il  s'y  tenoit  un  grand  marché  tou- 
tes les  femaines  ,  où  l'on  accouroit  de  toutes  parts  avec 
diverfes  fortes  de  marchandifes.  Cette  ville  ne  s'eft 
point  repeuplée  depuis  la  défolation  générale  du  pays. 
La  tour  de  la  grande  mosquée  eft  encore  debout  Se  ceinte 
d'une  épaifie  forêt  d'arbres  fruitiers ,  qui  font  devenus 
fauvages  faute  de  culture.  Les  Caviens  viennent  fouvent 
dans  ces  quartiers,  à  caufe  de  l'eau  Se  des  pâturages , 
outre  que  le  labourage  en  eft  fort  bon.  Ils  font  caufe 
en  partie,  aufli-bien  que  les  Arabes,  que  la  ville  ne  fe 
repeuple  point ,  ce  qui  leur  ôteroit  la  liberté  d'errer  aux 
environs  avec  leurs  troupeaux  :  c'eft  ce  qui  fait  pareil- 


NUE       6of 

lement  que  la  plupart  des  autres  villes  de  cette  province 
demeurent  défertes ,  quoique  ce  foit  le  plus  riche  Se  le 
meilleur  pays  de  toute  la  Barbarie  ,  Se  où  l'on  ponrroit 
vivre  plus  à  fon  aife.  *  Marmot ,  Defcript. d'Afrique, 
1.  4.  c.  7. 

NUCHUL,  lac  chez  les  Liby  -Egyptiens,  félon  Oro> 
fius ,  qui  dit  que  les  Barbares  le  nomment  Dura.  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  3.  c.  9.  ne  donne  à  Nuchui  que  le  nom 
de  Fontaine,  Se  dit  qu'on  la  prenoit  pour  la  fource  du 
Nil.  Quelques-uns  l'ont  pris  pour  la  fource  du  Niger. 
*Ortelii  Thef. 

NUCITO  ou  Nuciti,  petite  rivière  de  Sicile: elle 
arrofe  le  Val  Démone.  Les  anciens  la  nommoient  Mê- 
las ou  Facelmus.  Elle  a  fon  embouchure  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  l'ifle  .  un  peu  a  l'orient  de  la  ville  de  Mi- 
lazzo.   s  Atlas  ,  Rob.  de  Vaug  ndy. 

NUCR1A.  Voyez.  Nacria. 

NUCULjE.  Voyez.  1JR*NESTE. 

NUDIODUNUM  ,  lieu  de  la  Gaule  Lyonnoifc  ,  fé- 
lon Onelius  ,  Thej.  qui  cite  la  cable  de  Peutinger  ;  mais 
dans  cette  table  ,  Segment.  1.  au  lieu  de  Nudiodunum  on 
lit  Nudionnum  ,  entre  Arngenne  Se  Subdimtm.  Vellér 
croit  que  c'eft  le  Nov-omigus ,  qu'Antonin  place  entre 
Breviodirum  Se  Condace. 

NUDITANUM,  ville  d'Espagne ,  chez  les  Baftita- 
ni ,  félon  Pline,/.  3.C.  1.  Quelques  manuferits  portent 
Ufiduanum  ,  pour  Nuditanum. 

NUD1UM,  ville  du  PélOjionnèfe  ,  dans  l'Elide.  Hé- 
rodote ,  /.  4.  c\  148.  dit  quelle  fut  détruite  de  fon 
tems. 

NUER  ,  rivière  d  Irlande  :  elle  a  fa  fource  dans  le 
comté  delà  Reine  :  elle  baigne Kuke,wy  ScTbum  u  Toivn , 
Se  fe  joint  à  la  rivière  de  Barrcw  ,  un  peu  au-deflus  de 
Rof.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  3.  p. 
20. 

NUESTRA  SENORA  DE  CARVALLEDA  (a), 
bourgade  de  1  Amérique  méridionale ,  fous  le  dixième 
degré  de  latitude  notd,  dans  la  province  de  Venezuel- 
la  ,  au  feptentrion  de  la  ville  de  Caracas  ,  fur  le  ri- 
vage de  la  met  du  Nord.  Cette  bourgade  (  b  )  a  un  port , 
mais  ii  commode  Se  mal  afluré.  Comme  la  mer  brife 
fort  &  eft  extrêmement  agitée  proche  de  la  côte ,  il 
eft  trè^-difncile  d'y  aborder  avec  des  chaloupes  pour  y 
mett'e  pied  à  terre  ,  fi  ce  n'eft  auprès  d'un  fort  que  les 
Espagnols  ont  bâti  dans  une  petite  baie.  (  a  )  Atlas,  Rob. 
de  Vaugoniy.  [b)  Corn.  Dièt.  De  Laet ,  Description  des 
Indes  occidentales  ,  1.  18.  c.  11. 

NUISTRA  SENORA  DE  L'OCCA.  Voyez.  Auca 
Se  Occa. 

NUESTR A  SENORA  DE  ORETO ,  petite  églife  du 
royaume  d'Espagne  ,  dans  la  Caftille-Neuve ,  auprès  de 
Calât rava  ,  Se  dans  le  nom  de  laquelle  on  trouve  des 
traces  de  l'ancienne  Oretum  Germ.inorum  \  ce  qui  prou- 
ve que  fi  Calatrava  n'eft  pas  cette  Oretum ,  du  moins 
cette  ancienne  ville  n'étoit  pas  bien  loin  de  là.  L'églife 
de  Nueflra  Seiïora  de  Oreto  eft  d'une  architecture  ro- 
maine ,  Se  dans  le  voifinage  on  trouve  un  pont  de 
même  architecture-,  on  y  voyoit  autrefois  cette  inferiptiou 
qui  a  é;é  transportée  à  Almagro. 

P.  B^bius.  Venustus. 

P.  B^tBii.  Veneti.  F. 

p.  b^esiceris.  nepos. 

Oretanus. 

Petente.  Ordine.  et  Populo. 

in  hon.  domus.  divine. 

pontem  fecit. 

ex.  hs.  xxc.  circens.  editis.  d.  d. 

*  Délices  d'Espagne  ,  r.  2.  p.  358. 

NUESTR  A  SENORA  DE  LA  PAX  (  a),  ville  d« 
l'Amérique  méridionale  ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de 
Los-Charcas ,  vers  la  fource  de  la  rivière  de  Choquea- 
po  ,  dont  on  lui  donne  quelquefois  le  nom  ,  Se  à  l'orient 
du  lac  de  Titicaca.  Cette  ville  eft  bâtie  au  pied  d'une 
montagne  (  h  ) ,  ce  qui  la  met  à  couvert  des  vents.  La 
vallée  dans  laquelle  elle  eft  bâtie  n'a  guère  qu'une  demi- 
lieue  de  circuit.  I!  y  a  plufieurs  fontaines  aux  environs 
Se  de  fort  bons  pâturages  :  on  y  voit  auifi  des  vignes ,  des 
figuiers  &  autres  arbres.  Tous  les  fruits  y  commencent 


6o6 


NUI 


NUI 


à  mûrir  en  Janvier  ,  ôc  les  raifins  depuis  le  milieu  d'A-     de  la^province.  Elle  eft  de  3  deg.  10  min.  plus  occiden 
vril  jusqu'à  la  fin  de  Mai.  (  a  )  Atlas ,  Rob.  de  Vaugon-     taie  que  Péking  ,  fous  les  38  deg.  o  min.  de  latitude  fep 


dy.(b)  Corn.  Dicl.  De  Laét ,  1.  2.  c.  $. 

NUESTRA  SENORA  DE  REMEDIOS,  ville  de 
l'Amérique  méridionale.  Comme  elle  efl:  près  de  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  la  Hacha  ,  on  l'appelle  com- 
munément Rio-de-la-Hacha.  Voyez,  ce  mot. 

NUESTRA  SENORA  DEL  ROSARIO.  Les  Espa- 
gnols avoient  donné  ce  nom  à  une  ville  de  l'ille  de  Ter- 
nate,  dans  les  Molucques. 

NUESTRA  SENORA  DE  LOS  TORMES  ,  autre- 
fois ville  d'Espagne  ,  dans  la  Vieille  Caftille.  On  en  voit 
encore  les  ruines  près  d'Osmo.  On  croit  qu'elle  avoir  iuc- 
cédé  à  Termantia ,  ville  des  Arevaques.  *  Baudrand, 
édit.  1705. 

NUESTRA  SENORA  DE  LA  VITTORIA(^), 
ville  de  l'Amérique  feptentrionale,  au  Mexique,  fur  la 
côte  de  la  baie  de  Campêche ,  dans  la  province  de  Ta- 
basco,  vers  les  confins  du  Yucatan.On  la  nomme aum 
Tabasco  ,  ou  Amplement  Vittoria.  On  prétend  qu'elle 
fe  nommoit  autrefois  Pontonchan  (b).  Cortez  ayant  as- 
fiégé  cette  place  en  1; 19 ,  la  prit  ôc  la  faccagea.  Les  Es- 
pagnols qui  la  peuplèrent  depuis  ,  lui  donnèrent  le  nom 
qu'elle  porte  ,  pour  confervcr  le  fouvenir  de  la  victoire 
qu'ils  y  avoient  remportée  fur  les  habitans  de  ces  con- 
trées. (  a  )  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy.(b)  Corn.  Dicl:.  De 
Laët. 

NUESTRA  SENORA  DE  LOS  ZACATECAS, 
ville  de  la  Nouvelle  Espagne ,  en  Amérique.  Voyez.  Za- 
catecas. 

NU  ETES  (  La  rivière  des  ) ,  c'eft-à-dire  ,  la  rivière  des 
Noix.  Elle  eft  dans  l'Amérique  feptentrionale  &c  dans 
la  Louïfiane.  Elle  fe  jette  dans  la  rivière  du  nord  ,  à 
vingt  lieues  ou  environ  de  l'embouchure  de  cette  der- 
nière rivière  dans  la  mer. 

NUETINI.  Voyez.  Gravisc/e. 
NUEVA  SEGOV1A  ou  Nouvelle  Segovie,  ville 
des  Indes  orientales ,  dans  la  partie  feptentrionale  de 
l'ille  de  Luçon ,  l'une  des  Philippines.  Elle  eft  fituéefur 
le  bord  d'une  rivière  de  même  nom  ,  qui  vient  des  mon- 
tagnes de  Santor,  dans  Pampanga,  &quitraverfe  pres- 
que toute  la  province  du  midi  au   nord.  Atlas ,  Rob. 
de  Vaugondy ,  place  la  Nouvelle  Ségovie ,  vers  l'embou- 
chure de  cette  rivière  qu'il  appelle  rivière  de  Cagayan. 
L'alcade  major  de  la  province  fait  fa  réfidence  à  la  Nou- 
velle Ségovie  ,  avec  une  garnifon  d'infanterie  compofée 
d'Espagnols  &  de  gens  d'autres  nations.  On  y  a  bâti  un  fort 
de  pierres  ôc  élevé  d'autres  ouvrages  pour  fe  défendre 
contre  les  Irayas ,  qui  font  des  Indiens  révoltés  Ôc  qui 
habitent  dans  les  montagnes  qui  partagent  toute  l'ille. 
Nueva   Segovia    fut   fondée  par    le   gouverneur   don 
Confalvo  Ronquillo.  Il  y  a  une  églife  cathédrale  ,  dont 
frère  Michel  de  Benavides  fut  élu  premier  évêque  en 
1598. 

NUGNE2J  (rio), Nueva,  ou  Maguiba  ,  rivière 
d'Afrique,  dans  la  Haute-Guinée,  entre  la  rivière  de 
Galinhas,  ôc  le  cap  Monte.  Cette  rivière  vient  du  pays 
de  Galaveis.  Elle  étoit  autrefois  beaucoup  fréquentée 
par  les  François  ôc  les  Portugais,  aujourd'hui  on  n'y 
voit  que  les  Anglois  qui  la  remontent  une  quinzaine  de 
lieues  jusqu'au  village  de  Dova-Ruja ,  d'où  ils  tirent  des 
dents  d'éléphaus.  Plus  loin  ,  le  canal  efl  interrom- 
pu par  des  rochers  Ôc  des  chutes  d'eau.  *  Côte  de  Gui- 
née ,  par  Bellin. 

NUIHIANG  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Honan  ,  au  département  de  Nanyang ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  efl  de  6  deg.  27  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  34  deg.  2  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.il  y  a  auprès  de  cette  ville  une  fon- 
taine" dont  l'eau  efl  très-précieufe  aux  Chinois  ;  ils  pré- 
tendent qu'elle  a  la  vertu  de  prolonger  la  vie  de  l'hom- 
me. *  Atlas  Sinenfis. 

NU1KIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  au  département  de  Chingtu,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  1 1  deg.  f  8  min.  plus 
occidentale  que  Péking  ,  fous  les  30  deg.  6  min.  de  la- 
titude feptentrionale.  Auprès  de  cette  ville  il  y  a  une 
fontaine  qui  a  rlux  ôc  reflux.  *  Atlas  Sinenfis, 

NUîKIEU  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Péking,  au  département  de  Xunte ,  cinquième  métropole 


tentrionale. 

1.  NU1LLÈ ,  bourg  de  France ,  dans  le  Maine ,  élection 
de  Laval.  C'ell  le  fiége  d'une  châtellenie  ,  avec  haute  , 
moyenne  &  balte  juflice. 

2.  NUILLE  SUR  OUETTE ,  bourg  de  France ,  dans 
le  Maine ,  élection  du  Mans. 

3.  NUILLE  ET  VANDIN,  bourg  de  France,  dans 
le  Maine ,  élection  du  Mans. 

NUIODUNUM  ,  ville  de  la  Bafle-Mœfie,  félon  Pto- 
lomée,  /.  3.  c.  10.  Elle  étoit  près  d'une  des  bouches 
du  Danube  ,  un  peu  au  deffus  de  l'ille  de  Pence. 

NUIGHANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Péking ,  au  département  de  Taming,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  deux  deg.  36  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  40  min. 
de  latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

NUlQUA  ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huiquang  ,  au  voifmage  de  la  ville  de  Choxan.  Elle  a 
pris  fon  nom  de  celui  d'une  femme  nommée  Nuiqua ,  en 
l'honneur  de  laquelle  on  a  élevé  un  temple  magnifique 
fur  cette  montagne. 

NU1TLAND.  D'Audifret,  Géograph.  anc.  &  mod. 
t.  2.  p.  498.  nomme  ainfi  le  territoire  allemand  du  canton 
de  Berne.  11  y  renferme  les  bailliages  fuivans  : 


Chonolfîngen , 

Soefcingen, 

Sternemberg , 

ZollighofTen , 

Loupen , 

La  vallée  d'Hafel , 

Alberg  , 

Thun, 

Spietz , 

Stratlingen, 

Bipp, 

Burgdorff, 

Signou , 


Wiffemburg , 
UnJerzée  , 
Oberhoffen  , 
Summiswald  , 
Biberitein , 

Emmethal , 

Interlnch , 

Nidow , 

Buren  , 


Landshut , 

Fruttingen , 

Wangen  , 

Arwangen , 

Tracheswald  t 

Brandis , 

Erlac , 

Schenkeberg , 

Saarun , 

Ober-Sibenthal ,  Arburg, 

Nider-Sibenthal,  Lentzbourg , 

Blankemburg  ,     Kunigsfelden. 

Wimmis  , 
NUITONS  ,  Nuithones ,  anciens  peuples  de  la  Ger- 
manie ,  compris  autrefois  fous  les  Sueves  feptentrionaux. 
Tacite  ,  Germ.  c.  40.  les  joints  avec  fix  autres  peuples  : 
il  dit  qu'ils  avoient  les  mêmes  coutumes  &  la  même  re- 
ligion ,  ôc  que  les  fleuves  ôc  les  forêts  du  pays  faifoient 
leurdéfenfe.  Cluvier , Philip.  Cluv.  Germ.ant.  I.  3. après 
avoir  marqué  la  place  de  fix  autres  peuples  alliés  des 
Nuithones,  met  ces  derniers  entre  les  Sitar dones ,  les 
Deufingi ,  les  Langobardi  ôc  le  Suevits  ou  l'Oder.  Leur 
pays^uroit  ainfi  compris  la  partie  de  la  Marche  de  Bran- 
debourg où  font  les  villes  de  Prentzlow  ,  de  Templin  , 
de  Nv  ôc  d'Angermund  ;{une  portion  du  duché  de  Mec- 
klenbourg  ,  du  côté  qu'ell  fitué  le  village  de  Forten- 
fée  ,&  encore  une  portion  de  la  Poméranie  du  côté  que 
fe  trouve  le  village  de  Gartz.  Spener  ,  Carte  de  l'ahcie.we 
German.  les  met  à  peu  près  dans  le  même  endroit-, 
mais  il  leur  marque  des  bornes  plus  générales.  Il  leur 
donne  au  nord  oriental  les  Suar dones  1  à  l'orient  le  Sue- 
vus  ;  au  midi  le  pays  des  Langobardi  ;  à  l'occident  les 
Reudingi ,  ôc  à  l'occident  feptentrional  les  Caviones. 

Les  grands  ravages  que  firent  ces  peuples  avec  les 
Bourguignons  dans  le  pays  des  Rauraques ,  ôc  dans  ce- 
lui des  Helvétiens ,  les  fit  conno'itre  vers  le  milieu  du 
cinquième  fiécle.  Ils  y  ruinèrent  les  villes  d'Augu/la  ,  de 
Vindonijja  ôc  d'Aventicum.  Une  partie  de  ces  Nuirons 
s'établit  dans  ces  pays,  ôc  donnèrent  le  nom  de  Nuit- 
land  ,  au  pays  qui  forme  aujourd'hui  le  territoire  alle- 
mand du  canton  de  Berne.  *  D'Audifret ,  Géogr.  anc. 
ôc  mod.  t.  3.  p.  21. 

NUITS,  ville  de  France,  dans  la  Bourgogne, fur  le 
ruifleau  de  Mutin.  Elle  efl  fituée  dans  une  plaine  au  pied 
d'une  montagne  ,  à  quatre  lieues  de  Dijon  ôc  à  trois  de 
Beaune ,  fur  la  grande  route  de  l'une  de  ces  villes 
à  l'autre.  Son  enceinte  n'eft  que  d'onze  cens  pas,  dans 
laquelle  font  enfermées  cent  trente  maifons  fort  ferrées. 
Elle  efl  fermée  de  murailles  garnies  de  fix  tours ,  cinq 
rondes  ôc  une  carrée.  11  y  a  encore  quelque  relie  d'ancien- 
nes fortifications ,  &  deux  portes,  l'une  au  midi  &  l'au- 
tre au  feptentrion.  On  ne  peur  rien  dire  de  certain  fut 
l'ancienneté  de  cette  ville ,  qui  tient  cependant  le  uoi- 


NUM 


fiéme  rang  aux  états  de  Bourgogne.  La  fcigneurie  de 
Nuits  appartient  à  M.  le  prince  de  Conti,  comme  en- 
gagifte,  Se  en  cette  qualité  il  a  toujours  nommé  le  gou- 
verneur, qui,  fur  fa  prélentation,  obtient  desprovifionsdu 
roi.  La  principale  églife  de  cette  ville  elt  la  collégiale 
de  faim  Denys  ,  qui  fut  cédée  à  ce  chapitre  ,  lorsqu'il  y 
fut  transféré  du  château  de  Vergi ,  après  que  le  roi  Henri 
IV  l'eut  fait  démolir.  L'églife  paroilliale  elt  fous  le  titre 
de  faint  Symphorien.  Les  chanoines  de  faine  Denys  en 
font  curés  primitifs ,  Se  nomment  un  d'entre  eux  pour 
faire  les  fondions  curiales.  Il  y  aaulïiun  couvent  de  Ca- 
pucins,  un  d'Urfulines,  un  hôpital ,  un  bailliage  royal, 
une  prévôté  royale,  Se  un  grenier  à  fel.  Le  voilmagc  de 
la  rivière  de  Saône  lui  favorife  le  commerce  des  bieds, 
foins  Se  charbon ,  qui  fe  transportent  a  Lyon.  Quant  à 
fes  vins,  qui  ont  une  grande  réputation  pour  leur  bonté, 
ce  font  les  marchands  de  Paris  qui  les  enlèvent.  +  IJi- 
ganiol,  Defcr.  de  la  France  ,  r.  3.  p.  470. 

NUITZ  ,  ou  Terre  de  Nuitz  ,  contrée  des  terres 
Aultrales,  dans  la  NouvclL-Hollande,  à  l'orient  de  la 
terre  de  Leewin  ou  de  la  Lionne.  C'eit  l'extrémité  orien- 
tale des  terres  qui  nous  font  connues  dans  la  Nouvelle 
Hollande.  Les  navigateurs  n'ayant  pas  poulfé  plus  avant , 
on  ne  fait  encore  quel  rapport  peut  avoir  cette  terre  avec 
celle  de  Diemen.  Sur  la  côte  de  la  terre  de  Nuitz,  il 
y  a  plusieurs  ifles  allez  près  les  unes  des  autres:  on  leur 
a  donné  le  nom  d'IsLES  de  saint  Iterre.  Pierre  de 
Nuitz  ou  Nuytz  Hollandois  ,  découvrir  cette  terre  en 
162;,  Se  lui  donna  fon  nom.  *  Atlas,  Kub.  de  Vait- 
g"idy. 

NULUCH.  Voyez.  NucHut. 

NUMAGANÎ,  On  lit  ces  mots  dans  Didysde  Cré- 
te  :  Diits  cir  Epijtrophus  filii,  Numaganorum  régis.  Ces 
Numaganes  feroient-ils  les  mêmes  peuples  que  les  H.i- 
li^ones ,  fur  qui  Homère  ,  liiad.B.v.  3 <5_j.  die  que  ces 
deux  princes  régnèrent  ? 

NUMAGEN  ou  plutôt  Neumagen  ,  Neomagtts , 
village  &  château  d'Allemagne  ,  dans  l'électorat  de  Trê- 
ves ,  fur  la  Mofelle  ,  à  trois  milles  au-delfous  de  Trê- 
ves. On  y  remarque  encore  un  édifice  d'architecture  ro- 
maine. Les  anciens  ont  nommé  ce  lieu  Noviomago  , 
Numago,  Neonmagen  ,  Se  Aufone  lappelle  Nivo- 
magum  :au  lieu  de  quoi  Orrel.lit  Neumagum.  Aujour- 
d'hui les  habitans  du  pays  la  nomment  Nymagcti  Se  Nu- 
?7z.7g«7.0npcutlireli-delius  le  commentairedeMaïquard 
Freher,  fur  la  Mozelled'Aufone.  Ce  lieu  de  Numagen 
a  eu  aullî  titre  de  comté  Se  de  baronnie ,  qu'ont  porté  en 
divers  tems  des  feigneurs  particuliers  qui  en  étoient  pro- 
priétaires ,  Se  qui  néanmoins  étoient  feudataires  de  l'ar- 
chevêque de  Trêves.  *  Z.yler,  Topogr.  Mogunt.  Trevir. 
Se  Colon,  p.  38. 

NUMANA  ,  ville  du  Picenum.  La  table  de  Peutinger 
la  met  à  douze  milles  d'Ancone,  Se  Pomponius  Mêla, 
/.  z.c.  4. la  place  auprès  de  Potent'ia.  Elle  fut  bâtie  par  les 
Siciliens ,  félon  Pline  ,  /.  2.  c.  1 3.  Silius  Italiens  lui  don- 
ne l'épithéte  de  Scopulofa  dans  ce  vers ,  /.  8.  v.  432. 

Heic  &  quts  pasciuitfcopulofx  rura  Nuraanx. 

C'étoit  une  ville  municipale  ,  félon  une  ancienne  in- 
feription  rapportée  dans  Gruter.  On  y  lit ,  p.  146.  »°  1. 
Municip.  Numanat.  C'eft-à-dire  ,  Nnmanates  Muriicï- 
pes.  On  l'appelle  aujourd'hui  Humana  (a  ).  Cette  ville 
a  été  épiscopale  (/>).  Adrianus  ,  fon  évêque  affilia  au 
concile  tenu  à  Rome  l'an  680  ,  Se  Gcrmanus  à  celui  de 
Latran  ,  l'an  649.  (a)  Cellar.  Geograph.  ant.  1.  2.  c.  9. 
(b  )  Harduiti.  collect.  conc.  tom.  3.  pag.  1138.  Ibid.  pag. 
928. 

NUMANCE,  Numanùa  ,  ville  de  l'Espagne  Tarra- 
gonnoife  ,  dans  le  pays  des  Arevaci.  Florus  l'appelle 
Hispanixdccus;  ce  qui  a  rapport  à  la  vigoureufe  léfiltan- 
ce  qu'elle  fit  aux  Romains  pendant  quatorze  ans  qu'ils  la 
tinrent  affiégée,  Les  Romains  la  détruifîient  j  mais  elle 
fut  rétablie  dans  la  fuite  ,  car  Ptolomée  &  l'itinéraire 
d'Antonin  en  font  mention.  Celui-ci  la  place  fur  la  route 
àAflur'wa  à  Cxfaraugitfta  ,  Se  détermine  même  fa  fituà- 
tion ,  entre  Voluci  Se  A/tgitftobriga,  a  quinze  milles  de 
la  première,  Se  à  vingt-trois  milles  delà  féconde  Le 
Duiius  Parrofoit ,  comme  le  dit  Strabon  ,  /.  ^  p.  162. 
■rais  ce  fleuve  étoit  peu  confidérable  en  cet  endroit , 


NUM        607 

parce  qu'il  étoit  encoie  près  de  fa  fourec.  *  Cellarius , 
Geogr.  ant.  1.  2.  c.  1. 

Ilorus  ,  en  pailant  de  la  guerre  de  Numance  ,  décric 
ainfi  la  fituation  de  cette  ville  Se  le  courage  de  fes  ha- 
bitans :  cette  ville ,  fituée  fur  une  petite  élévation  auprès 
du  fleuve  Durius  ,  quoique  fans  murs  ,  fans  tours,  Se  mu- 
nie feulement  d  une  garnifon  de  quatre  mille  Celtibères  , 
foutint  feule  pendant  quatorze  ans  les  efforts  d'une  ar- 
mée de  quarante  mille  hommes.  Cet  hiltorien  elt  peut- 
être  le  feul,  qui  cii:  que  Numance  n'avoir  point  de  mu- 
railles :  Strabon  lui  en  donne  ;  Paul  Oiolè  ,  /  5.  c.  7.  die 
que  le  circuit  des  murailles  de  Numance  étoit  de  trois, 
mille  pas;mais  Mariana  femble  devoir  décider  la  quellion. 
Voici  ce  qu'il  rapporte  touchant  les  murailles,  la  fitua- 
tion Se  les  ruines  de  cette  ville  ,  qu  il  avoir  vues  Se  exa- 
minées avec  foin.  On  montre ,  dit  il ,  les  ruines  de  Nu- 
mance ,  a  l'extrémité  de  la  Celtibérie  ,  du  côté  du  fep- 
tentnon ,  a  l'orient  du  fleuve  Durius,  à  quatre  milles 
&  plus  deSoria&  du  pont  de  Garay.  L'art  avoit  moins 
contribué  à  fa  défenfe  que  la  nature.  Elle  étoit  bâtie  fur- 
une  colline,  dont  la  pente  étoit  affez  douce ,  mais  de 
difficile  aeeè^ ,  parce  que  de  trois  côtés  elle  étoit  entourée 
de  montagnes  ;  un  d  eux  aboutifloit  à  une  plaine  fertile  , 
qui  s'étendoit  l'espace  de  douze  milles  le  long  de  L 
rivière  de  Tera  ,  jusqu'à  l'endroit  où  elle  fe  joint  au  Du- 
rius. Semblable  a  la  vilie  de  Sparte,  Numance  n'avoir 
point  de  murailles  ,  ni  de  tours  pour  fa  défenfe  ;  car 
comme  elle  avoit  quantité  de  terres  où  elle  faifoit  paî- 
tre fes  troupeaux,  il  n'eût  pas  été  portable  de  renfermer 
de  murailles  une  fi  grande  étendue  de  pays.  Elle  éroit 
feulement  munie  d'une  forterefle  ,  où  les  habitans  avoienc 
mis  cequ'iL  avoient  de  plus  précieux  ,  Se  ce  fut  dsns  cette 
forterefle  qu'ils  foutinrent  fi  long-tems  contre  les  attaques 
des  Romains. 

NUM  ATSJU  ,  ville  du  Japon  ,  dans  Pifle  de  Niphon  , 
aux  confins  des  provinces  Suruga  Se  Idlu  ,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  Sifingava.  11  y  a  dans  cette  ville  environ  deux 
mille  maifons.  Elle  n'a  point  de  murailles,  Se  reflera- 
ble  plus  à  un  grand  village  qu'à  une  ville.  La  princi- 
pale rue  >  qui  elt  au  milieu  ,  s'é-end  en  longueur  environ 
une  demi  Feue.  Il  y  a  un  temple  appelle  Kamanomia, 
Se  par  quelques-uns  Sannomia,  où  l'on  garde  une  pièce 
fort  curieufe.  C'eft  une  grande  marmite  ,  qui  appartenoie 
à  Joritomo  ,  ou  félon  quelques-uns,  à  fon  frète  aîné 
Foilfine ,  généra!  des  troupes  impériales ,  &  premier 
monarque  féculier  du  Japon.  On  dit  qu'elle  a  deux  nattes 
de  diamètre  ,  &  qu'elle  fervoit  à  cuire  les  fangliers  que 
l'on  avoit  tués  à  la  chaflfe  autour  de  la  montagne  Fufi- 
nojamma.  *  K&mpfer ,  Hiit.  du  Japon,  de  la  trad.  de 
Scbeuchz.er  ,  t.  2.  1.  j.  p.  2  18. 

NUMBOUKG,  petite  ville  d'Allemagne,  du  domaine 
de  l'électeur  de  Mayence,  dans  la  Bafle-Hefle  ,  fur  une 
montagne  ,  près  d'un  château  qui  appartient  auffi  à  cet 
électeur.  Il  y  a  dans  le  voifinage  de  cette  ville  ,  une 
petite  rivière  nommée  Elbe.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  bail- 
liage. *  Zcyler  ,  Topogr.  elecL  Moguntin. 

NUMEDIA.  Fov^Numidie. 

NUMENIA,  nom  d'une  contrée  ,  félon  Jean  Lydus. 
Ortelius  ,  Tbef.  foupçonne  que  Numenia  elt  employé  par 
cet  écrivain  pour  Numidia, 

NUMENTANUS  PONS,  pont  fur  le  fleuve  Anio, 
aujourd'hui  Teverone.  Le  pont  fe  nomme  à  préfent  Pon- 
te Lamentano.  *  Or t élit  Thefaur. 

NUMEKIA  SISENNA  ,  on  trouve  ce  nom  dans  No- 
nius  ,  où  on  lit  :  Protinus  agros  populabundus  ad  Nume* 
riam  convertit.  Ce  lieu  eft  entièrement  inconnu.  A  la 
vérité  ,  Nicéphore  dans  fa  chronologie  ,  parle  d'une 
ville  nommée  Numeria,  où  il  dit  que  l'empereur  Ca-* 
rinus  fut  tué  ;  mais  c'eft  une  erreur:  au  lieu  de  Nume- 
ria ,  il  falloir  dire  Murtia. 

NUMERITA.  Curopalate  Se  Cedrene  nomment  de 
la  forre  un  certain  peuple  Arabe. 

NUMESTRANF  Voyez,  Numistro. 

NUMIC1A  VIA,  chemin  Romain.  Horace ,  Epijf; 
lib.  1.  Epifi.  18.  fait  entendre  qu'il  conduifoit  à  Brun- 
dufe. 

NUMICIUS  ou  Numicus  ,  il  couloit  auprès  de  La- 
v'in'wm  ,  Se  ce  fut  entre  ce  fleuve  Se  le  Tibre  qu'Enée 
prit  terre  ,  lorsqu'il  arriva  en  Italie ,  félon  ces  vers  d£ 
Virgile,  Mmid.  /.  7.  v.  i/o. 


6o8      NUM 


....  Urbem  &  fines  &  littor  a  gentis  , 
Diverfi  explorant  :  h&cfontisftagna  Numici ,  &c. 

Et  plus  bas,  v.  242. 

....  Fonds  vadafacra  Numici. 

Le  même  poé'te  ajoute,  v.  797. 

Qui  faltus  ,  Tiberine  ,  titos,  facrumque Numici 
Littus  arant  Rutulosque  exercent  vomere  colles. 

En  effet ,  ce  fleuve  couloit  aux  confins  des  Rutules» 
Quelques-uns  le  nomment  à  préfent  Rivo. 

NUMICUS.  Voyez.  Numicius. 

NUMIDES.  r«y«,  Numidie. 

NUMIDICUS  SINUS.  Voyez.  Laturus. 

NUMIDIE  ,  Numidia  ,  grande  contrée  d'Afrique , 
qui  eut  anciennement  le  titre  de  royaume  ,  mais  qui  n'a 
pas  toujours  eu  les  mêmes  bornes: elles  croient  différen- 
tes avant  la  guerre  de  Carthage ,  de  ce  qu'elles  furent  fous 
les  premiers  empereurs  Romains.  D'abord  la  Numidie 
comprenoit  deux  grandes  nations  :  l'une  connue  fous  le 
nom  de  Numides  MdfllrfyliensJ'autre  fous  celui  de  Numi- 
des MafTyliens.  Les  premiers  habitoient  à  l'occident ,  les 
autres  à  l'orient.  Les  MafTa?fyliens  ,  félon  Tite-Live, /. 
28.  c.  17.  nation  voifine  des  Maures,  avoient  leur  de- 
meure à  l'oppofite  de  la  Nouvelle  Carthage ,  en  Espa- 
gne ;  Se  auparavant-,  /.  24.  c.  48.  il  avoit  donné  à  leur- 
pays  le  nom  de  Numidie.  Strabon ,  Polybe,  /.  3.  c.  33. 
Se  Denys  lePériégete,  v.  187.  font  la  même  diltinction. 
Pline ,  qui  a  coutume  de  fuivre  Mêla  ,  l'abandonne  en 
cette  occafion  ,  ne  décrivant  que  la  Numidie  des  Mas- 
fyliens  ,  que  Ptolomée  appelle  la  Nouvelle  Numidie  : 
il  donne  à  l'autre  le  nom  de  Mauritanie  Céfarienfe, 
fous  laquelle  elle  fut  effectivement  comprife  dans  la 
fuite.  Cependant  Mêla  donne  à  la  Maffofylie  le  nom  de 
Numidie,  à  laquelle  il  joint  quelque  partie  de  la  Nu- 
midie Maffylienne ,  mettant  le  relie  de  cette  dernière 
dans  l'Afrique  propre.  Pline  au  contraire  renferme  fa 
Numidie  entre  les  fleuves  Ampfaga  Se  Fusca,  étendue 
que  comprenoit  la  Numidie  des  MafTyliens,  &  où  ré- 
gnèrent Mafiniffa  Se  fes  fucceffeurs.  L'autre,  félon  Mê- 
la ,  commençoit  au  fleuve  Mulucha ,  qui  la  féparoit  de 
la  Mauritanie,  Se  finiffoitaux  environs  du  fleuve  Amp- 
faga :  car  ,  quoique  Mêla  place  dans  fa  Numidie  Cir- 
t.i ,  qui  étoit  au-delà  de  l'Ampfaga ,  dans  la  Numidie 
Maffylienne ,  elle  appartenoit  à  Mafiniffa.  Si  Siphax  la 
lui  enleva,  il  fut  contraint  delà  lui  reftituer ,  lorsqu'il 
eut  été  vaincu. 

D'abord  les  deux  Numidies  étoient  poffédées  par  des 
rois  amis  du  peuple  Romain;  mais  Rome  déclara  la 
guerre  à  Jugunha  ,  à  caufe  du  meurtre  d'Adherbal  Se 
d'Hiempfal,  fils  de  Micipfa.  Le  conful  Metellus  défit 
Jugurtha  ;  Maiius  le  fit  prifonnier,  Se  la  Numidie  tom- 
ba ainfi  fous  la  puiffance  du  peuple  Romain ,  qui  n'en 
fit  pas  encore  une  province ,  mais  la  donna  à  d'autres 
rois.  En  effet ,  Aurclius  Victor ,  qui  écrivoit  environ 
cinquante  ans  après  Marius ,  dit ,  en  parlant  de  Pom- 
pée ,  qu'il  conquit  la  Numidie  fur  Hiarba ,  &  qu'il  l'a 
rendit  à  Mafiniffa.  Ce  ne  fut  que  fous  Jules  Céfar  qu'el- 
les furent  réduites  en  provinces  Romaines.  La  Numi- 
die Maffylienne  fut  appellée  fimplement  la  province  de 
Numidie,  Se  la  Numidie  Maffefylienne  ne  fut  plus 
connue  que  fous  le  nom  de  Mauritanie  Céfarienfe. 

La  Province  de  Numidie,  appellée  par  Ptolomée 
la  Nouvelle  Numidie ,  étoit  bornée  au  feptentrion  par- 
la mer ,  à  l'orient  par  la  province  Confulaire  ,  au  midi 
par  la  Libye  intérieure ,  &  à  l'occident  d'abord  par  la 
Mauritanie  Céfarienfe ,  &  enfuite  par  la  Mauritanie  Si- 
tifenfc  ,  dont  elle  étoit  féparée  par  une  ligne  tirée  de- 
ptais  l'embouchure  du  fleuve  Ampfaga  ,  jusqu'à  la  ville 
nommée  Maximuiianum  Oppidum.  Sa  métropole  civile 
étoit  Cirta,  qui  avoit  le  titre  de  colonie,  Se  qui  depuis 
eut  celui  de  colonie  Conflamine.  La  Numidie  fut  aufïï 
une  province  eccléfiaftique  dans  laquelle  il  fe  forma  un 
grand  nombre  d'évechés.  La  notice  épiscopale  d'Afrique 
en  fournit  jusqu'à  cent    vingt-deux ,  dans   l'ordre  fui- 


NUM 


vant  »  Se  elle  y   joint  les  noms  des  évêques ,  tels  que 
nous  les  rapportons. 

NOTICE 

Des  Evêques  de  la  province  de  Numidie. 


Félix  Berceritanus. 
Augentius  Gaz.afulenfis. 
Quod-vult  Deus   Cala- 

menfis. 
Honoratus  Caftellanus. 
Leontius  Burcenfis. 
Firmianus  Centurionen- 

fis. 
Rufianus  Vadenfis. 
Paulus  Nibenfis. 
Martnilis  Girenfis. 
Viclor  Cuiculitanus. 
Cresconïus  Amporenfis. 
Adeodatus  FeJJèitanus. 
Vitalianus  Bccconienfis. 
Dumvirialis    Damateo- 

rienfis. 
Donatus  Aufitccurrenfis. 
Valladius  ldicrenfis. 
Gaudentius  Putienfis. 
Viclor  Suggitanus. 
Benenatus      Lambirita- 

nus. 
Timotheus  Tagurenfis. 
Melior  Fuffdlenfis. 
Frumentius   Tuburficen- 

fi/- 

Félix  Lamforienfis. 

Abundius  Tididitamts. 
Valentianus  Montenfis. 
Adeodatus  Hobabarba- 

renfis, 
Adeodatus  IdaJJenfis. 
Florentins    Nobagcrma- 

nienfis. 
Villaticus  Dec  a  fis  Me- 

dianenfis. 
Eufebius  Suzicafienfis. 
Viclorinus  de  Nobacœfa- 

ris. 
Vitalianus  Vaz.aritamts. 
Junior  Tigillabenfis. 
Vtgilius  Refjanenfis. 
Leporius  Augurenfis. 
Pascentius  Oclabenfis. 
Petrus  Madenfis. 
Félix  Matbarenfis. 
Florentins    Centenarien- 

fis. 
Félix  Gilbenfis. 
Florentianus   Midilenfis . 
Fluminius  Tabndenfis. 
Optamius  Cafenfi,  Cala- 

nenfis. 
Peregrinus  Punetianen- 

fis. 
Félix  Nobasparfenfis. 
Felicianus  Metenfis. 
Dominicus  Cœfarienfis. 
Quod-vult- Deus    Cda- 

nienfis. 
Jamiarius  Zattarenfis. 
Viclorinus  de  Caftello  1i- 

tuliano. 
Frucluofus  de  Girit  Mar- 

celli. 
Crasconius  Tharafenfis. 
Maximus  Sdlitanus. 
Vigilius  Hizirz.ardenfis. 
Vittor  Munic'ipcnfis. 
Servus  Arficaritanus. 
Félix  Cafennigrenfis, 
Donatiamts  Vefelitaiws. 


Prudentius  Madaurcn- 

fis. 
Donatus  Rufticianenfis. 
Donatus  Villadegenfis. 
Crescens  Buffadenfis. 
Adeodatus  Siftronianen- 

fis. 
Rufticus  Tipafenfis. 
Simplicius  Tibilitanus. 
Stcphanus  Sinitenfis. 
Pascentius     Cethaquen- 

fusca. 
Donatiamts  Teglaten/is. 
Cresconius  Zabenfis. 
Antonianus  Muftitamts. 
Reparatus  Tubinienfis. 
Anafiafius    Aquenoben- 

fis. 
Viclorinus  Babrenfis. 
Félix  Tebejiinus. 
Domninus  Moxoritanus 

Métallo. 
Secundus     'famogazien- 

fis. 
Viclorinus  Legienfis. 
Quod-vult- Deus  Respe- 

clenfis. 
Jamiarius  Velefitanus. 
Benenatus  Maz.acen(is. 
Donatus  Lugurenfis. 
Viflor  Cirtenfis. 
Pardalius  Macomadien* 

fis. 
Jamtarius  Legenfis. 
Quod-vult -Deus  adTur- 

res  concordi. 
Maximus  LamfuenfiSi 
Marcellinus  Vagrauten- 

fis. 
Domnicofus  Tigi/îtanus, 
Donatus  Gilbenfis. 
Fortunius  Regianenfis. 
Donatus  Silenfis. 
Viclor  Gandabienfis. 
Januarianus  Marculita- 

nus. 
Jamiarius  Centurienfis. 
Félix  Suabenfis. 
Crescemianus      Gcrma- 

nienfii. 
Annibonïus  Vadefitanus. 
Jamiarius  Gaurianenfis. 
Fortunatianus  Naratca- 

tenfis. 
Maximus   I-.amiggiz.en- 

fis. 
Félix  Garbenfis. 
Julius  Vagarmelitanus. 
Pontieanus  Formenfis. 
Vifior  de  Turrcs  Àmme- 

niarum. 
Servus  Belefafenfis. 
Honoratus  Fatenfis. 
Menfor  Formenfis. 
Peregrinus  Malienfis. 
Gedalius  Ospitenfis. 
Fulgenùus  Vagadenfir. 
Secundinus  hamaf nenfis. 
Crescentius    Tacaraten- 

fi*' 

Benenatus  Mdevitanus. 

Quod-vult'Dcus  Villita- 

mis. 

Pruficius 


NUR 


NUR 


Froficius     Seleuciannen- 

fa 

froficius  Vadenfis. 
Januarïus       Tagajlen- 

fis. 
Donatus     Maximianen- 

fis. 


AdcodaXus      Zaradten- 

fi*. 
Felicianus  de  Giru  Ta- 

rafi. 
Cirdelus      Lamiggigen- 

fis. 
Flaviamts  Vcopacenfîs. 


60  9 

Fais  de  la  Croix , 


NUM1DIENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe.  La  conférence  de  Carchage  four- 
nit Januarius  Numidienfls ,  8c  la  notice  d'Afrique  fait 
mention  de  Victor ,  évêque  du  même  lieu.  *  Harduin. 
collecfc.  conc.  t.  1.  p.   1100.  2.  p.  87;. 

NUMINIENSES,  peuples  d'Italie.  Pline  ,  /.  3.  c.$. 
les  place  dans  l'ancien  Latium. 

NUMISTRO  ou  Numestro,  ville  d'Italie  ,  chez 
les  Bruni.  Tite  Live ,  /.  27.  c.  2.  la  met  dans  la  Luca- 
nie ,  parce  qu'il  a  coutume  d'attribuer  aux  peuples  de 
cette  province  une  partie  du  pays  des  Brutii.  Prolo- 
nge, /.  3.  c.  1.  place  auiîi  Numiftro  chez  les  Brutiens 
&  dans  les  terres.  Pline  ,  /.  3.  c.  1 1.  appelle  Numeftrani 
le  peuple  de  Numiftro.  Quelques-uns  croient  que  c'eit 
aujourd'hui  Clocento. 

NUMNULITANUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique  , 
dans  la  province  Proconfulaire.  Aurelius  Numnulitanus 
étoit  du  nombre  des  évêques  qui  affilièrent  à  la  confé- 
rence de  Carthage.  *  Harduin.  colleét.  conc.  tom.  1. 
pag.  ic8i. 

NUN  ou  Non  ,  petite  contrée  d'Afrique,  dans  la  pro- 
vince de  Sus.  Le  cap  de  Non  fe  trouve  dans  cette  con- 
trée. Voyez,  au  mot  Cap  de  Non. 

NUNDRECI ,  bourg  de  France,  dans  le  Berri ,  éle- 
ction de  Bourges,  dans  la  baronnie  de  Graçai.  Il  y  a  dans 
ce  bourg  un  chapitre  fondé  au  commencement  du  on- 
zième fiécle. 

NUNEATON,  bourg  d'Angleterre,  dans  le  War- 
vrickshire.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfient  de 
la  Grande  Bretagne  ,  t.   1. 
NUNEZ  ,  rivière  d'Afrique.  Voyez.  NognÉ. 

1.  NUPAL,  petit  état  des  Indes,  au  voifinage  du 
royaume  de  Boutan.  A  cinq  ou  fix  lieues  au-delà  de  Gor- 
rochepour ,  dit  Tavernier ,  on  entre  fur  les  terres  du  Ra- 
ja de  Nupal ,  qui  vont  jusqu'aux  frontières  du  royaume 
de  Boutan.  Ce  prince  eft  vaffal  du  Grand-Mogol,  Se 
lui  envoie  tous  les  ans  un  éléphant  pour  tribut.  Il  fait 
fa  réfidence  dans  la  ville  de  Nupal  de  laquelle  il  prend 
le  nom ,  &  il  y  a  fort  peu  de  négoce  8c  d'argent  dans 
fon  pays  qui  efl  tout  couvert  de  bois  8c  de  montagnes. 
*  Voyage  des  Indes,  1.  3.  c.  iy. 

2.  NUPAL  ,  ville  des  Indes ,  dans  un  petit  état  de 
même  nom.  Voyez,  l'article  précédent. 

NUPHEOS  ,  ville  d'Egypte,  à  ce  que  croit  Ortelius  , 
Tbefi.  Saint  Athanafe,  dans  le  concile  d'Alexandtie  ,  fait 
mention  d'un  évêque,  nommé  Adelphius  :  il  le  qualifie 
episcopus  Nupheos ,  quœ  efl  Licbnorum. 

NÙPSAS ,  lieu  fortifié  près  de  Boftra,  dans  l'Arabie. 
Baronius  dit ,  d'après  les  dialogues  de  Palladius ,  que 
l'évêque  Eulifius  fut  relégué  dans  cet  endroit.  *  Ortelii 
The  faur. 

NUPSIA,  ville  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  29.  Le  même  écrivain  parle  quelque  part 
ailleurs  d'une  ville  qu'il  nomme  Nitpfis.  Peut-être  cft- 
ce  la  même  que  Nupfia. 

NUR  ,  ville  d'Afie  dans  le  Zagatai ,  entre  Samar- 
cande  &  Bocare ,  presque  à  égale  diftance  de  ces  deux 
villes.  Le  nom  de  Nur,  qui  lignifie  lumière,  lui  avoir 
été  donné  parce  qu'elle  renfermoit  plufieurs  lieux  ,  dont 
la  fainteté  artiroit  de  toutes  parts  un  grand  nombre  de 
gens.  Les  Mogols  fe  préfenterent  devant  cette  ville  en 
1220,  8c  les  portes  leur  en  furent  d'abord  fermées. 
Les  habitans  fe  flatoient  que  le  fultan  leur  enverroit  du 
recours ,  comme  il  leur  avoir  faitefpérer;  mais  le  gou- 
verneur ,  foie  par  lâcheté  ,  foit  qu'il  ne  crût  pas  que 
Mehemet  fût  en  état  de  les  fecourir,  foit  qu'il  fût  corrom- 
pu par  les  Mogols,  engagea  les  habitans  d'envoyer  de- 
mander au  grand  Kan  à  quelle  condition  il  fouhaitoit 
que  la  ville  fe  rendit.  Il  n'exigea  que  des  bleds  8c  la 
fomme  de  quinze  cens  écus  d'or ,  que  les  habitans  s'o- 
bligèrent de  lui  payer  tous  les  ans,ainfi  qu'ils  avoient 


coutume  de  la  payer  au  fultan. 

Hiff.  du  grand  Genghizcan ,  1.  3.  c.  ;. 

1.  NURA.  Voyez.  Nora  I. 

2.  NURA,  ville  d'Italie  dans  le  duché  de  Plaifance; 
elle  a  fa  fource  dans  la  partie  méridionale  de  ce  duché  , 
aux  confins  du  marquifat  de  San  Steffano.  Elle  prend 
fon  cours  du  midi  au  nord,  tiàvcrfe  la  vallée  de  Nura, 
&  va  fe  jerter  dans  le  Pô ,  un  peu  au-deffus  de  l'em- 
bouchure de  la  Ghiavcnna.  *  Nie.  Vi/fer  ,  Carte  du  du- 
ché de  Plaiïànce. 

3.  NURA,  vallée  d'Italie  dans  le  duché  de  Plaifan- 
ce  :  elle  s'étend  le  long  de  la  rivière  de  même  nom, 
entre  les  vallées  de  Trebbia  &  de  Prino  à  l'occident ,  8c 
celle  de  Chavenna  à  l'orient* 

NURCIA.  Voyez.  Nursia. 

NURCONENSIS  ou  Murconnf.nsis  ,  liège  épis- 
copal d'Afrique  dans  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Aitxi* 
lins  eft  qualifié  episcopus  Nurconenfis  ,  dans  la  confé- 
rence de  Carthage,  num.  125.  Dans  la  notice  épisco- 
pale  d'Afrique  on  lit  Maddanius  Murconenfis  pour 
Maddanius  Nurconenfis. 

1.  NURENBERG,  ville  impériale  d'Allemagne,dans 
le  cercle  de  Franconie  ,  fur  la  rivière  de  Pegnirz,  dans 
un  terrein  fablonneux  8c  inégal.  Quelques  -  uns  veulent 
que  ce  foit  le  Segodunum  de  Ptolomée,  qui  dans  la  fuite 
a  été  appelle  Nahrunsberg,  d'autres  qu'elle  ait  été   fon- 
dée par  Drufus  Néron,  frère  de  l'empereur  Tibère  ,  & 
que  de- là  elle  ait  été  appellée  Neroberg  ;  d'autres  di- 
fent  que  Tibère  Néron  lui-même  a  donné  occafion  à 
fa  fondation  avant  qu'il  fût  parvenu  a  l'empire,  lorsqu'il 
mena  les  légions  Romaines  contre  un   certain  roi   de 
Thuringe.    Plufieurs  rejettent  ces    conjectures    comme 
mal  fondées ,  parce  qu'il  n'y  a  pas  d'apparence  que  les 
Nérons  foient  venus   dans  ce  pays  :  ils  prétendent  que 
Nurenberg  tire  fon  nom  des Noriques ,  dont  elle  a  été 
la  métropole.  Ils  difent  que  ceux  qui  habitoient  ancien- 
nement une  partie  des  renés  qu'on  nomme  Autriche  , 
Stirie  ,  Carinthié,  évêché  de  Saltzbourg  ,  &c.  ayant  va 
leut  pays  ravagé  ou  envahi  par  les  Huns ,  (e  retirèrent 
en  partie  dans  cette  contrée  que  la  Pegnitz  8c  la  Red- 
nitz  arrofent ,  8c  y  bâtirent  pour  leur  fureté  fur  la  hau- 
teur une  efpéce  de  château  avec  quelques  autres  habi- 
tations, qui  formèrent  avec  le  tems  une  ville.  Cette  opi- 
nion eft  confirmée  par  des  Chartres  fort  anciennes,  où 
il  eft  parlé  d'un  Caftrttm  Noricum ,  qui  étoit  dans  la 
Franconie  ,  8c  qui  devoit  avoir  fnbfifté  avant  Charlema- 
gne.    On  voit  auffi  une  confiitution  de  l'empereur  Fré- 
déric contre  les  incendiaires  8c  les  perturbateurs  de  la 
paix  ,  où  la  date  eft  marquée  ,   In  Ciftro  noftro  Norim- 
lercenfi ,  arme   1  187.  Quoi  qu'il  en  foit ,  cette  ville  qui 
apparteÉoir  au  duc  de  Franconie,  avoir  recula  religion 
Chrétienne  fous  le  règne  de  Charlemagne.    Après  la 
mort  d'Albert ,  duc  de  Franconie  8z  comte  de  Bambcrg , 
elle  fut  foumife  immédiatement  à  l'empire  par  l'empe- 
reur Louis  III,  fils  de  l'empereur  Amoul.  Ce  fut  à  Nu- 
remberg que  fe    tint  fous  Oihon  I  ,  dit  le  Grand  ,  la 
première  diète  de  l'Empire  en  l'année  938,  fous  le  rè- 
gne de  ce  prince  8c  fous  ceux  d'Othon  II  8c  d'Oihon 
III.  Cette  ville  prit  de  tels  accroiffemens ,  que  plufieurs 
comtes  de  l'Empire,  év  entre  autres  ceux  de  Naffau,  y 
établirent  leurs   demeures.  L'empereur  Henri  II   y    fit 
auffi  le  plus  fouvent  fon  féjour ,  8c  y  expédioit  les  plus 
confidérables  affaires   de  l'Empire.  Henri  111  ne  parut 
pas  l'honorer  moins.  Dans  la  guerre  que  les  empereurs 
Henri  IV  &  Henri  V,  père  8c  fils  fe  firent ,  Nurer.beig 
ayant  tenu  pour  le  premier  ,  fut  affiégée  par  le  fécond 
l'an  1 106 ,  8c  prife  après  avoir  fouffert  trente  &  un  difTé- 
rens  afiauts.  Ce  prince  y  fit  tuer,  fans  diftinction  d'âge 
ni  de  fexe  ,    tout  ce  qui  fe  trouva  expofé  à  la  fureur 
du  foldat ,  cette  ville  fut  pendant  rrenre- trois  ou  trente- 
quatre  ans  presqu'entierement  dépeuplée  8c  dans  un  état 
fi  pitoyable  ,  qu'on  lui  donnoit  le  nom  de  Rudenberg. 
Elle  commença  à  fe  relever  fous  l'empereur  Lothaire, 
&  principalement  fous  le  règne  de  Conrad  III  ,  qui  en 
iijo  ,  après  fon  retour  de  la  Terre  Sainte,  y  fit  fou 
féjour  ordinaire.  *  Zeyler,  Top.   Franconiar. 

L'an  ijfo,  fous  l'empereur  Charles  IV.  elle  reçut 
les  accroiffemens  qui  la  rendirent  telle  qu'elle  eft.  Ce 
fut  alors  qu'elle  fut  environnée  d'un  double  mur,  de 
fortes  tours,  de  folles  profonds ,  &de  divers  autres  ou- 

Tom.  IV.  Hh  h  h 


6io       NUR 

vrages ,  qui  ont  été  perfectionnés  clans  la  fuite.  On  y 
compte  trois  cens  foixante-cinq  tours,  tant  groflesquc 
petites.  Il  y  en  a  au  moins  cent  quatre  vingt-trois  qui 
font  bâties  de  grolïes  pierres  de  tailie,  8c  fur  lesquelles 
on  peut  placer  de  la  girofle  artillerie.  Il  y  a  fix  grandes 
portes  munies  de  leurs  défenfes ,  8c  deux  autres  petites 
pour  la  commodité  des  bourgeois.  On  y  compte  cinq 
cens  vingt-huit  rues,  onze  ponts  de  pierres  8c  feptde 
bois  fur  la  Pegnirz  ,  qui  la  coupe  en  deux  parties  pres- 
que égales ,  8c  dix  marchés  ou  places  publiques.  Cette 
rivière  y  forme  plufieurs  ifles ,  qui  donnent ,   ou  d'a- 
gréables promenades,  ou    des  places  de   jeu  ,    &  des 
prairies  propres  à  blanchir  le  linge  au  foleil.  L'étendue 
de  la  ville  eft  d'environ  huit  mille  pas  de  circuit.  Elle 
a  deux  fauxbourgs,  dont  le  premier,  qu'on  nomme  Wehrd 
ou  Marckt  Wehrd  ,  a  fa  juridiction  particulière  ,  qui 
eft  néanmoins  fubordonnée  à  celle  de  la  ville.  Le  fé- 
cond, appelle  Gouenhoff  ou  Marckt  Gollenhoff,  étoit 
ci  devant  un  bon  village ,  allez  éloigné  de  l'ancienne 
ville ,  8c  qui ,  dans  la  nouvelle  augmentation  ,  y  a  été 
compris  .quoiqu'il  foit  encore  hors  des  foliés.  Ce  lieu  eft 
aufli  le  fiége  d'un  bailliage  particulier ,  8c  n'eit  pas  moins 
fortifié  prefentement  que  le  refte  de  la  ville.   Quoique 
Nurenberg  foit    par-tout  affez  peuplée  ,    elle  n'a  que 
deux  paroilTes  :  faint  Sebald  8c  faint  Laurent.  Tout  le 
peuple  y  elt  généralement  induftrieux,  8c  montre  une 
grande  adreffe  pour  toutes  fortes  d'ouvrages ,  d'où  il  tire 
aufli  très  aifément  fa  fubfiftance.  Les  magiltrats  veillent 
même  tellement  pour  entretenir  cette  heureufe  activi- 
té ,  que  les  parefieux  pourroient  difficilement  y  refier. 
Pour  cet  effet ,  ils  défendent  tout  concours  8c  aflemblées 
du  peuple ,  fi  ce  n'eft  dans  les  églifes  8c  aux  enterre- 
mens.  On  a  certains  divertiffemens  pour  lesquels  il  y 
a  des  jours  marqués.  Il  n'eft  pas  permis  de  s'aflèmbler 
pour  des  régals ,  fi  ce  n'eft  en  cas  de  noces.  Les  mar- 
chands de  cette  ville,  qui  commencèrent  dès  l'an  1300. 
ou  environ, à  négocier  dans  les  pays  étrangers,  ont  rendu 
leur  négoce  fort  étendu.  Leurs  marchandifes  font  por- 
tées par  toute  l'Europe  ,   aux  Indes  orientales  8c  dans 
l'Amérique ,  8c  leur  banque  eft  réglée  à  peu  près  fur 
Je  même  pied  que  celle  de  Venife.  Une  ville  fi  indu- 
ftrieufe   n'a  pu  manquer  d'être  gratifiée  de    plufieurs 
grands  privilèges.  Aufli  en  a-t-elle  de  fort  utiles  8c  de  très- 
honorables  ;  entre  ceux  de  cette  dernière  espèce ,   on 
remarque  celui  qu'elle  a  de  garder  les  ornemens  impé- 
riaux qui  doivent  fervir  au  couronnement  de  l'empereur. 
Le  domaine  de  Nurenberg  eft  confidérable  :  il  ren- 
ferme les  petites  villes  de  Herspruck  ,  de  Lauff,d'Al- 
torff ,  de  Velden  ,  de  Hohenftein  ,  de  Hippolltein,  de 
Haufleck ,  de  Liechtenaw ,  de  Grefenberg ,  plufieurs  fei- 
gneuries  qui  ont  haute  8c  baffe  juflice  ,  8c  diverfes  au- 
tres dépendances.  Lorsque  les  troupes  de  l'Empire  doi- 
vent marcher,  elle  fournit  pour  fon  mois  Romain  qua- 
rante cavaliers  ,  deux  cens  cinquante  fantaflins  ,  &  mille 
quatre  cens  quarre-vingt  florins  en  argent. 

La  régence  de  Nurenberg  eft  compofée  d'un  grand 
confeil  de  quarante-deux  perfonnes ,  dont  huit  font  du 
corps  des  marchands  &  artifans ,  8c  compofent  ce  qu'on 
appelle  petit  confeil  ;  les  trente-quatre  autres ,  qui  font 
appelle  le  confeil  interne ,  font  pris  de  vingt-huit  an- 
ciennes 8c  nobles  familles ,  qui  feules  ont  droit  aux 
places  de  ce  fénat.  De  ces  trente-quatre  nobles,  treize 
font  bourguemaîtres,  &  treize  autres  échevins.  Les  au- 
tres font  apellés  anciens.  Toutes  les  quatre  femaines 
deux  nouveaux  bourguemaîtres ,  dont  l'un  eft  toujours 
un  des  anciens  bourguemaîtres,  entrent  en  exercice.  Les 
huit  membres  du  petit  confeil  n'affilient  aux  délibéra- 
tions que  pour  certaines  affaires ,  8c  à  certains  jours  mar- 
qués Outre  les  quarante-deux  membres  actuels  du  grand 
confeil  de  régence,  il  y  en  a  encore  quatre  ou  cinq  cens 
qui  font  aufli  qualifiés  membres  du  même  confeil,  mais 
qui  n'y  affilient  jamais ,  que  lorsqu'il  s'agit  d'affaires  de 
la  dernière  importance,  qui  intéreffent  le  bonheur  8c  la 
tranquillité  publique  ;  ils  y  font  alors  invités  par  les 
membres  actuels  delà  régence.  Au  refte,  ce  grand  confeil 
neconnoît  ordinairement  que  des  affaires  du  gouverne- 
ment. 11  y  a  d'autres  tribunaux  pour  la  décifion  des  caufes 
par  iculieres  ,  qui  néanmoins,  félon  leur  espèce,  peu- 
vent auffi  être  portées  par  appel  8c  en  dernier  rcffbrt 
au  grand  confeil.  Le  premier  8c  principal  de  ces  tribu- 


NUR 


naux  eft  celui  qu'on  nomme  proprement  le  Tribunal  ou 
la  juflice  de  la  ville;  il  elt  compofé  de  quare  docteurs, 
de  douze  échevins,  d'un  juge,  de  deux  greffiers  8c  de 
quatre  fubftituts.  Il  y  en  a  d'autres  qui  connoiffent  feu- 
lement des  caufes  concernantes  l'agriculture ,  ou  le  né- 
goce ,  ou  les  eaux  8c  forêts  ,  8cc.  En  général ,  on  peut 
dire  que  tout  elt  réglé  avec  beaucoup  d'ordre  dans  cette 
ville ,  éc  qu'elle  a  de  très  bonnes  loix.  Les  magiltrats 
lesobfervem  avec  une  fcrupuleufe  exactitude,  &  jugent , 
fans  acception  de  perfonnes ,  conformément  à  l'efprit 
de  ces  loix.  La  chronique  de  Nurenberg  en  fournit 
quantité  d'exemples  mémorables. 

L'églife  de  faint  Sabas  elt  la  plus  ancienne  ,  ayant  été 
bâtie,  à  ce  qu'on  prétend,  en  740,  &  d'abord  dédiée 
à  faint  Pierre.  Elle  eft  fort  vafte  &  a  fept  portes.  Sa  groffe 
cloche,  qui  pefe  cent  cinquante-fix  quintaux  ,  fut  fondue 
l'an  1392.  Le  tombeau  de  faint  Scbald,  fon  nouveau 
patron  ,  elt  fait  avec  beaucoup  d'air.  On  y  a  employé 
cent  cinquante-fept  quintaux  8c  vingt  neuf  livres  de  lai- 
ton. Cette  églife  &  celle  de  faint  Laurent ,  qui  n'a  été 
bâtie  que  lorsque  la  ville  a  commencé  à  s'étendre  de 
l'autre  côté  de  la  rivière,  ont  de  très  beaux  vitraux, 
de  belles  colonnes  8c  de  belles  voûtes.  Celle  de  Notre- 
Dame  ,  qui  fut /confiante  l'an  1355.  fur  la  grande  place 
du  marché  ,  dans  l'endroit  où  étoit  auparavant  la  fy'na- 
gogue  des  Juifs ,  ne  cède  guère  aux  deux  premières  en 
magnificence.  Les  églifes  de  faint  Gilles,  du  faint  Es- 
prit 8c  de  l'hôpital  faint  Jacques ,  font  encore  remar- 
quables. Elles  font  remplies  de  quantité  de  moniunens 
de  princes  &  de  comtes  de  l'Empire  ,  une  grande  par- 
tie des  épitaphes  qu'on  y  lit,  furent  imprimées  en  1622, 
dans  l'églife ,  qui  ,  avant  le  changement  de  religion  , 
étoit  celle  des  Dominicains.  On  y  conferve  une  magni- 
fique bibliothèque ,  qui  appartient  au  grand  confeil  de 
régence  :  on  y  trouve  quantité  d'anciens  manufetits  8c 
de  très-beaux  globes:  elle  elt  eflimée  comme  le  pluspré 
cieux  tréfor  de  cette  ville.  On  y  lit  cette  infeription: 

D.    O.    M.    S. 

Illuflris  cura  ftudioque  favenre  Senatûs  , 

Heic  habitant  Mufie ,  Pallas ,  Hugcia ,  Themîs  ; 

Et  Dea  Lux  veri  8c  Reverentia  Numinis  :  Hospes 
Pasce  volens  licitis  mentem  oculosque  modis. 

Aft  ungues  cohibe  ,  Rhamnufia  non  proci.l ,  8c  quae 
Stipremum  claudit  mortis  imago  locum. 

Cette  ville  a  toujours  frit  grand  cas  des  favans,  & 
encouragé  par  toutes  fortes  de  moyens  les  feiences;  aufli 
n'a-t-elle  point  manqué  de  gens  très-capables  dans  tous 
les  genres.    La  manière  dont  Erasme,  Luther  8c  Mé- 
lanchton  fe  font  expliqués  à  ce  fujet  en  divers  ouvra- 
ges ,  8c  particulièrement  dans  leurs  lettres  à  des  favans 
de  cette  ville,  fuffiroit  feule  pour  le  prouver.  Ce  der- 
nier ,  écrivant  à  VitusThéodoricus ,  appelle  Nurenberg 
Lumen ,  Oculum ,  DecusQr  Ornamcntitm  pracipuum  Ge?  * 
mania.  Le  même  Mclanchion,  écrivant  à  Camerarius  en 
IJ47  ,  compare  Nurenberg  à  Athènes.  Enfin,  les  foins 
que  le  magiitrat  de  cette  ville  s'efl  donné  pour  y  établir 
divers  écoles,  comme  celles  de  faint  Laurent ,  du  Saint- 
Esprit ,  de  faint  Jacques,  8c  fur- tout  le  collège  de  faint 
Gilles ,  qu'il  transporta  depuis ,  pour  plus  grande  com- 
modité, à  Altorff,   ville  de  fon  domaine,    marquent 
aflez  combien  cette  ville  a  toujours  été  affectionnée  aux 
feiences.  L'empereur  Rodolphe  II ,  voulant  concourir 
aux  defirs  des  magiltrats  à  cet  égard ,  érigea  ce  collège 
d'Altorff  en  académie  ,   qu'il  décora  de  plufieurs  pri- 
vilèges ,  &  particulièrement  de  celui  de  créer  des  maî- 
tres-èsarts  8c  des  bacheliers.  Ferdinand  II.  lui  donna 
enfuite  celui  de  faire  des  doéteurs.    Après  la    guerre 
qui  défola  l'Empire  vers  l'an  1632,  la  ville  de  Nuren- 
berg rappclla  cette  univeifité  d'Altorff,  cV  releva  non 
feulement  le  collège  de  faint  Gilles,  mais  établit  encore 
de  nouvelles  chaires  en  1642,  tant  pour  la  tl-éo!og;e  8c 
la  philofophie,  que  pour  l'étude  de  la  langue  hébraï- 
que. 

Parmi  les  bâtimens  purement  civils  ,  un  des  plus  con- 
fidérables  eft  le  château  ou  la  forrerefTe  impériale  ,  où' 
les  Caflelîans  ,  gouverneurs  ou  vicaires  des  empereurs , 
faifoient  autrefois  leur  réfidence,&  qui  eit  la  demeure 


NUR 


NYE       6ir 


ordinaire  d'un  des  feigncurs  créforiers ,  depuis  que  ces 
mêmes  empereurs  l'ont  abandonnée  &  cédée  à  la  ville 
avec  toutes  ("es  appartenances ,  fous  la  condition  de 
l'hommage  &  de  la  reconnoiffânce  que  toute  ville  Im- 
périale doit  à  l'Empire.  Ce  château,  fitué  fut  le  roc  ,  eft 
bien  fortifié.  Les  feigneurs  de  la  régence  le  firent  re- 
nouveller  en  quelque  manière  en  1538,  &  y  firent  ajou- 
ter phifieurs  ouvrages,  tant  pour  la  fortifier ,  que  pour 
l'embellir.  Il  a  quatre  tours  ,  dont  deux  regardent  la 
ville,  les  deux  autres  font  du  côté  de  l'orient  ôe  du 
feptentrion. 

Lorsque  l'empereur  vient  à  Nurenberg,  on  le  reçoit 
encore  dans  ce  même  château,  où  il  y  a  des  apparte- 
mens  qui  ne  fervent  à  aucun  autre  ufage.  Cette  por- 
tion du  château  a  une  chapelle,  où  l'empereur  fait  alors 
célébrer  le  fervice  divin  de  la  manière  qu'il  lui  plaît. 

Outre  ce  château  ,  il  y  en  avoit  encore  autrefois  un 
autre  appartenant  aux  bourgraves,  dont  la  dignité  étoit 
héréditaire;  mais  ceux-ci  ayant  vendu  ,  en  1427,  ce  do- 
micile avec  toutes  les  appartenances,  droits,  privilèges» 
Sec.  qui  y  étoient  attachés ,  on  a  conftruit  en  ce  lieu 
les  greniers  de  la  ville,  ôc  un  boulevard  qui  avoit  paru 
jiéceffaire  pour  la  fureté  de  la  place. 

On  veit  dans  le  reffe  de  la  ville  quantité  de  mai- 
fons bien  bâties,  ôc  à  l'agrément  desquelles  la  nature 
Se  l'art  femblcnt  avoir  également  contribué. 

11  y  a  dans  des  collines,  ôe  même  dans  les  plaines 
voifines  de  Nurenberg,  des  carrières  qui  font  d'un  grand 
fecours  pour  la  conftruétion  de  ces  maifons.  La  mai- 
fon  de  ville ,  qui  fe  trouve  vis-à-vis  de  Féglife  de  faint 
Sebald ,  eft  bâtie  de  grandes  pierres  de  taille.  Cet  édi- 
fice ,  qui  eft  fort  vafte  ,  ôc  où  l'on  n'a  rien  épargné  pour 
l'embellir,  eft  rempli  de  plufieurs  chofes  curieufes.  Il 
y  a  fur-tout  des  tableaux  de  plufieurs  grands  maîtres, 
Se  particulièrement  d'Albert  Durern,  qui  étoic  natif  du 
lieu  même,  ôe  qui  eft  mort  en  1  j z8.  L'arfenal  ôc  les 
greniers  de  la  ville  font  encore  des  pièces  dignes  de 
remarque.  Ces  derniers  renferment  toujours  une  grande 
quantité  de  bled,  qu'on  a  L'induftrie  de  garder  pendant 
bien  des  années  ,  fans  qu'il  fe  corrompe.  On  trouve 
même  dans  les  chroniques  de  cette  ville  >  que  l'on  y  fit 
manger  en  1541  à  l'empereur  Charles  V  ,  un  pain  qui 
avoit  été  fait  de  bled  que  l'on  y  gardoit  depuis  cent 
cinquante  ans.  On  ne  peut  guère  trouver  un  morceau 
[d'architecture  plus  hardi  que  le  pont  de  pierres  qui  eft 
fur  la  Pegnitz  devant  la  boucherie.  Il  eft  tout  d'une 
feule  arcade,  qui  d'une bafe  à  l'autre  aquatre-vingt-dix- 
fept  pieds  ôc  demi  d'étendue ,  fans  en  avoir  que  treize 
d'élévation,  &  il  a  cinquante  pieds  de  largeur.  Il  fut  com- 
mencé l'an  1597,  après  qu'un  autre  bien  différent  eut 
été  emporté  par  un  débordement  de  la  rivière,  Se  il  ne 
fut  achevé  qu'en  quatre  années  avec  beaucoup  de  peines 
Se  de  grandes  dépenfes.  Cet  ouvrage  fut  fait  fur  le  deiïein 
du  fameux  Pierre  Cari,  natif  de  Nuienberg,  ôc  qui 
conduifit  l'ouvrage.  C'eft  le  même  qui  a  conftruit  au 
château  d'Heidelberg  un  grande  falle  qui  a  cent  pieds 
d'étendue ,  fans  qu'il  y  ait  aucune  colonne  poui  en  fou- 
tenir  la  voûte, 

2.  NURENBERG ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans 
la  nouvelle  marche  de  Brandebourg  ,  près  de  Friedberg. 
Elle  fouffrit  un  incendie  dans  le  dernier  fiécle,  ôc  il 
y  demeura  peu  de  maifons  fur  pied.  *  Zeyler  ,  Topogr. 
Pomerania% 

NURIA  ,  montagne  du  royaume  d'Espagne.  Elle  fait 
partie  des  Pyrénées.  Elle  eft  au  nord  de  Campredon, 
en  tirant  à  l'occident.  On  y  trouve  du  cryftal.  *  Délices 
d'Espa%ne ,  t.  4.  p.  623. 

NURISBOURG,  abbaye  d'hommes  ,  de  l'ordre  de 
faint  Benoît ,  en  Allemagne ,  dans  la  Baffe-Saxe ,  au  dio- 
cèfe  d'Hildesheim. 

NUROLI.  Voyez,  Nurum. 
_  NURSA  ,  ville  d'Italie.  Virgil ,  JEnetd.  I.  7.  v.  744. 
fait  mention  de  cette  ville.    Servius  remarque  fur  cet 
endroit ,  qu'elle  étoit  dans  le  Picenum ,  ôc  Leander  dit 
que  c'eft  aujourd'hui  Norza. 

NURSIA,  ville  d'Italie,  dans  le  pays  des  Sâbins, fé- 
lon Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  C'eft  aujourd'hui  Norcià. 
Voyez,  ce  mot. 

NURUM  ,  ville  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée  là 
place  fous  Cartilage,  entre  le  fleuve  Bxgrada & celui 


de  Trîtcn.   Les  intei prêtes  de  ce   géographe,    au   lieu 
de  Nurum  écrivent  Nuroli. 

1.  NUS,  ruiffeau  de  -la  Cilicie  ,  auprès  de  LV ville 
Cescum.  Pline,  /.  3 1.  c.  2.  qui  en  parle  ,  ajoute  d'après 
Varron ,  que  les  eaux  de  ce  vuiiïeau  ont  la  propriété  de 
rendre  plus  fubtil  l'esprit  de  ceux  qui  en  boivent.  Or- 
telius  ,Thefaur.  dit  que  Suidas  ôc  Hefyche  ont  prétendit 
que  dans  cet  endroit  de  Pline  il  falloit  lire  Anus  au  lieu 
de  Nus  ;  mais  qu'Hartungus  foutenoit  le  contraire.  Il 
dit  encore  que  dans  quelques-uns  des  exemplaires  qu'il 
avoit  entre  les  mains ,  on  lifoit  Jusgum  ôc  Visc.im  pour 
Cescum,  ôc  de  même  Sic'dia  pour  Cilicia. 

2.  NUS,  fleuve  de  l'Arcadie.  Paufanias,  /.  8.  c.  3S 
le  met  au  nombre  des  fleuves  qui  fe  déchargent  dans 
l'Alphée. 

NUSARIPLA  ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange, 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  là  place  dans  le  golfe  Barigazene, 
entre  Camanes  ôc  Pulifitla. 

NUSCO,  petite  ville  d'Italie,  au  Royaume  de  Na- 
ples  ,  dans  la  Principauté  Ultérieure  ,  environ  à  flx  lieues 
de  Benevent,  vers  l'orient  méridional ,  entre  faint  Ange- 
lo  ôc  Monte  Marana,  au  pied  d'une  montagne.  Il  y  a 
un  fiége  épiscopal  ,  fuffragant  de  Salerne.  *  Magin , 
Carte  de  la  Principauté  Ultérieure. 

NUSEA  ,  contrée  d'Afie,  limitrophe  de  la  Médie  du 
côté  du  couchant ,  félon  Polybe  ,  cité  par  Ortelius  ,  Tbef. 
qui  croit  qu'il  y  a  faute  dans  le  texte ,  ôe  qu'il  faut  lire 
Nifaum. 

NUSIPI.  Voyez.  Usipiï. 

NUSTADT  ou  Neustadt,  petit  bourg  d'Allema- 
gne ,  dans  le  duché  de  Juliers ,  vers  les  Frontières  du 
Liégeois.  Il  y  a  auffi  un  bourg  ou  village  de  ce  nom 
dans  le  comté  de  la  Marck.  *  Zeyler ,  Top.  Weftphaliaî. 

NUTHA,  lac  de  la  Libye  intérieure,  félon  quelques 
exemplaires  de  Ptolomée ,  /.  4.  c.  6  ,  qui  dans  un  autre; 
endroit  le  nomme  Nuba.  Ses  interprètes  lifent  par- 
tout Nuba. 

NU  TRI  A,  ville  de  l'Illyride,  félon  Polybe,  /.  4. 
c.  11. 

NUYS  ou  Neus  ,  ville  d'Allemagne  ,dans  l'électorat 
de  Cologne  ,  à  une  demi-lieue  du  Rhin  ,  fur  la  petite 
rivière  d'Errîr,  &  à  quatre  lieues  ou  environ  de  la  ville 
de  Cologne.  Elle  fut  prife  en  ij8o,  après  quatre  jours 
de  tranchée  ouverte  ■,  par  le  duc  de  Parme ,  qui  fie 
pendre  auiîi-tôt  le  Gouverneur  ôe  un  certain  miniftre 
Calvinifte  aux  fenêtres  du  château ,  ôc  abandonna  les 
biens  &  la  vie  des  habitans  à  la  fureur  du  foldat.  Ceux- 
ci  ,  non  contens  de  piller  les  maifons  ôc  de  tuer  tout  ce 
qu'ils  rencontrèrent  de  bourgeois,  brûlèrent  presque 
entièrement  cette  malheureufe  ville.  Cette  fureur  des  Es- 
pagnols provenoit  d'un  motif  de  vengeance.  Ils  favoient 
que  les  Calviniftesavoient  brûlé  quelques  mois  auparavant 
le  corps  AzS.Quirin,  quel'onconfervoitdanscet  endroic 
avec  une  grande  vénération  ,  ôc  qui  y  attiroit  même 
des  pays  éloignés  quantité  de  pèlerins.  Egidius  Gele~ 
nus ,  dans  fon  livre  de  Magnitudine  Colonua, ,  dit  que 
Nuys  ôe  fon  territoire  furent  donnés  à  l'archevêque  de 
Cologne  par  Luthard  ôc  Berthe  fa  femme  ,  qui  étoienc 
de  la  maifon  de  Cléves.  Cette  ville  a  été  rétablie  depuis 
ôc  bien  fortifiée  ,  deforte  que  dans  plufieurs  guerres  qui 
fe  font  faites  depuis  ce  tems-là  dans  l'Empire,  elle  a 
toujours  été  regardée  des  diftérens  partis  comme  une 
place  dont  il  étoit  important  de  s'affûrer  la  conferva* 
tion  ou  la  conquête.  *  Zeyler ,  Topograp.  elect.  Colont 

N     Y. 

NYBE ,  rivière  de  France.  Voyez.  Niée. 
NYBOURG  ,  ville  de  Danemarck,   dans  l'i/le  de 
Fuhnen.  Voyez.  Neuboubg. 

NYCHOPONTIUM.  Voyez.  Acherusia. 

NYCPII  ,  peuples  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée    /, 
4.  c.  3.  les  place  entre  lesNigbemôc  les  Macœï  Sytita 
au-deffbus  des  premiers  ôe  au-deflus  des  derniers. 

NYE-CARLEBY  ,  ville  de  Suéde  ,  dans  la  Finlande,1 
fur  la  côte  orientale  du  golfe  de  Botrvnje  j  au  midi  de 
Jacobftat.  Elle  eft  bâtie  à  l'embouchure  d'une  petite 
rivière.  On  a  nommé  cette  place  Nve-Carleby,  pour 
la  diftingueï  d'une  aune  ville  nommée  Carleby ,  fuuée 
Twk.  IV.  Hahhi; 


6i2,       NYM 

un  peu  plus  haut  fur  le  même  golfe,  en  tirant  vers  le 
Iioi'd.    *  Robert  de  Vaugondy ,  Atlas. 

NYEVRE  ,  rivière  de  France.  Voyez.  Nièvre. 

NYGBENITjE  ,  peuples  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte. 
Ptolomée,  /.  4.  c.  8.    les  place  aorès  les  Orip&i. 

NYGDOSA  ,  ville  de  l'Inde,  en  deçà  du  Gange.  Elle 
eft  placée  par  Ptolomée ,  /.  7.  c\,i.  entre  Soara  Ôc  Ana- 
ra.  Ses  interprètes  lifent  Nigdofora. 

NYKOPING ,  ville  de  Danematck-  Voyez.  Niko- 
riNG. 

1.  NYLAND  ,  province  de  Suéde  ,  dans  la  Finlande. 
Elle  eft  bornée  au  nord  parla  Tavaftie,  à  l'orient  par- 
la rivière  de  Kymen  ,  qui  la  fépare  de  la  Carélie  Fi- 
noifei  au  midi  par  le  golfe  de  Finlande,  &  à  l'occi- 
dent par  la  Finlande  méridionale.  Les  principales  places 
de  cette  province  font 


NYO 


Ekenes  , 
Rafeborg , 


Helfingfors , 
Borgo. 


2.  NYLAND  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  SurFolck.  On  y  tient  marché  public.  *' Etat  préféra 
de  la  Gr.  Bret.  tom.    1. 

NYMB^EUM  ,  étang  dans  la  Laconique.  Paufanias, 
/.  3.  c.  23  >  dit  qu'il  étoit  aux  environs  du  promontoi- 
re MaUa. 

NYMBOURG,  ville  forte  de  Bohême,  fitnée  fur 
l'Elbe  ,  près  de  Ronow  &  de  Liiïa ,  fur  la  grande  route 
qui  va  de  Prague  à  Jaromir  ,  Glats  ôc  liiefla  .  Elle 
eft  environnée  d'un  double  mur  ôc  d'un  double  foffé 
rempli  d'eau.  Les  nouveaux  hirtoriens  Allemans  l'ap- 
pellent fouvenr  Lymbourg  ;  mais  c'eft  un  abus  ,  d'au- 
tant que  dans  les  auteurs  Bohémiens  elle  eft  toujours 
nommée  Nymbourg.  Boregk  »  auteur  de  la  chronique 
de  Bohême,  rapporte  que  ce  lieu,  qui  n'etoit  d'abord 
qu'un  très-petit  bourg  ,  fut  revêtu  de  murailles  ôc  de 
tours  ,  &  gratifié  des  droits  de  cité  par  Wenceflas ,  qui 
fut  le  pénultième  des  rois  de  Bohême  de  la  race  Li- 
bufîîque,  &c  mourut  en  1305.  L'an  1411,  elle  prit  le 
parti  de  ceux  de  Prague  ,  &  fe  vit  fur  le  point  d  être 
forcée  en  1426.  par  Boczko  Podiebrack  ,qui  étoit  en- 
nemi des  Taborites  ;  mais  ce  général  ayant  été  tué  fous 
la  porte  même  par  les  bourgeois,  elle  échapa  à  ce 
danger.  En  1^54.  les  troupes  de  l'élçcteur  de  Saxe 
l'afliégerent  ,  la  prirent  d'aflaut ,  ôc  panèrent  au  fil  de 
l'épéc   la  plupart  des  habitans.  *  Zcyler  ,  Top.  Bohem. 

NYMPHE  MARINA  MINTURNENS1S  TEM- 
PLUM  ,  temple  en  Italie  «fur  la  rive  du  fleuve  Liris. 
Or  elius,  Tbef.  prétend  qu'au  lieu  de  Marina,  il  faut 
lire  Maric/e. 

1.  NYMPH./EA,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  au  voi- 
finage  de  l'ifle  de  Sardaigne  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  3. 

2.  NYMPHEA,  ifle  de  la  mer  Ionienne.  Pline, 
/.  5.  c.  31.  la  met  aux  environs  de  Fille  de  Samos. 

3.  NYMPHEA  ,  ifle  de  la  mer  Adriatique,  félon 
Etienne  le  géographe  ,  qui  dit  que  c'étoit  la  demeure 
de  la  Nymphe  Calypfo. 

1.  NYMPH£UM,  ville  de  la  Cherfonéfe  Tauri- 
que ,  félon  Ptolomée,  /.  $.c.  6.  Marius  Nigeria  nom- 
me Ciprico. 

2.  NYMPHjEUM  ,  lieu  de  la  Bithynie,  fur  le  Pont- 
Euxin.  Arrien.  Peripl.  Pour.  Eux.  p.  14.  compte  quinze 
ftades  de  Tyadaride  à  Nymphœum. 

3.  NYMPH/EUM  ,  fortereffe  du  Pont ,  félon  Suidas 
cité  par  Ortelius  ,  TheJ. 

4.  NYMPFî/ÉUM,  lieu  fur  la  mer  Ionienne,  au- 
près du  fleuve  Aous,  dans  le  territoire  d'Apcllome.  Plu- 
tarque  ,  in  Sulla  ,  p.  466.  en  parle  dans  ces  termes.  Au- 
près de  Dyrrachium  fe  voit  Apollonie,  ôc  dans  le  voi- 
finage  il  y  a  un  lieu  facré  ,  nommé  Nympbxitm  ,  où  de 
toutes  parts  il  fort  perpétuellement  comme  des  veines 
de  feu  ,  du  fond  d'une  vallée  &  d'une  prairie  verdoyante. 
Bio  Caflius ,  /.  41.  p.  174.  dit  de  plus ,  que  ce  feu  ne 
brûle  point  la  terre  d'où  il  fort,  qu'il  ne  la  rend  pas 
même  plus  aride  ;  que  les  herbes  &  les  arbres  y  croiflent 
à  la  faveur  des  pluies,  &  que  c'eft  ce  qui  a  fait  donner  à 
ce  lieu  le  nom  de  Nymphmm.  Il  ajoute  qu'il  y  avoir 
dans  cet  endroit  un  oracle  ôc  un  feu  merveilleux  ,  qui 
confumoit  l'encens  de  ceux  dont  les  vœux  étoient  agréa- 
bles ,  ôc  rejettoit  au  contraire  l'encens  des  perfonnes 


dont  les  vœux  n'étoient  point  acceptés.  Tire  Live  h 
42.  c.  36.  parle  aufli  de  ce  lieu  ,  de  même  qie  Flines 
/.  3.  c.  22.  qui  le  nomme  promontoire  ,  &  Céfar ,  Bell. 
Civil.  /.  3.  c.  16.  qui  l'appelle  un  port,  ôc  le  met  à  trois 
nulles  au-delà  de  Liflus. 

5.  NYMPHiEUM  PROMONTORIUM.  ptolo- 
mée, /.  3.  c.  13.  donne  ce  nom  au  promontoire  du 
mont   Athos. 

6.  NYMPH/EUM  SPECUS  ,  caverne  de  Syrie ,  au 
voifinage  de  l'embouchure  del'Oionre.  Strabon  , /.  16. 
p.  7ji.  lui  donne  )e  titre  de  Sacrum  Spccus. 

7.  NYMPHiEUM.  Pline,  /.  6.  c.  27.  appelle  ainfî 
le  lieu  où  le  Tigre ,  après  avoir  laide  le  lac  Thofpites 
ôc  s'être  perdu  fous  terre  ,  recommence  à  paraître. 

NYMPH/EUS,  port  de  l'ifle  de  Saidaignc.  Ptolo- 
mée, /.  3.  c.  3.  le  place  fur  la  côte  occidentale,  entre 
la  ville  de  Tilium  ci  le  promontoire  Htrm&us. 

NYMPHA1S,  ifle  de  la  mer  de  Pamphilie,  félon  Pli- 
ne,   /.  5.  c  31. 

NYMPHARENA,  ville  de  Perfe.  Urne,  /.  17.  r. 
10.  la  nomme  ainfi ,  ôc  fait  mention  d'une  contrée  du 
même  royaume  ,  auflî  appellée  Nymphurena. 

1.  NYMPHARUM    ANTRUM.   Voyez.  Phorcv- 

NUS. 

2.  NYMPHARUM  CUBILE.  Voyez,  Sons  Insula»' 

3.  NYMPHARUM  INSULTE,  ifle  de  laLydie,au 
milieu  d'un  étang.  Nonne,  dit  Martianus  Capella,  /. 
9.  c.  1  p.  214.  ipfias  vetuftatis  \erjuafione  tompertum , 
in  Lydia  Nympharum  injulas  dut ,  qtias  ttiam  recen- 
tior  ajferentium  Varro  Je  vidiffe  ujiatur  :  qii&  in  me- 
d  uni  ftagnum  à  continent!  frocedemes  tanin  libiarum  , 
primo  in  circulum  mont,  dehinc  ad  littora  revêt tun- 
tur.  Le  paflage  de  Varron  ,  dont  parle  Martianus  Ca- 
pella, eu  au  livre  troilîéme  ,  De  ?e  ruftica  ,  c.  17.  ôc 
Fulvius  Urfinus  y  rappoite  dans  fes  notes  1  n  fragment 
de  SoMcn,  qui  dit  la  même  choie  des  ifles  qui  font  dans 
le  lac  Calamina.  Delà  en  peut  conclure  ,  dit  le  père 
Hardouin  j  dans  fes  remarques  fur  Pline,  /.  2.  c.  95. 
que  quelque  partie  du  lac  Calamina  étoit  nommée  Nym- 
phœitm  ,  &  que  dans  ce  Nymphaum  il  y  avoi.  de  petites 
ifles  flottantes  ,  que  le  pied  des  danfeurs  étoit  capable 
de  faire  remuer.  Pline  met  effectivement  ces  ifles  dans 
un  lieu  nommé  Nymphaum;  il  les  appelle  InJuU  falu* 
tares, 

NYMPHATES  ,  montagne  de  la  grande  Arménie; 
félon  Ptolomée,  /.je.  13.  Quelques-uns  de  fes  inter» 
prêtes  lifent  Nyphates.  Pline  ,  /.  f.  c.  27.  écrit  Nyphates; 
ôc  Strabon,  /.  1  1.  p.  J^Q.  dit  que  le  Tigre  y  prenoit 
fa  fource.  Le  poète  Claudien  met  le  nom  Nymphates 
dans  le  pays  des  Parthes.  *  Ortelii  Thefaur. 

NYMPHE  CATABASSI  ,  lieu  à  treize  milles  de 
Rome  ,  fur  la  voie  Cornélienne,  félon  Suriusdans  la  vie 
de  faint  Valentin  ôc  de  faim  Afturius.  Baronius  dit  que 
ce  lieu  s'appelle  aujourd'hui  Santa  Nympha  ,  &  place 
cette  voie  Cornélienne  ,  entre  la  voie  Aurélienne  ôc  la 
voie  Triomphale.  "*  Ortelii  Thefaur. 

NYMPHEUS.  Il  femblc  que  Q.  Calaber  en  fait  tm 
fleuve  dans  la  Bithynie,  aux  environs  de  la  caverne 
d'Acherufe. 

NYMPHIUS  ou  Nvmph^us  ,  fleuve  de  Méfopota- 
mie  ,  Selon  Ammien  Marcellin , /.  18.  p.  141.  Suidas 
fait  entendre  qu'il  fe  jette  dans  le  Tigre.  Il  fervoit  de 
bornes  entre  les  Perles  ôc  les  Rome ,  à  ce  que  dit  Pro- 
cope .  Perfic.  L  1.  Ortelius,  Thef.  croit  que  c'eft  la 
même  chofe  que  le  Nymphaum  de  Mme. 

NYMPoCH.  Voyez.  NimpscH. 

NYMS  ou  Nims  ,  rivière  du  Luxembourg.  Elle  a 
fa  fource  dans  l'archevêché  de  Trêves,  à  l'oiienr  de  la 
ville  de  Pruym.  Son  cours  eft  du  nord  au  fud.  Elle 
paffe  près  de  Bibrich,  reçoit  la  Pruym  à  ladroire,& 
va  fe  jerer  dans  la  fource  a  Minheim  ,  au-deiïous 
d'Echternach.  *  Jaillor ,  Atlas. 

NYN  ou  Nen,  rivière  d'Angleterre.  Elle  a  fa  fource 
dans  le  Northamptonshire  ,  pâlie  à  Norrhampton  ,  oà 
elle  reçoit  l'Aufon,  ôc  prenant  fon  cours  du  midi  au 
nord  oriental,  elle  mouille  W<  llingborough,  g.  Higham 
Fevres,  d.  Thrapfton,  d.  Onnlde,  g.  Pererboroug ,  g. 
CrcAVluid  ,  d.&va  fe  décharger  dans  le  Bofton  Deep. 
*Blaeu,    Atlas. 

I.  NYON  ,  ville  de  la  Suiilè,  dans  le  canton  de  Bcrn, 


NYO 


près  du  lac  de  Genève ,  8c  chef-lieu  d'un  bailliage  de 
même  nom.  Cette  ville  eft  médiocrement  grande  8c 
fort  ancienne.  On  voit  à  Nyon  ,  8c  dans  les  lieux  voi- 
fins,  des  inferiptions  Romaines  qui  marquent  qu'il  y  a 
eu  des  Romains  érablis  dans  ce  territoire  i  mais  on  n'y 
voit  pas  le  nom  de  la  ville ,  que  Pline  nomme  Colonia 
"Eque/iris ,  ainfi  appellée,  parce  qu'elle  avoit  été  peu- 
plée de  cavaliers  vétérans,  lien  eft  fait  mention  dans  les 
auteurs  qui  ont  écrit  fous  les  empereurs|Romains  jusqu'au 
cinquième  fiécle ,  8c  ils  la  nomment  Amplement  Eque- 
fir'u  ouEqueftres  au  pluriel,  comme  on  peut  voir  dans  l'i- 
tinéraire d'Antonin,  8c  dans  la  carte  de  Peutinger.  Ce  lieu 
étant  une  colonie  &  une  cité  fous  l'empire  Romain,  a 
dû  avoir  un  évêque ,  félon  l'auteur  de  l'hiStoire  des  Se- 
quanois,  t.  i.  paru  2. p.  78.  Il  croit  qu'Amandus,  nom- 
mé dans  la  vie  de  faine  Lautein  ,  en  fut  évêque.  Tauri- 
cianus,  qui  a  affilié  au  concile  d'Espagne  en  j  1 7 ,  en 
a  aufli  été  évêque ,  félon  d'autres.  Les  mêmes  écrivains 
croient  que  le  fiégc  de  Nyon  a  depuis  été  transféré  à 
Bellay.  *  Longuerue  ,  Dcfc.  delà  France ,  part.  2.  p.  2.66. 
La  ville  de  Nyon  eft  fituée  pour  la  plus  grande  partie 
fur  une  colline  qui  s'élève  au  bord  du  lac  de  Genève,  8c 
en  partie  dans  la  plaine ,  qui  s'étend  le  long  du  lac  au  pied 
de  la  colline.  Le  quartier  d'en-bas,  quon  appelle  la  Rive, 
n'eit  qu'un  fauxbourg  tout  ouvert  ;  au  lieu  que  le  quar- 
tier d'en-haut,  qui  eft  proprement  la  ville,  eft  fermé 
de  murailles.  Nyon  a  été  autrefois,  c'elt-à-dire,  fous 
les  empereurs  Romains ,  beaucoup  plus  considérable 
qu'elle  n'eft  aujourd'hui.  On  y  voit  encore  quelques 
vertiges  de  fon  ancienne  fplendeur.  Une  des  portes  de 
la  ville  eft  faite  de  gros  quartiers  de  pierre  dure  8c 
jaunâtre ,  dont  iïjy  en  a  qui  ont  jusqu'à  dix  pieds  de  long 
tic  quatre  ou  cinq  de  haut.  Au  bord  du  lac  on  voit  une 
vieille  tour,  construite  aufli  de  beaux  quartiers  de  la 
même  pierre  ,  8c  qui  font  ornés  de  feuillages  ;  mais  com- 
me ces  pierres  font  mifes  la  plupart  à  contre-fens,  on 
peut  juger  que  cette  tour  a  été  bâtie  des  débris  de  quel- 
que édifice  plus  ancien  8c  plus  riche.  Au  haut  de  cette 
tour,  on  apperçoit  une  Statue  qui  paroît  être  celle  de 
quelque  empereur ,  habillé  à  la  Romaine,  en  guerrier, 
couronné  de  lauriers,  8c  qui  femble  regarder  du  côté 
de  l'Italie:  cette  figure  eit attachée  à  la  muraille  en  de- 
hors. Dans  un  endroit  tout  près  de  la  ville ,  on  a  trouvé 
bien  avant  dans  la  tene  un  beau  pavé  à  la  mofaïque. 
Dans  la  ville  même  il  y  a  un  bon  nombre  d'inferiptions 
Romaines  ;  8c  dans  un  coin  de  maifon  on  voit  une  tête 
de  Medufe  en  relief  fort  bien  repréfenree.  Le  château  , 
ou  réfide  le  bailli ,  eft  à  l'extrémité  de  la  ville  ,  du  côté 
qu'elle  regarde  fur  le  lac.  Il  y  a  de  ce  côté-là  ,  derrière 
les  murailles,  une  jolie  promenade  où  l'on  jouit  d'un 
très-bel  afpeèt-,  on  a  la  vue  fur  le  bas  de  la  ville,  fur 
le  lac  ,  fur  les  campagnes  voisines  ,  fur  toute  la  Savoie 
&  fur  le  pays  de  Gex ,  jusqu'à  Genève  ,  qui  eft  à  qua- 
tre lieues  de-là.  A  l'autre  extrémité  eft  le  temple  qui  n'a 
[rien  de  bien  remarquable  ;  mais  en  y  allant  on  voit  dans 
la  muraille  du  cimetière  qui  l'environne  ,  une  Statue  à 
demi-corps  ,  fort  défigurée  ,  8c  au  bas  de  laquelle  on 
lit  fur  un  marbre  l'infcription  fuivante,  faite  pour  un 
homme  qui  étoit  l'un  des  chefs  de  la  colonie  8c  prê- 
tre d'Augulk. 

C.  Lucconi.  Co>, 
Tetrici  Pr^efec. 
Arcend.  latroc. 
pr/efect.   pro   iivir. 
iivir.  bis   flamini.  s» 

AUGUST. 

La  ville  de  Nyon  eft  fort  bien  Située  pour  le  com- 
merce ,  dans  le  voisinage  de  Genève  8c  au  bord  d'un 
beau  lac ,  8c  près  de  la  Bourgogne,  d'où  elle  tire  quantité 
de  chofes  :  les  Bourguignons  y  viennent  toujours  aux 
foires,  8c  très-fouvent  aux  marchés  de  femaine.  Elle 
fut  réduite  en  cendres  en  1399.  Elle  commence  à  fe 
rétablir.  *  Etat  &  délices  de  laSuiJJe,  t.  2.  p.  282. 

2.  NYON,  bailliage  de  SuiSTe,dans  le  canton  de 
Bern,  entre  le  pays  de  Gex ,  le  lac  de  Genève  &  le  mont 
Jura.  C'eSt,  comme  tout  le  voifinage,  un  pays  de  vignes , 
de  champs  8c  de  prairies,  8c  abondant  en  excellens 
fruits,  fur-tout  en  châtaignes.  Ce  bailliage  eft  compo- 


NYS        613 

fé  d'une  ville  ,  d'un  bourg  8c  de  plus  de  trente  villages»; 
Les  endroits  les  plus  remarquables  font 

Nyon  j         Copet ,         Prangin. 

Avant  le  changement  de  Religion  introduit  par  les 
Bernois,  Nyon  étoit  du  diocèfe  de  Genève  avec  tout 
fon  territoire,  qui  çontenoit  douze  paroiSfes  8c  quarante 
villages. 

NYPFLEUS,  montagne  delà  Phtiotide.  Pline,  /.  4. 
c»  8.  dit  qu'elle  étoit  remarquable  par  quelques  figu-; 
res  que  la  nature  avoit  pris  plaifir  d'y  repréfenter. 

NYRAX  ,  ville  Celtique,  félon  Etienne  le  géographe; 

1.  NYSA  ou  Nyssa:oii  veut,  dit  Diodore  de  Si- 
cile,  /.  i.c.  1;  ,  qu'Ofiris  ait  été  élevé  à  Nyfa,  ville 
de  l'Arabie  Heureufe,  aux  confins  de  l'Egypte,  &que 
ce  foit  de-là  qu'il  ait  été  appelle  Dionyfius ,  nom  for- 
mé de  celui  de  Jupiter  Son  père ,  8c  de  celui  de  la 
ville  de  Nyfa.  Diodore  de  Sicile  répète  la  même  chofe 
dans  un  autre  endroit,  /.  3.  £.54,  où  il  dit  que  Jupi- 
ter porta  le  petit  Bacchus  fon  fils  à  Nyfa  ,  ville  de 
l'Arabie  ,  afin  qu'il  y  fût  nourri  par  les  Nymphes, 
Cependant  le  même  auteur ,  /.  4.  c.  2.  dit  plus  bas  , 
que  la  ville  de  Nyfa  étoit  fituée  entre  la  Phénicie  8c 
le  Nil  ;  pofition  qui  ne  s'accorde  guère  avec  celle  qu'il 
a  marquée  plus  haut^  mais  cela  ne  fuSfit  pas  pour  nier 
qu'il  n'y  ait  eu  anciennement  dans  l'Arabie  une  ville  » 
nommée  Nyfa,  quoique  pourtant  l'on  n'en  trouve  au-, 
cune  trace  dans  les  autres  écrivains. 

2.  NYSA  ou  Nissa.  Voyez.  Nysse. 

3.  NYSA  ou'NïssA.en  François  Nysse,  ville  de 
la  Cappadoce.  Par  la  pofition  que  lui  donne  l'itiné- 
raire d'Antonin  ,  elle  devoit  être  dans  la  Garfaurie.  Pto- 
lomée,  /.  5.  c.  7.  néanmoins  la  marque  dans  la  Mu- 
riane.  Dans  l'itinéraire  d'Antonin  elle  eft  placée  fur  la 
route  d'Ancyre  à  Céfarée ,  entre  Parnaffus  8c  Ofiana  , 
à  vingt-quatre  milles  de  la  première  de  ces  places  ,  8c  à 
vingt-deux  milles  de  la  féconde.  S.  Grégoire  ,  appelle 
communément  S.  Grégoire  de  Nyflè,  fut  établi  évê- 
que de  cette  ville  en  371  par  fon  .frère  faint  Ba- 
sile, archevêque  de  Céfarée,  dont  l'évêché  de  Nyfie  étoic 
fuffragant. 

4.  NYSA  ou  Nissa,  ville  de  la  Carie,  félon  Etien- 
ne le  géographe ,  qui  dit  qu'on  la  nommoit  aupara- 
vant Antiochia.  Voyez,  Antioche  ,  n°  3.  C'eft  la  mê- 
me ville  que  les  notices  Ecclésiastiques  appellent  Nt- 
sa,  n°  3. 

5.  NYSA  ou  Nissa,  ville  de  l'Inde ,  entre  les  fleu- 
ves Cophenes  &  Indus,  félon  Arrien,  lib.i.ineumc  , 
8c  Strabon,  /.  iy.  qui  font  pour  la  dernière  orthogra- 
phe. Diodoie  de  Sicile  ,  Pline  &  Pomponius  Mêla  écri- 
vent Nisa  ;  èc  il  femble  que  c'eSt  ainfi  qu'il  faut  écri- 
re ,  du  moins  fi  on  regarde  l'origine  que  l'on  donne 
communément  \  cette  ville  :  car  on  prétend  qu'elle 
fut  bâtie  par  Bacchus,  qui  lui  donna  fon  nom.  Les 
habitans  font  appelles  Nissaei  par  Arrien,  qui  die 
qu'ils  envoyèrent  des  députés  au-devant  d'Alexandre  pour 
Se  Soumettre  à  ce  conquérant.  La  ville  de  Nyfa  étoit 
commandée  par  une  montagne,  nommée  Merus,  mot 
qui,  en  langue  grecque,  Signifie  une  cuijfe.  On  voit 
affez  que  ce  nom  fait  allufion  à  la  féconde  naiflanec 
de  Bacchus ,  forti  de  la  cuiSfe  de  Jupiter.  En  effet ,  Dio- 
dore de  Sicile  ,  /.  2.  c.  37.  rapporte  que  Bacchus  &  fon 
armée  fe  retirèrent  fur  cette  montagne ,  &  qu'ils  y 
furent  préfervés  de  la  pefte  qui  regnoit  dans  la  cam- 
pagne. 

6.  NYSA  ou  Nyssa  ,  ville  de  la  Lydie.au  voifina- 
ge de  Trahis ,  félon  Strabon.  C'eft  le  même  qu'Etienne 
le  géographe  met  dans  la  Carie.  Voyez.  Nysa  ,  n°  4. 
Ptolomée  qui  écrit NyJJa ,  la  place  aufli  dans  la  Carie, 
parce  que  quelques  géographes  étendent  les  bornes  de 
la  Carie  au-delà  du  Méandre.  Elle  étoit  néanmoins  pro- 
prement dans  l'ancienne  Lydie  que  le  Méandre  bornoic 
principalement  vers  la  mer.  J'ai  vu ,  dit  Wheler ,  voyage 
de  l 'Anatolie  ,  /.  3.  p.  339.  une  médaille  de  Nyfa,  frapéc 
du  tems  de  l'empereur  Maximin ,  dont  elle  porte  la 
tète  8c  le  nom  ,  8c  fur  le  revers  il  y  a  une  Fortune  qui 
tient  en  fa  main  une  corne  d'abondance ,  &  un  gou- 
vernail en  l'autre ,  avec  ces  lettres  Eni  atp.  nPrMOT. 
powinoy  niCeqn  ,  c't.   '  -dire ,  que  cette  médaille  de. 


£i4        NYS 

là  ville  de  Nyfa  à  été  frapée  fous  le  gouverneur  Au- 
rélius  Primus  Ruphinus.  Strabon  die  que  Nyfa  étoit 
fur  le  mont  Méfogis,  de  façon  que  la  plus  grande  par- 
tie écoic  batte  fur  la  pente  de  îa  montagne.  Elle  étoit 
féparée  en  deux  villes  par  le  moyen  d'une  vallée  où 
pafibit  un  torrent.  Elle  avoit  la  plaine  du  Méandre  au 
midi  :  elle  fe  trouvoit  ainfi  fur  le  chemin  d'Ephéfe  à  An- 
rioche,  entre  Trallis  &  Antioche,  Se  elle  étoit  em- 
bellie d'un  amphithéâtre  Se  d'un  théâtre.  Je  n'ai  pu  fa- 
voir ,  ajoure  Wheler ,  quelle  ville  ce  peut  être  à  préfent  ; 
à  moins  que  ce  ne  foir  Noflie,  dont  Smith  parle  com- 
me d'un  petit  village ,  environ  à  trois  lieues  de  distan- 
ce de  Trallis.  Voyez.  Antioche  3. 

7.  NYSA  ,  ville  de  la  Bœoti-e  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe, qui  la  place  fur  le  mont  Hélicon;  mais  Stra- 
bon, /.il.  dit  que  ce  n'étoit  qu'un  village. 

8.  NYSA ,  ville  de  la  Thrace ,  Etienne  le  géogra- 
phe eft ,  je  penfe,  le  feul  qui  en  parle. 

9.  NYSA  ,  ville  d'Egypte ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. H  y  a  grande  apparence  que  c'efT  la  même 
eue  Diodore  de  Sicile  place  dans  l'Arabie  Heureufe. 
Voyez.  Nysa   i. 

10.  NYSA,  ville  de  rifle  de  Naxie,  félon  Etienne 
le  géographe. 

11.  NYSA,  ville  de  l'Eubée.  Erienne  le  géographe 
dit  qu'aux  environs  de  certe  ville ,  on  voyoit  le  raifin 
fleurir  «Se  mûrir  dans  le  même  jour.  Il  ne  l'aflure  pas 
néanmoins  :  il  dir ,  perhibent. 

12.  NYSA,  ville  de  la  Libye  :  c'en:  encore  Etienne 
le  géographe  qui  en  fait  mention. 

NYSAE-ANTRUM  ,  lieu  où  Diodore  de  Sicile , 
/.  4.C.  2.  dit  que  Bacchus  fut  élevé.  Il  le  place  entre 
le  Nil  Se  la  Phénicie.  Voyez.  Nysa  i. 

NYS/EUM,  lieu  de  la  mer  Erythrée,  félon  Suidas, 
in  voce  'itjttoç  Nve-moç. 

NYS AIS  ou  Nysvïa-Regio,  contrée  del'Afie  Mi- 
neure, entre  la  Carie  &  la  Phrygie,  au-delà  du  Méan- 
dre, félon  Strabon,  /.  12.  p.  579. 

WYSES ,  fleuve  de  l'Afrique.  Ariftote  ,  /.  1.  Meteor, 


NYS 


dit  que  ce  fleuve  avoit  fa  fource  dans  les  montagnes 
de  l'Ethiopie.  Quelques  exemplaires  latins  portent  Ony- 
ses  pour  Nyses  ;   mais  Ortelius,  Thefaur.  a  remarqué 
que  cette  faute  étoit  venue  de  ce  qu'on  avoit  joint  mal- 
à-propos  l'article  avec  le  nom. 
NYSI/E  PORT^.  Voyez.  Phila. 
i.  NYSLOT  ou  le  Fort  de  Nyslot,  fortetefle  de 
l'empire  Ruflien ,  dans  îa  Livonie,  fur  la  rive  occidentale 
delà  Narva ,  près  de  l'endroit  où  elle  fort  du  lac  de  Pei- 
pus  ou  Kzud-Kow.  Nyslot  veut  dire  nouveau  château 
ou  nouvelle  fortereffe.  *  Robert  de  Vaugondi ,  Atlas. 

2.  NYSLOT ,  bourg  ou  château  de  Suéde ,  &  le 
principal  lieu  du  Savolax.  Il  efl;  bâti  dans  l'eau.  La 
reine  ChriûMne  y  a  fondé  un  collège  :  les  Ruffiens  pri- 
rent ce  château  en  1741  fur  les  Suédois,  &  le  leur 
reftituerenr  deux  ans  après  avec  un  diftricr.  de  quatre 
lieues  d'étendue. 

NYSSA  ou  Nysa.  Ces  deux  mots  fe  prennent  aflez 
indifféremment  l'un  pour  l'autre  par  les  anciens  géo- 
graphes -,  de  forte  que  la  même  ville  fe  trouve  fou- 
venr  défignée  fous  ces  deux  orthographes.  Voyez, 
Nysa. 

NYSSvEA-VIA,  lieu  de  l'Inde  vers  l'embouchure  du 
Gange  ,  félon  Denys  le  Periégete  ,  vers  1 1 5  2.  Ce  lieu 
étoit  confacré  à  Bacchus,  qu'on  fuppofoir  avoir  péné- 
tré dans  ce  pays-là.  ■Hïil,  dans  fon  commentaire  fur 
Denys  le  Periégete,  prétend  que  ce  géographe  par 
Nyff&a-via  entendoit  le  Zodiaque.  Voyez,  fa  remarque 
fur  le  iij-2  vers  de  Denys   le  Periégete. 

NYSSEIUM  ou  Nyssa  ,  montagne  de  la  Thrace,1 
félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Euftathe.f»  Home- 
rum,  Se  le  lexicon  de  Phavorinus.  Peut  être  la  ville 
Nysa  d'Etienne  le  géographe  croit-elle  fur  cette  mon- 
tagne ?  Voyez.  NisA   8. 

NYSTAD,  ville  de  Suéde  dans  la  Finlande  fepten- 
trionale  avec  titre  de  comté.  Elle  eff  fort  commerçante; 
Se  célèbre  par  le  traité  de  paix  conclu  entre  la  Ruffie 
Se  la  Suéde  l'an  172 1. 

NYSTRUS.  Voyez.  Mystus. 


J?JN    DE    LA    LETTRE    N^ 


ES*  <t* 


LE    GRAND 

CTIONN  AIRE 

GÉOG  RAPH  I  QU  E> 

HISTORIQUE   ET  CRITIQUE. 


OAG 


OAG 


Ou  S.Martin  d'O,  bourg  de  Fran- 
ce, en  Normandie,  au  diocèfe  de 
:>éez  ,  élection  d'Argentan,  avec  titre 
de  marqujfat.  Ce  lieu  a  940  habitans 
«S:  appartient  à  la  rnaifon  de  Montai- 
gu  d'O..  Un  feigneur  d'O  fut  à  la  con- 
quête de  la  Terre  Sainte  l'an  1099. 
François  d'O  ,  l'un  de  fcs  fuccefleurs  , 
étoit  premier  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi  Hen- 
ri 11  ,  &  gouverneur  de  Paris  &c  de  l'ifiede  France. 

1.  O A  ,"o«,  village  de  Grèce,  dans  l'Attique,  fous  la 
tribu  Pandionide.  Phavorinus  lit  Oc  ,"OJi;Spon,  dans  fa 
lifte  de  l'Attique  ,  diningue  ces  deux  noms  &  dit  :  Oa 
étoit  au  commencement  de  la  tribu  Pandionide,  com- 
me plufieurs  1  écrivent ,  &  même  il  rapporte  ailleurs 
une  infcription  qui  le  marque.  Il  pourfuit  ■-,  mais  lors- 
qu'on ajouta  la  tribu  Adrianide  aux  anciennes ,  Oa  fut 
rangé  fous  elle ,  comme  on  le  peut  remarquer  dans 
l'înfcription  rapportée  au  mot  T.teoZea.  dans  cette  même 
lifte.  A  l'égard  d'O'é  ,'On,  il  dit  :  OÉ  ,  de  la  tribu  Oeneïde 
d'où  étoit  Lyficlès  ,  dont  une  infcription  qu'il  rapporte 
fait  mention. 

2.  OA  ,  jfie  du  Pont  ou  de  la  Thrace,  félon  Orte- 
lius ,  qui  trouve  ce  nom  dans  la  vie  de  faint  Par- 
thenius. 

OACCO ,  province  d'Afrique,  dans  l'Ethiopie,  au 
royaume  de  Dongo  ou  d'Angola.  Elle  eft  bornée  par  les 
provinces  de  C^bezzo  &  de  Lubolo  ,  du  côté  du  nord , 
&  elle  a  du  côté  de  l'eft  les  bords  de  la  Coanza.  On 
n'y  voit  que  des  collines  qui  laiflent  entr'elles  des  val- 
lons Se  des  plaines  arrofées  de  quantité  de  ruifléaux  & 
de  fontaines  d'eaux  très-légcres  &  très  bonnes;  enfin  ce 
pays  eft  fort  agréable  ;  il  le  feioit  bien  davantage ,  s'il 
étoit  bien  cultivé  :  mais  les  habitans  n'ont  point  de  ter- 
res en  propriété  :  ils  ne  cultivent  que  celles  qui  leur  font 
affignées  à  chaque  faifon  par  leurs  feigneurs  ou  gouver- 
neurs ,  qui  n'en  donnent  à  chaque  famille  que  ce  qu'il 
lui  en  faut  précifémënt  pour  fa  fubfiftance.  Tout  le  re- 
ftccft  en  friche.  Le  fleuve  Cango,qui  fe  perd  dans  le 
Coanza ,  pafle  par  cette  province.  Les  pluies  le  groffis- 


fent  beaucoup  ;  alors  il  devient  très-large  &c  très  rapï« 
de  ,  &  par  conféquent  rrès-dangereux  à  traverfer. 

Le  terrein  produit  des  fruits,  mais  la  plupart  infipi- 
des.  Il  y  en  a  pourtant  quelques-uns  du  fuc  desquels 
on  compofe  une  boiflbn  qui  n'eft  pas  désagréable.  Quin- 
zababé  ,  qui  étoit  feigneur  de  cetie  province  en  1657  , 
reçut  le  baptême,  Ôc  engagea  un  grand  nombre  des  ha- 
bitans à  fuivre  fon  exemple. 

Le  père  Labat ,  qui  nous  a  confervé  les  mémoires  d'un 
miifionnaire  de  ce  tems ,  en  parle  ainfi  :  II  a  fous  lui 
vingt-deux  foni  ou  gouverneurs  qui  ont  un  foin  parti- 
culier d'exercer  leurs  milices  au  maniment  des  armes, 
même  des  armes  à  feu  dont  ils  font  bien  pourvus  ;  de 
forte  que  ces  troupes  panent  avec  raifon  pour  les  meil- 
leures de  tout  l'état. 

Ces  peuples  font  fujets  à  plufieurs  maladies  particu- 
lières à  ce  climat ,  &  fur-tout  à  une  douloureufe  ré- 
traction de  nerfs.  Elle  commence  par  une  violente  dou- 
leur de  tête,  accompagnée  de  vertiges,  deconvulfions  , 
de  tremblement  de  jambes  &  d'autres  fymptômes  qui 
réduifent  en  peu  de  tems  le  malade  à  n'avoir  que  la 
peau  &  les  os.  On  croit  que  cette  maladie  eft  une  fuite 
de  leur  incontinence.  La  providence  leur  a  donné  un 
remède  fouverain  contre  ce  mal  dans  une  plante  de  ce 
pays.  Les  étrangers  y  trouvent  un  excellent  préfer- 
vatif. 

Ils  font  encote  fujets  à  une  horrible  enflure  de  bou- 
che qui  fe  répand  fur  le  cou  ,  qui  devient  plus  gros  que 
la  tête ,  avec  de  grandes  douleurs  &  beaucoup  de  dan- 
ger d'en  être  fuffoqués.  On  l'appelle  Garamma. 

On  trouve  dans  ce  pays  un  petit  animal  fort  dange- 
reux ,  nommé  Ban-Zo,  de  couleur  grife  ,  gros  comme 
ces  mouches  qui  tourmentent  les  chevaux.  Son  ventre 
eft  tout  environné  de  pieds.  Sa  niorfure  ou  fa  piquu- 
re  eft  mortelle ,  fi  on  ne  fe  fait  tirer  du  fang  promp- 
tement.  Elle  caufe  des  douleurs  exceinves&  une  fièvre, 
qui,  quoiqu'éphémere  ,  ôte  la  connoiflance  au  malade  ÔC 
le  fait  tomber  en  phrénéfie.  On  dit  que  ceux  qui  ont 
été  guéris ,  y  retombent  une  féconde  fois  fans  avoir  été 


6ï6       OAR 

piqués  de  nouveau  ,  feulement  par  le  fouvenir  du  mal 
qu  ils  ont  enduré. 

Les  miniftres  de  leurs  idoles  prétendent  guérir  cette 
maladie  par  des  charmes  Se  par  des  opérations  que  l'on 
regarde  comme  l'effet  d'un  padte  avec  le  démon  ;  mais 
ce  remède  même ,  fi  c'en  cil  un  ,  ne  produit  fouvent 
aucun  effet  pour  fauver  la  vie  du  malade  ,  Se  jamais  il 
ne  le  guérit  entièrement.  Ce  mal  eft  fi  prenant ,  que  des 
Européens  ne  pouvant  le  fupporter  ,  ont  été  affez  mal- 
heureux pour  risquer  ce  cruel  remède  aux  dépens  de  leur 
confeience,  malgré  les  défenfes  de  l'églife,  les  dangers 
&  les  fuites  fâcheufes  dont  on  vient  de  parler.  *  Labat , 
Relat.  de  l'Ethiopie  occidentale,  t.  i.  p.  78. 

OAKHAM,  ville  d'Angleterre,  dans  le  Rutland , 
au  diocèfe  de  Pererboroug  ,  à  foixante  Se  quatorze  mil- 
les de  Londres.  Elle  eft  fituée  dans  la  belle  Se  riche  val- 
lée de  Cathmofs.  Il  y  a  un  château  où  fe  tiennent  les 
afiifes,  un  hôpital  pour  les  pauvres  &  une  école  pu- 
blique pour  la  jeuneffe.  Il  y  a  une  coutume  finguliere. 
Il  eft  établi  que  quand  un  feigneur  entre  à  cheval  dans 
cette  ville  ,  il  eft  obligé  de  faire  hommage  d'un  des 
fers  de  fon  cheval  ou  de  le  racheter  en  donnant  de  l'ar- 
gent. Par  rapport  à  cette  coutume,  on  voit  fur  la  porte 
de  la  maifon  de  ville  plufieurs  fers  à  cheval  qui  y  font 
attachés ,  &  au-deffus  du  tribunal  des  juges,  il  y'  a  un 
grand  fer  à  cheval  artillement  travaillé,  avant  cinq  pieds 
&  demi  de  long  ,  &  de  la  largeur  à  proportion.  *  Etat 
de  Ij  Grande  Bretagne  ,  t.    1.  p.  103. 

OANSON  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Canton ,  fur  la  route  de  Macao  à  Canton  (  ou  Quan- 
geheu  ,  capitale  de  la  province  )  ,  félon  Gctnclli ,  Voyage , 
t.  4.  p.  11.  Oanfon  ,  dir-il  ,  rcffemblc  plutôt  à  un  village 
qu'à  une  ville.  11  eft  fans  murailles,  &  les  maifons  bas- 
fes  font  presque  toutes  bâties  de  bois  Se  de  terre.  Cette 
ville  eft  fituée  dans  une  plaine  le  long  de  la  rivière  , 
parce  que  les  Chinois  ne  veulent  point  bâtir  fur  des 
lieux  élevés  de  crainte  des  ouragans.  Elle  a  deux  milles 
de  long,  Ses  places  fonr  grandes  &  pleines  de  belles  bou- 
tiques ,  où  l'on  vend  des  étoffes  de  foie,  des  toiles, 
des  drogues,  des  provifions  de  bouche  &  autres chofes. 
Elle  eft  gardée  par  un  grand  bâtiment  de  deux  milles 
&  demi  de  circuit,  fitué  fur  la  pente  &  fur  le  fommet 
de  la  montagne.  Ils  appellent  ce  bâtiment  la  forterefle, 
quoiqu'il  n'y  ait  que  cinq  petites  pièces  de  canons  poul- 
ies jours  de  réjouiffance,  Se  qu'il  n'y  ait  qu'une  garnifon 
de  fort  peu  de  foîdats.  Il  y  a  toujours  des  fentinelles  fur 
de  hautes  tours  pour  donner  avis  de  ceux  qui  appro- 
chent. La  ville  eft  gouvernée  par  un  quaafou  ou  man- 
darin ,  comme  difent  les  Portugais ,  qui  garde  le  canal 
avec  neuf  barques  bien  armées.  On  trouve  fouvent  en 
cet  endroit  des  bateaux  pour  pafler  à  Canton  ,  parce 
que  ceux  qui  viennent  de  Macao,  foit  par  mer,  foie 
par  terre,  font  abfolument  obligés  de  s'embarquer. 

Ces  dernières  paroles  ne  font  pas  intelligibles.  Macao 
étant  dans  une  ifie ,  comment  peut-on  aller  de  cette 
ville  par  terre  à  Canton ,  qui  eft  dans  le  continent , 
fans  pafler  au  moins  quelque  bras  de  mer  ?  Je  foupçonne 
YOaufon  de  Gemelli  d'être  la  même  forterefle  que  l'Atlas 
Chinois  nomme  Hangxan  ou  Hanxan ,  qui  eft  dans 
une  autre  ifie  fur  la  route  de  Macao  à  Canton.  On  fait 
que  l'X  prononcé  par  les  Portugais  revient  au  Ch  des 
François  ;  ainfi  ils  prononcent  Hauchan.  Quoi  qu'il  en 
foie,  Hanxan  de  l'Atlas  Chinois  eft  d'un  deg.  io  min. 
plus  occidental  que  Macao  ,  &  fa  latitude  eft  de  25  dcg. 
42.  min. 

1.  OANUS  ,  rivière  de  Sicile,  félon  Pindarc.  Fazell 
croit  que  le  nom  moderne  eft  Frascolari  ,  rivière  qui 
coule  fur  la  côte  méridionale. 

2.  OANUS  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Lydie  ,  félon 
Etienne  le  géographe  \  il  cite  les  Baflàtiques  de  Denys, 
l  3. 

OARACTA.Voyez.  Vorochta. 

OARII ,  province  de  l'Ethiopie  occidentale  ,  au  royau- 
me de  Dongo  ou  d'Angola  ,  fur  Je  bord  îeptentrio- 
nal  de  la  Coanza,  qui  y  reçoit  la  rivière  de  Lutato. 
Elle  eft  arrofée  de  plufieurs  rivières ,  entre  lesquelles  le 
Lutato  eft  la  plus  confidérable.  Elles  font  toutes  dange- 
retifes  dans  les  tems  de  pluie  ,  qui  les  rendent  très-lar- 
ges ,  très  profondes  Se  très-rapides.  Elle  a  à  l'orient  la 
Hnure-Ganghelle  Se  le  Bondo;  au  nord-oueft  le  Mofe- 


OAS 


ché  -,  au  fud-oueft  le  Cabezzo.  Les  Portugais  ont  une 
forterefle  à  Mapungo  ,  où  ils  entretiennent  une  gar- 
nifon auflî  bien  qu'à  Quitonga  ,  qui  eft  une  ifie  impor- 
tante de  la  Coanza.  Tous  les  peuples  y  font  à  leur  ai- 
fe ,  &  bons  Chrétiens.  On  fe  loue  même  de  leur  zèle 
pour  étendre  la  religion ,  Se  pour  favorifer  les  miflion- 
naires.  *  Labat ,  Ethiop.  occid.  t.  1.  p.  97. 

C'eft  dans  cette  province  que  réfide  un  prince  à  qui 
les  Portugais  laiffene  le  vain  titre  de  roi  d'AngoleOa- 
rii ,  &  qui  eft  leur  tributaire.  11  a  fous  fa  ju.risdicr.ion 
immédiat  plufieurs  Soni  ou  gouverneurs.  La  Libate  où 
il  fait  fa  réfidenec ,  fe  nomme  Maspungo  ,  à  deux  lieues 
de  laquelle  on  voit  encore  les  fépultures  des  anciens  rois 
de  Congo.  On  les  appelle  les  Imbuilles  de  Cabazzo. 
J'explique  au  mot  Libate  ,  ce  que  c'eft  que  cette  forte 
de  bourgades,  Se  comment  elles  font  conftruites. 

OARUS,  rivière  de  la  Scythie,  en  Europe.  Elle  fe 
jette  dans  le  Palus  Méotide.  Hérodote  ,  /.  4.  c.  123.cn 
fait  mention. 

OASIS ,  ville  Se  défère  de  l'Egypte ,  aux  confins  de 
la  Libye.  Il  y  avoitdeux  villes  nommées  Oafs,  Se  que 
l'on  diftinguoit  par  les  furnoms  de  Grande  Se  de  Fe- 
tite. 

La  Grande  Oasis  étoit  fituée  dans  les  montagnes 
de  la  Thébaïde  ,  au  couchant  Se  aux  confins  de  la 
Libye  ,  dans  une  vallée  qui  conferve  encore  quelque 
chofe  de  l'ancien  nom  avec  l'article  El  ;  car  on  la  nom- 
me  El  Ouah. 

La  Petite  Oasis  étoit  à  quelque  difiance  plus  vers 
le  nord  ,  au  midi  du  lac  de  Kerron  ou  Kern  :  on  nom- 
me encore  le  lieu  où  elle  étoit  la   petite  el-Ouah. 

Auprès  de  la  plus  grande  de  ces  deux  villes  étoit  l'af- 
freux défertd'Oafis ,  dont  je  parlerai  ci-après.  Chacune  de 
ces  villes  avoit  un  nome.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  5 .  place  après 
le  lac  de  Moeris  les  nomes  Oafites ,  Se  y  met  la  petite 
&  la  grande  Oafis. 

Pline,  /.  5.  c.  9.  dit  de  même: Il  y  a  deux  nomes 
Arfinoïtesj  ceux-là  avec  le  Memphite  s'étendent  jusqu'à 
la  pointe  du  Delta  ,  Si  ils  font  limitrophes  aux  deux  Oa- 
fites ,  du  côté  de  l'Afrique.  Strabon  nomme  Oafis  avec 
un  changement  de  lettres  ,  Auasis.  Quelques  manu- 
fcritscS:  les  imprimés  ordinaires  ont  Anafis ,  qui  eft  une 
faute  ,  d'autres  manuferits  portent  Avaeiç ,  qui  eft  bon. 
Etienne  le  géographe  a  lu  de  même  :  Auafîs  ,  dir-il , 
ville  d'Egypte  ,  quelques-uns  la  nomment  auffi  Oafis. 
On  voit  donc  que  c'eft  la  même  ville  ;  mais  le  paffage 
de  Strabon  ell  remarquable.  Après  Abydus  ,  dit-il ,/.  17. 
p.  813.  eft  la  première  Oafis  des  trois  qui  font  en  Afri- 
que ;  elle  en  eft  à  la  difiance  de  fept  journées  de  che- 
min. C'eft ,  pourfuit-il ,  une  habitation  qui  abonde  en 
eau  Se  en  vin ,  Se  qui  ne  manque  point  des  autres  cho- 
fes néceflaires.  La  féconde  eft  auprès  du  lac  Moeris,  ôc 
la  troifiéme  eft  voifine  de  l'oracle  d'Ammon.  Ce  font 
auffi  d'excellentes  habitations. 

Il  y  a  plus  d'une  remarque  à  faire  fur  ce  paffage.  i°. 
Trois  villes  nommées  Oafis.  20.  Leur  fituation.  La  ma- 
nière dont  il  s'exprime  ne  laiffe  aucune  obscurité.  La  pre- 
mière Oafis ,  qui  eft  vis-à-vis  d'Abydus,eft  la  grande  Oa- 
fis de  Ptolomée.  La  féconde,  voifine  du  lac  Moeris, 
eft  la  petite  Oafis  du  même  auteur.  La  troifiéme  eft 
moins  célèbre  -,  cependant  elle  ne  laiffe  pas  d'être  con- 
nue. Olympiodore  ,  dont  Photius  nous  a  conferve  un 
fragment,  fait  mention  de  trois  Oafis,  deux  grandes, 
l'une  extérieure,  l'autre  intérieure,  c'eft-à-dire,  l'une  plus 
près  de  la  frontière  ,  l'autre  plus  avant  dans  l'Egypte.  Il 
dit  qu'elles  font  à  cent  milles  de  diftance  l'une  de  l'autre. 
La  troifiéme,  ajoute-t-il,  eft  la  petite  Oafis ,  qu'un  long 
intervalle  fépare  des  autres.  La  troifiéme ,  que  nous  cher- 
chons ici ,  eft  une  des  deux  gtandes  de  cet  auteur  ,  Se  elle 
doit  avoir  été  voifine  du  temple  de  Jupiter  Amraon. 
Elle  a  été  omife  par  Ptolomée  Se  les  autres  géographes 
qui  ne  comptent  que  deux  Oafis  ;  Se  d'ailleurs  cette  troi- 
fiéme ne  devoit  pas  être  dans  l'Egypte  même  ;  mais  dans 
la  Marmarique,  ou  dans  le  canton  d'Ammon.  Quanta 
la  grande  de  Ptolomée,  elle  eft  nommée  la  Haute  , 
(  Oafis  Juperior  ) ,  par  faint  Athanafe ,  qui  a  adreffé  aux 
folitaires  relégués  dans  ces  quartiers  une  lettre ,  où  il 
leur  trace  l'hiftoire  des  Ariens.  Elle  étoit  en  effet  la  plus 
haute  par  rapport  à  la  Haute  Se  à  la  Baffe  Egypte.  L'autre 

croie 


OAX 


croit  nommée  La  Basse  ou  l'I  n  t  é  r  i  e  u  a.  e  par  la 
même  raifon. 

Lorsque  les  hifloriens  parlent  d'Oafis,  fans  marquer 
laquelle  des  trois,  il  faut  ordinairement  l'entendre  de 
la  grande  de  Ptolomée,  ou  de  la  haute  qui  eft  la  même. 
Par  exemple,  lorsqu' Hérodote  ,  /.  3.  c.  16.  raconte  que 
l'armée  de  Cambyfie  ,  marchant  contre  les  Ammonicns , 
'furenfevelie  fous  des  monceaux  de  fable  auprès  d'Oafis, 
qui  eft  à  fept  journées  de  chemin  de  la  ville  de  Thé- 
bes;ou  quand  Zozime,  /.  ;.  c.  9.  raconte  que  Timafe  , 
chef  des  gens  de  guerre  fous  Arcadius,  fut  relégué  à 
Oafis  ,  &c  conduit  en  cet  endroit  par    des  gardes  qu'on 
lui  donna.  Suivant  ce  dernier  écrivain  ,  ôV  Sozomenc  , 
/.  8.  c.  7.  les  environs  d'Oafis  étoient  extraordinairement 
fertiles ,  ôc  perfonnede  ceux  qui  y  étoient  confinés,  ne 
pouvoit  en  fortir ,  parce  qu'il  falloir  traverfer  un  grand 
défert  rempli  d'un  fable  mouvant ,  fans  habitation  ,  fans 
aucun  arbre  ,  en  un  mot,  parce  qu'on  n'y  trouvoit  quoi 
que  ce  foit  qui  pu  i  (Te  fervir  d'indice  pour  leirouver  l'on 
chemin.  Ulpien  ,  dans  le  digelle  ,  (  Leg,  vu.  deinerdï- 
ttis  &  relegatis  ,  fecl.  $.  )  dit ,  Eft  quoddam  genus  quafi 
in  infulam  relegattonis  %n  provtncia  JEgypts _,  inOnaJîrh. 
relegare.  Il  dit ,  quasi  in  Insulam,  parce  qu'Oafis  étant 
entouré  de  ces  affreux  défens  de  fable ,  il  n'étoit  pas  plus 
aifé  de  fortir  de-là ,  que  de  s'enfuire  d'une  ifle  entou- 
rée des  eaux  de  la  mer.  On  voit  par  une  loi  du  code  , 
leg.  ult.  de  Tœriis ,  qu'on  y  reléguoit  les  uns  pour  fix 
mois,  d'autres  pour  un  anjSozomene  dit  que  Timafe 
y  fut  relégué  pour  toute  fa  vie.  Il  y  avoir  à  cette  gran- 
de Oafis  une  fortereffe  nommée  Ibis  ou  Hibis.  La  no- 
tice de  l'Empire  met  au  département  du  commandant 
de  la  Thébaïde  ,  Aïa  prima  Aba>gorum  Hibe  Oafeos 
Mctjoris, 

La  petite  Oafis  ou  la  baffe  avoit  auffi  fagamifon  ,  ôc 
la  même  notice  met  Ala  featnda  Armematwrum  Gafi 
Minore. 

11  relie  une  difficulté  à  éclaircir.  C'eftla  contradiction 
apparente  qu'il  y  a  entre  les  témoignages  des  auteurs  tou- 
chant Oalis.  Zozime,  dit  que  ce  lieu  elt  extraordinai- 
rement ftérile  ,  &  un  féjour  très-désagréable.  Srrabon  , 
au  contraire,  dit  que  c'elt  une  habitation  qui  ne  man- 
que ni  d'eau  ni  de  vin,  ôc  quia  tout  le  relie  en  abon- 
dance ,  à  quoi  on  peut  ajouter  ce  que  di:  Hérodote  , 
qu'elle  a  été  appellée  l'Ifle  de-;  Bienheureux.  11  cil  aifé 
de  mettre  d'accord  ces  écrivains.  Srrabon  parle  du  cen- 
tre de  la  contrée  ,  &  non  pas  du  défert  qui  l'environne; 
Zozime  n'a  eu  égard  qu'au  défert  ,  ôc  ne  parle  point  du 
milieu  qui  e/t  beau  ôc  fertile.  Un  lieu  fitué  au  milieu 
d'un  defert .  tel  que  le  décrivent  ces  deux  auteurs , 
peut  bien  n'être  ni  aride  ,  ni  flérile.  On  en  a  la  preuve 
dans  l'article  d'AMMON.  Aufli  Olympiodore  cV  Strabon 
mettent-ils  leur  troifiéme  Oafis  près  de  l'oracle  d'Am- 
mon. 

La  fituation  de  ces  trois  Oafis  efl  du  refle  doctement 
obfervée  par  de  l'Ifle  dans  la  carte  de  l'Egypte ,  où  il 
marque  très-bien  les  trois  El-Ouah.  Les  interprètes  de 
Ptolomée  difent  que  la  grande  Oafis  elî  préfentemént 
Gadcmet,  Ziégler  le  dit  auffi,  ôc  Onelius,  après  lui: 
en  quoi  il  fe  trompe. 

Sanfon  n'a  pas  mieux  rencontré  lorsqu'il  nomme  la 
grande  Oafis  Alguchet  ,  ôc  la  petite  El  éocat  ,  les  pla- 
çant l'une  ôc  l'autre  au  bord  de  deux  lacs ,  donr  les  eaux 
4fe  communiquent  par  une  petite  rivière  qui  va  de  l'un 
dans  l'autre.  Les  anciens  difenr  en  termes  exprès  que  le 
défert  d'Oafis  elt  fans  eau.  Les  deux  lacs  &  la  rivière  font 
de  pure  imagination. 

OASIT/E,  habitansde  quelqu'une  des  trois  Oafis. 

OASITES  NOMOS  ,  le  nome  Qafite.  On  a  vu  dans 
l'article  Oafis  que  la  grande  &  la  petite  étoient  cha- 
cune le  chef-lieu  d'un  nome  qui  en  prénoit  fon 
nom. 

1.  OAX ACA  ,  vallée  de  l'Amérique  ,  &  province  de 
la  Nouvelle  Espagne;  c'eftla  même  que  Guaxaca.  Voyez. 
ce  mot. 

2.  OAXACA  ,  ville  de  l'Amérique  ,  dans  la  Nou- 
velle Espagne.  Baudrand  dit  que  les  naturels  du  pays  la 
nomment  ainfi  ■■,  mais  que  les  étrangers  la  nom- 
ment Guaxaca  ôc  Antiguera.  S'il  prend  Guaxaca  pour 
la  même  ville  qu'Antiquera  ,  il  fe  trompe  ;  Guaxaca  eft 
la  capitale.  Antiquera  en  eft  à  plus  de  foixante  &  cinq 


OBÀ      617 

mille  pas,  c'eft-à-dire  ,  plus  de  feize  lieues  espagnoles 
au  fudeft.  De  l'Ifle  ne  s'y  eft  pas  trompé. 

OAXES,  rivicrede  l'ifle  de  Crète,  félon  Vibius  Se- 
quefter.  Voyez.  Armiro  2. 

OAXIA,  ou 

1.  OAXISou  Oaxus  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  dans 
la  côte  fcptentrionale,  félon  Hérodote  ,  I.4.  c.  1  y  4-  Elle 
eft  remarquable  ,  parce  que  c'etoit  alors  un  royaume  qui 
avoit  fon  roi  particulier  ,  dont  la  feconde  femme  donna 
lieu  par  fa  méchanceté  à  de  grands  événemens  qu'on 
peut  voir  dans  cet  auteur.  Vibius  Sequcîier  dit  a  l'occafiort 
de  la  rivière  Oaxcs  :.Oaxes ,  rivière  de  Crète  ,  de  laquelle 
a  été  nommée  la  ville  Oaxie.  Oaxes  Cretx  à  jeto  C  civi- 
tas  Oaxia.  Il  cite  Varron  pour  fon  garant.  Etienne  le 
géographe  dit:  Oaxus,  ville  de  Crète,  près  d'Eleuthere; 
Elle  a  eu  pour  fondateur  Oaxus,  fils  d'Apollon.  C'elt 
Servjus  qui  le  dit  en  expliquant  la  première  Lglogue  de 
Virgile  où  eft  ce  vers , 

Et  rapiditm  Ci'tta  veniemus  0 axent* 

Il  eft  vrai  que  ce  grammairien  fe  trompe  dans  l'expli- 
cation qu'il  donne  du  mot  Creu  ;  mais  cette  erreur  eft 
utile  par  l'érudition  qu'il  apporte  pour  la  défendre.  Voi- 
ci fon  explication.  Hapidum  Crettt  (îgnifie,  fclcn  lui, 
un  fleuve  qui  entraîne  une  terre  blanche  femblabie  à  la 
craie:  Car,  pourfuit  il,  Oaxiseftune  rivière  de  la  Mé- 
fopotainie,  qui,  par  fa  rapidité ,  entraînant  de  la  terre 
blanche,  devient  fort  trouble,  ou  bien  lOaxiseftun 
fleuve  de  Scythie  :  il  n'eft  point  dans  l'ifle  de  Crète  ;  mais 
c'elt  fon  eau  qui  eft  de  couleur  de  craie.  Eratofthene 
dit  qu'Oaxeétoit  fils  d'Apollon  &  d'Anchiale  ,  ôc  Varron 
dit  que  ce  même  Oaxe  bâtit  en  Crète  une  ville  qu'il  ap- 
pella  de  fon  nom. 

Quos  magno  Ancbiale  partus  addiciJa  dolore  , 
Et  gemink  cafiens  tcllttrem  Qaxida  palmis  , 
Scinder  e  dicta  fuit. 

..  Oaxis  eft  aujourd'hui  Paleocaftro  ,  dans  l'ifle  de 
Candie. 

2.  OAXIS  TELLUS,  et!  donc  la  terre  où  coule  !a 
rivière  d'Oaxes ,  ôc  où  eft  fituee  la  ville  d'Oaxus.  Des 
témoignages  d'Hérodote,  d'Etienne  le  géographe,  de 
Vibius  Sequefter  &  de  Varron  ,  combinés  en  femble  ,  il 
réfulte  que  Virgile  a  parlé  d'un  lieu  de  l'ifle  de  Crète. 

3.  OAXISou  Oaxes,  rivière  de  Mcfopotamie ,  fé- 
lon Servais.  Voyez,  l'article  précédent. 

4.  OAXIS  ,  rivière  de  Scythie,  filon  le  même. 

OBACATIARAS(  Les  ) ,  peuple  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  dans  le  Brefil.  IL  habitent  les  ifies  qui  font  dans 
la  rivière  de  Saint  François.  Ils  fe  fervent  d'arcs  &  de 
dards ,  font  robu!tes&  ont  un  langage  particulier.  Quand 
leurs  ennemis  les  viennent  fhrprendre  ,  ils  courent 
promptement  vers  l'eau  &  s'échapent  en  plongeant.  De 
Laët  les  donne  pour  anthropophages.  *  Indes  occident: 
1.   15.C.3. 

OBACER  ,  nom  d'une  rivière  d'Allemagne.  Dans  le 
moyen  âge  on  a  dit  Ovacra  ,  au  rapport  de  Baudrand, 
éd.  1682.  On  dit  préfentemént  l'Ocker.  Voyez,  ce 
mot. 

OBAMA,  bourg  de  la  principauté  d'Omura,  dans 
l'ifle  de  Ximo  ,  au  Japon.  11  elt  célèbre  par  les  eaux 
chaudes.  On  ne  dit  point  que  les  malades  en  boivent , 
mais  ils  s'y  baignent  en  obfervant  pour  tout  régime , 
de  ne  rien  manger  de  chaud  ,  ôc  de  fe  même  au  lie  en 
fortant  du  bain  pour  fe  faire  fùer.*  F*  de  Obartevoix  ; 
Mémoires  manuferits. 

OBANA  ,  ville  d'Affyrie  ,  félon  Ptolomée  ,  liv.  6. 
ebap.    i. 

OBARENI ,  n'/?*p»i'o* ,  peuple  qui  habitoitune  partie 
confiderable  de  l'Arménie  ,  aux  environs  du  fleuve  Cy- 
rus.  Etienne  le  géographe  cite  ces  mots  de  Quadratu  , 
dans  l'hiftoire  de  Parthc  de  cet  auteur  :  Frope  Cyrum  flu- 
vium  ObarenitA  &  Oteni  habitant ,  quifunt  Armenin 
magna  pars-.  Suidas  fait  auffi  mention  de  ce  peuple. 

OBARES,  0"/3*/>«,  ancien  peuple  dejrArie,au  midi 
des  Panut,,  autre  peuple  du  même  pays ,  fclon  Ptolo- 
mée ,  /.  6.  c.  1.7. 

1  om.  IV.  I  i  i  i 


6i8 


OBD 


OBE 


OBASINE  ,  Obacina ,  abbaye  d  hommes  en  France  , 
de  l'ordre  de  Citeaux  ,  dans  le  bourg  de  même  nom, 
dans  le  Bas-Limoufin  ,  à  trois  lieues  au  midi  de  Tulle  , 
ôc  à  une  demie  de  Brive  ,  proche  la  Coureze.  Elle  a  été 
fondée  par  Etienne  ,  lequel  ifl'u  de  condition  honnête 
dans  le  Limoufin  ,  eut  pour  père  Etienne  ,  ôc  pour  mè- 
re Gaubertc  ;  il  fut  d'abord  clerc ,  puis  prêtre.  Au  lieu 
d'habits,  il  fe  vêtit  d'un  cilice ,  ôc  ne  vouloit  d'autre 
nourriture  que  celle  du  pain  qu'il  trempoit  de  fes  lar- 
mes. Il  fe  baignoit  fouvent  dans  l'eau  gelée  ,  dont  il  rom- 
poit  la  glace-, il  s'affocia  un  autre faint  perfonnage  nom- 
mé Pierre ,  lequel  étoit  auffi  prêtre ,  ôc  ils  cherchèrent 
enfemble  un  lieu  écarté  du  commerce  des  hommes 
pour  s'y  retirer.  Ils  arrivèrent  enfin  au  bois  d'Obafine  , 
&  trouvèrent  un  endroit  à  leur  gré ,  éloigné  feulement 
de  trois  lieues  de  la  ville  de  Tulle,  environné  de  tou- 
tes parts  de  rochers  escarpés ,  près  de  la  rivière  nommée 
la  Coureze.  Ils  s'y  arrêtèrent  &  le  choifirent  pour  en  faire 
leur  retraite.  Ils  y  eurent  beaucoup  à  fouffrir  de  la  faim 
dans  les  commencemens.  Euflorge  tenoit  alors  le  fiége 
épiscopal  de  Limoges.  Ce  prélat  ayant  ouï  parler  de 
ces  deux  faims  perfonnages ,  féconda  leurs  pieufes  in- 
clinations ,  ôc  les  fit  bientôt  devenir  les  pères  d'une  gran- 
de communauté.  Le  monaftere  qui  s'y  établit  fut  dans 
le  commencement  pour  l'un  &pour  l'autre  fexe.  L'aullé- 
rité  y  étoit  extrême  ,  ôc  le  filence  également  rigoureux  , 
auflî  bien  que  le  vêtement  ôc  la  nourriture.  On  en  peut 
voir  le  détail  dans  la  vie  de  faint  Etienne,  que  Baluze 
a  mife  au  jour  ,  t.  4.  Miscellanea ,  ôc  dans  les  Atla  San- 
Ûorum  de  Bollandus  die  Marin  8.  Etienne  étant  demeuré 
long-tems  incertain  fur  le  choix  qu'il  feroit  ou  de  l'infti- 
tutdes  chanoines  réguliers,  ou  de  celui  des  moines; en- 
fin ,  par  le  confeil  d'Acineric ,  évêque ,  en  Auvergne , 
il  fe  détermina  au  dernier ,  dont  il  embraffa  la  règle  avec 
tous  fes  disciples ,  ôc  reçut  du  monaftere  de  Dalon  tous 
Jes  meubles,  dont  ils  avoient  befoin  pour  s'établir  ;  en- 
fuite  l'an  1142,  le  jour  du  dimanche  des  rameaux  ,  il 
reçut  l'habit  de  l'ordre  ,  ôc  fe  fit  moine  en  préfence  de 
Geraud  ,  évêque  de  Limoges  ,  Ôc  dès  le  même  moment 
il  fut  auffi  élu  ôc  béni  abbé.  Quelques  années  après  ,  le 
pape  Eugène  III ,  étant  venu  en  France  ,  la  féconde  an- 
née de  fon  pontificat ,  ôc  ayant  fait  quelque  féjour  à  Ci- 
teaux ,  Etienne  vint  y  voir  fa  fainteté  ,  la  priant  de  le 
recevoir  lui  ôc  les  fiens  dans  l'ordre  de  Citeaux.  Le  plus 
grand  obftacle  à  cette  réunion  étoit  qu'il  auroit  à  con- 
duire les  hommes  auffi  bien  que  les  femmes  ,ce  qui  étoit 
contraire  à  l'inftitut  de  Citeaux  ;  mais  il  y  eut  espérance 
d'abolir  peu  à  peu  tout  ce  qui  fe  trouverait  contraire  à 
l'ordre.  Après  cela,  Etienne  fonda  encore  deux  autres 
monalteres ,  l'un  au  diocèfe  de  Cahors  qui  eft  celui  de 
la  Garde-Dieu  {Garda.  Dei)  ;  l'autre  au  diocèfe  de 
Saintes,  dit  la  Frenade  ou  la  Frenaye  (Frenada)  , 
auquel  il  donna  pour  abbé  Robert ,  qui  fut  enfuite  le 
premier  abbé  d'Obafine.  On  compte  quarante-trois  ab- 
bés de  ce  monaftere  jusqu'en  171 3. 

OBBA  ,  ville  d'Afrique ,  dans  la  Mauritanie  Céfarien- 
fe.  La  notice  d'Afrique  fournir  dans  cette  province  Eu- 
febius  Obbitanus ,  Eufébe ,  évêque  d'Obba.  Entre  les 
évêques  qui  affilièrent  au  concile  de  Carthage  tenu  fous 
faint  Cyprien,  on  lit  Paulus  confejfor  ab  Obba.  Dans 
quelques  manuferits  &  dans  faint  Auguftin ,  on  lit 
àBobba.  Pline,  /.  f.  c.  1.  met  dans  la  Mauritanie  Bib- 
ba.  Quelques-uns  lifent  Bobba.  Quoi  qu'il  en  foit ,  cette 
colonie  parait  différente  d'Obba.  Au  cinquième  concile 
général  affifta  Valérien ,  évêque  d'Obba ,  en  Afrique.  La 
conférence  de  Carthage  fournit  Féliciffime ,  évêque 
d'Obba  .  Obbenfis. 

OBBE  ,  bourgade  de  l'Amérique  ,  dans  la  Californie , 
fur  la  côte  de  la  mer  Vermeille.  Elle  eft  dans  la  miffion 
de  faint  François  Xavier ,  au  nord  ,  ôc  à  huit  lieues  de 
Biaundo  ,  félon  le  mémoire  du  père  François-Marie  Pi- 
colo  ,  Jéfuite.*  Lettres  édif.  r.  y.  p.  261  ôc  262. 

OBDACH,  bourgade  d'Allemagne,  dans  la  Stirie  , 
fur  le  Levant.  Voyez  Badacum. 

OBDORA  ou  I'Obdorie  ,  autrefois  Lucomorie  , 
contrée  de  la  Tartarie  Moscovite ,  au  couchant  du  Jé- 
niscéa ,  &  à  l'orient  de  l'Oby  ,  qui  la  féparede  la  Con- 
dora.  Selon  la  carre  du  monde  ,  l'ifle  de  ce  pays  eft  ha- 
bitée par  des  Samoyedes ,  qui  ont  les  Oftiaques  au  mi- 
di. Ce  pays  eft  coupé  par  le  cercle  polaire  en  deux  par- 


ties à  peu  près  égales.  La  partie  feptentrionalc  eft  nom- 
mée la  côte  d'Oby  ,  ôc  bordée  de  montagnes  de  glaces 
qui  figurent  allez  bien  avec  celles  de  la  Nouvelle  Zem- 
ble ,  dont  le  bras  de  mer  qui  les  fépare,  eft  bordé  au 
nord.  De  l'ifle  y  met  trois  espèces  de  villes  ;  favoir  , 
1.  Mangaseia  ou  Taasofstat,  fur  une  îiviere  qui 
fort  d'un  lac  nommé  comme  elle  Taas  ,  ôc  eft  appellée, 
vers  fon  embouchure  Mangaseia  ou  Malcamsei  ;  2. 
Serrofka  ,  fur  le  bord  oriental  de  la  même  rivière  ,  au 
confluent  de  la  Stour.  3.  Turuganskoi  au  bord  occi- 
dental du  Jéniscéa.  Il  y  a  quelques  bourgades  le  long 
de  l'Oby.  La  nouvelle  carte  de  l'empire  Ruffien  change 
ces  notions.  Elle  met  les  Samoyedes  tout  au  nord;  les 
Mantzela  entr'eux  &  le  cercle  polaire,  &  les  Oftia- 
kes  au  midi  de  ceux-ci  dans  I'Obdorie,  quoique  ce  mot 
n'y  foit  point  marqué.  Elle  met  Stara  Mangaseaou 
la  Mangaseia  de  de  rifle,  presque  fous  le  cercle  po- 
laire ,  ôc  Turukan  fous  le  60  deg.  de  latitude.  11  y  a , 
outre  cela,  le  monaftere  de  Kolskoi ,  furie  bord  orien- 
tal de  l'Oby  ,  vis-à-vis  de  l'embouchure  de  la  Berefo- 
va.  Ce  pays  au  refle  fait  partie  de  la  Sibérie.  Pierre  le 
Grand  y  avoir  commencé  quelques  habitations.  Oléa- 
rius  en  fait  quelques  détails  ;  mais  comme  dans  fon 
voyage  de  Moscovie,  il  n'a  point  approché  de  ces  can- 
tons-là ,  il  n'en  peut  rapporter  que  des  ouï-dires. 

OBEA  ,  ville  d'Afrique.  Voyez.  Obba. 

OBEL/E,  ancien  peuple  de  la  Marmatique,  félon  Pto- 
lomée.  Ils  étoient  entre  les  peuples  Sentîtes  ôc  ALza- 
ri. 

OBER,  prépofition  »  qui  en  Allemand  lignifie  haut , 
élevé:  elle  fe  compofe  avec  un  nom  propre  ,  ôc  alors  elle 
lignifie  haut,  pour  diftinguer  ce  lieu  de  quelqu'autrede 
même  nom.  Le  mot  oppofé  eft  Nieder  ,  bas;  ainfi  les 
Allemands  difenc 

Gber-Baden ,  Nieder-Boden  ,  le  Haut  ,  le  Bas  pays 
de  Bade. 

Ober-Bayern  ,  Nieder  Bayern ,  la  Haute  ôc  la  Basse 
Bavière. 

Ober-Elfafz.-  Nieder-Elfas ,  la  Haute  ôc  la  Basse 
Alsace. 

Obcr-Ocfierreich  ,  Nieder-Ocfterrcich ,  la  Haute  ÔC 
la  Basse  Autriche. 

Et  ainfi  des  autres  lieux  ou  pays  diftingués  en  Haut  ôc 
en  Bas  ;  ainfi  au  lieu  de  répéter  ici  tous  les  articles  qui 
commencent  par  ces  deux  fyllabes ,  il  faut  chercher  aux 
noms  mêmes  ;c'eft-à  dire,  par  exemple,  aux  mots  Bade, 
Bavière,  Alsace,  Autriche,  &c.  Le  dictionnaire 
de  la  France  fait  trois  articles  d'OBER-EHENHEiM,  dans 
la  Baffe  Alface  ,  fous  cette  orrhographe  ,  fous  celle  d'O- 
benheim  ,  ôc  enfin  fous  celle  d'OBERNHEiM.  Cette  ville 
n'eft  point  différente  d'Ehenheim,  ville  d'Alface.  Un 
peu  plus  bas,  fur  la  même  rivière ,  il  y  a  un  bourg  de 
même  nom  ,  comme  je  l'explique  au  mot  Ehen- 
he:m. 

OBERBRONN,  lieu  d'Alface.  Il  eft  fertile  en  vi- 
gnobles ôc  en  autres  biens  de  la  terre.  Il  fait  partie  de 
la  feigneurie  de  Liechtenberg  &  Ochfenftein  ,  &  eft  ve- 
nu à  titre  d'hérédité  aux  comtes  de  Wefterburg,  donr  l'un 
y  a  fait  bâtir  un  château.  Ce  nom  lignifie  haute  [ource. 
*  Zeyler,  Al  far.  p.  40. 

OBERKIRCH  ou  Haute  Eglise  ,  petite  ville  ôc  châ- 
teau d'Alface,  dans  l'Ortnau ,  à  trois  milles  de  Stras- 
bourg, au  delà  du  Rhin,  vers  la  forêt  Noire.  Les  mo- 
dernes la  nomment  en  latin  ou  plutôt  en  grec  Iatinifé 
YpERGRytciA.  En  1428,  elle  appartenoit  à  ceux  de 
Strafbourg.  C'eft  pour  cela  quel'évêque  deStrafbourg, 
qui  étoit  mécontent  de  cette  ville ,  fit  faire  quelques 
fortifications  croyanr  l'affamer  ;  cependant  elle  fe  défen- 
dit allez  bien  durant  fix  mois,  jusqu'à  ce  qu'enfin  l'an 
fuivanr,  ceux  de  Stralbourg  abandonnèrent  la  partie. 
Dans  la  fuite  du  tems  ce  lieu  ôc  fon  bailliage  revint  en- 
core à  ceux  de  Strafbourg  ôc  apparrinr  à  l'évêque  jus- 
qu'en l'année  1592;  alors  dans  la  guerre  de  Strafbourg, 
ce  lieu  ôc  les  environs,  y  compris  Noppenau,  furent 
cédés  au  duc  de  Wurrcnberg ,  par  le  margrave  Jean  Geor- 
ge de  Brandebourg  ,  élu  évêque  de  Strafbourg;  &  quoi- 
que le  margrave  eût  été  forcé,  le  cardinal  de  Lorraine  , 
de  concert  avec  fon  chapitre  ,  ne  fit  point  d'oppofition 


OBL 


OBO 


à  cette  ceffion  ,  mais  les  fujecs  reflètent  la  plupart  atta- 
chés à  la  religion  Catholique.  On  ne  changea  rien  dans 
Téglife.  Il  n'y  eut  que  dans  le  château  où  le  bailli  eut 
un  prêtre  Luthérien.  Après  la  bataille  de  Nordlingen  en 
1634,  le  duché  de  Wurtenbeig  étant  presque  perdu  , 
Oberkirch  Se  Oppenau  ou  Noppenau  Se  autres  lieux  qui 
en  dépendent ,  revinrent  à  l'évêque  de  Strafbourg.  Je 
ne  fais  quel  autre  évêque  l'engagea  de  nouveau  au  duc 
de  Wurtenbeig  ;  mais  Corneille  dit  que  François  de  Fur- 
ftenberg  ,  évêque  de  Strafbourg ,  la  racheta  en  1 664 ,  en 
payant  la  fomme  marquée  dans  l'acte  d'engagement  ;  de 
forre  qu'elle  eft  aujourd'hui  réunie  à  cet  évêché.  Sur  la 
tour  de  la  porte  de  la  ville,  on  lit  un  monument  en 
l'honneur  de  l'évêque  ,  Jean  IV ,  Se  des  habitans  de  Stras- 
bourg. Le  voici  :  Quod  municipia  eorum,  itnà  cum  adh&- 
rente  traita  ,  nexiEus  alienis  plané  libéra  fecerit ,  fuo- 
quenitori  refiituta  excoluerit  &  adomâritiquodque  ma- 
jorant immunitates  novis  additif  juribus  confirmant  ac 
confervârit ,  injlgnibus  ejasdem  domefticis  pitblicHsque  ; 
respublica  Ypergracia  cumfocia  communitatc  Nopinavio- 
rum  ,  bumillime  D.  D.  anno  falutiferi  partits  15 8(5. 
Cette  ville  fut  ravagée  par  les  François  en  1-641  ,  Se  elle 
eut  diverfes  révolutions  durant  la  longue  guerre  d'Alle- 
magne. 

OBERLAUBACH.  Voyez.  Laubach. 
OBERMONDAT.  Voyez,  Mondât. 
OBERNDORF,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle 
de  Suabe,  dans  la  forêt  Noire,  allez  près  de  Sultz  Se  de 
Wolfach.EHe  a  appartenu  à  la  maifondeZimmeren,&efl 
à  préfent  à  celle  d'Autriche ,  Se  fait  partie  du  comté  de 
Hohcnberg.  Il  y  a  un  monaftere  de  filles  de  l'ordre  de 
faint  Auguftin  ,  fondé  par  les  ducs  de  Teck.  C'eft  un 
prieuré.  *  Zeyler,  Sue  vis  Top.  p.  J9. 

OBERNPERG  ou  Obernberg,  bourg  d'Allemagne , 
dans  le  cercle  de  Bavière.  Il  appartient  à  l'évêque  de 
Paffau ,  &  en  ell  à  quatre  milles.  L'an  1640,  il  fut  ré- 
duit en  cendres  ,  hors  trois  maifons.  Depuis  ce  tems-là  , 
on  l'a  très-bien  rebâti ,  6c  il  a  toutes  les  beautés  d'une 
jolie  ville  ,  il  y  a  un  château  &  une  muraille  ,  avec  une 
douane.  Il  doit  fa  fondation  à  Wolfger  ,  évêque  de  Pas- 
fau,  qui  le  bâtit  en  1198  ou  11 99.  *  Zeylcr ,  Bavar. 
Topog.p.  78. 

OBERSCHONENBERG  ,  abbaye  de  religieufes, 
ordre  de  Citeaux ,  dans  la  Suabe,  au  diocèfe  d'Aus- 
botirg. 

OBERSTEIN  ,  baronnie  dans  la  Baffe- Alface.  Elle 
etoit ,  dit  de  Longuerue  ,  Defc.  de  la  France  ,  2.  p.-irt. 
p.  237.  de  même  condition  que  celle  de  Fleckenftein , 
comme  on  voit  à  l'article  Teneatur  du  traité  de  Wcttpha- 
lie.  C'eft-à-dire  ,  que  fes  feigneurs  avoient  été  mis  com- 
me immédiats  &  vaflaux  de  l'Empire,  Se  que  fes  ba- 
rons ,  par  le  traité  de  Wellphalie ,  font  comptés  entre 
ceux  qui  doivent  demeurer  immédiatement  fournis  à 
l'Empire.  Les  François  fe  faifirent  du  château  d'Ober- 
flein  l'an  1680,  fous  la  conduite  du  comte  de  Telle. 
Anne-Elifabeth  de  Falkenftein  ,  tant  en  fon  nom  ,  qu'au 
nom  de  fes  fœurs  ,  filles  du  baron  Guillaume  Wh'ich 
(  Ulrih)  préfenterent  un  mémoire  pour  fe  plaindre  à  la 
diète  de  Ratifbonne.  Ces  difFérens  ont  été  terminés  par 
le  traité  de  Riswick  qui  a  laide  les  chofes  en  l'état  où 
elles  étoient  alors  ;  Se  les  réunions  au-dedans  de  l'Al- 
face  ont  été  confirmées  par-là. 

OBIDIACENI ,  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique  ,  fin- 
ie Pont-Euxin,  félon  Strabon  ,  /.   1 1.  p.  49 j. 

OBIGENE  ,  contrée  d'Afie  j  dans  la  Lycaonie ,  félon 
Pline,  /.  j.  p.  32. 

OBII.  Athénée,  /.  6.  c.  4.  parlant  des  monts  Rhi- 
pées,  dit  que  P'i7raîci  op»  ell  l'ancien  nom  ,  qu'on  les  nom- 
ma enfuite  Obii  ,0"|8/«,  Se  que'jde  fon  temson  lesappel- 
loit  Ai.pes.  Ortelius  remarque  qu'il  y  a  encore  dans  ces 
cantons  un  fleuve  qui  conferve  le  nom  d'Obii  ;  favoir 
LOby.  Voyez.  Oby. 

OB1LA  ,  ville  d'Espagne,  dans  la  Lufitanie  ,  chez  les 
Venons,  félon  Ptolomée ,  /.  t.  c.  j.  11  la  met  entre 
Deobiiga  Se  Lama. 

OBILUMNIUM  ,  d'autres  exemplaires  portent  Bi- 
iumnum.'  Voyez,  ce  mot. 

OBLIMUM.  Voyez.  Bilumnum>. 

OBLINCUM,  félon  Corneille;  Oblicnum,  félon 


6l   9 


Baudraud.  L'un  Se  l'autre  prétendent  que  c'eft  le  Blanc  , 
ville  de  France  ,  dans  le  Berri. 

OBLIVIONISFLUV1US.  Voyez.  LethÉ. 

OBNOBI1  MONTES,  pour  Abnobii.  Voyez.  Abe- 

NOW- 

OBOB  ou  Ebob  ,  ville  des  Moabites ,  félon  He- 
fyche. 

OBOCA,  0'/3oW,  rivière  de  l'Irlande. Ptolomée  en  met 
l'embouchure  dans  la  partie  orientale  de  rifle.  Sile  Mo- 
donus  efl,  comme  on  le  croit,  la  Liffe  qui  coule  à 
Dublin ,  l'Oboca  devroit  être  la  Boyne.  Cela  convien- 
droit  mieux  par  la  fituation  que  Ptolomée  donne  à  ces 
deux  rivières  entr'elles ,  que  de  dire  que  c'cfl  la  rivière 
d'Auven-More  qui  pafle  à  Arklow  ,  comme  le  difent  fes 
interprêtes. 

OBODOWKA,  forterefle  de  Pologne,  dans  la  Bafle- 
Podolie,  au  palarinat  de  Braclaw,  fur  la- petite  rivière 
'deBercad,  qui  fe  perd  dans  le  Bog ,  rivière  qui  tombe 
dans  le  Borylthene.  Elle  efl  au  couchant  &  au- de  (Tus  d'une 
autre  forterefle  de  même  nom. 

1.  OBOLCOLA,  ville  de  la  Lufitanie,  félon  Ap- 
pien  ,  Iberic.  I.  i.p.  293.  dit  que  Viriate  y  avoir  mis  une 
garnifon ,  Se  que  Servilianus  ne  laifïa  pas  de  s'en  rendre 
maître.  Il  écrit  O '(ZoXttoha.. 

2.  OBOLCOLA  ou  Obulcol  a,  ville  d'Espagne,  dans 
la  Bétique ,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  4.  car  cefl  ainfi 
qu'Ortelius  lit  dans  cet  auteur  O'^XxoXa ,  ville  des  Tur- 
detains,  dans  la  Bétique.  LesTurdetains  ,  comme  nous 
le  difons  ailleurs ,  étoient  partie  dans  la  Bétique  Se  par- 
tie dans  la  Lufitanie-,  ainfi  Obocola  pouvant  être  aux 
confins  de  ces  deux  provinces,  auroit  pu  être  attribuée 
à  l'une  Se  à  l'autre  par  deux  auteurs;  mais  on  verra  leur 
différence  dans  la  fuite  de  cet  article.  L'édition  de  Bcr- 
tius  porte  Obocola  oaObacola,0'^'dzoXa..E[lc  cil  nommée 
Obulcola  par  Pline  ,  /.  3.  c.  1.  Rodericus  Carus  dit 
que  c'eft  il  Caflillo  de  la  Moncloua  ,  château  de  l'Anda- 
loufie.  Mais  Mariana  Se  autres  penfent  que  c'eft  Porcuna. 
Voyez.  ByEcuLA  3.  Obucula  efl  le  nom  que  lui  donne 
l'itinéraire  d'Antonin.  Il  eft  dans  deux  routes  différences  ; 
l'une  de  Séville  à  Mérida ,  Hispali  Emeritam. 


Hispali 
Carmonem 
Obulculam 
Afligi 


XXII.  M.  Pas. 
XX.     M.  P. 
XV.      M.  P. 


L'autre  eft  de  Séville  àCordoue  ,  Hispali  Cordubam. 


Hispali 

- 

- 

Obulculam 

- 

-       XLIII.  M.  Pas 

Afligi 

- 

-  XV.       M.  P. 

Les  manu ferits  varient  pour  l'orthographe  de  ce  nom 
dans  l'itinéraire  ;  les  uns  portent  Abucula  ,  d'autres  Abi- 
cul^  ;  mais  la  première  ,  favoir  Abicula,  c'cfl  la  plus 
commune.  Sur  quoi  ilefl  bon  de  remarquer  que  cette  vil- 
le de  Ptolomée  Se  d'Antonin  ne  fauroit  être  l'Obolcola 
d'Appien  ,  s'il  efl  vrai  que  celle-ci  étoit  dans  la  Lufita- 
nie ,  car  celle  d'Antonin  étant  entre  Séville  Se  Cor- 
doue,  étoit  trop  avant  dans  la  Bétique  pour  pouvoir  être 
attribuée  à  la  Lufitanie. 

OBOLCON  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique,  Pto- 
lomée./.  2.  f.  4.  dit  OBuLco'O/SyAm'.  Etienne  ,  Obol- 
con  ,"0[ZoMov.  Voyez.  Obulcon. 

OBOLLAH,  ville  de  Perfe,  dansl'Iraque  Babylonien- 
ne ,  aflez  près  de  Baffbra  ;  delà  vient  qu'Ebn  Alvadi  Se 
autres  géographes  Orientaux  ,  appellent  le  golfe  Perfiqne 
Bar  al-obollah  ou  Khalig'-al-obollah  a  c'eft-à -di- 
re, la  mer  d'Obollah  ou  le  golfe  d'Obollah.  Cette 
ville  efl  petite  ,  mais  forte  &  bien  peuplée,  fur  un  bras 
du  Tigre  ,  qui  a  été  tiré  en  forme  de  canal  de  la  lon- 
gueur de  quatre  parafanges,  c'efl-à-dire ,  félon  d'Herbe- 
lot,  de  fept  ou  huit  lieues ,  &  c'eft  fur  les  deux  rives  de 
ce  fleuve ,  que  l'on  voit  une  longue  fuite  de  jardins  Se  de 
portiques  qui  fe  répondent  les  uns  aux  autres  avec  une 
fymmétrie  admirable.  Les  géographes  Orientaux  placent 
ce  lieu  dans  le  ttoifiéme  climat ,  à  84  deg.  de  longitu- 
de ,  Se  à  30  deg.  15  min.  de  latitude  feprcntrionale ,  8e 
le  vantent  comme  un  des  quatre  endroits  les  plus  déli~ 
Tom,  IV.  I  i  i  i  ij 


620        OBO 


OBO 


deux  de  route  l'Afie  ,  qu'ils  appellent  les  quatre  Para- 
dis. *  D'Hcrbelot ,  Biblioth.  orient. 

OBOM  .  0/3«/x ,  ville  des  Moabites ,  félon  Hefyche. 

OBOR1TANUS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  Il  y  en 
avoir  deux  de  ce  nom  dans  la  Mauritanie  Céfarienfe  ,  8c 
la  notice  d'Afrique  les  diftingue  de  cette  manière.  Après 
avoir  nommé  Pierre  ,  évêque  d'un  de  ces  deux  lièges , 
Petrus  Oboritanus ,  entre  les  églîfes  qui  avoienr  leurs 
pafteurs,  elle  met  encore  une  fois  Oboritanus  entre  les 
lièges  qui  n avoient  point  alors  d'évêques,  Cathedra  qua 
epïiCnpos  non  habiter unt. 

OBORKOW,  petite  ville  de  Pologne  ,  au  palatinat 
de  Belcz,  environ  à  quinze  milles  italiques  ou  cinq  lieues 
de  cette  ville  ,  en  tirant  versKrasnoflaw.  *1$anfon  ,  Atlas. 

OBOTRITES  ou  Obotriti,  Obotriti,  Obodri- 
ti,  Obodrit^,  A'bodrit^s  8c  Abodriti  ,  peuples 
d'entre  les  Vandales.  Une  chronique  du  moyen  âge , 
dont  l'auteur  eft  inconnu,  8c  que  Lambécius  a  inférée 
dans  fon  recueil  des  écrivains,  rerum  Germanie  arum 
feptentrionalium  ;  nous  marque  aiTez  jufte  la  pofition 
de  ce  peuple,  en  marquant  ainfi  fes  voifins  en  com- 
mençant à  l'orient  par  la  Poméranic.  Poft  Pomeranos 
ad  occidentem  funt  Vinuli  idololatrœ  ,  dclnde  venitur  ad 
Circipanos  &  Kicinos  ubi  civitas  eft  Dcmmyn.  Ultra 
illus  funt  Lingones  &  Varnavi.  Hos  sequuntur  Obo- 
TRrTi  civitas  illorum  Mekelenburg  ,  inde  ver/us 
nos  Polabiy  civitas  illorum  Racisbttrg.  inde  tranftta  Tra- 
l'cna  vel  potins  Trabena  ,  venitur  in  noftram  Vagiren- 
fem  provinciam ,  cujus  quondam  fuit  civitas  Maritima 
nobilis  valdè  Oldcnburg.  On  voit  par  ce  partage  que 
les  Obotrites  avoient  pour  ville  Mecklenbourg ,  dont 
nous  parlerons  en  fon  lieu  ,  8c  qu'ils  étoient  entre  les 
Varnaves  d'un  côté  ,  peuple  qui  habitoit  le  long  du 
Varnav/ ,  8c  de  l'autre  ,  qu'ils  confinoient  aux  Polables, 
dont  la  ville  eft  Ratzbourg  ,  &  à  la  Trave  ,  rivière 
qui  coule  à  Lubec.  Comme  l'auteur  de  cetre  chroni- 
que la  finit  à  l'an  1 165  ,  il  eft  par  conféquent  moins 
ancien  qu  Helmold  ,  qui  a  écrit  pareillemenr  une  chro- 
nique des  Slaves,  &  qui  finit  en  11 70.  On  va  voir 
que  l'anonyme  a  copié  Helmold  avec  bien  du  déchet, 
Après  avoir  parlé  de  Rethré  ,  capital  ou  peuple  Re- 
darii  ou  Tholenzi ,  Helmold  ,  continue  ainfi  :  ûeinde  ve- 
nitur ad  Circipanos  &  Kyzdnos  quos  à  Tholenzjs  &  Re- 
daris  Jeparat  {lumen  Panis  (  la  Pêne  )  8c  civitas  Di- 
mine  (Demmyn)  Kyzjni  (yCircipani,  cis  Panim:Tho- 
IsnzX  &  Redari  trans  Panim  habitant.  Les  Kyzins  8c 
Circipaniens  écoient  donc  au-delà  de  la  Pêne,  lesTho- 
lenfes  8c  les  Rédaires  étoient  autour  de  Réthré  ,  au- 
delà  de  la  même  rivière.  Hi  quatuor  populi  à  fortitu- 
dine  WiltziyjW  Lutici  a\pellantur.  Ces  quatre  peuples 
avoient  un  nom  qui  leur  étoit  commun.  On  les  ap- 
pelloit  les  Wiltzes.  Voyez,  ce  mot.  Ultra  illos ,  c'eft- 
à  dire,  au  couchant  de  ces  derniers,  funt  Lingones  & 
IVamavi,  étoient  les  Lingons,  autrement  nommés  Lini, 
êc  les  Varnaves.  Hos fcquuntur  Obotriti,  civitas 
coritm  Miklinburg.  Inde  verfus  nos  Prolabï,  civitas 
corum  Racisburg.  Inde  trjnsitur  fluvius  Travenna ,  in 
noftram  Vagirenjem  pravimiam  ;  civitas  hujus  provin- 
cia  quondam  fuit  Aldenburg  maritima.  C'eft  ce  que 
dit  Helmold  (b) ,  auteur  qui  parle  de  tous  ces  peuples 
comme  exiftans  de  fon  tems.  On  voit  par-là  que  les 
Varnaves  occupoienr  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  la 
feigneurie  de  Rollock ,  l'évêché  ou  la  principauté  de 
Schwerin  où  eft  Butzcvr ,  &  une  partie  de  la  véritable 
Vandalie  où  eft  Guftrow.  Les  Wagres  ou  hsbitans  de 
ia  Wagrie  occupoient  la  partis  du  Holitein  qui  eft  au  voi- 
finage  de  Lubec ,  &  le  long  de  la  mer  Baltique  :  au  midi  de 
la  Wagrie  étoient  les  Polabes ,  aujourd'hui  la  princi- 
pauté de  Ratzebourg  ,  &  entre  ces  peuples  étoient  les 
Obotrites,  qui  par  conféquent.  occupoient  le  duché  de 
Mecklenbourg ,  proprement  dir ,  avec  le  comté  de 
Schwcrin  ,  où  font  Wîfmar  ,  Schwerin  ,  &c.  (a)  Incerti 
AuclorisÇ\uo\\\cz.  Sclavica,  capitul.  3.  (b)  Chron.  Sla- 
vor.  1.  i.c.  2.  n.  8.  &  fcq. 

C'étoit  bien-là  le  pays  des  Obotrites ,  mais  la  domi- 
nation de  leurs  princes  s'étendoit  bien  plus  loin.  Ils 
étoient  originairement  Vandales,  comme  nous  difons 
à  l'article  des  Vandales.  Un  auteur  de  ces  pays-là  , 
nommé  Nicolaus  MarcschalcusTurius ,  a  écrit  un  livre 
intitulé ,    Annales  Vandalorum  &  Herulorum ,  où  il 


prétend  donner  furies  archives  de  la  cour  de  Guftrow 
une  généalogie  des  rois  Vandales ,  qu'il  fait  remonter 
à  Anthyrius,  l'un  des  capitaines  d'Alexandre  le  Grand. 
Pour  ne  pas  me  copier  ici  moi-même,  je.  renvoie  le 
lecteur  à  l'hiftoire  générale  &  politique  des  principaux 
états  de  l'univers,  ouvrage  commencé  par  Samuel  Puffen- 
dorff,  &  auquel  j'ai  fait  des  additions  importantes. 
Voyez  ce  que  j'y  dis  à  l'occafion  de  la  maifon  des  ducs 
de  Mecklenbourg,  t.  3.  p.  312.  édit.  Amfterd.  chez 
Châtelain  1 7  3  2.  Je  vais  donner  une  fuite  des  rois  Obotri- 
tes depuis  Charlemagne,  où  ils  commencent  à  être 
connus  dans  l'hiftoire ,  8c  je  n'en  dirai  rien  qui  ne  foit 
appuyé  fur  des  hiftoriens  célèbres.  Lorsque  Charlema- 
gne mena  fon  armée  en  789.  contre  les  Wilfes  (  on 
Wiltzes  )  peuples  dont  nousavons  expliqué  la  fituation, 
Witzan  (b)  regnoit  alors  fur  les  Obotrites.  Il  étoit  allié 
de  Charlemagne ,  &  lui  amena  quelque  renfort  de  fes 
troupes.  Depuis  ce  tems-là  les  Obotrites  fe  joignirent 
de  tems  en  tems  aux  François ,  foit  par  la  perfuaiion  de 
leur  roi,  foit  par  la  crainte  des  forces  de  l'empereur, 
foit  que  fe  (entant  appuyés  d'un  tel  allié,  ils  cruflent  être 
plus  redoutables  à  leurs  voifins  ,  &  fur-tout  aux  Wilt- 
zes qui  les  incommodoient  par  des  hoftilités  continuelles. 
L'empereur  ,  voulant  fe  les  attacher ,  prit  les  Saxons 
d'en-deçà  de  l'Elbe  du  côté  de  Brème  ,  8c  les  Transférant 
en  804.  dans  la  France ,  donna  leurs  terres  aux  Obo- 
trites. Leur  roi  Witzan  ,  que  Sigebert  de  Gemblours 
appelle  Withan ,  ne  vivoit  plus  ;  car  dès  l'année  79  j , 
les  Obotrites  ayant  été  appelles  par  Charlemagne  con- 
tre les  Saxons  ieptentrionaux  ,  Witzan,  en  paflanr  l'Elbe, 
périt  dans  une  embufeade  qu'ils  lui  avoient  préparée.  Il 
eft  nommé  Vififias  dans  la  chronique  manuferite  de 
Latome  ,  qui  lui  donne  pour  fils  &  fuccefleur  Thrafi- 
con  ,  ou  le  Thrascon  des  annales.  En  798.  les  Saxons 
d'en-deçà  de  l'Elbe,  ayant  tué  les  officiers  de  Charle- 
magne ,  8c  attaqué  les  Obotrites  fes  alliés ,  Thraficon 
leur  prince,  foutenu  par  Eberwin,  Annal.  Franc.  Ebu- 
rifius ,  Annal.  Fuld.  ou  Helbruin ,  Regino.  marcha 
contre  les  Saxons,  8c  leur  tailla  en  pièces  quatre  mille 
hommes  auprès  de  la  rivière  de  Suentine.  Dix  ans  après, 
en  808  ,  le  même  prince  gouvernoir  encore  les  Obo- 
trites ,  qui  s'étoient  fournis  à  Charlemagne  ,  &  dont  une 
partie  penchoit  vers  le  Chriftianisme  ;  cetre  dispofition 
avoir  redoublé  pour  eux  la  haine  des  Wilfes ,  qui  ani- 
mèrent le  roi  de  Danemarck  Godefrid ,  avec  qui  ils  fe 
joignirent  pour  les  mieux  opprimer.  Le  Danois  entra 
dans  les  terres  des  Oborrites ,  chafla  Thraficon,  fit  pen- 
dre le  duc  Gotlieb  ,  8c  mit  la  plus  grande  partie  du 
pays  à  combultion.  L'empereur  envoya  au  fecours  des 
Obotrites  fes  alliés  (c)  un  fils  nommé  Charles  comme 
lui ,  8c  Godefrid  ,  ayanr  perdu  dans  une  bataille  fon  ne- 
veu Rheinhold  avec  l'élite  de  fon  armée ,  fut  réduit  à 
fe  retirer.  L'année  fuivante  809 ,  Thraficon  ayant  fait 
là  paix  avec  le  Danois ,  &  donné  fon  fils  en  otage , 
s'aflura  d'un  renfort  que  les  Saxons  lui  donnèrent ,  fie 
la  guerre  conrre  les  Wiltzes ,  8c  faccagea  entièrement 
leur  pays;  mais  peu  après  le  roi  de  Danemarck  le  fit 
aflaifiner  à  Reriche.  L'an  81  j  l'empereur  Louis  le  Dé- 
bonnaire envoya  du  fecours  à  Harald,roi  de  Danemarck, 
contre  les  fils  de  Godefrid.  Ce  fecours  fut  renforcé  par 
un  bon  nombre  de  (d)  Saxons  8c  d'Oborrites.  (a)  In 
Tabul.  p.  287.  (b)  Eghinart.'m  vira  Carol.  Mag.  p.  6. 
Annal.  Reg.  Franc.  Annales  Fuldenfes.  Regino.  Albert. 
Stad.Krantz.ius,  Vandales  ,/.  2.  c.  19.  &  23 ,  &c.  Métro- 
pol.  /.  1.  c.  1  j.Saxon./.  2.  c.  19.  8c  I.  5.  c.  27.  (c) 
Annales  8c  Pontan.  1.  4.  ad  ann.  808.  {d)  Annales  Re- 
gite  Franc. 

Thraficon  eut  pour  fuccefleur  Slaomir ,  8c  comme  il 
laiflbit  un  fils  nommé  Céadrog,  8c  que  l'empereur  vou- 
loit  obliger  Slaomir  à  partager  avec  Céadrog  le  gouver- 
nement de  l'état ,  le  premier  de  ces  deux  princes  en- 
gagea les  Obotrites  en  817  à  abandonner  les  intérêts  de 
l'empereur.  Deux  ans  après  on  envoya  une  armée  de 
François  &  de  Saxons  pour  le  réduire.  Il  fut  pris,  mené 
à  Aix-la-Chapelle,  où  les  principaux  de  fa  nation  fe 
rendirent ,  8c  comme  il  ne  put  fe  juftifier  des  aceufa- 
tions  portées  contre  lui ,  il  fur  exilé ,  &  le  trône  donné 
à  Céadrog ,  qui  n'en,,  fut  pas  plus  attaché  aux  intérêts 
de  Louis.  En  821.  on  le  foupçonna  de  cabaler  avec  les 
fils  de  Godefrid  -,  il  fut  détrôné  à  (on  tour,&  on  rap- 


OBO 


OBO       621 


pella  Slaomir  pour  lui  fuccéder.  Celui-ci  s'en  retour- 
nant, fut  à  peine  arrivé  en  Saxe,  qu'il  tomba  malade, 
après  avoir  reçu  le  baptême.  Il  paroît  que  Ceadrog 
chercha  à  faire  Va  paix  avec  Louis  le  Débonnaire  ;  car 
l'année  fuivante  ce  monarque  étant  à  Francfort ,  où  il 
tenoit  une  diète ,  il  y  vint  des  députés  des  Obotrites , 
avec  des  autres  peuples  Slavons ,  6c  ils  lui  apportèrent 
des  préfens.  Annal.  Reg.  Franc.  &  Annal.  Fuld. 

En  823  ,  au  mois  de  Mai,  dans    une  autre    diète, 
Ceadrog  fut  aceufé  auprès  de  l'empereur  de  manquer 
d'attachement  pour  les  François ,  6c  d'avoir  refufé  de 
comparaître ,  ayant  été  cité  plufieurs  fois.  Il  s'exeufa 
par  les  miniftres  de  ne  s'être  pas  préfenté  lui-même, 
6c  promit  de  venir  l'hyver  fuivant  à  Compiegne.  Il  tint 
parole  6c  fe  juftifia.  Il  fut  aceufé  de  nouveau    auprès 
de  l'empereur  en  826"  par  les  principaux  des  Obotrites. 
Il  eut  ordre  de  venir  répondre  à  ces  plaintes  au  mois 
d'Octobre  fuivant  à  Ingelheim  ;   il  s'y  rendit  en  effet  ; 
mais  les  députés  de  toute  fa  nation  interrogés  par  l'em- 
pereur, ayant  témoigné  qu'elle  le  recevroit  avec   plai- 
fir  ,  on  le  leur  renvoya  après  avoir  pris  de  lui  des  otages. 
La  décadence  de  l'Empire  qui  fut  une  fuite  du  partage 
des  états  de  Charlemagne ,  donna  lieu  aux  peuples  Slaves 
de  fecouer  peu  à  peu  le  joug  6c  de  fe  reffaifir  en  toute 
occafion ,  de  leur  première  indépendance.  Les  Obotri- 
tes conferverent  plus  long-rems  que  les  autres  leur  ar- 
rachement pour  la  famille  impériale  ,  mais  à  la  fin  ils 
fe  biffèrent  entraîner  par  le  torrent,  jusqu'à  ce  qu'enfin 
Gozzomuil  (  Lambert  d'Affchaffenbourg  le  nomme  Gefli- 
mulus  )  fut  roi  des  Obotrites.  Sous  lui  ce  peuple  com- 
mença ouvertement  à  fe  détacher  des  François  en  844  ; 
mais  Louis ,   roi  de  Germanie  6c  frète  de  l'empereur 
Lothaire,mit  fouvent  les  Obotrites  &Ies  autres  Slaves 
à  la  raifon  ,  6c  cette  même  année  il  remporta  fur  eux  des 
avantages  fi  grands ,  qu'il    fit  mourir  Gozzomuil  ,   & 
força  fes  fujets  à  rentrer  fous  Pobéiffance  accoutumée. 
Annal.  Fuld.  &  Sigebert  Gcmblac.  ad  ann.  84J. 

Cette  réduction  dura  à  peine  rreize  ans.  En  858,  ils 
fongeoient  encore  à  remuer,  puisque  l'empereur  Louis 
II.  fut  obligé  d'envoyer  fon  fils  de  même  nom ,  avec 
une  armée  pour  les  combattre,  eux  6c  les  Linons  leurs 
voifins.  *  Annal.  Fuld.  &  Lambert  Schafnaburg. 

En  862.  Tabamvizil  commandoit  aux  Obotrites.  Sons 
ce  prince  ils  oublièrent  de  nouveau  toutes  leurs  pro- 
meffes ,  6c  cherchèrent  à  s'affranchir.  L'empereur  en- 
voya une  armée  contre  eux  ,  domta  Tabamvizil ,  & 
l'obligea  de  donner  fon  fils  en  otage.  En  889,  fous  l'em- 
pire d'Amolphe,  les  Obotrites  remuèrent  de  nouveau, 
&  l'armée  que  l'on  envoya  contre  eux  ,  fut  fi  vigoureu- 
fement  repouffée,  qu'elle  revint  fans  avoir  pu  les  réduire. 
On  ne  fait  pas,  du  moins  par  les  annales  publiques, 
quel  roi  ils  avoient  en  906.  Elles  rapportent  fimple- 
ment  que  s'étant  joints  avec  les  Sorabes  ,  ils  s'oppoferent 
à  Ofton,  duc  de  Saxe  ;  que  ce  prince ,  accablé  de  vieil- 
leffe  ,  fe  déchargea  de  cette  guerre  fur  Henri ,  fon  fils, 
qui  fut  enfuite  empereur.  Les  Vendes  ou  Slaves  fe  trou- 
vant alors  ttop  foibles,  appellerait  à  leur  fecours  les 
Hongrois  qui  parcoururent  toute  l'Allemagne ,  6c  la 
remplirent  de  brigandages  6c  d'incendies,  (a)  Cela  prou- 
ve que  les  Obotrites  s'étoient  fouftraits  à  l'obéiffance 
de  l'empereur.  Henri  l'Oifeleur  les  réprima  avec  plus  de 
fuccès  qu'aucun  de  ceux  qui  l'avoient  précédé.  En  925  , 
la  fixiéme  année  de  fon  règne ,  il  fit  marcher  un  corps 
de  troupes  contre  les  Slaves ,  leur  prit  la  ville  de  Bran- 
debourg, (Brenncburg)  6c  rendit  tributaires  les  Obo- 
trites ,  les  Wilfcs  6c  les  Havellans  (b).  Un  peuple  fi  ac- 
coutumé aux  armes,  ne  put  demeurer  tranquille.  Dès 
qu'il  vit  Henri  occupé  ailleurs  ,  il  commença  de  fe  ré- 
volter. Les  Rédariens  furent  les  premiers  ,  6c  à  ce  fignal 
route  la  nation  fuivit ,  fous  les  ordres  de  Niflas  ou  Mi- 
ciflas,roi  des  Obotrites.  Cette  révolte  arriva  en  931  , 
ils  faccagerent  Hambourg  ,  le  démolirent ,  ravagèrent 
rout  le  voifinage  avec  la  dernière  inhumanité.  L'em- 
pereur envoya  contre  eux  Bernard  ,  duc  de  Lunebourg  , 
qui  ,  s'avançant  vers  k  mer  Baltique ,  tua  jusqu'à  fix 
vingt  mille  de  cette  nation  ,  &  pour  la  tenir  dans  le  res- 
pect:, établit  la  marche  du  Sleswig.  (a)  Lambert  Schaf- 
naburg. (b)  Wntichind.  annal.  1.  1.  p.  12. 

Les  Obotrites  ,  réprimés  fi  vivement ,  promirent  de 
payer  le  tribut  à  l'avenir,  &  de  fe  faire  baptilcr.  Leur 


roi  en  donna  lui-même  l'exemple  (a)  ;  mais  comme  cette 
converfion  n'étoit  qu'une  feinte  politique,  elle  dura  peu. 
Ce  peuple  , amoureux  de  fa  liberté,   attaché  d'ailleurs 
au  culte  de  fes  idoles ,  n'eut  pas  fitôt  appris  qu'Henri 
avoit  licencié   fon  armée  vi&orieufe ,    6c  ne  f  ongeoi: 
qu'à  des  tournois   qu'il  avoit    ordonnés  à  Gottingen , 
qu'il  égorgea  les  prêtres  &  les  gouverneurs  impériaux 
en  934.  L'empereur  fut  confferné  d'apprendre  que  les 
Obotrites,  non  contents  de  s'être  révoltés,  avoient  affo- 
cié  à  leurs  deffeins  les  Hongrois.  Il  fe  hâta  de  rappeller 
fon  armée  ,  &  donna  fon  rendez-vous  au  camp  d'Anger- 
munde  fur  l'Elbe.  Pendant  qu'elle  fe  forme ,  arrivent 
les  principaux  d'entre  les  Obotrites  ,  avec  deux  cens  che- 
vaux ,  6c  quarante  chariots  ;  6c  s'offrent  de  prouver  à 
l'empereur  {b) ,  que  les  prêtres  6c  les  gouverneurs   fe 
font  eux-mêmes  attiré  ,  par  leur  avarice  6c  leurmauvai- 
fe  conduite  ,  le  traitement  qu'ils  ont  reçu  ,  (a)  Wuichind. 
1.   1.  p.  12.  Herman.  contrat}.  Lambert.  Scbajnab.  Si- 
gebert. Gcmblac.  Regin.  Contin.  ad  ann.  93  1.  6c  Georg. 
Fabric.  Chemnio.ann.  930.  (b)  Latom.  Chron.  Manufc. 
Cette  nation  recommença  en  941  ,  tailla  en  pièces  la 
garnifon  Saxone  ,  &  Haica  ou  Hugues ,  que  l'empereur 
avoit  établi  gouverneur  ;  mais  d'un  autre  côté  Geron  , 
commandant  de  la  frontière,   tomba  fur  eux,    6c  ré- 
duifit  tous  les  Slaves  à  payer  le  tribur.  On  ne  fair  pas 
bien  qui  étoit  roi  des  Oborrites  en  95  j  ,    il  cft  feule- 
ment certain  qu'ils  fe  révoltèrent  de  nouveau  ;  qu'eux 
&  tous  les  autres  Slaves ,  le  long  de  la  Poméranie ,  pri- 
rent les  armes  contre  l'empereur,  &  qu'ils  furent  bat- 
tus 6c  mis  en  déroute ,  comme  le  rapporte  Hepidannus, 
moine  de  S.  Gall ,  ad  ann.  9;;.  Il  eft  vrai  qu'il  défi- 
gure un  peu  ces  noms.  Otto  rcx  &  finis  ejus  Liutolf 
(  Ludolphe  )  in  fefiivitate  fantli  Galli  pu^naverum  cum 
Abatarenis  (  les  Obotrites)  &  Vulcis ,  (  les  Wilfes  )  & 
Cyripfanif,  X.  les  Circipaniens  )  &  Tbolofenis,  (  les  Tol- 
lenfes  )  &  victoriam  in  illis  fumpfît ,  occifo  duce  illorum 
Ztoignano  (  Stonesgar  )  &  fteit  illos  Tributarios.  Cette 
victoire  eft  décrite  par  Ditmar ,  évêque  de  Merfbourg , 
/.  2.  p.  18.  &  par  George  Fabricius ,  ad  ann.  9^7.  *  Wui- 
chind. lib.  2.  pag.  19.  Georg.  Fabric.  Origin.  Saxon  ,1.  2. 
L'an  964,  les  Obotrites  avoient    pour  roi  Miffaw, 
&  les  Vagres  obéiffoient  à  Selibur.  Ces  deux  princes  re 
levoient  également  de  l'empereur  ,  Otton  le  Grand ,  & 
d'Herman  Billing.  Ayant  entre  eux  une  querelle  héré- 
ditaire à  vuider ,  ils  prirent  pour  juge  Herman  qui  pro- 
nonça contre  Selibur.  Celui-ci  ne  fe  tenant  pas  à  la  fen- 
tence,  prie  les  armes  (  a  )  ,  &  fut  attaqué  dans  la  ville 
d'Aldenbourg  (  b  )  Cil  capitale,  par  Herman  ,  envoyé  en 
exil.  Vers  la  fin  de  l'empire  d'Otton  II ,  c'eft-à-dire  ,  en 
982,  Millaw  ou  Miftui ,   félon    Ditmar.   ou  Miflas  , 
félon  d'autres,  regnoit  fur  les  Obotrites.  Durant  tout  le 
tems  des    trois  Ottons ,    c'eff-à-dire ,  environ    foixante 
ans,  la  religion  Chrétienne  fit  de  grands  progrès  dans 
les  provinces  des  Slaves.  Il  n'y  eut  qu'un  contretemsjors- 
qu'Otton  fécond,  étant  occupé  en  Italie  à  combattre  les 
Sarrazins  qui  s'étoienr  introduits  dans  la  Pouille  6c  dans 
la  Calabre.  Quelques  nations  d'entre  les  Slaves ,  sas- 
femblerent  dans  le  deffein  de  fe  venger  ,  difoient-clles, 
des  anciennes  injures  qu'elles  avoient  reçues.  Ces  mutins 
prirent  Havelberg  &c  Brandebourg  ,  tranchèrent  la  tête 
aux  évêques  de  ces  deux  fiéges ,  6c  commirent  des  cruau- 
tés atroces.  Sur  ces  entrefaites ,  Miffaw  ,  prince  des  Obo- 
trites, fe  mit  auifide  la  partie.  Après  la  conquête  de  la 
Wagrie,  fa  cour  avoit  été  quelque  rems  à  Aldenbourg  , 
6c  il  avoit  quitté  cette  ville  pour  établir  fa  réfidence  à 
Mecklenbourg.  Il  prit  les  armes  ,  3c  abandonna  en  mc- 
me-temsle  Chriffianisme  6c  fes  engagemehs  envers  l'em- 
pereur (  c  ).  Gifelai  ius  ,  évêque  de  Magdebourg  ,  6c  quel- 
ques princes  de  Saxe  fe  liguèrent  contre  un  fi  cruel  en- 
nemi. Ils  reprirent  Brandebourg  ,  livrèrent  bafaille.,aux 
Obotrites ,  6c  en  tuèrent  30700.  Ce  même  Miftaw  re-< 
gnoit  encore  deux  ans  après  ,  car  il  fe  trouva  à  la  diète 
que  Henri,  duc  de   Bavière  tint  à  (d)  Quedlinbourg. 
(a)Wituhind.  1.   3.  p.  33.  (b)  Ditmar.    1.  2.  p.    18. 
(c)  Ditmar,  ibid.   Krant-Jus.  Sax.  1.  4.  c.  19.  Georg. 
Fabric.  anno  982.  (d)  Ditmar,  1.  4. 

Vers  l'an  986' ,  Billung  ,  fon  fils  ,  lui  fuccéda.  C'eft  de 
celui  là  que  descend  la  famille  des  ducs  de  Mecklen- 
bourg ,  6c  on  a  une  généalogie  affez  nette  rie  fa  pofié- 
rité ,  depuis  lui  jusqu'à  notre  tems.  11  avoit  fous  lui  le 


6%%       OBR 

Holftein ,  le  Sleswig ,  le  Ditmarfe ,  la  .Wagïie ,  les  Obo- 
rrites ,  les  Polabes  &  la  Poméranie.  On  prétend  même 
qu'il  étendit  fa  domination  depuis  le  Vefer  jusqu'à  la 
Viftule.  Avec  le  tems ,  les  conquêtes  des  Saxons ,  les  par- 
tages de  famille,  &  mille  autres  révolutions  changèrent 
la  face  de  ce  gouvernement.  La  Poméranie  eut  fes  prin- 
ces à  part.  Le  Holftein  eut  les  fiens  ,  les  villes  de  Ham- 
bourg Se  de  Lubec  s'accrurent  Se  étendirent  leur  terri- 
toire. Les  Oborrires  ,  harcelés ,  tantôt  par  les  Danois  Se 
tantôt  par  les  Saxons ,  s'affoiblirent  extrêmement  ,  leurs 
princes  prirent  infenfiblement  le  nom  général  de  la  na- 
tion Slave,  dont  ils  faifoient  partie.  Leurs  vainqueurs 
établirent  chez  eux  des  colonies  de  Saxons  ,  &  à  la  fin 
la  poftéritéde  Billung  a  pris  le  nom  de  ducs  de  Mecklen- 
bourg,  princes  des  Vandales.  Leurs  autres  titres  font  ve- 
nus long-tems  après ,  par  exemple  ,  ceux  de  prince  de 
Schwerin  Se  de  Ratzbourg  ont  fuccédé  à  ces  deux  évê- 
chés  féculatifés  en  leur  faveur.,Celui  de  comte  de  Schwe- 
rin leur  eft  dévolu  depuis  l'extindtion  d'une  famille , 
qui  descendoit  d'un  comte  établi  dans  leur  pays  avec  un 
petit  état  pour  fonentretien  ,  c'étoit  proprement  un  pro- 
tecteur que  l'on  avoit  donné  à  l'évêque  &  aux  eccléfialti- 
ques  du  pays. 

QBRACA.  Voyez,  Obrapa. 

OBRACH  »  ville  de  la  Turquie,  en  Europe  ,  dans  la 
Servie  ,  près  du  Drin.  Elle  a  été  autrefois  plus  confidé- 
rable  qu'à  préfent.  *  Bandrand ,  édit.  1705. 

OBRAPA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Quelques 
exemplaires  portent  Obraca  ,'0/3p<*7ra  ou  "OjipctKot.  Pto- 
lomée  ,  /,  6.  c.  7.  la  met  dans  les  terres. 

OBRICOLUM,  ville  d'Italie  ,  vers  le  milieu,  dans 
le  pays  des./Equicoles,  félon  le  même  géographe,  /.  3. 
c.  1.  mais  ce  mot  ne  fe  trouve  que  dans  les  exemplaires 
latins. 

OBRIMAS  ,  rivière  d'Aile ,  dans  la  Phuygie.  Pline, 
/.  y.  c.  29.  parlant  d'Apamée,  furnommée  Ciboton  ,  dit 
que  cette  ville  eftfituée  au  pied  du  mont  Signia,  entre 
les  rivières  Marsyas  ,  Obrimas  Se  Orgas  ,  qui  tou- 
tes tombent  dans  le  Méandre.  Tite-Live  ,  /.  38.  c.  ij. 
met  les  fources  de  cette  rivière ,  Obrima  fontes ,  près  d'un 
village  nommé  Aporipos  Come. 

OBRINCUS,  félon  Ortelius ,  qui  écrit  en  grec 
'0/2p/>rc?.  C'eft  la   même  chofe  qu'OBRiNGA  qui   fuit. 

OBRINGA  ,  rivière.  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  9.  la  met  dans 
la  Gaule  Belgique  :  La  partie  du  pays  qui  eft  autour  du 
Rhin  ,  dit  cet  auteur,  depuis  la  mer  jusqu'à  la  rivière 
d'Obringa  ,  s'appelle  Baffe-Germanie.  Beatus  Rhenanus 
s'eft  imaginé  que  cette  rivière  étoit  laMofellc.Hérold,  qui 
d'ailleurs  a  fait  d'affez  belles  recherches  fur  quelques  an- 
tiquitésde  la  Germanie, s'eft  figuré  quecenomn'étoit  pas 
celui  d'une  rivière  >  mais  d'un  cantonrommé  Ober-Rhin- 
gam.  Il  n'avoir  pas  lu  apparemment  ces  mots  de  Ptolo- 
mée, /*ixf'  T°v  'Ofipifya,  wcTa/xcv, jus  qu'à  la  rivière d'Obrin- 
ga. Ortelius  dit  qu'un  de  fes  amis ,  qu'il  ne  nomme  point , 
croyoit  que  ce  mot  ne  veut  dire  que  le  Haut-Rhin.  Ober- 
Rhyn.  Il  cite  un  autre  anonyme  qu'il  y  a  encore  fur  la 
Mofelle  un  canton  qui  conferve  le  nom  dîObrincits.  Cel- 
larius ,  dit-il  lui-même,  ne  fait  pourquoi  Ptolomée  a 
donné  le  nom  d'Obringa  à  une  rivière  célèbre  ,  fur-tout 
long-rems  après  que  Tacite  l'avoit  nommée  la  Moselle  ; 
mais ,  pourfuit-il ,  c'eft  allez  la  coutume  de  cet  auteur 
d'employer  des  noms  inufités ,  lorsqu'il  parle  de  la  Bel- 
gique ,  comme  quand  il  nomme  l'Escaut  Tabuda  ,  Se  la 
Sambre  Pbrudis.  Quoique  le  favant  Adrien  Valois  croye 
que  l'Obringa  de  Ptolomée  eft  la  Mofelle ,  comme  ce  der- 
nier donne  l'Obringa  pour  borne  entre  la  Haute  Se  la 
Baffe- Germanie ,  Se  que  la  Mofelle  n'eft  point  cette  bor- 
rie,  je  ne  puis  m'empêcher  de  foupçonner  avec  Cluvier, 
qu'il  faut  chercher  quelque  autre  rivière  moins  grande 
qui^air  tenu  lieu  délimite.  Marcien  d'Héraclée dans  fon 
périple ,  nomme  cette  même  rivière  Abricca  ,  A'/Sp/nxa. 
il  femble  qu'il  ait  copié  Ptolomée ,  car  il  dit  comme 
lui  :  Depuis  la.mer  jusqu'à  la  rivière  d'Abricca,  le  pays 
s'appelle  Germanie  Inférieure:  au-deffus  de  l'Abricca eft 
la  Haute-Germanie.  Or ,  comme  Cellarius  lui-même  le 
remarque ,  Ptolomée  a  tellement  diftingué  les  villes  de 
la  Haute  Se  de  la  Baffe-Germanie,  qu'il  a  mis  lesUbiens 
dans  la  Baffe ,  &  les  Vangions  dans  la  Haute.  Il  faut 
donc  chercher  entre  ces  deux  pays  une  rivière  qui  foit 
l'Obringa ,  ancienne  borne  de  l'un  Se  de  l'autre.  Il  ne  s'en 


OBU 


trouve  point  de  plus  remarquable  que  l'A  ar.  Voyez,  Aar 
1.  *  Notit.  Orb.vet.  1.  2.  c.  3.  p.  268. 

OBRIS  ,  ou  Orbis  ou  Orobis  ,  nom  latin  de  I'Or- 
be  ,  rivière  de  France  ,  en  Languedoc  ,  auprès  de  Béziers. 
Voyez.  Orbe. 

OBRITv£  ,  ancien  peuple  de  la  Sicile,  félon  Ortelius, 
il  ci;e  Ptolomée  qui  dit  Orbit/e  ,   'Op$uT<*.i. 

OBROÀTIS,  ou  Orebatis,  ville  de  la  Perfide, 
félon  Ptolomée.  Ammien  Marcellin  la  nomme  Oro- 
batis. 

OBROAZZO,  félon  Baudrand ,  ou  ObroWazza, 
félon  Corneille  ,  ou  Obrowatz  ,  félon  de  l'ifle ,  place 
de  la  Morlaquie  ,  aux  confins  de  la  Dalmatie ,  au  nord 
Se  à  vingt-deux  milles  de  Sebenico.  De  l'ifle  la  met  vers 
le  fond  du  canal  de  la  Morlaque.  Le  père  Coronelli  , 
IJolario  ,  fart.  1.  la  met  fur  une  rivière  nommée 
Obroazzo  ,  qui  plus  Haut  s'appelle  la  Zermagna, 
qu'il  prétend  être  le  Tedanium  des  anciens.  Ce  père 
dikingue  donc  , 

1.  OBROAZZO  (L'),  rivière  dont  on  vient  de 
parler. 

2.  OBROAZZO  Ficolo,  c'eft-à-dire,  le  petit  ou  le 
Haut-Obroazzo  ,  par  rapport  au  cours  de  la  rivière  , 
Se  il  dit  qu'il  elt  fans  murailles. 

3.  OBROAZZO,  Grande,  ou  le  grand  ou  le  Bas- 
Obroazzo  ,  qui  eft ,  félon  lui ,  l'Argyruntum  de  Pto- 
lomée. 11  y  a  des  murailles  Se  une  citadelle ,  avec  environ 
cinq  cens  habitans.  11  obferve  que  les  Marfiglianes,  forte 
de  barques,  remontent  la  rivière  jusques  là. 

OBSERVATOIRE  ,  heu  deltiné  aux  obfervations 
aftronomiques.  C'eft  presque  toujours  un  vafte  bâti- 
ment, où  l'on  a  pratique  toutes  les  commodités  poffibles 
pour  obferver  ,  fans  obftacle  ,tous  les  mouvemens  du 
ciel  &  des  planeues;  Se  on  y  trouve  les  inïtrumens  né- 
ceffaires  pour  donner  une  extrême  précifion  aux  opéra- 
tions aftronomiques.  Blaeu,  qui  avoit  été  disciple  de 
Tichobrahé  ,  nous  a  laiffé  une  belle  defeription  de  l'ob- 
fervatoire  que  ce  grand  homme  avoit  élevé  dans  fon 
ifle  d'Huene  ,  qu'il  nommoit  Uranibourg.  Elle  fe  trou- 
ve dans  le  grand  Atlas  de  Blaeu  ,  Se  elt  d'autant  plus 
précieufe,  que  tous  ces  beaux  ouvrages  ne  fubfiftent  plus. 
On  peut  voir  dans  la  defeription  de  Paris  ,  celle  du  ma- 
gnifique obfervatoire  que  Louis  le  Grand  y  a  fait  bitir. 
Plufieurs  villes  de  France  ,  d'Italie  ,  d'Angleterre,  d'Al- 
lemagne Se  d'ailleurs ,  ont  auflî  des  obfervatoires.  C'eft 
par-la  que  l'aftronomie  a  fait  de  fi  grands  progrès  de- 
puis environ  un  fiécle  &  demi.  Il  eft  important  defa- 
voir  la  différence  vraie  qu'il  y  a  d'une  obfervation  à 
l'autre  pour  les  méridiens ,  parce  que  le  calcul  des  aftro- 
nomes  étant  toujours  relatif  au  lieu  de  l'obfervatoire  , 
on  ne  pourroit  pas  ,  fans  cela  ,  tirer  un  fruit  certain  de 
leurs  travaux.  L'influence  qu'ils  ont  fur  la  certitude  de 
la  géographie  eft  prouvée  ailleurs. 

OBTR1NCENSI  MOS/E  OPPIDO.  C'eft  ainfi  que 
Genelius  a  lu  le  premier  dans  un  paffage  d' Ammien  Mar» 
cellin  ,  /.  20.  c.  8.  éd.  Valef.  Se  là-deffus  les  conjectures 
ont  été  aux  champs  pour  y  trouver  Maftrecht.  L'édition 
Romaine  portoit  Obtrincesim^  Oppido.  Celle  d'Aus- 
bourg  Se  quatre  manuferirs  confultés  par  meffieurs  Va- 
lois lifent  de  même.  Caftel  avoit  changé  hardiment  ce 
mot  en  Tafandro,  nom  de  ville  qu'il  avoit  vu  quelque 
part.  Meffieurs  Valois  ne  doutent  point  qu'il  ne  faille  lire 
ici  Tricenfima  Oppido  ,  conformément  à  Ammien  Mar- 
cellin qui  nomme  de  fuite  Caftra  Hercults ,  Çj^tadribur- 
gium  t  Tricen/îma ,  Novejîum  Bonna.  L'un  d'eux  ajoute 
qu'il  a  prouvé  dans  la  notice  des  Gaules  ,  pag.  ijo.  que 
Tricesima  ,  Colonia  Trajan a  ,  Se  Castra  Ulpia 
font  trois  noms  d'un  même  lieu.  Il  prenoit  ce  nom  à 
caufe  du  féjour  qu'y  avoit  fait  la  légion  nommée  Legio 
tricesima  Ulpia  victrix.  Voyez,  l'article  Coionia 
Trajana. 

OBULCOLA.  Voyez,  Obolcola. 

OBULCON,  en  ^xec"0^uXnov ,  ville  d'Espagne ,  dans 
la  Bériquc ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  4.  Il  la  met  au  pays 
des  Turdules ,  dans  ks  terres.  Pline  l'écarté  à  quatorze 
mille  pas  dans  l'intérieur  des  terres ,  &  XIX  M.  pas- 
fuum  remotum  in  Mediterraneo  ,  Obulco ,  auod  Ponti- 
ficenfe  appeUatur.  Etienne  le  géographe  dit  Obolcon 
'Oj3o*koV.  Mariana,  Hift*  Hupan.l.  3.  c.  21.  croit  que 
c'eft  préfentement  Porcuna,  petite  place ,  entre  Coc- 


OCA 


doue  &  Jaën.  On  y  a  trouvé  une  ancienne  infcription , 
rapportée  dans  le  recueil  de  Grurei ,  où  il  eft  fait 
mention  de  Municip.  Pontificis  ,  Se  une  autre  dans 
laquelle  on  lit ,  pag.  4j8.  Ordo  Pontificiensis  Obul- 
conensis.  11  faut  au  refte  que  les  quatorze  milles  de  di- 
ftance  ,  dont  parle  Pline  ,  ne  fe  prennent  pas  du  bord 
de  la  mer  :  car  au  lieu  de  cette  diftance  ,  il  y  en  a  plus 
de  cent  neuf  en  droite  ligne  de  Porcuna,  à  la  mer, 
en  prenant  des  milles  Romains,  tels  que  Pline  les  con- 
noiflbir. 

OBULENSII ,  en  grec'0/2«A>W/o/ ,  ancien  peuple  de  la 
Baffe-Myfie ,  félon  Ptolomée.  Quelques  exemplaires 
tronquent  ce  mot,  Se  portent  Bulensii. 

OBY  ,  grande  rivière  d'Aile  (  a  ).  Les  Chinois  la  nom- 
ment Kern.  Elle  prend  fa  fource  au  lac  Ofero-Tcleskoi  a 
qui  eft  dans  la  Grande  Tartarie.  Cette  rivière  porte  d'a- 
bord le  nom  de  By  ,  &  ne  prend  celui  d'Oby  qu'après 
avoir  reçu  les  eaux  de  la  rivière  de  Chatun.  Le  cours 
de  l'Oby  e/t  à  peu  près  nord-oueft ,  jusqu'à  ce  que  le 
fleuve  Irtis  vienne  s'yjetcer  au  fud-oueil  à  Go  dcg.  40 
min.  de  latirude.  Enfuite  elle  tourne  tout-à-fait  au  nord  , 
Se  va  fe  décharger  vers  les  65-  deg.  de  latitude  dans  la 
Guba  Taflaukoya ,  par  laquelle  les  eaux  font  portées 
dans  la  mer  Glaciale ,  vis-à-vis  de  la  Nova  Semla,  vers 
les  70  deg.  de  latitude ,  après  un  cours  d'environ  cinq 
cens  lieues.  Cette  grande  rivière  cft  abondante  en  tou- 
tes fottes  de  bons  poiffons.  Ses  eaux  font  blanches  Se 
légères  ,  Se  fes  bords  font  fort  élevés  ,  Se  par  tout  cou- 
verts de  grandes  forêts.  On  trouve  fur  fes  rives  de  fort 
belles  pierres  fines,  tranfparentes:  elles  font  rouges  Se 
blanches  ,  Se  reffemblent  beaucoup  aux  agathes.  Il  n'y 
a  de  villes  fur  cette  rivière  que  celles  que  les  Rudes  y 
ont  bâties  depuis  qu'ils  font  en  poffeflîon  de  la  Sibérie. 
Le  grand  nombre  de  rivières  qui  fe  déchargent  dans 
l'Oby  ,  la  groiïiiTentau  point  qu'en  paffant  devant  la  ville 
de  Nargin  ,  à  plus  de  15  lieues  de  fon  embouchure, 
elle  a  plus  d'une  demi- lieue  de  largeur.  La  Guba  Ta- 
faukoya  ,  par  laquelle  l'Oby  fe  décharge  dans  la  mer  Gla- 
ciale, eft  un  grand  golfe  de  cette  mer  qui  s'étend  de- 
puis les  65  deg.  jusqu'au  détroit  de  Naffau,  &  à  70  lieues 
d'Allemagne  dans  fa  plus  grande  largeur.  Comme  plu- 
ficurs  autres  rivières  ,  outre  l'Oby  ,  viennent  s'y  déchar- 
ger ,  telles  que  celles  de  Nadim,  Pure  ,  &  Tap  ,  &c. 
Ses  eaux  font  douces  jusqu'auprès  de  Waigar.  Comme 
ce  pays  eft  extrêmement  froid ,  il  arrive  fouvent  que 
les  glaçons  bouchent  les  embouchures  de  ces  rivières , 
&  les  font  déborder,  (a)  Hift.  généalogique  des  Tatars , 
p.  114,  1 1  5  &  116. 

OCA.  Strabon  ,  lié.  ij.  pag.  728.  ayant  parlé  de 
quelques  vilks  de  Pcrfe  que  les  rois  avoient  pris  plaifir  à 
orner ,  ajoute  :  11  y  a  encore  une  aurre  ville  royale  à 
Gabes ,  dans  le  haur-pays  de  la  Perfe  ,  Se  près  de  la  côte 
de  la  mer  ,  près  de  celle  qui  étoit  nommée  Oca  :  fur 
quoi  Cafaubon  doute  fi  ce  ne  feroit  point  la  Taoca  de 
Ptolomée.  Voyez.  Taoca. 
OCAELLI.  Voyez.  Ocelli. 

OCAK  ,  ville  de  la  Tartane,  fur  la  rive  occidentale 
du  Wolga.  Elle  eft  ruinée  auffi  bien  que  Serai ,  capitale 
d'un  royaume ,  dont  cette  ville  dépendoit.  Les  petits 
Tartares  ou  Nogais ,  qui  occupoient  autrefois  ce  can- 
ton ,  font  préfentement  rapprochés  à  l'occident  Se  au 
nord  du  Palus  Méotide.  C'eft  ce  qui  a  trompé  Cor- 
neille ,  Ditl.  qui  a  cru  qu'une  ville  fituée  fur  le  Wolga 
pouvoir  être  dans  la  Tartarie  Crimée.  *  D'Herbelot , 
Biblioth.  orient. 

OCALEA  Se  Ocalée  ,  ancienne  ville  de  Grèce  , 
dans  la  Béotie.  Homère  dit  au  commencement  du  dé- 
nombrement des  troupes  Grecques  &  de  leurs  vaifleaux  : 
Ceux  qui  tenoient  Harme,  Ilefium  &  Ervtres ,  Eléon  , 
Hyle  Se  Peteon  ,  Ocalée  ,  Medéon,  &c.  Pline,  /,  4.  c 
7.  nous  en  apprend  la  fituation  fur  la  côte.  Au-deffous 
de  Thebes ,  dit- il ,  Ocalée  ,  Heléon  ,  Scolos ,  Schoenos , 
Peteon,  Hyrie,  Mycaleflus ,  Hilefion,  Pteleon,  &c.  Au- 
dejfous  de  Thebes  eft  apparemment  le  nom  particulier 
d'un  lieu  nommé  par  Homère  'r^oô^aç ,  &  que  madame 
Dacier  traduit  la  Nouvelle  Thebes,  p.  7.  v.  yy.  Di- 
fôarque  la  nomme  Ocalca  dans  fon  érat  de  la  Grèce. 

E/t'  Çïy.a.^.îct  Tronic  ici. 


O  CC      625 

Srrabon ,  /.  9.  p.  410.  eft  celui  qui  nous  apprend  le 
plus  de  détails  de  cette  ville.  Ocalée ,  n.;ia.x(»  ,  elt ,  dit- 
il  ,  à  diftance  égale  d'Haliarte  Se  d'Alalcomene ,  à 
3ofiadesde  l'une  &  de  l'autre.  Elle  cft  baignée  par  une 
petite  rivière  de  même  nom.  Après  ces  auteurs,  les 
témoignages  d'Etienne  le  géographe  &  de  Suidas  devien- 
nent affez  inutiles.  *  Iliad.  B.  m  c.;t>i!og;.  v.  &. 

1.  OCANA,  ville  d'Espagne,  dans  la  Nouvelle  Ca- 
ftillc  ,  à  neuf  lieues  de  Madrid  ,  au  midi  oriental ,  Se  à 
trois  &  demie  d'Aranjuès ,  dans  une  plaine  où  la  vue  eft 
fort  belle.  Elle  a  d'afiez  bonnes  murailles,  une  belle 
fource  ,  abonde  en  pain  ,  en  vin  ,  en  olives ,  en  viandes 
de  boucherie,  en  gibier ,  en  volaille,  en  fruits,  outre 
ceux  que  lui  fournit  le  lieu  d'Yepes  qui  en  dépend ,  Se 
la  délicieufe  rivière  d'Aranjuès.  On  y  fait  de  la  vaiffelle 
de  terre  d'une  grande  blancheur ,  que  l'on  envoie  de 
tous  côtés,  Se  qui  tient  la  boiflbn  fraîche  en  été.  II  y  a 
environ  deux  mille  habitans ,  parmi  lesquels  il  y  a  beau- 
coup de  nobles  :  la  ville  a  trois  paroiffes  ,  fix  couvens 
d'hommes  &  quatre  de  religieufes.  Elle  fut  reprife  fur 
les  Maures  par  Alfonfe  VI,  l'an  1106,  Se  mille  cinq 
cens  Chrétiens  furent  alors  tirés  d'esclavage.  Juan  II  y 
tint  les  Cartes  ,  ou  les  états  généraux  du  pays  en  1412, 
Se  l'an  1499.  On  y  reconnut  pour  prince  défigné  fuc- 
ceffeur  de  la  monarchie  d'Espagne  D.  Miguel,  fils  de 
D.  Manuel  de  Portugal ,  &  de  dona  Ifabelle  ,  fille  de 
leurs  majeftés  Catholiques  ;  mais  il  mourut  l'année  fui* 
vante  ,  avant  que  la  fucceflîon  fût  ouverte.  *  Mémoires 
manuscrits. 

2.  OCANA  ,  bourgade  de  l'Amérique  méridionale  , 
dans  la  terre  ferme,  dans  le  gouvernement  de  Sainte 
Marthe ,  au  bord  feptentrional  de  la  rivière  de  Céfar 
Pompatao ,  à  l'orient  méridional  de  la  montagne  de  Sainte 
Marthe.  De  Laé't ,  lad.  occid.  I.  8.  c.  20.  dit  que  c'eft  une 
petite  ville  habitée  par  les  Espagnols,  qui  lui  donnent  le 
nom  de  Sainte  Anne. 

OCANGO  ,  petite  contrée  de  l'Ethiopie  occidentale, 
à  l'orient  du  Congo,  entre  le  Zaïre  au  nord-oueft,  la 
Zambre  au  nord  Se  au  nord-eft  ,  Se  le  Coango.  D'Ain- 
ville,  géographe  de  fa  majefté  Très-Chrétienne,  nom- 
me ce  canton  O  Canga ,  Se  marque  qu'il  a  titre  de 
marquifat.  Ce  pays  eft  peu  connu  ,  les  Millionnaires 
n'ayant  guères  été  plus  loin  que  le  duché  de  Suedi  ,  ou  , 
ce  qui  revient  au  même ,  n'en  ayant  point  publié  de  re- 
lation. 

OCBARA  ,  ville  d'Afie,  dans  l'Iraque  Babylonienne. 
Elle  eft  fituée  fur  le  Tigre  ,  à  dix  lieues  au-de(ïiis  de  Bag- 
dat.  Elle  eft  fort  petite  ,  Se  néanmoins  plufieurs  kalifes 
d'entre  les  Abaflîdes  en  ont  fait  le  lieu  de  leur  réfidence. 
*  D'Herbelot ,  Biblioth.  orient. 

OCBAS,en  grec '0;:/2*c.  Callifie ,  cité  par  Ortelius, 
Tbcfaur.  nomme  ainfi  un  château  d'Afie  ,  fitué  vis-à-vis 
de  Martyropole ,  de  l'autre  côté  du  fleuve ,  fur  une  roche 
fort  élevée. 

1.  OCC  A  ou  Oca,  rivière  d'Espagne,  dans  la  Vieille 
Caftillc.  Elle  a  fa  fource  dans  les  montagnes  de  Bur- 
gos,  près  de  Rodillas ,  au  nord  de  Burgos ,  baigne  les 
villages  ou  bourgs  de  Caflet,  de  Poenes  d.  Pradanos  Se 
Bibiera  ,  g.  Se  Senoveda  d.  reçoit  un  ruiffeau  qui  vient 
de  Pan  Corvo  ,  d.  Se  va  fe  perdre  dans  l'Ebre ,  à  Puenta 
de  Ra,  au-deffous  de  Frias ,  Se  au  deflùs  de  Miranda 
de  Ebro  ,  félon  la  grande  carte  d'Espagne  ,  chez  Jaillot. 
De  l'Ifle  met  fon  embouchure  immédia:cment  au  àes- 
fus  Se  à  l'occident  de  Frias.  Voyez,  Auca. 

2.  OCCA  (  Sierra  d'  )  ,  chaîne  de  montagnes  d'Es- 
pagne ,  dans  la  Vieille  Cal  tille  ,  au  nord-eft,  au  levant 
&  au  fud-eft  de  Burgos.  Elle  a  pris  ce  nom  d'AucA ,  an- 
cienne ville  de  ce  canton  ,  de  laquelle  il  elt  parlé  en  fon 
lieu.  Mariana  nomme  ces  montagnes  Avcm  Montes. 
Il  dit,  (1.6.  c.  i$.)  Auca  cujus  Urbis  vefligiafupra  Bur- 
gos monfirantur  ,  unde  O"  Auca  Montes  ditli.  Cette 
chaîne  de  montagnes  fait  partie  de  celle  qui  court  de- 
puis l'Elbre  ,  le  long  de  la  Caftille  ,  des  Afhuïes  Se  de 
la,  Galice  jusqu'à  l'Océan,  Se  dont  Ptolomée  a  connu 
une  partie  fous  le  nom  de  Vindius  Mons.  Elle  eft  très- 
éloignée  de  I'Idubeda  de  cet  auteur; quoique  l'une  & 
l'autre  chaîne  puiffe  être  confidérée  comme  autant  de 
branches  forties  des  Pyrénées. 

3.  OCCA(Nuestra  Signora  de),  églife  d'Espa- 
gne ,  dans  la  Vieille  Caftille,  auprès  de  Villafranca.  Ce 


624     occ 

nom  8c  cerrc  fituatipn  à  l'orient  de  Burgos,  &  affez 
près  de  la  Sierra  d'Utbion  ,  font  voir  que  le  norn  de 
Sierra  d'Occi.  s'étendoic  autrefois  plus  loin  qu'aujour- 
d'hui. 

4.  OCCA  ,  rivière  de  l'empire  Rnffien.  Elle  a  fa  four- 
ce  dans  l'Ukraine  ,  dans  une  campagne  où  l'on  voit  fort 
près  l'une  de  l'autre  les  fources  de  trois  rivières  qui  pren- 
nent des  cours  bien  differens.  La  plus  occidentale  forme 
îa  Sem  ,  qui  tombe  clans  la  Desna  ,  par  laquelle  elle  ar- 
rive dans  le  Boryfthène  qui  la  porte  dans  la  mer  Noire. 
La  plus  méridionale  de  ces  r rois  fources  produit  la  Snez- 
na  qui  fe  débouche  clans  le  Don.  La  plus  fepcentrionale 
elt  celle  de  l'Occa  ,  qui  ferpente  vers  le  Nord  ,  baigne 
les  rivières  de  Cromi  8c  d'Arool ,  g.  reçoit  un  ruiffeau  , 
puis  un  autre   qui  vient   de  Bochol ,  g.   entre  dans  la 
principauté  de  Vorotin ,  en  traverfe  les  marais ,  y  re- 
çoit un  ruiffeau  ,   d.   paffe    à   Mexin  8c  à  Belof ,  g.  à 
Livni  ,  d.  à  Peiemift  ,  à  Vorotinskoi ,  capitale  de  la  pro- 
vince g.  Au-deffous  &  au  nord  de  cette  ville,  elle  re- 
çoit I'Ucra  ,  g.  entre  le  duché  de   Rczan  ,  arrofe  Co- 
louga  g.  reçoit  I'Uppa  rivière  ,  qui  par  un  canal  com- 
munique au  lac  Ivan  ,  d'où  fort  le  Don ,  d.  baigne  So- 
ioska  j  d.  &  Czerpacof  ,  8c  reçoit  divers  ruiffeaux  , 
g.    paffe    à  CociiiRAjd.  à  Colomna  8c  à  Golutwina 
Slobona,  recevant  la  Moska  entre  ces  deux  places  -,  coule 
ènfuite  vers  l'orient  un  peu  feptentrional ,  entre  le  duché 
de  MoskoW  au  nord  ,  8c  celui  de  Rezan  au  midi  ,  bai- 
gnant diverfes  places ,  dont  les  plus  confidérables  font 
Pereslawle  Resanski  ,  Rezan  ruinée  ,  8c  Tinerskaya 
Sloboda  :  dès  qu'elle  a  reçu  la  Gus-Reca  qui  vient  du 
nord,  8c  la  Tzna  Reca  qui  vient  du  midi  ,  elle  pour- 
fuit  fon  cours  entre  la  principauté  de  Cachine  où  elt 
Murum,  ville  au  nordoueft,  &c  le   pays  des  Mordua 
ou   Morduates  au  midi   oriental,  &  la  principauté  de 
la  Baffe  Novogorod,  où  elle  fe  perd  dans  le  Wolga.  * 
Atlas  ,  Rob.  de  Vaugondy. 

OCCARIBA.  Ko^Octariba. 

ÔCCATOTI  ,  bourgade  de  Ceylan ,  dans  fa  partie 
orientale ,  dans  la  province  de  Batecalo  ou  Matecalo  , 
entre  la  capitale  de  cette  province  8c  Viado ,  au  couchant 
Se  affez  près  de  la  rivière  de  Paligam.  Mandeflo  la  met 
à  deux  lieues  de  Viado  ,  8c  à  une  de  More.  More  Oc- 
catori  &  Viado  ,  font  des  aidées  ou  villages  où  l'onpas- 
fe  en  allant  de  Batecalo  à  Candi. 

OCCELLO  (  Colme  del  ) ,  montagne  des  Alpes ,  8c 
partie  du  Mont  Saint  Gothard.  Voyez.  Vogelberg. 

OCC1ACUM,  ancien  nom  d'un  lieu  de  France ,  en 
Forez  ,  au-delà  de  la  Loire,  où  étoit  le  monaftere  de  S. 
André.  C'efl  préfentement  Saint  Rambert  ou  Raimberr, 
depuis  qu'oïl  y  à  eu  tranfporté  le  corps  de  faint  Ra- 
gnebert,  martyrifé  à  Bredo,  lieu  du  Bugey  ,  qui  en  prit 
auflî  le  nom  de  faint  Rambert ,  en  Bugey.  *  Voles.  Notir. 
Gall.  p.  464.  Baillet ,  Top.  des  Saints  ,  p.  6ji. 

OCCIDENT,  Occident,  on  fousentend  le  mot  Sol, 
le  Soleil  couchant.  On  appelle  ainfi  en  géographie  la 
partie  de  l'horizon  où  le  foleil  fe  couche  ,  ou  paroit  fe 
coucher.  Ce  mot  a  plufieurs  degrés  d'étendue  qui  en 
changent  la  fignification;  &  comme  ce  que  je  dirai  de 
l'Occident ,  fe  peut  appliquer  à  l'Orient ,  je  joindrai  dans 
cet  article  ,  ce  qui  convient  également  à  tous  les 
deux. 

L'Occident  vrai  eft  le  point  de  l'horizon  , 
où  le  Soleil  femble  fe  coucher  dans  les  tems  des  équi- 
noxes. 

De  même  I'Orient  vrai  eft  celui  où  il  fe  levé  dans 
la  même  faifon.Ces  deux  points  font  ceux  où  l'horizon  eft 
coupé  par  l'Equateur.  Celui  qui  eft  du  côté  de  l'Orient , 
eft  appelle  Point  du  vrai  Orient  ou  Orient  équinoxial. 
Celui  de  l'Occident  ffe  nomme  l'oint  du  vrai  Occident 
ou  Occident  équinoxial. 

Auffi-tôt  que  le  Soleil  eft  dans  l'Equateur,  il  avance 
vers  le  nord  ou  vers  le  midi ,  &  s'en  éloigne  de  jour 
en  jour  jusqu'à  la  diftance  de  vingt-trois  degrés  trente 
minutes.  Deux  cercles  que  l'on  conçoit  paffer  par  ces 
quatre  points ,  font  ce  qu'on  appelle  les  Tropiques. 
Voyez,  ce  mot.  Leur  nom  vient  de  ce  que  le  Soleil  étant 
arrivé  à  l'un  des  tropiques ,  il  s'y  arrête  ,  8c  s'en  retour- 
ne vers  l'Equateur  ,  &  de  là  vers  le  tropique  oppofé. 

Le  rems  de  l'année  où  le  Soleil  eft  dans  l'Equateur 
s'appelle  I'Eqùinoxe,  8c  alors  les  jours  8c  les  nuits  font 


OCC 


d'une  égale  grandeur,  qui  elt  de  douze  heures,  le 
lever  8c  le  coucher  marquent  alors  I'Orient  vrai  8c 
POccident  vrai.  Cela  arrive  deux  fois  l'an,  à  l'é- 
quinoxe  du  printems ,  8c  à  l'équinoxe  de  l'automne. 

Le  tems  de  l'année  où  le  Soleil  s'arrête  à  l'un  de  ces 
deux  tropiques  s'appelle  Solstice.  Ces  deux  tropiques 
font  diftingués  par  des  noms  convenables  aux  faifons 
que  le  Soleil  produit  lorsqu'il  s'en  approche.  Le  tro- 
pique qui  eft  vers  le  pôle  feptentrional  s'appelle  le 
Tropique  d'Eté ,  parce  que  nous  avons  cette  faifon  quand 
le  Soleil  y  arrive.  On  appelle  Sol/lice  d'Etéle  tems  auquel 
le  Soleil  s'y  arrête  ;  8c  alors  nous  avons  les  plus  longs 
jours  de  l'année.  Le  tropique  qui  eft  vers  le  pôle  mé- 
ridional s'appelle  le  Tropique  d'Hiver  ,-  parce  qu'alors 
le  Soleil  elt  auffi  éloigné  de  nous  qu'il  peut  l'être ,  ce 
qui  nous  donne  l'hiver.  On  appelle  Sol/lice  d'Hiver  , 
le  tems  auquel  le  Soleil  s'arrête  à  ce  tropique  ,  &  alors 
nous  avons  les  plus  courts  jours  de  l'année. 

Les  points  follticiaux  ,  c'eft-à  dire  ,  les  points  où  le 
Soleil  fe  levé  8c  fe  couche  dans  le  tems  du  folllice  ,  don- 
nent deux  fottes  d'Orient  8c  deux  fortes  d'Occident , 
également  éloignés  de  l'Orient  vrai  ou  de  l'occident  vrai. 
Le  point  où  fe  levé  le  Soleil  durant  le  folllice  d'été, 
s'appelle  I'Orient  d'Eté.  Celui  où  il  fe  couche  le 
même  jour ,  s'appelle  Couchant  d'Eté  ou  I'Occident 
d:Été.  L'un  8c  l'autre  eft  à  vingt-trois  degrés  trente 
minutes  au  nord  du  point  du  véritable  Orient  ou  du 
véritable  Occident.  Le  point  où  fe  levé  le  Soleil  durant 
le  folllice  d'hyver  s'appelle  l'Orient  d'Hiver.  Celui  où 
il  fe  couche  le  même  jour  s'appelle  le  Couchant  d'Hi- 
ver ou  l'Occident  d'Hiver.  L'un  8c  l'autre  font  à  vingt- 
trois  degrés  trente  minutes  au  midi  du  vrai  Orient,  ou 
du  vrai  Occident. 

11  s'enfuit  qu'il  y  a  fur  l'horizon  un  arc  de  quaran- 
te-fept  degrés  de  diftance  de  l'Orient  d'hyver  à  celui 
d'été  ,  &  autant  de  l'Occident  d'été  à  celui  d'hyver. 

Les  géographes  trouvant  cette  exprcflîon  commode 
s'en  fervent  ,  lorsqu'ils  voient  qu'un  lieu  n'eft  pas  à 
l'Orient  vrai ,  ou  à  l'Occident  vrai  d'un  autre  lieu.  Ils 
difent  alors  à  l'Orient  d'été  ou  d'hyver ,  ou  bien  au 
Couchant  d'hyver  ou  d'été  ;  mais  il  ne  faut  jamais  pren- 
dre cette  expreffion  à  la  rigueur  :  car  outre  qu'il  n'arrive 
prefque  jamais  que  pour  s'en  fervir  ils  examinent  fi 
entre  ce  prétendu  Orient  d'été  &  l'Orient  équinoxial 
il  fe  trouve  un  angle  de  vingt-ttois  degrés  8c  demi,  il 
y  a  une  autre  raifon  prîfe  de  la  rondeur  de  la  terre  , 
qui  rend  ce  calcul  difficile.  Il  fuffira  de  l'indiquer  ici, 
fans  l'approfondir. 

L'inclinaifon  du  globe  vers  les  pôles  de  la  terre,  caufe 
une  affez  grande  variété  dans  l'expofition  des  différen- 
tes parties  de  la  terre  à  la  lumière  du  Soleil.  De-là 
vient  cette  diverfité  pour  la  durée  des  plus  longs  jours, 
entre  les  lieux  fitués  fous  un  même  méridien  ;  c'eft  ce 
qui  régie  l'étendue  8c  les  bornes  des  climats.  Quiconque 
fera  réflexion  fur  cette  différence  de  la  longueur  des 
jours ,  comprendra  que  l'Orient  d'été  8c  l'Orient  d'hiver 
ne  peuvent  avoir  une  mefure  commune  qui  puiffe  fervir 
à  tous  les  climats  également. 

Cette  raifon  demandetoit  une  discution  plus  étendue, 
pour  être  mife  à  la  portée  de  certains  lecteurs,  qui 
n'ont  que  peu  de  connoiffance  du  fyftême  des  faifons, 
c\r  de  ce  qui  les  produit  ,  mais  ce  n'eft  pas  ici  le  lieu 
de  m'étendre  fur  cette  matière.  Cela  fuffit  à  ceux  qui 
ont  étudié  les  principes  de  la  géographie  agronomique. 
Il  me  paroit  que  l'on  ne  fait  pas  affez  de  réflexion  fur 
la  différence  que  la  variété  des  climats  doit  mettre  né- 
ceffairement  entre  l'Orient  d'été  dans  un  climat ,  &  l'O- 
rient d'été  dans  un  autre.  Outre  l'abus  que  j'ai  dit,  qui 
eft  commun  aux  géographes  de  fe  fervir  de  cette  fa- 
çon de  parler  fans  aucune  exactitude  ,  c'en  eft  un  autre 
de  l'employer  également  fous  le  cercle  polaire  ou  fous 
l'équateur. 

Il  y  a  moins  de  risque  de  fe  tromper  en  détermi- 
nant le  rapport  par  un  des  trente-deux  rhumbs  de  vent, 
pourvu  que  fur  le  rerrein  on  ait  égard  à  la  déclinaifon 
de  là  bouffolc  ,  ou  que  fur  la  carte  on  tienne  compte 
de  la  projection  des  méridiens ,  on  de  la  courbure  des  pa- 
rallèles. Baudrand,  Corneille  &  autres,  difent  fouyenr. 
au  Nord ,  au  Midi ,  à  l'Orient  ou  à  l'Orient  d'été  , 
d'hiver,  au  Couchant ,  ou  au  Couchant  d'été  ,  d'hiver, 

fans 


occ 


uns  s'embarraffer  d'une  certaine  jufleflfe.  Qu'une  place 
l'oit  au  nord-quart ,  au  nord-efi ,  Sec.  ils  difent  au  nord  , 
c'efl:  mal  parler  ;  quand  on  fait  combien  elle  diffère  du 
vrai  nord  ,  il  faut  l'exprimer ,  finon  fe  fervir  d'une  ex- 
preffion  qui  n'induife  point  en  erreur  ;  par  exemple , 
on  peut  dire  au  Nord  oriental ,  ou  au  Nord  occiden- 
tal. Si  l'autre  ville  efl:  par  rapport  à  celle  ci  plus  près 
de  1  Orient  que  du  Nord  ,  alors  il  faudra  dire  à  l'O- 
rient feptentrionaU  &  ainli  des  autres  points  cardinaux. 
C'eft  une  façon  de  parler  plus  vraie. 

On  entend  quelquefois  par  occident  en  général ,  tout 
ce  qui  cfl  au  couchant  du  méridien  d'un  lieu  ,  depuis 
un  pôle  jusqu'à  l'autre.  Cet  occident  elt  plus  aflrono- 
mique  que  géographique.  Il  en  efl  de  même  de  1  Orient. 
Il  n'y  a  ni  Uricr/t  ni  Occident  que  relativement  >  Se 
par  rapport  à  tel  ou  à  tel  autre  pays.  Ce  qui  efl  orient 
à  un  égard  ,  eft  occident  à  un  autre.  La  Perfe  eft:  orient 
pour  la  Turquie  ,  Se  occident  pour  l'Indouftan.  Il  en 
elt  de  même  de  quelque  pays  ,  ou  de  quelque  mer  que 
ce  foit.  Nous  appelions  Océan  oriental ,  la  mer  qui 
baigne  la  Chine  Se  le  Japon,  Se  où  font  les  Philippi- 
nes ,  parce  qu'il  eft  à  l'extrémité  orientale  de  notre  hé- 
misphère ;  mais  ce  même  Océan  oriental  elt  Océan 
occidental  pour  les  peuples  de  l'Amérique  le  long  de 
la  mer  du  Sud  ,  dont  il  eft  la  partie  occidentale. 

Les  Italiens  difent  Ponente  ,  pour  défigner  le  Cou- 
chant ou  l'Occident.  Les  Allemands ,  les  Hollandois  Se 
les  Anglois  écrivent  West  .  mais  avec  des  prononciations 
différentes.  Les  Hollandois  Se  les  Allemands  pronon- 
cent le  W  comme  notre  V  françois  ,  &  les  Anglois 
prononcent  cette  même  lettre  comme  notre  diphthon- 
gue  ou  ;  Se  c'efl  d'eux  que  nous  avons  pris  la  coutume  de 
dire  Ouest,  terme  employé  par  les  gens  de  mer,  Se 
dans  le  Ityle  de  navigation,  pour  défigner  l'Occident 
équinoxial. 

OCCIDUUS,  a,  um,  adjectif  latin  ,  qui  figni  fie  oc- 
cidental.  On  a  dit  Occiduum  Mure ,  pour  lignifier  la 
trier  qui  eft  au  couchant  de  l'Europe  Se  de  l'Afrique. 
Occ'uhu  Plaga  ,  les  pays  Occidentaux,  cvc. 
OCCIMIANO.   Voyez.  Ocimiano. 
OCC1TAN1A,   mot  que  quelques  auteurs  moder- 
nes, ou  tout  au  plus  du  moyen  âge,  ont  donné  à  la 
province  de  Languedoc.  Dominici.au  chap.  20  de  fon 
traité  du  Franc-Aleu,    étend  ce  nom  à  tous  les  pays 
qui  font  au-delà  de  la  Loire.  Occitania,  dit-il ,  cas  re- 
gionef  ampleclebatur,  qu&jus  Rumanum  agnoSCUM  &  qinz 
cis  Ligenm  [tint  ,   quxque  Occitania?    rtominè  veniunt. 
Il  en  donne  la  raifon  :  c'efl; ,  dit-il ,  qu'ils  difent  oc  au 
lieu  d'oui.  Adrien  Valois  dit  de  même  :  Quidam  Occi- 
taniam  ,  alii  provinciam  Lingiu  Occitanœ  vocitant.  H<s.c 
aillent  divifio  Francité  faita  eft  ditas  in  linguas  ,  qitod 
Vascmies  ,  Gothi  five  Septimani ,  Provinciales ,  Delfina- 
tes  aliiqne  lingiu  torta  populi ,-  pr&cipuè  Gothi   pro  ita 
utique  oc  dicere  confueverant  ;  id  eft  hoc.  CateriFran- 
cu  incoU  oui.  Ces  peuples  conferverent  la  langue  la- 
tine plus  long  tems  que  les  provinces  au  nord  de  la 
Loire.   Le  mot  oc  eft  latin  ,    c'efl  la  même  chofe  que 
hoc.  Comme  s'ils  euffen:  dit  c'efl  cela  ;  mais  par  le  paffa- 
gc  de  Valois ,  il  paroît  qu'il  ne  s'agit  pas  feulement  du 
Languedoc,  mais  encore  de  la  Gascogne,  de  là  Pro- 
vence Se  du  Dauphiné.  Dans  l'appendice  de  la  chroni- 
que de  Guillaume  de  Nangis  à  l'année  1337,  lingua 
Orcitana  pour  lingua  Occitana.   Quidam  nobilis  homo 
de  lingua  Orcitana  qui  Renaldus  de  Normania  veca- 
hatur ,  Pariftus  in  Platea  Porcorum  ftcuri  judicio  Ré- 
git percittitur.  L'auteur  du  livre  intitulé  ,  de  geftis  quo- 
rumdam  episcoporum  urbis   Romx  ,  parlant    d'une  fa- 
mine ,  dit  :   Eo  tempore  (  du  tems  de  Clément  VI  ,  ) 
fuit  in  Regno  Francis  C?  prœjertim  in  lingua  Occitania 
Cariflia  validiffima.  A  l'occafion  du  pontificat  d'Inno- 
cent VI,  il  fait  mention  de  Jean  d'Armagnac,  lieute- 
nant  de  roi  en  Languedoc  ,  Locum  tenens  Regius  in  lin- 
gua Occitana.  Ce  nom  ,  commun  à  tous  les  peuples 
qui  difoient  hoc  ou  oc  pour  oui ,  a  été  enfuite  refferré 
Se  borné  au  Languedoc  ,  dont  le  nom  moderne   vient 
de-là.  Dans  un  diplôme  de  Philippe  le  Bel ,  roi  de  Fran- 
ce ,  il  efl  fait  mention  de  lingua  Auxitana  ,  mais  ce  mot 
vient  de  la  ville  d'Auch  ,  comme  le  remarque  Mén3ge 
dans  fon  Dictionnaire    étymologique ,   au   mot   Lan- 
«uedoc. 


OCE       §£f 


OCCOSACCI.  Voyez.  Okasaki. 

OLCRE ,  (LJ)  petite  rivière  de  France,  en  Berrh 
Elle  vient  d'auprès  de  Cernoi ,  pa'iTe  par  Aulrrî,  Saint 
Briffon,  Saint  Martin  fur  Occrc,  entre  dans  la  Loire 
auprès  de  Gien.  De  1  Iflc  diflingue  deux  ruiffeaux ,  dont 
aucun  ne  convient  à  cette  deferipeion.  Le  plus  occiden- 
tal des  deux  ,  Se  en  mème-tems  le  plus  grand,  a  fa  fource 
dans  le  Puifaye  à  Sury-ès  bois ,  paffe  à  Pierrc-Fitte  aux 
Bois,  à  Aulrri-le-Châtel,  à  Aului-la  Ville  ,  à  Poilli, 
&  le  perd  dans  la  Lcire  au-deffous  du  pont  de  Gien. 
Il  nomme  ce  ruilï'eau  la  Nortieufe.  L'autre  ruiffeau  , 
qui  efl  plus  à  l'orient,  ne  vient  aucunement  de  Cer- 
noi ,  ne  paffe  ni  à  Aulrri,  ni  à  Saint  Briffon,  mais  au 
village  de  Saint  Martin  -,  il  tombe  dans  la  Loire  entre 
Gien  Se  le  canal  de  Briarc.  *  Coulon ,  Rivières  de  Fran- 
ce,  p.  278. 

OCEA  ,  colonie  Romaine ,  dans  l'Afrique  propre. 
On  lit  dans  l'itinéraire  d'Antor.in 


Sabratam  , 

Vax  Villam  Repent , 

Oceam  coloniam  , 

Megradi  Villam  Aniciorum, 

Minnam  Villam  Marfi , 

Leptim  Magnam  coloniam  , 


XXVII.  M. Pas. 

XXVIII.  M.  P. 
XXXV.  M.  P. 

XXIX.  M.  P. 
XXIX.    M.  P. 


Ortelius  croit  qu'il  faut  lire  Oea  ,  &  que  c'efl  la 
même  ville  qui  efl  plus  d'une  fois  nommée  i/EA  par 
Apulée,  où  il  croit  qu'il  faut  lire  auffi  Oea.  En  ce 
cas,  ce  lieu  étoit  dans  la  Tripolitaine.  Voyez,  Oeensis 

URBS. 

OCEAN.  Ce  mot  dont  j'ai  rapporté  létymologicau 
mot  Mer  ,  fignifie  cette  immenfe  étendue  de  mer  ,  qui 
embraffe  les  grands  continens  du  globe  que  nous  ha- 
bitons. On  peut  le  conlidéver  en  quelque  façon  com- 
me le  tronc  d'un  très  grand  arbre,  dont  les  différentes 
mers  feroient  les  branches.  Je  ne  répéterai  point  ici 
ce  que  j'en  ai  dit  à  l'article  déjà  cité. 

OCEANI  OSTIUM.  Les  Romains  ont  nommé 
quelquefois  ainfi  le  detro.it,  par  lequel  on  fort  de  la 
Méditerranée  pour  paffer  dans  'l'Océan. 

OCEANIDE  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe ,  Se 

OCEANFT\£  ,  peuple  d'une  ifle  de  l'Arabie  Heu- 
reul'e.  Voyez  Panch^a. 

OCELENSES,  ancien  peuple  delà  Lufitanie  ,  félon 
Pline,/.  4.  c.  32.  qui  dit  :  Ocelenjei  qui  &  Lancienfes. 
Ils  étoient,  félon  l'ordre  où  il  les  nomme  ,  entre  Plum- 
barii  Se  Tardait:  Leur  ville  efl  Ocellum  dans  Ptolo- 
mée  ,  /.  2.  c:  3.  entre  Aagufto'briga  Se  Cppara. 

OCELIS  ,  ancienne  ville  de  l'Arabie  Heureufe -,  elle 
etoit  marchande  Se  avoir  un  port  fameux  par  le  com- 
merce des  Indes.  Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  Acila, 
comme  nous  en  avons  déjà  averti.  Ocelis ,  dit  Pline , 
1.6.  c.  23.  étoit  le  meilleur  endroit  d'où  on  pût  partir 
pour  aller  aux  Indes.    Il  décrit  même  la  route  qu'oh 
prenoit  pour  ce  voyage.  Du  port  de  Berenlx ,  où  Ion 
s'embarquoit  fur  la  mer  Rouge  ,  au  mois  de  Juillet , 
on  venoit  en  trente  jours  à  Ocelis ,  port  d'Arabie,  ou 
à  Cane,  au  pays  qui  porte  l'encens.    Il  y   a  un  rroi- 
fiéme  port  nommé  Muza  ,  où  on  ne  paffe  point  quand 
on  va    aux  Indes  ;    il  n'efl  abordé  que   par  ceux    qui 
trafiquent  l'encens  Se  les  parfums  -,  mai-,  pour  ceux*qui 
vont  aux  Indes ,  le  plus  avantageux  efl  de  partir  dO- 
celis  ,  &c.  Huet  a  employé  ce  paffage  dans  fon  hifloiré 
du  commerce  Se  de  la  navigation  :  Ils  partoient  delà, 
dit-il ,  vers  le  milieu  de  l'été  ,  Se   alloient  toucher  à 
Ocelis,  port  d'Arabie  ,  à  l'extrémité  du  même  golfe, 
ou  à  celui  de  Cana  ,  un  peu  plus  oriental  dans  la  mê- 
me contrée.  Il  parle  atilïi  du  port  de  Muza  ,  finie  au- 
deffus  d'Ocelis  Se  fur  la  même  côte  ,  mais  dont  le  com- 
merce ne  conllfloit  que  dans  le  débit  de  l'encens  Se  des 
autres  aromates  de  l'Arabie  ,  Se  n'alloit  point  aux  Indes  ; 
mais  pour  ceux  qui  y  alloient ,  le  mieux  étoit  de  partir 
d'Ocelis  Se  d'aller  fnrgir  au  port  de  Muziris   dans  les 
Indes,  ou  au  port  deBarace,  qui  n'en  eft  pas  fort  éloi- 
gné.  Ptolomée  donne  Muza  Cr  Ocelis  ,    qu'il   qualifie 
l'une  Se  l'autre  d' Emporium ,  au  peuple  Elifari.  Il  place 
Cane  ,  aurre  Emporium  ,  avec  un  promontoire,  au  pays 

des  Adramites.  Il  diftineue  ainfi  ces  trois  places: 
Tom.  IV,    Kkkk 


6x6       OCH 


Long.  Lac. 

Muz.a  Ernporium,  74  d.  30  m.  14  d.om. 

Ocelis  Ernporium ,  jf        o        1 2     o 

CW/e  Ernporium  Cpromonto- 

rium,  84        o       12     30 

Dans  le  périple  d'Arrien,  p.  6.  e^ir.  Oxon.  K»*/«  >:«<  Msfa  , 
Celis  &  Muz,a.  C'eft  une  lettre  oubliée ,  il  dit  ailleurs 
'OkyiMç.  C'eft  ,  dit-il,  un  village  maritime  des  Arabes  , 
qui  n'elt  pas  tant  un  lieu  de  commerce  qu'un  port  Se 
une  aiguade  ,  Se  le  premier  entrepôt  de  ceux  qui  na- 
vigent  de  ce  côté-là. 

OCELLI  PROMONTORIUM ,  OkÙx«  a*x/«  ,  cap 
dans  l'ille  d'Albion.  Les  interprètes  de  Ptoloméc  ,  /.  2. 
c.  3.  ont  cru  que  c'étoit  Spurnhead,  6c  Ortelius  , 
Tbefaur.  la  voit  dit  comme  eux  -,  mais  il  changea  en 
fuite  pour  le  ranger  au  fentiment  de  Cambden ,  qui 
croit  que  c'eft  Kellensey. 

1.  OCELUM  ou  Ocelus,  ancienne  ville  ou  bourg 
de  la  Gaule  ,  dans  les  Alpes.  Céfar ,  Bell.  G  ail.  I.  1 .  dit, 
Ocelum  oppidum  Cita  ions  provincu  extremum.  De  Va- 
lois ,  Notit.  G  ail.  p.  389.  fe  moque  de  Marlien ,  qui  a 
cru  que  c'étoit  Novaleze  ,  Se  dit  que  c'eft  Exilles 
en  Dauphiné  ,  clans  la  vallée  de  la  Doria,  entre  le  mont 
Genève  Se  la  ville  de  Suze  ,  mais  plus  près  de  cette  ville. 
Je  ne  fais  par  quel  hazard  Sanfon  dans  les  remarques  fur 
fa  carte  de  l'ancienne  Gaule,  s'exprime  précifément  dans 
les  mêmes  ternies.  «  Ocelus  ,  dit-il ,  oppidum  Citerions 
w  provbicia  extremum  ,  la  dernière  place  de  la  province 
»  Citérieure.  Exilles  eft  aufli  dans  la  vallée  de  la  Docre 
«du  côté  de  1  Italie  ,  &  entre  le  mont  de  Genève  Se 
»  Suze  ,  plus  près  de  Suze,  Se  néanmoins  aujourd'hui 
»du  Dauphiné  ».  Vigenere  eft  dans  le  même  fentiment. 
Varrerius  Se  quelques  autres ,  frapés  par  une  reffem- 
blance  de  lettre ,  ont  cru  que  c'étoit  Oulx. 

2.  OCELUM  .  ville  ancienne  d'Espagne, danslaTarra- 
gonnoife,  au  pays  des  Callaiei  Lucenfii  ;  ce  pourroit 
bien  être  I'Ocilis  d'Appien  ,  de  Bell.  Hispan.p.  281. 

3.  OCELUM  ,  ou  comme  écrit  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  4. 
Ocellum  ,  ville  de  la  Lufitanie  chez  les  Vettons.  On 
croit  que  c'eft  Hermosello. 

OCETIS ,  ifle  de  la  mer  d'Ecofte  ,  félon  Ptolomée  ; 
elle  étoit  auprès  du  promontoire  nommé  Orcas  Se  voifin 
des  ifles  Orcadcs.  Il  la  fait  plus  orientale  que  ces 
ifles  ;  mais  la  manière  dont  il  tourne  la  côte  de  cette 
partie  de  l'Ecoffe  ,  fait  connokre  qu'il  n'en  avoit  pas  des 
idées  fort  juftes  :  aufli  ne  fait-on  aujourd'hui  quel  nom 
lui  donner.  Ortelius  en  rapporte  trois  d ifle rens  ;  favoir, 
Sandes  ,  Ranalsda  Se  Hethy,  Se  peut-être  YOcetis 
de  Ptolomée  n'eft  clic  aucune  de  ces  trois  ifles. 

OCHA.  Voyez.  Oche. 

OCHAGAVIA.  Voyez.  Ochogavm. 

OCHAM ,  ville  d'Angleterre, au  comté  de Rutland, 
félon  Corneille,  qui  la  diftingue  mal-à-propos  d'OA- 
cham.  Voyez,  ce  mot. 

OCHANI,  ancien  peuple  d'Afie,  félon  Pline,  1.6. 
c.  16.  qui  le  met  avec  d'autres  peuples  au  nord-eft  de 
la  Margiane. 

OCHARIUM  FLUMEN  .rivière  delà  Scythie  ,  au- 
près du  Palus  Méotide.  Pline  ,  /.  6.  c.  8.  dit  qu'il  avoit 
fur  fes  bords  les  peuples  Canteci  Se  Sapei. 

OCHE  ,"Ox.n>  montagne  de  l'ille  d'Eubée ,  félon  Stra- 
bon ,  /.  10. p.  146.  qui  met  la  ville  de  Caryfte  au  pied 
de  cette  montagne.  Euftathe,  p.  ijy.edit.  Rom.  i^i,  fol. 
expliquant  un  des  vers  de  l'Iliade,  dit  que  c'eft  le  nom 
d'une  montagne ,  Se  en  même-rems  celui  de  toute  l'ifle. 
Le  P.  Hardouin  foupçonne  que  c'étoit  à  caufe  d'une 
ville  de  même  nom.  En  effet ,  Pline  ,  /.  4.  c.  1  2.  nom- 
me Ocha  entre  les  villes  qui  rendoient  autrefois  l'Eu- 
bée  célèbre. 

OCHIO,  grande  contrée  du  Japon,  dans  l'ifle  de  Ni- 
phon.  Elle  s'étend  le  plus  vers  le  feptentrion  Se  vers 
l'orient ,  Se  comprend  onze  provinces  ou  petits  royau- 
mes ,  félon  Baudrand,  qui  cite  François  Cardin  >  favoir, 

Aizu  Dcva  ou  Devano,       Voxu^ 

Aquita  ,  Fitaqui  ou  Fitayts ,       Ximola  , 

Ava ,  Mulaxi ,  ou  Ximotcuque. 

Canzula,  Nambu , 


OCH 


La  capitale  eft  ledo.  11  eft  étrange  que  ces  noms 
foient  fi  difféiens  de  ceux  que  nous  avons  donnés  dans 
ladefcripiion  du  Japon  ;  on  y  peut  pourtant  reconnoitre 
^it;^  ,  Deva  ,  Fitatz. ,  &  Ojju. 

OCHOGAVIA  ou  Ochagavia  ,  bourgade  d'Espa- 
gne ,  en  Navarre  ,  aux  confins  de  la  France ,  Se  plus  par- 
ticulièrement du  pays  de  Soûle  dans ,  les  Pyrénées  ,  dans 
une  vallée  à  laquelle  elle  donne  fon  nom.  Elle  occupe 
l'angle  que  forment  à  leur  jonétion  deux  ruiffeaux  qui 
produifent  la  rivière  dont  la  vallée  de  Salazar  eft  ar- 
rofée.  Cette  même  rivière  ,  fe  grofliffant  d'une  autre  à 
Lumbier,  va  fe  perdre  dans  l'Arragon,  rivière  au-defîus 
de  Sanguefa.  *  Jaillot ,  Atlas. 

1.  OCHOVEGEN  ,  lieu  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  le  Canada ,  au  pays  des  Iroquois  ,  à  peu  de  diùance 
de  Gannentaa.  C'eft  un  pofte  ou  les  François  ont  com- 
mencé un  établifiement  ;  il  prend  fon  nom  de  la  rivière. 

2.  OCHOVEGEN  ,  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  la  nouvelle  France ,  au  pays  des  Iroquois; 
elle  eft  conlidérable  par  le  grand  nombre  de  petites 
rivières  qui  y  portent  les  eaux  de  plufieurs  lacs.  Ces 
rivières  Se  ces  lacs  arrofent  les  cantons  de  quelques  na- 
tions Iroquoifes ,  entr'autres  des  Onnontaguez ,  dont 
on  donne  fouvent  le  nom  à  cette  rivière.  Elle  fe  dé- 
charge dans  le  lac  de  Frontenac  à  la  bande  du  fud. 

OCHR/E  ,  lieu  d'Afie  ,  en  Cappadoce,  fur  la  route 
de  Tavia  à  Céfarée ,  à  vingt-quatre  mille  pas  de  cette 
dernière  ,  félon  l'itinéraire  d'Ànronin. 

OCHR1DA  ou  Ocrida,  ville  de  la  Turquie,  en 
Europe  >  près  d'un  lac  de  même  nom ,  aux  confins  de 
la  Macédoine  Se  de  l'Albanie.  C'eft  la  même  ville  que 
Giustandi.  Voyez,  ce  mot ,  Se  les  articles  Achride 
Se  Lychnidul. 

OCHRIDA  (  Le  lac  d'  )  ou  d'OciuDA  ,  lac  de  la 
Turquie,  en  Europe,  entre  l'Albanie  au  couchant  Se 
le  Comenolitari  au  levant.  C'eft  de  ce  lac  que  fort  le 
Drin  Noir  au  nord  ,  auprès  de  la  ville  d'Ochrida  ,  la 
feule  ville  qui  foit  le  long  de  ce  lac.  11  a  environ  une 
demi-lieue  de  large  fur  dix  lieues  de  longueur.  Les  an- 
ciens l'ont  nommé  lac  d'Acrjde  ,  Se  Lychnidia  ou 
Lichnicus.  De  l'ifle  dit  Lacus  Lychnidus  feu  Pre- 
spa 

OCHSENFORD.  Quelques  géographes  Allemands 
nomment  ainfi  Oxford  ,  ville  d'Angleterre. 

OCHSENFURT  ,  ville  d'Allemagne  ,  en  Franco- 
nie,  dans  l'évêché  de  Wurtzboi.rg,  auquel  elle  appar- 
tient ;  elle  eft  fituée  fur  le  Mevji ,  trois  lieues  au-deffus 
de  Vurrzbourg,  au  midi  en  allant  vers  Rothenbourg. 
Il  y  a  un  pont  fur  la  rivière;  la  ville  a  de  grands  gre- 
niers qui  apartiennent  au  chapitre  de  Wurtzbourg.  Les 
bourgeois  ont  un  privilège  fort  fingulier  ;  favoir  » 
qu'aucun  noble  n'y  peut  acheter  une  maifon  ,  ni  même 
y  féjourner  plus  de  trois  jours.  C'eft  Corneille  qui  me 
fournit  ces  détails;  il  cite  la  Germanie  d'Altamer  qui 
ne  dit  rien  de  pareil. 

OCHSENHAUSEN  ,  abbaye  d'Allemagne,  dans  la 
Suabe  ,  entre  Memmingen  &  Biberac  ;  fon  abbé  eft  en- 
tre les  princes  de  l'Empire,  Se  a  féance  à  la  diète  en- 
tre les  ptélats  du  cercle  de  Suabe.  Elle  eft  de  l'ordre 
de  faint  Benoît .  fituée  fur  la  rivière  de  Rottam  qui 
y  reçoit  un  ruiffeau.  Elle  fut  fondée  par  les  barons 
Hatton,  Conrad  Se  Adelberg  de  Volthart  Schwendin, 
&  dépendoit  dans  fon  origine  de  l'abbaye  de  S.  Blaifc 
dans  la  Forêt  noire;  mais  l'an  1420,  le  pape  Martin 
V  l'affranchit  de  la  jurisdicrion  de  cerre  abbaye ,  en 
reconnoifTance  des  honneurs  qu'il  y  reçut ,  n'étant  enco- 
re que  Cardinal,  lorsqu'il  alloit  au  concile  de  Confian- 
ce. *  Cor».  Dicî.  D  Audifret ,  Géogr.  t.  3 . 

OCHSENSTEIN  ,  feigneurie  Se  canton  d'Allema- 
gne, dans  la  Baffe- Alface  ,  auprès  du  comté  de  Lichten- 
berg,  qui  eft  au  comte  de  Hanau.  Ochfenftein,dit  de 
Longuerue ,  eft  une  annexe  de  Bouffevillers ,  pour  la- 
quelle les  comtes  de  Deux-Ponts  ont  reconnu  les  évê- 
ques  de  Metz  ;  car  la  race  des  feigneurs  d'Ochfenftein 
vaffaux  de  l'églife  de  Metz,  étant  éteinte,  &  cette  fei- 
gneurie retout née  par-là  au  domaine  de  l'évêché,  Henri 
de  Lorraine  en  donna  l'inveftiture  à  George ,  comte  de 
Deux-Ponts,  qui  en  fit  hommage  à  Henri  l'an  1490. 
Après  cela  tous  fes  biens  furent  poflédés  par  les  com- 
tes de  Hanau ,  qui  en  ont  fait  hommage  à  tous  les  évê- 


OCH 


quesdeMetz,  jusqu'à  Guillaume  Egon,princede  Furfien- 
berg ,  depuis  cardinal  &  évêque  de  Srrafbotug  ,  qui  étoic 
en  poffeifion  de  l'églifede  Metz  l'an  1661.  Ce  fut  alors 
qu'il  confentît  à  l'engagement  que  le  Comte  de  Hanau 
fit  de  la  feigneurie  d'Ochfenftein  à  Antoine  Egon  , 
prince  de  Furftenberg,  de  forte  qu'elle  eft  demeurée 
dans  fa  famille ,  qui  jouir  auifi  de  la  feigneurie  de  la 
Marck,  de  la  viliede  Marmonftier,  &  de  plufieurs  vil- 
lages Se  fiefs  pour  lesquels  ils  ont  reconnu  la  feigneurie 
directe  de  1  'évêque  de  Metz.  D'Audifret ,  zéogr.  t.  2.  p. 
374.  parle  ainfi  de  cette  feigneurie:  Elle  eft  compofée 
du  château  d'Ochfenftein  ,  d'onze  villages  qu'il  nomme 
Se  des  deux  forts  de  Querolzeck  (  Gerolds-Eck.  )  Eli- 
fabeth  ,  fille  de  Louis,  feigneur  de  Lichtcnberg,  &  femme 
de  Simon  Wccker ,  comte  de  Deux  Ponts  ,  qui  l'ac- 
quit dans  la  portion  qui  lui  échut  en  partage  de  l'hé- 
ritage de  fon  père.  Marguerite-Louife  ,  fille  de  Jacques, 
comte  de  Deux-Ponts ,  la  fit  palier  avec  l'autre  portion 
des  biens  de  la  maifon  de  Lichtenberg,  à  Philippe  IV, 
comte  de  Hanau  ,  qu'elle  époufa.  Ses  descendans  l'ont 
donnée  depuis  en  engagement,  à  la  réferve  de  quelques 
droits,  au  prince  de  Furftenberg.  *  Defcrip.  de  la  Fran- 
ce ,   1.  part.  p.  236. 

OCHUMS  ,  rivière  delà  Mengrelie.  Le  P.  Archange 
Lambeni  en  parle  ainfi  :  L'Ochums  pafie  par  un  lieu 
nommé  Tarfcen ,  Se  c'eft  peut-être  de-la  que  vient  le 
nom  de  Tarsura,  fous  lequel  il  eft  marqué  dans  les 
cartes.  Dans  la  carte  de  Mengrelie  drcfléc  par  ce  père , 
il  n'eft  fait  aucune  mention  de  ïarfeen,  à  moins  que  ce 
ne  foit  Turké,  fitué  fur  une  montagne,  à  quelques  lieues 
au  midi  de  cette  rivière.  Dans  cette  même  carte,  la  ri- 
vière d'Ochums,  jadis  Tarfura  ,  a  deux  fources  dans 
le  Caucafe .  au  pied  d'une  muraille  de  foixante  milles 
de  long,  bâtie  autrefois  pour  arrêter  les  courfes  des 
Abattes,  Ces  deux  fources ,  s'écartant  l'une  de  l'autre  , 
forment  une  ifie  affez  grande,  où  il  y  a  plufieurs  mon- 
tagnes, fur  l'une  desquelles  eft  Bedias,  ville  épiscopale. 
Sur  une  autre  ,  au  couchant  méridional  de  celle-là,  eft 
le  bourg  de  Saccino  ,  &  à  la  pointe  de  l'ifie  ,  à  la  jon- 
ction des  deux  rivières  eft  Sanaar.  Au  midi  de  cette 
jonction  eft  Armeni  ,  ville  afiez  grande ,  g ,  &  de  l'au- 
tre côté  au  couchant  eft  Pozeuor  ,  bourgade,  d  ,  &  plus 
loin  eft  Subeis  d  ,  &  au  midi  à  l'embouchure  de  la  ri- 
vière dans  la  mer  Noire,  clt  Cudas ,  lieu  maritime. 
*  Tbevenot,  Recueil,  t.  1.  p. 47. 

1.  OCHUS,  rivière  d'Alic,  dans  la  Bictriane,  fé- 
lon Ptolcmée  ,  1.6.  c.  11.  qui  nous  apprend  à  ne  le  point 
confondre  avec  l'Oxus.  Entr'aurres  rivières  qui  fe  per- 
dent dans  l'Oxus,  il  compte  l'Ochus  ev  le  Dargomanes. 
Selon  lui 

Longitude.  Latitude. 

Les  fources  de  l'Ochus  font  à  nod.  o  m.  ; 9  d.  o  m. 

celles  du  Dargomanes,  1 16  d.  o  m.  39  d.  o  ni. 
Ces  deux  rivières  fe  joignent 

enfcmble  ,  109  d.  o  ni.  40  d.  o  m. 
Et  en  fuite  vont  fe  perdre  dans 

l'Oxus,  ii()d.om.  44 d.  2111. 

Ammien  Marcellin ,  dont  la  géographie  eft  conforme 
à  celle  de  Ptolomée  ,  /.  23.  c.  6.  dit  que  les  Bactriens 
ont  fous  eux  diverfes  nations  que  les  Tochares  furpas- 
fent ,  &  que  ces  peuples  font  arrofés  de  diverfes  riviè- 
res ,  comme  en  Italie,  entre  lesquelles  rArtemis&  le 
Zariaspe,  après  s'être  joints,  de  même  l'Ochus  Se  l'Or- 
gomanes ,  après  avoir  mêlé  leurs  eaux  dans  un  même 
lit ,  vont  fe  perdre  dans  l'Oxus.  Je  me  fers  de  l'édition 
des  frères  Valois.  Ils  remarquent  que  ce  nom  Oigoma- 
nes  eft  dans  l'édition  d'Augfbourg  Dargamanes  ,  dans 
Ptolomée  Aap^ojuaraç  dans  l'édition  de  Rome  Orchamo- 
ties  ,  &  dans  un  manuferit  de  la  bibliothèque  Colber- 
tine  Orcbomanes.  Pline,  /.  6.  c.  16.  parlant  des  Bactriens, 
dit  qu'ils  habitent  à  l'autre  côté  du  mont  Paropamifes, 
à  l'oppofite  des  fources  de  l'Indus ,  &qu'ils  font  enfer- 
més par  le  fleuve  Ochus  ;  le  P.  Hardouin  l'explique  par 
ces  mots  Batlrianam  claitdit  ab  occafu.  Selon  lui  1 0- 
chus  terminoit  la  Bactriane  an  couchant. 

Strabon,  /.  1 1.  p.  509.  parle  aufli  du  fleuve  Ochus  ; 
mais  il  s'exprime  de  manière  qu'on  ne  peut  lavoir  ce 
que  c'eft.  L'Hyrcanie  eft,  dit-il,  divifée  par  l'Ochus  Si 


OCI       627 

POxus  jusqu'à  leurs  embouchures  dans  la  mer.  11  avoic 
dit  plus  haut  que  la  contrée  Nesjea  fait  partie  de 
l'Hvrcanie ,  il  dit  ici  que  cette  même  Néfée  eft  cou- 
pée par  l'Ochus.  Il  pourfuit  :  Quelques-uns  aflurent  que 
l'Ochus  entre  dans  l'Oxus.  Ariftobule  écrit  qu'à  la  ré- 
ferve des  fleuves  des  Indes  ,  on  n'en  a  point  vu  de  plus 
grand  que  celui-ci  dans  toute  l'Afie  ;  ce  que  cet  auteur 
Se  Eratofthene  ont  pris  de  Patroclc,  Se  que  par  fon  lit 
on  descend  quantité  de  marchandifes  des  Indes  dans  la 
mer  d'Hyrcanie,  d'où  on  les  transporte  dans  l'Albanie 
par  le  Cyrus ,  Se  enfuite  par  terre  jusqu'au  Pont-Euxin. 
Les  anciens  parlent  peu  de  cette  rivière  Ochus  ;  cepen- 
dant Apollodore,  le  même  qui  a  écrit  les  Parthiques, 
le  nomme  de  tems  en  tems ,  Se  dit  qu'il  coule  auprès 
des  Parthes.  Après  une  digreffion  fur  les  fables  des  hi- 
ftoriens  d'Alexandre ,  Strabon  continue  ainfi  :  Des  mê- 
mes montagnes  des  Indes  d'où  coulent  l'Ochus ,  l'Oxus  & 
plufieurs  autres  rivières,  coule  auifi  le  Jaxarte,  qui, 
comme  tous  les  autres ,  dont  il  eft  le  plus  fcptentiïo- 
nal ,  a  fon  embouchure  dans  la  mer  Caspienne.  Il  dit 
ailleurs ,  /.  1 1.  p.  5  18.  en  fouillant  auprès  de  l'Ochus  , 
on  trouve ,  dit-on  une  fource  d'huile.  Les  uns  difent 
que  l'Ochus  coule  par  la  Bactriane  ,  d'autres  difent  qu'il 
coule  auprès  de  ce  pays,  les  uns  lui  donnent  des  em- 
bouchures différentes  de  l'Oxus,  avec  lequel  ils  préten- 
dent qu'il  ne  fe  mêle  point  du  tout ,  qu'il  en  eft  même 
à  une  afiez  grande  diftanec  au  midi ,  quoiqu'ils  fe  dé- 
chargent l'un  Se  l'autre  dans  la  mer  en  Hyrcanie.  D'au- 
tres avouent  que  ces  deux  rivières  font  d'abord  différen- 
tes l'une  de  l'autre,  &  qu'elles  fe  joignent  enfuite.  Avec 
des  connoiflances  aufli  incertaines  que  celles-là,  il  eft 
difficile  de  dire  ce  qu'eft  l'Ochus  aujourd'hui.  Cepen- 
dant de  l'Ifle  dans  fon  théâtre  hiftorique  de  l'an  400  , 
fait  tomber  le  Zariaspe  ,  le  Margus  Se  le  Zorale  dans  un 
même  lit ,  avant  que  d'entrer  enfcmble  dans  l'Oxus.' 
Selon  lui ,  le  Zotale  eft  l'Ochus  de  Strabon  ,  Se  le  Mar- 
gus eft  l'Ochus  d'Arricn.  Je  ne  connois  point  d'autre 
Ochus  dans  ce  dernier  qu'une  montagne  de  ce  nom. 

2.  OCHUS  ,  montagne  de  la  Perfe  proprement 
dite  ,  félon  Arrien ,  in  Indicis ,  c.  38  ,  qui  en  parle  ainfi  r 
La  flotte  étant  partie  de  la  côte  de  Catamanie  ,  fit  voile 
le  long  de  la  Perfide,  Se  arriva  à  tin  lieu  nommé  lia, 
qui  eft  derrière  une  petite  ifle  déferte  ,  nommée  Caican- 
drus  ,  Se  fait  un  port.  La  navigation  eft  de  400  ftades. 
Vers  le  point  du  jour  elle  fe  trouva  à  une  autre  ifie  , 
qui  eft  habitée,  près  laquelle  Néarque  dit  que  l'on  pê- 
che des  perles  de  même  que  dans  la  mer  des  Indes. 
Ayant  dépaffé  le  cap  de  cette  ifie  Se  fait  quarante  ftades  , 
elle  mit  à  l'ancre.  Dc-là  elle  relâcha  auprès  d'une  mon- 
tagne ,  nommée  Ochus  ,&  y  ttouva  un  porta  l'abri  des 
vents  Se  des  pêcheurs  qui  y  avoient  leur  demeure.  Après 
avoir  fait  enfuite  400  ftades,  ils  abordèrent  chez  le 
peuple  Apflani. 

OCHYRA  (ii),  c'eft  ainfi  que  le  Poge  nomme  une 
ville  de  Sicile ,  qu'il  croit  trouver  dans  le  quatrième  li- 
vre de  Diodore;  mais  un  critique  (/-)  ne  voit  dans  le 
mot  d'xvpa  qu'une  cpuhétc  qui  ûgniûi:  munie ,  fortifiée, 
(a)  Ortetii  Thefaur.  (b)   Léopard.  Emcndat.  1. 

OCHYROMA  ,  Oy.vfa.ixa.  forterefie  de  l'ifie  de 
Rhode.  Strabon  ,  /.  14.  p.  655  ,  dit  :  Enfuite  eft  Ata- 
byris ,  la  plus  haute  montagne  de  ces  lieux  là,  delà 
Camyrus,  puis  le  village  Jalifus  ;  Se  au-deflu s  une  for- 
terefie ou  citadelle  ,  qui  en  prend  le  nom  d'Ochyroma. 

OCICA  ,  ville  du  royaume  de  Gotto  ,  au  Japon.  Cette 
ville  n'eft  pas  tout-à-fait  fur  le  bord  de  la  mer ,  mais 
elle  eft  très- peu  éloignée  du  port ,  qui  eft  afiez  bon.  Elle 
eft  à  cinquante  lieues  de  Firando  au  midi.  *  Le  P„ 
Cbarlevoix ,Hil\..  du  Japon. 

OCILA.   Voyez.  Acila  Se  Ocelis. 

OC1LIS.  Voyez.  Qgelum  2. 

OCIMIANO  ,  bourg  d'Italie ,  dans  le  Montferrar,  fur 
la  petite  rivière  de  Grana  ,  à  deux  lieues  de  Cafal ,  du 
côté  du  levant  méridional ,  félon  Baudrand.  Quelques 
cartes  Se  dictionnaires  écrivent  ce  mot  par  deux  c ,  Oc- 
cimiano.  Cela  revient  au  même. 

OCINA  ,  nom  d'un  lieu  fur  la  côte  de  la  Paleftine,' 
félon  le  grec  du  livre  de  Judith.  Au  lieu  de  ces  mots 
dans  la  vulgate,  Se  cecidit  timor  illius  Juper  omnes  in- 
babitantes  terram  ,  qui  n'expriment  qu'une  terreur  gé- 
néralement répandue  fur  tous  les  habitans  du  pays,  le 
Tm.  IV.  Kkkk  ij 


62,8        OCR 

grec  entre  dans  un  plus  grand  détail ,  Se  dit ,  que  le- 
pouvante  fe  faifit  de  tous  les  habitans  de  la  côte  de  la 
mer,  Se  nomme  expreffément  les  Sydoniens ,  les  Ty riens 
Se  rous  les  habirans  de  Sur  ,  (  ou  les  Syriens ,  )  Ocina  Se 
Jemnaan  Se  les  villes  d'Azoth  &  d'Ascalon.  *  Judith  , 
c.  2.  v.  16. 

OC1NARUS ,  rivière  de  la  Chonie ,  félon  Lvco- 
phron  ,  c'eft-à-dire  ,  rivière  d'Italie  dans  la  Calabrc.  Elle 
doit  être  voifme  de  la  ville  de  Terina,  félon  ce  poe'te  , 
i>.  719.  &  v.  1008.  Cluvier  &  Barri  nous  affinent  que 
c'eft  aujourd'hui  Savuto. 

OCKER  ,  (  L'  )  rivière  d'Allemagne ,  en  Baffe-Saxe, 
dans  les  états  de  lamaifon  de  Brunswick;  elle  a  fa  fource 
dans  les  mêmes  montagnes  d'où  naiffent  le  Rodan  à 
l'orient  Se  la  Loffe  au  couchant.  La  dernière  paffe  à 
Goflar ,  Se  toutes  les  trois  s'unifient  à  l'orient  de  cette 
ville  aux  confins  du  pays  de  Grubenhagen ,  d'où  elles 
viennent ,  Se  de  l'évêché  de  Hildesheim  ,  dont  elles 
arrofent  une  lifiere  \  l'Ocker  ainfi  groffie  s'accroît  encore 
des  eaux  de  l'Ecker ,  rivière  qui  vient  du  midi ,  &  qui 
s'y  perd  auprès  du  bourg  de  Wïdela  :  elle  fert  quelque 
tems  de  bornes  entre  l'évêché  de  Hildesheim  ,  Se  l'évê- 
ché de  Halberftat,  reçoit  plufieurs  ruiffeaux  à  droite  Se 
à  gauche ,  traverfe  les  villes  de  Wolfenbutel  Se  de  Bruns- 
wick ,  baigne  les  bourgs  de  Meinerfen  Se  Dighorft  au 
pays  de  Lunebourg  ,  &  enfin  fe  perd  dans  l'Aller ,  au- 
deffous  de  Gifhorn  au  couchant ,  Se  à  deux  petites  lieues 
Se  demie  de  cette  ville.  Son  cours  eft  presque  toujours 
du  md  au  nord ,  fur-tout  depuis  Widela. 

OCKINGHAM  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  la  pro- 
vince de  Barck  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  G.  Bret.  t.  1. 

OCLOMON.  Ortelius  dit  que  c'eft  la  même  chofe 
que  Machmetath.  Voyez,  ce  mot.  11  fait  cette  remar- 
que :  ce  lieu  eft  vis-à-vis  de  Sichem  ,  il  en  eft  parlé  au 
livre  de  Jofué  ,  c  \6.  L'édition  de  Sixte-Quint  porte 
Iscasmon,  &  avertit  que  les  anciens  manuferits  ont, 
les  uns  Oclomon  ,  d'autres  Moschot,  Se  quelques 
autres  Machthot. 

OCOLUM  ,  "OxaXov  ,  place  des  Eretriens ,  félon 
Théopompe,  au  xxive  livre  de  fes  Philippiques,  au  rap- 
port d'Etienne  le  géographe.  Ortelius  foupçonne  que  ce 
lieu  étoit  en  Theffalie. 

1.  OCRA  ,  montagne  qui  fait  partie  des  Alpes. 
Strabon,  /.  7.  p.  314.  en  parle  en  deux  endroits.  1.  Il 
dit  que  c'eft  la  plus  baffe  partie  des  Alpes,  qui  s'éten- 
dent depuis  les  Rhetes  jusqu'aux  Japodes,  entre  Aquilée 
&  Naupontum.  2.  Il  dit  ailleurs,  /.  4./?.  207.  Ocra  eft 
la  plus  baffe  partie  des  Alpes,  par  laquelle  on  va  chez 
les  Carni  -,  Se  c'eft  par  cette  montagne  que  l'on  porte 
d'Aquilée ,  fur  des  chariots  ,  les  marchandifes  à  un  lieu 
nommé  Pamportum.  Elle  fervoit  de  bornes  entre  les 
peuples  Carni  Se  le  Norique.  Ce  font  aujourd'hui  les 
Alpes  enue  Gorice,  Laubach  Se  Triefte.  Cellarius  fe 
trompe ,  quand  il  met  Ocra  dans  la  Pannonie.  Ptolo- 
mée ,  /.  3.  ci.  met  cette  montagne  en  Italie  du  côté 
du  Norique. 

2.  OCRA,  ville  d'Italie ,  chez  le  peuple  Carni,  ap- 
paremment dans  la  montagne  de  même  nom.  Piine , 
/.  i.c.  19.  dit  qu'elle  ne  fubfiftoit  plus  de  fon  rems, 
non  plus  que  Segefte,  autre  ville  du  même  peuple. 

OCRICULUM  ,  (  au  génitif  Ocriculi,  ou  Ocriculi, 
au  pluriel,  génitif  orum  )  Strabon  ,  /.  5.  p.  227.  dit:  La 
rivière  du  Nar  tombe  dans  le  Tibre  un  peu  au-deffus 
d'Ocriculi.  Les  anciens  Latins  ont  dit  Ocriciditm  ,  com- 
me Tite-Live  ,  /.  20.  c.  1 1.  Tacite,  /.  3 .  c.  78.  Se  Pline 
le  jeune ,  Epijl.  15  l.  6  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  1.  dit  Ocrico- 
lum,0\pixw*ov ,  Se  le  met  au  pays  des  Vilumbri.  Le  nom 
vulgaire  eft  aujourd'hui  OtrigolI,  ce  qui  avoir  donné 
lieu  de  changer  Ocricidum  en  Otricuhtm ,  dans  quel- 
ques éditions  de  Tacite ,  mais  Rickius  a  corrige  cette 
faute  fur  l'autorité  des  manuferits.  Cette  ville  eft  fur 
la  voie  Flamihienne  ,  Se  dans  l'Apennin.  Les  habitans 
ctoient  nommés  Ocriculani.  Antonin  la  met  à  1 2000 
pas  de  Natni  fur  la  route  de  Rome  à  Ancone. 

OCRIDA.  Voyez.  Ochrida. 

OCRINUM  PROMONTOR1UM  ,  promontoire 
de  l'ifle  d'Albion.  Ptolomée,/.  2.  c.  2.  avertit  que  Dam- 
y."!riium  Se  Ocrimim  Promontorium ,  font  un  feul  Se  mê- 


OCT 


me  cap.  Quelques-uns  foutiennent  que  c'eft  aujourd'hui 
Landsend  ,  d'autres  que  c'eft  la  pointe  du  Lézard. 

OCR1S1VA.  Ce  nom  fe  trouve  dans  une  ancienne 
infeription,  au  tréfor  de  Goltzius,  Se  Ortelius  le  don- 
ne pour  un  nom  de  lieu. 

OCTABUM.  Voyez,  Octavum. 

OCTAPlTARUM,0'ic7£CT<Tapoi<,  promontoire  de  l'ifle 
d'Albion  ,  fur  fa  côte  occidentale,  félon  Ptolomée,  /. 
2.  c.  2.  Cambdcn  croit  que  c'eft  S.  Davids  Head. 

OCTAPOL1S,  ancienne  ville  d'Afie,  dans  la  Lycie, 
félon  Ptolomée,  l.  $.c.  3.  Il  la  met  dans  les  terres, 
au  voifinage  du  mont  Cragus. 

OCTARIBA  ,  place  avec  gamifon  Romaine ,  en  Aile. 
Elle  étoit  au  département  de  la  Syrie  Se  de  l'Euphraten- 
fe,  félon  la  notice  de  l'Empire  ,feùi.  24. 

OCTAVANORUM  COLON1A.  Pline  parlant  de 
Frcjus  ,  /.  4.  c .  4.  dit  :  Forum  Juliurn  Octavanorum  Co- 
lonia  qita  Pacenfîs  appellatur  &  Oajjïca.  Cela  veut 
dire  que  Frejus  ,  nommé  en  latin  Forum  Julium,  devint 
une  colonie  d'Odraviens,  c'eft  à-dire,  des  foldats  d'Au- 
gufte  ,  dont  le  vrai  nom  etoit  Octave  ;  qu'on  la  furnom- 
ma  auifi  Pacenfîs  ,  à  caufe  de  la  paix ,  Se.  Claflïca ,  parce 
que  la  flotte  d'Augufte  y  fut  quelque  tems.  Cette  ville 
étoit  alors  maritime.  Voyez,  Octavianus    Ager. 

OCTAVIAN  US  ,  caverne  d'Italie,  à  deux  mille  pas 
de  Rome ,  auprès  de  Labicum ,  félon  Frontin ,  De  Aqiu. 
duel. 

OCTAVIOLCA  ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarra- 
gonnoife,  chez  les  Cantabres ,  félon  Ptolomce ,  /.  2.  c. 
6.  elle  étoit  dans  les  terres. 

OCTAVIUS  VICUS  ,  rueds  la  ville  de  Velctri ,  en 
Italie.  Suétone,  in  Augufto ,  c.  1.  allègue  ce  nom  en 
preuve  de  l'illuftre  naifianec  d'Augufte,  qui  étoit  de  la 
maifon  des  Qétavius. 

OCTAVUM  ,  ville  d'Afrique  ,.  dans  la  Numidie.  ■ 
C'étoit  un  fiége  cpiscopal  ,  dont  1  évêque ,  nommé 
Vi&or  ,  aflîfta  au  concile  de  Catthage  tenu  fous  faint 
Cyprien.  La  notice  épiscopale  d'Afrique,  n°  36.  met 
entre  les  prélats  de  Numidie  ,  Pascentius  Otlabenfii.  Il 
ne  faut  pas  confondre  ce  lieu  avec  un  autre  fiége  épis- 
copal  de  même  nom  ,  fitué  dans  la  Byzacene  ;  Se  dont 
l'évêque  eft  nommé  dans  la  notice  citée,  n°  38.  Al- 
binus  OEiavenfis  ,  ni  avec  un  autre  de  cette  dernière 
province ,  dont  l'évêque  eft  nommé  n°  24.  Sabinianus 
Orfabienjis.  Ce  font  trois  lieux  différens  ;  favoir, 

Oilavum  ,  fiége  de  Numidie , 

OUavum ,  fiége  de  la  Byzacene, 

Et  Octavium  ,  aufli  de  la  Byzacene. 

Dans  la  décadence  de  la  langue  latine  XV  conforme 
Se  le  B ,  ont  été  facilement  changés  l'un  en  l'autre. 

OCTAVUS  VICUS  ,  ancien  village  de  la  Gaule. 
Saint  Grégoire  de  Tours  en  parle  ,  H'ift.  Franc.  I.  9.  c. 
21.  &  Ortelius  a  cru  que  c'étoit  Fréjus;  mais  il  a  lu 
trop  légèrement  le  paffage  entier  ;  le  voici.  Nam  tune 
ferebatur  Majfdiam  à  lue  inguinaria  valde  vafiari ,  & 
hune  morbum  usque  ad  Lugdunenfcm  Vicum,  Octavunî 
nomme  ,  fuiffe  celeriter  propalatum.  La  maladie  avoir 
commencé  à  Marfeille  en  Provence  :  Fréjus  eft  auffidans 
cette  province.  Voilà  ce  qui  a  trompé  Ortelius.  Il  n'a 
point  fait  attention  à  Lugdunen[em  Vicum.  Le  village 
dont  il  eft  ici  queftion  étoit  dans  la  Lyonnoife  ,  félon 
Grégoire  de  Tours  ;  or  Fréjus  étoit  de  la  Narbonnoife. 
Voyez,  Octovianus  ager. 

OCTEVILLE,  bourg  de  France,  en  Normandie, 
au  diocèfe  de  Rouen  Se  dans  le  pays  de  Caux  ,  dans 
l'élection  de  Montivilliers. 

OCTOBES  ,  lieu  d'Afie ,  dans  la  petite  Arménie  ,  à 
foixante-fix  ftades,  c'eft-à-dire  ,  à  un  peu  plus  de  huit 
milles  romains  de  Sarela  ,  félon  Procope  dans  Con  hi- 
ftoire  des  Perles. 

OCTODORUS  ou  Octodurus  ,  village  dont  parle 
Jules  Céfar,  de  Bell.  Gai.  l.z.c.i.&6.  qui  le  donne 
au  peuple  Veragri.  Sanfon ,  dans  fes  remarques  fur  la 
carte  de  l'ancienne  Gaule ,  en  parle  ainfi  :  Octodurus  , 
Martigni  ,  fur  les  côtés  de  la  Dranfe  qui  tombe  in- 
continent dans  le  Rhône.  Les  Allemands  difent  Mar- 
tinAch.  Elle  a  été  la  capitale  du  Bas-Vallais,  comme 


OCT 


Sion  du  Haur-Vallais ,  8c  l'une  &  l'autre  ont  (  m)  leurs 
évoques  &  leurs  diocèfes  diliindts,  comme  elles  avoient 
eu  chacune  leur  peuple.  Qtlodurus  Vtragrorum  t  Sedu- 
mtm  Scdunorum,  ou,  félon  quelques  autres ,  ces  deux- 
peuples  ayant  été  réduits  en  un  feul  diocèfe ,  les  évê- 
ques  ont  fait  leur  réfidence  dans  l'une  8c  dans  l'autre 
place  alternativement,  jusqu'à  ce  que  la  Drance  ayant 
beaucoup  ruiné  Martigni ,  les  évêques  ont  arrêté  leur 
demeure  à  Sion. 

Comme  je  ne  trouve  aucune  trace  de  l'évêché  d'Otlo- 
âorus  ou  Ottodurus  ,  dans  les  anciennes  notices ,  je  ne 
fais  d'où  Sanfon  a  pris  ce  qu'il  en  dit.  Elles  ne  donnent 
que  deux  fuffragans  aTarantaife  ;  lavoir,  Sion, Sedunen- 
fis,  8c  Aoft,  Augufienfis.  Cependant  l'abbé  de  Comman- 
ville  dit  dans  fa  table  alphabétique  des  évéchés  :  Ododu- 
rum,\\\\ç.  des  Alpes  Cottiennes  &c  de  l'exarchat  des  Gau- 
les ,  qui  eft  un  bourg  dans  le  Bas-Vallais  ,  nommé  Mar- 
tinach  :  il  y  eut  éveché  vers  l'an  550  transféré  à  Sion 
vers  l'an;  81.  Le  P.  Charles  de  S.  Paul,  dans  fa  géogra- 
phie facrée ,  dit  que  Théodore ,  évêque  à'Otlodurus  , 
cil  nommé  au  concile  d'Aquilée  fous  le  Pontificat  de 
Damafel'an  381  :  ainfi  ce  liège  eft  plus  ancien  que  ne  le 
dit  l'abbé  de  Commanville.  Conftantius,  autre  évêque 
du  même  liège  Octodurus  ,  foufciivit  l'an  j17.au  con- 
cile d'Epaone  ;  ce  qui  fournit  une  autre  preuve.  Le  tems 
de  la  tranflation  de  ce  fiége  doit  être  entre  Rufus  ,  évê- 
que d'Otlodurus ,  qui  fouferivit  au  concile  d'Orléans 
tenu  en  J41  ,  8c  Heliodore  ,  évêque  de  Sion,  qui  figna 
le  fécond  concile  de  MâconenjSj. 

OCTODURUM  ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife, 
dans  les  terres  au  pays  des  Vaccéens  ,  félon  Ptolomée , 
/.  2.  c.  6.  Ses  interprètes  veulent  que  ce  foit  Toro. 

OCTODURUS.   Voyez.  Octodorus. 

OCTOGESA  ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarra- 
gonnoife ,  au  pays  des  Ilergetes.  Céfar  ,  de  Bello  Çiv. 
I.  1.  c.  6  1.  dit  :  Ayant  pris  cette  réfolution  ,  ils  font  ras- 
fembler  le  long  de  l'Ebre  toutes  les  barques  8c  ordonnent 
qu'on  les  mené  à  Octogefa  :  c'étoit  une  ville  fituée 
fur  l'Ebre  à  vingt  mille  pas  du  camp  ,  (  qui  étoit  à  Le- 
rida.  )  De  Marca  Hupanis.  ,  /.  2.  c.  2.7 -P-  ^  1  j.  conclut 
de  cette  pofition  fur  l'Ebre  à  vingt  mille  pas  de  Lerida , 
qu'Octogefa  devoir  être  au  lieu  où  elt  aujourd'hui  Mc- 
quinenza,  au  confluent  de  la  Segre  8c  de  l'Ebre  ,  comme 
l'a  très-b/en  jugé  Ambroife  Morales.  Cette  même  ville 
fut  enfuire  nommée  Itlofa  par  corruption ,  8c  fut  un 
liège  épiscopal ,  ainli  nommé  dans  une  ancienne  notice 
qui  fe  trouve  dans  le  cartulaire  de  l'églife  d'Oviedo. 
Ictofa  eft  aulfi  nommée  comme  évêché  dans  la  notice 
des  évechés  d'Espagne  fous  le  roi  Vamba.  Par  la  de- 
feription  des  limites  des  deux  diocèfes  de  Lerida  8c  Der- 
tofa  ,  il  eft  vilible  qu'Ictofa  étoit  entre  l'un  8c  l'autre. 
De  1  i  l'hiltorien  des  comtes  de  Baicelonne  a  fagement 
inféré ,  qu'Octogefe  8c  Mequincnza  font  deux  noms 
d'un  même  lieu.  La  conjecture  d'Orrelius ,  que  c'étoit 
la  même  chofe  qu' Etovifa  ou  Etobcfa,  ne  fauroit  fub- 
fifter,  puisque  cette  dernière  ville  n'étoit  point  fur  l'E- 
bre, comme  il  l'a  cru,  trompé  par  une  fauffe  ponctua- 
tion. *  Didacus ,  Hilt.  Comit.  Barcin.  lib.  2. 

OCTOLOPHUM  ou  Octolophus,  lieu  aux  con- 
fins de  la  Macédoine  8c  de  la  TheiTalie ,  peu  éloigné  de 
Diitm.  Tite-Live  en  parle  en  deux  endroits,  lib.  31. 
cap.  $6.  &  lib.  44.  cap.  3. 

OCTOPAS  ,  '0«tw77c4ç  ,  rivière  dont  parle  Hefyche  ; 
il  ne  marque  point  en  quel  pays. 

OCTOTATA  ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  Louïfiane,  fur  les  bords  de  la  rivière  des  Pa- 
nis ,  près  de  fa  chute  dans  le  Miffouri.  Cette  nation 
habitoit  autrefois  dans  de  belles  plaines  entre  le  Min- 
gona  8c  le  Miflburi  à  l'orient  de  cette  dernière  rivière. 

OCTOVIANUS  AGEK;  c'eft  ainfi  qu'Ortelius  lit 
dans  une  lettre  de  Sidonius  Apollinaris , /.  8.  epifi.  4. 
Il  croit  que  c'eft  Fréjus;  dans  cette  lettre  il  n'elt  que- 
stion ni  de  ville  ni  de  colonie,  mais  fimplement  d'une 
terre  voifine  d'une  ville,  d'une  rivière,  &  de  la  mer. 
Confentius,  à  qui  il  écrit ,  8c  à  qui  elle  appaitenoit ,  y 
avoit  une  belle  maifon  ornée  de  portiques,  bien  meu- 
blée ,  avec  une  riche  bibliothèque ,  8c  y  partageoit  fon 
tems  entre  l'étude  8c  l'agriculture  ,  8c  cultivoit  égale- 
ment fon  efprit  &  fa  campagne.  11  compofoit  des  vers 
que  l'on  chantoit  à  Narbonne,  à  Béziers,  &  dans  les- 


ODE      6*9 

quels  on  ne  la. oit  qu'admirer  le  plus,  la  facilité  ou  la 
beauté.  Cette  terre  pourroir  bien  avoir  été  dans  le  voifi- 
nage  de  ces  deux  villes,  plutôt  qu'en  Provente.  Ce  qui  a 
déterminé  Ortetius, c'eft  la  refferribjtance  de  te  nom  avec 
Octavanorum  Colonia  de  Pline.  Voye^  ce  mot.  Ce 
nom  au  refte  elt  Octavianus  agf.r  ,  dans  l'eduion  de 
Sidonius  Apollinaris,  par  le  père  Sirmond. 

OCTULANI,  ancien  peuple  d'iralic ,  dans  le  Latium, 
l'un  de  ceux  qui  avoient  part  à  la  distribution  des  vian- 
des fur  le  mont  Albano  ,  félon  Pline,  /.  3.  6'.  5. 

OCURA  ,  ville  du  Japon,  capitale  du  royaume  de 
Gotto ,  8c  diftante  d'Ocica  d'une  lieue  &  demie.  Hifi. 
du  Japon  par  le  P.  Charlevoix. 

OCYNARUS.  Voyez.  Ocinarus. 

OCYPODES.  Strabon ,  /.  15.  p.  711.  nomme  ainfi 
certain  peuple  des  Indes,  à  qui  on  avoit  donné  ce  nom, 
à  caufe  de  fa  légèreté  à  la  courfe  ,  qui  étoir  telle  qu'il 
couroit  plus  vite  que  les  chevaux  ,  flVjV/ocTsç. 

OCYREGAVE  ,  bourgade  de  France ,  en  Gascogne , 
au  diocèfe  de  Dax. 

OCZAKOW ,  ville  de  la  petite  Tartane,  dans  un 
pays  auquel  elle  donne  fon  nom. 

Le  pays  d'OczAKovE,  où  elle  eft  fituée  à  l'Ukraine 
au  nord-oueft -,  cette  même  province  à  l'orienta  le  Bo- 
ryfthéne  qui  la  fépare  de  la  Tartane  Gimée,  au  fud- 
eftia  mer  Noire,  au  Sud-ouelt  le  Budziac.  &  la  Mol- 
davie au  couchant. 

La  ville  d'Oczakcw ,  nommée  par  les  Turcs ,  à  qui 
elle  appartient,  Dlian-Crimenda  ,  eft  à  l'embouchure 
du  Boryfthéne  qui  s'y  jette  dans  la  mer  Noire.  Il  y  elt 
large  d'une  bonne  lieue  Françoife.  Il  y  a  même  en  cet 
endroit  un  des  cinq  paflfages  où  les  Tartares  traverfent 
ce  fleuve.  Voici  comment:  Ils  ont  des  bateaux  allez  plats, 
8c  mettent  des  perches  de  travers  où  ils  attachent  leurs 
chevaux  de  rang,  l'un  près  de  l'autre,  8c  de  chaque 
côté  également ,  afin  de  faire  la  balance  égale.  Les  ba- 
gages font  dans  le  bateau.  Ils  font  enfuire  aller  le  ba- 
teau ,  les  chevaux  attachés  nagent  ainfi  &  uaveifent 
doucement  la  rivière.  Il  eft  vrai  qu'ils  font  hors  d'ha- 
leine quand  ils  arrivent  à  l'autre  bord;  mais  comme 
ils  font  attachés  de  court  à  la  perche,  &  que  le  Bateau 
ne  va  pas  vite,  ils  partent  aifément;  ce  qui  doit  s'en- 
tendre d'un  tems  calme.  *  Beauplan ,  Dcl'cript.  de  l'U- 
kraine, pag.  16.  &fuiv. 

Cette  ville  e(i  la  retraite  des  galères  Turques  qui 
gardent  l'embouchure  du  fleuve,-  afin  d'empêcher  les 
Ccfaques  de  courir  8c  d'infefter  la  Mer  noire.  Il  n'y  a 
point  de  port ,  ce  n'eit  feulement  qu'un  bon  ancrage. 
Sous  le  château,  il  y  a  deux  villes  qui  font  fituées  fur 
une  pente  d'un  côté  ,  8c  de  l'autre  côté  ce  font  des  pré- 
cipices. Les  murailles  du  château  ont  environ  vingt- 
cinq  pieds  de  haut  ;  celles  de  la  ville  font  beaucoup 
plus  baffes,  8c  il  peut  y  avoir  environ  deux  mille  habi- 
tans.  Au  midi  de  ces  villes,  il  y  a  encore  un  petit  châ- 
teau en  façon  de  plate-forme,  où  font  quelques  piè- 
ces d'artillerie  pour  rafer  à  fleur-d'eau  la  rivière,  d'un 
bord  à  l'autre  ;  &  il  y  a  une  tour  où  les  Turcs  font  la 
garde,  pour  découvrir  de  loin  les  Cofaques  en  mer, 
8c  en  pouvoir  avertir  par  un  fignal  les  galères.  Les  Rus- 
fîens  affiégerent  cette  ville,  8c  la  prirent  en  1737,  & 
ils  l'abandonnèrent  l'année  fuivante,  après  en  avoir  rafé 
les  fortifications. 

ODAAGNA  ou  ODAGANA  ,  félon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée,  /.  ;.  c.  19.  ancienne  ville  de  l'A- 
rabie Déferte  ,  au  voifinage  de  la  M.'foporamie. 

ODALONGO ,  village  d'Italie  ,  en  Lombardie ,  dans 
le  Montferrat  fur  la  Sture,  à  trois  lieues  de  Cafal. 
Quelques  inferiptions  trouvées  en  cet  endroit,  &  dans 
lesquelles  Bodcacomagus  ou  Bodincomagum  eft  nom- 
mée, ont  donné  lieu  de  douter  fi  ce  n'étoit  pas  l'an- 
cien nom  de  ce  village.  Voyez.  Bodincomagum. 

ODANEI.  On  cite  une  médaille  de  l'empereur  Ca- 
racalla ,  fur  laquelle  on  lit  ce  mot ,  comme  fi  c'étoit 
le  nom  d'un  peuple.  *  Ortelii  Thefaim 

ODENSÉE  ouOttensée,  Ottonia ,  ville  de  Dane- 
marck,  dans  lifte  de  Funen,  dont  elle  elt  à  peu  près 
le  centre.  Baudrand  dit  qu'elle  fut  bâtie  par  le  roi  Ha- 
rald,  8c  ainfi  nommée  en  mémoire  de  l'empereur  Or- 
ron  I.  Un  voyage  de  Danemarck  dit  qu'elle  reçut  ce 
nom  de  l'empereur  Otton  I  l'an  948 ,  aulfi- bien  que  le 


ODE 


630 

pa(Tage  du  petit  Belt  ,  Ottenfundt  ou  détroit  tTOt- 
ton.  Elle  me  parut  une  grande  ville ,  dit  ce  voyageur. 
On  me  dit  qu'il  y  avoit  quatre  égliles.  La  bière  d'O- 
denfée  eft  excellente,  très-iemblable  de  goût  Si  de  bonté 
à  celle  de  Derbi  ou  de  Nottingham  ,  de  même  couleur 
ou  plus  pâle  ,  «Se  paffe  pour  la  meilleure  de  tout  le  Da- 
nemarck.  Odenfée  eft  ville  épiscopale ,  «Se  reconnoît 
Lunden  pour  fa  métropole. 

ODENWALDou  Ottenwald  ,  c'eft-à-dire  ,  la  Fo- 
rêt d'Otton  ,  en  latin  Ottonia  Silva,  petite  contrée  d'Al- 
lemagne ,  au  palais  du  Rhin ,  au  levain  de  Bergftrat , 
entre  le  Necker  «Se  lecomté  d'Erpach,  aux  frontières  de 
la  Moravie  &  à  la  fource  de  la  rivière  de  l'Oder,  à 
quatre  milles  d'Allemagne  d'Olmurz  au  levant.  *  Ban- 
drand ,  édit.  170$-. 

1.  ODER  ,  (  L'  )  rivière  d'Allemagne.  Elle  a  fa  fource 
dans  la  Moravie ,  au  village  de  Giebe ,  parte  à  Oder 
bourgade,  circule  de  là  vers  l'orient ,  reçok  le  ruiflèau 
deTiscHEiN  d.  Auprès  de  Waguadt ,  entre  dans  la  Si- 
lène <5e  reçoit  IOppa  ,  qui  vient  de  Troppa  g.  I'Osler 
&  I'Elsa  ,  «Se  entre  ces  deux  jonétions  baigne  Oden- 
berg  ,  d.  parte  à  Ratibord^  fe  tourne  vers  le  nord  oc- 
cidental,  fe  charge  des  eaux  du  Cladinitz  ,  d.  &  du 
Brudnig  ,  g.  parte  à  Oppelen  ;  fe  groflu  du  Malpe- 
new,  de  la  Blonitza  ,  du  Brinnirz  d.  de  la  Steina, 
jointe  à  la  Neiss  ,  g.  de  la  Stobra  d.  coule  à  Brigk,  g. 
rraverfe  Brertaw,  <Se  reçoit  au-deffous  de  cette  ville  les 
rivières  d'OsLA,  de  l'Aw  ,  g.  de  Weida ,  d.  de  Polsnitz  , 
g.  de  Lignitz  ,  g.  «Se  de  Bartfch,  g.  court  vers  l'occident, 
vers  Glogau ,  reçoit  le  Weisfurt  auprès  de  Bentten ,  & 
après  avoir  coulé  quelque  tems  vers  le  nord ,  elle  fe 
replie  vers  le  couchant ,  parte  à  Kroflen  ,  où  elle  reçoit 
le  Bober  ,  femble  même  retourner  vers  le  midi  pour  aller 
au  devant  de  la  Neis,  entre  dans  le  Brandebourg,  qu'elle 
fépare  de  la  Luface  ,  coule  à  Francfort,  qui  en  prend  le 
nom  de  Francfort  fur  l'Oder,  pour  le  dillinguer  de  Franc- 
fort furie  Meyn.  On  y  a  ménagé  un  canal  de  commu- 
nication avec  la  Sprée.  Elle  paffe  enfuite  à  Lebus  ;  «Se 
lorsqu'elle  eft  arrivée  à  l'orient  de  Cufirin ,  elle  reçoit 
laWarte,  grande  rivière  de  Pologne.  Elle  environne 
Cultrin  Se  forme  plufieurs  petites  irtes  jusqu'à  Zelin  -, 
mais  au  deflbus  de  Freyenwalde ,  elle  fe  fépare  en  deux 
branches  qui  fe  communiquent  l'une  à  l'autre  par  quan- 
tité de  coupures ,  &  forment  une  multitude  d'irtes.  C'eft 
ainfi  qu'elle  arrive  àGartz«Se  à  Stetin,  Se  tandis  qu'une 
partie  de  Ces  eaux  va  par  un  lit  afiez  régulier  baigner 
AJerborg  Se  Jafenirz  ,  «S:  le  terminer  dans  un  grand  lac 
nommé  Grosse  FIaff  ,  l'autre  partie  commence  auprès 
de  Dam  une  inondation  qui  va  de  même  fe  joindre  à  ce 
lac.  Toutes  ces  eaux  fe  rendent  enfuite  à  la  mer  par  trois 
embouchures.  La  plus  orientale  s'appelle  Duvenow  Se 
paffe  à  Vollin  Se  à  Cammin;  celle  du  milieu  s'appelle 
Ja  Swine ,  l'irte  qu'elles  forment  porte  le  nom  de  Vollin. 
La  troifiéme ,  ou  la  plus  occidentale  des  trois,  paffe  à 
Wolgaft .  Se  comme  elle  reçoit  les  eaux  de  la  Pêne,  elle 
en  prend  le  nom  jusqu'à  la  mer.  L'irte  que  ces  deux 
embouchures  embraffent,  prend  le  nom  de  la  ville  d'U- 
fedom ,  qui  eft  dans  fa  partie  méridionale.  Cette  irte  eft 
presque  partagée  en  deux  par  une  inondation  ,  Se  Ces  deux 
parties  ne  font  jointes  que  par  un  ifthme  fort  étroit  au 
bord  de  la  mer. 

1.  ODER  ,  (  L'  )  rivière  de  France,  dans  la  Bretagne , 
dans  le  diocèfe  de  Quimper.  Elle  a  fa  fource  au  nord- 
eft  du  village  de  Corai  qu'elle  baigne ,  paffe  à  Pont- 
Bourchis ,  à  Quimpercorentin  ,  où  elle  fe  grortit  de  quel- 
ques ruiffeaux  ;  elle  devient  alors  plus  large  Se  va  le  per- 
dre dans  la  mer,  trois  lieues  au-dertbus  de  cette  ville. 
3.  ODER.  Voyez.  Odra. 

ODERBERG ,  petite  ville  de  Siléfie  ,  dans  la  prin- 
cipauté de  Ratibor,  à  l'embouchure  de  l'Elfe  dans  l'O- 
der au  midi  de  Ratibor. 

ODERBURG  ,  fortereffe  d'Allemagne  ,  dans  l'électo- 
rat  de  Brandebourg  ,  dans  l'Ukermarck  fur  l'Oder. 

ODERNHEIM  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  le 
Bas-Palatinat,  entre  Altzey  Se  Oppenhfim  (a).  Elle  a 
appartenu  à  l'évêché  de  Metz,  «5c  l'an  iz;8,le  cha- 
pitre de  cette  églife  vendit  tout  ce  qu'il  y  portédoit  au 
chapitre  de  Mayence  pour  mille  quarante  livres  pefant 
de  monnoie  de  Metz  ,  comme  le  rapporte  Trithème 
dans  fa  chronique  de  Sponheim.  Il  dit  que  faim  Ruf , 


ODO 


évêque  de  Metz,  fut  eirerré  en;ore  à  Odernheim  (b). 
Cette  ville  peut  bien  avoir  appartenu  à  l'Empire,  car 
l'an  1402  ,  elle  fut  engagée  par  l'Empire  au  comte  Pa- 
latin pour  la  fomme  de  cent  mille  florins  avecOppen- 
heim,  Kayferflaïuern  Se  Ingelheim ,  après  que  l'empereur 
Charles  IV  eut  réuni  à  l'Empire  en  1353  cette  place 
Se  celle  d'Oppcnheim  ,  qui  avoient  été  engagées  au  cha- 
pitre de  Mayence  pour  foixante  mille  guides  ;  comm# 
le  rapporte  Albert  de  Straibourg.  11  ne  faut  pas  con- 
fondre cette  ville  avec  Drecks  Odernheim ,  dont  je  parle 
en  fonlieu.  (a)Zcyler ,  Palat.Topog.  p.  39.  (b)  Munjter, 
1.  $.  c.  IJO. 

ODERZO ,  petite  ville  d'Italie ,  dans  l'état  de  Ve- 
nife  ,  dans  la  Marche  Trévifane  ,  fur  le  ruiffeau  de  Mot- 
tegan  ;  elle  étoit  épiscopale  ,  fon  fiége  a  été  transféré  à 
Ceneda ,  qui  eft  près  de  la  fource  du  même  ruiffeau  : 
elle  en  eft  à  douze  milles,  &  à  pareille  diftance  de 
Trévigio.  C'eft  I'Opitergium  des  anciens.  Voyez,  ce 
mot. 

ODESSUS  ,  o'<r*iVa-oç  ville  «5c  montagne  dans  le  Pont  , 
félon  Etienne  le  géographe,  c'eft-à-dire,  dans  la  Thra- 
cc ,  au  bord  du  Pont-Euxin  ,  fans  quoi  ce  qu'il  ajoute 
n'y  conviendroit  pas,  favoir  qu'elle  étoit  voifine  de 
Salmydeffus.  Ainfi  c'eft  la  même  qu'Odeffus ,  ville  bâ- 
tie par  les  Miléfiens  au  rapport  de  Pline,  /.  4.  c.  2. 
O  diffus  Milejîorum.  L'auteur  du  périple  du  Pont-Euxin, 
p.  1  2.  Voyez  Strabm  ,  /.  7.  p.  3  19.  le  dit  auflî.  Elle  étoic 
entre  Calatis  «Se  Apollonie,  Se  par  conféquent  affez  loin 
de  Salmydeffus  Se  bien  plus  au  nord.  C'eft  YOdyJfus  de 
Ptolomée  ,  /.  3.  eu.  qui  la  place  bien  «5c  la  nomme 
mal.  Entre  autres  médailles ,  il  y  en  a  une  d'Antonin 
Severe  dans  le  recueil  de  Patin,  fur  laquelle  on  lit  ces 
mots  OAHCCEITON.  Cette  ville  a  été  épiscopale  ;  fon 
évêque  Diz.z.a  fouferivit  à  la  lettre  adreffée  à  l'empe- 
reur Léon.  Son  nom  moderne,  félon  quelques  géogra- 
phes ,  eft  Vaine  ,  ville  de  la  Bulgarie. 

ODIA ,  irte  de  la  mer  Egée,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.  12, 
C'eft  l'une  des  Sporades. 

ODIA.  Voyez.  Juthia. 

ODIA  BU  M  ,  lieu  de  la  Valérie  Ripenfe  ,  félon  la  no- 
tice de  l'Empire, /f«f/.  57. 

ODIATES  ,  peuple  ancien  de  la  Ligurie.  Ce  peuple 
eft  nommé  dans  une  infeription  trouvée  à  Gènes.  *  Or- 
telii    Thefaur. 

ODIER ,  rivière  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie.  Elle 
a  fa  fource  aux  frontières  de  l'Eftramadure  Se  du  Por- 
tugal ,  entre  Cumbre  ,  San  Bartholomeo  «Se  la  Nava, 
où  elle  paffe.  Elle  arrofe  de  même  Cortegana  ,  Almo- 
nalter ,  El  Cerro,  d.  El  Vilar  ,g.  Cataiias ,  d.  Buitron, 
g.  Ortalguillo  ,  d.  Veas  Se  Gibraleon ,  d.  après  quoi 
elle  s'élargit  «Se  forme  un  petit  golfe  où  fe  rend  une  autre 
rivière  ,  «5c  a  enfin  fon  embouchure  dans  le  golfe  de  Ca- 
dix, entre  celles  de  la  Guadiana  «5c  du  Guadalquivir. 
*  Jaillot ,  Atlas. 

ODIHAM ,  ou  Odiam,  bourg  d'Angleterre,  en 
Hantshire(  a  ).  On  y  tienr  marché  public.  On  y  voit 
une  maifon  royale  (  b  )  ,  fameufe  par  la  prifon  de  David 
II  ,roi  d'Ecoffe.  (a)  Etatpréfentdc  la  Grande  Bretagne , 
r.  1.  (  b  )  Dav'uy ,  Ecoffe. 

ODILE  (  Mont  Saint),  un  des  fommets  de  la 
grande  montagne  des  Vosges  ,  d'où  l'on  découvre  l'Al- 
face  ,  le  Palarinat,  l'Ortenaw ,  le  Brisgaw.  On  diitingue 
de-Ià  douze  villes ,  plus  de  deux  cens  bourgs,  la  plupart 
confidérables,  «Se  le  Rhin  qui  roule  fes  eaux  dans  un  val- 
lon prolongé  entre  ces  montagnes  des  Vosges ,  «Se  celles 
d'Allemagne.  *  Aljacia  illuflrata  auli.  D.  Schoc^fàn, 
v.  in-fol.  à  Colmar,  175  1 . 

ODIUPOLIS,  en  grec  o'JW™*/?  château  près  d'Héra- 
clée ,  auprès  du  Pont,  félon  Caliiftrate  ,  cité  par  Etienne 
le  géographe.  Ortelius  ,  'Thefaur.  foupçonne  que  ce  peut 
être  rOdyffopolis  de  Cédrene. 

ODMANA  ,  ville  de  Syrie,  dans  la  Palmyrene, fé- 
lon Ptolomée,  l.$.c.  ij. 

ODOCA,  rivière  de  la  Taprobane,  félon  Prolomée. 
Quelques  exemplaires  portent  Hodoca  par  une  afpira- 
tion.  C'eft  ce  qu'on  lit  dans  Ortelius  ;  mais  dans  Prolomée 
même  je  trouve  que  ce  n'étoit  pas  une  rivière ,  mais  une 
ville  ,  Odoca  Civitai,  o"<fW77o;\/<r.  Elle  étoit  fur  la  côte 
méridionale. 

ODOGA  ,  ou  Odogra,  ville  d'Arte,  en  Cappadoi 


ODU 


ce ,  dans  la  préfecture  de  Chamane  ,  félon  Ptolomée , 
/.  5 .  c.  6. 

ODOLENCUM.  Baudrand  Se  quelques  autres  nom- 
ment ainfi  en  latin  Odalengo,  bourg  d'Italie  ,  dans  là 
Lombardie. 

ODOLLAM ,  Ooullam  ou  Adullam  ,  ville  de  la 
tribu  de  Juda  (a).  Eufebe,  m  voceB.'yXm,  dit  qu'elle 
croit  à  douze  milles  d'Eleutheropolis  vers  l'orient,  ainfi 
elle  éroit  dans  la  partie  méridionale  de  la  tribu  de  Juda 
vers  la  mer  Morte.  Jofué ,  1 2.  v.  i  j\  tua  le  roi  d'OdoI- 
lam,  &  David  pendant  fa  fuite  (  b  )  fe  retira  dans  la  ca- 
verne d'Odollam.(d)  Jofué  >  c.  i  2.  v.  i  j.  Parai.  I.  2.  c. 
ï  i.  v.  7.  Machab.  1.  2.c.  12.  v.  58.  (b)  Reg.  1.  1.  c.  22 
&  25. 

ODOMANTICA  ,  contrée  de  la  Thrace.  Elle  éroit 
presque  toute  à  l'orient  du  Strymon  ,  an  nord  de  la  Bi- 
falue  Se  de  l'Edonide.  Tite-Live  fait  mention  de  ce  pays , 
Se  y  met  Sir  a.  Il  dit,  lib.  45.  cjp.  4.  que  Paul-Emile  ; 
conful ,  avoit  fon  camp  apud  Stras  terrx  OdomamicÀ.  Les 
habitans  en  font  nommésOdomanti , 'CjfâfMvlaf,  par  Thu- 
cydide. Hérodote,  /.  7.  c.  112.  diflingue  très-bien  ce 
pays  de  i  Edonide.  Ptolomée,  /.  3.  c.  13.  les  confond, 
Se  les  met  dans  la  Macédoine.  Il  ne  faut  point  fe  lafTer 
d'avertir  les  jeune?  gerrs  qu'une  grande  partie  de  laThra^ 
ce  conquffe  par  Philippe  Se  par  Alexandre  a  été  fou- 
vent  attribuée  à  la  Macédoine. 

ODO.viANTlS,  contrée  de  la  grande  Arménie,  fé- 
lon Strabon  ,  /.  11.  p.  528. 

ODOMBOF.R.E  ,  peuple  de  l'Inde.  Pline  ,  /.  6.  c.  20. 
dit  qu'ils  avoient  allez  d  infanterie  Se  de  cavalerie  pour 
fe  pafTer  d'eléphans. 

ODON  ,  rivière  de  Normandie.  Vuyez.OvDOtf  1. 

ODONES,  peuples  de  1  ancienne  Thrace  :  ils  étoient 
voifins  du  peuple  Mxdl ,  félon  Etienne  le  géographe.  Or- 
telius  ,   Thejuur.    foupçonne    que   ce  font   les    Edo- 

NES. 

ODONTOMANTES.  Suidas  nomme  ainfi  un  peuple 
de  Thrace  qui  avoit  une  espèce  de  circoncifion.  Ortelius 
croit  qu'ils  font  les  Odomanti. 

ODOW ARA,  petite  ville  du  Japon,  dans  la  grande 
ifle  Niphon  ,  <5e  dans  la  province  de  Sangami.  Elle  eft  à 
deux  ou  à  trois  journées  de  Jcdo  par  terre,  «Se  à  l'em- 
bouchure d'une  petite  rivière  qui  fe  décharge  dans  le 
golfe  de  Jedo  du  côté  de  l'oued.  11  n'y  a  au  Japon  que 
cette  ville  Se  celle  de  Meaco  où  on  prépare  le  catchou 
parfumé,  autrement  appelle  Terra  Japonica.  *  Le  P.  de 
Charlevoix ,  Mem.  manuferits. 

ODRA,  petite  rivière  d'Espagne  ,  dans  la  Vieille  Ca- 
ftille.  C'eft  une  de  celles  qui  tombent  dans  la  Pifuerga. 
Butdrand  en  donne  de  faux  indices ,  Se  la  confond  avec 
la  Pifuerga  elle-même.  Il  la  nomrrie  en  latin  Oder  ou 
Oderus. 

ODRANGIDl ,  en  grec '0<J)>*?  Ttfn  ,  peuples  de  la  Li- 
bye intérieure,  félon  Ptolomée. 

ODRISTA  ,  fiége  épiscopal ,  fous  le  patriarchat  de 
Conflantinople  ,  félon  Balfamon.  Oeil  peut-être  le 
même  fiége  qu'OBRYsus.  Voyez,  ce  mot.  *  Ortelii  The- 
faur. 

ODRUS/E  & 

ODRYS/E  ,  ancien  peuple  de  Thrace.  Ilétoit  rrès-puis- 
fant ,  Se  les  poètes  en  ont  pris  occafion  d'appeller  la  Thra- 
ce Odrysia  Tellus.  Silius  Italicus,/.  4.  verf.  452. 
dit: 

Mavors  in  pr&lia  currus 
Odryfia  tellure  vocat. 

Tacite,  Ann.il.l.  x.c.  38.  nomme  les  habitans  Odru- 
Sit.  Siméon  le  Métaphraile  met  chez  eux  la  ville  d'A- 
drianople  ,  dans  la  vie  de  faint  Luc  Se  de  faine  Arte- 
mius.  Une  notice  qui  marque  les  villes  qui  ont  changé 
de  nom,  met  Odrvsus,  nommée  aulji  Orestiade, 
à  préfenc  Adrianople.  *  Schelflratte,  Antiq.  Ecclef. 
t.  2.  p.  782. 

ODUCIA.  Ce  doit  être  le  nom  d'une  ville  de  la  Bé- 
tique ,  Ci  on  s'arrête  à  une  infetiption  que  rapporte  Mo- 
rales. Elle étoit  auptès  de  Lora.  Voyez.QD\ssiA  2. 

ODWALD,  petite  ville  de  Norwege ,  au  gouver- 
nement de  Bahus ,  fur  un  petit  golfe  du  Categat ,  aux 


OEB        631 


confins  de  la  Dalic ,  à  huit  ou  neuf  lieues  de  Bahus. 
*  Baudra/id  ,  éc!it.  I70f . 

OUYCK  ,  feigneiirïe  des  Pays-Bas,  dans  la  province 
d'Utrecht,  fur  le  Rhin,  à  deux  grandes  lieues  au  des- 
fus  d'Utrecht. 

ODYSSEA.  Voyez.  Od'yssia. 

ODYSSES ,  en  grceo'JWw ,  rivière  de  l'Afie  Mineu- 
re, dans  la  Mygdonie.  Strabon,  /.  iz.  p.  5;  1.  dit  qu'el- 
le arrofoit  quantité  de  villages  del'Al«zie4  dont  il 
nomme  les  habitans  Alazons. 

1.  ODYSSIA,  promontoire  de  Sicile,  vers  l'extré- 
mité orientale  de  la  côte  méridionale  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  }.c.  4.  Ses  interprètes  difent  que  c'eft  aujourd'hui  Ca* 
po  Marzo.  Cluvier  rapporte  en  cet  endroit  1Ediss^€ 
Portus  dont  parle  Cicéron  dans  fa  dernière  Verrine. 
Comme  ce  nom  n'efl  point  connu  d'ailleurs ,  Cluvict 
a  cru  qu  Edijfa  étoit  corroinpu  d'ODYssE^-,  cependant 
îl  y  a  des  favans  qui  croient  que  le  port  d'EdiJJa  eft 
aujourd'hui  Porto  de  Pâli ,  qui  eft  allez  éloigné  de  Porto 
de  Marzo ,  Se  aflez  près  du  cap  de  PafTaro. 

1.  ODYSSIA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  les  montagnes  » 
au-defTus  d'Abdere  ,  félon  Strabon.  Voyez.  Ulissea.  Or- 
telius croit  que  ce  doit  être  le.  même  lieu  qu'ODUCiA. 
Voyez,  auffi  Uussis  portus. 

ODYSSIS.  Voyez.  OlysippÔ. 

ODYSSUS,  ville  de  la  Baffe-Moëfie,  fur  le  Pont-Eu- 
Xin  avec  un  port ,  à  deux  cens  flades  de  Dionyfiopolis. 
Cette  ville  n'eft  point  différente  d'Odeffus  de  Thrace 
dont  nous  parlons  en  fon  lieu  ;mais  il  ne  faut  pas  la  con- 
fondre avec  une  autre  ville  maritime  que  quelques-uns 
nomment  par  abus  Odcjfus  pour  Ordesus,ou  même 
Ordessus.  Voyez.  Odessoeus  Se  Ordessus. 

OE ,  ifle  de  l'Afie ,  fur  la  côte  de  la  Troade  ,  felort 
Diclys  de  Crète. 

OE.  Voyez.  Oh  &Oeensis. 

OEA  ,  ville  ou  bourg  de  l'ifle  de  Thera  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  15. 

OEAGRUS ,  c'eft  le  nom  d'un  roi  de  Thrace ,  on 
plutôt ,  félon  Servius ,  c'eft  le  nom  d'un  ruiffeau  qui 
donne  la  naiflance  à  l'Hebre  ,  fameufe  rivière  de  Thra-- 
ce. De-là  vient  que  Virgile,  G  cor  g.  I.  4.  i».  524.  nom- 
me l'Hebre 

Oeagrius  Hebrus. 

OEADENSES,  peuple  de  l'Afie  Mineure,  félon 
Pline  ,  /.  r.  c.  32.  Le  R.  P.  Hardouin  juge  qu'il  faut  lire 
Oenoandenses  ,  Se  que  ce  mot  vient  d'OENOANDA. 
Voyez,  ce  mot. 

OEANTHE ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Locride  ,  félon 
Pline ,  /.  4.  c.  2.  Etienne  dit  de  même  Oeanthe  ,  ville  des 
Locres.  Comme  les  Locres  &  les  Etoliens  étoient  voi- 
fins, Polybe  donne  cette  ville  à  l'Etolie.  Cela  s'explique 
par  un  paffage  de  Scylax  dans  fon  périple  ;  auprès  des 
Etoliens,  dit-il,  font  les  Locres,  furnommés  Ozoles  » 
dont  les  villes  font  Evantis,  Amphïjfa  ,  &c.  Ce  qu'il 
nomme  Evanthis  eft  la  même  qu'Oeanthe.  Ptolomée  i 
l.  3.  C.  15.  dit  de  même  Evanthia,  pour  défigner 
cette  même  ville.  Le  nom  moderne  eft  Pentagii.  De 
l'Ifle  écrit  l'ancien  nom  Oevanthe. 

OEANTHIA.  Voyez,  l'article  précédent. 

OE ASIT/E  pour  Oasit*,  les  habitans  d'OhSis.Voye z. 
ce  mot. 

OEASO  ,  bourg  Se  promontoire  d'Espagne,  au  pays 
des  Vascons ,  au  pied  des  Pyrénées.  C'eft  aujourd'hui  le 
village  d'OiARço  ,  à  deux  lieues  de  Fontarabie.  Ptolo- 
mée , /.  3.  c.  G.  écrit  Oeaso  -,  Pline  dit  Olarso,6£ 
Martianus  Capella  Jarso. 

OEAXUS.  Voyez.  Oaxis.  / 

OEBALIA,  furnom  donné  au  pays  de Lacédémone , 
à  caufe  d'un  roi  nommé  Oebalus.  Ce  furnom  n'a  pas 
été  borné  au  pays  des  Lacédémoniensdans  le  Pélopon- 
nèfe.  De  même  que  Tarente  ,  colonie  Lacédémonienne, 
a  été  nommée  par  Ovide,  Metamorpb.  lib.  ij.  y.  50. 
Lacedamonium  'tarent um,  cette  même  ville  a  été  ap- 
pclléepar  Virgile  ,  Georg.  I.  q.v.  125.  Oebalie  : 

Namque  fub  Oebali&memmi  meturribus  altir, 
Qiià  niger  htimeilal  flavemia  cuit  a  Galeftts , 
Corycium  vidijje  fenem  ,  &c.  ç^r 

7 


632.       OED 

Baudrand  ditaflez  plaifamment  quela  ville  de  Taren- 
te  ,  en  Italie  ,  fe  nommoit  Oebalie ,  à  caufe  d'une  tour 
bâtie  par  Ocbale.  Voilà  une  admirable  preuve  de  l'é- 
rudition de  cet  auteur. 

OECALIC/E  POFULT  ,  peuples  de  l'Ethiopie  ,  chez 
lesquels  eft  la  fourec  du  Niger ,  à  ce  que  rapporte  Pline, 
lib.  5.  cap.  8;  Ptolomée  les  nomme  Acalicces,  aW»/k- 
xik. 

1.  OECHALIA  ,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  la 
Theflalie,  félon  Strabon  ,  /.  8.  p.  539.  qui  remarque 
qu'il  y  avoit  pluficurs  villes  de  ce  nom,  mais  pour  bien 
entendre  le  partage  de  cet  auteur  ,  il  faut  que  le  Iecleur 
fe  rappelle  qu'Eurytc  ,  roi  d'Oechalie  ,  ayant  promis  fa 
fille  Iole  en  mariage  à  Hercule ,  Se  la  lui  ayant  en- 
fuite  refufée  ,  ce  héros  détruifit  la  ville  où  Euryte  re- 
gnoit.  Une  ville  détruite  par  Hercule  n'eft  pas  ai  fée  à  re- 
trouver. Il  eft  arrivé  de-là  qu'on  a  cherché  cette  ville 
par  tout  où  un  nom  femblable  donnoit  matière  à  la  con- 
jecture. Apollodorc  avoit  hazardé  la  fieline  ,  Strabon  le 
critique  :  Ce  n'eft  pas ,  dit-il ,  la  feule  chofe  qu'il  y  ait 
à  reprendre  dans  ce  que  dit  Apollodore  ;  mais  il  faut  re- 
marquer que,  quoiqu  il  y  ait  plufieurs  Oechalies,il 
n'en  fait  qu'une  ;  favoir ,  celle  qui  étoit  foumife  à  Eu- 
ryte l'Oechalien.  Il  eft  donc  évident  que  c'eft  celle  de 
Theflalie ,  de  laquelle  parte  Homère ,  lliad.  B.  verf. 
730. 

O)   T  iX*v  Oîy.et'X'iw  7toXiv  EJoutou  O'X^'HVÇ' 

Mais  quelle  eft  celle  d'où  étoit  parti  Thamire  le  Thra- 
ce  ,  à  qui  les  Mufes  ôterent  la  voix  î  car  il  ajoute, 
(c'eft  toujours  Strabon  qui  parle), 

OixaXwQîv    livra  mttf  Lvpi/Tov  Oi^eL^iwi. 

Car  fi  cette  Oechalie  étoit  celle  de  Theflalie  ,  Scep- 
fuis  a  eu  tort  de  préfenter  celle  d'Arcadie  ,  qui  eft  au- 
jourd'hui Andanie  ;  ou  ,  fiScepfius  a  eu  raifon  ,  cette  Oe- 
chalie  d'Arcadie  a  été  aufîi  nommée  la  ville  d'Euryte  ; 
de  forte  qu'il  n'y  aura  pas  eu  pour  une  ville  nommée 
Oechalie  ,  comme  Apollodore  l'a  cru.  *  lliad.  B. 
™rf.  596. 

2.  OECHALIA,  dans  l'Euboée.  Strabon,  /.  10.  p. 
448.  dit  de  celle-là  ,  que  ce  n'étoit  plus  qu'un  village  du 
territoire  d'Eretrie ,  Se  que  c'étoit  les  reftes  de  la  ville 
qu'Hercule  avoit  détruite. 

3 .  OECHALIA  ,  ville  du  Péloponnèfc  ,  dans  la  Mes- 
fenie,  félon  Etienne  le  géographe.  Pline,  /.  4.  c .  5.  la 
nomme  entre  Ithome  Se  Arène. 

4.  OECHALIA  ,  ville  d'Arcadie  ,  félon  Strabon  ,  qui 
remarque  qu'on  la  nomma  enfuite  Andania.  Voyez. 
ce  mot,  &  Oechalia  i. 

$.  OECHALIA,  ville  de  l'Etolie ,  félon  Strabon, 
liv.  10.  pag.  448.  Elle  étoit  chez  les  Eurytanes,  peu- 
ple qui ,  félon  Etienne  le  géographe,  étoit  dans  l'E- 
tolie. 

La  ville  de  ce  nom  ,  que  Strabon  appelle  apudTric- 
cam,  eft  la  même  que  celle  de  Theflalie.  Ortelius  con- 
fond Oechalie  de  Mertenie  Se  de  PArcadie.  Je  les  crois 
différentes. 

OECHARD^E  ,  peuples  de  la  Sérique,  félon  Ptolo- 
mée. Ils  habitoient  auprès  du  fleuve  de  même  nom. 

OECHARDUS  ,  ou,  félon  d'autres  exemplaires, 
Oechordas  par  une  rranspofition  de  lettres ,  rivière 
de  la  Sérique  ,  félon  le  même  géographe.  *  Lib.  6. 
c.  16. 

OECUBARIA  ,  château  d'Italie  aux  environs  de  Bo- 
logne ,  félon  Zofime. 

OECUS  ,  en  grec  0«w,  ville  de  la  Carie,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

OEDANAS,  fleuve  de  l'Inde  :  c'eft  un  de  ceux  qui 
fe  jettent  dans  le  Gange,  félon  Strabon,  liv.  if.pag. 
719. 

OEDANTIUM,  ville  de  l'Illyric,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  cite  Théopompe. 

OEDENBOURG  ,  ville  de  Hongrie.  Les  Allemands 
la  nomment  ainfi  ;  maisfon  vrai  nom  eft  Sopron.  Voyez. 
ce  mot. 

OEDIMUS,  golfe  de  l'Afie  Mineure,  quelque  part 


OEI 


vers  la  Dotlde ,  entre  Gnide  &  Loryma ,  félon  Con- 
ftantin  Porphyrogenete  ,  ciré  par  Ortelius. 

OEDIPODIA  ,  fontaine  de  Thebes.  Elle  eft  nom- 
mée la  fontaine  d'Oepide  par  plutarque  *  Vie  des  hom- 
mes illuftres ,  t.  4.  p.  333.  dans  la  vie  de  Sylla  qui  y 
fit  dreflér  un  théâtre  pour  donner  des  jeux  de  raufi- 
que  Se  célébrer  une  viétoire  qu'il  venoit  de  remporter. 
Pline,  /.  4.  c.  6.  la  nomme  Uedipoàia,  Se  Paufanias, 
/.  9.  p.  569.  dit  qu'elle  eut  ce  nom,  patee  qu'Oedipe 
s'y  lava  pour  fe  purifier  du  meurtre  qu'il  avoit  fait  en 
tuant  Laïus. 

OEENSIS  URBS  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  province 
Ti  ipolitaine.  Antonin  marque  la  fituation  de  cette  place , 
mais  il  la  nomme  Ocea.  Voyez,  ce  mot.  Pline  l.  f.c. 
4.  la  nomme  Oeensis  civitas.  Ammien  Marcellin,/. 
29.  c.  6.  met  dans  la  province  Tripolitaine  Oeensis 
ager  ;  c  eft  le  terriroire  de  cette  ville.  Ptolomée  l'ap- 
pelle Heoa  par  un  renverfement  de  lettres.  Saint  Au- 
guftin  ,  Epifl.  138.  dit  qu'on  avoit  érigé  une  ftatue  à 
Apulée  apud  Coenses.  Onze  manuferits  portent  Ocen- 
fes  Se  cinq  Oeenfes.  Ce  dernier  eft  le  vrai  mot,  cela 
paroït  par  ce  qu'ajoute  faint  Auguftin  ,  qu'Apulée  avoit 
époufé  une  femme  de  cette  ville  ;  car ,  félonie  témoi- 
gnage même  d'Apulée  ,  dans  fon  apologie ,  fa  femme  Pu- 
deutilla  étoit  d'ÛEA  ,  Oeensis.  Ce  lieu  étoit  le  fiége 
d'un  évêché.  Noël  d'Oea  ,  Natalis  ab  Oea  ,  donna  fon 
fiiffrage  au  concile  de  Carthage  tenu  fous  faint  Cy- 
prien ,  tant  en  fon  nom ,  que  pour  Pompée  de  Sabra- 
ra  &c  Diogas  de  la  grande  Leptis.  La  notice  épiscopale 
d'Afrique  fournit,  entre  les  évêques  de  la  province  Tri- 
politaine ,  Cresconius  Qeenfis.  Une  médaille  d'Antonin 
Pie ,  en  petit  bronze ,  porte  ces  lettres  C.  A.  O.  A.  F. 
que  le  P.  Hardouin  explique  ainfi  ,  colonia  Antoni- 
niana  Oeenfis  Angnfia  Félix.  Cette  ville  eft  une  des 
trois  dont  l'ancienne  Tripoli  étoit  formée  (Tripoli 
Vecchio  )  ;  les  deux  autres  étoient  Sabrata  Se  la  grande 
Leptis.  Chacune  avoit  fon  évêque ,  comme  on  vient 
de  voir. 

OEETIS,  'O/mt/ç ,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  la  Laco- 
nic.  Paufanias ,  /.  8.  c.  12.  la  nomme  ainfi  dans  ce  pas- 
fage  :  Dans  l'un  des  deux  chemins ,  dit-il,  qui  condui- 
fent  àOrchoméne,  eft  le  mont  Anchifia  ,  Se  au  pied 
de  cette  montagne  eft  la  fépulture  d'Anchifc  -,  car  lors- 
qu'Enée  paflbit  en  Sicile ,  il  relâcha  en  Laconie ,  Se 
après  y  avoir  fondé  deux  villes,  favoir,  Aphrodifiade 
Se  Oeetis ,  il  enterra  en  cet  endroit  fon  père  qui  s'y 
étoit  rendu  pour  quelque  raifon ,  Se  y  étoit  mort.  Pau- 
fanias ,  l.i.c.  22.  parle  encore  ailleurs  de  ce  même  lieu, 
Se  dit ,  en  parlant  de  la  ville  de  Boea  :  Son  fondateur  fut 
Boe'us ,  l'un  des  Héraclides,  &  une  colonie  y  fut  me- 
née de  trois  villes,  Etide ,  Aphrodifiade  Se  Sida.  Le» 
deux  premières  de  ces  trois  villes  furent ,  dit-on  ,  bâties 
par  Enée,  lorsque  s'enfuyant  en  Italie  ,  il  fut  poufle  dans 
ce  golfe  par  une  tempête  5  Se  la  féconde  fut  ainfi  nom- 
mée d'Etiade  ,  fille  d'Enée.  Il  la  nomme  donc  Oeetis 
&Etis. 

OElE,'OniA.  Voyez.  O  a. 

OEIS.  Voyez.  Oa. 

OELAND  (  L'Isle  de  ),  ifle  de  la  mer  Baltique  ,  Ai* 
la  côte  de  Suéde  ,  le  long  de  la  province  de  Smaland  ou 
Gothie  méridionale,  dont  elle  eft  féparée  par  le  Calmar- 
fond  ou  détroit  de  Calmar.  Son  nom  fignifie  l'ifle  du 
Foin  ,  Se  fe  prononce  comme  nous  prononcerions  Oeu- 
land.  Elle  eft  coupée  en  deux  parties  presque  égales 
par  le  35  deg.  de  longitude  ,  Se  Borckholm  ,  qui  en  eft 
la  capitale  ,  eft  presque  à  la  rencontre  de  ce  méridien 
Se  du  57  deg.  de  latitude.  Elle  eft  fur  la  côte  occiden- 
tale de  l'ifle  ;  l'ifle  même  a  un  peu  plus  de  quinze  lieues 
fuédoifes ,  qui  font  dix-neuf  milles  Se  demi  d'Allema 
gne ,  mais  elle  eft  fort  étroite.  La  côte  occidentale  n'a 
que  la  capitale  Se  deux  villages  ;  favoir ,  Aiebek  Se  Sme- 
debi.  L'orientale  au  contraire  eft  fort  peuplée.  On  y 
trouve  en  commençant  par  le  nord  Boda ,  Konings- 
gard,  Hogabi ,  Kelda  ,  Scapelind  ,  Genfiofa,  Runaften  , 
Moklebi ,  Stcnafa  &  deux  bourgs  ;  favoir ,  Hulfterftad 
Se  Ottenbi. 

OELEN  ,  feigneurie  des  Pays  Bas ,  avec  titre  de  com- 
té ,  dans  le  Brabant -Espagnol ,  à  demi-lieue  d'Heren- 
thals. 

OELS.    Baudrand  dit,  petite  ville  du   royaume    de 

Bohême  -, 


OEN 


Bohême ,  dans  la  Siléfie»  On  l'appelle  plus  fouvent  Ets.1 
Voyez.  Olss  ,  qui  eft  le  vrai  nom. 

OEMPHYLE,  montagne  à  Dyrrachium ,  félon  Vi- 
bius  Sequefter.  rlufieurs  manufcrits  portent  Oeniphi* 

1E  OU  OÉNtPWYLE. 

i.  OENA.  C'eft  ,  dit  Etienne  le  géographe,  une  ville 
delà  Tyrrhénie  très  fortifiée \  il  y  a  au  milieu  une  col- 
line de  trente  ftades  de  haut,  au  Commet  de  laquelle 
eft  une  fource  8c  une  forêt  de  toute  forte  d'arbres.  Il  ci- 
te Ariftotc ,  De  admir.  auscultation.  On  trouve  bien 
ces  détails  dans  le  livre  cité,  mais  cette  ville  y  eft  nom-- 
mée  Oenaria.  Pierre  Victorius  croit  qu'il  faut    lire 

VoLATERRA. 

i. OENA,  rivière d'Aflyrie.  Ammien  Marcellin,  /.  23. 
c.  3.  dit  que  l'Adiabène  ell  enfermée  entre  cette  rivière  & 
le  Tigre  ,  &  que  l'une  8c  l'autre  portent  des  barques.  /«- 
ter  Oenam  &•  Tigridem/ita  navigeros  fluvios. 

OEN/EUM  ,  bourg  fitué  quelque  part  vers  la  Pam- 
phylie  ,  félon  Nicetas  8c  Glycas,  cités  par  Ortelius. 

1.  ÔENAENTH1A ,  ville  de  la  Sarmatie  Afiatique , 
fur  le  Pont-Euxin  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  9.  11  la 
met  entre  l'embouchure  du  Burca  &  du  Thefiyris. 

2.  OENAENTHIA  ,  ville  maritime  de  Grèce  ,  dans 
l'Etolie  ,  aux  confins  de  l'Acarnanie ,  félon  Ortelius. 
Polybe  dit  qu'elle  eft  vis-à-vis  d'A^gyre.  En  ce  cas,  elle 
ne  fauroit  avoir  été  aux  confins  de  l'Acarnanie ,  mais 
bien  fur  la  frontière  de  l'Etolie  8c  de  la  Locride.  Ainû 
ce  fera  la  même  qu'OEANTHE. 

OENANDA.  Voyez.  Oenoanda. 

OENARIA.  Voyez,  Oena  i. 

OENE ,  ville  du  Péloponnèfc ,  dans  l'Argie,  félon 
Etienne  le  géographe. 

OENEANDA.  Voyez.  Oenoanda. 

OENEI ,  ancien  peuple  de  la  Dalmatie  ,  félon  Pli- 
lie,  /.  3.  <.  I  2.  où  Hermolaus  Baibarus  a  mis  ce  mot  pris 
de  I'Onei  de  Ptolomée  i  mais  tous  les  manuferits  por- 
tent Ozu/tr ,  au  rapport  du  P.  HardoUin. 

OENEON.  Voyez.Oi.-Hw vi. 

OENEUS ,  rivière  de  l'Illj  rie  ,  dans  la  Libumie  ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  2»  c.  17.  lien  met  l'embouchure  en- 
tre Tarfatica  8c  V cirera. 

OENIADA.  Voyez.  Oenoanda. 

OEN1AD/E,  ancienne  ville  de  Grèce,  dans  l'Acâr-^ 
flanie  ,  à  l'embouchure  de  l'Acheloiis ,  aux  confins  de 
l'Etolie.  Scylax  de  Caryatide  dit  dans  fon  périple ,  la 
ville  d'Aftacus ,  le  port ,  le  fleuve  Acbelous  &  la  ville 
d'Oeniades.  Les  Etoliens  s'érant  approprié  cette  ville 
qu'ils prétendoient  être  dans  leur  territoire,  les  Romains 
par  un  décret  la  rendirent  aux  Acarnanicns  (  a  ) ,  à  qui 
elle  avoit  anciennement  appartenu  (  h  ).  Etienne  le  géo- 
graphe dit  :  Oeniad*,  ville  d'Acarnanie  fur  l'Acheloiïs  t 
on  la  nomme  auifi  Erysiche.  On  croit  que  c'eft  au^- 
jourd'hui  Dragomestro.  (a)  Tue-Livc ,  1.  38.  c.  11. 
(  b  )  Thucydid.  I.  1 .  p.  73. 

OENIANDOS.  Voyez.  Epiphanie,  n°  1. 

OENIANES.  Voyez.  JErnA^s. 

OENION,  port  de  Grèce  ,  chez  les  Locres  Ozoles, 
félon  Etienne  le  géographe  :  il  cire  le  troifiéme  livre  de 
Thucydide  où  ce  mot  eft  écrit  itviùv  par  un  t  au  lieu  qu'E- 
tienne l'écrit  par  un  / ,  ontuv. 

OENIPH1LE.  Voyez,  Oemphile. 

OENI  PONS  ,  pont  fur  une  rivière  qui  coutoit  entré 
la  Rhétie  8C  le  Norique.  Cette  rivière  eft  celle  de  l'Info 
qui  coule  en  Bavière  8c  vient  du  Tirol  ,  qu'elle  traverfe  , 
&  des  Grifons ,  où  elle  a  fa  fource.  Il  s'agit  d'un  pont  fur 
J'Inn.  La  notice  de  l'Empire  &  Antonin  en  font  men- 
tion ,  comme  je  dirai  ci -après.  Inspnick  veut  dire  préci- 
fément  Pont  fur  Vlnn  ,  ôc  de-Ià  on  a  conclu  qu'In- 
fpruck  eft  ['Oeni  Tons  des  anciens ,  comme  fi  une  rivière 
de  cette  longueur  n'avoit  jamais  eu  qu'un  pont ,  &  qu'il 
eût  toujours  été  au  même  endroit.  Cluvier  croit  que  ce 
pont  étoit  un  partage  fur  la  route  qui  va  de  Munick  à 
Salrzbourg,  8c  il  le  prend  au  bouig  à'Alt-Hohcnau.  Il 
le  fonde  fur  cette  route  d' Antonin  ; 


OEN       6$$ 


Ambrant  >         XXX  il 
Auguftam  Vin- 

delicum,        XXXVII 


M.  P. 

M.  P.  Augfbourg. 


Juvavum  , 

Salrzbourg. 

Bidaium , 

XXXIII 

M. 

Pas. 

Buichaufen. 

Tontem  Aeni , 

XVIII 

M. 

P. 

Alt-Hohcnau. 

Ifiniscum , 

XX 

M. 

P. 

Munick. 

Velfër  dispofe  les  chofes  bien  autrement  \  il  met  lé 
Pont  de  Vlan  à  Oetingen  en  Bavière  ,  8c  donne  le  nom 
d'Ifinisca  à  la  rivière  qui  vient  du  couchant  fe  jetteC 
dans  l'Inn  ,  au  defious  d'Oetingen.  Cellanus  appelle  ce 
pont  Oeni-pons  inferior  ,  afin  qu'on  ne  le  confonde  point 
avec  Infpruck,  qui  eft  bien  plus  haut  8c  bien  plus  mo- 
derne. Il  ajoute  qu'on  ne  fait  pas  fi  auprès  de  ce  pont  il 
y  avoit  une  ville  ou  un  village ,  ni  au  cas  qu'il  y  eût 
l'un  ou  l'autre,  s'il  étoit  fur  la  rive  droite  ou  fur  la- 
gauche.  Il  eft  vrai  que  ni  l'itinéraire  d'Antonin  ,  ni  la  ta- 
ble de  Peutinger  ne  le  difent  pas  ;  maisc'étoit  un  paffage, 
ôc  ce  pont  étoit  gardé  par  une  garnifon  Romaine  ;  il  y 
avoit  au  moins  de  quoi  la  loger.  La  notice  de  l'Empire  , 
fecl.  29.  met  au  département  du  commandant  de  la 
première  8c  de  la  féconde  Rhétie  Equités  Stablefiani 
juniores  Ponte  Oeni  ;  mine  Fabianis.  On  les  en  retira 
enfuite  pour  les  mettre  à  Fabiana.  Rien  n'eft  plus  or- 
dinaire que  ces  changemens.  Simler  ,  Velfer  8c  Lazius 
mettent  Y  Oeni  pons  des  anciens  à  Oetingen.  Il  eft  fur 
qu'il  ne  faut  point  le  chercher  à  Infpruck  qui  eft  mo* 
derne. 

OENIS ,  tribu  de  l'Attique ,  félon  Pollux* 

OENIUM  NEMUS  ,  bois  ainfi  nommé  dans  l'Afie 
mineure,  dans  la  Lycie,  auprès  de  Candyba,  félon  Pli- 
ne ,  /.  5.C.  27. 

OENOANDA  ,  ou  Oeneanda,  ou  même  Enean- 
da  (  au  pluriel ,  genit.  orum  )  ancienne  ville  de  la  Lycie». 
Tire- Live  dit ,  liv.  38.  cap.  37.  Ayant  envoyé  de  Perga 
ion  frère  ,  L.  Manlius,  avec  un  corps  de  quatre  mille 
hommes  à  Oenoanda  pour  recevoir  le  refte  de  l'argent 
qu'on  y  avoit  promis  de  payer  ,  il  ramena  lui-même 
l'armée  à  Apamée.  On  lifoit  anciennement  Oroanda  s 
maisSigoniusa  averti  qu'il  falloir  lire  Oenoanda,  8c  Gro* 
hovius  a  reçu  cette  correction  dans  le  texte.  Pline ,  U 
5.  c.  28.  dit  que  la  Lycie  a  dans  les  terres  la  Cabâlie  oà 
font  trois  villes  ;  favoir ,  Oenoanda  ,  B.ilbura  8c  Bubon* 
Ptolomée  donne  de  même  à  la  Cabalie  Bubon  y  Oenean- 
da 8c  Balbura.  Strabon  ,  /.  13.  extrême  nommé  aulîî 
cette  ville ,  mais  d'une  manière  vicieufe  ,  car  on  y  lie 
«Voeti/W  pour  wcà.vS'w.  Etienne  écrit  auftî  Oenoanda» 
Cette  ville  a  été  épiscopalc  >  au  premier  concile  de  Con- 
ftantinople  on  trouve  Patricius  Oenoandenfîs.  Elle  eft 
nommée  Henoanda ,  'Hi^ai-J*.  dans  la  notice  de  Hie- 
roclès. 

OENOCHALACORUM  OPPIDUM  ,  nom  d'une 
ville  qui  doit  être  quelque  part  dans  la  Perfide,  félon 
Ortelius  ,  Thef.  qui  cite  Procope  au  deuxième  livre  de 
la  guerre  des  Perfes. 

OENOCHOUS,  partie  du  mont  Oïta  ,  félon  Athé- 
née ,  /.  9.  fub  fin. 

1.  OENOE,  ou  OenoA,  bourg  de  l'Attique,  dansi 
les  tetres.  Spon  ,  lifte  de  l'Attique  ,  p.  370.  en  marque 
deux  de  ce  nom  ,  l'une  dans  la  tribu  jtantide,  vers  les 
limites  de  l'Attique  8c  de  la  Bcotic  ,  proche  des  Eleutho* 
riens. 

2.  OENOÉ  (l'autre  ) ,  étoit  de  la  tribu  Hippothoon- 
tide ,  près  de  Mararhon.  C'étoit  l'une  des  quatre  pre- 
mières &  plus  anciennes  villes  de  l'Attique.  C'eft  de 
celle-là  que  parle  Ptolomée  >  /.  3.  c  ij.  qui  la  met  dans 
les  terres. 

3.  OENOÉ,  ville  de  l'Elide»  au  Péloponnèfe ,  fe«J 
Ion  Strabon,  /.  8.  p.  338.  Il  femble  douter  fi  une  qua-< 
triéme  Ephyre  dont  il  parle ,  étoit  la  même  qu'OE» 
noé,  nommée  auffi  Boeonoa  ,  ou  fi  elle  en  étoit  feu* 
lement  voifine. 

4.  OENOÉ  ,  l'une  des  deux  villes  qui  étoient  dan9 
l'ifle  d'Icaria,  félon  Etienne  le  géographe.  L'autre  ville 
étoit  Dracanum.  Strabon  parle  auffi  de  cette  Oe- 
Ndé. 

5.  OENOÉ,  ville  de  la"  Laconie,  au  Péloponnè- 
fe, à  l'occident  d'Epidaure ,  félon  Ptolomée,  liv.  3,' 
c.  16, 

6.  OENOE  ,  lieu  maritime  d'Afie ,  dans  la  Cappa- 
docc.  Le  périple  du  Pont  Euxin  par  Arrien  ,  p.  16.  édiu 
Qxqïl  met  ce  lieu  entre  le  Thoaris  Si  le  Phigamws,  tàj 

2m. ir.  Lll| 


634       OEN 


OEN 


la  féconde. 

7.  OENOE ,  lieu  des  Corinthiens  ,  fur  le  promon 


vïeres ,  à  trente  ftades  de  la  première  &  à  quarante  de    de  fon  nom  :  que  Siculus  fut  reçu  parmi  eux  favorable- 
ment ;  mais  qu'il   desunit  la  nation   contre  les  loix  de 
l'hospitalité  6c  qu'il  s'y  fit  un  peuple  particulier  ;  il  con- 
toiire  d'Olenia.  Strabon  ,   /.  8  &  9.  6c  Thucydide  en     clut  enfin  ainfi  :  Ceux  qui  ont  porté  fucceflivement  les 
font  mention.  noms  de  Sicules  ,  de  Morgetes  6c  d  Italiens  font 

8.  OENOÉ  ,  fontaine  d'Arcadie  ,   au  Péloponnèfe  ,     les  mêmes  que  les  Oenotriem. 

félon  Pau iànias,  cité  par  Ortelius.  Mais   voyons,   continue  Denys   d'Halicarnaffe ,  ce 

9.  OENOE  ,  ville  delà  même  contrée,  félon  Suidas  6c     qu'on  doit  penfer  des  Oenotriens  fur  le  témoignage  d'un 


Etienne  le  géographe. 

10.  OENOÉ,  village  de  l'Algie  ,  au  Péloponnèfe, 
félon  Paufanias,  /.  2.  c.  25. 

n.  OENOE,  Me  de  l'Archipel,  l'une  des  Spora- 
des.  Pline ,  /.  4.  c.  1 2.  en  fait  mention.  On  la  nomma 
enfnite  SicrNUS. 

1.  OENONE,  deux  bourgs  de  l'Attique. 

2.  OENONE ,  ancien  nom  de  l'ifle  dVEgine. 
OENOPARAS ,   ruiffea'u  qui  coule  en   Ane ,  dans 

le  territoire  d'Antioche  de  Syrie,  félon  Strabon,  liv. 

16. 

OENOPHYTA  ,  lieu  de  Grèce  ,  dans  la  Beotie.  Il  eft 


des  plus  anciens  auteurs  :  c'eit  Pherecyde  ,  qui  de  tous 
les  Athéniens  a  le  mieux  écrit  les  généalogies.  Voici  ce 
qu'il  dit  des  rois  d'Arcadie:  Lycaon  fut  fiis  de  Pelasge 
6c  de  Déjanire  :  il  époufo  Cyllene  ,  nymphe  Nayade, 
d'où  le  mont  Cyllene  a  tiré  fon  nom.  Cet  hiftorien 
nomme  enfuite  tous  leurs  enfans  ,  indique  les  lieux  où 
ils  s'établirent ,  parie  de  Peucetius  6c  d  Oenotrus  en 
ces  termes  :  Oenotrus  ,  dont  les  Oenotriens  portent  le 
nom,  6c  Peucetius,  qui  donna  le  fien  aux  Peucétiens  , 
panèrent  l'un  6c  faune  la  mer  dlonie.  Tel  eft  le  fen- 
timent  des  anciens  poètes  6c  des  premiers  auteurs  de 
la  fable  au    fujet  des  Oenotriens ,  6c  des  pays  qu'ils 


remarquable  par  la  victoire  que  les  Athéniens,  conduits  pnt  habités.  Pour  moi ,  c'ell  toujours  Denys  qui  parle, 
par  Myronide,  y  remportèrent  fur  les  Béotiens,  félon  Je  crois  fur  leur  autorité  que  les  Aborigines  descen- 
Thucvdide  ,  lïb.  \-P*g-  70.  &  /.  4-  p-   316.  Son  Sco-     doient  de  ces  Oenotriens,  s'il  eft  vrai  que  ces  Aborigi- 


nes foient  originaires  de  Grèce,  comme  Caton,  Sem 

pronius  6c  plufieurs  autres  l'ont  dit.  Je  trouve  en  effet 

que  les  Pélasgiens  ,  les  Créais  6c    les  autres  qui  ont 

demeuré  dans  l'Italie  ,  y  font  venus  long-tems  après  les 

Aborigines  ,  8c  je  ne  fâche  pas   qu'aucune  flotte  avant 

qui  les  cite  ,  dit  qu'ils  allèguent  Appîen  &  Ruffin  ,  6c     la  leur  foit  paflëe  de  Grèce  dans  les  parties  occidentales 

ne  garantit  point  la  fidélité  de  leur  citation.  de  l'Europe.  J'ai  raifon   même  d'être  perfuadé  que  les 

1.  OENOTRI,  ancien  peuple  de  la  Méfopotamie  ,     Oenotriens  s'emparèrent  de  plufieurs  endroits  de  l'ita- 

felon  Etienne  le  géographe.  lie  qui  étoient  incultes  6c  abandonnés,  6c  qu'ils  enle- 


liafte  dit  :  t*  O'ivoçvt*  %t»f'm,ns  Bo/oTW^Oeriophyta,  lieu 

de  Béotie. 

OENOPLlA.Bodin,dans  fa  méthode,&  Vignier,  dam 
fa  bibliothèque  hiftoriale  ,  difent ,  que  c'éioit  le  terme 
de  la  domination  romaine  au  midi.  Ortelius  ,  Thcfaur. 


2.  OENOTRI ,  anciens  peuples  d'Italie,  Denys  d'Ha- 
licarnafie  dît  :  Ç'étoit  une  colonie  d5 Arcadiens.  Les  Ar- 
cadiens  furent  les  premiers  Grecs  qui  traverferent  la 
mer  Ionienne  ,  fous  la  conduite  d'Oenotrus,  fils  de  Ly- 
caon ,  6c  qui  vinrent  s'établir  en  Italie.  Cet  Oenotrus 
écoic  le  cinquième  depuis  Efée  6c  Phorônée  ,  qui  ré- 
gnèrent les  premiers  dans  le  Péloponnèfe.  Niobe  éioit 
fille  de  Phoronée.  De  Niobe  6c  de  Jupiter  ,  dii-  on ,  na- 
quit Pelasge.  Lycaon  fut  fils  d  Efée  :  il  eut  pour  fille  Dé- 
janire. De  Déjanire  &  de  Pelasge  ,  fortit :  un  autre  Ly-  OENOTRIA  ,  félon  Antiochus  de  Syracnfe  ,  cité  par 
caon  ,  dont  Oenotrus  fut  fils ,  dix-fept  générations  avant  Strabon ,  /.  6.  Dans  les  commencemens  l'Oenotria  n'é* 
la  guerre  de  Troye.  Ce  fut  en  ce  tems  que  la  colonie     tojt  qPje  ja  (]out>]e  presqu'ifle  ,  qui  comprend  les  deux 


veren:  encore  une  grande  partie  de  l'Ombrie  Se  qu'on 
les  appella  dborïginéSy  de  la  demeure  qu'ils  avoient  fur 
les  montagnes  (du  mot  grec  epejquiveut  dire  Montagrtt  ) 
où  les  Arcadiens  s'étabîiflent  plus  volontiers  que  tout 
autre  part  ;  de  même  que  chez  les  Athéniens  on  ncm- 
moit  Hypers  cri en s  ,  ectix  qui  habitoient  les  hauteurs, 
6c  Parhalifns  ,  ceux  qui  demeutoient  proche  de  la 
mer.  *  Denys  d' '  HalicartiûJJc ,  Aniiq.  Rom.  1.  t.  c.  3. 
6c  fuiv. 


Grecque  pafla  en  Italie  :  Oenotrus  s'en  fit  le  chef,  peu 
content  du  patrimoine  qui  lui  devoit  tomber  en  parta- 
ge ,   paice  que  Lycaon  fon   père  avoit  vingt-deux  en- 
fans  ,  entre  lesquels  il  falloir  divifer  l'Arcadie.  Oeno- 
trus conflruifit  une   flotte  6c  traverfa   la  mer  Ionien- 
ne, accompagné  de  Peucetius,  l'un    de  fes  frères,  6c 
d'un  grand  nombre  de  fes  comparriotes  qui  s'embar- 
quèrent avec  lui  pour  chercher  ailleurs  une  meilleure 
deftinée.  A  peine  eurent-ils  abordé  l'Italie  ,du  côté  que 
s'élève  le  promontoire  Japyge  ,  que  Peucetius  débarqua 
fes  troupes ,  6c   fe  pla'ça  fur  le  fommet  de  la  monta- 
gne, donna  fon  nom  aux  habitans  du  pays  &  les    fit 
appeller  Peucétiens.  Oenotrus  pouffa  plus  loin  avec  la 
plus  grande  partie  de  la  colonie,  &  vint  mouiller  dans 
un  autre  golfe,  qui  baigne  l'Italie  du  côté  de  l'occident. 
Ce  golfe  fe  nommoit  alors  Aufonien  ,du  nom  des  peu- 
ples de  cette  côte  ;  mais  après  que  les  Thyrréniens  fe 
furent  rendus  maîtres  de  cette  mer,  ils  changèrent  ce 
nom  en  celui  de   Thyrrénien   qu'il  porte  aujourd'hui. 
Oenotrus  trouva  ce  pays  abondant  en  pâturages  &  très- 
propre    à  être  cultivé.  Il  chaffa  les  Barbares   de  l'en- 
droit qu'il  choifit  pour  fon  établiffëment,  6c  bâtit  fur- 
ies montagnes  plufieurs   petites  villes  à  la  manière  de 
ce  rems.  Toute  cette  vafle  région  qu'il  occupa,  fut  ap- 
pelée Oenotiue  ,  6c  les  peuples  qui  lui  furent  fournis  , 
changèrent  de  nom  pour  la  troilîéme  fois.  Ils  fc  nom- 
moient  Esiens  fous  le  règne  d'Efée ,  Lycaoniens  fous 
celui  de  Lycaon,  qui  lui  fuccéda,   6c,  après  qu'Ocno- 
trus  les  eut  fait  pafier  en  Italie  ,  ils  prirent  le  nom  d'Oe- 
notriens  ,  Denys  d'Haiicarnaffc  dont  j'emprunte  ceci , 
fe  fert  des  témoignages  de  Sophocle,  &  d'Antiochus  de 
Svracufe  ,  très-ancien  auteur  qui  dit  :  Cette  région  qu'on 
appelle  maintenant  Italie,  fut  autrefois  pofledée  par  les 
Oenotriens.  11  dit  ou'Italus  régna  quelque  tems  dans 
le  pays  ,  6c  qu'il  donna  fon  nom   aux  habitans  ;  que 
"Moigévt  lui  fuccéda,  &  fit  appeller  ces  mêmes  peuples 


Calabres ,  6c  qui  eft  terminée  du  côté  de  la  mer  infé- 
rieure par  le  fleuve  Lnns  ;  6c  du  côté  d"  la  mer  fupérieu- 
re  par  le  Sybaris  de  Tburimn.  *  Le  I\  de  Charlcvoix , 
Mém.  manu  fer. 

OENOTRIDES  ;  il  y  avoit  deux  ifles  de  ce  nom  qu'il 
n'eft  pas  aifé  de  retrouver.  Pline  ,  /.  3.  c.  7.  dit  :  Contra 
Ftiftamm  Sinlim  Leucafea  tft  à  Sirène  ibi  fipulta  appel- 
lata.  Contra  Veliam  Pontia  &  Iscia  ,  tt  traque  uno  nomi- 
ne  Oenotrides  :  Argnmenuirn  f"JJeJ]œ  ab  Oenotrus  ltulis.  ; 
c'eftà-dire,  devant  le  golfe  dePeiti  (c'eft  aujourd'hui  ce 
lui  de  Saler  ne  )  eft  Leucafie  ,  ainfi  nommée  à  caufe  d'une 
Syrène  qui  y  efl  enterrée  ,  (ce  heu  eft  préfentement  la  Li- 
cosa  ,  vis-à-vis  de  Vtiia  (qui ,  félon  le  P.  Hardouin, 
eftCaliel  a  Mare  délia  Btucca)  font  Pontia  &  Iscia, 
toutes  deux  nommées  Oenotrides,  d'un  nom  qui  leur  efl 
commun  ,  6c   qui  efl   un   monument  de  la  poffeflion 
que  les  Oenotriens  ont  eue  de  l'Italie.  Ces  ifles  qui  de- 
vroient  être  au  midi  du  golfe  de  Salerne  ne  s'y  trou- 
vent  point.  Elles  devroient  fe  trouver  dans  la  partie 
feptcntrionale  de  la  Principauté  Citérienrc;  mais  en  re- 
montant beaucoup  plus  haut  6c  fur  la  côte  de  la  terre  de 
Labour ,  on  trouve  fept  ou  huit  ifles ,  dont  les  plus  cou- 
la!, tables  font  Ponza  &Isckia.  Il  y  a  bien  de  l'ap- 
parence que   ce    font  les  deux  dont  Pline  fournit  les 
noms-,  mais  y  en  a-t-il  beaucoup  qu'il  les  ait  fi  vilaine- 
ment dérangées,  lui  qui connoiflbit  fi  bien  l'Italie î  C'ett 
en  cela  que  confifte  la  difficulté.  Strabon  parle  auili  des 
ifles  Oenotrides  ;  6c  ne  les   place  pas  autrement  que 
Pline,  /.  6.  p.    2; 2    &  258.  Il  ajoute  même  que  ces 
ifles  6c  quelques   autres  étoient  des   parties  du  conti- 
nent ;  donc  elles  en  dévoient  être  fort  proches ,  6c  ainfi 
ces  Oenotrides  ne  peuvent  être  les  ifles  de  Ponza  cx'd'ls- 
chia  que  nous  connoiffons. 

OF  NOTRIE  ,  nom  donné  à  la  partie  de  l'Italie,  habi- 
tée par  les  Arcadiens  qu'Ocnouiisy  avoit  amenés  comme 


OES 


on  voit   dans    l'article  précédent.   Sewius  expliquant 
«s  vers  de  Virgile ,  JEneid.  I.  7.  v.  %$. 

Hinc  ItaU  Gentes  omnisque  Oenotria  Tellus  , 
In  dubiis  responja  petunt. 

fait  cette  remarque  :  L'Oenorrie  eft  proprement  la  terre 
des  Sabins  ,  à  caufe  du  roi  Oenotrius.  Denys  d'Halicar- 
nafle,  plus  favant  que  ce  grammairien  ,  donne  bien  plus 
d'étendue  à  l'Oenotrie  ,  comme  on  peut  voir  dans  l'ar- 
ticle Oenotrie. 

OENS1S  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans  la  Tripoli- 
laine.  Voyez.  Oeensis  qui  eft  le  vrai  nom.  Voyez,  auflï 

NlCENSIS. 

OENUNIA.Koyec  Sinunia. 

OENUNS  ,  rivière  du  Péloponnèfe,  auprès  de  Sparte 
&  de  Salafic.  Polybe  8c  Tite-Liveenfont  mention.  Voyez. 
Babyce. 

OENUS.  Quelques-uns  écrivent  vEnus  ,  nom  latin 
de  I'Inn,  rivière  d'Allemagne.  Voyez.  Inn.  L'ancien  pont 
fur  l'Inn  ,Oeni-Valus  .  s'appelle  en  allemand  Inthal  , 
&  la  ville  qui  eiî  fituée  à  fon  embouchure  dans  le  Da- 
nube, fe  nomme  Instadt,  en  latin  Oenopolis  ,  ou 
en  latin  barbare  OenÏstadium.  Vtycz.  Oenipons,  ln- 
fpruck,  Instadt,  &c. 

Le  nom  d'Oeaus  eft  diverfement  écrit  par  les  anciens: 
car  outre  I'/Enus  d'Antonin  &1'Enus  de  la  table  de  Peu- 
tinger  ,  on  trouve  Henus  dans  Arrien ,  Hinus  dans  Paul 
le  Diacre  ,  &  Aventin  croit  que  I'Atesinus  de  Strabon 
eft  cette  rivière.  Cette  remarque  eft  d'Ortelius. 

1.  OENUSSA  ,  ifle  fur  la  côte  de  l'Afie  mineure, 
félon  Etienne  le  géographe.  Hérodote,  /.  1.  «°  165.  & 
Pline,  /.  j.  c.  31.  en  font  auffi  mention.  Elle  croit  voi- 
fine  de  l'ifle  de  Chio.  Son  nom  marque  la  bonté  de  fon 
vignoble. 

2.  OENUSSA ,  l'un  des  anciens  noms  de  Carthage. 
Voyez.  Carthage. 

OENUSS/E.  Pline  ,  /.  4.  c .  1 2.  nomme  ainfi  trois  ifles 
qu'il  place  vis-à-vis  de  Meflene.  Paufanias,  /.  4.  c.  34. 
parle  auffi  d'OENUsSiî  ,  mais  il  n'en  fait  qu'une  ifle  voi- 
fine  du  promontoire  Acritas.  Pomponius  Mêla,  /.  i.c. 
7.  dir  de  même  ,  mais  au  fingulier.  Cythera  contra  Ma- 
leam,  Oennja  &  Theganufa  contra  Acritam.  Il  n'y  avoit 
proprement  qu'une  ifle  qui  méritât  ce  nom  ,  Si  c'eft  au- 
jourd'hui Carpe ra.  C'eft  la  plus  grande  ,  les  autres  ne 
font  que  des  écueils. 

OEOS,  petite  bourgade,  dans  la  dépendance  de  Te- 
gée.  Eschyle  en  parle  dans  un  de  fçs  po'émes  qui  n'exi- 
fte  plus.  Ortelius  demande  avec  raifon  de  quelle  Te- 
gée  ?  Car  il  n'y  en  avoit  pas  pour  une  feule. 

OEPOLIUM.  Voyez.  iEponuM. 

OEROA  ,  petite  ifle  de  Grèce  ;  elle  eft  formée  ,  dit 
Hérodote ,  in  Calliope.  par  la  rivière  d'Afopus  &  par  la 
fontaine  de  Gargaphie. 

OEROANDA.  Voyez.  Oenoanda  ,  Se  Oroanda. 

OESCA.  Voyez.  Osca. 

OESCUS  ,  ancienne  ville  de  la  Baffe-Mœfie.  La  noti- 
ce de  l'Empire  ,  fetl.  31.  dit  :  Sous  le  département  du 
commandant  de  la  Dacie  Ripenfe,  Auxilium  Marienfium 
Oesco.  Ptolomée  met  dans  la  Baffe-Mœfie  ,  auprès  du 
Danube  Oescus  Triballorum.  L'itinéraire  d'Antonin 
la  nomme  Escon.Legi.  Mag.  Simler  dit  qu'il  faut  lire  Le- 
gio  I.  Macédonien.  Procope,  JEdifc.  I.  4.  c.  6.  parle  d'une 
place  éloignée  du  Danube  ,  nommée  Iscos  ;  &  fortifiée 
par  Juftinien  ;  ce  ne  fauroit  être  l'Oescus  des  anciens  qui 
étoitprèsdu  Danube  ;  mais  outre  la  ville  d'Oescus,  il 
y  avoit  une  rivière  de  même  nom  qui  a  pu  donner  le 
nom  au  fort  de  Juftinien.  Le  nom  ancien  de  cette  ri- 
vière eft  bien  reconnoiflablc  dans  celui  d'Ischa  ou  Isca 
qu'elle  conferve  encore  à  préfent.EIlceft  nommée  Escus , 
dans  la  carte  de  Peutinger.  Pline,  /.  3.  c.  20.  qui  la. 
nomme  Oescus, dir  qu'elle  a  fa  fource  dans  le  mont  Rho- 
dope.  Ortelius  foupçonne  que  c'eft  peut-être  le  Cius 
d'Hérodote. 

OESEL  ,  prononcez  Oeufel,  ifle  de  la  mer  Baltique  , 
fur  la  côte  de  la  Livonie ,  &  particulièrement  de  l'E- 
fthonie  dont  elle  relevé.  On  la  nomme  en  latin  Oftlta  ; 
elle  eft  devant  le  golfe  de  Riga ,  &  n'eft  feparée  de 
l'ifle  de  Daghoé  que  par  un  détroit  d'un  mille  de  lar- 
geur. Les  Danois  l'ont  poffédée  jusqu'à  l'an    164;  , 


OES        6if 


qu'ils  la  cédèrent  à  la  Suéde  par  le  traité  deBromfebroe 
Elle  a  fuivi  le  fort  de  la  Livonie  dans  les  conquêtes  de 
Pierre  le  Grand  ,  empereur  de  Ruffie. 

OESFELD  ou  Ossfeld  ,  petite  ville  de  Saxe  ,  dans 
la  Baffe-Saxe ,  aux  confins  du  duché  de  Brunswick  &  du 
duché  de  Magdcbourg  ;  partie  dans  l'un  &  partie  dans 
l'autre.  Elle  eft  fituée  fur  l'Aller.  *  Zeyler ,  infer.  Sax. 
Top.  p.  191. 

GESPORIS  ou  Isporis  ,  félon  les  différens  exem- 
plaires de  Ptolomée  ,  ancjgfnnc  ville  de  l'Afrique  pro- 
pre. Marmol  croit  que  le  nom  moderne  eft  Sibaca. 

OESTERREICH.  Les  Allemands  appellent  ainfi  1' Au- 
triche en  leur  langue. 

OESTROS.  C'eft  ainfi  qu'Ortelius  a  lu  dans  Pompo- 
nius Mêla  le  nom  d'une  rivière  de  Pamphylie  ;  maison 
lit  préfentement  dans  cet  auteur,  /.  1.  c.  14.  Cestros. 
On  peut  voir  l'obfervation  d'Ifaac  Voffius  fur  ce  nom. 

OESTRYMNICUS  SINUS. 

OESTRYMN1DES  INSUL^. 

OESTRYMNIS  PROMONTORIUM. 

Comme  ces  lieux  ne  font  connus  que  de  Fefhis  Avie- 
nus  ,  le  feul  des  anciens  qui  en  ait  parlé  que  je  fachc, 
il  faut  rapporter  ici  ce  qu'il  en  dit  dans  le  poeme  ou  il 
décrit  la  côte  de  la  mer.  Après  avoir  parlé  du  détroit , 
des  colomnes  d'Hercules ,  de  la  ville  de  Gaddir  ,  nom- 
mée autrefois  Tarteffus ,  il  ajoute ,  Ora  Marit.  verf. 
90. 

Et  prominentis  hic  jugifurgit  caput, 

(  Ocftrymmn  iftud  dixit  œvum  antiquius  ,  ) 

Moles  que  ce  If  a  faxei  faftigii , 

Iota  in  tepemem  maxime  vergit  notum. 

Voilà  pour  le  promontoire;  c'eft  une  montagne  donc 
le  fommet  eft  de  roche  ,  ôc  dont  la  pente  eft  tournée  du 
côté  du  midi.  Voici  pour  le  golfe  ; 

Sub  hujus  autem  prominentis  vertice  , 
Sinus  dehiicit  incolis  Oeftrymnicus. 

Voilà  pour  le  golfe ,  qui  commence  à  ce  promontoire. 
Voici  pour  les  ifles  qui  font  dans  ce  golfe,  &  pour  les 
peuples  qui  les  habitent  ; 

In  quo  infulafefe  exerunt  Oeftrymnides  , 
Laxè  jacentes  ,  &  métallo  divites  , 
Stanni  atque  Tlumbi.  Multa  vis  hiegentis  eft, 
Superbus  animas  ,  efficax  folertia  ; 
Ncgotiandi  cura  jugis  omnibus  ; 
Novisque  Cymbis  turbidum  latè  fretum  , 
Et  bclluofi  gurçitcm  Oceanifecant. 
Non  hi  carinas  quippe  puni  texere 
Aureve  norunt ,  non  abiete ,  ut  ufus  eft  , 
Curvant  fafelos  :fed  rei  ad  miraculum  , 
N-ivigia  \unïlis  femper  aptant  pellibuf  , 
Corioque  vaftum  fœpe  percurruntfalum. 
Ajl  hinc  duobus  in  Sacram  ,  (fie  inj niant 
Dixere  pris  ci  )  Solibus  curfus  rati  eft. 
Ujx  inter  undas  Ceipitem  multum  jacitt 
Eumque  latè  gens  Hibernorum  colit , 
Tropinqua  rurfus  infitla  Albionum  patet. 
Ta>  tejjiisque  in  terminos  Otftrymnidum  , 
Ncgotiandi  moserat,  Carthaginis 
Etiam  Coloni ,  &  vulgus ,  inter  Herculis 
A  gitans  Columnas  h&c  adibant  aquora ,  Sic. 

Ces  ifles  étoient  riches  en  métaux  ,  principalement  en 
plomb  ik  en  ctain.  Cela  rcffemble  bien  à  l'idée  que  les 
anciens  ont  eue  des  ifles  Caffiterides.  L'Irlande  &  l'An- 
gleterre qui  viennent  enfuite  ,  confirment  de  plus  en 
plus  la  conjecture  d'Ortelius  qui  croit  que  ce  golfe  eft  le 
golfe  de  France.  A  l'égard  du  naturel  àes  peuples ,  on 
n'en  peut  faire  aucune  comparaifon  avec  l'état  préfenr. 
Le  mélange  des  divers  peuples  qui  fe  font  établis  dans 
ces  ifles  ,  a  dû  faire  un  grand  changement  dans  les  mœurs. 
Il  eft  naturel  que  des  Infulaires  foient  de  bons  hommes 
de  mer.  Quant  à  leurs  bateaux  de  cuir  ,  on  remarque 
par  l'exemple  des  Eskimaux  &  des  autres  peuples  fau- 
vages  de  l'Amérique  ,  que  l'ufage  des  canots  de  cuir  eft 
une  invention  affez  commune. 

j6m.iV.  LUI  ij 


6$6       OET 


OFF 


OESYMA  ,  ville  maritime  de  la  Macédoine  ,  dans  les 
conquêtes  faites  fur  la  Thrace  ,  entre  le  Strymon  Se  le 
Neftus.  Pline,  /.  4.  c.  1 1.  Pcolomée  ,  /.  3.  c.  13.  Se  Scy- 
lax ,  p.  2.6.  en  font  mention.  C'eft  la  même  que  IVEsymé 
d'Etienne  le  géographe. 

OETA  ,  longue  chaîne  de  montagnes  dans  la  Grèce, 
qu'elle  traverfe  depuis  le  pas  des  Thermopyles,  jusqu'au 
golfe  d'Ambracie ,  félon  le  P.  Hardouin ,  qui  fuit  en 
cela  Strabon  »  &  joinr  l'Oeta  avec  le  Pinde.  L'Oeta  com- 
mence aux  Thermopyles,  au  bord  du  golfe  Maliaque , 
court  d'orient  en  occident ,  au  nord  des  Locres  Epicne- 
midiens,  de  la  Doride,  la  fépare  au  couchant  d'avec  le 
peuple  Agruà  ;  traverfe  enfuite  l'Etolie  le  long  de  l'Eve- 
nus  ,  Se  va  le  terminer  avec  elle  dans  la  mer,  auprès 
des  ifles  Echinades.  Sophien  dit  que  le  nom  moderne 
eft  Bunina.  La  fable  a  dit  qu'Hercule  s'étoit  brûlé  fur 
I'Oeta  :  auffi  le  peuple ,  qui  habitoir  au  pied  de  cette 
montagne  ,  avoit-il  un  culte  particulier  pour  ce  héros. 
Voyez.  Thermopyles. 

OETENSII ,  peuples  de  la  Baffe  Myfie ,  félon  Pto- 
loméc,  /.  3.  c.  10. 

.  OETES.  Etienne  le  géographe  nomme  ainfi  le 
mont  Oeta.  On  lit  à  préfent  Oeté ,  O/V»,  dans  cet  auteur. 
z.  OETES,  ville  de  Grèce,  auprès  delà  montagne 
de  même  nom ,  félon  Antonius  Liberalis  ,  qui  dit  qu'elle 
eut  pour  fondateur  Amphiffus,  fils  de  la  nymphe  Drio- 
pe.  Ortelius  dir  que  Diodore  nomme  auffi  cette  ville. 

1.  OETING    ou    Oetingen  ,    ville  d'Allemagne, 
dans  la  Haute-Bavière ,  fous  la  jurisdiclion  de  Burck- 
haufen.  Elle  a  elle-même  une  jurisdiction  qui  comprend 
le  bourg  de  Tisfling ,    un  monaftere  ,  deux  châteaux , 
fept  maifons  de  nobleffe  ,  huit  lieux  où  l'on  tient  mar- 
ché ,  Se  quelques  villages.  Elle  eft  fituée  fur  l'Inn ,  au- 
deffus  de  fon  confluent  avec  la  Saltgach.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  le  pont  de  l'Inn  ,  connu  chez  les  an- 
ciens fous  le  nom  A'Oeni-Pons.  Cette  ville  eft  avanta- 
geufement  fituée  pour  la  chaffe  &  pour  la  pêche,  Se  a 
été  long-tems  la  réfidence  des  rois  Se  des  ducs  de  Baviè- 
re, Se  même  les  princes  de  l'Empire  s'y  font  fouvent 
affemblés  à  caufe  des  irruptions  des  Huns  Se  des  Hon- 
grois. Le  nom  d'Otting  vient ,  dit-on ,  d'UTo  ou  Oto  , 
duc  de- Bavière,  fils  de  ThéodonH,  qui  y  établit  fon 
fiége ,  Se  à  caufe  duquel  elle  fut  nommée  Huodingen  ou 
Ottingen.  Welfer  n'eft  pas  de  ce  fentimenr.  Au  milieu 
de  l'égliie  de  iaint  Philippe  Se  de  faint  Jacques ,  où  «toit 
la  fépulture  des  princes,  faint  Rupert  y  baptifa  Die- 
then ,  fils  d'Otton  le  Grand  ,  duc  de  Bavière.  L'églife  que 
ce  prince  bâtit  auprès  de  fon  palais,  confacréeà  Jefus- 
Chrift  &  à  la  Vierge,  eft  appellée  la. vieille  chapelle. 
Quelques-uns  en  attribuent  la  fondation  à  Charlema- 
gne.  Les  Jéfuites  commencèrent  en  1591   un  établiffe- 
ment  auprès  de  cette  chapelle  ,  &  en  i6o5  le  duc  Ma- 
ximilien  les  y  affermit  Se  les  logea.  Les  Hongrois  ont 
autrefois  brûlé  l'ancienne  Oetingen  jusqu'à  cette  ancien- 
ne chapelle,  où  il  fe  fait  beaucoup  de  pèlerinages.  Le 
fauxbourg  devint  une  ville,  qui  eft  la  Nouvelle  Ot- 
tingen fur  l'Inn,   à  demi  heure  de  chemin  de  I'an- 
cienne  ,  qui  eft  à  un  quart  de  mille  de  cette  rivière. 
Ce  changement  arriva  en  907.  Carloman  ,  roi  de  Ba- 
vière Se  d'Italie ,  bâtit  à  Oetingen ,  en  876  ,  un  monaftere 
de  Bénédictins,  auquel  il  donna  des  biens  ,  tant  en  Ita- 
lie qu'en  Allemagne  :  il  y  fit  apporter  quantité  de  re- 
liques -,  entre  autres    de  faint  Maximilien,    de  fainte 
Félicité  &  un  bras  de  faint  Philippe.  L'an  1*28  le  duc 
Louis  de  Bavière  fonda  un  chapitre  de  douze  chanoines, 
avec  un  doyen  Se  un  prévôt.  L'ancienne  Oetingen  n'eft 
plus  qu'un  bourg;  il  y  a  la  collégiale  de  Saint  Philippe 
Se  de  Saint  Jacques.  Ces  lieux  font  du  diocèfe  de  Saltz- 
bourg.  L'empereur  Arnolphe  remporta  en  cet   endroit 
une  victoire  fur  les  Hongrois. 

L'ancienne  a  aux  environs  une  belle  plaine  de  terre 
a  grain.  C'eft  un  lieu  ouvert ,  qui  n'eft  ni  ville  ,  ni  bourg 
ni  village.  L'églife  de  faint  Philippe,  les  maifons  du 
doyen  ,  du  prévôt  Se  des  chanoines,  Se  celle  de  l'arche- 
vêque de  Saltzbourg  en  font  un  affez  beau  lieu.  La 
chapelle  &:  l'image  miraculeufe  que  l'on  y  garde ,  y  at- 
tire quantité  de  pèlerins ,  Se  font  ornées  de  tant  d'of- 
frandes ,  qu'on  appelle  cette  églife  la  Lorette  d'Alle- 
magne ,  à  caufe  du  tréfor  &  du  concours  de  ceux  qui 
y  viennent. 


La  nouvelle  eft  bien  bâtie ,  fermée  de  murailles.  Il 
n'y  a  point  de  monaftere,  mais  il  y  a  d'affez  belles 
paroiiles. 

2.  OETINGEN  ,  ville,  château,  comté  &  princi- 
pauté d'Allemagne ,  dans  la  Suabe.  Le  château  a  été 
depuis  long-tems  la  réfidence  des  comtes  d'Oetingen  (a). 
Les  biens  de  cette  maifon  font  partagés  en  deux  bran- 
ches ,  dont  l'une  eft  des  ptinces  d'Oetingen ,  &  l'autre 
ne  prend  que  la  qualité  de  comtes  d  Oetingen.  Les  prin- 
ces d'Oetingen  font  Luthériens,  les  comtes  font  Catho- 
liques. La  ville  d'Oetingen  eft  affez  jolie  fur  la  rive 
droite  du  Wernitz  ,  Se  n'eft  qu'à  deux  milles  de  Nord- 
lingen.  Wallerstein  ,  qui  appartient  auffi  à  cette  mai- 
fon ,  eft  peu  de  chofe. 

L'érection  de  ce  comté  (b)  en  principauté  eft  de  l'an 
1574.  ia)  Hubner3Géogï.  p.  417.  (b)  Baudrand ,  éd. 
1705. 

OETMARSEN  ,  prononcez  Outmarsen  ,  ville  des 
Provinces  Unies  des  Pays-Bas  dans  l'Overiffel,  dans  le 
pays  de  Twent ,  proche  du  comté  de  Benthem.  *Vitt. 
géogr.  des  Pays-Bas. 

OETUS  VICUS  ,  village  du  Péloponnèfe  ,  dans  la 
Laconie.  Diogene  Laè'rce  en  parle  à  l'occafion  de  My- 
fon  le  philofophe ,  qui  en  étoit  originaire  par  fon  père. 
Voyez..  Oeetis. 
OETYLUS,  Voyez.  Tylus. 

OEUIL  (  V  ) ,  rivière  de  France,  dans  le  Bourbonnois. 
Elle  a  fept  eu  huit  fources  entre  Mont-Luçon,  Mont- 
Meraut  Se  le  Montet-aux  Moines,  aux  villages  de  Cham- 
blet ,  Commenta ,  Colombier ,  Hids  ,  Saint  Preject , 
Sazeret ,  Chavenon  Se  au  bourg  de  Montet  :  tous  ces 
ruiffeaux  fe  réunifient  peu  à  peu ,  Se  forment  au-deflbus 
de  Cosne  une  feule  rivière  qui  paffe  à  Heriffon  Se  à 
Meaule;  elle  fe  perd  dans  le  Cher  à  Valifini ,  aux 
confins  du  Berri.  *  Jaillot ,  Atlas. 
OEUM.  Voyez,  Oium. 

OE^ENIS  ,  ancien  nom  de  Trebizonde,  félon  Etien- 
ne le  géographe.  Voyez.  Trapezus. 

OFANTE  (L'),  ouI'Offante,  Auf.dus ,  riviè- 
re du  royaume  de  Naples.  Elle  fort  de  l'Apennin  qu'elle 
traverfe  d'occident  en  orient.  Elle  a  fa  principale  fource 
dans  la  Principauté  Ultérieure  ,  auprès  de  Nusco&  de 
Sant  Angelo,  dans  les  mêmes  montagnes  qui  produifent 
laSabata  ;de-làelle  paffe  à  Conza,  remonte  vers  le  nord, 
coule  à  Monte-Verde,  Se  un  peu  au-deffus  elle  fe  courbe 
vers  l'orient ,  coule  au  midi  de  la  Capitanate  ,  qu'elle 
fépare  de  la  Bafilicatc  Se  de  la  Terre  de  Bari  ;  arrofe  dans 
cette  dernière  Canofa,  &  va  fe  perdre  dans  la  mer 
Adriatique  au  golfe  de  Manfredonia  ,  entre  Salpé  Se 
Barlette.  Il  y  a  à  fon  embouchure  une  tour  nommée 
Torre  di  Ofanto.  *  Jaillot ,  Atlas. 
OFEN  ou  Offen.  Voyez.  Bude. 
OFFELD.  Voyez,  Oesfeld. 

OFFEMBACH  ,  petite  ville  ou  bourg  d'Allemagne, 
dans  la  Franconie ,  fur  le  bord  méridional  du  Meyn  , 
à  une  lieue  Se  demie  au-deffus  de  Francfort,  félon  Bau- 
drand ,  éd.  170;  ,  qui  ajoute  que  le  comte  d'Ifenbourg, 
à  qui  elle  appartient ,  y.  fait  ordinairement  fa  demeure. 
OFFENBURG, ville  impériale  d'Allemagne,  au  cercle 
de  Suabe  dans  l'Ortnaw  ,  ou,  pour  parler  comme  Zeyler, 
Suev.  topogr.p.  60.  dans  le  Mordnaw.  On  prétend  qu'el- 
le prend  fon  nom  d'un  nommé  Offon  ,  qui  bâtit  une 
cellule  auprès  de  la  rivière  de  Schutter.  Ce  lieu,  qui  de- 
vint un  monaftere,  fut  nommé  Offonis  Cella  ,  Se  la 
ferme  du  monaftere  fut  nommée  Offonis  Villa  ,  Se 
communément  Offonis  Villare,  en  allemand  Of- 
fen Weiller.  Ce  même  Offon  bârit  auffi  la  ville  d'Of- 
fenbourg  fur  le  Kintzig  ,  à  un  mille  d'Offenzell ,  Se  ce 
lieu  fut  nommé  Offonis  Pyrgum,  d'où  eft  venu  Of- 
fenburg,  qui  en  eft  le  nom  moderne.  On  a  voulu  dire 
que  cet  Offon,  qui  vint  en  ce  pays,  vers  l'an 605 ,  étoit  un 
prince  du  fang  royal  d'Angleterre ,  Se  que  le  roi  d'Au- 
ftrafie  le  mit  en  cette  contrée.  On  a  encore  d'anciennes 
monnoies  qui  portent  le  nom  à'Offènburge r ,  ou  de  de- 
niers anglois  (  Englisch  Pfennïng  :  )  on  en  trouva  un. bon 
nombre,  l'an  15 26,  lorsqu'on  démolit  à  Strafbourg  le 
cloître  de  Sainte  Claire.  Cette  ville  eft  petite,  mais  affez 
joliment  bâtie  ,  à  deux  milles  de  Strafbourg.  On  y  pro- 
feffe  la  religion  Catholique.  L'églife,  la  chapelle,  qui 
eft  auprès  de  l'hôpital  Se  l'hôtel  de  ville  font  des  chofes 


OGE 


«jni  méritent  d'être  vues ,  au  rapport  de  Zeyler.  Cette 
ville  fut  engagée  par  l'Empire,  partie  à  l'églife  de  Stra- 
sbourg ,  partie  au  Markgrave  de  Baden  ,  &  enfuite  ra- 
chetée des  mains  de  l'évêque ,  à  qui  on  dit  qu'elle  ap- 
partenoit  encore,  auflï  bien  que  Gegenbach  en  1418. 
Baudrand  dit  que  cette  ville  avoit  un  ancien  château ,  6c 
qu'elle  étoit  allez  forte  ;  mais  qu'elle  fut  prife  6c  presque 
ruinée  par  les  François  en  1689. 

OFFENWEILLER  6c  OFFENZELL.  Voyez,  l'article 
précédent. 

OFFER.  Voyez  Offra. 

OFFIDA  ,  bourg  8c  château  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de 
PEglife,dans  la  Marche  d'Ancone  ,  vers  les  frontières  du 
royaume  de  Naplescx:  de  l'Abruzze  Ultérieure,  &  proche 
de  la  rivière  du  Tronto,  entre  Ascoli  &  Ripa-Ti  anfone,  à 
cinq  lieues  deFermoau  midi,  félon  Baudrand, édit.  1705. 

OFFIDIUM  ,  montagne  d'Italie.  Le  nom  moderne 
eft  Bazzano.  C'eft  où  vécut  fainte  Juftine ,  félon  Scipion 
Mazellâ  ,  dans  fa  defeription  du  Royaume  de  Naples. 

OFFRA  ,  place  d'Afrique  ,  dans  la  Guinée ,  au  midi  de 
la  rivière  de  Popo ,  fur  la  côte  au  royaume  d'Ardres , 
environ  à  cinq  lieues  du  bord  de  la  mer,  6c  à  feptd'Affem 
ou  Arda,  capitale  de  ce  royaume.  Bien  des  gens  con- 
fondent Jaquin  avec  Offra,  6c  ils  n'ont  pas  tour- à-fait 
tort,  (dit  le  chevalier  des  Marchais,  dans  fon  voyage 
publié  parle  P.Labat,  voyage  de  Guinée,  &c.  t.  i.p. 
284.  )  car  ces  deux  lieux  font  très-voifins ,  6c  la  ville 
d'Offra  s'étant  extrêmement  augmentée  depuis  cinquante 
à  foixante  ans ,  elles  fe  font  trouvées  unies ,  6c  ne  faire 
qu'une  ville  ,  que  les  Européens  nomment  indifférem- 
ment Offra  ou  Jaquin  »  8c  plus  communément  Ja- 
quin qu'OFFRA.  C'eft  dans  cette  ville  que  demeure  or- 
dinairement le  viceroi  du  royaume ,  6c  où  les  Européens, 
qui  trafiquent  ordinairement  dans  le  pays,-  ont  leurs 
comptoirs  8c  leurs  magafins  ;  mais  les  rois  d'Ardres 
n'ont  pas  voulu-  permettre  à  aucune  des  nations  Euro- 
péennes de  bâtir  des  forts,  de  crainte  qu'ils  ne  fe  ren- 
diffent  maîtres  du  pays. 

"  OFFRAN  VILLE,  bourg  de  France,  dans  la  Haute 
Normandie,  au  pays  de  Caux  ,  élection  d'Arqués. 

OFICA,  petite  ifle  de  l'Océan  oriental ,  entre  les  ifles 
de  Firando  8c  de  Goto  ,  au  Japon. 

OFITANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  pro- 
vince proconfulaire.  Parmi  les  évêques  de  ce  lieu  ,  ou 
trouve  FortuniusOfitanus.*  Harduin.  coWzâ..  conc. 

OGALIBA,  ou  félon  d'autres  exemplaires  de  Ptolo- 
mée.  /.  7.  c.  4.  Galiba  extrema  ,  promontoire  de  l'ifle 
deTaprobane,  félon  cet  auteur.  Les  cattes  dreffées  d'a- 
près ces  tables  en  font  une  ville.  Ortelius  préfère  Gali- 
ba à  Ogaliba,  à  caufe  du  peuple  &  des  montagnes  de 
la  même  ifle  ,  nommés  par  Ptolomée  Galibi.  Ce  der- 
nier y  met  la  fource  de  deux  rivières ,  appelléesle  Phafe 
6c  le  Gange  ,  qui  coulent  dans  la  Taprobane. 

OGARA,  province  d'Afrique,  dans  l'Ethiopie,  au 
nord-eft  de  Gondar ,  6c  féparée  de  celle  de  Siry  par  la 
rivière  de  Tekefel.  Les  chaleurs  font  plus  fupportables 
dans  cette  province  que  dans  les  autres  parties  de  l'E- 
thiopie ,  à  caufe  des  montagnes  qui  y  font  en  grand 
nombre.  *  M.  Poncet,  voyage  d'Ethiopie. 

Il  y  a  fur  ces  montagnes  une  fi  grande  quantité  de 
maifons,  qu'il  femble  que  ce  foit  une  ville  continuelle. 
Elles  font  bâties  en  rond:  le  toît ,  dont  la  figure  reffem- 
ble  à  celle  d'un  entonnoir  renverfé ,  eft  de  jonc  ,  6c 
appuyé  fur  des  murailles  qui  s'élèvent  à  dix  ou  douze 
pieds  de  terre.  L'intérieur  des  maifons  eft  propre,  6c 
orné  de  cannes  d'Indes  rangées  avec  art.  On  trouve  de 
tous  côtés  des  marchés  où  l'on  vend  toutes  fottes  de  den- 
rées 6c  de  bétail  ;  l'on  voit  par  tout  un  monde  infini. 
*  Le  même. 

OGDMMl  ,'Oyfa.iju.ot ,  peuple  ancien  dans  la  partie 
méridionale  du  Nome  de  la  Libye ,  félon  Ptolomée , 
/.  4.  c  j.  Il  étoit  voifin  des  Buzcs  &des  Adyrmachires. 

OGDAMUS.  Voyez,  Oglamus. 

OGE.  Les  Portugais  nomment  ainfi  le  royaume  de 
Wed  ,  pays  de  l'Abyifinie  envahi  par  les  Galles. 

OGERSHEIM,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le  Bas- 
Palatinat  du  Rhin  ,  entre  Manheim  8c  Franckendal.  Elle 
s'appelloit  Agredf.sheim  du  tems  de  Charlemagne  ,  au 
rapport  de  Freher,  dans  fes  origines  Palatines,  z.part.  c. 
1  j./è/.  64.  L'an  1644,  les  Espagnols,  qui  occupoient 


OGN       637 

alors  Franckendal ,  manquant  de  bois ,  démolirent  cette 
ville,  n'y  laifferent  que  quelques  maifons ,  &  emportè- 
rent le  bois  dans  leur  garnifon,  au  rapport  de  Zeyler  f 
qui  déplore  la  ruine  de  cette  petite  ville.  Quelques-uns 
veulent  que  ce  foit  l'ancienne  Borbetomagus,  que  d'au- 
tres cependant  placent  à  Worms. 

OGIA ,  petite  ifle  de  France  ,  quelque  part  fur  la  côte 
de  Guienne  (a).  Il  en  eft  parlé  dans  la  vie  de  S.  Amand , 
où  l'on  dit  qu'elle  eft  à  quarante  milles  du  rivage.  Il  en 
eft  auffi  parlé  dans  la  vie  de  S.  Landoald.  On  croit  que 
c'eft  l'ifle  d'OYE  {b)  au  pays  d'AuNis.  {a)  Ortelius ,  Thef, 
(b)  Cor».  Did. 

OGLAMUS  ou  Ogdamus  ,  fclon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée,  /.  4.  c.  j.  montagne  de  la  Libye, 
Ce  qui  me  fait  croire  que  la  féconde  manière  de  lire 
eft  la  meilleure ,  c'eft  que  le  peuple  Ogd^mi  habi- 
toit  cette  montagne. 

OGLASA  ,  ifle  de  la  Méditerranée,  félon  Pline  ,  /„ 
3.  c.6.  Il  parok  par  la  fituation  qu'il  lui  donne,  que 
c'eft  Monte  Christo,  où  vivoient  autrefois  les  moines 
à  qui  S.  Grégoire  écrivoit ,  /.  1.  ep.  9. 

OGLIO  (L') ,  Ollius  ,  rivière  d'Italie  ,  dans  la  Lom- 
bardie.  Elle  a  fa  fource  au  Breffan  ,  dans  fa  partie  la  plus 
leptentrionale,  aux  confins  des  Grifons  &duTrentin, 
d'où, ferpentant  par  le  Breffan, vers  le  midi  occidental,  elle 
reçoit  divers  ruiffeaux  des  deux  côtés ,  paffe  à  Ponte  di 
Legno  ,  à'Edolo,  reçoit  le  Rino  6c  la  Sanazara,  baigne 
Capo  di  Ponte  8c  Breno  ,  reçoit  la  Palobia  au<1effus  de 
ce  lieu  6c  la  Laneca  au-deffous,  vis-à-vis  du  bourg  de  la 
Civeda  5  plus  bas  elle  fe  charge  de  la  Grigna ,  du  Ri  & 
duDerzo,  entre  dans  la  partie  feptentrionale  dulacd'Ifeo; 
en  fort  au  midi  occidental  auprès  de  Calepio  ,  baigne 
Palazzuolo ,  fe  groflît  d'une  rivière  qui  lui  apporte  le» 
eaux  du  lac  Spino ,  coule  fous  Ponte  d'Oglio ,  arrive 
à  Calzo ,  où  elle  commence  à  fe  partager  en  plufieurs 
branches,  qui  fe  rejoignent ,  fe  divifent  6c  fe  réuniffenc 
de  nouveau  dans  le  Crémonèfe.  L'antre  branche ,  qui 
elt  proprement  l'Oglio,  coule  entre  cette  province  6c  le 
Breffan,  reçoit  du  nord  quantité  de  rivières,  dont  les 
principales  font  la  Mêla  ,  la  Chiefa  &  le  Navilio ,  quitte 
enfin  le  Breffan  pour  couler  quelque  tems  entre  le  Cré- 
monèfe 6c  le  Mantouan  ,  qu'elle  traverfe  enfuite  après  y 
avoir  baigné  Canette.  Elle  s'y  perd  dans  le  Pô  au  couchanc 
de  Borgoforre.  Les  autres  places  qui  font  fur  l'Oglio,  font 
Orago  ,  Rudiano  ,  Orci  Vecchi ,  Orci  Nuovi  6c  Ponte 
Vico  dans  le  Breffan ,  Oftiano  dans  h  principauté  de  Boz- 
zolo  »  Soncino  8c  Cartel  Visconte  dans  le  Crémonèfe. 

OGNATE,  les  Espagnols  écrivent  Onate  ,  petite 
ville  d'Espagne  ,  dans  la  Biscaye.  L'abbé  de  Vayrac  ,  Etat 
■préfent  de  l' Espagne ,  i.  3.  p.  137.  /.  j.  en  parle  ainfi: 
Ognate  eft  une  ville  allez  confidérable  dans  la  province 
de  Guipuscoa,  laquelle  eft  poffédée  depuis  plufieurs  fié- 
clés  par  l'illuftre&  ancienne  maifon  de  Guevarra.  D.  P. 
Vêlez  de  Guevarra  en  fut  créé  comte  par  Henri  IV,  roi 
de  Caltille  ,  félon  le  fentiment  de  D.  Louis  de  Salazar 
de  Caliro.  D'autres  difent  que  D.  Inic,  fon  frère  8c  fuc- 
cefleur ,  fut  le  premier  revêtu  de  cette  dignité  en  1469. 
Quoi  qu'il  en  (bit,  ce  comté  s'eft  confervé  dans  la  pofté- 
rité  de  D.  Inic  jusqu'à  prêtent,  avec  les  prérogatives  de 
la  grandeffe  :  car  quoiqu'il  foit  tombé  deux  fois  en 
quenouille;  favoir,  en  IJ93,  après  la  mort  de  D.  Pedro 
Vêlez  Ladron  de  Guevarra,  quatrième  comte  d'Ognate, 
&en  165S,  par  celle  de  D.  Inic  Vêlez,  huitième  comte, 
l'un  8c  l'autre  n'ayant  laiffé  que  des  filles ,  il  ne  fortit 
pourtant  pas  de  la  famille  de  Guevarra ,  parce  que  les 
héritières  de  cet  état  furent  mariées  avec  leurs  plus  pro- 
ches parens,  qui  d'ailleurs  étoient  à  portée  de  leur  dis- 
puter la  fucceifion  au  Mayoraz.z.0  de  leur  maifon.  Bau- 
drand dit  qu'il  y  a  un  collège  fondé  en  1543  par  Ro- 
drigue de  Mercado ,  évêque  d'Avila ,  natif  d'Ognate. 
Corneille  en  fait  une  académie. 

OGNI ,  village  des  Pays-Bas,  fut  la  Sambre ,  au  comté 
de  Namur.  C'eft  la  même  chofe  qu'OiGNiEs.  Voyez. 
l'article  fuivant. 

1.  OGNIESouOignies,  village  des  Pays-Bas,  fur  la 
Sambre  ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  Namur  vers  le  cou- 
chant. C'eit  le  lieu  où  une  fainte  fille  ,  nommée  Marie, 
fe  retira  pour  être  reclufe  après  avoir  quitté  fa  folitude 
de  Villebroucq  près  de  Nivelle  ,  8c  où ,  après  avoir  long- 
temsvécuprès  l'églife  de  S.Nicolas,  clic  mourut  en  odeur 


638       OGY 

de  fainteté  le  25  Juin  l'an  1203.  Gazet  die  qu'on   y 
bâtie  depuis  un  monaftere  de  chanoines  réguliers.  Ce  lieu 
étoit  anciennement  de  l'évêché  de  Liège ,  mais  il  eft  pré- 
fentement  de  celui  de  Namur.  Cette  abbaye  fut  fondée 
en  1192  par  un  faint  prêtre,nommé  Gilles  de  Walcoiut. 
Entre  les  perfonnes  que  la  réputation  de  Sainte  Marie 
d'Oignies  y  attira,  le  plus  célèbre  fut  Jacques  de  Vitri , 
docteur  de  Paris ,  qui  s'y  fit  chanoine  régulier ,  qui  de- 
vint par  la  fuite  cardinal.  On  y  voit  dans  le  tréfor  fa 
discipline  ,  fon  miffel ,  fon  pontifical,  fa  croffe  d'yvoiie 
&  deux  de  fes  mitres,  dont  une  eft  de  parchemin,  & 
les  reliques  qu'il  y  envoya  d'Italie.  Son  tombeau  eft  en 
marbre  noir  dans  le  fan&uahe.  Le  corps  de  Ste  Marie 
eft  dans  une  très-belle  chaûe  d'argent.  On  y  voit  aufli 
fon  couteau  &  fa  chemife  de  laine ,  en  laquelle  les  fem- 
mes ont  grande  confiance  dans  le  tems  de  leur  accouche- 
ment ,  au  rapport  de  Gazer.  *  Notes  vianufcrues  de 
Lebcuf. 

2.  OGNIES  ,  Seigneurie  de  France,  en  Artois,  dans 
le  voifinage  d'Efpinoi ,  à  trois  grandes  lieues  de  Lens,  fur 
les  confins  de  la  Flandre.  Ditt.  géogr.  des  Pays-Bas. 

OGRYLL1S.  Voyez.  Olbia  i. 

OGUELA  ,  beau  bourg  &  château  de  Portugal,  dans 
la  province  d'Alentejo  aux  confins  de  l'Eftrcmadure . 
entre  Campo  Mayor  de  Alegrette ,  &  à  l'orient  de  ces 
deux  places,  fur  une  haute  montagne,  au  pied  de  laquelle 
coule  la  Chevora.  On  y  voit  une  fontaine  merveilleufe 
qui  tue  tous  les  animaux  qu'on  y  jette  ,  à  la  réferve  des 
grenouilles ,  .5c  dont  l'eau  ,  quoiqu'échauftée  par  le  feu  , 
ne  peut  cuire  ,  ni  la  chair,  ni  les  légumes.  *  Délices  ae 
l'Espagne  C7"  du  Portugal,  p.  791. 

OGURZA  ,  piovincc  particulière  du  pays  de  Cha- 
rafen ,  firuée  vers  le  rivage  de  la  mer  Caspienne.  Elle 
étoit  fort  fertile  autrefois,  lorsque  le  bras  feptentrionale 
de  la  rivière  d'Amn  la  traverfoit  encore,  pour  venir 
fe  dégorger  de  ce  côté  dans  la  mer  Caspienne  :  mais 
depuis  qu'il  a  pris  un  autre  cours ,  cette  province  n'eft 
plus  qu'un  défert ,  parce  qu'elle  eft  dépourvue  de  Peau 
qui  lui  eft  néceflaire  pour  arrofer  fes  terres.  C'eft  de  la 
grande  quantité  de  concombres  qu'elle  produifoit ,  qu'el- 
le a  pris  fon  nom  ;  carlemotOgurza  veut  dite  un  con- 
combre ,  en  tartare  comme  en  rulTe.  *  H  fi.  généalogique 
des  Tatars ,  p.  54J. 

1.  OGYGIA  ,  grande  ville  de  Thrace  ,  fur  le  mont 
Hemus.  Nicetas  &  Cédrène  en  font  mention ,  félon 
Ortelius  ,   Thefaur. 

1.  OGYGIA.  C'eft  ainfi  qu'Homère  dans  l'Odyffée , 
nomme  l'ifle  de  Calypfo.  Hefyche  dit  de  même  Ogy- 
gie,  nom  de  l'ifle  de  Calypfo.  Pline,  /.  3.  c.  10.  par- 
lant du  promontoire  Lacynium  (  Capo  délie  Colonne  ) 
dit:  Devant  la  côte,  à  dix  milles  du  continent  ,eft  Fifie 
des  gémeaux  Caftor  &  Pollux,&  une  autre,  favoir , 
l'ifle  de  Calypfo  qu'Homère  a  nommée  Ogygie,  à  ce 
qu'on  croit-,  outre  cela  Tiris ,  Erantifa  &.'  Mélocfia.  Ces 
ifles  que  Pline  nomme  ici ,  font  ou  couvertes  d'eau  ,  ou 
tellement  diminuées,  qu'on  n'en  fait  plus  mention.  Voyez. 
au  mot  Calypso. 

3.  OGYGIA,  autre  ifle  de  la  Méditerranée,  entre 
la  mer  de  Phœnicie  &  celle  de  Syrie,  félon  un  moderne 
qui  cite  le  troifiéme  livre  de  Vairon ,  de  re  Rufiica  , 
&  qui  eft  lui-même  cité  par  Ortelius. 

4.  OGYGIA  ,  ancien  nom  de  I'Attique  ,  félon  Etien- 
ne le  géopgraphe. 

5.  OCYGIA.  On  a  aufli  anciennement  donné  ce 
nom  àl'EGVPTE,  félon  le  même. 

6.  OGYGIA.  Cet  auteur  l'attribue  aufli  à  la  Béotie. 

7.  OGYGIA.  Plutarque  femble  décrire  fous  ce  nom 
l'Irlande  dans  fon  opuscule  d'un  vifage  fur  le  disque 
de  la  lune. 

8.  OGYCIA  ,  ancien  nom  de  la  Lycie  ,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

9.  OGYGIA,  furnom  de  l'ifle  Thassus,  dans  l'Ar- 
chipel ,  fur  la  côte  de  Thrace. 

10.  OGYGIA ,  furnom  de  Thébes ,  félon  l'auteur 
du  poé'me  fur  l'Etna ,  attribué  à  Virgile. 

Nunc  juvat  Ogygiis  circttmdata  mœnia  Thebis  , 
Cerner  eque  hic  fratres  ,  6cc.  v.  $70. 

Rien  n'eft  plus  fameux  dans  l'antiquité  que  le  déluge 


OHI 


d'Ogyges.  C'eft  le  nom  d'un  roi  de  Thebes  antérieur  à 
l'arrivée  des  Phœniciens  dans  ce  pays.  Paufanias  ,  in 
Bcotic.  dit  :  On  dit  que  les  premiers  habitans  du  ter- 
ritoire de  Thébes  étoient  les  Eéténes  ,  &:  qu'ils  avoient 
pour  roi  un  homme  né  dans  le  pays  nommé  Ogyge , 
Cv'  que  c'eft  de  lui  que  beaucoup  de  poètes  ont  donné 
à  Thébes  le  furnom  d'Ogygienne. 

OGYG1ANUM ,  colonie  Toscane,  félon  les  fragmens 
attribués  à  Caton.  *  Ortelii  Thef. 

OGYG1US  ou  Ogyus  mon  s  ,  montagne  fabuleufe 
dont  parle  Strabon. 

OGYLOS.  Voyez.  ./Egiaue.  Etienne  le  géographe 
femble  lui  donner  ce  nom. 

OGYRIS ,  ifle  de  la  mer  des  Indes.  Pline  ,  /.  6. 
c.  28.  dit  qu'elle  eft  en  pleine  mer ,  &  qu'elle  eft  fa- 
meufe  par  le  roi  Erythras,  qui  y  a  fon  tombeau,  &  qu'el- 
le eft  à  cent  vingt  milles  du  continent.  Denys  le  Pe- 
riégete  ëc  fes  deux  paraphraftes  parlent  conformément. 
Feftus  Avienus ,  v.  8oj.  dit  : 

Oçyris  in  de  falo  promit  caput ,  aspera  ritpes  , 
Carmanides  quaje  pelagi  procid  invehit  undas  , 
Régis  Erythrxi  tcllus  hxc  notafcpuLhro  , 
Per ficus  hine  œfius  fautes' hiat. 

Priscien  dit  dans  fa  périegèfe  ,  v.  604. 

V Itérais  pergas,  fipofl  Carmanida  fummam  , 
Ogyris  occurrat  :  qua  dicitur  tjpjqulchrum, 
Régis  Erythrœi;  dederat  qui  nomma  porno , 
Perficus  inde  Sinus  penctratur. 

Denis  le  Periégete ,  v.  6c6.  avoit  dit  plus  Ample- 
ment :  Plus  loin  au-delà  du  promontoire  de  la  Car;na- 
nie ,  vous  avez  l'ifle  d'Ogyris  où  eft  le  tombeau  du  roi 
Erythre,  de-là  vous  panerez  à  i'entrée  de  la  mer  de  Pcr- 
fe.  Cette  fituation  avoit  fait  croire  à  quelques-uns  que 
cette  ifle  doit  être  celle  d'Ormus,mais  Or  mu  s  ne  convient 
pas  aux  marques  données  par  ces  auteurs.  Ogyris  eft  en 
pleine  mer ,  félon  Pline  ,  de-là  on  palïe  au  détroit  du 
golfe  Perfique ,  félon  Denis  ;  on  ne  peut  pas  dire  cela 
d'Ormus ,  qui  eft  dans  le  détroit  même.  Le  P.  Har- 
douin  qui  a  bien  vu  qu'Ormus  ne  pouvoir  être  Ogyris, 
a  été  chercher  l'ifle  de  Mazira  fur  la  côte  d'Arabie , 
en  quoi  il  fe  trompe  -,  car  en  venant  du  cap  de  Carama- 
nie  faudroit-il  pafler  devant  l'embouchure  du  golfe,  cou- 
rir une  centaine  de  lieues  pour  trouver  cette  ifle  fur  la 
côte  d'Arabie,  &  revenir  d'autant  fur  fes  pas  pour  fe 
rapprocher  du  golfe  ?  A  la  vérité  il  eft  pius  aifé  de  dire , 
queile  ifle  ce  n'eft  pas  ,  que  de  la  trouver. 

OGYS.  Jofephe ,  Antiq.  I.  1 .  c.  11.  dit  :  Abraham  de- 
meuroit  alors  aux  environs  du  chêne  d'Ogys  ;  c'eft  le  nom 
d'un  champ  peu  éloigné  de  la  ville  d'tkbron.  Voyez. 
les  articles  Luza  Se  Mambré. 

OGYUS.  Voyez  Ogvgius. 

OHAN  ,  pays  fitué  dans  le  Petcheli  ,  proche  la  gran- 
de muraille  de  la  Chine.  Il  n'eft  guère  h..bité  que  fur 
les  bords  du  Narkonipiia,  dans  les  endroits  où  cette 
rivière  reçoit  quelques  petits  ruifleaux ,  tels  que  Chaka- 
kol  ou  Chalan-kol ,  qui  donne  fon  nom  au  village  de 
Chakakol  Kaïan.  On  voit  de  ce  côté ,  à  41  deg.  15  m. 
de  lat.  lc<;  ruines  d'une  ville  ,  qui  fe  notnmoir  Orpan ,  ou 
Kurban  Subharan-Hotun  ,  fur  la  petite  rivière  de  Nucha- 
ka  ,  qui  fe  jette  dans  celle  de  Talenho.  Le  terroir  de  ce 
pays  eft  fablonneux  &  nitreux.  Il  eft  cependant  entremê- 
lé de  petites  montagnes  buiflbnneufes ,  qui  fourniflfenc 
du  bois  à  chauffer,  &  qui  font  remplies  de  gibier,  fur- 
tout  de  cailles ,  qui  volent ,  fans  frayeur  entre  les  jam- 
bes des  paflans.  Il  eft  très-froid.  *  Hift.  générale  dts 
Huns  par   de  Guiaes  ,  t.  4  p.  2  3  7. 

OHIO  (L')  ,  grande  rivière  de  l'Amérique  fepren- 
trionalc  ,  dans  la  nouvelle  France.  Elle  eft  ainfi  nom- 
mée par  les  Iroquois,  &  par  les  aunes  peuples  qu'el- 
le arrofe,  ôc  ce  nom  marque  fa  beauté.  Elle  a  fes 
fources  chez  les  Iroquois,  à  l'orient  du  lac  Erié  ,  tra- 
verfe  le  pays  où  étoit  la  nation  du  Chat ,  Se,  prcilnnt  fon 
cours  vers  l'occident  méridional ,  elle  baigne  les  Ton- 
goria,  reçoit  une  grande  rivière  ,  dont  la  fource  eft  voi- 
fine  du  lac  Erié ,  ôc  qui  coule  chez  les  Miamis.  Elle 
prend  alors  le  nom  de  rivière  d'Ouabache  ou  de  faiut 


OïR 


OIS        6zq 


Jérôme,  &  coupe  un  défert  de  fix-vingt  lieues,  où  les 
Ilinois  fonr  la  chaffe  du  bœuf  ;  fe  groint  encore  de  là 
Rivière  ces  Chaouanons  ,  ainii  nommée  par  un 
peuple  qui  en  habitoit  autrefois  les  bords  ;  Se  enfin  ,  ac- 
crue par  la  rivière  des  Casquinambaux  »  elle  fe  perd 
dans  le  Miflïfîipi ,  au  pays  nommé  par  les  François  la 
Louïiïane.  Voyez  Ouabachs. 

OJA ,  ville  d'Afrique,  dans  le  Zanguebar ,  à  d;x-fcpt 
lieues  de  Mclindc,  fur  un  rivage  ouvert  Se  fans  défen- 
fe,  mais  fermée  du  côté  de  la  terre  par  un  mur  qui  la 
défend  de  l'invafipn  des  Caffres.  Elle  eft  entre  Mélin- 
de  au  midi ,  Se  Lamo  au  feptentrion*  Le  roi  de  Mé- 
linde,en  iro8  >  fc  voyant  chagriné  par  les  habitans 
d'Oja  ,  réclama  le  fecours  des  Portugais ,  qu'il  avoit  tou- 
jours favorifés  en  Afrique.  Triftan  de  Cunna  parut  de- 
vant cette  ville  avec  fix  vaiffeaux  ;  malgré  l'oppofition 
des  Maures ,  il  entra  dans  la  ville  qu'il  pilla  Se  brûla. 
Elle  fut  brûlée  avec  tant  de  précipitation ,  qu'il  périt 
quelques  Portugais  dans  les  flammes.  *  Hiji.  génêr,  des 
voyages ,  tom.  i . 

OÏARCO,  village  d'Espagne.  Voyez.  Olarso. 
OIBO  ,  ifle  d'Afrique,  fur  la  côte  de  Zanguebar , 
l'une  des  ifles  de  Quirimba(a).  Elle  n'eu  pas  fi  grande 
que  celle  qui  donne  le  nom  à  toutes  les  autres  (b) , 
mais  l'air  y  eft  plus  tempéré  Se  beaucoup  plus  fain.  On 
y  trouve  des  plus  belles  Se  des  meilleures  fontaines  du 
monde  ,  dont  fon  terroir  eft  arrofé.  Les  autres  iiles  voi- 
fines  n'ont  ni  port  ni  rade ,  parce  que  le  plus  profond 
de  tous  les  canaux  qui  les  réparent ,  n'a  pas  trois  pieds 
de  profondeur  >  lorsque  l'eau  eft  baffe,  (a)  Corn.  Dicl. 
(b)  De  la  Croix  ,  Relat.  de  l'Afrique  ,  t.  4. 

OIDERIEGA  ou  Ondegue,  ville  d'Afrique  ,  à  l'ex- 
trémité occidentale  du  royaume  de  Dambea  dans  i'Abis- 
fmie.  C'eft  où  Faciiidas  fe  retira  avec  fes  troupes ,  à 
caufe  de  la  pefte.  Des  Jéfuites  Se  des  Capucins  y  ont 
fouffert  la  mort  pour  la  foi  Chrétienne.  *  Defcripc.  de 
f  empire  du  Prête-Jean.. 

OIGNI  Se  OIGNïES.  Voyez.  Ogni  &  Ognils. 
OIGNON  (L'),  rivière  du  Suntgaw.  Elle  prend  fa 
fource  en  deux  endroits  différens  au  fud  ■  oueft  des  mon- 
tagnes de  Vosges  :  la  première  eft  près  de  la  fonderie, 
au  pied  de  la  montagne  de  Giromagny.  De  la  féconde 
il  fort  on  ruifleau  ,  qui,  traverfan't  le  val  de  Sc.rvance, 
fe  joint  au  bras  que  forme  ia  première  fource,  un  peu 
au-deffous  de  Scley.  En  Général ,  fou  cours  eft  dirigé 
au  fud-cucft  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Linotte  ;  de-ià, 
faifant  un  coude,  dont  la  convexité  regarde  le  fud  eft, 
elle  tombe  à  Moncley ,  d'où  cirant  à  l'oueft  jusquà  Ba- 
lançon  ,  au-delà  duquel  elle  s'incline  un  peu  an  nord- 
oueft,  &  fe  jette  dans  la  Saône  vis-à-vis  de  Talenay.  Cette 
rivière  a  plus  de  trente  lieues  de  cours.  *  Suplément  au 
raamifcrit  de  la  bibliothèque  de  M.  de  Corberon ,  pre- 
mier prcfldcr.t  au  confeil  d'Alface. 

OIGNY  ,Ungiacum ,  abbaye  d'hommes  &  de  l'ordre  de 
Saint  Auguftir',  en  France  ,  au  diocèfe  d'Autun  ,  à  trois 
lieues  de  l'abbaye  de  S.  Seine  ,  à  une  lieue  de  la  fource 
de  la  Seine  &  fur  fes  bords,  dans  un  lieu  affreux.  Elle 
fut  fondée  en  1106  par  Gaudin  de  Bruismo&  Adelin  , 
fa  femme,  fous  l'invocation  de  Notre-Dame ,  faint  Lau- 
rent é\r  faint  Nicolas.  Ceux  qui  y  demeurèrent  d'abord  , 
s'étoient  propofé  la  vie  éremhique  ,  enfuite  ils  em-* 
brafferent  l'inllitut  des  chanoines  réguliers.  Leurs  pre- 
mières conftitutions  font  tirées  delà  régie  de  faint  Be- 
noît, où  l'on  s'étoit  contenté  de  changer  le  mot  Monachi 
en  celui  de  Canonku  Dorn  Marteneles  trouva  fort  belles  ; 
il  remarque  en  fon  premier  voyage  littéraire,  que  l'églife 
eft  dans  l'enclos  du  monaftere  j  ce  qui  prouve  que  les 
femmes  n'y  entroient  pas  au  commencement.  Frère 
Oniftophe  fut  le  premier  ftipérieur  ou  abbé.  Les  cha- 
noines de  fainte  Geneviève  y  entrèrent  en  1644.  *  Mer,:, 
tnanufer.  de    Lebeuf. 

OIRAT,  ville  d'Afie,  dans  la  Perfe,  au  Couheftan. 
Il  en  eft  parié  dans  l'hiftoire  de  Timurbec,  lib.  j. 
c.  7. 

OIRSCHOT  ,  petite  ville  franche  des  Pays-Bas,  au 
Brabant-Hollandois ,  dans  le  Kempenland  ;  ce  n'eft  pro- 
prement qu'un  bourg,  Se  Janiçon  en  parle  ainfi  dans  fon 
état  des  Provinces  Unies,  r.  2. p.  150.  Après  Lindhoven, 
dit-il,  le  principal  bourg  du  quartier  de  Kempenland  eft 
Oirfchot ,  dont  la  jiuisdiction  a  onze  lieues  de  circuit. 


C'eft  une  fcîgneurïe  qui  a  haute,  moyenne  &  baffe  ju-» 

fticc  ,  èv'  qui  appartient  moitié  à  l'état  ôc  moitié  à  la  fa- 
mille de  Swerts.  C'eft  aulii  un  fief  qui  relevé  du  con- 
feil de  Brabant.  La  régence  eft  compofée  de  fept  échc- 
vins,  fept  jurés,  fept  Radsmannen  oucenfeilleis,  deux 
Kerkjmc^jîcrs  Se  trois  administrateurs  des  deniers  des  pau- 
vres. Les  charges  d'echevins,  de  jurés  ôc  de  confeillers 
font  à  vie,  &  s'exercent  alternativement  tous  les  ans, 
c'eft-à  dire  ,  que  ces  magiftrats  font  échevins  pendant  un 
an,  enfuite  jurés,  &  enfin  confeilleis.  Ces  charges  font 
auffi  conférées  alternativement  par  les  états  généraux  ôc 
par  le  feigneur  d'Oirschot  ;  mais  le  feigneur  a  fcul  la 
dispofition  de  la  charge  de  droffard.  Ce  bourg  eft  par- 
tagé en  huit  quartiers ,  qui  font  les  environs  de  l'églife  „ 
les  hameaux  de  Verrenbest.SpooRdonck.Strathum, 
Naastenbest  ,  Aarle  ,  Notel  ôc  Hedel.  Tous  ces 
quartiers  forment  quatre  compagnies  de  bourgeois  ou 
payfans ,  fortes  d'environ  quatre-vingt  hommes  chacu- 
ne, qui  ont  obtenu  quelques  privilèges  des  fouverains 
de  Brabant,  &  qui  certains  jours  de  l'année  fe  divertis- 
fent ,  &  s'exercent  à  tirer  l'oifeau.  Ce  font  autant  de 
confréries,  qui  ont  leurs  patrons.  Il  fe  tient  à  Oitschot 
un  marché  tous  les  famedis  ,  ôc  quatre  autres  marchés 
francs  tous  les  ans,  le  mardi  après  ia  faint  Antoine,  le 
mardi  de  la  femaine  Sainte  ,  le  lendemain  de  la  fête  de 
faint  Servais,  ce  le  lendemain  de  la  faint  Hubert.  Oirs- 
chot  eft  le  bourg  capital  où  fe  tiennent  les  affernblées  du 
quartier ,  Se  où  le  bailli  fait  fa  réfidence.  L'églife  eft 
fortgrande.il  y  avoit  autrefois  un  chapitre  d'onze  cha- 
noines. Ce  chapitre  eft  aboli  ;  mais  les  prébendes  fub- 
fiftent,  &  fonr  conférées  alternativement  par  les  états  gé- 
néraux &par  le  feigneur  du  lieu.  Cette  églife  fert  pré- 
fentement  auxProteftans.  Le  clocher  avoit  autrefois  une 
affez  haute  flèche ,  mais  elle  fut  brûlée  par  le  feu  du 
ciel  le  dernier  fiécie.  Il  y  à  encore  à  Oirschot  une  pe- 
tite églife  fort  ancienne  ,  dans  laquelle  on  ne  fait  pré- 
fentement  aucun  fervice.  Il  y  a  quelques  maifons  de 
charité  qui  ont  été  fondées  ôc  dotées  par  des  feigneurs 
de  Mérode  ôc  par  d'autres  particulier.-;. 

OIR7AUX  ou  AirvAux,  Aitrea  Vallis  ,  bourgade 
de  France  ,  dans  le  Pokou  ;  c'eft  le  fiége  d'un  bailliage» 
Il  y  a  une  abbaye  d'hommes,  ordre  de  faint  Auguftin,  fon- 
dée l'an  5^75  par  Hildegarde  d'Aurevalle ,  vicomteffe  de 
Thouars.  Ce  lieu  eft  au  bord  duThoué,  à  trois  lieues 
de  Thouars ,  ôc  à  dix  de  Poitiers. 

OIS.   Voyez.  Oh. 

OISANS,  bourg  de.France  ,  en  Dâuphinéj  dans  le 
Graifivaudan  fur  la  Romanche,  au  bord  oriental  d'un  lac. 

OISCA.  Voyez   Ose  a. 

1.  Ol^E  ,  lf ara ,  Oc  fia  ou  Efïa  ,  rivière  de  Fran- 
ce. Elle  a  fa  fource  dans  les  Ardennes,  aux  confins  du 
Hainaut  êc  du  Tierache  ,  d'où,  ferpentant  l'espace  de 
huit  lieues,  vers  le  couchant  méridional ,  jusqu'à  Guife , 
elle  fc  courbe  vers  le  midi ,  pane  à  la  Fere,  à  Chauni , 
près  de  Noyon ,  reçoit  l'Aisne  à  Compiégne»  paffe  à 
Verberie.,  à  Pont  Sainte- Maixance,  à  Verneuil,  à  Creil» 
à  Beaumont,  à  l'Iile  d'Adam  »  a  Pontoife,  ôc  va  tomber 
dans  la  Seine,  entre Conrlans  Sainte  Honorine  ôc  André-» 
fy.  Comme  elle  eft  navigable  a  Chauny  ,  elle  facilite  le 
transport  des  bleds  Se  des  foins  de  Picardie ,  que  l'on 
transporte  à  Paris.  Le  poiffon  n'y  eft  pas  abondant,  mais 
il  eft  excellent.  Le  brochet  »,  la  tanche  ,  la  carpe  cv  l'an- 
guille que  i'en  y  pèche,  ont  un  goût  exquis.  *  Jaillot  » 
Atlas. 

2.  OISE  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Maine;  il  eft  re- 
marquable pour  être  la  patrie  de  Marin  Merfenne  ,  cé- 
lèbre mathématicien  Se  philofophe ,  qui  y  naquit  le  8 
Septembre  1588.  il  fe  fit  Minime  en  1641  ,Sc  mourut  le 
premier  Septembre  1648.  on  peut  voir  fon  éloge  entre 
les  hommes  illuftres  de  Perrault.*  Corn.  Dictionn. 

OISELMONT,  bois  de  France,  en  Champague; 
dans  la  maîtsife  des  eaux  Se  forêts  de  Troyes.  Il  eft 
de  trois  cens  quatre-vingt-quatre  arpens. 

OISEMONT,  bourg  de  France ,  en  Picardie ,  dans 
le  Vimeu,  au  diocèfe  d'Amiens,  entre  Pont  de  Remî 
fur  Somme  Se  Blangi  fur  Brefle.  Le  curé  eft  croifé  de 
Malte  :  le  commendeur  d'Oifemont  eft  collateur  de 
cette  cure.  Ce  bourg  eft  une  commenderie  de  l'ordre 
de  Malte  ,  Se  vaut  au  moins  dix  mille  livres  de  revenu. 
Il  y  a  un  petic  hôpital»  11  fe  fait  à  Oifemont  un  grand 


<>40 


OKA 


OLA 


commerce  de  bleds  Se  d'autres  grains  ,  on  y  tient  marché 
deux  fois  la  femaine.  C'eft  le  fiége  de  la  prévôté  de 
Vimeu. 

OISERIE  ,  bourg  de  France  ,  an  diocèfe  de  Meanx. 
Les  Seigneurs  de  ce  lieu ,  de  la  maifon  des  Barres ,  étoient 
autrefois  fort  puilïans  Se  fort  pieux.  En  1189,  Simon, 
évêque  deMeaux ,  érigea  l'églife  paroiflîale  d'Oiferie,  du 
titre  de  faint  Germain  d'Auxerre ,  en  collégiale  pour  fix 
chanoines,  dont  l'un  feroit  curé.  L'on  y  voit  dans  le 
chœur  les  maufolécs  des  anciens  feigneurs.  On  a  fort 
parlé  d'éteindre  ce  chapitre  à  caufc  de  la  modicité  de 
fes  revenus.  *  Notes  manuscrites  de    Lebœuf. 

OISON ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri  ;  il  fait 
partie  du  duché  d'Aubigni.  11  y  a  une  verrerie  de  ver- 
res communs. 

OISTA  ou  Ostia  ,  anciennement  Ph/EStus  ,  félon 
Baudrand  ;  c'eft,  dit-il,  un  ancien  bourg  de  Grèce  dans 
la  Theffalie  fur  les  confins  de  l'Albanie  ,  au  feptentrion 
occidental  de  la  ville  de  Janna  ,  dont  il  eft  éloigné  de 
douze  lieues. 

1.  OITZ ,  petite  ville  du  Japon ,  dans  le  royaume  d'O- 
Mi.  Voyez,  ce  mot.  Oitz  eft  à  trois  lieues  de  Méaco  ,  en 
fuivant  le  grand  chemin  qui  conduit  de  cette  capitale 
à  Jedo  ;  c'eft  par-là  qu'on  entre  dans  le  royaume  d'O- 
mi.  Elle  eft  compofée  d'une  grande  rue,  qui  tourne  en 
forme  d'arc ,  Se  de  quelques  autres  plus  petites ,  qui  y 
aboutiffent  à  droit  Se  à  gauche.  Elle  peut  avoir  envi- 
ron mille  maifons  ,  Se  elle  eft  du  domaine  impérial.  Elle 
eft  fituée  furie  bord  d'un  lac,  qu'on  appelle  ordinai- 
rement le  lac  d'Oitz,  Se  quelquefois  le  lac  d'Omi,  parce 
que  Oitz  eft  dans  la  province  d'Omi. 

2.  OITZ  ,  (  Lac  d'  ) ,  dans  le  Japon ,  que  les  annales 
de  cet  empire  difent  s'être  formé  en  une  nuit ,  le  rer- 
rein  ,dont  il  occupe  la  place,  ayant  été  englouti  par  un 
tremblement  de  terre.  Il  n'a  pas  beaucoup  de  largeur 
d'orient  en  occident ,  mais  il  s'étend  à  plus  de  foixante 
lieues  au  nord ,  jusqu'au  royaume  de  Canga.  Il  a  à 
l'orient  les  royaumes  de  Mino  Se  de  Voati ,  Se  la  fti- 
perbe  ville  d'Anzupuiama,  bâtie  dans  le  premier  de  ces 
deux  royaumes ,  étoit  fur  fes  bords.  Du  côté  de  l'oc- 
cident il  a  le  royaume  de  Jamatfyro  ,  &  Oitz  eft  à  fon 
extrémité  méridionale.  Ce  lac  eft  très-poiffonneux  ,  Se 
on  y  pêche  fur-tout  beaucoup  de  faumons  qui  font  ex- 
cellens  ;  tous  fes  bords  font  couverts  de  canards  fau- 
vages.  Il  fe  décharge  dans  deux  rivières ,  dont  l'une  ap- 
pellée  Jodogawa ,  paffe  à  Jodo  Se  à  Ozaca.  *  Le  père 
de  Charlevoix ,  Hift.  du  Japon,  t.   1. 

OIUM  ou  Oeum.  Il  y  avoit  dans  l'Attique  deux  lieux 
appelles  ainfi,  Se  on  les  diftinguoit  par  un  furnom. 

OIUM  ou  Oeum  Deceleïcum  ,c'eft-à-direpjoche  de 
Decelea ,  reconnoiffoit  la  tribu  Hippothoontidc. 

OIUM  ou  Oeum  Ceramicum  ,  étoit  un  «quartier 
d'Athènes  ,  proche  du  Céramique  de  la  tribu  Leontide. 
Spon  ,  l'ijle  de  l'Attique  ,  p.  370 ,  remarque  que  ce  quar- 
tier portoit  le  nom  d'Oeum  ,  comme  qui  diroit  un  défert, 
parce  qu'on  n'y  voyoit  pas  l'afTluence  du  peuple  qui  étoit 
au  Céramique  ,  quoiqu'ils  fe  touchaffent.  Voyez.  La 
Guilletiere  ,   Athènes  ancienne  Ç-r  moderne ,  p.  295". 

OIUM  ,  château  ou  citadelle  au- demis  de  la  ville 
d'Opus ,  félon  Strabon. 

OIXANT,  Uxantus ,  ifle  de  France,  fur  la  côte 
de  Bretagne.  On  dit  communément  Ouessant.  Voyez. 
ce  mot. 

OIZAY-CERNEI ,  bourg,  château  Se  châtellenie  de 
France,  en  Touraine  ,  élection  de  Loches. 

1.  OKASAKI ,  ifle  du  Japon ,  dans  la  province  de  Mi- 
cava  ,  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle  de  Niphon.  Oka- 
faki ,  dit  Kœmpfer  dans  fon  hiftoire  du  Japon  ,  t.  2.  /. 
5.  p.  209.  eft  une  grande  ville:  on  y  compte  environ 
quinze  cens  maifons ,  la  plupart  bien  bâties.  Elle  eft 
ceinte  d'une  haie  fort  jolie  ou  paliffade  de  bambous , 
Si  en  quelques  endroits  de  murailles.  Le  château  eft  fi- 
nie àl'extrémité  méridionale  de  la  ville,  fur  unecolline, 
&  eft  entouré  de  foffés  ,  &  d'une  muraille  blanche  éle- 
vée fur  un  rempart  bas.  Cette  muraille  eft  défendue 
avec  de  bons  corps  de  garde  ,  bâtis  de  pierres  en  diffé- 
rens  éloignemens.  Du  côté  de  la  colline ,  où  il  feroit 
plus  aifé  de  l'attaquer,  il  eft  défendu  par  une  triple 
muraille  forte.  La  haute  tour  qui  eft  au  milieu  du  châ- 
teau ,  Se  qui  eft  la  marque  oïdinaive  de  la  léfidencc  d'un 


prince ,  fait  un  effet  merveilleux  à  l'œil  du  côté  du  mîdù 
Les  fauxbourgs  contiennent  environ  deux  cens  maifons  j 
une  grande  rivière ,  qui  tire  fon  nom  de  la  ville  ,1a  tra-, 
verfe. 

2.  OKASAKI  (lariviered') ,  rivière  du  Japon,  dans  la 
province  deMicava.EHe  a  fa  fourcedans  les  montagnes  qui 
font  au  nord-oueft  de  la  ville  d'Okafaki  qu'elle  traverfe. 
Elle  eft  affez  large ,  &  ne  manque  pas  d'eau  ,  mais  à 
caufe  de  fon  peu  de  profondeur  ,  elle  n'eft  pas  naviga- 
ble. Elle  coule  avec  beaucoup  de  rapidité  jusqu'à  la  mer. 
Il  y  a  un  pont  de  bois  folide  ôc  magnifique,  qui  a  trois 
cens  cinquante  pieds  de  long. 

OKI,  ifle  du  Japon,  fur  la  mer  de  Corée  ,  au  nord 
de  l'ifle  de  Niphon.  Cette  ifle,  qui  a  deux  journées  de 
circuit,  a  le  titre  de  province»  divifée  en  cinq  diftriéts. 

OKI  A ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  d'Iun- 
nan ,  au  département  de  Cuhiung ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  plus  occidentale  que  Pé- 
king  de  1$  deg.  17  min.  par  les  24  deg.  24  min.  de 
latitude.  *  Atlas  Sinenfts. 

OKINGHAM ,  bourg  d'Angleterre ,  au  comté  de 
Bereks  -,  félon  Corneille  ,  c'eft  une  ville  renommée  pour 
fa  grandeur  ôc  pour  fes  beaux  ouvrages  de  laine.  C'eft  le 
même  lieu  quOckingham. 

OKU-JESO  ,  c'eft-à-dire ,  le  Haut  Jeso,  grand  con- 
tinent d'Afie  à  fon  extrémité  orientale.  Kasmpfer  ,  Hift. 
du  Japon  ,  /.  i.c. 4.  t.  I.  p.  37.  ayant  parlé  de  Jefo- 
Gafima ,  où  l'ifle  de  Jefo  ou  leço  ,  dit  :  Derrière  cette 
ifle,  (  par  rapport  au  Japon  dont  il  eft  écrit)  vers  le 
nord  eft  le  continent  d'Oku- Jefo ,  comme  l'appellent 
les  Japonnois ,  c'eft-à-dire,  du  Haut  Jefo.  Les  géogra- 
phes conviennent  tous  qu'il  y  a  là  un  grand  pays  ;  mais 
ils  n'ont  pas  encore  déterminé  ,  s'il  confine  avec  la  Tar- 
tarie  ou  avec  l'Amérique.  L'éditeur  Anglois  de  fon  ou- 
vrage ,  parlant  du  pays  de  Kamtschatka,  dit  dans  fon 
discours  préliminaire  :  Ce  pays  femble  être  le  même  que 
les  Japonnois  appellent  Oku-Jefo ,  ou  Jefo  fupérieur  , 
dont  ils  ne  favent  presque  rien ,  excepté  que  c'eft  un 
pays,  comme  je  l'ai  rapporté  à  l'article  Kamtzchat- 
ka.  Oku  Jefo  feroit  en  ce  cas  l'extrémité  méridionale 
de  cette  presqu'ifle-,  ôc  ce  qui  eft  appelle  Terre  d'ieço  par 
de  PIfle  ,  qui  n'a  pas  connu  cette  presqu'ifle  Se  ce  golfe, 
lorsqu'il  a  fait  fa  carte  des  Indes  Se  de  la  Chine,  puis- 
qu'il ne  les  y  a  pas  marquées  exactement ,  quoiqu'il  pa- 
roiffe  en  avoir  eu  une  idée  au  moins  commencée.  Le 
pays  d'Oku- Jefo  ,  dit  Ka^mpfer  ,  /.  1.  c.  4. p.  59.  eft  di- 
vifé  en  plufieurs  provinces ,  dont  voici  les  noms  tels 
qu'ils  font  exprimés  par  les  caractères  dont  ils  fe  fer- 
vent communément  en  écrivant  :  Kabersari,  Oran- 
kai  ,  Sitsii  ,  Ferosan  &  Amarisi.  Entre  ces  deux  der- 
nières provinces  on  marque  une  rivière  affez  grande  , 
qui  fe  perd  dans  la  mer  derrière  l'ifle  ,de  Jefo  au  fud- 
oueft. 

OKUS ,  golfe  de  la  principauté  d'Omura ,  dans  l'ifle 
de  Ximo  au  Japon.  Il  y  a  environ  foixante  ans  qu'une 
montagne,  qui  étoit  fur  ce  golfe,  après  avoir  long-tems 
penché  d'un  côté ,  tomba  dans  la  mer  ;  Se  comme  on 
s'avifa  de  creufer  à  l'endroit  où  elle  avoit  été ,  on  y 
trouva  que  la  moitié  du  fable  étoit  d'or  pur.  11  efl  vrai 
qu'il  y  falloit  creufer  beaucoup  pour  y  arriver ,  Se  bien- 
tôt même  on  fut  contraint  de  fe  fervir  des  plongeons 
pour  le  tirer  •-,  mais  la  dépenfe  Se  la  peine  n'étoient  rien 
pour  une  fi  riche  récolte.  Le  mal  eft  qu'elle  dura  peu. 
Au  bout  de  quelques  années  un  autre  grand  tremble- 
ment de  terre  ,  qui  fut  fuivi  de  marées  extraordinaires , 
couvrit  la  mine  de  bourbier  Se  d'argille  à  la  hauteur  de  plu- 
fieurs'braffes,&  les  travaux  cefferent  aufli-tôt.  Les  pauvres 
du  voifinage  continuèrent  encore  quelques  rems  de  s'oc- 
cuper à  laver  le  fable  des  environs  ,  mais  à  peine  y 
trouvoient-ils  affez  d'or  pour  avoir  de  quoi  fubfifter. 
*  Le  père  de  Charlevoix. 

OLABI ,  ancien  peuple  de  l'Ethiopie  fous  l'Egypte, 
félon  Pline,/.  Ce.  30.  Quelques  exemplaires  portent 
Alabi.  Il  dit  que  ce  font  des  peuples  Nomades  ou  er- 
rans ,  qui  fe  nourrirent  de  lait. 

OLACHAS ,  rivière  d'Afie,  dans  la  Birhynie  :  elle 
paffe  à  Bryazum,  félon  Pline,  /.  31.  c.  2.  qui  ajoute 
que  c'eft  le  nom  d'un  temple  &  d'un  dieu.  On  dit  que 
les  parjures  ne  fauroient  en  fouffrir  J'eau ,  qui  eft  pour 
eux  un  feu  brûlant. 

OLAN, 


OLB 


OLC 


6±\ 


OLAN.  Voyez.  Olon. 

OLANE,  ville  de  la  grande  Arménie,  félon  Sera- 
bon,  /.  11.  p.  529,  ou  plutôt  félon  Ortelius  Tbejaur. 
car  Scrabon  die  que  Babyrsa  ôc  Olane  étoienr  des 
châteaux  voifins  d'Artaxate  ,  ôc  fitués  dans  les  montagnes , 
où  l'on  gardoit  les  riche/Tes  de  Tigrancs  ôc  d'Artabasde. 

OLAPIA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufc-,  félon  Ptolo- 
mée. Quelques  exemplaires  portent  Olaphia. 

OLAR.GUES  ,  bourg  ,  ou  félon  d'autres,  petite  ville 
de  France ,  en  Languedoc  ,  au  diocèi'e  deS.  Pons.  Piganiol 
de  la  Force,  Defctipt.  de  la  France,  t.  4.  p.  568,  le 
nomme  bourg  d'ÛRLAQUES.  Sanfon,  carte  du  Langue- 
doc ,  en  fait  une  ville  fur  le  ruilTeau  de  Taure  ,  qui  vient 
de  S.  Pons ,  ôc  tombe  dans  i'Orbe  à  l'orient  d  0;aigues. 

OLARIO  ou  Olarinum.  Voyez.Ui.iAKV  s  ôc  Ole- 

RON. 

OLARSO  ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  félon  Pline  , 
/.  4.  c.  20.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  G.  la  met  dans  l'Espagne 
Tarragonnoife  ,  &  dans  les  villes  maritimes  des  Wcons. 
G'elt  aujourd'hui  Oliarço,  village  à  deux  lieues  de  Fon- 
tarabie. 

OLAW  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Siléfie  ,  au  du- 
ché de  Brieg.  Elle  eft  fort  jolie  ,au  nord-oueft  de  Brieg  , 
fur  la  petite  rivière  d'ÛLA  ou  Olaw  (a) ,  qui  a  fa  fource 
auprès  de  Moniterberg ,  &  qui  fe  perd  dans  l'Oder  (b) 
auprès  de  Breflau.  (a)  Habner  ,  Géogr.  p.  <5"22.  {b)  Hel- 
wlg.  Silef. 

OLBA.  Voyez.  Oliba. 

OLBASA.  Il  y  avoit  trois  villes  de  ce  nom  dans  l'A- 
fie Mineure,  félon  Ptolomée,  au  rapport  d'Ortelius. 

1.  OLBASA  ,  ville  de  Pifidie.  L'édition  de  Bertius 
porte  Obasa  ,  "O&w*  Ortelius  la  met  dans  la  Pam- 
phylie  ,  parce  que  le  chapitre  où  il  en  eft  parle  ,  porte 
-effectivement  ce  titre.  *  Ptolomée,  1.  $.c.  /. 

2.  OLBASA  ,  ville  de  la  Cappadoce  ,  dans  l'Antio- 
chiane.  *  Ptolomée,  1.  j.c.  6. 

3. OLBASA,  ville  de  la  Cilicie,  dans  laSécide.  Strabon, 
/.  14.  p.  672.  la  nomme  Olbus  ,  &  dit  qu'il  y  avoit  un 
temple  de  Jupicer,  confacré  par  Ajax  ,  frère  de  Teucer. 
Le  grand  Prêtre  de  ce  temple  étoit  feigneur  de  1a  Tra- 
chiotide.   Ptolomée,  1.  5.  c.  8. 

OLBE  ,  ville  de  l'Ilaurie  ,  félon  la  notice  d'Hierocles, 
qui  la  met  fous  la  métropole  de  Séleucie. 

OLBELUS  ,  ancienne  ville  de  la  Macédoine ,  félon 
Etienne  le  géographe.  Voyez.  Orbelus. 

OLBI ,  ville  d'Egypte ,  du  côté  de  la  Libye  ,  ftlon  le 
même. 

1.  OLBI  A  ,  ville  maritime  de  l'ifle  de  Sardaigne  fur 
la  côre  orientale ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  3.  Cet  auteur 
diftingue  la  ville  du  port  ,  ôc  met  quinze  minutes  de 
différence  en  latitude  entre  Olbia  civitas  ôc  Olbianns 
Portas.  Paufanias  dit  qu'elle  avoit  été  bâtie  par  des 
Grecs.  Elle  fut  ravagée  par  Scipion  ,  comme  il  paroîr 
par  ce  palfage  de  Florus  :  Sardiniam  adnexamque  Cor- 
Jicam  tranfit.  Olb'u  hic  ,  i'oi  Alerta  urbis  exedio  inco- 
laf  terrait.  Zonare  a  dit  de  même  :  11  attaqua  la  ville 
d'OLBiA  ,  en  parlant  de  Scipion.  Claudien  ,  de  Btllo 
Gild.  Vé  519.  die; 

Fartem  littoreo  completlitur  Olbia  muro. 

Les  habitans  font  nommés  Olbienses.  Orofe,  /.  1.  c. 
2.  les  appelle  Ulbienses.  On  a  dit  auffi  Ulbia  pour 
Olbia.  Antonin  fe  fert  de  cette  dernière  orthographe. 


Elephantaria 
Lor.gones ,      -     -     - 
Olbiam  ;         -     -     - 
Coclearia ,       -     -     ■ 
Portum  Luguidonïs , 


XII. 
XXXVIII. 

XV 
XII 


M.  Pas. 
M.  P. 
M.  P. 
M.  P. 


On  en  voit  encore  les  ruines  près  du  cap  de  Comin 
un  peu  à  l'orient  du  village  d'Orofe. 

2.  OLBIA  ,  autre  ville  de  Sardaigne, 
méridionale.  C'efl  celle  dont  parle  Tite 
17.  Elle  fut  bâtie  par  lolaiis,  d'où  lui  vint 
lea.  Elle  efl  maintenant  détruite.  Il  en 
des  ruines  auprès  du  village  de  Suilli ,  à 
gnôles  des  ruines  deSulci,  félon  l'hiitor 
Vico  de  Sardaigne  ,  cité  par  Baudrand  , 


dans  fa  partie 
Live  ,  /.  17.  c. 
le  furnom  d'Io- 

refte  pourtant 
fix  lieues  espa- 
ien  Francifc.  de 
édlt,  170J. 


Il  y  a  une  difficulté  fur  cet  article ,  c'efl  que  Tite- 
Live  parle  d  Olbia  immédiatement  après  la  prife  d'A- 
leria ,  ôc  à  l'occafion  de  Scipion. 

3.  OLBIA  ,  ancienne  ville  de  la  Gaule  Narbonnoife, 
félon  Pomponius  Mêla,  /.  2.  c.  5  ,  qui ,  allant  d'orient 
en  occident,  nomme  de  fuite  Forum  Juin,  (Frejus), 
Athenopolis  ,  Olbia ,  Taurou  ,  Citbariftes  ,  Lacydon  , 
le  port  de  Marfeille  ôc  la  ville  même  de  Marfeille.  Quel- 
ques-uns doutent  li  c'efl  Hyeres  ,  lieu  de  Provence  qui 
donne  fon  nom  aux  i/les  voifines. 

4.  OLBIA  ,  ville  de  la  Sarmatie  en  Europe  ,  à  Lem- 
bouchure  de  Boryiihène.  Elle  portoit  auffi  le  nom  de  ce 
fleuve  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  $.  qui  dit  Olbia  qu& 
&  Borysthenes  dicitur.  Voyez,  les  articles  Borysthe- 
nis  &  Borysthenits.    C'efl  I'Olbiopolis  de  Pline. 

f,  OLBIA  ,  ville  de  l'Afie  Mineure ,  en  Bithynie  ,  fur. 
la  Propontide,  félon  Ptolomée,  /.  5.  c.  1.  Quelques 
exemplaires  portent  Oliba.  Sophien  dit  que  le  nom 
moderne  efl  Verlia. 

6.  OLBIA  ,  ville  de  l'Afie  Mineure  ,  dans  la  Pam- 
phylie  ,  aux  confins  de  la  Lycie  ,  félon  Ptolomée,  /.  5. 
c.  j.  Strabon  la  donne  à  la  Lycie,  à  ce  que  dit  Orte- 
lius. Je  trouve  le  contraire  dans  Strabon  ;  car  il  dit , 
qu'après  Phafeiide ,  ville  de  Lycie  ,  fituée  fur  la  frontière 
de  la  Pamphylie  ,  eft  Olbia  ,  où  la  Pamphylie  com- 
mence :  Poji  Pbafelidem  Olbia  eft  Pam\byli&  ini~ 
tium ,  magna  Munitio. 

7.  OLBIA.  Cette  ville,  que  Pline,/.  ;.  c.  16.  attri- 
bue auffi  à  la  Pamphylie,  étoit  épiscopale.  Différentius , 
fon  évêque  ,  fouferivit  au  concile  de  Conftantinople  te- 
nu l'an  448  ,  ôc  Publias ,  affilia  à  celui  d'Ephefe  de  l'an 
43 1.  '  Harduin.  col'.ect.  conc.  t.  2.  p.  170.  t.  1.  p.  1529. 

8.  OLBIA ,  ville  dlbétic ,  félon  Etienne.  C'efl  10- 
lyba  de  Ptolomée.  Voyez,  ce  mot. 

9.  OLBIA  ,  ville  de  la  Cilicie  ,  félon  le  même.  C'efl 
la  même  que  Séleucie ,  dont  Olbia  eft  l'ancien  nom. 

10.  OLBIA ,  ville  de  l'Illyrie,  félon  le  même  Etienne. 

1 1.  OLBIA  ,  ville  épiscopale  d  Egypte  ,  félon  Orte- 
lius ,  qui  cite  le  concile  de  Chalccdoii.e.  11  ajoute  qu'el- 
le eft  nommée  Ulbia  au  troifiéme  concile  d'Ephefe. 

OLBIOPOLIS  ,  ville  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe,  an 
bord  du  Boryfihène ,  à  quinze  mille  pas  de  la  mer. 
Pline  ,  /.  4.  c.  12.  dit  :  Et  oppidum  à  mari  recèdent , 
quindecbn  millibus  pajfuum  Olbiopolis  &  Miletofolis  an- 
tiquis  nomitiibus'.  Sur  quoi  le  P.  Rardouin  obferve 
quOlbiopùlis  ôc  Miletcpo'.ii  é.oient  d'anciens  noms  de  la 
même  ville.  Voyez.  OLBIA   4. 

OLBIOPOLlT,£.  Voyez.  Bgrysthenit,£. 

OLBÏS1N1I  Ôc 

OLBISSI.  Etienne  la  géographe  nomme  ainfi  un  peu- 
ple voifin  des  colonnes  d'Hercule  ;  mais  fans  nous  ap- 
prendre s'il  étoit  en  Afrique  ou  en  Espagne. 

OLBIUS  ,  rivière  du  Pél oponéfc  ,  dans  l'Arcadie.  Pau- 
fanias,  /.  8.r.  14  dit  que  quelques  uns  la  nommoienc 
Aroanium,  &  Ortelius,  Tbefaur.  obferve  qu'Athénée 
l'appelle  Aomos. 

OLBUS.  Voyez,  Olbasa. 

OLBUTANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe,  ftlon  Oitelius  ,  qui  cite  Viclor 
d'Utique.  Je  n'en  trouve  aucune  trace  dans  les  différen- 
tes notices ,  &  je  foupçonne  que  ce  doit  être  Obeita- 
nus,  le  même  qu'OBBENsis. 

OLC  ACHITES  ,  en  grec  'Oàk*;^'™?  golfe  de  la  Nou- 
velle Numidie,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  3.  Quelques 
exemplaires  afpircnt  la  première  fyllabe ,  'Oxzayjmç , 
Holcachitef. 

OLCADES  ,  ancien  peuple  d'Espagne.  Polybe ,  Tite- 
Live  ôc  Etienne  le  géographe  en  font  mention  ;  ôc  mal- 
gré tout  cela  ,  il  n'eft  pas  aifé  de  dite  où  ils  étoienr, 
Tite  Live,  /.  u.c.  $.  dit  d'Annibil  :  Il  mena  d'abord 
fon  armée  dans  le  pays  des  Olcades ,(  nation  qui  étoit 
au-delà  de  l'Ebre ,  plutôt  enclavée  dans  le  pays  des  Car- 
thaginois ,  que  rangée  fous  leur  domination  )  ,  afin  qu'il 
ne  parût  pas  avoir  attaqué  directement  les  Sagontins  , 
mais  avoir  été  engagé  à  cette  guerre  par  l'enchaînement 
des  conjonctures  ,  après  avoir  fournis  leurs  voifins,  ôc 
être  venu  jusqu'à  eux  de  proche  en  proche.  Les  Olca- 
des  vaincus  par  Annibal,  fe  joignirent  aux  Carpetaniens: 
contre  leurs  ennemis  communs.  Polybe  racontant  la  mê- 
me hittoire,  /.  3.  c.  13.  &  fuiv.  dit  qu'Annibaî  arta,- 
Tom.  IV.  M  mm  m 


642,       OLD 

qua  d'abord  les  Olcades ,  en  fuite  les  Vaccéens  ÔC  tous 
les  peuples  au-delà  de  l'Ebre,  &  les  fournit  aux  Car- 
thaginois ;  de  forte  que  tous  ayant  été  fubjugués ,  il  ne 
reftoitplus  quelesSagontins  qui  ne  pouvoienc  manquer 
de  l'être  à  leur  tour  après  la  défaire  de  leurs  voifins. 
Tout  cela  ne  nous  apprend  point  quel  canton  les  Ol- 
cades occupoient.  Etienne  le  géographe ,  in  voce'OXxa.S'iç, 
cite  Polybe,  ôc  dit  d'après  lui ,  que  c'eft  une  nation  en- 
deçà  de  l'Ebre  j  mais  in  voce  'Axùuîa. ,  il  nomme  Al- 
tHjïa  leur  ville  ,  que  Tite-Live  nomme  Carteia.  Cel- 
larius  veut  que  l'on  corrige  ce  nom  dans  Tite-Live. 
Etienne  dit  donc  que  Altha?a  étoit  voifine  de  la  Nou- 
velle Carthage.  Ainfi  les  Olcades  étoient  voifins  des 
Orétains ,  ôc  au  midi.  Antoine  de  Lébrixa ,  Mariana  6c 
Louis  Nuiiez,  tous  gens  habiles  dans  les  antiquités  d'Es- 
pagne ,  mettent  Alth^a  au  royaume  de  Tolède  au- 
près d'Ocana  ,  à  l'orient  6c  environ  à  dix  milles  de  To- 
lède ;  ce  qui  convient  allez  au  récit  de  Tite-Live  ,  qui 
ne  met  pas  ce  peuple  fur  la  côte  ,  mais  dans  les  terres. 
Althaa  eft  le  féal  lieu  de  ce  peuple  que  les  anciens  ayent 
nommé. 

OLCHINIUM,  ancienne  ville  de  la  Dalmatie.  Pto- 
lomée,  /.  2.-  c.  17  l'appelle  Ulcinium.  Tite-Dive,  /. 
4f.  c.  16.  en  fait  auflî  mention,  ôc  la  nomme  Olcinium. 
Pline,/.  3.  c.  22  dit  Olchinium  ,  anciennement  Col- 
chinium  ,  parce,  dit-il,  qu'elle  fut  bâtie  par  les  Col- 
ques.  Ce  nom  s'ell  confervé  en  celui  de  Dulcigno  ,  qui 
elt  le  nom  moderne. 

OLCHLUMEUTS,  petite  ville  du  royaume  de  Bo- 
hème ,  dans  le  cercle  de  Konigingrats.  Elle  appartient  au 
comte  de  Kinski ,  qui  y  a  un  beau  château  avec  de 
beaux  jardins. 

OLCIMUS,  nom  d'une  montagne  &  d'une  rivière 
de  Macédoine.  Dioscoride  dit  de  la  montagne  ,  qu'on 
y  trouve  l'espèce  de  rue  qu'il  appelle  Ruiba  Silvefiris. 

Mathiole  ne  trouvant  point  ce  nom  entre  les  mon- 
tagnes de  la  Macédoine,  lui  fubftitue  celui  d'Halyac- 
mon  ;  mais  Apulée ,  de  virtut.  Herb.  parlant  de  la  rue 
de  jardin,  dit:  Memorarit  ad  Olcimum  fluviam  appcl- 
lari  viperalem.  Il  fousentend  le  mot  Ruibam.  Ainfi  Ol- 
cimus  elt  le  nom  d'une  montagne  ôc  d'une  rivière ,  ôc 
ce  mot  doit  être  confervé  dans  Dioscoride. 

OLCINIUM.  Voyez.  Olchinium. 

OLCIUM  ,  ville  de  la  Tvrrhenie,  félon  Etienne  le 
géographe.  Il  cite  le  fixiéme  livre  de  Polybe  .  dont  nous 
n'avons  que  des  ftagmens,  où  ce  nom  ne  fe  trouve  point. 

OLD.  Ce  mot  elt  le  même  que  Alt  en  Allemand  , 
ôc  veut  dire  en  Hollandois  &  en  Anglois ,  vieux ,  ancien. 
C'eft  dans  ce  fens  qu'il  entre  dans  la  compofition  de  plu- 
sieurs noms  géographiques. 

OLD-AMPT,  c'eit-à-dire ,  le  Vieux  Bailliage, 
contrée  des  Pays-Bas  dans  les  Provinces  Unies.  On 
nomme  ainfi  un  quartier  de  la  feigneurie  de  Groningue  , 
renfermé  entre  les  marais  6c  le  bras  de  mer  nommé  le 
Doilaert.  Il  a  le  quartier  de  Fivelingo  au  nord  ,  &  con- 
fine avec  l'Oofifrife.  Wmschoten  en  elt  le  principal  lieu. 
*  DiElion.  géogr.  des  Pays-Bas. 

OLD  CARLILE  ,  ou  l'ancienne  Carl'de.  Voyez.  Car- 
lile. 

OLD-PENRETH,  village  d'Angleterre,  au  comté 
de  Ctimberland  ,  près  de  Penreth.  Voyez.  Voreda. 

OLD-RADNOR  ,  village  dAngleterre,  dans  la  prin- 
cipauté de  Galles ,  près  de  la  ville  de  Radnor.  C'elt  le 
lieu  nommé  Magnis  dans  l'itinéraire  d'Antonin  ,  ôc  par 
l'anonyme  de  Ravenne. 

OLD-TOWN ,  village  d'Angleterre  ,  au  comté  de 
Hereford  ,  près  de  la  ville  de  Hereîord.Voyez.  Blestium. 

OLDA  ,  rivière  de  France ,  dar.s  la  Guienne  ,  où  elle 
fe  jette  dans  la  Garonne.  Le  nom  moderne  elt  Loda , 
par  un  renverfement  de  lettres ,  félon  Jofeph  Scaliger , 
in  Letï.  Aufon.  C'elt  le  Lot. 

1.  OLDENBOURG  ,  ville  du  Holitein  ,  dans  la  Va- 
grie.  Voyez.    Altenbourg  2. 

2.  OLDENBOURG  ,  château  d'Allemagne,  en  Weft- 
phalie  ,  fur  la  montagne  de  Furltenbcrg ,  aux  confins  des 
comtés  d'Arenfbeig  &  de  la  Marck.  La  rivière  de  Roer 
arrofe  le  pied  de  cette  montagne.  11  y  a  plus  de  trois 
fiécles  que  ce  châteu  eft  détruit.  Il  en  refie  encore  une 
chapelle.  Ce  château  étoit  l'ancienne  demeure  des  ba- 
rons de  Furltenberg.  *  Monument ,  Paderborn.p.zyi. 


OLE 


3. OLDENBOURG  .villcd' Allemagne  ,  en  Weftpha- 
lie ,  dans  un  comté  de  même  nom ,  dont  elle  elt  le 
chef-lieu,  vers  le  53  degré  1;  m.  de  latitude.  Le  duc 
Waldbert  descendu  de  Wuikind ,  roi  de  Saxe ,  qui  vivoic 
en  8/0  ,  époufa  Altburg  ou  Oltburg,  fille  unique  du 
comte  de  Lefsmona  ,  aujourd'hui  Lefshem  ,  vaille  de 
levêché  de  Brème  fur  la  Wimmer ,  6c  en  fon  honneur 
il  bâtit  dans  l'Ammerland  le  château  d' Altenbourg  ou 
Oldenbourg  ,  au-deffous  de  la  ville  de  Wildeshaufen  ,  ôc 
ce  château  donna  enfuite  ce  nom  à  la  ville  ôc  au  comté. 
Crantzius ,  Metropol.  I.  3.  c.  1$.  Chyrraus,  Saxon,  in 
Proœm.  Helmold  &  Albert  de  Stade  parlent  fouvent& 
honorablement  des  comtes  d'Oldenbourg.  Oldenbourg 
eft  muni  de  remparts  ôc  de  foliés ,  ôc  arrofé  par  le  Hun- 
te ,  rivière  qui  porte  des  barques.  Il  y  a  trois  églifes  ;  fa- 
voir ,  faint  Lambert  ,  le  S.  Esprit ,  6c  faint  Nicolas.  Le 
château  étoit  la  refidence  ordinaire  des  comtes.  Il  y  a  un 
pont  fur  le  Hume.  Le  Laboureur ,  qui  y  pafia  avec  la  reine 
de  Pologne  en  1640",  en  parie  ainfi  :  La  ville  d'Olden- 
bourg elt  de  médiocre  grandeur,  fortifiée  d'une  bonne 
muraille ,  avec  des  bafiions  terraffés ,  ôc  un  large  fofie 
plein  d'eau,  qui  repalie  dans  la  ville  pour  ladéfenfedu 
château  qui  fert  de  citadelle.  La  cour  eft  carrée  ,  & 
allez  grande  pour  mettre  fix  cens  hommes  en  bataille  : 
tout  autour  elt  bâti  le  palais  ,  en  divers  corps  de  logis 
magnifiques.  La  maifon  des  comtes  d'Oldenbourg  pos- 
féde  aujourd  hui  la  couronne  de  Danemarck  ôc  de  Nor- 
wegue  ,  depuis  ChriltianI,  couronné  l'an  1448,  jusqu'à 
préfent.  *  Relation  du  voyage  de  la  reine  de  Pologne , 
pag.  93. 

4. OLDENBOURG  (  Le  comté  d'  ) ,  eft  entre  la  mer 
d'Allemagne  au  nord,  le  Wefer  qui  la  fépare  du  pays 
de  Brème  ,  ôc  le  comté  de  Delmenhorlt  à  l'orient  ;  Wil- 
deshufen  ôc  l'évêché  de  Munfterau  midi ,  &le  comté 
d'Ooltfrife  au  couchant.  Il  peut  avoir  quinze  lieues  du 
nord  au  fud,  Ôc  neuf  du  couchant  au  levant.  C'elt  un  pays 
très-fertile  en  grains  ôc  en  pâturages ,  ôc  qui  abonde 
en  chevaux  ;  de  grands  marais  le  féparent  du  pays  de 
Munftcr.  Le  Hume  l'arrofe  ôc  le  Wefer  le  termine  com- 
me j'ai  dit.  Il  a  fur  l'Océan  quelques  allez  bons  ports , 
qui  lui  attireroient  un  commerce  avantageux  ,  s  il  n'é- 
toit  pas  détourné  par  les  villes  de  Hambourg,  de  Bre- 
men  ôc  d'Embden.  Le  comté  de  Delmenhorlt  lui  eft  uni 
depuis  long-tems  ,  ôc  étoit  poffédé  par  les  mêmes  com~ 
tes.  La  maifon  royale  de  Danemarck  n'étoit  qu'une  bran- 
che de  la  maifon  d'Oldenbourg.  Celle  qui  étoit  reftéeen 
poffeflîon  de  ce  comté  s'éteignit  en  1667  ,  dans  la  per- 
fonne  d'Antoine  Gonthier.  Il  y  eut  de  grands  débats  pour 
la  fucceflîon  entre  la  branche  de  Holitein  ôc  celle  de 
Danemarck  ,  qui  en  refta  en  poffeïïion. 

OLDENDORP,  petite  ville  d'Allemagne,  en  We- 
ftphaiic,  au  comté  de  Schawenbourg ,  fur  le  Wefer, 
entre  Hameln  ôc  Rintelen.  Il  y  a  une  douane.  Les  Sué- 
dois y  gagnèrent  une  bataille  le  28  Juin  1633.  *  Zcyler, 
Weltphal.  Topog. 

OLDENPOA ,  canton  de  la  Livonie  ,  dans  l'Eftonie , 
entre  le  lac  de  Wortz  au  couchant  ôc  le  lac  Peipus  au 
levant.  La  ville  de  Derpt  en  eft  l'unique  ville.  Il  y  a  au 
nord  le  bourg  de  Lais  ,  au  midi  Oldenpoa  bourgade  , 
à  l'orient  le  château  de  Verbeck  ,  au  couchant  celui  de 
Ringen  ôc  quelques  villages.  Pernau ,  que  Baudrand  y 
met  aufli ,  n'a  rien  de  commun  avec  l'Oldenpoa.  *  Atlas, 
Rob.  de  Vaugondy. 

OLDENZEEL  ou  Oldenseel,  Sali  a  vêtus ,  petite 
ville  dçs  Pays  Bas ,  dans  les  Provinces-Unies ,  au  pays 
de  Twente  ,  dans  l'OverilTel  ,  à  trois  lieues  d'Oetmar- 
fen  ,  &  à  dix  de  Deventer.  *  Dicl.  géograp.  des  Pays- 
Bas. 

OLDESLO  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  cercle  de 
la  Balle  Saxe  ,  dans  la  partie  du  Holftein  ,  appellée  pro- 
prement la  Vagrie,  fur  laTrave,  à  trois  milles  deLur 
beck.  *  Baudrand  ,  édir.  170;. 

OLEA  ,  en  grec  'EX«<* ,  mot  qui  veut  dire  l'Olivier  Se 
l'Olive.  Plutarque  parle  de  deux  fontaines ,  dont  l'une 
s'appclloit  ainfi,  ôc  l'autre  la  Palme  ou  le  Palmier  , 
Palma  ,  <î>o;wf  ,  elles  étoient  dans  la  Bœotie  ,  auprès  de 
la  montagne  deDelos.  On  difoit  qu'Apollon  étoit  né  en 
cet  endroir.  Voici  le  paflage  de  Plutarque  pris  de  la 
vie  de  Pelopidas.  Traditci.de  D acier ,  t.  3.  p.  199.  Un 
peu  au-defibus  de  ce  marais  eft  le  temple  d'Apollon 


OLE 


Tégyrécn  &  fon  cr.icle. .  .  On  prétend  que  ce  fut  là 
que  ce  dieu  naquit.  En  effet ,  la  monragne  voifine  eft 
appellée  Delos  ,  &  c'eft  au  pied  de  cette  montagne  que 
finiffenr  les  inondations  du  Mêlas.  Derrière  ce  temple 
faillent  deux  fources  très-abondantes  d'une  eau  merveil- 
leufe  pour  fa  douceur  Se  fa  fraîcheur  :  nous  les  appelions 
encore  aujourd'hui  l'une  la  Palme  Se  l'autre  l'Olive  ; 
comme  Latone  ayant  accouché,  non  entre  deux  arbres, 
mais  entre  ces  deux  fources.  On  voie  même  près  delà 
le  mont  Ptoum  ,  d'où  l'on  die  que  fortit  ce  furieux  fan- 
glier  ,  qui  fit  une  fi  grande  frayeur  à  cetre  déeffe. 

OLEASTRO  ,  ville  d'Espagne,  au  département  de 
Gades ,  félon  Pline,  /.  3.  c.  1.  Elle  eft  nommée  Glea- 
ftron  ,  'OAêaç-pof ,  par  Ptolomée  ,  /.  z.  c.  4.  qui  la  mec 
dans  la  Bétique.  Pomponius  Mêla  fait  mention  d'un 
bois  nommé  Oleaflrum  ,  dans  le  golfe  de  Cadix.  Irtpro- 
ximo  Sinu  Portas  eft  qitem  Gaditanum ,  &"  Lucas  aucm 
Oleaflrum  appeltant. 

OLEATRON  ,  ou  félon  la  rerminaifon  latine  Olea- 
trum  j  ancienne  ville  d'Espagne.  Strabon  ,  /.  3.  p.  15-9. 
dit  après  avoir  parlé  de  Sagonre  ,  ville  détruite  par  An- 
nibal.  Les  villes  voifines  font  Cherronefe  ,  Oleatron  , 
Cartalias ,  Se  DertolTa  qui  eft  au  paffage  même  de  l'Ebre. 
Zurita  croit  que  c'eft  I'Oleastrum  d'Antonin. 

1.  OLEASTRUM  ,  ville  d'Espagne  ,  fur  la  route  de 
Tartagone  à  Tortofe  ,  félon  Antonin ,  Itiner.  à  vingt-un 
mille  pas  de  la  première. 

2.  OLEASTRUM,  promontoire  d'Afrique,  dans  la 
Mauritanie  Tingitane,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  1. 

OLENA ,  ville  de  la  Toscane.  Il  en  eft  parlé  dans 
les  fragmens  de  Caton. 

OLFNACUM  ou  Olenagum,  lieu  de  la  Grande- 
Bretagne.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  notice  de  l'Em- 
pire. Ortelius  dit  que  c'eft  Elenborrow ,  Se  cite  Camb- 
den.  Cambden  dit  que  c'eft  Linstock ,  bourgade  d'Angle- 
terre ,  dans  le  Cumberland. 

OLENIA  PETRA.  Voyez.  Scollis. 

OLENON  ,  bourg  dans  l'Aulide  ,  dit  Ortelius  ,  Se  il 
cite  Hygin  ;  ajoutant  qu'il  fut  bâti  par  Olenus,  fils  de 
Vulcain. 

OLENUM,  félon  Pline,  /.  4.  c.  ;.ou 

1.  OLENUS  ,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  l'Achaïe  , 
■entre  Patras  <c  Dyme.  Etienne  dit,  Olenus,  ville  d'A- 
chaïe.  Strabon,  /.  8.  p.  386.  la  met  fur  une  grande  ri- 
vière nommé  le  Mêlas  ;  c'eft  la  même  rivière  qu'Héro- 
dote nomme  le  Pierus  >  Se  Paufanias  Pirus.  Ptolomée 
la  nomme  entre  Patra  Se  Dyme.  Spon  dans  fes  voyages , 
f.  2.  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Caminitza.  Cette  ville  a 
été  épiscopale.  Parmi  fes  évêques  >  on  trouve  Sifoes 
Olenx. 

2.  OLENUS  ,  défert  entre  Patras  &  Dyme,  félon 
Euftatrie  ,  fur  le  fécond  livre  de  l'Iliade. 

3.  OLENUS,  ville  d'Afie,  dans  laGalatie,  félon  Pto- 
lomée, /.  j.c.  4  qui  la  met  au  couchant  d'Ancyre. 

4.  OLENUS,  ville  de  Grèce,  dans  l'Etolie  ,  félon 
Strabon  ,  /.  8.  p.  386.  Il  n'en  reftoit  déjà  plus  de  fon  tems 
que  les  ruines.  Baudrand  ,  édit.  1705.  nomme  Oleno  un 
village  de  la  Livadie ,  furie  Fidari ,  au-deiTus  de  Neo- 
Caftro  ,  Se  croit  que  c'eft  cette  Olenus  d  Etolie. 

1 .  OLERON  ,  ifte  de  Fiance ,  fur  la  côte  d' Aunis  Se  de 
Saintonge.  Le  Permis  d'A mioche  la  fépare  de  l'ifle  de 
Ré ,  celui  de  Maumiffon  au  midi  la  fépare  du  conti 
nent  de  la  Saintonge.  Les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom 
d'UliariuSj  comme  on  le  peut  voir  dans  Pline,  /.  4.  c. 
19.  Sidonius  Apollinaris  l'appelle  Olario.  Elle  a  en- 
viron cinq  lieues  de  longueur  fur  deux  de  largeur ,  Se 
ellen'eft  qu'à  deux  lieues  du  continent.  Ses  habitans  pas- 
fent  pour  bons  hommes  de  mer  depuis  fix  à  fept  cens 
ans  ,  dit  l'abbé  de  Longuerue  ,  Defcript.  de  la  France , 
1 ,  part.  p.  163.de  forte  que  c'éroit  eux  qui  donnoient  les 
loix  de  la  marine  qu'on  appelle  aujourd'hui  les  Lcix 
d'Oleron.  Ces  Infulaires  ont  toujours  eu  de  grands  pri- 
vilèges, tant  fous  les  ducs  d'Aquitaine  que  fous  les  rois 
de  France  &  d'Angleterre.  Ils  avoient  un  gouverneur  par- 
ticulier qui  avoir  de  fort  beaux  droits-  Les  RocheLiis  au 
feiziéme  fiécle  s'emparèrent  de  cetre  ifle  &  de  celle  de  Ré , 
&  comme  les  habitans  leur  étoient  affectionnes  à  caufe 
de  la  religion  Proteftanre  qu'ils  avoient  embraffée  pour 
la  plupart ,  les  Rochelois  furent  toujours  les  maîtres 
de  cette  ifie  jusqu'à  l'an  1G1  $  ,  que  Louis  XIU.  la  fub- 


OLE       643 


jogua  avec  celle  de  Ré  ,  &  fit  bâtir  une  fortereffe  au  lieu 
où  étoit  l'ancien  château.  Le  gouvernement  de  cette  ifie 
qui  ne  dépend  plus  de  celui  de  Saintonge,  eft  fubor- 
donné  à  celui  d'Aunis,  quoique  les  infulaires  d'Oleron 
reconnoiffent  toujours  la  jurisdiction  du  fenéchal  de 
Saintonge ,  Se  en  cas  d'appel  le  parlement  de  Bordeaux. 

Lorsque  les  comtes  d'Anjou  poffédoient  la  Saintonge, 
ils  avoient  le  domaine  utile  de  l'ifle  d'Oleron,  comme 
on  le  peut  voir  par  la  chartre  de  Géofroi  Martel ,  com- 
te d'Anjou  ,  &  de  fa  femme  Agnès ,  pour  la  fondation 
du  monaftere  desreligieufes  de  Notre-Dame  de  Saintes, 
datée  de  l'an  1 047.  Dans  la  même  chartre ,  le  comte 
loue  beaucoup  la  fertilité  du  terroir  de  cette  ifle  en 
ces  termes  :  Infula  cai  Blarium  nomen  eft  ,  quamque  for- 
moftjfimafoli  fcrtilitas  &  amœnïtatis  commoditas  nobili- 
tat.  Après  la  réunion  de  la  Saintonge  an  duché  d'Aqui- 
taine, quoiqu'il  y  eût  en  cette  ifle  un  gouverneur,  il  y 
avoir  un  feigneur  propriétaire  qui  étoit  de  la  maifon  de 
Montmor.  Lorsque  le  roi  Charles  V  l'acquit  Se  l'unit  à 
la  couronne  par  fes  lettres  du  17  Février  1372  ou 
1373  ,  le  roi  donna  le  gouvernement  de  lifle  au  fei- 
gneur de  Montmor  ,  avec  les  droits  qui  y  étoient  at- 
tachés. On  avoit  promis  une  récompenfe  àcesfeigneurs 
pour  laquelle  il  y  eut  de  grands  différens  avec  les  of- 
ficiers royaux.  Cependant  les  droits  de  ceux  de  la  maifon 
de  Montmor  palTerenr  aux  lires  de  Pons  ,  qui  plaidèrent 
long-tems  contre  le  domaine  à  caufe  de  plufieurs  terres 
qu'on  leur  conteftoit  en  Saintonge  ,  jusqu'à  ce  que  par 
arrêt,  rendu  au  parlement  de  Paris,le  16  Scpten  bie  i  5  14, 
on  adjugea  plufieurs  terres  à  la  maifon  de  Pons  ;  mais 
l'ifle  d'Oleron  tk  toutes  fes  dépendances  furent  adjugées 
au  roi. 

L'ifie  d'Oleron  a  douze  lieues  de  circuit  Se  dix  ou  don- 
ze  mille  habitans.  Son  terroir  eft  très  fertile  Se  produit 
du^  bled,  du  vin  ,  du  fel ,  Sec.  Elle  eft  défendue  par  un 
château  fitué  dans  la  partie  orientale  ,  qui  a  une  garnifon 
de  cinq  à  fix  cens  hommes.  Il  y  a  dans  cette  ifle  fix 
paroifies,  un  couvent  de  Récolets  Se  plufieurs  bénéfices 
fimples.  Il  y  a  deux  hôpitaux,  l'un  pour  les  foldatsdé 
la  garnifon  tk  l'autre  pour  les  ouvriers  cV  les  matelots  : 
ce  font  des  fœurs  Grifes  qui  gouvernent  ce  dernier  tk  qui 
infiruifent  les  jaunes  filles  du  bourg  tk  des  villages  des 
environs.  La  tour  de  Chaftîron  eft  un  fanal  fitué  à  l'une 
des  pointes  la  plus  avancée  de  cette  ifle  pour  faire  con- 
noître  aux  vaifTcaux  l'entrée  du  Pertuis  d'Antioche.  * 
Pïgamol  de  la  Force ,  Defcription  de  la  France  ,  tom.  r. 
pag.  68. 

2.  OLERON,  ville  de  France,  enBearn,  furie  Ga- 
ve ,  qui ,  à  caufe  d'elle  ,  eft  appellée  Gave  d'Oleron  ;  fes 
noms  latins  font  Haro  ,  îllurona>  Elloronenfiam  Civitas. 
C'eft  une  allez  grande  ville  à  quatre  lieues  de  Pau  ,  à 
rrois  de  Navarreins ,  à  fept  des  frontières  de  la  Na- 
varre Se  de  l'Arragon.  Elle  eft  fort  peuplée,  Se  la  plu- 
part de  fes  citoyens  font  négocians ,  &  font  presque 
tout  le  commerce  d'Arragon.  Il  y  en  avoit  beaucoup  de 
riches  avant  le  premier  jour  de  Juin  de  l'an  1694,  que 
leurs  correspondans  qui  demeuroient  à  Satragoce  fu- 
rent pillés  par  le  peuple  de  cette  ville  qui  fe  foulcva  con- 
tre eux  &  les  chafià,  après  avoir  enlevé  tous  leurs  errèts. 
Depuis  ce  tems  ,  Oleron  ne  s'eft  point  rétablie  Se  le 
commerce  y  a  été  hnguiffant.  La  rivière  fépare  cette 
ville  d'une  autre  nommée  Ste  Marie  ,  tk  ces  deux  vil- 
les fe  communiquent  par  un  ponr  de  pierres.  C'eft  dans 
cette  dernière  qu  eft  la  cathédrale  Se  h  réfidence  de 
l'évêque  d'Oleron.  Oleron  ,  dit  de  Longuerue ,  Defcf. 
de  la  France  ,  1.  pirt.p.  210.  fituée  dans  les  Pyrénées 
eft  dans  le  territoire  des  anciens  peuples  Tarbclliens 
&  n'a  point  été  connue  avant  le  cinquième  fiécle,  où 
on  la  trouve  marquée  dans  l'itinéraire  d'Antonin  fous 
le  nom  d'Iluro  ,  corrompu  peu  après  en  Eloro  Se 
Oloro.  On  ne  voir  point  auln  qu'il  y  ait  eu  d'évêques 
en  cette  ville  avant  le  commencement  du  fixiéme  fié- 
cle ,  Se  avant  l'évêque  Gratus,  qui  affilia  l'an  506  au 
concile  d'Agde  ,  Se  qui  eft  appelle  dans  les  fie-natures 
Episcopus  Oloronenfis  ;  mais  dans  le  quatrième  concile  de 
Paris  Se  dans  le  fécond  de  Mâcon  qui  ont  été  tenus  après 
celui  d'Agde  ;  l'évêque  Licerius  d'Oleron  eft  appelle  epis- 
copus Elororenfis.  Oleron  fut  minée  avec  la  ville  de 
Béarn  par  les  Normands  Se  les  Sarraiîus  ,  Se  fon  éve- 
ché  fut  long-tems  tenu  par  les  évêques  de  Gascogne, 
Tom.  IV.  M  m  m  m  ij 


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c'eft-a  dire,  par  des  prélats  qui  poffédoient  feuls  tous 
les  évêchés  de  Gascogne  ;  mais  après  la  dépofition  de 
l'évêque  Raimond ,  on  donna  à  ce  fiége  un  évéque  par- 
ticulier ,  nommé  Etienne ,  qui  étoit  déjà  en  poffeflîon  dès 
l'an  ioj8.  Ce  fut  en  fon  tems  que  l'églife  cathédrale 
d'Oleron  fut  rebâtie,  Se  la  ville  enfuite,  par  Centule, 
vicomte  de  Béam ,  qui  donna  le  vicomte  d'Oleron  en 
partage  à  fon  fils  naturel ,  nommé  Aner-Loup.  11  jouit 
long-rems  de  cette  vicomte  Se  fon  fils  Aner-Loup ,  après 
la  mort  duquel  les  vicomtes  de  Béarn  unirent  à  leur  vi- 
comte celle  d'Oleron  ;  enforte  que  depuis  elle  n'en  a  plus 
été  féparée.  *  Piganiol  de  la  For-ce ,  Defcr.  de  la  Fran- 
ce, t.  5.  p.  44e. 

L'évêché  d'Oleron  a  zoo  paroiffes  Se  s'étend  encore 
dans  tout  le  pays  de  Soulle  qui  en  a  foixante-quatre  \ 
il  eft  fous  la  métropole  d'Auch.  Le  chapitre  de  la  ca- 
thédrale eft  l'unique  qu'il  y  ait  dans  ce  diocèfe ,  Se  eft 
compofé  d'un  archidiacre  &  de  douze  chanoines.  Il  n'y 
a  auffi  dans  ce  diocèfe  que  l'abbaye  de  faint  Vincent  de 
Luc  ;  elle  eft  de  l'ordre  de  faint  Benoît;  celui  qui  en  eft 
pourvu  a  entrée  aux  états  de  Béarn  ,  Se  elle  lui  rapporte 
cinq  à  fix  mille  livres  de  revenu.  La  menfe  monacale  eft 
aujourd'hui  poffédée  par  les  Barnabites.  *  Figatiiol  de  la 
Force,  Defcription  de  la  France,  tom.  4.  pag.  416  Se 
427. 

OLERUS  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  au-deffus  à' Hier  a 
Tytna  ,   félon  Etienne  le  géographe. 

OLESKO  ,  petite  ville  de  la  Pologne ,  au  palatinat  de 
Volhinie,  aux  confins  des  palatinats  de  Belz  Se  de  Ruffie , 
à  l'orient  de  Busk  ,  qui  eft  du  premier  de  ces  deux  pa- 
latinats voifins  Se  au  nord  de  Soloczow  ,  affez  près  âes 
fources  de  la  rivière  de  Boug  qui  tombe  dans  la  Viftule  , 
Se  de  celle  de  la  rivière  de  Ster  qui  fe  perd  dans  le 
Przypietz  ,  au  levant  d'été  Se  à  dix  milles  géographi- 
ques de  Léopol.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaitgondy. 

OLETTE  ,  bourg  de  France  , dans  le  Rouffftlon  ,  au 
diocèfe  de  Perpignan  ,  dans  la  viguerie  de  Conflans. 

OLEUM  ,  rivière  de  l'Espagne  Tarragonnoife ,  félon 
Feftus  Avienus,  cité  par  Ortelius. 

OLEZO  ou  Olegio  ,  bourg  d'Italie ,  dans  la  Lombar- 
die.au  duché  de  Milan,  dans  le  Novarez ,  fur  le  Te- 
zin ,  à  fix  milles  au-deffous  de  l'endroit  où  cette  rivière 
fort  du  lac  majeur  ,  à  fept  de  Sefto  Se  à  dix  de  Novara. 
*  Baudrand,  édit.  170 y. 

OLGANUS,  nom  de  lieu  ,  félon  Ortelius ,  Thefaur. 
Etienne  le  géographe  ,  in  voce  Mi'eza  ,  le  nomme  fans 
autre  éclairciffement  ;  il  femble  néanmoins  infinuer  que 
c'étoit  une  rivière.  Peut-être  cette  rivière  n'eft-elle  pas 
différente  de  YOlcimusde  la  Macédoine,  dont  parle  Dios- 
coride. 

OLGASSUS.  Voyez.  Olyssas. 

OLIA  ,  ville  de  la  Méfopotamie,  félon  Ptolomée  , 
/.  /.  c.  18.  Quelques  exemplaires  portent  Eliïa. 

OLIANA  ,  rivière  d'Espagne.  Elle  a  fa  fource  dans 
la  Nouvelle  Caltille,  aux  confins  du  royaume  de  Va- 
lence ,  d'où ,  coulant  vers  le  midi ,  elle  patte  à  Gaude- 
te ,  à  Utiel  ,  à  Requena  ,  entre  dans  le  royaume  de 
Valence,  fe  joint  au  Cabriel ,  Se  fe  perd  avec  lui  dans  le 
Xucar. 

OLIAROS  ,  ifle  de  l'Archipel ,  l'une  des  Cyclades  , 
entre  l'ifle  de  Siphnus  au  couchant ,  Se  celle  de  Paros 
au  levant.  Voyez.  Antiparos. 

OL1BA,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife,  au 
pays  des  Béions.  On  croit  que  c'eft  préfentement  Olit. 
Voyez,  ce  mot. 

OLIBANUS  ,  montagne  des  Locres  Epizéphyriens  , 
dans  la  Grande  Grèce.  C'eft  ainfi  que  Celfus  Contadi- 
nus  vouloit  qu'on  lût  ce  mot ,  au  lieu  de  Clibanus  qui 
fe  lit  dans  Pline. 

OLîBERA.  Voyez.  OrixA. 

OLIBRIONES.  Voyez.  Labrones. 

OL1CANA  ,  ville  de  lifle  d'Albion,  au  pays  des  Bri- 
dantes ,  félon  Ptolomée ,  /•  2.  c  2.  C'eft  aujourd'hui  IlK- 
ley  ,  fur  la  petite  rivière  de  Wherf,  félon  Baxter.  Camb- 
den,  Glojfar.  anùq.  Britann.  dit  que  c'eft  Otf.iey,  Se 
Lhuyd  que  c'eft  Halegfex. 

OLIEN  A  ,  petite  ville  de  Sardaigne  ,  fur  la  côte  orien- 
tale de  l'ifle  ,  environ  à  dix-huit  lieues  de  Cagliari ,  vers 
le  levant ,  fur  une  rivière  de  même  nom.  *  Baudrand , 
«dit.  170;. 


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OLIERGUES,  petite  ville  delà  Baffe  Auvergne,  au 
diocèfe  de  Clermont.  11  y  a  une  manufacture  de  camelots 
de  laine.  Elle  eft  fit uée  fur  la  Dore ,  vers  les  confins  du 
Forez  ,  à  fept  lieues  deMontbrifon  ,  Se  à  cinq  au  deffus 
de  Thiers.  Elle  a  ritre  de  baronnie. 

OLIETE ,  Olita  ,  village  d'Espagne ,  dans  l'Àrragon  , 
fur  la  rivière  Martin ,  entre  Montalvan  Se  Ixar.  Quel- 
ques-uns y  ont  cherché  Leonica.  Voyez,  ce  mot. 

OLIGYRTISou  Ologyrtis,  ville  du  Péloponnèfe; 
félon  Polybe.  Plutarque  la  nomme  Ologuntus  dans  la 
vie  de  Cléoméne.  C'étoit  une  petite  ville  de  l'Arcadie , 
félon  la  remarque  de  Dacier  ,  Hommes  illuftres  de  Blw 
tarque,  t.  7.  p.  81. 

OLIKA,  ville  de  Pologne,  avec  titre  de  duché  ,  dans 
la  Volhinie  ,  entre  la  rivière  de  Ster  Se  le  duché  de  Clé- 
van  ;  elle  eft  forte ,  a  une  bonne  citadelle  ,  une  académie, 
&  appartient  à  la  maifon  de  Radziwil.  Les  Cofaques  re- 
belles l'affiégerent  inutilement  en  i6ji. 

OLIMACUM,  ville  ancienne  de  la  Haute  Pannonie, 
félon  Ptolomée,/.  i.c.  i$.  On  croit  que  c'eft  aujour^ 
d'hui  Lymbach  en  Hongrie  ,aux  confins  de  la  Styrie. 

OLIMPE.  Voyez.  Olympe. 

OLIMPIA.  Voyez.  Olympia. 

OLIMPUS.  Voyez.  Olympus. 

1.  OLINA,  nom  d'une  rivière  de  la  Gaule  Celtique; 
félon  Ptolomée,/.  2.  c.  8.  C'eft  préfentement  l'Orne. 
Voyez,  ce  mot. 

2.  OLINA,  ancienne  ville  de  FEspagne  Tarragon- 
noife ,  chez  le  peuple  Callaïci  Litc'wfn  dans  les  terres , 
félon  Ptolomée.  On  croit  communément  que  c'eft  au- 
jourd'hui Molina. 

3.  OLINA.  Voyez,  Ollina. 

OLINDE,  ville  de  l'Amérique  méridionale  >  au  Brefil, 
dans  la  Capiranie  de  Femambouc  ,  dont  elle  étoit  la  ca- 
pitale. Elle  étoit  auffi  le  fiége  de  l'évêque  Se  la  réfidence 
du  gouverneur,  avant  que  la  ville  de  Beciffa  qui  n'en 
eft  féparée  que  par  un  pont ,  fût  auffi  confidérable  qu'elle 
l'eft  aujourd'hui.  Il  y  a  plufieurs  collines  dans  fon  circuit, 
Se  une  grande  inégalité  de  terrein.  Le  collège  qui  a  ap- 
partenu aux  Jéfuites ,  s'y  fait  diftinguer  parmi  les  édifices 
publics.  Il  a  été  fondé  par  Sébaftien  ,  roi  de  Portugal, 
Se  il  eft  bâti  fur  le  penchant  d'une  colline  en  un  lieu  fort 
agréable.  Il  y  a  dans  le  territoire  de  la  ville  un  village  de 
Brafiliens  qui  dépend  de  ce  collège  :  on  y  compte  plus 
de  neuf  cens  habitans  qui  font  tous  baptifés.  Le  couvent 
des  Capucins  eft  auprès  de  ce  même  collège ,  &  celui 
des  Dominicains  eft  presque  au  bord  de  la  mer.  Le  mo- 
naftere  de  faint  Benoît  eft  dans  la  ville  haute.  Il  y  a 
encore  un  couvent  de  religieux,  appelle  la  Conception  de 
Notre-Dame.  La  principale  églife  paroiffiale  d'Olinde  a 
le  nom  de  faint  Sauveur.  Il  y  en  a  une  autre  dédiée  à 
faint  Pierre  ,  fans  compter  l'églife  jointe  à  l'hôpital ,  & 
qui  eft  appellée  de  la  Miféricorde;elle  eft  vers  le  mi- 
lieu de  la  ville  fur  un  haut  coteau  auprès  duquel  eft 
l'églife  de  Nojfa  Signora.  del  Emparo.  On  y  voit  encore 
les  églifes  de  faint  Jean  Se  de  Notre-Dame  de  la  Gua- 
daloupe.  La  chapelle  de  faint  Amaro  eft  tout  proche  de 
la  ville,  hors  laquelle  eft  auffi  Notre-Dame  du  Mont. 
On  tient  que  les  bourgeois  font  au  nombre  de  deux  mil- 
le tant  hommes,  que  femmes  Se  enfans,  fans  les  eccléfia- 
ftiques  Se  les  esclaves.  Il  n'y  a  aucune  ville  dans  tout 
le  Brefil  qui  manque  plus  des  chofes  néceffaires  à  la 
vie,  de  forte  qu'il  y  faut  fouvent  porter  des  vivres  des 
autres  gouvernemens ,  Se  même  des  Canaries  &  du 
Portugal. 

Le  port ,  qui  n'eft  pas  fort  grand  ,  eft  fermé  de  bancs 
Se  de  rochers  comme  d'une  barre  qui  borne  la  côte  l'es- 
pace de  plufieurs  lieues ,  ce  qui  fait  que  les  gros  navi- 
res n'y  entrent  que  par  une  ouverture  étroite.  Us  y 
font  dans  une  petite  baie  ,  où  fe  décharge  une  petite  ri- 
vière qui  descend  du  continent  à  une  lieue  ou  un  peu 
plus  de  la  ville.  Sur  le  port  il  y  a  une  manière  de 
fanxbourg  où  font  quelques  maifons  -,  on  y  porte  le  fu- 
cre  Se  les  autres  marchandifes.  Il  eft  défendu  par  un 
château  bâti  fur  un  long  col  de  terre  vis-à-vis  de  l'en- 
trée du  port,  qu'il  peutaifément  fermer  aux  navires. 
Jacques  Lancafhe  ,  Anglois ,  ne  laiffa  pas  d'y  entrer  en 
ÏJ9J  avec  huit  ou  dix  vaiffeaux  ;  les  Portugais  ayant  pris 
la  fuite  à  fon  arrivée  ,  il  fe  rendit  maître  du  château 
&  du  fauxbourg,  dans  lequel  il  y  avoit  alors  cent  mai- 


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fons.  Il  fie  un  riche  butin  ,  de  après  y  avoir  demeuré  un 
mois,  il  emmena  fes  vaifleaux  chargés  de  djverfes  mar- 
chandifes  du  Brefîl  &  de  tour  ce  que  l'Orient  produit 
de  plus  riche.  Lorsqu'il  fut  parti ,  les  Portugais  bâtirent 
un  autre  petit  château  vis-à-vis  du  premier  fur  un  ro- 
cher dans  la  mer  même  ,  ce  qui  a  rendu  l'entrée  de  ce 
port  presque  inacceftîble  à  l'ennemi.  Les  Hollandois  étant 
arrivés  dans  le  Brefîl  avec  une  forte  armée  navale  ,  pri- 
rent cette  ville  en  1630,  &  quand  ils  l'eurent  aban- 
donnée ,  les  Portugais  y  rentrèrent  6c  en  font  demeu- 
rés maîtres.. 

Telle  étoit  la  ville  d'Olinde  ,  quand  de  Lact  en  fai- 
foit  la  defeription.  Durret  ,  Voyage  de  Marjalle  à  Li- 
ma, parc.  2.  p.  1  36.  qui  y  a  été  en  17 10  ou  171  1  ,  dit  : 
A  une  lieue  6c  demie  de  Fernambouc  du  côté  du  nord  , 
on  trouve  la  ville  d'Olinde  qui  étoit  autrefois  fort  gran- 
de 6c  fort  belle ,  avant  que  les  Hollandois  renflent  rui- 
née. Elle  eft  fituée  fur  quatre  petites  montagnes  dont  les 
coteaux  font  d'un  très-agréable  aspect  ;  on  y  voit  encore 
des  maifons  6c  des  mafures   qui  font    des  vefliges  de 
l'éclat  qu'elle  a  eu  au  commencement  du   dernier  fié- 
.cle,  &  fur  la  fin  du  précédent.  La  maiion  occupée  ci- 
devant  parles  JéfuiteSj  &  qui  eft  encore  entière  fur  un 
de    ces  coteaux ,  a  coûté  plus  de  douze  cens  mille  li- 
vres à  bâtir.   C'en;  la  plus  belle  maiion,  tant  pour  fa 
fituation  que  pour  la  régularité  6c  la  magnificence  de 
fon  bâtiment ,  où  rien  n'a  été  épargné.  11  y  a  auflî  des 
Bénédictins ,  des  Carmes,  des  Cordeliers  6c  des  Capu- 
cins. La  rivière  qui  tombe  dans  ie  port  eft  nommée  Bi- 

BIRIBE. 

OLINTHE.  Voyez.  Olynthe. 

OLIOULLES ,  bourg  de  France,  en  Provence,  au 
diocèfe  de  Toulon  ,  à  une  lieue  de  cette  ville.  11  envoie 
fes  députés  aux  aflemblées  du  pays.  11  femble  avoir  pris 
fon  nom  de  la  grande  quantité  d'oliviers  qui  font  plan- 
tés dans  fon  territoire ,  6c  qui  font  les  plus  beaux 
qu'il  y  air  dans  toute  la  province. 

OLIT  ou  Olite,  ville  de  France  ,  dans  la  Navarre, 
fur  la  route  de  Pampelune  à  Sarragoce.  C'eft  une  fort 
jolie  ville  ,  honorée  du  titre  de  cité  l'an  1630  ,  par  Phi- 
lippe IV.  Elle  efl:  fituée  fur  le  Cidaço  6c  capitale  d'une 
Mérindadc  qui  contient  une  cité,  dix-neuf  bourgs  6c 
vingt-fix  villages.  Elle  a  été  autrefois  le  fiége  des  rois 
de  Navarre,  qui  y  tenoient  leur  cour  dans  un  beau  pa- 
lais donr  il  refie  encore  quelque  chofe.  Son  terroir  efl: 
très-fertile  ,  arrofé  par  de  belles  fontaines ,  6c  abondanr 
en  bled,  en  vin,  en  fruits,  en  lin  ,  en  chanvre  ,  en  trou- 
peaux &  en  gibier.  Selon  Baudtand  ,  les  Basques  nom- 
ment cette  ville  Erriberi,  mot  qui  lignifie  Ville  Neu- 
ve. Elle  efl;  près  de  Tafala,  à  fix  lieues  de  Pampelune 
en  allant  vers  Tudèle  &  vers  l'Elbre,  dont  elle  eft  à 
pareille  diftance.  Ce  fut  en  cette  ville  que  mourut  Char- 
les V  ,  roi  de  Navarre  ,  dernier  de  la  maifon  d'Evrcux  , 
le  7  Septembre  l'an  142.5.  On  croit  que  cett  la  Neman- 
tttrifta  de  Ptolomée.  Le  dernier  roi  de  Navarre  de  la 
maifon  d'Evreux  ne  s'appelloit  pas  Charles  V  ;  mais 
Charles  III  ,  fils  de  Charles  11 ,  dit  le  Mauvais.  *  Dcli- 
ces  d'Esp.îgne  ,  p.  679. 

1.  OLIVA  ou  Olive  ,  monaflete  de  Pologne  ,  dans  la 
Prude  Polonoife,  fur  la  côte,  à  un  mille  de  Dantzig. 
On  y  voit  les  tombeaux  de  plufieurs  ducs  de  Poméra- 
nie.  Les  Dantzicois  ayant  ruiné  ce  monauere  dans  la 
guerre  qu'ils  eurent  contre  Etienne  Batori ,  roi  de  Po- 
logne, l'an  i;j7,  furent  obligés  de  donner  cinquante 
mille  florins  pour  le  rebâtir.  Ce  lieu  efl  remarquable 
par  le  traité  de  paix  qui  y  fut  conclu  en  1660,  entre 
l'empereur  &  les  rois  de  Suéde  &  de  Pologne.  *  Bau- 
drand  ,  édit.   1705. 

2. OLIVA  ,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cîteaux  ,  de 
la  congrégation  d'Arragon  ,  dans  le  royaume  de  Navar- 
re, au  diocèfe  de  Pampelune. 

OLIVARES,  bourg  d'Espagne,  dans  la  Vieille  Ca- 
ftille,  près  de  Valladolid.  Il  fut  érigé  en  comté  par  l'em- 
pereur Charles  V  ,  en  faveur  de  D.  Pedro  de  Guzman , 
quatrième  fils  de  D.  Jean  Alfonfe  de  Guzman  ,  troifie- 
me  duc  de  Médina  Sidonia ,  en  confidération  des  fer- 
vices  qu'il  enavoit  reçus  dans  la  guerre.  D.  Gaspar  de 
Guzman  ,  petit  fils  de  D.  Pedro  6c  troifiéme  comte  d'Oli- 
varès ,  ayant  été  élevé  à  la  dignité  de  duc  par  le  roi  Phi- 
lippe IV,  dont  il  étoit  premier  miniftre  6c  favori,  fe 


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fit  appeller  comte-duc  d'Olivarès,  &  fe  rendit  fameux 
dans  toute  l'Europe  ,  tant  par  le  grand  ascendant  qu'il  eut 
fur  fon  fouverain,  pendant  long-tems,  que  par  la  cruelle 
disgrâce  où  il  tomba  enfin  l'année  1642,  à  caufe  du 
mauvais  fuccès  qu'il  avoit  eu  dans  toutes  fes  entrepri- 
fes  qui  réduifirent  cette  monarchie  à  une  extrême  foi- 
blefle.^  11  ne  laifla  aucun  enfant  légitime.  La  fucceflïon 
pafla  à  fon  neveu  ,  D.  Louis  Mendès  de  Haro  ,  fils  de 
fa  Cœur,  cinquième  marquis  del  Carpio.  '  Vayrac 
Etat préfent de  1  Espagne,  1.  j.  p.  13;. 

i.  OLIVE  (  L'  ) ,  abbaye  de  filles ,  dans  les  Pays  Bas , 
au  Hain'aut ,  diocèfe  de  Cambrai ,  à  trois  lieues  de  Ni- 
velle ,  entre  cette  ville  &  celle  de  Binche.  Elle  efl;  de  l'or- 
dre de  Cîteaux ,  fille  de  Clairvaux ,  6c  fut  fondée  en 
1220  ou  1240.  On  la  nomme  aufli  I'Hermiiage. 

2.  OLIVE.  Voyez  Oliva. 

3.  OLIVE,  Oliva,  petite  ville  d'Espagne ,  avec  ti- 
tre de  comté ,  au  royaume  de  Valence,  fur  la  côte  ,  en- 
tre Dénia  &  Gandie.  Elle  appartient  au  duc  de  Gan- 
dic. 

OLIVEE,  abbaye  de  France,  dans  le  Berri:elle  efl: 
de  l'ordre  de  Cîteaux ,  à  une  lieue  de  Monefon-fur  Cher, 
6c  fut  fondée  en  1144.  Cet  article  eft  faux,  on  l'a  con- 
fondu avec  Olivet.  On  met  ici  Mcnefon-fur-Cher  :  il 
n'y  a  aucun  lieu  de  ce  nom  ,  c'eft  Menetou. 

OLIVELLAS,  célèbre  abbaye  de  Bernardines,  en 
Portugal,  dans  l'EAramadure ,  compofée  de  250  reli- 
gieufes.  11  y  a  auflî  dans  le  même  lieu  un  monaftere  de 
religieux  du  même  ordre.  L'abbaye  fut  fondée  l'an 
1295. 

OLIVENÇA  ,  ville  de  Portugal,  dans  l'AIentejo  ,  au 
midi  d'Elvas ,  à  l'orient  de  la  Guadiana,  dans  une  vafle 
campagne.  Elle  eft  pallablement  grande  ;  6c  fort  impor- 
tante à  caufe  du  voifinage  de  l'Andaloufie  ,  dans  un 
pays  tout  uni  àc  tout  ouvert  ;  auflî  les  Portugais  ont-ils 
eu  bien  foin  de  la  fortifier.  On  l'a  munie  de  neuf  grands 
battions ,  d'un  baftion  détaché  au  devant  de  la  courtine 
ôc  d'un  large  fofle  d'une  profondeur  extraordinaire.  Ou- 
tre ces  ouvrages  qui  font  revêtus  de  pierres  de  taille, 
on  y  voit  encore  un  grand  ouvrage  à  corne  conftruit 
fur  une  hauteur.  Cette  ville  fut  prife  par  les  Espa- 
gnolsl'an  1658, &  l'antipathie  entre  les  deux  nations  étoit 
alors  fi  grande ,  que  de  tons  les  bourgeois  il  n'y  en 
eut  pas  un  qui  y  voulût  demeurer  ,  quoique  les  vain- 
queurs le  leur  permiflenr.  Ils  aimèrent  mieux  perdre 
leurs  biens  6c  s'exiler  volontairemenr,  que  de  recon- 
noître  leurs  ennemis  pour  leurs  maîtres.  L'Espagne  l'a 
enfuite  rendue  au  Portugal  par  le  traité  de  Lifbonne  en 
1668.  *  Délices  du  Portugal ,  p.  79J. 

OLIVENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans  la  Mau- 
ritanie Sitifenfe,  félon  la  conférence  de  Carthage,  où 
Lucnts  eft  nommé  episcopus  Olivenfis.  *  Harduin.  col- 
lect.  conc.r.  1.  p.  ni  1. 

OLI  VER  A,  bourg  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie, 
aux  confins  du  royaume  de  Grenade  ,  à  fept  ou  huit 
lieues  de  Cordoue  ,  vers  le  midi.  Baudrand  dit  qu'on 
conjecture  que  c'eft  peut-être  la  petite  ville  des  Turdu- 
lcs  ,  nommée  Attubi  ,  Atubi  ,  AcubiS  ,  Claritas  Ju- 
lia.  Voyez,  ce  dernier  nom. 

OL1VERO  ,  Helicon,  rivière  de  la  Sicile  ,  dans  la 
côte  feptentrionale  de  la  vallée  de  Demona.  Elle  pafle 
à  Monte  Albano,  à  Olivero  &  fe  jerredans  la  mer  de 
Sicile,  près  de  Tindaro  ,  enrre  Patti  &  Milazzo. 

1.  OLIVES  (Les  ),  Oliva,  abbaye  de  filles  en  Fran- 
ce ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  filiation  de  Fontfroide  ,  dans 
le  Languedoc  ,  aujourd'hui  dans  la  ville  de  Narbonne. 

2.  OLIVES  (  Le  mont  des  )  Voyez,  Oliviers. 

1 .  OLIVET  (  Le  mont  ) ,  Mons  Oliveti.  Voyez.  Oli- 
viers. 

2.  OLIVET,  Oliveuim,  abbaye  de  France,  dans  le 
Bcrri.  Ce  font  des  moines  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  de  la 
filiation  de  la  Cour-Dieu  ,  fous  Cîteaux.  Elle  eft  fituée 
au  diocèfe  de  Bourges ,  dans  la  paroifle  de  faint  Julien 
fur  le  Cher  ,  à  deux  lieues  de  Romorentin.  Elle  a  été 
fondée  le  13  des  Calendes  de  Février  de  l'an  1 14e.  En 
171 2  ,  on  y  comptoit  27  abbés. 

OLIVIERS  (  La  montagne  des) ,  (a  )  montagne  de  la 
Palefline  ,  aux  portes  de  Jérufalem,  à  l'orient  de  cette 
ville  dont  elle  eft  féparée  feulement  par  le  torrent  de 


6^.6 


OLL 


OLM 


Cédron  êk  la  vallée  de  Jofaphat ,  qui  s'étend  du  fepten- 
trion  au  midi.  Jolèphe  ,  Antiq.  I.  20.  c.  6.  &  /.  6.  deBel- 
lo,  c.  5.  dit  que  cette  montagne  eft  éloignée  de  Jéru- 
falcm  de  cinq  ftades,  ou  fix  cens  vingt-cinq  pas  géo- 
métriques. Le  mont  des  Oliviers  avoit  trois  fommets , 
ou  étoit  compote  de  trois  espèces  de  montagnes  ,  ran- 
gées l'une  auprès  de  l'autre  du  feptentrion  au  midi.  Le 
fommet  du  milieu  eft  celui  d'où  Notre  Seigneur  monta 
au  ciel.  C'eft  fur  celui  du  midi  que  Salomon  bâtit  des 
temples  aux  idoles ,  d'où  le  mont  des  Oliviers  eft  nom- 
mé Montagne  de  Corruption.  Le  fommet  qui  eft  le 
plus  feptentrional,  eft  éloigné  de  celui  du  milieu  de 
deux  fiades  j  c'eft  le  plus  élevé  des  trois ,  &  on  le  nom- 
me ordinairement  Galilée  (  b).  Du  tems  du  roi  Ofias  ,  le 
mont  des  Oliviers  fut  tellement  ébranlé  par  un  tremble- 
ment de  terre ,  que  la  moitié  de  la  terre  qui  étoit  du 
côte  de  l'occident  s'éboula  Se  roula  jusqu'à  quatre  fta- 
des ou  cinq  cens  pas  de-là  ,  vers  la  montagne  qui  lui 
étoit  oppofée  à  l'orient ,  enforte  que  la  terre  ferma  les 
chemins  &:  couvrit  les  jardins  du  roi.  On  peut  voir  les 
voyageurs  modernes ,  &  en  particulier  Jean  Cotovic , 
p.  z-Ci.  pour  favoir  l'état  moderne  de  la  montagne  des 
Oliviers,  (a)  D.  Calmet ,  Dict.  (b)Rdand,  Palxft.  t. 
2.  p.  538. 

OLIVOLA  ou  Olivula.  Cetoit  autrefois  une  pe- 
tite iile  qni  faifoit  partie  de  la  ville  de  Venife.  Selon  le 
père  Hardouin ,  c'étoit  un  évêché ,  &  il  cite  Domïriicm 
Olivolenfis  episcopus.  Aujourd'hui  c'eft  le  lieu  de  Venife 
où  a  été  bâtie  l'églife  patriarchale.  *  Hardiv.n.  collecl. 
conc.  t.  6.  p.  5. 

OLIVULA,  lieu  de  la  Gaule  Narbonnoife,  à  cinq 
mille  pas  de  Nice,  félon  Antonin.  Quelques-uns  (a) 
difent  que  c'eft  faine  Ospice ,  d'autres  que  c'eft  Ville 
Franche  ;  d'autres  (b  )  enfin  la  partie  de  Nice  ,  nommée 
Il  Castello.  (  a  )  Corn,  Dicl.  (  b  )  Ortelii  Thef. 

OLIXUM  , 'OA/f&V.Ortelius  écrit  Olyzun  ,  vjlle  de 
Grèce,  dans  la  Theffalie.  Scylax,  Teripl.  écrit  Olizon. 
Homère,  Catalog.v.  224.  de  même 

Et  asperam  Olizonem.  Son  nom  marque  fa  petitefie  , 
félon  Etienne  le  géographe.  Plutarque  en  fait  mention 
dans  la  vie  de  Thémiftocle.  Pline,  /.  4.  c.  9.  en  parle 
auffi. 

O  L  I Z  O  N  E  S ,  ancien  peuple  de  la  Thrace  ,  félon 
Suidas. 

OLKUS,  ville  de  Pologne  ,  entte  Czertochow &Cra- 
covie ,  à  cinq  grandes  lieues  de  la  première  &  à  fix  de 
la  féconde.  C'eft  un  pays  de  montagnes  ,  Se  depuis  Cze- 
rtochow jusqu'en  Hongrie  on  monte  toujours.  Olkus  , 
dit  le  Laboureur,  Retour  de  la  Maréchale  de  Guébriant , 
p.  16.  eft  renommée  pour  les  mines  d'à "gent  Se  de  plomb 
qui  font  en  grande  quantité  autour  de  cette  ville ,  qui  el- 
le-même eft  une  minière  avec  tout  fou  territoire ,  dans 
l'étendue  de  plus  d'une  lieue.  On  y  travaille  perpétuel- 
lement, Se  plus  de  cent  perfonnes  fe  dévouent  libre- 
ment à  cette  peine  ,  laquelle  de  toute  antiquité  pafibit 
pour  un  fupplice  plus  cruel  que  la  déportation  &  les 
galères ,  &  cela  pour  une  risdale  par  femaine.  Ils  ont 
pour  tout  habit  un  miférable  pantalon  d'un  fimple  ca- 
nevas ■  fi  bien  peint  de  cette  terre  métallique  ,  qu'il  fem- 
bletoit  qu'ils  fortent  d'une  teinture  jaune.  Ils  vont  nuds- 
pieds  à  travcisdeces  pierrettes  dans  les  faifons  les  plus 
îudes.  Auprès  des  mines  font  les  fourneaux  pour  fépa- 
rer  &  pour  affiner  les  métaux  ;  on  y  fond  continuelle- 
ment. C'eft  ce  qui  a  fait  bâtir  &  accroître  infenfible- 
ment  cette  ville  dans  un  pays  ingrat  Se  au  pied  de  tant 
de  montagnes  fiériles. 

Les  mines  ne  font  point  du  droit  royal  en  Pologne  , 
elles  appartiennent  au  feigneur  fur  la  terre  duquel  elles 
fe  rencontrent ,  lequel  en  fait  quelque  reconnoiffance  ; 
&  celles  qui  font  fur  les  terres  de  la  couronne ,  com- 
me celles  d'Olkus ,  fe  partagent  entre  le  roi  ,  le  pala- 
tin Se  l 'évoque. 

OLLAR1A.  Voyez.  ChytropoIia. 

OLL1CULANI  ,  ancien  peuple  d'Italie  ,  félon  Pli- 
ne, /.  j.  c.  $.  Il  ne  fubfiftoit  déjà  plus  depuis  long- 
teins. 

OLLINA  ou  Olina  ,  ville  voifine  de  la  mer  Cas- 
pienne ,  félon  Etienne  le  géographe. 


OLLIOULES  ,  qui  eft  une  petite  ville  dont  les  Pcres 
de  l'Oratoire  ont  le  collège  ,  eil  dans  la  viguerie  &  du 
diocèfe  d'Aix. 

OLL1US  ,  nom  latin  de  I'Oglio  ,  rivière  delà  Lom- 
batdie.  Sigonius  femble  croire  que  c'eft  la  même  ri- 
vière que  le  Clusius  de  Polybe.  Ortelius  allure  que  ces 
rivières  font  différentes  ,  6c  il  a  raifon. 

OLLONE.  K^&Olone. 

1.  OLME.  Voyez.  Olmi. 

2.  OLME  ,  bourg  de  France,  en  Auvergne,  au  dio- 
cèfe &  dans  l'éleétion  de  Clermont. 

OLMEDO,  petite  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Vieille 
Caftille ,  fur  la  frontière  de  Léon  Se  au  bord  oriental 
de  l'ddaja,  rivière  qui  fépare  ces  deux  royaumes.  Elle 
eil  fituée  dans  une  plaine  fort  agréable' &  très -fertile  j 
elle  a  été  autrefois  plus  confidérable  qu'elle  n'eft  pré- 
fentement  Se  a  pafle  pour  une  des  clefs  de  la  Callille 
de  ce  côté.  Elle  eft  entre  Valladolid  au  nord ,  Avila 
au  midi,  Médina  del  Campo  au  nord-oueft,  Se  Ségo- 
vie  au  fud-eft.  *  Délices  de  l'Espagne  ,  p.  212. 

OLMEUS.  Voyez.  Olmones. 

1.  OLMI  ,"OAju,o/,  ville  de  la  Cilicie.dans  les  monta- 
gnes ,  félon  Etienne  le  géographe ,  qui  dit  que  de  fon 
tems  elle  s'appelloit  Séleucide ,  ItMÛKii;.  Pline ,  /.  5.  c. 
27.  la  nomme  Olme  dans  quelques  éditions.  Celle  du 
R.  Pcie  Hardouin  porte  Holmoe.  Voyez,  l'article 
Holmi. 

2.  OLMI.  Voyez.  Olmium. 

OLMI/E,  'Ox/xtii,  ptomontoire  de  Grèce,  dans  la  Mé- 
garide ,  fur  le  golfe  de  Corinthe.  Il  y  avoit  le  bourg 
de  PaGjE  qui  appartenoit  aux  Mégariens,  Se  Oenoa 
qui  étoit  aux  Corinthiens ,  félon  Strabon  ,  /.  8.  cap. 
380. 

1.  OLMIUM  ,  ville  de  l'Afie  Mineure,  dans  la  dé- 
pendance d'Ephèfe.  Hefyche  dit  Amplement  ville  d'E- 
phèfe.  Elle  eft  nommée  Holmus  ,  "oa/xb?  ,  par  Strabon. 

2.  OLMIUM  ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Bœotie ,  félon 
Etienne  le  géographe,  qui  cite  les  homériques  d'Epa- 
phrodite.  On  verra  ci-après  qu'il  y  avoit  une  rivière  de 
Bœotie,  nommée  Olmius,  rien  n'ernpcche  qu'il  y  ait 
eu  fur  cette  rivière  un  bourg ,  un  village  ou  une  ville 
de  même  nom ,  Se  même  elle  pourroit  bien  n'être 
point  différente  du  village  Olmones.  Voyez,  ce  mot. 

OLMIUS,  'OXjuiioi; ,  rivière  de  Grèce  ,  dans  laBœorîe, 
où  elle  avoit  fa  fource  dans  le  mont  Hélicon.  Héfidore 
dans  fa  théogonie ,  w,  f  &  6.  dit  des  Mufes  ,  qu'elles 
fe  baignent  dans  le  Permefle ,  ou  dans  l'Hippocréne  , 
ou  dans  le  facré  Olmius  ;  Se  qu'enfuite  elles  danfent  fur 
le  fommet  de  l'Hélicon.  Son  Scholiafiedit  que  l'Olmius 
eft  une  rivière  fur  l'Hélicon,  ainfi  nommée  d'Olmius, 
fils  de  Sifyphe.  Strabon  écrit  que  le  Permefle  Se  l'Ol- 
meius  ,  fleuves  qui  descendent  de  l'Hélicon  ,  fe  join- 
gnent  auprès  d'Maliarte ,  Se  fe  perdent  dans  le  lac  Co- 
païde.  Strabon  écrit  ailleurs  Olmius. 

OLMONES  ou  Holmones  ,  village  de  Grèce  ,  dans 
la  Bœotie,  félon  Etienne  le  géographe  &  Paufanias.  Le 
premier  dit  que  ce  village  fut  ainfi  nommé  à  caufe 
d'Olmius,  fils  de  Sifyphe,  Se  cite  le  neuvième  livre  de 
Paufanias  ,  dont  voici  le  paflage  :  Si  de  Copa:  on  prend 
fur  la  gauche,  on  trouve  à  douze  ftades  Olmones , 
&  à  fept  fiades  de  Holmones,  on  arrive  à  Hyertus. 
Ce  font  à  préfent  deux  villages ,  comme  ils  ont  toujours 
été  ,  Se  félon  mon  fentiment  ils  font  du  territoire  des 
Orchomeniens  avec  la  campagne  d'Athamnnte.  Je  rap- 
porterai dans  l'hifioire  des  Orchomeniens  ,  ce  que  j'ai 
appris  touchant  Hycttc  qui  étoit  d'Argos  Se  Olmus , 
fils  de  Sifyphe.  Cela  a  donné  fujet  à  Berrius  de  penfer 
que  I'Olmium  ,  l'Olmones  Se  I'Almona  d'Etienne, 
n'étoient  que  des  noms  d'un  même  lieu  ,  favoir  d'un 
village  firué  fur  la  rivière  d'Olmius. 

OLMUS.  Voyez.  Olmium   i. 

OLMUTZ  ,  ville  de  Bohême  ,  dans  la  Moravie  ,  fur 
la  Morave,  au  48  deg.  30  min.  de  latitude.  Elle  n'efi  pas 
grande  ,  mais  elle  eft  bien  bâtie,  Se  fa  fituarion  cfl  fa- 
vorable au  commerce  qu'elle  entretient  avec  l'Autriche , 
la  Bohême,  la  Hongrie  Se  h  Pologne.  Elle  pafle  depuis 
long-rems  pour  la  capitale  de  la  Moravie  ;  quoique  quel- 
ques-uns prérendent  qu'elle  a  perdu  cet  avantage  que 
goflede  préfemement  la  ville  de  Biinn.  Us  difenr  que  cela 


OL 


vient  de  la  réfiftance  que  les  Suédois  trouverenc  à  Brinn , 
au  lieu  qu'Olmutz  fe  tendit  fans  beaucoup  marchander 
avec  l'ennemi,  &  témoigna  peu  de  zèle  pour  l'empereur. 
Elle  eft  à  fept  milles  de  Brinn ,  à  vingt  de  Vienne ,  à 
trente  de  Cracovie,  &fituée  dans  un  pays  plat.  La  Mo- 
rave  ,  que  l'on  y  paffe  fur  un  grand  pont ,  fert  à  la  for- 
tifier du  côté  qu'elle  remplit  (es  foiTés,  Se  de  l'autre  elle 
fait  tourner  plufieurs  moulins  propres  à  divers  métiers. 
Lupacius,  dans  ion  calendrier  hiftorique ,  au  15  Juin, 
nomme  cette  ville  Mans  Julius.  Goldaft  de  même,  il 
ajoute  qu'elle  a  aufii  été  appellée  Spéculum  Juin  &  So~ 
rigutura.  Ortelius,  Thefaur.  Bertius,  Rcr.  Germ.p.  107. 
Se  les  interprètes  de  Ptoiomée  croient  que  c'eft  l'Ersu- 
bum  de  ce  géographe.  Voyez  ce  mot.  La  Morave  y  re- 
çoit deux  rivières,  une  qui  vient  de  Sterneb:rg,  &  un 
peu  plus  bas  laFrusTRiTZ.  L'évêque  en;  feigneur  fpirituel 
Se  remporel  de  la  ville.  Son  palais ,  qui  efl  très-beau  , 
eft  dans  l'une  de  fes  deux  grandes  places.  La  façade  en 
ett  magnifique ,  &  la  cour  bordée  de  galeries  Se  de  qua- 
tre grands  corps  de  logis.  La  cathédrale,  qui  eft  fort  belle, 
fut  bâtie    par  Uladifhs ,   marquis  de  Moravie,    frère 
d'Ottocare,   roi  de  Bohême,  qui  y  fut  enterré  ;   elle 
eft  fut  les  ruines  de  celle  que  faint  Cyrille  avoit  con- 
facrée.  Le  fiége  d'OImutz  fut  fondé  par  faint  Cyrille, 
qui  vivoit  en  889  ,  félonie  calcul  de  Dubravius.  C'é- 
roir  un  Slavon  favant ,  à  qui  on  attribue  une  tradu- 
ction de  la  bible  en  fa  langue  maternelle  ,  Se  l'invention 
des  lettres  Se  des  caractères  esclavons  (a)  ;  d'autres  en 
font  honneur  à  faint  Methodius,  qui  mourut  à  Rome 
l'an  907  ,  au  lieu  que  faint  Cyrille  mourut  à  Olmutz  , 
&  y  eut  fa  fépulture.  Après  le  départ  de  faint  Metho- 
dius, la  deftruction  du  royaume  de  Moravie  &:  le  dé- 
membrement de  cette  couronne  ,  Olmutz  ceffa  d'avoir 
des  évêques  particuliers  ;  elle  fut  fourni  fe  pour  le  fpi- 
rituel ,  tantôt  à  Paflaw  »  tantôt  à  Ratifbonne  ou  à  Saltz- 
bourg,  ou  à  Prague,  jusqu'à  l'année   1065.  V  ratifias , 
roi  de  Bohême  ,  fépara  les  évêchés  de  Bohême  Se  de 
Moravie  ,  qui  avoient  été  réunis  à  celui  de  Prague  pen- 
dant quelque  tems ,  Se  mit  Jean  fon  chapelain  fur  le 
fiége  d'OImutz  ;  mais   peu  d'années   après  Gebhard  , 
évêque  de  Prague ,  frère  du  roi  Vratiflas .,  s'appropria 
l'évêché  de  Moravie,  Se  Jean  étant  mort ,  Gebhard  réu- 
nit le  fiége  d'OImutz  à  celui  de  Prague  en  1086.  Quatre 
ans  après  ,  le  roi,  quin'aimoit  point  l'évêque  fon  frère, 
détacha  de  nouveau  l'évêché  d'OImutz ,  Se  le  partagea 
entre  deux  évêques.  Bruno,  dix-ncuviéme évêque  d'Ol- 
multz  depuis  faint  Cyrille  ,  étoit  de  la  maifon  des  com- 
tes de  Holftein  &  Schauenbourg,  vers  l'an  1250  ,  il  fixa 
fa  réfidence  à  Cremfir  qu'il  entoura  de  murailles.  L'em- 
pereur Guillaume  l'ayant  invité  à  la  guerre  qu'il  faifoit 
en  PrulTe  aux  Livoniens  encore  idolâtres,  ce  prélat  s'y 
rendit  avec  Ottocare ,  roi  de  Bohême  ,  Se  y  bâtit  la  ville 
de  Brunfberg,  qui  porte  encore  fon  nom.  L'an  13.46  , 
Jean  VIII  étant  vingt-fixiéme  évêque  d'01mutz,fous  l'em- 
pire de  Charles  IV  ,  l'évêché  d'OImutz  fut  retiré  de  la 
jurisdiction  de  Mayence ,  Se  fournis  au  nouvel  archevêché 
de  Prague  ,  de  manière  néanmoins  qu'il  confervoir  fon 
évêque.  Il  fut  compté  depuis  entre  les  prélatures  d'Al- 
lemagne ,  fon  chapitre  confervant  la  liberté  d'élection, 
de  jouiffant  des  droits  accordés  par  les  concordats  Ger- 
maniques. On  dit  (h)  pourtant  que  cet  évêché  ne  dépend 
plus  immédiatement  que  du  faint  fiége ,  droit  que  les 
évêques  ont  obtenu  après  que  l'archevêché  de  Prague 
eut  été  ravagé  par  les  Hufiites.  (a)  Aventin,  Hift.  Boior. 
1.  4.  (b)  Goldafl.  de  regno  Bohem.  c.  j.  p.  583. 

La  maifon  de  ville  eft  détachée  de  tout  autre  bâtiment. 
Deux  des  plus  grandes  rues  d'OImutz  aboutiflent  à  la 
place  qui  eft  devant  cette  maifon  ;  toutes  les  autres  rues 
font  larges ,  droites  Se  bordées  de  belles  maifons ,  dont 
tout  le  dehors  eft  peint-,  il  en  eft  de  même  des  maifons 
de  l'autre  place ,  dont  une  partie  eft  foutenue  par  de 
grands  portiques  qui  la  rendent  un  lieu  de  promenade 
pour  les  bourgeois.  Le  collège  des  Jéfuites,  leur  églife 
&leur  maifon,  avec  la  place  qui  leur  fait  face,  méri- 
■  tent  d'être  vus.  Il  y  a  un  couvent  de  Capucins  •,  les 
Chartreux  ont  leur  monaftere  hors  la  ville ,  où  eft  aufii 
î'abbaye  de  Raditz ,  pofte  fi  avantageux  pour  défendre 
l'approche  de  la  ville  de  ce  côté ,  qu'on  l'a  fortifié  & 
muni  d'une  bonne  garnifon.  Il  y  a  plufieurs  églifes  fort 
belles  #:  de  nouvelle  fabrique.  Olmutz  eft  une  des  plus 


O  LO        647 


agréables  villes  Se  des  mieux  bâties  de  l'Allemagne.  * 
Jouvin  de  Ruche  fort ,  Voyage  d'Allemagne. 

OLO  ou  Ololo  ,  village  de  l'ifle  de  Candie,  fur  la 
côte  orientale  ;  c'eft  l'Olus  des  anciens.  *  Baudrand , 
édit.  170;. 

OLOBAGRA  ou  Olobogra  ,  ville  de  la  Macédoi- 
ne ,  félon  Etienne  le  géographe. 

OLOCHARA ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deça  du  Gange , 
félon  Ptoiomée  ,  /.  7.  c.  r. 

OLOGITUM.  Ifidore  nomme  ainfi  Oliba  ,  ville 
d'Espagne.  Voyez  ce  mot.  Ortclii  Thefaur. 

OLOGUNTUM  ,  en  françois  Ologonte,  ville  du 
Péloponnéfe ,  félon  Plutarque.  C'eft  la  même  ville  qu'O- 

LIGYRTIS. 

1.  OLON  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  dans  les  montagnes 
de  la  Tribu  de  Juda.  Il  en  eft  parlé  dans  le  livre  de  Jofué, 
c.  15.  v,  ji.C'étoit  une  ville  facerdotale  ,  c.  z\.v.  15. 
&  1.  Parai,  c.  6.  v.  6ç>.  Se  de  refuge.  Olon  ,  Holon  , 
Cholon  ,  Heson  ,  Holan  ou  Cholan  ,  c'eft  le  mê- 
me nom  ,  félon  dom  Calmer. 

2.  OLON,  Aulon  ou  Aulona ,  village  de  Suiffe, 
au  pays  Romand.  11  eft  grand  Se  paroifTial,  &  chef-lieu 
d'un  mandement.  Il  eft  iltué  à  une  lieue  d'Atg:eau  pied 
de  la  montagne.  De  ce  mandement  dépendent  l'Abbaye 
de  Sale  ,  dont  l'abbé  de  faint  Maurice  tire  les  revenus  ; 
saint  Thyphon  ,  fitué  fur  une  hauteur,  au  milieu  d'une 
plaine,  avec  un  vieux  château  ruiné,  dont  on  voit  en- 
core une  tour  de  marbre  qui  paroît  de  fort  loin  ;  Se  Pa- 
nex  qui  eft  dans  la  montagne ,  où  font  des  fources  d'eau 
falée.  Il  y  a  dans  ces  quartiers- là  des  montagnes  entiè- 
res de  très-beau  plâtre  &  quelques  carrières  de  marbre 
noir.  *  Etat  &  délices  de  Suifle ,  t.  2.  p.  258. 

3.  OLON  ,  petite  rivière  de  Lombardie ,  au  duché 
de  Milan.  Elle  a  fa  fource  aux  confins  des  Grifonsprès 
d'Arcifa  ,  d"où  ,  coulant  au  midi  affez  près  de  Varefe  , 
vers  Seprio ,  qu'elle  arrofe,  elle  ferpente,  tantôt  vers 
l'orient  Se  tantôt  vers  le  midi,  baigne  les  bourgs  de 
Caftellanza ,  Legano ,  Parabiaco  ,  Nerviano ,  Rho  ,  &  va 
tomber  en  partie  dans  les  fofles  de  Milan  ;  une  autre  bran- 
che traverfe  le  grand  Naviglio,  entre  dans  lePavefe  Se  va 
fe  perdre  dans  le  Pô  ,  presqu'aux  confins  du  Milanez  Se 
du  Plaifantin  ,  au  deftous  d'Arena.  *  Jaillot ,  Atlas. 

OLOND^£,  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique,  félon 
Ptoiomée.  Il  les  met  auprès  de  la  mer  Caspienne. 

1.  OLONE  ,  château  d'Espagne.  Tite-Live  , /.  33. 
dit  qu'il  fut  pris  par  M.  Fulvius.  Ce  mot  s'écrit  aufii  par 
un  H.  Holone.  C'eft  la  même  chofe  que  Holo.  *  Or- 
telii  Thefaur. 

2.  OLONE  ou  Olonne  ,  bourg  de  France  ,  dans  le 
bas  Poitou  ,  à  neuf  lieues  de  Luçon,  avec  un  port  fur 
la  côte  de  l'Océan.  Corneille  ditd'Olone,  que  c'eix  un 
bourg ,  Baudrand  dit  que  c'eft  une  petite  ville.  Il  faut 
dillinguer  l'ifle  ,  le  bourg  ,  le  château  ,  la  ville  Se  le  port. 

L'isle  d'Olonne  confifte  en  quelques  marais  répan- 
dus autour  de  cette  ville ,  &  où  la  mer  fe  répand  dans 
les  hautes  marées,  ce  qui  fait  une  ifle. 

Le  port  d'Olonne  eft  dans  un  petit  golfe,  au 
commencement  de  la  côte  méridionale  du  Poitou  ,  à 
l'entrée  d'une  petite  rivière.  Un  château  en  défend  l'en- 
trée. Ce  port  peut  recevoir  les  plus  gros  vaifîeaux  de 
l'Océan,  Se  même  une  armée  navale  entière.  D'un  côté 
les  rochers  le  bordent  presqu'entierement ,  &  de  l'autre 
il  y  a  un  grand  quai  où  s'étend  la  plus  grande  partie  des 
maifons.  On  voit  quelquefois  à  ce  port  plus  de  cin- 
quante navires  qui  viennent  de  l'Amérique  où  fe  fait  la 
pèche  de  la  morue.  Auprès  de  ce  port  eft  la  ville. 

La  ville  s'appelle  les  Sables  d'Olonne,  nom  que 
porte  aufii  toute  l'élection  dont  elle  eft  la  capitale.  Voyez, 
au  mot  Sables  ,  l'article  Saeles  d'Olonne. 

Le  bourg  eft  plus  avant  dans  les  terres,  au  nord 
oriental  Se  à  rrois  quarts  de  lieue  du  port.  C'eft  pro- 
prement ce  bourg  qui  eft  l'ancienne  ville  d'Olonne  :  pres- 
que tous  fes  principaux  habitans  font  paffés  dans  la  ville 
des  Sables,  attirés  par  les  avantages  que  le  port  donnoit 
à  leur  commerce.  Ce  lieu  avoit  fon  feigneur  particu- 
lier ,  nommé  Hervé  ,  au  douzième  fiécle.  11  eft  nommé 
dans  une  lettre  de  Géofroi  de  Vendôme.  Cette  feigneu- 
rie  vint  enfuite  à  la  maifon  de  Mauléon  en  Poitou , 
dont  les  biens  vinrent  à  celle  de  Thouars.  François  de 
la  Trimouille,  vicomte  de  Thouars,  avant  eu  defa  femme 


648      OLO 

Anne.de  Laval,plufieius  cntans,  laiffa  à  fon  fils  ,  Geor- 
ge de  la  Trinioeille ,  les  baronnies  de  Royan  &  d'Olon- 
ne. George  eue  pour  fuccelieur  Ton  fils ,  Gilbert  de  la 
Trimoeille  ,  en  faveur  duquel  Royan  fut  éiigé  en  mar- 
quifat  Se  Olonne  en  comté.  Le  duc  de  Châtillon  ,  de 
la  maifon  de  Montmorenci-Luxembourg ,  époufa  l'hé- 
ritière de  cette  branche  cadette  de  la  Trimoeille. 

Le  château  d'Olonne  eft  au  levant  d'été  du  bourg , 
Se  au  nord  eft  de  la  ville. 

OLONITZ  ou  Alonitz,  ville  de  l'empire  Ruflien, 
entre  le  lac  d'Onega  à  l'orient  Se  celui  de  Ladoga  au 
couchant ,  au  midi  d'une  montagne  où  il  y  a  des  mi- 
nes de  fer.  Une  fource  minérale  ayant  été  découverte 
auprès  de  ces  mines ,  Pierre  le  Grand  y  envoya  un  mé- 
decin pour  en  examiner  les  qualités,  Se  pour  en  faire 
boire  à  quelques  malades.  Comme  ces  eaux  leur  firent 
du  bien ,  &  que  le  Czar  lui-même  s'en  fetvit  avec  fuc- 
cès ,  elles  devinrent  fort  célèbres.  On  croit  que  la  répu- 
tation que  ces  eaux  eurent  en  1718,  étoit  un  effet  de  la 
politique  ;  le  Czar  avoit  remarqué  que  quantité  de  per- 
fonnes de  diftinction  vont  fe  divertir  à  Pyrmont ,  a 
Calfbad ,  &  à  Spa,  ce  qui  rend  ces  lieux  célèbres  Si 
floriffans.  Olonitz  n'efl  rempli  que  d'artifans ,  qui  n'ont 
pour  vivre  que  les  petits  gages  qu'ils  reçoivent  de  la 
cour.  Ils  font  des  fufils  &  des  épées,  &  tous  les  ans  on 
en  forge  beaucoup  plus  qu'ils  n'ont  occafion  d'en  ven- 
dre. 11  eft  à  croire  que  le  Czar  connoiffant  l'averfîon  na- 
turelle qu'ont  les  Rumens  pour  les  remèdes  d'apothi- 
caire ,  avoic  pris  cette  occafion  de  recommender  ces  eaux, 
en  donnant  lui-même  un  exemple  qui  les  mettait  à  la 
mode  <,  Se  de  faciliter  par-là  le  débit  des  armes  qu'on  y 
vendoit,  Se  en  même-tems  procurer  quelque  douceur 
aux  habitans.  *  Mémoires  de  l'empire  Rujjîen ,  pag.  264. 
Le  docteur  Breynius  fouhaitant  de  connoîtie  la  nature 
&  les  qualités  de  ces  eaux  ,  s'adrefia  au  fieur  Remus , 
docteur  en  médecine  à  Peterfbourg.  Voyez,  la  réponfe 
de  celui  ci  ,  Bibliothèque  German.  t.  5.  p.  117. 

Les  vertus  de  ces  eaux  ,  par  rapport  à  la  médecine, 
au  moins  celles  que  l'expérience  a  fait  connoîtie ,  font 
affez  confidérables.  Elles  tiennent  le  ventre  libre ,  quoi- 
que dans  quelques  perfonnes  elles  le  relTerrcnt  ,  de  ma- 
nière pourtant  qu'elles  donnent  aux  déjections  groffiercs 
une  forte  teinture  de  noix.  Elles  opèrent  beaucoup  par 
les  urines,  Se  n'excitent  aucun  vomiiTement,  à  moins 
qu'on  en  prenne  en  trop  grande  quantité ,  ou  qu'on  y 
mette  du  fel  polychrefte.  Plufieurs  perfonnes  auxquelles 
la  moindre  nourriture  caufoit  des  naufées  &  des  vomis- 
femens,  ou  qui  étoient  incommodées  de  diarrhées  ou 
de  mal  de  rate,  Ont  trouvé  dans  l'ufage  de  ces  eaux  un 
remède  à  leurs  indispositions.  Elles  font  auffi  propies 
à  diflîper  les  obftructions.  On  a  même  remarqué ,  avec 
étonnement,  qu'elles avoient  diflbus  de  gtos  farcocele:;, 
&  qu'elles  avoient  beaucoup  contribué  au  foulagement 
d'une  perfonne  incommodée  de  grandes  palpitations  de 
cœur  caufées  par  un  polype ,  qu'on  trouva  confidéra- 
blement  diminué  lorsqu'on  fit  l'ouverture  du  cadavre. 
Pour  les  maladies  du  poumon ,  ces  eaux  ne  leur  font 
point  favorables  :  ce  qui  leur  eft  commun  avec  toutes 
les  eaux  minérales. 

Outre  ces  qualités ,  ces  eaux  en  ont  peut-être  d'au- 
tres qui  font  inconnues,  Se  que  l'expérience  n'a  pas  en- 
core manifeftées.  Quant  à  la  manière  de  les  prendre  , 
on  en  porte  la  dofe  jusqu'à  dix  ou  douze  livres.  On 
n'en  fera  pas  furpris,  ft  l'on  confidere  qu'elles  n'incom- 
modent ,  ni  par  leur  quantité ,  (  à  moins  qu'elle  ne  foit 
excefïîve  ) ,  ni  par  le  féjour  qu'elles  font  dans  l'efto- 
mac.  Il  faut  feulement  remarquer  qu'on  va  par  degrés 
jusqu'à  cette  dofe ,  Se  qu'on  la  diminue  dans  la  même 
proportion  qu'on  l'avoit  augmentée.  On  en  commence 
Se  on  en  finit  l'ufage  par  la  purgation ,  Se  on  fe  fert 
pour  cet  effet  de  pilules  de  Spa. 

OLONNE.  Voyez.  Olone  &  Sabi.es  d'Olonne. 

OLONOIS  (  Les  ) ,  habitans  des  Sables  d'Olonne , 
au  Bas-Poitou. 

OLONSAC  ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Bas  Lan- 
guedoc ,  au  diocèfc  de  S.  Pons.  C'eft  une  ville  diocéfaine. 

OLOOSSON  ,  ville  ancienne  de  la  Theffalie.  Stra- 
bon  dit  dans  la  Perrhébie.  Etienne  dit  Oloo>son  ,  ville 
de  Magnéfie.  Cellarius  a  fait  voir  par  l'autorité  de  Scy- 
lax,  que  les  Pcrrhébiens  occupoient  dans  les  terres  le 


OLP 


pays  contiguà  la  Magnéûe.  Homère,  Ili'ad.  B.v.-x%. 
nomme  Oioojfon  la  B. anche.  Le  traducteur  latin  de  Stra- 
bon  rend  ces  mots  par  ceux-ci  :  Allisqite  OlooJJona  mu- 
ris  ,  comme  fi  le  furnom  de  Blanche  venoit  de  la  cou- 
leur des  murailles  de  cette  ville.  Ce  n'eft  point  cela. 
Strabon ,  /.  9.  p.  440.  explique  l'épithéte  de  Blanche  , 
en  difant  que  le  poète  nomme  ainfi  Oloofion  à  caufe 
de  la  blancheur  de  l'argiilc  dont  fon  terroir  étoit  com- 
pofé. 

OLOPHYXOS  ,  ville  de  Thrace  ,  auprès  du    mont 
Athos ,  félon  Etienne  le  géographe.  Hérodote  ,  /.  7.  ». 
22.  la  met  entre  les  villes  que  le  roi  de  Perfe  voulut 
détacher  du  continent  où  elles  étoient ,  en  coupant  l'ifth- 
me  du  mont  Athos.  Thucydide,  l.  4.  p.  325.  en  parlé 
auflï ,  &  dit  que  cette  ville  Se  celles  du  voifinage  étoient 
habitées  par  un  ramas  de  peuples  barbares  qui  partaient 
deux  langues  ;  apparemment  la  grecque  Se  celle  de  l'A- 
ile. Pline  ,  /  4.  c.  10.  la  nomme  de  même.  Une  pon- 
ctuation vicieufe    a    fait    croire    à    Ortelius    que    Pli- 
ne donnoit  ce  nom  à  un  gclfe.  Voici  le  paffage  :  Poli- 
d&a ,  mine  Cajjandria  Culonia  Anthcmus  Glcphyxus  Si 
nus ,  Mecyberna.  C'eft  ainfi  qu'on  lit  encore  dans  l'é- 
dition des  Elzévirs ,  poftéiieure  à  Ortelius.  Le  P.  Har- 
douin  a  rectifié  cette  ponctuation ,  &  lit  Potidœa  nunc 
CafJ'andria  Colonta  :  Anthcrnuf ,  Olcphyxos  :  Sinus  Me- 
cybern.tits.    Alors  tout  fe  retrouve  dans   l'ordre  ,  cha- 
que chofe  fe  retrouve  ce  qu'elle  doit  être. 

OLORENSIS  ou  Oloronensis  Voje ~Oleron. 

OLOROS ,  ville  de  Grèce,  dans  la  Piérie  ;  félon  Fline, 
lib.  4.  c.  10.  cité  par  Ortelius  ;  mais  l'édition  du  P. 
Haidouin  rétablit  Aloros.  C'eft  ainfi  qu'il  faut   lire. 
Voyez  Aloros  2.  qui  eft  la  même. 

OLOSTR./E,  peuples  de  l'Inde,  joignant  l'ifle  de  Pa- 
tale  ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  1 9. 

OLOT  ,  ville  maritime  d'Espagne,  dans  la  Tarragon- 
noife  ,  félon  Corneille  ,  qui  dit  que  les  tremblemens  de 
terre  l'ayant  ruinée  en  1^28,  les  habitans  en  changeient  la 
iltuation  Se  la  rebâtirent  au  lieu  où  elle  eft  préfentemenr. 
Il  ajoute  que  c'eft  l'ancienne  ville  que  Ptolomée  appelle 
Basi.  L'Espagne  Tarragonnoife  étoit  fort  grande,  & 
s'étendoit  depuis  le  cap  de  Finiftetre  jusqu'aux  Pyré- 
nées ;  mais  la  Basi  de  Ptolomée  ramené  dans  la  Ca- 
talogne aux  environs  de  Gironne.  Mes  cartes  ne  font 
point  mention  d'Olor.  Olot  eft  une  petite  ville  de  Ca- 
talogne dans  l'Ampoutdan. 

OLOTOEDARIZA  ,  ancien  lieu  de  la  petite  Ar- 
ménie. Antonin  le  met  fur  la  route  d  Arabiflus  à  Sa- 
tala  ,  en  abrégeant  le  chemin,  Se  le  place  entre  Nico- 
polis  Se  le  lieu  nommé  ad  Dracones  ,  à  vingt-quatre 
mille  pas  de  la  premiete  ,  Se  à  vingt  fix  mille  pas  du 
fécond.  Les  exemplaires  varient  beaucoup.  Simler  lit 
Outto  Eulariza  ;  l'exemplaire  du  Vatican  Oluto 
Eulariza  -,  les  éditions  des  Juntes  &  des  Aides  ont, 
comme  Simler,  Olitto  Eulariza.  Zurita  préfère 
Clotoédariza.  Il  avoue  pourtant  que  le  manuferit 
du  roi  porte  Olotoedariza  :  on  peut  voir  dans  fa 
note  toutes  les  variantes  de  ce  mot  qu'Antonin  emploie 
dans  trois  routes  différentes.  i°.  Ab  Arabijfo  per  com- 
pendium  Satalam.  1°.  A  Cœfarea  Satalam.  30.  A  Ni- 
Cupoli  Satalam, 

OLIVE ,  ville  de  Grèce, dans  l'Acarnanie ,  félon  Etien- 
ne le  géographe.  Thucydide  ,  /.  4.  c.  247.  dit  également 
Olpa  au  fmguîier,  Se  l.  3.  c.  243.  Olpje,  au  pluriel.  11 
en  donne  cette  defeription  -,  Ceux  d'Ambracie  entrè- 
rent dans  le  pays  d'Argos  (  l'Amphilochique  ),  Se  s'em- 
parèrent d'Oipes,  fertereffe  fituée  fur  une  colline  au 
bord  de  la  mer.  Les  Acatnaniens  l'avoient  fortifiée  pour 
y  tenir  leurs"  affemblees ,  Se  y  terminer  leurs  dirrérens. 
Ce  lieu  eft  éloigné  de  la  ville  maritime  de  ceux  d'Ar- 
gos de  près  de  vingt-cinq  ftades.  Je  ne  puis  m'empê- 
cher  de  relever  ici  une  louidc  bévue  que  fait  d'Ablan- 
court,  faute  de  connoîcre  les  anciennes  diltances,  qu'il 
évalue  félon  fon  caprice.  Il  traduit  les  vingt  cinq  fta- 
des par  deux  lieues  ou  environ.  D'Ablancourt. fait. Ces 
lieues  de  quatre  milles  italiques  -,  car  il  n'en  connoît 
point  d'autres.  Ces  quatres  milles  italiques  valent  cinq 
milles  romains,  comme  je  l'explique  au  mot  Mesure 
itinéraire  :  or,  huit  ftades  finit  un  mile  romain  , 
donc  vingt -quatre  ftades  font  trois  mille  romains,  donc 
cinq  font  la  lieue  de  d'Ablanconrt.  Comment  fe  peut-il 

qu'un 


OLT 


qu'un  peu  moins  de  vingt-cinq  ftades  fafle  environ 
deux  lieues,  puisqu'il  s'en  faut  un  peu  moins  de  deux 
cinquièmes  qu'ils  ne  faflent  une  lieue  entière  ?  Il  de- 
voir donc  réduire  les  vingt-cinq  ftades  par  environ  trois 
quarts  de  lieue. 

OLPIA  ,  en  grec  *Oaot*.  Phavorin  nomme  ainfi  !cs 

Alpes. 

OLPIT  A  ,  petire  rivière  d'Italie ,  au  duché  de  Caflro. 
EMe  tire  fa  fource  du  lac  de  Mezzano  ,  Ôc  après  avoir 
bai"né  le  pied  du  château  Farnefe  &  les  ruines  de  Ca- 
ftro ,  elle  va  fe  décharger  dans  le  Fiore,  qui  porte  les 
eaux  dans  la  mer.  *  Magin,  Italie. 

OLRUNA.  Baudrand  dit  que  c'eft  un  des  noms  la- 
tins de  la  rivière  de  Tolder.  Voyez,  ce  mot. 

OLSARUM  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Wilts.  Il  envoie  lès  députés  au  parlement.  *  Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bret.  t.   i. 
ÔLSNA.  Voyez.  Olss. 

OLSNITZ.  Zeyler,  Saxon.  Super. Topogr.  pag.  147. 
écrit  Oelssnitz  ,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Haute- 
Saxe  en  Misnie,  dans  le  Voigtland  fur  l'Eilert ,  entre 
Audorf  Ôc  Plawen ,  à  un  mille  de  ce  dernier.  Elle  a 
toujours  dépendu  d'un  château  voifin  nommé  Voigts- 
burg  ou  Voigtsberg  ,  que  quelques-uns  prétendent 
avoir  été  fondé  par  Drufus.  Zeyler  dit  beaucoup  mieux, 
qu'il  doit  fon  origine  à  un  bailli  impérial  qui  y  faifoit 
fa  réfidence. 

OLSS  ,  ville  du  royaume  de  Bohême  ,  dans  la  Baffe- 
Siléfie ,  à  quatre  petits  milles  au  nord-efl  de  Breflau  , 
avec  titre  de  principauté.  Baudrand  dit  que  l'on   pro- 
nonce ôc  que  l'on  écrit  Els  ,  ce  qui  n'eft  pas  vrai.  La 
prononciation  de  cet  O  eft  comme  notre  Ûeu  ;  c'eft 
une  diphthongue  pour  le  fon,  L'orthographe  d'Ei.s  eft 
inulitée.  Hubner  écrit  Oels  ,  Zeyler  Olss  &  Olse.  Ce 
n'étoit  qu'un  bourg  ,  lorsque  l'empereur  Henri  I    1  éri- 
gea en  ville  ,  l'an  936 ,  qui  fut  l'année  de  fa  mort.  11 
lui  accorda  de  beaux  privilèges.   Elle  eft  pafTablement 
grande ,  ôc  jouit  d'un  allez  bon  air.    11  y   a  une  belle 
églife  joignant  le  palais.  Il  y  a  auflï  une  prévôté  ôc  un 
collège.  La  réfidence  du  prince  a  de  fort  beaux  apparte- 
mens.  Au  milieu  de  la  ville  eft  l'hôtel  de  ville  ,  qui  elt 
un  allez  bel  édifice.  La  place  où  fe  tient  le  marché  eft 
un  grand  carré  ,  ôc  les  rues  font  belles.  Les  murs  ôc  les 
foffés  en  font  une  place  de  réfiftance  ,  ôc  les  fauxbourgs 
en  font  très-beaux.  *  Zeyler ,  Silefiae  Topogr.  p.  168. 
La  principauté  d'Olfs  a  eu  depuis  long-rems  des  ducs 
particuliers.  Le  dernier  de  cette  famille ,  favoir  Con- 
rad VIII,  étant  mort  en  1491  fans  poftérité  ,  fa  fuc- 
ceffion  fut  dévolue  à  Vladiflas ,  roi  de  Bohême ,  qui  s'en 
accommoda  avec  Henri ,  duc  de  Munfterberg  ,  fils  de 
George,  roi  de  Bohême  ,  prédécefleur   de    Vladiflas. 
Cette  principauté  eft  venue  enfuite  avec  l'héritière  de 
Munflerberg  Elifabeth-Marie  ,  fille  de  Charles  Frédé- 
ric ,  dernier  duc  ôc  prince  d'Oels ,  à  une  branche  de  la 
maifon  de  Wurtenberg,  par  Silvius  Nimrod  de  \Y/ur- 
tenberg  ,  qui  époufa  cette  princeffe.  Il  hérita  de  la  fuc- 
ceflion  en  1648,  parla  mort  de  fon  beau-pere.  11  mou- 
rut en  1664,  fon  fils  aîné  mourut  à  dix-huit  ans  en 
1668.  Silvius-Frederic  fécond,  fils  de  Silvius-Nimrod, 
fut  prince  d'Olfs ,  n'eut  point  d'enfans ,  ôc  mourut  en 
1697.    Le  troifiéme  fils,  Chriflian-Ulric,  qui  avoit  fa 
réfidence  à  Bernflad  ,  dont  il  portoit  le  nom  ,  prit  alors 
la  qualité  de  prince  d'Olfs.  Le  quatrième  fils  étoit  Ju- 
les-Sigismond  ,  qui  donna  le  nom  de  Juliusberg  ,  à 
la  réfidence  qu'on  lui  avoit  affignée.  Il  mourut  l'an  16S4. 
Son  fils  unique  quitta  cette  réfidence  pour  celle  de  Bern- 
flad ,  quand  la  ligne  de  Bernflad  eut   fuccédé  à  celle 
d'Olfs.  Il  n'y  a  dans  cette  principauté  que  ces  trois  lieux 
qui  foient  remarquables  -,  favoir  , 


OLY      649 


Olfs ,       Bernflad , 


Juliufberg. 


C'étoient  autrefois  trois  réfidences  ;  maintenant  il  n'y 
a  plus  que  les  deux  premières  qui  ayent  cet  avantage. 
Cette  branche  de  Wurtenberg  ,  elt  celle  qu'on  nomme 
la  branche  de  Siléfie.    *  Divers  Mémoires. 

OLT  ,  ALT  ou  Alaut.  Cette  rivière  nommé  Alu- 
ta  par  les  anciens ,  eft  la  même  quel'ALAUT,  dont  je 
donne  la  defeription  en  fon  lieu.  Elle  coule  dans  la 
Tranfilvanie  ,  ôc  traverfe  la  Valaquie. 


OLTEN,  petite  ville  de  Suifie,  au  canton  de  bo- 
leure,  où  elle  elt  capitale  d'un  bailliage  ;  elle  eft 
jolie  ôc  fituée  fur  une  colline,  a  la  rive  gauche 
de  l'Aar ,  fept  lieues  au-deffous  de  Soleure.  On  y 
remarque  un  fort  beau  pont  de  bois  fur  la  rivière ,  il 
eft  long  de  372  pieds ,  ôc  toutes  les  pièces  en  font  liées 
par  des  crampons  de  fer.  11  y  a  la  un  partage  fort  com- 
mode ôc  allez  important.  La  Dinnere  ,  petite  rivière  , 
s'y  jette  dans  l'Aar ,  ôc  produit  des  écrevilTes  naturelle- 
ment rouges.  On  les  ferc  quelquefois  fur  la  table  avec 
des  écrevifïes  cuites,  pour  faire  une  malice  aux  étran- 
gers ,  pour  qui  ce  phénomène  eft  nouveau.  Il  y  a  dans 
le  bailliage  d'Olten,  près  deDulliken  ,  une  fontaine  d'eaii 
minérale,  nommée  Tunkerbrun  ,  qui  eft  bonne  ,  princi- 
palement contre  la  dyllenterie.  *  Etat  &  délices  de  la 
ouijfe ,  tom.  3.  p.  82. 

OLUC-COUL.  Les  Tartares  nomment  ainfi  le  grand 
couranr  du  fleuve  Irtisch  ,  qui  coule  dans  le  Mogoliftan. 
*  Timur-Bec  ,  1.  3.  c.  G. 

OLVERS-AA ,  rivière  de  l'Iflande.  Elle  traverfe 
dans  la  partie  méridionale  de  cette  ifle  ,  la  contrée 
d'Olves  ,  qui  lui  donne  ce  nom  ,  &  fe  va  perdre  dans 
l'Océan  près  du  port  d'Eyrarbaka,  félon  Torlae  cité 
par  Baudrand. 

OLUG-YURT,  les  Tartares  nomment  ainfi  la  gran- 
de Horde ,  fiége  des  rois  de  Calmac  ,  ou  plutôt  des 
rois  Kans  ou  empereurs  Mogols,  près  de  Caracorom^ 
capitale  de  Calmac.  *  Timur-Bec ,  1.  4.  c.  6. 

1.  OLULiS,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  Crète,  dans  fa 
partie  orientale,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.   17. 

2.  OLULIS,  ancienne  ville  de  Sicile,  dans  fa  partie 
occidentale  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  4.  Ses  interprètes 
difent  que  c'eft  préfentement  Soronto. 

OLURO,  village  quelque  part  vers. Fldumée.  Jofephe 
en  fait  mention  dans  la  guerre  des  Juifs,  /.  s-  cj. 

1.  OLUROS ,  ville  ancienne  du  Péloponnèfe  dans 
l'Achaïe  propre.  Pline,/.  4.  c.  5.  dit,  après  avoir  nom- 
mé Léchée  port  des  Corinthiens  -,  Mox  Oluros  Pclle- 
norum  Caftellum.  C'étoit  un  château  élevé  pour  la  fu- 
reté de  la  ville  de  Pellene  d'Achaïe.  Le  nom  d'Olic- 
ros  fait  connoître  que  ce  château  étoit  là  pour  la  dé- 
fenfe  d'un  port ,  car  "Oxvpoç  en  grec  fignifie  la  même 
chofe  que  P  anhormos  ,  qui  veut  dire  un  port  propre  à 
recevoir  toutes  fortes  de  vaiffeaux.  Pomponius  Mêla  t 
Xénophon&  Etienne  le  géographe  parlent  aulfi  de  ce  lieu. 

2.  OLUROS  ou  Oluris  ,  lieu  du  Péloponnèfe  dans 
la  vallée  de  Meffenie.  Quelques-uns  le  nommoient  Do- 
rium,  au.  rapport  de  Strabon  ,  /.   8.  c.  350. 

OLUS,  ville  de  Crète ,  félon  Etienne  le  géographe. 
Paufanias  en  parie  aufli ,  /.  9.  c.  40.  C'eft  peut-être 
I'Olulis  de  Ptolomée. 

OLUTORSK1  (  Les  ) ,  habitent  les  bords  de  la  mer 
Orientale ,  au  fud  des  Tzuktzchi ,  ôc  des  Tzchalatzki  , 
avec  lesquels  ils  font  forr  liés ,  ont  la  même  religion  , 
les  mêmes  mœurs  ôc  la  même  haine  pour  les  RufTes. 
Voyez  les  Tz.itl^tz.chi . 

OLYBAMA  ,  ville  des  Scythes-Arméniens  ,  félon 
Berofe  ,  cité  par  Ortelius. 

OLYBRIA.  Voyez.  Selymbria. 
OLYCA  ,  ville  de  Macédoine,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  cite  Théopompe. 

OLYCR^E ,  ville  voifine  de  Naupacte ,  félon  le  même. 
OLYMPE  ,  ville  de  l'Illyrie,  félon  le  même. 
OLYMPENA  CIV1TAS  ,  ville  d'Afie  en  Myfie,  au 
voifinage  du  mont  Olympe,  félon  Pline,  /.  j.c.  32. 

OLYMPENI  ,  habitaus  du  mont  Olympe  dans  la 
Myfie. 

1.  OLYMPIA,  ville  du  Péloponnèfe  dans  FElide  , 
auprès  de  l'Alphée.  Strabon  ,  /.  S.  p.  353.  parlant  du 
temple  de  Jupiter  Olympien  qui  y  étoit  ,  dit  qu'au- 
devant  étoit  un  bois  d'oliviers,  dans  lequel  étoit  le  itade  f 
ou  lieu  defliné  à  la  courfe.  Ce  temple  elt,  dit-il,  à 
trois  cens  pas  d'Elide.  Olympie  fut  d'abord  célèbre 
par  les  oracles  qu'y  rendoit  Jupiter  Olympien.  Après 
qu'ils  eurent  celle  ,  le  temple  ne  JaifTa  pas  de  conferver 
fa  gloire,  &  devint  même  plus  fameux  que  jamais  par 
le  concours  des  peuples  qui  s'afiembloient  pour  voir 
les  jeux  ,  ôc  couronner  ceux  qui  avoient  remporté  le 
prix.  Il  y  avoit  une  flatue  d'yvoire  qui  repréfentoit 
Jupiter  j  c'étoit  l'ouvrage  de  Phidias.  Jupiter  paroiflbic 
Tom.  IV.  N  n  n  n 


6*0         OLY 

aflis ,  &  fi  grand ,  que  fa  tetc  touchoit  presque  au  haut 
du  temple  ,  &  il  fembloit  qu'en  fe  levant  il  devoit  em- 
porter le  comble  de  cet  édifice.  C'efi  ce  que  Pomponius 
Mêla,  /.  2.  c.  3.  a  exprimé  en  peu  de  mors.  In  Elïde 
Fanum  Delubrumqiie  Olympu  Joins ,  certam'me  gymni- 
co  C?"  Jtngulari  fantlitate  ,  ipfo  quidem  fimulatro  quod 
Pbidu  opus  eftt  maxime  nobile.  Pline,  /.  4.  c.  j.  dit: 
A  douze  mille  pas  de  Tylos ,  plus  dam  les  terres ,  ejl 
le  temple  de  Jupiter  Olympien  ,  qui  par  la  célébrité  de 
fes  jeux  renfermoitles  faftes  de  la  Grèce.  Comme  ces  jeux 
fe  célébroient  tous  les  quatre  ans ,  on  s'accoutuma  à 
prendre  ces  quatre  ans  pour  l'espace  d'une  Olympiade 
à  l'autre ,  &  à  marquer  de-là  les  dates  des  événemens 
remarquables  :  c'eft  pourquoi  on  trouve  dans  les  hi- 
ftoriens,  telle  année  de  telle  Olympiade.  Etienne  le 
géographe  dit  qu'Olympia  s'appclloit  anciennement  Pis  A  ; 
de-là  viennent  les  noms  de  Pis^ci  ,  &  de  Pisat*  pour 
les  habitans  de  cette  contrée  ;  ôc  de  Pisaus  Ager  , 
de  Regio  ,  ou  Terra  Pisatis  pour  la  contrée  mê- 
me, dont  Strabon  ôc  Polybe ,  /.  4.  c.  74.  fe  font  fervis. 
Strabon,  /.  S. p.  356,  dit  :  Quelques-uns  dérivent  le 
nom  de  Pifatide  de  Pise  ,  ville  qui  porte  ce  nom  ,  aufli 
bien  qu'une  fontaine  :  D'autres  difent  qu'il  n'y  a  jamais 
eu  de  ville  de  Pifê,  mais  feulement  une  fontaine  ;  mais 
la  ville  de  Pife  efi  fuffifamment  prouvée  par  Paufanias, 
Eliacoi.  c.  10.  qui  dit  que  les  Eléens  détruifirent  Pife 
durant  la  guerre  ,  ôc  enfuite ,  /.  2.  c.  22.  qu'il  ne  refioit 
aucune  trace  âes  murs  ni  des  édifices,  mais  qu'on  avoir 
planté  des  vignes  au  lieu  où  Pife  avoit  été.  Pindare  dit  : 
O  bois  de  Pife  bien  garni  d'arbres  au  bord  del'Alphée! 
Etienne  le  géographe  dit  :  Pife  ,  ville  ôc  fontaine  d'O- 
lympie.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  16.  joint  les  deux  noms  en- 
femble  ,  &  dit  Olympie  Pise,  'Ohvfj.7iia  uitr^ai.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain ,  c'efi  que  tous  les  hiftoriens  parlent  d'O- 
lympie  ,  &  ne  parlent  non  plus  de  Pife  que  \\  elle  n'eût 
jamais  exifté.  Il  patoît  qu'Olympie  fuccéda  à  la  ville 
de  Pife,  qu'elles  n'étoient  pas  fur  le  même  terrein,  mais 
en  des  lieux  très-voifins  &  à  côré  d'un  même  bois  -,  que 
l'une  fe  forma  des  ruines  de  l'autre-,  ôc  que  quand  ,  dans 
les  tems  hifforiques ,  il  y  eut  occafion  de  parler  d'OIym- 
pie ,  il  n'étoit  plus  quefiion  de  Pife  ,  dont  le  fol  étoit  alors 
couvert  de  vignes.  Cette  ville  d'Olympia  efi  aujourd'hui 
appellée  Longanico ,  fur  la  rivière  d'Erafino  ,  autrefois 
l'Alphée. 

2.  OLYMPIA.  Philofirate,  in  PaUflra.  met  un  lieu 
de  ce  nom  dans  l'Arcadie. 

OLYMPIAS,  fontaine  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Arca- 
die ,  félon  Paufanias ,  /.  8.  c .  29.  qui  dit  qu'elle  jette  al- 
ternativement de  l'eau  d'une  année  à  l'autre  ;  c'efi  à  dite  , 
qu'elle  coule  durant  une  année ,  &  qu'elle  ne  coule  plus 
l'année  d'après.  Auprès  de  cette  fontaine  la  terre  jette 
des  flammes.  Les  Arcadiens  regardoient  cela  comme  une 
fuite  du  combat  des  Titans  contre  les  dieux. 

OLYMPICUM  TEMPLUM,  temple  de  Jupiter 
Olympien  en  Sicile,  à  quinze  cens  pas  de  Syracufe ,  félon 
Tite-Live ,  /.  24.  c.  33.  Les  nouvelles  éditions  portent 
Olympium.  Diodore  l'appelle  de  même  'OXv/jlttiov. 
Thucydide  en  fait  aufli  mention,  &  l'appelle  Olym- 

riETJM. 

OLYMPIENI ,  les  mêmes  qu'Oi-YMPENi. 

1.  OLYMPIEUM.  Voyez.  Olympicum. 

2.  OLYMPIEUM ,  lieu  parriculier  de  l'ifle  de  De- 
los ,  où  il  y  avoit  des  Athéniens  établis.  C'eft  de  cette 
colonie  qu'il  faut  entendre  ces  paroles  d'Etienne  le  géo- 
graphe :  Olympieum,  lieu  en  Delos  ,  qui  ayant  été  bâti 
aux  dépens  d'Adrien,  fut  nommé  parles  Athéniens  La 
nouvelle  Athènes  d'Adrien.  Cet  établiffement  des 
Athéniens  à  Delos  eft  prouvé  ,  non  feulement  par  ce 
pafiage  ,  mais  encore  par  quelques  inferiptions  de  Gru- 
ter.  On  lit  dans  une  AGHNAinN  TON  EN  AHAft ,  ôc 
dans  une  autre  ,  A0HNAOI2  TOI2  EN  AHAQ.  A  quoi 
on  peut  en  ajouter  une  autre  trouvée  à  Delos ,  ôc  por- 
tée de-là  à  Confiantinople  chez  l'ambafiadeur  de  France, 
fur  laquelle  on  lit  AHMOX  AeHNAIfiN  ,  ce  qui  doit  s'en- 
tendre des  Athéniens  établis  dans  l'ifle  de  Delos.  *  Mis- 
cell.  er udit a  Antiquït.  p.  345-, 

OLYMPIS  ,  place  forte  du  Péloponnèfe  ,  près  des 
montagnes,  aux  confins  des  pays  de  Lacédémone  & 
d'Argos.  *  Polybe ,  /.  3. 

1.  OLYMPIUM.  Voyez.  Olympicum. 


OLY 


1.  OLYMPIUM,  lieu  du  Péloponnèfe  .près  de  Co- 
tinthe,  félon  Paufanias,  de  Caitfis  Plant.  I.  5.  Théo- 
phrafte  dit  que  Corinthe-Cranium  ôc  Olympium  funt 
des  lieux  voifins. 

OLYMPIUS  MONS.  Voyez,  Olympus. 

OLYMPUS  ,  ce  nom  étoit  commun  à  trois  villes, 
à  un  promontoire  ôc  à  douze  montagnes.  Entrons  dans 
le  détail.  On  dit  Olympe  en  françois,  quelques-uns 
écrivent  Olimpe. 

Villes  nommées  Olympe,  en  latin  Olympus. 

1.  OLYMPUS  ,  vile  d'Afie,  dans  la  Pamphylie,  fé- 
lon Etienne  le  géographe. 

2.  OLYMPUS,  ville  d'Afie,  dans  la  Lycie,  félon 
Ptolomée  ,  /.  y.  c.  3.  Elle  étoit  auprès  de  la  mer,  entre 
Phafelis  Se  le  promontoire  Hyeron  ou  facré, félon  cet 
auteur.  Ortelius,  Thefaur.  dit  que  Socrate  le  Scholaftiqne 
en  fait  mention.  Pline,  /.  5.  c.  27.  dit  qu'elle  ne  fub- 
fifioit  plus  de  fon  tems.  Olympus  Oppidum  ibi  fuit.be- 
lin,c.  39.  edit.  Salmaf.  qui  le  copie  d'ordinaire,  dit  de 
plus  qu  Olympe  avoit  été  une  ville  fameufe  ,  mais  qu'el- 
le étoit  détruite  ôc  qu'il  n'y  avoit  plus  qu'un  fort  (  Ca- 
ftellum).  Strabon,  /.  14.  p.  665.  la  compte  entre  les  fix 
principales  villes  de  la  Ljcie  ,  &  dit  qu'ellr  étoit  grande, 
ôc  voifine  d'une  montagne  de  même  nom  ;  mais  dans  le 
même  livre ,  il  nomme  une   forterefie  &  une  monta- 
gne Olympe,  &  dit  que  Zenicete,  brigand,  s'y  retiroir. 
Si  Ptolomée  la  nomme,  ce  n'eft  pas  une  preuve  qu'elle 
fubfifiât  de  fon  tems.  Saumaife  ,  in  Solin.p.  802.  obferve 
que  cet  auteur  nomme  comme  exillantes  des  villes  dé- 
truites. Solin  avoit  lu  dans  Strabon  eu  ailleurs ,  qu'il  y 
avoit  une  forterefie-,  &  dans  Pline,  que  la  ville  ne  frb- 
fifioit  plus  :  il  en  a  conclu  que  la  ville  avoit  fait  place  à 
la  forterefie.  Voila  les  raifons  donr  le  (ertSaumaife  :  mais 
il  falloit  bien  que  cette  ville  fe  fût  relevée,  puisqu'il  y  eut 
un  évéque.  La  notice  de  Léon  le  Sage  y  met  bien   ex- 
prefiément  un  évêché.  Leunclavius  met  entre  les  évêques 
de  Lycie  celui  d  Olympe  }é'OXv/x7Tn.  Le  P.  Hardouin  , 
in  Plinium.  rapporte  à  cette  ville  d'Olympe  lAriftocri- 
tus  Olympenfis ,  dont  il  eft  parlé  au  concile  de  Chal- 
cédoine  ;  mais   il   étoit  de  la  province   de  Pamphylie , 
félon  le  P.  Hardouin  lui-même.  Et   par  conféquenr  il 
appartenoit  à  l'Olympe  d'Etienne  le  géographe.  Ortelius 
foupçonne  que  cette  Olympe  eft  la  même  de  laquelle 
Athénée  dit  que  le  roi  Cyrus  avoit  fait  préfent  à  Pythar- 
que  ;  mais  il  la  nomme  Olympium. 

OLYMPUS  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Cilicie.  Cette  der- 
nière n'eft  pas  fort  connue  :  je  fuis  même  perfuadé  qu'el- 
le n'eft  point  différente  de  celle  de  Lycie.  Ortelius  qui 
fournit  cette  troifiéme  ville  d'Olympe  ,  s'appuie  de  l'au- 
torité de  Florus  &  d'Asconius  Pedianus.  Or  le  premier, 
à  l'endroit  cité  par  Ortelius,  /.  3.  c.  6.  dit  feulement, 
que  dans  la  guerre  contre  les  Pirates  .  Publius  Servilins 
alla  ruiner  leurs  plus  fortes  villes ,  Phafcles  ôc  Olvm- 
pe,  qu'ils  avoient  enrichies  depuis  long  tems  de  toutes 
leurs  prifes ,  Se  Ifaure  même  le  boulevard  de  toute  la  Ci- 
licie, &c  Asconius  Ptdianus  fur  la  troifiéme  verrine  de 
Cicéron  ,  appelle  villes  de  Cilicie,  Corycum ,  Olympe 
&  Phafelis.  Pline  donne  Phafelis  à  l'extrémité  de  la  Ci- 
licie ôc  Olympe  à  la  Lycie.  Ptolomée  les  place  dans  la  Ly- 
cie l'une  &  l'autre.  Strabon  parle  de  cette  même  guerre 
à  l'occafion  de  fon  Olympe  de  Lycie.  Concluons 
donc  que  c'eft  la  même. 

Après  cela  il  eft  aifé  d'appprérier  l'article  de  Bau- 
drand  qui  fait  trois  villes  épiscopales.  Olympe  ,  dit-il  , 
étoit  anciennement  une  grande  ville  épiscopale  de  Cili- 
cie ,  fur  la  côte  de  la  mer ,  au  pied  du  mont  Phœnix  , 
entre  Phafele  &  Corice.  11  ajoure  :  Il  y  avoit  une  autre 
gtande  ville  épiscopale  de  même  nom  en  Lycie  au  mi- 
lieu des  terres.  Elle  étoit  fuffragante  de  l'archevêché  de 
Myre.  Dans  les  terres  eft  une  faure.  Ptolomée  la  fait 
maritime.  On  voit  que  ces  deux  villes  épiscopales  n'en 
font  qu'une.  Il  y  en  avoit  aufli,  continue  Baudrand  ,  une 
troifiéme  dans  la  Pamphylie  ;  mais  elles  font  toutes  trois 
ruinées  depuis  long-tems. 

Promontoire. 

OLYMPUS  ,  promontoire  dans  l'ifle  de  Cypre ,  félon 
Strabon  ,  cité  par  Ortelius. 


OLY 


OLY 


6$i 


Montagnes  nommées  Olympe,  en  latin  Olympus. 

i  .  OLYMPUS ,  montagne  de  la  Macédoine  ,  félon 
Ptolomée.  Il  la  fait  de  40  min.  plus  orientale  que  le  mont 
Offa.  C'efl  moins  une  montagne  qu'une  chaîne  de  mon-     vard.  Il  mit  les  troupes  auxiliaires  fur  l'Eve,  &  fc  porta 
tagnes  ,  entre  la  Pierie  &  la  Pélasgiotide.  Son  nom  mo-     fur  l'Olympe  ,  ôVc 


arriva  ainfi.  Ce  défilé  cil  entre  deux  collines,  dont  i  une 
s'appelle  Eve  ,  l'autre  Olympe  ;  l'Oenus  coule  entre  deux , 
8c  le  long  de  cette  rivière  efl  le  chemin  qui  mené  a  La- 
cédémonc.  Cléomene  avoit  fait  devant  ces  deux  collines 
un  retranchement   confiflant  en  un  foffé  8c  un  boule- 


derne  efl  Lâcha.  Sophien  lui  conferve  l'ancien  nom.  Le 
traducteur  François  d'Edouard  Brown ,  Voyages,  p.  77. 
dit  de  même  le  mont  Olympe.  Les  Grecs ,  dit-il ,  qui 
ont  toujours  fort  aimé  leur  pays,  difent  beaucoup  de 
chofes  du  mont  Olympe.  Homère  écrit  que  c'eA  la  de- 
meure de  Jupiter  8c  des  dieux  ,  &  qu'il  n'y  a  point  de 
nues  au-deffus.  Pour    moi ,  continue  ce  voyageur  An- 


5.  OLYMPUS  ,  le  mont  Olympe  ,  montagne  de 
1'ifle  de  Lefbos ,  félon  Pline,  /.  5.  c.  32. 

6.  OLYMPUS,  le  mont  Olympe  ,  montagne  d'Afie, 
dans  la  Lycie.  Pline,  /.  21.  c.  6.  parlant  du  fafran  fau- 
vage,  dit  qu'on  donnoit  le  premier  degré  de  bonté  à 
celui  de  Cilicie  ,  fur  le  mont  Coricus;  8c  enfuite  à  celui 
de  Lycie  fur  le  mont  Olympe.  Prima  mbilitas  Cilicie  , 


glois ,  je  trouve  quelques  parties  des  Alpes  plus  élevées ,     &  ibi  in  Coryco  monte  :  Dein  Lycio ,  in  monte  Olympo. 
&  je  peux  affiuer  que  j'ai  vu  des  nuages  au-deffus,  &         7.  OLYMPUS,  le  mont  Olympe,  montagne  d'Afie, 
qu'il  n'y  avoit  point  de  neige  en  Septembre ,  au  lieu  qu'il     dans  la  Lydie  ,  félon  Athénée. 


y  en  a  toujours  furie  fommet  des  Alpes  ,  auffi  bien  que 
fur  le  haut  des  Pyrénées  ,  des  monts  Krapacks  &  de  plu- 
fieurs  montagnes  de  l'Europe.  Mais  le  mont  Olympe  en 
fut  bientôt  tout  couvert ,  fitôt  qu'il  commença  à  pleuvoir 
dans  ce  pays.  J'avoue  qu'on  voit  cette  montagne  de  bien 
loin ,  car  j'ai  commencé  à  la  voir  d'Eccifo  Verbcni  , 


8.  OLYMPUS  ,  le  mont  Olympe  ,  montagne  d'Afie, 
près  d'Antandre  ,  &  joignant  le  mont  Ida  ,  félon  Strabon , 
/.   i  o.  p.  470. 

9.  OLYMPUS,  le  mont  Olympe,  montagne  d'Afie  , 
dans  la  Myfie.  Strabon  qui  le  nomme ,  le  distingue  du 
mont  précédent.  Hérodote,  l.i.  p.  36.  le  nomme  auifi 


place  qui  en  eu  éloignée  d'environ  24  lieues.  Elle  ne  POlympe  Myfien.  Pomponius  Mêla  ,  /.  i.c.  19.  &  Pline, 
fait  pas  feulement  une  pointe,  comme  on  la  décrit  quel-  /.  j.  c.  32.  difent  aura  Olympus  Myfius,  Mêla  y  met  la 
quefois,  mais  elle  efl  auifi  affez  longue,  8c  ainfi  elle  fource  du  Rhyndacus.  Cet  Olympe  de  Myfie  n'eu  point 
rend  très-propre  8c  très  jufle  l'épithéte  que  lui  donne  différent  de  l'Olympe  de  Bithynie.  Tournefort ,  Voya- 
Homere ,  lorsqu'il  dit  :  Longum  tremefecit  Olympvm  ,  il  ge  du  Levant ,  t.  2.  p.  1 86.  dit  :  Nous  laiffâmes  tout  ce 
fit  trembler  l'Olympe  dans  toute  fa  longueur.  L'éten-  jour-là  le  mont  Olympe  à  notre  gauche.  C'efl  une  hor- 
due  qu'elle  a  principalement  d'orient  en  occident,  fait  rible  chaîne  de  montagnes  fur  le  fommet  desquelles  il  ne 
que  les  habitans  qui  font  au  pied  du  côté  du  nord  8c  paroiffoit  encore  que  de  la  vieille  neige  8c  en  fort  grande 
du  midi,  ont  une  température  d'air  auffi  différente  que  quantité.  En  approchant  du  mont  Olympe  on  né  voit 
s'ils  vivoient  dans  des  pays  fort  éloignés.  Lucain  dit  dans  que  des  chênes,  des  pins,  du  thym  de  Crête,  du  cifte 
fa  Pharfale  ,  /.  6.  v.  341.  à  ladanum  ,  d'une  autre  belle  espèce    de  cille,  que  J. 

Bauhin  a  nommé  cille  de  Crète  à  larges  feuilles.  L'aune  , 
Nec  metuens  imi  Borean  habitator  Olympi,  l'iéble  ,  le  cornouiller  mâle  8c  femelle  ,  la  digi'ale  à  dent 

Lucentem  totis  ignorât  noElibus  Arcton.  ferruginée,  le  piffenlit ,  la  chicorée,  le  périr  houx  ,  la 

ronce  font  communes  aux  environs  du  mont  Olympe.... 
Paul-Emile ,  conful  Romain  ,  après  avoir  été  quelque  La  montée  de  cette  montagne  eil  affez  douce,  mais  après 
temsaux  environs  de  cette  montagne,  défit  le  roiPer-  trois  heures  de  marche  à  cheval,  nous  ne  trouvâmes  que 
fée  ,  &  fe  rendit  le  maître  de  la  Macédoine.  Lorsque  le  des  fapins  8c  de  la  neige  ;  de  forte  que  nous  fûmes  obli- 
roi  Antiochusaffiégea  la  ville  de  Lariffe,  Appius  Clau-  gés  de  nous  arrêter  près  d'un  petit  lac  dans  un  lieu  fort 
dius  lui  fit  lever  le  fiége  par  le  moyen  de  plnfieurs  élevé.  Pour  aller  de-là  au  fommet  de  la  montagne  qui  eff 
grands  feux  qu'il  fit  faire  fur  une  partie  du  mont  Olym-     une  des  plus  grandes  de  l'Afie,  femblable  aux   Alpes  8c 


pe.  Le  roi  crut  que  toutes  les  forces  des  Romains  ve- 
noient  fondre  fur  lui,  &  fe  retira.  Le  conful  Martius, 
ayant  été  envoyé  contre  le  roi  Philippe,  dernier  de  ce 
nom  ,  mena  fes  foldats  fur  le  mont  Olympe,  8c  les  fit 


aux  Pyrénées,  il  faudroit  que  les  neiges  fi;  fient  fondues , 
&  marcher  encore  pendant  toute  une  journée.  Les  hê- 
tres, les  charmes,  les  trembles,  les  noifeticts  n'y  font 
pas  rares.  Les  fapins  ne  différent  point  des  nôtres.  C'efl, 


paffer  par  des  chemins  ii  difficiles ,  que  la  plupart  de  fes     près  de  cemont  Olympe  que  les  Gaulois  furent  défaits  par 

Manlius ,  qui  ,  fous  prétexte  qu'ils  avoient  fuivi  le  par- 
ti d'Antiochus,  voulut  le  venger  fur  eux  des  maux  que 
leurs  pères  avoient  faits  en  Italie.. ..  Le  mont  Olympe 
s'appelle  en  turc  Anatolai  Dag  ,  c'eft-a-dire ,  Monta- 
gne de  Natolie.  Les  Grecs  l'ont  autrefois  nommé  la  mon- 
tagne des  Caloyers  ,  parce  que  plufieurs  folitaires  s'y 


gens  furent  obligés  de  fe  laiflcr  glifler  en  bas.  Il  fit  des 
cendre  fes  éléphans  un  à  un  par  une  machine  qu'il  in- 
venta j  c'efl:  ce  qu'Edouard  Biown  remarque  fur  cette 
montagne  dans  fon  voyage  de  Lariffe  8c  deThcffalie. 

2.  OLYMPUS,  le  mont  Olympe.  Ortelius  trouve 
une  montagne  de  ce  nom  en  Theffalie,  8c  cite  le  fcho 


lialte  d'Apollonius.  Je  doute  que  cette  montagne  foit  étoient  retirés.  Cela  eiï  conforme  a  ce  que  dit  Baillée 
différente  de  la  précédente  ;  car  Strabon  parlant  d'un  dans  fa  topographie  des  Saints  :  Cette  montagne  etoit 
mont  Olympe  du  Péloponnèfe  8c  d'un  mont  Offa  ,  ajou-  célèbre  au  huitième  fiécle  ,  par  divers  monalleres  où 
te  paroccafion  qu'il  y  avoir  auffi  deux  montagnes  de  me-  la  discipline  monafiique  fe  trouvoit  dans  un  état  Ho- 
me nom  de  la  Theffalie  8c  de  la  Macédoine,  partie  dans  riffant. 


l'une  ,  8c  partie  dans  l'autre.  Ainfi  il  n'efl  pas  étonnant  que 
Ptolomée  l'ait  mis  dans  cette  première  province,  &  Stra- 
bon dans  la  féconde.  Voyez,  l'article  fuivanr. 

3.  OLYMPUS,  le  mont  Olympe  ,  montagne  du  Pé- 
loponnèfe ,  dans  l'Elide.  Strabon  dit  à  l'occafion  de  la 
ville  d;  Pifc  ,  dont  quelques-uns  nioient  l'exiftence  ,  que 


10.  OLYMPUS  TRIPHYLIUS,  le  mont  Olympe 
furnommé  Triphylien ,  haute  montagne  de  l'ifle  Pan- 
cha:a  ,  dans  l'Océan  ,  près  de  l'Arabie  Heureufe.  On  la 
nommoit  auffi  le  Siège  du  ciel ,  OJf  ■••  S'ftppoç ,  félon  Dio* 
dore  de  Sicile.  Une  haute  montagne  lemble  en  effet  mon- 
ter jusqu'au  ciel  8c  le  (outenir.  C  efl  dans  ce  fyftemè  que 


d'autres  prétendoient  en  montrer  la  place  entre  le  mont     la  fable  a  fuppofé  qu'Atlas  ,  haute  montagne'  perfonni- 
Olympe  8c  le  mont  Offa  ,_&  ajoute  :  Il  y  a  de  ce  nom     fiée  ,  portoit  le  ciel  fur  fes  épaules 


deux  autres  monragnes  en  Theffalie.  Ortelius  cite  le  fcho- 
liafie  d'Apollonius ,  comme  ayant  parlé  de  cette  mon- 
tagne en  Elide. 
J>  OLYMPUS,  le  mont  Olympe,  montagne  ou  pul- 
tôt  colline  du  Péloponnèfe,  aux  confins  de  l'Arcadie  8c 
de  la  Laeonie.  Polybe  ,  l.  1.  c.  6f.  en  décrit  ainfi  la  fi- 
tuation  :  Cléomene ,  s'attendant  bien  que  les  ennemis 
viendroient  l'attaquer ,  fit  munir  tous  les  pafiagès  de 
troupes ,  de  foffés  8c  d'abbatis  ;  pour  lui  il  s'en  alla  avec 
le  gros  de  l'armée,  confiflant  en  vingt  mille  hommes , 
prendre  fon  pofle   à    Sélafie  ,   prévoyant  que  l'ennemi 


11.  OLYMPUS,  le  mont  Olyaipe  ,  montagne  d'A- 
fie, dans  l'ifie  de  Cypre ,  au  milieu  de  l'ifle,  félon 
Ptolomée  ,  /.  5.  c  14. 

12.  OLYMPUS,  le  mont  Olympe,  montagne  fur 
la  côte  méridionale  de  l'ifie  de  Cypre,  félon  Strabon  , 
/.  14.  p.  683.  qui  dit  :  Après  Citium  fuit  Amathonte  vil- 
le, &  au  milieu»  c'eft-àdire,  entre  ces  deux  villes, 
une  place  nommée  Pal^ea  ,  c'efl  à  dire,  la  Vki!le;&; 
une  montagne  qui  a  la  figure  d'une  mammelle  ,  8c  que 
l'on  appelle  Olympe.  11  diflingue  cette  montagne  du 
promontoire  de  même  nom  i  car  il  met  la  montagne  cn- 


choifiroit  ce  paffage  pour  entrer  dans  le  pays,  8c  h  çhofe     tre  Ckium  8c  Amathonte,  fur  la  côte    méridionale, 

Tom.  IV.    N  n  n  n  ij 


6$%       OMA 

au  lien  qu'il  place  le  promontoire  à  l'orient,  auprès  des 
ifies  Cleïdes. 

Au  mot  Alb  ou  Alp  ,  on  peut  voir  que  les  mots  Al- 
pes .  Albion  ,  Alben  ,  Elethas  Se  Olympe,  ont  une 
origine  commune.  Les  poètes  ne  fe  font  pas  contentés 
d'établir  une  communication  entre  les  monts  nommés 
Olympe  &  le  ciel,  ils  ont  appelle  ainfi  le  ciel   même. 

OLYNTHE ,  ancienne  ville  de  Thrace  ,  dans  la  Pa- 
raxie,  au  fond  du  golfe  Thoronéen.  Lorsqu'elle  fubfiftoit  , 
ce  pays  faifoit  partie  de  la  Thrace  ;  dans  la  fuite  il  fut 
conquis  par  Philippe,  &  les  limites  furent  reculées  jus- 
qu'au Strymon  Se  même  plus  loin,  Se  alors  Olynthc 
auroit  dû  être  appellée  ville  de  Macédoine.  Toureil , 
Oeuvres,  t.  i.p.  186.  dit  qu'elle  étoit  dans  la  péninfu- 
le  de  Pallene,  entre  les  golfes  de  Theffalonique  &  de 
Torone.  Si  cela  eft  vrai ,  de  l'Ifle  l'aura  mal  placée  dans 
fa  carte  de  l'ancienne  Grèce  ;  car  il  la  met  au  fond  du 
golfe  de  Torone,  non  pas  dans  la  presqu'ifle  de  Pallene  , 
mais  dans  la  Paraxie  ,  au  commencement  de  la  presqu'ine 
qui  féparele  golfe  de  Torone  Se  celui  de  Singitique.  Se- 
lon Toureil ,  elle  étoit  poffédée  par  des  Grecs  origi- 
naires de  Chalcide  ,  ville  d'Eubée  ,  colonie  d'Athènes 
(a).  Elle  parvint  fucceflivement  à  un  tel  point  de  gran- 
deur ,  qu'elle  eut  de  fréquentes  querelles  à  démêler ,  tan- 
tôt avec  Athènes,  tantôt  avec  Lacédémone.  Elle  ne  fe 
ménagea  pas  trop  non  plus  avec  Philippe ,  roi  de  Ma- 
cédoine. Elle  ofa  recueillir  deux  frères  fugitifs  qu'Amyn- 
tas  ,  père  de  Philippe,  avoit  eus  d'un  autre  lit  ,&  qu'en 
ufurpateur  ou  en  rival  ombrageux,  Philippe  fe  hâta  de 
proferire.  Philippe  encore  mal  affermi  fur  fon  trône, 
diiïimula  fon  dépit ,  rechercha  l'amitié  des  Olynthiens  , 
leur  céda  Anthcmonte ,  place  que  les  rois  de  Macé- 
doine leur  disputoient  depuis  long-tems ,  Se  conquit  pour 
eux  Potidée  fur  les  Athéniens.  Les  conquêtes  rapides  de 
ce  roi  alarmèrent  les  Olynthiens  :  ils  intriguèrent  con- 
tre lui  &  firent  une  ligue  avec  les  Athéniens.  Philippe, 
informé  de  la  paix  particulière  qu'ils  avoient  conclue , 
invertit  Olynthe  &  l'afiiégea.  Elle  eut  recours  à  fes  nou- 
veaux alliés  (b).  Démofthène  parla  pour  elle,  &  Ces 
trois  Olyntbienncs  roulent  fur  la  néceflué  de  fecourir 
cette  ville.  Le  fecoursne  la  fauva  point.  Deux  traîtres , 
Euricrate  Se  Lafthéne,  tous  deux  d'Olynthe  ,  lui  livrè- 
rent leur  patrie.  Il  eft  vrai  qu'il  les  fit  périr  plus  mifé- 
rablement  que  les  autres  citoyens-,  mais  il  y  exerça  de 
grandes  cruautés  &  la  ruina  de  fond  en  comble.  Héro- 
dote lui  donne  le  furnom  de  Shhonia  ,  qui  défigne  le  pays 
où  elle  étoit.  (  a)  Liban  ,  argum.  in  Olynthia.  [b)  Ibid. 
p.  149.  &  t.  4.  p.  50,195  Se  173. 

OLYNTHIACUS  FLUVIUS  ;  Athénée  appelle  ainfi 
la  rivière  qui  paflbit  à  Olynthe. 

OLYROS,  lieu  particulier  de  Grèce,  dans  la  Bcco- 
tie ,  entre  Ptéleon  Se  Tanag^a  ,  félon  Pline ,  liv.  4. 
Cap.  7. 

OLYSIPPO  ;  c 'eft  ainfi  que  quantité  d'auteurs  écri- 
vent le  nom  d'une  ville  très-ancienne ,  fituée  à  l'em- 
bouchure du  Tage  ,  &  qui  eft  aujourd'hui  Lifbonne» 
Voyez.  Lisbonne. 

OLYSIPPONENSE  PROMONTORIUM  ,  c'eft  le 
même  qu'ARTABRUM  Promontorium.  Voyez,  l'arti- 
cle Artabri.  Le  nom  moderne  eft  RoccaSintra. 

OLYSSA  ,'OAJ<nni,  ville  de  Crète  ,  félon  Strabon, 
/.  10.  p.  479.  C'eft  peut-être  I'Olus  d'Etienne  le  géo- 
graphe. 

OLYSSAS  ,  montagne  d'Afie  ,  dans  la  Galatie,  félon 
Ptolomée,  /.  5.  c.  4.  cité  par  Ortelius.  L'édition  des  Ai- 
des porte  Olysas  Mous  ,  aliàs  Gigas  ,  al'd  Oligas  , 
Olgasis.  Celle  de  Bâle  en  1520,  porte  Olica  Mons. 
Bertius  préfère  Gigas  Mons.  Ces  divers  noms  ligni- 
fient une  même  montagne.  Celui  d'OLGASSus  eft  de 
Strabon. 

OM  ,  rivière  de  l'Arabie  Heureufe.  Elle  fe  jette  dans 
le  golfe  Perfique ,  félon  Baudrand  ,  éàït.  1705,  qui  cite 
Caftald.  Cette  rivière  eft  le  Lar  de  Ptolomée. 

OMAGH  ,  ville  d'Irlande ,  dans  la  province  d'Ul- 
fter ,  au  comté  de  Tyrone  ,  à  fix  lieues  au  nord  d'Ag- 
her.  Elle  envoie  fes  députés  au  parlemenr.  *  Etat  pré- 
fent  de  l'Irlande. 

OMAGUAS,  peuple  de  l'Amérique  méridionale, 
&  dont  la  principale  habitation  eft  Saint  Joachim  d'Oma- 
gua,   fur  le   bord  de   l'Amazone,  à  l'embouchure  de 


OMA 


rUcayale.  Cette  nation  autrefois  puiffante  occupoit ,  il  y 
a  un  fiécle,  les  ifles  Se  les  bords  de  l'Amazone  ,  dans 
la  longueur  environ  de  deux  cens  lieues.  Elle  ne  pafle 
pas  cependant  pour  originaire  du  pays,  &  on  croit 
qu'elle  eft  venue  s'établir  fur  les  bords  de  l'Amazone  , 
en  descendant  quelqu'une  des  rivières  qui  ont  leur  four- 
ce  dans  le  nouveau  royaume  de  Grenade  ,  lorsque  les 
Espagnols  en  firent  la  conquête.  Quelques  veftiges  de  la 
cérémonie  du  baptême  Se  quelques  traditions  défigu- 
rées confirment  la  conjeèture  de  cette  transmigration.  A 
la  fin  du  fiécle  dernier  ,  on  comptoit  dans  ce  pays 
trente  villages  i  on  n'en  voit  aujourd'hui  que  les  rui- 
nes, tous  leurs  habitans  effrayés  parles  incurfions  de 
quelques  brigands  du  Para ,  qui  venoient  les  faire  es- 
claves chez  eux.fe  font  disperfés  dans  les  bois  Se  dans  les 
miflions  Espagnoles  Se  Portugaifes  Le  nom  d'Omaguas 
dans  la  langue  du  pays  fignifie  Tête  plate:  en  effet,  ces 
peuples  ont  la  bizatre  coutume  de  preffer  entre  deux 
planches  le  front  des  enfans  qui  viennent  de  naître, 
pour  les  faire  mieux  reflembler ,  difent-ils  ,  à  la  pleine 
lune.  La  langue  des  Omaguas  eft  aufii  rude  Se  auffi  dif- 
ficile à  prononcer  que  celle  des  Yameos,  leurs  voifins. 
*  Relation  du  cours  de  ÏAmaz,one,  par  de  la  Conda- 
mine. 

OMAGUM.  Voyez.  Umago. 

OMALIS  ,  rivière  de  l'Inde-,  c'eft  une  de  celles  qui 
grofliffent  le  fleuve  Indus  ,  félon  Arrien  ,  in  Indic.  Peut- 
être  cette  rivière  eft-elle  la  Jomanes  de  Pline. 

1.  OMAN.  Ortelius  nomme  ainfi  une  ville  de  la  Pa- 
leftine  ,  Se  cite  le  quinzième  chapitre  de  Jofué.  C'eft 
apparemment  Amam.  Voyez,  ce  morfc 

2.  OMAN  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Abulfeda  , 
dans  fa  defeription  de  l'Arabie,  ed't.  Oxonienf.  p.  6j. 
dit  :  Oman  eft  fur  la  mer;  c'eft  une  belle  ville ,  Se  il  y  a 
un  havre  pour  les  vaifleaux.  Dans  Ces  tables  il  dit  :  Sonar 
la  ville  ou  la  forterefle  d'Oman  ,  dans  le  pays  de  Bah- 
raïn  ,  &  en  donne  la  pofition  ,  félon  quatre  auteurs 
différens  : 

Longit.       Latitud. 


Selon 


A  proprement  parler  Sohar  eft  le  nom  de  la  ville  , 
Oman  eft  celui  d'un  pays  de  l'Arabie  Se  même  d'une 
mer,  comme  on  verra  dans  l'article  qui  fuit. 

3.  OMAN  ,  pays  de  l'Arabie.  D'Herbelor,  dans  fa 
bibliothèque  orientale  ,  dit  que  les  Arabes  appellent  ainfi 
la  partie  la  plus  méridionale  de  l'Yemen  ou  Arabie  Heu- 
reufe, qui  s'étend  depuis  Mascate  jusqu'à  Aden ,  c'eft- 
à-dire,  depuis  le  golfe  Perfique  jusqu'à  l'Arabique.  Le 
géographe  Perfien  écrit  dans  le  troifiéme  climat  que  Loth , 
neveu  d'Abraham,  qu'il  appelle  prophète,  bâtit  dans  ce 
pays  la  ville  d'Aman  ou  Oman  qui  a  donné  le  nom 
au  pays  ;  mais  il  fe  trompe,  car  cette  ville  de  Loth  eft 
celle  d'Ammon  ,  capitale  des  Ammonites ,  qui  a  tiré 
fon  nom  d'Ammon  ,  fils  de  Loth.  C'eft  celle  qui  a  porté 
le  nom  d'Ammon  Rabatah  ,  Se  enfuite  de  Phila- 
delphie. 

La  partie  de  l'Océan  ,  qui  eft  entre  l'Ethiopie  Se  les 
Indes,  s'appelle  auffi  par  les  Arabes  Bahr-Oman  V  Er- 
kend  ,  à  caufe  qu'elle  borde  cette  partie  de  lYemen. 
Mirkhond  rapporte  qu'un  roi  d'Oman  ,  nommé  Dhoul 
Zogar ,  fut  défait  par  Caicaous ,  roi  de  la  féconde  Dy- 
naftie  de  Perfe,  qui  ne  lui  accorda  la  paix  ,  qu'à  con* 
dition  qu'il  lui  donneroit  en  mariage  fa  fille  Saudabah, 
princeffe  douée  d'une  rare  beauté. 

Les  géographes  Arabes  comptent  entre  les  ifles  de  la 
mer  d'Oman  Zocotorah  ,  Carmouah  .  Cothorbah  ,  avec 
une  autre  petite  qui  jette  du  feu.  Ils  difent  auffi  que  les 
ifles  appellées  Raneg  ,  qui  font  les  Maldives  ,  font  dans 
la  mer  d'Oman ,  avec  une  aurre  qu'ils  nomment  Gezi- 
rat  Al  Coroud,  l'ifle  des  Singes  x  Se  que  c'eft  dans 
cette  mer  que  l'on  trouve  la  plus  grande  quantité  d'am- 
bre gris  ,  &  plufieurs  pierres  précieufes. 

1.   OMANA,  ville  de   l'Arabie    Heureufe,   félon 


Atwal , 

74     0 

19 

20. 

Kiyas , 

74     ° 

*9 

4j . 

Ibn  Said  , 

81    1; 

*9 

16. 

Refem  , 

84  30 

*9 

4J- 

OMB 


OMB 


Etienne  le  géographe.  Elle  éroic  fur  le  golfe  Perfique  ; 
ôc  l'auteur  du  périple  de  la  mer  Erythrée  dit  qu'elle 
étoit  de  la  Perfe  propre ,  ou  Perfide.  S'il  elt  vrai  que 
ces  deux  auteurs  ayenr  parlé  de  la  même  ville ,  com- 
me le  perc  Hardouin  l'a  cru ,  faute  d'avoir  affez  exa- 
miné les  chofes  ,  il  faut  donc  diftinguer  ces  places , 
qui  étoienr  féparées  par  le  golfe  de  Perfe. 

2.  OM  AN  A ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe ,  félon  Etien- 
ne le  géographe,  qui  cite  les  antiquités  Arabiques  de 
Glaucus,  auteur  que  nous  n'avons  plus.  Elle  étoit  dans 
les  terres,  c'eft  la  même  que  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7.  ap- 
pelle Omanum  Emporium  ,  ôc  dont  le  peuple  eft  ap- 
pelle par  le  même  auteur  dans  le  même  endroit  Oma- 
nit^c.  De  l'Ifle  met  cette  ville  précifément  fous  le  tro- 
pique d'été. 

5.  OMANA.  L'auteur  du  périple  de  la  mer  Erythrée 
écrit  par  une  double  mm  Ommana  ,  ville  de  la  Per- 
fide. Ce  port  ne  devoit  pas  être  éloigné  de  la  Carmanie; 
car  Pline  ,  /.  6.  c.  28.  dit:OMAN^  quod  priores  cele- 
brem  portum  Carmani&fecere.  Ce  lieu  étoit  d'un  grand 
trafic,  félon  Arrien,  dans  le  périple  cité.  Pline  dit  que 
le  peuple  Omani  avoit  autrefois  habité  depuis  Petra 
jusqu'à  Charax,  ôc  qu'il  y  avoit  alors  les  villes  d'Abe- 
famis  &  Soraécie  ,  villes  fameufes  bâties  par  Semiramis. 
A  préfent ,  dit-il ,  ce  ne  font  que  des  déferts.  Quoi  qu'il 
en  foi:  ,  ce  porc  de  Carmanie  ne  fauroic  être  l'Oma- 
na  d'Arabie  qui  n'étoit  pas  un  port,  mais  une  ville  dans 
les  terres. 

Ce  nom  d'Oman  s'efteonfervé  chez  les  Arabes ,  com- 
me on  a  pu  voir  dans  l'article  d'OMAN. 


OMAN.£. 

OMANI. 

OxVIANIT^. 


\  Voyez.OuhUA,  1. 


ôc  2. 


OMARA  ,  ville  de  Perfe,  vers  le  Khoraffan.  Molet 
en  parle  ôc  croit  que  c'eft  l'ancienne  Obroatis  ou 
Orebatis  de  Ptolomée ,  nommée  Orobatis  par  Am- 
mien  Marcellin. 

OMBI ,  ancienne  ville  d'Egypte  ,  capitale  du  Nome 
auquel  elle  donnoit  le  nom  d'OMBiTES  Nomos.  Ce 
peuple  eft  mal  nommé  Ombri ,  "Ofxfipci,  dans  Ptolomée  , 
où  il  faut  lire  Ombi , "O/ajSo/.  Etienne  le  géographe  dit 
Ombi  ,"0^oi ,  ville  dEgypte ,  du  côté  de  la  Libye.  Les 
éditions  vicieufes  portoient  Olbi  ,'0>/3:/.  Pline, /.  5.  c. 
9.  fait  mention  du  Nome  de  ce  peuple  Ombites  No- 
mos. Il  dit  ailleurs  ,  /.  S.  c.  24  &  zj-  'Tentyris  ôc  Om- 
bi font  deux  villes  d'Egypte  ,  voifmes  l'une  de  l'autre. 
Les  habitans  de  la  dernière  (  Ombit^e)  adorent  le  cro- 
codile ;  les  Tcnty rites  le  pourfuivent,  &  par  le  moyen 
d'un  frein  qu'ils  lui  paffent ,  ils  le  domtent  en  nageant. 
yElien  ,  Hifl.  Anim.  bb.  10.  cap.  11.  dit  :  Les  Ombi- 
tes ,  peuples  d'Egypte  ,  adorent  le  crocodile  &  lui  por- 
tent le  même  refpett  que  nous  avons  pour  les  divini- 
tés de  l'Olympe.  S'il  arrive  que  leurs  enfans  foient  en- 
levés par  les  crocodiles  ,  ils  s'en  réjouiffent  ôc  les  mè- 
res en  témoignent  publiquement  une  extrême  joie ,  en 
ont  une  plus  haute  idée  d'elles-mêmes  d'avoir  eu  l'hon- 
neur de  mettre  au  monde  une  nourriture  agréable 
aux  dieux.  Les  Apollonoponites  qui  font  partie  des  Ten- 
tyrites ,  les  prennent  dans  des  filets  ,  les  fuspendent  à 
des  arbres  ,  les  coupent  par  morceaux  ôc  les  mangent.  Il 
dit  auffi  que  les  Ombites  font  exprès  des  lacs  où  ils  nour- 
riffent  des  crocodiles  qui  s'y  apprivoifent  ôc  qui  enten- 
dent quand  on  les  appelle.  Ils  leur  donnent ,  dit-il,  les 
têtes  des  victimes  dont  ils  ne  mangent  point  eux-mê- 
mes ,  afin  de  les  leur  réferver.  La  première  lettre  de  ce 
nom  Ombi  eft  corrompue  dans  la  notice  de  i'Empire,yi£?. 
20.  où  on  lit  Ambo  pour  Ombo.  Equités  promoti  indi- 
gent legivnis  tertiœ  Diocletianœ  Ambo,  fous  le  dépar- 
tement du  commandant  de  la  Thébaïde  C'eft  une 
faute,  il  s'agit  ici  de  la  ville  à' Ombi.  Ptolomée  place 
cette  ville  entre  Toum  ôc  Syene  :  Antonin  la  met  entre 
Contra  Apollonos  ôc  Syene  ,  à  trente  mille  pas  de  cette 
dernière.  Il  y  avoit  vis-à-vis  de  cec  deux  places  de 
l'autre  côté  du  Nil  des  lieux  qui  en  prenoiem  le  nom  , 
&  que  l'itinéraire  appelle  Contra-  Ûmbos  ,  ôc  Con- 
tra Suenem.  Juvenal  ,  Sot.  \j.v.  $u&  feq.  a  parlé 
de  cette  guerre  des  Ombites  ôc  des  Tentyrites  au  fujet 
de  la  diverfité  de  leur  goût  pour  des  divinités  difté- 


oj3 

rentes  j  &  il  en  parle  comme  d'ur.e  c'.iofe  arrivée  de  fon 
rems. 

Accipe ,  nofîro 
Dira  quod,  exemplum  feritas  produxerit  <svo. 
Inter  pnitimos  vêtus   atque  an  tiqua  fîmultas , 
Immortalc  odium  ,  numqttam  JanaHle  vulnus  , 
Ardet  adhuc  Ombos  &  Tentyra  :  fummits  utrinque 
Indefuror  vulgo  ,  quod  Numina  Vicinurum 
Odit  uterque  locus  ,  quhmjolos  credat  babendos 
Efi'e  Deos  quos  ipfe  coiit. 

C'eft-àdire  :  Ecoutez  le  récit  d'une  hiftoire  fanglante 
&  barbare  dont  notre  fiécle  a  été  le  témoin.  Les  ci- 
toyens de  la  ville  d'Ombe  ôc  ceux  de  Tcntyre  ont  été 
de  tout  tems  ennemis  irréconciliables.  Jamais  ils  n'ont 
pu  fe  fournir  ;  leur  haine  elt  invétérée  ôc  immortelle  , 
ôc  cette  plaie  elt  incurable.  Ces  deux  peuples  font  ani- 
més d'une  extrême  rage  l'un  contre  l'autre  ,  parce  que 
l'un  adore  un  dieu  que  l'autre  detefte  ,  chacun  croyant 
que  la  divinité  qu'il  refpecte,  mérite  feule  d'être  ado- 
rée. Juvenal  raconte  enfuite  une  longue  hiftoire  où  l'on 
voit  la  folie  de  ces  deuxpeuples.il  faut  remarquer  que 
quelques  éditions  anciennes  portoient  Combos  au  lieu 
d'Ombos.  Ortclius  a  relevé  cette  faute  ,  ôc  averti  que  ce 
Cqui  défigure  ce  mot  eft  pris  du  mot  précédent  qui  eft 
adhuc. 

OMBLA  ,  rivière  de  la  Dalmatie ,  à  l'orient  de  Pille 
de  Mcleda,  au  nord  de  l'ancienne  Ragufe.  Elle  a  fort 
peu  de  cours ,  mais  elle  elt  très-large  ôc  forme  une  es- 
pèce de  golfe ,  à  l'embouchure  duquel  cil  un  écueil  nom- 
mé Daxa.  Au  nord ,  ôc  presque  à  fon  embouchure .  efi 
une  an  fe  nommée  Porto  Malfa  ouMalphis,  où  il 
y  a  quantité  de  fourecs.  Au  midi ,  mais  plus  au  levant , 
elt  le  porc  de  Santa  Croce  ,  où  il  peut  tenir  cent  ga- 
lères. Vers  fa  fourec ,  font  les  ruines  d'une  ville  détruite 
nommée  Cumulax.  Le  perc  Coronelii  nomme  cette  ri- 
vière Ombla  Futmera  Arion.  Sont-ce  trois  noms  3  Cor- 
neille dit  que  les  anciens  Pont  connue  fous  le  nom  d'AR- 
jona.  Voyez.  ArjonA  2.  c'eft  la  même  rivière. 

OMBRE  ,  obscurité  caufée  par  un  corps  opaque  op- 
pofé  à  la  lumière.  La  géographie  confiderc  principale- 
ment l'ombre  c.uifée  dans  la  lumière  du  foleil ,  ôc  en 
tire  plufieurs  ufages. 

Les  hommes  onr  confidéré  de  bonne  heure  que  lors- 
que le  foleil  éclaire  l'hémifphere  où  ils  font ,  tous  les 
corps  élevés,  jettent  une  ombre;  mais  elle  ne  va  pas  tou- 
jours du  même  côté.  Elle  elt  infailliblement  en  droirc 
ligne  avec  le  corps  opaque  ôc  le  ioicil.  Et  comme  cet 
allre  parcourt  fucceffivemem  divers  points  de  l'horizon  , 
l'ombre  le  fuit  dans  fon  cours ,  ôc  eft  tantôt  d'un  côté  , 
tantôt  de  l'autre.  Par  exemple  ;fi  on  plante  perpendicu- 
lairemenr  une  perche  bien  droite  dans  un  champ  ,  après 
en  avoir  obfcrvé  l'ombre  à  midi ,  on  verra  que  l'ombre 
de  fix  heures  du  matin  ôc  de  fix  heures  du  fuir  font  en- 
fcmble  une  ligne  droite  qui  coupe  à  angles  droits  l'ombre 
du  midi  au  pied  de  la  perche.  A  quelque  heure  du  jour 
que  ce  foit ,  l'ombre  que  jette  un  corps  élevé  perpen- 
diculairement elt  toujours  en  droite  ligne  avec  le  corps 
lumineux. 

Le  foleil  femble  fortir  de  l'horizon  ,  il  s'éleve  jusqu'à 
midi ,  après  quoi  il  descend  ôc  fe  perd  dans  l'horizon  qui 
nous  le  dérobe  peu  à  peu  ,  ôc  enfin  il  disparoît  entière- 
ment. Ces  différens  degrés  de  hauteur  mettent  une  ex- 
trême variété  entre  les  différentes  longueurs  des  ombres. 
Plus  il  eilbas,  plus  elles  font  longues ^  plus  il  eft  haut , 
plus  elles  font  courtes.  Il  s'enfuit  qu'étant  au  point  de 
midi  dans  la  plus  grande  hauteur  où  il  puiffe  être  ce  jour 
là  ,  l'ombre  la  plus  courte  efi  celle  que  donne  alors  le 
corps  élevé. 

Le  foleil  n'eft  pas  toujours  dans  la  même  hauteur  à 
fon  midi  par  rapport  à  nous.  Durant  les  équinoxes  il 
elt  dans  l'équateur;  il  s'en  écarte  enfuite  pout  s'avancer 
de  jour  en  jour  vers  l'un  ou  l'autre  tropique.  Quand  il 
efi  au  tropique  du  Capricorne  ,  ce  qui  arrive  au  folfii- 
ce  d'hiver,  il  elt  dans  fon  plus  grand  éloignement  par 
rapport  à  nous.  Il  s'éleve  beaucoup  moins  que  quand 
il  eft  dans  l'éqnateur  ,  ôc  par  conféquenc  l'ombre  du 
midi ,  quoique  la  plus  courte  de  celles  de  tout  ce  jour-là  , 


OMB 


6*4 

eft  plus  longue,  à  proportion,  que  celle  du  midi  des 
jours  où  il  eft  dans  l'équateur. 

Après  être  arrivé  au  tropique  d'hiver ,  il  fe  rappro- 
che de  jour  en  jour  de  l'équatcur  ,  &  la  longueur  de 
l'ombre  à  midi  décroît  à  proportion  jusqu'à  l'equinoxe 
du  printems  ;  alors  il  avance  vers  le  tropique  du  Can- 
cer, &  comme  il  fe  rapproche  encore  plus  de  nous, 
l'ombre  de  midi  s'accourcit  à  proportion  qu'il  s'élève  par- 
rapport  à  notre  pays. 

Ce  qu'on  vient  de  voir  prouve  que  les  faifons  mettent 
de  la  différence  entre  la  longueur  des  ombres  à  midi. 
Plus  les  climats  que  nous  habitons  font  éloignés  de 
l'équatcur  terreftre,  (car  la  terre  a  auiïi  le  fien)  plus  l'om- 
bre méridienne  d'un  corps  élevé  doit  être  longue ,  à 
proportion  de  l'éloignement.  Cela  s'enfuit  naturellement 
des  principes  qui  viennent  d'être  déduits.  Prenons  un 
même  jour,  par  exemple,  le  premier  de  Juin  à  midi, 
l'ombre  d'une  perche  de  douze  pieds  fera  plus  longue 
en  Suéde  qu'à  Paris  Se  à  Paris  qu'à  Alger.  Cela  eft  fa- 
cile à  concevoir. 

Ceci  pofé  ,  l'ombre  peut  fervir  à  conno'itre  combien 
les  lieux  font  plus  proches  ou  plus  éloignés  de  l'équa- 
teur  -,  elle  peut  auffi  fervir  à  déterminer  la  durée  des 
faifons -,  auffx  voyons-nous  que  dans  la  plus  haute  anti- 
quité les  nations  favantes  ont  élevé  des  colomnes  ou 
des  obélisques ,  dont  l'ombre  étant  obfervée  par  d'ha- 
biles gens  ,  fervoit  à  déterminer  le  cours  du  foleil  Se 
les  faifons  qui  en  dépendent. 

Appion  ,  dansfes  égyptiaques ,  dit  :  Moyfe  ,  comme  je 
Par  entendu  rapporter  à  des  plus  anciens  d'entre  les 
Egyptiens ,  étoit  d'Héliopolis ,  Se  il  fut  caufe  que  ,  pour 
fe  conformer  à  la  religion  dans  laquelle  il  avoit  été 
élevé  ,  on  commença  à  faire  dans  la  ville  en  des  lieux 
fermés ,  les  prières  que  l'on  faifoit  auparavant  à  décou- 
vert hors  de  la  ville  &  que  l'on  obferva  de  fe  tourner 
toujours  du  côté  du  foleil  levant  ;  comme  auffi.  de  ce 
qu'au  lieu  de  pyramides  on  fit  des  colonnes  au-deiîus 
de  certaines  formes  de  baffins ,  dans  lesquels  l'ombre 
tombant ,  elle  tournoit  comme  le  foleil.  C'eft  ainfi  que 
traduit  Arnaud  d'Andilli.  Ce  pafTage  d'Appion  femble 
être  une  explication  anticipée  du  pafTage  de  Pline  qui 
fera  rapporté  dans  la  fuite.  *  Jofcph ,  Réponfe  à  appion, 

1.   2.  C  I. 

Ces  colonnes,  ces  obélisques  des  anciens  n'étoient 
pas  un  fimple  ornement ,  mais  un  inflrument  de  mathé- 
matique ,  qui  fervoit  à  décrire  fur  le  terrein  par  le 
moyen  de  l'ombre  ,  le  chemin  que  le  foleil  fait  ou  fem- 
ble faire  dans  le  ciel.  Appion  prétend  que  Moyfe  érigea 
des  colonnes  de  cette  nature.  Il  eft  vrai  que  Jofeph  le 
lui  contefte  ,  mais  fans  nier  que  cet  ufage  fût  chez  les 
Egyptiens  &  les  Chaldéens,  les  plus  anciens  peuples 
qui  fe  foient  adonnés  à  l'aftronomie ,  il  nie  feulement 
que  les  Juifs  ni  Moyfe  ayent  rien  fait  de  pareil. 

Une  preuve  plus  décifive  de  l'ancienneté  de  ces  obé- 
lisques ,  c'eft  qu'on  en  voit  fur  des  médailles  grecques , 
antiques  &  antérieures  à  Pytheas  de  Marfeille.  Telle  elt 
entr'autres  celle  de  Philippe,  roi  de  Macédoine  ,  rap- 
portée par  Goltzius,  f.  3.  Tab.  30.  ».  5. 

L'ufage  de  ces  obélisques  étoit  très-ancien ,  mais  celui 
de  mettre  une  boule  au  haut ,  n'eft  pas  fi  ancien  à  beau- 
coup près.  Pline,  /.  36.  c.  10.  femble  nous  en  marquer 
l'invention  dans  ce  pafTage  ,  où ,  après  avoir  parlé  de  deux 
fameux  obélisques  transportés  d'Egypte  à  Rome ,  Se  pla- 
cés l'un  dans  le  grand  Cirque ,  l'autre  au  Champ  de 
Mars  ,  il  pourfuit  ainfi  :  Ei,  qui  eft  in  Campo ,  Divus  Au- 
guftus  addidit  mirabilem  itfurn  ad  deprehendendas  folis 
timbras  ,  dierumque  ac  noilium  ita  magnititdines ,  fira- 
to  lapide  ad  magnitudmem  obelisci ,  cui  par  fier  et  um~ 
bra  ,  brurnx,  confeEla  die  fexta  hora  ,  paulatimque  per 
régulas  (  quœ  funt  ex  are  inclufœ  )fîngulis  diebus  decres- 
cerct  ac  rurfus  augesceret  :  digna  cognitu  res  &  inge- 
nio  fœcundo  matbematici.  Apici  auratam  pilam  addi- 
dit ,  cujus  timbra  vertice  colligeretttr  in  je  ipfa ,  aliàs 
enormiter  jaculantc  apice  ,  rations  ,  utjerunt,  à  capite 
hominis  intelleila. 

On  voit,  par  ce  pafTage,  que  cet  obélisque  avoit  été 
d'abord  un  fimple  objet  de  curiofité  ,  &  qu'Augufte  y 
fit  des  additions  qui  les  rendirent  propres  à  mefurer  avec 
plus  de  juflefTe  la  longueur  des  ombres ,  félon  les  fai- 
sons. Ce  qu'Augufie  fit  pour  cela  confifloit  en  un  pavé 


OMB 


ànfli  long  que  pouvoir  l'être  la  plus  grande  ombre  de 
l'Obélisque  ,  prife  le  jour  le  plus  court  de  l'hyver  a 
midi.  Ce  pavé  avoit  des  lignes  de  cuivre  qui  marquoient 
les  divers  accroiilemens  ou  décroiffemens  de  l'ombre. 
C'eft  ce  que  Pline  appelle  une  chofe  digne  d'être  con- 
nue ,  Se  qui  marque  la  fécondité  de  l'esprit  du  mathé- 
maticien ,  qui  guida  Augulte  dans  ce  projet.  Le  P.  Har- 
douin  dit  que  les  manuferits  ne  nomment  point  ce  Ma- 
thématicien. Avant  fa  correction  ,  les  éditions  ordinai- 
res ,  au  lieu  de  Mathematici  au  génitif,  mettent  le  point 
final  après  le  mot  fœcundo  ,  Se  commencent  l'autre  phra- 
fe  par  ces  mots  :  Manlius  mathematicus  apici,  &c.Que  ce 
foie  Manlius  ou  unautre>  il  n'importe;  mais  Pline  ajoiue 
une  chofe  qui  eft  très-digne  de  remarque ,  c'eft  qu'au 
haut  de  l'obélisque  on  pofa  une  boule  dorée  ,  afin  que 
l'ombre  étant  raffemblée  en  elle-même  en  devînt  plus 
fenfible.  Pline  a  bien  vu  que  l'ombre  d'une  pyramide 
ou  d'un  obélisque  n'eft  presque  plus  fenfible  vers  la 
pointe ,  à  caufe  que  les  rayons  de  la  lumière  venant  a 
fe  rapprocher  les  uns  des  autres,  afïoibliffent  trop  l'om- 
bre en  cet  endroit.  Ce  peut  être  une  des  raifons  qui 
ont  engagé  les  aftronomes  à  terminer  ces  obélisques  pat- 
une  boule,  mais  il  y  en  a  une  autre  que  Pline  peut 
n'avoir  point  connue,  Se  que  ces  anciens  aftronomes 
favoient  fans  doute. 

L'ombre  d'un  obélisque  à  fa  pointe  répond  au  bord 
fupérieur  du  foleil  :  pour  avoir  le  point  central  du 
foleil  ,  il  faut  quelque  chofe  qui  reclifie  cela  ,  en  met- 
tant une  boule ,  le  centre  de  l'ombre  qu'elle  forme  , 
donne  ce  point  fans  autre  opération ,  ce  qui  eft  une 
facilité.  La  différence  qui  réfulte  du  calcul  de  l'ombre 
d'un  obélisque,  avec,  ou  fans  cette  boule,  eft  confi- 
dérable,  puisqu'elle  elt  de  tout  le  demi-diamétre  du 
foleil;  cette  différence  doit  être  obfervée  pour  la  ju- 
flefie  du  calcul  aftronomique. 

Ces  obélisques  ont  été  appelles  Gnomon  ,  Tvù/uw, 
mot  qui  en  grec  fignifie  ce  qui  montre,  ce  qui  marque , 
ce  qui  fait  conno'itre  ,  Se  que  l'on  a  adopté  en  notre  lan- 
gue. La  feience  de  l'ombre  a  recommencé  à  être  cul- 
tivée avec  fuccès  en  ces  derniers  fiécles ,  Se  a  produit 
cette  variété  prodigieufe  de  cadrans  folaires  pour  tou- 
tes les  expofkions  poffibles.  La  feience  qui  enfeigne  la 
mefure  &  la  pofition  du  ftyle,  que  l'on  appelle  Gno- 
mon ,  Se  à  trouver  les  lignes  où  l'ombre  du  ftyle  doit 
tomber  aux  différentes  heures  du  jour  ,  s'appelle  la  Gno- 
mon ique.  On  peut  voir  les  diftérens  traités  que  le  P. 
Deschales ,  Ozanam  ,  de  la  Hire  &  autres  en  ont  écrit. 

Ce  que  j'ai  dit  jusqu'à  prefent  des  ombres,  ne  con- 
vient généralement  qu'aux  peuples  fitués  entre  l'Equa- 
teur Se  le  Pôle  feptentrional ,  vers  lequel  leur  ombre 
elt  toujours  tournée  à  midi.  Au-delà  de  l'Equateur  c'eft 
tout  le  contraire.  L'ombre  d'un  objet  élevé  fe  tourne 
toujours  vers  le  fud,  lorsqu'il  eft  midi.  Cela  fe  conclud 
fans  peine  du  principe  général ,  que  l'ombre  eft  toujours 
oppofée  en  droite  ligne  au  corps  lumineux.  Puisque 
les  habirans  de  ce  pays  font  entre  la  ligne  du  foleil  Se 
le  pol  méridional ,  il  faut  qu'à  midi  leur  ombre  foit 
tournée  néceffairement  vers  ce  pôle. 

Pour  diftinguer  les  ombres ,  on  les  nomme  du  nom 
de  la  partie  du  monde  vers  laquelle  elles  fe  jettent  ; 
l'ombre  d'une  pyramide  à  fix  heures  du  matin  eft  oc- 
cidentale, à  midi  feptentrionale  pour  nous,  méridionale 
pour  les  peuples  au-delà  de  l'Equateur,  &à  fix  heu- 
res du  foir  elle  eft  orientale.  Ceci  n'a  pas  befoin  d  e- 
tre  prouvé. 

Les  Grecs  appellent  l'ombre  1k îa ,  Scia  ,  de- là  vien- 
nent tous  ces  mots  terminés  en  Scii ,  &  formés  de  di- 
verfes  propositions  ,  comme  a ,  fans  ;  a/j.(piç  ,  amphii  ,de 
deux  côtés  ;  nvfi  ,pcri,  tout  à  l'cntour,  ou  du  mot  Ë'repos , 
Eteros ,  l'un  ou  l'autre  ;  Se  ces  mots  que  les  géogra- 
phes Latins  ont  empruntés  des  Grecs,  ont  fervi  à  di- 
ftinguer les  habitans  du  globe  terreltre  par  la  différence 
des  ombres. 

Ainfi  on  appelle  Asciens  ,  Afcii  du  mot  Pita-iuùi,fans 
ombre  ,  les  peuples  qui  à  midi  n'ont  point  d'ombre  , 
font  fitués  entre  les  deux  Tropiques  :  car  en  certains 
tems  de  l'année,  ils  ont  à  midi  le  foleil  à  leur  zénith, 
ou, .pour  dire  la  même  chofe,  le  foleil  parte  à  plomb 
fur  leurs  têtes ,  de  façon  que  leur  ombre  eft  alors  fous 
eux.  Cela  n'arrive  pas  en  même  tems  à  tous  les  peu- 


OMB 


pies  fitués  entre  les  deux  Tropiques ,  mais  fucceiîîve- 
ment  &  à  mefure  que  le  foleil  s'approche  du  Tropi- 
que vers  lequel  ils  font.  Par  exemple  ,  tous  les  peuples 
qui  font  fous  l'Equateur ,  n'ont  point  d'ombre  a  midi 
dans  le  tems  des  équinoxes.  Ils  ne  commencent  à  en 
avoir  que  quand  il  s'éloigne  vers  l'un  ou  l'autre  des  Tro- 
piques. Alors  ceux  qui  l'ont  entre  l'Equateur  &  le  Tro- 
pique ,  dont  le  foleil  s'approche  de  jour  en  jour ,  de- 
viennent Asciens,  ou  fans  o  /ibre  à  midi ,  à  mefure  que 
le  foleil  paffe  par  leur  parallèle. 

Les  Amphisciens  ,  Amphijtii ,  font  ceux  qui  ont 
deux  ombres  différentes ,  c'elt-à-dire,  dont  l'ombre  eft 
alternativement  feprentrionale  ou  méridionale;  ce  font 
les  peuples  qui  habitent  la  Zone  torride.  Suppofons 
une  pyramide  ou  un  obélisque  fur  la  côte  d'Or  en  Gui- 
née au  bord  de  la  mer ,  auprès  de  faint  George  de  la 
Mine  ou  Elmina,  comme  l'appellent  les  Hollandois, 
ou  en  tel  autre  lieu  de  cette  côte  ;  lorsque  le  foleil  eft 
parles  3  d.  environ  30  m.  cette  pyramide  ou  cet  obélis- 
que fera  fans  ombre  ;  mais  lorsqu'il  s'avance  vers  le 
tropique  du  Cancer,  ou  qu'il  en  revient ,  jusqu'à  ce  qu'il 
ibit  parvenu  à  ce  parallèle ,  que  nous  avons  dit  de  3 
deg.  environ  30  minutes ,  l'ombre  de  la  pyramide  ou  de 
cet  obélisque  fera  méridionale  &  tombera  dans  la  mer. 
Au  contraire,  lorsque  le  foleil  aura  repaffé  ce  parallè- 
le pour  gagner  l'Equateur  1  Se  enfuite  le  tropique  du 
Capricorne  ,  jusqu'à  ce  qu'il  foit  revenu  à  ce  même  pa- 
rallèle ,  l'ombre  de  la  pyramide  ou  de  l'obélisque  fera 
feptentrionale,  &  tombera  dans  les  terres. 

11  faut  fe  fouvenir  que  nous  ne  parlons  ici  que  de 
l'ombre  de  l'inftant  du  midi  vrai.  Le  lecteur  fe  rappel- 
lera auffi  ce  que  nous  avons  dit  de  l'ombre  de  fix  heures 
du  matin,  &  de  celle  de  fix  heures  du  foir,  qui,  quoi- 
que jettées  l'une  à  l'occident,  l'autre  à  l'orient,  font 
enfemble  une  ligne  droite  continuée  aux  deux  côtés  de  la 
petche ,  dont  le  pied  les  unit.  Il  en  eft  de  même  de  l'ombre 
méridionale  ou  feptentrionale  qu'aura  fuccefîivemcnr  la 
pyramide  dont  nous  parlons.  Ces  deux  ombres  feront 
enfemble  une  ligne  droite 

Les  Perisciens  ,  Periscii,  font  ceux  dont  les  ombres 
tournent  autour  d'eux.  On  a  vu  ailleurs  que  les  peuples 
qui  demeureroient  fous  un  des  pôles,  n'auroient  dans 
toute  l'année  qu'un  jour  de  fix  mois  ôc  une  nuit  d'égale 
durée.  Or ,  il  eft  aifé  de  comprendre  que  le  foLil  ne 
quittant  point  leur  horizon  durant  fix  mois,  leur  om- 
bre devroit  tourner  autour  d'eux  autant  de  fois  qu'il 
y  a  de  jours  de  vingt  quatre  heures  dans  ces  fix  mois 
de  jour  perpétuel  dont  ils  jouiraient.  Il  eft  ici  queftion 
de  l'ombre  perpétuelle,  Se  de  toutes  les  heures  ,  & 
non  pas  de  l'ombre  méridienne  qui  eft  toujours  tournée 
du  même  côté,  félon  le  pôle. 

Mais  fi  on  conçoit  que  le  méridien  ne  fe  termine 
pas  au  pôle,  &  qu'il  fe  continue  au-delà,  en  faifant  un 
cercle  entier  ,  alors  le  foleil  coupe  deux  fois  le  méri- 
dien, une  fois  à  midi,  &  l'autre  à  minuit.  Pour  nous  il  dis- 
paroît,  mais  les  peuples  que  nous  fuppofons  fous  le 
pôle  ,  ne  cèdent  point  de  le  voir  pendant  fix  mois  , 
puisqu'il  ne  quitte  point  leur  horizon.  Alors  l'ombre  de 
midi  &  l'ombre  de  minuit ,  tracées  fur  une  même  ligne  , 
qui  eft  le  méridien ,  fe  jettent  en  deux  parties  oppofées , 
èc  font  enfemble  une  ligne  droite  ;  Se  ces  deux  ombres 
font  à  douze  heures  l'une  de  l'autre.  Si  le  corps  élevé 
qui  forme  l'ombre  eft  précifément  fous  le  pôle ,  les 
deux  ombres  feront  également  tournées  vers  le  midi  -,  s'il 
en  eft  à  quelque  diftance  ,  l'ombre  à  midi  fera  fepten- 
trionale ,  &  à  minuit  méridionale. 

Les  Heterosciens  ,  Heteroscii ,  font  les  peuples  dont 
l'ombre  méridienne  eft  toujours  tournée  du  même  côté. 
Ce  font  ceux  qui  habitent  entre  le  Tropique  cV  le  cer- 
cle polaire.  Ceux  qui  font  au  nord  du  Tropique  du 
Cancer ,  ont  toujours  l'ombre  méridienne  feprentrio- 
nale. Ceux  qui  vivent  au  fud  du  Tropique  du  Capri- 
corne ,  ont  toujours  l'ombre  méridienne  au  midi. 

Les  peuples  finies  fous  l'un  ou  fous  l'autre  des  deux 
Tropiques  ,  n'ont  point  d'ombre  quand  le  foleil  eft  ar- 
rivé à  leur  Tropique.  Le  refte  de  l'année  ils  ont  une 
ombre  qui  eft  toujours  la  même  à  midi.  C'eft  ce  que 
les  géographes  expriment  par  ces  paroles ,  qu'ils  font 
Asciens  Se  Heterosciens. 

Les  peuples  de  la  Zone  torride  fitués  entre  le*  deux 


OMB       6?f 

Tropiques,  n'ont  point  d'ombre  quand  le  foleil  patte 
par  leur  parallèle  \  mais  dès  qu'il  s'en  écarte ,  ils  ont 
une  ombre  qui  eft  ou  feptentrionale  ou  méridionale, 
félon  qu'il  avance  vers  l'un  ou  vers  l'autre  Tropi- 
que. C'eft  ce  que  veulent  dire  ces  mots  Ai  tiens  Se 
Amphis  ciens. 

Les  peuples  des  Zones  tempérées  n'ont  qu'une  om- 
bre ,  qui  eft  toujours ,  ou  feptentrionale ,  ou  méridio- 
nale, comme  nous  l'avons  expliqué  ci  defïus.  Ainfi  ils 
font  Hétéro s  tiens  ,  &nefauroient  être  Asciens,  parce 
que  le  foleil  n'atrive  jamais  à  leur  parallèle. 

Les  peuples  des  Zones  froides ,  ont  toujours,  durant  fix 
mois,  le  foleil  qui  tourne  autour  d'eux,  &  fait  tourner 
leur  ombre  de  même.  11  coupe  deux  fois  en  vingt  quatre 
heutes  le  méridien,  ainfi  ils  font  Perisciens,  comme 
nous  l'avons  expliqué  ci  deffus.  Ils  ne  fauroïént  être  As- 
ciens ,  nous  en  avons  dit  la  raifon ,  après  ce  que  nous 
venons  de  dire ,  il  n'y  a  aucune  difficulté  à  concevoir 
le  fuis  de  ces  deux  vers  de  Lucain  : 

Ignotum  volis  Arabes  veniflis  in  Orbem  , 
timbras  mirati  nemorum    non  ire  finiftras, 

II  parle  des  nations  les  plus  éloignées  qui  furent  for- 
cées a  prendre  parti  dans  les  guerres  civiles  des  Ro- 
mains ,  Se  nomme  entr'autres  les  Arabes.  Ils  étoient  ac- 
coutumés de  voir  qu'en  été  ,  lorsqu'ils  étoient  dans  leur 
patrie,  le  foleil  étant  feptentrional  à  leur  égard,  l'om- 
bre fe  jettoit  alors  vers  le  midi.  On  étoit  alors  dans  la 
faifonoù  cela  devoir  être  ainfi  dans  leur  pays.  Ils  voyoient 
pourtant  leur  ombre  ,  ou  celle  des  bois  jettée  vers  le 
nord ,  parce  qu'ils  étoient  bien  en-deçà  du  Tropique 
du  cancer ,  &  dans  des  climats  où  l'ombre  à  midi  eft  fep- 
tentrionale toute  l'année.  Cela  les  furprenoit  ,  6c  ils 
croyoient  être  venus  dans  un  autre  inonde.  Cet  éron- 
nemeut  montre  que  ces  Arabes  étoient  de  "Arabie  Heu- 
reufe,  les  feuls  Arabes  qui  foient  entre  le  Tropique  & 
l'Equateur.  L'Arabie  Déferre  &  la  Pétrée  étant  en-de- 
çà ,  leurs  habitans  n'ont  jamais  à  midi  que  l'ombre  fep- 
tentrionale. On  pourroit  demander  pourquoi  Lucain  ap- 
pelle le  midi  la  gauche  ,  ca-r  comme  cela  dépend  de 
la  manière  de  fe  tourner,  qui  eft  une  chofe  arbitraire, 
la  gauche  d'une  perfonne  peut  être  indifféremment  de 
tous  les  côtés  imaginables.  Voici  la  raifon.  L'auteur  parle 
en  poe'te.  11  faut  fçavoir  que  les  géographes ,  les  aftro- 
nomes ,  les  prêtres  ôc  les  poètes  ont  choifi  chacun  un 
des  points  cardinaux  du  ciel ,  vers  lequel  ils  affectent 
de  fe  tourner. 

Les  géographes  fe  tournent  vers  le  nord,  Ôc  dispo- 
fent  leurs  cartes  de  manière  que  le  Nord  eft  en  haut 
quand  elles  font  bien  orientées.  Les  aftronomes  fe  tour- 
nent au  contraire  vers  l'Equateur  pour  examiner  le 
cours  du  ciel  ôc  des  planettes.  Les  Prêtres  fe  tournent 
vers  l'Orient.  Les  Eglifes  où  l'on  n'a  point  été  gêné  par 
le  terrein ,  font  dispofées  de  manière  que  l'autel  eft  à 
l'Orient ,  ôc  le  grand  portail  à  l'occident.  Les  poètes 
enfin  fe  tournent  vers  le  Couchant  ;  ainfi  ils  ont  le 
Nord  à  leur  droite ,  ôc  le  Midi  à  leur  gauche.  Ces  dis- 
positions différentes  font  exprimées  dans  ces  deux  vers. 

Ad  Boream  terrœ,  /fat  cœli  menfor  ad  Auflrum  , 
Trizco  Dei  videt  exortum ,  occaf unique  po'eta, 

Lucain  dans  un  poëme  ne  devoir  point  parler  autre- 
ment ;  ainfi  chez  lui  finiftra ,  ou  h  gauche,  eft  le  midi. 
Celle  d'un  prêtre  feroit  le  Nord  ,  d'un  géographe  l'Oc- 
cident, ôc  d'un  aftronome  l'Orient; 

Je  n'entre  poinr  dans  les  dérails  de  l'ufage  du  Gno- 
mon ,  cela  me  meneroit  trop  loin. 

OMBREA  ,  ville  de  la  Méfopotamie ,  félon  Ptolo- 
mée,  /.  y.  c.  18.  Quelques  exemplaires  portent  OU- 
BR/EA  par   une  diphfhongue. 

OMBRI.  Voyez.  Ombi. 

1.  OMBRICI ,  ancien  peuple  de  l'Illyiie.  Hérodote 
e\'  Stobée  en  font  mention.  Le  premier  au  quatrième 
livre  de  fon  hiftoire  ;  l'autre  à  l'endroit  où  il  parle  du 
courage  ,  de  l'avarice  Se  de  l'iniuftics.  Peucer  croit  que 
c'eft  à  préfenr  la  Croatie.  *  Ortelii  Thefaur. 

z.  O.YIMICI,  ancien  peuple  d'Italie  ,  vers  la  Japy- 


6?6       OMM 

gie ,  Se  près  de  la  mer  Adriatique  -,  Athénée  &  Etien- 
ne le  géographe  en  font  mention. 

OMBRIE,  province  de  l'Etat  Eccléfiaftique.  L'ancien 
nom  étoit  Umbria  ,  le  nom  moderne  eft  pris  de  Spo- 
i.ette  fa  capitale.  Comme  les  limites  en  font  différen- 
tes. Voyez  ces  deux  articles. 

OMBRIO  ,  nom  d'une  des  ifles  fortunées  ,  félon  Pli- 
ne, /.  6.  c.  11.  Il  n'yavoitde  fon  tems  aucune  trace 
d'édifices.  On  conjecture  que  c'eff  prefentemenr  Ils  le 
de  Fer. 

OMBRIT^E  pour  Ombit^e.  Voyez.  Ombi. 

i.  OMBRONE  (  L'  ),  nom  moderne  de  I'Umbro, 
rivière  d'Italie  dans  l'état  de  Toscane.  Elle  a  fa  fource 
dans  le  Siénois ,  près  des  confins  du  Florentin  ,  à  dix 
milles  de  Siéne ,  d'où,  coulant  au  midi ,  elle  reçoit  l'Ar- 
bia  au-deffous  de  Bonconvento  ;  Se  enfuite  la  Mersa  Se 
I'Orcia  ,  puis  paflant  près  de  Groffetto ,  elle  fe  jette 
dans  la  mer  de  Toscane,  cinq  milles  plus  bas  ,  à  fept 
milles  de  Telamone.  *  Baudrand ,  édit.  1705. 

2.  OMBRONE,  bourg  d'Italie  ,  dans  l'état  de  Tos- 
cane ,  dans  les  Maremmes  de  Siéne  ,  à  quatre  milles 
au-deffous  de  Groffetto ,  à  l'embouchure  de  la  rivière 
dOmbrone. 

OMBRONES,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Eu- 
ropéenne ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3 .  c .  5 . 

OMBRUS  ,  lieu  toujours  couvert  de  neige  au  pied  du 
mont  Tarbellus,  félon  Quintus  Calaber.  11  femble , 
dit  Oitelius,  Thefaur.  qu'il  étoit  auprès  de  Caunus  , 
dans  la  Doride. 

OMEGNA  ,  bourg  d'Italie,  en  Lombardie,  au  du- 
ché de  Milan  ,  dans  le  Novarez  ,  avec  un  ancien  châ- 
teau près  du  comté  d'Anghiera,  fur  le  bord  du  lac  d'Or- 
ta,  entre  le  lac  Majeur  au  levant ,  Carallo  au  couchant , 
à  fept  milles  d'Ona ,  en  paflant  vers  Domo  d'Oscella , 
félon  Baudrand  ,  édit,  i70f. 

OMENOGARA  ,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange. 

OMETEPEC ,  rivière  de  l'Amérique ,  dans  la  nou- 
velle Espagne  ,  au  gouvernement  de  Guaxaca.  Elle  tire 
fa  fource  de  plufieurs  marais  qui  font  au  bas  des  mon- 
tagnes de  Xicayan ,  dans  lesquels  divers  torrens  cou- 
lent des  montagnes  de  Cacatepec.  Cette  rivière  en  re- 
çoit deux  autres  cinq  lieues  au-deffus  de  fon  embouchu- 
re j  favoir  celle  de  Tlacolula  d'un  côté,  Se  Tlacomama  de 
l'autre.  Groflîe  de  leurs  eaux,  elle  va  fe  décharger  dans 
la  mer  du  Sud  ,  au  port  de  Tecuanapa.  *  De  Laèt , 
Indes  occidentales,  1.   5.    c.  22. 

1.  OMI ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  d'Iun- 
nan ,  au  département  de  Lingan  ,  troifiéme  métropole 
de  cette  province.  Elle  eft  près  de  la  montagne  d'U- 
chung.  Elle  eft  de  13  deg.  $7  m.  plus  occidentale  que 
Péking,  à  24.  deg.  2  min.  de  latitude.  *  Atlas  Smenfis. 

1.  OMI,  province  &  royaume  du  Japon,  dans  la 
grande  ifleNiphon  -,  elle  a  au  fud-oueft  Se  au  fud  les 
trois  villes  impériales  de  Meaco ,  d'Ozaca  Se  de  Sacai. 
Elle  eft  célèbre  par  le  grand  lac  d'Oitz ,  qu'on  appelle 
auffi  quelquefois  le  lac  d'Omi.  Quelques  auteurs  écri- 
vent Vomi.  *  Le  P.  de  Charlcvoix. 

OMILUS ,  lieu  qui  doit  être  quelque  part  dans  la 
Grèce.  Hippocrate  ,  Morb.popular.  L  ;.  en  fait  mention. 
Ortelius  conjecture  que  c'eft  peut-être  Omolus. 

OMINGIS  ,  ancien  lieu  d'Espagne.  Voyez.  Oningis. 

OMIRAS.  Pline,  /.  C.  c.  23.  dit  qu'on  nommoit 
ainfi  l'Euphrate  avant  qu'il  fût  atrivé  au  mont  Taurus, 
&  qu'il  ne  prend  le  nom  d'Euphrate  qu'au  fortir  de  cette 
montagne. 

OMISE  ou  plutôt  Omisch.  Les  Esclavons  donnent 
ce  dernier  nom  à  la  ville  d'Almiffa  en  Dalmatie.  Bau- 
drand fournit  le  premier. 

OMIZA  ,  ville  de  la  Gédrofie ,  félon  Ptolomée ,  /. 
6.  c.  21. 

OMM  A  (  L') ,  rivière  d'Italie  ,  dans  l'état  de  l'Fgli- 
fe,  où  elle  arrofe  la  Campagne  de  Rome.  Elle  a  fa  fource 
entre  Paleftrina  Se  Palliano ,  coule  entre  Segni  Se  Fio- 
rentino ,  reçoit  deux  ruiffeaux ,  &  va  fe  perdre  dans  le 
Gariglan.  Je  fonde  cette  description  de  fon  cours  fur  ce 
que  Baudrand,  Mati  &  Corneille  affûtent  qu'on  la  nom- 
me auffi  Trero  ,  &  que  c'eft  le  Trerus  des  anciens, 
auquel  convient  le  cours  que  j'ai  marqué.  De  rifle  nom- 
me le  Trerus  des  anciens  dans  fa  carte  latine  du  La- 
tutrn ,  &  appelle  cette  même  rivière  Sacco  dans  fon 


OMM 


Italie  moderne.  Peut-être  qu'Omma  eft  le  nom  d'un  des 
deux  ruiffeaux  qu'elle  reçoit.  Magin  donne  le  cours  de 
cette  rivière  fans  la  nommer. 

OMMEI ,  peuple  aux  environs  de  Sodome,dans  la 
terre  de  Chanaan  ,  félon  S.  Jérôme  ,  in  locis. 

OMMELANDES  (Les).  Les  Hollandois  écrivent 
Ommelanden  Se  fousentendent  Groninger-,  ils  ap- 
pellent ainfi  le  plat  pays  aux  environs  de  Groningue , 
qui ,  avec  cette  ville ,  compofe  une  des  fept  Provinces- 
Unies.  Le  Clerc,  dans  fon  hiftoire  des  Provinces  Unies  , 
dit  I'Omlande  au  fingulier  en  françois.  Il  parle  ainfi  de 
cette  province  :  La  province  de  Groningue  eft  compofée 
de  deux  membres,  favoir  celui  de  la  ville  de  Gronin- 
gue Se  celui  du  pays  circonvoifin  ,  qu'on  appelle  en 
flamand  Ommelanden ,  qui  eft  entre  les  rivières  d'Ems 
Se  de  Lauwers.  Ces  deux  membres  font  une  province 
fouveraine.  Il  parle  enfuite  de  la  vilie,  dont  il  décrit 
le  gouvernement ,  Se  paffe  enfuite  au  pays  dont  il  eft 
iciqueftion.  Le  plat  pays,  ou  I'Omlande,  eft  divifé  en 
trois  quartiers  ,  «Se  fes  loix  portent  que  tous  ceux  qui 
y  poffédent  trente  arpens  de  terre ,  de  la  valeur  de  mille 
francs  monnoie  d'Embden  ,  Se  qui  payent  huit  florins  à 
l'état  à  chaque  fnbfide  ,  qu'on  nomme  Vcrponding  ,  ont 
droit  de  comparoure  a  l'affemblée  de  la  province.  Ces 
trois  quartiers  n'ont  néanmoins  qu'une  voix  Se  la  ville 
une  autre ,  de  forte  que  la  Souveraineté  eft  partagée 
également  entre  la  viile  Se  I'Omlande.  Chacun  de  ces 
trois  quartiers  eft  fubdivifé  en  trois  fous-quartiers  ,  Se 
l'on  ne  peut  prendre  aucune  réfolution  pour  les  affaires 
de  la  province  ,  que  les  deux  tiers ,  c'eft-à-dire  ,  fix  de 
ces  fous-quartiers  ,  ne  foient  d'accord.  Il  y  a  plufieurs 
juridictions  ,  tant  civiles  que  criminelles ,  mais  on  ap- 
pelle de  leur  fentence  à  une  chambre  établie  dans  la 
ville.  La  chambre  eft  compofée  d'un  lieutenant,  qui  eft 
nommé  alternativement  par  la  ville  ou  par  I'Omlande, 
Se  de  huit  affeffeurs ,  dont  quatre  font  des  bourgue- 
meftres  de  la  ville  alors  en  régence  ;  les  quatre  autres 
font  perpétuels ,  dont  un  eft  nommé  par  la  ville  Se 
trois  par  I'Omlande.  Voyez,  Groningue.  *  Gouverne- 
ment des  Provinces-Unies. 

Les  Ommelandes  (  ou  I'Omlande  )  font  partagées  , 
comme  on  vient  de  dire  ,  en  trois  quartiers  ,  dont  voici 
les  noms,  Hunsingo  ,  Fivelingo  Se  Wester-quar- 
tier,  c'eft-à-due  ,  le  quartier  occidental.  Ces  trois 
quartiers  n'ont  point  de  villes,  mais  des  villages.  Vers 
l'an  890,  il  n'y  en  avoit  que  cinq,  mais  fort  étendus, 
favoir,  Hugomonhi,  Hunisga  ,  Fivolgo  ,  Emisga 
c^Federitga,  avec  la  petite  ifle  de  Bandt  ,  que  l'on 
foupçonne  avoir  été  entre  le  Dokkumerdiep  Se  le  Lau- 
wers. A  préfent  le  nombre  des  villages  fe  monte  à  cent 
vingt-huit,  fans  compter  quelques-uns  qui  dépendent 
de  la  viile  de  Groningue.  *  Halma  ,  Tooncel  der  Ve- 
reenigde  Nederlanden. 

OMMEN  ,  petite  ville  ou  bourg  des Trovinces-Unies 
des  Pays-Bas  ,dans  le  Sallant  en  Overiffel,  fur  le  Wech  , 
à  cinq  lieues  de  Swoll ,  Se  à  fix  de  Coevorden.  Ce  n'eft 
proprement  à  préfent  qu'un  gros  village  ,  mais  qui  a 
les  mêmes  privilèges  Se  franchifes  qu'une  ville.  *  lbid. 
DicF.  des  Pays  Bas. 

OMMERSCHANTZ  ,  fortereffe  du  même  pays. 
Cette  fortereffe  Se  le  hameau  d'OvERYRST  ne  font  pas 
éloignés  d'Ommen.  *  Halma  ,  lbid. 

OMMIRABI,  rivière  d'Afrique,  dans  la  Barbarie, 
au  royaume  de  Maroc.  Elle  a  fa  fource  dans  le  mont 
Atlas ,  à  l'endroit  où  il  fépare  la  province  de  Tcdles  de 
celle  de  Ségelmeffe;  de-là  ferpenrant  vers  le  couchant 
feptentrional ,  elle  fe  charge  de  plufieurs  rivières ,  dont 
la  principale  eft  la  Dema ,  qui  vient  de  Tefza  ;  elle 
baigne  enfuite  Tegageta  ,  coulant  toujours  entre  la  pro- 
vince de  Tedles  Se  celle  de  Temesne,  Se  fe  grolfiffant 
enfin  de  la  grande  rivière  ,  que  Marmol  appelle  la 
rivière  des  Nègres ,  &queSanfon  appelle  Quadeeha- 
bid  ou  Hued-ala-Abid  ,  elles  coulent  enfemble  entre 
la  province  de  Temesne  &  celle  de  Ducala ,  arrofant 
dans  cette  dernière,  c'efl -à-dire  à  fon  midi,'  Be- 
nacasi,  Bulahuana  ou  Bulaghen  ,  Tergum,Te- 
mera  Costa  ,  SubeÏta  &  Azamor.  Là  elle  s'élargit 
Se  forme  un  golfe  à  fon  embouchure  ,  au  midi  de  la- 
quelle Mazagan  eft  fituée.  On  la  nomme  quelquefois 
rivière  d'Azamor.  De  l'Ifle  la  nomme  Marbea  & 

écrit 


OMU 


écrit  rivière  des  Noirs,  au  lieu  de  rivière  des  Nègres. 
Il  croie  que  c'efi:  I'Asama  ou  Azana  des  anciens ,  Se 
met  leur  port  de  Rutubis  ou  Rusubis;  en  cela  il  ren- 
verfe  l'ordre  de  Ptolomée ,  qui  met  Rufubis  au  nord 
de  l'Afama.  Selon  l'ordre  de  cet  ancien  géographe ,  en 
le  fuppofant  jufie,  l'Ommirabi  devroit  être  la  Cufa, 
qui  eff  au  nord  de  cette  place  ,  Se  non  l'Afama  qui  eu 
au  midi.  Voyez,  l'article  Asama.  Voyez,  auiïi  Uma-Ra- 

EEA. 

OMN£  ,  ville  du  peuple  Omani ,  dans  l'Arabie  Heu- 
reufe,  félon  Pline  ,  l.  6.  c.  28. 

OMOENUS  ,  iile  fur  la  côte  de  l'Arabie  Heureufe , 
félon  Pline.  Oac\\\xs  .Tbefaur.  la  prend  dans  le  fein  Per- 
iique. 

OMOLE  ,  'O/x/aji  ,  montagne  de  Thefialie ,  félon 
Strabon  Se  Etienne ,  cités  par  Ortelius.  Etienne  dit  Omo- 
ié  ou  Homo  le  (  car  cela  dépend  d'un  accent  tourné 
d'une  manière  ou  d'une  autre  O  ou  O'  )  montagne  de 
Thefialie  dont  parle  Paufanias  ;  on  la  nomme  aufii  O- 
mulus  (  ou  Homolus  par  la  même  raifon  ).  Les  portes  de 
Thébes  du  côté  de  cette  montagne  en  portent  le  nom  de 
Homolaides  forts..  On  adore  en  Bœotie  Jupiter  Homo- 
loïen.  Le  fcholiafie  de  Théocrite ,  in  Idyl.  6.  fait  men- 
tion de  la  fête  de  Jupiter  Homoloïen,  Se  du  culte  de 
Cerès  Homoloïenne.  Apollodore,décrivant  les  fept  por- 
tes de  Thébes ,  parie  de  celle  qui  étoit  nommée  Omo- 
ioïs.  Paufanias  dit  Omolé ,  &  dit  de  cette  montagne, 
que  c'étoit  la  plus  fertile  Se  la  mieux  arrofee  de  la  Thes- 
falie.  Je  trouve  dans  Strabon  ,  /.  9.?.  442.  Homolium 
cV  Homolis  •,  c'étoit  le  nom  d'une  ville  Se  d'une  monta- 
gne, félon  la  remarque  de  Cafaubon.  Tite-Live  nom- 
me effectivement  ainfi  Omolium  ,  dans  fon  42e  livre , 
li  la  citation  d'Ortelius  eit  jufie. 

OMONT  ,  village  des  Pays-Bas  ,  dans  le  Hninaut , 
fur  la  rive  droite  de  la  Sambre  ,  une  lieue  au-de(ïus 
de  Maubeuge.  Il  y  a  une  abbaye  de  Bénédictins ,  elle 
eu  régulière. 

OMPA1  ,  rivière  de  Tranfilvanie  :  elle  coule  au  nord 
d'Albe-Julie,  Se  fe  joint  un  peu  au-defius  à  la  Marisch. 
*  Defcrip.  de  Hongrie ,  t.  4. 

OMPHACE,  ancienne  ville  de  Sicile  ,  félon  Etienne 
le  géographe ,  qui  cite  l'hifioire  Sicilienne  de  Philifie. 
Voyez,  Agrigente. 

1.  OMPHALIUM  ,  lieu  de  Tille  de  Crète,  entre 
Thenu  Se  Gnojfus ,  félon  le  même. 

2.  OMPHALIUM,  ville  de  Thefialie,  félon  le  mê- 
me. 

3.  OMPHALIUM,  ville  d'Epire,  félon  Ptolomée, 
/.  3.  c.  14.  Elle  étoit  dans  la  Chaonie  &  dans  les  terres. 

OMPHALOS ,  mot  grec  ,  qui  lignifie  le  nombril , 
en  latin  Umbilicus.  Comme  la  fituation  de  cette  partie 
dans  un  homme  régulièrement  bien  fait  eu  à  difiance 
égale  du  fommet  de  la  tête  Se  de  la  plante  des  pieds  Se 
ptécifément  au  milieu  ,  ce  mot  a  été  aufii  employé  pour 
îîgnifier  un  lieu  fitué  au  centre  d'une  ifie ,  d'une  con- 
trée,  Sec.  Paufanias  parle  dans  fes  corinthiaques  de 
l'Omphalos  du  Péloponnèfe  i  Se  Tatien  ,  dans  fon  traité 
contre  les  Grecs ,  dit  que  Denis  fut  enfeveli  in  Ont- 
fhalo.  *  Ortelius  ,  Thefaur. 

OMURA,  ville  Se  principauté  particulière  du  Ja- 
pon ,  qui  compofe  une  petite  contrée  dans  la  province 
de  Figen  ,  au  fond  d'une  baie  Se  au  nord  de  Nagazaki. 
Elle  eu  à  la  côte  occidentale  de  Ximo  au  Japon.  Il  y 
avoir  un  prince  d'Omura  qui  televoit  du  royaume  d'A- 
rima ,  Se  faifoit  fa  réfidence  dans  la  ville  d  Ômura.  Elle 
tu  fur  le  bord  de  la  mer  ,  dans  le  fond  d'une  baie  avec 
une  rade  qui  n'elt  pas  des  plus  fures.  Il  y  a  fort  peu 
d'eau  dans  la  baie  d'Omura,  &  elle  n'elt  point  du  tout 
propre  pour  de  grands  vaifleaux.  Elle  s'étend  à  l'oneu- 
iud-ouelt ,  a  flux  Se  reflux,  Se  communique  à  la  mer  pat- 
un  petit  détroit.  On  y  trouve  des  coquilles  qui  produi- 
fent  des  perles.  Autrefois  on  y  ramaflbit  de  très-beau 
fable  d'or,  le  long  des  côtes  qui  font  préfentement  inon- 
dées, la  mer  ayant  gagné  du  terrein  de  ce  côté.  Ce 
petit  canton  ert  coupe  par  la  mer  de  toutes  parts  -,  c'efi: 
le  plus  riche  de  totit  le  Japon  en  ports  Se  en  baies.  J'ai 
parlé  de  la  baie  d'Okus  Se  de  fa  mine  d'or ,  du  port  de 
Facunda  ,  de  celui  de  Nangoya  Se  de  la  grande  baie  de 
Nangazaki.  Le  prince  d'Omura  en  avoir  encore  un  fort 
beau  à  Vocoxiura.  Sumitanda  ,  prince  d'Omura ,  fut  le 


ONC       6s7 

premier  des  fouverains  du  Japon  qui  embrafla  la  reli- 
gion Chrétienne ,  Se  fon  zèle  n'avoir  pas  laiffé  un  feul 
idolâtre  dans  fon  petic  état ,  aufii  a  i-il  été  le  théâtre  le 
plus  fanglant  de  la  perfécucion  ,  Se  on  ne  fauroit  croire 
combien  de  Chtétiens  de  tout  âge ,  de  tout  fexe  y  ont 
fouffert  les  plus  affreux  tourmens.  *  Le  B.  de  Charle- 
voix ,  Hirtoire  du  Japon. 

1.  ON  ^ancienne  ville  d'Egypte.  Le  texte  hébreu 
nomme  ainfi  la  ville  dont  étoit  prêtre  le  beau-pere  dt-Jo- 
fephimais  les  Septante  la  nomment  Héliopolis.  Dans 
l'Exode,  c.  x.  outre  les  deux  villes  que  les  Hébreux, 
devenus  esclaves  ,  réparèrent  ,  il  y  en  a  une  uoifiéme 
appelles  On,  la  même  ^m'Heliopolis.  Dans  Ezechiel , 
c.  30.  v.  17.  on  voit  les  jeunes  gens  d'Héliopolis  Se  de 
Bubafie.  Jofeph  dit  que  le  beau-pere  du  patriarche 
Jofeph  étoit  un  des  prêtres  d'Héliopolis  ,  tuv  h  'ha/«- 
tfoMi  'lifuv.  On  ne  peut  pas  dire  que  ce  nom  d'Hélio- 
polis  ait  été  donné  par  les  Grecs  Se  par  les  Macédo- 
niens à  la  place  d'  px.  On  ,  nom  hébreu  ;  car  Jere- 
mie  fait  mention  de  ©Oï?  n>3  ,  Beth  Semés  ,  la  mai- 
fon  du  Soleil  ,  Se  la  met  en  Egypre  DnïD  \"MiZ ,  Béa- 
retz  Misraïm  ;  les  Septante  l'ont  traduit  par  Héliopo- 
lis ,  'HXÎx  713X1;.  Voyez,  Heliopous  2.  *  Gène],  c.  41. 
v.  4j.  Se  jo.  Se  c.  46.  v.  2c. 

2.  ON  ,  ville  de  la  Paleftine  ,  au  pays  de  Samarie  , 
félon  faint  Jérôme,  de  loch,  qui  dit  qu'au  lieu  de  ce 
mot ,  on  lit  dans  l'hébreu  Aun.  Eufebe  dit  Anna. 
Aquila  Se  Symmaque  rendent  ce  mot  par  cette  épithéte 
inutile,  Se  Théodoiion  par  le  mot  d'iniquité.  Quelque- 
fois, comme  l'a  remaïqué  le  P.  Bonfrtrius,  les  Septan- 
te ont  retenu  ce  mot  dans  leur  verfion,  fans  addition, 
lorsqu'il  y  a  dans  l'hébreu  ptî  ,  dont  la  fignifica*- 
non  eu  iniquité ,  menfonge ,  idole.  C'efi  ainfi  qu'ils  gar- 
dent ce  nom  dans  Ofée  ,  c.  10.  v.  8.  Ew/zoî  ifv ,  Ali.oia 
On  ,  les  Autels  d'On  ,  au  lieu  de  quoi  la  verfion  latine 
porte  Excel/a  idoli ,  les  hauts  lieux  de  l'idole.  De  mê- 
me dans  Amos  hinnSià  ifi»  ,  dit  champ  d'On,  la  vci- 
fion  latine  dit  de  campo  idoli.  Il  fe  prend  quelque- 
fois pour  Bethhaven  ,  où  étoit  placé  le  veau  d'or  de 
Roboam ,  Se  ati  lieu  du  nom  de  Bethaven  ,  que  notte 
vulgate  retient ,  les  Septante  difent  la  maifon  d'On.  Le 
P.  Bonfrerius  conclud  que  le  mot  On  féparément  n'elt 
point  le  nom  d'une  ville  particulière  de  la  Palcfiine  , 
mais  qu'étant  joint  au  mot  mai] 'on  ,  alors  il  devient  un 
nom  vraiment  géographique,  foit  dans  le  propre,  foit 
dans  le  figuré.*  Ofée ,  c.  4.  v.  ij.  c.  j.  v.  8.  Se  c.  io. 
v.  ;. 

ON/EUM,  ville  de  l'Ill)  rie  ,  dans  la  Libu mie  ,  félon 
Ptolomée.  Sophien  croit  que  c'efi  préfentement  Caeo- 
CuiMANO.  Cumano  n'eu  que  le  cap,  il  y  avoit  outre 
cela  une  ville. 

ONAGRINUM  CASTELLUM,  ville  de  la  féconde 
Pannonie,  le  long  du  fleuve  ,  aux  environs  de  la  Save, 
félon  la  notice  de  l'empire ,  fect.  $6. 

ONANO,  bourg  d'Italie,  dans  l'Etat  de  l'Eglife& 
dans  lOrvietan ,  entre  Aquapendente  Se  Petigliano  ,  à 
deux  lieues  de  l'une  Se  de  l'autre.  Il  a  titre  de  duché. 
*  Baudrand  ,  édit.   1705. 

ONAPJEU  ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
aux  environs  de  la  route  que  fuivit  de  la  Salle,  pour 
aller  de  la  baie  de  Saint  Louis  chez  les  CeniSi 

ONATE.  Voyez,  Ognate. 

t.  ONC/E,  ville  d'Arcadie,  félon  Iface ,  fcholiafie 
de  Lycophron.  Voyez.  Oncium. 

2.  ONC^E,  ville  de  Thcbes ,  félon  le  même.  Il 
entend,  fans  doute,  un  village  de  ce  nom  dans  la  Bœo- 
tie ,  dont  parle  Phavorinus.  Ericnne  le  géographe  parle 
d'une  porte  de  Thcbes,  qui  prenoit  fon  nom  de  ce 
lieu. 

ONCIUM.  Voyez,  Oncium. 

ONCH£.  Voyez,  Unch^. 

ONCHESMUS,  port  de  l'Epire,  félon  Ptolomée, 
lié.  3.  c.  14.  O"yU<r^0i ,  Onchismus  ,  félon  Strabon  ; 
ancien  port  de  la  côte  d'Epire.  Les  anciens  donnoient 
le  nom  à'Omhesmhes  au  vent  qui  étoit  propre  à  pafi'er 
de  ce  port  en  Italie.  Cicéron  dit',  dans  une  de  fes  let- 
tres à  Atticus ,  /.  7.  epifi,  2.  Nous  fommes  venus  à 
Blindes  le  fixiéme  jour  avant  les  calendes  de  Décem- 
bre, (  c'efi-à  dire  ,  le  25  Novembre)  Se  nous  avons  eu 
dans  ce  trajet  le  même  bonheur  que  vous  avez  fur  mer  \ 
Tom.  IV.  O  o  o  o 


65-8        OND 

un  doux  Oncbesmite  n'a  point  ceffé  de  favorifer  notre 
navigation.  Les  anciens  ont  fuppofé  que  ce  mot  d'On- 
cbcsmus  vient  d'Anchife,  Se  qu  sîncbifœ  portus ,  ou  le 
port  d'Anchife  ,  eft  l'ancien  nom.  C'eft  ce  que  veut  dire 
Dcnys  d'Halicarnafie ,  lorsqu'il  dit  :  Us  côtoyèrent  de- 
puis Buthrot ,  jusqu'au  port  qui  portoit  alors  le  nom 
d'Anchife ,  Se  qui  a  maintenant  un  nom  où  l'ancien 
cft  un  peu  déguifé.  Ce  port  étoit  dans  la  Chao- 
nie,  félon  Ptolomée,  qui  le  nomme  entre  Panorme  Se 
Cafliope.  Ainfi  ce  ne  fauroit  être  l'Echinus  de  Pline , 
qui  étoit  dans  l'Acarnanie  ,  bien  loin  de-là. 

ONCHEST1  PALUS.    Voyez,  l'article  fuivant  ,    Se 

CoPAÏS. 

i.ONCHESTUS,  ville  de  Grèce,  dans  la  Bœotie. 
Elle  étoit  grande  &  fituee  entre  Haliarte  Se  Acraîphies , 
près  d'une  montagne  nommée  Phocmchts  Morts. Ce  n'étoit 
d'abord  qu'un  bois  confacré  à  Neptune.  Homère,  C^- 
talog.  v.  13.  n'en  parle  que  fur  ce  pied-là: 

O'î'Xnçôv  $'npov  notrifriitov ,  àyXa.ov  «Aroç. 

Ontbefte  ,  bots  fameux  confacré  au  Dieu  Neptune.  Il  y 
eut  eufuite  une  ville  en  cet  endroit ,  Se  Paufanias,  Bœotie. 
c.  26.  parle  de  fes  ruines.  Strabon  ,  /.  9.  p.  410.  la 
compte  entre  les  villes  qui  bordoient  le  lac  Copaïs.  Elle 
eu  étoit  au  midi ,  comme  je  le  dis  au  mot  Copaïs.  On 
croit  que  Diminia  en  occupe  le  terrein.  Voyez  ce  mot. 

2.  ONCHESTUS ,  bois  facré  de  la  Bœotie.  Voyez. 
l'article  précédent. 

5.  ONCHESTUS,  autre  bois  confacré  à  Neptnne 
dans  l'Eubée,  félon  Ortelius,T/7c/tfw.  qui  cite  le  ttoi- 
fïéme  livre  d'Apollonius. 

4.  ONCHESTUS.  Ortelius  trouve  une  rivière  de 
ce  nom  en  Thefialie ,  &  cire  Etienne  Se  Polybe.  Ces 
auteurs  écrivent  félon  la  prononciation  greque  o"yx^^  > 
&  Polybe  la  nomme  bien  exprefièment  dans  un  fra- 
gment de  fon  dix-feptiéme  livre. 

ONCHISMUS.  Voyez.  Onchesmus. 

ONCHOBRICE  ,  ifle  fur  la  côte  orientale  de  l'Ara- 
bie  Heureufe  ,  félon  Pline,  /.  6.  c.  28. 

ONCHOE  ,  ville  de  Grèce ,  dans  la  Phocide  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

ONC1UM  ou  Onceium  ,  'O>Ks/0f ,  forterefle  de 
Grèce ,  dans  l'Arcadie.  Elle  prenoit  fon  nom  d'Oncus 
qui  y  avoir  commandé.  C'eft  peut-être  I'Onc/f.  d'ifacc, 
fcholiafte  de  Lycophron. 

1.  ONDA  ,  ancien  nom  de  la  rivière  d'ONHAR  en 
Espagne. 

2.  ONDA  ,  bourg  Se  château  d'Espagne ,  au  royau- 
me de  Valence ,  Se  au  pied  des  montagnes ,  fur  la  droire 
de  la  rivière  de  Millas ,  à  deux  petites  lieues  de  la  côte 
du  golfe  de  Valence  au  couchant. 

ONDEVES  (  Les  ).  Ce  nom  lignifie  perdu  ,  8è  fe 
donne  à  une  des  quatre  fortes  de  Noirs  de  la  province 
d'Anoiîi  dans  l'ifle  de  Madagascar.  Ce  font  les  moindres 
de  tous.  Us  font  esclaves  d'origine  du  côté  du  père  Se  de  la 
mère ,  achetés  ou  faits  prifonniers  pendant  la  guerre. 
Us  ne  peuvent  quitter  leur  maître  ,  fous  quelque  pré- 
texte que  ce  foit ,  fi  ce  n'eft  que  dans  un  tems  de  fa- 
mine ,  ou  d'une  grande  cherté  de  vivres ,  il  leur  eût 
refufé  la  fubfiftance  qu'il  leur  doit.  En  ce  cas ,  il  leur 
eft  permis  de  choifir  un  autre  maître.  *  Corn.  Did. 
De  la  Croix  ,  Relat.  de  l'Afrique ,  r.  4. 

ONDICAV/E  ,  ç>vhy.àvcu  ,  c'eft  ainfi  qu'on  lit  ce 
nom  bouleverfé  dans  les  éditions  de  Ptolomée ,  lib.  2. 
cap.  8.  au  lieu  d'AYJWaw  ,  AhdicaVi  ,  peuple  de  la 
Gaule  Lyonnoife.  Ce  peuple  eft  le  même  que  les  An- 
gevins, Se  fa  ville  Juliomagus  eft  Angers. 

ONDZATZI  (  Les  ).  On  diftingue  par  ce  mot,  dans 
l'ifle  de  Madagascar  ,  une  condition  particulière  des  ha- 
bitans.  Ce  fonr  des  gens  qui -ont  la  peau  rouge ,  les  che- 
veux longs  &  plats  ,  fi  ennemis  du  fang  ,  qu'ils  ne  peu- 
vent pas  couper  la  gorge  à  un  poulet.  Ils  s'adonnent  à  la 
pêche.  Us  n'ont  ni  temple  ni  religion,  Se  font  par  coutu- 
me quelques  facrifices  de  bêtes,  quand  ils  font  mala- 
des ,  quand  ils  veulent  planter  leurs  ignames  cV  leur  riz  , 
quand  ils  veulent  les  cueillir ,  quand  ils  circoncifent  leurs 
enfans,  quand  ils  entreprennent  une  guerre,  quand  ils 
prennent  pofleflion  d'une  maifon  nouvellement  bâtie , 
quand  ils  ont  eu  quelque  reve  ,  ou  quand  ils  enterrent 


ONE 


un  parent.  *  Fiacourt ,  Hift.  de  l'ifle  de    Madagascar  „ 
chap.  2.  pag.  6. 

ONE  ,  ville  d'Afrique,  au  royaume  de  Trémecen. 
Les  Africains  la  nomment  Deyrat  Uneyn  ;  elle  étoic 
fur  la  côte.  Marmol ,  /.  5.  c.  9.  t.  i.p.  326.  dit  qu'elle 
eft  fur  la  côte  ,  à  la  hauteur  d'Almerie  ,  Se  au  levant  de 
Tevecrit.  Elle  a  été  bâtie  par  les  anciens  Africains  ;8e 
avoir  de  fortes  murailles  Se  un  petit  porr  fermé  de  part 
Se  d'autre  d'une  bonne  tour.    Les  mosquées  y  étoient 
bien  bâties  ,  Se  les  maifons  habitées  de  marchands  Se 
d'artifans  ,  parce  que    les  galères  de  Venife ,   qui   al-' 
loient  à    Trémecen ,  s'y  arrêtoient  tous  les  ans.   Elle 
étoit  donc  fort  peuplée  alors ,  Se  l'on  y  faifoit  de  bel- 
les toiles  Se  d'autres  étoffes  de  coton.  Outre  cela  il   v 
avoit  diverfes  contrées  d'oliviers,  de  vergers  Se  de  terres 
labourables,  tant  autour  de  la  ville,  que  le  long  d'une 
rivière  qui  la  borde.   Du  refte ,  quoiqu'elle  eût  com- 
mence à  fe  dépeupler  ,  quand  on  prit  Oran  ,  le  roi  de 
Trémecen  y  avoit  envoyé  garnifon  pour  la  fureré  du 
commerce ,  &  elle  étoit  en  allez  bon  état  ;    mais  les 
habitans  ayant  donné  retraite  aux   Corfaires ,  s'étanc 
même  mêlés  avec  eux  pour  courir  les  côtes  d'Espagne , 
Charle  V  y  envoya  D.  Alvar  Baflan ,    général  de    tes 
galères  ,  qui  la  prit  en  1 5  3  3  ,  la  faccagea  Se  y  mit  gar- 
nifon ;  mais  l'empereur  la  fit  rafer  pour   épargner  la 
dépenfe.  Le  pays  eft  cultivé  par  les  Bereberes  d'une  mon- 
tagne voifine  nommée  Tarara  ,  où  il  y  a  force  mines 
de  fer  Se  d'acier. 

Le  cap  de  cette  montagne  s'appelle  maintenant  le 
cap  d'One.  Marmol  croit  que  c'eft  le  Uty  a.  àr.fkjTripov , 
ou  le  grand  promontoire  que  Ptolomée  place  à  l'en- 
trée de  la  Mauritanie  Céfarienfe  ,  immédiatement  après 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Malva ,  auquel  il  donne 
1 1  d.  30  m.  de  long.  &  35  d.  de  latir.  C'eft  la  latit. 
que  donne  effeéh'vcmenr  de  l'ifle  à  ce  lieu ,  qu'il  nomme 
Hone;  à  l'égard  de  la  longitude,  peu  s'en  faut  qu'elfe 
n'aille  à  17  d.  ainfi  celle  de  Ptolomée  n'y  convient  pas. 
Voyez.  Tarare. 

1.  ONEGA,  rivière  de  l'empire  Ruflîen.  Elle  a  fa 
fource  dans  la  province  de  Cargapol  ,  forme  une  efpé- 
ce  de  périt  lac  auprès  Se  à  l'orient  de  la  ville  de  Car- 
gapol ,  Se  ferpentanr  tantôt  vers  le  nord  ,  &  tantôt 
vers  le  nord-eft ,  elle  va  le  perdre  dans  la  mer  blanche; 
fon  cours  eft  d'environ  quarante-cinq  milles,  de  15 
au  degré. 

A  l'orient  de  fon  embouchure  ,  la  côte  s'avance  vers 
le  nord-eft  ,  &  forme  une  pointe  que  l'on  appelle  ie 
cap  d'Onega. 

On  appelle  Onega,  le  pays  où  elle  entre  au  fortir 
de  la  province  de  Cargapol  ,  qui  le  borne  au  midi, 
celle  de  Vaga  le  termine  au  fud-eft  ;  Koureeska  Voloft, 
ou  contrée  de  la  Koureeska ,  au  nord  eft  ,  la  mer  blan- 
che au  nord ,  &  Kargaposkaia  Corela ,  ou  la  Carelie 
Moscovite  ,  au  couchant.  On  n'y  connoît  point  d'aune 
rivière  que  l'Onega,  point  de  ville  ni  de  boutg, 
mais  beaucoup  de  forêts. 

2.  ONEGA  (  Le  lac  d'  )  ,  grand  lac  de  l'empire  Rns- 
fien  ,  entre  la  Carelie  Moscovite  au  nord  &  au  noid- 
eft  ,  le  pays  de  Cargapol  à  l'orient ,  Se  la  Carelie  Sué- 
doife  au  couchant  feptentrional.  Le  pays  qui  eft  à  l'oueft, 
&  celui  qui  eft  au  fud  ,  prennent  leur  dénomination  de 
leur  fituation  à  l'égard  de  ce  lac.  11  s'étend  du  nord 
au  fud,  depuis  le  60  d.  46  m.  de  latitude  ,  jusqu'au  63 
d.  fa  côte  occidentale  eft  en  quelques  endroits  par  ks 
j  3  d.  delongitude  ,  Se  l'orientale  avance  jusqu'à  64  d.  40 
m.  de  longitude.  11  reçoit  diverfes  rivières  ,  au  nord 
celle  dePovENZA,  auprès  d'une  ville  de  même  nom, 
au-deflbus  de  laquelle  les  eaux  s'élargiflént ,  &  fe  reffer- 
rent  enfuite.  Sur  la  côte  orientale  eft  l'embouchure  de 
la  Zelmosa  qui  groflît  ce  lac.  Il  continue  de  fe  rétré- 
cir jusqu'à  l'orient  de  la  ville  de  Kustranda  ,  après 
quoi  il  s'élargit  rour  à  coup.  Il  reçoit  du  pays  de  Car- 
gapol les  rivières  de  Saaia,  de  Pudoa,  de  Nikiflîma-, 
d'Andama,  &deux  aurres  dont  les  noms  ne  fe  trouvent 
point  fur  la  carte.  Dans  fa  pairie  méridionale  fonr  les 
embouchures  de  la  Vitegra  Se  de  la  Susta  ,  qui  vien- 
nent de  I'Oboneskaia  Petina,  ou  Quartier  d'ait-deçà 
de  l'Onega:  ce  mot  au-deçà  eft  relatif  à  la  ville  de  Mos- 
cou. Au  midi  de  la  côte  orientale  eft  la  rivière  de  Svir, 
qui  porte  les  eaux  de  ce  lac  dans  celui  de  Ladoga  ;  au 


ONE 


bord  fcptentrional  de  cette  rivière ,  près  du  lac  d'Onega 
eft  le  monaftere  de  Vosnefenie  ;  plus  haut  eft  la  rivière 
par  laquelle  on  peut  le  rendre  à  Olonitz  ou  Olo- 
>jecz,  ôc  de-la  à  Notebourg  par  le  lac  de  Ladoga.  Plus 
haut  eft  la  petite  rivière  de  Soyo  ,  avec  une  ville  de  ce 
nom  à  fon  embouchure  ,  &  enfin  une  grande  rivière  qui 
vient  de  Lindujeiwi  ôc  de  Maejeiwi ,  ville  de  la  Care- 
lie;  au  nord  de  cette  rivière,  ce  lac  forme  plufieurs 
anfes,  ôc  a  des  ifles  aflez  grandes  dans  fa  partie  fep- 
tentrionale. 

ON  EU.  Voyez.  Onii  Montes. 

ONE1LLE.  Les  Italiens  difent  Oneglia.  C'eft  une 
Ville  d'Italie  fur  la  côte  de  Gènes ,  à  l'orient  de  l'em- 
bouchure de  la  rivière  Impériale  dans  la  mer  Méditer- 
ranée ,  entre  Port-Maurice  au  couchant ,  ôc  la  bourga- 
de de  Diano  au  levant.  Ce  port  ôc  cette  bourgade  font 
à  la  république  de  Gènes  .  dans  les  terres  de  laquelle 
Oneille  eft  enclavée  de  tous  côtés.  Elle  ell  la  capitale 
d'une  principauté  qui  appartient  au  chef  de  la  maifon 
de  Savoie ,  aujourd'hui  roi  de  Sardaigne.  Elle  eft  aflez 
bien  bâtie ,  ôc  avoir  autrefois  une  grande  Ôc  bonne  ci- 
tadelle ,  qui  a  été  détruite  avec  plufieurs  autres  de  ces 
quartiers,  pendant  les  guerres  entre  les  ducs  de  Savoie 
&  la  république  de  Gènes  Un  gentilhomme  François 
patloit  ainfi  d'Oneille  en  1660,  dans  le  journal  de  fon 
voyage  de  Fiance  ôc  d'Italie  :  Oneille ,  ville  agréable 
&  principauté  du  duc  de  Savoie,  à  dix  milles  du  port 
Maurice,  fur  le  bord  de  la  mer,  ôc  fituée  dans  une 
plaine  que  joint  une  vallée  merveilleufement  belle ,  ôc 
riche  en  oliviers,  qui  fournie  d'huile  tout  le  pays.  Elle 
cft  fermée  de  murailles  nouvellement  rebâties.  Les  rues 
en  font  belles  ôc  polies  au  dernier  point ,  ôc  les  mai- 
fons  s'appuient  ôc  fe  feutiennent  par  le  moyen  des  arcs- 
boutans  qui  les  joignent  Comme  il  n'y  a  aucune  foite- 
refle,  elle  a  été  prife  ôc  reprife  pendant  les  guerres.  Si 
vous  voulez,  aioute-t-il,  voguer  fur  mer,  &  vous  tirer 
des  fàcheufes  montagnes  où  je  fuivis  ma  route  ,  prenez 
un  bateau  ou  une  felouque ,  vous  en  trouverez  qui 
partiront  à  toute  heure.  *  Theatr.  Pedemont.  2.  part. 

V-  J59-  • 

A  l'orient  d'Oneille  eft  une  montagne,  qui ,  avan- 
çant dans  la  mer ,  forme  un  promontoire.  On  le  nom- 
me tantôt  le  Cap  d'ONEiLLE  ou  le  Cap  de  Dian,«  caufe 
de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  deux  places  entre  lesquel- 
les il  eft  fitué  ;  ôc  tantôt  Capo  Verde.  Michclot ,  dans 
fon  portulan  de  la  Méditerranée,  dit  du  port  d'Oneille 
êc  de  ce  cap  :  La  ville  eft  entourée  de  murailles,  prin- 
cipalement du  côré  de  la  mer  ,  &  eft  fituée  fur  le  rivage 
dans  une  très-belle  plaine ,  où  il  pane  d'un  côté  &  d'au- 
tre deux  petites  rivieies.  Celle  qui  eft  du  côté  du  port 
Maurice  eft  la  plus  grande ,  (  c'elt  l'Impériale  dont  nous 
avons  parlé  ci  deflus  ;  l'autre  eft  négligée  fur  les  cartes 
que  j'ai  confultées.  )  Du  côté  de  la  mer ,  il  y  a  trois 
petits  forts ,  un  à  chaque  bout ,  &  l'autre  au  milieu , 
Se  vers  le  cap  d  Oneille,  il  y  a  quelques  maifons  de  pé- 
cheurs ôc  une  tour  octogone  fur  une  pointe  pour  en 
défendre  le  mouillage.  On  mouille  avec  les  galères  vis- 
à-vis  la  ville  ,  à  demi-portée  de  canon  ,  fur  cinq  oufix 
brades ,  fond  d'herbe  ôc  de  vafe.  Les  vaifleaux  qui  vont 
charger  de  l'huile   fe  tiennent  un  peu   plus  au  large  , 
pour  être    plus  près  à  faire  voile  en    cas  de   befoin  , 
quoique  le  fond  y  foit  très  bon. ...  Le  cap  d'Oneille 
eft  une  groiTe  pointe  ronde,  fur  laquelle  eft  une  tour 
de  garde  qui  eft  ronde  ,  ôc  un  hermirage  au-deflbus  du 
côté  du  noid-eft  ,    avec  une  autre  tour.   L'huile  d'O- 
neille ,    qui  fait  le  principal  commerce  des  habitans 
fe  charge  pour  la  France,  les  Pays-Bas,  la  Hollande, 
l'Angleterre  ,  ôcc. 

La  Principauté  d'Oneille  s'étend  depuis  la  mer 
jusqu'à  Pornafio  ,  qui  eft  au  pied  de  l'Apennin,  ôc 
eonfifte  en  trois  vallées  ; 

Le  Val  d'Oneille,  le  Val  de  Marro, 
le  Val  de  Préla. 

Le  Val  d'ONEULE  commence  à  Oneille  ,  ôc  finit  à 
Saint  Lazare.  C'eft  un  jardin  continuel ,  une  fuite  d'ar- 
bres ôc  de  maifons.  De  l'Ifle  prend  au  contraire  le  Val 
d'Oneille  au- deflus  de  Saine  Lazare  jusqu'à  ia  fource  de 
l'Impériale. 


ONÎ        6ïy 


Le  Val  de  Marro,  Vallis  Mari  ou  Macri ,  prend 
fon  nom  du  bourg  de  Marro ,  fitué  fur  la  gauche  de 
l'Impériale  ,  &  s'étend  par  une  branche  depuis  S.  Lazare 
jusqu'à  S.  Bernard,  &  le  joint  auprès  de  cette  colline  à 
la  vallée  de  la  Piéve  Ôc  de  Teïco. 

Le  Val  de  Préla,  Vallis  Tetra.  Lau ,  eft  à 
l'occident  des  deux  autres ,  &  va  fe  joindre  au  Val  de 
Port-Maurice  ôc  à  Dolcedo  ,  bourg  de  la  feigneurie  de 
Gènes. 

On  compte  dans  la  principauté  d'Oneille  cinquante- 
trois  bourgs  ou  villages  ,  environ  quatorze  mille  âmes  , 
ôc  elle  peut  mettre  fur  pied  deux  mille  hommes.  Le  val 
d'Oneille  appartenoit  anciennement  à  l'évêque  d'Alben- 
gue  ,  qui  en  jouît  en  qualité  de  feigneur  temporel  jus- 
qu'en l'an  1298,  que  ne  pouvant  réfifter  à  fes  voifins, 
qui  l'attaquoicnt  continuellement ,  il  s'en  accommoda 
avec  le  fils  de  Babilan  de  Doria  ,  patrice  de  Gènes.  Ceux- 
ci  la  vendirent  aux  ducs  de  Savoie ,  qui  acquirent  auflî 
les  vallées  de  Marro  ôc  de  Préla. 

Baudrand  dit  que  l'union  de  ces  trois  vallées  fe  fit  en 
1620,  pour  ne  faire  enfemble  qu'une  principauté. 

ONELLABA,  lieu  d'Afrique,  dans  la  Numidie.  An- 
tonin  ,  Ituier.  le  met  fur  la  route  d'Hippone  la  Royale 
àCarthage,  entre  cette  Hippone  ôc  le  lieu  ad  Aquas  , 
à  cinquante  mille  pas  de  cette  ville  ,  ôc  à  vingt-cinq  de 
ce  lieu. 

ONENSES  ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife.  Comme  Pline,  lié.  3.  c.  3.  fuit  fouvent  l'ordre 
alphabétique  pour  l'arrangement  des  peuples,  &  qu'il 
nomme  celui-ci  entre  Aquicaldenses  ôc  B/eculonen- 
ses  ,  il  y  a  toute  apparence  que  ce  mot  commence  par 
un  A  ;  cependant  le  père  Hardouin  dit  que  tous  les  ma- 
nuferits  s'accordent  pour  Onenfes  par  un  O. 

ONERICI.  Quelques  manuferits  de  l'hiftoire  des 
Lombards  de  Paul  Diacre,  /.  1.  c.  19.  portent  One- 
rici  fine),  ôc  Onericorum  fines  ,  cette  faute  eft  répétée 
en  deux  lignes  tout  de  iuite.  Il  faut  lire  Norkiôc  Nori- 
corum ,  comme  Ortelius  ôc  Vulcanius  l'ont  fagement  ré- 
tabli Un  copifte  aura  écrit  Nerici  pour  Norici.  Un  ré- 
vifeur  aura  mis  en  marge  un  O  pour  avertir  que  ce 
doit  être  Noria.  Quelque  autre  copifte  ne  l'entendant 
point ,  ôc  ne  fâchant  où  placer  l'O  ,  l'aura  mis  au  com- 
mencement ,  où  il  achevé  de  défigurer  ce  nom.  C'eft 
ainfi  que  les  noms  propres  ont  été  barbouillés  par  les  co- 
piftes. 

ONESi^  THERMO  ,  eaux  minérales  dans  la  Gau- 
le ,  vers  les  Pyrénées.  Strabon  ,  ayant  parlé  du  pays  ôc  de 
la  ville  de  Comminge,  ajoute  ,  /.  4.  p.  190.  Et  les  Ther- 
mes Onefunncs  :  l'eau  en  eft  excellente  à  boire  ,  celle 
d'Auch  eft  aufiî  très-bonne. 

ONEVATHA,  lieu  de  la  Phcenicie:il  y  avoir  garni- 
fon  romaine.  On  lit  dans  la  notice  de  l'Empire  ,  fett.  23 . 
Lobors  quintapacata  Alamanoritm  Onevathx. 

ONEYOUTS,  un  des  cinq  cantons  Iroquois ,  dans 
l'Amérique  feptentrionale.  Voyez.  Iroquois. 

ONGHETGECHATON  ,  nation  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  dans  la  Louïfiane  ,  vers  le  nord  .  à  peu  de 
diftance  du  Miffifllpi ,  vers  la  jonction  de  ce  fleuve ,  avec 
la  rivière  dont  les  bords  font  habités  par  les  Méchémeton 
ôc  les  Ouidachénaton.  Elle  fait  partie  des  Sioux  occiden- 
taux. On  la  nomme  nation  de  la  Fiente  ;  parce  que  , 
n'ayant  point  de  bois  dans  fon  canton  ,  elle  eft  obligée 
de  brûler  la  fiente  des  animaux  après  l'avoir  fait  fé- 
cher. 

ONHIOT  ,  contrée  de  la  Tartane ,  proche  de  la 
grande  muraille  de  la  Chine ,  au-delà  des  maifons  de 
plaifance  de  l'empereur  du  côté  du  nord.  Le  terroir  en 
eft  d'une  bonté  médiocre  Les  princes  de  ce  pays  ont  été 
long-tems  alliés  à  la  maifon  impériale  de  la  Chine.  Ce 
pays  eft  habité  par  la  horde  des  Mogols ,  appelles  Hun- 
guts.  *  Hifl.  générale  des  Huns  ,  par  M.  de  Guignes  ; 
t.  4.  p.  238, 

ONI  A,  monaftere  de  France,  dans  le  Berri.  On  lit 
dans  Grégoire  de  Tours  ,  (  V.u  Patrum  ,  c.  18.  p.  1  241. 
edit.  Benedittin.)  Igitttr  Urfus  Abba  Cadurcinœ  itrbis 
Incota  fuit  $  abineume  atate  religiojus  ,  &  in  Dci  amo- 
re  devotus  :  de  quo  egrcjfus  hco  Bituricum  terrninurn  eft 
ingrejfus  ,  fimdatisque  Monaftcriis  apud  Taufiriacum  , 
Oniam  atque  Pontiniacum.  .  .  .  Turonicum  Territorium 
efi  iiigrejjiis ,&  ad  locum  quem  Senapariam  voekari  pr  \U  - 
Jom,  IV.  O  o  o  o  ij 


66o       ONI 


ONI 


inJMtuit  autlor  ,  acceffit ,  adijic  nuque  Oratorio  Mona- 
fterium  Jlabilivit ,  commijfaque  Leobatio  Pr&pofito  fum- 
ma  Regulœ,  Monajietium  aliudftutuit ,  quod  mine  Loc- 
cis  vocant  ,  &c.  On  voit  dans  ce  partage  que  faint  Ur- 
fe  ,  citoyen  de  la  ville  de  Cahors ,  ayant  quitté  le  Quer- 
ci ,  entra  dans  ,1e  Berri ,  où  il  fonda  les  monafteres 
de  Tauriji,  d'Onie  ,  Se  de  P  on  tint  :  que  de  là  il  palla  en 
Touraine ,  alla  au  lieu  auquel  il  donna  le  nom  de  Se- 
napaire  ,  où  ilcohftruifit  un  oratoire,  &  établit  l'ab- 
baye i  Se  qu'y  ayant  laifle  Léobace  pour  fupérieur,  il 
inftitua  un  autre  monaftere  nommé  Loccîs.  11  s'agit  de 
retrouver  tous  ces  lieux.  La  chofe  n'eit  pas  aiféei  &«pour 
commencer  par  7W//?,car  c'eft  ainfi  que  l'auteur  de 
l'abrégé  de  l'hiftoire  de  l'ordre  de  faint  Benoit,  /.  i. 
c.  4.  §.  8.  écrit  ce  nom,  les  manuicrits  de  Grégoire  de 
Tours  portent  Taufiriacum  Se  Saufîriacum.  C'eft  peut- 
être  Taufiliacum  ,  en  françois  Toiselay,où  eft  en- 
core à  préfent  un  piieure  aaenant  les  murs  du  bourg, 
fous  le  titre  de  faim  Théobald,  &  qui  dépend  de  l'abbaye 
de  Bourgdieux.  Onia  paroit  être  ici  la  forêt  d'HEUGNE 
en  Berri ,  avec  un  village  nommé  comme  elle  :  peut- 
être  y  a-t  il  eu  là  un  monaftere  ;  mais  ce  n'eft  qu'une  con- 
jecture. On  ne  fait  ce  que  c'eft  que  Pontini  ou  Pontigni  ; 
mais  il  y  a  dans  le  diocèfe  de  Bourges ,  un  lieu  nommé 
Montigw ,  qui  dépend  du  chapitre  de  Sancierge.  Senupa- 
ria  ou  Sinaparia  eft  préfeniement  Seneviere  ,  village 
de  la  Touraine:  cette  abbaye  eft  préfèrrtémènt  changée 
en  paroiffe ,  &  reconnoit  faint  Leubafié  ou  Liberté  pour 
fon  patron.  Le  nom  latin  vient  de  Sinapi  ,  moutaide, 
Se  le  nom  françois  vient  de  S.  nevé ,  qui  veut  dire  la  mê- 
me chofe.  Ce  lieu  eft  entre  les  rivières  d'Indre  &  d'In- 
drois  ,  au  levant  d'été  de  Loches  &  de  l'abbaje  de  Beau- 
lieu.  Loccis  eft  cette  abbaye  de  Loches  fui  1  Indre. 

ONIABATHES  ,  ville  d'Egypte ,  félon  Etienne  le 
géographe ,  0\u*$^k.  Cet  auteur  cite  Hécate e  dans  fa 
périégrfe  de  la  Libye. 

ONI/E  REGIO,  contrée  d'Egypte,  entre  l'Arabie 
Se  le  Nil  ,  félon  Ortelius  qui  cite  Hégéfippe.  Voyez. 
Onium. 

ONIENSES  ,  ancien  peuple  dont  il  eft  parlé  fur  une 
ancienne  médaille  de  Pofthumus  ,  fur  le  revers  eit  la 
figure  d'Hercule  avec  ces  mots,  Hercules  Deus  Onien- 
si.  Ortelius  croit  qu'il  s'agit  là  d'un  peuple  de  la  Belgi- 
que ,  Se  nomme  un  de  fes  amis  qui  croyoit  ,  aufli  bien  que 
lui ,  qu  Ogny  conferve  encore  des  traces  de  cet  ancien 
nom.  Nous  avons  marqué  deux  lieux  qui  portent  ce 
nom  ,  l'un  fur  la  Sambre ,  l'autre  dans  le  voifinage  de 
Douai. 

ONU  MONTES  ou  Oneii,  en  grec  'OiJa/Op, 
montagnes  de  Grèce  ,  près  de  l'ifthme  de  Corinihe.  Plu- 
tarque  ,  dans  la  vie  de  Cléomène  ,  dit  :  Cléomène  ne 
jugea  pas  a  propos  de  défendre  le  partage  de  l'illhme  , 
Se  crut  qu'il  é'oit  plus  expédient  de  fortifier  par  de 
bonnes  nanchées  Se  de  fortes  murailles  les  pas  des  mon- 
tagnes Onitnes,  Se  de  faire  des  combats  déporte  pour 
amufer  plus  long  tems  les  Macédoniens ,  Sec.  Ces  mon- 
tagnes ,  dit  Srràbon  ,  s'étendoienr  depuis  les  rochers  Sci- 
ronides  fur  le  chemin  de  l'Attique  jusqu'à  la  Béotie  Se 
au  mont  Cithéron.  Leur  nom  fignifie  les  montagnes  des 
Anes.  Polybe  Se  Thucydide  parlent  auflî  de  ces  monta- 
gnes. *  Vie  des  Hommes  llhtftres  ,  tom.  7.  p.  68.  trad. 
de  Dacier. 

ONII.  Dans  les  exemplaires  latins  de  Ptolomée  ,  com- 
me dans  l'édition  de  Magin  ,  à  Venife  en  \$y6 ,  on  lit , 
/.  4.  c.  f. 


Heliopolites  Nomits  &  Metropolis 
Onii ,  aliter  Llii  62  30 


30-10. 


Ce  qui  donneroit  à  entendre  qu'Onii  ou  Elii  auroit  été 
le  nom  de  la  métropole  du  nome  Héliopolite  en  Egypte. 
Le  fécond  mot  n'eft  que  le  vrai  nom  grec  latinifé  par 
rapport  à  la  terminaifon  :  car  le  nom  du  Soleil  ,"HA/oç , 
Helws,  fait  au  génitif  "hX/s,  Heliu  ,  Se  y  ajoutant  le  mot 
wo^/ç,  ville,  il  s'eft  formé  Heliupolis  ou  Heliopvlis.  Le 
premier  vient  du  nom  On,  que  cette  ville  a  porté  an- 
ciennement ,  Se  que  l'on  a  confondu  avec  Onium  , 
dont  je  parle  ci  après  en  fon  lieu. 

ON1K  ,  château  d'Artc  ,  dans  la  Méfopotamie.  Il  éroit 
entre  les  maiiis  de  Maffar ,  fils  de  C  ara  Mohammed  , 


prince  Turcoman  ,  de  là  dynaftie  du  Mouron  Noir.Ta- 
merlan  s'en  rendit  le  maître  l'an  796  de  l'hégire,  après 
qu'il  eut  pris  la  ville  d'Amid.  *  D'Herbelot ,  Bibhoth. 
orient. 

ONINGIS,  ville  d'Espagne,  fur  la  côte  méridiona- 
le. Pline,  /.  3.  c.  if  la  compte  entre  les  villes  tribu- 
taires, avec  Sucrana  Se  Obulçula.  C  eft  la  même  que 
I'Oringis  de  Tite  Live  ,  /.  28. c.  3.  félon  Ambroife  Mo- 
rales. 

ONISA  ,  ou  plutôt  Onisia  ,  ifle  de  la  mer  de  Crète, 
à  l'orienr  de  cette  ifle ,  vis-à-vis  du  promontoire  lta- 
num.  C'eft  aujourd'hui  Gofoniji ,  près  de  Capo  Xacro  , 
félon  le  père  Hardouin ,  in  Phn.  *  Pline ,  liv.  4. 
chap.   12. 

1.  ONIUM  ,  ou  plutôt  Oneius  ou  Onius,  mons 
'Oviîov  ,  Thucydide  ,  /.  4.  p.  282.  nomme  ainrt  au 
fingulier  la  même  montagne,  que  Hurarque  nomme  an 
pluriel  Onii  montes.  Pclycn  ,  /.  2  &  4.  en  fait  aufli  men- 
tion. Xénophon,  Hifl.  Grue.  I.  6.  txtrem.  dit  de  mê- 
me au  fingulier  YOneion  ,  fans  y  joindre  le  mot  monta- 
gne. Nous  difons  de  même  l'Olympe ,  le  Caucaie  ,  le 
Taurus,  fans  y  joindre  le  mot  mont.  Orteliub  eu  a 
pris  occafion  de  croire  que  c'étoit  un  lieu  particulier, 
différent ,  mais  fort  proche  des  montagnes  Onienes  ,  Se 
il  a  mis  ce  lieu  au  Péloponnèfe.  Ces  auteurs  parlent  de 
ces  mêmes  montagnes  au  fingulier. 

2.  ONiUM  ou  Onion  ,  c'eft  le  nom  que  l'on  donna 
au   temple  qu'Ornas  IV,   fit  bâtir  dar.s  l'Egypte,   150 
ans  avant  l'ère  vulgaire,  félon  D.  Calmer.  Onias  IV, 
fils  d'Onias  III ,  grand  prêtre  des  Juifs ,  neveu  dejafon 
Se  de  Menelaiis,  fe  voyant  exclus  de  la  grande  facrifi- 
cature  par  Antiochus  Eupator,  Se  par  Lyfias ,  régenr  du 
royaume  de  Syrie,  fe  réfugia  en  Egypte  ,  auprès  de  Pto- 
lomée Philometor.  Il  fut  fi  bien  s'infinuer  dans  l'efprit 
de  ce  roi  Se  de  Cléopatre  fa  femme  ,  qu'il  gagna  entiè- 
rement leur  confiance,  jusques-là  qu'ils  lui  donnèrent 
le  commandement  de  leurs  troupes.  Onias  profiranr  de 
fa  faveur ,  demanda  au  roi   la  permiflion  de  bâtir  un 
temple  en  Egypte  ,  fur  le  modèle  de  celui  de  Jérufalem  , 
Se  d'y  établir  des  prêtres  S?  des  lévites  de  fa  nation.  Ce 
qui  le  détermina  à  entreprendre  cer  ouvrage  ,  fut  prin- 
cipalement un  partage  d'Ifaïe ,  qui  plusde  fix  cens  ans  au- 
paravant ,  avoir  prédit  que  le  Seigneur  auroit  un  jour  un 
temple  dans  l'Egypte  ,  &  cela  par  le  moyen  d'un  Juif, 
qui  le  lui  bâtiroit.  Jofephe  ne  cite  pas  les  paroles  d'I- 
faïe, mais  on  ire  doute  pas  que  ce  ne  foi  en  t  celles  ci , 
c.  19.  v.   18.  &  19.  En  cetems-Li,  il  y  aura  cinq  vil- 
les dans  la  terre  d'Egypte  qui  parleront  la  langue  Cha- 
nanéenne  (  la  même  que  l'Hébraïque  )  &  qui  jureront 
far  le  nom  du  Seigneur  des  Armées.  L'une  de  ces  villes 
s'appellera   la  ville    du  Soleil.   (  l'Hébreu  dit   aujour- 
d'hui la  ville  d'Anathême  ,  Civitas  Anathcmatis  ,  )  D")itn 
*VJ?  Hir  Hacherem.    Aquila ,  Symmaque  Se  la  vulgate  , 
ont  lu  0TH1  "VJ?  Hir  H.cheres ,  Civitas  Solis  ,    la  res- 
fcmblance  de  ces  deux  lettres  D  a  fait  toute  la  différen- 
ce -,  Se  c'eft  peut-être  cette   idée  du  Soleil,   qui  donna 
lieu  à  Onias  de  contacter  ce  temple  dans  le  Nôme  Hé- 
liopolite. Suivons  le  partage  d  îlaïe  que  cette  remarque 
a  interrompu.  En  ce  tems-là ,  il  y  aura  un  autel  au  mi- 
lieu de  la  terre  d'Egypte,  &  il  y  aura  un  titre  (ou  un 
monument  )  érigé  en  l'honneur  du  Seigneur  fur  les  fron- 
tières de  ce  pays ,  pour  fervir  de  témoignage  au  Seigneur 
dans  la  terre  d'Egypte.    *    Jufepbe  ,    Antiq.  liv.    13. 
chap.   6. 

Jofephe,  /.  7.  de  Bell.  c.  30.  décrit  ainfi  ce  temple  : 
Le  lieu  où  il  étoit  bâti ,  eft  à  cent  quatre-vingt  ftades 
de  Memphis.  Ce  canton  s'appelle  le  Nôme  d'Héliopo- 
lis,  &  le  temple  qui  s'y  voit,  a  une  tour  pareille  à  cel- 
le de  Jérufalem,  defoixante  coudées  de  haut,  Se  bâtie 
avec  de  très  grandes  pierres.  L'autel  eft  de  même  rtru- 
éhire ,  que  celui  de  Jérufalem.  Onias  orna  ce  temple 
de  dons  Se  de  monumens  précieux  ,  que  la  libéralité 
des  Juifs  d'Egypte  lui  fournit  ;  mais  au  lieu  du  chande- 
lier qui  étoit  dans  le  temple  de  Jérufalem  ,  il  fuspen- 
dit  dans  celui  d'Onias  une  lampe  d'or  qui  l'éclairoit; 
tout  le  contour  du  temple  étoit  environné  d'un  mur  de 
brique  avec  des  portes  de  pierres.  Le  roi ,  Ptolomée 
Philometor  lui  avoit  aflïgné  de  grandes  terres  Se  de 
magnifiques  revenus,  pour  l'entretien  des  prêtres  Se  des 
lévites ,  Se  pour  fubvenir  aux  befoins  de  ce  faint  lieu. 


ONO 


ONT       661 


Les  Juifs  &  les  prêtres  de  Jérufalem  ne  virent  ce  tem- 
ple qu'avec  peine  ,  6c  il  y  eut  toujours  quelque  divifion 
pour  ce  fujet  entre  les  Juifs  d'Egypte,  6c  ceux  de  la  Pa- 
lestine. 

Après  la  ruine  du  temple  de  Jérufalem  par  les  Ro- 
mains, il  y  avoit  lieu  de  craindre  que  les  Juifs ,  chaffés 
de  leur  pays  ,  ne  fe  retiraffent  en  Egypte ,  6c  que  s'as- 
femblant  dans  le  temple  d'Onion  ,  ils  ne  priffent  quelque 
nouvelle  occafion  de  révolte  ;  ce  qui  fut  eau  fe  que  Lu- 
pus ,  gouverneur  d'Alexandrie  6c  préfet  d'Egypte  ,  ayant 
mandé  à  Vcspafien  ce  qui  s'étoit  paffé  touchant  les 
aflaflins  qui  s'étoient  retirés  de  la  Judée  dans  l'Egypte , 
ce  prince  lui  ordonna  de  faire  abbatre  ce  temple  ;  mais 
Lupus  fe  contenta  de  le  fermer  vers  l'an  73  de  l'ère  com- 
mune ,  environ  226  ans  après  fa  fondation.  Paulin  qui 
lui  fuccéda  peu  après ,  fît  ôter  tous  les  ornemens  6c  les 
richefles  qui  y  étoient  ,  en  fît  fermer  toutes  les  portes, 
6c  ne  fournit  point  qu'on  y  fit  aucun  exercice  de  reli- 
gion Telle  fut  la  fin  du  temple  d'Onion. 

On  ion  eft  la  terminaifon  grecque  ;  Onium  eft  la  ter- 
minai (on  latine. 

ONNANS,  abbaye  de  filles  en  France,  de  l'ordre 
de  Cîtcaux ,  dans  la  Franche-Comté  ,  près  de  la  rive 
gauche  de  la  Louve  .  à  une  lieue  de  fon  embouchure 
dans  le  Doux.  On  y  a  uni  les  revenus  de  l'abbaye  de  Cor- 
celle  ,  &  elle  a  été  transférée  en  la  ville  de  Dole.  Elle  eft 
gouvernée  par  des  abbeffes  électives  &  triennales ,  de- 
puis que  le  roi  d'Espagne,  alors  comte  de  Bourgogne, 
6c  fouverain  de  ce  pays,  céda  aux  religieufes  de  cemo- 
nafteie  le  droit  qu'il  avoit  de  nommer  des  abbeffes  per- 
pétuelles ,  en  venu  d'un  induit.  *  Piganiol  de  la  For- 
ce ,  Defcr.  de  la  France,  t.  7.  p.  527. 
ONNATE.  Voyez.  Ognate. 

ON  N E,  *Ow»,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  près  du  fond 
du  golfe  Elanite  ,  félon  Ptolomée,  /.  6.  c.  7. 

ONNONTAGUES,  c'eft  le  plus  puiflant  des  can- 
tons Iroquois.  Voyez.  Onontagues. 

ONO  (  u  )  ,  ville  de  h  Palestine  ,  dans  la  tribu  de 
Ikniamin.  Elle  fut  bâtie,  ou  rebâtie  par  la  famille  d'El- 
phaal ,  de  la  tribu  de  Benjamin  (  b  ).  Elle  n'étoit  qu'à  cinq 
milles  de  Lod,  ou  de  Lydda,  qui  avoit  été  aufli  bâtie 
par  ceux  de  Benjamin,  [a)  D.Calmet,  Diét.  (  b)  Fa- 
rai%.  1.  1 .  c.  8.  v.  1 2. 

OMOBA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique ,  chez  les 
Turduks.  Pline,  /.  3.  c.  1.  met  Ripepora  Sacilis 
Mar.tiai.ium  ,  Onoba  ,  dans  les  terres,  6c  quelques 
favans  modernes  prennent  Ripepora  ou  Ripa  Epora  pour 
Montoro  ,  ik  pour  l'Ebora  de  Ptolomée  ;  Sacilis  Mar- 
tialutm ,  que  Ptolomée  nomme  fimplement  Sacilis  pour 
Alcorrucen.  Ptolomée,  /.  2.  c.  4.  diftingue  Onoba  de 
Sacilis ,  premièrement  en  mettant  fept  autres  places 
entre  deux  ,  fecondement ,  par  la  différence  de ,  leur 
pofition. 


Longitude. 


Latitude. 


Onoba , 

6  d. 

fo  min. 

36  d. 

20. 

Sacilis , 

10 

z6 

37 

JO 

min. 


C'eft  à  l'une  de  ces  deux  places  qu'appartient  le  fur- 
tiom  de  Martialutm.  Selon  les  éditions  ordinaires  de 
Pline  ,  on  le  joint  à  Onoba  ;  de  forte  que  c'eft  Onoba 
Martialutm  ,  furnom  pris  de  la  légion  de  Mars  ;  comme 
Narbo  Martius ,  autre  furnom  qui  a  la  même  origi- 
ne. Cependant  le  père  Hardouin  aime  mieux  le  donner 
à  Sacilis. 

ONOBA  ^STUARIA  ,  ancienne  ville  d'Espagne , 
dans  la  Bctique  ,  au  pays  des  Turdirains,  au  bord  de 
la  mer ,  &  au  couchant  de  l'embouchure  orientale  du 
fleuve  Bœtis,  ou  Guadalquivir  ;  dans  le  golfe  ,  d'où  lui 
vient  ce  furnom  JEftuaria,  pour  la  distinguer  de  l'autre 
Onoba.  Ptolomée,  /.  2.  c.  4.  eftropie  fuiieufement  ce 
nom.  On  lit  dans  fon  livre  Onobalisturia.  C'eft  pré- 
fentement  Gibraleon.*  Pline,  1.  3.  c.  1. 

ONOBALA ,  ancien  fleuve  de  la  Sicile ,  félon  Ap- 
pien ,  &  que  Vib.us  Sequelter  appelle  Tauromcnius. 
Celt  aujourd'hui  leCANTARA.  Voyez,  ce  mot.  ■ 

ONOBRISATES  ,  peuple  de  la  Gaule  Aquitanique, 
félon  Pline,  /,  4,  c,  19.  Outre  qu'il  efi  le  fcul  qui  le 


nomme  ,  il  n'en  dit  point  affez  pour  en  faire  bien  con- 
noîti  e  la  fituation. 

ONOC  ARSIS/Ocozct/xr/ç,  lieu  agréable  dans  la  Thra- 
ce,  félon  Athénée,/.  12.  c.  14. 

ONOCHONUS  ,  rivière  de  la  Theflalie  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.  8.  Hérodote  ,  /.  7.  n.  1 29.  le  nomme  auffi 
entre  les  cinq  principales  rivières  de  ce  pays. 

ONOCHRINUM,  ancienne  ville  de  la  Pannonie  , 
félon  Lazius,  qui  croit  que  c'elt  préfentement  Kew. 
C'eft  I'Onagrinum  CASTELLuMde  la  notice  de  l'Em<* 
pire. 

ONOGLIS  ,  lieu  voifin  de  Pitane.  Athénée  en  vante 
le  vin,  au  rapport  d'Ortelius ,  Thcf. 

ONOGOIUS  ou  Onoguris,  ville  d'Afie ,  dans  la 
Colchide.  Agathias  dit:  Mermérocz  dreffaun  pont  avec 
desais,  6c  avec  des  claies  qu'il  avoit  préparées  pour 
cet  effet ,  &  fit  pafler  le  Phafe  à  fon  armée  fans  aucune 
réfiftance.  Enfuite,  il  renforça  les  garnifons  qu'il  avoit 
mifes  dans  le  fort  d'Onogure  ,  qu'il  avoit  bâti  aupara- 
vant dans  le  territoire  d'Archéopole,  ôc  y  ayant  donné 
tous  les  ordres  néceflaires,  il  fe  retira  à  Cotefe.  Or- 
telius  trouve  dans  Agathias  ,  que  cette  ville  fut  ainfî 
nommée  par  les  Huns  que  l'on  appelloit  auffi  Ono- 
gori  ,  6c  qui  y  avoient  été  battus  \  mais  qu'après  qu'on  y 
eut  bâti  une  églife  en  mémoire  de  faint  Etienne,  pre- 
mier martyr ,  ce  lieu  en  avoit  pris  le  nom.  *  Coiiftn , 
Hift.  de  Confiantinople,  t.  2.  p.  417.  Hilt.  de  Jufti- 
nien  par  Agathias,  1.  2  c.  10. 

ONOGUNDURENSES  &  Onogunduri  ,  nom 
d'un  peuple  d'entre  les  Bulgares.  Onelius  cite  l'hiftoirc 
mêlée  ,  19, 

ONONTAGUES  ou  Onnontagues  ,  ou  Ononta- 
hé  ,  ou  Onondaguez,  peuple  derAmériquefeptentrio- 
nale ,  le  plus  puiflant  des  cinq  cantons  des  Iroquois.  Voyez. 
au  mot  Iroquois. 

ONOP1PTES,  félon  Curopalate,ou  Onopnicites, 
Ovom'iiiltç ,  félon  Cedrène:  rivière  d'Afie  ,  quelque  part 
vers  l'Arménie ,  félon  Onelius,  Thef. 

ONOR  ,  ville  &  fortereffe  d'Afie,  dans  la  presque- 
ifle  ,en  deçà  du  Gange  ,  fur  la  côte  de  Malabar  ,  au  pays 
de  Canara  ,  à  douze  lieues  de  Barcelor,  &  à  dix-huit  de 
Goa.  Son  port  eft  grand  &  sûr  ;  il  eft  formé  par  deux 
rivières  qui  entrent  dans  la  mer  par  une  même  embou- 
chure ,  au-deflbus  de  la  fortereffe  qui  eft  fur  un  ro- 
cher affez  élevé.  La  ville  vaut  beaucoup  moins  que  la 
fortereffe.  Ce  qu'il  y  a  de  gens  confidérables  y  demeu- 
rent avec  le  gouverneur ,  &  il  y  a  plufieurs  Portugais 
habitués.  Sa  fituation  eft  au  I4deg.  de  latitude  fepten- 
trionale.  *  Thevenot ,  Voyage  des  Indes,  1.  2.  c.  2. 

ONOROYSTE  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  dans  la  partie  occidentale  de  la  Louïfiane ,  au 
couchant  du  Miffiflîpi.  On  la  nomme  auffi  la  rivière 
Rouge  ;  c'eft  le  nom  que  les  François  lui  ont  donné  ,  à 
caufe  qu'elle  jette  un  fable  rouge  comme  le  fang ,  au 
rapport  de  Tonti. 

ONOSARTHA ,  ville  de  Syrie.  Il  en  eft  fait  men- 
tion dans  les  actes  du  concile  de  Chalcédoine.  Cette  ville 
a  été  épiscopale.  Cyrus  ,  fon  évêque ,  fouferività  la  let- 
tre adreffée  à  l'empereur  Léon.  *  Harduin.  colleét. 
conc.  t.  2.  p.  71  j. 

ONOVA  pour  Onoba. 

ONS-EN-BRAY ,  bourg  ou  village  de  France  ,  dans 
leBeauvaifis ,  fur  une  petite  montagne  ,  à  quatre  lieues 
de  Gournay  ,  à  trois  de  Saint  Germer  6c  à  deux  gran- 
des de  Beauvais ,  fur  érigé  en  comté  avec  haute  juitice 
en  1702.  Ce  comté  comprend  la  feigneurie  de  trois  pa- 
roiffes  du  pays  de  Bray ,  Ons  ,  Villers  ik  Saint  Aubin  , 
toutes  trois  dans  le  diocèfe  de  Beauvais.  A  l'entrée  de 
la  paroiffe  d'Ons  du  côté  de  Saint  Germer,  il  y  a  un 
étang  où  s'affemblent  les  eaux  vives  qui  tombent  des  cô» 
tes  voifines ,  &  il  en  fort  un  ruiffeau  qui  fait  tourner  un 
moulin,  ik  qui,  après  une  lieue  de  cours ,  va  fe  ren- 
dre dans  la  petite  rivière  d'Avelon.  *  Corn.  Dict,  fur  des 
mémoires  manuferits. 

ONTARIO,  nom  que  les  Américains  du  Canada 
avoient  donné  à  de  Frontenac;  il  a  été  auffi  donné  à  un 
grand  lac  6c  à  un  fort  de  ce  pays.  Voyez.  Fronte- 
nac. 

ONTHYRIUM  ,  ancienne  v|le  de  la  Theflalie  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe. 


66*       OON 

ONTSOAS  (  Les) ,  peuples  de  l'ifle  de  Madagascar, 
dans  la  province  d'Anofli.  C'en:  l'une  des  quatre  fortes 
de  Nous  qui  habitent  dans  cette  province  j  ils  font  au 
defious  des  Lohavohits  &  leurs  plus  proches  parens. 
Lorsqu'ils  font  près  de  mourir  ,  ils  ne  quittent  leurs 
cnfans  qu'avec  une  mortelle  inquiétude  ,  parce  qu'ils 
font  affurés  que  les  grands  dont  ils  font  fujets  ne  man- 
queront pas ,  félon  leur  coutume  ,  de  les  dépouiller  de 
leur  bétail  Se  de  tout  ce  qu'ils  polTedent ,  fans  leur  lais- 
fer  autre  chofe  qu'une  campagne  toute  fimple  &  nue 
pour  s'y  exercer  à  la  culture  du  riz ,  &  a  planter  les 
autres  chofes  néceflaires  à  la  vie.  Ce  fentiment  leur  eft 
commun  avec  les  Anacandrians  Se  les  Ondzatfis.  Les 
Oontfoas  font  pourtant  en  liberté  ,  lorsque  leur  feigneur 
eft  mort,  d  en  choifir  un  autre  tel  qu'ils  veulent  parmi 
les  grands ,  Se  ce  feigneur  par  reconnoinance  leur  fait 
un  préfent  qui  lui  donne  droit  d'hériter  après  leur 
mort  ,  de  toutes  les  chofes  qu'ils  pofiedenr.  *  Corn. 
Dic"t.  De  la  Croix  ,  Relat.  de  l'Afrique  ,  t.  4. 

i.ONUGNATOS,  mot  grec  qui  veut  dire  la  mâ- 
choire d'un  Ane  ,  promontoire  du  Pcloponnèfe ,  fur  la 
côte  méridionale  au  coin  de  la  Laconie,  félon  Ptoloméc , 
/.  j.r.  16.  Ses  interprètes  difent  que  c'eft  préfentement  le 
cap  Xili. 

2.  ONUGNATOS ,  promontoire  d'Afie ,  dans  la 
Doride,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Rhodes,  félon  Ptolomée  , 
/.  j-,  c.  2. 

ONUGURIS.  Voyez.  Onogoris. 

ONUOTA  ,OV«Ta,  c'eft-à  dire,  les  oreilles  d'un 
rAne,  ancien  village  de  Phrygie.  Tzetzès ,  Chdiad.  1. 
w.  2.  emprunte  ce  nom  d'Ariltote.  Suidas ,  in  voce  Mi- 
sas-en  fait  aufli  mention  ,  &  Iface  dans  fon  commen- 
taire fur  Lycophron,  dit  qu'on  appelle  ainfi  deux  col- 
lines. 

ONUPH1S,  ville  d'Egypte,  félon  Ptolomée ,/.  4. 
cap.  5.  O'Wp/c.  Elle  étoit  dans  le  Delra  ,  vers  le  mi- 
lieu ,  fur  la  rive  droite  du  canal  du  Nil ,  nommé 
Âthribiticus  fiitvius.  Cet  auteur  la  fait  capitale  d'un 
nome  particulier  nommé  Onuphite  s  nomos  ,àuq, cl  Hé- 
rodote  Se  Dion  de  Prufe  font  aufli  mention.  Elle  étoit 
épiscopale ,  Se  la  notice  de  Léon  le  Sage  la  nomme 
Onuphes.  Celle  de  Hicrocles  dit  Onuphts.  Ad*l\hius 
Onupheos  fouferivit  au  concile  d'Alexandrie,  tenu  l'an 
362.  *   Harduin.  t.  1.  p.  730.  conc. 

ONUPHITES  NOM  OS.  Voyez,  l'article  précé- 
dent. 

ONUS  ,  lieu  épiscopal  d'Afie  ,  fous  la  métropole  de 
Céfarée ,  dans  la  Paleftine.  Ce  fiége  fe  trouve  dans  la 
notice  du  parriarchat  de  Jérufalem  ,  dans  celle  de  l'évê- 
que  de  Cathare ,  S:  dans  celle  de  l'abbé  Milon. 

ONUSA  Si  Onus«.  Voyez.  Oenussa  i. 

ONYCHIUM  ,  lieu  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Etien- 
ne  le  géographe. 

ONZAIN  ,  bourg  de  France,  dans  le  Blefois. 

OOLTEN  ,  ville  de  Suifle.  Vtyez.  Olten. 

O0Ni€ ,  ifles  des  Sarmates ,  félon  Pomponius  Mê- 
la. Il  femble  les  mettre  au  fond  de  la  mer  Baltique  ; 
mais  nous  ne  connoiflbns  point  d'ifles  dans  ces  cantons 
auxquelles  convienne  ce  qu'il  en  dit  ;  favoir  que  l'es- 
pace qui  efl  entreelles  Se  la  terre ,  efl  fuccefllvement  cou- 
vert d'eau  &  découvert ,  ce  qui  fait  qu'elles  paroiflent 
quelquefois  des  ifles  ,  Se  quelquefois  le  continent  mê- 
me. Entre  ces  ifles ,  dit  il ,  fituées  à  l'oppofite  des  Sar- 
mates ,  font  les  Oones  ,  Voflius  écrit  O/Eones,  qui  fe 
nourriflent  d'avoine  Se  d'œufs  d'oifeaux  fauvages,  qui 
vivent  dans  les  marais.  Mercator  dit  que  ce  font  les 
ifles  d'Alandr-,  mais  la  circonftaneeque  nous  avons  dite 
ne  leur  convient  pas.  Becan  aime  mieux  les  ifles  dEû- 
giaford  ,  Se  croit  que  ce  mot  vient  d'EYERFORD. 
Pline  ,  /.  4.  c.  13.  qui  a  copié  Mêla ,  dit  :  On  dit  qu'il 
y  a  les  Oones,  où  l'on  vit  d'œufs  d'oifeaux  Se  d'a- 
voine 

Jules-Céfar  ,  /.  4.  c.  10.  parlant  du  Rhin  ,  dit  que, 
lorsqu'il  approche  de  l'Océan,  il  fe  divife  en  plufieurs 
branches,  Se  qu'il  forme  plufieurs  grandes  ifles,  dont 
la  plupart  font  habitées  par  des  nations  fauvages  ,  en- 
tre lesquelles  il  y  en  a  que  l'on  croit  qui  ne  vivent 
que  de  poiflbns  Se  d'œufs  d'oileaux.  Ortelius  a  cru  que 
ce  partage  défignoit  PEyerland  ou  Ytfle  des  Oeufs  , 
auprès  du  Texel ,  mais  il  fe  trompe  :  Du  tems  de  Ce- 


oos 


far,  le  Rhin  ne  paflbit  point  encore  dans  le  Zuyder- 
fée.  Ce  fut  Drufus  qui  l'y  conduifir  par  le  moyen  des 
foflès  qui  portoient  fon  nom. 

OOST.  Les  Hollandois  appellent  ainfi  l'Orient, & 
Ooster  chez  eux  veut  dire  Oriental. 

OOST,  petite  rivière  d  Allemagne,  au  cercle  de 
la  Bafie-Saxe ,  dans  le  duché  de  Brème.  Elle  baigne  U 
ville  de  Bremerfurde,  Se  fe  joint  à  l'Elbe.  *  D  Audi- 
fret  ,  Gecgr.  t.  3 . 

OOSTBOURG,  petite  ville  des  Pays  Bas ,  dans  U 
Flandre  Hullandoife ,  dans  le  Franc  de  l'Eclufe ,  à 
quelque  dii  tance  d'un  canal  qui  fe  jette  dans  le  Swin  .' 
&  à  une  lieue  au  nord-Ut  de  l'Eclufe.  Elle  efl  fituée 
dans  une  petite  ifle ,  Se  avoit  autrefois  un  havre  qui 
s'ell  tellement  comblé,  qu'il  n'y  peut  plus  entrer  de 
bârimens.  C'éroit  ci  devant  une  place  de  guerre  où  il 
y  avoit  un  commandant ,  un  major  de  la  place  &  un 
commandant  du  magafin  ;  mais  Ces  fortifications  font 
démolies  depuis  quelque  tems.  Cetre  ville  renfeime  trois 
ou  quatre  rues,  une  centaine  de  maifons ,  Se  environ 
cent  cinquante  chefs  de  famille. 

Il  y  a  deux  éghfes  Proteflantes.  L'une  pour  les  Fla- 
mands, deffervie  par  un  minutie  de  la  clafle  de  Wal- 
cheien  ,  Se  l'autre  pour  les  Françpis ,  dont  le  pafleuc 
efl:  du  Synode  Wallon  Cette  dernière  a  été  bâtie  de- 
puis peu  ,  parce  que  celle  dont  ils  fe  fervoient  a  été 
donnée  aux  Flamands  de  qui  l'églife  avoit  été  brûlée. 
Il  n'y  a  point  de  chapelle  pour  les  Catholiques.  La 
maifon  de  ville  efl  fur  une  grande  place ,  cV  l'on  y 
monte  par  un  aflez  beau  degré.  La  régence  efteompo- 
fée  d'un  bailli  ,  d'un  bourguemaîne  Se  de  quatre  éche- 
vins  avec  un  greffier  Se  un  trefoiier.  Le  bailli  efl  éta- 
bli à  vie  par  les  Etats  Généraux  ;  mais  le  bourguemaî- 
tre  Se  les  échevins  font  changés  ou  continués  tous  les 
ans  par  les  dépurés  de  L.  H.  P.  Les  magirtrats  dispo- 
fent  de  la  charge  de  greffier  Se  de  celle  de  tréforier. 
Ils  fuivent  les  loix  Se  la  coutume  de  Bruges  ,  Se  on  ap- 
pelle de  leurs  fentences  civiles  au  confeil  de  Flandre  i 
mais  pour  le  criminel  leurs  fentences  font  fans  appel* 
Leur  jurisdiction  eft  d'une  fort  petire  étendue. 

On  prétend  que  cetre  petite  ville  efl  plus  ancienne 
que  celle  de  Bruges.  Pour  fe  venger  des  Gantois  qui 
avoient  ravagé  Se  brûlé  ce  lieu  en  13  84,  les  habitons 
percèrent  une  digue  ,  inondèrent  toute  la  campagne  ,  & 
par-là  firent  périr  ces  incendiaires  En  1604,  le  prince 
Maurice  fe  rendit  maître  de  cette  place  Se  de  tous  les 
forts  aux  environs,  que  l'on  a  démolis  en  nicme-tems 
que  les  fortifications  de  la  ville.  Ses  armes  font  d'ar- 
gent au  château  de  fable.  *  Janifon ,  Etat  préfent  des 
Provinces. Unies,  t.  2.  p.  344. 

Le  Bailliage  d'Oosteourg  efl  borné  au  nord  &  à 
l'occident  par  l'ifle  de  Cadfandt ,  à  l'orient  par  le  bail- 
liage d'Yfendyck  ,  &au  midi  parle  Swin  qui  paffe  entre 
Ooftbourg  Se  Ardembourg.  Il  efl  pour  la  plus  grande 
partie  de  la  jurisdiction  du  Franc  de  l'Eclufe  ,  Se  il  com- 
prend les  villages  de  G  roede  &  de  Breskens ,  fitués  dans 
l'ifle  de  Cadfandt  avec  les  Polder}  ou  marais  defléchés 
du  prince  Henri ,  la  féconde  pa^ie  du  Polder  du  prince 
Guillaume,  celui  de  Baerfande  ,'Sec.  *  Janiçon ,  Eta.C 
préfent  des  Provinces  Unies,  r.  2.  p.   344. 

OOSTEINDE  ,  c'eft-à  dire  ,  extrémité  orientale  , 
bourgade  dans  l'ifle  de  Vlieland,  fur  la  côte  de  Frife. 
Son  nom  marque  fa  fituation  dans  cette  ifle.  *  Vischer, 
Atlas. 

OOSTENBEY,  petite  ville  de  Suéde,  dans  Pifle 
d  Ocland. 

Le  nom  de  ce  lieu  n'eft  point  Oostenbey,  mais  Ot- 
tendyk  ,  &  eft  formé  d  Otten  ,  Otton,  nom  d'homme 
&  non  pas  d'Oofte n  ;  au/fi  fa  fituation  n'eft-elle  guère 
orientale  ,  quoiqu'elle  foit  à  l'extrémité  méridionale  de 
la  côte  orientale  de  Pifle  ,  elle  eft  néanmoins  p>resque 
d'un  degré  entier  plus  occidentale  que  la  partie  fep- 
tentrionale  de  l'ifle.  C'eft  moins  une  ville  qu'une  bour- 
gade. 

OOSTERGO  ou  Ostrogouwe.  Le  grand  nombre 
de  mots  terminés  eu  Awe,  Ouwe,  Gawe  ,  Golwe  , 
Ga,  Go  ,  Gey  ,  Goy  ,  fait  voir  que  les  anciens  ont 
donné  certe  terminaifon  à  des  plaines  où  il  y  avoir  de 
l'herbe  abondamment  pour  les  pâturages.  A  l'orient  de 
h  Weftfrifc  qui  écoit  autrefois  entre  le  Kinnem  Se  le 


oos 


lit  de  l'IlTel,  aujourd'hui  changé  &  perdu,  croient  trois 
comtés  rangés  de  fuite  le  long  du  rivage  de  la  mer.  Le 
premier  entre  ce  lit  de  l'Iffcl  Se  le  Flevus  ,  aujourd'hui 
le  Vlie ,  étoit  nommé  Iflegowe ,  nom  pris  de  la  rivière  , 
ou  le  comté  de  Staveren ,  du  nom  de  fa  capitale.  Le  fé- 
cond entre  le  Flevus  Se  le  Borne  ou  Burdo ,  Boerdippc 
ou  Burdippe,  s'appelloit  le  Weflrogouwe ,  parce  qu  il 
étoit  au  couchant  de  cette  rivière.  Le  troifiéme  nommé 
Oilrogouwe  ou  Ooflei  go  par  la  même  analogie  ,  en  étoit 
àl'orient,&  s'étendoit  depuis  elle  jusqu'au  Lauwers.  Cha- 
cun de  ces  trois  comtés ,  depuis  Charlemagne  ,  avoit  fon 
commandant  particulier ,  que  l'on  appelloit  Podeflat  à  la 
manière  d'Italie.  Le  premier  qui  s'en  empara  fut  Go- 
defroi  le  Bofïu  ,  duc  de  la  Baffe  Lorraine  ou  Brabant. 
Après  luicette  proie  pana ,  à  titre  de  fucceflion ,  à  Thicr- 
ri  V ,  comte  de  Hollande ,  qui  en  fut  bientôt  après 
dépouillé  par  Ecbert ,  margrave  de  la  BafTc  Saxe  ,  qui 
par  la  faveur  de  l'empereur  Henri  IV  ,  fon  parent , 
garda  non -feulement  ce  qui  efl  en-deçà  du  Lauwers; 
mais  encore  tout  ce  que  Godefroi  le  Boffu  avoit  enva- 
hi fur  les  Frifons.  II  en  jouit  auffi  long-tems  qu'il  fut 
fidèle  à  l'empereur  ;  mais  il  cabala  contre  lui,  fut  pro- 
ferit  Se  Ces  biensfurent  partagés.  L'évêque  d'Utrecht  eut 
ce  qui  étoit  en-deçà  du  Lauwers  ;  celui  de  Brème,  ce  qui 
étoit  au-delà.  Lothaire  II  le  leur  ôta  pour  en  gratifier 
le  comte  de  Hollande,  fils  de  fa  fœur ,  à  qui  Conrad 
III  l'ôta  de  nouveau  en  faveur  de  l'évêque  d'Utrecht  -, 
enfin  Frédéric  I  le  partagea  entre  le  comte  Se  l'évê- 
que l'an  1 165 ,  &  cela  fut  confirmé  par  un  traité  entre 
les  deux  parties  l'an  1 204  ;  mais  Guillaume  I ,  comte  de 
Hollande  ,  fe  faille  de  tout  ce  qui  efl  en  deçà  du  Lau- 
wers ,  &  fa  poltérité  en  jouit  quelque  tems.  L'empe- 
reur Rodolphe  l'an  1290,  &  Albert,  fon  fils ,  en  1299, 
réglèrent  que  les  Hollandois  feroient  bornés  en-deçà 
du  FUkus  ,  Se  ne  leur  accordèrent  que  la  Wefifrife,  don- 
nant l'Ooflfrife  aux  Gueldrois.  C'eft  ainfi  que  ces  prin- 
ces fe  jouoient  de  la  liberté  des  peuples. 

L'Ooflergo  a  été  nommé  tantôt  Pagus  ,  quand  c'é- 
toit  un  fimple  pays  dont  les  peuples  avoient  leur  liberté  ; 
ComitatUf,  lorsqu'il  y  avoit  des  comtes  particuliers  ,  Se 
Decan.itus  ,  doyenné  ,  par  rapport  au  gouvernement 
de  l'évêque  d'Utrecht. 

Dans  ion  état  préfent ,  il  fait  la  partie  orientale  de 
la  Frife  ,  &  contient  onze  grietenies,  c'eft  à-dire  ,  bail- 
liages ou  préfeétures,  Se  deux  villes  ;  favoic  Leuwarde 
Se  Dockum.  Comme  la  province  de  Frife  efl  partagée 
en  quatre  quarriers  ,  favoir  Oostergo,  Westergo  , 
Sevenwolde  Se  celui  des  Villes  ;  POoilergo  a  le  pre- 
mier rang.  *  Aking ,  Not.  Germ.  part.  2.  p.  140. 

1.  OÔSTERLANT,  village  des  Pays-Bas,  dans l'ifie 
de  Wolferdyck  en  Zélande. 

2.  OOSTERLANT ,  village  des  Pays-Bas,  dans  l'ifie 
de  Vieringcn  ,  qui  ell  dans  le  Zuiderzée. 

OOSTERVEL,  petit  village  des  Pays-Bas  ,  au-defïbus 
d'Anvers.  Il  efl  remarquable  par  la  défaite  de  Jacques  de 
Marnix  ,  baron  de  Sainte  Aldegonde  en  1567  ,  par  Phi- 
lippe de  Lannoy  ,  feigneur  de  Beauvoir. 

OOSTERWYK ,  bourg  des  Pays  Bas ,  dans  le  Bra- 
bant Hollandois.  Il  efl  fitué  au  confluent  de  deux  pe- 
tites rivières,  à  deux  lieues  de  Bois  lc-Duc  ,  Se  jouit  du 
même  droit  que  les  villes  -,  ce  qui  lui  fut  accordé  en 
1230,  par  Henri  I,  duc  de  Brabant.  Ce  bourg  étoit 
autrefois  très-confidérable ,  Se  il  y  avoit  une  rue  pavée 
de  cinq  cens  pas  de  longueur ,  bordée  de  chaque  côté  de 
maifons  joignantes  les  unes  aux  autres.  On  y  comptoit 
jusqu'à  cinq  cens  métiers  d'ouvriers  en  laine  ou  en  fil , 
Se  trente-huit  brafieries.  11  y  a  une  grande  place  où  fe 
tient  un  marché  tous  les  mercredis,  Se  trois  marchés 
francs  tous  les  ans;  le  deux  Mai  ,1e  vingt-quatre  Août 
Se  le  vingt  neuf  Oclobre.  Il  y  avoit  autrefois  une  grande 
Se  belle  églife  deffervie  par  vingt-cinq  prêtres ,  Se  l'on 
y  comptoir  jusqu'à  cinq  mille  communians.  Elle  fut 
brûlée  en  1585  ,  Se  rebâtie  quelque  tems  après;  mais 
la  nouvelle  n'approche  point  de  l'ancienne ,  fur-tout 
depuis  que  la  tour  en  ell  tombée.  Les  Proteflans  occu- 
pent ces  deux  églifes,  Se  font  en  beaucoup  plus  petit 
nombre  que  les  Catholiques,  qui  ont  l'exercice  de  leur 
religion  dans  des  chapelles  privées.  Le  bourg  d'Oofler- 
wvk  aune  jurisdiétion  fort  étendue,  puisque  les  villa- 
ges d'Udenhout,  de  Heukelum  ,  Betkel,  Enschot,  Ha- 


OPA       663 


ren  Se  Belveren  en  dépendent.  Son  tribunal  efl  com- 
pofé  du  Schout  du  quartier ,  de  fept  échevins ,  de  fept 
jurés  Se  d'un  Secrétaire  ;  Se  il  y  a  un  gerechts-bode 
ou  Huiflîer  exploitant.  On  peut  appeller  des  jugemens 
de  ce  tribunal  à  celui  des  échevins  de  Bois  le-Duc  ,  Se 
de  celui  ci  au  confeil  de  Brabant  à  la  Haye  ,  par  voie 
de  réformation  de  la  Sentence.  Il  en  efl  de  même  dans 
toute  la  mairie  de  Bois- le  Duc. 

Le  quartier  d'Ooflerv/yk  a  au  nord  la  Hollande  ;  à  l'o- 
rient les  quartiers  de  Maâfland  ,  de  Péelland  Se  de  Kem- 
penland  ;  au  midi  la  mairie  de  Tumhout ,  Se  à  l'occi- 
dent la  baronnie  de  Breda.  Il  a  environ  neuf  lieues  de 
longueur  du  nord  au  midi ,  Se  fept  de  largeur  d'orient 
en  occident.  C'eil  l'un  des  quatre  quartiers  de  la  mai- 
rie de  Bois- le-Duc.  *  Janicon ,  Etat  des  Provinces-Unies, 
t.   2.  p.  119. 

OOSTFR1SE.  Ce  font  les  Hollandois  qui  écrivent 
ainfi  par  deux  OO.  Les  Allemands,  dont  le  pays  parle 
la  langue ,  rappellent  Ostfriesland.  Nousdifonsen 
françois  Ostfrise.  Voyez,  ce  mot. 

OOST  INDIEN.  Les  Hollandois  nomment  ainfi  les 
Indes  orientales.  Voyez,  au  mot  Indes. 

OOF-ZEE  (L').  Le  même  peuple  nomme  ainfi  la 
mer  Baltique  ,  parce  que  pour  s'y  rendre  de  Hollande  , 
on  fait  route  vers  l'orient  feprentrional. 

OOTMERSUM ,  petite  ville  de  la  république  des 
Provinces  Unies  ,  dans  l'Ovéïiffcl ,  vers  les  confins  du 
comté  de  Bentheim.  Une  ancienne  chartre  de  l'éghfe 
dUtrccht&  Bcka  écrivent  auffi  Omershem  Se  Oth- 
mersheim.  Cette  petite  ville  ell  du  pays  de  Tuente  Se 
fort  ancienne ,  Se  ell  remarquable  ,  parce  que  Radbod , 
évêque  d'Utrecht,  y  mourut  l'an  917,  &  par  le  rude 
combat  qui  s'y  donna  entre  ceux  d'Utrecht  Se  Otton , 
Caflelan  de  Bentheim.  Elle  fut  faccagée  Se  brûlée  par  le 
comte  de  Gueldre  l'an  1 1 96.  On  l'a  rebâtie  ,  non  fur 
fes  ruines,  mais  à  cinq  cens  pas  de  là.  Le  lieu  où  elle 
étoit  anciennement ,  s'appelle  Olt  oomersum  ,  ouïe 
Vieux  Otmerfum.  La  nouvelle  ville  s'appelle  fimple- 
ment  Ootmersum.  *  Alting ,  Notit.  infer.  Germ.  2. 
part.  pag.   137. 

OPALE ,  forte  de  pierre  précieufe.  Ifidore  dir  qu'elle 
prend  fon  nom  du  pays  d'où  elle  efl  tirée.  Caffiodore, 
Var.  5.  femble  nommer  l'Opale  Pandia  ,  félon  la  re- 
marque d'Ortelius  ,  Thefaur. 

OPANE,  en  grec'cWi'»,  ou  Opone  , 'OVawj ,  an- 
cienne ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte,  félon  Ptolo- 
mée,  /.  4.  c.  8.  dans  le  golfe  Barbarique.  La  féconde 
ortographe  efl  la  feule  que  Bertius  ait  employée. 
OPANTE  pour  Opunte.  Voyez.  Opus. 
OPARIENSIS  ,  fiége  épiscopal  ,  dont  il  efl  parlé 
dans  la  vie  de  faint  Jean  Chryfoflôme,  écrite  par  le 
patriarche  Grégoire.  Palladius  en  parle  auffi  dans  fes 
dialogues.  Or telius ,  'thefaur.  foupçonne  que  ce  fiége 
étoit  au  voifinage  de  Conflantinople. 

OPATOW,  petite  ville  de  Pologne  ,  au  Palatinat  de 
Sendomir,  à  quatre  milles  de  cette  ville  du  côté  de 
l'occident.  Elle  ell  fituée  dans  un  terroir  fertile  Se  agréa- 
ble. Il  y  a  un  chapitre  de  chanoines  Se  quelques  cou- 
vens.  Elle  efl  affez  peuplée.  *  Anâr.  Cellar.  Polon. 
defer.  p.  192. 

OPATOW1TZ,  abbaye  de  l'ordre  de  faint  Benoît, 
en  Bohême  ,  près  de  Gratz  la  Royale  :  on  en  met  la 
fondation  en  1089.  Elle  ell  fameufe  par  un  tréfor  que 
l'on  dit  être  très-riche,  Se  dont  on  prétend  que  per- 
fonne  n'a  connoiflance  »  finon  l'abbé  Se  deux  des  plus 
anciens  religieux  de  l'abbaye  ;  encore  dit-on  qu'on  ne 
leur  confie  le  fecret ,  qu'après  qu'ils  fe  font  obligés  par 
le  ferment  le  plus  terrible  à  ne  le  jamais  révéler  à  qui 
que  ce  foir.  On  raconte  à  ce  fujet ,  que  Charles  IV  , 
empereur  &  roi  de  Bohême ,  ayant  eu  la  curiofité  de 
le  voir ,  Se  fait  de  grandes  infiances  auprès  des  religieux 
pour  avoir  cette  fatisfadlion ,  l'obtint  en  13J9.  Ce  ne 
fut  pas  fans  de  grandes  précautions  ,  auxquelles  il  con- 
fentit.  Voici  de  quelle  manière  il  fut,  dit  on  ,  intro- 
duit dans  le  lieu  où  ce  dépôt  étoit  gardé.  L'abbé  Se  les 
deux  moines  commencèrent  à  lui  faire  faire  plufieurs 
tours,  afin  de  le  mieux  dépayfer.  Lorsqu'il  fut  dans  le 
lieu  même  du  tréfor ,  on  lui  ôta  le  bandeau.  Il  con- 
tenta  fa  curiofité,  après  quoi  on  le  reconduifit  avec  les 
mêmes  précautions,  Se  on  lui  fit  faire  quelques  tours 


664       OPH 

de  plus.  Dans  la  fuite  cet  empereur  dit  à  quelques  fei- 
gneurs  de  fa  cuur  qu'il  avoir  vu  d'immenfes  richeffes , 
mais  qu'il  n'étoit  point  rente  d'y  roucher,  tant  à  caufe 
du  ferment  qu'il  avoit  fait  aux  moines  ,  que  par  re- 
coiuioiiî'ance  pour  une  bague  de  grand  prix  qu'ils  lui 
avoient  donnée.  Que  ce  foit  un  fait  on  un  conte,  la 
réputation  de  ce  trclbr  s'eft  accréditée  »  &  a  fouvent 
fait  des  affaires  à  cette  abbave.  Des  feigneurs  peu  feru- 
puleux,  Se  amorcés  par  l'efpérance  de  tant  de  richefl'es  , 
y  font  venus  avec  des  gens  armés  ,  Se  ont  exercé  des 
cruautés  fur  l'abbé  Se  fur  les  moines  pour  les  obliger 
à  leur  livrer  ce  tréfor.  Cette  abbaye  a  été  ruinée.  * 
ZcyUr  ,   Bohem.  Topogr.  p.  158. 

OPENI  ,  en  grecO^wo» , ancien  peuple  de  l'ifle  de 
Corfe  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  J.c  z. 

OPHALL1,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province 
de  Lcinfter.  C'eft  une  des  huit  qui  forment  le  comté 
de  Kildare.  *  Etat   préfent  de  l'Irlande. 

OPHARlTvE,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  Afiati- 
que.  Il  habitoit  aux  environs  de  la  rivière  dont  il  pre- 
noit  fon  nom.  Voyez,  l'article  qui  fuit. 

OPHARUS  ,  rivière  de  la  Sarmatie  ,  en  Afie.  Pli- 
ne ,  /.  6.  c.  7.  dit  qu'il  tombe  dans  le  Lagons  ,  Se  nom- 
me dans  ce  même  canton  un  peuple  Opharit^,  les 
OpbarileSf 

OPHAZ  (a) ,  ou  Uphaz  (b) ,  ou  Phaz  (c).  Selon 
dom  Calmer,  l'or  d'Opbas ,  d'Uphas,  on  de  PbazSc 
dOpbir  ,  eft  le  même.  C'eft,  dit-il,  apparemment  l'or 
que  l'on  rrouvoit  dans  le  Phafis  ,  dans  la  Colchide  , 
Se  qui  fç  vendoit  ou  s'échangeoit  anciennement  dans 
quelques  villes  du  pays  d'Ophir.  Huec ,  ancien  éveque 
d'Avranches,  dans  fon  favant  traité  des  navigations  de 
Salomon  ,  convient  que  Paz,  Uphaz  Se  Parvajim  font 
la  même  chofe  qu'Ophir  :  que  l'Arabe  Auphar  fignifie 
Ophir  -,  Se  il  le  prouve  par  des  démonftrarions  gram- 
maticales ,  qu'il  feroit  trop  long  de  rapporter  ici ,  & 
que  l'on  peut  voir  dans  fon  livre  même,  dont  j'ai  pu- 
blié en  1730,  une  traduction  françoife  dans  le  recueil 
des  traités  géographiques  Se  hiftoriques  par  divers  au- 
teurs célèbres.  A  l'égard  de  la  fituation  du  pays  d'O- 
phir, le  fentiment  de  dom  Calmet  fera  réfuté  à  l'arti- 
cle d'OPHiR.  Voyez.ce  mot.  (a)  Cant.  c.  j.  v.  II.  (b) 
Daniel,  c.  1  o.  v.  5 .  (c)  Jerem.  c.  10.  v.  9. 

OPHEL.  On  ttouve  dans  l'écriture  a  Jérufalem  un 
Mur.  &  une  Tour  d'Ophel  (a).  Joathan,  roi  de  Juda, 
fit  divers  bâtimeus  fur  le  mur,  ou  dans  le  mur  d'O- 
phel (b).  Mana.Té  ,  roi  de  Juda  ,  fit  bâtir  un  mur  à  l'oc- 
cidenr  de  Jérufalem  Se  de  la  fontaine  de  Géon  ,  au-delà 
de  la  ville  de  David,  depuis  la  porte  aux  Poi lions  jus- 
qu'à Ophel.  Ce  qui  peut  faire  conjecturer  que  ce  mur 
&  cette  tour  étoient  au  voifinage  du  temple,  c'eft  que 
les  Nathinéens ,  au  retour  de  la  captivité,  demeuroienr'à 
Ophel  (c)  :  or ,  comme  ils  étoient  obligés  de  rendre  au 
temple  leurs  fervices  à  toute  heure,  leur  demeure  n'en 
devoir  pas  être  éloignée.  Dans  Michée ,  c.  4.  v.  8.  il 
eft  parlé  de  la  tour  d'Ophel  :  Et  vous ,  tour  du  Trou- 
peau y  fille  deSion,  environnée  de  nuages.  L'hebrcu  porte  : 
Et  vous  ,  Tour  du  Troupeau  Ophel,  fille  de  Sion.  Jofêphe, 
de  Bcllo,  l.  z.  c.  18.  /.  6.  c.  6.  &l.  j.c.  13.  parle  d'O- 
phlar  ,  qui  eft  la  même  chofe  qu'Opber.  (a)  Dom  Cal- 
met,  Dict.  (b)  Parai.  1.  z.  c.  33.  v.  14.  (c)  Efdr.  1. 
l.  c.  3.  v.  16.  c.  1 1.   v.   11. 

OPHELÏME,  en  grec  iïçhifjui.  Voyez.  Ballade. 

OPHELTA  ,  en  grec  OV™*,  &  Zarax,  Za'/te|; 
Ces  deux  noms  fe  trouvent  dans  Lycophron ,  &  Iface 
fon  commentateur  croit  que  ce  font  deux  montagnes 
de  l'Eubée. 

OPHENSIS  POPULUS  ,  peuple  d'Afrique.  Ce  peu- 
ple eft  nommé  dans  Tacite ,  Hift.  lib.  4.  c  50.  fous 
l'empire,  de  Vespafien,  Ôc  il  en  eft  parlé  à  l'occafion 
d'une  brouillerie  furvenue  entre  ce  peuple  Se  celui  de 
Leptis,  laquelle  avoit  dégénéré  en  une  guerre.  Le  pre- 
mier de  ces  peuples  avoit  appelle  les  Garamantes.  Les 
Romains  s'en  mêlèrent ,  Se  mirent  ceux-ci  en  déroute. 
Cujas  a  bien  vu  qu'il  y  avoit  faute  dans  les  manuferits 
de  Tacite,  Se  qu'il  falloir  lire  Oeensis.  Jufte  Lipfe , 
dans  fes  remarques  fur  Tacite  ,  a  très  bien  profité  de 
la  correction  ,  Se  la  confirme  ainfi  :  Rodolphe  ,  dit  Jufte 
Lipfe  ,  a  voulu  changer  Ophen/ïum  en  Ruspenfium  ;  mais 
fur  une  fimplc  conjecture.  11  n'eft  point  parlé  ailleurs 


OPH 


du  peuple  Opbenfïs.  N'en  déplaife  à  Jufte  Lipfe  ,  ce 
ne  feroit  pas  une  preuve ,  mais  ce  qu'il  ajoute  en  eft 
une.  Pline ,  /.  5.  c.  j.dit  :  Le  chemin  pour  arriver  aux 
Gatatnantes  a  été  jusqu'à  préfent  impraticable.  Dans  la 
dernière  guerre  que  les  Romains  ont  faite  à  ceux  diOeea, 
au  commencement  de  l'empire  de  Vespafien  ,  on  a  abré- 
gé ce  chemin  de  quatre  jours.  Ce  paffage  convient  avec 
l'autre,  il  s'agit  dans  l'un  Se  dans  l'autre  d'une  guerre 
des  Romains  avec  un  peuple  appuyé  par  les  Garaman- 
res,  Se  cela  fous  Vespafien.  Cela  détermine  alite  Oeen- 
sium  Se  Oeensis  populus. 

1.  OPHER  ,  ville  dont  il  eft  dit  que  Jofué  ,  c.  12. 
v.  17.  fit  mourir  le  roi  qui  étoit  Chananéen.  Dom  Cal- 
met dit:  Cette  ville  d'Opher  eft  peut-être  la  mêmequ'O- 
phera  dans  la  tribu  de  Benjamin  ,  de  laquelle  il  eft 
parlé  au  chapitre  XVIII  de  Jofué,  ou  la  même  qu'E- 
phron  dans  la  même  ttibu,  nommée  au  livre  11  des 
Paralipoménés,  c.  XIII.  v.  19.  ou  E'phra  ,  patrie  de  Cé- 
déon,  ou  Ophra  ,  à  cinq  milles  de  Béthel  vers  l'orient» 
félon  faint  Jérôme. 

z.  OPHER.  L'Ecriture  nomme  ainfi  le  fécond  fils 
de  Madian,  Se  petit-fils  d'Abraham  Se  de  Cethura.  On 
conjecture  qu'il  a  pu  peupler  l'ifle  d'Urphe  dans  la  mer 
rouge  ,  ou  la  ville  d'Orpha  dans  le  Diarbeck.  Saint  Jé- 
rôme cite  Alexandre  Polyhiftor  &  Cléodème ,  furnoin» 
me  Malc,  qui  aflurent  qu'OpHER  ou  Apher  fe  jetta 
dans  la  Lybie,  la  conquit  &  lui  donna  le  nom  d' Apbri- 
ca ,  Afrique.  Ce  font  d'anciennes  conjectures.  *  Genef. 
c.  25.  v.  4. 

Oi'HERA  ,  lieu  de  la  Paleftine.  Il  en  eft  parlé  au 
chapitre  XVIII  de  Jofué.  C'étoit  une  ville  de  la  tribu 
de  Benjamin  ,  peut-être  la  même  qu'OrHER ,  mais  dif- 
férente d'EpHRA  ,  patrie  de  Gédéon. 

1.  OPHIENSES.  Voyez  Ophionia. 

2.  OPHIENSES,  en  grec  'Oç/sX,  peuple  de  Grèce, 
dans  l'Etoile.  Strabon,  /.  10.  p.  465.  dit  des  Curetés 
que  c'eft  une  nation  d'Etolie ,  comme  les  peuples  Ophien- 
ses  ,  Agr-ei  ,  Euritanes,  Sec.  Les  manuferits  por- 
tent ,  félon  Cafaubon  ,  «ç  'OquCts  ;  quelques  copiftes 
doublant  17  finale  du  mot  «î  ,  ont  écrit  ù;  2«ç«/î  ,  ut 
Suphienfes ,  faute  que  Cafaubon  a  bien  relevée. 

1.  OPHIODES  ,  'OçuùiïK  ,  ifle  du  golfe  Arabique, 
vis-à-vis  de  la  ville  de  Bérénice  :    mais   comme  nous 
avons  remarqué  qu'il  y  avoit  pluileurs  villes  de  ce  nom 
dans  le  golfe,  cela  eft  trop  vague.  Strabon,  Agathar- 
chide  Se  Diodore  de  Sicile  font  mention  de  cette  ifle. 
Strabon,  /.  \6.  p.  770.  dit  qu'après  Myos  Hormos  il  y 
a  un  golfe  ("innommé  Immonde  ,  parce  qu'il  eft  hériffé 
de  roches  que  l'eau  couvre,  Se  fujet  à  de  fréquentes  cem« 
pêtes,  qu'au  fond  de  ce  golfe  eft  la  ville  de  Bérénice; 
qu'après  ce  golfe  eft  l'ifle  d'Oph iodes ,  (  ou  l'ifle  aux  fer- 
pens)  parce   qu'un  roi  en  extermina  les  ferpens,   qui 
tuoient  la  plûparr  de  ceux  qui  y  abordoient ,  afin  d'y 
chercher  des  topazes  qu'elle  produit.  Il  met  après  cetr« 
ifle  des  Idryophages ,  ou  mangeurs  de  poiflbns,&  des 
Nomades.  11  fcmble  avoir  copié  Agatharchide,  qui  dit 
à  peu  près  la  même  chofe,  Se  presque  dans  les  mêmes 
termes -,  tant  du  port  de  la  Souris,  ou  Myos  Hormos, 
que  du  golfe  Immonde  ;  mais  Agatharchide  ajoute  que 
cette  ifle  a  quatre  vingt  ftades  de  long.  L'un  Se  l'autre 
décrivent  enfuite  le  topaze ,  qui  fe  forme  dans  cette 
ifle.  Saumaife  a  imaginé  que  cette  ifle  étoit  la  même 
que  celle  que  l'écriture  appelle    Uphaz  ou  Ophaz  , 
que  comme  elle  produit  le  topaze  elle  doit  être  l'ifle 
Topazios  ou  le  vrai  Paz  ,  Se  qu'ainfi  Paz  ,  Ophaz  ,  To- 
pazion  Se  Ophiodes  ne  font  que  le  même  lieu-,  que 
du  nom  Ophaz.  on  en  a  fait  Ophiodes;  Se  qu'enfin  c'eft 
de-là  qu'eft  venue  la  fable  des  ferpens  dont  cette  ifle 
étoit  infectée.    Pour  réfuter  cette  imagination  de  Sau- 
maife ,  Huet ,  Des  navigat.  de  Salomon ,  c.  5.  dit  qu'il 
ne  faut  pas  faire  attention  aux   paroles  de   Diodore , 
pour  voir  le  cas  que  l'on  doit  faite  de  cette  opinion. 
Diodore  dit  que  les  rois  d'Alexandrie,  dans  le  deflein  d'a- 
voir de  ces  topazes ,  détruiilrent  tous  les  ferpens  de  cette 
ifle  ;  Se  pour  autorifer  ce  qu'il  avance  ,  il  ajoute  que  du 
tems  qu'il  écrivoir ,  la  race  de  ces  rois  fubfiftoit  encore. 
Agarharchide  ,  p.  54.  dans  le  1.  vol.  de  la  Col  le  ci.  d'Ox- 
ford ,  dir  de  même ,  qu'autrefois  cette  ifle  étoit  pleine, 
de  ferpens  ,  mais  que  de  fon  tems  elle  en  étoit  nettoyée. 

Strabon 


OPH 


Strabon  die  nettement  que  ce  fut  un  roi  qui  fit  détruire 
ces  ferpens. 

2.  OPHIODES  ,  'Oçiùht  ,  rivière  de  la  Libye  inté- 
rieure, félon  Ptolomée ,  /.  4.  c.  6.  11  en  met  l'embou- 
chure dans  l'Océan ,  entre  le  promontoire  Chaunaria 
ou  Gannaria ,  Se  la  ville  de  Bagaze. 

OPHIOGENES  (  Les  )  ,  race  particulière  d'hommes 
dans  l'Aile  Mineure  ,  qui  avoient  la  propriété  d'être 
craints  par  les  ferpens.  Leur  nom  fignifie  engendrés  d'un 
ferpent.  Pline ,  /.  7.  c.  2.  en  parle  ainfi  :  Cratès  de  Per- 
game  dit  qu'auprès  de  Parium ,  dans  l'Hellespont ,  il  y 
avoit  une  tace  d'hommes,  nommés  Ophiogenes ,  qui  par 
leur  attouchement  foulageoient  les  piquures  des  ferpens, 
Se  qui,  en  appliquant  leur  main,  chaflbient  le  venin 
d'un  corps.  Varron  dit  qu'il  y  en  a  là  quelques-uns 
dont  la  falive  cft  un  remède  contre  la  piquure  des  fer- 
pens. Pline  parle  enfuite  des  Pfylles,  qui  étant  invul- 
nérables aux  ferpens ,  les  tuoient  ou  les  endormoient 
fans  danger.  Strabon  ,  /.  13.  p.  ;88 ,  parle  aufli  de  ces 
Ophiogenes  à  l'occafion  de  cette  même  ville  de  Parium. 

OPHIONIA,  ville  de  Grèce,  dans  l'Etolie.  Thucydide, 
/.  3.  p.  2 37  &  238.  en  nomme  les  habitans  Ophionenfes, 
'Qçiwus  ,  en  plus  d'un  endroit  ,  de  même  que  Stra- 
bon,  /.  10.  p.  451.  Mais  dans  un  de  fes  partages  on 
lie  Sophienfes  pour  Ophienfes.  C'eft  toujours  le  même 
peuple.  Cette  nation  des  Ophioniens  étoit  fubdivifée  en 
plufieurs  autres,  comme  il  paroît  par  les  partages  de 
ces  deux  auteurs  cités. 

OPHIOPHAGES  (  Les  ) ,  peuples  anciens  d'Ethio- 
pie. Ce  nom  veut  dire  mangeurs  de  ferpens.  Leur  vé- 
ritable nom  étoit  Candel  ,  l'autre  n'eft  qu'un  furnom. 
Au  lieu  de  ce  mot  Candei ,  Voflius ,  à  qui  il  ne  plai- 
foit  pas,  a  fourré  mal  à  propos  Panca^ci  ,  qui  n'y  a 
aucun  rapport ,  Se  qu'il  dit  avoir  trouvé  dans  tous  les 
anciens  manuferits.  *  Pline  ,  1.  6.  c.  29.  Mêla ,  1.  3 . 
c.  8. 

OPHIORIMA ,  ancien  nom  de  Hiérapolis  de  Phry- 
gie ,  fi  nous  en  croyons  Siméon  le  Métaphrafte  ,  dans 
la  vie  de  faint  Jofeph  ,  furnommé  l'humble. 

OPHIR  ,  pays  où  la  flotte  d'Hiram ,  roi  de  Tyr  ,  Se 
de  Salomon ,  roi  de  la  Paleftine ,  alloit  une  fois  tous 
les  trois  ans ,  Se  d'où  elle  rapportoit  de  l'or.  L'Afie , 
l'Afrique  Se  l'Amérique  ont  joui  tour  à  tour  de  l'hon- 
neur de  pofféder  ce  pays  fi  fameux  par  fes  licheffes , 
grâces  aux  imaginations  des  interprètes  de  l'écriture , 
qui  ne  fâchant  où  placer  ce  pays,  l'ont  cherché  par 
tout  où  la  moindre  lueur  de  reffemblance  les  a  pro- 
menés. Avant  que  d'entamer  cette  matière ,  je  com- 
mencerai par  rapporter  les  principaux  partages  de  l'é- 
criture où  il  eft  parlé  d'Ophir  ;  en  fécond  lieu  je  rap- 
porterai ,  aufli  fommairement  qu'il  fera  poflible  ,  les 
différentes  opinions  des  favans  fur  ce  pays  5  j'y  ajou- 
terai les  motifs  qui  m'empêchent  d'entrer  dans  les  vues 
de  ceux  que  je  n'approuve  point,  Se  enfin  je  me  dé- 
clarerai pour  le  fentiment  qui  me  paroît  le  plus  fage 
&  le  mieux  fondé ,  Se  je  marquerai  ce  qui  me  déter- 
mine en  fa  faveur. 

Paflages  oh  il  eft  parlé  d'Ophir. 

On  lit  au  troifiéme  livre  des  Rois ,  c.  9.  v.  26  ,  27 

Se  28.  Le  roi  Salomon  éfuipa  au/fi  une  flotte  à  Afion- 
gaber,  qui  eft  près  d'Elat,fur  le  rivage  de  la  mer  Rouge, 
au  pays  d'Idumée;  &  Hiram  envoya  avec  cette  flotte 
quelques-uns  de  fes  gens  ,  bons  hommes  de  mer  ,  &  qui 
tntendoient  fort  bien  la  navigation ,  qui  fe  joignirent  aux 
gens  de  Salomon.  Et  étant  allés  en  Ophir ,  ils  y  prirent 
quatre  cens  vingt  talens  d'or ,  qu'ils  apportèrent  au  roi 
Salomon. 

Au  même  livre ,  c.  10.  v.  11.  on  lit  ces  mots  :  La 
flotte  d'Hiram  qui  apportoit  l'or  d'Ophir ,  apporta  auffi 
en  mème-tems  quantité  de  bois  très-rares ,  (bois  de  thia , 
du  mot  Ôu'ùi  ,  parfumer;  c'eft  à-dire  des  bois  de  fente  ur  ) 
&  des  pierres  précieufes  ;  £r  le  roi  fit  faire  de  ces  bois 
les  baluftres  de  la  rnaifon  du  Seigneur ,  &  de  la  mai- 
fon  du  roi ,  des  harpes  &  des  lyres  pour  les  mufîciens. 
On  n'apporta ,  &  on  ne  vit  jamais  ,  de  cette  forte  de  bois 
jusqu'à  ce  jour. 

Au  fécond  livre  des  Paralipomenes ,  c.  8.  v.  17  & 
18.  on  lit  :  Enfuite  il  (  Salomon  )  alU  à  AJîwgaber 


OPH        66? 

&  à  Aïlath  qui  font  fur  les  bords  de  la  msr  Rouge  , 
qui  eft  dans  la  terre  d'Edom.  Hiram  lui  avoit  envoyé 
par  fes  Jujets  des  vaiffeaux  &  des  matelots  expérimentés 
&  bons  hommes  de  mer ,  qui  s'en  allèrent  avec  les  gens 
ds  Salomon  à  Ophir  ,  d'où  ils  rapportèrent  au  roi  Salo- 
mon quatre  cens  cinquante  talens  d'or. 

Le  même  écrivain  facré  répète  enfuite  au  chap.  9. 
v.  10.  ce  qu'avoit  dit  l'auteur  du  troifiéme  livre  des 
Rois  :  Les  fujets  de  Hiram  ,  dit-on  ici ,  avec  les  fujetï 
de  Salomon  ,  apportèrent  au/fi  de  l'or  d'Ophir  ,  C7"  d'une 
espèce  de  bois  très-rare  (  bois  de  thia  )  &  des  pierres 
précieufes ,  Sec. 

Courtes  remarques  fur  ces  paffages. 

La  flotte  combinée  de  Salomon  &  de  Hiram  aUoit 
chercher  de  l'or  à  Ophir.  Ces  vaiffeaux  partoient  cn- 
femble  d'Aliongaber ,  Se  revenoient  charges  d'or ,  de 
bois  de  fente  ur  ,  de  pierres  précieufes. 

Ils  fortoient  de  la  mer  Rouge  pour  fe  rendre  dans 
la  mer,  ou  des  Indes  ou  d'Ethiopie  ,  félon  la  route  qu'ils 
prenoient ,  car  il  n'eft  pas  encore  tems  de  décider  cette 
queftion. 

L'écriture  ne  dit  point  par  où  les  vaiffeaux  d'Hiram 
entroient  dans  la  mer  Méditerranée.  Elle  ne  dit  pas 
même  qu'ils  y  entraffent.  Peut-être  que  les  PhœnicienS, 
de  tout  tems  grands  navigateurs ,  avoient  des  vaiffeaux 
dans  les  ports  d'Egypte,  où  ils  les  avoient  bâtis  du 
confentement  des  Egyptiens  avec  qui  ils  faifoient  le 
commerce  delà  mer  des  Indes.  Peut  -  être  ces  vaiffeaux 
remontoient-ils  le  Nil ,  d'où ,  par  un  canal ,  ou  des 
machines  on  les  faifoit  paffer  dans  la  mer  Rouge.  Les 
vaiffeaux  de  Hiram  alloient  avec  ceux  de  Salomon  à 
Ophir,  Se  partoient  d'Afiongaber.  L'écriture  fainte  la 
dit.  C'eft  un  fait  révélé  Se  certain  ,  quoique  l'on  ignore 
la  manière  dont  ils  étoient  entrés  dans  cette  mer,  Se 
le  lieu  de  leur  conftruction. 

Comme  une  partie  des  obfcurités  que  les  interprètes 
ont  répandues  fur  l'Ophir  de  Salomon  ,  vient  de  ce 
qu'ils  ont  joint  cnfcmble  le  voyage  de  ce  pays  avec 
le  voyage  de  Tharfis ,  quoique  l'écriture  ne  les  mêle 
pas,  mais  en  parle  féparément ,  il  faut  de  même  les 
traiter  à  part ,  fans  confufion  Se  fans  mélange  ,  Se  fe 
borner  ici  à  ce  qui  regarde  Ophir  ;  mais  avant  que  d'aller 
plus  loin  ,  nous  rapporterons  le  partage  où  Jofephe  parle 
de  cette  flotte  d'Hiram  Se  de  Salomon.  Il  eft  au  hui- 
tième livre,  chap.  1 1.  des  antiquités,  337.  «  Salomon  , 
»  dit  cet  hifforien ,  fit  aufli  conftruire  plufieurs  na* 
»  vires  dans  le  golfe  d'Egypte  ,  près  de  la  mer  Rouge , 
»  en  un  lieu  nommé  Afiongaber ,  qu'on  nomme  au- 
»  jouid'hui  Bérénice  ,  Se  cette  ville  n'eft  pas  éloignée 
»  d'une  autre  nommée  Elan  ,  qui  étoit  alors  du  royau- 
»  me  d'Ifraël.  Le  roi  Hiram  lui  témoigna  beaucoup 
»  d'affeétion  en  cette  rencontre  ,  car  il  lui  donna 
»  autant  qu'il  voulut  de  pilotes  fort  expérimentés  en  la 
»  navigation  pour  aller  avec  fes  officiers  chercher  de  l'or 
»  dans  une  province  des  Indes,  nommée  Sophir  ,  qu'on 
»  nomme  aujourd'hui  la  terre  d'or ,  d'où  ils  apporte- 
»  rent  quatre  cens  talens  d'or.  »  Ce  que  cet  auteur 
dit  enfuite  ,  regarde  le  voyage  de  Tharfis,  Se  ne  doit 
rien  conclure  pour  Ophir  ,  puisqu'il  distingue  lui-même 
ces  deux  voyages,  comme  on  le  verra  ci  après.  Venons 
aux  différentes  opinions  des  interprètes.  Mon  but  n'eft 
pas  de  les  rapporter  toutes  ;  cela  feroit  ennuyeux  Se 
inutile.  Je  ne  toucherai  que  les  principaux.  Je  les  dis- 
tingue en  trois  clartés.  i°.  Ceux  qui  ont  cherché  Ophir 
en  Amérique.  20.  Ceux  qui  l'ont  cherché  en  Afie. 
3°.  Ceux  qui  l'ont  cherché  en  Afrique. 

Auteurs  qui  ont  cherché  Ophir.  en  Amérique. 

Génébrard,  Vatable  Se  quelques  autres,  prétenden 
que  Yifle  Espagnole  ,  autrement  Xijle  de  S.  Domingue  ,  eft 
l'Ophir  de  l'écriture  ,  Se  affurent  que  Chiiftophe  Co- 
lomb ,  qui  le  premier  découvrit  cette  ifle  en  1492  , 
aptes  avoir  traverfé  les  mers  Occidentales ,  difoit  or- 
dinairement qu'il  avoit  trouvé  l'Ophir  de  Salomon  , 
parce  qu'il  y  avoit  trouvé  de  l'or.  Plaifante  preuve.  Voici 
comment  ils  font  faire  la  courfe  à  cette  flotte.  Elle 
partoit ,  difen:-ils ,  d'Afiongaber ,  paffeie  de  la  mer  Rouga 
dans  la  mer  des  Indes,  côtoyoit  la  presqu'ifle  en  de  ça 
Tom.  IV.  P  p  p  p 


666       OPH 


OPH 


du  Gange ,  alloit  reconnoître  Malaca ,  &  Sumatra  , 
enfuite  s'abandonnant  aux  vents  d'elt  ,  elle  dépalToit 
Madagascar  Se  le  cap  de  Bonne-Espérance  ,  venoit  re- 
connoître le  Bréill ,  &  arrivoit  à  Saint  Domingue,  en 
iuivant  les  côtes.  Je  laifle  à  part  la  difficulté  de  revenir, 
il  y  en  a  une  autre  que  je  dirai  dans  un  moment. 

Goropius  ,  Poftel  Se  quelques  autres  mettent  l'Ophir 
de  Salomon  au  Pérou.  Si  on  les  en  croit,  Salomon  faifoit 
à  peu  près  ce  que  font  à  préfent  les  Espagnols.  Il  faifoit 
transporter  l'or  du  Pérou  fur  des  vaiffeaux  par  la  nier 
du  Sud  jusqu'à  l'ifthme  de  Panama.  D'autres  vaiffeaux 
le  chargeoient  de  l'autre  côté  de  l'ifthme ,  alloient  pren- 
dre des  rafraichiffemens  aux  ifles  de  Cuba  8c  de  Saint 
Domingue,  venoicnt  chercher  le  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, rafoient  les  côtes  orientales  d'Afrique,  &ren- 
troient  dans  la  mer  Rouge. 

Arias  Montanus  va  plusbien  loin.  Il  mené  la  flotte  droit 
en  Orient  ,  la  fait  paffer  par  les  Moluques,  traverfer 
toutes  les  mers  qui  féparent  ces  ifles  d'avec  le  Mexique  , 
de- là  voguer  vers  le  Pérou ,  y  charger  de  l'or,  côtoyer 
enfuite  le  Chili ,  paffer  le  détroit  de  Magellan,  doubler 
le  cap  de  Bonne- Espérance ,  &  rentrer  dans  la  mer 
Rouge.  Voila  fans  doute  bien  du  chemin.  Ne  diroit-on 
pas  que  les  découvertes  des  Portugais  &  des  Espagnols , 
encore  nouvelles ,  quand  ces  auteurs  écrivoient ,  avoient 
été  faites  fur  des  mémoires  laiffés   par  Salomon  ? 

j'aurois  demandé  à  ces  critiques  s'ils  croyoient  que 
de  parciFcs  navigations  ayent  pu  fe  faire  fans  bouffole  ? 
Ils  auroient  répondu  apparemment  que  Salomon  pos- 
sédoit  cet  admirable  guide  de  la  navigation  moderne. 
Cela  ne  fuffic  pas.  Il  faut  encore  nous  dire  par  quel 
prodige  un  fecret  de  cette  nature  ,  étant  connu  de  deux 
grandes  nations ,  les  Juifs  Se  les  Phœniciens ,  un  fecret 
lî  néceffaire  ,  fi  aifé  à  pratiquer  ,  a  pu  fe  perdre  fans 
une  interruption  totale  de  la  navigation.  Car  il  e(l  cer- 
tain au  contraire  que  les  Grecs ,  les  Romains  &  les 
Carthaginois,  descendus  des  Phœniciens,  l'ont  entiete- 
ment  ignoré  ;  on  fait  que  faute  de  le  pofféder ,  ils 
alloient  terre  à  terte  ;  Se  que  dans  les  rivages  qu'ils  ne 
connoiffoient  guère  ,  ils  jettoient  l'ancre  tous  les  foirs  ; 
fi  par  malheur  ils  avoient  perdu  la  terre  de  vue  Se 
ne  favoient  de  quel  côté  la  retrouver ,  ils  avoient 
des  pigeons  qu'ils  lâchoient.  Si  la  terre  étoit  encore 
viable  pour  ces  pigeons ,  ils  voloient  de  ce  côté ,  Se 
on  fuivoit  la  route  qu'ils  avoient  tracée  -,  finon  ,  ils 
revenoient  &  on  les  reprenoit  pour  les  lâcher  encore 
enfuite  ,  jusqu'à  ce  que  l'on  trouvât  quelque  terre.  Or  , 
c'eft  fe  moquer  que  de  prétendre  que  des  navigations 
pareilles  à  celles  que  ces  auteurs  attribuent  à  la  flotte 
d'Hiram  Se  de  Salomon  ,  ayent  pu  fe  faite  fans  le 
feeburs  de  la  bouffole.  Venons  aux  auteurs  qui  for- 
ment la  ffeonde  claffe. 

Auteurs  qui  ont  cherché   Ophir  en  Asie. 

Jofephe ,  dans  le  paffage  qui  a  été  rapporté  ci-deffus , 
dit  que  Sophir  (  ou  Ophir  )  étoit  aux  Indes ,  Se  que 
de  fon  tems  on  l'appelloit  la  Terre  d'Or.  Il  y  a  deux 
chofes  à  remarquer  fur  ce  fujet.  i°.  Nous  avons  fait 
voir  au  mot  Indes  ,  qu'il  s'eft  dit  non  feulement  des 
Indes  proprement  dites ,  mais  encore  des  pays  qui  en 
font  très-éloignés ,  Se  particulièrement  de  l'Ethiopie  ; 
ainfi  ce  mot  Indes, employé  fans  aucune  détermination, 
ne  fixe  rien.  z°.  Le  même  auteur  dit  qu'on  l'appelloit 
la  Terre  d'Or  ;  mais  fans  expliquer  fi  c'étoit  fimple- 
ment  fa  nation  qui  l'appelloit  ainfi,  inîtruite  comme 
elle  étoit  des  richeffes  que  Salomon  en  avoit  tirées  , 
ou  fi  ce  nom  étoit  adopté  par  les  Romains ,  pour  qui 
il  écrivoit ,  ou  parles  Grecs  dont  il  employoit  la  lan- 
gue. Ce  nom  a  bien  quelque  rapport  avec  la  Cher- 
fonnèfe d'Or  des  géographes ,  mais  il  a  un  égal  rapport 
avec  tous  les  lieux  où  il  y  avoit ,  ou  des  mines  d'or , 
ou  des  rivières  dont  le  fable  en  étoit  mêlé  ;  cependant 
on  a  vu  des  auteurs  infifter  fur  le  mot  Indes  ,  comme 
s'il  fe  fût  agi  de  ce  pays,  qui  s'appelle  proprement 
ainfi  i  Se  fur  le  nom  de  Terre  d'Or  ,  comme  n'étant 
qu'une  même  chofe  avec  la  Cherfonnèfe  d'Or.  Venons 
au  détail. 

François  Ribera  ,  Torniel  ,  Adrichôme ,  Maphée  , 
Varrerius,  Grotius,  Bochart  ,  Reland,  dom  Calmer, 
Se  quantité  d'autres  mettent  Ophir  en  Afie ,  mais  ils 


ne  s'accordent  pas  fur  le  lieu.  Quelques-uns  veulent 
que  ce  foit  Ormus  ,  ou  quelque  ifle  peu  éloignée  de 
la  mer  Rouge.  Maphée  veut  que  ce  foit  le  Pegu  ,  où 
il  y  a  encote  aujourd'ui ,  dit-il ,  beaucoup  de  mines  d'ot 
Se  d'argent.  Il  apporte  en  preuve  des  lettres  d'un  Cor- 
delier  François  qui  écrit  que  ceux  de  Pégu  prétendent 
venir  des  Juifs  exilés  Se  condamnés  par  Salomon  à 
travailler  aux  mines  d'or  du  pays.  Il  eit  inutile  de  faire 
voir  qu'Ormus  n'eft  pas  un  lieu  à  fournir  la  quantité 
d'or  que  les  vaiffeaux  de  Salomon  rapportoient.  Quant 
à  la  tradition  des  Péguans ,  elle  n'eft  pas  affez  certaine 
pour  faire  preuve.  Pereriusdit  que  c'eft  Malaca,  dans 
la  presqu'ifle  de  même  nom.  Jean  Tzetzès  aime  mieux 
mettre  Ophir  dans  l'ifle  de  Sumatra  ,  où  il  y  a  encore 
des  mines  d'or. 

Lipenius , dans  un  traité  compofé exprès  fur  Ophir, 
prétend  ,  fur  l'autorité  de  S.  Jérôme ,  qu'un  petit-fils 
d'Héber,  fils  de  Noé  ,  nommé  Ophir  ,  donna  fon  nom 
à  la  parqe  de  l'Inde  qui  eft  au-delà  du  Gange  ;  ainfi 
il  nomme  terre  d'Ophir,  non  feulement  laCherfbn~ 
nèfe  d'Or ,  qu'il  croit  être  la  Terre  d'Or  de  Jofephe; 
mais  encore  les  ifles  de  Java  Se  de  Sumatra  ,  les 
royaumes  de  Siam ,  de  Pégu  Se  de  Bengale.  Il  fe  fonde 
fur  ce  que  l'on  trouve,  dit-il,  à  préfent  dans  ce  pays, 
tout  ce  que  les  navires  de  Salomon  rapportoient  a 
Jérufalem  :  on  entrevoit  par-là  qu'il  confond  les  flottes 
de  Tharfis  Se  d'Ophir.  Il  ajoute  que  le  voyage  pouvoic 
aifément  durer  trois  ans,  fuite  du  préjugé  qui  fup- 
pofe  que  le  voyage  d'Ophir  duroit  trois  ans,  ce  qui 
n'eft  point  vrai.  Aufli  l'écriture  ne  dit-elle  rien  de 
pareil.  Voici  comment  il  règle  le  détail  de  cette  route. 
Si  on  l'en  croit,  les  navires,  en  fortant  de  la  mer 
Rouge  ,  rangeoient  les  côtes  d'Arabie  ,  de  Perfe  Se  de 
l'indouftan.  Ils  faifoient  le  tour  de  la  presqu'ifle  en  deçà 
du  Gange ,  côroyoient  Golconde  où  ils  prenoienr  des 
diamans ,  Bengale  qui  leur  fournifloit  des  étoffes  ,  &  le 
Pégu  où  ils  trouvoient  de  l'or&  des  rubis,  Se  ilsabor- 
doient  à  Sumatra ,  où  ils  trouvoient  encore  de  l'or. 
Enfuite  ils  remontoient  le  long  de  la  presqu'ifle  ou 
Cherfonnèfe  d'Or  jusqu'à  Siam  ,  où  ils  ne  man- 
quoient  pas  de  dents  d'éléphans.  Ils  n'y  dévoient  pas 
non  plus  manquer  d'or:  puisqu'on  a,  dit-il,  fujet  de 
croire  qu'il  y  a  eu  autrefois  des  mines  d'or  dans  ce 
royaume  ,  fans  quoi  on  n'y  verroit  pas  toutes  les  fla- 
tues  d'or  qui  font  dans  les  pagodes ,  &  tout  l'or  en 
barre  qu'on  prétend  être  dans  le  tréfor  du  roi  :  les 
particuliers  de  Siam  n'étant  pas  riches  ,  Se  n'y  ayant  pré- 
sentement aucune  marchandife  affez  précieufe  pour  y 
attirer  d'ailleurs  une  fi  grande  quantité  d'or.  Il  y  a  dans 
tout  ce  raifonnement  un  défaut  affez  général.  C'eft 
qu'en  premier  lieu  on  juge  par  l'état  préfent  de  ces 
pays ,  qu'il  étoit  le  même  du  tems  de  Salomon.  Cette 
navigation ,  en  fuppofant  le  commerce  actuel  de  ces 
peuples,  conviendroit  affez  à  une  flotte  de  Hollandois; 
mais  convient-elle  de  même  à  une  flotte  de  Salomon  ? 
le  feul  avantage  qu'ait  cette  opinion  fur  celle  qui  met 
Ophir  en  Amérique ,  c'eft  de  fe  pouvoir  paffer  de  la 
bouffole.  L'abbé  de  Choifi  ,  dans  fa  vie  de  Salomon  , 
trouve  ce  fentiment  fur  Ophir  le  plus  raifonnable ,  Se 
la  poflibilité  de  faire  cette  navigation  fans  perdre  la  terre 
de  vue  eft  un  des  motifs  qui  le  portent  à  le  préférer. 

Grotius  raccourcit  beaucoup  cette  navigation.  Il  con- 
jecture que  la  flotte  de  Salomon  n'alloit  peut-être  pas 
jusqu'aux  Indes ,  mais  feulement  jusqu'au  port  d'une 
ville  d'Arabie,  nommée  par  Arrien  Aphar,  par  Pline 
Saphar,  par  Prolomée  Sapphera,  Se  par  Etienne 
Saphirina.  Cette  ville  étoit  fituéefur  la  côte  d'Arabie 
que  l'Océan  baigne.  11  conjecture  que  les  Indiens  ap- 
portoient-là  leurs  marchandifes ,  Se  que  la  flotte  de 
Salomon  les  y  alloit  charger.  On  voit  que  Grotius 
s'eft    laiffé  guider  par  une   reffemblance  de  nom. 

Bochart ,  dans  fon  Phaleg ,  prend  une  autre  route , 
&  diftingue  deux  pays  d'Ophir.  11  place  un  Ophir  dans 
l'Arabie  au  pays  des  Sabéens  ,  Se  l'autre  dans  les  Indes. 
Il  fuppofe  que  l'Ophir  d'Arabie  eft  le  pays  dont  les 
habitans  font  nommés  Cassanites  par  Ptolomée.  Le 
rapport  qu'il  trouve  entre  ce  nom  de  Caflanites  Se 
le  mot  hébreu  qui  fignifie  un  Tréfor ,  lui  fuffit  pour 
prouver  cet  Ophir  de  l'Arabie  :  C'eft  de  lui  ,  dit- 
il  ,  qu'il  faut  entendre  ces  paffages  du  livre  de   Job  , 


OPH 


OPH 


ch.  XXII.  Vous  mettrez,  l'or  fur  la  pouffiere  &  l'or 
d'Ophir  Jur  les  rochers  des  Torrens.  Et  plus  bas  : 
//  rieft  point  comparable  à  l'or  d'Ophir.  Il  n'y  a  pas , 
dit-il,  la  moindre  apparence  que  dans  ces  partages  il 
foie  queftion  de  l'Ophir  des  Indes ,  atuTi  n'en  eft-il  pas 
plus  queftion  que  de  celui  de  l'Arabie.  Il  s'y  agit  d'un 
feul  Ophir,  quelque  pa/t  qu'il  foie,  Se  la  difficul- 
té eft  de  le    trouver. 

Bochart ,  fentant  bien  que  l'Ophir  d'Arabie  ,  où  il 
met  les  Carthnites,  nefuffitpas  ,  en  cherche  un  fécond 
dans  les  Indes.  Plufieurs  chofes ,  dit-il ,  nous  perfua- 
dent  que  cette  contrée  où  Salomon  n'envoyoit  fa  flotte 
qu'une  feule  fois  en  trois  ans ,  Se  d'où ,  outre  une  grande 
quantité  d'or  ,  on  apporroit  du  bois  d'Almuggim,  de 
l'yvoire  ,  des  finges ,  des  paons ,  Se  des  pierres  pré- 
cieufes,  n'étoit  point  l'Ophir  d'Arabie,  ou  l'Ophir  des 
Caflanites.  Il  en  apporte  enfuite  trois  raifons  :  i°.  Parce 
qu'on  employoit,  dit-il,  trois  ans  à  faire  ces  voyages. 
2°.  On  n'auroit  pu  rapporter  de  l'yvoire  d'Arabie,  parce 
qu'il  n'y  a  point  d'éléphans ,  à  moins  qu'on  ne  dife 
que  l'yvoire  y  avoir  été  apporté  du  pays  des  Adulites. 
3°.  L'unanimité  des  anciens  à  foutenir  qu'Ophir  etoit 
dans  les  Indes  eft  pour  lui  une  troifiéme  preuve. 

Il  elt  remarquable  que  ce  favant  brouille  tout  en 
confondant  le  voyage  d'Ophir  avec  celui  de  Tharfis. 
L'écriture  ne  parle  ni  de  finges  ,  ni  d'y  voire  ,  ni  de  paons 
apportés  d'Ophir  :  tout  cela ,  félon  le  texte  même  ,  venoit 
de  Tharfis ,  comme  on  le  peut  voir  par  ce  partage  du 
II.  livre  des  Rois  ,  ch.  10.  v.  n.  La  flotte  du  roi  faifoït 
voile  de  trois  en  trois  ans ,  er  alloit  avec  celle  de 
fliram  en  Tharfis ,  &  elles  apportoient  delà  de  l'or , 
de  l'argent ,  de  l'yvoire  ,  des  finges  &  des  paons.  Quel 
rapport  tout  cela  a-t-il  avec  Ophir  ?  Ce  qui  eu:  dit  de 
Tharfis  prouve-t-il  rien  pour  Ophir  ?  Il  eft  étrange  que 
Bochart  n'ait  pas  vu  que  les  trois  raifons  qu'il  allègue 
font  également  frivoles.  Où  a-t-il  trouvé  dans  l'écriture 
fainte  que  ce  voyage  d'Ophir  duroit  trois  ans?  Il  y  cft 
dit  feulement  que  les  vairteaux  qui  faifoient  le  voyage 
de  Tharfis  ne  panoient  que  tous  les  trois  ans.  C'eft-à-dire , 
qu'en  trois  ans  on  ne  faifoit  qu'un  voyage  en  ce  pays.  Eft- 
çeà  dire  qu'on  y  employoit  trois  ans?  Il  a  fenti  lui-même  le 
foible  de  la  féconde  raifon  ,  en  la  détruifant  d'avance  par 
l'aveu  ingénu  qu'il  fait  qu'on  pouvoity  apporter  d'ailleurs 
de  l'yvoire.  Sa  troifiéme  raifon  n'a  pas  plus  de  force. 
Les  anciens  ayant  placé  en  Afie  &  en  Afrique  des  lieux 
qu'ils  ont  appelles  les  Indes  ,  ce  nom  eft  équivoque , 
Se  qui  plus  eft ,  c'elt  bien  artez  d'un  feul  Ophir  fans 
en  établir  deux.  Du  relie ,  il  choifit  ce  fécond  O- 
phir ,  ou  l'Ophir  des  Indes  dans  la  Taprobane  ,  qui 
eft  l'ifle  de  Ceylan.  Le  Clerc  ,  dans  fon  commentaire 
fur  l'écriture  fainte ,  a  adopté  le  fentiment  de  Bochart 
pour  ce  dernier  Ophir  ;  car  il  eft  perfuadé  qu'il  n'en 
faut  qu'un.  Les  preuves  qui  le  convainquent  le  rédui- 
fent  à  ceci  :  qu'on  trouve  dans  l'ifle  de  Ceylan  de  l'or , 
de  l'yvoire ,  des  pierres  précieufes  ,  Se  que  dans  la 
presqu'ifle  voifine  il  y  a  des  paons  Se  des  finges.  Re- 
marquez que  ces  favans  retombent  tous  dans  la  mê- 
me faute  de  chercher  à  Ophir  de  l'yvoire  ,  des  paons 
&  des  finges ,  que  l'on  apporroit  de  Tharfis. 

Reland,  dans  fa  differtation  fur  Ophir,  a  prétendu 
que  tout  ce  qui  en  eft  dit  dans  l'Ecriture  convenoit  artez 
au  pays  où  elt  fituée  la  ville  d'OuPARA  ou  Soupara. 
(  Voyez.  Suppara  Se  Uppara  dans  ce  dictionaire  )  : 
car  on  lit  l'un  Se  l'autre  nom  dans  les  anciens,  de 
même  qu'ils  ont  dit  également  Ophir  Se  Sophir.  11 
met  ce  pays  dans  la  presqu'ifle  de  l'Inde  en-deçà  du 
Gange ,  entre  le  112.  Se  le  113  degré  de  longitude ,  Se 
par  le  15e  degré  de  latitude  méridionale.  Ce  mot  de 
Méridionale  elt  fans  doute  de  trop  ,  quoique  le  Clerc 
l'ait  mis,  en  expofant  le  fentiment  de  Reland  :  car  on 
fait  que  toute  cette  presqu'ifle  eft  en-deçà  de  l'Equa- 
teur, &  par  conféquent  fa  latitude  ne  peut  être  que 
feptentrionale.  En  fécond  lieu  ,  la  longitude  fixée  ici 
elt,  à  la  vérité  ,  celle  que  Ptolomée  donne  à  Suppara  , 
mais  elle  elt  très- faiifie -,  car  il  la  mer  dans  le  golphe 
de  Barigaza  ,  c'eft-à-dire  fur  la  côte  orientale  de  ce 
que  nous  appelions  aujourd'hui  le  golfe  de  Cambaye  : 
or ,  l'embouchure  même  du  Gange  e!t  toute  en-deçà 
du  107e  degré  de  longitude-,  Se  la  côte  orientale  du 
golfe  où  doit  être  la  Suppara  de  Ptolomée ,  eft  fous  le 


66f 


90  degré  -,  ainfi  l'erreur  elt  de  22  ou  23  degrés  de  riup 
fur  la  longitude.  La  latitude  pèche  par  un  autre  excès  : 
car  la  Suppara  de  Ptolomée,  mife  où  elle  doit  être 
dans  une  carte  rectifiée,  fera  entre  le  20  &  le  22e  degré 
de  latitude  feptentrionale.  On  voit  bien  que  la  relTem- 
blance  d'Oupara  Se  d'Ophir  a  été  le  gtand  mobile  de 
Reland  ;  mais  il  n'eft  pas  l'auteur  de  ce  fentiment.  Le 
fameux  Luc  Hollknius  l'a  eu  avant  lui.  Dans  fes  re- 
marques fur  le  rréfor  d'Ortelius  ,  imprimées  à  Rome 
en    1666.  D.  Calmer  prend  une  route  bien  différente. 

Il  elt  inconteitable ,  dit  ce  père  ,  que  le  pays  d'O- 
phir n'eft  autre  que  celui  qui  a  été  peuple  par  Ophir, 
fils  de  Jeétan,  ou  par  fes  descendans.  On  fait  que  l'écri- 
ture ne  défigne  pas  autrement  les  pays  ,  que  par  le  nom 
de  ceux  qui  lesont  habités.  Or ,  Ophir  eft  placé  par  Moyfe, 
Genefe,  10.  v.  30.  avec  fes  frères  ,  depuis  Mefa  jusqu'à 
Sephar  ,  montagne  d'Orient.  C'elt  donc  dans  ce  pays 
qu'il  faut  le  placer  ,  Se  voir  en  même-tems  fi  c'eft  un  pays 
où  la  flotte  de  Salomon  ait  pu  aller  chercher  les  mar- 
chandifes  dont  il  elt  parlé  dans  fon  hiltoire  ■-,  s'il  faut 
trois  ans  pour  faire  ce  voyage  ,  Se  fi  l'on  y  peut  aller  d'A- 
fiongaber  par  le  golfe  d'Arabie.  Ce  père  parle  dans  la 
fuite  de  fa  differtation ,  des  finges ,  des  paons,  &  au- 
tres chofes  qui  venoient  de  Tharfis.  On  voit  par-là  qu'il 
brouille  les  deux  voyages ,  celui  de  Tharfis  év  d'Ophir, 
comme  on  a  vu  que  les  autres  interprètes  ont  fair.  Le 
préjugé  des  trois  ans  auquel  j'ai  déjà  répondu  ,  revient 
encore  ici  ;  de  forte  que  voilà  déjà  deux  de  Ces  indices 
retranchés  ;  quant  au  troifiéme,  la  queftion  cft  artez  in- 
utile :  on  fait  que  d'un  port  de  mer  on  petit  aller  à  tous 
les  autres. 

Auteurs  qui  ont  cherché  Ophir  en  Afrique. 

Le  paraphrafte  Jonathan  met  Ophir  en  Afrique ,  mais 
fans  déterminer  en  quel  endroit.  Des  auteurs    ont  été 
prendre  Ophir  à  Carthage.  On  leur  répond  que  Car- 
rhage  n'a  été  fondée  que   quelques  centaines  d'années 
après  Salomon  >  ce  qui  n'eft  vrai  que  dans  la  fuppofitiori 
que  cette  ville  a  été  fondée  par  Didon  ;  mais  quoique  cette 
objection  ne  foit  pas  exactement  jufte  ,   puisque  Car- 
thage étoit  plus  ancienne  que  Didon  &  que  Salomon ,  le 
fyftëme  n'y  gagne  rien  ;  car  premièrement  Carthage  avant 
Didon  étoit  fi  peu  de  chofe  ,  que  les  flottes  de  Salomon 
n'y  auroient  pas  trouvé  les  richefics  qu'elles  rapportoienc 
d'Ophir.  D'ailleurs ,  comment  paffer  du   porr  d'Afion- 
gaber  dans  la  mer  Méditerranée ,  Se  par  quel  caprice  des 
vairteaux  chargés  à  Carthage  dans  la  Méditerranée  pour 
Jérufalem  ,  auroient-ilsété  porter  leur  charge  à  Afionga- 
ber,  fi  éloigné  de  Jérufalem  plutôt  qu'à  Joppé  qui  en  elt  Ci 
proche?  Il  elt  vrai  que  Goropius&  Bivarius  trouvent  une 
folution  à  cette  demande  ;  c'elt  d'ô'er   Afiongaber  delà 
mer  Rouge ,  Se  de  le  mettre  fur  la  mer  Méditerranée.  Ils 
difent qu'Afiongaber ,  félon  récriture,  étoit  dans  l'Idu- 
mée  ;  que  l'Idumée  rouchoit    à  la  Méditerranée  ;  que 
fur  cette  mer  on  trouve  Gaftion-Gabria  dans  Strabon  , 
Se  Beto-Gabria  dans  Ptolomée.  Ils  fuppofent  libérale- 
ment que  ce  devoir  être  le  port  d'Afiongaber ,  d'où  par- 
toit  la   flotte  de  Salomon  ;  mais  il  eût  fallu  pour  cela 
un  long  canal  pour  arriver  delà  mer  à  ce  port,  car  la 
Beto-Gabria  de  Ptolomée  eft  dans  les  terres  à  huit  ou 
neuf  lieues  (  de  20  au  degré  )  du  rivage  de  la  mer.  Cela 
feul  rend   allez  inutile  la  chicane  que  font  ces  auteurs , 
fur  ce  que  l'écriture  met  Afiongaber  fur  la  mer  Rouge, 
ou  ,  fuivant  l'hébreu  ,  fur  la  mer  de  Suph.  Ils  prétendent 
que  ce  nom  peut  être  expliqué  par  la  mer  des  Limites  _, 
expreffion   qui  convient  à    la  mer  Méditerranée  ,  au/fi, 
bien  qu'à  toute  autre  mer.  Hornius,  dans  fon  traité  de 
l'origine  des  nations  Américaines ,  ne  desapprouve  pas 
ce  fentiment  ,  qui  n'en  vaut  pas  mieux  pour  cela.  Car 
1°.  la  mer   de  Suph  ne  Ce  prend  en  aucun  lieu    que 
pour    la  mer  Rouge.  20  Afiongaber   étoit  fur  le  golfe 
d'Aïlath  ;  &  l'écriture  elle  même  dit  dans  vai  des  pas- 
fages  mis  à  la  tête  de  cet  article  ,  Afiongaber  qui  eft  près 
d'Elath   ou  d'Aïlath.  30.  L'Idumée  a   pu  s'étendre  du 
tems  de  Salomon  jusqu'à  ces  deux  villes.   L'écriture  le 
dit  ,  faut-il  une   autre  auroriré  ?  Tous  les  favans  con- 
viennent qu'Afiongaber  étoit  dans  le    golfe  d'Aïlath 
Se  que  la  flotte  de   Salomon  fortoit  du  détroit  de  la 
mer  Rouge.  Elle  ne  perdoit  point  la  terre  de  vue,  félon 
I'ufàge  de  ce  tems  :  elle  rafoit   la  côte ,  ou    d'Atabie 
ou    d  Ethiopie.  Il  n'y  en  a  point  de  troifiéme. 
Tem,  IV.  P  p  p  p  ij 


668        OPH 

Les  vents  font  réglés  fur  cette  côte ,  &  ils  foufflent 
entre  le  nord  Se  l'eft  depuis  le  mois  d'Octobre  jusqu'en 
Avril ,  &  entre  l'oueft  Se  le  fud  depuis  Avril  jusqu'en 
Octobre,  c'eft  ce  qu'on  appelle  la  Mouflon.  Si  on  favoit 
en  quelle  faifon  parcoient  les  vaifleaux  de  Salomon  , 
on  pourroit  prononcer  fur  la  route  qu'ils  prenoient  au 
fortir  du  détroit  de  la  mer  Rouge,  Se  cette  preuve 
lèroit  excellente  ;  mais  on  ne  le  fait  pas.  Cornélius  à 
Lapide  croit  qu'Ophir  étoit  à  Angola  fur  la  côte  occi- 
dentale de  l'Ethiopie.  Ainfi  il  lui  fait  doubler  ce  cap 
formidable,  connu  long-tems  fous  le  nom  de  cap  des 
Tempêtes ,  aujourd'hui  cap  de  Bonne-Espérance. 

Huet  ne  met  pas  Ophir  fi  loin  à  beaucoup  près.  Il 
commence  par  établir  qu'il  faut  appeller  Ophir  toute 
la  partie  orientale  d'Afrique,  depuis  le  cap  des  Aro- 
mates ,  aujourd'hui  le  cap  de  Gardafui ,  jusqu'à  l'extrémi- 
té méridionale  qui  eftappellée  par  les  Arabes  Zangue- 
bar ,  où  commence  la  Caffrerie.  (  J'ai  fait  voir  ailleurs 
que  la  côte  que  nous  appelions  Zanguebar ,  cil  le  pays 
de  Zeng ,  Zenghi  font  les  habitans  de  ce  pays.  Bar 
veut  dire  Mer  ;  ainfi  Zenhibar  eft  la  mer  de  Zen%,  D'Her  • 
belot  entend  parle  Zanguebar,  la  côte  de  la  Caffre- 
rie.  Voyez,  ce  mot.  )  Si  on  s'arrêtoit  à  ces  paroles  de 
Huet ,  on  auroit  une  idée  fort  confufe  de  fon  Ophir  ; 
mais  il  s'explique.  11  veut  que  l'on  donne  principale- 
ment le  nom  d'Ophir  à  la  contrée  de  Sophala  ,  qui  eft  » 
félon  lui ,  au  21  degré  de  latitude  méridionale ,  Se 
où  il  fe  faifoit  un  commerce  plus  confidérable  que  dans 
les  autres  pays.  Voici  les  raifons  qui  l'attachent  à  ce 
fendaient.  C'eil  lui-même  qui  va  parler,  ou  plutôt  fon 
traducteur.  Je  retrancherai  quelques  digreiïions  plus 
favantes  que  néceflaires  au  fujet. 

1.  Quelques  anciens  ont  dérivé  le  nom  d'Afrique 
de  celui  d'Ophir  :  Se  la  Libye ,  au  rapport  d'Etienne  , 
a  été  autrefois  nommée  Ophirisa  ;  car  c'eil  ainfi  que 
les  commentateurs  affurenr  qu'il  faut  lire  ôc  non  O- 
phiufa  ,  comme  on  lit  communément.  De  plus ,  entre 
le  promontoire  de  Mofylon  Se  celui  des  Aromates , 
on  trouve  une  montagne,  un  promontoire  &  un  fleuve 
appelles  Elephaf ,  nom  dérivé,  félon  les  apparences 
de  celui  d'Gpbir ,  auquel  on  a  ajouté  au  commence- 
ment l'article  des  Arabes Le  Rhapt ,  fleuve  fort 

confidérable  de  cette  contrée ,  a  été  appelle  par  les 
habitans  du  pays  Obii  ,  nom  dans  lequel  il  eft  facile 
de  trouver  un  rapport  au  mot  Ophir ,  Se  la  racine  de 
celui  de  Sophala  ;  car  les  Septante  Se  Théodotion  inter- 
prètent le  mot  hébreu  Ophir  ,  par  ceux  de  Sophir , 
2wp;p  ,  2oup*p  ,  SooÇjip  ,  2w9<p«  ,  au  lieu  de  quoi  on 
lit  dans  le  manuferit  Alexandrin  ,  Sw^ap*, qui  eft  la 
même  chofe  que  Sophala.  Jofephe  écrit  aufli  luçapà. , 
Eufebc  Swpsjp  Se  Sot-'^/p*.  Saint  Jérôme  Sophera  ;  He- 
fiche  Xovçùp ,  que  Suidas  par  erreur  écrit  2owpeiç  ;  car  je 
ne  puis  convenir  ,  comme  quelques  auteurs  le  font  , 
que  ce  foit  par  une  erreur  decopilte,  d'autant  que 
plufieurs  auteurs  Grecs  Se  même  des  nations  entières 
affectent  d'ajouter  cette  lettre  S  à  certains  mots ,  comme 
dans  Ittdi,  Suidi  ;  Mer  dis  ,  Smerdis\Ofthanes ,  Softhanes, 
Ardi&i ,  Sardiœi;  Athcns. ,  Setines\  Tbeba,  Stives;  Tibare- 
ni,  Stibaretii;  Mtixpoç,  ï/umpoçyMiffoù,  2//8pJa>.Ce qui  fevoit 
encore  dans  Néhemie ,  chap.  3  v.  27.  où  le  même  lieu  que 
lesSeptante  ont  nommé  'npa,ils  l'écrivent  peu  après  VepAa, 
ainfi  dans  Pline  Aphar ,  ville  d'Arabie  ,  elt  appellée  Sa- 
phar  ,  &dans  Ptolomée  Sapphara  ;  de  même  encore, 
les  Alpes  font  appelles  par  Lycophron  2 ax-nla.  'Opu  ,  Se 
dans  Eupoleme ,  Hiram ,  ami  du  roi  Salomon ,  eft 
appelle  Zcvpov. 

2.  En  fécond  lieu  >  on  trouve  dans  toute  la  partie 
de  l'Afrique  une  grande  quantité  d'or  ,  ce  qui  a  fait  dire 
aux  Caftres  que  c'eft  leur  pays  qui  a  fourni  l'or 
que  l'on  porta  à  Salomon.  C'efl  de  cette  abondance  d'or 
que  l'on  peut  dire  que  lui  a  été  donné  le  nom  d'Ophir  , 
qui  comme  le  mot  Ephraïm ,  tire  fon  origine  de  l'hé- 
breu ma  ,  qui  fignifie  abondance  ,  richefle  ,  Pharah , 
ma  ,  croître  ,  fortifier  •-,  mais  s'il  fe  trouve  dans  cette 
partie  de  l'Afrique  de  l'or  en  abondance,  Sophala  , 
fuivant  les  relations  des  hifloriens  Se  des  voyageurs , 
eft  l'endroit  qui  en  fournit  le  plus  :  enforte  que  l'on 
peut  aflurer  qu'il  n'y  a  point  d'endroit  dans  le  monde 
d'où  les  anciens  en  ayent  tiré  une  plus  grande  quan- 
tité ;  car  c'eft-là  que  les  Indiens  ,  les  Perfes^  les  Arabes 


OPH 


&  les  Portugais  l'alloient  chercher   pour  le  transporter 
chacun  dans  leur  pays. 

3.  Troifiémement,  on  trouve  à  Sophala  (c'efl- à-dire 
dans  les  terres  aflez  avant  vers  les  mines  )  d'anciens  édifi- 
ces bâtis  de  ces  grandes  pierres  de  taille  ,  telles  que 
celles  dont  Salomon  s'eit  fervi  pour  les  édifices  qu'il  a 
fait  élever  ;  il  ne  s'en  voit  point  de  cette  espèce  dans  le 
voifinage  de  ce  pays ,  Se  il  y  a  fur  ces  pierres  d'anciens 
caractères  gravés,  inconnus  véritablement  aux  origi- 
naires du  pays ,  aux  Arabes,  aux  gens  de  mer  Se  aux 
voyageurs  ;  mais  qui  pourroient  fort  fervir  à  quelque 
habile  homme  qui  iroit  fur  les  lieux  pour  en  décou- 
vrir l'auteur  Se  l'ancienneté.  La  circonftance ,  qu'il  fe 
trouve  dans  le  pays  des  Abyflins  des  édifices  bâtis  avec 
de  femblables  pierres  où  l'on  dit  qu'a  demeuré  la  reine 
de  Saba ,  me  paroît  encore  d'un  très-grand  poids  ;  car  , 
quoique  ce  foit  une  erreur  de  croire  que  c'étoit-là  fa 
demeure  ,  puisqu'il  efl;  certain  qu'elle  demeuroit  en 
Arabie  ,  ce  nous  eft  pourtant  un  indice  très-fort  qui 
prouve  que  les  vaifleaux  ont  été  en  ce  pays. 

4.  Quatrièmement,  les  gens  du  pays  aflurent  qu'ils 
ont  en  leurs  archives  des  manuferits  très-anciens  qui 
font  foi  que  c  elt  dans  cette  contrée  que  Salomon  en- 
voya chercher  fon  or ,  après  en  avoir  eu  connoifiance 
pat  la  relation  que  lui  en  fit  la  reine  de  Saba.  Le  P. 
Jean  JDos  Santos  (  en  latin  Santius  ,  dont  nous  extrai- 
rons enfuite  la  relation  )  dit  que  la  montagne ,  en  laquelle 
ces  monumens  de  l'antiquité  font  gardés,s'appelle  Apura, 
nom  qui  approche  beaucoup  de  celui  d'Ophir  ;  mais 
ces  traditions  ne  font  pas  fort  fores  ,  car  elles  font  cette 
navigation  en  Ophir  poftérieure  à  l'arrivée  de  la  reine 
de  Saba  en  Judée,  quoique  l'écriture  fainte  Se  les  inter- 
prètes la  mettent   auparavant. 

j.  Cinquièmement,  la  religion  des  Sophaliens  qui 
n'adorent  qu'un  feul  Dieu ,  Se  qui  ont  en  horreur  l'i- 
dolâtrie Se  la  magie ,  à  quoi  leurs  voifins  font  fort  at- 
tachés ,  ne  me  paroît  pas  moins  une  preuve  du  fenti- 
ment  que  j'ai  établi ,  qu'un  monument  précieux  de  la 
vraie  religion. 

6.  Sixièmement ,  comme  Pcolomée  avoit  marqué  A- 
gifimba  pour  bornes  à  l'Afrique  du  côté  du  midi,  elle 
a  été  prife  avec  quelque  fondement  par  Marmol  pour 
Sophala.  C'efl  aufli  ce  qui  a  été  caufe  que  plufieurs 
ont  cru  qu'Ophir  avoit  été  le  terme  des  navigations 
de  la  flotte  de  Salomon  vers  le  midi  -,  Se  l'on  n'a  point 
connu  dans  ces  quartiers  d'endroit  plus  célèbre  qu'O- 
phir ,  Agifimba  &,Sophala  ,  que  l'abondance  de  leur  or 
a  rendu  fi  recommandables. 

7.  Septièmement  ,  le  peu  d'intelligence  que  l'on  avoit 
de  la  marine  en  ce  tems ,  obligeoit  les  vaifleaux  à 
côtoyer  les  terres  ;  ainfi  il  faut  néceflairement  qu'Ophir 
foit  placé  dans  un  lieu  où  l'on  ait  pu  aller  aifément  & 
avec  peu  de  risque.  Telle  eft  aufli  la  fituation  de  So- 
phala. On  pouvoit  commodément  y  arriver  du  port 
d'Afiongaber,  fans  perdre  presque  les  terres  de  vue. 

8.  Huitièmement,  les  fréquens  voyages  delà  flotte 
de  Salomon  en  Ophir ,  font  encore  voir  clairement  que 
ce  lieu  n'étoit  pas  fort  éloigné  du  golphe  Arabique  j 
car  l'auteur  du  texte  facré  dit  que  tous  les  ans  on  rap- 
portoit  à  Salomon  d'Ophir  ,  fix  cens  foixante-fix  ralens, 
au  lieu  qu'on  ne  faifoit  qu'un  feul  voyage  à  Tharfis  en 
trois  ans. 

9.  Neuvièmement ,  je  fais  que  quelqu'un  m'objec- 
tera l'autorité  de  Jonathan  ,  interprète  Chaldéen,  qu'on 
dira  avoir  rendu  flotte  d'Ophir  par  flotte  d'Afrique , 
Se  celle  d'Origene  à  qui  on  attribuera  d'avoir  dit  dans 
fon  explication  du  livre  de  Job,  que  quelques  inter- 
prètes ont  aufli  rendu  le  mot  d'Ophir  par  celui  d'A- 
frique ;  mais  û  on  examine  la  chofe  un  peu  exactement , 
on  verra  que  c'efl  Tharfis  Se  non  Ophir  que  l'auteur 
Chaldéen  a  rendu  par  le  mot  d'Afrique,  Se  que  le  témoi- 
gnage d'Origene  paroit  tiré  de  quelque  chaîne  des  Pères. 
Or ,  j'ai  fait  voir  ailleurs  combien  on  doit  ajouter  peu 
de  foi  à  ces  chaînes  j  mais  de  quelque  part  que  vienne 
ce  témoignage ,  il  eft  certainement  produit  par  un  an- 
cien écrivain,&  il  fuffira  du  moins  à  faire  voir  que  l'o- 
pinion qui  veut  que  l'Ophir  foit  la  même  chofe  que 
l'Afrique,  n'eft  pas  une  invention  de  nos  jours,  mais 
que  les  anciens  avoient  eu  la  même  penfée. 

Huet  s'applique  enfuite  à  réfoudre  les  objections  qu'on 


OPH 


OPH       669 


peut  lui  faire  ;  il  réfute  enfuite  ceux  qui  mettent  Ophir  proprement  qu'une    dialeéte  différente  que  le  rems  & 

dans  les  Indes  proprement  dites.   A  l'égard  de  tomes  les  différentes  manières  de  prononcer  de  chaque  pays 

les  imaginations  que  quelques  anciens  écrivains  fe  font  peuvent  avoir  introduite.  Il  eft  très-conftanr  qu'il  y  a 

faites  delà  terre  d'Or,  de  l'ifle  de  Chryfé ,  de  celle  d'âr-  beaucoup  d'or  ,  &  très-fin  ,  autour  de  cette  montagne, 

gent ,  Argyré ,  des  montagnes  d'or  gardées  par  des  grif-  qu'on  peut  aifément  le  transporter  par    le  moyen    de 

fons,  de  cette  fontaine  dont  l'eau  fe  changeoit  en  or  cette  rivière,  comme  font  aujourd'hui   les  Portugais  j 

auffi  tôt  qu'elle  étoit  puifée  \  les  auteurs  d'un  jugement  &  comme  faifoicnt  avant  eux  les  Maures  de  Mozam- 

lblide   les  ont  toujours  regardées   comme    des  fables,  bique  8c  de  Quiloa  ,  ik  que  de  même  qu'on  le   porte 

Une  raifon  allez  forte  &  générale  contre  l'opinion  qui  aujourd'hui  aux  Indes,  on  pouvoit  le  porter  ancienne- 

met  Ophir  dans  quelque  endroit  que  ce  foi t  des  Indes  ment  par  là  mer  Rouge  à  Afiongaber,  8c  de-là  à  Jé- 

oricntales ,  c'eft  l'idée  effrayante  que  les  anciens  avoient  rufalem. 

encore  de  cette  navigation  plulicurs  fiécles  après  celui        Le  P.  Dos  Santos  s'applique  enfuite  à  faire  voir  la 
de  Salomon.  Arricn  nie  formellement  dans  fon  huitième  convenance  de  trois  ans ,  dont  il  n'eft  point  queflion 
livre ,  que  perlbnne  eût  jamais  été  par  mer   du  golfe  pour  le  voyage  d'Ophir.  Il  efu  même  cmbanalle  de  ce 
Arabique  au  golfe  Perfique  ;  &  Eratofthene  dans  Stra-  qu'il  n'a  point  vu  de  paons,  8c  affure  néanmoins  qu'il 
bon,  /.  16  8c  17.  foutient    que  qui  que  ce  fût   n'avoir  y  en  a  plus  avant  dans  les  terres.   Recherche  inutile 
avancé  plus  de  fix  cens  itades  au  delà  du  détroit  de  la  il  n'en  faut  point  pour  la  flotte  d'Ophir.  A  l'égard  du 
mer   Rouge,  en  faifant  route  vers  le  fud-eft.  Strabon  bois  que  la  flotte  d'Ophir  rapportoit ,  l'hébreu  le  nom- 
dit  qu'avant  le  fiécle  où  il  vivoit  (fous  Augufte  8c Tibère)  me  Almuggim  ou  Algummim    par   une  transpofition 
à  peine  pouvoit-on  dire  qu'il  fût  arrivé  à    une  ving-  de  lettres  ordinaire  aux  hébreux.  Les  Grecs  le  nom- 
taine  de  vaiffeaux  de  franchir  le  détroir  du  golfe  Ara-  ment  bois  de  &6*,Thya  ,8c  Huet  fait  voir  avec  beau- 
bique.  Je  paffe  d'auttes  autorités  femblables.  Ces  auteurs  coup  d'érudition  que  c'eft  le  même  bois  que  les  Ro- 
même  en  difent  trop  ,  «Scieur  négative  eft  trop  générale  :  mains  appelloient  Citronnier,  espèce  de  cèdre  qui  n'eft 
mais  elle  fert  néanmoins  à  faire  voir  combien  les  an-  point  rare  en  Afrique ,  dans  la  Mauritanie ,  8c  dans  l'E- 
ciens  croyoient  qu'il  y    avoir  de    difficulté    à  aller  de  thiopie    où  eft  Sophala.    D'autres  ont   cru  que  c'étoit 
la  mer  Rouge  aux  Indes.  Au  contraire  celle  de  Sopha-  Je  bois  de  Bréfil ,  d'autres  que  c'eil  l'ébéne  ;  en  un  mot 
la  é;oit  aifée  ,  &on  y  couroitlipeu  de  risques,  qu'on  cette  diverfité  d'opinions  fur  la  qualité  fpécifique  de  ce 
pouvoit  y  aller  avec  les  plus  petites  barques  ,  en  évi-  bois ,  marque  qu'on  ne  fait  ce  que  c'eft  ;  ainfi   il  feroit 
tant  de  s'expofer  au  large  8c  en   côtoyant  toujours  le  inutile.de  chercher  s  il  y  en  a  dans  le  pays  de  Sopha- 
tivage.   Nous  bifferons  la  réfutation    des    autres  opi- 


nions qui  mettent  Ophir  dans  le  golfe  Perfique  ,  dans 
le  Pérou  ou  à  S.  Domingue  ,  8c  celle  de  l'imagination 
qu'a  eu  Bochart  de  faire  deux  Ophirs. 

On  ne  peur  pas  reprocher  au  fyftême ,  qui  met  O- 
phir  à  Sophala,  l'inutilité  des  risques  de  la  naviga- 
tion ,  comme  à  celui  de  D.  Calmet.  Cette  route  étoit 
impoffible  par  terre,  mais  elle  étoit  fort  aifée  par 
eau.  Au  fortir  du  détroit  de  Bab-el-Mandel  ,&  prenant    la  cour  de  Salomon  immédiatement  après  le    premier 


la. 

Jofephe  8c  la  tradition  des  Abyflins  mettent  la  reine 
de  Saba  en  Ethiopie.  Le  Négus,  ou  empereur  des  A- 
byffms ,  prétend  descendre  d'un  fils  qu'elle  eut  de  Sa- 
lomon. A  ne  prendre  cette  généalogie  que  pour  ce 
qu'elle  vaut ,  il  efl:  pointant  remarquable  que  l'écri- 
ture ,  rant  au  troifiéme  livre  des  Rois ,  qu'au  deuxième 
des  Paralipomenes  ,  parle  du  voyage   de  cette  reine  à 


la  faifon  convenable  ,  on  a  les  vents  de  la  mouflon  qui 
durent  fix  mois  ,  8c  les  fix  autres  mois  on  a  le  tems 
de  revenir  avec  ces  vents  qui  font  dans  un  rumb  tout 
oppofé.  Cela  eft  commode  8c  ne  fe  trouve  point 
dans  la  navigation  de  Tapfaque.   Mais  voici  de   quoi 


voyage  de  la  flotte  de  ce  monarque  à  Ophir.  S'il  étoit 
vrai  que  cette  reine  eût  régné  en  Ethiopie  ,  comme  Jo- 
fephe le  dit ,  8c  comme  les  Ethiopiens  le  prétendent,  8c 
qu'elle  eût  fait  le  commerce  de  l'or  d'Ophir ,  il  ne  feroit 
pas  fur  prenant  que  la  navigation  des  vaiffeaux  de  Salomon 


confirmer  le  fentiment  de  Huet  j  c'eft    l'autorité    d'un  à  Ophir  eût  donné  occafion  au  voyage  qu'elle  fir  presque 

écrivain  qu'il  ne  cite  qu'en  paffant.    Le  Grand  me    la  aufli-tôt  elle-même  pourvoir  de  près  un  roi  dont  on  lui 

fournir.  avoit  tant  loué  la  magnificence  &  la  fageffe  ;  mais  fi  elle 

Le  père  Jean  Dos  Santos,  religieux  Dominicain,  partit  regnoit  en  Ethiopie  ,  elle  poffédoit  donc  auffi  une  par- 

de  Lifbonne  avec  treize  religieux  de  fon  ordre  au  mois  tie  de  l'Arabie,  puisque  l'écriture  la  nomme  reine  de 

d'Avril  de  l'année    1^87.  Il   arriva  à  Mozambique   le  Saba,  8c  la  fait  arriver  avec  des  chameaux  qui  portoient 

mois  d'Août  fuivant  ;  il  fut  employé  pendant  onze  ans  des  aromates  ,  une  grande  quantité  d'or  8c  des  pierres 


aux  militons  de  ce  pays.  Il  a  fair  plufieurs  voyages 
de  Sophala  à  Mozambique  qui  font  à  cent  foixan- 
te  lieues  l'une  de  l'autre.  Il  a  pénérré  deux  cens  lieues 
dans  les  terres,  en  remontant  la  rivière  de  Cuama  jus- 
qu'à Tété.  Il  a  fait  imprimer  à  Evoraen  1609  ,  ce  qu'il 
avoit  pu  apprendre  dans  fes  miflions ,  8c  il  a  donné  à 


precieufes. 

Pour  ce  qui  eft  des  pierres  precieufes  que  la  flotte 
apportoit  d'Ophir ,  on  voit  dans  les  anciens  que  l'E- 
thiopie en  avoit  quantité.  Pline  fait  mention  des  es- 
carboucles  d'Ethiopie,  de  fes  hyacinthes  ,  de  fes  chry- 
folites ,  de  fes    hématites  8c  de  Ces   defiropoeciles ,  à 


fon  ouvrage  le  titre  d'Ethiopie  orientale,  qu'il  a  divi-    quoi  Juba  ajoute  encore  les    topazes:  d'ailleurs,  quoi- 


fé  en  cinq  livres, 

Il  y  dit  que  près  de  Maffapa  ,  dans  le  royaume  de  Mo- 
nomotapa  eft  la  grande  8c  haute  montagne  de  Fura  ou 
Afura,  furie  haut  de  laquelle  on  voit  des  ruines  de 
bâtimens ,  &  qu'on  tient  pat  une  tradition  du  pays  que 
ces  ruines  font  des  reftes  des  magafins  de  la  reine  de 
Saba  ;  que  cette  princeffe  droit  de  cette  montagne  tout 
fon  ot  :  que  cet  or  descendoit  par  la  rivière  de  Cuama 
dans  la  mer  d'Ethiopie ,  d'où  on  le  portoit  par  la  mer 
Rouge  jusque  fur  les   côtes  de   l'Ethiopie  qui  eft  au- 


qu'Ophir ,  ou  le  pays  compris  fous  ce  nom  ,  fur  le 
principal  objet  de  la  flotte  ,  il  ne  faut  pas  croire  qu'elle 
ne  touchât  qu'en  un  feul  endroit.  Elle  touchoit  fur  fa 
route  par -tout  où  elle  favoit  qu'on  trouvoir  les  mar» 
chandifes  qui  lui  convenoient. 

Que  Paz  ,  Uphaz.,  Ophaz  &  Parvajim 
font  la  même   chofe  quOvHiR. 

Huet  le   prouve  en   premier  lieu  par    l'origine    des 


deffus  de  l'Egypte    8c  où  regnoit  cette  reine.  Le  père     noms.  Ophir  en  arabe  s'appelle  Auphar,  comme  Bo 


DosSantos  foutient  cette  ttadition  par  l'autorité  deJc- 
fephe  ,  qui  parlant  de  cette  princeffe  ,  la  nomme  Nicau- 
lis  ,  reine  d'Egypte  &  d'Ethiopie.  Antiq.  liv.  VIII.  chap. 
a.  n.  338.  par  l'autorité  d'Origene  8c  de  faint  Jérôme  , 
&  par  la  croyance  où  font  encore  les  Abyflins  que  la 
reine  de  Saba  éroit  de  leur  pays  ;  par  le  village  qui  porte 
encore  fon  nom  aujourd'hui ,  8c  qui  n'eft  pas  fort  éloigné 
d'Auxuma. 

D'autres    tiennent  que  Salomon  avoit  fait  bâtir  ces 


chair  l'a  remarqué  ,  8c  tous  les  gramnairiens  convien- 
nenr  que  l'R  &  le  Z  font  fouvent  changés  l'un  pour 
l'autre  ,  fur-tout  par  les  Arabes  chez  qui  ces  deux  let- 
tres ne  fe  diftinguent  que  par  un  feul  point.  Il  eft  con- 
fiant auffi  que  les  Grecs  &  les  Latins  changent  fouvent 
l'R  8c  l'S.  Cet  ufage  eft  encore  pratiqué  parmi  nous 
autres  François  ,  &  ces  termes  'A<TsA?oV ,  'hhtoç ,  font  chez 
les  Eoliens  'AAAtpôp ,  îwTrop  \  le  mot  BtVwp  des  Grecs  eft 
chez  les  Latins  Tefiis ,  8c  c'eft  ce   qui  a  caufé  ces  dii- 


magafins,  &  que  c'étoit-là  qu'on  prenoit  cet  or  d'Ophir,  férentes  terminaifons,  Honor  8c  Honos  :  Arborée  Arbos , 
dont  fes  flottes  étoient  chargées  ;  qu'il  n'y  a  pas  une  de  même  d' Auphar ,  on  a  fait  Ophas  8c  Uphas  ;  d'où 
grande  différenc  encre  Afura  8c  Ophir  ;  que  ce  n'eft    fi  vous  retranchez  les  deux  lettres  ferviles  qui  font  a  > 


6yo 


OPH 


OPH 


devant  delSIK  ,  Opbaz.  ,  vous  aurez  19,  Paz.  Je  les 
appelle  ferviles ,  parce  qu'on  ne  retient  ordinairement 
que  la  racine.  Les  Lettres  ,  fur  tout  celles  que  l'on  ap- 
pelle gutturales  ,  font  fouvent  retranchées  du  com- 
mencement des  mots  -,  c'eft  encore  ainfi que  du  mot  fyria- 
que  VIN  ,  Ano  :  les  Grecs  ont  fait  vm  ,no  ,  Se  les  Latins 
nos  ;  de  Cham  a  été  fait  Amman  ,  &c.  L'O  aufli  a  été 
fujet  à  être  retranché  comme  d'"Opa./jLioç  pour  faire  ra- 
mus,  rameau;  d'O'W^apour  faire  nome «,  nom  ;  Se  d'0'/>&» 
potir  faire   rus  ,  campagne. 

Parvajim  femble  encore  dérivé  du  mot  Ophir ,  car 
en  étant  la  première  fyllabedumot  Aupbar ,  le  refte 
du  mot  prend  la  forme  du  nombre  duel,  ce  qui  arrive 
dans  les  noms  qui  d'eux-  mêmes  ne  figninent  pas  deux 
chofes,  comme  dans  C3>ntf ,  Schamaim,\c  ciel  ;E3>0, 
Maïm  ,  l'eau  ;  O'tny  ,  Tjabaraïm  ,  le  midi...  Et  l'on  en 
fera  d'autant  plus  perfuadé  fi  on  fe  rappelle  que  fous 
le  nom  d'Ophir  on  comprenoit  toute  la  côte  orien- 
tale de  l'Afrique,  depuis  Sophala  inclufivement  jus- 
qu'au cap  de  Gardafui.  Ainfi  il  eft  facile  de  conjedu- 
rer  que  le  nom  d'Ophir  ou  Aupbar,  peut  avoir  été 
donné  à  qudqu'aùtre  lieu  confidérable ,  auflî  bien  qu'à 
Sophala;  d'autant  qu'il  fe  trouve  fur  ce  rivage  quel- 
que autre  port  commode  d'où  les  vaiffeaux  de  Salo- 
mon  ont  pu  apporter  l'or  en  queftion  ,  &  que  ces 
deux  lieux  ont  pu  être  appelles  du  feul  nom  de  Par- 
vajim qui  leur  étoit  commun,  Se  les  fignifîoit  tous 
deux. 

Cela  s'accorde  avec  les  autorités  des  anciens.  Jona- 
than, interprète  Chaldéen,  veut  que  l'Ophas  de  Jére- 
mie,  cb.  10.  v.  9.  foit  Upbir.  Dans  l'endroit  où  Ifaïe 
déclare  que  les  hommes  feront  plus  rares  que  Paz,  Se 
Opbir ,  faint  Jérôme  précend  que  Paz,  eft  employé  pour 
le  nom  générique  de  l'or ,  Se  aufil  pour  fignifier  l'or 
le  plus  pur;  de  manière  que  l'or  à'Qplrir  étant  une 
espèce  de  celui  de  Paz,,  on  peut  dire  que  toute  la 
différence  de  ces  mots  eft  de  l'espèce  au  genre,  Se 
que  les  noms  différens  de  cet  or  ont  été  donnés  aux 
lieux  d'eù  on  le  tiroir.  Le  même  faint  Jérôme  appel- 
le encore  or  pur  ce  que  Jérémie  appelle  Opbaz, ,  d'où 
fe  tire  cette  oonféquence  qu'il  a  regardé  Paz, ,  Opbaz. 
ôc  Opbir  pour  la  même  chofe.  Cela  prouve  que  c'eft 
avec  fondement  que  fiochart  a  dit  que  Paz, ,  Upbaz, 
Se  Opbaz.  étoient  nommés  Opher,  Se  qu  Ophir  Se  Par- 
vajim étoient  regardés  comme  les  mêmes  :  ceci  foit 
dit  fans  approuver  fon  fyftême  ,  qui  cherche  Parvajim 
ôc  Opbir  dans  la  Taprobane  des  anciens. 

Dans  une  matière  fi  obscure  ,  il  n'eft  pas  étonnant  que 
les  favans  fe  foient  partagés.  Paz,  Se  Pbaz.  font  la 
même  chofe ,  &  s'écrivent  avec  les  mêmes  lettres.  En 
hébreux  P  Se  Pb  font  également  exprimés  par  la  let- 
tre 3  ;  toute  la  différence  confifte  en  un  point  que  l'on 
met  dans  cette  lettre.  3  eft  un  P  ;  3  eft  un  Pb  ,  ou 
le  <t>  des  Grecs.  Or  dans  l'hébreu  fans  ponctuation  ce 
point  difparoit,  Se  devient  fousentendu  ,  s'il  faut  pro^ 
noncer  P.  Ceci  eft  en  faveur  des  perfonnes ,  qui  ,  ne 
connoiflant  point  la  valeur  des  lettres  hébraïques ,  pour- 
raient s'étonner  de  ce  que  l'on  dit  presque  indifférem- 
ment Paz.  Se  Pbaz..  Dom  Calmée  trouvant  le  mot 
Pbaz.  fi  femblable  à  celui  de  Pbafis ,  nom  d'une  ri- 
vière de  la  Coichide,  y  met  fon  Ophir.  Ce  Phafis  eft 
mis  dans  l'Ethiopie ,  nom  que  l'on  a  donné  auflî  à  la 
Coichide ,  comme  on  le  fait  voir  ailleurs.  Huet  en 
conclud  que ,  s'il  eft  vrai  que  les  Colques  foient  une 
colonie  venue  d'Egypte ,  les  Egyptiens  arrivant  dans 
ce  pays,  &  y  trouvant  un  fleuve  qui  rouloît  de  l'or 
avec  fou  fable ,  ils  lui  donnèrent  le  hom  de  Pbaz,  ou 
Pbafis ,  qui  eft  celui  d'un  autre  fleuve  de  l'Ethiopie 
vraie ,  lequel  a  la  même  qualité ,  &  dont  le  commer- 
ce fréquent  qu'ils  avoient  fait  aux  environs  leur  avoit 
dortné  une  entière  connoiffance.  C'eft  encore  par  la 
même  raifon  qu'il  eft  arrivé  qu'on  a  nommé  Pbafis  une 
autre  rivière  de  Mauritanie ,  qui  a  donné  fon  nom  à 
la  célèbre  ville  de  Fe?..  Léon  l'Africain  rapporte  deux 
étymologies  de  ce  nom ,  l'une  tirée  de  l'or  que  l'on 
trouva  en  jettant  les  fondemens  de  cette  ville ,  Se  l'au- 
tre du  nom  du  fleuve  fur  le  bord  duquel  elle  eft  bâ- 
tie. 

Qui  pourroit  fe  perfuader  que  l'écriture  fainte   qui 
rapporte,  exacteraeat  Se  en  détail ,  les  actions  6e  les  na- 


vigations de  Salomon  ,  eût  voulu  paner  fous  filence  Paz,3 
Upbaz.  Se  Parvajim  ?  Car  foie  qu'on  place  ces  con- 
trées dans  l'Inde,  dans  la  Perfe ,  dans  la  Coichide, ou 
par  tout  ailleurs  ,  la  chofe  méritoit  afiez  qu'on  en  con- 
fervât  la  mémoire.  La  caufe  de  ce  filence  ne  peut  venir 
que  de  ce  que  l'écriture  ayant  fait  mention  de  la  na- 
vigation d'Ophir,  elle  avoit  par  là  fuffifamment indiqué 
celles  de  Paz. ,  d'Uphaz.  Se  de  Parvajim. 

L'opinion  de  Saumaife  eft  bien  différente.  Il  recon- 
noit  que  Paz,  Se  Opbaz.  font  des  noms  de  lieux  ;  mais  il 
veut  que  Paz.  foit  la  même  chofe  que  Tonthnov ,  Topafion  ^ 
pierre  précieufe  qui  porte  le  même  nom  que  TopafosJ 
iflede  l'Arabie  ,  où  cette  pierre  fe  trouvoit,  &  que  l'on 
nommoit  auiîi  Pafion  ,  uâa-iov.  11  fe  fert ,  pour  appuyer 
cette  opinion,  du  témoignage  d'Hefyche,  dont  voici  les  pa- 
roles. Uda-iov  0  naù  To7ta.7iûv,Xiôoç  7ro\vTi[/.oç,  c'eft -à-dire  Pa~ 
fion  ou  Topafion  ,  pierre  précieufe  ,  d'où  Saumaife  conclut 
que  l'Ifle  qui  produifoit  cette  pierre  ,  avoit  été  nommée 
Paz.on  Se  Topaz.on  ;  mais  ce  qui   prouve   que  Paz.  ne 
peut  être  Topafos ,  ifle  d'Arabie,  c'eft  quêtons  les  auteurs 
difent  bien  qu'elle  produifoit  la  topaze ,  mais    aucun 
ne  dit  qu'on  y  ait  trouvé  de  l'or.  Il  eft  vrai  que  Sau- 
maife ,  dans  le  même  endroit ,  in  Solin.  affure  que  Paz. 
fignifie  de  l'or  ;  en  quoi  il  eft  conforme  à  tous    les  in- 
terprètes ,  à  la  réferve  de  quelques-uns  qui  ont  rendu 
ce  mot  Paz.  par  pierre  prccieuje  ;  mais  l'erreur  de  Sau- 
maife vient  d'avoir  mal  entendu  Hefyche ,  ce  docte  gram- 
mairien ,  dans  l'endroit  où  il  dit  que  PazÀon  ,  nâÇtov  Se 
ToWçW  ,  figni fient  la  même  chofe.  Sa  méprife  confine 
en  ce  qu'ayant  vu  dans  quelque  auteurTomis  au-devant 
du  mot  riaf/oc  ,to  naÇiov ,  il  a  confondu  ce  mot  compo- 
fé  de  l'article  Se  du  nom.  En  quoi  l'on  peut  dire  qu'il 
a  fait  une  injure  très-grande  a  Hefyche.  Tondo-iov  eft  cette 
pierre   précieufe   que    les   Hébreux   appellent    mtJ3, 
Pitdath ,  d'où  eft  formé  le  nom  de  Topafe  par  un  ren- 
verfement  de  deux  confonnes  radicales  ;  mais  to  nà.Çioy 
fignifie  Paz. ,  c'eft-à-dire  de  l'or.    Voilà  avec  combien 
peu  de  fondement  Saumaife  avoit   conclu   que    cette 
ifle,  d'où  l'on  tiroit  les  topazes  avoit  été  appellée  Pafof 
Se  Topafos.  Saumaife  ,  de  même  que  Grotius ,  place  l'iflc 
Topa/os  ouTopafios  dans  les  Indes.  Ils  ont   fuivi  en  cela 
Etienne  &  faint   Epiphane.  Ce  dernier  ,  de  XII  Gcm- 
mis  ,  e.  2.  écrit  que  la  topaze,  pierre  précieufe,  fe  trou- 
ve dans  une  ville  de  l'Inde  ;  mais  il  auroit  dû  ,  pour  évi- 
ter   tout  fujet  de  chicane  ou  de  méprife,  avertir  que 
les  anciens  ont  étendu    la    mer   des    Indes  jusqu'à  la 
mer.  Rouge  ,  enfôrte  que  l'ifie  de  Topafos  ,  quoique  pla- 
cée dans  la  mer  Rouge,  a  pu  êtie  appellée  aufli  ifle 
de  la  mer  des  Indes.  Pour  être  convaincu  qu'il  n'y  a 
aux  environs  des  côtes  de  l'Inde   aucune  ifle  nommée 
Topazios  ,  à  qui  on  puifle  attribuer  la  production  des 
Topazes  ;  il  n'y  a  qu'à  faire  attention  que  cette  pierre 
nommée  Topaze ,  non  celle  que  nous  connoiflons  fous 
ce  nom  ,  mais  la  vraie  Topaze  des  anciens ,  Se  qui  eft 
proprement  la  Chryfolite  ,  étoit  dite  naître  dans  une  iflé 
d'Arabie  ,  &  non  dans  les  Indes. 

C'a  été  avec  plus  de  fubtilité  que  de  vraifemblancei 
que  le  même  Saumaife  a  imaginé  qu'ÛPHioDES  ,  ifle 
du  golfe  Arabique,  eft  l'Opbas  ou  \U\baz.  de  l'écri- 
ture ,  que  Paz  ,  Ophaz  ,  Topazion  Se  Ophiodes  font 
un  même  lieu ,  Se  que  du  nom  Opbaz.  on  a  fait  Ophio- 
des. Cela  eft  réfuté  a  l'article  Ophiodes. 

Il  eft  étonnant  que  Bochart  ait  mis  Paz, ,  Uphas  Se 
Parvajim  dans  l'ifie  de  Taprobane  ;  il  afflue  lui-même 
que  l'iile  de  Taprobane  ne  fut  point  connue  des  Ifraé'- 
lites,  Se  du  rems  de  Job  les  Indes  n'avoient  pas  encore 
été  découvertes;  or,  comme  dans  le  livre  de  Job,  9» 
28.  il  eft  expreiîément  parlé  de  Paz.,  Bochard  en  de- 
voir néceflairement  conclure  que  Paz.  n'eft  point  l'iflc 
de  Taprobane  ;  conférez  fon  Phaleg  ,  /.  2.  c.  27  avee 
fon  Chanaan,  /.  i.c.  46. 

Ceux  qui  ont  prérendu  que  Parvajim  étoit  la  Par- 
batie ,  ne  fe  font  arrêtés  qu'à  la  prononciarion  ,  fans 
faire  attention  à  fa  fituation ,  Se  aux  autres  indices  qui 
peuvent  la  faire  connoître  ;  car  Pline ,  qui  eft  un  de 
ceux  qui  ont  fait  mention  de  la  Parbarie  ,  la  place  fore 
avant  dans  les  terres.  On  pourroit  remarquer  que  Pline 
ne  l'appelle  point  Parbatie,  mais  Barbarie;  dans  le 
fond  ce  feroir  une  très-légère  difficulté ,  fi  d'ailleurs 
le  refte  avoit  quelque^  rapport» 


OPH 


OPH 


La  plupart  des  noms  des  lieux  qui  produifcnc  l'or  font 
dérivés  d'Opbir  Se  de  Pat.,  félon  Huer.  L'Espagne  , 
dit-il,  peut  être  apportée  pour  exemple  ;  ce  ne  lotit 
que  fes  richeffes,  fes  mines  abondantes  en  or,  en  ar- 
gent Se  autres  métaux ,  que  Strabon  vanre  extrêmement , 
qui  ont  pu  lui  faire  donner  le  nom  d'Ibene,  comme  à 
fon  plus  célèbre  fleuve,  celui  d'Ibère,  noms  qui  tuent 
leur  origine  de  celui  d'Ophir.  C'elt  encore  de  la  même 
fource  qu'a  été  tiré  le  nom  de  l'Ebre ,  fleuve  de  Thrace, 
qui  roule  des  pailles  d'or  avec  fon  fable.  Il  ne  faut  pas 
non  plus  oublier  les  noms  d'Opbis  Se  d'Ophare ,  fleuves 
aux  environs  de  la  Colchide  ,  contrée  fertile  en  or. 

Du  nom  de  Paz. ,  ont  aufli  été  tirés  ceux  de  plufieurs 
lieux  ou  fleuves  abondans  en  or,  comme  Phafe ,  ville 
&  fleuve  de  la  Colchide  -,  Phafif,  golfe  de  fleuve  de  la 
Taprobane  ,  ceux  de  Fez.,  fleuve  Se  ville  de   Barbarie. 
Quelques  interprètes  disputent  s'il  eft  arrivé  de  pren- 
dre Ophir  &  Paz. ,  pour  des  noms  appellatifs,  Saint  Jé- 
rôme ,  epifi.  14,0.  in  Ifai.c.  13.  in  Jerem.  (.10.  Se  un 
grand  nombre  d'auteurs  tiennent  pour' l'affirmative  ;  Se 
il  ne  fera  pas  difficile  d'en  trouver  des  exemples.  Rha , 
la  rhubarbe  qui  fc  trouve  dans  la  province  du  Pont ,  tire 
fon  nom  du  fleuve  Rha  ,  qui  cft  le  Wolga;  Pifiacia 
piitache  ,  de  Pittaché  i   Tharfis  ,  pierre   précieufe ,  de 
Tharfis ,  contrée  -,  Smaragdus  ,  émeraude  ,  de  Smaragd  ; 
Magnes  ,  l'aimant  ,  de  Magnefia.  Il  s'en  prefente  une 
infinité  d'autres  de  cette  nature.    11  femble  néanmoins 
qu'il  n'en  eit  pas  de  même  d'Ophir  Se  de  Paz..  L'écri- 
ture fainte  ne  fait  en  tout  mention  d'Ophir  que  huit 
fois ,  Se  il  n'y  en  a  qu'une  dans  le  livre  de  Job  ,  c.  22. 
où  ce  mot  Ophir  peut  être  regardé  comme  un  nom  ap- 
pellatif  ;  encore  faut-il  fuppofer  qu'on  interprète  ainfi 
ce  partage  :  Et  vous  mettrez,  l'or  fur  la  poujfiere  (  l'or  d'  ) 
Ophir  fur  les  rochers  des  torrens  :  qu'on  ne  pourroit 
plus  dite ,  fi  on  le  changeoit  de  cette  façon  :  &  fwr  les 
rochers  des  torrens  d'Ophir.  Il  elt  vrai  que  Paz.  Se  Thar- 
fis font  alTez  fouvent  pris  pour  des  noms  appellaufs. 

En  voilà  affez  fur  cette  matière  :  ce  que  j'en  ai  dit 
fuffit  pour  mettre  le  lecteur  intelligent  en  état  de  choifir 
entre  ces  différons  fentimens.  Je  ne  diffimule  point  que 
celui  qui  place  Ophir  fur  la  côte  orientale  de  l'Ethio- 
pie ,  entre  le  pays  de  Saphala  inclufivement ,  Se  le  dé- 
troit de  la  mer  Rouge, me  paroît  préférable  à  tous  égards. 
Il  a  l'or  en  abondance,  &  il  falloir  qu'Ophir  en  tut  bien 
pourvu  ,  pour  en  fournir  tous  les  ans  à  Salomon  fix  cens 
ïoixante-fix  talens.   Il  ne  falloir  pas  que  le  voyage  fût 
trop  long  ni  trop  difficile,  puisqu'on  le  faifoit  tous  les 
ans  C'elt  l'écriture  qui  .le  dit  :  Et  la  flotte  d'Hiramqui 
apportait  de  l'or  d'Opbir  ,  apporta  au/fi  en  grande  abon- 
dance d'Ophir  du  bois  de  Tbya  &  des  pierres  precieu- 
fes...  Et  le  poids  de  l'or  que  l'on  apportait  à  Salomon 
chaque  année  étoit  de  fix  cens  foixante-fix  talens  d'or. 
Voilà  pour  Ophir.  Enfuite,  parlant  de  Tharfis ,  elle  dit  : 
Le  roi  avait  en  mer  fa  flotte  avec  la  flotte  d'Htram,& 
U  flotte  alloit  en  Tharfis  en  trois  ans  une  fois.  Voila  les 
voyages  bien  distingués.  Celui  d'Ophir  tous  les  ans  :  ce- 
lui de  Tharfis  tous  les  trois  ans.  L'écriture  dit  de  cette 
dernière  flotte  ,    quelle  apportait  de  l'ar ,  de  l 'argent , 
de  l'yvoire ,  des  finges  &  des  paons.  Cela  eit  fort  net  -, 
cependant  nous  avons  vu  que  presque  tous  ceux  qui  fe 
font  mêlés  de  chercher  Ophir ,  ont  fourré  dans  leurs  re- 
cherches des  chofes  qui  n'y  avoient  point  de  rapport. 
Ils  ont  fuppofé  qu'il  falloit  trois  ans  pour  faire  le  voya- 
d'Ophiti  &ont  compaffé  le  chemin  de  la  floue  pour 
lui  faire  employer  utilement  ce  tems.  Ils  ont  été  em- 
barraffés  à  chercher  dans  le  voifinage  de  leur  Ophir , 
des  Singes  &  des  paons  ou  des  perroquets  ;  en  un  mot , 
ils  ont  grofli  la  difficulté.  Faute  de  lire  attentivement 
les  paffages  de  l'écriture  ,  ils  fe  font  égarés  de  gaieté  dé 
cœur.  D.  Calmer  eft  tombé  dans  cette  faute ,  dont  Huet 
eft  presque  le  feul  qui  fe  foit  garanti. 

Du  relte  le  fentiment  de  D.  Calmet  pourroit  bien 
lui  être  venu  en  lifant  ces  paroles  d'Huet  dans  le  V 
chap.  de  fes  navigations  de  Salomon  :  Je  fuis  furpris  que 
perfonne  n'ait  fongé  à  mettre  Ophir  dans  la  Colchi- 
de, vu  la  grande  diverfité  des  opinions  fur  ce  fujet  ; 
d'autant  que  l'expédition  des  Argonautes  efi  antérieure 
au  tems  du  règne  de  Salomon  >  que  l'on  trouve  aux  en- 
virons de  la  Colchide  des  fleuves  nommés  Ophis  &  O- 
pharus  ,  dont  le  nom  a  la  mime  origine  qu'Ophir  ,  6- 


6yi 

qu'il  n'efl  pu  vraifemblable  q.te  les  Phœniciens  ayent  né- 
gligé un  pays  abondant  en  or,  que  les  Grecs  avoient 
connu  &  fréquente.  Voilà  fon  thème  tout  fait ,  mais 
Afiongaber ,  d'où  partoit  la  flotte ,  l'a  forcé  de  faire 
le  tour  de  la  presqu'ifle  d'Arabie,  Se  l'a  pouffé  dans  le 
Tigre  Se  dans  l'Euphrate ,  qui  malheureufement  n'ont 
pu  le  conduire  au  terme. 

Je  le  repère  ,  il  faut  qu'Ophir  foit  maritime  ,  que  la 
courfe  foit  aifée,de  forte  qu'on  la  puiffe  faire  rous  les  ans  ; 
que  ce  foir  un  pays  fertile  en  or  ,  &  où  une  flotte  puiffe 
arriver  fans  avoir  befoin  de  labouffole.  Tout  cela  con- 
vient à  la  côte  de  Sophal.i ,  dont  après  tant  de  fiécles 
les  richeffes  ne  font  pas  encore  épuifées.  Une  mouflon 
y  menoit  laflorte,  l'autre  femeitre  lui  donnoit  le  vent 
propre  pour  revenir  à  la  mer  Rouge.  Point  de  golfe , 
ni  de  cap  dangereux  qui  interrompe  la  courfe  d'une  flot- 
te qui  rafe  la  côte.  Je  crois  qu'on  peut  fe  tenir  à  ce 
fentiment ,  qui  eft  celui  de  Thomas  Lopes ,  dans  fa  na- 
vigation des  Indes  ;  de  Baros ,  dans  fes  décades  ;  d'Or- 
telius  &  de  Huet.  Si  le  lecteur  compte  mon  jugement 
pour  quelque  chofe ,  j'avoue  que  c'eft  le  feul  qui  me 
paroiffe  fatisfaifanr  dans  rous  fes  points. 

1.  OPHIS  ,  rivière  d'Afie  ,  dans  la  Cappadoce»  félon 
Ortelius.  Arrien ,  Perip.  Pont-Eux.  p.  6.  ed.it.  Oxon. 
met  l'embouchure  de  cette  rivière  dans  le  Pont-Euxin  , 
à  quatre-vingt  Itades  du  port  d'Hyffus,  &  à  trente  de 
l'embouchure  du  Pfychrus.  Il  dit  expreffément  que  l'O- 
phis  féparoit  le  pays  des  Colques  de  la  Thiannique. 
Stuckius  n'y  penfoit  pas  quand  il  a  jugé  que  ce  devoir 
être  l'Opharus  de  Pline  qui  étoit  de  la  Sarmatie ,  c'eft- 
à-dire ,  qu'il  y  avoit  du  moins  toute  la  Colchide  entre 
deux. 

2.  OPHIS ,  rivière  du  Péloponnèfe,  dans  l'Arçadie, 
auprès  de  Mantinée ,  félon  Paufanias,  /.  8.  (.  8.  c'eft 
une  des  rivières  dont  fe  forme  le  fleuve   Alphée. 

OPHITEA.  Voyez.  AmpHiclée. 

OPH1TES.  Pomponius  Laetus  dit  qu'on  a  ancien- 
nement ainfi  nommé  l'Oronte.  Le  mot  Ophis  en  grec 
veut  dire  un  ferpent ,  Se  convient  affez  à  une  rivière 
donr  le  cours  va  en  ferpentant. 

1.  OPHIUSA,  ifle  de  la  Propontide ,  félon  Pline, 
/.  4.  in  fine;  elle  n'elt  pas  loin  de  Cyzique.  Etienne  le 
géographe,  in  roce  h(<r(iixoç  la  nomme  'Qtploia-a-ct. 

2.  OPHIUSA,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  dans 
le  voifinage  dlviça.  Les  Latins  l'ont  nommée  Colubra- 
ria  ,  Se  les  grecs ,  Ophiusa  ;  c'eft  aujourd'hui  Mon- 
colibre.  *  Pline  ,  1.  5.  c.  f . 

3.  OPHIUSA  ,  ancien  nom  de  l'ifle  de  Rhodes ,  félon 
Pline  ,  /.  j.  c.   31. 

4.  OPHIUSA ,  ville  de  la  Scythie ,  en  Europe.  Scy- 
lax  de  Caryande  ,  p.  59.  de  l'édit.  d'Oxford.,  dit  :  Après 
la  Thrace  font  les  Scythes  :  Se  les  villes  grecques  de 
Scythie  font  :1e  fleuve  Tyras,  Niconium  ville,  Ophiu- 
fa  ville.  Il  ne  faut  pasetoire  que  par  le  fleuve  Tyras, 
il  ait  entendu  une  ville  ainfi  nommée ,  quoiqu'il  y  ait 
eu  véritablement  une  ville  de  même  nom  que  le  fleu- 
ve ,  comme  Pline  le  dit  très  bien  ;  mais  il  remarque 
que  cette  même  ville  n'elt  point  différente  d'Ophiufa, 
qui  eft  fon  ancien  nom.  Voici  le  partage  :  Clams  am- 
nis  Tyra ,  Oppido  nomen  imponens  ,  itbi  anteà  Opbiufa 
dicebatur.  Etienne  le  géographe  dir  de  même  Tyras, 
ville  Se  rivière  fur  le  Pont  Euxin  :  on  l'appelloit  O- 
phiusa.  Voyez   Tyras. 

y.  OPHIUSA  ,  c'elt  un  des  noms  qu'a  eu  la  Libye, 
félon  Etienne  le  géographe.  Huer ,  entr'autres  fuvans  , 
veut  qu'on  life  Ophir  isa  ;  il  dérive  ce  mot  d'Ophir. 

6.  OPHIUSA  ARVA.  Ovide  au  dixième  livre  de 
fes  Métamorphofes  : 


Ipfa  fuas  Urbes  Ophiufaque  arva  par  abat , 
Deferere  aima  Venus. 

Par  la  fable  où  ce  vers  e(t  placé,  on  voit  qu'il  nom- 
me ainfi  l'ifle  de  Cypre ,  ou  du  moins  un  canton  parti- 
culier de  cette  ifle. 

7.  OPHIUSA  ,  ancien  nom  de  CythnUs.  Vyez,  ce 
mot. 

8.  OPHIUSA,  ancien  nom  deTHENos,  l'uhe  des 
Cyclades,  aujourd'hui  l'ifle  deTiNE.  Pline  écrit  ce  nom 


672. 


OPH 


OPI 


par  une  double  S,  Ophiussa  ,  dans  l'édition  du  P.  Har- 

douin. 

1.  OPHIUSSA.  Voyez,  l'article  précédent. 

2.  OPHIUSSA  ,  petite  ifle  voifine  de  1  ille  de  Crète , 
au  voifinage  d'Hierapytna ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c .  1  2.  C'eft 
un  des  écueils  voifins  de  Gaidurogniffa ,.  a  l'extrémité 
orientale  de  la  côte  méridionale. 

3.  OPHIUSSA,  ille  des  Rhodiens ,  félon  Hygin. 
Elle  étoit  aux  environs  de  leur  ifle  apparemment.  Peut- 
être  auiTi  n 'eft-ce  que  l'ifle  même  de  Rhodes ,  qui , 
comme  le  dit  Pline  ,  a  été  aufll  nommée  Ophiufa.  Voyez. 
Ophiusa  ,  n°  3. 

OPHLAS  ,  lieu  de  la  Palestine  ;  c'étoit  apparemment 
un  lieu  obscur.  Jofephe,  de  la  guerre  des  Juifs,  /.  2. 
c.  32.  de  la  dïvifion  de  d'Andilh.  n°  206.  parlant  de  la 
fédition  excitée  par  Manahem  ,  dit ,  que  s'étant  fait  voir 
au  temple  de  Jérufalem  vêtu  à  la  royale,  on  alla  pour 
l'y  attaquer.  Son  parti,  après  une  légère  réfiftance  ,  prit 
la  fuite.  Eléazar  fe  fauva  à  Maffada  ,  où  il  fe  foutinr 
quelque  tems.  Quant  à  Manahem  ,  ayant  été  trouvé 
dans  un  lieu  nommé  Ophlas ,  où  il  s'étoit  caché ,  on 
l'en  retira ,  ôc  on  l'exécuta  en  public  ,  après  lui  avoir 
fait  fouffrir  des  tourmens  infinis. 

OPHL1MUS,  montagne  de  l'Arménie  mineure,  fé- 
lon Strabon,  /.  12.  p.  556. 

OPHLONES,  peuples  de  la  Sarmatie,  en  Europe  , 
félon  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  j.  11  les  met  au  coude  du  Ta- 
naïs. 

OPHNI ,  ancienne  ville  de  la  Palefline  ,  dans  la  tri- 
bu de  Benjamin.  11  en  eft  parlé  dans  le  livre  de  Jofué, 
<.  18.  v.  24.   C'eft  apparemment,  dit  D.  Calmer,  la 
même  que  Gophni  ou  Gophna  ;  c'eft  en  effet  le  même 
mot.  L'Haïny  fe  prononce,  félon  quelques-uns,  com- 
me un  efpnt  qui  fe  fait  à  peine  fentir  ,  en  ce  cas  ,  c'eft 
Ophni  ;  quelques-uns  le  prononcent  comme  un  G  ,  ôc 
difent  Gophni.  Les  Juifs  de  quelques  pays   le  pronon- 
cent comme  Gn  dans  les  mots  régner  ,  magnifique ,  ôc 
ceux-là  prononcent  Gnopbni.  Les  grammairiens  moder- 
nes, comme  Wasmuth  ,  Schickard  ,  Buxtorf  &  autres, 
difent  que  c'eft  un  efprit  très  dur  \  mais ,  comme  dit 
Wasmuth  ,  à  préfent  on  n'en  connoit  plus  la  valeur , 
&  Buxtorf  qui  prétend  que  le  haut  du  gofier  ôc  le  nez 
doivent  concourir  pour  le  bien  prononcer,  obferve  que 
les  Grecs  l'ont  fouvent  omis ,  parce  qu'ils  ne  le  connois- 
foient  pas ,  &  qu'en  effet  il  eft  très-difficile  à  pronon- 
cer.   Quelquefois  auflï  ils  l'ont  exprimé  par  leur  y ,  qui 
eft  le  G  ou  plutôt  Gh.    Il  traite  de  ridicule  ceux  qui  le 
prononcent  comme  gn,  ôc  dit  que  ceux  qui  en  font  un 
efprit  très-doux,  &  comme  fi  c'étoit  un  aleph  N  ,  con- 
fondent deux  efprits  très-différens.  Gophna  ,  félon  Eu- 
febe  ,  Onomafl.  ad  vocem  QapctyÇ  Borpucs ,  devoir  être 
à  quinze  milles  de  Jérufalem,  tirant  vers  Naploufe  ou 
Sichem.  Ailleurs  il  dit  in  Gebena  ,  r«|3ê>«  ,  qu'elle 
étoit  à  cinq  milles  de  Geba  ou  de  Gabaa.  Ces  deux  cita- 
tions font  de  D.  Calmet ,  qui  nomme  Jofephe  pour  Eu- 
febe  par  inadvertence.  Saint  Jérôme ,  traduifant  Eufe- 
be ,  dit  au  mot  Adasa  :  Adafa  dans  la  tiibu  de  Juda, 
village  auprès  de  Gupbna.  Il  ajoute  :  Mais  je  m'étonne 
qu'il  ait  mis  la  contrée  de  Guphna:  dans  la  tribu  de 
Juda,   puisqu'il    eft   clair,    félon  le    livre  de   Jofué, 
qu'elle  tomba  dans  le  partage  d'Ephraïm.  Le  P.  Bon- 
frerius ,  à  fon  tour,  s'étonne  que  faint  Jérôme  trouve 
clairement  cela  dans  Jofué  qui  n'en  parle  aucunement, 
ni  dans  la  verfion  latine  ni  dans  les  Septante,  lorsqu'il 
eft  queftion  de  la  tribu  d'Ephraïm.  Ce  faint  auroir  parlé 
plus  exactement,  s'il  eût  dit  que  de  fon  tems  la  ville 
fubfiftoit  encore ,  ôc  que  le  nom  s'étoit  confervé.  Car 
ailleurs  il  parle  d'une  ville  de  ce  nom,  comme  d'un  lieu 
très-connu.  On  voit  même  par  Jofephe  que  c'étoit  de 
fon  tems  une  ville  illuftre  de  la  Judée ,  ôc  entre  les  onze 
toparchies ,  elle  tenoit  le  premier  rang  après  celle  de 
Jérufalem  ;  mais  il  y  a  lieu  de  douter  fi  elle  étoit  de  la 
tribu  dEphraïm  ,  comme  faint  Jérôme  le  dit ,  j'aime- 
rois  mieux  dire  qu'elle  étoit  de  la  tribu  de  Benjamin , 
quoiquaux  confins  de  celle  d'Ephraïm  ;  car  je  ne  crois 
pas  que  Gufna  ,  ou  Gofna  ,  ou  Gophna,  foit  différenre 
de  l'Ophni  dont  il  eft  parle  au  livre  de  Jofué,  où  elle 
eft  attribuée  à  la  tribu  de  Benjamin.  Le  même  P.  Bon- 
frerius ,  qui  parle  ainfi  dans  fa  note  ,  dit  dans  fon  arti- 
cle de  Gophna  ,  ou  Guphna»  ou  Gufna ,  que  c'étoit  une 


ville ,  ôc  qu'avec  le  tems  elle  devint  une  fameufe  to- 
paichie.  Je  foupçonne  ,  dit-il ,  qu'elle  étoit  dans  la  tri- 
bu de  Benjamin  ,  aux  confins  de  celle  d'Ephtaïm  -,  cac 
elle  ne  paroît  point  différente  de  l'Gphm  de  Jofué  ,  c, 
18.  v.  24.  ce  mot  s'écrivant  au  commencement  par  un 
j?  ,  ôc  l'y  fe  rendant  fouvent  par  un  g  ,  on  a  pu  ren- 
dre Ophni  par  Gophni ,  qui  n'eft  guère  différent  de 
Gophna.  Du  refte  ,  comme  le  remarque  le  P.  Bonfi  erius , 
ce  que  D.  Calmet  dit  de  Gophna  ôc  de  la  toparchie 
Gophnirique,  revient  aflez  à  la  pofition  d'Eufebc.  Par 
exemple,  il  dit  que  Vespafien  ayant  fubjugué  la  Gophniu- 
que  ,  affujettit  Béthel  ôc  Ephraïm,  ôc  que  Tites'avan- 
çant  de  la  Samatie  vers  Jérufalem  ,  vint  à  Gophna.  * 
Antiquit.  1.  14.  C.  18.  de  Bell.  1.  I,  C.  9.  &  1.  i.  C.  2J, 
ôc  1.  3.C.  2. 

OPHRA.  Voyez,  Opher  i. 

OPHRADUS,  rivicre  d'Afie.  au  pays  des  Doris- 
ques ,  peuple  fitué  entre  l'Ane  ôc  la  Drangianc  ,  fclôQ 
Pline,  /.  6.  c.  23. 

OPHRYNIUM  ,  lieu  d'Afie,  dans  la  Troade  ,  près 
de  Dardanum.  Hérodore,  /.  7.  c.  43.  dit  :  Etant  partis 
du  Pergame  de  Priam  ,  c'eu-à-dire  ,  des  ruines  de  Troye , 
ils  côtoyèrent  avant  à  leur  gauche  Rhœtcum ,  Cphry- 
nium  ôc  Dardanum,  voifn.e  d'Abydos.  Srrabon ,  /. 
13.  p.  598.  dit,  après  avoir  parlé  de  Dardanus  ou 
Dardanum  :  Allez  près  de-la  eft  Ophrynium  :  il  y  a  là  le 
bois  d'Hector,  dans  un  lieu  qui  eft  fort  en  vue  ,  Se  en- 
fuite  le  lac  de  Ptelée. 

OPHTH1S  ,  ville  de  la  Libye  ,  au  voifinage  de  l'E- 
gypfe,  félon  Etienne  le  géographe  ,  'Op6/ç. 

OPLE ,  'O™*/ ,  ancien  peuple  des  Indes,  fur  les  bords 
du  fleuve  Indus ,  félon  le  même. 

OPICA  TERRA.  Voyez,Opici. 

OPICI ,  ancien  peuple  d'Italie.  Denys  d'Halicar- 
nafie,  /.  1.  p.  58.  cite  Ariftore  en  ces  termes  :  Annoté 
le  philofophe  raconte  que  quelques  Grecs  venant  de 

Troye abordèrent    au  pays  des  Opicicns,  dans 

l'endroit  où  eft  le  Latium  ,  pioche  de  la  mer  Thyné- 
nienne  •,  E/'ç  tgc  tIhw  TbToi'  t«$  'Ottikvç  l;  xateacii  Aaricv  vni 
TulvffwiKu  TTi^a^n  Kîijutvcç.  L'hiftorien  cité  avoit  dit 
auparavant  ,  en  parlant  de  la  navigarion  d'Enée:  Enfuite 
ils  abordèrent  à  une  ifie  qu'ils  nommèrent  Lucafie  ,  ciu 
nom  d'une  parente  d'Euée  qui  mourut  tout  auprès  ; 
de  là  ils  allèrent  mouiller  dans  un  port  beau  ôc  pro- 
fond ,  au  pays  des  Opicicns  îv  'OtihicIç  ,  ôc  Mifene  ,  hom- 
me de  diitinétion  y  étant  mort ,  ils  donnèrent  fon  nom 
au  port  II  pat  le  aulfi  des  Sicules ,  qui,  étant  chaffés  de 
leurs  pays  par  les  Opicicns ,  fe  retirèrent  dans  l'ifle 
qui  a  pris  d'eux  le  nom  de  Sicile.  Paufanias  ,  in  Achaïa  » 
met  la  ville  de  Cumes  dans  le  pays  aes  Opicicns.  Et 
Ariftore  ,  Pol'uic.  I.  7.  c.  10.  prétend  que  ce  même  peu- 
ple a  été  aufîi  nommé  les  Ausoniens.  Ce  qu'il  y  a 
de  cerram  ,  c'eft  qu'il  n'eft  nullement  différent  des  Os- 
ques  qui  habitoient  la  côre  de  la  Campanie  ôc  quel- 
que chofe  du  Latium.  Voyez,  l'article  Osci. 

OPIDANI  LANCIENSES.   Voyez.  Lancia  Oppi- 

DANA. 

OPIDONOBENSIS.  Voyez.  Oppidonobensis. 

OPIDUM    Voyez.  Oppidum. 

OPINENSIS  ou  Ospinensis  ,  fiége  épiscopal  d'Afri- 
que. Au  concile  de  Carrha^e  tenu  en  419  fous  Aure- 
lius  ,  fur  préfent  Léon  ,  episcoyus  Ospinenfis  ,  député  de 
la  Mmrirnnie  Tingitane.  Voyez.  Oppinum. 

1.  OPINUM  ,  perite  ville  de  l'ifle  de  Corfe ,  dans  les 
terres ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3  c .  2. 

2.  OPINUM,  lieu  d'Italie,  fur  la  route  de  Milan, 
à  l'extrémité  méridionale  de  l'Italie  ,  ôc  plus  précifé- 
ment  entre  Venufe  ôc  Potentia,  à  quinze  mille  pas 
de  la  première  ,  félon  l'itinéraire  d'Anronin. 

OPIS,  ancienne  ville  d'Afie,  fur  le  Tigre.  Héro- 
dote ,l.i.  n.  189.  en  fait  une  ville  ,  •ni'Kiç,,  Strabon  ,/. 
2.  p.  80.  ne  la  traite  q.ie  de  village  ,  miy.»  ,  fuite  de  la 
décadence  où  elle  étoit  tombée  dans  l'intervalle  qui  eft 
entre  les  tems  où  ils  ont  vécu.  Strabon  ,  /.  16.  p.  740. 
ajoute  que  les  Perfes  avoient  fait  des  travaux  pour  em- 
pêcher au'on  ne  pur  remonter  le  fleuve  depuis  la  mer 
jusques  là  ,  mais  qu'Alexandre  les  fit  démolir.  Il  dit 
qu'Opis  étoit  le  rendez-vous  des  marchuiidifes  des  en- 
virons. Arrien  ,  /.  7.  c.  7.  fait  aufli  mention  de  ces  ca- 
talanes pratiquées  par  les  Pcïfe* ,  ôtées  par  Alexandre. 

Xénophcn , 


OPO 


Xénophon  ,  dans  fa  retraite  des  Dix  mille  ,  parle  d'Opis 
Comme  d'une  grande  ville  qui  avoir  un  pont  fur  le  Tigre. 

OPIS1N  A  ,  vi  Ile  de  la  Ttirace,  dans  les  terres ,  félon 
Ptolomée,/.   3.  c.  il.  Voyez.  Qpizum. 

OPITERG1N1  MONTES.  Pline  nomme  ainfi  les 
monragnes  où  la  Livenza  (  Liquentiu  )  a  fa  fource.  Ce 
fontcellesqui  font  entre  Cencda,  Belluno  &  les  bourgs 
d'Aviano  Se  Polcenigo.  Elles  font  allez  loin  d'OJerzo  , 
Se  il  y  a  au  moins  feize  milles  communs  d'Italie  d'O- 
derzo  à  ces  montagnes.  Le  père  Hardouin  ne  devoir 
donc  pas  dire  que  ces  montagnes  font  Juxta  Opitcr- 
gium  ,  quand  il  met  Oderzo  fur  la  Livenza.  Elle  cil  fur 
le  Motregan  ,  à  cinq  milles  Se  demi  de  Motta ,  qui  eit  au 
confluent  des  deux  rivières. 

OPITERGIUM  ,  ancienne  ville  d  Italie  ,  au  pays  du 
peuple  Veneti,  entre  Ceneda  Se  la  mer  Adriatique.  Pline , 
/.  3.  c.  19.  la  nomme  immédiatement  après  Padoue.  Pto- 
lomée, /.  3.  c.  1.  la  nomme  entre  Acelum  Se  Ahinum 
dans  les  terres  de  la  Venctie.  Tacite  ,  Hift.  3.  dit  que  Pri- 
mus  Se  Varus  s'emparant  de  toutes  les  places  voifines  d'A- 
quilée,  furent  reçus  à  Opitergium  Se  à  Altimim  avec  de 
grandes  marques  de  joie.  Paul  le  Diacre  ,  De  Gefi.  Lan- 
gobard.  /.  5.  c  28.  dit  que  Grimoald,  roi  des  Lombards, 
irrité  contre  les  Romains  qui  avoient  trompé  Se  fait  périr 
Tafîion&:  Caccon,  fes  coufins,  détruilit  de  fond  en  com- 
ble la  ville  à! Opitergium  où  on  les  avoitfair  mourir.  Cec- 
te  ville  avoit  déjà  eu  plufieurs  fois  le  même  malheur.  Am- 
jaiien  Marcellin  dit  que  les  Quades  Se  les  Marcomans 
avoien'taffiégé  long-tems  Aquilée,&  rafé  Opitergium.  Pve- 
levée  de  ce  malheur,elle  avoit  été  encore  ravagée  par  Ro- 
thaire,  roi  des  Lombards  ;  c'eftPaul  Diacre,  /.  4.  c.  45.  qui 
le  dit,Opitergium  quoqitc  civitatem  interTarv'tjïum  £?  Vu- 
rum  Juin  pofiuim,  pari  modo  expiignavit  &  diruh  Roiburi 
rex.  Ce  nom  eil  eftropiédans  Strabon,auffi  bien  qu'un  au- 
tre nom  qui  !e  fuit: on  lit,/.  $.p.i  14  :  >K?7rrsp77$i' «.uVo^ici, 
Epiterpon  Se  Ordia.  Cluvier,  bal.  Mit.  /.  1.  c.  iS.  a 
très-bien  vu  qu'il  faut  Ihe'OTTtTipyjw  y.ui  Kwx.opS'ioi ,  Opi- 
tergion  Se  Concordia.  Il  n'elt  pas  moins  corrompu  dans 
la  table  de  Peutinger  ,  Opttergio  ,  où  le  premier  feu; 
mis  pour  l'i.  Elle  place  cette  ville  entre  Vicenze  Se  Con- 
cordia à  trente-trois  mille  pas  de  la  première  Se  à  qua- 
rante de  la  féconde.  Les  habitans  font  nommés  Opiter- 
gini  par  Lucain ,  Florus,  /.  4.  c.  2.  Pline,/.  3.  c.  18. 
&c.  Le  nom  moderne  eft  Oderzo  Se  Uderzo  ;  quel- 
ques-uns ont  écrit  Ovederzo.  Elle  eft  nommée  dans 
la  notice  de  Léon  le  Sage.  Voyez.  Oderza.Cc  fut  ap- 
paremment après  fa  destruction  par  les  Quades  Se  les 
Marcomans,  qu'Héraclius  la  rebâtit  Se  qu'elle  fut  nom- 
mée Héraclée. 

OPlUS,'OOTaî,  ville  du  Pont  Cappadocien,  félon 
Ptolomée,/.  5.  c.  6.  Quelques  exemplaires  portent 
Pitiusa. 

OPIZUM  ,  ville  de  Thrace.  Anconin  la  met  entre 
Philippopolis  Se  Hadrianopolis.  Voici  les  diftanecs , 
Philippopoli , 

Cellts,  XXX.     M.  Pas. 

Opiz.o,  '  XX.        M.  P. 

Ajjo,  XVIII.    M.  P. 

Subz.uparay  XX.       M.  P. 

Burdipta,  XXII.    M.  P. 

Hadrianopoli ,  XXIV.    M.  P. 

On  ne  doute  presque  point  que  ce  ne  foit  l'Ôpisi- 
na  de  Ptolomée. 

OP-LINTER  ,  abbaye  de  filles  ,  ordre  de  Cîteaux, 
dans  le  Brabant ,  fur  la  Geete  ,  une  lieue  au-defibus  de 
Tillemont. 

OPLONTOSou  Opulentos.  On  croit  que  c'eft  ce 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Torredell  Anminziata  ,  en- 
tre Pompeii  Se  Hirculanium.  Voyez  Pompeii. 

OPOCIN ,  ou  Opoczno  ,  ou  Opotzno  ,  petite 
ville  de  Pologne,  au  palatinat  de  Sendomir  ,  dans  la  pe- 
tite Pologne ,  aux  confins  de  la  grande. 

OPOES.  Voyez.  Opus. 

OPONE.  Quelques  exemplaires  de  Ptolomée  nom- 
ment ainfi  une  ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egyp:e  ,  fur  le 
golfe  qu'il  appelle  Barbaricus  Sinus.  D'autres  exemplai- 
res portent  Opane.  Voyez.ce  mot.  M  fis  ce  qui  favorife 
Opone ,  c'eft  qu'Arrien  le  dit  aulîi  dans  fon  périple  de 
la  mer  Erythrée. 

OPOTANA ,  çu 


OPP       673 


OPOTON  ,  ville  de  la  Paleflinc  ,  félon  Pline  ,  /.  5, 
c.  18.  Dans  quelques  éditions  très-vicieufes  ûù  on  lit: 
Flurimi  tamen  Damascum  &  Opoton  r'iguàS  amne 
Chryforrhoafertilem ,  ce  qui  ne  forme  alicim  Cens  bien 
raifonnable.  Saumaife  a  bien  vu  qu'il  falloit  Vue  riguis  , 
mais  il  lit  :  Eupoton  riguis  ex  amne  ,  Sec.  Le  perc  Har- 
douin rétablit  le  tout  ainfi  ,  flurimi  tamen  Damascum 
ex  epoto  riguis  amne  Chryfùrrhoà  fertilem  ;  ce  qui  eft 
très-jufte  Se  convient  à  la  véritable  fituàtion  de  ce  ter- 
roir. Celui  de  Damas  eil:  rendu  fertile  par  le  Chryfor- 
rhoas ,  rivière  qui  eft  tarie  par  les  rigoles  qu'on  en  tire 
pour  arrofer  les  jardins  &  fournir  de  l'eau  aux  maifons 
de  Damas.  Ainfi  la  ville  d'Opoton  devient  une  place  chi- 
mérique. Relie  à  l'avoir  où  l'on  doit  chercher  Opotan  a  , 
ville  dont  Onelius  dit  qu'il  eil:  fait  mention  au  concile 
de  Chalcédoine. 

OPOTURA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée ,  /.  7.  c.  1. 

OPOULS,  bourg  de  France,  dans  le  Roufullon.  Il 
y  a  une  petite  jurisdiction  Se  un  gros  marché  de  moutons 
toutes  les  femaines. 

OPPA  ,  rivière  delà  Haute  Silène.  Elle  a  fa  fource 
dans  les  montagnes  de  Gesenk,  qui  féparent  la  Siléfie 
Se  la  Moravie  ,  d'où ,  entrant  dans  le  duché  de  Troppau  , 
où  elle  fait  un  grand  détour,  elle  paffe  à  IagerdorrF& 
à  Troppaw  ,  où  elle  reçoit  le  ruifleau  de  Mora  ,  Se  fe 
perd  dans  l'Oder,  auprès  du  village  de  Hiltschin.  Bau- 
drand  dit  que  c'eft  au-deflbus  de  ce  lieu  qu'eit  la  jonction. 
La  carte  de  Martin  Flelwïg  la  met  au-deflus. 
OPPAU  ,  ville.  Voyez.  Troppau. 
OPPEDE  ,  bourg  avec  titre  de  baronnie,  dans  lecom- 
tat  Venaiffin.  Il  y  a  une  collégiale. 

OPPELEN  ,  ville  de  la  Fiante  Silcfie,  au  duché  donc 
elle  eft  la  capitale  ,  Se  auquel  elle  donne  Ion  nom.  Elle 
eft  fituée  fur  la  droite  de  1  Oder ,  dans  une  belle  plaine,  où 
l'air  elt  fain  ,  Se  le  terroir  affez  bon  ,  quoique  fablonneux 
en  quelques  endroits.  Elle  efi  aux  frontières  de  Polo- 
gne, Se  on  y  parle  polonois.  L'églife  paroiffiale  eft  bel- 
le ;  il  y  a  auffi  une  collégiale  ,  Se  auprès  de  la  porte  de 
l'Oder  un  hôpital ,  où  on  lit  ces  vers  : 

Da  tua  ,  dttm  tu  a  [uni ,  pofl  mortem  nulla  potefias 
Dandi  ;  fi dederis  ,  non  peritura  dabis. 
La  maifon  de  ville  eft  affcz  belle.  La  place  eft  carrée  , 
entourée  de  maifons,  dont  quelques-unes  font  de  bri- 
ques Se  d'aurres  de  bois.  On  vit  dans  cette  ville  à  fort 
bon  marché.  *  Zeyler ,  Silef.  Topogr.  p.  169. 

OPPELEN  ou  Oppeln  (  Le  duché  d'  )  ,  petit  pays 
de  la  Haute  Siléfie.  Il  eft  borné  au  nord-eft  Se  au  fud- 
eit  par  la  Pologne  ,  au  raidi  par  les  duchés  de  Ranbor  Se 
de  Troppau  t  au  couchant  par  celui  de  Grorkaw ,  & 
au  nord-ouelt  par  celui' de  Brieg.  Les  rivières  qui  l'ar- 
rofent ,  outre  l'Oder  qui  le  partage,  font,  à  l'orient  de 
cette  rivière  ,  la  Brinnitz  qui  le  borne  ,  le  Malpenew, 
.&  IaKLADiNiTZ  ;  au  couchant  de  l'Oder,  la  Brudnig  ,  la 
Steina,  que  reçoit  la  Neifs ,  laquelle  fe  joint  avec  l'O- 
der au  pont  qui  fépare  les  duchés  d'Oppelen  Se  de 
Brieg.  Il  contient,  outre  la  capitale,  vingt-une  bourgades* 
que  Zeyler  appelle  villes.  Voici  leurs  noms, 
Oppelen  ,  capitale  ,  Lublinitz  , 

Le  haut  ou  petit  Glogaw ,         Schurgaft , 
Neuftadt ,  Krappitz , 

Kofel,  Peifskrotschampi 

Beuthen ,  Leifsnitz  , 

Gleibitz ,  Gorzoba , 

Toft,  Dobradin, 

Le  Grand-Strelitz  ,  Steinau  , 

Falkcnberg ,  Fridland , 

Zultz,  Le  Petit-Screlitz , 

Rofcnberg ,  Grosfmuck. 

Cette  principauté  a  eu  autrefois  fes  feigneurs  parti- 
culiers. Nicolas ,  duc  d'Oppelen ,  fut  exécuté  en  pu- 
blic l'an  1497,  pour  avoir  voulu  poignarder  dans  l'as- 
femblée  des  états, le  grand  bailli  de  Siléfie,  teducCa- 
fïmir  de  Teschen  Se  l'évêque  de  Breflau.  L'an  1/32, 
fon  frère  mourut  fans  enfans ,  Se  ce  petit  état  fut  dé- 
volu au  roi  de  Bohême.  C'eft  en  cette  qualité  que  l'em- 
peieur  en  jouit  immédiatement.  Oppelen  Se  Ratibor 
n'ont  enfemble  qu'une  feule  Se  même  régence. 

OPPEMIENSIS.Ortelius  trouve  dans  un  Victor  d'U- 
tique  manufciit ,  c'eft-à-dire  ,  dans  une  notice  d'Afri- 
Tem,  IV.  Qqqq 


é74      OPP 


OPP 


que  jointe  à  cet  auteur  ,  Oppcmienfis  ,  fiége',  épiscopal 
d'Afrique.  11  doute  s'il  ne  faut  pas  lire  Oppinensis  àOp- 
pinum.  La  notice  d'Afrique  imprimée  à  Rome  ,  mar- 
que entre  les.  évêques  de  la  Byzacénc  Honorius  0\pc- 
nuenjîs ,  d'autres  lifent  Oppermenfîs.Gt  fiége  étant  dans 
la  Byzacéne  ,  ce  ne  fauroit  être  Oppimtni  qui  étoit  dans 
la  Mauritanie  Tingitane. 

OPPENHE1M,  ville  &  bailliage  d'Allemagne,  dans 
le  BasPalatinat  du  Rhin,  fur  une  montagne,  au  bord 
du  Rhin ,  à  trois  milles  au-deiïiis  de  Mayence.  Il  y  a 
la  haute  yille  qui  eft  fur  le  penchant  de  la  montagne 
Se  la  banc  ville  qui  eft  au  bas.  Ficher,  Olivier  &  Bei- 
tius  tiennent  que  c'eft  la  Bonconica  ou  Bauconia  des 
anciens ,  Se  quelques  auteurs  comparent  la  fituaiion 
avec  celle  de  Jérufalem.  Les  uns  en  attribuent  fa  fon- 
dation à  Jules-Céfar  ou  à  Drùfus,  d'autres  aux  empe- 
reurs Probus ,  ou  Valentinien  ,  ou  Gratien.  Charlema- 
gne  en  fit  préfent  a  l'abbaye  de  Lorfch  ;  ce  n'étoit  alors 
qu'un  village, nommé  Obbenheim  ,  au  comté  du  comte 
Zeizolfe.  L'empereur  Conrad  II  le  retira  de  cette  ab- 
baye par  échange  en  cédant  Ausftafch  ,  &  l'unit  au  do- 
maine impérial.  Freher  veut  qu'il  foit  venu  au  Palatin 
fous  l'empire  de  Louis  IV.  D'autres  difent  que  Char- 
les IV  ,  qui  vouloit  élever  Vencefias  ,  fon  fils ,  à  l'empi- 
re ,  &  qui  avoit  promis  beaucoup  d'argent  aux  éle- 
cteurs Se  engagé  ,  pour  en  avoir ,  les.bicns  ,  les  domai- 
nes Se  les  revenus  attachés  à  la  dignité  impériale,  hy- 
pothéqua à  Rupcrt  l'aîné  ,  comte  Palatin  du  Rhin  & 
électeur ,  les  villes  d'Oppenhcim  ,  d'Odernheim  ,  d'In- 
gelheim  &  de  Keyferilautern  5  Se  Cuspinien  dit  dans  fa 
vie  que  ces  princes  le  forcèrent  à  leur  aflurer  par  fer- 
ment qu'il  ne  retirerait  point  ces  places  qu'il  leur  avoit 
engagées.  Il  y  en  a  d'autres  qui  difent  que  l'empereur 
Rupert  vers  l'an  1402,  aiîigna  pour  cent  mille  gui- 
des à  Louis,  comte  Palatin,  fon  fils,  les  villes  d'Op- 
penheim,  Ingelheim  &  Keyferilautern.il  exifte  un  di- 
plôme de  l'empereur  Rupcrt  de  l'an  1401  ,  par  lequel 
on  voit  qu'Oppenheim  appartenoit  encore  au  domaine 
impérial. 

La  ville  d'Oppenheim  jouit  d'un  bon  air  ;  il  y  vient 
de  fort  bon  vin  Se  de  bon  bled.  Il  y  a  des  caves  très-pro- 
fondes ,  &  aux  environs  de  la  ville  beaucoup  de  nobles- 
fe.  La  paroilTe ,  dédiée  fous  le  titre  de  fainte  Catherine  , 
tft  afléz  grande  ,  Se  l'églife  eft  une  des  plus  belles  qu'il 
y  ait  au  bord  du  Rhin.  Eile  eft  allez  bien  bâtie  ,  percée 
•  de  quantité  de  fenêtres  &  a  deux  choeurs ,  l'un  au  levant , 
l'autre  au  couchant.  Elle  fut  fondée  en  1158  ,  par  Gé- 
rard ,  archevêque  de  Mayence.  On  peut  voir  dans  la 
chronique  de  Sponheim ,  par  Tritheme  ,  fol.  283.  une 
lettre  à  cette  occafion.  On  y  parle  d'Oppenheim  com- 
me d'une  ville  nouvellement  bâtie,  après  avoir  été  ou 
brûlée  ou  faccagée  auparavant.  11  y  a  deux  couvens , 
l'un  de  religieux  Déchauflés ,  l'autre  de  filles  fous  le 
titre  de  fainte  Anne ,  une  maifon  appartenante  aux  che- 
valiers de  l'ordre  Teutonique,  une  paroiffe  fousl'invo-' 
cation  de  faint  iSébaftien,  &  dans  le  fauxbourg  l'é- 
glife de  faint  Antoine.  Il  y  a  fur  la  montagne  dans  l'en- 
ceinte de  la  ville  ,  un  château  nommé  Landfcron,  c'eft- 
à-dire  ,  la  couronne  du  pays.  Cette  ville  a  extrême- 
ment fouffert  durant  les  longues  guerres  d'Allemagne  , 
avant  la  paix  de  Wcflphalie  ;  les  François  la  faccagerent 
de  nouveau  en  1 689.  *  Zeyler ,  Palat.  Rheni  top.  p.  40. 

OPPENHEIM(Le  bailliage  D')eft  fitué  en-deçà 
du  Rhin,  Se  confine  au  pays  de  Mayence  ,  il  n'y  a  que 
deux  places  confidérables. 

Oppenheim         Se         Ingelheim. 

OPPENNENSIS.  ^«.Oppemiensis. 

OPPIDIUM,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe  3  fé- 
lon Ptolomée,  /.  4.  c.  2.  Elle  étoit  dans  les  terres. 

OPPIDO  ,  ville  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples,dans 
la Calabre  Ultérieure  ,  au  pied  de  l'Apennin,  fur  une 
montagne ,  à  la  fource  de  la  rivière  de  Métro ,  avec 
un  eveché  fufTragant  de  l'archevêché  de  Regio  ,  entre  les 
ruifleaux  de  Trecofio  &  de  Madema  qui  l'environnent. 
Elle  eft  fort  petite  ,  Se  n'eft  qu'à  douze  milles  de  la  côte 
Se  de  kl  mer  de  Toscane  au  levant ,  Se  à  vingt  de  Mi- 
leto  au  midi.  *  Baudrand,  édit.   1705. 

OPPIDONEON.  Ce  mot  eft  formé  du  latin  Oppidum 
Se  du  mot  grec  vîov  pour  novum,  ainil  ce  doit  être  Op- 
pidum novum  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfaricnfe.  Elle 


étoit  dans  les  terres ,  fclon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  2.'qui  en 
fait  une  colonie.  Cela  eft  conforme  à  ce  que  dit  Pline  , 
/.  5.  c.  2.  que  l'empereur  Claudius  y  avoit  établi  des 
vétérans.  Antonin  la  nomme  entre  Tigavœ,  municipe  ,  Se 
Ttgava,  fortereffe,  à  trente-deux  mille  pas  de  l'une,  &  à 
onze  mille  pas  de  l'autre.  L'anonyme  de  Ravcnne  en  fait 
auili  mention.  C'eft  le  même  fiége  épiscopal  qu'Oppi- 
donobensis.  Voyez,  ce  mot. 

OPP1DONOBENS1S  ou  Oppidonfeensis  ,  fiége 
épiscopal  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  11  en  eft  fait  men- 
tion dans  la  notice  d'Afrique  ,  où  fon  éveque  eft  nom- 
mé Venantius  Oppiàonoberms  ;  d'autres  exemplaires  por- 
tent Oppidoncbenfis.  Marmol  croit  que  le  nom  moderne 
de  ce  lieu  eft  Mezuna. 

OPPIDUM.  Plufieurs  écrivent  Opidum  par  un  Am- 
ple p.  Mot  latin  qui  veut  dire  une  petite  ville  :  les  Latins 
le  donnoient  fouvent  à  ce  que  nous  appelions  bourg.  Il 
faut  avouer  en  même-tems  que  les  anciens  ne  s'atta- 
choient  pas  fcrupuleufement  à  cette  diftinction ,  fur- 
tout  les  poètes  qui  employoient  indifféremment  ces  mots 
Urbes  Se  Oppida  ,  félon  que  l'un  ou  l'autre  convenoit 
à  la  mefure  de  leurs  vers ,  comme  dans  ces  exemples: 
Cingere  mûris  oppida.  Virgil. 

Foflli  précipites  cingebant  Oppida.  Ovid. 

Oppida  moliri.  Horat. 

Erutaconvulfîs  profternes  Oppida  mûris.  Siliusltal. 

Annofa  vafiant  Oppida.  Stat. 

Oppida  debellata.  Claudian. 
Et  une  infinité  d'autres;  mais  les  auteurs  en  profe&  les 
orateurs  eux  mêmes  ont  mis  les  mots  oppidum  Se  urbs 
en  parlant  du  même  lieu.  Cicéron  au  premier  livre  de 
la  divination  ,  c.  i^.Scribit  (  Ariftoteles  ) Eudemum Cy- 

prium Fberas  venijje  ;  qu&  erat  Urbs  in  Yheffa- 

lia  tum  admodum  nobilis  ,  ab  Alexandro  autim  Tyran- 
no  crudeli  dominai u  tenebatur  :  in  eo  igitur  Oppido  ita 
graviter  agrum  EiuLmum  fuijjt ,  Ut  ornnes  Medici  dif- 
jîdercnt ,  Sec.  appelle  dans  la  même  phrafe  Urbs  Se  Op- 
pidum le  même  lieu.  11  dit  dans  fon  premier  livre  de 
la  gloire  que  nous  n'avons  plus ,  Se  dont  il  ne  relie  que 
quelques  fragmens  disperfés ,  dit  que  le  mot  Oppidum 
venoit  du  fecours  que  les  hommes  s'étoient  promis  mu- 
tuellement, en  demeurant  les  uns  auprès  des  autres, 
Oppida  quod  Opcm  datent.  Paulus  le  grammairien  dit 
dans  le  même  fens  Oppidum  diïtum  eft  quod  Opem  pr&- 
bel.  Il  en  donne  encore  une  autre  étymologie  ;  il  prétend 
que  le  mot  Oppidum  eft  venu  de  ce  que  les  hommes  y 
porroient  ce  qu'ils  avoient  de  plus  précieux.  Oppidum 
quod  Un  homines  opes  fuas  conferunt.  Il  ne  faut  donc  pas 
s'aheurter  à  expliquer  toujours  Y  Oppidum  des  écrivains 
Latins  par  notre  mot  bourg,  puisqu'il  eft  certain  qu'ils 
s'en  font  fouvent  fervis  dans  le  fens  de  ville  ,  Se  même 
de  ville  confidérable.  Les  habitans  étoient  nommés  Op- 
pidani. 

1.  OPPIDUM  NOVUM,  ville  de  la  Gaule,  dans 
l'Aquitaine,  félon  l'itinéraire  d'Antonin.  11  la  met  entre 
Bencharnum  Se  aquœ  Convenarum  ,  à  dix  huit  mille  pas 
de  la  première  ,  Se  à  huit  de  la  féconde.  Aqiu  Convena- 
rum eft  ,  félon  lui  ,  à  feize  milles  de  Lugdmmm  Conve- 
narum ,  aujourd'hui  Saint  Bertrand  ,  Se  s'appelle  Aques. 
Beneharnum  fut  entièrement  détruite  par  les  Sarrazins , 
Se  on  ignore  abfolument  la  place  qu'elle  occupoit. 

2.  OPPIDUM  NOVUM,  ville  delà  Mauritanie  Cé- 
farienfe ,  félon  l'itinéraire  d'Antonin.  Elle  étoit  épisco- 
pale  ,  félon  la  notice  ei'Afrique  qui  nomme  ce  fiége  Or- 
pidonobensis.  Ptolomée  la  nomme  OppiDONEON.Fojfj. 
ces  deux  mots. 

3.  OPPIDUM  NOVUM,  ville  de  la  Mauritanie 
Tingitane,  félon  l'itinéraire  d'Antonin,  entre  TremuLt 
Se  ad  Noi>as,  à  douze  mille  pas  de  la  première,  Se  à 
trente-deux  de  la  féconde. 

OPP1NUM,  ville  de  la  Mauritanie  Tingitane,  felori 
Ptolomée.  Quelques  exemplaires  portent  fimplement 
Opinum.  Quoique  la  notice  d'Afrique  ne  fournifie  rien  fur 
cette  ville,  on  ne  laiffe  pas  de  croire  qu'elle  étoit  épis- 
copale,  Se  que  c'étoit  le  fiége  de  LeoOp'wenfis  ouOs- 
pinensis  dont  je  parle  au  mot  Opinensis.  Simler  croit 
que  c'eft  I'Oppidum  Novum  d'Antonin,  dans  la  Mauri- 
tanie Tingitane.  Je  fuis  perfuadé  que  la  route  de  ces  deux 
géographes  ne  mène  pas  au  même  endroit. 

OPPIUS  MONS,  montagne  de  Rome,  félon  Var- 


OPU 


OR 


ron  &  Feftus,  au  mot  Septimontio  ;  mais  le  partage  de 
Feftus  où  ce  nom  fe  trouve  ,  cil  fore  dérangé ,  félon 
Ant.  Auguftin  ,  qui  obferve  qu'au  lieu  de  fept  montagnes 
de  Rome  ,  on  en  nomme  ici  huit  endroits. 

OPSCI.  Voyez  Osci. 

OPSICELLA,  ville  d'Espagne,  dans  la  Cantabrie.  Stra- 
bon ,  /.  3.  p.  1 57.  dit  qu'elle  avoir  été  bâtie  par  un  des 
compagnons  d'Antenor  ,  qu'elle  en  porroit  lé  nom  ,  & 
qu'il  pana  enfuitc  en  Italie,  avec  Antenor  8c  fes  enfans. 

OPSICIANA  REGIO  Zonare  8c  Cédrene  nomment 
ainfi  nn  pays  où  l'empereur  Juftinien  fit  reléguer  un 
grand  nombre  de  Salvini  ou  Slaves.  Porphyrogénéte  fait 
mention  d'un  canton  qu'il  nomme  Opsicium  ,'04"'-'« 
Gû/uutTot ,  qui  eft  le  quatrième  Thema  ;  car  cet  auteur, 
félon  l'ufage  de  l'on  tems ,  partage  l'empire  d'Orient  par 
Thèmes;  mais  ce  mot  peut  être  latin  pour  Obfequium. 
Cependant,  comme  le  remarque  Ortelius,  Tbejaur.  l'hi- 
ftoire  mêlée,  /.  20  &  22.  fait  mention  d'Obficium.  Le 
Thème  dont  Porphyrogénéte  fait  mention,  répond  à 
la  Myfie  ,  l'Hellcspont  &  la  Phrygie. 

OPSLO ,  ville  de  Norwege  ;  c'eft  la  même  que  Chris- 
tiania. On  la  nomme  auffi  Atisto.Voyez,  fous  ces  deux 
noms. 

OPTENSIANUS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  félon 
Onelius ,  qui  trouve  Léon ,  évêque  de  ce  lieu,  nommé 
dans  les  canons  d'un  concile  de  Carrhage. 

OPTIMATUMTHEMA.  Voyez.  Thema. 

OPUNS  ,  -) 

OPUNTII&  \  Voyez.  Ovvsi. 

OPUNTIUS  SINUS.  J 

OPUROCARR  A  ,  nom  d'une  montagne  d'Afic ,  qui 
fait  partie  d'une  longue  chaîne  de  montagnes  décrite  par 
Ammien  Marceliin  ,  /.  23.  c.  6.  En  fuppofant,  avec  les 
frères  Valois,  que  c'elt  l'Ottorocorras  de  Ptolomée ,  /. 
6.  c.  16.  cette  monragne  étoit  dans  la  Sérique  des  an- 
ciens. Elle  eft  nommée  Ottorogorras  par  Orofe. 

;.  OPUS  ,  au  génitif  Opuntis,  ancienne  ville  de  Gré- 
ce  ,  dans  la  Locride.  Comme  les  François  forment  leurs 
noms  de  l'ablatif  latin  ,  le  mot  Opus  lé  doit  rendre  par 
Opunte  ,  ou  même  en  faveur  de  la  prononciation  Oponte. 
Les  mots  françois  terminés  en  té ,  8c  dérivés  des  mors  la- 
tins terminés  en  tas ,  fe  forment  de  même  de  l'ablatif. 
Libertas ,  libtrtate ,  liberté  :  familiarita s  ,  familiaritate , 
familiarité  :  majeftas,  majeftate ,  majelté ,  8c  ainfi  des 
autres  ;  mais  il  y  a  encore  une  raifon  particulière  pour  les 
noms  propres  :  j'ai  fait  voir  ailleurs  que  l'ufage  de  labartc 
latinité  a  été  de  nommer  les  villes  à  l'ablatif;  qu'An- 
tonin  8c  l'anonyme  de  Ravennes  les  marquent  ainfi  ;  8c 
que  même  des  hiftoriensdel'hiftoired'Augufte  ont  em- 
ployé des  noms  à  l'ablatif,  comme  s'ils  euffent  été  in- 
déclinables à  la  place  de  l'aceufatif.  Il  n'eft  pas  éton- 
nant que  ces  mors  nous  étant  préfenrés  ainfi  ,  nous  nous 
foyons  accoutumés  à  cet  ablatif;  ainfi d'Orons,  rivière 
d'Àfie  ,  dans  la  Syrie,  à  l'ablatif  fait  Oronte  ,  nous  difons 
YOronte  :  d'Amathus ,  ville  de  Cypre,  à  l'ablatif  Ama- 
thunte  ,  nous  avons  fait  Amatbonte  :  de  Trapez.ni ,  ville 
fur  le  Pont-Euxin  ,  à  l'ablatif  Trapez.unte ,  nos  ancê- 
tres ont  fait  avec  un  peu  plus  de  changement  Trébi- 
z.onde  :  ainfi  d'Opus  ,  à  l'ablatif  Opunte,  on  doit  dire 
Oponte.  Les  Grecs  écrivoient  Opous  ,  'OTr«V,par  contra- 
ction ,  au  lieu  à'Opoe s ,  'oW« ,  qui  efi  le  vrai  nom.  Ho- 
mère ,  v,  38.  dans  fon  catalogue  des  vaifleaux  ,  dit , 
'OWct<x  à  l'aceufatif,  8c  Pindare  ,  Oljmp.  Ode  9.  'o- 
woecToçau  génitif.Des  auteurs  ont  parlé  de  même,  8c  Mêla, 
/.  2.  c.  3.  dit  Opoës.  En  récompenfe  Strabon  dit  :  Opûs  , 
oW?,eftla  métropole  des  Locres,  à  environ  quinze 
rtades  de  la  mer  ;  cela  revient  à  une  bonne  demi  lieue. 
Tite-Live ,  /.  3  2.  c.  3  2.  dit  :  Quintius  ayant  pris  fes  quar- 
tiers d'hiver  dans  laPhocide  8c  dans  la  Locride  ,  il  s'éleva 
une  fédition  à  Oponte.  Opunte  ortafeditio  eft.  Cette  ville 
étoit  la  patrie  de  Patrocle.  Outre  qu'Homère  le  dit , 
Ovide,  de  Ponto ,  /.  1.  Epift.  3.  v.  73.  l'affure  : 

Csde  puerfatla  Patroclus ,  Opunta  reliquic. 

Oponte  étoir  la  capitale  des  Locres,  qui  en  prenoient 
le  furnom  de  Locres  Opuntiens  ;  nous  avons  remarqué 
qu'il  y  avoir  trois  Locrides.  L'une  dans  la  Grande  Gré- 
ce,  où  étoient  les  Locres  Epizephyriens  ;  l'autre  dans  le 
golfe  de  Corinthe,  entre  l'Etoliecx:  laPhocide.  C'étoient 


S 


des  Locres  Ozolcs  ou  occidentaux  ;  la  troifiéme  entre  la 
Theflalie  ,  la  Plmcidc  8c  la  Béotie:  ces  Locres  prenoient 
leur  nom  du  mont  Cncmis ,  8c  éroient  furnbrnrriés  Epic- 
némidiens.  Cette  troifiéme  Locride  n'étoit  point  ancien- 
nement divifée ,  &  Strabon  fait  Opus ,  métropole  des 
Locres  Epicnémidiens  ;  Pline  la  leur  donne  aufli.  Dans 
la  fuite  ,  on  partagea  cette  Locride  ;  8c  les  Locres  Opun- 
tiens furent  diïtingués  des  Epicnémidiens  ,  comme  on 
peut  voir  au  mot  Locris.  Thucydide  J.j.p,  23  3.  parle 
des  Locres  Opuntiens. 

La  ville  d'Oponte  étant  à  demi-lieue  de  la  mer,  com- 
me on  a  vu,  avoit  un  port  nommé  Cynus.  Voyez,  ce  mot» 
Ce  port  étoit  fur  un  golfe  ,  nommé  par  les  anciens 
Opuntius  Sinus.  Ce  n'eft  proprement  que  le  détroit  qui 
fépare  l'Eubée  de  ce  pays  ,  8c  qui  s'élargit  en  cet  endroit. 
*  Pline ,  1.  4.  c.  7. 

On  vient  de  remarquer  qu'OpoES  étoit  le  nom  dans 
fa  conftruction  naturelle.  11  y  avoit  encore  une  autre 
Opoes,  dansl'Achaïe  propre,  félon  Homère  &  Orphée, 
cités  par  Ortelius ,  Théjaur.  8c  une  autre  "en  Elide  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe. 

La  ville  A'Opus  étoit  épiscopale  ,  comme  on  le  voit 
par  le  concile  d'Ephèfe ,  tenu  l'an  43 1  ,  auquel  Domnus 
Opuntius  foufcrivR. 

2.  OPUS,  ifle  de  la  Dalmatie  ,  entre  le  golfe  de  Ve- 
nife  8c  deux  branches  que  forme  le  Narenta  à  fon  env 
bouchure.  Le  père  Coronclli ,  dans  fa  carte  particulière 
des  ifles  qu'enferme  ce  fleuve,  nomme  celle-ci ,  IJola  di 
Posdriniza  ,  8c  réferve  le  nom  A'Opus  au  fort  qui  en 
occupe  l'angle  feptentrional  ;  mais  dans  le  discours  où  il 
explique  cette  carte  ,  Ifolar.  part.  1.  p.  157.  il  dit  :  En- 
tre ces  branches  divifées  efi  en  droite  ligne  dans  un  an- 
gle ,  à  deux  milles  ou  environ  de  la  tour  Norin,  Y  ifle 
Opus  ,  portedée  à  préfent  par  les  Vénitiens.  Sa  figure  eft 
presque  triangulaire,  elle  eA  baignée  des  deux  côtés  par 
deux  bras  de  la  rivière  ;  celui  de  la  droite  eft  large  com- 
me l'Adige  ,  celui  de  la  gauche,  comme  la  Brenta. 

La  bafe  de  l'ifle  efi  vers  les  Lagunes  par  où  elle  a  la 
mer  ouverte ,  8c  a  environ  fept  milles  de  largeur.  Le 
terroir  de  l'ifle  eft  propre,  partie  au  labourage,  partie 
pour  le  pâturage  ,  le  refte  eft  marécageux  ,  mais  ttès- 
fertile.  L'air  eft  malfain  à  caufe  du  marais ,  8c  qu'on  ne 
peut  le  nettoyer ,  depuis  que  les  embouchures  du  fleuve 
ont  été  remplies  de  terre  par  les  Turcs ,  afin  d'empêcher 
le  partage  des  galères.  Il  ne  laifle  pas  d'y  pafter  des  galiotes 
8c  de  petites  barques  ,  quoique  la  rapidité  de  l'eau  rende 
le  partage  fort  difficile.  La  Lagune  fournit  beaucoup  do* 
poirtbn.  La  fituation  de  l'ifle  d'Opus  eft  importante  . 
car  outre  qu'elle  conferve  la  pofleflîon  de  la  Fiumana, 
elle  ouvre  un  chemin  pour  la  conquête  de  l'Hertzégo- 
vine.  C'eft  par  cette  raifon  qu'en  1 6Sj  ,  à  la  pointe 
feptentrionale  de  cette  ifle ,  Pierre  Valier ,  alors  géné- 
ral de  la  Dalmatie ,  bâtit  un  fort  de  même  nom  que  l'ifle. 
Dans  l'hiftoire  abrégée  de  Ragufe ,  on  voit  qu'à  cette 
même  pointe  d'Opus,  il  y  a  eu  un  ausre  fort,  nommé 
CosÉ ,  que  Bajazeth  IV  détruifit  pour  fe  faire  un  pas- 
fage  clans  l'Hertzégovine  ;  &  ce  qui  confirme  cela  ,  c'eft 
qu'en  travaillant  au  fort  d'aujourd'hui ,  on  a  trouvé  dans 
la  terre  des  pierres  qui  avoient  fervi  de  balles  de  fau- 
conneau,  &  des  ruines  de  maçonnerie  démolie. 

OQUI  ou  Oki  ,  ifle  du  Japon.  Voyez,  l'article  Ja- 
pon n°  8.  Elle  fait  la  huitième  province  comprife  dans 
le  Sanindo,  quatiiéme  grande  contrée  de  l'empire  du 
Japon. 

OR.  Les  Hébreux  emploient  ce  mot  pour  fignifier 
une  montagne  en  général ,  "Ifl.  Quelques-uns  ai'pirenr 
ce  mot,  8c  l'écrivent  par  une  h.  Voyez.  Hor. 

OR  ,  méral  le  plus  pur  8c  le  plus  précieux  de  tous.  Ce 
nom  entre  dans  la  cornpofition  de  plufieurs  noms  géo- 
graphiques ,  parce  que  les  lieux  ,  auxquels  on  le  don- 
ne ,  contiennent  de  l'or.  Telles  font  certaines  rivières 
qui  roulent  des  pailletés  d  or  dans  leur  fable ,  comme 
le  Pactole ,  le  Tage  ,  le  Rhin,  le  Rhône ,  l'Ariege  ,  dont 
le  nom  latin  eft  Aurigera. 

1.  OR,  fource  de  France,  dans  lAngoumois.  Voyez. 
Argent  i. 

2.  OR ,  ruirtcau  de  France  ,  dans  le  Forez.  Voyez. 
Argent  2. 

La  Chersonnese  d'Or.  Voyez,  au  mot  Querson- 
nese. 

Tom.  IV.  Q  q  q  q  ij 


6j6       ORA 

Le  mont  d'Or.   Voyez,  au  mot  Mont. 

La  terre  d'Or.  Jofephe  dit  qu'on  appelloit  ainfi 
de  fon  tems  le  pays  d'Ophir.  Voyez.  Ophir. 

ORA.  Ce  mot  latin  veut  dire  le  rivage,  la  côte  de 
la  mer. 

i.  ORA,  en  grec  rîp*  ,  ville  de  l'Inde,  félon  Ar- 
rien,  /.  4.  c  27.  qui  parle  du  fiége  qu'en  fit  Alexandre. 
Remarquez  que  ce  mot  cil  pluriel  >  Se  fait  Ororum  au 
génitif. 

2.  ORA  ,  en  grec  "Of<t ,  ville  de  la  Carmanie,  dans 
les  terres,  félon  Prolomée,  /.  6.  c.  8. 

ORABA  ,  ville  de  l'Osrho'ene ,  félon  le  livre  des  no- 
tice?, fttt.  1$. 

ORACANA.  Voyez,  Orocana. 

ORACH  ,  petite  ville  de  la  Turquie  ,  en  Europe  , 
dans  la  Bosnie,  aux  confins  de  l'Hertzégovine,  fur  le 
ruifleau  de  la  Drucia ,  au-defius  &  au  midi  occidental 
de  la  ville  de  Cotzio  ou  Cozza.  Ce  ruifleau  fe  jette  peu 
après  dans  le  Di'in ,  qui  porte  fes  eaux  à  la  Save.  *  De 
l'IJle,  Atlas. 

ORADOUR,  bourg  de  France,  dans  l'Auvergne, 
au  diocèfe  de  S.  Flour. 

ORADOUR- SUR- VAIRS,  bourg  de  France,  en 
Poitou. 

ORAEA.  Voyez.  Althepia. 

ORAGISON.  La  notice  du  patriarchat  d'Antioche 
nomme  ainfi  le  dernier  des  quatre  évêchés  qui  recon- 
noi  fient   Emijja  pour  métropole. 

ORAISON  ,  bourg  de  France  ,  en  Provence ,  dio- 
cèfe d'Aix ,  dans  la  viguerie  de  Digne.  Il  fut  érigé  en 
marquifat  en  i;88  ,  d'autres  difent  en  1558. 

ORAISON-DIEU  (  L'  )  ,  abbaye  de  France,  en  Guien- 
ne ,  dans  le  Rouergue  ,  au  diocèfe  de  Rhodez ,  près  de 
S.  Antonin  fur  l'Aveyrou  ,  aux  confins  de  ce  diocèfe , 
&  de  ceux  d'Albi  Se  de  Cahors.  Cette  abbaye  eft  de  fil- 
les ,  de  l'ordre  de  Cîteaux. 

OR  AN  ,  ville  d'Afrique  ,  fur  la  côte  de  Barbarie,  au 
royaume  de  Trémecen ,  que  Maroc  Se  Alger  ont  parta- 
gé entre  eux.  Les  Africains  la  nomment  Guaharan. 
Quelques-uns ,  comme  Logier  de  Taffi  ,  écrivent  Uo- 
ran.  Marmol  croit  que  c'eft  I'Unica  Colon  1  a  des 
Romains ,  Se  avoue  que  quelques-uns  lui  donnent  un 
autre  nom.  Elle  efl:  à  une  lieue  de  Marfalquivir  ,  à  vingt 
de  Trémecen,  &  à  cinquante  d'Alger:  fa  fituation  eft 
presque  nord  Se  fud  avec  Canhagène ,  ville  d'Espagne  , 
au  royaume  de  Murcie.  Elle  efi  à  un  jet  de  pierre  de  la 
iier ,  moitié  dans  une  plaine ,  Se  moitié  fur  la  pente 
d'une  montagne  roide  Se  escarpée.  Il  y  a  une  forterefïe 
fur  la  montagne ,  &  à.  la  cime  il  y  en  a  une  autre  pKus 
ancienne  qui  a  un  boulevard  qui  regarde  une  muraille , 
que  les  Chrétiens  ont  fortifiée  avec  des  tours  Se  des 
fortes  à  fond  de  cuve.  Au-delà  d'une  rivière  qui  efl:  en- 
viron à  mille  pas  de  la  ville,  il  y  a  un  autre  château 
nommé  Arazel  Cassar,  fur  une  montagne  qui  com- 
mande encore  la  place  ,  &  qui  découvre  toute  une  val- 
lée jusqu'à  la  fource  de  la  rivière.  Ce  château  a  deux 
fofles  à  fond  de  cuve,  &  un  rempart  entre  deux  bien  re- 
vêtu, &  fi  large ,  que  les  charrettes  de  l'artillerie  peuvent 
tourner  autour.  Du  côté  de  la  mer  il  y  a  une  faufle  por- 
te,  &  du  côté  de  la  terre  il  y  en  a  une  autre  défendue 
par  un  fofle  de  dix  verges  de  profondeur  ,  Se  de  plus  de 
fix  de  large.  Ce  château  fut  bâti  par  D.  Pedre  de  Navar- 
re depuis  la  conquête  de  cette  place  par  les  Espagnols. 
Oran  n'a  que  deux  portes  -,  favoir ,  celle  de  Trémecen 
au  midi ,  Se  celle  de  Canaftel  à  l'orient.  Les  murailles 
ne  font  point  fofibyées  par  tout.  Cette  ville  étoit  une 
des  plus  riches  du  pays.  Il  y  avoit  un  grand  trafic  ,  quan- 
tité de  mosquées ,  de  collèges  ,  d'hôpitaux ,  d'hôtelleries 
&  autres  maifons  confidérables.  Les  habitans  étoient 
autrefois  laboureurs ,  pafleurs  Se  marchands ,  Se  il  y 
avoit  force  tiflerans  en  toile  •■,  Se  quoique  le  pays  ne  fût 
pas  bon  pour  le  bled  ,  il  ne  laiflbit  pas  d'en  venir  beau- 
coup des  lieux  voifins ,  Meliana,  Saphina  Se  Ago* 
bel  ,  où  il  y  en  a  en  abondance.  Cette  ville  s'eft  mainte- 
mie  long-tems  en  liberté  durant  les  guerres  de  Fez  : 
quoique  le  roi  de  Trémecen  y  eût  des  fermiers  de  la 
douanne  pour  recevoir  fes  droits ,  les  habitans  ne  fbuf- 
froient  pas  qu'il  y  mît  un  gouverneur ,  &  nommoient 
tous  les  ans  un  des  principaux  pour  juge  fouverain  ,  tant 
au  civil  qu'au  criminel ,  Se  lui  joignoieut  quelques  afles- 


ORA 


feurs  pour  le  gouvernement  de  la  ville.  Dans  cette  pro- 
fpérité  quelques  habitans  armèrent  des  fuftes ,  qu'ils  en- 
voyèrent ravager  les  côres  d'Espagne.  Cela  donna  lieu 
aux  Espagnols  d'entreprendre  le  fiége  de  Marfalquivir, 
fitué  au  fond  de  ce  port ,  Se  celui  d'Oran  qu'ils  firent 
trois  ans  après,  l'an  1509.  Le  Cardinal  Ximenès ,  alors 
premier  miniftre  d'Espagne ,  y  alla  en  perfonne  ;  Se  les 
Espagnols  ont  confervé  cette  place  jusqu'au  tems  où  l'on 
vit  l'Archiduc  d'Autriche  mettre  l'Espagne  en  combu- 
ftion  :  les  Algériens  en  profitèrent  en  1708  ,  Se  repri- 
rent la  ville  d'Oran.  Laugier  de  Taffi,  qui  a  féjourné 
à  Alger  dans  le  tems  que  les  Algériens  jouiflbient  de 
cette  conquête ,  en  parle  ainfi  :  L'Espagne  a  beaucoup 
perdu  en  perdant  cette  ville.  Elle  en  titoit  un  grand 
nombre  d'esclaves ,  des  grains,  de  l'huile ,  des  cuirs ,  de  la 
cire  ,  Se  quantité  d'autres  denrées ,  fans  compter  que 
c'eft  une  entrée  favorable  pour  exécuter  quelque  des- 
fein  fur  les  Algériens ,  ayant  auffi  le  village  S<  la  rade 
de  Marfalquivir,  qui  en  langue  arabe  fignifie  grand 
port.  En  eitet ,  il  eft  mis  au  nombre  des  plus  grands 
porrs  qu'il  y  ait  au  monde.  Depuis  que  les  Algériens 
ont  conquis  cette  place  ,  qu'ils  efliment  de  la  dernière 
importance,  dit  l'hiltorien  cité,  ils  donnent  tous  leurs 
foins  a  la  conferver.  Et  le  bey  du  Ponant ,  qui  fe  tenoit 
à  Trémecen  avec  fa  cour ,  fait  à  préfent  fa  réfidence  à 
Oran.  Outre  la  gamifon  ordinaire  ,  ce  bey  entretient 
toujours  avec  lui ,  Se  à  Çts  dépens ,  deux  mille  coulo- 
lis  ,  nom  dont  on  appelle  les  fils  des  Turcs  ou  des  rené- 
gats mariés  à  des  femmes  Arabes  ou  Maures  ,  Se  quinze 
cens  Maures  qui  le  fuivent  toujouts.  On  peut  voir  par 
ce  détail  qu'il  n'étoit  pas  aifé  de  fe  refaifir  de  cette 
place.  *  Uifioire  du  royaume  d'AVer ,  p.  ijo. 

Cependant  la  flotte  d'Espagne ,  au  nombre  de  douze 
vaifleaux  de  ligne ,  deux  frégates  ,  deux  galiotes  à  bom- 
bes ,  fept  galères  ,  dix-huit  galiotes,  Se  plus  de  cinq  cens 
vaifleaux  de  transport ,  après  avoir  été  retenue  fept 
jours  par  les  vents  contraires,  arriva  le  25  Juin  1751 
fur  la  côte  de  Barbarie ,  Se  entra  dans  le  port  le  28. 
Dix  à  douze  mille  Maures  s'oppoferent  en  vain  au  dé- 
barquement ,  l'artillerie  de  la  flotte  les  écarta ,  Se  la 
descente  fe  fit  le  29.  Le  30,  il  y  eut  une  action  géné- 
rale entre  les  Espagnols  &  les  Barbares,  qui  furent 
chafles  des  montagnes  qu'ils  occupoient ,  &  abandon- 
nèrent la  ville  Se  les  forts.  Les  Espagnols  y  trouvèrent 
une  nombreufe  artillerie,  &  quantité  de  munitions  de 
guerre  Se  de  bouche.  Le  comte  de  Montemar  comman- 
doit  cette  expédition.  Les  Algériens  ont  déjà  fait  de 
grands,  mais  inutiles  efforts ,  pour  reprendre  cette  ville. 

ORANCAYS, nation  de  Tartares  de  l'Afie  ,  préci- 
fément  au  nord  de  la  Corée  ,  Se  voifine  des  Niuches , 
autre  nation  Tartare.  *  Le  P.  de  Charlevoix. 

ORANGE.  Comme  les  princes  d'Orange  ont  fait 
une  très-grande  figure  dans  l'établiffement  de  la  répu- 
blique des  Pays-Bas ,  il  n'eft  pas  étonnant  que  les  Hol- 
landois  ayent  donné  ce  nom  à  des  lieux  fitués  hors  de 
l'Europe. 

ORANGE  ,  Arofw  Cavarum  Se  Secunâanorum  Co- 
loria ,  ville  de  France ,  autrefois  capitale  d'une  prin- 
cipauté de  même  nom.  Elle  efl  le  fiége  d'un  évêque , 
&  d'une  univerfité  fondée  en  1 3  6 j .  Elle  eft  fituée  dans 
une  belle  plaine ,  arrofée  de  plufieurs  petites  rivières , 
dont  celle  d'Eigues  porte  presque  aux  portes  d'Orange 
les  denrées  que  les  habitans  font  venir  des  provinces 
voifines.  La  petite  rivière  de  Maine  lave  les  murs  de 
la  ville.  Sur  la  montagne  il  y  avoit  un  château  que 
Maurice  de  Naflau  ,  prince  d'Orange  ,  fit  fortifier  en 
1622  d'onze  bâfrions  ;  mais  Louis  XIV  fit  démolir  ces 
fortifications  en  1660  Se  rafer  le  château  en  1673.  On 
voit  à  Orange  un  cirque  ,  des  arènes  ,  qui  font  à  quatre 
cens  pas  de  la  ville,  un  aqueduc,  Se  des  bains  publics 
qui  étoient  à  deux  cens  pas  de  la  même  ville.  Quant 
au  cirque  ,  l'égalité  &  les  proposions  qu'on  remarque 
dans  les  arcs ,  dans  les  foubaflemens ,  Se  dans  les  pi- 
laftres ,  fonr  voir  que  ce  monument  eft  des  Romains. 
*  Piganiol  de  la  Force,  Defcrip.  de  la  France,  t.  4. 
p.  63. 

La  principauté  d'ORANGE  ,  qui  depuis  le  dernier  rraitc 
de  paix  (  à  Utrecht  )  a  été  cédée  à  la  France ,  efl  jointe 
à  prefent  au  Dauphiné  ,  Se  enclavée  dans  l'état  d'Avi- 
gnon, touchant  feulement  vers  l'occident  au  Rhône, 


ORA 


qui  la  féparc  du  Languedoc.  Sa  capitale  Orange,  dont 
le  mot  eft  corrompu  d'Araufio ,  eil  très- ancienne,  étant 
l'une  des  quatre  villes  des  peuples  Cavarcs,  comme 
Ptolomée  le  marque.  Pline  l'appelle  Colonia  Secun- 
danorum  ,  Se  Mêla  marque  le  même  nom  ,  Secunda- 
norum,  qu'on  avoir  donné  à  cette  ville,  parce  qu'on 
y  avoit  établi  des  foldats  vétérans  de  la  féconde  légion. 
*  Longuerue ,  Defcrip.  de  la  France,  part.  i.p.  336. 

Orange  a  toujours  été  de  la  première  Viennoife  , 
&  a  reconnu  Arles  pour  fa  métropole  eccléfiaftique  ; 
car  on  ne  voit  point  que  les  archevêques  de  Vienne 
ayent  jamais  eu  aucune  fupériorité  fur  l'églife  d'Oran- 
ge ;  elle  eft  l'une  des  plus  anciennes  des  Gaules ,  puisque 
le  prêtre  Fauftin  aflifta  au  nom  de  cette  églife,  l'an  3  14, 
au  premier  concile  d'Arles. 

Cette  ville ,  après  la  chute  de  l'Empire  Romain  en 
Occident ,  tomba  fous  la  domination  des  Bourguignons 
Se  des  Goths,  d'où  elle  vint  au  pouvoir  des  François 
Mérovingiens  Se  Carlovingiens  ;  Se  enfin  elle  obéir  de- 
puis le  neuvième  fiécle  aux  rois  de  Bourgogne  Se  d'Ar- 
les, dont  le  dernier  fut  Rodolfe  le  Lâche,  qui  mou- 
rut l'an  1032  ,  Se  après  lui  ce  royaume  fut  fournis  aux 
empereurs  Allemands. 

Les  premiers  comtes  d'Orange,  dans  l'onzième  fié- 
cle, n'étoient  proprement  que  des  gouverneurs,  qui 
avoient  au-deflus  d'eux  les  comtes  ou  marquis  de  Pro- 
vence ;  il  n'y  a  aucune  fuite  dans  l'hiftoire  de  ces  pre- 
miers feigneurs  d'Orange,  qui  ne  paroiffent  pas  avoir 
été  propriétaires  Se  héréditaires ,  les  auteurs  les  plus 
exacts  ne  donnant  que  des  conjectures,  dont  on  ne 
peut  rien  tirer  de  certain-,  on  fait  feulement  que  l'an 
1096  un  feigneur,  nommé  Rimbauld,  étoit  comte  d'O- 
range, &  alla  à  la  Terre  Sainte  avec  Raymond,  comte 
de  Saint  Gilles.  Tiburge  ,  fille  de  Rimbauld,  époufa 
un -certain  Guillaume,  dont  l'origine  eft  obscure;  il 
laifla  deux  fils  qui  partagèrent  Orange  également  :  Guil- 
laume étoit  l'aîné ,  Se  Rimbauld  le  cadet.  Celui-ci  don- 
na fa  part  à  Tiburge  fa  fœur ,  mariée  à  Bertrand  des 
Baux  ,  qui  par  elle  fut  prince  d'Orange,  Se  prir  poffes- 
fion  de  toute  cette  principauté,  après  que  Rimbauld, 
petit-fils  de  Guillaume  ,  frère  aîné  de  Tiburge  ,  fut  mort 
fans  enfans.  Bertrand  des  Baux  Se  Tiburge  eurent  pour 
héritiers  d'Orange  leur  fils  Guillaume  ,  qui  prit  le  pre- 
mier le  titre  de  prince  par  la  grâce  de  Dieu.  11  obtint 
de  l'empereur  Frédéric  Barberoufle  ,  Se  de  fon  fils  Hen- 
ri, plufieurs  privilèges.  Frédéric  fécond  lui  fit  don  du 
royaume  d'Arles ,  mais.il  n'en  jouit  pas  non  plus  que 
fes  fils  &  petits-fils ,  qui  cédèrent  leur  droit  à  Charles 
I,  comte  d'Anjou  Se  de  Provence ,  l'an  njy,  mais  ils 
fe  réferverent  dans  les  terres  de  leur  patrimoine  ,  les  pri- 
vilèges qui  leur  avoient  été  accordés  par  les  empereurs. 

L'ordre  de  Saint  Jean  de  Jérufalem  avoit  obtenu  une 
portion  de  la  principauté  d'Orange  d'un  des  cofei- 
gneurs  de  cet  état  ;  ce  qui  avoit  fervi  à  fonder  la  com- 
menderie  d'Orange.  Les  chevaliers  ayant  échangé  ce 
qu'ils  avoient  à  Orange  avec  Charles  II ,  roi  de  Sicile 
&  comte  de  Provence ,  il  céda  le  tout  libéralement  à 
Bertrand  des  Baux  ,  prince  d'Orange. 

Jeane  II,  reine  de  Sicile  Se  comteffe  de  Provence  ,  qui 
descendoit  de  Charles  II ,  pourfuivit  Raymond  des 
Baux  ,  prince  d'Orange ,  comme  rebelle,  Se  le  dépouilla 
de  fes  biens.  Elle  l'y  rétablir  quelque  tems  après ,  &  lui 
laifla  même  le  droit  de  battre  monnoie  ,  non  feulement 
de  cuivre,  mais  d'argenr  Se  d'or.  Le  roi  Charles  II, 
bisaïeul  de  Jeanne ,  avoit  reçu  à  certaines  conditions 
l'hommage  Se  la  principauté  d'Orange ,  Se  il  laifla  ce 
droit  à  fes  fucceffeurs.  Raymond  des  Baux  ,  qui  étoit 
du  tems  de  Jeanne  ,  réunir  toutes  les  portions  de  la  prin- 
cipauté ,  qu'il  laifla  entière  à  fa  fille  unique  Marie  des 
Baux. 

La  princefle  Marie  des  Baux  ,  époufa  Jean  de  Chal- 
lori  ,  baron  d'Arlay  ,dans  la  Franche-Comté  ;  Marie,  en 
mourant,  fubflitua  fa  principauré  d'Orange  à  fes  enfans , 
en  établiflant  le  droit  d'aînefle.  Louis  étoit  l'aîné ,  Se 
Jean  le  cadet,  Se  ils  avoient  une  fœur  nommée  Alix, 
qui  époufa  Guillaume  de  Vienne  ;  Louis  fut  prince  d'O- 
range ,  Se  acquit  pour  quinze  mille  francs  de  René ,  roi 
de  Sicile ,  la  fouveraineté  d'Orange  :  Louis  eut  deux  en- 
fans ,  Guillaume ,  prince  d'Orange ,  Se  Jeanne  de  Chal- 
lon ,  femme  de  Louis ,  comte  de  la  Chambre. 


ORA      677 

Guillaume  fut  pris  prifonnier  par  Louis  XI ,  toi  de 
France,  qui  le  contraignit  à  lui  vendre  la  fouveraineté 
de  fa  principauté  pour  quarante  mille  écus.  Le  roi  con- 
fentit  que  Guillaume  prit  toujours  le  titre  ,  par  la  grâ- 
ce de  Dieu,  qu'il  fit  battre  monnoie,  Se  pût  donner 
grâce  aux  criminels  de  fon  état  d  Orange  ,  Se  ce  droic 
que  le  roi  avoit  acquis  fur  cette  principauté  ,  fut  uni  au 
Dauphiné. 

Jean  de  Challon  fuccéda  à  fon  père  Guillaume  en 
la  principauté  d'Orange  ,  Se  obtint  de  Louis  XII  la  cas- 
fation  de  ce  contrat  palîé  entre  Louis  XI  Se  Guillaume, 
comme  fait  par  force  Se  par  un  prifonnier  :  ainfi  le  prin- 
ce Jean  fut  rétabli  dans  fa  fouveraineté  libre  Se  indé- 
pendante l'an  15  00,  après  que  les  lettres  de  Louis  XII 
eurent  été  enregiftrées  à  Grenoble. 

Quelques  écrivains  peu  exacts  ont  ofé  aflurer  ,  que 
les  princes  d'Orange  de  la  maifon  des  Baux  Se  de  Chal- 
lon avoient,  avant  le  règne  de  Louis  XI,  rendu  hom- 
mage de  leur  principauté  d'Orange  aux  Dauphins: 
mais  l'hommage  rendu  par  Raymond  des  Baux  ,  ne  re- 
gardoit  que  la  terre  du  Poët  dans  le  Gapençois ,  Se  les 
autres  hommages  rendus  aux  Dauphins  par  ceux  de 
la  maifon  de  Challun ,  ne  peuvent  concerner  que  les 
terres  d'Orp'erre  Se  de  Trescloux  ,  qui  avoient  été  don- 
nées en  fief  par  les  Dauphins  à  cette  maifon  ,  ainll 
qu'on  l'a  fait  voir  à  la  p.  400.  dans  les  exc<. liens  mé- 
moires du  Dauphiné ,  donnés  au  public  il  y  a  quelques 
années. 

Pour  revenir  à  Jean  de  Challon  ,  il  eut  deux  enfans , 
un  fils  Se  une  fille.  Son  fils  unique  Philibert  de  Cbal- 
lon  lui  fuccéda  en  la  principauté  d'Orange,  Se  mourut 
fans  enfans  l'an  1/31,  ayant  inftitué  héritier  fon  ne- 
veu René  de  Naflau,  fils  de  fa  fœur  Claude  ,  Se  d'Henri, 
comte  de  Naflau ,  à  la  charge  de  porter  le  nom  Se  les 
armes  de  Challon.  René  mourur  fans  enfans  l'an  1544, 
ayant  inftitué  par  fon  teftament  Guillaume  de  Naflau  , 
fon  coufin  germain,  héritier  de  la  principauté  d'Oran- 
ge, &  de  tous  fes  autres  biens,  au  préjudice  de  fes  hé- 
ritiers maternels,  contre  la  fubftitution  de  Marie  des 
Baux ,  qui  avoit  apporté  cette  principauté  à  la  maifon 
de  Challon ,  Se  contre  une  féconde  fubftitution  de  Louis 
de  Challon,  prince  d'Orange ,  faite  l'an  14S2;  le  mê- 
me Louis  étoit  bisaïeul  de  Claude ,  femme  de  Henri 
de  Naflau  ,  Se  mère  de  René,  prince  d'Orange. 

Comme  les  princes  Philibert  de  Challon  &  René  de 
Naflau  tenoient  le  parti  de  Charles-Quint  Se  de  la 
maifon  d'Autriche ,  leurs  parens  de  France  prirent  de- 
là occafion  de  former  diverfes  inftances  au  grand  con- 
feil  Se  au  parlement  de  Grenobe  ,  pour  la  totalité  ,  ou 
pour  une  partie  de  la  principauté  d'Orange ,  qui  fut 
adjugée  au  prince  Philibert  de  Challon  ,  par  les  traités 
de  Madrid  Se  de  Cambrai.  Son  fuccefleur ,  René  de  Nas- 
fau,  fut  tué  devant  Saint  Dizier,  l'an  1  ;  44  >  &  il  étoit 
alors  (  à  caufe  de  la  guerre  )  privé  de  fa  principauté  d'O- 
range ,  Se  de  fes  biens  de  France. 

Les  héritiers  naturels  de  René  de  Naflau  étoient 
descendans  de  Jeanne  de  Challon  ,  femme  de  Louis  de 
la  Chambre;  ils  obtinrent  des  arrêts  au  parlement  de 
Grenobe,  qui  les  mirent  en  pofTefllon  delà  principauté 
d'Orange.  Les  ducs  de  Longueville  prétendoienr  exclure 
rous  les  autres  qui  descendoient  de  Jean  de  Challon 
&  de  Marie  des  Baux  ,  parce  que  ces  ducs  repréfentoient 
Alix  de  Challon  ,  femme  de  Guillaume  de  Vienne , 
dont  la  fille,  Marguerite  de  Vienne  ,  avoir  époufé  Ro- 
dolphe, marquis  de  Bade-Hochberg,  dont  la  petite- 
fille  Jeanne ,  avoit  été  mariée  à  Louis  d'Orléans ,  duc 
de  Longueville  ,  de  laquelle  Alix  de  Challon  ,  les  des- 
cendans étoient  appelles  à  la  fucceflion ,  au  défaut  des 
enfans  mâles  de  Marie  des  Baux  ,  par  fon  teftament.  Il 
fut  accordé  par  le  traité  de  Cateau  Cambrefis ,  que 
Guillaume  de  Naflau  feroir  mis  en  poflefllon  de  la  prin- 
cipauré d'Orange  ,  dont  il  jouiroit  en  toute  fouverai- 
neté; ce  que  Charles  IX  confirma  par  fon  édit  de  l'an 
1 570,  Se  en  conféquence ,  Guillaume  de  Naflau  ,  prince 
d'Orange,  qui  à  caufe  des  troubles  avoit  été  dépouillé 
de  fa  principauré  ,  y  fut  rétabli.  Le  droit  de  fouverai- 
neté de  la  maifon  de  Naflau  fur  la  principauté  d'Oran- 
ge fut  confirmé  au  traité  de  Vervins  de  l'an  1  ?  98.  Il  l'a 
été  depuis  par  ceux  de  Nimégue  en  1678,  Se  de  Ris- 
wyck  l'an  1697.  Les  princes  de  la  maifon  de  Naflau 


678        ORA 


ORA 


avoient  fair  faire  à  Orange  une  citadelle  ,  qui  etoit  une 
des  meilleures  places  de  l'Europe;  mais  le  feu  roi  Louis 
XIV ,  étant  allé  en  Provence ,  obligea  le  comte  de  Don- 
na ,  gouverneur  de  la  principauté ,  à  lui  remettre  cette 
citadelle,  qu'il  fit  démolir,  durant  le  bas  âge  de  Guil- 
laume Henri,  qui  fut  déclaré  ftathouder  d'Hollande, 
i'an  1672  ,  &  enfin  couronné  roi  de  la  Grande  Breta- 
gne en  1689. 

Le  prince  d'Orange  avoit  établi  dans  cette  ville,  des  le 
mois  de  Février  de  lan  1470  ou  1471  ,  une  cour  fouve- 
raine  ,  qu'on  appelloit  parlement ,  pour  décider  les  af- 
faires de  la  principauté  en  dernier  reflbrt.  Cette  cour 
ayant  été  plufieurs  fois  abolie  8c  rétablie  ,  a  été  cas- 
fée  pour  la  dernière  fois ,  après  la  mort  du  roi  Guil- 
laume. 

Il  y  a  eu  de  grands  différends  pour  la  fuccefïion  des 
biens  patrimoniaux  de  ce  prince,  entre  plufieurs  cohé- 
ritiers 8c  prétendans.  Celui  qui  s'eft  trouvé  le  plus  puis- 
fant  a  été  Frédéric,  roi  de  Pruffe ,  dont  la  mère étoit 
Louife-Henrietre  de  Naffau ,  fœur  aînée  de  Guillaume, 
prince  d'Orange  ,  &  rante  du  roi  Guillaume  ,  mort  fans 
enfans.  Frédéric  étant  mort  l'an  17 13  ,  a  eu  pour  fuc- 
cefieur  fon  fils,  Frédéric  Guillaume  ,  qui  la  même  an- 
née faifant  la  paix  avec  Louis  XIV  ,  lui  a  cédé  8c  à  fes 
fuccefièurs  la  principauté  d'Orange.  Ce  monarque  réunit 
la  incipauté  d'Orange  au  Dauphiné,  8c  la  mie  fous 
l'élection  de  Montelimar. 

Il  y  a  deux  bourgades  qui  dépendent  de  la  princi- 
pauté d'Orange  ,  Tune  nommée  Courteson  ,  8c  l'au- 
tre Gigondas  -,  elles  ont  eu  autrefois  leurs  feigneurs  par- 
ticuliers ,  qui  et  oient  cadets  des  princes  d'Orange,  de  la 
mai  fon  des  Baux;  mais  Marie  des  Baux  jouifibit  de  ces 
deux  feigneuries ,  qui  avoient  été  réunies  en  un  corps , 
lorsqu'elle  époufa  Jean  de  Challon.  Il  y  a  encore  une 
troifiéme  bourgade  dans  cette  principauté,  favoirJoN- 

QUIERES. 

L'évêché  d'Orange  eft  fuffragant  d'Arles  (  a  ) ,  8c  re- 
connoît  Confiantius  pour  le  premier  de  fes  évêques.  Le 
chapitre  de  la  cathédrale  eft  compofé  de  neuf  chanoi- 
nes, dont  il  y  en  a  trois  qui  remplirent  les  dignités  de 
prévôt ,  d'archidiacre  8c  de  capicol.  Il  s'eft  tenu  trois 
•  conciles  à  Orange,  le  premier  en  441  ,  fous  le  pape 
Léon  I.  Il  étoit  compofé  de  dix  fept  évêques,  8c  ce  fut 
Hilaire  d'Arles  qui  y  préfida.  Le  fécond  fous  le  pape 
Félix  IV  ,  l'an  527.  Il  étoit  compofé  de  treize  évêques  , 
afiemblés  contre  les  Semipélagiens ,  &  ce  fut  Céfaire  , 
évêque  d'Arles  ,  qui  y  préfida.  On  y  fit  vingt-cinq  ca- 
nons ,  où  la  doctrine  de  la  grâce,  du  libre  arbitre ,  & 
de  la  prédeftination  eft  expliquée  par  les  paroles  mêmes 
de  faint  Auguftin.  Le  troifiéme  fous  le  pape  Honorius 
III ,  l'an  1228  ,  à  l'occafion  de  l'héréfie  des  Albigeois. 
Le  légat  du  pape  y  afiifta.  Quelques-uns  en  mettent  un 
quatrième,  qui  félon  les  autres,  n'eft  qu'une  continua- 
tion du  troifiéme.  (a)  Piganiol  delà  Force  ,  Defcription 
de  la  France  ,  r.  4.  p.  28. 

L  arc  de  triomphe  ,  dont  j'ai  déjà  touché  quelque  cho- 
fe ,  étoit  un  des  plus  beaux  morceaux  qui  ait  échapé 
aux  injures  du  tems.  Plufieurs  favans ,  comme  de  Peyrefc , 
Pontanus,  Gronovius,  &c.  ont  cru  qu'il  avoit  été  érigé 
en  faveur  de  Domitius  ^nobarbus,  &  de  Quintus  Fa. 
bius  Maximus  iEmilianus ,  après  qu'ils  eurent  vaincu 
les  Allobroges;  &  il  y  a  un  partage  dans  le  chap.  IL  du 
troifiéme  livre  de  Florus ,  qui  feroit  décifif ,  fi  l'on  n'en 
avoit  pas  encore  un  qui  eft  plus  précis  pour  convain- 
cre que  cet  arc  de  triomphe  a  été  élevé  pour  Caius 
Marius ,  8c  Luctatius  Catulus  ,  dès  qu'ils  eurent  vain- 
cu les  Teutons  8c  les  Cimbres.  On  lit  fur  quelques  bou- 
cliers qui  font  mêlés  parmi  les  trophées  d'armes  dans 
la  face  méridionale  de  cet  tac  Mario  &  Dacudo.  Ce  qui 
paroît  démonftratif  à  Piganiol  de  la  Force  ,  t.  4.  p.  0^4. 
pour  le  parti  qu'il  embraffe ,  8c  pour  ne  point  quitter 
cette  même  face  ,  on  y  voit  la  figure  d'une  femme  qui 
eft  à  une  fenêtre,  8c  qui  pourroit  fort  bien  repréfenter 
Marthe  la  Syrienne,  que  Marius  confultoit  toujours, 
avant  que  d'entreprendre  quelque  chofe  de  conféquen- 
ce.  Le  docteur  Jean  Frédéric  Guib,  qui  a  étudié  cet 
arc  de  triomphe  avec  foin ,  a  fait  une  difiertarion  favan- 
te  ,  où  il  prouve  que  les  figures  repréfentées  fur  cet  an- 
cien monument ,  n'ont  rien  qui  convienne  à  Marius  8c 
aux  peuples  qu'il  a  vaincus  ;  mais  que  tout  quadre  par- 


faitement avec  les  victoires  de  Domitius  vEnobarbus. 
Je  renvoie  pour  les  détails  des  preuves  à  fa  differtation 
imprimée  à  Lyon,  chez  P.  Maleray,  troifiéme  édition. 
Je  remarquerai  feulement  qu'une  partie  de  la  face  occi- 
dentale ,  tomba  en  1707  &  1709,  8c  que  depuis  ce 
tems,  le  refte  eft  entièrement  renverfé. 

ORANGE  (  Le  Cap  d'  ) ,  cap  de  l'Amérique  méii- 
dionale  ,  dans  la  mer  du  Nord  ,  à  l'orient  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  d'Yapoco  ;  à  l'orient  &c  afiëz  près  de 
Cayenne  8c  environ  à  cinq  lieues  de  Comaribo.  Les 
vaiffeaux  qui  vont  d'Europe  à  Cayenne  ,  font  obligés 
d'aller  reconnoître  ce  cap  pour  redrefièr  leur  route  , 
fans  quoi  ils  courent  risque  de  s'en  écarter. 

i.  ORANGE  (  Le  Fortd'  ) ,  fort  &  ville  de  l'Amé- 
rique feptentrionale,  dans  la  Nouvelle  Belgique,  fur 
la  rivière  de  Manhate  ,  vers  les  42  deg.  40  min.  de 
latitude  feptentrionale.  Les  Anglois  qui  pofledent  ce 
pays,  ayant  changé  les  noms,  le  pays  s'appelle  au- 
jourd'hui la  Nouvelle  Yorck ,  8c  la  ville  fe  nomme 
Alban. 

2.  ORANGE  (  Le  Fort  d'  ) ,  fort  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Bréfil ,  dans  la  Capitainie  de  Tamaraca. 
Les  Portugais  qui  pofledent  ce  pays,  ont,  je  penfe , 
détruit  ce  fort. 

ORANGEBOURG  ,  ou  ,  pour  fuivre  l'orthographe 
allemande ,  Oranienbourg,  château  8c  petite  ville  d'Al- 
lemagne, dans  l'électorat  de  Brandebourg,  fur  la  ri- 
vière de  Havel ,  à  quatre  milles  de  Berlin.  Ce  n'étoif 
qu'un  village  nommé  Boetzau,  lorsque  l'électeur  Frédé- 
ric Guillaume  ,  ayant  époufé  en  1646  Louife  Henriette  , 
fille  d'Henri  Frédéric  ,  prince  d'Orange,  y  fit  commen- 
cer en  ce  lieu  un  château  pour  elle,  auquel  il  donna  le 
nom  d'ORANGEBouRG.  Frédéric  troifiéme ,  leur  fils , 
qui  a  été  le  premier  roi  de  Prune  ,  augmenta  ce  château 
de  la  moitié  ,  &  y  ajouta  plufieurs  ornemens  en  l'hon- 
neur de  l'électricc  fa  mère  ,  comme  on  le  voit  dans  Pin- 
feription  latine  qui  eft  fur  la  grande  porte.  *  Mémoires 
communiquer. 

Cette  maifon  de  plaifance  eft  fituée  dans  un  pays  qui 
refiemble  fort  à  la  Hollande.  Au  lieu  du  village,  il  s'eft 
bâti  une  petite  ville ,  qui  a  pris  aufli  le  même  nom  , 
8c  tout  autour  ce  font  de  belles  prairies  à  perte  de 
vue  ,  arrofées  &  entrecoupées  par  divers  canaux  qu'on 
a  tirés  de  la  rivière  de  Havel.  Ces  prairies  font  envi- 
ronnées de  bois,  au  travers  desquels,  on  a  pratiqué  des 
vues  fi  belles  8c  fi  longues ,  que  quelques-unes  s'éten- 
dent jusqu'à  d'autres  maifons  de  campagne. 

Orangebourg  confifte  en  deux  cours ,  le  corps  du  lo- 
gis eft  au  milieu  ;  le  jardin  eft  fort  grand  8c  orné  de  fiâ- 
mes ,  de  fontaines ,  d'obélisques ,  de  grottes,  il  y  a  aufil 
une  volière,  une  orangerie,  8c  quelques  pas  plus  loin 
une  maifon  appellée  la  Favorite ,  où  le  roi  peut  lpger 
commodément.  On  y  a  ajouté  encore  une  ménagerie, 
un  hermitage  ,  8c  tout  ce  qui  en  dépend.  Le  jet  d'eau 
qui  eft  dans  le  grand  escalier ,  monte  à  la  hauteur  de 
quarante-fix  pieds  ;  celui  du  jardin  monte  encore  plus 
haut.  Pour  y  conduire  de  l'eau  on  a  élevé  de  belles  ma- 
chines fur  le  bord  de  la  rivière, dans  une  grande  plaine 
où  il  n'y  a  pas  la  moindre  éminence  ,  qui  air  pu  contri- 
buer "à  l'élévation  de  ces  eaux.  La  galerie  8c  le  cabinet 
de  porcelaine,  où  l'on  voit  un  nombre  infini  de  pier- 
reries antiques ,  de  cachets  8c  autres  curiofirés  de  cette 
nature  ,  eft  une  merveille  qu'on  ne  trouve  guère  ail- 
leurs ;  cela  fait  un  très-beau  coup  d'oeil  par  la  manière 
dont  tout  eft  rangé  en  obélisques ,  en  colonnes,  &  au- 
tres figures,  depuis  les  plus  petites  curiofités,  jusqu'aux 
plus  grands  vafes.  Le  lambris  de  ces  chambres  eft  tout 
de  miroirs  ,  ce  qui  produit  un  charmant  fpectacle  ;  les 
moulures  &  les  cadres  de  ces  miroirs  font  d'une  pein- 
ture très  fine  ,  8c  la,  dorure  en  eft  très-belle. 

r.ORANI,  peuple  de  la  Sarmatie  Afiatique ,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  7. 

2.  ORANI  ,  montagnes  du  Japon  ,  dans  le  royaume 
d'Achita  ,  le  plus  feptentrional  de  la  grande  i/le  Ni- 
phon.  Ces  montagnes  font  les  plus  hautes ,  qui  foient 
dans  toutes  ces  ifles.  *  Le  P.  de  Cbarlevoix ,  Mémoires 
manuferits. 

ORANIENBAUM,  joli  château  de  plaifance,  en 
Allemagne,  aux  confins  du  cercle  électoral  de  Saxe.  Il 


ORB 


dépend  de  la   principauté  de  Defiau  ,  une  des  quatre 
parties  de  celle  d'Anhalr.  *  Hubncr ,  Geogr.  p.  560. 

ORANRAGANA.  C'elt  ,  félon  Corneille  ,  le  non» 
latin  d'ARTOMAGAN  ,  iile  de  l'Océan  oriental. 
ORAS.  Voyez.  Horas. 

ORATAVA  ,  ville  de  l'ide  Teneriffe  ,  une  des  Ca- 
naries ,  à  l'oued  de  l'ifle.  C'eft  le  porc  le  plus  célèbre 
qu'il  y  ait  pour  le  commerce.  Les  Anglois  y  ont  un  con- 
fiai,  &  plufieurs  marchands.  Il  eft  plus  dangereux  dans 
les  venrs  de  l'oueft ,  que  Sama  Crux  dans  ceux  de  l'eft. 
La  ville  eft  grande  ;  il  y  a  plufieurs  couvens ,  mais  une 
feule  pat oiffe.  Niçois  donne  mal  à-propos  à  cette  ville 
le  nom  delà  Rotava.  Selon  l'obfervation  faite  par  le 
père  Feuillée  en  1714,  la  différence  du  méridien  entre 
Oratava  &  Toulon  ,  eft  de  22  deg.  23  min.  6c  par  con- 
fisquent entre  Paris  18  deg.  48.  min. 

ORATELLI,  peuple  des  Alpes.  II  en  eft  parlé  dans 
le  monument  érigé  en  l'honneur  d'Augufte ,  ôc  rapporté 
par  Pline  ,  /.  3.  c.  20. 

ORATHA  ,  ville  d'Afie  ,  fur  le  Tigre  ,  au  pays  de 
Melïene  »  félon  Etienne  le  géographe  ,  qui  cite  le  fei- 
ziéme  livre  des  Parthiques  d'Arrien,  que  nous  n'avons 
plus. 

ORATOIRE  ,  petit  édifice  ,  ou  partie  d'édifice ,  con- 
facré  à  la  prière.  Il  diffère  de  la  chapelle ,  en  ce  que  la 
chapelle  a  un  autel  où  l'on  célèbre  les  faims  Myfferes  : 
au  lieu  que  l'Oratoire  n'a  point  un  pareil  autel ,  où 
quoiqu'il  y  ait  une  table  en  forme  d'autel  on  n'y  célèbre 
point.  Les  hermites  qui  n'ont  point  les  ordres  facrés,ni 
par  conféquent  le  pouvoir  de  célébrer ,  ont  un  Oratoire 
où  ils  récitent  leurs  prières.  Plufieurs  perfonnes  pieufes 
qui  mènent  la  vie  commune  ,  ont  chez  elles  un  Oratoire 
où  elles  fe  retirent  pour  prier.  On  voir  en  France  beau- 
coup de  villages  &  de  bourgs  du  nom  d'ORoiR  ,  Qroair, 
Orouer  ,  Aurouer,  Oradour,  qui  prennent  leur 
nom  ,  &  leur  origine  de  quelque  Oratoire  de  fainrs  re- 
tirés dans  les  hermitages  6c  dans  les  folitudes  de  la  cam- 
pagne. 

ORATORIUM ,  Oroir  ou  Oroair  ,  monaficre  de 
France  ,  près  de  Beauvais  \  c'étoient  des  filles  qui  l'oc- 
cupoient.  Il  a  été  ruiné  ,  puis  transporté  au  lieu  où  eft 
maintenant  l'abbaye  de  Saint  Paul.  Ce  premier  monaftere 
avoit  été  établi  6c  gouverné  par  fainte  Andrageme  qui 
y  mourut.  *  Baillée,  Topog.  des  Saints,  p.  639. 

Quelques-uns  ont  cru  que  c'étoit  Aurouer,  village  6c 
paroiffe  environ  à  deux  ou  trois  lieues  de  la  ville  ,  vers 
le  nord. 

ORATUR;£,  peuple  de  l'Inde,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  20. 

ORAXI  (Montagnes  ) ,  les  plus  hautes  qui  foient 
au  Japon ,  fituées  dans  le  royaume  d'Achita ,  le  plus 
feptentrional  de  la  grande  ifle  Niphon. 

ORAXUS,  ou,  félon  quelques  manuferits  de  Pli- 
ne, /.  18. c.  n.  Araxus.  H  dit  Or axi  f ornes ,  ce  qui 
peut  s'entendre  de  deux  manières,  ou  les  fources  de  l'O- 
raxus ,  ou  les  fontaines  nommées  Oraxi.  Quoi  qu'il  en 
foit ,  ces  fources  ou  ces  fontaines  étoient  dans  la  Cam- 
panie  ,  encre  Pouzol  6c  Naples ,  fur  la  colline  Louco- 
gée.  Pline  dit  que  leur  eau  avoit  la  vertu  d'éclaircic  les 
yeux  ,  de  nettoyer  les  plaies  6c  de  raffermir  les  dents. 
*  Baudrand ,  édit.  170J. 

ORBA  ,  petite  ville  d'Italie.  Elle  fott  de  l'Apennin  , 
dans  l'état  de  Gènes,  d'où,  traverfant  une  partie  du  Mont- 
ferrat  ,  elle  paffe  dans  le  Milanez  ,  6c  s'y  jette  dans  la 
Bormia ,  un  peu  au-deffus  d'Alexandrie. 
ORBA.  Kov^Sinna. 
ORBACUM,  nom  latin  d'ÛRBAis. 
1.  ORBADARI,  'OpGtfJpH,  village  de  l'Ethiopie,  fous 
l'Egypte  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  7. 

2.  ORBADARI ,  'OpCuSup*  ,  ville  de  l'Inde  ,  en  deçà 
du  Gange  \  mais  dans  les  terres  à  l'orient ,  6c  allez  loin 
du  fleuve  Indus  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  t. 

ORBALS  ,  Orbatum ,  abbaye  d'hommes,  en  Fiance  , 
de  l'ordre  de  faint  Benoît,  en  Champagne,  frontière 
de  Brie  ,  au  diocèfe  de  Soiflbns,  fur  le  bord  du  Sour- 
melon,  à  trois  lieues  de  Montmirail ,  &  à  fix  de  Châ- 
teau-Thicrri ,  en  allant  vers  Vertus.  Elle  eft  fous  le  titre 
de  faint  Pierre,  6c  a  été  fondée  pat"  faint  Rieul ,  arche- 
vêque de  Rheims ,  vers  l'an  673  ,  ou  680.  Il  y  eft  en- 
tené  6c  fes  reliques  y  font  en  vénération.  Le  corps  de 


ORB       679 


faint  Rcmi  y  fut  dépofé  ,  lorsque  les  Normands  faifoicnt 
descourfes  dans  la  Champagne.  Foulque,  archevêque 
de  Rheims,  &  abbé  de  faint  Rémi,  le  fit  reporter  à 
Rheims  en  882.*  Divers  Mémoires. 

ORBAL1SEINA  ,  'OfÇaÀ/rxuî,  contrée  de  lapeiicc  Ar- 
ménie ,  félon  Ptolomée  ,  /.  5.  ç.  6.  Il  en  fait  h  partie  la 
plus  feptcntrionale. 

ORBAN  ASSA  ,  '0>S»«W«,  ville  d'Afie ,  dans  la  Pifi- 
die  ,  félon  Ptolomée ,  I.  y  c.  5. 

ORBAS,  rivière  de  l'Alîc  Mineure,  dans  la  Phry- 
gie ,  auprès  de  Célenes ,  félon  Dion  de  Prufe ,  cité  par 
Ortelius,  Thef.  Ce  dernier  croit  que  c'elt  la  même  que 
I'Orga  de  l'line  ,  &  que  l'Orgas  de  Strabon. 

ORBASSAN  ,  petite  ville  d'Italie,  dans  le  Piémont, 
entre  Turin  &  Pignerol.  *  Baudrand  ,  édit.  1705. 

1.  ORBE  (  L') ,  rivière  de  France  ,  félon  Jaillot,  de 
SuilTe,  félon  Scheuchzer ,  de  l'une  &  de  l'autre,  fclon  de 
rifle.  Elle  eft  dans  le  mont  Jura  ,  entre  la  Franche-Comté 
6c  le  pays  de  Vaud  ;  6c  en  forranr  de  fa  fource  ,  qui  eft  en 
SuilTe  ,  elle  entre  dans  le  lac  de  Roilèt ,  en  fort  au  nord- 
eft ,  rentre  enfuiteconfervanr  le  nom  d'Orbe  ,  6c  fe  char- 
ge d'un  ruifieau  dont  elle  porre  les  eaux  dans  le  lac  de 
Joux,  qui  en  reçoit  encore  quelques  autres.  II  ne  paroît 
pas  que  ce  lac  reçoive  allez  d'eau  ni  de  l'Orbe  ,  ni  de  ce 
ruifieau,  pour  être  auifi  grand  qu'il  eft  ;  mais  ce  qui 
étonne  encore  davantage,  c'elt  qu'il  abou:it  à  un  canal 
étroit  que  l'on  paffe  fur  un  grand  pont  de  bois ,  6c  à  de- 
mi-lieue au-deiTous  de  ce  pont,  le  lac  fe  perd  dans  la 
terre.  On  croit  affez  communément  qu'il  va  par  des  con- 
duits fouterreins  vers  le  nord  ,  6c  qu'il  traverfe  ainft 
invifiblement  des  montagnes  ,  au-delà  desquelles  la  ri- 
vière d'Orbe  fe  reproduit.  *  Cartes  de  Suiffè. 

2.  ORBE  (L'),  rivière  de  SuilTe ,  au  pays  de  Vaud. 
Elle  a  fa  fource  dans  une  espèce  de  lac  au  nord  oriental 
de  celui  de  Joux  ,  dont  ce  périt  lac  eft  féparé  par  des 
montagnes  qui  font  partie  du  mont  Jura.  Ses  eaux  for- 
tent  d'un  rocher  6c  font  déjà  une  rivière  toute  formée. 
La  vallée  où  elle  coule ,  s'appelle  Valorbes  j  c'eft  par 
cette  vallée  que  la  rivière  ferpente  d'abord  vers  le  fud- 
eft ,  enfuite  vers  le  midi.  Elle  paffe  à  Valorbes,  village 
au-deffous  duquel  elle  reçoit  un  ruiffeau  qui  vient  du 
nord.  Elle  paffe  enfuite  à  Clés  ou  Clées ,  puis  à  Orbe  où 
elle  forme,  en  circulant,  une  presqu'ifle  où  cette  ville 
eft  fituée  ;  après  cela  ,  ayant  coulé  quelque  tems  vers  le 
nord  ,  elle  fe  détourne  au  nord-cft,  prend  avec  elle  la 
Thile  &c  entre  dans  le  lac  de  Neufchâtel  ,  où  elle  ne 
porte  déjà  plus  fon  nom.  Voyez,  l'article  qui  fuit.  *  Cartes 
de  Suijfe  de  Jaillot. 

3.  ORBE,  ville  de  SuilTe ,  au  pays  de  Vaud  ,  dans  un 
bailliage  de  même  nom  dont  elle  eft  capitale.  C'eft, die 
l'auteur  de  l'état  6c  des  délices  de  la  SuilTe  ,  t.  1.  p.  3 1  c. 
une  jolie  ville ,  médiocrement  grande  ,  dans  une  fi  tuât  ion 
fort  agréable  6c  un  peu  élevée  ,  à  deux  lieues  du  mont 
Jura,  fur  une  colline,  au  pied  de  laquelle  coule  la  ri- 
vière de   l'Orbe,  fous    un  beau  pont  de  pierres.  Il  y 
avoit  deux  couvens,  l'un  de  Cordeliers  ,  6c  l'autre  de 
religieufes  de   fainte  Claire-,  ces  deux  couvens  étoient 
contiens  l'un  à  l'autre  ,  6c  outre  leurs  églifes  particuliè- 
res, ils  avoient  une  chapelle  commune  entre  deux.  On 
chaffa  les  uns  &  les  autres  en    15  54  ,  lorsque  la  ville 
d'Orbe  embraffala  confeffion  Helvétique.  Le  premier 
de  ces  couvens  devint  la  maifon  de  ville  ,  6c  de  l'autre 
on  fit  un  collège.  11  y  avoit  encore  cinq  autres  églifes, 
tant  grandes  que  petites ,  6c  en  tout  vingt-fix  autels  qui 
furent  la  plupart  renverfés  en  1531.  La  ville  d'Orbe  eft 
fort  ancienne  ,  6c  quelques  auteurs  croient  (  avec  affez 
de  probabilité)  qu'elle  étoit  la  capitale  du  canton  nom- 
mé Pagus  Vrbigenus ,  lorsque  la  Suiffe  étoit  partagée  eu 
quatre  cantons.   Orbe  a  été  floriffante  fous  l'ancienne 
monarchie  des  Francs.  Les  rois  de  la  première  6c  de  la 
féconde  race  y  avoient  un  palais  royal ,  où  ils  alloient 
quelquefois.  On  doute  fi  le  château  à  demi  ruiné  que  l'on 
y  voit  ,  en  étoit  une  partie.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr ,  c'eft 
qu'Orbe  étoit  très-propre  pour  en  faire  un  lieu  de  plai- 
fance  •,  car  ,  «somme  elle  eft  un   peu  élevée,  qu'elle  a 
une  vafte   campagne  au-deffous    d'elle,  Se  que  la  vue 
s'étend  même  bien  avant  fur  le  lacd'Yverdun  ,  que  l'on 
y  voit  de  profil,  un  lieu  fi  agréablement  fitué    dévoie 
être  un  agréable  féjour  peur  des  princes.  Une  prino 
nommée  Theudclinde  ,  de  la  première  race  des  rois  do 


68o       ORB 


ORB 


Fiance ,  y  faifoit  fa  réfidence  ordinaire  avant  &  après 
l'année  610  (  a)  ,  Se  ce  fut  a  Orbe  que  la  reine  Brune- 
haut  fut  ancrée ,  comme  le  raconte  Fredegaire  ,  ôc  qu'on 
la  ramena  de-là  au  roi  Clotaire  II ,  qui  la  lit  mourir  (b). 
La  rivière  d'Orbe  fert  pour  le  commerce  des  habitans. 
On  a  lu  la  rendre  depuis  quelques  années  navigable  de- 
puis Orbe  jusqu'à  Yveidun  qui  eft  à  deux  lieues  de-là  , 
&  comme  elle  eft  fort  rapide ,  on  fait  ce  chemin  bien 
vire  en  descendant  ;  mais  elle  eft  fort  dangereufe  lors- 
qu'elle vient  à  fe  déborder.  Toute  cette  ville  eft  de  la 
coufefiîon  Helvétique  ;  le  bailliage  n'eft  pas  de  même 
comme  nous  dirons  ci-après,  (a)  Longuerue ,  Defcr. 
de  la  France  ,  part.  2.  p.  269.  (  b  )  Etat  &  Délices  de  la 
SuiJJ'e ,  p.  3 1 2. 

4.  ORBH  (Le  bailliage  d' ) ,  petite  contrée  de 
SuiiTe  ,  au  pays  de  Vaud  ,  près  du  mont  Jura.  C'eft  un 
des  treize  bailliages  du  pays  Romand.  La  fouveraineté 
en  eft  partagée  entre  les  cantons  de  Berne  ôc  de  Fribourg. 
11  s'étend  plus  en  long  qu'en  large,  &  s'avance  vers  le 
midi  jusqu'à  deux  petites  lieues  au-deffus  de  Laufanne, 
entre  les  bailliages  de  Romain-Motier,  de  Morges,de 
Laufanne  &  d'Yverdun  -,  celui  de  Granlbn  lui  eft  con- 
tigu  &  le  fépare  de  la  principauté  de  Neufchâtel.  Se- 
lon de  Longuerue,  Defcr.  de  la  France ,  part.  i.p.  iGcj. 
le  bailliage  d'Orbe  Ôc  d'Eschalans  eft  rout  enclavé  dans 
le  pays  de  Vaud  ;  les  Suiffes  s'en  emparèrent  .quand  ils 
eurent  vaincu  le  duc  de  Bourgogne  ;  les  cantons  de  Ber- 
ne ôc  de  Fribourg  conferverem  cette  conquête  ,  quoique 
rout  le  pays  des  environs  eût  été  remis  au  duc  de  Sa- 
voye  par  le  traité  de  paix  de  l'an  1476.  Selon  l'état  ôc 
les  délices  de  la  SuiiTe ,  les  deux  bailliages  d'Orbe  ôc  de 
Granfon  appartenoient  autrefois  aux  comtes  de  Mont- 
beliard;  après  cela  ils  vinrent ,  je  penfe,  (  c'eft  cet  auteur 
qui  parle  toujours  )  par  mariage ,  dans  la  maifon  de  Châ- 
lons  ;  ôc  les  cantons  de  Berne  ôc  de  Fribourg  les  conqui- 
rent fur  cette  maifon  l'an  1475,  du  tems  de  la  guerre  de 
Bourgogne.  Ces  deux  bailliages  font  enfembie  17  à  1 8  pa- 
roiffes.  Dans  celui  d'Orbe  ,  la  religion  Catholique  ôc  la 
Protestante  font  également  permifes  ;  ôc  l'églife  parois- 
fiale  fert  aux  uns  ôc  aux  autres  à  des  heures  différentes. 

5.  ORBE  (  L'  ) ,  rivière  de  France  dans  le  Languedoc. 
Elle  a  fa  fource  au  diocèfe  de  Lodeve  ,  au  nord  de  la 
ville  de  ce  nom  ,  fur  la  frontière  du  Rouergue.  De  là  elle 
coule  vers  le  fud-oueft,  paffe  à  Ceilles  d  ,  fet pente  vers 
le  midi ,  ôc  reçoit  au-deffous  de  Bederieusun  ruilïeau  qui 
vient  de  S.  Gervais,  Se  plus  bas  le  Jaure  qui  vient  de 
S.  Pons  Ôc  d'Olarguc  ,  puis  un  autre  qui  vient  de  l'ab- 
baye de  S.  Chignan  ,  paffe  à  Caffenon  d  ,  à  Beziers  g  , 
ôc  traverfant  le  Canal  royal ,  elle  baigne  Villeneuve  d. 
ôc  Serignan  g  ,  &  fe  jette  enfin  dans  le  golfe  de  Lyon  , 
par  le  Grau  de  Serignan.   *  Sanfon ,  Atlas. 

ORBEC ,  petite  ville  de  France ,  en  Normandie ,  dans 
le  diocéfc  deLifieux,  entre  Bernay,  Montreuil ,  Vimons- 
tier  ôc  Livarot ,  fur  une  petite  rivière  qui  tombe  dans  la 
Touque  à  Lifieux  qui  n'en  eft  éloigné  que  de  quatre 
lieues.  Les  Capucins  ont  un  couvent  à  Orbec.  Le  ter- 
ritoire de  la  ville  confifte  principalement  en  prairies  ôc 
en  gras  pâturages,  dans  lesquels  on  nourrit  beaucoup 
de  bétail.  On  en  fait  une  vente  confidérable  au  marché 
qui  fe  tient  en  cette  ville.  A  trois  quarts  de  lieues  de-là 
eft  un  prieuré  clauftral  de  chanoines  réguliers  de  S.  Au- 
gustin, en  un  lieu  nommé  Frialdel.  De  l'ifle  écrit 
Friardel  II  ne  fait  qu'un  bourg  d'Orbec.  Baudrand  lui 
donne  titre  de  baronr.ie,  &  le  met  fur  une  rivière  de 
même  nom.  Le  vrai  nom  de  la  rivière  eft  I'Orbiquet. 
On  ne  l'appelle  la  rivière  d'Orbec  que  de  la  même  ma- 
niere  que  les  Hollandois,  pour  ne  point  trop  charger 
leur  mémoire ,  nomment  la  Loire  la  rivière  de  Nantes, 
ôc  la  Seine  la  rivière  de  Rouen.  *  Corneille ,  fur  ans 
mémoires  manuferits. 

ORBEGA  (L') ,  d'autres  difent  l'Orbego ,  Urbieus ,  ri- 
vière d'Espagne, au  royaume  de  Léon.  Elle  a  deux  fources 
dans  les  montagnes  qui  font  au  couchant  feptentrional 
de  Léon.  Elles  s'uniffent  à  S.  Miguel  de  Caminho.  Elle 
a  fur  fes  bords  trois  ou  quatre  villages  où  jjjaffe  la  route 
de  Léon  à  Allorga;  plus  bas  elle  reçoit  laTuerta  ,  ri- 
vière qui  vient  d'Aftorga ,  ôc  plus  bas  encore  un  ruiffeau 
nommé  la  Tcra.  Elle  fe  joint  enfuite  au-deffous  de  Be- 
navente  à  l'Effa ,  avec  laquelle  elle  va  tomber  dans  le 
Dueto,  au-deffous  de  Zamora.  *  Jaillot,  Atlas. 


ORBELIA ,  contrée  au  nord  de  la  Macédoine  ,  dans 
les  montagnes.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  1  $.  a.  écrit  Orbelia  , 
'Op/3sA/sc  ,  que  quelques  copifies  ont  changé  en  'Opfiùtx. 
Ce  qui  prouve  que  ce  doit  être  un  £dans  la  féconde  fyl- 
labe,  c'eft  que  ce  nom  vient  d'Orbelus,  montagne  au- 
près de  laquelle  ce  pays  étoit  fitué.  Ptolomée  y  met 
une  ville  unique ,  favoir  Garescus. 

ORBELUS,  montagne,  ou  plutôt  montagnes,  au  nord 
de  la  Macédoine,  entre  la  Péonie  au  midi,  les  Scordi^- 
ques  au  nord,  les  Dantelethes  à  l'orient ,  ou  ,  pour  s'ex- 
pliquer d'une  manière  moins  fujette  aux  révolutions , 
entre  l'Axius  au  couchant ,  ôc  le  Strymon  au  levant ,  à 
l'orient  d'Uscopia.  Ces  montagnes  font  aujourd  hui  pour 
la  plus  grande  partie  dans  la  Servie.  Les  rivières  de  Mo- 
rava,  de  Lipe  ritza  5c  de  Lietniza  y  prennent  leurs  four- 
ces.  Le  lieu  d'où  fort  cerr.;'  dernière  s'appelle  Monte 
Negro.  Lazius  nomme  l'OrbelusKAROPNiTZE.  Ptolo- 
mé<  .  /.  3.C  9.  Hérodote,  /.  5.  t.  17.  ôc  l'abréviateur 
de  Scrabon  en  font  mention. 

ORBESINE  'Op/2«s-/|/M  ,  contrée  de  la  petite  Armé- 
nie ,  félon  Ptolomée  ,  /.  ;.c.  7.  C'en  étoit  la  partie  la 
plus  méridionale, 

ORBESTIER  ,  Orbifierium ,  abbaye  d'hommes ,  en 
France,  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  dans  le  Bas-Poitou, 
fur  le  bord  de  la  mer ,  à  deux  lieues  au  couchant  de 
Talmont ,  au  diocèfe  de  Luçon.  Elle  a  été  fondée  en 
1007,  par  Guillaume  IV  ,  furnommé  le  Grand,  duc  d'A- 
quitaine ,  comte  de  Poitou.  On  en  a  la  chartre  de  fon- 
dation dans  l'hiftoire  des  comtes  de  Poitou ,  par  Befly. 
*  Piganiol  de  la  Force ,  Defcription  de  la  France,  t.  5. 
pag.  82. 

ORBETANE ,  ville  d'Afie  ,  dans  l'Ane ,  félon  Pto- 
lomée. Quelques  exemplaires  portent  Orbitane  ,  'Op- 
/èiravn. 

ORBIEU  ou  Orbiou  »  Orbio  ou  Urbio ,  petite  ri- 
vière de  France  ,  au  Haut-Languedoc  ;  elle  a  fa  fource 
à  la  Graffe,  &:  fe  rend  dans  l'Aude  à  deux  lieues  au- 
deffus  de  Narbonne. 

ORBILIA.  Voyez  Orbelia. 

ORBIS.  Ce  mot  latin  a  plufieurs  fignifications ,  qui 
routes  fe  rapportent  à  la  principale  ,  favoir  la  Rondeur. 
Comme  la  ligne  que  les  planettes  décrivent  dans  le  ciel 
à  notre  égard  eft  circulaire  ,  Cicéron  appelle  Orbis  Si- 
gnifer  le  Zodiaque  -,  ôc  Orbis  Aftrorum ,  le  mouvement 
circulaire  des  aftres.  Pline  appelle  par  la  même  analo- 
gie Orbis  Rotarum,  la  circonférence  des  roues.  Com- 
me le  globe  de  la  terre  &  de  l'eau  eft  une  maffe  ronde 
ou  approchant  de  la  ronde  ,  les  Latins  l'ont  exprimé 
par  Orbis  ,  ou  Orbis  'ïerrarum,  ôc  de  même  que  nous 
employons  en  françois  le  mot  Monde,  pour  lignifier  une 
multitude  d'hommes,  Ovide  s'eft  fetvi  du  mot  Orbis , 
dans  le  mêmefens  :  higens  Orbis  in  urbe  fuit ,  c'eft-à- 
dre  ,  il  s'amaffa  beaucoup  de  monde  dans  la  ville.  Nous 
difons  dans  le  ftyle  géographique  ôc  altror.omique,  I'Or- 
be  de  la  terre,  I'Orbe  du  foleil ,  I'Oree  de  la  lune , 
pour  exprimer  le  contour  ,  la  circonférence  de  ces  corps. 
L'aftronomie  a  encore  un  autre'  fens  qui  eft  en  ufage  , 
c'eft  de  dire  I'Orbe  ,  pour  fignifier  tout  l'espace  qui  eft 
enfermé  dans  le  cercle  qu'une  planette  décrit  ;  mais  ce 
n'eft  pas  ici  le  lieu  de  s'étendre  fur  cette  matière. 

Les  géographes  qui  écrivent  en  latin  appellent  Orbis 
Vêtus  ,  le  golfe  tel  qu'il  a  été  connu  des  anciens,  c'eft- 
à-dire  l'hémifphère  que  nous  habitons,  ôc  Orbis  Ne- 
vus  ,  ou  Orbis  recens  deteclus  ,  l'hémifphère  où  eft  l'A- 
mérique. Voyez,  aux  mots  Monde  &  Terre. 

ORBIT/E  ,  peuple  des  Indes,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  cite  Apollodore.  Ortelius  ,  Thefaur.  croit 
que  c'eft  pour  Arbiti.  Voyez.  Arbiti. 

ORBITANIUM ,  ancienne  ville  d'Italie  ,  dans  le  pays 
des  Samnites.  Elle  fut  prife  par  Fabius ,  félon  Tite-Live. 

ORB1TAON,  ou,  avec  la  terminaifon  latine ,  Or- 
bitaum  ,  montagne  de  la  Pannonie  ,  félon  Diodore  de 
Sicile. 

ORBITELLE ,  Orbitello  ou  Orbetello,  ville 
d  Italie  ,  en  Toscane  au  Siennois ,  dans  un  étang  près 
de  la  rivière  nommée  Albegna  par  Baudrand ,  &  Al- 
bengia  par  Léandre ,  au  pied  du  mont  Argentaro.  Elle 
étoit  autrefois  de  la  république  de  Sienne  ;  mais  lorsque 
le  roi  d'Espagne  céda  le  Siennois  au  grand  duc ,  il  fe 
réferva  Orbitelle  avec  les  places  de  Telamone ,  Porto- 

Hercolt , 


ORC 


Heicolc,  Porto  San-Stcfano,  Se  le  mont  Argentaro 
l'ur  la  côte.  La  principale  des  places  réfervées  eft  Or- 
bitelle.  Les  Espagnols  l'ont  fortifiée.  Ce  petit  état  elt 
fort  voifin  du  patrimoine  de  faint  Pierre,  &  Orbitelle 
n'eft  qu'à  trente  cinq  milles  de  Civita-Vecchia.  Cette 
ville  dépend,  pour  le  fpiriruel,  de  l'abbaye  de  Trois-Fon- 
taines  près  de  Rome ,  dont  elle  étoit  autrefois  fujette 
pour  le  temporel ,  par  la  libéralité  de  Charlemagne  , 
qui  lui  donna  tout  ce  territoire  ;  car  la  ville  ne  fut  bâ- 
tie qu'en  1201.  Léandre,  p.  33.  folio  refto,  dit  toujours 
Orbetf.llo  ,  foit  en  parlant  du  lac ,  foit  en  parlant 
de  la  ville  qu'il  qualifie  Caftello. 

Orbitelle  ,  die  le  P.  Labat ,  Voyage  d'Ital.  t.  6.  p.  46. 
cil  au  milieu  d'un  étang  falé  ,  formé  par  la  rivière  d'Al- 
begna ,  qui  fe  décharge  dans  la  mer  par  une  ouverture 
affez  large  qui  elt  au  couchant.  (  Voyez,  fon  article  par- 
ticulier. )  Cet  étang ,  qui  eit  très-poiflbnneux  ,  a  dix  ou 
onze  milles  de  circonférence  ,  Se  elt  ovale.  La  ville  qui 
lui  donne  le  nom ,  elt  bâtie  fur  une  motte  de  terre  au 
milieu,  Se  ne. tient  à  la  terre  ferme  que  par  une  chauffée 
naturelle  ou  artificielle  de  peu  de  largeur,  qu'il  eit  ailé 
de  couper.  Par  ce  moyen  la  ville  eft  très-facile  à  fe  dé- 
fendre ;  auiïï  les  Impériaux  ne  s'en  rendirent-ils  les 
maîtres  que  par  la  trahifon  du  gouverneur  Espagnol  : 
l'empereur  en  a  joui   jusqu'à  la    guerre  terminée  en 

173J- 
ORBITELLE  (  La  seigneurie  d'  ).  Baudrand  ,  édit. 

170;.  appelle  ainfi  les  places  que  le  roi  d'Espagne  fe 

réferva  dans  le  Siennois,  lorsqu'il  le  vendit  au  grand 

duc  ,  à  caule  qu'Orbitelle  en  elt  le  principal  lieu.  Les 

autres  font  Telamonc,  Porto-Hercole  Se  Porto  San-Ste- 

fano. 

ORBITELLE  (L'étang  d' ).  Si  on  juge  de  cet  étang 
parla  defeription  qu'en  fait  le  P.  Labat  ,  on  croira  qu'il 
elt  formé  par  la  rivière  d'Albengua.  Cependant  cette 
rivière  ,  dont  le  vrai  nom  elt  Albegna  ,  en  latin  Albina  , 
a  fon  embouchure  à  part ,  Se  ne  communique  ni  peu  ni 
point  avec  l'étang.  Cet  étang  étoit  autrefois  fermé  de 
tous  côtés ,  Se  n'avoit  aucune  communication  vifible  avec 
la  mer.  Une  langue  de  terre  le  feparoit  &  le  fépare  en- 
core du  golfe  méridional  où  elt  Porto-Hercole  -,  qui  étoic 
nommé  par  les  anciens  Portas  Herculis  ou  Portas  Co- 
fanus  ,  à  caufe  de  Cofa,  ville  fuuée  à  l'extrémité  orien- 
tale de  cette  langue  de  terre.  Une  autre  langue  de'  terre 
le  feparoit  d'un  golfe  fitué  à  l'occident  où  étoit  Portas 
Domitianus.  C'elt  cette  dernière  langue  qui  a  été  coupée, 
Se  cette  ouverture  fait  l'entrée  de  1  étang.  Cet  étang  étoit 
presque  partagé  en  deux  par  une  langue  de  terre  d'orient 
en  occident,  &  c'eit  fur  cette  dernière  langue  de  terre  que 
font  bâties  la  ville  &  la  fortereffe  d'Orbitelle.  Cluvier,  qui 
croit  que  le  Domitianus  Portas  elt  aujourd'hui  le  port 
de  S.  Sébaftien  ,  coupe  cette  langue  occidentale ,  qui  eft 
au  nord  de  Monte  Argentaro ,  Se  y  fait  un  paffage  tel 
qu'il  eft  aujourd'hui.  Voyez,  ce  qu'il  dit  de  ce  canton.  Cet 
étang  au  refte  elt  le  A;//t'oÛa>aT7*  de  Strabon  ;  Stagnum 
Marinumt  en  françois  l'étang  lâlé.  *  Ital.  aut.  1.  2. 
c.  2. 

ORBITUM.  Voyez.  Oropitum. 

0RB1US.  Koj/^Urbicus. 

ORBO  (  L'  )  ,  petite  rivière  de  l'ifie  de  Corfe.  Elle 
a  fa  fource  près  du  village  de  Sacra  ,  Se  fe  jette  dans  la 
mer  de  Toscane  ,  à  la  côte  orientale  de  l'ifie ,  à  douze 
milles  des  ruines  d'Aleria,  au  midi.  Voyez.  Hierus  I. 

ORBUS.  Voyez.  Orobis. 

OR.CADES  (  Les  ) ,  ifles  au  nord  de  l'Ecoffe.  Pom- 
ponius  Mêla  ,/.  3.  c.  0.  Se  Pline  ,  /.  4.  c.  16.  s'accordent 
à  dire  qu'elles  ne  font  féparées  que  par  de  petits  détroits; 
mais  ils  ne  s'accordent  pas  pour  le  nombre.  Mêla  &  Pto- 
lotnéc ,  /.  2.  c.  3.  en  comptent  ttente  ;  Pline  quarante,  & 
a  fans  doute  mis  au  nombre  les  écueils  tant  grands  que 
petits.  On  n'en  compte  préfentement  que  vingt  huit  au 
plus.  On  en  retranche  Stroma  fur  la  côte  de  Caithnefs , 
à  laquelle  elle  appartient.  Orofe ,  /.  1.  c.  z.  compte  vingt 
ifles  déferres  Se  treize  habitées.  Les  Anglois  les  nomment 
les  ifles  d'ORKNEY.  Leur  fituation  elt  depuis  le  58  d.  40 
m.  de  latitude  jusqu'au  59  d.  40  m.  &  entre  le  14  &  le 
16  d.  de  long.  Le  plus  long  jour  y  elt  de  dix-huit  heures 
&  quelque  minutes.  Elles  font  féparées  de  l'Ecoffe  par 
un  déttoit  nommé  Pentland  Firth  ,  qui  a  vingt-qua- 


ORC       681 

tre  milles  en  longueur,  Se  douze  en  largeur ,  &  eft  plein 
de  gouffrçs  fort  dangereux.  On  les  diltingue  en  deux  clas- 
fes  par  rapport  à  leur  grandeur. 


Les  principales  font 

PoMONA  OU  MEINLAND  , 

Hoy, 

south-ronalsa  , 
Shapinsija  , 
Stronza. 

Les  autres  font 


Eda  , 
Sanda , 
Westra, 
Rousa. 


BURRA  , 

Flotta  , 
Faira  , 

Cava  , 
Grawsey  , 


CoPINSHA  , 

Papa  Stronsa, 
nord-ronalsa  , 
Papa  Westra  , 
Se  quelques  autres  moindres. 


Elles  doivent  être  très-peuplées,  s'il  eft  vrai,  ce  que  die 
Blaeu  dans  Ion  Atlas  ,  que  dans  une  revue  qui  fe  fit  pro- 
che de  Kiikwal  dans  l'ifie  de  Pomone,  il  s'y  trouva  dix 
mille  hommes  fous  les  armes ,  outre  ceux  qu'on  avoir 
laiffés  pour  cultiver  la  terre.  Ces  Infulaires  font  généra- 
lement vigoureux,  robultes ,  bienfaits.  *  Etatftréfem  de 
la  Grande  Brttagne ,  t.  2.  p.  303. 

Le  négoce  de  ces  ifles  confilte  principalement  en  pois- 
fon ,  en  bœuf,  en  porc  falé  ,  en  beurc  ,  en  fuif ,  en  cuirs, 
en  peaux  de  loutre,  de  lapin  ,  en  fel  blanc,  en  étoffés, 
en  bas  d'eftame ,  en  laine  ,  en  jambons  ,  en  orge  ,  en  plu- 
me Se  en  grain  germé  pour  faire  la  bierre. 

On  n'y  voit  d'arbres  que  dans  quelques  jardins  de  Kir- 
kwal ,  où  ils  ne  croiffent  pas  plus  haut  que  les  murailles  , 
Se  c'elt  rarement  que  leur  fruit  vient  en  maturité  ;  cepen- 
dant elles  produilént  de  bonnes  herbes  &  d.s  racines, 
Se  même  de  gros  artichauts. 

On  y  déterre  quelquefois  des  chênes  ;  ce  qui  a  donné 
lieu  de  croire  que  le  bois  de  charpente  y  viendroit  bien , 
li  on  avoit  foin  de  planter  Se  de  cultiver  les  arbr<  qui  le 
fourniffent.  D'autres  s'imaginent  que  ces  chênes  foutei- 
reins  y  ont  été  enterrés  par  le  déluge,  &:  que  l'ait  de  la 
mer  y  empêche  les  arbres  de  croître. 

On  trouve  aulh  dans  ces  ifles  des  pierres  figurées ,  des 
poiffons  Se  des  oifeauxqui  leur  font  particuliers  -,  fur-tout 
une  forte  d'oye  qu'on  appelle  Claik^Goofe ,  ou  Barnacle  » 
qui  s'engendre  ,  à  ce  qu'on  dit ,  dans  des  troncs  d'arbres 
ou  dans  des  planches  de  vieux  navires.  On  affnre  que  ces 
oies  de  mer  font  leurs  œufs  comme  les  poiffons,  Se  les 
abandonnent  à  la  merci  des  vagues. 

Il  y  aeuauttefois  des  rois  des  Orcades,  mais  leur  règne 
finit  quand  les  rois  d  Ecoffe  s'emparèrent  de  ces  ifles  , 
après  avoir  fubjugué  les  Piétés.  Enfuite  elles  panèrent  entre 
les  mains  des  Danois  Se  des  Nor\.  egiens  ;  mais  elles  fu- 
rent reprifes  par  les  Ecoffois.  Le  roi  Alexandre  les  don- 
na en  fief  à  un  gentilhomme  nommé  Spcirc  ;  Se  une  hé- 
ritière de  la  famille  les  fit  paffer ,  par  mariage  ,  dans  celle 
de  Sinclairs ,  un  desquels  prit  le  titre  de  comte  des  Orca- 
des Se  feigneur  de  Schetland  ;  mais  ayant  refufé  de  com- 
paroître  devant  le  parlement,  ce  comté  &  cette  feigneu- 
rie  furent  réunis  à  la  couronne,  jusqu'au  règne  de  Ma- 
rie qui  les  donna  à  Jacques  Bothwel ,  qu'elle  époufa 
enfuite.  Elles  ont  été  données  après  cela  à  d'autres  per- 
fonnes,  &  enfin  réunies  encore  une  fois  à  la  couronne. 
Mais  par  l'union  des  deux  royaumes ,  le  gouvernement 
en  a  été  donné  au  comte  de  Morton ,  avec  tout  le  reve- 
nu ,  à  condition  qu'il  payeroit  tous  les  ans  la  fomme  de 
cinq  cens  livres  fterlin  à  l'état,  Elles  donnent  le  titre 
de  comte  d'Orkney  au  fieur  George  Hamilton  ,  oncle 
du  duc  Hamilton. 

ORC  AMP,  félon  Baudrand,  Ourcamp,  félon  Pi- 
ganiol  de  la  Force,  De  fer.  de  la  France ,  t.  3.  p.  28. 
abbaye  de  France ,  au  diocèfe  de  Noyon.  Elle  fut  fon- 
dée en  la  forêt  d'Esgue  le  10  Décembre  1129,  fur  la 
gauche  de  la  rivière  d'Oife  ,  à  une  lieue  de  Noyon  ,  à 
la  place  d'un  ancien  oratoire  de  faint  Eloi.  Elle  eft  de 
l'ordre  de  Cîteaux ,  de  la  filiation  de  Clairvaux.  Elle  rap- 
porte trente  mille  livres"  de  rente  à  l'on  abbé. 
Tum.  IV.  R  i"  1  r 


68a       ORC 

ORCAN.  C'étoit,  die  Baudrand ,  édit.  1705,  une 
ville  de  l'ifle  de  Rugen.  11  la  nomme  Areona  en  latin, 
&  ajoute  que  Voldemar,  roi  de  Danemarck ,  la  ruina 
l'an  1168  ,  8c  que  le  lieu  qui  eft  fur  la  côte  feprentrio- 
nale  de  l'ifle  en  conferve  encore  le  nom ,  quoiqu'un 
peu  corrompu.  Voyez,  Arkon. 

ORCANy£,en  grec  0"pxetvcti ;  Pollux  fait  mention 
d'une  espèce  de  chiens  nommés  ainfi  du  pays  d'où  on 
les  prenoit.  Ortelius  doute  fi  ce  n'eft  point  des  Orcades. 

ORCAORYCI ,  en  grec  "QpKo.opvy.ot  ,  peuple  de  l'A- 
ile Mineure.  Selon  Strabon,  /.  12.  p.  567.  ils  étoient 
auprès  de  PeiTinonte  ,  aux  confins  des  Teélofages  8c  de 
la  grande  Phrygie  ,  &  ne  dévoient  pas  être  éloignés  de 
Tatta ,  étang  dont  les  eaux  formoient  naturellement  du 
fel.  Ils  étoient  aufîl  au  voifinage  de  la  Lycaonie. 

ORCAS  ,  nom  d'un  promontoire  à  l'extrémité  fep- 
tentrionale  de  la  côte  orientale  de  l'ifle  d'Albion.  On  le 
nommoit  aufïi  Tarvidum.  Voyez,  ce  mot. 

1.  ORCELIS,  ancienne  ville  de  Thrace,  félon Ptolo- 
mée,  /.  3.  c.  11.  Elle  étoit  dans  les  terres  quelque  part 
aux  environs  de  Delvetus  8c  de  Carpudxmum ,  entre  les 
montagnes  8c  le  Pont-Euxin. 

2.  ORCELIS,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife,  chez  le  peuple  Baftïtanï  dans  les  terres,  félon 
Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  On  croit  que  c'efl  préfentement 
Origuela.  Voyez,  ce  mot. 

1.  ORCHENI  ,  en  grec  'Op%wo<  ,  ancien  peuple 
de  l'Arabie  Déferte ,  félon  Ptolomée,/.  5.  c.  19.  Il  les 
met  auprès  du  golfe  Perfique. 

2.  ORCHENI ,  ancien  peuple  d'entre  les  Chaldéens , 
dans  la  Méfopotamie ,  vers  Hipparenum  ,  &  plus  au 
midi.  On  peut  juger  de  leur  fituation  par  ce  que  Pline 
en  dit  :  félon  lui ,  l'Euphrate  8c  le  Tigre  avoient  chacun 
une  embouchure  propre,  à  vingt-cinq  mille  pas  dedifiance 
l'une  de  l'autre  ,  (  ce  qui  revient  à  cinq  lieues  géogra- 
phiques de  quinze  au  degré  j)  mais  les  Orchenes  8c  au- 
tres peuples,  qui  avoient  befoin  d'une  partie  des  eaux 
de  l'Euphrate  pourarrofer  leurs  terres ,  coupèrent  fi  bien 
ce  fleuve  ,  qu'il  n'arrive  plus  à  la  mer  que  par  le  Pafiti- 
gris.  *  Pline  ,1.  6.  c.  16. 

ORCHESTHENE  (  L'  ) ,  province  de  la  Grande  Ar- 
ménie, félon  Strabon,  Lu.  p.  5  28.  Elle  fournifïbit  beau- 
coup de  chevaux,  'Opx'W1'-  Ceux  qui  lifent  le  grec,  fé- 
lon la  prononciation  du  grec  moderne ,  écrivent  Or- 
chistene. 

ORCHESUM  ,  fotterefle  de  l'Arménie,  dans  le  voi- 
finage de  la  métropole  de  la  Mélitene ,  félon  Siméon 
Métaphrafte ,  dans  la  vie  de  faint  André  le  capitaine. 
*  Ortelii  Thefaur. 

ORCHIANUM,  ville  de  la  Toscane.  Ortelius  cite 
pour  garant  un  édit  du  roi  Didier. 

ORCH1ES  ,  ville  de  France ,  dans  la  Flandre  Fran- 
çoife  ,  &  chef-lieu  d'une  châtellenie  de  même  nom  ,  à 
quatre  lieues  de  Lille,  entre  Tournai  8c  Douai.  On  pré- 
tend qu'elle  étoit  autrefois  plus  grande  que  n'efi  aujour- 
d'hui la  ville  de  Lille  ;  mais  à  préfent  elle  n'eft  plus  con- 
fidérable  que  par  le  droit  qu'elle  a  d'envoyer  fes  dé- 
putés à  PafTemblée  des  états  de  la  province.  Elle  a  un 
bailliage  &  un  magiftrat.  Le  bailliage  a  la  juftice  féo- 
dale, le  bailli  en  cil  le  chef  8c  le  Semonceur,  &  a  en- 
trée aux  aflemblées  du  magiftrat.  Ce  dernier  exerce  la 
juftice  ordinaire  dans  la  ville ,  à  la  réferve  des  cas  royaux 
dont  la  connoiflance  appartiert  à  la  gouvernance  de 
Douav  ,  à  laquelle  reflbrtiflcnt  les  appellations  du  ma- 
gifttat  d'Orchies.  Ce  magiftrat  efl  compofé  de  fept  éche- 
vins ,  qui ,  en  fortant  de  charge  ,  nomment  trois  bour- 
geois pour  électeurs.  Ces  électeurs  nomment  trois  éche- 
vins,  qui  en  nomment  deux  autres,  &  ces  cinq  éche- 
vins  enfemble  nomment  les  deux  autres  ,  ce  qui  fait  en 
tout  le  nombre  de  fept  :  les  revenus  de  la  ville  font  fi 
peu  de  chofe,  qu'à  peine  eft-elle  en  état  de  payer  les 
dix-huit  mille  livres  qu'elle  doit  pour  fon  contingent  du 
don  gratuit  que  la  province  doit  au  roi.  *  Piganiol  de 
la  Force,  Defcription  de  la  France  ,  tom.  7.  pag. 
243. 

ORCHILLA  ,  petite  ifle,  fur  la  côte  feptentrionale 
de  la  terre  ferme,  &  plus  particulièrement  au  nord  de 
Venezuela  ,  au  nord-oueft  de  la  Marguerite  ,  entre  cette 
ifle  &  celle  de  Curaçou.  Elle  a  la  petite  ifle  de  Roques 


ORC 


au  couchant,  &  celle  de  Blanca.au  levant.  Elle  efl  di- 
viféeen  plufieurs  partie,  dont  la  plus  grande,  qui  eft 
bafle  presque  par  tout ,  eft  en  manière  de  croiflanr.  Les 
autres  font  féparées  les  unes  des  autres  par  des  canaux 
peu  profonds.  Au  cap  d'orient  &  à  celui  d'occident  il 
y  a  quelques  montagnes,  où  principalement  fe  gardent 
les  chèvres  Au  fud-oueft  de  l'ifle  la  mer  efl  extrême- 
ment profonde ,  &  le  rivage  y  efl  auffi  droit  qu'un  mur, 
ce  qui  fait  que  les  navires  peuvent  en  approcher  de  fort 
près.  11  n'y  a  presque  ni  arbres ,  ni  herbes  du  côté  du 
nord-oueft.  Il  y  en  a  feulement  du  côte  de  l'eft  8c  du 
nord.  La  terre  eft  falée  8c  peu  propre  aux  plantes  ;  8c 
comme  il  n'y  a  point  de  fources  d'eau  douce,  il  s'y 
trouve  peu  d'oifeaux ,  8c  une  feule  espèce  de  léfards 
pour  tous  animaux.  *  De  Laet,  Indes  occident.  1.  18. 
ci;. 

ORCHIMONT ,  château  8c  fèigneurie  des  Pays-Bas , 
au  duché  de  Luxembourg  ,  fur  une  montagne ,  au  pied 
de  laquelle  coule  un  ruiffeau  qui  tôt  après  fe  jette  dans 
le  Semoy.  DeLonguerue,  defcription  delà  France,  2. 
part.  p.  117.  écrit  Orcimont,  8c  l'appelle  Prévôté  : 
Elle  a  eu,  dit-il,  il  y  a  quatre  ou  cinq  cens  ans,  fes 
feigneurs  particuliers ,  8c  c'eft  à  préfent  une  dépendan- 
ce du  comté  de  Chini.  La  fèigneurie  d'Orchimont  eft 
fort  étendue  des  deux  côtés  du  Semoy  ,  8c  vient  fort 
près  de  Méfieres  &  de  Charleville.  *  Jaillot ,  Atlas. 

ORCHINIA.  Voyez,  Orchoe. 

ORCHOE ,  ville  de  la  Babylonie  ,  félon  Ptolomée, 
/.  5.  c.  20.  On  croit  que  c'eft  l'Ur  de  Chaldée,  patrie 
d'Abraham.  Voyez.  Ur. 

1.  ORCFIOMENE  ,  Orchornenus,  ancienne  ville 
de  Grèce  ,  dans  la  Béotie.  Plutarque  en  parle  dans  la 
vie  de  Pélopidas  ,  &  dit  que  la  garnifon  en  étoit  fortie 
pour  faire  une  courfe  dans  la  Locride.  Thucydide,  dit- 
il  ,  donna  Cheronée  à  Orchomene,  furnommée  au- 
trefois Myniée  ,  &  a  préfent  de  Béotie.  Et  c'eft  ce  que 
Pline ,  /.  4.  c .  8.  fait  entendre  quand  il  dit  :  Ûrcbomenus 
Minyeus  antea  ditlus  ;  mais  il  la  met  dans  la  Theflalie  , 
de  quoi  il  eft  repris  par  Cellarius.  Le  P.  Hardouin  , 
qui  ne  dit  rien  de  cette  faute  ,  remarque  feulement 
qu'au  lieu  de  ces  mots  qu'il  y  a  dans  les  éditions  or- 
dinaires In  Theffalia  autem  Orchornenus  Minyeus  anteà 
ditlus  \  l'édition  de  Parme  porte  In  Tbejjalia  amnis 
Orchornenus  ;  de  forte  qu'il  y  auroit  eu  une  ville  8c 
une  rivière  de  même  nom  ,  ce  qui  s'accorderoit  avec 
ce  vers  d'Homère  rapporté  par  le  P.  Hardouin. 

E  ci  Sï  t/ç  -7r&Ta.fAoç  Mivvtiict   ik  àA*  ficû\Aw. 

Et  cette  rivière  Minyeus  feroit  la  même  que  la  ri- 
vière d'Orchomene,  de  l'édition  de  Parme.  Orchome- 
ne étoit  effectivement  fituée  au  couchant  du  lac  Co- 
païde,  à  l'embouchure  d'une  rivière  dans  laquelle  tom- 
boit  LHippocrene  ,  fi  fameufe  dans  les  ouvrages  des 
poètes  ,  8c  rien  n'empêche  que  du  tems  d'Homère  cette 
rivière  ne  portât  le  nom  de  Minyeus  ;  mais  je  ne  vois  pas 
que  la  rivière  dont  parle  Homère  ,  convienne  au  Mê- 
las ,  rivière  qui  couloir  à  Orchomene.  Voyez,  Minyeus. 
Paufanias  ,  Bœot.c.  36.  dit  qu'Orchomene  étoit  fils  de 
Minye  -,  que  fous  fon  règne  la  ville  fut  nommée  Or- 
chomene ,  8c  le  peuple  les  Orchomcniens;  que  cependant 
le  furnom  de  Minym  demeura  afin  de  diftinguer  cette 
ville  8c  cette  nation  d'une  autre  Orchomene  qui  étoit 
dans  l'Arcadie.  C'eft  à  Orchomene  qu'étoit  la  fontaine 
Acidalie.  Servius  expliquant  ces  mots  de  Virgile,  JEneid. 
I.  1.  v.  120. 

Matris  Acidalim , 

dit  :  Venus  eft  furnommée  Acidalie  ,à  caufe  d'une  fon- 
taine Acidalie  qui  eft  à  Orchomene,  ville  de  Béotie, 
où  fe  baignent  les  Grâces  que  l'on  fait  être  confacrées 
à  Venus.  Homère ,  Iliad.  B.  v  j  1 2.  diftingue  très- 
bien  les  deux  villes  d'Orchomene,  il  nomme  celle-ci 
'Opxopirov  uivvuov.  Strabon  en  parle  comme  d'une  ville 
qui  ne  fubfiftoit  plus;  cependant  Pline  ,  après  lui,  en 
parle  comme  fi  elle  eût  encore  exifté.  Voyez,   Orco- 

MENO. 


ORC 


i.  ORCHOMENE,  heu  du  Péloponnèfe ,  dans 
,  ï'Arcadie.  Homère  ,  lltad.  B.  v.  606.  le  nomme  dans 
l'Iliade  Orchomciic  ,  riche  en  troupeaux  ,  'O^/Avov 
ncxùfxivov ,  Se  le  range  entre  les  Arcadiens.  Hérodote  , 
/.  7.  num.  1C2.  pour  le  diftinguer  de  la  ville  de  Béo- 
tie  ,  dit  :  Orchomcne  d'Arcadie,  'Of%^wW«î  A'paJW. 
Paufanias  /.  8.  c.  27.  fait  entendre  que  T'hifoa,  Aletby- 
drium  Se  Thutîi  étoient  compris  avec  les  Orchomé- 
niens  d'Arcadie. Cette  Orchomcne,  nommée  Urcbome- 
mtm  par  Pline  ,  /.  4.  c .  6.  étoit  auprès  de  Phenée  ,  le 
lac  de  Phenée  entre  deux  ,  à  l'orient  du  neuve  Ladon. 

ORCKOMENIUS  LACOS.  Pline,/.  16.  c.  35.  ap- 
pelle ainfi  le  lac  de  Béotie  ,  fur  lequel  Orchomcne  étoit 
fituée.  C'eft  le  même  que  CopaÏs.  Voyez,  ce  mot. 

1.  ORCHOMENOS,  rivière  de  Grèce,  dans  la 
Béotie ,  auprès  du  temple  de  Trophonius ,  qui ,  com- 
me on  fait,  étoit  dans  le  voifinage  de  Lebadie.  Voici 
le  paffage  de  Pline  ,  l.  3 1.  c.  z.  où  il  eft  parlé  de  cette 
rivière  :  In  Bœotia  ad  Tropbonium  Deum juxta fiumen 
Orchomenon  duo  funt  fontes  ,  quorum  aller  memoriam  , 
alter  oblivionem  affert ,  inde  nominibus  inventif.  Je  parle 
ailleurs  de  ces  deux  fôurces ,  dont  l'une  donnoit  de  la 
mémoire,  Se  l'autre  failbit  oublier ,  Se  qui  tiroient  de- 
là leur  nom. 

2.  ORCHOMENOS.  Strabon ,  l.y.pag.  416.  die 
qu'il  y  avoit  encore  un  lieu  nommé  Orchomene  auprès 
de  Caryfte ,  qui  étoit  une  ville  de  l'Eubée. 

3.  ORCHOxMENOS.  La  chronique  d'Eufebc  ,  citée 
pat  Ortelius ,  Thefaur.  porte  que  Cecrops  fonda  dans 
l'Eubée  une  ville  nommée  Diades ,  que  les  Eubéens 
nommèrent  Orchomene.  Niger,  corrompant  ce  paffage, 
Se  lifant  la  Béotie  au  lieu  de  l'Eubée,  Se  les  Béotiens 
au  heu  des  Eubéens ,  a  cru  que  Diades  étoit  l'ancien 
nom  d'Orchomene  de  Béotie, 

ORCI-NUOVI,  fortereffe  d'Italie,  dans  l'état  de 
Venife,  fur  la  rivière  d'Oglio,  dans  le  Breffan  ,  aux 
frontières  de  l'état  de  Milan  Se  du  Cremonèze.  Elle  a 
été  bâtie  par  Tes  Vénitiens  pour  la  défenfe  de  leur  état 
en  ces  quartiers  contre  les  enrreprifes  des  Espagnols , 
qui  poffédoient  alors  le  Milanez.  Elle  eft  presque  au 
milieu,  entre  le  lac  d'Ifeo  au  nord  ,  Se  Crémone  au  fud. 

*  Baudrand,  édit,    1705. 

ORCI  VECCHI  ,  ville  d'Italie,  au  Breffan,  à  l'o- 
rient &  affez  près  de  l'Oglio,  presque  fur  la  route  de 
Crème  à  Bresciâ,  au  nord  oriental,  6V  à  deux  milles 
italiques  d'Orci  Nuovi ,  Se  à  pareille  diltance  du  Pô. 

*  Magin ,  Italie. 
ORCIA.  Voyez.  Orgia. 
ORCINIA.  Voyez.  Hercynia. 
ORC1STENSIS  ,  fiége  épiscopal  de  la  féconde  Ga- 

larie ,  félon  des  notices  Greques  ,  où  l'on  voit  'Opx'eos. 
Domines  Oràflenfis  allifta  au  concile  d'Ephèle  de  l'an 
43 1  ,  Se  Longinus  3  l'an  45  1  ,  à  celui  de  Calcédoine.  * 
Harduin.  Collect.  Conc.  t.  i.p.  IJ29. 

1.  ORCO ,  petite  place  de  la  Baffe-Albanie.  Baudrand 
nomme  ainfi  I'Oricum  des  anciens.  Voyez  Oiucum. 

2.  ORCO  ,  rivière  d'Italie,  en  Piémont.  Elle  a  fa 
fourre  dans  les  montagnes  au  midi  du  duché  d'Aoufte, 
aux  environs  de  Cérefole  ,  coule  dans  le  Val  de  Loca- 
na  jusqu'au  bourg  de  ce  nom  ,  puis  dans  le  Val-di-Ponte 
jusqu'à  Ponte ,  reçoit  la  rivière  de  Soana ,  paffe  à  Ca- 
rugne  Se  à  Rivarolo,  quitte  la  province  d'Yvrée  où  elle 
a  coulé  jusques-là  ,  Se  va  tomber  dans  le  Pô  auprès  de 
Chivas ,  au-deffus  de  cette  place ,  Se  non  au-deffous  , 
comme  le  dit  Baudrand. 

ORCOMENO  ,  château  de  Grèce ,  dans  la  Livadie, 
félon  Baudrand,  au  pays  de  Stramulipa ,  à  cinq  lieues 
de  Livadie.  11  a  été  fore  défolé  par  les  Turcs  ,  à  qui 
il  appartient  préfentement.  C'eft  l'Orchomene  de  Béotie. 

ORCOMOSION  ou  Horcomosion  ,  lieu  de  l'At- 
tique,  dahs  le  territoire  d'Athènes.  Plutarque,  parlant 
de  la  guerre  des  Amazones  contre  Théfée,  dit  qu'elle 
fut  terminée  par  un  traité  de  paix,  &cela,  dit- il, eft 
fondé  ,  non  feulement  fur  le  nom  du  lieu  où  cette  paix 
fut  jurée,  qui  s'appelle  de  là  Horcomofion  (  ou  Orco- 
mofion  ) ,  qui  eft  vis-à-vis  du  temple  de  Théfée  ,  mais 
encore  fur  l'ancien  facrince  qu'on  fait  tous  les  ans  aux 
Amazones  la  veille  des  fêtes  de  ce  héros.  Le  verbe 
grec ,  félon  la  remarque  de  Meziriac ,  fignifie  propre- 
ment jurer  une  paix,  une  alliance  ou  confédération, 


ORD        6-8$ 


'OfKUfA.cTÛv  ;  d'où  vient  qu'O' pxufjLwia.  Se  'Opim/Attriov  li- 
gnifient le  ferment  prêté  en  pareilles  occasions.  *  Hom- 
mes illnfires ,  trad.  de  Dacicr,  t.  i.p.  85. 

ORCUS.  Les  anciens  ont  ainfi  nommé  l'enfer  poé- 
tique. 

i.ORCYNIA,  pour  Hercinia.    Voyez,  ce  mot. 
2.  ORCYNIA  ,  lieu  oujcontrée  de  la  Cappadoce,  oà 
Eumene  fut  vaincu  par  Antigonus.  Plutarque  dir  darîS 
la  vie  d'Eumene  :  Ayant  perdu  une  grande  bataille  con- 
tre Antigonus  dans  le  pays  des  Orcyniens  en  Cappado- 
ce ,  par  la  trahifon  d'un  de  fes  officiers ,  Sec.  *  Hortt~ 
mes  Ulu/tres ,  trad.  de  Dacier ,  r.  j.  pag.  2; G. 
ORCYNIUM.  Voyez.  Ordymnus. 
QR.DABAL  ,  peuple  Indien,  voifin  de  i'Indus,  Se  à 
l'orient  de  ce  fleuve  ,  félon  Pline ,  /.  6.  c.  20. 

ORDA.A  ,  ville  de  la  Macédoine  ,  félon  Nicandre , 
cité  par  Etienne  le  géographe. 

ORDESUS  PORTUS  ,  port  de  la  Sarmatie.  en  Eu- 
rope ,  fur  l'Axiace  ,  rivière  qui  coule  entre  le  Tyrasei 
le  Boryfthène.  Pline  ,  /.  4.  c.  12.  le  nomme  Ordessus 
Bonus.  Ptolomée  Ordesus  ,  Se  félon  d'autres  exemplai- 
res Ordessus.  Arrien,/.  3.  c.  j.  dans  fon  périple  du 
Pont-Euxin  ,  nomme  ce  lieu  Odeffus  ;  il  compte  foixan- 
te  ftades  depuis  le  Boryfthène  jusqu'à  une  ifle  fans  nom 
qui  étoit  alors  déferte ,  Se  de  cette  ifle  jusqu'au  porc 
d'Odeffus ,  quatre-vingt  autres  ftades.  Cela  fait  en  tour 
dix-fept  milles  Se  demi ,  qui  reviennent  à  trois  lieues  Se 
demie ,  lieues  géographiques  de  quatre  milles  d'Italie 
chacune.  Il  ne  faut  pas  confondre  ce  port  avec  Odessus, 
autre  port  fitué  au  pied  du  mont  Harmus. 

ORDIA.  On  lit  dans  Strabon  ce  mot,  au  lieu  de 
Concordia,  les  copiftes  en  ayant  oublié  une  partie. 

ORDINGEN ,  ou  Ordungen  ,  ou  Urdingen; 
Baudrand  Se  fes  copiftes  écrivent  Ordingue  ,  félon  la 
prononciation  françoife  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
l'électorat  de  Cologne ,  fur  le  Rhin ,  aux  confins  du  com- 
té de  Meurs.  Ce  fut  près  de  ce  lieu  que  les  troupes  Hes- 
foilès  furent  battues  en  1641  ,par  les  François  que  com- 
mandoit  le  maréchal  de  Guébriant ,  qui  la  prit  au  com- 
mencement de  l'année  fuivante.  Elle  venoit  d'être  rava- 
gée par  un  incendie ,  qui  en  avoit  réduit  la  moitié  en 
cendres.  Gelenius  la  nomme  Castra  Ordeonii  ,  Se 
dit  que  près  de  là  ,  fur  la  rive  gauche  du  Rhin  &  le 
village  de  Gelb,  la  Gelduba  des  anciens.  J'ai  fuivi  ce 
femiment  au  mot  Gelduba.  *  Ze'yler ,  Trev.  ôc  Col. 
fopogr.  p.  32. 

ORD1SSUS  ,  rivière  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe.  Hé- 
rodote ,  /.  4.  ».  48.  dit  Ordessus,  &  la  met  dans  la  Scy- 
rhie  ,  ce  qui  revient  au  même.  "opJWiw  peut  être  lu 
Ordijfos  Se  Qrdejjos  ,  &  ce  pays  a  été  également  aux  deux; 
nations.  C'eft  une  des  rivières  qui  tombent  dans  le  Da- 
nube. Peucer  dit  que  les  Hongrois  la  nomment  Cras- 
so  en  leur  langue. 

ORDONA  ou  Ardona  ,  dans  la  Capitanate ,  au 
royaume  de  Naples  ,  entre  la  petite  rivière  Cervaro  Se 
celle  de  Carapella.  C'eft  la  Herdonia  ou  Hordeonium 
des  anciens.  Cluvier  a  écrit  mal-à-propos  que  Herdonia. 
étoit  la  Cédogna  d'aujourd  hui.  Ordona  n'eu  plus  qu'un 
petit  bourg  ou  village.  *  P.  de  Cbarlevoix ,  Mémoires 
manuferits. 

ORDOVICES  (  Les;),  ancien  peuple  de  l'ifle  d'Al- 
bion (  la  même  que  la  Grande  Bretagne  ) ,  fur  la  côte 
occidentale  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  3.  Il  les  met  entre 
les  Briganus  au  nord  ,  Se  les  Comavii  à  l'orient.  Le  P. 
Briet  ,  t.  part.  I.  2.  (.  4.  §.  2.  dans  fes  parallèles  de  l'an- 
cienne géographie  Se  de  la  nouvelle  ,  explique  leur  pays 
parles  comtés  de  Flint  ,  de  Denbigh  .deCAERNAER- 
van  ,  de  Merioneth  Se  de  Montgomeri  ,  toutes  coin 
tuées  du  pays  de  Galles.  Voici  les  anciens  lieux  qu'il  y 
met  : 

Segontium  ,  elle  n'exifte  plus. 

Ditlum  ,  en  Anglois  Ganoc ,  en  Breton  Digamvev, 
Mediolanium.  Voyez,  ce  mot. 

Varis  ,  aujourd'hui  Bodilari ,  c'eft-à-dire  ,  la  demein 
le  de  Varus, 

Maglona ,  aujourd'hui  Macbenitb  ou  Macbenetb. 
Covoniam  ou  Conovium  :  aujourd'hui  Aber  Convey. 
Seteia  afiiiarium,  l'embouchure  de  laDee,  Dee-MoHth. 
lom.  IV.    R  r  r  r  ij 


£84       O  RE 

Çanganorum  Promontorium  ou  Canganitm,  aujour- 
d'hui la  pointe  de  l'Hein ,  en  Breton  Canigion. 

Uedrosy  ifle  déferte.  Ptolomée  la  donne  à  l'Irlande. 
C'eft  I'Andros  de  Ptolomée. 

Ce  peuple  au  relie  faifoit  partie  de  la  féconde  Bre- 
tagne. 

ORDRE  (  La  tour  d'  ).  On  appelloit  ainfi  le  phare 
que  les  Romains  avoient  élevé  à  Boulogne  fur  4mer , 
pour  fervir  de  guide  aux  vaiffeaux.  Voyez.  Boulogne. 

ORDUGNA ,  ou  plutôt 

ORDUNA  (a) ,  ville  d'Espagne ,  dans  la  Biscaye  , 
au  milieu  de  ce  pays,  dont  elle  eft  la  feule  qui  ait  le 
titre  de  cité.  Elle  eft  dans  une  vallée  fort  agréable , 
ceinte  de  toutes  parts  de  montagnes  fort  hautes  &  fort 
roides.  Il  (b)  y  a  deux  églifes  paroiffiales ,  dont  l'une 
eft  collégiale  »  &  deux  couvens ,  l'un  de  religieux  de  S. 
François  ,  &  l'autre  de  filles  du  même  ordre.  Les  Jéfui- 
tes  y  ont  un  collège.  Alphonfe  le  Sage,  roi  deCaftille, 
accorda  en  i2;o  ,  de  grands  privilèges  à  ceux  qui  s'y 
viendroient  établir.  On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Dar- 
dariia.  Alphonfe ,  dit  le  Sage ,  ne  monta  fur  le  trône 
que  l'an  1 25  2  ,  ainfi  il  ne  peut  pas  avoir  accordé  des 
privilèges  deux  ans  plutôt  à  la  ville  d'Ordugna.  (a)  Dé- 
lices de  l'Espagne ,  p.  101.  (b)  Poblaieen ,  Général 
de  Espana,  fol.  237. 

ORDYMNUS.  Pline,  /.  ;.f.  31.  appelle  ainfi  une 
des  montagnes  de  l'ifle  de  Lefbos ,  aujourd'hui  l'ifle  de 
Metelin ,  dans  l'Archipel.  Théophrafte ,  Hïft.  Plant.  I. 
$.c.  i8.  nomme  cette  même  montagne  Ordynus  ou 
Ordunos  ,  "OpcTtw. 

OREAT^E,  ancien  nom  de  Brasi^  ou  Prasia.Kov^ 
Prasi^c.  C'étoit  une  ville  du  Péloponnèfe,  dans  la  La- 
conie ,  félon  Paufanias. 

OREB.  Voyez,  Horeb.  C'eft  la  même  montagne  ;  mais 
comme  quelques  voyageurs  peu  inftruits  de  la  véritable 
orthographe  des  anciens  noms  écrivent  Oreb ,  nous 
ajouterons  ici  quelques  remarques  fur  fon  état  mo- 
derne. 

Quelques  Arabes  le  nomment  Gibel  Moufa,c'tù.-ï- 
dire,  le  mont  de  Moïfe.  Il  eft  voifin  du  mont  Sinaï,  mais 
beaucoup  moins  élevé.  Au  pied  de  ce  mont  eft  le  mona- 
ftere  de  faint  Sauveur  ,  bâti  par  Juftinien  ,  ôc  où  réfide 
un  évêque  Grec  avec  des  religieux  qui  fuivent  la  règle 
de  faint  Bafile.  Lorsqu'il  vient  des  pèlerins ,  il  leur  donne, 
un  religieux  pour  les  conduire  jusqu'au  fornmet  de  la 
montagne.  On  voit  d'abord  une  belle  fource qui  tombeau 
monaftere.  De-là  ,  par  des  degrés  taillés  dans  le  roc ,  on 
arrive  à  une  chapelle  bâtie  fous  l'invocation  de  la  fainte 
Vierge ,  au  lieu  où  l'on  dit  qu'elle  apparut  aux  religieux 
qui  habitoient  le  monaftere  de  faint  Hélie  ,  qui  eft  qua- 
tre ou  cinq  cens  pas  au-deflus.  Au-deflus  de  cette  cha- 
pelle font  deux  grandes  portes  un  peu  éloignées  l'une  de 
l'autre  qui  ferment  le  paflage.  On  y  tenoit  autrefois 
deux  gardes  pour  ne  pas  laifier  avancer  ceux  qui  avoient 
négligé  de  fe  confefler.  La  montée  eft  fort  droite  entre 
ces  deux  portes,  ôc  presque  toute  pratiquée  par  degrés 
dans  le  roc  :  elle  conduit  jusqu'au  monafiere  de  faint 
Hélie  qui  eft  préfentement  inhabité.  Il  eft  dans  une 
belle  esplanade  ,  &  il  y  a  trois  petites  églifes  dont  une 
renferme  la  grotte,  où  ce  grand  prophète  demeura  du- 
rant la  perfécution  de  Jéfabel  ,  reine  de  Syrie.  Ce  fut- 
là  qu'il  fut  vifité  de  Dieu ,  comme  il  eft  rapporté  au 
livre  III  des  Rois.  Au-deflus  de  ce  couvent  font  plufieurs 
autres  grottes  où  divers  foliraires  ont  fait  pénitence. 
Parmi  celles-là  ,  on  montre  la  caverne  où  faint  Etienne 
l'hermite  demeura  renfermé  toute  fa  vie.  On  rapporte 
qu'il  y  a  eu  anciennement  jusqu'à  quatorze  mille  foli- 
taires  dans  cette  montagne ,  ôc  qu'enfuite  les  Grecs  ont 
tenu  dans  tous  ces  hermicages  des  religieux  qui  y  célé- 
broient  l'office  divin.  11  n'y  en  a  plus  préfentement  à 
caufe  des  fréquentes  infultes  des  Arabes.  En  approchant 
du  fornmet  de  la  montagne ,  on  voit  à  main  droite  une 
fente  dans  le  roc.  Lorsqu'on  eft  arrivé  au  haut ,  on 
trouve  une  petite  place  en  plate-forme ,  où  il  y  a  une 
aflez  belle  églife  ,  longue  d'environ  trente  cinq  pieds  ôc 
large  de  feize  ou  dedix-fept.  On  y  voit  des  peintures 
fort  anciennes  &  deux  autels  pour  célébrer  la  Méfie ,  l'un 


ORE 


àl'ufage  des  Latins,  l'autre  à  lufage  des  Grecs  Schism*- 
tiques.C'eft  dans  l'espace  qui  eft  contenu  entre  ces  murs, 
que  Moïfe  reçut  les  tables  dudécalogue.LesMahométans 
révèrent  extrêmement  ce  lieu  ,  ôc  ont  une  petite  mos- 
quée à  l'oppofite  de  l'églife.  Les  Arabes  qui  conduifenc 
les  pèlerins  y  vont  faire  leur  prière.  Un  peu  plus  bas, 
on  voit  un  pied  de  chameau  fi  bien  empreint  dans  le 
roc ,  qu'il  ne  l'eft  pas  mieux  dans  le  fable  par  où  cet 
animal  pafle.  Les  Maures  ôc  les  Arabes  prétendent 
que  c'eft  la  figure  du  pied  du  chameau  de  Mahomet, 
ôc  ils  la  baifent  avec  beaucoup  de  dévotion.  Il  y  a  ap- 
parence que  cette  tradition  mahométane  vient  de  quel- 
que pieufe  fraude  des  Grecs  ,  qui  fe  font  avifés  de  cet 
artifice  pour  obliger  les  Arabes  ôc  les  Turcs  à  refpe- 
cter  ces  faints  lieux.  Au-deflbus  de  l'églife  du  côté  de 
l'occident ,  il  y  a  une  petite  caverne  dans  le  rocher  où  l'on 
dit  que  Moyfe  fe  retira,  quand  il  ne  lui  fut  accordé  de 
voir  Dieu  que  par  derrière.  Au-deflbus  de  la  mosquée 
eft  une  autre  grotte  où  il  pafla  les  quarante  jours  qu'il 
employa  à  recevoir  la  loi.  La  descente  du  haut  de  cette 
montagne  jusqu'au  monaftere  de  faint  Sauveur  qui  eft 
au  bas  ,  étoit  autrefois  de  quatorze  mille  marches,  dont 
aujourd'hui  une  partie  eft  rompue.  Celles  qui  reftent 
font  bien  faites  ôc  faciles  à  monter  ôc  à  descendre.  * 
Coppin ,  Voyage  d'Egypte,  1.  4.  c.  10. 

Thevenot,  Voyage  du  Levant ,  c.  28.  n'appelle  point 
autrement  la  montagne  que  nous  venons  de  décrire , 
que  la  montagne  de  Moyfe,  mais  il  femble  la  diftinguer 
d'Oreb.  Il  ne  met  pas  feulement  une  églife  avec  deux 
autels  comme  Coppin  ,  mais  deux  églifes  ,  dont  l'une 
eft  aux  Latins  ,  l'autre  aux  Grecs  -,  la  première  eft  dé- 
diée à  l'Ascenfion  de  Notre  Seigneur.  Il  dit  la  plupart 
des  circonftances  déjà  rapportées  ,  &  parle  toujours  de 
la  montagne  de  Moyfe.  Il  parle  en  un  autre  lieu  du 
mont  Oreb ,  ôc  n'en  dit  presque  rien. 
OREBATIS.  Voyez.  Obroatis. 
OREBRO,  petite  ville  de  Suéde,  dans  la  Nericie, 
avec  un  ancien  château  ,  dans  une  plaine ,  fur  la  rivière 
de  Trofa ,  qui  s'y  jette  dans  le  lac  d'Hielmer ,  à  quatre 
lieues  fuédoifes,  &  au  midi  occidental  d'Arboga.  *  Rob. 
de  Vaugondy  ,  Atlas. 
OREE.  Vtyez.  Oreum; 

OREGRUND  ,  ville  de  Suéde  ,  dans  l'Upplande , 
fur  la  côte  du  golfe  de  Bothnie  ôc  dans  le  détroit  qui  fépare 
les  ifles  d'Aland  du  continent ,  à  une  bonne  lieue  fuédoife 
&  au  levant  d'été  d'Ofthamar ,  à  fept  d'Upfal  Se  à  onze 
de  Stockholm. 

OREJA,  village  d'Espagne, dans  l'Eftremadure,  fur 
le  Tage ,  au  midi  de  Coria ,  félon  Baudrand ,  édit. 
1705.  Quelques-uns  y  cherchent  I'Aurelia  de  Lufi- 
tanie. 

OREIDLANE  ou  Orellane,  rivière  de  l'Améri- 
que méridionale  ,  au  Pérou.  C'eft  ,  félon  Baudrand  ,  la 
même  que  l'Apurima. 

ORELHANA  LA  VIEJA»c'eft-à-dire,IaM«//«0«/- 
hane ,  bourg  ou  petite  ville  d'Espagne  ,  aux  confins  de 
la  Caftille ,  au  bord  feptentrional  de  la  Guadiana , 
dans  un  fond  ,  avec  un  aflez  bon  château.  Son  terroir 
eft  abondant  en  pâturages ,  &  les  forêts  des  environs 
font  remplies  de  lapins  :  elle  appartient  à  cics  feigneurs 
qui  la  pofledenr  à  titre  de  marquifat ,  par  la  conceflion 
de  Philippe  III. 

OREM  ou  Ourem  ,  bourg  de  Portugal ,  en  Eftrema- 
dure,  dans  la  Comarca  de  Tomar  :  il  eft  fitué  au  cou- 
chant de  cette  ville  ,  entr'elle&  Liria  ,  à  diftance  éga- 
le, dans  un  lieu  élevé  dont  l'accès  eft  difficile.  lia  titre 
de  comté  ôc  appartient  aux  ducs  de  Bragance. 

ORENOQUE  (L'  )  ou  I'Orinoque  ,  grande  rivière 
de  l'Amérique  méridionale  dans  la  terre  ferme.  Sa  fource 
a  été  long-rems  inconnue ,  ôc  de  Laët  dit  qu'il  y  a  ap- 
parence qu'elle  descend  pour  la  plus  grande  partie  de 
la  Nouvelle  Grenade.  De  1  Ifie  ,  dans  fa  carte  de  la  terre 
ferme  publiée  en  1703 ,  croyoit  encore  que  l'Oreno- 
que  eft  nommée  plus  haut  Barraquan  ,  ôc  qu'elle  doic 
fes  commencemens  à  la  rivière  de  Caketa  ,  dont  il  mer 
la  fource  au  Popayan ,  aflez  près  de  la  mer  du  Sud.  Il 
fuppofe  que  cette  dernière  rivière  fe  partage  en  deux 
branches ,  dont  la  méridionale  conferve  fon  nom  ôc  va 
tomber  dans  l'Amazone.  L'autre ,  montant  au  nord-eft  , 
prend  le  nom  de  Barraquan ,  &  fe  chargeant  de  quan- 


ORE 


ORE 


68 


rite  d'autres  rivières  &  de  ruiffeaux, devient  l'Oreno- 
que. Dans  fa  carte  de  1721,  il  rectifie  ainfl  fes  idées  : 
L'Orenoque  fe  forme  de  deux  rivières  principales  qui 
n'ont  aucune  liaifon  avec  la  Caketa  ni  avec  l'Amazone. 
La  principale  a  fa  fource  au  Popayan  ,  dans  des  mon- 
tagnes ,  au  midi  de  Santafé  de  Bogota.  Elle  arrofe  au 
pied  de  ces  mêmes  montagnes  une  place  nommée  par 
les  Espagnols  S.  Juan  de  Los  Llanos.  Elle  court  long- 
tems  en  ferpentant  vers  l'orient ,  fe  tourne  enfuitc  vers 
le  nord-eft  ,  Se  reçoit  l'autre  rivière  dont  j'ai  parlé.  Celle- 
ci  a  fa  fource  entre  Pamplona  &  Merida  dans  la  Ca- 
mille d'Or ,  &,courant  vers  l'orient ,  elle  fe  joint  avec 
l'Orenoque,  elles  continuent  enfuite  leur  cours  dans 
un  même  lit  jusqu'à  S.  Thomas  &  jusqu'à  la  mer.  De 
Laët,  Indes  occid.  I.  17.  c.  18.  &  /«iv.  traite  ainfi  la 
découverte  de  cette  rivière. 

Il  eft  certain  que  ce  fut  Chriftophc  Colomb  qui  dé- 
couvrit l'Orenoque  à  fon  troifiéme  voyage  en  1498» 
étant  entré  dans  un  golfe  où  il  penfa  périr ,  Se  qu'il 
appella  Boca  del  Drago.  Lorsque  la  marée  fut  baiTe , 
il  fut  entraîné  à  dix  lieues  en  mer  par  le  courant ,  & 
trouva  que  l'eau  étoir  encore  douce  \  il  remonta  en- 
fuite  le  golfe  de  la  Baleine  où  l'Orenoque  fe  déchar- 
ge ,  Se  reconnut  toute  l'embouchure  de  ce  grand  fleu- 
ve. *  P.  de  Charlevoix ,  Hiftoire  de  Saint  Domingue 

tom.  1. 

Il  n'y  a  point  à  douter  qu'Améric  Vespuce  ,  qui  l'an 
1499  ,  vifica  ces  côtes  jusqu'au  cap  de  la  Vêla ,  n'ait  fait 
Ja  même  chofe ,  Se  après  lui  Pinfon  vers  l'an  ijooj 
mais  aucun  Espagnol  n'y  eft  entré  avant  Diego  de  Or- 
das  ,  qui  l'an  15-31,  obtint  des  lettres  de  Charles  V ,  par 
lesquelles  il  n'étoit  permis  qu'à  lui  feul  de  vifiter  le 
Continent  de  l'Amérique  méridionale  ,  depuis  le  cap  de 
Ja  Vêla  jusqu'à  deux  cens  lieues  vers  le  levant ,  d'y 
mener  des  colonies  Se  d'établir  un  gouvernement  dans 
ces  provinces.  Il  arriva  près  du  Maranon ,  où  il  prit  dans 
un  canot  quatre  Sauvages  qui  avoient  deux  pierres  com- 
me des  éméraudes.  L'une  étoit  grotte  comme  le  poing  : 
ils  faifoient  entendre  qu'il  s'en  trouvoit  quantité  au- 
delà  de  la  rivière  ,  Se  qu'environ  à  quarante  lieues  au- 
dedans  du  pays ,  il  y  avoit  fur  le  bord  de  la  rivière 
une  haute  montagne  couverte  d'arbres  qui  portent  de 
l'encens.  Ces  aflurances  lui  faifoient  fouvent  fouhai- 
ter  avec  ardeur  d'entrer  dans  cette  rivière,  mais  ne 
pouvant  approcher  plus  près ,  à  caufe  des  bancs ,  & 
ayant  brifé  un  de  fes  navires  contre  les  rochers  ,  em- 
porré  enfuite  par  un  fort  courant  vers  Foueft  au-delà 
de  fon  embouchure  ,  il  courut  le  long  de  la  côte  de 
xe  continent ,  jusqu'au  pays  de  Paria,  dont  après  fa 
mort  le  gouvernement  fut  accordé  à  Jérôme  d'Ortal 
l'an  15-33. 

Celui-ci  envoya  fon  lieutenant  avec  deux  cens  fol- 
dats  Se  cinq  barques,  découvrir  la  rivière  d'YvAPATi, 
où  étant  entré  il  arriva  à  Caroa,  lieu  déjà  connu  , 
Se  tira  vers  la  rivière  de  Carinaca.  Il  monta  enfuite  celle 
de  Caxavana,  qui  traverfe  des  déferts,  &  fit  pri- 
sonniers quelques  Caribes  qui  lui  dirent  qu'il  avoit 
déjà  laiffé  la  Guiane  derrière  lui ,  mais  qu'il  avoit  devant 
lafpacieufe  région  de  Meta,  dont  les  habitans  étoient 
vêtus  Se  poiïédoient  de  grandes  richefies.  (  Yvapati  n'eft 
point  différent  de  l'Orenoque  ,  &Sanfon  la  nomme  vers 
fon  embotichureYAYAPARi,&dans  foncours  la  rivière 
be  Paria.  Celles  qui  font  nommées  ici  tombent  dans  ce 
fleuve.  La  rivière  de  Mata  en  eft  auffi  une.  )  Plufieurs 
croienr,  comme  Herréra  le  rapporte,  que  cette  rivière  qui 
traverfe  la  région  de  Meta ,  eft  la  même  que  celle  qui 
tire  fa  fourcedu  nouveau  royaume  de  Grenade  ,  Se  eft  ap- 
pelléeTuRMEQUE  par  les  naturels  du  pays  :  mais  ceux 
qui  l'ont  parcourue ,  conviennent  que  le  pays  de  Mata  eft 
arrofé  par  l'Orenoque ,  Se  que  cette  rivière  eft  fi  dif- 
férente du  Maranon  ,  qu'entr'elle  Se  lui  il  y  a  de  gran- 
des provinces. 

Les  Espagnols  partirent  de  Cabaruto,  dont  les  ha- 
bitans leur  avoient  montré  le  chemin  de  Meta,  &  ar- 
rivèrent à  une  cataracte  jusqu'où  Diego  de  Ordas  avoit 
été  &  d'où  l'eau  fe  précipitoit  avec  un  grand  bruit  fur 
les  rochers.  Après  avoir  déchargé  leurs  chaloupes  qui 
furent  portées  au-delà  ,  ils  entrèrent  dans  une  contrée 
inhabitée ,  plate  Se  pleine  de  campagnes  ,  Se  après  plu- 
fleurs  journées  ils  parvinrent  à.  l'embouchure  de  la  ri- 


vière qui  traverfe  le  pays  de  Meta.  Ils  y  descendirent  à 
terre,  tirèrent  leurs  chaloupes  Se  fuivirent  un  chemin 
fort  ennuyeux  au  travers  des  marais  jusqu'au  village  des 
Xaguas  ,  Sauvages  qu'on  difoit  être  fort  furieux  Se 
mangeurs  d'hommes.  Après  y  avoir  pris  beaucoup  de  vi- 
vres, parce  qu'ils  les  firent  fuir,  ils  pafferent  de  l'autre 
côté  de  la  rivière  ,  Se  entrèrent  dans  un  autre  village ,  où 
entr'autres  animaux  ils  trouvèrent  des  chiens  muets 
que  les  Sauvages  appellent  Mayt  Se  Auries ,  Se  donc 
la  chair  égale  celle  des  chevreaux  en  délicateffe.  Ils  pré- 
tendoienf  y  paffer  l'hiver  ;  mais  en  ayant  été  attaqués  avec 
perte  peu  de  tems  après,  ils  furent  contraints  de  rega- 
gner leurs  barques  Se  de  s'en  retourner  à  Paria.  Ce  me 
tout  ce  que  firent ,  jusqu'à  l'an  1636,  les  Espagnols  danj 
cette  rivière. 

Walter  Raleigh ,  Anglois ,  dans  la  relation  du  voya- 
ge qu'il  a  fait  dans  la  Guiane,  dit  qu'Antoine  Berreo, 
voulant  y  entrer  ,  partit  du  nouveau  royaume  de  Gre- 
nade Se  descendit  par  la  rivière  de  Cassanar  ,  qui 
tombe  dans  la  grande  appellée  Pato  ,  Se  que  cette  der- 
nière fe  décharge  dans  la  Meta  ,  qui  fe  rend  enfin 
dans  la  Barraquan,  appellée  plus  bas  Orenoque. 
Suivant  l'idée  que  Berreo  donnoit  de  fon  voyage  ,  toutes 
ces  rivières  font  comme  autant  débranches  de  la  gran- 
de dans  laquelle  elles  fe  perdent  avec  leurs  noms.  Ber- 
reo étant  descendu  avec  fon  monde  par  le  Caffanar 
dans  la  Meta  Se  de-là  dans  la  Barraquan ,  partie  en  mar- 
chant le  long  des  bords  des  rivières ,  Se  partie  potté 
par  des  chaloupes  ,  il  en  perdit  plufieurs  qui  furent 
brifées  contre  des  rochers,  ou  renverfées  par  le  grand 
courant ,  Se  enfin  il  atriva  fur  les  limites  de  la  con- 
trée d'Amapaia  ,  fituée  le  long  des  rivages  de  l'Oieno- 
que  Se  riche  fur-tout  en  or.  Il  y  féjourna  fix  mois, 
&  après  plufieurs  combats  contre  des  Sauvages  fort  har- 
dis, nommés  Anabas  ,  il  fit  la  paix  avec  eux  Se  en 
obtint  huit  ftatues  d'or  fin.  On  trouve  ,  dans  la  rela- 
tion de  Raleigh  ,  une  fuite  de  l'expédition  de  Berreo, 
ôclaconverfation  qu'ils  eurent  enfemble.L'Anglois  même 
fe  fait  honneur  d'avoir  tiré  le  fecret  de  1  Espagnol  ;  mais 
par  la  relation  qu'il  en  fait  lui  même,  on  voit  que  Ber- 
reo ,  ne  fe  fiant  guères  à  lui ,  battit  la  campagne  &  n'eut 
garde  de  lui  dire  les  chofes  comme  il  les  favoit.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  les  Espagnols  firent  encore  d'autres  ten- 
tatives, &  envoyèrent  même  dans  ce  fleuve  une  colonie 
qui  y  bâtit  la  ville  de  faint  Thomas.  *  A  la  fuite  des 
voyages  de  Coréal ,  t.  2.  p.  178  Se  fuivantes. 

On  ne  fait  précifément  par  combien  d'embouchures 
l'Orenoque  fe  décharge  dans  la  mer  :  la  plus  commune 
opinion  en  fixe  le  nombre  à  cinquante  ou  foixante  qui 
forment  un  labirinthe  de  différentes  ifles  affez  grandes. 
La  principale  embouchure  répond  à  lifte  de  la  Trinité. 
Le  flux  Se  reflux  de  la  mer  fe  font  fentir  dans  l'Ore- 
noque jusqu'à  1 60  lieues.  Il  croît  Se  décroît  d'une  fa- 
çon finguliere.  11  employé  cinq  mois  de  l'année  à  croître. 
Sa  marche  eft  presque  imperceptible  ,  fes  progrés  font 
lents  Se  font  à  la  longue  une  augmentation  confidé- 
rable  ,  fa  profondeur  alors  eft  au  moins  de  cent  brafles. 
Il  eft  un  mois  entier  à  la  même  hauteur  ,•  enfuite  il 
s'abbaifTe ,  Se  continue  cinq  mois  à  décroître.  Il  n'a  alors 
que  60,70  ou  80  brades  de  profondeur,  félon  que 
fon  lit  eft  plus  ou  moins  rétréci.  Il  eft  un  mois  dans 
fon  plus  grand  abaiflement ,  après  quoi  le  retour  pério- 
dique des  eaux  recommence.  Les  mois  qu'il  employé 
à  croître  fonc  avril,  may,  juin,  juillet  Se  août.  Tout 
le  mois  de  feptembre  il  fe  repofe  fans  altération.  Il  dé- 
croît pendant  les  mois  d'octobre,  de  novembre  ,  de  dé- 
cembre ,  de  janvier ,  Se  de  février.  Tout  le  mois  de 
Mars  il  refte  au  même  point  de  diminution.  Par  une 
tradition  confiante  on  a  obfervé  que  tous  les  25  ans 
la  crue  de  l'Orenoque  eft  d'une  brailé  plus  grande  que 
pendant  les  24  autres  années.  Ce  desordre  plein  de  ré- 
gularité fe  fait  aifément  remarquer  par  les  traces  que 
le  fleuve  imprime  fur  les  rochers 

Les  ifles  qui  font  à  l'embouchure  de  l'Orenoque  étant 
inondées  fix  mois  de  l'année ,  il  eit  difficile  de  concevoir 
comment  les  Guaraunas,  qui  les  habitent ,  peuvent  y 
faire  leur  féjour.  Cependant  ils  ne  les  abandonnent  pas. 
Dès-que  le  tems  des  crues  approche ,  les  Guaraunas 
enfoncent  profondément  en  terre  de  groffes  poutres  à 
l'aide  desquelles  ils  formenc  une.   espèce  de  fol  :,  ils  y 


6%6       ORE 


ORE 


élèvent  leurs  cabanes ,  conftruifent  des  rues,  des  places  ceurs  du  prinrems ,  ôc  on  cueille  les  fruits  de  l'automne  J 
publiques.  Ces  cabanes  ôc  ces  rues  font  réunies  par  à  eau  le  d'un  grand  nombre  de  fources  d'eaux  chaudes 
de  petits  ponts  de  communication.  Il  croît  dans  leurs  qui  échauffent  Tait  par  leurs  vapeurs.  Quelques-unes 
villes  un  arbre  qu'on  peut  appeller  un  fécond  arbre  de  de  ces  fources  ont  une  chaleur  modérée ,  &  on  peut 
vie;  c'eft  une  espèce  de  palmier,  qui  dans  leur  langue  s'y  baigner  fans  craindre  aucune  incommodité;  au  con- 
s'appelle  Muriche.  Cet  arbre  leur  fournit  non  feulement  traire  il  y  en  a  d'autres  dont  l'eau  efl  fi  bouillante  qu'on 
de  quoi  bâtir  leur  ville  aérienne  ,  il  pourvoit  encore  y  peut  cuire  des  œufs  ,  ôc  que  la  main  ne  peut  en  fou- 
à  leurs  befoins.  Ils  y  trouvent  du  pain,  de  la  viande,  tenir  la  chaleur;  mais  elles  font  toutes  d'un  grand  ufa- 
&  du   vin.  ge  pour  la  guérifon  de  diverfes  maladies.  C'eft  à  cauie 

En  faifant  une  ouverture  dans  le  muriche  ,  il  en  de  ces  eaux ,  que  les  Romains  ont  connues ,  qu'ils  ont 
découle  auffi-tôt  une  liqueur  fort  douce ,  mais  qui  s'ai-  appelle  ce  lieu  Aqu&  Calida.  Tous  les  environs  d'O- 
grit  en  vieilliflant.  Du  refte  de  la  fève  il  fe  forme  une  renie  font  très-agréables  &  très-fertiles.  11  y  croît  d'ex- 
multitude  ptodigieufe  de  vers  blancs  de  la  groffeur  du  cellent  vin  ,  &  on  y  recueille  en  abondance  des  fruits 
doigt  ,  &  ces  vers  leur  fervent  de  viande.  Plufieurs  délicieux  de  plufieurs  espèces.  Dans  cet  espace  de 
Espagnols ,  s'étant  déterminés  à  jen  manger ,  ont  eu  de  terre  qui  eft  entre  le  Minho  ôc  le  Vigo  ,  on  trouve  deux 
la  peine  à  s'en  raflafier.  Il  refte  dans  le  tronc  de  l'ar-  vallées  fort  agréables  ôc  très-fertiles  ;  on  les  appelle 
bre  un  fédiment  que  les  Indiens  recueillent  avec  foin;  Val  de  Rozal  Ôc  Val  de  Mignore.  (a)  Délices. 
ils  l'expofent  au  foleil ,  &  c'eft  une  farine   très-belle     d'Espagne,  p.  iji.  (b)Vuyrac  ,  Etat  de  l'Espagne,  r,' 

2.  p.   362.  (c)  Délices   d'Espagne  ,  p.   131. 

OREO,  place  de  Grèce,  dans  l'ifle  de  Négrepont ,  fur 
la  côte  orientale  de  cette  ifie.  C'étoit ,  dit  Baudiand , 
édit.  17c;.  anciennement  une  ville  épiscopale  ,  fuffra- 
gante  d'Athènes.  Voyez.  Oreum. 

OREOL  ,  ville  de  l'empire  RulFien,  dans  la  pro- 
vince de  Permski,  ou  Permie,fur  la  rivière  de  même 
nom,  qui,  venant  de  l'occident,  fe  rend  au-deuous  de 


dont  ils  font  un  pain  fort  ragoûtant,  mais  lourd  &  difficile 
à  digérer.  Rien  n'eft  inutile  dans  cet  arbre.  Son  écorce 
épaifle  fait  les  cloifons  ôc  les  toits  des  cabanes.  Les 
feuilles  fervent  de  parafols  ,  &  de  voiles  pour  les  canots. 
Des  ftlamens  ils  en  forment  des  cordages  pour  leurs  ba- 
teaux ,  des  filets  pour  la  pêche  ,  ôc  des  liens  pour  at- 
tacher leurs  lits  qu'ils  fuspendent.  Au  refte  cet  arbre 
eft  très-commun  dans  ces  ifles.  *  ElOrinoco  ilhtftrado , 
y  deffendido  ,  Hiftoria  natural ,  civil ,  y    geographica ,     cette  vi/le  dans  le  Kama.  *  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas , 


por  el  Padre  Gumilla  ,  en  Madrid  ,  1745. 

Les  Sauvages  apportent  quelquefois  des  bords  de  cette 
rivière  en  terre  ferme  une  pierre  verte  qui  eft  un  re- 
mède étonnant  pour  le  mal  caduc.  11  n'en  faut  que  la 
grofTeur  de  la  tête  d'une  épingle  :  il  y  a  deux  manières 
de  s'en  fervir.  On  la  porte  dans  une  bague  percée  au- 
defibus ,  enforte  que  la  pierre  touche  la  chair ,  ôc  cela 
fiiffit ,  ou  bien  on  la  fait  entrer  par  une  légère  incifion 
entre  cuir  ôc  chair  dans  quelque  partie  du  corps  que 
ce  foit  :  elle  y  demeure,  ôc  exerce  toujours  fa  vertu. 

Un  particulier  de  Paris,  foit  qu'il  eût  lu  cet  article 
des  mémoires  de  l'Acad.  1724,  ou  qu'il  tint  le  fecret 
d'un  homme  qui  avoit  beaucoup  fréquenté  les  bords 
de  l'Orenoque  ,  comme  il  le  publia  au  commencement 
de  l'année  1 7J2 ,  ôc  qui  lui  avoit ,  difoit-il ,  remis  quan- 
tité de  ces  pierres  précieufes,  s'afficha  pour  guérir  ra- 
dicalement tous  les  épilepuques,  de  quelque  genre  que 
fût  la  maladie ,  ôc  fe  croyant  feul  po/TeiTeur  de  ces  pierres, 
il  ne  douta  pas  que  ce  ne  fût  un  moyen  allure  de  s'en- 
richir. Un  médecin,  uniquement  animé  du  bien  public, 
inftiuit  que  M.  de  la  Condamine  avoit  fait  porter  beau- 
coup de  ces  pierres  en  France  ,  parvint  à  en  avoir.  Il  en 
fit  l'efiai  dans  des  hôpitaux,  ôc  ailleurs.  Ce  «emede 
a  éré  falutaire   aux  uns  ,  indifférent  à  d'autres  ,  ôc  per 


Olearius  ,   Voyage  de   Moscovie. 

OREON.  Voyez.  Oreum. 

OREOPHANTE,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gan- 
ge ,  Cette  ville  eft  citée  par  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  1.  ôc  pla- 
cée parmi  les  Mandrales. 

ORESA  ,  place  de  la  Syrie  ou  de  l'Euphratenfe.  La 
quatrième  légion  Scythique  y  avoit  fes  quartiers  d'hiver  , 
félon  la  notice  de  l'Empire,  Jecl.  24. 

ORESAND,  petite  ifle  de  Zélande  ,  au  nord-nord- 
oueft  de  Noort-Bevelandt,  dont  elle  n'eft  féparée  que 
par  un  étroit  canal;  après  en  avoir  fait  autrefois  partie. 
Le  pays  que  cette  ifle  renfermoit ,  a  été  en  partie  fub- 
merge,  &  il  y  en  a  près  de  la  moitié  fous  les  eaux  au 
couchant  ôc  au  fud-oueft.  Corneille  dit  très  -  bien  de 
l'Overfand  :  Cette  ifle  doit  ce  qui  lui  refte  de  terroir  au 
foin  des  habitans  de  la  ville  de  Ziriczée ,  qui  l'ont  com- 
me repêchée  ôc  fortifiée  de  digues  ôc  de  levées  contre 
la  violence  de  la  mer. 

ORESCA  ,  ouOreschek  ,  ou  Oreska  ,  ville  de  !.a 
Garelie,  à  préfent  dans  l'empire  Ruffien,  à  l'extrémité 
méridionale  de  la  côte  occidentale  du  lac  de  Ladoga, 
dans  une  ifle  que  forme  la  Neva ,  rivière  qui  fert  à  ce 
lac  de  décharge.  Elle  eft  nommée  Notebourg  dans 
quelques  cartes,  ôc  c'eft  le  nom  que  les  Allemands  lui 


nicieux  à  quelques-uns.  D'où  l'on  peut  conclure  que  cette     ont  donné.  Le  czar   Pierre  le  Grand  l'ayant  prife  ,  y  a 


pierre  a  une  vertu,  ôc  qu'il  ne  s'agit  que  de  la  rendre 
propre  à  la  maladie  dont  nous  parlons ,  en  reconnois- 
fanr  la  quantité  qu'il  faut  en  employer,  ou  le  régime 
qu'il  faur  obferver  ,  ce  qu'on  ignore  fàn;  doute. 

ORENSE  (  a) ,  J:-rla ,  cité  ,  ville  épiscopale  d'Espa- 
gne ,  au  royaume  de  Galice ,  fur  la  rive  gauche  du  Minho , 
que  l'on  y  paiTe  fur  un  pont  qui  eft  d'une  feule  arche  , 
Ôc  fi  haute  qu'une  barque  peut  commodément  pafîer  des- 
fous.  L'évêque  a  dix  mille  ducats  de  revenu.  Il  étoit  fuf- 
fragant  de  l'archevêché  de  Braga ,  du  tems  des  rois  Goths; 
mais  après  l'invrilon  des  Maures  il  fut  mis  fous  la  dé 


fait  une  forterefïe  pour  couvrir  du  côté  du  lac  fa  ville 
de  Saint  Peterfbourg ,  qui  eft  fur  la  même  rivière  au 
couchant  ,    ôc   a    nommé    cette   forterefle  Sleutel- 

BOUP.G. 

1.  ORESTA  ,  contrée  de  l'Eubée  ,  félon  Héfyche. 

2.  ORESTA  de  Thrace.  Voyez,  Andrinople. 
ORESTiE ,  ancien  peuple  de  la  Grèce  ,  dans  la  Mo- 

loilide,  félon  Ortelius.  Il  cite  Thucydide,  qui,  décrivant 
une  armée,  y  compte  mille  Oreftes  venus  avec  la  per- 
miffion  de  leur  roi  Antiochus.  Comme  la  Moloiïide  fai- 


foir  partie  de  l'Epire  du  tems  deStrabon  ,  /.  7.  p.  $16. 
pendance  du  métropolitain  de  Compoftelle  (b).  On  croir,  il  compte  ce  peuple  entre  les  Epirotes ,  ôc  ajoute  que 
mais  fans„beaucoup  de  fondement ,  que  Théodomir ,  roi  l'Oreftidc  avoit  reçu  ce  nom  d'Orefte  ,  qui ,  après  avoir: 
des  Suéves,  fonda  cette  églife  en  462.  Elle  fut  ruinée  tué  fa  mère  ,  s'étant  fauve  ôc  ayant  habité  ce  pays ,  y 
de  fond  en  comble  en  716  par  les  Maures  ,ôc  rebâtie  bâtit  une  ville  nommée  Argos  l'Oreftique.  Etienne  le 
par  Alphonfe  le  Catholique,  vers  l'an  740  ou  742.  Son  géographe  dit,  'Op/ç-a;  MoXoa-a-ty.cv  ïèva  ,  les  Oreftes,  peu- 
chapitre  eftcompofé  de  onze  dignitaires  ,  de  dix-huit     pie  de  la  Moloffide.  Il  ajoute  :Théagehe ,  /.  ;.de  l'hi- 

ftoire  de  Macédoine,  dit  qu'Orefte  délivré  de  la  fureur  , 
ôc  fe  fauvant  de  honte  avec  Hermione,  vint  dans  ce 
pays  ,  ôc  eut  d'elle  un  fils  nommé  Orefte  ,  fous  le  règne 
duquel  les  Oreftes  prirent  ce  nom.  Pour  lui,  piqué 
d'une  vipère ,  il  mourut  en  Arcadie ,  dans  un  lieu  nom- 
mé Orestion.  Cela  revient  à  ce  que  dit  Solin ,  c.  9. 
edit.  Salmaf.  en  rapportant  l'origine  du  nom  de  ce  peu- 
ple. Orefte  ,  s'étant  fauve  de  Mycenes  après  le  meurtre 
de  fa  mère  ,  uéfolut  de  fe  retirer  bien  loin  ,  ôc  prit  des 
mefiucs  pour  cacher  en  ce  lieu  un  fils  encore  enfant  qui 


chanoines  ,  de  douze  prebendiers  ,  de  huir  prêtres  avec 
titre  de  prêtres  cardinaux  ,  lesquels  font  obligés  de  dire 
les  méfies  conventuelles  qtii  fe  célèbrent  au  maître-au- 
tel ,&  de  quatorze  chapelains.  Cette  églife  eft  unie  pat- 
filiation  avec  celle  de  Tours  en  France ,  de  Tuy  ,  d'O- 
viedo  ôc  d'Aftorga  en  Espagne.  Ce  diocèfe  s'étend  fur 
<)J4  paroiffes  (c).  Orenfe  eft  remarquable  par  une  des 
plus  fingulieres  chofes  qu'il  y  ait  dans  la  nature.  Une 
partie  de  cette  ville,  fltuée  au  pied  d'une  montagne,  eft 
extrêmement  froide  ,  ôc  éprouve  la  rigueur  des  plus  longs 


fcivers,  tandis  qu'à  un  autre  quartier  ou  jouit  des  dç-u-    lui  cioit  ne  en  Emathie,  &  4qoc  la,  mère  Hermione 


ORE 


ORF 


avoit  partage  avec  lui  les  fatigues  Se  les  dangers  de  fes 
vovages.  L'cnfant'fur  élevé  avec  des  fentimens  conformes 
à  fa  naiffance  royale,  porta  le  nom  de  fon  père,  & 
s'étant  rendu  maître  de  tout  ce  qui  e/t  entre  le  golfe  de 
Macédoine  Se  la  mer  Adriatique  ,  il  appella  Orestide 
le  pays  où  il  avoit  établi  fa  domination.  Tite-Live , 
/.  33.  c.  34.  dit  que  les  Oreites  font  un  peuple  de  Ma- 
cédoine ,  Se  qu'ayant  été  les  premiers  à  quitter  le  parti 
de  Philippe ,  les  Romains  leur  rendirent  la  liberté  de 
fc  gouverner  par  leurs  propres  loix.  Leur  pays  cfl:  nommé 
Orestide  ,  Oreftis  par  Solin  ,  Se  Orestiade,  Orcfiias 
par  Strabon.  Pline  les  nomme  Oreflœ.  Liberi  par  rapport 
à  ce  privilège  dont  parle  Tite-Live.  Leur  principale  ville 
s'appelloit  Laodicée  ,  félon  Thucydide. 

ORESTJi,  ancien  peuple  de  l'Inde,  il  on  lit  ainfi 
dans  ce  vers  de  Lucain,/.  }.v.  240. 

Tune  fît  ror  extremos  movit  Romanus  Oreflas. 

Mais    il  faut  lire  Oretas ,  ôe  il    s'agit -là   du  peuple 

O.ItTyÇ. 

ORESTEUM  ou  Orestium.  Euripide  ,  dans  fa  tra- 
gédie d'Orefie  ,  v.  1 645.  introduit  Apollon  parlant  ainfi 
à  Oreite  :  Après  que  vous  ferez  forti  de  ce  pays  ,  il  faut 
que  vous  habitiez  la  Parrhafie  un  an  entier,  Se  ce  lieu 
prendra  fon  nom  du  vôtre  ,  à  caufe  de  votre  exil,  & 
fera  appelle  Orefteum  parles  Arcadiens,  &c.  Ortelius 
croit  que  ce  lieu  étoit  en  Arcadie  ;  Se  cerrainement  le 
mêmequ'OREsTHAsiuM  de  Paufanias. 

ORESTIDE  (!.'),  Orestis  ou  Orestias  ,  pays  ha- 
bité par  les  Orestes.  Voyez,  l'article  Orestj«. 

ORESTIS  PORTUS  ,  le  port  d'Orefte  ,  port  de  la 
Grande  Grèce  ,  au  pays  des  Brutiens ,  félon  Pline ,  /.  3. 
c.  j.ll  le  met  au  midi  du  Marro,  fur  la  côte  occiden- 
tale de  la  Calabre  ultérieure  :  c'elt  aujourd'hui  Porto 
Ravaglioso.  Cluvier  n'a  pas  ofé  décider  fur  la  fi- 
tuation  d'Qreflis  Portus.  Lachofe  n 'elt  pas  encore  bien 
décidée  entre  les  géographes.  *  Le  P.  de  Charlcvoix ,  Mé- 
moires manuferits. 

ORESTIUM  ou  Orestum.  Voyez,  ce  mot. 

ORESUND.  C'eft  ainfi  que  les  Danois  appellent  le 
Simd  ,  qui  fépare  l'ifle  de  Séeland  Se  la  province  de  Scho- 
nen  ,  qui  elt  de  la  Suéde. 

ORETyE  ,  contrée  d'Afie.  Denys  le  Periégete  les  nom- 
me Orit«,  Se  les  place  quelque  part  au  voifinage  de 
l'Arachofie  Se  de  l'Atie.  Je  m'étonne  qu'Ortelius  lui  at- 
tribue de  les  avoir  mis  près  du  Pont  Euxin ,  dont  cet 
auteur  n'a  garde  de  parler  en  cet  endroit.  Ces  Otites  fai- 
foient  partie  de  l'Atie  ,  Se  étoient  aux  confins  de  la  Car- 
manie  Se  de  la  Gédrofie  :  ils  prenoient  leur  nom  de  la 
ville  d'QRA ,  que  Ptolomée  place  dans  la  Carmanie. 
Sulpicius ,  dans  une  remarque  fur  Lucain,  dit  que  les 
Oretes  font  dans  les  Indes  ;  mais  il  falloir  dire  entre  la 
Perfe  Si  les  Indes,  aux  confins  de  la  Carmanie  :  auiîi  Lu- 
cain ,  liv.  5.  verf.  249,  2jo.  a  t-il  joint  ces  pays  en- 
feaible  : 

Tune  furor  extremos  movit  Romanus  Oretas 
Carmanosque  Duces. 

*  Periegef.  vers  1096. 

ORETANA  JUGA  font  des  montagnes  du  même 
pays.  Pline  appelle  ainfi  la  montagne  nommée  aujour- 
d'hui par  les  Espagnols  la  Sierra  di  Alcaras. 

ORETANI,  lesORÉTAiNs  ,  ancien  peuple  de  l'Es- 
pagne Tarragonnoife.  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  dit  qu'ils 
étoient  plus  méridionaux  que  laCeltibérie  Se  la  Carpé- 
tanic.  Pline  ,  /.  3.  c.  3.  dit  :Oretani  qui  &  Germani- 
ci  cognominantur  ,  les  Orétains  furnommés  Germains  ,• 
mais  il  dit  aufiî  dans  la  même  ligne,  Mentesani  qui 
&  Oritani.  Cette  variété  d'orthographe  ,  Oretani  ou 
Oritani  ne  fignLfie  rien.  Pline  ,  parlant  de  Menti fi ,  qui 
etoit  dans  l'Orétanie  ,  la  défigne  par  le  nom  des  fes  ha  - 
bitans ,  Mentefani ,  Se  ajoute  le  furnom  d' Oretani  pour 
la  distinguer  d'une  autre  Mentefa  qui  étoit  au  pays  des 
Bafiules.  Parlant  enfuitede  la  ville  d'ORETUM  qui  don- 
noit  îe  nom  au  peuple  i  il  la  défigne  encore  par  le  nom  du 
peuple  même ,  Se  ajoure  le  furnom  particulier  de  la  ville , 
qui  elt  nommée  par  Ptolomée,  Oreunn  Germanorum. 


6%f 

Cette  dernière  ville  étoit  fur  la  Guadiana  ,  Se  fon  nom 
eftreftc  à  une  chapelle  voifine  de  Calatrava.  Elle  cft  dé- 
diée fous  le  titre  de  la  fainte  Vierge ,  Se  porte  aujour- 
d'hui le  nom  de  Nuestra  Signora  de  Oreto.  Cette 
églife  e/t  d'une  architecture  romaine ,  Se  près  de-là  fe 
trouve  un  pont  de  pareille  architecture ,  où  l'on  voyoit 
autrefois  cette  infeription  ,  qui  a  été  transportée  à  Al- 
magre,  Se  qui  cft  rapportée  par  Nonnius ,  Defcr.  Bis- 
pan,  c.  61. 

P.  Bœvius.  Venustus.  P.  B^bii 

Veneti.  F.  P.  B/ebii.  Ceris.  Nepos 

Oretanus. 

PetenteOrdine  et  Populo  in 

HONOREM  DoMUS  DlVINS  PoNTEM 
FtCIT   EX   H-S.  XXC.  ClRCENSlBUS 

Editis  D.  D. 

Cette  ville d'Oretum  étoit  donc  dans  la  Caftille,  dans 
la  Campagne  de  Calatrava ,  fur  la  Guadiana.  Elle  a 
été  épiscopale ,  &  entre  les  pères  qui  fignerent ,  au 
troificme  concile  de  Tolède  l'an  589,  on  trouve  Ando- 
mus  Oretanus.  Marianus  fouferivit  aufii  à  un  autre  con- 
cile de  Tolède  ,  c'elt -à-dire  ,  au  feiziéme,  tenu  l'an  693. 
*  Harduin.  colleét.  conc. 

Les  villes  des  Orétains ,  félon  Ptolomée  ,  étoient 

Salaria ,  Caz.orla  >  Salica ,      Mentifa  la  Guar- 

Sifapon ,  Almaden ,  Lilnfoca  ,     diana , 

Oretum  Germanorum  ,  Lez,uz.a  ,   Gervarïi, 

JEmiliana  ,  Cajiulo  ,      Biatia ,  Baeca 

Mirobriga ,  Villa  de  Ca-  Lupparia  Lacuris  Loquera, 

pilla ,  ou  Lusparia ,         Tiva. 

1.  ORETO.  Voyez.  Oretani. 

2.  ORETO,  Orethus,  rivière  de  Sicile,  dans  la  val- 
lée de  Mazare.  Elle  pafle  à  Mont-Réal  Se  à  Païenne 
où  elle  fe  rend  dans  la  mer.  De  l'ifle  la  nomme  Ad- 
mirante ,  Baudrand  Admirati  ou  Fiume  dell  Ami- 
raglio,  rivière  de  l' Amiral.  Ottelius  dit  que  Léan- 
dre  l'appelle  Fiume  de  la  Muraglia ,  ce  qui  voudroit 
dire  rivière  de  la  Muraille  ,  en  quoi  fa  citation  eit  julte  ; 
mais  Léandre  paroît  avoir  été  trompé  par  une  eonfon- 
nance  de  fyllabes. 

ORETUM.  Voyez.  Oretani. 

OREUM  ,  ou  Oreos  ,  ou  Oreus  ,  ancienne  ville 
de  l'Eubée.  Tite-Live  ,  /.  28.  cap.  5.  la  décrit  ainfi  :  Ils 
firent  voile  vers  l'Eubée,  prenant  leur  route  fur  la  ville 
d'Orcum,  qui,  lorsqu'on  vient  du  golfe  Démétriaque  , 
Se  que  l'on  va  vers  Chalcide  Se  l'Euripe,  elt  la  première 
ville  de  l'Eubée  à  gauche.  Il  dit  ailleurs ,  /.  j  1.  c.  40".  Oïl 
commença  de  délibérer  fi  on  attaqueroit  Oreum.  Cette 
ville  étoit  en  très  -  bon  état ,  foit  par  la  force  de  fes  mu- 
railles ,  foit  parce  qu'ayant  déjà  été  infultée,  on  y  avoit 
mis  unenombrcufegainifon  ;  Se  peu  de  lignesaprès  il  a- 
)ome:Oreum  fut  attaquée  de  plufieurs  côtés  en  même  tems. 
Les  Romainsavoient  leur  attaque  auprès  du  fort  de  la  mer; 
le  roi  Attale  Se  fes  troupes  avoient  la  leur  parla  vallée  qui 
eit  entre  deux  forts  ,  Se  dont  la  ville  elt  féparée  par  une 
muraille  de  ce  côté.  Cette  ville  elt  la  même  qu'IsTi,£E 
ouHESTiyfE,  quielt  fon  ancien  nom.Strab.  l.ic. mit. dit  : 
Leslltiéens  ont  été  enfuite nommés  Orit^e;  Se  leur  ville  j 
au  lieu  du  nom  Isti^e  ,  a  pris  celui  d'OREos.  Pline,  /.  4. 
c .  1 2.  parle  d'Oreum  ,  comme  d'une  ville  autrefois  célè- 
bre, mais  réduire  en  village;  cependant  Paufanias,  A- 
cb.de.  c.  2.6.  écrivain  pofierieur  à  Pline,  dir  :  11  y  a  encore 
de  mon  tems  des  gens  qui  appellent  Oreum  d'Eubée  de 
fon  ancien  nom  Ift'ue.  Ptolomée  , /.  3.  c.  if,  la  nomme 
Hor/Eus.  Le  paflage  de  Paufanias  fait  voir  que  ,  quoique 
déchue  de  fon  ancien  éclat ,  elle  gardoit  encore  fon  rang 
de  ville  dans  le  tems  où  il  écrivoit.  Son  nom  moderne  elt 
Orco  dans  la  partie  feptentrionale  de  l'ifle.  Corneille 
joint  mal-à-propos  l'article  avec  le  mor. 

OREXARTES  pour  J^xartes. 

OREXIS  ,  montagne  d'Arcadie  ,  au  Péloponnèfe , 
félon  Paufanias  ,  /.  8.  c.  14. 

ORFA ,  ou  Orph a.  De  TIfle  écrit  Ourfa  ,  ville  d'A- 
fie ,  à  l'orient  de  l'Euphrate  ,  dans  le  Diarbcck  ;  c'eft 
l'ancienne  ville  d'Edefle.  Thevcnotqui  y  a  été  ,  la  décris 


688       ORF 


ORG 


ainfi  :  Elle  a  environ  deux  heures  de  circuit  ;  fes  murailles 
four  belles  ôc  affez  entières;  elletft  presque  carrée  ;  mais 
en-dedans  on  nevoit  guère  que  des  ruines :cepcndantclle 
eit  fort  peuplée.  Du  côté  du  midi  elle  a  un  château  qui  lui 
eit  joint  ;  ce  château  eit  fur  une  montagne.  11  a  de  tics-beaux 
foffés,  qui  font  larges  ôc  bien  profonds,  quoiqu'ils  foient 
taillés  dans  le  roc  :  il  cil  allez  grand  ,  mais  plein  de  rui- 
nes ;  il  n'a  que  de  méchans  canons  tout  rompus.  Au  plus 
haut  du  chaieau  il  y  a  une  petite  chambre  carrée,  d'où 
l'on  voit  fort  loin,  Ôc  les  gens  du  pays  difent  qu'Hélie  a 
demeuré  dans  cette  chambrette  -,  ce  qu'il  n'elt  pas  néces- 
faire  d'entendre  du  prophète  Hélie.  *  Suite  du  voyage  du 
Levant  ,  c.  9.  p.  78. 

Du  côté  qui  regarde  la  ville ,  il  y  a  deux  grandes  co- 
lonnes de  pierres  éloignées  l'une  de  l'autre  de  fix  ou  fept 
pas  ,  toutes  droites  fur  leurs  piedeltaux:  elles  font  d'or- 
dre corinthien  ,  ôc  compoiées  chacune  de  vingt- fept  as- 
files  de  pierres  à  dix  neuf  pouces  de  hauteur,  ôc  leur  dia- 
mètre eit  de  deux  pieds  ôc  demi.  Les  gens  du  pays  difent 
qu'il  y  en  avoit  autrefois  deux  autres  femblables ,  ôc  que 
fur  ces  quatre  colonnes  étoit  pofé  un  des  trônes  de  Nem- 
rod  :  que  ce  fut  de  cet  endroit ,  auquel  ils  portent  grand 
refpeét,  qu'on  précipita  Abraham  dans  une fournaife qui 
étoit  au  bas,  ôc  que  dans  le  moment  même  il  en  iortit  la 
fontaine  qu'on  y  voit  encore  ,  ôc  qui  emplit  un  canal  qui 
eft  tout  proche.  Il  eit  long  de  plufieurs  toifes ,  ôc  Luge 
de  cinq  ou  fix  ;  ôc  l'on  eau  ,  après  avoir  arrofé toute  la  vil- 
le, va  fe  perdre  en  terre  à  quelques  heures  de  chemin  loin 
delà,  il  y  a  dans  ce  canal  une  fi  grande  quantité  de  poilions 
qu'ils  paroiffenr  par  gros  monceaux.  Je  crois  ,  dit  l'auteur 
ciré  ,  que  ce  font  des  carpes  -,  mais  ils  difent  qu'elles  cau- 
fent  lr  fièvre,  &  ne  permettent  à  perfonne  d'en  prendre , 
fi  ce  n'elt  paffé  un  petit  pont  qui  eit  au  bout  du  canal  :  car 
ils  d\(cm  qu'étant  ptifes  au-delà  de  ce  pont ,  il  n'y  a  plus 
de  danger. 

Entre  ce  château  &  ce  canal ,  il  y  a  un  autre  canal  plus 
petit  qui  eit  éloigné  d'environ  cinquante  pas  du  premier, 
6c  fou  e  ru  fe  mêle  avec  l'autre  aulïi-tôt  qu'elle  eit  hors  du 
canal.  Comme  1rs  habitans  d'Orfa  croient  que  tout  eft  mi- 
racle d-ms  leur  pays  ,  ils  difent  que  c'clt  une  autre  fource 
qui  fortit  du  lieu  où  l'on  jerta  un  esclave  ,  qui ,  ayant  vu 
qu'Abraham  étoit  miraculeufement  forti  de  l'eau  du  lieu 
où  on  l'avoir  précipité,  ditàNemrodquecet  homme  étoit 
un  véritable  prophète,  ôc  non  pas  un  magicien,  ce  qui 
futcaufe  qu'on  le  précipita  auifi.  Sans  ces  canaux,  Orfa 
n'auroit  pu  fubfitler  fi  long-tems  ,  ôc  auroit  péri  par  la 
foif  :  car  il  n'y  a  point  d'autre  eau  dans  cette  ville  quecelle 
de  ces  deux  fources.  11  y  a  du  côté  du  château  ,  qui  regar- 
de le  midi  ,  plufieurs  montagnes  allez  proches  quile  com- 
mandent,  fur-tout  une  que  les  gens  du  pays  appellent 
Nembrod  Tahhtasi  ,  c'elt-à-dire,  letrônede  Nemrod, 
parce  qu'ils  croient  que  fon  principal  trône  étoit  fur  le 
fommet  de  cette  montagne.  On  voit  dans  ces  montagnes 
plufieurs  grottes ,  où  ils  difent  que  logeoient  cent  mille 
foldats  de  Nemrod.  En  fortant  de  la  ville  par  la  porte  mé- 
ridionale ,  on  voit  un  puits  nommé  Eyam  Capise,  c'eft- 
à-dire  ,  le  puits  du  Mouchoir.  J'ai  rapporté  au  mot  E- 
desse  ,  ancien  nom  d'Orfa  ,  ce  que  les  anciens  ont  dit  de 
la  dépuration  ÔC  de  la  lettre  d'Âbgar  ,  roi  d'Edcffe ,  à 
N.  S.  J.  C.&  d'un  portrait  du  Sauveur  ,  auquel  Evagre 
attribuoit  la  délivrance  de  cette  ville.  La  tradition  mo- 
derne d'Orfa  enchérit  beaucoup  fur  les  anciens.  Si  on 
les  en  croir ,  Abagarus,  roi  d'Orfa ,  étant  tout  lépreux  , 
de  ayant  oui  dire  beaucoup  de  merveilles  de  Jcfus-Chrilt , 
envoya  des  gens  le  prier  de  venir  le  guérir  ,  avec  charge 
de  l'affiner  de  fa  part  qu'il  le  protégeroit  contre  tous  fes 
ennemis,  ôc  il  fit  aller  avec  eux  un  peintre  pour  tirer  fon 
portrait.  Us  difent  que  Notre  Seigneur  répondit  à  ces 
envoyés  qu'il  ne  pouvoit  y  aller  ,  parce  que  le  tems  de 
fa  paffion  s"approchoit  ,  ôc  que  s'étant  apperçu  que  le 
peintre  tiroit  fon  portrait,  il  mit  un  mouchoir  fur  fon 
vifage  ,  après  quoi  fon  effigie  y  relia  empreinte  ,  &  il  le 
leur  donna  pour  le  porter  à  leur  prince.  Ces  gens  s'en 
retournèrent,  &  comme  ils  étoient  pioche  delà  ville, 
ils  furent  rencontrés  par  des  voleurs  qui  les  mirent  en 
fuite.  Celui  qui  avoit  le  mouchoir  le  jetra  vite  dans  le 
puits  dont  il  eit  queftion  &  fe  fauva  à  lavilleoù  il  racon- 
ta le  tout  au  roi.  Ce  prince  alla  le  jour  fuivant  en  pro- 
ceffion  avec  tout  fon  peuple  au  puirs  ,  dont  ils  trouvèrent 
l'eau  accrue  jusqu'au  bord,  ôc  le  mouchoir  nageant  deffus. 


Le  roi  le  prit  ,  fut  auifi-tôt  guéri  de  fa  lèpre  Se  fe  fie 
Chrétien  avec  tout  fon  peuple.  Ils  difent  qu'ils  ont  long- 
tems  gardé  ce  mouchoir  ;  mais  qu'enfin  les  Francs  l'ont 
enlevé  &  porté  à  Rome.  Enfin  ils  racontent  au  iujet  de 
ce  puits  une  multitude  de  fables  dont  je  crois  devoir  faire 
grâce  au  leéteur. 

Ce  puits  eft  enfermé  de  murailles ,  &  il  y  a  quantité 
de  monde  tant  hommes  que  femmes  qui  s'y  lavent.  Us 
fe  mettent  derrière  de  petites  murailles  de  pierres ,  fe  des- 
habillent ,  ôc  reçoivent  fur  le  corps  l'eau  de  ce  puits  ,  qui 
coule  d'une  petite  auge  percée  qui  eft  fur  la  petite  mu- 
raille ôc  qu'ils  ont  emplie  auparavant.  11  y  a  à  Orfa,  auffi- 
bien  qu'a  Damas  ,  plufieurs  lépreux.  Us  font  noirs,  hi- 
deux ,  mélancoliques ,  ils  ont  peine. à  parler,  ôc  tout  le 
corps  leur  fait  mal.  Leur  maladie  approche  fort  de  la  ma- 
ladie vénérienne,  mais  c'eû  autre  chofe ,  ôc  l'on  dit  qu'elle 
provient  d  une  caulè  difiéieine. 

OKFEA  ,  rivière  de  Grèce  ,  dans  la  Morée.  C'eft  la 
même  que  I'Alfhée.  l'oyez,  ce  mot. 

ORIORD,  petite  ville  d'Angleterre,  avec  titre  de 
comté  ,  dans  la  province  de  Suflolk.  Elle  envoie  fes  dé- 
putés au  parlement,  &  tient  maiché  public  routes  les 
femaines.  *  Etat  préjtnt  de  la  Grande-Bretagne  >x.  1. 
p.  iii. 

ORGA  ou  Orgas  ,  rivière  de  l'Afie  mineure.  Pline, 
/.  5.  c.  29.  dit  qu'elle  fe  jette  dans  le  Méandre  ,  auprès 
d'Apamée.  Strabon ,  /.  12.  p.  577.  la  nomme  auffi  en- 
tre celles  qui  tombent  dans  ce  fleuve. 

ORGABA  ,  ville  de  la  Baffe -Ethiopie.  Elle  eft  fituée  fur 
les  bords  de  la  rivière  d'Onchk  ,  qui  fe  décharge  dans  le 
Nil ,  pioche  des  monts  Amara  ,  où  commence  le  royau- 
me de  Mélinde ,  félon  Corneille  ôc  de  la  Croix  :  le  pre- 
mier a  été  trompé  par  le  fécond  qui  s'eit  fié  à  de  mau- 
vaifes  cartes.  Sanfon  mer  Orgaba  fur  une  rivière  qui  cou- 
pe l'Equateur ,  ôc  tombe  dans  le  Nil  en  un  climat  où  il 
n'eft  nullement  queftion  du  Nil. 

ORG  ADE  (  L'  ) ,  contrée  de  Grèce ,  dans  l'Afrique , 
félon  Paufanias ,  /.  3.  c,  4.  'O^àç  •)«.  Elle  étoit  confacrée 
aux  mêmes  divinités  que  l'on  adoroit  à  Eleufine. 

ORGALEMA.'OpîaAii^a,  ville  fituée  fur  Lifter,  félon 
Etienne  le  géographe,  qui  cite  Hécatée  dans  fon  hiftoire 
de  l'Europe. 

ORGALICUS  SINUS.  Voyez.  Argaricus. 
ORGAMENA,  ville  de  l'Ulyrie ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  la  diflingue  d'ORGOMENE. 

OHGANA  ,  iflefur  les  côtes  de. l'Arabie  Heureufe  , 
felcn  Ptolomée,  /.  G.c.y.  On  croir  que  c'clt  IOgyris 
de  Pline,  &  LOaracta  d'Arrien.  Voyez. ces  mots. 

ORG  AN  AG/E ,  ancien  peuple  de  l'Inde ,  félon  Pline, 
/.  6.  c.  20. 

ORGAS.  Voyez.  Orga. 

ORG  ASI,'Op>«(rc<  .ancien  peuple  de  la  Scytie,  en- 
deçà  de  l'Imaiis  ,  félon  Ptolomée,  /.  6.  c.  14. 

ORG  AZ  ,  ville  d  Espagne  ,  dans  la  Nouvelle  Caftille, 
à  trois  ou  quatre  lieues  vers  le  midi  de  Tolède.  Elle  a  le 
titre  de  comté  que  Charles  V  donna  à  Alvar  Perez  de 
Gusman ,  pour  récômpenfe  de  fes  fervices.  *  Délices  de 
l'Esp.  p.  $57. 

ORGE  ,  fontaine  des  Gaules  ,  dans  la  province  Nar- 
bonnoife.  Celt  préfentement  Sorgue.  Voyez,  ce  mot. 
Pline,  /.  i8.  c.  22.  qui  parle  de  cette  fontaine  dit  :  Qu'il 
y  croiffoit  dans  leau  une  herbe  dont  les  bœufs  éioicnt  fi 
friands  qu'ils  plongeoient  la  tête  dans  l'eau  pour  y  attein- 
dre. Comme  il  dit  :  Eft  ta  Narbonenfi  provinci'à  nobilis 
fons  :  Orge  nomme  eft  ,  &c.  Ortelius  ibupçonne  que  Pli- 
ne pourroit  bien  l'avoir  nommée  fons  Sorge  ,  de  forte  que 
l'S  finale  de  fons  auroit  fait  négliger  l'S  initial  de  Sorge; 
de  manière  que  le  nom  moderne  qui  eft  Sorgue  feroit  le 
même  que  l'ancien. 

ORGELET  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la  Franche- 
Comté,  au  bailliage  auquel  elle  donne  fon  nom  ;  ôc  dont 
elle  eit  le  chef-lieu.  Elle  eit  fituée  à  la  fource  de  la  Va- 
louze ,  rivière  qui  coulant  vers  le  midi  fç  jette  dans  l'Ain 
que  quelques  uns  appellent  mal-à-propos  Dain.  Il  y  a 
un  couvent  de  Capucins ,  ôc  un  de  Religieufes.  Cette  mal- 
heureufe  ville compofée  d'environtroismille  habirànsfuc 
réduite  en  cendres  au  mois  de  novembre  de  l'année  1752. 
ORGEL1TANUS,  titre  que  prend  un  évcqne  d'Es- 
pagne nommé  Julte  ,  qui  a  écrit  fur  le  cantique  des  can- 
tiques.  Son  fiege  étoit  Urgei..  Voyez,  ce  mot. 
1  b  ORGELLA 


ORÏ 


ORI 


ORGELLA  ou  Orgellum.  Voyez.U  rgkl. 

ORGEMPI.  Voyez.  Argipp^i. 

ORGENOMEbCI ,  anciens  peuples  d'Espagne  :  ils 
failbient  partie  des  Cantabres  ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.  10. 
Ils  avoient , dit  le  P.  Hardouin,  la  côre  d'Afturie,  depuis 
Santillane  jusqu'à  l'Afta  qu^coule  à  Oviedo. 

ORGESbUM  ,  ville  de  Macédoine ,  félon  Tite-Live. 

ORGIA,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife ,  au  pays 
des  Ilergetes ,  félon  Pcolomée ,  /.  2.  c.  6.  Quelques  exem- 
plaires  portent  Orcia. 

ORGOCYNI ,  ville  de  la  Chcrfonnèfe  Taurique ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  4.  c.  12. 

ORGOaIANES  ,  pour  Dargomanes.  Voyez,  ce 
mot. 

ORGOMEN/E,  ville  de  l'Illyrie,  félon  Etienne  le 
géographe. 

ORGON  ,  quelques-uns  écrivent  Orguon  ,  petite 
ville  de  France,  en  Provence  ,  à  quatre  lieues  d'Avignon 
Se  presque  fur  le  bord  de  la  Durance.  11  y  a  un  couvent 
d'Auguftins  dechauffés.  *  Piganiol  de  la  Force,  t.  4. 
p.   i93. 

ORGON  (  Le  Gras  d'  )  ,  c'eft  l'une  des  embouchures 
du  Rhône,  dans  fa  branche  occidentale.  Il  fépare  la  gran- 
deCamargue  de  la  petite,  pâlie  auprès  du  bourg  des  Sain- 
tes Maries ,  ou  Notre  Dame  delà  Mer. 

OR.GONESOS.  Vyei  Urgo. 

ORGOSOLO  ,  petite  place  cicl'iflc  de  Sardaigne,  vers 
la  côte  orientale  de  l'iflè  à  trois  lieues  de  Lode ,  du  côté 
du  couchant.  Baudrand  croit  que  c'eft  la  Grillene  des 
anciens. 

ORGYSUS,  ville  de  Macédoine,  aux  Piffantins,  fé- 
lon Polybe.  C'eft  peut-être  I'Orgessum  deTite-Live. 

ORI ,  peuples  maritimes  ,  au  voilinage  de  la  Carma- 
nie,dont  peut  -  être  ils  failbient  partie.  Pline,  /.  6.  c. 
23.  les  place  dans  ce  fens-la.  Le  P.  Hardouin  veut  que 
l'on  diltingue  ces  Ori  de  Carmanie  ,  d'un  autre  peuple 
de  même  nom.  Ceux-ci  tiraient  leur  nom  d'Ora,  Q*pa , 
ville  de  Carmanie  ,  dont  parle  Ptolomce,  /.  6.  c.  8.  En 
cecas  ils  ne  différent  point  des  On  tas.  Voyez.  Oret^e. 
ffp*,  dont  parle  Atrien,  efj  très-différente.  Il  y  avoit  d'au- 
tres Ori  près  desfources  de  1  Indus,  &e  ce  font  ceux-là  qui 
prenoient  leur  nom  de  l'Orad' Atrien.  *  Expédie.  Alex. 
I.  4. 

1.  ORIA.  Strabon  ,  /.  3.  p.  1  y  2.  nomme  ainfi  une 
ville  d'Espagne  ,  au  pays  des  Oretains.  On  croit  que  c'elt 
la  même  ville  qa'Oretym ,  qu'il  nomme  ainfi. 

2.  OR-IA  :  le  même  Auteur,  /.  10.  p.  44;.  nomme 
de  même  Oreum,  ville  d'Eubée. 

3.  ORIA,  ville  d'Italie,  au  royaume  de  Naples,  dans 
la  Pouille  ,  Se  dans  la  province  d'Otrante  ,  fur  une  mon- 
tagne de  l'Apennin.  Elle  en;  le  fiége  d'un  éveché  fuma- 
gant  de  l'archevêché  de  Tarente.  Son  évêché  avoit  été 
autrefois  uni  à  celui  de  Blindes ,  dont  il  fut  féparé  par 
le  pape  Grégoire  XIV.  La  ville  eit  encore  allez  peuplée  , 
avec  un  vieux  château  fur  un  rocher,  vers  Lifourcede 
la  rivière  de  Galafo  (  feion  Baudrand,  édit,  1 70;  ) ,  pres- 
qu'au  milieu  ,  entre  Blindes  ôe  Tarente,  au  couchant 
d'hiver,  ôe  à  vingt  trois  milles  de  Lecce.  C'elt  l'Uriades 
anciens.  Son  territoire  pourroit  bien  être  la  même  chofe 
qn'ORiANUsAGER,  dont  il  eft  fait  mention  dans  le  livre 
des  limites.  Magin,  fuivi  de  plufieurs  autres  géographes, 
ne  met  aucune  rivière  au  voifinage  d'Oria  ,  ni  près  de 
Tarente  ;  il  fe  trompe,  car  Tite-  Live  nous  apprend  for- 
mellement, que  le  Galefus  étoit  a  cinq  milles  de  Taren- 
te, aujourd'hui  il  n'eft  qu'à  trois  milles. 

ORICîA,  contrée  aux  environs  d'ORicuM.  Voyez,  ce 
mot. 

ORICINUS.  Voyez.  Oricum.  i. 

1.  ORICUM  eu  Oricus  ,  ancienne  ville  de  l'Epire. 
Ptolomée  dit  au  neutre  Oricum  ,'Op/JcoV  ,  Pline  Se  Mêla 
de  même  \  mais  Etienne  ôe  Scymnus  de  Chio  difent  Ori- 
cos  ,  'Op/zcç.  Ce  dernier  dans  fa  defeription  du  monde  , 
v.  440.  dit  :  Oricos ,  ville  Grecque  &  maritime  ,  fut  bâ- 
tie par  les  Eubéens  qui  revenaient  du  fiége  de  Troye  , 
Se  qui  furent  jettes  en  cet  endroit  par  les  gros  vents. 
Elle  avoit  un  port  fameux ,  dont  il  eft  parlé  dans  les  com- 
mentaires de  Céfar,  B  II  Civil,  c.  7  ,  8  ,  1  1  ,  12.  Il  y  eft 
dit ,  que  Lucretius  Vespillo  &  Minucius  Rufus  y  étoient 
avec  dix-huit  vaiffeaux  d'Afie.  Lucius  Torquatus  »  qui  y 
commandeit  pour  Pompée,  fut  forcé  par  les  habitans, 


Se  par  la  garnifon  même,  de  la  remettre  à  Jules  Cé- 
far. Les  environs  font  nommés  par  Denys  le  Periégttc 
(v.  399'/)  Oricia  terra;  Tite-Live ,  /.  26  en  appelle 
les  habitans  Oricini.  Je  ne  puis  m'empêcher  de  relever 
ici  une  faute  d'Acron  ,  ancien  commentateur  d'Horace  , 
qui  dit  qu'Oricum  eft  de  la  GiliBie':  Gfoifai  CilicUut 
aut  Onca  Terebimho.  Le  po'ete  ,  /.  3.0^.  7.  parle  à  Aliè- 
ne ,  dont  un  jeune  amant ,  nommé  Gygès ,  éroit  allé  faire 
un  voyage  de  Birhynie.  Un  vent  de  midi  l'avoit  pouffé  à 
Oricum ,  fur  la  côte  d'Epire.  Dacier  qui  a  bien  remarqué 
la  faute  d'Acron  ,  en  fait  lui-même  une  nouvelle.  Ho- 
race ,  dit-il  ,  a  fort  bien  obfervé  la  fituation  ôe  le  côté 
du  vent  ;  car  dès  que  l'on  eft  dans  la  mer  d'Ionie  ,  le  ve  rit 
du  midi  pouffe  droit  en  Epire.  Le  venr  du  midi  pouffe 
également  vers  l'Italie  ;  mais  ce  qu'Horace  veut  dire , 
c'eft  que  ce  jeune  homme  ,  partant  pour  la  Bithynie  Se 
par  conféquent  obligé  de  rafer  les  côtes  d'Epire',  d'Ita- 
lie ,  Se  de  doubler  le  Péloponnèfe  ,  ne  pouvoit  faire  fa 
route  à  caufe  des  vents  contraires.  C'eft  ce  que  les  ma- 
rins appellent  avoir  le  vent  debout  ;  ainfi  il  avoit  relâché 
en  Epire  ,  fur  la  route  ,  pour  attendre  un  meilleur  venr. 
Oricum  au  refte  n'eft  point  différente  d'OREUM. 

2.  ORICUM,  montagne  d'Affyrie  ,  félon  Polybe. 

OR1ENSIS  ou  Horrensis  ,  fiége  épiscopal  d'Afri- 
que ,  dans  la  Mauritanie  Sitifenfe.  C'eft  peut-être  le  mê- 
me lieu  que  la  table  de  Peutinger  nomme  Horrea  , 
entre  Sitifi  &  Tubufuptitm ,  félon  Dupin  ,  dans  fa  338 
note  fur  la  conférence  de  Carthage  ,  à  Poccafion  de  Vi»- 
ctor,  qui  y  eft  qualifié  Episcopuf  Orienfis.  La  notice 
d'Afrique  fournit  VicFor  Horrenfis.  11  y  a  lieu  de  croire 
que  ces  deux  évêques  de  même  nom ,  ont  occupé  le 
même  fiége  en  des  tems  différens  ;  car  la  conférence  de 
Carthage  eft  de  l'an  4 10  ,  Se  la  perfécution  d^Huneric  ,  à 
l'occafion  de  laquelle  a  été  dreffée  la  notice  épiscopale 
d'Afrique  ,  eft  de  l'an  484  ;  ainfi  ce  font  deux  évêques 
nommés  Victor  ,  l'un  ôe  l'autre. 

1.  ORIENT,  mot  emprunté  des  Latins:  il  fignifie 
qui  fe  levé  ;  ôe  s'emploie  en  géographie  pour  fignifier 
les  divers  points  où  fe  levé  le  foleil,  à  l'égard  des  diffé- 
rens climats  ,  Se  félon  les  diverfes  faifons  de  l'année. 
J'ai  déjà  traité  cette  matière,  en  parlant  de  YOccident. 
Voyez.  Occident  Se  Levant. 

2.  ORIENT  (  L'empire  d'  ).  Voyez,  l'article  Constan- 
tinople. 

3.  ORIENT,  pays  fitué  à  l'Orient;  quoique  dans 
l'exactitude  il  n'y  ait  point  de  pays  qui  ne  foit  à  l'O- 
rient d'tm  autre  ,  ôe  à  l'Occident  d'un  autre  -,  cependant 
ons'eft  accoutumé  à  dire  l'Orient  en  parlant  des  Indes 
par  rapport  à  l'Europe.  Voyez  au  mot  Levant  ,  la  di- 
ftindion  que  l'on  doit  faire  entre  ces  deux  termes  le  Le- 
vaut  Se  l'Orient.  Les  Grecs  ont  nommé  l'Orient  AVa-rc,/» 
dont  s'eft  formé  Anatolia  ,  l' Anatolie  ,  Se  par  corru- 
ption la  Natolie ,  nom  que  l'on  donne  aujourd'hui  à  l'A- 
fie  Mineure. 

4.  ORIENT  (  L') ,  ville  &  port  de  France  ,  en  Bre- 
tagne ,  au  fond  de  la  baie  du  Port-Louis  ,  à  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Scorf  ,  qui  vient  du  Pont  Score. 
Quelques-uns ,  comme  Piganiol  de  la  Force  lifent  Crof  , 
PontCrof.  Elle  eft  fituée  à  onze  lieues  de  Vannes,  à 
trente-cinq  de  Nantes ,  ôe  à  cent  treize  de  Paris.  Les 
magazins  Se  l'arfenal  de  la  Compagnie  des  Indes ,  for- 
mée vers  l'an  1720,  font  dans  cette  ville.  Elle  fait  tous  Ces 
embarquemens  dans  ce  port.  Tous  les  vaifieaux  qui  en 
partent ,  font  deftinés  pour  la  Chine ,  pour  Bengale  , 
pour  Pondichery  ,  pour  Moka  ,  pour  Mahé,  pour  l'ific 
de  Bourbon  ,  pour  le  Sénégal  Se  les  côtes  de  Guinée.  La 
vente  des  marchandifes  qu'elle  tire  de  ces  différens  pays; 
fe  fait  pour  l'ordinaire  en  Septembre;  elles  confident  ert 
café  de  Moka  ôe  de  Bourbon  ,  en  poivre,  en  bois  rou- 
ge, en  cardamome  ,  en  coton  filé  ,  en  thé  de  toutes  qua^ 
lires,  en  nacre  de  perles,  en  gomme  de  Sénégal;  en  foies  de 
Tany  ôeàe  Nanquin,  en  diverfes  étoffes  de  foie,  en  caba- 
rets Se  porcelaines  de  la  Chine ,  en  borax ,  vermillon  ,  ci- 
nabre, rhubarbe,  &autresdrogues&épiceries,  &  en  tou- 
tes fortes  de  mouffelines  ôe  mouchoirs  des  Indes.  Toutes 
les  principales  villes  du  royaume  y  envoient  pour  en 
acheter,  &  il  y  a  des  banquiers  à  Paris  Se  dans  quel- 
ques autres  villes  qui  reçoivent  l'argent  de  ceux  qui  veu- 
lent y  aller  acheter  des  marchandifes.  Les  Angloistente- 
rcm  inutilement  de  s'en  emparer  en  1746.  Elle  eft  fous  le 

lom.  IV.  S  f  f  £ 


6$o 


ORI 


ORI 


14  deg.  12  min.  de  long.  47  deg.  45  min.de  latir. 
*  Mémoires  manufcrùs. 

ORIGARlUxM  ,  nom  d'un  marais  ou  étang,  qui  eft 
nommé  Palus  Commiaclenfis  ,  dans  la  vie  de  S.  Romuald. 
Il  eft  en  Italie  ,  ôc  Ortelius  conjecture  très  bien  que  c'eft 
le  lac  de  Ccmmachio. 

ORIGENI ,  ancien  peuple  d'Espagne  ,  félon  quel- 
ques éditions  de  Pline  /.  4.  c.  20.  Quelques  manuferits 
portent  Origenonensci  è  Cantabris  ,  d'autres  Origeno- 
misci ,  de  quoi  quelques  éditeurs  ,  comme  Dalechamp  , 
ont  fait  Origcni  miftis  Cantabris.  Le  P.  Hardouin  , 
trouvant  dans  un  manuferit  Orgenomesci  e  Can- 
tabris ,  a  préféré  cette  leçon.  On  lit  dans  Ptolomée 
Argeno  mescum  ,  qui  étoit  aufli  parmi  les  Cantabres. 
Pline  ou  Ptolomée  a  mal  écrit  la  première  lettre  , 
du  refte  ,  ils  font  d'accord  pour  la  fuuation.  L'un  nom- 
me la  ville,  l'autre  le  peuple. 

ORIGEVIONES ,  peuple  ancien  d'Espagne  ,  voi- 
fin  des  Autrigons  ,  ôc  au  bord  de  la  rivière  de  Ne- 
fua,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  3.  c.  1.  Cette  rivière 
traverfoit  la  Cantabrie.  Ce  pourvoit  bien  être  le  mê- 
me peuple  que  celui  dont  il  s'agit  dans  l'article  précé- 
dent. 

ORIGIACUM  ,  ancienne  ville  de  la  Gaule  Belgi- 
que ,  &  la  feule  que  Ptolomée  donne  au  peuple  Atre- 
eates.  Quelques  exemplaires  de  ce  géographe  portent 
Metacum.  Cette  ville  ,  avec  le  tems,  a  quitté  ce  nom 
pour  prendre  celui  du  peuple  qu'elle  porie  déjà  dans 
les  anciens  itinéraires.  Le  mot  Metacum  eft  eftropié 
de  Nemetacum.  Voyez.  Arras. 

1.  ORIGNI  ,  Ifle  de  France  ,  fur  la  cote  de  Nor- 
mandie   Voyez.  Aurigni. 

2.  ORIGNI ,  bourg  de  France  ,  en  Picardie  ,  fur  la 
rivière  d'Oife ,  au  diocèle  de  Laon  ,  dans  une  grande 
prairie  qu'arrofe  la  rivière  d'Oife  diviiee  en  plusieurs 
branches  ,au  deffus  de  la  ville  de  Ribemont  ,  ôc  à  trois 
lieues  de  la  ville  de  S.  Quentin  au  levant  d'hiver.  Ce 
lieu  eft  célèbre  par  le  martyre  de  Ste  Benoîte  ,  dame 
Romaine  ,  que  Macrocle,lieutenant  des  empereurs,  y  fit 
mourir  ,  pour  avoir  confeflé  ôc  conftamment  prêché  la 
foi  de  JefusChiift.  11  y  a  une  ancienne  ôc  célèbre  ab- 
baye de  filles  de  l'ordre  de  S.  Benoît  ,  où  l'on  conferve 
le  corps  de  cette  fainte ,  ôc  un  chapitre  de  douze  cha» 
noines ,  à  la  nomination  de  l'abbcfle  ôc  de  la  commu- 
nauté pour  le  fervicc  de  l'autel ,  ce  qui  marque  que  c'é- 
toit  anciennement  un  monaftere  double. 

1.  ORIGUELA,  ville  de  Portugal,  dans  l'Alentejo. 
Elle  eft  fituée  aux  frontières  de  l'Eftrcmadure  à  une 
lieue  ,ôc  au  nord-eft  de  Campo  Major,  ôc  à  quatre  lieues 
(  de  2j  au  degré  )  au  nord  d'Elvas,  fur  une  montagne 
aflez  roide  ,  ôc  eft  défendue  par  une  bonne  muraille 
&  par  un  château.  11  y  a  une  fontaine  qui  ne  reçoit  dans 
fes  eaux  aucun  poilïon  ni  infecte  vivant  ,  que  des  gre- 
nouilles ,  ôc  dont  les  eaux  ne  fauroient  fervir  à  cuire 
la  viande. 

Corneille  s'eft  bien  égaré  dans  cet  article.  Il  met 
cette  ville  aux  frontières  de  la  Cailille  ,  quoiqu'il  y 
ait  toute  l'Eltremadute  entre  deux.  Enfuite  ,  confon- 
dant cette  ville  avec  une  autre  de  même  nom  en  Espagne, 
il  dit  que  Jouvin  de  Rocheforr  la  place  au  royaume 
de  Murcie.  Comment  une  ville  peut-elle  être  dans  deux 
royaumes  aufli  éloignés  l'un  de  l'autre  •  que  Murcie 
l'eft  du  Portugal  .J  La  vérité  eft  ,  qu'aucune  des  deux 
n'eft  au  royaume  de  Murcie.  Celle  dont  il  s'agit  ici  elt 
du  Portugal  i  l'autre  elt  du  royaume  de  Valence  aux 
confins  de  Murcie. 

2.  ORIGUELA  ou  Orihuela  ,  (  Cette  prononcia- 
tion revient  presque  au  même  ,  le  G  ôc  l'H  ayant  l'un 
&  l'autre  une  forte  afpiration  difficile  aux  étrangers.  ) 
ville  d'Espagne  au  royaume  de  Valence  ,  ôc  la  première 
que  l'on  trouve  en  venant  de  Murcie  ,  dont  elle  elt  à 
quatre  lieues  -,  elle  elt  à  une  lieue  de  la  frontière  des  deux 
royaumes.  Elle  eft  fort  ancienne  ,  ôc  on  tient  que  c'elt 
I'Orcelis  de  Ptolomée.  Elle  eft  entre  des  montagnes, 
au  bord  delà  Segura  dans  un  lieu  fortifié  par  la  nature  , 
au  milieu  d'une  plaine  fi  fertile  en  bled  ,  qu'elle  a  don- 
né lieu  à  ce  proverbe  des  Espagnols  :  Llueva  à  nollueva , 
trigo  en  Orihuela  ,  c'elt- à-dire  ,  qu'il pieitve  ou  ne  pleu- 
ve pas  ,  il  y  a  toujours  du  bled  à  Origuela.  Elle  eft  en- 
tourée de  jardins  très-agréables.  Il  y  a  une  univerfué, 


fondée  l'an  ijn*  C'eft  aufli  Je  lîégc  d'un  évêché.  L'au- 
teur des  délices  d'Espagne  prétend  que  cet  évêché  a 
étélong-tems  joint  à  celui  de  Carthagene  ,  qu'il  en  fut 
fépare  par  le  pape  Jules  III,  au  milieu  du  XVI  fiécle, 
ôc  que  l'on  en  fit  une  nouvelle  piélàture  ,avec  dix  mille 
ducats  de  tente.  Ce  qu'il  ajoute  femble  infinuer  que  ce 
fitge  exiitoit  dès  le  quatrième  fiécle.  L'un  des  premier» 
évèques  de  cette  ville  ,  dit-il ,  envoya  des  députes  au  fé- 
cond concile  d'AiL's  (  tenu  l'an  353,  fous  le  pape  Libè- 
re ).  11  s'en  faut  bien  que  l'abbe  de  Vayrac  ,  Etat  pré- 
féru  de  l'Etpagne  ,  /  4.  t.  2.  p.  372  ,  lui  donne  cette  an- 
tiquité. Selon  lui ,  l'églife  d'Oiihuela  fut  fondée  en  col- 
légiale l'an  14 14.  Elle  ne  fur  érigée  en  cathédrale  que  par 
Alphonfe  V  ,  roi  d  Arragon  (  qui  régna  depuis  l'an  141 6 
jusqu'à  l'an  1458  ;  )  un  nommé  Gallus  en  fut  le  premier 
évêque.En  1521,  elle  fut  unie  à  celle  de  Carthagene, fous. 
le  règne  de  Charles  V ,  par  le  pape  Léon  X  ;  mais  en 
1564  ,  elle  fut  rétablie  dans  fes  droits  par  Pie  IV  , 
à  la  prière  de  Philippe  II.  Ce  qui  me  perfuade  que 
cette  églife  eft  nouvelle  ,  c'eft  qu'il  n'en  eft  fait  aucune 
mention  dans  les  trois  anciennes  notices  eccléliaftiques 
d'Espagne  ,  à  moins  que  ce  ne  foit  le  fiége  de  Bagasta 
que  Mariana  ,  de  rébus  Hispan.  I.  6.  c.  1 5-,  met  entre 
les  évêchés  du  tems  du  roi  Wamba.  Il  ajot  te  qu'on  ne' 
fait  aujourd'hui  où  étoit  cette  ville  ;  qu'il  paroît  pour- 
tant qu'elle  étoit  aux  environs  d'Orihuela  ,  tant  pnr  l'ar- 
rangement des  lieux  ,  que  parce  que  l'une  des  portes 
de  cette  dernière  ville  porte  le  nom  de  Magaflri.  Ce 
qui  eft  d'autant  plus  vraifemblable  ,que  les  notices  nom- 
ment cette  Bagafta  ,  Bagastri  dans  l'édition  de  Ro- 
me ;  ce  fiége  au  relie  compte  foixanre  pàroilTes  dans 
fon  diocèfe.  Le  chapirre  de  la  cathédrale  eft  compufé 
de  fix  dignitaires  ,  de  fix  chanoines  câ:  de  douze  preben- 
diers.  Quelques-uns  ont  attribue  là  fondation  à  Hercule 
le  Thébain  ;  mais  ce  qui  eft  plus  cer  am  ,  c'elt  que  cette 
ville  étant  tombée  dans  une  espèce  de  décrépitude,  Al- 
phonfe le  Sage  la  releva  ,  ôc  y  fit  de  grandes  réparations 
dans  l'XI  fiécle.  Elle  eft  capitale  d'un  gouvernement 
indépendant  de  Valence,  &  dont  Li  jurisdiction  s'étend 
douze  lieues  en  longueur ,  fur  lix  de  large.  La  campagne 
où  elle  eft  fituée  produit  ,  outie  du  bled  ,  du  vin  en  abon- 
dance ,  du  lin  ,  du  chanvre  du  miel  ,  de  la  foie  ,  des 
herbes  ,  des  légumes  ,  des  fruits  ,  ôc  même  du  fel. 
*  Vayrac ,  Ibid. 

ORII ,  6'pioi  Polype  nomme  ainfi  un  peuple  de 
Cl'ére. 

ORILHAC.  Voyez.  Auriliac 

ORIN/tl.  Voy  e  t.  Ekinai. 

ORINDICUS  AGER  ,  campagne  d'Afie.  Cicéron 
en  parle  dans  fa  dix-huitiéme  oraifon ,  de  lege  Agrar. 
contra  Rullum,c.  19.  Jubet  venWe,  qum  Attalent'mm,  qu& 
Phafelitum  ,  qita  Olympenorum  fuermt  a  Agrumque  Age- 
renfem  &  Ormdicum  &  Gedujamim.  Les  trois  premières 
places  ,  Attalie  ,  Phafelis  ôc  Olympe  étoient  fur  la  côte 
méridionale  de  la  Natolie  ■  ôc  voifines  l'une  de  l'autre 
dans  la  Pamphylie  -,  &  comme  Oroanda  étoit  plus  dans 
les  terres  dans  la  Pifîdie  .Ortelius  foupçonne qu'il  faut 
lire  dans  Cicéron  Oroandicum. 

1 .  ORINE  ,  ifle  de  la  mer  Rouge  ,  vis  à-vis  de  Prcv 
lemaïde  ,  furnommée  t'erarum  ,  au  fond  d'un  golfe  ,  oU 
elle  s'avance  vers  la  mer  deux  cens  ftades  ,  (  qui  revien- 
nent à  cinq  milles  géographiques  de  1  f  au  degré  ).  Elle 
eft  de  deux  côtés  entourée  du  continent  ;  ce  font  les  ter- 
mes d'Arrien  dans  fon  périple  de  la  mer  Erythrée.  Ra- 
ratifio  croit  que  c'eft  l'ifle  de  Maczua,  à  quoi  convient 
allez  la  deferiprion  d'Arrien. 

2.  ORINE.  Pline  ,  /.  $.  c.  14.  nomme  ainfi  là  contrée 
de  la  Paleftine  ,  où  étoit  Jérufalem.  C'eft  ce  que  S.  Luc , 
c.  1.  v.  39.  appelle  Montana  Judœa ,  lorsquil  parle  de 
la  fainte  Vierge  ,  qui  alla  vifiter  Elifabeth.  Il  y  avoir 
plufieurs  villes  dans  ces  montagnes ,  Jérufalem  ,  Rama  , 
Berhlcem  ,  &c.  Le  grec  de  faint  Luc  porte  lïfw  Qjptnw , 
d'où  a  pu  aifément  s'écrire  en  lettres  laines  Uriné. 

ORINGïS  ,  ancienne  ville  d  Espagne  ,  félon  Bmdrand 
ôc  Corneille.  Voyez.  Orinx  ,  dont  Oringis  n'elt  que 
le  génitif. 

ORINI  pour  Opifl-w  Montani  ,  nous  difons  en 
françois  les  Montagnards.  Ce  nom  convient  générale- 
ment à  tous  ceux  qui  demeurent  dans  les  montagnes 
d'un  pays.  C'eft  un  mot  grec  traveiti  à  la  latine. 


ORI 


ORI 


OR INUS  ,  rivière  de  l'IIlyrie,  félon  la  conjecture 
d'Ortelius,  qui  cite  Califte  ,/.  17.  c  28,  Se  qui  dit  que 
le  Dtin  lui  porte  les  eaux. 

ORINUS  ou  ORiNOS.rivicre  de  Sicile, fur  fa  côte 
orientale  .  au  midi  de  Syracufe  ;  c'eft  plutôt  un  ruiffeau 
qu'une  rivière  ;  fon  nom  moderne  cil  Miranda.  Ptolo- 
mée,  /,?.£••  4-  le  nomme  Orinus  ,  Thucydide  le  nom- 
me Erineus. 

ORINX  ,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique. 
Elle  étoit  très-riche  Se  fituée  aux  contins  des  Melefies , 
félon  Tite-Live  ,  /.  28.  c.  3.  qui  raconte  de  quelle  ma- 
nière elle  fut  prife  par  L.  Scipion  ,  frère  du  grand  Sci- 
pion.  Il  ajoute  que  fon  territoire  étoit  très-fertile  ,  & 
qu'il  y  avoit  des  mines  d'argent.  Les  géographes  font  allez 
d'accord  fur  le  nom  moderne,  qui  eft  Jaen. 

1.  ORIO  ,  Menlascus  ,  rivière  d'Espagne ,  dans  la 
principauté  de  Biscaye.  Elle  a  fa  fource  au  Mont  S. 
Adrien  ,  qui  fépare  l'Alaca  du  Guipuscoa  où  elle  coule. 
De- là  elle  ferpente  au  nord  eft ,  paiïe  à  Segu'ra  ,  d.  à 
Villa  Franca  ,  g.  à  Tolola  ,  fe  tourne  vers  le  nord-oueft , 
Se  va  fe  perdre  dans  la  mer ,  au  couchant  de  S.  Séba- 
tien.  *  Jaillot ,  Atlas. 

2.  ORIO  ,  petire  ville  d'Espagne  ,  au  Guipuscoa  ,  à 
l'orient  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  même  nom, 
Quelques-uns  croient  que  c'eft  la  Menosca  des  anciens. 
*  Baudrand  ,  édit.  1705. 

11  faut  remarquer  que  l'Orio  eft  plufieurs  fois  nom- 
mé I'Oria  dans  les  délices  de  l'Espagne.  Cet  auteur 
dit  que  c'eft  moins  une  rivière  qu'un  torrent  large  &  im- 
pétueux ,  qui  court  parmi  ces  rochers  avec  un  grand  fra- 
cas ,  Se  fait  tourner  un  très- grand  nombre  de  moulins  à 
forges.  On  y  prend  ,  dit-il  ,  de  fort  bon  poiflbn  ,  & 
entr'autres  d'excellentes  truites  \  de  teins  en  tems  on  la 
pafife  fur  des  ponts  de  pierres ,  Se  elle  eft  bordée  de  jar- 
dins ,  de  vergers  Se  de  figuiers.  L'Orio  fe  charge  de  plu- 
sieurs ruifleaux  ,  dont  l'un  eft  appelle  Araxe. 

1.  ORIOLO  ,  petit  bourg  d'Italie  ,  dans  l'état  de  l'E- 
glife,  dans  la  Romagne  >  entre  la  ville  de  Fayence  Se 
Cita  del  Sole,  félon  Baudrand,  édit.  170J.  Léandre , 
dans  fa  defeription  de  l'Italie,  fol.  317.  recto  ,  dit  qu'il 
elt  à  quatre  milles  au-deflus  de  Fayence. 

2.  ORIOLO ,  bourg  Se  château  d'Italie  ,  au  Patri- 
moine de  S.  Pierre  ,  dans  le  duché  de  Bracciano.  On 
croit  que  c'eft  en  ce  lieu  qu'étoit  Forum  Claudii.  Ce 
lieu  elt  à  quatre  milles  du  lac  de  Bracciano ,  a  cinq  de 
Bracciano  ,  Se  à  vingt-cinq  de  Rome. 

OKIOW  ,  OrihoW  ou  Orhe  ,  bourgade  de  Mol- 
davie, aux  confins  de  la  Pologne  ,  fur  le  ruifleau  de  Rès , 
qui  fe  jette  peu  après  dans  le  Niefter  ouTuiïa,  au  nord- 
oueft  Se  à  fix  milles  Se  demi  de  Tekiu.  *  Rob.  de  Vaw- 
gondy ,  Atlas. 

OKIPPO,  ancien  lieu  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique, 
fur  la  route  de  Cadix  à  Cordoue  ,  félon  Antonin  , 
itiner.  entre  Ugia  Se  Séville  ,  à  vingt  quatre  mille  pas  de 
la  première  ,  Se  à  neuf  mille  pas  de  la  féconde. 

OKISON  ,  fiége  épiscopal  en  Afie.  Une  ancienne 
notice  du  patriarchat  dAntioche  met  pour  treizième 
fiége  Emiffa  ,&  lui  foumet  quatre  évêchés  qui  font  Ar- 
qui  ,  Orison  ,  Herigeni  &  Oragison.  Ortelius  écrit 
Or i fon  par  deuxSS  ,  Orisson. 

ORISSAVA  ,  ville  de  l'Amérique  ,  au  Mexique  ,  fur 
le  chemin  de  la  Vera  Cruz  à  Mexico  ,  entre  Cordoua  Se 
Pueblade  Los  Angeles.  Elle  elt  auprès  d'une  haute  mon- 
tagne ,  que  l'on  apperçoit  de  vingt-cinq  lieues  en  mer , 
&  dont  le  fommet  elt  toujours  couvert  de  neiges ,  quoi- 
qu'elle foit  fous  la  Zone  Torride.  Cette  montagne  ,  qui 
porte  auflî  le  nom  d'Oiifïava  ,  cil  beaucoup  plus  haute 
que  le  Pic  de  Teneriffe.  La  plaine  d'Oriflava  a  du  moins 
deux  bonnes  lieues ,  Se  fe  termine  à  une  montagne  ,  ou 
plutôt  à  une  forêt  de  chênes  toufus.  *  Lettres  édifiantes , 
t.  1 1.  p.  112. 

ORISTAGNI ,  ville  de  l'iflè  de  Sardaigne  ,  fur  fa 
côté  occidentale  ,  où  elle  donne  à  un  golfe  le  nom  qu'elle 
reçoit  elle-même  d'un  étang.  Le  P.  Briet ,  parallel.  2. 
part.  U  j.  c.  12.  p.  688.  dit  très-bien  Usellis  Colo- 
nia  :  IncoU  Usellitani  quos  Ptolemîus  corruptè  Cel- 
sitanos  vocat.  Eidem  Ftolem&o  dicitur  Colonia  ,  Ko- 
huvit*.  ,  quomodo  ergo  Pliniits  unam  clixit  ejfe  toloniatn 
Turrem  LibiJJonis  ?  Hodie  Usellis  eft  Oristagni.  c'eft- 
à-diie  Ufellis  colonie  >  fes  habitans  ont  été  appelles 


<M 


Ufellitani ,  Se  Ptolomée  les  appelle  par  corruption  co- 
lonie, comment  Jonc  Pline  a  1  il  dit  qu'il  n'y  avoit  (  en 
Sardaigne  )  qu'une  colonie  ,  Turris  Libiffonis  ?  Ujellif 
cft  aujourd'hui  Oriftagni.  Le  pire  Briet  ne  fait  que  co- 
pier Cluvier.  Ce  dernier  avoit  remarqué  avant  lui  que 
Ptolomée  avoit  placé  Ufellis  ,  colonie  ,  au  lieu^où  efl 
préfentement  Ôriftagni  ,  que  le  peuple  étoit  nommé 
Ujellitams  que  quelques  copiftes  négligeais  ayant  trou- 
vé dans  ce  géographe  vq>  ««  Oùa-iXXnavoi  ont  facilement 
changé  ces  mots  en  tf  '  &  Kthmavm  \  ces  deux  lettres  «? , 
répétées  une  foiscomme  pronom,  &  l'autre  fois  comme 
première  fyllabe  d'un  nom  propre  les  ont  dérangés ,  Se  la 
faute  a  été  copiée.  L'objection  du  père  Ériet  ,  tirée  de 
Pline,  îi'eft.pas  fort  embarraffante ,  il  vi voit  fous  Ves- 
pafien  >  Ptolomée  floriflbit  fous  Adrien.  Pline  ne  con- 
noit  pas  Ufellis  :  il  elt  aifé  d'en  conclure,  ou  qu'il  a  ignoré 
qu'il  y  eût  une  pareille  ville  en  Sardaigne  ,  Se  à  plus 
forte  raifon  ,  que  ce  fût  une  colonie  ■■,  ou  que  cette  ville 
n'eft  devenue  colonie  que  dans  les  cinquante  cinq  on 
foixante  ans ,  qui  fe  font  écoulés  entre  lui  Se  Ptolomée. 
Ce  dernier  fentiment,  qui  me  paroît  préférable  ,  eft  ce- 
lui de  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  I.  2.  c.  11.  p.  964.  Le 
même  père  Briet  ,  dans  l'endroit  où  il  décrit  la  Sardai- 
gne félon  fon  état  préfent,  dit:  Arbore  A  ,  Oriftagni  t 
Caput  Marchirnatus  ,  &c.  Baudrand  a  cru  qu' Arbore ia. 
étoit  le  nom  ancien  Se  latin  d'Oriftagni  ;  quoique  le 
nom  d'Arborea  ait  été  inconnu  aux  anciens.  Le  père 
Ferrari  avoit  dit  avant  Baudrand  ,  qa' Arborea  eft  Orf- 
ftagni ,  en  quoi  il  s'eft  trompé  :  en  voici  la  preuve.  La 
notice  de  l'abbé  Milon  ,  écrite  vers  l'an  122J  ,  fous  le 
pontificat  de  Celeftirt  III ,  met  en  Sardaigne  trois  arche- 
vêchés ,  Calaritaftus  ,    Turri'.ânus  Se  Arborenfîs.  Elle 
nomme  leurs  fuffragans,  or ,  le  piemier  fuffragarit  qu'elle 
donne  à  l'archevêque  d'Arborea  ,  eft  nommé  UJellimts 
pour  Ufelluanus.   Si  le  fiége  d' Ufellis  étoit  fuffragant 
d'Arborea  ,  ces  deux   noms  ne   fauroient  fignifier  là 
même  ville.  Ufellis  étoit  Oriftagni  ;  il  faut  donc  cher- 
cher ailleurs  Arborea.  Ce  u'eft  pas  feulement  cette  no- 
tice qui  fournit  cette  diftïnction.  Celle  de  l'évêque  de 
Cathare  met  de  même  trois  métropoles  en  Sardaigne, 
la  troifiéme  qu'elle  nomme  Alborenfis  ,  à  pour  premier 
fuffragant  Ufelenfii  pour  Ujfellenfis.  Il  eft  furprenant  que 
ces  deux  fiéges  ayent  été  également  inconnus  au  père 
Charles  de  Saint  Paul ,  qui ,  dans  fa  géographie  facréc  i 
n'en  dit  pas  le  moindre  mot. 

Quant  au  uoin  d'ORisrAGNO  ,  ou  Oristagni  ,  ou 
ORisTANo,il  y  a  dans  le  tcirituire  de  cette  ville  ,  une 
eipece  d'étang  foi  mé  par  la  nviere  Sacro,  le  'Apoç  des 
Grecs,  lé  Sucer  des  Latins  ,  qui  s'élargit  à  fon  embouchu- 
re ,  Se  plus  haut  un  lieu  nomme  Ores  fur  la  rive  droite 
de  cette  rivière  ,  lequel  peut  avoir  donné  le  nom  à  cec 
étang  ,  Ovis  ftagnum.  Quoi  qu'il  en  foit ,  cet  étang  que 
le  Sacro  forme  en  s'élargiflant ,  eft  nommé ftagno  d'0~ 
rifiano  ,  Se  donne  ce  nom  à  la  ville  d'UsELLis.  Arborea. 
ayant  été  détruite  par  les  guerres  qui  ont  long-tems  dé- 
finie la  Sardaigne,  la  métropole  a  été  transférée  à  Ufel- 
lis ,  dont  l'évéché  ,  devenu  inutile  ,  s'eft  trouvé  perdu 
dans  1  archevêché.  J'ai  même  bien  de  la  dispofition  à 
croire  qu' Arborea  n'a  jamais  été  le  nom  d'une  ville  , 
mais  d'une  contrée  \  Se  il  h'eft  point  rare  de  trouver  des 
fieges  épiscopaux  ,  qui  pnt  pris  le  nom  du  pays  préfé- 
rablement  à  celui  de  la  réfidence  épiscopale.  11  y  a.  en 
Pologne  les  évêques  de  Varmie  Se  de  Cujavie  :  ce  font 
des  diocèfes  &  des  contrées. 

L'abbé  de  Vayrac ,  parlant  de  la  Sardaigne  dans  fon 
état  préfent  de  l'Espagne  ,  dit  que  l'archevêque  d'Ori- 
ftan  ,  jadis  archevêque  d'Arborea,  avoir  pour  fofTra- 
gans  les  évêques  d'Uflelen  ,  de  Santa  Jufta  ,  de  Torre 
Alba  Se  de  Gatelli.  Cela  eft  conforme  à  la  notice  de 
l'abbé  Milon  ,  qui  porte  Archi-cpucopauis  Arborenfîs 
hos  babet  [affravdnéos  ,  Ufelletium  ,  Santlx  Jujfx  ,  Terra 
Alba. ,  Civitatenfem  q:ii  eft  Djmini  Papx  ,  GateHinen* 
fem  qui  efl  Domi/ii  Papœ.  Ces  mots  ,  qui  tfl  l5orhïm  Va- 
p.e  lignifient  un  fiége  qui  relevé  immédiatement  du 
Saint  Siège  i  5:  e'eft  ce  que  l'évêque  de  Cathare  expri- 
me par  le  mot  /■.  xémptus.  Archiepiscjpus  Alborenfts , 
dit- il ,  hos  habet  fujfragà/ieof  ,  Ujjelienfi  m  ,  Sanila,  Jufx, 
Terra  Alba,  ,  CivUatenfèm  exemptum  ,  Cacellinenfem 
exempium. 

Il  faut  remarquer,  i°.  que  ces  deux  notices  appcL 
Tom.lV.  Sfl'f  ij 


692,        ORI 

lent  ïcrra  Alba  ,  ce  que  l'abbé  de  Vayrac  &  le  père 
Coronelli  nomment  Torre  Alba  ,  Tour  Blanche.  20.  Cet 
abbé  ne  parle  point-là  d'un  fiége  nommé  Civitatenfis 
dans  ces  notices.  A  préfent,  continué -t- il,  Oriftan  n'en  a 
aucun  (  fuffragant  ) ,  d'autant  qu'Ujfclen  fiit  uni  à  Cartel 
Anagonefe  ,  Santa  Jufta  ôc  Torre  Alba  à  l'archevê- 
ché d'Orirtan. 

Il  ne  dit  point  ce  qu'ert  devenu  Gatelli  ■■>  mais  ce  n'eft 
pas  en  quoi  confiite  la  difficulté.  Si  ce  qu'il  nomme 
UJJelen ,  UJellenfîs  ou  Vfellentis  ,  eft  ÏUfdlis  de  Ptolo- 
mée  ,  dont  Oriftagno  occupe  aujourd'hui  le  terrein  , 
comment  cet  évêché  a-t-il  pu  être  uni  avec  Cartel  Arra- 
gonefe  ,  qui  ert  fous  une  autre  métropole  ,  tout  à  l'autre 
bout  de  l'ifle  ,  &  devenir  en  même-tems  le  même  fiége 
que  la  métropole  d'Orirtagno  î  II  devoir  citer  fes  garans. 

Il  rerte  toujours  la  difficulté  de  lavoir  où  réfidoir 
l'archevêque  d'Arborea.  Si  on  le  met  à  Oriftagno  ,  com- 
me presque  tous  les  écrivains  modernes  ,  on  retombe 
dans  le  même  inconvénient  à  l'égard  à'Ufellenfts  episco- 
patitf  ,  l'évêché  d'Ufellis  ,  dont  il  faut  trouver  la  place. 
Je  me  contente  d'avoir  marqué  ces  difficultés  }  je  laide 
le  foin  de  les  lever  à  ceux  qui  font  à  portée  de  conful- 
ter  fur  cette  matière  les  livres  que  je  n'ai  pas. 

Le  marquisat  dOristagno,  contrée  de  la  côte 
occidentale  de  1  ifle  de  Sardaigne.  Cerre  ifle  a  été  au- 
trefois partagée  en  quatre  juvisdiâions  ou  espèces  de 
fouverainetés  ;  (avoir  ,  Torres  ,  Arborea  ,  Cagliari  ÔC 
Gallura.  Ceux  qui  poffédoient  ces  petits  états  ,  pre- 
noient  la  qualité  de  juges ,  ôc  ce  fut  par  leur  moyen  que 
l'ifle  fecoua  peu  à  peu  le  joug  des  Romains  dans  la  dé- 
cadence de  l'Empire.  Ces  quatre  juges  occupèrent  long- 
tems  la  Sardaigne.  On  ne  fait  au  jurte  ,  ni  l'époque 
de  leur  établiiïement  ,  ni  les  limites  d'un  chacun.  Ces 
limites  changèrent  fouvent.  Leurs  querellés ,  dans  les- 
quelles les  Génois  ôc  les  Pifans  s'intérefferent  ,  cauferent 
des  guerres  qui  furent  caufe  que  le  pape  ,  à  qui  ces  ju- 
ges avoient  long-tems  rendu  hommage  ,  y  appella  le 
roi  d'Arragon  qui  la  conquit ,  ôc  la  jurisdiction  d'Ar- 
borea fut  changée  en  marquifat  d'Orirtagno.  Ces  mar- 
quis conferverent  quelque-tems  le  domaine  de  leur 
marquifat  ;  mais  l'un  d'eux  s'étant  révolté  contre  le  roi 
d'Arragon  ,  ce  prince  l'en  dépouilla  8c  fe  faifit  du  mar- 
quifat. Les  rois  d'Arragon  Ces  fucceffeurs  ,  Se  enfuite 
les  rois  d'Espagne  en  ont  joui  de  la  même  manière. 
*  Léandre  ,  Sardigna  ,  fol.  21.  verfo. 

Oriftagno  eft  dans  une  plaine  à  peu  de  diftance  de  la 
mer  ,  dans  un  canton  &  au  fond  d'un  golfe  ,  auxquels 
elle  donne  fon  nom.  Son  port  eft  expofé  à  l'oueft.  L'air 
y  eft  très-mauvais  ,  à  caufe  des  marécages  dont  elle  eft 
environnée  ;  ôc  c'eft  pour  cette  raifon  ,  que  toute  mé- 
tropole qu'elle  eft  ,  elle  n'e-ft  pas  auffi  peuplée  qu'elle 
devroit  l'être.  On  y  montre  un  crucifix  fort  antique  >  que 
l'on  dit  avoir  été  fait  par  Nicodeme ,  8c  pour  lequel 
le  peuple  a  une  grande  vénération.  Léandre  ajoute;  Le 
territoire  d'alentour,  nommé  autrefois  Arborea,  ert  pré- 
fentement  appelle  le  marquifat  d'Oriftagni. 

Le  golfe  d'Oristagno  ,  golfe  de  la  côte  occiden- 
tale dt  l'ifle  de  Sardaigne.  On  peut  le  confidérerde  deux 
manières  •,  dans  toute  fa  grandeur  ,  en  le  prenant  dès  fon 
entrée  depuis  Capo  délia  Frasca  au  midi ,  jusqu'à  Colla 
de  Doua ,  petite  ifle  au  nord  ,  qui  tient  en  quelque  ma- 
nière au  continent  de  la  grande  ifle  par  une  baffe  ,  fur 
laquelle  il  n'y  a  qu'onze  pieds  d'eau  ,  ou  en  le  prenant 
dans  une  moindre  étendue  ,  depuis  le  cap  de  San  Marco, 
où  fe  termine  la  baffe  ,  8c  le  cap  de  San  Mafca  au  midi. 
Il  y  tombe  plufieurs  rivières ,  dont  les  trois  plus  considé- 
rables ,  font  la  rivière  de  Caures  ,  le  Thyrfo  qui  coule 
à  Solarofa  &  à  Néapoli ,  Se  le  Sacro  qui  coule  à  Ores , 
&  forme  l'étang  d'Orirtagno.  Ce  golfe  ,  en  rangeant  la 
côte  du  nord  ,  a  onze  à  douze  brades  de  fond.  Vis-à- 
vis  la  tour  qui  fert  de  fanal  au  milieu  de  cette  côte  ,  il 
n'y  a  que  quatre  btaffes  ;  par  le  travers  de  l'embouchure 
de  Caures ,  il  y  en  a  fix.  En  côtoyant  la  côte  méridio- 
nale de  ce  même  golfe  ,  on  n'en  trouve  que  cinq  ,  en- 
fuite  quatre  ,  puis  trois  devant  le  fanal  cfe  l'embouchure 
du  Sacro  , ôc  neuf  devant  Oriftagno^  au  milieu  du  golfe, 
devant  Néapoli  il  y  en  a  quatorze  ou  quinze.  Ce  golfe 
au  refte  eft  quelquefois  nommé  Baie  de  Néapoli. 

I.  ORISTAN.  Les  François  difentee  mot  pour  On- 
ftagni  ou  Oriftagno.  Voyez,  l'article  précédent. 


ORI 


2.  ORISTAN  ,  ville  que  les  Espagnols  avoient  bâtie 
dans  l'ifle  de  la  Jamaïque  ,  lorsqu'ils  en  étoient  les  maî- 
tres. Elle-itoit  au  fond  d  un  petit  golfe ,  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  l'ifle  ,  au  couchant  du  cap  du  Faucon.  Les 
Anglois  qui  jouiffent  de  cette  ifle  depuis  long-tems  ,  ont 
changé  les  habitations  ôc  les  noms.  Le  golfe  où  étoit  Oris- 
fan  ert  le  même  où  eft  l'embouchure  de  la  rivière  de 
Blatwfields.  Elle  étoit  à  quelque  diftance  delà  mer,  au 
quartier  de  Sainte  Eîifabeth.  C'eft  le  fentiment  de  l'au- 
teur de  l'Amérique  Angloife  ,  dans  l'édition  en  hollan- 
dois.  De  Laé't ,  de  Deel  pag.  268.  dit'qu'elle  étoit  à  qua- 
torze lieues  de  la  ville  de  Séville.  Ni  l'une  ni  l'autre  ne 
fubfiftent  plus.  *  In  Occident.  1. 1.  c.  1  j. 

OR1STIDES.  Ptolomée,  /.  4.  c.  8.  nomme  ainfi  deux 
ifles  du  golfe  Arabique  ,  félon  Ortelius  \  il  ajoute:  Quel- 
ques exemplaires  latins  portent  Trisitides.  Ildevoit  dire 
Thrissitides.  Cette  différence  vient  de  ce  que  l'O  a 
été  pris  par  quelques  uns  pour  une  qui  eft  le  Th  des 
Grecs.  Le  Ptolomée  de  Bertius  porte  Oriffitides  ,'Opt<rvi- 
t/<T«î  ,  dont  il  a  été  facile  de  faire  Thriflltides,  en  chan- 
geant O  en  e,  comme  j'ai  dit.  Ces  ifles  éroient  fur  la  côte 
de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte. 

1.  ORIT^E,  peuples  fitués  à  l'extrémité  occidentale 
de  l'Inde,  aux  confins  de  la  Gedrofie ,  à  laquelle  Etien- 
ne le  géographe  les  donne.  Pline  ,  /.  7.  c.  3.  dit  que  le 
fleuve  Arbis  les  fépare  des  Indiens. 

2.  ORIT/E.  Voyez.  Orest*  ôc  Oret;e. 

3.  ORM7E  ,  peuple  d'Espagne,  félon  Polybe.  C'eft 
le  même  qu'ORiTANi  2.  Voyez,  ce  mot. 

4.  ORIT^E.  Voyez.  Oritani  i. 

i.  ORITANI ,  ancien  peuple  de  Grèce,  dans  la 
Locride  ,  aux  environs  d'Orus.  C'eft  Tite-Live  qui  les 
nomme  ainfi,  /.  28.  c.  8.  Polybe,/.  11.  num.  j.  die 
Orit/e, 

2.  ORITANI  1  ancien  peuple  d'Espagne.  Il  y  avoit 
chez  eux  un  fiége  épiscopal  à  Mentefa.  Pline  ,  /.  3.  c.  3. 
parlant  des  habitans  de  Mentefa  ,  dit  :  Mentesani  qui 
Çr  Oritani.  Voyez.  Mentes  A. 

ORITANUM,  lieu  de  l'Eubée,  félon  Pline  ,  lib.  4.  c. 
1 2.  Le  P.  Hardouin  avoue  qu'il  ne  connoît  point  ce  lieu. 

ORIXA ,  royaume  de  l'Indourtan ,  fur  le  golfe  de 
Bengale,  à  l'extrémité  feptentrionalc  de  la  côte  de  Co- 
romandel ,  entre  le  Bengale  &  le  royaume  de  Golcon- 
de.  Il  eft  borné  au  nord  par  la  rivière  deGanga,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  le  Gange  ,  ôc  elle  le  fépare 
des  terres  du  Raja  Rotas ,  depuis  les  98  deg.  20  min.  de 
longit.    jusqu'à  102  deg.  20   min.  Au-delà  les  limites 
courent  au  nord-eft,  &  enfuite  à  l'eft  jusque  fort  près  de 
Balaffor.  Après  quoi  ces  limites  courent  vers  le  fud-oueft 
ou  vers  l'oueft  ,  coupent  la  Ganga  au-deffousde  Buda- 
rak   qu'elles  laiffent  dans  ce  royaume ,  ôc  continuent 
de  ferpenter  jusqu'au  102  deg.  15  min.  Enfuite  elles  fe 
replient  vers  le  midi  oriental ,  traverfent  la  rivière  de 
Marfapour  ,  ôc  vont  joindre  la  mer  entre  Brambour  ôc 
Calecote.  La  côte  borne  enfuite  ce  royaume  jusqu'à  un 
petit  ruiffeau  ,    dont  l'embouchure  eft  au  nord  orien- 
tal de  Cicocol.  Ce  même  ruiffeau  ferr  de  bornes  depuis 
la  mer  jusqu'à  fa  fource,  ôc  une  ligne  tirée  de  cette  four- 
ce  vers  le  couchant  jusqu'à  la  rivière  de  Narfepille , 
vers  les  18  deg.  50  min.  de  latit.  qui  termine  ce  royau- 
me au  couchant,  ôc  le  fépare  de  celui  de  Golconde  jus- 
qu'à fa  fource,  depuis  laquelle  on  imagine  une  ligne 
continuée  jusqu'à  la  Ganga,  au  lieu  où  nous  avons  com- 
mencé. Il  y  a  dans  l'enceinte  que  nous  avons  décrite  à 
l'orient,  le  pays  de  Jagrenat  ,  qui  a  un  raja' particulier, 
ôc  qu'il  enferme  presque  de  tous  côtés ,  excepté  de  celui 
de  la  mer,  &  à  la  réferve  d'un  périt  coin  du  côté  de 
Bengale.  Il  enferme  de  même  dans  fa  partie  méridionale 
le  royaume  de  Cicocol ,  à  qui  il  fert  de  bornes  au  nord 
ôc  au  nord-eft ,  ôc  qui  auffi  bien  que  lui  eft  fépare  du 
royaume  de  Golconde,  par  la  rivière  de  Narfepille. 

L'Orixa  peut  avoir  environ  vingt-neuf  lieues  de  cô- 
tes ,  ( des  lieues  de  quinze  au  degré  )  qui  courent  du  fud- 
oueft  au  nord-eft.  Ces  côtes  font  arrofées  de  plufieurs  ri- 
vières peu' confidérables ,  fi  on  en  excepte  celle  de 
Ganga.  Il  y  a  auffi  beaucoup  de  montagnes.  En  allant  du 
nord-eft  au  fud-oueft  on  y  trouve  de  fuite  Maningapa- 
tan,  village,  Barampour,  ville,  Ganga,  autre  ville, ou 
les  Anglois  ont  un  comptoir  ,  Carepare ,  bourgade,  Gal- 
condi,  ïon,Manfereata>  autre  fort ,  Marac,  Pondi  & 


ORL 


Caletaire  .bourgades.  Une  chaîne  de  montagnes  nommée 
les  montagnes  d'Orixa  ,  8c  qui  a  fes  racines  au  royaume 
de  Golconde  ,  s  étend  dans  l'Orna  ,  au  midi  de  la  Gan- 
ga,  &  envoie  quelques  branches  vers  le  midi.  Elle  s'é- 
tend  d'occident  en  orient  entre  le  20  &  le  21  deg.  de  la- 
titude. Ceft  à  fou  extrémité  orientale  que  prend  fa  fource 
la  rivière  de  Marfapour.  Au  midi  de  cette  montagne , 
&  allez  près  des  frontières  de  Golconde  eft  un  lac  ,  au 
couchant  duquel  eft  la  ville  d'ANGEUE,  8c  à  fon  orient 
eft  celle  d'ULNE.  Au  levant  d'été  de  cette  dernière  eft  Pa- 
musia,  &  au  midi  des  montagnes,  près  de  la  fource  de 
la  rivière  de  Ganjam  ,  eft  la  ville  d'iMADELMOLUCH.En 
avançant  vers  le  nord-eft  on  trouve  Budatak  >  autre  ville 
au  bord  méridional  de  la  Ganga,  8c  à  l'extrémité  du 
pays ,  à  fix  lieues  de  Balaffor  (lieues de  quinze  au  degré  ) 
eft  Ramana  ,  réfidence  du  roi  d'Orixa. 

Sanfon ,  Baudrand  &  autres  ,  mettent  dans  ce  royau- 
me une  capitale  de  même  nom ,  dont  les  relations  mo- 
dernes ne  donnent  aucune  idée.  La  carte  de  l'Afie  de  San- 
fon bouleverfe  tout  ce  pays.  De  l'Ifle  lui-même  ,  dans  fa 
carte  des  Indes  8c  de  la  Chine ,  l'avoit  fort  mal  débrouil- 
lé ,  mais  dans  celle  des  côtes  de  Malabar  8c  de  Coroman- 
del  ,  il  a  re&ifié  fes  idées  fur  de  bonnes  relations,  8c 
c'eft  à  cette  dernière  que  j'ai  conformé  cet  article.  La 
villed'Orixa,qui  étoitdans  l'une,  nefe  trouve  point  dans 
celle-ci ,  8c  eft  fupprimée  comme  chimérique. 

ORIZA  ,  ville  de  Syrie  ,  dans  la  Palmvrene  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  j.  c.  ij.  Elle  étoit  au  nord-eft  de  Pal- 
myre,  en  tirant  vers  l'Euphrate. 

ORKNEY  (  Les  ifles  d'  ).  Voyez.  Orcades. 

ORLA  (  L'  ) ,  petite  rivière  d'Allemagne ,  dans  la 
Haute  Saxe ,  dans  la  partie  la  plus  occidentale  de  la 
Misnie  ,  affez  près  de  Weida,  aux  confins  du  petit  état 
delà  maifon  de  Saxe  Altenbourg,  où,  coulant  vers  le 
couchant  ,  ellepaffe  à  Neuftadt ,  qui  en  prend  le  furnom 
de  Neuftadt  am  der  Orla  ;  elle  fe  charge  de  quelques 
ruiffeaux  ,  8c  ferpentant  vers  le  nord  occidental ,  elle 
va  fe  perdre  dans  la  Sala  ,  auprès  d'Orlamunde  qui  en 
prend  le  nom.  *  Valek^,  Saxon.  Super.  Tabula. 

ORLAMUNDE  ,  ville  &  comté  d'Allemagne,  dans 
la  Haute  Saxe  ,  fur  la  rive  gauche  de  la  Sala,  vis-à-vis 
de  l'embouchure  du  ruiffeau  d'Orla.  Son  nom  ne  fignifie 
que  l'embouchure  de  l'Orla.  Cette  ville  étoit  le  chef-lieu 
d'un  ancien  comté  de  même  nom  ,  qui  comprenoit  en- 
core les  villes  dlene,  Neuftadt,  Kala  ,  8c  autres  lieux 
de  la  Thuringe  ,  8c  Humelshayn  ,  près  d'OtJamunde. 
Ces  comtes  faifoient  leur  réfidence  dans  un  beau  châ- 
teau qui  eft  détruit ,  8c  qui  étoit  auprès  de  leur  capi- 
tale. Après  l'extinction  de  ces  feigneurs,  le  comté  vint 
aux  landgraves  de  Thuringe ,  margraves  de  Misnie. 
La  ville  a  été  enfuite  dans  le  partage  de  la  branche  d  Al- 
tenbourg. Il  y  avoir  ci-devant  un  couvent  de  Guillau- 
mets,  ou  religieux  de  faim  Guillaume ,  mais  il  fut  brû- 
lé en  IJ20,  8c  n'a  point  été  relevé.*  Zeylcr ,  Saxon. 
Topog.  p.  148. 

ORLANDE  ou  Orlando.  Pag.  12J.  col.  2.  Voyez. 
au  mot  Cap. 

ORLAU  ,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  faint  Benoît , 
dans  la  Haute  Siléfie  ,  dans  la  principauté  de  Troppau  , 
fur  les  frontières  de  la  Moravie. 

i.ORLÉANOLS(  L'),  province  de  France,  fur  la 
Loire.  Ce  nom  a  deux  lignifications  très-différentes ,  pat- 
rapport  à  l'étendue  des  pays  que  l'on  nomme  ainfi. 

2.  ORLÉANOIS  (  L'  )  peut  fignifier  le  gouvernement 
général  de  l'Orléanois  ;  &en  ce  fens  il  contient  plufieurs 
moindres  provinces  ,  dont  I'Orléanois  proprement  dit 
n'eft  qu'une  partie.  Les  autres  font 

La  Sologne , 

La  Beauce  particulière  ou  le  pays  Charcrain, 

Le  Dunois, 

Le  Vendômois , 

Le  Blaifois , 

La  plus  grande  partie  du  Gâtinois , 

Et  le  Perche-Gouet. 

Comme  nous  traitons  chacune  de  ces  provinces  dans 
fon  article  particulier,  nous  n'en  dirons  rien  ici  que  ce 
qui  leur  eft  commun. 


ORL       693 

Ce  gouvernement  a  trois  évêchés  : 

Orléans,  Chartres  &  Blois, 

Tout  l'Orléanois  eft  du  reflbrt  de  Paris.  Il  y  a  quatre 
grands  bailliages  avec  fiéges  préfidiaux  -,  favoir , 

Orléans,     Chartres,       Blois,      Montargis,, 

Et  trois  petits  bailliages, 

Gien,  Dourdan,  Vendôme. 

Les  deux  premiers  baillis  font  d'épée ,  8c  leurs  châ 
périffent  par  mort  comme  les  autres  charges  des  baillis 
d'épée  du  royaume  ;  celui  de  Vendôme  eft  de  robe  ,  8c 
fa  charge  eft  hériditaire. 

Les  quatre  grands  bailliages  ont  chacun  leur  coutume 
particulière. 

Il  y  a  des  maîtrifes  des  eaux  8c  forêts  dans  ce  gouver- 
nement ;  où  font  plufieurs  forêts  confidérables ,  comme 
celles  de 

Blois,       Rufli,       Boulogne,       Chambort. 

Ces  quatre  font  dans  le  Blaifois,  &  appartiennent 
au  roi. 

Le  duc  d'Orléans  a  auffi  les  fiennes  ;  favoir  , 


Orléans ,         Dourdan  , 
Montargis ,     Beaugenci 


Romorantin. 


Le  gouvernement  de  l'Orléanois  a  fous  lui  trois  lieure- 
nans  généraux  ,  trois  lieutenans  de  roi ,  8c  plufieuiè 
gouvernemens  particuliers  ;  favoir,  Chartres ,  Montar- 
gis, Gien,  Jargeau  ,  Pluviers  8c  Beaugenci. 

Les  maréchaux  de  France  ont  des  lieutenans  à  Orléans 
à  Chartres,    à  Blois,  à  Montargis  8c   àYenville,  qui 
connoiffent  des  différens  de  la  noblefié. 

L'Orléanois  proprement  dit  eft  borné  au  nord  par 
la  Haute-Beauce  ,  à  l'orient  par  le  Gâtinois ,  au  midi  par 
la  Sologne ,  au  couchant  par  le  Dunois  8c  le  Vendô- 
mois,  &  en  partie  par  1  élection  de  Beaugenci  dont  il. 
enferme  une  partie  ;  l'autre  ett  de  la  Baffe  -  Beauce.  Il 
s'étend  des  deux  côtés  de  la  Loire  qui  le  divife  en  haut 
8c  en  bas  Orléanois.  Le  haut  eft  au  nord  ,  8c  le  bas  eft 
au  midi  de  cette  rivière.  Duval ,  Dejcription  de  la  Fran- 
ce ,  p.  1 29.  enferme  l'Orléanois  dans  la  Beauce.  Robbe 
donne  à  l'Orléanois  les  villes  fuivantes  , 


Orléans ,         Lorris , 
Beaugenci ,      Sully  , 


Gergeau  ou  Jargeau, 
PluviersouPithiviers. 


Voyez,  ci-après  le  bailliage  d'Orléans. 

ORLEANS,  ville  de  France,  capitale  de  l'Orléa- 
nois, eft  fituée  vers  le  milieu  du  cours  de  la  Loire  ,  fur 
la  rive  droite  de  ce  fleuve.  Sa  figure  forme  un  arc , 
donc  la  rivière  eft  la  corde.  Sa  longueur  principale  eft 
de  101 2  toifes ,  &  fa  largeur  de  ;6o.  Le  nouveau  pontj 
qui  eft  un  des  plus  beaux  de  l'Europe ,  a  été  fini  au  mois 
de  Juillet  1 760  -,  il  a  1 6  j  toifes  de  longueur ,  ei  t  compo- 
[édç  neuf  arches  ,  dont  celle  du  milieu  a  102  pieds  d'ou- 
verture ,  8c  les  autres  vont  en  diminuant  de  deux  pieds 
chacune,  fa  largeur  eft  de  46  pieds,  y  compris  l'épais- 
seur des  parapets  ;  8c  les  trotoiis  font  de  huit  pieds.  Deux 
petits  pavillons  accompagnent  ce  pont  du  côté  du  faux- 
bourg  Saint  Marceau,  8c  la  rue  royale,  qui  y  repond 
à  l'entrée  de  la  ville  forme  un  effet  agréable.  Sans  en- 
trer dans  la  dispure  de  ceux  de  Gien  avec  ceux  d'Orléans 
fur  l'antiquité  de  leur  ville  ,  il  paroît  que  pour  accorder 
à  chacun  ce  qui  lui  appartient ,  on  peut  regarder  Gien 
comme  repréfentant  ,  par  fa  fituation  ,  le  Gcnahum.  des 
commentaires  de  Céfar.  Ce  Genabum  ayant  été  détruit 
par  les  Romains ,  fut  rebâti  par  la  fuite  quelques  lieues 
plus  bas ,  fur  la  même  rivière  8c  du  même  côté  ,  8c  on 
lui  donna  le  même  nom  qu'avoir  eu  l'autre  ,  parce  que 
Genou  Gben ,  ngnifioir  un  port  chez  les  Celtes;  ainfi 
le  nom  transféré  en  ce  lieu  avec  le  port ,  fut  ufué  jus- 


694       ORL 

qu'au  tcms  de  l'empereur  Aurelien.  La  beauté  Se  h  com- 
modité de  la  fuuaciondu  nouveau  Genabum  engagè- 
rent cec  empereur  à  augmenter  la  ville  Se  à  lui  donner 
fon  nom  (a).  11  l'érigea  même  en  cité  j  de  forte  qu'on 
l'appella  AutelianaCivitas  ou  Aurelianum ,  en  fousen- 
tendant  Oppidum  (  b  ).  D'autres  prétendent  que  ce  fut 
Marc  Aurele ,  &  la  nommèrent  Aurélia  Qvitas.  Ils 
fondent  leur  fentiment  fur  ce  qu'en  1643  ,  on  trouva 
dans  les  fbndemens  de  l'ancienne  enceinte  des  murailles 
plufieurs  médailles  de  M.  Auiele.  Mais  cet  empereur  ne 
vint  point  dans  les  Gaules ,  Se  aucun  auteur  ne  lui  at- 
tribue le  rétabliffement  d'Orléans.  Le  fentiment  de  ceux 
qui  font  pour  Aurelien  eft  plus  probable.  Orléans  de- 
vint alors  indépendante  des  peuples  Chartrains ,  Se  fut 
l'une  des  plus  confidérables  des  Gaules.  Comme  elle 
étoirdutems  de  Valentinien  III ,  lorsqu'elle  fut  attaquée 
en  vain  par  Attila ,  dans  le  milieu  du  cinquième  fié- 
cle  ,  on  ne  voit  pas  que  Childeric  fe  foit  rendu  maî- 
tre d'Orléans ,  quoique  quelques  modernes  l'ayent  écrit. 
Ainfi  elle  ne  vint  au  pouvoir  des  François ,  qu'après  que 
Clovis  eut  vaincu  Siagrius ,  Se  eut  détruit  le  relie  de 
l'empire  Romain  dans  les  Gaules.  (  a  )  Longuerue  > 
Defcription  de  la  France  ,  part.  1.  p.  108.  (  b  )  Piganiol 
de  la  Force  ,  Defcription  de  la  France ,  t.  6.  p.  82. 

Après  la  mort  de  ce  roi,  fes  enfans  ayant  partagé 
en  quatre  fa  monarchie  ,  Orléans  échut  à  Clodomu  , 
qui  y  établit  fa  réfidence.  Clotaire ,  fon  frère  ,  réunit 
toute  la  monarchie  Françoife  ;  mais  après  fa  mort  elle 
fut  de  nouveau  partagée  entre  fes  quatre  fils  ,  &  Gun- 
tran  eut  Orléans,  où  il  faifoit  fouvent  fa  réfidence.  Après 
la  mort  de  Gontran,  Childebert ,  roi  d'Auftrafie,  eut  Ces 
états  Se  Orléans.  Clotaire  II  réunit  toute  la  monarchie: 
mais  elle  fut  encore  partagée  après  lui ,  Se  Orléans  échut 
&  demeura  toujours  aux  rois  de  Neuftrie.  Les  ducs  Se  les 
comtes  s  étant  à  la  fin  rendus  propriétaires,  Orléans 
vint  au  pouvoir  d'Hugues  le  Grand ,  Se  de  fon  fils 
Hugues  Capet ,  qui  le  réunit  à  la  couronne.  Ainfi  les 
rois  demeurèrent  propriétaires  de  cette  ville  jusqu'au 
tems  de  Philippe  de  Valois ,  qui  donna  Orléans  érigé  en 
duché  à  fon  fils  Philippe.  Ce  prince  étant  mort  fans 
enfans,  Charles  VI  donna  le  duché  d'Orléans  à  fon 
frère  Louis,  l'an  13 91.  Ses  fucceffeurs  jouirent  de  ce 
duché  jusqu'à  la  mort  de  Charles  VIII ,  que  Louis  XII , 
étant  monté  fur  le  trône ,  fon  apanage  fut  réuni  au 
domaine.  Louis  XIII  donna  le  duché  d'Orléans  à  fon 
frère  Gafton  ,  qui  étant  mort  fans  enfans  mâles  l'an 
1 660  ,  ce  duché  fut  donné  par  Louis  XIV  ,  à  fon  frère 
Philippe ,  qui  étant  mort  en  1701  ,  le  laiffa  à  fon  fils 
Philippe  ,  &  fon  petit-fils  en  jouit  aujourd'hui. 

Cette  ville  eft  à  trente-deux  lieues  de  Paris ,  à  dix-huit 
au-deffus  de  Blois  &  à  trente  quatre  de  Tours.  C'cft 
une  des  grandes ,  des  plus  connues  Se  des  plus  agréa- 
bles du  royaume.  On  y  entre  par  fix  portes ,  fans  parler 
de  quatre  autres  ,  ou  poternes  ,  qui  ne  fervent  que  pour 
aller  à  la  rivière ,  ni  des  portes  de  l'Evangile  Se  de  S. 
Euvcrie  ,  qui  ont  été  bouchées.  Sa  forme  eft  une  espèce 
d'ovale  allongée  le  long  de  la  Loire.  Les  rues  font  peti- 
mais  il  y  en  a  d'affe£  droites.  La  grande  •"■:e  qui  va 


ORL 


tes 


de  la  porte  de  la  Magdelène  jusqu'à  celle  de  Bourgogne  , 
a  mille  dix-huit  toifes  de  longueur ,  Se  eft  affez  large. 
Les  maifons  font  mal  confiantes ,  &  font  un  allez  vi- 
lain effet  par  elles-mêmes.  11  y  a  quatre  places  publi- 
ques,  en  y  comprenant  le  Marché ,  Se  celle  que  l'on 
appelle  les  Quatre  Coins,  qui  eft  parfaitement  carrée. 
Dans  la  grande  place  eft  la  croix  qu'ils  appellent  le 
Murtroy.  L'églife  defainte  Croix,  qui  eft  la  cathédrale, 
eft  une  des  belles  qu'il  y  ait  dans  le  royaume.  Gilles 
de  Paray  ,  évêque  d'Orléans ,  mit  la  première  pierre 
de  cette  églife  l'onzième  de  Septembre  1287.  Il  y  a  au 
jambage  de  la  tour  des  cloches ,  à  main  droite  en  en- 
trant,uneinfeription  ancienne  d'environ  fix  cens  ans ,  gra- 
vée fur  la  pierre.  C'eft  l'acte  de  manumiffion  ou  d'aftïan- 
chifTement  d'un  esclave  nommé  Letbert ,  par  Albert  fon 
maître.  Il  eft  conçu  en  ces  termes  :  Ex  beneficio  Santta 
Crucis  per  Jobannem  ,  Episcopum  ,&  per  Allurtum 
Santlœ  Crucis  Cafatum  failus  eft  Liber  Letbcrtus  ,  tefte 
hâc  Santtâ  Ecclefiâ.  La  plupart  des  écrivains  qui  ont 
rapporté  cette  infeription,  fe  font  copiés  Se  ont  mis 
Lembertus  pour  Letbertus ,  comme  le  remarque  de  Mo- 
leon,dans  fon  voyage  Liturgique.  Le  féminaire  eft  un 


affez  beau  bâtiment  qui  a  été  fondé  &  bâti  par  le  feu 
cardinal  de  Coiflin.  On  y  inftruit  les  jeunes  eccléfialti- 
ques  &  on  y  enfeigne  la  théologie.  Les  Bénédictins  de 
la  congrégation  de  faine  Maure    ont  à  Orléans  le  mo- 
nafttre  de  Notre-Dame  de  Bonne- Nouvelle  ,  où  eft  une 
bibliothèque  publique  donnée  par  Guillaume  Proufteau, 
profeffeur  en  droit  à  Orléans  ,  dont  on  a  quelques  ou- 
vrages. L'enceinte  delà  ville  eft  de  3950  pas  communs, 
&  confifte  en  unemuraille  du  côté  de  la  terre  ,  avec  deux 
gros  baftions  du  côté  de  la  rivière.  Le  mail  eft  dans  le 
foffé  de  la  ville  Se  a  450  toifes  de  long  ;  il  eft  beau  Se 
droit,  Se  le  foffé  eft  revêtu  d'une  bonne  muraille.  Le 
pont  dont  on  a  parlé  tiaverfe  la  rivière  fur  une  ifle.  En- 
tre la  ville  Se  cette  ifle  ,  il  y  a  trois  ftatues  de  bronze  que 
Charles  VII  y  fit  mettre,  l'an   1458  ;  l'une  repréfente 
la  fainte  Vierge  aflife  au  pied  de  la  croix ,  tenant  entre 
fes  bras  le  corps  de  fon  Divin  Fils  ■,  d'un  côté  eft  le  roi 
Charles  VII 5  armé  &  à  genoux ,  &  de  l'autre  eft  Jeanne 
d'Arc,  furnommée  la  Pucelle  d'Orléans,  auffi  armée 
&  à  genoux.  11  y  a  dans  cette  petite  ifle ,  dont  une  par- 
tie s'appelle  Mote  Saint  Antoine  ,  l'autre  Mote  des  Pois- 
fonniers ,   quelques  bâtimens  Se  une  petite  églife.  Le 
pont  eft  fermé  du  côté  du  fauxbourg  par  un  petit  châ- 
teau appelle  les  Tourelles,  couvert  par  une  double  te- 
naille ou  bonnet  de  prêtre,  ayee  un  foffé  tiré  de  la 
Loire. 

11  s'eft  tenu  à  Orléans  plufieurs  conciles  ;  le  premier 
fous  le  règne  de  Clovis  Se  fous  le  pape  Symmaque  en 
5  1 1  ,  le  fécond ,  fous  le  pontificat  de  Jean  II ,  en  j  3  3  ; 
le  troifiéme  fousSilvere,  en  5  3  8  i  le  quatrième  fous 
Vigile  ,en 541  ;  lecinquiémeen  J45 ,  fous  le  même  pape* 
le  fixiéme  fous  Théodore ,  en  64J  ;  le  feptiéme  fous 
Paul  I,  en  766  ^  le  huitième  fous  Benoît  VIII,  en 
1022  ;  le  neuvième  fous  Jean  XIX  ,  en  1029  ;  le  dixiè- 
me fous  Honorius  II  ,  en  1 1 27  j  &  enfin  l'onzième 
fous  Jean  XXIII  ,  l'an  1411.  On  a  outre  cela  les  actes 
de  quatre  fynodes  d'Orléans  ;  favoir  ,  de  Bertaudde  Saint 
Denys,  l'an  13  00 -,  de  Jean  de  Conflans ,  en  1333  j  de 
Jean  d'Orléans  ,  en  1J25  ;  Se  de  Germain  de  Valens  de 
Guel,  en  1587.*  Voyez. Labbe ,  Concilior.  gêner.  Hift. 
Synopfis. 

ORLEANS  (  L'université  r>'  )  n'eft  qu'une  facul- 
té de  dioit  civil  Se  canonique.  Cette  école  eft  fort  ancien- 
ne, Se  le  Pape  Clément  V  lui  accorda  plufieurs  privilè- 
ges  le   27  Janvier  130J.    Les  régens  Se  les   écoliers 
n'ayant  pas  penfé  à  les  faire  approuver  par  le  roi  Philippe 
le  Bel,  &  ayant  voulu  en  1309,  dans  une  affemblée 
convoquée  exprès  ,  en  faire  lecture  Se  publication  pour 
les  faire  obfcrver  ,  les  habitans  s'affemblerent  Se  allèrent 
tumultueufement  au  couvent  des  Dominicains  où  fe  te- 
noit  l'affemblée ,  &  menacèrent  les  régens  Se  les  écoliers 
qu'ils  n'auroient  jamais  ni  repos  ni  paix  avec  eux  ,  s'ils 
ne  renonçoient  aux  privilèges  qu'ils  avoient  obtenus  du 
pape.  Les  profeffeurs  eurent  recours  au  roi  Philippe  le 
Bel  en  1 3 1 2  ;  il  confirma  les  privilèges ,  Se  établit  l'u- 
niverfité  de  droit  civil  Se  de  droit  canon  en  la  ville  d'Or- 
léans. Les  brouilleries  des  régens  Se  des  écoliers  conti- 
nuant toujours  avec  les  habitans  d'Orléans ,  les  t  égens 
Se  les  profeffeurs  fe  retirèrent  à  Nevers ,  Se  firent  un  trai- 
té avec  les  habitans ,  le  27  Mai  de  l'an  1 3 1 6  ;  mais  le  roi 
Philippe  le  Long,  &  le  Pape  Jean  XXII ,  envoyèrent  à' 
ces  mutins  des  perfonnes  propres  à  leur  faire  entendre 
raifon ,  Se  l'univerfité  fut  rétablie  à  Orléans.  D'autres 
difent  que  les  écoliers  ne  furent  pas  moins  mutins  à  Ne- 
vers  qu'ils  l'avoient  été  à  Orléans ,  &  qu'ils  eurent  de  fi 
fréquens  démêlés  avec  les  habirans,  que  quelques-uns 
de  ces  derniers  prirent  la  chaire  des  profeffeurs  Se  la  jet- 
terent  dans  la  Loire,  en  difaut  (b)  :  que  de  par  le  diable 
elle  retournât  à  Orléans  d'où  elle  étoit  venue.  Ces  parti- 
culiers féditieux  furent  condamnés  à  de  groffes  amendes 
envers  le  roi,  à  caufe  que  les  univerfités  font  fous  fa 
fauve-garde.  L'arrêt  du  pailement  qui  les  condamne, 
eft  du  premier  de  Juin  de  l'an  1320.    Cette  univerfité  , 
ou  plutôt  cette  faculté,  eft  aujourd'hui  compofée  d'un 
chancelier,  qui  eft  une  des  dignités  de  l'églife  cathédra- 
le ,  de  Cix  profeffeurs  qui  font  tous  les  jours  des  leçons. 
Se   de    douze   docteurs    aggrégés  ,    dont  la    fonction 
eft  d'affifter  aux  examens  Se  actes  de  ceux  qui  veulent 
prendre  les  grades.  Le  recteur  eft  chef  de  la  faculté , 
6c  toujours  l'un  des  fix  profeffeurs.  (a)  Piganiol  de  la  For' 


ORL 


ce ,   tom.  6.   pag.  7J.  (b)  Coquille,  Hiftoire  du  Ni- 
vcrn.  p.  373. 

ORLEANS  (L'évÊchéd')  eft  un  des  plus  anciens 
Se  des  plus  illuftres  de  France.  L'inftallation  de  l'évêque 
fe  fait  avec  beaucoup  de  pompe  &  de  magnificence.  11 
avoit  autrefois  le  privilège  fingulier  de  délivrer,  le  jour 
qu'il  faifoit  fon  entrée ,  tous  les  criminels  du  diocèfe 
feulement ,  lorsqu'ils  n'étoient  coupables  que  de  certains 
crimes.  Mais  ce  privilège  fur  réduit  par  un  édit  du  mois 
d'Avril  1758  ,  enregiftré  au  Parlement  le  18  du  même 
mois.  Cet  édit  porte  :  Qu'au  tems  à  venir  ,  à  perpétuité 
les  évêques  d'Orléans ,  promus  au  liège  épiscopal  de 
cette  ville  ,  au  jour  de  leur  première  entrée  Se  priïe  de 
pofleffion  folemnelle ,  pourront  donner  aux  prifonniers 
qui  fe  trouveront  conftitués  en  toutes  prifons  quelcon- 
ques de  ladite  ville ,  pour  crimes  commis  dans  l'éten- 
due &  limites  du  diocèfe  d'Orléans  &  non  ailleurs ,  leurs 
lettres  d'interceiîïon  Se  de  précation  à  nous  adrefTantes , 
for  lesquelles  nous  accorderons  Se  ferons  expédier  ,  fans 
aucuns  frais  auxdits  criminels  nosdites  lettres  de  grâce  , 
rémifTion  ou  pardon  fur  ce  nécefTaires ,  à  la  fupplication 
desdits  évêques ,  dont  les  lettres  déprécatoires  lêront  at- 
tachées fous  le  contre- feel  ,  pour  être  nosdires  lettres 
entérinées  pareillement  fans  aucuns  frais ,  fuivant  la  dis- 
pofition  de  nos  ordonnances. 

L'églife  cathédrale  fut  entièrement  détruite  par  les  Caî- 
Viniftes  aux  premiers  troubles  de  religion ,  Se  depuis  elle 
a  été  rebâtie  ,  Se  la  première  pierre  en  fut  pofée  par 
Henri  IV  l'an  16*01.  Quoiqu'Orléans  ait  été  avec  fon  ter- 
ritoire déraché  des  peuples  Camutes ,  fes  évêques  ont 
été  néanmoins  célèbres  dans  les  Gaules  ;  ils  furent  attri- 
bués fous  l'empereur  Honorais  à  la  quatrième  Lyonnoife 
<5c  à  la  métropole  de  Sens  ,  dont  Orléans  n'a  été  déta- 
ché que  l'an  1613  ,  lorsque  Paris  fut  érigé  en  arche- 
vêché ,  auquel  on  donna  pour  fuffragans  les  évêques 
d'Orléans ,  de  Chartres,  de  Meaux  Se  de  Blois.  *  Lon- 
guerue ,   p.   109. 

Le  chapitre  de  la  cathédrale,  qui  eft  dédié  à  Jefus- 
Chrift  crucifié,  efl:  compofé  de  douze  dignités,  de  qua- 
rante-fix  chanoines  capitulans,  dont  un  eft  théologal,  Se 
fix  font  appelles  de  réfidence,  parce  qu'ils  font  un  fer- 
ment particulier  de  réfidence  ,  Se  d'alïifter  au  chœur  où 
Ils  ont  une  place  fixe,  quoiqu'ils  gardent  leur  rang  de 
réception  au  chapitre  Se  aux  proceffions.  Il  y  a  aulTi 
deux  chanoines  Mammertins  y  ainfi  nommés,  parce  qu'ils 
prennent  pofleffion  à  l'autel  de  S.  Mammert ,  fécond 
patron  de  la  cathédrale  ;  ils  ne  font  pas  proprement  cha- 
noines ,  mais  feulement  Sitbfidiarit  ou  Hebdomadarii , 
femainiers  ,  parce  qu'ils  font  les  femaines  chacun  à  leur 
tour ,  pour  les  chanoines  de  femaine  qui  ne  peuvent 
s'acquitter  de  ce  devoir.  Il  y  a  en  outre  cinq  chanoines 
femi-prébendés  Se  un  grand  nombre  de  chapelains.  *  Pi~ 
ganiol  de  la  Force  ,  p.  25. 

Les  dignités  font  le  doyen ,  qui  de  tems  immémo- 
rial eft  aulïi  grand  archidiacre  ;  &  pour  marque  de  cet- 
te dignité  qui  lui  eft  réunie ,  il  y  a  toujours  une  ftale 
vuide  après  la  fienne ,  &  dans  laquelle  il  ne  fe  met 
qu'après  fa  prife  de  pofTeffion.  11  a  deux  portions  de 
chanoines.  Le  fous-doyen  Se  le  chantre  en  ont  autant. 
Les  autres  dignités  font  l'archidiacre  de Pithiviers,  celui 
de  Beauce  ,  celui  de  Sologne,  celui  de  Beaugenci ,  celui 
de  Sulli  ;  le  fcholaftique ,  qui  eft  aulTi  chancelier  de  l'u- 
ni verfi  té  ,  a  deux  portions,  le  fous  chantre  autant,  le 
pénitencier ,  l'archiprêtre  qui  eft  nommé  alternative- 
ment par  l'évêque  Se  par  le  doyen.  Ces  deux  dernières 
dignités  ne  font  proprement  que  des  offices  Se  des  per- 
fonats.  L'évêque  nomme  les  quatante-fix  chanoines  capi- 
tulans Se  les  dignités ,  hors  le  doyen ,  qu'il  confirme  feu- 
lenacnt  Se  qui  eft  élu  par  le  chapitre.  Il  faut  pour  fon 
éleétion  plus  de  la  moitié  des  voix ,  Se  qu'il  foit  pris 
d'entre  les  chanoines  capitulans.  Il  efl  remarquable  que 
Jefus-Chrift  eft  regardé  comme  premier  chanoine  de  ce 
chapitre  ,  étant  mis  à  la  tête  de  toutes  les  diflributions, 
pour  une  double  portion,  qui  efl  donnée  en  forme  d'au- 
mône à  l'Hôtel-Dieu ,  où  le  chapitre  a  la  jurisdidion 
fpirirtielle  Se  temporelle.  Le  chapitre  de  S.  Aignan  a 
prétendu  long-tems  dépendre  immédiatement  du  faint 
fiége ,  Se  il  exigeoit  des  évêques  qu'ils  confervafient  leur 
cxemtion  ;  mais  l'arrêt  de  1 674  l'a  remis  au  droit  com- 
mun. Il  eft  compofé  de  huit  dignités  Se  de  trente  -  un 


ORL       69$ 

chanoines.  Le  roi  ou  le  duc  d'Orléans,  comme  apâ- 
nagifte  Se  ayant  les  droits  du  roi ,  eft  qualifié  abbé  Se 
chanoine  de  cette  églifè  ;  il  nomme  au  doyenné  ;  le 
doyen  aux  autres  dignités  ,  Se  le  chapitre  aux  autres 
eanonicats.  Il  arrive  quelquefois  que  le  doyen  n'eft  pas 
chanoine,  Se  alors  il  a  les  honneurs  du  chœur,  mais 
il  n'entre  point  au  chapitre. 

L'églife  collégiale  de  faint  Pierre  en  Poncï,  (  in  Pun- 
ilo  ,  c'eft  à-dire  in  medio  urbis ,  parce  qu'en  effet  elle 
eft  au  milieu  de  la  ville  d'Orléans)  ,  e.i.  compofée  d'un 
doyen ,  d'un  chantre  ,  qui  chacun  prennent  double  Se 
d'un  chefecier  ,  qui  eft  en  même-tems  curé  de  la  parois- 
fe  qui  eft  dans  la  même  églife.  Ce  dernier  eft  nommé 
par  le  doyen  ,  Se  c'eft  l'évêque  qui  nomme  le  doyen 
&  tous  les  chanoines.  C'eft  au  doyen  que  l'on  préfen- 
te  tous  les  ans  la  veille  de  l'Ascenfïon ,  pendant  Ma- 
gnificat, un  bélier  couvert  de  fa  laine  ,  ayant  les  cornes 
dorées ,  auxquelles  font  attachés  deux  édifions  aux  ar- 
mes de  faint  Pierre,  Se  une  bourfe  pendue  au  col,  dans 
iaquelle  il  y  a  cinq  fols  Parifis.  M.  Phelvpeaux  de  la 
Vriliere,  marquis  de  Château-neuf ,  eft  chargé  de  cette 
redevance  féodale  à  caufe  de  la  rerre  de  Bapaume  , 
dont  il  eft  feigneur. 

Le  chapitre  de  faint  Pierre  le  Puellier  eft  de  même 
que  le  précédent  pour  les  dignités  Se  pour  la  nomina- 
tion ;  mais  il  n'eft  que  de  dix  chanoines. 

L'abbaye  de  faint  Euverte  eft  de  l'ordre  de  faint  Au- 
guftin.  Elle  étoit  autrefois  occupée  par  des  chanoines 
fécuiiers,  qui,  vers  l'an  1163  ,  prirenr  l'habit  Se  la  ré- 
gie des  chanoines  réguliers  de  faint  Victor  de  Paris. 

Saint  Euverte  pafTe  pour  le  fixiéme  évêque  d'Orléans: 
il  avoit  fuccédé  à  faint  Defignan  ,  mort  en  361.  Il  mou- 
rut en  391.  Il  s'étoit  démis  l'année  précédente  de  fon 
épiscopat ,  dont  faint  Aignan  commença  dès  Ion  de  faire 
toutes  les  fonctions ,  Se  mourut  l'an  453.  11  eut  pour 
fuccefTeur  faint  Prosper,  qui  mourut  en  463.  Saint  Eu- 
cher  fut  fait  évêque  d'Orléans  l'an  721  ,  Se  mourut  ert 
exil  l'an  743.  Saint  Thierri,  évêque  d'Orléans,  deuxiè- 
me du  nom,  mourut  en  1022.  Ce  diocèfe  renferme 
deux  cens  foixante  Se  douze  paroi  (Tes ,  dix  chapitres  , 
cinq  abbayes  d'hommes  Se  trois  de  filles 

On  peut  mettre  entre  les  hommes  illuftres  qui  onc 
fait  honneur  à  Orléans  leur  partie  ,1e  perc  Denys  Petau, 
Jéfuite  ,  né  en  cette  ville  en  1583,  mort  à  Pajis  le  1 1 
Décembre  1652.  Jacques  Bongars,  le  chevalier  de  Cailli 
ou  d'Aceïlli  ,  fameux  par  fes  petites  po'efies  ,  Se  Nicolas 
Toinard  ,  né  à  Orléans  au  mois  de  Juin  1627  ,  mort  à 
Paris  le  5  Janvier  1706. 

Les  Orléanois  ont  de  l'esprit,  mais  tourné  à  la  rail- 
lerie ,  ce  qui  leur  a  f.iit  donner  le  fobiiquet  de  Gués* 
pins ,  par  allufion  à  la  piquure  des  guêpes. 

La  généralité  d'Orléans  eft  compofée  de  douze 
élections,  qui  font 

Orléans  ,  Pithiviers  ,      Vendôme  , 

Gien,  Dourdan,         Blois, 

Clameci  dans  Chartres,        RoMoRANTiNi 

le  Nivernois ,  Chateaudun,  Beaugenci. 
Montargis  , 

*  Piganiol  de  la  Force ,  pag.  6Z. 

Les  appellations  de  leurs  jugemens  font  portées  à  1a 
cour  des  aides  de  Paris.  L'an  1685  ,  Louis  XIV  avoic 
uni  aux  élections  les  charges  des  officiers  des  greniers  à 
fel  pour  n'en  faire  qu'un  même  corps  ;  mais  en  1694,  il 
les  désunit,  Se  ces  jurisdictions  ont  aujourd'hui  leurs  offi- 
ciers particuliers.  Suivant  l'édit  de  1694,  chaque  com- 
pagnie d'officiers  de  grenier  à  fel  doit  être  compofée 
d'un  préfident ,  d'un  grenetier,  d'un  receveur  ,  d'un  con- 
trôleur Se  d'un  greffier.  Il  y  a  dans  cette  généralité  vingt- 
deux  greniers  ou  chambres  à  fel  de  vente  volontaire  , 
qui  font  à 


Orléans , 
Sulli  , 

Bois-Commun  » 
Gien , 
Bonni , 
Cosné , 
Clameci , 
Saine  Fargeau, 


Montargis , 
Pluviers  ou  Pi- 
thiviers, 
Yenville, 
Bonneval , 
Chateaudun , 
Chartres, 
Brou, 


Vendôme  , 
Montoire, 
Blois , 
Chiverni , 
Romorantin  , 
Mer , 
Be-augcnci. 


6$6       ORL 


Année  commune,  il  fe  diltnbue  dans  ces  vingt-deux 
■•greniers  jusqu'à  neuf  cens  muids  de  fel.  La  généralité 
d'Orléans  paya  depuis  l'an  1695  jusqu'en  169S  ,  tant 
pour  la  taille,  l'uftenfile  ,  le  l'upplément  de  fourage, 
l'habillement ,  l'état  major  du  régiment  de  milice ,  que 
pour  la  capitation  ,  plus  de  trois  millions  cent  mille  li- 
vres par  an.  Toute  cette  généralité  eft  fujette  aux  gabel- 
les &.  aux  aides ,  dont  les  droits  ont  produit  au  roi , 
année  commune,  plus  de  deux  millions  cinq  cens  mille 
livres  par  an.  Le  roi  jouit  encore  dans  cette  généralité  , 
de  même  que  dans  les  autres  ,  des  droits  établis  fur  le 
tabac  ,  du  controlle  des  exploits  Se  des  actes  des  notaires 
&  de  ceux  du  fceau  ,  qui  font  régis  féparément ,  Se  du 
produit  de  la  capitation ,  Se  du  dixième  denier.  Il  y  a 
auffi  à  Orléans  un  bureau  des  finances.  Dès  la  création 
de  ces  bureaux  ,  Orléans  fut  compris  dans  la  généralité 
île  Bourges.  Sept  ans  après,  c'eft  à-dire  en  1558,  Henri 
II  créa  la  généralité  d'Orléans  avec  fon  bureau  Se  recette 
générale.  Elle  fut  fupprimée  par  Charles  IX  Se  rétablie 
par  le  même  roi  en  1 573  ;  mais  elle  n'eut  lieu  qu'en  1575. 
Les  tréforiers  généraux  de  ce  bureau  font  en  poffeffion, 
comme  tous  les  autres,  de  vérifier  &  arrêter  les  états 
au  vrai  des  receveurs  particuliers  des  tailles ,  Se  de  tout 
ce  qui  dépend  de  la  voirie  ,  dans  laquelle  ne  font  pas 
néanmoins  comprifes  les  réparations  des  chemins  royaux, 
la  conftruction  &  l'entretien  des  ponts  &  chauffées  :  car 
ces  ouvrages  font  fous  la  direction  de  l'intendant,  qui 
les  adjuge  cependant  en  préfence  d'un  tréforier  de  France. 
Ils  n'ont  auffi  aucune  connoiffance  des  domaines,  quoi- 
qu'elle foit  attribuée  à  tous  les  bureaux  des  finances 
par  l'édit  de  l'an  1 62.7 ,  parce  que  dans  toute  cettegénéra- 
lité  ,  fi  on  en  excepte  le  comté  de  Blois ,  le  domaine  du 
roi  eft  engagé  ,  ou  fait  partie  de  l'apanage  du  duc  d'Or- 
léans, qui  en  donne  la  direction  &  la  jurisdiètion  con- 
tentieufe  aux  lieutenans  généraux,  aux  avocats  Se  pro- 
cureurs du  roi  de  fes  bailliages ,  &  aux  receveurs  Se 
controlleurs  généraux, qualifiés  officiers  de  fes  domaines. 
Les  mêmes  officiers  reçoivent  la  foi  Se  hommage  ,  les 
aveux  &  dénombremens,  &  règlent  toutes  les  conte- 
ftations  qui  furviennent  à  cette  occafion;  néanmoins  la 
"réception  de  foi  &  hommage  n'appartient  aux  lieute- 
nans généraux  des  bailliages ,  qu'en  conféquence  d'une 
commiffion  particulière  du  chancelier  du  duc  d'Or- 
léans,  lequel  a  droit  de  les  recevoir,  ou  qui  donne  à 
qui  bon  lui  femble  la  commiffion  de  les  recevoir  à  fa 
place.  Lorsque  l'intendant  va  faire  le  département  des 
railles  dans  chaque  élection ,  il  n'y  appelle  point  d'of- 
ficiers du  bureau  ,  comme  il  fe  pratique  dans  la  plupart 
des  autres  généralités. 

ORLEANS  (  L'élection  d')  a  un  négoce  fort  avan- 
tageux. Le  commerce  qui  fe  fait  par  la  Loire  eft ,  fans 
contredit ,  le  plus  étendu  du  royaume  ;  comprend  ce 
qui  fe  tire  des  provinces  méridionales  Se  occidentales 
de  la  France,  Se  celui  des  nations  étrangères.  Ce  com- 
merce confiite  en  bleds ,  avoines ,  vins ,  eaux  de  vie  , 
vins  de  liqueur ,  fucres ,  foies,  laines,  chanvres,  hui- 
les ,  fer ,  acier ,  poiffon  frais  &  falé  ,  fruits ,  fromages , 
bois  de  charpente,  planches  de  chênes  &  de  fapins,  écha- 
lats  ,  bois  de  chauffage  ,  charbons  de  bois  Se  de  terre  , 
poteries ,  fayances ,  ardoifes ,  pierres ,  cuirs  Se  autres 
espèces  de  marchandifes,  dont  la  plus  grande  partie  eft 
deftinéé  pour  Paris.  Presque  toutes  ces  marchandifes 
font  déchargées  à  Orléans ,  Se  de-là  difiribuées  félon 
l'exigence.  Celles  dont  le  commerce  eft  le  plus  confi- 
dérable  ,  font  les  vins ,  les  eaux  de  vie ,  les  bleds  Se  les 
épiceries.  Le  vignoble  d'Orléans  eft  un  des  plus  confidé- 
rable  du  royaume  ,  &  on  compte  qu'il  produit,  année 
commune,  plus  de  cent  mille  tonneaux  de  vin;  mais 
par  rapport  au  commerce  ,  il  y  faut  comprendre  tous 
les  vins  qu'on  tire  du  Languedoc  ou  de  la  Guienne.  Le 
vin  d'Orléans  paffoit  autrefois  pour  le  meilleur  qu'il  y 
eût  en  France  ,  &  les  rois  n'en  buvoient  point  d'autres. 
On  lit  dans  Duchesne  que  Louis  le  Jeune  ,  pendant  fon 
voyage  d'Outre  Mer ,  manda  aux  régens  du  royaume 
d'envoyer  à  Arnauld  ,  évêque  de  Lifieux  ,  fon  très-cher 
ami  ,  foixante  muids  de  fon  meilleur  vin  d'Orléans.  Les 
bleds  viennent  de  Bretagne  ,  du  Poitou  ,  d'Auvergne  Se 
Se  delà  Haute-Beauce  :  ils  font  amenés  en  magazin  par 
les  marchands  qui  les  débitent  à  Uair  plus  grand  avan- 
tage. Les  épiceries  viennent  de  la  Provence  par  Lyon , 


ORL 

ou  des  ifles  de  l'Amérique  par  Nantes.  Ce  négoce  s'cTî 
trouvé  allez  fort  pour  donner  lieu  à  l'établiflement  de 
trois  fucreries  dans  la  ville  d'Orléans ,  qui  confument 
par  an  environ  quinze  cens  milliers  de  mocade.  Le 
Lucre  qu'on  y  fabrique  eft  blanc  ,  bien  travaillé,  Se  très- 
effimé  par  les  marchands  de  Paris.  11  s'eft  fait  de  tout 
tems  à  Orléans  un  grand  commerce  de  bas  au  tricot 
Se  à  l'aiguille.  La  plus  grande  partie  de  ces  bas  vient  de 
Beauce  -,  mais  il  s'elt  formé  à  Orléans  deux  manufactu- 
res des  mêmes  ouvrages ,  l'une  de  bas  tricotés ,  Se  l'au- 
tre de  bas  au  métier.  Quoique  ces  derniers  ne  foienc 
pas  d'un  auffi  bon  ufage  que  les  autres  ,  on  s'appercoit 
que  la  manufacture  de  bas  au  métier  détruit  l'autre  in- 
fenfiblement.  Il  fe  fait  encore  à  Orléans  un  grand  né- 
goce de  peaux  de  mouton  paffées  en  chamois ,  Se  il  s'en. 
débite  par  an  environ  douze  mille  douzaines.  Paris  &  tout 
le  royaume  les  enlèvent  avec  empreffement ,  foit  qu'elles 
foient  en  huile  ,  en  blanc  ou  en  chamois.  Le  débit  des  ar- 
bres fruitiers  par  les  jardiniers  d'Orléans  Seàes  environs  eft 
encore  très-confidérable,  non-feulement  pour  le  dedans 
du  royaume  ,  mais  auffi  pour  les  pays  étrangers.  Le 
roi  d'Angleterre  Guillaume  III  en  fit  enlever  une  gran- 
de quantité  après  la  paix  de  Ryswyck.  Je  parle  ailleurs 
du  commerce  des  autres  places  de  1  Orleanois. 

ORLEANS  (Le  bailliage  d')  s'étend  auffi  loin 
que  le  duché  ,  Se  eft  compofé  de  neuf  châtellcnics  roya- 
les ,  qui  forment  enfcmble  le  corps  du  bailliage  divifé 
en  neuf  fiéges  particuliers,  dans  chacun  desquels  un 
lieutenant  du  bailli  connoît  en  première  infiance  des 
caufes  des  nobles,  des  privilèges  de  fon  diftrict  Se  des 
appellations  des  juftices  fubalternes. 

Ces  neuf  châtellenies  font 

Orléans ,                    Neuville ,  Lorris, 

Beaugenci ,  Vitri  ,  Le    Château* 

Yenville ,  Bois-Commun ,  Regnard. 
Yevre-le-Châtel , 

Les  lieutenans  que  le  bailli  d'Orléans  a  dans  chaque 
châtellenie  royale  ou  fiége,  font  indépendans  les  uns 
des  autres;  mais  celui  d'Orléans  a  droit  de  tenir  les  as- 
fifes  dans  tous  les  fiéges  de  ces  châtellenies ,  Se  comme 
officier  principal  de  tout  le  bailliage  ,  eft  qualifié 
lieutenant  général  ,  Se  les  autres  fe  qualifient  lieu- 
tenans particuliers.  Les  appellations  des  neuf  châtelle- 
nies font  également  portées  au  parlement ,  hors  le  cas 
des  préfidiaux  dans  lesquels  celles  des  châtellenies  d'Or- 
léans, de  Beaugenci,  d'Yenville  ,  de  Neuville,  d'Ye- 
vre-le-Châtel  de  Vitri,  &  de  Bois-commun,  font 
portées  au  préfidial  d'Orléans ,  Se  celles  de  Lorris  Se  de 
Château-Regnard  à  celui  de  Montargis.  La  châtellenie 
royale  de  Château-Neuf  faifoit  autrefois  la  dixième; 
mais  M.  de  Château- Neuf,  fécietaire  d'état,  ayant 
obtenu  du  roi,  avec  le  confentement  du  duc  d'Orléans, 
l'union  de  la  juftice  royale  de  Château-Neuf  au  domaine 
de  cette  châtellenie  qui  lui  appartenoit ,  cette  juftice 
eft  devenue  feigneuriale  ,  Se  reffortit  au  bailliage  d  Or- 
léans. Le  Bailliage  d'Orléans  qu'on  appelle  Châielet , 
du  nom  du  lieu  où  il  tient  fes  féances ,  a  ,  comme  ce- 
lui de  Paris ,  le  privilège  du  fceau  qui  eft  attributif  de 
jurisdiction. 

ORLEANS  (Le  canal  d' ).  Voyez  Canal. 

ORLEANS  (  La  forest  d')  ,  grande  forêt  de  Fran- 
ce dans  l'Orléanois  ,  au  nord  de  la  ville  d'Orléans  &  de 
la  Loire  :  fa  plus  grande  partie  eft  dans  l'élection  d'Or- 
léans ,  Se  fes  deux  extrémités  entrent  dans  l'élection  de 
Montargis  à  l'orient ,  &  dans  celle  de  Beaugenci  au 
couchant.  Cette  forêt  eft  une  des  plus  grandes  du  royau- 
me ,  Se  contient  quatre-vingt-quatorze  mille  arpens  en 
bois  plein  ;  mais  elle  renferme  des  plaines  fort  éten- 
dues Se  des  villages  ,  de  forte  que  toute  fa  longueur  eft 
de  vingt  lieues.  Sa  largeur  eft  différente  ;  en  quelques 
endroits  elle  eft  de  fept  à  huit  lieues,  Se  de  deux  ou 
trois  en  d'autres.  Son  bois,  qui  eft  de  haute  futaie  ,  eft 
mêlé  de  chêne ,  de  charme  Se  de  tremble  ,  de  l'âge  de 
quarante  ans  au  plus.  Le  prix  des  ventes  de  cette  forêc 
peut  monter  chaque  année  à  cent  mille  livres.  Elle  eft 
de  l'apanage  du  duc  d'Orléans.  *  Pïganiol  de  la  For- 
ce ,  p.  10. 

'"'  ORLEANS, 


ORM 


ORLEANS  (l'Isle  d').  Vojei  au  mot  Isle. 

ORLEANS  (  La  Nouvelle)  ,  ville  capitale  delà 
Louïfiane ,  dans  l'Amérique  feptentrionale  ,  fui  le  bord 
oriental  du  Miffiffipi ,  par  les  28  deg.  de  latitude  nord. 
Elle  fut  ainfi  nommée  en  l'honneur  de  Philippe,  petit- 
lils  de  France,  duc  d'Orléans,  fous  la  régence  duquel 
on  commença  à  la  bâtir.  Ses  progrès  ont  été  lents  > 
mais  elle  commence  aujourd'hui  à  prendre  forme  de 
ville.  Les  PP.  Capucins  en  deflervent  la  paroifle  ;  les  Jéfui- 
tes  y  avoient  une  aflez  belle  habitation  ,  ôc  les  religieufes 
Urfulines  y  deflervent  l'hôpital ,  y  tiennent  école  pour 
les  filles ,  ôc  y  élèvent  des  penfionnaires.  Depuis  l'année 
1 72 z  on  y  a  transporté  du  Biloxi  le  quartier  général 
de  la  colonie  ;  ainfi  elle  efl  le  fejour  du  gouverneur,  du 
commiflaire  ordonnateur  ,  d'un  état  major  ôc  du  confeil 
fupéneur.  L'embouchure  du  fleuve  n'en  efl:  qu'à  un  degré 
au  fud  ;  cependant  on  compte  trente-trois  lieues  de-la  à 
la  mer  par  le  fleuve,  qui  fait  beaucoup  de  tours  pour 
s'y  rendre.  C'eii  ce  qui  a  fait  penfer  à  changer  cette 
ville  de  place  ,  ôc  à  la  Transporter  huit  ou  neuf  lieues 
plus  bas  au-deflbus  du  détour  aux  Anglois  ,  qui  fait 
presque  le  tour  du  compas  -,  mais  on  s'en  efl  tenu  à  fa 
première  fituation  :  ce  qui  l'avoit  fait  choifir  éroit  en 
partie,  un  petit  ruifleau  qu'on  appelle  Bayorie  S.  Jean; 
qui  ett  à  une  lieue  au-deflus  de  la  ville  ,  ôc  qui  fe  dé- 
charge dans  le  lac  Pontchartrain,  par  lequel  on  peut 
aller  à  la  mer  en  chaloupe  fans  être  découvert.  *  Jour- 
nal d'un  voyage  de  l'Amérique. 

ORL1TZ,  rivière  de  Bohême,  dans  le  cercle  deChru- 
dim.  Elle  prend  fa  fource  fur  les  confins  de  la  Moravie  , 
près  de  la  bourgade  d'Oditz  ,  d'où  prenant  fon  cours 
vers  le  couchant ,  elle  va  fe  joindre  au  Worlitz  au- 
deflbus  de  Borubradeck.  *  Jaillot ,   Atlas. 

ORLO  ou  Orlovecz  ,  ville  de  l'empire  Rufllen  , 
dans  la  province  de  Viatka,  fur  la  rive  gauche  de  la  Viat- 
ka  ,  au-deflbus  de  Chlinof.  *  De  l'Ifle  ,  Robert ,  carte  de 
la   Rtij/ie. 

OR.LOGUE  (Lecapd')  pag.  12;.  colon.  2. 

ORMANUS  ou  Hormanus,  rivière  de  l'Arabie 
Heureufe  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c .  7.  Il  en  met  l'em- 
bouchure au  pays  des  Sachalites,  entre  Neagole  ôc  les 
monts  Dydimes. 

ORMENIUS ,  ou  plutôt  Ormenium  ,  ou  même 
Orminium.  Oncl'ws ,Thefaur.  dit:  Ormenius  ville  de 
Theflalie  ,  <Sc  citeStrabon.  Ce  dernier  ,  /.  9.  p.  4.58.  dit 
à  l'occafion  d'un  vers  d'Homère,  lliad.  B.  v.  734  ,  où 
il  elt  parlé  d'Ormenium ,  Ormenium  s'appelle  aujour- 
d'hui Orminium  :  c'ell  un  village  au  pied  du  mont  Pe- 
lion,  derrière  le  golfe  Pagaféen,  c'eft-à-dire,  du  golfe 
où  étoit  la  ville  de  Pagafa  ;  ôc  que  l'on  nommoit  au- 
trement le  golfe  Pelasgique  ,  au  nord  &  au  levant  du- 
quel étoit  la  Magnefie ,  dont  le  mont  Pelius  occupoit 
une  partie.  Ormenium  étoit  au  fond  de  ce  golfe ,  au 
pied  du  mont  Pelius.  Cela  s'accorde  avec  ce  que  dit 
Pline  ,  qui  nomme  cette  ville  Hormenium  avec  une  as- 
piration. La  Magnefie  ,  dit-il,  /.  4.  c.  11.  efl:  annexée  à 
la  Theflalie.  Il  y  a  la  fontaine  Libcthra,les  villes  Iol- 
cos,  Hormenium,  Pyrrha,  &c. 

ORMINIUS  MONS,  montagne  d'Afie ,  dans  la 
Bithynie.  Ptolomée,  /.  j.  c.  i.y  met  le  peuple  Cauco- 
nes,  voifins  des  Maryandini. 

ORMION.  Ortelius  nomme  ainfi  un  fiége  épiscopal 
de  Syrie,  fous  la  métropole  Hiérapolis.  La  notice  pa- 
triarchale  d'Antioche    nomme  ce  fiége  Orymon. 

ORMOAS  ,  bourg  ou  petite  ville  de  Grèce  dans  la 
Morée  ,  dans  la  Brazzo  di  Maina ,  au  fond  du  golfe  de 
Colochine.  De  Witt ,  dans  fa  carte  de  la  Morée  ,  écrit 
Ormoas  »  autrefois  Acrïa.  Voyez,  Acria. 

ORMOND.  Il  y  a  en  Irlande,  dans  la  province  de 
Munfler ,  au  comté  de  Tipperarv  ,  deux  baronnies  nom- 
mées Ormond  :  favoir ,  Lower  Ormond,  ôc  Ormond 
Arra.  Voyez.  Tipperary". 

ORMSKIRK  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Lancaflre.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bret.  t.  1. 

ORMUS  ,  petite  ifle  d'Afie  ,  au  fond  d'un  golfe  , 
auquel  elle  donne  fon  nom ,  ôc  à  l'encrée  du  golfe  Per- 
fique ,  par  les  27  deg.  de  latitude  ,  félon  l'eflime  de  quel- 
ques navigateurs ,  félon  d'autres  à  16  deg.  15  min.  Cette 
ifle  n'eft  qu'un  amas,  de  rochers  couverts  de  fel,  ôc  les 


ORM       697 

rnaiibns  y  font  bâties  de  pierres  falées  ;'  il  n'y  a  ni  ar- 
bres fruitiers,  ni  herbages;  en  été  la  chaleur  y  eit  Cï 
grande  ,  que  les  hommes  font  obliges  de  s'enfoncer  dans 
les  bois  (  du  voifinage)  où  il  y  a  des  eaux  allez  profon- 
des ,  ôc  de  s'y  mettre  jusqu'au  cou.  Les  toits  des  mai- 
fons  font  plats  &  percés  a  jour  en  plulieurs  endroits , 
ainfi  qu'au  Caire,  afin  que  la  fraîcheur  y  puifle  entrer. 
L'eau  de  l'ifle  elt  mauvaife ,  ôc  il  en  faut  apporter  dit 
continent.  Cette  ifle  efl:  nommée  Harmuz  par  Pedro 
Texeira  ,  qui  nous  a  donné  une  hiitoire  de  les  rois.  Elle 
a  été  autrefois  un  royaume  aflez  important ,  quoiqu'elle 
n'ait  guère  que  trois  lieues   de  tour  (d)  ;  mais  ce  royau- 
me s'étendoit  en  terre  ferme  au  pays  de  Laer ,  &  dans 
le  Kerman  du  côté  du  nord  ,  &  dans  l'Arabie.  Seyfadin, 
fon  XXVIe  roi,  gouvernoit l'état,  lorsque  les  Portugais 
s'en  emparèrent ,  fous  la  conduite  d'Alfonfe  d'Albuquer- 
que  (ê>)  l'an  1 J07.  Ils  y  laiflèrent  la  maifon  royale  ,  avec 
une  espèce  d'autorité.  Ils  fe  contentèrent  d'aflurer  leur 
conquête  par  une  forterefle  qu'ils  bâtirent,  ôc  par  une 
ville  qu'ils  peuplèrent  de  Portugais.  Les  chofes  étoient 
encore  en  cet  état,  lorsqu'on  en  faifoit  la  defeription  fui- 
vante,  inférée  dans  le  voyage  de  Hagenaar  au  Ve  tome 
des  voyages  de  la  compagnie  Hollandoifedeslfles  Orien- 
tales. Le    naturel  des  habitans  d'Ormus   tient  un  peu 
des  Perfans  ôc  un  peu  des  Arabes.  Les  pays  voifins  lui 
fournillcnt  abondamment  toutes  les  chofes  dont  elle  a 
befoin.  Les  marchands  de  Perfe  ,  d'Arabie  ,  de  Turquie 
ôc  des  Indes  y  fréquentent  ;    mais  la  plus  grande  par- 
tie vient  d'Arménie  ,  de  Perfe  ôc  de  Venife  ;  ces  der- 
niers étoient  très  curieux  des  pierreries  qui  y  font  portées 
des  Indes.  On  y  trouve  auffi  quantité  de  beaux  tapis  de 
Perfe  ,  de  Coraçon  ,  de  Dias  ôc  d'ailleurs  ,  qu'on  nom- 
me Alcatiffes  ;  beaucoup  de  camelots  de  Tuiquie,  de 
fimples  d'Arabie,  de  drogues  médicinales  de    Sandra- 
gon  ,  de  manne  ,  de  myrrhe  ,  d'encens,  de  beaux  che- 
vaux de  Bahrain  ,  de  perles  de  Mascate ,   quantité  de 
raifins  fecs  ôc  diverfes  fortes  de  dattes.    Ce  qui  attire 
toutes  ces  marchandifes  à  Ormus  ,  c'efi  qu'il  y  a  tous 
les  ans  deux  troupes  de  marchands  qui  s'aflèmblent  pour 
aller  dans  cette  ifle,  partant  d'Alep  ,  ville  de  Syrie ,  êc 
partant  par  Tripoli ,  qui  efl;  à  trois  journées  de  chemin 
d'Ormus.    Ils  y  portent  des  marchandifes  du  pays  d'où 
ils  viennent,  ôc  en  emportent  de  celles  qui  y  font  ap- 
portées de  divers  endroits  du  monde.  L'autuir  parle 
enfuite  des  grands  profits ,  que  faifoient  alors  les  gou- 
verneurs d'Ormus  ,    après  quoi  il   pourfuit  ainfi  :  La 
force  de  ce  royaume  confifte  dans  la  place  que  les  Por- 
tugais y  ont  fortifiée  ;  ils  ont  fait  dans  la  forterefle  des 
citernes,  parce  que  l'ifle  manque  d'eau.  Elle  efl  pourvue 
d'artillerie  &  d'une  bonne  garnifon,  pour  tenir  les  Ma- 
hométans  en  bride.   Les  autres  forts  qu'on  voit  dans 
l'ifle  ,  font  peu  de  chofe  ;  les  Portugais  s'y  gouvernent; 
à  la  mode  de  leur  pays.  Le  roi  d'Ormus  ne  demeure 
pas  dans  leur  ville.  Ce  roi  ôc  tous  fes  fujets  font  Ma- 
hométans.  Les  Portugais  ôc  ceux  qui  en  font  ifllis  pro- 
fe fient   la    religion  Catholique.    Tel  éteit  le  royaume 
d'Ormus .  lorsque  les  Portugais  en  étoient  les  maîtres. 
Cela  ne  dura  pas  un  fiécle  entier.  Us  firent  un  peu  trop 
fentir  leur  pouvoir  à  Schach  Abas,  roi  de  Perfe,  qui, 
s'étant  aflbcié  avec  les  Anglois,  qui  s'accommodoient 
auffi  peu  que  lui  de  la  grande  puifl'ance  des  Portugais  , 
les  attaqua  à  frais  communs.  Les  habitans  Portugais  fe 
fauverent  avec  leurs  familles ,    ôc  leurs  plus  précieux 
effets.  Les  Mahométans  ôc  les  Idolâtres ,  qui  demeu- 
roient  avec  eux  dans   lifle ,  firent   peu  de  réfiftance  ; 
mais  la  forterefle,  dont  étoit  gouverneur  François    de 
Soufa ,  Contint  plufieurs  aflauts.  Le  fiége  dura  deux  mois 
ôc  demi ,  &  auroit  duré  plus  long-tems  fans  la  mort  du 
gouverneur.  Elle  capitula  &  fe  rendit  moyennant  La  vie 
fauve.  Ainfi  Ormus  tomba  au  pouvoir  des  Perfans  le 
premier  Mai  1622.  Le  roi  d'Ormus ,  fon  vifir&route  fa 
cour  furent  menés  en  Perfe ,  ôc  les  Portugais,  félon  l'ac- 
cord ,  furent   remis  aux  Anglois ,  qui  en  renvoyèrent 
beaucoup  à  Goa.  Hagenaar ,  t.  j.  p.  274 ,  qui  pafl'a  dans 
ce  pays  là  ,  dix  à  onze  ans  après ,   dit  :  La  rareté  des 
pierres  dures  ôc  du  bois  de  charpente  ,   fait  qu'on  dé- 
molit peu  à  peu  les  belles  maifonsqui  étoient  à  Ormus 
pour   en  transporter  les  matériaux  à  Gamron,  où  ils 
fervent  principalement  à  bâtir  -,  il  ajoute  ,  la  forterefle 
de  l'ifle  d  Ormus,  qui  efl  confidérable  ...  efl  gardée 
Tom.  IV.  T  1 1  c 


698 


ORN 


ORN 


pai  trois  cens  hommes,  donc  aucun  n'a  la  liberté  de 
forcir.  Les  montagnes  de  fel  qui  lune  dans  l'ifle  la  ren- 
dent toute  blanche.  On  y  trouve  aufli  une  matière  qui 
eft  comme  du  mecal ,  de  peu  de  valeur  :  elle  gît  a  trois 
lieues  Se  demie  de  Gamron  a  l'eft-fud  eft.  La  profon- 
deur de  l'eau  entre,  ces  deux  places  e!c  de  14318  bras- 
fes  :  ainfi  finie  le  royaume  d'Ormus.  La  Perfc  s'empara 
de  l'ifle  &  de  couc  ce  qui  écoic  en  terre  ferme  de  fon 
côté  au  pays  de  Laer ,  Se  aux  environs  de  Gamron ,  où 
elle  transporta  le  commerce  qu'avoir  eu  Ormus.    Les 
Arabes  s'emparèrent  de  leur  côté  de   ce  que  les  rois 
d'Ormus  avoienc  poffédé  en  Arabie.  Le  Brun  ,  Voyage 
de  Moicovie  ,  de  Perfe,   &c.  c.  60.  remarque  qu'il  y 
avoit  autrefois  près  de  certe  ifle  ,  un    fable  fur  lequel 
on  trouvoit  des  perles  ;  qu'on  y  a  empoifonné,  à  ce 
qu'on  dit,  c'eft-à-dire ,  que    par   quelque   poifon  on 
avoit  fait  mourir  les  coquillages  où  ces  perles  fe  nour- 
riffoient.  Gemclli ,  Voyage  du  tour  du  Monde  ,  t.  2.  p. 
520.  parlant  d'Ormus,  ne  lui  donne  que  trois  milles  de 
circuit.  Il  ajoute  :  11  n'y  croît  ni  arbre,  ni  herbe,  étant 
toute  couverte  de   fel  très-blanc,  ce  qui  caufe  fa  fté- 
rilité.  L'eau  qui   tombe  du  ciel  eft  la  feule  eau  douce 
qu'on  y   boive  ■■,  on  la  ramafle  dans  des  citernes  pour 
la  garnifon  du   fort.  On  en  eftime  le  fable  à  caufe  de 
fa  noirceur,  Se  de  fon  luifant,  aufli-bien  que  fa  terre 
rouge  ,    dont  les    Banianes  fe  peignent  le  front,  (a) 
Scboitten  ,  Voyage  „  t.    1.  p.   374.   (b)  Relation  de  los 
Rciez.  de  Harmuz. ,  p.  44. 

Ceux  qui  voudront  voir  une  ample  defeription  ,  fé- 
lon l'état  ancien  d'Ormus  ,  la  trouveronc  dans  l'ambas- 
fade  de  dom  Gardas  Figueroa. 

ORN  AIN.  Voyez.  Ornay. 

ORNANO ,  petite  rivière  d'Italie3  dans  l'ifle  de  Cor- 
fe,fur  fa  côte  occidentale  ,où  elle  arrofe  un  quartier  que 
l'on  appelle  Pif.ve  d'Ornano  ,  Si  qui  coniïfte  en  une 
trentaine  de  Hameaux.  11  y  avoit  aufli  le  château  d'Or- 
nano ;  mais  il  y  a  déjà  environ  deux  fiéçles  Se  demi  qu'il 
eft  détruit.  Cette  rivière  a  fa  fource  près  de  Cafa  di  San 
Pietro  ,  Se  fe  décharge  dans  la  partie  feptentrionale  du 
golfe  de  Talabo.On  croit  que  c'eit  le  Titianus  des  anciens. 

ORN  ANS ,  ville  de  France,  dans  la  Franche-Comté , 
au  deffous  de  Villafans ,  fur  la  rivière  de  Louve  qui  la 
traverfe  ,  Se  qu'on  paffe  fur  un  pont.  C'eft  le  chef  lieu 
d'un  bailliage  qui  en  porte  le  nom.  Elle  eft  petite  ,  8c 
fituée  au  pied  des  montagnes.  Il  y  a  une  paroirte  unique , 
avec  une  Familiarité ,  c'eft-à-dire  une  communauté  de 
prêtres  ,  un  couvent  de  Minimes  &  un  d'Urfulines.  Près 
de  cette  ville  ,  eft  un  puits  très-profond ,  qui  dans  les 
grandes  pluies  dégorge  de  telle  manière ,  qu'il  inonde 
les  campagnes  voifines ,  Se  jette  quantité  de  poiflbns , 
appelles  Umbres ,  dont  la  rivière  fe  rempoiffonne. 

ORNAY.  Voyez.  Aurigny. 

1.  ORNE  (  V)Argenes,  rivière  de  France,en  Norman- 
die. Elle  a  fa  fource  au  village  d'Aunon,  Se  reçoit  un  ruis- 
feau,  avant  que  d'entrer  à  Seez  qu'elle  arrofe.  Elle  reçoit 
enfuireles  rivières  de  Seneviere  &deTouane  paffe  au  mi- 
di d'Almenêche  ,  Se  au  couchant  de  cette  a*bbaye  reçoit 
une  autre  rivière,  qui  en  vient ,  puis  une  autre  au-deffus 
d'Argentan  où  elle  pafie.  Au  deffus  d'Ecouffe  elle  reçoit 
la  Caence  ,  Se  le  Chandon  au  defious  -,  près  de  S.  Phili- 
bert elle  fe  charge  de  deux  petites  rivières ,  dont  l'une 
vient  de  Neuvi  ,  l'autre  de  Brioufe.  Plus  loin  elle  fe 
groflît  de  Noireau  ,  qui  lui  porte  les  eaux  de  la  Durance. 
A  Fontenai  elle  reçoit  la  Laife  ,  Se  dans  les  fortes  de 
Caen  ,  elle  eft  accrue  par  l'Odon.  C'eft  la  qu'elle  com- 
mence à  être  navigable  jusqu'à  la  mer  ,  d'où  les  bar- 
ques artez  grandes  peuvent  remonter.  Enfin,  trois  lieues 
au-dertbus  de  Caen  elle  fe  perd  dans  la  mer,  formant 
par  fon  embouchure  un  port  à  Eftrehan  ,  dont  nous 
parlons  en  fon  lieu.  L'Orne  fait  beaucoup  de  détours  -, 
c'eft  pour  cela  que  Segrais  ,  qui  étoit  de  Caen  ,  Se  de- 
voit  bien  connoître  cette  rivière  ,  aux  bords  de  laquelle 
il  étoit  né  ,  l'appelle  le  Celtique  Méandre  dans  fon 
églogue  intitulée  ,  JJmire.  Voici  les  vers  où  il  en  parle: 
Tels  étoient  les  penfersde  l'amoureux  Cléandre  , 
Retournant  vers  les  bords  du  Celtique  Méandre  ; 
Car  quiconque  a  vu  l'Orne  aux  tortueux  détours , 
Au  Méandre  fameux  a  comparé  fon  cours. 

On  lit  cette  remarque  dans  les  Segrefiana  :  La  ri- 
vière qui  parte  par  nocre  ville  de  Caen,&  que  nous  nom- 


mons l'Orne  ,  s'appelle  en  latin  Olena  ;  Si  nous  appel- 
Ions  I'Odon  ,  l'autre  rivière  qui  y  parte  aurti ,  &  qui  efl; 
beaucoup  plus  petite.  Elles  font  mal  appellées  d'ORNE 
Se  d'Odon  ,  dans  la  carte  particulière  de  Normandie, 
dont  la  plupart  des  pofitions  ne  font  pas  juftes.  11  faut 
que  Segrais  parle  ici  de  quelque  ancienne  carte  ;  cette 
faute  ne  fe  trouve  point  dans  les  cartes  de  Normandie, 
dans  l'Atlas  de  Blaeu  ,  ni  dans  celle  de  de  Fer  ,  ni  dans 
celle  de  de  l'ifle.  Malherbe ,  dans  fes  (tances  aux  ombres 
de  Damon ,  compofées  en  Provence ,  porte  la  parole  à 
quelqu'un  ,  avec  qui  il  s'étoit  entretenu  en  Normandie. 
Le  commencement  de  cette  pièce  eft  perdu.  Les  pre- 
miers vers  de  ceux  qui  reftent  font  ceux  ci  : 

L'Orne,  comme  autrefois  ,  nous  reverroit  encore j 
Ravis  de  ces  penfers  que  le  vulgaire  ignore  , 
Egarer  à  l'écart  nos  pas  Se  nos  discours. 

Cette  rivière  a  été  nommée  Olena  par  les  anciens, 
^  2.  ORNE  (  L'  ),  rivière  de  France  ,  dans  le  Maine. 
Elle  a  fes  fources  aux  frontières  du  Perche  ,  1  une  à 
Saint  Hilaire  de  Soifai  ,  d'où  elle  descend  à  la  Periere } 
l'autre  à  Mont-Gaudry  ,  d'où  elle  descend  à  Sure.  Ces 
deux  fources  fe  joignent  cV  partent  à  Origni  le  Roux  ,  à 
Peré  où  elle  reçoit  Dive  ,  au  nord  de  Saint  Aignan  ,  de- 
là elle  vient  à  Balon,  &  tombe  dans  la  Saite  à  Montbifot. 

3.  ORNE  (L'), rivière  de  Champagne.  Kf/y^ Ornay. 

ORNE^£,au  génitif  Ornearum  ,  lieu  du  Pélopon- 
nèfe.dans  le  pays  d'Argos.  Il  eft  remarquable  par  la 
bataille  qui  s'y  donna  entre  le  peuple  d'Argos  &  les 
Lacédémoniens.  Diodore  de  Sicile  ,  Thucydide  &  Pau- 
fanias  en  font  mention.  Ce  dernier  J.i.c.iy  dit  que 
Lyrcée  étoit  à  foixante  ftades  d'Argos  tout  au  plus,& 
Se  à  pareille  diftance  d'Ornées.  Il  ajoute  que  Lyrcée 
étoit  déferte  du  tems  d'Homère  ,  qui  par  cette  raifon 
ne  la  nomme  point  ;  mais  qu'Ornées  fi. bfirtnnt  alors , 
il  la  nomme  la  première  aux  frontières  du  pays  d'Ar- 
gos ,  avant  Phlius  Se  Sicyone.  Il  pourfuit  ainfi  :  Elle 
prenoit  fon  nom  d'Orneus,  fils  d  Ercchthée,  qui  fur  père 
de  Petéus.  Celui-ci  eut  un  fils  nommé  Mnefihée  ,  le 
même  ,  qui  avec  les  Athéniens  aida  à  Agamemnon  à 
détruire  le  royaume  de  Priam.  Les  Ornéates  étanc  en- 
fuite  chartes  de  leurs  demeures  par  les  habitans  d'Ar- 
gos,  furent  incorporés  dans  la  nation' victorieufe.  Il  y 
a  à  Ornées  un  temple  confacre  à  Diane  ,  dont  la  ftatue 
eft  de  bois.  Il  y  a  aufli  un  autre  petit  temple  dédié  à  tous 
les  dieux  en  commun.  Thucydide  ,  /.  6.  p.  416  ,  dit  que 
les  Lacédémoniens ,  avec  tous  leurs  alliés ,  excepté  les 
Corinthiens ,  fe  jetterent  fur  le  pays  d  Argos  ,enfoura- 
gerent  une  partie  ,  en  enlevèrent  des  grains ,  rétabli- 
rent à  Ornées  ceux  qui  en  avoient  été  bannis  ,  leur  lais- 
ferent  quelques  foldats  pous  les  y  maintenir  ;  Si  qu'ayant 
fait  un  traité  pour  quelque-tems  ,  ils  réglèrent  que  les 
Ornéates  Se  ceux  d'Argos  s'abrtiendroient  à  l'avenir  du 
ravage  des  terres ,  les  unes  des  autres  ,  Se  qu'ils  s'en 
retournèrent  enfin  chez  eux  ;  Que  peu  après  les  Athé- 
niens étant  arrivés  avec  une  flotte  de  trente  voiles  ,  Se 
fix  cens  hommes  armés  pefamment ,  les  habitans  d'Ar- 
gos joignant  leurs  forces  à  cellcs-Ia  ,  marchèrent  con- 
tre la  ville  d'Ornées  ;  mais ,  comme  durant  la  nuit ,  ilsfe 
retiroient  dans  leur  camp  ,  qui  étoit  loin  de  la  ville  ,  les 
Ornéates  s'enfuirent.  Ceux  d'Argos  trouvant  le  lende- 
main que  la  place  étoit  abandonnée  ,  la  raferent  jus- 
qu'aux fondemens  ;  Se  les  Athéniens  s'en  retournerenc 
avec  leur  flotte. 

1.  ORNEON  ,  'Opi-êwV,  c'eft-à-dire,  des  oifeaux ,  au 
génitif  pluriel.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  8.  place  une  ifle  des 
Oifeaux  dans  le  golfe  Arabique ,  fur  la  côte  d'Ethiopie  , 
vis-à-vis  du  promontoire  Colobon. 

2.  ORNEON.  Le  même  auteur ,  /.  7.  c.  4.  met  une 
autre  ifle  des  Oifeaux  au  couchant  de  l'ifle  de  Taprobane. 

3 .  ORNEON,  'Opviùn'  ciKfct,  c'eft-à-dire, le  Vromontoire 
des  Oifeaux  ,  cap  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle  de  Ta- 
probane ,  félon  le  même. 

ORNEY  (  L'  ) ,  ou  I'Orne  ,  rivière  de  France  ,  en 
Champagne.  Elle  a  fa  fource  aupiès  de  Grands,  dans  le 
Vallage  ,  d'où  courant  vers  le  nord  ,  elle  parte  à  Gondre- 
court  Se  traverfe  une  lifiere  du  Barrois,  en  fort  pour  y 
rentrer  presque  aufli-tôt,  parte  à  Ligny  ,  à  Bar-le-Duc  , 
&  après  avoir  ferpenté  vers  le  nord  Se  l'occident ,  elle 
revient  vers  le  midi  occidental ,  reçoit  la  rivière  de 


ORO 


ORO       699 


Saux  ,  celle  de  Vi  ère  Se  quelques  autres,  donc  elle  porte    faire  payer  ce  qui  refloit  de  lafomme  dont  ils  étoient  con 


les  eaux  dans  la  Marne  ,  au  couchant  de  Vitri  le  Brûlé  , 
où  elle  pafle,  Se  au  nord  de  Vitri  le  François.*  De 
l'IJle,  Champagne. 

ORNIACI ,  ancien  peuple  de  l'Espagne  Tarragon- 
noife,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  qui  luiafligne  pour 
ville  unique  Intercatia. 

ORNIS,  lieu  du  Péloponnèfe  ,  devant  la  ville  de  Co- 
rinthe.  PI  marque  ,  in  Arato  ,  en  fait  mention. 


venus,  il  remena  l'armée  à  A  famée.  Il  eft  certain  que 
Tite-Live  ne  fait  fouvent  que  fuivre  Polybe  pas-à-pas- 
Voici  le  paflage  de  Polybe  ,  Exe.  3  f .  Oneus  ayant  appris 
leur  arrivée  ,  envoya  jortjrerc  avec  une  armée  vers  les 
Oroandiens ,  pour  en  recevoir  le  refle  de  la  fomme 
ftipulée.  On  voie  bien  que  c'eft  le  même  fait  dans  l'iirt 
&  dans  l'autre  hiftorien,  Se  que  Tite-Live  trouvant 
les   Oroandiens  dans  Polybe  qui    le    guidoit ,  il  a    dû 


ORNlTHÔN,c'cft-à-dire,  la  ville  des  Qiieaux,  ville    é:rire  Oroanda  Se  non  pas  Oenoanda.  A  l'égard  de 
de  Phénicie,  entre  Tyr  &  Sidon  ,  à  cent  ftades  de  l'une     la  capitulation  ,  où  cette  fomme  avoit  été  réglée,  elle 
Se  de  l'autre ,  félon  Pline,  /.  j.  c.  19.  Se  Strabon  ,  /.  i6# 
p.  7;  8. 

ORNOIS  ou  Ornez,  contrée  de  Lorraine,  qui  fe 


rrouve  en  deux  difFéfens  cantons  de  cette  province.  Il  y  aie 
pays  d'Ornez  ,  qui  tirefon  nom  delà  petite  rivière  d'Or- 
pez  ,  qui  prend  fa  fource  entre  l'abbaye  de  Muraux  Se 
Grands,  pafle  à  Gondrecourt ,  traverfe  le  Barrois  &  le 
Perçois  ,  Se  fe  jette  dans  la  Marne ,  près  de  Vitri  le 
François.  Ce  pays  n'eft  confidérable ,  ni  par  fon  étendue, 
ni  par  ce  qu'il  renferme  ;  c'eft  plutôt  un  enclave  du  Bar- 
rois  qu'un  pays  particulier.  Il  a  pour  voifins  au  midi  le 
Bafligny  ,  au  couchant  le  Barrois,  à  l'orient  le  pays  des 


fe  trouve  dans  le  même  livre  de  Tite-Live  ,  /.  38.  c. 
18.  où  il  eft  dit ,  que  les  députés  des  Oroandiens  (Le- 
gati  Oroandenfutm  )  vinrent  trouver  le  conful  Manlius. 
11  eft  étonnant  qu'un  aufli  grand  homme  qu'étoit  J. 
Fréd.  Gronovius  ait  laiffé  en  ce  paffage  Oroandenfutm , 
Se  qu'aux  chapitres  37  Se  39  ,  où  il  eftqueftion  du  mê- 
me peuple  ,  il  ait  fourré  dans  le  texte  de  fon  édition 
Oenoanda  ,  qui  n'y  convient  aucunement  ;  Se  cela  par 
une  déférence  exceflne  pour  le  fentiment  de  Sigonius. 
Il  eft  certain  que  dans  Tite-Live  il  faut  lire  Oroanda  , 
Se  quand  même  ,  ce  qui  n'eft  pas ,  tous  les  anciens  ma- 
nuferits  porteroient  en  cet  endroit  Oenoanda  ,  ce  feroit 


Vaux,  avec  lequel  fa   partie  orientale  a  été  autrefois     une  faute  palpable,  qu'il  faudroit  corriger ,  au  mépris 


confondue.  On  trouve  en  effet  dans  cette  partie  l'ab 
baye  des  Vaux ,  qui  conftamment  étoit  de  ce  pays.  On 
croit  que  faint  Bodon  ,  évêque  de  Toul ,  Se  fainte  Sa- 
laberge  étoient  de  ce  pays.  Les  manuferits  les  font  naî- 
tre in  pago  Oàornenfi.  Leur  peie  ,  nommé  Gondoin  , 


de  tous  les  manuferits  du  monde.  Sigonius  a  beau  dire 
que  YOroanda  du  dix-huitiéme  chapitre  étoit  de  la  Ga- 
latie ,  cela  n'en  eft  pas  plus  vrai  pour  cela.  Dans  tous 
ces  partages  il  ne  s'agit  que  d'un  même  lieu,  d'un  mê- 
me fait ,  ou  des  fuites  d'un  même  fait.  En  laiffant  Oroan- 


a  donné  le  nom  à  Gondrecourt ,  Se  afléz  proche  de-là    denfium  dans  le  chapitre  18  ,il  ne  falloir  point  changer 
eft  un  prieuré    dédié  à  fainte   Salaberge.  L'abbaye  de     ce  mot  en  celui  cX'Oenoandenftum  dans  le  chapitre  19, 


Muraux  ,  ordre  de  Prémontré  ,  eft  dans  la  partie  de  l'Or 
nez  qui  appartient  à  la  France.  Une  autre  rivière  appel- 
lée  Orne ,  &  dont  la  fource  eft  dans  le  Verdunois ,  a 
formé  le  nom  d'Ornois  que  les  titres  donnent  aufli  à  cet 
autre  canton  :  c'eft  au  couchant  de  la  ville  de  Metz.  Ce 
pays ,  encore  plus  petit  que  l'Ornez ,  eft  comme  ren- 
fermé dans  un  autre  petit  pays  appelle  Voivre  (  Vabren- 
fis  ).  C'eft  par  le  moyen  de  ces  deux  pays  ,  tous  les  deux 
dits  en  latin  Pagtts  Odornenfis  ,  qu'on  peut  entendre  ce 
qui  eft  dit  dans  le  partage  fait  en  870.  Odornenfe  quod 


où  Sigonius  n'avoit  marqué  aucune  correction  à  faire  , 
comme  on  a  fait  dans  l'édition  de  Gronovius.  Pline  , 
/.  5.  c.  27.  parlant  de  la  Pifidie ,  lui  donne  Céfarée  , 
colonie,  nommée  aufli  Antioche ,  Oroanda  Se  Saga- 
lejfof.  Il  parle  ailleurs  ,  /.  5.  c.  32.  à' Oroandiens  tratlus  i 
qu'il  met  bien  distinctement  dans  la  Pifidie.  Ptolo- 
mée  place  fes  Orondici  entre  la  Pifidie  &l'Ifaurie. 

OROANDENSES  ,  habitans  d'OROANDA.  Voyez. 
l'article  précédent. 

OROANDES,  montagne  ou  partie  de  cette  longue 


Bemardus  habita  ,  Se  aliud  Odornenfe  quod  Tetmarus    chaîne  de  montagnes  ,  dont  leTaurus  Se  l'Imaiis  étoient 


habuit.  *  Notes  manuferites  de  Lcbceuf. 

ORO  (  Capo  del  ) ,  cap  de  fine  de  Negreponc  ,  dans 
la  partie  méridionale ,  du  côté  de  l'eft.  C'eft  le  cap  ap- 
pelle par  Ptolomée  Caphereus  ,  Se  Caphareus  par  Stra- 
bon. Nauplius,  roi  de  l'ifte  de  Negtepont ,  fit  allumer 
des  feux  fur  la  croupe  de  ce  cap,  afin  que  l'armée  des 
Grecs  qui  revenoit  de  Troye  ,  pût  à  la  faveur  de  cette 
lumière,  arriver  à  bon  port.*  Coronelli,  Defcript.  de 
la  Morée ,  p.  205. 

OROANDA  (au  génitif  orum  ) ,  ville  d'Afie  ,  dans 
la  Pifidie.  Il  ne  paroit  pas  qu'elle  fublîftât  du  tems  de 


des  branches  confidérables.  L'Oroandes  de  Pline,  /.  5. 
c.  27.  paroît  le  même  qu'Orontes ,  que  Ptolomée ,  /. 
6.  c.  2.  place  dans  la  Médie  ,  Se  qui  étoit  auprès  d'Ec- 
batanc  ,  comme  on  peut  le  voir, en  conférant  avec  ces1 
auteurs ,  ce  qu'en  dit  Diodore  de  Sicile. 

OROASCA  ,  OpoaV«st,  ou  Throasca  ,  Qpccto-y.a., fé- 
lon les  divers  exemplaires  de  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  8.  ville 
de  la  Carmanie  ,  dans  les  terres. 

OROATESouOroatis  ,  rivière  de  Perfe ,  dans  lai 
Sufiane.  Pline  ,  /.  6.  c.  25.  dit  qu'il  féparoit  la  Per- 
fide ou  Perfe  propre  de  l'Elimaïde.  Il  dit  plus  loin  :  Au- 


Ptolomée,quife  contented'en  nommer  le  peuple  Oron-    deflbus  de  l'Ëulée  eft  l'Elimaïde,  qui  fur  la  côte  eft 


dici.  Tite-Live,  /.  38.  c.  37.  patle  de  cette  ville  ,  mais 
ce  nom  a  été  défiguré  en  quelques  éditions.  Celle  de 
Scheffer  1 5  1 8 ,  porte  Oronda  ,  celles  de  Gryphe  Se  de 
Gruter  Oroanda  ;  Charles  Sigonius  change  le  mot  en 
Oenoanda  ,  Se  rend  ainfi  raifon  de  cette  correction.  Oe- 
noanda ,  dit-il ,  eft  une  ville  de  Pamphylie  ,  félon  Etien- 
ne. Strabon  a  fait  une  faute  dans  fon  treizième  livre  vers 
la  fin.  On  y  lit  OIvm  tym  -ri,  au  lieu  qu'il  faut  O/VaiJw-Ts. 
Appien  ,  /.  4.  nomme  OtveaS'w  i  mais  comme  en  ce  mê- 
me endroit,  il  y  a  d'autres  villes  nommées  delà  Pam- 
phylie Se  de  la  Lycie,  il  faut  certainement  lire  Oe- 
noanda Se  non  pas  Oroanda ,  qui ,  comme  on  a  dit 
ci-devant ,  étoit  de  la  Galatie.  Charles  Sigonius  étoit 


jointe  à  la  Perfide.  Depuis  l'Oroatis  jusqu'à  Charax  , 
il  y  a  deux  cens  quarante  mille  pas.  Saumaife ,  in  So- 
lin.  p.  494.  croit  que  c'eft  la  même  rivière  que  le  Pa- 
sitigris.  Ce  qui  favorife  fon  opinion,  c'eft  que  ceux 
qui  ont  fait  mention  à'Oroatis ,  n'en  font  aucune  du 
Pafitigris  de  Petfe.  Pline  &  Ptolomée,  /.  6.  c.  3.  font 
de  ce  nombre.  Ceux  au  contraire  qui  nomment  le  Pa- 
fitigris ,  comme  Quinte-Curfe  Se  An -j'en ,  ne  connois- 
fent  poinc  l'Oroatis.  Il  n'y  a  que  Strabon  qui  parle  de 
l'un  Se  de  l'autre ,  Se  qui  met  près  de  deux  mille  fta- 
des ,  entre  le  Pafitigris  Se  l'Oroatis  ;  mais  ce  même  pas- 
fage  fait   voir    que  Strabon  ne  parle    point  du  Pafiti- 


gris ,  dont  il   eft    ici  queftion  ,  Se  qui  couloit  dans  1» 

très-favant -,  cependant  en  ce  peu  de  mots,  il  y  a  plus  Perfe.  On  voit  par  un  autre  qui  luit ,  que  la  côte  ma- 

d'une   méprife  importante.  Premièrement,  il  fuppofe  ritime  des  Arabes  eft  jointe  à  l'embouchure  de  l'Euphrate 

qu'Etienne  met  Oenoanda  dans  la  Pamphylie;  mais  cet  Se  du  Pafitigris  ;  d'où  il  faut  conclure  que  le  Pafitigris 

auteur  dit  qu'elle  eft  une  ville  de  Lycie.  En  fécond  lieu  ,  de  Strabon  eft  celui  de  Chaldée  ,  Se  non  pas  celui  de 

il  place  Oroanda  dans  la  Galatie,  où  il  n'y  en  a  pas  Perfe.  La  diftance  même  le  fait  voir.  Pline  met  entre 

la  moindre  trace.  La  troifiéme  méprife  eft  de  vouloir  l'Oroatis  Se  Charax  deux  cens  quarante  mille  pas ,  qui 

faire  dans  Tite-Live  un  changement  de  nom,  dont  Po-  re/iennent  à  mille  neuf  cens  vingt  ftades.   Les  quatte- 

lybe  fait  voir  l'inutilité.  Voici  le  paffage  de  Tite-Live  :  vingt  ftades  qui  relient  pour  faire  les  deux  mille  fta- 

A   Perga  ,    L.  Manlio  cum  quatuor  m'ùlibus  militum  des  de    Strabon ,  font  la  diftance  qu'il  y  avoit  depuis 

Oroanda-,  ad  reliquum  pecuniœ  ,  ex  eo  quod  pepigerant  ,  Chatax   jusqu'à  l'embouchure  du  Tigre.  Strabon  ,  qui 

exigendum   miffo ,  ipfe  Apameam    exercitum    reduxit.  dans  cet  endroit  parle  furie  témoignage  de  Néarquei 

C'eft  à- dire  :Le  conful  ayant  envoyé  de  Perge  L.  Alan-  non  du  Pafitigris  des  Uxicns ,  mais  du  Tigre  même  des 

lins  avec    quatre  mille  hommes    à    Oroanda  pour  s'y  Chaldécns,  cite    peu   après   le  véritable  Pafitigris,  &5 

'lom.  IV,  T  1 1 1  ij 


ORO 


700 

dit: Après  le  Choaspe  eft  le  Copratas,  Se  enfuite  le 
Pafitigris.  C'eft  ce  dernier  que  nous  difons  être  le  même 
que  I'Oroatis. 

1.  OROBA  ,  ville  de  l'Aiîyrie ,  près  du  Tigre.  Ptolo- 
mée, /.  6.c.  1.  la  nomme  dans  cet  ordre,  Ninut ,  Saca- 
da  ,  Oroba  ,  Tbelde  ,  Ctefip honte. 

2.  OROBA,  autre  ville  de  l'Aflyrie,  mais  dans  les 
terres ,  félon  le  même  géographe  ,  entre  Corcura  Se 
Degia.  Il  les  diftingue ,  aiufi  par  rapport  à  leur  po- 
fition. 

Longitude.       Latitude. 

i.Orobaprès du  Tigre,  79  d.  20m.    30 d.  20m. 
2.  Qrobadans  les  terres.  79        20         38      ic. 

OROBATIS ,  ville  de  l'Inde  ,  vers  le  Haut-In- 
dus ,  félon  Arrien,  dans  les  guerres  d'Alexandre.  Voyez. 
Obroates. 

ORODI^  ,  lieu  de  l'Eubée  ,  félon  Thucydide. 

OROBII ,  peuple  de  la  Gaule  Cifalpine  ,  en  Italie, 
félon  Pline,  /.  3.  c.  17.  qui  en  parle  ainfi:Caton  as- 
fure  que  les  habiians  de  Corne,  de  Bergame ,  de  Fo- 
rum Licïnii ,  Se  autres  peuples  des  environs ,  font  des- 
cendus des  Orobiens  ;  mais  il  avoue  qu'il  ignore  l'origine 
de  ceux-ci ,  que  Cornélius  Alexander  croit  être  venus 
de  Grèce,  comme  le  fait  voir  la  fignification  de  leur 
nom,  qui  veut  dire  des  gens  qui  vivent  dans  des  mon- 
tagnes. Les  Orobiens  avoient  une  ville  fituée  de  mê- 
me ,  nommée  Barra ,  dont  Caton  dit  aufli  que  les 
Bergamasques  étoient  venus.  Caton  en  parloit  comme 
d'une  ville  qui  tomboit  en  ruine.  Pline  dit  qu'elle  ne 
fubfiftoit  plus»  interiit.  Zanchius  ,  favant  Italien,  pré- 
tend que  Cenomani  étoit  le  véritable  nom  de  ce  peu- 
ple ,  Se  qu'Orobii  étoit  une  épithéte ,  qui  marquoit  la 
nature  du  pays  qu'il  habitoit. 

OROBIS  ,  nom  latin  de  I'Orbe  ,  rivière  de  France. 
Voyez,  ce  mot. 

OROCANA  ou  Oracana  ,  ville  de  la  Médie ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  /.  6.  c.  2.  Il  la  met  dans  les  terres. 

OROCASIA ,  lieu  de  Syrie,  fur  l'Oronte,  autour 
d'Antioche ,  dit  Ortelius ,  qui  cite  Procope.  Cet  au- 
teur, dans  fon  hiftoire  de  la  guerre  contre  les  Perfes, 
/.  2.  c.  6.  dit  Orocafîar ,  qui  doit  fe  rendre  en  fran- 
çoîs  Orocasiade.  Il  dit  en  parlant  de  la  ville  même 
d'Antioche  :  Il  fe  trouva  néanmoins  que  la  muraille 
pouvoir  être  attaquée  par  l'endroit  le  plus  élevé ,  ap- 
pelle par  les  habitans  Orocafiade  ,  ce  qui  procédoit  de 
ce  qu'elle  étoit  trop  proche  d'une  roche  fort  haute.  Il 
commanda  donc  de  creufer  un  fofle  dans  la  roche  ou 
de  bâtir  une  tour  deflus,  Se  de  la  joindre  à  la  muraille. 
Ce  partage  fait  connoître  qu'Orocafiadc  eft  le  nom  que 
les  habitans  d'Antioche  donnoient  à  la  plus  haute  par- 
tie des  murailles  de  leur  ville ,  qui ,  comme  le  dit  ce 
même  auteur ,  étoit  limée,  partie  dans  un  fond  &  par- 
tie fur  des  hauteurs. 

OROLAUNUM  ,  village  de  la  Belgique  ,  fur  la  rou- 
te de  Rheims  à  Trêves ,  félon  Antonin  ,  itiner,  qui  le 
met  entre  Epoijfus  Se  Andethanale ,  que  l'on  croit  être 
Echternach.  Quelques  modernes  croient  que  c'eft  Ar- 
lon ,  au  duché  de  Luxembourg.  Ortelius  trouvant  ces 
lettres  dans  Antonin ,  Leg.  XX.  a  cru  qu'elles  mar- 
quoient  la  vingtième  légion.  Ce  font  des  lieues  gauloifes 
de  quinze  cens  pas  romains ,  les  vingt  lieues  équivalen- 
tes à  trente  milles  romains ,  qui  valent  vingt-quatre 
milles  d'Italie ,  ou  fix  milles  géographiques  de  quinze 
au  degré.  Cette  diftance  eft  celle  d'Èpoiffuî  à  Orolau- 
num.  La  diftance  d'Orolaimum  à  Andethanale ,  Se  de 
ce  dernier  lieu  à  Trêves  eft  égale ,  c'eft-à-dire  ,  de  15 
de  ces  mêmes  lieues.  Cela  gâte  un  peu  la  conjecture , 
car  la  diftance  d'Arlon  à  Echternach  eft  à  peu  près  dou- 
ble de  celle  d'Echternach  à  Trêves.  En  récompenfe  les 
foixante  Se  quatre  lieues  gauloifes  qu'Antonin  compte 
entre  Rheims  &  Orolaunum  ,  conviennent  aflez  à  la 
diftance  de  Rheims  à  Arlon  -,  car  elles  fonr  96  milles 
romains,  qui  reviennent  à  77  milles  italiques  ,  ou  àdix^ 
neuf  grandes  lieues ,  en  fuppofant  un  chemin  droit  , 
tels  qu'éroient  ceux  des  Romains.  Voyez.  Arlon. 

OKOMAG A.  Voyez.  Artomagan. 

OROMANDROS ,  ville  de  la  petite  Arménie ,  félon 


ORO 


Ptolomée  ,  /.  ; .  c.  7,  Elle    étoit  dans  le  pays  ,  vers  les 
montagnes. 

OROMANSACI,  ancien  peuple  de  la  Gaule  Belgi- 
que ,  au  voifinage  des  Morins.  Pline  le  nomme  immé- 
diatement après  eux  ,  Se  dit  que  les  Oromanfaques 
étoient  joints  au  canton  nommé  GeJJonacui  Pagus ,  qui 
eft  aujourd'hui  le  Boulenois. 

OROMENUS,  montagne  de  l'Inde.  Pline,  /.  21.  r. 
7.  qui  en  fait  mention  ,  dit  que  c'étoit  une  montagne  de 
fel  formé  naturellement ,  Se  qui  fe  reproduifoit  à  me- 
fure  qu'on  le  tailloir ,  comme  dans  les  carrières  de  pier- 
re. Il  ajoute  que  les  rois  en  tiroient  un  plus  riche  revenu 
que  de  l'or  Se  àcs  perles. 

ORONGE.  Jofephe  ,  Anûq.  I.  1 3.  c.  23.  dans  un  dé- 
nombrement des  villes  que  les  Juifs  pofledoient ,  dit  :  Les 

Juifs  pofledoient  alors dans  le  pays  des  Moa- 

bites ,  Eflebon ,  Medaba ,  Lemba  ,  Oron ,  Thalithon  , 
Sec.  C'eft  ainfi  que  d'Andilli  écrit  ce  nom  en  fran- 
çois. 

ORONDICI.  Voyez.  Oroanda. 

ORONTE  (  L'  ) ,  grande  rivière  de  Syrie.  Pline  , 
/.  5.  c.  22.  le  fait  naître  entre  le  Liban  Se  l'Antiliban, 
auprès  d  Héliopolis,  qui  eft  aujourd'hui  Balbec,  mais  il 
fe  trompe,  comme  on  verra  ci-après.  Strabon  ,  /.  16. 
p.  750.  en  parle  aflez  au  long.  Après  avoir  décrit  la  ville 
d'Antioche  ,  il  dit  :  Auprès  de  la  ville  coule  l'Oronre  , 
qui  ayanr  fa  fource  dans  la  Cœlefyrie  ,  fe  perd  enfuite 
dans  la  terre,  puis  en  fort,  traverfe  le  territoire  d'Apa- 
mée,  Se  s 'avançant  vers  Antioche  ,  fe  jette  dans  la  mer 
au  voifinage  de  Séleucie.  Il  ajoute  :  On  l'appelloit  aupa- 
ravant Typhon  ;  ce  nom  fut  changé  par  celui  qui  y  fit  un 
pont ,  Se  on  l'appella  Oronte.  Auprès  de  Séleucie ,  au 
couchant  d'Antioche,  eft  la  mer  où  fe  perd  l'Oronte. 
Séleucie  eft  à  quarante  ftades  de  fon  embouchure  ,  Se 
Antioche  en  eft  à  deux  cens  vingt.  On  va  en  un  jour 
depuis  la  mer  jusqu'à  Antioche  en  remontant  la  mer  j 
voilà  ce  que  dit  Strabon.  Oppien  ,  Cymget.  I.  1.  v. 
120.  parle  de  l'ifle  Méliboée  que  l'Oronte  formoit  un 
peu  avant  que  d'entrer  dans  la  mer.  11  en  parle  po'éti- 
quemenr  fous  la  figure  d'une  nymphe  dont  Oronte  étoit 
l'amant.  La  ville  d'Epiphanie  &  celle  d'Apamée  étoient 
aufli  fur  cette  rivière.  Comme  elle  ferpente  beaucoup, 
Pomponius  Lstus  dit  qu'elle  a  été  anciennement  ap- 
pellée  Ophites.  De  la  Roque  ,  dans  fon  voyage  de  Sy- 
rie Se  du  Mont  Liban ,  t .  \.p.  1 66.  détruit  ainfi  ce  que 
Pline  dit  du  voifinage  d'Héliopolis  Se  des  fources  de 
1  Oronte.  Il  eft  certain  qu'auprès  de  Balbec  il  n'y  a  au- 
cune rivière,  &  que  les  eaux  qui  paflent  dans  cette  ville 
ou  qui  en  font  proches ,  ne  conviennent  nullement  à 
l'Oronte.  On  va  voir  cependanr ,  poui  fuit-il,  que  l'auto- 
rité de  Pline  n'eft  ici  d'aucune  conféquence ,  Se  que 
n'ayant  pas  été  fur  les  lieux ,  il  a  été  trompé  par  de 
faux  mémoires.  Nous  avons  parcouru  l'Oronte  ,  le  fé- 
cretaire  du  patriarche  des  Maronites  Se  moi ,  Se  nous 
avons  remonté  jusqu'à  fa  fource  que  nous  avons  trouvée 
très-mal  placée  dans  Pline-,  car  elle  fe  trouve  presque 
dans  la  plaine  ,  à  quatre  ou  cinq  lieues  de  diftance  du 
Mont  Liban ,  entre  l'orienr  Se  le  midi ,  Se  à  un  éloi- 
gnement  confidérable  de  toutes  les  montagnes  qu'on  peut 
appeller  Antiliban  ,  félon  même  que  Pline  le  décrit  ail- 
leurs. Au  refte  ,  cette  autorité  a  trompé  la  plupart  àcs 
géographes  qui  ont  décrit  l'Oronte  ;  ils  placent  fa  fource 
près  d'Héliopolis ,  dont  ils  déterminent  la  pofition ,  fé- 
lon cette  idée.  Ils  mettent  Emefetout-à-fair  fur  les  bords 
de  ce  fleuve,  Se  tombent  dans  d'autres  erreurs  qui  fe- 
ront aifées  à  comprendre  Se  à  corriger  par  le  moyen 
de  la  carte  du  véritable  cours  de  cette  rivière ,  depuis 
fa  fource  jusqu'à  la  mer ,  que  nous  avons  dreflee  avec 
beaucoup  d'attention.  Voici  les  lumières  que  l'on  peut 
tirer  de  cette  carte.  A  l'orient  d'une  longue  chaîne  de 
montagnes  qui  font  partie  du  Liban,  eft  BALBEK.l'Hé- 
liopolis  des  anciens-,  au  nord&  à  huit  lieues  &  un  quart 
de  cette  ville  eft  Hermel,  à  trois  lieues  Se  demie  de 
laquelle  on  trouve  au  nord  un  peu  oriental  Giranije  , 
au  nord  Se  à  trois  lieues  Se  demie  de  cette  dernière  font 
les  fources  de  l'Oronte  qui  courr  en  ferpenrant  vers  le 
nord.  11  pafle  au  couchant ,  Se  à  ptès  de  deux  lieues 
d'Emefe  ,  traverfe  la  ville  d'Apamée,  Sek  neuf  Se  de- 
mie delà  ,  il  fe  courbe  vers  l'oueft  Se  enfuite  vers  le 
fud-oueft  ,  enfermant ,  par  le  détour  qu'il  fait,  une  lan- 


ORO 


gue  de  terre  de  fix  lieues  Se  demi  de  largeur  fur  huit 
de  longueur ,  après  quoi  il  détermine  fa  courfe  vers  l'oc- 
cident ,  pane  entre  Antioche  qui  eft  au  midi ,  ôc  le  mo- 
nafterc  defaint  Maron  qui  eft  au  nord  ,  &  fe  jette  dans 
la  mer ,  fans  que  cette  carte  mette  aucune  trace  d'ifle 
à  fon  embouchure.  Otter  ,  Voyage  en  Turquie  Se  Per- 
fe ,  /.  i.p.  Sz.  dit  :  L'Orontc  ,  qu'on  appelle  aulTi  la  ri- 
vière Renverfée ,  à  caufe  qu'il  coule  du  fud  au  nord  » 
prend  fa  fource  près  d'un  endroit  nommé  Reeskieuik  , 
à  une  journée  de  Balbec.  Il  fe  rendde-là  à  Kaim-ul-her- 
mel,  entre  Djoufia  Se  Rees ,  &  descend  dans  un  vallon 
où  il  reçoit  les  eaux  qui  forcent  d'une  grote,  appellée 
la  grote  du  Moine  :  enfuite  il  prend  fon  cours  vers  le 
nord,  Se  fe  jette  dans  le  lac  de  Kadés  ,    d'où  il  pafle  à 
Hims,  autrement  Hemefa ,  à  Reften,  à  Hama,  Se  à 
Chizer.  Après  quoi ,  il  forme  le  lac  d'Efamia.  Au  fortir 
de  ce  lac  ,  il  pafle  à  Derkiouche  ,  coulant  à  l'elt  de  la 
montagne  de  Likiam  jusqu'à  Dgisrul-hadid,  c'eft -à  di- 
re, le  Pont  de  Fer  où  cette  montagne  eftféparée.  Après 
l'avoir  tournée,  il  prend  fon  cours  au  fud-oueft,  pas- 
fe  fous  les  murs  d  Antioche ,  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer 
de  Roum. 

ORONTES,  montagne  de  la  Médie,  prèsd'Ecbatane. 
Voyez.  Oroandes. 

OROPE.  Voyez.  Orovvs. 

i.OROPESA,  ville  d'Espagne,  dans  la  Nouvelle 
Caftille,  près  des  frontières  de  l'Eftremadure,  entre 
Talavera  de  la  Reina  Se  Plazentia  ,  à  neuf  lieues  de  la 
dernière  ,  au  nord  du  Tage.  D.  Garcie  Alvarez  de  To^ 
léde ,  frère  aîné  de  D.  Ferdinand  Alvarez  de  Tolède , 
feigneur  de  Valdecorneja  ,  dont  font  iflus  les  ducs 
d'Albe  Se  le  marquis  de  Villefranche,  en  fut  le  premier 
feigneur.  D.  Ferdinand ,  arrière  petit-fils  de  D.  Garcie 
Se  quatrième  feigneur  d'Oropefa ,  en  fut  créé  comte 
par  Ferdinand  &  Ifabelle ,  en  1475.  D- Jean  Alvarez 
de  Tolède,  cinquième  comte  d'Oropefa,  n'eut  que  des 
filles  qui  moururent  avant  lui  ;  mais  Doha  Béatrix , 
l'aînée ,  ayant  époufé  dom  Edouard  de  Bragance  ,  mar- 
quis de  Flechille ,  laifla  un  fils  appelle  D.  Ferdinand  Al- 
varez de  Tolède,  qui  fuccéda  à  fon  grand- père  ,  de 
c'eft  par  cette  voie  qu'Oropefa  pafla  de  la  maifon  de 
Tolède ,  dans  la  famille  royale  de  Portugal  où  elle  eft 
encore.  *  Vayrac ,  Etat  préfent  de  l'Espagne,  tom.  3. 
p.  158. 

2.  OROPESA,  ville  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Pérou  ,  dans  l'audience  de  Los  Charcas ,  dans  la  val- 
lée de  Cochabamba ,  fur  un  ruifleau  qui  eft  l'une  des 
fources  de  la  rivière  de  Cachimayo  ou  de  Guapay.  De 
Lae't  dit  qu'elle  a  été  bârie  par  D.  Francesco  de  Tolède, 
à  vingt-cinq  lieues  au  nord-oueft  de  la  Plara.  On  a  vu 
dans  l'article  précédent  que  le  comté  d'Oropefa  ,  en  Es- 
pagne ,  appartenoit  à  la  maifon  de  Tolède  \  cela  fait  voir 
pourquoi  cette  colonie  fut  nommée  ainfi  à  caufe  de  fon 
fondateur.  De  Laè'c  ajoute  que  les  habitans  de  cette  ville 
font  un  grand  profit  à  l'agriculture  &  à  la  nourriture 
des  brebis,  Se  qu'ils  vont  vendre  principalement  leurs 
grains  Se  leur  bétail  à  Potofi  ,  qui  eft  à  trente  lieues  au 
midi  d'Oropefa. 

Cet  auteur  ajoute  :  Garcilaflb  écrit  que  dans  la  vallée 
de  Chocapampa  (  ou  Cochabamba  ) ,  les  Espagnols 
avoient  bâti  à  caufe  de  fa  merveillcufe  fertilité,  l'an 
1565,  la  ville  de  S.  Pedro  de  Cardenna.  Il  doute  fi  ce 
ne  feroir  point  la  même  qu'Oropefa. 
OROPESO  (  Le  cap  d'  ).  Pag.  uj.  col.  2. 
OROPI.  Ortelius  trouve  un  fiége  épiscopal  de  ce  nom 
fous  Anazarbe  métropole ,  Se  cite  Guillaume  de  Tyr  , 
c'eft-à-dire  une  notice  attachée  à  fon  exemplaire  de 
Guillaume  de  Tyr ,  Se  qui ,  félon  ma  conjecture ,  ne 
fauroir  être  que  la  notice  du  patriarchat  d'Anrioche , 
qui  fe  trouve  jointe  de  même  dans  un  manuferit  du 
Vatican ,  n°  2002 ,  à  l'hiftoire  de  cet  auteur.  Ortelius 
a  pu  avoir  une  copie  manuferite  de  cette  notice  où 
ce  fiége  étoit  déplacé.  Il  n'y  en  a  aucun  fous  Anazar- 
be dont  le  nom  foit  approchant  d'Oropi ,  mais  fous 
Hiérapolis  métropole  ,  dans  le  même  patriarchat  d'An- 
rioche, on  trouve  Europi.  Cela  eft  conforme  aux  no- 
tices de  Léon  le  Sage  Se  d'Hierocles ,  qui  n'ont  aucun 
nom  pareil  dans  la  féconde  Cilicie ,  fous  Anazarbe. 
Tous  deux  mettent  Enropus  dans  l'Euphratenfe,  fous 
Hiérapolis.  Ce  fiége  d'Oropi  eft  donc  ou  l'Europ us  des 


ÔRO      701 

trois  notices ,  ou  plutôt  Oropi ,  que  !a  notice  du  pa- 
triarchac  d'Antioche,  la  même  qu'Ortelius  a  conftiltéè 
dans  une  copie  défcouieufe,  mec  fous  Séleucie  ,  autre 
métropole  du  même  patriarchat ,  mais  dans  l'Ifauiie. 
La  notice  de  Léon  le  Sage  Se  celle  d'Hierocles  n'ont 
aucune  crace  de  ce  nom.  Dans  celle  de  l'évêque  de  Ca- 
thare ,  on  trouve  fous  Séleucie  Oropi  changé  en  Diro- 
Pï.  Voyez.  Oropus. 

OROP1TUM  ,  félon    Antonin ,  cité   par  Ortelius  ; 
Oropite  ,  félon  Caton.  Ortelius  ajoute  :  Elle  a  été  nom- 
mée Urbivemurn  par    Procopc  ,  fi  on    en  croit  Léan- 
drej  pour  moi ,  je  trouve  au  fécond  livre  de  Procope  , 
de  l'hiftoire  de  la  guerre  des  Goths  ,  Urbevetanum. 
L'ancienne  édition  latine  de  Procope  ,  imprimée  à  Ro- 
me l'an  ijotf,  porte  Urbcvetana ,  à  l'accufatif  Urbeve- 
tunam.  Il  s'agit  de  la  ville  que  l'armée  de  Bclifairc  as- 
fiégea  après  la  prife  d'Urbin.  On  y  trouve  pour  com- 
mandant ,  félon  cette  édition  ,  Arbilas  ,  capitaine  Goth  , 
qui  encourageoic  les  aflïégés.  Or   Procope  ,  parlant  ail- 
leurs des  dispofitions  que   Vitigez  avoir  faites, dit  dans 
cette  édition  ,  qu'il  avoit   mis  à  Ûiifium  mille  hommes 
fous  la  conduite  de  Gelimer  ,  Se  autant  (  à  une  autre 
ville  que  l'on  y  appelle  Urbibento)  auxquels  il  avoit 
donné  pour  commandant  un  Go;h,  nommé  Albilas. 
On  voit  qu'Urbibemo  Se  Urbevetana  n'eft   qu'une  mê- 
me place.   Grotius  nomme  le    commandant  Aibilas 
dans  les  deux  paiTages  (  a  ) ,  &  la  ville  Urbs  vêtus  dans 
tous  les  lieux  où  il  en  eft  parlé.  La  variation  de  l'édi- 
tion de  Rome  fur  le  nom  du  commandant  Se  fur  celui 
de  la  ville  ne  me  furprend  point  ;  mais  je  m'étonne  que 
le  président  Coufin  n'aie  pas  vu  que  c'étoit  la  même  ville 
Se  le  même  gouverneur  ,  ou  que  ,  le  voyant,  ii  ait  tra- 
duit en  un  endroit  le  nom  de  la  ville  par  Orviete,  Se 
dans  un  autre  parOviTA  Vecchia;  d'autant  plus  que  le 
Grec  fur  lequel  il  dit  avoir  traduit,  porte  conttammenc 
Oô^i^ivrU  ,  Oiip/S/j&fTsV  Se  OùffÀilîtvTu  fans  variation.  Il 
(b)  pouvoit  donc  voir  que  c'eft  la  même  ville.  Il  ne 
devoir  pas  changer   dans  la  fuite.  Ce   qui  l'a  trompé , 
c'eft  l'Urbs  Vêtus  de  Grotius  ,  qui  eft  un  des  noms  latins 
que  les  modernes    emploient  pour   dire  Orviete  (c); 
comme  Urbs  Vêtus  en  latin,  Se  Civita  Vecchiaen  ita- 
lien lignifient  également  une  vieille  ville ,  il  a  cru  que 
ce  rapport  fuffifoir.  La  voici  celle  que  la  fournie  la  tra- 
duction du  préfident  Coufin,  /.   1.  e.  20.   Au  milieu 
d'une  rafe  campagne  s'élève  une  colline  ,  dont  le  fom- 
met  eft  large  Se  plat,  le  bas  plein  de  rochers  Se  de  pré- 
cipices. La  colline  eft  ceinte  de  roches  qui  font  éloignées 
les  unes  des  autres  de  l'espace  d'un  jet   de  pierre.  Les 
anciens  bâtirent  une  ville  fur  cette  colline ,  fans  l'en- 
tourer de    murailles  Se  fans    la  fortifier,  parce  qu'ils 
crurent  qu'elle  étoit  imprenable  par  fon  affiette.  Il  n'y 
a  qu'un  chemin  par  où  l'on  y  puifle  entrer  ,  où  ,  lors- 
que les  habitans  ont  mis  bonne  gatde ,  ils  n'appréhen- 
dent plus  d'aflaut  de  tous  les  côtés.  Tout  le  refte  de  l'es- 
pace qui  eft  entre  la  colline  Se  les  roches  fert  de  lit  à 
une  rivière  fort  large  Se  fort  profonde.  Les  anciens  Ro- 
mains y  bâtirent  quelques  ouvrages,  &c.  Rien  de  tout 
cela  ne  convient  à  Civita  Vecchia  ,  qui  eft  un  port  de 
mer,  non  au  milieu  d'une  plaine,  Se  dans  le  voifina- 
ge  de  laquelle  il  n'y  a  aucune  rivière.  D'ailleurs  le  nom 
d'Urbs  Vêtus,  d'où  s'eft  formé  YUrbhcntum  de  Proco- 
pe, n'eft  pas  (1  moderne  qu'il  nefe  trouve  dans  Paul  le 
Diacre  ,  /.  4.  c .  33.  qui  met  cette  ville  entre  celles  de 
la  Toscane  que  les  Lombards  envahirent.  A  l'égatd  d'O- 
ropitum ,  je  ne  l'ai  pu  trouver  dans  Antonin,  &  quand 
même  il  s'y  ttouveroit ,  ce  ne  feroir  poinr  Orviete ,  qui 
n'eft  point  fur  une  ancienne  voie  Romaine.  Quoi  qu'il 
en  foir  ,  elle  eft  nommée  Orbitum  dans  un  édit  de  Di- 
dier ,  roi  des  Lombards  ,  Se  c'eft  de-là  qu'eft  formé  le 
nom  moderne  cI'Orviete.  Voyez,  ce  mor.  Du  rems  de 
Pline  on  la  nornmoir  Herbanum,  Se  il  ne  l'appelle 
pas  autrement.  De  l'Ifle  ,  le  plus  favant  moderne  dans 
le  géographie  ancienne ,  a  fort  bien  mis  dans  fon  an- 
cienne Italie  les  deux  noms  Herbakum  &  Urbs  Vê- 
tus dans  la  pofition  d'Otviete.  (  a  )  Goth.  h'ifl.  1.  2.  p.  24S 
Se  ijz.(b)  Guerre  des  Goths ,  1.  2.  c.  11.  (c)Andr. 
Schoti,  Itiner.  Irai.  1.  1.  p.  200  Se  201  ,  Sec. 

1.  OROPUS  ,  ville  de  Syrie  ,  félon  Etienne  le-  géo- 
graphe ,  qui  dit  qu'elle  avoit  été  bâtie  par  Nicator.  Se- 


ORO 


702, 

voit-ce  celle  que  la  notice  du  patriarchat  d'Antioche 
met  fous  Séïeucie ,  métropole. 

2.  OROPUS  ,  viiie  de  Macédoine  ,  félon  le  même  , 
qui  dit  que  Séleucus  Nicâtor  étoit  de  cette  ville  >  fur 
quoi  Bertius,  fon  commentateur  ,  remarque  que  quand 
des  rois  ou  des  empereurs  avoient  bâti  une  ville ,  elle 
étoit  appellée  leur  patrie.  Il  cite  Saumaife.  Il  dit  qu'elle 
étoit  auprès  d'Amphipolis,  8c  qu'on  la  nommoit  au- 
trefois Telmifius. 

3.  OROPUS,  ville  de  Grèce,  dans  laBéotie,  aux 
confins  de  l'Attique ,  auprès  de  la  mer.  Strabon  ;  pas- 
fant  de  l'Attique  à  la  Béotie ,  die  qu'elle  commence  à 
Oropus.  Etienne  la  donne  auiïi  à  la  Béotie  ,  8c  dit  qu'el- 
le avoit  reçu  fon  nom  d'Oropus ,  fils  de  Macedo ,  8c 
peiit-fils  de  Lycaon.  Etant  fi  voifine  de  l'Attique  ,  fon 
territoire  fut  mis  en  litige  par  les  Athéniens  ,  à  qui  Phi- 
lippe l'adjugea ,  comme  le  rapporte  Pa.uanias  ,  Attic. 
c.  34.  qui  dit  qu'elle  étoit  fur  la  mer ,  8c  n'avoit  rien 
de  remarquable.  Ce  ne  fut  pas  feulement  le  territoire  , 
mais  la  ville  même  que  les  Athéniens  prétendirent ,  ôc 
ils  vinrent  à  bout  de  fe  l'approprier.  De-là  vient  qu'elle 
efi  nommée  Oropus  ,  ville  de  l'Attique  par  Tite-Live  , 
/.  4;.  c.  27.  &  Ptolomée  la  met  dans  l'Attique  ,  8c  la 
dernière  du  côté  de  la  Béotie.  Le  nom  moderne  eft 
Ropo,  8c  non  pas  Zucamini,  ou  Susamino    ou  Zu- 
TAMMi)  comme  le  difent  les  interprètes  de  Ptolomée, 
8c  d'autres   auteurs  allégués  par   Ortelius ,    que  Cor- 
neille a  copié.   Spon  ,  Voyage  ,   t.   2.  p.    186.  qui  y  a 
paffé,  en  parle  ainfi:  Nous  côtoyâmes  &  pafsâmes  fous 
Ropo  ,  grand  village   de  Grèce  de  plus  de  deux  cens 
feux  ,  qui  étoit  l'ancienne  ville  d'Oropos  ou  Oropus , 
pour  laquelle  les  Athéniens  Se  les  Béotiens  étoient  fou- 
vent  en  conteftation  ,  parce  qu'elle  étoit  fur  les  frontiè- 
res. Elle  eft  à  deux  milles  de  la  mer ,  8c  à  fix  du  vil- 
lage de  Marcopoulo.  Trois  milles  au-delà,   nous  tra- 
versâmes une  petite  rivière  qui  vient  des  montagnes  en- 
tre Thebes  8c  Athènes  ,  8c  que  je  crois  être  l'Afopus, 
n'y  en  ayant  point  d'autre  de  confidérable  jusqu'à  Ne- 
grepont.  Au-delà  de  cette  rivière  ,  paroït  fur  les  bords 
un  grand  village  qui  n'efi  guère  moindre  que  le  précé- 
dent ,  8c  que  nous  aurions  pris  pour  Oropus  même , 
à  caufe  de  quelques  inferiptions  que  nous  y  trouvâmes , 
entre  lesquelles  etoitl'épitaphe  d'une  ertain  Aphrodifius  , 
fils  de  Zopyrus,  natif  d'Oropos  ;  mais  les  noms  qui  font 
demeurés  8c  à  Oropo  ex  à  celui-ci  ,  qu'ils  appellent  en- 
core Sycmino  ou  Scamino  ,  quand  ils   parlent  vite, 
nous  firent  connoître  que  c'étoit  cette  petite   ville  de 
la  Béotie ,  qu'on  nommoit  anciennement  Sycaminon. 

4.  OROPUS  ou  Orope  ,  en  grec 'ap6)77oç  ou  'o.pu7t'i , 
ville  de  l'Eubée.  Il  y  avoit  un  temple  confacré  à  Apol- 
lon ,  félon  Etienne  le  géographe. 

j.  OROPUS,  ville  de  Grèce,  dans  la  Thesprotie  : 
il  parok  par  l'expiefiîon  de  ce  même  auteur  qu'elle  étoit 
dans  la  ville  même  de  Nicopolis,  dont  elle  faifoit  peut- 
être  partie. 

6.  OROPUS,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Argie , 
félon  le  même. 

OROSA.  Voyez.  Alinza  i. 

OROSAN  A  ,  ville  de  la  Serique ,  félon  Ptolomée ,  /. 
6.c.  16.  c'e il- à-dire  ,  dans  la  partie  feptentrionale  de  la 
Chine. 

OROSBES,  peuples  de  la  Scythic,  en-deçà  de  l'I- 
maiis  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  14.  Il  les  met  entre  les 
Machageni,  les  Norossi  8c  les  Cachasse. 

OROSCHICK  ,   ville  de  la  Bulgarie.  Voyez  Rot- 

ZIG. 

OROSCOPA  ,  ville  d'Afrique.  Les  contefiations 
qu'Appien,  Bell.  Punie,  p.  38.  dit  que  les  Carthaginois 
8c  Maifinifle  eurent ,  au  fujet  de  cette  ville,  font  voir 
qu'elle  étoit  aux  frontières  de  leurs  états.  La  verfion  lati- 
ne de  cet  auteur  y  ajoute  une  afpiration  Horos- 
copa. 

OROSINES  ,  rivière  de  Thrace,  félon  Pline  ,  /.  4. 
c.  11. 

OROSOLOGIA.  Voyez.  Rhosologia. 

OROSPEDA,  ancien  nom  d'une  montagne  de  l'Es- 
pagne Tarragonnoife ,  félon  Strabon.  On  lit  dans  Pto- 
lomée ,  lib.  2.  cap.  6.  Ortospeda  :  il  paroït  par  la  de- 
scription de  Ptolomée  qu'il  a  compris  fous  ce  nom  cette 
chaîne  de  montagnes  qui  commencent  aux  confins  du 


ORS 


royaume  de  Valence  ,  8c  s'étendent  dans  la  Caftille  Sc- 
ie royaume  de  Grenade  jusqu'aux  environs  d'Almerie. 
Strabon  ,  /.  3.  p.  161.  leur  donne  bien  plus  de  terrein  : 
il  y  comprend  la  Sierra,  la  Sierra  Moreha,  la  Sierra 
d'Alcaraz,  la  Sierra  Nevada,  en  un  mot,  les  diverfes 
branches  qui  courent  depuis  l'Arragon  par  les  deux  Ca- 
fiilles  ,  jusque  dans  l'Andaloufie ,  y  compris  I'Ortos- 
peda  de  Ptolomée  II  met  dans  cette  montagne  les 
fources  du  fleuve  Bœtis  ou  Guadalquivir.  Il  y  loge  les 
Oretains  8c  autres  peuples  jusqu'à  Malaga  ,  8c  le  long 
des  Celtiberiens ,  lesSidetains  ,  les  Bailitains,  &c.  J'ai 
fait  voir  au  mot  Montagne  que  celles-ci  ne  font  qu'une 
extention  des  Pyrénées. 

OROUZE(L'),  petite  rivière  de  France, en  Cham- 
pagne. Elle  prend  fa  fource  à  deux  lieues  au  nord-eft 
de  Sens.  Elle  coule  au  bourg  de  Voifine  ,  à  la  Chapel- 
le ,  à  la  Pomeraye ,  8c  fe  rend  dans  l'Yonne,  au-des- 
fous  de  Pont-fur-Yonne. 

ORPHA.  Voyez.  Orfa. 

ORPHEA  ,  lieu  haut  8c  couvert  de  bois ,  en  Italie  , 
au  territoire  de  Laurentum  ,  félon  Vairon  ,  de  re  Kuft, 
L). 

ORPHES  ,  anciens  peuples  de  la  Libye  ,  félon  Pto- 
lomée, /.  4.  c.  6.  Us  étoient  voifins  de  la  montagne, 
nommée  par  les  anciens  Deorum  Currus  ,  le  Char  des 
dieux ,  que  quelques  modernes  expliquent  de  Sierra 
Liona. 

ORREA  ouOrrhea.  Les  Grecs  ont  écrit  "Op^a,  le 
mot  qu'ils  ont  emprunté  des  Latins ,  Horrea  ,  les 
granges,  les  magafins  de  grains.  Il  y  en  avoit  en  di- 
vers lieux  de  l'empire  Romain ,  comme  nous  l'avons 
marqué  au  mot  Grange.  Tel  étoit  I'Morreum  Mar- 
gi  d'Antonin  ,  itiner.  que  Ptolomée  ,  /.  3.C.  9.  appelle 
"Oppea  ,  &  qu'il  place  dans  la  Haute  Mcefie.  11  ne  fait  en 
cela  qu'écrire  le  nom  latin  en  lettres  grecques.  Il  mec 
de  même,  /.  2.  c,  3.  chez  le  peuple  Venicontes,  dans 
rifle  d'Albion  ,  un  lieu  qu'il  nomme  "Opp'êct ,  8c  qui  n'é- 
toit  fans  doute  qu'un  magafin  pour  les  troupes.  Ces 
magafins  netoient  pas  fans  être  accompagnés  de  quel- 
que bourg  ou  ville.  Il  paroït  que  celui  du  Margus  dans 
la  Mœfie  étoit  une  ville  ,  puisqu'il  y  avoit  des  manu- 
factures, 8c  la  notice  de  l'Empire, /if/.  9.  en  fait  men- 
tion :  Horreo  Margenfis  Fabrka.  Voyez  Margus  2. 
De  même  entre  les  évèchés  d'Afrique  ,  on  trouve  dans 
la  Byzacene  Horrea  Ctlia.  Ortelius  trouve  au  feptié- 
me  concile  de  Carthage  Orreocelensis.  Dans  le  con- 
cile tenu  fous  faint  Cyprien  étoit  Teriax  ab  Horreis 
Cdi&.  Au  concile  tenu  fous  Aurelius  en  419  ,  Hila- 
rimis  ,  episcopus  Horrea  Cdenjis  ,  étoit  député  de  la  Bi- 
zacene  ,  8c  Janvier  ,  episcopus  Horrea  C&lienfis  ,  com- 
parut dans  la  conférence  de  Carthage.  Ils  ne  faifoienc 
pas  attention  qu; Horrea  étoit  un  pluriel  neutre  ,  ils  en 
étoient  venus  jusqu'à  le  regarder  comme  un  fingulier  fé- 
minin. C'eft  de  même  qu'en  France  Turonitrn  ,  génitif 
pluriel  de  Turones  ,  nom  d'un  peuple ,  eft  devenu  un 
nominatif  neutre  ,  nom  propre  d'une  ville.  Horrea 
CiïaiA  fe  trouve  dans  Antonin  ,  entre  Putput  8c  Adru- 
mete ,  à  dix  mille  pas  de  la  dernière.  Il  y  avoit  un 
autre  magafin  à  dix-huit  milles  de  Sitifi,  en  allant  vers 
Salda.Ce  lien  étoit auïïi le  fiéged'unévêché  nommé  Ab 
Horrea  Arimicenfi ,  ou  fimplement  Horrensis.  *  An- 
tonini  Itiner. 

ORRERY  ,  baronnie  d'Irlande,  dans  la  province  de 
Munfier.  C'en;  la  plus  feptentrionale  des  quinze  qui  com- 
pofent  le  comté  de  Corck.  *  Etat préjent  de  l' Irlande , 

p.  48. 

ORRHOHENI.  Voyez.  Osrhoene. 

ORRHONTES.  C'étoit  une  rivière  d'Italie  ,  fi  l'on 
s'en  rapporte  à  Iface  ,  commentateur  de  Lycophron.  Il 
doit  avoir  eu  fa  fource  au  mont  Meliboée  ,  &  il  étoit 
dans  la  Campanie,  à  ce  que  conjecture  Ortelius.  11  faut 
reporter  ce  fleuve  &  cette  prétendue  montagne  en  Syrie , 
où  étoit  l'Oronte  &  l'ifle  Meliboée  qu'il  formoitàfon 
embouchure.  Voyez.  Oronte. 

1.  ORSA,  montagne  &  ville  dans  la  mer  Rouge, 
fur  la  côte  de  l'Arabie  Heureufe.  Pline,/.  6.  c.  28.  en 
fait  mention. 

2.  ORSA,  ville  de  l'Inde ,  en-déçà  du  Gange,  félon 
Ptolomée ,  /.  7.  c.  1. 

j.  ORSA.  Voyez,  Orsara. 


ORT 


ORT 


ORSARA  ou  Orsa,  ville  de  la  petite  Arménie  , 
vers  les  montagnes  ,  félon  Ptolomée,  /.  5.  c.  7. 

ORSAS  ouOrsan,  prieuré  de  France,  en  Berri , 
ordre  de  Fontevraulr.  11  elt  remarquable  en  ce  que  le  B. 
Robert  d'Arbriflel,  fondateur  de  cet  ordre,  mourut  en 
ce  monaftere  qu'il  avoir  fondé  dans  la  paroifle  de  Mai- 
fonnet ,  aux  confins  de  celle  d'Argent  -  Léger.  Son 
cœur  y  eft  demeuré.  *  Baillet ,  Topogr.  des  Saints,  p. 
640. 

ORSEI.  Le  P.  Hardouin  écrit  Ors^ci  ,  peuple  In- 
dien. Pline  ,  /.  8.  c.  21.  en  parle  à  l'occafion  de  la 
charte  de  certains  litiges  blancs  par  rout  le  corps. 

ORSENA  ,  contrée  d'Afie  ,  dans  la  partie  méridio- 
nale de  la  petite  Arménie ,  auprès  de  l'Orbeiine ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  j.  c.  7. 

ORSER  A  ,  petite  ville  d'Italie ,  dans  l'état  de  Venife , 
fur  la  côte  de  l'Iftrie,  au  nord  de  l'embouchure  du  Le- 
mo,  à  l'orient  de  lifle  de  Converfera,  entre  Parenzo  au 
nord&  Rovigno  au  midi.  *  Jaillot,  Atlas. 

ORSII ,  ancien  peuple  de  l'Inde ,  félon  quelques  édi- 
tions de  Pline,  l.6,c.  20.  Dans  celle  du  P.  Hardouin 
les  Orfii  disparoiflent,  8c  cèdent  la  place  aux  Osa , 
que  l'on  ne  connoît  pas  davantage. 

ORSIMA,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte ,  félon 
Pline,  /.  6.  c.  29. 

ORSIMARSO,  bourg  d'Italie ,  au  royaume  de  Na- 
ples  ,  dans  la  Calabre  Cicérieure  ,  fur  une  montagne , 
auprès  d'une  rivière  de  même  nom  qui  tombe  dans  la  ri- 
vière du  Laino  ,  à  deux  heures  &  demi  de  chemin  de 
Scalea  ,  8c  à  pareille  diîtance  de  Laino  ,  aux  confins  de 
la  Bafilicate.  On  croit  quec'ellla  ville  que  Pline,  /.  3. 
t.  n.  appelle  Urfœ,o\\  Urfeatum,  &  qu'il  donne  au 
peuple  Urfentinu  Barri  croit  que  c'eft  la  ville  appellce 
par  les  anciens  Abyfirum.  *  Jaillot   Atlas. 

ORSIPPI  ,  ancien  peuple  de  la  Bactriane  ,  /.  6. 
c.  11. 

ORSOLOGIACUM  ou  Rosologiacum  ,  lieu  d'A- 
fie, fur  la  route  d'Ancyre  à  Céfarée  ,  par  Nyfia,  entre 
Gorbxum  8c  Afpona  ,  à  dix-huit  mille  pas  de  la  première 
8c  à  vingt  mille  de  la  féconde.  C'eft  le  Rhosologia  de 
Ptolomée,  /.  j.  c.  4.  au  pays  des  Teclofages  ,  dans  la 
Galatie.  *   Itimr.  Anton. 

ORSON.  Appien  nomme  ainfi  ,  au  rappott  d'Orte- 
lïus ,  un  promontoire  d'Espagne  ,  nommé  par  Ptolomée 
Oeaso  ,  &  par  Pline  Olarso  ,  auprès  d'Ojarço. 

ORSOY,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  pays  de  Clèves 
fur  le  Rhin,  au-deffus  de  Rhinberg  ,  à  diftance  presque 
égale  de  Wefel  au  deflous  ,  8c  de  Duifbourg  au-deffus , 
au  nord  du  comté  de  Meurs.  Elle  a  été  long  tems  pos- 
fédée  par  les  Provinces-Unies  qui  la  fortifièrent.  Ce  fut 
le  prince  d'Orange  qui  la  prit  en  1634.  Corneille  qui  en 
parle  ,  félon  l'état  où  les  Hollandois  l'avoieni  mife  ,  dit 
dans  fou  dictionnaire  :  Cette  place  ,  quoique  petite,  eil 
fort  importante  ,  ne  pouvant  être  minée  ,  à  caufe  qu'on  a 
bâti  fes  remparts  de  troncs  d'arbres  &  de  terres  ,  fi  bien 
mêlés  qu'on  n'y  peut  faire  d'ouverture.  Philippe  de  Fran- 
ce ,  frère  unique  de  Louis  XIV ,  la  prit  néanmoins  en 
1672.  Les  fortifications  en  furent  détruites  l'année  fui- 
vante ,  8c  on  la  rendit  à  l'électeur  de  Brandebourg  à 
qui  elle  appartient.  *    Mémoires  du  tems. 

ORSSA,  ville  de  Pologne,  au  grand  duché    de  Li- 
thuanie  ,  au  Palatinat  de  Witepsk  ,  fur  un  ruifieau  nom- 
mé Orffa,  8c  qui  tombe  dans  le  Boryithène,  au  coude  que 
fait  ce  fleuve  ,  quand  après  avoir  ferpenté  depuis  Smo- 
lensko  vers  le  couchant  ,  il  fe  plie  vers  le  midi ,  un  peu 
au-deflous  de  Dubrov/na  aux  confins  du  Palatinat  de 
Mfciflaw  ,  félon  de  l'IAe  ,  qui  écrit  Orsa.  Une  nom 
me  point  la  rivière.  André   Cellarius  nomme    la  ville 
Orsza  ,  eV  le  ruifieau   Orszank.  Il  met  la  ville    dans 
le  palatinat  de  Smolensko  ;  mais  la  ville  même  de  Smo- 
lensko  8c  tout  le  duché  8c  le  palatinat  de  ce  nom  font  à 
l'empire  Ruflien,  8c  Orfla  eflde  la  Lithuanie,  aufli  bien 
que  Dubrowna  ,  fituée  entre  elle  8c  Smolensko.  Bau- 
drand,  Mati  8c  Corneille  mettent  Orssa  dans  le  pa- 
latinat de  Mfciflaw.  Les  deux  derniers  ont  été  trom- 
pés par  le  premier  ;  8c  celui  ci  n'a  fait  que  fuivre  la  car- 
te deSanfon,où  ce  palatinat  eil  plus  aggrandi  qu'il  ne 
faut  au  couchant  8c  au  nord  ;  au  lieu  qu'au  nord  le  Bo- 
ryithène  le  fépare  du  palatinat  de  Witepsk. 
i.ORTA.  Voyez.  Hortanum  8c  Orti. 


2.  ORTA  ,  bourg  d'Italie,  dans  la  Novarele  ,  au  du- 
ché de  Milan  a  avec  un  petit  lac  de  même  nam  ,  à  cinq 
milles  d'Atone ,  8c  du  lac  Majeur  au  couchant ,  en  allant 
vers  les  frontières  du  Piémont ,  dont  il  n'eft  qu'à  fepe 
milles  &  à  douze  de  Novarre,  vers  la  Tramontane.' 

ORTA  (  Le  lac  d'  )  qui  eft  tout  proche  ,  n'a  que  neuf 
milles  de  long  au  plus,  du  feptentrion  au  midi  fur  deux 
de  large.  Il  y  a  une  petite  ifle  nommée  Saint  Julien. 
Voyez.  Horta  2. 

OUTACEAS,  rivière  de  la  Sufiane ,  félon  Pline, 
/.  G.  c.   ij. 

ORTAGUREA.  Voyez.  Maronea  I. 
ORTEGAL  (  Le  cap  d').  p.  126.  col.  1. 
ORTENBOURGou  Ortnburg,  ville  d'Allema- 
gne ,  dans  la  Haute-Carinthie  ,  au  bord  de  la  Drave , 
vis-à-vis  de  l'embouchure  du  Lifer ,  entre  Dabourg  au 
couchant  8c  Villach  au  levant.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  an- 
cien comté  de  même  nom.  *  Zeyler ,  Carte  de  la  Ca- 
rinthie. 

ORTEZ ,  ou  Orthez  ,  ou  Ourtes  ,  ville  de  France , 
dans  le  iiearn  ,  dont  elle  eft  une  des  principales  places  t 
quoique  petite.  Elle  eft  fituée  fur  le  Gave  de  Pau  ,  fur 
le  penchant  d'une  colline,  à  fept  lieues  8c  au-defibus 
de  Pau.  Au  -  deffus  de  la  colline  ,  on  voit  les  ruines 
d'une  forterefle  que  les  princes  de  Bearn  y  avoient  bâtie 
pourfervirde  defenfeà  leur  province  contre  les  Vicom- 
tes ,  8c  les  Angiois  qui  vinrent  enfuite.  Ortez  avoit  été 
autrefois  aux  vicomtes  d'Acqs.  Galton  III  ,  vicomte  de 
Bearn,  la  conquit  en  1106.  Les  vicomtes  d'Acqs  fou- 
tinrent  toujours  leurs  prétentions  jusqu'à  l'an  1264, 
que  par  une  transaction  paffée  entre  Gafton  ,  vicomte 
de  Bearn  ,8c  Robert ,  vicomte  d'Acqs ,  tout  le  territoire 
d'Ortez  fut  cédé  à  ce  Gallon  ,  qui  fit  bâtir  le  Château 
Noble  ,  qui  eft  la  forterefle  dont  on  a  parlé.  C'eft  dans 
ce  château  que  ce  vicomte  &  fes  fuccefleurs  firent  leur 
demeure  jusqu'à  l'an  1460.  Ce  fut  alors  que  Galton  de 
Foix  Grailli,  prince  de  Bearn,  transféra  fa  cour  à  Pau, 
Jeanne  d'Albret,  reine  de  Navarre,  femme  d'Antoine  de 
Bourbon  8c  mère  d'Henri  IV  ,  roi  de  France  8c  de  Na- 
varre ,  aimoit  Ortez  ,  où  elle  établit  une  univerfité  eu 
faveur  des  Proteltans,  &  cette  univerfité  a  fubfiflé  jus- 
qu'au règne  de  Louis  XIV.  Cette  princefle  l'avoit  rentée 
des  revenus  8c  des  biens  des  évêques  8c  autres  ecelé- 
fiaftiques  qu'elle  avoit  chafles  de  fes  états ,  8c  on  voit  à 
Ortez  fur  la  rivière  un  pont  où  l'on  montre  une  fenêtre, 
par  laquelle  on  précipitoit  dans  la  rivière  ,  par  l'ordre  de 
Jeanne,  les  prêtres  &  les  religieux  qui  refufoient  d'em- 
brafler  fes  fentimens.  *  Longuerue  ,  Delcription  de  la 
Fiance  ,  part.  1.  p.  210. 

OKTHAGA.  Voyex.  Ortheaga. 
ORTHAGORIA,  Voyez  Stagira. 
ORTHE  ,  ville  de  la  Theflalie  ,  dans  la  Magnéfie. 
Homère  ,  lliaâ.  B.  in  catal.  v.  246. 8c  Pline  .  /.  4.  c.  9. 
en  font  mention.  Strabon,  /..  9.  p,  440.  la  donne  à  la 
Perrhebie  ,  8c  dit  :  Quelques  uns  prennent  Ortbe  pour 
une  forterefle  des  Phalanéens  >  Pline  diftingue  Orthe& 
Phalana  ,  8c  nomme  Thepies  entre  deux. 

ORTHEAGA ,  ville  de  Méfopotamie ,  félon-  Ptolo- 
mée, /.  j-.  c.  18.  Quelques  exemplaires  portent  Or- 
thaga. 

ORTHIA ,  canton  de  l'Arcadie  ,  félon  Hcfyche. 
Pline,  /.  19.  c.  6.  vante  le  poireau  de  ce  rerroir. 
ORTHIANA,  ville  de  l'Avie,  félon  Ptolomée. 
ORTHIOMAGUS  ,  lieu  maritime  de  la  Cilicie.  Po- 
lyen  ,  /.  4.  c.  6.  §  9.  en  parle  ,  &  dit  :  Des  vaifleaux  des 
Phéniciens  ayant  mouillé  a  Rofion ,  port  de  la  Cilicie  , 
8c  étant  chargés  d'une  grande  fomme  d'argent  qui  ap- 
partenoit  à  Eumene ,  choifirent  Sofigene  pour  amiral. 
Sofigene  paflbit  le  tems  à  Orthiomagus  à  obferver  les 
marée1;. 

ORTHOCORY  BANTII.  Hérodote  /,  3.  c.  92. 
nomme  ainfi  des  gens ,  qu'Ortelius  foupçonne  d'être 
un  peuple  de  Perfe. 

ORTHOPHANT^€  ou  Orotophanitve,  ancien 
peuple  d'Afie,  voiiïn  des  Chaldéens ,  félon  Pline,  /. 
6.  c.  16. 

1 .  ORTHOSI ADE ,  ancienne  ville  maritime  de  Phé- 
nicie.  On  lit  au  premier  livre  des  Machabées,  ch.  15. 
V.  3f  8c  37.  que  Tryphon,  ufurpateur  du  royaume 
de  Syrie,  étant  afliégé  à  Dora  par  terre  ,  s'enfuit  dans 


ORT 


7°4 

une  barque  à  Orthofiade ,  Se  de-la  à  Apamée  fa  pa- 
trie. Cette  dernière  circonftance  eft  de  Jofephe,  Antiq. 
I.  13.  c.  1 2.  &  comme  il  dit  que  Tryphon  s'enfuit  de 
Dora  à  Apamée  ,  fans  nommer  Orthoiiade  entre  deux  , 
cela  a  trompé  Vignier  ,  qui ,  dans  fa  bibliothèque  orien- 
tale, dit  que  Jofephe  appelle  Apamée,  Orthofiade.  Ceft 
une  erreur.  Apamée  étoit  dans  les  terres ,  Orthofiade 
étoic  au  bord  de  la  mer ,  vis  à-vis  de  Lifte  d'Arade  , 
pas  loin  de  Tripoli ,  à  ce  que  croit  D.  Calmet.  Pline» 
/.  j.  c.  20.  la  nomme  Orthosie.  Denys  le  Périegete 
<!it   Orthosis. 

2.  ORTHOSIADE,  ville  d'Afie,  dans  la  Carie  , 
félon  Strabon ,  /.  14.J».  650.  Pline,  /.  j.  c.  29.  la  nomme 
Orthosie  ;  Ptolomée  ,  /.  y.  c.  1.  dit  comme  Strabon  Or- 
thosia's  ,  adis.EUc  étoit  épiscopale  ,Se  les  notices  de  Léon 
Je  Sage  &  de  Hieroclès  mettent  Orthofiade  dans  la  Ca- 
rie. Onelius  dît  néanmoins  que  le  concile  de  Chalcé- 
doine  fournit  une  Orthofiade  en  Pifidie. 

ORTHOSIUS  MONS.  montagne  du  Péloponnèfe, 
félon  Tzetzès ,  commentateur  de  Lycophron.  C'ell  de- 
là que  Minerve  ,  furnommée  Orthofienne  >  étoit  adorée 
des  Arcadiens. 

ORTHURA,  ancienne  ville  des  Indes,  en-deçà  du 
Gange  ;  c'étoit  la  réfidence  d'un  roi,  que  Ptolomée, 
/.  y.  c.  1.  Sel.  8.  appelle  Sornage. 

ORTI  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de  l'Eglife ,  dans  la 
province  du  Patrimoine ,  près  du  Tibre  qui  reçoit  la 
Nera  vis  à-vis  ,  Se  aux  confins  de  d'Ombrie  ,  avec  un 
évêché  qui  ne  relevé  que  du  S.  Siège ,  Se  qui  elt  uni 
à  celui  de  Citta  Cafteliana  depuis  lan  1457.  Elle  eft 
près  d'Otricoli ,  à  34  milles  de  Rome,  a  9  de  Citta 
Cafteliana,  &  à  14  de  Viterbe.  Ceft  I'Hortanum 
de  Pline.  *  Baudrand,  édit.   17OJ. 

ORTICARIA,  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de 
Cîteaux ,  en  Italie ,  dans  le  diocèfe   de  Pife. 

ORTISIA  ,  ville  d'Italie  ,  félon  la  conjecture  d'Or- 
telius ,  qui  cite  Phlégon. 

ORTÏUM.  Voyez.  Orton. 

ORTNAU,  pays  d'Allemagne,  dans  la  Suabe ,  le 
long  du  Rhin  qui  le  fepàie  del'Alface,  &  lui  fert  de 
borne  au  couchant  ;  il  a  le  Biisgau  au  midi ,  le  Margraviat 
de  Bade  au  nord,  Se  le  duché  de  Wurtenberg  au  levant. 
L'empereur  en  a  la  préfecture  provinciale  Se  eft  proprié- 
taire de  la  plus  grande  partie.  Ce  petit  pays  contient  trois 
villes  impériales,  favoir,  Offenbourg,  Gegenbach, 
&  Zell.  Le  refte  du  pays  appartient ,  partie  a  l'evêque 
de  Spire  ,  &  partie  au  comtede  Hanau. 

ORTOBRIGA  ,  grande  ville,  fort  peuplée  &quieft 
comptée  enire  les  principales  du  pays,  dit  Suidas,  qui 
ne  marque  point  en  quel  pays.  Ortelius  foupçonne  que 
ce  pourroit  être  d'Espagne,  Se  il  fe  fonde  fur  ce  qu'il 
yavoit  en  Espagne  une  vingtaine  de  villes  dont  le  nom 
fe  termine  ainfi  ,  mais  il  y  en  avoit  aufii  dans  les  Gaules 
&   ailleurs. 

1.  ORTON,  'OpTwe ,  ville  d'Italie,  chez  le  peuple  Te- 
l'xgni ,  félon  Ptolomée  ,  /.  $.c.  1.  qui  fe  trompe.  C'étoit 
le  port  de  mer  du  peuple  Frentani ,  félon  Strabon ,  /. 
j.  p.  242.  Pline  ,  /.  3.  c.  12.  la  donne  auiïi  à  ce  peu- 
ple. Ceft  aujourd'hui  Ortona  a  Mare,  c'eft-à-dire  , 
Ortone  fur  mer.  Elle  eft  au  royaume  de  Naples  dans 
l'Abruzze  Cirérieure  ,au  bord  du  golfe  de  Venife ,  à  huit 
milles  de  Lâhciàno  Se  à  douze  de  Chieti ,  entre  les  pe- 
tites rivières  de  Foro  Se  de  Moto.  Elleaun  évêché  éri- 
gé ,  en  1570  ,  par  Pie  V,  &  auquel  l'évêché  de  Campli 
eft  uni ,  &  qui  eft  fuffragant  de  Chieti.  Elle  avoit  au- 
trefois un  port  qui  a  été  gâté  par  les  Vénitiens. 

2.  ORTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  Weftmor- 
land.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de  la  G, 
Brct.  r.  1. 

1.  ORTONA  ,  ville  d'Italie,  félon  Pline,  /.  3.  c.  12. 
chez  le  peuple  Frentani.  Ceft  la  même  qu'ORTON. 

2.  ORTONA  A  MARE.  Voyez,  Orton. 

3.  ORTONA  DE  MARSI ,  château  d'Italie  ,  dans 
la  même  province  ,  félon  Baudrand. 

ORTONS(  Les)  font  des  Mogols.  Ils  font  bornés 
au  fud  par  la  grande  muraille  de  la  Chine,  &  aux  trois 
autres  côtés  par  le  Hoangho  ou  Caramoran.  Ces  con- 
trées font  défertes  Se  ne  contiennent  rien  de  remarqua- 
ble. On  voit  fur  le  Caramoran,  au-delà  du  mur,  les 
ruines  d'une  ville  nommée  Toto,  qui  paroît  avoir  été 


ORV 


grande.  Ceft  apparemment  la  ville  de  Tum-van-tching, 
bâtie  par  Popo  ,  roi  de  ce  pays,  l'an  413.  Les  Ortons 
font  gouvernés  par  plufieurs  princes  fous  fix  bannières. 
Ils  mettent  de  la  rivalité  à  qui  aura  les  plus  grandes 
tentes ,  Se  les  plus  nombreux  troupeaux.  *  hilloire 
générale  des  Huns  ,  par  de  Guignes ,  tom.  4.  pug, 
239. 

ORTOPHANT^E.  Voyez,  Orthophant*. 
ORTOPOLA  ,  village  de  la  Morlaquie,  près  de  la 
ville  de  Segna,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Vegia.    C'étoit  au- 
trefois Ortopula   ou  Ortopla  ,  ville  maritime  de  la 
Liburnie,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.    17. 

1.  ORTOSPANA.  Strabon,  /.  1 1.  p.  J14.  nomme ainfi 
une  ville  fituée  fur  la  route  de  l'Arachofie  aux  Indes. 
Ptolomée,/.  6.  c.  18.  place  chez  les  Paropamifades  , 
peuple  fitué  au  nord  de  l'Arachofie,  Carura ou  Ca- 
bura,  nommée  aufii  Ortospana.  Pline  la  nomme 
Ortospanum 

2.  ORTOSPANA,  villede  laCarmanie,  félon  Am- 
mien  Marcellin.  Ceft  la  Porto/pana  de  Ptolomée. 

ORTOSPEDA.  Voyez.  Orospeda. 

1.  ORTYGIE,  petite  ifie ,  fur  la  côte  orientale  de 
Sicile  devant  Syracufe ,  à  l'embouchure  de  l'Alphée.  Vir- 
gile, JEaeid.  I.  3.  v,  692.  en  parle  ainfi: 

Sicanio  pr&tcnta  finit  jacet  Infula  contra 
F lemmyrïum  undofum  :  nomen  dixere  priores , 
Ortygiam.  Alpheum  fama  efl  hue  ,  Elidis  amneru  , 
Occultas  egijje  v  ias  fubter  mare ,  qui  nunç 
Ore ,  Arethufa  ,  tuo  Siculis  confunduur  undis. 

Ceft  aujourd'hui  l'ifle  de  San  Marciano  ,  devant  le 
port  de  Siragusa. 

1.  ORTYGIE.  Voyez  Delos. 

3.  ORTYGIE.  Voyez.  Afrique. 

ORVAL  ,  abbaye  de  France  ,  aux  Pays-Bas  ,  à  l'ex- 
trémité leptentrionale  du  Luxembourg  François ,  dans 
la  prévôté  d'ivoy ,  fur  la  route  de  Montmedi  a  Chiny, 
entre  quelques  iburces  de  ruiffeaux,  qui ,  fe  joignanc 
au  midi  de  l'abbaye  ,  vont  groflir  le  ruifleau  de  Limes  , 
Se  fe  perdre  avec  lui  dans  le  Chiers,  rivière  qui ,  panant 
à  Montmedi ,  à  la  Ferté  Se  à  lvoix,fe  jette  dans  la  Meufe 
un  peu  au-defius  de  Sedan.  Ce  monaftere  eft  du  dio- 
cèfe fous  lequel  Piganiol  de  la  Force  a  oublié  de  le  ran- 
ger. Il  fut  fondé  en  107c  ,  pour  des  religieux  de  l'ordre 
de  faint  Benoit ,  au  diocèfe  de  Verdun  ,  félon  D.  Pierre 
le  Nain  ,  fouprieur  de  l'abbaye  de  la  Trappe,  au  tome 
III  de  l'hiftoire  de  Cîteaux  (a). Il  pafia,  dit-il,  depuis 
entre  les  mains  de  quelques  chanoines  qui ,  dans  la  fuite 
des  tems ,  fe  laifferent  aller  au  relâchement  &  à  la  li- 
cence. Alberon  ,  évêque  de  Verdun  ,  voyant  qu'il  ne 
pouvoit  les  obliger  à  vivre  plus  faintement ,  fit  paftec 
ce  monaftere,  du  confentement  de  ces  chanoines,  dans 
l'ordre  de  Cîteaux ,  Se  le  mit  entre  les  mains  de  faine 
Bernard,  qui ,  étant  alors  occupé  aux  affaires  de  l'églife , 
donna  à  Gui ,  abbé  de  Trois- Fontaines  ,  la  coinmiffion 
de  recevoir  en  fon  nom  ce  monallere  Se  de  l'incorpo- 
rer à  l'ordre.  Gui ,  pour  obéir  à  faint  Bernard  ,  envoya 
à  Orval  fept  de  fes  frères  ,  auxquels  il  donna  pour  abbé 
Conftantin,  un  des  religieux  que  le  faint  avoit  envoyés  aux 
Trois-Fontaines  ,  quand  il  fonda  ce  monaftere;  ce  chan- 
gement arriva  l'an  1131.  L'abbaye  eft  au  milieu  des 
bois  à  deux  lieues  Se  demie  de  Montmedi  Se  h  fix  de 
Sedan  :  l'églife  Se  les  bâtimens  des  religieux  font  mag- 
nifiques. On  a  rétabli  en  cette  abbaye  (b)  dans  le  dernier 
fiécle ,  l'étroite  obfervance  de  Cîteaux  à  l'exemple  de 
la  Trappe ,  mais  on  n'y  néglige  point  les  études ,  Se 
on  y  enfeigne  aux  religieux  les  principales  queftions  de 
philofophie  Se  de  théologie,  félon  le  P.  Mattcne,  en 
fon  voyage  littéraire,  part.  1.  p.  149.  Près  de  l'ab- 
baye font  des  forges  de  fer  qui  en  dépendent,  (a)  Vie 
de  S.  Bernard,  liv.  4.  cap.  7.  pag.  353.  (b)  Corn, 
Did. 

ORVAL  (La  nouveile  ).  On  donne  ce  nom  en  Hol- 
lande à  un  nouvel  établiflement  qu'ont  fait  dans  la  pro- 
vince d'Utrecht  quelques  moines  d'Orval ,  qui  ont  quit- 
té l'abbaye  d'Orval  pour  ne  pas  fouferire  à  la  bulle  Uni- 
geninti ,  de  qui  fe  font  retirés  dans  cette  maifon  ,  dont  ils 

ont  fait  un  monaftexe. 

j.ORUBA, 


ORV 


1.  ORUBA,  félon  d'autres,  Aruba  ,  petite  îilc  de 
l'Amérique,  unedesifles  fous  le  vent,  entre  l'ifle  de 
Curaças  au  levant ,  6c  le  cap  de  Coquibocao  au  cou- 
chant Elle  efl  aux  Hollandois,  longitude  309.  lati- 
tude i  2. 

2.  ORUBA.  Voyez.  Oryba. 
ORUBIL/M.  Voyez.  Orvium. 

ORUDIZA  ,  lieu  de  Thrace ,  félon  Antonin  ,  itiner. 
ou  Orudisza  ad  Burgum,  fur  la  route  de  Cabyle  à 
Hadrianopolis.  Ces  mots  ad  Burgum  marquent  que  ce 
lieu  étoit  fur  la  rivière  de  Burgus  ,  nommée  aufli  Ton- 
zus,  aujourd'hui  la  Toneia,  qui  tombe  dans  l'Hébre  à 
Andrinople.  Ce  lieu  étoit  à  peu  près  où  elt  le  village 
d'Ere- Kioi. 

ORVIETAN  (  L'),  petit  pays  d'Italie,  dans  le  Pa- 
trimoine de  S.  Pierre  ,dont  il  elt  la  partie  la  plus  fepten- 
trionale.  11  efl  borné  au  nord  6c  à  l'orient  par  l'Ombrie  , 
au  couchant  par  le  Siénois ,  6c  au  midi  par  le  Patri- 
moine Se  par  l'état  de  Caltro.  Il  n'y  a  que  trois  villes 
remarquables ,  Orviéte ,  Aquapendcnte  6c  Bagnarca. 
*  Baudrand,  édir.  ijoj. 

ORVIETE  ,  Herb^mim,  Vrbs  vêtus  ou  Urbiventum  , 
ville  d'Italie,  dans  l'état  de  l'églife  ,  dans  la  province 
du  Patrimoine  6c  dans  un  petit  canton  qui  en  prend 
le  nom  d'Orviétan.  Elle  eft  fur  un  rocher  escarpé  de 
tous  côtés ,  près  du  confluent  des  rivières  de  la  Paglia 
&  delà  Chianà,  qui  fe  jettent  enfuite  dans  le  Tibre. 
Elle  efl:  à  fix  milles  de  Bolfena ,  à  vingt  de  Viterbe  6c 
à  foixante  de  Rome  (a).  Voyez, l'article  Oropitum.  Le* 
dôme  qui  a  quatre  clochers ,  eit  une  églife  fort  consi- 
dérable; l'architecture  en  efl:  gothique.  Elle  fut  com- 
menece  par  Nicolas  Pifan  tk  par  quelques  Allemands 
l'an  1260.  Le  portail  efl:  embelli  de  ftatues ,  entr'au- 
tres  d'une  vierge  6c  des  quatre  évangéliftes ,  avec  un 
bas  relief dujugementuniverfel,  du  même  Nicolas  Pifan. 
Le  haut  efl:  peint  en  mofaïque.  Dans  l'églife  efl;  un  bas 
relief  de  l'adoration  des  rois ,  de  Raphaël  de  Monte 
Lupo  ,  qui  ayant  été  long-tems  architecte  du  dôme  , 
l'embellit  de  plufieurs  ouvrages  de  fculpture.  On  y 
voit  auffi  une  chapelle  commencée  à  peindre  par  frère 
Jean  Angélique  de  Fiefoli ,  6c  continuée  par  Luc  Si- 
gnorelli  ,  qui  y  a  repréfenté  plufieurs  fujets  terribles  de  ' 
l'Apocalypfe  6c  du  Jugement  dernier  >  dont  Michel  Ange 
fut  bien  depuis  faire  fon  profit.  Il  y  a  auffi  une  ré- 
furrection  du  Lazare  de  Nicolas  Pomaranci.  Simon  6c 
François  Moca,  père  &  fils,  y  ont  taillé  en  marbre 
plufieurs  anges  6c  autres  figures ,  un  bas  relief  de  la 
vifitation  ,  6c  beaucoup  de  ftatues  en  concurrence  de 
Raphaël  de  Monte  Lupo.  Ce  que  ce  voyageur  ap- 
pelle le  dôme  efl:  la  même  églife  que  la  cathédrale. 
Une  defeription  de  l'Italie  dit  (b)  que  cette  églife  efl:  in- 
cruflée  de  porphyre ,  6c  que  le  veitibule  l'cft  de  marbre 
&  orné  d'ouvrages  des  plus  habiles  peintres  6c  fculp- 
teurs;  elle  ajoute  qu'il  y  a  à  Orviéte  un  magnifique 
palais  bâti  par  le  pape  Urbain  VIII,  en  1367.  Comme 
Orviéte  efl:  fi  élevée  qu'il  ne  fauroit  y  avoir  de  l'eau 
de  fontaine,  Clément  Vil  y  a  fait  creufer  un  puits 
de  deux  cens  cinquante  coudées  de  profondeur  ;  on  y 
descend  par  un  escalier  de  cinq  cens  cinquante  mar- 
ches, éclairé  par  foixante  6c  dix  fenêtres.  Les  mulets 
y  descendent  par  un  escalier  6c  remontent  par  un  au- 
tre ,  afin  de  ne  fe  point  embartafler  en  fe  rencontrant. 
Ce  fut  Antoine  de  S.  Gai  qui  fut  l'architecte  de  cet  ou- 
vrage ;  le  tout  efl:  taillé  dans  le  roc  ,  6c  à  l'entrée  on 
lit  cette  infeription  ,  Quod  natura  mitmmento  invider  at , 
indu/tria  adjecit.  La  ville  n'a  point  d'autres  murailles 
qu'une  ceinture  de  rochers  hauts  6c  escarpés ,  d'où  l'on 
ne  peut  regarder  en  bas  fans  frayeur.  L'air  y  efl:  très- 
bon  ,  excepté  durant  l'Automne  :  lorsqu'on  emploie  l'eau 
delà  Paglia  à  faire  rouir  le  chanvre  ,  cela  caufe  alors  une 
puanteur  fort  mal-faine  6c  fort  incommode  aux  habi- 
tans.  (  a  )  Corn.  Dict.  E.  D.  R.  nouveau  voyage  d'I- 
talie,  t.  x.  (b)  Italix  brev.&  accurat.  Defc.  Utrecht. 
16/0  6c  16/9.  p.  138. 

ORVINIE ,  Orvinium ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  ter- 
ritoire de  Rieti.  Denys  d'Halicarnafle ,  /.  \.c.  6.  dit  :  Il 
refloit  de  mon  tems  peu  de  villes  où  les  Aborigènes 
enflent  eu  des  établifiemens.  La  plus  grande  partie  avoir 
été  ruinée  6c  défolée  par  les  guerres  ou  par  d'autres  ca- 
lamités 3  quelques-unes  fubfiftoienc  encore  don  le  ter- 


OSA      70  s 

ritoire  de  Riete ,  proche  du  mont  Apennin ,  comme 
écrit  Terentius  Varro  dans  fes  antiquités ,  6c  n'etoienc 
éloignées  de  Rome  que  d'une  journée  ;  il  nomme  enfuite 
Palatium  ,  Trebule  ,  Vcfbule  ,  Sune  ,  Mephyle  ,  Otvi- 
nie ,  le  mont  Corete.  Les  deux  premiers  6c  le  dernier 
lieu  ont  une  fituation  connue.  Voici  ce  qu'il  dit  plus 
particulièrement  d'Orvinie  :  Environ  quarante  ftades  au- 
delà  de  Mephyle  eft  Orvinie  ,  la  plus  grande  &  la  plus 
renommée  de  tout  le  pays.  On  découvre  encore  les 
fondemens  de  Ces  murs ,  anciens  reftes  de  fa  magnificen- 
ce, &  l'enceinte  de  plufieurs  fépulchres  qui  sétendent 
fort  loin  fur  des  hauteurs.  On  y  voit  un  temple  antique 
de  Minerve  bâti  dans  l'endroit  le  plus  élevé  de  la  ville. 
Sylburge  s'eft  douté  que  ce  devoit  être  Corphinium  ou 
Corfiniitm  ;  Orteliusquec'étoir  Urbin  ;  cène  peut  être 
ce  dernier  ;  Orvinie  devoit  être  entre  Norcia,  Rieti  6c 
les  frontières  de  l'Abruzze  Ultérieure. 

ORVIUM  ou  Orubium,  promontoire  de  l'Espa- 
gne Tarragonnoife ,  félon  Ptolomée,  liv.  2.  chap.  6. 
au  pays  des  Çallaici  Lucenfa  ;  il  doit  être  entre  le  cap 
de  Finiftere  6c  l'embouchure  du  Minho. 

ORUROS  ,  lieu  d'Afie ,  où  étoit  du  tems  de  Pom- 
pée la  borne  de  l'Empire  Romain  de  ce  côté-là  ,  à  deux 
cens  cinquante  mille  pas  de  Zeugma ,  félon  Pline ,  /.  6. 
c.  z6. 

ÔRUZA,  fiége  épiscopal  delà  Paleftine  ,  félon  Or- 
telius ,  TheJ'aitr.  qui  cite  le  concile  de  Chalcédoine.  Je 
n'en  trouve  aucune  trace  dans  les  notices,  fi  ce  n'eft 
Onus  ou  Honus  ,  qui  étoit  fous  Céfarée  ,  métropole 
de  la  Paleftine. 

ORXUL.ïl,  peuple  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange, 
félon  Pline,  /.  6.  c.  19. 

ORYBA ,  ville  des  Arabes ,  dans  la  Paleftine.  C'cfl: 
une  des  douze  qu'Alexandre  avoit  prifes  fur  les  Ara- 
bes, &  qu'Hircan  ,  fon  fils  ,  promit  de  lui  rendre  ,  s'il  le 
rérablifloit  dans  fon  royaume  de  Judée  occupé  par  fon 
frère  Ariftobule.  Jcfephe,  Antiq.  1.  14.  c.  2. 

ORYCANDENSIS  ,  fiége  épiscopal ,  danslaLycie, 
félon  une  notice  grecque.  C'eft  la  même  qu'ARYCAK- 
ea.  Voyez,  ce  mot. 

ORYMAGDUS.  Voyez.  Arymagdus. 

ORYMNENSIS  ,  fiége  épiscopal,  dans  la  premier» 
Pamphylie ,  félon  plufieurs  notices  grecques  où  l'on 
trouve  'Op-jyuixç ,  Paulus  Orymnorum  aflifta  au  concile 
d'Epheiè  ,  tenu  l'an  541.  "*"  Harduin.  collect.  conc.  t.  r. 
p.  143 1. 

ORYX  ,  lieu  du  Péloponnèfe ,  en  Arcadie ,  fur  le 
Ladon  ,  félon  Paufanias ,  /.  8.  c.  25. 

1.  OSA  (  L'),  petit  ruifieau  d'Italie,  dans  la  Cam- 
pagne de  Rome  ;  il  coule  au  midi  du  lac  6c  du  bord 
de  Ste  Praxede ,  6c  fe  perd  dans  le  Teverone  au-deflus 
de  Lunghezza.  *  Magin,   Ital. 

2.  OSA  (  L' )  ,  petite  rivière  d'Italie,  en  Toscane. 
Elle  a  fa  fource  dans  les  Maremmes  de  Sienne ,  entre 
Monte  Fano  6c  Perretta  ;  6c  coulant  vers  le  midi,  après. 
un  cours  de  quatre  ou  cinq  lieues ,  elle  fe  jette  dans 
la  mer  entre  Telamone  6c  Telamone  Vccchio.  Il  n'y  a 
aucun  lieu   remarquable  fur  fes  bords. 

OSACA  ,  ville  du  Japon  ,  dans  la  grande  ifle  de 
Niphon,  6c  l'une  des  cinq  grandes  villes  impériales; 
fa  fituation  eft  agréable  &  commode  dans  la  province 
de  Setzu.  Elle  eft  dans  une  plaine  fertile  ,  fur  les  bords 
d'une  rivière  navigable  ,  au  55e  deg.  $°  min-  de  latitude 
feptentrionale,  défendue  au  bour  oriental  par  un  châ- 
teau fortifié  ,  6c  au  bout  occidental  par  deux  bons  corps 
de  garde  qui  la  féparent  des  fauxbourgs.  Sa  longueur 
de  l'oueft  à  l'eft  ,  c'eft-à-dire,  depuis  les  fauxbourgs  jus- 
qu'au château  ,  eft  entre  trois  6c  quatre  mille  pas  com- 
muns; fa  largeur  eft  un  peu  moindre.  La  rivière  de  Jo- 
docawa  pafle  au  nord  de  la  ville  ,  coule  de  l'eft  à 
l'oueft  ,  6c  une  lieue  avant  qu'elle  entre  dans  la  ville  , 
il  s'en  fépare  un  bras  qui  va  droit  à  la  mer.  Cette  di- 
minution eft  réparée  par  deux  autres  rivières  ,  nommées 
Jamattagawa  6c  Firanogawa  ,  qui  fe  jettent  dans 
celle  d'Ofaca,  précifément  devant  la  ville  au  nord  du 
château  ;  on  les  traverfe  fur  des  ponts  magnifiques. 
Toutes  ces  eaux  jointes  cnfemble  ayant  arrofé  un  tiers 
de  la  ville:  une  partie  en  eft  conduite  par  un  large  ca- 
nal pour  fournir  la  partie  du  fud  ,  qui  eft  la  plus  gran- 
de, 6c  habitée  par  les  gens  les  plus  riches.  Pour  ce^ 
Tarn.  IV.  V  u  11  u 


706       OSA 

effet ,  on  a  coupé  divers  petits  canaux  que  l'on  remplit 
des  eaux  du  <nand  ,  ôc  que  l'on  fait  pafter  dans  les  prin- 
cipales rues.  D'autres  canaux  reportent  l'eau  au  grand 
bras  de  la  rivière  -,  ces  derniers  font  afïez  profonds  pour 
de  petits  bateaux  qui  peuvent  entrer  dans  la  ville,  ôc 
apporter  les  marchandifes  devant  la  porte  des  marchands. 
Tous  ces  différens  canaux  qui  coulent  le  long  des  rues, 
font  fort  réguliers  :  on  a  bâti  dedus  plus  de  cent  ponts , 
plufieurs  desquels  font  d'une  grande  beauté.  Quelques- 
uns  des  canaux  ,  à  la  vérité  font  pleins  de  vafe  ôc  ne  font 
pas  nettoyés  quelquefois ,  faute  d'une  quantité    d'eau 
•fuffifante.  Un  peu  au-defibus ,  à  la  fortie  du  canal  dont 
nous  avons  parlé,  qui  fournit  la  ville  d'eau,  un  autre 
bras  fe  fépare  du  grand  courant  du  côté  du  nord  ;  les 
eaux  de  celui-ci  font  bafles ,  ôc  il  n'eft  pas  navigable  ; 
mais  il  coule  à  l'oueft  avec  beaucoup  de  rapidité  ,  ôc 
fe  perd  enfin  dans  la  mer  d'Ofaca.  Le  grand  courant  , 
qui  eft  au  milieu  ,  continue  fon  cours  dans  la  ville ,  au  bas 
bout  de  laquelle  il  fe  tourne  à  l'oueft  ;  ôc  après  avoir 
fourni  les  fauxbourgs  ôc  les  villages  qui  font  au-dedus 
de  la  ville,  il  fe  fépare  en  plufieurs  branches,   &  fe 
jette  enfin   dans  la  mer  par  différentes   embouchures. 
Cette  rivière  eft  étroite ,  mais  profonde  ôc  bien  navi- 
gable.  Depuis  fon  embouchure  ,  en  remontant  jusqu'à 
Ofaca ,  Ôc  plus  haut ,    il  y  a  rarement  moins  de  mille 
bateaux  qui  montent  ôc  descendent ,  les  uns  avec   des 
marchands ,  les  autres  avec  des  princes  ôc  feigneurs  de 
l'empire  qui  demeurent  à  l'oueft  d'Ofaca,  lorsqu'ils  vont 
ou  qu'iis  reviennent  de  la  cour.  Les  bords  de  la  rivière 
font  relevés  des  deux  côtés  avec  des  marches  de  pier- 
re de  taille  ruftiquées ,  taillées  de  forte  qu'elles  paroiffent 
comme  des  escaliers  continués ,  ôc  que  l'on  peut  pren- 
dre terre  par-tout  où  l'on  veut.  On  a  bâti  des  ponts 
fur  la  rivière  qui  font  magnifiques  ,  à  trois  ou  quatre 
cens  pas  de  diftance  l'un  de  l'autre ,  plus  ou  moins  -, 
tous  font  bâtis  du  meilleur  cèdre  du  pays  ôc  le  mieux 
choifi.  Ils  font  bordés  des  deux  côtés  d'une  baluftrade 
ornée  fur  le  haut  avec  des  boules  de  cuivre  jaune.  J'ai 
compté  dix  de  ces  ponts.  Le  premier  ôc  le  plus  reculé 
à  l'eft  a  foixante  brades  de  longueur-,  ileft  porté  fur 
trente  arches  ,  chacune  foutenue  par  cinq  fortes  pou- 
tres ou  davantage  ;  le  fécond  eft  exactement  la  même 
chofe  dans  fes  proportions.  Le  troifiéme  eft  fur  les  deux 
bras  de  la  rivière  où  elle  fe  partage.  Celui-ci  a  cent  cin- 
quante pas  de  longueur-,  de-la  à  l'extrémité  de  la  ville 
il  y  a  fept  autres  ponts  moins  longs ,  à  mefure  que  la 
rivière  s'étrecit  -,  leur  longueur  eft  depuis  vingt  jusqu'à 
foixante  brades ,  ôc  ils  font  appuyés  à  proportion  fur 
dix  ou  trente  arches.  Les  rues ,  pour  la  plupart ,  font 
étroites,  mais  régulières ,  ôc  fe  coupant  l'une  l'autre  à 
angles  droits ,  allant  les  unes  vers  le  fud  &  les  autres 
vers  l'oueft.  Je  dois  excepter  pourtant  cette  partie  de 
la  ville  qui  eft  du  côté  de  la  mer,  à  caufe  que  les  rues 
vont  oueft-fud-oueft  le  long  des  diverfes  branches  de  la 
rivière.  Les  rues  font  propres ,   quoiqu'elles  ne  foient 
pas  pavées;  pour  la  commodité  des  padans,  il  y  a  un 
petit  pavé  de  pierre  de  taille  le  long  des  maifons  de  cha- 
que côté  de  la  rue.  Au  bout  de  chaque  rue  ,  il  y  a  des 
portes  que  l'on  ferme  la  nuit .  pendant  lequel  rems  il 
n'eft  permis  à  perfonne  d'aller  d'une  rue  à  l'autre  ,  fans 
une  permiffionexprelTe  ,  ôc  pafleport  de  l'ottona  ou  offi- 
cier qui  commande  dans  la  rue.  Il  y  a  aulîi  dans  cha- 
que rue  un  endroit  entouré  de  baluftrades ,  où  l'on  tient 
tous  les  inftrumens  nécedaires  en  cas  de  feu.  Tout  au- 
près eft  un  puits  couvert  pour  les  mêmes  befoins.  Les 
maifons,  félon  les  loix  ôc  la  coutume  du  pays,  n'ont 
pas  plus  de  deux  étages ,  chacune  d'une  brade  ôc  de- 
mie ou  de  deux  de  haut  ;  elles  font  bâties  de  bois,  de 
chaux  ôc  d'argille.  La  façade  préfente  la  porte  ôc  une 
boutique  ,  où  les  marchands  vendent  leurs  marchandi- 
fes, ou  bien  un  lieu  ouvert ,  où  les  ouvriers  travaillent 
à  découvert.  Du  haut  de  la  boutique  ou  chambre  ,  pend 
une  pièce  de  drap  noir ,  en  partie  pour  ornement ,  & 
en  partie  pour  les  défendre  du  vent  &  des  injures  de 
l'air  :  on  fuspend  au  même  endroit   des    échantillons 
ou  des  modèles  de  ce  qui  fe  vend  dans  les  boutiques. 
Le  toît  efi  plat,  &dans  les  bonnes  maifons,  il  eft  couvert 
avec  des  tuiles  noires ,  qu'on  fait  tenir  avec  de  la  chaux. 
Le  to'it  des  maifons  ordinaires  n'eft  ordinairement  cou- 
yert  que  de  bardeaux  ou  de  coupeaux  de  bois.  Toutes 


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les  maifons  en  dedans  font  admirablement  propres  ; 
elles  n'ont  ni  tables,  ni  chaifes,  ni  aucun  autre  meu- 
ble, comme  nos  appartemens  en  Europe  en  font  four- 
nis :  l'escalier  ,  les  baluftrades  ôc  les  lambris  font  tous 
verniffés  ;  le  plancher  eft  couvert  de  nattes  fort  pro- 
pres ôc  de  tapis  :  les  chambres  ne  font  féparées  l'une 
de  l'autre  que  par  des  paravents  :  de  forte  qu'en  les 
ôtant ,  de  plufieurs  chambres  on  n'en  fait  qu'une  ,  ôc  au 
contraire  d'une  on  en  fait  plufieurs ,  s  il  eft  nécefiaire. 
Les  murailles  font  tapiffées  de  papier  brillant ,  peint 
de  fleurs  d'or  ôc  d'argent  :  le  haut  de  la  muraille ,  quel- 
ques pouces  au-defibus  du  plafond ,  eft  ordinairement 
nud  ôc  enduit  feulement  d'une  argille  couleur  d'orange, 
que  l'on  tire  de  la  terre  auprès  de  la  ville ,  ôc  qui ,  à 
caufe  de  fa  beauté  ,eft  portée  dans  plufieurs  provinces 
éloignées.  Les  nattes  ,  les  portes  ôc  les  paravents  font 
tous  d'une  brade  de  long ,  ôc  de  la  moitié  en  largeur  : 
les  maifons  même  ôc  leurs  différentes  chambres  font  bâ- 
ties à  proportion  d'un  certain  nombre  de  nattes  plus 
ou  moins.  Il  y  a  ordinairement  un  joli  jardin  derrière  la 
maifon  ,  avec  une  colline  artificielle  &  toutes  fortes  de 
fleurs.  Derrière  le  jardin  eft  le  bain  ou  l'étuve  pour  fe 
baigner  ,  ôc  quelquefois  une  voûte  ,  ou  plutôt  un  petit 
endroit  avec  des  murailles  épaifies  d'argille  ôc  de  mor- 
tier, pour  y  refierrer,  en  cas  de  feu,  les  meubles  les  plus 
précieux.  *  Kœmpfer ,  Hilloire  du  Japon,  liv.  5.  p. 
18;. 

Ofaca  eft  gouverné  par  des  maires  ôc  par  la  cour  des 
ottona, chefs  de  communauté  ou  officiers commandans 
de  chaque  rue.  Les  maires  ôc  les  ottona  font  fubordon- 
nés  à  l'autorité  de  deux  gouverneurs  impériaux,  qui  ont 
auffi  le  commandement  fur  tout  le  pays  voifin  ,  fur  les 
villages  &  hameaux.  Ils  réfident  à  Ofaca  alternativement 
chacun  une  année  ;  ôc  tandis  que  l'un  d'eux  eft  au  lieu 
de  fon  gouvernement,  l'autre  eft  avec  fa  famille  à  Jcdo, 
capitale  de  l'empire.  Le  gouvernement  des  quatre  autres 
villes  impériales  eft  fur  le  même  pied,  avec  cette  diffé- 
rence feulement ,  qu'à  Nagafaki  il  y  a  trois  gouverneurs, 
dont  deux  y  réfident  ôc  commandent  tour  à  tour ,  tandis 
que  le  troifiéme  demeure  à  la  cour  pendant  un  an.  Les 
deux  gouverneurs  de  Meaco  font  obligés  d'aller  à  la 
cour  feulement  une  fois  en  trois  ans.  La  police  y  eft  la 
même  qu'à  Nagafaki ,  excepté  que  le  guet  marque  toutes 
les  heures  de  la  nuit  avec  des  inftrumens  différens.  On  faic 
connoître  la  première  heure  après  foleil  couché,  en  bu- 
tant un  tambour  ;  la  féconde  en  battant  un  Gum-gum^ 
(c'eftun  infiniment  en  forme  d'un  grand  baiîin  plat); 
la  troifiéme  ,  ou  minuit,  en  fonnant  une  cloche,  ou 
plutôt  en  la  battant  avec  un  bâton  de  bois.  La  pre- 
mière heure  après  minuit ,  ils  battent  encore  le  tam- 
bour ,  la  féconde  le  Gumgum  ,  la  troifiéme  la  cloche. 
Cette  troifiéme  heure  après  minuit  ou  fixiéme  heure  de 
la  nuit,  eft  auffi  la  dernière,  ôc  finit  par  le  lever  du 
foleil.  Je  remarquerai  ici  une  fois  pour  tontes,  que  les 
jours  comme  les  nuits  font  divifés  par  les  Japonnois  en 
fix  portions  égales  ou  heures ,  ôc  cela  tout  le  long  de 
l'année  :  de-là  vient  que  dans  l'été  les  heures  du  jour 
font  plus  longues  que  celles  de  la  nuit,  ôc  qu'en  hiver 
c'eft  tout  le  contraire. 

Ofaca  eft  extrêmement  peuplé ,  ôc  fi  nous  en  vouions 
croire  ce  que  les  Japonnois  nous  en  difent,  on  y  peut 
lever  une  armée  de  quatre-vingt  mille  hommes  de  fes 
habitans  feulement.  C'eft  la  ville  la  plus  marchande  du 
Japon  à  caufe  de  fa  fituation.  Les  vivres  y  font  à  bon" 
marché,  quoique  la  ville  foit  û  peuplée  :  l'on  peut  mê- 
me y  avoir  à  auffi  bon  marché  qu'ailleurs ,  ce  qui  ne  fert 
qu'au  luxe,  &  à  la  fenfualité  ;  auffi  les  Japonnois  ap- 
pellent-ils Ofaca  le  théâtre  univerfel  des  plaifirs  ôc  des 
divertidemens  :  on  peut  y  voir  repréfenter  tous  les  jours 
des  pièces  de  théâtre,  tant  en  public  que  dans  les  mai- 
fons des  particuliers  :  les  faltinbanques ,  les  joueurs  de 
gobelets  qui  favent  faire  des  preftiges ,  ôc  des  tours  ex- 
traordinaires,  tous  les  montreurs  de  raretés  qui  ont  à 
faire  voir  quelque  animal  monfirueux  ,  rare  ou  drede  à 
faire  des  tours  ,-s'y  rendent  de  tous  les  endroits  de  l'em- 
pire, affinés  d'y  gagner  plus  qu'en  quelque  autre  lieu 
que  ce  foit.  Il  fuffit  d'en  donner  un  exemple.  Il  y  a 
quelques  années  que  notre  compagnie  des  Indes  orien- 
tales envoya  de  Batavia  un  Cafuar  ,  (  c'eft  un  grand 
oifeau  des  Indes  qui  avale  des  pierres  ôç  des  charbons 


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ardens  )  pour  en  faire  un  préfenr  à  l'empereur.  Cet  oi- 
feau  n'ayant  pas  plu  aux  gouverneurs  de  Nagafaki ,  à 
qui  il  appartient  de  marquer  quels  font  les  préfens  les 
plus  agréables  à  l'empereur ,  nous  eûmes  ordre  de  le 
renvoyer  à  Batavia  ;  fur  quoi  un  riche  Japonnois,  grand 
amateur  de  ces  fortes  de  curiofités ,  nous  affura  que  s'il 
avoir  eu  la  permiflion  de  l'acheter ,  il  en  auroit  donné 
volontiers  mille  Tbails  ;  étant  certain  que  dans  une  an- 
née de  teins,  il  auroit  gagné  le  double  du  prix  en  le 
montrant  à  Ofaca.  Tous  les  princes  8c  feigneurs  qui 
demeurent  à  l'oueft  d'Ofaca  »  ont  leurs  maifons  dans 
cette  ville  ,  &  des  domefliques  pour  les  fervir  pendant 
leur  paflage.  Cependant  il  ne  leur  eft  pas  permis  de 
s'y  arrêter  plus  d  une  nuit  :  outre  cela ,  lors  de  leur 
déparc ,  ils  font  obligés  de  prendre  le  chemin  qui  eft 
hors  de  la  vue  du  château.  L'eau  qu'on  boit  à  Ofaca 
eft  un  peu  fomache ,  mais  en  récompenfe  ils  ont  le  meil- 
leur Sackj,  de  tour  l'empire  ,  que  l'on  brade  abondam- 
ment dans  le  prochain  village  de  Tenush,  8c  qui  eft 
transporté  dans  plufieurs  autres  provinces  ,  même  hors 
du  pays,  par  les  Hollandois  8c  les  Chinois. 

A  l'eft  de  la  ville,  ou  plutôt  à  fon  extrémité  au  nord- 
eft,  eft  le  fameux  château  bâti  dans  une  grande  plaine  : 
nous  paflâmes  tout  auprès  en  allant  à  Miaco  :  il  fut 
bâti  par  l'empereur  Taico  :  il  elt  carré  ,  8c  l'on  n'en 
peut  faire  le  tour  qu'en  une  heure  de  promenade  ;  il  eft 
bien  fortifié  avec  des  battions  ronds,  félon  l'architectu- 
re militaire  du  pays.  11  n'y  en  a  point  dans  tout  l'em- 
pire ,  après  le  château  de  Fingo  ,  qui  le  furpaffe  en  éten- 
due ,  en  magnificence  &  en  force  -,  il  eft  défendu  du 
côté  du  nord  par  la  rivière  de  Jodogaivj ,  qui  baigne 
fes  murs, après  qu'elle  a  reçu  deux  autres  rivières  ;  8c 
quoique  toutes  fes  eaux  jointes  enfemble  fufTent  d'une 
largeur  confîdérable ,  on  a  pourtant  jugé  à  propos,  pour- 
plus  grande  fureté  ,  d'élargir  le  lit  de  la  rivière.  Du 
côté  de  l'eft  les  murailles  du  château  font  baignées  par 
la  rivière  de  Kasuwarigawa  ,  avant  qu'elle  fe  jate 
dans  le  grand  bras  de  la  rivière  de  Jodogawa.  Au-delà 
de  la  rivière  de  Kafiiwarigawa  ,vis-à- vis  du  château ,  eft 
un  grand  jardin  qui  en  dépend.  Les  extrémités  du  fud  8c 
de  l'oueft  font  bornées  par  la  ville ,  les  appuis  de  la  mu- 
raille en  dehors  font  extraordinaires  ;  leur  épaifieur  eft 
de  fept  brades  pour  le  moins.  Ces  éperons  foutiennent 
une  muraille  haute  Ôc  épaiffe  ,  bordée  de  pierres  de 
taille ,  qui  a  au-deffus  un  rang  de  fapins  ou  de  cèdres. 
Je  pris  garde  qu'il  y  avoir  une  petite  porte  étroite  avec 
un  petit  pont  pour  entrer  dans  le  château.  C'eft  tout  ce 
que  nous  pûmes  remarquer  de  la  fituation  8c  de  l'état 
préfent  de  ce  fameux  édifice.  Quand  on  a  pafle  la  pre- 
mière muraille  ,  on  voit  un  fécond  château  de  la  mê- 
me architecture  que  le  premier  ,  mais  plus  petit.  Après 
être  entré  dans  ce  dernier  ,  on  arrive  au  troifiéme  , 
qui  eft  au  cœur  de  tout  l'édifice  ,  &  qui ,  félon  la  cou- 
tume du  pays,  a  les  angles  ornés  de  belles  rouis  à  plu- 
fieurs érages.  Il  y  a  dans  ce  troifiéme  château  ,  qui  eft 
aufli  le  plus  élevé  des  trois ,  une  tour  magnifique,  haute 
de  plufieurs  étages ,  dont  le  toit  le  plus  haut  eft  cou- 
vert &  orné  avec  deux  grands  poiffons  monftrueux  ,  qui 
au  lieu  d'écaillés  font  couverts  A'Ubungi  d'or  parfaite- 
ment polis.  Lorsque  le  foleil  brille  ,  ils  en  réfléchiffent 
les  rayons  fi  fortement ,  qu'on  peut  les  voir  de  Fiongo. 
Cette  tour  fut  entièrement  brûlée  vers  l'an  1661.  On 
voit  à  la  porte  qui  mené  au  fécond  château  une  pierre 
noire  Se  polie ,  qui  faic  une  partie  du  mur.  Sa  grofleur 
extraordinaire  &  fa  pefanteur  ,  Se  cette  circonftance 
qu'elleaété  portée  par  eau  à  Ofaca  ,  font  quelesgens  du 
pays  la  regardent  comme  une  merveille  :  elle  a  cinq 
brades  de  long  ,  quatre  de  largeur  ,  8c  à  peu  près  la 
même  épaiffeur  ;  ainfi  elle  eft  presque  de  figure  cubi- 
que. 

Ce  fut  un  gouverneur  de  Fiongo,  qui  ayant  eu  or- 
dre de  l'empereur  Taico,  lorsqu'il  faifoit  bâtir  ce  châ- 
teau, de  faire  venir  de  grandes  pierres,  fit  joindre  fix 
grandes  barques  pour  transporter  celle-ci  à  Ofaca  :  on 
l'avoit  tirée  de  Vide  d'iNiTZUMA  ,  fituée  à  cinq  lieues 
de  Tomit  du  côté  d'Ofaca.  L'empereur  fir  bâtir  ce  châ- 
teau pour  la  fureré  de  fa  perfonne  ;  8c  pour  exécuter 
ce  deffein ,  il  fe  faifir  d'une  occafion  favorable.  Avant 
déclaré  la  guerre  aux  habirans  de  la  Corée,  il  trouva  le 
moyen  par- là  d'écarter  plufieurs  des  pluspuidansprinccs 


&  Seigneurs  de  l'empire  ,  qu'il  avoir  le  plus  lujct  de 
craindre  ;  il  les  tira  de  leur  cour  8c  de  leurs  états  ,  Cv  les 
envoya  à  cette  expédition.  On  tient  toujours  une  groflè 
garnifon  dans  ce  château  ,  tant  pour  garder  les  tréfors 
de  l'empereur ,  que   pour  tenir  les  mêmes   provinces 
dans  la  foumiflion,  8c  empêcher  les  princes  du   côté 
de  l'occident  du  Japon  ,  de  rien  entreprendre  contre 
la  fureté  de  l'empereur  8c  de  l'empire.  Deux  des  prin- 
cipaux favoris  de  l'empereur  onr  le  commandement  du 
château  8c  de  la  garnifon  tour  k  tour,  chacun  pendant 
trois  ans.  Lorsqu'un  des  gouverneurs  retourne  de  la  cour 
au  lieu  de  fon  gouvernement ,  fon  prédécefTeur  doit  d'a- 
bord fortir  du  château,  8c  aller  a  la  coui  lui-même  pour 
y   re'ndre  compte  de  fa  conduite  ;  8c  il  ne  lui  eit  pas 
permis  de  voir  ni  de  parler  à  fon  fucceffeur;  mais  il 
doit  lui  laiffer    fes    inftruclions    par  écrit   dans   l'ap- 
partement qu'il  a  dans  le  château.  Les  gouverneurs  dont 
nous  parlons ,  n'ont  rien  à  voir  aux  affaires  qui  regar- 
dent la  ville  d'Ofaca ,  8c  rien  à  démêler  avec  les  gou- 
verneurs de  la  ville  :  cependant  ils  leur  font    fupérieurs 
quant  au  rang  ;  ce  qu'on  doit  inférer  de  ce  que  le  der- 
nier préfident  du  tribunal  de  juftice  à  Miaco  ,  qui  eft 
un  des  principaux  officiers  de  la  couronne,  8c  comme 
le  bras  droit  de  l'empereur  ,  fur  élevé  à  ce  pofte  émi- 
nent ,  immédiatement  après  celui  de  gouverneur  de  ce 
château. 

OS/EA  CIVITAS  ,  ancienne  ville  de  la  côte  occi- 
dentale de  l'ide  de  Sardaigne  ,  félon  Ptolomée,  /.  3. 
c.  3.  Simler  conjecture  que  ce  pourroit  être  I'Otiicca 
d'Antonin.  On  nomme  aujourd'hui  OsÉo  un  lieu  fitué 
entre  Néapoli  8c  Bofa.  Cluvicr  approuve  la  penfée  de 
Simler.  Voye^  OsÉo.  *  Sard'm.  A/itiq. 

OSAR1  (  L'  ) ,  ruiffeau  d'Italie,  dans  l'état  de  la  ré- 
publique de  Luqucs.  Il  pafie  fort  près  &  au  midi  de  la 
ville  de  Luques,&  fe  perd  dans  la  Serchio ,  qui,tra- 
verfant  le  territoire  de  Pife ,  porte  fes  eaux  à  la  mer. 

1.  OSC A,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoi- 
fe ,  au  pays  des  Ilergctes  dans  les  teires,  félon  Ptolo- 
mée  ,  /.  3.  c  6.  Pline  ,  /.  3.  c.  3.  la  place  dans  un  can- 
ton particulier  nommé  la  Vescicanie  ;  mais  les  Vesci- 
tains  Cv  les  Surdaons  faifoient  partie  des  Ilergctes ,  com- 
me le  remarque  le  P.  Hardouin.  Plutarque ,  Hommes 
ïlluflres  ,  t.  5  p.  207.  êdit.  d'Amft.  1724.  dans  la  vie  de 
Sertorius  dit  :  Parmi  les  nations  qui  lui  étotent  foumi- 
fes,  il  fit  choifir  les  enfans  des  plus  grandes  &  des  plus 
nobles  maifons ,  8c  les  mit  tous  enfemble  dans  Osça 
belle  8c  grande  ville ,  8c  leur  donna  des  maîtres  pour 
leur  enfeigner  les  lettres  grecques  8c  romaines.  C'eft  fans 
doute  cette  inftitution  de  Sertorius  qui  jetca  en  Espa- 
gne les  femences  de  cet  amour  des  telles  lettres ,  qui 
y  produifit  enfuite  tant  d'hommes  illultres,  entr'autres 
Columelle,  Pomponius  Mêla,  les  Seneques  ,  Lucain  , 
Martial ,  Quintilien ,  Florus  ,  8c  tant  d'autres  Espagnols 
célèbres ,  qui  fe  font  fait  un  grand  nom  entre  les  écri- 
vains de  l'ancienne  Rome.  Cette  ville  eft  aujourd'hui 
Huesca.  Voyez,  ce  mot, 

2.  OSC  A ,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  la  Béti- 
que,  chez  les  Turdetains ,  félon  Ptolomée ,  /.  2.  c.  4.  qui 
les  diftingue  ainfi  par  rapport  à  leur  pofition ,  /.  2, 
c.6. 


Longir. 


Latir. 


Osca  Ilergetum,  i5d.  o.  ni.      42  d.  30  m. 

Osca  Turditanorum ,      5       o.  m.       37     ijf. 

Il  eft  donc  ridicule  que  les  éditeurs  de  Ptolomée  ayent 
mis  Huesca  ,  pour  nom  moderne  à  toutes  les  deux.  Osca 
des  Ilergetes  eft  Huesca  en  Arragon  ■■,  Osca  des  Turde- 
tains doit  être  quelque  part  dans  l'Andaloufie. 

3.  QSCA,  ancien  nom  de  CArouE,  félon  Ortelius, 
qui  cite  Sempronius. 

OSCANA  ,  ville  d'Afie.  Elle  étoit  dans  le  Gédro- 
fie  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  21. 

OSCARUS  ,  nom  latin  de  I'Ousche,  ou  I'Ouche  , 
rivière  de  France  ,  en  Bourgogne. 

OSCELLA  ,  ville  ancienne  des  Léponriens  dans  les 
Alpes  Cottiennes ,  en  Italie  ,  félon  Ptolomée,  /.  3  t.  1. 
Ce  nom  fe  conferve  encore.  Voyez,  Domo  d'Oscella  , 
au  mot  Domo. 

Tom,  IV.  V  u  u  u  V) 


708 


OSC 


OSC 


OSCERLEBEN  »  prononcez  Ocherleben ,  (ch  à  la 
francoife  ,  comme  dans  cher ,  cherté  ,  )  petite  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  le  cercle  de  Baffe-Saxe,  ou  dans  la  prin- 
cipauté de  Halberftadt ,  aux  confins  du  duché  de  Mag- 
debourg.  C'eft  le  chef-lieu  d'un  bailliage  dans  lequel  le 
trouve  Hornhausen  ,  village  où  il  y  a  d'excellentes 
eaux ,  &  qui  érok  autrefois  de  joo  feux  ;  mais  depuis 
les  guerres  il  n'eit  plus  que  de  cent  quarante.  *  Zcyler, 
Saxon,  infer.  Topogr.  p.  190. 

OSCHENFURT,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Fran- 
conie ,  à  fix  lieues  au-deffus  de  YVurtzbourg  fur  le  Mein , 
où  il  y  a  un  pont  de  pierre.  Cette  ville  appartient  au 
chapitre  de  Wurtzbourg. 

OSCI ,  en  françois  les  Osques  ,  ancien  peuple  d'I- 
talie. On  les  appelloit  égalemenc  Opsgi  ,  Obsci  & 
Opici.  En  voici  des  preuves  :  Ennius  dit  dans  un  vers 
confervé  par  Feftus,  au  mot  Oscum: 

De  maris  res  gerit  Opscns, 

Sur  quoi  Verrius  avoit  remarqué  que  les  Osques  ont 
été  nommés  auparavant  Opsques  ,  Oscos  qttos  dicimus, 
ait  Verrius  ,  Opscos  anteù  dictos.  Le  mot  d'Obscène , 
Obscanus ,  vient  de  ce  peuple  dont  la  corruption  étoit 
extrême ,  Se  le  langage  conforme  aux  mœurs.  De-lù  vient 
ce  mot  paffé  en  proverbe  Se  pris  d'une  comédie  de  Ti- 
rinius, 

Qui  Opscè  &  Vclscè  fabulantur  ,nam  Latine  nefciunu 

Ofcè  loqui ,  fignifioit  également  employer  de  vieux  mots 
Se  parler  d'une  manière  diffolue.  Etienne  le  géographe 
dit  :  Opici,  peuple  d'Italie  ,  dont  parle  Eudoxe,  au  fi- 
xiéme  livre  du  tour  de  la  terre.  11  y  a  enfuite  une  la- 
cune dans  cet  auteur  ,  qui,  voulant  marquer  l'origine  de 
ce  nom  ,  difoit,  fans  doute ,  que  les  uns  le  nommoient 
ainfi ,  parce  qu'ils  fe  fervoient  d'un  langage  mêlé  de 
mots  étrangers;  d'autres  croyoient  qu'ils  dévoient  être 
nommés  Ophici,  du  mot  OVî  ,  qui  lignifie  un  ferpent. 
Servius  donne  dans  ce  dernier  fens.  Car,  expliquant  le 
vers  de  Virgile,   JEncid.l.  7.  v.  750. 

Oscorumque  Manus. 

il  dit ,  Capaenfes  dicli  :  qui  anîeà  Ophici  appellati  funt , 
quàd  illic  plurimi  abundavere  ferpemes.  Nam  Grx.cè 
OVî  dicitur  jerpens.  Il  eft  certain  que  les  Osques  ont 
été  quelquefois  appelles  Opici ,  mot  dont  les  Grecs  fe 
font  fervis  avec  préférence  ;  Se  leurs  Grammairiens  ne 
•connoiiTant  pas  ce  mot,  lui  ont  donné  une  étymologie 
grecque  au  hazard.  C  eft  une  baliverne  grecque  que  la 
dérivation  du  mot  0"p/ç. 

Les  anciens  Giecs  ont  mis  le  peuple  Opici  non-feu- 
lement au-delà  du  Garillan  ,  mais  encore  en-deça  dans 
le  Latium,  Denys  d'Halicarnaffe ,  /.  î.c.  64.  dit  :  Ari- 
ftote  le  Philofophe  raconte  que  quelques  Grecs  reve- 
nant de  Troye  ,  fuient  accueillis  d'une  furieufe  tempête 
vers  le  promontoire  de  Malée,  Se  qu'après  avoir  été 
long-tems  battus  des  vents  Se  jettes  en  diverfes  mers , 
ils  abordèrent  au  pays  des  Opicicns  ,  dans  l'endroit  où 
eft  le  Latium,  proche  la  mer  Tynhénienne.  Il  y  a  de 
l'apparence  qu'Annote  s'eft  trompé,  &  qu'il  a  confon- 
du les  Opiciens  avec  les  Sicules,  anciens  habitans  du 
Latium ,  comme  le  remarque  Cluvier.  Quoique  les  Si- 
cules Se  les  Opiciens  fuffent  différens,  Platon  ,  maître 
d'Ariltote ,  les  a  confondus  dans  une  de  fes  lettres; 
Autant  qu'on  peur ,  dic-il ,  le  prévoir  par  les  malheu- 
reux préfages ,  toute  la  Sicile  oubliera  la  langue  grec- 
que, étant  au  pouvoir  des  Phœniciens  ,  &  des  Opiciens. 
11  met  de  fon  teins  dans  la  Sicile  trois  peuples,  les 
Grecs  ,  les  Phceniciens  Se  les  Opiciens.  Comme  il  ne 
faic  aucune  mention  des  Sicules  ,  qui  occupoienc  néan- 
moins une  grande-  partie  de  l'iile,  à  laquelle  même  ils 
donnèrent  leur  propre  nom  ;  il  faut  dire  que  Platon  a 
appelle  Opiciens  les  Sicules;  mais  ce  n'eft  pas  en  ce 
feu!  endroit  qu'Ariuote  a  parlé  des  Opiciens  i  voici  un 
paffage  de  fes  politiques.  Dans  cetre  contrée  ,  qui  eft 
,  uofee  par  la  mer  Tyrrhénienne  ,  habitoient  les  Opici, 
que  l'on  nommoit  aufli  les  Aufbn.cs,  Se  ou  les  appelle 


encore  de  même.  Ce  paffage  eft  éclairci  par  un  autre 
qui  eft  de  Strabon , /.  f.p.  242.  Après  avoir  parcouru 
fommairement  la  côte  de  la  Campanie ,  il  pourfuit  ainfi  : 
Sur  ce  rivage  eft  fituée  toute  la  Campanie ,  la  plus  heu- 
reufe  de  toutes  les  plaines  ;  autour  d'elle  font  des  hau- 
teurs d'un  terroir  fertile  Se  les  montagnes  des  Samnkes 
&  des  Osques.  Anthiochus  dit  que  ce  pays  a  été  habité 
par  les  Opiciens ,  que  l'on  appelloit  auffi  Aufones  ;  mais 
Polybe  donne  à  entendre  qu'il  les  prend  pour  deux  dif- 
férentes nations  ;  car  il  dit  que  les  Opiciens  Se  les  Au- 
fones habitoient  le  pays  qui  eft  autour  du  Crater  -,  il 
entend  par  ce  mot  de  Crater  le  golfe  de  Pouzzol.  D'au- 
tres difent  (  c'eit  toujours  Strabon  qui  parle  )  que  les 
Opiciens  Se  les  Aufones  ayant  poffedé  ce  pays ,  les  Os- 
ques s'en  emparèrent ,  Se  furent  chaffés  par  les  Cumains, 
que  les  Etrusques  chafferent  enfuite  à  leur  tour.  Il  ap- 
pelle, fans  doute,  montagnes  des  Osques,  celles  où  font  les 
villes  de  Seffa  Se  de  Tiano.  Ce  qu'il  dit  des  Opiciens 
différens  des  Aufones  elt.  fujet  à  conteftation.  Antio- 
chus  Se  Ariftote ,  auteurs  plus  anciens  que  Srrabon  Se 
que  Polybe ,  difent  que  ce  font  deux  noms  d'un  même 
peuple.  Ils  parlent  de  leur  tems ,  ies  autres  ne  parlent 
que  fur  des  mémoires  fufpec^s  ,  dès  qu'on  y  fait  deux 
peuples  des  Opiciens  &  des  Osques  :  car  il  eft  certain 
que  c'eft  le  même  nom  défiguré.  En  voici  des  preu- 
ves. 

Thucydide,  /.  6.  p.  41 3.  dit  :  Zancle  fut  premièrement 
bâtie  par  des  brigands  venus  de  Cumes ,  ville  de   la 
Chalcidique ,  au  pays  des  Opiciens.  Denys,  /.  7.  c.  3. 
die  que  dans  la  foixantequacriéme  Olympiade,  lesTyr- 
rhénicns,  les  Ombres,  les  Dauniens,  ce  quelques  aunes 
barbares ,  tâchèrent  de  détruire  la  ville  de  Cumes ,  bâ- 
tie au  pays  des  Opiciens  par  ceux  d'Erythres  Se  de  Chal- 
cide.  L'auteur  anonyme  des  Olympiades  ,  dit  :  La  pre- 
mière année  delà  foixante-quatriéme  Olympiade,  les  Cu- 
mains défirent  plufieurs  milliers  de  Tyrrhéniens  Se  d'O- 
piciens.  Marcitn  d'Kéraclée,  ou  plutôt  Scymnus   de 
Chio  dans  fà  Périegeie  en  vers  grecs,  v.  z$$.  & feq. 
dit  :  Après  les  Latins  eft  Cumes  au  pays  des  Opiciens, 
dans  le  voifinage  du  lac  d'Averne.  De  même  à  l'égard 
des  autres  lieux  du  voifinage  »   les  Grecs  ont  employé 
le  nom  des  Opiciens.  Denys  d'Halicarnaffe  ,l.i.c.  4/. 
racontant  la  navigation  d'Enée  en  Italie,  dit  :  De-là  ils 
entrèrent  dans  un  port  beau  Se  profond  du  pays  des  Opi- 
ciens ,  iv"07Tino1ç ,  qu'ils  appeiierent  Mifene  ,  <lu  nom 
d'un  des  principaux  de  leur  flotte  qui  y  mourut.  Strabon, 
parlant  des  Rliodiens ,  dit  :  Ils  pouffèrent  leur  naviga- 
tion jusqu'en  Espagne  ,  où  ils  fondèrent  la  ville  de  Rho- 
des (  Rofes)  ;  Se  ils  fondèrent  au  pays  des  Opiciens  Par- 
thenope;  in  Opicis  vero  Parthenupen.    Etienne  le  géo- 
graphe dit  dans  le  même  fens  ;  Parthenope  ,  ville 
d'Italie  ,  dans  le  pays  des  Opiciens ,  bâtie  par  les  Rho- 
diens  :  Se  ailleurs,  Phalere  ,  ville  chez  les  Opiciens  : 
Se  en  un  autre  endroit  Atella,  ville  des  Opiciens  en 
Italie ,  entre  Capoue  Se  Naples.  Le  même  auteur  dir , 
Fregelles,  ville  d'Italie  ;  elle  fut  anciennement  auxOpi- 
ciens ,  Se  enfuite  aux  Volsques.  Feftus  donne  aux  Au- 
fones les  pays  où  font  Benevent  Se  Cales.  Cela  convient 
à  ce  quedit  Tite-Live  ,  /.  8.  c.  16.  Infequens anrtus  ,  L. 
Tapir  10  Crajjo.,  Cœsone  Duilliu  Confulibus,  Aufonum  ma~ 
gis  novo  quammagno  bello  fuit  infignis  :  ea  gens  Cales 
urbcm  ïncolebat.  Noie  ,  fituée  entre  Naples  Se  Benevent, 
en  étoit  auffi.  Suidas  Se  Etienne  le  géographe  difent  : 
Nola  ,  ville  des  Aufones,  félon  Hécatée ,  Sec.  mais  les 
Latins  donnent  aux  Osques  les  villes  que  les  Grecs  don- 
nent aux  Opiciens:  on  a  déjà  vu  que  ,  félon  les  Grecs, 
les  Latins  difent,  des  Osques.  Velleius  Paterculus , /.  1. 
c.  4.  après  avoir  dit  :  Nec  multo  pofi  Chalcidenfes  . . . 
Cumas  in  Italia  coudidaiint ,  ajoute  enfuite  :  CumanoS 
Oica  mutavit  vicinia.  Diomcde  le  Grammairien  ,  par- 
lant des  comédies  latines  ,  ïnftitut.  L  3.  dit   :   Tertio. 
Jpecies  eft  fabularum  latinarurn  qux,  à  civitate  Oscorum 
Atella,  in  qua  primiim  cœptœ  ,  Atella  n^£  ditia  funt  y 
argumentis  diiliîque  jocitlaribus  fimiles  fatyricis  fxbu- 
lis  Uriccis.  Ce  que  dit  Etienne ,  que  Fregelles  avoir  été 
aux  Opiciens  c\:  enfuite  aux  Volsques ,  fait  voir  qu'elle 
étoit  à  l'extrémité  des  deux  nations.  Celle  des  Volsques 
finiffoit  à  Terracine,  &  c'eft  entre  cette  ville  Se  celle  de 
Cumes,  que  Strabon  Se  Pline  mettent  les  Osques.  Si- 
lius  Icalicus  en  pailc  ainfi.* 


ose 


OSI 


'Jam  vero  quos  d'wes  opum,  quos  âives  dvorum 
Ex  toto  dabat  bellum  Campania  traciu. 
Dutlorum.  adventum  vicirus  fedibus  Osci 
Servabant  :  Sinuejfa  tepens ,  ftuttuque  Jonorum 
Valturnum  ,•  quasque  everlere  fdentia  ,  AmycU  , 
Fundique  &  regnata  Lamo  Caieta  ,  domusque 
AnvphatA  ,  comprtjfa  freto  ;  ftagnisque  palujlre 
Luermtm,  £r  qttonUam  jatorum  confeia  Curai. 

Toutes  les  places  qu'il  nomme-là  ,  font  le  long  de  la 
côte  de  la  Cainpame,  entre  Terracine  Se  Cumes. 

Les  Osques  avoient  une  langue  particulière  ,  de  la- 
quelle Strabon  patle  ainfi  ,  /.  j.  p.  232.  Ccit ,  dit  il  , 
quelque  chofe  de  iingulier  que  ce  qui  efl  arrivé  aux 
Ooqucs.  La  nation  elt  détruite,  &fa  langue  le  conferve 
cncoie  chez  les  Romains  :  de  manière  que  certains 
vers  &  certaines  forces  fe  redonnent  fur  le  théâtre  dans 
des  jeux  réglés  par  l'ufage  des  anciens. 

Après  ce  qu'on  vient  de  lue  ,  on  verra  facilement 
ce  qu'on  doit  penfer  de  l'imagination  qu'a  eu  Dacia  , 
en  expliquant  le  vers  225.  de  l'art  poétique  d'Ho- 
race : 

Verum  ita  ri 'for es ,  ita  commendare  die  ace  s  >  &c. 

Il  parle  à  cette  occafion  des  Atellanes,  qui  font  les 
farces  dont  parle  ici  Strabon,  &  rapporte  le  paiïage  du 
grammairien  Diomede  que  j'ai  déjà  employé,  &  qu'il 
traduit  très  mal.  Voici  le  paflage  :  Tirtia  fpecies  eftfa- 
bularum  latinarum  qux,  à  civitate  Uscorum  Attila  ,  m 
qua  prirnum  cœptœ ,  Aieilana  dicta,  funt  :  Argumenlis 
dicta  que  jocularibus  f mite  s  jatyricis  fabulis  Grœcis. 
Voici  la  traduction  de  Dacier  :  Il  y  a  une  troifiéme 
espece  cle  comédies  Romaines, qui  ont  été  appellées  Atel- 
lanes ,  du  nom  d  Atella ,  ville  de  la  Toscane ,  où  elles 
ont  commencé ,  &  qui  par  leur  fujet  &  par  leurs  plai- 
santeries font  entièrement  femblables  aux  pièces  faty- 
liques  des  Grecs.  Où  Dacier  a  cil  pris  une  ville  d'Â- 
tella  en  Toscane  ?  Diomede  dit  bien  exprefiément  ville 
des  Qsques ,  peuple  qui  n'avoir  rien  de  commun  avec 
la  Toscane.  Au  mot  Atella  ,  j'ai  marqué  le  fentimenc 
de  Dacier:  je  me  fuis  contenté  de  rapporrer  aurti  le 
fentiment  de  l'abbé  Danet.  je  11  ai  point  décidé  ;  je  foup- 
connois  alors  que  Dacier  pourroit  bien  avoir  trouvé 
dans  Diomede,  que  je  n'avois  pas  pour  le confulter, quel- 
que paiïage  qui  fixeroit  un  Atella  dans  la  Toscane.  J'ai  vu 
depuis  que  c'etoit  une  erreur  particulière  à  Dacier  ,  qui 
croyoit  que  les  Osques  &  les  Toscans  étoient  une  mê- 
me choie.  Vofluis  le  peie ,  Inftkut.  Poet.  I.  2.  c.  3/.  §. 
5 .  &  6.  citant  un  autre  paiïage  de  Diomede  ,  au  lieu  de 
ces  mots .  in  Atellana  perjunx  Qèfcœm,  corrige  ce  der- 
nier mot ,  &  veut  qu'on  life  per'onx  Ose*  ;  Dacier  dit: 
Le  fuvanc  Voiïïus  prétend  que  dans  le  paiiage  de. Dio- 
mede ,  au  lieu  de  psrfonx  Ùbmatia  >  per tonnages  obs- 
cènes,  il  faut  lire  perionaUiCx ,  perfonnages  Osques, 
c'eit- à-dite  Toscans.  Cette  explication  elt  fatifie.  Vos- 
fins  n'a  eu  garde  de  dire  des  perfonnages  Toscans  pour 
des  perfonnages  Osques.  La  correction  de  Vollius  elt 
belle  ,  mais  elle  n'a  pas  été  fort  néceflaire ,  tk  nous 
avons  déjà  remarqué  que  0:cœ ,  Obstx  étoient  l'origi- 
ne dCObscœux  ;  parce  qu'en  effet  ces  peuples  étoienc 
également  corrompus  dans  leurs  mœurs  &  dans  leur 
langage.  De%  perfonnages  Osques  mis  fur  la  feene  cou-- 
fervoient  le  patois  de  cette  nation ,  &:  ce  patois  avoit 
quelque  choie  de  réjouiiïant.  11  falloit  leur  conlerver 
les  mœurs  de  leur  pays,  cv'  leur  faire  dire  ingénuement 
des  chofes  auxquelles  la  langue  des  Osques ,  plus  li- 
bre que  celle  des  Latins,  étoit  propre. 

Les  Atellanes  étoient  une  forte  de  fpectacle  venu  des 
Osques  :  ces  pièces  étoient  encore  en  ufage  quelque 
rems  avant  Çicéron  ,  &  il  paraît  qu'on  les  avoit  quit- 
rées  depuis  quelque  tems  :  car  écrivant  à  M.  Matins , 
Famil.  I.  7.  epifi.  1.  il  lui  dit  qu'il  ne  le  foupçonne  pas 
de  regreter  les  jeux  des  Grecs  ou  des  Osques.  fur-tout 
pouvant  voir  les  jeux  des  Osques  en  plein  fénat,  c'elt- 
ii-diie ,  qu'il  s'y  palïoit  des  feenes  aulïï  comiques  que 
pouvoieut  l'être  celles  des  pièces  Atellanes.  Quoi  qu'en 
dife  Dacier  ,  les  Atellanes  n'étoient  rien  moins  que  des 
pièces  ucs-honnâes  du  ceins  d'Horace,  contemporain 


709 

d'Augtiite  :  car  on  les  remit  fur  pied  après  Cicéron. 
Nous  lifons  que  fous  le  règne  de  Tibère  la  corruption 
en  étoit  fi  contagieufe,  qu'il  follicita  le  fénat  de  les  abo- 
lir :  Ojairn  quonUarn  ludicrum  levi/Jimœ  apud  vulgitm 
vbUttatioms  ,  eo  jlagiùorum  Qr  vinum  vcuijfc  ,  ut  auc- 
tontate  Patrum  cotreendum  fit.  *  Tacite ,  Annal.  1. 
4.  c.  14. 

Ces  Atellanes  étoient  en  langage  osque ,  qui  étoit  alors 
pour  les  Romains,  ce  qu'elt  aujourd'hui  le  îtyle  matoti- 
que,  ou  même  un  ftyle  plus  ancien ,  tel  que  Voiture 
l'a  imité  dans  quelques  letues  en  vieux  gaulois.  Com- 
bien cette  langue  O^que  a  dure  chez  les  Romains  ?  On 
voit  par  le  paiiage  de  Tacite  que  les  jeunes  gens  ae  Ro- 
me s'en  fervoient  encore  ;  mais  ,  comme  le  remarque 
Olivier  ,  îtal.  am.  I.  3.  c.  9.  on  ne  fauroit  dire  s'ils 
parloient  la  langue  dans  toute  fon  étendue  ,  ou  li  leur 
favoir  fe  réduifoit  leulemenr  à  quelques  pièces  du  vieux 
teins, qui  s'eroient  confervées  avec  l'habitude  de  les  jouer. 

OSCIUS  FLUVIUS  ,  rivière  qui  a  fa  f  >urce  dans  les 
mêmes  montagnes  de  Thrace  que  1  Hebrecx'  le  Nelius.fe- 
ion  Thucydide,  /.  2.  p.  1 66.  Je  m'étonne  que  les  critiques 
n  avent  pas  vu  qu'il  y  a  dans  ce  nom  un  renverfemenc 
de  lettres,  &  qu'au  lieu  d"0<7/.ic<; ,  il  faut  lire  'Qig-kcs  , 
Oescus  :  c'elt  en  efîet  cette  rivière  qui  a  fa  fource  dans 
les  mêmes  montagnes.  Voyez.  Oescus. 

OSCOBAGUS  ou  Oscobaras,  montagne  d'Afie, 
partie  du  mont  Taurus. 

OSCORI,  ville  des  Volsques:  elle  eft  nommée  dans 
Je  livre  des  Origines,  attribué  à  Caton. 

OSCORON  ,  rivière  de  Scythie,  félon  Ifidore  au 
14e  de  les  Origines.  Peut-être,  dit  Orteuus ,  Thejaur. 
y  avoit-il  O'wfoç,  le  Cyrus. 

OSCUM  >  lieu  d'Italie,  dans  le  territoire  de  Veies. 
La  jùuiifaiiceen  étoit  affectée  au  collège  des  Augures.  Ou 
lit  auiîi  Qbscum  :  on  a  vu  ci-deffus  qu'Osci,  Objci,Opsci 
ScOptct  éioient  diverfes  orthograpnes  du  même  nom. 

OSDARA  ou  Asdara  ,  ville  de  la  petite  Arménie. 
Antonin,  ni/iei .  la  met  fur  la  route  de  Céfarée  à  Me- 
îirene,  entre  Aiabillus  <k  Melitene  ,  à  vingt-huit  mille 
pas  d'Arabiilus. 

OSDROcNA.  Voyez.  Osrhoene. 

ObE  ou  Osen  ,  lieu  d'Espagne,  dont  parle  Grégoire 
de  Tours,  De glor.  Martyr.  I.  i.c.  24.  a  l'occalîon  de 
quelque  fontaine  mnaculeufe.  Voici  ce  qu'il  en  dit  ;  EJi 
O"  iltud  îllufire  miracuLum  de  fontibus  Hupanu  quoi 
Lufitamu  pr.,vhicia  projert.  Pijcina  namque  eft  apud 
Osen  Campum  aruiquiths  fculpta  &  ex  marmore  va- 
ria in  moauni  Crucu  miro  compofita  opère  ,  ôcc.  Dom 
Thierri  Ruinard  dit  que  ce  lieu  ne  peut  être  qu'Os- 
ser  ou  Ohet  ,  près  de  Scville,  dont  le  même  Gré- 
goire parle  ailleurs,  Hiftor.t.  6.  c.  43. 

OSEO.  Il  y  a  deux  villages  de  ce  nom ,  fur  la  côte 
occidentale  de  l'iile  de  Sardaigne  :  l'un  près  de  Cartel 
Doria  -,  l'autre  a  deux  lieues  de  Bofa  ,  vers  le  couchanc 
méridional.  On  elt  partage  fur  le  choix  de  ces  deux  vil- 
lages pour  y  mettre  la  ville  d'Os^EA.  *  Baudrand  , 
édit.   1705. 

OSERA  ou  Ossera,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Arra- 
gon  ,  furl'Ebre,  à  cinq  lieues  au-deiïo us  de  Sarragoce. 
Voyez.  Osicerda. 

OSERIATES,  ancien  peuple  delà  Pannonie,  félon 
Pline  ,  /.  3.  c.  2j.  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  1$.  dit  Osseria- 
tes  par  deux  S  S,  &  le  met  dans  la  Haute. 

OSERIETA.  Mithridate  ,  cité  par  Pline  , ./.  $7.  c.  1. 
dit  que  fur  la  côte  de  Germanie  il  y  avoit  une  irte , 
nommée  Ofericta  ,  chargée  d'une  forêt  dont  les  arbres 
étoient  une  espèce  de  cèdre,  cv  qu'il  en  couloir  de  l'am- 
bre fur  les  rochers.  Quelques-uns  la  prennent  pour  rifle 
d'Oéfel. 

OSER.O.  Ce  mot  dans  la  langue  ruflîenne  ,  qui  ert 
une  branche  de  l'esclavone ,  lignifie  un  lac. 

OSERO  TELESKOY,  iac  de  la  Ruffie;  il  efl  firué 
vers  les  52  deg.  de  lac.  au  nord-eft  du  lac  Sayfan.  II 
peut  avoir  environ  dix-huit  lieues  de  longueur  fur  douze 
de  largeur.  *  Htftoire  généalogique  des  Tatars  ,  p» 
114. 

OSERO,  ifledu  golfe  de  Venife.  Voyez.  Osoro. 

OSI ,  ancien  peuple  d'Allemagne.  Tacite ,  Germa». 
c  28.  qui  en  fait  mention  ,  le  trouve  fi  femblable  pour 
le  langage ,  pour  les  mœurs  &  pour  ks  loix  aux  Ara- 


OSI 


710 

visques ,  peuple  de  la  Pannonic,  qu'il  juge  incertain  ,  fi 
ce  font  les  Ofi  qui  ont  paîTé  en  Germanie ,  ou  les  Ara- 
visquesqui  fe  (ont  allé  établir  dans  la  Pannonie:  car  il 
conclut  de  leur  rcflèmblance  ,  que  ce  doit  avoir  été  au 
commencement:  un  feul  &  même  peuple.  Uirum  Ara- 
visci  in  Pannonianz  ab  Ofis  Germanorum  natione ,  an 
*  Ofi  ab  Araviscis  in  Germanium  commigraverint  ,  cïun 
eodem  adhuc  fermone ,  infiitut'n 1  ,  moribus utuntiir  ,  in- 
certain eft.  Ce  qu'il  ajoute ,  infinité  que  ces  deux  peu- 
ples n'étoienc  féparés  que  par  le  Danube  ,  dont  les 
deux  bords  avoient  des  peuples  également  pauvres  , 
également  libres ,  Se  à  qui  les  biens  Se  la  mifere  étoient 
communs  :  Qitia  pari  olim  inopiâ  ac  libertate  eàdem 
utriusqite  ripa  bona  nutlaque  erant.  La  queftion  qu'il 
trouvoit  fi  incertaine  ,  il  ne  laide  pas  de  la  décider  en- 
fuite  :  il  nomme  quatre  peuples,  Marfigni,  Gothini , 
Ofi,  Burii.  Le  premier  Se  le  dernier  avoient  la  langue 
Se  les  coutumes  des  Suéves.  Le  fécond  parloir  la  lan- 
gue gauloife  ,  Se  les  Ofi-  parloient  la  langue  panno- 
nienne,  d'où  il  conclue  que,  ni  les  Gothini ,  ni  les  Ofi, 
n'étoient  point  des  Germains  naturels^  mais  des  étran- 
gers venus  des  pays  dont  ils  avoient  confervé  la  langue. 
Sur  ces  deux  partages  de  Tite-Live,  il  s'eft  trouvé  en 
Allemagne  des  conjeclureurs  qui  ont  mis  ce  peuple 
enSiléiie,  aux  environs  d'Oppel  Si.  de  Naifia  ;  d'autres 
à  Oseneourg  ,  en  Weftphalie ,  d'autres  enfin  à  l'ifle 
d'Oéfel ,  fur  la  mer  Baltique.  D'Audifret  a  donné  aulfi 
fes  conjectures. 

OSI  AN  A  ,  ville  de  Cappadoce  ,  fur  la  route  d'An- 
cyreà  Céfarée ,  à  vingt-deux  mille  pas  de  Nyfïe,  &c  vingt- 
huit  mille  pas  de  Saccazena ,  qui  étoit  à  vingt-cinq  mille 
pas  de  Céfarée.  *  Anton,  kiner. 

OSICA,  ville  d'Afie'i  dans  l'Albanie,  félon  Ptolo- 
mée ,/.  5.  c.  1 1. 

OS1CERDA  ,  ancienne  ville  de  l'Espagne  Tarra- 
gonnoife  ,  chez  les  Hedétains ,  félon  Ptolomée  ,  lib.  2. 
c .  6.  Pline ,  qui  la  nomme  par  le  nom  national  de  fes 
habitans,  dit  Ossigerdenses.  On  croit  que  c'eft  Ossera. 

1;  OSil ,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie  ,  en  Europe, 
félon  Ptolomée ,  /.  3.  c.  j.  L'Interprète  Latin  met  Hosn. 

2.  OS1I,  peuple  de  l'Inde  ,  au-delà  de  l'indus ,  félon 
Pline,  /.  6.  c.  2G. 

OSILïA,  nom  latin  de  lifle  d'OESEL. 

OS1MO  {a) ,  Auximum ,  ville  épiscopale  d'Italie ,  dans 
ia  Marche  d'Ancone ,  fur  une  montagne  ,  près  du  Mufo- 
ne,  entre  Jefi&  Loiette,  dont  elle  efi  à  fept  milles  (b). 
C'eft  une  des  cinq  villes  de  la  Pentapole  ,  mentionnée 
dans  les  donations  de  Pépin  Se  de  Charlemagne.  Les 
revenus  de  ce  fiege  font  confidérables ,  Se  c'eft  ordi- 
nairement un  cardinal  qui  en  eft  évêque.  Le  palais  épis- 
copal  eft  magnifique  ,  Se  fut  bâti  par  Jean-Baptifte  Si- 
nibaldi ,  évêque  dOfimo,  qui  avoit  fuccédé  à  Antoine 
Sinibaldi ,  fon oncle,  qui  avoit  orné  la  cathédrale.  On 
v  voit  entre  autres  peintures  cftimées ,  un  tableau  du 
Guide  S:  un  de  l'Albane.  Il  y  en  a  un  autre  du  Guide 
dans  l'églife  de  la  Trinité  ,  deux  dans  celle  de  Sainte  Pa- 
iaria  Se  un  à  S.  Silveftre  du  Pomaranice  ,  qui  le  fit  en 
concurrence  du  Gnide ,  avec  lequel  il  avoit  peint  la 
coupole  du  dôme  de  Loiette.  Cette  églife  de  S.  Sil- 
veftre eft  deflervie  par  les  moines  de  la  congrégation 
Silveftrine ,  ainfi  appellée  de  S. Silveftre,  Gûzzolino  , 
gentilhomme  de  la  ville  d'Ofimo.  A  l'églife  de  S.  Marc 
il  y  a  un  tableau  du  Guerchin,  Se  aux  Capucins  un 
autre  du  Romanelli ,  &  autres  peintures  exquifes  i  mais 
le  tréfor  le  plus  précieux  de  cette  ville  confifte  dans 
les  reliques  qui  font  confervées  chez  les  prêtres  de  1  O- 
ratoire.  L'églife  cathédrale  a  auffi  les  tiennes.  Procope 
parle  beaucoup  de  cette  ville  à  l'occafion  des  Goths 
qui  s'y  retranchèrent  contre  Belilaire.  Voyez,  l'article 
Auxomum.  (a)  Baudrand,  édit.  1705.  (b)  Corn.  Dict. 
Se  E.  D.  R.  nouveau  vovage  d'Italie  ,  t.  1 . 

OS1NCUM  ,  ville  deïifle  de  Corfe  ,  dans  les  terres , 
félon  Ptolomée  ,  A3,  c.  1. 

OS1NTIAS  REGIO  ,  contrée  d'Espagne ,  dans  la  Bé- 
turie  ,  aux  environs  de  Sifapone  ,  félon  Pline,  /.  3. 
c.  1. 

OS1RIACA.  Athcnagoras  ,  dans  fon  apologie  pour  les 
Chrétiens  ,  nomme  ainfi  un  lieu  d'Egypte ,  confacré 
à  Ofiris  Se  qui  fervoit  d'afyle.  C'eft  ce  que  Strabon 
appelle  Osyridis  Asylvm. 


OSM 


OSISMII ,  ancien  peuple  de  la  Gaule.  Céfar,  /.  2.  c. 
34.  en  parle  dans  fes  commentaires  ,  Se  les  nomme  pêle- 
mêle  avec  des  peuples  de  la  Normandie  Se  de  la  Bre- 
tagne ,  Ofismïos ,  Lexovios  ,  Nannetes.   On  a  employé 
bien  des  conjectures  pour  trouver  ces   Olismiens.  San- 
fon  ,  dans  fes  remarques   fur  l'ancienne  Gaule  ,  en  die 
fon  fentiment  en  des  termes  que  je  rapporterai  ici  fans 
y  rien  changer.  «  Leur  ville  capitale  dans  Ptolomée, 
»  eft  Vorganium ,  Se  fans  doute ,  Vorgium  dans  l'itiné- 
»  raiie  romain,  puisOsisMii,  dans  la  notice  de  l'Em- 
»  pire.  Aujourd'hui  la  place  s'appelle  encore  dans  Ber- 
»  trand  d'Argentré  Cozqueoudet,  c'eft- à-dire  ,    cité 
»  ancienne ,  qui  ayant  été  ruinée  dès  il  y  a  long-tems» 
»  de  fon  ancien  diocéfe  il  s'en  eft  fait  trois ,  S.  Paul  de 
»  Léon ,  Tregnier  ,  Se  S.  Brieu ,  de  forte  que  tout  ce 
»  qui  eft  compris  aujourd'hui  fous  ces  trois  diocefes , 
»  fait  la  continence  de  l'ancien  peuple   Ofismii.  Toute 
»  notre  Bretagne  étant  confidérée  en  deux  parties  ,  la 
»  plus  feptentrionale  a  été  occupée  par  les  peuples Rhe- 
«  dones  Se  GJîimli ,  la  plus  méridionale  par  les  peuples 
»  Nannetes  ,  Veneti  CT  Curiof otites.  Les  Rhe dones  & 
»  Gfismii  n'ont  fait ,  comme  je   crois ,  qu'un   diocèfe 
»  chacun  du  commencement ,  &  qui   ont  été  dès  il  y 
»  a  long-tems,  divifés  chacun  en  trois  auttes ,  Rhedo- 
»  nes.en  ceux  de  Rhennes  qui  eft  l'ancien,  puis  de  S. 
»  Malo  Se  de  Dol.  Celui  à'O/îsmii ,  comme  nous  avons 
»  dit ,  en  ceux  de  S.  Brieu  ,  de  Treguier  &  de  S.  Paul 
»  de  Léon  ;  mais  les  peuples  Nannetes  ,  Veneti  6e  Cu- 
"  riojolites  n'ont  fait  que  leur  diocèfe  chacun  &  n'ont 
»  reçu  aucun  changement  ;  ce  qui  fait  voir  que  la  côte 
»  vers  le  feptentrion  a  été  plus  fujetteaux  couries  ôc 
»  à  la  descente  des  étrangers,  que  celle  du  côte  du 
»  midi.  » 

D'autres  mettent  ce  peuple  en  Bafie-Normandie.  Voyez. 
l'article  Hiemes.  *  Gitem  Thefaur. 

OS1UDISO.  Voyez,  Ostudizum. 

OSMA  ,  ville  de  la  Vieille  Caltillc,  dans  une  plaine 
qui  eft  au  pied  d'une  colline  ,  au  bord  feptentnonal  du 
Duero  ,  entre  les  ruilieaux  Avion  Se  Ufero,  qui  l'arrc- 
fent  &  lui  fouiniiTent  du  poiflon;  elle  a  titre  de  cité. 
Rodrigue  Mendez  Silva  dit  :  Qu'il  n'y  a  pas  plus  de  cin- 
quante ou  foixante  feux  -,  mais  au  côté  méridional  du 
Duero  ,  que  l'on  pafle  fur  un  pont ,  &  à  une  portée  de 
mousquet  de  la  rivière,  dans  la  vallce  ,  eft  une  autre 
Osma  ,  que  l'on  appelle  Burgo  d'Osma  ,  entourée  d'une 
muraille  avec  quatre  portes,  Se  peuplée  demirnn  det,x 
cens  familles.  11  y  a  trois  places  ,  onze  rues ,  un  cou- 
vent de  Carmes.  C'eft  danscerte  partie  qu'eft  la  cathé- 
drale Se  la  réfidence  de  l'évêque ,  Se  l'univeifité  fon- 
dée en  15 jg,  par  l'évêque   D.  Pierre  d'Acofia,  Por- 
tugais ,  natif  d'Alpcdrina  ,  coufin  du  cardinal    George 
d'Àcoita.  C'eft   proprement  la   cité  qui  eft  l'ancienne 
ville,  i\  fameufe  du  tems  des  Romains  >  qui  la  nom- 
ment 13 xam a.  Voyez,  ce  mot.  Elle  eft  nommée  Oxo- 
ma  dans  les  trois  notices  eccléfiaftiques  d'Espagne.  Les 
Maures  s'en  étant  rendus  maîtres  ;  le  roi  Alphonfed'Ar- 
ragon  la  conquit  l'an  755.  Gonçales  Tellez   fut   char- 
gé par  Con  frère  ,   le  comte  Fernand  Gonça'es ,  de  la 
repeupler  en  950.  Les  Infidèles  la   reprirent  ,   Se  le 
comte  D.  Sanche  de  Caflille  la  rétablit  en  1012.  Enfin 
le  roi    Alfonfe  VI  la  repeupla  de  nouveau  ,  8e  y  réta- 
blit le  fiége  épiscopal.  C'eft  ce  que  fournit  Rodrigue 
Mendez  Silva,  Poblacïon  général  de  Espana ,  p.  20. 
L'abbé  de  Vayrac  ,  dans  fon  état  préfent  de  l'Espagne, 
/.  1.  t.   i.p.  3  27.  dit  :  De  Soria ,  on  va  à  Osma ,  autre- 
fois Uxama  ,  ville  confidérable  dans  l'antiquité  ,  &  in- 
comparablement  plus  grande  qu'elle  ne    l'eft  aujour- 
d'hui. Elle  eft  fituée  fur  le  bord  feptentrional  du  Due- 
ro ,  dans  une  plaine  fertile  en  tout  ce  qui  eft  néces- 
faire  à  la  vie.  On  n'y  compte  qu'environ  trois  cens  feux  ; 
(  cela   eft  bien  différent  des  cinquante  ou  foixante  de 
l'auteur  Espagnol.)   encore  les  maifons  y  font-elles  Ci 
ruinées  Se  fi  disperfées ,  qu'elle  a  bien  moins  l'air  d'une 
ville  que  d'un  gros  bourg  qui  efttout  proche,  qu'on  ap-r 
pelle  El  Borgo  de  Osma  ;  cependant  elle  eft  honorée, 
d'un   fiége    épiscopal ,  dont  l'évêque  fe  tient  dans  le 
bourg. 

Les  fentimens ,  continue-t-il ,  /.  4*f.  2.  p.  33/.  font 
partagés  touchant  l'époque  de  l'éreétion  de  cette  églife, 
Les  uns  prétendent  qu'elle  fut  fondée  du  rems  des  apô- 


OSN 


OSN 


très,  par  faint  Saturnin  ,  disciple  de  faint  Paul,  &  les 
autres  par  faint  Firmin,  c'elt-à-dhe,  long-tems  après. 
Flavius  Dexter  fcmble  approcher  de  l'opinion  des  pre- 
miers,  lorsqu'il  dit  que  faint  Trophime,  faint  Ovan- 
cc  &  faint  Alîory  y  prêchèrent  la  foi  l'an  91  ,  8c 
qu'Alton  en  fut  le  premier  évêque;  mais  il  fe  contre- 
dit lui-même ,  en  lui  donnant  pour  fucceffeur  Exupe- 
rance,  qu'il  ne  place  fur  la  chaire  épiscopale  qu'en 
38/  ,  de  forte  que  les  uns  8c  les  autres  n'étant  fondés 
que  fur  une  tradition  peu  exacte ,  on  ne  peut  s'arrêter 
à  ce  qu'ils  difenr.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'eit  que  cette 
églife  elt  très-ancienne ,  puisqu'un  de  fes  évêques  as- 
filta  au  concile  de  Nicée.  Dans  le  dénombrement  qui 
fut  fait  vers  ce  tems  ,  Osma  fut  mis  au  rang  des  évê- 
chés  fuffragans  de  Tolède  ;  8c  dans  le  concile  de  Lugo 
les  limites  de  fon  diocèfe  furent  réglées.  Suppofé  donc 
qu'Exupcrancefùt  évêque  d'Osma  en  38/  ,  il  faut  que 
les  noms  de  fes  fuccefleurs ,  pendant  l'espace  de  2 1 2  ans , 
ayent  été  enfevelis  fous  les  ruines  de  cette  églife  ,  puis- 
que depuis  ce  tems ,  les  conciles ,  ni  l'hijîoiie  eccléfia- 
ftique  ne  font  mention  d'aucun  évêque  de  cette  églife 
jusqu'en  597  ,  que  Jean  ,  évêque  d'Osma,  affilia  au  trei- 
fiéme  concile  de  Tolède. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  les  Maures  n'épargnèrent  pas 
plus  cette  églife  que  les  autres ,  &  le  culte  divin  en 
fut  banni,  jusqu'à  ce  qu'Alphonfe  VI  eut  repris  la  ville 
d'Osma  fur  ces  Infidèles,  8c  rétablit  l'églife  cathédrale, 
après  quoi  ,  le  célèbre  Bernard  ,  archevêque  de  Tolè- 
de, y  établit  pour  évêque,  Pierre  d'Osma,  originaire 
de  France.  (Rodrigue  Mendez  Silva ,  cité  ci-deffus, 
dit  qu'il  étoit  François ,  8c  archidiacre  d'Osma.  ) 

Le  chapitre  a  été  régulier  depuis  fa  fondation  jusqu'à 
l'an  IJ33,  qu'il  fut  fécularifé  par  Paul  III.  Il  cil  com- 
pofé  de  onze  dignitaires,  de  dix  chanoines ,  en  y  com- 
prenant le  canonicat  qui  eit  affecté  à  l'inquiiîtion  de 
Logroûo ,  de  douze  prébendiers ,  d'un  curé  ,  d'un  ar- 
chiprêtre ,  de  divers  chapelains ,  de  dix  enfans  de 
chœur,  dont  les  deux  premiers  s'appellent  infantes 
Mayores  ,  à  caufe  qu'ils  ne  font  obligés  qu'à  réciter  le 
martyrologe  &  à  marquer  les  offices  dans  les  livres  du 
chœur,  de  quatre  féminarhtes  ,  de  llx  collégiaux  de  S. 
Pierre  ,  de  fix  clercs ,  qu'on  appelle  Miffarios  ,  dont  la 
fonction  coniilte  à  fervir  les  méfies,  d'un  maître  de 
chapelle  &  d'un  organise.  Les  dignitaires  font  le  prieur  , 
lequel  nomme  un  fouprieur  qu'il  doit  prendre  du  corps 
du  chapitre ,  l'archidiacre  d'Osma  ,  l'archidiacre  de  So- 
ria ,  qui  nomme  à  quatre  prébendes  ,  l'archidiacre 
d'Az.a,  le  chantre  qui  nomme  le  fous- chantre  &  huit 
enfans  de  chœur;  le  tréforier ,  qui  nomme  deux  fous- 
facriltains ,  l'écolâtre  qui  nomme  un  curé  &  un  vi- 
caire -,  l'abbé  de  faint  Barthelcmi  8c  l'abbé  de  fainte 
Croix.  Le  pape  8c  Pévêque  nomment  alternativement 
aux  dignités,  8c  l'évêque  8c  le  chapitre  nomment  auiîi 
alternativement  aux  canonicats  dans  les  mois  de  Mars , 
de  Juin ,  de  Septembre  cV  Décembre  -,  l'évêque ,  le  cha- 
pitre 8c  l'archidiacre  de  Soria  nomment  aux  douze  pré- 
bendes ,  dont  ils  font  fondateurs  conjointement.  Les 
chanoines  font  obligés  de  faire  preuve  de  pureté  de 
fang  ,  c'eit-à-dire  ,  qu'il  faut  qu'ils  jullifient  qu'ils  ne  des- 
cendent ni  de  Juifs  ,  ni  de  Maures  ,  ni  d'Hérétiques  , 
ni  de  perfonnes  qui  ayent  été  condamnées  par  le  tribu- 
nal de  l'inquifition. 

Le  diocèfe  d'Osma  eu  diviféen  deux  parties,  qui  font 
celles  de  Soria  8c  d'Aranda,  qui  comprennent  fept  ar- 
chiprêtrés,  quatre  églifes  collégiales  8c  quatre  cens  cin- 
quante paroiffes.  Les  archiprêtrés  font 


/ 


Osma , 
Roa  , 
Gomara , 
El  Campo , 


Ravanera, 

Sant  Ellevan  de  Gormas , 

Andaluz. 


L'églife  d'Osma  eit  affociée  avec  celles  de  Tolède , 
de  Palencin ,  de  Ségovie  «Se  de  Cnença. 

OSNABRUG,ou  Osnabruck ,  ou  Osenbrucke  , 
ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  de  Weftphalie  ,  dans  un 
évêché  auquel  elle  donne  fon  nom ,  &  dont  l'évêque 
tient  un  rang  confidérable  entre  les  évêques  8c  états  de 
FEmpite.  Elle  eit  fituée  fur  la  rivière  de  Haze  ,  à  huit 


milles  de  Munfter  ,8c  à  cinq  d'Hcrvordcn  ,  au  y  2  dcg. 
30  min.  de  latitude.  On  croit  que  la  dernière  partie 
de  fon  nom  vient  de  celui  des  Bructcres ,  8c  que  la 
première  vient  des  érables  à  bœufs,  Ochfen  Haufen  , 
dont  ce  lieu  étoit  anciennement  environné.  D'autres 
prétendent ,  avec  plus  de  fondement,  que  fon  nom  vienc 
de  fa  fituation ,  &  que  la  rivière  de  Hafa  s'appelloit 
anciennement  Osen  ,  ce  qui  joint  au  mot  Bruck ,  qui 
fignifie  un  pont ,  marque  un  pont  fur  l'Ofen.  Il  ne  fuit 
pas  davantage  qu'un  pont  pour  donner  l'origine  à  une 
ville,  comme  Sxmaroùriva  ,  Inspruck,  & rant d'autres 
places  en  font  des  preuves.  Charlemagne  y  établit  un 
ëvêché  8c  une  école  pour  y  enfeigner  la  langue  grec- 
que &  la  latine.  Crantzius ,  Metropol.  I.  1.  c.  2.  nous 
en  a  confervé  l'acte  :  on  peut  l'y  voir. 

Il  raconte  ainii  cette  fondation:  L'an  780  ,  Charles 
ayant  fait  une  grande  irruption  dans  la  Saxe  ,  livra 
bataille  à  Witikind,  qui  avoit  raffemblé  contre  lui  tou- 
tes les  forces  de  fon  royaume.  Après  un  combat  très- 
opiniàtre,  Witikind  prit  la  fuite.  Charles  donna  la  vie 
aux  Saxons  ,  qui  étoient  rechapés  du  combat ,  à  con- 
dition qu'ils  recevroient  8c  embrafferoient  la  religion 
Chrétienne.  Witikind  avoir  auprès  d'Osnabrug  un  châ- 
teau ,  Charles  y  mit  garnifon  ;  8c  comme  Osnabrug  étoit 
fort  peuplé ,  il  y  éleva  une  églife ,  qui  fut  le  premier  fié- 
ge  épiscopal  de  la  province.  11  y  établit ,  pour  premier 
évêque,  un  faint  homme  nommé  Vihon ,  natif  de  Frife, 
lui  alligna  fur  les  revenus  de  la  province  de  quoi  vivre 
avec  fon  clergé,  afin  de  fortifier  ce  peuple  dans  la  foi 
chrétienne.  .  .  .  Dans  le  tems  qu'il  étoit  occupé  de 
cet  établifièment ,  il  le  trouva  dans  le  cas  d'avoir  be- 
foin  de  gens  habiles  dans  la  langue  grecque ,  à  l'oc- 
cafion  des  négociations  qu'il  y  avoit  alors  fur  le  tapis 
entre  lui  8c  l'impératrice  Irène,  qui  regnoit  à  Con- 
ftantinople  ,  8c  qui,  tant  pour  fe  faire  un  appui ,  que 
pour  n'avoir  rien  à  craindre  d'un  monarque  fi  puifiant  , 
avoit  fait  fucceffivement  diverfes  propofitions  ;  d'abord 
de  marier  Conltamin,  fon  fils,  avec  la  princeffe  Ro- 
trude,  fille  de  Charlemagne  ,  &  après  la  mort  de  Con- 
fiant in,  elle  parla  de  fe  marier  elle-même  avec  Char- 
les. C'eit  ce  befoin  qu'eut  Charlemagne  de  gens  à  qui. 
la  langue' grecque  fût  familière  ,  8c  la  peine  qu'il  eue 
d'en  trouver  dans  cette  occurrence ,  qui  lui  mit  dans 
la  penfée  d'établir  en  cet  endroit  une  école  pour  les 
deux  langues  ;  8c  pour  intéreffer  davantage  l'évêque  au 
fuccès  de  cette  étude,  non-feulement  il  lui  donna  plu- 
fieurs  franchifes  en  faveur  de  cet  établifièment ,  mais  il 
le  défigna  fon  ambafiâdeur  pour  la  cour  de  Conftanti- 
nople  ;  afin  qu'ayant  lui  même  befoiu  de  gens  qui  fâ- 
chent le  grec  pour  bien  remplir  fon  emploi ,  il  ait  plus 
de  foin  qu'il  s'en  forme. 

La  ville  d'Osnabrug  clt  plus  longue  que  large  ;  fa 
longueur  fe  prend  depuis  la  rivière  d'un  côté  ,  où  com- 
mence la  grande  rue  qui  paffe  devant  le  cimetière  de 
la  grande  églife  ,  jusqu'à  la  porte  de  faint  Jean.  Il  y  a 
une  autre  rue  qui  aboutit  d'un  côté  à  l'églife  de  fainte 
Marie  ou  de  Notre-Dame  ,  où  elt  une  place  médio- 
cre 8c  l'hôtel  de  ville  qui  eit  petit,  8c  encore  une 
rroifiéme  qui  commence  à  la  porte  des  Dominicains, 
8c  qui  aboutit  à  la  grande  rue.  Dans  ces  trois  rues 
font  les  principaux  marchands ,  8c  les  meilleures  mai- 
fons  de  la  ville.  Les  autres  ne  font  remplies  que  de 
pauvres  gens  8c  de  méchans  bâtimens ,  8c  même  quel- 
ques-unes de  ces  rues  ne  font  point  pavées.  A  l'extré- 
mité de  la  ville  elt  une  fortereflè  -,  c'elt  un  bâtiment 
carré  ,  au  milieu  duquel  elt  une  cour ,  8c  à  chaque 
coin  une  tourelle.  Cela  eft  entouré  d'une  fortification 
exagone,c\:  féparé  de  la  ville  par  un  pont,  au  milieu 
duquel  clt  un  ouvrage  qui  couvre  la  porte  de  la  cita- 
delle. C'eit  la  réfidence  de  l'évêque.  Elle  fe  nomme 
Peterbourg  ou  Petersbourg.  *  Corn.  Dict.  Jolli, 
Vovage  d'Osnabrug. 

L'églife  cathédrale  ,  qui  porte  le  nom  de  faint  Pierre , 
efl: petite,  d'une  ftruéture  affez  commune  ,  8c  la  plus  an- 
cienne de  toutes  celles  que  Charlemagne  a  fait  bâtir  dans 
la  Saxe.  On  nommoit  alors  ainfi  la  Weilphalie.  On  voit 
dans  le  tréfor  de  cette  églife  quelques  ornemens  ,  dont 
Charlemagne  lui  fit  préfeiit.  Tels  font 'une  chafuble<S: 
deux  tuniques,  dont  celle  de  foudiacre  elt  femblable  à  la 
chafuble,  8c  celle  de  diacre  un  peu  différente.  L'étoffe 


OSN 


712, 

eft  comme  d'un  damas  fort  fin ,  entremêlé  de  filets  d'or, 
où  il  y  a  des  fleurs -de-lis  en  plufieurs  endroits.  La  cha- 
fuble  eft  ouverte  des  deux  côtés  à  la  façon  de  celles 
dont  les  prêtres  fe  fervent  préfentement ,  mais  elle  étoit 
fermée  anciennement ,  à  la  manière  des  chafublcs  de  ce 
tems  ,  Se  comme  l'eft  encore  une  autre  fort  ancienne , 
qui  eft  dans  le  même  tréfor.  On  y  fait  voir  auffi  la 
couronne  de  cet  empereur ,  qui  eft  d'argent  doré  avec 
cinq  petites  fleurs-de-lis  Se  trois  un  peu  plus  grandes, 
avec  quelques  escarboucles  qu'on  ne  croit  pas  fines.  On 
y  garde  auiîi  fon  peigne  Se  fon  bâton ,  qui  a  fix  pieds 
de  hauteur  ,  l'un  Se  l'autre  font  faits  d'yvoiie  ;  Se  vingt- 
cinq  ou  vingt-fix  échecs  que  l'on  dit  être  de  lui  :  ils  font 
de  cryflal,  &  ont  diverfes  figures;  les  uns  font  ronds, 
les  autres  carrés  Se  d'autres  pointus ,  Se  ne  rcfiemblcnt 
point  à  nos  échecs  d'à  préfenr.  Je  parte  d'autres  cu- 
riofités  que  l'on  y  montre.  Un  grand  cimetière  eft  au- 
devanr  de  l'églife ,  Se  à  côté  il  y  a  une  place  encore 
plus  grande.  Les  Catholiques  ont  confervé  la  cathé- 
drale. Le  chapitre  eft  compofé  de  vingt-cinq  chanoi- 
nes, dont  trois  font  de  la  confeifion  d'Augibourg; 
Se  les  jéfuites  jouiflent  du  revenu  de  quatre  canoni- 
cats  pour  l'entretien  de  leur  collège.  Les  dignités  font 
celles  du  prévôt  qui  porte  un  bonnet  carré  de  velours 
rouge  ,  d'un  doyen ,  d'un  ancien  ,  qui  eft  auiTi  archidia- 
cre Se  facriftain  de  Diefen  ,  d'un  facriftain  de  Schleden- 
haufen ,  d'un  facriftain  de  Mclle  ,  qui  elt  auiîi  prévôt 
de  Saint  Jean  &  archidiacre  ;  d'un  prévôt  de  Quacken- 
brugge  ,  qui  eft  archidiacre  ,  d'un  euftode ,  qui  eft  auffi 
prévôt  de  Widcnbruch  Se  archidiacre  ;  &  de  i'écolâtre 
qui  eft  de  même  archidiacre. 

L'églife  de  Notre-Dame,  qui  étoit  uneparoifle  ,  eft 
aujourd'hui  pofledée  par  les  Protcftans  ,quiy  ont  laine 
les  images  de  l'autel  fur  lequel  ils  célèbrent  leur  litur- 
gie. Plus  loin  font  les  Dominicains  ,  dont  l'églife  eft 
médiocre.  Tous  les  faims  de  leur  ordre  font  peints  au- 
defllis  des  fiéges  du  chœur.  Au  bout  de  l'ancienne  ville 
où  font  toutes  ces  églifes ,  eft  une  porte  où  commence 
une  nouvelle  ville  ;  c'eft-là  que  l'on  voit  l'églife  des 
Jéfuites.  Ils  en  furent  chattes  en  1630  par  les  Sué- 
dois, qui  prirent  la  ville;  &  leur  éghfe  fut  laifl'ée  aux 
Proteftans  qui  s'en  fervirent  fans  y  rien  détruire  ,  pas 
même  un  tableau  qui  eft  fur  le  grand  autel,  Se  qui  re- 
préfente  faint'  Ignace  célébrant  la  meffe.  Cette  églife 
eft  belle  Se  fort  bien  entretenue.  Celle  de  faim  Jean 
eft  un  peu  plus  loin  ;  c'eft  une  ancienne  collégiale  Se 
une  paroifle  tout  enfemble.  Outre  cela  il  y  a  une  pa- 
roiffe  du  titre  de  fainte  Catherine,  les  couvens  de  faint 
François,  de  fainte  Claire,  un  hôpital  Se  quelques 
moindres  églifes ,  comme  faint  Paul ,  faint  Jacques  , 
faint  Veit ,   Sec. 

Hors  de  la  ville,  fur  une  petite  montagne  au-delà 
de  la  rivière ,  eft  une  belle  abbaye  de  Religieufes  de 
faint  Benoît ,  appellée  fainte  Gerude  dans  Zeyler,  & 
fainte  Gertrude  dans  Corneille.  Elle  fur  entièrement 
brûlée  Se  ruinée  en  1636  par  les  Suédois,  qui  crai- 
gnoient  que  les  impériaux  ne  s'en  ferviflent  pour  re- 
prendre Osnabrug.  On  l'a  rebâtie  depuis.  Peu  loin  d'Os- 
nabrug eft  le  monaflere  de  Rulle  ,  fur  une  montagne  où 
l'on  voit  encore  les  ruines  dç-Witil^ndibourg  ,-  ce  château 
appartenoit  à Witikind  ,  Se  Charlemagne  le  fit  fortifier, 
lorsqu'il  établit  l'évèché.  Osnabrug  eft  remarquable  auffi 
par  le  traité  qui  y  fut  conclu  en  1648  entre  l'empe- 
reur Se  les  Suédois.  La  bierre  d'Osnabrug  appellée  Bufe, 
eft  fort  vantée  ;  Se  quoiqu'en  presque  toute  la  Weft- 
phalie  on  faffe  du  pain  noir  ,  on  en  fait  de  blanc  «Se 
de  fort  bon  en  cette  ville. 

OSNABRUG  (  L'évèché  d'  ) ,  fiége  épiscopal  & 
principauté  de  l'empire  d'Allemagne  ,  dans  le  cercle  de 
Weftphalie  ,  cet  état  eft  borné  au  nord  par  le  Bas- 
Munfter  ,  au  levant  par  la  principauté  de  Minden,  au 
fud-eft  par  le  comté  de  Raveniberg ,  au  midi  par  le 
Haut-Munfter,  Se  au  couchant,  partie  par  le  même& 
partie  par  le  comté  de  Lingen.  Ce  pays  peut  avoir  qua- 
rante milles  d'Allemagne  de  longueur  ,  fur  environ  la 
moitié  de  large.  Durant  les  longues  guerres  civiles  d'Al- 
lemagne, les  ducs  de  Brunswick  s'emparèrent  de  cet 
évêché.  D'un  autre  côté  les  Suédois  en  gratifièrent  en 
i634Guftave,  comte  de  ValTcbourg  ,  fils  naturel  dz 
Guftave  Adolphe.  Quand  U  fut  queftion  de  îettituer 


OSN 


cet  évêché  à  l'évêque  François  Guillaume  de  Warten-i 
berg  ,  ce  comté  ne  céda  fes  prétentions  que  moyennant 
quatre -vingt  mille  rischdals,  que  l'évêque,  le  chapitre 
Se  les  fujets  de  l'état  d'Osnabrug  lui  payèrent  en  qua- 
tre ans  ;  Se  comme  la  maiibn  de  Brunswick  y  avok 
auffi  fes  prétentions ,  Se  qu'elle  facrifioit  au  bien  de  la 
paix  les  coadjutoreries  de  Magdebourg  Se  d'Halber- 
ftadt ,  en  faveur  du  Biandebourg  ;  celle  de  Brème  en  fa-, 
veur  du  roi  de  Suéde  ,  Se  l'évèché  de  Ratzbourg  en  fa- 
veur des  ducs  de  Meckelbourg:  elle  exigea  pour  dé- 
dommagement la  jouifl'ance  alternative  de  l'évèché  d'Os- 
nabrug ;  c'eft-à-dire  ,  qu'après  la  mort  de  l'évêque  ré- 
tabli ,  un  prince  de  Brunswick  jouiroit  dudit  évêché 
durant  fa  vie,  après  quoi  le  chapitre  éliroir  un  évêque 
Catholique,  Se  ainfi  alternativement;  ce  qui  s  <°ft  tou- 
jours pratiqué  depuis.  François-Guillaume  de  Warten- 
berg  mourut  en  1662,  Se  eut  pour  fuccefieur  Erneit- 
Augufte  de  Bruns'wick  ,  premier  électeur  de  Brunswick 
Se  père  de  George  I,roi  d  Angleterre,  qui  naquit  Se 
mourut  à  Osnabrug.  Après  fa  mort  ,  arrivée  en  1698, 
l'évèché  eut  pour  évêque  Catholique  Charles- Jofeph 
de  Lorraine,  qui  fut  auffi  électeur  de  Trêves.  Ce  der- 
nier mourut  en  171  5,  Se  l'évèché  paffa  à  Erneft-Au-r 
gulle  II ,  filsd'Emeit-Augufte  I  ,  &  i'rere  de  George  I, 
roi  d'Angleterre.  Erneft-Augufte  II  mourut  en  1728, 
&  fut  remplacé  par  Clément- Augufte  de  Bavière,  élec- 
teur de  Cologne  ,  évêque  de  Munfter ,  d'Osnabrug  Se 
de  Paderborn. 

Comme  l'exercice  des  deux  religions  eft  également 
libre  dans  le  diocèle  de  Paderborn  ,  lorsqu'il  y  a  un 
évêque  Catholique ,  les  Proteftans  n'en  font  point  in- 
quiétés ,  Se  il  y  a  un  confiftoire  Luthérien  auquel  ils 
s'adrefient  pour  les  affaires  de  religion.  De  même ,  lors- 
qu'il y  a  un  prince  de  la  maifon  de  Brunsvvkk  ,  Se 
par  conféquent  Proteftant ,  il  y  a  des  fupérieurs  Ca- 
tholiques pour  avoir  foin  de  ce  qui  regarde  la  religion  ; 
quelquefois  même  il  y  a  un  évêque  avec  titre  de  vicaire 
apoftolique  ,  qui  fait  les  ordinations ,  les  vifites  Se  au- 
tres fonctions  épiscopalcs  ;  c'eft  quelquefois  un  chanoi- 
ne même  du  chapitre.  Alors  il  ne  prend  point  le  titre 
d'étêque  d'Osnabrug ,  mais  de  fuffragant.  On  entend 
par-là  un  véritable  coadjuteur  ,  mais  qui  n'eft  point  fuc- 
ceffeur  néceilaire ,  comme  les  autres  coadjuteurs.  Le  pays 
autour  d'Osnabrug  eft  une  vallée  remplie  de  jardins  Se 
de  prairies,  au  milieu  desquelles  ferpente  la  rivière  de 
Haia.  Ailleurs  il  y  a  des  terres  labourables  bien  culti- 
vées, Se  plus  loin  ,  presque  rout  à  l'entour ,  font  de  pe- 
tites montagnes,  dont  il  y  en  a  quelques  unes  couvertes 
de  bois.  La  principale  richerte  du  pays  eonfifte  dans 
fes  pâturages  Se  dans  la  nourriture  des  porcs  Se  autres 
beftiaux.  La  partie  feptenuionale  du  pays  eft  rnaréca- 
geufe,  Se  aux  extrémités  de  la  partie  méridionale  s'élè- 
vent de  hautes  montagnes,  qui  s'étendent  vers  l'occident 
jusqu'au  comté  de  Lingen. 

11  n'y  a  proprement  que  deux  villes , 

Osnabrug,  &  Iburg. 

Les  autres  lieux  ,  comme  Forfienove ,  Quackenhrugge , 
Worde  Se  Hitmebourg ,  ne  font  que  de  (impies  bour- 
gades. Iburg  même  n'en  eft  diftingué  ,  que  parce  qu'il 
été  la  réfidence  de  quelques  évêques.  *  Divers  Mé~ 
moires. 

OSNEGGE  ,  montagne  de  la  Weftphalie.  Eghinard, 
in  vit  a  Caroli  Magni.  Voyez  Monum.  Padirbornenf. 
pag.  42  ,  43 ,  44  cr  48.  parlant  des  victoires  de  Char- 
lemagne fur  les  Saxons ,  dit  :  Quoique  cette  guerre  ait 
long  tems  duré ,  il  ne  livra  néanmoins  que  deux  batail- 
les ;  l'une  auprès  de  la  montagne  nommée  Osnegge  , 
au  lieu  appelle  Thietmelle  ;  Se  l'autre  auprès  de  la  ri- 
vière d'Afa  ,  Se  cela  en  un  même  mois,  Se  à  peu  de 
jours  de  diftance.  La  bataille  de  l'A  fa  ou  de  l'Hafa,  eft 
la  même  que  celle  d'Osnabrug.  Le  favant  évêque  de 
Paderborn  ,  Ferdinand  de  Furftenberg ,  a  fait  voir  que 
Thietmelle  eft  aujourd'ui  Dethmold.  Osnegçe  doit  donc 
être  la  montagne  voifine ,  le  Teutoburgicus  saltus 
des  anciens.  Les  annales  Se  les  chroniques  la  nomment 

ASNEGGI,     OSNIG   ,    OSNING  ,    OsNINE    Se    OsiNG.     Ce 

docte  prélat  ,  trouvant  des  traces  de  cet  ancien 
nom  jusqu'au  voifinage  d'Osnabrug  ,  fonpçonne 
qu'elle  pouapir  bien  AYoir  été  anciennement  appellée 

Osnius 


oso 


oso 


Osnine  Bructeri^e.  Sans  mêler  une  étymologie  in- 
cercainc  avec  des  vérités  géographiques ,  on  ne  peuc  pas 
douter  que  la  montagne  d'Osnégge  ne  fût  voifîne  de 
Dethmold  ;  puisqu'une  chronique ,  extraite  par  l'évê- 
que  de  Paderborn,  porte  :  Cirolus  rex  in  mmte  ab 
antimio  Asneggi  diilo  t  milliare  à  Lemgaw  civitate  di- 
sante, Saxones  itsquequé  rebelles  iteraio  aggrejjus ,  Ôcc. 
Cette  diftance  d'un  mille  tombe  à  Dethmold.  *  Chrome. 
Trembn.  apud  Stangevol.  1.  2.  Armai. 


OSNIG  , 

OSNING  , 


\    Voyez,  l'article  précédent. 


OSONES  ,  lieu  ancien  de  la  Pannonie,  fur  la  route 
de  Sabarie  à  Acincum  ,  entre  Cxjariana  ôc  Floriana, 
à  vingt-huit  mille  pas  de  la  première ,  ôc  à  vingt-fix 
de  la  féconde.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Zanto. 
Voyez,  ce  mot. 

OSOPIUM  ou  Osopum.  Voyez,  Osopo  ôc  Biliga. 

OSOPO  ,  forterefle  dans  l'état  de  Venife  ,  au  Frioul , 
fur  la  rive  gauche  du  Taiamento  ,  fur  un  roc  escarpé 
qui  lui  tient  lieu  ds  courtine.  On  l'a  rendue  en  quel- 
que façon  imprenable  par  les  ouvrages  qu'on  y  a  ajou- 
tés. Il  y  a  une  citerne  qui  contient  trois  mille  ton- 
neaux d'eau.  Cette  forterefle  ôc  le  bourg  qui  l'accompa- 
gne font  entre  Saint  Daniel  &Gimona,  à  quatorze  milles 
au  nord-oueft  d'Udine.  *  Corn.  Diclion.  Botero  ,  Délia 
Rcpub.  Venet.  1.  1. 

1.  OSOR.NO,  bourg  &  château  d'Espagne,  dans  la 
vieille  Caltille ,  vers  les  montagnes,  ôc  aux  frontières 
de  l'Afturie  de  Santilhne  ,  à  cinq  lieues'  de  Villa-Die- 
go ,  avec  titre  de  comté.  Quelques-uns  y  cherchent 
Segifama  Julia  ,  (  Voyez,  ces  mots  ) ,  que  d'autres  met- 
tent à  Bayçama  dans  la  même  contrée.  *  Bj.udra.nd , 
édit.  170J.  | 

Ce  lieu  ne  fe  trouve ,  ni  fur  la  carte  de  de  l'Ifle , 
ni  dans  la  grande  de  Jaillot ,  ni  dans  la  Poblacion  gê- 
nerai de  Espagna ,  par  Rodr.  Mendez-Silva. 

2.  OSOR.NO  ,  ville  de  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Chili ,  fur  la  rive  feptentrionale  de  Rio  Bueno ,  au  midi 
occidental ,  ôc  à  quinze  lieues  marines  d'Espagne  de 
Baldivia ,  ôc  à  diflance  à  peu  près  pareille  du  bord  de 
la  mer ,  en  fuivant  le  Rio  Bueno.  Le  pays  où  elle  eft 
fituée  n  eft  pas  fertile  ,  ôc  ne  produit  presque  rien  des 
chofes  néceflaires  à  la  vie  ;  mais  il  cil  fort  riche  en 
mines  d'or,  &  c'eft  ce  qui  fait  que  cette  ville  eft  bien 
peuplée.  Corneille  nomme  Chabrero ,  la  rivière  fur 
laquelle  cette  ville  eft  fituée  ;  ôc  quoiqu'une  partie  de 
ce  qu'il  dit  de  cette  ville  foit  pris  de  La'ec  ,  qu'il  ne  cite 
point ,  cela  ne  s'y  trouve  pas.  Le  voyage  d'Olivier  de 
Noort ,  autour  du  monde  ,  porte  qu'Oforno  eft  une 
ville  allez  avant  dans  les  terres ,  par  les  42  deg  de  lat. 
méridionale  ;  qu'elle  eft  plus  grande  que  Baldivia;  que 
les  Espagnols  y  tiennent  un  gouverneur  ,  &  qu'on  y 
fabrique  des  étoffes  de  laine  ôc  des  toiles.  De  Lae't . 
Indes  occid.  l.  12.  c.  12.  p.  424,  ajoute  que  dans  le 
territoire  ôc  entre  les  limites  de  cette  ville  habitent , 
comme  on  dit ,  plus  de  deux  cens  mille  Sauvages  qui 
payent  tribut  aux  Espagnols,  ôc  leur  rendent  fervice  gra- 
tuitement. Corneille  nomme  ces  peuples  les  Chauraca- 
bis ,  &  dit  que  la  ville  fut  bâtie  en  1558  par  D.  Gar- 
de Hurtado  de  Mendoça.  *  Voyages  de  la  Compagnie 
Hollandoife ,  tom.  2.  pag.  49. 

3.  OSORNO  .(  Le  détroit  d'  ).  On  nomme  ainu  le 
détroit  qui  fépare  la  partie  feptentrionale  de  l'ifle  de 
Chiloë  d'avec  la  terre  ferme  du  Chili ,  ôc  par  où  l'on 
pane  de  Carelmapo  dans  le  lac  d'Anaud  ,  qui  eft  entre 
cette  ifle  &  le  continent.  *  Rob.  de  Vaugondi ,  Atlas. 

4.  OSORNO  (  Le  Volcan  d'  ) ,  montagne  de  l'Amé- 
rique méridionale  ,  au  Chili  ,  à  l'orient  de  la  ville  de 
même  nom  dans  les  Andes ,  dont  cette  montagne  fait 
partie. 

OSORO  ou  Osero,  petite  ifle  du  golfe  de  Venife, 
dans  le  golfe  de  Quamero  ,  au  midi  de  la  partie  orien- 
tale de  l'ifle  de  Cherzo ,  dont  elle  eft  préfentement 
féparée  par  un  petit  détroit .  nommé  KiCavanella, 
qui  n'a  guère  que  cinq  pas  de  large  -,  de  forte  que  les 
deux  ifles  font  jointes  l'une  à  l'autre  par  un  pont  levis. 
Ces  deux  ifles  n'en  faifoient  autrefois  qu'une ,  que  les 
anciens  ont  connue  fous  le  nom  d'Abfyttus  j  mais  après 


7M 

qu  on  eut  pratiqué  entre  deux  un  canal  pour  le  paflage 
d'une  barque ,  on  les  nomma  Abfyrtides  au  pluriel. 
On  les  diftingua  même  chacune  par  un  nom  propre , 
ôc  celle-ci  fut  nommée  Abforus  par  Mêla ,  Apjorus 
par  Ptolomée ,  Auxerum  par  les  Latins ,  Ojjor  par  les 
Esclavons ,  OJ'ero  ou  Ofero  par  le  vulgaire.  Ceci ,  que 
je  ne  garantis  pas ,  eft  ciré  du  père  Coronelli.  Il  eft 
certain  que  Ptolomée  ne  met  qu'une  ifle  dans  cet  endroit. 
Voyez. l'article  Absyrtides.  Le  père  Coronelli  nous  a 
donné  une  carte  des  ifles  de  la  Dalmatie ,  où  l'on  voit 
l'ifle  de  Cherzo  ôc  celle  d'Ofero  féparées  par  la  Cava- 
nella ,  &  au  nord  de  ce  canal  une  ville  nommée  Ofo- 
10  ;  de  forte  que  cette  ville  eft  dans  l'ifle  de  Cherzo  ; 
non  dans  celle  d'Ofero.  Il  met  Amplement  au  midi  de 
ce  canal  ,dans  l'ifle  d'Ofero,  le  mont  Ofero  >  mais  point 
de  ville.  Deux  pages  après  dans  une  autre  carte ,  on 
voit  une  partie  de  l'ifle  de  Cherzo  ,  bien  expreflement 
nommée  ,  ôc  dans  la  même  ifle  un  deflein  de  la  ville 
d'Ofero ,  le  canal  ôc  le  pont ,  l'ifle  d'Ofero  &  la  mon- 
tagne de  même  nom ,  fans  aucune  trace  de  ville. 

Je  trouve  cependant  dans  plufieurs  auteurs  qu'Ofero 
eft  dans  l'ifle  de  même  nom.  L'auteur  des  mémoires 
hiftoriques  de  la  Dalmatie ,  imprimés  en  Italie  à  Bo- 
logne en  1687,  dit  (a)  :  Ojfero  chiamata  AbsoTvUS  0 
Absyrtus  da  Latini ,  di  circa  20  miglia  dilonghcz,za, 
ma  in  larghez.z,a  affip'm  riftretta  ,  e  tien  un  a  citta  dello 
ftejfo  nome  ^'Ossero  ,  detta  ancora  Auforenfis  civitas , 
episcopale  fotto  l'arcivescovo  di  Zara  ,  fotto  pojlo  alla 
republica  di  VenezXa.  Attiene  con  un  Stretto  anguflo  à 
l'ifola  del  Cherzo.  C'eft-à-dire  Ofero,  appellée  Abfo- 
rus ou  Abjyrtits  par  les  Latins,  d'environ  vingt  milleg 
de  longueur,  mais  plus  refierréc  dans  fa  largeur.  Il  v 
a  une  ville  de  même  nom  appellée  aulïi  Auforenfis  ci- 
vitas ,  ville  episcopale  fous  l'archevêque  de  Zara,  ôc 
foumife  à  la  république  de  Venife-,  elle  eft  jointe  par 
un  canal  étroit  à  1  ifle  de  Cherzo.  L'abbé  de  Comm.in- 
ville  ,  dans  la  table  des  archevêchés  ôc  évêchés  ,  félon 
l'ordre  des  noms  latins ,  dit  au  mot  Aufara  ou  Abfo- 
rus :  Ofero ,  ville  peu  confidérable ,  dans  une  petite 
ifle  de  même  nom ,  fur  la  côte  de  Dalmatie  ,  ôc  de  la 
dépendance  des  Vénitiens.  On  trouve  un  Dominique 
qui  en  étoit  évêque  vers  l'an  880.  Il  eft  fuftragant  de 
Zara.  Sanfon ,  dans  fa  grande  carte  du  golfe  de  Veni- 
fe ,  dreflee ,  à  ce  que  porte  le  titre  ,  fur  les  plus  nou- 
veaux mémoires  du  père  Coronelli  &  autres,  met  très- 
bien  Ofero  au  midi  du  canal  dans  l'ifle  de  même  nom  , 
ôc  non  pas  au  nord  dans  celle  de  Cherzo  ;  mais  au- 
deflbus  même  de  la  carte  (b)  où  le  père  Coronelli  range 
la  ville,  le  canal  ôc  la  montagne,  comme  j'ai  dit  ;  ce 
même  père ,  décrivant  l'ifle  d'Ofero ,  dit  en  termes  ex- 
près :  Qu'elle  a  l'avantage  de  pofieder  une  ciré  qui  fut 
honorée  de  la  dignité  episcopale  par  le  pape  Jean  VIII , 
l'an  879 ,  quoique  d'autres  lui  donnent  pour  premier 
évêque  faint  Gaudence ,  qui  vivoit  l'an  1060.  (  On  a 
vu  ci-devant  qu'elle  avoit  en  880  un  évêque ,  nommé 
Dominique  ).  La  ville  eft  en  forme  triangulaire  &  dans 
une  plaine,  fur  le  canal  dont  on  vient  de  parler.  Elle 
a  environ  fepr  cens  cinquante  pas  de  circuit ,  eft  ceinte 
d'une  bonne  muraille  ,  &  a  un  château  médiocrement 
grand  du  côté  du  canal.  L'an  840  ,  les  Sarrazins ,  ayant 
défait  près  de  Tarcnte  une  armée  que  le  doge  Pierre 
Tradonico  (  Gradenigo  )  avoit  envoyée  eontr'eux  ,  en- 
trèrent dans  la  mer  Adriatique  ôc  ravagèrent  les  plaines' 
de  Dalmatie.  La  féconde  fête  de  Pâquc ,  ils  brûlèrent 
ôc  faccagerent  Ofero  ,  ôc  cette  ville  eut  plufieurs  fois 
le  même  malheur.  Cela  joint  au  mauvais  air  qui  y 
règne  ,  en  fit  une  espèce  de  défert  ;  de  forte  que  cette 
vîllen'aguère  au-delà  d'une  centaine  dhabitans.  La  cathé- 
drale ,  où  l'on  conferve  le  corps  de  faint  Gaudence  , 
fon  évêque  ôc  fon  patron ,  eft  ornée  d'un  chapitre  qui 
a  trois  dignités,  favoir,  l'archidiacre  ,  l'arehiprêtre  ôc 
le  primicier.  Le  fécond  fait  les  fonctions  curiales  :  car 
il  n'y  a  point  dans  la  ville  d'autre  paroifle  que  la  ca- 
thédrale. 11  y  a  bien  une  autre  églife  fous  l'invocation 
de  faint  Pierre  ,  apôtre.  Elle  étoit  anciennement  unie  à 
un  monaftere  de  Bénédictins  :  c'eft  à  préfent  une  ab- 
baye en  commende.  (a)  Memorie  biflor.  geograpb.  delta 
DalmazÀe ,  p.  $47.  (b)  Ifolario  ,  part.  I.  p.  142, 

L'évêché  d'Ofero  comprend  les  deux  ifles,  dans  les- 
quelles conjointement  on  compte  fix  mille  âmes,  qui 
Tom.  IV.  X  x  x  x 


714       O  SR 

toutes  font  profeffion  de  la  religion  Catholique  ,  ôc 
pour  en  régler  le  fpirituel ,  il  y  a  cinq  autres  paroifTes 
coniidérables  ;  favoir  ,  celles  de 

Lubaniz^ze  ,        Lofino  grand  ,       6c  Cherz.o. 
CaifoU ,  Lofino  picciolo  , 

Cette  dernière  eft  la  plus  confidérable  de  toutes.  Il 
y  a  enfuire  les  cures  deffervies  par  des  chapelains  ;  6c 
répandues  çà  &  là  dans  les  vihages  j  favoir,  celles 

De  faint  Jacques  de  Néréfine  , 

De  fainte  Marie  Magdeléne   de  Néréfine,   où  eft 

auffi  un  couvent  de  Frères  Mineurs  de  l'étroite 

Obfervance 


OSR 


De  Chiunski , 

lYU/itine , 

De  Saint  Jean , 

Belley 

Ponte  di  croce , 


Saint  Martin  en  vallée  , 
Varana , 
Orlcz.  , 
Buebieva , 
Dragoz.etichi , 


De  Vier  ,  où  eft  un  couvent  du  tiers  ordre  de  faint 
François. 

Et  enfin  trois  autres  fur  des  écueils,  S.  Pier  de 
Nanbo  ,  Sanfego  6c  Orne. 

Autant  que  la  ville  eft  dépeuplée,  autant  les  lieux 
de  Losino,  tant  le  grand  que  le  petit,  font  peuples. 
Les  anciens  ne  les  nomment  point  ;  mais  les  écrits  du 
moyen  âge  les  appellent  Lassinium  ou  Lassinum. 
Les  villages  de  faint  Jacques  de  Néréfine  &  de  Chiuns- 
ki, éloignés  d'environ  deux  milles  de  la  cité,  font  peu- 
plés médiocrement.  Les  trois  écueils  de  S.  Pier  de 
Ncmbo,  S an [ego  6i  ûw'efontfousla  jurisdictiondelacité. 
Le  premier ,  fe  divifant  en  deux  iilots ,  forme  un  port 
affez  grand  Se  affez  commode  ,  fort  fréquenté  par  toutes 
fortes  de  navires.  Outre  le  couvent  des  pères  conven- 
tuels établis  dans  le  village,  il  y  a  une  petite  fortereiïe 
pour  la  fureté  du  port.  Sansego  ,  quoique  couvert  de 
fable,  ne  iaifle  pas  d'être  fer:ile.  Onie  a  un  port  qui 
eft  grand  &  sur.  Cette  ifle  abonde  en  bois  ;  on  en 
tire  beaucoup  pour  le  chauffage,  &  on  l'envoie  à  Ve- 
nife  où  il  s'en  confume  beaucoup.  El'e  produit  quan- 
tité de  miel ,  a  des  beitiaux  en  abondance.  On  y  pê- 
che beaucoup  de  poiflbn ,  particulièrement  la  fardine 
&  le  maquereau,  qu'on  y  fale  pour  les  envoyer  ail- 
leurs. 11  n'y  a  ni  rivière,  ni  torrent,  ni  fontaine,  ni 
vallée  confidérable.  Le.  deux  vallées  de  Copfagna  &  de 
Valdagorfta  font  enfemble  au-deffus  du  petit  Lofin,  un 
excellent  port  d'environ  cinq  milles  de  tour,  où  l'on 
entre  par  deux  paffes,  &  où  l'on  peut  ranger  toute  une 
flotte. 

OSPH AGUS  ,  petite  rivière  de  la  Macédoine  :  ellen'é- 
toit  pas  fort  éloignée  de  l'Erigon,  autre  rivière,  vers 
la  fource  de  cette  dernière ,  félon  le  récit  de  Tite  Live  , 
/.  51.  c.  39. 

OSPITENSIS  ou  Hospitensis  ,  fiége  épiscopal 
d'Afrique,  en  Numidie.  La  notice  d'Afrique  met  dans 
cette  province  Gcdalius  Ospitenfis  ;  6c  Benenatus , 
Episcopus  plebis  Hospitenfis  ,  fe  trouve  dans  la  confé- 
rence de  Carthage,  p.  770.  éd'it.  Dupin. 

OSQU1DATES,  ancien  peuple  de  la  Gaule,  dans 
l'Aquitaine  .Quelques  exemplaires  de  Pline  ,  /.  4.  c.  19. 
portent  Oscidates.  Pline  les  diftingue  en  deux  branches 
par  leur  fituation  -,  Osquidates  montant ,  dans  les  monta- 
gnes, &  Osqu'idates  campeftres ,  dans  la  plaine.  Peut- 
être  ,  dit  le  père  Hanlouin  ,  font-ce  les  àdrioi  que  Pro- 
loméc  ,  /.  2.  c.  7.  place  entre  les  Auscitani  6c  les  Ga- 
bali. 

OSQUÏI.  Voyez.  VosuQur. 

OSRHOENE,  félon  les  Grecs,  Osdroene,  félon 
les  Latins,  contrée  de  la  Méfopotamie  ,  le  longdcl'Eu- 
phrate,  depuis  le  mont  Taurus  au  nord  ,  jusqu'au  Cha- 
borras ,  au  midi  6c  à  l'orient,  félon  Celia'ius,  qui  en 
prend  les  bornes  pour  la  partie  feptcnrrionale  de  l'An- 
themufia  de  Ptolônléë  ,  qu'il  croir  érre  la  même  que 
l'Osihocne.  II  eft  certain  que  ce  dernier  nom  eft  in- 
connu à  prolomée,  <V  à  tous  les  géographes  qui  l'ont 
précédé.  On  y  trouve  bien  Anthemusia  ,  contrée  de 


la  Méfopotamie  ,  &  il  la  fait  confiner  avec  l'Arménie. 
D'un  autre  côté  ,  Ammien  Marceilin  ,  /.  14.  c.  3. 
nomme  Batbne ,  ville  &c  municipe  de  l'Anchcmufie , 
il  dit  qu'elle  étoit  à  peu  de  diftancede  l'Euphrate,& 
qu'elle  avoir  été  bâtie  par  les  anciens  Macédoniens  ; 
mais  il  dit  ailleurs,  /.  23.  c.  2.  Batbnx,  municipe  de 
l'Osdroene.  Il  eft  vrai  qu'il  y  avoit  deux  Barhnas  ,  dont 
l'une  étoit  dans  la  Syrie,  au  couchant  6c  en  deçà  de 
1  Euphrate,  6c  l'autre  au-delà.  Cène  peut  être  que  cette 
dernière  dont  il  eft  queftion  dans  les  deux  paflages 
cités  d'Ammien  Marceilin  -,  car  l'Anthemufie  dont  il  eft 
parlé  dans  le  premier,  &  l'Osdroene  qui  eft  nommée 
dans  le  fécond,  étoient  au-delà  du  fleuve. 

L'Anthemufie  tiroit  fon  nom  d'Anthemufe  ,  que  Ta- 
cite nomme  Anathcmufiade ,  dont  il  parle  au  fixiéme 
livre  de  fes  annales  ,  où  il  dit  que  Nicephorium  6c  elle 
avoient  été  bâties  par  les  Macédoniens.  Ai  Tiridates 
volentibits  Partbis  Nictpborium  &  Antbtmufiada ,  at- 
terasque  Urbes  ,  qua  Macedonibus  fitx  Gr&ca  vocabula 
ufurpant  ....  reetpit.  Il  eft  probable  qu'Antemufiade 
tiroit  fon  nom  d'Ambemus  ,  Anthemonte  ,  ville  de  Ma- 
cédoine. 

Quant  à  1  Osrhoene  dont  il  eft  ici  queftion ,  Pro- 
cope  nous  apprend  l'origine  de  ce  nom.  Voici  fes  pa- 
roles traduites  par  Coufin  ,  Hifloirc  de  la  guerre  con- 
tre les  Perjes  ,  /.  1.  c.  17.  Edeflé  6c  le  pays  d  alen- 
tour ont  été  nommes  Osrhoene ,  du  nom  d'Ôsrhcès ,  qui 
y  commandoit  au  tems  que  cette  ville  étoit  dans  l'al- 
liance des  Perfes.  Ce  nom  étant  afpiré  devient  Chos- 
roès.  Dion  Caiîins,  /.  40.  p.  129.  racontant  le  mal- 
heur de  CiaUus  ,  parle  d'un  certain  Abgarus ,  Orrhoé- 
nien,qui  par  fes  conleils  perfides,  hâta  la  perte  de  ce 
général.  Il  parle  des  Orrhôèïiiens  dans  la  fuite  de  fon 
récit  ;  mais  quoique  l'on  convienne,  qu'il  s'agit  en  ces 
deux  .pallages  de  l'Osrhoene  ,  6c  que  les  traducteurs  la- 
tins Mes  rendent  ainfi  ,  on  ne  peut  conclure  que  le 
pays  s'appellât  ainfi  du  tems  de  Craffus.  Si  cela  étoit , 
ce  nom  auroit-il  pu  être  ignoré  de  Plutarque  ,  qui  a 
écrit  la  vie  de  Craffus,  6c  de  tant  de  géographes, 
comme  Mêla  ,  Pline  ,  Prolomée ,  6c  autres  qui  ont 
vécu  6c  écrit  avant  le  règne  des  Antonins  ?  Dion  Caffius 
ne  s'en  eft  fervi  qu'après  coup.  Quanta  la  différence 
d'Orrbueni  pour  Osrbueni ,  elle  n'en  point  rare.  Procope 
qui  dit  Osrboeni ,  au  premier  livre  de  la  guerre  contre 
les  Perfes  ,  dit  Orrboeni ,  'Oppom-oi  au  troifiéme  l.vte  des 
édifices.  Etienne  le  géographe  ,  au  mot  BxTvttt  dit  'Opfown 
Orrboéné.  Le  nom  d'Abgare  que  Dion  Caffius  donne 
à  l'Osrhoenien ,  qui  trahit  Craffus ,  étoit  celui  d'une 
famille  confidérable  dans  cet  état.  L'Osrhoene  6c  l'Adia- 
bene  avoient  été  foumifes  à  l'Empire  ,  par  Lncius  Ve- 
rus.  Elles  fe  révoltèrent  fous  l'empire  de  Sévère.  Vo- 
logele  ,  roi  des  Parthcs,  s'empara  de  la  Méfopotamie  , 
6c  par  conféquent  de  l'Osrhoene  ,  6c  pouffa  Ces  con- 
quêtes jusqu'à  Nifibe.  Sévère  marcha  en  perfonne  con- 
tre lui  5  à  fon  anivée,  Abgare,  roi  de  l'Osrhoene,  le 
reconnut  pour  fon  prince  &  fon  protecteur ,  lui  donna 
fes  enfans  pour  otages  ,  6c  lui  amena  un  grand  nom- 
bre d'archers  pour  le  fervir  dans  fes  guerres.  Spartien  , 
pour  qui  le  nom  d'Osrhocne  étoit  nouveau ,  dit  que 
Sévère  fubjugua  Abgare  ,  roi  de  Perfe.  C'étoit  appa- 
remment le  même  Abgare,  qui,  dix  ans  après,  fous 
le  même  Sévère ,  vint  à  Rome  avec  une  fuite  fi  ma- 
gnifique ,  qu'on  la  compare  à  celle  de  Tii  idate ,  fous 
Néron.  Dion  le  qualifie  roi  d'Edeffe,  qui  étoit  capitale 
de  l'Osrhoene.  On  peut  voir  aux  mots  Edesse  6c  Or- 
pha  ,  que  durant  les  dernières  années  de  Jefns  Chrift  , 
il  y  avoit  à  Edeffe  un  roi ,  nommé  Abgare  ,  6c  il  y  a 
apparence  que  cette  famille  royale  fubfifia  long-rems 
fur  le  trône,  6v  que  le  Chosroès  ou  Osrhoès,  qui 
donna  le  nom  à  ce  pays ,  fut  un  conquérant  dont  le 
règne  ne  fut  qu'une  interruption  de  cette  fuite  d'Abga- 
re. *  Voyez  Tillemont ,  Hift.  des  empereurs,  t.  3.  Sévè- 
re ,  art.  23. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  Sévère  fe  trouva  fi  bien  des  ar- 
chers ,  qu' Abgare  lui  avoit  donnés ,  qu'il  voulut  en 
avoir  toujours  dans  fon  armée  ;  auffi  voit-on  (  a  )  que 
Caracalla  ,  fon  fucceffeur ,  avoit  des  archers  Osihoé- 
niens  ,  dans  l'armée  qu'il  oppofa  aux  Allemands  ;  mais 
ayant  Tourné  fes  armes  vers  l'Orient,  il  ufa  d'une  ex- 
trême perfidie  envers  Abgue ,  roi  d'Osrhoene.  Il  lui 


OSR 


perfuada,  fous  prétexte  d'amitié,  de  fe rendre  auprès  de 
lui.  Ce  prince  s'y  étant  rendu ,  fut  arrêté  Se  chargé  de 
fers,  Se  fon  état  fut  envahi  fans  beaucoup  de  peine (b). 
On  le  mena  apparemment  à  Rome  avec  deux  enfans 
qu  il  avo.it ,  Abgare  Se  Antonin ,  &  tout  le  relie  de  fa 
famille  ;  car  on  a  à  Rome  l'épitaphe  d'un  Abgare  , 
mort  à  vingt-fix  ans  ,  au  grand  regret  de  fes  partns  Se 
de  fes  amis.  L'épitaphe  eft  faite  par  Antonin  ,  fon  frère , 
ôe  elle  porte  qu'ils  étoient  tous  deux  fils  d'Abgare , 
autrefois  roi  de  l'Osrhoene.  Caracalla  mit  une  colonie 
à  Edeffe ,  capitale  du  pays,  (a)  Dion.  I.  77.  p.  876. 
(£)  ïillemont ,  Caracalla  ,  art.  n. 

11  femble  donc,  remarque  le  favant  Tillemonc  ,  que 
ce  royaume  ait  été   entièrement  éteint ,  l'an  de  l'ère 
Chrétienne  216  ,  le  fixiémede  Caracalla  ;  Se  cependant 
on  trouve  encore  un  roi  Abgare,   dans  les  médailles 
de  Gordien.  Occo  le  prend  pour  un  roi  des  Parthes, 
ce  qui  ne   fe  peut   foutenir  ;    Se  Spanhcim  ne  trouve 
point  de  difficulté  à   croire    que  c'eft  encore    un  roi 
d'Edefle.  En  effet ,  George  le  Syncelle  cite ,   de  Jule 
Africain  :  Que  du   rems    de   l'empereur    Alexandre , 
(  ou  plutôt  d'Heliogabale  ,  )  Abgare ,  homme  facré , 
regnoit  à  Edefie.  Selon  que  Scaliger  rapporte  cet  en- 
droit, on  ne  voit  pas  fi  cet  Abgare    étoit  roi  d'Edefle, 
ou  plutôt  on  n'y  voit  aucun  fens.  Bede  l'a  lu  comme  le 
Syncelle.  Sans  ce  paffage  ,  on  pourroit  croire  que  l'Ab- 
gaie  ,  marqué  fur  les  médailles  de  Gordien  ,  étoit  roi , 
non  d'Edefle   Se  de  l'Osrhoene ,  mais  de  quelque  pays 
voifin  \  le  mot  d'Abgare  ,  étant  aufli  bien  un  nom  de 
dignité  qu'un  nom  propre.  Le  père  Noris  croir  qu' Ab- 
gare même  ,  dépouillé  par  Caracalla  ,  ou    (es  enfans  , 
furent  rétablis  dans  leur  royaume ,  mais  non  dans  la 
pofieflion  de  la  ville  d'Edefle  ,  parce  qu'on  en  avoit 
fait   une  colonie  -y  il    n'a   pas  fait  attention  au  paffage 
d'Africain.  Quoi  qu'il  en  foit ,  il  eft  certain  que  dans 
le  quatrième  fiécle  ,  l'Osrhoene  étoit  une  province  fou- 
mife  abfolument  aux  Romains. 

Comme  l'Osrhoene  a  été  une  grande  province  Ec- 
cléfiaftique  ,  les  notices  nous  ont  confervé  en  détail 
le  nom  des  lieux  qui  reconnoiffoient  Edeffe  pour  mé- 
tropole ;  mais  elles  ne  s'accordent ,  ni  fur  le  nombre  , 
ni  fur  le  rang  des  fiéges  qu'elles  y  mettent  ;  c'elt  ce 
qui  m'oblige  à  donner  ici  trois  Osrhoenes  diffé- 
rentes. 

E  d  e  s  s  a  ,  Metropolis. 

Carra ,  Nov.i  Valentina ,  Macarta , 

Conflantia ,  Birborum ,  Marcopolis , 

Tkeodo/iopolis  ,  Monithilla ,  Anaflafta , 

Baihna  ,  Therimachon  ,  ïhmerius  , 

Callinicus  five  Moniauga  ,  Circifa. 
Leontopolis , 


Telle  étoit  l'Osrhoene ,  fous  Léon  le  Sage ,  vers  la 
fin  du  neuvième  fiécle.  Voici  celle  qu'Hiéroclès  nous 
repréfente  -,  le  titre  même  de  la  province  eft  corrompu 
dans  le  manuferit  du  Vatican.  On  y  lit  Provincia  Ros- 
roicen  ,  Vo<riû>uw  pour  Osrhoenes  ,  'OtrpawK.  Il  n'y  com- 
pte que  neuf  villes,  en  y  comprenant  la  métropole, 
encore  n'en  nomme-t-il  que  huit. 


Edejfa , 
Conflantia , 
Theodojîopolis, 


Carrha  , 

Bathna  , 
Nova  Vakniia , 


Leontopolis  qua 
&  Calhnica , 
&  Birthra  ou 
Birtha. 


Cette  dernière  eft  la  même  que  Birborum,  on  plu- 
tôt Birthorum  de  la  notice  précédente  ;  mais  en  voilà 
déjà  fept  de  retranchées.  Le  dérangement  eft  encore 
plus  grand  dans  la  notice  du  parriarchat  d'Antioche. 
Des  fiéges  de  la  première  notice  ,  on  ne  reconnoît  dans 
celle-ci ,  que  fix  noms  ;  encore  ceux  de  Carrœ  ou  Car- 
rha Se  à' Hemerius  y  font-ils  fi  déguifés  ,  qu'il  faut  de- 
viner pour  les  reconnoître  fous  ceux  de  Garron  Se  Yme- 
ria.  Quoi  qu'il  en  foit,  voilà  l'Osrhoene  de  cette  troi- 
fiéme  notice. 


ÔSS        71* 

Edejfa ,  Marcopolis ,  Ymeria , 

Verchi ,  Varnon  ou  Vatnon ,  (Juerquenjia  j 

Conftantia ,  Gedaron  ou  Ged-  Tapfaron , 

Garron oaCarron,    maron,  Callinycos. 

Baudrand  obferve  que  l'on  y  remarquoit  la  ville  .de 
Nicephorium.  C'éroit  la  même  que  Conftamine.  Voyez. 
Constantine  3.  Conflantia  ,  nommée  ici  dans  la 
notice,  eft  la  même  qu'AMED  ,  Se  Diarbeck.  Voyez. 
ces  deux  articles,  ôc  Constantia  3. 

OSRUSHNAH,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Tartane,  au 
Maouarennahar,  au-delà  de  Samarcande,  &  l'une  des 
métropoles  de  cette  province.  Abulfeda ,  dans  fa  de- 
feription  de  la  Chorasmie  Se  du  Maouarennahar,  en 
met  ainfi  la  pofition ,  félon  trois  auteurs  différens. 


Longit. 


Latir. 


Alfa 


Selon 


ras 


Ptolomée , 
L  Albiruni , 


90  d. 

0 

m. 

40  d 

■  0 

mir> 

9» 

10 

36 

40 

h 

30 

39 

30 

Abulfeda  met  enfuite  dans  le  département  d'Osrush- 
nahSABAT,  autre  ville.  Dans  le  même  ouvrage  il  dit 
qu'Osrushnah  eft  auili  un  nom  de  pays  de  mê- 
me qu'Ai  Sogd  ;  il  ajoute  :  La  plus  grande  partie  eft  de 
montagnes.  L'Osrushnah  eft  terminée  à  l'orient  par  une 
partie  du  Fergan ,  au  couchant  par  les  limites  de  Sa- 
marcande, au  nord  par  les  terres  d'Alshash  ,  Se  par  une 
autre  partie  du  Fergan  ,  au  midi  par  les  confins  de  Cash 
&  d'Alfaganiyan.  On  nomme  beaucoup  de  villes  dans 
l'Osrushnah  ,  dont  nous  ne  mettons  point,  dit-il  ,  les 
noms ,  parce  qu'ils  font  Barbares ,  Se  que  nous  ne  les 
favons  pas  exactement.  Quant  à  la  ville  de  ce  nom  ,  elle 
eft  grande  Se  magnifique  ,  à  cinq  journées  de  chemin  de 
Samarcande.  On  dit  qu'il  y  a  quatre  cens  châteaux  ou 
fortereffes.  La  ville  d"Ai.sHABiLA  en  eft  aufli.  NaifirEd- 
din  Se  Ulug  Beig  marquent  aufli  la  longitude  Se  la  la- 
titude de  cette  ville.  Ils  s'accordent  à  lui  donner  100 
deg.  o  min.  de  longitude  Se  40  deg.  o  min.  de  latitude. 
Ces  cent  degrés  s'accordent  avec  Alfaras  par  la  dédu- 
ction dont  nous  avons  déjà  plus  d'une  fois  averti  ;  mais 
je  ne  fais  fous  quel  climat ,  Abulfeda  fuppofe  que  Pto- 
lomée a  défigné  cette  ville  ;  du  moins  la  pofition  qu'A- 
bulfeda  met  fur  le  compte  de  ce  géographe,  ne  con- 
vient aucunement  à  un  lieu  fitué  au-delà  de  l'Oxus 
dans  le  calcul  de  ce  géographe ,  Se  tombe  dans  la  Mé- 
die.  Colle tl.  Oxon.  t.  3. 

OSS  ou  Os  ,  bourg  du  Brabant  Hollandois  ,  dans  la 
Mairie  de  Bois-le-Duc  ,  au  quartier  de  Maefland  -,  il 
en  eft  le  chef-lieu  ,  Se  c'eft  où  fe  tiennent  les  affemblées 
du  quartier.  Jeanne,  ducheffe  de  Brabant,  donna  en 
1 399  ,  aux  habitans  de  ce  lieu,  la  permiflion  de  l'entou- 
rer de  murailles  &  de  foffés  ,  pour  les  garantir  des 
courfes  des  Gueldrois,  qui  peu  de  teins  après  renver- 
ferent  ces  murailles  ;  cependant  il  en  refte  encore  quel- 
ques monumens,  entre  autres  les  tours  des  deux  portes , 
l'une  fur  le  chemin  de  Bois  le-Duc ,  Se  l'autre  fur  ce- 
lui de  Grave.  La  même  princeffe  lui  accorda  aufli  le 
privilège  d'avoir  un  marché  toutes  les  femaines  Se  deux 
foires  par  an  ;  l'une  la  veille  de  la  Fête-Dieu  ,  Se  l'au- 
tre la  veille  de  la  faint  Michel  ;  ces  deux  foires  font  fa- 
meufes  par  le  grand  nombre  de  chevaux  qu'on  y  ame- 
né. Elle  y  érigea  en  même-tems  un  tribunal  de  fept 
échevins  Se  autant  de  jurés,  avec  le  droit  de  fommation 
dans  tout  le  quartier  de  Maefland  ,  Se  autres  privilèges 
pour  les  habitans ,  parriculierement  pour  les  manu- 
facfturiers  en  laine.  Il  y  a  une  allez  belle  églife  occupée 
par  les  Réformés ,  Se  dont  le  miniflre  fert  aufli  celle 
de  Heesch.  Les  bourgeois  ou  habitans  d'Ofs  forment 
quatre  confréries  ou  compagnies.  *  Janiçon ,  Etat  pré° 
fent  des  Provinces- Unies,  t.  2.  p.  ijo. 

1 .  OSSA  ,  montagne  de  Theffalie ,  dans  la  Magné- 
fie  ,  au  midi  oriental  du  Pénée  ,  Se  au  fud-eft  de  la 
vallée  de  Tempe.  Pline  ,  liv.  4.  chap.  8.  Se  Ptolo- 
mée ,  liv.  3.  chap,  13.  font  mention  de  cette  monta- 
gne ,  qui  eft  fameufe  dans  les  fables  des  poètes.  Vir- 
gile,  Géorgie,  lib.  1.  verf.  281.  dit  des  Titans  : 
Jom.  IV,    X  x  x  x  ij 


7i6       OSS 


OSS 


Tcrfunt  conati  imponere  Pelio  Ojfam , 

Scilicet  aique  Ojj^  j'rondofum  involvere  Olympum. 

i.  OSSA  ,  ville  de  Macédoine,  à  l'occident  du  Stry- 
mon  ,  dans  la  Bilàltie,  félon  Ptolomée ,  /.  3.  c.  13. 

3.  OSSA.  Strabon,  /.  S. p.  $j6.  trouve  au  Pélopon- 
nèfe  deux  monragnes  voifines ,  nommées  Ojja  8c  Olym- 
pe, de  même  que  deux  autres ,  appellées  de  même  dans 
la  ThelTalie.  J'en  ai  parlé  dans  l'article  d'Oi-YMPE  en 
Elide. 

4.  OSSA  ,  rivière  d'Italie ,  dans  la  Toscane.  Orte- 
lius,  /.  3.  c.  1.  croit  que  c'eft  la  Maria,  nommée 
Lartes  par  Antonin  ;  mais  il  n'y  a  pas  d'apparence. 
Ptolomée  met  l'embouchure  de  lOifa  entre  Telamon 
&  Cofa:  en  ce  cas  c'eft  la  même  que  I'Albinia  ,  au- 
jourdhui  I'Albenga 

5 .  OSSA  ,  petite  rivière  de  Pologne  ,  dans  le  palati- 
hat  de  Culm.  Elle  fe  joint  à  la  Wiftule  à  Graudentz. 
*  Arias,  Robert  deVaugondy.  Le  Chevalier  deBeaujeut 
p.  144. 

6.  OSSA  ,  baronnie  d'Irlande ,  dans  la  province  de 
Munfter.  C'eft  la  plus  méiidionale  de  celles  qui  compo- 
fent  le  comté  deTipperari.  *  Etat  préfent  de  la  Grande 
"Bretûçne  ,  r.  3. 

OSSADIENS  (  Les)  ,  ancien  peuple  de  l'Inde,  lis 
étoient  libres,  8c  Ortelius,  Tbejjur.  conjecture  quils 
habitoientau  voifinage  du  fleuve  Indus.  *  Aman.  Ale- 
xand.  I.  6. 

OSSARENA  ou  Tosarena  ,  félon  les  divers  exem- 
plaires de  Ptolomée,  L  f.c.  15.  contrée  de  la  Grande 
Arménie  ,  le  long  du  fleuve  Cyrrhus. 

OSSEA  ,  village  d  Espagne  ,  au  royaume  de  Grena- 
de ,  fur  les  confins  de  celui  de  Mutcie.  Il  n'eft  remar- 
quable q  te  parce  qu'on  croit  qu'il  occupe  la  place  d'As- 
fo  ,  ville  que  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  6.  donne  aux  Ba- 
ftifains. 

OSSEG,  abbaye  d'hommes  ,  ordre  de  Cîteaux  ,  dans 
le  royaume  de  Bohème  ,  au  cercle  de  Leutomaritz.  Elle 
eft  riche,  Bc  on  y  voit  une  très  belle  églife 

1.  OïSERA  ou  Osera  ,  bourg  d'Espagne. fur  l'Ebre  , 
dans  l'Arragon,  à  cinq  lieues  de  Saragoce.  Voye^Osi- 

CERDA. 

2.  OSSERA,  Vrfan'a,  abbave  d  hommes  ,  ordre  de 
Cîteaux,  de  la  congrégation  de  Caftille  ,  en  Espagne, 
dans  l.i  Galice  ,  au  d.ocèfe  de  Compofttile. 

OSSERIATES  ,  ancien  peuple  de  la  Haute  Panno- 
nie  ,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c .  ij.  Ce  font  les  OJeria- 
tes  de  Pline. 

OSSERY  ou  phrôt  Ossoky  ,  petite  contrée  d'Irlan- 
de, dans  h  province  de  Leinutr  ,  entre  les  villes  de 
Queenltown  8c  Kilkenny.  La  rivière  de  Nure  la  divife 
en  haute  &  en  balîe.  l/pper  Ojjwy  eft  unedesfept  ba- 
ronnies  du  corme  de  la  Reine  L'evêché  qui  eft  a  Kil 
kenny  ,  étoit  auparavant  a  O.Tery  ,  dr-la  vient  qu'il  eft 
encore  appelle  (jjfjrienfîs  ,  quoique  transféié  ,  ce  qui  a 
fait  croire  à  quelques  uns  qu'Odery  étoit  une  ville  épis- 
copalc. 

OSSHT.  Voyez.  Julia  Constantia  2.  &  Osen. 
On  dispute  fi  ce  lieu  ,  qui  étoit  dans  la  Bétiq  ;e  ,  eft  pié- 
fentement  le  bourg  de  Triana  ou  S.  Juan  d'Alfa- 

RACHE. 

OSSIACH  ,  vilhge  d'Allemagne,  dans  la  Carinthie , 
au  cercle  d'Autriche  ,  entre  Velckirch  &  Villach  ,  au 
bord  oriental  d'un  lac  auquel  il  donne  le  nom  d'Os- 
siachersée.  Il  y  a  une  belle  &  ancienne  abbaye  de  Bé- 
nédictins. *  Zeyler  ,  Carinth.  Tabul. 

OSSIGERDA  pour  Osicerda. 

O.SIGI,  ancienne  ville  d'Espagne  ,  au  département 
de  Coi  doue  ,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  r.  Elle  étoit  épisco- 
pnle-,  &  dans  un  des  conciles  d'Espagne,  on  trouve 
Oémenrien  d'Ofligi  ;  c'eft  une  remarque  du  père  Har- 
donin.  Je  ne  trouve  point  dans  les  trois  anciennes  no- 
tices d'Espagne,  qu'il  y  ait  eu  un  évêché  de  ce  nom. 
Cela  me  fair  foup.çonner  qu'au  lieu  à'ab  Offlz't  .  il  faut 
lire  .tb  Aftiçj.  Dans  les  trois  notices  ,  Aftigis  8c  Cordoue 
font  nommées  de  fuire  ,  comme  fiéges  fuffragans  d'His- 
pal  qui  eft  Séville.  Il  n'eft  pourtant  pas  impoflible  qu'il 
y  air  eu  à  0!fi%i  un  évêché  comme  il  eft  arrivé  à  plu- 
sieurs villes  d'Espagne ,  qui  ont  eu  un  fiége  épiscopal 


pendant  quelque  tems ,  &  en  ont  été  ptivées  par  Les  in* 
valions  8c  autres  malheurs  publics.  Strabon  ,  /.  3.  p. 
154.  dit  quelque  part ,  que  les  mœurs  &  les  coutu- 
mes des  Lacedémoniens  étoient  en  ufage  en  Espagne. 
C'eft  peut  être  de  la  qu'eft  venu  le  furnom  de  Laconum 
ou  Lacutiïcum  ,  que  Pline  donne  à  OJfigi.  On  croit  que 
c'eft  prefentement  Megibar  ,  au  royaume  de  Jaen, 
entre  Anduxar  8c  Lienares.  *  Cône.  Illiber. 

ObSIGITANlA  ,  contrée  d'Espagne,  dans  la  Bétique. 
Pline,/.  3.  1.  1.  dit  que  c'eft  par  cette  contrée  que  le 
fleuve  Bxusentroit  dans  la  Bétique.  Elle  prenoit  fon 
nom  d  Ossigi. 

OSSMIANA  ,  ville  de  Pologne  ,  en  Lithuanie  ,  au 
palatmat  de  Vilna  ,  fur  un  ruiiieau  qui  tombe  dans  la 
Viha  ,  rivière  qui  palle  enfuite  à  Vilna.  Elle  eft  au  nord* 
ouert  de  cette  ville  en  tirant  vers  Minski. 

ObSONA.  yoyez.OsiVUA. 

OSSONOBA  ,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  la  Lu- 
fitanie  ,  fclon  lomponius  Mêla  ,  /.  3.  c.  1.  8c  Pline,/.  3. 
c .  22.  Rodericus  Carus  croit  que  c'eit  prefentement  Es- 
tombar  Ptolomée  la  nomme  Ossonaba  ,  &  la  met 
dans  la  Lufitanie  ,  au  pays  dts  Turdetains.  Ortelius  ÔZ 
les  inteipré  es  de  Ptolomée  la  confondent  mal-à-propos 
avec  (jnubu  Luflurïa  i  mais  Ptolomée  lesdiftingue  très» 
bien  ,  fou  parleur  pofition  différente  que  voici  : 


Longitude. 


Latitude. 


Onobalifturia,  4  d.  40    m. 

Oiionaba ,  3   d.     o    m. 


37  d. 
37  d. 


20  m. 
4;  m. 


foit  en  mettant  la  ptemiere  dans  la  Bétique  &  l'autre 
dans  la  Lufitanie.  C<  lmenar  ,  dans  les  délices  de  l'Es- 
pagne &  du  Portugal ,  p.  810.  parlant  de  la  ville  de  Faro , 
dans  le  Portugal ,  dit  :  Cette  place  s'eft  accrue  des  ruines 
d'une  ville  ancienne  nommée  OjJo»oba,  qui  étoit  dans 
fon  voifinage  ,  a  l'orient  8c  qui  nVft  plus  aujourd'hui 
qu'un  petit  vi'lage  ,  nomme  F  stoi.  On  voit  l'ancien  nom 
dans  l'infeription  d'une  pierre  amique  qu'on  a  transpor- 
tée à  Faro  : 

Imp.  C^s.  P.  Lucinio. 

Valeffiano.    P.  F.  Aug. 

Pont.  Max.  P.  P.  Tr.  Pot. 

m.  Cos.  Resp.  Osson. 
Ex  Decreto.  Ord    Dévot. 

Numini   Majestat. 

...  15.  Ejus  D.  D. 

Cette  ville  d'Ofionoba  étoit  auftl  honorée  d'un  évê- 
ché ,  qui  fut  d'aûord  transféré  à  Silves,  8c  en  IJ90  à 
Faro. 

OSSOTOUÉ  ,  peuple  de  rAmérique  feptentrionale. 
C'eft  un  des  quarte  qui  forment  la  nation  des  Akan- 
fas. 

OSSUNA  ou  Ossona  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  P An- 
dalousie ,  à  fix  ou  lept  lieues  au  nord  de  Hardales ,  de 
à  cinq  ou  fix  au  midi  d  Excija  ;  elle  eft  allez  grande  8c 
paliabiemenr  peuplée.  Elle  eft  ancienne  8c  coi'  autrefois 
connue  fous  le  nom  dlJRSAO  ,  Urson  8c  Orsona, 
fuivant  l'aureur  des  délices  de  l'Espagne  ,  &  elle  pas- 
foit  pour  une  v, lie  foi  te  par  l'a  Situation  ,  y  ayant  feu- 
lement une  fontaine  qui  fournifloit  d'eau  tous  les  ha- 
bi;ans  ,  tandis  que  toute  la  campagne  d  alentour  étoit 
fans  eau  à  huit  milles  a  la  ronde  :  lorsque  Jules  Ce  far 
l'afticgea  ,  il  fallut  faire  tout  venir  au  camp  de  fort  loin. 
La  même  chofe  fe  veut  encore  aujourd'hui.  OlTuneap- 
partient  à  des  feigneurs  de  la  maifon  des  Girons,  qui 
n'ont  pris  que  le  titre  de  comtes  d'U  renia  jusqu'à  l'an 
1562,  que  Philippe  II  leur  permit  de  prendre  celui 
de  ducs  d  Ofiune.  Un  feigneur  de  cette  maifon,  nom- 
mé Pierre  Giron,  grand  maître  de  l'ordre  de  faint  Jac- 
ques, conquit  Archidona  fur  les  Maures  l'an  1472, 
8c  obtint  el'Henri  IV  ,  roi  de  Caftille  ,  la  permiflïon  de 
l'unir  à  fon  domaine  avec  diverfes  autres  petites  pla- 
ces. Après  lui  ,  Jean  Tellez  de  Giron  ,  le  fécond  du 
nom  8c  de  la  famille,  bâtit  à  Oflune  l'an  IJH»  u,ie 
églife  magnifique  à  l'honneur  de  la  fainte  Vierge ,  eon- 


OST 


OST 


/truite  de  beau  marbre  blanc  ,  ôc  l'enrichit  d'une  grande 
quantité  de  vaiffelle  d'or  ,  &  d'ornemenstrès-fomprueux 
de  foie  en  broderie  d'or.  Il  y  fonda  auiîi  divers  mona- 
ftercs  aux  religieux  de  faim  Dominique ,   à  ceux   de 
faint  François,  à  ceux  de  faint  Auguftin  ôc  aux  Mini- 
mes. 11  fonda  aufli  hors  de  la  ville  deux  autres  cou- 
vens ,  l'un  pour  les  Récollets ,  au  mont  Calvaire ,  ôc 
l'autre  aux  Obfervantins.  La  cormefle  Marie ,  fa  femme, 
fonda  le  couvent   des  religieufes  de  fainte  Claire.  Ils 
bâtirent  encore  d'autres  couvens  en  divers  endroits  de 
leurs  terres.  Ils  établirent  à  Oflline  un  hôpital  pour  les 
pauvres  &  pour  les  enfans  trouvés ,  ôc  l'an  i  J45>,  une 
univerfité  affez  bien  rentée.  Un    duc  d'Offune ,  vice- 
roi  de  Naplcs ,   eft  fameux  par  fes  bons  mots ,  ôc  par 
ceux  que  lui  a  prêté  Léti ,    qui  a  écrit  fa  vie.  Entre 
Qffune  ôc  Excija  font  les  Lagunas  ;  ce  font  des  marais 
ôc  des  creux  fort  profonds  en  terre. 

OSTA  ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange.  Elle  ap- 
partenoit  au  peuple  l'rabiou ,  félon  Ptolomée  ,  /.  7. 
c.  1. 

OSTABARES  ou  Ostabaretz  ,  contrée  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Baffe-Navarre ,  pays  dont  elle  fait  un  des 
quatre  quartiers  ;  il  n'y  a  aucune  ville.  Elle  eit  bornée  au 
nord  par  le  pays  de  Mixe,  où  eft  Saint  Palais,  à  l'o- 
rient par  le  pays  de  Soûle ,  au  midi  par  celui  de  Ci- 
fe,  qui  la  borne  auiTi  au  couchant,  en  partie  avec  le 
pays  d'Iriffari.  Elle  eft  arrofée  par  le  Bidoufe  ,  ruiffeau 
qui  y  a  fa  fource.  Ce  n'eft  presque  qu'une  vallée  au 
midi  du  bourg  d'OsTABAT  ,  qui  lui  donne  le  nom,  ôc 
eft  fur  la  route  de  Saint  Palais  à  Saint  Jean-Pied-de- 
Port,à  deux  lieues  de  la  première.  *  Atlas,  Rob.  de 
Vaugondy. 

OSTALRIC  ,  petite  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Cata- 
logne ,  fur  la  rivière  de  Tordera ,  à  cinq  lieues  de  Gi- 
ronne  ,  à  huit  de  Barcelone  ôc  à  quatre  de  la  mer.  El- 
le éroit  défendue  par  un  château  escarpé  qui  n  'étoit 
accefîible  que  du  côté  de  la  ville  ,  où  il  y  avoit  huit 
reiranchemens  l'un  fur  l'autre  ;  mais  le  châieau  fut  pris 
d'affaut  le  2.0  de  Juillet  1694  ,  par  le  maréchal  de 
Noailles,  qui  en  fit  depuis  ruiner  les  fortifications. 
*  Baudrand  ,  édit.  1705. 

OSTAMA  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  6.  c.  7.  Elle  étoit  dans  les  terres. 

OSTAPHOS  ,  ville  de  Thrace  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  3.  c.  13.  Elle  étoit  dans  les  terres,  aux  confins  de 
la  Baffe-Mcefie  ,  au  couchant  fcptentrional  de  Nicopo- 
lis. 

OSTENDE  ou  Oostende  ,  ville  maritime  des  Pays- 
Bas  ,  dans  la  Flandre  Autrichienne  ,  à  quatre  lieues  de 
Bruges ,  à  trois  de  Nicwport ,  à  deux  d'Oudenbourg 
Se  à  fix  de  Dunkerque.  Elle  a  l'Océan  au  nord-ouelt , 
fon  port  au  nord  &  au  nord-eft  ,  des  inondations  à 
l'eft  ôc  au  midi.  Elle  eft  entourée  des  forts  d'Albert , 
d'Ifabelle,  de  Sainte  Claire,  de  Saint  Michel,  dcBre- 
dené,  de  Sainte  Marguerite,  d'Oudenbourg  &  de  Blanc- 
kenberg.  Il  y  a  quatre  portes  ;  favoir  ,  celles  de  Nieuw- 
port ,  de  la  Mer  ,  du  Nord  &  des  Ravelins.  Marchant , 
Flandr.  defeript.  I.  1.  p.  79.  parle  d'un  village  nommé 
Weftende  ,  fitué  au  couchant  du  côté  de  Nieuwport, 
ôc  dit  que  ce  fut  par  rapport  à  ce  lieu  qu'Oftende  fut 
nommée  Oltende  ,  comme  étant  plus  01  ienrale.  De  Lon- 
guerue  met  Weftende  à  une  lieue  d'Oftende.  Ce  n'é- 
toit  encore  qu'un  village  en  814,  lorsque  Gobert  de 
Steenlande ,  prenant  l'habit  de  religieux  ,  dans  l'abbaye 
de  Saint  Bertin  ,  à  Saint  Orner ,  porta  en^ot  à  ce 
monaftere  trente-huit  ou  trente-neuf  villages  ,  dont  les 
principaux  étoient  Kroonenberg  ,  Steenland  ,  Lemper- 
nefs,  Squerde  &  Sempie.  Oftende  comprife  alors  dans 
cette  donation  ,  n'étoit  qu'un  petit  village.  Elle  devint 
bourg  en  1072,  lorsque  Robert  de  Frife  y  fit  bâtir 
une  églife  fous  l'invocation  de  faint  Pierre; en  1372  , 
les  habirans  l'entourèrent  d'une  fimple  paliffade;en 
1445  ,  Philippe  le  Bon  la  fit  environner  de  murailles , 
y  fit  conftruire  les  portes  ôc  embellir  le  port.  Elle  ne 
fut  régulièrement  fortifiée  qu'en  1583  ,  par  le  prince 
d'Orange  ,  lorsqu'il  étoit  maître  de  Gand  ôc  de  Bruges. 
Le  duc  de  Parme  ,  général  du  roi  d'Espagne ,  l'attaqua 
la  même  année,  ôc  leva  le  fiége.  Les  Espagnols,  in- 
commodés par  les  ravages  que  faifoir  la  garni  fon  de 
cette  ville  ,  l'afliégerent  de  nouveau  eu  1601.  Cette 


7l7 

année  eft  marquée  par  ce  chronographe ,  ostenÔe 
nobIs  paCeM.  Ambroife  Spinola  la  prit  en  1604,  le 
20  Septembre,  après  trois  ans  ôc  foixante  dix-huit  jours 
de  fiége.  Cette  année  eft  aufli  exprimée  par  cet  autre 
chronographe  ,  ostenDaM  InItJa  paCIs.  Tour  le 
monde  fait  les  beaux  vers  que  Hugue  Grori.iscom- 
pofa  fur  Oftende  peu  de  tems  avant  la  capitulation. 

yfrea  parva  Ducum ,  totus  quam  rcfpcit  Orbis 
Celfîor  una  malts ,  &  quam  damnzre  ruina 
Nurtc  quoqne  fat  a  iiment  ;  alieno  in  littore  reflo. 
Tertius  annus  abit  :  loties  mutavimus  bofhm 
Savit  hyems  Pelago ,  mor bisque  furentibus  <n(l,is  : 
Et  minimum  eft  quoi  fecit  Iher.  Crudclior  armis  , 
///  nos  or  ta  lues  :  mtllum  eft  fine  funere  funus  : 
Nccperimit  mors  unafemel.  Fort  una,  quid  hxres  ? 
Qua  mercede  tenes  miftos  inj'anguine  maries  ? 
Çhiis  iitmulos  moriens  bof  occupet ,  hofte  peremto 
Qii&ritur  ,   C*  Jierili  tantum  de  puivere  pugna  eft. 

Ces  vers  furent  traduits  en  françois  par  du  Vair 
par  Nicolas  Rapui ,  ôc  par  Malherbe  La  traduction  de 
ce  dernier  eft  au  quatrième  livre  de  fes  poè'iies.  Quant 
au  fiége,  la  garnifen  fut  renouvellee  plufieurs  t'ois, 
ôc  on  compte  que  les  afliégés  perdirent  au-delà  délin- 
quance mille  hommes  ,  ôc  les  a/fiégeans  plus  de  qua- 
tre-vingt mille.  En  i6;8  ,  le  cardinal  Mazarin  crut  le 
rendre  maître  d'Oftende  par  ftraïa^ême.  Le  maréchal 
d'Aumont,  qui  devoir  exécuter  ce  projet  avec  quelques 
vaifleaux  de  guerre,  fut  pris  lui  même.  En  174J,  les 
François  la  prirent  après  dix  jours  de  tranchées  ouver- 
te. Sous  les  Espagnols  cette  ville  s'étoit  affez  bien  ré- 
tablie. La  maifon  de  ville  étoit  aflez  belle  ,  mais  elle  fut 
ruinée  en  1706,  lorsqu'Oftcnde  fut  afliegée  par  les  al- 
liés, qui  disputoient  la  fucceflion  d'Espagne  a  Philip- 
pe V.  Cette  maifon  de  ville  fut  rebâtie  plus  magni- 
fique qu'auparavant  en  171 1.  Les  états  généraux  des 
Provinces-Unies,  après  la  prife  de  la  ville  en  1706, 
y  mirent  garnifon  ôc  la  gardèrent  jusqu'à  la  conciufion 
du  traité  de  Barrière ,  conclu  entre  eux  ôc  l'empereur 
vers  la  fin  de  17 1  j  ,  en  vertu  duquel  ils  la  lui  rendi- 
rent. L'empereur  ne  tarda  guère  (  a  )  à  faiie  drefferun 
plan  de  commerce,  pour  lequel  fe  forma  la  fameufe 
compagnie  d'Oftende.  Le  but  étoit  d'acquérir  aux  Iavs- 
Bas  Impériaux  le  commerce  des  Indes  orientales.  De» 
Anglois  ôc  quelques  Hollandois  ,  mauvais  citoyens, 
favorifoienr  fous  main  ce  projet  aux  dépens  de  leur  pa- 
trie. Cette  affaire  révolta  les  provinces  maritimes,  qui, 
après  bien  des  négociations,  vinrent  à  bout  de  parer  le 
coup ,  que  la  compagnie  d'Oftende  vouloir  porter  à 
leur  négoce.  Le  magjftrat  d'Oftende  fe  renouvelle  or- 
dinairement vers  le  mois  de  Septembre  (b  ).  lleftcom- 
pofé  d'un  bailli ,  d'un  bourguemeftre  ,  de  fept  échevins 
ôc  d'un  tréfurier.  La  première  charge  eft  à  vie.  Il  y  a 
des  pères  de  l'Oratoire  qui  deffervent  la  cure  de  la  gran- 
de églife  de  faint  Pierre.  Cette  églife  étoit  très-belle 
avant  l'incendie,  qui  la  confirma  en  1712.  Il  y  a  aufli 
à  Oftende  des  Capucins ,  des  fœurs  Noires ,  des  reli- 
gieufes de  la  Conception  ,  ôc  un  hôpital  fondé  par 
les  bourgeois  en  1405.  L'eau  douce  manque  dans  cette 
ville  ,  ôc  on  eft  obligé  d'y  en  faire  venir  de  Bruges.  Les 
braffeurs  l'y  envoient  chercher  dans  des  barques,  d'où  on 
la  met  en  un  réfervoir  qui  eft  tout  proche  du  port.  Ce 
défaut  &  les  autres  incommodités  du  lieu  ,  font  qu'O- 
ftenden'a  pas  attiré  chez  c\lc(c)  les  négocians  Vau- 
tres membres  de  la  compagnie  ,  à  laquelle  cette  ville 
donnoit  fon  nom.  Le  principal  fiége  de  la  compagnie 
étoit  à  Anvers  ;  ôc  Oftende  n'en  avoit  guère  plus  d'ha- 
bitans,  fi  ce  n'eft  à  l'arrivée  des  vaifleaux.  (  a  )  Mém. 
du  tems.(b)  Délices  des  Pays-Bas  ,  t.  2.  p.  137.  (c) 
Mtm.  du  tems. 

Un  des  principaux  forts  au  voifinage  d'Oftende ,  c'eft 
Plascendal. 

OSTEODES  ,  ancien  nom  de  l'une  des  fept  ifles  que 
les  Grecs  ôc  les  Romains  ont  connues  fous  le  nom 
d'ifks  d'Eo'.e.  Pomponius  Mêla  le  dit  ôc  la  nomme  la 
première  des  fept.  Pline  ,  /.  2.  c.  7.  dit  mieux  les  noms 
de  ces  ifles,   dont,  félon  lui,  Lipara  eft  la   première, 


718       OST 

tn  effet ,  c'eft  elle  qui  leur  donne  aujourd'hui  le  nom 
d'ifles  de  Lipari,  dans  la  mer  Méditerranée,  au  nord 
de  la  Sicile ,  donc  elles  font  regardées  comme  des  an- 
nexes. Quant  à  FOfteodes  de  Pomponius  Mêla ,  elle 
n'elt  point  du  nombre  des  fept  ,  comme  Diodore  de  Si- 
cile &  Pline  l'en  excluent  fort  fagemenr.  C'eft  une  ifle 
à  part  qui  en  eft  éloignée  à  l'occident  ;  à  dire  vrai  on 
ne  s'accorde  pas  fur  la  fituation.  De  l'Ifle  croit  que 
c'eft  la  même  qn'UsxiCA  ;  cependant  Pline  ôc  Ptolo- 
mée  distinguent  Ofteodes  &  Ûftica.  Pline,  /.  3.  c.  8. 
dit  de  la  première  ,  qu'elle  étoit  à  quatre-vingt  milles 
de  Sofonte  ,  ville  dont  le  fort  de  Solonte  conferve  en- 
core le  nom ,  auprès  de  Païenne  -,  mais  il  met  Uftica 
vis-à-vis  du  peuple  Paropini ,  ou  ,  ce  qui  revient  au  mê- 
me, vis-à-vis  de  la  ville  de  Paropiu  ;  or  cette  ville  étoit 
dans  les  terres,  au  midi  &  à  peu  près  de  Solonte.  Il 
n'eft  pas  aifé  de  concevoir  comment  Uftica  étoit  vis- 
à-vis  de  Paropus ,  fans  être  vis-à-vis  de  Solonte.  Pto- 
loroée,  /.  3.  c.  4.  diftingue  ainfi  les  deux  ifles  : 

Longitude.       Latitude. 

Uftica  infula  &  civitas ,    36  d.  30  m.  38  d.  4J  m. 
Ofteodes  infula*  36       15         37         o 

Il  met  dans  la  première  ,  une  ville  de  même  nom  , 
êz  la*  fituation  qu'il  lui  donne  4  reliemble  allez  à  celle 
que  de  rifle  donne  à  Fifle  qu'il  appelle  Uftica  ou  O- 
fteodes.  Quant  à  1  Olteodes  de  Ptoiomee  ,  elle  devoit 
être  allez  voifine  de  Drepanum,  ôc  c'eltcequi  adon- 
né lieu  à  dire  que  c'eft  préfentement  Porcelli  ,;  ce 
qui  ne  s'accorde  point  avec  l'indication  de  Mme ,  que 
nous  avons  rapportée  ci-detïus. 

OSTERBURG  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
l'électorat  de  Brandebourg ,  dans  la  Vieille  Marche.  * 
Hubner ,   Géograph.  p.  629. 

OSTERGOE  (  L'  ) ,  Ostrogouwe  ou  Oostergô. 
Voyez.  Oostergô. 

OSTERLAND  (L') ,  canton  d'Allemagne  ,  dans  l'éle- 
ctorat de  Saxe  ;  fon  nom  veut  dire  le  pays  Oriental.  Il 
eft  borné  au  nord  par  le  duché  de  Naumbourg  ôc  par 
la  Misnie  qui  le  termine  auffi  à  l'orient;  il  a  au  midi 
oriental  le  Voigtlang  &  la  Franconie,  au  nord-oueft  le  du- 
ché dcWeymar ,  coupé  par  le  comte  de  Schwartzbourg. 
L'Ofterland  a  appartenu  en  propre  à  une  branche  de 
la  mai  fon  de  Saxe,  dont  la  réfidence  étoit  à  Alten- 
bourg.  Dc-Ia  vient  que  ce  pays  a  été  quelquefois 
nommé  la  principauté  d'Altenbourg.  Cette  bran- 
che finit  en  1672  ,  (k  la  fucceffion  tomba  à  celle  de 
Saxe  Gotha,  dont  Erneft  ,  qui  en  étoit  alors  le  chef, 
céda  à  la  ligne  de  Weymar  la  quatrième  partie  de 
cette  fucceffion  ;  favoir ,  Dornbourg  ,  Roslau  ,  Bur- 
gel  &  Heusdorff.  La  capitale  de  l'Ofterland  qui  a 
demeure  a  la  mai  fon  de  Gothaj  eft  Altenbgurg.  Les 
autres  lieux  remarquables  font  Orlamunde  ,  ville, 
Eisenberg  ,  château  ,  &  un  aftez  bon  nombre  de 
petites  villes  ou  bourgs.  *  Hubner,  Géograph.  pag. 
y  80. 

OSTERLINGS  (  Les  ).  Voyez.  Ostfales. 

OSTERLOW  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  Prémon- 
tré ,  en  Allemagne  ,  dans  la  Bavière. 

1.  OSTERODE,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans 
l'électorat  d'Hanover ,  dans  la  principauté  de  Gruben- 
hagen. 

2.  OSTERODE ,  ville  &  château  du  royaume  de 
Prufie,  dans  le  Hockerland. 

OSTERVAND.  Voyez.  Ostrevant. 

OSTERW1CK  ,  village  d'Allemagne  ,  dans  la  Baffe- 
Saxe  ,  dans  la  principauté  d'Halberftadt ,  fur  le  ruis- 
feau  d'Olfe  ou  Ilfe.  Ce  n'eft  plus  qu'une  bourgade  ,  mais 
c'étoit  autrefois  une  ville  confidérable  ,  nommée  Se- 
lingftadt.  Voyez.  Halberstad. 

OSTERWYK.  Kcy^OosTERWYK. 

OSTFALES  (  Les  ) ,  ou  les  Ostfaeiens  ,  partie  con- 
fidéiable  des  anciens  Saxons ,  établie  entre  l'Elbe  &  le 
Wefer.  Perfonne  n'a  mieux  dû  connoître  cette  nation 
que  Charlemagne.  Dans  Ces  capitulaires  de  Fan  797 , 
à  Aix-la-Chapelle ,  il  dit  qu'il  s'y  étoit  rendu  des  Sa- 
xons de  divers  cantons ,  tant  des'  Weftphales  que  des 
Angariens  &  des  Oftfalcs  :  Congregati  Saxones  ex  di~ 


OST 


vérfispagis,  tam  de  JVeftfalahis  &  Angariis;  quàm 
de  Oeftfalabis.  Cela  eft  très-bien  expliqué  par  le  poëte 
qui  amis  en  vers  les  annales  de  Charlemagne  ,  ad  an* 
num  772. 

Se  d  gêner  alis  habet  populos  divifto  ternos, 
Inftgnita  quibus  Saxonia  floruït  olim  , 
Nomina  nunc  rémanent ,  virtus  antiqua  receffiti 
Denique  Weftphalos  vocitant  in  parte  manentes 
Occidua  ,  quorum  non  longé  terminus  amne 
A  Rheno  diftat .  Regionem  folis  ad  ortum 
lnhabitant  Osterlingi  ;  quos  nomine  quidam 
Oftvalos  alio  vocitant  >  confinia  quorum 
Infeftaht  Conjunttajuis  gens  perfida  ,  Slavï. 
Intcr  pr&dillos  média  Regione  morantur 
Angarii  populus  Saxon  um  ter  tins.  Horum 
Patria  Irancorum  terris  fociatur  ab  Auftro , 
Oceano  eadem  conjungitur  ex  Aquilone. 

On  ne  pouvoit  mieux  dillinguer  ces  peuples  ;  la  mer 
au  nord,  les  Francs  au  midi  ;  les  Outales  nommés  auffi 
Ofteilmgs,  confinoient  aux  slaves  ,  peuple  firué  au-dè- 
la  de  l'fc.lbe;lcs  Weiifales  s'etendoient  presque  jusqu'au 
Rhin.  Enrr'eux  ôc  les  Oltiales  étoient  les  Anganens, 
dont  Engern  ,  qui  fublilte  encore,  etoit  la  capuaic  Se 
nous  marque  la  fituation.  Voila  qui  elt  clair.  On  voie 
encore  que  la  fituation  des  Weftfales  ôc  des  Oitrales  eft 
exprimée  par  leurs  noms  ,  qui  lignifient  Falej  ou  Vales 
occidentaux,  Weftjah  ôc  t'aie*  ou  VaUs  orientaux , 
Oftfali.  11  y  a  plus  de  difficultés  au  mot  Fales  ou  Va- 
les  ;  car  les  Allemands  prononcent  cet  V  confonne  plus 
durement  que  FF  ,  &  ils  écrivent  indifféremment  l'une  ou 
l'autre  de  ces  deux  lettres  dans  les  noms  peu  connus. 
Quoi  qu'il  en  foit,  Tritheme  ,  Defc.  teelef.  c.  3.  &  après 
lui  Herrius ,  notit.  German.  infer.  ont  cru  que  ce  mot 
Fàli  ou  Vali  étoit  pour  Galli.  Le  premier  dit  que  Char- 
lemagne ,  à  la  place  des  Saxons  qu'il  avoit  transportés  au- 
delà  du  Rhin  ,  fit  pafler  en  Saxe  trente  mille  Gaulois  , 
qui  au  lieu  de  Wejtgalli ,  furent  appelles  vulgairement 
par  corruption  IVeftivallen  y  mais  Charlemagne ,  qui 
avoit  transporté  ces  Gaulois,  n'auroit-il  pas  fu  leur  vrai 
nom  en  797  2  D'ailleurs ,  cette  transplantation  étoif-el- 
Ie  déjà  faite,  quand  il  nommoitainfi  ces  peuples,  qu'il 
dit  formellement  être  des  Saxons  ?  Ces  Oltfales  font 
nommés  ailleurs  Osterlings  ,  Austrelings,  Autre- 
leudes  &  Austrasiens.  Il  y  a  bien  plus  d'apparence 
de  dériver  le  mot  dOsTFALES  d'OsTFELDERs  du  mot 
Feld  ,  campagne.  Dans  le  fixiéme  fiécle  ces  Oftfales 
s'étendirent  aux  parties  feptentrionales  de  la  Thuringe  , 
comme  le  remarque  le  docte  Spener.  Avec  le  tems , 
ils  fe  reculèrent ,  ôc  ce  qui  avoit  été  la  Saxe  fut  abandon- 
né aux  Fales  occidentaux,  qui  donnèrent  à  ce  pays  le  nom 
de  Weftphalie,  qu'il  porte  encore.  Le  pays  des  Angariens 
y  eft  aujourd'hui  compris  dans  les  deux  cercles  de  Sa- 
xe. *  Notit.  Germ.  medii  &vi ,  c.  4.  p.  409. 

OSTFRISE  ou  Oostfrise.  Ce  mot  eft  équivoque, 
&  a  fignifié  en  divers  tems  des  pays  fort  différens.  Quel- 
quefois il  s'eft    dit  par  oppofition  au  mot  de    West- 
frise  ,  &  alors  il  ne  fignifioit  que  le  pays  fituc  entre 
le  Flevus  ôc  le  Lauwers.  C'eft  de  ce  canton  qu'étoit 
fouverain  Guillaume  ,  comte  d'Oftfrife ,  dont  parle  Be- 
ka ,  hiftorien  de  l'églife  d'Utrecht ,  in  Balduino  II.  Dans 
ce  canton  l'on  compte  aujourd'hui  la  Frife  proprement 
dite ,  qui  eft  une  àes  fept  Provinces-Unies ,  ôc  on  ap- 
pelle Oftfiife  ,  un   pays  d'Allemagne ,  aux  confins  de 
la  république  des  Provinces-Unies.  Il  eft  borné  au  nord 
par  la  mer  d'Allemagne  ,  à  l'orient  par  le  comté  d'Ol- 
denbourg ,  au  midi  par  l'évêché  de  Munfter ,  au  cou- 
chant par  la  province  de  Groningue,  ôc  par  l'embou- 
chure de  l'Embs.   On  le  nomme  auffi  quelquefois  le 
comté  d'Embden ,  du  nom  de  fa  capitale.  Ce  pays  a 
fon  fouvetain  particulier  ,  dont  le  titre  étoit  le  comte 
d'Oftfrife ,  ôc  qui  eft  un  des  princes  de  l'Empire,  depuis 
l'an  1  <5y  4.  Ce  pays  a  beaucoup  de  marécages ,  &  fe  di- 
vife  en  dix  quartiers ,  dont  voici  les  nomscV  les  prin- 
cipaux endroits» 


OST 


OST 


Sur  la 
côte 
de  la 

mer. 


Dans 

les 

terres. 


r  Embden  ,  capitale  du  pays, 
Emland  ,  )   Greetzil, 
\  Oidarfum. 

Broeckmerland  ,  |  Mai.knhaven> 

NoRDENLAND  ,  |    Nordeo< 

Halingerland,      £Wmmind< 
Fredebourg,  £  Frcdcbourg. 

AuRICKERLANO,      ^^^ 
LENGERLAND  ,  S  n  , 

Moermerland,  \  Leer. 

AVERDINGERLAND,^  Weiîcr. 


Sur   le    ç  R 
Dollaer.l 


EIDERLA 


nd  ,   4  Wener. 


*  Carte  de  l'Ofifrife. 

La  capitale  du  pays  eft  Embden.  Les  habitans ,  jaloux 
de  leurs  privilèges  ,  ont  depuis  long-tems  donne  lieu  à 
des  troubles  &  des  divifions  qui  caufent  le  malheur  de 
ce  pays. 

L'empereur  Frédéric  III  ou  IV  férigea  en  comté,  8c 
le  donna  en  fief  mouvant  de  l'Empire,  à  Uhic,  qui 
fut  proclamé  comte  d'Embden  dans  cette  ville  même  le 
21  Décembre  1494.  Les  descendais  de  ce  comre  ont 
fait  ce  qu'ils  ont  pu  pour  aflervir  ce  pays  ;  mais  ils 
n'ont  jamais  pu  en  venir  à  bout.  Voyez,  Embden. 

Le  roi  de  Prune  elt  en  pofTelîion  de  cette  principau- 
té depuis  Tan  1744.  Voyez,  les  Mémoires  du  tems. 

OSTHA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange ,  félon 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1. 

OSTH  AM  AR  ou  Ostammar  ,  petite  ville  de  Suéde  , 
dans  l'Uplande ,  fur  le  golfe  de  Bothnie  ,  environ  à  deux 
lieues  fuédoifes  d'Oregrund  ,vers  le  couchant. 

OSTIA.  Ce  mot  dans  les  cartes  géographiques  dres- 
fées  en  latin ,  eft  le  pluriel  d'OJlium ,  qui  veut  dire 
l'embouchure  d'une  rivière.  Oftia  veut  dire  les  em- 
bouchures d'un  fleuve  qui  entre  dans  la  mer  par  plu- 
fieurs  ouvertures. 

OSTIANO  ou  Ustiano,  petite  place  d'Italie  ,  dans 
le  Mantouan ,  fur  FOgLo  ,  aux  confins  du  Cremonez 
Se  du  Brcflan  ,  à  vingt  deux  milles  de  Crémone ,  fur 
le  chemin  de  Peschiera,  8c  à  vingt-fept  de  Mantoue. 

OSTIAQUES  ou  Ostiakes  (  Les  ) ,  peuple  d'Afie, 
dans  la  Sibérie ,  aux  environs  de  l'Obi.  Le  pays  que  ces 
peuples  habitent  s'étend  au  nord  allez  près  du  cercle 
polaire  ,  8c  eft  borné  au  midi  par  les  Calmuques.  Il 
fait  partie  de  la  Tartarie  Rullîenne.  On  peut  voir  les 
coutumes  grolïieres  de  cette  nation  dans  le  voyage  d'Is- 
brand  Ides ,   inféré  dans  les  voyages  de  Corneille  le 
Brun  par  la  Moscovie,  8c  dans  le  dictionnaire  de  Cor- 
neille ,  qui  a  copié  ce  que  cet  auteur  en  dit  ■■,  8c  mieux 
encore  dans  la  defeription  particulière  qu'a  fait  de  ce 
peuple  Jean-Bernard  Mullern ,  capitaine  de  dragons  au 
fervice  de  Suéde,  lequel  écrivoit  en  1716  à  Tobos- 
koi  ,  capitale  de  la  Sibérie  ,  où  il  étoit  prifonnier  de 
guerre.   Sa  relation  ,  qui  eft  en  allemand ,  eft  inférée 
dans  un  recueil  intitulé  das  veràaderte  Rusflmd  ,  8cc. 
c'eft-à-dire  la   Rufjie   changée ,  imprimé  à  Francfort 
in-40.  1721.  Les  Ostjaques,   dit  l'auteur  des  notes 
fur  l'hiltoire  desTatars,  pag.  486,   habitent  au  Sud 
des  Samoyedes ,  vers  les  60  deg.  de  latir.   depuis  les 
montagnes  qui  fé parent  la  Ruine  de  la  Sibérie  jusqu'à 
la  rivière  de  Jéniféa.  Les  Oltiaques  font  à  peu  près  faits 
comme  lesRulïiensj  mais  ils  font  communément  d'une 
taille  au-deflus  de  la  moyenne.  On  prétend  qu'ils  font 
iflus  d'une  partie  des  habitans  de  la  province  de  Véli- 
ka  Permia ,  qui,  pouffes  par  leur  attachement  à  |  ido- 
lâtrie, quittèrent  leur  pays,  8c  vinrent  s'établir  en  ces 
quartiers ,  lorsqu'on  introduifir  le  Chdltianisme  en  cet- 


.    n  7*9 

te  province.  On  allure  que  la  langue  des  Oltiaques  a 
encore  prefemement  beaucoup  de  conformité  avec  le 
jargon  des  habitans  de  la  province  âe  Permia  5  &  nulle 
conformité  avec  les  langues  des  aunes  peuples  païens 
de  la  Sibérie ,  leurs  voifins  ,  avec  qui  ils  ne  peuvent  para- 
fer que  par  interprètes.  Ils  ont  été  enfin  amenés  à  la 
connoiffance  de  l'évangile  fous  Pierre  le  G  rai  id  &  fi  it 
partie  de  1  eglife  Grecque  du  rit  rumen.  Voici  com- 
ment fe  fit  ce  changement,  félonie  capitaine  Mullern. 
11  y  avoit  à  TobosKoi,  capitale  de  Sibérie,  un  Arche- 
vêque nommé  Philothée,  qui  fe  voyant  avancé  en  âge, 
voulut  fe  retirer  dans  un  monaftere  de  Kiovie  ,  d'où 
il  avoit  été  tiré  pour  la  prélature.  Le  gouverneur  de 
Sibérie,  Matfei  Pétrowitz  Gagarin ,  fit  fi  bien  qu'il 
l'engagea  à  relier  encore  quelque  tems  dans  le  pays: 
nuis  cet  évêque  voulut  s'occuper  uniquement  à  la  con- 
verfion  des  païens  que  le  czar  avoit  fort  à  cœur.  Pour 
y  réunir ,  il  fe  rendit  avec  quelques  eccléfiafliques ,  ani- 
més du  même  zèle  que  lui,  aux  lieux  où  étoient  les 
plus  célèbres  idoles  des  Oltiaques ,  &  où  ils  s'aiTembloient 
en  plus  grand  nombre.  11  prit  de- là  occafion  de  leur 
faire  connoître  leur  folie  ,  8c  de  leur  parler  du  vrai 
Dieu  ,  qui  feul  mérite  d'être  adoré.  A  force  de  perfévé- 
rance,  il  parvint  à  les  faire  douter  de  la  bonté  de  leurs 
anciennes  fuperititions.  Ils  firent  plus ,  ils  écoutèrent  les 
raifons  du  métropolitain  ,  8c  furmonterent  les  diifkul- 
tés  qui  les  attachoient  à  leurs  idoles.  Le  commence- 
ment de  la  converfion  des  Oiliaques  arriva  l'an  17 12 
à  Samaiofffur  l'Irtifch  ,  un  peu  au-deflus  de  fa  jonction 
avec  l'Obi.  C'etoit-là  qu'étoient  alors  leurs  Staric^r  Oh- 
k°yt,  idoles  qu'ils croyoient  arbitres  abfolus  de  la  pêche. 
Ces  pauvres  gens,  perfuadés  qu'ils  ne  pourroient  plus 
pécher ,  fi  la  protection  de  ces  idoles  leur  manquoit , 
n'oloient  les  abandonner  ;  mais  peu  à  peu  l'archevêque 
les  guérit  de  ce  préjugé  ,  8c  parvint  à  brûler  toutes  ces 
idoles.  Quelqu'un  d'entre  les  Oltiaques  s'avifa  de  dire  que 
pendant  qu'on  brûloir  ces  dieux  ,  leur  ame  sétoit  en- 
volée vifiblement  fous  la  figure  d'un  cygne  :  il  fallut 
encore  dértuire  ce  préjugé  qui  s'étoit  répandu  ,  8c  enfin 
on  les  détrompa. 

Ceux-là  une  fois  gagnés  ,  on  avança  dans  le  pays  ,  8c 
ceux  qui  étoient  les  plus  éloignés  n'étoient  pas  fort  dis  - 
pofés  à  fuivre  l'exemple  des .  autres.  L'archevêque  ne 
laifla  pas  de  les  aller  trouver ,  8c  de  leur  infpirer  des 
fentimens  bien  différens  de  ceux  dont  ils  avoient  été  ani- 
més ,  quand  ils  avoient  appris  qu'il  venoit  les  trouver. 
Us  abandonnèrent  leurs  idoles  8c  les  brûlèrent.  Une  chofe 
contribua  à  faciliter  la  converfion  de  ceux  qui  demeu- 
roient  auprès  d'un  monaftere  fur  l'Obi,  au-defusdefa 
Jonction  avec  la  Keta,  8c  nommé  Kotskoi ,  où  vivent 
quelques  moines  Ruiïïens.  Leurs  voifins  adoroient  le 
Scbcitam,  qui  eu*  le  faux  dieu  de  la  nation.  Parmi  eux 
étoit  un  kneez  ou  feigneur,  nommé  Alaifcho,  forti 
d'une  ancienne  famille  qui  avoit  gouverné  la  nation. 
Le  métropolitain  s'adrefla  à  lui ,  8c  lui  propofa  l'exem- 
ple des  Rulïïcns,  qui  après  avoir  adoré  les  idoles,  les 
avoient  abandonnées.  La  converfion  d'Alarfcho  fut  fîn- 
cere.  Après  fou  baptême  ,  il  voulut  faire  le  voyage  de 
Kiow  pour  y  vifiter  les  reliques  qui  y  font  en  grande 
vénération,  8c  fa  converfion  fit  un  grand  effet  furfes 
compatriotes  ,  qui  reçurent  auffi  le  baptême.  Dans  les 
années  171 3  &  17 14,  on  baptifa  plus  de  cinq  mille 
Oiliaques ,  8c  la  providence  permit  que  l'on  trouvât  ras- 
semblés ces  peuples  que  l'on  n'auroit  pu  trouver  en  dix 
ans  ,  s'il  eût  fallu  les  chercher  dans  les  forêts. 

OSTIE  ,  ancienne  ville  d'Italie,  fur  la  rive  gauche  du 
Tibre  8c  à  fon  embouchure ,  comme  fon  nom  le  lignifie. 
Denysd'Halicarnafle,/.3.c.  44.  dit:  Ancus  Mavtius entre- 
prit hors  de  la  ville  un  ouvrage  qui  fit  entrer  dans  Rome 
l'abondance'de  toutes  leschofes  néceflaires  à  la  vie,  & 
qui  lui  ouvrit  le  chemin  à  de  plus  glorieufes  conquêtes. 
Le  Tibre  qui  descend  des  monts  Apennins ,  8c  qui  coule 
le  long  des  murs  de  Rome  ,  va  fe  décharger  affez  près 
de  là  dans  un  endroit  delà  mer  Tyrrhénienne,où  les  vaîs- 
feaux  venant  de  la  haute  mer ,  n'abordoient  point  alors, 
parce  que  les  rivages  n'étoient  pas  dispofés  pour  les  y 
mettre  à  couvert  :  d'où  vient   qu'il  n'y  arriyoit  alors 
que  de  fimples  bateaux  -,  cependant  le  Tibre  depuis  fon 
embouchure  jusqu'à  Rome  pouvant  porter  des  navires 
de  haut  bord }  8c  par  là  faciliter  le  commerce  avec  les 


OST 


72,0 

marchands  étrangers,  Ancus  trouva  le  moyen  d'y  mé- 
nager un  port  commode ,  capable  de  retirer  les  plus  gros 
vai/Teaux.  11  en  vint  facilement  à  bout ,  parce  quece  fleuve 
étant  contigu  à  la  mer  dans  l'endroit  où  il  s'y  déchar- 
ge ,  s'étend  fort  loin  au-delà  de  fon  embouchure ,  &: 
forme  des  golfes  fpacieux.  D'ailleurs  ce  fleuve  n'eft  ja- 
mais engorgé  de  fables  de  la  mer  :  il  ne  fe  partage  point 
en  divers  marais ,  coule  toujours  dans  un  même  canal , 
&  porte  des  vaiffeaux  jusque  dans  fon  embouchure  ,  où 
il  égale  la  hauteur  de  la  mer.  De  forte  que  de  longs 
navires ,  chargés  de  trois  cens  tonneaux ,  entrent  ailé- 
ment  par  fon  embouchure  ,  ôc  font  conduits  jusqu'à 
Rome,  à  l'aide  des  rames  ôc  des  cordages.  Quand  la  char- 
ge cfi  plus  forte  ,  on  mouille  l'ancre,  alors  des  bateaux 
viennent  au  feccurs  ,  ôc  reçoivent  les  marchandifes  que 
les  vaiffeaux  ont  amenées.  Ancus  mit  encore  à  profit  une 
langue  de  terre  qui  fe  trouvoit  entre  le  Tibre  &  la  mer, 
Ôc  qui  formoit  une  cfpéce  de  coude.  11  y  bâtit  une  ville 
qu'il  fortifia,  Se  qu'il  nomma  Ollie  par  rapport  à  fa  fi- 
tuation  ;  ainfi  par  les  foins  de  ce  prince  ,  Rome  ,  quoi- 
que placée  au  milieu  des  retres ,  devint  en  quelque  ma- 
nière maritime  ,  &  en  état  de  participer  aux  richeflés 
qui  font  au-delà  des  mers.  C'elt  ainfi  que  cet  hiltorien 
décrit  la  fondation  d'Oltie.  Tite-Live .  /.  1.  c.  3  3.  dit  en 
moins  de  mots  :  Sous  le  règne  d'Ancus  Martius,  in  ore 
T'.beri'  Oftia  urbs  conâitu  ,  falina  circa  fatïx.  Ces  fa- 
lines  donnoient  du  fel ,  qui ,  transporté  à  Rome&  de 
là  dans  la  Sabine  ,  donna  lieu  au  nom  d'un  grand  che- 
min appelle  Via  Salaria  >•  mais  d'Oftie  à  Rome  ,  ce 
chemin  s'appelloit  Via  Oftienfis.  Le  même  Tite-Live , 
/.  2;.  <:.  38.  parle  d'une  flotte  de  cinquante  voiles  qui 
partie  d'Oftie  pour  Tarente.  Qjdnquaginta  naves  ab 
Oftia  Tarentum  profeftâ.  Son  abréviateur,  Epitom.  79. 
nous  apprend  qu'OUie  fur  prife  ôc  cruellement  facca- 
gée  par  Marius.  Une  ville  fi  avanrageufement  placée 
pour  le  commerce  ,  fut  bientôt  rétablie. 

Le  port  d'Oftie,  tel  qu' Ancus  Martius  lavoit  fait,  ôc 
qu'il  étoit  demeuré  fous  la  république  Romaine  ,  étoit 
ouvert  du  côté  de  la  mer.  Jules  Céfar  voulut  en  faire 
un  port  fermé  ,  &  fut  rebuté  par  les  difficultés.  Clau- 
dius  en  vint  à  bout.  Il  fit  avancer  deux  digues  à  droite 
ôc  à  gauche,  &  oppofa  un  mole  à  la  nier  :  pour  rom- 
pre les  flots ,  &  afin  de  donner  plus  de  folidité  aux  fon- 
demens,  il  fit  couler  à  fond  le  grand  navire  qui  avoir 
rapporté  d'Egypte  le  grand  obélisque  ,  ôc  ayant  élevé 
deffns  des  piles  ,  il  fit  bâtir  une  très-haute  tour  fur  le 
modèle  de  celle  d'Alexandrie  ,  pour  fervir  de  phare  aux 
vaiffeaux.  *  Sueton.  in  Claudio  ,  c.  20. 

Le  perc  Labat ,  qui  a  donné  dans  fon  voyage  d'Italie 
une  hiftoire  de  la  ville  d'Oftie,  t.  8.  p.  61.  en  parle 
ainfi.  Dans  la  fuite  du  tems  deux  chofes  contribuèrent 
à  ruiner  la  grandeur  de  cette  ville  ,  ôc  à  rendre  fon  port 
inutile.  Sous  Vespafien ,  le  Tibre  qui  n'avoit  qu'une  feule 
embouchure  proche  des  murs  d'Oftie ,  par  laquelle  il 
fe  déchargeoit  dans  la  mer ,  charrioir  depuis  bien  des 
années  du  limon  ,  des  pierres,  des  arbres  ôc  des  terres, 
qui ,  après  avoir  occupé  une  place  confidérable  dans  la 
mer ,  devinrent  une  iile  par  une  ouverture  que  le  fleuve 
fe  fit  dans  ces  terres  rapportées ,  au  travers  desquelles 
il  fe  creufa  un  canal  qui  devint  bientôt  plus  profond 
que  fon  ancien  bras ,  parce  que  tombant  plus  à  plomb , 
&  fans  faire  un  coude,  fon  cours  étoit  plus  rapide,  ôc 
emportoit  en  pleine  mer  les  immondices  ôc  le  limon  , 
dont  fes  eaux  fe  trouvoient  chargées.  Ainfi  l'ancien  ca- 
nal fe  combla  peu  à  peu,  &  ne  fut  plus  capable  de 
porter  de  gros  bâtirnens ,  ÔC  le  port  d'Oftie  devint  tel- 
rement  inutile  ,  que  l'empereur  Trajan  fut  obligé  de 
bâtir  un  autre  port.  C'elt  Porto.  Voyez,  ce  mot. 

Le  Tibre  ôc  î'ifle  Sacrée  qui  le  partage  à  fon  em- 
bouchure ,  féparoient  Oftie ,  fituée  fur  la  gauche  du  fleu- 
ve &  au  midi  oriental  du  port  de  Trajan  ,  qui  étoir , 
comme  Porto  eft  encore,  à  la  droite  Se  au  nord  occidental. 
Malgré  la  célébrité  qu'acquit  ce  nouveau  port  3  Ollie 
ne  laiffa  pas  de  fe  foutenir.  Vopiscus  obferve  que 
l'empereur  Aurelien  entreprit  de  fonder  un  marché  de 
fon  nom  au  bord  de  la  mer  à  Ollie  ,  où  l'on  a  fait  un 
prétoire  public.  Oflic  ne  laiffa  pas  de  tomber  dans  le 
dépériffement  à  la  chute  de  l'Empire  Romain.  Procope, 
bcll.  Goth.  I.  l.c.  26.  dit  :  Ville  autrefois  très-renommée, 
ôc  qui  eft  préfentement  presque  fans  murailles.  Les  Bar- 


OST 


bares  achevèrent  de  la  ruiner,  lorsque  l'Italie,  déchi- 
rée par  les  guerres  civiles  des  huitième  &  neuvième  fié- 
cles ,  fe  vit  en  proie  à  tous  les  Barbares.  Les  Sarrazins 
prirent  Ollie  plufieurs  fois,  ôc  la  détruifirent  enfin  de 
manière  qu'ils  n'y  laillerent  pierres  fur  pierres.  Ils  n'en 
firent  qu'un  monceau  de  ruines.  Les  habitans  furent 
emmenés  en  esclavage  :  ceux  qui  échaperent  au  fer  ou 
àlafervitude,  fe  retirèrent  bien  loin  de  ce  lieu  fatal, 
qui  devint  défert  ,  abandonné  ôc  inculte.  *  Le  P.  Labat. 

Le  pape  Grégoire  IV  voulut  rétablir  cette  ville  Ci 
ancienne  &  fi  refpeétable;  mais  au  lieu  d'une  ville,  il 
fe  vit  contraint  de  n'en  faire  qu'une  efpéce  de  forre- 
reffe  ,  qu'il  enferma  de  murailles  avec  des  tours ,  ôc  faute 
de  Romains  qui  vouluffent  s'y  établir  ,  il  la  peupla  de 
Corfes  ,  gens  aguerris ,  accoutumés  au  mauvais  air  ôc  à 
la  fatigue,  ôc  qui  fe  trouveroient  encore  mieux  en  cet 
endroit ,  tout  mauvais  qu'il  étoit ,  qu'en  leur  pays.  Ceci 
arriva  vers  l'an  830,  mais  la  plupart  y  périrent  par  les 
maladies  j  le  relie  fe  fauva  autre  part,  &  le  nom  même 
de  cette  malheureufe  ville  feroit  perdu ,  fi  elle  n'avoit 
été  le  titre  du  premier  fuffragant  de  Rome.  On  voit 
que  faint  Auguftin  écrivoit  a  l'évêque  d'Oltie  au  défaut 
de  celui  de  Rome.  Le  droit  de  confacrer  le  pape  eft 
attaché  à  cet  évêque,  qui  eft  toujours  le  doyen  des 
cardinaux.  Ceft  à  lui  à  facrer  l'empereur  en  l'abfence 
du  pape.  Il  a  l'ufage  du  pallium ,  comme  les  archevê- 
ques év  les  patriarches ,  &  il  a  confervé  fon  rang  & 
fes  droits ,  quoique  la  ruine  de  fon  fiége  air  obligé  les 
fouverains  pontifes  de  le  transférer  &  de  l'unir  à  celui 
de  Véletri.  Ce  fut  Eugène  111  qui  fit  cette  tranflation  en 
1150.  L'églife  cathédrale  d'Oltie  étoit  fous  l'invocation 
de  fainte  Aurée.  L'églife  qui  fubfifte  aujourd'hui ,  a  en- 
core le  même  titre ,  avec  un  prêtre  qui  n'y  réfide  pres- 
que jamais ,  ôc  qui  n'y  vient  que  les  Dimanches  ôc  les 
Fêtes  pour  y  dire  la  Méfie  ,  Se  y  administrer  les  Sacre- 
mens  aux  paftres  ,  gardiens  des  buffles,  pêcheurs > 
fauniers,  &  autres  gens  en  petit  nombre,  qui  s'y  affem- 
blent.  On  diftingue  encore  à  pi  éfent  les  ruines  de  l'an- 
cienne Ollie,  bâtie  &  ornée  par  les  Romains,  de  celles 
de  la  nouvelle  Ollie  ,  bâtie  par  Grégoire  IV  ôc  habitée 
par  les  Corfes.  Ni  l'une  ni  l'autre  ne  fubfiftent  plus. 
L'Oùie  d'aujourd'hui  ne  confifle  qu'en  l'églife  ,  autour 
de  laquelle  il  y  a  quelques  miférables  maifons  à  demi- 
détruites.  Elle  eft  dans  le  milieu  d'un  ifthme  borné  au 
couchant  par  l'ancienne  branche  du  Tibre ,  &  à  l'orient 
par  un  lac  ou  marais  nommé  par  les  Latins  L,acus 
Oftienfis,  ôc  par  les  habitans  Stagno.  Ce  lac  ou  étang 
eft  entouré  de  bois  &  de  bruyères. 

Le  corps  de  fainte  Lée ,  dame  Romaine,  morte  à 
Rome  vers  l'an  383 ,  fut  tranfportée  à  Oftie  ,  où  étoit 
apparemment  le  tombeau  de  fa  famille  ;  mais  on  ne  voit 
pas  que  fa  mémoire  y  ait  été  honorée  d'un  culte  plus 
particulier  qu'ailleurs.  Sainte  Monique  ,  mère  de  faint 
Auguftin,  mourut  à  Oftie,  ôc  y  fut  enterrée.  On  pré- 
tend que  dans  la  fuite  des  tems  fon  corps  en  fut  enlevé 
ôc  transporté  à  Arouaife  ,  au  pays  d'Artois. 

2.  OSTIE,  Oftia,  ville  d'Italie,  félon  Vibius  Se- 
quefter.  Antonin  appelle  Ostia  Aterni  ,  une  ville  fi- 
tuée à  l'embouchure  de  la  rivière  Aternus  ,  dont  le 
nom  moderne  eft  Pescara  ,  nom  commun  à  la  ville 
&  à  la  rivière.  Voyez.  Pescara. 

OST1ENSIS  PORTA,  porte  de  la  ville  de  Rome, 
du  côté  d'Oftie  :  on  la  nommoit  auffi  Porta  Trigemina. 
Ceft  aujourd'hui  la  porte  de  faint  Paul. 

OSTIENSIS  VIA  ,  route  qui  mené  de  Rome  à  Os- 
tie.  Dans  le  tems  que  ce  port  étoit  floriffant ,  toute 
cette  route  étoit  bordée  de  maifons  de  plaifance&  d'hô- 
telleries. Sa  longueur  eft  de  douze  mille  pas. 

OSTIGLIA  ,  huftilia  ,  bourg  ôc  château  de  Lom- 
bardie  ,  dans  le  Mantouan  ,  fur  le  Pô  ,  aux  confins  du 
Ferrarois,  vis-à-vis  de  Révère,  à  vingt  milles  de  Man- 
toue  ,  &  à  douze  de  la  Mirandole.  Ce  lieu  eft  fort 
par  fa  fituation,  à  caufe,  des  marais  ôc  de  plufieurs 
ruiffeaux  ou  rivières  qui  coupent  le  terrein  des  envi- 
rons. *  Corn.  Dict. 

OSTIONES,  peuple  fur  l'Océan  occidental,  félon 
Etienne  le  géographe ,  qui  dit  qu'on  le  nommoit  au/ïï 
CossiNii  Pythéas,cité  par  Strabon,  les  appelle  Os- 
tivei,  ôc  Cambden  a  tâché  d'en  faire  un  peuple  de  la 
Grande  Bretagne. 

OSTIOUG. 


OST 


■ 


OST 


OSTIOUG.  Voyez.  Oustioug  ,  ville  Se  province  de 
l'empire  Ruffien. 

OSTIPPO,  ancienne  ville  d'Espagne,  dans  la  Bceti- 
que.  Pline,/.  3.  c.  1,  la  met  au  département  d'Mispal 
ou  Séville,  Se  Antonin  ,  ïùner.  la  place  fur  la  route  de 
Gadtes  à  Cordoue,  entre  Uipa  Se  Barba,  à  quatorze 
mille  pas  de  la  première,  &  à  vingt  de  la  féconde.  Elle 
eft  nommée  A/lapa  par  Tite-Live ,  /.  28.  c.  22.  Se 
par  Appien  ,  in  Iber.  p.  273.  C'eft  préfentement  Eliepa 
en  Andaloufie,à  près  de  trois  lieues  d'Excija. 

OST1UM.  Ce  mot  veut  dire  l'entrée  ,  la  porte  d'un 
pays ,  d'un  lieu  ;  Se  à  l'égard  des  détroits  &  des  rivières , 
il  fignifie  leur  embouchure.  Les  anciens  ont  nommé  le 
Bosphore  de  Thrace ,  Oflium  Cyaneum.  Voyez,  l'article 
Cyanées.  C'étoient  des  iiles  voifmes  de  l'entrée  de  ce 
détroit. 

OSTOBALASSARA.  Voyez.  Sobalassara. 

OSTOBARA  ,  ville  de  la  Bactriane  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  1.6.  c.  11.  Quelques  exemplaires  portent  Efto- 
bara. 

OSTODIZUM.  Voyez,  Ostudisum. 

OSTOROG.  Baudrand  Se  Corneille  mettent  une 
ville  de  ce  nom  dans  la  Grande  Pologne ,  à  cinq  milles 
de  Posnan  (ou  Posnanie,  )  Se  ajoutent  qu'elle  eft  dé- 
fendue par  un  bon  château.  Cette  ville  en:  chimérique , 
félon  nos  cartes  modernes. 

OSTRA  ,  ville  d'Italie,  dans  les  terres,  au  pays 
des  Semnons  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  Elle  doit  avoir 
été    entre  Urbin  Se  Senigaglia. 

OSTRACHE.  Ortelius ,  Thefaùr.  croit  que  c'eft  un 
canton  de  la  Frife,  où  faint  Boniface  fut  martyrifé. 
Corneille,  Dic~t.  dit  beaucoup  mieux,  Ostrachia, 
nom  que  les  auteurs  Latins  donnent  à  Oftergoë  ,  petite 
contrée  des  Pays-Bas-Unis  ;  ils  l'appellent  auiîi  Fi'ifia 
orientalis.  Il  devoit  dire  que  ce  canton  Ostrache  ou 
Ofrachia  ,  eft  la  même  chofe  que  l'Oftergo  ou  Oftro- 
gowe,  qui  elt  aujourd'hui  la  partie  orientale  de  la  Fri- 
fe ,  l'une  des  Provinces-Unies.  L'Oftergo  eft'  arrofé  par- 
la Bourde  ,  Bitrdo  ou  Borne.  On  fait  d'ailleurs  que  ce 
faint  évêque  étoit  campé  au  bord  de  cette  rivière  ,  où 
il  travailloit  à  la  converfion  des  Païens  de  cette  pro- 
vince ,  quand  une  bande  de  païens  furieux  fondirent 
fur  lui ,  &  fur  ceux  qui  l'accompagnoient ,  les  tuèrent 
Se  pillèrent  le  camp. 

1.  OSTRACINE,  ancienne  ville  d'Egypte.  Selon 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  5.  elle  éroit  dans  la  Caliïotide.  Elle 
fut  épiscopale  ,  Se  fon  nom  fe  trouve  dans  la  notice  de 
Hiéroclès ,  mais  renverfé  ,  Ostranice,  'o<?pa.A>>.n  ,  pour 
'Oç-pautivn.  Au  refte  cet  auteur  la  met  dans  la  première 
Auguïtamnique. 

2.  OSTRACINE,  quartier  de  la  ville  d'Antioche  de 
Syrie.  Ortelius ,  "ïhefaur.  dit  que  c'étoit  un  lieu  de 
Conltantinople ,  Se  citel'hiftoireeccléfiaftique  d'Evagre, 
/.  2.  c.  11.  G*  l.  6.  c.  8.  en  quoi  il  's'abulè  ,  car  Evagie, 
dans  ces  chapitres ,  parle  de  deux  tremblemens  de  terre 
arrivés  à  Antioche,  Se  des  ravages  qu'ils  y  cauferent. 

3.  OSTRACINE  ,  montagne  du  Péloponnèfe  ,  dans 
l'Arcadie ,  félon  Paufanias,  /.  8.  c.  12.  qui  dit  qu'il  y 
avoir  un  antre  où  fe  logea  Alcimedon  ,  un  héros  dont 
Hercule  avoit  deshonoré  la  fille.  Il  y  avoit  auprès  une 
fontaine  nommée  CifTa. 

OSTRANI ,  peuple  d'Italie  ,  félon  Pline.  11  le  met 
entre  les  Vdumbri  ;  ce  font  ,  fans  doute  ,  les  habitans 
d'OsTRA.  Voyez,  ce  mot.  Le  territoire  de  cette  même 
ville  elt  nommé  OstrenSis  Agir ,  dans  le  livre  de> 
colonies.   ' 

OSTRENUS  ,  fiége  épiscopal  d'Afie ,  dans  la  Phrygie 
Salutaire.  Hiéroclès  fait  mention  dans  fa  notice  d'Os- 
t  rus  ,  'Oçp-k ,  fiége  de  cette  province ,  dont  l'adjectif 
doit  avoir  été  Oftrenus  (fçpwoç.  Je  ne  voudrois  pour- 
tant pas  aflurer  que  ce  fiége  tut  celui  de  Zotique  évê- 
que Zoticus  Oflrenus ,  dont  parle  Callilic  ;  parce 
que  je  fais  qu'il  n'en  fait  mention  que  par  le  rapport 
d'Ortelius.  Cet  auteur  moderne  ajoute  que  Baronius 
prend  ce  mot  OftrenUs,  pour  un  nom  de  lieu  dans  l'Ar- 
ménie ,  apparemment  parce  qu'Eufebe  nomme  Zorique 
évêque  de  Côrnana  ,  village. 

OSTREODES,  lieu  voifinde  Conftantinople  ,  atte- 
nant le  promontoire  Metopium ,  félon  Denys  de  Byzan- 
ce,  cité  par  Pierre  Gilles. 


OSTREVANT  (  L'),  Aufirebatenfis  Partis,  Aus- 
terbatensis  Pacus  ,  Se  Aufterbantum  ,  contrée  des 
Pays-Bas ,  entre  l'Artois  &  le  Hainault ,  auxquels  elle 
a  appartenu  fuccclfivement.  Elle  elt  nommée  Aufterb.m, 
dans  Pacte  de  Louis  le  Débonnaire  ,  pour  le  partage  de 
fon  royaume  entre  (es  enfàus.  Le  moine  Hugbald  ,  au- 
teur de  la  vie  de  fainte  Richtrude  ,  nomme  ce  canton , 
en  parlant  du  mariage  de  cette  fainte  avec  le  bienheu- 
reux Adalbaud  ,  qui  poffédoit  de  grands  biens  dans  1  Os- 
trevant ,  in  Auflrebatenfi  Page.  Elle  eut  de  ce  mariage 
faint  Mauronte,  abbé  de  Bruel ,  fainte  Clotfende,  ab- 
befie  de  iMarchiennes  ;  fainte  Eufebie  ou  fainte  Yfoiç, 
abbeffe  de  Hamaige.  Ces  monalîeres  font  fitués  dans 
lOftrevant ,  comme  le  remarque  Bailler ,  Tpfog.  des 
Saints,  p.  640.  L'Oftrevant  a  eu  le  titre  de  comté  & 
faifoit  partie  de  l'Artois.  Des  lettres  de  l'empereur  Char- 
les le  Chauve  mettent  le  monaitere  de  Hasnon  au  com- 
té d Artois  dans  l'Oltrevant,  fur  la  Scarpe  ,  &  Wave- 
rein  fur  l'Escaut  en  eft  auiîî;  Bouchain  eft  la  capitab 
de  ce  pays.  Wendelin  ,  auteur  Flamand  ,  trouvant  dans 
fa  langue  maternelle  qu'OoJhrbande  fignifie  limite  i 
l'o>ient,a  cru  que  ce  nom  avoit  été  donné,  parce  que , 
dit-il ,  c'eft  la  borne  orientale  du  diocèfe  de  Cambray.  11 
fe  trompe  ,  dit  Adrien  de  Valois  ;  l'Oltrevant  étoit  aux 
frontières  de  l'Auftrafie  Se  delà  Neultrie,  &  il  étoit  la 
borne  orientale  de  la  Neullrie  à  laquelle  il  apparte- 
noir.  De- là  vient  fon  nom,  il  la  terminoit  du  côté  de 
l'Auftrafie.  Selon  Baudrand ,  l'Escaut  le  borne  au  midi 
&  au  levant ,  Se  le  fépare  du  refte  du  Hamaulr.  La 
Scarpe  le  borne  au  nord ,  Se  le  fépate  de  la  Flan- 
dre, cv  le  ruifièau  de  Senfet,  qui  le  jette  dans  l'Escaut 
à  Bouchain  ,  borne  l'Oltrevant  au  couchant ,  Se  le  fé- 
pare de  l'Artois.  Ce  pays  aiufi  ifolé  ,  a  été  quelquefois 
nommé  l'Isle  de  S.  Amand,  à  caufe  d'une  fatneufe 
abbaye  de  ce  nom.  *  H,tdr.  Valef.  not.  Gall.  p.  67. 

OSTRIANUM  Cœmetetittm  ,  cimetière  ainfi  nom- 
mé à  trois  milles  de  Rom;  ,  fur  la  voie  Salarienne.  Saine 
Pierre  ybaptifoit,  au  rapport  du  Rofll ,  dans  fon  his- 
toire de  Ravenne. 

OSTROBUM  STAGNUM  ,  étang  dont  parle  Gly- 
cas.  Voyez.  Bodena. 

OSTROG  ,  ville  de  Pologne  ,  dans  la  Volhinie  ;  elle 
eft  fortifiée  ,  e%:  a  une  citadelle  fur  le  Horin.  Baudrand  , 
édit.  170J.  dit  qu'Olhog  a  titre  de  duché,  Se  qu'elle 
eft  à  trois  millesde  Zaflaw  nord-oucft.D'Audifret,  Ùéogi\ 
anc.  Grmod.t.  1.  remarque  de  plus,  que  ce  duché  eft 
entré  dans  la  maifon  de  Wisnowiczki  par  le  mariage 
de  l'héritière  d'Oflrog  avec  Démétrius  Wisnowiczki  , 
grand  général  du  royaume  :  il  ajoute  que  l'ordre  de  Mal- 
te Se  le  prince  Lubomirski  ont  de  grandes  prétentions 
fur  ce  duché.  *  Andr.  Ceilar.  Defcriptio  Polon.  pag. 
401. 

OSTROGOTHIE  ou  Ostrogothland.  Ces  deux 
terminaifons  reviennent  à  la  même  fignification.  Les  Al- 
lemands fe  fervent  delà  dernière,  qui  eft  prife  de  leur 
langue,  Se  les  François,  dont  la  langue  s'accommode 
affez  des  terminaifons  en  ie ,  comme  Italie,  Livonie, 
Eftonie ,  Poméranie ,  Sec.  s'en  fervent  fouvent  au  lieu 
du  Land  ;  Se  de  Gothia  Se  de  fes  dérivés  ils  font  Go- 
thie, O/lrogoihie  Se  Weftrogothie.  Nous  avons  déjà  mar- 
qué au  mot  Gothie  la  divifion  de  ce  pays;  voici  pour 
l'Oltrogothie  en  particulier. 

1.  OSTROGOTHIE  (  L'  )  ,  hors  de  la  Suéde,  eft  le 
pays  que  les  Oltrogoths  ont  habité  dans  la  décadence  de 
l'empire.  On  peut  voir  leur  deftinée  à  l'article  Goths. 

2.  OSTROGOTHIE  (  L' )  ,  dans  la  Suéde,  eft  la 
partie  orientale  du  Gothland  ,  ou  delà  Gothie,  grande 
contrée  de  Suéde  ,  qui  eft  bornée  par  le  Schager  Rack 
au  couchanr ,  Se  par  la  mer  Baltique  à  l'orient ,  comme 
nous  le  remarquons  au  mot  Gothie  ,  où  nous  en  don- 
nons les  bornes.  Ce  pays  elt  coupé  en  deux  par  le  lac 
de  Vcter.  Ce  qui  eft  au  levant  de  ce  lac  s'appelle  Os- 

TROGOTHIE  OU  OsTROGOTHLA  ND  ,  c'eft-à-dilC  ,  GoTHIE 

Orientale.  Cette  province  eft  fort  arrofée ,  mais  fa 
principale  rivière  elt  celle  par  où  les  eaux  du  lac  de  Ve- 
ter  vont  tomber  dans  le  golfe  de  Brawiken  ,  Se  portent 
avec  elles  celles  de  plufieurs  petites  rivières  que  ce  canal 
reçoit  à  droite  Se  à  gauche.  La  longeur  de  cette  province 
d'occident  en  orient  eft  de  quinze  lieues  fuedoifes  ;  falar- 
geui"  du  nord  au  fud  eft  différente  de  foi-même  ;  car  à 
Tom,  IV,  Y  y  y  y 


osw 


722, 

la  prendre  auprès  du  lac,  elle  eft  d'un  peu  plus  de  treize , 
Se  fur  la  côte  de  la  mer  elle  n'elt  que  de  huit ,  en  ne 
tenant  point  compte  des  fînuofités  de  la  côte.  Les  prin- 
cipaux lieux  de  cette  province  font,  le  long  de  la  dé- 
charge du  Veter  en  allant  d'occident  en  orient ,  Lindkg- 
ping ,  Nordkpping  villes  ,  Braborg  château  ,  &  Skenas 
bourgade.  Au  midi  de  cette  dernière  cft  Stegeborg , 
château  qui  tombe  en  ruine,  Se  au  couchant  de  ce  château 
eft  Suderkpping  ville.  Sur  le  lac  de  Veter  il  y  a  Wafte- 
va  Se  Grenna  ,  à  l'orient  de  Waftena  eft  Skenmnge  \  à 
l'orient  de  Grenna  fur  la  frontière  du  Smaland  ,  eft  le 
château  de  Saby.  Il  y  a  dans  l'Oftrogothie  les  mines 
d'Atued.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

3.  OSTROGOTHIE  (L')ou  Ostrogothland  s'é- 
tend encore  plus  loin  dans  une  autre  divifion  de  Bau- 
drand ,  édit.  1 70 j  ,  il  y  fait  entrer  le  Smaland ,  qui 
eft  la  Gothie  méridionale  &  la  borne  au  midi  par  la 
Schonen  Se  la  Blekingie ,  Se  y  ajoute  les  ifles  de  Goth- 
land  &  d'Oëland.  Voyez.  Gothland.  Smaiand. 

OSTROW  ,  ancienne  abbaye  d'hommes ,  ordre  de 
S.  Benoît ,  au  royaume  de  Bohême  ,  dans  une  ifle  formée 
par  la  Moldau.  Elle  n'exifte  plus. 

OSTROWICE  ou  Ostrowitz,  place  de  la  Mor- 
laquie  ,  fur  la  petite  rivière  de  Licha  (a)  ,  qui  fe  joignant 
à  celle  de  Corbania  ,  forme  un  lac  au  nord  oriental  de 
cette  place,  qui  eft  fituée  dans  l'angle  que  font  ces 
deux  rivières  en  fe  joignant  (/>).  Les  Vénitiens  poffedent 
ce  pays-là  j  après  avoir  autrefois  perdu  Oftrowitz ,  ils 
la  reprirent  Se  la  réparèrent  en  1 685  Se  y  mirent  gar- 
nifon.  Quelques  -  uns  cherchent  en  ce  lieu  l'ancienne 
Arausa.  De  l'Ifle  qui  avoit  mis  cette  place  fur  la  Li- 
cha ,  1  en  ôte  dans  une  autre  carte  de  la  Hongrie ,  & 
la  rapproche  de  l'Unna  ,  rivière  fur  laquelle  Baudrand 
l'avoir  mife.  (a)  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy.  (b)  Bau- 
drand ,  édit.  1705. 

OSTVALES  (  Les  ).  Voyez.  Ostfai.es. 

OSTUDIZUM,  ancienne  ville  de  Thrace.  Antonin, 
itin.  la  met  entre  Hadrianople  &  Burludizum ,  a  dix- 
huit  mille  pas  de  l'une  Se  de  l'autre  -,  il  la  met  ailleurs 
entre  Tarpodiz.on  Se  Burtudizurn ,  à  la  même  diftance. 
Ce  nom  a  été  fort  diverfement  écrit  dans  les  manu- 
ferits  qui  portent  Ostrudo,  Ostidizo,  Ofiudiz.o  ,  Osin- 
dizo  Se  Ostodizo. 

OSTUND.  Voyez.  Attund. 

OSTUN1 ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples  , 
dans  la  province  d'Otrante,  fur  une  montagne  près  de 
la  côte  du  golfe  de  Venife ,  avec  un  évêché  fuffragant  de 
l'archevêché  de  Brindifi.  Cette  ville  eft  aux  confins  de 
la  province  de  Barri,  environ  à  feize  milles  de  Blindes 
Se  à  ving-deux  de  Tarente.  *  Baudrand  ,  édit  1705. 

OSURTU  ,  plaine  de  l'Iberie ,  ainfi  nommée  par  les 
habitans ,  félon  Cédrene  cité  par  Ortelius.  Gabius  lit 
Urtron  dans  Curapolate. 

OSWESTRI.  Corneille ,  Ditt.  trompé  par  Davity , 
dit ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  le  comté  de  Galles  ;  il  de- 
voitdire,  bourg  d'Angleterre  en  Shropshire,  ce  lieu 
étant  bien  allez  près  de  la  frontière  du  pays  de  Galles, 
mais  fans  en  être.  Aufli  l'état  préfent  de  la  Grande 
Bretagne ,  t.  i.p.  104.1e  met-il  fous-Shropshire  ,  entre 
les  bourgs  où  l'on  rient  marché  public.  Corneille  ajoute 
dans  fon  dictionnaire  :  Elle  eft  petite,  ceinte  de  murail- 
les &  de  fortes.  On  y  fait  un  grand  trafic ,  principale- 
ment des  draps  du  pays  de  Galles  \  ceux  de  ce  pays  l'ap- 
pellent Croix  Oswalde. 

OSWIECZIN ,  Onvecimia  ou  Osivccinia ,  ville  , 
de  Pologne  avec  titre  de  duché ,  capitale  de  la  Siléfie 
Polonoife  ,  affez  près  du  ruiffeau  de  Sala ,  qui  tombe  peu 
après  dans  la  Viftule  ,  fept  milles  au-dertus  de  Cracovie. 
Elle  eft  entourée  de  marais,  Se  les  maifons  font  faites 
de  bois  Se  d'argille  ;  un  château  de  bois  fert  de  loge- 
ment au  gouverneur.  On  y  parte  pou:  aller  de  Craco- 
vie à  Vienne ,  &  on  y  fait  un  grand  commerce  de  fel. 
On  y  voit  dans  les  places  publiques  des  martes  de  fel  fem- 
blables  à  des  pierres  de  taille  pour  bâtir.  Ce  fel  eft 
dur  Se  d'un  cendré  blanchâtre  ,  on  l'a  à  fort  bon  mar- 
ché ;  il  y  en  a  des  pièces  de  vingt  à  trente  quintaux, 
que  l'on  a  pour  dix  ou  douze  florins  ;  on  le  rire  des  mi- 
nes aux  environs  de  Cracovie.  *  Andr.  Cellar.  Defc. 
Polon.  p.  \66.Se  feq. 

OSWIECZIN  (Le  duché  d'),  canton  aux   envi- 


OTH 


rons  de  la  ville  de  ce  nom ,  aux  frontières  de  la  Silé- 
fie ,  dont  il  faifoit  partie.  Les  Allemands  nomment  la 
ville  Se  le  duché  Auschwitz.  Jean ,  duc  d'Oswieczin  , 
vendit  fon  droit  au  roi  de  Pologne  en  14J4.  *  Andr. 
Cellar.  Defc.  Polon.  p.   166.  &  feq. 

OSZURGHETI ,  petite  ville  d'Afie  ,  en  Géorgie ,  au 
royaume  de  Guriel ,  dont  elle  eft  la  capitale  Se  la  réfi- 
dence  du  prince  ;  elle  eft  défendue  par  un  château , 
félon  François  Maggio ,  cité  par  Baudrand ,  édition 
170;. 

OTADENI  ,{qV*<JW  ,  ancien  peuple  de  l'ifle  d'Al- 
bion, félon  Ptolomée.  Quelques  exemplaires  portent 
Otalini.  Le  P.  Briet,  qui  écrit  Ottadini,  croit  que 
ce  peuple  occupoit  le  Northumberland.  Il  y  met  les 
lieux  fuivans , 

Axelodunum ,  félon  lui ,  Hexham. 
Curia  Ottadinorum ,    Cordbridge. 
Vindomora  ou  Vindobala ,  Valtend. 
Tunocellum ,  Tinmouth  , 
Morftopitum  ou  Corftopïtum  ,  Morfpit , 
Brumerium  ou  Brème  rium  ,  Brampton  , 
Tavus ,  rivière ,  la  Twede  , 
Borcovicus ,    Barwick  , 
Fons  Mlii,  Ponteland. 

OTALINI.  Voyez,  l'article  précédent. 

OTCHAGRAS  ,  nation  fauvage  de  l'Amérique  fêp- 
tentrionale,  dans  la  nouvelle  France.  On  les  nomme 
ordinairement  Puants ,  Se  on  prétend  que  ce  nom  leur 
a  été  donné,  parce  que  demeurant  fur  le  bord  d'une 
rivière  Se  vivant  du  poiflbn  qu'ils  y  pêchoient  ,  leurs 
cabannes ,  tous  leurs  villages  Se  leurs  perfonnes  même  , 
éroient  infectés  de  la  puanteur  que  caufoient  les  reftes 
de  ces  poiflbns  qu'ils  laiflbient  pourrir.  Certe  rivière  ne 
peut  être  que  la  rivière  des  Renards  qui  fe  décharge 
dans  le  fond  de  la  baie  des  Puants  ,  ainfi  nommée  a 
caufe  de  ces  mêmes  Sauvages  qui  y  habitent  encore<j 
du  refte  ce  font  des  hommes  bien  faits  ,  fort  doux,  ex- 
trêmement alertes  ;  mais  toute  la  nation  eft  aujourd'hui 
réduite  à  une  médiocre  bourgade.  Ce  font  les  Illinois 
qui  l'ont  presque  entièrement  détruite.  *  P.  de  Char le- 
voix ,  Journal  d'un  voyage  en  Amérique. 

OTENE  ,  contrée  de  l'Amérique,  félon  Pline  ,/.  12. 
c.  13.  qui  en  parle  à  l'occafion  de  ÏAmomum,  Se  Eu- 
febe  ,  au  fixiéme  livre  de  fa  préparation  évangélique. 
Etienne  place  le  peuple  Oteni  ,  vers  le  fleuve  Cyrus  , 
avec  les  Obaréniens. 

OTER  ,  double  montagne  ,  dans  le  voifinage  d'Opu- 
lentia ,  félon  Hygenus.  On  fait  d'ailleurs  qa'Opidemia 
étoit  dans  l'Infubrie.  *  Ortelii  Thef. 

OTERO-DEL-REY.  Corneille  écrit  mal  Otelo,  pla- 
ce d'Espagne ,  au  royaume  de  Galice  ,  au  nord  Se  à  deux 
lieues  de  Lugo  ,  à  l'orient  du  Minho  ,  &  au  couchant 
de  la  fource  de  la  Chança.  Une  reffemblance  de 
quelques  lettres  dans  ce  nom  &  dans  celui  à'Ocelum, 
a  fait  croire  que  c'étoit  l'Ocelum  de  Ptolomée ,  qui , 
à  dire  vrai ,  marque  très-mal  le  cours  du  Minho.  *  Jail- 
lot  »  Carte  d'Espagne. 

OTESINI ,  peuple  ancien  de  l'Italie,  dans  la  huitiè- 
me région ,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  15.  Il  eft  parlé  de  ce 
peuple  dans  une  infeription  rapportée  par  Zanchus , 
dans  fon  livre  de  Orobiis.  ,On  y  lit  ces  mots  Reip. 
Otesinorum. 

OTFORD  ,  maifon  royale  d'Angleterre  ,  dans  le 
comté  de  Kent.  Elle  avoit  été  bâtie  par  Varcham  , 
archevêque  de  Cantorberi ,  Se  appartenoit  à  fes  fucces- 
feurs.  Crammer  l'échangea  avec  Henri  VIII  ,  félon  Da- 
vity. *  Corn.  Diét. 

OTHANA  ou  Otana  ,  ville  autrefois  épiscopale  , 
dans  l'ifle  de  Sardaigne  ,  &  aujourd'hui  détruite.  Son 
fiége  a  été  transporté  à  Algieri.  Entre  fes  ruines  il  en 
refte  encore  l'églife  qui  conferve  toujours  le  nom  dans 
la  partie  feptentrionalc  de  l'ifle.  *  Baudrand,  édit. 
1705. 

OTHEouOtte  cft  une  forêt  qui  s'étendoit  autre- 
fois entre  Sens ,  Joigny ,  Brienon  ,  Saint  Florentin  Se 


OTH 

Troyes ,  laquelle  a  été  coupée  en  bonne  partie.  Il  eft 
fait  mention  de  cette  forêt  dans  Nithard ,  à  l'occafion 
des  guerres  enrre  les  fils  de  Louis  le  Débonnaire.  Elle 
y  eft  appellée  Utta.  Elle  étoic  bornée  par  la  petite  ri- 
vière de  Vanne  6c  par  l'Yonne.  De-là  vient  que  la  plu- 
part des  villages  de  ces  cantons  font  furnommés  en 
Otte,  Beux  en  Otte,  Aix  en  Otte  ,  Paroy  en  Otte. 
Les  bois  de  Joigny  en  occupent  aujourd'hui  la  plus  no- 
rable  partie.  L'auteur  de  la  vie  de  faint  Ebbon,  arche- 
vêque de  Sens ,  l'a  appellée  Nemus  Ottonis  \  mais  les 
chanoines  Prémontrés  de  Saint  Marien  d'Auxerre  ,  par- 
lant de  leurs  fœurs  de  Val-Profonde ,  au  deflus  de  Vil- 
leneuve- le-Roi ,  dans  la  paroifle  de  Taloan ,  l'appel- 
lent Forefia  quœ  dicitur  Qua. 

OTHENE.  Quelques  exemplaires  d'Antonin  ,  itiner. 
portent  ainfi  ,  au  lieu  de  Cène  ,  lieu  d'Egypte  ,  en  al- 
lant de  Memphis  à  Oxyrynque  ,  entre  Ifiu  &c  Tacona , 
à  vingt  mille  pas  de  l'une  &  de  l'autre. 

OTHII  CAMPI ,  campagne  de  l'ifle  de  Crète ,  ainfi 
nommée  d'un  géant  appelle  Othus ,  félon  Servius ,  in 
3.  JEneid.c\m  cite  Sallurte ,  à  l'occafion  de  ce  vers  du 
troifiéme  livre  de  l'Enéide  : 

Fama  eft  ,  Enceladi  femuflum  fulmine  corpus  ,6cc. 

OTHOCA  ,  lieu  de  l'ifle  de  Sardaigne.  Antonin ,  iti- 
ner, le  met  entre  Forum  Trajani  6c  Aqu&  £ïeapolitan&. 
On  croit  que  c'eft  l'Os  «a  de  Ptolomée. 

OTHONA  ,  ancienne  ville  de  l'ifle  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  fur  le  rivage  Saxon ,  félon  la  notice  de  l'Em- 
pire ,  feft.  52.  Le  favant  Guillaume  Baxter  fait  cette 
remarque  dans  fon  gloflaire  des  antiquités  Britanniques, 
que  Radulphe  le  Noir ,  cité  par  Cambden ,  rapporte 
fur  l'autorité  du  vénérable  Bede  ,  que  la  ville  d  Ithan- 
cefter  étoit  auprès  de  Maeldon ,  ôc  qu'elle  fut  abfor- 
bée  par  le  fleuve  Pantius,  Mantius  ou  Idumamius. 
Là-de(Tus ,  il  s'étonne  qu'après  cela  Cambden  ,  qui  d'ail- 
leurs avoir  beaucoup  defagacité,  ait  pris  pour  Camu- 
lodumtm,  colonie,  le  lieu  de  Maeldon  ,  qui  n'étoit  que 
les  moulins ,  Molendina,  de  la  ville  d'Othona  ,  d'où  elle 
n'étoit  qu'à  un  jet  de  pierre.  Baxter  croit  que  Maeldon 
eft  Othona  Nova,  6c  que  l'ancienne  a  été  engloutie  par 
la  mer. 

OTHONIA.  Voyez.  Volaterr*. 

OTHONIANiA  FOSSA  ,  c'eft  à-dire  ,  le  canal  d'O- 
thon.  Quelques  modernes  nomment  ainfi  en  latin  un 
canal  creufé  par  l'empereur  Othon  II ,  en  980  ,  pour 
faciliter  le  commerce  entre  la  Flandre  6c  le  Beveland  , 
&qui  eft  devenu  un  bras  de  mer,  nommé  le  Hont. 
Voyez,  ce  mot 

OTHRIONEI ,  ancien  peuple  de  la  Macédoine ,  fé- 
lon Pline,  qui  le  met  entre  les  peuples  Lynceftx.  6c  Ama?t~ 
tint.  Ces  derniers  écoient  dans  l'Oreftide.  Le  peuple 
Othrionei,  félon  ces  indices  ,  doit  avoir  été  vers  Anù- 
gonie  6c  Oeneum. 

OTHRONUS,  ancienne  ifle  que  l'on  ne  fait  où 
placer.  Quelques-uns ,  au  rapport  d'Etienne ,  la  met- 
toient  au  midi  de  la  Sicile.  D'autres ,  comme  Lyco* 
phron ,  la  mettoient  auprès  de  Mélite.  Son  commen- 
tateur l'entend  d'une  ifle  ,  à  l'entrée  du  golfe  Adria- 
tique. Lui  6c  Phavorin  difent  que  cette  ifle  eft  entre 
l'Epire  ,  au  voifinage  de  Melita  ,  aujourd'hui  Mcleda. 
Sur  ce  pied-là  ce  pourroit  être  l'ifle  de  Saint  André  , 
voifine  de  Meleda.  Sophien  dit  que  le  nom  moderne 
eft  Merlere  Fanu.  au  rapport  d'Ortelius.  Fanu  6c 
Merlere  font  deux  ifles  différentes.  On  croit  commu- 
nément que  Fanu  tient  la  place  de  YOthronus  des  an- 
ciens. 

1.  OTHRYS  ,  montagne  de  Crète  ,  félon  Hefy- 
che. 

2.  OTHRYS  ,  montagne  de  Thrace,  félon  Vibius  Se- 
quefter. 

3.  OTHRYS,  montagne  de  Theffalie.  Strabon  ,  /. 
8.  p.  356.  dir  que  c'eft  la  que  prend  fa  fource  l'Eni- 
pée,  que  groflir  l'Apidan,  rivière  qui  vient  de  Phar- 
fale.  11  ajoute  , /.  9.  p.  433.  qu'Aies  de  Phrhioride  eft 
à  l'extrémité  du  mont  Othrys  ,  qui  vers  le  nord  efi  au- 
deflus  de  la  Phthiotide ,  &  qu'il  touche  au  mont  Tym- 
phrefte  6c  aux  Dolopes,  6c  s'étend  delà  jusqu'au  voi- 


OTR 


72,3 

finage  du  golfe   Maliaque.   Stace,  Achilleid.  I.  I.  fait 
mention  du  mont  Othrys  : 

Jam  trifiis  Pholo'è  ,]am  mibilus  ingemit  Othrys. 

Et  Virgile,  JEneid.  I.  7.  verf.  67;.  qui  y  met  des  Cen- 
taures ,  dit 

Descendant  centauri ,  Omolen  ,  Othrynqite  nivalem 
Linquenies  curfu  rapido. 

Euripide  dans  fon  Alcefte  fait  mention  de  la  forêt 
qui  étoit  fur  cette  montagne.  Voyez,  au  mot  Thermo- 
pyles. 

OTIES  (  Les  ) ,  'CItius,  peuple  qui  faifoit  partie  des 
habitans  de  Cypre ,  félon  Etienne. 

OTLEY ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent  de 
la  Grande  Bretagne,  t.  1. 

OTMARS  ou  Otmarsheim  ,  village  de  France , 
dans  la  Haute- Alface,  proche  du  Rhin,  à  deux  ou 
trois  lieues  de  Neuwenbourg  ,  au  diocèfe  de  Bâle.  Il  y  a 
une  abbaye  de  filles  qui  anciennement  étoietu  ,  dit-on, 
fous  la  règle  de  faint  Benoît.  Ce  font  à  préfent  descha- 
noinefles  qui  s'obligent  par  des  vœux  Le  roi  en  a  là 
nomination  ,  6c  les  poftulantes  font  preuve  de  no- 
blefle  des  côtés  paternel  6c  maternel.  L'abbaye  qui  a 
été  autrefois  puiflante  6c  confidérable  eft  fort  déchue. 
Quelques-uns  conjecturent  que  ce  lieu  eft  Stabula 
ou  ad  Stabula  des  anciens,  au  pays  du  peuple  Tri- 
boci.  Leglifede  ce  monaftere  e!t  en  forme  de  Roton- 
de ancienne  6c  fort  propre.  Quelques-uns  croient  que 
c'a  été  un  temple ,  mais  elle  ne  paroîr  que  du  rems  de 
la  fondation  de  la  maifon  ,  dont  l'origine  eft  incertai- 
ne. *  Martene  ,  Hift.  licter.  t.   2, 

OTOCETUM.  Voyez.  EtocetuM. 

OTOMIS  (  Les  ),  peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  dans  la  Nouvelle  Espagne,  dans  la  province  de 
Xilotépéque.  De  Laé't ,  Indes  occidentales,  l.  5.  c.  ;. 
en  parle  ainfi  :  Cette  nation  eft  d'un  efprit  pefant  6c 
pervers,  peu  courageufe  &  difficile  à  inftruire  fur  quoi 
que  ce  foit ,  à  caufe  de  fon  langage  bref  6c  rude. 

OTOPISIUM.  Voyez,  Topiris. 

OTOQUES ,  petite  ville  de  la  mer  du  Sud  ,  dans 
la  baie  de  Panama,  6c  environ  à  dix  lieues  aufud-oueft 
de  cette  ville.  *  Le  père  de  Ckarlevoix  ,  Mémoires 
manuferits. 

OTRANTE  ,  ville  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples  , 
à  l'embouchure  du  golfe  de  Venife ,  fur  la  côte  orien- 
tale d'une  presqu'ifle,  à  laquelle  cette  ville  donne  fon 
nom  ,  &  que  l'on  appelle  terre  b'Otrante.  Les 
Latins  l'ont  connue  fous  le  nom  d'HYDRus,  au  gé- 
nitif Hydruntis  ,  6c  de  l'ablatif  s'eft  formé  dans  le 
moyen  âge  Hydruhtum  ,  qui  dès  !e  tems  que  l'itiné- 
raire de  Bordeaux  à  Jérufalem  a  été  dreflé  ,  s'étok 
transformé  en  Odronto.  On  dit  aujourd'hui  Otran- 
to  6c  Otrante,  félon  la  terminaifon  italienne  ou  frànj 
çoife. 

La  ville  eft  fituée  au  nord  6c  à  quatre  milles  du  cap 
de  Leuca ,  avec  un  port  qui  étoit  bon  autrefois;  mais 
que  les  Vénitiens  ont  gâté.  On  a  éré  furpris  que  les 
Espagnols ,  qui  ont  long-tems  pofféde  le  royaume  de 
Naples ,  n'ayent  point  réparé  ce  port ,  qui  étant  bien 
entretenu  ,  rend  un  roi  de  Naples  maître  de  l'entrée 
du  golfe,  en  cas  de  méfintelligence  entre  lui  6c  les  Vé- 
nitiens. Otrante  eft  le  fiége  d'un  archevêché ,  &  c'eft  ce 
qui  continue  de  la  rendre  recommendable  (a).  Achomat, 
bâcha  de  la  race  des  Paléologues  ,  amiral  d'une  armée 
navale  de  Mahomet  II ,  compofée  de  cent  voiles ,  ra- 
vagea le  territoire  d'Otrante  ,  prit  la  ville  d'aflàut ,  6c 
fit  maflacrer  tous  les  Chrétiens  ,  qui  étoient  dans  là 
grande  églife.  L'archevêque  fut  pris  avec  fes  habits  pon- 
tificaux ,  6c  fcié  par  le  milieu  du  corps.  Ferdinand  , 
roi  de  Naples,  6c  fon  fils  Alphonfe,  duc  de  Calabre, 
s'étoient  avancés  pour  fecourir  cette  place  ;  mais  ils 
vinrent  trop  tard  ,  6c  furent  forcés  de  fe  retirer.  Acho- 
mat ayant  laifle  huit  mille  foldats  d'élite  6c  des  vi- 
vres pour  un  an  6c  demi ,  s'en  retourna  à  Conftantî- 
nople.  La  mort  de  Mahomet  étant  furvenue  un  an 
après,  Ferdinand  en  profita.  Son  armée  fut  renforcée 
Tirn  IV.  Y  y  y  y  ij 


724       OTR 

ee  deux  mille  chevaux  que  le  roi  de  Hongrie  lui  en- 
voya :  il  vint  mettre  le  fiége  devant  Ocrante ,  ôc  la  pres- 
fa  de  telle  forte  qu'il  s'en  rendit  maître  avant  qu'Acho- 
mat  pût  venir  au  fecours  des  affiégés.  Depuis  ce  tems 
(  b  ) ,  Ocrante  ne  s'eft  jamais  bien  rétablie.  Elle  eft  à  dix- 
huit  mille  pas  de  Lecce  ,  à  trente-cinq  de  Brindifi  ,  & 
à  vingt  du  cap  de  Sainte  Marie,  (a)  Corn.  Dict.  (b) 
Battdrand ,  édit.  170J. 

Le  cap  d'Otrante  ,  auprès  de  la  ville ,  eft  remar- 
quable en  ce  que ,  fi  de  l'extrémité  de  ce  cap  on  cire 
une  ligne  vers  l'orient  jusqu'à  la  côte  de  l'Albanie, 
cecce  ligne  qui  de  cap  en  cap  eft  de  cinquante  ôc  un  milles 
d'Italie  ,  fait  la  divifion  de  la  mer  Ionienne  ôc  du  golfe 
Adriatique. 

La  terre  d'Otrante  eft  une  province  d'Italie  ,  au 
royaume  de  Naples.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la 
terre  de  Barri ,  Ôc  en  partie  par  le  golfe  de  Venife  ;  à 
l'orient  par  la  mer  Adriatique  ôc  par  la  mer  Ionienne  i 
au  midi  ôc  au  couchant  par  un  grand  golfe  qui  eft  en- 
tre elle  ôc  la  Bafilicace,  qui  achevé  de  la  terminer  à 
l'occident.  Au  fond ,  au  nord  de  ce  golfe  ,  eft  celui  de 
Tarente  qui  en  faic  partie,  ôc  dans  lequel  tombe  le  Bran- 
dano,  qui  ,  dans  la  plus  grande  partie  de  fon  cours, 
fépare  la  terre  d'Otrante  d'avec  la  Bafilicate.  Cette  pro- 
vince comprend  l'ancienne  Calabre  ôc  la  MeiTapie ,  où 
étoient  les  peuples  Tarentini  ,  Calabri,  Salenti- 
ni  ôc  Japyges.  Elle  a  près  de  cent  vingt  milles  de  côte. 
C'eft  un  pays  plein  de  moncagnes  &  allez  fec,  qui  pro- 
duit quanticé  d'olives ,  de  figues  ôc  de  vin.  Il  y  a  des 
tarentules,  fur-tout  dans  le  territoire  de  -Tarente  ,  donc 
elles  prennent  leur  nom.  Voyez.  Tarente  >  ôc  le  pays 
eft  fouvent  brouté  par  les  Cavalettcs ,  forte  de  faute- 
relles  ;  mais  la  providence  y  a  mis  ordre ,  en  fuscitant  un 
oifeau  qui  les  détruit.  Les  corfaires  Turcs  font  bien 
plus  à  craindre.  Ils  y  font  des  descente^,  pillent  la  cam- 
pagne, &  emmènent  en  esclavage  tous  les  habitans  qu'ils 
peuvent  furprendre.  Pour  les  découvrir  &  s'oppofer 
à  leurs  brigandages ,  il  y  a  tout  le  long  des  côtes  un  nom- 
bre incroyable  de  tours  ,  où  l'on  tient  du  canon  ôc  du 
monde  qui  y  fait  la  garde  jour  ôc  nuit.  Toutes  ces  in- 
commodités n'empêchent  par  la  terre  d'Ocrante  d'avoir 
un  aflez  grand  nombre  de  villes ,  encre  lesquelles  il  y 
a  quatre  archevêchés  ôc  dix  évêchés  ;  favoir , 

Ocrante,       Tarente,       Brindifi,       Macéra. 


OTR 


Les  dix  évêchés  font 


Leccie , 
Cafiro, 
Gallipoli , 
Mocala , 


Santa  Maria  de 
Leuca , 
Alefiano , 
Ugento , 


Nardo , 
Oftuni , 
Caftellaneca. 


C'eft  de  cecce  province,  &  principalement  du  cap 
d'Otrance ,  que  Pyrrhus  conçut  autrefois  le  deflein  ex- 
travagant de  joindre  par  un  ponc  l'Icalie  avec  la  Grè- 
ce. Ce  ponc  auroic  eu  creize  lieues  de  quacre  mille  pas 
chacune.  La  capitale  de  la  province  eft  Ocrance.  Quel- 
ques-uns cransporcenc  cec  honneur  à  Leccie  ,  où  le  gou- 
verneur de  la  province  faic  fa  réfidence  ■■,  ce  qui  y  ateire 
beaucoup  de  noblefie.  Cecte  province  eft  la  feptiéme  en 
rang  entre  celles  du  royaume  de  Naples. 

OTRAR  ,  ville  d'Afie ,  dans  le  Turkeftan ,  félon 
d'Herbelor.  On  l'a  nommée  auifi  quelquefois  Fa- 
rab  &  FariAb  ,  moc  qui  veuc  dire  un  terrein  arrofe  par 
des  canaux  cirés  des  rivières.  En  effer ,  cecce  ville  eft 
arrofée  par  la  rivière  de  Schasch,  ôc  n'eftpas  loin  de 
celle  de  Balaflagoun.  L'auteur  des  notes  fin  l'hiftoire  de 
Timur-Bec,  tom.  1.  pag.  438.  ditqu'Otrar  eft  dans  le 
Zagacaï,  fur  la  frontière  de  Gécé,  au-delà  du  Sinon. 
D'Herbeloc  die  :  Mohamed  Kotbeddin  Kouaresm-Schah 
prie  cette  ville  vers  l'an  610  de  l'hégire  ,  dans  le  rems 
qu'elle  pafioîc  pour  la  capitale  de  coût  le  Turkeftan,  ôc 
ce  fuc  la  prife  de  cetee  place  qui  lui  accira  la  cruelle 
guerre  que  Gengiskan  ôc  fes  Mogols  lui  firent.  Abul- 
gafi-Kan  ,  dans  fon  Hiftoire  généalogique  des  Tarars , 
p.  248.  en  donne  une  aucre  raifon.  Alfaras  ôc  Albiru- 
ni  fuivis  par  Abulfeda  ôc  d'Herbeloc,  lui  donneur  88 
degrés  30  minuces  de  longirude ,  ôc  44  degrés  de  latitu- 
de. D'Herbeloc,  ou  plucôc  Corneille  qui  le  fuie,  faic 


cecte  lacitude  de  49  deg.  ce  qui  eft  une  faute.  L'auteur 
des  notes  déjà  cité  ,  dit  98  degrés  ôc  demi  pour  la  lon- 
girude ;  compeanc  d'un  autre  méridien  ,  comme  nous  le 
marquons  au  mot  Méridien  ;  ôc  il  met  la  latitude  de 
44  degrés  ;  mais  il  ne  s'accorde  pas  avec  lui-même  ;  car 
au  tome  2.  pag.  129.  il  change  le  tout,  ôc  met  99 
deg.  30  minutes  pour  longitude,  ôc  43  deg.  30  min. 
de  latitude.  L'auteur  des  notes  fur  l'Hiftoire  généalogi- 
que des  Tacars,  p.  269.  mec  cecce  ville  à  41  deg.  yo 
min.  de  latitude,  vers  les  frontières  des Calmouks ,  fur 
le  bord  d'une  petite  rivière  qui  va  fe  jeccer  dans  l'Amu  , 
vers  les  99  deg.  de  longitude.  Cecre  ville  n'eft  pas  fore 
confidérable  à  préfenr.  Le  fameux  Tamerland  y  mou- 
rue  l'an   1404.  # 

OTRENUS ,  fiége  épiscopal ,  ainfi  nommé  par  Eu- 
febe  de  Céfarée,  le  même  qu'OsTRENus.  Voyez,  ce 
moc. 

OTRICOLI,  aucrefois  ville  célèbre  de  l'Ombrie  ,  à 
préfent  village  d'Italie  ,  dans  l'érac  de  l'Eglife,  au  duché 
de  Spoleeee  ,  ôc  aux  confins  de  la  Sabine.  Scrabon ,  /.  5. 
p.  izy.  qui  la  nomme  O'x/uxAei  nous  en  marque  ainfi  la 
firuation.  La  rivière  du  Nar  ,  (  aujourd'hui  la  Nera  ) , 
fe  perd  dans  le  Tibre ,  un  peu  au-deffus  d'OcRicou. 
Les  Latins  ont  die  Ocriculum.  Tite-Live ,  /.  20.  c. 
11.  dit  :  Ayanc  vu  l'armée  auprès  du  Tibre,  dans  le 
voifinage  d'Obriculum.  Tacite,  hift.  I.  3.  c.  78.  die: 
L'armée  de  Vespafien  écanc  parcie  de  Narni,  pafiatran- 
quillement  les  fêtes  de  Saturne  à  Ocriculum.  Ec  Pline 
le  jeune,  /.  6.  epift.  25.  die  :  Vous  me  mandez  que  Ro- 
bufte  a  éré  de  compagnie  avec  Arrilius  Scaurus  jusqu'à 
Ocriculum.  L'ancien ,  que  je  défigne  fous  le  nom  fim- 
ple  de  Pline,  en  nomme  les  habicans  Ocricuiani.  An- 
eonin ,  itiner.  die  Ocricoli  au  pluriel ,  &  mec  ce  lieu 
à  quaranee-fepe  mille  pas  de  Rome ,  ôc  à  douze  mille 
de  Narni. 

Le  père  Labac ,  voyage  d'Espagne  &  d'Italie  ,  t.  7.  p. 
102.  nous  en  donne  une  erifte  image.  Il  ne  refte  aujour-* 
d'hui  d'Oericoli,  dic-i! ,  que  des  ruines  dans  ia  plaine, 
aflez  près  de  la  hauteur  ,  fur  laquelle  eft  bâti  l'Oaico- 
li  d'à  préfenr.  On  compte  huit  milles  de  Narni  a  Ocri- 
coli :  (  à  ce  compte ,  il  n'y  auroic  eu  que  dix  milles  ro- 
mains de  l'un  à  l'autre;  mais  il  ne  faue  rien  déranger  à 
ce  compre ,  puisqu'Oericoli  d'à  préfenc  n'eft  poinc  fur 
les  ruines   de  l'ancien  ).    La  moieié   de  ce  chemin  eft 
dans  les  moncagnes  ôc  fur  des  rochers ,  où  il  a  fallu 
employer  le  cifeau  pour  ouvrir  le  partage  &  élargir  le 
chemin  en  côtoyanc  les  rochers  ;  de  manière  que  d'un 
côeé  le  rocher  eft  coupé  à  plomb ,  comme  un  mur , 
de  plus  de  trente  pieds  de  hauteur  ;  ôc  de  l'autre ,  on 
a  un  précipice  d'une  hauteur  prodigieufe.  Ce  chemin  eft 
large  de  douze  à  quinze  pieds  ôc  bien  eneretenu  ;  mais 
il  eft  dangereux  ,  fur-eout  quand  il  pleur  abondammenc , 
à  caufe  des  ravines  d'eau  qui  tombent  du  haut  de  la 
montagne ,  ôç  qui   entraînenr  fouvenc  avec  elles  des 
mafies  de  terre  ou  des  quarciers  de  rochers  donc  la  ren- 
conere  eft  erès-dangereufe.  Les  grandes  ruines  qui  cou- 
vrent un  espace   confidérable  de  la  plaine ,  prouvent 
en  partie  ce  que  difent  les  anciens  de  la  grandeur  & 
de  la  magnificence  de  cecce  ville.  Je  crois,  pourfuir  le 
père  Labac ,  qu'un  bon  aneiquaire ,  crouveroic  des  cho- 
fes  rares  ,  s'il  faifoic  fouiller  dans  ces  ruines.  Adiflbn  , 
Remarques  fur  divers  endroits  d'Italie ,  p.  10  3.  die  que  ces 
ruines  fonc  proche  la  rive  du  Tibre  :  Il  y  a  encore  par- 
ci  par-là  des  colonnes  ôc  des  piedeftaux ,  de  gros  mor- 
ceaux de  marbre  enfevelis  dans  la  rerre,  ôcc.  LOtri- 
coli  d'à  préfenc ,  die  le  père  Labac,  eft  fur  une  hau- 
ceur.  L'abbé  Baudrand  lui  faic  honneur  en  le  craitanr  de 
peeiee  ville.  Je  croirois  lui  en  faire  crop ,  fi  je  le  trai- 
tois  feulement  de  bourg.  Rien  n'eft  plus  peeic,  plus 
pauvre  ôc  plus  délabré.  Le  nom  moderne  Otricoli  a 
donné  lieu  à  quelques  modernes  de  voir  dans  les  anciens, 
au  lieu  d'Ocriculum  qui  y  éeoic,  Otriculum  qui  n'y 
étoic  pas ,  ôc  qui  eft  de  la  façon  de  ces  prétendus  rc- 
formatcurs  des  ouvrages  de  l'anciquité. 

OTRICULUM.  Voyez,  l'article  précédenr. 

OTRIS,  lieu  de  la  Babylonie,  auprès  des  marais  de 
l'Euphrare  ,  félon  Pline,  /.  $.  c.  xC. 

OTROEA  ,  perite  ville  d'Afie ,  aux  confins  de  la 
Bithynie ,  un  peu  ati-deflus  du  lac  nommé  Ascanius  La- 
eus ,  félon  Strabon,  /.  12.  p-  5<>6- 


OTT 


OUA 


OTRYES ,  lieu  de  la  Phrygie  où  arriva  un  prodi- 
ge donc  parle  Plutarque  ,  Hommes  illufires  ,  tom.  4.  p. 
459.  de  la  traduction  de  Dacier,  édition  de  i724>  * 
Amfterd.  dans  la  vie  de  Lucullus.  Ce  général  tâchoic 
alors  de  s'approcher  de  la  ville  de  Chalcédoine  ,  ôc 
Ornes  doit  avoir  été  vers  les  confins  de  Bithynie.  Or- 
relius  foupçonne  que  ce  lieu  pourroit  bien  avoir  quel- 
que rapport  avec  les  Oihronicns  ,  peuple  que  Pline , 
/.  j.  c.  29.  donne  à  la  Méonie  ;  mais  tous  les  manu- 
ferits  de  Pline  ,  au  rapport  du  père  Hardouin  ,  portent 
Orthronienses. 

OTTAD1NI,  félon  le  père  Briet.  Ceft  un  ancien 
peuple  de  la  Grande  Bretagne  ,  que  Ptolomée  appelle 
Otadeni.  Voyez,  ce  mot. 

OTTENBUREN  ,  abbaye  d'hommes ,  ordre  de  faim 
Benoît  ,  en  Allemagne  ,  dans  la  Suabe,  au  diocèfe 
d'Aulbourg  ,  fur  la  gauche  de  la  rivière  de  Gtinrz  ,  à 
deux  lieues  au  fud-eft  de  Memmingen.  L'églife  eft  dé- 
diée fous  le  nom  des  faints  Alexandre  ôc  Théodore , 
martyrs.  Les  Bénédictins  y  ont  établi  un  collège  pour 
l'éducation  de  la  jeuneffe. 

OTTENDORFF  ,  château  d'Allemagne  ,  dans  le  pe- 
tit pays  de  Hadelland ,  enclavé  au  duché  de  Brème.  Il  a 
appartenu  aux  ducs  de  Saxe-Lawenbourg ,  &  a  pafle 
avec  le  relie  de  leur  fuccellion ,  à  titre  de  féqueftve, 
au  pouvoir  du  duc  de  Zell ,  de  la  maifon  de  Bruns- 
wick ,  ôc  enfuite  à  George  I ,  électeur  de  Hanovre,  fon 
gendre.  *  Hubner ,  Geogr.  p.  552. 

OTTENSTEIN  ,  château  d'Allemagne,  auprès  de 
Witlich ,  ville  de  1  electorat  de  Trêves* 

OTTENWALD,  c'eft-à-dire,  la  forêt  d'Otton  , 
Ottonia  fîlva ,  petit  pays  d'Allemagne,  au  Palatinar 
du  Rhin,  entre  le  Mein  &le  Neckre,  aux  confins  de 
la  Franconie  ôc  de  l'électorat  de  Mayence,  vers  le  Gé- 
raw  &  le  comté  d'Erpach.  Il  appartient  a  l'électeur  Pa- 
latin depuis  l'an  1465.  Il  n'y  a  aucune  place  remar- 
quable. Quelques-unsécriventODENWALD.*.Bi:?«^rtf/z^, 
edir  170J. 

OTTERSBERG,  fortereffe  d'Allemagne,  en  We- 
ftphalie,  au  duché  de  Brème.  Ceft  une  place  impor- 
tante, à  caufe  que  c'eft  un  partage.  Sa  fituation  dans 
un  marais  la  rend  forte.  *  Hubner ,  Geograph.  pag» 

OTTESUND  ,  Ottortis  Fretum  (a),  détroit  ou  bras 
de  mer  du  Jutland  feptentrional ,  entre  l'ifie  de  Thy- 
holm  au  nord,  &  le  pays  de  Lemwyck  au  midi.  Ce 
détroit  communique  à  l'orient  avec  le  golfe  de  Lym* 
dans  le  diocèfe  d'Alborg,  ÔC  il  aboutit  au  couchant  avec 
un  autre  golfe  qui  n'eft.  féparé  de  la  mer  du  Nord  que 
parl'iflede  Harboor ,  fur  le  banc  de  Jutland.  Ce  détroit 
fépare  le  diocèfe  d'Alborg,  au  nord  de  ceux  de  Rypen 
&  de  Vibourg.  On  lui  a  donné  le  nom  d'Otton  (  b)  ± 
parce  qu'un  empereur  de  ce  nom  alla  dans  le  Jutland 
jusques-là.  [a)  Atlas,  Robert  de  Vaugondy.(b)  Corn. 
Dict. 

OTTHORA,  ancienne  ville  ou  place  de  Phœni- 
cie,  félon   le  livre  de   la  notice    de  l'Empire  ,  fetl. 

OTTINGA  ,  nom  latin  d'OETTiNGF.N  ,  ville  de  Ba- 
vière. 

OTTMASHEIM  ,  ou  Ottmarsen  ,  village  de  Sun- 
gaw ,  frontière  de  la  Haute-Alface  ,  entre  le  Rhin  ôc 
la  Hait,  à  cinq  lieues  de  Bàle  ôc  à  trois  d'Eirtfisheim 
où  il  y  a  un  chapitre  de  dames,  fondé  en  1060,  pair 
Rodolphe ,  comte  de  Habspourg.  Ce  village  tire  fon 
nom  d'un  temple  en  forme  de  Rotonde ,  dédié  à  Mars. 
Il  fert  à  préfent  deglife  au  chapitre:  il  n'y  a  paslong- 
tems  qu'on  y  voyoit  encore  la  ftatue  de  Mars.  Ce  villa- 
ge n'eft  qu'à  une  lieue  de  Newburg  ,  dont  il  eft  fépa- 
ré par  le  Rhin.  Ce  fut  près  de  ce  village  que  M.  le 
comte  du  Bourg  battit ,  en  1709  ,  le  comte  de  Mercy  à 
la  tête  d'un  corps  de  troupes  Allemandes,  &  mit  à 
couvert ,  par  cette  victoire  le  Sungaw  &  la  Haute- Al- 
face.  *  Supplément  au  Manufcrit  de  la  Bibliothèque 
de  M.  de  Corberon  ,  premier  préfident  au  co/ifcilfouve- 
rain  d'Alface. 

OTTOMACOS  (  Les  ) ,  peuple  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  qui  occupe  les  bords  de  l'Orinoque  ,  vers  fon 
embouchure.  Ce  peuple,  bien  différent  des  autres  In- 
diens, a  une  apparence  de  gouvernement.  Les  Or  coma- 


J2Ï 

eos  ont  leurs  jours  diltribués  8c  partagés  avec  quelque 
ordre  dont  ils  s'écartent  rarement.  Ils  devancent  de  11  ois 
heures  le  lever  de  l'aurore  ;  ce  tems  eft  confacté  a  dé- 
plorer la  perte  de  leurs  parens  &  de  leurs  amis.  Leur 
douleur  eft  réelle  ,  ôc  s'énonce  par  des  larmes.  Tout  re- 
tentit de  leurs  plaintes  &  de  leurs  hurlcmens.  Le  pre- 
mier rayon  du  Soleil  dilfipe  la  trifteûe,  &  ramené  la 
joye  qui  remplit  le  relie  du  jour.  Ce  ne  font  que  dai> 
fes  ôc  fefiins.  Le  capitaine  nomme  chaque  jour  un 
certain  nombre  de  fes  fujets  pour  aller  à  la  chaffe  ôc 
à  la  pêche  pour  toute  la  peuplade.  Le  lendemain,  ceux- 
ci  fe  repofent ,  ôc  font  remplacés  par  d'autres  dans  ces 
occupations.  Toute  la  nation  compofe  une  nombreuie 
famille.  Les  chaffeurs  ôc  les  pêcheurs  dépofent  le  fruit 
de  leurs  travaux  à  la  porte  du  capitaine  ,  qui  diftribuc 
ces  provisions  aux  pères  de  famille  à  proportion  du 
nombre  de  leurs  enfans.  La  polygamie  eft  proferite  chez 
les  Ottomacos.  Le  cacique  fait  les  mariages  ,  Ôc  par  une 
tradition  que  les  vieillards  font  obferver  à  la  rigueur, 
le  cacique  ne  donne  aux  jeunes  hommes  que  de  vieil- 
les femmes  pour  époufes.  Les  jeunes  femmes  appartien- 
nent aux  vieillards.  Pour  autorifer  ôc  juilifier  cet  ùfa- 
ge,  ils  difent  que  ce  feroit  mettre  deux  fous  dans  une 
même  maifon,  que  d'unir  deux  jeunes  perfonnes  Les  jeu- 
nes gens  feconfolentpaiT'espérancequ'ils  feront  bientôt 
délivrés  de  leur  gouvernante  incommode.  Dès  qu'ils 
font  devenus  veufs ,  ils  font  en  droit  de  fc  choisir  une 
jeune  femme.  *  El  Oriaoco  dlufirado  ,  ôcc.  pur  el  Padre 
Gumilla  ,  en  Madrid,    174^. 

OTTOMIENS.  Corneille  donne  un  nouvel  article 
fous  ce  nom,  fans  fe  reflbuvenir  que  ce  font  les  Oto- 
mis  de  Laët ,  qui  ne  différent  point  des  Ottomiens  de 
Davity. 

1.  OTTONIA.  LVv^Odensée. 

2.  OTTONIA  ,  ifle  dont  parle  Crantzius ,  au  rap- 
port d'Ortelius,  Thefaur.  Ôc  qui  doit  être  dans  la  met- 
Baltique  ,  fur  la  côte  orientale  de  la  Cherfqrmëfe  Cim- 
biique.  Il  ajoute  que  George  Brunus  lui  donne  pouf 
nom  mod.rne  Tirholm. 

5.  OTTONIA  SILV A.  Vont  Ottenwald. 

OTTOPAN  ,  ville  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  le  Mexique  propre  ,  félon  Corneille,  Dill.  qui  ne 
cite  aucun  auteur  à  cette  occafion.  Il  ajoute  qu'elle  eft 
habitée  par  une  colonie  Espagnole.  Il  l'a  prife  de  Bau- 
drand ,  édit.  1682. 

OTTOROCORRHA ,  ville  de  la  Sérique,  félon 
Ptolomée,  /.  7*  c.  16. 

OTT'OROCORRHjE  ,  peuple  du  même  pays ,  félon 
le  même  géographe. 

OTTOROCORRHAS  Mons  ,  montagne  de  la  Sé- 
rique j  près  des  monts  Emodes ,  félon  le  même.  Ce  font 
les  Attacor^  de  Pline.  Voyez,  ce  mot. 

Orofe  met  aufïi  une  rivière  de  ce  nom  dans  le  même 
pays. 

La  fyllabe  Ou  eff  diverfement  exprimée  par  les  or- 
thographes des  différentes  nations.  Lés  François  joignent 
toujours  IV  ôc  Vu  pour  produire  le  fon  qui  finit  ces  mots 
trou  ,  filou ,  hibou.  Les  Espagnols ,  les  Italiens ,  les  Al- 
lemands ,  ôcc.  prononcent  ce  fon  lorsqu'ils  trouvent  un 
11  fi  m  pie  ;  mais  les  Anglois  le  prononcent  encore  quand 
ils  trouvent  un  W  devant  une  voyelle:  ainfi  ils  pro- 
noncent ces  mors  Wellminfter  ,  WTithe.il,  Winchefter  , 
ôcc.  comme  fi  ce  double  W  étoit  écrit  par  un  ou.  Oite- 
ftminfler  ,  Ouitheal ,  Ouinchefler  ,  ôcc.  C'eft  de  là  que 
nousdifons  VOtteff  ,  au  lieu  qu'il  faudroitdire  le  Wefl  ; 
mais  c'eft  le  feul  mot  que  je  connoiffe  pour  qui  nous 
ayons  facrifié  l'orthographe  à  la  prononciation  ;  dans 
tous  les  autres  il  faut  laiffer  les  lettres  que  l'ufage  y  a 
attachées.  Il  fuffit  d'avertir  que  lesfioms  de  lieu  anglois 
doivent  fe  prononcer  ainfi  ,  ôc  il  ne  faut  pas  les  défigu- 
rer comme  a  fair  Baudrand  en  rangeanr  fous  la  lettre 
O,  Ouicht,  Ouilr ,  Ouinchefter,  Ouindfor,  ôçc.  qui 
ne  s'écrivent  pas  ainfi.  Ils  appartiennent  au  W  ,Wi%ht , 
Wï't ,  Wnchejler ,  Wmdfor  ,  ôcc.  Il  y  a  de  la  témé- 
rité à  rendre  ainfi  les  noms  propres  méconnoiffables 
fous  prétexte  de  les  accommodera  une  prononciation 
nationale. 

OUABACHE  ,  grande  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale, dans  la  Nouvelle-France,  à  laquelle  de 
l'îfie  donne  auifi  le  nom  de  Saint  Jérôme.  Elle  eft  for- 


OUB 


72.6 

niée  de  i'Ohio  ou  belle  rivière ,  Se  de  la  rivière  des  Mîa- 
mis.  Elle  reçoir  enfuite  la  rivière  des  Chaouanous  , 
qui  vient  de  l'orient ,  puis  celle  des  Casquinambaux  ou 
des  Cheroquis ,  Se  fe  décharge  dans  le  Mifliflipi ,  quel- 
ques lieues  au-deflbus  des  37  degrés  de  latitude  nord. 
Tout  le  pays  qu'elle  arrofe  eft  fort  beau  ;  ce  font  de 
vaftes  prairies  à  perte  de  vue  où  il  y  a  une  quantité  pro- 
digieufe  de  ces  bœufs  fauvages,  qu'on  appelle  bœufs 
Illinois.  Voyez,  Ohio.*  Le  père  de  Charlevoix  ,  Jour- 
nal d'un  voyage  en  Amérique. 

OU  ABMACHE,  grande  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  au  Canada.  Elle  tombe  dans  le  fleuve  de 
Saint  Laurent ,  trois  lieues  au-deflus  du  lieu  nommé  les 
Trois  Rivières.  Autres  relations. 


OUD 


OUANAHINAN  ,  petit  peuple  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  dans  la  Louïfiane  :  il  habite  le  long  de  la 
rivière  des   Ouarchites  près  des  Nabiti. 

OUARVILLE,  bourg  de  France ,  dans  laBeauce, 
au  pays  Chartrain  ,  entre  Chartres  8c  Angerville.  * 
Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy. 

i.OU  ATCH1TAS ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Louïfiane ,  au  bord  de  la  rivière  des  Akan- 
fas ,  vingt  lieues  au-deflus  des  Mentons ,  au  midi  occi- 
dental de  la  rivière.  De  Bienville  en  trouva  une  colo- 
nie au  bas  d'une  autre  rivière  qui  porte  leur  nom ,  & 
au  nord-eft  des  Natchitoches. 

2.OUATCHITAS  ou  Outachitas,  nation  fauva- 
ge  de  la  Louïfiane  ,  dans  l'Amérique  feptentrionale.  Elle 
donne  fon  nom  à  une  rivière  qui  paroît  fortir  d'une 
chaîne  de  montagnes ,  laquelle  borne  le  pays  des  Ofa- 
ges  au  midi.  Après  avoir  coulé  long-tems  entre  la  ri- 
vière des  Akanges  &  la  rivière  Rouge  ,  elle  fe  décharge 
dans  celle-ci.  *  Le  père  de  Charlevoix  ,  Mémoires  ma- 
nuferits. 

OUATEBAMENIBOUSSE ,  petite  rivière  de  l'Amé- 
rique feptentrionale,  au  nord  de  la  Louïfiane»  au  pays 
des  Sioux  orientaux.  C'eft  une  de  celles  qui  grofliflent 
la  rivière  de  Sainte  Croix. 

OUAT1ROU  ,  grand  quartier  de  la  Jamaïque  , 
dans  la  baie  des  Kow  ,  laquelle  n'eft  féparée  de  la  baie 
du  Port-Royal ,  capitale  de  l'ifle ,  que  par  un  cap  qui 
avance  au  fud  ,  &  qui  a  le  Port-Royal  à  fon  occident 
&e  la  baie  de  Kow  à  l'orient.  Le  quartier  d'Ouatirou 
eft  un  des  plus  fertiles  de  la  Jamaïque.  Il  étoit  très- 
bien  fortifié  en  1694  ,  lorsque  du  Carte,  alors  gouver- 
neur de  Saint  Domingue ,  fit  une  descente  dans  cette 
ifle.  Il  la  fit  attaquer  par  le  fameux  Laurent  de  GrarT, 
&  par  Beauregard  ,  qui  après  avoir  cfluyé  un  trèj-grand 
feu  ,  emportèrent  tous  les  retranchemens  l'épée  à  la 
main,  en  moins  d'une  heure  8c  demie.  Le  lendemain, 
de  Graff  détacha  cinq  cens  hommes  pour  faire  des  pri- 
fonniers ,  8e  pour  ravager  les  habitations  Se  les  fucre- 
ries.  Le  cinquième  jour ,  les  vaiffeaux  du  roi  mouillè- 
rent à  Ouatirou ,  Se  du  Cafle  étant  descendu  à  terre , 
envoya  d'autres  détachemens  pour  achever  de  ravager 
le  pays ,  puis  on  brûla  le  bourg  Se  on  y  encloua  tous 
les  canons.  *  Le  père  de  Charlevoix ,  Mémoires  manu- 
ferits. 

1.  OUAYNE(L'),  rivière  de  France,  dans  le  Pui- 
faye.  Elle  a  fa  fource  à  un  bourg  de  même  nom ,  d'où  , 
coulant  vers  le  nord-oueft ,  elle  pafle  à  Toufly,  re- 
çoit la  rivière  de  Mezilles  Se  quelques  autres  ru iffeaux, 
pafle  au  midi  de  Château -Renard,  Se  va  enfin  tomber 
dans  le  Loin,  au  nord  eft  de  Montargis.  *  Atlas,  Rob. 
de  Vaugondy. 

2.  OUAYNE  ou  Ovaine  Se  Ovene,  bourg  de 
France ,  au  Puifaye ,  à  l'extrémité  orientale  de  l'éle- 
ction de  Gien.  On  croit  qu'il  a  donné  le  nom  à  la  pe- 
tite rivière  qui  y  prend  fa  fource  ,  &  qui  eft  tarie  une 
partie  de  l'année. 

OUBAH  ,  canton  d'Afie  ,  dans  le  Khoraflan  :  il  s'é- 
tend depuis  Hevat  jusqu'à  Rond  :  la  pureté  des  eaux  Se 
la  bonté  des  fruits  rendent  ce  lieu  charmant.  11  y  a 
dans  ce  canton  une  fource  d'eau  minérale  ,  propre  à 
la  guérifon  de  certaines  maladies.  *  Manufcrit  de  la 
Bibliothèque  du  Roi. 

OUBEL ,  nation  d'Afie ,  elle  fait  partie  des  Ouga- 
nis ,  entre  Cabul  Se  Candahar.  *  Hifioire  de  limur- 
Bec,  1.  3.C.  8. 

OUBITS ,  ville  d'Yaflb  ou  de  Kamtschatka ,  félon 


la  relation  du  Caftricoom  ,  inférée  dans  le  fécond  to- 
me de  l'hiftoire  du  Japon,  par  le  père  de  Charle- 
voix. 

OUBRETS  (  Les  bois  des  ) ,  bois  de  France  ,  en  Lan- 
guedoc ,  dans  la  maîtrife  des  eaux  Se  forêts  de  Mont- 
pellier. Il  a  feize  cens  vingt  arpens  d'étendue. 

1 .  OUCHE  (  L'  ) ,  Vticenfis  Pagus ,  pays  de  France , 
dans  la  Haute-Normandie,  au  diocèfe  d'Evreux.  Il  com- 
prend les  territoires  de  Conches ,  de  Breteuil  Se  de  l'Ai- 
gle ,  finies  entre  les  rivières  d'Iton  Se  de  Carentonne , 
Se  s'étend  jusqu'à  Saint  Evroul ,  auflï  compris  dans  la  fo- 
rêt d'Ouche.  Le  territoire  produit  des  grains ,  des  bois 
à  brûler ,  Se  l'on  y  trouve  des  mines  de  fer.  On  y  di- 
ftingue  les  bourgs  de  Rugles  ,  de  Lyre,  de  Glos, 
de  la  Ferté  Frenay  ,  Sec.  C'eft  ce  qu'en  dit  Corneille  , 
guidé  par  des  mémoires  dreflés  fur  les  lieux.  Les  au- 
teurs du  dictionnaire  de  la  France  y  mettent  trois  vil- 
les  j  favoir 


Bernay,        L'Aigle ,         Se  Beaumont  le-Roger  ; 

&  ils  fe  trompent  en  cela.  L'Aigle  &  Beaumont-le-Ro- 
ger  font  de  la  campagne  de  Neubourg,  Se  au-delà  de 
Rille  ,  qui  fépare  l'Ouche  de  cetre  campagne  ,  8e  Ber- 
nay eft  du  Lieuvin.  Ils  ajoutent  que  le  pays  d'Ouche  fai- 
foit  autrefois  partie  du  comté  d'Hiesme  ;  qu'il  s'étendoit 
aufli  dans  le  diocèfe  de  Liiieux ,  du  moins  jusqu'au 
lieu  où  eft  l'abbaye  de  faint  Evroul  ,  qui  a  été  long- 
tems  appellée  Ouche,  Uticum;  paice  que  la  forêt  où 
elle  avoir  été  bâtie  portoit  le  même  nom  ,  Silva  Uticen- 
fis ,  la  forest  d'Ouche  ■>  maiscela  n'eft  pas  clair ,  ils  dé- 
voient dire  que  le  comté  d'Hiesme  comprenoit  autre- 
fois une  partie  du  pays  d'Ouche ,  du  moins  jusqu'à  S. 
Evroul  ;  car  le  pays  d'Ouche  s'étend  bien  au-delà  vers 
l'orient  Se  le  nord-eft ,  en  des  lieux  qui  n'ont  jamais 
été  du  comté  d'Hiesme.  *  Corn.  Diét.  Mémoires  dres- 
fés  fur  les  lieux. 

2.  OUCHE  (  L'  ) ,  Oscarus  ,  rivière  de  France  ,  dans 
la  Bourgogne.  Elle  traverfe  le  Dijonnois,  pafle  à  Di- 
jon Se  fe  jette  dans  la  Saône.  Elle  a  autrefois  donné  le 
nom  de  Pagus  Oscarensis,  au  pays  où  elle  coule. 

5.  OUCHE  (L'),  Oscarus ,  Oscar  a,  rivière  de  Fran- 
ce ,  en  Bourgogne.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  bail- 
liage,  un  peu  au  nord-oueft  de  Beaune,  où  elle  forme 
un  étang.  Elle  court  vers  le  nord ,  pafle  à  Lufigny  , 
Beligny  ,  Autheuil ,  Gifley  ,  d'où  ,  tournant  vers  le  le- 
vant ,  elle  pafle  à  Dijon  ,  8e  fe  rend  dans  la  Saône , 
au-deflus  Se  près  de  Saint  Jean  de  Lône. 

OUCHESTIGOUEKS  (Les)  ,  peuple  de  l'Améri- 
que feptentrionale ,  vers  le  milieu  de  la  terre  des  Es- 
kimaux  ,  vers  les  fources  d'une  rivière  qui  vient  fe  ren- 
dre dans  le  lac  de  Manikouagan.  C'eft  un  peuple  fé- 
dentaire. 

OUDAROU  ,  ville  du  Japon  :  elle  eft  fortifiée  d'un 
château  revêtu  de  pierres  de  taille  avec  des  tours,  que 
leur  hauteur  fait  appercevoir  de  loin.  Un  tremblement 
de  terre  bouleverfa  presque  tout  le  pays  d'alentour.  II 
renverfa  dans  la  ville  des  maifons ,  des  tours  Se  des  tem- 
ples. La  forterefle  ayant  été  entièrement  abymée,  il 
fallut  jetter  des  montagnes  de  boue  dans  le  gouffre  pour 
rebâtir  le  château  au  même  endroit.  C'eft  ainfi  qu'en 
parle  Corneille ,  Dittion.  fur  les  mémoires  de  l'ambas- 
fade  des  Hollandois  au  Japon.  Cette  ville  me  paroît 
être  la  même  que  Karmpfer  nomme  Odowara.  Cet 
auteur  parle  d'abord  d'une  colline ,  nommée  Odowa- 
ra Isii,  ou  Odowara  Iisch,  à  caufe  d'une  carrière 
fameufe  d'où  l'on  tire  une  espèce  particulière  de 
pierre  que  l'on  porte  à  Jedo ,  Se  dont  on  fait  des  pots 
qui  font  à  l'épreuve  du  feu.  Le  fauxbonrg  de  la  ville 
d Wdowara  eft  dans  une  fort  agréable  fituation  aflez 
près  de  la  mer,  Se  commence  fur  les  bords  même  de 
la  rivière  qui  fort  du  lac  de  Fakone,  8c  fe  décharge 
dans  la  mer ,  près  de  la  ville  d'Odowara  ,  terminant  fon 
cours  entre  des  montagnes  délicieufes  ,  8e  des  collines 
couvertes  de  verdure  qui  s'étendent  jusqu'à  la  ville , 
&  dont  le  pied  mouillé  d'un  côté  par  la  mer ,  fe  ter- 
mine de  l'autre  en  une  grande  plaine  d'une  lieue  d'Al- 
lemagne de  longueur  -,  Se  c'eft  fur  cette  plaine  que  la 
ville  eft  fituée.  Elle  eft  bien  fortifiée ,  Se  a  de  bonnes 
portes  Se  des  corps  de  garde  ornés  de  beaux  édifices 


OUD 


OUD 


de  chaque  côté.  Les  rues  en  font  larges ,  propies  ôc 
régulières  :  fur-tout  la  rue  du  milieu  eil  remarquable 
par  fa  largeur.  La  ville  eft  plus  longue  que  large ,  ôc 
j!  faut  une  grande  heure  pour  la  traverfer  depuis  le 
bout  d'un  fauxbourg  jusqu'au  bout  du  fauxbourg  op- 
pofé.  On  y  compte  environ  mille  maifons ,  petites , 
proprement  bâties  ,  blanchies  pour  la  plupart  ,avec  des 
avant-cours  carrées  au-devant,  ôc  de  jolis  jardins  der- 
rière. Au  côté  feptentrional  de  la  ville  eft  le  châceau 
ôc  la  demeure  du  prince.  Il  fe  faic  remarquer  à  l'ordi- 
naire par  une  belle  ôc  haute  tour.  Les  temples  font 
bâtis  du  même  côté  fur  le  penchant  de  la  montagne. 
Les  boutiques  mal  fournies  montrent  afiez  qu'il  n'y  a 
pas  dans  cette  ville  beaucoup  de  commerce  ni  de  ma- 
nufactures ,  quoiqu'elle  foit  voifine  de  la  mer.  On  y 
prépare  cependant  le  catchou  parfumé ,  ou  Terra  Ja- 
ponica,  dont  on  fait  des  pilules ,  de  petites  idoles,  des 
fleurs ,  ôc  plufieurs  figures  que  l'on  met  dans  de  jolies 
petites  boëtes  pour  les  vendre.  Les  femmes  l'aiment 
beaucoup  ôc  en  font  un  grand  ufage  ,  parce  qu'elle  af- 
fermit les  dents  ôc  leur  rend  l'haleine  douce.  Ce  jus 
épaiffi  eft  porté  au  Japon  par  les  Hollandois  Ôc  par 
les  Chinois,  ôc  après  qu'on  l'a  préparé  à  Miaco  ôc  à 
Odavrara  ,  mêlé  avec  de  l'ambre  ,  du  camphre  de  Bor- 
néo &  d'autres  chofes ,  ils  le  rachètent  pour  le  trans- 
porter ailleurs.  La  beauté  des  ajuftemens  ôc  l'extérieur 
poli  des  habitans  de  cette  ville,  fur-tout  des  femmes, 
font  une  preuve  qu'il  n'y  a  que  des  gens  aifés  qui  y 
demeurent.  Ils  n'ont  pas  befoin  de  gagner  leur  vie  par 
le  commerce  ou  par  les  arts  ;  ils  peuvent  vivre  de  leurs 
revenus ,  ôc  préfèrent  le  féjour  d'Odovrara  à  tout  au- 
tre ,  à  caufe  du  bon  air  ôc  de  la  beauté  de  la  fkua- 
tion.  *  Hifloire  du  Japon  ,  1.   j.  t.  2.  p.  222. 

OUDEBATHON  ,  peuple  de  l'Amérique  fepten- 
trionale,  du  nombre  des  Nadoueffi.  Ils  habitent  le  long 
des  rivières  qui  viennent  du  lac  de  Buade  ,  ou  des  ter- 
res tremblantes  des  environs,  dans  le  fleuve  de  Mis- 
filTipi.  Je  ne    les    crois  pas  différens    des    Ouadeba- 

TON. 

OUDEMBORG,  faufle  orthographe  ,  pourOuDEN- 
bourg.  11  y  a  à  Oudenbourg  une  belle  abbaye  d'hom- 
mes, ordre  de  faim  Benoît ,  fondée  dans  le  onzième 
fiécle. 

OUDENARDE,  prononcez  Audenarde,  c'eft  en 
faveur  de  la  prononciation  que  quelques-uns  écrivent 
ce  nom  par  un  A  ,  à  la  première  fyllabe  ;  ville  du  Pays- 
Bas  ,  dans  la  Flandre   Autrichienne ,  fut   l'Escaut ,  à 
cinq  lieues  au-defius  de  Gand ,  ôc  à  fix  au-deflbus  de 
Tournai.  Les  auteurs  Flamands  Veulent  que  la  ville  d'Ou- 
denarde  foit  fore  ancienne  ,  &  qu'elle  aie  été  une  place 
confidérable  dès   le   tems  que  les  Huns  ravagèrent  la 
Gaule  Belgique  au  cinquième  fiécle  ■,  mais ,  comme  le 
remarque  le  docte  abbé  de  Longuerue  ,  Description  de 
la  France,  deuxième  partie ,   p.  59.  ils  ne  fe  fondent 
que  fur  des  vaines  conjectures ,  &  on  ne  voit  pas  qu'Ou- 
denarde  doive  fon  origine  à  d'autres  qu'aux  comtes  de 
Flandre.  Ces  feigneurs  la  fortifièrent  pour  brider  les 
Gantois ,  qui  la  prirent  ôc  la  pillèrent   plufieurs  fois 
dans  les  guerres  qu'ils  eurent  contre  leurs  comtes ,  ôc 
principalement  contre  Louis  de  Mafle ,  dans  les  années 
1579  ôc  1384.  Elle  eft  célèbre  par  fa  manufacture  de 
rapifleries  de  haute-lice.  Louis  le  Grand  ,  l'ayant  prife 
l'an  1667,  la  fit  fortifier  à  la  moderne.  Elle  lui  avoit 
écé  cédée  par  le  traité  d'Aix-la-Chapelle  en  1668  ;  mais 
dix  ans  après,  par  le  traité  de  Nimegue,  il  la  rendit 
au  roi  d'Espagne,  Charles  IL  Le  24  ôc  le  2j  Mars 
1684,  elle  fut  à  moitié  détruite  par  un  bombardement 
fait  fous  les  ordres  du  maréchal  d'Humieres  &  du  ba- 
ron deQuinci.  Elle  a  été  rétablie  ôc  elt  plus  belle  qu'elle 
n'étoit  auparavant.  La  ville  elt  fituée  dans  une  vallée  où 
pafie  l'Escaut ,  ôc  à  cent  pas  de  fes  foifés ,  eft  du  côté 
du  midi  la  montagne,  nommée  Kerselaerberg  ,  d'où 
l'on  découvre  la  ville.  Il  y  a  deux  églifes  paroiffiales  , 
l'une  fous  le  titre  de  fainte  Walburgc,  &  l'autre  du  nom 
du  quartier  où  elle  efi  fituée  ,   s'appelle  Pamele.  11  y  a 
aufli  un  collège  de  Je  fuites  ,  un  couvent  de  Capucins, 
un  de  Récollets,  les  monafteres  de  Sion ,  de  la  Magde- 
lene,des  fœurs  Noires ,  &  des  fœurs  Grifesj  un  be.ui 
couvent  d'Hospitalières  qui  font  de  noble  extraction  ôc 
l'abbaye  de  Magdendaele,  religieufes  de  l'ordre  de  Cî- 


tcaux.  Cette  abbaye  étoit  au  village  de  Vloersberghe , 
mais  Arnoul ,  baron  de  Pamele ,  la  transféra  dans  la 
ville  en  1235.  La  ville  a  cinq  portes  ôc  plufieurs  édi- 
fices afiez  beaux ,  parmi  lesquels  on  difiingue  la  mai- 
fon  de  ville  ,  devant  laquelle  il  y  a  une  belle  fontaine 
avec  un  grand  baffin  que  les  François  ont  fait  conitruire 
l'an  1670,  lorsqu'ils  en  étoient  les  maîtres. 

Il  y  a  dans  cette  ville  deux  jurisdictions  différentes i 
favoir,  celle  du  magiftrat  qui  ettcompofée  d'un  grand 
bailli ,  d'un  bourguemaître  ,  ôc  de  neuf échevins ,  &  celle 
du  baron  de  Pamele.  Les  barons  de  Pamele  ont  été  au- 
trefois feigneurs  de  toute  la  ville  ,  ôc  ils  y  ont  un  châ- 
teau qui  eft  très-ancien  ;  mais  à  préfent  ces  deux  juris- 
dictions font  divifées  ôc  féparées  par  l'Escaut.  Margue- 
rite, duchefle  de  Parme  ôc  gouvernante  des  Pays-Bas,, 
naquit  à  Oudenarde  en  1521  ;  elle  étoit  fille  naturelle  de 
l'empereur  Charles  V ,  ôc  de  Marguerite  Van  Genfte , 
demoiléllc  Flamande ,  quatre  ans  avant  que  ce  prince  fe 
mariât.  Alexandre  Farnefe  ,  fils  de  Marguerite  d'Autri- 
che ,  épargna ,  en  confidération  de  la  naiiiânce  de  fa  mè- 
re ,  la  ville  d'Oudenarde  lorsqu'il  la  remit  fous  la  domi- 
nation espagnole.  *  Délices  des  Pays-Bas  ,  t.  2.  p.  Si.  C" 
fuw. 

Louis  XV  la  prit  en  174;,  la  fit  démanteler  ôc  h 
rendit  à  la  maifon  d'Autriche. 

2.  OUDENARDE  (  La  Chatellenie  d'  )  comprend 
vingt-neuf  villages ,  outre  plufieurs  feigneuries  particu- 
lières. Elle  envoie  fes  députés  à  la  cérémonie  de  l'inau- 
guration du  comte  de  Flandre.  On  y  remarque  deux 
abbayes ,  favoir ,  Eenhaeme  ?  fous  l'archevêché  de  Ma- 
lines  ,  ôc  Petegem  ,  fous  l'évêché  de  Gand.  Il  y  a  aufii  le 
village  de  Viciite  »  dont  le  feigneur  eft  maréchal  héré- 
ditaire du  comté  de  Flandre  ,  ôc  le  village  de  Heyne  , 
où  il  y  a  un  petit  chapitre  de  chanoines.  La  bataille  d'Ou- 
denarde fe  donna  près  de  cette  ville  le  n  Juillet  1708, 
entre  les  troupes  de  France  commandées  par  le  duc  de 
Bourgogne ,  petit-fils  de  Louis  le  Grand  &  perc  de  Louis 
XV  ,  ôc  par  le  duc  de  Vendôme,  ôc  les  troupes  des  al- 
liés ,  commandées  par  le  l^d  duc  de  Marlboroug  ôc  par 
le  prince  Eugène  de  Savo*  ;'elle  fut  très-fanglante  ;  les 
François  qui  la  perdirent,  ne  lai  fièrent  pas  de  prendre 
Bruges  ôc  Gand  en  fort  peu  de  tems, 

Il  faut  remarquer  que  ces  deux  fyllabes  Ouden  figni-> 
fient  Vieux  :  ainfi  Ouden  ,  Old,  Olden,  Alt,  Aj_- 
ten  ont  la  même  lignification. 

OUDENBORG.  (De  Longuerue  écrit  Audenbourg, 
conformément  à  la  prononciation  )  ,  c'eft-à-dire  ,  le 
Vieux  Bourg  ,  petite  ville  des  Pays  Bas  ,  dans  la  Flandre 
Teutone  ,  à  une  grande  lieue  d'Oflende  &  a  deux  de  Bru- 
ges. C'eft  le  chef  lieu  d'un  doyenné  de  même  nom  dans 
lequel^  eft  Oliende ,  &  qui  fait  partie  de  l'évêché  de 
Gand.*  Dictionnaire  géographique  des  Pays-Bas. 

OUDENBOSCH  ,  c'eft-à-dire  ,  Vieux  Bois ,  Vêtus 
Silva,  anciennement  den  Ouden  Barlenbosch  ,  bourg 
confidérable  des  Pays  Bas ,  au  Brabant  Hollandois ,  dans 
le  matquifat  de  Berg-op-Zoom  ,  à  trois  lieues  de  Breda. 
Il  y  a  un  grand  ôc  beau  Havre  qui  aboutit  à  la  rivière  de 
Breda  ,  vis-à-vis  de  Standaert-Bruiten.  11  y  a  cinq  belles 
rues ,  entr'autres  une  où  il  fe  tient  un  marché  tous  les 
Jeudis.  Il  s'y  fait  un  grand  commerce  de  grains  Ôc  d'autres 
denrées  ,  Ôc  il  fe  pafie  peu  de  jours  qo'on  n'v  charge  des 
grands  bateaux  de  fascines  que  l'on  envoie  dans  la  Zé- 
lande ,  ôc  dans  la  Flandre  Hollandoife ,  où  elles  font 
employées  à  l'entretien  des  digues.  Le  drofiart  du  quar- 
tier oriental  du  matquifat  de  Berg  opZoom  ,  fait  faré- 
fidence  à  Oudenbosch  ,  ôc  y  préfide  au  banc  de  la  jufiiee 
ôc  de  la  police  ,  qui  ert  compofé  d'un  bourguemaître , 
de  fix  échevins,  de  quatre  jurés,  ôc  d'un  fécretaire  qui 
l'eft  en  même-tems  des  villages  des  Standaere  Bruiten,  de 
Rukvenne  &  de  Zeggen.  Il  y  a  pour  les  Proteftans  une 
églife ,  ôc  pour  les  Catholiques  une  chapelle  defiervie 
par  les  moines  de  l'abbaye  de  faint  Bernard  ,  qui  pos- 
fedent  les  dixmes  à  la  charge  de  fournir  la  fubfiftance 
au  minifire.  *  Janiçon ,  Etat  préfent  des  Provinces-Unies, 
t.  2.  p.  238. 

OUDEWATER  ,  ville  des  Pays-Bas,  dans  la  province 
de  Hollande  ,  entre  Gouda  &  Montforc  fur  l'Yfi'el ,  aux 
confins  de  la  feigneurie  d'Utrecht.  Elle  eft  petite  ôc  peu 
agréable  par  fa  fituation.  Elle  eft  remarquable  par  la 
naiflance  d'Arminius,  fh.édlûgreh  Holîandois^chcfd'ui? 


72.8       OVE 


OUH 


parti  nombreux  entre  les  Proteltans,  connus  fous  le  nom 
de  Réformés.  Ceux  qui  ont  embraflé  fon  fentiment  fur 
la  Grâce  font  connus  fous  le  nom  d'Arminiens  ou  de  Re- 
monjtrans.  Après  de  vives  conteftations  ils  ont  enfin 
obtenu  d'être  tolérés.  On  recueille  aux  environs  d'Oude- 
water  une  grande  quantité  de  chanvre. 

OUDGIAN  ,  ville  d'Ane ,  dans  la  Perfe  ,  dans  l'A- 
zetbijane ,  près  de  Tamis.  *  Hiftoire  de  limur-Bec ,  1. 
;.  c.  34. 

OUD1N  ,  bourg  de  France,  en  Artois ,  à  deux  lieues 
de  Béthune.  Il  y  a  un  monaftere  de  Bénédictins,  ôc 
un  couvent  de  Dominicains. 

1.  OUDON ,  petite  rivière  de  France  ,  dans  la  BafTe- 
Normanaie,  où  elle  coule  dans  le  diocèfe  de  Bayeux. 
Elle  a  fes  fources  dans  le  Boscage  ,  un  peu  au-dtiïus  du 
village  d'Oudes-Fontaines ,  ôc  après  avoir  paffé  dans  le 
voifinage  de  l'abbaye  d'Aunay  ôc  arrofé  quantité  de  vil- 
lages pendant  fon  cours,  qui  eft  de  huit  ou  neuf  lieues, 
elle  entre  dans  la  ville  de  Cae'n  où  elle  fe  jette  dans  l'Or- 
ne. *  Corn.  Dict. 

C'eft  la  même  rivière  quel'ODON. 

2.  OUDON,  OIdo  ou  Odo,  autre  petite  rivière  de 
France  ,  dans  la  Normandie,  qui  prend  fa  fourcc  dans 
la  paroiffe  de  la  Carnette  ou  tout  proche ,  &  à  cinq 
lieues  de  Seez  ou  environ  ,  au  levant  d'été.  Elle  fépare 
lesdiocèfes  de  Lifieux  &  de  Seez  durant  quelques  lieues , 
&  tombe  dans  l'Orne  deux  lieues  au-deffus  d'Argentan. 
Elle  arrofe  plufieurs  prairies  excellentes  ;  mais  dans  fa 
petitefie  elle  eft  fujette  à  des  débordemens  qui  leur  font 
fouvent  préjudiciables.  Elle  devoit  être  ttès-grofTe  quand 
Geoffroi  Plantageneft  ,  comte  d'Anjou  ,  la  pafla  avec 
fon  armée  le  premier  Octobre  1136,  en  fe  retirant  dans 
le  Maine,  après  avoir  pillé  le  pays ,  puisque  beaucoup 
de  fes  gens  s'y  noyèrent  ;  comme  on  l'apprend  d'Or- 
deric  Vital,  p.  707.  *  Mémoires  manufcrus  de  Lebeuf. 

3.  OUDON  ,  rivière  qui  naît  dans  la  Bretagne  ,  pall'e 
par  la  Gravelle  ,  Craon  ,  Legré ,  reçoit  les  ruiffeaux  de 
Renterie,  de  Cherrans  ,  d'Urcscé ,  dArgol  ôc  autres 
avant  que  de  fe  perdre  dans  la  Mayenne  ,  un  peu  au- 
deflbus  du  Lyon  d'Angers.  0  Mémoires  manufcrus  de 
'Lebeuf. 

OVEfL'),  rivière  d'Espagne ,  dans  l'Alturie.  Voyez, 
Oviedo. 

OVEIRO.  Voyez,  Owerre. 

OUEL  (  La  Rivière  d'  )  ,  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  le  Canada  ;  elle  tombe  dans  le  fleuve 
•de  Saint  Laurent  ,  à  quinze  lieues  au-deflbus  de  Que- 
bec.  Il  y  a  une  colonie  avec  une  églife  paroiiïiale. 

OVER.  Ce  mot  Flamand  veut  dire  le  trans  des  La- 
tins, ôc  le  de-là,  au-delà  des  François. 

OVERFLACKÉE,  ifle  des  Pays-Bas ,  dans  la  partie 
méridionale  de  la  Hollande,  au-de(Tus  de  l'ifle  de  Goe- 
rée.  Elle  a  au  nord  les  ifies  de  Voorn  ôc  de  Beyerland 
dont  elle  eM  féparée  par  le  Haring-Vliet.  Elle  a  au  mi- 
di le  Volke  Raack.  autre  canal,  ôc  le  Duyveland,  au 
couchant  l'ifle  de  Schowen ,  ôc  au  nord-oueft  l'ifle  de 
Goerée.  La  côte  du  fud-oueft  ôc  celle  du  fud  n'ont 
point  d'habitation  ,  fi  ce  n'eit  Oude-Tonge,  fituée  fort 
avant  dans  l'ifle,  où  les  barques  arrivent  par  un  canal. 
A  la  pointe  orientale  eft  Soltins-Plaets,  de-là  en  fuivant 
la  côte  vers  le  nprd-oueft  on  trouve  Bomel,  Stadt, 
Niddelham ,  Sommerdyck ,  ôc  Meliflant  -,  Drixland  ôc 
Niewtonge  font  dans  l'intérieur  de  l'ifle.  *  Mémoires 
manufcrus . 

OVER-ISSEL  (a)  (V) ,  pays  des  Pays-Bas,  au-delà 
del'HTel ,  comme  fon  nom  le  fignifie.  En  latin  Trans- 
ïsalana  Provincia  ;  l'une  des  fept  provinces  de  la 
république  des  Provinces-Unies.  Elle  eft  bornée  du  côté 
du  nord  par  la  Frife  ôc  par  le  territoire  de  Groningue, 
au  couchant  d'été  elle  a  le  Zuiderzéc ,  à  l'occident  l'IfTel 
qui  la  fépare  du  Velau  ,  quartier  de  la  Gueldre  ;  au 
midi  elle  a  le  comté  de  Zutphen  ,  ôc  à  l'orient  l'évêché 
de  Munfler.  Ce  pays  faifoit  autrefois  partie  du  diocèfe 
de  l'évcque  d'Utrccht,  à  qui  il  appartenoit  depuis  l'an 
1046  ,  jusqu'au  tems  de  Henri  de  Bavière,  qui  s'en  ac- 
commoda avec  Charles  V.  On  divife  préfentement  cette 
province  en  trois  parties  principales,  qui  font  le  pays 
de  Drente,  de  Twente  ôc  le  Sallant.  Voyez,  leurs 
articles  particuliers.  Il  y  a  cela  de  remarquable  dans  la 
province  d'Ovenflel ,  que  félon  la  remarque  du  chevalier 


Temple  (b)  ,  tous  les  gentilshommes  qui  y  pofledent  des 
terres  feigneuriales  de  la  qualité  requife ,  font  partie  des 
états  de  cette  province.  Lorsque  la  république  paye  cent 
mille  livres,  la  quote-pait  delOveiiffel  ett  3571  livres 
8  fols  4  deniers  ,  tandis  que  la  feule  province  de  Hol- 
lande paye  pour  la  fienne  58309  livres  un  fols  douze 
deniers,  {a)  Longuerue ,  Defcrip.  de  la  France,  2.  part, 
pag.  33.  (b)  Remarques  fur  les  Provinces  -Unies, 
c.  2. 

OVERMAES.  Ce  mot  eft  flamand  ,  Ôc  fignifie  Ou- 
tre Meuse.  Voyez.  Outre  Meuse. 

OVERSCHIE,  gros  village  des  Pays-Bas,  dans  U 
Hollande ,  au  Schieland  fur  la  Schie  ,  à  une  grande 
lieue  de  Délit,  ôc  à  une  petite  de  Rotterdam.  Dans  ces 
noms  prononcez  Scie  ,  Si^land  ôc  Overskje- 

OUESSANT  (L'isle  d'),  Axantos ,  Pline  Uxan- 
tijfena ,  Antonin  Uxantus  ,  ifle  de  France  ,  à  la  pointe 
occidentale  de  la  Bretagne  ,  à  l'oppofue  du  Conqueft. 
On  lui  donne  trois  lieues  de  tour.  Elle  eJt  environnée 
de  plufieurs  autres  petites  ifies ,  dont  chacune  a  fon 
nom  particulier,  mais  qui  prennent  toutes  enfemble  ce- 
lui de  la  principale.  Quoique  cette  ifle  foit  affez  bien 
peuplée  ,  elle  n'a  qu'un  petit  nombre  de  villages ,  ôc  un 
ancien  château  où  les  habitans  fe  retirent , lorsqu'ils  crai- 
gnent quelque  attaque  qui  furpalTc  leurs  forces.  La  plu- 
part font  des  pêcheurs  qui  ont  leurs  barques  dans  un  pe- 
tit port ,  où  de  plus  gros  bâtimens  ne  peuvent  être  re- 
çus. *  Mém.  diejjés  jur  les  lieux. 

OUEST  ,  mot  employé  par  les  gens  de  mer  ,  pour  fi- 
gnifieii'OcciDENT. 

OUFENS.  Voyez.  Ufens. 

OUGLANIS  (  Les  ) ,  nation  d'Afic  ,  aux  confins  dr. 
la  Perfe  ôc  de  l'Indoultan.  Elle  habite  la  montagne  de 
Solimancouh,à  l'occident  de  l'Indus ,  entre  Cabul  ôc  Can- 
dahar.  *  Hift.  de  Timur-Bcc.  L  4.  c.  1. 

OUGL1N  ,  place  du  royaume  de  Hongrie,  en  Croa- 
tie, aux  frontières  de  la  Carniole,  fur  la  rivière  de  Do- 
bra  près  de  la  Morlaquie  ,  entre  Metling  au  nord ,  ôc 
Zeng  au  midi.  Quelques  géographes  y  cherchent  Aven- 
do  »  génit.  donis  ,  ou  Vendum  ,  ville  ancienne  de  la  Li- 
burnie  ,  félon  Baudrand,  édit.  1705. 

OUGLY.  LesHollandois  écrivent  OegLi  ,  qui  revient 
à  la  même  prononciation  ,  ville  d'Afie  dans  l'Indoufian  , 
au  royaume  de  Bengale ,  dans  la  partie  fcptentrionale 
d'une  ifle  que  forme  une  branche  occidentale  du  Gan- 
ge. Nicolas  de  Graaf,  qui  y  a  été  plufieurs  fois ,  ne  nous 
en  apprend  aucun  détail.  C'eft  néanmoins  une  grande 
ville  fort  marchande  ,  ôc  où  il  y  a  beaucoup  d'Européens 
établis»  Les  Hollandois  y  ont  un  beau  comptoir ,  ôc  on 
travaille  parfaitement  bien  en  linge  dans  cette  ville.  * 
Voyage  aux  Indes  orient.   1675. 

OUGNON.  Voyez.  Lougnon. 

OUHUONS  (Les)  ,  peuple  de  la  Tarrarie  orienta- 
le. Ils  furent  défaits  par  Me-té  ,  fécond  kan  des  Huns, 
fe  fauverent  dans  les  montagnes  qui  font  au  nord  de  la 
province  de  Peking  ,  au  nord-oueft  de  la  Corée.  Ils  fe 
fournirent  aux  Huns,&  refterent  fous  leur  domination, 
jusqu'à  ce  que  les  Chinois  pénétraflent  dans  leur  pays , 
d'où  ils  les  transplantèrent  fur  les  frontières  feptentrio- 
nales  du  Leao-Tong,  au  nord  du  pays  de  Yom-Pim- 
Fou  ,  de  Pao  Gan  ,  Tcheou  ,  &  des  environs ,  pour  ob- 
ferver  les  monvemens  des  Huns ,  avec  ordre  de  n'avoir 
aucun  commerce  avec  ces  peuples.  Les  Ouhuons  fe  mul- 
tiplièrent infenfiblement  dans  cette  dernière  demeure, 
au  point  qu'ils  fe  trouvèrent  aflez  puiflans  pour  lever  le 
joug  contre  les  Chinois  &  les  Huns.  Ils  commencèrent 
par  violer  les  tombeaux  des  kans  des  Turcs.  Les  Huns, 
indignés,  les  attaquèrent  ôc  leur  tuèrent  beaucoup  de 
monde  :  les  Chinois  ,  contre  lesquels  ils  avoient  com^ 
mis  quelques  aétes  d'hoflilité  ,  ne  tardèrent  pas  à  les  at- 
taquer auffi  ,  ôc  les  défirent.  Ils  n'eurent  pas  plutôt  ré- 
paré leur  défaite,  qu'ils  recommencèrent  à  attaquer  les 
Huns ,  ôc ,  aidés  de  quelques  mécontens  de  cette  nation , 
ils  battirent  le  kan  qui  fe  tua  de  défespoir ,  ôc  en  firent 
élire  un  nouveau -,  mais  ils  fe  révoltèrent  bientôt  contre 
lui  ,  refuferent  de  lui  payer  les  ttibuts  ordinaires.  Le 
kan  ,  indigné  ,  envoya  des  troupes  contre  eux  :  ils  fu- 
rent battus  :  une  partie  fut  mife  en  esclavage ,  l'autre 
fut  disperfée.  Les  Chinois  voulurent  obliger  les  Huns 
à  rendre  la  liberté  aux  prifonniers ,  ce  qui  oeçafionna 

une 


OVI 


OVI 


une  guerre  entre  les  Huns  Se  les  Chinois.  Quelque  rems 
après  ce  peuple  inconUant  Ci  joignit  aux  Huns  courre  les 
Chinois-,  ils  ne  tardèrent  pas  a  fe  révolter  contre  les 
Huns ,  8c  fecouerent  tout-à-fait  le  joug  de  leur  domina- 
tion. Ils  firent  même  une  alliance  avec  les  Chinois  con- 
tre eux.  Us  devinrent  par  la  fuite  fi  puilïans  ,  qu'ils  éta- 
blirent des  kans  de  leur  nation.  Ils  voulurent  profiter 
des. troubles  dont  la  Chine  étoit  agitée,  entrèrent  dans 
cet  empire,  y  firent  de  grands  ravages  :  mais  à  la  fin 
ils  furent  battus  par  les  Chinois,  qui  firent  périr  leur 
kan  ,  8c  les  disperferent  dans  différens  cantons    de  la 
Chine,  où  ils  furent  confondus  avec  les  Chinois.  *  Hifl. 
génér.  des  Hiins  par  M.  de  Guignes  ,  r.  2.  p.  24 ,  77, 
$6 ,  105  ,  111,112,   113,    115,139  8c  142. 

OVIDOS  ,  ville  de  Portugal,  avec  titre  de  comté, 
dans  rEllramadure,  fur  une  hauteur  proche  la  cote  ,  à 
neuf  lieues  au  nord-oueft  de  Santaren  ,  8c  à  l'oueft  de 
Leiria.  Elle  eft  environnée  de  murailles ,  8c  défendue  par 
un  fort  château  aiîis  au  fommet  d'un  rocher.  Il  y  a  qua- 
tre paroifles,  un  couvent  de  religieux  8c  environ  treize 
cens*habitans.  *  Cor».  Diét.  Defcr.  Summaria  del  reyno 
de  Portugal. 

OVIEDO  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Afturie ,  dont  une 
partie  prend  le  nom  de  cette  ville  ,  comme  on  l'a  remar- 
qué au  mot  Asturie.  Elle  eft  la  capitale  de  l'Afturie 
d'Oviedo.  Elle  l'étoit  autrefois  de  toutes  les  Alluries  fous 
le  nom  de  Brigetum,  félon  l'abbé  de  Vayrac  ,  Etat 
de  l'Espagne ,  t.  1 .  p.  294.  mais  Brigs.cium ,  car  c'eft  ainfî 
qu'il  ell  écrit  dans  l'itinéraire ,  donnoit  le  nom  au  peu- 
ple Bric-ecini;  8c  comme  on  le  peut  voir  à  l'article 
Brig&cium ,  elle  étoit  dans  le  pays  auquel  une  légion 
Romaine  a  donné  enfuite  fon  nom,  c'elt-à  dire ,  celui 
de  Léon.  Ptolomée  distingue  très-bien  la  colonie  où 
étoit  cette  légion  Romaine ,  du  lieu  qu'il  nomme  Bri- 
g&c\um  ;  mais  il  les  met  chez  un  même  peuple  &  dans 
un  même  canton  qu'il  diltiugue  de  l'Afturie.  Tous  les 
modernes  ne  conviennent  pas  que  Brigacium  foit  Ovie- 
no.  Ortelitis  croit  que  Brig&cium  eft  La  ville  même  de 
Léon  ;  8c  Molet  que  c'elt  Birviesca.  Il  ell  vrai  que 
Tarapha  croit  que  c'elt  Oviedo ,  8c  cela  a  été  répété 
par  les  interprètes  de  Ptolomée.  C'eft  un  ancien  fiége 
épiscopal,  qui  étoit  anciennement  compté  encre  les 
évêchés  de  la  Galice ,  8c  qui  avoit  Bragues ,  Braccha- 
ra ,  pour  métropole  ;  elle  s'appclloit  alors  Brito- 
mia  ,  8c  c'elt  fous  ce  nom  qu'elle  fe  trouve  dans  une 
ancienne  notice  de  l'an  962  ,  confervée  à  Séville  dans  le 
chartulaire  de  S.  Laurent ,  &  dans  une  autre  notice  de 
l'églife  d'Oviedo  ;  mais  ce  qui  achevé  la  preuve ,  c'elt 
ce  qu'on  lit  dans  la  divifion  des  provinces  d'Espagne  fous 
le  roi  Wamba,  lorsqu'il  fut  que/lion  de  marquer  à  cha- 
que métropole  les  diocèfes  qui  en  rckvoicnt  ,  Bra- 
carœ  fubfint  Dumium  ,  Feftibole  ,  vel  Portugale  , 
Tude ,   Auria  ,  Luco  ,  jlftorica  ,   Lia  vel  Uria  ;  O- 

VETUM  VEL  BrITONIA,  EXEMPTA  A  GALLyEClyE  BRACA- 

B.A.  c'elt-à-dire  }qi\'Oviedooi\Britonia  fut  alors  déclarée 
cxeintede  la  jurisdicr.ion  de  l'archevêque  de  Bragues  3  qui 
étoit  alors  de  la  Galice  ,  province  étendue  alors  jusqu'au 
Duero.  Son  nom  moderne  Ovetum,  d'oùs'elt  formé  !e 
nom  vulgaire  Oviedo  ,  eft  pris  d'une  des  deux  rivières  qui 
l'arrofent ,  favoir ,  I'Ove  &la  Deva.  Ce  font  deux  ruis- 
leaux  qui  fe  joignent  dans  lesfofïésde  la  ville  ,  8c  prennent 
cnfemblelenom  de  rivière d'Afta.  Oviedo  eft  la  feule  ville 
de  la  province  qui  foit  honorée  du  nom  de  cité.  Lorsque 
les  Maures  envahirent  l'Espagne  ,  plufieurs  Chrétiens 
fe  retirèrent  dans  les  montagnes  des  Afturies.  Pelage  , 
qu'ils  élurent  roi,  s'y  foutint  contre  les  Infidèles,  &  fon- 
da un  royaume  à  Oviedo.  Lui  8c  fes  fucce fleurs  ne  pri- 
rent que  le  titre  de  rois  d'Oviedo  jusqu'à  Ordogno  fé- 
cond ,  qui  prit  le  titre  de  roi  de  Léon  ,  8c  mourut  l'an 
913.  Ce  royaume  devint  bientôt  l'afyle  de  tous  les  Chré- 
tiens, à  qui  le  joug  des  Manies  étoit  infupportable  ;  fur- 
tout  il  s'y  retira  beaucoup  d'évêques ,  dont  les  fiiges 
étoient  occupés  par  les  Mahomérans  cV'  les  troupeaux 
disperfés  ;  cette  ville  fut  appellée  à  cette  occafion  la 
cité  des  évèques.  Je  ne  fais  où  l'auteur  des  délices  d'Es- 
pagne, t.i.p.  ii<5.  a  pris  que  l'on  transporta  à  Oviedo 
le  fiége  de  la  province  qui  étoit  dans  une  ville  voifine 
nommée  Emerita.  L'abbé  de  Vayrac  ,  f.  1.  p.  iy^.  !e 
copie,  8c  le  fait  ne  m'en  paroît  pas  plus  vrai  pour  cela. 
Ces  mots  de  la  divifion  de  Wamba  Ovetum  vel  Britoma, 


729 

ont  quelque  chofe  de  plus  authentique  que  l'autorité  ic 
ces  deux  auteurs.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  beau  ,  diftnt  ils , 
di  l'églife  de  San  Salvador  ou  de  S.  Sauveur,  bâtie  par 
un  prince  nommé  Silo  ,  dont  on  voit  le  tombeau  à  1  en- 
trée du  côté  de  la  grande  porte,  avec  l'infcription  fui- 
vante,  qu'on  peut  lire  deux  cens  foixante-dix  fois,  bien 
que  VS  ,  première  lettre  du  mot  Silo,  ne  s'y  trouve 
qu'une  feule  fois ,  précifémenr  dans  le  centre. 


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Toutes  ces  lettres  ne  font  que  ces  mots  :  Silo  princeps 
fecit,  qui  fe  retrouvent  en  270  biais  différens.  Sur  le  tom- 
beau on  voit  ces  lettres 

H.     S.     E.     S.     S.     S.     T.     L. 

Ce  ne  font  que  les  initiales  de  ces  mots  :  Hic  fît  m  eft 
Silo  ,  fu  fibi  terra  levis.  Ce  prince  Silo  fut  roi  d'Ovie- 
do, il  ctoit  gendre  d'Alphonie  le  Catholique  ,  dont  il 
avoit  époufé  la  fille  Adofinde.  Après  la  mort  de  I-roi'Ia 
&  d'Aurelio  ,  frères  de  là. femme  ,  il  leur  fuccédà  en  774  > 
8c  mourut  en  783.  Il  étoit  Sarrazin  d'origine ,  mais  Chré- 
rien.  Ce  fut  lui  qui  fit  transporter  de  Mcrida  a  Ovie- 
do le  corps  de  Ste  Eulalie. 

Cette  ville  étant  devenue  la  refiburce  de  l'Eglife  du 
rems  des  Maures ,  les  Chrétiens  y  apportoient  de  tous 
côtés  les  reliques  des  autres  villes ,  afin  de  les  garantir4 
de  la  profanation  des  Barbares.  Ue-là  vient  qull  y  en 
a  tant  à  Oviedo  ,  qu'un  auteur  Espagnol  ne  craint  point 
de  dire  qu'il  n'y  a  que  Dieu  feuï  qui  en  puiffe  favoir 
le  compte  ( /).  La  cathédrale  a  été  fondée  par  FtoVla, 
quatrième  roi  après  Pelage.  Ce  fut  fous  lui ,    vers  le 
milieu  du  huitième  fiécle  ,  que  l'on  interdit  aux  prêtres 
le  mariage,  qui  avoit  été  auparavant  toléré  en   Espa- 
gne. Oviedo  eft  célèbre  par  un  concile  qui  y  fut  tenu 
l'an  901  .après  avoir  été  commencé  vingt  ans  aupara- 
vant. Il  fut  compofé  de  dix  huit  évêques  qui   y   firent 
quelques  décrets  pour  la  réformation  de  l'églife  d'Es- 
pagne 8c  du  royaume  ,  où  le  malheur  des  tems  avoir  in- 
troduit des  abus.  Ce  fut  dans  ce  concile  que  l'églife  d'O- 
viedo fut  érigée  en  métropole.   Nous  avons  vu  que  dès 
le  tems  de  Wamba  elle  étoit  exempte  de  la  jurisdiction 
de  Bragues.  Alors  elle  fut  elle-même  métropole  par  la 
permiflïon  du  pape  Jean  VIII  ,  à  la  prière  d'Alphonfe  le 
Grand,  8c  Ermenegilde  en  fut  le  premier  métropolitain  ; 
mais  la  dignité  archiépiscopale  ayant  été  enfuite  attachée 
à  S.  Jacques  de  Compollelle  ,  l'évêque    d'Oviedo  fut 
réduit  à  la  qualité  de  fimple  évêque  fuffragant  de  Com- 
pollelle. La  ville  ell  paffablement  belle  -,  l'églife  de  San 
Salvador  eft  environnée  de  belles  maifons  foutenues  par 
des  portiques.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  ,  c'eft 
la  place  du  marché.  Quand  on  eft  au  milieu  ,  on  voit 
toutes  les  rues  de  la  ville  qui  y  aboutiffent.  L'univerfité 
&  les  collèges  qui  la  compofent  font  un  des  plus  grands 
omemens  d'Oviedo.  (a  )  Hispan.  illuft.  r.  r.  p.  348. 

J'ai  dit.  fur  l'autorité  de  l'auteur  des  délices  de  l'Es- 
pagne ,  t.  1.  p.  380.  qu'Oviedo  fut  fait  fuffragant  de 
Compollelle.  Si  cela  ell  ,  c'a  été  fans  être  fournis  à  la 
jurisdiclion  de  cet  archevêché  ,  car  Oviedo  ne  relevé 
immédiatement  que  duS.  fiége.  Son  chapitre  ellcompofé 
de  rreize  dignitaires  ,  de  vingt  chanoines ,  de  douze  pré- 
bendiersSc  de  dix  chapelains.  Le  diocèfe  s'étend  fur  qua- 
torze archiprétrés  divifés  en  huit  archidiaconés  qui  com- 
'lom.  IV.  Z  z  z  z 


OUL 


73° 

prennent  mille  q-jarante-huit  paroilTes.  On  y  compte 
quatre  collégiales ,  qui  font  Cabadenga ,  Arvas  ,  Timon 
Se  tiberga  ,  quatre-vingt-deux  prefiimonies  ,  trois  cens 
quatre-vingt-fix  bénéfices  fimples,  deux  cens  vingt-deux 
chapellenies  dotées ,  vingt-huit  couvens ,  quarante-deux 
hermitages  Se  quarante-quatre  hôpitaux. 

OVILA,  abbaye  d'hommes,  ordre  deCîteaux,  en 
Espagne,  dans  la  Vieille  Caftille,  au  diocèfe  de  Si- 
guenfa. 

OVILABIS  ,  lieu  du  Norique;  il  eft  nommé  Ovi- 
lia  dans  la  table  dePeutinger,  Segment.  3.&Ovilabis 
dans  Antonin  ,  itiner.  entre  Lauriacum  Se  Joviacum,* 
vingt-fix  mille  pas  de  l'une ,  &  à  trente-deux  mille  pas 
de  la  féconde.  On  a  trouvé  en  Autriche  cette  inferi- 
ption  rapportée  par  Gruter,  p.  345.  ».  8. 

Pontif.  Colonise  Aurélia. 
Antonian^e  Ovil. 

Se  on  en  a  conclu  que  ce  lieu  doit  être   aujourd'hui 
Wels.  Voyez,  ce  mot. 

OUILLERS,  forêt  de  France,  en  Provence  ;  on  y 
trouve  beaucoup  de  fimples  qui  font  propres  pour  la 
médecine. 

OVILLO ,  village  d'italie,  en  Lombardie,  dans  le 
Milanez ,  près  d'Alexandrie  de  la  Paille.  Il  eft  remar- 
quable pour  les  géographes  par  la  naiflance  de  Philippe 
Ferrari ,  fameux  géographe.  Il  mourut  à  Milan  fur  la  fin 
d'Août  1626,  fon  corps  fut  porté  à  Pavie  dans  l'églife 
des  pères  Services;  il  avoir  enl'eigné  quarante-huit  ans 
les  mathématiques  dans  runiverlîcé  de  Pavie.  Il  étoit 
de  l'ordre  des  Services,  dont  il  fut  deux  fois  général 
&  deux  fois  vicaire  général.  *  Voyez,  la  Préface. 

OUJON  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Perfe ,  félon  Taver- 
nier  ,  qui  lui  donne  6 1  deg.  3  5  min.  de  longitude ,  &  3 2 
deg.  24  min  de  latitude.  Il  ajoute  qu'il  y  a  un  fort  beau 
château  dans  cette  ville ,  &  que  les  fruits  y  font  très- 
bons.  *  Voyage  de  Perfe  ,  1.  3.  dernier   ch. 

OVISCA  ,  ancien  lieu  d'Afrique ,  dans  la  Byzacène. 
L'édition  de  Zurita  porte  Ovisée  ,  d'autres  exemplai- 
res Ovifce ,  Se  d'autres  Anije.  Ce  lieu  étoit  fur  la  route 
de  Thena  à  Thevefie ,  entre  Then<&  Se  Amudarfa  ,  à 
vingt-cinq  mille  pas  de  l'une  Se  de  l'autre. 

OUISCONS1N  ,  rivière  de  l'Amérique,  dans  la 
Louïfiane.  Elle  a  plufieurs  fources  à  l'occident  du  lac 
des  Illinois  Se  forme  plufieurs  lacs ,  d'où  ,  par  un  porta- 
ge de  demi-lieue  ,  on  pafle  la  rivière  des  Renards  qui 
tombe  dans  la  baie  des  Puants.  Pour  elle,  elle  a  fon  cours 
d'orient  en  occident  Se  va  tomber  dans  le  Mifliflîpi.  * 
Relation  du  P.  Hennepin. 

OUKEK ,  ville  d'Aile  ,  en  Tartarie ,  dans  le  Capschac. 
C'en;  la  dernière  place  des  dépendances  de  Sarai.  Elle 
eft  à  84  deg.  de  iongitude  ,  Se  à  57  de  latitude  fur  le 
Volga,  à  15.  lieues  de  Bulgar ,  Se  à  pareille  diftance 
de  Gebrai.  *  Hifi.  de  Timur-Bec  ,1.  3.  c.  54. 

OUKER  KEPTADGI ,  ville  d'Afie  ,  dans  le  Tur- 
keftan.  L'auteur  des  notes  fur  l'hiftoire  de  Timur-Bec , 
/.  3.  c.  9.  donne  à  cette  ville  100  deg.  de  longitude  Se 
48  de  latitude. 

OULAKIAN  AOUR.  L'auteur  de  l'hiftoire  de  Timur- 
Bec,  /.  3.  (.  6,  nomme  ainfi  le  paflage  du  fleuve  Anco- 
ra  au  Mogoliftan. 

OULANYARLIC,  plaine  &  bourg  d'Afie,  dans  la 
Tartarie  ,  au  pays  de  Gété. 

OULESSERE  ,  province  d'Afie  ,  dans  l'Indouftan. 
C'eft ,  félon  Thevenot  ,  la  même  que  la  province  de 
Bengale.  Voyez.  Bengale. 

OULNEY,  bourg  d'Angleterre ,  en  Buckinghams- 
hire,  fur  l'Oufe.  On  y  tient  marché  public. 

OULONGTAC  .  montagne  d'Afie  ,  dans  la  Tarta- 
rie ,  au  Capschac ,  entre  la  rivière  d'AivrcH  Se  celle  d'I- 
lANjouc.  *  Hifi.  deTimitr-Bec,  I.  3.  c.  1 1. 

OULX,  bourg  de  France,  dans  le  Dauphiné,  fur  la 
Doire ,  aux  confins  du  Piémont ,  entre  Briançon  Se  Sufe  , 
à  quatre  lieues  de  l'une  &  de  l'autre ,  Se  à  trois  lieues 
du  mont  Genevre.  Quelques-uns  ,  fe  fondant  fur  une 
reflemblance  de  nom,  ont  cru  que  c'étoit  I'Ocelum  ou 
I'Ocelus  des  Latins  ;  mais  ce  nom  convient  mieux  à 
Exiles  ;  Se  Oulx  fera  le  même  lieu  que  les  anciens  ont 
nommé  Ad  Martis  ,  à  caufe  d'un  temple  confacré  au 
dieu  Mars.  Oulx  eft  du  Briançonnois. 


OUR 


OUMÎGNON  (V  ),  Dalmanio ,  petite  rivière  de 
France,  dans  la  Picardie ,  au  Vermandois.  Elle  a  fa  four- 
ce  à  une  lieue  &e  demie  au-deflus  de  Vermand  où  elle 
pafle ,  Se  fe  jette  dans  la  Somme  ,  à  cinq  quarts  de  lieue 
au-deflus  de  Péronne.  De  l'Ifle  l'appelle  l'A  mignon. 

OUNDLE,  bourg  d'Angleterre,  en  Northamptons- 
hire.  On  y  tient  marché  public  :  il  y  a  une  école  pu- 
blique ;  mais  ce  qui  eft  le  plus  remarquable ,  ce  font  fes 
puits ,  nommés  en  anglois  Drumming  Wells  ,  qui  ont  cela 
de  fingulier ,  que  de  tems  en  tems  on  y  entend  comme  un 
bruit  de  tambours,  que  le  peuple  croit  être  un  mauvais 
augure.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1.  p. 
28.6c  53. 

OUNEW ARI ,  ville  du  Japon  ,  dans  l'ifle  de  Buugo. 
Corneille,  Dïit.  trouvant  dans  la  carte  qui  accompagne 
l'ambaflade  des  Hollandois  au  Japon,  ces  mots  Oune- 
wari  met  het  Cafteel ,  c'eft-à-dire  ,  Ounewari  avec  le 
château  ,  a  cru  que  le  mot  met  appartenoit  au  nom  de 
la  ville ,  Se  l'appelle  Ounewarimet.  Du  refte ,  cette  ville 
eft  petite,  mais  fort  agréable,  fituée  fur  la  croupe  d'une 
montagne  toute  plantée  de  très- beaux  arbres,  principa- 
lement du  côté  de  la  rivière  de  Doni  qui  lave  une  par- 
tie de  fes  remparts.  Ils  font  d'une  hauteur  médiocre , 
&  il  y  a  des  arbres  deflus  à  certaines  diftances.  Apres 
un  circuit  afiez  long ,  cette  rivière  pafle  fous  un  pont 
de  pierres  bâti  fur  huit  arcades ,  avec  des  garde-fous  de 
chaque  côté,  &  coule  de-là  infenfiblcment  dans  la  mer 
de  Corée.  Tout  proche  eft  la  maifon  où  les  paflagers 
payent  la  douane  ,  qu'on  exige  d'une  manière  fi  rigou- 
reufe,  que  ceux  qui  ne  déclarent  pas  leurs  marchand!» 
fes  de  bonne  foi ,  font  punis  de  mort  fans  nulle  reflbur- 
ce.  Un  des  bouts  du  ponr  porte  fur  un  cap  qui  avance 
dans  la  rivière ,  Se  la  porte  par  laquelle  on  entre  res- 
femble  à  une  barrière  enclavée  dans  une  petite  murait* 
le  ,  bâtie  entre  deux  maifons  qui  font  toutes  deux  le  coin 
de  la  rue  par  où  l'on  entre  dans  la  ville.  Vers  le  milieu 
de  la  rue  eft  un  fort  beau  temple  qu'habitent  quantité 
de  prêtres  idolâtres.  Les  autres  ne  font  pas  fi  belle*  , 
excepté  celle  qui  règne  le  long  d'un  rocher  escarpé.  On 
monte  au  château  par  plufieurs  marches  taillées  dans  le* 
roc,  Se  on  en  voit  la  pointe  de  fort  loin.  La  plus  haute 
tour  de  ce  château  ,  qui  eft  bâtie  fur  cette  pointe  du 
roc,  a  cinq  étages  qui  finiflent  infenfiblement.  Il  y  a 
dans  l'autre  ,  qui  eft  plus  grofle,  deux  belles  fales  l'une 
fur  l'autre  ,  Se  d'une  grandeur  égale.  Ces  tours  ont  vue 
d'un  côté  fur  de  vaftes  campagnes  pleines  de  riz  en  tout 
tems,  &  de  l'autre  fur  force  collines,  qu'une  infinité  d'ar- 
bres, tous  plantés  par  étages ,  rendent  agréables  en  toute 
faifon.  Il  eft  bon  de  favoir  que  l'auteur  des  ambaflades 
mémorables  ,  cité  feul  dans  cet  article ,  donne  le  nom  de 
Bungo  à  toute  l'ifle  de  Ximo  ,  dont  le  Bungo  ne  fait 
que  la  neuvième  partie  ,  Se  place  Otinewari  dans  ce 
qu'on  appelle  le  Chicugen.  Cet  auteur  n'a  pas  d'ailleurs 
beaucoup  d'autorité -,  &eneffer,ni  la  carte  que  Sche- 
vefler  a  mife  à  la  têre  de  la  traduction  angloife  de  l'hi- 
ftoire du  Japon  par  Karmpfer ,  ni  celle'  qu'on  voit  à 
la  tête  de  l'hiftoire  du  père  de  Charlevoix.  Les  deux  hi- 
ftoires  ne  parlent  point  aufli  d'Ounewari.  *  Ambaffade 
des  Hollandois  au  Japon. 

OVO  (  L'ifle  de  1'  ) ,  petite  ifle  du  golfe  de  Colochi- 
ne ,  au  midi  de  la  Morce  »  fur  la  côte  méridionale  de 
Cérigo.  Son  nom,  qui  veut  dire  un  œuf,  lui  a  été  donné 
à  caufe  de  fa  figure  ovale.  On  la  prend  pour  I'Epla 
des  anciens. 

OUPORUM ,  en  grec  nWof«c  ,  ancienne  ville  de 
la  Liburnie,  dans  les  terres,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c. 
17.  Quelques  modernes  conjecturent  que  c'eft  préfén- 
tement  Obroazo  en  Dalmatie. 

OURAC,  petite  ville  d'Allemagne,  au  duché  de 
Wurtenberg  ,  Se  non  pas  de  Wittenberg  ,  comme  dit 
Corneille.  L'auteur  des  mémoires  Se  plans  géographi- 
ques la  décrit  ainfi.  Il  eft  vrai  qu'il  fait  la  même  faute; 
mais  Corneille  n'auroit  pas  dû  la  copier.  Elle  a  double 
fofle  Se  double  ceinture  de  murailles ,  le  tout  fans 
flancs ,  &  fi  commandée ,  que  des  montagnes  voifines , 
au  pied  desquelles  elle  eft  fituée,  Se  dont  elle  eft  entou- 
rée ,  on  voit  au  milieu  de  la  place. 

A  demi-mille  de  la  place ,  à  main  gauche  du  grand 
chemin  qui  mené  à  Tubingue  ,  eft  un  château  fur  le  fom- 
rnet   d'une  roche  très-ha\ite  Se  fort  escarpée ,  grand  , 


OUR 


OU 


C 

5 


logeable  &  bien  flanqué.  Un  forte  affez  grand  règne  d'un 
coté.  La  principale  porte  eft  défendue  d un  petit  ouvrage 
en  forme  de  ravelin.  Cet  ouvrage  voit  une  petite  plaine 
qui  fert  de  place  d'armes  au  château. 

Cette  ville  ôc  ce  château  ne  diffèrent  point  d'AuRAc; 
Quelques-uns  écrivent  Urac. 

OURAMANI,  rivière  de  l'Amérique  feptentriona- 
le,  dans  la  Nouvelle  France,  au  pays  des  Illinois.  Les 
François  l'appellent  la  rivière  aux  pommes.  Elle  fe  jette 
dans  la  grande  rivière  des  Illinois  ,  quelques  lieues  au- 
deilbus  du  lac  Pimitoui.  Il  y  a  auprès  de  cette  rivière 
une  mine  de  cuivre. 

OURANC  ou  Ouronkyar  ,  ville  d'Afie  au  Ma- 
waralnahar  dans  le  pays  de  Gété.  *  Hift.  de  Timur-Bec  , 
1.  3.  c.  $. 

OURATURE,  ifle  annexée  à  l'irte  de  Ceilan ,  à  la 
pointe  de  Jafnapatan.  Les  Hollandois  l'appellent  I'isle 
de  Leyden,  Elle  a  environ  fix  lieues  de  longueur.  Sa 
largeur  n'elt  pas  égale.  Il  y  a  trois  bourgs  ou  villages  ôc 
un  fort  qui  contiennent  en  tout  environ  deux  mille  fix 
cens  habitans.  *  Ribero ,  Hiftoite  de  Ceilan,  IL'.  1. 
c.  25. 

OURCHA  ,  ville  d'Afie,  dans  l'Indouftan  fur  le  fleuve 
Jamad,  au-deffus  de  Multan.  L'auteur  des  notes  furl'hi- 
ftoire  de  Timur-Bec,  /.  4.  t.  10.  dit  qu'elle  eft  grande, 
ôc  lui  donne  117  degrés  de  longitude  ôc  30  de  lati- 
tude. 

OURDACHE,  abbave  d'hommes,  ordre  de  Prémon- 
tré ,  dans  le  Guipuscoa ,  fur  les  frontières  du  La- 
bourd ,  cependant  du  diocèfe  de  Bayonne.  Cette  abbaye 
eft  régulière  ,  &  s'appelle  en  latin  Urdacum. 

OURDEBAN  ,  montagne  d'Afie  ,  au  Mawaralnahar, 
dans  le  pays  de  Gété.  *  Ribero ,  Hift.  de  Ceilan ,  1. 
6.  c.  3. 

OUREM  ,  bourg  de  Portugal  ,  dans  l'Eftremadure. 
Voyez.  Orem. 

OURFA.  Voyez,  Orîa. 

OURICHERO,  ville  de  Perfe ,  finie  e  fur  les  fron- 
tières de  la  Sufiane  ôc  de  la  Médie,  au  30  deg.  de  latir. 
Eile  eft  bâtie  en  amphithéâtre  ,  fur  le  déclin  d'une  col- 
line en  manière  de  fer  à  cheval.  La  rivière  de  Gama- 
fai  coule  au  pied  de  fes  murailles.  Son  gouverneur ,  qui 
a  la  qualité  de  fui  tan  ,  entretient  mille  cavaliers  pour 
li  garde  de  toute  la  contrée.  Aucun  Chrétien  n'y  ha- 
bite, mais  il  y  a  beaucoup  de  Juifs.  *  Corneille ,  Diction- 
naire. 

OURIQUE  ,  ville  du  royaume  de  Portugal ,  dans  l'A- 
lentejo,  près  de  la  rivière  de  Zadaon  ,  aux  frontières  de 
l'Algarve  ôc  dans  les  montagnes  de  Caldéraon  presque 
au  milieu  ,  entre  Béja  au  nord  ôc  Silves  au  midi ,  à  onze 
lieues  de  cette  dernière.  Elle  eft  remarquable  par  la  gran- 
de victoire  qu'Alphonfel,  roi  de  Portugal,  y  remporta 
en  1 1 39,  fur  cinq  rois  Maures  ;  Ôc  ce  fut  fur  le  champ 
de  bataille  qu'il  prit  le  titre  de  roi.  Les  têtes  des  cinq 
rois  Maures  font  aujourd'hui  l'ecuffon  des  armes  de  Por- 
tugal. *  Baudrand,  édit.  1705. 

OUR1TCHOU  ,  bourg  d'Afie ,  au  Mogoliftan.  * 
Hift.  de  Timur-Bec  ,1.  3.  c.  6. 

OURNAC  »  Orkag,  ou  Ornac  Lornac  ,  mon- 
tagne d'Afie.  Les  Mogols  en  font  la  réfidence  d'Oguz , 
dont  ils  prétendent  tirer  leur  origine  ,  &  qui ,  félon 
quelques  conjectures,  étoit  fils  de  Japhet,  6c  petit -fils 
de  Noë.  Les  géographes  Orientaux  donnent  à  cette 
montagne  1 10  deg.  de  longitude,  ôc  jj  minutes  de  lati- 
tude. 

OUROUDGER  ,  ville  de  Perfe  ,  dans  le  Khoueftan, 
à  dix-huit  lieues  de  Hamadam.  Elle  eft  à  8j  degrés  de 
longitude,  &  à  34  deg.  25  min.  de  latitude.  Elle  eft 
voifine  de  Néavend.  Malgré  la  différence  de  latitude  ,  je 
foupçonne  que  c'eft  I'Ourichf.ro  de  Corneille. 

OÛROUMI  ,  ville  de  Perfe,  dans  l'Aderbaïdjan  ,  au 
fud-oueft  Ôc  près  d'un  lac  de  même  nom  ,  que  de  1  Ifle 
a  confondu  avec  celui  de  Van  :  il  réfide  dans  cette  ville 
un  vice  roi  qui  eft  toujours  la  féconde  perfonne  de  l'é- 
tat de  Perfe.  Le  lac  a  vingt  lieues  d'étendue  du  fud-eft 
au  nord  oueft  ,  &  dix  de  large. 

OUROUX  ou  Oroux,  bourg  de  France,  dans  le 
Nivernois,  généralité  de  Moulins,  élection  de  Château- 


Chinon,  entre  des  montagnes  :  le  pays  eft  froid  Ôc  ftéri- 
le,  ôc  les  terres  ne  rapportent  que  dufeigle,  du  bied 
noir  6c  de  l'avoine.  La  nourriture  des  beftiaux  fuit  tour 
le  revenu  des  habitans. 

OURQUE,  petite  rivière  de  France.  Eile  prend  fa 
fourcedansleTardenois,  au  levant  de  la  1ère,  qu'elle 
arrofe,  de-la  eile  coule  vers  le  couchant,  parte  a  l'ab- 
baye de  Val  Chrétien,  à  la  Ferté  Milon  ,  où  elle  tour- 
ne l'on  cours  vers  le  midi ,  parte  à  Tresmes  ôc  fe  rend 
dans  la  Marne,  entre  Meaux  au  couchant ,  6c  la  Ferte- 
fous-Jouare  au  levant. 

OURSE  (  L'  ),  ou  I'Ource  ,  rivière  de  France  ,  dans 
la  Bourgogne,  entre  celles  de  Seine  ôc  d'Aube.  Elle  com- 
mence a  Bon  Œuvre ,  paflè  à  l'abbaye  de  Mores  ,  au- 
delïous  de  laquelle  elle  fe  jette  dans  la  Seine  ,  près  de 
Bar-fur  Seine. 

OURTE  (  L')  ,Urta,( quelques-uns  écrivent  IÔurt,) 
rivière  des  Pays-Bas.  Elle  a  fa  fource  au  pays  de  Liège, 
au-deffus  du  village  dont  elle  porte  le  nom  ,  parte  à  Sain- 
te Marie ,  d.  à  Neuville  ,  d.  a  Nebermont ,  d.  à  Remai- 
gue ,  d.  à  Bonrieu,  g.  à  Ambarlu ,  g,  a  Vicheri,  d.  à 
Romont ,  d.  à  Ourteville,  d.  à  Wieupont  ,  g.  à  Wau- 
pont ,  d.  à  Hartevaux  ,  g.  à  Engran  ,  d.  à  Marbuis  ,  d.  à 
Roche  en  Famine ,  d.  à  Marcour  ,  d.  à  Harîton ,  d.  à 
Hotton  ,  d.  à  Durbui ,  g.  a  Bohan  ,  d.  à  Houde  ,  d.  a 
Bohémal ,  d.  à  Hauwvil ,  d.  à  Comble  ,  g.  à  Montforc , 
d.  a  Bonchesne  ,  g.  au  château  de  I'oiiseur  ,  g.  a  Effe- 
neux,  d.  à  Honni,  g.  a  Thiff  ,  d.  à  Calloniftcr  ,  g.  à 
1  abbaye  de  Bf.aufois  ,  d.  à  Chenai  ,  g.  &  fe  perd  dans 
la  Meufe  ait  pays  de  Liège.  *  Dictionnaire  géograpb. 
des  Pays-Bas. 

OURTOUPA  ,  plaine  d'Afie  ,  dans  le  Capschac  ,  fur 
le  Wolga.  La  poftérité  de  Touschi ,  fils  de  Genghizcan, 
a  régné  dans  le  Capschac  ,  ôc  ces  rois  ont  fait  leur  réfi- 
dence ordinaire  dans  cette  plaine.  *  Hift.  de  Timur-Bec , 
1.  3-c  14- 

OUR  VILLE  ,  bourg  de  France  ,  en  Normandie ,  au 
pays  de  Caux,  à  deux  lieues  de  Foviile,&:  a  un  peu  moins 
de  Valmont  ôc  de  la  rivière  de  Paluelle ,  au  milieu 
d'une  belle  campagne  fertile  en  bleds.  Ce  bourg  a  haute 
juftice.  *  Corneille  ,  Dictionn.  Mémoires  drejfés  fur  les 
lieux'. 

OUSCHE  (  L'  )  Oscarus.  Voyez.  Ôuche  2.  Eile  parte 
à  Dijon ,  ôc  va  enfuite  fe  décharger  dans  la  Saône  ,  entre 
Aurtone  Ôc  Seurre ,  un  peu  au-deffus  de  Saint  Jean  de 
Laune. 

1.  OUSE  (  L') ,  rivière  d'Angleterre  :  eile  a  fa  fource 
dans  l'Oxforclshire ,  aux  confins  &  au  midi  du  Northam- 
pconshire  ,  d'où,  après  avoir  couru  vers  l'orient,  elle  en- 
tre dans  la  province  de  Buckingham  ,  \  affe  au  midi  ôc  à 
l'orient  de  la  capitale  par  un  coude  qu'elle  fait  vers  le 
nord,  traverfe  les  provinces  deBcdfortCv  d'Huntington, 
en  arrofe  les  capitales  ,  entre  dans  la  province  de  Cam- 
bridge ,  où  elle  fe  partage  en  plufieurs  branches,  &  forme 
fix  ou  fept  ifles,  dans  la  plus  grande  desquelles  eft  la  ville 
d'Eli.  Ses  branches  fe  réunifient  en  deux  canaux ,  dont 
l'un  fe  jette  dans  la  mer  auprès  de  Lyn  ,  Ôc  l'autre  en- 
viron dix  milles  plus  au  couchant.  Ses  deux  embouchu- 
res font  dans  la  partie  du  golfe  de  Bofton. 

Baudrand  ,  Maty  Ôc  Corneille  ne  parlent  point  de 
cette  rivière  ,  mais  de  la  fuivante. 

2.  OUSE  (  L'  )  ,  rivière  d'Angleterre  ,  dan;  1  Yorkshi- 
re  :  les  cartes  de  l'Atlas  de  Blacu  ne  la  dillinguent  peint 
del'Youre  nommée  ,  Unis  en  latin.  Cambderi ,  Britanm 
dit  dans  le  mêmefens,  TJrus  quem  Saxones  jam  Ouse 
dixerunt.  Or ,  YUrui  eft  ia  même  rivière  que  FUre.  Ce 
mot  s'écrit  Youre,  pour  exprimer  le  génie  delà  pro- 
nonciation angloife  ,  qui  change  VU  en  Yoit  au  com- 
mencement d'un  mot.  De  même  les  Anglois  difenr  You- 
trecht  pour  Utrtcht ,  les  Yousbecks  pour  les  Usbecks , 
ôc  ainfi  de  quantité  d'autres,  comme  union  ,  univerfîté , 
tifurper ,  ôcc.  Si  donc  on  en  juge  par  le  témoignage  de 
Cambden  ,  ôc  par  la  raifon  qui  vient  d'être  expliquée, 
L'Youre  ôc  l'Oufe  font  deux  noms  de  la  même  rivière  ; 
peut-être  aulîi  qu'elle  porte  un  nom  dans  un  lieu  ,  &  l'au- 
tre nom  dans  un  autre ,  comme  l'Ifter  Se  le  Danube  , 
le  Rhin  ôc  le  Vahal,  &c.  Baudrand  favorife  ce  fenti- 
ment ,  quand  il  dit  que  l'Youre  prend  le  nom  d'Otife 
au-deffus  d'Yorck  où  elle  parte.  L'Youre  parte  effective- 

Tom.  IV.  Z  z  z  z  ij 


ous 


73* 

ment  a  Yorck  t  Se  cependant  l'état  de  la  Grande  Bre- 
tagne ,  dans  la  defcription  d' Yorck,  fait  mention  de 
l'Oufe ,  Se  ne  parle  point  de  FYoure.  C'eft  donc  la  mê- 
me rivière  fous  deux  noms  différens.  C'eft  de  quoi  le 
même  auteur  auroit  dû  avertir ,  quand,  en  parlant  des 
rivières  d'Yorkshire  ,  il  nomme  entre  autres  la  Nyd  , 
l'Oufe  ,  le  Swal ,  la  Youre,  le  Wars  ,  &c. 

OUSIUN  (  Les  ).  On  ne  tire  des  hiftoriens  Chinois 
que  des  connoiffances  fort  imparfaites  fur  ces  peuples  qui 
habitoient  le  long  du  fleuve  lli,  Se  dans  les  pays  circon- 
voifins.  Leur  capitale,  ou  principal  campement,  étoit 
fitué  fur  le  bord  de  ce  fleuve ,  Se  à  peu  près  où  eft  au- 
jourd'hui   Xarcas.    Ils  tiroient   leur  origine  des  fron- 
tières   occidentales  de  la   Chine.   Ils  ont    les  mêmes 
mœurs  que  tous  les  peuples  Tartares  :   ils  font  fort 
braves ,    mais  fourbes ,   avares  Se  voleurs.  Ils  avoient 
pour  voifins,  du  côté  de  l'orient  les  Huns,  au  midi  la 
petite  Bucharie  ,  à  l'occident  le  Capschac  Se  le  Maoua- 
rennahar.  Le  roi  de  ce  pays  pouvoir  mettre  fur  pied  cent 
quatre-vingt-huit  mille  huit  cens  hommes.  II  prenoit  le 
titre  de  Ta-kuen-mi ,  'ou  grand  Kuen-mi,  Cet  empire 
paroît  avoir  commencé  vers  l'an  174  avant  Jefus-Chrift; 
mais  on  ignore  le  nom  de  ceux  qui  régnèrent  jusque 
vers  l'an  ioj  avant  .Jefus-Chrift.  On  fut  près  d'un  (îécle 
fans  entendre  parler  des  Oufiun  :  mais  vers  l'an  2  de 
Jefus-Chrift  ils  furent  fouvent  aux  prifes  avec  les  Geou- 
gen  ,  qui  faifoient  des  courfes  continuelles  fur  leurs  ter- 
res ,  Se  les  obligèrent  enfin  à  quitter  leur  pays.  Enfin  les 
Oufiun  pafferent  du  côté  de  l'occident ,  vers  les  mon- 
tagnes qui  féparentlapetite  Bucharie  du  Maouarennahar. 
*  H 'fi.  génér.  des  Huns  par  M.  de  Guignes  ,1.  1 .  p.  3  00. 
OUSSIERE  ,   bois  de  France  ,  en  Poitou  .  Il  a  cinq 
cens  foixante-deux  arpens  d'étendue ,   Se  dépend  de  la 
maïtrife  des  eaux  Se  forêts  de  Poitiers. 

OUST  (  L'  ) ,  Ulda  ,  rivière  de  France  ,  dans  la  Bre- 
tagne :  elle  a  fa  fource  au  village  de  Saint  Gilles,  évê- 
ché  de  Kimper,d'où,  coulant  vers  l'orient,  elle  arrive 
aux  confins  de  Févêché  de  Saint  Brieu,  auquel  elle 
fert  de  borne  occidentale  -,  Se  dans  fon  cours ,  qui  eft 
vers  l'orient  méridional  ,  elle  arrofe  Uzel  Se  Loudeac  ; 
enfuite  Rohan,  qui  eft  de  Févêché  de  Vannes,  qu'elle 
fépare  de  celui  de  Saint  Malo.  Elle  baigne  Joffelin  dans 
ce  dernier ,  Se  entrant  enfuite  entièrement  dans  Févê- 
ché de  Vannes  au-deffus  de  Maleftroît  où  elle  paffe  , 
elle  y  reçoit  la  Claye  ,  FArs  Se  autres  ruiffeaux ,  dont 
elle  porte  les  eaux  dans  la  Villaine  ,  au-deffous  de  Rhe- 
don  ,  Se  au-deffus  de  Rieux.  *  Jaïllot ,  Atlas. 

1.  OUSTIOUG  ,  Ufliuga  ,  ville  de  l'empire  Ruffien, 
dans  une  province  à  laquelle  elle  donne  fon  nom.  Elle 
eft  fituée  fur  la  rive  occidentale  de  la  Suchana ,  qui  , 
fort  près  delà ,  eft  groffie  par  la  rivière  d'Youg  ,  Se  l'u- 
ne Se  l'autre  rivière  perdant  leur  nom ,  leur  lit  com- 
mun s'appelle  la  Dwina  ,  qui  commence  à  leur  jon- 
ction Se  finit  dans  la  mer  Blanche  ,  au  -  delà  d'Ar- 
changel. 

La  ville  d'Ouftioug  eft  le  fiége  d'un  archevêque  Grec 
du  rit  ruffien.  Elle  eft  fur  la  route  d'Archangel  à  Vo- 
logda  ,  à  cinq  cens  werftes  de  la  première.  Elle  a  dix  à 
douze  églifes  de  pierres  routes  blanches  à  la  réferve  des 
dômes ,  dont  il  y  en  a  deux  couverts  de  fer  blanc  ,  auffi- 
bien  que  les  petits  clochers.  Les  autres  églifes  &  les 
maifons  font  de  bois.  Le  palais  où  l'archevêque  fair  fa 
réfidence  eft  un  grand  bâtiment,  &la  plus  grande  par- 
tie de  la  ville  eft  fur  la  gauche  de  la  rivière  :  le  refte , 
qui  eft  de  l'autre  côté  ,  eft  moins  confidérable.  Celle 
qui  eft  à  gauche  s'étend  en  demi-lune  le  long  de  la  ri- 
vière ,  Se  a  bien  une  lieue  de  long ,  Se  un  quart  de  lieue 
de  large  en  quelques  endroits.  L'auteut  qui  me  fournit 
ce  détail  lui  donne  61  deg.  iy  min.  de  latitude  fepten- 
trionale.  Il  écrit  ce  nom  à  la  hollandoife  Oeftjoega  ,  ce 
qui  revient  à  la  même  prononciation.  *  Corn,  le  Brun , 
Voyage  de  Moscov.  c.  89. 

2.  OUSTIOUG  (  La  province  d' )  ,  province  de 
l'empire  Ruffien.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  pro- 
vince de  Dwina  ,  à  l'orient  par  la  grande  forêt  de  Ziia- 
ni,  au  midi  par  la  province  de  Wologda  ,  Se  au  couchant 
par  le  Cargapol  Se  par  la  province  de  Waga.  Elle  eft 
arrofée  de  trois  rivières  confidérables  :  favoir ,  la  Su- 
chana ,  qui  vient  de  Wologda  ,  Se  partage  cette  pro- 


OUT 


vince  en  deux  parties  presque  égales;  Floug  ,  qui,  com- 
me nous  avons  dit ,  forme  avec  elle  la  Dwina  ,  dont 
le  nom  fignifie  jonction  ;  &  la  Witsogda  ,  qui  appor- 
te avec  elle  les  eaux  de  beaucoup  d'autres  rivières.  Les 
autres  moindres  rivières  qui  tombent  dans  la  Suchana 
du  côté  de  l'orient ,  font  la  Peetsenga  Reca  ,  qui  fé- 
pare cette  province  de  celle  de  Wologda ,  la  Brous- 
naia  Se  la  Striunska.  Celles  qui  y  entrent  au  cou- 
chant font  la  Pelsma  ,  FOustiouga  ,  la  Sousenga  ,  la 
Verchna  Iorga  ,  Se  un  ruiffeau  à  l'embouchure  du- 
quel eft  fitué  le  monaftere  de  Teelego.  Les  principaux 
lieux  de  la  province  font 


Ouftioug ,  capitale. 

Widfogdskaia  Sol 

Totma , 

Staraia  Totma  ,  ou  l'ancienne  Totma , 

Wodafemeets  Gctfodçck  , 

Broufenskoy  Gorocleck. 


La  rivière  de  Vaga  ,  qui  groffit  auffi  la  Dwina  ,  ar- 
rofe encore  une  liliere  de  cette  province  au  couchant.  * 
Robert  de  Vaugondi  ,   Atlas. 

La  rivière  d'OusTiouc  a  fa  fource  dans  la  province 
de  même  nom  à  l'orient ,  Se  à  quatre  ou  cinq  lieues 
du  cours  de  la  Waga.  Elle  a  le  fien  d'occident  en  orient, 
Se  va  tomber  dans  la  Suchana  ,  auprès  de  Slobotka ,  à 
cent  trente  werftes  de  fa  fource  ,  en  n'ayant  point  d'é- 
gard dans  ce  calcul  aux  détours  qu'elle  fait  en  ferpen- 
tant. 

OUTABITIBIS  (  Les  ) ,  peuple  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  au  Canada.  Il  habite  le  long  d'une  rivière 
qui  porte  le  même  nom  ,  Se  qui  a  fa  fource  au  nord  du 
fort  des  Abitibis  vers  le  49  deg.  de  longitude.  Elle  le  jette 
vers  le  5  Ie  deg.  dans  la  rivière  de  Monfony  ou  de  Saint 
Louis  ,  qui  tombe  dans  la  baie  de  Hudlon  vis-à-vis  de 
Fifle  de  Charlefton. 

OUTAGAMIS  ,  nation  fauvage  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  la  nouvelle  France.  Le  pays  propre  de 
ces  peuples ,  qui  font  plus  connus  fous  le  nom  des  Re- 
nards ,  eft  le  long  d'une  petite  rivière  appellée  la  ri- 
vière des  Renards  ,  laquelle  fe  jette  dans  le  fond  de  la 
baie  des  Puants  :  elle  a  fa  fource  affez  près  delà  rivière 
Ouiscoufing ,  Ôc  c'eft  par  là  Se  par  le  moyen  d'un  por- 
tage ,  que  le  père  Marquette  Se  Joliet  entrèrent  dans  cette 
dernière  rivière,  qui  les  conduifit  dans  le  Miffiiîipi.  Celle 
des  Renards  arrofe  un  très-beau  pays,  mais  elle  eft  peu 
navigable  à  caufe  des  rapides  dont  elle  eft  embarraffée. 
Les  Renards  dans  ces  derniers  tems ,  ayant  couru  fur 
presque  toutes  les  nations  de  ce  continent  Se  fur  les 
François,  ont  été  fi  fouvent  battus  ,  qu'ils  font  aujour- 
d'hui réduits  à  très-peu  de  chofe.  *  Le  F.  de  Charleveix , 
Hift.  de  la  nouv.  France  .  t.  2. 

OUTAKOUAMI  (  Le  lac  de  ) ,  grand  lac  de  la  terre 
de  Labrador,  aux  confins  du  Canada  Se  des  Kiliftinons, 
à  l'orient  feptenrrional  du  lac  de  Miftafin.  On  le  nom- 
me auffi  lac  de  Timagaming.  Les  peuples  qui  l'envi- 
ronnent ,  s'appellent  Outakouamiois,  du  moins  les 
François  les  nomment  ainfi. 

J 

OUTAOUAIS  ou  Outaouacs  ,  nation  fiiuvagede 
la  Nouvelle  France  ,  dans  l'Amérique  feptentrionale. 
C'eft  une  tribu  Algonquine ,  Se  on  appelle  quelquefois 
ces  peuples  Algonquins  Supérieurs,  parce  qu'ils  font 
au-deffus  de  Québec ,  comme  les  Montagnais  éroient 
nommés  Algonquins  inférieurs  ,  parce  qu'ils  font  au- 
deffous  de  cette  capitale,  par  rapportait  cours  du  fleuve 
Saint  Laurent.  Le  vrai  pays  des  Otttaouais  eft  cepen- 
dant fur  les  bords  de  la  grande  rivière  ,  ou  rivière  des 
Outaouais.  Dans  les  derniers  fiécles.ces  fauvages  s'étant 
malheureufement  trouvés  alliés  des  Hurons ,  les  Iro- 
quois ,  qui  faifoienr  la  guerre  a  ceux-ci  à  toute  outran- 
ce ,  tombèrent  auffi  fur  ceux-là,  qui  étoient  alors  très- 
nombreux,  &  qui  furent  obligés  de  s'éloigner.  Ils  allè- 
rent par  bandes  avec  des  Hurons  en  différens  pays ,  Si 
jusque  chez  les  Sioux  ,  Se  après  ces  diverfes  courfes , 


OUT 


o.uv 


ils  fe  trouvèrent  fort  diminués.  Le  pins  grand  nombre 
serablit  enfuite  à  Michillimakinac  ,  puis  ils  fe  diviferent 
encore;  une  partie  paffa  au  détroit  où  ils  font  encore, 
une  autre  dans  les  i/les  aux  Cailors  à  l'entrée  du  lac  Mi- 
chigan,  «Se  il  y  en  a  auffi  un  village  dans  le  fond  de  la 
baie  de  Saginan ,  à  la  côte  occidentale  du  lac  des  Hu- 
ron  s. 

De  l'Ifle,  dans  fa  cart«  de  la  Nouvelle  France,  donne 
le  nom  de  lacs  des  Outaouacs  à  de  petites  lagunes, 
qui  font  au  midi  de  la  partie  occidentale  du  lac  fupé- 
ricur  ,  dans  le  pays  des  Sioux ,  Se  à  l'orient  du  Sault  S. 
Antoine;  c'ell  en  effet  vers  cet  endroit  que  les  Outaouais 
fe  réfugièrent  d'abord  en  fuyant  devant  les  Iroquois , 
mais  on  ne  croit  point  qu'il  y  en  foit  demeuré  aucun. 
La  rivière  des  Outaouais ,  autrement  appellée  la 
Grande  Rivière  dans  la  Nouvelle  France,  fort  du  lac 
de  Temiskaming,  petit  lac  au  nord  du  lac  Nipiffing, 
coule  au  fud-eit,  Se  fe  décharge  dans  le  lac  des  deux 
Montagnes,  vis-à-vis  de  l'extrémité  occidentale  de  l'ifie 
de  Montréal  ,  d'où  elle  va  fe  confondre  avec  le  fleuve 
Saint  Laurent, 

OUTCHAH,  ville  d'Ane,  dans  l'Indoullan  ,  à  l'o- 
rient de  l'Indus,  au  nord  de  Mulran.  *  Hift.  d&Timur- 
Bec ,  1.  4.  c.  1. 

OUTCH  -  KILISSA ,  ville  d'Afle.  C'ell  la  même 
qu'EczMiAziN.  Voyez,  ce  mot.  Ce  nom  Outch-KiUJfa 
eit  le  même,  à  la  prononciation  près,  que  celui  de 
Vich  Klissie,  qui-,  au  rapport  de  Chardin  ,  eit  celui 
que  les  Turcs  lui  donnent ,  Se  qu'il  explique  par  Trois 
Etiliies 

OUTCFIOEIRA  ,  ville  de  la  terre  d'Yeux»  ou  de 
•  Kamtfchatka ,  félonies  Hollandois  du  Cartricojm.   * 
Le  P.  de  Charlevoix  ,   Mém.  Manufcrits. 

OUTEBACHICAN,  petite  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  Se  l'une  de  celles  qui  tombent  dans  la 
rivière  de  Sainte  Croix  ,  aux  pays  des  Sioux. 

OUTEIRO  ,  château  de  Portugal,  dans  la  provin- 
ce de  Tra-los-Montes,  fur  la  route  de  Miranda  a  Bra- 
gance  ,  à  moitié  chemin  de  l'une  à  l'autre  ,  fur  le  fom- 
met  d'une  montagne,  au  pied  de  laquelle  coule  la  petite 
rivière  de  Sor  ou  Sabor.  11  eil  fort  ancien  ,  &  on  croit 
qu'il  a  été  construit  par  les  Maures.  On  y  entretient  or- 
dinairement une  garnifon  de  vingt- cinq  hommes.  *  Dé- 
lices de  l'Espagne  &  du  Portugal,  pag.  715. 

OUTEMEDA  ,  fameux  pagode  de  l'A  fie  ,  dans  la 
ptesqu'ifle  en-deçà  du  Gange,  au  royaume  de  Catnate, 
fur  la  route  de  Gandicor  à  Madtas  ,  entre  Goulupalé 
&  Goudicour.  *  Tavernier ,  Voyage  des  Indes,  t.  2. 1. 
1.  c.  18. 

OUTREMER.  Nous  appelions  pays  d'OuTREMER, 
les  pays  où  l'on  ne  va  que  par  navigation  C'ell  ainfî 
qu'on  a  appelle  Louis  d'Outremer  un  roi  de  France, 
parce  que  durant  la  vie  de  fon  père,  il  avoic  vécu  quel- 
que tems  en  Angleterre. 

OUTREMEUSE.  Ce  mot  convient  à  tous  les  pays 
qui  font  fitués  fur  la  Meufe  ;  parce  qu'il  n'y  en  a  point 
qui  ne  foit  Outre-Meufe  par  rapport  au  bord  oppofé 
qui  eft  à  fon  égard  de  l'autre  côté  de  la  Meufe.  Ce- 
pendant il  fe  dit  plus  particulièrement  de  certains 
lieux. 

1.  OUTREMEUSE,  à  Liège,  veut  dire  la  partie  de 
la  ville  qui  eit  iituée  à  la  droite  de  cette  rivière  ,  parce 
que  la  principale  où  eft  la  cathédrale  •  le  palais  de  l'é- 
vêque  ,  prince  de  Liège ,  en  un  mot  ,  ce  qu'il  y  a  à  Liè- 
ge de  plus  important  ,  eil  à  la  droite  de  cette  ri- 
vière. 

2.  OUTREMEUSE  (  Le  pays  d'  ) ,  canton  des  Pays- 
Bas,  dans  la  république  des  Provinces  Unies  qui  le  pos- 
fede,  comme  une  annexe  du  Brabant  Hollandois.  Il 
faifoit  partie  du  duché  de  Limbourg  ,  l'une  des  dix-fept 
provinces.  Ce  duché  fut  uni  à  celui  de  Brabant ,  après 
la  mort  de  Henri ,  dernier  duc  de  Limbourg ,  lorsqu'A- 
dolphe  ,  dernier  comte  de  Bergen  Se  de  Meurs ,  qui  en 
avoit  hérité,  le  transporta  en  1180  à  Jean  I ,  duc  de 
Brabant.  Ce  qui  caufa  une  cruelle  guerre  entre  ce  duc 
&  René  I,  comte  de  Gueldre  ,  qui  prétendoit  à  ce  du- 
ché en  vertu  de  fon  mariage  avec  Hermcngarde ,  fœur 
de  Henri.  Cette  guerre  ne  fut  terminée  que  par  la  vi- 
ctoire que  le  duc  de  Brabant  remporta  à  Woeringen 


733 

fur  fon  compétiteur.  On  appelloit  cette  même  picvin- 
ce  le  pays  cl  Outre-Meufe,  à  caufede  fa  fituation  ,  au- 
delà  de  cette  rivière  à  l'égard  du  Brabant  ;  Se  elle  n'a 
eu  ce  nom  que  lorsque  les  ducs  de  Brabant  l'ont  pos- 
fédée.  *  Janiçon  ,  Etat  préteur  des  Provinces  Unies ,  r„ 
2.  p.  275. 

Elle   comprend  ,  outre   la  ville  de  Limbourg ,  huit 
différens  territoires,  qui  font  les  cinq  bans  ou  tribu- 
naux de  Ballen  ,  Hervé  ,  Montzen  ,Walhorn  Se 
Spremont  ;  les  trois  autres  font  Izfeigneurie  de  Val- 
kenberg  ou  Fauquemont  ,  le  comté  de  Daelem  &  le 
pays  de  s'Hertogenrade  ou  Rolduc.  Ces  trois  der- 
niers territoires  forment  un  quartier  féparé  qui  fut  cédé 
aux  Etats  Généraux  par  la  paix  de  Munlter  ;  mais  après 
la  conclufion  de  cette  paix  ,  il  y  eut  de  grands  différens 
Fur  ces  trois  territoires  entre  Philippe  IV  ,  roi  d'Espagne, 
Se  les  Etats  Généraux,  &  ces  •différens  furent  enfin  ter- 
minés par  le  traité  de  la  Haye  le  16  Décembre   1661. 
C'ell  ce  quartier  féparé    que  l'on  appelle  proprement 
le  pays  d'Outre-Meufe  par  rapport  au  Brabant ,  auquel 
il  a  été  annexé.  Il  comprend  les  trois  territoires,   qui 
font  le  pays  de  Fauquemont  ,  de  Daelem  Se  de  Rol- 
duc. 
OUTTAOUATS.  Voyez.  Outaouais. 
OUVAH  ,  OUVA  ,  OVE  ou  UVA,  canton  d'Afie, 
dans  l'intérieur  de  l'ifie  de  Ceilan.  Il  eil  borné  au  mi- 
di &  à  l'orient  par  une  longue  chaîne  de  montagnes  , 
nommée  Maimdaicinde,  &  que  nos  géographes  Fran- 
çois appellent  les  montagnes  d'Ove  ou  d'Ouvah.   C'ell 
une  des  provinces  du  royaume  de  Candie.  Cependant. 
Ribcro ,  Hifi.  du  Ceilan  yl.  1.  c.  2.  dit  :  Le  royaume 
d  U^a  commence  au  Pic  d'Adam  ,  Se  s'étend    jusqu'à 
Bateculou  Se  au  royaume  de  Candie.  Il  l'appelle  royau- 
me ,  parce    qu'il  avoit    alors  un  feigneur   particulier , 
mais* il  ne  prenoit  que  la  qualité  de  prince  dUva,  Se 
non  le  titre  de  roi.  Le  pays  d'Ouvah,  dit  Robert  Knock  » 
Relit,  de  Ceilan  ,  prem.  part.  c.  2.  eft  bien  arrofé,  quoi- 
qu'il foit  raboteux  ;  il  n'a  point  de  montagnes  fort  éle- 
véçs  (  il  faut  fans  doute  excepter  de  celles-là  la  chaîne 
dont  on  a  parle  )  -,  le  bois  y  eft  rare  ,  Se  on  n'en  trouve 
qu'autour  des  maifons;  mais  il  y  a  grande  quantité  de 
beiliaux  ,  parce  que  le  tertoir  eil  bon  pour  les  pâtura- 
ges. Il  faut  que  ces  pâturages  ayent  quelque  chofe  de 
particulier  -,  car  le  bétail  qu'ils  nourriffent  étant  trans- 
porté ailleurs,  ne  peut  vivre    long-tems.  On    n'en  fait 
point  la  raifon.  .  .  .  C'ell  dans  la  même  province  que 
l'on  trouve  le  meilleur  tabac  de  l'ifie  ,  Se  le  riz  y  eft  en 
plus  grande  quantité  qu'aucune  autre  chofe. 

Le  pays  d'Ouvah  eft  très-différemment  borné  dans  la 
carte  qui  accompagne  le  livre  de  Knock  ,  Se  dans  celle 
de  Reland,  qui,  pour  le  dire  en  paflànt ,  a  été  copiée 
par  de  l'Ifle. 

1.  OWAR  ,  ville  de  la  BaiTe-Hongrie ,  fur  un  bras 
du  Danube,  qui  y  reçoit  la  rivière  de  Lcith  ,  vis-à-vis 
de  l'ifie  de  Schut.  Elle  eft  à  quatre  milles  d'Allemagne 
des  frontières  de  la  Baffe- Autriche ,  à  cinq  au-delious 
de  Prefbourg  au  midi ,  à  cinq  milles  de  Javarin  ,  Se 
à  onze  de  Vienne.  Lazius  Se  Ciuvier  croient  que  c'ell 
le  Flexum  des  anciens.  Les  Allemands  la  nomment 
Altenbourg ,  comme  j'en  ai  averti  à  l'article  Alten- 
bourg  4.  *  Baudrand ,  édit.   170J. 

2.  OWAR  ,  ville  de  la  Haute-Hongrie ,  c'ell  la  même 
que  Neuhaufel.  Voyez,  ce  mot. 

OUVE  (  L'  ) ,  rivière  de  France  ,  dans  la  Baffe- Nor- 
mandie. C'ell  une  des  principales  qui  arrofent  le  diocè- 
fe  de  Coutances  dans  fa  partie  fep;entrionale.  Elle  a 
fa  fource  dans  la  forêt  de  Brix ,  pafle  par  S.  Aquer,Hardin- 
vât ,  S.  Martin  le  Greard  Se  Sottevât ,  Se  reçoit  à  gauche 
les  ruiffeaux  de  Rade  ,  de  Claire  &  de  Gloire.  La 
chapelle  de  Norre  Dîme  de  Gloire  eil  proche  de  ce  der- 
nier à  l'extrémité  de  la  forêt  de  Brix.  L'Ouve  ,  en  con- 
tinuant fon  cours  ,  reçoit  au-deflùs  du  pont  de  Romare 
la  Sie  Se  le  Pomeret,  paffe  entre  Nehou  Se  Sainte 
Colombe  ;  de-la,  ayant  reçu  la  Sandre  ,  elle  coule  à  Saine 
Sauveurle  Vicomte  /prend  leHoultbcc,-&  enfuite  LiSen- 
suiere  ,  coule  au  pont  l'Abbé  &  à  l'ifie  Marie ,  Se  ,  en- 
flée des  eaux  des  petites  rivières  de  Sève  ,  du  Plessis, 
de  Gorge  Se  de  Taute  ,  elle  fe  décharge  dans  le  grand 
Vay.  *  Corn,  Dicl.  Vaudôme ,  Mém.  manufer. 


OWE 


734 

(JWHN  ,  ville  d'Allemagne,  dans  le  duché  de  Wir- 
tenberg  ,  au  fud-oueft  du  château  de  Teck.  C'eft  une  des 
quatre  villes  qui  forment  le  bailliage  de  Kircheim.  * 
Zeyler  ,  Suev.  Topog. 

OWERFLAKEE.  Voyez.  Overflakée. 

OWERRE,  Ouwerre  ou  Oveiro  ,  rivière,  villa- 
ge &  royaume  particulier  d'Afrique ,  fur  la  côte  méri- 
dionale de  Guinée,  &  particulièrement  fur  celle  de  Bé- 
nin. Bosman,  dont  nous  avons  une  relation  de  la  Gui- 
née (a)  ,  nomme  ce  village  Awerri,  Se  le  place  fui- 
un  des  bras  de  la  rivière  de  Bénin.  Quand,  dit-il, on 
eft  avancé  environ  une  lieue  &  demie  dans  la  rivière 
(de  Bénin),  on  y  trouve  deux  bras  éloignés  l'un  de 
l'autre  d'une  demi-lieue ,  fur  l'un  desquels  les  Portugais 
ont  une  loge  &  une  églife  auprès  du  village  à'Aivuri , 
qui  a  auffi  fon  roi  particulier ,  que  celui  de  Bénin  re- 
garde comme  fon  voifïn  Se  fon  allié  ,  quoiqu'il  n'eltime 
guère  perfonne,  Sec.  Dapper  nous  en  donne  une  idée 
plus  détaillée.  On  voit  par  fa  defcription,  que  la  riviè- 
re qui  pafTe  a  Owerre  eft  la  même  que  les  Portugais 
appellent  Rio  Forcado  ,  ou  rivière  Fourchue.  Voici 
au  renie  ce  qu'il  dit  de  ce  pays.  La  ville  ou  bourgade 
d'Owerre  (b)  où  le  roi  tient  fa  cour,  eft  à  quarante  lieues 
de  la  mer  fur  les  bords  de  Rio  Forcado ,  qui  la  baigne 
d'un  côté  Se  de  l'autre.  Elle  eft  ombragée  de  forêts.  Les 
Maifons  y  font  à  peu  près  comme  à  Bénin  ;  celles  des 
nobles  font  affez  jolies ,  &  couvertes  de  feuilles  de  pal- 
mier :  mais  au  lieu  qu'à  Bénin  les  murailles  des  mai- 
fons font  de  terre  rouge  ,  elles  font  ici  de  terre  grife. 
Le  palais  du  roi  d'Owerre  eft  bâti  fur  le  modèle  de 
celui  de  Bénin  ;  mais  il  eft  beaucoup  plus  petit ,  &  la  ville 
n'a  pas  plus  de  1500  pas  de  circuit.  L'air  ell  plein^de  va- 
peurs chaudes  ,  épaiflès  Se  malignes ,  Se  par  conféquent 
fort  mal-fain.  Le  terroir  eft  maigre  Se  fec,  &  ne  porte 
que  des  noix  de  coco ,  des  oranges  douces  Se  des  aigres , 
du  poivre  ,  mais  peu  ,  à  caufe  de  la  négligence  des  ha- 
bitans,qui  ne  le  cultivent  pas  ;  du  bananas  en  abondance, 
Se  d'une  graine  nommée  Mandiboca  ,  qu'on  réduit  en 
farine ,  dont  on  fait  du  pain.  11  n'y  a  point  de  bétail , 
faute  de  pâturages.  Tous  les  animaux  privés  qu'on  y 
trouve  font  des  poulets.  La  pêche  y  eft  bonne,  Se  on  y 
prend  quelquefois  du  bœuf  marin  qui  eft  de  bon  goût. 
Les  habitans  du  pays  font  bien  faits  pour  des  Nègres,  & 
ont  même  plus  d'esprit  en  beaucoup  de  chofes  que  ceux 
de  Bénin. Us  peuvent ,  fans  demander  permifiion  au  roi  , 
comme  on  fait  à  Bénin  ,  porter  des  habits  de  coton  Se  de 
foie,  qu'ils  ceignent  au-deffus  du  nombril,  comme  on  fait 
des  langes  d'enfant. Tous  ces  Nègres,  tant  hommes  que 
femmes ,  font  marqués  de  trois  incifions ,  une  fur  le  front 
Se  les  deux  autres  fur  les  deux  temples.  Ils  portent  les 
cheveux  longs  ou  courts ,  comme  il  leur  plaît  ;  ils  ont 
autant  de  femmes  qu'ils  en  veulent.  Les  veuves  ap- 
partiennent au  roi ,  qui  les  donne  à  qui  il  lui  plaît.  Les 
Hollandois  amènent  à  Owerre ,  fur  la  rivière  de  For- 
cado, les  mêmes  marchandifes  qu'à  Bénin  ,  qu'ils  échan- 
gent contre  des  esclaves  ;  on  en  tire  de-là  tous  les  ans 
environ  400  ,  tous  gens  bien  faits.  Il  y  a  aulTi  des  jaspes 
Se  de  l'acori ,  mais  en  petite  quantité.  Ce  font  d'en- 
nuyeux négocians  que  ces  Nègres.  Ils  marchandent  des 
mois  entiers;  mais  auiTi  quand  le  prix  eft  une  fois  fait, 
on  ne  le  change  jamais  Les  Portugais  leur  faifoient  cré- 
dit s  mais  les  Hollandois  les  en  ont  desaccoutumés ,  & 
prétendent  recevoir  les  esclaves  en  même  tems  qu'ils 
livrent  les  marchandifes.  Hommes  Se  femmes,  fans  diftin- 
ftion  ,  viennent  en  leurs  magafins  pour  négocier  avec 
eux.  Le  roi  d'Owerre  eft  allié  &  valfal ,  en  quelque  ma- 
nière ,  du  roi  de  Bénin  ,  d'ailleurs  fort  abfolu  dans  fes 
états.  Il  y  a  trois  confeillers  qui  ont  chacun  leur  dépar- 
tement ,  Se  jugent  de  tout  en  dernier  relTort.  Le  roi  qui 
regnoit  l'an  1644,  étoit  Mulâtre  ou  de  race  Portugaife  , 
&s'appclloit  don  Antonio  de  Mingo.  Son  père  avoit 
été  en  Portugal ,  Se  en  avoit  amené  une  femme  ,  de  la- 
quelle il  eut  ce  fils.  AuiTi  le  prince  fe  reffentoit-il  beau- 
coup de  fa  naiffance,  allant  habillé  à  la  portugaife,  & 
portant  l'épéc  au  côté ,  comme  font  les  autres  Mulâtres. 
Sur  les  matières  de  religion  ,  ces  Nègres  pratiquent  à  peu 
près  les  mêmes  cérémonies  qu'à  Bénin  ;  fi  ce  n'eft  qu'ils 
font  plus  raifonnables,  qu'ils  ont  les  démons  en  horreur , 
qu'ils  ne  fouffrent  point  de  magiciens,  Se  qu'on  n'entend 


ouz 


point  parler  d'empoifonnemens  chez  eux  -,  de  forte  qu'il 
feroit  allez  aifé  de  les  convertir.  Le  roi  Se  la  plupart  des 
habitans,  ont  quelque  penchant  à  la  religion  Catholique. 
Il  y  a  une  églife  dans  Owerre  avec  un  autel  fur  lequel  eft 
un  crucifix  ,  deux  chandeliers,  Se  les  images  de  la  fainte 
Vierge  Se  des  Apôtres.  Il  y  vient  des  Nègres  portant  des 
chapelets  priant  Dieu  à  la  portugaife.  11  y  en  a  qui  favent 
lire  &  écrire,  Se  qui  recherchent  avec empreffement  les 
livres  Portugais.  (./)  Lettre  11.  p.  4;;.  (b)  Dapper ,  Afri- 
que ,  p.  314. 

OUVESE,  petite  rivière  de  France,  en  Provence, 
dans  le  comtat  Venaiffm.  Sanfon  ,  Carte  de  la  Provence, 
écrit  ainfi  ;  mais  de  l'Ifle  ,  Carte  de  Provence  ,  écrit  Lou- 
vese  ;  de  forte  que  félon  fa  carte  ,  l'L  n'eft  pas  un  arti- 
cle ,  mais  la  première  lettre  du  nom.  Quoi  qu'il  en  foit , 
elle  a  fa  fource  dans  le  Comtat ,  à  fon  extrémité ,  aux 
frontières  mêmes  du  Dauphiné ,  près  du  bourg^nommé 
le  Buis.  De-là  ,  courant  d'oiient  en  occident ,  elle  fe  rend 
à  Vaifon  ,  qu'elle  arrofe  du  côté  du  nord;  de-là  ,  fe 
courbant  vers  le  fud-oueft ,  elle  entre  dans  la  princi- 
pauté d'Orange,  Si.  fe  divife  en  plufieurs  bras,  dont  le 
plus  occidental  paffe  à  Jonquiercs  &  à  Courtefon ,  le 
plus  oriental  va  droit  rentrer  dans  le  Comtat ,  où  il  fe 
charge  de  plufieurs  rivières  ,  qui  font  le  Saleto  Se  le 
Bergon,  déjà  unies  à  Sarrian  ;  l'Aufon  Se  le  Nesque,  join- 
tes à  un  bras  de  la  Soigne-,  plus  bas,  cette  rivière  réu- 
nie Se  enflée  d'un  autre  bras  de  la  Sorgue  ,  fe  va  perdre 
dans  le  Rhône  au  port  de  Sorgue  ,  au-deffus  d'Avi- 
gnon. Il  n'y  a  que  de  l'Ifle  qui  écrive  Louvese;  San- 
fon, Jaillot ,  Nolin  écrivent  Ouvese  ,  &  c'eft  ainfi 
qu'on  l'appelle  dans  le  pays,  près  du  bouig  nommé  le 
Buis.  C'eft  une  faute  ,  fa  fource  eft  plus  vers  le  nord  , 
près  de  Montauban ,  qui  eft  du  Dauphiné,  au  diocefe 
de  Gap,  &  non  pas  dans  le  Comtat.  Elle  paffe  à  S.  Al- 
ban  ,  à  Buis,  à  Vaifon,  à  Courtefon.  Elle  entre  enfuite 
dans  le  Comtat,  où  elle  fe  joint  Se  à  la  Sorgue  &  à  la 
Nesque,  &  fe  rend  dans  le  Rhône  avec  ces  deux  riviè- 
res au  port  de  Sorgue  ,  au-deffus  d'Avignon. 

OUVILLE  ,  bourg  de  France,  en  Normandie,  au 
pays  de  Caux  ,  avec  une  abbaye  de  Feuillans.  Il  eft  fitué  à 
fept  lieues  de  Rouen  ,  Si  a  cinq  ou  fix  de  Dieppe  ,  entre 
Eftouteville  ,  Basqueville  Se  Englesqueviile  ,  près  Hier- 
ville  ,  dans  une  campagne  très-fertile  en  bled.  Il  y  a 
dans  ce  lieu  un  marche  par  femaine  Se  deux  foires  par  an. 
Cette  abbaye  étoit  un  prieuré  de  chanoines  réguliers  de 
Saint  Augultin;  mais  en  1603  ils  firent  place  aux  Feuil- 
lans. *  Corneille  ,  Dictionnaire.  Mémoires  dreffés  fur 
les  lieux. 

OWNY  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province  de 
Muniler.  C'eft  une  des  quatorze  baronnies  du  comté  de 
Tipperari,  au  couchant  de  celle  d'Ilingh.  *  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  3 .  , 

OWNYKEH  ,  baronnie  d'Irlande  ,  dans  la  province 
de  .Munfter.  C'eft  la  plus  fcptentrionale  des  neuf  baron- 
nies qui  compofent  le  comté  de  Limer  ick,  *  Etat  pré- 
fent de  l'Irlande. 

OWRUCZE  ,  petite  ville  de  Pologne,  au  palatine 
de  Kiovie  ,  aux  frontières  de  la  Lithuanie  ,  fur  la  peti- 
te rivière  de  Noren  ,  qui  fort  d'un  marais ,  &  qui  au- 
defîous  de  cette  ville  va  groffir  la  rivière  d"UszA  ,  qui 
fe  perd  enfin  dans  le  Boryfthène  :  tout  ce  pays,  de-là  jus- 
qu'à Czernicow  ,  étoit  autrefois  presque  noyé.  Il  eft  pré- 
fentenient  bien  peuplé  &  bien  cultivé,  plein  de  bour- 
gades Se  de  villages.  *  Andr.  Cellar.  Polon.  Defcript. 
p.  402. 

OUX.  Voyez.  Oulx, 

OUYATANONS.  Voyez.  Miamis. 

OUZOIR  SUR  TREZÉE.  Tous  les  lieux  qui  por- 
tent le  nom  d'Ouzoir  ,  ou  Ozoir,  ou  Ozouer  ,  ou  bien 
Oroer,  ou  enfin  Oroir,  viennent  du  latin  Oratorium. 
Celui-ci  qui  eft  en  France ,  dans  la  petite  province  de 
Puifaye ,  au  diocèfe  d'Auxerre ,  eft  furnemmé  fur  Tre- 
zée  ,  qui  eft  le  nom  de  la  petite  rivière  qui  y  paffe ,  la- 
quelle communique  fes  eaux  au  canal  de  Briare.  Son 
églife ,  qui  eft  affez  belle ,  eft  fous  le  titre  de  S.  Martin, 
ce  qui  fait  qu'anciennement  on  l'appelloit  Oratorium 
fantti  Martini.  LaTrezéc  fc  jette  à  Briare  dans  la  Loire, 


OXF 


Il  y  a  fur  cette  petite  rivière  un  pont  qui  a  donné  le 
nom  de  Brïvodurum  à  ce  lieu  de  Briare.  *  Mém.  man. 
de  Lebeuf. 

OXCAORYCUS.  C'eft  ainfi  qu'Ortelius  a  lu  dans 
Strabon,  /.  n.  p.  567.  &  il  a  cru  que  ce  géographe 
avoit  ainfi  nommé  une  ville  d'Afie  dans  la  Galarie.  L'é- 
dition de  Cafaubon  porte  'Opy.uopix^  à  l'aceufatif  plu- 
riel »  &  il  s'agit  là  ,  fi  je  ne  me  trompe ,  d'un  peuple  dont 
le  nom  étoit  les  Orcaoriques.  Strabon  dit  :  La  contrée 
des  Teétofages  s'étend  jusqu'à  la  grande  Phrygie ,  auprès 
de  Peffinunte  8c  des  Orcaoriques.  Ceux-ci  (  les  Tecto- 
fages  )  avoient  une  forterefie  nommée  Ancyre ,  ikc.  Si 
quelqu'un  prétendoit  que  les  Orcaoriques  n'étoient  point 
un  peuple ,  mais  des  montagnes,  je  ne  lui  ferois  pas  une 
grande  réfiftance  ,  ce  nom  elt  fi  inconnu  d'ailleurs ,  qu'il 
peut  donner  beau  jeu  aux  conjectures. 
OXEA.  Voyez.  Oxia. 

OXEI ,  peuple  de  l'illyrie,  félon  Appien  ,  cité  par  Or- 
telius  ,  Thefaur.  qui  ne  dir  point  en  quel  livre.  11  ajoute 
qu'Antonin  en  parle  dans  l'on  itinéraire  maritime.  Il  y 
trouve  en  effet  que  de  Naupaéte  à  Oxées ,  dans  la  pro- 
vince de  l'ancienne  Epire  ,  il  y  avoit  quatre  cens  fiades, 
&  que  d'Oxées  à  Nicopolis,  de  la  même  province  ,  il  y 
en  avoit  fept  cens.  11  y  a  bien  de  l'apparence  que  les  chif- 
fres ont  été  corrompus.  Ce  lieu  Oxe,e,  marqué  dans 
Antonin ,  ne  fauroit  être  autre  part  que  fur  la  route  de 
Naupacte  dans  le  golfe  de  Lepante  à  Nicopolis,  ville  fi- 
tuée  à  l'entrée  du  golfe  d'Embracia.  Or ,  fur  cette  route  il 
fe  trouve  deux  petites  ifles  nommées  OxEi/E,entre  l'ifle  de 
Dulichium  8c  l'Acarnanie,  mais  beaucoup  plus  près  de 
Nicopolis  que  de  Dyrachium  5  ce  qui  fait  voir  la  faufleté 
du  chiffre  fept  cens ,  puisqu'il  n'y  en  avoit  pas  plus  de 
trois  cens  cinquante,  en  prenant  même  aflez  de  tour 
pour  ranger  commodément  la  pointe  de  Leucade. 

OXFORD ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  la  province  à 
laquelle  elle  donne  fon  nom ,  8c  dont  elle  eft  la  capitale. 
Elle  eft  au  confluent  du  Cherwelle  8c  de  llfis,  ou  Ife  ; 
la  ville  eft  belle  ôc  a  une  fameufe  univerfité  fondée  en 
8j»y.  Elle  eft  fituée  fur  un  terrein  beaucoup  plus  fain  8c 
plus  agréable  que  Cambridge.  C'eft  un  fiége  episcopal , 
depuis  le  règne  d'Henri  VIII,  qui  fit  fix  nouveaux  évê- 
chés  en  Angleterre ,  après  qu'il  en  eut  fupprimé  tous 
les  couvens.  Elle  eft  gouvernée  par  un  maire  8c  des  éche- 
vins.fujets  néanmoins  aux  ordres  de  l'univerfité  ,  qui  a 
dix-huit  collèges  qui  ont  de  grands  revenus  ;  Se  fept  autres 
qu'on  appelle  Halls,  mais  qui  n'ont  pas  de  revenu  com- 
me les  premiers.  Les  dix-huit  collèges  entretiennent  cha- 
cun un  certain  nombre  deFelloivs  ou  aggrégés,  8c  de  Scho- 
lars  ,  ou  étudians  ;  le  premier  &  le  plus  ancien ,  qu'on 
appelle  Univerfity  Collège  ,  entretient  douze  aggrégés  8c 
dix-fept  étudians.  Dans  ceux  qu'on  appelle  Halls ,  on 
vit  en  fociété ,  8c  chacun  paye  fa  dépenfe ,  hors  un  petit 
nombre  de  perfonnes.  Enfin  ,  on  compte  à  Oxford  jus- 
qu'à mille  étudians  entretenus  par  les  collèges,  outre 
leurs  officiers  8c  ferviteurs,  &  deux  mille  qui  ne  le  font 
pas.  Il  y  a  jusqu'à  feize  profefleurs  &  un  orateur  public , 
au  lieu  qu'à  Cambridge  on  ne  compte  que  dix  profes- 
feurs  ;  on  y  prend  fes  degrés  à  peu  près  comme  à  Cam- 
bridge. Chaque  collège  ou  Hall  a  fa  bibliothèque  ;  mais 
la  plus  grande  &  la  plus  magnifique  eft  celle  de  Bodley  , 
Tbs  Bodley  an  Library  ,  qui  contient  plufieurs  milliers  de 
livres  imprimés  en  diverfes  langues ,  outre  un  grand 
nombre  de  manuferits  orientaux. 

Oxford  fe  diftingue  auffi  par  fon  Théâtre,  par  fon 
Muj'aum  8c  fon  jardin  des  fimples.  Le  théâtre  eft  une 
très-belle  pièce  d'architecture ,  que  Gilbert  Sheldon  , 
archevêque  de  Cantorbery  ,  fit  bâtir  à  fes  propres  frais , 
fous  le  règne  de  Charles  II ,  pour  y  faire  les  exercices 
fcholaftiques.  Il  y  a  auffi  une  belle  imprimerie.  Le  Mu- 
f&um  ,  à  côté  du  théâtre  ,  eft  une  fale  ,  remplie  de  ra- 
retés de  la  nature  ,  8c  de  plufieurs  antiquités  romaines. 
On  y  voit  auffi  un  très-beau  laboratoire ,  avec  toutes 
fortes  de  fourneaux,  8c  autres  machines  pour  la  chy- 
mie ,  une  chambre  pour  les  préparations  chymiques ,  8c 
un  cabinet  de  livres  de  chymie.  Ce  Muf&um  s'appelle 
Ashmoleamvm ,  du  nom  de  Elie  Ashniole ,  qui  fit  pré- 
fenr  à  l'univerfité  d'un  très  beau  recueil  de  curiofités  , 
dont  ce  Mufaum  fut  orné  dès  qu'il  fut  achevé,  au  mois 
de  Mars  1683.  On  l'a  depuis  enrichi  de  plufieurs  anti- 


OXU        73? 


quites  apportées  d'Egypte,  8c  d'un  grand  cabinet  de  raie- 
tes  naturelles.  Ce  dernier  eft  un  don  de  Martin  Lifter, 
dodteuren  médecine.  Le  jardin  des  fimples  mérite  d'ê- 
tre vu.  Il  contient  environ  cinq  arpens  de  rerre ,  8c 
dans  cette  étendue,  il  y  a  une  infinité  de  plantes.  Com- 
me chaque  collège  a  un  chef  qui  le  gouverne ,  auffi 
l'univerfité  eft  gouvernée  en  chef  par  un  chancelier 
qu'elle  choifit ,  8c  qui  eft  ordinairement  une  perfonne 
de  la  première  qualité  ;  mais  il  a  fous  lui  un  vice  chan- 
celier qui  remplit  les  devoirs  de  fa  charge ,  qui  gou- 
verne l'univerfité  ,  fuivanf  fes  Statuts  8c  fes  réglemcns  ; 
fans  parler  des  autres  magiftrats  qu'elle  a ,  &  de  leurs 
officiers  fubalternes ,  avec  fes  jours  de  folemnités  qui 
relèvent  beaucoup  l'éclat  de  cette  univerfité.  *  Etat  pré- 
fent  de  la  Gr.  Bretagne ,  p.  99. 

OXFORDSHIRE ,  ou  la  province  d'Oxford ,  pro- 
vince méditerranée  d'Angleterre  ,  dans  le  diocèfe  d'Ox- 
ford. Elle  a  cent  ttente  milles  de  tour,  8c  contient  z\v- 
viron  5  34000  arpens  8c  19007  maifons,  L'air  y  eft  très- 
bon,  8c  le  terroir  eft  fertile  en  bled  ,  en  fruits  8c  en  pâ- 
turages. Outre  la  Tamife  ,  compoféc  de  la  Tame  8c  de 
l'Ifis  qui  arrêtent  cette  province,  il  y  a  le  Cherwel,  le 
Windrusd  ,  l'Evenlode  ,  8cc.  Ses  villes  8c  fes  bourgs  où 
l'on  tient  le  marché,  outre,  Oxford  la  capitale, 
font 


*  Woodftock, 

*  Banbury, 
Burford  , 
Henley  , 


Waflington ,  Bicefter , 

Witney  ,  Bampton , 

Chipping-Norton ,  Tame. 
Deddington , 


OXI ,  montagne  de  Grèce ,  au-deflus  de  Cenchrées  4 
dans  l'ifthme  du  Péloponnèfe ,  félon  Chalcondile  ,  cité 
par  Ortelius. 

OXIA  ou  Oxea  ,  'ofew  ,  promontoire  de  l'ifle  de 
Taprobane ,  félon  Ptolomée ,  /.  7.  c .  4.  La  fituation 
qu'il  lui  donne  répond  à  la  pointe  qu'on  laifie  au  midi, 
quand  on  enrre  dans  la  baie  de  Trinquilimale ,  fur  la 
côte  orientale  de  l'ifle  de  Ceilan. 

OXIA ,  ifle  de  la  Propontide.  Il  en  eft  parlé  dans 
les  conftitutions  impériales  d'Emmanuel  Comnène  -,  Ni- 
cétas ,  Cédrène  8c  Curopalate  en  parlent  auffi  ;  8c  com- 
me le  remarque  Ortelius  ,  Thefaur.  Gabius  a  rendu  ce 
nom  par  le  mot  acuta  dans  fa  verfion  latine  ;  c'en  eft 
en  effet  la  vraie  lignification. 

OXIA  CAMPE  ,'Ofe/«  yJfJLvr»  ,  lieu  de  Grèce  ,  dans 
la  Béotic ,  à  l'embouchure  du  Céphife.  Théophrafte  dit 
qu'il  y  croifibit  les  meilleurs  rofeaux. 

OXIANA,  ville  d'Afie,  dans  la  Sogdiane,  auprès 
de  l'Oxus  ,  félon  Ptolomée ,  1.6.  c.  12. 

OXIANA  PALUS,  marais  ou  lac  d'Afie,  dans  la 
Sogdiane  ,  félon  le  même.  Pline  ,  /.  6.  c.  16.  le  nomme 
Oxus  ,  de  même  que  la  rivière  qui  y  prend  fa  fource  ; 
Oxus  Aïnnis  omis  in  lacu  Oxo. 

OXIANI,  peuple  d'Afie,  dans  la  Sogdiane.  Il  pre- 
noit  fon  nom  de  l'Oxus ,  dont  il  habitoit  les  bords , 
félon  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  1 1. 

OXIB1I.  Voyez.  Oxybii. 

OXIDRAQUES.  Voyez,  Oxydraque*. 

OXII ,  peuple  de  Perfe.  Voyez.  Uxn. 

OXIMUM.  Surir»,  dans  la  vie  de  Ste  Opportune, 
nomme  ainfi  un  lieu  de  France  :  c'eft  aujourd'hui  le 
bourg  d'HiESMEs  ,  en  Normandie. 

OXIN AS  ,  rivière  d'Afie,  dans  la  Bithynie.  Arrien 
la  met  à  trente  ftades  de  Nymphanim  ,  8c  à  quatre  vingt- 
dix  de  Sandarac  ,  port  où  il  n'entre  que  des  barques.  * 
Ortel.  Thefaur.  Peripl.  Ponti  Euxini,  p.  14. 

OXlON;£,  ancien  peuple  de  la  Sarmatie,  en  Euro- 
pe ,  félon  Tacite  ,  de  Mor.  German. 

OXIRA  ou  Olibera,  ville  delà  Méfopotamie,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  j.c.  18. 

OXION1UM,  nom  latin  d'Oxford. 

OXTRACA ,  ancienne  ville  8c  la  plus  grande  des 
Lufitaniens.  Elle  fut  détruite  par  M.  Attilius ,  au  rapport 
d'Appien,  In  Iberkis. 

OXU,  grande  province  du  Japon ,  dans  l'ifle  Niphon, 


OXY 


73  ô 

dont  elle  fait  la  pointe  la  plus  feptentrionale  du  côte 
de  l'orient,  comme ,1a  province  a'Achira  du  côté  de 
l'occident.  11  y  a  eu  long-rems  des  rois  d'Oxu  ;  mais  dans 
le  dernier  fiécle  cette  contrée  étoit  partagée  entre  plu- 
fieurs  princes  indépendans  les  uns  des  autres.  *  F.  de 
CharUyoix  ,  Méra.  manufents. 

OXUS,  grande  rivière  d'Afie. Comme  ellearrofe  beau- 
coup de  pays,  loit  en  les  traveriant,  l'oit  en  les  terminant 
par  quelque  endroit, de-la  vient  que  les  anciens  ne  parient 
pas  le  même  langage  à  fon  égard.  Par  exemple ,  l'Oxus 
terminoit  l'Hyrcanie  au  nord  ,  Se  ce  pays  s  etendoit  jus- 
qu'à l'embouchure  de  ce  fleuve  dans  la  mer  d'Hyrcanie. 
Depuis  cette  embouchure)  en  remontant  l'Oxus  jusqu'à  fa 
fource  ,  on  trouvoit  au  midi  de  fon  cours  les  pays  fui- 
varit;  (avoir,  la-Margiane  ,  la  Bachiane  &  la  Sogdiaiie. 
Les  anciens  ne  me  paroiflent  pas  bien  d'accord  fur  les 
détails  de  ce  fleuve  ;  il  y  a  eu  un  tems  où  ils  le  connois- 
foient  fi  peu,  qu'ils  l'ont  confondu  avec  I'Araxe.  Pline,  /. 
6.c.  16.  en  met  la  fource  dans  un  lac  de  même  nom. 
Prolomée  porte  ailleurs  ce  lac ,  quoiqu'il  place  allez  bien 
fa  fource  aupiès  de  "celle  de  l'Indus  au  nord  des  mêmes 
montagnes  qui  terminent  aujourd'hui  au  feptentrion  le 
royaume  de  Cachemire  ,  Se  qui  font  une  extenfion  du 
Caucafe  Se  de  l'Imaùs.  Suivons-en  le  cours  ,  félon  Pto- 
lomée. Ce  fleuve  court  vers  le  nord,  baigne  l'haraerva, 
Suragana,  Choana ,  où  elle  reçoit  le  Dargide,  palTe  à 
Maruca  Se  à  Oxiana  ,  où  elle  le  grofîit  d'une  féconde  ri- 
vière qui  vient  de  Drepfa, métropole  des  Diepfiens, dans 
la  Sogdiane.  Elle  fe  replie  enfuite  vers  le  couchant ,  paffe 
à  Xaripfa ,  reçoit  du  nord  une  autre  rivière  à  Alexan- 
drie, furnommée  Oxiana,  &deux  autres  du  midi,  fa- 
voir  le  Zariafpe  Se  l'Artames  unis  dans  un  même  lit  ; 
elle  baigne  le  peuple  Candari ,  Se  reçoit  du  nord  une  ri- 
vière qui  vient  de  Tribactra,  Se  qui  traverfe  VOxiana 
Palus  de  Ptolomée.  Plus  loin  elle  reçoit  du  midi  YOchits, 
grande  rivière  déjà  unie  au  Dargomene-,  enfuite  le  Mar- 
gus  arrofe  le  pays  des  Derbiccs  Se  fe  jette  dans  la  mer 
d'Hyrcanie.  Tel  elt  le  cours  que  Ptolomée  donne  à  l'O- 
xus ;  mais  malheureufement  le  tableau  qu'il  nous  en  fait 
ne  s'accorde  pas  bien  avec  l'état  préfent  de  cette  rivière. 
11  fuppofe  que  fes  principales  rivières  viennent  du  midi  , 
Se  n'en  met  que  trois  qui  viennent  du  nord  ;  cependant 
il  y  en  a  plus  d'une  douzaine.  On  ne  voit  pas  comment 
il  a  pu  appeller  Axiana  Faim  ,  le  lac  qu'il  met  fur  une 
rivière  différente  de  l'Oxus.  En  un  mot,  il  ne  paroît  pas 
que  ni  lui  .  ni  les  aunes  anciens ,  ay.ent  eu  une  idée  fort 
nette  de  cette  ri  vicie. Son  nom  mode  me  eftleGiHON, quel- 
ques uns  l'appellent  Amou.  Voyez,  ces  deux  articles.  Le 
paysiltué  au-delà  de  l'Oxus  a  été  nommé  LiTransoxane 
ou  Transoxiane.  Les  Arabes  l'appellent  Mauwaral- 
narh.  Vûjez.  ce  mot. 

OXYB1I,  ancien  peuple  de  la  Gaule,  aux  confins  de 
la  Ligurie.  11  occupoit  le  diocèfe  de  l'réjus ,  èv'  cette  ville 
étoit  la  capitale  de  la  nation  ,  comme  Pline ,  /.  i 3.  c.  14. 
le  dit  très-bien. 

OXYDRAQUES  (Les),  Oxydraga,  ancien  peuple 
des  Indes.  Ils  étoient  voifins  des  Malliens,  Se  étoient  en- 
trés avec  eux  Se  les  Catharens,  autre  peuple  des  Indes,  en 
une  confédération  contre  Alexandre.  Ce  prince  combattit 
les  Catha'ens  Se  les  Malliens,  après  quoi  les  Oxydraques 
fe  fournirent  comme  les  autres.  Quinte-Curce,  /.  9.  c.  4. 
&■  fuiv.  donne  aux  Oxydraques  la  ville  où  Alexandre 
courut  risque  de  la  vie  en  la  prenant  ;  mais  Plu  tarque ,  in 
Alex,  qui  rapporte  la  même  hifioire  ,  dit  que  c'étoit  une 
ville  des  Malliens ,  Se  ne  nomme  pas  même  les  Oxydia- 
ques. *  Arrtan.  Alex.  /.  J.  c.  22. 

OXYLITHUM  ,  forterefle  des  Sarrazins,  félon  Cé- 
diene  &  Curopalate,  cités  par  Ortelius,  Thtfaur.  Leun- 
clave  dit  que  le  nom  moderne  eft  Siuri  Chisar.  Bau- 
drand  ,  édition  1682.  dit  AurichisAR,  bourg  de  Bul- 
garie. 

OXYM  AGIS ,  rivière  de  l'Inde,  où  elle  tombe  dans  le 
Gange  ,  félon  Arrien ,  in  Indic. 

OXYNIA  ,  ville  de  Grèce,  fur  l'Ion,  rivière  qui  fc 
perd  dans  le  Pénée  ,  félon  Srrabon  ;  elle  étoit  par  confé- 
quent  d. ins  l'Eftidotide ,  province  de  la  Thelïalie.  Cet  au- 
teur compte  de  cette  ville  à  Azore ,  ville  de  la  Tripolide, 
cent  vingt  fiades. 

OXYRYNQt/E,  ville  d'Egypte,  fur  la  rive  occidçn- 


OYE 


taie  du  Nil ,  dans  un  nome  dont  elle  étoit  la  capitale ,  8c 
qui  prenoit  délie  le  nom  d'OxYRYNCHiTEs  Nomos. 
Elle  prenoit  elle-même  le  fien  d'un  poifibn  qu'on  y  ado- 
roit  Se  que  l'on  appelloit  Oxyrynquc,  'Oçùpufyjs  >  a  çàufe 
qu'il  avoit. le  mufeau  pointu.  Ce  poiffon  y  avoit  un  tem- 
ple, c^  Strabon,  /.  17.  p.  812.  obferve  que  les  autres 
peuples  de  1  Egypte l'adoroientaulïï,  yEliendansl'Hifioire 
des  animaux,  /.  io.  c.  46.  dit:  L'Oxyrynque  tire  fon  nom 
de  fon  mufeau  pointu  ;  le  Nil  en  nourrit ,  &  il  y  a  un  no- 
me qui  en  prend  le  nom.  Ce  poiffon  y  elt  honoré  d'un 
culte  religieux.  Etienne  le  géographe  dit  la  même  choie 
en  moins  de  mots.  Cette  ville  a  été  autrefois  épiscopale. 
Apollonius, fon  évêque,  fbuferivit  au  concile  de  Sélcucie, 
Se  Pierre,  aune  évêque  d  Oxyrynqne  ,  au  concile  d'Ephè- 
i'e.  Baillet  parle  ainli  de  cette  ville  dans  fa  topographie 
des  faines  :  Oxyrynque  ville  de  la  haute  Egypte  ou  de  la 
bafie  Thébaiiie  ,  n'étoit  au  quatrième  fiécle  qu'une  com- 
munauté de  faints ,  où  tout  le  monde  vivoit  de  telle  for- 
te ,  qu'on  ne  eunfidétoit  toute  fon  enceinte  que  comme 
un  grand  temple  Se  où  l'on  comptoir  jusqu'à  dix  mille  re- 
ligi  1  x  cv  vingt  mille  vierges.  Cette  villeau  quatrième  fié- 
:1e  étoit  de  la  Balle  Thébaide }  mais  depuis  elle  fut  de  la 
province  d'Arcadie  ou  moyenne  Egypte.  Ce  n'étoit  pres- 
que qu'un  aiïembiage  des  monalteres.  Toute  l'enceinte 
de  les  murailles  éioit  remplie  de  folitaires,  Se  elle  en  étoit 
environnée  au  dehors.  S'il  y  avoit  eu  autrefois  des  édifi- 
ces publics  Se  des  temples  dédiés  à  de  faillies  divinités ,  ils 
étoient  alors  changes  en  des  habitations  de  religieux. 
Comme  elle  étoit  grande  Se  fort  peuplée,  il  y  avoit  douze 
églifes  dans  lesquelles  s'all'embloit  le  peuple  qui  demeu- 
roit  en  des  maifons  particulières ,  Se  dont  le  nombre  étoit 
beaucoup  moindre  que  celui  des  monafleres  qui  avoient 
tous  leur  chapelle  ou  églife.  Il  y  avoit  long-tems  qu'on 
n'y  voyoit  plus  de  païens.  Il  n'y  avoit  plus  un  feul  ncic- 
tique  depuis  qu'elle  avoit  été  purgée  de  Mélétiens.  Com- 
me tout  y  étoit  Caholique  ,  l'évêque  pouvoir  indiffé- 
remment prêcher  dans  les  places  publiques  de  même 
que  dans  les  églifes.  Les  magiftrats  Se  les  habitans  avoient 
foin  de  mettre  des  gens  à  toutes  les  portes,  pour  prendic 
garde,  quand  il  venoir  quek]ue  étranger  ou  quelque  pau- 
vre, Se  dès  qu'il  en  patoifïoit,  c'étoit  entre  les  uns  & 
les  autres  des  conteftations  de  charité  ,  à  qui  les  mènerait 
chez  foi  pour  leur  donner  ce  qui  leur  étoit  nccciîaire. 
Le  nombre  des  perfonnes  particulièrement  confacrées  à 
Dieu  dans  le  célibat,  n'étoit  pas  moindre  alors  que  de 
30000. 

OXYRRUM  &  Perirrum.  Denys  dcByzance,  de 
Bosphor.  nomme  ainfi  deux  promontoires  du  Bosphore 
de  Thrace  du  côté  de  l'Europe. 

OYA ,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cîreaux,  de  la  con- 
grégation de  Calblle ,  en  Espagne ,  au  diocèfe  de  Tuy , 
en  Galice. 

OYANO,  ifle du  Japon,  au  royaume  de  Fingo.  Elle 
aboutit  a  celle  d'Amacuià ,  Se  a  deux  feigncius ,  dont  l'un 
eft  nommé  Oyandonu ,  Se  l'autre  Summorodono ,  félon 
Davity  ,  copie  par  Corneille. 

f.  OYAPOC  ,  fort  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
la  Gmane,  fur  le  bord  feptentrional  de  la  rivière  de  même 
nom,  àTix  lieues  .au-deflus  de  Ion  embouchure  j  ce  fort 
appartient  aux  François.  Latitude  nord,  3  degrés  jj  mi- 
nutes. *  Carte  de  l'Amérique  par  de  la  Condamine. 

2.  OYAPOC,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  dans 
la  Guiane.  Elle  a  une  lieue  &  demie  de  large  à  fon  em- 
bouchure, &  porte  trois  braffes  de  fond  dans  fon  canal, 
Se  fe  décharge  dans  la  mer  près  du  cap  d'Orange.  Eile 
elt  abondante  en  bon  poifibn ,  Se  particulièrement  en 
Mulets  qu'on  y  prend  en  fort  grand  nombre  dans  le  tems 
des  fécherelïcs ,  Se  qui  fe  gardent  falés  trois  ou  quatre 
mois.  *  la  Barre  ,  defer.  de  la  Guiane. 

1.  OYE  (L'ifle  d),  petite  ifle  de  France ,  fur  la  côte 
du  pays  d'Aunis,  proche  de  celle  de  Re  vers  la  Rochelle. 
Quelques-uns  écrivent  Oyem ;  le  nom  latin  elt  Ogia  Se 
Auca.  Il  y  avoit  un  monaflere  où  S.  Arnaud  ,  qui  fut  de- 
puis évêque  de  Mafitichc ,  fe  retira  vers  609.  Le  lieu  étoit 
del'ert  Se  fort  retiré,  fervant  à  cacher  divers  folitaires  d'u- 
ne grande  fainteté.  Ce  monaflere  ne  fubfiite  plus;  on  y  x 
depuis  établi  une  paroifie  qui  s'appelle  Loye  ,  de  même 
que  l'ifle,  par  une  corruption  venue  de  ce  qu'on  a  joint 

l'article 


OZA 


OZO 


l'ar ticle  avec  le  nom.  Cette  ifle  eft  maintenant  dans  la  dé- 
pendance de  S.  Michel  en  l'Herm,  in  Eremo ,  de  l'ordre 
de  S.  Benoît ,  en  Poitou ,  au  diocèfe  de  Luçon,  qui  a  été 
unie  en  1671 ,  par  une  bulle  du  pape  Clément  X  ,  au  col- 
lège Mazarin ,  dit  des  Quatre  nations ,  à  Paris.  L'ifle  eft  à 
environ  trois  lieues  de  cette  abbaye  vers  le  midi.  *Baillet , 
Topogr.  des  Saints,  p.  360. 

2.  D'autres  ont  imaginé  une  Isle  d'Oye,  fur  la  côte 
feptentrionale  de  Bretagne,  où  ils  prétendent  que  S. 
Amand  s'étoit  retiré  ;  mais  ils  n'ont  pas  plus  de  fonde- 
ment que  ceux  qui  rapportent  cette  retraite  à  la  Baffe-Pi- 
cardie, entre  Calais  8c  Gravelines  où  eft  le  comté  d'Oye. 
Voyez,  l'article  qui  fuit. 

3 .  OYE ,  petite  ville  de  France ,  dans  la  Baffe-Picardie , 
à  une  lieue  de  Gravelines ,  8c  à  deux  de  Calais.  Elle  don- 
ne fon  nom  au  comté  d'Oye,  qui  a  environ  quatre 
lieues  de  long  8c  trois  de  large  :  Comhatits  Ovienfis.  Ce 
terroir  eft  fertile  en  herbages  8c  marécageux ,  ayant  la 
mer  d'un  côté,  &  Calais,  qui  en  eft  la  capitale,  à  l'un 
des  bouts  vers  la  mer  ;  à  l'autre  bout  eft  Gravelines ,  terre 
de  Flandre.  Vers  la  terre  8c  le  long  de  la  rivière  du  Ma- 
rais ,  font  la  ville  de  Guines  8c  le  château  de  Hames ,  8c 
Ardes  eft  au  bout  qui  tire  vers  l'Artois.  Les  Anglois  qui 
ont  poffédé  ce  territoire ,  avoient  creufé  pour  fa  fureté 
du  côté  de  la  terre  ferme  de  très-grands  foffés  ordinaire- 
ment pleins  d'eau,  garnis  de  remparts  ;  &  pour  les  flan- 
quer il  y  avoir  des  forts  8c  des  baftions  pourvus  d'une  gar- 
ni fon  qui  défendoit  l'entrée  du  pays.  Le  roi  Henri  II,  qui 
étoit  devant  Boulogne ,  ayant  deffein  d'aller  en  perfonne 
affiéger  Guines ,  8c  de  s'y  fortifier  pour  tenir  Calais  8c  la 
terre  d'Oye  en  fujétion ,  8c  par  ce  moyen  affamer  Boulo- 
gne ,  fon  entreprife  manquai  ce  qui  l'obligea  d'ordonner 
au  maréchal  de  Biez  d'attaquer  &  de  ruiner  la  terre 
d'Oye  ;  parce  que  Calais ,  Guines  8c  Hames,  que  les  An- 
glois poffédoient  en  terre  ferme ,  n'avoient  de  rafraîchis- 
ferpent  que  de  ce  comté.  L'ardeur  des  troupes  les  empor- 
ta à  traverfer  les  canaux  contre  le  principal  fort  dee  An- 
glois. Il  fut  forcé ,  8c  on  paffa  au  fil  de  l'épée  tout  ce  qui 
fut  trouvé  dedans.  Enfin  tout  le  comté  d'Oye ,  8c  tous  les 
forts  que  les  Anglois  y  avoient,  retournèrent  fous  l'obeis- 
fance  du  roi  de  France,  après  qu'il  eut  pris  Calais. 
*  Corn.  Di£t,  And.  Duchesne,  Antiq.  des  villes  &  châ- 
teaux de  France. 

4.  OYE  (La  rivière  d') ,  en  Picardie.  C'eft  une  bran- 
che de  \'Aa,  laquelle  traverfe  le  comté  d'Oye. 

L'isle  aux  OYES,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale, 
au  Canada  ,  dans  le  fleuve  de  Saint  Laurent,  vis  à-vis  le 
cap  Tourmente.  C'efl  où  l'on  fait  le  meilleur  beurre  du 
pays.  Il  y  vient  auffi  une  grande  quantité  d'oyes  8c  d'ou- 
tardes dans  les  mois  d'Avril  8c  de  Septembre. 

OYOGOU1NS  ou  Goyogouins.  C'eft  un  des  cinq 
cantons  Iroquois.  Voyez,  ce  mot. 

OYSANS  (L'),  petit  pays  de  France,  dans  le  Haut- 
Dauphiné,  au  Graifivaudan,  le  long  de  la  petite  rivière 
de  Romanche  ,  entre  des  montagnes.  Le  principal  lieu  eft 
le  bourg  d'OisANs.  *  Baudrand,  éd.  1705. 

OYSE.  VoyezOïsi. 

OYSEMONT,  bourg  de  France,  en  Picardie,  furie 
chemin  de  Beauvais  à  Abbeville ,  à  quatre  lieues  de  cette 
dernière. 

OZACCA.  Voyez  Osacca. 

OZAL  DIVISIO,  lieu  où  Oza  fut  frapé  divinement 
pour  avoir  ofé  toucher  l'arche.  L'Ecriture  Sainte  dit  que 
ce  lieu  fut  nommé  Oza  divifio  ,  &  qu'il  gardoit  encore  ce 
nom  ,  quand  ''auteur  facréécrivoir.*  Paralip.  I.  i.c.  15. 
v.  11. 

OZAGES,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale,  dans 
la  LouÏÏiane,  au  couchant  du  grand  fleuve  Miffiflîpi  : 
c'eft  un  peuple  fort  étendu.  11  a  autrefois  habité  les  bords 
du  Miffouri ,  maintenant  il  occupe  un  pays  fi  tué  autour 
de  plufieurs  rivières ,  dont  la  principale  prend  le  nom  de 
rivière  des  Ozages,  8c  qui  toutes  vont  fe  perdre  dans  le 
Miffouri.  Il  s'étend  de-là  au  couchant  jusqu'au-delà  de  la 
rivière  des  Akanfas.  Ce  font  les  courfes  des  Iroquois  qui 
ont  obligé  cette  nation  de  fe  reculer  ainfi  à  l'occident, 
afin  de  s'éloigner  d'un  ennemi  fi  cruel.  Le  pays  des  Oza- 
ges a  plufieurs  mines.  Quelques-uns  difent  Os  âges. 

OZAMA  ,  rivière  de  l'Amérique  ,  dans  l'ifle  Espa- 
gnole. Elle  a  un  grand  nombre  de  fources  dans  les 
montagnes  qui  occupent  le  centre  de  l'ifle  ,  ou  ,  ce  qui 


737 

revient  au  même ,  elle  fe  forme  de  diverfes  rivières  qui 
viennent  de-là.  Ui/e  de  ces  rivières  baigne  Baya ,  8c 
Monte  -  Plata.  Chacune  de  ces  rivières ,  au  nombre  de 
quatre,  arrofe  une  vallée  entre  ces  montagnes.  Quand 
cette  rivière  les  a  toutes  recueillies,  elle  arrive  à  Saine 
Laurent,  où  elle  eft  groflie  par  la  rivière  d'ifabellei 
de  là  ,  coulant  vers  le  midi ,  elle  fe  rend  à  la  ville  de 
Saint  Domingue  dont  elle  forme  le  port.  Elle  eft  mal 
nommée  Lauzama,  dans  la  carte  de  l'ifle  de  Saine 
Domingue  de  liézier.  Le  père  de  Charlevoix  dans  fon 
hiftoire  de  cette  ifle,  /.  3.  vol.  2.  p.  291.  obferve  que 
les  debordemens  de  l'Ozama  ne  font  ni  frequens ,  ni 
dangereux,  parce  que  fes  bords  font  fort  élevés  ;  mais 
il  ajoute  que  les  tremblemens  de  terre  font  aflez  fre- 
quens aux  environs  de  ce  fleuve  ,  où  ils  n'ont  pourtant 
presque  jamais  aucune  fuite  fâcheufe.  A  l'entrée  du 
fleuve  il  y  a  une  barre,  laquelle  n'a  ordinairement 
qu'onze  pieds  d'eau  ,  treize  à  quatorze ,  quand  la  marée 
eft  haute ,  &  quinze   au  plus  dans  les  grandes  marées. 

OZARA  ou  Azora,  ville  de  la  Grande  Arménie, 
félon  Ptoloméc  ,  /.  j.  c.  13. 

OZARBA,  fortereffe  de  Thrace.  Procope ,  JEdïf. 
I.  4.  c.  11.  la  met  entre  celles  que  Juftinien  fit  fortifier. 
Coufin  ht  Ozorme. 

OZECARUS,  nom  latin  de  Zézaro  ouZézéro,  ri- 
vière de  Portugal. 

OZEM  ,cap  d'Afrique  ,  en  Barbarie  ,  au  royaume  de 
Maroc ,  dans  la  province  de  Héa.  Il  eft  peu  éloign* 
de  Mogador.  *  Corn.  Dict. 

OZEMAN  ,  petite  ville  d'Afie ,  en  Turquie ,  dans 
la  Natolie,  fur  la  route  de  Conftantinople  à  Ispahan, 
en  paffant  par  Amafic  ,  entre  cette  ville  8c  Tocia.  Elle 
eft^  affife  au  pied  d'un  coteau  ,  fur  lequel  il  y  a  un  fore 
château ,  &  au  bas  deux  caravanferais  très-commodes. 
La  rivière  de  Gufe.larma; ,  large  &  profonde ,  paffe  le 
long  de  la  ville  du  côté  du  midi ,  8c  on  la  traverfe  fur 
un  des  plus  beaux  ponts  que  l'on  puiffe  voir.  Il  a  quinze 
grandes  arches  toutes  de  pierres  de  taille ,  &  c'eft  un 
ouvrage  qui  marque  la  hardieffe  de  l'entrepreneur.  A 
quelque  diftance  du  pont ,  il  y  a  fix  moulins  à  bled 
joints  enfemble,  comme  s'ils  ne  faifoient  qu'un  feul 
moulin.  On  y  va  par  un  petit  pont  de  bois.  *  Tuvernier , 
Voyage  de  Perfe,  1.  1.  c.  2. 

OZENE,  ville  de  l'Inde,  en  deçà  du  Gange,  félon 
Ptoloméc ,  /.  7.  c.  1.  C'étoit  la  réfidence  royale  de  Tia- 
ftene. 

OZENZARA  ou  Ozensara,  ville  delà Paleftine, 
dans  la  tribu  d'Ephraïm ,  Parai.  I,  1.  c.j.  v.  22 ,  23  , 
24.  Elle  portoitle  nom  de  Sara,  fille  de  Béria  &  petite- 
fille  d'Ephraïm.  *  D.  Calmet ,  Dict. 

OZERO.  Voyez.  Oseko. 

OZlZALENSIS.  Ortelius,  Thefaur.  trouvant  que 
faint  Grégoire  de  Nazianze  donne  ce  furnom  à  quel- 
qu'un dans  une  de  fes  lettres ,  conjecture  qu'il  unique 
ou  la  patrie  de  cet  homme  ,  ou  leglife  à  laquelle  il  éroie 
attaché  i  fur  quoi  il  doute  fi  ce  lieu  n'étoit  pas  quelque 
part  en  Egypte  aux  environs. 

OZOA  ,  lieu  de  la  Perfide  ,  ou  de  la  Perfe  propre- 
ment dite  ,  félon  Ptolomée,  /.  G.  c.  4.  On  ne  fait  au 
refte  fi  c'étoit  ville  ou  village  :  car  ce  géographe  le  mec 
dans  une  Lfte  où  il  nomme  pèle  mêle  des  villes  8c  des 
villages  qui  étoient  dans  les  terres. 

OZOAMIS,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  1. 

OZO  AN  A  ,  autre  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange, 
félon  le  même. 

OZOGARDANA ,  (genit.  orurn) ,  petite  ville  d'Afie, 
au-delà  de  l'Euphrate.  Ammien  Marcellin,  /.  24,  c.  2. 
dit  :  Trajecio  fonte  featenti  bitumme  ,  Oz.ogardana  oc- 
citpav'imas  Oppidum.  Ayant  paffé  une  fontaine  pleine 
de  bitume  ,  nous  nous  emparâmes  d'Ozogardana 
petite  ville.  11  ajoute  t  Les  habitans  effrayés  l'avoienc 
abandonnée  à  l'approche  de  l'armée.  On  y  monrroir  le 
tribunal  du  prince  Trajan.  Zofime,  /.  3.  c.  ij.  dit  : 
De  l'autre  côté  du  fleuve  ,  où  l'armée  marchoit ,  étoit 
une  fontaine  pleine  de  bitume.  De-là  s'avançant  à  Sitha, 
8c  enfuite  à  Mégia  ,  on  s'approcha  de  Zaragardia, 
où  étoit  un  tribunal  élevé  ,  conftruit  de  pierres  ,  &  que 
les  habitans  avoient  coutume  d'appeller  du  nom  de 
Trajan,  Les  foldats  pillèrent  ce  lieu  fans  peine  >  8c  y  mi- 

Jom.lV.  Aaaaa 


ozu 


738 

rént  le  feu.  Ammien  Marcellin  die  de  même ,  que  les 
Romains  brûlèrent  cette  ville,  &  s'y  repoferent  deux 
jours.  On  voit  par  cet  accord  que  l'un  appelle  Oz.ogar- 
âana ,  ce  que  l'autre  nomme  Zaragardia. 

OZOLA  ou  Axola  ,  ville  de  l'Arachofie,  félon  Pto- 
Jomée ,  /.  6.  c.  20. 

OZOL/E  ,    nom  diftinctif  d'une  partie  des  Locres. 
Voyez,  au  mot  Locres. 

OZUS  pour  Oxus. 

OZUTI,  nation  de  l'Afrique  proprement  dite  ,  auprès 
de  la  Bazacitide  ,  &  dans  le  voifinage  du  peuple  Cero- 


ozz 


ph^ei  ,  félon  Ptolomée , /w.  4.  chjp.  3,  Le  grec  porte 

OZWIECZIN.  Voyez.  Osvriiczm. 

OZZ  AL  A ,  lien  d'Afie  ,  dans  ia  Galatie,  entre  Ancyre 
&  Tyane  ,  &  plus  particulièrement  entre  Parnaffus  & 
Nitazi,  à  XVII.  M.  P.  de  la  première,  &  à  XVIII. 
M.  P.  de  la  féconde  ,  félon  Antonin ,  itiner. 

OZZAPOLIS.  C'en:  ainfi  que  Gabius ,  tradu&eur  de 
Curopalate,  rend  le  nom  d'une  villeque  Cédrene  nomme 
E[/7-Ç«TéAi5ç,EuTZAPELus.  Elle  étoit  voifine  de  Sardique, 
Se  par  conféquent  dans  l'ancienne  Thrace,  ou  aux  en* 
virons.  *  Ortelius  ,  Thefaur. 


FIN    DE    LA    LETTRE    O. 


LE    GRAND 


DICTIONNAIRE 


GÉOGRAPHIQUE, 

HISTORIQUE   ET  CRITIQUE. 


PAC 


F  A  \^j 


A ,  fleuve  de  la  Chine ,  dans  la 
province  de  Suchuew.  Il  a  fa 
fource  au  nord  oriental  de  la 
ville  de  Pa  ,  à  laquelle  il  donne 
ion  nom  ,  &  il  fe  jette  dans  le 
Si  ou  Sung.  On  lui  a  donné  le 
nom  de  Pa  ,  parce  que  par  les  di- 
vers plis,  tours  Se  îetours  qu'il  fait,  il  trace  la  figure 
du  caractère  Chinois  ,  nommé  Pa.  *  Atlas  Sinenfis. 

z.  PA,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Péking ,  au  département  de  Xuntien ,  première 
métropole  delà  province.  Elles  font  de  o  deg.  14  min. 
plus  orientales  qvie  Péking  ,  fous  les  39  deg.  20  min.  de 
latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  PA  ,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Stichucn  ,  au  département  de  Paoning  ,  fé- 
conde métropole  de  la  province.  Elles  font  de  10  deg.  25 
min.  plus  occidentales  que  Péking,  fous  les  32  degivs 
o  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PABII ,  peuples  de  la  Paropanifade  ,  félon  Prolomée , 
/.  6.  c.  i).  qui  les  met  au-deffous  des  Ariftophylcs.  Au 
lieu  de  Pabii ,  le  MS.  de  la  Bibliothèque  Palatine  porte 
Parfit. 

PABULA.  Voyez.  Peule. 

PAC  A  J  AS,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  ,  qui 
conjointement  avec  celle  de  Guanapu  ,  forme  la  rivière, 
appellée  Rio  de  dos  Bocas.  Voyez,ce  mot. 

PACAMORES,  Gualsongo  ou  Los  Saunas  ,  fé- 
lon Robert  de  Vaugondy  ,  dans  fon  Atlas,  gouverne- 
ment de  l'Amérique  méridionale  ,  au  Pérou ,  dans  l'au- 
dience de  Quito.  Il  eft  borné  au  nord  par  le  pays  de 
los  Quixos ,  à  l'orient  par  la  rivière  de  Moyobamba , 
au  midi  par  l'audience  de  Lima  ,  Se  à  l'occident  par  la 
Cordillère  ck  los  Andes.  Davity  dit ,  fut  la  foi  d'Her- 


rera,  que  les  villes  &  peuplades  Espagnoles  de  oe  gou- 
vernement ont  été  fondées  par  le  capitaine  Jean  de 
Salinas.  L'air  de  ce  quartier  eft  fort  tempéré ,  Se  fon  ter- 
roir eft  très-fertile  en  froment  &  en  autres  grains.  II 
nourrit  aufli  beaucoup  de  bétail  gros  &  menu,  Se  il  eft 
abondant  en  mines  d'or.  Ses  principaux  lieux  font  : 


S.  François  de  Borgia , 
Salinas , 
Valladolid, 


Loyola  ou  Cumbibania , 
San  Jago  de  las  Montanas. 


PACAS1ACUS  SINUS,  golfe  de  la  mer  Egée.  Saint 
Jérôme  ,  in  Locis  Hebr.  dit  que  c'étoit  dans  ce  golfe 
que  fe  trouvoit  l'ifle  de  Samothrace.  Ortelius  croit  que 
l'acafiacus  eft  un  mot  corrompu. 

PACATI.  Voyez  Maurusii. 

PACCOLINUS.  Voyez,  Metaurus. 

PACD1NE,  feigneurie  confidcrable  du  paysdeKat- 
cher ,  en  Moravie.  Elle  fut  cédée  au  roi  de  Pruffe  par 
le  traité  de  paix  de  1742,  Se  incorporée  à  la  Haute- 
Siléfie. 

PACÉ  ,  lieu  de  France  ,  dans  l'Anjou  ,  près  de  Sau- 
mur.  C'eft  une  chàtellenie,  dans  l'aveu  de  laquelle  on 
trouve  que  le  feigneur  a  des  droits  bien  finguliers, 
Tous  les  chaudronniers  qui  y  paffent  font  obligés  fous 
peine  de  confiscation  de  toutes  leurs  marchandifes  au 
profit  du  feigneur  ,  d'aller  au  château  offrir  d'y  raccom- 
moder la  batterie  de  cuifine  ,  Se,  pour  payement,  le 
feigneur  leur  doit  donner  une  miche  &  une  chopinede 
vin.  Les  marchands  de  verres  font  auffi  tenus  de  fe  pré- 
fenter  au  château  ,  &  de  laiffer  le  plus  beau  verre  au 
feigneur ,  qui ,  de  fon  côté ,  eft  obligé  de  leur  donner 
dans  un  autre  verre  un  coup  de  vin  à  boire.  Ce  fei- 
gneur a  également  droit  de  mener  ou  faire  mener  à  la 
Tom.  IV.  A  a  a  a  a  ij 


A    A.  V-* 


74° 

dame  uc  l;acé ,  le  jour  de  la  1  imite ,  toutes  les  fem- 
mes jolies ,  c  cit-à-dire  ,  prudes  6c  juges ,  que  fes  gens  6c 
officiers  trouveront  a  baumur  6c  dans  les  lauxbourgs , 
durant  tout  ce  jour.  Cnacune  de  ces  femmes  jolies  doit 
donner  a  fes  officiers  quatre  deniers  6c  un  chapeau  de 
rofes ,  6c  fi  quelqu'une  réfute  de  danfer  avec  eux  ,  ils 
peuvent  la  piquer  tiois  fois  aux  refies  d'un  bâton  mar- 
qué aux  armes  du  feigneur ,  &  ferré  au  bout  en  forme 
d'aiguillon.  Le  même  feigneur  a  droit  ce  jour-là  de  con- 
traindre par  lui  même  ou  par  fes  officiels ,  toutes  les  fem- 
mes qui  ne  feront  pas  jolies ,  (  de  Bourdeau  ,  qui  feront 
notoirement  affamées  de  ribaud  e  )  de  venir  a  ladite  dame 
de  Pacé  avec  lesdites  femmes  jolies,  ou  de  payer  cinq 
fols  au  feigneur.  *  Pigantol,  Defcript.  delà  France,  t. 
7.  p.  141. 

PACEM  ou  Pacen  ,  bourgade  de  l'ifle  de  Sumatra , 
dans  la  partie  orientale  du  royaume  d'Achem  ,  près  de 
la  pointe  du  Diamant.  Elle  eft  fituée  à  1 15  degrés  quel- 
ques minutes  de  longitude,  &à  5  deg.  5  min.  de  latit. 
Pacem  étoit  autrefois  la  capitale  d'un  des  dix  royaumes 
qui  compofoient  l'ifle  de  Sumatra  >  mais  aujourd'hui 
cette  ville  6c  ce  royaume  dépendent  du  royaume  d'A- 
chem. *  Atlas  ,  Rob.  de  Vaugondy.  Mandeslo,  Voyage 
des  Indes,  1.  2.  p.  328. 

1.  PACHACAMAC  ,  vallée  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Pérou  ,  à  trois  ou  quatre  lieues  au  midi  de  Li- 
ma. Cette  vallée  ,  qui  n'a  point  de  pareille  en  fertilité  6c 
en  beauté ,  étoit  fameufe  avant  la  conquête  du  Pérou  ,  à 
caufe  du  temple  célèbre  qui  lui  avoit  donné  fon  nom. 
Les  Yncas ,  rois  du  Pérou  ,  avoient  reconnu  qu'il  y  avoit 
un  fouverain  Créateur  de  toutes  chofes ,  qu'ils  appel- 
loient  Pachacamac  ,  c'eft-à-dire,  celui  qui  a  fait  l'uni- 
vers 8c  qui  le  conferve.  Ils  croyoient  que  ce  Dieu  étoit 
invifible  ,  ne  lui  bâtiffoient  point  de  temples,  &  ne  lui 
faifoienc  point  de  facrifices  comme  au  Soleil  :  ils  fe  con- 
tentoient  de  l'adorer  dans  leur  ame.  Les  Yncas  qui  ha- 
bitoient  cette  vallée  ,  ayant  embraffé  cetre  doctrine  ,  bâ- 
tirent un  temple  au  Dieu  Pachacamac ,  6c  donnèrent  ce 
nom  à  la  vallée  où  ils  le  fondèrent.  Us  mirent  dans  ce 
temple  leurs  idoles  qu'ils  adoroient  fous  la  figure  de 
divers  poiiïons  ,  &  même  fous  celle  du  renard.  Ce  tem- 
ple de  Pachacamac,  remarquable  par  la  îtructure  de 
fon  bâtiment  6c  par  la  folemnité  du  fervice  qui  s'y  fai- 
foit,  étoit  lefeul  dans  tout  le  Pérou  où  les  Yncas  facri- 
fioient  des  animaux  ,  6c  même  dans  leurs  plus  grandes 
fêtes  des  hommes  ,  des  femmes  6c  des  enfans. 

Dans  la  fuite  ,  les  Yncas  ayant  pouffé  leurs  conquê- 
tes jusqu'à  la  vallée  de  Pachacamac,  il  fut  convenu  qu'on 
bâtiroit  en  1  honneur  du  Soleil ,  un  remple  parriculier  , 
tel  que  celui  qui  étoit  dédié  à  Pachacamac ,  qu'on  pour- 
voit continuer  de  faire  des  offrandes  &  des  facrifices  à 
ce  dernier ,  pourvu  qu'on  ne  répandît  point  de  fang  hu- 
main ,  6c  qu'on  abbatït  les  idoles.  On  ajouta  qu'à  l'ave- 
nir on  ne  drefferoit  aucune  ftatue  à  Pachacamac ,  6c 
qu'on  fe  conrenteroit  de  l'adorer  dans  le  cœur ,  puisque 
n'étant  pas  vifiblc  ,  comme  le  Soleil ,  on  ne  pouvoir  fa- 
voir  fous  quelle  figure  on  pouvoir  le  repréfenter.  Enfin 
il  fut  arrêté  qu'on  fonderoic  dans  la  vallée  de  Pachaca- 
mac une  maifon  de  vierges  choifies  ;  ce  qui  étoit  le  plus 
grand  honneur  qu'on  pût  faire  à  un  pays.  *  GarcilLijjo 
delaVcga,  Hiftoire  des  Yncas,  tom.  2.  pag.  113.  6c 
fuiv. 

On  dit  que  Ferdinand  Pizarre  tira  de  ce  remple  la  va- 
leur de  plus  de  neuf  cens  mille  ducats  en  or  ,  fans  com- 
pter un  grand  tréfor  que  les  foldats  y  avoient  déjà  pil- 
lé ,  6c  que  les  prêtres  Indiens  avoient  fait  cacher  ail- 
leurs avant  l'arrivée  des  Espagnols.  La  commune  opi- 
nion eft  que  les  Indiens  en  avoient  ôté  autant  d'argent 
que  quatre  hommes  en  pourroient  porter.  Les  ruines 
de  ce  temple  fe  voient  encore  aujourd'hui.*  De  Laé't , 
Defcription  des  Indes  occidentales,  1.  10.  c.  23.  Corn. 
Dic't. 

2.  PACHACAMAC  ou  Pachacama,  rivière  de 
l'Amérique  méridionale  ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de 
Lima,  au  midi  de  la  ville  de  ce  nom.  Elle  coule  dans  la 
vallée  de  Pachacamac  ,  &  a  fon  embouchure  dans  la  mer 
du  Sud  ,  entre  le  port  de  Callao  au  nord  &  le  havre  de 
Chilca  au  midi.  *  Arias ,  Robert  de  Vaugondy. 

3.  PACHACAMAC,  rochers  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  au  Pérou,  fur  la  cote  de  l'audience  de  Lima , 


PAG 


à  trois  lieues  au  fud  du  Capfolar  ,  près  de  l'embouchu- 
re de  la  rivière  Pachacamac.  Ces  rochers  courent  vers 
le  continent,  lis  font  tout  blancs.  Il  y  en  a  deux  gros 
6c  deux  petits.  Le  capitaine  Woodes  Rogers ,  qui  nous 
a  donné  la  defcription  de  ces  rochers ,  les  nomme  Fo- 
chacome ,  quoiqu'il  écrive  Pachacamac  dans  la  carte  de 
fon  voyage. 

PAChARI.  Voyez.  Tachari. 

PACHEQUE  ou  Pacheca  ,  ifle  de  l'Amérique  ,  dans 
la  mer  du  Sud,  dans  la  baie  de  Panama  ,  6c  la  plus  fep- 
tentrionale  de  celles  auxquelles  on  donne  le  nom  d'ifleS 
des  Perles.  Cette  ifle  eft  petite ,  6c  on  la  met  à  onze  ou 
douze  lieues  de  Panama.  Voyez,  au  mot  Isles  ,  l'article 
Isles  Royales.  *  Dampier ,  Voyage  autour  du  monde  , 
t.  1.  p.  188. 

PACHEU  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
deQu  icheu  ,  au  département  de  Liping  ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  8  deg  41  min  plus 
occidentale  que  Ptking  ,  fous  les  26  deg.  5;  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PACH1A,  promontoire  dcl'jfie  de  Sardaigne.  Ptolo- 
mée,  l,  z.c.  3.  le  place  fur  la  côte  occidentale  de  l'ifle  , 
au  midi  de  Neapolis. 

PACHISUS,  fleuve  de  Sicile,  félon  Vibhis  Sequefter , 
de  Fluminib.  qui  dit  que  le  jeune  Sextus  Pompeius  y  fuc 
tué  ;  mais  il  y  a  certainement  une  faute  dans  ce  pafiage 
deVibius  ;car  Strabon,  /.  z.p.  141.  6c  Appien  d'Alexan- 
drie ,  de  Bel.  Civil.  I.  j.p.  753.  veulent  que  ce  jeûne 
Romain  air  été  tué  à  Miletus,  ville  de  l'Allé  Mineure. 
Velleïus  Paterculus ,  /.  2.  c.  79.  Florus ,  /.  4.  c.  8.  Au- 
relius  Victor,  <sk  Viris  illujl.  c.  84.  &  Eutrope,/.  7. 
c.  -3.  difent  qu'il  fe  fauva  en  Afie  ,  6c  qu'il  y  fut  tué; 
ce  qui  s'accorde  affez  avec  ce  que  difent  Strabon  & 
Appien.  A  la  vérité  ,  Dion  Caffins ,  /.  49.  p.  ^oi.édit. 
Hanov.  1606  ,  veut  que  Sextus  Pompeius  ait  été  tué 
dans  la  ville  de  Midaium  ,  en  Phrygie  ;  mais  l'autorité 
de  ce  dernier  ne  peut  être  mife  en  balance  avec  celle  de 
tant  d'autres  hiftoriens.  Le  témoignage  feul  de  Strabon  , 
qui  vécut  à  peu  près  dans  le  rems  dont  il  s'agit,  devroit 
même  l'emporter.  Une  autre  rai  fon  qui  doit  nous  faire 
dire  que  ce  pafiage  de  Vibius  eft  corrompu  .c'efl  qu'au- 
cun auteur  ancien  n'a  connu  de  fleuve  nommé  Pa- 
chifus. 

PACHIUS,  village  del'Afie  Mineure,  félon  Appien. 
Voyez.  Sangia. 

PACHLARN-  Jty«.PECHLARN. 

PACHNEMUNIS ,  ville  d'Egypte ,  dans  le  Nôme 
Sebennytes.  Ptolomée ,  /.  4.  c.  $.  lui  donne  le  titre  de 
métropole.  Ammonius,  fon  évêque, affilia  au  concile  d'A- 
lexandrie ,  tenu  l'an  362.  *  Harduin.  Collect.  conc.  t. 
I.  p.  730. 

PACHOMIUS ,  canton  de  la  Thrace. 

PACHSU.  Voyez.  Paxu. 

PACHYNNEi  dans  quelques  éditions  d'Ovide,  on 
trouve  ce  mot  employé  au  livre  fécond  de  l'Art  d'aimer, 
v.  81. 
DcxtraLcbynthos  erat ,  fylvisque umbroja  Faehynne. 

Mais  les  fcholiaftes  de  ce  poëte  prétendent  qu'au  lieu 
de  Faehynne  il  faut  Calymne ,  ou  Cilymna  ,  comme 
dit  Ovide  lui  même,  dans  le  huitième  livre  desmétamor- 
phofes ,  v.  222. 

D  extra  Lebynthos  erat ,  fecundaque  mclle  Calymna. 

PACHYNI  PORTUS ,  port  de  la  Sicile,  fur  la  côte 
orientale  de  cette  ifle  au  nord,  &  près  du  promontoire 
de  Pachyne,  qui  en  eft  le  cap  méridional.  Cicéron,  in 
Verrem  ,  I.  $.  fait  mention  de  ce  port. 

PACHYNUM  PROMONTORIUM,  ou  Pachy- 
nus  ,  cap  de  la  Sicile  ,  aujourd'hui  cap  de  Paffai  o ,  dans 
la  partie  orientale  de  cette  ifle ,  du  côté  du  midi.  C'eft 
l'un  des  trois  promontoires  qui  ont  fait  donner  à  la  Si- 
cile le  nom  de  Trinacrie.  Corne  e  dit  fur  la  foi  du 
père  Lubin  ,  Table  Géogr.  quec'  Il  le  cap  le  plus  orien-  § 
tal  6c  le  plus  méridional"  de  l'ifle.  Ils  fe  trompent.  On  voit 
par  les  cartes  de  de  l'ifle  .  Atlas  ,  fondées  fur  les  ob- 
servations ,  que  le  promontoire  Pelorus  elt  beaucoup 
plus  à  l'orient  que  celui  de  Pachyne;  6c  les  pointes  de 
Pâli  ôc  de  Marza  font  plus  méridionales. 


PAG 


PAD 


PACIDARE,  village  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange. 
Prolomée  ,  /.  7.  c.  1.  le  place  entre  l'embouchure  du  fleu- 
ve Mophis  ev  celle  du  fleuve  Nainadus. 

PAGINATES,  peuples  d'Italie,  félon  Feftus  ;  fy 
verbo  Peigni,  qui  die  qu'ils  étoient  originaires  d'illyrie. 
Il  ajoute  que  ces  peuples  tiroient  leur  nom  de  Pacinus, 
un  des  descendais  du  roi  Volfinus,  fumommé  Lucul- 
lus  ,  qui  s'étoit  emparé  d'une  partie  de  l'Italie.  Mais 
comme,  au  lieu  de  Pacinus,  quelques-uns  lifent  Pecimts  , 
de  même  au  lieu  de  Pacifiâtes ,  ils  lifent  Pccinates  :  en- 
fin ,  il  y  a  des  aureurs  qui  pour  Pecinus  écrivent  Pi- 
cinus ,  6c  qui  nomment  Picrates  les  peuples  auxquels  il 
donna  Ion  nom. 

PACIO ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Huquanç  ,  au  midi  de  h  ville  d'Yocheu.  Elle  eft 
iameufe  à  caufe  d'un  temple  magnifique  6c  d'un  mo- 
naftere  de  bonzes  qu'on  y  a  bâtis.  Le  monaftere  eft 
fitué  entre  deux  lacs.  *  Atlas  Svnenfis. 

PACO  DE  SOUSA  (Saint  Sauveur  de),  abbaye 
d'hommes  ,  ordre  de  faiut  Benoît ,  en  Portugal ,  dans 
la  province  entre  Duero  6c  Minho ,  au  diocèfe  de 
Porto. 

PACONÏA ,  ifle  fur  la  côte  feptentrionale  de  la  Si- 
cile. Ptolomée  ,  /.  3.  c.  4.  la  place  vers  Pille  OfteodesSc 
l'embouchure  du  fleuve  Bathys,  ou  environ  à  moitié 
chemin  de  Panormm  à  Drcpamtm.  Comme  il  ne  fe  trou- 
ve qu'une  ifle  dans  toute  cette  longueur  de  côte  ,  favoir 
celle  qui  eft  fituée  à  l'orient  de  l'ancienne  Hyccara  , 
6c  qui  eft  éloignée  d'environ  8co  pas  du  rivage,  Ou-' 
vicr  ,  Sicilùantiq.  I.  2.  c.  14.  juge  que  cette  ifle  doit 
être  la  Patonia  de  Ptolomée.  Elle  s'appelle  préfente- 
ment  Ifola  ai  Fimi ,  ou  IJhla  dellc  Femine. 

PACORIA,  ville  de  la  Méfopotamie ,  fur  l'Eu- 
phrare,  entre  Addaca  6c  Teridata ,  félon  Ptolomée, 
/.  5.  c.    18. 

PACRAE,  lieu  de  Syrie.  Antonin ,  itiner.  la  place 
entre  Alexandrie  6c  Antioche  ,  à  16  milles  de  la  pre- 
mière, &  à  25  de  lafeconde.  Pline  ,  /.  j.  c.  ij.  6c  Stra- 
bon  ,  /.    16.  p.  75- 1.  nomment  cette  ville  Pagrae. 

PACTENE.  ^«.Pactyne. 

PACi"!  .  peuples  d'Allé,  quelque  part  aux  environs 
des  Palus  Méotides  ,  félon  Onclius,  qui  cite  Orphée, 
in  Argonaut. 

PACTIAN^E  MATIDLEj  vïlte  d'Afrique ,  dans  la 
Mauritanie  Céfarienfe.  Antonin  ,itw.  la  met  fur  ia  route 
de  Lemnae  à  Carthage  ,  entre  Igilgili  Colonïa  6c  Cbul- 
li  municipmm  ,  à  trente-cinq  milles  du  premier  de  ces 
lieux  ,  6c  à  vingt  quatre  milles  du  fécond. 

PACTiCUS  ,  nom  d'une  foret  des  Gaules,  félon 
Onelius ,  Tbef.  qui  cite  la  vie  de  S.  Lômcr. 

PACTIU S  ,  fleuve  d'Italie,  dans  le  pays  des  Feâicu- 
li  ,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  11. 

PACTOLE ,  Pattolus  ,  fleuve  d'Afie  ,  dans  la  Lydie. 
Il  prenoit  fa  fource  dans  le  mont  Tmolus,  mouilloit  la 
ville  de  Sardes,  6c  fe  perdoit  dans  PHermus,  felou 
Ptolomée,  /.  5.  c.  2.  6c  Strabon  ,  /.  11.  p.  526.  On 
l'appelloit  anciennement  Cb>yjoroas  ,  parce  qu'il  rouloir 
de  l'or  parmi  fon  fable.  Les  poètes  ont  feint  que  Midas , 
roi  de  Phrygie  ,  s'étant  lavé  dans  ce  fleuve ,  y  laiffa  le 
don  qu'il  avoit  reçu  de  Bacchus,  de  changer  en  or  tout 
ce  qu'il  touch croit. 

PACTOLI  PHRURIUM  ,  c'eft  à-dire,  la  Forte- 
resse de  Pactole  ,  lieu  fortifié  ,  aux  environs  du  fleu- 
ve Pactole,  félon  Plutaïque,  cité  par  Ortelius,  The- 
faur. 

PACTOLUM  :  un  ancien  commentateur  de  Juvenal 
met  un  fleuve  de  ce  nom  dans  l'Espagne  ;  mais  ce  fleuve 
pourroif  bien  être  imaginaire. 

PACTOLUS  ,  lieu  de  la  Béotie  ,  félon  Diodore  de 
Sicile  ,  /.  2.  Onclius  ,  Tbefaur.  dit  qu'Amiot ,  dans  fa 
traduction  de  Diodore  ,  a  fait  de  ce  lieu  un  fleuve.  21 
ajoute  qu'au  lieu  de  Fattolits  il  faut  lire  Spmtolus  dans 
Diodore  de  Sicile,  /.  2. 11  fe  fonde  fur  un  paffage  de  Thu- 
cydide ,  qui  met  un  lieu  de  ce  noni  dans  la  Béotie. 

PACTORUM  PORTUS.  Voyez  Symbolon. 

PACTYA,  ville  de  Thrace.  P-olomée,  /.  3.  c.  n. 
la  met  dans  la  Propontide ,  6c  Sophian  l'appelle  Pa- 
nido.  Voyez  Pabos.  Ce  fut  depuis  la  ville  de  Cardic  jus- 
qu'à celfe  de  Pactye,  que  Miiciadç  fit  bâtir  une  muraille  , 


74f 

qui  fut  en  divers  tems ,  tantôt  abbatue  ,  tantôt  re- 
levée, 6c  enfin  rétablie  par  Dercyllide  ,  général  Lacé- 
démonien. 

PACTYES,  ou  Pactyas  ,  montagne  d'Afie,  dan? 
Plonie,  au  territoire  d'Ephèfe ,  félon  Strabon,  /.  14. 
p.  6$6.  &  647.  On  l'appelle  aujourd'hui  Figcna. 

PACTYIC  A,  contrée  de  la  Perfide,  félon  Hérodo- 
te;/^, c.  102.  C'eft  dans  cette  province ,  qu'étoit  la 
ville  Caspatyrus. 

PACTYNE,  ou  PACTENEinom  d'une  ville,  quel- 
que part  dans  le  monde  ,  félon  Ortelius ,  Tbefaitr.  qui 
cite  Phavorin  ,  Lcxicon.  Suidas  ,  qui  fait  mention  de 
cette  ville,  dit  feulement  qu'elle  fe  nomme  Pullyene 
6c  PaQyne. 

PACURA,  ville  de  l'Inde  ,  dans  le  golfe  du  Gange, 
félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  au  lieu  de  Pacura,  fes  in- 
terprètes lifent  Palura. 

PACUS,  lieu  de  Syrie,  d'où  l'on  tire  leGalbanum, 
à  ce  que  dit  Plutarque,  H>JK  Plantar.  I.  9.  Ce  lieu 
pouvoit  être  au  voifinage  du  mont  Amanus,  d'où  Pli- 
ne, /.  12.  c.  2j.  dit  qu'on  droit  le  Galbanum. 

PACY ,  Paciacum ,  ville  de  France  ,  en  Normandie, 
au  diocèfe  d'Evreux  ,  fur  la  rive  droite  de  l'Eure  ,  à  deux 
lieues  au  fud-eft  de  Vernon.  Des  autres  côtés  ce  font 
des  bois  6c  des  plaines.  L'églife  paroifliale  eft  dédiée  à 
faint  Aubin.  Il  y  a  un  hôpital  dans  l'enceinte  duquel 
eft  la  maifon  de  ville  à  côté  de  l'appartement  du  prê- 
tre qui  a  foin  de  cet  hôpital  6c  qui  porte  le  nom  de 
prieur.  Il  y  a  en  outre  une  abbaye  de  Bénédictines  fon- 
dée, depuis  plus  d'un  fiécîe  ,  par  une  dame  d'Aibret,  qui 
étoit  auparavant  religieufe  de  l'abbaye  de  faint  Sauveur 
d'Evreux.  II  y  a  un  lieutenant  général  à  Pacy ,  un  vi- 
comte ,  un  procureur  du  roi ,  6c  tous  les  autres  offi- 
ciers de  la  ville.  On  y  tient  tous  les  Jeudis  un  marché 
considérable.  C'eft  un  grand  paffage  de  Baffe-Norman- 
die à  Paris ,  tant  pour  les  carroffes  &  les  trains ,  que 
pour  les  bœufs.  Hors  la  porte  de  Pacy  ,  nommée  la 
porte  de  France,  on  trouve  le  fauxbourg  de  PaiTcl, 
dont  l'églife  paroifliale  eft  fous  l'invocation  de  faint 
Martin.  Ce  fauxbourg,  en  matière  de  procédure  ,  ne  ré- 
pond pas  à  Pacy  ,  parce  que  Pacy  eft  du  reffortdu  par- 
lement de  Rouen  ,  6c  Paffel  du  reflbrt  de  celui  de  Pa- 
ris. Cette  ville  qui  paffe  pour  très-ancienne  ,  étoit  au- 
trefois environnée  de  très-bonnes  murailles,  avec  un 
bon  foffé  ,  6c  accompagnée  d'un  château  bien  baftionné, 
entouré  aufli  de  fofiés  6c  aflis  hors  de  la  ville.  La  tra- 
dition du  pays  porte  que  dans  les  dernières  guerres  des 
Ang'lois  en  Normandie  ,  ils  furprirent  Pacy  pendant  la 
nuit,  s'étant  fervi  pour  cela  de  grandes  échelles  de  cor- 
de ;  qu'ils  maffacrerent  tout  ce  qu'ils  purent  rencontrer  , 
6c  qu'ils  firent  un  pillage  univerfel ,  dépouillant  &  pro- 
fanant les  églifei.  *  Corn.  Diét.  fur  des  Mémoires  ma- 
nuferits, 

PACYRIS  ,  fleuve  de  Scythie,  près  du  golfe  Caret- 
nues  ,  félon  Pline,  /.  4.  c.  12.  Voyez,  Hypacaris,  qui 
eft  apparemment  le  même  fleuve. 

PADA.  Voyez,  Pader. 

PAD/EI,  peuples  de  l'Inde  ,  félon  Hérodote,/.  3. 
c.  99.  qui  dit  qu'ils  fe  nourriffent  de  chair  crue.  Ti- 
bulle  fait  aulfi  mention  de  ces  peuples,  /.  4.  eleg.  1. 
v.  145. 

Ultima  vitïnus  Phœbo  tenct  arva  Pad&us. 

PADAN.  Voyez,  Phadana. 

PADANE^SILV^,  forêt  d'Italie ,  près  du  PÔa 
Solin ,  ebap.  20.  éd'it.  de  Saumaife  ,  1629  ,  en  fait  men- 
tion ,  6c  fait  voir  l'erreur  des  anciens  qui  avoient  cru 
que  les  arbres  de  cette  forêt  pleuroient  de  l'ambre. 

PADANG  ,  ville  des  Indes  ,  dans  Pifle  de  Sumatra  s 
fur  la  côte  occidentale,  au  midi  de  Priaman.  Elle  eft 
fituée  fur  une  belle  rivière  ,  où  l'on  voit  fouvent  un 
grand  nombre  de  bâtimens  Indiens ,  &  ou  les  autres 
vaiffeaux  peuvent  aulfi  entrer.  Le  commerce  de  cette 
ville  confifte  en  benjoin  ,  camphre  ,  6c  même  de  l'or. 

PAD  ARGUS,  petite  rivière  delà  Perfide  ,  félon  Ar- 
rien  ,in  Indic.  c.  3 9. Un  manuferit  porte  Padagrus. 

PADASIA  ,  ville  de  la  Galatie ,  ou  de  l'Arménie, 
félon  Cedrene.  Curopalatc  la  nomme  Phadafia,  *  Orte- 
lius ,  Thef, 


742»       PAD 

PADBLRY,  feigneurie  du  Saverland  ,  en  Weftpha- 
!ie.  Voyez,  les  dernières  carres  d'Allemagne  de  Hub- 
ner. 

PADDAR  ,  rivière  des  Indes  ,  dans  les  érats  du  Grand 
Mogol.  Elle  a  fa  fource  dans  la  province  de  Bando  ou 
Asmer  ,  au  nord  de  la  ville  d'Asmer.  Elle  coure  du  nord 
oriental  au  fud  occidental ,  ôc  va  fe  jetter  dans  la  mer  , 
aux  confins  des  provinces  de  Sorec  ôc  de  Guzurat  qui 
forment  un  golfe  en  cet  endroit.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vau- 
gondy. 

PADDESTOW,  ou  Padstow,  ville  d'Angleterre, 
dans  la  province  de  Cornoua-.lle  ,  à  l'embouchure  de 
la  rivière  d'Alain.  On  y  tient  marché.  *  Etat  préfent  de 
la  Grande  Bretagne,  t.   i.  p.  50. 

PADE  :  nos  ancêtres  ont  ainii  nommé  la  ville  de  Pa- 
doue ,  en  Italie ,  dans  l'état  de  Venife.  Jean  Marot , 
dans  fon  rondeau  dont  le  refrain  elt  cour  foi  garder  , 
dit: 

Pade  &  Véronne  ont  bien  voulu  entendre 
Se  rendre  à  lui ,  ôc  pour  feigneur  le  prendre; 
Mais  à  leur  prince  en  a  fait  la  remife 
Pour  foi  garder. 

Le  peuple  dit  encore  tous  les  jours  Saint  Antoine  de 
Pade  ,  pour  dire  S.  Antoine  de  Padoue. 

PADER,  Pczdcra;  dans  les  anciens  monumens  Pa- 
tra  ,  Pathcr  ,  Pater  ,  Padra ,  Pada ,  Padus  ,  ôcc.  ruis- 
feau  d'Allemagne  ,  en  Weftphalic,  dans  l'évêché  de  Pa- 
derborn (  Monum.  Paderbornenfia.  p.  169.  &  feq.  )  11  a 
fa  fource  dans  la  ville  même  qui  en  prend  fon  nom, 
ôc  fe  joint  à  une  lieue  de-là  avec  deux  autres  ruifteaux 
dont  fe  forme  la  Lippe  ,  rivière  qui  garde  fon  nom  jus- 
qu'à fon  anivée  dans  le  Rhin.  Voyez,  l'article  qui 
fuit. 

PADERBORN,  ville  d'Allemagne,  en  Wefiphalie  , 
capitale  d'un  petit  état  que  pofïede  fon  évêque  ,  qui  eft 
prince  de  l'Empire.  Le  fameux  évêque  de  Paderborn  a 
raflemblé  en  peu  de  mots  ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable dans  l'origine  de  cette  ville.  Voici  l'infcrip- 
tioii  : 

Hic  ubi  fons  Pader  a,  mcdïà  furgentis  in  urbe 

Duco  vêtus  magni  nomen  ab  amne  Padi. 
Marte  dm  amipiti  Carolus  certare  conclus, 

Delcgit  Ciftris    Concdiisque   locum. 
Jttffit  &  bis  undis  liifiratam  fttbderc  gentem 

Suxonicam  vero   colla  fuperba  Deo. 
Hit  Léo  ,  Romanâ  dedutlus  ab  urbe ,  facellum 

àacravit  pnmum   Relligionis  opus. 

Hic  fedes   longo  fuit  ordine    deinde  fecittis 

Terrarum  Dominis  inclyta  Gcfaribus. 

Virginis  hic  conjux  virgo  Cunigunda  mariti 

Accepit  meritis  Regia  ferîa  comis. 

Vaftum  abus  fubeatfeptena  per  oftia  pontum  , 

Nobilius  nullus  me  caput  amnis  habet. 

Le  nom  de  cette  ville  a  été  diversement  défiguré  , 
félon  les  différentes  dialectes  des  écrivains.  Adon  de 
Vienne  dit  Pater brurna  ôc  Padrabrunne ,  l'analyfe  de 
Canifius  P ader  britnnen  ,  Padenbrun  ôc  Padesbrunen, 
Jean  duTil,  dans  fes  petites  annales,  Patresbrunna  Se 
Patresbrunnas  ,  dans  les  grandes,  Patresbrunnon  ôc  Pa- 
tresbrunno  ,  dans  les  fragmens  des  annales  d'Alex.  Peta- 
vius  ,  Padresbrunncn  ôc  Padresbrunnon ,  dans  les  anna- 
les de  Loifeau  ,  P  aterbrunnen  ôc  Padrabrunno ,  l'au- 
teur inconnu  de  la  vie  de  Charlemagne  ,  P aderburnen 
ôc  Paderbumum  ,  le  Moine  dAngoulême  ,  Paderbrun- 
nen  ôc  Padrabruno  ,  le  poè'te  Saxon  ,  Pathalbrannon  ôc 
Paderbrunnum  ,  Eghinard  ,  Padabruna,  l'Hiftorien  de 
Louis  le  Débonnaire, Patrisbruna ,  l'Hifloire  de  l'établis- 
fement  de  la  Nouvelle  Corbie  ou  Coi  wey  ,  Patberbru- 
na  ,  les  annales  de  Fulde,  Padrabrunno  ôc  Padrab- 
prunno  ,  l'Hiftoire  de  la  translation  de  faint  Vie ,  Pa- 
therbronna ,  &c. 


PAD 


L'origine  de  ce  nom  de  Pader  ,  P  ader  a ,  Pada  on 
Padus  vient ,  félon  GobehnusPerfona,  dé  quelque  rap- 
port avec  le  Pô  ,  en  latin  Padus  ,  que  Charlemagne  ,011 
peut-être  les  Saxons ,  qui  l'avoient  fuivi  en  Italie  ,  où  ils 
avoient  vu  le  Pô  qui  fort  de  trois  fonrees ,  donnèrent 
ce  nom  à  ce  ruifTeau  qui  a  auffi  trois  fources  au  pied 
de  la  montagne ,  qui  chacune  s'appellent  Pader  avec  une 
épithéte  diftindtive,  &  forment  dans  la  même  ville  cet- 
te rivière  ,  que  le  même  auteur  croit  s'être  auparavant 
appcllée  la  Lippe.  Cer  auteur  dit  qu'avant  Charlema- 
gne on  appelloit  cette  rivière  la  Lippe.  11  en  apporte 
pour  preuve  qu'elle  fe  mêle,  à  vingt  ftades,  avec  deux 
autres  ruifleaux,  dont  un  elt  nommé  la  Lippe  étroite. 
Rien  n'étoit  plus  ordinaire  aux  François ,  dit  Meibom  , 
Notœ  in  Irminfulam  Saxon,  que  de  donner  des  noms  de 
leur  pays  aux  lieux  étrangers  qu'ils  habitoient.  Reicen- 
nius  ,  dans  l'es  notes  fur  le  po'éte  anonyme  ,dit  :  In  an- 
naïibus  Francicis  perpétua  legitur  Paderboma  ;  efi 
enim  nomen  à  Padifonubus  ....  atque  ut  Italiens  in- 
terfluvios  Italiœ  maximus  eft  tfic  Gcrmanicus  tanthm  à 
capite  aqu.irum  vehit ,  quant  km  totitts  Europ£  nullus. 
Bullandus  croit  au  contraire  que  ce  font  les  Romains, 
qui ,  étant  campés  en  cet  endroit ,  donnèrent  à  ce  ruis- 
feau  le  nom  d'une  rivière  d'Italie.  Pline,  /.  3.  c.  16. 
nous  fournit  la  véritable  origine  du  nom.  Il  cite  Mé- 
trodore  ,  auteur  Grec  ,  au  rapport  de  qui  ce  fleuve  prend 
fon  nom  ,  de  ce  qu'autour  de  fa  fource  il  y  a  quantité 
d'arbres  d'où  coule  la  poix  ,  ôi  que  l'on  appelle  Padi  , 
'  en  langue  Gauloife. 

La  guerre  de  Saxe  dura  trente  ans.  Charlemagne , 
voulant  la  finir  abfolument ,  choifit  un  lieu  du  voifmage 
pour  y  établir  Ca.  cour.  A  la  fource  de  cette  rivière  ,  le 
lieu  lui  parut  fi  beau  ,  qu'il  y  forma  un  camp  ,  où  il 
indiqua  plufieurs  diètes ,  entre  autres  celles  de  777  ôc 
785  Le  pape  Léon  ,  ayant  été  maltraité  par  les  Ro- 
mains ,  fut  conduit  à  Paderborn  ,  où  étoit  alors  Charle- 
magne qui  le  reçut  avec  refpecL  Ce  pape  confirma  le  fié- 
ge  épiscopal  que  Charlemagne  y  avoir  érigé. 

Paderborn  devint  confidérable  par  la  réfidence  im- 
périale :  auffi  eft-elle  nommée Sedes  regalis  par  Erinhei'3 
qui  a  écrit  en  vers  la  vie  de  S.  Hemerad  ,  prêtre. 

Eft  locus  egregiits  P atherbrunnon  vocitatus. 
Is  quoque  regalis  Sedes  O"  Pontifie alis. 

Ce  ne  fut  pas  feulement  Charlemagne  qui  en  aima  la 
féjour.  En  815  ,  Louis,  fon  fils,  y  tint  une  diète  géné- 
rale: les  députés  ôc  les  principaux  d'entre  les  Slaves  orien- 
taux s'y  rendirent.  Trente  ans  après ,  il  y  tint  une  pa- 
reille diète ,  ôc  y  reçut  les  ambaffadeurs  de  fes  frères , 
des  Normands,  des  Slaves,  &  des  Bulgares.  L'empe- 
pereur  Conrad  II  vint  paffer  le  jour  des  Rois  à  Pader- 
born. On  a  de  lui  un  diplôme  du  même  lieu  ôc  de  l'an 
1032.  Henri  III,  à  fon  retour  d'Italie ,  vint  à  Pader- 
born en  iojô  ,  ôc  y  mourut  la  même  année.  L'an  1 152  , 
Frédéric  I  donna  un  diplôme  daté  de  Paderborn.  En 
mi  ,  Othon  IV,  qui  fut  forcé  la  même  année  d'ab- 
diquer l'Empire ,  fit  le  partage  de  la  Saxe  entre  lui  & 
fon  frère  Henri ,  duc  de  Saxe ,  ôcc.  Paderborn  efi  enfin 
demeurée  fimplement  la  cour  d'un  évêque  qui  y  réfide 
rarement  ,  lorsque  ce  fiége  efi  joint  à  quelqu'autre, 
comme  à  préfent  qu'il  eft  pofTédé  par  l'électeur  de  Co- 
logne. Ce  diocèfe  a  eu  le  fiécle  pafle  un  évêque  célèbre, 
par  (esMonumenta  Paderbornenfia, 

Ce  diocèfe  a  eu  autrefois  dans  la  jurisdiétion  de  fon 
évêque  vingt-quatre  villes ,  tant  grandes  que  petites , 
ou  bourgs ,  vingt  châteaux  &  bailliages ,  feize  Monafic- 
res ,  ôc  cinquante-quatre  paroifles.  L'évêché  de  Pader- 
born e(ï  terminé  au  nord  par  le  comté  de  la  Lippe,  à 
l'orient  par  l'abbaye  de  Corwey ,  ôc  par  le  pays  de  Bruns- 
wick: au  midi  par  les  états  de  Hefïc  ôc  de  Waldeck  ; 
&  au  couchant  par  un  petit  canton  du  comté  de  la  Lip- 
pe ,  où  elt  Lipftadt ,  &  le  comté  de  Ritberg.  D'Audiftet 
paile  ainfi  de  Paderborn.  Charlemagne  donna  l'advoca- 
tie  de  cet  évêché  à  Witikind,  comte  de  Swalemberg , 
&  de  Waldeck,  dont  les  descendais  en  jouirent  jusqu'à 
Witikind  IV,  qui  la  céda  à  l'évêque  l'an  11 87,  pour 
trois  cens  marcs  d'argent.  L'empereur  Henri  II  donna  à 
l'églife  de  Paderborn  en  ion  ,  le  comté  de  Warbourg  ; 
le  comte    de  Decon  lui    avoit  donné  les   terres  de 


PAD 


PAD 


Wartberg  ,  de  Ruinlefeffun,  d'Erungen  ,  de  Radi. 
Cette  donation  fut  confirmée  par  Henri  II ,  qui  y  en 
ajouta  d'autres.  L'étendue  de  cet  évêché  n'cft  pas  grande  ; 
mais  le  pays  eft  très-fertile.  Des  montagnes  fort  hautes, 
&  où  il  y  a  des  mines  de  fer ,  le  coupent  en  deux  parties. 
L'occidentale  corifil  te  en  de  belles  plaines  qui  font  arrofées 
par  les  rivières  de  Lippe ,  d'Alme ,  &  de  Haftenbeck. 
L'orientale  n'cft  pas  fi  unie,  elle  abonde  en  bled  Se  en 
pâturages.  Les  rivières  de  Dumel  Se  de  Neete  la  traver- 
fent ,  Se  vont  delà  fe  jetter  dans  le  Wefer. 

Paderborn  la  capitale  eft  grande ,  Se  bien  peuplée. 
Son  chapitre  eft  oompofé  de  vingt-quatre  chanoines  tous 
capitulaires.  Il  faut  pour  y  être  reçu  avoir  étudié  dans 
une  univerfité  de  France  Se  d'Italie.  La  ville  pafibit  au-# 
trefois  pour  libre  ôc  impériale  ;  mais  elle  eft  foumife  pré- 
sentement à  fes  évêques ,  dont  la  réfidence  ordinaire 
eftà  Neuhaus,  château  voifin.  Cette  ville  eflà  iiïlieues 
nord-oueft  de  Caffel ,  1 7  eft  par  fud  de  Munftcr ,  1  ;  fud- 
oueft  de  Minden  ,  1 54  nord-oueft  de  Vienne  :  longitude 
26  deg.  28  min.  latit.  ;i  deg.  46  min. 

PADICHORA.  Vojei.BADEicHORA,  qui  eft  le  mê- 
me mot. 

PADINATES  ,  peuples  d'Italie  ,  félon  Pline,  /.  3.  c. 
ij.  Le  père  Hardouin  croit  qu'ils  demeuroient  vers  l'em- 
bouchure du  Panaro  ,  dans  le  Pô,  dans  l'endroit  où  eft 
aujourd'hui  le  bourg  de  Bondeno.  Il  a  fuivi  la  conjecture 
deCluvier  dans  fon  ancienne  Italie  ,  /.  i.p.  282. 

PADOUAN  (Le  ) ,  contrée  d'Italie  ,  dans  l'état  de 
Venife.  Elle  eft  bornée  au  nord  par  la  Marche  Trévi- 
fane,  à  l'orient  par  le  dogat  de  Venife,  au  midi  par  la 
Polefine ,  dont  elle  eft  féparée  par  l'Adige ,  Se  à  l'oc- 
cident par  le  Vicentin.  On  lui  donne  trente-cinq  mil- 
les du  feptentrion  au  midi,  &  vingt-huit  d'orient  en 
occident.  Ce  payspaffe  pour  être  le  meilleur  d'Italie  :  il 
eft  du  moins  le  mieux  cultivé.  Ses  principaux  lieux 
font: 


Padouc , 
Anguilara 


Monfclice, 

Citadella. 


EftouEfle, 
Campo  S.  Pietro, 
Arqua , 


Quant  au  fort  qu'a  eu  cet  état ,  voyez.  Padoue» 

PADOUCAS  ,  grande  Se  puiffante  nation  de  l'Amé- 
rique feptentrionale  ,  dans  la  Louïfiane.  Cette  nation 
cil  mêlée  avec  les  Apaches  :  les  uns  &  les  autres  font  la 
plupart  errons ,  félon  que  la  chaffe  les  conduit.  Il  y  a 
néanmoins  une  bonne  partie  de  ces  peuples  qui  caba- 
nent  vers  les  fources  de  plufieurs  grandes  rivières  quife 
jettent  les  unes  dans  le  Miffouri ,  Se  les  autres  dans  le 
Mifliftipi ,  à  la  bande  de  l'oueft  ,  depuis  le  36  deg.  de 
laritude  jusqu'au  45  ,  à  cent  ou  cent  vingt  lieues  à  l'oc- 
cident du  MifTiffipi.  Il  y  a  quelques  cabanes  ou  villages 
de  Padoucas  ,  dans  le  Nouveau  Mexique.  Les  rivières , 
dont  ils  habitent  les  bords ,  font  la  rivière  rouge,  celle 
de  Marne,  celles  des  Akanfas,  celle  des  Canfez,  Se 
une  autre  qui  fe  jette  dans  le  Miffouri  ,  à  la  bande  du 
fud-oueft.  Ils  bordent  les  montagnesqui  féparent  la  Louï- 
fiane ,  du  Nouveau  Mexique.  Les  uns  habitenc  dans 
les  vallées  de  ces  montagnes ,  Se  les  autres  dans  de 
grandes  plaines  Se  prairies  fréquentées  d'une  grande 
quantité  de  bœufs  fauvages. 

PADOUE,  ville  d'Italie,  dans  l'état  de  Venife,  &  la 
capitale  du  Padouan,  Patavium,  Se  en  Italien  Padoua. 
Elle  eit  fituée  fur  les  rivières  de  Brento  Se  de  Barchi- 
glione,  à  quatre  vingt-dix  lieuesnord  de  Rome  ,  au  29  d. 
3c.  min.  de  longitude,  Se  au  41  deg.  24  min.  de  latit. 
Son  terroir  eft  extrêmement  fertile ,  ce  qui  a  fait  dire 
Boloçna  la  Grajfa ,  Venetia  la  Qjiafta  ,  ma  Padoita  la 
Paffa.  Les  Romains  lui  accordèrent  le  droit  de  bour- 
geoifie  ,  Se  lui  donnèrent  le  pouvoir  de  choifir  fon  fénat. 
En  récompenfe  Padouc  leur  fournit  quelquefois  des  trou- 
pes. Elle  fut  ruinée  par  Attila:  Narfès  l'ayant  rétablie, 
les  Lombards  la  détruifirent.  Cependant  elle  jouifibit 
de  fa  liberté  du  tems  de  Charlemagne  Se  de  fes  fucces- 
feurs.  Elle  eut  des  confuls  Se  des  gouverneurs  ;  mais  elle 
tomba  fous  la  tyrannie  d'Ezzelin,  Se  après  fa  mort  les 
Papafava  en  furent  les  maîtres  :  le  dernier  de  ce  nom 
fut  François ,  dépoffédé  de  fon  état  par  le  vicomte  de 


745 

Milan.  La  republique  de  Venife  ,  ayant  pris  parti  dans 
cette  affaire,  rétablit  le  fils  dans  l'état  de  fon  père,  & 
même  y  ajouta  Vérone;  mais  ce  fils  ayant  fait  la  guerre 
à  la  république  ,  fut  fait  prifonnier  en  1406  ,  &  depuis 
ce  tems  Padoue  Se  fon  état  font  demeurés  aux  Vénitiens. 
En  ijicj  on  abbatit  tous  les  fauxbourgs ,  dans  lesquels 
étoient  compris  dix  monafteres ,  fix  églifes ,  fept  hôpi- 
taux, Se  environ  trois  mille  maifons.  *  journal  d'un 
Voyage  de  France  &  d'Italie,  p.  863.  Mijfon  ,  Voyage 
d'Italie  ,  t.  1.  p.  176. 

Cette  ville  eft  arrofée  par  les  rivières  de  Barchiglione 
Se  de  la  Brento  i  qui  remplirent  fes  foffc's  d'eau ,  Se  fonc 
fort  utiles  aux  habitans.  Padoue  eft  cependant  une  ville 
pauvre  Se  dépeuplée  :  le  circuit  en  eft  grand  ;  mais  il  y 
a  de  grands  espaces  vuides ,  Se  beaucoup  de  maifons  à 
louer.  L'ancienne  Padoue  a  encore  fes  premières  murail- 
les. Depuis  qu'elle  appartient  à  la  république ,  on  a  fait 
une  nouvelle  enceinte  plus  grande  :  mais  qui  a  été  fl 
fort  négligée,  qu'elle  tombe  préfentement  en  ruine.  11  y 
a  des  portiques  presque  par  toute  la  ville ,  ce  qui  eft  affezi 
commode  pour  marcher  à  couvert  ;  d'ailleurs  cela  rend 
les  rues  étroites  Se  obfcures  ,  Se  facilite  le  fameux  bri- 
gandage appelle  le  Qui  va-li  ?  Les  écoliers  forrent  ar- 
més par  bandes ,  dès  que  la  nuit  tombe  ;  fe  cachent  der- 
rière les  piliers  des  portiques  5  ck ,  lorsqu'ils  entendent 
un  paffant  ils  crient  Oui  va  lï  ?  une  autre  bande  crie  en 
même- tems  Qui-va-là  ?  Ils  tombent  tous  en  même- 
tems  fur  le  paffant ,  qui  périt  entre  le  Qui-va-li  Se 
le  Qui-va-là  .'  On  afi'ure  que  ces  indignités  arrivent 
aujourd'hui  très  rarement. 

Il  y  en  a  qui  prétendent  que  Padoue  a  été  autrefois 
un  port  de  mer ,  parce  qu'en  creufant  des  puits  Se  àes 
fondemens  de  maifons ,  on  a  trouvé  en  divers  lieux  des 
ancres  Se  des  mâts.  Mais  comme  l'hiftoire  n'en  dit  rien  ,  il 
eft  plus  aifé  de  fuppofer  qu'il  y  avoit  un  grand  canal 
qui  communiquoit  à  la  mer. 

On  veut  encore  que  Padoue  ait  été  bâtie  par  Antenoa 
On  y  montre  un  grand  Sarcophage ,  dans  lequel  on  a 
mis  les  prétendus  os  de  ce  Troyen  ,  Se  on  l'appelle  com- 
munément le  tombeau  d'Antenor.  Mais  on  n'en  trouve 
aucune  preuve  décifive.  A  la  vérité  on  ne  peut  nier  , 
fans  s'oppofer  directement  au  témoignage  de  plufieurs 
anciens  &  fameux  auteurs ,  qu'Antenor  ne  foit  venu  en 
ce  pays  ;  Se  il  faut  croire ,  s'ils  ne  fe  font  trompés  eux- 
mêmes  ,  qu'il  y  bâtit  une  ville ,  qui  fut  appellée  d'abord 
Antenorea ,  Se  depuis  Pataviitm.  Ces  deux  articles  peu- 
vent être  accordés 

Pour  le  tombeau,  dit  Miffon,  p.  178  ,  c'eft  une  pute 
bagatelle.  Le  cercueil  de  plomb  qui  fut  trouvé, il  y  a 
quatre  cens  ans  Se  plus  ,  n'avoit  aucune  infeription;  mais 
furl'épéequi  étoit  auprès  fe  lifoient  quelques  vers  d'un 
latin  barbare ,  qui  n'avoient  aucun  rapport  à  Antenor  i 
cependant  Lupatus ,  alors  magiftrat ,  fit  mettre  les  os 
trouvés  dans  ce  cercueil  dans  un  tombeau  qui  fe  voit  à 
l'entrée  de  la  rue  S.  Laurent ,  &  il  fit  graver  deffus  quatre 
vers  latins  ;  c'eft  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  le  tom- 
beau d'Antenor. 

On  compte  dans  Padoue  vingt-fix  paroiffes ,  quatre 
hôpitaux  ,  vingt-trois  monafteres  d'hommes,  Se  dix-huit 
de  filles.  Elle  a  fept  portes ,  fept  ponts  de  pierre  ,  neuf 
grandes  places  publiques ,  Se  un  grand  nombre  de  beaux 
palais.  On  la  divife  en  vieille  Se  nouvelle  :  fa  forme  fem- 
ble  repréfenter  un  jambon ,  dont  le  manche  fait  le  vieux 
château ,  qui  a  environ  deux  cens  cinquante  pas  de 
largeur.  L'hôtel  de  ville  ,  autrefois  confumé  par  le  feu 
Se  relevé  en  1420,  eft  un  magnifique  bâtiment.  On  y 
voit ,  dans  une  fale  ,  qui  eft  fort  grande  Se  fort  obfcu- 
re ,  plufieurs  monumens  qui  ont  été  érigés  pour  hono- 
rer la  mémoire  de  diverfes  perfonnes  illuftres.  Après 
la  découverte  de  ce  prétendu  tombeau  d'Antenor ,  le 
premier  cercueil  inconnu  qui  y  fut  trouvé  ,  fut  regardé 
comme  devant  être  celui  de  Tire  Live,  ce  fameux  hi- 
florien,  à  qui  Padoue  avoit  donné  le  jour.  C  croit  une 
châffe  de  plomb  ,  qu'on  couvrit  auiïï-tôt  dé  branches  de 
laurier  ,  Se  qui  fut  portée  par  les  plus  confidérables  de  la 
ville  au  temple  de  fainte  Juftine ,  où  elle  demeura  en  dé- 
pôt jusqu'en  1447,  qu'elle  fut  portée  au  palais  de  juftice  , 
ou  hôtei  de  ville ,  où  on  lui  dreffa  le  monument  qu'on 
voit  aujourd'hui.  On  y  a  joint  depuis  l'infeription  fui-. 


744      PAD 

vante ,  qui  a  été  trouvée  dans  le  voifinage  du  lieu  où 
étoic  autrefois  le  temple  de  la  Concorde. 

*  V.  F.  *  Vivens  fecit. 

Titus    Livius 
L  i  v  i  i.    T.  F. 
Quarto     L. 
H  a  l  y  s 

CoNCORDIALIS 
P    A    T    A    R    I 
SlBI       ET       SUIS 
O    M    N    I    B    U    S. 


Au-deffus  de  cetre  infeription  on  a  mis  une  tête  de 
marbre ,  que  le  vulgaire  prend  pour  la  tête  de  Tite- 
Live.  L'Orfato  a  fait  une  diflertation,  par  laquelle  il 
paroît  prouvé  que  Tite-Live  ,  dont  parle  cette  inferi- 
ption ,  n'étoit  qu'un  affranchi  d'une  des  filles  de  Tite- 
Live  hiftorien  \  de  forte  que  les  os ,  la  tête  ôc  l'infcri- 
ption  pourroient  être  autant  de  pièces  empruntées.  Au- 
près de  l'infcription  on  a  mis  d'un  côté  une  ftatue  de 
bronze  qui  repréfente  l'éternité  ,  Ôc  de  L'autre  côte  ,  la 
ftatue  de  Minerve  de  même  métal.  Lazare  Bonami  ,  pro- 
feffeut  à  Padoue,  a  ajouté  à  ces  ornemens  les  fix  vers 
fuivans  : 

OJfa  tuumque  Caput,  Civis ,  tibi ,  maxime  Livi, 
Prompio  animo  hic  omnts  compofuere  tui. 

Tu  famam  xternam  Komx.  Patriœque  dedijli , 
Huic  oriens ,  illi  fortia  facla  canens  : 

'At  tibi  dat  Patria  bac,  &  fi  majora  liceret, 
Hoc  totus  Jlares  aurais  ipfe  loco. 

T.  Livius  ,  quarto  ïmperii  Cafaris  annoy 
Vua  excejfu  :  atatis  ver  o  fut ,  76. 


Dans  la  même  fale  on  voit  un  autre  monument  que 
la  ville  de  Padoue  fit  élever  en  1661  ,  pour  éternifer  la 
vertu  de  la  marquife  d'Obizzi ,  poignardée  par  un  gen- 
tilhomme qui  trouva  moyen  d'entrer  dans  fa  chambre , 
dans  le  tems  qu'elle  étoit  encore  au  lit ,  ôc  que  fon  mari 
étoit  abfent  ;  comme  il  ne  put  rien  obtenir  d'elle  par*  la 
perfuafion ,  fon  amour  dégénéra  en  fureur  :  il  la 
tua.  Quand  la  marquife  fut  furprife  ,  elle  avoir  avec  elle 
fon  fils  unique ,  âgé  de  cinq  ans.  Le  meurtrier  le  porta 
dans  une  chambre  voifine  ,  avant  d'exécuter  fon  deflein , 
ôc  l'enfant  ne  put  voir  ce  qui  fe  pafla.  Cependant  l'affai- 
re ayant  éclaté,  on  arrêta  le  gentilhomme  fur  les  foup- 
çons  que  l'on  eut  contre  lui.  On  favoit  qu'il  avoit  eu 
de  l'attachement  pour  la  marquife  :  l'enfant  dit  quelque 
chofe  ;  des  voifins  rapporrerent  qu'on  avoit  vu  le  gen- 
tilhomme dans  le  quartier,  &on  trouva  fur  le  lit  un 
bouton  femblable  à  un  autre  qu'il  avoit  encore.  Tout 
cela  donnoit  de  grands  indices.  On  l'appliqua  diverfes 
fois  à  la  queftion  ;  mais  il  nia  toujours.  Au  bout  de 
quinze  ans  de  prifon  il  eut  fa  liberté ,  dont  il  ne  jouit 
pas  long-tems.  Le  jeune  marquis  lui  donna  un  coup  de 
piftoletdans  la  tête  ,  ôc  vengea  ainfi  la  mort  de  fa  mère. 

Le  palais  du  gouverneur  a  de  beaux  appartemens , 
enrichis  de  peinture.  Celui  où  fe  rend  la  juftice  eft  re- 
marquable par  fa  galerie ,  par  fes  piliers  de  marbre  qui 
le  foutiennent ,  ôc  par  fes  peintures.  L'amphithéâtre  ne 
repréfente  plus  que  de  miférabks  ruines. 

L'églife  cathédrale,  dédiée  à  fainte  Sophie, eft  bien 
bâtie.  Dans  une  chapelle  qui  eft  fous  le  chœur  repofe 
le  corps  de  faint  Daniel ,  martyr  ,  dans  un  tombeau  de 
matbre,  enrichi  de  bas-reliefs  fur  bronze,  qui  repré- 
fentent  le  martyre  de  ce  Saint.  L'autel  eft  paré  de  beau 
marbre,  ôc  de  plufieurs  ftatues  de  bronze,  de  même 
que  celui  de  l'églife  ,  qui  a  été  bâtie  par  faint  Prodoci- 
me  ,  premier  évêque  de  la  ville,  ôc  enrichie  par  l'empe- 
reur Henri  IV.  Son  rombeau  s'y  voit  avec  celui  de  fa 
femme  Berrhe. 

L'églife  de  faint  Antoine  eft  fort  grande ,  &  remplie 


PAD 


de  plufieurs  tombeaux  magnifiques ,  entre  lesquels  on 
voit  celui  d'Alexandre  Contarini,  amiral  de  la  républi- 
que ,  ôc  procurateur  de  faint  Marc ,  Ck  celui  du  comte 
Horatio  Sicco ,  qui  fut  tué  à  Vienne  pendant  le  dernier 
fiége.  On  ne  peur  voir  de  plus  belles  peintures  à  fres- 
que que  celles  de  la  Chapelle  de  faint  Félix  :  elle  eit 
du  fameux  Giotto.  Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  confidé- 
rable ,  c'eft  la  chapelle  de  faint  Antoine ,  iurnommé  de 
Padoue ,  parce  qu'il  y  mourut ,  &  qu'il  y  eft  enterré. 
11  eft  le  protecteur  de  la  ville  ,  ôc  on  l'appelle  par  ex- 
cellence il  Santo. 

L'églife  de  fainte  Juftine  eft  d'une  grandeur  ôc  d'une 
beauté  extraordinaire.  Elle  eft  foutenue  de  quatre  rangs 
«de  gros  piliers ,  ôc  toute  pavée  de  marbre  de  carreaux 
d'échantillon  ,  rouge  ,  blanc  &  noir.  La  vôute  de  la  gran- 
de nef  a  fept dômes  :  ce  qui  l'exhauffe,  la  rend  claire 
ôc  l'embellir  extrêmement  :  il  y  en  a  deux  fur  chacun 
des  bras  de  la  croix,  Outre  le  grand  autel ,  qui  eft  un 
ouvrage  fuperbe,  il  y  en  a  vingt-quatre  autres  de  mar- 
bres lins,  ôc  tous  difïéiens.    U  y  a  une    inferiprion, 
par  laquelle  il  eft  dit  que  l'églife  a  été  bâtie  aux  frais 
de  l'abbaye.  Les  bas  des  bancs  du  chœur  font  admira- 
bles ,  ôc  le  deffein  en  eft  très-beau.  Ce  font  les  prophé- 
ties de  l'Ancien  Teftament,  touchant  JEsus-CHRisT.avec 
leur  accompliffement  dans  le  Nouveau.  La  facriftie  eft 
confidérable  par  la  riche  argenterie  qui  s'y  trouve,  par 
fes  fupeibes  ornemens  ,  ôc  par  fes  reliques  :  on  y  mon- 
tre entre  autres  les  chefs  de  faint  ProdocimecV  de  fainte 
Juftine,  &  la  plume  de  faint  Marc.  La  magnificence  du 
monaftere ,  qui  eft  une  abbaye  de  l'ordre  de  S.  Benoîr , 
ôc  où  la  réforme  a  eu  fon  commencement  ,   répond 
bien  à  la  beauté  de  l'églife  ;  les  bâtimens  font  vaftes. 
Il  y  a  fix  cloîtres ,  plufieurs  cours  ôc  plufieurs  jardins. 
Cette  abbaye  a  été  bâtie  dans  le  lieu  où  étoit  le  tem- 
ple dédié  à  la  Concorde. 

La  grande  place ,  qui  eft  près  de  cette  abbaye  ,  s'appel- 
loit  autrefois  le  Champ  de  Mars  :  on  l'appelle  Prato 
délia  Vulle.  Il  y  a  dans  cette  place  un  petit  espace  qu'on 
appelle  Campo  Santo ,  parce  que  c'eft: ,  dit-on  ,  l'endroit 
où  plufieurs  martyrs  ont  autrefois  fouffert  la  mort. 

L'univerfité  de  cette  ville  doit  fa  fondation  à  Char- 
lemagne.  Le  pape  Urbain  IV  ôc  l'empereur  Frédéric 
II ,  l'augmentèrent  confidérablement.  Elle  étoit  autre- 
fois très- flo  ri  fiante  ;  mais  aujourd'hui  elle  eft  affez  déferte. 
De  dix  collèges,  il  y  en  a  neuf  employés  à  d'autres 
ufages.  Celui  qui  relie  eft  un  affez  beau  bâtiment.  On 
le  nomme  le  collège  du  bœuf,  parce  qu'il  y  avoit  au- 
trefois en  cer  endroit  une  hôtellerie  qui  avoit  un 
bœuf  pour  enfeigne.  On  l'appelle  aufli  les  écoles  pu- 
bliques. Il  y  a  onze  diftérens  auditoires ,  ôc  un  beau 
théarre  pour  l'anatomie.  Le  jardin  des  fimples  eft  de 
forme  ronde,  ôc  environné  de  terrafies.  Il  fut  planté 
en  1J46.  Depuis  ce  tems,  il  a  été  rempli  des  plantes 
les  plus  rares. 

Quoique  Padoue  ait  l'air  pauvre,  trifie  ôc  fale ,  qu'elle 
foir  mal  peuplée  en  général ,  mal  bâtie ,  mal  pavée  ; 
beaucoup  d'étrangers ,  qui  y  ont  demeuré,  ne  l'ont  quit- 
tée qu'avec  regret ,  à  caufe  des  gens  de  lettres ,  qui  font 
ordinairement  beaucoup  d'accueil  aux  étrangers.  Cette 
ville  a  vu  naître  les  poètes  Stella  ,  Valerius  Flaccus  ,  ôc 
Volufius,  lequel  après  Ennius  écrivit  en  vers  les  annales 
de  Rome.  Le  jurisconfulre  Paulus  étoit  auffi  de  Padoue. 

1.  PADRON  ,  ville  d'Espagne,  dans  la  Galice,  (a) 
à  l'embouchure  de  la  rivière  d'Ulla  ,  fur  un  petit  golfe 
qu'elle  forme  en  fe  jettant  dans  l'Océan  ,  à  quatre  lieues 
de  Saint  Jacques  de  Compoftelle.  L'archevêque  de  Com- 
poftelle  en  eft  feigneur  fpirituel  ôc  temporel.  Cette  ville 
eft  peu  confidérable.  Il  y  a  une  grande  rue  où  il  n'y  a 
que  des  ouvriers ,  qui  demeurent  principalement  du  côté 
du  grand  marché  (b).  On  paffe  encore  une  autre  rue  qui 
n'eft  guère  plus  agréable ,  ôc  d'où  l'on  va  au  bord  de  la 
rivière.  Cette  ville  eft  ancienne.  Quelques  géographes 
la  prennent  pour  l'ancienne  Iria-Flavia.  On  dit  que 
c'eft  en  cet  endroit  qu'aborda  faint  Jacques ,  lorsqu'il 
pafia  de  Jérufalem  en  Espagne  pour  y  prêchei  l'évangi- 
le. On  montre  le  lieu  où  il  prit  terre,  ô<  la  barque  fur 
laquelle  il  étoit  venu.  Cette  barque  eft  d'une  feule  piè- 
ce ,  longue  de  fix  pieds ,  ôc  large  à  proportion.  Elle  eft 
cachée  par  les  fables  que  la  mer  y  a  apportés.  On  paffe 
la  rivière  fur  un  grand  pont  de  pierre,  (a)  Délices  B'Es- 

pagyic  , 


VMO 


FMT 


■pagne  ,p.  127.  (b)  Joi.vin  de  Roche  fort ,  Voyage  d'Espa- 
gne. Corn.  Dict. 

2.  PADRON.  Voyez.  Patron. 

3.  PADRON.  Voyez,  au  mot  Cap  l'article  Cap  dé 

Padron. 

PADSTOW  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Cornouaiile.  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Gr.  Bretagne  ,  t.    1. 

PADURA  ,  ville  ancienne  de  l'Espagne  Tarragonoi- 
fe.  Voyez,  Arrya  Gorriaga. 

1.  "PADUS,  nom  latin  du  Pô  ,  fleuve  d'Italie.  Voyez. 
Pô.  Les  anciens  le  nommèrent  premièrement  Eridanus. 
^V^Eridan  N°  1.  Pline  ,  /.  3.  c.  16.  ditquecefonc 
les  Grecs  qui  rappellent  Eridanuf.  Lucain, /.  4.  v.  134. 
lui  donne  le  nom  de  Padus  dans  ce  vers. 

Sic  Venetus  ,  ftagrunte  Pado  ,  fufoque  Britannus 
Navigat  Occano. 


Pomponius  Mêla  ,  /. 


2.  c.  4. 


2.  PADUS.  Voyez.  Paderborn. 

PADUSA  :  on  donne  ce  nom  à  cette  partie  du  Pô, 
qui  dans  certains  endroits  forme  un  matais  ,  où  l'on  voit 
urte  grande  quantité  de  cignes.  C'eft  l'explication  que 
donne  Servius  fur  ce  partage  de  Virgile,  Emid.  lib.  11. 
v.  4; 7. 

PiiCofo-oe  amne  Padiift. 


Le  P.  Hardouin  ,  pour  éclaircir  cette  explication  de  Ser- 
vius, dit,  après  Pline  ,  /.  3.  c.  i  6.  &  après  Vibius ,  qu'on 
nomme  Paditfa  le  canal  qui  communique  du  Pô  à  Ra  • 
venne.  Pline  ajoute  au  même  endroit  qu'on  appelloit 
anciennement  ce  canal  Mejfeniacus. 

PADYANDUS.  Voyez.  Polyandus. 

P/EANENSES,  6c  V&oniDs..Voycz,  P/Eonidem. 

PyEANI/EA»  11  y  avoit  dans  l'Attique  ,  félon  Suidas  , 
deux  municipes  de  ce  nom  :  on  appelloit  l'un  P&an'ua 
jiiperïor ,  6c  l'autre  Pœaniaa  injtrior.  Ils  étoient  tous 
deux  dans  la  tribu  Pandionide. 

P/EAN1UM,  ville  de  l'Acarnanie.  Polibe  ,  /.  4.  c.  65. 
dit  que  Philippe  détruifu  cette  ville. 

1VEDALII  ,  peuples  de  l'Inde.  Srobée,  de  Jitflitiâ , 
qui  parle  de  ces  peuples ,  dit  qu'ils  n'ont  point  de  prê- 
tres en  titre ,  mais  qu'ils  les  fuppléent  par  les  plus  pru-. 
dens  d'entre  eux. 
P/EEESS  A,  ville  de  l'Ifle  deCeos,  félon  Pline,/.  4><r.  1 2. 
Quelques  exemplaires  portent  Pœcejfa  ,  6c  c'eft  ainfi  que 
lifent  Strabon,  /.  12.  p.  486.  Etienne  le  géographe  6c 
Suidas.  Cette  ville  ayant  été  ruinée,  (es  habitans  furent 
dans  la  ville  de  Carthea,  dans  la  même  iile. 

P/EMANI  ,  peuples  que  Céfar  ,  de  Bel.  Gai.  I.  2.  e. 
4.  place  dans  la  Gaule  Belgique.  Saqfon ,  dans  Ces  re- 
marques fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule,  d:t  que  c'eft 
le  pays  de  Famene  ou  de  Famine  ,  où  eft  Marche-en-Fa- 
mine  ,  dans  le  duché  de  Luxembourg*  Il  ajoute  :  Cette 
partie  eit  du  diocèfe  de  Liège  ;  j'entends  du  diocèfe  ec- 
cléfialtique  ,  6c  non  du  temporel  ou  du  domaine  des 
évêques  de  Liège  ■■,  car  Bouillon  ,  Saint  Hubert  6c  Ro> 
chefort  en  Ardenne ,  avec  quelques  autres  places  dans 
le  Luxembourg  ,  dépendent  de  ce  dioeèlè.  Diva?us  pré- 
tend qu'ils  habitoient  le  pays  qu'on  nomme  aujourd'hui 
Pcelanderie  ,  dans  le  Brabant,  6c  d'autres  les  mettent 
dans  la  forêt  d'Ardenne  ,  précifément  dans  le  lieu  où  eft 
prefentemetit  le  village  de  PeMont.  *  Ortelms  ,  Thef. 
Hubertiis  Leodiui. 

P/ENA  ,  ifle  de  l'Océan  Atlantique  :  Ptolomée  ,  /. 
4.  c.  1.  la  place  à  l'occident  de  la  province  Tingitane. 
Sanut  prétend  que  c'eft  aujourd'hui  Porto-Sanro. 

P^EONES  ,  peuples  de  la  Macédoine.  Il  eft  fouvent 
arrivé  que  l'on  a  confondu  ces  peuples  avec  les  Panno- 
nes ,  c'eft-à-dire ,  les  habitans  de  la  Paxmie  avec  ceux 
de  la  Paunonie.  Mais  Dion  Caflïus,  /.  49.  p.  413.  les 
diftingue  les  uns  des  autres.  Il  dit  que  les  Pannoniens  ha- 
bitent le  long  du  Danube  ,  depuis  le  Norique  jusqu'à  la 
Myfie  Européenne,  &  qu'ils  l'ont  voifins  de  la  Dalma- 
tie  j  à  l'égard  des  Pa;oniens ,  il  les  met  fur  le  mont  Rho- 
dope ,  &  fur  la  côte  de  la  Macédoine.  Hérodote  ,  /.  j. 


74? 

c.  1 3 .  plaac  les  Pxonicns  fur  le  bord  du  fleuve  Stç)  mon  , 
&  Ptolomée  les  met  dans  la  Macédoine  ,  vers  ks  foui  ces 
du  fleuve  Haliacmon. 

PjEONIA,  contrée  de  la  Macédoine.  Elle  tira,  félon 
Paufanias ,  lib.  ;.  c.  1.  fon  nom  de  Pxon,  fils  dEndy- 
mion ,  qui  vaincu  à  la  courfe  par  fon  frère,  en  fut  fi  af- 
fligé, qu'il  abandonna  fa  patrie,  6c  Ce  retira  vers  le  fleuve 
Axius.  Philippe  ,  après  avoir  fait  la  paix  avec  la  républi- 
que d'Athènes,  dans  la  féconde  année  de  fon  règne,  tour- 
na Ces  armes  contre  les  Pasonicns,  qui  l'année  d'aupara- 
vant avoient  ravagé  la  Macédoine,  6c  profitant  de  la 
conflernation  où  les  avoit  mis  la  mort  de  leur  roi  i4gis, 
il  les  attaqua ,  les  battit  6c  les  fubjugua.  Hérodote,  lit.  y. 
c.  12.  & Jeq.  nous  apprend  que  Darius,  fils  d'Hvftaspe  , 
étant  un  jour  à  Sardes,  ville  de  Lydie,  vie  une  femme  qui 
en  même-tems  filoit ,  menoit  un  cheval,  6c  poi toit  une 
cruche  d'eau  fur  fa  tête.  Ayant  appris  qu'elle  étoit  Pa:o- 
nienne,  il  prit  du  goût  pour  une  nation,  où  le  fexe  le 
plus  foible  embrafloit  tout  à  la  fois  tant  de  travaux  diffé- 
rens.  C'étoit  une  rufe  que  l'on  employoit  pour  engager 
Darius  à  entreprendre  la  conquête  de  la  Pceonie.  L'arti- 
fice réuffir.  Mégabife  ,  qui  commandoit  pour  Darius 
dans  la  Thrace,  eut  ordre  d'envoyer  en  Afic  des  peupla- 
des de  Paroniens;  ce  qu'il  fit ,  fitôt  qu'il  les  eut  affujcttis. 

P/EONIDEM  PALUDEM  :  .Elicn,  lib.  17.  dans  fon 
hifloire  des  animaux,  parle  d'un  Marais  de  ce  nom,  fans 
dire  en  quelle  partie  du  monde  on  le  trouve.  Ortelius 
croit  qu'il  pourroit  être  dans  la  Pœonie ,  contrée  de  la 
Thrace,  6c  que  c'eft  le  même  marais  qu'Hérodote  appelle 
Prafia  Palus. 

P/EOPL/E  ,  peuple  de  Thrace  ,  félon  Hérodote  ,  /. 
7-  c.  13. 

P/EPIA,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Ptolo- 
mée ,  /.  4.  c.  2.  la  place  entre  Germiana  6c  Vesccthrr. 

PALSA  ,  lac  dont  l'eau  ,  félon  Ariftote  ,  in  Proi-kmat* 
eft  bonne  à  boire  ,  6c  ôtc  les  taches  des  habits,  je  ne  fais  t 
dit  Ortelius,  Thefaur.  où  peut  être  fitué  ce  lac. 

P/ESAG/E ,  peupies  qui  habitoient  au  pied  du  m  ne 
Caucafe,  félon  Etienne  le  géographe. 

P^ESICl.Pomuonius  Mêla,  /.  i.c.  j.  met  un  peupla 
de  ce  nojn  fur  le  golfe  de  Scythie,  dans  la  mer  Cas- 
pienne. 

P/ESTÂNUS  SINUS,  golfe  d'Italie,  fur  la  côte  du 
pays  des  Brutiens,  félon  Pline,  /.  5.  c.  5.  Il  prenoit  fou 
nom  de  la  ville  de  Pa?flum,  bâtie  fur  la  côte.  C'elt  au- 
jourd'hui le  golfe  de  Saleme.  Ptolomée  le  place  dans  la 
Lucanie  ,  6c  il  me  paroît  devoir  être  plutôt  fuivi  que 
Pline. 

P/ESTOS.  Voyez.  Parium. 

P.1ESTUM,  ville  d'Italie,  dans  le  pays  des  Brtltiem , 
félon  Pline,  ibid.  Ptolomée,  /.  r,.c.  1.  la  place  dans  le 
pays  des  Lucani ,  6c  Strabon ,  /.  5.  p.  25  1.  la  nomme  /V 
(ïdonia  ,  qui  étoit  le  nom  grec ,  6c  c'elt  celui  qu'elle  re- 
tint quand  elle  fut  épiscopale.  Depuis  elle  a  changé  de 
nom.  Holftenius  prétend  que  c'étoit  ce  qu'on  appelé 
aujourd'hui  Agropcli.  D.  Mattheo  Ègitio  ,  dans  fa  Lettie 
à  Peflu  Lenglet  du  Ftesnoy,  aflure  que  c'eft  Pierti,  6c  que 
Pa?ftum  étoit  une  colonie  des  Rhodiens,  Voyt'^  Poii- 
donia. 

P/ESULA  ,  ville  de  l'Espagne  Betique.  Ptoloau'e,  '  ii 
c.  4.  la  donne  aux  Turdetanï ,  6c  la  met  entre  Calciub.t  6c 
Saguntia. 

ÏVESURES  ,  petite  ville  ou  municipe  de  la  Lufitauk  à 
félon  une  ancienne  infeription.  Les  habitans  de  cette  vil- 
le furent  du  nombre  des  peuples  qui  aidèrent  à  achever 
le  pont  d'AJcamara ,  comme  le  prouve  l'infcription  de  ce 
pont.  *  Ortel.  Thefaur. 

P/ESUM.  Voyez.  P^esus. 

i.P/ESUS,  ville  de  la  Troade ,  entre  Lampfacus  & 
Parium.  Strabon  ,  /.  13.  p.  ^89.  dit  que  cette  ville  ayant 
été  détruite ,  les  habitans  pafferent  dans  celle  de  Lampfa- 
cus.  Homère  l'appelle  Pxjum ,  Iliad.  I.  2.  v.  828.  6c  Apœ- 
fum  ,  /.  j.  v-,  611. 

2.  P/ESUS ,  fleuve  de  la  Troade ,  félon  Strabcn ,  /.  13. 
p.  589. 

P/ETA ,  ville  de  l'Inde.  Elle  étoit  très-grande  &  rrès^ 
peuplée  ,  à  ce  que  dit  Polyœnus ,  /.  4.  de  Alexand.ro  ,  6é 
eilt-  ouvrit  fes  portes  à  Alexandre. 

P/ETALIA ,  contrée  de  la  Thrace  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

tom.  IV.  B  b  b  b  b 


74* 


PAG 


PAG 


P-eETAONlUM  ,  ville  de  l'Espagne,  au  royaume  de 
Léon  frontière  de  la  Galice,  félon  la  notice  des  digni- 
tés de  l  Empire.  Mais  Ortelius ,  fhcfaur.  croit  que  P&- 
tavnium  pourroit  être  corrompu  de  Patavonium.  Voyez. 
ce  mot. 

P/ETI ,  peuples  de  la  Thrace,  félon  Hérodote,  /.  7. 
c.  1 10. 

P^ETICA,  contrée  de  la  Thrace,  entre  les  fleuves 
Hebrus  Se  Melana  ,  félon  Arrien  ,  de  Exped.  Alexand. 
I.  1 .  c .  11. 

PiETOVlUM.  Voyez  Petovio. 

P/EUS,  ville  de  l'Arcadie,  félon  Hérodote,  /.  6. p. 
117. 

PAFENSIS,  lieu  de  la  Méfopotamie.  Il  en  eft  fait 
mention  dans  la    notice  des  dignités  de  l'Empire ,  fett. 

15. 

PAFFENHOFFEN  ,  petite  ville  de  France,  dans  la 
Baffe- Alface,  à  deux  lieues  au-deffus  d'Haguenau,  en 
montant  la  rivière  de  Motter  qui  paffe  près  de  fes  mu- 
railles. Cette  ville  eft  fituée  fur  la  pente  d'une  hauteur 
qui  la  commande  extrêmement.  Son  enceinte  eft  un  mur 
flanqué  de  quelque,  tours  ;  le  tout  percé  de  créneaux.  Il 
v  a  au  pied  de  ce  revêtement  un  foffé  fec  de  cinq  à  fix 
toi  fes  de  large  &  de  douze  à  quinze  pieds  de  profondeur. 
C'eft  un  grand  paffage  pour  les  troupes.  DeLonguerue, 
Dtiç.  de  la  France,  part.  z.p.  235.  dit  que  PaffenhofTen 
fft  une  des  deux  annexes  de  la  ville  de  Lichtemberg. 
*  Piganiol,  Defc.  de  la  France ,  t.  7.  p.  45  5. 
PÀFUR1ANA.  Voyez.  PalfuriANa. 
PAG  A  (geniiif  Paga) ,  mot  dont  quelques  auteurs  de 
la  baffe  latinité  fe  font  fervis  pour  fignifîer  une  contrée. 
AfferuSjdansl'FMoire  d'Alfred,  roi  des  Anglo-Saxons  dit 
que  ce  prince  naquit  in  Villa  Regiâ  qua  dicitur  Wana- 
ding  in  illâ  Pagâ  qua  nominatur  Barroscire ,  qua  Paga  tait- 
ter  vocatur  à  Banocjîlva,  ubi  buxus  abundantijjïmè  nas- 
citur  ,  c'eft-à  dire  dans  une  maifon  de  campagne  qui  ap- 
partenoit  au  roi ,  &  nommée  Vanading  dans  la  contrée 
que  l'on  appelle  Barroscire  (Barkshire)  contrée  que  l'on 
nomme  ainfi  à  caufe  de  la  foiêt  deBARROC,  oùil  croîtdu 
buis  en  abondance.  Cet  auteur  fe  fert  fréquemment  de  ce 
mot  Paga,  pour  lignifier  une  Shire  d'Angleterre,  c'eft  à- 
dire  un  comté,  félon  la  remarque  de  Du  Cange,  dans  fon 
gloffaiie  latin. 

PAG^,  ville  de  Lycie,  félon  Eufebe,  Hifl.  Ecclef. 
L  8.  C'étoit  la  patrie  de  Saint  Apphian,  martyr.  Il  femble 
que  Suidas  mette  une  ville  de  même  nom  dans  la  Theffa- 
lie.  Voyez,  Peg^e. 

PAG^ATICUS  SINUS.  Voyez,  Pelasgicus. 
PAGALA,  lieu  de  laCaramanie,  à  ce  qu'il  femble  à 
Of telius i,  Thefaur.  11  fe  fonde  fur  un  paffage  d'Arrien,  in 
Indic.  c.  x.  qui  met  ce  lieu  à  l'extrémité  de  l'Inde ,  au  delà 
du  fleuve  Arbis ,  chez  les  Orites.  C'étoit  un  lieu  maritime 
que  quelques  uns  prennent  même  pour  une  ifle. 

PAGANA,  bourg  de  la  Grèce ,  peu  éloigné  du  golfe 
Colochina ,  félon  la  Guilletiere  ,  Athènes  ancienne  & 
noitv.  p.  59.  On  l'appelle  auffi  Pago  Se  Gadepagon ,  Se 
ceux  qui  prononcent  plus  jufte  difent  cap  de  Pago.  C'eft 
le  promontoire  de  Diane  Didymne  des  anciens.  Le  bourg 
s'eft  formé  des  débris  de  l'ancienne  ville  de  Las ,  dont  la 
Situation  eft  aifée  à  reconnoitre  par  les  trois  montagnes 
Hama ,  llion  &  Cnacadion.  Ces  montagnes  étoient  autre- 
fois célèbres  par  les  trophées  qu'on  y  éleva  pour  la  défaite 
des  Macédoniens,  &  par  les  temples  que  Caflor  Se  Pol- 
lux  y  bâtirent  à  leur  retour  de  la  conquête  de  la  toifon 
d'or.  A  demi-lieue  au  fud-eft  de  Pagana  on  voit  la  petite 
ifle  de  Spatara ,  &  à  trois  lieues  de  Sparara  t>n  trouve  à 
l'eft-nord-eft  dans  la  terre  ferme,  la  ville  de  Colo- 
china. 

1.  PAGAN1A,  mot  que  quelques  auteurs  du  moyen 
âge  ont  employé  pour  exprimer  lcsfuperftitions  païen- 
nes. On  le  lit  dans  les  capitulaires  de  Charlemagne.  Oth- 
lon  ,  danslavie  de  S.  Bonifiée,  archevêque  de  Mayence, 
dit ,  /.  1.  c.  42.  Ut  popiilas  Dti  Paganias  non  facial  ,fed 
omnes  gentilhaiis  Jptncitias  aljiciat,  l.  2  c.  2.  &  non  fi 
iflas  Paganias  ibi  pa/ernitas  vefira prohibuerit.  Le  Péni- 
rentiel  d'Ecbert ,  archevêque  de  Cantorberv  ,  dit:  de  Us 
qui  Paganias  f.  ciunt.  On  a  dit  aufll  dans  le  fens  Fran- 
çois du  mot  Paganisme,  Paganismits  ;  mais  ces  deux 
mots  ont  aufll  eu  une  lignification  géographique.  Bromp- 
ton  ,adann.  1 161.  dit  :  Profitiscens  igitur  Paganismum 


prospéré  pertranfivit.  Nos  auteurs  François  ont  dit  de 
même  Payennie,  mot  formé  de  Pagania ,  pour  ligni- 
fier le  pays  de  Infidèles.  Un  érat  de  laTerre  Sainte  en  ma- 
nuscrit dit  :  Bandas  eft  chiès  de  payennie ,  aufji  connue 
Rome  eft  chiès  de  toute  Chrétienté.  Il  parle  du  tems  des 
Califes  de  Bagdat,  fouverains  pontifes  des  Mahometans. 
Joinville  ,  dans  la  vie  de  S.  Louis,  dit  de  même  :  le  Svul- 
dan  étoit  le  plus  puijfant  roi  de  toute  Payennie.  On  confuii- 
doit  alors  les  Mahometans  Se  les  Païens. 

2.  PAGANIA,  nom  moderne  du  port  Pelodes ,  dans 
l'Epire ,  félon  Baudrand ,  Ditl.  qui  cite  Moletius.  Viyez. 
Pelodes. 

PAGANORUM  INSULA  ;  Marcellinus  Cornes  don- 
ne ce  nom  à  une  ifle  dans  laquelle  l'empereur  Zenon  fit 
étrangler  Plagius.  Ortelius,  thefaur.  croit  que  c'eft  une 
ifle  de  la  mer  de  l'Ulyrie,  Se  que  c'eft  celle  qu'on  nomme 
aujourd'hui  Pago.  Voyez,  ce  mot. 

PAGASA ,  ou  Pagasve  ,  ville  de  la  Magnefie  ,  félon 
Apollonius.  Strabon,  /.  9.  p.  436.  dit  que  c'étoit  autre- 
fois le  port  de  la  ville  de  Pliera ,  qui  en  étoit  éloignée  de 
quatre-vingt-dix  ftades.  Pline ,  /.  4.  c.  8.  confond  Pagafa 
avec  Demetrias  :  mais  Strabon  les  diftingue.  11  nous 
aprend  que  les  habitans  de  Pagafa  furent  transférés  à  Dé- 
métriade,  avec  tout  le  commerce  qui  fe  faifoit  aupara- 
vant dans  la  première  de  ces  villes.  Communément  les 
Grecs  écrivent  Pagafa ,  Se  les  Latins  Pagafa.  On  pré- 
rend que  ce  fur  à  Pagafa  que  les  Argonautes  s'embarquè- 
rent, pour  aller  à  la  conquête  de  la  toifon  d'or.  Properce 
le  dit  formellement  dans  fa  vingtième  Elégie  du  livre  pre- 
mier,  v.  17. 

Namque  ferunt  olim  Pagtifa  Navalibus  Argo 
Egrejjam  longe  Phafidos  ijje  viam. 


PAGASICUS  Se  Pagasiticus.  Voyez.  Pelasgi- 
cus. 

PAGASSi£,  ville  fur  le  promontoire  delà  Magnefie. 
Ortelius,  Thefaur.  croit  que  c'eft  la  même  que   Pa* 

g4a- 

PAGEUS,  bourg  de  France ,  dans  le  Limoufin,  Elec- 
tion de  Limoges. 

PAGI ,  nom  des  bourgades  établies  par  Numa  en  fa- 
veur des  indigens.  Ce  fage  roi ,  voyant  que  Rome  étoit 
chargée  d'une  foldatesque  oifive  ,  qui  avoit  contracté 
fous  Romulus ,  l'habitude  de  vivre  de  rapines  lui  donna 
les  terres  conquifes,  Se  les  diftribua  en  Pagi,  y  mit  des 
furveillans,  qui  récompenfoient  ceux  qui  étoient  indu- 
ftrieux  Se  diligens.  Ilvifitoit  fouvent  lui-même  les  travaux 
de  la  campagne,  Se  élevoit  aux  emplois  ceux  qu'il  recon- 
noiffoit  fages  Se  appliqués. 

PAGLIA,  rivière  d'Italie.  Elle  a  fa  fource  près  d'un 
bourg  de  même  nom,  dans  la  partie  orientale  du  terri- 
roire  de  Siene.  Elle  coule  du  nord  occidental  au  midi 
oriental  ,  jusqu'auprès  d'Aquapendente  ,  où  faifant  un 
coude ,  elle  prend  fon  cours  du  côré  du  nord  oriental ,  cv 
après  avoir  joint  fes  eaux  à  celles  de  la  Chiane,  un  peu 
au-deffus  d'Orviette ,  elle  va  fe  perdre  dans  le  Tibre  à 
quelques  milles  au-deffous.  *  Magin,  carte  du  territoire 
de  Siéne. 

PAGLIETA,  bourg  d'Italie ,  au  royaume  de  Naples, 
dans  l'Abruzzecitérieure,  au  midi  de  Lanciano, proche  la 
rivière  de  Sangro.  Magin  ,  carte  de  l'Abruzze. 

PAGLION  ,  rivière  de  Savoye ,  dans  le  comté  de  Ni- 
ce. Elle  a  fa  fource  dans  les  Alpes,  au  nord  d'un  bourg 
nommé  Lucerame.  Elle  coule  en  ferpentant  du  Nord  au 
midi>  Se  va  fe  jetter  dans  la  mer  Méditerranée,  à  l'orient 
de  la  ville  de  Nice.  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy 

PAGMAGMARISI  ,  ou  Spagmagmarisi  ,  rivière 
de  l'Epire.  Elle  a  fa  fource  aux  montagnes  de  la  Chimère, 
&  fe  décharge  dans  le  fond  du  golfe  de  FArta ,  près  de  la 
ville  d'Arta.  Quelques  géographes  la  prennent  pour  l'an- 
cienne Arachtus.  *  Baud.  éd.  1705. 

PAGNY,  château  de  France,  aux  confins  de  la  Bour- 
gogne Se  de  la  Franche-Comté,  fur  la  rive  gauche  de  la 
Sône ,  entre  S.  Jean  de  Lône  Se  Seure  on  Bellegarde.  Ce 
Château  fut  bâti  en  1 J46 ,  du  tems  de  François  I ,  par  le 
Cardinal  de  Givry,  Claude  de  Longueuil,  Evêque  de 
Langres.  On  nomme  aufll  ce  lieu  Pagny  le  Château. 
Tout  auprès  il  y  a  deux  autres  lieux  qui  ont  le  nom  de 


PAG 


PAG 


Pagny ,  favoir  Pagny  la  Ville  8c  Pagny  le  Faux- 
bourg  *  Jaïllot,  Atlas. 

PAGO  ,  ifle  de  la  mer  d'Iflrie,  près  de  la  côte  de  la 
Croatie,  à  l'orient  des  ifles  d'Arbe  8e  de  Veggia.  Le  P. 
Coronelli,  Ifolar.t.  i.p.  14;.  dit  :  Pline  a  connu  cette 
ifle  fous  le  nom  de  GiJJa  :  d'autres  écrivains  anciens  l'ont 
appellée  KeJJa ,  Quujfa,  Se  CiJJa  :  quelques  auteurs  mo- 
dernes l'ont  nommée  Paganurum  Infula ,  Se  les  Escla- 
vons  l'appellent  Pagh.  On  ne  fait  au  jufle  le  tems  au- 
quel les  Vénitiens  en  firent  la  conquête.  11  paroît  cepen- 
dant que  ce  fut  vers  l'an  1 410. 

L'ifle  de  Pago  efl:  plus  près  du  continent  qu'aucune 
autre  du  voifmage.  Le  canal  qui  la  fépare  de  la  Croatie 
n'a  que  trois  milles  de  largeur  :  celui  qui  la  fépare  de  No- 
ua a  quatre  milles.  Son  circuit  peut  être  de  foixame  Se  dix 
milles.  Au  milieu  de  l'ifle  on  voit  un  château  que  la  Ré- 
publique a  fait  bâtir  ,  Se  auquel  elle  a  donné  le  nom  de 
l'ifle.  Il  y  a  dans  cette  ifle  plufieurs  falines  appartenantes 
à  des  particuliers  ;  mais  de  tout  le  fel  qu'ils  font ,  ils  font 
obligés  d'en  donner  les  trois  quarts  à  la  République,  ce 
qui  fait  que  les  propriétaires  font  allez  pauvres;  outre 
que  le  bled  qui  fe  recueille  n'efl  pas  capable  de  nourrir 
les  habitans  trois  mois  de  l'année ,  cV  que  le  vin  qu'elle 
produit  ne  leur  fuffit  guère  que  pour  fix  mois,  tant  la  ter- 
re efl  ftérile. 

Pago  efl  foumife  pour  le  fpirituel  à  l'évêché  d'Arbe. 
Elle  a  fes  coutumes  particulières  qui  furent  rédigées  en 
1453.  Ses  habitans  ne  paflent  pas  le  nombre  de  quatre 
mille ,  ce  qui  efl  occafionné  par  la  flérilité  du  terrein  :  ce 
nombre  diminue  même  tous  les  jours,  parce  qu'outre  la 
flérilité ,  l'air  y  efl  fi  froid  ,  qu'on  a  de  la  peine  à  y  réfi- 
fler.  La  république  de  Venife  tient  à  Pago  deux  nobles  Vé- 
nitiens ,  l'un  pour  gouverner ,  8c  l'autre  pour  faire  la  re- 
cette des  revenus  de  la  chambre. 

PAGODE  :  ce  mot ,  en  notre  langue ,  fignifie  égale- 
ment une  idole ,  ou  figure  qui  repréfente  une  fat:fle  divi- 
nité ,  &  le  temple  où  cette  idole  efl;  adorée.  Quelques 
écrivains  François  ont  voulu  difiinguer  ces  deux  fignifica- 
tions ,  en  faifant  de  genre  féminin  Pagode,  lorsquil  s'agit 
Amplement  de  1  idole,  de  la  ftatue  à  laquelle  les  idolâ- 
tres adreflenr  leurs  vœux  :  &  ils  le  font  du  genre  mascu- 
lin ,  lorsqu'ils  entendent  le  temple  même  où  la  pagode  efl: 
placée.  11  y  a  des  pèlerinages  établis  qui  s'y  font  avec  un 
concours  incroyable  de  divers  peuples.  Cela  a  donné  lieu 
à  des  routes  remarquables ,  qui  ont  fervi  à  fixer  la  pofi- 
tion  de  certains  lieux  de  l'Indouflan,  8c  des  autres  pays  où 
il  y  a  des  pagodes  bien  accrédités. 

Tout  l'Indouflan  en  efl  plein ,  &  fur-tout  la  presqu'ifle 
en-deçà  du  Gange.  Voici  les  principaux  de  ceux  que  l'on 
trouve  dans  les  royaumes  de  Carnate  Se  de  Maduré ,  de 
Tanjaour,  8c  au  Marawa, 


'  Tripiti  ou  Tripante. 
Dans  le     3  Les  fept  Pagodes  auprès  de  Sadraspatan. 
Carnate    )  Outemada. 

Courva. 


Ç  Madurê. 
Dans  le      3  Tricherapali.  Il  a  été  détruit,  8c  le  terrein 
Maduré    j      efl  occupé  par  une  églife  que  les  pères 

(^     Jéfuitcs  y  ont  élevée. 


Dans  le      çTrivaîour  ou  Tirinvalour. 
Tanjaour  (.Cagliamera,  auprès  du  cap  de  même  nom. 


Au         ÇRAMANANcoR.dans  une  ifle  qui  fait  par- 
Maravt a    C     tie  du  Pont  d'Adam. 


J'ai  parlé  en  leur  lieu  de  Jagrenat ,  au  pays  de  mê- 
me nom,  &  de  quantité  d'autres  pagodes  célèbres;  mais 
il  ne  faut  pas  oublier  les  treispagodes  blanches,  au  royau- 
me deGolconde,  au  bord  de  la  mer ,  entre  Narfapour  8c 
les  confins  du  royaume  de  Ciacola ,  ni  deux  autres  pagodes, 
aufli  au  bord  de  la  mer ,  auprès  du  fameux  pagode  de  Ja- 
grenat :  l'un  efl  nommé  par  de  l'ifle  Pagode  Noir,  Se 


747 

l'autre  petit  Pagode.  La  Chine  efl  pleine  de  pagodes ,  ca- 
duque ville  aies  temples  confacrésaux  hommes  illu- 
ftres  :  ce  font  de  véritables  pagodes.  11  y  en  a  une  multitu- 
de innombrable  dans  le  Japon  ;  je  me  contenterai  de  quel- 
ques remarques  fur  les  pagodes  de  l'Indouflan.  Les  Bra- 
mines ,  qui  en  font  les  prêtres ,  font  ingénieux  à  leur  don- 
ner de  la  célébrité,  &  il  y  a  toujours  quelque  prodige  fa- 
buleux qui  y  attache  les  idolâtres.  Les  pagodes  conlâcrés 
à  Viflnou  8c  à  Eswara  font  plus  hauts  Se  plus  grands  que 
ceux  des  puiflances  inférieures.  Ces  édifices  font  plats  8c 
écrafés ,  mais  les  tours  en  font  fort  hautes. 

Ces  pagodes  ont  trois  parties.  La  première  efl  une  voû- 
te, qui  porte  fur  des  piliers  de  piene.  Les  côtés  en  font 
ouverts ,  8e  il  efl  permis  à  chacun  d'y  entrer.  Quelques 
images  y  font  autant  pour  l'ornement ,  que  pour  repré- 
fenter,  par  des  figures  fymboliques,  quelque  trait  des  Po- 
ranes  ;  c  efl  chez  eux  un  livre  où  font  recueillies  les  fa- 
bles de  leurs  divinités.  Ce  font  deséléphans,  des  bœufs» 
des  chevaux ,  &c.  Ces  figures  font  de  bois.  Il  y  en  a  que 
l'on  porte  en  cérémonie  dans  les  rues  à  certains  jours. 

La  féconde  partie ,  qui  fe  ferme  pendant  la  nuit ,  efl: 
ouverte  pendant  le  jour;  mais  ko  E  n-.ircs,  quidefler- 
vent  le  pagode,  en  iirerdifent  l'entrée  à  d autres  qu'à 
eux.  II  efl  rempli  de  figures  bifarres  Se  monflrueiiies  , 
d  hommes  à  plufieurs  têtes  8e  à  plufieurs  bras. 

La  troifiéme  partie,  qui  efl  une  espèce  de  fanituaire  , 
efl  fermée  d'une  porte  très  forte.  C'efl  là  que  fe  trouve  la 
flatue  du  dieu  en  forme  humaine,  avec  quatre  bras,  ou 
fous  quelque  autre  reprefentation  myfléneufe.  Quantité 
de  lampes  brûlent  nuit  Se  jour  devant  ces  idoles. 

L'édifice  efl  au  milieu  d'un  préau ,  qui  efl  entouré  d'u- 
ne muraille,  dans  lenceinre  de  laquelle  il  y  a  des  pago- 
des qui  ont  acoutumé  d'acompagner  celles  de  Viftnou  Se 
d'Eswara.  Dans  le  préau  il  y  a  un  cuvier  de  maçonnerie  , 
dans  lequel  on  cultive  la  plante  Toleje.  Quand  les  Brami- 
nés  vont  dans  le  préau  ,  ils  ont  foin ,  par  refuecL ,  que 
leur  main  droite  foitdu  côré  du  pagode,  dans  lequel  ils 
n'entrent  point  fans  laifler  à  la  porte  leurs  fouliers ,  8c 
fans  retrouffer  fur  leurs  épaules  une  robe  de  deflus ,  qui 
leur  tient  lieu  de  manteau. 

Pour  l'entretien  des  pagodes ,  il  y  a  un  impôt  établi  fur 
les  marchandifes  qui  entrent  8e  qui  fe  vendent  dans  le 
pays,  8c  une  espèce  de  capitation  qui  fe  levé  fur  les  fa- 
milles ,  qui  font  de  la  religion  païenne.  Car  les  Mahomé- 
tans  (qui  efl  la  religion  du  fouverain  depuis  les  conquêtes 
d'Orangzeb,  dont  tous  ces  petits  rois  font  tributahes) 
n'y  contribuent  en  rien,  non  plus  que  les  Chrétiens.  Le  ca- 
fuel  des  pagodes  confifle  dans  les  offrandes  des  pèlerins 
qui  viennent  en  foule  aux  fêtes  folemnelles  du  pagode. 
Celui  de  Tripeti ,  par  exemple  ,  a  trois  fêtes  tous  les  ans  : 
l'une  en  Septembre ,  où  fe  rendent  les  fondras  &  le  me- 
nu peuple;  la  féconde  en  Décembre,  à  laquelle  les  Bra- 
mines  fe  raflemblent  de  tous  côtés  ;  la  troifiéme ,  dont  la 
faifon  n'efl  pas  marquée  dans  les  mémoires,  n'efl  pas 
moins  lucrative  que  les  autres.  Le  cal bel  de  ce  pagode  s'efl; 
monté  à  foixante ,  Se  même  à  quatre-vingt  mille  pagodes 
de  revenu.  La  monnoie  nommée  pagode  vaut  environ 
quatre  florins  8e  quatre  fols ,  monnoie  de  Hollande ,  en- 
core ,  difoit-on  alors  que  ce  revenu  étoit  bien  diminué. 

D'Herbelot ,  dans  fa  bibliothèque  orientale,  remarque 
que  le  mot  Pagode  vient  du  Perfien  Potghedah ,  qui  fig- 
nifie Temple  d' Idoles,  ou  Idole  qui  efl  adorée  comme 
Dieu. 

PAGON,  ifle  de  la  mer  du  Sud,  l'une  des  ifles  des 
Larrons  ,  ou  des  Mariannes  Elle  efl  firuée  entre  l'ifle 
d'Agrigan  au  nord  oriental ,  Se  celle  d'Alamagan  au  mi- 
di. On  lui  donne  quatorze  lieues  de  circuit.  Le  catalogue 
envoyé  à  Rome  lui  en  donne  16.  On  voit  dans  cette  ifle 
trois  montagnes  qui  jettent  du  feu.  Ceft  la  dixième  des 
ifles  Mariannes.  Les  Espagnols  la  nomment  l'ifle  de  Saint 
Ignace.  *  Atlas  ,  Rob.  de  Vaugondy.  Corneille ,  Diction- 


naire. 


PAGONUS  ,  port  du  Péloponnèfe,  aux  environs  du 
golfe  Saronique,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  z,  c.  3. 
Voyez  Pogon. 

PAGOS  ,  montagne  de  r\£olide ,  au  voifinage  du  fleu- 
ve Melete.  C'efl  Paufanias ,  /.  7.  c.  j.  qui  en  parle. 

i.PAGR^E,  ville  de  la  Cyreflique  de  Syrie,  dans  le 
territoire  d'Antioche,  près  de  hVïïïcGindœriim,  félon 
Jom.  IV.  Bbbbb  ij 


748       PAG 

Strabon,  /.  \6.  p.  751.  Se  Pline,/.  $.c.  23.  Ptolomée  ,1. 
j .  6 .  15.1a  met  dans  la  Pierie  ,  province  voifine. 

2.  PAGR/E,  port  de  la  Sarmatie  Afiatique,  fur  le 
Pont-Euxin.  Anien,  Periçl.  î.p.  19.  met  de  l'ancienne 
Achaïe,  au  port  de  Pagrœ,  trois  cens  cinquante  ftades ,  Se 
du  porc  de  Pagr&zu  porc  d'Hierum,  cent  quatre- vingt 
flades. 

5.  PAGR.E.,  ville  de  la  Cilicie,  félon  Cedrene  & 
Glycas ,  cités  par  Ortelius ,  Thefaur. 

PAGRASA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée ,  /.  7.  c.  2.  la  mec  dans  la  contrée  de  Lejti  ou  des 
Pirates ,  entre  Samaramda  Se  l'embouchure  du  fleuve  Sa- 
lamis. 

PAGRUM,  IN  PAGRO,  ou  Ipagrum  ,  ville  de 
l'Espagne  Bétique  ,  aux  environs  de  Cordoue.  L'itinérai- 
re d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Cadix  à  Cordoue  , 
entre  AngelU  &  Vlia ,  à  vingt  milles  de  la  première,  Se 
à  dix  milles  de  la  féconde. 

PAGUNT/E,  peuple  des  Indes,  félon  Pline,/.  6.  c.  20. 
Il  les  fait  voifins  des  Maj'iu  ôc  des  Moruntes. 

PAGUS.  Ce  mot  a  divers  fens,  qu'il  communique  à 
fon  dérivé  Paganus  ,  &  aux  autres  mots  qui  en  font  for- 
més. Il  vient  lui-même  de  Uayà  ,  moc  dorique  ,  pour 
Un-)  •' ,  fontaine.  Feftus  ,  in  voce  Pagi,  die  que  les  Pagi 
(  nous  expliquerons  enfuite  ce  mot  )  ont  pris  ce  nom  des 
fontaines  -,  parce  que  ,  ajoute- 1- il ,  ils  prennent  à  une  mê- 
me fontaine  l'eau  dont  ils  ont  belbin.  Scrvius  dit ,  en  ex- 
pliquant ces  vers  de  Virgile ,  Georg.  /.  2.  v.  3  80. 

Non  aliam  ob  culpam  Baccho  caper  omnibus  aris 
C&ditur  &  Veteres  ineunt  proscenia  ludi  ? 
Fr&miaqiie  ingeriù  pagos  &  compila  circum 
Tbejidœ  pofuere. 


„  Pagos  &  compila  circum,  c'eff-à-dire,  par  les  carre- 
,,  fours  appelles  Compila,  parce  que  plufieurs  chemins 
„  aboutiflént  à  un  feul  ;  ôc  les  maifons  de  campagne , 
,,  (Villas)  que  l'on  appelle  Pagi  ,  Ù7roTwnnyw  ,  c'eft- 
,,  a-dire  à  caufe  des  fontaines,  parce  que  l'on  a  eu  an- 
,,  dénuement  la  coutume  de  bâtir  des  maifons  decam- 
„  pagne  auprès  des  fontaines.  De-là  efl  venu  le  mot  Pa- 
\,  gani ,  comme  qui  diroic  ceux  qui  boivent  de  la  même 
„  fontaine.  ,, 

1 .  Voilà  le  mot  de  Pagus  dans  le  fens  de  village  :  en  ce 
cas  Pagus  diffère  de  Vicus ,  en  ce  que  Vicus  fignifie  une 
rue ,  ou  dans  une  ville  ,  ou  dans  un  bourg,  ou  dans  un 
village,  ouïe  village  lui-même,  quand  les  maifons  font 
rangées  de  manière  qu'elles  forment  une  rue.  Les  mots 
Vtcinus ,  voifin ,  Vicinitas  ôe  Vicinia ,  voifinage  en  vien- 
nent ,  ôc  de  cette  proximité  des  maifons  qui  formoient 
l'espèce  de  village  nommé  Vicus,  ôc  la  rue  défignée  par 
le  même  mot.  Le  mot  Pagus  n'exige  pas  cette  dispofition 
en  forme  de  rue ,  ôc  il  fuffit  que  les  maifons  ayent  un  rap- 
port de  voifinage  entre  elles  ■■>  ôc  elles  peuvent  être  ran- 
gées ,  comme  le  font  certains  villages  de  France ,  où  cha- 
cun bâtit  fa  maifon  en  tel  endroit  de  fon  champ  qu'il 
trouve  le  plus  commode-,  fans  s'embarafler  de  fa  fituacion 
par  rapport  à  fes  voifins.  Chaque  maifon  ,  avec  la  baffe 
cour,  &  autres  dépendances,  fait  une  maffe  isolée ,  ôc  qui 
ne  tient  point  à  celle  de  fon  voifin.  Voilà,  je  penfe,  l'i- 
dée originelle  de  ces  deux  mots ,  qui  fignifient  également 
village.  Plufieurs  Vill^e  ,  maifons  de  campagne ,  fermes 
ou  cenfes,  fi  elles  étoient  rangées  de  fuite ,  foit  à  Tocca- 
fion  d'un  grand  chemin ,  foit  le  long  d'un  ruiffeau  ,  dont 
chacune  étoit  bien  aife  de  profiter ,  formoient  un  village, 
proprement  Viens.  Si  elles  étoient  disperfées ,  ôc  rangées 
confufément,  elles  formoient  un  village  appelle  propre- 
ment Pagus.  De-là  vient  peut-être  que  le  mot  Pagus  ne 
fe  trouve  point  dans  les  itinéraires  d'Antonin,  de  Peutinger, 
de  Jérufalem,  &c.  mais  bien  celui  de  Villa,  qui  fignifie 
une  métairie  feule,  Se  celui  de  Vicus ,  dont  j'ai  donné 
l'explication.  Il  faut  néanmoins  avouer  que  cette  diflin- 
ction ,  entre  les  mots  Vicus  ôc  Pagus ,  n'a  pas  été  fort 
exactement  obfervée  par  les  anciens  Romains. 

Les  Grecs  fe  font  fervi  du  mot  Pagos  ,  uâyoç ,  dans 
un  fens  différent  ;  chez  eux  il  ne  fignifie,  ni  Pagus,  ni 
Vicus ,  comme  l'ont  ctu  trop  facilement  ceux  qui  ont  tra- 
duit À'pucs  uâyoç  par  Martuts  Viens,  la  rue  de  Mars.  Ces 
mors,  qui  veulent  dire  l'Aréopage,  fignifient    littéral»- 


PAG 


ment  la  colline  de  Mars. Le  Pagos  des  Grecs  veut  dire  tire 
colline,  ôc  en  effet  l'Aréopage  d'Athènes  étoit  furune  col- 
line confacrée  au  Dieu  Mars  :  on  pourroit  cependant  dire 
que  le  Pagos  des  Grecs  a  une  analogie  avec  le  mot  Pagus. 
Comme  il  y  a  de  l'avantage  à  être  fitué  fur  une  colline , 
quand  elle  efl  bien  expofée ,  les  gens  qui  ont  bâti  des  mai- 
fons de  campagne ,  ont  fouvent  préféré  cette  fituation  , 
fur-tout  quand  elle  étoit  arrofée  de  quelque  fontaine.  On 
peut  voir  dans  le  livre  d'Aide  Manuce,  /.  3.  de.  (Mtœfît. 
Epifl.  7.  la  différence  qui  diftingue ,  félon  lui ,  les  mots 
de  Ca/iellum ,  Pagus ,  Viens ,  Oppidum ,  Urbs ,  ôc  Villa. 
*  Dionyf.  Halyc. 

Le  mot  Paganus  ,  Payfan  dérive  de  Pagus  pris  dans  fa 
lignification  primitive.  Perfe  dans  fon  prologue  fe  quali- 
fie lui  même  par  modeflie  demi-Payfan. 


Ipfe  Semipaganus 
Ad  Sacra  Vatum  Carmen  adfero  nofirum. 


Varron ,  de  Lingua  Lat.  I.  5.  appelle  Paganita  Fer  ta, 
certaines  Fêtes  communes  aux  gens  de  la  campagne ,  au 
lieu  que  Paganalia  étoient  des  fêtes  particulières  à  cha- 
que village.  Pline  ,  /.  28.  c.  2.  nomme  Pagana  Lex ,  une 
loi  par  laquelle  il  étoit  défendu  aux  femmes  qui  étoient 
en  voyage  de  tourner  un  fufeau ,  ni  de  le  porter  à  décou- 
vert ,  parce  que  l'on  croyoit  que  par  cette  action  on  pou- 
voit  jetter  un  maléfice  fur  la  campagne  ôc  nuire  aux  biens 
de  la  terre.  Dans  les  premiers  tems  de  la  république  Ro- 
maine on  voyoit  les  plus  grands  hommes  cultiver  la  ter- 
re :  mais  le  luxe  s'établit  parmi  les  Romains  Ôc  l'on  ne  vit 
plus  à  la  campagne  que  des  misérables.  Comme  ces  gens- 
là  n'étoient  point  enrôlés  dans  les  armées  Romaines  ,  de- 
là vint  ce  conrrafie  que  l'on  trouve  entre  les  mots  Miles, 
un  homme  de  guerre ,  ôc  Paganus ,  un  homme  qui  ne  va 
point  à  la  guerre.  Cette  oppofition  efl  fréquente  dans  les 
Jurisconfultes  ;  mais  elle  elt  bien  expreffément  marquée 
dans  ces  vers  de  Juvénal ,  Sat.  16.  v.  3  2, 


Citius  falfumproducere  teflem 
Contra  Pagatmm  pojjis ,  auàm  ver  a  loquentem 
Contra  foriunam  armati. 


Le  P.Tarteron  traduit  ainfi  ce  paffage  "  le  Soldat  trou- 
„  vera  bien  plutôt  un  faux  témoin  contre  le  bourgeois , 
»  que  le  bourgeois  n'en  trouvera  un  fincere  ôc  véritable 
»  contre  le  Soldat.»  Il  explique  le  Paganus,  parun  bour- 
geois, &  en  effet  Paganus  oppofé  à  Miles,  comprend  aus- 
fi  le  bourgeois  qui  ne  fervoit  point  dans  les  armées. 

Du  mot  Paganus  ,  nous  avons  fait  les  mots  de  Païen 
&  de  Paganisme  ;  parce  que,  comme  les  gens  de  la  cam- 
pagne ,  occupés  d'un  travail  pénible ,  &  deftitués  des  fe- 
cours  de  l'éducation ,  font  toujours  plus  attachés  que  les 
autres  aux  fentimens  qu'ils  ont  fucés  avec  le  lait,  il  arriva, 
lorsque  la  religion  chrétienne  eut  fait  de  très-grands  pro- 
grès dans  les  villes,  que  les  gens  de  la  campagne  confer- 
verent  long-temps  l'idolâtrie  après  la  converfion  des  vil- 
les. Les  mots  de  f  agamis  Se  d'Idolâtre  devinrent  alors  fy- 
nonimes,  &  nous  avons  adopté  ces  mots  en  les  accommo- 
dant à  notre  langue.  Ainfi  nous  appelions  Païens  les  ido- 
lâtres ,  ôc  Paganisme  l'idolâtrie  qui  efl:  la  religion  des 
Païens. 

Nous  avons  auflï  adopté  le  mot  Pagus  ,  mais  dans  un 
fens  que  les  anciens  lui  donnoient  auflï ,  &  nous  en  avons 
fait  le  mot  de  Pays.  Les  Romains  l'ont  employé  dans  le 
fens  de  Canton,  ou  contrée.  La  Thrace  &  l'Arménie 
étoient  divifées  en  Stratégies ,  ou  Préfectures  militaires, 
la  Judée  en  Toparchies  ou  Seigneuries,  l'Egypte  en  No- 
mes :  de  même  la  Gaule  &  la  Germanie  étoient  partagées 
en  (Pagi)  Cantons.  C'efi  fur  ce  pied-là  que  Jules  Céfar 
dit  quelles  Suevcs,  peuple  de  Germanie,  étoient  divifés 
en  cent  cantons ,  centum  Pagos  habere  dicuntur ,  dit  Ju- 
les Céfar ,  de  bell.  G  ail.  I.  4.  c.  1.  Pour  ne  point  charger 
cet  article  d'une  multitude  de  citations  fuperflues,  je  dirai 
feulement  que  le  mot  Pagus  efl  très-fréquemment  em- 
ployé par  les  auteurs  de  la'bonne  latinité ,  pour  lignifier 
un  pays,  ou  quelquefois  pour  la  nation  qui  l'habitoit.  Ni- 


PAI 


PAI 


colas  Sanlbn  divife  très  bien  les  peuples  en  grands  &  en 
petits.  Les  grands  étoient  ce  que  les  anciens  ont  appelle 
Civitaf,  8c  chaque  Cwitas ,  ou  grand  peuple,  étoit  divifée 
en  Pagi.  Mais  il  fe  trompe,  lorsqu'il  dit  que  Cwitas  8c  Pa- 
gi  différent  comme  le  tout  diffère  de  fes  parties,  car  Ga- 
baltcusVàgns,  dont  parle  Pline, qui  eft  le  Gevaudan,  eft  la 
même  chofe  que  Civitai  G.ibalorum  ,  Ager  Gabalorum. 
Pagus  Geforiacus  eft  le  Boulenois ;  Pagus  Suejfonicus,  8c 
Pagus  Remenfis  de  Grégoire  de  Tours,  font  la  même 
chofe  que  SucJJonum  Cwitas ,  Remorum  Cwitas  ;  le  Sois- 
fonnois ,  le  Remois ,  &c.  Mais  les  grands  cantons  nom- 
més Pagi  étoient  eux-mêmes  divifés  en  des  cantons  ou 
Pagi  fuba-lternes  qui  en  faifoient  partie;  &  cela  dans  l'an- 
tiquité,  dans  le  moyen  âge,  8c  dans  1  hiftoire  moderne. 
En  voici  quelques  exemples  :  Pagus  Pittavus,  le  Poitou, 
comprenoit  Pagus  Lausdunenfis ,  le  Loudunois,To^r««- 
Jîs,  le  pays  de  Thouars ,  Arbatilicus  ou  Herbatilicus ,  le 
comté  d'Herbauge,  Pagus  Bellovacus  ,  le  Beauvaifis, 
renfermoit  Pagus  Cameliacenjîs  ou  Camliacenfis ,  le  pays 
de  Chambly ,  8c  Braium ,  le  pays  de  Bray  ,  qui  eft  aujour- 
d'hui de  la  Normandie,  &c. 

Les  grands  cantons  ou  l'agi  du  premier  ordre  ne  dif- 
férent donc  point  des  cantons  appelles  Civitas,  c'eft- à- 
dire  des  grands  peuples.  Mais  ce  font  les  petits  qui  en  dif- 
férent, minores  Pagi  compris  dans  les  Pagi  majores  font 
proprement  ceux  fur  qui  tombe  cette  diftinction.  Les 
grands ,  Pagi  Majores ,  renferment  les  nations  entières 
(Civitates ,  )  les  moindres ,  Minores ,  n'en  font  que  des 
divifions ,  8c  n'en  contiennent  qu'une  partie;  encore  faut- 
il  excepter  des  grands  ceux  qui  ont  plufieurs  capitales, 
comme  Curantes  8c  Cenones;  car  ce  que  les  écrivains 
Romains  ont  entendu  par  Pagus  Carnutinus  compre- 
noit les  cantons  (  Pagos ,  )  Autrkenfis ,  le  diocèfe  de 
Chartres  ;  Aurelianenfs ,  l'Oriéanois;  Dunenfîs,  le  Du- 
nois;  DurocaJJimts ,  le  Dreugefin  ,  autour  de  Dreux. 

Plufieurs  de  nos  hilloriens  de  France  ont  changé  le 
mot  Pagus  en  celui  de  Comitatus  ,  Comté.  Cela  vient 
de  ce  que  fous  les  anciens  rois  de  France  il  y  avoit  un 
comte  pour  chaque  Pagus.  Il  y  avoit  même  tel  Pagus 
qui  avoit  plufieurs  comtes.  Par  exemple,  la  divifion  du 
royaume  de  Lothaire  met  quatre  comtés  au  pays  de 
Hasbaine ,  autant  dans  le  Brabant ,  8c  deux  au  pays  de 
Vavre.  Le  poëte  Saxon  dit  conformément  à  cet  ufage , 
Rer.  Carol.  magni,  l.  i; 


Scd  variis  divifa  modis  plebs  omnis  habebat 
Qitot  Pagos }  tôt  perte  Duces. 


Les  annales  de  S.  Bertin ,  ad  ann.  S  3  9.  nous  ont  con- 
fervé  la  divifion  faite  de  la  Gaule  8c  de  la  Germanie  par 
Louis  le  Débonnaire  ;  tout  y  eft  comté  :  ce  que  les  autres 
appellent  Pagus  y  eft  nommé  Comitatus. 

Il  eft  bon  encore  de  remarquer  que  les  Pagi  fe  divi- 
foient  en  Vicarix  en  quelques  endroits  ;  8c  c'eft  de  ce  mot 
que  la  Provence  8c  les  Provinces  voifines  ont  faic  leur 
mot  de  Viguerie.  En  quelques  autres  endroits,  au  lieu  de 
Vicariœ,  on  difoit  Ccnte/iœ.  Les  Vitari&  8c  Centeru  revien- 
nent au  même,  8c  fe  divilbient  en  Villœ. 

Les  Pagi  prenoient  quelquefois  le  nom  d'un  lieu  affez 
obscur,  comme  Vongenfis ,  Pertenfis,  Virtudenfis ,  Cor- 
bonenfis ,  Ciftrenfis ,  Sec.  Quelquefois  ils  prenoient  le 
nom  de  la  rivière  qui  les  arrofoit,  comme  Oscar en  fis  Pa- 
gus ,  le  Dij'onois ,  à  caufe  de  l'Ouche ,  Pagus  Mofanus , 
à  caufe  de  la  Meufe  ,  Sambrinfis  ou  Sambrinus  Pagus  ,  à 
caufe  delaSambre;  quelquefois  auflî  ils  prenoient  celui 
d'une  forêt ,  comme  Arduennenfis  Pagus ,  les  Ardennes , 
&c. 

Du  mot  Pagus  nous  avons  fait  celui  de  Pays  ,  8c  de 
celui-là  nous  avons  formé  les  mots  Paysan  ,  Paysa- 
ges, 8cc. 

PAGYDA  ,  fleuve  de  l'Afrique  propre ,  félon  Tacite  , 
An.  I.  3 .  p.  6 1 . 

PAGYRIT/E,  peuples  de  laSarmatie  Européenne  : 
Ptolomée,  /.  j.f.5.  les  place  avec  les  Aorfî,  au-deffous 
des  Agatbyrfi ,  &  au  deffus  de  Savari. 

PAHU.  Voyez.  Phogor. 

PAIASSES.  Kc>^  Payasses.  . 

PAÏEN  DE  ,  ou  PtiENDE ,  lac  de  Suéde ,  dans  la  Fin- 


749 

lande ,  a  l'orient  de  la  province  de  Tavaftie ,  8c  aux  con- 
fins de  celle  du  Sawolas.  Il  s'étend  du  feptentrion  au  mi- 
di ,  communique  par  le  moyen  de  divers  torrens  à  plu- 
fieurs lacs  d'une  moindre  étendue,  &  donne  naiffance à 
la  rivière  de  Kymen,  par  le  moyen  de  laquelle  il  a  un 
débouchementdans  le  golfe  de  Finlande.  *  Rob.  de  Vau- 
gondy ,  Atlas , 

PAILLE  ,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge ,  élec- 
tion de  Saint  Jean  d'Angely.  11  a  736  habitans. 

PA1MBEUF.  Voyez.  Painbœuf. 

PAINBŒUF,  bourgade  de  France,  dans  la  Bretagne, 
fur  la  rive  gauche  de  la  Loire ,  à  cinq  ou  fix  lieues  au-des- 
fous  de  Nantes.  Comme  il  ne  peut  monter  jusqu'à  Nan- 
tes que  de  petits  bâtimens ,  les  plus  gros  vaifleaux  demeu- 
rent à  la  rade  de  Painboeuf.  Cette  bourgade  n'eft  propre- 
ment qu'un  amas  d'hôtelleries  &  de  cabarets  pour  les 
gens  de  marine.  *  Longuerue ,  Defcr.  de  la  France ,  parc. 
1.  pag.  88.  Piganiol,  Defcription  de  la  France  ,  tom.  5. 
p.  227. 

PAINBOURG.  Voyez.  Badacum. 

PAINDOUÉ ,  PADYPOLA  ,  ou  PoutADOU  ,  ifle  de 
la  mer  des  Indes  8c  l'une  des  Maldives.  Elle  a  au  nord 
l'i/le  deMapillas  dont  elle  eft  féparée  par  un  canal,  & 
au  midi  oriental  l'ifie  de  Malos-Madou ,  dont  elle  eft  fé- 
parée par  le  courant  de  Malos-Madou.  Sanfon ,  Atlas , 
met  cette  ifle  à  cinq  degrés  quelques  minutes  de  latitude 
feptentrionale. 

1.  PAINPONT,  abbaye  de  France,  dans  la  Haute-Bre- 
tagne ,  au  diocèfe  de  S.  Malo  »  à  deux  lieues  vers  le  cou- 
chant de  Rennes,  en  Latin  Pons  Panis.  C'eft  une  abbaye 
d'hommes,  de  l'ordre  de  S.  Auguftin  &  de  la  réforme. 
Elle  fut  fondée  en  630,  par  Judicaël.  On  y  fait  des  pèle- 
rinages ,  8c  il  y  a  une  Ste  Vierge  pour  laquelle  on  a  beau- 
coup de  dévotion. 

2.  PAINPONT,  village  de  France ,  dans  la  Bretagne  , 
au  diocèfe  de  S.  Malo.  Il  eft  très-renommé  par  une  forge 
de  fer  qui  y  eft.  La  qualité  de  ce  fer  eft  eftimée  ;  car  il 
approche  fort  de  celui  d'Espagne.  On  prend  à  Painponc 
tout  ce  qui  eft  néceffaire  à  l'arfenal  de  Breft.  *  Piganiol , 
Defcr.  de  la  France  ,  t.  5 .  p.  205. 

PAJOU  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Haute-Auvergne, 
au  diocèfe  de  S.  Flour,  élection  d'Aurillac,  dont  ce  bourg 
n'eft  éloigné  que  d'une  demi-lieue. 

PAIPERTA,  château  de  l'Arménie,  félon  Ortelius, 
"ïhefaur.  qui  cite  Cedrene  8c  Curopalate. 

PAIRIER,  bourg  de  France,  dans  le  Poitou ,  élection 
des  Sables  d'Olonne. 

PA1RIS,  ou  Péris,  abbaye  de  France ,  dans  la  Haute- 
Alface  ,  au  pied  du  mont  de  Vosge ,  diocèfe  de  Bâle ,  fur 
la  gauche  de  la  rivière  de  Wais ,  à  quatre  lieues  de  Col- 
mar  ;  elle  fe  nomme  en  latin  Parifutm.  C'eft  une  abbaye 
d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  fille  de  Lancelan  ou 
Lutzelle.  Elle  fut  fondée  en  n  38,  par  les  feigneursdu 
Terret.  Après  fa  ruine ,  elle  fut  unie  à  celle  de  Mulbrune, 
dans  le  diocèfe  de  Spire;  mais  les  Luthériens  s'en  étant 
emparés ,  l'abbé  revint  à  Paris ,  en  rétablit  la  maifon ,  & 
y  fit  revivre  le  titre  abbatial ,  qui  ne  fubfiftoit  plus  depuis 
long-tems.  *  Voyage  littér.  de  D.  Martenne. 

PAITA  ,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pérou," 
dans  l'audience  de  Quito ,  avec  un  pott  renommé  près  de 
l'embouchure  delà  rivière  de  Chuquimayo.  Elle  eft  fituée 
à  cinq  degrés  quinze  minutes  de  latit.  mérid.  fur  un  fonds 
fablonneux,  8c  à  l'abri  d'une  haute  montagne.  11  n'y  a  que 
foixante  8c  quinze ,  ou  quatre- vingt  maifons  &  deux  égli- 
fes.  *  Rob.  de  Vaugondy,  Atlas. 

Les  maifons  font  baffes  8c  mal  bâties ,  comme  le  font 
celles  du  Pérou ,  8c  de  toute  la  côte  maritime.  Les  murail- 
les font  de  brique ,  faites  avec  de  la  terre  &  de  la  paille 
paitries  enfemble.  Elles  ont  environ  trois  pieds  de  long, 
deux  de  large  8c  un  demi  d'épais.  On  ne  cuit  point  là  les 
briques  au  four ,  on  les  laiffe  long-tems  fécher  au  Soleil  t 
avant  qu'on  les  mette  en  œuvre.  Il  y  a  quelques  endroits 
où  le  toit  des  maifons  n'eft  que  de  perches  mifes  en  croix 
fur  les  quatre  murailles ,  8c  couvertes  de  nates ,  &  alors 
les  murailles  font  fort  échauffées.  Ce  qui  fait  qu'on  bâtit 
fi  mal  à  Paita ,  8c  dans  tous  les  environs ,  c'eft  qu'outre  le 
manque  de  matériaux ,  il  n'y  a  jamais  de  pluie ,  8c  par 
conféquent  on  ne  fonge  qu'à  fe  mettre  à  couvert  du  fo- 
leil.  Ce  pays  aride  commence,  du  côté  du  nord ,  depuis 
le  Cap  Bimane,  jusqu'à  Coquimbo ,  &  s'étend  à  environ 


PAL 


7*o 

trente  degrés  fud.  Il  n'y  a  point  de  verdure  fur  les  mon- 
tagnes, ni  dans  les  vallées.  Les  murailles  des  maifons  des 
riches  &  des  églifes  font  blanchies  de  chaux  en  dehors  Se 
en  dedans.  Les  portes  &  les  poteaux  font  fort  larges,  le 
tout  enrichi  d'ouvrages  de  fculpture.  Il  y  a  auffiquantité 
de  belles  peintures,  qui  ne  font  pas  d'un  médiocre  orne- 
ment, tirées,  à  ce  qu'on  croit,  des  anciens  Espagnols j 
mais  il  n'y  a  point  de  maifons  à  Paira  qui  foient  fi  parées. 
Les  églifes  font  grandes  &  embellies  de  fculpture.  A  un 
mille  de  la  ville  proche  de  la  mer,  eft  un  petit  fort,  mais 
fans  canon.  Ce  fort,  où  il  n'y  a  que  des  mousquets  ,  com- 
mande fi  bien  toute  la  baie ,  qu'on  ne  fauroit  y  faire  des- 
cente. Il  y  en  a  un  autre  fur  le  fommet  de  la  montagne , 
qui  commande  également  la  place  Se  l'autre  fort.  On  ne 
trouve  là  ni  bois  ni  eau,  ce  qui  oblige  les  habitans  d'en 
tirer  d'une  ville  Indienne,  qu'on  nomme  Colan.  La  rade 
de  Paita  eft  une  des  meilleures  de  la  côte  du  Pérou.  Elle 
eft  à  couvert  du  fud-oueft  par  une  pointe  de  terre  qui 
forme  une  grande  baie ,  Se  fait  un  eau  tranquille  où  les 
vaiffeaux  font  en  fureté.  Elle  peut  contenir  une  flotte  con- 
fidérable  &  l'on  peut  y  entrer  par-tout ,  depuis  fix  jusqu'à 
vingt  brades  d'eau.  Vis-à-vis  de  la  ville ,  plus  on  s'en 
approche  ,  plus  l'eau  eft  baffe.  Toute  la  baie  n'eft  que  fa- 
ble. *  Dampier ,  Voyage  autour  du  monde  ,  tom.  i. 
c .  6. 

PAIX  (  La  ) ,  abbaye  de  filles ,  de  l'ordre  de  S.  Benoit , 
dans  la  ville  de  Mons ,  dans  le  Hainaur.  Voyez.  Mons. 

PAIX  DIEU  (La),  abbaye  dereligieufes,  ordre  de  Cî- 
teaux  ,  dans  le  pays  de  Liège ,  à  une  demi-lieue  au  nord 
d'Huy. 

i.PALAjOu  PaljeA)  ville  de  l'ifle  de  Céphalonieque  le 
P.  Biiet  appelle  Pala ,  &  qu'il  met  à  l'oueft ,  Se  près  d'un 
golfe  qui  s'enfonce  dans  les  terresde  la  côte  du  fud.  De  l'if- 
le la  met  vers  le  milieu  des  terres,  Se  l'appelle  Palle.  Selon 
Hérodote,/.  9.  c.  28.  zoo  hommes  de  cette  ville  fervi- 
rentdans  l'armée  des  Grecs  à  la  bataille  de  Platée.  Polybe, 
l.  $.c.  3.  l'appelle  PaUa.  Sophien  dit  que  c'eft  aujour- 
d'hui Palichi. 

2.  PALA.  Voyez.  Palla. 

PALACAS ,  ou  Platamona  ;  nom  moderne  d'une  ri- 
vière de  la  Macédoine  :  elle  étoit  connue  anciennement 
fous  les  noms  d'Haliacmon  ou  Aliagmon.  Sa  rapidité  Se 
Ces  débordemens  font  beaucoup  de  mal.  Elle  fe  jette  dans 
le  golfe  de  Salonichi.  Voyez.  Aliacmon. 

PALACIA.  Voyez.  Placia. 

PALACIOS,  ville  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie,  fur 
la  route  de  Scville  à  Cadix ,  à  cinq  lieues  de  la  première. 
On  la  nomme  en  latin  Palatutm,  ou  Palantia,  àcaufe 
d'un  vieux  palais  qu'on  y  voit.  Les  habitans  vivent  de  la 
culture  de  leurs  champs  &  de  la  dépenfe  qu'y  font  les 
étrangers ,  qui  partent  fréquemment  par  cette  ville ,  pour 
aller  voir  Lebrixa  &  Cadix.  La  marée  qui  monte  dans  le 
Guadalquivir ,  fait  déborder  les  eaux  de  ce  fleuve  jusqu'à 
cinq  lieues  à  la  ronde  ;  de  forte  que  dans  toute  cette  éten- 
due, le  chemin  efl:  impraticable  en  hyver,  àcaufe  des 
boues  Se  des  marcs ,  &  fort  peu  tenable  en  été ,  à  caufe  de 
la  pouffiere,  qui  efl  comme  le  fable  des  déferts  de  l'Ara- 
bie. C'eft  auffi  ce  qui  fait  que  tout  ce  quartier  efl  entière- 
ment inhabité.  Ceux  qui  y  paffent  font  obligés  de  fe  con- 
duire par  le  moyen  d'une  bouflble ,  pour  ne  pas  s'égarer, 
&  d'avoir  avec  eux  des  flacons  de  cuir  remplis  de  vin , 
pour  ne  pas  mourir  de  foif  parmi  ces  fables ,  ce  qui  efl  ar- 
rivé à  quelques  voyageurs,  qui  n'avoient  pas  pris  ces  for- 
tes de  précautions.  Ces  flacons  font  appelles  par  les  Es- 
pagnols Boratejos.  *  Délices  d'Espagne  ,  p.  449. 

PALACIUM,  ville  de  la  Cherfonèfe  Cimbrique,  fé- 
lon Strabon.  Voyez.  Bao  atium  «5c  Placia. 

PALACRINUM,  félon  l'itinéraire  d'Antonin.  Voyez. 
Phalacrika. 

1.  PAL^A,  ville  de  l'ifle  de  Cypre  :  Strabon,  /.  14. 
p.  683.  la  place  entre  Cirium  &  Amattuas.  Lufignandit 
qu'elle  fe  nomme  aujourd'hui  Pelandre. 

2.  PALy£A,  village  de  laMyfie  Afiatiquc.  Il  étoit,  félon 
Strabon,  /.  13.  p.  614.  à  cent  trente  ltades  de  la  ville 
d'Andera. 

3.  PAL/EA ,  village  de  l'Ifaurie ,  félon  Ortelius ,  The- 
faur.  qui  cite  Strabon;  mais  Srrabon,  /.  12.  p.  568.  ne 
donne  le  nom  de  PaUa ,  que  comme  une  épithéte  qui 
diflinguoit  le  Village  d'Eveicès ,  d'un  autre  village  de  mê- 
me nom  ;  de  forre  qu'il  y  avoit  dans  l'I  faune  un  village 


PAL 


Amplement  nommé  Evercès  Se  un  autre  appelle  PuL.t 
Evercès ,  ou  Evercès  le  vieux. 

4.  PAL^EA.  Voyez.  Dyme. 

5.  PALjEA  ,  village  de  la  Laconie  :  Paufanias ,  /.  3.  c. 
22.  le  met  fur  la  route  de  Geronthrx.  à  Acria. 

6.  PAL^A,  ville  de  l'ifle  de  Céphalonie,  félon  Polybe, 
/.  j.  c.  3 .  c'eft  la  même  que  Pala.  Voyez,  ce  mot 

PAL/EA-LAZICA  ,  flation  dans  la  Sarmatie  Afiati- 
que,  fur  le  Pont-Euxin,  félon  Arrien,  Peripl.  i.p.  19, 

PAL^A-MYNDUS.  Voyez.  Myndus. 

PALyEA-PETRA ,  lieu  aux  environs  de  Conftantino- 
ple  ,  félon  Ortelius ,  Tbef.  qui  cite  Cedrene. 

PAL/EAPOLIS,  Pal^epolis  ou  Pal^copolis  ,  ville 
d'Italie ,  dans  la  Campanie  :  les  habitans  de  cette  ville 
étoient  originaires  de  Chalcis  en  Eubée.  En  arrivant  en 
Italie  ils  y  bâtirent  Cumes,  Se  peu  de  tems  après  Neapo- 
lis,  c'efl- à-dire  la  ville  Neuve.  Ils  trouvèrent  dans  le  voi- 
finage  de  Naples  une  ville  déjà  bâtie,  dont  ils  s'emparè- 
rent Se  qu'ils  nommèrent  PaUapolis,  PaUpolis,  Palaio- 
polis c'efl- à-dire,  la  vieilleville.  L'auteur  des  Délices  d'I- 
talie parle  de  Pala;apolis  comme  d'une  ville  détruire, 
dont  le  terrein  eft  aujourd'hui  renfermé  dans  Naples.  Il 
dit  qu'il  falloit  que  Palacapolis  fut  bien  grande,  puisque 
depuis  l'archevêché ,  jusqu'à  S.  Pierre  à  Mafella ,  on  voit 
encore  préfentement  beaucoup  demafures,  que  les  an- 
tiquaires prérendent  être  des  refles  de  cette  ancienne  Pa- 
Lxapolis.  Il  ajoute  qu'elle  étoit  de  figure  ovale,  Se  divi- 
fée  en  trois  rues  fort  longues  Se  fort  droites  *  Tite-Live , 
l.S.c.n. 

PAL^BISCA.  Voyez.  Pal^visca. 

PAL.EBYBLOS,  ville  de  la  Phénicie,  félon  Pline, 
/.  j.  c  20. 

PAL^GAMBRIUM.  %^Gambreium, 

PAL/EMARIUS  ,  en  Grec  na.XaLifJLo.fia.  ,  village  d'E- 
gypte, dans  le  Nôme  Mareote.  Ptolomée,  /.  4.  c.  ;.  le 
place  après  Phamothis. 

PAL^MYNDUS.  Voyez.  Myndus. 

PAL/EON-BEUDOS,  c'eft-à-dire,  la  Vieule  Beu- 
dos  ,  ville  de  la  Pamphylie,  félon  Ptolomée,  /.  5.  c.  y. 
qui  la  met  pourtant  dans  laPhrygie,  entre  Antioche  Se 
Baris. 

PAL/EOGONI.  Voyez.TAvp.oB  au  a. 

PAL.EONTICHUS.  Voyez.  Gage. 

PAL.EOPHARSALUS.  Voyez.  Pal/Epharsalus  & 
Pharsalus. 

1.  PAL/EOPOLIS.Kçv^Paleopous. 

2.  PAL./EOPOLIS ,  ville  épiscopale  de  la  féconde 
Pamphylie,  félon  le  concile  deChalcédoine,auquel  Baft- 
lius  Palœopolis  fouferivit  l'an  45 1.  Libanius ,  fon  évêque , 
aflîflaà  celui  d'Ephefe  tenu  l'an  43 1.  *  Harduin.  Collect. 
Conc.  t.  2.  p.  373.  t.  i.p.  143 1. 

PAL-rEOTRlUM,  ville  de  Macédoine,  fur  le  mont 
Athos,  félon  Pline,  /.  4.  c.  10.  Quelques  Manufcrits 
portent  UaXaiupioy ,  PuUorium  ,  Se  le  Père  Hardouin 
dit  que  c'efl  ainfi  qu'il  faut  écrire  ce  mot. 

PAL^EPAPHOS.  Voyez.  Paphos. 

PAL/EPATMA ,  ville  marchande  de  l'Inde ,  en-deçà 
du  Gange  ,  félon  Arrien ,  Peripl.  1.  p.  30.  C'efl  la  même 
ville  que  Ptolomée  nomme  Balipaptna.  Voyez  ce  mot. 

PAL/EPERCOTE.  Voyez.  Percote. 

PAL^PHARSALUS,  ville  de  la  Theflalie,  dans  la 
Phthiotide,  félon  Strabon,  /.  17.  p.  796.  Tire-Live ,  /. 
44. c.  1.  &  Eutrope,/.  6.  c.  16.  font  aufli  mention  de  cet- 
te ville  que  quelques-uns  prennent  pour  Thebes. 

PAL/EPHARUS,  ou  Pai^ephatus,  ville  de  la  Thes- 
falie,  félon  Tite-Live,  /.  32.  c.  13.  Ortelius,  Thefaur. 
foupçonne  que  ces  mots  pourroient  être  corrompus  de 

PALy€PHARSALUS. 

PALAPOLIS.  Voyez.  Pal^apoiis. 

PAL/ERUS,  ville  de  l'Acarnanie,  félon  Strabon,  /. 
I2.p.4<;9. 

PAL^ESCEPSIS ,  ville  de  la  Troade,  auprès  d'Adra- 
mytton.  Pline,/.  5.  r.  30.  Se  Ptolomée,  /.  ;.  c.  2.  parlent 
de  cette  ville.  Les  habitans  de  PaLcscepfis,  ou  de  la  vieil- 
le Scepfis  ,  furent  transférés  dans  la  nouvelle  Scepfis ,  qui, 
dans  la  notice  épiscopale  de  la  province  de  l'Hellespont , 
eft  appellée  Im-^k;. 

PAL/ESIMUNDUS.  Voyez.  Palesimundus. 

PAL/ESTE  ,  lieu  de  l'Epire,  près  d'Oricon ,  félon  ce 
vers  de  Lucain  ,  /,  j.  v.  460. 


PAL 


PAL 


Lapfa,  PaUJîinas  tincis  confixit  arertas. 

Ceft  l'endroit  où  descendit  Céfar,  de  Bel.  civil,  l.^.c. 
f>.  De  PaUfte  on  a  fait  Paleftinus.  Cependant  quelques 
MSS.  des  commentaires  de  César  ,  au  lieu  de  Pakjte, 
portent  Pharfalia  ,  Se  d'autres  Pharfalus. 

PAL^STENORUM  AGER  ,  territoire  de  la  Sicile, 
quelque  part  aux  environs  de  Meffine,  félon  Appien, 
Bel.  civil.  I.  y. 

PAL/ESTINA.  Voyez.  Palestine. 

PAL/ESTINA-AQUA  :  on  trouve  ce  nom  dans  ce 
Vers  d'Ovide ,  Faftor.  I.  i.  v.  464. 

Inque  Palaftinx  marginefedit  aqitz. 


Comme  ce  Poète  avoit  dit  auparavant,  v.  46*3 . 


Venit  ad  Euphratem  comitata  Cupidinc  parvo. 

Quelques-uns  ottt  cru  qu'il  appelloit  PaUflina  aqita. 
l'eau  de  l'Euphrate  ;  mais  ce  fleuve  arrofe  la  Syrie ,  Se  non 
la  Paleftine.  Cette  raifon  a  fait  croite  à  Ortelius ,  Thefaur, 
que  c'eft  des  eaux  du  Tigre  &  de  l'endroit  où  il  mouille 
la  Sittacène  qu'il  s'agit  :  en  effet  cette  contrée  a  été  appel- 
lée  Paleftine  par  Pline ,  /.  u.c.  1 7.  De  cette  forte  on  de- 
vroit  dire  que  Dione ,  fuyant  le  terrible  Typhon ,  vint 
vers  l'Euphrate  accompagnée  du  petit  Cupidon ,  Se  avan- 
ça jusqu'au  Tigre ,  où  elle  fe  repofa  fur  le  bord  de  l'eau  du 
côté  de  la  Palelline. 

PAL/ESTINA-PETRA ,  lieu  de  l'Arabie  Heureufe, 
félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  eue  Agatarchis. 

PALASTINA  PRIMA.  Voyez.  Palestine. 

PAL^STINA  SECUNDA.  Voyez.  Palestine. 

PAL^STINA  TERTIA.  Voyez.  Palestine. 

PAL/ESTINA-SALUTARIS.  Voyez.  Palestine. 

PAL<LST1NUS.  Voyez,  Strymon. 

PAL.ETYRUS.  Voyez.  Tyrus. 

PAL.£V1SC A ,  village  d'Afrique ,  dans  la  Pentapole , 
félon  Synefius ,  Epift.  7.  Phavorinus ,  au  lieu  de  Palevis- 
ca ,  écrit  PaUbisca. 

PALA  FREGEAU,  petit  village  d'Espagne,  dans  la 
Catalogne;  entre  la  pointe  du  Cap  Gros,  près  de  Pala- 
mos  Se  des  Fornigues ,  il  y  a  un  petit  enfoncement  bordé 
d'une  plage  de  fable.  C'eft-là  qu'eft  le  village  de  Pala-Fre- 
geau.  Du  côté  de  l'eft  il  y  a  une  tour  de  garde,  fituée  fur 
une  pointe  de  rochers,  Se  quelques  embrafures  auprès. 
*  Micbelot,  Portulan  de  la  mer  Méditerranée,  p.  47. 

PALA-FUGELL,  cap  d'Espagne,  fur  la  côte  de  la 
Catalogne.  La  Baie  de  Palamos  eft  couverte  du  côté  de  la 
mer  par  une  langue  de  terre  qui  forme  un  cap  appelle  le 
Cap  de  Pahfugcll ,  du  nom  d'une  bourgade  voifine.  *  Dé- 
lices d'Espagne ,  p.  6 1 6. 

1.  PALAIS,  ville  de  France  ,  dans  la  Bretagne,  Se  la 
principale  place  de  l'ifle  de  Belle-Iile.  C'eft  une  place  de 
guerre ,  fortifiée  fous  le  règne  de  Louis  XIV,  pour  la  dé- 
fenfe  de  l'ifle  ;  ce  qui  étoit  néceffaire  pour  la  fureté  de  la 
province. 

2.  PALAIS,  abbaye  d'hommes  en  France  de  l'ordre 
de  Cîteaux,  filiation  de  Dalon,  fous  le  titre  de  Notre  Da- 
me, dans  le  diocèfe  de  Limoges  au  midi,  Se  près  de  Gue- 
ret.  Elle  fut  fondée  l'an  1 162.  L'abbé  jouit  de  2500.  /. 

3.  PALAIS,  bourg  ou  village  de  France,  dans  la  Bre- 
tagne ,  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Nantes  :  il  eft  connu 
pour  avoir  donné  la  naiffance  au  fameux  Pierre  Abe- 
lard. 

PALAISEAU  ,  ou  PALOISEL ,  bourg  de  France , 
dans  l'ifle  de  France,  à  quatre  lieues  de  Paris ,  fur  le  che- 
min de  Chartres ,  à  l'orient  de  la  plaine  de  Saclé ,  Se  au 
nord  occidental  de  Longjumeau.  Corneille ,  Dicl.  dit  que 
ce  bourg  eft  fur  la  petite  rivière  d'Ivette.  Cependant  de 
l'ifle ,  dans  fa  carte  de  la  prévôté  Se  vicomte  de  Paris ,  ne 
marque  aucune  rivière  dans  cet  endroit.  Il  y  a  un  prieuré 
Se  un  chapitre  compofé  de  quatre  chanoines  ,  qui  n'ont 
entre  eux  tous  que  lix  cens  livres. 

PALAMBUAN.  Voyez.  Balambuan.  N°  i. 

PALAMEDIUM ,  ville  de  la  Troade,  fclon  Pline ,  /.  ;. 


ysi 

PALAMOS,  ville  d'Espagne,  dans  la  Catalogne,  au 
fond  d'une  baie ,  qui  forme  tin  bon  port  où  les  vaiflcaûx 
font  à  l'abri  de  tous  les  vents ,  à  la  réferve  de  ceux  du  fud- 
oueft.  La  ville  eft  petite,  mais  extrêmement  forte.  Elle 
eft  bâtie  en  partie  dans  la  plaine,  Se  en  partie  le  long  du- 
ne colline  fort  roidequi  avance  dans  la  mer,  &  dont  les 
bords  fonr  fort  élevés  Se  fort  droits.  On  l'a  bien  fortifiée 
au  deffus  de  la  colline  ,  à  l'endroit  qui  eft  le  plus  avancé 
vers  la  mer,  on  a  détruit  un  couvent  de  religieux  Au- 
gultins ,  pour  y  conftruire  une  citadelle.  *  Délices  d'Es- 
pagne, p.  616. 

La  pointe  de  Palamos  eft  environ  neuf  à  dix  milles  au 
nord-eft  de  la  pointe  de  Saint  Philiou  :  entre  ces  deux 
pointes  il  y  a  une  grande  ance ,  bordée  d'une  plage  de  fa- 
ble. Du  côté  de  l'eft  de  cette  ance ,  fur  le  bord  de  la  îr.er, 
eft  la  ville  de  Palamos.  Elle  a  un  mole  avancé  vers  l'oueit 
environ  80  toifes,  Se  le  long  duquel  on  peut  mettre  fept 
à  huit  Galères,  pourvu  qu'elles  retirent  leurs  rames  en  de- 
dans ,  qu'elles  obfervent  de  mettre  la  poupe  vers  le  mole , 
la  proue  à  la  plage ,  Se  qu'elles  s'amarrent  à  quatre  amar- 
res. Il  y  a  dans  le  mole  deux  ou  trois  brades  d'eau ,  fond 
d'herbe  vafeux.  Il  faut  avoir  foin  de  fe  bien  amarrer  du 
côté  du  nord-oueft,  quoique  ce  vent  vienne  de  terre; 
car  comme  il  paffe  entre  deux  montagnes,  il  eft  très-vio- 
lent ,  Se  les  gens  du  pays  affûtent  que  les  bâtimens  n'y  font 
naufrage  que  par  ce  vent.  Les  vents  du  large  depuis  le 
fud-oueft,  jusqu'à  l'eft-fud-eft,  donnent  dans  la  plage 
de  Palamos.  Sur  la  pointe  du  nord-eft  de  Palamos,  qui 
s'avance  un  peu  en  mer,  on  voit  les  ruines  d'une  forteres- 
fe ,  qui  fut  démolie  après  qu'elle  eut  été  prife  par  l'armée 
du  roi ,  Se  fur  l'extrémité  de  la  pointe  il  y  a  un  moulin  à 
vent  qui  fert  de  reconnoiffance.  Tout  proche  de  cette 
pointe  il  y  a  deux  écueils  entre  lesquels  Se  la  terre  on  ne 
peut  paffer  qu'avec  des  bateaux.  Lorsqu'on  vient  du  côré 
de  l'eft,  Se  qu'on  veut  aller  mouiller  dans  le  mole  de  Pa- 
lamos, il  ne  faut  pas  s'approcher  de  la  Côte  ,  depuis  cet- 
te pointe  jusqu'à  la  tête  du  mole ,  à  caufe  de  plufieurs  ro- 
chers qui  y  font ,  tant  hors  de  l'eau  que  fous  l'eau.  Il  y  a 
de  plus  au  bout  de  h  pointe,  vers  le  fud-oueft,  une  ro- 
che fous  l'eau  ,  à  demi  longueur  de  fable;  mais  il  ne  faut 
pas  pour  cela  s'en  écarter  plus  d'une  portée  de  fufil,  à 
caufe  d'un  autre  danger,  dont  nous  allons  parler.  On  fait 
de  l'eau  hors  de  la  ville  a  une  fontaine  qui  eft  proche  d'un 
village,  dans  une  plaine  ,  à  là  petite  portée  du  canon  de 
la  ville.  La  latitude  eft  de  41  d.  48  m.  Se  la  variation  de  y 
à  6.  dcg.  vers  le  nord-oueft.  *  Michelot ,  Portulan  de  la 
mer  Méditerranée ,  p.  45. 

Environ  à  la  portée  du  canOn  ,  au  fud-fud-oueft  du 
moulin  qui  eft  fur  la  pointe  du  nord-eft  de  Palamos ,  il 
y  a  fous  l'eau  une  roche  fort  dangereufe,  &  fur  laquelle 
il  n'y  a  que  huit  pieds  d'eau.  Elle  a  fort  peu  d'étendue  ,  Se 
a  tout  au  tour  12,  15  Se  20  brades  d'eau.  Lorsqu'on  eft 
fur  le  haut  de  cette  roche ,  le  moulin  dont  il  vient  d'être 
parlé ,  refte  au  nord-nord-eft  pour  une  marque  ;  & 
pour  l'autre ,  il  faut  voir  une  maifon ,  qui  eft  fur  une  pe- 
tite éminence,  presqu'au  milieu  de  la  plage,  entre  deux 
rochers  noirs,  qui  font  fur  le  bord  de  la  plage ,  Se  il  faut 
que  ces  rochers  relient  au  nord-oueft.  On  peut  mouil- 
ler avec  des  vaideaux  par  tout  le  milieu  de  lance  de  Pala- 
mos; mais  le  meilleur  mouillage  eft  du  côté  de  l'ouell, 
vis-à-vis  de  la  tour  qui  eft  fur  la  pointe.  On  pourroir 
mouiller  auili  avec  des  galères ,  dans  la  pl.ige  de  la  Valda 
pour  les  vents  d'oueft  Se  de  fud-oueft  ;  mais  tous  ces 
mouillages  ne  font  bons  que  lorsqu'on  eft  obligé  de  relâ- 
cher, Se  dans  ce  cas  il  faut  bien  prendre  garde  de  ne  fè 
point  laiffer  furprendre  aux  vents  traverfiers  de  la  côte. 
Tout  proche  de  la  pointe  du  moulin  de  Palamos,  du  côté 
de  l'eft ,  il  y  a  une  grofle  pointe  ronde  qu'on  appelle  le 
Capyros  ,  &du  côté  de  l'eft  fe  trouve  une  petite  ance&: 
plage  de  fable,  où  l'on  peut  mouiller  avec  des  galercâ 
pour  les  vents  de  fud-oueft ,  oueft  Se  nord-eueft.  Ou 
y  eft  par  huit  à  neuf  brades  d'eau  de  fable  vafeux  :  quel- 
ques galères  peuvent  porter  une  amarre  du  côté  de  cette 
pointe.  On  peut  mouiller  par  toute  cette  plage,  fuivanr 
les  vents  qu'il  fait.  Sur  une  pointe  baffe,  qui  eft  fui  la 
droite,  il  y  a  quelques  maifons. 

Environ  quatre  milles  à  l'eft  quart  de  nord-eft  de  ia 
poinre  de  Palamos,  font  quelques  écueils  hors  de  l'eau  ^ 
qu'on  appelle  Fornigues,  éloignés  de  la  côre  d'environ 
une  petite  portée  de  canon.  On  peut  paffer  à  terre  de? 


PAL 


7*2- 

Fornigues  avec  des  galères  fans  nulle  craînre  >  y  ayant 
cinq  à  fix  brades  d'eau  dans  ce  partage  ;  mais  il  faut  ranger 
les  écucils  de  plus  près  que  la  côte  ,  à  caufe  de  quelques 
autres  rochers  qui  font  a  fleur  d'eau  du  côté  de  la  terre, 
où  eiî  aufli  une  balle  pointe  qui  s'avance  fous  l'eau.  Si  on 
veut  palier  en  dehors  des  Fornigues,  il  faut  s'en  éloigner 
à  discrétion ,  d'autant  qu'il  y  a  quelques  rochers  fous 
l'eau,  à  plus  d'un  fable  Se  demi  au  large. 

i.  PALANDA,  ville  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange, 
dans  la  Cherfoncfe,  d'or,  félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  2. 

2.  PALANDA  ,  fleuve  de  l'Inde,  au  delà  du  Gange, 
dans  la  Chersonèse  d'or.  Ptolomée,  /.  7.  c.  2.  place  l'em- 
bouchure du  fleuve  Palanda ,  entre  la  ville  de  Sabana  Se 
le  Promontoire  Ma!a:ucolon. 

PAL  ANGES  (les) ,  forêt  de  France,  dans  le  Rouei- 
gue,  élection  de  Rodés.  Elle  appartient  au  roi ,  Se  con- 
tient près  de  trois  lieues  d'étendue  en  bois  taillis. 

PALANTA  ,  ville  du  comté  de  Novigrad  dans  la  Hau- 
te Hongrie  fur  la  riviers  d'Ibola  à  fept  lieues  de  Novigrad 
cV  à  21.  de  Bude. 

PALANTA  ,  ville  de  l'ifle  de  Corfe  :  Ptolomée,  /.  3. 
c.  2.  la  met  dans  les  terres,  entre  Cerfunum  Se  Lurinum. 

PALANTEUM.  Voyez.  Palantium. 

PALANTI A ,  ville  de  l'EspagneTarragonnoife.  Ptolo- 
mée ,  /.  2.  c.  6.  la  donne  aux  Vaccai;  Se  Strabon  ,  /.  3.  p. 
162.  qui  écrit  Pallaniia  ,  la  met  dans  le  pays  des  Are- 
■vaci.  Pomponius  Mêla,  /.  2.  c.  G,  dit  qu'elle  avoit  été  une 
des  plus  confidérables  de  l'Espagne  Tarragonnoife.  Elle 
a  confervé  jusqu'à  préfent  fou  ancien  nom ,  avec  un  léger 
changement  ;  car  elle  fe  nomme  Palencia.  Voyez,  ce 
mot. 

PALANTIUM  ,  ou  Pallantium  ,  ville  de  l'Arcadie, 
félon  Etienne  le  géographe  Se  Trogue  Pompée.  Elle 
avoit  été  premièrement  ville  :  elle  fut  enfuite  réduite  en 
village  ;  mais  l'empereur  Antonin  lui  rendit,  félon  Paufa- 
nias ,  /.  S.c.  43.  le  titre  de  ville,  avec  la  liberté  &Iafran- 
chife ,  la  regardant  comme  la  mère  de  Pallantium  ,  ville 
d'Italie ,  qui  devint  une  partie  de  la  ville  de  Rome.  Voyez. 
Palatinus.  Tite-Live  écrit  Palanteum,  au  lieu  de  Palan- 
t'atm,8c  Virgile,  Mneid.  lib.  Z.verf.  54.  die  Pallan- 
teum  : 

Pallanûs prouvi  de  nom'xne  P allanteum. 


PALANZA  ,  bourg  d'Italie ,  au  duché  de  Milan  ,  fur 
le  bord  occidental  du  Lac  Majeur ,  vis-à-vis  l'ifle  de  S. 
Ange.  On  prétend  que  ce  Bourg  elt  fort  ancien.  *  Migin, 
carte  de  l'état  de  Milan. 

PALAOS ,  Voyez.  Nouvelle  Philippine. 
PALAPOLI,  Palepoli,  ou  Palopoli,  ville  de  l'A- 
natolie ,  dans  la  Caramanie ,  fur  la  côte ,  au  nord  de 
l'ifle  de  Chypre,  entre  le  port  de  Prodola  &  la  ville  de 
Sesquin  ou  SeiTm.  Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  l'an- 
cienne Celcnderis ,  Se  qu'elle  ait  eu  un  fiége  Episcopal 
fuffraganr  de  Séleucie.  *  Rob.  de  Vaugondy  ,  Atlas , 

PALAQUECHAUNE ,  nation  de  l'Amérique  fepten- 
trionale,  dans  la  Louïfiane.  Elle  eft  voifine  Se  alliée  des 
Cenis. 

PALAQUESSON,  peuple  de  l'Amérique  feprentrio- 
nale ,  dans  la  Louïfiane,  fur  la  route  que  tint  le  Sr  de  la 
Salle,  pour  aller  de  la  baie  de  S.  Louis  aux  Cenis.  Ce 
peuple  à  dix  villages ,  finies  près  de  Taraha,  au  delïus  de 
la  Maligne  Se  de  la  rivière  d'Hicns.  Ce  fut  dans  ce  quar- 
tier que  le  fieur  de  la  Salle  fut  artaffiné. 

PALARII,  peuple  del'Illyrie,  félon  Appien,  in  Illy- 
ric.  p.  76 1 . 

PALAS.  Voyez.  Capellatium. 

PALASS^.  Voyez,  ChonvE  ,  N°  2. 

PALATIN  ,  ou  Mont-Palatin.  Voyez.  Palatinus, 

Le  PALATIN  AT  ,  province  d'Allemagne ,  divifée  en 
deux  fouverainctés  :  l'une  appellée  le  Palaùnat  de  Ba- 
vière ,  ou  Haut-Palaùnat  ;  l'autre  nommée  le  Palaùnat 
du  Rhin ,  ou  le  Bas-Palatiaat.  Voyez,  le  Haut-Palati- 
nat  &  le  Bas  Palatinat. 

Le  HAUT  PALATINAT,  ou  le  Palatinat  de  Ba- 
vière ,  fe  divife  en  trois  parties,  qui  font 

I.  La  régence  d'Ambcrg , 

IL  L'abbye  de  Waldsachsen  , 


PAL 


III.  La  principauté  de  Sultzbach. 

Louis  le  vieux  ,  Duc  de  Bavière ,  laifla  en  mourant  à 
Rodolphe,  fon  fils  aîné,  le  HautP-alatinar.  La  branche 
Rodolphine  le  pofféda  jusqu'à  Frédéric  V  ,  comte  Pala- 
tin ,  qui  en  fut  dépouillé  ,  auflï  bien  que  de  l'électorat  en 
1623,  comme  je  le  dirai  plus  bas.  Voyez,  le  Bas-Palati- 
nat. 

Le  Bas-palatinat  ou  le  Palatinat  du  Rhin,  eft 
féparé  en  deux  parties  par  le  Rhin.  La  partie  occidentale 
étoit  habitée  par  les  Nemetes  &  par  les  Vangions  ;  Se  la 
partie  orientale  l'étoic  par  les  Sédu liens  qui  en  furent 
chaflês  par  les  Germains.  Le  pays  qu'occupoient  les  Ne- 
metes Se  les  Vangions  fut ,  par  la  fuite  ,  compris  dans  la 
Germanie  fupérieure,  qui  fut  une  des  quatre  provinces 
de  la  Gaule  Belgique.  Ces  provinces  paflerent  fous  la  do- 
mination des  rois  de  France  :  Se  après  le  partage  que  Clo- 
vis  fit  de  fes  états  entre  l'es  quatre  fils,  ehes  furent  incor- 
porées au  royaume  d'Aultrafie.  La  partie  occidentale 
qu'habitoient  les  Sédufiens,  demeura  au  pouvoir  des  Al- 
lemands, qui  après  la  décadence  de  l'Empire  avoient  don- 
né le  nom  d'Allemagne  au  pays  qu'ils  ocupoient.  Ce  pays 
fut  érigé  en  duché  ,  Se  fit  partie  du  royaume  de  Germa- 
nie ,  Se  presque  dans  le  même  tems  les  terres  qui  étoient 
en-deçà  du  Rhin  furent  poflédées  par  des  feigneurs  par- 
ticuliers. Enfin  après  plufieurs  révolutions ,  une  partie  du 
duché  d'Allemagne  pana  à  de  nouveaux  maîtres,  &  l'au- 
tre ,  qui  étoit  la  plus  grande  ,  forma  le  duché  de  Suabe. 
Ce  fut  pendant  ces  révolutions  que  les  comtes  du  Palais 
ou  Palatins  étendirent  leur  domaine ,  qui  ne  confifla  d'à-  ' 
bord  qu'en  quelques  terres  qu'ils  avoient  obtenues  des 
empereurs  en  fief  de  1  Empire.  Ces  comtes  étoient  origi- 
nairement des  officiers  des  empereurs ,  qui  jugeoient  les 
affaires  entre  les  particuliers  de  la  cour-,  Se  lorsqu'il  fur- 
venoit  des  affaires  importantes,  ils  en  faifoient  leur  ra* 
port  à  l'empereur ,  Si  en  décidoient  avec  lui.  Comme  ils 
étoient  deux  ,  ils  partagèrent  par  la  fuite  entre  eux  la  ju- 
risdiétion de  l'Empire;  celui  du  Rhin  eur  les  Provinces 
qui  s'étendoient  depuis  le  Rhin  jusqu'aux  Alpes;  &  ce- 
lui de  Saxe  eut  tout  ce  qui  étoit  au-delà  jusqu'à  la  mer 
Baltique.  Ces  palatins  furent  fournis  tant  que  les  empe- 
reurs furent  les  maîtres,  mais  dès  que  ces  princes  com- 
mencèrent à  perdre  de  leur  puiflance ,  les  Palatins,  ainfi 
que  les  autres  officiers  de  l'Empire,  s'érigèrent  en  fou- 
veiains  Se  étendirent  leur  domaine  peu  à  peu  :  comme 
les  Palatins,  parleur  charge  de  juges  impériaux  avoient 
beaucoup  de  Seigneurs  fous  leur  jurisdiétion,  ils  tinrent 
les  plus  foibles  dans  leur  dépendance ,  Si.  les  autres  devin- 
rent leurs  vartaux.  Parmi  les  feigneurs  qui  étoient  fous  la 
jurisdiétion  des  Palarins ,  il  y  avoit  quantité  d'églifes  &  de 
monafières,  ils  s'érigèrent  en  protecteurs ,  afin  d'en  être 
en  quelque  manière  les  maîtres ,  fous  prétexte  d'avocatir; 
c'eft  pour  cette  raifon  qu'il  y  a  un  fi  grand  nombre  de  fiefs 
qui  relèvent  des  électeurs  Palatins  dans  la  Suabe,  la  Fran- 
conie,  la  Hefle,  les  archevêchés  de  Mayence,  de  Trê- 
ves Se  de  Cologne  Se  le  duché  de  Juliers.  *  D'Audifret, 
Géogr.  anc.  Se  mod.  r.  3. p.  206.  &  fuiv. 

Le  neuvième  fiécle  le  Palatinat  étoit  pofledé  par  une 
famille  Aultrafienne.Hofmanditquelepremier comte  Pa- 
latin de  cette  famille  s'appelloit  Sigunfrid  :  un  ancien  MS. 
de  la  bibliothèque  d'Heidelberg  le  nomme  Ehrenfrid;  Se 
le  fait  petit-fils  de  conrad  de  Suabe ,  duc  de  Lorraine ,  Se 
quelques  généalogifles  prétendent  qu'il  descendoit  par 
Godefroi  fon  père  de  Ricuin,  comte  d'Ardcnne.  Son  fils 
nommé  Henri  fut  inverti  du  duché  de  Bavière  en  1102, 
par  l'empereur  Henri  II.  Il  eut  pour  fuccefieur  un  autre 
Henri;  mais  on  ne  fait  s'il  étoit  fon  fils  ou  fon  neveu.  On 
trouve  dans  de  vieux  titres  qu'il  prenoit  la  qualité  de  duc 
de  Bavière ,  de  comte  Palatin  du  Rhin,  Se  de  feigneur 
de  Lacu.  Sigifi  id  régna  après  lui  ;  Se  Herman  ,  qui  vivoic 
vers  le  milieu  du  douzième  fiécle,  fut  le  dernier  de  C\  ra- 
ce ;  mais  il  faut  obferver  que  dans  le  même  tems  il  y 
avoit  un  autre  comte  Palatin  du  Rhin,  nommé  Henri, 
qui  ajoutoit  à  ce  titre  celui  de  Seigneur  de  Staleck  , 
comme  onle  voit  dans  un  acte  qu'ilfit  en  1  i47,avec  Hen- 
ri ,  Albert  &  Godefroi,  comtes  de  Spanheim.  Il  efl  en- 
core fait  mention  dcceprincedansleslettresd'ércdion  du 
marquifat  d'Autriche  en  duché,  fur  l'année  1  if6.  Il  eut 
pour  fuccefleur  Conrad  ,  frère  de  l'empereur  Frédéric  I, 
cV  on  trouve  dans  les  archives  de  la  maifon  Palatine  qu'il 
poffédoit  le  Palatinat   du  Rhin  vers  les  années    1155  , 

1661, 


PAL 


1 16 1  &  1 163,  Conrad  II,  fon  fils ,  fie  fa  réfidence  ordi- 
naire au  château  de  Sraleck ,  au-deffus  de  Baccarac ,  & 
mourut  en  1 1 98.  Agnès,  fa  fille  unique,  époufa  Henri  de 
Saxe,  fils  de  Henri  le  Lion,  qui  mourut  à  Schongau  en 
1 2 1  j .  Louis ,  père  d'Otton ,  en  fut  inverti  en  1  z  1 5  ,  par 
l'empereur  Frédéric  II,  8c  reçut  de  l'Evêque  de  Worms 
en  1 22  c ,  la  ville  d'Heidelberg  en  fief  de  fon  églife.  Louis 
le  Sévère ,  fils  d'Otton ,  mourut  en  1 294,  &  laifTa  de  Ma- 
thilde ,  fille  de  l'Empereur  Rodolphe  I>  Rodolphe  8c 
Louis  :  celui-ci  eut  en  partage  le  duché  de  Bavière ,  fut 
empereur  ;  8c  c'eft  de  lui  que  les  ducs  de  Bavière  font  des- 
cendus. Rodolphe  eut  le  Palatinat  du  Rhin  avec  la  di- 
gnité électorale,  à  condition  que  les  ducs  de  Bavière  en 
jouiroient  après  lui,  8c  ainfi  alternativement  de  l'une  à 
l'autre  branche.  Ce  Rodolphe  a  été  le  chef  de  la  maifon 
Palatine ,  qu'on  a  appellée  de  fon  nom  la  branche  Rodol- 
phine  -,  mais ,  comme  il  donna  fon  fuffrage  à  Frédéric  duc 
d'Autriche ,  plutôt  qu'à  Louis  fon  frère ,  pour  l'élection 
d'un  fuccefleur  à  l'empereur  Henri  VII,  Louis  l'ayant 
emporté  fur  fon  concurrent,  dépouilla  Rodolphe  de  Ces 
états  en  1317.  ce  qui  l'obligea  de  pafler  en  Angleterre,  où 
il  mourut  de  chagrin  deux  ans  après.  L'empereur  Louis 
rellitua  le  Palatinat  à  fes  neveux  Adolphe ,  Rodolphe  II, 
8c  Robert  I,  dit  le  Roux  ,  après  qu'ils  eurent  confenti  par 
une  transaction  faite  au  Tefin  l'an  1329,  que  conformé- 
ment au  teftament  de  Louis  lé  Sévère,  la  dignité  éle- 
ctorale   feroit  pofiedée   alternativement    par  les  deux 
branches.  Mais  cette  transaction  fut  caffée  en  1339a  la 
diétc  de  Ratifbonne,  comme  ayant  été  extorquée  fur  des 
mineurs.  Jean  ,  duc  de  Bavière  ,  étant  mort  fans  enfans 
en  1340,  l'empereur    Louis  voulut   aufii    exclure  fes 
neveux  de  cette  fucceflîon ,  fur  ce  qu'il  étoit  plus  proche  • 
d'un  degré  ;  cependant  par  le  traité  d'accommodement 
qu'il  fit  avec  eux  ,  il  leur  accorda  la  partie  du  Norique 
qu'on  appella  depuis  le  Haut-Palatinar. 

Robert  le  Roux  ,  électeur  Palatin  ,  acheta  une  partie 
de  la  feigneurie  d'Uzberg  de  l'abbé  de  Fulde  :  l'empe- 
reur Charles  IV  ,  qui  avoit  époufé  Anne,  fille  unique 
de  Rodolphe  II ,  déclara  en  faveur  de  Robert  en  1354, 
que  la  dignité  électorale  devoir  appartenir  uniquement 
à  la  branche  Palatine  ;  ce  qu'il  confirma  deux  ans  après 
par  la  bulle  d'or.  Robert  II  eut  pour  fuccefleur  Robert 
III ,  fon  neveu ,  fils  d'Adolphe.  Robert  III ,  furnommé 
le  Débonnaire,  fut  élu  empereur  en  1400,  à  la  place 
de  Wenceflas  qui- fut  dépofé  :  il  donna  en  engagement 
à  fa  maifon  l'an  1402,  les  villes  impériales  de  Lautern 
8c  d'Oppenheim  ;  les  Rauchgraves  lui  vendirent  la  fei- 
gneurie de  Simmeren  ;&  Jean,  comte  de  Kirchberg, 
étant  mort  fans  enfans  en  1108,  il  réunit  à  fon  do- 
maine ce  comté  avec  le  Burgraviat  de  Stromberg.  Robert 
le  Petit ,  fon  fils ,  époufa  Elifabeth  ,  fille  unique  de  Si- 
mon, comte  de  Spanheim, 'laquelle  ,  en  reconnoiflance 
de  l'amitié  que  l'empereur  fon  beau-pere  avoit  confer- 


PAL       7/3 

vée  pour  elle  après  la  mort  de  fon  mari  ,  lui  fit  do- 
nation  en  1405  ,  du  confentement  de  fon  père  ,  de  la 
cinquième  partie  du  comté  antérieur  de  Spanheim.  Etien- 
ne V ,  fils  de  cet  empereur  ,  acquit  le  comté  de  Wel- 
dentz,la  moitié  du  comté  ultérieur  de  Spanheim,  8c 
deux  quints  de  l'antérieur  par  fon  mariage  avec  Anne, 
fille  unique  de  Frédéric ,  comte  de  Weldentz  :  il  fut  chef 
de  la  branche  de  Simmeren  ,  qui  parvint  à   l'électorat 
ai  1444,  après  la  mort  de  l'électeur  Otton-Henri,  qui 
ne  laiflà  point  d'enfans.  Frideric  le  Victorieux  envahit 
la  lèigneurie  de  Boxberg ,  8c  s'appropria  le  comté  de 
Lutzelftein  en  1452,  après  en  avoir  chafle  les  comtes 
de  ce  nom.  Otton-Henri  eut  de  la  fuccefiîon  de  Geor- 
ge le  Riche  ,  duc  de  Bavière ,  la  principauté  de  Neu- 
bourg.  Louis  IV  embrafla  la  confefllond'AugiDourg  , 
8c  unit   à  fon  domaine  l'abbaye  de  Franckendal  8c  la 
prévôté  de  Seltz.  Frideric  IV  changea  de  religion  ,  Se  fe 
fit  Calvinifie  ,  8c  Frideric  V,  ayant  accepté  la  couronne 
de  Bohême  de  la  main  des  rebelles ,  fut  dépouillé  de 
Ses  états  8c  de  l'électorat  après  avoir  perdu  la  bataille 
de  Weiffenberg.  Son  fils,  Charles-Louis,  comte  Pala- 
tin du  Rhin ,  rentra  dans  le  Bas-Palatinat ,  8c  il  fut  ar- 
rêté par  le  traité  de  Munfter ,  conclu  en  1648  ,  que 
l'on  créeroit  un  huitième  électorat ,  pour  les  descendais 
mâles  delà  branche  RodElphinc,  8c  que  la  maifon  de 
Bavière  jouiroir  de  la  dignité  électorale ,  enfemble  de 
tous  les  droits  régaliens ,  offices ,  préféances  8c   orne- 
mens  quels  qu'ils  fuflent,  appartenans  à  cette  dignité  ; 
à  condition  que  fi    la  branche  masculine  Guillelmine 
venoit  à  manquer  ,   non-feulement  le  Haut-Palatinat  , 
mais   aufll  la  dignité  électorale ,  dont  les  ducs  de  Ba- 
vière étoient  en  poffeflion  ,  retourneroient  aux  comtes 
Palatins,   qui   jouiroient  cependant  de  l'invefiiture  fi- 
multanée  ,  8c  qu'alors  le  huitième  électorat  feroit  fup- 
primé.  Charles-Louis  laifTa  cet  électorat  à  Charles  fon 
fils,  qui  mourut  en    168;,  fans  laiffer  d'enfans.  Phi- 
lippe-Guillaume, duc  de  Ncubourg,  malgré  le  droit  qu'a 
voit  Léopold-Louis ,  comte  Palatin  de  Weldentz ,  eut 
cet  électorat  par  l'appui  de  l'empereur  qui  avoit  époufé 
fa  fille.  Le  prince  de  Weldenrz  protefta  folemnellement 
à  la  diète  contre  la  poffefiîon  du  duc  de  Neubourg,  par 
acte  du  4  Juin  i68j. 

Les  terres  du  Bas-Palatinat  font  bornées  au  fepten- 
trion  par  l'archevêché  de  Mayence ,  le  haut-comté  de 
Catzenellebogen  8c  le  comté  d'Erpac  ,  à  l'orient  par  une 
partie  de  l'archevêché  de  Mayence  &  du  comté  d'Erpac, 
8c  par  les  terres  du  comté  de  Lewenftein  8c  du  duché  de 
Wirtemberg  -,  au  midi  par  l'Alface  &  par  le  comté  de 
Bade  ;  8c  à  l'occident  par  l'archevêché  de  Trêves.  Cinq 
contrées  faifoient  autrefois  fadivifion  ;  mais  aujourd'hui 
l'on  défigne  les  états  du  Bas-Palatinat  par  les  terres  que 
l'électeur  Palatin  y  poflede. 


'Le  Chrichgow  oui 
Les  trois  bailliages  de 


Au  Bas-Palatinat  |  L'Et*crTO\ 

•  RAToufonr< 


Les  douze  bailliages 
de 


Heidelberg 

MOSBACH 

Bretten 

'Boxberg 
Lutzberg 

Neustatd 

Germersheim 

Lautern 

Altzey 

Oppenheim 
Creutznach 

Stromberg 
Bacharach 
Simmeren 
.Kirchberg 


rHeidelberg , 
)  Manheim , 

^Friderichsburg, 
J  Mosbach. 

rBretten  , 
)  Sintzheim , 

LEppingen. 

ç  Boxberg. 

^Ultzberg. 

{Neuftadt , 
Franckental. 

5  Germersheim. 
i  Kayfers-Lautern. 
"$  Altzey. 

4  Oppenheim, 
t  Ingelheim. 
Z  Creutznach, 
ÇEbernburg. 
^  Stromberg. 
<  Bacharach. 
^Simmeren. 
d  Kirchberg. 


Tom.  IV.  C  c  c  c  c 


7*4 


PAL 


PAL 


Les  autres  états 
font 


Le  duché  de  Neubourg  où  ion: 


Le  duché  de  Juliers  où  font 
Le  duché  de  Bergen  où  font 


.La  feigneurie  de  Ravenstein. 

Le  terroir  du  Bas-Palatinat  eft  bon ,  ôc  le  pays  eft  beau. 
Le  cours  du  Rhin  ôc  celui  du  Necker  en  rendent  la  fi- 
tuation  avantageufe  ;  mais  les  malheurs  de  la  guerre  lui 
ont  caufé  des  pertes  dont  il  a  bien  de  la  peine  à  fe  relever. 

Peu  de  princes  d'Allemagne  ont  d'aufli  beaux  droits 
que  l'électeur  Palatin.  Tous  les  pays  qui  fe  trouvent 
entre  Andernach  ôc  Coblents ,  &  entre  les  comtés  de 
Virnembourg,  de  Mandescheid  ,  de  Wiedt  ôc  de  Sain  , 
avec  la  plus  grande  partie  du  duché  de  Juliers  relè- 
vent de  lui.  Lorsque  l'empereur  eftaccufé  ,  ou  que  l'on 
intente  procès  contre  lui,  c'elt  devant  cet  électeur  qu'une 
coutume  fort  ancienne ,  confirmée  par  la  bulle  d'or , 
l'oblige  à  répondre.  11  peut  racheter  les  feigneuries  & 
les  lieux  dépendans  de  l'Empire ,  quand  les  empereurs 
les  ont  engagés ,  &  il  a  la  protection  des  ouvriers  en 
cuivre  dans  quelques  contrées  de  la  Franconie.  Il  jouit 
du  Wildfang,  dans  les  états  de  fes  voifins ,  ôc  fur  les 
terres  de  la  nobleffe  immédiate  du  Rhin.  Le  Wildfang 
eft  le  droit  de  propriété  fur  les  bâtards ,  étrangers  ôc 
gens  fans  aveu  qui  viennent  s'établir  dans  ces  pays,  & 
qu'il  répète  pour  fes  fujets.  Ces  lottes  de  gens  font  nom- 
més Wildfang  en  allemand ,  du  mot  Wild ,  qui  figni- 
fie  une  chofe  de  domaine  incertain  ,  &  de  celui  de  Fan- 
gen  ,  qui  veut  dire  prendre.  Ceux  qui  viennent  habi- 
ter les  lieux  fujets  au  Wildfang  ne  font  réputés  fujets 
de  l'électeur  Palatin,  qu'après  qu'ils  y  ont  demeuré  un 
an  ôc  un  jour  ;  c'eft  le  terme  donné  à  leurs  feigneurs 
naturels  pour  les  reclamer.  Après  ce  tems  il  acquiert  fur 
eux  toute  forte  de  propriété,  &  en  exige  les  droits  or- 
dinaires qui  font  de  lui  prêter  ferment  de  fidélité  ,  de 
donner  à  l'officier  qui  leur  commande  un  florin  pour 
leur  réception  ,  ôc  de  payer  le  cens  annuel  pour  leur 
perfonne  ,  &  plufieurs  autres. 

PALAT1N1,  peuple  de  l'Espagne  Citérieure,  félon 
Frontin,  de  limitib,  agror.  p.  38.  &  Aggenus,  p.  47. 
Orofius ,  /.  7.  c.  4.  connoît  aufli  dans  la  même  contrée 
un  pays  qu'il  appelle  Palatini  Campi.  Cependant  à  la 
marge  de  Frontin  Se  d'Aggcnus,  on  lit  Palatini ,  varian- 
te que  L.  Holftenius  avoit  mife  à  la  marge  de  fon  exem- 
plaire. 

PALATINUS-MONS  ,  montagne  d'Italie  ,  l'une  des 
feptfur  lesquelles  la  ville  de  Rome  étoit  bâtie.  C'eft celle 
que  Romulus  environna  de  murailles  pour  faire  la  pre- 
mière enceinte  de  la  ville  qu'il  fit  bâtir.  Il  choifit  ce 
lieu,  parce  qu'il  y  avoit  été  apporté  avec  fon  frère 
Reitius  ,  par  le  Berger  Fauftulus  qui  les  avoit  trouvés  fin- 
ie bord  du  Tibre  ,  ôc  qu'il  vit  d'ailleurs  douze  vautours 
qui  voloient  fur  cette  montagne ,  au  lieu  que  Remus 
n'en  vit  que  fix  fur  le  mont  Aventin.  Les  uns  veulent 
que  ce  mont  fût  appelle  Palatin ,  de  Paies,  déeffe  des 
Bergers ,  qu'on  y  adoroit  :  d'autres  le  dérivent  de  Palatia 
femme  de  Latinus  ,  ôc  d'autres  des  Pallantes  ,  originai- 
res de  la  ville  de  Pallantium ,  dans  le  Péloponnèfe , 
Ôc  qui  vinrent  s'habituer  en  cet  endroit  avec  Evander. 
La  Maifon  des  rois  qu'on  a  appellée  dc-là  Palatium  , 
c'eft-à-dire  Palais,  étoit  fur  cette  montagne.  Paufanias, 
/.  8.  p.  52J.  dit  que  les  lettres  L  ÔC  N  ayant  été  ôtées 
du  mot  Pallantium ,  on  forma  le  nom  de  cette  mai- 
fon. L'empereur  Héliogabale  fit  faire  une  galerie  fou- 
tenue  de  piliers  de  marbre ,  qui  joignoit  le  mont  Pa- 
latin avec  le  mont  Capitolin.  On  y  a  vu  dix  temples 
magnifiques,  feize  autres  petits,  ôc  quantité  de  fuper- 
bes  bâtimens,  dont  on  admiroit  l'architecture-,  mais  ce 
quartier  de  la  ville  n'a  plus  rien  aujourd'hui  de  confidé- 

rable,  que  quelques  jardins  qui  font  affez  beaux.  *  Tite- 
Live,  1.  1.  c.  5. 

PALATIUM,  ville  d'Italie,  dans  le  pays  des  Abo- 
rigènes. Denys  d'Halicarnafle  ,  Li.p.u.ôc  Varron  ,  /. 
4.  parlent  de  cette  ville.  Elle  étoit  à  25  ftades  de  Réa- 
tœ ,  près  de  la  voie  Quintia. 


C  Neubourg  , 
JLaugingen, 

y  Keyfersheim  ou  Kcisheim , 

CHochftadt. 

("Juliers , 
s  Duren , 

1-  Aix-la-Chapelle» 

ÇDufieldorp, 

'  Solingen. 
"\  Ravenftein. 
VALATIVM.Voyez.  au  mot  Ad  l'article  Ad  Palatium. 
PALAZZO.  Voyez,  au  mot  Ad  l'article  Ad  Palatium. 

1.  PALAZ2UOLO  ,  petite  ville  de  Sicile, dans  la  val- 
lée de  Noto,  près  de  la  fource  de  l'Alfeo ,  environ  à 
vingt  milles  à  l'occident  de  Syracufe.  Selon  la  pofition 
que  lui  donne  de  l'Ifle  »  dans  fa  carte  de  l'ancienne  Si- 
cile, ce  devroit  être  l'ancienne  Acr&  ,-  mais  il  eft  plus 
naturel  de  croire  que  c'eft  l'ancienne  Herèeffus. 

2.  PALAZZUOLO,  bourg  d'Italie ,  dans  le  Breffan, 
&  dans  le  quartier  appelle  Franzacurta ,  fur  l'Oglio , 
environ  à  cinq  milles  du  lac  d'Ifeo  à  l'occident  ■>  ôc  à 
deux  milles  de  Ponte  Oglio ,  du  côté  de  l'orient.  Le. 
bourg  appartient  à  la  république  de  Venife.  *  Magin% 
Carte  du  Breffan. 

1.  PALE  ,  bourgade  d'Italie,  dans  l'Ombrie  ,  à  qua- 
tre lieues  de  la  ville  de  Foligni ,  du  côté  de  l'orient , 
fur  le  chemin  de  Lorette.  Elle  appartient  à  la  famills 
des  marquis  d'Elifei,  qui  en  font  les  feigneurs  ôc  les 
protecteurs  perpétuels.  Ils  y  ont  un  magnifique  palais, 
avec  un  parc  de  bêtes  fauves  ,  un  beau  jardin  ôc  un  vi- 
vier. Ce  qu'il  y  a  de  plus  fingulier  au  même  palais  ,  eft 
une  grotte  fouterreine ,  ouvrage  de  la  nature  d'une  ftru- 
cture  admirable ,  ôc  qui  attire  la  curiofité  de  tous  les 
étrangers  qui  pafTent  par  cet  endroit.  *  Corn.  Dict.  fur 
des  mémoires  dreffés  fur  les  lieux  en  1701. 

2.  PALE  ,  ville  de  l'ifle  de  Céphalonie.  Voyez.  Pala. 
PALEA.  Voyez.  Dyme. 

PALEACATE.  Voyez  Paliacate. 

PALEAS ,  lieu  dont  fait  mention  Ammien  Marcel- 
lin,/.  14.  p.  G.  Il  devoit  être  fur  la  côte  delà  Pamphi- 
lie  ,  ou  fur  celle   de  la  Cilicie.  Ce  lieu  étoit  fortifié. 

PALEMAR1A,  village  d'Afrique,  dans  la  Marcoti- 
de  ,  félon  Ptolomée ,  /.  4.  c.  $.  11  le  place  dans  les 
terres. 

PALENA  ,  bourg  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples  , 
dans  l'Abruzze  citérieure,  entre  Sulmona  ôc  Torricella. 
*  Magin,  carte  de  l'Abruzze. 

PALENCIA  ,  ville  d'Espagne,  dans  le  royaume  de 
Léon ,  fur  la  petite  rivière  nommée  Cardon  ,  ôc  dans 
un  terroir  très-fertile.  Elle  a  un  évêché  fort  ancien , 
fuffragant  de  l'archevêché  de  Burgos.  L'évêque,qui  a 
vingt  quatre  ou  vingt-cinq  mille  ducats  de  rente  ,  porte 
le  titre  de  comte.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans 
Palencia ,  eft  l'églife  de  faint  Antonin ,  que  le  roi  San- 
che  le  Grand  fit  bâtir  en  l'honneur  de  ce  faint ,  en  mé- 
moire d'un  miracle  qu'il  lui  avoit  vu  faire  étant  à  la 
chaffe  du  fanglier.  Cette  ville,  connue  anciennement  fous 
le  nom  de  Palantia  ôc  Pallantia ,  avoit  été  ruinée  de 
fond  en  comble.  Elle  demeura  long-tems  dans  ce  trifte 
état ,  ne  préfentant  à  la  vue  que  des  murailles  à  demi 
abbatues,  des  mafures  ôc  des  reftes  d'édifices  d'une  ar- 
chitecture ancienne  qui  montroit  fa  première  fplendeur. 
Le  Roi  Sanche  entreprit  de  la  rétablir  fur  la  fin  de  fes 
jours,  &  l'orna  de  divers  beaux  édifices.  Le  roi  de  Caftille 
Alphonfe  IX,  que  d'autres  appellent  Alphonfe  VIII, 
fonda  en  cette  ville  une  univerfité,  vers  le  commen- 
cement du  douzième  fiécle ,  à  la  prière  de  lévêque  Ro- 
deric  ,  ôc  c'étoit  la  première  qu'on  eût  vu  dans  l'Espa- 
gne Chrétienne  depuis  l'invafion  des  Maures.  Ferdinand, 
fon  petit-fils ,  la  transporta  peu  de  tems  après  à  Sala- 
manque  ,  environ  l'an  1239.  *  Délices  d'Espagne ,  p. 
151.  Mariana,  de  Reb.  Hisp.  1.  8.  c.  14. 

PALENTIA  MASSA.  On  trouve  ce  nom  dans  Cas- 
fiodore  ,  in  variis ,  /.  y .  ad  Theobaldum.  Ortelius  foup- 
çonne  que  ce  pourroit  être  quelque  lieu  d'ïralie. 

PALENSERTHAL  ou  Palenzerthal.  Voyez.  Val- 
Brenna. 

PALENUDO.  Voyez.  Palinuro. 

1.  PALEO  CASTRO,  ou  Château- Vieux  ,  félon 
le  grec  vulgaire  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète ,  dans  les  terres, 


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PAL 


à  quelques  milles  au  midi  du  port  de  Chifamo. 
Elle  elt  a  préfent  entièrement  ruinée.  Il  parok  que  c'é- 
toit  la  ville  d'Aptère  ,  puisque  Strabon,  lib.  10.  avance 
que  Chifamo  en  étoit  l'arfenal  Ôc  le  port.  En  effet  Chi- 
lamo  elt  un  port  de  mer ,  fur  une  grande  rade ,  formée 
par  les  cornes  du  cap  des  Giabufes  ôc  du  cap  de  Spada  : 
or  les  ruines  de  Paleocaftro  font  à  la  vue  de  ce  port , 
fur  une  roche  escarpée ,  ôc  fortifiée  par  la  nature  :  c'elt 
au  pied  de  cette  roche ,  entre  la  ville  Ôc  la  mer ,  qu'eft 
ce  fameux  champ  où  les  Sirer.es  vaincues  par  les  Mu- 
les dans  un  célèbre  défi  de  rnufique,  perdirent  leurs  ai- 
les. Voyez.  Aptera.  11  n'y  a  pas  beaucoup  d'anciens  mar- 
bres dans  les  ruines  d'Aptère  ,  quoiqu'elles  foient  de 
grande  étendue.  On  y  voit  une  aflez  belle  frife  qui  fert 
de  linteau  à  la  porte  d'une  chapelle ,  pratiquée  dans  un 
rocher  :  c'elt  un  des  quartiers  de  l'ifle  où  il  y  a  le  plus 
de  grottes  ôc  de  cavernes.  Joignant  la  roche  à  l'un  des 
coins  d'une  des  anciennes  portes  de  la  ville  ,  on  lit  fur 
une  longue  pierre,  en  caractères  parfaitement  beaux,  Imp. 
C*sar  :  comme  on  ne  trouve  point  le  refte  de  l'in- 
faiption ,  on  ne  peut  favoir  de  quel  prince  elle  parle. 
Sur  un  autre  morceau  de  pierre  ,  qui  fert  de  linteau  à 
la  porte  d'une  mafure  ,  on  lit  ces  caractères  IVII.  COS. 
III.  Tout  cela  marque  que  la  ville  a  été  confidérable 
dans  fon  cems  ;  ôc  il  n'y  auroit  aucun  doute  que  Paleoca- 
ltro ne  fût  le  relie  de  l'ancienne  ville  d'Aptère ,  fi  ce  n'e- 
toit  que  Stcabon  ne  la  place  qu'à  dix  milles  de  la  Canée  ; 
mais  peut-être  que  cet  endroit  de  Strabon  elt  corrom- 
pu. .  *  Tuurrnforc ,  Voyage  du  Levant ,  lettre  z.  p.  3  1. 

z.  PALEOCASTRO,  forterefie  de  l'ifle  de  Candie, 
fur  la  côte  otientale  de  l'ifle ,  entre  le  cap  Sidero  Se 
le  cap  Palco.  Les  Italiens  qui  la  bâtirent ,  félon  le  P. 
Coronelh  ,  la  nommèrent  Aiba,  Il  croit  que  c'elt  X  An- 
teron  de  Pline,  ou  XLtanus  de  Ptolomée.  Ce  dernier  Cen- 
timent  elt  le  plus  probable.  Aujourd'hui ,  les  Italiens 
appellent  cette  forterefle,  Paleocaftro  diSitia.  *  Coro- 
ttelli ,  carte  de  l'ifle  de  Candie. 

3.  PALEOCASTRO,  ou  Policastro,  châreau  de 
l'ifle  de  Candie  ,  fur  la  côte  feptentrionale  ,  à  quelaues 
milles  de  Candie,  du  côté  de  l'oueft,  au  midi  de  S.  Maria 
de  Fraschia.  *  Le  père  Coronetli  ,  carte  de  l'ifle  de  Candie. 

PALEO-LAMBRICA.  Voyez.  Lampr*. 

PALEOPOLI,  bourgade  de  la  Morée  ,  fur  la  côte 
occidentale  du  golfe  de  Colochine,  un  peu  au-deflus 
de  Paflava.  Cette  pofition  fait  croire  que  c'eft  l'ancien 
port  Gythutm.  *  Robert  deVaugondy,  Atlas. 

PALEOPOLIS  ,  ville  épiscopale  de  l'A  fie  propre  ,  fé- 
lon la  notice  de  Léon  le  fage,  qui  la  range  fous  l'archevê- 
ché d'Ephèfe ,  6c  lui  donne  le  dernier  rang  parmi  les 
évêchés  de  la  province. 

1.  PALERME,  ville  de  Sicile,  dans  le  val  de  Maz- 
zara  ,  fur  la  côte  feptentrionale  de  l'ifle ,  au  fond  d'un 
golfe,  du  côté  de  l'ouelt,  au  3 1  deg.  1;  min.  de  longir. 
&$8deg.  10  min.  de  latitude.  Elle  eft  firuée  dans  une 
très-belle  plaine  ,  fur  le  bord  de  la  mer  ;  &  cetre  plai- 
ne, qui  elt  fort  grande,  elt  bordée  par  une  quantité  de 
montagnes  ou  collines ,  fur  l'une  desquelles ,  vers  le  fud- 
ouelt  de  la  ville,  &  environ  à  une  lieue,  elt  la  ville  de 
Mont-Real  ;  fur  les  autres  on  voit  de  belles  maifons  de 
plaifance  ,  qui  font  le  féjour  ordinaire  de  la  nobleflêde 
la  ville ,  à  caufe  qu'elles  ont  la  mer  en  pçrfpective.  * 
Mïcbelot ,  Portulan  de  la  Méditerranée,  p.  130. 

Cette  ville  ,  qui  elt  l'ancienne  î'anormus  ,  elt  archi- 
épiscopale, ôc  feroit  la  feule  capitale  de  Fille ,  fi  la  ville 
de  Mefline  ne  lui  disputoit  ce  titre.  Voyez,  à  l'article 
Messine  les  fondemens  de  cette  dispute.  On  convient 
néanmoins  aflez  généralement  que  Païenne  l'emporte 
fur  Meffme  par  la  quantité  de  gens  de  condition  qui 
y  réfident ,  par  la  beauté  de  fes  édifices  publics  8c  de  t'es 
maifons,  &  par  la  diltribution  de  fes  rues  qui  font  ti- 
rées au  cordeau,  ôc  dont  la  longueur  elt  remarquable. 
La  plus  grande  eft  celle  de  CafTaro  ,  qui  pafiant  d'un 
bout  à  l'autre  de  la  ville  la  divife  en  deux  parties.  Elle 
commence  près  du  palais  du  viceroi,  où  elle  elt  un  peu 
plus  élevée  qu'à  la  porte  de  la  mer  où  elle  finit. 

Le  palais  du  viceroi  eft  grand  ôc  accompagné  d'un 
beau  jardin.  Il  elt  voifin  des  murailles  de  la  ville ,  où 
il  fert  comme  de  château  pour  en  défendre  le  port  -, 
car,  du  côté  que  la  ville  le  regarde,  elle  eft  fortifiée 
de  quelques  grofles  tours  qui  environneut  ce  palais. 


7ïï 

Deux  grands  pavillons ,  Se  un  corps  de  logis  qui  les  joint 
eniemble,  font  le  principal  du  bâtiment,  ôc  enferment 
une  grande  cour,  où  tout  à  l'entour  font  des  galeries 
qui  donnent  entrée  dans  tous  les  appartemens.  La  pla- 
ce, qui  eft  au-devant  de  ce  palais,  eft  ornée  de  la  fta- 
tue  de  Philippe  IV  ,  roi  d'Espagne,  fur  un  piedeital , 
où  fes  trophées  font  en  bas-reliefs ,  au  milieu  de  quatre 
figures  qui  repréfentent  les  quatre  vertus  cardinales, 
enfermées  d'une  double  baluftrade,  le  tout  d'un  très- 
beau  marbre  blanc.  Le  grand  hôpital  du  faint  Esprit  eft 
fur  la  droite  de  cette  grande  place ,  ôc  fur  la  gauche  eft 
l'églife  archiépiscopale  ,  au  milieu  de  quatre  clochers 
qui  témoignent  fon  ancienneté.  Le  grand  autel  de  cette 
églife  eft  enrichi  des  figures  de  plufieurs  apôtres,  entre 
des  colonnes  de  jaspe  ôc  de  porphyre.  Il  y  a  une  chapelle 
confidérable  par  le  dépôt  de  plufieurs  faintes  reliques , 
richement  enchaflées  en  or  ôc  en  argent  :  les  principa- 
les font  celles  de  fainte  Chriftine  ôc  de  fainte  Rofalie  , 
fille  d'un  roi  d'Espagne ,  qui  pafla  fa  vie  en  auftérité 
dans  une  grotte  du  mont  Pélegrino ,  aux  environs  de 
Païenne.  Son  corps  y  ayant  été  trouvé,  fut  transporté 
dans  cette  chapelle  ;  &  cette  Sainte  ayant  par  fon  inter- 
ceflion  délivré  la  ville  de  la  pefte ,  fut  depuis  recon- 
nue pour  la  parrone  de  Païenne.  Dans  la  même  églife  » 
(qui  a  pour  infeription  ,  au-deflus  de  fa  petite  porte  : 
Prima  Sedes  ,  Corona  Régis  ,  Regni  caput ,  pour  faire 
entendre  que  Païenne  eft  la  capitale  de  la  Sicile  )  font 
deux  tombeaux  de  porphyre ,  l'un  de  Henri  ôc  l'autre 
de  Frédéric  fon  fils ,  roi  d'Espagne.  On  voit  dans  une 
belle  place  de  la  rue  de  Caflaro ,  la  figure  de  bronze  de 
l'empereur  Charles  V  fur  un  piedeftal  de  marbre  ,  & 
plus  avant  le  collège  des  Jéfuites  ,  qui  eft  magnifique. 
L'églife  de  faint  Matthieu,  autrement  de  l'Ame,  eft  cé- 
lèbre pour  la  quantité  de  marbre  Ôc  pour  les  peintures, 
dont  fes  chapelles  font  enrichies  ,  ôc  pour  la  beauté  de 
fon  portail,  où  font  plufieurs  rangs  de  colonnes  les  unes 
fur  les  autres  qui  foutiennent  la  figure  de  faint  Matthieu 
en  marbre  très-rare.  Le  carrefour  des  rues  Neuve  ôc  de 
Caflaro  mérite  d'être  compté  parmi  les  belles  places , 
puisqu'aux  quatre  coins  il  y  a  autant  de  palais ,  autant 
de  fontaines  avec  leurs  baifins ,  ôc  autant  de  ftatues  des 
rois  d'Espagne  ,  qui  font  celles  de  Charles  V ,  de  Phi- 
lippe Il ,  de  Philippe  III  ôc  de  Philippe  IV.  A  quelques 
pas  de-là  ,  dans  la  grande  place  où  eft  le  palais  de  la 
jultice  ,  qu'on  appelle  Palaz.z.0  del  Preto  ,  ou  la  Tavo- 
Li ,  on  voit  une  fontaine  qui  elt  admirable  pour  fa  gran- 
deur ,  pour  fes  ornemens&  pour  fon  architecture.  Cette 
fontaine  a  plufieurs  baflins  les  uns  fur  les  autres,  diftin- 
gués  par  des  galeries ,  où  l'on  monte  comme  fur  autant 
de  théattes  pour  y  admirer  la  diverfité  des  animaux  qui 
y  jettent  l'eau  d'une  manière  différente ,  mais  fort  agréa- 
ble, ainfi  que  quelques  ftatues  qui  contribuent  à  orner 
ce  grand  ouvrage  ,  qui  occupe  une  place  de  près  de  cent 
pas  d'étendue.  Au-deflus  de  ces  baflins  eft  une  tête  fou- 
tenue  de  quatre  figures  qui  reçoit  les  eaux  de  plufieurs 
jets  fort  élevés.  De  chaque  côté  il  y  a  divers  petits  ani- 
maux qui  s'en  envoient  l'un  à  l'autre.  Enfin  on  peut 
regarder  cette  fontaine  comme  un  des  plus  beaux  ôc 
des  plus  riches  morceaux  d'architecture  de  l'Italie.  En 
général  les  fontaines  font  en  fi  grand  nombre  à  Paler- 
me,  qu'il  n'y  a  aucune  place  publique,  aucun  palais, 
ni  même  aucun  monaftere  ,  où  l'on  ne  vo)  e  des  grottes 
&  des  jets  d'eau.  Les  Napolitains  ,  ennemis  des  habi- 
tans  de  Païenne  ,  ne  laiflent  pas  de  dire  pour  diminuer 
cet  avantage  :  A  Palerm»  Vaqua  non  val  nieme.  On 
admire  dans  l'églife  des  Théatins ,  qui  font  tous  nobles , 
la  quantité  de  piliers  de  marbre  qui  la  foutiennent  :  leur 
grofleur  ôc  leur  hauteur  ne  font  pas  moins  admirables  \ 
car  chacun  de  ces  piliers  'eft  d'une  feule  pièce.  Il  y  a  , 
au-dedans  de  l'églife  ,  une  fontaine  dont  l'eau  eft  recher- 
chée l'été  pour  fa  fraîcheur,  ôc  on  en  porte,  félon  l'u- 
fage  de  la  Sicile,  à  ceux  qui  entendent  le  fervice,  pour 
les  rafraîchir.  La  grande  chapelle  del  Santo  Crocifijfo  eft 
fous  l'églife.  Dans  la  grande  rue  de  Caflaro  font  encore 
le  grand  palais  de  la  vicairerie  ,  Se  les  prifons  de  la  vil- 
le, &  plus  avant  on  trouve  la  belle  place  de  la  mari- 
ne ,  qui  a  pour  ornement  le  grand  palais  de  la  Diana. 
On  ne  voit  par-tout  qu'édifices  magnifiques  jusqu'à  la 
porte  de  la  mer ,  qu'on  peut  appeller  un  arc  de  triom- 
phe pour  fa  hauteur,  pour  fon  architecture,  ôc  pour 
Tom,  IV.  C  c  C  c  e  ij 


PAL 


7*6 

plufieurs  ftatues  qui  repréfentent  comme  autant  de  tro- 
phées de  différens  rois  d'Espagne  ,  dont  les  figures  y  font 
«levées  en  marbre.  Dans  toute  la  longueur  de  cette 
rue  on  voit  à  travers  l'arc  de  triomphe  la  pleine  mer  , 
qui  fait  une  perfpective  d'autant  plus  charmante  ,  qu'elle 
repréfente  un  grand  canal  qui  donne  beaucoup  de  plai- 
fir  à  ceux  qui  s'y  promènent ,  y  ayant  une  grande  pla- 
ce ,  bordée  d'un  quai ,  revêtu  de  groffes  pierres  de  tail- 
le ,  &  embelli  de  plufieurs  fontaines.  Ce  quai  règne  tout 
le  long  de  la  largeur  de  la  ville,  qui  en  elt  féparée  par 
fes  murailles,  &  par  fes  autres  fortifications,  après  quoi 
on  entre  dans  une  belle  allée  d'arbres ,  fervant  de  cours 
aux  carrodes  ,  qui ,  après  avoir  padé  par  la  grande  rue 
de  Caflaro,  entrent  fur  ce  quai,  &  tournent  enfuitele 
long  des  murailles  de  la  ville  ,  par  cette  alite  qui  finit 
au  couvent  de  faint  Antoine  de  Padoue  ,  dont  les  cloî- 
tres font  fort  edimés  pour  l'excellence  de  leurs  peintu- 
res ,  pour  les  jardins ,  Se  pour  la  beauté  de  leurs  fruits. 
L'églife  des  Jéfuites appellée  le  Jefa,e(ï  un  édifice  fu- 
perbe ,  tant  pour  fon  architecture  que  pour  fes  peintu- 
res &  fculptures  ;  mais  fur-  tout  pour  fes  piliers  ,  qui 
font  comme  rapides  de  marbre  ,  de  porphyre ,  &  d'au- 
tres des  plus  exquis ,  travaillés  en  figures ,  comme  de 
lions ,  d'oifeaux  Se  de  fleurs ,  de  diverfes  pierres  rares 
de  rapport.  Les  chapelles  qui  font  autour  de  la  nef  font 
ornées  des  plus  exquifes  peintures  &  de  fculptures  en 
bas-relief,  Ce  font  autant  de  chef-d'œuvres ,  mais  fur 
tout  celles  qui  accompagnent  les  deux  côtés  du  grand 
autel,  à  eau fe  de  leurs  belles  colonnes,  entremêlées  de 
plufieurs  figures,  comme  de  celles  de  faint  Ignace,  de 
faint  François  Xavier ,  qui  font  en  marbre  le  plus  rare 
de  Sicile,  Se  de  baluftrades  qui  les  ferment,  fans  parler 
de  fon  pavé  de  pierres  rapportées  en  façon  de  tapis  de 
Turquie.  *  Corn.  Dict.  Jouvin  de  Rochefort ,  Voyage 
d'Italie  &  de  Malthe. 

Devant  la  ville  de  Palerme  il  y  a  un  petit  port  pour 
des  barques ,  &  environ  fix  cens  toifes  vers  le  nord-oueft 
de  la  ville ,  il  y  a  un  mole  ou  une  longue  jettée ,  où 
peuvent  mouiller  de  moyens  bâtimens  Se  des  galères. 
Ce  mole  s'avance  vers  le  fud ,  environ  deux  cens  toi- 
fes ,  Se  quatre  cens  du  côté  de  l'oued ,  faifant  un  angle 
droit.  Sur  l'extrémité  du  mole,  il  y  a  deux  batteries  de 
canon  &  une  tour  au  milieu ,  où  l'on  allume  le  foir  un 
fanal  pour  les  bâtimens  qui  y  viennent  de  nuit.  Pres- 
que par  le  milieu  du  mole  il  y  a  un  petit  fort ,  Se  au 
bout  du  mole,  du  côté  de  la  terre  ,  il  y  a  une  petite 
forterede  à  quatre  battions  ,  Se  dans  le  fond  on  voit  plu- 
fieurs grands  magafins  Se  atfénaux  de  galères ,  Se  diver- 
fes autres  maifons  ;  mais  le  côté  du  fud-oueft  eft  rempli 
de  roches  à  fleur  d'eau  Se  fous  l'eau.  Ainfi ,  pour  venir 
mouiller  dans  la  rade  de  Palerme ,  on  mouille  presque 
vis-à-vis  de  la  ville  &  à  la  tête  du  mole ,  où  il  y  a  dix- 
huit  ,  vingt  &  vingt-deux  brades  d'eau  fond  d'herbe  va- 
feux  -y  Se  fi  l'on  veut  entrer  dans  le  mole ,  il  faut  ranger 
fa  pointe  où  il  y  a  douze  à  quinze  brades  d'eau  :  en- 
fuite  on  conduit  le  long  du  mole  jusque  dans  le  fond , 
fi  on  le  veut ,  puis  on  mouille  le  premier  fer  de  la  gau- 
che ,  Se  on  met  la  poupe  de  la  galère  proche  du  mole  , 
avec  deux  amarres ,  ayant  la  proue  vers  l'oueft-fud- 
oued ,  où  l'on  porte  un  autre  fer.  On  peut  reder  af- 
fourché  proche  l'entrée  du  mole  :  c'ed-là  où  fe  mettent 
les  vaideaux  par  cinq  à  fix  brades  d'eau  fond  d'herbe 
vafeux  :  les  vents  d'oued  Se  de  fud-oued  ,  quoiqu'ils  vien- 
nent du  côté  de  terre,  ne  laident  pas  que  d'y  être  in- 
commodes. Le  traverfier  de  la  rade  ed  l'ed-nord-ed  qui 
caufe  gtode  mer.  Si  l'on  veut  aller  mouiller  avec  de 
petits  bâtimens  dans  le  petit  port  qui  ed  devant  la  vil- 
le ,  il  faut  ranger  à  discrétion  la  pointe  de  la  gauche , 
où  ed  le  plus  profond ,  parce  que  fur  la  droite  il  y  a 
un  château  ras  la  mer ,  devant  lequel  on  trouve  plu- 
fieurs roches  fous  l'eau  ,  Se  qui  s'avancent  en  mer.  Dans 
le  milieu  de  ce  padage  il  y  a  cinq  à  fix  brades  d'eau , 
Se  du  même  côté  dans  le  fond  du  port ,  deux  à  trois 
brades.  *  Michelot  ,  Portulan  de  la  Méditer,    pag.  130. 

Après  que  l'on  a  padé  le  fauxbourg  où  font  les  ma- 
gafins Se  l'étape  des  vins  qui  viennent  de  dehors  la  vil- 
le ,  on  trouve  un  grand  quai  orné  de  plufieurs  fontaines 
qui  font  devant  l'arfenal  de  la  mer  ;  Se  plus  avant  on 
voit  les  grands  greniers  à  bled  de  Sicile.  Ce  quai ,  l'u- 
ne des  plus  belles  promenades  de  Palerme  ,  fiuit  au  châ- 


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reau  de  Forlez.z.a  del  Moïo.  La  ville  de  Palerme  ed  la 
patrie  de  fainte  Agathe. 

Le  Golfe  de  Palerme  ,  Panormitamis  Sinus ,  c'ed 
un  très-grand  enfoncement  fur  la  côte  feptentrionale 
de  la  Sicile.  Il  eft  compris  entre  le  cap  Sabran  ou  le 
mont  Gerbin  Se  le  mont  Pélegrino  ou  Péregrin ,  qui 
font  éloignés  de  près  de  douze  milles  l'un  de  l'autre , 
fud-ed  quart  d'ed  ,  Se  nord  oued  quart  d'oued.  Son  en- 
foncement ed  de  cinq  milles,  &  c'ed  dans  le  fond  de 
ce  golfe ,  du  côté  de  l'oued ,  qu'efl  la  ville  de  Paler- 
me qui  lui  donne  fon  nom.  On  peut  approcher  toute 
cette  côte  affez  près  :  il  y  a  une  grande  profondeur 
d'eau ,  comme  par  tout  le  golfe. 

2.  PALERME,  ou  Palorme ,  ville  de  PAnatolie, 
fur  la  côte  de  la  mer  de  Marmora  ,  à  l'embouchure  de 
la  rivière  de  l'Artachi,  à  l'orient  de  Spiega.  Corneille 
fe  trompe  en  difant  que  c'ed  l'ancienne  Cyzique,  qui 
étoit  fituée  à  la  pointe  méridionale  de  l'ifle  de  ce  nom. 

PALESCHE1D  ,  ou  Pallescheid  ,  bourgade  d'Al- 
lemagne ,  dans  l'éle&orat  de  Trêves ,  environ  à  une 
lieue  au  midi  de  la  petite  ville  de  Schoineck ,  Se  à  l'oc- 
cident de  la  forêt  de  Kill.  Quelques-uns  prennent  cette 
bourgade  pour  l'ancienne  Aufava  ou  Âufana.  Voyez. 
Ausana. 

PALESIMUNDUS,  ville  de  l'ifle  de  Taprobane^ 
félon  Pline,  /.  6.  c.  zi.  qui  donne  le  même  nom  à  un 
fleuve  de  cette  ifle.  Ptolomée,  /.  7.  c.  4.  Se  Marcianus 
Heracl.  in  Peripl.  p.  39.  difent  que  l'ifle  s'appella  auffi 
anciennement  du  même  nom. 

PALESOLI ,  village  de  la  Caramanie ,  entre  Sébaffc 
au  couchant ,  Se  Tharfe  au  levant.  Il  y  a  ,  dit-on  ,  une 
fontaine  dont  l'eau  a  la  vertu  de  brûler  comme  de 
l'huile.  Ce  village  a  été  anciennement  appelle  Soli ,  Se 
enfuite  Pompeiopolis.  *  Mati,  Didionn.  1701.  Baudrand  , 
1681. 

PALESTINE  :  Ce  mot  fe  peut  prendre  dans  un  fens 
étendu  ,  ou  dans  un  fens  limité.  La  Palefline  ,  dit  dom 
Calmet ,  Diïl.  prife  dans  un  fens  limité,  marquele  pays 
des  Philiftins ,  ou  des  Paledins,qui  occupoient  cette 
partie  de  la  Terre  promife ,  qui  s'étend  le  long  de  la 
Méditerranée ,  depuis  Gaze  au  midi ,  jusque  vers  Lyd- 
da  au  feptentrion.  11  femble  ,  dit  dom  Calmet,  que  les 
Septante  ont  cru  que  le  mot  hébreu  Philifliim  figni- 
fioit  des  étrangers,  puisque  ordinairement  ils  le  tradui- 
fent  par  Alluphyli ,  qui  lignifie  des  étrangers,  des  hom- 
mes d'une  autre  tribu. 

Quand  le  terme  de  Palestine  fe  prend  dans  un  fens 
plus  étendu  ,  il  lignifie  tout  le  pa)s  de  Chanaan  ,  toute 
la  Terre  promife ,  tant  en  deçà  ,  qu'au  delà  du  Jourdain , 
quoique  adez  fouvent  on  le  redreigne  au  pays  de  deçà 
ce  fleuve  ;  en  forte  que  dans  les  derniers  rems  la  Judée 
Se  la  Palefline  pafloient  pour  une  même  chofe.  On 
trouve  audi  le  nom  de  Syria  PaUfiïna  donné  à  la  Terre 
promife,  Se  on  comprend  même  quelquefois  cette  pro- 
vince dans  la  Célé-Syrie  ,  ou  dans  la  Syrie-Creufe.  Hé- 
rodote ,/.  7.  c.  89.  ed  le  plus  ancien  écrivain  que  nous 
connoiflions ,  qui  parle  de  la  Syrie  Palefline,  1.  2.  c.  6. 
il  la  place  entre  la  Phénicie  &  l'Egypte.  Voyez,  ce  que 
j'ai  dit  aux  mots  Chanaan  Se  Judée. 

PALESTRINE  ,  autrefois  Pr.<£nf.ste  ,  ville  d'Italie, 
dans  la  Campagne  de  Rome  ,  à  l'orient  de  cette  capi- 
tale ,  dont  elle  ed  éloignée  de  près  de  vingt  milles.  Du 
temple  de  la  Fortune,  qui  occupoit  une  grande  partie 
de  la  montagne ,  il  ne  reft e  plus  que  le  feul  premier 
mur  inférieur ,  fans  lequel  il  y  auroit  long-tems  qu'une 
partie  de  cette  montagne  feroit  éboulée.  Dans  ce  mur 
il  fe  voit  encore  deux  rangs  de  niches ,  mais  fans  datues 
&  fans  inferiptions.  L'autel  étoit  presqu'au  haut  de  la 
montagne,  n'y  ayant  au-dedus  qu'un  bois  confacré  ,  Se 
au-dedus  du  bois  un  petit  temple  dédié  à  Hercule.  *  Ma- 
gin,  Carte  de  la  Campagne  de  Rome.  Labat ,  Voyage 
d'Italie  ,  t.  4.  p.  43.  &  fuiv. 

On  voit  par  la  fituation  préfente  de  la  ville  de  Pale- 
drine  ,  que  la  montagne  fur  laquelle  le  temple  étoit  bâ- 
ti ,  avoit  été  partagée  en  cinq  terrades.  On  en  trouve 
encore  aujourd'hui  des  vediges  dans  les  quatre  rues  qui 
compofent  la  ville.  La  plus  grande  de  ces  rues  eft  la  plus 
bade  :  les  maifons  n'y  ont  aucune  beauté.  L'églife  cathé- 
drale eft  fur  la  féconde  terrafle  -,  elle  n'eft  pas  grande , 
mais  elle  eft  propre  ,  Se  paroît  aujourd'hui  toute  neuve 


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par  les  grandes  réparations  Se  les  embelliffemens  que  le 
cardinal  Porto-Carrero  ,  qui  en  a  été  évoque  ,  y  a  faic 
faire.  Le  chapitre  eft  peu  confidérable  :  l'églife  Se  le 
couvent  des  Carmes  font  à  la  troifiéme  terrafle  ;  ce  font 
des  Carmes  chauffées  Se  mitigés  :  en  montant  encore 
deux  terraffes ,  qui  ne  font  pas  aifées ,  car  la  montagne 
de  Prxnefte  eft  haute  &  rude ,  on  arrive  à  la  cinquième 
terrafle,  où  éroit  le  temple  de  la  Fortune,  Se  où  eft 
aujourd'hui  le  palais  Barberin.  On  dit  que  l'arfenal  eft 
fous  ce  palais ,  Se  qu'on  y  garde  quantité  de  beaux  canons 
de  fonte.  Les  appartenons  de  ce  palais  font  aflez  bien  di- 
ftribués.  Ce  qu'on  y  voit  de  meilleur  ,eft  un  petit  falon 
au  bout  du  veftibule;  fon  plancher  eft  une  très-belle 
mofaïque,  repréfentant  les  différens  états  Se  conditions 
des  hommes  qui  rravaillenr  toure  leur  vie  à  chercher 
une  fortune ,  à  laquelle  ils  n'arrivent  presque  jamais  : 
rien  n'eft  fi  beau  que  ce  ce  plancher  ,  &  il  eft  très-bien 
confervé  ;  il  peut  avoir  douze  à  quinze  pieds  de  lon- 
gueur fur  dix  de  large.  On  affure  qu'il  a  fervi  Se  qu'il  eft 
encore  dans  le  même  endroit  où  etoit  la  ftatue  de  la  For- 
tune. On  montre  dans  ce  palais  quelques  petites  ftatues 
de  la  déeffe-,  c'étoient  des  vœux  qu'on  lui  avoit  of- 
ferts. 

La  chapelle  de  fainte  Rofalie  eft  à  la  droite  Se  un  peu 
plus  bas  que  le  palais.  Il  y  a  deux  maufolées  très-beaux, 
l'un  du  prince  Thadée,  Se  l'autre  du  cardinal  Antoine 
Barberin.  A  côté  eft  une  espèce  de  facriftie  dans  laquelle 
il  y  a  deux  tombeaux  fort  fimples,  qui  renferment  les 
corps  de  ces  deux  feigneurs  ,  avec  ces  mots  fur  l'un  : 
Depofitum  Thadri  Bar  banni;  Se  fur  l'autre  :  Depofitum 
Em.  Card.  Antonii  B.irbar'wi.  Ce  cardinal  avoit  été 
grand  Aumônier  de  France  Se  archevêque  de  Rheims. 
Le  prince  Thadée  avoit  été  préfet  de  Rome ,  &  tous 
deux  comblés  de  biens  par  la  France  ,  qui  les  avoit  re- 
çus &  entretenus  pendant  leur  exil ,  Se  les  avoit  enfuite 
fait  rentrer  dans  la  poffeflîon  de  leurs  biens.  Il  ne  refte 
plus  rien  du  bois  confacré  à  la  déeffe. 

La  ville  de  Paleftrine  avoit  été  détruite  par  le  pape 
Boniface  V1I1,  qui  avoit  transporté  tous  les  habitans  au 
haut  de  la  montagne.  Ils  y  étoient  en  belle  vue  Se  en 
bon  air ,  mais  très-ferrés  Se  très-incommodés.  Ce  lieu 
éroit  plutôt  une  fortereffe  qu'une  ville.  Nicolas  V  leur 
permit  d'abandonner  ce  mauvais  endroit  :  ils  le  laifierent 
avec  plaifir ,  Se  le  ruinèrent  fi  bien ,  qu'il  n'y  refte  plus 
qu'une  tour.  La  ville  fut  rebâtie  fur  les  anciens  fon- 
demens.  Cette  ville  a  appartenu  aux  Colonnes ,  qui  l'ont 
depuis  vendue  aux  Barberins.  Il  ne  faut  pas  chercher 
plus  loin  pourquoi  Boniface  VIII  la  fit  détruire  ;  il  eft 
vrai  qu'il  paya  un  peu  chèrement  ce  mouvement  de 
colère. 

PALESTRINE  (  Le  chemin  de) ,  c'eft  le  nom  que 
l'on  donne  aujourd'hui  en  Italie  à  la  voie  Prœneftine 
(Via  Pramfiina).  *  Labat ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  3.  p.  220. 

PALET.  Quelques-uns  écrivent  ainfi  le  nom  du  vil- 
lage où  naquit  Pierre  Abelard.  Voyez.  Palais. 

PALFURIANA,  ville  de  l'Espagne  Citérieure  :  l'iti- 
néraire d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Nismes  à  Tar- 
ragone,  entre  Amiftiana  ScTarragone ,  à  treize  milles 
de  la  première  ,  &  dix-fept  milles  de  la  féconde.  Quel- 
ques manuferits  portent  Pafuriana  pour  Palfuriana. 

1.  PALI,  champs  de  l'Arcadie,  au  pied  du  mont 
Phalantus,  félon  Paufanias ,  /.  8.  c.  $j. 

2.  PALI  ,  peuples  de  Scythie  ,  félon  Diodore  de 
Sicile  ,  /.  2.  c.  43.  Il  dit  que  les  Pâli  Se  les  Napi  étoient 
les  descendans  de  deux  frères,  l'un  nommé  Palus,  Se 
l'autre  Napus.     , 

PALIANA  ,  ou  Palliana  ,  ville  de  la  Sérique.  Pto- 
lomée  ,  /.  6.  c.  16.  la  place  entre  Drofache  Se  Thogara , 
&  Caftaldla  nomme  Panconia ,  félon  Ortelius  ,  Thefaur. 

1.  PALIACATE  ,  Palicat  ,  Palicate  Se  Palea- 
cate  ,  ville  des  Indes,  fur  la  côte  de  Coromandcl ,  au 
royaume  de  Carnate  ,  fur  la  route  de  Mafulipatan  à 
Gandicote,  au  nord  de  Madras.  Elle  eft  fituée  par  13 
deg.  30  min.de  latitude  feptcntrionale,  &  100  deg.  30 
min.  de  longitude,  dans  une  plaine  fablonneufe  &Ûérile. 
Ce  n'eft  qu'une  plage  fans  aucun  port.  Les  vaifleaux 
mouillent  à  une  petite  demi  lieue  de  terre  ,  fur  huit  ou 
neuf  braûès ,  fond  de  fable  argilleux ,  &  il  faut  avoir  une 
bonne  connoiflance  des  bancs  Se  de  l'inégalité  des  pro- 
fondeurs ,  pour  conduire  les  vaifleaux  dans  les  bons 


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mouillages.  Palicate  eft  peuplée  de  Maures  6e  de  Gcn- 
tives.  Les  maifons  y  font  aflèz  ferrées  &  baffes.  Au  nord 
de  cette  ville  eft  le  fort  de  Gueldres,  qui  appartient  aux 
Hollandois.  11  eft  en  bon  état,  Se  capable  de  réfifter 
aux  attaques  des  Maures.  C'eft  un  carré  régulier  ,  flan- 
qué de  quatre  baftions ,  revêtu  de  pierres  de  taille  ,  ainfi 
que  les  courtines,  Se  bien  garni  de  canons.  Le  foffé  qui 
l'environne  eft  aflez  large,  mais  à  fec  le  plus  fouvenr. 
Comme  le  fond  eft  de  fable  mouvant ,  il  eft  arrivé  quel- 
quefois que  les  icourans  des  eaux ,  qui  dans  la  mauvaife 
faifon  font  de  vrais  rorrens  ,  onr  ébranlé  ce  fort.  C'eft- 
là  que  les  Hollandois ,  qui  habitent  le  long  de  la  côte  de 
Coromandel ,  tiennent  leur  comptoir,  Se  où  demeure 
le  chef  de  tous  ceux  qui  font  dans  les  terres  du  roi  de 
Golconde.  11  y  a  ordinairement  deux  cens  foldats  ou  en- 
viron en  garnifon  ,  outre  plufieurs  marchands  qui  s'y 
tiennenr  pour  le  négoce  ,  Se  alirres  gens  qui,  après 
avoir  fervi  la  compagnie  tout  ie  tems  qu'ils  y  étoient 
obligés  ,  fe  font  retirés  en  ce  lieu.  Entre  la  ville  Se  le  fort 
on  a  laiffé  une  place.affez  grande ,  pour  que  le  fort  ne 
puiffe  être  incommodé  du  voifinage  de  la  ville.  Dans  la 
mouflon  des  pluies  il  arrive  fouvenr  que  les  terres  bas- 
fes  qui  font  derrière  ,  fe  trouvenr  couvertes  d'eau  ;  mais 
cela  ne  dure  guère  :  les  eaux  coulent  aflez  promptement 
dans  la  mer ,  &  il  n'y  a  que  les  petites  rivières  qui  en 
demeurent  enflées,  Se  où,  parle  moyen  des  fables  qui 
s'y  amaffenr  Se  qui  les  barrent ,  il  fe  fait  de  profonds 
canaux.  C'eft  dans  ces  canaux  que  les  Maures  fonr  paffer 
leurs  bâtimens  plats,  en  les  touant  pour  les  mertre  à 
couvert  de  la  violence  de  la  mer ,  jusqu'à  ce  que  la  bon- 
ne mouflon  foit  venue.  La  manière  donr  les  habitans  de 
Palicate  vont  prendre  l'eau  qu'ils  boivent ,  a  quelque 
chofe  de  remarquable.  Quand  la  mer  eft  retirée  ,  ils 
vont  fur  la  grève  la  plus  proche  de  la  mer  ,  ils  y  font 
des  rrous  où  ils  trouvent  de  l'eau  douce  qui  eft  excel- 
lente. *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy.  Schouten ,  Voya- 
ge, t.  1.  p.  288.  Tavernier ,  Voyage  des  Indes,  1.  1. 
c.   18. 

2.  PALIACATE  ,  ou  Palicate  ,  montagne  des  In- 
des ,  au  royaume  de  Carnate ,  à  fix  ou  fept  lieues  à 
l'occident  de  la  ville  de  Palicate.  Cette  montagne  eft 
fort  haute,  Se  contribue  beaucoup  à  inonder  le  bas 
pays  qui  l'environne  par  les  eaux  qui  coulent  dans  la  fai- 
fon des  pluies. 

PALIANO.  Voyez.  Palliano. 

PALIBOTHRA,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée  ,  l.y.c.  1.  la  donne  aux  Mandrales.  Arrien  , 
in  Indic.  c.  10.  qui  parle  aufli  de  cette  ville  ,  l'appelle 
Palimbothra ,  Se  la  place  au  confluent  de  l'Erannoboa  & 
du  Gange,  aux  confins  des  Prafii.  Niger  lui  donne  le 
nom  de  Votkara  ;  Thevet  l'appelle  Jadafon  ;  Mercator 
la  nomme  Ana ,  &  Vincent  le  Bianc  reffuscite  le  nom 
entieremenr ,  en  faifant  une  ville  de  Palimbrote,  que  les 
voyageurs  ni  les  cartes  ne  connoiflent  point. 

PALICA  ,  ville  de  Sicile,  Selon  Diodore  de  Sicile, 
/.  u.c.  87.  Se  Etienne  le  géographe.  On  en  voit  les  rui- 
nes fur  une  hauteur ,  au  nord  oriental  du  lac  appelle 
Palicinus  Fon  s  Se  Palicorum  Lacus.  Voyez.  Palici. 

PALICATE.  Voyez.  Paliacate. 

PALICE  (  La  )  ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Bour- 
bonnois  ,  élection  de  Moulins ,  fur  la  rivière  de  Befbre* 
On  ne  compte  dans  cette  ville  qu'environ  trois  cens  fix 
feux,  Se  quatre  cens  cinquante  habitans.  11  n'y  a  qu'une 
juftice  de  feigneur ,  &  le  château  eft  antique  Se  bien  bâ- 
ti. Cette  ville  ne  laiffe  pas  d'être  confidérable  par  (es 
foires  qui  font  au  nombre  de  douze ,  par  (es  marchés 
qui  fc  tiennent  toutes  les  femaines,  Se  par  le  paffage  de 
ceux  qui  vont  de  Paris  à  Lyon  :  elle  eft  auffi  renommée 
par  les  bonnes  bottes  qui  s'y  font.  La  Palice  eft  une  an- 
cienne baronnie  à  la  maifon  de  Chabannes.*  Pigamol  , 
Defcrip. delà  France  ,  t.  6.  p.  214. 

PALICHI ,  bourg  de  l'ifle  de  Céphalonie,  fur  le  bord 
occidentaldugolfe  d'Argoftoli,  vis-à-vis  delà  ville  deCé- 
phalonie.  On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Paleis.  Kcemot. 

PALICI, Palici  du,  ou  Palicorum  FANUM,rem- 
ple  dans  l'ifle  de  Sicile ,  où  l'on  rendoit  un  culte  aux 
dieux  Palici.  Ce  temple  étoit  auprès  de  la  ville  PaUca 
qui  en  avoir  pris  fon  nom  ;  Se  dans  le  voifinage  il  y  avoit 
encore  un  lac  appelle  Lacus ,  ou  Stagnum  Palicorum. 
Les  anciens ,  crédules  fur  beaucoup  de  chofes,  éproa- 


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voient  la  vérité  des  fermens  en  jettant  dans  ce  lac  des 
tablecces  fur  lesquelles  le  ferment  de  celui  qui  juroit  étoit 
écrit  -,  fi  les  tablettes  s'enfonçoient ,  on  le  regardoit  com- 
me un  parjure  ,  &  fi  elles  fumageoient ,  on  étoit  per- 
fuadé  que  fon  ferment  étoit  véritable.  *  Cluvier  ,  Sicil. 
ant.  1.  2.  c.  9. 

PALICONIA  ,  ou  Palagonia  ,  bourg  de  la  Sicile , 
dans  le  val  de  Noto  ,  vers  la  fource  de  la  rivière  de  Pa- 
lagonia ,  à  quelques  milles  à  l'occident  du  lac  Beverio, 
avec  titre  de  principauté.  Ce  bourg  n'eft  pas  bien  loin 
des  ruines  de  l'ancienne  Palica.  *  Atlas,  Robert  de 
Vaugondy. 

PALICOURS  ,  peuple  de  la  France  équinoxiale.  Ils 
habitent  une  partie  de  la  rivière  d'Arican  &  celles  de 
Maricari,  d'Uninamari  &  de  Caifipoure.  Cette  nation 
eft  allez  nombreufe,  &  vit  bien  avec  tous  les  étrangers 
que  la  traire  du  Lamcntin  attire  chez  eux  ,  &dont  ces 
peuples  font  la  pêche  dans  leurs  rivières  &  dans  leurs 
marais.  Ils  ont  pour  cela  des  filets  deux  fois  aufli  forts 
que  ceux  de  France.  La  rivière  de  Maricari  fur-tout  eft 
très-abondante  en  toutes  fortes  de  poiflbn  ,  &  il  s'y  trou- 
ve quelquefois  jusqu'à  cinq  ou  fix  navires  Anglois  &c 
Flamans  pour  le  pêcher  &  le  transporter  dans  les  ifles , 
où  ils  l'échangent  contre  du  tabac  ôc  autres  marchan- 
difes.  Après  cette  rivière  de  Maricari ,  on  trouve  le  cap 
d'Orange ,  pointe  en  langue  de  terre  qui  avance  fort  dans 
Ja  mer  du  côté  du  nord.  Dans  l'étendue  de  ce  cap  font 
deux  rivières ,  favoir  Epicouly  &  Agairi.  Ceft  entre  ces 
deux  rivières  qu'habitent  les  Palicours ,  gens  bien  faits 
-&  fort  courageux,  Se  qui  peuvent  mettre  quatre  cens 
hommes  de  guerre  fous  les  armes.  Ils  font  ennemis  mortels 
des  Calibi ,  qu'ils alloient  attaquer  jusque  dans  les  rivières 
qui  forment  l'ifle  de  Cayenne ,  avant  que  les  François  en 
fuflent  les  maîtres.  *  Corn.  Di6t.  Briet  ,  Voyage  de  la 
Tetre  équinoxiale ,  1.  2.  c.  1 1 . 

PALIGAM,  rivière  de  l'ifie  de  Ceylan,  au  royaume 
de  Batecalo.  On  l'appelle  aufli  Batecalo.  Voyez,  ce 
mot. 

PALIMBON.  Ortelius  dit  :  Siège  épiscopal ,  fous  la 
métropole  de  Damas,  &  cite  Guillaume  de  Tyr.  Les  no- 
tices eccléfiaftiques ,  publiées  par  Schelfirate  ,  écrivent 
différemment  ce  nom  :  celle  de  l'abbé  Milon  ,  au  lieu 
de  Palimbon  ,1k  Palimpon  ,  &  met  effectivement  ce  fiége 
dans  la  Syrie  ,  fous  la  métropole  de  Damas  ,  &  la  noti- 
ce de  l'évêque  de  Cathare  porte  Panuporum  pour  Pa- 
limpon. 

PA1.IMBOTHR.A.  Voyez.  Palibothra. 

PALIMBROTE.  Voyez.  Palibothra. 

1.  PALIMBUAN ,  Palinbuan,Palemban,ouPa- 
lembaon  .ville  des  Indes,  dans  la  partie  orientale  de 
l'ifle  de  Sumatra ,  &  la  capitale  d'un  royaume  de  même 
nom.  Elle  eft  fituée  au  fond  d'un  golfe,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  même  nom. 

2.  PALIMBUAN  ,  royaume  des  Indes  ,  dans  la  par- 
tic  méridionale  de  l'ifle  de  Sumatra.  Il  eft  borné  au  nord 
par  le  royaume  de  Jambi ,  à  l'orient  &  au  midi  par  la 
mer,  &  à  l'occident  par  une  chaîne  de  montagnes  qui 
court  au  milieu  de  l'ifle.  11  tire  fon  nom  de  fa  capitale  , 
qui  eft  la  feule  ville  confidérable  qu'on  y  trouve. 

Le  détroit  de  PALIMBUAN,  eft  cet  espace  de 
mer  qui  fe  trouve  entre  l'ifle  de  Banca  à  l'orient ,  ôc 
celle  de  Sumatra  à  l'occident.  Il  gît  à  peu  près  nord- 
oueft  &  fud-eft. 

PALIN^EUM  ,    montagne  de  l'ifle  de  Cos.  Voyez. 

PeLLENj£UM. 

PALINII ,  peuple  d'Italie,  félon  Dicdore  de  Sicile, 
1.  20.  Ortelius,  T^/W.foupçonne  que  ce  font  les  Pel- 
lenii  de  Lycophron.  Voyez.  Pellenii. 

PALINORMICUM  ,  lieu  voifin  de  Conflantinople  ( 
félon  Pierre  Gilles  ,  dans  fa  description  du  Bosphore. 

PALINURO  ,  Palemiro  ou  Palenudo  5  cap  du 
royaume  de  Naples ,  dans  la  principauté  citérieure  ,  en- 
tre les  golfes  de  Policaftro  Se  de  Salerne.  Vojez.  Pali- 

NURUS. 

PALINURUS,  promontoire  d'Italie  ,  à  l'extrémité  du 
golfe  P&flanus ,  aujourd'hui  le  cap  Palinuro  ,  Palenu- 
do ou  Palemiro.  On  prétend  que  ce  cap  a  pris  fon  nom 
de  Palinure  ,  pilote  d'Enée  ,  qui  étant  accablé  de  fom- 
meil ,  fe  laiffa  tomber  dans  la  mer  avec  fon  gouvernail. 
Les  flots,  dit-on,  ayant  porte  fon  corps  jusqu'au  port 


PAL 


de  Vilia  ,  les  habitans  le  dépouillèrent  Se  le  rejetterenï 
dans  la  mer,  ce  qui  leur  attira  une  grande  pefte  peu  de 
tems  après  :  fur  quoi  ayant  été  confulter  l'oracle  d'A» 
pollon  ,  il  leur  fut  dit  pour  réponfe  qu'il  falloir  qu'ils 
appaifaffent  les  mânes  de  Palinure.  Sur  cette  réponfe  ils 
lui  dédièrent  un  bois  facré ,  Se  lui  drefferent  un  tom- 
beau fur  un  promontoire  voifin  qui  a  retenu  le  nom  de 
Palinure,  comme  le  dit  Virgile,  JEneid.  I.  6.  verf. 
380. 

Et  flatuent  tumulum ,  &  tumulo  folemnia  minent , 
JEternumqiie  Ucus  Palinuri  nomen  habebit. 


Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  4.  Pline ,  /.  x.c.  5.  Velleïus  Pa- 
terculus ,  /.  2.  c.  79.  &  autres ,  parlent  aufli  de  ce  pro- 
montoire ;  mais  Denys  d'Halicarnafle  ,  /.  i.p.  42  eft  , 
je  penfe,  le  feul  qui  y  joigne  un  port  de  même  nom. 

PALINZA.  Voyez  Alinca  3. 

PALIONENSES  ,  peuples  d'Italie  ,  dans  la  Calabre , 
félon  Ortelius ,  Tbefaur.  qui  cite  Pline  ,  Se  ajoute  qu'un 
manuferit  porte  Ballionenfes ,  &  un  autre  Baltonenfes. 
Les  éditions  de  Dalechamp ,  des  Elzevirs  ,  Se  duperc 
Hardouin  ,  ne  connoifient  point  ces  peuples. 

PALIRENSES,  peuples  de  l'AcarBanie,  félon  Thucy- 
dide ,  peut-être  étoient-ils  les  habitans  de  Palserus ,  ville 
de  la  même  contrée.  Voyez.  Pal>erus. 

PALISCIUS  AGER,  contrée  de  l'Arcadie ,  félon 
Paufanias  ,  /.  8.  c.  36. 

PALISCUS,  Voyez.  Palici. 

PAL1T1NIOS  ,  fiége  épiscopal  d'Afie ,  félon  Guillau- 
me de  Tyr,  cité  par  Ortelius,  Thefaur.  qui  le  met  fous 
Sergiopolis  métropole.  La  notice  du  patriarchat  d'An- 
tioche,  fous  lequel  étoit  Sergiopolis,  ne  lui  donne  que 
quatre  évêchés,  favoir, 


Bozonovias , 
Marcopolis, 


Venotkala, 
Hermenia. 


Mais  deux  autres  notices ,  publiées  par  Schelftrate  ,  fa- 
voir celle  de  Nilus  Doxapatrius ,  Se  une  autre  qui  eft 
anonyme  ,  donnent  unanimement  cii  q  évêchés  à  cette 
même  Sergiopolis  :  ainfi  il  eft  vraifemblable  que  Pa- 
litimos  ,  l'un  des  cinq  ,  a  été  fupprimé ,  ou  omis  dans 
la  première  de  ces  notices. 

PALIURA ,  ville  de  Macédoine  :  Suidas  in  verbo 
hvTmcLTfoi  ,  dit  que  c'étoit  la  patrie  d'Anripater  ,  fils 
d'Iolaus. 

1.  PALIURUS  ,  lieu  d'Afrique  ,  dans  la  Cyrenaïque. 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  4.  le  place  au  nord  d'un  marais ,  que 
quelques-uns  ont  cru  avoir  le  même  nom. 

2.  PALIURUS  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  Marmari- 
que,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  5.  L'itinéraire  dMntonin 
nomme  cette  ville  Paniurus  :  il  la  met  aux  confins  de 
la  Marmarique ,  fur  la  route  de  Ptolémaïde  à  Alexan.. 
drie ,  entre  Papi  «Se  Metira ,  à  trente  milles  de  la  premiè- 
re ,  Se  à  vingt  milles  de  la  féconde. 

PALLA  ,  ville  de  l'ifle  de  Corfe  :  Ptolomée ,  /.  3.  c. 
1,  la  met  la  première  fur  la  côte  méridionale.  Ortelius  dit 
que  l'itinéraire  d'Anronin  la  nomme  Paima  ,  mais  il  fe 
trompe.  Il  a  pris  dans  Antonin  une  route  de  Sicile  pour 
une  route  de  l'ifle  de  Corfe.  Niger  croit  que  Palla  eft 
préfentement  S.  Bonifacio. 

PALLACANA  CEPA  :  on  trouve  ce  nom  dans  Api- 
tius ,  (  Câlinant ,  /.  9.  c.  1.  )  mais  ,  dit  Ortelius,  il  n'eft 
pas  fur  que  Pallacana  foit  un  nom  de  lieu. 

PALLACOPA  6c  PALLACOTTA.  Voyez.  Pella- 
conta. 

PALLADIS  PETRA ,  nom  d'un  lieu  du  côté  de 
la  Tro'êzene  ,  félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Euripi- 
de ,  in  Hippolyto.  C'eft  le  même  lieu  qui  eft  appelle  Pal- 
latides  Scopuli  dans  Callimaque ,  qui  le  place  aux  envi1 
ions  du  mont  Creius. 

PALLANT,  ville,  château  &  feigneurie  du  duché 
de  Juliers  ,   dans  le  bailliage  d'Aldenhofen. 

PALLANTIA.  Voyez.  Palantia. 

PALLANTIAS.  Voyez.  Triton. 
PALLANTIS  MONUMENTUM,  monument  en  Ita- 
lie ,  environ  à  un  mille  de  Rome ,  fur  la  voi«  Tibur- 


PAL 


tinc  ,  félon  Pline ,  Epift.  I.  7.  Epift.  29.  qui  fe  rit  fi  agréa- 
blement de  ce  monument. 

PALLANTIOM.  Voyez.  Palatinus. 

PALLAS.  Voyez,  Triton. 

PALLATIDES.  Voyez.  Palladis  petra. 

PALLE  (  Le  cap  de  ).  Environ  deux  milles  au  nord- 
eft  quart  d'eft  de  la  pointe  de  ce  cap  eft  une  petite  iflc 
de  moyenne  hauteur ,  qu'on  appelle  les  Fornigues  du 
cap  de  Palle.  Du  côté  de  l'oued  de  ces  Fornigues, 
il  y  a  un  gros  écueil  Se  un  plus  peut  entre  les  deux,  & 
d'autres  aux  environs  de  l'ifle.  Lorsqu'on  veut  pafler  en- 
tre le  cap  de  Palle  &  l'ifle  Fornigue  ,  il  faut  pafler  à  mi- 
canal  ,  rangeant  tant  foit  peu  plus  la  pointe  du  cap  que 
l'ifle ,  à  caufe  d'une  féche  très-dangereufe ,  qui  eft  près 
du  dernier  écueil  de  l'ifle,  Se  fur  laquelle  il  n'y  a  que 
fept  pieds  d'eau  -,  mais  en  rangeant  à  discrétion  la  pointe 
du  cap  de  Palle  ,  on  y  peut  pafler  librement ,  Se  avec 
toutes  fortes  de  bâtimens.  Du  côté  feptentrional  du  cap 
de  Palle  il  y  a  une  grande  ance  dans  laquelle  on  peut 
mouiller  ,  pour  y  être  à  couvert  des  vents  depuis  le  fud- 
eft  jusqu'au  nord-ouefl.  On  y  mouille,  lorsqu'on  ne  peut 
doubler  le  cap  de  Palle.  *  Micbelot ,  Portulan  de  la  met- 
Méditerranée  ,  p.  18.  Ce  cap  eft  celui  que  nous  con- 
noiflbns  fous  le  nom  de  Cap  de  Palos  2.  Voyez  ce  mot. 

1.  PALLENE  ,  péninfule  de  la  Macédoine.  Elle  avan- 
ce dans  la  mer  Egée  entre  les  golfes  Thermaïque  Se  To- 
ronique}  Denys  d'Halicarnafle,  /.  1.  p.  39.  en  parle. 
Etienne  le  géographe  dit  qu'elle  efl;  de  figure  triangu- 
laire ,  Se  Scylax ,  feripl.  p.  26.  y  met  cinq  villes ,  qui 
font  : 

Potidœa  ,  Aphytis , 

Mende  »  Thrambuf , 

Scione, 

La  première  de  ces  places  étoit  bâtie  fur  l'infime ,  Se 
î'occupoit  entièrement.  Du  refle  ,  Palle  ne  ,  comme  Hé- 
rodote ,  l.-j.c  123.  l'a  obfervé ,  s'appelloit  ancienne- 
ment Phtegra.  Ptolomée ,  lib,  3 .  cap.  j  3 .  la  nomme 
Pacalena. 

2.  PALLENE  ,  ville  de  la  Macédoine.  Pline,  /.  4.  c .  6. 
&  Etienne  le  géographe  la  mettent  dans  la  péninfule  de 
même  nom. 

3.  PALLENE,  montagne  de  la  Macédoine,  félon 
Ortelius ,  Thefaur.  qui  la  met  dans  la  péninfule  de  Pal- 
lene ,  Se  cite  Euflathe. 

4.  PALLENE.  VoyezHA-LCYo-niK.  insul/e. 

5.  PALLENE  ,  municipe  de  la  tribu  Antiochidc , 
dans  PAttique ,  félon  Etienne  le  géographe. 

6.  PALLENE  ,  contrée  des  pays  feptentrionaux  ,  fé- 
lon ces  vers  d'Ovide ,  Metam.  L  i$.fab.  8. 

Ejfe  virosfama  eft  in  Hyper  bore â  P  aliène 
Queis  foleani  levibus  velari  corpora  plumis , 
Cum  Tritoniacam  novies  fubiere paludem,, 

Corneille  a  rendu  ces  vers  de  la  forte  : 

Dans  le  nord ,  mais  jamais  rien  ne  fut  moins  croyable  , 
On  parle  d'un  prodige  à  nul  autre  femblable. 
Il  vous  étonnera  :  Vers  Pallene  ,  dit-on  , 
Se  rencontre  un  marais  qu'on  appelle  Triton. 
Là ,  tout  homme  qui  veut ,  revêtu  de  plumage 
Des  oifeaux  en  volant  partager  l'avantage  , 
Trouve  un  moyen  aife  d'en  acquérir  les  droits. 
11  n'a  dans  ce  marais  qu'à  fe  plonger  neuf  fois. 

PALLENENSES  ,  peuple  de  la  tribu  d'Attique.  Ceft 
Phavorin ,  Lexicon.  qui  en  fait  mention.  11  fe  pourroit 
faire  que  ce  feroient  les  habitans  du  municipe  PALLE- 
NE. Voyez  ce  mot ,  N°  j. 

PALLENID1S  MINERVE  FANUM  ,  temple  dé- 
dié à  Minerve  Pallenide.  Hérodote  ,  l.i.c.61.  fait  en- 
rendre  qu'il  devoir  être  quelque  part  entte  Athènes  & 
Marathon.  Euripide ,  in  Heraclid.  connoît  aufli  un  bourg 
appelle  Pallenide. 

PALLENSES.  Voyez  Nesiot^. 

PALLIANA  ,  ancienne  ville  de  laSérique,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.c.  16, 


PAL       JS9 

PALLIANO,  ou  Paliano,  petite  ville  d'Italie* 
dans  la  Campagne  de  Kome,  au  nord  oriental  de  Segni 
Se  au  nord  occidental  d'Anagni ,  à  plus  de  vingt  milles  à 
l'orient  de  la  ville  de  Rome.  Cette  ville ,  qui  appartient 
au  connétable  Colonne  ,  efl:  fituée  fur  une  hauteur  qui 
commande  tous  les  environs.  Il  n'y  a  rien  de  remarqua- 
ble qu'un  vieux  château  ,  encore  eft-ce  aflez  peu  de  chofe. 
Au  bas  de  la  montagne  fur  laquelle  la  ville  eft  fituée  , 
on  voit  un  couvent  de  Capucins ,  petit  à  la  vérité ,  mais 
bien  ménagé  Se  fort  propre  aufli  bien  que  fon  églife.  * 
Magin ,  Carte  de  la  Campagne  de  Rome.  Labat ,  voy. 
d'Italie,  t. 4.  p.  52. 

PALLIENSES,  peuple  ou  ville  d'Italie,  auvoifinage 
de  Rome,  félon  Vitruve,  /.  2.  c.  7. 

PALLON  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe,  félon  Pline, 
/.  6.  c.  28. 

PALLON  A  (  La  ) ,  rivière  de  la  Turquie  Européen- 
ne ,  dans  l'Albanie.  Elle  prend  fa  fource  dans  les  mon- 
tagnes de  Temorit,  Se  fe  rend  dans  le  golfe  de  Venife, 
près  de  Pirgo  ,  vis-à-vis  de  Brindifi.  Baudrand  dit  qu'on 
lui  donne  quelquefois  le  nom  de  Pirgo.  Le  P.  Briet  l'ap- 
pelle Polina.  Le  P.  Hardouin  la  nomme  Pollona  ,  Se 
les  anciens  l'ont  connue  fous  le  nom  dVËAs. 

PALLU  (  La  ) ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
diocèfe  du  Mans,  parlement  de  Paris,  intendance  de 
Tours  ,  élection  du  Mans ,  a  cinq  cens  vingt  habitans. 
*  Dit't.  univerfel  de  la  France. 

PALLURA,  ville  l'Inde,  en-deçà  du  Gange.  Ceft 
Ptolomée  ,  /.  7.  c.  1.  qui  en  fait  mention.- 

1.  PALMA,  ville  daris  la  plus  grande  des  ifles  Ba- 
léares, félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  Pline,  /.  3.  c.  5.  Se 
Mêla ,  /.  2.  c.  7.  Ce  dernier  lui  donne  le  titre  de  colo- 
nie. Ambroife  Morales  dit  qu'elle  retient  fon  ancien 
nom  ,  Se  le  P.  Hardouin  prétend  qu'on  l'appelle  préfen= 
tement  Mallorca.  Cette  ville  eft  la  capitale  de  l'ifle  de 
Majorque. 

2.  PALMA.  Voyez  Olea. 

3.  PALMA.  Voyez.  Palla. 

4.  PALMA,  bourgade  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie, 
fur  la  rive  gauche  du  Guadalquivir  ,  un  peu  au-doflbus 
de  l'endroit  où  il  reçoit  les  eaux  du  Xenil.  Elle  a  été 
érigée  en  comté  en  1 307  ,  en  faveur  de  la  maifon  de  Boc- 
ca-Negra,  de  Cènes,  qui  a  pris  le  nom  de  Porto-Carre- 
10,  *  Jaillot,  Atlas.  ' 

t  S.  PALMA  ,  bourgade  d'Italie,  dans  la  Calabre  Ul- 
térieure ,  fur  la  côte  occidentale ,  à  quelques  milles  au 
midi  de  l'embouchure  du  Metauro  ou  Matro.  *  Magin , 
Carte  de  la  Calabre  Ultérieure. 

6.  PALMA,  bourgade  de  l'Amérique  méridionale, 
au  nouveau  royaume  de  Grenade  ,  dans  la  province  que 
les  Munios  Se  les  Colymas  habitent ,  à  quinze  lieues  de 
la  métropolitaine  Santa  Fé ,  vers  le  nord-oueft.  Elle  a 
reçu  des  Espagnols  le  nom  qu'elle  porte.  Ils  la  bâtirent 
en  1572,  dans  un  terroir  où  l'air  eft  plus  chaud  que 
tempéré.  *  Corn*  Dict.  De  La'êt ,  Defcr.  des Ind.  occid. 
1.  9.  c.  6i 

7.  PALMA  (  S.  André  de  ) ,  abbaye  d'hommes ,  ordre 
de  faint  Benoît ,  en  Portugal ,  dans  la  Province ,  entre 
Duero  e  Minho ,  près  de  Barcellos.  Elle  a  été  fondée 
l'an  1028. 

PALMA,  ou  Palma  Nova,  viile  d'Italie,  dans 
l'état  de  Venife ,  au  Frioul ,  environ  à  dix  milles  au  fud- 
eft  d'Udine ,  ptès  de  la  rivière  de  Lizonzo.  Ceft  une 
forterefle  d'importance.  Elle  a  neuf  baftions  qui  portent 
les  noms  de  plufieuts  feigneurs  Vénitiens.  Il  y  a  deux 
cavaliers  fur  chaque  courtine.  Le  rempart  eft  plus  haut 
que  la  muraille ,  &  les  foflés  ont  trente  pas  de  profon- 
deur &  douze  de  largeur.  On  n'y  laifle  point  entrer  l'eau, 
afin  que  la  ville  en  foit  plus  faine  -,  mais  il  eft  aifé  de  les 
remplir  en  cas  de  befoin.  Cette  ville  n'a  que  trois  por- 
tes ,  l'une  nommée  Porta  maritima,  l'autre  Porta  de  Ci- 
vidal ,  Se  la  troifiéme  Porta  di  Udine,  Chaque  porte  eft 
couverte  d'une  demi-lune.  Au  milieu  de  la  ville  on  ap- 
perçoit  un  étendard  fur  un  triple  puits,  qui  eft  au  milieu 
de  la  place  publique ,  &  on  peut  voir  delà  les  trois  por- 
tes en  même-tems,  aufli  bien  que  fix  rues  qui  traver- 
fent  entièrement  la  ville.  Le  portail  de  la  grande  églife 
donne  fur  la  place  publique  :  il  eft  orné  de  plufieurs  belles 
ftatues,  Se  au-devanc  on  voit  une  colonne  en  pyramide 


760       PAL 

lïès-bien  dorée ,  8c  qui  ne  contribue  pas  peu  à  l'em- 
belliffement  de  la  place.  A  chaque  porte  il  y  a  une  dou- 
ble paliffade  avant  que  l'on  aborde  le  pont ,  au  mi- 
lieu duquel  eft  un  pont-levis ,  fait  avec  tant  d'artifice  , 
que  fi  celui  qui  fe  trouve  en  faction  voyoit  arriver  des 
troupes  inopinément,  il  pourroit  en  touchant  un  cer- 
tain fer  avec  le  pied,  faire  en  un  moment  lever  le  pont. 
Enfuite  contre  la  porte  ,  on  rencontre  encore  un  autre 
pont-levis ,  avec  fes  portes  8c  l'arriére  porte,  faite  de 
barres  de  fer  fort  épaifles  ;  enforte  qu'il  n'y  a  point  de 
pétard  qui  les  puifie  rompre ,  quoiqu'il  foit  aifé  d'ac- 
cabler delà  les  ennemis  à  coups  de  fufil. 

Les  Vénitiens  ont  fait  un  port  à  Palma-Nova,  de 
forte  qu'il  peut  à  préfent  entrer  dans  la  ville  des  bâti- 
mens  alïez  grands  pour  apporter  des  provifions,  8c  four- 
nir la  place  de  tout  ce  qui  lui  eft  nécelTaire.  On  com- 
mença à  la  fortifier  en  1593  ou  1/94  ,  pour  mettre 
la  province  à  l'abri  des  infulces  du  Turc ,  8c  pour  fe 
mettre  en  fureté  contre  les  entreprifes  de  l'empereur  , 
dangereux  voifin  ,  qui  pofféde  une  partie  du  Frioul.  Ceft 
par  ce  pays  que  les  Huns  &  les  autres  nations  barbares 
entrèrent  en  Italie  ,  8c  c'eft  par-là  que  les  Turcs  font 
entrés,  lorsqu'ils  ont  fait  des  cour  fes  jusque  versTre- 
vifo. 

PALMA  DI  SOLA  ,  ou  Palma  di  Solz  ,  bourga- 
de fur  la  côte  de  Sardaigne  ,  près  des  ruines  de  l'ancien- 
ne Suivi,  Sulci  ou  Sulchi,  fur  la  côte  méridionale  de 
l'ifle  ,  au  fond  d'un  golfe  auquel  elle  donne  le  nom  ,  à 
l'embouchure  d'une  petite  rivière.  *  Carte  marine  des 
cotes  de  Sardaigne. 

Le  Golfe  de  Palma  eft  formé  par  rifle  de  Palma  di 
Sola  à  l'orient ,  8c  par  l'ifle  de  San  Pedro  à  l'occident. 
La  bourgade  de  Palma  di  Sola  eft  au  fond,  dans  un  en- 
foncement que  couvre  la  pointe  del  U!ga. 

PALMA  DI  SOL  ,  iflefur  la  côre  méridionale  de  l'ifle 
de  Sardaigne.  Elle  forme  du  côté  de  l'orient  le  golfe  de 
Palma.  La  pointe  feptentrionale  eft  fort  près  de  la  Sar- 
daigne à  laquelle  elle  communique  par  un  pont,  à  la 
hauteur  de  Paragiano.  Elle  eft  allez  longue,  &  fa  po- 
sition eft  presque  nord-eft  8c  fud-eft.  *  Carte  marine 
des  côtes  de  Sardaigne. 

PALMACIA.  Voyez.  Palmaria. 
PALMAIOLA.  Voyez  Palmaruola. 
PALMAR.  Voyez,   au    mot  Cap  ,   l'article  Cap  de 
Palm^r. 

1.  PALMARIA  ,  ifle  fur  la  côte  d'Italie.  Pline  ,  /.  3. 
c.  6.  8c  Pomponius  Mêla  ,  /.  1.  c.  7.  en  ont  parlé  ,  8c 
ce  dernier  dit  qu'elle  eft  aux  environs  de  l'embouchure 
du  Tibre.  Ceft  la  plus  occidentale  des  ifles  qui  font 
fur  la  côte  du  royaume  de  Naples ,  8c  elle  fe  trouve  au 
midi  oriental  de  l'embouchure  du  Tibre.  Le  peie  Da- 
niel dit  qu'on  la  nomme  aujourd'hui  Palmaruola;  mais 
il  fe  trompe  :  fon  nom  moderne  eft  Palmerola  ou  Pal- 
znirola.  Voyez,  Palmerola. 

2.  PALMARIA  (  L'ifle  )  ,ifle  de  la  mer  Méditerranée, 
fur  la  côte  de  Gènes ,  vis-à-vis  de  Porto  Venere.  Cette 
ifle,  qui  eft  grande  8c  fort  haute,  forme  le  port  de 
Porto  Venere  ,  8c  n'eft  éloignée  de  la  ville  par  la  poin- 
te de  l'oueft  que  d'environ  quarante  toifes.  On  peut 
palier  entre  la  ville  &  l'ifle  avec  une  galère  ordinaire  ; 
mais  il  faut  bien  favoir  le  pafiage ,  car  presque  par  le 
milieu  de  cette  ifle  il  y  a  une  longue  pointe  de  fable  & 
de  vafe  qui  s'avance  fous  8c  vis-à-vis  d'un  couvent  de 
faint  François ,  qui  eft  hors  de  la  ville  fur  une  pointe. 
Il  n'y  a  que  deux  bradés  8c  demie  dans  cet  endroit , 
mais  entre  les  deux  pointes  de  l'entrée,  il  ne  manque  pas 
de  fond.  *  Michelot ,  Portulan  de  la  mer  Méditerranée  , 
p.  95. 

PALMARIS  LUCI ,  bois  dont  fait  mention  Ortelius , 
Thefaur.  qui  cite  Ammien  Marcellin  ,  /.  24.  Celui-ci  le 
place  aux  environs  de  Ctefiphon ,  8c  parconfequent  dans 
ï'Aflyrie.  Zofime  connoît  auffi  ce  bois  ;  mais  fes  inter- 
prètes rendent  Palmaris  Lucas  par  un  bois  planté  de 
palmiers.  Ortelius  croit  que  ce  pourroit  être  le  Phœni- 
cum  de  Procope.  Voyez.  Phœnicum. 

PALMARUOLA,  ou  Palmarola,  ifle  de  !a  mer 
de  Toscane  ,  au  voifinage  8c  à  l'orient  de  l'ifle  d'Elbe. 
Ce  n'eft  proprement  qu'un  écueil  dans  le  canal  de  Piom- 
bino.  Elle  appartient  au  prince  de  Piombino.  Elle  s'ap- 


PAL 


peîloit  anciennement  Jrtemita.  *  Atlas  ,  Rob.  de  Vatt- 


gondy. 


1.  PALME  (La),  petite  ville  de  France,  dans  le 
Languedoc,  au  diocèfe  de  Narbonne  ,  dans  le  pays  de 
Corbiei.es. 

2.  PALME,  ou  Palma  ,  ifle  d'Afrique  ,  une  des  Ca- 
naries ,  à  douze  lieues  au  nord-oueft  de  Gomera.  Sa  fi- 
gure efl  ronde,  on  lui  donne  vingt-cinq  lieues  de  cir- 
cuit. On  vante  beaucoup  fes  vins  8c  fon  fucre.  Les  meil- 
leurs vins  croilTent  dans  un  canton  ,  appelle  Breniâ  ,  8c 
qui  produit  tous  les  ans  environ  douze  mille  barils  de 
malvoifie.  Il  y  a  quatre  lngenios  ou  l'on  fait  d'excellent 
fucre  :  deux  qui  fe  nomment  Zanzes ,  8c  les  deux  au- 
tres Tafiacortes.  Le  terroir  produit  peu  de  bled.  Dans 
leurs  befoins ,  les  habitans  ont  recours  à  l'ifle  de  Tene- 
riffe.  La  capitale  qui  porte  le  même  nom,  &  qui  eft  dans 
la  partie  orientale  de  l'ifle,  eft  raifonnablement  grande  -y 
il  y  a  une  très-belle  églife.  L'adminiftration  des  affaires 
8c  de  la  juftice  eft  entre  les  mains  d'un  gouverneur  8c 
d'un  confeil  d  échevins.  Il  y  a  encore  dans  l'ifle  au  nord 
de  la  capitale  ,  une  autre  ville ,  nommée  Saint  André  , 
affez  jolie ,  mais  fort  petite.  Les  Espagnols  firent  la  con- 
quête de  cette  ifle  en  1447,  avec  une  flotte  de  2500 
hommes  d'infanterie,  &  de  120  lances  ,  fous  la  conduite 
de  D.  Ferdinand  de  Caftro.  Vers  l'an  i6jo  ,  il  fe  for- 
ma dans  cette  ifle  un  volcan  avec  un  tremblement  de, 
terre  fi  violent ,  qu'il  fe  fit  fentir  jusqu'à  Teneriffe  » 
où  la  première  éruption  de  foufre  emflammé  fut  en- 
tendue comme  un  coup  de  tonnerre ,  8c  l'on  y  vit 
tomber  quantité  de  cendre  8c  de  fable.  *  Mémoires  ma- 
nuferits. 

PALMEA  ,  petite  ville  de  Portugal ,  dans  l'Eftrama- 
doure,  au  nord  eft  de  Setubal ,  fur  le  penchant  d'une 
montagne.  Elle  eft  accompagnée  d'un  château  qui  eft 
bâti  fur  le  roc.  Cette  place  eft  une  commenderie  de 
l'ordre  de  faint  Jacques.    *  Délices  de  Portugal ,  pag. 

779- 

PALMEIRAS(Capde). 

PALMEROLA,  ouPalmirola,  ifle  d'Italie,  la  plus 
occidentale  de  celles  qui  font  fur  la  côte  du  royaume 
de  Naples  ,  à  quelques  milles  au  couchant  de  l'ifle  de 
Ponza  ou  Pontia.  Il  ne  faut  pas  la  confondre  avec  l'ifle 
Palmaria,  qui  eft  à  l'entrée  du  golfe  de  la  Spezza  ,  fur 
la  côte  de  Gènes ,  ni  avec  une  autre  Palmaruola  ou 
Palmarola,  voifine  de  l'ifle  d'Elbe.  L'ifle  Palmerola  eft 
bien  plus  à  l'eft  que  ces  deux  dernières  :  elle  n'en  vaut 
pas  mieux  ■-,  car  elle  eft  entièrement  déferte.  Elle  appar- 
tient à  l'état  de  l'églife.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy.  La- 
bat,  Voyage  d'Italie,  t.  y  p.  58. 
PALMES  (Cap des). 

PALMIERS  (  l'ifle  des  ) ,  ou  I'isle  Bichon  ,  ifle  d'A- 
frique, formée  par  le  Sénégal  ,  &  à  neuf  lieues  au  nord 
de  celle  de  Saint  Louis.  -Elle  ne  forme  qu'une  langue 
fort  étroite ,  quoiqu'elle  ait  deux  lieues  de  longueur. 
Cette  ifle ,  ainfi  que  celle  de  Bucksar ,  eft  habitée  par  des 
Nègres.  Ils  ont  bâti  leurs  villages  fur  desterreins  élevés 
pour  fe  garantir  des  inondations  annuelles  de  la  rivière. 
*  Voyage  du  (leur  de  Brue  ,  fur  le  Sénégal. 

PALMISUS  ,  nom  de  ville  ,  félon  Phavorin  ,  Lexic. 
qui  ne  dit  point  en  quel  endroit  elle  eft  fituée. 

PALMYRE  ,  Palmira ,  ville  de  Phénicie  ,  à  une  jour- 
née de  diftance  dei'Euphrate.  On  prérend  qu'elle  fut  bâ- 
tie par  Salomon.  Elle  eft  nommée  Tadmor  dans  l'é- 
criture ,  Palmyre  par  les  Grecs  8c  les  Latins  ;  Pal- 
mire  8c  Tadmor  par  Jofeph ,  Tbadmor ,  8c  Theodmor 
par  les  Septante  ,  Tadmor ,  Tadmur  8c  Tatmor  par 
les  Arabes  8c  les  Syriens.  Ce  nom  dérive  des  palmiers 
qui  font  aux  environs. 

S'il  eft  vrai ,  comme  le  plus  grand  nombre  le  pré- 
tend ,  que  Salomon  eft  le  fondateur  de  cette  ville ,  il  ne 
l'eft  pas  moins  qu'il  ne  refle  aucun  veftige  des  édifices 
qu'il  y  fit  faire ,  puisqu'elle  a  été  plufieurs  fois  ravagée 
8c  détruite.  Il  paroît  que  l'empereur  Adrien  la  fit  ré- 
parer. Etienne  le  géographe  la  nomme  quelquefois  Ha- 
drianopolis.  Le  célèbre  Odenat,  dont  la  principauté  étoit 
aux  environs  de  Palmyre ,  ayant  reçu  quelques  mauvais 
traitemens  de  Sapor  1  ,  roi  des  Perfes ,  fe  déclara  pour 
les  Romains,  battit  Sapor  plufieurs  fois,  le  força  de  re- 
pafler  l'Euphrate,  &  prit  le  titre  de  roi  de  Palmyre. 
L'empereur  Gallicn,  pour  le  récompenferdefes  fervices, 

le 


PAL 


PAL       761 


le  déclara  général  des  armées  romaines  en  Orient  ï 
&  l'aflocia  a  l'empire.  Ocknac ,  toujours  irrité  contre 
Sapor ,  entra  dans  fes  états  qu'il  ravagea.  Après  fa  mort, 
fa  femme  Zénobie  prit  le  titre  de  reine  d'Orient  ;  plus 
ambitieufe  que  fon  mari ,  elle  ne  voulut  tenir  fa  puis- 
fance  que  d'elle-même  ;  elle  rompit  avec  les  Romains , 
conquit  fur  eux  1  Egypte  Se  plufieurs  autres  provinces. 
L'empereur  Aurélien  marcha  contre  elle  en  272  ,  défit 
Zénobie  en  plufieurs  rencontres ,  la  pourfuivir  jusqu'à 
Palmyre  qu'il  prit  après  un  long  &  pénible  fiége.  A  peine 
Aurélien  eut-il  quitté  l'orient ,  que  cette  ville  fe  révol- 
ta :  il  revint  fur  fes  pas  &  en  fit  paffer  tous  les  habitahs 
au  fil  de  l'épée.  Il  mena  Zénobie  à  Rome  où  elle  fer- 
vit  d'ornement  à  fon  triomphe ,  Se  lui  donna  allez  de 
bien  pour  vivre  conformément  à  fon  rang. 

Juftinien  ,  dit  Procope  ,  JE  dit.  L  2.  c.  il.  trouvant 
Palmyre  dans  une  fituationavantageufe  pour  arrêter  les 
courfes  des  Sarrazins  ,  la  répara.  Palmyre  eft  tombée 
fucceffivement  fous  la  domination  des  Sarrazins  &  des 
Turcs,  &  il  y  a  apparence  que  ce  font  eux  qui  ont  dé- 
truit ces  beaux  monumens  d'architecture  dont  on  voit 
encore  les  débris. 

Palmyre  étoit  fituée  dans  un  endroit  fertile ,  quoique 
environnée  de  deferts.  Par  fa  pofition  elle  devoir  être 
l'entrepôt  du  commerce  de  l'Inde,  de  la  Perfe  Se  de  l'Em- 
pire Romain  -,  ce  qui  devoir  lui  attirer  des  richeflès  im- 
menfes:  les  débris  qu'on  y  trouve  annonceur  fa  magni- 
ficence Se  fa  fplendeur. 

Le  premier  objet  qui  s'offre  à  la  vue  ,  lorsqu'on  ap- 
proche de  cette  ville ,  eft  un  château  d'une  affez  médior 
cre  architecture  -,  mais  imprenable  ,  &  éloigné  environ 
d'une  demi-lieue  de  la  ville.  Ce  château  eft  du  côté 
feptenrrional  de  Palmyre  ,  qu'on  apperçoit  de- là  enfer- 
mée de  trois  côtés  de  longues  chaînes  de  montagnes  : 
mais  au  midi  il  y  a  une  vafte  plaine  qui  s'étend  à  perte 
de  vue.  L'air  y  eft  excellent ,  mais  le  terrein  produit 
beaucoup  de  palmiers.  Cette  ville  doir  avoir  été  très- 
érendue,  à  en  juger  par  l'espace  qu'occupent  fes  ruines; 
mais  on  ne  peut  juger  de  fon  ancienne  forme, parce  qu'il 
ne  reite  aucune  trace  de  fes  anciennes  murailles.  Elle 
n'offre  à  préfent  qu'un  trifte  fpectacle ,  n'étant  habitée 
que  par  trente  ou  quarante  miférables  famillîs  ,  qui  fe 
font  fait  de  petites  cabanes  de  boue  dans  une  cour  fpa- 
cieufe  qui  contenoit  autrefois  un  magnifique  temple 
Païen. 

Cette  cour ,  qui  eft  au  bout  méridional  de  la  ville  , 
a  deux  cens  trente  verges  de  chaque  côté,  8c  eft  termi- 
née par  une  haute  muraille  de  grandes  pierres  cariées, 
Se  ornée  de    colonnes   en-dedans  &  en-dehors  ,    qui 
étoient ,  félon  ce  qu'on  a  pu  juger ,  au  nombre  de  foi- 
xantedeux  de  chaque  côté.  Les  magnifiques  corniches 
ont  été,  à  deffein,  jettées  à  bas  par  les  Turcs,  qui  ont 
ptivé  les  cutieux  du  plus  beau  monument  d'architecture 
qu'on  ait  jamais  vu  dans  le  monde  ,  comme  il  le  paraît 
par  quelques  fragmens  qui  ont  échapé  à  leur  fureur.  Le 
côté  occidental  de  cette  cour ,  par  lequel  on  y  enrre  , 
eft  presqu'entierement  détruit;  Se  vers  le  milieu  on  Trou- 
ve les  relies  d'un  vieux  château  bâti  par  les  Mammelucs, 
à  ce  que  l'on  fuppofe,  d'une  partie  des  ruines,  qui  ne 
font  en  cet  endroit  qu'en  trop  grande  abondance.  Ce 
château  cache  les  reftes  d'un  ancien  édifice  d'une  beauté 
admirable  ,  comme  cela  paroîr  par  ce  qu'on  en  voir  en- 
core à  l'entrée  -,  favoir  deux  pierres  de  trente-cinq  pieds 
de  longueur  ,  fur  lesquelles  font  repréfentées  au  natu- 
rel des  vignes  Se  des  grappes  de  raifin.  Elles  font  l'une 
&  l'autre  dans  leur  véritable  place,  Se  prouvent  que 
l'entrée  étoit  large  de  quinze  pieds.  Dans  cette  cour  font 
les  reftes  de  deux  rangées  de  magnifiques  colonnes    de 
marbre ,  hautes  de  trente-fept  pieds ,    avec  des  chapi- 
raux  d'une  fculpture  exquife  ;  Se  les  corniches  doivent 
avoir  éré  de  la  même  beauté ,  quoiqu'abfolument  dé- 
truites par  les  Mahométans.  Cinquante- huit  de  ces  co- 
lonnes font  encore  entières.  Elles  doivent  avoir  été  en 
bien  plus  grand  nombre  ;  car ,  par  ce  qui  paraît ,  elles 
faifoient  le  tour  de  la  cour  Se  foucenoient  un  double 
portique.  Les  arcades  du  côté  occidental  de  ce  portique  , 
qui  eft  vis-à  vis  le  frontispice  du  temple,  femblent  avoir 
été  les  plus  belles  de  toutes  ,  &  ont  à  chaque  bout  deux 
niches  pour  des  ftatues  de  grandeur  naturelle.  L'espace 
renfermé  par  cet  enclos,  jadis  fi  magnifique,  doit  avoir 


été  une  cour,  comme  nous  l'avons  dit,  au  milieu  de 
laquelle  eft  le  temple,  entouré  d'une  autre  rangée  de 
colonnes  d'un  ordie  différent  &  hautes  de  cinquante 
pieds.  Il  y  en  a  encore  feize  debour  ;  mais  il  y  en  a  eu 
environ  le  double.  Une  grande  pierre  eft  couchée  par 
terre,  Se  paraît  avoir  atteint  depuis  ces  colonnes,  jus- 
qu'aux murailles  du  temple.  Tout  l'espace  contenu  en- 
tre ces  colonnes  a  cent  foixante-dix  fept  pieds  de  lon- 
gueur, Se  quatre-vingt-quatre  de  largeur.  Au  milieu  de 
cet  espace  eft  le  temple  ,  qui  a  quatre-vingt-du-neuf 
pieds  de  longueur ,  fur  quarante  de  largeur.  11  y  a  une 
entrée  magnifique  à  l'occident,  précifément  au  milieu 
du  bâtiment ,  qui ,  à  en  juger  par  les  reftes ,  paraît  avoir 
été  d'une  magnificence  extraordinaire.  On  y  voit  des 
grappes  de  raifin  Se  des  vignes  parfaitement  bien  faites  , 
Se  au-deffus  de  la  porte  on  apperçoit  un  aigle  qui  a  les 
aîles  étendues ,  Se  qui  en  occupe  toute  la  largeur.  Il  y 
a  fur  la  même  pierre  quelques  cupidons,  &  des  aigles 
fur  plufieurs  autres  pierres  qui  font  tombées.  11  n'y  a 
debout  dans  ce  temple  que  les  murailles ,  dont  les  fe- 
nêtres, de  médiocre  grandeur,  font  plus  étroites  par 
en  haut  que  par  en  bas ,  mais  extrêmement  ornées  d'ou- 
vrages de  fculpture.  Tout  ce  temple  fert  préfentement 
de  mosquée ,  hors  le  bour  feptenrrional ,  où  l'on  Trou- 
ve de  beaux  morceaux  ;  on  ne  peut  connoître  au  jufte 
s'ils  ont  fervi  de  pavillons  au-deffus  de  quelques  autels , 
ou  à  quelque  autre  ufage.  Ils  font  embellis  d'ouvrages 
de  fculpture ,  &  au  milieu  eft  un  dôme  de  fix  pieds  de 
diamètre  tout  d'une  pièce.  Au  refte  il  eft  incertain  fi 
chacun  de  ces  morceaux  a  été  tiré  du  roc  ,  ou  paitri  de 
quelque  ciment  fin. 

En  quittant  cette  cour  Se  ce  temple,  les  yeux  fonr 
frapés  d'un  nombre  étonnant  de  colonnes  de  marbre  , 
répandues  çà  Se  là  l'espace  de  près  d'un  mille  ,  mais 
dans  une  fi  grande  confufion  ,  qu'il  n'y  a  pas  moyen 
d'en  deviner  l'ufage. 

En  quittant  le  temple  ,  Se  en  avançant  vers  le  nord  , 
on  rencontre  une  haute  Se  magnifique  colonne ,  confi- 
ftant  en  fept  grandes  pierres ,  fans  compter  le  chapi- 
teau-, la  fculpture  en  eft  comme  par-tout  ailleurs  d'une 
extrême  beauté.  Elle  a  plus  de  cinquante  pieds  de  hau 
reur,  douze  &  demi  de  tour ,  immédiatement  au-deffus 
du  piedeftal ,  Se  il  eft  croyable  qu'il  y  avoir  une  ftaïue 
au  haut.  A  l'orient  Se  à  l'occident  de  cette  colonne ,  à 
la  diftance  d'un  quart  de  mille  ,  il  y  a  une  grande  co- 
lonne qui  fait  un  triangle  avec  celle  dont  il  s'agir.  La 
hauteur  de  la  colonne  orientale ,  prife  par  le  moyen 
d'un  cadran  ,  eft  de  plus  de  quarante  pieds.  Sa  circon- 
férence eft  à  proportion,  Se  fur  le  corps  on  lit  'une  in- 
feription  grecque  ,  gravée  par  ordre  du  fenat  Se  du 
peuple  à  l'honneur  de  deux  bons  patriotes.  On  trouve 
fur  la  colonne  occidentale  une  inscription  femblablc, 
mais  pas  tour-à-fait  fi  lifib'e  que  l'autre. 

A  la  diftance  d'une  centaine  de  pas  de  la  colonne  donc 
nous  venons  de  parler ,  eft  une  magnifique  entrée  très- 
large  Se  très-haute  ,  Se  nullement  inférieure  en  beauté 
à  tout  ce  que  nous  avons  décrit  jusqu'à  préfent;  mais  , 
par  malheur ,  la  deftinée  en  a  été  pareille  à  tout  le  refte. 
Cette  entrée  conduit  dans  un  fuperbe  portique ,  long  de 
plus  d'un  demi-mille  ,  &  large  de  quarante  pieds ,  for- 
mé par  deux  magnifiques  rangées  de  colonnes  de  mar- 
bre ,  hautes  de  vingt-fix  pieds.  Cent  vingt  neuf  de  ces 
colonnes  font  encore  debout  ;  mais  fuivant  le  calcul  le 
plus  modéré  ,  il  doit  y  en  avoir  eu  autrefois  au  moins 
cinq  cens  foixante.  Sur  la  plupart  de  ces  colonnes  il  y 
a  des  inferiptions  en  caractères  grecs  Se  palmyréniens. 
D'où  l'on  conclut  que  cer  endroit  a  été  une  des  par- 
ties les  plus  fréquentées  de  la  ville  ,  Se  par  cela  plus 
propre  à  rappeller  le  fouvenir  de  ceux  qui  avoient  été 
uriles  à  la  patrie.  Les  piedeftaux  ,  qui  s'avancent  fur  ces 
colonnes ,  donnent  lieu  de  croire  qu'il  y  avoir  des  fta- 
tues. Il  y  a  des  inferiptions  fur  ces  piedeftaux ,  même 
lorsqu'il  n'y  en  a  point  fur  la  colonne  à  laquelle  ils 
appartiennent.  Le  bout  le  plus  élevé  de  ce  portique  étoic 
enfermé  par  une  rangée  ,  plus  proche  l'une  de  l'autre 
que  celles  de  chaque  côté ,  Se  peut-être  qu'il  y  avoit 
au  deffus  une  fale  pour  faire  des  feftins,  quoiqu'il  n'y 
en  ait  aucun  vertige.  A  main  gauche  ,  un  peu  plus  loin  » 
on  trouve  les  ruines  d'un  fuperbe  bâtiment ,  qui  pour- 
rait bien  avoir  fervi  à  un  pareil  ufage.  Ce  bâtiment  eft 
Jom.  IV.  Ddddd 


j6x       PAL 

fait  de  plus  beau  marbre  que  celui  du  portique,  & 
avec  une  délicatefie  infiniment  plus  grande.  Les  colon- 
nes qui  fotitiennent  ce  dernier  bâtiment  font  toutes  d'u- 
ne pièce ,  «Se  ont  vingt-deux  pieds  de  longueur ,  huit  Se 
neuf  pouces  de  circonférence.  Parmi  ces  ruines  fe  trouve 
la  feule  infetiption  latine  qu'on  ait  découverte  en  cet 
endroit. 

Au  côté  occidental ,  dont  nous  venons  de  parler , 
il  y  a  différentes  ouvertures  qu'on  fuppofe  avoir  été  des 
portes  qui  avoient  communication  avec  la  cour  du  pa- 
lais. Deux  de  ces  portes  paroiflènt  avoir  été  d'une  ma- 
gnificence incroyable ,  tant  par  rapport  à  la  beauté  de 
l'ouvrage  en  général ,  qu'à  caufe  des  fuperbes  colonnes 
de  porphyre  qui  leur  fervoient  d'ornement.  Chaque  por- 
te en  avoit  quatre ,  qui  n'étoient  pas  placées  dans  une 
même  ligne  avec  celles  de  la  muraille »  mais  deux  à  deux 
devant  la  porte  ,  faifant  face  au  palais ,  deux  d'un  côté 
Se  deux  de  l'autre.  De  ces  colonnes  de  porphyre  ,  il  n'y 
en  a  que  deux  d'entières ,  Se  qu'une  feule  qui  foit  à 
fa  véritable  place.  Elles  ont  environ  trente  pieds  de 
long  Se  neuf  de  circonférence,  &  font  fi  dures,  qu'on 
a  bien  de  la  peine  à  en  féparer  quelques  parties.  Ce  font 
les  plus  belles  pièces  de  porphyre  que  l'on  trouve  dans 
ces  débris.  Le  palais  eft  fi  ruiné  qu'on  ne  peut  juger  ce 
qu'il  a  été.  11  y  a  apparence  qu'il  faifoit  face  au  beau 
portique  dont  nous  avons  fait  la  defeription  t  Se  qu'il 
étoit  entouré  de  rangées  de  colonnes  de  différens  ordres, 
dont  plufieurs  font  encore  debout ,  les  unes  unies ,  Se 
les  autre  cannelées.  Ces  colonnes  ont  aulîi  leur  piede- 
ftaux  fur  lesquels  il  y  a  des  inferiptions. 

A  l'orient  de  ce  même  portique  ,  on  trouve  une  fo- 
ret de  colonnes  de  marbre ,  quelques-unes  entières ,  d'au- 
tres fans  chapiteaux  ,  mais  arrangées  d'une  manière  û 
confufe,  qu'on  ne  peut  ni  les  mettre  en  ordre,  ni  de- 
viner quel  en  étoit  l'ufage.  Dans  un  endroit  il  y  en  a 
onze  femblables ,  formant  un  carré  ,  dont  le  milieu  eft 
pavé  de  pierres  plates ,  mais  fans  dôme. 

A  quelque  diftance  de-là  eft  un  petit  temple  ruiné  , 
qui ,  à  en  juger  par  ce  qui  en  refte ,  doit  avoir  été  une 
pièce  curieufe.  L'entrée  de  ce  temple  cfi  tournée  vers  le 
midi  ,  &  au-devant  eft  un  portique  de  lix  colonnes  ,  deux 
à  côté  de  la  porte,  deux  à  l'autre  côté,  Se  une  à  cha- 
que bout.  Les  piedeftaux  de  celles  qui  font  face  à  la 
porte ,  ont  été  remplis  d'inferiptions  Se  autres  monu- 
mens ,  mais  à  peine  lifibles. 

De  tous  ces  refies  défolés ,  il  n'y  en  a  aucun  qui  at- 
tire davantage  l'admiration  des  curieux  ,  que  les  magni- 
fiques fépulcres  qu'on  y  trouve.  Ce  font  des  tours  car- 
rées, hautes  dç  quatre  à  cinq  étages,  &;  placées  à  chaque 
côté  d'un  chemin  creux .  Vers  le  bout  feptentrional  de 
la  ville  :  ils  s'étendent  à  un  mille,  Se  peuvent  avoir  été 
plus  loin.  A  une  certaine  diftance,  ils  reffcmblent  à  un 
clocher  d'une  églife  qui  tombe  en  ruine.  Plufieurs  de 
ces  tours ,  quoique  bâties  de  marbre  ,  ont  été  ruinées 
par  le  tems  Se  la  barbarie.  Elles  font  toutes  de  la  mê- 
me forme  ,  mais  de  différente  grandeur  ,  à  proportion 
des  biens  de  ceux  qui  les  firent  conftruire.  Parmi  les 
ruines  d'une  de  ces  tours,  qui  étoit  toute  de  marbre,  l'on 
a  trouvé  les  refies  de  deux  ftatues ,  l'une  d'un  homme  , 
l'autre  d'une  femme  ,  dans  la  pofture  de  perfonnes  qui 
s'appuient.  Leurs  habits  reflemblent  plus  à  ceux  des 
Européens  qu'à  ceux  des  Orientaux  -,  d'où  l'on  peut  con- 
clure que  ce  font  des  Romains.  Il  y  a  deux  de  ces  fé- 
pulcres qui  paroiflènt  plus  entiers  que  les  autres.  Ce  font 
des  tours  carrées  à  cinq  étages ,  dont  les  portes  exté- 
rieures font  de  pierres  communes ,  mais  dont  tout  l'in- 
térieur eft  de  marbre.  Elles  font  embellies  de  magnifi- 
ques cifelures,  repréfentant  des  figures  d'hommes  &  de 
femmes  jusqu'à  la  poitrine ,  mais  le  tout  effacé.  Au- 
defibus  de  ces  figures,  ou  h  un  des  côtés,  font  des  ca- 
ractères Valmyréniens ,  qu'on  croit  marquer  le  nom  des 
perfonnes  dépofées  en  cet  endroit.  Ces  fépulcrcs  étoient 
traverfés  par  une  allée  du  feptentrion  au  midi ,  par  la- 
quelle on  y  entroit.  La  voûte  en  bas  étoit  divifée  de  la 
même  manière,  &  la  divifion  de  chaque  côté  fubdivi- 
fée  en  fix  parties ,  plus  ou  moins ,  chacune  capable  de 
recevoir  un  des  grands  corps,  Se  aflez  profonde  pour 
en  contenir  au  moins  fix  ou  fept ,  mis  l'un  fur  l'au- 
tre. Au  premier  ,  au  fécond  Se  au  troifiéme  étage ,  ces 
fubdivifions  étoient  de  même,  hormis  que  le  fécond 


PAL 


avoit  une  partie  qui  répondoit  à  la  principale  entrée , 
à  caufe  de  l'escalier.  Au  troifiéme  le  partage  étoit  dif- 
férent ,  parce  que  l'édifice  devenoit  plus  étroit.  11  y  a 
apparence  qu'on  ne  mettoit  point  de  corps  dans  les  deux 
plus  hauts  appartemens,  fi  l'on  en  excepte  celui  du  fon- 
dateur ,  dont  la  ftatue  ,  enveloppée  d'un  appareil  funè- 
bre Se  couchée  ,  étoit  placée  dans  une  niche  ou  fenê- 
tre ,  dans  la  façade  du  monument ,  de  manière  qu'on 
pouvoit  la  voir  en-dedans  Se  en-dehors.  On  trouve  en 
cet  endroit  une  épitaphe  grecque.  *  Fhilofophical.  trans- 
allion.  num.    217. 

Plufieurs  favans  avoient  tenté  inutilement  de  nous 
faire  connoître  l'alphabet  dont  on  fe  fervoit  autrefois  à 
Palmyre ,  Se  la  langue  qu'on  y  parloit  -,  mais  ils  n'avoient 
que  des  copies  informes  des  inferiptions  qu'on  trouve 
fur  les  ruines  de  cette  célèbre  ville.  Dawkins,  Robert 
Wood  ,  Sec.  Anglois,  rapportèrent ,  il  y  a  quelques  an- 
nées, treize'infcnptions  palmyrénicnes ,  dont  huit  étoient 
gravées  à  la  fuite  d'autant  d'inferiptions  grecques.  Com- 
me les  copies  étoient  exactes,  l'abbé  Barthélémy,  de 
l'académie  des  inferiptions  Se  belles  -  lettres  ,  garde  du 
cabinet  des  médailles  du  roi,  efpéra  pouvoir  découvrir 
ce  qui  avoit ,  jusqu'alors ,  coûté  tant  de  peines  infru- 
ctueufes.  Il  jugea  que  les  inferiptions  grecques  Se  pal- 
myrénienes  étoient  la  traduction  les  unes  des  autres.  Ses 
foupçons  devinrent  bientôt  des  convictions,  oc  en  deux 
jours  d'examen  il  préfenta  fon  mémoire  à  l'académie , 
dont  il  eft  membre  :  les  applaudifiemens  qu'il  y  reçut 
l'engagèrent  à  donner  fon  mémoire  au  public.  Il  parut 
ep'  17^4.  H  y  prouve  inconteftablement  que  la  langue 
de  Palmyre  étoit  le  fyriaque  ou  chaldéen.  On  trouve 
à  la  fin  de  ce  mémoire  trois  planches.  La  première  con- 
tient les  lettres  palmyrénicnnes&  hébraïques  .leurs  noms 
Se  leur  valeur  ;  la  féconde  deux  inferiptions  grecques 
Se  deux  palmyréniennes  ;  la  troifiéme  les  lettres  palmy- 
réniennes  tirées  par  Gruter  d'une  infeription  que  l'on 
confervok  à  Rome  dans  la  maifon  du   cardinal  Carpi. 

PALMYRENA  SOLITUDO  ,  défert  de  Syrie  ,  qui 
tiroir  fon  nom  de  la  ville  de  Palmyre  qui  y  étoit  bâtie. 
Pline ,  /.  y.  c.  24.  nous  fait  entendre  que  ce  défert  étoit 
vafte  :  l'Euphrate  ,  dit-il ,  coule  jusqu'à  un  lieu  nommé 
Ura  ,où,  tournant  à  l'orient ,  il  laiffe  le  défert  de  Palmy- 
renne ,  qui  s'étend  jusqu'à  la  ville  de  Pctra  Se  jusqu'à 
l'Arabie  Heureufe.  11  ne  faut  pas  ctoire  ,  Se  Pline  mê- 
me ne  le  dit  pas  précifément ,  que  ce  défert  portât 
par-tout  le  nom  de  défert  de  Palmyre.  On  doit  con- 
clure feulement  que  le  défert  de  Palmyre  joignoit  celui 
de  l'Arabie  Déferte  (Se  fe  continuoit  ainfi  jusqu'à  Petra 
Se  jusqu'à  l'Arabie  Heureufe.  *Cellar.  Geogr.  ant.  1.  3. 

c.    12. 

PALMYRENE  ,  contrée  de  la  Syrie.  Elle  étoit  gran- 
de Se  peuplée  d'un  aflez  grand  nombre  de  villes ,  in- 
connues pourtant  dans  l'hifioire,  à  la  réferve  de  Pal- 
myre ,  qui  étoit  la  capitale ,  Se  qui  donnoit  le  nom  à 
la  contrée.  Ptolomée ,  /.  y .  c.  15.  eft  le  feul  des  anciens 
qui  nous  ait  donné  le  nom  des  villes  de  la  Palmyrene. 
Ces  villes  font  : 


Rhaefapha , 
Cholle , 
Oriza  , 
Putea  , 
Adada , 
Talmyra , 
Adacha , 
Danaba , 
Goaria , 
Averia  , 
Catama , 
Odmana , 
Atera. 


Dans  les  terres  J 


Sur  la  rive  de 
l'Euphrate, 


{ 


Alalis , 
Sur  a , 

Alamatha. 


PALMYRIA.  Voyez.  Naufactus. 

1.  PALO ,  bourg  d'Italie ,  dans  le  patrimoine  de  S.  Pier- 
re ,  proche  de  la  côte  ,  à  l'orient  de  l'embouchure  de  la 
rivière  Sanguinara.  Il  appartenoit  au  duc  de  Braccrano 


PAL 


fcjui  le  vendit  au  prince  don  Louis  Odescalchi.  neveu  du 
pape  Innocent  XI.  Il  y  à  un  château  qui  eft  fortifié  Se  as- 
fez  bien  muni  d'artillerie.  On  y  voit  une  petite  plage  ou 
acul,  propre  à  retirer  des  barques  Se  de  petits  bâtimens 
fous  les  murailles  de  ce  fort.  Ce  fut  pour  cette  raifon  que 
le  pape  Clément  XI  y  mit  un  gouverneur  &  une  petite 
garnifon,  pour  empêcher  les  corfaires  de  fe  faifir  de  ce 
pofle.  On  croit  aflez  vraifemblablement  que  c'eft  l'ancien- 
ne ville  d'AlJtitm.  *  Magin  ,  carte  du  Pattimoine  de  S. 
Pierre.  Labat ,  voyage  d'Italie,  t.  4.  p.  1 29. 

2.  PALO.  Corneille,  Dict.  dit  :  Bourgade  de  Sicile, 
près  du  cap  de  Paflaro ,  fur  le  bord  oriental  d'un  petit 
golfe  qu'on  nomme  le  port  de  Palo,  ou  de  Caftellucio. 
Magin,  Carte  de  Sicile,  nomme  ce  port  Paloro ,  Se  de 
l'Ifle,  Allas,  donne  le  nom  de  Pâli  à  la  pointe,  qui  avec  le 
cap  de  Paflaro  forme  ce  port  qu'il  appelle  Porto  ai  Lon- 
gobardo.  A  l'égard  de  ce  que  Corneille  ajoute,  d'après 
Maty ,  que  ce  port  eft  celui  que  les  anciens  appelloienc 
Odyscia,  OdyJJea  8c  Portas  Ulijfis  ;  nous  ne  l'en  croirons 
pas  malgré  fan  garant.  Odijfœ.i  ou  Ulijfeum  étoit  à  quel- 
ques milles  plus  à  l'occident  auprès  de  Fanum  Apollinis 
Libyflim;  Se  le  port  de  Palo,  Pâli,  Paloro,  ou  du  Lom- 
bard, s'appelloit  anciennement  Pacbyni portas ,  ou  Refu- 
gium  Apollinis. 

PALODA*,  ville  de  la  Dace  :  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  S.  la 
place  entre  Zazàdava  Se  Zuribara.  Lazius  &  Ortelius , 
'ïbefaur.  conjecturent  qu'elle  étoit  dans  le  quartier  qu'on 
nomme  aujourd'hui  les  Champs  de  Blcchisfcld. 

PALODIS.  Kov^Pelodf.s. 

PALOENTA  ,  ville  dont  fait  mention  Appien,  Bel, 
Civil.  I.  5.  Il  paroît  qu'elle  pouvoir  être  Corcyra  Se  Britn- 
diifîum.  Ortelius  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même 
ville  que  Polybe  appelle  Palus.  Voyez,  ce  mot. 

PALOIS  ,  ville  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte ,  félon  Pli- 
ne, 1.6.  c.  29. 

PALOMBARO,  bourg  d'Italie,  dans  la  Sabine,  à 
deux  lieues,  ou  environ,  au  nord  de  Tivoli.  *  Magin, 
carte  de  la  Sabine. 

PALOMERA,  ville  d'Espagne,  dans  l'ifle  de  Major- 
que ,  au  nord-eft  de  l'ifle  :  la  terre  fait  une  pointe  avan- 
cée dans  la  mer ,  qu'on  appelle  le  cap  de  Fromcntelli. 
Vers  le  nord-oueit  elt  Palomera ,  avec  un  bon  port  cou- 
vert par  une  petire  ifle  ,  que  les  anciens  appclloicnr  Co- 
lumbaria.  Palomera  aéré  autrefois  appellée  Palumbaria. 
*  Délices  d'Espagne,  p.  379. 

PALOMINO  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  , 
dans  là  terre  ferme,  au  gouvernement  de  Sre  Marthe. 
Elle  a  fa  fource  aux  montagnes  de  neiges,  d'où  elle  fe 
précipite  pour  aller  gagner  la  mer.  Cette  rivière  eft  ap- 
pellée Païominà  du  nom  d'un  capitaine  Espagnol,  qui 
s'y  noya  en  tâchant  de  la  pafler  à  la  nage.  Il  y  a  grande 
apparence  que  cette  rivière  eft  la  même  que  celle  que  de 
l'Ifle,  Atlas ,  nomme  Rio  de  la  Madalena,  qui  prend 
fa  fource  dans  les  montagnes,  au  midi  occidental  de  Ney- 
va,  «Se  va  fc  jetter  avec  la  rivière  de  Cauca  dans  la  mer 
du  nord.  *  Corn.  Dict.  De  La'ét ,  Defcr.  des  Indes  occi- 
dentales ,  /.  8.  c.  21. 

PALONN  A  ,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptenrrio- 
nale,  dans  la  Louïfiane,  fur  la  route  que  tint  le  S.  de  la 
Salle  ,  pour  aller  aux  Cenis ,  après  avoir  paffé  la  Maligne 
Se  la  rivière  d'Hiens.  Ce  peuple  eft  voifin  des  Taraha. 

PALORME,  ville  de  la  Natolie.  Ko^Palerin  2. 

1.  PALOS,  ville  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie,  à  l'em- 
bouchure Se  fur  le  bord  oriental  du  Rio  Tinto,  au-deflbus 
de  la  petite  ville  de  Moguer.  La  marée  y  fait  un  port  mé- 
diocre; mais  néanmoins  fameux,  parce  que  ce  fut  de-là 
que  Chriftophe  Colomb  mita  la  voile  en  1492,  pour 
aller  à  1a  découverte  du  nouveau  Monde.  *  Délices  d'Es- 
pagne ,  p.  446. 

2.  PAl  OS  ,  cap  d'Espagne ,  fur  la  côte  du  royaume  de 
Murcie.  A  cinq  ou  fix  lieues  à  l'orient  de  Carthagene ,  la 
terre  s'avance  dans  la  mer  ,  Se  forme  une  pointe  :  c'efi  ce 
qu'on  appelle  le  cap  de"  Vzlos.  *  Délices  d'Espagne ,  p. 
542. 

3.  PALOS,  Palo  ouP^lt,  cap  fur  la  côte  d'Albanie, 
entre  le  cap  Rodom  ,  au  nord  ,  &  la  ville  de  Durazzo  au 
midi,  à  peu  près  à  égale  diftance  de  l'un  Se  de  1  autre.  * 
Rob.  de  Vaago'idy  ,  Atlas. 

PALOTT A,  bourgade  de  la  Baffe-Hongrie ,  dans  le 
«comté  d  Albe-Royaie,  environ  à  deux  milles  au  nord  oc- 


PAL       765 

cidental  de  la  ville  d'Albe-Royalc.  *  De  îïru  ,  Regnum 
Hungar. 

PALOUIS  ,PoLouis ,  Pollouois ,  ou  Folvoreira  , 
ifle  de  la  mer  des  Indes ,  à  l'orient  méridional  de  celle 
d'Adu  Se  de  Caudu,  à  95.  deg.  50.  min.  de  longitude,  Se  à 
5.  deg.  50.  min.  de  latitude  feptentrionale.  On  dit  que 
cette  iflen'cft  point  habitée.  Corneille,  Dicl.  rapporte  de 
jolis  contes  à  cette  occafion.  *  Rob.  de  Vaugondy,  Atlas. 

PALOUS.  VoyezPAtvs. 

PALSEY ,  ou  Pasley  ,  ville  d'Ecoffe ,  dans  la  provin- 
ce de  Cleydsdale,  fur  le  Cart.  Elle  étoit  autrefois  célèbre 
par  une  belle  abbaye  de  l'ordre  de  Clugny.  Elle  donne  au- 
jourd'hui le  titre  de  baron  à  la  famille  d'Abercorn  ,  qui 
eft  une  branche  de  celle  d'Hamilton.  Les  environs  de  cet- 
te ville  font  agréablement  diverlïfiés  de  collines ,  de  val- 
lées Se  de  forêts.  *  Etat  préfent  de  la  Gr.  Bretagne,  t.  2. 
p.  259. 

PALSISIUM  ,  ou  Palsatium.  ville  de  l'Italie  Trans- 
padane,  félon  Pline ,  /.  3.  c.  1 9.  Elle  ne  fubfifte  plus. 

PALT»ENSIS>  fiége  épiscopal  dans  la  première  Syrie, 
Cymatiits,  fon  évêque,  afllfla  au  concile  d'Alexandrie  tu  ù 
l'an  362,  &  Patrïcius  à  celui  d'Antioche  de  Tan  363, 
Harduin.  Collect.  Conc;  t.  1.  p.  743.  c'eft  la  même  que 
Paltos ,  ou  Paltus ,  aujourd'hui  Boldo. 

PALTOS ,  ou  Paltus.  Voyez.  Boldo. 

i.PALUAU,  petite  ville  de  France,  dans  le  Berry  , 
éleétion  de  Châteauroux  ,  fur  l'Indre  ,  entre  Buzançois , 
Se  Châtillon.  La  paroiflenecontient  que  cent  quatre- vingt 
feux  Se  environ  huit  cens  habitans.  Cette  ville,  que  de 
Longuerue  ,  Defcr.  de  la  France  ,  part  i.p.  130.  qualifie 
Amplement  de  château ,  étoit  fortifiée  du  terris  du  roi 
Philippe  Augufle  ,  qui  la  reprit  avec  Mont-Luçon  fur  les 
Anglois  en  1188.  Paluau  fut  érigée  en  comté  en  faveur 
d'Henri  de  Buade,  Viceroi  de  Canada.  *  Piganiol,  Defcr, 
de  la  France  ,  t.  7.  p.  5  8. 

2.  PALUAU,  Paladellam,  hameau  de  France,  au 
diocèfe  de  Sens,  dans  la  paroifle  de  Balancourt.  *  His- 
toire de  Corbeil  &  autres. 

PALUD ,  lieu  de  France ,  dans  la  Provence ,  au  diocè- 
fe de  Riez  :  il  eft  fameux  par  fes  cavernes. 

PALUDE,  ville  d'Afie,  avec  titre  de  principauté, 
dans  les  états  du  Turc ,  au  gouvernement  d'Erzeron ,  au 
midi  de  cette  ville,  fur  une  montagne,  près  de  l'Euphra- 
te.  Paul  Lucas,  Voyage  du  Levant,  t.  1.  c.  24.  dïrque  la 
montagne  fur  laquelle  eft  fituée  Palude  eft  presque  escar- 
pée de  tous  les  côtés.  En  entrant  par  la  première  rue ,  on 
trouve  des  chemins  fort  étroits ,  bordés  de  précipices 
affreux ,  &  il  n'y  a  qu'une  petire  voie  lelong  des  maifons 
qui  ne  font  bâties  que  de  terre.  La  ville  eft  allez  peuplée. 
Le  prince  à  qui  elle  obéit,  y  laifle  vivre  tous  les  habitans 
dans  une  entière  liberté  de  religion;  ils  y  boivent  tous 
également  du  vin  ,  Se  il  y  a  plus  d'Arméniens  que  de 
Turcs.  Le  château  de  Palude  cil  fi  fort  par  fa  fituacion  , 
que  des  armées  très-nombreufes,  envoyées  par  le  grand 
Seigneur,  l'ont  attaqué  plufieurs  fois  inutilement.  Le 
prince  ne  reconnoït  en  rien  le  Grand  Seigneur,  Se  ne  lui  a 
jamais  voulu  payer  aucun  tribut ,  quoiqu  il  foit  au  milieu 
de  fes  états.  11  conferve  ainfi  fa  liberté  à  la  faveur  de  fon 
château  où  il  fe  tient  toujouts.  Cette  fortereffe ,  qui  eft; 
d'une  ftructure  fort  ancienne ,  eft  bâtie  fur  le  haut  d'un  ro- 
cher escarpé  de  tous  les  côtés.  Il  n'y  a  qu'un  chemin  très- 
étroit  pour  y  aller,  Cx  la  porte  elt  taillée  dans  le  roc.  Il  y 
a  même  fur  le  haut  de  ce  rocher  de  la  terre  ,  qui  pourroit 
produire  de  quoi  nourrir  une  petite  garnifon.  On  dit  que 
c'eft  dans  la  ville  de  Palude ,  qu'ont  été  inventées  les  pre- 
mières lettres  Arméniennes. 

PALUELLE,petite  rivière  de  France,  au  pays  de  Caux 
en  Normandie.  Elle  a  fa  fource  un  peu  au-deflbus  de  l'él 
glife  paroiffiale  de  S.  Melon  ,  arrofe  S.  Riquier ,  pafle  par 
les  moulins  Se  les  ponts  de  Grions  Se  d'Ourmesnil,  Her- 
ville ,  Hanonart ,  Grainville-la-Teinruiicre ,  le  petit  Mot- 
teviîie,  Barville,  Cani,  Crosville,  Vite/leur  Se  Palud  : 
&  après  un  cours  de  quelques  lieues  dans  un  vallon  affez 
reflerre ,  elle  entre  dans  la  Manche  ou  mer  Britannique  ' 
une  lieue  au-deffous  del'églife  de  Paluel.  Cette  petite  ri- 
vière eft  renommée  par  les  excellentes  truites  qu'on  y  pê- 
che. *  Corn.  Dict,  fur  des  mémoires  dreflés  fur  les  lieux 

PALÙMBINUM,  ville  d'Italie  :  Tite-Live,  /.  10.  c. 
4f.  la  met  chez  lesSamnires,  &  dit  qu'elle  fut  pri le  par 
Carvilius.  > 

fym.IV.  Ddddd  y 


764       PAL 

PALUS ,  ville  aux  environs  du  Péloponnèfc,  félon  Poly- 
be ,  /.  j.c.  y  Curopalate  en  fait  un  lieu  maritime  avec  fta- 
tion ,  dans  le  Péloponnèfe  \  mais  Cedrene  écrit  Helos  au 
lieu  de  Palus  ?  Ortelius  croit  qu  Helos  eft  la  véritable  or- 
thographe. Voyez..  Paioenta. 

PALUS-MEOTIDE  (ie),  Palus  Mmis,  grand  gol- 
fe ,  ou  mer ,  entre  l'Europe  &  l' Afie ,  au  nord  de  la  Mer 
Noire ,  avec  laquelle  le  Palus  Méotide  communique  par 
le  moyen  d'une  embouchure  appellée  anciennement  le 
Bosphore  Cimmérien.  Les  anciens  lui  ont  donné  tantôt  le 
nom  de  lac,  tantôt  celui  de  marais.  Pline ,  /.  i.  c.  67.  & 
/.  j.  c,  27.  Se  Pomponius  Mêla  ,  /.  1.  c.  1 .  Se  2.  fe  fervent 
indifféremment  des  mots  Lacus  Se  Palus  pour  défignet 
cette  mer.  En  effet  on  pourroit  ne  la  confideter  que  com- 
me un  grand  marais ,  attendu  le  peu  d'eau  qu'on  y  trouve 
en  plufieurs  endroits.  Lucain  dit ,  /.  2.  v.  641. 

Pigra  Palus  Scythitipatiens  M&oùca  plaufirk 

Les  Grecs,  comme  Strabon ,  /.  2.  pk  1 25.  le  Çériple  de 
Scylax,p.  30.  &  Ptolomée,  /.  5.  c.  9.  défignent  cette  mer 
par  le  mot  de  A/^wi ,  qui  répond  auffi  au  mot  marais. 

Depuis  l'ifthme  qui  joint  la  Cherfonnèfe  Taurique 
au  continent,  jusqu'à  l'embouchure  du  Tanaïs,  aujour- 
d'hui le  Don,  le  Palus  Méotide  s'étend  du  fud-oueft 
*u  nord-eft.  Strabon  lui  donne  neuf  mille  ftades  de  cir- 
conférence ,  &  le  Périple  de  Scylax  juge  que  fa  grandeur 
répond  à  la  moitié  de  celle  du  Pont-Euxin  ■■,  mais  il  leur 
étoit  très-difficile  de  marquer  au  jufte  l'étendue  d'un  en- 
droit peu  connu  ,  &  habité  par  des  nations  barbares , 
puisqu'aujourd'hui  même  tous  les  géographes  ne  font  pas 
encore  d'accord  fur  la  véritable  grandeur  du  Palus  Méo- 
tide. Les  peuples  qui  habitoient  fur  fes  bords  étoient  ap- 
pelles anciennement  M&ou>  Maotici  Se  M&oùdâi.  Ptolo- 
mée qui  a  décrit  la  côte  du  Palus  Méotide  y  met  les  lieux 
faivans. 


*  Nova.  Mœnia  , 
L'embouchure  du  Pa/tacus , 
Lianum  , 

L'embouchure  du  Eycus , 
Acra , 

L'embouchure  du  Gerus , 
Cnema , 

Le  promontoire  à'Agarum , 
Lucus-Saltus-Dei , 
L'embouchure  du  Lycus , 
Hygris , 

L'embouchure  du  Pcritus , 
Caroea  , 

L'embouchure  occidentale  du  Ta- 
naïs , 
L'embouchut e  orientale  du  fanais. 


PAM 


Dans  la  Sarmatie 
Européenne ,  de- 
puis l'ifthme  jus- 
qu'au Tanaïs. 


Dans  la  Sarmatie 
Afiatique,  depuis 
le  Tanaïs  jusqu'à 
l'entréedu  Bospho- 
re Cimmérien. 


< 


Faniardist 

L'embouchure  du  Marubius, 

Patarve  , 

L'embouch.  du  Grand  Rhombitus, 

L'embouchure  àxxïbeophaniits , 

Az.ara , 

L'embouch.  du  Petit  Rhombitus , 

Az.abitesmiflra , 

Tyrambe , 

L'embouchure  de  VAtticitus , 

Gerufa , 

L'embouchure  du  Pfatis , 

Mapeta , 

L'embouchure  du  Vardanui, 

Le  Promontoire  Cimmerium, 

Apathurgus , 

AthilUum. 

Dans  la  Cher fon-C  T    n  •-    xm 

v/-  t-  j    \  Le  Promontoire  Myrm&ctum , 

nefe  Taurique,  de-  1   „      .  J 

•  1.     .   '   j    r>       J    "arlbemum. 

puisl  entrée  du  Bos-<    „        ,.       * 
u  »  .,  „   1  -  1   neracltum  , 

phore  jusqu  au  gol3  1  L  ' 

fedeByce.  £  Legoitede  ti)ce. 

Aujourd'hui  le  Palus  Méotide  qui  a  confervé  fon  an- 
cien nom ,  &  qu'on  appelle  auffi  la  Mer  de  Zabache ,  eft 


habité  au  nord  par  les  petits  Tartares ,  à  l'orient  Se  an 
midi ,  en  partie  par  les  Circafîïens ,  &  à  l'occident  méri- 
dional par  les  Tartares  Crimées.  Les  places  les  plus  re- 
marquables font  : 


Depuis  l'Iffhme  jusqu'au 
Tanaïs. 


f  Or 

\    Mi 


ou  Precop, 
Mius  , 
Taganirok. 


Depuis  le  Tanaïs  jusqu'au 
Bosphore. 


Azoph  ou  Azack , 
Kuban , 
Giana , 
Temruk  ; 
Taman. 


PALUTZO,  ou  Palutze.  Voyez.  Pautalitorum. 

PAMAR1ENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  là 
Mauritanie  Céfarienfe,  félon  la  notice  épiscopale  d'A- 
frique ,  où  Longinus  eft  qualifié  Epïscopus  P amarïenfis . 

PAMBESTITANA  COLONIA,  ville  d'Afrique,  fé- 
lon Ortelius,  Thejaur.  qui  cite  les  lettres  de  faint  Cy- 
prien. 

PAMBOTADES ,  municipe  de  l'Attique,  Etienne  le 
géographe  &  Suidas  le  mettent  dans  la  tribu  Erechthei- 
de.  *  Ortel.  Thefaur. 

PAMES  ANGE,  bois  de  France,  dans  la  maîtrifedes 
eaux  Se  forêts  de  Moulins.  Il  eft  de  cent  vingt-neuf  ar- 
pens. 

PAMIERS,  ou  Pâmiez,  ville  de  France,  dans  le  pays 
de  Foix,  dont  elle  eft  la  capitale,  fur  la  rivière  d'Ariége. 
Au  lieu  de  Pâmiez,  on  écrivoit  autrefois  Apamiez..  C'eft 
pourquoi  on  appelle  encore  cette  ville  en  Latin  Apamix 
ou  Apamia.  Les  gens  du  pays  débitent  quantité  de  fables 
abfurdes ,  fur  l'origine  de  Pâmiez ,  dont  il  feroir  fuperflu 
de  parler  ici  :  ce  qui  eft  certain ,  c'eft  que  cette  ville  ap- 
pellée anciennement  Fredelas,  Se  en  Latin  Fredelacum , 
appartenoit ,  avec  le  pays  voifin ,  au  comte  de  Carcaflbn- 
ne,  qui  la  donna,  dans  le  onzième  fiécle  à  l'églife  de 
Saint  Antonin,  dans  laquelle  on  établit  par  la  fuite  des 
chanoines  réguliers,  lesquels  fe  maintinrent  dans  leurs 
droits  contre  les  comtes  de  Foix  qui  vouloient  les  affujet- 
tir.  *  Longuerue ,  Defcription  de  la  France ,  part.  1 .  p. 
116. 

L'Abbé  Se  le  couvent  du  monaftere  de  Saint  Anronin , 
voulant  fe  faire  un  puiflant  protecteur  ,  fe  mirent  l'an 
1 226  :  fous  la  fauve-garde  du  roi  Louis  VIII^  mais  les  rois 
Philippe  le  Hardi  Se  Philippe  le  Bel  donnèrent  aux  comtes 
de  Foix  le  droit  de  garde  qu'ils  avoient  à  Pâmiez,  ce  qui 
ne  plut  pas  aux  abbés  de  Saint  Antonin,  qui  fe  plaignirent 
des  ufurpations  du  comte.  Pour  fatisfaire  l'évêque  de  Pâ- 
miez ,  qui  étoit  entré  dans  tous  les  droits  de  l'abbé  de 
Saint  Antonin  par  l'érection  de  l'églife  abbatiale  en  évê- 
ché,  fous  Philippe  le  Bel,  le  comte  Roger-Bernard  fie 
hommage  à  ce  prélat ,  tant  du  château  de  Pâmiez  ,  que 
de  la  juftice  Se  de  la  feigneurie  de  la  ville.  L'évêque  & 
fon  chapitre  prétendirent  que  cette  ceffion  n'étoit  pas 
une  aliénation  perpétuelle  faite  en  faveur  du  comte;  Se 
pour  fe  tirer  entièrement  de  fes  mains ,  ils  aflbcierent  l'an 
1 308,  Philipe  le  Bel,  Se  les  rois  de  France  fes  fuccefleurs, 
en  tous  les  droits ,  tant  de  la  juftice  que  de  la  feigneurie 
directe  &  utile,  qui  leur  apparrenoient  dans  la  ville  de  Pâ- 
miez &  fes  dépendances.  L'abbaye  de  Saint  Antonin  de 
Pâmiez  étoit  fi  célèbre  Se  fi  puiflante ,  que  Boniface  VIII 
crut  devoir  y  établir  un  fiége  épiscopal ,  dont  il  créa  pre- 
mier évêque  Bernard  Saiffeti,  dernier  abbé  de  Saint  Anto- 
nin ,  par  fa  bulle  donnée  en  la  première  année  de  fon 
pontificat,  l'an  1296.  Mais  Bernard  étant  odieux  à  Phi- 
lippe le  Bel,  il  l'empêcha  de  prendre  pofreffion,  Se  le  nou- 
vel évêché  fut  adminiftré  par  faint  Louis  ,  évêque  de 
Touloufe,  fils  de  Charles  II ,  roi  de  Sicile,  jusqu'à  l'an 
1 298,  que  le  roi  reçut  en  grâce  Bernard  Saifleti ,  dernier 
abbé  de  Saint  Antonin,  &  lui  permit  de  prendre  pofleiîîon 
de  cet  évêché ,  diftrait  du  diocèfe  de  Touloufe,  Se  dont  le 
revenu  eft  de  vingt-cinq  mille  livres.  Les  chanoines  ré- 
guliers font  toujours  demeurés  en  pofleflîon  de  leur  égli- 
fe,  Se  ont  compofé  le  chapitre  de  la  cathédrale  jusqu'à 
préfent ,  ce  chapitre  n'ayant  jamais  été  fécularifé. 

Il  y  a  douze  canonicats  Se  douze  femi-prébendes,  dont 
le  revenu  eft  de  quinze  mille  livres.  Les  dignités  qui  font 
au  nombre  de  fix,  font  jointes  à  des  canonicats.  L'Archi- 


PAM 


PAM 


diaconé  eft  la  pjus  confidérable  dignité  :  fon  revenu  mon- 
te à  deux  mille  cinq  cens  livres.  Il  y  a  dans  Pamiers  une 
collégiale ,  compoféc  d'un  doyen,  qui  a  trois  cens  livres 
de  revenu ,  de  huit  chanoines  qui  ont  chacun  cent  cin- 
quante livres  Se  de  fept  femi-prébendés  qui  n'ont  que 
quarante  livres  de  revenu.  Cette  ville  renferme  outre  ce- 
la plufieurs  communautés  religieufes. 

L'ancienne  cathédrale  de  Saint  Anronin,  &  la  plupart 
des  autres  églifes,  ont  été  ruinées  par  les  Calviniiies  du- 
rant les  troubles.  Pamiers  a  été  Couvent  faccagée;  ce  qui  la 
réduite  à  un  état  fi  pitoyable,  qu'elle  n'a  pas  aujourd'hui 
Ja  cinquième  partie  des  habitans  qu'elle  avoit  autrefois. 
On  n'y  compte  guère  aujourd'hui  que  quatre  mille  quatre 
cens  perfonnes.  La  cathédrale  eft  préfentement  une  jolie 
églife  ;  l'enceinte  de  cette  ville  eft  grande  ,&  les  rues  font 
bien  percées.  *Piganiol,  Defcription  de  la  France,  tom. 
4.  pag.  416. 

Le  territoire  de  Pamiers  eft  très-fertile.  Cette  ville  fait 
partie  du  gouvernement  de  Foix  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas 
cenfée  du  comté ,  parce  que  1 evêque  en  eft  félgneur  en 
partie.  Elle  paye  les  charges  en  particulier ,  &  eft  raxée 
au  dixième  de  tout  ce  que  paye  le  pays  de  Foix.  Elle  eft 
le  fiége  d'une  fénéchauflée ,  8c  d'un  préfidia!  pour  le  pays 
de  Foix ,  &  il  y  a  un  lieutenant  de  la  prévôté  générale  de 
la  maréchauffée  de  Rouflîllon. 

Aux  environs  de  Pamiers,  on  voit  une  fontaine  d'eau 
minérale ,  qui  participe  du  fer  &  du  vitriol.  Les  goutteux 
s'en  fervent  :  elle  elt  auiîï  d'un  grand  ufage  pour  les  ob-; 
ftructions. 

1.  PAMISUS ,  fleuve  du  Péloponnèfe  ,  dans  la  Mefle- 
nie ,  félon  Paufanias ,  /.  4.  c.  3  1.  Pline ,  /.  4.  c.  j.  &  Su-a- 
bon,  /.  8.  p.  344.  Ptolomée,  /.  3.  c.  16.  qui  le  nomme 
Panifus ,  dit  qu'il  fe  joignoit  avec  PAlphée.  Il  avoit  fon 
embouchure  au  fond  du  Golfe  de  Meflenie.  Cependant 
Strabon  connoît  trois  fleuves  de  ce  nom  dans  la  Mcflenie. 

2.  PAMISUS  ,  fleuve  de  Theffalie  :  Hérodote ,  /.  7. 
€.  120.  &  Pline,  lib.  4.  c.  9.  font  mention  de  ce  fleuve. 

3.  PAMISUS ,  fleuve  de  la  Baffe-Mœfie  :  Pline ,  /.  4.  c. 
11.  le  met  aux  environs  d'Odeffus  :  Ptolomée ,  /.  3.  c.  10. 
l'appelle  Panyfus,  8c  met  l'embouchure  de  ce  fleuve  en- 
tre Odejfus  8c  Mefembria. 

PAMMONIA  ,  lieu  dans  l'Europe ,  où  l'on  trouve  des 
vipères.  C'eft  Nicander  qui  nous  donne  ce  nom ,  fans  au- 
tre fpécification.  Son  interprète  dit  qu'il  s'agit  d'une  mon- 
tagne de  la  Mégaride.  *  Ortel.  Thefaur. 

PAMPANGA  ,  province  de  l'ifle  de  Luçon  ,  la  princi- 
pale des  Philippines ,  dans  la  partie  méridionale  de  rifle. 
Gemelli  Carreri ,  Voyage  autour  du  Monde  ,  t.  5.  p.  S3. 
dit  :  La  province  de  Pampanga ,  où  finit  le  diocèfe  de  la 
nouvelle  Ségovie ,  8c  où  commence  celle  de  l'Archevêque 
de  Manille ,  fuit  celle  de  Pangafinan.  Cette  province  elt 
grande  8c  importante,  parce  que  les  gens  du  pays  étant 
bien  inftruits  par  les  Espagnols  font  néceffaires  pour  la 
confervâtion  de  rifle;  8c  effectivement  on  s'elt  fervi  d  eux, 
dans  Manille,  dans  Ternate  8c  dans  d'autres  provinces. 
Le  terrein  eft  très  fertile,  fur-tout  en  riz,  àcaufe  de  la 
grande  quantité  d'eaux ,  8c  c'eft  où  l'on  en  fait  provifion 
pour  Manille.  Elle  fournit  aufli  le  bois  néceffaire  pour  les 
vaifleaux,  fes  forêts  étant  fur  la  baie,  8c  peu  éloignées  du 
port  de  Cavité.  On  y  compte  huit  mille  Indiens ,  qui 
payent  le  tribut  en  riz.  Les  Zambalcs ,  peuple  féroce,  8c 
les  Noirs  aux  cheveux  crépus,  comme  ceux  d'Angola,  de- 
meurent dans  les  montagnes  «le  cette  province.  Ils  font 
continuellement  aux  mains  entre  eux,  pour  défendre  les 
limites  de  leur  jurisdiction  fauvage ,  8c  s'empêcher  tour  à 
tour  l'entrée  dans  le  bois ,  où  ils  ont  leurs  pâturages  8c 
leur  chaffe. 

PAMPANIS,  village  d'Egypte  :  Ptolomée,  lié.  4.  c.  5. 
le  place  dans  les  terres  au  nord  de  Memnon.  L'itinéraire 
d'Antonin  qui  le  nomme  Papa,  le  met  fur  la  route  de 
Cereu  à  Hierafycaminon,  entre  Contra  Copron  8c  Her- 
munthin ,  à  huit  milles  de  la  première ,  8c  à  trente  milles 
de  la  féconde.  Surita  croit  qu'on  doit  lire  Pappanis  pour 
Papa. 

PAMPAS,  peuple  de  l'Amérique  méridionale  qui  erre 
fans  ceffe  entre  leTucurnan ,  Buenos  Ayres,  8c  leChili.  Ils 
pillent  tout  ce  qu'ils  peuvent  trou  ver.LesJéfuit  es  ont  com- 
mencé à  les  apprivoifer ,  8c  à  les  réunir  en  bourgades.  Ils 
en  ont  même  déjà  gagné  quelques-uns  à  J.  C.  On  appelle 
Pamporos  les  vents  qui  viennent  de  la  Cordillère  du  Chili 


7 


&  qui  excitent  fouvent  de  grandes  tempêtes  fut  Rio  de  la 
Plata.  *  Hift.  du  Paraguay,  par  le  P.  de  Charlevoix. 

PAMPELONNE,  ville  de  France,  dans  le  Langue- 
doc, recette  d'Alby.  Elle  eft  fur  le  Biaur  ,  frontière  du 
Rouergue.  On  l'appelle  dans  le  pays  Pampelune. 

PAMPELUNE,  ville  d'Espagne,  capitale  de  la  Navar- 
re, (a)  près  des  Pyrénées,  mais  dans  une  plaine  qui  n'eft 
commandée  par  aucun  endroit.  Cette  place  fut  bâtie  par 
Pompée ,  après  la  mort  de  Sertorius,  &  la  défaite  de  fou 
parti  :  delà  vient ,  qu'on  l'appelloit  anciennement  Pom- 
peïopolïs  ou  Pompelo.  Elle  elt  affez  grande  :  fon  évêché  , 
qui  vaut  vingt-huit  mille  ducats  de  rente,  elt  fuffraganrdc 
Burgos,  8c  elle  eft  fermée,  8c  défendue  par  deux  châ- 
teaux, dont  l'un  eft  dans  la  ville  8c  l'autre  dehors.  Il  y  a  une 
place  fort  fpacieufe ,  ou  l'on  célèbre  la  fête  des  taureaux. 
Les  fortifications  de  Pampelune  ne  font  pas  confidéra- 
bles.  Ce  qu'il  y  a  de  meilleur  eft  le  château  qu'on  voie 
hors  de  la  ville:  c'eft  une  citadelle  bâtie  par  Philippe  II, 
pour  tenir  en  bride  les  Navarrois,  8c  pour  arrêter  les 
François.  Elle  eft  forte  par  fa  fituation  fur  le  roc ,  &  flan- 
quée de  cinq  baftions  revêtus  de  pierres,  avec  de  bons 
foffés  à  fond  de  cuve.  Au  milieu  de  la  citadelle ,  il  y  a  une 
place  d'armes,  qui  eft  un  espace  rond,  où  l'on  fe  range 
en  bataille ,  8c  d'où ,  par  cinq  grandes  rues  qui  y  aboutis- 
fent,  on  peut  aller  tout  droit  aux  cinq  baftions.  Du  coté 
de  la  ville ,  elle  a  une  belle  place  avec  quelques  allées 
d'arbres  pour  la  promenade.  Au  côté  oppofé  par  où  on 
pourroit  l'attaquer,  elle  eft  environnée  d'un  marais  qui  lui 
îert  de  rempart.  On  y  a  une  fort  belle  tour,  des  magafins 
de  poudre  &  d'autres  munitions  de  guerre ,  8ç  un  moulin 
à  bras  pour  férvir  en  cas  de  fiége.  Ce  moulin  eft  une  gran- 
de &  merveilleufe  machine ,  Compofée  de  plufieurs  roua- 
ges, de  quatre  ou  cinq  meules,  &  d'autant  de  trémies, 
où  l'on  peut  moudre  à  chacune  vingt-quatre  charges  de 
bled  par  jour.  On  peut  le  tourner  à  bras ,  ou  le  faire  tour- 
ner par  des  chevaux  :  8ç  Ton  entretient  continuellement 
un  homme  qui  connoît  les  refforts  de  la  machine  ,  &  qui 
la  remue  &  la  raccommode  dans  le  befoin.  Cette  citadelle 
eft  gardée  ordinairement  par  une  garnifon  ,  &  le  gouver- 
neur y  eft  mis  immédiatement  par  le  roi.  Les  murailles  de 
la  ville  font  baignées  d'un  côté  par  la  petite  rivière  d'Ar- 
ga.  (b)  Au  dedans  de  Pampelune  on  remarque  deux  pla- 
ces, avec  des  maifons  très-bien  bâties  à  l'enrour,  8c  deux 
ou  trois  belles  rues  remplies  de  riches  marchands.  11  y  a 
une  univerfité  fondée  en  1608,  8c  un  collège  de  Jéfuites. 
La  maifon  de  ville  eft  près  du  marché,  ainfi  que  la  grande 
églife  qui  a  une  haute  tour.  Cette  églife  a  un  fort  beau 
cloître  haut  8c  bas.  Elle  eft  deffervie  par  des  chanoines 
réguliers  de  l'ordre  de  S.  Augnftin,  vêtus  de  noir.  On 
n'y  voit  point  d'autre  tombeau  que  celui  d'un  Charles,  roi 
de  Navarre,  de  la  maifon  de  France,  &  d'Eléonore  de 
Caftille.  Ce  doit  être  celui  de  Charles  III,  de  la  maifon 
d'Evreux,  mari  d'Eléonore,  deCaftillc  &roi  de  Navarre, 
à  caufe  de  Jeanne  de  France  fon  aïeule,  fille  de  Louis 
Hurin ,  laquelle  ne  pouvant  hériter  du  royaume  de  Fran- 
ce ,  n'avoit  hérité  que  de  celui  de  Navarre.  Le  viceroi  de 
ce  dernier  royaume  fait  fa  réfidence  à  Pampelune.  Sa 
charge  lui  vaut  fix  mille  écus  d'appointemens'. 

Comme  l'hiftoite  nous  apprend  que  Pompée,  après 
avoir  triomphé  de  tous  fes  ennemis ,  éleva  dans  les  Pyré- 
nées de  magnifiques  trophées,  où  il  fe  vantoit  d'avoir  fub- 
juguéhuit  censquarante-fix  villes,  depuis  les  Alpes  jusqu'à 
l'extrémité  de  l'Espagne  ultérieure ,  c'eft-à-dire  du  Portu- 
gal ,  un  écrivain  moderne  a  cru  que  ces  trophées  n'étoienc 
autre  chofe  que  la  ville  de  Pampelune;  mais  cette  opi- 
nion eft  fans  fondement.  Un  géographe  ancien  témoigne 
que  Pompée  érigea  ces  trophées  dans  le  territoire  de  Jon- 
quieres-,  8c  des  voyageurs  habiles  8c  curieux  ont  décou- 
vert des  reftes  de  ces  trophées,  dans  les  vallées  d'Andorre 
8c  d'Altavaca".  On  y  voit  de  grands  cerceaux  de  fer ,  de 
dix  pieds  de  diamètre,  attachés  à  des  roch/rs  avec  du 
plomb  fondu.  Ils  fervoient  à  foutenir  les  trophées  j  & 
l'on  y  a  même  remarqué  des  figures  d'arcs  de  triom- 
phe. 

On  croit  que  la  ville  de  Pampelune  a  été  une  des  pre- 
mières de  l'Espagne,  qui  ait  reçu  la  lumière  de  l'évangi- 
le; 8c  l'on  dit  que  faint  Saturnin  y  ayant  été  envoyé  de 
Rome  par  faint  Pierre ,  le  prince  des  Apôtres,  y  conver- 
tit un  nombre  incroyable  de  perfonnes,  entre  lesquelles 


y66       PAN 

fut  Saint  Firmin,  le  premier  évêqùe  de  Pampelune.  *  (a). 
Délices  d'Espagne  ,  p.  676.  (/>)  Corn.  Dicl. 

PAMPHAGI ,  peuple  de  l'Ethiopie,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  30. 

PAMPHIUM,  ville  de  l'iEtolie  :  Polybe,  /.  5.  c.  1 3.  dit 
qu'elle  fut  brûlée  par  l'armée  de  Philippe. 

1.  PAMPHYLIA,  contrée  de  l'A  fie  mineure,  bornée 
au  nord ,  par  la  Pifidie  &  l'Ifaurie ,  à  l'orient  par  la  Cili- 
cie,  au  midi  par  la  mer  de  Pamphylie ,  &  à  l'occident  par 
laLycie,  félon  Cellarius ,  Géograph.  antiq.  I.  3.  c.  6. 
on  trouve  le  nom  de  cette  province  écrit  tantôt  Pamphy- 
lia  ,  tantôt  Pamphilia.  Les  meilleures  éditions  de  Cicé- 
ron,  favoir  celles  de  Gruter  8c  de  Gronovius,  portent 
presque  par-tout ,  Pamphilia  8c  Pamphilius.  Dans  la  feu- 
le épitre,  /.  1 2.  Ep.  15.  de  Lentulus  au  fénat,  on  a  laiffé  le 
mot  Pamphy liant,  écrit  par  un  Y.  La  première  de  ces 
orthographes  eft  appuyée  par  quelques  inferiptions  an- 
ciennes qu'on  trouve  dans  Gruter,  p.  458.  n.  6.  8c  p. 
491.  11.  12.  8c  par  quelques  autres  monumens,  mais  en 
fort  petit  nombre.  Au  contraire  tous  les  autres  auteurs 
grecs  8c  latins  écrivent  Pamphyla  ,  ainfi  qu'un  grand 
nombre  d'inferiptions  ;  de  forte  qu'il  ne  feroit  pas  ai- 
fé  de  décider  laquelle  des  deux  orthographes  eft  la  meil- 
leure. Cependant  la  queftion  fe  trouve  comme  décidée 
par  Etienne  le  géographe,  8c  par  Euftathe,  qui  dérivent  le 
nom  de  Pamphy  lia,  l'un  de  Pamphyle,  fille  de  Rhacius 
8c  de  Mantus;  l'autre  d'un  certain  Pamphyle,  peut-être 
celui  dont  parle  Lycophron  ,  vers  442.  comme  ces  deux 
noms  font  formés  de  <J>t/X>»  ou  de  vvXos  ,  qui  veut  dire 
tribu ,  il  femble  qu'on  doive  plutôt  pencher  pour  Pam- 
phylia,  que'  pour  Pamphilia.  11  y  a  la  même  incertitude 
par  rapport  au  nom  des  habitans  de  la  contrée ,  que  quel- 
ques-uns écrivent  Pamphili  8c  Pamphilii,  &c  l'on  ne  s'ac- 
corde guère  mieux  touchant  les  bornes  de  cette  province. 
Pomponius  Mêla ,  /.  1 .  c.  14.  place  Phafclis  dans  la  Pam- 
phylie, en  quoi  il  a  été  fuivi  par  Pline,  /.  j,  c.  27.  8c  par 
Etienne  le  géographe-,  mais  le  périple  deScylax,  p.  39. 
Strabon,  /.  14.  p.  6(56.  8c  Ptolomée,  /.  5.  c.  5.  mettent 
Phafelis  dans  la  Lycie.  Le  périple  de  Scylax  y  place  même 
Olbia  8c  Perga ,  que  tous  les  autres  géographes  donnent 
à  la  Pamphylie.  Voici  les  lieux  que  Ptolomée  place  dans 
cette  dernière  province  : 

Mia, 

Attalia , 
J  L'Embouchure  du  Catarattus. 
Sur  la  Côte ,      )  L'Embouchure  du  Ceftrus , 
Margydis, 
•L'Embouchure  de  VEurymédon  , 

ç  Side. 
Dans  les  terres,)  Perge, 
)  Silmtm , 
Aspendus. 

z.  PAMPHYLIA,  ville  de  la  Macédoine,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

PAMPII  COLONI.  On  trouve  le  nom  de  ce  peuple , 
dans  le  tréfor  de  Goltzius,qui  le  rapporte  d'après  une  an- 
cienne infeription,  où  les  Pampii  font  joints  avec  les  Si- 
nuejjani. 

PAMPLONE,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au 
nouveau  royaume  de  Grenade  ,  à  foixante  lieues  de  San- 
ta-Fé,  vers  le  nord  eft.  Les  Dominicains  yontunemai- 
fon.  On  trouve  aux  environs  de  cette  ville  des  mines 
d'or;  8c  l'on  élevé  dans  ce  quartier  une  grande  quantité 
de  brebis.*  Corn.  Dict.  De  La'ct ,  Defcr.  des  Indes  occ.  /. 
9.  c.  6. 

PAMPOLA,  nom  d'une  ville,  félon  Phavorinus  , 
Lexic.  qui  ne  dit  rien  davantage. 

PAMPORTUS.  Voyez.  Nauportus. 

PAMPOUllG,  monaftere  fitué  en  Bavière  &  dépen- 
dant de  l'archevêché  de  Salrzbourg 

PAMPROU,  Pampro  ,  bourg  de  France  ,  dans 
le  Poitou  ,  élection  de  Poitiers.  Ce  bourg  eft  connu  dès 
l'an  94$ . 

PAN  ,  on  Pahan  ,  ville  des  Indes,  dans  la  presqu'ifle 
de  Malaca  ,  fur  la  côte  orientale ,  à  3.  d.  6.  m.  de  latitude 
feptentrionale ,  quoique  clans  là  plupart  des  carres  elle 
ibit  marquée  par  les  4.  d.  Cette  ville,  qui  eft  la  capitale 


PAN 


d'un  royaume  auquel  elle  donne  fon  nonf ,  eft  à  une  lieue 
du  rivage.  Elle  n'eft  habitée  que  pai  la  noblefie.  Le  com- 
mun peuple  eft  dans  les  fauxbourgs. Son  enceinte  n'elt  pas 
grande  :  elle  eft  fermée  par  une  paliflade  de  pieux  carrés 
qui  fe  touchent  8c  qui  ont  quatre  brafiés  de  hauteur;  8c 
par  quatre  baftions  un  à  chaque  coin  de  la  ville.Les  rues, 
qui  font  larges ,  &  bordées  de  cloifons  faites  de  rofeaux, 
font  pleines  de  cocos  8c  d'autres  arbres  -,  de  forte  que  Pa- 
han reffemble  plus  a  un  fauxbourg  rempli  de  jardins  8c  de 
cours  qu'à  une  ville.  Les  maifons  font  faites  de  rofeaux  8c 
de  paille,  à  l'exception  du  palais  du  roi  qui  eft*  bâti  de 
bois. 

Il  y  a  en  beaucoup  d'endroits  du  royaume  dé  Pahan 
quantité  d'éléphans.  Le  roi  peut  mettre  deux  ou  trois 
mille  hommes  fur  pied.  Il  y  a  des  mines  d'or;  mais  elles 
font  de  peu  d'importance.  Tout  le  pays  eft  bas  :  il  rappor- 
te par  an  environ  300  barets  de  poivre.  Quoiqu'il  y  ait 
une  rivière  fort  large,  les  galères  n'y  peuvent  naviger  que 
de  haute  eau.  On  ne  la  fouhaite  pas  plus  profonde ,  parce 
que  les  vaifleaux  européens  qui  pourroient  y  entrer,  fefe- 
roient  trop  craindre.  '  Voyage  de  C.  Matelief ,  aux  In- 
des or.  p.  476.  &  480. 

PANAC ,  bourg  de  France  dans  le  Berry,  élection  dé 
Blanc. 

PAN  ACFLEI.  Voyez.  Panellenes. 

PAN  A  CHAICUS,  montagne  du  Péloponnèfe  ,  dans 
l'Achaïe;  Polybe,  /.  5.  c.  30.  dit  qu'elle  commandoit  la 
ville  de  Patrœ. 

PA NACRA ,  montagne  de  l'ifle  de  Crète,  an  voifina- 
ge  du  mont  Ida;  Callimaque  en  parle  dans  l'hymne  de 
Jupiter. 

PAN ACRUM,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

PAN ACTUM ,  lieu  fortifié  dans  l'Attique,  feîon  Pau- 
fanias,  /.  1.  c.  25.  8c  Thucydide  :  Suidas  le  place  entre 
l'Attique  8c  la  Bœotie,/.  4.  p.  345.  Ihorin  l'attribue  à  la 
Bœotie;  8c  Plutarque,  in  Alcib'hide ,  Dernetrio  &  Nicia, 
en  fait  aufli  mention.  *  Ortel.  Thefaur. 

PAN^I ,  peuples  de  Thrace ,  aux  environs  d'Amphi- 
polis ,  félon  Thucydide  8c  Erienne  le  géographe.  Ces  peu- 
ples faifoient  partie  des  Hedoni.  Le  nom  grec  eft: 
Uctveuot  ;  cependant  Phavorinus ,  Lexic.  lit  Tùmûvoi.  *  Or- 
tel.  Thef. 

PANAMA,  lieu  dans  l'ifle  de  Samos.  C'eft  Plutarque, 
in  quœjiion.gr&cis ,  qui  en  parle. 

PANyETOLIUM,  montagne  deLCrolie,  félon  Pli- 
ne, /.  4.  c.  1.  Tite-Live  fait  mention  de  Pan^tolium  , 
enplufieurs  endroits  de  fon  hiftoire,  à  l'ocafion  de  la 
guerre  de  Macédoine;  mais  au  lieu  de  le  donner  pour  une 
montagne,  ou  pour  une  ville ,  ou  pour  quelque  nom  de 
lieu  ,  il  le  donne  pour  le  nom  du  confeil,  ou  de  l'aûem- 
bléedesy£toliens. 

PANAGRA,  ville  de  la  Libye  intérieure.  Ptolomée,/. 
4.  c.  6.  la  place  fur  la  rive  feptentrionale  du  Niger. 

PANAMA,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  dans 
l'ifthme  qui  joint  les  deux  Amériques,  8c  la  capitale  de 
l'audience  à  laquelle  elle  donne  Ion  nom.  Il  y  a  le  vieux 
8c  le  nouveau  Panama.  Le  vieux  Panama  eft  détruit;  c'é- 
roit  une  des  premières  colonies  des  EspagnoL  dans  le 
continent,  à  caufe  delà  communication  des  deux  mers. 
Cet  endroit  fe  peupla  bientôt  8c  devint  très-flot  ilTant  : 
il  fut  détruit  par  le  pirate  Morgan  en  1670.  Panama 
étoit  ouverte  de  routes  parts,  n'ayant  ni  murailles,  ni 
fortereffes ,  que  deux  méchantes  redoutes  ,  une  fur  le 
bord  de  la  mer ,  l'autre  fur  le  chemin  de  Crux.  Elle  pou- 
voiteontenir  fixa  fept  mille  maifons,  toutesbâties  de  bois 
de  cèdre.  Il  y  en  avoit  quelques  unesde  pierre  ;  mais  en  pe- 
tit nombre.  Les  rues  étoient  belles,  8c  larges ,  8c  les  mai- 
fons également  bâties.  On  y  voyoit  huit  monafteres  cane 
d'hommes  que  de  femmes  ,  une  églife  cathédrale ,  une  pa- 
roiffe  8c  un  hôpital  adminiftré  par  des  filles  religieufës. 
L'évêque  étoit,  comme  il  l'eft  encore,  fuffrâgant  de  Par-: 
chevêque  de  Lima ,  &  primat  de  la  terre  ferme.  Les  cam- 
pagnes éroient  afiez  bien  cultivées  ;  de  beaux  jardins  8c 
des  fermes  ornoient  les  environs  de  la  ville.  Le  vieux  Pa- 
nama avoit  été  bâri  en  1 5  1 8,  par  Diego  de  Espinofa ,  qui 
en  avoit  reçu  l'ordre  de  Pedrarias  Davile. gouverneur  de  la 
province  de  Darien.  L'année  fuivante  Pedrarias  y  trans- 
porta l'éveché  de  Sainte  Marie  l'antique  du  Darien  ,  avec 
tous  les  habitans,  8c  jusqu'aux  troupeaux.  L'éveché  de 


PAN 


fainte  Marie  étoit  le  premier  qui  eûr  été  érigé  dans  le  con- 
tinent de  l'Amérique  :  c'eft  par-là  que  l'éveque  de  Pana- 
ma, quoique  fuffragant  de  Lima,  fe  dit  primat  de  la  terre 
ferme,  ce  qui  n'empêche  point  que  l'archevêque  de  San- 
Domingo,  dans  Mlle  Espagnole ,  dont  le  fiége  eft  le  pins 
ancienne  tout  le  nouveau  monde,  ne  foit  reconnu  primat 
de  l'Amérique  au  moins  par  ics  Espagnols.  *  Voyage  de 
Coreal  aux  Indes  occ.  p.  1  o  i .  *  Le  1'.  de  Charlevoix , 
Hift.  de  Saint  Domingue  ,  t.  i. 

Les  habitans,voyant  leur  ville  ruinée ,  allèrent  s'établir 
à  quatre  lieues  plus  loin,  ôc  bâtirent  le  nouveau  Panama, 
qui  donne  fon  nom  à  une  baie  confidérable.  Cette  nou- 
velle ville  en;  revêtue  d'une  haute  muraille  de  pierre.  On 
y  voit  de  belles  églifes  ôc  de  riches  couvens.  La  maifon  du 
préfident  ôc  en  général  tous  les  bâtimens  publics  y  font 
magnifiques.  H  y  a  huit  églifes  paroiflïales  ôc  trente  cha- 
pelles. Elle  eft  mal  fortifiée  ,  on  a  mis  quelques  pièces  de 
canon  fur  les  murailles  ôc  fur  des  redoutes  qu'on  a  éle- 
vées vers  le  mer. 

Comme  tout  le  commerce  du  Chili  &  du  Pérou  vient 
aboutir  à  Panama ,  les  magafins  de  cette  ville  y  font  tou- 
jours pleins,  &  la  mer  n'y  eh.  jamais  fans  vaifleaux.  11 
n'y  a  ni  bois  ni  marais  près  de  Panama  Se  l'on  n'y  eft  pas 
expofé  aux  brouillards.  Les  humidités  commencent  à  la 
fin  de  Mai  ôc  durent  jusqu'en  Novembre.  Les  vents  de 
mer  y  régnent  alors.  Ils  viennent  du  fud-ouefi  pendant 
fix  mois-,  mais  dans  les  fix  autres  ils  foufflent  de  l'eft  ôc  du 
nord-efi.  Les  pluies  ne  font  pas  tout-à-fait  fi  violentes  à 
Panama  que  dans  les  deux  côtés  de  la  baie.  *  Voyage  de 
Coréal  aux  Indes  oc.  p.  ioi. 

L'Isthme  de  VANAMA.Voyez.au  mot  Isthme, l'ar- 
ticle l'Isthme  de  Panama. 

L'audience  de  PANAMA  efi:  une  province  fituée 
dans  l'irthme  de  même  nom.  Elle  a  de  longueur ,  entre 
l'cft  ôc  l'oueft,  environ  quatre-vingt-dix  lieues,  &  pour 
bornes ,  vers  le  levant ,  les  gouvernemens  de  Cârthagcne 
ôc  de  Popayan,  ôc  au  couchant,  le  château  de  la  Veragua, 
Sa  largeur,  où  le  pays  efi  le  plusfpacieux  entre  les  deux 
mers,  efi  a  peu  près  de  foixanie  lieues,  &  elle  n'efi  que 
de  dix-huit  dans  l'endroit  où  le  pays  efi  le  plus  étroit, 
comme  entre  Panama  ôc  Porto-Belo.  Le  terroir  ell  mon» 
tueux ,  rude ,  ôc  plein  de  marais  aux  lieux  où  il  eu.  plus 
bas.  L'air  y  efi:  pefant  ôc  mal-fahr,  ôc  depuis  le  mois  de 
Juillet  jusqu'en  Novembre,  ce  qui  efi.  le  tems  de  l'hiver,  il 
y  pleut  continuellement,  ôc  y  tonne  affez  fou  vent.  La  ter- 
re ne  produit  guère  que  du  maïs,  ôc  en  petite  quantité. 
Elle  efi  meilleure  pour  le  bétail ,  fur-tout  pour  les  va- 
ches ,  à  caufe  de  la  quantité  de  pâturages.  Il  y  avoir  autre- 
fois de  fort  grands  troupeaux  de  cochons,  que  les  Sauva- 
ges chaffoient  dans  leurs  rets  après  avoir  mis  le  feu  aux 
herbes  ;  mais  aujourd'hui  il  y  en  a  peu.  Les  arbres  y  abon- 
dent en  feuilles  6V  font  toujours  verds  ;  mais  ils  produi- 
fent  peu  de  fruits.  La  mer  eft  poiflbnneufe ,  auflï  bien  que 
les  rivières ,  où  l'on  trouve  un  grand  nombre  de  crocodi- 
les. Cette  province  a  été  autrefois  très-peuplée  ôc  très- 
riche  :  les  rivières  y  couloient  de  l'or-,  mais  on  en  a  tant 
enlevé  ,  que  les  rivières  ôc  le  pays  même  fembler.it  s'épui- 
fer.  Quand  on  veut  traverfer  de  Panama  à  Porto-Belo  on 
n'a  qu'une  journée  agréable,  on  tombe  enfuite  dans  des 
bois. 

Les  officiers  du  royaume  de  l'audience  de  Panama  font 
le  gouverneur,  le  capitaine  général ,  le  préfident ,  quatre 
confeillers,  un  prévôt,  un  procureur  général,  un  audi* 
teur  des  comptes,  un  tréforier  général,  ôc  un  commifiai- 
re  général. 

Le  revenu  de  l'évêque,  dont  le  fiége  efi.  le  premier  de 
Terra  Fierma  ,  eft  un  des  moins  confidérables  des  Indes. 
*  Corn.  Dict.  De  La'ét ,  Defc.  des  Indes  occidentales,  1.  8. 
e.  i .  ôc  fuiv. 

La  Baie  de  PANAMA  efi;  un  grand  enfoncement  fur 
la  mer  du  Sud.  Elle  s'avance  jusqu'à  la  ville  de  Panama. 
On  y  voit  plufieurs  petites  ifles,  qu'on  nomme  les  ifies  des 
Perles,  fans  doute  à  caufe  qu'on  y  en  pêchoit  autrefois. 
Il  fe  jette  dans  cette  baie  plufieurs  rivières,  qui  étoieint  au- 
trefois abondantes  en  or ,  ôc  qui  en  ont  encore. 

Avis  aux  Navigateurs. 

Pour  aller  de  Panama  au  Pérou ,  il  tautchoifir  les  trois 
ptemiers  mois  de  l'année  :  alors  la  mer  efi  ouverte ,  ôc 


PAN        767 


les  vents  de  bife  y  foufflent.  On  peut  auiïï  voyager  à  Laln 
d'Août  ôc  en  Septembre,  mais  non  fi  agréablement  qu'en 
Janvier ,  Février  ôc  Mars.  Les  vents  de  fud  ÔC  de  fud- 
ouefi  régnent  le  refie  de  l'année ,  ôc  rendent  la  navigation 
de  Panama  au  Pérou  fort  dangereufe.  Les  navires  qui 
partent  de  Panama  touchent  aux  ifles  des  Perles,  &  s'y 
rafraïchifl'enr.  De  ces  ifles  on  prend  fa  hauteur  à  l'ouefi , 
ôc  l'on  va  reconnoître  la  pointe  de  Garrachine,  qui  eft 
nord-oueft  ôc  fud-cft  à  Caboga ;  de  cette  pointe,  qui 
eft  une  terre  haute  &  montagneufe ,  la  côte  s'étend  à  Rio 
de  Pinas  fud-oueft  ôc  fud-ouefi  quart  au  fud.  On  voit 
le  long  de  la  mer  quantité  de  pins  ,  dont  cette  côte  porte 
le  nom.  La  côte  s'étend  enfuite  fud  &fud-quan  a  l'oueft 
jusqu'à  Cabo  de  Corientcs.  11  faut  prendre  garde  aux 
couransqui  font  fort  rapides  de  ce  côté-là  :  ils  ont  leur 
cours  à  l'eft,  les  navires  qui  filent  la  nuit  dans  ces  para- 
ges doivent  fouvent  mouiller  l'ancre-,  ôc  il  leur  arrive 
plus  d'une  fois  qu'au  matin ,  croyant  avoir  avancé ,  ils  fé 
trouvent  arrêtés,  ôc  même  fouvent  les  courans  les  ont 
fait  dériver  :  ainfi  ils  font  quelquefois  quinze  ou  vingt 
jours  à  croifer  autour  de  ce  cap  fans  avancer.  On  va  en- 
fuite  à  Palmas,  &  de- là  à  Bonaventure:  de  Corientes  à 
Palmas  il  y  a  vingt-deux  lieues,  ôc  neuf  de  Palmas  à  la 
rivière  ou  baie  de  Bonaventure.  Bord  à  bord  du  rivage  , 
qui  efi  fort  élevé,  gît  un  écueil  afiez  haut.  C'efi  l'entrée 
de  la  baie ,  à  trois  degrés  ôc  demi.  Tout  ce  côté  efi  bordé 
de  montagnes  fort  élevées ,  ôc  plufieurs  rivières  s'y  vont 
jetter  dans  la  mer. 

PANANE,  ville  des  Indes,  fur  la  côte  de  Malabar, 
au  royaume  de  CV.lecut.  Elle  a  un  bon  port,  ôc  elle  eft 
éloignée  de  Cochin  d'environ  cinquante  milles  du  côté 
du  nord.  De  l'ifle,  Atlas,  nomme  cette  ville  Pagani. 
II  la  place  à  1  embouchure  d'une  rivière,  entre  Calecut  au 
nord  ôc  Cranganor  au  midi.  *  Corn.  Dict. 

PANARA,  ville  de  l'Arabie  Heu reufe,  dans  l'ifle  de 
Pancbea ,  félon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  5.  c.  42.  11  dit  que 
les  habitans  de  cette  ville  étoient  appelles  Supplians  dé 
Jupiter  Triphylus,  dont  le  temple  étoit  à  foixante  {fa- 
des de  la  ville.  Voyez,  Panch-îa. 

PANARI,  l'une  desfept  ifles  de  Lipari ,  au  nord  de 
la  Sicile. 

PAN  ARIA  ,  ifle  de  la  mer  de  Toscane ,  au  nord  de  la 
Sicile,  &  l'une  des  ifles  de  Lipari.  Elle  eft  fituée  au  nord 
oriental  de  l'ifle  de  Lipari ,  environ  à  huit  milles  à  l'orient 
de  l'ifle  de  Saline,  environ  à  fix  milles,  &  au  midi  occi- 
dental de  l'ifle  de  Stromboli,  à  peu  près  à  même  diftance. 
On  lui  donne  fix  railles  de  circuit.  File  eft  déferre ,  ôc  c'eft 
l'ifle  Iccfia  des  anciens.  *  Rob.  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

PANARO,  ou  Panara,  rivière  d'Italie.  Elle  a  fa 
fource  au  duché  deModene,  dans  l'Apennin,  &  prend 
fon  cours  du  midi  au  nord.  Après  avoir  traverfé  la  vallée 
de  Frignano  ,  elle  s'approche  des  confins  des  états  du  pa- 
pe, qu'elle  fépare  de  ceux  du  duc  de  Modene,  &  enfin 
elle  va  fc  jetter  dans  le  Pô  près  de  Buondeno.  On  la  nom- 
me aufil  en  quelques  endroits  Scultenna  qui  eft  fon  an- 
cien nom  j  elle  efi  affez  confidérable ,  ôc  afiez  dangereufe 
quand  elle  efi  groiïie  par  les  pluies  ôc  par  la  fonte  des  nei- 
ges de  l'Apennin.  *  Magin ,  carte  du  Modenois  ôc  du  Bo- 
lenois.  Labat ,  voyage  d'Italie,  t.  2.  p.  241. 

PANARRHOEA ,  village  d'Arménie,  félon  Orteîius, 
Thefaur.  qui  cite  Cedrene. 

PANARUCAN,  ville  des  Indes  ,  dans  la  grande  ifle 
de  Java,  à  dix  lieues  au  nord  de  la  ville  de  Balambuam 
Plufieurs  Portugais,  mêlés  avec  lesjavans,  y  font  leur  de- 
meure. C'eft  le  port  où  ils  ont  coutume  d  aborder,  lors- 
qu'ils viennent  des  Moluques,  de  Banda,  d'Amboine,de 
Timor ,  &  d'autres  ifles ,  ou  quand  ils  y  vont  de  Malaca. 
Il  y  a  aufli  des  naturels  du  pays  qui  font  Chrétiens:  cette 
ville  eft  murée ,  &  a  un  bon  port.  Il  s'y  fait  un  commerce 
d'esclaves ,  dont  on  transporte  tous  les  ans  une  grande 
quantité  à  Malaca.  On  y  débite  aufii  un  peu  de  poivre 
long ,  ôc  on  y  fait  quelques-uns  de  ces  habits  de  femmes 
appelles  cofjorins  dans  la  langue  du  pays.  Le  roi  de  Pana- 
rucan  eft  païen  ;  cependant  il  affectionne  fort  les  Portu- 
gais. 

An-deflusde  Panarucan,  ou  derrière,  efi:  une  grande 
montagne  ardente  de  foufre.  Elle  s'ouvrit  pour  la  premiè- 
re fois  en  1586  ,  mais  avec  une  fi  grande  violence  ,  qu'il 
en  périt  plus  de  dix  mille  perfonnes.  Elle  jettoit  des  pienes 


768      PAN 

jusque  dans  la  ville ,  &  cous  les  environs  furent  pendant 
trois  jours  couverts  d'une  telle  fumée,  qu'on  eût  dit  qu'il 
étoit  nuit.  *  Premier  Voyage  des  Hollandois  aux  Indes 
orientales ,  p.  334. 

PANASA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange.  Ptolo- 
mée ,  /.  7.  c.  1 .  la  place  fur  le  bord  de  ce  fleuve.  Ses  inter- 
prètes lifent  Panajfa  pour  Panafa.  Quoiqu'il  en  (bit, 
cette  ville  eft  différente  d'une  autre  que  Ptolomée  met 
autTi  en-deçà  du  Gange,  &  qu'il  nomme  Panaffa.  Voyez. 
Panassa. 

PANASIUM  ,  ville  au  voifinage  de  la  Phrygie ,  félon 
Nicetas ,  cité  par  Ortelius ,  Thejaur. 

PANASSA ,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange.  Ptolo- 
mée ,  l.-j.c.  1 .  qui  la  donne  aux  Adifathri ,  la  place  en- 
tre Asphatis  Se  Sageda.  Voyez,  Panasa. 
PANOTI(Les),peupleScythéqui  habitoit  la  Féningie, 
aujourd'hui  la  Finlande.  Les  Panoti,  félon  Hérodote,  dé- 
voient leur  nom  à  leurs  oreilles  qui  étoient  fi  grandes, 
qu'ils  pouvoient  en  couvrir  tout  leur  corps  &  s'en  faire 
un  habit.  *  Hijl.  univerf.  d'une  fociété  de  gens  de  lettres. 

PANATORIENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  , dans 
la  Mauritanie  Céfarienfe,  félon  la  notice  d'Afrique  qui 
fournit  Donatus  Panatorienfîs.*Harduin.  Collect.  t.  2.  p. 

874. 

PANAY  ,  ifle  d'Afie ,  dans  la  mer  des  Indes ,  &  l'une 
des  Philippines.  Elle  eft  fituée  à  dix  degrés  quelques  mi- 
nutes de  latit.  feptent.  à  l'orient  de  l'ifle  de  Paragoa  ,  Se  à 
l'occident  de  celle  des  Nègres ,  mais  bien  plus  près  de 
cette  dernière  que  de  la  première.  Cette  ifle  eft  la  plus  ha- 
bitée &  la  plus  fertile  de  toutes  les  Philippines.  Sa  figure 
eft  triangulaire,  Se  fon  circuit  de  cent  lieues.  Les  noms 
de  fes  principaux  caps  font  Potol,  Nafo  &  Boulacabi. 
La  côte,  depuis  Boulacabi  jusqu'à  Potol,  court  du  nord  au 
fud  ;  celle  de  Boulacabi  jusqu'au  cap  d'Iloilo,  qui  eft  plus 
pe:it  que  les  autres  ,  va  encore  du  nord  au  fud ,  Se  celle 
d'Iloilo  à  Nafo  va  de  l'eft  à  l'oueft.  Le  milieu  de  l'ifle  eft 
firué  tous  le  dixième  degré  de  latit.  Du  côté  du  nord, 
presque  au  milieu  des  deux  caps  de  Boulacabi  Se  de  Po- 
tol ,  la  fameufe  rivière  de  Panay  fe  rend  à  la  mer  vis-à- 
vis  de  la  petite  ifle  Lautaya.  Les  Espagnols  trouvèrent  une 
fine  retraire  dans  fon  port ,  avant  la  découverte  Se  la 
conquête  de  Manille  Se  de  Cavité.  La  fertilité  de  Panay 
vient  de  ce  que  cette  ifle  eft  arrofée  de  plufieurs  rivières, 
ce  qui  fait  que  l'on  ne  peut  faire  une  lieue  fans  trouver 
un  ruiffeau  qui  fe  rend  à  la  mer,  Se  fur-tout  proche  de  la 
grande  rivière  qui  donne  fon  nom  à  tout  le  pays  ,  Se  qui 
l'arrofe  quarante  lieues  de  chemin.  Quand  il  tonne  dans 
cette  ifle ,  au  lieu  de  foudre,  ce  font  de  petites  croix  de 
pierre  d'un  verd  noirâtre  qui  tombent,  &  qui  ont,  à  ce 
qu'on  dit ,  une  grande  vertu.  L'ifle  eft  divifee  en  deux  ju- 
risdiétions,  afin  que  la  juftice  foit  mieux  adminiftrée.  La 
première,  quielt  celle  de  Panay,  comprend  tout  ce  qui 
eft  entre  le  cap  de  Potol  &  celui  de  Boulacabi  :  le  relie  de 
l'ifle  dépend  de  l'alcade  d'Ortou ,  lequel  fait  fa  réfidence 
à  Iloilo,  qui  eft  fur  un  cap  qui  s'avance  vers  le  fud ,  entre 
les  rivières  de  Tig,  Bauan  Se  Jaro,  Se  vient  à  former, 
avec  l'ifle  d'Imaraz  ,  un  détroit  qui  n'a  pas  plus  de  demi- 
lieue  de  large,  ou,  pour  mieux  dire,  un  port  ouvert.  Ce 
fut  fur  ce  cap  que  le  gouverneur  D.  Confalvo  Ronquil- 
lo ,  fit  bâtir  un  fort  en  168 1.  Il  y  a  dans  l'ifle  feize  mille 
trois  cens  foixante-une  perfonnes  qui  payent  tribut ,  par- 
tie au  roi,  partie  aux  feigneurs  particuliers,  mais  le  tout 
en  riz,  l'ifle  en  produifant  cent  mille  boiffeaux  ,  mefure 
d'Espagne  ,  mais  peu  d'autre  grain.  Les  habitans  font  de 
grofic  corpulence,  bons  laboureurs  Se  bons  chaffeurs, 
l'ifle  leur  fourniffant  des  cerfs  &  des  fanglicrs.  Les  fem- 
mes s'occupent  à  faire  des  étoffes  de  diverfes  couleurs.  II  y 
a  dans  l'ifle  quatorze  paroiffes  dépendantes  des  Auguftins, 
trois  bénéfices  deffervis  par  des  prêtres  féculiers,  &  un 
collège  de  Jéfuites,  dans  lequel  ils  adminiftrent  les  facre- 
mens  à  la  gamifon  d'Iloilo.  Outre  ceux  qui  payent  tri- 
but ,  il  y  a  encore  de  ces  Noirs ,  qui  ont  été  les  premiers 
habitans  de  rifle,  Se  que  lesBifayasont  obligés  de  fe  reti- 
rer dans  l'épaiffeur  des  bois.  Ils  n'ont  pas  les  cheveux  fi 
crépus ,  Se  font  de  plus  petite  taille  que  ceux  de  Guinée. 
Ils  vivent  dans  les  lieux  les  plus  escarpés  des  montagnes 
avec  leurs  femmes  &  leurs  enfansj  ils  vont  nuds  comme 
des  bêtes,  &  font  fi  légers  à  la  courfe,  que  fouvent  ils 
attrapent  des  cerfs  &desfangliers.  Ils  demeurent  autour 
de  l'animal  jusqu'à  ce  qu'il  foit  mangé  ,  puisqu'ils  ne  peu- 


PAN 


vent  faire  d'antre  récolte  que  celle  que  leur  donnent  leurs 
arcs  Se  leurs  flèches.  Ils  fuient  les  Espagnols ,  non  pas 
qu'ils  les  haïffent,  mais  parce  qu'ils  les  craignent.  *  Atlas 
Kob.  de  Vaugondy. 

1.  PANCALE.  Voyez.  Amorgos. 

2.  PANCALE,  ou  Pancalier,  petite  ville  cfu  Pié- 
mont ,  fur  le  Pô ,  environ  à  trois  lieues  au-deffus  de  la 
ville  de  Turin.  Magin,  carte  du  Piémont ,  n'en  fait  qu'u- 
ne bourgade ,  qu'il  place  à  un  mille  à  la  gauche  du  Pô. 
*  Corn.  Dict. 

PANCALEA  ,  grande  campagne  dans  PAfie  mineure: 
Cedrene,  qui  en  fair  mention  ,  la  met  auprès  du  fleuve 
Alys  ou  Halys.  *  Ortelii  Thefaur. 

PANCH^.A ,  ifle  de  l'Océan ,  proche  de  l'Arabie. 
Diodore  de  Sicile,  /.  5.  c.  42.  qui  fait  mention  de  cette 
ifle,  dit  qu'elle  étoit  habitée  de  naturels  du  pays  appelles 
Panchœi,  Se  d'étrangers  Océanites,  Indiens,  Cretois  & 
Scythes.  Il  y  avoit  dans  l'ifle  de  Panchara  une  ville  célè- 
bre, nommée  Panara ,  &  dont  les  habitans  étoient  les 
plus  heureux  hommes  du  monde.  On  les  qualifioit  du  ti- 
tre de  Supplians  de  Jupiter  Triphylien,  &  ils  étoient  les 
feuls  de  toute  l'ifle,  qui  vécuffent  fuivant  leurs  loix,  fans 
reconnoître  aucun  roi.  Ils  choififfoient  tous  les  ans  trois 
princes ,  entre  les  mains  desquels  étoit  remis  le  gouverne- 
ment de  la  ville  ,  mais  qui  n'avoient  pas  le  pouvoir  de  pu- 
nir de  mort ,  Se  qui  étoient  même  tenus  de  porter  les  af- 
faires les  plus  importantes  devant  le  collège  des  pierres. 
Le  temple  de  Jupiter  Triphylien  étoit  à  foixante  ftades  de 
la  ville.  Diodore  de  Sicile  rapporte  des  merveilles  de  ce 
temple.  Par  malheur  ,  à  ce  que  nous  aprend  Plutarque, 
in  lfide ,  l'ifle  Se  toutes  fes  beautés  étoient  imaginaires , 
comme  l 'étoient  auffi  apparemment  rrois  autres  villes  que 
Diodore  de  Sicile  met  dans  cette  ifle ,  favoir  : 


Hiracia , 


Dali  s  y 


Oceanis. 


PANCHAIA  ,  ou  Panch^a.  Voyez.  Panch/£a. 

PANCHARIANA,  ftation  en  Afrique,  au  voifina- 
ge des  Sitifis ,  félon  Ammien  Marcellin ,  /.  29.  p.  428. 

PANCHRYSOS.  Voyez.  Bérénice.  N°  3. 

PANCOENUS,  lac  fabuleux,  dans  les  enfers ,  félon 
Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Suidas. 

PANCOR.  Voyez.  Faffelia. 

PANCORVO  ,  ou  Pancorbo  ,  bourg  d'Espagne  , 
avec  un  vieux  château  dans  la  vieille  Caftille,  fur  le  che- 
min de  Miranda  à  Burgos.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  172. 

PANDA  ,  fleuve  aux  environs  du  Bosphore  de  Thra- 
ce.  Tacite ,  Annal.  I.  1 2.  c.  16.  le  met  chez  les  Soraci. 

PAND/E.  Voyez.?  audjea. 

PAND/EA  ,  contrée  de  l'Inde.  Les  femmes  y  avoient 
la  fouveraineté  depuis  qu'Hercule  avoir  donné  ce  pays  à 
fa  fille  Pandée ,  qui  y  étoit  née ,  félon  Arrien  ,  in  Indicis , 
p.  321.  Nifa  étoit  une  ville  de  cette  contrée ,  à  ce  que  dit 
Ortelius,  Thefaur.  Il  ajoute  que  Pandaa  eft  la  même 
chofe  que  les  Panda  d'Etienne  le  géographe ,  Se  que  Pto- 
lomée appelle  ce  pays  navfctvw  x®f>*'  Voyez.  PandanO: 
rum  Regio. 

PAND/ESIA.  Voyez.  Pandosia. 

PANDALE,  contrée  de  l'Inde,  au  royaume  de  Car- 
nate,  dans  fa  partie  occidentale,  à  l'Orient  des  montag- 
nes de  Gâte,  Se  au  midi  de  Raolconda ,  ou  de  la  mine  de 
diamansdu  royaume  de  Carnate.*  Atl.  Rob.  de  Vaugondy. 

PANDANA.  Voyez.  Saturnia. 

PANDANORUM  REGIO,  ou  Pand^a  ,  contrée  de 
l'Inde,  en-deçà  du  Gange,  félon  Ortelius,  Thefaur.  qui 
cite  Ptolomée.  Mais  la  plupart  de  manuferits  de  Ptolo- 
mée ,  entr'autres  celui  de  la  bibliothèque  Palatine,  lifent 
nai'Jawi'  %wpa  ,  Pandonorum  Regio.  Ptolomée,  /.  j.c.  I. 
place  quatre  villes  dans  cetre  contrée  : 


Labaca , 
Sagala , 


Bucephala , 
Jomufa. 


PANDARANE  ,  ville  des  Indes,  dans  le  royaume  de 
Calecut,fur  la  côte.  Davity,  royaume  de  Calecut ,  die 
qu'elle  eft  éloignée  d'une  journée  Se  demie  de  Calecut,  & 
que  c'eft  une  place  peu  confidérable  Se  peu  peuplée. 

PANDARI.  Voyez.  Ponamus. 

PANDARUM.  Voyez.  Tanadaris. 

PANDASSO,  ou  Pandafa,  ville  de  l'Inde,  au-delà 

du 


PAN 


PAN 


du  Gange.  Ptolomée ,  /.  7.  c.  z.  place  Pandafib  entre  Po- 
fmara  6c  Sipiberis. 

PANDATAR1A ,  ifle  d'Italie,  dans  la  mer  Tyrrhene, 
félon  Pline,  /.  3.  c.  6.  Strabon,  /.  5. p.  233.  &  Suétone, 
in  Augufto,  c.  6$.  &  in  liber,  c.  $  3.  C'étoit  autrefois  un 
lieu  d'exil,  où  Augufte  fit  renfermer  fa  fille  Julie.  Agrip- 
pine  y  fut  aufli  reléguée  par  Tibère ,  6c  y  mourut.  Il  y  en 
a  qui  prétendent  que  c'eft  présentement  fine  de  Palmito- 
la  ;  mais  D.  Mattheo  Egitio ,  dans  fa  lettre  à  l'abbé  Lan- 
glet  du  Fresnoy ,  prétend  que  cette  ifle  fe  nomme  aujour- 
d'hui Venjotene. 

PANDION,  colline,  dans  la  Carie,  félon  Pomponius 
Mêla,/,  i.c.16. 

PANDIONIS  REGIO ,  contrée  de  l'Inde,  en-deçà  du 
Gange.  Ptolomée,  /.  7.  ( .  1.  la  place  dans  le  golfe  Agari- 
que,  &  il  y  met  les  lieux  fuivans  : 


Le  Promontoire  Cory 
ou  Calligiqiie  > 


Argari , 
Salur. 


PANDONIA.  Voyez.  Panthia. 

PANDORÀ.  Vtyez.THEssM.iE. 

PANDORE,  peuples  de  l'Inde. Pline,  /.  ;.  c.  2.  dit 
qu'ils  vivent  jusqu'à  deux  cens  ans,  &  qu'ils  ont  les  che- 
veux blancs  dans  leur  jeuneffe ,  6c  noirs  quand  ils  vieil- 
lirent. 

1.  PANDOSIA,  ville  d'Italie,  chez  les  Lucaniens,  fé- 
lon Juftin,  /.  12.C.  2.  Strabon,  /.  6. p.  156.  dit  que  c'é- 
toit autrefois  le  palais  royal  de  l'CEnotrie,  &.  Mutarque  , 
de  Fortuna  Rom.  qui  fait  aufïï  mention  de  cette  ville, 
écrit  Pandefia  pour  Pandojia.  Niger  dit  que  Théopompe 
appelle  cette  ville  Mardonia.  Quelques-uns  croyent  que 
c'eft  aujourd'hui  Cafiro  Franco  s  mais  d'autres  veulent 
que  ce  foit  Mendicino. 

2.  PANDOSIA,  ville  de  l'Epire,  félon  Strabon,  /. 
7.  p.  324.  6c  Juftin  ,  /.  12.  c.  2.  Elle  étoit  dans  les 
terres. 

PANE  AS,  ou  Panéade  {a),  ville  de  Syrie,  appellée  au- 
trefois Laefem,  puis  Dan  ,  depuis  la  conquête  qu'en  fi- 
rent quelques  Ifraëlites  de  la  tribu  de  Dan  (Z>);  enfuite 
Panéas  à  caufe  du  mont  Panius  au  pied  duquel  elle  étoic 
fituée  i  puis  Céfarée  de  Philippe  en  l'honneur  de  l'empe- 
reur Augufte  à  qui  i  hilippe,  fils  du  grand  Hérode  la  con- 
facra  (c).  Hérode  fon  père  y  avoit  fait  bâtir  affez  long- 
tems  auparavant  un  temple  magnifique  à  l'honneur  d'Au- 
gufte  (Ù).  Enfin  le  jeune  Agrippa  changea  fon  nom  de 
C  farée  en  celui  de  Nérodiane ,  en  l'honneur  de  Néron. 
Du  tems  de  Guillaume  de  Tyr  on  l'appelloit  Belinas. 
Quelques-uns  doutent  que  Panéas  foit  la  même  que  Dan. 
Eufebe  ,  6c  Saint  Jérôme  ,  in  Dan  ,  les  distinguent 
manifeftement ,  puisqu'ils  difent  que  Dan  eft  à  quatre 
willes  de  Panéas  fur  le  chemin  de  Tyr.  Mais  la  plupart 
les  confondent,  &  faint  Jérôme  lui-même  ,  in  Ez.ech.  48. 
dit  que  Dan  ou  Lefem  s'appella  dans  la  fuite  Panéas.  El- 
le étoit  fituée  à  l'endroit  où  le  Jourdain  commence  à  for- 
tir  de  terre ,  après  avoir  coulé  quelque  espace  par  des  ca- 
naux foucerreins.  *  (a)  D.  Caimet ,  DicL  (b)  Judic.  18. 
1.2.  3.&C.  (c)  Jofeph,  Ant. /.  18.  c.  3 .  {d)  Ibid.l.  15. 
c.  1 3. 

Comme  Pline  ne  connoîc  point  de  ville  nommée  Pa- 
néas ,  mais  feulement  une  contrée  ou  tétrarchie  qui 
avoit  pris  fon  nom  de  la  fontaine  Panéas,  &  quil'avoit 
communiqué  à  la  ville  de  Céfarée ,  le  P.  Hardouin  con- 
clut que  Panéas  eft  le  nom  de  la  contrée  dans  laquelle 
étoit  bâtie  la  ville  appellée  Céfarée  de  Philippe.  Il  con- 
vient pourtant  que  cette  ville  fut  nommée  Céfarée  Pa- 
néas ,  du  nom  de  la  fontaine  Panéas ,  6c  il  rapporte  à 
cette  occafion  l'infcription  d'une  médaille  de  laic-Auré- 
le  ,  où  on  lit  :  kaic.  CEB.  iep.  kai.  AC  .  rn.  nA- 
NEia.  Ainfi  ,  conclut  le  P.  Hardouin ,  lacon  rée  Panéas 
paroît  avoir  pris  fon  nom  de  la  fontaine,  comme  le  di- 
fent Pline  6c  Etienne  le  géographe ,  &  de  la  montagne 
d'où  fort  la  fontaine  -,  car  Eufebe ,  Hiji.  Ecelcf.  !..  7.  c.  1 7. 
appelle  cette  montagne  W<Lvitw  ô'psç,  c'eft- à-dire  la  mon- 
tagne Panius  ou  Pav'uim. 

PANEBI ,  peuples  de  Libye ,  félon  Stobée. ,  de  Se- 
■pultura,  cité  par  Ortelius,  Tbcfiur.  La  coutume  de 
ces  peuples  étoit  d'enterrer  les  corps  de  leurs  rois  ;  mais 


ils  gardoient  la  tête  qu'ils  faifoient  dorer,  &  ils  la  met- 
toient  enfuite  dans  leur  temple. 

PANEGO,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  ± 
dans  la  Louïfiane,  aux  environs  de  la  route  que  le 
fleur  de  la  Salle  tint  pour  aller  de  la  baie  de  S.  Louis 
aux  Cenis.  Ce  peuple  n'eft  pas  fort  confidérable. 

PANELLENES ,  6c  Panacbti  ;  Strabon  ,  /.  8.  p. 
370.  6c  Etienne  le  géographe,  donnent  ces  noms  à 
rous  les  Grecs  pris  en  général. 

PANELUS ,  ville  voifine  du  Pont ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

PANEMUTICHENSIS ,  fiége  épiscopal  de  la  fé- 
conde Pamphylie.  Faufius  Panemuticborum  fouferivit  au 
concile  de  Nicée  de  l'an  3  2 j  ,  6c  Cratinus  à  celui  de 
Rome  de  l'an  J03.  *  Harduin.  Colled.  Conc.  t.  1.  317. 
t.  z.  987. 

PANEPHYSIS,  ville  d'Egypte.  Ptolomée,  /.  4.  c. 
j.  en  fait  la  capitale  d'un  nôme  appelle  Neut.  Le 
troifiéme  concile  d'Ephèfe  lit  Panephe/is  pour  Pane- 
pbyfis. 

PANEUM.  Voyez.  Pantum. 

PANEURA  ,  ville  de  l'Inde.  Etienne  le  géographe 
la  place  près  du  fleuve  Indus. 

PANEX ,  village  de  la  Suifle  ,  dans  le  canton  de 
Berne ,  au  mandement  d'Aigle  dans  la  montagne.  Il  y 
a  dans  ce  lieu  des  fources  d'eau  falée  ,  6c  au  voifinage 
des  montagnes  entières  de  très-beau  gips  ou  plâtre ,  6c 
quelques  carrières  de  marbre  noir.  *  Etat  &  Délices 
de  la  Sitijfe,  t.  3.  p.  238. 

PANGA,  ville  d'Afrique,  au  royaume  de  Congo, 
&  la  capitale  de  la  province  de  Bambo  ou  Bamba.  Elle 
eft  fituée  à  trente-fix  lieues  de  la  côte ,  à  moitié  che- 
min de  Pambo  6c  de  Songo ,  6c  à  fix  journées  de  Lo- 
vando  S.  Paulo.  Cette  ville  eft  fort  grande  ;  mais  les 
maifons  ne  fe  touchent  pas ,  6c  font  à  peu  près  com- 
me celles  de  Lovango  6c  de  Cagongo.  Il  y  a  quelques 
temples  enduits  de  terre  graffe.  Panga  eft  baignée  par 
deux  ruiffeaux ,  6c  Ces  environs  font  montueux.  Son  prin- 
ce, qui  a  le  titre  de  duc  ,  eft  le  plus  puiffant  de  tous  les 
vaffaux  du  roi  de  Congo  6c  le  général  de  l'armée  roya- 
le. Il  commande  à  quantité  de  villages ,  6c  a  des  pré- 
rentions  fur  les  Anbondanes  ,qui  demeurent  au  raidi  de 
Danda  ;  mais  le  roi  d'Angola  en  eft  en  poffeffion ,  6c 
foutient  que  tour  le  pays  qui  eft  entre  les  rivières  de 
Danda  6c  de  Quanza  eft  de  fon  domaine.  *  Dapper  , 
Defcr.  de  la  Baffe-Ethiopie  ,  p.  342. 

PANGASINAN  ,  petite  province  des  Philippines, 
dans  la  mer  des  Indes,  entre  Manille  6c  Cagayan  ,  ou 
nouvelle  Ségovie.  *  Le  P.  de  Cbarlevoix ,  Mémoires 
mànufcrits. 

PANG^£US ,  montagne  de  la  Thrace  ,  félon  Pline ,  l. 
4.  c.  11.  qui  dit  que  le  fleuve  Neftus  en  mouilloit  le 
pied.  Dion  Caffms,  /.  47.  p.  347.  femble  la  placer  dans 
la  Macédoine ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Philippe  ; 
mais  elle  étoit  dans  la  Thrace  &  aux  confins  feulement 
de  la  Macédoine.  On  la  nommoit  auparavant  Cara\- 
man'ms.  *  Ortelius  ,  Thefaur. 

PANGO,  province  d'Afrique ,  au  royaume  de  Con- 
go ,  où  elle  a  le  quatrième  rang  parmi  les  provinces  , 
avec  titre  de  marquifat.  Le  P.  Labat,  t.  i.p.  }$.  dans 
fâ  relation  de  l'Ethiopie  occidentale,  dit  que  cette  Pro- 
vince s'appelloit  autrefois  Panga  Logos,  6c  qu'elle  avoit 
le  titre  6c  les  prérogarives  de  royaume.  Elle  a  perdu  ces 
avantages  depuis  que  les  rois  de  Congo  l'ont  conquife 
6c  réduire  au  rang  des  autres  provinces  de  leur  état.  Elle 
eft  bornée  du  côté  du  nord  par  le  duché  de  Sundi ,  par 
le  fleuve  de  Barbola  à  l'orient ,  par  les  montagnes  du 
Soleil  6c  par  le  pays  de  Dembo  au  midij  par  le  du- 
ché de  Batta  à  l'occident.  La  même  relation  ajoute  :  La 
capitale  du  marquifat  de  Pango  s'appelle  Banz.a-Pango. 
Elle  eft  fituée  fur  les  bords  du  fleuve  Barbola  ,  affez; 
près  de  l'endroit  où  il  fe  perd  dans  celui  de  Coango. 
Les  mœurs  de  ces  peuples  font  fi  femblables  à  celles 
du  refte  des  peuples  du  royaume  ,  qu'il  n'eft  pas  néces - 
faire  d'entrer  dans  aucun  détail  à  cet  égard.  Il  fuffir  de 
renvoyer  le  lecteur  à  l'article  Congo.  Voyez,  au  mot 
Banz.a  ce  que  j'ai  dit  de  la  province  de  Pango  &  de  fa 
capitale  Banz.a-Pango  ,  fur  le  témoignage  d'écrivains 
qui  avoient  precédé*  la  relation  du  père  Labat. 

PANGTI,   ville  (Scforterefle  de  la  Chine,  dans  la 
Tom,  IV.  Eeeee 


PAN 


77° 

province  de  Quangfi  ,  au  département  de  Kingyven  , 
troifiéme  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg. 
14  min.  plus  occidentale  que  Peking ,  Tous  les  24  deg. 
17  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PANGXUI  ,  fortereffe de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Queicheu  ,  au  département  de  Tucho ,  huitième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg.  18  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  25  deg.  13  min. 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PANHELLIENUS,  montagne  de  rifle  dVEgine  , 
félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Gyraldus,  in  Syn- 
tavmate  Dcorum. 

PANHORMUS.  ^«.Panormus. 
PANIA ,  port  de  la  Cilicie ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PANIA-FOULI  (  Lac  de) ,  lac  d'Afrique  ,  au  pays 
des  Foulis ,  au  fud  de  la  rivière  du  Sénégal.  Sa  forme  eft 
ovale.  Il  a  fix  lieues  de  long  du  nord  au  fud  ,  Se  trois  de 
largeur  de  l'eft  à  l'oueft.  Lorsque  l'inondation  du  Sé- 
négal celle ,  la  plus  grande  partie  du  lac  demeure  à 
fec,  Se  produit  d'abondantes  moiflbns  de  maïs,  de  riz, 
de  tabac  &  de  légumes.  *  La bat  ,  Afrique  occidentale. 
PANIARDI  ,  ancien  peuple  de  la  Scythie,  en-deçà 
de  l'Imaiis ,  félon  Prolomée  ,  /.  6.  c.  14. 

PANIARDIS,  ville  de  la  Sarmatie  Afiatique  :  Pto- 
lomée  ,  /.  5.  c.  9.  la  place  entre  les  embouchures  du 
Tanaïs  Se  du  Marubius. 

PANIASSA  ,  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  Louïfiane  ,  le  long  de  la  rivière  des  Akanfas  , 
à  foixante  ou  foixante-dix  lieues  de  l'embouchure  de 
cette- rivière,  dans  le  fleuve  de  Miffiffipi. 

PANIGENA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange, 
félon  Pcolomée,  /.  7.  c.  1.  qui  la  place  dans  le  golfe 
même  du  Gange ,  entre  Faluga  Se  Conagara.  Les  in- 
terprètes de  Ptolomée  ,  au  lieu  de  Panigcna ,  lifent 
Nanigœna. 

PANIGERIS.  Voyez.  Nanigeris. 
PANILLEUSE  ,  paroifie  de  France,  au  diocèfe  de 
Rouen ,  dans  le  Vexin  Normand ,  avec  titre  de  mar- 
quifat.  Elle  eft  firnée  dans  une  campagne  fertile  en  bons 
bleds,  entre  Andely  &  Vernon,  à  deux  lieues  de  l'une 
&  de  l'autre  de  ces  villes ,  près  du  prieuré  de  Sauffeufe. 
Ce  marquifat  comprend  les  paroifles  de  Panilleufe ,  de 
Méficres ,  de  Precigny-le-Val ,  de  Nezay  Se  autres.  * 
Corn.  Dièt.  fur  des  mém.  manuferits. 

PANIMAHA  ,  nation  de  l'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  Louïfiane,  au  midi  des  Aiaouez,  dans  le  pays 
des  Parus  ,  au  bord  de  deux  petites  rivières  qui  fe  jettent 
dans  celle  de  Panis  par  42  deg.  30  min.  de  latitude  ,  & 
à  environ  quatre-vingt  lieues  à  l'occident  du  Miiîifllpi. 
Cette  nation  eft  confidérable.  Elle  a  autour  de  douze 
villages.  Son  nom  fait  juger  que  c'eft  un  affemblage  de 
deux  peuples  voifins ,  qui  font  les  Panis  6c  les  Maha. 
Apparemment  que  d'intelligence  ils  fe  font  réunis  pour 
cabaner  enfemble. 

PANINORUM  URBS ,  ville  au  voifinage  de  la 
Galatic  ,  félon  Méraphrafte ,  dans  la  vie  de  faint  Théo- 
dore l'archimandrite. 

PANION.  Voyez.?AmvM. 

PANIONIA  ,  nom  que  Pline  ,  /.  j.  c.  25.  donne  à 
une  contrée  de  ï'Ionie.  Voyez.  Panionium. 

PANIONIUM  ,  ville  Se  bois  facré ,  dans  Ï'Ionie , 
fur  le  bord  de  la  mer  ,  près  d'Ephèfe  Se  de  Samos ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe.  Diodore  de  Sicile  &  Héro- 
dote ,l.i.  n°  148.  placent  Panionium  ,  aux  environs  de 
la  montagne  Micalès ,  qui  n'étoit  pas  éloignée  d'Ephèfe. 
C'étoit  dans  ce  lieu  que  s'affembloient  les  habitans  des 
villes  de  Ï'Ionie  qui  y  célébroient  une  fête  en  l'honneur 
de  Neptune  Héliconien.  Pline,  /.  5.  c.  29.  fait  de  ces 
lieux  une  contrée  qu'il  nomme  Panionia  ;  &c  Pompo- 
nius  Mêla,  /.  y,  c.  17.  appelle  Panionium,  une  con- 
trée facrée. 

PANIPAT  ,  ville»  des  Indes .  entre  l'Inde  &  le  Gan- 
ge, à  douze  milles  de  Toglocpour ,  félon  Petis  de  la 
Croix  ,  Ni/h  de  Timur-Bec  ,  /.  4.  c.  1 7. 

1.  PANIS  ,  ifle  dans  le  golfe  Arabique ,  félon  Pto- 
lomée ,  I.4.  c.  8.  Ortelius  croit  qup  c'eft  la  même  que 
le  périple  d'Arricn  appelle  Orine.  Voyez.  Orine. 

a.  PANIS,    ville  de  la  Thrace,   dans  la   province 


PAN 


d'Europe ,  félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  le  fixiéme 
concile  de  Conlîantinople. 

3.  PANIS.  Voyez.  Panos. 

4.  PANIS  ,  petite  rivière  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Louïfiane ,  qui  fe  décharge  dans  la  rivière 
des  Canfez. 

j.  PANIS  ,  grande  nation  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Louïfiane.  Une  partie  de  cette  nation 
habite  fur  les  deux  bords  du  Miffouri ,  au-deffus  des 
Aiaouez  ,  à  plus  de  cent  lieues  à  l'occident  du  Miffiffi- 
pi .  Se  l'autre  partie  habite  le  long  d'une  petite  rivière  j 
à  laquelle  elle  communique  fon  nom,  Se  qui  fe  jette  dans 
le  Miflburi.  Voyez,  l'article  précédent.  Les  Panis  ont 
plus  de  cinquante  villages  dans  ces  deux  cantons.  Leur 
pays  eft  beau  Se  entrecoupé  de  plufieurs  rivières  Se 
ruifleaux ,  qui  fe  jettent  dans  la  rivière  des  Panis ,  Si 
arrofent  plufieurs  belles  prairies  très-fréquentées  de  bœufs 
fauvages. 
PANISCOLA.  Voyez.  Peniscola. 
PANISSA.  Voyez,  Paniasus 

1.  PANIUMi  promontoire  d'Europe,  fur  la  côte 
du  Bosphore  de  Thrace.  Pierre  -  Gilles  ,  de  Bosphoro 
Thrac.  1. 2.  c.  24.  dit ,  après  Denis  de  Byfance  ,  que  ce 
promontoire  eft  parallèle  aux  ifles  Cyanées.  Ortelius, 
Thefaur.  dir  qu'on  le  nomme  aujourd'hui  vulgairement 
Phanorion.  Il  ajoute  que  Zonare  ,  Nicetas  Se  Cedrene 
ont  parlé  de  ce  promontoire. 

2.  PANIUM,  ou  Pan  ion  ,  nom  d'un  lieu  ,  dir  Suidas , 
où  il  y  a  auflî  un  château  ,  fur  le  rivage  appelle  pa- 
reillement Panion  ,  aux  confins  d'Héraclée.  Suidas  au- 
roit  bien  dû  nous  dire  de  quelle  Héraclce  il  entend 
parler. 

3.  PANIUM,  caverne  de  Syrie,  dans  la  montagne 
Paneus  }  près  de  la  fource  du  Jourdain  ,  où  Hérocie 
le  Grand  fit  bâtir  un  temple  de  marbre  blanc  en  l'hon- 
neur d'Augufte.  *  D.Calmet,  DicL  Jofcph,  Ant.  1.  ij. 
c.  13. 

4.  PANIUM  ,  contrée  de  la  Thrace  ,  au-deffus  du 
mont  Haemus  ,  félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Chal- 
condyle. 

PANIURUS.  Voyez,  Paliurus. 
PAN1US ,  ou  Paneus  ,  montagne  de  Syrie.  On  la 
nommoit  auffi  Hermon  :    Elle  faifoit   partie  du  mont 
Liban  ,  &  au  pied  étoit  fituée  la  ville  de  Panéas ,  com- 
me le  dit  faint  Jérôme  ,  in  Hermon  vel  Aermon.  On 
dit  qu'il  y  avoit  un  ancien  temple  fur  cette  montagne, 
Se  qu'elle  étoit  fi  haute  que  l'on  y  voyoit  de  la  neige 
pendant  tout  l'été.  *  D.  Calmet,  Dicl. 
PANIZA.  Voyez,  Paniassus. 
PANLOQ  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  l'une  des  ifles 
Palos  ou   Nouvelles  Philippines.  Elle  fut  décou- 
verte en  17 10  par  le  fergent-major  dom  François  Pa- 
dilla,  Espagnol.  Voyez,  au  mot  Nouvelles  Philippi- 
nes l'hiftoire  de  cette  découverte.   A  une  lieue  au  large 
de  l'ille  de  Panloq  ,  dom  Padilla  ayant  pris  hauteur , 
fe  trouva  par  7  deg.  14  min.  de  latitude  nord.  Peu  de 
tems  après  ,    quatre  bateaux  chargés  d'Infulaires  s'ap- 
prochèrent de  fon  bord ,  fe  tenant  néanmoins  au  large 
de  la  longueur  d'un  demi-cable  ;  Se  peu  après  ces  qua- 
tre bateaux  furent  fuivis  de  deux  autres.    Enfin  quel- 
ques-uns des  Infulaires,   qui  étoient  dans  les  bateaux, 
fe  jetterent  à  la  mer,  &  afriverent  à  bord  du  vaifleau 
Espagnol.  Ils  ne  cherchoient  qu'à  voler  ce  qui  pouvoit 
leur  tomber  fous  la  main ,  Se  fe  jettoient  enfuite  à  la 
mer.  Dom  Padilla,  voyant  jusqu'où  ces  barbares  por- 
toient  l'avidité ,  fit  mettre  les  foldats  fous  les  armes , 
&  fit  figne  aux  Infulaires  de  ne  point  approcher.  Enfin 
ceux-ci  prirent  leur  route  vers  la  terre  ;  mais  en  fe  re- 
tirant ,   ils  décochèrent  plufieurs  flèches  -,  ce  qui  obli- 
gea à  faire  feu  fur  eux.  A  ce  bruit  ils  fe  jetterent  tous 
à  la  mer  ,  Se  abandonnèrent  leurs  bateaux ,    nageant 
droit    à    terre    avec   une     vîteffe  extraordinaire.  Puis 
voyant  qu'on  ne  tiroir  plus ,  ils  regagnèrent  leurs  ba- 
teaux ,  s'y  embarquèrent  Se  s'enfuirent  à  toutes  rames. 
Ces  Infulaires  vont  tout  nuds. 

Quelques-uns  d'eux  fe  peignent  le  corps  de  diverfes 
couleurs.  Leur  peau  eft  communément  de  couleur  oli- 
vâtre ;  mais  d'autres  l'ont  plus  noire.  Us  ne  portèrent 
que  quelques  cocos  à  bord  du  vaiffeau  espagnol. 

PANNONA  ,    ville  de  l'ifle  de  Crète  :  Ptolomée, 


PAN 


Dans  les  terres 


Sur  le  bord  du  Danube  ^ 


/.  3.  c.  17.  la  place  dans  les  terres  encre  Gorlyna  8c 
Gnôjjus: 

PANNONIE  ,  Pannonia  ,  ancienne  contrée  de  l'Eu- 
rope ,  Se  qui  a  toujours  été  regardée  comme  une  de 
Ces  principales  parties.  Pline,  /.  3.  c.  25.  die  qu'elle  avoir 
le  Danube  au  nord  ,  Se  la  Dalmatie  au  midi.  Selon  Dion 
Caffius ,  /.  49.  p.  41 3.  les  Pannoniens  habitoient  fur  le 
bord  du  Danube,  &  étoient  bornés  des  autres  côtés  par 
la  Dalmatie,  par  le  Norique,  Se  par  la  Myfie  Euro- 
péene  ,  autrement  appellée  Mœfie.  Jornandès ,  de  rebi 
Getic.  c.  jo.  dit:  La  Pannonie ,  qui  s'étend  en  une  grande 
plaine  ,  a  la  'Haute  -  Mœfie  à  l'orient ,  la  Dalma- 
tie au  midi ,  le  Norique  au  couchant ,  Se  le  Danube 
au  nord. 

Ce  pays  fut  une  des  premières  conquêtes  de  Philip- 
pe ,  roi  de  Macédoine.  Les  Pannoniens  s'étant  révoltés 
peu  de  tems  après ,  Alexandre  le  Grand  les  aflujettit 
de  nouveau  avec  Pillyrie  &  l'Esclavonie.  Les  Gaulois , 
conduits  par  Brennus  &  Belgius ,  conquirent  depuis  la 
Pannonie  fur  Ptolomée,  furnommé  le  Foudroyant, qui, 
indigné  de  ce  que  Ptolomée  fon  père,  roi  d'Egypte, 
lui  avoic  préféré  Ptolomée  Philadelphe  fon  cadet,  s'é- 
toit  joint  à  Séleucus,  roi  de  Syrie,  &  après  s'être  em- 
paré de  la  Macédoine  ,  s'y  étoit  établi  en  époufant  fa 
propre  fœur  Arfinoé  ,  veuve  du  dernier  roi  Lyfimachus, 
&  en  faifant  mourir  deux  jeunes  princes  qu'elle  en  avoir 
eus.  Jules  Céfar  enleva  une  partie  de  la  Pannonie  aux 
Gaulois ,  Se  les  Alpes  Pannoniques ,  par  lesquelles  il 
s'en  ouvrit  le  chemin,  furent  appellées  Julie  s ,  de  fon 
nom.  Augufte  y  pouffa  encore  plus  loin  fes  conquêtes 
qui  lui  firent  mériter  l'honneur  du  triomphe  :  Se  Ti- 
bère acheva  de  la  foumettre  avec  diverfes  autres  con- 
trées voifines.  Les  Pannoniens  depuis  ce  tems- là  demeu- 
rèrent tributaires  des  Romains ,  jusqu'à  la  décadence 
de  l'Empire,  qu'ils  furent  aflujettis  parlesGoths,  Se  en- 
fuite  par  les  Huns.  Ce  fut  de  ces  Huns  que  la  Panno- 
nie reçut  le  nom  de  Hongrie,  lorsqu'ils  s'y  furent  re- 
tirés Se  établis  après  la  victoire  qu'Aetius ,  capitaine  Ro- 
main ,  Se  Merouée ,  père  de  Childeric ,  remportèrent 
fur  leur  roi  Attila  dans  la  plaine  de  Châlons  fur  Mar- 
ne. D'autres  difent  que  la  Pannonie  changea  de  nom 
fous  l'empereur  Arnould ,  vers  Pan  900 ,  lorsqu'une  na- 
tion ,  fortie  de  la  Scvthie ,' défit  les  Huns  en  une  batail-  Dans  les  terres, 
le,  Se  que  s'étant  mêlée  avec  le  refte  de  ces  peuples , 
qui  avoient  reconquis  cette  province  fur  les  Lombards, 
par  qui  elle  leur  avoir  été  enlevée,  elle  occupa  tout  ce 
qu'on  appelle  aujourd'hui  Hongrie.  On  compte  quatre 
empereurs  venus  de  la  Pannonie  ,  favoir,  M.  Aurelius 
Probus ,  Cn.  Meffius  Decius,  furnommé  Trajan,  Flave 
Jovien  Se  Flave  Valentinien  ,  fils  d'un  Gratien  qui  ven- 
doit  des  cordes  à  Gibale.  *  Corn.  Dict.  Hift.  &  Defcr.  du 
royaume  de  Hongrie. 

11  paroît  que  la  Pannonie  fut  divifée  par  les  Romains 
beaucoup  plutôt  que  ne  le  furent  les  contrées  voifines, 
comme  le  Norique  &  la  Rhétie  ;  mais  ce  fut  la  divifion 
en  Haute  Se  Basse  Pannonie  qui  précéda,  &  non 
la  divifion  en  Première  Se  Seconde  Pannonie. 

La  Haute  Pannonie  étoit  bornée ,  félon  Ptolo- 
mée ,  au  couchant  par  le  mont  Cetius ,  Se  en  partie 
par  le  mont  Carvancasi  au  midi  par  une  partie  de  l'I- 
flrie  &  de  l'Illyrie  ;  au  nord  par  le  Norique  Se  par  le 
Danube  jusqu'à  l'Arabon  -,  &  à  l'orient  par  la  Baflè-Pan- 
nonie.  Elle  étoit  moins  large  que  la  baffe  d'orient  en 
occident  ;  mais  elle  avoir  plus  d'étendue  du  nord  au 
midi.  Ptolomée,  /.  2.  c.  i$-  place  dans  cette  province 
les  villes  fuivantes  > 


PAN       77  ï 


Noviodunum , 
Sacarbantia  j 
Murocla  , 
Lentudum  , 
Currodumim , 
Siscia , 
Olimacum, 
Valena  , 
Bjlentium  , 
Soroga  , 
Sifopa , 
Vifomutm  , 
Pratorium , 
Magniana , 
Emoncii 


La  Basse  Pannonie  comprenoir  le  refte  des  terres 
au  midi  du  Danube  ,  depuis  l'Arabon  jusqu'à  la  Mœ- 
fie ,  Se  s'étendoit  du  côté  du  midi  jusqu'aux  montagnes 
de  la  Dalmatie.  Ptolomée,  /.  2.  c.  16.  met  aulli  dans 
Cette  province  un  grand  nombre  de  villes,  favoir  : 


Curta , 

Salva ,  1 

Carpis , 
Aquincum , 
Salinum  , 
LuJJ'onium, 
Lugiomtm  , 
Teutoburgium  » 
Cornacum , 
Acumincum 
Rhitium, 
Taurunum. 


Bcrbis , 
Serbimtm  , 
Jaollitm , 
Certifia , 
Murfelld, 
Bibalis  ou  Cibalis , 
Marfo?iia , 
Vacontium, 
Mufia  Colonia  , 
Salis  , 
BaJJiana , 
Farfium  , 
Sirmium. 


Sur  le  bord  du  Danube, 


Dans  les  terres , 


Juliobotia , 
Camus  , 
Flexum , 
Chertobahts , 
Bregaetium. 

Sala  , 

F aetovium , 

Savaria ,  ou  Sabaria  , 

Rhitpia , 

Vinundria , 

Bononia , 

Andauionium, 


Dans  la  fuite,  la  Haute-Pannonie  fut  appellée 
Première  Consulaire  ,  &  la  Basse  ,  Seconde  Con- 
sulaire. Depuis  il  y  eut  diverfes  fubdivifions.  Les 
autres  ,  qui  fe  trouvoient  bornées  par  la  Save  Se  la  Dra- 
ve,  furent  appellées  Pannonia  Savia  ,  Riparensis 
ou  Ripensis,&  Valeria  ou  Interamnia.  Celle  qu'on 
nommoit  Savia  étoit  la  partie  méridionale  de  la  Pan- 
nonie Inférieure,  qui,  s'étendant  le  long  de  la  rivière  de 
Save  ,  en  prenoir  le  nom.  On  l'appelloir  aufii  par  cette 
raifon  Ripensis  ou  Riparensis.  Divers  auteurs  mo- 
dernes l'ont  nommée  autrement ,  ou  toute  ou  en  par- 
tie ,  à  caufe  de  quelques-unes  de  Ces  villes.  Ortelius  » 
Tbefaur.  par  exemple,  avance qu'Aurelius  Victor  donj 
ne  à  une  partie  delà  Pannonie  le  nom  de  Pannonia  Bu- 
balia  ,  Se  à  une  autre  celui  de  Pannonia  Sabaria.  Mais 
il  elt  certain  qu'Aurelius  Victor  ne  connoît  point  ces  for- 
tes de  Pannonies.  Il  dit  feulement  dans  un  endroit ,  in 
Decio  :  Decius  è  Pannonia  inferiore ,  Bubalia  natus  , 
Se  dans  un  autre ,  in  Didio  Julia.no  :  Niger  Pescennius 
apud  Amiochiam  ,  in  Pannonia  Sabaria  Septimius  Se- 
vents ,  creantur  Augufli  ;  de  forte  qu'on  peut  unique- 
ment conclure  de  ces  témoignages  d'Aurelius  Vicror , 
que  Bubalia  ou  Bubalis  étoit  dans  la  Pannonie  Infé- 
rieure, &que  Sabaria  étoit  dans  la  Pannonie  Supérieure. 

Selon  Ammien  Marcellin  , /.  28.  c.  3.  la  Pannonie 
Valeria  étoit  une  autre  partie  de  la  BaffePannonie  ; 
&,  comme  elle  fe  trouvoit  renfermée  entre  le  Danube  Se 
h  Drave  ,  on  l'appeila  aurTi  Interamnia. 

PANOPE ,  ville  de  la  Phocide  :  Paufanias,  /.  10.  c, 
Tvm,  IV.  E  e  e  e  e  ij 


PAN 


772. 

4.  dit  qu'elle  étoit  à  fept  ftades  de  Daulis  ,  &  Strabon  , 
/.  9.  p.  41 6.  la  met  au-deflus  d'Orchomene.  11  eft  fouvent 
parlé  dePanope  dans  Homère,  A.  v.  ;8o.  qui,  entre  au- 
tres dans  l'Odyflee,  lui  donne  le  fui  nom  $  agréable  pour 
Jes  danfes.  Hérodote  ,  /.  8.  c.  34.  Ovide,  Mctamorpb. 
L  z.v.  19.  Etienne  le  géographe  Ôc  Hefychc  font  auïfi 
mention  de  cette  ville. 

PANOPOLIS,  ville  d'Egypte,  dans  la  Thébaïde. 
Prolomée,  /.  4.  c.  ;.  qui  la  nomme  Panorurn  Qvitas  , 
dit  qu'elle  étoit  la  capitale  du  nôme  Panopolites.  L'iti- 
néraire d'Antonin  appelle  cette  ville  Pano ,  ôc  Simler 
croit  que  c'eA  le  Peamum  de  la  notice  des  dignités  de 
l'Empire.  Cette  ville  eft  remarquable  par  la  naiffance  du 
poëte  Grec  Nonnus,  qui  floriflbit  dans  le  cinquième 
ficelé.  On  a  de  lui  une  paraphrafe  fur  faint  Jean,  Voflîus, 
de  Poct.  Grxc.  p.  ixi.  avec  un  poé'me  intitulé  Dionyfia, 
La  ville  d'Ackemin  a  été  bâtie  fur  fes  ruines. 

PANOPROS  ,  village  d'Ethiopie.  Prolomée  ,  /.  4.  c. 
7.  le  met  fur  la  côte  de  la  Barbarie  orientale ,  près  du 
promontoire  ôc  du  port  des  Aromates.  Ses  interprètes 
traduifent  Pano  ,  au  lieu  de  Panopros. 

1.  PANORMUS,  port  de  l'Attique,  félon  Prolomée, 
/.  3.  c.  15.  Le  premier  le  place  fur  la  côte  orientale,  près 
du  promontoire  Sunium  :  le  fécond  le  met  à  quinze  fta- 
des du  promontoire  ,  ôc  dit  que  ce  port  avoit  été  nom- 
mé de  la  forte,  à  caufe  de  fa  commodité.  Ceft  aujour- 
d'hui Panormo  ,  dans  la  Canina. 

I.  PANORMUS  i  port  ou  lieu  de  l'ifle  de  Samos. 
Ceft  Tite-Li ve,  /.  3  7.  c.  10.  qui  en  fait  mention.  On  croit 
quec'efi  aujourd'hui  Macri.  Voyez,  ce  mot. 

3.  PANORMUS,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  fur  la 
côte  feptenttionale.  Ptolomée ,  /.  i.c.  17.  la  place  entre 
Heraclcum  ôc  Cjtaum.  Be"llon  croit  que  c'efl  préfente- 
ment  Volis  menï  ;   ôc  Niger  veut  que  ce  foie  Mirabello. 

4.  PANORMUS  ,  port  de  l'ifle  de  Céphalonie,  fé- 
lon Ortelius  ,  Thcf.  qui  cite  Porphyrius. 

5.  PANORMUS  ,  port  de  l'Epire.  Ptolomée ,  /.  3.  c. 
14.  le  place  au-deflus  du  port  Qnchesmus. 

(■>.  PANORMUS  ,  ville  de  la  Chcrfonnèfe  de  Thra- 
ce,  félon  Pline,  /.  4.  c.  il.  qui  la  met  entre  Elée  & 
Cardia. 

7-  PANORMUS  ,  ville  de  Sicile  ,  fur  la  côte  fepten- 
rrionalede  l'ifle.  Thucydide  ,  /.  6.  p.  412.  nous  apprend 
que  les  Phéniciens  pafToient  pour  en  être  les  fondateurs. 
Polybe  ,  /.  1.  c.  38.1a  divife  en  deux  parties ,  dont  il 
nomme  l'une  la  vieille  ville,  &  l'autre  la  ville  neuve. 
Pomponius  Mêla  ,  /.  z.  c.  7.  ôc  divers  autres  ,  en  font 
aufli  mention.  Strabon  ,  /.  G.  p.  172.  lui  donne  le  titre  de 
colonie  Romaine.  Presque  tous  les  auteurs  anciens 
difent  Panormus  ;  mais  Pline,  /.  3.  c.  8.  écrit  Panhor- 
•mus  ,  &  cette  dernière  orthographe  eft  fuivie  dans  quel- 
ques inferiptions.  Panormus  de  l'aveu  de  tout  le  monde 
efl  aujourd'hui  la  ville  de  Païenne.  Voyez.  Paî.erme 

8.  PANORMUS,  ville  de  la  Macédoine  ,  dans  la 
Chalcidie  ,  félon  Ptolomée,  /.  x.c.  13. 

9.  PANORMUS  ,  port  d'Afrique  ,  dans  la  Marma- 
rique.  Ptolomée,  /.  4.  c.  5.  le  place  fur  la  côte  du  nô- 
me de  Libye. 

1  o.  PANORMUS  ,  port  &  ville  de  I'Achaïe  propre , 
félon  Paufanias,  /.  7.  c.  11.  Thucydide,  /.  2.  p.  157. 
ôc  Pline  ,  /.  4.  c.  11.  Polybe,  /.  5.  c.  102.  dit  que  ce 
port  étoit  près  de  Rhium ,  vïs-à-vis  de  NâupàcJur. 

I I.  PANORMUS  ,  port  de  la  ville  Oricuin  ,  fur  la 
mer  Ionienne,  félon  Strabon  ,  /.  7.  p.  316.  Ce  pourroit 
être  le  port  Panormus  que  Pcolomée  place  dans  l'Epire. 
Voyez,  Panormus  n°  5. 

PANORUM  VICUS.  Voyez,  Panopros. 

1.  PANOS,  promontoire  de  l'ifle  de  Rhodes,  félon 
Ptolomée  ,  /.  5.  c.  1.  Ses  interprètes  lifent  Panis. 

1.  PANOS,  ville  d'Egypte  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ;  c'eft  la  même  ville  que  Ptolomée  appelle  Panopo- 
lis.  Voyez,  Panopolis. 

3.  PANOS,  village  furies  bords  de  la  mer  Rouge  : 
c'eft  Etienne  le  géographe  qui  en  parle. 

4.  PANOS,  montagne  de  l'Attique,  félon  Paufa- 


PAN 


PANPHAGl.  Voyez,  Pamphagi. 

PANSWICK  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Glocefler.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Grande  Bretagne,  t.  1. 

PANTA-,  villede  laPalefline,  entre  Salaria  ôc Lao- 
dicée.  C'en*  Siméon  le  Métaphrafte  qui  en  fait  mention 
dans  l'Hiftoire  des  voyages  de  faint  Pierre  Ôc  de  faint 
Paul.  *  Ortelius  ,  Thef. 

PANTÂCHUS  ,  Pantagias  ,  Pantacias  ou  Pan- 
tagies, fleuve  de  Sicile.  Ptolomée,  /.  z.c.  4.  placefoa 
embouchure  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle  ,  entre  le  pro- 
montoire Taurus  &  la  ville  de  Catane  ;  ôc  Pline,  /.  3. 
c.  8.  la  met  entre  Megaris  &  Syracufe.  Ils  fe  trompent 
tous  deux  ,  félon  Clavier  ,  Sicil.  ant.  I.  i.c.  11.  qui  pré- 
rend que  Virgile  a  donné  la  véritable  fituation  de  l'embou- 
chure de  ce  fleuve  ,  favoir  entre  les  cavernes  des  Cyclo- 
pes  &  le  golfe  de  Mégare.  L'extrême  exactitude  qu'a  eu 
Virgile  à  marquer  la  véritable  pofuion  des  lieux  de  l'Ita- 
lie ôc  de  la  Sicile  ,  efl  caufe  que  Clavier  préfère  fon  fen- 
timent  dans  cette  occaflon  -,  d'ailleurs  on  ne  peut  douter 
que  le  Pantagias  ne  foit  la  rivière  qui  a  fon  embouchure 
à  la  gauche  du  cap  de  Saint  Croce  ,  &  que  les  habitans 
du  pays  appellent  Porcari.  La  preuve  s'en  trouve  dans  ce 
pafiage  de  Virgile. 


Pamagui. 


Vivo  prœtervehor  ofiia  Saxo 


nias 


/. 


j.PANOS.boisfacré.prèsde  l'ifle  de  Méroé.  Hé- 
liodore  ,  /.  1.  écrit  que  les  Gymnofophifles  habitoient 
dans  ce  bois.  *  Ortelius ,  Thef. 

PANOTIA.  Voyez,  Phanotïus. 


En  effet ,  les  deux  côtés  du  Porcat i  font  hérifles  de  ro- 
chers d'environ  vingt  coudées  de  hauteur  ,  la  mer  remon- 
te dans  cette  embouchure  jusqu'à  mille  pas,  ôc  forme 
un  port  propre  pour  de  petits  bâtimens.  La  qualité  que 
Claudien  donne  à  ce  fleuve,  qu'il  appelle  Saxa  rotan- 
tem ,  convient  aufli  au  Porcari  -,  car  quoique  fon  cours 
foit  très  petit,  cependant  lorsqu'en  hiver  il  fe  trouve 
grofli  par  les  pluies  ôc  par  les  torrens  qui  tombent  des 
collines  voifines  ,  il  court  avec  une  telle  rapidité,  qu'il 
entraîne  avec  lui  une  grande  quantité  de  pierres. 

PANT^I  URBIS.  On  trouve  ce  nom  dans  le  troifié- 
me  concile  d'Ephèfe ,  qui  nomme  fon  évêque  Macarius. 
*  Ortelius ,  Thef. 

PANT^NSES,  peuplesd'Afie,  félon  Pline,  /.  ;.  c. 

30.  Quelques  manuferits  portent  Patœtifcs. 

.   PANTALIA,  ville  de  Thrace,  félon  Ortelius ,  The- 

faur.  qui  cite  Procope  ,  Aidif.  I.  4.  c.  1.  Ce  dernier  dit 

que  Juflinien  répara  tellement  les  murailles  de  Panra- 

lie,  qu'il  en  fit  une  place  imprenable. 

PANTALER1E  ,  Pantalarée  ,  Pentelleria  ôc 
Pantalaria  ,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  entre  la  Si- 
cile ôc  la  terre  ferme  d'Afrique.  Elle  a  environ  fept  ou 
huit  lieues  de  contour.  La  ville  qui  porte  fon  nom  ,  efl: 
vers  le  nord  de  l'ifle  ,  de  défendue  par  un  château  bâti  fur 
l'extrémité  d'un  rocher  escarpé  de  tous  côtés ,  qui  la  rend 
entièrement  inacceflible.  La  plus  grande  partie  de  cette 
ifle  efl  fermée  de  montagnes,  qui  forment  dans  leur 
milieu  un  gonfle  profond  que  les  habitans  du  pays  ap- 
pellent PoJJa.  Le  terrein  de  l'ifle  efl  fec  &  pierreux  ,  ôc 
produit  très-peu  de  grains.  Cette  flérilité  oblige  les  ha- 
bitans d'avoir  recours  à  la  Sicile ,  qui  leur  fournit  ce 
qui  leur  manque.  11  croît  dans  cette  ifle  un  arbrifleau  , 
qu'on  appelle  ver  ;  il  porte  un  fruit  pointu  ôc  rond  ,  qui 
devient  noir  en  muriffant.  Les  habitans  en  tirent  une  huile 
qui  leur  fert  à  divers  ufages.  Ces  Infulaires  ont  tou- 
jours eu  beaucoup  de  commerce  avec  les  Arabes  dont 
ils  font  voifins^ce  qui  n'a  pourtant  pas  diminué  le  zèle 
qu'ils  ont  pour  la  communion  Romaine.  Cette  ifle  eft 
la  CoJJyra  de  Ptolomée. 

PANTALICA.  Corneille,  Ditlionnaire ,  dit  que  Pan- 
talica  efl  un  bourg  de  Sicile ,  dans  la  vallée  de  Noto , 
fur  la  rivière  d'Anapo  ,  cinq  lieues  aii-deflus  de  la  ville 
de  Syracufe.  Selon  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas ,  Pan- 
talica  eft  un  lieu  ruiné ,  fur  une  éminence  ,  près  de  la 
rivière  Fiume  Grande ,  YAnapus  des  anciens,  qui  un 
peu  plus  bas  s'appelle  Sortino  ,  ôc  Alfeo  encore  plus 
bas. 

PANTANI,  peuples  de  l'Arabie.  Pline,/.  6,  c .  28. 
les  met  quelque  part  dans  la  Syrie.  Le  père  Hardouin 
foupçonne  que  ce  pourroit  être  les  Kurdiitoi ,  que  Ptolo- 
mée place  dans  l'Arabie  Déferte,  au  voifinage  de  la 
Syrie. 


PAN 


PAO 


PANTANUS  LACUS,  lac  d'Italie,  dans  la  Pouille 
Daunienne  ,  félon  Pline  »  /.  3.  c.  1 1.  On  croit  que  c'eft 
■préfentemcnt  Lago  di  Le/ina. 

PANTHAGIAS.  Voyez.  Pantachus. 

PANTHECIUM.  J^«.Panticum. 

PANTHEIUM  ,  lieu  de  l'Attique  ,  à  foixante  flades 
d'IIiflus,  félon  Suidas  Se  Ariftote  ,  in  admirandis.  C'eft 
dans  ce  lieu  où  croiflbit  l'olivier  appelle  calliftephaue  , 
Se  dont  on  fe  fervoit  uniquement  pour  couronner  les 
vainqueurs  dans  les  jeux  Olympiques. 

PANTHEL/EI,  peuples  de  la  Perfide.  Hérodote, 
L  1.  ».  1  2;.  dit  que  leur  profeffion  étoit  de  labourer  l'a 
terre  ;Se  Ortelius  croit  que  ce  font  ces  peuples  qu'E- 
tienne le  géographe  ,  in  Aipvo-eiioi  appelle  Penthiadœ. 

PANTHEMONT,  abbaye  de  France  ,  dans  la  Picar- 
die ,  au  diocèfe  de  Beauvais.  C'eft  une  abbaye  de  filles 
de  l'ordre  de  faint  Bernard.  On  rapporte  fa  fondation 
à  l'année  1218.  Elle  fut  réduite  en  prieuré  d'hommes  en 
1485  ,  puis  rendue  aux  filles,  &  enfin  transférée  au 
fauxbourg  Saint  Germain  à  Paris.  *  Piganiol ,  Dcfc. 
de  la  France ,  t.  2.  p.  2 1  Se  5  27. 

PANTHEON  ,  temple  de  la  ville  de  Rome.  Il  fut  bâçi 
par  M.  Vipfanius  Agrippa ,  en  l'honneur  de  tous  les 
Dieux.  C'eft  un  des  anciens  monumens  qui  fe  foit  le 
mieux  confervé.  Boniface  IV  le  dédia  à  la  Vierge  Se 
aux  Martyrs. 

PANTHIA  Se  Pandonia  ,  nom  de  deux  lieux  dont 
il  eft  fait  mention  dans  les  oracles  des  Sibylles.  Ortelius , 
Thefaur.  juge  que  ces  deux  lieux  dévoient  être  dans 
l'Afie. 

PANTHIUM.  Voyez.  Pantheium. 

PANTI,  golfe  de  l'ifle  de  Taprobane.  Prolomée  ,  /. 
7.  c.  4.  le  place  fur  le  grand  rivage,  entre  la  ville  Na- 
gadeba  Se  celle  d'Anubingara.  Quelques  manCifcrits 
Grecs ,  au  lieu  de  Fanti  ,  lifent  Pafi. 

PANTICAP/EA ,  ville  de  la  Chcrfonnèfe  Taurique  , 
félon  Strabon ,  /.  7.  p.  309.  &  Ptolomée ,  /.  3  c.  6, 
Etienne  le  géographe  écrit  Panticap^eum  ,  Se  Niger 
veut  qu'elle  s'appelle  aujourd'hui  Vospero.  Si  cela  eli , 
elle  retient  en  quelque  manière  fon  ancien  nom  ;  car 
Pline,  /.  17.  c.  32.  dit  qu'on  la  nommoit  aufiî  Bospho- 
rium.  Le  fleuve  qui  couloir  au  travers  de  cette  ville, 
s'appelloit  auifi  Panticap^um  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PANTICAPj£UM.  Voyez  Panticap^a. 

PANTICAPES ,  fleuve  de  la  Scythie  Européenne  , 
félon  Pomponius  Mêla,  /.  2.  c  1.  Se  Hérodote,/.  6. 
n.  1 8.  Peucer  dit  que  c'eft  préfentemenr  le  Przypietz , 
dans  la  Lithuanie.  Mercator  cependant  le  nomme  Con- 
Jcavoda.  Selon  Pomponius  Mêla ,  /.  2.  c.  1.  &  Pline, 
/.  4.  c.  12.  ce  fleuve  failbit  la  féparation  entre  les  No- 
mades &  les  Géorgiens. 

PANT1CHIUM.  Voyez,  Panticum. 

PANTICUM,  ou  Pantichium ,  ville  de  Bithynie. 
Antonin  ,  itiner.  la  place  entre  Chalcédoine  Se  Lîbyfïa  , 
à  quinze  milles  de  la  première,  Se  à  vingt,  quatre  mil- 
les de  la  féconde. 

PANTIMATHII ,  peuple  de  la  Perfique  ,  félon  Hé- 
rodote ,  /.  3.  n.  92. 

PANTIPIOLIS,  ville  de  l'Inde  ,  en -deçà  du  Gange-, 
Ptolomée  la  place  entre  Berderis  Se  Adarima. 

PANTOM  ATRIUM,  promontoire  de  l'ifle  de  Crête. 
Ptolomée,  /.  3.  r.  17.  le  met  fur  la  côte  feptentriona- 
le  ,  entre  le  promontoire  Dion ,  Se  la  ville  de  Riihymna. 
Niger  Se  Pinet  veulent  que  le  nom  moderne  foit  Mi~ 
lopotamo. 

PANTOPOT/E,  monaftere  quelque  part  aux  envi- 
rons de  Conftantinople ,  félon  Ortelius ,  Tbef.  qui  cite 
Pachvmerus. 

PÂNTUM.  Laitance  dit  ,  Falfz  Relig.  I.  \.  c.  11. 
Pantum  deducit  in  montera  qui  vocatur  Ca:li  Scella.  Le 
manufçrit  de  Sublac  lit  Paneum.  Ennius  dit  que  Jupiter 
éleva  fur  cette  montagne  un  autel  en  l'honneur  de  fon 
père  Saturne.  *  Ortelius,  Thef. 

1.  PANUCO  ,  province  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  dans  la  Nouvelle-Espagne.  Elle  eft  lituée  au  nord 
de  la  ville  de  Mexique  ,  Se  formoit  anciennement  un 
gouvernement  féparé.  Aujourd'hui  elle  eft  jointe  au  dio- 
cèfe archiépiscopal.  Sa  longueur  eft  de  cinquante  lieues, 
Se  fa  largeur  eft  à  peu  près  pareille.  Le  terroir  eft  fer- 


773 


tile  Se  riche  en  veines  d'or,  du  côte  qu'elle  touche 
l'archevêché  de  Mexico  ;  mais  elle  ell  ftérilccx  triftedn 
côté  qu'elle  regarde  la  floiidc.  Les  Espagnols  ont  feu- 
lement trois  colonies  dans  cette  province.  La  principale 
eft  nommée  Villa  de  San  Stivaln  del  Puerto.  Ceux  dû 
pays  lui  donnent  le  nom  de  Panuco.  Elle  eft  auprès  de 
Chila,  au-deflus  de  l'embouchure  de  la  rivière  de  Panu- 
co ,  Se  fut  bâtie  fous  les  auspices  d'Hernando  Cortez  , 
après  qu'il  eut  détruit  la  plupart  des  hàbitans,  &  brû- 
lé leurs  bourgades.  Cette  ville  eft  à  foixante-cinq  lieues 
de  celle  de  Mexico  ,  vers  le  nord  eft ,  à  huit  de  la  mer , 
furie  bord  de  la  rivière  qui  ouvre  l'entrée  à  fon  port, 
vis-à-vis  de  cette  ville  ,  fur  la  rive  feptentrionale  de  là 
rivière  ,  qui  n'eft  pas  bien  large  en  cet  endroit.  Les  Es- 
pagnols y  ont  leurs  falines ,  ainfi  qu'à  une  lieue  au- 
deflus  de  la  ville  ;  ce  qui  fait  le  principal  revenu  des  hà- 
bitans. La  féconde  colonie  eft  appellée  parles  Espagnols 
San  Jago  de  Los  Vallès ,  Se  la  troifiéme  S.  Lodovio 
de  Tamoico.  Dampier ,  divers  voyages ,  part.  1.  c.  5. 
appelle  Panul^  la  ville  de  Panuco.  Il  die  qu'elle  eit 
fituée  à  près  de  vingt  lieues  de  la  mer  ;  Se  que  c'eft  la  ca- 
pitale du  pays  en  qualité  de  lîége  épiscopai.  Il  ajoute  : 
Il  y  a  deux  églifes,  un  couvent,  une  chapelle,  Se  en- 
viron cinq  cens  familles  d'Espagnols,  de  Mulâtres  &  d'In- 
diens. Les  maifons  font  grandes  Se  fortes ,  bâties  de 
pierres  Se  couvertes  de  feuilles  de  petits  palmiers.  * 
Corn.  Dicl.  De  Laët ,  Defc.  des  Indes  occidentales ,  1. 
;.  c.  14. 

2.  PANUCO,  ou  Panuk,  ville  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  dans  la  Nouvelle  Espagne.  Voyez,  l'article 
précédent. 

3. PANUCO,  ou  Panuk,  P arnica,  rivière  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle  Espagne ,  Se 
dans  fa  province  de  Panuco.  Dampier  dit  :  De  Tipfo  à 
h  rivière  de  Panuk,  il  y  a  vingt  lieues  ou  environ.  La 
côte  eft  nord  Se  fud  au  plus  près.  Panuk  eft  une  grande 
rivière  qui  descend  du  cœur  du  pays,  &  qui ,  après  avoir 
coulé  vers  l'eft ,  fe  jette  dans  le  golfe  du  Mexique ,  à 
21  deg.  8  min.  de  latitude.  Il  y  a  dix  ou  douze  pieds 
d'eau  fur  fa  barre ,  &  les  barques  la  remontent  fou- 
vent  jusqu'à  la  ville  de  Panuk.  Une  des  branches  de 
cette  rivière  fort  du  lac  de  Tompeque  ,  Se  fe  mêle  avec 
fes  eaux  trois  lieues  avant  que  de  fe  jetter  dans  la  mer. 
C'eft  à  caufe  de  cela  qu'on  l'appelle  quelquefois  rivière 
de  Tolnpequc. 

PANUS.  VoyezV avos. 

PANUSII.  Voyez.  Satmali. 

PANXIANI ,  ou  Panxani  ,  peuples  delà Sarmatie 
Afiatique  ,  félon  Strabon ,  /.   11.  p.  jo6. 

PANYASUS,  fleuve  de  la  Macédoine.  Ptolomée, 
/.  3.  c.  13.  place  l'embouchure  de  ce  fleuve  chez  les 
Tulantii ,  entre  Dyrrbachium .,  &:  l'embouchure  du 
fleuve  Apfus.  Ortelius,  Thefaur.  croit  que  c'eft  le  Pa- 
nijfa  ou  Panyffa  de  Pline  ,  /.  4.  c.  11. 

1.  PANYSUS ,  fleuve  de  la  Bafle-Mœfie  ,  félon  Pto- 
lomée, /.  3.  c.  10.  Pline,  /.  4.  c.  1 1.  nomme  ce  fleu- 
ve Panyfus  ,  Se  Niger  prétend  que  le  nom  moderne 
eit  Laniz.a. 

2.  PANYSUS,  fleuve  du Péloponnèfe.  Voyez.  Pan- 

CISUS    I. 

1.  PAO,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen ,  au  midi  de  la  ville  Luicheu.  Il  y  a  quel- 
que chofe  de  particulier  dans  l'air  qu'on  respire"  fur 
cette  montagne.  Les  hàbitans  n'y  craignent  point  la  fiè- 
vre pendant  dix  mois  de  l'année ,  Se  fi  elle  leur  vient 
elle  paffe  auflitôr.  Mais  elle  eit  mortelle  dans  les  mois' 
de  Mars  Se  d'Avril.  Ceux  qui  en  font  attaqués  font  fans 
espérance  de  guérifon.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  PAO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Su- 
chuen ,  au  département  de  Chingtu  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eit  de  14  deg.  o  min.  plus 
occidentale  que  Péking ,  fous  les  3 1  degrés  28  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  PAO,  montagne  delà  Chine,  dans  la  province 
de  Quantung  ,  près  de  la  ville  d'Hoa.  Cette  montagne 
eft  des  plus  riantes  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
Pao,  qui  veut  dire  précieux.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOCHING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xenfi ,  au  département  de  Hanchung  ,  troifiéme  mé- 
tropole delà  province,  Elle  eit  de  10  deg.  o  min.  plus 


PAO 


774 

occidentale  que  Péking ,  fous  les  54  deg.  30  min.  de 
lati.:.  (eptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOCING  ,  cite  militaire  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Huquang,  au  département  de  Xi ,  première 
cité  militaire  de  la  province.  Elle  cil  de  8  deg.  8  min. 
plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  29  deg.  $  min.  de 
latitude  fcptenrrionalc.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  PAOFUNG,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kiangfi  ,  auprès  de  la  ville  d'Ieyang.  Au  fom- 
met  de  cette  montagne ,  il  y  a  une  maifon  de  pierre  , 
fi  haute  ,  qu'elle  fe  perd  dans  les  nues.  Pour  aller  à 
cette  montagne,  on  pafle  fur  un  pont  très-ancien  ,  Se 
qui  a  cinquante  perches  de  longueur.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

1.  PAOFUNG  ,  cité  de  la  Chine  ,  dans  l'a  province 
d'Honang  ,  au  département  d'Iu,  grande  cité  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  de  4  deg.  46  min.  plus  occidentale  que 
Péking,  fous  les  34  deg.  36  min.  de  latitude  fepten- 
trionale. *  Atlas  Sinenfis. 

1.  PAOGAN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Jengan,  huitième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  8  deg.  29  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking,  fous  les  38  deg.  2  min.  de  latit. 
feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  PAOGAN  ,  cité  militaire  de  la  Chine ,  dans  la 
province  de  Péking  ,  au  département  d'Ycnking ,  pre- 
mière cité  militaire  de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré 
o  min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  40  deg. 
10  minutes  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

PAOKANG ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang,  au  département  de  Chingtien,  quatorziè- 
me métropole  de  la  province.  Elle  ett  de  6  degrés  16 
min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  32  deg.  36 
min.de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOKI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Fungciang  ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  9  deg.  28  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  9  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOKING  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Huquang ,  où  elle  a  le  rang  de  neuvième  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  6  deg.  5  min.  plus  occiden- 
tale que  Péking  ,  fous  les  27  deg.  43  min.  de  lat.  fepten- 
trionale. Le  territoire  de  cette  ville  eft  couvert  de  mon- 
tagnes ,  fur-tout  du  côté  du  midi ,  où  il  confine  aux 
montagnes  de  la  province  de  Quangfi.  Cependant  il 
ne  manque  pas  de  terres  labourables,  &  il  y  a  des 
vallées  très-agréables.  11  y  a  eu  autrefois  un  roi  de  la 
famille  Taminga.  La  ville  de  Paoking  eft  voifine  du 
fleuve  Çu  ,  d'où  elle  tire  de  grands  avantages.  Elle  étoit 
autrefois  une  des  dépendances  du  royaume  de  Çu.  Les 
rois  d'U  ,  après  avoir  conquis  le  pays ,  nommèrent  cette 
ville  Kaoling  ;  la  famille  Tanga  l'appella  Xaocheu  ,  & 
celle  de  Sunga  lui  donna  le  nom  de  Paoking.  On  y 
compte  trois  temples  dédiés  à  des  héros.  Dans  le  ter- 
ritoire de  Paoking  il  y  a  cinq  villes  ,  qui  font  : 


PAP 


défendus  par  de  bonnes  forterefles.  Cette  métropole  a 
dans  fa  dépendance  dix  villes  ;  favoir  : 


Paoking  , 
Sinhoa , 


Sinr.ing. 


Chingpu , 
VuchangG, 


PAOLA.  Voyez.VAvLA. 

PAONING  .  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  où  elle  a  le  rang  de  féconde  métropole.  Elle 
eft  d'onze  deg.  o  min.  plus  occidentale  que  Péking , 
fous  les  31  deg.  ^3  min.  de  latitude  feptentrionale.  On 
l'a  bâtie  fur  la  rive  orientale  du  fleuve  Kialing.  Son  ter- 
ritoire eft  tout  environné  de  montagnes ,  qui  forment 
comme  une  couronne.  La  ville  eft  allez  belle  :  les  édi- 
fices publics  ,  &  les  maifons  des  particuliers  ne  le  cèdent 
pas  à  la  plupart  des  autres  villes  de  l'Empire.  On  remar- 
que fur-tout  quatre  temples  qui  font  magnifiques.  L'em- 
pereur Ivus  joignit  le  territoire  de  cette  ville  à  la  pro- 
-vince  de  Leang.  Du  tems  des  rois,  ceux  de  Pa  en  étoient 
•les  maîrrcs.  La  famille  Hana  lui  donna  le  nom  de  Pafi  : 
celle  de  Tanga  l'appella  Langcheu:cellede  Sangala  nom- 
ma Gante  ,  &  celle  d'Ivena  lui  donna  le  nom  moderne, 
qui  a  été  occafionné  par  les  paffages  rares  &  étroits  par 
lesquels  on  peut  entrer  dans  ce  territoire,  &  qui  font 


F'aoning , 
Canghi , 
Nanpu  , 
Quançyven , 
Pa  0 , 


Chaohoa , 
Tungkiang , 
Kien  0 , 

Cutung  , 
Nankiang. 


PAOTE  ,  ville  &  fortereflede  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Channfi  ,  au  département  de  Taiyvcn  ,  pre- 
mière métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  6  deg.  36 
min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  3 y  deg.  3 2 
min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOTi ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Té- 
king ,  au  département  de  Xuntien ,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  36  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking ,  fous  les  39  deg.  27  min.  de  la- 
titude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  PAOTING  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Péking ,  où  elle  a  le  rang  de  féconde  métropole. 
Elle  eft  d'un  degré  46  min.  plus  occidentale  que  Té- 
king,  fous  les  39  deg.  20  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale. Cette  métropole  a  un  territoire  d'une  grande 
étendue  ,  &  qui  abonde  en  toutes  chofes.  On  y  compte 
vingt  villes  qui  font  : 


Paoting, 
Muonching, 
Ganfo , 
Tinghing  , 
Sinching, 
Tang, 
Poye , 
Kingtu  , 
Juugching, 
Huon, 


Hiung, 
Khie, 
Xince , 
Tunglo , 
Gan  , 
Caoyang,, 
Singan , 
Yetf, 
Laixui. 


Sous  le  règne  d'Ivus,  toute  cette  province  dépendoit 
de  la  province  de  Kicheu,  &  elle  étoit  déjà  célèbre 
pour  avoir  donné  la  nailTance  au  fameux  Loijus ,  le 
plus  habile  des  généraux  du  roi  de  Yen.  Du  tems  des  rois 
delà  Chine,  la  métropole  de  cette  province  s'appelloit 
Chao  :  la  famille  Hana  lui  donna  le  nom  de  Sintu  :  celle 
de  Sanga  l'appella  Paocheu  ,  &  la  famille  qui  règne  au- 
jourd'hui la  nomma  Paoting.  Au  fud-cft  de  cette  ville 
on  voit  des  ruines  d'anciennes  murailles ,  qui  avoient  été 
bâties  par  l'empereur  Chuenhius ,  deux  mille  cinq  cens 
ans  avant  la  naiffance  de  Jesus-Christ.  il  y  a  à  Paoting 
fept  temples  dédiés  à  des  héros  ,  &  un  confacré  à  Javus  , 
l'un  des  plus  anciens  empereurs.  On  fait  grand  cas  de  la 
boifibn  ordinaire  de  Paoting,  &  elle  tient  lieu  de  vin. 
On  ellime  aufli  les  châtaignes  de  cette  contrée  :  elles 
font  extrêmement  grofies  &  d'un  goût  délicieux.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  PAOTING,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Péking  ,  au  département  de  Xuntien  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  fous  le  même  degré  de 
longitude  que  Péking,  &  fous  les  39  deg.  20  min.de 
latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOXAN,  ville  &  forterefie  de  la  Chine,  dans  la 
province  d'Iunnan ,  au  département  de  Likiang  ,  fixié- 
me  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  16  deg.  4; 
min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  27  deg.  9 
min.  de  latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAOYNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Nanking  ,  au  département  d  Yangcheu ,  feptiéir.e  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  2  deg.  14  min.  plus 
orientale  que  Péking  ,  fous  les  38  deg.  8  min.de  latit. 
feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PAP  CASTLE.  Voyez.  Epiacum. 

1.  PAPA.  Voyez.  Pampanis. 

2.  PAPA  ,  autrefois  Mcgeciana  ,  petite  ville  ou  bour- 
gade de  la  Baffe-Hongrie,  au  comté  de  Vesprin,  fur  la 
petite  rivière  de  Marchaltz  ,  au  midi  occidental  de  la 
foret  de  Bakon,  entre  la  ville  de  Vesprin  au  midi  & 
celle  de  Javarin  au  nord.  Il  arriva  dans  ce  lieu  une  ré- 
volte aflez  remarquable  fous  l'empereur  Rodolphe, 
peu  de  tems  après  que  l'archiduc  Matthias  eut  repris 
cette    place   fur  Mahomet  III,  en  1^97.  La  garnifon 


PAP 


PAP 


qui  étoit  de  Lorrains  &  de  Walons ,  indignée  de  ce  qu'on 
différait  à  la  payer ,  fe  donna  aux  Turc* ,  Se  les  mutins 
que  l'armée  de  l'empereur  aiïiégea  ,  fe  défendirent  avec 
une  opiniâtreté  extrême.  Mais  après  plufieurs  afiauts , 
les  fecours  que  les  Ottomans  leur  avoient   promis  ne 
venant  point ,  à  caufe  que  le  fiége  de  Canife  les  occu- 
poit ,  ces  révoltés  tâchèrent  de  fe  fauver  à  la  faveur  d'une 
nuit  obscure.  Quelques-uns  y  réunirent,  mais  la  plu- 
part de  ceux  qu'on  put  attraper ,  furent  punis  par  les 
plus  cruels  fupplices.  En  1683  ,  le  comte  Tckcli ,  après 
une  longue  conférence  qu'il  eut  à  EiTek,  avec  le  grand 
Vilir ,  qui  l'affura  que    fon  maître  avoit  réfolu  de  le 
couronner  roi  de  Hongrie ,  fit  courir  un  manifefie  por- 
tant que  le  Grand  Seigneur  recevrait  fous  fa  protection 
tous  ceux  qui  fe  foumettroient  à  lui  ,  &  qu'il  les  main- 
tiendrait dans  leur  liberté,  leur  religion  &:  leurs  pri- 
vilèges. Comme  il  y  étoit  marqué  qu'on  ne  ferait  au- 
cun quartier  aux  autres ,   Papa  lui  ouvrit  fes  portes , 
Se  reçut  garnifon  de  fes  troupes.  Un  détachement  d'Im- 
périaux reprit  cette  place  après  la  levée  du   fiége  de 
Vienne,  Se  la  plupart  des  Turcs  que  l'on  y  trouva  fu- 
rent maflacrés.  *  Corn.  Dict.  Hiit.  Se  Deic.  du  royau- 
me de  Hongrie,  1.   3. 

PAPA-STRONSA,  petite  ifie  de  l'Océan  ,  au  nord 
del'Ecoiïe,  Se  l'une  des  Orcades.  Elle  elt  fituée  au  nord 
de  l'ifle  de  Stronfa  ,  Se  parte  pour  fertile  Se  pour  bien 
peuplée.*    Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.  1. 

p.  303. 

PAPADOROS.  Voyez  Epicaria. 

PAPALOAPAM,  nom  que  quelques-uns  donnent  à 
la  rivière  d'Alvarado  ,  dans  la  Nouvelle  Espagne.  Voyez. 
Alvarado. 

PAPARIUM.  Voyez.  Papyrona. 

PAPA-WESTRA,  ifle  de  l'Océan,  au  nord  de  l'E- 
cofle  ,  Se  l'une  des  Orcades.  Elle  en*  fituée  au  nord  de 
l'ille  de  Wçftra ,  eft  aflez  bien  peuplée ,  Se  elle  a  l'a- 
vantage d'un  bon  pot  t. 

PAPE  ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province  d'Iun- 
nan.  Elle  efl:  de  18  deg.  30  min.  plus  occidentale  que 
Péking,  fous  les  22  deg.  o  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

PAPEMBERG  ,  petite  ifle  du  havre  de  Nangazaqui , 
au  Japon  :  elle  paraît  d'abord  comme  une  montagne 
environnée  de  la  mer.  C'eft-là  proprement  que  com- 
mence le  port  qui  ell:  formé  par  cette  ifie.  Les  Japo- 
nois  l'appellent  Takaboco  Se  Tak.a-Jama  ,  c'eit-à-dire  , 
le  Pic  des  Bambcjuts.  Les  Hollandois  y  vont  mouiller 
l'ancre  pour  attendre  les  vents ,  lorsqu'ils  veulent  retour- 
ner à  Batavia.  *  Le  P.  de  Charlevoix  ,  Hifl.  du  Japon  , 
t.   11. 

PAPESIFOU  ,  pays  de  l'Inde  ,  fitué  entre  le  Bengale 
6e  l'Iunnan.  Les  Chinois ,  voulant  forcer  les  peuples  qui 
habitoient  ce  pays  ,  à  adopter  leur  calendrier  ,  marchè- 
rent contre  eux  les  armes  à  la  main,  vers  l'an  1300. 
Les  habitans  de  Papefifou  firent  bonne  contenance  ;  la 
guerre  fut  longue  &  cruelle.  Enfin,  Papefifou  fe  fou- 
rnit Se  adopta  le  calendrier.*  Hift.  générale  des  Huns , 
t.3.  p.192,193. 

PAPE-STROSE.  Voyez  Papa  Stronsa. 

PAPHARA  ,  ville  de  Syrie.  Prolomée,  /.  5.  c.  15. 
la  place  dans  la  Cyrreftique. 

1.  PAPHLAGONIE  ,  Paphlagonia ,  province  de  l'A- 
fie  Mineure.  Elle  s'étendoit  d'occident  en  orient ,  depuis 
le  fleuve  Parthenius  ,  qui  la  féparoit  de  la  Bithynie  ,  jus- 
qu'au fleuve  Halys.  Au  nord  elle  étoit  bornée  par  le 
Pont-Euxin  ,  Se  au  midi  par  la  Galatie.  Homère  raie 
mention  des  anciennes  villes  de  la  Paphlagonie ,  dans  ces 
vers,  Catalog.  v.  8ji.  & fuiv. 

P  apblagonibus  praerat  Pylx.mer.is  virile  cor  $ 
Ex  Enetis  ,  ubi  mularum  genus  agreftium  , 
Qui  Cytorum  tenebant  &  Sefamttm  cire  a  habitabant , 
Circaque  Parthenium  amnem  claras  doruos  poffide- 

bant 
Cromnamque  ,   Acgialumqj.ie  ,   &   excelfos    Bry- 

thinos. 

Du  tems  de  Ptolomée,  le  nom  de  la  Paphlagonie  fe 
trouvôit  presque  éteint  par  la  divifion  des  provinces  \ 
car  il  joint  une  partie  de   la  Paphlagonie  à  la  Bithy- 


IIS 

nie,  Se  attribue  le  refte  à  la  Galatie,  qu'il  étend  jus- 
qu'au Pont-Euxin.  Son  nom  lui  fut  cependant  rendu 
dans  la  fuite ,  comme  il  le  paraît  par  les  notices  ;  Se 
avant  Ptolomée  elle  étoit  parfaitement  connue,  puisque 
Strabon  ex:  Pline  en  font  mention.  A  la  vérité  le  pre- 
mier en  refleri-e  extrêmemenr  les  bornes ,  parce  qu'il 
décrit  le  royaume  de  Mithridate  qui  avoit  beaucoup 
empiète  fur  la  Paphlagonie ,  de  forte  que  cette  province 
n  avoir  plus  fes  anciennes  bornes.  Pline  ,  /.  6.  c  z  étend 
la  Paphlagonie  depuis  le  fleuve  Billis  ou  BilUu's  jus- 
qu'au fleuve  Halys.  Mais  Xénophon  ,  /.  6.  de  Expédie. 
Alex,  fait  commencer  la  Paphlagonie  au  fleuve  Parthe- 
nius,  &  l'étend  fans  doute  jusqu'à  celui  de  Halys,  puis- 
qu'il reconnoîr  que  la  ville  de  Sinope  étoit  dans'  cette 
province.  *  Cellair.  Geog.  ant.  I.  3.C.  8. 

La  Paphlagonie,  félon  Strabon,  /.  4.  p.  195.  étoit 
le  pays  des  Henetes  ou  Venetes ,  d'où  l'on  croit  que 
font  venus  les  Vénitiens  \  Se  les  Chalybes  ,  félon  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  9.  c.  19.  y  habitoient  les  villes  de  Si- 
nope Se  cl'Amyfe.  Sous  les  derniers  empereurs  Grecs 
on  appella  cette  ptovince  le  Thème  des  Paphlagons. 
Si  on  la  confidére  fous  la  domination  des  Turcs,  il 
faut  faire  attention  qu'étant  échue  aux  enfans  d'Amur , 
ou  d'Orner  ,  qui  s'appelloient  Sphenders  ou  Spenderes  , 
elle  fut  nommée  Penderachie ,  comme  fi  l'on  eût  vou- 
lu dire  Spendcrachie. 

2.  PAPHLAGONIE ,  contrée  voifine  de  la  Macé- 
doine, du  côté  du  nord,  félon  Martianus  Capella. 
J'avoue ,  dit  Ortelius ,  Tbef.  que  je  ne  connois  point 
cette  contrée  ;  mais  peut-être  faut-il  lire  Pe lagonia  pour 
Paphlagonia  ? 

PAPHLAGON1US ,  fleuve  au  pied  du  mont  Ida , 
félon  Ortelius , ,Thcf.  qui  cite  Quintus  Calaber.  Les  poè- 
tes ont  imaginé  que  ce  fleuve  s'étoit  formé  du  fang  de 
Memnon  eue  par  Achille. 

PAPHOS ,  ville  de  l'ifle  de  Cypre ,  à  l'extrémité 
occidentale.  Strabon,  /.  14.  p.  683.  Ptolomée  ,  /.  5.^ 
14.  Se  Pline,  /.  5.  c.  31.  connoiffent  deux  villes  de 
ce  nom ,  favoir  la  Pale  a  Paphos  ,  vieille  Paphos  Se  Nea 
Paphos  >  la  nouvelle  Paphos.  Strabon  dit  qu'elles  étoient 
éloignées  l'une  de  l'autre  de  foixante  ftades  ;  Se  Ptolo- 
mée place  la  nouvelle  Paphos  entre  les  promontoires 
Adamas  Se  Drepanum  :  il  met  la  vieille  Paphos  entre 
les  promontoires  Drepanum  Se  Zephyrium.  Cette  der- 
nière étoit  dans  les  terres ,  à  dix  ftades  de  la  mer  : 
elle  avoit  cependant  un  port  Se  un  ancien  temple  dé- 
dié à  Venus  Paphienne.  La  nouvelle  Paphos  avoit  été 
bâtie  par  Agapenor,  Se  elle  avoit  pareillemenr  un  port 
Se  un  temple.  Ces  deux  villes  étoient  dédiées  à  Ve- 
nus ;  Se  quand  les  poètes  font  mention  de  Paphos, 
ils  ne  diftinguent  point  fi  c'efl:  de  la  vieille  ou  de  la 
nouvelle  qu'ils  parlent.  Par  exemple  Virgile,  /.  10.  v, 
M.  dit  : 

Efl  Paphos ,  ldaliurnqite  tibi ,  funt  ah  a  Cytbera* 

Et  Horace,  /.  1.  od.  30. 

O  Venus  regina  Cnidi  Paphique  , 
Speme  diletlant  Cypron. 

Et  dans  un  autre  endroit ,  /.  3.  od,  28. 

Taphon 

junUis  vifit  oloribus; 


Cependant  lorsqu'on  ne  diftingue  point  ces  villes 
par  leur  furnom,  on  entend  la  nouvelle  Paphos.  C'en1 
dans  cette  dernière  que  faint  Paul,  AU.  13.  6.  conver- 
tit le  proconful  Sergius  Paulus,  &  frapa  d'aveuglement 
un  Juif  magicien  Se  faux  prophète,  nommé  Bar-Jefu, 
qui  s'oppofoit  à  cette  converfion.  La  nouvelle  Paphos 
ayant  beaucoup  fouffert  d'un  tremblement  de  terre , 
Augufte  la  répara  &  la  nomma  de  fon  nom  Augusta. 
Il  n'en*  pas  fur  qu'elle  ait  confervé  long-rems  ce  nom  ; 
du  moins  aucun  ancien  monument  n'en  fait  foi.  *  Dio 
CaJJlus  ,  1.  54.  p.  j  37. 

PAPI ,  lieu  de  la  Marmarique.  L'itinéraire  d'Anto- 
nin  le  met  fur  la  route  de  Limniades  à  Qatabathmon , 


77*        PAP 

entre  Hlppone  ôc  Paniuri ,  à  vingt-quatre  milles  -de  k 
première  ôc  à  trente  milles  de  la  féconde. 
PAPIA.  Voyez.  Ticinum. 

PAPI^E  lNSULy£  ,  ifles  vers  le  détroit  du  golfe  Per- 
fique  ,  félon  Arrien ,  Peripl.  i.p.  20. 

PAPICA ,  promontoire  de  l'Inde  ,  fur  le  golfe  Ba- 
rygazene.  C'efl  Arrien  ,  ibid.p.  24.  qui  en  fait  mention. 
Il  parle  aufli  d'un  lieu  nommé  Papwa,  différent  de  ce 
promontoire  &  plus  à  l'orient ,  ibid.p.  1$. 

PAP1ENI,  anciens  peuples  d'Italie,  aux  environs  de 
Sinueffe  :  ils  ne  font  guère  connus  que  par  une  ancienne 
infcription  qui  fe  voit  dans  cette  ville.  *  Orielius  , 
Thefaur. 

PAPIN ANCHOIS,  peuples  de  l'Amérique  fepten- 
Uionale ,  dans  la  Nouvelle  France,  fur  la  rive  fepten- 
trionale  du  fleuve  de  Saint  Laurent.  Ils  font  peu  éloi- 
gnés des  Esquimaux. 

PAPING ,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Queicheu  ,  au  département  de  Simien  ,  féconde  ville 
militaire  de  la  province.  Elle  efl:  de  10  deg.  46"  min.  plus 
occidentale  que  Péking ,  fous  les  26  deg.  26  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfa- 

PAPIRA,  ou  Papyra  ,  ville  de  la  Galatie,  félon 
Antonin  ,  itiner.  qui  la  met  fur  la  route  de  Peflinunte 
à  Ancyte,  entre  Vindia  ôc  Ancyr'e  ,  à  vingt-deux  mil- 
les de  la  première  ,  &  à  vingt-iept  milles  de  la  fécon- 
de. Ne  feroit  ce  point,  dit  Ortelius  ,  Thefaur.  la for- 
tereflfe  Papiriana,  dont  parle  Evagriusdans  fon  hiffoire 
eccléfiaftique ,  /.  3.  c.  27. 

PAPIRIANA  YOSSM.  Voyez,  au  mot  Foss^e, l'ar- 
ticle Foss>£  Papiriana. 

PAP1RIUS  AGER  ,  territoire  d'Italie  ,  aux  environs 
de  Tusculum.  Feftus,  de  Verbor.  fignif.  I.  14.  dit  que 
ce  territoire  pouvoit  avoir  donné  le  nom  à  la  tribu  Pa- 
pirienne. 

PAPITIUM  ,  ville  de  la  Paphlagonie,  félon  Etienne 
le  géographe. 

PAPOUS  (La  terre  des).  Voyez,  au  mot  Guinée,  l'arti- 
cle Nouvelle  Guinée. 

PAPPA»  ville  de  la  Galatie.  Ptolomée,  /.  5.  r.  4. 
la  donne  aux  Orondiques. 

PAPPENHEIM  ,  petite  ville  d'Allemagne ,  au  comté 
de  même  nom ,  dont  elle  efl;  l'unique  lieu  confidérable. 
Elle  efl:  l'origine  de  la  maifon  des  comtes  de  Pappen- 
heim.Ils  font  grands  maréchaux  héréditaires  de  l'Empire. 
Ils  y  ont  un  château.  Ce  comté  efl  fitué  entre  Oettin- 
gen  &  Neubourg  ,  aux  frontières  de  la  Franconie.  Du- 
rant les  longues  guerres  d'Allemagne  ,  le  comte  Gode- 
froi-Henri  de  Pappenheim  voulut  la  faire  fortifier ,  & 
y  mit  une  garnifon  ,  qui  s'enfuit  dans  la  Franconie  à 
l'approche  des  Suédois.  *  Zeyler ,  Suev.  Top.  p.  61. 
&  Hubner  ,  Géogr.  p.  428. 

PAPPIANENS1S,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans 
la  province  Proconfulaire.  Parmi  fes  évoques  on  trouve 
Bonifacius  Pappianenfis.  *  Harduin.  collecl.  conc.  t.  3. 
p.  750 

PAPPONATS  ,  bois  de  France  ,  dans  le  Bourbon- 
nois  ,  dans  la  maîtiife  des  eaux  Ôc  forêts  de  Mouliris. 
Ce  bois  efl;  de  cent  feize  arpens  &  demi. 

PAPPUA  ,    montagne  de  la  Numidie  ,    félon  Ce- 
drene   &   Procope,  cités  par  Ortelius,   Thefaur.  Au 
pied  de  cette  montagne  étoit  la  ville  de  Medeos. 
PAPRANTIS.  Voyez.  Prantes. 
PAPREMIS.  Voyez.  Paprimis. 
PAPR1MIS ,  ville  d'Egypte  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Hérodote  ,  /.   2.  n.  60,  écrit   Papremts.  Cette 
ville  étoit  la  capitale  du  nôme  Papremite  ou  Paprimi- 
te.  Mars  y  avoit  un  culte  particulier,  ôc  l'hippopora* 
me  y  étoit  regardé  comme  un  animal  facré. 

PAPCNGiE,   peuples  de   l'Inde,  félon   Ortelius  , 
Thefaur.  qui  cite  Pline  ,7.  6.  c.  20. Quelques  exemplai- 
res portent  Paçungtt ,  ôc  le  père  Hardouin  lit  Karung&. 
PAPYRA.  Voyez.  Papira. 

PAPYR1UM ,  lieu  fortifié  dans  l'Ifaurie ,  félon  Mar- 
cellinns  Cornes.  Surita  prétend  que  c'efl  le  même  lieu 
qu' Antonin  ,  itiner.  appelle  Papira.  Voyez,  ce  mot.  * 
Ortel  Thcf. 

PAPYRONA  ,  lieu  dont  Jofeph  ,  ant.  I.  14.  c.  4, 
ÔC  Bell.  Jud.  I.  1.  c.  5.  fait  mention.  Il  étoit  dans  la  Syrie 
00  dans  l'Arabie.  Egéfippe  ,  /.  1.  c,  4.  écrit  Pararioncm. 


PAR 


PAPYTIUS  MONS  ,  montagne  de  la  Thrace  ,  à  et 
que  croit  Ortelius,  Thefaur.  qui  citeZonare.  11  ajoute 
que  Nicetas  le  met  entre  Mojynopolis  ôc  Drama. 

PAQU1TANET,  rivière  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Louïfiane.  Elle  le  rend  dans  le  Miflîffipi  à 
la  bande  de  l'eft ,  dans  le  pays  des  Nadouefli ,  un  peu 
au-deflbus  de  la  rivière  de  Bon-Secours  ,  presque  vis-à- 
vis  l'ancien  fort  le  Sueur. 

PAR,  rivière  d'Allemagne,  dans  la  Bavière.  Elle  a 
fa  fource  près  du  lac  appelle  Ammerfée,  du  côté  du 
nord  occidental.  Elle  prend  fon  cours  du  midi  au  nord 
jusqu'à  Aicha ,  qu'elle  baigne  :  de-là  tournant ,  au  nord 
oriental ,  elle  fe  rend  à  Schrobenhaufen  ,  à  Schenck- 
nau  ôc  à  Hochenwart ,  ôc  enfin  elle  va  fe  perdre  dans 
un  bras  du  Danube  ,  presque  vis-à-vis  dlngolflad  ,  qui 
efl  fur  un  autre  bras  du  même  fleuve.  *  Jaillot ,  Atlas. 

1.  PARA.  Ortelius ,  Thefaur.  dit  :  Lieu  maritime, 
dans  l'Afie  Mineure,  aux  environs  de  l'Hellespont  ou 
du  Tont-Euxin ,  à  ce  qu'il  paroit  par  un  fragment  de 
Sallufle. 

2.  PARA  ou  la  Capitainerie  de  Para  ,  gouver- 
nement des  Portugais ,  dans  l'Amérique  méridionale  ,  au 
Brefil.  Jl  efl  borné  au  feptentrion  par  la  mer  du  Nordj 
à  l'orient  par  fe  Capitainerie  de  Maragnan  -,  ôc  à  l'occi- 
dent partie  par  l'embouchure  de  la  rivière  des  Amazo- 
nes ,  partie  par  la  rivière  de  Muju.  Quant  au  côté  du 
midi ,  les  bornes  n'en  font  pas  fixes  :  il  s'étend  affez 
avant  dans  les  terres,  jusqu'à  des  nations  qui  ne  font 
pas  encore  bien  connues.  *  Rob.  de  Vaugondy ,  Atlas. 

3.  PARA,  rivière  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Brefil.  Elle  n'eft  connue  que  vers  fon  embouchure.  Sou 
cours  efl  du  midi  au  nord.  Elle  fe  jette  dans  le  golfe 
que  forme  la  rivière  des  Amazones  à  fon  embouchure. 
Cette  rivière  que  de  l'Ifle  appelle  Para ,  s'appelle  Muju. 
Voyez,  ce  mot. 

4.  PARA ,  ville  épiscopale  de  l'Amérique  méridio- 
nale, au  Brefil,  dans  la  Capitainerie  de  même  nom, 
furie  bord  oriental  de  la  rivière  de  Muju,  immédiate- 
ment au-deflbus  de  l'embouchute  de  la  rivière  de  Ca- 
pi ,  qui  vient  d'en  recevoir  une  autre  appellée  Guama. 
Les  Portugais  appellent  cette  ville  le  grand  Para,  c'efl- 
à-dire  la  grande  rivière  ,  dans  la  langue  du  Brefil.  Lé 
gouverneur  ôc  le  capitaine  général  de  la  province  y  font 
leur  réfidence.  C'efl  une  grande  ville:  les  rues  y  font 
bien  alignées,  les  maifons  riantes,  la  plupart  rebâties 
depuis  trente  ans  en  pierre  ôc  en  mo'êlon  ,  les  églifes  ma- 
gnifiques :  le  commerce  direct  de  Para  avec  Lisbonne  , 
d'où  il  vient  tous  les  ans  une  flotte  marchande ,  don- 
ne aux  gens  aifés  la  facilité  de  fe  pourvoir  de  toutes 
leurs  commodités.  Ils  reçoivent  les  marchandifes  d'Eu- 
rope en  échange  des  denrées  du  pays,  qui  font ,  outre 
quelque  or  en  poudre  qu'on  apporte  de  l'intérieur  des 
terres  du  côté,  du  Brefil ,  l'écorce  du  bois  de  clou  ,  là 
falfepareille  ,  le  roucou  ,  la  vanille ,  le  fucre  ,  le  café , 
&  fur-tout  le  cacao ,  qui  efl  la  monnoie  courante  du 
pays  ,  ôc  qui  fait  la  richefle  des  habitans.  Latitude  au- 
ftrale  1  deg.  28  min.  *  Voyage  dans  l'Amérique  par 
M.  de  la  Condamine. 

PARABALI ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange  : 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  la  place  fur  le  bord  du  Gange, 
entre  Binagara  ôc  Sydrus. 

PARABITA.  Voyez.  Bavota. 

PARABOLUS,  lieuvoifin  de  Conflantinople,  félon 
Pierre  Gilles ,  dans  la  description  du  Bosphore. 

PARACA  ,  ville  de  l'Inde  :  Ortelius  ,  Thefaur.  qui 
cite  Philoflrate ,  dit  qu'elle  étoit  bâtie  au  pied  d'une 
montagne. 

PARACADI  ,  peuples  qu'Amen  ,  /.  4.  dit  avoit  été 
afliégés  par  Spitamenès  ,  &  au  fecours  desquels  marcha 
Alexandre.  Mais  il  y  a  faute  en  cet  endroit ,  dit  Or- 
telius ,  Thefaur.  ôc  au  lieu  de  Paracadi ,  il  faut  lire  Ma~ 
racandi,  comme  écrit  Arrien  lui-même  un  peu  plus 
bas.  Il  y  a  pareillement  faute  dans  Strabon ,  /.  n.  p. 
517.  qui  met  une  ville  de  Paracanda  dans  la  Sogdia- 
ne.  Quelques  manuferits  de  ce  dernier  portent  Mff/- 
Kctvèa.  ;  mais  il  faut  lire  MapajcaveTa  ,  MaracaNda. 
Voyez,  ce  mot. 

PARACANANE,  ville  de  l'A  rie  ,  félon  Ptolomée, 

/.  6.  c.  17  qui  la  place  entre  Nijîbis  ôc  Sariga  :  fes 

interprètes  lifent  .  Paratantce. 

v  PARACANDA 


PAR 


PAR 


PARACANDA.  Voyez.  Maracanda  &  ParACA- 

m . 

PARACARESUS ,  nom  d'un  fleuve  dont  fait  men- 
tion Phavorinus ,  Lexic. 

PARACEL  ,  rocher  d'Afie  ,  fur  les  côtes  de  la  Co- 
chinchine ,  le  long  desquelles  il  s'étend  l'efpace  de  plus 
de  cent  lieues.  Ce  rocher  efl  effroyable ,  Ôc  décrié  par 
les  naufrages  qu'on  y  a  faits  de  tout  tems.  Faire  naufrage 
fur  ce  terrible  rocher  &  être  perdu  fans  retfburce  ,  n'efl: 
presque  qu'une  même  chofe.  On  ne  fait  que  fept  ou 
huit  matelots  Chinois  qui  en  ayent  apporté  des  nou- 
velles par  une  aventure  des  plus  furprenantes.  Leur  vais- 
feau  s'écant  brifé  ,  ils  gagnèrent  à  la  nage  quelques  pe- 
tits iflots  ou  rochers  qui  s'éle voient  au-deflus  de  la  merj 
ce  n'étoit  que  pour  prolonger  leur  vie  de  quelques  jours, 
ôc  ils  s'ateendoient  d'y  mourir  de  faim  tôt  ou  tard  ; 
des  bandes  d'oifeaux  venoient  fe  repofer  fur  ces  ro- 
chers >  &  fe  laiflbient  prendre  à  la  main.  Le  poiflbn  ne 
leur  manquoit  pas  ;  ils  n'avoient  qu'à  descendre  au 
pied  des  rochers,  où  ils  trouvoient  toujours  des  hui- 
tres  ou  des  crabes.  L'ingénieufe  néceflité  leur  avoit  mê- 
me appris  à  fe  faire  des  habits  avec  les  plumes  de  ces 
Oifcaux  qui  leur  fervoient  de  nourriture.  Ils  buvoient 
l'eau  qui  tomboit  du  ciel  :  quand  il  avoit  plû ,  ils  l'al- 
loient  ramafier  dans  les  creux  des  rochers.  Us  vécurent 
ainfi  pendant  huit  ans  dans-ces  rochers.  Un  vaifleau  qui 
fe  brifa  fut  le  Paraccl,  vers  la  fin  du  dernier  fiécle , 
leur  fournit  du  bois  pour  faire  une  espèce  de  gatima- 
ron  ou  radeau ,  fur  lequel  ils  oferent  bien  enfin  bra- 
ver les  dangers  de  la  mer.  Ils  furent  aflez  heureux  pour 
gagner  la  grande  ifle  d' Hdï'iana  ,  au  midi  de  la  Chine, 
vis-à-vis  la  partie  occidentale  de  la  province  de  Can- 
ton. *  Lettres  édif.  t.  3.  p.  70. 

PARACH/fLOlS.  Voyez.  Paracheloït*. 

PARACHANA ,  ville  de  Médie  :  Ptolomée,  /.  6. 
c.  2,  la  place  dans  les  terres ,  entre  Caberafa  ôc  Ar- 
facia. 

1.  PARACHELOIT\£ ,  peuples  de  la  Theffalie, 
voifins  de  la  ville  de  Malia  ,  fur  le  bord  du  fleuve  Ache- 
loiis,  félon  Strabon  ,  /.  9.  p.  434.  Ce  même  géographe 
dans  le  livre  fuivant ,  p.  458.  met  le  pays,  nommé  l'ara- 
cheloïtis  chez  les  /Etoliens  >  mais  il  avertit  que  c'étoit  le 
fleuve  Acheloiis  qui  caufoit  ce  changement  par  fes  dé- 
bordemens ,  qui  confondoient  fouvent  les  bornes  des 
Acarnaniens  ôc  des  j£toliens.  Tite-Live  ,  /.  39.  c.  26. 
connoît  une  ville  nommée  Paracheloida  :  elle  devoir 
appartenir  aux  Paracheloites  ;  car  quoiqu'il  la  place  dans 
l'Athamanie  ,  il  ajoute  qu'elle  avoit  écé  unie  à  la  Thes- 
falie. 

2.  PARACHELOIT.E  ,  peuples  qu'Etienne  le  géo- 
graphe met  dans  la  Phthiotide.  Si  cette  pofition  eiï  certai- 
ne ,  il  falloir  qu'ils  fufîcnt  différens  de  ceux  de  Thes- 
falie. 

PARACHOATRA.  Voyez.  Taurus. 

1.  PARACLET  ou  Paraclit  ,  abbaye  de  France  , 
dans  la  Picardie,  au  diocèfe  &  à  deux  lieues  d'Amiens. 
C'eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux.  Elle 
fut  fondée  en  1218,  à  deux  lieues  d'Amiens  par  Engue- 
randde  Bove  ôc  Adc  fa  femme.  Marguerite  de  Bovc  leur 
fille  en  fut  la  première  abbeffe.  Il  n'y  a  pas  un  fiecle 
qu'elle  fut  transférée  dans  la  ville  d'Amiens.  *  Pigamol , 
Defcr.  de  la  France  ,  t.  3.  p.  142. 

2.  PARACLET  ou  Paraclit,  abbaye  de  France , 
dans  la  Champagne  ,  fur  le  ruifieau  d'Ardufion  ,  à  deux 
lieues  au  midi  de  Nogent-fur-Seine.  Cette  abbaye  ,  qui 
eft  de  l'ordre  S.  Benoît ,  doit  fon  établifiemenr  à 
Pierte  Abailard  ou  Abélard ,  qui  voyant  que  fa  doctrine 
étoit  combattue  par  plufieurs  Théologiens,  ôc  entr'au- 
tres  par  faint  Bernard ,  &  depuis  condamnée  en  certains 
points,  fe  retira  à  dix  lieues  de  Ttoyes,  &  à  deux  de 
Nogent-fur-Seine,  où  Hatton  ,  cinquante-fixiéme  évê- 
que  deTroyes,  lui  fit  donner  en  11 30,  une  place  fur 
laquelle  il  fit  bâtir  une  petite  églife  en  l'honneur  de  la 
Ste  Trinité.  Il  y  demeura  quelque  tems  comme  ignoré 
avec  un  de  fes  amis  qui  l'avoit  fuivi  ,•  mais  plufieurs 
écoliers,  ayant  découvert  fa  retraite  ,  vinrent  le  trouver 
pour  vivre  auftérement  avec  lui.  Ils  fe  logèrent  dans  des 
cabanes  qu'ils  bâtirent ,  ôc  ne  vivaient  que  d'herbes  ôc  de 
gros  pain.  Pendant  ce  tems  Suger,  abbé  de  S.Denys,  chas 
fa  du  monaftere  d'Argenreuil  les  religieufes ,  perfuadé 


ou  prévenu  que  leur  conduite  étoit  mauvaife.  Heloïlc, 
qui  en  étoit  la  fupérieure  ,  fe  retira  avec  fes  religieufes 
au  Paraclet ,  auprès  de  fon  époux  ,  qui  leur  céda  la  fo- 
litude,  ôc  fe  rerira  à  Clugny.  Héloïfe  Ôc  fes  religieufes 
réitèrent  au  Paraclet ,  où  plufieurs  filles  fe  joignirent  à 
elles ,  Ôc  commencèrent  à  y  vivre  fuivant  la  règle  de 
faint  Benoît.  Héloïfe  étoit  fort  favante;  car  outre  la  lan- 
gue latine  qu'elle  entendoit  &  parloit  avec  éloquence , 
elle  favoit  parfaitement  le  gtec  ,  ôc  faifoit  chanter  la 
méfie  en  cette  langue  tous  les  ans  le  jour  de  la  Pente- 
côte ,  qui  étoit  la  principale  fête  de  ce  monaftere  -,  ce 
qui  s'obferve  encore  aujourd'hui.  Le  pape  Innocent  II 
confirma  cet  érablifiement  par  fa  bulle  du  28  Novem- 
bre 1131.  Pierre  Abelard  obtint  encore  une  bulle  du 
pape  Eugène  en  1145.  L'abbaye  du  Paiaclet  eft  chef- 
d'ordre  ,  quoique  petite  :  elle  a  plufieurs  monnfteres  & 
prieurés  dans  fa  dépendance.  *  Baugier,  Mémoir.  de 
Champ,  t.  2.  pag.  22J. 

Héloïfe  fut  fort  aimée  ôc  respectée  de  la  comtefie  Ma- 
hault ,  veuve  de  Thibaud  II ,  finnommé  le  Grand ,  comte 
de  Champagne ,  ôc  elle  obtint  de  cette  princeffe  de 
grands  biens  pour  fon  abbaye  :  la  comtefie  Mahaulc 
fonda  même  à  fa  prière  l'abbaye  de  Pomerave  ,  dans  le 
diocèfe  de  Sens,  ôc  voulut  qu'elle  fût  fujette  à  l'abbes- 
fe  du  Paiaclet ,  qui  devoir  y  aller  une  fois  l'année  y 
faire  fa  vifite.  Gertrude  ,  religieufe  du  Paraclet ,  fut  la 
première  abbeffe  de  ce  monafterc. 

Pierre  AbeLird  relia  auprès  de  Pierre  le  Vénérable  , 
abbé  de  Clugny  ,  où  il  continua  de  vivre  dans  fa  péni- 
tence. Il  y  tomba  malade  ;  ce  faint  abbé  l'envoya  au; 
prieuré  de  faint  Marcel  de  Châlons-fur  Sône ,  pour  y 
être  plus  aifément  traité  ;  mais  il  y  mourut  le  2  1  Avril 
1 142,  en  bon  catholique ,  étant  fournis  aux  décifions  du 
faint  Siège.  Son  corps  y  fut  enterré,  &ony  voit  encore 
aujoutd  hui  fon  tombeau.  Héloïfe,  qui  aimoit  tendre- 
ment la  mémoire  de  ce  cher  époux ,  obtint  fon  corps 
du  faint  abbé  de  Clugny  ,  qui  le  lui  porta  ôc  lui  envoya  , 
enfuite  ,  une  abfolution  par  écrit  fcellée  ôc  fignée 
de  lui  en  ces  termes  :  Ego  Fecrits  Cluniacenjîs  abbas ,  qui 
Petrum  Aiexanârum  in  monacbum  Cluniacenftm  rece- 
pi ,  &  corpus  ejus  furtim  delatum  Heloifx  abbatijjx.  & 
monïalibus  Paracleti  concejji ,  aiitoritàte  Omnipotentis 
&  SanElorum  omnium ,  abfolvo  eum  pro  ojpcio  ab  om- 
nibus peccatïs  fuis.  Héloïfe  fit  mettre  ce  corps  dans  un 
caveau  de  l'oratoire  ,  qui  étoit  la  première  églife  du 
Paraclet,  &  qui  ne  fubfifte  plus.  A  l'égard  d'Héloïfe, 
elle  mourut  en  1 1 CT3 ,  après  avoir  gouverné  cette  abbaye 
pendant  trente-trois  ans.  Elle  ordonna  en  mourant  que 
fon  corps  fût  mis  auprès  de  celui  de  fon  époux.  En 
1497  ,  ces  deux  corps ,  qui  étoient  dans  le  même  tom- 
beau dans  le  petit  monaftere  »  furent  transportés  dans  la 
grande  églife,  ôc  le  corps  d'Abelard  mis  proche  de  la 
grille  du  chœur  du  côté  droit,  ôc  celui  d'Héloïfe  du 
côté  gauche  où  on  voit  leurs  tombeaux. 

Quelques-uns  aflïirent  que  ces  corps  fuient  mis  en 
dernier  lieu  dans  un  même  caveau  devant  l'autel  de  la 
Trinité  ,  deiriere  le  cheeur  des  religieufes  ,  fous  les  clo- 
ches ,  ôc  qu'ils  y  font  encore  aujourd'hui  fans  aucune 
infciiption  ;  que  cette  erreur  vient  de  ce  que  quelques 
perfonnes  ayant  vu  cet  autel  de  la  Trinité  ,  qui  eft 
d'une  feule  pierre  ,  ôc  remarqué  qu'il  étoit  curieux  ,  con- 
feillerent  à  l'abbefie  de  faite  mettre  cette  pierre  en  un 
Heu  où  elle  pût  être  aifément  vue  ,  ce  qu'elle  exécuta  , 
la  faifant  mente  dans  le  chœur  des  leligieufes ,  près  de 
la  grille  ,  avec  une  infciiption  au  bas%  qui  infînue  qu'on 
y  a  auffi  transféré  les  corps  d'Abelard  ôc  d'Héloïfe. 
Cette  abbaye  jouit  de  quinze  mille  livres  de  rente.  La 
communauté  efl  nombreufe. 

PARACY  ,  bourg  de  France,  dans  le  Berry  ,  furie 
Bougerait! ,  à  quatre  lieues  de  la  ville  de  Bourges,  &à 
deux  de  celle  d'Henrichemont ,  en  latin  de  Paraciaco.  II  ' 
y  a  dans  le  bourg  une  jurisdiélion  avec  titre  de  baillia- 
ge ,  ôc  dont  les  caufes  fe  portent  par  appel  à  la  prévôté 
de  Bourges.  Deux  villages  fitués  du  côté  du  midi  dé- 
pendent de  ce  bailliage  :  l'un  fe  nomme  Beauvais ,  ôc 
l'autre  la  Rougere.  Tout  le  relie  ne  confifle  qu'en  mai- 
fons  éloignées  les  unes  des  aurres.  11  y  a  dans  Paiacy  uri 
prieuré  dir  de  Micharaur.  11  étoir  aurrefois  féculier, 
maintenant  il  eft  réuni  à  la  maifon  des  chanoines  régu- 
liers de  S.  Ambrojfe  de  Bourses.  Le  terroir  de  ce  bail- 
Tom.  iFiFffff 


PAR 


77 

liage  produit  beaucoup  de  vin.  Il  y  a  auffi  des  prés , 
des  bois  ôc  des  bleds  de  bonne  qualité  ,  ce  qui  fait  le 
plus  grand  commerce  du  pays.  Dans  le  milieu  des  bois 
on  trouve  une  chapelle  dédiée  à  fainte  Marie- Magdelene, 
avec  une  fontaine  dont  l'eau  eft  fouveraine  pour  toutes 
fortes  de  fièvres. 

PARADA  ,  ville  de  l'Afrique  propre  ,  fur  le  chemin 
qui  conduifoit  de  Tapfus  à  Utique.  Scipion  ne  fe  con- 
tenta pas  de  brûler  cette  ville  ,  il  fit  encore  périr  les  ha- 
bitans  dans  les  flammes.  C'eft  ce  qui  a  fait  croire  que 
Parada  ôc  Phara  étoient  la  même  ville.  En  effet  Stra- 
bon,  /.  17.  p.  831.  fait  entendre  que  Phara  fat  traitée 
avec  la  même  rigueur  que  Parada.  Mais  cela  ne  fuffit 
pas  pour  n'en  faire  qu'une  feule  ville  •,  car  Strabon  joint 
Phara  avec  Thena  ,  Acholla  ôc  Zella  ,  qui  font  fur  le 
golfe  de  Syrte  ,  hors  de  la  route  qui  conduit  de  Thapfus 
à  Utique.  *  Hirtius ,  Bell.  Afric.  c.  87. 

PARADABATHRA  ,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du 
Gange  :  Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  la  place  fur  le  bord  de  ce 
fleuve ,  entre  Azica  &  Pifca. 

PARADAM1UM.  Voyez.  Vanarionensis. 

PARADEISUS.  Voyez.  Paradisus. 

PARADENI.  Voyez  Pardene. 

1.  PARADIS.  Ce  nom  a  trois  différentes  lignifications. 

1.  Il  fignifie  le  Paradis  Terreftre  :  ce  lieu  de  délices 
où  Adam  fut  placé  presque  immédiatement  aptes  fa 
création. 

2.  Il  a  été  enfuite  appliqué  au  féjour  des  bienheu- 
reux. 

3.  Il  y  a  eu  une  ville  de  Syrie  nommée  Paradis  ,  Se 
quelques  autres  endroits  auxquels  il  tenoit  lieu  de  nom 
propre.  La  première  ôc  la  troifiéme  fignification  font  du 
reffort  de  la  géographie  ■>  la  féconde  eff  un  objet  de  la 
foi. 

DU    PARADIS    T  E  RRESTRE. 

2.  PARADIS.  Ce  terme  vient  du  chaldéen  DT19,  Par- 
dès  ,  dont  les  Grecs  onr  fait  na/:«<ÎWoç  ,  ôc  les  Latins 
Paradijus.  Ce  mot  dans  fon  origine  fignifie  un  Verger , 
&  non  un  jardin.  Il  fe  trouve  en  trois  endroirs  du  texte 
hébreu  ;  1.  au  fécond  livre  d'Esdras,  c.  1.  v.  8.  où  Néhe- 
mie  prie  le  roi  Artaxerxès  de  lui  faire  donner  des  lettres 
adreflées  à  Afaph  ,  gardien  du  verger  du  roi ,  afin  qu'il 
lui  fafle  donner  le  bois  néceffaire  pour  les  bâtimens  qu'il 
alloit  entreprendre.  Dans  cet  endroit  Paradis  eft  mis 
pour  milieu  rempli  d'arbres  propres  à  bâtir.  2.  Salomon, 
dans  l'Eccléfiafte ,  c.  2.  v.  5.  dit  qu'il  s'eft  fait  des  jar- 
dins &  des  Paradis  ,  c'eft-à-dire ,  des  vergers.  3 .  Dans 
le  Cantique  des  Cantiques ,  c.  4.  v.  13.  il  dit  que  les 
plans  de  ï'époufe  font  comme  un  verger  rempli  de  gre- 
nadiers. Les  Grecs  ,  non  feulement  les  Septante  , 
mais  mêmeXénophon  &  les  autres  auteurs  Païens,  fe 
fervent  fouvent  de  ce  même  terme  en  ce  fens-là  :  nous 
en  donnerons  une  preuve  au  mot  Paradis  N°  3. 

Les  Septante  fe  font  fervis  du  mot  napa'A/a-oç ,  en  par- 
lant du  jardin  d'Eden  ,  Uapd^iiTov  iv  'EAc.  L'hébreu 
l'explique  par  le  mot  33 ,  Gan,  Jamais  lieu  n'a  tant  exci- 
té la  cutiofité  des  hommes  que  celui-là.  Chacun  a  vou- 
lu deviner  où  il  étoit.  Je  dis  deviner ,  car  le  déluge  a 
caufé  de  grands  changemens  fur  la  furface  de  la  terre , 
fans  parler  du  changement  que  Dieu  même  y  fit  après 
le  péché  d'Adam  ce  d'Eve.  Les  lieux  où  l'on  veut  le  pla- 
cer ne  font  nullement  annoncés  dans  l'écriture.  Il  y  au- 
roit  de  quoi  exercer  un  longue  critique  fur  les  opinions 
bizarres  que  les  écrivains  ont  eues  touchant  la  fimation 
du  Paradis  terreftre. 

Les  Séleuciens,  Origene,  Philon ,  &c.  ont  cru  ■'que 
le  Paradis  terreftre  n'avoit  jamais  exifté,  Se  qu'on  doit 
expliquer  allégoriquement  ce  qui  en  eftdit  dans  l'écriture. 
Saint  Auguitin  ,  de  Genef.  ad  L'ut.  /.  8.  c.  \.&  de  Civ. 
Dei,  l.  13.  c.  21.  met  en  quefiion  fi  le  Paradis  eff  fpi- 
rituel  ,  ou  matériel ,  ou  tous  les  deux  enfemble  î  On  l'a 
mis  fous  le  pôle  ardique  ,  dans  la  Tartarie  ,  à  la  place 
qu'occupe  préfentement  la  mer  Caspienne  -,  d'autres  l'ont 
reculé  à  l'extrémité  du  midi  ,  dans  la  terre  de  Feu  ;  plu- 
ficurs  l'ont  placé  dans  l'orient ,  ou  fur  les  bords  du  Gan- 
ge ,  ou  dans  l'ifle  de  Ceïian  ,  faifant  même  venir  le  nom 
des  lnd.es  du  mot  Eden ,  nom  de  la  province  où  le  Pa- 
radis étoit  fitué.  On  l'a  mis  dans  la  Chine,  ôc  même 
par-delà  l'A  fie ,  dans  un  lieu  inacceffible  ;  d'autres  dans 


PAR 


l'Amérique ,  d'autres  en  Afrique  fous  l'équàtéur  -,  d'au 
très  à  l'orient  équinoxial;  d'autres  fur  les  montagnes  de 
la  Lune  ,  d'où  l'on  a  cru  fauffement  que  fonoit  le  Nil  ; 
la  plupart  dans  l'Afie  ,  les  uns  dans  l'Arménie  Majeure, 
les  autres  dans  la  Méfopotamie,  ou  dans  l'Affyrie  ,  ou 
dans  la  Perfe ,  ou  dans  la  Babylonie ,  ou  dans  l'A- 
rabie ,  ou  dans  la  Syrie  ,  ou  dans  la  Paleffine.  Il  s'en 
eft  même  trouvé  qui  en  ont  voulu  faire  honneur  à  no- 
tre Europe  ;  &  il  y  en  a  eu  qui  l'ont  établi  à  Hesdin , 
ville  d'Artois ,  fondés  fur  la  reffemblance  de  ce  nom 
avec  celui  d'Eden. 

Entre  les  fentimens  des  écrivains  qui  ont  écrit  avec 
le  plus  de  folidité  6c  de  réputation  fur  cette  matière  , 
il  y  en  a  trois  qui  méritent  d'être  diftingués. 

I.  Calvin  ,  Scaliger  ,  Huet ,  évêque  d'Avranches ,  à 
quelque  différence  ptès ,  dans  la  manière  d'expliquer 
les  détails,  conviennent  de  placer  le  Paradis  terreftre 
fur  le  fleuve  que  produit  la  jonction  de  l'Euphrate  6c 
du  Tigre  ,  qu'on  appelle  aujourd'hui  le  fleuve  des  Ara- 
bes, entre  cette  jonction  6c  la  divifion  que  fait  ce  mê- 
me fleuve.avant  que  d'entrer  dans  la  mer  Perfique.  Huet, 
qui  en  a  fait  expreffément  un  traité  ,  met  ce  Paradis  fur 
le  bord  oriental  de  ce  fleuve  ,  lequel  étant ,  dit-il ,  con- 
fidéré  félon  la  dispofition  de  fon  lit ,  6c  non  pas  félon 
le  cours  de  fon  eau  ,fe  divifoit  en  quatre  têtes  ,  ou  qua- 
tre ouvertures  différentes.  Ces  quatre  branches  font  qua- 
tre fleuves,  deux  au-deffus,  fçavoir  ,  l'Euphrate  6c  le 
Tigre,  &deux  au-deffous ,  favoir ,  le  Phifon  6c  kGe- 
hon.  Le  Phifon  eft  ,  félon  lui ,  le  canal  occidental  ;  6c  le 
canal  oriental  du  Tigre,  qui  fe  décharge  dans  le  golfe 
Perfique.  Quoique  fon  fyftême  ne  foit  pas  fatisfaifant  ,il 
mérite  cependant  d'être  lu ,  parce  qu'il  contient  une 
multitude  de  chofes  très-favantes. 

II.  D'autres  favans ,  parmi  lesquels  on  peut  compter 
D.  Calmeront  placé  le  Paradis  terreftre  dans  l'Arménie  , 
entre  les  fources  du  Tigre,  de  l'Euphrate,  de  l'Araxe 
6c  du  Phafis,  que  ce  favant  Bénédictin  croit  être  les 
quatre  fleuves  défignés  parMoïfe.  Il  n'y  a  nul  doute  à 
l'égard  de  l'Euphrate  :  le  Chidkel  (  ou  Chiddekel  )  eft  le 
même  que  le  Tigre ,  nommé  auffi  Diglito.  Le  Phafis 
eft  le  Phifon  :  la  reffemblance  des  noms  eff  fenfible.  Que 
l'Araxe  foit  le  Gehon  ,  on  en  trouve  une  espèce  de  preu- 
ve ,  en  ce  que  le  mot  grec  Araxès  fignifie  impétueux  ,  de 
même  que  Gehon  en  hébreu.  Le  pays  d'Eden  ,  pourfuit- 
il ,  étoit  dans  ce  pays-là  ,  autant  qu'on  en  peut  juger  par 
quelques  veftiges  qui  en  font  reftés  dans  les  livres  faints. 
Le  pays  de  Chus  eft  l'ancienne  Scythie  fituée  fur  l'Ara- 
xe. Hevila  eft  apparemment  la  Colchide ,  pays  très-cé- 
lèbre par  fon  or.  On  peut  voir  là-deffus  fon  commen- 
taire fur  la  Genèfe  >  c.  2.  v.  8.  où  il  a  effayé  d'établir  ce 
fentiment  par  toutes  les  preuves  qu'il  a  pu  ramaffer.  II 
affure  que  les  voyageurs  qui  ont  été  dans  ces  pays ,  ren- 
dent témoignage  de  leur  fertilité ,  6c  que  c'eft  encore  au- 
jourd'hui la  tradition  de  ces  peuples ,  que  le  Paradis 
terreftre  étoit  dans  leur  province. 

Avant  que  de  venir  au  troifiéme  fentiment,  qui  me 
paroit  préférable,  je  crois  devoir  propofer  au  lecteur 
deux  chofes ,  qui  lui  feront  d'un  grand  fecours  pour  le 
mieux  entendre.  Premièrement  le  texte  même  de  l'écritu- 
re, où  il  eft  parlé  du  Paradis  terreflre.  En  fécond  lieu  ,de 
lire  attentivement  ce  que  j'ai  dit  à  l'article  Eden  ,  qu'il 
feroit  inutile  de  répéter  ici.  Voici  le  paffage  entier  avec 
les  différences  de  l'hébreu  ,  des  Septante  ôc  de  la  vul- 
gate. 


Genef.  c.  2.  félon  l'Hébreu. 

V.  8.  Et  le  Seigneur  Dieu 
planta  un  verger  en  E- 
den,  du  côté  de  l'Orient , 
6c  il  y  mit  l'homme  qu'il 
avait  formé. 


V.  9.  Et  le  Seigneur  Dieu 
fit  auflî  germer  de  la  ter- 
re routes  fortes  d'arbres 
defirables  à  la  vue  ,  & 
bons  pour  le  manger ,  5c 
l'arbre  de  vi«  au  milieu 


V.  8.  LaVulgatedit:Etle 
Seigneur  Dieu  avait  plan- 
té dès  le  commencement , 
un  jardin  de  délices  ,  ÔC 
il  y  mit,&c.  Les  Septante 
difent  :  un  Paradis  en  E- 
dem ,  du  coté  dt  l'Orient. 


PAR 


PAR 


du  verger ,  &  l'arbre  de 
la  feience  du  bien  &  du 
mal. 
10.  Et  un  fleuve  fortoitd'E- 
den  pour  arrofer  le  ver- 
ger, &  de-là  il  fe  divifok 
en  quatre  têtes. 


1 1.  Le  nom  du  premier  eft 
Phifon  ;  c'eft  lui  qui  tour- 
noyé dans  toute  la  terre 
de  Chavilah,  où  il  y  a  de 
l'or. 

1 2.  Et  l'or  de  cette  terre  eft 
bon  :  là  eft  le  Bdellium  Se 
la  pierre  Shoham  (  ou 
Soham  ;  c'eft  l'Onyx.  ) 

1 3 .  Le  nom  du  fécond  fleu- 
ve s'appelle  Gihon  (  ou 
Gichon  )  ;  c'eft  celui  qui 
coule  autour  de  toute  la 
terre  de  Chus. 

14.  Le  nom  du  troificme  eft 
Chiddekel  qui  va  vers  l'o- 
rient de  I'AJJyrie.Enhn  le 
quatrième  fleuve  eft  l'Eu- 
phrate. 


10.  La  Vulgate  dit:  Et  un 
fleuve  for  toit  du  lieu  de 
délices  pour  arrofer  le 
Paradis,  qui  de- là  fe  di- 
vife  en  quatre  têtes.  Les 
Septante  :  Un  fleuve  par- 
toit  d'Edem,pour  arrofer 
le  Paradis ,  &  de-là.  il  fe 
divife  en  quatre  commen- 
cemens  (  on  four  ce  s.  ) 

1 1.  La  vulgate  dit  :  la  terre 
de  Hevilath.  Les  Septan- 
te Evilat. 


1 3 .  La  vulgate  dit  :  Le  Ge- 
hon c'eft  celui  qui  tournoyé 
autour  de  toute  l'Ethio- 
pie. Les  Septante  difent 
auflî  l'Ethiopie. 

14.  La  Vulgate  dit  :  Le  troi- 

fléme  s'appelle  leTigre  qui 

coule  vers  les  Ajjyriens. 

Les  Septante  vis-à-vis , 

Kartvctvri  'Aas-vpiuv. 


Le  P.  Hardouin,  toujours  fertile  en  paradoxes ,  eft  ce- 
lui qui ,  à  mon  gré,  a  donné  le  plus  grand  jour  au  troilié- 
me  fentiment  que  nous  allons  rapporter.  Mais  je  ne  fais  (i 
ce  paradoxe  ne  devient  pas  une  espèce  de  vérité  démon- 
trée ,  quand  on  rafTemble  les  preuves.  Son  ouvrage  fe  Trou- 
ve dans  fon  édition  de  Pline  in  folio,  chez  Coutelier , 
1723  ,  immédiatement  après  le  iixiéme  livre.  On  en  a 
une  traduction  Françoife  ,  au  1  volume  des  traités  géo- 
graphiques Se  hiftoriques,  pour  faciliter  l'intelligence  de 
récriture  fainte  par  divers  auteurs  célèbres ,  à  la  Haye 
1730.  Comme  par-là,  ce  traité  eft  plus  à  la  portée  de 
tous  les  lecteurs ,  je  me  contenterai  d'en  extraire  les  preu- 
ves ,  Se  je  renvoie  pour  le  refte  au  livre  même. 

III.  Le  troifiéme  fentiment  eft  de  ceux  qui  mettent  le 
Paradis  terreftre  dans  la  Paleftine.  Si  l'on  explique, 
comme  les  Hébreux,  un  Verger  en  Eden,  cela  s'accorde  ; 
nous  avons  fait  voir  qu'Eden  étok  en  Syrie.  Voyez.  Eden. 
Il  eft  vrai  que  du  coté  de  l'Orient ,  ne  s'y  accorde  pas  fi 
bien  que  lorsqu'il  s'agit  des  pays  fitués  au-delà  du  Tigre , 
ou  de  l'Euphrate:  auflî  l'auteur  delà  vulgate  (qui  eft  au  ju- 
gement du  P.  Hardouin  le  plus  fidèle  ,  Se  le  plus  éclairé 
de  tous  les  traducteurs  de  l'écriture)  a-t-il  traduit  Mik.- 
kçderh ,  non  point  par  ces  mots  du  coté  de  l'Orient,  com- 
me il  traduit  en  quelques  endroits ,  mais  par  ceux-ci  dès  le 
commencement  ;  ce  qui  marque  ,  non  la  fituation ,  mais  le 
tems  de  la  création  du  Paradis ,  antérieur  à  celui  de  la 
création  de  l'homme.  Il  eft  vrai  que  la  vulgate  dit  :  un 
Jardin  de  délices ,  au  lieu  que  l'hébreu  Si  le  grec  difent 
un  Verger  en  Eden ,  ou  un  Paradis  en  Edem;  mais  le  P. 
Hardouin  fait  voir  que  ce  n'eft  pas  fans  raifon.  Il  remar- 
que que  la  lettre  fervile  3  qui  répond  à  notre  prépofition 
en  ou  dans ,  ne  fignifîe  là  qu'un  verger  dans  les  délices , 
phrafe  hébraïque ,  pour  dire  un  Verger  délicieux  ;  qu'en 
échange  il  y  a  d'autres  endroits  de  la  Genéfe  même,  com- 
me le  15  v.  du  chapitre  fécond,  le  23  Se  le  24  v.  du 
chapitre  III ,  où  cette  même  lettre  fervile  eft  négligée,  Se 
qu'on  y  lit  non  pas  py3  33,  Ghan  beeden ,  mais  Ample- 
ment 31P  33,  Ghan  Eden,  un  verger  délicieux ,  un  Para- 
dis de  volupté.  Il  fait  voir  qu'Ifaïe  ,  c.  $1.  v..i.  emploie 
le  mot  Eden  pour  lignifier  délices. 

Le  dixième  verfet'eft  celui  qui  donne  les  plus  grandes 
difficultés.  Si  l'on  rend  Ghan  beeden  par  un  Verger  en 
Eden,  il  fcmblera  que  le  fleuve  fortoit  d'Eden,  nom  gé- 
néral du  pays  oùétoit  ce  verger  ou  Paradis  Terreftre, 
dans  lequel  il  entroit  pour  l'arrofer  ;  mais  fi  Eden  n'eft 
pas  un  nom  propre  ,  Se  que  beeden  fignifîe  feulement 
plein  de  délices,  alors  cela  change  les  idées,  Cette  rivière 


77. 

a  fa  fource  dans  ce  même  Paradis;  elle  fort  fignifîe  Ample- 
ment elle  fort  de  terre.  Cette  rivière,  félon  Huet,  eft 
l'Euphrate  Se  le  Tigre ,  joints  enfemble  dans  un  même 
lit.  Le  P.  Hardouin  prétend  que  c'eft  le  Jourdain  qui,  en- 
tre tous  ceux  de  la  Paleftine ,  eft  proprement  le  feul  fleu- 
ve par  excellence;  les  autres  n'étant  que  des  torrens ,  ou 
des  ruifleaux,  &  ne  méritant  pas  le  nom  de  fleuve.  On 
peut  rappeller  ici  le  j  verfet  du  fécond  chapitre  de  la 
Genèfe ,  dans  lequel  on  lit  félon  l'hébreu  :  Et  une  vapeur 
s' élevait  de  terre  ,  &  arrofoit  toute  lafurface  dit  pays.  Ce 
mot  de  vapeur  déplaît  fouverainement  au  P.  Hardouin , 
Se  c'eft,  fuivant  lui,  une  faute  groflîere.  Car,  ajoute-t-il , 
c'eft  avec  raifon  que  l'interprète  de  la  vulgate  a  rendu  le 
mot  hébreu  IN  Ed ,  par  celui  de  fontaine,  d'autant  qu'il  fe 
trouve  joint  avec  le  verbe  îTfï>,  Schacah ,  qui  fignifîe  ar- 
rofer,  mot  qui  dans  aucun  endroit  de  l'écriture  fainte  ne 
fe  dit  que  d'une  fontaine,  ou  d'un  ruifleau  ,  ou  d'une  ri- 
vière qui  coule  dans  des  campagnes  &  y  ferpente;  au  lieu 
que  le  mot  de  vapeur,  qui  fe  trouve  trois  fois  employé  en 
d'autres  endroits  du  même  livre,  ne  fe  trouve  exprimé  en 
pas  un  feul  par  le  mot  IN.  Salien  dans  fes  annales  ad  diem 
Mundi  III.  No.  57. apporte  d'autres  raifons folides,  pour 
prouver  que  le  nfot  de  vapeur  ne  convient  pas  en  cet  en- 
droit. Cette  fontaine  qui  ferpentoit  dans  tout  le  pays, 
pour  l'arrofer,  convient  bien  au  Jourdain  qui  n'eft  qu'une 
fontaine,  avant  que  d'entrer  dans  la  merde  Tibériade. 
C'eft  proprement  au  fortir  de  cette  mer  qu'il  mérite  le 
nom  de  fleuve.  Auflî  vers  fa  fource  Pline,  /.  j.  fect.  ij. 
ne  lui  a-t-il  donné  que  le  fimple  nom  de  fontaine,  Jorda- 
nis  amnis  oritur  ex  fonte  Paneade.  A  l'égard  de  toute  la 
furface  du  pays ,  cela  ne  veut  dire  autre  chofe ,  finon  que 
le  Jourdain,  par  fes  tours  Se  fes  détours,  arrofe  beaucoup 
plus  de  ce  pays  qu'il  n'en  arroferoit ,  s'il  couloit  en  dtoite 
îigne.  Pline  marque  très-bien  ces  détours  :  mais  nous  voi- 
ci à  l'endroit  qui  a  le  plus  égaré  les  commentateurs. 

Et  de-là  il  Je  divifoit  en  quatre  têtes.  On  convient  gé- 
néralement que  ces  têtes  doivent  être  les  fources  d'autant 
de  fleuves.  Huet,  que  ces  lburces  n'accommodoient  pas, 
traduit  :  &  étoit  en  quatre  têtes  ;  Se  par  ces  têtes  il  entend, 
ouverture ,  commencement ,  abord ,  ce  qui  fe  préjtnte  le 
premier ,  l'entrée.  Il  avoit  befoin  de  ce  fens  pour  fauvet 
fon  fyftême,  qui,  afin  de  trouver  quatre  fleuves,  en 
prend  deux  en  remontant,  Se  contre  le  fil  de  l'eau,  Se 
deux  bras  du  même  fleuve  formés  du  Tigre  Se  de  l'Eu- 
phrate :  depuis  leur  union  jusqu'à  la  divifion  de  ces  deux 
bras  qui  vont  à  la  mer ,  il  place  le  Paradis  terreftre  ,  de 
forte  que  deux  fleuves  fe  prennent  en  remontant ,  &  deux 
en  descendant.  Il  fe  donne  une  extrême  peine  pour  prou- 
ver fon  fentiment.  Le  P.  Hardouin  me  paroît  moins  em- 
barrafle.  Le  P.  Nicolas  Abram  Jéfuite ,  dans  fon  phare  de 
l'ancien  teftament ,/.  2.  avoit  déjà  propofé  ce  fentiment. 
Les  paroles  de  la  vulgate  font ,  çr  Fluvius  egredieba- 
tur  de  loco  voluptatis ,  ad  irrigandum  Paradifum  qui  inde 
dividitur  in  quatuor  Capita.  C'eft^-dire ,  Et  le flciwe for- 
toit  du  lien  de  volupté  pour  arrofer  le  Paradis  qui  de-là  fe 
divife  en  quatre  Chefs,  La  grande  difficulté  vient  de  ce 
que  tous  les  interprètes  entendent  cette  divifion ,  comme 
fi  c'étoit  ce  même  fleuve  dont  on  vient  de  parler ,  qui  fe 
partageât  en  quatre  fources,  Le  moyen  de  trouver  un 
fleuve  qui,  coulant  fur  la  terre,  fe  partage  en  d'autres 
fources  nouvelles  ?  Pour  s'accommoder  à  cette  idée,  on  » 
fuppofé  que  ce  fleuve  fe  perdoit  dans  la  terre ,  &  alloit 
fortir  enfuite  ailleurs  par  quatre  fources  qui  produifoient 
amant  de  fleuves.  L'Euphrate  Se  le  Tigre  font  bien  nom- 
més par  Moïfe.  Le  Phifon  Se  le  Gehon  ont  fait  plus  de 
difficulté;  chacun  les  a  expliqués  à  fa  mode ,  Se  Jofeph  a 
cru  que  le  Gehon  eft  le  Nil.  Voyez.  Gehon  ,  N°  i.  où  je 
rapporte  les  divers  fentimens  des  Savans  fur  ce  fleuve. 

Le  P.  Hardouin  propofe  un  dénouement  que  voici. 
Eft-il  néceflaîre  que  le  fleuve  foit  divife î  L'écriture,  fé- 
lon la  vulgate,  ne  rapporte  point  le  qui  au  fleuve  qui  eft 
trop  loin  ,  mais  au  Paradis  même.  C'eft  le  Paradis  dont 
toutes  les  beautés  fe  trouvoient  réunies  en  ce  feul  en- 
droit. Hors  de-là  (Inde)  on  ne  les  trouve  plus  que  parta- 
gées autour  des  fources  de  quatre  fleuves  qui  font  le  Phi- 
fon, le  Géhon,  le  Tigre  Se  l'Euphrate  ;  il  faut  1.  favoir 
qui  font  le  Phifon  Se  le  Géhon;  i°.  que  les  lieux  où  fjpnt  les 
fources  de  ces  fleuves  ont  chacun  une  partie  des  beautés 
du  Paradis.  Les  voyageurs  aflîirent  que  le  pays ,  où  font  les 
fources  du  Tigre  Se  de  l'Euphrate,  quoiqu'à  préfem  mal 
Tem,  IV.  Fffff  ij 


780       PAR 

cultivés,  font  d'une  fertilité  agréable.  Au  relie  cette  expli- 
cation que  le  P.  Hardouin  donne  à  ces  mots: Dividitur  in 
quatuor  capita ,  eft  ingénieufe ,  appliquée,  non  au  fleuve, 
mais  au  Paradis.  J'ai  touché  quelque  chofe  des  raiforts  du 
P.  Hardouin  cUtns  l'article  de  Gehon,  n.  i.  J'y  renvoie  le 
Lecteur. 

Que  le  Paradis  terreftre  ait  été  aux  environs  de  la  mer 
de  Tibériade,  le  long  du  Jourdain  Se  vers  Damas,  on  le 
peut  prouver  auflî  par  une  tradition  établie  &  fubfiftante 
encore  dans  ces  pays.  On  en  trouve  encore  une  autre  es- 
pèce de  preuve  dans  le  nom  même  de  Genesar,  que  l'on 
voit  donné  à  des  eaux  dans  le  premier  livre  des  Macha- 
bées ,  c.  luv.  6j,  où  il  eft  parlé  de  I'eau  de  Genesar, 
&  dans  le  nom  de  Genesareth  employé  par  S.  Luc,  c. 
j.  v.  ii.  Stagnum  Genefareth ,  I'Etang  de  Genesa- 
reth. Terra  Genesar  en  S.  Mathieu,  c.  14.  v.  34.  la 
Terre  de  Genesar  :  car  le  mot  Hébreu  ~wn  p  ,  Ghan 
Ascher ,  fignifiant  un  Verger  heureux ,  un  Verger  déli- 
cieux, les  noms  de  Genefar  Se  de  Genefareth  qui  figni- 
fient  la  même  chofe ,  avertifient  de  chercher  là  le  Verger 
délicieux,  par  excellence,  ou  ce  Paradis  de  délices  dont 
ils  portent  encore  des  traces.  On  peut  auilî  dériver  ce  mot 
Genefareth  demtt?p>de  forte  qu'il  fifhifiera  un  jardin 
planté  d'arbres-,  car  fTON  ,  Ascher  a  veut  dire  bois ,  ou 
lieu  couvert  d'arbres ,  tel  qu'étoit  le  Paradis  dans  lequel  le 
Seigneur  avoit  planté  toute  forte  d'arbres  agréables  à  la 
vue  &  au  goût. 

Genefar  n'elt  pas  dans  cette  contrée  le  feul  nom  qui 
conferve  des  traces  de  l'ancienne  beauté  du  pays.  La  ville 
de  Capharnaum  ,  appellée  maritime ,  parce  qu'elle  eft  fur 
le  bord  de  la  mer  ou  du  Lac  de  Tibériade  ,  Se  nom- 
mée par  S.Matthieu,  la  patrie  du  Sauveur,  parce  que 
dans  le  rems  de  fa  prédication ,  il  y  faifqit  ordinairement 
fa  demeure ,  Matth.  c.  4.  v.  13.  Cette  ville ,  dis  je ,  porte 
dans  fon  nom  une  preuve  de  fa  beauté  Se  de  celle  des  en- 
virons. Les  deux  mots"l«D,  Caphar  Se  ay:,  Ntihum,  dont 
fon  nom  eft  formé ,  ne  fignifie  autre  chofe  que  Village 
agréable  ou  Maifon  de  campagne  agréable,  lien  eft  de 
même  de  la  ville  de  Naïm ,  dont  le  nom  C»3 ,  Naim , 
veut  dire  belle,  charmante;  Se  de  Corozaïn ,  l'Hébreu 
J'y  fnno  fignifiant  comme  un  bijou  à  la  vue  ,  ou  à  l'œil; 
Se  enfin  de  Magedan ,  ville  fituée  fur  la  côte  occidentale 
de  la  mer  de  Galilée  ,  &  dont  S.  Matthieu  fait  mention , 
c.  ij.  v.  39.  Ce  nom  formé  de  l'hébreu  T3Q  ,Meghed, 
fignifie  fruits  délicieux  Se  agréables,  ou  délices  Secharmes. 
Il  ne  feroit  pas  jufte  d'imputer  au  P.  Hardouin  d'avoir 
cru  que  le  Paradis  terreftre  n'ait  eu  précifément  de  beauté 
que  celle  que  ces  lieux  ont  aujourd'hui  naturellement. 
Son  fentiment  paroît  tout  oppofé  à  celui-ci.  Car,  fi  mal- 
gré le  déluge ,  Se  divers  autres  accidens,  ces  lieux  confer- 
vent  encore  une  fi  grande  beauté ,  Se  des  monumens  fi 
marqués  de  leur  ancien  état ,  que  devoit-ce  être  dans  les 
tems  heureux  de  l'innocence  d'Adam  ? 

Quelques-uns  ont/outenu  que  le  Paradis  terreftre 
fubfifte  encore  à  préfent,  mais  inaccefiîble  aux  hommes 
depuis  la  chute  de  leur  premier  père.  Ils  allèguent  l'au- 
teur du  livre  de  l'Eccléfiaftique  ,  c.  44.  v.  16.  qui  dit 
qu'Enoch,  ayant  été  agréable  à  Dieu,  a  été  transporté 
dans  le  Paradis ,  afin  qu'un  jour  il  faffe  entrer  les  nations 
dans  la  pénitence.  Les  pères  Latins ,  qui  ont  lu  dans  le 
texte  de  la  vulgate  le  mot  de  Paradis ,  ont  cru  que  ce 
patriarche  avoit  été  transporté  dans  le  Paradis,  c'eft- à-di- 
re dans  le  ciel  félon  les  uns,  ou  dans  le  Paradis  terres- 
tre félon  d'autres.  Mais  les  pères  Grecs  qui  n'ont  point  lu 
de  leur  tems  le  mot  de  Paradifus  dans  le  texte  grec  de 
l'Eccléfiaftique ,  n'ont  point  déterminé  le  lieu  où  Enoch 
avoit  été  transporté.  S.  Jérôme  a  fouvent  mis  le  nom  de 
Paradifus  dans  la  vulgate,  à  l'imitation  des  Septante: 
mais  il  ne  fe  trouve  dans  le  texte  hébreu  de  l'ancien  tes- 
tament ,  que  dans  les  trois  partages  qui  font  marqués  au 
commencement  de  cet  article.  Pour  l'ordinaire  ce  S.  In- 
terprète traduit  l'hébreu  p  ,  Ghan  par  Paradifus  :  quoi- 
que Ghan  fignifie  Amplement  un  Verger  ,  un  Parc  ,  un 
Jardin.  Hieronym.m  Amos ,  8.  Ambrof.  /.de  Paradifo  , 
c.  3.  Doroth.  in  Synopfi.  hcn.  Lj.e.j.  Auth.  Quseft.  ad 
Orthod.  Qua?ft.  8j.  Aug.  contra  Jul.  /.  G.  Op.  imp.  n.  30. 
Dans  les  livres  du  nouveau  teftament,  le  mot  de  Pa- 
radis fe  met  pour  un  lieu  de  délices  où  les  âmes  des 
bienheureux  jouiftent  de  la  béatitude  éternelle  :  ainfi  Jé- 
sus-Christ dit  au  bon  Larron,  vous  ferez,  aujourd'hui 


PAR 


avec  moi  dans  le  Paradis  ,  c'eft-à-dire  dans  le  féjour  dc« 
bienheureux.  S.  jPaul,  i.Corinth.  c.  12.  v.  4.  parlant  de 
lui-même,  ditqu'i/  connaît  un  homme  qui  a  été  ravi  jus- 
que dans  le  Paradis ,  oh  il  a  entendu  des  paroles  qu'il 
n'eft  pas  permis  de  publier.  Enfin  Jefus-Chrift  dans  l'Apo- 
calypfe,  c.  1 1.  v.  6.  7.  dit  qu'/Y  donnera  au  vainqueur  à, 
•manger  du  fruit  de  l'arbre  de  vie  qui  eft  au  milieu  du  Pa- 
radis de  fon  Dieu;  faifant  allufion  à  l'arbre  de  vie  qui 
étoit  dans  le  Paradis  terreftre.  Les  Juifs  appellent  d'ordi- 
naire le  Paradis ,  le  Jardin  d'Eden,  &  ils  fe  figurent 
qu'après  la  venue  du  Meffie  ,  ils  y  jouiront  d'une  félicité 
naturelle  au  milieu  de  toutes  fortes  de  délices  :  en  atten- 
dant la  réfurrection  Se  la  venue  du  Meflîe  ,  ils  croyent  que 
les  âmes  y  demeurent  dans  un  état  de  repos.  *  Luc.  ci}. 
î\4J. 

La  plus  grande  partie  de  cet  article ,  eft  tirée  du  dic- 
tionnaire de  D.  Calmet  au  mot  Paradis. 

3.   PARADIS,  ville  de  Syrie  :  Pline,  /.  j.c.  23.1a 
nomme  dans  cet  ordre  :  La  tétrarchic  nommée  Mammis- 
ca  ,  Paradis,  Pagres,  Sec.  en  latin,  Tetrarchiam que 
Mammisca  appellatur,  Paradisum  ,  Pagras ,  Pinare- 
tas ,  Seleucias  prêter  jam  diclam  duas ,  Sec.  Etienne  le 
géographe  dit  rtepaJWoç  ttc'^/ç  ïvpiaç.  Ptolomée  ,  /.  5.  c. 
i$.  met  ce  même  lieu  dans  la  Laodicene,  canton  de  la 
Syrie.  11  faut  fe  fouvenir  que  les  Grecs  ont  donné  le  nom 
de  Paradis  à  des  lieux  où  ils  voyoient  beaucoup  d'arbres 
qui  faifoient  un  bel  effet  à  la  vue ,  Se  il  y  a  apparence  que 
c'eft  quelque  chofe  de  pareil  qui  a  donné  le  nom  à  cette 
ville.  Strabon,  /.  16.  p.  756  ,  parlant  d'un  Canton  de  la 
Syrie,  dit  jusqu'à  la  fource  de  l'Oronte,  qui  eft  près  du 
Liban  Se  de  Paradis,  Se  du  Mur- Egyptien ,  au  voifinage 
du  territoire  d'A pâmée  :  Strabon,  /.  16.  p.  763.  parlant 
ailleurs  de  la  plaine  de  Jéricho ,  dit  qu'il  y  avoit  de  fon 
tems  un  palais  Se  un  Paradis  du  Baume ,  ibi  &  regia  eft  & 
Balfami  Paradifus  :  il  entend  par  Paradis  un  verger,  un 
lieu  planté  d'arbres;  Se  les  arbres  dont  il  s'agit  ici,& 
dont  il  donne  la  defeription ,  produiraient  ce  fameux  bau- 
me de  Jéricho  dont  je  parle  ailleurs.  Il  faut  remarquer 
que  le  mot  de  Paradifus  employé  dans  ces  deux  partages 
de  Strabon ,  fe  prend  en  premier  lieu  pour  une  ville  de 
ce  nom ,  Se  il  eft  nom  propre.  Dans  le  fécond  il  eft  pris 
pour  un  lieu  planté  d'arbres  Se  fermé  apparemment ,  afin 
d'empêcher  que  le  baume  qu'il  produifoit,  ne  fût  au  pilla- 
ge. Sans  le  témoignage  d'Etienne  qui  dit  pofitivement 
que  Paradis  étoit  une  ville  de  Syrie ,  ne  trouvant  point  ce 
nom  ainfi  qualifié  ailleurs,  j'aurois  été  dispofé  à  croire 
qu'il  s'agiflbit,  non  pas  d'une  ville,  mais  d'un  verger  ou 
d'un  parc. 

Quelques  auteurs  ont  voulu  fe  fervir  de  ce  nom  pour 
prouver  que  le  Paradis  étoit  en  ce  pays,  c'eft-à-dire,  près 
de  la  fource  de  l'Oronte.  Quoique  cette  preuve  favorife 
le  troifiéme  fyftême  pour  lequel  je  panche,  j'avoue  qu'el- 
le eft  fans  force  ;  autrement  elle  feroit  concluante  pour  la 
Sicile,  pour  la  Cilicie ,  pour  la  Perfide  ;  par  tout  là ,  com- 
me on  va  voir,  dans  les  articles  qui  fui  vent,  il  y  a  quelque 
rivière  ou  village,  ou  lieu  ,  à  qui  le  nom  de  Paradifus  a 
été  donné;  mais  il  faut  fe  fouvenir  de  ce  que  j'ai  remar- 
qué de  1  ufage  que  les  autres  Grecs  ont  fait  de  ce  mot. 

La  ville  de  Paradis  de  Syrie  eft  la  même  que  celle  dont 
il  eft  parlé  dans  l'article  Paradisus.  n.  1. 

4.  PARADIS,  abbaye  en  Suifie,  au  bord  du  Rhin,  au- 
deftus  de  Schafthotifej  à  une  lieue  de  Dieffehofen.  C'eft 
une  abbaye  de  filles ,  de  l'ordre  de  Ste  Claire.  Cette  mai- 
fon eft  riche  Se  a  une  grande  étendue.  On  lui  a  donné  le 
nom  de  Paradis  à  caufe  de  fon  agréable  fuuation.  *  Etat 
&  Délices  de  la  Suijfe ,  t.  3 .  p.  171. 

5.  PARADIS.  Voyez.  Vogelberg. 

6.  PARADIS  DE  NOBUNANGA.  Voyez.  Anzu- 

QUIAMA. 

1.  PARADISUS,  ville  de  Syrie  :  Ptolomée,  /.  j.r. 
1  $.  la  place  entre  Scabiofa  ,  Laodicia  Se  Ibruda.  Diodore 
de  Sicile  nomme  cette  ville  Triparadisus  ,  Se  la  met 
dans  la  Hnute-Svrie.  *  L.  18.  c.  39. 

2.  PARADISUS ,  fleuve  de  Syrie  félon  Martianus  Ca- 
pella  :  ce  fleuve  couloir  près  de  la  ville  Germanicia.  Pli- 
ne ,  /.  j .  c.  27.  met  dans  la  Cilicie  un  fleuve  nommé  Pa- 
ra disus  ,  Se  Ortelius,  Thef.  foupçonne  que  ce  pourroit 
être  le  même  que  celui  de  Syrie.  *  De  Euph.  1.6.  c.  9. 

3.  PARADISUS,  fleuve  de  Cilicie.  Voyez.  Par  ad  i- 
sus  >  "•  *• 


PAR 


PAR 


781 


4.  PARADISUS  j  village  de  l'ifle  de  Sicile  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

;.  PARADISUS,  lieu  de  la  Perfide  ,  félon  Ortelius, 
Tbef.  qui  cite  Siméon  le  Méraphrafte ,  dans  la  vie  de  Ste 
Acepfime.  Xenophon ,  de  Exped.  I.  2.  parle  de  ce  lieu 
qu'il  mec  aux  environs  du  Tigre.  Il  femble  auflî  que  Dion 
de  Prufe ,  Or  au  77.  en  fade  mention. 

PARyECII ,  peuples  dont  faic  mention  un  partage  des 
conftitutions  des  apôtres,  lib.  7.  c.  46.  qui  leur  donne 
deux  évêques  nommés  Aquila  8c  Nicetas. 

PAR/ELOS,  montagne  de  l'Attique,  près  de  Mara- 
thon ,  félon  le  Lexicon  de  Phavorinus. 

PARyETAC  A ,  ville  de  Médie ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe -,  mais  il  y  a  apparence  qu'elle  étoit  feulement  dans 
la  Parauacene  ,  aux  confins  de  la  Médie.  Voyez.  Parjïta- 

CENE. 

PAR/ETACE.  Voyez.  Par^tacene 

PAR/ETACENE  ,  contrée  d'Afie.  On  donnoit  ce 
nom ,  félon  Prolomée ,  /.  6.  t.  4.  à  toute  la  partie  de  la 
Perfide  qui  touchoit  la  Médie.  Strabon  ,  /.  2. p.  80.  8c  l. 
1 1.  p.  524.  dit  que  la  Parsetacene  8c  la  Codée  joignoient 
la  Perfide ,  &  s'étendoient  jusqu'aux  Portes  Caspienncs  ; 
&  Pline,  /.  6.  c.  26.  étend  la  Para;tacene  au-delà  des  Por- 
tes Caspiennes.  Les  habitans  de  cette  contrée,  nommés 
Parœtacx  8c  Parœtaceni ,  étoient  des  montagnards  adon- 
nés au  brigandage. 

PAR^TONIUM ,  ville  d'Egypte ,  Prolomée ,  /.  4.  c. 
$.  la  place  dans  le  nôme  de  Libye ,  entre  Apis  &  Pitbys 
extrem.i.  Strabon,  /.  17.  p.  798.  dit  que  cette  ville  avoir 
un  port,  &  que  quelques-uns  l'appelloient  Aritmonia, 
Etienne  le  géographe  dit  la  même  chofe.  Juftinien  ,  à  ce 
que  Procope ,  Mdif.  I.  6.  c.  2.  nous  apprend,  fit  fortifier 
ce  lieu,  pourarrêter  les  incurfions  des  Maures.  Cette  ville 
a  été  épiscopale,  comme  il  paroîtpar  le  concile  d'Alexan- 
drie, tenu  l'an  362,  auquel  Gains  ex  Par&tonio  fouferi- 
vit.  Titus ,  évêque  de  cette  même  ville  ,  fouferivit  à  celui 
de  Nicée ,  de  l'an  3  2j.  *  Hardiùn.  Collect.  Conc.    • 

PARAGENIT/E,  peuples  du  Péloponnèfe  :  Pline,/. 
4.  c.  6.  les  met  dans  l'Achaïe. 

PARAGONTICUS  SINUS ,  golfe  ,  fur  la  côte  de  la 
Caramanie,  félon  Ptolomée,  /.  6.  t.  8.  Ortelius  croit  que 
c'eft  le  même  golfe  qu'Arrien,  2.  Peripl.  p.  21.  appelle 
Tcrabdon.  Ptolomée  place  les  lieux  fuivans  dans  le  golfe 
Paragontique  : 

Canthapis  L'embouchure  du  fleuve 

Agris ,  Samidaches , 

Combanx  La  fource  de  ce  fleuve , 

Gogana ,  Tifa , 

Salari,  L'embouchure  du  fleuve 

Magida ,  Caudiaces , 

Samydace  »  Bagia  extrema 

Le  Port  de  Cyiz,a 
Alambatera  extremum. 

PARAGOTES,  peuples  de  la  France  équinoxiale.  Ils 
habitent  presque  à  l'occident ,  mais  un  peu  vers  le  nord 
&  au  bord  occidental  du  Marony,  &  fur  lacôre  delà 
mer. 

PARAGOYA,  ou  Paragoa  ,  ifie  de  la  mer  des  In- 
des, entre  les  Philippines  &  l'ifle  de  Bornéo.  Elle  e/t  iî- 
tuée  presque  nord-ett  8c  fud-elt  par  les  dix  degrés  de  la- 
titude feptentrionale.  On  dit  que  fa  longueur  eftà  peu  près 
de  cent  lieues,  8c  fa  largeur  de  vingt  en  différais  endroits. 
Cette  ifle,  peu  fertile  &  mal  peuplée,  ne  laifie  pas  d'avoir 
un  roi  particulier,  tributaire  pourtant  du  roi  de  Bornéo. 
A  l'extrémité  de  cette  ifle  ,  du  côté  qu'elle  regarde  les 
Philippines ,  il  y  a  un  fort  qui  appartient  aux  Espagnols , 
avec  un  certain  territoire  aux  environs.  Les  habitans  de 
cette  ifle  diftillent  du  riz,  dont  ils  font  du  vin  meilleur  que 
celui  de  Palme.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy. 

PARAGU  AR1,  bourgade  de  l'Amérique  méridionale, 
fur  le  bord  méridional  de  la  rivière  des  Amazones,  à  l'efl 
de  Traquatoha ,  un  peu  au-deffus  de  l'embouchure  du 
Tefé.  C'eft  une  des  fix  miflions  defiervies  par  des  million- 
naires Carmes  Portugais.  Elle  eft  fituée  dans  un  lieu  éle- 
vé à  l'abri  des  inondations,  8c  vis-à-vis  la  principale  bou- 
che de  L'Yupura.  Latitude  auftrale  3  degrés  20min.  Pa- 
raguari  eft  précifément  ce  que  de  l'Ifie  appelle  Village 
d'or,  8c  qu'on  nomme  Cuajaris  dans  l'acte  de  prife  de 
poueflion  par  Texeira ,  au  nom  de  la  couronne  de  Portu- 


gal, dos  Cuajaris,  fronte  das  bocaynas  dorio  do  Ouro. 
Cette  rivière  d'or  eft  la  même  que  l'Iquiari.  Voyez,  ce 
mot. 

1. PARAGUAY, grand  pays  de  l'Amérique  méridiona- 
le, dont  il  n'eft  pas  aifé  de  marquer  au  jufte  l'étendue. 
Il  tire  fon  nom  de  la  rivière  Paraguay  ;  les  meilleures  car- 
tes que  nous  ayons  du  Paraguay ,  nous  ont  été  données 
par  les  Jéfuices  ;  mais  ils  y  ont  eu  moins  d'égard  à  ce  qu'on 
doit  appeller  proprement  Paraguay,  qu'à  ce  qui  forme  la 
province  de  leur  compagnie,  qui  porte  ce  nom,  &  qui 
obéit  à  un  feul  provincial.  Cette  province  comprend  qua- 
tre gouverneniens:  celui  duTucuman,  celui  de  Santa 
Crux  de  laSierra,  celuidu  Paraguay  particulier,  8c  celui  de 
Rio  de  Plata.  Ces  quatre  gouvernemens  font  fournis  pour 
le  militaire  au  viceroi  du  Pérou  ;  pour  le  civil  à  l'audien- 
ce royale  du  los  Charcas;  8c  pour  le  fpirituel  ,  à  l'arche- 
vêque de  Chuquifaca ,  ou  la  Plata,  capitale  de  los  Char- 
cas  ;  car  chacun  de  ces  quatre  gouvernemens  a  un  évêque 
fuffragant  de  l'archevêque.  Les  Jéfuites  de  la  province  de 
Paraguay  ont  des  maifons,  des  collèges  &  des  Doctrines  j 
ces  Doctrines  font  des  bourgades  peuplées  de  plufieurs 
mille  Indiens  que  les  Jéfuites  ont  ramafles,  civilifés  & 
infirmes  de  manière  qu'ils  en  ont  fait  d'habiles  ouvriers, 
de  bons  chrétiens,  8c  des  gens  fi  fociables  que  tous  leurs 
biens  font  en  commun:  ils  font  braves  foldats,  8c  fujecs 
très-fidèles. 

La  première  de  leurs  cartes ,  dédiée  au  Père  Vincent 
Carafe,  a  été  inférée  dans  le  grand  Atlas  de  Jcàn  Blaeu  , 
la  féconde  de  l'année  1722,  a  été  dreflee  à  l'occafion 
de  la  relation  hiftorique  des  miffions  de  Lorchi quitus; 
compofée  par  le  P.  Jean  Patrice  Fernandès,  8c  imprimée 
à  Madrid  in  quarto,  en  1 726  ;  la  troifiéme  eft  de  1  année 
1732,  8c  a  paru  en  1733 ,  avec  la  defeription  chronolo- 
gique du  grand  Chaco,  imprimée  in  quarto,  àCordoue 
du  Tucuman ,  par  le  P.  Pierre  de  Lozano. 

Je  me  bornerai  dans  cet  article  au  Paraguay  propre , 
qui  ne  renferme  que  les  gouvernemens  du  Paraguay  par- 
ticulier ,  &  de  Rio  de  la  Plata.  Or  dans  ce  fens  le  Para- 
guay n'a  de  bornes  marquées  au  nord  ,  que  le  grand  fleu- 
ve des  Amazones  ;  à  l'orient  il  eft  terminé  par  le  Brefil 
8c  par  la  mer  du  nord  ;  au  midi  par  les  terres  Magellani- 
ques;  à  l'occident  par  le  Tucuman  ,  le  grand  Chaco ,  la 
province  de  los  Charcas,  8c  celle  de  Sainte  Croix  de  la 
Sierra. 

Le  gouvernement  particulier  du  Paraguay ,  dont  la  ville 
de  I'AlTomption  elt  la  capitale  ,  comprend  tout  ce  qu'ar- 
rofe  le  fleuve  Paraguay  ,  dont  la  fource  n'eft  pas  bien  con- 
nue ,  jusqu'à  fa  jonction  avec  le  Parana  :  ainfi  il  eft  termi- 
né au  fud  par  cette  jonction  ;  il  a  peu  d'étendue  à  l'occi- 
denr  ,  parce  que  les  Chiquites ,  qui  appartiennent  au  gou- 
vernement de  Sainte  Croix  de  la  Sierra ,  s'avancent  fore 
près  de  fes  bords  ;  à  l'orient  il  n'clî  borné  que  par  le  Bre- 
fil ;  mais  la  Guayranie,  qui  faifoit  autrefois  partie  du  Pa- 
raguay, eft  aujourd'hui  conteltéc  par  les  Portugais,  qui 
prétendent  qu'elle  elt  du  Brefil ,  8c  ils  font  même  en  pos- 
feflîon  des  riches  mines  d'or  &  de  diamant  qu'on  y  a  dé- 
couvertes. Il  y  a  des  commillaires  nommés  de  part  8c 
d'autre  pour  vuider  ces  différais.  Les  Espagnols  avoienc 
autrefois  plufieurs  villes  dans  cette  province ,  8c  fur  tout 
Villarica,  dans  la  Guayranie ,  8c  Xerez  ;  mais  il  ne  refte 
plus  que  Villa  8c  I'AlTomption.  C'eft  dans  un  canton 
de  cette  province ,  nommé  Maracayu ,  que  vient  la 
meilleure  herbe  du  Paraguay  ,  qui  fait  la  plus  grande  ri- 
cheffe  de  ce  pays. 

Dans  le  reflbrt  de  ce  gouvernement  il  y  a  une  infinité 
de  peuples ,  dont  les  plus  connus  font  les  Payaguas,  les 
Yembales  ,  les  Guaycurus,  les  Yavas. 

Le  gouvernement  de  Rio  de  la  Plata  commence  au  con- 
fluent du  Parana  8c  du  Paraguay ,  8c  n'eft  terminé  que  par 
les  terres  Magelianiques  au  fudj  à  l'orient  il  l'efl  par  la 
mer  du  Nord,  quoique  les  Portugais  disputent  aux  Espa- 
gnols toute  cette  côte,  à  laquelleils  ont  donné  le  nom  de 
Capuania  del  Re ,  où  ils  n'ont  cependant  d'établi  (Te  ment 
que  la  colonie  du  S.  Sacrement  &  l'ifle  de  Ste  Catheri- 
ne. A  l'occident  cette  province  elt  afTez  bornée  par  le  Tu- 
cuman ;  fa  capitale  elt  Buenos-Ayres.  Voyez,  ce  mot.  Les 
autres  villes  font  S.  Jean  de  Corriemes ,  immédiatement 
au-deffous  du  confluent  des  deux  grandes  rivières  donc 
j'ai  parle  :  Stafé ,  afTez  près  du  Parana ,  du  côté  du  Tucu- 
man, parles  3  2d.  de  latitude  auftrale,  &  la  fortereffs 


n%X  PAR 

du  Monte-Video ,  du  côté  du  Brefil,  fur  le  bord  de  Rio 
de  la  Hâta,  environ  à  30  lieues  espagnoles ,  au-deffous  de 
la  colonie  du  S.  Sacrement.  Mais  le  long  de  l'Uruguay  , 
grande  rivière  qui  vient  du  nord-eft,  ÔC  fe  décharge  dans 
Rio  de  la  Plata,  par  les  34  d.  fud. 

Outre  les  mines  de  la  Guayranie,  dont  j'ai  parlé,  il  y 
a  dans  le  Paraguay  ,  vers  la  ville  de  Santa-Fé,une  lagune, 
où  l'on  trouve  des  perles.  11  y  a  auili  en  quelques  endroits 
des  mines  de  fer  \  mais  on  n'y  a  point  encore  travaillé} 
du  refte  tout  ce  pays  eft  fort  pauvre  ,  à  l'exception  des  vil  • 
les  de  Buenos-  Ayres  &  de  Santa-Fé ,  qui  commercent 
avec  le  Pérou  :  on  y  connoît  à  peine  les  espèces  d'or  ôc 
d'argent.  Tout  le  trafic  s'y  fait  par  échange,  &  il  n'y  a 
que  les  principaux  du  pays  qui  y  mangent  du  pain  de  fro- 
ment ,  ôc  qui  y  boivent  du  vin  :  la  nourriture  ôc  la  boiffon 
ordinaire  des  autres  fe  tire  du  maïs,  du  manioc  &  du 
miel ,  avec  ce  que  peuvent  leur  fournir  la  chaffe  ôc  la  pê- 
che. Le  pays,  lorsque  les  Espagnols  y  entrèrent,  avoit 
beaucoup  de  cerfs,  de  fangliers,  de  chevreuils,  debu- 
fles-,  les  Jéfuires  ont  peuplé  les  vaftes  plaines  qui  font  en- 
tre l'Uruguay,  la  mer  ôc  Rio  de  la  Plata ,  de  taureaux  ôc 
de  vaches  :  on  y  a  aufli  laiffé  courir  des  moutons ,  des  co- 
chons &  des  chevaux  ,  ce  qui  eft  encore  une  grande  res- 
fource  pour  la  vie  &  pour  le  commerce 

Les  premiers  Espagnols,  qui  s'établirent  dans  le  Para- 
guay ,  firent  une  grande  fortune  avec  l'herbe  ,  dont  j'ai 
déjà  parlé ,  &  on  en  fait  encore  un.  trafic  confidérable. 
L'herbe  du  Paraguay,  eft  la  feuille  d'un  affez  grand  ar- 
bre ,  ôc  cette  feuille  reffemble  allez  à  celle  qu'on  appelle 
Coca  au  Pérou  ;  mais  elle  eft  beaucoup  plus  eftimée;  de 
forte  que  c'eft  au  Pérou  même  que  s'en  fait  le  plus  grand 
débit  :  on  dit  qu'elle  a  le  goût  &  l'odeur  de  la  manne  ter- 
reftre-,  les  naturels  du  pays  la  nomment  caoQ  caa ,  & 
c'eft  peut-être  ce  nom  qui  a  fait  croire  à  quelques-uns  que 
c'étoit  le  Cha  on  le  Thé  des  Chinois  ;  les  autres  vertus 
qu'on  lui  atribue ,  font  de  délafler  &  de  foutenir  à  un 
point,  qu'un  homme,  en  travaillant  tout  un  jour,  peut 
fe  paffer  de  manger ,  pourvu  que  de  trois  en  trois  heures 
il  boive  une  taffe  de  caa  -,  de  nettoyer  l'eftomac,  de  réveil- 
ler &  d'animer  les  fens,  en  forte  qu'on  puiffe  long-tems 
veiller  fans  en  être  incommodé.  Les  Espagnols  ont  préten- 
du y  trouver  un  remède  à  tous  leurs  maux ,  &  l'on  ne  fau- 
roit  douter  qu'elle  ne  foit  un  excellent  fpécifique  :  ce 
qu'il  y  a  de  fingulier  dans  cetre  feuille  ,    c'eft   qu'elle 
produit  fouvent  des  effets  tout  contraires,  comme  de  pro- 
voquer le  fommeil  à  ceux  qui  ont  des  infomnies  ,  ôc  de 
guérir  la  léthargie ,  de  nourrir  ôc  de  purger.  Ceux  qui 
y  font  acoutumés  ne  peuvent  plus   s'en  paffer  ,   ni  en 
prendre  modérément ,  quoiqu'elle  les  defféche  ,  les  en- 
yvre,  &  leur  caufe  toutes  les  incommodités  que  pro- 
duifent  les  liqueurs  les  plus  fortes  prifes  avec  excès  11 
y  a  peu  de  pays  au  monde ,  où  il  y  ait  plus  de  rivières 
Ôc  de  lagunes,  ôc  la  plupart  font  remplies  de  Caymans, 
dont  quelques-uns  font  d'une  grandeur  Ârd'unegroffeur 
extraordinaire.  Il  en  eft  de  même  des  vipères  &  des  fer- 
pens ,  dont  on  dit  des  chofes  qui  paroiffent  incroyables. 
On  y  voit  des  lions  &  des  tigres  en  quantité  ,  auffi- 
bien  que  des  caméléons ,  des  finges ,  des  renards ,  ôc  plu- 
lieurs  autres  animaux  inconnus  dans  nôtre  hémisphère. 
En  général  le  pays  n'eft  ni  beau,  ni  fertile,  ni  commode 
pour  voyager  -,  &  en  bien  des  endroits  l'air  n'eft  pas  fort 

fain.  , 

2.  PARAGUAY  ,  rivière  de  l'Amérique  méridionale  , 
dont  la  fource  n'eft  pas  bien  connue ,  &  qui ,  fe  joignant 
avec  leParana,  vers  les  27  d.  de  latit.  aulhale,  pour 
former  ce  qu'on  appelle  Rio  de  la  Plata ,  où  elle  perd  fon 
nom.  11  eft  certain  que  cette  rivière  fort  du  lac  Xa- 
rayez  ,  environ  par  les.  19  d.  30  m.  fud  ;  mais  on  prétend 
qu'elle  vient  de  beaucoup  plus  loin.  D.  Martin  del  Barco, 
archidiacre  de  Buenos-Ayres,  dans  fon  hiftoire  du  Para- 
guay, écrite  en  vers  espagnols,  ôc  intitulée  Argentine, 
place  cette  fource  dans  le  lac  Doradn  ,•  mais  ce  lac  paffe 
aujourd'hui  pour  fabuleux  :  l'auteur  de  la  defeription 
chronologique  du  grand  Chaco  ,  que  j'ai  déjà  cité,  dit 
qu'un  Espagnol ,  nommé  Jean  Garcia  ,  natif  de  l'Affomp- 
tion  du  Paraguay,  ayant  été  plufîéurs  années  esclave  par- 
mi les  Payaguas ,  revint  dans  fa  patrie  au  commencement 
de  ce  fiécle;  qu'il  raconta  que  dans  un  voyage  qu'il  avoit 
fait  avec  les  fauvages  fur  le  Paraguay  ,  après  qu'ils  eurent 
traverfc  le  lac  des  Xarayez,  ils  arrivèrent  à  une  grande 


PAR 


montagne,  fous  laquelle  coule  la  rivière;  qu'ils  s'enga- 
gèrent fous  cette  voûte ,  avec  la  précaution  de  porter  des 
flambeaux  allumés,  pour  fe  garantir  de  certaines  chauves- 
fou  ris  ,  nommées  Andiras ,  qui  fe  font  cantonnées  en 
cet  endroit,  font  d'une  grandeur  énorme,  &  fe  jettentavec 
furie  fur  les  pafîans,  quand  ils  ne  fe  font  pas  prémunis, 
comme  ceux-ci  avoient  fait  ■■,  qu'ils  furent  trois  jours  a 
paffer  cette  ténébreufe  caverne ,  ôc  qu'ayant  encore  na- 
vigué pendant  quelque  tems,  toujours  fur  la  même  rivière 
ils  arrivèrent  à  un  lac ,  dont  ils  ne  virent  point  l'autre  ex- 
trémité. 

Cette  rivière  en  reçoit  beaucoup  d'autres-,  c'eft  elle 
qui  a  donné  fon  nom  au  pays  du  Paraguay.  Les  naturels 
du  pays  l'appellent  Rivière  couronnée. 

1.  PARAIBA  ,  province  ou  capitainerie  de  l'Améri- 
que méridionale  ,  au  Brefil ,  dans  fa  partie  orientale  : 
elle  eft  bornée  au  nord  parla  capitainerie  de  Rio  Grande, 
à  l'orient  par  la  mer  du  Nord ,  au  midi ,  par  la  capitaine- 
rie de  Tamaraca ,  Se  à  l'occident  par  les  peuples  appelles 
Tiguares  ôc  Petiguares.  Cette  province  a  pris  fon  com- 
mencement des  François,  que  les  Portugais  en  chaflerent 
en  1  j  84.  Ces  derniers  y  ont  depuis  bâti  une  ville  ôc  quel- 
ques bourgades,  ôc  planté  beaucoup  de  cannes  de  fucre. 
Du  port  Francèfe,  en  fuivant  la  route  vers  le  nord,  on 
rencontre  un  cap  appelle  Capo  Bianco,  fur  la  hauteur  de 
10.  d.  45.  m.  au  fud  de  la  ligne.  Il  y  a  de  cet  endroit  deux 
lieues  jusqu'à  la  rivière  de  Paraiba,  qui  donne  le  nom  à 
cette  province.  La  ville  de  Paraiba  eft  fituée  au  côté  méri- 
dional de  cette  rivière,  au  fond  d'une  ance,  à  trois  lieues 
de  la  mer  ou  environ.  Voyez.  Paraiba,  n°  5.  Dès  cette 
ville  la  rivière  commence  à  faire  un  coude  vers  le  nord- 
oueft.  Sur  la  rive  droite ,  en  montant,  on  voit  un  moulin 
à  fucre  avec  les  maifons,  &  un  peu  plus  haur  fur  l'un  ôc 
fut  l'autre  rivage  des  magafins  de  marchands,  &  quel- 
ques maifons.  En  montant  encore  ,  lus  haut,  on  trouve 
fur  la  rive  droite  un  petit  village  ,  où  il  y  a  trois  moulins , 
avec  leurs  marais  à  cannes,  ôc  plus  haut  encore  un  autre 
village ,  dont  les  habirans  s'emploient  principalement  à 
cultiver  des  racines ,  qui  leur  tiennent  lieu  de  bled.  L'au- 
tre cap  de  cène  province,  qui  eft  vers  le  nord-eft ,  s'ap- 
pelle Punta  de  Lucena.  Au  devant  de  ce  cap  font  quel- 
ques rochers,  derrière  lesquels  il  y  a  une  bonne  rade 
pour  de  petits  bâtimens.  Tout  le  terroir  de  cette  provin- 
ce eft  affez  fertile ,  ôc  il  s'y  trouve ,  en  plufieurs  endroits , 
beaucoup  d'arbres  de  Brefil,  dont  le  bois  eft  propre  aux 
teinturiers.  Les  fauvages  nommés  Petiguares  l'habitent, 
&  font  en  guerre  continuelle  avec  d'autres  fauvages 
voifins  qu'on  appelle  Tiguares.  *  Rob.  de  Vaugondy  , 
Atlas.  Corn.  Diét.  De  La'ét ,  Defc.  des  Indes  Occid.  /. 
16.  c.  2. 

2.  PARAIBA,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Brefil ,  dans  la  capitainerie  de  Paraiba ,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Paraiba ,  qui  lui  donne  fon  nom.  Elle  eft 
fituée  fur  la  rive  méridionale  d'une  ance  qui  fe  trouve  à 
l'embouchure  de  la  rivière ,  à  trois  lieues  de  la  mer  ou 
environ.  Les  navires  y  peuvent  monter  finement,  ôc  y 
charger  fans  danger  fix  ou  fept  cens  caiffes  de  fucre. 
Cette  ville  étoit  autrefois  ouverte  ;  mais  préfentement 
elle  eft  environnée  d'un  léger  rempart ,  élevé  depuis  que 
les  Portugais  ont  commencé  à  craindre  les  Hollandois 
qui  s'en  rendirent  maîtres  en  1 65  j  ,  ôc  fur  qui  les  pre- 
miers la  reprirent  peu  après.  On  la  nomme  quelquefois 
Nojfa  Senora  das  Nieves.  *  Rob.  de  Vaugondy,  Allas.  De 
La'e't ,  Defc.  des  Indes  Occid.  /.  1 6.  c.  2. 

3.  PARAIBA,  rivière  de  l'Amérique  méridionale,  au 
Brefil ,  auquel  elle  donne  fon  nom  à  une  capitainerie  ôc 
à  une  ville.  Son  embouchure  eft  affez  large  vers  l'eft, 
déclinant  un  peu  vers  le  fud-eft  ;  ôc  au  dedans  de  fon 
entrée  eft  une  longue  ifle,  toute  couverte  d'arbriffeaux 
épais.  Enfuite  elle  monte  vers  l'oueft,  &  on  y  trouve 
quantité  de  bancs  de  fable  ôc  de  rochers  qui  font  qu'on  a 
befoin  d'un  bon  pilote  pour  y  naviger.  *  Rob.  de  Vau- 
gondy ,  Atlas.  De  La'èt ,  Defc.  des  Indes  Occid./.  16. 
c.  2. 

PAR  AL  AIS,  ville  de  la  Cappadocc,  dans  la  Lycao- 
nie  :  Prolomée ,  lib.  $.  cap.  6.  la  place  entre  Iconium  ôc 
Corna. 

Cette  ville  étoit  épiscopale.  Libanuf,  fon  évêque,  affi- 
lia au  concile  de  Chalcédoinc  tenu  l'an  4;  1 ,  &  Eufcbius 


PAR 


PAR 


à  celui  de  Nicée  l'an  32/.  *Harduin.  Collecr.  Con«.  t.  1. 
p.  310.  t.  i.p.6$. 

PARALAT/£.  Voyez,  Scythe. 

i.PARALIA,  contrée  de  l'Inde,  en  deçà  du  Gange, 
félon  Arrien,  2.  Perifl.p.  $ 3 . Pcolomée ,  /.  7.  c.  i.qui 
parle  auiïï  de  cecte  contrée ,  Ôc  y  place  les  lieux  fui- 
vans  , 


Chaheris , 
Sabura. 


L'embouchure  du  fleuve  Chaberif. 


2.  PARALI A ,  tribu  de  l'Attique ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Les  membres  de  cette  tribu  étoient  appelles  Pa- 
jralii. 

PARALLELE  ,  fubftantif  masculin  :  un  parallèle  , 
mot  géographique  emprunté  de  la  géométrie.  Euclide 
appelle  lignes  droites  parallèles  les  lignes  qui  étant  pro- 
longées fur  un  même  plan,  non-feulement  ne  fe  rencon- 
trent jamais ,  mais  encore  ne  s'approchent  ni  ne  s'écartent 
jamais  davantage  l'une  de  l'autre,  quand  on  les  prolonge- 
roit  à  l'infini.  Si  cela  étoit  autrement ,  elles  ne  feroient 
pas  parallèles.  La  preuve  de  leur  parallélisme  fe  fait  par 
le  moyen  de  deux  perpendiculaires  que  l'on  tire  fur  ces 
deux  lignes  parallèles.  La  partie  de  la  perpendiculaire , 
qui  fe  trouve  entre  les  deux  parallèles,  doit  néceffaire- 
ment  être  égale  à  la  partie  de  l'autre  perpendiculaire, 
qui  eft  entre  les  deux  parallèles,  à  quelque  diflance 
que  ce  foit.  Ceci  accordé,  on  conviendra  qu'entre  l'é- 
quateur  Ôc  chacun  des  pôles ,  on  peut  tracer  à  volon- 
té un  nombre  très-grand  d'autres  cercles  qui  rous  fe- 
ront parallèles  à  l'équateur  ;  c'eit  à-dire  que  chaque 
point  de  leur  circonférence  fera  également  éloigné  de 
l'équateur  -,  car  c'eft  de  l'équateur  que  fe  comptent 
les  degrés  des  parallèles.  Comme  il  y  a  90  degrés  de- 
puis l'équateur ,  jusqu'à  l'un  des  pôles ,  on  pourroit 
tracer  90  cercles  parallèles  fur  les  globes  dans  cet  es- 
pace; mais  cela  feroit  incommode.  On  fe  contente  de 
les  marquer  de  dix  en  dix  degrés. 

Au  mot  Climat.  On  peut  voir  ce  que  c'eft  que  les 
parallèles  de  climat. 

Tous  les  méridiens  fe  réunifient  au  pôle  ;  par  con- 
féquent  ils  ont  un  centre  commun ,  qui  fera  le  centre 
du  globe  terreftre  ,  s'il  eft  exactement  rond.  Il  n'en  eft 
pas  de  même  des  parallèles,  chacun  a  fon  centre  par- 
ticulier pris  dans  quelque  partie  de  l'axe  du  globe  ter- 
reftre. 

Tous  les  parallèles  qui  peuvent  fe  tirer  depuis  l'équa- 
teur ,  jusqu'à  l'un  des  pôles,  font  inégaux  entre  eux.  Cela 
eft  aifé  à  concevoir  par  une  expérience  familière  :  fi 
on  coupe  une  moitié  de  citron  ou  d'orange  par  tranches; 
ôc  que  ces  tranches  foient  coupées  avec  tant  de  précau- 
tion ôc  de  jufteffe,  que  chacune  d'elles  ait  par -tout  la 
même  épaiffeur,  ces  tranches  iront  toujours  en  dimi- 
nuant jusqu'à  la  dernière.  11  en  eft  de  même  des  parallè- 
les qui  font  des  feétions  du  globe  conçues  de  la  mê- 
me manière. 

Quoique  les  parallèles  foient  inégaux ,  ils  font  par- 
courus par  le  Soleil  ôc  par  les  autres  corps  céleftes 
lumineux  dans  le  même  espace  de  tems.  Si  on  tourne 
un  flambeau  autour  d'un  globe,  toutes  fes  parties  ex- 
pofées  à  la  lumière  la  recevront  en  même  tems  ;  ôc 
le  flambeau  ne  mettra  pas  plus  de  tems  à  éclairer  les 
parties  voifines  du  milieu  où  eft  le  plus  grand  cer- 
cle ,  qu'il  n'en  mettra  à  éclairer  les  parties  les  plus 
voifines  du  pivot ,  où  eft  le  plus  petit  cercle  :  11 
l'on  fuppofe  le  mouvement  de  la  terre  dans  l'hypo- 
thèfe  de  Copernic ,  il  elt  aile  de  comprendre  qu'en 
tournant  une  boule,  on  y  trace  des  lignes  femblables 
aux  parallèles  ,  que  nous  imaginons  fur  le  globe  ;  ôc 
qu'enfuite  on  faife  rouler  cette  boule ,  hs  grands  cer- 
cles ôc  les  petits  auront  mis  égal  espace  de  tems  à 
arriver  au  but  ,  où  la  boule  doit  s'arrêter.  Ils  auront 
fait  précifément  les  mêmes  tours. 

Mais  tous  les  parellèles  ne  jonifTent  pas  de  la  lu- 
mière du  Soleil,  dans  une  égale  mefure ,  ôc  dans  une 
égale  durée,  ôc  c'elt  cecte  différence  qui  a  donné  lieu 
aux  climats ,  comme  on  peut  voir  au  mot  Climat. 
Tous  les  lieux  fitués  fous  un  même  parcllcle  font 
égaux  pour  la  latitude ,  ôc  jouiffent  du  même  cli- 
mat ,   en  prenant   ce  dernier  mot  dans  le  fens   géo- 


s.        7 

graphique  ,  ôc  non  pas  comme  le  peuple  l'entend,. 
Madrid  en  Espagne,  Bourfe  en  Turquie  ,  Samarcand  0 
en  Tartarie ,  Peking  à  la  Chine,  &lecapNabo  à  l'ex- 
trémité orientale  de  Niph'on  au  Japon  ,  font  fous  le 
même  paréllcle ,  à  très-peu  de  différence  ,  c'eft-à-di- 
re  à  peu  près  à  la  même  diflance  de  l'équateur. 

PARALLUS  ,  ville  épiscopale  d'Egypte.  Il  en  eft 
fait  mention  dans  le  concile  d'Ephèfe,  Ortelius ,  The- 
faur.  auquel  affifta  Athanafïus ,  évêque  de  cette  ville, 
l'an  431.  *  Harduin.  Collecl.  Conc.  t.  1.  p.  1427. 

PARALOS  ,  ou  Paralus  ,  ville  de  la  Thcffalie , 
félon  Etienne  le  géographe.  Thucydide,  /.  3.  p.  91. 
en  parle  auffi. 

PARAMARIBO ,  bourg  de  l'Amérique  méridiona- 
le, dans  là  Guiane,  fur  la  rivière  de  Surîname ,  à  cinq 
lieues  au-deflus  de  fon  embouchure.  C'eft  la  capitale 
de  la  colonie  Hollandoife.  Le  gouverneur  y  fait  fa 
réfidence.  Latir.  feptent.  j  degrés  49  minutes. 

PARAMBOLl,  fiége  épiscopal,  fous  la  métropole 
de  Boftra  ,  félon  Ortelius,  Thcfaur.  qui  cite  Guillau- 
me de  Tyr.  C'eft  apparemment  la  même  ville  qui 
eft  nommée  Parembole  ou  Caflra  par  Schelftrate  dans 
fes  antiquités  eccléfiaftiques ,  t.  2.  dif,  $.  c.  3.  p.  364. 
ôc  qu'il  place  en  Egypte.  Voyez,  Parempolis. 

PARAMICA.  Voyez.  Sepontia  &Segontia.     , 

PARAN  ,  une  des  principales  villes  de  l'Arabie  Pé- 
trée.  Elle  étoit  à  trois  journées  de  chemin  à  l'orient  d'E- 
lath  ,  proche  du  fameux  défert  auquel  elle  a  donné  fon 
nom.  Ptolomée  la  nomme  Phara.  *  Hifi.  univerf.  faite 
par  une  fociété  de  gens  de  lettres. 

PARANA  ,  grande  rivière  de  l'Amérique  méridiona- 
le, dont  la  fource  eft  au  Brefil ,  dans  un  pays  qui  n'eft  pas 
encore  bien  connu.  Elle  coule  presque  toujours  au  fud- 
oueft  jusque  vers  les  27  deg.  de  latitude  auftrale ,  où  elle 
fait  un  grand  coude ,  prend  fon  cours  à  l'oueft ,  ôc  fe  joint 
au  Paraguay  à  l'endroit  où  a  été  bâtie  la  ville  de  Corrien- 
tes;  au-deffous  du  confluent  on  trouve  un  havre  qu'on 
appelle  portd'Ytati.  Tout  ce  qui  eft  au  nord  de  Parana 
eft  du  gouvernement  du  Paraguay  particulier  ;  tout  ce 
qui  eft  au-de(Tous  eft  de  celui  de  Rio  de  la  Plata.  Ainfi  il 
n'y  a  point  proprement  de  province  de  Parana.  Le  fleu- 
ve de  Parana  avant  que  de  recevoir  le  Paraguay ,  eft  déjà 
groffi  d'un  très-grand  nombre  de  rivières,  dont  plufieurs 
font  fort  coniïdérables ,  comme  l'Yguacu  ,  le  Guibay ,  le 
Parana-Pané  ,  ôc  l'Anemby  ,  qui  coulent  toutes  dans  la 
Guayranie  ou  qui  y  ont  leurs  fources.  Voyez,  Rio  de 
la  Plata. 

PARANTE  PIACABA ,  montagnes  de  l'Amérique 
méridionale ,  au  Brefil ,  dans  la  capitainerie  de  Saint  Vin- 
cent. Ces  montagnes  font  droites  ôc  fpacieufes ,  &  la 
montée  qui  eft  de  deux  ou  trois  heures  en  eft  affez  diffici- 
le. Elle  eft  taillée  entre  les  arbres  en  manière  de  degrés } 
&  elle  a  cent  ou  cent  cinq  pas  de  largeur.  Du  haur  de 
ces  montagnes ,  le  chemin  qui  mené  à  San  Paulo  ,  tire 
premièrement  vers  le  fud,  ôc  enfuite  droit  à  l'oueft  par 
des  montagnes  ôc  par  des  forêts ,  pendant  l'espace  de  fix 
ou  fept  lieues.  *  Corn.  Diâr.  De  La'èt.  Defcr.  des  Indes 
Occid.  /.  1  j.  c.  ij. 

PARANAIBA  ,  ou  Paranayba,  rivière  de  l'Amé- 
rique méridionale  ,  dans  la  partie  occidentale  du  Brefil-. 
Voyez.  Xingu. 

PARANIENSIS  ,  nom  d'une  colonie  de  Syrie,  félon 
Ortelius ,  Thcfaur.  qui  cite  Onuphre. 

PARAPAMENI.  Voyez.  Parim/e. 

PARAPAMISADES.  Voyez.  Paropanisus. 

PARAPIANI,  peuples  d'Afie  :  Pline,  1.6. c.  23. les 
met  aux  environs  de  l'Arachofie. 

PARAP1TINGA.  Voyez,  an  mot  Rivière. 

1.  PARAPOTAMIA  ,  ville  de  la  Phocide,  félon  Pau- 
fanias ,  /.  10.  c.  3.  ôc  Etienne  le  géographe.  Strabon ,  /.  9. 
p.  424.  n'en  fait  qu'une  bourgade  voifine  de  Phaneotas  , 
fur  le  bord  du  fleuve  Cephife.  11  ajoute  que  fes  habit-ans 
font  nommés  Parapotamii. 

2.  PARAPOTAMIA  ,  pays  de  l'Arabie  ,  au  voifinage 
d'Apamée,  félon  Strabon,  /.  16. p.  753. 

PARASANGA.  Voyez,  Mesures  Itinéraires. 

PARASANGL£  ,  peuples  de  l'Inde  ,  félon  Pline,  /; 
6.  c.  20.  Le  père  Hardouin  lir  PARASANGit. 

PARASIA  ,  contrée  de  l'Afie  :  Polybe,  /.  f.r.  44.  la 
place  au  voifinage  de  la  Perfide  ôc  de  la  Médie  ;  &  Strà- 


784       PAR 

bon  dit  que  les  Parafa  ou  Parraafii  étoient  des  peuples 
de  Médie  qui  habitèrent  pendant  quelques  tems  avec 
les  Anariaci. 

PARAS1NUM,  ville  de  la  Cherfonnèfe  Taurique  : 
Pline,/.  2.  e.  96.  dit  qu'on  trouvoit  dans  cette  ville 
une  terre  qui  guériflbit  toutes  foires  de  bleflures.  Un 
feul  manuferit  lit  Parafinum ,  &  écrit  en  marge  Cha- 
racena  :  ce  qui  a  porté  quelques  favans  à  croire  qu'il  faut 
lire  in  Civhate  Characenâ  ,  pour  in  Civitate  Paraftno. 
Mais  l'autorité  d'un  feul  manufciit  ne  fuflît  pas  pour  en 
contrebalancer  tant  d'autres.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  6.  place 
dans  la  Cherfonnèfe  Taurique  &  dans  les  terres ,  une  ville 
nommée  Parrofia  :  ce  pourroit  être  la  même  que  Pa- 
rafinum. 

PARASIUM  ,  ville  d'Italie  \  Ortelius  ,  Thefaur.  dit , 
fur  le  témoignage  de  Léander ,  que  la  ville  de  Crème  fut 
bâtie  des  ruines  de  Paraftum  en  95 1. 

PARASOPIAS,  pays  de  Grèce,  dans  la  Theflalie, 
félon  Strabon ,  qui  le  place  entre  ï'Afopus  ôc  le  Sperchius, 
au  defliis  d'Hérsclée. 

PAR ASTALABA  ,  ville  royale  des  Bulgares ,  empor- 
tée par  l'empereur  Jean  Zimisces,  qui  la  nomma  Joan- 
nipoli,  félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Curopalate  ôc 
Cedrene;  mais  ce  dernier  écrit  Perftlabas ,  &la  diftingue 
en  grande  Ôc  petite.  Vignier ,  dans  fa  bibliothèque  hifto- 
rique,  dit  que  les  Moscovites  nomment  cette  ville  Pere- 
talaw.  Il  paroît  par  Curopalate,  qu'elle  ne  devoit  pas 
être  éloignée  de  Rhodoftolon. 

PARATAC/E ,  peuples  d'Afie ,  félon  Arrien,  de  Ex- 
ped.  Alex.  I.  4.  Voyez,  Va  rata  cène. 

PARATANT1CENE.  Voyez.  Arcticene. 

PARATIANjE  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienne  ; 
l'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Lemna  à 
Hippone ,  entre  Ruficadesôc  Culucitana ,  à  cinquante  mil- 
les de  la  première  &  à  vingt-cinq  milles  de  la  féconde. 

PARATONIUM.  Voyez.  Paratonium. 

VARAUJEôc  PARAvœi.Voyez,  JEviauzs. 

PAR  A  VAS,  ou  Par  ares  ,  nom  que  des  relations  de 
voyageurs  &  les  cartes  géographiques  ont  donné  aux  peu- 
ples qui  habitent  dans  la  presqu'ifle  en-deçà  du  Gange  , 
fur  la  côte  de  la  Pescherie  :  Davity  même  les  étend  jus- 
que dans  l'ifle  de  Manar  au  fud  eft  de  la  presqu'ifle  des 
Indes  orientales  ,  Se  rapporte  diverfes  particularités  qui 
ne  s'accordent  guère  avec  les  mémoires  que  l'on  a  aujour- 
d'hui de  ce  pays-là;  de  forte  que  de  l'Ifle,  qui, dans  fa 
carte  des  Indes  publiée  en  1705  ,  avoir  placé  les  Paravas 
entre  le  cap  Comorin  &  les  Maravas ,  ne  fait  point  men- 
tion de  ces  peuples  dans  la  carte  qu'il  nous  a  donnée  des 
côtes  de  Malabar  &  de  Coromandel  en  1723. 

PARAUN A.  Corneille ,  Ditt.  dit  :  rivière  de  l'Amé- 
rique méridionale,  au  Brefil.  Elle  coule  anez  avant  dans 
les  terres,  &  va  mêler  fes  eaux  avec  celles  de  Rio  Gai - 
buio ,  qui  fe  joint  enfuite  à  la  rivière  de  Saint  François. 
De  l'Ifle  ne  marque  point  cette  rivière  dans  fa  carte  de  la 
terre  ferme. 

PARAXIA,  contrée  de  la  Macédoine,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  3.  p.  78.  voici  la  defeription  qu'il  en  donne  : 

Ampelus  extrema ,  Patalenes  Cherfonefi  dorfum, 

Derris  extrema  »  Canaftraum  Promont. 

Torone  ,  CaJ]andria  , 

Toronaici  Sinus  intima ,     Chabrii  Fluv.  Ofiia , 
Egonis  Promomorium. 

PARAY  LE  MQNI AL,  Paredum  Monaehale,\\lk 
de  France  ,  en  Bourgogne  ,  dans  le  Charolois ,  fur  la  ri- 
vière de  Bourbince,  prieuré  de  l'ordre  de  fainr  Benoît, 
fous  le  vocable  de  Notre-Dame  &  de  Saint  Jean-Bapti- 
fte  ,  fondé  en  titre  d'abbaye ,  félon  quelques-uns  environ 
l'année  965,  Se  félon  d'autres  en  973,  par  Lambert ,  com- 
te de  Châlcns ,  dans  un  lieu  qui  s'appelloit  le  Val  d'Or  : 
cetre  abbaye  fut  unie  en  999,  à  celle  de  Clugny  ,  Se  ré- 
duite en  prieuré  en  1 100.  Il  y  a  un  prieur  chuftral  Se  des 
religieux  ,  paroifle  du  diocèfe  d'Atitun ,  &  de  l'archiprê- 
rré  de  Charole ,  fous  le  vocable  de  Notre  Dame,  avec 
fociété  de  prêtres  ou  mépart  confidérable  :  l'office  fe  fait 
à  faint  Nicolas  :  religieufes  de  la  Vifitation  établies  en 
1616,  &Urfulines  en  1644,  collège  établi  en  16 18,  Se 
régenté  par  les  Jéfuites  jusqu'en  ij6t\  hôpital  fervi  par 
des  religieufes  :  mairie  :  grenier  à  fel  :  féconde  ville  des 


PAR 


états  du  Charolois.  *  Garreau ,  Dcfc.  de  la  Bourgogne , 
éd.  1734.  p.  560.  Voyez,  Pareide. 

PARAYSÔ  ,  nom  d'une  campagne ,  en  Portugal , 
dans  la  province  d'AIgarve ,  aux  environs  de  Silves.  Cec- 
te  campagne  eft  toute  charmante  ;  elle  eft  plantée  de 
beaux  jardins  &  de  petites  forêts  de  bons  arbres  fruitiers  j 
de  forte  qu'on  la  regarde  comme  un  petit  paradis  terre- 
ftre  ;  c'eft  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  qu'elle  porte  3 
qui  veut  dire  paradis.  *  Délices  de  Portugal,  p.  8 12. 

PARBARA  i  ville  de  la  Parthie  :  Ptolomée  }  /.  6.  c. 
5.  la  place  entre  Sindaga  Se  Myfia. 

PARBOSENA  ,  ville  aux  environs  de  la  Cappadoce, 
félon  Antohin  ,  itiner.  qui  la  met  fur  la  route  de  Tavia 
à  Sebafle ,  entre  Corniaspa  &  Sibora ,  à  vingt-cinq  milles 
de  l'une  Se  de  l'autre. 

ï.  PARC.  Ce  mot  fignifie  une  grande  étendue  de  ter- 
res ,  entourée  de  murailles,  &  couverte  d'arbres ,  le  plus 
fou  vent  de  haute  futaie  ,  où  les  princes  ôc  les  grands  Sei- 
gneurs font  conferver  desbêres  fauves  pour  le  divertis- 
fement  de  la  chafle ,  comme  font  le  parc  de  Vincennes, 
le  parc  de  Saint  Germain  ,  le  parc  de  Fontainebleau ,  le 
parc  de  Verfailles  ,  Si  autres. 

2.  PARC  ,  fe  dit  aufll  de  diverfes  clôtures  ;  ï°  D'un 
pâtis  entouré  de  fofles ,  où  l'on  met  les  bœufs  pour  les 
engraHTer  :  20  De  l'endroit  où  l'on  place  l'artillerie ,  les 
munitions  ôc  les  vivres ,  quand  l'armée  eft  en  campagne. 
30  D'une  clôture  faite  de  haies,  où  l'on  enferme  les 
moutons  en  été  ,  quand  ils  couchent  dans  les  champs.  40 
D'une  pêcherie  conftruite  fur  le  bord  de  la  mer,  Se  de 
certains  grands  filets  qu'on  y  tend,  pour  y  retenir  les 
poiflbns  que  la  marée  a  apportés. 

3 .  PARC  (  Le  ) ,  prieuré  de  France ,  dans  la  Norman- 
die ;  au  diocèfe  d'Evreux ,  près  d'Harcour.  Il  fut  fondé 
en  1 2  j  7,  par  la  maifon  d'Harcour ,  Se  il  eft  de  l'ordre  de 
faint  Auguftin. 

4.  PARC  (  Le  ) ,  terrein  ou  canton  de  la  Bafle-Terre , 
à  la  Guadeloupe  ,  vers  le  côté  méridional  de  l'ifle.  Ce 
terrein  eft  renfermé  entre  des  falaifes  de  difficile  accès. 

5.  PARC,  ou  le  Parc  aux  Dames  ,  abbaye  de  l'Ifle 
de  France,  dans  le  Valois,  élection  de  Crespi,  à  une 
lieue  de  la  ville  de  ce  nom.  C'eft  une  abbaye  de  filles  de 
l'ordre  de  Cîteaux ,  fondée  en  1 20; ,  par  la  fameufe  Elco- 
nore  ,  comtefle  de  Valois. 

6.  PARC  AUX  DAMES ,  autre  abbaye  près  de  L011- 
vain.  Voyez,  Louvain. 

7.  PARC  DE  MOULINS  ,  bois  de  France,  dans  le 
Bourbonnois,  Se  dans  la  maîtrife  des  eaux&  forêts  de 
Moulins.  Il  n'eft  que  de  trois  cens  arpens. 

8.  PARC  (Le),  abbaye  de  l'ordre  de  Prémontré,  à  un 
quart  de  lieue  de  Louvain.  Outre  ce  qui  en  a  été  dit  à  l'ar- 
ticle de  Louvain  ,  le  père  Martenne  rapporte  dans  fon 
fécond  voyage  lirréraire,  qu'il  y  a  trente" religieux  réfidens 
dans  la  maifon,  ôc  vingt  dans  les  cures;  que  cette  ab- 
baye eft  très-bien  bâtie ,  ôc  qu'il  y  a  plufieurs  manu- 
ferits  dans  la  bibliothèque ,  entre  autres  les  actes  du 
concile  de  Bâle. 

PARCA  ,  ville  desJazyges  Métanaftes  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  3.  c.  7.  qui  la  place  entre  Trijfum  Se  Candanum. 

PARCE  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Anjou  ,  fur  la  ri- 
vière de  Sarte  ,  à  demi- lieue  du  château  de  Peschefeul , 
à  deux  lieues  de  Sablé  Se  de  Malicorne  ,  à  quatre  de  la 
Flèche  ,  ôc  à  fept  du  Mans.  Ce  bourg  eft  confidérable  , 
ôc  prend  même  le  nom  de  ville.  On  n'y  voit  qu'une  feu- 
le églife,  qui  eft  fous  l'invocation  de  faint  Martin.  Elle 
eft  belle  Se  fort  ornée  au  dedans  ôc  au  dehors.  Il  y  en 
avoit  une  plus  ancienne ,  dédiée  à  faint  Pierre  :  elle  fut 
détruite  par  les  Anglois.  On  n'a  pas  laine  de  conferver 
deux  cures ,  &  deux  curés  qui  font  leurs  fonctions  alter- 
nativement dans  la  même  églife.  Les  ornemens  y  font 
magnifiques ,  ôc  les  lions  du  lutrin  méritent  les  regards 
des  curieux  par  la  beauté  de  leur  travail.  La  maifon  du 
curé  de  faint  Martin  paroît  un  grand  château.  Les  mai- 
fons  du  bourg  font  bâties  fur  une  espèce  de  roc ,  ôc  ont 
la  vue  fur  de  grands  jardins,  qui  s'étendent  jusqu'à  la  ri- 
vière. Le  territoire  de  Parce  eft  fort  fablonneux  ,  &  pro- 
duit d'aflez  bons  vins.  *  Corn.  Diâ.  fur  des  mémoires 
dreftés  fur  les  lieux  en  1706. 

PARCHAU,  fur  l'Elbe,  dans  le  duché  de  Magde- 
bourg. 

PARCHIM  ,  ville  ôc  bailliage  d'Allemagne,  dans  le 

cercle 


PAR 


PAR 


cercle  de  la  Baffe-Saxe,  au  duché  de  Mekelbourg,  fur 
l'Elde,  petite  rivière  ,  entre  Neuftadt  Se  Lubitz  ,  à  qua- 
tre milles  de  la  fource  du  Varnow.  Elle  cil  grande  Se 
affez  belle  pour  le  pays.  Mais  ion  principal  avantage ,  c'eft 
d'être  le  fiége  d'une  cour  de  juffice  de  la  cour  Se  de  la  pro- 
vince, où  l'on  juge  quantité  de  caufes  importantes  ,  ce 
qui  y  attire  tous  ceux  que  leurs  affaires  appellent  à  ce 
tribunal.  Ce  mot  fe  prononce  comme  fi  on  écrivoit  PaR- 
kim.  *  Zcyler ,  In  fer.  Saxon.  Topogr.  p.  192.  Mémoire 
particulier. 

PARCY  ,  dans  le  duché  de  Magdebourg ,  au  cercle  de 
Holte  ,  appartenant  aux  barons  de  Piorho.  Il  y  a  un  canal 
conltruit  de  l'Elbe  dans  la  Harel  par  1  Yhle  Se  la  Strem- 
mc  en  1 743 . 

i.  PAP^COUL  ,  ou  Parcoux  ,  bourg  de  France  ,  dans 
le  Périgord ,  fur  la  rive  gauche  de  la  Drone. 

z.  PA&COUL  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Saintonge  , 
diocèfe  de  Saintes  ,  parlement  de  Bordeaux ,  intendance 
delà  Rochelle,  élection  de  Saintes ,  a  jij  habitans.  * 
Dit},  aniv.  de  la  France. 

PARDENE,  contrée  de  la  Gédrofie.  On  donnoit  le 
nom  de  Pardene  à  tout  le  milieu  de  la  Gédrofie  ,  félon 
Ptolomée,  l.6.c.  21. 

PARD1NES,  village  de  France,  dans  l'Auvergne, 
diocèfe  de  Clermont ,  à  fept  petites  lieues  de  la  ville 
épisc  opale,  Se  à  deux  d  Iffoiie,  élection  de  cette  derniè- 
re ville.  Ce  village  é.oit  compofé  de  trente  maifons 
avant  le  22  Juin  1753  ;  mais  le  fuir  de  ce  jour-là,  il  y 
en  eut  22  englouties  dans  les  entrailles  de  la  terre,  après 
qu'on  eut  entendu  des  mugiffemens  fouterreins ,  Se  qu'on 
fe  tut  apperçu  que  la  terre  s'entr'ouvroit ,  Se  formoit  des 
fentes.  Outre  ;es  h...:  ..uifons  de  refte,  l'églife  a  auffi 

été  fée.  Le  village  eft  maintenant  pays  plat,  les 

rochers  ayant  été  emmenés  dans  le  creux  de  la  terre.  Il 
y  a  un  lac  fur  la  montagne  voifine.  *  Relation  de  1755. 

PARDO  ,  ou  el  Pardo  .  m'aifon  royale  du  roi  d'Es- 
pagne, dans  la  Caftille  nouvelle,  à  deux  lieues  de  Madrid, 
fur  le  chemin  de  l'Escurial.  C'eft  un  grand  bâtiment  car- 
ré ,  flanq.ié  de  quatre  tours,  Se  compofé  de  quatre  grands 
pavillons,  joints  les  uns  aux  aunes  par  des  galeries  ,  fou- 
tenues  par  des  colonnes.  La  principale  façade  a  au-devant 
une  place  fort  belle  Se  fort  longue  ,  Se  l'on  entre  dans  la 
maifon  par  une  façon  de  pont  qui  conduit  à  un  beau 
portail  élevé  jusqu'à  la  corniche  du  bâtiment ,  Se  où  l'on 
voit  deux  ftaaies  à  la  hauteur  du  fenêtrage.  Les  cham- 
bres font  embellies  de  beaux  tableaux.  On  y  voit  entre 
autres  les  rois  d  Espagne,  vêtus  d'un  façon  finguliere.  Il 
y  a  un  jardin  bien  entretenu ,  &  un  parc  fort  étendu. 
Du  Pardo  on  découvre  un  couvent  de  Capucins  qui  eft 
au  fommet  d'une  montagne.  *  Délices  d'E\\agne  ,p.  25  1. 

1.  PARDOU  (Saint  ),  bourg  de  France  ,  en  Auver- 
gne ,  élection  de  Clermont. 

2.  PARDOU  (  Saint  ) ,  bourg  de  France,  dans  le  Poi- 
tou ,  élection  de  Niort. 

1.  PARDUBITZ,  ou  Pardowitz  ,  bourgade  du 
royaume  de  Bohême,  dans  la  partie  orientale  du  cercle 
de  Bechin  ,  fur  une  petite  rivière ,  nommée  Lublow  , 
aux  confins  du  marquifat  de  Moravie.  *  Jaiîlot ,  Atlas. 

2.  PARDUBITZ  ,  ville  royale  du  royaume  de  Bohê- 
~mc  ,  au  cercle  de  Chrudim ,  fur  le  bord  de  l'Elbe,  avec 

un  château. 

PARE  AT/F,  peuples  du  Péloponnèfe,  dans  l'Achaïe, 
félon  Pline  ,  /.  4.  c.  6.  mais  le  père  Hardouin  fondent 
qu'il  faut  lire  Paroreatx..   Voyez.  Parorea. 

PAREDES  DE  NAVAS  ,  petite  ville  d'Espagne  ,  au 
royaume  de  Léon  ,  avec  titre  de  comté  en  faveur  de  la 
maifon  de  Manrique ,  d'où  il  a  pane  dans  celle  de  la 
Cerda.  Il  y  a  un  monaftere  de  religieufes  de  l'ainte  Bri- 
gitte, 

PAREIDE-LE-MONIAL,  abbaye  de  France,  dans 
ïa  Bourgogne ,  au  diocèfe  de  Châlons,  en  latin  Paredum. 
C'eff  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Clugny.  Lam- 
bert ,  comte  de  Châlons ,  la  fit  bâtir  fur  fon  propre  ter- 
rein  ,  de  concert  avec  faint  Mayole ,  abbé  de  Clugny  ,  qui 
y  contribua  auiïi  ,  &  voulut  qu'elle  ne  fût  foumife  à  au- 
cune églife  ni  monaftere.  Mais  Hugues ,  fils  du  comte 
Lambert,  &  Evêque  d'Auxerre ,  voyant  que  cette  abbaye 
ne  pouvoit  fubfifter  par  elle  même  Se  fans  appui ,  em- 
ploya l'autorité  du  roi  Robert  Se  d'Henri ,  duc  de  Bour- 
gogne, pour  l'unir  à  l'abbaye  de  Clugny  ,  vers  l'an  999 , 


1*$ 

du  rems  que  faint  Odillon  en  étoit  abbé.  Le  même  Hu- 
gues y  prit  1  habit  de  religieux  des  mains  de  faint  Ger- 
main ,  qui  lui  fuccéda  à  l'evèché  d'Auxerre  :  il  étoit  le 
grand  oncle  de  faint  Hugues ,  abbé  de  Clugny  ,  &  ii 
mourut  religieux  de  l'abbaye  de  Parcide ,  où  il  fut  in- 
humé. On  confervoit  dans  cette  abbaye  le  corps  de  faine 
Gratus,évêquedeChalons-fur-Saone,  &  confeffeur  de 
Jefus  Chrilt  ;  mais  les  Cal  vinifies  le  firent  brûler  durant 
les  troubles  du  royaume.  Voyez.  Paray. 

PAREMBOLA  ,  ou  C^ena  Parembola,  ville  dit 
Pont ,  ou  de  l'Arménie  ,  félon  la  notice  des  dignités  de 
l'Empire,  fect.  27.  Le  concile  d'Ephèfe  fait  aulfi  men- 
tion de  cette  ville. 

PAREMPHIS  ,  ville  d'Egypre,  félon  Etienne  Te  géo- 
graphe. Elle  eft  aufiî  connue  par  une  médaille  qui  fe 
trouve  dans  le  tréfor  de  Goltzius. 

PAREMPOLIS,  ville  d  Egypte  :  l'itinéraire  d'Anto- 
nin  la  met  fur  la  route  de  Cereu  à  Hierafycaminon,  entré 
Contra  Suenem  Se  Tzjtzj. ,  à  feize  milles  de  la  première  , 
Se  à  deux  milles  de  la  féconde.  Quelques  manuferirs  Ii- 
fent  Parembolis. 

PARENETA  ,  contrée  d'Arménie ,  au  pays  des  Cha- 
lybes ,  ou  dans  celui  de  Moffynéces.  C'eft  Strabon  ,  /.  n. 
p.  528.  qui  en  parle. 

PARENNES  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Maine  ,  éle- 
ction du  Mans. 

PARENTIUM,  ville  d'Italie,  dans  l'Ifirie.  Ptolo^ 
mée  , /.  3.  c.  1.  la  place  entre  l'embouchure  du  fleuve 
Formion  &  la  ville  de  Pola.  Pline  ,  /.  3.  c.  19.  Etienne  le 
géographe  Se  l'itinéraire  d'Antonin  connoifibient  cette 
ville.  Elle  a  confervé  fon  ancien  nom  \  car  on  la  nom» 
me  aujourd'hui  Parenz,o.  Voyez,  ce  mot. 

PARENZO,  ville  épiscopale  d  Italie  ,  dans  l'Iffrie, 
fur  La  côte  delà  mer  Adriatique,  dans  une  péninfule, 
vis-à-vi^  l'iflè  San-Nicolo  ,  entre  les  embouchures  des  ri- 
vières de  Quiet'o  Se  de  Lemo.  On  y  voit  quelques  euiri- 
ces  fort  élevés ,  &  un  affez  beau  dôme  ;  Se  au  dehors  on 
trouve  des  fépultures  antiques.  Cette  ville  n'ert  guère 
peuplée  à  caufe  du  mauvais  air.  Elle  a  dans  fon  voiffna- 
gc  quelques  petites  ifies  qui  forment  fon  port.  Celle  de 
San-Nicolo  ,  qui  eft  la  principale  ,  a  un  couvent  de  reli- 
gieux Se  une  tour  ronde  fort  ancienne  qui  fervoit  de  pha~ 
re  au  port,  où  l'on  prend  des  mariniers  appclLs  l'ejfi, 
pour  conduire  les  navires  à  Venife.  La  ville  de  Parenzo 
fe  fournit  aux  Vénitiens  le  1 5  de  Juillet  1  267.  Elle  a  dans 
fon  reffort  les  lieux  appelles  Maggio  ,  Frata  ,  Abrigo  , 
Foscolin  ,  Se  Ville-Neuve.  *  Magin  ,  Carre  de  l'Iftrie. 
Davity,  Iffrie. 

PAREON  ,  ville  de  l'Europe,  félon  Jornandès,  qui 
la  met  fur  la  côte  du  Pont-Euxin.  *  Ortclms ,  Thefaur. 

PAREPAPHITIS  ,  contrée  delà Caramanie  :  Ptolo- 
mée, /.  6.  c.  8.  la  place  au-deffous  du  pays  des  Agdenitesi 
Se  au  deilus  de  celui  des  Ara  Se  des  Charadrœ.  Le  texte 
grec  ne  connoît  point  cette  contrée. 

PARETACENI.  Kov^Par^taca. 

PARGA  ,  ou  la  Parga,  ville  forte  des  états  de  Ve- 
nife, côte  d'Albanie,  fur  un  roc  ,  vis-à-vis  l'fle  de  Cor- 
fou.  Ses  habitans  font  partie  Grecs,  partie  Albanois  ; 
mais  les  foldats  de  la  garnifon  font  pour  la  plupart  Ita- 
liens. 

PARGE  :  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Phlegon,  de 
Longœuis,  dit  que  c'étoit  la  patrie  d'une  femme  nommée 
Ab'oatia  Sabina. 

1.  PARIA  ,  iflede  la  mer  de  Phénicie  :  Pline,  /.  $.c. 

5  1.  la  place  vis-à-vis  de  Joppé.  Elle  donnoit  le  nom  aux 
peuples  Uctpiavoï  >  Pariant ,  dont  parle  Jofeph.  *  Ant. 
Jud'.  1.  14.  c,  17. 

2.  PARIA,  lac  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pérou 4 
dans  l'audience  de  los  Charcas  ,  au  nord  occidental  de  la 
ville  de  Potofi.  On  l'appelle  autrement  Lac  de  los  Au- 
lagas.  On  y  trouve  beaucoup  d'ifles;  mais  il  n'y  a  aucun 
émiffaire,  de  forte  qu'il  y  a  apparence  qu'il  fe  décharge 
dans  la  mer  du  Sud  par  quelque  conduit  fouterrein.  * 
Corn.  Diction.  De  Laét ,  Defcriptiôn  des  Indes  occi- 
dentales ,  /.  1 1.  c.  4. 

3.  PARIA  ,  côte  du  continent  de  l'Amérique  ,  la  plus 
proche  de  l'ifle  de  la  Trinité.  Ce  fut  Chrifiophe  Co- 
lomb qui  la  découvrit  à  fon  troifiéme  voyage  en  1498  < 

6  il  la  nomma  Paria.  C'eft  la  première  terre  ferme  qui 
a  été  découverte  dans  le  Nouveau  Monde.  Elle  borne 

Ttm.  IV.  G  g  g  g  g 


786 


PAR 


PAR 


à  l'occident  le  golfe  de  la  Baleine  ,  qu'on  appelle  aufll 
le  golfe  de  Paria,  ôc  qui  l'épate  l'ifle  de  la  Trinité  delà 
province  de  Gumana ,  ou  Comana. 

PARIADES  ,  montagne  d'Afie  ,  félon  Pline  ,  /.  ;.  c. 
27.  Les  manuferits  varient  beaucoup  fur  l'orthographe 
de  ce  nom.  Les  uns  lifent  Pariadrus ,  d'autres  Paria- 
dres  ,  d'autres  Paryadis  :  la  plupart  des  exemplaires  im- 
primés portent  Parphariades  ,  &  le  père  Hardouin  veut 
qu'on  life  Faryadres  ,  comme  l'orthographe  la  plus  ap- 
prochante des  anciens  manuferits.  Strabon ,  /.  1  t.  p. 
497.  qui  écrit  Paryadra ,  dit  que  cette  montagne  fait 
partie  du  .mont  Taurus ,  ôc  la  met ,  comme  Pline  , 
dans  l'Arménie ,  pofition  dont  le  père  Hardouin  ne 
convient  pas  entièrement.  C'eft  la  même  montagne  que 
les  anciens  ont  aufli  connue  fous  le  nom  à'Aba  ,  à  Abus 
ÔcàcCipotet,  aujourd'hui   Caicol. 

PARICANE  ,  ville  de  la  Perfide,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  qui  dit  qu'elle  donnoit  fon  nom  aux  peu- 
ples Paricanii.  Hérodote  ,  /.  j.»°  93.  écrit  Parycanii; 
ôc  Pline  ,  /.  6.  c.  16.  aufli-bien  que  Pomponius  Mêla, 
/.  i.c.  2.  placent  ces  peuples  aux  environs  de  la  Sogdia- 
ne  ;  mais  rien  n'empêche  que  ce  ne  foient  les  mêmes 
peuples  dont  parle  Etienne  le  géographe  -,  car  il  y  a  eu 
des  rois  de  la  Perfide  qui  ont  étendu  leur  domination 
jusqu'à  la  Sogdiane. 

PARIDION,  ville  de  la  Carie,  félon  Pline,  /.  ;. 
c.  28.  Pomponius  Mêla  ,  /.  1.  c.  16.  écrit  Pandion. 

PARIENNA  ,  ville  de  la  Germanie.  Ptolcmée,  /.  1. 
c.  11.  la  place  entre  Arficua  ôc  Set  nia.  11  yen  a  qui 
veulent  que  ce  foit  préfentement  Frideck  en  Siléfie. 

1.  PARIENSIS,  fiége  épiscopal  ,  dans  la  Pifidie: 
c'eft  le  concile  de  Nicée  qui  en  fait  mention.  *  Ortel. 
Thefaur. 

2.  PARIENSIS  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  dans  la 
province  proconfulaire.  On  trouve  parmi  fes  évêques , 

Félix  Farienfis.  *  Harduin.  Collect.  conc.  tom.  3.  pag. 

749- 

PARIET/E  ,  peuples  delà  Paropanifade.  Ptolomée, 

lib.6.  cap.  18.  dit  qu'ils  en  occupoient  la  partie  méri- 
dionale 

PARIETINA,   ville  d'Afrique.  Anconin ,  itbter.  la 

met  dans  la  Mauritanie  Céfarienfe,  fur  la  route  de  Tin- 

gis  aux  Ports  divins  ,  par  la  mer  ,  entre  Cobluca  ôc  ad 

Jex  Infulas  ,  à  vingt-quatre  milles  de  la  première  ,  ôc  à 

douze  milles  de  la  féconde. 

PARIETIN^E,  ville  d'Espagne,  félon  Antonin  ,  qui 
la  place  fur  la  route  de  Laminium  à  Saragoce ,  entre  Li- 
bijofi  Se  Saltici ,  à  vingt -deux  milles  de  la  première, 
ôc  à  quinze  milles  de  la  féconde. 

PARIGIA.  Voyez.  Patigra. 

î.  PARIGNE,  bourg  de  France,  dans  le  Maine, 
élection  de  Mayenne. 

2. PARIGNE  LÉVÊQUE  ,  bourg  de  France,  dans 
le  Maine  ,  élection  de  Château  du  Loir. 

I  ARILLA  (  La) ,  ou  Santa  ,  ville  de  l'Amérique 
méridionale,  au  Pérou,  dans  l'audience  de  Lima, 
dans  la  vallée  ôc  fur  la  rivière  de  Santa  ,  au  bord  de 
la  mer ,  à  vingt  lieues  de  Truxillo ,  ôc  à  foixantede  Li- 
ma. Le  port  ett  entre  la  ville  &  cette  rivière ,  dans  une 
baie  allez  à  couvert  des  vents.  Il  y  a  dans  la  ville  cent 
cinquante  familles  d'Espagnols  ,  avec  plufieurs  Indiens 
&  Nègres.  On  pafTe  la  rivière  de  Santa  fur  cer- 
tain"; fruits  d'arbres ,  qui  reffemblent  à  des  courges,  plats 
des  deux  cotés  Ôc  ronds  presque  à  la  manière  des  bou- 
cliers. Les  Indiens ,  en  les  enfilant  avec  une  corde , 
les  accommodent  enfemble  comme  des  radeaux  ;  ôc  c'eft 
li-defllis  qu'ils  mettent  les  inarchandifes,  les  hommes 
ôc  leurs  hardes.  Les  Sauvages  en  nageant  tirent  après 
eux  ces  espèces  de  radeaux  ,  ôc  les  autres  bêtes  de  charge 
nagent  auprès.  *  Corn.  Dict.  De  Laët ,  Defcr.  des  Indes 
occident.  1.  10.  c.  20. 

PARIMA.  Voyez.  Rio  Blanco. 

PARIM/E&Parapameni,  peuples  d'Afie.  Ils  fu- 
ient fubjugués  par  Alexandre  ,  félon  Orofe  ,  /.  3.  r.  18. 
#"2  3.ArrienappellecespeuplesPARAPAMisADES.PVy<?s. 
ce  mot. 

PARIN  ,  contrée  de  la  Tartane  ,  proche  la  grande 
muraille  de  la  Chine  ,  au-delà  des  maifons  de  plaifance 
de  l'empereur ,  du  côté  du  nord.  Son  territoire  eit  d'une 
bonté  médiocre.  11  eit  fournis  à  plufieurs  princes  qui  ont 


été  autrefois  alliés  à  la  maifon  impériale  de  la  Chine. 
*  Hift.  générale  des  Huns ,  par  M.  de  Guignes,  t.  4. 
p.  138. 

1.  PARINACOCHA,  grand  défert  de    l'Amérique 
méridionale  ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima.  11  eft 
entre  la  bourgade  d'Ayavire  ôc  la  mer  du  Sud  ,  ôc  oc- 
cupe trente-deux  lieues  de  pays ,  félon  Herrera.  Gar- 
cilaffo  ,  Hift.  des  Incas  ,  /.   3.  c.  9.  en  fait  mention  ,  & 
i'appelle  1  arihuana  Cocha  ,  c'eft  à  dire  ,  le  lac  aux  moi- 
neaux ,  parce  qu'en  un  endroit   du  déferr  de  cette  pro- 
vince ,  il  y  a  un  fort  grand  lac,  ôc  que  dans  la  langue 
du  pays,  Cocha  ,  veut  direlawzfrou  un  marécage ,  & 
Parihuna  les  moineaux  -,  de  forte  que  des  deux  noms  on 
n'en  fait  qu'un  ,  quand  on  veut  defigner  cette  province 
qui  eft  grande,  fertile  ôc  abondante  en  or.  Les  Espa- 
gnols la  nomment  Parin-Cocha   par  fyncope.  *  Atlas , 
Rob.  de  Vaugondy.  De  Laët ,  Defcr.  des  Indes  occiden- 
tales ,1.  1 1.  c.  2. 

2.  PARINACOCHA  ,  bourgade  de  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima  ,  vers  la 
fource  de  la  rivière  d'Abancay  ,  à  l'orient  feptentrional 
de  los  Lucanes.  On  y  a  ouvert  un  chemin  qui  conduit 
jusqu'à  la  vallée  Pasca  ,  ôc  même  jusqu'à  la  mer.  *  Atlas , 
Rob.  de  Vaugondy. 

3.  PARINACOCHA,  bourgade  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, an  Pérou,  dans  l'audience  de  Lima,  à  l'o- 
rient feptentrional  de  la  ville  de  Lima.  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vaugondy. 

PARINATES.  Voyez.  Tarinates. 

PARIO.  Voyez,  Vahwm. 

PARIR^F, ,  peuples  de  la  Caramanie  ,  que  Pline ,  /.  6. 
c.  23.  met  aux  environs  du  fleuve  Nabrus.  Le  père  Har- 
douin prétend,  qu'au  lieu  de  Farira  ,  il  faut  lire  Fafîrx. 

DESCRIPTION  DE   LA   VILLE  DE  PARIS. 

Cet  article  eft  entièrement  de  M.  l'abbé  de  Laval. 

PARIS ,  ville  capitale  du  royaume  de  France  ,  la  plus 
belle  ôc  la  plus  grande  de  l'Europe.  Elle  eh  fituée  au 
quarante-huitième  degré  cinquante  minutes  de  latitude  , 
ôc  au  vingtième  degré  de  longitude,  à  dix  lieues  au- 
deflbus  de  Melun  ,  &  à  vingt-huit  au  deiïus  de  Rouen. 
On  lit  dans  le  fixiéme  livre  des  commentaires  de  Cé- 
far ,  le  premier  des  auteurs  anciens  qui  en  a  parlé  , 
qu'il  transféra  l'aflcmblée  générale  de  la  Gaule  dans  la 
ville  de  Lutece  des  Parifiens ,  Lutetia  Parijierum.  Céfar 
la  nomme  Oppidum  ;  ainfi ,  en  prenant  ce  mot  pour  ex- 
primer une  petite  ville,  on  ne  fauroit  au  moins  réfu- 
ter à  Paris  le  nom  de  ville,  déjà  la  capitale  d'un  peu- 
ple ,  avant  que  les  Romains  en  euflent  fait  ia  conquête. 
11  falloir  que  cette  ville  fût  importante  par  fa  fitnation 
ôc  par  la  facilité  d'y  vivre  ,  pour  qu'on  y  tînt  une  a> 
femblée  générale  de  la  Gaule.  Les  habitans  ne  méri- 
toient  pas  moins  de  confidérationqueleur  ville  :  ils  don- 
nèrent une  preuve  de  leur  valeur.  On  lit  dans  le  fep- 
tiéme  des  commentaires:  Labienus  s'étant  approché  de 
Lutece,  les  habitans  mirent  le  feu  à  la  ville,  rompi- 
rent les  porjts ,  quittèrent  le  marais ,  Ce  campèrent  fur 
les  bords  de  la  Seine,  vis-à-vis  de  Lutece ,  ayant  la  ri- 
vière entre  eux  ôc  le  camp  du  général  Romain ,  ôc  ils 
montrèrent  une  grande  valeur. 

Strabon  &  Ptolomée  ,  qui  ont  écrit  depuis  Céfar  ,  dé- 
corent auffi  Lutece  du  nom  de  ville.  Quelques  écrivains 
peu  inftruits  de  l'antiquité,  font  dériver  le  nom  de  Lu- 
tetia ,  que  porte  encore  aujourd'hui  la  ville  de  Paris . 
de  Ltttum  qui  lignifie  de  la  bouc  ,  comme  fi  les  Ro- 
mains l'avoient  nommée  Lutece  ;  mais  ils  ont  parlé  de 
Lutece  ,  conformément  au  nom  qu'elle  portoit  lorsqu'ils 
s'en  font  emparés.  Lutetia  eit  ou  gaulois  ou  celti- 
que ,  ôc  n'avoit  aucun  rapport  avec  le  latin  -,  c'eft  pour- 
quoi on  peut  dire  avec  vérité  que  Lutetia  ne  vient  pas 
plus  de  Lutum  ,  que  Farifii  ou  Farrhifii ,  de  Paris , 
fils  de  Priam.  L'Aine  ,  dans  fa  diflertation  fur  les  qua- 
tre déeffes,  filles  de  Cadmus ,  rapporte  que  Leucothoc 
avoit  fon  culte  à  Paris ,  &  que  c'eft  delà  que  cette 
ville  tiroit  fon  nom  de  Lutece.  On  ne' doit  pas  plus 
s'arrêter  à  ce  fentiment  qu'à  celui  de  ceux  qui  Ce  font 
imaginés,  d'après  une  infeription  gravée  au 'rems  de 
l'empereur  Tibère ,  fut  une  pierre  qui  fut  trouvée  en 
171 1  ,  fous  l'églife  métropolitaine  de  Notre-Dame  ,  fur 
laquelle  on  lit  ces  mots  Naitt*  Farifiaci ,  que  les  ha- 


PAR 


bitans  de  Lùtece  n'éroient  que  des  nauronniers.  On 
n'ignore  pas  que  les  nauconniers  ou  mariniers  étoient 
fore  confidérés  dans  les  villes  de  commerce. 

Sous  l'empire  de  Tibère  ,  Lutece  n'avoit  point  encore 
changé  Ton  nom  en  celui  de  Paris  ;  ainfi  le  Naut&  Pu- 
rifiaci  doit  s'entendre  des  nautonniers  de  la  province 
des  Parifiens,  qui,  formant  un  corps  de  communauté 
à  Lutece  ,  avoient  confacré  un  monument  pour  confer- 
ver  à  la  pollérité  la  mémoire  de  quelque  événement 
fingulier.  Toute  l'infetiption  peut  fervk  de  preuve  fut 
ce  que  j'avance  ;  en  voici  les  paroles  : 

Tib.  C  «s  A  RE 
Au  g.  Jovi  Optumo 

M  A  X  U  M  O 

Naut/e  PaRisiaci 

PuBLICE    POSUERUNT. 

Ou  bien  pour  quelques  actions  de  grâces  de  quelque 
bienfait ,  obtenu  après  un  ou  plufleurs  facrifices  offerts  à 
Jupiter  fous  le  règne  de  Tibère. 

Les  rivières  de  la  Seine  &  de  la  Marne  arrofant  le  pays 
.des  Parifiens,  ils  n'eft  pas  étonnant  qu'il  y  eût  un  corps 
de  mariniers  pour  l'utilité  du  commerce  par  eau.  L'in- 
feription  ne  porte  point  Nantie  Lutetiaci ,  les  nau- 
tonniers de  Lutece.  Si  on  y  lifoit  ces  mots ,  cela  ne 
fignifieroit  encore  que  la  communauté  des  Nauton- 
niers de  Lutece.  Les  Lutéciens  étoient  les  habitans  de 
la  capitale  du  pays  des  Parifiens:  on  ne  faut  oit  le  ré- 
voquer en  doute-,  mais  ce  qui  eft  inconnu  jusqu'à  pré  - 
fent ,  ôc  qui  mérite  bien  une  recherche  ;  c'eft  le  tems 
où  le  nom  de  ce  pays  eft  devenu  celui  de  la  capitale. 
La  déeffe  Ifis ,  félon  certains  auteurs ,  étant  la  prin- 
cipale divinité,  fous  la  protection  de  laquelle  étoient 
les  peuples  qui  reconnoiffbient  Lutece  pour  leur  capi- 
tale ,  l'étymologie  la  plus  vraifemblable  de  Pari/ii , 
vient  de  w*pa  ôc  d'iir/ç,  peuples  fous  la  protection  d'I- 
fis;mais  fur  quelle  autorité  peut-on  fe  fonder,  puisque 
nous  n'avons  point  d'auteur  plus  ancien  que  Céfar, 
qui  nous  parle  des  Parifiens ,  ôc  qu'il  ne  dit  rien  de 
l'origine  ôc  du  culte  de  ces  peuples  ? 

L'empereur  Julien ,  cherchant  un  afyle  dans  les  Gau- 
les, choifit  Paris  pour  y  faire  la  demeure  ordinaire.  11 
eft  probable  que  ce  fut  dans  ce  tems  qu'on  bâtit  le  pa- 
lais des  Thermes  ou  des  Bains ,  dont  on  '«voit  encore 
les  reftes  à  la  Croix  de  fer,  rue  de  la  Harpe.  Clovis, 
après  avoir  tué  Alaric,  roi  des  Vifigoths,  y  fît  fa  réfi- 
dence  en  jo8,  félon  l'abbé  de  Longuerue  ,  dans  fa 
defeription  de  la  France  ,  part.  i.  p.  ix.  Ce  palais 
étoit  fur  la  montagne ,  aux  environs  du  lieu  où  l'on 
a  bâti  depuis  le  collège  de  Sorbonnc.  Saint  Louis , 
dans  fes  lettres ,  témoigne  que  ce  lieu  étoit  ante  Pa- 
latium  'l'hermarum  ,  devant  le  palais  des  Thermes , 
d'où  l'on  voit  qu'il  fubfiftoit  encore  alors  ,  de  manière 
à  mériter  la  dénomination  de  palais. 

Le  rois  de  Neufirie  ,  Mérovingiens  ,  demeuroient 
aux  environs  de  Paris ,  &  habitoient  plufieurs  mai- 
fons  qu'ils  avoient  dans  des  bourgades  ;  mais  on  ne 
voit  pas  qu'ils  demeuraflent  ordinairement  dans  l'en- 
clos de  la  ville.  Ceux  de  la  race  des  Carlovingkns 
demeurèrent  rarement  à  Paris.  Robert ,  frère  du  roi 
Eudes ,  étant  comte  ou  gouverneur  de  Paris ,  s'en 
rendit  le  maître  abfolu  ,  ôc  laiffa  fa  fucceflion  à  fon 
fils  Hugues  le  grand.  Ces  princes  avoient  un  palais 
dans  cette  ville,  dans  l'endroit  où  l'on  rend  la  Justi- 
ce. Auprès  il  y  avoit  une  chapelle  dédiée  à  S.  Bar- 
thelemi ,  où  Hugues  Capet ,  avant  que  de  parvenir  à 
la  couronne ,  établit ,  pour  y  faire  le  fervice ,  les 
moines  de  S.  Magloire ,  qui  étoient  errans  ,  ayant  été 
chaffés  de  Bretagne  par  les  Normans.  Hugues  Capet , 
qui  fut  comte  de  Paris,  ayant  été  élu  roi  en  987,  & 
n'ayant  presque  d'autre  domaine  que  celui  dont  il 
avoit  hérité  de  fon  père,  continua  à  réfider  à  Paris, 
comme  il  avoit  fait  avant  que  de  monter  fur  le  trô- 
ne ,  ce  qui  a  été  fuivi  par  fes  fuccefTeurs  ;  ainfi  il  y 
a  plus  de  fept  cens  quarante  ans  que  Paris  eft  con- 
tinuellement la  capitale  du  royaume  &  la  réfidence 
des  rois;  c'eft  ce  qui  l'a  fait  parvenir  au  point  de 
grandeur  où  elle  eft  aujourd'hui  par  le  moyen  des 


PAR       787 


grands   fauxbourgs   qui    furent    bâtis  Au  midi ,  &  au 
feptenttion  de  la  Seine ,  ôc  qui  demeurèrent  tout  ou- 
verts plus  de  deux  cens  ans  après  la  mort  de  Hugues 
Capet.   Ce  fut   Philippe  Augulle ,  qui  le  premier  fit 
fermer    de    murailles   ces   fauxbourgs ,    ce  qui  forma 
deux    nouvelles   villes ,    l'une  du   coté  du    midi ,    qui 
fut  nommée    l'Univerfité ,  parce  que  les  maîtres,  qui 
y   enfeignoient  les   feiences ,   s'y    étoient   établis  avec 
leurs  écoliers ,   quoiqu'il  n'y  eût  point  alors  de  collè- 
ge fondé.  Celui  de  Sorbonne  eft  le  plus  ancien  ;  cet- 
te   enceinte  fut  confidérablement  augmentée    fous  le 
règne  de   Charles   V ,  dit  le    fage ,    qui  enferma  les 
églifes  de  S.  Paul ,  de  S.  Germain  l'Auxerrois ,  de  S. 
Euftache,  de  S.  Martin,  de  S.  Nicolas  des  Champs» 
ôc  quelques  autres,  dans  la  nouvelle  enceinte  qu'il  fit 
faire.  Du  tems  de  Louis  XIII,  on  enferma  les  Tuile- 
ries   Ôc    S.  Roch   dans  la    ville ,   &   on  fit   bâtir  les 
portes  de  la  Conférence  ,  de  S.  Honoré ,    de  Riche- 
lieu Ôc  de  Montmartre  ,  lesquelles  font  détruites  de- 
puis quelques  années  ;  celle  de  la  Conférence  en  1730» 
Ôc  celle  de  S.  Honoré  en  1732. 

On  lit  dans  l'édition  de  la  defeription  de  Paris  par 
Germain  Brice,  imprimée  en  17 17:  «  Qu'on  peut  har- 
„  diment  affurer  qu'il  n'eft  point  de  ville  dans  toute 
,,  l'Europe  qui  contienne  un  fi  gtand  nombre  d'ha- 
,,  bitans ,  puisque ,  félon  l'exacte  recherche  de  plu- 
,,  fieurs  perfonnes  verfées  dans  ces  fortes  de  choies , 
,,  on  a  trouvé  qu'il  y  avoit  encore  plus  de  fept  cens 
i}  cinquante  mille  perfonnes  malgré  les  diminutions 
„  confidérables  arrivées  dans  ces  dernières  années  de 
,,  guerre ,  de  maladies  ôc  de  difettes  extrêmes  cau- 
„  fées  par  l'affreux  hiver  de  1709,  entre  lesquelles  on 
,,  doit  mettre  cent  cinquante  mille  domeftiques.  ,,  Ce 
même  auteur  affine  qu'on  compte  à  Paris  vingt  qua- 
tre mille  mai fons;  mais  n'y  a-t-il  point  un  peu  d'exag- 
gération  dans  cet  auteur  ?  Avant  1709,  Paris  étoit 
beaucoup  moins  grand  qu'aujourd'hui  :  on  avoit  for- 
mé des  projets  pour  fon  aggrandidement  ,  qui  n'ont 
été  exécutés  que  depuis  :  les  maifons  qu'on  bâtit  au- 
jourd'hui font  plus  élevées  que  la  plupart  des  an- 
ciennes que  j'ai  vues.  Cependant  on  ne  compte  à 
préfent  ,  avec  une  étendue  de  plus  d'un  tiers  ,  que 
vingt-trois  mille  dix-neuf  maifons.  Ce  que  j'avance  eft 
appuyé  fur  la  recherche  exacte  que  M.  Turgot,  prévôt  des 
marchands  &  M.  de  Marville ,  lieutenant  général  de  po- 
lice ,  en  ont  fait  faire  par  Paquier,  exemt  de  police. 
Ces  maifons  font  contenues  dans  huit  cens  dix  rues. 
Il  y  a  quatte-vingt-huit  culs  de  facs ,  quatorze  carre- 
fours ,  quinze  cimetières  ,  vingt- un  cloîtres,  treize 
cours  qui  fervent  de  paffage  ,  fix  enclos ,  treize  faux- 
bourgs, quarante  trois  fontaines,  deux  pompes,  dix 
halles,  quatorze  marchés,  vingt-neuf  places ,  quator- 
ze ponts  ,  vingt-quatre  quais  dans  la  cité ,  feize  dans 
la  ville  ,  huit  dans  l'univerfité ,  dix  dans  les  fauxbourgs  , 
cinq  dans  les  lieux  exceptés.  Dans  les  ving-trois  mil- 
le dix-neuf  maifons ,  on  y  comprend  quatre  abbayes 
d'hommes,  quarante-deux  couvens  d'hommes,  douze 
féminaires ,  huit  abbayes  de  filles ,  quarante-quatre 
couvens  de  filles,  quinze  communautés,  ving-fix  hô- 
pitaux. La  confommation  de  1737,  173 S  Se  1739, 
en  bœufs  à  été  par  chaque  année  à  cent-dix  huit  mille 
trois  cens  foixante  ôc  douze ,  à  vingt-fix  mille  quatre 
cens  vingt-cinq  veaux  ,  à  quatre  cens  quatre-vingr- 
dix-huit  mille  cinq  cens  ôc  un  moutons ,  à  quatorze 
mille  fix  cens  quatre-vingt-fix  porcs.  Année  commu- 
ne on  brûle  quatre  cent  cinquante  mille  voies  de 
bois  j  mais  depuis  le  premier  Avril  1739,  jusqu'au 
premier  Avril  1740,  on  en  a  brûlé  cinquante-huit 
mille  voies  de  plus,  à  caufe  de  la  ligueur  ôc  de  la 
longueur  de  l'hiver  qui  a  été  de  plus  de  quatre  mois 
de  gelée.  On  n'en  brûla ,  en  1709,  que  trois  cens 
foixante  &  fept  mille.  La  voie  de  bois  eft  de  qua- 
tre pieds  de  haut  fur  quatre  de  large ,  ôc  chaque  bû- 
che eft  de  trois  pieds  ôc  demi  de  long.  En  avoine  on 
y  confomme  vingt  mille  muids  :  le  muid  eft  Je  dou- 
ble de  celui  du  bled.  En  foin ,  fept  millions  de  bet- 
tes ;  en  bled  cent  mille  muids.  Toute  cette  prodi- 
gieufe  confommation  ne  me  fera  pas  conclure  que 
les  habitans  montent  à  un  million ,  ainfi  qu'on  l'a 
avancé  dans  les  étrennes  mignones  ;  je  crois  qu'en  les 
Tom.  IV.  G  g  g  g  g  ij 


788       PAR 

réduifant  à  fix  à  fept  cens  mille  ,  c'eit  le  jufte  milieu  entre 
le  trop  &  le  trop  peu.  Le  nombre  des  baptêmes  de 
173  9,  a  été  à  dix  neuf  mille  fept  cens  quatre- vingt 
ôc  un.  Celui  des  mariages  à  quatre  mille  cent  huit , 
&  les  morts  à  vingt-un  mille  neuf  cens  quatre-vingt- 
fix.  Je  ne  dis  rien  fur  l'article  des  vins  &  autres  li- 
queurs ;  je  n'ai  pu  en  être  afiez  inftruit  pour  en  faire 
part  au  Public. 

Le  Louvre  doit  être  regardé  comme  le  principal  or- 
nement de  la  ville  de  Paris.  Il  fut  commencé  ou  ré- 
tabli en  12 14,  fous  Philippe-Augufte  ,  ôc  hors  de  la 
ville ,  à  l'extrémité  de  la  varenne  du  Louvre.  Près  du 
château,  on  bâtit  fur  la  rivière  une  grofle  tour  nom- 
mée la  tour  du  Louvre.  Elle  défendoit  l'entrée  de  la 
rivière,  conjointement  avec  celle  de  Nèfle,  qui  étoic 
vis-à-vis.  Ce  fut  dans  la  tour  du  Louvre  que  Ferrand, 
comte  de  Flandre,  fut  mis  en  prifon  après  la  bataille 
de  Bovines,  que  Philippe-Augufte  gagna  fur  ce  com- 
te ,  fon  feudataire ,  qui  s'étoit  révolté  contre  lui. 
Cette  grofTe  tour  fervit  depuis  à  garder  les  tréfors  de 
quelques  rois  &  fut  renverfée  lorsque  François  I  fit  jetter 
les  fondemeris  des  ouvrages  qu'on  appelle  le  vieux 
Louvre.  Henri  H,  fon  fils.emplova  les  architectes  les 
plus  renommés  de  fon  teins ,  pour  rendre  ce  bâti- 
ment auflï  régulier  que  magnifique.  Ce  qu'on  nomme 
particulièrement  le  vieux  Louvre ,  confiée  en  deux 
corps  de  bâtimens  qui  forment  un  angle  intérieur , 
dont  les  faces  font  décorées  d'une  très-belle  archi- 
tecture. Tout  l'édifice  eft  à  trois  étages.  Le  premier 
ell  orné  de  [l'ordre  corinthien  ;  le  fécond  du  compo- 
rte ;  ôc  le  troifiéme  eft  un  attique.  Les  avant-corps 
font  avec  des  colonnes  cannelées ,  ôc  le  refle  eft  en 
pilaftres  du  même  ordre  que  les  colonnes.  On  eftime 
fur-tout  la  proportion  des  fenêtres  :  elles  fe  trouvent 
dans  le  fécond  étage  ,  ôc  font  enfermées  dans  un 
chambranle,  ôc  couronnées  d'un  fronton  triangulaire 
ôc  rond  alternativement.  L'attique  a  aufli  fes  orne- 
mens  particuliers ,  qui  font  des  trophées  d'armes  en  bas- 
reliefs  ,  adoflés  aux  côtés  des  chambranles  des  fenêtres , 
avec  des  lampes  antiques  fur  les  entablemens.  Le  toit 
qui  couvre  cet  édifice  eft  brifé  ,  ôc  l'on  voit  dans  la  fale 
des  cent  Suides,  qui  eft  élevée  de  trois  marches  plus 
que  le  rez-de-chaudée ,  une  espèce  de  tribune  foute- 
nue  par  quatre  cariatides  gigantesques.  Cette  fale  fer- 
voit  autrefois  à  donner  des  feftins ,  ôc  la  reine  Cathe- 
rine de  Medicis  y  faifoit  audi  repréfenter  la  comédie  Ôc 
danfer  des  ballets  ,  pour  amufer  la  cour  de  fon  tems. 
Voici  l'infeription  qui  fut  gravée  fur  du  marbre  au  des- 
fus  des  portes  par  ordre  du  roi  Henri  II  : 

Henricus  II.  Chrxflianiff.  vctufîate  colldpftim  ref.ci 
cœp.A  Pat.  Francisco  I.R.  Chriflianijf.  mort  ni  SanEiijf. 
Parent,  memor ,  pieiuis,  filins  abfolvh.  Ami.  Sal.  Chrifti 
MDXXXXVIU. 

On  lit  ces  mots  fur  l'une  des  deux  portes  des  côtés: 
Virtuti  Régis  inviclijjlmi. 

Et  fur  l'autre: 

Donec  totum  impleat  orbem- 

Le  Roi  Louis  XIII  a  fait  élever  le  gros  pavillon  du 
milieu  couvert  en  dôme  carré.  Il  eft  de  la  même  or- 
donnance que  le  vieux  Louvre ,  fi  ce  n'efl  que  ,  com- 
me il  elt  plus  élevé  que  le  refie ,  on  a  mis  fur  l'atti- 
que des  cariatides  qui  foutiennent  un  fronton ,  &  co- 
piées de  celles  de  la  fale  des  cent  Suides.  Sous  ce  pa- 
villon eft  le  grand  veltibule  qui  fert  aujourd'hui  d'en- 
trée au  Louvre  ,  du  côté  des  Tuileries ,  fur  lequel  eft 
une  chapelle  entre  les  deux  escaliers  ,  qui  conduifent 
aux  appartemens  d'en  haut.  Ce  grand  vefiibule  eft  fou- 
tenu  de  deux  rangs  de  colonnes  couplées,  d'un  ordre 
ionique  compofé.  Enfuite  de  ce  pavillon  du  milieu  ,  on 
fît  continuer  en  même  tems  le  corps  de  logis  ,  où  eft 
à  préfent  Facadémie  françoife  ,  &  commencer  le  pavil- 
lon du  côté  de  la  rue  de  S.  Honoré.  La  cour  qui  fe 
trouve  au  milieu  de  ce  vafte  bâtiment,  eft  de  foixante 
ôc  trois  toifes  en  carré  ,  dont  Louis  le  Grand  a  fait 
élever  presque  trois  parties ,  qui  ne  font  pas  encore  ache- 


PAR 


vées  ,  ôc  où  il  ne  laide  pas  de  paroître  beaucoup  de  ma» 
gnificence.  Les  quatre  faces  font  compofées  de  huit 
corps  de  logis ,  qui  enferment  cette  grande  cour.  L'ar- 
chiteéture,  de  la  manière  qu'elle  eft  commencée,  eft  de 
trois  ordres  de  colonnes,  avec  des  piedeftaux.  Le  pre- 
mier eft  corinthien ,  le  fécond  ôc  le  troifiéme  font 
compofites  ;  &  ce  qui  donne  une  grande  apparence 
à  tout  cet  ouvrage  ,  c'eft  qu'au  lieu  de  toit ,  on  a  fait 
régner  fur  les  combles  une  terrade  avec  une  baluftrade, 
dont  les  piedeftaux  feront  chargés  de  trophées. 

La  grande  façade  du  Louvre ,  qui  eft  à  l'orient ,  du 
côté  de  Saint  Germain  l'Auxerrois  ,  eft  compofé  d'un 
premier  étage  fimple ,  pareil  à  celui  des  autres  façades 
de  l'ancien  bâtiment,  ôc  elle  a  au-de(Tus  un  grand  or- 
dre de  colonnes  corinthiennes  couplées  ,  &  de  pilafires 
de  même.  Cette  façade  ,  longue  de  quatre-vingt-fept  toi- 
fes ôc  demie  ,  fe  partage  en  trois  avant-corps ,  un  au  mi- 
lieu ,  &  deux  aux  extrémités.  L'avant-corps  du  milieu  eft 
orné  de  huit  colonnes  couplées,  &  terminé  par  un  grand 
fronton ,  dont  la  cimaile  eft  de  deux  feules  pierres  d'une 
grandeur  prodigieufe  ,  qui  ont  chacune  cinquante  qua- 
tre pieds  de  longueur ,  huit  de  largeur  ,  quatorze  pou- 
ces d'épaideur.  Entre  ces  trois  avant-corps ,  font ,  com- 
me on  la  remarqué  ,  deux  perifiyles  de  colonnes  corin- 
thiennes couplées  pour  une  plus  grande  folidiré  ,  qui 
fe  communiquent  par  un  petit  corridor  ,  pratiqué  dans 
l'épaideur  du  gros  mur ,  au-delTus  de  la  porte  carrée  du 
milieu.  Ces  colonnes ,  qui  font  cannelées,  ont  trois  pieds 
fepr  pouces  de  diamètre  ,  ôc  forment  deux  grands  perifiy- 
les de  douze  pieds  de  largeur,  fur  vingt-fept  toifes  de 
longueur  chacun  ,  dont  les  plafonds  font  d'une  grande 
beauté ,  non-feulement  par  la  hardiefTe  des  architraves 
de  douze  pieds  d'étendue  qui  les  foutiennent ,  mais  en- 
core par  les  fculptures,  ôc  par  la  propreté  avec  laquelle 
tout  cet  ouvrage  a  été  exécuté. 

Dans  l'intérieur  du  vieux  Louvre,  on  voir  l'apparte- 
ment des  bains  de  la  reine-mere  ,  qui  eft  de  plein  pied , 
avec  la  fale  des  cent  Suides ,  &  compofé  d'un  grand  nom- 
bre de  chambres  ,  dont  les  plafonds  font  enrichis  de 
très-belles  peintures.  Dans  celles  qu'on  a  bâti  les  der- 
nières, au-dedous  delà  galerie  d'Apollon ,  en  retour- 
nant fur  le  petit  jardin  du  côté  delà  rivière,  Frances- 
co  Romanelli ,    Italien ,    a   peint  des  plafonds  ôc  des 
lambris  d'une  excellente  manière  ;  mais  rien  n'égale  en 
richede  d'ornement  le  petit  cabinet  de  ce  même  appar- 
tement qurdonne  fur  la  rivière,  où  rout  paroît  d'une 
magnificence  exquife ,  jusqu'au  parquet,  qui  eft  d'une 
marqueterie  très  bien  travaillée.  La  fale  des  antiques , 
qu'on  trouve  proche  de  ce  cabinet,  eft  incruftée  de  divers 
compartimens de  marbre  rare,  avec  des  niches  ornées 
de  colonnes  audi  de  marbres  les  plus  précieux  ,  dans  les- 
quelles on  confervoit  les  ftatues  antiques  qui  font  pré* 
fentement  à  Vcrfailles.    La   fale  particulière  des   bains 
attire  l'a»dmiration  des  curieux,  par  la  beauté  des  orne- 
mens  qui  s'y  trouvent,  par  les  colonnes  de  marbre  ,  avec 
leurs  chapiteaux  de  bronze  doré  ,  par  les  balnftrades  de 
même  ,    par  le  plafond  enrichi  de  fujets  peints   de  ta- 
pis en  camaieu  fur  des  fonds  d'or ,  ôc  par  tout  ce  qui 
peut  rendre  un  lieu  très-brillant.  La  galerie  d'Apollon, 
qui  eft  dans  l'appartement  d'en  haut ,  conferve  encore 
de  grandes   beautés  ,  quoiqu'elle  ait  été  presque  route 
confumée  par  le  feu  en  1 66 1 .  On  l'a  rétablie  autant  qu'on 
a  pu  dans  fa  première  magnificence.  Feu  le  Brun,  pre- 
mier peintre  de  fa  majefté ,  a  donné  tous  les  dedeins 
des  ouvrages  que  l'on  y  voit.  Il  a  peint  dans  le  grand 
cartouche  ,  qui  fe  trouve  au  milieu  du  plafond,  le  fo- 
leil  tiré  dans  fon  char,  avec  tous  les  attributs  qui   lui 
conviennent.    Les  autres  cartouches  qui  accompagnent 
celui-ci ,  repréfenrent  les  quatre  faifonsde  l'année,  dans 
des  bordures  très-riches.   Le  lieu  où  l'on  conferve  les 
tableaux  du  roi ,  eft  adodé  à  la  galerie  d'Apollon.  Quoi- 
que la  plus  grande  partie  des  beaux  ouvrages  qu'il  conre- 
noit  autrefois ,  ait  été  transportée  à  Verfailles,  il  y  re/te 
encore    quantité  de  chofes    dignes    de  l'attention  des 
connoideurs. 

Les  académies  françoifes,  des  belles  lettres,  des  in- 
feri prions  ôc  des  feiences  ,  ont  chacune  un  appartement 
dans  le  vieux  Louvre  ,  où  elles  tiennent  leurs  adem- 
blées.  Ceux  qui  compofent  celle  d'architecture  ,  ôc  celle 
de  peinture  ,  ont  aulïï  dans  le  vieux  Louvre  un  lieu  cta- 


PAR 


bli  pour  leurs  conférences.  Sur  le  bord  de  la  rivière, 
au  coin  de  la  rue  du  petit  Bourbon,  eft  le  garde-meu- 
ble du  roi,  dans  une  vieille  maifon  nommée  autrefois 
l'hôtel  du  petit  Bourbon.  On  y  voit  une  quantité  de 
riches  tapiflèries  anciennes  Se  nouvelles ,  dont  les  plus 
belles  ont  été  faites  fous  le  règne  de  François  I.  Les  batail- 
les Se  les  triomphes  de  Scipion,  faits  pour  Henri  II,  font 
de  ce  nombre.  Ces  deux  tentures  font  enfemble  cent  vingt- 
deux  aunes  en  vingt-deux  pièces.  Les  tapifferies  du  des- 
fein  de  Raphaël ,  l'ont  l'hiftoire  de  Jofué,  de  quarante- 
trois  aunes  en  huit  pièces  ;  Pfiché  ,  en  vingt-îlx  de  cent  fix 
aunes  ;  les  actes  des  apôtres ,  en  dix  pièces  de  cinquante- 
trois  aunes  ;  Se  l'hiitoire  de  faint  Paul ,  de  quarante- 
deux  aunes ,  en  fepe  pièces.  Le  roi  en  a  fait  faire  plu- 
fieurs  aux  Gobelins ,  enrichies  d'or  Se  d'argent ,  fur  les 
defleins  de  le  Brun.  11  y  en  a  une  quantité  fi  grande,  qu'on 
en  compte  jusqu'à  vingt-quatre  mille   aunes.  On  con- 
ferve  quantité   d'anciennes  armes  dans  une    chambre 
particulière  ,  &  entre  autres  celles  que  François  I  avoit 
à  la  fameufe  journée  de  Pavie  ,  où  l'on  voit  fur  la  cui- 
raffe  les  coups  qu'il  reçut, avant  que  de  fe  tendre  aux 
Espagnols.  M.dcMarigni ,  furintendaht  des  bâti  mens  du 
roi ,  qui ,  par  fon  goût  Se  fon  zèle  pour  les  arts  ,  ren- 
dra fon  nom  immortel,  a  entrepris  de  faite  achever  le 
vieux  Louvre  :  on  y  travaille  actuellement  fous  les  or- 
dres ,  Se  bientôt  on  aura  la  fatisfaction  de  voir   ce  fu- 
perbe  palais  achevé. 

Les  premiers  fondemens  du  palais  des  Tuileries  fu- 
rent jettes  l'an  1564p.tr  l'ordre  delà  reine  Catherine 
de  Medicis  ,  en  un  lieu  fort  négligé  ,  où  pendant  long- 
tems  on  avoit  fait  de  la  tuile.  Llle  prit  pour  exécuter 
fon  deffein  Philibert  de  Lorme  Se  Jean  Bulan  ,  tous  deux 
François,  Se  les  plus  habiles  de  ce  tems.  Il  ne  fut  com- 
pofé  que  du  gros  pavillon  carré  du  milieu  ,  de  deux 
corps  de  logis ,  qui  ont  une  tétrade  du  côré  du  jar- 
din ,  Se  de  deux  autres  petits  pavillons  qui  les  fuivent. 
Ces  cinq  pièces ,  qui  formoient  ce  palais ,  avoient  de  !a 
régularité  Se  de  la  proportion.  Les  faces  des  deux  cô- 
tés ,  qui  regardent  la  cour  ,  ou  la  principale  entrée  par 
la  place  du  caroufel,  font  décorées  d'une  architecture 
de  très-bon  goût.  Le  gros  pavillon  du  milieu ,  couvert 
en  dôme  carré  ,  elt  orné  de  trois  ordres  de  colonnes 
de  marbre  :  favoir  de  l'ionique, du  corinthien,  Se  du 
compofite  ,  avec  un  attique  encore  au-deffus.  Les  co- 
lonnes du  premier  ordre  font  bandées  &  ornées  fur  les 
bandes  de  diverfes  fculptures,  travaillées  fur  le  marbre. 
Du  côté  du  jardin  ces  mêmes  ordres  ne  font  que  de 
pierre.  Dans  la  reftauration  que  Louis  XIV  fit  faite  de  ce 
palais  en  1664  ,  furies  defleins  de  Louis  le  Vau  ,  dont 
François  d'Otbay  a  eu  toute  la  conduite ,  on  ajouta  à 
ce  pavillon  le  troifiéme  ordre  ,  avec  un  attique  ,  afin 
que  l'exhauffement  repondît  à  tout  le  relie.  Ce  palais 
fe  trouve  à  préfent  dispofé  de  cette  forte. 

Toute  la  face  de  l'édifice  efi  compofée  de  cinq  pa- 
villons, Se  de  quatre  corps  de  logis,  de  cent  foixante-huit 
toifes  trois  pieds  de  longueur,  dont  l'architecture  eft 
traitée  diverfement;  ce  qui  n'empêche  pas  que  le  tout 
enfemble  n'ait  une  gtande  &  magnifique  apparence, 
qui  embellit  infiniment  toutes  les  vues  du  jardin  des 
Tuileries  ,  dont  l'étendue  a  été  distribuée  d'une  manière 
Il  ingénieufe,  que  dans  un  espace  de  trois  cens  foixante 
toifes  de  longueur,  fur  cent  foixante-huit  de  largeur, 
on  trouve  tout  ce  qu'on  peut  fouhaiter  dans  les  plus 
charmantes  promenades.  On  y  a  fait  des  changemens  s 
qui  n'ont  pas  peu  contribué  à  le  rendre  plus  agréable , 
foit  par  Tait  avec  lequel  il  efi:  defilné ,  foitpar  les  mor- 
ceaux de  fculpture  des  plus  grands  maîtres ,  dont  les 
uns  font  hiftoriques,  &  les  autres  myrologiques.  On  y 
entre  en  fortant  du  château,  &  on  traverfe  une  espla- 
nade bordée  de  groupes  de  figures  de  marbre  blanc  fur 
des  piedefiaux,  &  de  deux  grands  vafes  fort  bien  fcul- 
ptés.  Du  côté  de  la  rivière,  on  y  voit  un  chafieur  qui 
fe  repofe  avec  fon  chien  :  à  l'autre  bout ,  du  côté  de 
S.  Roch  ,  efi  un  dieu  Pan  ,  ayant  un  Faune  derrière 
lui.  Ce  dieu  eft  repréfenté  jouant  de  la  fiute  ;  la  deli- 
cateffe  de  l'ouvrage  prouve  tout  l'art  de  l'ouvrier.  Au 
milieu  font  quatre  Hamadryades  ou  divinités  des  bois , 
avec  leurs  attributs.  Les  trois  du  côté  de  la  rivière  font 
de  Coutlou ,  Se  les  trois  autres  font  de  Coizevox.  De 
l'esplanade  on  descend  dans  le  parterre  defiîné  par  allées 


PAR       789 

qui  aboutiffent  tant  à  la  grande  ,  qu'aux  contre-allees  : 
les  defleins  en  font  très-bien    entendus  :  ce  font  des 
compariimcns  de  différentes  espèces ,   avec  des  fleurs 
fuivant  la  faifon ,  entre  lesquelles  on  remarque  trois  jets 
d'eau,  bordés  de  gazon.  Tout  ce  parterre  eft  orné  par 
.    les  figures  de  l'enlèvement  d'Orithie  par  Borée ,  d'E- 
née  qui  fauve  fon  pere  Anchifc ,  chargé  de  Ces  dieux 
Pénates  ,  Se  fon  fils  Ascagne  ;  d'un  côté  Se  de  l'autre  par 
l'enlèvement  de  l'Occafion  par  le  Tems  ,  Se  par  Arie 
qui  ,  après  s'être  percé  le  fein ,   préfente  à  fon  mari, 
Perus  le  poignard  ,  en  lui  difant  qu'il  ne  fait  point  de' 
mal.  Ce  jardin  eft  enfuite  divifé  en  plufieurs  allées ,  qui 
fe  rapportent  à  trois  principales  bien    plus  longues  Se 
plus  larges  que  les  autres.   Celle  du  milieu  eft  de  cent 
foixante-cinq  toifes  de  longueur ,  Se  large  de  feize  ,  plan- 
tée de  maronniers  d'Inde  ;  il  y  avoit  autrefois  des  ifs 
entre  deux:  elle  eft  accompagnée  de  deux  contre-al- 
lées, qu'on  voit  remplies  du  plus  beau  monde  de  Paris 
dans  les  heures  de  la  promenade.  Les  deux  autres,  pa- 
rallèles à  celle-ci ,  ont  un  peu  moins  de  largeur ,  Se  font 
formées  feulement  par  des  tilleuls.  Entre  ces  trois  gran- 
des allées ,  Se  dans  les  espaces  qui  fe  trouvent  jusqu'aux 
terraffes,  on  avoit  dispofé  des  bosquets  &  des  boulin- 
grins de  toutes   fortes   de  figures,  avec  des  pièces  de 
gazon  rondes  Se  ovales ,  creufées  en  pente  douce  ,  en- 
tourées de  maronniers  ;   mais  il  ne     refte  plus  que  les 
pièces  de  gazon  ,  Se  même  entre  les  allées  &  la  rerraffe 
du  côté  de  faint  Roch ,  il  y  en  a  de  magnifiques  qui 
forment  des  tapis.    Il  y  avoit  une  fale  des  feftins,    Se 
fort  près  de-là  un  théâtre  découvert ,  dont  les  décora- 
tions étoient  formées  par  des  ifs  Se  par  des  maronniers 
d'Inde.  En  1 7 1 6  tout  cela  fut  détruit  pour  y  confiruirc 
un  mail  fermé  par  un  grille  de  fer,  qui  en  faifoit  l'en- 
ceinte. Notre  Augufte  Monarque  Louis  XV  alloit  pren- 
dre fa  recréation  dans  ce  mail  dans  le  tems  de  fa  mino- 
rité ,  qu'il  demeura  à  Paris.   Il  y  avoit  au  milieu  une 
fa!e  de  billard.  On  y  avoit  planté  auffi  des  allées  d'ar- 
bres. Depuis  que  le  roi  eft  retourné  a  Verfailles,  on  a 
défait  le  mail  Se  on  a  continué  les  allées  pour  la  pro- 
menade, la  terraffe  du  côté  de  la  rivière  eft  un  grand  em- 
bellificment  pour  les  Tuileries;  fa  longueur  eft  de  deux 
cens  quatre-vingt  fix  toifes ,  &  fa  largeur  de  quatorze. 
Cette  terraffe  eft  plantée  de  deux  rangées  d'ormes  & 
d'ifs  entre  deux ,  Se  eft  revêtue  d'une  très-belle  maçon- 
nerie,  &  ornée  d'avant-corps  Se  de  boffages  du  côré 
du  grand  chemin  ;  Se  d'espace  en  espace  on  trouve  de 
grands  perrons  dispofés  pour  descendre  commodément 
dans  des  allées  de  traverfe,  qui  coupent  toute  l'éten- 
due du  jardin.  On  y  voit  d'un  côté  les  plus  beaux  bâtimens 
de   la  ville,  Se  de  l'autre,  les  Invalides  &  la  rivière, 
une  campagne  terminée  par  les  montagnes  de  Meudon 
Se  de  S.  Cloud.  C'eft  avoir  parlé  de  la  terraffe  du  côté 
de  Saint  Roch ,  que  d'avoir  décrit  celle  du  côté  de  la 
rivière.  Les  allées  de  ce  jardin  font  terminées  par  un 
treillage  ,  au-devant  duquel  font  plufieurs  figures,  dont 
la  première  à  main  droite  eft  Annibal ,  qui  compte  dans 
un  boiffeau  les  anneaux  des  chevaliers  Romains ,  après 
la  bataille  de  Cannes.  A  main  gauche  on  voir  Jules  Cé- 
far ,  le  premier  des  empereurs  Romains.  A  droite  Se 
à  gauche  on  voit  les  génies  des  quatre  faifons,  en  for- 
me de  thermes  :  aux  deux  exttémités  font  deux    prê- 
treffes  vêtues  à  l'antique,  &  copiées  d'après  l'antique. 
C'eft  ainfi  qu'on  entre  dans  une  fort  belle  place  en  fer 
à  cheval  ,  au  milieu  de  laquelle  eft  un  baffm  oétogone, 
d'une  grandeur  confidérable.  Dans  les  côtés ,  au  pied 
des  deux  terraffes ,  on  remarque  fur  quatre  piedefiaux 
le  Nil,  le  Rhône,  la  Seine  &  le  Tibre,  avec  les  attri- 
buts qui  les  diflinguent.  Ces  morceaux  font  de  Cou- 
ilou  Se  de  Coizevox.  Sur  les  deux  bouts  des  terraffes,  en 
face  des  Champs  Elyfées ,  on  voit  d'un  côté  Mercure  à 
cheval ,  Se  de  l'autre  la  Renommée  :  on  les  a  fait  ve- 
nir de  Marly.   On  fort  enfin  par  un  pont  tournant 
coupé  en   deux    parties,  qui  fe  rejoignent  pour  com- 
muniquer avec  les  Champs  Elyfées. 

Au-delà  des  Tuileries  ,  eft  une  place  dans  laquelle 
on  a  élevé  la  ftatue  équeftre  de  Louis  XV  ,  ai>deffus , 
fur  le  bord  de  la  rivière  eft  le  Cours  de  la  reine.  Ce  fut 
Marie  de  Medicis  qui  le  fit  planter  ,  comme  on  le  voir 
à  préfent ,  pour  fervir  de  promenade.  11  eft  long  de 
dix-huit  cens  pas,  Se  compofé  de  trois  allées,  que  for- 


PAR 


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ment  quatre  rangées  d'ormes  ,  qui  font  enfemblé  vingt 
toifes  de  largeur.  Celle  du  milieu  eft  plus  large  que 
les  deux  autres ,  Se  fix  carofies  peuvent  y  rouler  de  front. 
Le  milieu  du  Cours  eft  marqué  par  une  grande  espla- 
nade ronde ,  autour  de  laquelle  les  rangées  d'arbres  con- 
fervent  leur  lymmétrie  &lcur  diftance,&  les  extrémités 
étoient  ci-devant  terminées  par  deux  grandes  portes  de  fer, 
appuyées  fur  des  corps  de  maçonnerie  ruftique  ,  au  haut 
desquels  étoient  quelques  figures  couchées  ;  mais  la 
grille  du  côté  des  Tuileries  a  été  ôtée&  on  l'a  détruite. 

Le  palais  des  Tuileries  communique  au  vieux  Lou- 
vre ,  par  le  moyen  de  la  grande  galerie,  qui  a  de  lon- 
gueur deux  cens  vingt-une  toifes  ,  fur  quatre  toiles  cinq 
pieds  de  largeur.  L'architecture  de  cette  galerie  n'eft 
pas  égale  par- tout.  Depuis  le  gros  pavillon  qui  fait  le 
coin  jusqu'au  premier  pafTage,  qui  en  marque  le  mi- 
lieu ,  elle  eft  en  pilaftres  compofites  ,  cannelés  &  cou- 
plés ,  d'une  grandeur  gigantesque.  On  regarde  particu- 
lièrement les  huit  derniers  de  ces  pilaftres ,  où  l'on  trou- 
ve  que  les  chapiteaux  font  d'un  meilleur  goût  Se  d'une 
proportion  plus  élégante.  La  lettre  H  à  la  place  de 
la  rofe  dans  le  chapiteau  ,  fait  connoître  que  cet  édifice 
a  été  élevé  fous  le  règne  de  Henri  IV.  Tout  l'entable- 
ment de  cette  partie  de  la  galerie  ,  eft  couronné  de  fron- 
tons angulaires  Se  fphériques  alternativement ,  dont  les 
tympans  font  enrichis  de  fculpture ,  qui  repréfente  les 
airs ,  les  feienecs  Se  d'autres  femblables.  Dans  la  même 
fuite  ,  après  le  petit  dôme  fous  lequel  fe  trouve  le  pas- 
fage  ,  eft  un  gros  ouvrage  de  maçonnerie  de  la  même 
hauteur  ;  mais  d'une  ftructure  fort  (Impie.  Tout  le  refte, 
jusqu'au  vieux  Louvre,  eft  d'un  defiéin  aflez  fingulier  , 
orné  de  petits  pilaftres  couplés ,  chargé  de  quantité  de 
fculpture  ,  dont  la  plus  grande  partie  n'a  pas  été  achevée, 
non  plus  que  le  dedans  de  cette  longue  galerie ,  qui  eft  de 
deux  cens  vingt-une  toifes,  depuis  une  porte  jusqu'à 
l'autre  ,  Se  de  quatre  toifes  cinq  pieds  de  largeur. 

Pioche  du  guichet,  on  trouvoit  deux  églifes  ,  dont 
l'une  Saint  Nicolas  du  Louvre  ,  defi'ervie  par  des  cha- 
noines,  Se  l'autre  Saint  Thomas  du  Louvre,  avec  un 
chapitre  dans  la  rue  de  ce  nom,  font  aujourd'hui  réu- 
nies fous  un  même  titre.  Dans  l'églife  de  Saint  Louis 
du  Louvre,  bâtie  à  la  place  de  celle  de  S.  Thomas, 
qui  tomba  par  un  accident  imprévu  en  1739,  pendant 
qu'on  y  tenoit  le  chapitre.  Il  y  eut  plufieurs  chanoines 
écrafés  fous  les  ruines.  Melin  de  Saint  Gelais ,  poëte 
célèbre  fous  le  règne  de  Henri  II  ,  y  a  été  enterré. 

L'origine  de  l'églife  de  Saint  Germain  l'Auxerrois  , 
paroifle  du  Louvre ,  eft  peu  connue.  Le  bâtiment  de 
cette  églife ,  tel  qu'on  le  voit  à  préfent,  eft  de  diffé- 
rens  ficelés.  Il  y  a  dans  le  chœur  de  la  ftructure  qui 
paroît  du  quatorzième.  La  nef  eft  plus  moderne  ,  Se 
peut  avoir  deux  à  trois  cens  ans  d'ancienneté.  Le  bâ- 
timent eft  aflez  régulier  dans  fa  manière  gothique  Se  gros- 
fiere  ,  Se  toutes  les  parties  fe  répondent  aflez  bien  :  mais 
la  lumière  y  manquoit  presque  par-tout  -,  Se  cela  ve- 
noit  en  partie  des  vitres  qui  étoient  peintes  en  apprêt, 
Se  de  ce  que  l'on  avoit  imprimé  les  voûtes  d'un  azur 
presque  noir ,  que  l'on  avoit  enrichi  de  fleurs  de  lis  d'or. 
On  a  regratté  l'églife,  on  n'y  voit  plus  l'azur  Se  les  fleurs 
de  lis.  Un  rang  de  chapelles  règne  tout  autour  de  ce  bâ- 
timent ,  avec  un  double  corridor  fort  bien  voûté.  Le 
grand  autel  eft  orné  de  quatre  anges  de  bronze ,  de 
grandeur  naturelle ,  Se  de  quelques  vafes.  Les  piede- 
ftaux  &  les  appuis  de  la  baluftrade  font  de  marbre  , 
Se  les  baluftres  de  bronze  aflez  bien  fondu.  Le  foleii 
d'or  eft  chargé  de  quantité  de  pierreries,  de  même  que 
le  petit  dais  où  l'on  expofe  le  Saint  Sacrement.  C'eft  un 
préfent  de  la  reine  Anne  d'Autriche ,  mère  de  Louis 
XIV.  A  côté  de  la  chapelle  du  Saint  Sacrement  eft  le 
tombeau  du  chancelier  Etienne  d'Aligre,  mort  en  1677. 
Il  y  eft  repréfente  en  marbre  avec  fon  père ,  appelle 
auili  Etienne ,  qui  avoit  été  garde  des  fceaux.  L'ouvrage 
eft  de  Laurent  Manier.  Ifrae'l  Silveftre,  defllnateur  ex- 
cellent ;  Jean  Revol ,  fecrétaire  d'état  ;  le  chancelier 
François  Olivier  ;  Pomponne  de  Bellievre  ,  chancelier 
de  France  ;  Nicolas  de  Bellievre ,  préfident  ;  Se  Pom- 
ponne de  Bellievre,  premier  préfident  du  parlement-, 
Paul  Phelipeaux  ,  Seigneur  de  Pontchartrain,  fecré- 
taire d'état;  François  Picart ,  célèbre  prédicateur  ;  Pier- 
re Seguin  ,  grand  connoifleur  pour  les  médailles  ;  Fran- 


PAR 


çois  Malherbe  ,  célèbre  Poëte  ;  Charles- Annibal  Farbot } 
célèbre  juriscoufulte;  Louis  le  Vau  ,  premier  archite- 
cte du  Roi  ;  Claude  Balin  ,  orfèvre  ;  Jean  Varin,  gra- 
veur général  des  monnoies  de  France  \  Gui  Patin  ,  cé- 
lèbre médecin  ;  Martin  des  Jardins,  excellent  fculpteur  ; 
Jacques  Stella  ,  peintre  habile  ;  Jacques  Sarrazin ,  ex- 
cellent fculpteur;  Claudine-Bouzonet  Stella  ,  qui  a  laifl'é 
des  eftampes  d'après  les  tableaux  de  Pouflin  fort  efti- 
mées  -,  François  d'Oibai,  fameux  architecte  ;  NoëlCoy- 
pel,  peintre  eftimé;  Guillaume  Sanfon  ,  géographe  or- 
dinaire du  roi ,  Se  fon  fils ,  Nicolas  ;  Denis  Dodarr , 
médecin  du  roi  ;  Louis  Berin  ,  fameux  deflinateur ,  font 
lesperfonnesdiltinguées  dans  les  différens  genres ,  dont 
les  corps  repofent  dans  cette  églife.  Concino  Concini , 
maréchal  d'Ancre ,  Florentin  d'origine ,  y  a  été  enter- 
ré ;  mais  il  en  fut  exhumé  par  le  peuple  ,  qui  exerça  de 
grandes  cruautés  fur  fon  cadavre.  Sa  femme  ,  Leonora 
Galigay,  fut  condamnée  par  arrêt  du  parlement  à  avoic 
la  tête  tranchée  Se  brûlée  en  place  de  Grève.  Le  chapitre  a 
été  réuni  depuis  peu  à  celui  de  l'églife  mérropolitaine. 

Le  quartier  de  Saint  Honoré  a  été  appelle  ainfi  de 
la  rue  de  ce  nom ,  l'une  des  plus  grandes  de  Paris  , 
dont  l'extrémité  donne  dans  la  rue  de  la  Feronnerie. 
C'eft  dans  cette  dernière  qu'on  trouve  une  longue 
rangée  de  maifons  ,  bâties  d'une  même  fymmétrie  , 
qui  appartenoient  au  chapitre  de  Saint  Germain 
l'Auxerrois  ;  c'eft  dans  cette  rue  que  Henri  I V 
fut  a  fia  finie  par  Ravaillac  ,  le  Vendredi  14  Mai 
16 10.  La  première  chofe  remarquable  qu'-on  diftin- 
gue  enfuit e  ,  eft  la  croix  du  Tiroir.  Elle  eft  au  coin 
de  la  rue  de  l'Arbrefec  ,  appuyée  fur  l'angle  d'un 
pavillon  ,  dont  la  maçonnerie  eft  aflez  belle.  Son 
nom  a  fort  varié  dans  les  anciens  titres,  tantôt  c'eft 
la  croix  du  Traihouer  ou  Traiboir  ,  Trayoir  ,  tantôt 
la  croix  du  Tr'wuer  ;  ou  Tiroir  ou  Tirauer  ,  ou 
Tiroer.  Le  fief  de  Therouenne  s'étendoit  jusqu'à  1» 
rue  Saint  Honoré  ;  Se  Sauvai  prétend ,  dans  fon  li- 
vre des  antiquités ,  que  c'eft  de  ce  fief  qu'eft  venu  le 
nom  de  la  croix.  Duchesnc ,  Anùq.  de  Farts ,  Cbap. 
1.  prétend  que  c'eft  parce  qu'on  y  tiroit  les  bêtes.  C'eft 
là  que  fe  fait  la  décharge  des  eaux'd'Arcueil  ,  qui  panent 
fous  le  pavé  du  Pont- neuf.  En  avançant  dans  la  même  rue, 
on  trouve  l'églife  des  pères  de  l'Oratoire.  L'ordre  corin- 
thien y  eft  obfervé  en  grand  Se  en  petit ,  d'une  manière 
aflez  correcte  Se  aflez  exacte.  Le  grand  autel  fe  trouve  à 
l'extrémité,  dans  un  efpace  vouré  en  manière  de  dôme. 
Le  tabernacle  de  cet  autel  eft  une  coupole  fort  élevée  » 
acompagnée  de  quatre  portiques,  foutenus  chacun  de 
fix  colonnes  compofites  ,  d'un  très  beau  marbre  de 
Sicile  ,  dont  les  proportions  font  fort  régulières.  Il  a 
été  inventé  par  Louis  Abel  de  Sainte  Marthe,  géné- 
ral de  la  congrégation  de  l'Oratoire.  Dans  une  cha- 
pelle de  cette  églife,  à  main  gauche,  du  côté  du 
grand  autel ,  on  voit  en  marbre  blanc  le  tombeau  du 
cardinal  de  Bcrulle  ,  inftituteur  de  cette  congrégation 
en  France.  Il  y  eft  repréfente  à  genoux ,  Se  fon  épita- 
phe  ,  gravée  au-devant  de  ce  tombeau ,  fait  connoître 
qu'il  mourut  l'an  1619,  en  célébrant  la  Méfie,  âgé 
de  55   ans.  L'ouvrage  eft  de  François  Anguier. 

Cette  congrégation  a  fourni  des  hommes  illuftres 
dans  tous  les  genres.  Leur  bibliothèque  eft  confidé- 
rable  Se  remplie  de  manuferits  ,  parmi  lesquels  eft 
un  exemplaire  hébreu  Se  famaritain  du  Pentateuque. 

Un  peu  plus  haut  ,  de  l'autre  côté  de  la  rue  ,  on 
voit  l'églife  de  Saint  Honoré.  Sur  l'autel ,  qui  eft  orné 
d'un  morceau  d'architecture  corinthienne  ,  il  y  a  un 
aflez  bon  tableau ,  peint  par  Champagne  qui  fait  voie 
la  préfentation  de  notre  Seigneur  au  temple.  Les 
chanoines,  qui  defiervent  cette  églife,  ont  des  reve- 
nus confidérables.  Le  Cardinal  du  Bois ,  premier  mi- 
niftre  de  France,  mort  le  10  Août  1712,  y  eft  en- 
terré fous  le  grand  autel,  &  fon  maufolée  eft  dans 
la  première  chapelle  en  entrant  à  main  droite.  Le  Pa- 
lais royal ,  qu'on  découvre  enfuitc ,  a  été  bâti  de  fond 
en  comble ,  pour  fervir  de  logement  au  fameux  car- 
dinal de  Richelieu  ,  Se  fut  nommé  de  fon  tems  hôtel 
de  Richelieu ,  Se  enfuite  Palais  cardinal.  11  confifte  en 
un  grand  nombre  d'appartemens  ,  féparés  par  des 
cours ,  dont  les  deux  plus  confidérables  fc  trouvent 
au  milieu.  La  première  Si  la  plus   petite   eft  entou; 


PAR 


rée  de  bâtimens  ,    ornée  de  boiTage ,  avec  des  corps 
d'architecture    rultique    aux    principales     entrées.    La 
féconde ,  plus  grande  que  l'autre  ,  n'en  a  que  de  trois 
côtés.  Elle  eft  feparée  du  jardin  ,  qui  elt  dans  le  fond  , 
par    une  fuite   d'arcades  qui  foutiennent  une  galerie 
découverte ,  pour  la  communication  des   deux  ailes. 
Comme    ces    arcades    ne    font    fermées    qu'avec    des 
grilles  de  fer  ,   on  a  dans  cette  féconde  cour  la  vue 
du  jardin.  Le  bâtiment  de  ce  côté-là  eft  un  peu  plus 
orné  que  celui  de  la  première.    L'ordre   dorique  en 
pilaftre  y  eu;  obfervé  au  fécond  étage ,  foutenu  d'un 
premier  à  rez-de-chaufiée  ,  compofé    d'arcades,  entre 
lesquelles   on  a  mis  des  ornemens  de  fculpture  ,   qui 
font    connoître    que    le  cardinal    de   Richelieu    étoit 
amiral  de  Fiance.  Les  appartemens  de  ce  palais  font 
fort  fpacieux  ,    Se  toute  la  cour  y  a  logé  pendant  la 
régence  de  la  reine  Anne  d'Autriche.   Les  nouveaux, 
que  l'on  a   faits  dans  l'endroit  où   les    académies  de 
peinture    Se    d'architecture   étoient    logées    autrefois , 
font    beaucoup    plus    commodes    Se    plus    beaux  que 
les  anciens.  Ils  confident  en  un  grand  corps  de  logis, 
qui  termine  à  la  rue  de  Richelieu.  La  face  de  ce  bâ- 
timent eft  ornée  de  deux  ordres  d'architecture  ,  à  co- 
lonnes engagées  d'un    tiers  de    l'ionique    &    du    co- 
rinthien,   avec   un   petit    attique  au-defius.    Le   petit 
jardin  qui  eft  devant  eft  d'une  belle  dispofition ,  avec 
un  jet  d'eau  au  milieu  ,  Se  quantité  de  grands  oran- 
gers   Se   d'arbuftes  tout    à   l'entour.  Il  eft  féparé  du 
grand  jardin  par  une  grille  de  fer ,  dispofée  en  demi 
cercle ,  au  travers   de   laquelle   on    peut  en  avoir  la 
vue.  Feu  M.  le  duc  d'Orléans  a  fait   changer  le  grand 
balTin  »  qui  étoit  du  côté  de  la  rue  neuve  des  Petits- 
Champs ,  Se  l'a  fait  mettre  dans  le  milieu  du  jardin. 
Ce  prince  a  augmenté  fon  palais  d'un  grand  commun  , 
du  côté  de  la  rue  des  Bons-enfans.  M.  le  duc  d'Orléans 
d'aujourd'hui  l'a  confidérablement  embelli  :  l'aile  qui , 
avec  ce  grand   commun  ,  forme  une  très-belle  cour , 
eft  d'un  goût  fingulier    Se  recherché.  A  peu  de  dis- 
tance de-là  ,    vis-à-vis  la  rue  de  Richelieu  ,   eft  l'hô- 
pital des  Quinze-vingt ,  que  Saint  Louis   fit  bâtir  en 
1254,  pour  trois  cens  gentilshommes  aveugles,  qu'il 
ramena  de  la   Terre  fainte ,    où  ils   avoient  perdu   la 
vue  en   combattant   contre  les  Sarrafins.  Les  antiquai- 
res  prétendent   que   la  ftatue  de  ce  faim    roi,   qu'on 
voit  fur  la  porte  de  cette  églife,  a  beaucoup    de  l'air 
de  fon  vifage.  Plus  haut  de  l'autre  côté ,  eft  l'églife 
paroiflîale  de    Saint    Roch  ,  qui    a    été   extrêmement 
aggrandie.   Elle  eft  de  cinquante  deux  toifes  de  lon- 
gueur ,    fut   dix-fept   de    largeur   Se  quinze   toifes  de 
hauteur  ;  on  y   monte   par   plufieurs  degrés  qui  con- 
duifent  à  un  perron  de  vingt  pieds  de  long,  fur  foixan- 
te-dix  huit  de  largeur.  C'eft  de  là  que  s'élève  le  por- 
tail ,  à  la  hauteur  de  treize  toizes  &  demie ,  en  s'é- 
tendant  fur  quatorze  toifes  Se  denjf  de  largeur.  Dans 
les  bas-côtés  de  la  nef,    on  trouve  cinq  chapelles  de 
chaque  côté  ;  il  y  en  a  quatre  dans  la  croifée  ,  dont 
les  quatre  piliers  du  milieu  font  ornés  de  quatre  pa- 
naches ,  où  on  a  fculpté  les  quatre  évangéliftes ,  au-deffus 
desquels  eft  un  entablement  qui  foutient  une  calote  en  cul 
de  four,  aufli  fculptée.  Le  chœur  eft  compofé  de  neuf 
arcades,  qui  font  fermées  par  des  grilles  de  fer;  le 
fanctuaire  &  le  grand  autel  font  de  marbre  ;  les  deux 
bas-côtés  du  chœur  font  diftribués  en  quatre  chapel- 
les de  chaque  côté.   La  chapelle  de  la  Vierge  eft  en 
forme  ovale ,  avec  un  bas-côté  au  pourtour ,  à  la  fui- 
te de  laquelle  fe  trouve   la  chapelle   de    la   commu- 
nion. La  chaire  qu'on  y  a  poféc  en  1759  >  c^  'a  feule  de 
Paris,  «Se  peut-être  du  royaume,  qui  foir'en  forme  de  tri- 
bune carrée.  La  dorure ,  les  ornemens  Se  l'escalier  en  font 
magnifiques.  Les  perfonnes  de  réputation,  qui  font  inhu- 
mées dans  cette  églife ,    font  François  Se  Michel  An- 
guier  frères,  fculpteurs  eftimés  ;  Pierre  Corneille;  ma- 
dame des  Houlieres  -,  Pierre    Klignard  ,  premier-  pein- 
tre du  roi;  André  le  Noftre,  habile  defllnareur    pour 
les  jardins  ;  en  dernier  lieu  madame  la  princefie  de  Conti, 
fille  de  madame  de  la  Vallicre  ,  dont  voici  l'épitaphe. 
D.     O.     M. 

HIC 
Jacere  voliilt 
Serenijfima  Maria- Anna  Bcrlonia 


PAR       791 


Serenijfimi  Armand.  Litd.  Borbonii  Sang,  Reg.  Principis 
DE    CONTI 

Uxor  Vida  a, 

Aulà  relicl  â  , 

Quant  forma,  ingenio ,  moribus ,  ornaveraL 

Urbem 

Omni  virtutum  génère 

Decoravit  , 
In  exceljo  culmine. 
Modtfta  ,  fimplex  ,  facilis  , 
In  omnes  munijlca  ,  erga  p.utperes  prodiga  , 
In  Deum  pu  m    >      "  , 
Vixit 
Infpem  bnfnortalitath  futur x. 
Pompam  omnem  tumuli 
Vetuit. 
Tlebeioque  funere  voluiffet  efferri, 
Ni  in  ipfofafiûs  contemptit 
Fajium  extimuijfet. 
Obiit  , 
Die  Maii  tertiâ  ,  Ann.  MDCCXXXIX.  JEtaûs  fiu  74; 

Lud.  dfar  de  la  Baume  le  Blanc  de  la  Vallicre  , 

Dux  &  Par  Franclx, 

Tabulis  fuis  connubialibus  hœres  infiitutus 

à  Serenijfima 

Principe , 

HOC, 

Qjiahcumquc  ,  non  tam  grati  animifuï 

Quam  reUgiofiJfimi  obfequii 

Monument  um, 

Mœrens  lugensqiie 

Pofuit. 

L'Eglife  des  Jacobins ,  qu'on  rencontre  enfuite ,  eft 
remarquable    par  une  chapelle  qui   eft  à    main    gau- 
che du  grand  autel ,  où  le  tombeau  du  maréchal  de 
Crequi ,   mort  en    1687,  eft  élevé  en   marbre  blanc. 
L'autel    elt  orné  d'une  architecture  de  marbre ,  com- 
pofée   de    deux  colonnes  ioniques ,  avec  un  entable- 
ment Se  un  fronton  de  même.  Le  couvent  des  Feuil- 
lans,   qu'on   trouve  dans  la  même  rue,   eft  trèi-bien 
bâti ,  Se   a  toutes  les  commodités  que  l'on  peut  defi- 
rer.  L'églife  fut  commencée  en  1601  ,  &  le  roi  Hen- 
ri IV  y  mit   la  première  pierre.  Le  roi    Louis  XIII 
en  fit  faire  le  portail   l'an    1624.  Il  eft  compofé  de 
deux     ordres    d'architecture ,    de      l'ionique    Se    du 
eorinthien ,    dont    les  colonnes  font  couplées  Se  can- 
nelées avec  un  attique ,  qui  forme  un  troifiéme  corps, 
Entre  les  chapelles   particulières   de  la  nef  de    cette 
églife,  qui  eft  allez  bien  ornée,  on  diftingue  celle  de 
Rofteing.  On  y  voit  plufieurs  tombeaux  de  ceux  de 
cette  maifon ,  Se  les  curieux  y  admirent  trois    colon- 
nes compofites ,  d'une  espèce  de  marbre  antique  très- 
rare  ,  qui  eft  blanc  Se  noir ,  par  plaques.  A  côté  du 
grand  autel ,  dans  une  chapelle  à  main  droite ,  eft  le 
tombeau  de  la  princefie  de  Guemené.  Sur  le  pilier  t 
entre  deux  chapelles ,   vis-à-vis  la  chaire  du  prédica- 
teur, on   a  placé   le  tombeau  d'Henri  de  Lorraine, 
comte  d'Harcourt ,   Se  d'Alfonfe   Louis  de  Lorraine, 
dit  le  chevalier    d'Harcourt ,  fon  fils.  Ce  monument 
ne  renferme  point  les  corps  de  ceux  qui  y  font  repréfen- 
tés ,  Se  il  n'a  été  érigé  que  pour  conferver  leur  mé- 
moire. Le  cloître  de  ce  couvent  elt  orné  de  quantité 
de  peintures,  qui  repréfentent  la  vie  de  Saint  Bernard, 
Se  de  vitres  en  apprêt,  où  l'on  voit  l'hiftoire  de  Jean 
de  la  Barrière ,    réformateur  de  cet  ordre.  La  premiè- 
re porte  qui  donne  fur  la  rue  Saint  Honoré,  fait  fa- 
ce à  la  place  de  Louis  le  Grand  :  cette  porte  fut  éle- 
vée en  1676.  Quatre    grandes  colonnes  corinthiennes 
en  font  l'ornement ,  avec  un  entablement  Se  un  fron- 
ton qui  compofent    un  morceau  d'architecture  ,  où  il 
y  a  de  la  beauté  dans  l'ordonnance.  Le  couvent  des 
Capucins  n'eft  éloigné  de  celui  des  Feuillans  que  d'un 
fort  petit  espace.  Leur  églife  fut  bâtie  par  les  ordres 
de  Henri  III,  Se  le  père  Ange  de  Joyeufe,  qui  mou- 
rut en   KÎ08,  y  fut  enterré  vis-à-vis  le  grand  autel. 
Son    épitaphe  eft  gravée   fur   une  tombe   de   marbre 
noir.  Le   pere  Jofeph   le  Clerc  du  Tremblay  ,   mort 


PAR 


792, 

cardinal  défigné  en  1638,  y  eft  auffi  enrerré  fous  une 
tombe  de  marbre  noie. 

Le  monaftere  des  filles  de  l'Affomption  eft  un  peu 
plus  avant  du  même  côté.  Ces  religieufes  demeuroient 
autrefois  dans  la  rue  de  la  Monellerie,  proche  de  la 
Grève  ,  où  elles  étoier.t  hospitalières.  On   les  nora- 
moit  iHaudrietus ,  à  caufe  d'Etienne  Haudri,  écuyer 
du  roi  Saint  Louis,  qui  les  avoit  fondées  pour  loger 
Se  pour  feivir   les   pauvres   malades.    Cette  commu- 
nauté vint  s'établir  en   1622,  dans  l'endroit  où  elle 
eft  préfenremenr.  C'étort  une  place  vuide  qui  s'éren- 
doit   jusqu'aux   foffés    de   la  ville.  Le  cardinal    Fran- 
çois de  la  Rochefoucaud  travailla  avec  grand  foin  à 
î'établiffement  de  cette  maifon,  Se  il  introduisît  par- 
mi ces  religieufes  la  règle  de   Saint  Auguftin ,  qu'el- 
les fuivent  aujourd'hui.  Leur  églife ,  qui  demeura  long- 
tems  imparfaite,  fut  enneremeut    achevée  l'an   1676. 
Ce  bâtiment  eft  un  dôme  de  foixante-deux  pieds  de 
diamètre  dans  œuvre ,   fans  aucun    accompagnement. 
Le  comble  eft  d'une  extraordinaire  grandeur ,  par  rap- 
port  à    tout  le  refte.  Il   eft  terminé  par   une  petite 
lanterne  appuyée    fur  des  confoles   fans   nombre.  Le 
portique ,  fous  lequel  on  paffe  pour  entrer  dans  l'in- 
térieur ,  eft  foutenu    de    colonnes  corinthiennes  ,  Se 
élevé  fur  huit   degrés.  Le  dedans  de  cette  églife  eft 
de  figure  ronde ,    orné  de  quatre  arcades ,  entre  les- 
quelles on   a  dispofé  des    pilaftres   corinthiens   cou- 
plés. Ces  pilaftres  foutiennent  la  grande  corniche  qui 
Tegne  rout  à    l'entour.   La    voûte   du   dôme  eft  em- 
bellie d'un  grand  ouvrage  de  peinture  qui  repréfente 
l'Affomption  de  la  Vierge,  avec  de  grandes  rofes  de 
couleur  d'or ,   en  manière  de   culs  de  lampe ,  enfer- 
mées  dans  des  o&ogones  doubles.  Le  principal  autel 
eft  décoré  d'une  fort  jolie  menuiferie,  feinte  de  mar- 
bre. 

La  pépinière  ,  où  l'on  voit  au  printems  des  fleurs 
très-curieufes  de  toutes  fortes  d'espèces ,  eft  presque 
à  l'extrémité  du  fauxbourg.  Elle  appartient  au  roi  ; 
Se  elle  a  été  faite  pour  fournir  aux  Tuileries  les  fleurs 
Se  les  arbuftes  dont  on  a  befoin  pour  garnir  les  par- 
terres. On  y  voit  auffi  un  très-grand  nombre  d'o- 
rangers qu'on  y  entretient  avec  foin.  L'entrée  du  grand 
cours  eft  peu  éloignée  de  l'endroit  où  étoit  aupara- 
vant la  porte  de  S.  Honoré.  Le  fauxbourg,  qui  por- 
te ce  nom ,  a  pour  paroiffe  l'églife  de  la  Magdeléne , 
près  de  laquelle  e(l  un  monaftere  ce  filles  de  l'ordre 
de  faint  Benoît.  La  moitié  de  la  ville  eft  enfermée 
de  ce  côté-là  par  une  promenade  rrès-agréable  ,  for- 
mée de  quatre  rangées  d'ormes  fans  aucune  interrup- 
tion. Vis-à-vis  du  monaftere  de  l'Affomption  eft  ce- 
lui des  filles  de  la  Conception.  Ce  font  des  religieu- 
fes du  tiers  ordre  qui  l'occupent.  L'hôtel  de  Vendô- 
me étoit  autrefois  au  lieu  que  Ton  appelle  aujour- 
d'hui la  place  de  Louis  le  Grand.  Cette  place  eft  de 
foixante  Se  dix-huit  toifes  de  largeur,  avec  quatre- 
vingt- lîx  de  profondeur.  La  ftarue  équeftre  du  roi  e(l 
pofée  au  milieu ,  fur  un  piedeftal  de  marbre  fort  éle- 
vé. Elle  a  vingt  pieds  de  hauteur  avec  le  cheval,  Se 
a  été  fondue  d'un  feul  jet  Se  d'une  feule  pièce.  Le 
roi  Louis  XIV  y  e(l  repréfente  en  habit  à  la  ro- 
maine ,  fans  felle  Se  fans  étriers  ,  avec  l'air  de  majes- 
té qui  lui  étoit  fi  naturel.  Cet  ouvrage  eft  du  fieur 
François  Girardon.  On  lit  autour  du  piedeftal  cette 
inferiprion  ,  compofée  par  l'académie  royale  des  bel- 
les lettres ,  pour  lors  des  médailles. 

LUDOVICO  MAGNO  DECIMO  QUARTO, 
FRANCORUM  ET  NAVARRE  REGI 
CHRISTIANISSIMO 

Vidtori  perpetuo , 

Religionis  vindici , 

Jufto ,  Pio  ,  Felici ,  Patri  Patri*  , 

ErgaUrbem  munificcntiiTimo, 

Quam  Arcubus ,  Fontibus,  Plateis, 

Ponte  lapideo,  Vallo  ampliflimo, 

Arboribus  confito , 

Dccoravit , 

Innumeris  beneficiis  cumulavit: 


PAR 


Quo  imperante  fecurè  vivimus ,  neminem 

Timemus. 

Statuait»  hanc  Equcfirem  ,  quam  diu  oblatatn 

Rectifavit , 

Et  civium  amori , 

Omniumque  votis  indulgens  , 

Erigi  tandem  paffuseit. 

PR^FECTUS  ET  EDILES, 

Acclamante  populo  ,  lani  pofuere 

Optimum  Principem  Deus  Server* 


Chriftianiifimus  Se  Ecclefia:  primogenitus , 

Religionis  antiquaevindex,eam  domi  forisque  propagavit 

Edicto  Nannetenfi,  quod  olim  temporum 

Infelicitasextorferat,  fublaro. 
Haneticorum  factionem  à  Pâtre  afflictam 
Et  exarmatam  ,  honoribus ,  dignitatibus , 
Publicis  officiis  fpoliatam  ,  fine  bello 
Extinxit  ; 
Templa  profana?  novitatis  evertir. 
Pravi  cultûs  reliquias  abolevit  ; 
Ad  uniracem  Catholicam  reverfisne  fidei 
Morumque  doctrina  ,  Se  ad  pic  vivendum 
Subfidia  deforent,  providit. 
Dociles  pracmiis  conciliavit ,  egentes 
Sublevavit , 
Omnes  clementiâ  Se  manfuetudine  in  officia 
Continuit. 
Trecentas  Ecclefias  à  fundamentis  erexit, 
Ornavit  ; 
In  extremam  Afiam  ,  Episcopos  Se  Sacerdores, 
Qui  Chriflum  gcntibusannunriarent, 
Mifit  &  libcraliuîmè  fovit  ; 
Chriftianos  toto  Oriente  ab  infidelium  injuriis 

Sccnros  pra:ftitit. 

Loca  Sanctaut  Chriftianis  peregiinis  paterent 

Majeftate  nominis  effecit  ; 

Sepulcrum  Domini  pretioifunis  donariis 

Decoravit  ; 

Captivos  Chriftianos ,  etiam  hoftes,  ex  Barbaricâ 

Servitute  liberavitj 

Argentoratenfi  Ecclefiœ 

A  Clodovxo  Se  Dagoberto  fundatœ 

Sacra  Patria  &  Episcopum  poft  annos  clii. 

Reddidir. 

Electorem  Archiepiscopum  Eeclefis 

Trevirenfi  Cux , 

Et  Surdiam  Moguntina? ,  reftirui  procuravir. 

Infanos  fingularium  certaminum  furores 

Sanctiffimis  legibus, 

Inexorabi^ue  feveritate  compreïïir. 

Domos  alendis  Se  educandis  pauperibus 

Conftruxit&ditavit  : 

Ampliffimè  fibi  tegnate  vifus  eft , 

Cùm  Religionem  fanctiffimam  Se  caftiffimam 

Potefiate ,  Legibus  ,  Exemplo  ,  Jufiitiâ , 
Liberalirate  ,  défendit,  fiabilivit ,  firmavir. 


Arma  femper  fumpfit  invitus,  pofuit 

Volens, 

Chriftiani  Orbis  quaterpacator. 

IIlo  régnante  &  auspice  ,  Scientiis,  Artibus, 

Commercio  floruit  Gallia. 

Viros  doctrina infignes  ubique  munificentiâ 

Profecutus   ' 

Scientiarum ,  Numismatum ,  Pictnrac , 

Architeclonices  Academiam  inftituit  ; 

Gallicam  Academiam  adoptavit  ■> 

Cunctas  conrnbernales  habuit  ; 

Easque  difficillimis  temporibus 

Liberalitate  fovit. 

Peritiflîmos  artifices  tam  exteros  quam  fuos 

Donis  invitavit ,  excitavit  pranniis. 

Navalibus  copiis  utramquelndiamGallis 

Apcruir. 

Interno  Mari  Qçeanum  junxir. 

Lkigiofas 


PAR 


PAR 


Litigiofas  ambages  foro  fummovir. 

Regnum  emendavit  legibus,  moribus  ornavitj 

Superiorum  judicum  deleéhi  non  femel  in 

Provincias  miflb  ,  quod  infcriorum  vel 

Errore  velcorruptelâpcccatum  fuerat 

Correxit ,  ac  tenuiores 

A  potentiorum  injuriisvindicavir. 

Extruxir  arces  auc  munivit  plus  ce. 

Hoftium  terrores,  imperii  firmamenra  , 

Novos  portus  fecit ,  veccres  ampliorcs 

Tutioresque  reddidit. 

Milites  fenio  aut  vulnere  invalidos 

Non  indecoro  dedic  frui  otio, 

Ac  domo  excepic  Regiœ  pari. 

Nautas  annis  auc  vulneribus  graves 

Honeftâ  miffione  dimifit, 

Certumque  ftipendium  conftituit. 

Sancyrianas  sdesalendis  ac  educandis 

Nobilibus  puellis  dicavir. 

Rerum  moderator , 

Sibi  ipfe  Confiliarius ,  Quarflor  ,  Adminifter  , 

Quieris  ,  quam  dat ,  vix  particeps , 

Tôt  tantaque  negotia  fulunuir  foins. 

Aditu  facilis ,  comis  alloquio,  patens  femper 

Precibus, 

Sarpè  votis  occurrens  > 

Pater  Patrie  , 

Omnes  caritate  ac  providentii  cornplexus, 

Quantus  milirice ,  tantus  domi , 

Unumviétoriarum  laborumque  fruétum 

Quxfivit, 

,  Felicitatem  Populorum» 


A  vi&orîis  regnum  puer  quinquennis 

Auspicatus  eft. 

Annum  xvi  ingreflus,  exercitibus  prarfuit  -, 

Fortunam  victoriamque  comités  duxir , 

Licentiae  militum  frama  injecit , 

Disciplinamque  militarem  reftituir. 

Hoftes  terra  marique  tricenis  praeliis  fudit  ; 

cccl.  Urbes  munitas  cœpit  ; 

Bataviam  unâ  dilate  victoriis  peragravit  ; 

Germanke ,  Hispanix,  Batavia; 

Totiusque  ferè  Europa:  conjurarx 

Pluribus  in  locis ,  maximèque  diverfis  , 

Conatus  reprefllt  ; 
ValiduTimas  Urbes expugnavit ,  exercitus 
Delevit  , 
Victis  pacem  dédit , 
Socios  8c  fœderatos  défendit ,  fervavit. 
Arma  Othomanica  Germanorum  cervicibus 
Imminentia,  cœfis  ad  ArrabonemTurcis , 
Depulir. 
Cretam  obfeflam  navium  &  copiarum 
Subfidiis  diu  fuftentavit  ; 
Mare  à  prxdonibus  pacavir. 
Afia,  Africa ,  America  fenferequid  Marte 
Poffct. 
Imperii  fines  longé  latèque  propagavit. 

Naves  cxx.  trirèmes  xl. 

Nantarum  prarter  rémiges  lx.  milliai 

Bellum  latè  divifum  arque  disperfum  , 

Quod  conjunxerant  reges  potentiffimi , 

Et  fusceperant  intégra:  genres , 

'Mira  prudenriâ  8c  felicirate  confecir, 

Regnum ,  non  modo  à  belli  calamitate  ,  fed  etiam 

A  metu  calamitaris ,  défendit. 

Europa  ,  damnis  fatigata  ,  conditionibus  ab  eo 

Latis  tandem  acquievir, 

Er  cujus  virrutem  8c  confilium  armata 

Timuerat ,  ejus  manfuetudinem  8c  xquitatem 

Pacata  miratur  8c  diligir. 

Jules-Hardouin   Manfart ,  furintendant  des  bâtimens  , 
a  donné  les  defleins  extérieurs  de  cette  place. 

Le  couvent  des  Capucines  qui  étoit  dans  la  rue 
S.  Honoré ,  proche  l'endroit  où  étoit  l'hôtel  de  Luxen- 
bourg ,  fupprimé  pour  en  faire  la  rue ,  fut  transféré 


791 

derrière  la  place  de  Louis  le  Grand  l'an  1086,  &  <e 
roi,  pour  dédommager  ces  religieufes d'une  très-incom- 
mode maifon  qu'elles  occupoient ,  leur  en  fit  bâtir 
une  des  plus  régulières  &  des  plus  magnifiques  de 
Paris.  Leurs  cellules  font  toutes  boifées,  &  les  cloî- 
tres, vitrés  par  tout.  L'Eglife  eft  petite ,  mais  fort 
claire.  La  porre  eu  ornée  d'un  corps  d'architedure 
compofite  formé  par  deux  colonnes,  avec  un  enta- 
blement 8c  un  fronton  fous  un  grand  aie  :  on  y  li- 
foir  cette  infeription  C.  H.  O.  Salvciton  fié  invoca- 
tione  Sanlii  Ludovici  :  mais  cela  eit  changé,  8c  on  y 
a  fublhtué  deux  anges  tenant  un  rouleau  fut  lequel 
on  lit ,  Paveie  ad  Sanbtuaruim  meitm.  Le  tombcait 
de  Louife  de  Lorraine,  reine  de  France,  femme  de 
Henri  III,  fondatrice  de  ce  monafiere,  eit  dans  le 
chœur  des  religieufes  ,  8c  couvert  d'un  fimple  mar- 
bre noir.  Deux  chapelles  ,  vis-a-vis  l'une  de  l'autre , 
méritent  attention.  Charles ,  duc  de  Crequi ,  pair  de 
France,  mort  le  13  Février  1687,  a  été  enterré 
dans  la  ptemiere  qu'on  trouve  à  main  gauche.  Elle 
eft  incrullée  de  marbre  par  tout,  8c  l'Autel  a  pour 
ornement  un  corps  d'archireéhuc  d'ordre  corinthien 
de  marbre  de  Barbançon  ,  où  il  y  a  un  tabjeau  qui 
reprefence  le  marryre  de  S.  Ovide  ,  dont  ces  reli- 
gieufes ont  le  corps.  Vis-à  vis  de  cet  autel,  le  duc  de 
Crequi  é(l  repréfenté  à  demi  couché  fui  un  tom- 
beau de  marbre  noir,  avec  une  immortalité  qui  lui 
foutient  la  tête,  8c  un  génie  pleurant  a  fes  pieds. 
Des  deux  côtes  du  grand  foubaflement  qui  porte  le 
tombeau  on  voit  deux  vertus  de  marbre  blanc ,  de 
même  que  les  autres  figures.  Tout  cela  eft  placé  fous 
une  espèce  d'arc  ou  de  ceintre,  enrichi  de  rofaces  de 
bronze  doré  ,  8c  d'autres  ornemens  de  même  matiè- 
re ,  auffi-bien  que  les  armes  du  duc ,  des  lampes 
aiuiques,  des  têtes  de  mort,  avec  des  ades  de  chau- 
ve-fouris  ,  des  pentes  8c  des  fêtions  de  fleurs  ,  & 
d'autres  chofes,  qui  ne  contribuent  pas  peu  à  la  beau- 
té de  ce  monument.  L'autre  chapelle  ,  qui  eu  direc- 
tement vis-à-vis,  eft  celle  de  François  Michel  leTel- 
Her,  marquis  de  Louvois,  qui  mourut  fubitement  à 
Verfailles  le  \6  de  Juin  169 1.  Son  corps,  qui  fut 
mis  d'abord  en  dépôt  dans  Féglife  des  Invalides,  fur 
enfuite  rapporré  dans  cette  chapelle,  où  eft  Ion  tom- 
beau. 11  n'y  en  a  aucune  plus  richement  décorée. 
Les  marbres  les  plus  rares  y  ont  été  employés  par- 
tout. Un  grand  bas-  relief  doré  à  feu,  eft  pofe  fur 
l'aurel ,  8c  repréfenté  norre  Seigneur  porté  dans  le 
tombeau.  Dans  le  fond  de  cette  chapelle,  visa-vis 
de  l'autel,  on  voit  le  marquis  de  Louvois  en  habit 
de  chevalier  de  l'ordre  du  Saint  Esprit,  dont  il  étoit 
chancelier,  appuyé  fur  le  bras  droit,  8c  couché  fur 
un  grand  tombeau  de  marbre  noir.  Anne  de  Souvré 
Courtenvaux,  fa  veuve,  y  parok  au  fli  en  marbre  noir; 
mais  d'une  attitude  différente  8c  fort  bien  imaginée. 
Les  accompagnemens  de  ce  rombeau  font  très-riches. 
On  a  placé  deux  vertus  de  bronze  de  grandeur  na- 
turelle de  chaque  côté  du  grand  focle  qui  le  fou- 
tient ;  favoir  la  prudence  8c  la  fidélité ,  défignées  par 
les  attriburs  qui  leur  conviennent. 

Le  quartier  de  la  Bute  S.  Roch  peut  fuivre  celui 
de  S.  Flonoré.  Il  a  été  appelle  ainfi  à  caufe  d'une 
haute  bute  de  terre  voifine  de  l'églife  de  S.  Roch , 
qu'on  a  applanie  depuis  quelques  années ,  pour  bâtir 
planeurs  maifons  grandes  &  fpacieufes  qu'on  y  rrou- 
ve  en  diverfes  rues.  La  bibliothèque  du  roi ,  qui  étoit 
dans  ce  quartier ,  eft  à  préfent  dans  la  rue  de  Riche- 
lieu ,  où  étoit  autrefois  la  banque  royale.  Les  dehors 
n'ont  rien  de  beau  :  les  dedans  font  d'une  architec- 
ture fimple ,  mais  régulière  :  les  fales  font  très-com- 
modes pour  l'arrangement  des  livtes  :  elles  font  or- 
nées d'une  fort  belle  menuiferie.  Cette  bibliothèque 
avant  d'être  fixée  à  l'endroit  où  elle  eft  à  ptéfent, 
avoit  fouvent  été  déplacée.  Charles  V  l'avoir  placée 
dans  une  des  tours  du  Louvre,  appellée  pour  cette 
raifon  la  tour  de  la  Librairie  ;  la  garde  en  fut  confiée 
à  Gilles  Mallet,  valet  de  chambre ,  8c  depuis  maître 
d'hôtel  du  roi.  Antoine  des  Eflards  lui  fuccéda  :  Jean 
Maulin  &  Garnier  de  S.  Yon  le  fuivirenr  l'un  après 
l'autre.  Elle  fut  difilpée  fous  Charles  VII;  Louis  XI 
commença   à  la  réparer.   Charles    VIII     l'augmenta. 

Tom.  IV.  Hhhhh 


PAR 


794 

Louis  Xli    la  transféra  a    Llois,    où  Charles  d  Or- 
léans en  avoir  établi  une  :  il  y  réunit  celle  que  Jean , 
comte  d'Angoulême,  avoit  amallée  à  Angouléme  ;  l'en- 
richie de  celle  des  Visconti  Ôc  Sforce ,  ducs  de  Milan, 
ôc  des  livres  qui  avoient  appartenu    au    célèbre   Pé- 
trarque.  François  I    la  transféra  à  Fontainebleau ,  ôc 
créa  une   charge  de  bibliothécaire  en  chef  dont  Guil- 
laume Budé   fut  le   premier  pourvu,  vers  l'an  1C22. 
Pierre  du  Château ,  ou  Châtelain  ,  lui  fuccéda  ;  Pienc 
deMomdoré  l'eut  après;  enfuite  Jacques  Amiot;  après 
lui  le  célèbre  préfident  de  Thou.  Cette  bibliothèque  fut 
pillée  :  Jean  Gofielin ,  qui  avoit  fuccédé  à  Matthieu 
la  Bife,  en  laifla  une  note    fur  un    manuferit  intitu- 
lé les  Marguerites  Hïftoriales  par  Jean  MafTue.  Hen- 
ri I V    fir   transporter    la   bibliothèque    de   Fontaine- 
bleau  à  Paris,  ôc  la  plaça  dans    le  collège    de  Cler- 
mont ,  &  François  de  Thou ,  qui   n'étoit  âgé  que  de 
neuf  ans  ,  fut  pourvu  de  la  charge  de  bibliothécaire  : 
après  qu'il  eut  été  décolé ,  cette  place  fut   donnée   à 
Jérôme  Bignon ,  auquel  fuccéda  fon  fils ,  nommé  aus- 
fi  Jérôme   Bignon.  La   bibliothèque  fut   transférée  au 
cloître  des  Cordeliers ,    enfuite    rue  de   la  Harpe  en 
une  maifon  appartenante  à  ces  religieux.  Cette  biblio- 
thèque, par  les  foins  de  ceux  qui  en  étoient  chargés, 
devint  immenfe.  En  1666,  M.  Colbert  la  fit  approcher 
de  lui ,   &    la  fit  mettre  dans  deux   maifons  qui  lui 
appartenoient  rue  Vivienne.  M.  Bignon  s'étant  démis  de 
fa  place,  elle  fut  donnée  à  Camille  le  Tellier ,  appel- 
lé  l'abbé  de  Louvois,  auquel  fuccéda  l'abbé  Bignon  qui, 
en  1721  ,  fit  transporter  la  bibliothèque  dans  la  rue 
de  Richelieu   où  elle  eft    à  prefent.   L'Abbé  Bignon 
obtint  la  furvivance  en  faveur  de  fon  neveu  ;  c'eft  lui 
qui  occupe  à  préfent  cette  charge.  Les  rois  avant  tous 
ces  arrangemens,  avoient   eu  des  bibliothèques  -,  mais 
ils  en   avoient  dispofé  par  leur   teftament  en  faveur 
de   qui    ils   jugeoient  à    propos,   comme  on  peur  le 
voir  par  l'exemple  de  S.  Louis  ôc  de  Philippe  le  Bel. 
Le  roi  Jean  avoir  auffi  une  bibliothèque  ;  mais  ce  n'é- 
toit point  une  richefle  de   l'état ,  comme  aujourd'hui. 
Les    libraires   font   obligés ,    par  les  privilèges  que  le 
roi  leur  accorde   pour   limpreffion    des    livres,   d'en 
fournir   la  bibliothèque.  Le  roi  ne  néglige  rien  pour 
l'enrichir  de  ce  qu'il   y  a  de  plus  rare,  foit  dans  le 
royaume,  foit  dans  le  pays  étranger;  on  ne  fauroit 
en  fixer  le  nombre  au  jufte  ;  mais  on  peut  dire  que 
c'eft   la  plus  belle  &  la  plus  confidérable  qu'il  y  ait , 
foit  «n  livres  imprimés,  foit  en  manuferits  hébreux, 
grecs,  arabes,    fyriaques ,  latins,  françois ,   chinois, 
éthiopiens  ,  danois ,    indiens ,  chaldéens  ,   arméniens , 
famarirains,  turcs,  perfans ,  &c.  On  peut  afiurer  qu'il 
y  a  peu  d'étrangers  qui  viennent  la  voir  ,  fans  trou- 
ver des  livres  en  leurs  langues.  Chaque  année  là  voit 
plus  nombreufe  que  la  précédente.  On  pourroit  mê- 
me avancer    en  quelque  façon  chaque  jour.  C'elt  as- 
fez  pour  fatisfaire  les  curieux  fur  le  nombre  des  vo- 
lumes qui  devient  indéfinifiable  par  les  augmentations 
presque  quotidiennes.    Les  eftampes   y  ont  auffi  leur 
place,   &  le  recueil  en   devienr  pareillement  le  plus 
confidérable  du  royaume ,  &  je  ne  fais  s'il  y  en  a  de 
plus  riche  en  Europe.  Ce  fut  en   1722  qu'on  y  pla- 
ça les  deux  magnifiques  globes  de  Cotonelli ,  prefen- 
tés  à  Louis  XIV     par  le   cardinal  d'Etrées  en  1685  , 
&  qui  quelques  années  auparavant  avoient  été  appor- 
tés de  Marli  dans  une  des  fales  du  Louvre.  Une  fin- 
gulicre  rareté  qu'on  y  voit  encore ,  eft   le  tombeau 
de  Childeric  I,  roi  de  France.  J'en  rapporte  la   de- 
feription  telle  qu'on  la  lit  dans  le  mémoire  hiftorique 
fur  la  bibliothèque  du  roi ,  qui  fert  de  préface  au  pre- 
mier volume  du  catalogue  de  l'édition  du  Louvre  qu'on 
met  entre  les  mains  du  public.  Ce  fut  en  1 667  ,  que 
ce   ptécieux  monumenr   pafla    du   cabinet  du  Louvre 
dans  la  bibliothèque  du  roi ,  le  plus  ancien  que  nous 
connoiifions  de  la  monarchie   françoife.  Il  fut  décou- 
vert à  Tournay   en  1653  ,  en  travaillant  à  la  répara- 
tion d'une  églife,avec  un  fqueletre  dune  grande  per- 
fonne  :  on    trouva  cent  médailles  d'or  des  premiers 
Empereurs  Romains ,  environ  deux  cens  médailles  d'ar- 
gent ,  une  épée  dont  l'acier  fe  réduifit  en  poudre  aufii- 
tôt  qu'il  prit  l'air  ;  mais  le  pommeau ,  la  garniture  du 
fourreau ,  qui  étoient  d'or ,  étoient  encore  entiers  ;  il 


PAR 


y  avoit   auffi  une   hache  ou   francisque,  un  javelot, 
un  graphium  avec  fon  ftilet ,  le  tout  garni  d'or ,  des 
agrafes  &  des  attaches   pareillemenr    d'or  ,    des   fila- 
mens  d'or  qui  étoient  des  refies  d'habits ,  une  figure 
en    or   d'une   tête    de   bœuf ,   quantité   d'abeilles  ou 
mouches,  auffi  toutes  d'or,   ôc  émaillées,  au  nombre 
de  pius  de  trois  cens  ,  &  un  globe  de  cryftal  :  enfin 
ce   qui   perfuada    que   c'éroit   là   le  tombeau  du   roi 
Childeric ,  ce  fut  un  anneau  de  fin  or  qu'on  y  trou- 
va ,  ôc  où  le  bufte  de  ce  prince  efl  gravé  en  creux, 
avec   cette   infeription    autour   Cbilderici  Régis.  Cette 
riche  dépouille  fut  donnée  à  l'archiduc  Léopold,  qui 
étoit  pour  lors  gouverneur  des  Pays-Bas;  éc  après  fa 
mort,  Jean-Philippe    de    Schonborn  ,   archevêque  de 
Mayence ,  l'obtint  de  l'empereur  ;  comme  cet  électeur 
avoit  de  grandes  obligations  au  roi ,  il  crut ,  dit  dora 
Mabillon ,   qu'il   ne  pouvoit   mieux   témoigner  fa  re- 
connoiflânee   à   fa   majefté ,   qu'en   lui   faifant  préfent 
de  ces  précieux  reftes  du  tombeau  d'un  de  fes  prédéces- 
feurs,  ôc  il  envoya  exprès  en   1665  ,  le  fieur  Dufres- 
ne  à   la  cour,   pour  les  lui   préfenter.  Il   eft  cepen- 
dant à  obferver ,  que  tout  ce  qui  s 'étoit  trouvé  dans 
le  tombeau  de  Childeric ,  ne  fut  pas  apporté  en  Fran- 
ce ,   ôc  qu'à  en  juger  par  le  détail  où  eft  entré  Jac- 
ques Chifflet  là  dellus ,  ôc   par  ce  qui  eft  à  la  biblio- 
thèque du  roi ,  il  doit  en  être  refté  chez  l'empereur 
ou  ailleurs ,  un  certain  nombre  de  médailles ,  d'abeil- 
les ôc  autres  pièces  d'or  ou  d'émail. 

La  rue  neuve  des  Petits-Champs,  qui  commence 
vers  Péglife  des  Capucines ,  aboutit  à  la  place  des  Vic- 
toires ,  où  eft  élevée  une  ftatue  pédeftre  du  roi.  Cet- 
te place  ,  où  cinq  rues  viennent  fe  terminer ,  eft  de  fi- 
gure ronde  de  quarante  toifes  de  diamètre,  &  en- 
tourée de  bâtimens  de  même  fymmétrie  ,  dont  les  fa- 
ces font  ornées  d'une  architecture  ionique  en  pilaftres  ; 
cet  ordre  eft  foutenu  fur  des  arcades  chargées  de  bos- 
fages.  La  ftatue  de  fa  majefté  eft  au  milieu  de  la  pla- 
ce fur  un  piedeftal  de  marbre  blanc,  veiné,  de  vingt- 
deux  pieds  de  haut,  en  y  comprenant  un  foubafle- 
ment  de  marbre  bleuâtre  ,  dont  les  angles  font  en 
corps  avancés  fur  ce  grand  piedeftal.  Le  roi  eft  repré- 
fenté  dans  les  habits  dont  on  fe  fervir  à  Rheims  dans 
la  cérémonie  de  fon  facre.  11  a  un  cerbère  à  fes  pieds, 
ôc  la  victoire  derrière  lui  montqe  fur  un  globe.  Elle 
femble  d'une  main  mettre  une  couronne  de  laurier 
fur  fa  tête ,  &  tient  de  l'autre  un  faisceau  de  palmes 
&  de  branches  d'olivier.  Toutes  ces  chofes  enfemble 
font  un  groupe  de  treize  pieds  de  haut  d'un  feul  jet. 
Ce  monument  a  été  doré  par  tout ,  &  on  lit  ces 
mots  fous  la  figure  du  roi ,  Viro  immortali.  Pour  fer- 
vir d'accompagnement  à  cette  riche  ftatue,  on  a  mis 
fur  les  quatre  corps  avancés  du  foubafiement  du  pie- 
deftal quatre  captifs  ou  esclaves  diverfement  habillés, 
&  dans  àes  attitudes  différentes.  Ils  font  auifi  de 
bronze  ,  &  ont  douze  pieds  de  proportion.  On  les  voit 
attachés  au  piedeftal  avec  des  groffes  chaînes,  ôc  au- 
tour d'eux ,  on  a  dispofé  des  armes  ôc  d'autres  chofes 
fymboliques ,  qui  marquent  les  avantages  que  la  France 
a  remportés  fur  plnfieurs  nations ,  fous  le  règne  de 
Louis  le  Grand.  Tous  ces  ouvrages  font  de  bronze , 
de  même  que  les  quatre  grands  bas-reliefs  de  fix  pieds 
de  long  fur  quatre  de  haut ,  qui  occupent  les  faces 
du  piedeftal.  On  a  encore  placé  deux  autres  bas-re- 
liefs fur  le  grand  foubafiement  dans  des  cartouches 
entourés  de  feuillages  ôc  de  feftons.  Pour  donner  un 
plus  grand  air  de  magnificence  à  ce  monument ,  on 
a  mis  huit  confoles  de  bronze  de  quatre  pieds  de 
haut ,  qui  femblent  fourenir  la  corniche  du  piedeftal. 
Les  armes  de  France  entourées  de  palmes  ôc  de  bran- 
ches de  laurier ,  avec  la  devife  du  roi ,  font  pofées 
aux  quatre  faces  fur  la  même  corniche  au  pied  de  la 
ftatue.  L'espace ,  qui  eft  autour  du  piedeftal ,  jusqu'à 
neuf  pieds  de  diftance  ,  eft  environné  d'une  grille  de  fer 
à  hauteur  d'appui ,  ôc  pavé  de  marbre  de  différentes 
couleurs.  Le  premier  des  quatje  bas-reliefs  montre  la 
préféance  de  la  France  fur  l'Espagne  en  1662.  Le' 
fécond  ,  le  partage  du  Rhin.  Le  troifiéme  ,  la  prife 
de  la  Franche-Comté  en  1668.  Le  dernier,  la  paix 
de  Nimégue.  On  a  encore  pofé  deux  autres  bas-re- 
liefs  fur  les   faces  du  grand   foubafiement,  dans  des 


PAR 


PAR 


cartouches  entourés  de  feuillages  Se  de  guirlandes -, 
l'un  marque  la  destruction  de  l'héréfîe,  8c  l'autre  l'a- 
bolition des  duels.  Tour  l'ouvrage  eft  accompagné 
d'inferiptions  latines  8c  françoifes.  La  première  eft  la 
dédicace  Ôc  le  fujet  de  tout  l'ouvrage. 

Les  bas-reliefs  des  colonnes  étoient  remplis  d'inferi- 
ptions françoifes  8c  latines ,  qui  annonçaient  les  victoi- 
res de  Louis  XIV  ,  &  défignoient  les  nations  éloignées  , 
qui,  frapées  du  bruit  de  fa  grandeur,  lui  avoient  en- 
voyé des  ambafladeurs.  Mais  de  ce  grand  nombre  d'in- 
feriptions ,  il  n'en  refte  que  fix  qui  font  fur  le  piedeftal. 
Les  colonnes  ont  été  détruites  :  on  les  a  données  aux 
Théatins  ,  qui  s'en  font  fervis  pour  leur  églife. 

La  dédicace  de  cette  place  fe  fit  le  28  Mars  1686. 
Le  duc  de  la  Feuillade  y  invita  les  plus  grands  feignenrs 
du  royaume.  Il  fit  fraper  des  médailles ,  fur  lesquelles 
le  roi  eit  représenté  avec  cette  légende  ,  Ludovieiis  Ma- 
gnus.  Sur  le  revers  on  voit  la  repréfentation  du  monu- 
ment avec  ces  paroles  :  Patri  Exercituum  &  duttori 
femper  felici.  Dans  l'exergue  on  lit  :  Unus  inter  proce- 
res  pofitit  in  areâ  publicâ  Lutetia.  Les  devifes  font  de 
François-Séraphin  Régnier  des  Marais. 

Le  palais  Mazarin  ,  rue  neuve  des  Petits  Champs  j 
étoit  mis  au  nombre  des  plus  beaux  bâtimens  de  Paris; 
il  étoit ,  en  général,  rempli  de  toutes  fortes  de  curio- 
fités  8c  des  chofes  les  plus  rares.  C'en:  à  préfent  l'hô- 
tel de  la  compagnie  des  Indes  ;  &  l'hôtel  Mazarin  eft 
dans  la  même  rue ,  à  côté  de  celui  de  Pontchattrain. 
On  trouve,  dans  la  rue  Sainte  Anne ,  la  maifon  des  Nou- 
velles Converties ,  bâtie  des  charités  deplufieurs  perfon- 
nes  pieufes ,  à  la  fondation  de  laquelle  le  maréchal  de 
Turenne  a  beaucoup  contribué.  Celle  des  filles  de  Saint 
Thomas ,  de  l'ordre  de  fainr  Dominique  ,  eft  dans  la 
rue  de  Saint  Auguftin.  Aflez  près  de  là  eft  le  couvent 
des  Auguftins  déchaufles ,  dits  communément  les  Puits 
Pères.  Louis  XIII ,  qui  fe  déclara  leur  fondateur  par 
les  lettres  patentes  du  mois  de  Décembre  1629,  véri- 
fiées en  parlement  le  2j  Juin  1633  ,  en  la  chambre  des 
comptes  le- 13  Juillet  1633  ,  à  la  cour  des  aides  le  2 
Août  1633  ,  ik  aux  requêtes  de  l'hôtel  le  6  Avril  1636, 
mir  la  première  pierre  de  l'églife  le  neuvième  de  Dé- 
cembre 1629  ,  après  la  bénédiction  qu'en  fit  François  de 
Gondy ,  archevêque  de  Paris ,  que  le  roi  accompagné 
des  Seigneurs  de  fa  cour&  du  corps  de  Ville,  la  plaça 
au  pilier  de  l'entrée  du  côté  du  fanctuaire,  8c  de  celui 
de  l'évangile,  avec  un  marbre  noir ,  fur  lequel  on  lit: 

D.    O.     M. 

Lttdovicus  XIII.  Dei  gratta  Francorum  &  Navarra 
Rex  Cbrifiianiffimus  ,  Inviilus  ,  &  ubique  vi'clor  ,  tôt  vi- 
iloriarum  cœliths  partarum ,  profligat&que  hœrefeos  non 
immemor  in  infigne  pietatis  monumentum  F.  F.  Augitfii- 
nianis  discalceatis  conventûs  Parifienfis ,  hoc  Templum 
erexit  Dei  Par&que  Virgini  Maria  fub  titulo  deViclo- 
riis  dicavit  anno  Domini  i6i^idie  nonâmenfis  Ducm- 
bris,  Rcgni  XX. 

Cette  églife  a  été  plus  d'un  fiécle  fans  être  élevée  plus 
haut  que  la  corniche  ,  avec  une  chapelle  de  chaque  côté 
après  la  croifée  ;  mais  le  23  Août  1737,  la  première 
pierre  du  portail  fut  bénite  8c  pofée  avec  une  table  d'ai- 
rain, fur  laquelle  on  a  gravé  les  paroles  fuivantes  : 

D.     O.     M. 

Anno  fahttis  1737  >  die  ver  à  23  Aitgufti ,  pofi  cente- 
fimitm  &  jerè  oUavum  annum  incœpti  œdificii  Ecclefm 
Auguftimanorum  discalceatortim  Conventûs  regii  Pari- 
fienfis fub  LudoviCQ  XIII,  Gallu  &  Navarra  Rege ,  qui 
proftratà  &  capta  Ritpellâ  pro  gratiis  à  Deo  acctptts , 
lapidem  primarutm  Regiâ,  ut  decebat  ,  pornpâ  ,  &pietate, 
manu  proprià  ,  fundavit  fub  titulo  Dom.ru  noftra  de  Vt- 
cloriis  ,  anno  1629  ,  die  noria.  Decembris. 

Nunc,  régnante  Ludovico  XV ',  ejus  Pronepote  ,prima- 
rius  lapis  angularis  frontis  ejusdem  Ecclcjiœ  ,  in  dexterâ 
parte-,  ad  pcrfccTionem  tanti  operis  ab  Illuftrijfimo  & 
Revcrcndijfimo  D.  D.  Hyaclmko  le  Blanc  ,  Episcopo 
Joppenfi ,  Benedichts ,  collocatus  in  fundamentïs  cccncn- 
toq.te  firmatus  fuit ,  ajjiftemibus  PP.  Guillelmo  4  Sanclâ 


79ï 

Anna  Provinciali ,  &  Mïchaele  Angelo  à  Sanctà  Ca- 
tharinâ  Vicario  Priore.  Le  Duc  ,  architecte ,  en  donna 
les  premiers  defleins ,  que  Silvain  Carthaud ,  architecte 
de  M.  le  duc  d'Orléans  ,  a  continués.  Au-deflus  de  la 
grande  porte  on  lit  fur  une  table  de  marbre  : 

D.     O.     M. 

Virgini  Deipar* 
Sacrum 

sub    TITULO 
DE    VICTORIIS. 

Le  portail  eft  compofé  de  deux  ordres  ;  le  premier 
eit  l'ionique  ,  le  fécond  eit  le  corinrhien.  Jean-Bapti- 
fte  Lulli ,  furintendant  de  la  mufique  du  roi  ,  a  été 
inhumé  dans  fa  chapelle  le  23  Mars  1687.  Sa  veuve 
y  a  fait  élever  un  beau  maufolée  avec  un  bufte  de  bron- 
ze. 

L'hôtel  de  Soiflbns,  qui  efl  dans  ce  quartier,  n'effc 
confidérable  que  par  fa  grande  étendue.  L'hiftoire  de 
Charles  VI,  roi  de  France,  nous  apprend  que  Louis  s 
duc  d'Orléans ,  à  qui  cette  maifon  appartenoit ,  l'avoir 
donnée  pour  y  renfermer  des  filles  pénitentes ,  qui  y 
demeurèrent  jusqu'à  ce  que  la  reine  Catherine  de  Mé- 
dicis  ayant  trouvé  ce  terreirt  propre  pour  bâtir ,  fit  trans- 
porter ces  religieufes  dans  la  rue  Saint  Denys ,  au  mê- 
me endroit  où  étoit  une  chapelle  confacrée  à  faint  Geor- 
ge, qu'elles  occupenr  encore  aujourd'hui.  Dans  un  coin 
de  la  cour  de  cet  hôtel ,  on  remarque  une  colonne  de 
cent  pieds  de  haut ,  dans  l'épaifleur  de  laquelle  on  a 
prariqué  un  escalier.  On  dit  que  cette  princefie  ,  qui 
cherchoit  fort  à  connoître  l'avenir,  la  fit  bâtir  rout  ex- 
près afin  d'examiner  les  aftres  ,  &  qu'elle  y  montoic 
fouvent  avec  un  favant  de  ce  tems.  Cette  colonne  a  été 
confervée;  &  fur  le  rerrein  de  cer  hôtel  démoli  en  1749, 
on  a  élevé  une  halle  pour  les  grains. 

L'églife  paroiffiale  de  Saint  Euftache  ,  une  des  plus 
grandes  8c  des  plus  confidérables  de  la  ville  , 
n'eft  qu'à  quelques  pas  de  cet  hôtel.  Ce  n'étoit  d'a- 
bord qu'une  chapelle  ,  fous  l'invocation  de  Ste  Agnès , 
qui  dépendoit  du  chapitre  de  Saint  Germa/ri  l'Auxerrois. 
Le  bâtiment ,  comme  on  le  voit  aujourd'hui  ,  fut  com- 
mencé vers  l'an  IJ30;  il  eit  très-grand.  Un  double  cor- 
ridor ,  foutenu  de  quantité  de  piliers  fort  preffés ,  avec 
des  chapelles ,  fe  trouve  tout  à  l'entour.  Le  grand  au- 
tel eft  orné  d'un  corps  d'architecture  corinthienne  de 
quatre  colonnes  de  marbre.  Aux  fêtes  du  S.  Sacrement, 
on  y  voit  un  petit  dais,  donné  par  la  reine  Anne  d'Au- 
triche ,  garni  de  quantité  de  pierreries  d'un  prix  fore 
confidérable.  La  chaire  du  prédicateur  eft  afiez  bien  tra- 
vaillée. Feu  M.  Colbert ,  miniftre  d'état ,  a  fait  de  grands 
biens  à  cette  églife,  fa  paroifle.  11  mourut  le  6  Septem- 
bre 1683,  8c  on  l'y  voit  repréfenté  à  genoux  derrière 
le  chœur ,  fur  un  tombeau  de  marbre  noir.  Un  ange 
lui  tient  un  livre,  dans  lequel  il  femble  faire  fes  priè- 
res. 11  y  a  outre  cela  deux  vernis ,  la  Fidélité  8c  la  Pié- 
té. Toutes  ces  pièces  font  d'un  très-bon  goût.  Cet  ou- 
vrage eft  de  l'invention  de  le  Brun.  Le  marquis  de  Sei- 
gnélai  eft  dans  la  même  chapelle.  Marin  Cureau  de  la 
Chambre,  favant  médecin  ;  François  de  la  Moite  le 
Vayer,  de  l'académie  françoife  ;  Amable  de  Bourzeis; 
Antoine  de  Furetiere  ,  auteur  du  dictionnaire  ;  Jean 
de  la  Fontaine,  po'ete  célèbre;  Marie  Jars  de  Gournai, 
favante  de  fon  tems  ;  Jean  Homberg  ,  médecin  de  S.  A. 
R.  M.  le  duc  d  Orléans  régent;  Benferade,  le  maréchal 
duc  de  la  Feuillade  ,  Nicolas  Sanfon  ,  géographe ,  Char- 
les de  la  Fofle ,  habile  peintre  ,  font  les  pei  tonnes  di- 
ftinguées  ,  dont  les  corps  rcpofenr  dans  cette  paroifle. 

La  rue  Saint  Denis  ,  l'une  des  plus  fréquentées  de 
la  ville  ,  commence  au  grand  Châtelet ,  qui  eft  à  l'extré- 
mité du  pont  au  Change.  C'eft  en  ce  lieu  que  fe  rend 
la  juftice  civile  8c  criminelle  de  la  prévôté  de  Paris. 
Son  bâtiment  eft  très-ancien  ,  &  plu/leurs  prétendent 
qu'il  y  refte  encore  une  partie  des  ouvrages  que  fit  con- 
ftruire  Céfar,  pour  tenir  les  peuples  des  environs  fous 
l'obéiflance  des  Romains.  Ce  refte  ne  peut  confifter 
qu'en  quelques  tours  ,  qui  paroiflent  très-anciennes  du 
côté  de  la  boucherie.  Cette  boucherie  étoit  autrefois 
la  feule  de  toute  la  ville.  Elle  appartenoit  à  une  com- 
Tom.IV,  Il  hhhhij 


6      PAR 


PAR 


niunauté  de  bouchers  ,  dont  le  crédit  étoit  fi  grand , 
fous  le  règne  de  Charles  VI ,  qu'il  arrivoit  fouvent  de 
fort  grands  desordres  ,  lorsqu'ils  étoient  mécontens.  Us 
avoient  à  leur  tête  un  nommé  Caboche ,  écorcheur  de 
bêtes  ;  Se  les  principaux  d'entre  eux  ,  au  rapport  de  Ju- 
venal  des  Urfins ,  étoient  les  Gois,  les  Tiberi ,  les  Luil- 
liers,  Se  les  Saintions.  C'eft  apparemment  de  cette  com- 
munauté de  bouchers  que  l'églife  paroifliale  de  Saint  Jac- 
ques de  la  Boucherie  ,  qui  eft  près  delà ,  a  reçu  fon 
nom.  Plus  avant  dans  la  même  rue  de  Saint  Denis ,  on 
trouve  l'hôpital  de  Ste  Catherine.  Les  religeufes  de  cet 
hôpital  font  obligées  de  loger  trois  jours  les  pauvres 
fervantes  qui  font  hors  de  condition  ,  Se  de  faire  enter- 
rer les  corps  de  ceux  que  l'on  trouve  morts  en  divers 
endroits  de  la  ville  ,  Se  qu'on  expofe  quelques  jours  au 
Châtelet,  afin  qu'on  les  reconnoifle.  Sur  la  porte  de  cet 
hôpital  on  a  pofé  en  1704  ,  une  figure  en  marbre  de 
fainte  Catherine,  faite  Se  donnée  par  Thomas  Regnau- 
din  ,  fculpteur  de  l'académie.  L'églife  de  Ste  Opportu- 
ne e  fi  fort  près  de-là  :  c'étoit  autrefois  un  prieuré  de 
filles  ,  qui  dépehdoit  de  l'abbaye  d'Almeneche.  C'eft 
aujourd'ui  une  églife  collégiale  deflervie  par  des  cha- 
noines au  nombre  de  neuf,  qui  ont  un  chevecier,  le- 
quel eft  auifi  curé.  François  Connan  ,  jurisconfulte  re- 
nommé ,  y  eft  enterré.  Derrière  cette  églife  eft  une  pe- 
tite place  appellée  la  Place  Gatine  ,  du  nom  d'un  bour- 
geois qui  tenoit  chez  lui  des  aflemblées  d'Hérétiques  ; 
fa  maifon  fut  rafée  par  arrêt  du  parlement  du  30  Juil- 
let 1571  ,  Se  il  fut  lui-même  brûlé  à  la  Grève.  A  l'en- 
droit où  avoit  été  cette  maifon  ,  on  fit  élever  une  croix, 
où  l'on  repréfenta  des  évêques  &  des  pères  de  l'églife 
en  bas  relief,  &  qui  fut  depuis  transportée  dans  le  ci- 
metière des  Saints  Innocens  ,  où  elle  eft  encore.  Ce 
cimetière  eft  le  lieu  public  de  Paris ,  où  l'on  enterre  les 
morts  depuis  près  de  mille  ans.  Il  eft  entouré  d'un  cor- 
ridor voûté  où  font  quelques  vieilles  épiraphes.  Le  tom- 
beau le  plus  fingulier  que  l'on  y  voie  ,  eft  celui  de  Ni- 
colas Flamel  Se  de  Pernelle  fa  femme  :  ils  n'y  font  pas 
enterrés.  Ils  y  font  repréfentés  l'un  Se  l'autre  à  genoux, 
&  Notre  Seigneur  au  milieu  de  faint  Pierre  Se  de  faint 
Paul,  avec  des  figures  d'anges,  &  des  caprices  gothiques. 
Comme  ce  Flamel  avoit  amaflë  de  grandes  richefles , 
les  chimiftes  ont  prétendu  qu'il  avoit  trouvé  la  pierre 
philoibphale,  Se  ceux  qui  ont  l'entêtement  de  s'attacher 
à  la  recherche  du  grand-œuvre ,  prétendent  que  les  fi- 
gures chimériques  de  ce  tombeau  renferment  de  grands 
myfteres.  Nicolas  le  Fevre ,  précepteur  de  Louis  XIII , 
favant  fort  eftimé  ,  &  François-Eudes  de  Mezerai ,  qui 
a  compofé  une  hiftoire  de  France  fort  eftimée ,  y  font 
enterrés.  La  fontaine  des  Innocens  ,  qui  eft  au  coin  de 
la  rue  aux  Fers,  attire  l'admiration  de  tous  ceux  qui  fe 
connoiffent  en  cette  forte  d'architecture.  11  n'y  a  rien 
de  plus  beau  ni  de  mieux  exécuté  que  les  bas -reliefs  qui 
s'y  voient.  Us  repréfentenr  des  Nayades  dans  diverfes 
fituations  &  d'un  goût  exquis.  Cette  fontaine  eft  embel- 
lie d'une  architecture  corinthienne  en  pilaftres.  Jean 
Gougeon ,  célèbre  fculpteur ,  qui  avoit  donné  rous  fes 
foins  à  ce  travail,  eut  la  gloire  de  recevoir  les  éloges  les 
plus  flateurs  du  cavalier  Bernin  ,  qui  n'étoit  pas  pro- 
digue de  louanges. 

L'églife  du  Saint  Sépulcte,  bâtie  en  1326,  pour  les 
pèlerins  du  faint  fépulcre  de  Jérufalem  ,  qu'on  logeoit 
autrefois  quelques  jours,  eft  un  peu  plus  loin  de  l'au- 
tre côté  de  la  rue.  C'eft  à  préfent  une  collégiale ,  dont 
les  chanoines  font  à  la  collation  du  chapitre  de  Notre- 
Dame  :  il  y  a  cinq  canonicats.  Les  Filles  Pénitentes , 
dont  on  a  déjà  parlé ,  font  entre  cette  églife  &  l'églife 
paroifliale  de  Saint  Leu ,  où  il  n'y  a  rien  de  considéra- 
ble que  le  tombeau  de  Marie  De/landes ,  mère  de  Chré- 
tien de  Lamoignon ,  premier  président  au  parlement  de 
Paris.  Ce  morceau  de  fculpture  eft  du  deflein  Se  de 
l'exécution  de  Girardon.  Son  petit-fils  aîné  a  voulu 
être  enterré  avec  elle.  L'hôpital  de  Saint  Jacques, 
qui  eft  de  l'autre  côté,  vis-à-vis  la  rue  aux  Oues , 
fut  fondé  en  13  17  ,  par  quelques  bourgeois  de  Paris  , 
qui  ayant  été  à  Saint  Jacques  en  Galice  ,  achetèrent  des 
héritages  dans  la  rue  Saint  Denis ,  proche  la  porte  aux 
peintres ,  où  ils  firent  conftruire  cet  hôpital  avec  1  églife, 
après  avoir  payé  quarante  livres  au  chapitre  de  Saint 
Germain  l'Auxerrois,  &  cent  foixante-dix  au  curé  de 


Saint  Euftache ,  pour  l'amortilTement  de  ces  lieux ,  qui 
étoient  fitués  dans  l'étendue  de  ces  deux  paroiffes. 
Jeanne  de  France ,  fille  unique  du  roi  Louis  X ,  die 
Hutin  ,  reine  de  Navarre,  Se  femme  de  Philippe, 
comte  d'Evreux ,  pofa  la  première  pierre  de  cette  égli- 
fe, en  préfence  de  Marguerite  fa  mère,  duchefle  de 
Bourgogne ,  de  la  comtefîe  de  Flandres ,  de  la  femme 
du  dauphin  de  Vienflbis,  qui  y  mirent  aufli  chacune 
une  pierre.  Cette  cérémonie  fut  faite  l'an  1321 ,  &  le 
18  Mars  de  l'année  fuivante ,  Jean  de  Marigny,  évê- 
que  de  Beauvais ,  bénit  la  chapelle  ,  Se  y  chanta  la  pre- 
mière méfie.  Quelque  tems  après  on  y  établit  une  con- 
frérie ,  qui  dans  la  fuite  devint  très-confidérablc,  eii 
forte  que  l'on  y  compte  aujourd'hui  jusqu'à  vingt-huit 
eccléfiafliques ,  fous  le  titre  de  bénéficiers,  dont  les  uns 
font  tréforiers  ,  les  autres  chanoines  ,  Se  les  autres  cha- 
pelains ,  avec  des  enfans  de  chœur.  Autrefois  tous  les 
lundis  d'après  la  fête  de  faint  Jacques  le  Majeur  }  tous 
les  confrères  s'aflembloient  en  cette  églife ,  pour  aflifter 
à  une  proceflion  folemnelle,  tenant  un  bourdon  d'une 
main  &  un  cierge  de  l'autre  :  mais  cette  cérémonie  ne 
fubfifle  plus.  Le  revenu  de  cet  hôpital,  applique  aujour- 
d'hui aux  Invalides  ,  étoit  autrefois  employé  à  loger  les 
voyageurs  qui  paflbient  pour  aller  à  Saint  Jacques  en 
Galice.  M.  le  duc  d'Orléans  régent ,  y  avoit  placé  les 
chevaliers  de  Saint  Lazare  ;  mais  ils  s'en  font  retirés  par 
un  arrêt  du  confeil ,  Se  les  affaires  du  chapitre  ne  font 
point  encore  réglées  pour  inftruire  le  public  fur  l'état 
des  bénéfices  de  cette  églife. 

On  trouve  enfuite  l'hôpital  de  la  Trinité ,  dont  la 
première    fondation  eft  due  à  deux    nobles  Hommes , 
gens  d'armes ,  l'un  nommé  Buellem  Escuacol,  qui  eft 
un  nom  Allemand  ,  l'autre  ,  à  Jean  de  la  Paslée  ,  jre- 
res  charnels  de  mère  feulement ,  lesquels  ayant  acheté 
dans  la  rue  Saint  Denis  deux  arpens  de  terre   à  franc- 
aleu ,  pour  lors  hors  delà  ville,    y  firent  conlhuire 
un  hôpital ,  pour  recevoir  Se  héberger  les  pèlerins  qui  , 
revenant  de  leurs  voyages  ,  en  trouvoient  les  portes  fer- 
mées ,  parce  qu'ils  arrivoient  trop  tard.  Les  fondateurs 
obtinrent  de  l'évêque  de  Paris  permifiîon  de  bâtir  une 
chapelle  pour  le  foulagement  des  pauvres  pèlerins,  Se 
qu'elle  feroit   deflervie  par  trois  religieux  de  l'abbaye 
d'Herminieres  ,  pour  y  célébrer  par  chacun  jour  la  mes- 
fe  ,  matines  à  trois  leçons  ,  vêpres  &  compiles  ;  chofe  qui 
a  toujours  ainfi  duré  &  continue J 'uccejjivement.  Auxquels 
religieux  ils  firent  bâtir  ,  fur  partie  du  furplus  des  deux 
arpens  de  terre ,  logement  compétent ,  &  du  refte  de  l'au- 
tre place  étant  fur  lesdites  rues  Saint  Denis  &  Darne- 
tal ,  ils  les  firent  conftruire  en  maifons  mannables  ,  &  les 
baillèrent  à  cens  &  rente  à  des  particuliers  ,   afin  que 
le  revenu  fcrv'ù  tant  à  la  nourriture  des  religieux  qu'à 
leur  entretennement  &  exercice  de  ladite  hospitalité ,  ou- 
tre par-deffus  autres  revenus  qu'ils  auroient  donnés  & 
ajfignés  en  autres  lieux  pour  l'entretennement  d'icelle  hos- 
pitalité. L'an  1544  ,  le  dix-fept  Décembre  fut  fait  la  vi- 
fite  de  l'état  du  corps  d'hôtel ,   étant  joignant  l'églife  du 
prieuré  de  la  Trinité,  appelle  vulgairement  les   Poispi- 
lés  ,  trouvé  commode  pour  y  loger  les  petits  enfans  ;  en 
conféquence  du  règlement  général  qu'on  fit  fous  Fran- 
çois I  pour  tous  les  pauvres  de  Paris,  en  les  divifant 
en  plufieurs  maifons ,  afin  de  remédier  par-là  aux  ma- 
ladies contagieufes  ,  qui  pour  l'ordinaire  infectoient  la 
ville  ,  il  fut  ainfi  ordonné  par  un  arrêt  de  la  cour  du 
parlement  donné  au  mois  de  Janvier  154J  ,  que  les  en- 
fans, parmi  les  pauvres  gens ,  qui  n'avoient  pas  moyen 
de  les  nourrir,  étant  au-deflus  de  l'âge  de  feptans,  fe- 
roient  fegregés  d'avec  leurs  pères  Se  leurs  mères ,  &  mis 
en  un  lieu  pour  y  être  nourris ,  logés  &  enfeignés  en 
la  religion  chrétienne  ;  Se  quant  aux  autres ,  étant  au- 
deflous  de    fept  ans  ,  Se  les  filles  pareillement ,  ils  de- 
meureroient  encore  fous  la  charge  de  leurs  pères  Se  mè- 
res, jusqu'à  ce  qu'auttement  y  eût  été  pourvu  ,  Se  quant 
à  ceux  qui  auroient  père  &  mère ,  feroient  mis  en  l'hô- 
pital du   Saint  Esprit ,  aflis  en  la  place  de  Grève ,  en 
la  manière  accoutumée-,  pour 'aquelle  chofe  effectuer , 
furent  drefies  certains  articles  politiques, qui  furent  homo- 
logués par  ladite  cour  le  pénultième  jour  de  Juillet  1 J47, 
Se  fut  avifé  qu'en  toute  ladite  ville  n'y  avoir  lieu  plus 
commode  pour  loger  les  fusdits  enfans  qui  avoient  pete 
&  mère ,  que  ledit  hôpital  de  la  Trinité ,  &  même  pour 


PAR 


PAR 


coucher  jeunes  enfans ,  grande  fale  ainfi  haute  &  éle- 
vée. Ces  enfans  porcenc  des  robes  bleues ,  &  font  coé'f- 
fés  de  petits  bonnets  de  même  couleur.  Ils  font  inftruits 
&  nourris  dans  cet  hôpital ,  jusqu'à  ce  qu'ils  foient  en 
âge  d'être  mis  en  apprentiflage.  Il  faut  qu'ils  foient  au- 
jourd'hui orphelins  de  père  ou  de  mère  fans  aucune 
incommodité.  Le  nombre  eft  fixé  à  cent  garçons  8c 
trente- fix  filles.  Les  ouvriers  qui  viennent  montrer  8c 
enfeigner  ces  enfans ,  font  pour  leur  récompcufe  reçus 
maîtres  à  Paris,  &  les  enfans  jouiflent  de  la  qualité  de 
fils  de  maîtres.  L'églife  fut  rebâtie  l'an  1598.  De  l'autre 
côté,  8c  presque  vis<à-vis  de  cec  hôpital ,  eft  l'églife  de 
Saint  Sauveur,  qui  doit  fa  fondation  à  faint  Louis.  Ce 
pieux  monarque  avoir  fait  bâtir  en  cec  endroit  une  pe- 
tite chapelle  ,  où  il  faifoit  fes  prières  ,  lorsqu'il  alloit  à 
Saint  Denis  à  pied ,  ce  qui  lui  arrivdit  fouvent.  Ce  mê- 
me prince  fit  auffi  bâtir  le  monaftere  des  Filles-Dieu  , 
qui  eft  plus  bas  du  même  côté.  Le  grand  autel  de  leur 
églife  eft  orné  de  quatre  colonnes  corinthiennes  de  mar- 
bre. Ces  religieufes  font  de  l'ordre  de  Fontevrault.  L'hô- 
tel de  Saint  Chaumont ,  dont  une  communauté  de  re- 
ligieufes, qui  étoient  à  Charonne  ,  eft  en  pofleffion  de- 
puis un  aflez  long  tems ,  fe  trouve  presque  vis-à- 
vis  des  Filles-Dieu.  La  nouvelle  porte  de  Saint  Denis 
eft  magnifique.  On  l'a  élevée  près  des  fondemens  de 
l'ancienne ,  qui  étoit  très- incommode.  Elle  a  foixante- 
douze  pieds  de  haut  8c  autant  de  large.  L'ouverture  qui 
fait  la  porte  en  a  vingt-quatre  ,  8c  de  chaque  côté  elle 
eft  accompagnée  de  pyramides  chargées  de  trophées 
d'armes  ,  attachés  dans  l'épaifieur  de  l'ouvrage  ,  fous  le 
piedeftal  desquels  on  a  pratiqué  une  petite  porte  pour 
aider  à  la  grande  du  milieu.  Un  grand  bas-relief,  qui 
eft  fur  le  ceintre,  repréfente  du  côté  delà  ville  le  pas- 
fage  du  Rhin.  La  priie  de  Maftricht  eft  repréfentée  du 
côté  du  fauxbourg.  Le  deflusde  cette  porte  eft  découvert 
à  la  manière  des  anciens  arcs  de  triomphe  que  l'on  voir 
à  Rome.  On  lit  les  infcriptions  fuivantes  : 

LUDOVICO  MAGNO , 

QUOD  DIEBUS  V1X  SEXAGINTA 

RHENUM  ,  WAHAL1M,  MOSAM , 

ISALAM  SUPERAVIT-, 

SUBEGIT  PROVINC1AS  TRES  ■> 

CEPIT  URBES  MUNITAS 

QUADRAGINTA  ; 

EMENDATA  MALE  MEMORI 

BATAVORUM  GENTE  ; 

PR/EFECTUS  ET  /EDILES  P.  C.  C. 

ANNO.  D.  M.  DCLXXII. 

Du  côté  du  fauxbourg , 

LUDOVICO  MAGNO , 

QUOD  TRAJECTUM  AD  MOSAM 

XIII.  DIEBUS  CEPIT  ; 

ANNO.  D.  M.  DCLXXII. 

C'eftle  favant  François  Blondel ,  qui  en  a  donné  le  des- 
fein. 

La  maifon  des  pères  de  la  Miffion  de  faint  Lazare  eft 
dans  le  fauxbourg.  C'étoit  autrefois  un  hôpital  deftiné  à 
loger  ceux  qui  étoient  affligés  de  ladrerie  ;  mais  cette  ma- 
ladie ayant  cette  dans  les  derniers  rems ,  la  maifon  de 
Saint  Lazare  tomba  entre  les  mains  du  père  Vincent  de 
Paul  ,  inftituteur  de  la  Miffion ,  qui  en   a  fait  le  chef 
d'ordre  de  toute  fa    Congrégation.  Ce  fur   le  fept  de 
Janvier  1632  ,  que  le  prieur  8c  les  religieux  qui  occu- 
poient  cette  maifon  ,  en  firent  une  donation.  L'arche- 
vêque de  Paris  en  fit  l'union  comme  d'un  bénéfice  étant 
à  fa  collation,  par  fes  lettres  du  dernier  Décembre  1631, 
&  le  papeUtfbain  Mil  la  confirma    par  fes  bulles  du 
ir  Mars  rej  y.  Les  lettres  du  roi  furent  enregiftrées  le 
17  Septembre  1632.  L'inftitut  eft  d'aller  dans  les  vil- 
lages inftruire  les  pauvres  Payfans ,  8c  d'enfeigner  aux 
jeunes  clercs  les  cérémonies  de  l'églife.  Ainfi  ,  dans    le 
tems  des  quatre  ordinations  de  l'année,  tous  c  ux  qui 
fe  préfentent  à  l'archevêché  pour  recevok  les  ordres , 


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doivent  p3fTer  onze  jours  à  Saint  Lazare  pour  y  être 
inftruits,  8c  ces  millionnaires  font  obligés  de  les  nour- 
rir tous  gratuitement  pendant  ce  tems.  Mais  à  préfent  , 
ils  font  payer  ceux  qui  ne  font  pas  du  diocèfe  de  Paris. 
Leur  maifon  eft  très-fpacieufe,  8c  ilspofledenr  plufieurs 
terres  qui  font  à  l'entour.  Les  fœurs  de  la  Charité  furent 
établies  en  forme  de  communauté  ,  fous  le  titre  de  Ser- 
vantes, des  pauvre  s^nalades  ,  après  vingr  ans  défiai  ;  8c 
ce  fut  en  16/5  ,  que  Vincent  de  Paul,  inftituteur  de 
la  congrégation  de  la  Miffion ,  leur  donna  des  règles. 
Cette  communauté  fut  confirmée  par  lettres  patentes 
du  roi  en  1657, 8c  enregiftrées  au  parlement  en  1658. 
Le  faint  fiége  les  approuva  en  1668.  Elles  fervent  les 
pauvres  dans  le  royaume  de  France  8c  dans  celui  de 
Pologne. 

L'églife  paroiffiale  de  Saint  Jacques  de  la  Boucherie , 
qui  eft  au  commencement  de  la  rue  Saint  Martin ,  a 
une  tour  fort  élevée  qui  a  été  bâtie  à  plufieurs  repri- 
fes.  Elle  fut  finie  en  152^  ,  8c  a  coûté  en  totalité  jS^ 
liv.  On  eftime  fort  le  crucifix  qui  eft  fur  la  por;e  du 
chœur  de  cette  églife.  Il  eft  de  Sarazin.  Nicol.is  rl.i- 
mel  8c  Pernelle  fa  femme  ,  &  Jean  Fernel ,  premier  mé- 
decin du  roi   Henri  II,  y   font  enterrés.  Enfuite   on 
trouve  l'églife  de  Saint  Méderic  ,  nommée  communé- 
ment Saint  Merri ,  8c   dans  le  quinzième  fiécle  Saint 
Marri.  C'étoit  anciennement  l'églife  de  faint  Pierre  ;  mais 
depuis  la  mort  de  Saint  Merri  ,  natif  d'Autun  en  Bour- 
gogne, de  l'ordre  de    fainr  Benoîr,  elle  en  a  pris  le 
nom.  C'eft  une  collégiale  deiïervie   par    fix  chanoines 
8c  un  chevecier ,  qui  en  eft  auffi  curé.  Us  dépendent  de 
l'églife  métropolitaine  ,  8c  font  obligés  de  marcher  avec 
elle  dans  les  procédions  où  ils  font  mandés.  Dans  la 
nef  de  la  chapelle   de  paroi  (Te  ,   on  ttouve  dans  une 
chapelle  un  tableau   de    mofaïque  ,  qui  repréfente  la 
Vierge  8c  l'enfant  Jefus ,  avec  quelques  anges.  On  lit 
ces  mots  au-defibus:  Opus  Magijlri  D  av'idis  Florentini. 
Anno  M.  CCCC.  LXXXXV1.  Jean  du   Ganay  ,  chan- 
celier de  France  ,  alors  premier  préfident  du  parlement, 
en  fit  préfent  à  fa  chapelle  à  fon  retour  d'italie  :  il  y 
eft  enterré.  Simon  Arnaud  de  Pomponne  ,  mort  miifi- 
ftre  d'état,  y  repofe  pareillement  \  Catherine  l'Avocat, 
fa  femme  y  a  fait  conftruire  un  tombeau  ,  dont  l'ou- 
vrage eft  de  Barthelemi  Raftrelli ,  Italien.  Simon  Ma- 
rion  ,  avocat  général  au  parlement,  qui  fe  dirtingua  par 
fafeience,  &  Jean  Chapelain  de  l'académie  françoife , 
y  font  auffi  enterrés.  Derrière  Saint  Merri ,  on  trouve 
la  jurisdiclion  des  Confiais,  établie  en  ift>J,  par  édit 
de  Charles  IX.  La  ftatue  du  roi ,  en  marbre  blanc  ,  eft 
fur  la  porte.  Du  même  côté  de  Saint  Merri  ,  en  des- 
cendant ,  on  rencontre  l'églife  de  Saint  Julien  des  Mc- 
neftriers  ;  c'étoit  auttefois  un  hôpital  pour  les  joueurs 
de  violon  :  ils  y  ont  un  chapelain  qui  a  droit  de  porter 
l'aumufle  dans  le  chœur  de  la  métropole  :  ce  font  au- 
jourd'hui les  Doctrinaires  qui  y   font  l'office  tous  les 
jours.  Le  chapelain  n'y  officie  que  tous  les  jours  de  fête 
de  la  communauté  des  joueurs  de  violons.  Plus  bas  on 
va  à  Saint  Nicolas  des  Champs  :  c'étoit  anciennement 
une  chapelle  de  Saint  Jean  ;  c'eft  à  préfent  une  paroifie 
des  plus  confidérables  -,  on  efiime  beaucoup  les  anges 
qui  font  une  partie  de  l'ornement  du  grand  autel  :  ils 
font  de  Sarazin.  Les  grands  hommes  qui  font  enterrés 
à  faint  Nicolas    des    Champs,  tant   au  cimetière  qu'à 
l'églife  ,  font  Guillaume  Budé  -,  Henri  8c  Adrien  de  Va- 
lois,   père  8c   fils  ;  Magdeléne   de  Scuderi  -,  Théophile 
Viaud  ;  François  Milet ,  connu  fous  le  nom  de  Francis- 
que ;  l'abbé  Maffieu ,  de  l'académie  des  infcriptions  & 
belles  lettres ,  8c  Pierre  Gaffendi.  A  côté  de  Saint  Nico- 
las des  Champs,  on  trouve  le  célèbre  prieuré  de  Saint 
Martin  ,  de  l'ordre  de  Clugni  ;  c'eft  ce  prieuré  qui  don- 
ne le  nom  à  la  rue.  C'eft  à  Henri  I  qu'on  en   doit  la 
reftauration  en  1060:  c'étoit  pour  lors  une  abbaye  dans 
laquelle  vivoient  des    chanoines  réguliers.  Philippe  1 
en  ayant    fait  une  donation  à  faint    Hugues,  abbé  de 
Clugny ,  ce    ne  fut  plus  qu'un  prieuré.  Cette  maifon 
eft  entourée  de  hautes  murailles  crénelées ,  fourenues 
de  tours  d'espace   en  espace,  qui  en  marquent  la  fei- 
gneurie.  Le  fanétuaire  de  cette  églife  8c  le  point  rond 
font  fort  anciens  :  le  refte  n'eft  pas  de  la  même  antiqui- 
té. Le  grand  autel  a  été  deffiné  par  François  Manfaid. 
La  première  pierre  en  fut  pofée  au  mois  de  Novembre 


PAR 


798 

1624,  &on  y  dit  la  méfie  le  jour  de  Pâque ,  4  Avril 
1627.  Il  eft  bâti  à  la  moderne,  orné  de  quatre  colon- 
nes corinthiennes  de  marbre  deDinan.  L'églife  eft  dé- 
corée par  un  lambris  de  menuiferie,  avec  des  ordres 
d'architecture  j  on  a  placé  dans  la  nef  quatre  grands 
tableaux  de  Jean  Jouvenet ,  Se  dans  les  ailes  quatre 
autres,  dont  un  de  Caze ,  un  autre  de  le  Moine, 
achevé  par  Raftoir ,  un  troifiémdipar  Reftou ,  Se  le 
dernier  par  Vanloo.  La  maifon  clauftrale  a  été  com- 
mencée le  13  Juin  1702  ,  Se  continuée  le  2  Avril  1739. 
C'eft  une  des  plus  grandes  &  des  plus  fpacieufes  :  elle 
a  62  toifes  de  longueur  fur  dix  de  large,  environ  42 
ou  4;  pieds  de  hauteur  ;  au  milieu  de  ce  bâtiment  on 
v©it  un  avant-corps,  qui  forme  un  pavillon  de  fept 
loifes  &  demie  de  face  ,  dans  le  fronton  duquel  font  les 
armes  du  roi  ;  aux  deux  côtés  font  deux  ailes  qui  ont 
chacune  vingt-deux  toifes  de  longueur  ,  fur  cinq  de  lar- 
geur ;  dans  le  fronton  de  face  ,  du  côté  de  l'églife ,  font 
les  armes  de  M.  le  Dauphin  ;  dans  celui  en  retour  font 
celles  de  Saint  Martin,  de  l'autre  côté  celles  de  Clugni, 
&  celles  de  l'abbé  de  Saint  Albin  ,  prieur  commenda^- 
taire.  La  face  eft  couverte  d'ardoife  ,  &  a  cinquante- 
fept  toifes.  Le  rez-de-chauffée  eft  diftribué  en  perifty- 
les  voûtés,  pour  conduire  à  un  grand  escalier  hors 
d'oeuvre ,  dont  les  marches  de  la  première  rampe  ont 
onze  pieds  de  longueur.  En  chapitre  eft  une  chapelle 
de  la  Vierge  ,  Se  un  escalier  pour  conduire  de  l'églife 
au  dortoir ,  à  la  facriftie  ,  à  la  bibliothèque ,  à  l'infir- 
merie ,  &  à  la  chapelle.  La  première  pierre  fut  pofée 
avec  folemnité  ,  pendant  que  dom  Anroux  étoit  prieur 
clauftral.  On  y  mit  un  rouleau  de  plomb ,  fur  lequel 
on  a  gravé  ces  paroles  :  L'An  1702  ,  le  15  Juin, 
Clément  XI,  Souverain  "Pontife;  Louis  XIV,  Roi  de 
France  ;  Louis  Dauphin  ;  Emmanuel  Théodore  de  la 
Tour  d! Auvergne  ,  Cardinal  de  Bouillon  ,  Abbé  de 
Clugni;  Henri  Oswalde  de  la  Tour  d'Auvergne ,  Coad- 
juteur  ;  Jules-Paul  de  Lionne  ,  Prieur  Commendataire 
de  ce  Prieuré;  &  Dom  Denis  Anroux,  Prieur  Clauftral; 
cet  édifice  a  été  commencé ,  duquel  Monfeigneur  le  Dau- 
phin ,  dr  Madame  Louise- Adélaïde  de  Savoie ,  Du- 
•chefie  de  Bourgogne,  ont  pofé  la  première  pierre,  par 
les  mains  de  Meffire  Louis  de  Crujfol ,  Marquis  de 
Florenfac  ,  Maréchal  des  Camps  &  Armées  du  Roi , 
l'un  des  Seigneurs  attachés  à  la  personne  de  Monfei- 
gneur le  Dauphin  ;  &  de  Dame  Catherine -Françoife 
d'Arpajon  ,  Comtejfe  de  Rouffi  ,  Dame  d'honneur  de 
Madame  la  Duchejje  de  Bourgogne. 

Le  bâtiment  a  été  recommencé  en  1739 ,  fous  la 
conduite  de  Lhuillier  de  la  Tour  ,  architecte.  On  a 
mis  fous  la  première  pierre  de  petites  médailles  d'or 
de  faint  Benoît. 

La  porte  de  Saint  Martin  eft  un  ouvrage  de  cinquante 
pieds  de  hauteur  Se  de  largeur.  L'architecture  efl  en 
boffages  ruftiques  vermiculés ,  avec  des  fculptures  au- 
defius  des  ceintres  ,  &  un  grand  entablement  dorique  , 
compofé  de  mutules  au  lieu  de  triglifes  ,  fur  lequel 
eft  un  attique ,  où  du  côté  de  la  ville  on  lit  : 

LUDOVICOMAGNO, 

VESONTIONE  SEQUANISQUE 

BIS  CAPTIS, 
ET  FRACTIS  GERMANORUM , 

HISPANORUM  BATAVORUMQUE 

EXERCIT1BUS, 

PR^FECTUS  ET  EDILES.  P. 

c.  c. 

ANNO.  R.  S.  H.  M.  DCLXXIV. 

Du  côté  du  fauxbourg    on  lit  celle-ci. 

LUDOVICO  MAGNO 

QUOD  LIMBURGO  CAPTO, 

IMPOTENTES  HOSTIUM  MINAS 

UBIQUE  REPRESS1T  , 

PR^FECTUS  ET  ^DIL.  P. 

C.  C. 

ANNO.  M.  DC.  LXXV. 


PAR 


Les  deffeins  de  la  porte  font  de  Pierre  Bulet ,  Se  les 
fculptures  ont  été  faites  par  quatre  différens  maîtres 
habiles ,  favoir  Desjardins ,  Marcy  ,  le  Hongre  &  le 
Gros. 

Le  fauxbourg  a  l'églife  de  Saint  Laurent  pour  pa- 
roiffe.  Ce  fut  autrefois  une  abbaye  de  l'ordre  de  faint 
Benoît.  (  Saint  Domnole  fut  un  des  abbés  ;  l'on  y  con- 
ferve  fes  reliques.)  La  porte  eft  afiez  belle,  Se  le 
maître  autel ,  orné  de  ftatues ,  eft  d'un  deflein  fingu- 
lier.  Le  lieu  où  fe  tient  la  foire,  appellée  de  faint 
Laurent ,  en  eft  fort  peu  éloigné  -,  Se  on  l'ouvre  pré- 
fentement  dès  le  premier  de  Juillet.  Les  loges ,  que 
les  marchands  y  occupent,  appartiennent  aux  pères 
de  Saint  Lazare.  Vis-à-vis  eft  le  couvent  des  Recol- 
lets. Leur  bibliothèque  eft  afiez  belle.  Derrière  ce 
monaftere ,  on  trouve  le  grand  hôpital  de  Saint  Louis. 
Il  fut  fondé  par  Henri  IV  ,  pour  ceux  qui  étoient 
attaqués  de  pefte.  Cet  hôpital  eft  compofé  de  quatre 
grands  pavillons  aux  quatre  coins ,  avec  autant  de 
portes  pour  y  entrer.  Ces  pavillons  font  accompa- 
gnés d'offices  ;  Se  dans  leur  féparation ,  il  y  a  quatre 
fales  Se  d'autres  lieux  pour  la  commodité  des  mala- 
des. Dans  la  féconde  cour  eft  une  fontaine  ,  avec  un 
grand  baflîn  de  pierre  ,  d'où  l'eau  coule  dans  la  cour  de 
derrière ,  Se  va  fe  rendre  dans  deux  lavoirs ,  faits  de 
pierres  fort  larges ,  pour  y  laver  la  lefiive.  Du  côté 
de  la  ville  font  les  offices ,  les  cuifines ,  les  apparte- 
nons des  officiers  de  la  maifon  ;  Se  les  logemens  des 
religieufes  qu'on  y  envoie  de  l'Hôtel  Dieu  pour  avoir 
foin  des  malades ,  lorsqu'il  y  en  a.  Du  côté  du  fep- 
tentrion ,  hors  de  l'hôpital ,  eft  un  cimetière  fermé 
de  murailles ,  où  l'on  enterre  les  corps  de  ceux  qui  y 
meurent.  La  première  pierre  fut  pofée  à  l'églife  le  13 
de  Juillet  1607  ,  Se  l'édifice  fut  continué  jusqu'en 
1610.  Au-defiusde  la  porte  on  lit  fur  un  oiarbrenoir 
cette  infeription  en  lettres  d'or: 

D.  O.  M.  S. 


Henricus  IV.  Francia  &  Navarre  Rex  Chriftia- 
nijfimus  ,  domï  forisque  pace  alla  fruens ,  quam  Dei 
virtute  &  fuâ  inviÙli  dexterà  fibi  &  regno  peperit , 
curam  fuam  in  omnes  Reipublicx  partes  maximas , 
minimas  pariter  extendens ,  inter  tôt  ftupendarum  fub- 
jlrullionum  moles ,  quibus  Majeftate'/n  Imperii  Gallici 
in  dies  amplificat ,  inftaurato  Ptochotrophio  Urbis  cog- 
nito  defuijfe  haclenhs  Nofocomium , .:  qu&  res  ingenti  ci- 
vibus  incommodo  ac  periculo  vertebat  opus  novum  in 
valetudinarii  ufum  à  fundamentis  excitavit ,  inque  ejus 
fabricam  memorandâ  in  omne  avum  liberalitate  tanta 
parem  incœpto  pecuniarum  vim  unâ  donatione  contulit% 
œdem  infuper  hanc  in  honorem  D.  Ludovici  progeni- 
toris  fui ,  qui  pro  Chrifti  fervatoris  gloriâ ,  adverfuf, 
infidèles  bcllis  féliciter  geftis  in  Africà,  demum  morb» 
peflilcnti  mortalitatem  exuit ,  dedicatam,  de  ejus  nomine 
dici  voluit  ;  documentum  fubditis  quod  jam  nunc  Lu-^ 
dovico  filio  ,  exempla  fua  &  fuorum  majorûm  propo- 
nat  imitanda  anno  Domini  1608^  Regni  fui  15).  Or» 
envoie  aujourd'hui  les  religieufes  de  l'Hôtel-Dieu  dans 
cet  hôpital ,  pour  y  prendre  Fair  Se  pour  fe  repofer. 

En  remontant  dans  la  ville  par  la  même  porte, 
on  vient  à  la  rue  neuve  de  Saint  Méderic,  près  de 
cette  églife  ;  Se  delà  on  entre  dans  la  rue  Sainte 
Avoye ,  qui  a  pris  fon  nom  d'un  couvent  de  religieu- 
fes ,  que  Saint  Louis  fonda  autrefois  pour  de  vieilles 
femmes  infirmes.  C'eft  aujourd'hui  une  maifon  de  re- 
ligieufes Urfulines.  Le  temple  fe  trouve  à  l'extrémité 
de  cette  rue  qui  en  porte  le  nom.  Dans  la  fouille 
qu'on  a  faite  pour  l'embranchement  de  l'égout  qui  eft 
au  bout ,  on  a  retrouvé  les  jambages  de  l'ancienne 
porte  du  Temple  pour  entrer  dans  la  ville.  Le  Tem- 
ple retient  encore  le  nom  des  chevaliers  Templiers, 
à  qui  il  appartenoit  autrefois.  Dans  le  teins  que  les 
Sarafins  envahirent  presque  toute  la  ralefiine ,  ces 
chevaliers ,  dont  l'initiait  étoit  de  conduire  Se  d'es- 
corter les  voyageurs  aux  lieux  faints  ,  prétendirent 
devoir  être  exemts  de  cette  fervitude,  à  caufe  des 
périls  qu'il  y  avoit  à  efluyer.  Les  grandes  ricliefies , 
qu'ils  amaflei  enc  alors ,  corrompirent ,  dit-on,  tellement. 


PAR 


PAR 


leurs  mœurs ,  qu'ils  fe  plongèrent  dans  toutes  fortes 
de  diflblucîons  Se  de  crimes,  ce  qui  porta  Philippe 
le  Del,  qui  regnoit  en  France,  à  prendre  laréfolu- 
tion  de  les  exterminer  dans  tout  le  Royaume.  Il  en 
obtint  le  confentement  du  pape  Clément  V ,  avec 
lequel  il  s'aboucha  à  Poitiers,  Se  en  rît  brûler  à  petit 
feu  cinquante-fept  à  la  pointe  de  l'Ifle  du  Palais  où 
eft  à  préfent  la  place  Dauphine.  Par  cette  expédition 
le  Temple  demeura  aux  rois ,  qui  y  riment  leur  cour, 
Se  qui  en  firent  enfuite  un  don  aux  chevaliers  hospi- 
taliers de  Saint  Jean  de  Jérufalem.  Ces  chevaliers  en 
ont  fait  leur  maifon  provinciale  du  grand  Prieuré  de 
France.  Ce  lieu  eft  fort  fpacieux  ,  entouré  de  mu- 
railles antiques,  foutenues  de  tours.  La  grande  porte, 
qui  donne  fur  la  rue,  eft  au  milieu  d'une  longue  fa- 
ce de  bâtimens ,  accompagnée  d'un  ordre  dorique , 
à  colonnes  ifolées.  Comme  le  Temple  eh;  un  lieu 
de  franchife ,  quantité  d'ouvriers  qui  ne  font  pas  maî- 
tres ,  s'y  retirent ,  Se  font  exemts  de  la  vifite  que 
les  jurés  des  communautés  de  la  ville  font  ordinaire- 
ment chez  ceux  de  la  profefîïon.  L'églife  des  rcligieu- 
fes  de  Sainte  Ehi'abeifi  ,  qui  ont  leur  couvent  vis  à- 
vis  du  Temple,  fut  commencée  Fan  1628,  &  la 
reine  Anne  d'Autriche  y  mit  la  première  pierre.  Elle  eft 
ornée  d'un  portail,  où  il  y  a  deux  ordres  d'architec- 
ture en  pilaftres ,  le  dorique  Se  l'ionique  :  le  de- 
dans eft  embelli  de  ce  premier  ordre.  Les  pères  de 
Nafareth  ont  leur  Eglife  du  même  côté ,  un  peu  plus 
avant,  Se  doivent  leur  fondation  à  M.  le  chancelier 
Seguier. 

L'Hôpital   des  Enfans    Rouges    eft    dans   ce  même 
quartier,  rue  Portefoin.   Il  fut  fondé  l'an  1554,  par 
Marguerite  ,  reine  de  Navarre  ,  fœur  de  François  I, 
pour  des  enfans  orphelinsaoriginaires  de  Paris.  Quel- 
ques auteurs  rapportent  au  contraire  que  ,  félon  leur 
initiait ,  ils  ne  doivent  point  être  de  Paris ,  mais  des 
lieux  circonvoifins.    François  I  voulut  que  ces  enfuis 
portaffent  des  robes  rouges,  parce  que  c'eft  fous  la  cou- 
leur de  rouge  Se  de  feu  que  la  charité  eft  repréfenrée 
dans  l'écriture.    Les  Carmes  ont  un  couvent  dans  la 
rue  nommée  des  Billetes.  C'étoit  la  maifon  d'un  Juif, 
qui  perça  de  plufïeurs  coups  de  couteau  une   hoftie 
confacrée.   Cette  fainte    holtie  fut   recueillie  par  une 
vieille   femme ,    qui  étoit    allée    par  hafard    chez    ce 
Juif,  qui  la  porta  au  cucé  de  l'églife  de  Saint  Jean, 
dans    laquelle   elle   eft    confervée   avec   beaucoup    de 
vénération.  Ce  malheureux  fut  brûlé  vif,  Se  on  don- 
na fa  maifon   aux    Auguftins ,   qui  après  y  avoir  de- 
meuré  long-tems ,  la   cédèrent  aux   Carmes,  qui  en 
font   aujourd'hui    en    poitcïiion.    Le    favant   Papirius 
MaflTon  eft  enterré    dans  leur  églife  ;   &  le  cœur  de 
François-Eudes  de  Mezerai ,  hiftoriographe  de  France, 
y  eft   aulli.  La  rue  des  Billcttcs  donne  d'un  bout  dans 
celle  de  Sainte   Croix  de  la  Bretonnerie.  Cette  der- 
nière a  pris  fon  nom  d'un  couvent  que  l'on   y  rrou- 
ve  ,  &  .qui  fut  fondé  par    faint  Louis  en   1268.  Il  y 
mit  des   religieux   de  l'ordre  de  Saint  Auguftin.  Plu- 
iîeurs  perfonnes  de  piété  leur  ayant  fait  du  bien ,  ils 
vivent  à   préfent  de    leur   revenu.   La   meuuiferie  de 
leur  autel  eft  affez  belle ,   Se  on  eftime  beaucoup  un 
bas-relief  de  marbre  placé  fur  les  chaifes  des  religieux. 
L'hôtel  de    Guife ,    bâti  par   les   princes  de   cette  il- 
luftre  maifon  ,  eft  peu   éloigné  de   là.    Il  occupe  un 
grand  terrein.  La  porte  elt  à  l'antique  ,  accompagnée 
de  deux  groffes  tours  rondes.    La  chapelle  fe  trouve 
fur  la  grande  porte.  C'eft  aujourd'hui  l'hôtel  de  Soubi- 
fe  :  les  changemens  que  les  feigneurs  de  Rohan  y  ont  faits, 
font  très-confidérables ,  depuis  qu'il  eft  à  eux.  Les  ap- 
partemens    font  d'une  grande  magnificence  ;  la    porte 
d'entrée  eft  à  préfent  du  côté  de  la  rue- Paradis  :  el- 
le eft   dans  un   enfoncement  de  forme  circulaire ,  Se 
décorée  de  chaque  côté  de  groupes  de  deux    colon- 
nes corinthiennes  ,  avec  leurs  couronnemens  en  res- 
fault  ;  fur    lesquels  on  a  placé  les  figures  d'Hercule 
Se   de   Parlas,   ouvrage    de    Couftou  le    jeune  Se   de 
Bourdy.    Le   milieu,   en   attique ,  elt  occupé   par  les 
armes    de    Soubife.    On  a    mis   encore   des  trophées 
de  diverfes  fortes  d'armes  fur  les  côtés ,  pour  fervir 
d'accompagnement.  La  cour    eft  embellie  d'un  péris- 
tyle fouteua  de  colonnes  couplées ,  d'ordre   compo- 


799 

fite ,  avec  des  pilaftres  qui  y  répondent  pour  tonner 
un  corridor,  à  la  faveur  duquel  on  va  à  couvert 
tout  autout.  11  règne  fur  l'entablement  continu  une 
baluftrade ,  avec  des  piedeftaux  fur  les  colonnes  ; 
elle  eft  terminée  par  une  façade  d'architecture  pla- 
quée fur  le  vieux  bâtiment,  pour  en  cacher  la  diffor- 
mité. Cette  façade  eft  formée  par  une  décotation  de 
huit  colonnes  opplécs  d'ordre  tompofitc  à  rez  de- 
chauffée  entre  les^cllts  font  trois  ouvertures ceintrées, 
qui  conduiient  dans  le  veltibule  au  bas  du  grand  es- 
calier. Le  même  nombre  de  colonnes ,  mais  d'ordre 
corinthien ,  forme  un  fécond  ordre  fur  le  premier  : 
le  tout  terminé  par  un  grand  fronton,  dans  le  tym- 
pan duquel  font  les  armes  de  Soubife  exécutées  par 
Lorrain ,  fculpteur  habile  ;  on  a  placé  deux  figures  à 
demi  couchées  fur  le  fronton  ,  Se  des  groupes  de  gé- 
nies fur  les  encoignures ,  qui  font  un  fort  bel  effet. 
Pour  accompagner  ce  morceau  d'architecture,  ou  pour 
le  raccorder  avec  le  périftyle  qui  enferme  toute  la 
cour  ,  on  a  encore  ajouté  de  chaque  côté  des  groupes  de 
colonnes  du  même  ordre ,  avec  leurs  entablemcns , 
fur  lesquels  on  a  placé  les  figures  des  quatre  faifons, 
avec  les  attributs  qui  les  diltinguent ,  d'une  propor- 
tion un  peu  plus  grande  que  nature.  Le  cardinal  de 
Rohan  a  fait  élever  un  hôtel  dans  une  partie  de  la 
maifon  ,  dont  la  principale  entrée  fe  trouve  du  côté 
de  la  vieille  rue  du  Temple.  Cet  édifice  eft  décoré 
fur  le  jardin  d'un  ordre  dorique  à  rez-de-chaufiée  , 
avec  un  corps  avancé  dans  le  milieu  ,  formé  de  qua- 
tre colonnes  :  l'ordre  ionique  règne  au-deffus,  Se  un 
attique  au  troifiéme ,  terminé  par  un  fronton  accom- 
pagné de  trophées.  Le  jardin  de  cet  hôtel  n'a  rien 
de  remarquable.  Il  eft  public.  Vis-à-vis  de  cet  hôtel, 
où  l'on  a  fait  de  grands  changemens  par-tout,  de- 
puis la  mort  de  mademoilelle  de  Guife  ,  eft  l'églife 
des  pères  de  la  Mercy  ,  dont  le  pottail  eft  foutetiu  de 
colonnes  ovales.  On  y  voit  le  tombeau  du  Maréchal 
de  Themincs ,  Se  celui  de  l'ancienne  famille  de  Bia- 
cy  ,  àlaquclle  ces  religieux  doivent  en  partie  leur  fon- 
dation, leur  églife  ayant  été  bâtie  fur  une  chapelle 
fondée  par  des  anciens  de  cette  maifon.  Leur  initiait 
eft  d'aller  en  Barbarie  racheter  les  captifs  chrétiens , 
comme  font  les  Mathurins. 

Le  couvent  des  Blancs- Manteaux  eft  une  maifon  de 
religieux  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  dont  l'églife  a 
été  rebâtie  depuis  peu.  Elle  eft  ornée  en  dedans  de 
pilaftres  corinthiens  Se  d'une  grande  corniche  qui  règ- 
ne tout  a  l'cntour.  Le  fond  de  l'églife  eft  retminé 
par  une  tribune ,  foutenue  de  quatre  colonnes  torfes 
de  menuiferie  ,  qui  étoient  autrefois  à  l'autel  de  l'an- 
cienne églife,  Se  qui  font  dispofées  de  forte  qu'elles 
forment  un  corps  d'architeéture  d'un  affez  beau  des- 
fein.  Jean  le  Camus,  lieutenant  civil  fort  eftimé ,  y 
eft  enterré.  Son  maufolée  occupe  la  première  arcade 
du  chœur,  qui  eft  tout  revêtu  de  marbre,  avec  des 
ornemens  de  bronze  d'oré ,  Se  les  attributs  de  la  ju- 
ftice  dans  des  cadres.  La  figure  de  ce  magifirat  eft  de 
marbre  blanc  ;  elle  a  été  faite  par  Mazere.  La  rue  où 
eft  ce  couvent  aboutit  à  la  vieille  rue  du  Temple , 
dans  laquelle  eft  l'hôpital  de  Saint  Anaftafe  ,  djt  de 
Saint  Gervais ,  parce  qu'il  fut  fondé  l'an  1171  ,  dans 
l'enclos  de  l'églife  paroiffiale  de  ce  nom,  par  Guerin 
Maffon ,  Se  fon  fils  nommé  Harcher,  qui  donnèrent 
une  maifon,  qui  étoit  à  eux,  pour  loger  les  pauvres. 
Foulques ,  foixante-deuxiéme  évêqne  de  Faris ,  mit  dans 
cet  hôpital  quatre  religieufes  de  l'ordre  de  faint  Au- 
guftin, avec  un  maître  Se  un  procureur ,  pour  en  avoii' 
foin  ;  Se  Pierre  de  Gondi ,  Cardinal ,  Se  auffi  évêque 
de  Paris ,  augmenta  leur  nombre.  Leur  première  cha- 
pelle fut  dédiée  en  l'honneur  de  faint  Anaftafe  :  mais 
ces  religieufes  n'ayant  pas  affez  de  logement  dans  l'en- 
droit qu'elles  occupoient ,  cet  hôpital  fut  transféré 
dans  la  vieille  rue  du  Temple  -,  on  y  reçoit  tous  les 
jours  tous  ceux  qui  fe  préfentent  à  la  porte  ,  Se  an 
leur  donne  à  fouper  Se  à  coucher.  De  cette  rue  on 
paffe  dans  celle  de  Saint  Louis,  à  l'extrémité  de  laquel- 
le on  entre  dans  celle  du  Calvaire ,  où  eft  le  couvent 
des  religieufes  du  Calvaire,  fondé  en  1636,  par  le 
crédit  du  père  Jofeph  le  Clerc ,  Capucin  très  confi-- 
déré  du  cardinal  de  Richelieu;   fon  cœur   y  a  été 


800       PAR 

porté  ,  amft  qu'il  l'avoir  demandé  ;  les  religieufes  le 
gardent  dans  leur  rribune  ;  elles  ont  aufli  celui  de 
Jean-François-Paul  de  Gondi ,  mort  cardinal  ,  &  le 
corps  de  Philippe  de  Cospeau ,  évêque  de  Lizieux  , 
dans  le  chœur  de  leur  églife.  On  en  peut  lire  les  épi- 
taphes.  Leur  églife  eft  alTez  propre.  A  côté  du  grand 
autel  font  deux  chapelles,  ornées  de  colonnes  corin- 
thiennes de  marbre.  La  rue  des  fi^s  du  Calvaire , 
qui  commence  au  coin  de  cette  maflfn  religieufe,  va 
jusqu'au  rempart ,  d'où  on  voit  la  poire  de  Saint  Louis , 
dont  le  bâtiment  eft  ruftique  :  elle  a  été  bâtie  en  l'hon- 
neur de  faint  Louis ,  par  l'ordre  de  Louis  XIV.  On 
y  lit  cette  infeription  : 

LUDOVICUS  MAGNUS 

AVO 

DIVO  LUDOVICO 

ANN.  R.  S.  H.  M.  DC.  LXXIV. 

C'eft  un  peu  après    cette    porte ,    en    venant    vis- 
à-vis   la    rue  des    filles  du  Calvaire  ,  qu'on  trouve  le 
réfervoir  dans  lequel  on  garde  l'eau  ,  pour  rincer  le 
grand   égout  général ,   afin   de  garantir  la  ville  de  ce 
côté  de  la  mauvaife  odeur  qui  dominoit  jusqu'au  bas 
de  Chaillot ,  où  les  immondices  fe  déchargent  dans  la 
rivière.  La  ville,  pour  réuflir  dans  un  projet  fi  utile, 
a  acquis  deux  arpens  de  marais  appartenais  au  grand 
prieuré  de  France  :  elle  les  a  fait  entourer  de  murs  ; 
la  principale  entrée  eft  fur  le  bord  du  grand  chemin 
qui   conduit   à  Menil  Montant.  On  y   voit  trois  corps 
de  bâtimens  détachés ,  dont  l'architecture  eft  fort  Am- 
ple.  Celui  du  milieu  eft  pour  ferrer  le  foin ,  Se  pour 
la  manœuvre  des  machines  du  puits  qui  y  eft  renfer- 
mé. Celui  du  côté  du  rempart  eft  pour  loger  le  con- 
cierge ;   l'autre  ,  qui  eft  du  côté  des  marais ,  eft  pour 
coucher  les    domeftiques ,  &  pour  les   écuries ,  tant 
des  chevaux  rravaillans  ,    que  des  chevaux   malades. 
On  y  a  conftruir  deux  fort  belles  glacières  à  l'ufage  de 
la  ville  ,  au-deflus  desquelles  eft  un  angar  deftiné  pour 
ferrer   tour  ce  qui  eft  néceffaire  concernant  le  travail 
du  réfervoir  ,  dont  la  longueur  eft  de  trente-cinq  toi- 
fes  cinq  pieds  quatre  pouces,  fur  dix-fept  toiles  cinq 
pieds  quatre  pouces  de  largeur  -,    la  profondeur  d'eau 
eft  de  fept  pieds  huit  pouces,  il  eft  revêtu  de  murs 
&  de  contre-murs.  Il  eft  garni  dans  le  fond  d'un  maflif 
de  maçonnerie  ,  fur  lequel  il  y  a  une  forte  épaiffeur 
de  glaize  fous  une  forme  de  fable  qui  la  couvre  avec 
un  pavé  de  grès  ;  le  mur  intérieur  eft  couronné  d'u- 
ne tablette  de  pierre.  Le  réfervoir  contient  vingt-deux 
mille  cent  douze  muids  d'eau.  Dans  le  fond  on  a  ob- 
fervé  une  retraite  d'un  pied  de  large ,  dont  la  furfa- 
ce  fert  de  repaire  ou  de  marque  pour  ne  point  vui- 
der  toute  l'eau  ,  Se  en  conferver  toujours  huit  pouces 
fur  la  furface  du    pavé,    vers  le  milieu,  du  côté  du 
rempart.  Il  y  a  un  balcon  faillant  fur  l'eau  ,  au  bord 
duquel  font  deux  clefs ,  qui  descendent  jusqu'à  deux 
fou  papes ,  pour  les  ouvrir,  afin  de  laiffer  couler  l'eau 
dans  régeur.  Une  des  foupapes  a  dix-huit  pouces  d'ou- 
verture ,  Se  fe  raccorde  fur  un  tuyau  de  fer  de  même 
diamètre ,  qui   fort  par  un  aqueduc    voûté  fur  l'ali- 
gnement droit  de  l'égout  :  l'autre  foupape  n'a  que  fix 
pouces  de    diamètre  ;   elle  eft  auffi  raccordée  fur  un 
tuyau  de  fer  qui  a  fa  fortie  dans  le  foffé  le  long  du 
rempart,  afin  de  le  netroyer  jusqu'à  la  rivière,  à  cau- 
fe  des  égouts  de  la  rue  Sainr  Claude  Se  de  la  Roquet- 
te  qui  s'y  déchargent.   Aiivfi  on  n'éprouve  point  les 
desagrémens   de   la   mauvaife   odeur,   foit  à  droite, 
foit  à  gauche ,  depuis  l'entrée  de  la  rivière  dans  Pa- 
ris,  jusqu'à  fa   fortie;  les  deux  clefs  s'ouvrent  avec 
des  tourniquets  ;  il  y  a  une  décharge  de  fuperficie  qui 
vient  aboutir  dans  le  grand  égout.  Comme  les  eaux 
de?  fources  de   Belleville  n'auroient  pas  fuffi  pour  four- 
nir h  quantité  d'eau  néceflaire  ,  pour  remplir  le  ré- 
fervoir ,    on  a  conftruir  un    puits  de   douze  pieds  de 
diamètre,  dont  le  deffus  du  rouet,  qui  porte  la  ma- 
çonnerie ,  eft  de  fix  pieds  plus  bas  que  la  futface  des 
baffes  eaux  de  la  rivière  ,  mefurées  fur  celles  de  173 1. 
Les  fources  qui  s'y  rendent  font  fi  abondantes  ,  qu'el- 
les y  entretiennent  toujours  près  de  dix-fept  pieds  de 


PAR 


profondeur  d'eau.   Aux  deux  côtés  du  puits  on  a  bâti 
deux  machines  hydrauliques  ,  compofées  chacune  d'un 
rouet ,  d'un  arbre  debout ,  Se  d'un  autre  couché  avec 
fa  lanterne ,  de  deux  manivelles  de  bronze  ,  qui  font 
mouvoir  fix  corps  de  pompes  afpirantes  Se  refoulan- 
tes de  neuf  pouces  de  diamètre  ;  lorsque  ces  machi* 
nés  font  en  mouvement ,  par  le  moyen  de  deux  che- 
vaux de  chaque  côté ,  elles  donnent  foixante  Se  quin- 
ze coups  de  pifton  par  minute  ;  Se  les  piftons  en  forft 
fi  fidèles ,  que  fur  la  levée  de  quatorze  pouces ,   ils 
rendent   dix-huk    pintes   Se  demie   d'eau ,  mefure   de 
Paris,  par  chaque  coup  de  pifton  ;  Se  par  confequent 
fept   mille  muids   d'eau  par  vingt-quatre  heures.  Ces 
machines  ,  auifi  fimples  que  folides ,  font  de  la  corn- 
pofition  de  M.  Petitot ,  ancien  fecrétaire  du  gouverne- 
ment de  Lyon,   qui  a  fait  celle  des  Invalides.  L'an- 
cien égout  général  prenoir  fon  origine  au  bout  de  la 
rue  du  Calvaire ,  au  Marais ,  Se  lie  conrinuoit  en  tra- 
verfant  lesfauxbourgsdu  Temple,  de  Saint  Martin,  de 
Saint  Denis,  de  la  nouvelle  France,  de  Montmartre, 
des  Porcherons ,  de  la  Ville-l'Evcque  ,  du  Roule ,  les 
Champs  Elyfées,&  le  bas  de  Chaillot,  jusqu'à  la  ri- 
vière. Cet  égout  n'étoit  formé  que  dans  une  tranchée 
fouillée  dans  des  marais,  fans  aucune  maçonnerie,  ni 
pavé  ,   ce  qui  a  beaucoup  contribué  à  fon  encombre- 
ment &  à  faire  regonfler  .les  eaux  dans  Paris  ;  ce  fut 
en  1737  que  la  ville  prit  la  réfolution  de  reconftrui- 
re  ce  grand  égout  général  dans  toute  fa  longueur ,  Se 
la  plus  grande  partie  dans  un  terrein  nouveau  ,  pour 
conferver    un   écoulement  aux  eaux  descendantes  des 
dirférens  embranchemens  qui  aboutiffent  à  l'égonr  gé- 
néral ,  Se  en  même-tems  pour  éviter ,  autant  qu'il  fe* 
roit  poflîble ,  les  fouilles  à  travers  les  vafes  Se  les  ter- 
res infeétées,  Beaufire  le  fils-,  architecte  du  roi ,  maître 
général ,  controlleur ,    inspecteur    des  bâtimens  de  la 
ville ,  fut  chargé  de  lever  les  plans ,  de  marquer  les 
profils  généraux  ,   Se  les  nivellemens ,  pour  examiner 
la  pente  actuelle ,  Se  celle  qu'on  pourroit  régler.  La 
longueur,  fuivant  le  plan  général ,  a  été  arrêtée  à  trois 
mille  cent  fix  toifes  depuis  fon  commencement ,  à  la 
fortie  de  l'égout  de  la  vieille  rue  du  Temple ,  jusqu'à 
la  rivière ,  près  Se   au-deflus  de  la  Savonnerie.  Le  ni- 
vellement a  été  fait  plufieurs  fois,  Se  vérifié  avec  la 
dernière  exactitude.  Il  a  été  trouvé  dix-fept  pieds  on- 
ze pouces  dix  lignes  de  pente  depuis  le  fond  de  l'é- 
gout du  Calvaire  à  fa  chute  dans  le  grand  égour ,  jus- 
qu'à la  furface  des  baflès  eaux  de  la  rivière  de  Chail- 
lot obfervée  en    1719.   Cet  égout  a  été  conftruit  en 
maçonnerie    dans  toute  fa  longueur ,    avec  dalles  de 
pierre  en  canivau  au  fond ,  pofées  fur  des  plates-for- 
mes de  pierre,   au  lieu  de  maflif,   à  caufe  de  l'abon- 
dance des  fources  qui  l'auroient  empêché  de  faire  corps. 
Les  murs  des  deux   côtés  ont  quatre  à  cinq  pieds  de 
haut  ;  les  couronnemens  fervent  de  trotoir  pour  mar- 
cher le   long  de  l'égout  ,  Se  pour  en   faciliter  le  net- 
toyement.  On  a  pris  un  espace  de  trente-fix  pieds  de  large 
fur  toute  la  longueur  ;  le  vuide  de  l'égout  en  prend  fix 
pieds,  l'épaifleur  des  murs  cinq  ;  les  raluts  fix  de  chaque 
côté  ,Se  les  chemins  au-deflus  ont  chacun  fix  pieds  de  lar- 
ge; les  taluts  ont  été  réglés  pour  leur  hauteur  &  leur 
pente  fur  la  proportion  de  la  diagonale  du  carré.  On 
a  abandonné   l'espace  de   l'ancien  égout  aux  proprié- 
taires des  marais .  en  échange  du  terrein  qu'on  leur 
a  pris  pour  les  nouveaux   ouvrages.  Il  y  a  deux  pon- 
ceaux  avec  des  escaliers  de  pierre  pour  descendre  dans 
l'égout  Se  des  gargouilles  pour  l'écoulement  des  eaux. 
Les  lignes  font  droites  d'un  ponceau  à  un  autre ,   & 
fous  chacun  d'eux  il  y  a  une  banquette  pour  que   les 
balayeurs  n'ayent  point  le  pied  dans  l'eau.  Ceux  des 
ponceaux ,  qui  n'étoient  qu'en  charpente ,  ont  été  re- 
faits en  pierre;  on  a  raccommodé  les  uns;  on  a  élar- 
gi les  auttes ,  pour  la  commodité  des  voitures  publi- 
ques. Il  y  a  quatorze  vannes  espacées  à  peu  près  éga- 
lement, pour  retenir  les  eaux  qu'on  lâchera  par  éclu- 
fées ,  pendanr  qu'on  nettoyera  l'égout ,  ou  qu'on  y  fe- 
ra quelques  réparations,  ou  pour  fournir  de  l'eau,  s'il 
arrivoit  quelque  incendie  aux  environs  de  ces  quartiers- 
là.  La  première  de  ces  vannes  eft  fous  l'extrémité  de 
la  voûte  de  l'égout  du  Calvaire,  pour  empêcher  que 
les  eaux  n'y  entrent  en  fortant  du  réfervoir.  La  féconde 

eft 


PAR 


efl    au-deffus ,   &  près    rentrée   de  h  partie  voûtée, 
en  descendant   la  barrière  du   Temple.  La    troiliéme 
fous  l'extrémité  de  la  partie   voûtée  près  la  barrière. 
La  quatrième,  près  &  au-deffus  de  la  chute  de  l'em- 
branchement de  l'égout  de  la  Croix.  La  cinquième  , 
près  &  au-deffus  du  ponceau  Saint  Martin.   La  fixié- 
rne  ,    près  &  au-defliis  du  coude  que  forme  l'aligne- 
ment de  l'égout,  près  la  voirie  dufauxbourg  S.  Denis. 
La  fepriéme ,   près  &  au-deffus  du  ponceau  de  la  rue 
de  la  Nouvelle  France.  La  huitième ,  près  &  au-des- 
fus  du   ponceau  de  Montmartre.  La  neuvième,   près 
&  au-deffus  du  ponceau  du  chemin  de  la  grande  pin- 
te. La  dixième,  près  &  au-deffus  du  ponceau  de  la  ri  e 
de  l'Arcade  ,  derrière  la    Ville -l'Evêque.  La  onzième  , 
environ  au  milieu  de  la  largeur  ,  entre  les  ponceaux  de 
la  Magdeléne  &  celui  du  fauxbourg  S,  Honoré.  La  dou- 
zième, près  &  au-deiïus  du  ponceau  du  Roule.  La  trei- 
zième ,  près  &  au-deflus  du  ponceau  de  l'avenue  des 
Champs  Elyfées.  La  quatorzième ,  &  la  dernière ,  près 
&  au-deffus  de  l'entrée  de  la  partie  voûtée  ,  au  mur  des 
Fermiers  généraux  ,  à  la  ruelle  de  Chaillor.  Les  four- 
ces  qu'on  a  trouvées,  en  fouillant  les  terres,  font  d'un 
forr  bon   fecours  pour  l'égout  :  elles   le    rafraïchiffenc 
continuellement  par  une  nouvelle  eau;  on  leuralaiflé 
des  barbacannes  dans  les  aiîifes  courantes  pour  les  y  re- 
cevoir, On  a  pofé  les  deux  inferiptions  fuivantes  : 

DU  REGNE  DE  LOUIS  XV. 

De  la  quatrième  prévôté  de  meffire  Michel-Etienne 
Turgot ,  chevalier  ,  marquis  de  Sommons ,  feigneur  de 
Saint  Germain  fur  Eaulne  ,  Vaterville  &  autres  lieux, 
conj ciller  d'état  ;  de  l'échevinage  de  Pierre-Jacques  Eou  - 
cicault  ,  éctiyer ,  confcillcr  du  roi ,  quartinier;  Charles 
l'Evêque  ,  écuyer  ;  Louis- Henri  Ver  on  ,  écuyer  ,  confeil- 
ler  du  roi  &  de  la  ville  ;  Edme-Louis  Meny ,  écuyer, 
avocat  au  parlement ,  confcillcr  du  roi ,  notaire  ;  étant, 
Antoine  Mariait ,  écuyer ,  avocat  du  roi&  delà  ville  ;  J. 
B.  Julien  Taitùout ,  chevalier  de  l'ordre  du  roi ,  gref- 
fier en  chef;  Jacques  Boitcct ,  chevalier  de  l'ordre  du 
roi ,  receveur. 

Le  grand  égout  général  de  Paris  ,  qui  n'étoit  formé 
que  par  une  tranchée  ,  a  été  commencé  en  pierre  en 
1737 ,  dans  un  nouveau  terrein ,  depuis  la  rue  du 
Calvaire  ,  au  Marais ,  jusqu'à  la  rivière  près  Chail- 
lot ,  ainfi  que  fes  embrancijcmens  ,  les  pompes  &  le 
réfervoir  pour   laver   cet  égout,  qui  a  été  achevé  en 

1740. 

De  la  cinquième  prévôté  de  Meffire  Michel-Etien- 
ne Turgot  ,  chevalier  ,  marquis  de  Sousmons ,  çj-c. 
De  l'échevinage  de  Louis  le  Roi  de  Foteuil ,  écuyer, 
ccnfeiller  du  roi ,  quartinier  ;  Thomas  Germain  ,  écuyer, 
orfèvre  ordinaire  du  roi  ;  Jean-Jofcph  Sainfray  ,  écuyer, 
confeiller  du  roi  &  de  la  ville,  notaire;  Michel  l En- 
fant ,  écuyer  :  étant ,  Antoine  Moriau ,  écuyer ,  pro- 
cureur &•  avocat  du  roi  cr  de  la  ville  ;  J.  B.  Julien 
Taitùout ,  greffier  en  chef  ;  Jacques  Boucot ,  chevalier 
de  l'ordre  du  roi ,  receveur. 

Cet  ouvrage  a  été  exécuté  fur  les  dejfeins  &  fus  la 
conduite  de  M.  J.  B.  Augitjlin  Beaufire ,  confeiller , 
architeele  du  roi,  maître- général ,  controlleur-infpethur 
des  bâtimens  d.e  la  ville. 

Seconde  Infcription  : 

Les  12   14  &  16  Juillet  1740. 

Le  Roi ,  la  Reine  &  mo?feigneur  le  Dauphin  allant  à 
Compiégnc ,  font  venus  vifîter  le  réfervoir  &  les  ouvra- 
ges du  grand  égout ,  ont  vu  enfuite  leau  du  réfervoir 
entrer  dans  l'égout ,  &  y  couler  avec  une  grande  ra- 
pidité. 

Leurs  Majeflés  &  monfeigneur  le  Dauphin ,  s' étant 
arrêtés  à  la  grille  du  fauxbourg  Saint  Martin ,  ont  vu 
t effet  des  vannes  &  la  force  de  l'écoulement  de  l'eau. 

Infcription  propofée  : 

Le  1 2  Juillet  le  Roi  partant  de  Choifi-le-Roi ,  les  \^la 
Reine,  &  \6  fuivans  ,  monfeigneur  le  Dauphin,  des- 
cendant de  Yerfâillfs  par  Paris  pour   aller  à  Compié- 


PAR       8oî 

gne  ,  font  venus  vifîter  le  réfervoir  &  lef  ouvrages  dit 
grand  égout,  ont  vu  la  f ortie  &  l'écoulement  rapide 
de  l'eau  du  réfervoir  dans  l'égout. 

Leurs  Majeflés  &  monfeigneur  le  Dauphin  ,  conti- 
nuant leur  chemin  par  le  fauxbourg  de  Saint  Martin , 
fe  font  arrêtés  à  la  grille  pour  examiner  l'effet  des  van- 
nes &  l'impétuojïté  de  l'eau. 

La  rue  Saine  Louis    cft  une  des  plus  belles  de  Pa- 
ris ,  par  fa  largeur  &  fa  longueur.  La  plupart  des  mai- 
fons  en  font  grandes  &  bien  bâties,  particulièrement 
l'hôtel  de  Boucherai ,  dont  les  appartemens  font  fpa- 
cieux,  avec  un  jardin  d'une   très-grande  étendue.  Les 
filles  du  Saint  Sacrement  occupent  une  grande  mai- 
fon  près  de  cet  hôtel.  Il  y  en  a  plufieurs  autres  d'u- 
ne fort  agréable  fymmétrie  jusqu'à   la  Place  Royale. 
Toutes  les   maifons   de  ce  grand  quartier  ,    nommé 
communément  le  Marais,  excepté  le  Temple,  &  vm 
fort  petit  nombre  d'autres  édifices  ,    font  des  ouvra- 
ges du  dix-feptiéme   fiécle.  Le   terrein  qu'elles    occu- 
pent,  étoit  autrefois  rempli  de  grands  marécages,  cau- 
fés  par  les  débordemens  de  la  Seine.  Ces  marécages 
qui  s'étendoient  jusque   dans  cet  endroit ,  furent  con- 
vertis depuis  en  jardins ,  qui  fourniffoient  la  ville  de 
Paris  d'herbes   potagères.  Plufieurs   rues   de  ce  beau 
quartier  fe  terminent  à  la  rue  de  Saint  Antoine  ,  l'u- 
ne des  plus  longes  ôc  des    plus  belles  de   la  ville  , 
dellinée  aux  cortèges  &  aux  entrées  des  ambafiadeurs, 
qu'on  va  prendre  avec  les  carroffes  du  roi ,  dans  une 
fale  du  couvent  des  religieux  de  Picpus ,  ou  dans  une 
maifon  près  de    ces  religieux.   Ce  fut    par  cette    rue 
que    la     feue    reine    Marie-Thercfe  d'Autriche    fit  fa 
première  entrée  le  16    d'Août  1660.  Dans  les  fiécles 
précédens  les  rois  y  faifoient  leurs  courfes  de  bagnes, 
leurs  joutes  &  leurs  tournois,  qui  ont  ceffé  en  Fran- 
ce depuis  le  malheureux  accident  arrivé  à  Henri  II , 
l'an   1  j 5-9.  La  place  de  Grève,  par  où  l'on  peut  di- 
re que  cette  grande  rue  commence  ,  efl  une  des  plus 
remarquables  de  Paris.  C'étoit  anciennement  un  grand 
terrein  inutile,  furlequel  la  rivière  jettoit  quantité  de 
fable  &  de  gravier  ,  ce  qui  lui  a  fait  fans  doute  donner 
le    nom  qu'elle  porte  ;    mais  depuis    que  le  pavé  de 
Paris    a  été  rehauffé  ,    8c  que  l'on    a  fait    des    quais 
pour  renfermer  la  rivière  dans  fon  lit ,  ces  fottes  d  in- 
ondations  ont  été    moins  incommodes.  La  place    de 
Grève    étoit  la    feule  où  l'on    donnoit  des  fpeétaclts 
publics  de  réjouiflances.  Voyez.  Pont  Neuf.  On  y  faic 
un   feu  d'artifice  tous  les  ans  la  veille  de  la  fete  de 
faint  Jean-Baptifie.  C'eft  aufiî  dans  cette  place  qu'on 
exécute  la  plupart  des  criminels ,  qui  font  condamnés 
à  mort.  Sa  face  principale  efl.   occupée  par  l'hôtel  de 
Ville ,  grand  bâtiment  orné  d'une  architecture  qui  fe 
fent  beaucoup  du  gothique ,  quoiqu'il  foit  revêtu  de 
colonnes  corinthiennes,   élevées  fur   des    piedeflaux  „ 
qui  foutiennent  des   corniches  en  avant-corps ,   de  un 
baluflre  régnant  fur  le  comble.  Par  la  lecture  des  re- 
giflrcs   de  l'hôtel  de   Ville  ,   on  conclura  qu'avant  fi* 
confiruction   dans   l'état  où  il  efl,  il  y  en  avoit  déjà 
un  à  la  même  place  ,  quoiqu'il  foit  certain  d'ailleurs 
que  l'hôtel  de  Ville  n'a  pas  toujours  été  où  il  efl  au- 
jourd'hui. L'infcription  fuivante ,  gravée  fur  une  lame 
de  cuivre,  qui  efl  enfermée   dans  la  première  pierre 
du   bâtiment,    prouve  que  ce   fut   fous   le    règne   de 
François  I  que  fut   édifié    fur   un   plus  grand   espace 
l'hôtel  de  Ville. 

Jaila  f uer tint  hxc  fundamenta  anno  Domini  M.  D. 
XXXIIl.  Die  XV.  menfîs  Julii  fub  Francisco  I.  Fran- 
coritm  Rege  Chrijlianijfimo  &  Petro  Viole ,  ejusden* 
Régis  confïliario  ac  mercatorum  hujusce  civitatis  Par- 
rhifu  prxfeélo ,  adilibus  ,  confulibus  ac  cabinis  Ger- 
vafto  Larcher ,  Jacobo  Bourfier  ,  Claudio  Daniel ,  ç$\ 
Johanne  Bartholomœo 

Ces  mêmes  regiflres  prouvent  clairement  que  ce  ne 
fut  point  François  I ,  qui  pofa  la  première  pierre , 
mais  le  corps  de  ville  en  cérémonie.  L'ouvrage  fut 
continué  fous  Henri  II ,  fon  fucceffeur.  On  fe  fervic 
d'un  Italien  nommé  Dominique  Cortone ,  qui  n'éroit 
pas  des  plus  entendus  dans  les  proportions  de  la  bel- 
le architeéture.  L'ouvrage  fut  fini  en  i6oj  fous  la 
prévôté  des  marchands  de  François  Miron,  qui  étoit 
en  même  tems  lieutenant  civil.  Sur  la  porte  de  l'hô- 
Tom.  IV.  I  i  i  ii 


Soi      PAR 

tel  de  Ville,  on  a  placé  la  ftatue  équeftre  du  roi 
Henri  IV,  à  demi-bofie  ,  en  couleur  de  bronze,  fui- 
un  fond  de  marbre  noir  i  l'ouvrage  elt  de  Pierre 
Biard  ;  il  a  voulu  imiter  le  cheval  de  Marc  Aurele  du 
Capitole  :  on  lit  au-deflus  de  la  porte  l'infcription 
fui  van  te: 

SUB    LUDOVICO  MAGNO  FCELICITAS  URBIS. 

La  cour  eft  petite,  entourée  de  bâtimens,  foute- 
nus  fur  des  arcades,  dont  l'oruonnance  elt  d'un  goût 
médiocre  &  d'une  maçonnerie  maflive  -,  fous  un  arc 
du  fond,  on  a  placé  une  ftatue  de  bronze  de  Louis 
XIV  ,  habillé  à  la  romaine.  L'ouvrage  elt  de  Coyze- 
vox  ;  elle  eft  élevée  fur  un  piedeltal  de  marbre  blanc, 
dont  les  faces  font  chargées  de  bas- reliefs,  qui  repré- 
fentent  divers  fujets  à  la  gloire  de  ce  prince,  avec 
l'infcription  fuivante  : 

LUDOVICOMAGNO, 

VICTORIPERPETUO, 

SEMPERPACIFICO, 

ECCLESl/E  ET  REGUM  DIGNITATIS 

ASSERTORl, 

PRyEFECTUS  ET  EDILES 

STERNUM  HOC  FIIlEI , 

OBSEQUENTLE,  PIETATIS 

ETMEMORIS  ANIM1 

MONIMENTUM  FOSUERUNT 

ANNOR.S.H. 

M.  DC.  LXXXIX. 

L'arc  eft  orné  d'incruftations  ou  de  placages  de  mar- 
bre &  de  deux  colonnes  ioniques,  dont  les  chapiteaux , 
les  foubaffemens  ik  les  autres  fculptures  font  de  métal 
doré.  Ilyavoit  auparavant  une  autre  figure  de  marbre 
de  même  hauteur,  qui  étoit  de  Guerin  :  elle  a  été  don- 
née au  préfident  de  Fourcy ,  alors  prévôt  des  marchands. 
Les  inferiptions  gravées  en  lettres  d'or  fur  une  frife  de 
marbre,  qui  règne  autour  de  la  cour ,  font  la  mémoi- 
re ces  principaux  événemens  du  règne  de  Louis  XIV 
&  de  Louis  XV. 

Pour  rendre  l'entrée  de  la  Grève  plus  commode  ,  l'on 
a  percé  un  chemin  depuis  le  Ponr  Notre  Dame  jusqu'à 
cette  place ,  le  long  de  la  rivière  ,  &  il  a  été  revêtu 
d'un  beau  quai  de  pierres  de  caille  ,  où  l'on  a  fait  un 
trotoir  de  fix  pieds  de  large  ,  qui  elt  presque  tout  por- 
ré  fur  une  vouffure  ,  ouvrage  d'une  grande  hardiefie  ;  ce 
qui  élargit  le  quai  fans  rétrécir  le  lit  de  la  rivière.  Ce 
quai  elt  nommé  le  Quai  Pelletier,  à  caufe  qu'il  a  été 
entrepris  fous  la  prévôté  de  Claude  le  Pelletier,  ci- 
devant  controlleur  général  des  finances. 


PAR 


beaux  morceaux  d'architecture  que   l'on  puifle  voir.  Il 
eft  compofé  des  trois  ordres  grecs  l'un    fur  l'autre  ,  le 
dorique  ,  l'ionique  &  le  corinthien ,  dont   les  propor- 
tions font  fi  régulières, qu'il  n'y  a  rien  de  plus  achevé  ni 
de  plus   parfait   dans  les  ouvrages   modernes   les  plus 
fomptueux.  Ces  trois  ordres  enfemble  font  une   fabri- 
que de  vingt-fix  toifes  de  hauteur  ,  qui  offre  à  la  vue 
un  très-grand  objet  ;  ce  magnifique  portail  fut  achevé 
en  1617.  Ce  fur  Louis  XIII  qui  y  mit  la  première  pier- 
re. Le  corps  de  l'églife  eft  allez  bien  bâti  dans  le  goûc 
gothique  ^elle  a  fes  voûtes  tout  à  fait  élevées ,  avec  des 
bas-côtés  ik  des  chapelles  tout  à  l'cntour;  mais  l'intérieur 
en  eft  trifie  &  fort  obscur.  Derrière  le  chœur ,  dans  une 
chapelle  à  main  droite ,  eft  le  tombeau  de  Michel  le  Tel- 
lier,  chancelier  de  France,  mort  le  30  d'Octobre  1685. 
Son  maufolée  elt  tout  de  marbre,  orné  de  feuillages  & 
d'autres  chofes  femblables  de  bronze  doré.  Il  a  été  con- 
duit par  Mazeline  &  Utrclle  ,  fculpteurs  de  l'académie. 
Matthieu  de  Longuejoue,  ficur  d'Iverny,  éveque  de  Sois- 
fons  ik  garde  des   fceaux  ■■,  Philippe   de  Champagne, 
peintre  fameux  -,  Charles  du  Fresne  ,  fieur  du  Cange  , 
auteur  du  gloflaire  ;  Charles-Maurice  le  Tellier ,  arche- 
vêque de  Reims  ■■,  le  chancelier  Louis  Boucherar  ■■,  Pierre 
Durier  -,  Roi  Marin  de  Gomberville  ;  Abraham-Nicolas 
Amelot  de  la  Piouflhye  ;  Claude  le  Pelletier,  controlleur 
général  des  finances  &  Paul  Scarron  font  enterrés  dans 
cette  églife.  En  foirant,  on  paile  devant  le  cimetière  Saint 
Jean;  l'hôtel  de  Pierre  de  Craon  ,  qui  voulut  faiie  as- 
faffiner  le  connétable  Olivier  de  Clilïbn  ,  fous  le  règne 
de  Charles  VI ,  étoit  autre  ois  en  ce  lieu.  Pour  puni- 
tion de  cet  attentat  ,  fa  mailbn  fut  entièrement  détruite, 
&  on  donna  la  [lace  qu'elle  occupoit  à  la  paroifte  de 
Saint  Jean  -,  pour  en  faire  un  cimetière  ,  qui  a  été  con- 
verti depuis  en  un  marché  public  ,  l'un  des  plus  grands 
de  toute  la  ville.  Enluite  après  quelques  pas,  on  trou- 
ve à  main  droite  la  rue  de  Joui ,  dans  laquelle  font  les 
hôtels  d'Aumont  &  de  Fourcy.  L'architectiue  du  pre- 
mier eft  fort  eftimée.  L'hôtel  de  Fourcy  eftunbânmenc 
gothique  ,  qui  a  toutes  les  commodités  qu'on  peutdefi- 
rer.  En  reprenant  le  chemin  de  la  rue  Saint  Antoine , 
on  découvre  l'hôtel  de  Beauvais ,  dont  la  face  eft  ornée 
de  quantité_de  moulures  &  de  boflages  ,  avec  trois  bal- 
cons. De  l'autre  côté  eft  l'églife  du  petit  Saint  Antoine, 
qui  eft  très-obscure.  Elle  a  fervi  autrefois  à  un  hôpital , 
&  appartient  aujourd'hui  à  une  communauté  de  cha- 
noines réguliers ,    qui  fervoient   les  malades  dans   le 
tems  qu'il  y   en  avoir.  Cet  hôpital  étoit  deltiné  pour 
une  espèce  de  maladie  épidémique  ,  appelle  le  feu  Saine 
Antoine,  qui  a  duré  en  France  pendant  quatre  ou  cinq 
fiécles.  L'hôtel  de  Saint  Paul  eft  à  l'extrémité  d'une  pe- 
tite rue  qui  s'y  termine.  On  croit  que  les  rois,  avant 
François  I,  y  ont  demeuré.  D'autres  prétendent  que  le 
palais  des  Tournelles  fut  ainfi  nommé  avant  qu'il  eut 
été  rebâti  par  le  même  roi ,  qui  y  fit  mettre  quantité 


Delà  Grève,  après    avoir  pafTé  fous  une  arcade,  on 
vient  à  l'églife  de  Saint  Jean.  C'étoit  une  chapelle  dé- 
pendante de  Saint  Geivais, bâtie,  comme  on  la  voit ,  fous     de  petites  tours  fur  les  murailles.  Cet  hôtel  n'a  rien  qui 
le  règne  de  Charles  le  Bel  en  1326.  La  voûte  qui  fou-     mérite  une  attention  particulière.  L'églife  qui  apparte- 

noit  aux  Jéfuites ,  l'une  des  mieux  décorées  de  Paris, 
elt  dédiée  à  faint  Louis.  L'infcription  gravée  fur  la  pre- 
mière pierre  qui  fut  pofée  par  Louis  XIII ,  accompagné 
de  François  de  Gondy  ,  premier  archevêque  de  Paris, 
en  eft  une  preuve  fans  réplique  : 


tient  les  orgues,  elt  d'un  trait  tout  à  fait  hardi,  ad- 
miré de  tous  les  architectes  ,  à  caufe  de  fon  étendue. 
L'hôpital  du  Saint  Efprit ,  qui  a  fa  principale  entrée 
dans  la  Grève  ,  en  a  une -autre  du  côté  de  cette  églife, 
ôc  renferme  des  Enfans  Bleus.  Il  fut  établi  vers  l'an 
1362,  par  les  charités  de  plufieurs  perfonnes  pieu  fes  , 
qui ,  touchées  de  la  mifeie  d'un  grand  nombre  d'en- 
fansqui  mouroient  de  faim  ,  achetèrent  une  maifon  Se 
une  grange  en  la  place  de  Grève ,  proche  1  hôtel  du 
Dauphin,  où  eft  à  préfent  l'hôtel  de  Ville  ,  pour  y  re- 
tirer ôc  nourrir  ces  malheureux  orphelins.  Après  qu'ils 
y  eurent  fait  conftruire  une  chapelle ,  ils  obtinrent  de 
Jean  de  Meulan  ,  évêque  de  Paris,  la  permiffion  d'y 
établir  une  confrérie  du  Saint  Efprit ,  pour  exciter  les 
fidèles  à  vouloir  contribuer  à  l'entretien  de  cet  hôpital. 
L'an  1406,  les  adminiltrateurs  de  cette  confrérie,  fi- 
rent bâtir  l'églife  que  l'on  voit  préfentement.  Elle  fut 
bénite  l'an  1415  ,  le  quatre  Août,  par  Gérard  de  Mon- 
tagu,  évcqne  de  Paris  ,  ôc  dédiée  le  16  Juillet  IJ03. 
Cet  hôpital  où  on  ne  reçoit  que  des  enfans  légitimes , 
natifs  de  Paris  ,  s'eft  beaucoup  accru  depuis  ce  tems. 
L'églife  de  Saint  Gervais,  qu'on  trouve  un  peu  plus  avant , 
eft  une  des  plus  anciennes  paroines  de  Paris.  Son  por- 
tail eft  magnifique ,  &   confidéré  comme  un  des  ph;s 


D.     O.     M. 
S.   Ludovico 

QUI   TOTUM    ORBEM    IN     TEMPLUM 

EE1   ARMIS  ,    AN1MOQUE  DtSTINAVIT 

Ludovicus  XIII. 

HOC   TEMPLUM  EREXIT  : 

UT    QUEM   GALLIA    COLUIT    UT 

REGEM  ,    AMAVIT   UT    PATREM  , 

HIC    VENERETUR    UT   C/ïLITEM. 

ANNO    M. DCXXVH. 

Elle  eft  bâtie  à  la  moderne,  avec  un  grand  dôme  à  pans 
qui  s'élève  au-deiïus  ,  ik  que  l'on  voit  de  fort  loin  i 
c  eft  le  premier  qu'on  a  lait  à  Paris  ;  elle  a  éré  finie  en 
1641.  Toute  l'architecture  ,  qui  paroît  dans  cet  édifice  , 
elt  de  l'ordre  corinthien.  Le  portail  n'eft  plus  à  un 
point  de  vue  fi  avantageux  ,  depuis  qu'on  a  conftruit  la 
fontaine  vis-à  vis  de  la  Culture    Sainte  Catherine  :  ce 


PAR 


portail  eft  compofc  de  trois  ordres  l'un  fur  l'autre  , 
de  deux  corinthiens  &  d'un  compofite  ,  dont  les  co- 
lonnes font  engagées  dans  le  mallif  du  bâtiment  envi- 
ron de  la  quatrième  partie.  Cette  fabrique  fait  à  peu 
près  vingt-deux  toifes  de  hauteur  ,  fans  comprendre 
plufieurs  degrés ,  fur  lesquels  tout  l'ouvrage  eft  élevé. 
Dans  la  frife  du  premier  ordre  ,  on  voit  par  cette  au- 
tre infeription  ,  fur  un  carreau  de  marbre  noir  ,  que 
le  cardinal  de  Richelieu  a  donné  de  quoi  élever  ce 
frontispice. 

S.  Ludovico  REGI  , 

LUDOVICUS  XIII.   REX  BASILICAM  : 

Armandus   CARDINALIS  DUX   Dfc 

Richelieu,  basilics  frontem 

p.  1634. 

Ail-dedans  eft  une  galerie  qui  règne  fur  toutes  les  chd- 
pelles ,  de  même  qu'une  baluftrade  de  fer  fur  la  grande 
corniche  ,  à  la  faveur  de  laquelle  on  peut  aller  tout 
autour  de  l'églife.  Le  grand  autel  eft  orné  de  deux  ordres 
de  colonnes  corinthiennes  de  marbre  noir  de  Gènes , 
dont  les  chapiteaux  Se  les  foubafïemens  font  de  bronze 
doré  ,  avec  un  attique  fur  le  corps  du  milieu  ,  au  haut 
duquel  on  a  mis  un  grand  crucifix.  La  Vierge  eft  d'un 
côté  ,  faint  Jean  de  l'autre ,  &  la  Magdeléne  aux  pieds. 
Les  autres  figures,  qui  fervent  d'ornement  à  cet  autel  , 
font  faint  Charlemagne ,  faint  Louis ,  faint  Ignace  ëc 
faint  François  Xavier.  Le  tabernacle  étoit  d'argent ,  en- 
richi de  feuillages  &  d'ornemens  de  vermeil.  Cet  autel  pa- 
roiflbit  encore  embelli  dans  les  grandes  fêtes  d'un  très- 
grand  nombre  de  reliquaires ,  de  vafes  d'argent ,  de  chan- 
deliers 8c  de  girandoles.Toutes  ces"  pièces  étoient  d'atgent 
ou  de  vermeil.  On  y  voyoit  un  grand  foleil  de  vermeil , 
enrichi  de  diamans  ôc  de  grottes  perles  d'un  très-grand 
prix ,  orné  de  huit  petits  chérubins  d'or.  Toutes  les 
chapelles  font  ornées  de  corps  d'architecture  ,  avec  des 
colonnes  de  marbre.  A  côté  du  grand  autel ,  à  main 
gauche,  fous  une  des  arcades,  eft  le  cœur  de  Louis 
XIII,  fourenu  par  deux  anges  d'argent  de  grandeur  na- 
turelle ,  fous  une  couronne  de  vermeil  ;  la  draperie  des 
anges ,  le  cœur  &r  quelques  autres  ornemens  font  aufli 
de  vermeil.  Quatre  bas-reliefs  de  marbre,  qu'on  voit 
fur  les  jambages ,  dont  l'arcade  eft  foutenue  ,  repré- 
fentent  les  quatre  vertus  cardinales  dans  des  ovales. 
On  y  lit  les  inferiptious  fui  van  tes  du  côté  le  plus  pro- 
che de  l'autel  : 

AUGUSTISSIMUM 

Ludovici  XIII. 

JUSTI  REGIS  , 
BASlLIC/E  HUJUS 
FUNDATORIS 
MAGNIFICI 

COR 

ANGELORUM  HIC 
IN    MANIBUS  , 

IN  COELO 
IN  MANU  DEI. 

Et  de  l'autre  côté  on  lit  fur  une  table  de  marbre  blanc , 
en  lettres  noires  : 

Serenissima 

Anna  Austriaca 

Ludovici  xiv. 

regis  mater 

et  regina  regens 

PRjCDILECTI 
CONJUGIS    SUI 
CORDI    REGIO 
AMORIS    HOC 
JlONUMENTUM    POSUlT 
ANNO  salutis 
M.    DC.    XL1II. 

Sous  l'arcade  du  côté  de  l'épitre  ,  eft  le  cœur  de  Louis 
XIV  ,  foutenu  comme  celui  de  Louis  XIII.  On  lit  fur  le 
côté  le  plus  proche  de  l'autel  : 

Régi  s^culorum 

1mmortali 

Ludovicus  XtV. 

ÎRANCI^t  ET  NAVARRE   REX 


PAR        803 

REBUS , BELLO  ET   PACE 

PER   ANNOS  TRES  ET  SEPTUAGINTA 

FORTITER  ET   RELIGIOSE    GEST1S 

ORBIS   SUFFRAGIO    MaGNUS  , 

COR    SUUM 

PATERNO  EXEMPIo 

HAS  PIANDUM  AD    ARAS 

DEPONI  MORIENS  JUSSIT, 

DIE  PRIMA  SEPTEMBRE 

ANNO    CHRISTI 

M.    DCC.  XV. 
vtTATIS    LXXVH. 

De  l'autre  côté  ,  vis-à-vis ,  on  lit  : 

Ludovico  magno 

justi  filio 

Philippus  , 

aurelianensium  dux, 

justi  nepos  , 

Imperium  gallicum 

pro  ludovico  xv. regens , 

HOC 

REGIARUM  VIRTUTUM  TROPH^UM 

AD    POSTER1TATIS 

MEMORIAM   F.T   EXEMPLUM 

DIGNA  UTROQUE   MUNIFICENTIA 

CONSECRAVIT> 

ANNO  CHRISTI 

M.   DCC  XX. 

Sous  la  coupole  ,  du  même  côté  ,  eft  le  fomptueux  mo- 
nument de  Henri  de  Bourbon  ,  prince  de  Condé  ,  fous 
lequel  eft  fon  cœur,  ainfi  que  celui  de  Louis  de  Bour- 
bon fon  fils,  mort  en  1686  ,  fur  lequel  on  lit  :  Ici  eft 
le  cœur  de  très-haut ,  très-puijfant  &  très-magnanime 
Prince,  Louis  de  Bourbon  ,  Prince  de  Condé,  Premier 
Prince  du  Sang  ,  décédé  à  Fontainebleau  le  2  Décembre 
1 686,  âgé  de  65  ans  &  trois  mois.  On  y  a  pofé  dans  la 
fuite  celui  de  Henri-Jules  de  Bourbon ,  fur  lequel  on  lit  : 
Ici  eft  le  cœur  de  très-haut ,  très-puijjant  &  très-magna- 
nime Prince ,  Henri- Jules  de  Bourbon  ,  Princede  L'onde, 
premier  Prince  du  Sang ,  âgé  de  65  ans  huit  mois  &■ 
deux  jours,  décédé  à  Paris  le  premier  Avril  1709} 
celui  de  Louis  de  Bourbon  ,  fur  lequel  on  lit  :  Ici  ejt  le 
cœur  de  très-haut ,  très-puijjant  &  magnanime  Prince, 
Louis  de  Bourbon ,  troifiéme  du  nom  ,  Prince  de  Con- 
dé,  Prince  du  Sang  ,  décédé  à  Paris  le  4  Mars  1710, 
âgé  de  41  ans  4  mois  &  23  jours  ;  celui  de  M.  le  duc  , 
fur  lequel  on  lit  :  Ici  eft  le  cœur  de  très-haut ,  très-puis- 
fant&  très-excellent  Prince  ,  Monfcigneur  Louis-Hen- 
ri ,  Duc  de  Bourbon  ,  Prince  de  Condé ,  Prince  du 
Sang  ,  Duc  d'Enghien  &  de  Guife ,  Pair  &  Grand- 
Maître  de  France ,  Gouverneur  &  Lieutenant  Géné- 
ral pour  le  Roi  en  fes  Provinces  de  Bourgogne  &  Bres- 
fe ,  Chevalier  Cemmendcur  des  Ordres  du  Roi ,  & 
Chevalier  de  la  Toifon  d'Or  ,  décidé  à  Chantilly  le 
Mercredi  27  Janvier  1740,  à  midi  &  un  quart  ,  âgé 
de  47  ans  /inq  mois  dr  neuf  jours.  Toute  l'arcade  pio- 
che de  la  magnifique  chapelle  des  princes  de  Condé  , 
du  côté  de  l'épitre,  eft  très- bien  ornée  en  marbre.  Sur 
une  table  de  marbre  noir  encadrée  dans  une  bordure 
ovale  de  cuivre  doré,  il  y  a  une  infeription  latine  à 
la  mémoire  de  ces  deux  princes. 

On  voit  quatre  vertus  de  bronze,  de  grandeur  na- 
turelle aïïifes  fur  des  piedeftaux  avec  des  bas-reliefs 
auffi  de  bronze,  qui  repréfentent  des  triomphes  tirés 
de  l'ancien  teftament.  Aux  deux  côtés  de  l'ouverture , 
font  deux  génies ,  dont  l'un  tient  un  bouclier  où  font 
les  armes  de  Bourbon  ,  &  l'autre  une  table  fur  laquelle 
on  a  gravé  une  infeription. 

Dans  la  même  chapelle  ,  au  lieu  d'un  tableau  dans 
le  milieu  de  l'autel,  on  a  mis  un  crucifix  de  bronze, 
avec  faint  Ignace  à  genoux  fur  un  fond  de  marbre  de 
Dinan.  Ces  figures  font  à  demi-relief  &  allez  bien  des- 
finées.  Sur  le  fronton  paroiflent  deux  grands  anges  aus- 
fi  de  bronze  ,  qui  tiennent  un  nom  de  Jefus  enfermé 
dans  un  foleil,  dont  les  rayons  font  dorés.  De  l'autre 
côté  de  la  chapelle  des  princes  de  la  maifon  de  Condé  , 
dans  le  pilier  de  la  croifée ,  auprès  de  la  bakiftrade 
Tem.  IV.  1  i  i  i  i  ij 


PAR 


804 

qui  enferme  le  fandtuaire  ,  eft  le  cœur  de  M.  le  duc  du 
Maine.  On  lit  fur  une  table  de  marbre  noir  ,  enca- 
drée dans  une  bordure  de  marbre  de  couleur  : 

ICI 

Eft  le  cœur  de  très-haut,  très-puijjant 

&  très-excellent  Prince , 

LOUIS  AUGUSTE  DE   BOURBON, 

DUC  DU  MAINE, 

Prince  légitimé  de  France  ,  par  la  Grâce 

de  Dieu ,  Prince  Souverain  de  Dvmbes  , 

Pair  de  France  ,  Duc  d'Aumale  ,  Comte  d'Eu, 

Commendeur  des  Ordres  du  Roi, 

Lieutenant  Général  defes  Armées , 

Colonel  Général  des  Suijfes  &  Grifons  , 

Gouverneur  &  Lieutenant  Général 

pour  Sa  Majefté , 

Dans  fes  Provinces 

Du  haut  &  bas  Languedoc  , 

Grand  Maître  &  Capitaine 

Général  de  lArtillerie  de  France  , 

Décédé  en  [on  Château  de  Sceaux  , 

Le  quatorze  Mai  de  l'année  I73<S> 

Agé  de  C6  ans. 

Priez.  Dieu  pour  lui. 

La  bibliothèque  de  cette  maifon  étoit  avantageufement 
placée  &  fort  ornée  -,  les  livres  y  étoient  au  nombre  de 
plus  de  vingt-deux  mille  volumes,  dont  plufieurs  ve- 
noient  du  cardinal  de  Bourbon ,  qui  en  laiffa  grand 
nombre  par  fon  teflament.  On  eftime  entre  autres  un 
martyrologe  formé  d'un  recueil  presqu'infini  d'eftam- 
pes  qui  reptéfentent  les  faints  de  l'année  ,  avec  les  prin- 
cipaux événemens  de  leurs  vies.  11  y  en  a  beaucoup 
qui  font  des  plus  grands  maîtres.  Gilles  Ménage  & 
Daniel  Huet,  évêque  d'Avranches ,  avoient  aufli  don- 
né leurs  livres  pour  augmenter  cette  bibliothèque.  11  y 
avoit  pareillement  une  très-belle  fuite  de  médailles, 
augfltentée  de  celles  du  père  de  la  Chaife  ,  confefleur 
du  roi.  Entre  les  plus  illuftres  qui  ont  patu  avec  éclat 
en  différens  genres  dans  cette  compagnie  ,  on  compte 
les  PP.  Claude  Menellrier ,  qui  a  donné  de  grands 
échucifTemens  fur  le  blafon  ;  Daniel  de  qui  nous  avons 
une  très  bonne  hiftoire  de  France  ;  Louis  Bourdaloue  , 
célèbre  prédicateur;  Gaillard,  autre  prédicateur;  de  la 
Rue  ,  célèbre  par  fon  érudition  ,  &c. 

Vis-à-vis  de  cette  ancienne  demeure  des  Jéfuites  eft 
la  rue  de  la  Couture  ou  de  la  Culture  Sainte  Cathe- 
rine ,  appellée  ainfi  d'une  églife  de  ce  nom  ,  que  l'on  y 
trouve.  La  porte  eft  ornée  d'architecture  en  pilaftres , 
entre  lesquels  il  y  a  des  ftatues  &   des  bas-reliefs  au- 
deffus ,  qui  font    un  très-bel  effet  ,  avec   un  portique 
foutenu   de  deux  colonnes  de  la  même   ordonnance. 
Elle  fut  bâtie  du  rems  de  fiiint  Louis ,  aux  dépens  de 
quelques  officiers  de  fa  maifon  ,  qui  faifoient  entre  eux 
une  espèce  de  confrérie.   On  y  voit  les  tombeaux  de 
Pierre  d'Orgemont ,  chancelier  ,  qui  vivoit  fous  le  rè- 
gne   de    Charles    V  ,  &    celui  de  René  de  Birague , 
Cardinal ,  auflî  chancelier  de  France.  Il  jnourut  l'an 
1  $8}  ,  &  le  roi  Henri  III  lui  fit  l'honneur  d'afiîfter  à 
fes  funérailles.  Son  tombeau  eft  en  entrant  dans  une  cha- 
pelle à  main  droite.   Les  chanoines  réguliers  de  l'or- 
dre de   faint  Augultin,   de  la  Congrégation   de  Fran- 
ce ,  occupent    cette   maifon     depuis  très  -  long-rems. 
La  Place  Royale  doit  fon  commencement  à  plufieurs 
particuliers,  qui  la  firent  conftruire  en  1604.  Les  mai- 
fons  qui  la  forment  font  toutes   d'une  même  fymmé- 
trie,  &  elles  ne    furent  achevées  qu'en    1630.  Cette 
Place  occupe  le  même  lieu  qui  avoit  fervi   de  jardin 
au  palais  des  Tournelles,  fitué  du  côté  du  rempart, 
où  François  I  ,  &  quelques  rois  fes  prédéceffeurs  avoient 
tenu  leur  cour.  Catherine  de  Médicis  le  vendit  à  plu- 
fieurs particuliers,  qui  élevèrent  les  maifons  que  l'on 
y  voit  à  préfent  ;  &  la  rue  des  Tournelles  ,  qui  règne 
proche  du  rempart,  en  a  retenu  le  nom.  La  Place  Royale 
eft  parfaitement  carrée  &  compofée  de  trente-fix  pavil- 
lons élevés  d'une  même  ordonnance,  dont  la  maçon- 
nerie  eft    de  brique  ,  avec  des   chaînes  de  pierres  de 
taille  ,  qui  régnent  fur  une  fuite  d'arcades  fort  baffes  , 
(bus  lesquelles  on  peut  aller  à  couvert  tout  à  l'entour. 


PAR 


Dans  l'espace  qui  eft  au  milieu ,  on  a  laiffé  un  grand 
préau,  enfermé  dans  une  paliffade  de  fer.  C'eft-là  qu'on 
a  placé  la  ftatue  équeftre  de  Louis  XIII.  Elle  eft  fur 
un  piedeftal  de  marbre  blanc,  avec  des  devifes,  dont 
voici  les  deux  principales  : 

POUR  LA  GLORIEUSE  ET  IMMORTELLE 
MÉMOIRE 
DU 

TRÈS- GRAND  ET  TRÈS -INVINCIBLE 

LOUIS  LE  JUSTE  ,  XIII. 

DU  NOM,  ROI  DE  FRANCE. 

Armand,   cardinal  duc  de  Richelieu,  fon  principal 

Miniftre,  dans  tous  fes  illuftres  &  généreux  defleins, 

Comblé  d'honneurs  &  de  bienfaits  par  un  fi  bon  maître 

Et  un  fi  généreux  monarque,  lui  afait  élever  cette  ftatue 

Pour  une  marque  éternelle  de  fon  zèle 

Et  de  fareconnoifiance,  1639. 

Sur  la  face  du  côré  des  Minimes  : 

Ludovico  XIII.  Chriftiamjfimo  Galliœ  &  Navarr*  Régi 
Jufto  ,  pio  ,  fœlici ,  vitlori  , 
Triumphatori , 
Semper   augufto , 
Armandus  Cardinalis 
Dux  Richelius 
Pracipuoritm  Regni  onerunt 
Adjutor 
Et  adminifler , 
Domino  opiwiè  merito ,  Principique 
Munificentiffimo  , 
Fidei  fuœ  devotionis , 
Et  oh  innumera  bénéficia  immenfosque  honores fibi  collatos 
Perenne  grati  animi  monimentum 
Hanc  Statuam  Equeftrem  Ponendam  curavit 
Anno  Domini  1639. 

La  figure  du  cheval  eft  un  des  beaux  ouvrages  qu'on 
puifle  voir.  Le  fameux  Daniel  Ricciarehi ,  de  la  ville  de 
Volterre  -,  en  Toscane  ,  disciple  de  Mictrll  Ange ,  l'a- 
voir fait ,  à  la  follicitation  de  Catherine  de  Médicis, 
pour  Henri  II.  La  figure  du  roi  eft  de  Biard ,  qui  n'a 
pas  répondu  à  la  beauté  du  cheval.  On  a  dit  que  le 
cheval ,  fur  lequel  eft  monté  Henri  IV  ,  au  milieu  du 
Pont-Neuf,  conviendroit  à  Louis  XIII ,  &  que  celui 
de  Louis  XIII  conviendroit  à  Henri  IV.  Ce  magnifique 
ouvrage,  qui  regarde  d'un  côté  la  rue  Saint  Antoine, 
a  de  l'autre  les  Minimes.  Ces  pères  furent  établis  en 
cet  endroit  l'an  ijoo.  Leur  églife  eft  affez  claire.  Le 
grand  autel  eft  d'une  architecture  corinthienne  ,  dont 
les  colonnes  font  de  marbre  de  Dinan  ,  cannelées ,  d'une 
manière  fort  propre.  La  chapelle  du  duc  de  la  Vieuville, 
diftinguée  parmi  celles  de  cette  églife,  eft  ornée  de 
quantité  de  marbres  &  de  tombeaux  ,  où  l'on  voit  des 
figures  couchées.  A  peu  de  diltance  de  ce  couvent  eft  un 
hôpital ,  appelle  la  Charité  des  femmes  ,  qui  fut  fondé 
l'an  1629  ,  par  la  reine  Anne  d'Aurriche  ,  fous  le  nom 
de  la  Charité  de  Notre-Dame.  Les  religieufes  ,  qui  fer- 
vent les  femmes  malades  ,  font  de  l'ordre  de  Saint  Au- 
gufiin,  de  font  un  quatrième  vœu,  touchant  l'hospita- 
lité. Les  premières  religieufes  de  cet  hôpital   y    firent 
profeffion  le  jour  de  la  fête  de  faint  Jean-Baptifte  de  la 
même  année.  Cette  maifon  eft  compofée  de  plufieurs 
corps   de  logis ,  d'une  chapelle  &  d'une  fale  ,  où  font    . 
vingt-huit  lits  pour  les  malades. 

Le  monaftere  des  filles  de  la  Vifitation  de  Sainte  Ma- 
rie c(l  au-deffus  de  la  maifon  qu'occupoient  les  Jéfui- 
tes, du  rrfême  côté.  Le  terrein  qu'elles  occupent  eft  fort 
refferré ,  6V  leur  églife  n'eft  pas  grande  -,  mais  elle  eft 
très-réguliere,  &  il  y  paroîtun  goût  d'architeéture  très- 
délicat.  C'eft  une  coupole  raifonnablement  élevée ,  fou- 
tenue  en  dedans  de  quatre  arcs ,  entre  lesquels  il  y  a  des 
pilaftres  corinthiens ,  avec  une  grande  corniche  ,  qui 
règne  tout  au  tour.  L'autel  principal  eft  dans  un  espace 
particulier  ,  vis-à-vis  de  la  porte  ,  &  il  ne  reçoit  la  lu- 
mière que  d'une  ouverture  ,  pratiquée  fort  ingénieufe-- 
ment  au  milieu  de  la  voûte.  Ce  couvent ,  qui  n'a  été 
établi  qu'en  1  <î  1 9  ,  eu1  fort  proche  de  la  Baftille  ,  qui 


PAR 


fut  autrefois  une  porte  de  la  ville  ,  bâtie  en  1360  ,  fous 
le  règne  de  Charles  VI.  Cette  fortereffe  eft  compofée  de 
huit  grofles  tours  rondes  fort  élevées,  jointes  l'une  à 
l'autre  par  des  maiîîfs  de  même  hauteur  ik  de  même 
épaiffeur  ,  dont  le  deflus  eft  en  rerraffe.  Entre  ces  tours 
on  trouve  une  cour ,  qui  fert  de  promenade  aux  per- 
fonnes  les  moins  refTerrces.  La  Baftille  eft  la  prifon  or- 
dinaire de  ceux  qui  font  foupçonnés  de  quelque  crime 
d'état. 

La  porte  Saint  Antoine  ,  qui  eft  à  côté  de  la  Baftille , 
8c  qui  conduit  au  fauxbourg  de  même  nom,  fut  bâtie 
fous  Henri  II ,  pour  fervir  d'arc  de  triomphe  à  ce  mo- 
narque. On  l'a  fort  embellie  depuis  peu  d'années,  en 
abbatant  une  autre  vieille  porte  qui  en  étoit  proche.  On 
a  accompagné  celle-ci  de  deux  nouvelles  ouvertures , 
de  la  même  largeur  8c  de  la  même  hauteur ,  qui  ren- 
dent le  chemin  plus  facile ,  8c  l'entrée  plus  libre  aux 
carroffes  8c  aux  charrois.  La  largeur  de  toute  la  face  des 
trois  ouvertures ,  8c  des  mafllfs  entre  deux  ,  eft  de  neuf 
toifes ,  fur  fept  à  huit  de  hauteur.  On  regarde  avec 
plaifir,  dans  l'ancienne  porte,  deux  neuves  couchés 
fut  une  espèce  de  fronton  anale.  La  plus  belle  face  elt 
du  côté  du  fauxbourg ,  embellie  de  boffages  ,  8c  d'un 
grand  entablement  dorique ,  qui  règne  fur  tout  l'ou- 
vrage. Il  eft  encore  furmonté  par  un  attique  ,  en  ma- 
nière de  piedeftal  continu ,  avec  deux  obélisques  aux 
extrémités ,  8c  la  ftatuedu  roi  au  milieu.  Celles  d'Apol- 
lon 8c  de  Cerès  font  couchées  fur  le  fronton.  Il  y  a 
outre  cela  deux  autres  ftatues  dans  des  niches  entre  les 
trois  ouvertures  des  portes.  Dans  les  tympans  des  fron- 
tons ,  qui  couronnent  les  portes  du  côté  de  la  ville , 
on  a  mis  en  relief  une  copie  de  la  médaille  que  la  ville 
a  fait  fraper  à  la  gloire  de  Louis  XIV  ,  où  il  elt  re- 
préfencé  d'un  côté ,  avec  ces  mots  pour  la  légende  : 

Ludovicus  Magnus 

Francorum  &  Navarrx  Rex. 

PP.  1671. 

Sur  le  revers  de  la  même  médaille  on  a  repréfenté 
une  Vertu  affife,  8c  appuyée  fur  un  bouclier,  daas 
lequel  font  les  armes  de  la  ville  ,  avec  cette  autre  lé- 
gende : 


Et  au-deffous , 


Félicitai  Urbis. 


Lutetia. 


Les  autres  inferiptions  font  :  premièrement , 

Paci 

Vttlricibus  Litctovïci  XIV.  armis , 

Felicibus  Anna  confdiis , 

Augufiis  M.  Tbereji/z  nuptiis  , 

AJJlduis  Julii  Cardinalis  Maz.arin'1 

Curis 

Paru,fundat<e,  aternum 

Firmata  , 

Prafetfus  Urbis  JEdilesque 

Sacr avère  : 

An  no  1660. 

Secondement , 

Ludovico  Magno , 
Ouèd  Urbem  auxit ,  ornavit , 

Locupletavit , 
Prafettus  &  ^Ediles  P.  G 
Ann.  R.  S.  H. 
1672. 

Troifiétnement ,  fur  le  côté  qui  regarde  le  fauxbourg , 
on  lit  : 

Ludovicus  Magnus , 

Promotis  Imperii  finibus 

Ultra  Rbenum ,  Alpes 

EtPyreruos 


PAR       8oj- 

Pomœrium  koe  more  prisa 

Propagavit  : 

Ann.R.S.  H.  1670. 

Quatrièmement ,  du  côté  de  la  ville  , 

Ludovicus  Magnus 

Et  vindicatas  Conjitgis  auguj?<e 

Dotales  Urbes 

Valida  munitione  cinxit , 

El  hoc  vallum  civium  deliciis 

Defiinari  jujfit. 

Ann.  S.  R.  H.  1671. 

Entre  la  porte  8c  le  baftion  on  a  fait  une  rampe  de 
quaranre-huit  pieds  de  large  ,  pour  rendre  l'accès  du 
rempart  plus  facile  aux  carroffes  qui  vont  au  Cours.  Le 
cours,  qui  enferme  la  moitié  de  la  ville  ,  comme  on  l'a 
déjà  marqué  ,  vient  fe  terminer  en  cet  endroit.  Il  eft 
compofé  de  trois  allées ,  formées  de  quatre  rangées  d'ar- 
bres ,  dont  celle  du  milieu  eft  large  de  foixante  pieds , 
8c  les  contre-allées  de  dix-huit  à  vingt  chacune.  C'eft 
à  préfent  la  promenade  la  plus  fréquentée  de  Paris. 
C'eft  en  fortant  de  la  ville,  par-deffus  le  rempart, 
qu'on  rencontre  le  premier  des  fept  corps  de  gardes 
établis  par  M.  Turgor,  prévôt  des  marchands ,  en  173  j  , 
pour  la  fureté  de  jour  8c  de  nuit,  foit  du  rempart ,  foit 
des  environs.  A  l'entré  du  fauxbourg  eft  une  large  es- 
planade ronde ,  à  l'extrémité  de  laquelle  on  a  placé  fur 
des  piedeftaux  ruftiques  ,  deux  grandes  ftatues  d'Her- 
cule 8c  de  Minerve ,  aflifes  fur  des  trophées  d'armes. 
Ce  fauxbourg  confifte  en  plufieurs  rues  très-longues , 
dont  la  principale  eft  au  milieu.  Les  deux,  qui  lui  font 
parallèles ,  font  celles  de  Charenton  &  de  Charonne ,  qui 
conduifent  aux  villages  qui  portent  ces  noms.  L'abbaye 
Saint  Antoine  eft  fort  avant  dans  la  grande  rue.  On 
commença  de  bâtir  cette  maifon  l'an  1 1 93 ,  &:  elle  fut 
achevée  fous  le  règne  de  faint  Louis ,  qui  aflîfta  à  la 
dédicace  de  l'églife  ,  avec  la  reine  Blanche  de  Caftille  , 
fa  mère.  L'ordre  de  Cîteaux  y  avoir  déjà  été  établi  , 
à  la  follicitation  d'Odon  de  Sulli ,  évêque  de  Paris ,  8c 
les  religieufes  fuivent  encore  cette  même  règle.  Leur 
églife  n'a  rien  qui  puiffe  attirer  les  curieux.  Aux  côtés 
de  l'autel  font  les  tombeaux  de  deux  princeffes ,  Jeanne 
8c  Bonne  de  France ,  filles  du  roi  Charles  V.  A  l'entrée 
de  lafue  ,  qui  fe  rrouveau  deffusde  cette  abbaye,  eft  la 
manufacture  des  glaces  de  miroirs.  On  y  en  a  fait  dequa- 
tre-vingt-dix-huitpouces,  ce  qu'on  n'avoir  jamais  vu  avant 
cet  utile  érabliffement.  On  fond  les  glaces  à  Cherbourg, 
8c  en  quelques-autres  lieux  ;  mais  on  les  polit  en  cette 
maifon.  On  y  met  i'étain&  le  vif  argent-,  8c  plus  de  qua- 
tre cens  hommes  font  employés  à  ce  travail.  Lorsque  la 
reine  Marie-Thérefe  d'Autriche  fît  fon  entrée  en  1660  , 
on  lui  avoir  dreffé  un  fuperbe  trône,  près  de  l'endroit 
où  l'on  voyoit  l'arc  de  triomphe.  Comme  cet  endroit  eft 
le  plus  haut  de  tout  ce  quartier  on  y  avoir  placé  ce  fom- 
prueux  édifice.  Quoiqu'il  ne  fur  encore  élevé  qu'à  la 
hauteur  des  piedeftaux  des  colonnes,  on  pouvoir  juger , 
par  la  beauré  du  modèle ,  qui  n'éroir  que  de  plâtre  ,  que 
c'auroit  été  un  des  plus  riches  morceaux  d'architecture 
de  toute  l'Europe.  Ce  modèle  étoit  un  grand  ouvrage 
à  deux  faces ,  ouvert  de  trois  portes ,  entre  chacune 
desquelles  étoient  deux  colonnes  corinthiennes,  8c  deux 
aux  extrémités  ,  fur  l'épaiffeur ,  qui  toutes  enfemble 
faifoient  le  nombre  de  huit  à  chaque  face.  On  avoir  mis 
fur  les  entablemens  de  grands  rrophées  d'armes ,  avec 
des  captifs  enchaînés.  Le  deffus  de  tout  l'ouvrage  étoit 
une  plate-forme,  au  milieu  de  laquelle  éroir  un  amor- 
tiffement ,  furmonté  d'un  grand  piedeftal ,  où  la  ftaruc 
du  roi  à  cheval  étoit  placée.  Il  a  été  détruit  il  y  a  plu- 
fieurs années.  Un  peu  au-delà  du  modèle  eft  le  cou- 
vent des  Picpus,  qui  fut  commencé  en  1594.  Vincent 
Maffart ,  ou  Muffaid  ,  Parifien  ,  en  a  éré  le  fondateur , 
&c  réforma  le  tiers-ordre  de  Sainr  François ,  que  l'on 
nomme  ordinairement  les  Pénitens ,  qui  n'éroient  au- 
paravant que  pour  les  féculiers  ;  il  en  fit  une  régie  par- 
ticulière ,  8c  s'établir  dans  le  village  de  Picpus ,  dont 
ces  religieux  ont  reçu  le  nom  que  le  peuple  leur  a  donné  , 
malgré  tous  leurs  foins  à  garder  celui  de  Pénirens.  Leur 
jardin  eftembelli  de  grottes  de  rocailles  8c  de  coquillages, 


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PAR 


PAR 


d'un  travail  fort  agréable.  Près  de  ce  couvent  il  y  en 
a  un  autre  de  religieufes ,  appellées  ChawineJJes  Régu- 
lières de  Saint  Augujiin.  Du  même  côté  ,  en  prenant  le 
chemin  de  la  ville ,  on  paffe  devant  Rambouillet ,  dont  le 
jardin  eft  fort  grand  Se  allez  bien  entretenu.  Tout  proche 
eft  une  autre  maifon  ,  nommée  Reuilli.  Le  favant  Dom 
Mabillon  rapporte,  dans  fa  diplomatique,  que  les  rois 
de  la  première  race  avoient  un  palais  en  cet  endroit. 
Il  n'eft  refté  aucun  veftige  de  ce  palais.  Le  couvent  des 
Filles  Angloifes   eft  dans  la  rue  de  Charemon ,  aufli 
bien  que  f  hôpital  des  Enfans  trouvés.  Cet  hôpital  a  été 
fondé  par  le  chancelier  d'Aligre  ,  mort  en  1677.  Elisa- 
beth Luillier,  fa  femme,  a  continué  ce  pieux  deflein   &  , 
après  avoir  fait  de  grands  biens  à  cette  maifon  ,  elle  a 
été  enterrée  dans  un  caveau  quelle  avoir  fait  conftruire 
dans  une  chapelle  de  l'églife  de  cet  hôpital,  appellee 
la  Chapelle  de  Notre-Dame  de  Mi] 'encorde.  Les  entans 
trouvés  font  élevés  Se  inftruits  par  les  fœurs  de  la  Cha- 
rité. Les  couvents  de  Notre-Dame  de  Bon-Secours,  de 
la  Magdeléne  ,  Se  des  Filles  de  la  Croix  ,  font  dans  la  rue 
de  Charonne.  Un  peu  plus  bas  eft  l'églife  de  Ste  Mar- 
guerite, qui  a  été  érigée  enparoiflè  ,  pour  la  commodité 
des  habitans  du  fauxbourg,  en  1711-  EUe  a  commence 
par  être  une  chapelle,  fous  le  même  titre,  en  1625  ,que 
M.  de  Gondy  donna  la  permjifion  au  feigneur  de  Reuil- 
ly,  d'élever  fur  le  terrein,qui  avoit  été  deftiné  pour  ce  fu- 
jet.  Elle  devint  enfuite  une  fuccurfale  de  la  paioiffe  de 
Saint  Paul.  On  y  baptifoit,  on  y  donnoit  la  commu- 
nion paschale ,  mais  on  n'v  marioir  pas.  Cette  eglife  eft 
aujourd  hui  rebâtie  à  neuf ,   Se  beaucoup  plus  grande 
qu'elle  n'étoit  auparavant.  En  fortant  de  Sainte  Mar- 
guerite ,  on  va  droit  aux  Filles  Hospitalières  de  la  Ro- 
quette. Cet  hôpital  n'eft  deftiné  que  pour  des  femmes 
malades,  dont  les  religieufes  prennent  un  grand  foin. 
Ces  religieufes  fuivent  la  même  régie  que  les  Hospita- 
lières de  la  Place  Royale  :  la  fale ,  où  font  les  fem- 
mes malades ,  tient  à  leur  églife  ,  qui  eft  dédiée  a  Saint 
Jofeph.  Elles  ont  une  grande  cour  ,  plantée  d'une  allée 
d'ormes  forr  longue.  Il  y  a  auffi  un  couvent  de  religieu 


d'hui  les  deux  princes  les  fils.  Les  Céle^s  ont  leuf 
couvent  tout  proche  de  l'Arfenal.  Quel°iues  aureurs  di- 
fent   que  ce  heu  avoit  été  occupé  aupaiavanc  Pai  *es 
Carmes  de  la  place  Maubert ,  qui  l'abandonnèrent  afin 
d'être  plus  près  de  lUniverfité  ,  où  ils  alloient  étudier 
pour  obtenir  des  degrés.  Le  nommé  Jacques  Marcel , 
ayanr  acheté  cette  place  en  1 3 18  ,  y  établit  les  Celeftins , 
nouvellement  venus  d'Italie  ,  dans  une  haute  réputation 
de  fainteté  de  vie  &  d'auilérité.  Le  roi  Charles  V  leur 
donna  de  très-grands  biens.  Il  fit  conftruire  l'églife  »  & 
y  mit  la  première  pierre.  Cette  églife  eft  tout-à-fait  go- 
thique ,  Se  n'a  rien  que  de  fimple  Se  de  grofller  pour  fa 
ftrudure.  La  chapelle ,  dit.e  d'Orléans ,  eft  toute  rem- 
plie de  tombeaux.  A  l'entrée  de  la  porte  à  main  gauche , 
eft  une  grande  colonne  torfe  de  marbre  blanc ,  ornée 
de  feuillages  Se  de  moulures ,  prife  dans  le  même  bloc , 
ainfi  que  le  chapiteau  qui  eft  d'ordre  compofite.    Sur 
ce  chapiteau  l'on  voit  une  urne  de  bronze ,  qui  renfer- 
me le  cœur  du  connétable  Anne  de  Montmorenci ,  mort 
le  1  2  de  Novembre  1567,  des  bleffures  qu'il  reçut  à  la 
bataille  de  Saint  Denis ,  contre  les  Proteltans.  Ce  mo- 
nument eft  fort  fingulier ,  Se  on  tient  que  celui  qui  a  fait 
la  colonne  y  a  travaillé  plus  de  quinze  ans.  Au  milieu 
de  cette  chapelle  eft  le  tombeau  de  Louis,  duc  d'Orléans, 
frère  de  Charles  V  ,  qui  fut  affaffiné  par  l'ordre  de  Jean, 
duc  de  Bourgogne ,  fon  coufin  ,  en  fortant  du  palais  de 
la  reine  Ilabeau  de  Bavière  ,  qui,  étoit  dans  la  rue  Bar- 
bette ,  derrière  l'hôtel  de  Guife.  Ce  tombeau  n'a  rien 
de  magnifique.  On  y  voit  feulement  la  repréfentation 
en  marbre  de  quatre  perfonnes  couchées,  favoir  de  Louis, 
duc  d'Orléans ,  de  Valentinede  Milan,  fa  femme,  morte 
de  douleur  deux  ans  après  lui ,  de  Charles ,  duc  dOr- 
léans  ,  fon  fils  aîné  ,  père  de  Louis  XII,  Se  de  Philippe , 
comte  de  Vertus,  fon  frère.  A  l'extrémité  de  ce  tombeau, 
du  côté  de  l'autel,  eft  le  cœur  de  Henri  II, dans  une 
urne  de  bronze  doré ,  que  les  trois  grâces  foutiennent 
fur  leurs  têtes  :  elles  font  de  marbre.  Le  cœur  delà  rei- 
ne Catherine  de  Médicis  eft  dans  ce  même  monument , 
avec  trois  inferiptions  au  bas.  Le  piedeftal  eft  d'une  ex- 


fes  à  Popincourt ,  qui  n'eft  pas  éloigné  de  la  Roquette.  cellente  imagination  en  trépied ,  foutenu  fur  trois  pâtes 
L'hôtel  de  Lesdiguieres,  qui  étoit  à  côté  de  l' Arfenal,  eft  ^e  lion,  orné  de  feuillages,  de  masques,  de  guillochis 
préfentement  dans  la  rue  de  ce  nom. 

La  première  chofe  remarquable  que  l'on  trouve  quand 
on  rentre  dans  la  ville ,  eft  l'Arfenal  :  il  fut  bâti  par 
Charles  V  en  même  tems  que  la  Baftille.  Ceft  dans  ce 
lieu  que  l'on  fondoit  autrefois  l'artillerie  pour  la  de- 
fenfe  du  royaume,  &  l'on  y  garde  encore  les  poudres 
&  les  canons.  Au  milieu  de  ce  château  étoit  une  tour 
qu'on  appelloit  la  Tour  de  Billi.  Le  tonnerre  étant 
tombé  deffusle  19  de  Juillet  1538,  mit  le  feu  à  plus 
de  deux  cens  caques  de  poudre  qu'on  y  confervoir. 
Outre  que  cette  tour  fut  ruinée  jusqu'aux  fondemens, 
la  violence  du  feu  fut  telle  ,  que  les  pierres  furent  em- 
portées jusqu'à  l'églife  de  Saint  Antoine  des  Champs , 
&  jusqu'à  des  endroits  de  la  ville  fort  éloignés.  Les  fon- 
deries furent  bâties  au  mois  de  Juillet  1549,  par  ordre 
de  Henri  IL  La  grande  porte  de  l'Arfenal  eft  ornée  de 
quatre  canons  au  lieu  de  colonnes,  Se  ces  canons  font 
le  même  effet ,  parce  qu'on  leur  a  donné  les  mêmes 
proportions  du  renflement  Se  de  la  diminution.  Elle  fut 
élevée  fous  le  règne  de  Henri  IV  ,  &  on  y  lit  ces  deux 
vers  latins  fur  du  marbre  noir  ;  le  poète  Borbonius  en 
fut  l'auteur. 


JEtna  bxc  Henrico  vulcania  tela  mïniftrat  ; 
Ttla  Giganuos  debellaiura  furores. 

Tout  l'espace  contenu  dans  l'Arfenal  eft  diviféen  plu- 
fieurs  parties ,  dont  la  plus  grande  eft  pour  le  jardin  qui 
règne  fur  le  foffé&  fur  la  rivière ,  d'où  l'on  a  une  vue  très- 
étendue.  Le  refte  confifte  dans  des  cours  qui  vont  l'une 
dans  l'autre  ,  bordées  de  bâtimens  d'un  feul  côté,  dont 
la  ftructure  eft  trcs-fimple.  Les  dedans  ont  de  la  beau- 
té, &  fur-tout  la  grande  fale  dont  le  célèbre  Mignard 
a  peint  le  pkifond.  Ce  plafond  eft  long  de  vingt-qua- 
tre pieds ,  Se  compofé  de  dix-huit  figures  ,  donr  la 
grandeur  eft  de  fix  pieds.  La  France  triomphante  en 
eft  le  fujet.  Louis-Augufte  de  Bourbon  ,  légitimé  de 
France  ,  duc  du  Maine  ,  grand  -  maître  de  l'artillerie , 
occupoit  les  appartenons  de  l'Arfenal  :  ce  font  aujour- 


&  de  cartouches.  A  l'autre  extrémité  du  tombeau  du 
duc  d'Orléans  on  a  élevé  une  colonne  de  marbre  blanc  , 
de  laquelle  il  fort  des  flammes.  Elle  repréfenre  la  co- 
lonne de  feu  ,  qui  conduifit  les  Israélites  dans  le  déferr. 
C'étoit  la  devifede  François  II,  avec  ces  mots  pour  ame  , 

LUMEN  RECTIS. 

Cette  colonne  eft  accompagnée  de  trois  amours,  qui 
tiennent  des  flambeaux  renverfes.  Le  piedeftal  fur  lequel 
on  l'a  élevée  eft  Triangulaire  ,  Se  d'un  beau  deffein.  Sur 
les  trois  faces  on  lit  des  inferiptions ,  qui  marquent  que 
le  roi  François  II ,  dont  le  cœur  repofe  dans  ce  mo- 
nument ,  avoit  époufé  Marie  Smart  ,  reine  d'Ecofle , 
qui  eut  la  tête  tranchée  par  l'ordre  d'Elifabeth,  fa  confine, 
reine  d'Angleterre.  Charles  IX,  fon  frère  ,  qui  lui  fuccé- 
da ,  fit  élever  ce  monument ,  &  le  cœur  de  ce  Monarque 
y  eft  auftî  enfermé.  Sous  les  fenêtres  à  main  droite  ,  du 
côté  de  l'autel ,  eft  le  tombeau  de  Bonne  de  Milan  , 
fœur  puînée  de  Valentine  ,  femme  de  Louis ,  duc  d'Or- 
léans. Tout  proche  eft  celui  de  Philippe  Chabot,  ami- 
ral de  Fiance  ,  Se  fur  la  même  ligne  eft  celui  de  Henri 
Chabot ,  duc  de  Rohan.  On  y  voit  les  effigies  de  l'un  Se 
de  l'autre  ,  parfaitement  bien  repréfentées.  Près  de  la 
porte ,  qui  conduit  de  cette  chapelle  à  la  nef,  on  dé- 
couvre le  tombeau  de  Louis  de  Coffé  ,  duc  de  Briffac. 
Il  y  a  une  colonne  de  marbre  blanc ,  chargée  de  cou- 
ronnes Se  de  chiffres ,  avec  une  corniche ,  fur  laquelle 
eft  un  vafe  doré.  Les  maflifs  des  côtés  de  cette  colon- 
ne, font  ornés  de  tables  de  marbre  de  Namur,  avec 
des  épitaphes  fur  le  devant  du  piedeftal.  Ce  qu'on  diftin- 
gue  le  plus  dans  cette  chapelle  l 'eft  la  belle  pyramide 
du  duc  de  Longueville.  Elle  eft  chargée  de  nophées,& 
accompagnée  de  quatre  vertus,de  marbre  blanc.  Sur  le 
piedeftal  font  deux  bas-reliefs  dorés  à  feu  ,  qui  repré- 
sentent les  principales  actions  de  ce  prince ,  pour  qui 
on  a  élevé  cette  pyramide.  11  y  a  auifi  plufieurs  tom- 
beaux dans  la  nef  :  celui  des  ancêtres  du  duc  de  Gévres 
eft  très-confidérable.  On  y  voit  des  ftatues  de  marbre. 


PAR 


PAR 


en  habit  du  tems ,  fort  bien  travaillées,  fur-tout  celui 
du  duc  de  Tremes,  fon  pere.  La  régie  des  Céleftins  leur 
défend  de  manger  de  la  viande ,  à  moins  qu'ils  ne  foient 
malades ,  ou  éloignés  de  leur  maifon  t  au  moins  de  deux 
lieues.  Ils  tiennent  beaucoup  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  dont 
ils  font  fortis.  Leur  maifon  eft  fort  commode ,  ik  ils 
ont  un  petit  cloître  conftruit  d'une  manière  très-pro- 
pre. Il  cft  orné  de  colonnes  corinthiennes ,  ik  fort  bien 
voûté. 

La  paroifle  de  Saint  Paul ,  qui  eft  celle  de  tout  le 
quartier ,  étoit  la  paroifle  royale  du  tems  que  les  rois 
occupoient  l'hôtel  de  Saint  Paul ,  ou  le  palais  des  Tour- 
nelles  :  on  croit  que  c'étoit  une  chapelle  bâtie  au  milieu 
d'un  cimetière,  deftiné  pour  enterrer  les  religieufes  de 
l'abbaye  deSte  Aure  ,  inllituées  par  faint  Eloy  ,  Evêque 
de  Noyon ,  dans  l'endroit  où  font  à  préfent  les  Bar- 
nabites.  La  ville  s'étant  beaucoup  augmentée  de  ce  côté- 
là  ,  on  érigea  cette  chapelle  en  paroifle.  On  y  garde 
la  charte  de  fauve  Aure.  Le  bâtiment  de  cette  égiife , 
qu'on  trouve  dans  une  rue  qui  aboutit  au  bord  de  la 
Seine ,  fut  élevé  fous  le  règne  de  Charles  VI.  Il  eft  d'u- 
ne maçonnerie  maffive  &  épaifle  ;  les  voûtes  en  font 
baffes  ik  écrafées  ,  &  les  jours  mal  entendus ,  ce  qui  fait 
que  le  dedans  éd.  trille  &  fombre.  Le  tombeau  d'Anne, 
duc  de  Noaillcs ,  mort  en  1678  ,  ett  dans  la  chapelle 
du  Saint  Sacrement.  Ce  duc  eft  repréfenté  en  marbre 
à  demi  couché  ,  fou  tenu  par  l'espérance  qui  lui  montre 
une  couronne  de  gloire ,  qu'elle  femble  lui  offrir.  Les 
charniers  de  cette  égiife  font  très-fpacieux ,  &  ont  des 
vîtres  où  toute  l'hiltoire  de  faint  Paul  eft  peinte.  On 
y  trouve  trois  chapelles.  Le  maréchal  de  Biron  ,  décollé 
au  mois  de  Juillet  1601  ;  Robert  Cenalis ,  évêque  d'A- 
vranches;  Nicole  Gilles,  auteur  d'annales  &  de  chroni- 
ques de  France  ;  François  Rabelais ,  fi  connu  par  Ces 
ouvrages;  Jean  Nicot,  ambalTadeur  de  France  en  Por- 
tugal ,  auteur  d'un  dictionnaire  latin  ik  françois;  Fran- 
çois Manfart ,  fameux  architecte  ;  Jules  Hardouin  Man- 
iait ,  fon  neveu  ;  Jean  Desmaretz  de  Saint  Sorlin  ,  poè- 
te ;  Godefroi  Herman  ,  très-habile  dans  les  langues  fa- 
vantes  ;  Adrien  Baillet,  auteur  du  jugement  des  favans  ,  & 
d'une  vie  des  Saints  très-recherchée;  Pierre-Silvain  Régis, 
de  l'académie  royale  des  feiences,  eft,  avec  ceux  que 
je  viens  de  nommer ,  enterré  dans  cette  paroiffe.  Alfez 
près  delà  eft  le  couvent  des  filles  de  \ Ave  Maria, 
dans  une  rue  qu'on  nomme  la  rue  des  Barrées.  Ces  re- 
ligieufes ,  qui  font  de  l'ordre  de  Ste  Claire  ,  vivent  dans 
la  plus  grande  auftérité.  Saint  Louis  avoit  établi  des 
Béguines  dans  cette  maifon  ,  c'eft-à-dire  ,  des  religieufes 
de  Ste  Beghe,  Flamande  d'origine,  qui  portoient  une 
co'éffure  dont  leur  vifage  étoit  presque  caché.  Sous  le 
règne  de  Louis  XI ,  la  reine  Charlotte  de  Savoye  y  in- 
troduifit  le  Tiers-Ordre  de  Saint  François,  avec  la  ré- 
forme :  Et  le  roi  Charles  VIII ,  fon  fils,  fit  bâtir  poul- 
ies religieux  la  maifon  voifine  ,  qui  n'eft  féparée  de  celle 
àcs  religieufes,  que  par  le  pafïage  qui  mené  à  l'églife. 
Ce  font  des  Cordeliers  qui  y  célèbrent  l'office  divin.  On 
y  voit  le  tombeau  de  Dom  Antoine  ,  roi  de  Portugal , 
qui,  s'étant  retiré  en  France,  mourut  l'an  1595,  & 
celui  de  Clande-Catherine  de  Clermont ,  femme  d'Al- 
bert de  Gondi,  duc  de  Retz,  morte  en  1603.  Cette 
dame,  illuftre  par  fon  favoir  ,  poffédoir  fi  parfaitement 
les  langues,  que  la  reine  Catherine  de  Médicis  la  char- 
gea de  répondre  publiquement  en  latin  aux  ambaffa- 
denrs  de  Pologne,  lorsqu'ils  vinrent  demander  le  duc 
d'Anjou  pour  leur  roi ,  ce  qu'elle  fit  avec  l'admiration  de 
tous  ceux  qui  l'entendirent.  Sur  la  porte  de  ce  monafte- 
re  réparée  depuis  quelques  années ,  on  a  mis  la  ftatue 
de  Saint  Louis,  &  celle  de  Ste  Claire,  toutes  deux 
d'un  fort  habile  fculptcur.  On  va  de-là  au  bord  de  la 
rivière  traverfer  le  Pont-Marie,  appelle  ainfi  de  Chrifto- 
phe  Marie,  qui  en  jetta  les  premières  fondations  en 
1615.  Le  pont  eft  de  pierres  de  taille,  &compofé  de 
cinq  arches  ,  foutenues  fur  quatre  piles  &  fur  deux  cu- 
lées; il  eft  couvert  de  maifons  occupées  par  différens 
ouvriers,  &  il  ne  fut  achevé  qu'en  163 f.  Mais  une  par- 
tie de  ce  pont  fut  emportée  la  nuit  au  mois  de  Mars 
1658,  &  quantité  de  pet fonnes  y  périrent.  On  a  réta- 
bli les  àcux  arches  ,  mais  on  n'y  pas  élevé  de  maifons  : 
rifle  Notre-Dame ,  où  ce  pont  conduit ,  a  pris  fon  nom 
de  l'églife  cathédrale ,  dédiée  à  la  Ste  Vierge ,  à  laquel- 


le  cette  îfle  appartient  en  propre.  Toutes  les  maifons 
qu'on  y  voit  ont  été  bât.cs  dans  le  dernier  fiécle.  Ce 
n'étoit  auparavant  qu'une  prairie  aflez  baffe ,  qui  fer- 
voie  de  promenade  au  peuple.  Il  y  avoit  une  verrerie  à 
la  pointe  qui  regarde  le  mail ,  ik  au  milieu  de  la  prai- 
rie une  petite  chapelle  dédiée  à  Saint  Louis, an  même 
endroit  où  eft  à  préfent  la  paroifle  qui  porte  ce  nom. 
Le  bâtiment  de  cette  égiife  fut  élevé  en  1664  ik  fini  en 
17 14.  La  grande  porte  eft  fous  un  portique,  compo- 
fé  de  quatre  colonnes  doriques  ifolées,  avec  un  enta- 
blement ik  un  fronton.  Antoine  de  Vyon  d  Herouval, 
auditeur  des  comptes ,  très-eftimé  des  favans ,  y  a  fon 
tombeau.  Philippe  Quinaut ,  connu  par  fes  opéra ,  y 
cft  enterré.  Toute  l'ifle  eft  revêtue  dans  fon  enceinte 
d'un  quai  de  pierres  de  taille  très-folide  ,  conftruit  avec 
une  fort  grande  dépenfe ,  à  caufe  qu'il  eft  fondé  par 
tout  dans  l'eau  de  la  rivière.  Entre  les  maifons  qu'on 
y  peut  diftinguer  ,il  y  en  a  quelques-unes  que  l'on  pour- 
roit  comparer  à  des  palais  ,  rant  elles  font  magnifiques , 
fur-tout  celles  qui  font  fituées  à  l'extrémité  du  côté  de 
l'orient ,  où  la  Seine  fe  divife  en  deux  bras  pour  for- 
mer l'ifle.  La  maifon  de  feu  M.  Lambert  de  Torrigny  , 
préfident  en  la  chambre  des  comptes ,  mort  prévôt  des 
marchands  en  1729,  eft  une  des  plus  remarquables. 
Tout  proche ,  de  l'autre  côté  de  la  rue  Saint  Louis  , 
eft  la  maifon  de  feu  M.  le  Ragois  de  Bretonvilliers , 
auffi  préfident  en  la  chambre  des  comptes.  La  fitua- 
tion  en  eft  fort  heureufe.  Cette  maifon  a  été  bâtie 
directement  à  la  pointe  de  l'ifle  Notre-Dame ,  de  for- 
te qu'elle  eft  entourée  des  deux  bras  de  la  rivière.  Elle 
occupe  un  terrein  fort  étendu.  Son  pere  fit  faire  le 
quai  qui  environne  la  pointe  de  l'ifle  tout  de  pierres  de 
taille  fur  pilotis  ,  dans  un  endroit  où  la  rivière  eft 
très-profonde  8c  très-rapide,  &  il  employa  huit  cens 
mille  francs  à  cet  ouvrage  ,  &  aux  feules  fondations  de 
cet  édifice.  En  fortant  de  là  ,  on  trouve  le  Quai  Dau- 
phin, nommé  autrement  le  Qttai  des  Balcons  ,  parce 
que  toutes  les  maifons  qui  le  bordent  ont  des  balcons 
aux  fenêtres.  Toutes  les  rues  qui  partagent  l'ifle  font 
droites  cV:  aboutiflent  à  la  rivière. 

On  fort  de  cette  ifle  par  le  pont  de  la  TournelJe , 
l'un  des  trois  qu'on  y  a  bâtis  pour  y  ."rriver.  Il  eft  de 
pierres  de  taille  ,  avec  un  trotoir  de  chaque  côté  pour 
les  gens  de  pied.  On  lui  a  donné  ce  nom  à  caufe  d'u- 
ne tour  carrée  ,  qui  fe  trouve  fur  le  bord  de  la  rivière  de 
l'autre  côté  de  l'ifle  Notre-Dame,  &  dans  laquelle  on  en- 
ferme ceux  qui  font  condamnés  aux  galères,  en  attendant 
que  la  chaîne  parte  :  on  lit  cette  infeription  gravée  fur  un 
marbre  noir  ,  attaché  à  la  première  pile  du  côté  de  la 
pointe  orientale  de  l'ifle  : 

DU  REGNE  DE  LOUIS  XIV. 

DE  LA  PREVOTE  DE  MESSIRE 

ALEXANDRE  DE  SEVE, 

PRÉVÔT  DES  MARCHANDS , 

CE  PRESENT  PONT 

A  ÉTÉ  BÂTI. 

Ces  deux  vers  font  plus  bas  : 


JEdiles  recréant  fuhmerfimï  fium'ine  P  on  terni 
Non  ejt  officii ,  fed  pïetatis  opus. 
16  j  6. 


La  Porte  de  Saint  Bernard,  qui  fe  trouvé  à  peu  de 
diftance  du  pont  de  la  Toutnelle,  a  pris  fon  nom  du 
collège  des  Bernardins ,  qui  eft  dans  le  voifinage.  Cette 
Porte,  bâtie  depuis  peu  d'années,  a  feulement  huic 
toifes  de  large ,  avec  deux  ouvertures  &  une  pile  ait 
milieu.  La  hauteur  de  tout  l'ouvrage  en  a  un  peu  plus. 
Un  grand  attique  ,  en  manière  de  piedeftal ,  règne  fur 
un  entablement  très-bien  travaillé,  &  les  fiiccs  de  cet 
édifice  font  remplies  de  deux  grands  bas-reliefs  fort 
eftimés.  Du  côté  de  la  ville  le  roi  Louis  XIV  eft  re- 
préfenté ,  répandant  l'abondance  fur  fes  fujets,  &  au- 
defliis  fur  l'attique,on  lit  en  grands  caractères  creufes 
dans  la  pierre  : 


8o8        PAR 


LUDOVICO  MAGNO 
ABUNDANTIA  PARTA, 
PRAF.  ET  y£DIL.  PONI 
CC 
ANN.  R.  S.  H.  M.  DC.  LXXIV. 

Sur  la  face  qui  regarde  le  fauxbourg ,  on  voit  ce 
monarque  habillé  en  divinité  antique,  tenant  le  gouver- 
nail d'un  grand  navire  qui  vogue  à  pleines  voiies  ,  & 
on  lit  fut  l'attique  ces  autres  paroles  :  ' 

LUDOVICI  MAGNI 

PROVIDENTI/E 

PR^F.  ET  .EDIL.  PONI 

CC. 

ANN.  R.  S.  H.  M.  DC.  LXXIV. 

Sur  les  piles  au-defibus  de  l'importe ,  on  a  placé  des 
vertus ,  qui  ont  du  rapport  à  l'hiftoire  que  contiennent 
les  deux  bas-reliefs.  La  rue  de  Seine  ,  l'une  de  celles 
de  ce  fauxbonrg,  conduit  à  celle  de  Saint  Vi&or,où 
l'on  trouve  la  fameulé  abbaye  qui  porte  ce  nom.  Cette 
maifon  eft  fort  ancienne.  Louis  le  Gros ,  roi  de  Fran- 
ce h  y  fit  élever  'de  grands  bâtimens,  Se  lui  donna  des 
biens  très-contlderables  :  il  fit  conftruire  une  églife  en 
1 1 1 3  ,  dans  le  même  endroit  où  il  relie  encore  une  cha- 
pelle ancienne  derrière  le  chœur.  Guillaume  de  Cham- 
peaux,  archidiacre  de  l'églife  de  Paris,  Se  depuis  évê- 
que  de  Châlons ,  fut  le  premier  qui  inftitua  la  congré- 
gation de  faint  Viétor ,  fous  la  règle  de  faint  Augu- 
ftin.  Les  jardins  de  cette  maifon  font  fort  fpacieux  ;  Se 
ce  qu'elle  a  fur-tout  de  confidérable ,  c'eft  une  biblio- 
thèque, l'une  des  plus  amples  Se  des  plus  nombreufes 
de  Paris.  Elle  eft  compofée  de  tous  les  livres  dont  on 
peut  avoir  befoin  pour  quelque  forte  d'étude  que  ce 
puifïe  être.  On  y  compte  plus  de  trois  mille  manu- 
ferits ,  qui  font  confervés  avec  grand  foin  dans  un  ca- 
binet particulier ,  à  l'extrémité  de  la  même  bibliothè- 
que ,  qui  eft  ouverte  tous  les  lundis ,  mercredis  Se  fa- 
medis,  à  toutes  les  perfonnes  ftudieufes.  Elle  a  été  don- 
née à  cette  condition  par  Henri  du  Bouchet ,  confeil- 
ler  au  parlement ,  qui  mourut  l'an  1654  -,  fonbufteen 
marbre  blanc  eft  près  de  la  poire.  L'églife  fut  rebâtie  en 
1517  fous  François  I ,  Se  elle  n'eft  pas  encore  entière- 
ment achevée.  On  a  vu  fortir  de  grands  hommes  de 
cette  abbaye,  entre  lesquels  on  compte  Hugues  ,  Ri- 
chard ,  Adam ,  Pierre  Comeftor  ,  ou  le  Mangeur ,  Léo- 
nins, Jean  Picard,  Jean-Baptifte  de  Santeul ,  Louis 
Maimbourg,  Isma'el  Bouillaud.  L'hôpital  de  la  Pitié, 
qui  fait  une  partie  du  grand  Flôpital  général,  eft  fitué 
au-delà  de  Saint  Victor  ,  Se  vis-à-vis  le  Jardin  royal 
des  funples,  11  confifte  en  pluficurs  grands  corps  de  lo- 
gis ,  cours  ,  dortoirs  &  fales ,  Se  fut  fondé  vers  l'an  161  z  ; 
l'églife  eft  allez  belle,  3c  dédiée  fous  le  titre  de  Notre- 
Dame  de  Pitié,  On  ne  reçoit  dans  cet  hôpital  que  des 
filles  de  Paris ,  au-deflus  de  deux  ans ,  Se  on  les  occu- 
pe à  divers  ouvrages ,  dont  on  tire  une  partie  de  leur 
fubftance.  Derrière  la  Pitié  eft  l'hôpital  de  la  Miféri- 
corde ,  fondé  par  Antoine  Seguier ,  préfident  à  mor- 
tier au  parlement  de  Paris.  Cette  fondation  eft  pour 
cent  pauvres  filles  orphelines ,  qui  doivent  être  de  Pa- 
ris, âgées  de  fix  à  fept  ans.  Elles  peuvent  y  demeurer 
jusqu'à  vingt  cinq  ;  on  leur  apprend  à  travailler  au  mé- 
tier qui  leur  convient  davantage,  &  pour  lequel  elles 
témoignent  avoir  de  l'inclination.  Après  ces  deux 
hôpitaux  ,  on  trouve  le  Jardin  du  roi. 

Louis  xiii,  par  éditdu  mois  de  Janvier  \6i6  , 
regiftré  en  parlement  au  mois  de  Juillet  de  la  même 
année ,  établit  le  Jardin  royal  des  plantes ,  Se  en  mê- 
me-tems  la  furinrendance  à  la  charge  de  premier  méde- 
cin ;  mais  elle  en  fut  féparée  par  une  déclaration  du  3 1 
Mars  1718,  &  le  titre  de  furintendant  fut  changé  en 
celui  d'intendant  en  1731.  Le  roi  voulant  prendre  un 
foin  plus  particulier  de  ce  jardin  ,  Se  veiller  à  tout  ce 
qui  pourroir  contribuer  à  fa  perfection  ,  le  mit  dans  le 
département  du  fecréraire  d'état  de  fa  maifon  ,  Se  de- 
puis on  y  a  fait  des  dépenfes  très  -  confidérablcs ,  tant 
pour  rafïembler  de  toures  parts  un  grand  nombre  de 
plantes,  que  pour  la  conftruéHon  des  ferres  néceflai- 


PAR 


res  pour  les  conferver  :  ce  Jardin  a  de  grands  avan- 
tages par  fa  fituation,  Se  par  la  dispofition  particuliè- 
re du  tetrein  :  il  eft  défendu  des  vents  du  nord  par  une 
éminence ,  qui  règne  tout  le  long  de  la  partie  fepten- 
trionale  du  jardin-,  ce  monticule,  d'où  l'on  découvre 
une  bonne  partie  de  la  ville  ,  Se  une  campagne  fort 
agréable  ,  eft  dans  l'enceinte  même  du  jardin  ,  Se  il  eft 
couvert  d'arbres  Se  d'arbuftes  toujours  verds,  &  des  au- 
tres plantes  qui  aiment  les  lieux  élevés,  Se  dont  quel- 
ques-unes refufent  de  croître  dans  les  plaines,  ou  dans 
les  vallons  ;  dans  une  autre  partie  du  jardin,  on  trouve 
un  endroit*  profond  Se  humide  ,  deftiné  aux  plantes 
aquatiques.  11  y  a  cinq  grandes  Se  magnifiques  ferres ,  où 
par  le  moyen  deplufieurs  poêles,  on  entretient  une  cha- 
leur continuelle  ,  Se  où  il  fe  trouve  actuellement  plufieurs 
milliers  de  plantes  étrangères ,  comme  les  cafles  ,  les 
ananas,  les  camphriers,  les  fandragons,  &c.  Outre  ces 
ferres  chaudes ,  il  y  a  deux  grandes  ferres  fioides ,  pour 
conferver  les  orangers ,  les  palmiers ,  les  myrtes ,  les 
lauriers ,  Se  on  peut  dire  que  c'eit  le  jardin  le  mieux 
fourni  qu'il  y  ait  en  Europe.  Il  s'y  fait  chaque  année 
plufieurs  cours  de  botanique  ,  de  chymie  Se  d'anatomie , 
où  peuvent  affilier  tous  les  particuliers  qui  délirent  s'in- 
ftruire  dans  quelques  unes  de  ces  feiences  ;  le  public  eft 
averti  par  des  affiches  du  tems  où  commence  chacun 
de  ces  cours  ,  Se  ils  font  ordinairement  très-fuivis.  On 
y  compte  jusqu'à  huit  Se  neuf  cens  étudians.  Les  dé- 
monftrations  de  botanique  fe  font  dans  le  jardin  &  à  la 
campagne  aux  environs  de  Paris ,  les  opérations  de  chy- 
mie fefont  dans  un  laboratoire  bien  fourni  d'inftrumens 
Se  de  drogues ,  qu'enfuite  on  diftribue  charitablement 
aux  pauvres.  Les  leçons  Se  les  démonftrations  d'anato- 
mie fe  font  dans  un  amphithéâtre  qui  eft  fort  grand. 
11  y  a  encore  au  Jardin  du  roi  un  très-beau  cabinet 
d'hilloire  naturelle  qu'on  augmente  tous  les  jours  ,  Se 
qui  furpaflera  dans  peu  les  collections  les  plus  compler- 
tes  Se  les  plus  magnifiques  cabinets  de  l'Europe.  11  con- 
tient de  plus  que  les  cabinets  ordinaires  deux  herbiers, 
celui  de  M.  de  Tournefort ,  Se  celui  de  M.  Vaillant  , 
qui  font  très-complets  Se  très-bien  confervés-,  des  livres 
de  botanique  Se  d'hiftoire  naturelle,  Se  des  defleins  de 
plantes ,  faits  par  d'exçellens  maîtres.  Les  officiers  du 
Jardin  du  roi  font  un  intendant,  trois  profefleurs,  l'un 
pour  la  botanique  ,  l'autre  pour  la  chymie,  Se  le  troi- 
fiéme  pour  l'anatomie  -,  trois  démonflrateurs,  favoirun 
pour  chacune  de  ces  feiences  ,  un  garde  du  cabinet  d'hi- 
ftoire naturelle  ,  Se  un  peintre  Se  deffmateur. 

On  descend  de  la  vers  l'Hôpital  général ,  appelle  la. 
Sdlpctricrc.  Cette  grande  maifon,  qui  renferme  plus  de 
fix  mille  perfonnes ,  paroît  de  loin  comme  une  pe- 
tite ville,  à  caufe  de  la  quantité  Se  de  la  diverfité  de 
fes  bâtimens  :  l'églife  eft  dédiée  à  faint  Denis.  Son  plan 
eft  compofé  d'un  dôme  octogone ,  de  dixtoifesde  dia- 
mètre, percé  par  huit  arcades,  qui  aboutillent  à  qua- 
tre nefs  de  douze  toifes  de  long  chacune.  Ces  nefs  for- 
ment une  croix  ,  Se  dans  les  angles  font  quatre  chapeU 
les  à  pans  ,  le  tout  ayant  jour  fur  le  dôme.  L'autel  fe 
trouve  au  milieu,  ce  qui  fait  qu'il  peut  être  vu  de  trois 
côtés.  Le  portique  ou  veftibule,  par  où  entrent  les  per- 
fonnes de  dehors ,  eft  orné  fur  le  devant  de  quatre  co- 
lonnes ioniques,  avec  un  attique  au-defiiis.  De  chaque 
côté  de  ce  veftibule  il  y  a  un  gros  pavillon  à  plufieurs 
étages,  couvert  d'ardoifes,  où  logent  les  eccléfiaftiques 
qui  delTervent  cette  églife ,  Se  qui  adminiflrent  les  fa- 
cremens  aux  pauvres  malades.  En  montant  un  peu  plus 
haut ,  au  fortir  de  la  Salpétriere  ,  on  trouve  une  gran- 
de place,  où  l'on  tient  le  marché  aux  chevaux  tous  les 
mercredis  Se  les  famedis.  La  maifon  des  Gobelins  eft 
presque  la  dernière  du  fauxbourg  Saint  Marcel,  qui 
étoit  autrefois  un  quartier  entièrement  féparé  de  la  vil- 
le ,  dans  le  tems  que  Paris  étoit  bien  moins  étendu  qu'il 
ne  l'eft  préfentement.  On  y  a  vu  plus  de  huit  cens 
ouvriers  en  capiflerie  >  en  broderie,  en  orfèvrerie ,  en 
peinture  ,  en  fculpture  ;  Se  généralement  en  tout  ce  qui 
peut  fervir  à  la  fplendeur  &  à  la  magnificence.  Quoi- 
que le  nombre  en  foit  fort  diminué,  on  ne  laiiTe  pas 
d'y  voir  encore  quantité  de  choies  trcs-curieufes.^/fî, 
Gobelins. 

L'églife  de  Saint  Marcel ,  qu'on  trouve  dans  ce  faux- 
bourg  ,  a   été  fondée  par    Roland,  comte  de  Blaye, 

neveu 


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neveu  de  Charlemagne.  Cette  égiife  étoit  autrefois  fons 
Je  titre  de  faint  Clément  ;  mais  le  corps  de  faint  Mar- 
cel ,  évêque  de  Paris  ,  y  ayant  été  trouvé ,  elle  en  prit 
le  nom ,  qu'elle  a  toujours  confervé  depuis.  Ceft  une 
des  quatre  collégiales  dépendantes  de  l'archevêché  :  elle 
eft  compofée  de  quatorze  chanoines ,  Se  de  dix-fept 
chapelains  ;  le  fameux  Pierre  Lombard ,  furnommé  le 
Maître  des  fentences  ,  eft  enterré  dans  le  chœur  de  cette 
égiife.  Les  bacheliers  en  licence  font  obligés  d'aflifter 
au  fervice  folemnel  qu'on  dit  pour  lui  tous  les  ans  :  ceux 
qui  y  manquent  font  condamnés  à  une  amende.  Le  cou- 
vent des  Cordelières  eft  dans  ce  quartier  :  Thibaut  VII , 
c  jmte  de  Champagne  Se  de  Brie ,  le  fonda  première- 
ment à  Troyes ,  d'où  il  fut  transféré  à  Paris  peu  de 
teins  après.  Marguerite  de  Provence  ,  femme  de  faint 
Louis ,  fit  commencer  l'églife  ,  &  Blanche  fa  fille,  veu- 
ve du  roi  de  Caftille,  qui  s'y  fit  rcligieufe,  donna  de 
grands  biens  pour  l'augmenter.  Elle  fit  bâtir  le  cloître , 
eu  font  encore  fes  armes  en  divers  endroits.  Ces  reli- 
gteutés  font  hofpitalieres ,  Se  fuivent  l'ordre  de  S.  Fran- 
çois ,  à  peu  près  comme  les  Cordeliers  du  grand  cou- 
vai;. Saint  Médard  ,  elt  la  paroiffe  de  tout  ce  quar- 
tier. M.  Parru,  célèbre  avocat  y  eft  enterré,  auffî  bien 
que  M.  Nicole  ,  auteur  des  Effais  de  morale.  On  trouve 
enfuite  l'églife  de  Saint  Hyppolite,  proche  de  laquelle 
eft  une  vieille  maifon  ,  bâtie  du  tems  de  faint  Louis ,  où 
ce  faint  roi  alloit  paner  quelques  heures  folitairement  pour 
faites  fes  prières.  Entre  l'endroit  où  étoient  la  porte  Saint 
Marcel  ,  Se  celle  de  Saint  Victor,  qui  ont  été  abbatues , 
on  découvre  la  maifon  des  pères  de  la  Doètrine  Chré- 
tienne, Se  celle  des  religieufes  Angloifes.  Ces  pères  de 
la  Doctrine  Chrétienne  furent  établis  en  1628  ,  dans 
l'hôtel  de  Verberie:  ils  ont  une  bibliothèque  publique. 
L..  belle  vue  que  ces  maifons  offrent,  eft  tout  ce  qu'el- 
les ont  de  confidérabîe.  L'une  Se  l'autre  étoient  bâties 
fur  un  cerrein  extrêmement  élevé ,  qui  donnoit  à  la 
jue  une  pente  roide  Se  desagréable  -,  mais  on  a  applani 
cette  rue  en  coupant  beaucoup  de  terres ,  Se  le  foflë  de 
la  ville  s'eft  rempli  de  maifons ,  qui  embelliffent  fort 
ce  quartier.  Sur  le  même  fofle ,  on  trouve  l'églife  de  S. 
André  des  "Ecoflbis  ,  dans  laquelle  on  a  élevé  un  mo- 
nument ,  pour  y  mettre  la  cervelle  de  Jacques  II ,  roi 
d'Angleterre. 

Le  quartier  de  PUniverfité  ,  l'un  des  plus  anciens  de 
Paris,  occupe  un  très  grand  espace,  qui  fait  -presque 
la  quatrième  partie  de  la  ville  :  il  en  étoit  même  fépa- 
ié  autrefois  comme  un  lieu  particulier,  avec  lequel  la 
communication  n'étoit  pas  tout-à-fait  fi  libre  -,  parce 
que  les  écoliers  faifoient  fouvent  des  tumultes,  qu'il 
n'étoit  pas  aifé  d'appaifer.  Philippe  Augufte,  avant  fon 
départ  pour  la  Paleftine  ,  ordonna  qu'on  enfermât  tout 
ce  quartier  de  murailles,  ce  qui  fut  exécuté  en  1190. 
Jl  fut  entouré  de  foffés  profonds  Se  de  murs  très-foli- 
des,  foutenus  de  tours  d'espace  en  espace  avec  des  por- 
tes ,  qui  étoient  autant  de  petites  fortereffes ,  à  la  fa- 
veur desquelles  ou  pouvoir  fe  défendre  vigoureufe- 
ment ,  avant  qu'on  eût  inventé  l'artillerie.  Il  ne  res- 
te plus  de  ces  murailles ,  que  quelques  pans  à  demi 
ruinés  derrière  le  collège  de  Navarre  ,  fur  les  foffés 
de  faint  Viétor.  Elles  ont  été  presque  toutes  abbatues, 
&  on  a  comblé  les  fofles  ,  fur  lesquels  on  a  élevé 
quantité  de  maifons  ,  qui  rendent  ces  endroits ,  au- 
trefois déferts  Se  dangereux,  fort  habités  Se  fort  fré- 
quentés. L'Univerfité  ,  dont  on  atttibue  la  fondation 
à  Charlemagne ,  a  choifi  cer  empereur  pour  fon  pa- 
tron ,  Se  le  jour  de  fa  fête  les  exercices  ceffent  dans 
tous  les  collèges,  afin  que  les  profeffeurs  fe  puiffènt 
trouver  au  collège  de  Navarre ,  pour  entendre  fon 
panégyrique  ,  que  l'on  prononce  en  latin  au  milieu 
de  la  méfie.  Elle  étoit  anciennement  fi  nombreufê*& 
fi  remplie  d'écoliers  ,  que  Juvenal  des  Utfins  afflue 
que  toutes  les  communautés  étant  allées  en  proces- 
fion  à  pied  chacune  à  fon  tour ,  à  Saint  Denis  en 
France ,  ville  éloignée  de  Paris  de  deux  lieues ,  pour 
demander  à  Dieu  la  guérifon  du  roi  Charles  VI  tom- 
bé en  démence ,  Puniverfité  voulut  s'acquiter  du  mê- 
me devoir.  Dans  le  tems  que  les  premiers  de  la  pro- 
ccfllon  entroient  dans  l'églife  de  Saint  Denis ,  le  rec- 
teur ,  qui  étoit  le  dernier ,  n'étoit  pas  encore  forti  des 
Mathurins  t  où  avoit  été  marqué  le  rendez-vous.  De 


cent  collèges  qu'on  pouvoit  compter  autrefois ,  il  n'y  en 
a  que  onze  où  l'on  tienne  les  baffes  claffes.  Ce  font 
ceux  de  Navarre, du  Pleffîs,  d'Harcourt,  de  Mazarin,  de 
Louis  Grand  où  on  a  runi  téous  les  bourfiers  j  de  BeaiH 
vais  ,  du  Cardinal  le  Moine ,  de  la  Marche  ,  de 
Lizieux  ,  de  Montaigu  ,  des  Graflïns  :  les  autres 
font  loués  à  des  particuliers.  Les  quatre  facultés  qui 
partagent  Puniverfité,  font  la  théologie,  le  droit,  là 
médecine!  Se  les  aits.  Elle  avoit  autrefois  fa  juris- 
diction  particulière ,  Si  cela  fe  vérifie  par  une  épita- 
phe  qui  eft  dans  le  cloître  des  Mathurins.  Deux  éco- 
liers convaincus  d'un  crime  digne  de  mort ,  furent 
exécutés  par  fentence  du  prévôt  de  Paris,  Se  PUni- 
verfité ,  fe  trouvant  bleffée  par  cette  fentence ,  cefi'a 
de  continuer  Ces  exercices,  qu'elle  ne  voulut  point 
reprendre  jusqu'à  ce  que  le  prévôt  eût  ramené  aux 
Mathurins  les  corps  des  deux  écoliers ,  qu'il  fur  obli- 
gé d'aller  détacher  du  gibet  de  Moiitfaucon  ,  où  ils 
étoient  demeurés  pendus  depuis  plus  de  quatre  mois^ 
Se  de  les  baifer  à  la  joue  en  les  détachant.  La  facul- 
té des  arts,  qui  donne  fes  leçons  dans  les  dix  coF- 
léges  dont  on  a  parlé  eft  divifée  en  quatre  nations , 
qui  ont  chacune  pour  chef  un  procureur  qu'elles  cli- 
fent  tous  les  ans,  de  même  que  les  trois  facultés  fu- 
périeures  ,  ont  chacune  un  doyen  ,  Se  ces  trois  doyens , 
avec  ks  quatre  procureurs ,  compofenr  le  tribunal  du 
reclcur  ,  qui  en  eft  le  préfident  Se  le  chef  ,  Se  que 
l'on  élit  tous  les  trois  mois.  Les  quatre  nations ,  font 
celles  de  France ,  de  Picardie ,  de  Normandie  Se  d'Al- 
lemagne. La  dernière  a  été  mife  à  la  place  de  la  na- 
tion d  Angleterre ,  qui  en  fut  ôtée  ,  à  caufe  âes  cruel- 
les guerres  que  les  François  eurent  contre  les  An- 
glois. 

Le  collège  des  Bernardins  qui  a  donné  fon  nom  à 
la  rue,  eft  d'une  ancienne  fondation,  Se  appartient  à 
l'ordre  de  Cîteaux.^Le  pape  Benoît  XII  qui  étoit  de 
cet  ordre,  femble  avoir  voulu  s'immortalifer  en  fai- 
fant  bâtir  ce  collège  avec  toute  la  magnificence  pofft- 
ble  :  les  murs  qui  dévoient  faire  la  principale  clôture, 
Se  qui  font  demeurés  encore  fur  pied ,  paroiffent 
d'une  épaiflêur  Se  d'une  folidité  furprenante.  Le  cha- 
pitre eft  très -bien  voûté  de  même  que  la  facriftie. 
L'édifice  de  l'églife  eft  regardé  comme  une  des  plus 
belles  gothiques  qu'il  y  ait  en  France.  Les  voûtes  en 
font  très  élevées  Se  parfaitement  bien  entendues.  Les 
chapelles  qui  régnent  de  chaque  côté  font  claires,  Se 
ont  de  la  proportion  avec  le  reffe  de  l'églife.  La  mort 
de  ce  Pontife  fut  caufe  qu'on  laiffa  ce  grand  ouvrage 
imparfait.  A  côté  de  la  facriftie  eft  un  petit  escalier 
à  vis  fott  induftiieufement  imaginé  :  deux  perfonnes  y 
peuvent  monter  Se  descendte  en  même-tems  fans  fe 
voir.  Ce  font  deux  tempes  en  limaçon  fur  un  noyau 
ménagées  l'une  fur  l'autre ,  dans  une  même  cage  de 
figure  ronde.  Guillaume  du  Vair ,  évêque  de  Lifieux 
Se  garde  des  fceaux ,  qui  avoit  été  maître  des  requê- 
tes Se  premier  préfident  au  parlement  de  Provence  j 
Paul  Peferon ,  qui  nous  a  laiffé  l'antiquité  des  tems 
rétablie  Se  juftifiée ,  ouvrage  fort  eftimé ,  Se  contra 
lequel  on  a  beaucoup  écrit ,  y  font  enterrés. 

En  fortant  des  Bernardins,  on  trouve  à  main  gau- 
che l'églife  de  Saint  Nicolas  du  Chardonner ,  appelles 
ainfi  à  caufe  que  le  premier  bâtiment  fut  polé  dan3 
un  lieu  inculte  Se  fauvage ,  &  tout  rempli  de  char- 
dons. Les  chanoines  de  faint  Victor  à  qui  ce  terreir| 
appartenoit,  le  donnèrent  vers  l'année  1243  pour  y 
bâtir  une  parolffe.  L'intérieur  eft  orné  d'une  architec- 
ture compofite  en  pilaftres,  dont  les  chapiteaux  font 
d'un  deffein  patticulier.  Entre  les  perfonnes  diftinguées 
par  leur  mérite ,  dont  les  corps  repofent  dans  cettô 
égiife ,  on  compte  Jean  de  Selve  ,  premier  préfident 
du  parlement;  Jetôme  Bignon  ,  avocat  général  :  fofi 
bufte  de  marbre  eft  de  Girardon  ;  Jérôme  Se  Thierry, 
fes  fils  ;  le  fameux  le  Brun ,  premier  peintre  du  roié 
Le  Séminaire  qui  eft  à  côté  de  cette  égiife,  eft:  le  plus 
ancien  de  tout  Paris.  La  porte  de  cette  maifon  a  quel- 
que chofe  de  beau  dans  fa  fingularité.  Le  collège  dit 
Cardinal  le  Moine  fut  fondé  par  Jean  le  Moine, originaire 
de  CrecyenPicardie,qui,par  fon  mérite  fingulier, parvint 
à  la  dignité  de  cardinal ,  &  à  celle  de  légat  d'Avignon.  Il  a 
été  enterré  dans  la  chapelle  de  ce  collège,  où  les  exercices 
Xim.1V.   Kkkkk 


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fe  font  avec  une   grande  exactitude.  Cette  chapelle  à 
le  titre  de   paroifle   pour     le    collège.    Turneb,     Bu- 
chanan  Se  Muret,  trois  des  plus  grands  hommes  de 
leur  îiécle ,  y  ont  enfeigné  en  même-tems.  Tout  pro- 
che eft  le  Séminaire  des  Bons-Enfans ,  dirigé  par  les 
pères  de   la  million  de   Saint    Lazare.    Ils  y   ont  en 
penfion  de  jeunes  eccléfiaftiques  ,  qui  apprennent  d'eux 
les  cérémonies  de  l'églife.   La  place  Maubert ,  qu'on 
trouve  au  bas  de  la  rue  Saint  Viétor ,  a  tiré  fon  nom, 
fuivant  le  rapport  des   hiftoriens,  d'Albert  le  Grand, 
qui  fut  en  fon   tems   l'ornement  Se  la  gloire   de  l'U- 
niverfité  de  Paris.  Ayant  enfeigné  quelque  tems  à  Co- 
logne ,  il  vint  à  Paris ,  &  le  nombre  de  fes  écoliers 
devint  fi  grand  ,  qu'il  fut  obligé  de  donner  fes  leçons 
dans  cette  place,  qui  en  a  été  appellée  Place  Mau- 
bert ,  comme  qui  diroit  place  de  maître  Aubert.  Ceft 
aujourd'hui  un  des  plus  grands  marchés  de  la  ville  : 
ce  marché  fe  tient  tous  le  mercredis  &   les  famedis: 
au  milieu  de  cette  place  eft  une  fontaine  qu'on  a  éle- 
vée des  matériaux  d'une  autre ,  qui  étoit  autrefois  fur 
le  quai  des  Auguftins.  L'Ange  de  bronze ,  que  l'on 
voyoit  deffus ,  étoit  pofé  fur  une  autre  fontaine ,  qui  a 
été  abbarue  dans  la  Grève.  Les  Carmes ,  qui  ont  leur 
couvent  dans  ce  lieu- là,  ont  été  originairement  fon- 
dés par  faint  Louis  ,  qui  les  avoit  amenés  de  la  Pa- 
leftine.  La  reine  Jeanne  ,   femme  de  Philippe  le  Long, 
leur  laiffa   de  rrès-grands  biens  par  fon  teffament  de 
l'année    1349,   Se  entre  autres  chofes ,  fa  couronne  , 
garnie  de  pierreries  d'un  fort  grand  prix  -,  la  fleur  de 
lis  d'or  qu'elle  avoit  reçue   le  jour  de   fon  couron- 
nement,   fa  ceinture  parfemée  de  groffes   perles,   Se 
toute  fa  vaifTelle  d'argent ,    avec    quinze  cens  florins 
d'or,  qui  en  ce  rems-là  montoient  à  une  fomme  fort 
haute.  Tout  cela  fut  employé  pour   le  bâtiment  de 
leur  églife  Se  de  leur  couvent  où  il  n'y  a  rien  de  re- 
marquable. Ils  ont  fait  rebâtir  depuis  plufieurs  années 
leur  grand  autel  d'un  deffein  fort  fingulier.  On  y  voit 
quantité  de  colonnes  de  pierre  peinte  en  marbre,  Se 
quelques  figures.  La  chapelle  de  la  Vierge,  où  efl  la 
dévotion  du  Scapulaite  »   eft  d'une  aflez  belle  menui- 
ferie  ,  ornée  de  colonnes  corinthiennes.  Oronce  Fine, 
Se  le  père  Sébaftien  Truchet ,  célèbres  mathématiciens, 
y  ont   leur  fépulcure.    En  montant  plus  haut ,  on  va 
au    collège    de  Navarre.  Il  fut  fondé  l'an  1304  par 
la   reine  Jeanne  de  Navarre  ,   femme  de  Philippe  le 
Bel ,  comme  le  font  connoître  deux  inferiptions  gra- 
vées  l'une   fous   la  ftatue    de  ce  roi ,  &  l'autre  fous 
celle  de   la   reine  ,   placées    à  chaque   côté     de   la 
porte  i 

PHIL1PPUS  PULCHER 

CHRISTIANSSIMUS ,  HUJUS 

DOMUS  FUNDATOR. 

JOANNA  FRANCIS  ET 

NAVARRE  REG1NA  , 

CAMPANILE  BRIjEQUE  COMES 

PALATINA, 

HAS  iEDES  FUNDAVIT» 

1304. 

Ces  vers  fe  trouvent  encore  gravés  au  milieu  : 

D extra  potens ,  Lex  &qua ,  Fid.es  tria  lilia  Regum 
Francorum ,  Cbrifto  Principe ,  ad  aflra  fer  tint. 

Les  illuflres,  qui  ont  le  plus  brillé  dans  ce  collè- 
ge, font  Pierre  d'Ailly,  archevêque  de  Cambray ,  Se 
cardinal  j  Nicolas  Oresme ,  qu'on  croit  avoir  traduit  la 
bible  le  premier  en  françois  ;  Jean  Gerfon ,  dont  le 
vrai  nom  eft  Charlier  ;  Jean  Textor ,  Jean  Major , 
Almainus  de  Caftroforti ,  Papillon,  Gelin,  de  Villers 
&  Pelletier  ,  Jean  de  Launoy,  Céfar  Egaffe  du  Boulai, 
Jacques  Bénigne  Boffuet,  précepteur  de  monfeigneur 
le  Dauphin.  L'an  1684  la  ville  fonda  à  perpétuité  un 
panégyrique  pour  le  roi ,  qui  eft  prononcé  tous  les  ans 
dans  une  des  fales  de  ce  collège.  Celui  de  Boncourt 
en  eft  tout  proche.  La  fondation  de  l'églife  de  Saint 
Etienne  du  Mont,  fituée  audeflusde  cesdeux  collèges,  eft 


PAR 


fi  ancienne  qu'on  n'en  connoît  pas  le  tems.  Le  bâtiment* 
tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui  ,  fut  entrepris  fous  le  rè- 
gne de  François  I,  &  ne  fut  achevé  que  long-cems  après. 
La  reine  Marguerite  de  Valois  mit  la  première  pier- 
re au  grand  portail  le  21  Août  16 10.  Quatre  colon- 
nes compofites ,  dont  il  eft  accompagné ,  en  font  la 
principale  décoration  :  elles  font  bandées  &  engagées 
dans  le  vif  du  bâtiment.  Le  dedans  de  l'églife  eft  af- 
fez  éclairé  Se  aflez  propre.  Il  y  a  des  arcades  qui  portent 
des  galeries  de  communicarion ,  Se  qui  tournent  autour  de 
chaque  pilier  avec  beaucoup  d'artifice  La  tribune  fur  la 
porte  du  chœur  eft  un  ouvrage  hardi ,  aufli-bien  que  les 
petits  escaliers  pratiqués  pour  y  monter.  Le  crucifix 
Se  les  figures ,  qui  l'accompagnent  fur  la  même  por- 
te, actirent  par  leur  beauté  l'attention  de  tous  ceux 
qui  s'y  connoiffent.  Le  petit  autel  du  Saint  Sacrement 
mérite  aufli  d'être  remarqué.  Il  y  a  un  bas-relief  en 
marbre,  repréfentant  notre  Seigneur  en  prière,  dans 
le  jardin  des  Olives.  Toutes  ces  chofes  font  fort  admirées 
des  curieux  La  chaire  du  prédicateur  eft  d'une  excellente 
menuiferie  ,  Se  ornée  de  fculpture  Se  de  bas-reliefs.  Une 
grande  ftatue  de  Samfon  femble  foutenir  tout  le  corps 
de  cet  ouvrage ,  autour  duquel  on  a  placé  des  vertus 
aflifes,  avec  des  bas-reliefs  entre  deux,  &  un  petit 
ordre  d'architecture ,  qui  fait  un  très-bel-effet.  Sur  le 
dais  de  cette  chaire,  on  voit  un  ange  qui  tient  deux 
trompettes ,  avec  lesquelles  il  femble  avertir  les  fidè- 
les. Cette  églife  conferve  les  cendres  de  plufieurs  grands 
hommes. ,  dont  voici  les  plus  célèbres.  Blaife  Vigenai- 
re  ;  Jean-Baptifte  Morin  ,  profeffeur  royal  de  mathé- 
matique ;  Blaife  Pascal  ;  Antoine  le  Maître  de  Sacy , 
dont  nous  avons  un  recueil  de  plaidoyers  ;  Jean  Ra- 
cine ,  de  l'académie  Françoife  ;  Charles  l'Abbé ,  com- 
mentateur de  la  coutume  de  Paris  ;  Euitache  le  Sueur, 
très-habile  peintre-,  Pierre  Petit,  médecin  tiès-favantj 
Piecre  Barbay ,  fameux  profeffeur  de  philofophie  ;  Mi- 
roir ,  docteur  de  la  maifon  de  Navarre  ;  Jean  Gallois, 
abbé  de  Saint  Martin ,  qui  a  long-rems  travaillé  au 
journal  des  favans  ;  Jofeph  Pittou  de  Toumeforr. 

Dans  le  paffage  qui  conduit  de  cette  églife  à  celle  de 
fainte  Geneviève ,  on  voit  un  Chrift  dans  le  tombeau, 
fort  eftimé.  Clovis ,  que  l'on  croit  être  le  premier 
fondateur  de  cette  féconde  églife,  la  dédia  à  Saint 
Pierre  Se  à  Saint  Paul ,  dont  elle  a  long-tems  porté 
le  titre  -,  elle  fut  par  la  fuite  dédiée  à  Ste  Gene- 
viève. Il  y  mit  des  chanoines  féculiers  ;  mais  com- 
me leur  conduite  n'étoit  pas  régulière  ,  Louis  le 
Jeune  les  obligea  de  prendre  la  règle  de  S.  Augu- 
Itin ,  Se  y  fit  aller  douze  chanoines  réguliers  de  Saint 
Vi&or.  La  règle  de  faint  Auguftin  s'y  eft  toujours  confer- 
vée  depuis ,  Se  cette  maifon  eft  devenue  la  première 
de  cette  congrégation  en  France.  L'abbaye  de  Sainte 
Geneviève  a  été  fouvent  ruinée  par  les  Normands 
Se  par  les  Danois ,  dans  le  tems  qu'elle  étoit  hors  de 
la  ville  i  mais  les  Parifiens ,  dont  le  zèle  a  toujours 
été  fort  grand  pour  leur  patrone,  réparoient  presqu'aus- 
fi-tôr  les  dommages  que  ces  barbares  y  avoient  cau- 
fés.  L'an  1483,  le  vendredi  7  de  Juin,  à  neuf  heu- 
res du  foir ,  le  tonnerre  tomba  fur  le  clocher ,  bâti  il 
y  avoit  plus  de  neuf  cens  ans.  Les  cloches  furent  fon- 
dues ,  Se  ce  clocher ,  qui  étoit  couvett  de  plomb ,  fut 
confumé  entièrement.  Le  corps  de  fainte  Geneviève  eft 
derrière  le  grand  autel  •  dans  une  châfle,  foutenue  par 
quatre  colonnes  ioniques  d'un  marbre  extraordinaire. 
Les  deux  de  devant  font  de  grofle  brèche,  qui  eft  un 
marbre  fort  eftimé.  Le  tombeau  de  Clovis,  premier 
roi  chrétien ,  eft  dans  le  milieu  du  chœur.  Il  y  eft 
repréfente  couché ,  revêtu  de  fes  habits  royaux.  On  y 
lit  : 

CLCJDOWEO  MAGNO 
REGUM  FRANCORUM  PRIMO 

CHRISTIANO, 

HUJUS  BASILIOE  FUNDATORI, 

SEPULCHRUM  VULGARI  OLIM  LAPIDE 

STRUCTUM  , 

ET  LONGO  JEVO  DEFORMATUM 

ABBAS  ET  CONVENT.  MELIORI  OPERE , 

CULTU  ET  FORMA  RENOVARUNT. 


PAR 


PAR        8e  t 


L'Autel  eft  ifolé  ,  ôc  l'on  peur  tourner  rour  aurour. 
Le  petic  tabernacle  eft  de  marbre  blanc,  en  forme  de 
dôme  odtogone,  avec  quatre  portiques  foutenus  de 
petites  colonnes  compofires  de  brocatclle  grecque  an- 
tique ,  donr  les  chapiteaux  font  de  bronze  doré  a  feu  , 
très-bien  cifelés,  avec  des  figures  d'anges  fur  les  pie- 
defiaux.  Le  corps  de  ce  tabernacle  eft  fait  de  diver- 
fes  pierreries  de  rapport,  comme  de  lapis,  d'agate ôc 
autres  femblables.  Tour  l'ouvrage  eft  foutenu  fur  un 
pied  en  cul  de  lampe  ,  d'un  marbre  bleu  extrêmement 
rare.  De  chaque  côté  fout  les  ftatues  de  faint  Pierre 
ôc  de  faint  Paul,  d'un  métal  particulier,  Se  de  cou- 
leur de  bronze.  11  y  a  dans  la  nef  quelques  chapel- 
les allez  belles ,  ôc  ornées  de  colonnes  de  marbre ,  ain- 
fi  que  le  jubé  pofé  fur  la  porte  du  chœur  avec  un 
attique.  La  menuiferie  des  orgues  eft  bien  travaillée. 
Le  tombeau  de  fainie  Clotilde ,  femme  de  Clovis ,  eft 
auprès  des  marches  du  grand  autel.  Dans  une  cha- 
pelle ,  à  côté  de  la  facrifiie ,  eft  le  maufolée  de  Fran- 
çois ,  cardinal  de  la  Rochefoucaulr ,  dont  la  figure  en 
marbre  blanc  eft  à  genoux  fur  un  tombeau  de  mar- 
bre noir  ;  ôc  fur  le  devant  on  voit  les  armes  de  l'ab- 
baye de  Sainte  Geneviève ,  dont  ce  cardinal  étoit  ab- 
bé. Proche  la  porte ,  par  laquelle  les  religieux  paflent 
pour  aller  au  chœur  ,  il  y  a  des  arcades  ou  niches, 
dans  lesquelles  font  des  figures  de  terre  cuite  ,  qui 
repréfentent  Jesus-Christ  dans  le  tombeau,  ôc  res- 
fuscité.  Ces  figures  font  admirablement  bien  deiîinécs: 
elles  font  de  Germain  Pilon.  Dans  la  cave  de  cette 
églife  efl  le  tombeau  de  fainte  Geneviève ,  fait  de  fim- 
ple  marbre ,  ôc  fans  aucun  ornement.  Il  n'y  refte  rien 
du  corps  de  cette  fainte  qui  a  été  mis  dans  la  châs- 
fe.  René  Descartes ,  le  plus  favant  ôc  le  plus  illuftre 
philofophe  de  ces  derniers  fiécles ,  y  a  été  apporté  par 
l'ordre  de  Louis  XIV  ;  le  cœur  de  Jacques  Rohaulr  y 
a  été  dépofé.  On  couitruit  à  prélénr  une  nouvelle  égli- 
fe ,  à  laquelle  on  travaille  avec  rant  d'ardeur  qu'on 
espère  la  voir  bientôt  achevée.  Le  couvent  eft  fort 
beau  j  le  jardin  eft  agréable.  La  bibliothèque ,  qui  oc- 
cupe le  defius  d'un  des  quatre  grands  corps  qui  for- 
ment tout  le  bâtiment  de  cette  abbaye  ,  eft  très-cu- 
rieufe  ,  ôc  remplie  d'une  infinité  de  livres,  rangés  dans 
des  armoires  d'une  très-belle  menuiferie.  Sur  le  devant 
font  des  bulles  des  hommes  illuftres  de  l'antiquité ,  ôc 
de  quelques  perfonnes  diftinguées  du  dernier  fiécle , 
moulés  fur  de  bons  originaux.  On  y  conferve  une  gran- 
de quantité  de  belles  eitampes.  A  l'extrémité  de  cette 
bibliothèque,  on  entre  dans  un  cabinet  particulier, 
où  les  curieux  onr  de  quoi  fe  fatisfaire  fur  routes  for- 
tes de  rares  curiofités.  On  y  conferve  un  medaillier  dont 
monfeigneur  le  duc  d'Orléans  lui  a  fair  préfent.  Le 
collège  de  Montaigu  ,  ou  des  Capets ,  eft  dans  ce  mê- 
me quartier.  Il  a  été  fondé  en  13 14,  par  Gilles  Ay- 
celin  ,  archevêque  de  Rouen ,  forti  de  l'ancienne  mai- 
son de  Montaigu  dite  de  Liftenois.  Le  chapitre  de 
Noue  Dame,  ôc  les  pères  Chartreux ,  en  font  les  ad* 
miniftrateurs.  Le  fameux  Erasme ,  de  Rotterdam ,  a 
fait  une  partie  de  fes  études  dans  ce  collège,  auiîi-bien 
que  Jean  Calvin:  on  y  entretient  de  pauvres  écoliers 
qui  y  vivent  fous  une  discipline  forr  févere.  Jean  Stan- 
dont  en  a  été  autrefois  principal.  L'Eglife  de  Saint 
Hilaire  qui  eft  la  paroifle  d'une  partie  de  ce  quartier, 
eft  d'une  ancienne  fondation. 

On  va  de  là  dans  la  rue  Saint  Jacques ,  qui  com- 
mence au  petit  Châtelet,  à  l'extrémité  du  petit  Pont. 
Le  petit  Châtelet  eft  une  manière  de  forterefie  anti- 
que, compofée  d'une  grofle  matTe  de  bâtiment  ouver- 
te dans  le  milieu,  qui  fervoit  autrefois  de  porte  à  la 
ville ,  aum-bien  que  le  grand  Châtelet ,  dans  le  tems 
qu'eile  n'avoir  point  d'autre  étendue  que  Pifle  du  Pa- 
lais. Ce  bâtiment  fut  réparé  par  le  Roi  Robert.  On  y 
diftingue  encore  des  culs  de  lampes ,  fur  lesquels  on 
avoir  élevé  autrefois  des  tours  qui  ont  été  abbatues 
pour  faire  une  terrafle  ,  qui  ferr  à  préfent  de  prome- 
nade aux  prifonniers.  La  première  chofe  remarquable, 
qu'on  rencontre  en  montant  vers  la  porte  où  finit  la 
rue  S.  Jacques ,  eft  l'églife  de  S.  Severin.  On  ne  peut 
douter  qu'elle  ne  foit  forr  ancienne ,  puisque  le  patron 
dont  elle  porte  le  nom  ,  en  a  été  le  fondateur.  Il  vi- 
Toit  du  tems  du  grand  Clovis,  qui,  fur    le  bruit  de 


la  fainteté  de  fa  vie ,  le  fit  venir  de  Savoyc  ,  où  il 
croit  Abbé,  pour  le  guérir  d'une  fièvre  dangereufe, 
dont  il  fut  délivré  par  Ces  prières.  Pendant  le  féjour 
que  ce  faint  abbé  fit  à  Paris ,  il  demeura  dans  l'endroit 
où  l'églife  de  Saint  Severin  a  été  bâtie.  Ce  n'étoit  alors 
qu'une  foiitude,  au  milieu  de  laquelle  il  y  avoir  une 
petite  chapelle  dédiée  à  faint  Clément.  Il  n'y  a  pas 
long-tems  quelegiand  aurel  de  cette  paroifle  eft  achevé. 
Il  eft  orne  de  huit  colonnes  compofites  de  marbre , 
qui  font  dispofées  fur  un  demi-cercle  ,  ôc  qui  foutien- 
nent  une  coupole  coupée,  avec  quelques  ornemens  de 
bronze  doré.  Anne-Marie,  mademoifelle  de  Montpen- 
fier ,  fille  aînée  de  Gafton-Jean-Baptifle  ,  duc  d'Orléans, 
a  fait  une  pairie  de  la  dépenfe  de  cet  autel  ;  c'eft  pour- 
quoi on  y  voit  fes  armes  dans  des  lozanges  fur  les  cô- 
tés. Entre  les  perfonnes  diftinguées  par  leur  mérite , 
qui  y  font  enterrées ,  on  compte  Jacques  de  Billi ,  fa- 
vant d'une  profonde  érudition  ;  Etienne  Pasquiet ,  ave* 
cat  général  de  la  chambre  des  comptes ,  dont  nous 
avons  quelques  ouvrages  ;  Scevole  ôc  Louis  de  Sainte 
Marthe ,  fi  connus  par  leur  mérite ,  Gilles  Perfonne 
de  Roberval ,  'géomètre  ôc  mathématicien  ,  ami  de 
Gaflendi  ;  Louis  Moréri ,  dont  le  diciionaire  hillori- 
que  porte  le  nom ,  ôc  un  feigneur  de  la  maifon  des 
comtes  de  Frife  Orientale ,  mort  à  vingt-trois  ans.  De 
l'autre  côté ,  à  l'extrémité  de  la  rue  Galande  ,  eft  une 
ancienne  églife  nommée  Saint  Julien  le  Pauvre ,  qui 
fut  autrefois  un  hôpital.  L'églife  de  Sainr  Yves  eft  un 
peu  plus  haut.  Elle  fut  bâtie  l'an  1347,  par  les  foins 
d'une  célèbre  confrérie  de  Bretons  qui  étoit  alors  à  Paris, 
ôc  qui  y  faifoit  faire  le  fervice  divin  tous  les  jours  par 
des  eccléfiaftiques  gagés.  En  avançant  dans  la  même 
rue  on  trouve  le  couvent  des  Mathurins  ou  Trinitai- 
res.  Il  fut  fondé  par  faint  Louis  ;  ôc  Robert  Gaguin, 
miniflrc  ôc  général  de  l'ordre  ,  fit  bâtir  l'églife  dans 
le  même  lieu ,  où  du  tems  de  la  première  fondation 
de  ces  pères  ,  il  fe  trouvoit  une  vieille  chapelle  ,  dans 
laquelle  on  confervoir  le  corps  de  faint  Mathurin,  ce 
qui  les  a  fait  nommer  Mathurins.  Depuis  quelque 
tems  on  a  embelli  cette  églife  confidérablemenr.  Le 
grand  autel  eft  orné  de  quatre  colonnes  d'un  marbre 
très-rare  ôc  très-précieux  ,  d'une  brocatclle  jaune  mar- 
quetée de  couleur  de  feu ,  plus  grande  que  toutes  cel- 
les que  l'on  a  pu  voir  de  cette  espèce.  Les  carrières 
en  font  perdues.  Ces  quatres  belles  colonnes  furent 
données  par  les  Trinitaires  d'Espagne ,  à  un  général 
de  l'ordre,  lorsqu'il  faifoir  fa  vifite  dans  ce  royaume. 
Le  petit  tabernacle  de  cet  autel  eft  enrichi  de  colon- 
nes d'un  marbre  fingulier,  aufli  d'une  espèce  de  bro- 
carelle  rrès-rare.  Les  chapelles  qui  font  du  côté  gau- 
che ont  aufli  pour  ornement  des  colonnes  de  marbre 
d'une  aflez  belle  ordonnance.  Les  chaifes  des  religieux 
font  d'une  menuiferie  dont  les  panneaux  fe  trouvent 
couverts  de  tableaux  qui  repréfentent  rhifloire  de  Jean 
de  Matha  leur  inftituteur.  Le  chœur  de  cette  églife 
eft  féparé  de  la  nef  par  fix  colonnes  ioniques ,  qui  fou- 
riennent  une  corniche  double,  fur  laquelle  il  y  a  des 
figures  d'anges ,  qui  tiennent  en  leurs  mains  des  in- 
ftrumens  de  la  paflion.  Le  refte  de  cette  églife  eft  re- 
vêtu d'une  menuiferie  chargée  de  fculptuie.  Ces  reli^» 
gieux ,  avant  qu'on  les  appellât  Mathurins  ou  Trini- 
taires ,  porroienr  le  nom  de  Frères  Anes ,  parce  que 
lorsqu'ils  étoient  obligés  de  voyager,  il  leur  étoit  dé* 
fendu  d'aller  aurrement  que  fur  des  ânes ,  fuivant  leur 
inftitution  faite  l'an  1198,  fous  le  pontificat  d'Inno- 
cent III.  En  116J,  il  leur  fut  permis  de  fe  fervir  de 
chevaux.  Ils  font  de  l'ordre  de  la  Sainte  Trinité ,  de 
la  Rédemption  des  Captifs, &  leur  principal  inflitut  efl: 
d  aller  racheter  des  esclaves  chrétiens  des  mains  des 
infidèles.  Robert  Gaguin  ,  miniftre  &  général  de  l'or- 
dre, aureur  des  annales  de  Fiance,  eft  enterré  dans  le 
chœur  ,•  Sacro  Bosco  ,  marhématicien  de  réputation  , 
dont  le  traité  de  Sphera  munâi  a  été  traduit  en  di- 
verfes  langues  ;  le  fameux  Cujas,  jurisconfulte,  y  font 
aufli  enterrés.  On  pane  enfuite  devant  l'églife  de  Saint 
Benoît,  dont  on  tient  que  faint  Denis,  évêque  de 
Paris ,  a  été  le  fondateur  ,  &  qu'il  la  mit  fous  l'invo- 
cation de  la  Sainte  Trinité.  C'étoit  d'abord  une  ab- 
baye fous  le  nom  de  Saint  Benoît  ôc  de  Sainte  Bal- 
que,  Elle  eft  occupée  par  des  chanoines ,  qui  dépen- 
Tom.  IV.  Kkkkk  ij 


8i2      PAR 


PAR 


tient  de  Notre-Dame,  où  ils  font  obligés  de  fe  trou- 
ver les  joins  des  grandes  proceffions.  11  y  a  fix  cha- 
noines Se  douze  chapelains ,  qui  font ,  auffi-bien  que 
le  ciné ,  à  la  nomination  des  chanoines.  Le  bâtiment 
eft  fort  fimplc  Se  fort  greffier.  Le  chœur  a  été  en- 
tièrement refait ,  &  décoré  en  dedans  d'un  ordre  d'ar- 
chitecture en  pilaftres  corinthiens.  René  chopin,  avo- 
cat au  parlement  de  Paris  ;  Claude  Se  Charles  Perrault, 
qui  ont  laifié  de  bons  ouvrages;  Gérard  Audran,  cé- 
lèbre graveur;  Jean  Foi  Vaillant,  l'un  des  plus  grands 
«antiquaires  de  fon  fiécle;  Se  le  chancelier  de  Sillery , 
font  enterrés  dans  cette  églife. 

De  l'autre  coté  de  la  rue  eft   une  petite   place ,  à 
l'entrée  de  laquelle  il  y  a  une  fontaine.  Cette  place  eu; 
appellée  la  Terre  de  Cambrai ,  à  caufe  qu'on  y  trouve 
un  collège  de  ce  nom.  Le  Collège  royal  s'y  trouve  auffi. 
Jl  doit  fa  fondation  à  François  I,  qui  inftitua  la  plu- 
part des  lecteurs,  nommés  depuis  profefleurs  en  droit 
Se  en  médecine,  qui  font  dans  ce  collège.   Il  fit  venir 
les  plus  habiles  gens  qu'il  put  trouver  pour  y  enfeigner 
les  mathématiques,  la  philofophie  ,1a  langue  grecque, 
la  latine,  la  fyriaque&  l'hébraïque.  11  avoit  deflein  d'y 
faire  élever  un  grand  bâtiment  ;  mais  les  guerres  qu'il 
fut  obligé  de  foutenir  fur  toutes  les  frontières  du  royau- 
me, ne  lui  permirent  pas  de  l'exécuter.  Ce  bâtiment  ne 
fut  commencé  que  fous  la  régence  de  Marie  de  Mé- 
dicis.  Louis  XIII ,  fon  fils,  qui  n'avoit  encore  que  neuf 
ans  ,  y  mit  la  première  pierre  ;  mais  ce  travail  fut  in- 
terrompu ,  Si  il  n'y  eut  qu'un  côté  de  fait ,  tel  qu'on 
le  voit ,  au  même  endroit  ou  fut  autrefois   le  collège 
de  Treguier.  Les  profefleurs  ,  au  nombre  de  dix-neuf , 
font  gagés  du  roi ,  Se  font  une  espèce  de  corps  fépa- 
ré  de  l'univerfité ,  à  laquelle  ils  ne  laiflcnt  pas  d'être 
fournis.  Il  n'en;  pas  permis  au  recteur  de  les  dépofer , 
ni  de  leur  défendre   la  chaire  ,  ce  qu'il  peut   faire  à 
tous  les   auttes.  Vis-à-vis  du  collège  royal ,  l'on  trouve 
la  Commenderie  de  Saint  Jean  de  Latran ,  qui  dépend 
de  l'ordre   de  Malthe.  C'en;  un  grand  espace  rempli 
de  ma'ifons  très-mal  bâties ,  où  logent  toutes  fortes  d°ar- 
rifans,qui  ne  font  pas  maîtres,   Se  qui  peuvent  tra- 
vailler, fans  être  inquiétés  par  les  Jurés  de  la  ville  ,  parce 
que  cette  Commenderie  eft  un  lieu  de  franchife.  Dans 
1  églife  appellée  Saint  Jean  de  Latran ,  eft  le  tombeau 
de  Jacques  de  Souvré ,  grand  prieur  de  France.  Il  eft 
tout  de    marbre,  d'un  defiein  particulier.    On  y  voit 
deux  thermes  fortant  de  leurs  gaînes ,  qui  font  cannelées. 
Ces  thermes  foutiennent  un  entablement ,  fous  lequel 
on  voit  la  figure  de  ce-grand  prieur ,  couchée  fur  un  tom- 
beau de  marbre  noir.  Les  deux  corps  qui  portent  l'entable- 
ment Se   le  fronton  ,  dans  lesquels  les  deux  thermes  fe 
trouvent  nichés  ,  font  d'une  espèce  de  marbre  fort  rare  , 
nommée  Brèche  antique.  Prèsdc-là  eft  la  place  du  Puits 
Certain,  au  haut  de  la  rue  S.  Jean  de  Beauvais.  Elle  eft  re- 
nommée par  le  puits  que  l'on  y  voir.  Ce  puits  fut   bâti 
vers  l'an  1556  par  Robert  Certain  ,  pour  lors  curé  de 
l'églife  de  Saint  Hilaire,  &  nommé  premier   principal 
du  collège  de  Sainte  Barbe.   Cette   églife  a  été  bâtie 
dans  la  cenfive  du  chapitre  de  Saint  Marcel  ;  Se  comme 
ce  chapitre  avoit  autrefois  droit  de  jufticc  haute  ,  moyen- 
ne Se  baffe  dans  tout  ce  quartier  ,  c'étoit  au  Puits  Cer- 
tain que  fe  faifoient  ordinairement  les  punitions  cor- 
porelles ,  en  exécution  des  fentences  de  la  même  ju- 
risdiction.  En  rentrant  dans  la  rue  Saint  Jacques ,  Se 
montant   un  peu  plus  haut,    on  arrive  au  collège  du 
Pleffis  ,  nommé  autrefois  le  Collège  de  Saint  Martin , 
à  caufe  que  fon  premier  fondateur,  appelle  Geoffroi  du 
PleJJîf ,  fecrétaire  du  pape  Jean  XXII,  avoit  beaucoup 
de  vénération  pour  ce  faint.  Le  cardinal  de  Richelieu, 
pour  éternifer  fa  mémoire  ,  lui  fit  reflituer  fon  ancien 
nom,  &onl'appella/e  Collège  du  Flejfis  de  Richelieu.  Il 
laiffa  une  fomme  confidérable  pour  le  faire  rebâtir  ma- 
gnifiquement ,  Se  embellir  de  logemens  fpacieux  ,  qui 
le  rendent  un  des  plus  beaux  de  l'univerfité.  Les  do- 
cteurs de  Scu-bonne  ont  la  direction  de  ce  collège  ,  & 
ils  y  mettent  le  principal  Se  les  régens.  Le  Collège  de 
Louis  le  Grand,  ou  de  Clermont ,  ci- devant  occupé  par 
les  Jéfuites ,  Se  dans  une  partie  duquel  l'on  a  transféré 
celui  de  Beauvais  au  mois  d'Octobre  1763  ,  lequel  étoit 
auparavant  rue  Saint  Jean  de  Beauvais,  eft  à  cinquan- 
te ou  foixante  pas  de  celui  du  Pleffis.  Guillaume  Du- 


prat ,  évêque  de  Clermont ,  s'étant  trouvé  au  concile 
de  Trente  de  la  part  de  la  France ,  fit  une  liaifon  par- 
ticulière avec  quelques  Jéfuites  qui  fe  trouverenr  à  l'as- 
femblée  du  même  concile.  Cette  liaifon  lui  infpira  le 
defir  de  les  amener  en  France  pour  inftruire  la  jeunefle. 
Il  les  logea  pendant  fon  vivant  dans  fa  maifon ,  Se  leur 
laifla  par  fon  teftamenr  une  fomme  confidérable ,  qui 
leur  fervit  à  acheter  une  maifon  qu'on  nommoit  la 
Cour  de  Langres,  &  qu'ils  appelèrent  le  collège  de 
Clermont ,  à  caufe  que  leur  bienfaiteur  étoit  évêque  de 
la  ville  de  ce  nom.  Le  roi  Henri  111  y  mit  la  pre- 
mière pierre,  fur  laquelle  on  a  gravé  cette  infeription  ; 

RELIGION1S  AMPLIFICAND^  STUDIO, 
HENRICUS  III.  CHRISTIANISS.  REX 
FRANCIS  ATQUE  POLONL£  IN 
AUGUSTISS.  JESU  NOMEN  PIETATIS 
SU  JE  MONUMENTUM,  HUNC  PRIMUM 
LAPIDEM ,  IN  EJUS  TEMPLI FUNDAMENTUM 
CONJEC1T  : 
ANNO  DOM1NI   i;8z. 
DIE  20.  APRILIS. 

Ce  bâiiment  contient  une  très -grande  quantité  de 
logemens  Se  de  chambres  ,   le   tout   rempli   jusqu'aux 
moindres  efpaces ,  Se  ménagé  avec  beaucoup  d'induftiie. 
La  chapelle  de  ce  Collège  efi  petite  Se  obfcure.  On  y 
voyoit  dans  les  fêtes  folemnelles    un    devant  d'autel 
de  feuillages  d'argent  fur  un  fond  de  cuivre  doré  ,  avec 
un  cartouche   d'argent  en  bofle  &  deux  crédances  de 
même  ,  Se  un  autre  d'une  riche  broderie  d'or  ,  fort  re- 
levée fur  un  fond  d'argent ,  avec  plufieurs  pièces  d'or- 
fèvrerie ,  Se  d'autres  chofes  d'un  très-grand  prix.  11  y 
a  un  très-grand  corps  de  bâtiment  au  fond  du  jardin, 
allez  près  du  petit  collège  de  Marmoutier,  qu'on  a  joint 
à  celui-ci  pour  l'augmenter,  de  même  que  le  collège  du 
Mans,  que  le  roi  avoit  donné  à  ces  pères.  C'eft  dans  ce 
bâtiment  qu'une  partie  de  leur  bibliothèque  étoit  placée. 
Elle  étoit  une  des  plus  belles  Se  des  plus  nombreufes  de 
Paris ,  par  la  quantité  Se  par  la  qualiré  des  livres  qui 
s'y  trouvoient.  Ils  ont  eu  des  profefleurs  d'une  haute  ré- 
puration.  L'églife  de  Saint  Etienne  des  Grès  eft  un  peu 
plus  haur ,  du  même  côté.  Elle  paffe  pour  une  des  plus 
anciennes  de  Paris.  On  prérend  que  faint  Denis,  évê- 
que de  Paris ,  en  eft  le  fondateur  ;  c'eft  une  collégiale 
compofée  d'un  chevecier  Se  de  douze  chanoines ,    dont 
fix  font  à  la  nomination  de  deux  chanoines  de  No- 
tre-Dame. On  dit  que  faint  François  de  Sales  y  pronon- 
ça les  trois  vœux  que   font  les  religieux.   Vis-à-vis 
eft  le  grand  Couvent  des  Jacobins ,  nommés  originai- 
rement les  Frères  Prêcheurs ,  de  l'ordre  de  faint  Do- 
minique. On  rapporte  fa  fondation  au  tems  même  de 
ce  faint,  qui  vivoit  en  l'année  12 17,  fous  le  pontifi- 
cat d'Honoré  III.    Dans  le  tems  de  l'héréfie  des  Ar- 
riens,  il  envoya  à  Paris  deux  de  fes  religieux  ,    qui  fe 
logèrent  dans  un  prieuré  de  Saint  Jacques ,  nommé  le 
Parloir  des  bourgeois.  C'eft  le  même  lieu  où  eft  aujour- 
d'hui ce  couvent.    Ces  pères  furent  enfuite  nommés 
Jacobins  ,  à  caufe  de  la  rue  S.  Jacques ,  où  il  a  été  bâti. 
Le  grand  autel  de  l'églife  eft  orné  de  colonnes  corin- 
thiennes de  marbre  de  Dinan.   Au  deflus  de  la  porte 
de  la  facrillie ,  on  voittin  grand  tableau  du  Valentin  ,  qui 
repréfenre  la  naifiance  de  la  Vierge.  Les  connoiffeurs 
le  regardent  comme  un  des  plus  beaux  qu'il  y  ait  en 
France.  La  chapelle  du  rofaire,qui  eft  à  côté  du  grand 
autel,  eft  d'une  aflez  belle  menuiferie.  Cette  églife,  en 
général ,  eft  aflez  mal  conftruire  ;  mois  il  y  a  un  grand 
nombre  de  tombeaux  ,  dont  plufieurs  font  de  princes  du 
fang  royal.  Celui  de  Humbcrt ,  dernier  prince  fouve- 
rain  de  Dauphiné,  mérite  qu'on  le  diflingue.  Ce  prince 
ayant  perdu  un  fils  unique  encore  enfant ,  qu'il  laifla 
tomber  malheureufement  par  une  fenêtre,  en  conçut 
un  tel  chagrin  ,  qu'il  réfolut  de  quitter  le  monde ,  Se 
prit  à  Lyon  l'habit  de  l'ordre  de  faint  Dominique  ,  après 
avoir  donné  fa  principauté  à  Philippe  de  Valois ,  à  la 
charge  que  tous  les  fils  aînés  des  rois  de  France  por- 
teroient  à  l'avenir  le  nom  de  Dauphin.  Il  gouverna  le 
mona  itère  de  Paris ,  Si  fut  fait  patriarche  d'Alexandrie.  Le 
tombeau  de  ce  prince  eft  entre  l'autel  Se  le  chœur.  On  y 


PAR 


PAR 


compte  vingt-deux  tombeaux  de  princes  Se  de  prince/Tes 
du  fang  ,  paiticulierement  de  la  maifon  de  Bourbon.  Les 
hommes  diftingués  par  leur  mérite,  qui  y  font  enter- 
rés ,  font  Thomas  Campanella ,  Nicolas  Coëffeteau  , 
Jean  Paflerat ,  Se  le  fameux  perc  Alexandre ,  auteur  d'u- 
ne hiftoire  eccléfiaftique.  Saint  Thomas  d'Aquin ,  l'an- 
ge de  l'école,  a  enfeigné  la  théologie  dans  ce  couvent. 
La  grande  clafle,  où  il  donnoit  des  leçons  ,  fut  rebâtie  au 
commencement  du  dernier  fiécle. 

Au  fortir  des  Jacobins  on  entre  dans  le  fauxbourg 
Saint  Jacques,  où  .après  avoir  parte  devant  le  couvent 
de  filles  de  la  Vifitation  de  Sainte  Marie ,  qui  n'ont 
pour  églife  qu'une  grande  fale  fotc  ferrée  Se  fort  ob- 
ïcure,  on  vient  à  Saint  Jacques  du  Haut- Pas,  paroifle 
de  tout  ce  quartier.  La  porte  de  cette  églife  eft  embel- 
lie d'un  ordre  dorique ,  de  quatre  grofles  colonnes  ifo- 
lées  »  qui  foutiennent  un  entablement  Se  un  fronton  , 
avec  un  attique  au-deflus.  Les  voûtes  des  bas-côtés  font 
très-hardies ,  ptincipalement  les  deux  premières  en  en- 
trant. Elle  efl  la  fépulture  de  Jean-Dominique  Caflîni , 
grand  aflronome.  Le  Séminaire  de  Saint  Magloire  eft 
presque  contigu  à  Saint  Jacques  du  Haut-Pas.  C'étoit 
autrefois  une  abbaye  de  l'ordre  de  faint  Benoit  ,  qui 
fut  fondée  originairement,  au  lieu  où  efl:  à  préfent  l'é- 
glife  de  Saint  Barthélémy.  Interrompus  par  le  bruir  que 
leur  caufoit  la  proximité  du  palais ,  ils  fe  transportèrent 
en  1 138  à  la  place  où  eft  ce  Séminaire.  Il  y  avoit  alors 
une  petite  chapelle  dédiée  à  faint  George.  L'an  IJ49 
ces  religieux  furent  transférés  en  divers  monafleres  de 
leur  ordre,  Se  on  mit  en  leur  place  des  Filles  Péniten- 
tes ,  qui  n'y  demeurèrent  pas  long-tems.  Les  percs  de 
l'Oratoire  y  furent  introduits  l'an  1620,  &  gouvernent 
aujourd'hui  cette  maifon.  On  trouve  enfuite  le  cou- 
vent des  Urfulines  &  celui  des  Feuillantines.  Le  pre- 
mier fut  fondé  en  1607, par  mademoifelle  de  Sainte 
Beuve.  L'inflitut  de  ces  religieufes  eft  d'inftrnire  gra- 
tuitement les  jeunes  filles  ,  S:  de  leur  apprendre,  non- 
feulement  à  lire  &  à  écrire,  mais  encore  à  faire  des 
ouvrages  qui  leur  conviennent  pour  les  faire  fubfifier. 
L'églife  efl  petite,  Se  h  reine  Anne  d'Autriche  y  mit 
la  première  pierre  le  22  de  Juin  1620.  L'autel  eft  d'un 
allez  beau  deflein  ,  orné  de  colonnes  de  marbre  de  Di- 
nan.  Les  Feuillantines  établies  en  162 1,  font  de»  l'or- 
dre de  faint  Bernard,  de  la  réforme  du  bienheureux 
Jean  de  la  Barrière.  Il  n'y  a  pas  long  tems  que  leur  églife 
a  été  rebâtie  de  neuf.  L'autel  de  cette  églife  eft  orné 
de  colonnes  rudenrées  compofites ,  de  pierres  de  taille 
proprement  travaillées ,  Se  le  tableau  ,  qu'on  voit  au 
milieu ,  eft  une  copie  de  la  fainte  famille  de  Raphaël. 
Tout  proche  font  les  Bénédictins  Anglois ,  dont  l'égli- 
fe .quoique  petite ,  a  des  embellifiemens  qui  ont  de  quoi 
contenter  la  vue.  Elle  eft  ornée  de  pilaftres  en-dedans, 
&  l'autel  eft  accompagné  de  colonnes  Se  de  figures  qui 
font  un  allez  agréable  effet.  La  menuiferie  des  chailès 
des  religieux  eft  fort  bien  imaginée.  Ce  font  des  An- 
glois d'origine ,  que  la  religion  obligea  vers  le  milieu 
du  dernier  fiécle  de  venir  chercVier  un  refuge  en  France. 
Les  chapelles  de  chaque  côté  du  chœur  font  ornées  de 
tableaux  allez  bien  peints;  l'un  eft  la  fainte  Vierge  tenant 
l'enfant  Jefus  fur  fes  genoux  ;  l'autre  ,  faint  Benoît  en 
méditation.  Ces  deux  tableaux  font  de  la  propre  main 
de  Madame  Palatine,  fœur  de  madame  :  elle  a  été  abbeffe 
de  Maubuiflbn.  Le  corps  de  Jacques  II ,  roi  de  la  Grandi 
Bretagne,  Se  celui  de  Louife-MarieStuart  fa  fille  ,  font 
en  dépôt  dans  une  chapelle  vis  à-vis  la  porte.  De  l'au- 
tre côté  font  les  Carmélites ,  dont  l'églife  eft  très-an- 
cienne. Le  corps  du  bâtiment ,  tel  qu'on  le  voit ,  fut 
élevé,  félon  quelques  uns,  fous  le  règne  de  Robert  le  reli- 
gieux. Cette  maifon  étoit  autrefois  un  prieuré  de  l'ordre 
de  S.  Benoit ,  fous  le  titre  de  N.D.  des  Champs.  C'étoit 
dans  cette  églife  qu'on  mettoit  autrefois  en  dépôt  les 
corps  des  rois,  pendant  tout  le  tems  que  les  compa- 
gnies fouveraines  Se  inférieures  alloient  jetter  de  l'eau 
bénite ,  d'où  ils  étoient  conduits  à  Notre-Dame ,  en- 
fuite  à  Saint  Lazare ,  où  on  faifoit  une  flatiou  pour  fe  re- 
pofer.  L'an  1604,  on  y  mit  des  religieufes  Carmélites 
de  la  réforme  de  fainte  Thérèfe  ,  que  le  cardinal  de 
Berulle  alla  chercher  lui-même  en  Espagne ,  dans  le 
tems  que  cette  réforme  faifoit  un  fort  grand  bruit ,  à 
caufe  de  l'auftérité  de  fes  ftatuts.    C'eft  la  première 


8l3 


maifon  de  cet  ordre  qu'on  ait  vu  en  France.  L'églile, 
quoique  d'une  ftrucrure  groffiere  ,  eft  très- richement 
décorée  pour  ce  qui  regarde  le  dedans.  L'autel  princi- 
pal de  cette  églife  fort  exhauflé,  eft  un  corps  d'archi- 
tecture de  quatre  colonnes  corinthiennes  de  marbre  >, 
dont  les  chapiteaux  ,  les  foubaflemens  Se  les  médaillons 
font  de  bronze  doré  à  feu.  Le  tabernacle  de  cet  autel 
eft  tout  daigenr.  L'arche  d'alliance  y  eft  figurée  ,  Se 
l'on  voit  fur  le  devant  un  bas-relief  d'un  admirable 
travail.  Ces  religieufes  ont  un  grand  foleil  d'or  enrichi 
de  quantité  de  pierreries  d'un  fort  grand  prix.  Toutes 
les  chapelles  font  magnifiques ,  Se  fur-tout  celle  de  la 
Magdeléne ,  dont  le  tableau  de  le  Brun  ,  eft  très- 
cftimé.  La  ftatue  en  marbre  du  cardinal  de  Berulle , 
fait  un  des  omemens  de  cette  chapelle  ;  elle  eft  de  Sa- 
razin.  Cette  églife  eft  décorée  de  tableaux  d'un  très- 
bon  goût  &  des  meilleurs  maîtres ,  entre  autres  celui 
de  la  falutation  angélique ,  peint  pat  le  Guide  pour 
la  reine  Marie  de  Médicis.  Toute  la  voûte  de  cette 
églife  eft  de  Champagne.  On  y  admire  particulière- 
ment un  crucifix,  accompagné  de  la  Vierge  Se  de  faint 
Jean  ,  defliné  avec  tant  d'art ,  qu'il  femble  que  ces  fi- 
gures foienc  fur  un  plan  perpendiculaire  ,  quoiqu'elles 
foientfur  un  plan  horizonral.  Gérard  des  Argues  a  don- 
né le  trait  pour  la  perfpcclive ,  Se  Champagne  l'a  très- 
heureufement  exécuté.  La  baluftrade  ,  qui  fépare  la  nef 
du  chœur  de  cette  églife  ,  eft  formée  par  quatre  gran- 
grande  colonnes  d'un  très- beau  marbre,  chargées  de 
flammes  de  bronze  doré.  Le  crucifix  ,  placé  fur  la  porte , 
eft  auflî  de  bronze  ,  Se  regardé  comme  une  pièce  rare. 
Antoine  de  Varillas ,  hiftorien ,  y  eft  enterré.  Sœur 
Louife  de  la  Miféricorde  ,  dans  le  monde  duchefle  de 
la  Valliere  ,  repofe  dans  le  cloître  de  ces  religieufes. 
On  y  a  apporté  le  cœur  du  grand  Turenne.  Le  duc 
de  Montaufier  Se  Julie  d'Angennes  de  Rambouillet, 
fon  époufe,  y  repofent  aufli.  «  La  chapelle  fouterrei- 
»  ne  de  l'églife  paroît  d'une  grande  antiquité  :  elle  fai- 
»  foit  partie  d'un  temple  de  Mercure  ,  Se  fi  l'on  en  croit 
»  quelques  auteurs,  la  figure  que  l'on  voit  au  haut  du 
»  pignon  de  cette  églife ,  eft  une  ftatue  de  ce  dieu.  * 
Effai  Hifi.  fur  Paris. 

Le  Val  de  Grâce ,  l'un  des  plus  fuperbes  édifices  qu'on 
ait  élevé  dans  le  dernier  fiécle ,  eft  fitué  de  l'autre  cô- 
té des  Carmélites  ,  Se  occupé  par  des  religieufes  de 
l'ordre  de  faint  Benoît ,  qui  avoient  été  fondées  autre- 
fois près  du  village  de  Bievre  ,  à  trois  lieues  de  Paris, 
en  un  lieu  appelle  le  Val  profond ,  &  fort  incommo- 
de à  caufe  des  marécages.  Louis  XIII  leur  ayant  accor- 
dé la  permiflïon  de  s'établir  à  Paris,  la  reine  Anne  d'Au- 
triche fit  venir ,  d'un  monaftere  de  Lyon  ,  Margue- 
rite d'Arbouze  pour  y  mettre  la  réforme,  Se  les  fit  lo- 
ger en  162 1  ,  au  fauxbourg  Saint  Jacques,  dans  une 
vieille  maifon  que  l'on  nommoit  l'Hôtel  de  Valoir , 
qui  fut  abbatue  pour  faire  place  aux  ouvrages  que  l'on 
a  exécutés  depuis  ce  tems-là.  Cette  princefle,  croyant 
ne  pouvoir  rendre  affez  d'actions  de  grâces  à  Dieu  pour 
l'heureufe  naiflance  de  Louis  XIV,  dont  elle  accou- 
cha le  y  Septembre  1638  ,  après  vingt-deux  ans  de 
flériiiré  ,  fit  jetter  les  fondemens  du  Val  de  Grâce.  Le 
roi  y  mit  lui-même  la  première  pierre ,  dans  laquelle 
on  enferma  une  médaille  d'or  du  poids  d'un  mdre  trois 
onces,  fur  laquelle  ce  jeune  prince,  alors  âgé  de  fept 
ans ,  eft  repréfenté  entre  les  bras  de  la  reine  fa  mè- 
re ,  avec  cette  légende  autour  : 

Anna,  Dei  gratia  ,  FrancoRum  et 

Navarre  regina.mater  Ludovic* 

xiv.  Dei  gratia  ,  Francis  et 

Navarre  régis  cristianissimi. 

Sur  le  revers  le  portail  eft  repréfenté  avec  cette  in- 
feription: 

Ob    C-RATIAlvt    DIÙ   DÉSIDERATI 

REGIS    ET    SECUNDI  PARTUS 

QUINTO     SEPTEMBRIS      1638. 

On  entre  d'abord  dans  une  grande  cour,  féparéede 
la  rue  par  une  paliflade  de  fer ,  aux  extrémités  de  la- 


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PAR 


PAR 


quelle  font  deux  pavillons  carrés.  A  droite  Se  à  gau- 
che cette  cour  eft  bornée  d'un  ouvrage  de  maçonne- 
rie ,  orné  de  colonnes  ruftiques.  Le  grand  portail  eft 
au  fond  de  cette  cour,  élevé  fur  feize  degrés.  Il  eft 
en  portique  ,  foutenu  de  quatre  grofles  colonnes  co- 
rinthiennes ifolées  i  il  y  a  des  niches  de  chaque  côté, 
Se  l'on  y  a  placé  les  ftatues  de  faint  Benoît  Se  de  fainte 
Scholallique  en  marbre  blanc ,  avec  les  aimes  de  Fran- 
ce Se  d'Autriche ,  dans  le  tympan ,  foutenu  par  deux 
Anges.  Sur  la  frife  de  ce  portique  ,  cette  infeription 
eft  en  grofles  lettres  d'or  de  relief: 

JESU    NASC£NTI    VlRGINlQUE    MaTRI. 

La  face  de  tout  ce  portail  eft  de  deux  ordres  de  co- 
lonnes corinthiennes  Se  compofues ,  avec  tous  les  or- 
nemens  qui  peuvent  leur  convenir.  Le  fécond  eft  en- 
gagé dans  le  vif  du  bâtiment.  Toute  l'églife  eft  or- 
née d'un  ordre  corinthien  en  pilaftres  rudentés.  Le  pavé 
eft  divifé  en  grands  compartimens  de  marbre  de  différen- 
ces couleurs  ,  adonis  à  la  beauté  des  panneaux  qui  font  à 
la  voûte.  Cette  voûte  eft  d'une  pierre  blanche  comme 
le  marbre,  Se  enrichie  d'ornemens  par  tout.  De  cha- 
que côté  de  la  nef,  on  voit  trois  chapelles,  féparées 
l'une  de  l'autre  par  deux  grand  pilaftres.  Us  foutiennent 
la  corniche  qui  règne  autour  de  l'églife  i  fur  laquelle 
pofent  les  arcs  de  la  voûte.  Le  grand  autel  eft  directe- 
ment fous  la  coupole,  à  l'extrémité  de  la  nef,  de  la- 
quelle il  n'eft  féparé  que  par  une  grille  de  fer  doré. 
Quatre  grandes  arcades  fupportent  cette  coupole,  Se 
le  grand  autel  eft  placé  fous  celle  du  fond.  Il  eft  décoré 
de  fi  x  grofles  colonnes  torfes  compofues,  de  marbre  de 
Barbançon  noir,  veiné  de  blanc.  Ces  riches  colonnes 
font  élevées  fur  des  piedeftaux  auflî  de  marbre,  &  char- 
gées par  tout  de  palmes  &  de  feuillages  de  bronze 
doré.  Elles  font  fur  un  grand  focle  rond,  élevé  envi- 
ron de  trois  pieds  ,  èv  un  baldaquin  formé  par  fix  con- 
foles  eft  pôle  deflus.  Ces  conlbles  s'aflemblent  au  mi- 
lieu pour  foutenir  un  petit  plafond,  qui  fait  unamortis- 
fement  fort  agréable  terminé  par  une  croix  :  chacune 
porte  fur  l'entablement  d'une  colonne  ,  avec  des 
foubaflemens  de  marbre  ,  fur  lesquels  font  des  anges 
qui  tiennent  des  encenfoirs  ;  &  fur  les  mêmes  enta- 
blcmens  s'appuient  des  feftons  de  palmes  ,  aux- 
quels font  fuspendus  de  petits  anges  .  qui  tiennent  des 
rouleaux  où  font  écrits  des  verfets  du  Gloria  in  ex- 
Celfis  Deo.  Les  grands  anges,  les  petits  Se  le  balda- 
quin font  d'or  bruni ,  Se  les  chiffres  qui  font  dans  le 
dé  des  piedeftaux  ,  les  bafes ,  les  chapiteaux ,  les  mo- 
dillons  Se  les  rofes  de  bronze  qui  font  dans  les  com- 
partimens du  plafond  de  la  corniche  ,  font  dorés  d'or 
mat.  Sur  l'aurel ,  qui  eft  entre  des  colonnes  ,  l'Enfant 
Jésus  eft  repréfencé  en  marbre  blanc  dans  la  crèche  , 
accompagné  de  la  fainte  Vierge  Se  de  faint  Jofeph.  La 
peinture  de  la  coupole  eft  bien  digne  d'arrêrer  long-tems 
les  curieux.  Ce  grand  ouvrage  repréfente  la  gloire  des 
bienheureux  dans  le  ciel ,  qui  font  dispofés  par  groupes  : 
les  prophètes ,  les  martyrs  ,  les  vierges  Se  les  confefleurs 
s'y  font  reconnoitre  par  une  marque  particulière  ,  ainfi 
que  les  rois,  les  patriarches ,  les  chefs  d'ordres ,  les  pères 
de  l'églife ,  faint  Benoît  Se  fainte  Scholallique ,  dans 
les  parties  les  plus  baffes.  Au  plus  haut  la  vue  fe  perd 
dans  les  espaces  infinis,  qui  ne  font  paroître  que  des 
objets  confus  Se  mal  formés ,  à  caufe  de  Téloignement 
&  d'une  grande  lumière  qui  en  fort.  Toute  cette  belle 
peinture  eft  à  fresque  ,  Se  de  Pierre  Mignard  :  dans  la 
frife  fous  la  grande  corniche  qui  règne  autour  du  dô- 
me, on  lit  cette  infeription  en  grandes  lettres  de  bron- 
ze doré  : 

Anna  Auflriaca  D.  G.  Francorum  Regina, 

Rcgniquc  Rcilrix  ,  Cuifubjecit  Deus  omr/es  bojfef , 

Ut  conderet  domum  in  nomine  fuo. 

Eccl.   A.    M.    DC.    L. 

A  droite  Se  à  gauche  du  grand  autel ,  font  deux  gril- 
les d'une  grandeur  extraordinaire ,  qui  occupent  les 
vuides  des  arcades ,  l'une  Se  l'autre  travaillées  avec  une 
exrrême  délicatefi'e.  Celle  qui  eft  à  droite  fépare  de  l'é- 
glife le  chœur  des  religieufes.  Il  eft  grand  &  revêtu  d'u- 


ne très-belle  menuiferie.  De  l'autre  coté  eft  une  cha* 
pelle  tendue  de  deuil  ,  au  milieu  de  laquelle  eft  un  lie 
de  velours  noir,  élevé  fur  quatre  ou  cinq  degrés,  où 
l'on  avoir  mis  le  cœur  de  la  reine  mère  Anne  d'Autri- 
che ,  de  la  feue  reine  Se  de  plufieurs  autres  princefles; 
mais  depuis  quelque  rems  on  a  pratiqué  fous  cette  cha- 
pelle une  espèce  de  caveau  qu'on  a  incrufté  de  mar- 
bre, Se  dans  lequel  tous  les  cœurs  de  ces  princefles 
ont  été  placés.  Il  faut  y  ajouter  le  cœur  de  tous  les  en- 
fans  de  France,  tant  mâles  que  femelles  décédés  jus- 
qu'à préfent.  Parmi  les  richefles  que  la  freriftie  ren- 
ferme,  il  y  a  un  foleil  d'or  émaillé  de  couleur  de  feu» 
garni  de  diamans  fur  les  arrêtes  des  rayons ,  fur  le  cer- 
cle Se  fur  la  croix ,  foutenu  par  un  ange  ,   qui  a  les 
bords  de  fa  robe  auflî  enrichis  de  diamans.  Les  dehors 
de  l'églife  méritent  qu'on  les  confidere  à  caufe  de  l'ar- 
chitecture &  des  ornemens  qui  font  autour  de  la  cou- 
pole. La  hauteur  en  patoït  fort  grande.  Elle  eft  cou- 
verre   de  plomb   avec  de  grandes  bandes  dorées ,  & 
fur  le  plus  haut  il  y  a  une  baluftrade  de  fer  autour 
de  la  petite   lanterne ,  Se  ouverte  de  tous  côtés ,  fuc 
laquelle  eft  une  grofle  boule  ,  &  la  croix   au  defllis  : 
tout  cela  brille  de  loin  par  la  dorure  -,  Se  par  quelque 
endroit  qu'on  puifle  entrer  dans  Paris  ,  cette  coupole 
eft  fi  groffe  Se  fi  élevée  ,  qu'il  eft  aifé  de  la  diftinguer. 

Le  couvent  des  Capucins,  qui  eft  près  du  Val  de 
Grâce,  fut  bâti  l'an  163 1  ,Se  fert  aujourd'hui  de  no- 
viciat. Ces  pères  ont  un  troifiéme  couvent  dans  le 
quartier  du  Marais.  Dans  la  rue  de  la  Bourbe  ,  qui  eft 
vis-à-vis  des  Capucins,  Se  qui  perce  dans  la  rue  d'En- 
fer ,  on  trouve  le  monafiere  des  religieufes  Bénédicti- 
nes réformées  de  Port  Royal.  La  reine  Anne  d'Autri- 
che les  fit  venir  l'an  1625  ,  de  la  fâmeufe  abbaye  de 
Port  Royal  des  Champs,  près  de  Montfort  Lamauri , 
où  elles  ctoient  en  très-grand  nombre ,  pour  les  éra- 
blir  au  lieu  qu'elles  occupent  préfentement ,  Se  qu'on 
appellcit  alors  l'Hôtel  de  Clagny.  Leur  églife  eft  fore 
perite  ,  bâtie  très-proprement  Se  avec  art.  Une  épine 
de  la  couronne  de  Notre  Seigneur  ,  que  l'on  dit  que 
l'on  y  conferve  ,  y  attire  un  grand  concours  de  dévo- 
tion. On  prétend  auflî  y  avoir  une  urne  des  noces  de 
Cana,  fur  laquelle  on  voit  en  caractère  carré  la  lettre 
3  de  l'alphabet  hébreu  :  à  l'extrémité  du  fauxbourg  Saine 
Jacques,  à  l'entrée  de  la  campagne,  eff  un  magnifi- 
que bâtiment  appelle  ÏGbjirvuioire  ,  qui  a  été  élevé 
pour  loger  les  mathématiciens  qu'entretient  fa  ma- 
jefté.  Voyez.  Observatoire. 

En  entrant  dans  la  ville ,  par  la  rue  d'Enfer ,  on 
trouve  d'abord  la  maifon  des  peres  de  1  Oratoire,  ap- 
pellée  l'inllitution  :  elle  leur  fert  de  noviciat,  Se  fut 
fondée  l'an  165-0, par  M.  Finette,  fecrétaire  de  Ga- 
fton  de  France,  duc  d'Orléans,  oncle  de  Louis  XIV} 
l'églife  en  eft  affez  bien  bâtie.  Dans  la  chapelle  de  la 
Vierge,  paroît  un  tombeau  de  marbre  noir,  où  le 
cardinal  de  Bertille  eft  repréfente  à  genoux.  Le  même 
Pinette  le  fît  faire  pour  y  enfermer  un  bras  de  ce  car- 
dinal. A  peu  de  diftance  de-là  ,  en  descendant,  eft  le 
couvent  des  Chartreux.  Il  eft  de  la  fondation  de  faîne 
Louis ,  qui ,  les  ayant  d'abord  établis  au  nombre  de  fix 
dans  le  village  de  Gentilli,  leur  accorda  le  vieux  châ- 
teau de  Vauvert ,  qui ,  félon  ce  qu'en  ont  écrit  les 
hiftoriens  de  ce  tems .  étoit  habité  par  les  diables,  à 
quoi  ils  ajoutent  qu'ils  faifoient  de  fi  grands  désordres, 
que  la  porte  qui  y  conduifoit  fut  bouchée  par  ar- 
rêt du  parlement.  C'eft  par  cette  raifon  que  la  rue, 
qui  eft  devant,  eft  encore  nommée  la  rite  d'Enfer. 
Mais  pour  n'avoir  égard  qu'à  la  vérité  ,  en  rejettant  ces 
fables ,  il  faut  revenir  aux  vieux  titres  dans  lesquels  on 
lit  via  inferior  ,  qui  ne  fignifie  rien  autre  chofe  que  la 
rue  baffe  ,  parce  que  cette  rue  eft  plus  baffe  que  la  rue 
Saint  Jacques  ,  qu'on  appelloit  auparavant  via  fuperior, 
la  rue  haute.  C'eft  auflî  pour  cette  raifon  que  l'églife 
paroiflîale  de  Saint  Jacques  eft  nommée  du  Haut  Pas, 
ab  alto  Pajfu.  Ces  peres  occupent  un  terrein,  qui  eft 
plus  grand  qu'aucun  autre  desmaifons  religieufes  de  la 
ville  Se  des  faux  bourgs  de  Paris. Ourre  les  cellules  qui  ont 
chacune  un  jardin  particulier  ,  il  y  a  un  fort  grand  clos 
de  plufieurs  arpens  de  terre ,  qui  environne  route  la 
maifon  :  les  ftales  des  religieux  font  très  bien  travaillées  : 
la  menuiferie  en  eft  ornée  de  pilaftres  corinthiens  Se  de 


PAR 


fculptures.  Entre  les  fenêtres  font  plufieurs  grands  rà- 
bleaux  d'excellens  peintres ,  qui  repréfentent  l'hiftoire 
du  nouveau  teftamenr.  Le  petit  cloître  ,  qui  eu  à  côté 
de  Téglife ,  eft  orné  d'une  architecture  dorique  en  pila- 
ftres ,  avec  des  tableaux  dans  les  arcades  ,  ou  eft  peinte 
l'hiftoire  de  faint  Bruno  ,  par  le  Sueur.  11  y  a  des  car- 
touches entre  deux ,  dans  lesquels  la  vie  de  ce  faint  eft 
décrite  en  vers  latins.  Les  vitres  de  ce  petit  cloître  font 
dans  une  bordure  de  fleurs  peintes  en  aprêt ,  au  coin  de 
laquelle  eft  un  camayeu  qui  repréfenre  un  père  du  dé- 
fert.  Leur  réfectoire  eft  fort  clair  ,  ôc  ces  pères  n'y  man- 
gent que  les  fêtes,  les  di  manches  &  les  jeudis.  Les  autres 
jours  ils  prennent  leurs  repas  en  particulier  dans  leurs 
cellules  dispofées  en  carré  autour  du  cimetière  ,  &  com- 
pofées  de  quatre  ou  cinq  petites  chambres  de  plein  pied 
boifées  par  tout ,  ôc  fort  Amplement  meublées.  Ce  fut 
de  cette  maifon  que  Henri  III  partit  le  2j  Mars  1586, 
avec  foixantc  des  nouveaux  pénitens  dont  il  étoit  l'infti- 
tutcur,  pour  aller  à  pied  proccfTionnellement  à  l'églife  de 
Notre-Dame  de  Chartres,  d'où  ils  revinrent  deux  jours 
api  es.  Jean  des  Cordes,  homme  d'une  profonde  éru- 
dition ,  y  eft  enterré.  Tout  proche  de  ce  monaftere  eft 
un  petic  couvent  de  Feuillans,  fous  le  titre  de  l'Ange 
Gardien.  Il  fut  établi  en  1653.  Après  qu'on  a  paflé  par 
l'endroit  où  étoit  la  porte  de  Saint  Michel  qui  a  été  abba- 
tue  pour  donner  plus  d'ouverture  à  ce  quartier  qui  étoit 
trop  refferré  ,  on  entre  dans  la  rue  de  la  Harpe  ,  où  la 
Sorbone  eft  la  première  chofe  remarquable  qui  fe  pré- 
fente. Avant  que  le  cardinal  de  Richelieu  eût  pris  foin 
d'embellir  cette  maifon  ,  ce  n'étoit  qu'un  vieux  collège 
d'une,  rtruéhire  fort  fimple ,  quoique  le  lieu  fût  en  ré- 
putation depuis  long-tems.  Robert  de  Sorbone  ,  natif 
d'un  village  appelle   Sorbone,    qu'on  croit  communé- 
ment être  celui  qui  eft  proche  de  Sens  ,  aumônier  du  roi 
faint  Louis,  en  a  été  le  premier  fondateur,  l'an  1255. 
Le  cardinal  de  Richelieu  ,  qui  cherchoit  à  immortalifer 
fon  nom,  fit  rebâtir  ce  collège  de  fond  en  comble ,  ôc 
n'épargna  aucune  dépenfe  pour  le  rendre  magnifique.  La 
place.qui  eft  devant  la  porte  de  l'églife  eft  carrée.  D'un  côté 
elle  a  un  grand  corps  de  logis  de  maçonnerie  en  boflage 
ruftique ,  à  deux  étages ,  où  font  les  écoles  de  théologie. 
Le  vaifleau  eft  grand  ôc  élevé  ,  Se  l'on  s'en  fert  quel- 
quefois pour  des  thèfes  de  conféquence  ,  8c  pour  d'au- 
tres actes  publics.  A  main  droite  de  cette  place  eft  la  cha- 
pelle du  collège  de  Cluny  ,  qui  en  occupe  presque  une 
face  entière.  La  coupole  de  l'églife  de  Sorbone  eft  ac- 
compagnée de  quatre  campanilles  ôc  de  ftatues ,  avec 
des  bandes  de  plomb  doré  ,  ôc  une  baluftrade  de  fer  fur 
Je  plus  haut,  autour  de  la  petite  lanterne,  qui  fait  le 
comble  de  tout  l'édifice.  Le   portail  dont  les  propor- 
tions font  très-juftes,  ôc  les  points  de  vue  admirable- 
ment bien  ménagés ,  eft  orné  de  colonnes  corinthiennes. 
Le  fécond  étage  eft  feulement  en  pilaftres  compofues. 
En  haut  ôc  en  bas  dans  les  entre-colonnemens,  il  y  a 
quatre  niches  où  l'on  a  placé  des  ftatues  fort  bien  tra- 
vaillées. Celles  qui  fe  trouvent  fur  les  dehors  de  l'é- 
glife, &  dans  l'intérieur,  entre  les  pilaftres  corinthiens, 
qui  foutiennent  la  voûte  ,  ont  aufli  de  la  beauté  &  re- 
préfentent des  apôtres  ôc  des  anges  grands  comme  le 
naturel.  Ces  figures  font  de  pierre  de  tonnerre  ,  qui  ne 
font  guère  moins  belles  que  le  marbre.  Sur  la  porte  de 
l'églife ,  du  côté  de  la  place ,  on  lit  cette  infeription  : 

DEO  OPT.  MAX. 
ARMANDUS  CARDINALIS  DE  RICHELIEU. 

Le  dedans  de  cette  églife  eft  d'une  médiocre  gran- 
deur. Le  pavé  eft  de  marbre  ,  ôc  la  coupole  a  quelques 
peintures  aflez  belles.  On  eftime  fur-tout  les  quatre  do- 
cteurs de  l'églife  latine,  qui  font  entre  les  arcades  qui 
la  foutiennent.  On  ne  peut  rien  voir  de  plus  magnifi- 
que que  le  grand  autel.  Il  eft  compofé  de  fix  colonnes 
corinthiennes  de  marbre  de  Gauchiner,  dont  les  bafes 
ôc  les  chapiteaux  font  dorés  à  feu  ,  auflî  bien  que  les 
modillons  ôc  les  rofes  qui  font  dans  la  corniche. 
Les  colonnes  du  milieu  forment  un  avant  corps,  cou- 
ronné d'un  fronton ,  ôc  fur  lequel  il  y  a  deux  anges. 
Entre  les  autres  colonnes,  qui  font  en  retour  des  deux 
côtés,  on  a  placé  deux  excellentes  figures  de  marbre, 
«lont  l'une  repréfente  la  Vierge ,  ôc  l'autre  faint  Jean 


PAR       81? 

l'Evangélifte.  Un  grand  attique,  où  l'on  a  encore  placé 
des  anges  ,  règne  fur  tout  ce  bel  ouvrage.  A  la  place  du 
tableau  on  a  mis  un  grand  crucifix  de  marbre  blanc  » 
fur  un  foifd  noir.  Le  Père  Eternel  dans  une  gloire  ,  ac- 
compagné des  anges  en  adoration  ,  eft  peint  au  haut  dé 
ce  même  autel  dans  le  fond  qui  fe  trouve  fous  l'Are 
de  la  voûte.  Le  tabernacle  eft  de  marbre  blanc  ,  enrichi 
de  vafes  ,  de  bas-reliefs ,  ôc  de  quantité  d'ornemens  de 
bronze  doré.  Le  tombeau  du  cardinal  de  Richelieu  eft 
élevé  au  milieu  du  chœur ,  en  marbre  blanc.  Ce  car- 
dinal y  eft  repréfente  à  demi  couché ,  foutenu  par  la 
religion,  &  il  a  à  fes  pieds  la  feience ,  qui  répand  des 
larmes.  Deux  génies,  qui  font  derrière,  tiennent  les 
armes  de  Richelieu ,  ornées  du  chapeau  de  cardinal  k 
&  du  cordon  du  Saint  Efprir.  Ce  morceau  de  fculpture 
qui  eft  du  célèbre  Girardon  ,  pafiê  ,  parmi  les  connois- 
feurs ,  pour  un  chef  d'œuvre.  Au  milieu  de  la  maifon  » 
où  font  logés  les  docteurs ,  eft  une  cour  carrée ,  Ion* 
gue ,  toute  environnée  de  bâtimens ,  une  partie  de  la* 
quelle  eft  plus  élevée  que  l'autre  ,  ce  qui  donne  un  air! 
de  grandeur  ôc  de  majefté  au  fuperbe  portique  de  l'é- 
glife ,  qui  termine  cette  cour.  11  eft  élevé  fur  quinze 
degrés ,  ôc  formé  par  dix  grofles  colonnes  corinthiennes , 
ifolées  ,  ôc  détachées  du  corps  du  bâtiment  de  plus  de 
fix  pieds.  Ces  colonnes  foutiennent  un  entablement  cou- 
ronné d'un  fronton ,  dans  le  tympan  duquel  font  les 
armes  du  cardinal ,  avec  deux  ftatues  de  chaque  côté 
fur  des  acroteres.  Toutes  les  moulures  de  l'architecture 
font  arafées,  afin  qu'elles  ne  fafient  qu'une  feule  table 
avec  la  frife ,  pour  faire  place  à  cette  infeription  : 

Armandus  Joannes  Car  à.  Dux  de  Richelieu , 

SorbonA  Provifor  ,  adifiçavit  Domum 
Et  exaltavitTemplitm  Santium  Domino.  1642. 

La  bibliothèque  de  cette  maifon  eft  une  des  plus  belles 
de  Paris.  Elle  eft  dans  un  lieu  grand ,  élevé  ôc  fort 
clair ,  ôc  occupe  le  deflus  de  deux  grandes  fales ,  dans 
lesquelles  on  foutient  des  thèfes.  Entre  les  manuferits , 
qui  y  font  en  aflez  grand  nombre ,  on  fait  voir  un 
Tite-Live  en  deux  volumes  in  folio,  d'une  vieille  tradu- 
ction françoife ,  dédiée  au  roi  Jean ,  [enrichis  de  migna- 
tures  à  la  tête  de  chaque  chapitre,  ôc  de  vignetes  fur 
les  marges  ,  qui  font  très-bien  peintes,  où  l'on  voit  ce 
bel  or-couleur,  dont  on  a  perdu  le  fecret  depuis  deux 
fiécles.  Il  eft  d'un  admirable  brillant ,  fans  s'écailler,  ce 
qui  vient  de  la  détrempe  qu'on  mettoit  deflbus,  &  dont 
on  ignore  la  compofition.  Il  eft  bon  d'obferver  que 
l'impreflion  a  commencé  dans  cette  maifon  avant  qu'Ul- 
ric  Gerin  fe  fût  établi  rue  Saint  Jacques ,  au  folcil  d'or» 
Ce  fut  en  1470,  fous  le  règne  de  Louis  XI,  qu'Ulric 
Gerin  vint ,  avec  Martin  Crantz  ôc  Michel  Friburger. 
Guillaume  Fichet ,  &  Jean  de  la  Pierre ,  fécondèrent 
ces  nouveaux  Imprimeurs,  ou,  pour  mieux  dire,  ces 
premiers  Imprimeurs  en  France. 

Après  que  l'on  eft  rentré  dans  la  rue  de  la  Harpe  ,  en 
traversant  la  place  qui  eft  devant  la  Sorbone ,  on 
trouve  le  collège  d'Harcourt ,  dont  la  porte  eft  en  vous- 
fure ,  ornée  de  boflages  ;  avec  un  grand  entablement 
&  un  attique  au-deflus.  La  baie  ou  l'ouverture  eft  en- 
tourée d'un  chambranle,  avec  une  corniche  qui  porte 
deflus.  Ce  collège  a  été  fondé  en  1280,  par  Raoul  d'Har- 
court, chanoine  de  l'églife  de  Paris.  Plus  bas  eft  l'é- 
glife paroifllale  de  Saint  Côme,  où  font  plufieurs  vieux 
tombeaux,  accompagnés  d'épitaphes.  Elle  a  été  bâtie 
en  1212,  par  Jean,  abbé  de  Saint  Germain  des  Prés. 
Elle  eft  à  la  nomination  de  l'Univerfité.  Claude  Tor- 
guel  d'Espence,  docteur  de  la  maifon  de  Navarre,  donc 
M.  de  Thou  fait  de  grands  éloges,  y  eft  enterré ,  auflî-bier» 
que  Pierre  du  Puy  ,  confeiller  ôc  bibliothécaire  du  roi. 
La  maifon  de  Saint  Côme ,  où  les^chirurgiens  s'aflem- 
blent  pour  faire  des  opérations  anatomiques,  eft  tout 
proche  de  cette  églife.  Le  lieu  où  elles  fe  fonteft  très- 
propre  &  très-commode.  Il  eft  dispofé  en  amphitéarre , 
avec  plufieurs  bancs ,  mis  en  degrés  les  uns  fur  les  au- 
tres, d'où  un  très-grand  nombre  de  perfonnes  peuvent 
voir  facilement  tout  ce  qui  fe  fait.  Comme  ce  lieu  eft 
percé  tout  à  l'entour  ,  la  lumière,  dont  on  a  befbin, 
fe  communique  par  tout.  La  porte  de  cette  fale  eft  or- 


8i6        PAR 

née  d'un  ordre   ionique  ;  ôc  de  quelques    fculptures , 
avec  cette  infetiption  ,  gravée  fur  du  marbre  noir: 

Ad  cœdes  bominum  Prisca  Amphitbeatra  patebant  ; 
Utlongum  ditcant  vïvere ,  nqftr a  patent. 

On  iit  cette  féconde  fur  la  porte  de  la  fale  où  fe  font  les 
afiemblées  ôc  les  vifites  des  pauvres  : 

Hic  probat  Ingenium ,  DoUrina ,    ferma  ,  Dextra , 
Ut  certa  ad  cives  prodeat  indefalus. 

Dans  la  même  rue  de  la  Harpe  font  les  ruines  du  pa- 
lais de  l'empereur  Julien ,  qu'on  nommoit  le  palais  ou 
la  maifon  des  Thermes.   Le  père  Mabillon ,    dans  fon 
excellent  livre  de  re  diplomatica ,  die  qu'il  y  a  de  l'ap- 
parence que   Chiïdebert ,  ôc   quelques   rois  de  la  pre- 
mière race  ,  ont  demeuré  en  cet  endroit,  qu'ils  y  te- 
naient leur  cour  ;  ce  qu'il  conjecture ,  à  caufe  de  quel- 
ques  Chartres  qu'il  trouve  datées  dans  le  palais    des 
Thermes.  Louis  le  Débonnaire  y  relégua  fes  deux  fœurs 
Gifla  ôc  Rottude  ,  à  caufe  de  leurs  galanteries.  Ces  rui- 
nes le  voient  dans  une  maifon  qui  a  la  Croix  de  Fer 
pour  enfeigne.  On  y  remarque  plufieurs  vieilles  arcades  > 
qui  font  le  témoignage  d'une  haute  antiquité,  ôc  dans 
le  fond  une  espèce  de  fale ,  dont  la  voûte ,  fans  cor- 
dons ,  eft  fort  exhauflee  &  fort  hardie.  La  voûte  de  ce 
qui  refte  de  cet  ancien  édifice  eft  fi  bien  liée  &  fi  fo- 
lide»  qu'on  a  apporté  deflus  aflez  de  terre  pour  en  faire 
un  petit  jardin  ,  où  croiflent  des  fleurs  &  des  arbres;  en 
forte  que  ceux  qui  demeurent  dans  l'hôtel  de  Clugny  , 
vont  s'y  promener  comme  fur  une  terrafle  folide  que 
l'on  auroit  faite  exprés.  L'hôtel  de  Clugny ,  qui  efi  der- 
rière cette  maifon  ,  appartient  à  l'abbaye  de  ce  nom , 
&  fut  bâti  par  le  cardinal  d'Amboife  ,  fort  aimé  de  Louis 
XII  fon  prince  ,  entre  les  bras  de  qui  il  mourut  à  Lyon 
le  25  de  Mai  içto.  Cet  hôtel  efi  un  ouvrage  gothique 
des  plus  grands  ôc  des  plus  entiers  qu'on  voie  aujour- 
d'hui fur  pied,  A  l'extrémité  de  la  rue  de  la  Harpe  ,  en 
tournant  à  gauche  ,  on  entre  dans  celle  de  Saint  André 
des  Arcs  »  où  eft  l'églife  paroifliale  de  ce  nom.  Ce  n'é- 
toit  autrefois  qu'une   petite  chapelle,  au  milieu  d'un 
champ,  planté  de  vignes  &  d'arbres  fruitiers.  Quelques 
antiquaires  croient  que  cette  églife  a  été  appellée  Saint 
André  des  Arcs ,  à  caufe  d'un  grand  jardin  qui  étoit 
proche  de  là  ,  où  les  écoliers  alloient  fouvent  s'exercer 
à  tirer  de  l'arc  A  côté  du  grand  autel  eft  une  belle  fi- 
gure de  marbre  blanc ,  qui  repréfenre  une  Espérance 
affligée.  Ceft  un  monument  drefle  à  la  gloire  d'Anne- 
Marie  Martinozzi ,  princeiïe  de  Conti ,  dont  la  charité 
étoit  fi  ardente   pour  les   pauvres,  qu'elle  vendit  fes 
pierreries  pour  nourrir  ceux  de  Berry  ,  de  Champagne 
ôc  de  Picardie,  pendant  la  famine  de  1662.  Elle  mou- 
rut le  4  de  Février   1672,  après  fix  ans  de  veuvage, 
âgée  feulement  de  trente-cinq  ans.  Ceft  un  des  ouvrages 
de  Girardon.   Louis-Armand  de   Bourbon ,  prince  de 
Conti ,  fon  fils ,  repofe  avec  elle  ,  &  depuis  la  maifon 
de  Bourbon  Conti  en  a  fait  le  lieu  ordinaire  de  fa  fé- 
pulture.  Louis-Armand  de  Bourbon  ,  prince  de  Conti , 
fon  arrière  petit-fils ,  ôc  Louife-Diane  d'Otléans ,  prin- 
ceiïe de  Conti,  y  font  enterrés.  On  y  difiingue  encore 
le  tombeau  de  Chriftophe  de  Thou,  ôc  de  Jacques- 
Augulte,  fon  fils.  L'ouvrage  eft   de  Girardon.  André 
Duchesne,  favant  hiltoriographe;  Piètre  d'Hozier,  gé- 
néalogifte  ;  Louis  Coufin  ,  de  l'académie  françoife;  Ro- 
bert de  Nanteuil ,  excellent  graveur  ;  Sébaftien  le  Nain 
de  Tillemont ,  y  font  enterrés  :  ce  dernier  fut  exhumé 
de  Port  Royal  des  Champs,  lorsqu'on  le  détruifit  en 
1710,  pour  être  rapporté  avec  fes  ancêtres.  M.  Joli 
de  Fleuri ,  ancien  procureur  général ,  y  eft  auiîi  enter- 
ré.   Le  collège  de  Prémontré  eft  dans  la  rue  Haute- 
Feuille.  Les  religieux  de  cet  ordre  peuvent  y  venir  étu- 
dier pour  obtenir  des  degrés  dans  l'Univerfité.  L'églife 
qu'on  a  réparée  depuis  peu  d'années,  eft  revêtue  d'u- 
ne fort  jolie  menuiferie ,  de  même  que  l'autel ,  dont 
le  tabernacle  ôc  le  retable  font  d'un  deflein  aflez  bien 
imaginé.  Tout  proche  eft  le  grand  couvent  des  Cor- 
deliers ,  qui  fut  bâtie  vers  l'an  1217  ,    lorsque  faint 
François  vivoit  encore  à  Aflife  en  Italie.  Quelques  re- 
ligieux du  nouvel  ordre,  dont  ce  faint  étoit  ttnftitu- 


PAR 


teur  ,  étant  venus  en  France  en  ce    rems ,  furent  logés 
chez  des  bourgeois  ,  ôc  en   1250,  Eudes,  abbé  de  Saint 
Germain  des  Prés ,  leur  donna  le  lieu  où  ils  font  pré- 
fentement.  Leur  églife,  que  faint  Louis  avoii  fait  bâ- 
tir ,  fut  confirmée ,  avec  une  partie  de  leur  couvent , 
l'an  1580  par  un  incendie,  qui  ruina  plufieurs  tom- 
beaux de  princes  &  de  princefles  du  fang  Royal ,  qui 
étoient  dans  le  chœur.  La  communauté  des  Cordeliers 
eft  une  des  plus  nombreufes  de  Paris.  Il  y  a  toujours 
quantité  d'étudians ,  qui  viennent ,  de  divers  endroits 
du  Royaume ,  fe  faire  pafler    docteurs  en  théologie 
dans  cette  maifon.  Le  nouveau  cloître,  que  ces  pères 
ont  fait  bâtir ,  eft  carré,  &  contient  près  de  cent  cham- 
bres ,  toutes  très  propres  ôc  très-claires.  Au  milieu  eft 
un  petit  jardin  ,  orné  d'un  parterre  ôc   d'une    fontai- 
ne. Les   quatre  corridors ,   qui  compofent  ce  cloître , 
font  voûtés.  Deux  célèbres  confréries  ont  été  établies 
dans  leur  églife;  l'une  pour  les  pèlerins  deJérufalem, 
ôc  l'autre  du  Tiers-Ordre.   Elles  ont   leurs  chapelles 
féparées.  Certe  églife  eft  le   lieu  de  la  fépulture  des 
grands  hommes  qui  fuivent  :  Nicolas  de  Lira ,  hom- 
mes favant  ;  Jean  Scot ,   appellée  le   docteur  fubtil , 
le  précepteur  de  faint  Thomas  ôc    de  faint  Bonaven- 
ture;  Alexandre  de  Aies,  nommé  le  docteur  irréfra- 
gable; le  prince  de  Carpy,  gouverneur  de  Piémont, 
enfuite  duc  de  Briflac  ;  le  colonel   Forlick  ;  François 
de  Belleforcft,  hiftorien  ;  Louis  de  Luxembourg,  com- 
te de  Saint  Paul ,  qui  eut  la  tête  tranchée  dans  la  Grève; 
Dom  Antoine,  Roi  de  Portugal,  mort  en  1 595. 

Les  quatre  portes  par  lesquelles  on  entroir  de  la 
ville  dans  le  fauxbourg  Saint  Germain ,  favoir  la  por- 
te à  laquelle  on  donnoit  le  nom  du  fauxbourg  ,  la  porte 
Dauphine,  ôc  celles  de  BuiTi  Ôc  de  Nèfle,  ayant  été 
abbatues ,  tout  ce  grand  quartier  eft  devenu  un  des  plus 
grands  de  Paris ,  &  peut  être  comparé  aux  plus  bel- 
les villes  de  France ,  tant  pour  la  quantité  de  magni- 
fiques maifons  qui  le  compofent ,  que  pour  la  mul- 
titude du  peuple  qui  s'y  rencontre.  L'air  y  eft  ttès-pur 
&  très-fain ,  ôc  la  quantité  de  jardins ,  qui  accompa- 
gnent ces  maifons ,  ne  contribuent  pas  peu  à  les  faire 
rechercher  comme  une  demeure  très-agréable;  aulTi  les 
étrangers ,  qu'on  y  voit  toujours  en  fort  grand  nom- 
bre ,  le  préfèrent  à  tous  les  autres.  Ce  quartier  a  pris 
fon  nom  de  l'abbaye  royale  de  Saint  Germain  des  Prés, 
fondée  par  le  roi  Chiïdebert,  fils  du  grand  Clovis. 
L'églife  a  eu  d'abord  le  titre  de  faint  Vincent,  enfui- 
te celui  de  fainte  Croix,  &  en  dernier  lieu  celui  de 
faint  Germain ,  où  le  corps  de  cet  évêque  de  Paris  fut 
porté  à  faint  Vincent ,  dans  la  chapelle  de  faint  Sym- 
phorien ,  ôc  enfuite'  transféré  dans  la  grande  églife  du 
monafiere,  fous  le  règne  de  Pépin.  L'on  y  expofe  la 
châfle  de  ce  Saint  le  28  Mai ,  jour  de  fa  fête.  Cette 
châfle  eft  d'argent  doré ,  ornée  de  quantité  de  pierre- 
ries ôc  d'émaux ,  d'un  ouvrage  gothique  fort  bien  tra- 
vaillé. Ce  qui  refte  du  bâtiment,  que  Chiïdebert  a  fait 
élever,  eft  la  porte  principale,  au  bas  de  l'églife,  ôc 
le  gros  clocher  qui  eft  deflus.  Les  ftatues  des  rois  ôc 
des  reines,  qui  font  aux  côtés  de  cette  même  por- 
te ,  font  d'une  exécution  très-groifiere.  Le  clocher  pa- 
roît  avoir  été  bâti  à  deux  reprifes  fort  différentes  de 
ftructure  ôc  de  deflein  :  le  bas,  jusqu'à  l'endroit  où 
font  les  cloches,  eft  d'une  haute  antiquité;  le  refte  eft 
beaucoup  moins  ancien.  Les  deux  cloches ,  que  ren- 
ferme ce  clocher,  ôc  qu'on  ne  fonne  qu'aux  grandes 
fêtes,  ont  un  fon  mélodieux,  ôc  fe  font  entendre  de 
fort  loin.  L'églife  eft  ornée  d'un  grand  nombre  de  ta- 
bleaux fort  eftimés;  le  chœur  eft  décoré  d'une  me- 
nuiferie très-propre.  Dans  le  milieu  on  y  voit  le  tom- 
beau de  Chiïdebert ,  dans  lequel  on  a  réuni  ce  qu'on 
a  retrouvé  de  la  reine  Ultrogote ,  fa  femme.  On  y  a 
gravé  les  inferiptions  fuivantes  fur  les  faces  des  côtés, 
qui  font  de  marbre  noir: 

REGI  SJECULORUM. 

Francorum  ReHor ,  pr&clarus  in  agmine  Di/flor, 
Cuji/s  &  Allobroges  metuebant  folvere  Leges  ; 
P  acus  &  Ar  ver  nus  ,BritomtmRex ,  GothusyIberus , 
Hic  faits  eft ,  diclns  Rex  Childebertus  boneftus  ; 
Cvndidit  banc  aidam  Wiucwiinomine  claram 

Vir 


PAR 


Vir  pietate  ehens,  probitatis  munere  pollens , 
Templa  Dei  ditans  ,  gaudebai  dona  repenfans  ; 
Mdlia  mendias  folidorum  dans  &  egenïs  , 
Gaz.arum  cumules  fatagebat  condere  Cœlo. 

Ex  vetuit.  prisci  fepulchti  apud  Aimoin.  de  Geit.  Franco- 
rum,  /.  z.c.  zç). 

JETERN1TAT1. 

ULTROGOT HA    CHILDEBERTI 

Chrifiianiffrmi  Régis  conjux , 

Nutrix  Orphanorum ,  confolatrix 

Affiidorum , 

Pauperum  &  Deifervorum 

Suflentatrix , 

Atque  fidelium  adjutrix  Monachorum. 

Ex  vira  Sanctx  Batil.  c.  j. 

Hic  cum  chariffimo  con'y.ige  diemillum  expeftat, 

Quo  laudabunt  eos  in  portis  opéra  eorum , 

Ambob.  Opt.  Fundatorib.  ex  humili 

Situ  cum  lap.  fepulchr.  tranflatis 

Fidelijf.  alumni  hujus  Régal.  Abbatia, 

Ascetœ  Benedittini 

Tofi  reflitut.  in  melïor.  formant 

Bafilicam  &  Chorum 

Ornaùus  monum.  Pofuer.An.  Dom.  16/6.  10.  Kal.  Jan. 

Qui  &  ipforum  anniverfaria. 

Abfunt  à  fepuhhro  paterno  Crodecendis  &  Croberga 
Regia  Virgines ,  qu/z  in  eâdem  Bafilica. ,  fed  ignotis  to- 
culis  requiescunt.  Ne  tamen  fepeliat  oblivio  ,  quibus 
immortalitatem  peperit  incorruptio  ,  vivat  hic  quoque  cum 
piijfimis  parentibus  dulcijfîmœ  Sobolis  Augujtum  nemen 
&  perennis  memoria. 

Entre  les  anciens  tombeaux ,  qu'on  trouva  en  fouil- 
lant ,  il  y  en  avoit  quatre  principaux  de  chaque  côté: 
celui  deChilperic,  de  Fredegonde  ,  de  Clotaite  II  Se 
de  Berrrude.  On  les  transporta  proche  la  clôture  de  fer 
qui  enferme  le  chœur.  On  découvrir  encore  en  fouil- 
lant aux  enviions  du  fanctuaire  deux  rangées  de  très- 
beaux  tombeaux  entre  lesquels  on  distingua  celui  de  la 
reine  Blitilde  Se  du  roi  Childeric  II. Sur  le  tombeau  de 
la  reine  il  y  avoit  un  petit  coffre  de  pierre,  où  on  a 
prétendu  qu'étoit  Dagobert  leur  fils  ,  allatîiné  avec  eux 
au  bois  de  Bondi ,  en  revenant  de  la  chalTe  ,  par  Bodil , 
gentilhomme ,  qui  fut  piqué  d'avoir  été  condamné  au 
fouet  fans  avoir  égard  à  fa  noblefle.  L'infcription  qu'on 
lut  fur  une  pierre  leva  les  doutes  qu'on  auroit  pu  avoir 
avec  justice ,  en  trouvant  ces  tombeaux.  Il  y  avoit  en  gran- 
des lettres  Childer.  Rex.  Ces  corps  ont  éré  auffi  pla- 
cés dans  le  chœur.  Les  corps  de  Childeric  Se  de  Fre- 
degonde  fon  époufe,  après  avoir  été  découverts,  font 
comme  les  autres  placés   à  côté    du  grand    autel.  Le 
tombeau  de  la  reine  Fredegonde  elt  original  Se  le  feul 
en  France  refté  de  la  première  race  ;  l'examen  en  fera 
convenir.  C'elt  une   tombe  plate  ,  ornée  d'une  espèce 
de  mofaïque  compofée  de  pierres,  ou  de  mafiies  rap- 
portés de  diverfes  couleurs ,  avec  des  veines  de  cuivre 
coulées  entre  deux  ,   pour  faire  la  différence  des  petits 
ornemens.  Cette  reine  eit  repréfenrée  le  feeptre  à  la 
main,  dont  l'extrémité  elt  terminée  en  double  fleur  de 
lis  :  fa  couronne    elt  ornée  de  la  même  manière.  On 
trouva  une  petite  croix  de  cuivre  avec  une  lampe  de 
même  métal  ;  on  y  lifoit  cette  infeription  en  lettres  ro- 
maines ,  gtavées  en  creux ,  enlacées  enfemble  : 

Tempore  nullo  ,  volo 
Hinc  tollantur  ojfa  Hilperici. 

En  dedans  on  lifoit  diltinctement  en  caractères  peints 

Prccor  ego  Hilpericus 
Non  auferantitr  hinc  oj]a  mea. 


PAR       817 

Mais  on  découvrit  trop  tard  ces  inferiptions  -,  ainfi  on 
ne  put  point  remédier  à  la  confufion  ,  dans  laquelle  les 
oflemens  fe  trouvèrent  les  uns  avec  les  autres.  Aux  pieds 
du  roi  Childebert  on  lit  une  épitaphequi  fut  faite  poul- 
ie cœur  du  duc  de  Vemeuil  ,  fiis  naturel  de  Henri 
IV. 

On  a  inhumé  affez  proche  Louis-Céfar  de  Bourbon, 
comte  de  Vexin  ,  légitimé  de  France  ,  fur  la  tombe  du- 
quel elt  une  épitaphe. 

La  première  pierre  qui  fut  pofée  pour  les  fondations 
du  grand  autel,  tel  qu'il  elt  à  préfent ,  porte  cette  in- 
feription : 

Anno  reparata  falutis  M.  dccxiv.  die  xxin.  A.tguft. 
EminentiJJ.  Princeps  DD.  C&far  Eftrœus ,  S.  R.  E. 
Cardinalis  Episcopus  Albanenfls ,  hujus  Rcg.ilis  Mona- 
Jlerii  SanUi  Germant  à  Pratis  Abbas  ,  primum  pofuit 
lapidera  hujus  Altaris  ,  quod  Deo  Opt.  Max.  ohm  à 
S.  Gcrmano  in  honorem  J.  Crucis  ,  &  S.  Vincentii  Mart. 
tum  ab  Alexandro  Papa  III.  addito  S.  Sttphani  titU' 
lo  confecratum  ,  ad  locandum  ejusdem  S.  Germant  re- 
liquias  magnijkentiiis ,  hoc  anno  renovari  curarunt  Rt 
P.  D.  A>  nu  If  us  de  Loo,  Prier ,  esterique  ejusdem  Mono.' 
ficrii  Ascetœ  Benedittini  è  Congre gatwne  S.  Mauri. 

Cet  autel  elt  fur  un  plan  elliptique,  ou  ovale  régulier, 
avec  fix  colonnes  espacées ,  de  manière  que  les    reli- 
gieux étant  au  chœur  peuvent  voir  aifément  de  leurs 
chaires  la  table  du  facrifice  Se  dans  la  nef.  Un  grand 
ange  ,  accompagné  de  deux  autres  petits ,   entourés  de 
feitons  Se  de  guirlandes  portent  la  fuspenfion  du  faint 
Sacrement,  Se  femble  vouloir  la  descendre  fur  l'autel. 
Dans  l'endroit  où  paffe  le  plus  grand  diamètre  de  l'o- 
vale ,  on   a   placé  deux  enroulemens    en  confoles   de 
marbre  veiné,  fur  lesquels   font  pofés   deux    anges  à 
genoux  ,  de  métal  doré,  de  hauteur  naturelle,  qui  por- 
tent fur  leurs  mains  la  châfle  de  faint  Germain,   évê- 
que  Se  patron  de  la  ville  de  Paris.  C'elt  un  ouvrage  en 
forme  d'églife  gothique  ,  de  quatre  pieds  ou  environ  de 
longueur,  haut  à  proportion.  Tout  le  corps  de  cet  édi- 
fice elt  de  vetmeil  ,  enrichi  de  quantité  de  pyramides 
Se  d'ornemens  recherchés  Se  finis.  On  a  employé  qua- 
rante-deux marcs  deux  onces  d'or  pour  la  couverture  , 
Se  pour  une  lame  qui  couvre  la  caille  dans  laquelle  les 
reliques  du  faint  font  enfermées ,  qui  elt  doublée  d'une 
autre  lame  d'argent ,  Se  deux  cens  cinquante  marcs  d'ar- 
gent ,  pour  tout  le  rctte  de  l'ouvrage.  On  y  compte  cent 
l'oixante  Se  huit  pierres  précieufes ,  Se  cent  quatre  vingt- 
dix-fept  groffes  perles.  L'or  dont  on  s'eft  fervi  ,  a  été 
tiré  de  l'ancienne  châlle ,  donnée    autrefois  par  Odon 
ou  Eudes  ,  comte  de  Paris,  depuis  roi  de  France.  Dans 
la  chapelle  de  faint  Cafimir ,  on  a  érigé  un  monument 
à  la  mémoire  de  Casimir,  roi  de  Pologne  ,  mort  en 
France.  On  le  voit  du  côté  de  l'évangile.  Ce  prince  étoic 
abbé  de  cette  maifon.  Ce  monument  a  été  exécuté  par 
Jean  Thibaut ,   frère  convers  de  cette  maifon  ,  habile 
dans  l'art  de  jetter  le  métal.  DomMabillon  elt  l'auteur 
de  l'épitaphe  qu'on  lit  fur  la  bafe. 

^ÎTERNjî    MEMORIA 

Régis    orthodoxi; 

H  E  I  C 

Pojl  emenfos  virtutum  ac  glor'u  gradus  omnes 

Quiescit  nobili  fui  parte 

Johannes  Cafïmirus , 

Pulonia  acSuecu  Rex  , 

Alto  de  Jagcllonidum  fanguine  ,  familia  Vafatenfi 

Poftremus  ; 

Quiafummus 

Litteris  ,  armis ,  pietate  , 

Multarum gentium  linguas  addidicit ,  quo  illaspropcnfius 

Sibi  devinciret.  Septemdecim  prœliis  collatis  cum  hofle 

Signis  totidtm  uno  minus  vicit , 

Semper  invictus  ; 

Moscov'uas  ,  Suecos ,  Brandeburgenfes ,  Tartaros  , 

Germanos  armis  , 

Cefacos ,  aliosque   rebelles  gratiâ  ac  benefîciis 

7om.IV.    LU  11 


8i8       PAR 


Expugnavit , 

Vitloriâ  Regem  eisfe  pr&bens  ,  clementiâ  Patron  ; 

Denique  lotis  viginti^  Imperii  annis  fortunam 

Virtute  vincens , 

Aulam  habuit  in  caftris ,  Palatia  in  tentoriis , 

Speclacula  in  triumpbis  : 

Liberos  ex  legitirno  connubio  fuscepit ,  queispofteà  orbatus 

Eft ,  ne ,  fi  fe  majorent  reliquijfet ,  non  ejfet  ipfe  maximus  ; 

Si»  Minorent  ftirps  degeneraret ,  par  &  adjortitudinem 

Rcligio  fuit ,  nec  fegnius  cœlo  militavit 

QJUAM  SOLO. 

Hincextruïla  monafteria&  NofocomiaVarfovU 

Calvinianorumfana  in  Lithuaniâ  excifa  ,  Sociani  regn9 

Pulfi-,  ne  Cafimirum  haberent  Regem  , 

Qui  Cbrftum  Deum  non  haberent. 

Senatus  à  variis  fefiis  ad  catholicœ  fidei  communionem 

AdduEius , 

Ut  Ecclefiœ  legibus  continerentur  , 

Qui  jura  popalis  dicerent. 

Unde  illi  prœclarum 

ORTHODOXl   NOMEN 

Ab  Alexandro  vu.  inditum. 
Humant  denique  glori&faftigium  prœtergrejfus  , 

Cùm  nibil  praclariùs  agerepojjet , 

Imperium  fponte  abdicavit  anno  m.  dc.  lxviii. 

Tùmporrà  lacryma  ,  quas  nulli  excujjerat , 

Omnium  octtlis  manarunt , 

Qui  abeuntem  Regem ,  non  fecits  atque  abeuntem  Patremt 

L  U  X  ERE. 

Vitœ  reliquum  in  pietatis  officiij  mm  exegiffet , 

Tandem  auditâ  Kamenecix  expugnatione , 

Ne  tant£  cladijuperejjet , 

Caritate  Patria  vulneratus  occubuit 

xvn.  Kal.  Jan.  m.  dc.  lxxii. 

Regium  cor  Menât  his  hujus  cœnobii  ,cui  Abbas  profiter  at , 

Amoris  pignus  reliquit ,  quod  illi  tjtboc  tumulo 

Marentes  condiderunt. 

Le  cœur  eft  dans  ce  monument,  Se  le  corps  en  a  été 
transporté  en  Pologne.  Dans  la  même  chapelle  eft  en- 
terré Pierre  Danez,  évêque  de  Lavaur.  Jean  Grollicr 
repofe  aufli  dans  la  même  églife.  On  lit  Ton  éloge  dans 
M.  de  Thou.  Il  y  a  encore  quelques  autres  tombeaux 
fort  bien  decorés ,  &  delà  main  des  meilleurs  mairies-, 
mais  outre  celui  d'Olivier  &  Louis  de  Caltelan  ,  qui  eft 
de  Girardon ,  celui  de  Ferdinand  de  Furftemberg , 
neveu  du  cardinal ,  qui  eft  de  Coyfcvox  ,  il  y  en  a  en- 
core un  ,  où  font  inhumées  plusieurs  perfonnes  de  la 
maifon  de  Douglas  d  Ecofîe.  Dans  la  chapelle  de  faint 
Symphoticn  ,  on  peut  lire  l'épiraphe  de  faint  Germain 
qui  y  a  été  enterra:  elle  eft  de  la  compofition  du  roi 
Chilperic  :  on  y  reconnoïtra  que  ce  prince  avoit  du 
goût  pour  la  belle  littérature.  La  voici  telle  qu'on  la 
lk: 

Ecckfîtzfpeculum  ,  PatrU  vigor,  ara  reorum  , 

Et  Pater  &  Medicus  ,  Paftor  amorque  gregis  , 
Germanu  s  virtute  ,  Jide ,  corde,  ore  beatus  , 

Carne  tenet  tumulum  ,  mentis  honore  polum. 
Vir  cui  dura  nibil  nocuerunt  fata  Jepulchri , 

Vivit  enim ,  nam  mors  quem  tulit  ipfa  timet. 
Crevit  adhuc  poilus  jitfius  poft  fttnera.  Nam  cul 

Ficlile  vasfuerat,  gemma  Juperba  micat. 
Hujus  opem  ac  meritum  mutis  data  verba  loquuntur , 

Redditus  C  cœcis  prœdicat  credies. 
Hic  vir  Apoftolicus  rapiens  de  Carne  Tropbœum , 

Jure  triumphali  confidet  atee  Throni. 

On  fait  les  fonctions  curiales  dans  cette  chapelle  pour 
ceux  feulement  qui  font  logés  dans  l'enclos  de  l'ab- 
baye. La  réforme  y  a  été  établie  en  163 1.  La  biblio- 
thèque eft  une  des  plus  belles  du  royaume.  Il  y  a  des 
manuferits  d'une  haute  antiquité.  Le  zèle  que  les  Bé- 
nédiétins  ont  en  général  pour  les  lettres,  les  a  enga- 
gés à  ouvrir  cette  bibliothèque  à  ceux  qui  veulent  y 
venir  travailler.  Cette  maifon  a  produit  une  infinité  de 


PAR 


grands  hommes.  On  a  fait  de  fort  beaux  bâtimens  dans 
l'enclos  qui  étoit  autrefois  fort  négligé  ,  mais  qui  eft  au- 
jourd'hui un  quartier  très-peuplé  ,  à  caufe  des  privi- 
lèges qu'ont  ceux  qui  y  demeurent,  de  travailler  fans 
être  maîtres.  On  a  gravé  fur  la  première  pierre  l'in- 
feription  fuivante  de  la  compofition  de  dom  Michel 
Félibien  : 

ANNO  DOMINI  m.  dcc.  xv. 

SS.  D.  N  CLEMENTIS  XI.  PAPJE  XV. 
Regni  Ludovici  Magni  lxxii. 

Galli  à  tôt  a  in  pace  compofitâ  }" 

Profelici  Abbatialis  admimfirationis  inchoatione 

Primum  hujus  œdificii  lapidem  pojuit 

Illitjtrijftmus  EcclefiA  Pr inceps 

DD.  HENRICUS  DETH1ARD  DE  BISSY , 

Meldenfium  Ep'ucopus  ,  S.  R.  E.  Cardinalis , 
Dcfignatus  httjusce  S.  Germant  à pratis  Regalis  Monaflerii 
Ord.  S.  Beneditii  è  Congrégation  e  S.  Maiiri  , 
Abbas  Commendatarius. 

AdflanùbusR.  P.  Dom  Diony/io  de  Sainte  Marthe  Priore, 
Cxtcrisque  cœnobii  Jupra  LX.  Monachis  ; 

Prxfente  ac  probante  RR.  P.  Domno  Carolo  Petey  de 
l' Hoft  aller  ie  Congre  g.  S.  Maiiri  prmpofito  gênerait 
unà  cum  fuis  R.  R.  P.  P.  Senioribus  affijientibus 
D.  Carolo  d'Ifard ,  &  D.  Mauro  Audren. 
VICTORE  THEODORICO  DAILLY,  totius  operii 
Architetto ,  die  XI.  menfis  Aprilis, 

M.  le  cardinal  de  BifTy  a  fait  conftruire  un  marché, 
dans  une  grande  partie  du  terrein  de  la  foire  :  il  y  a 
deux  grandes  portes  fur  lesquelles  on  a  gravé  des  in- 
feriptions  en  lettres  d'or  ,  lut  des  tables  de  marbre 
noir.  L'hiftoire  fait  mention  'de  plufieurs  lièges  foute- 
nus  par  l'abbaye  de  Saint  Germain ,  qui  étoit  autrefois 
hors  de  la  ville ,  &  expofee  aux  incurfions  des  Barba- 
res. Les  Normands  ou  les  Danois  l'ont  pillée  &  brûlée 
trois  ou  quatre  fois.  Elle  étoit  entourée  de  foflés  pro- 
fonds ôc  d'épaiiTes  murailles  ,  qui  d'espace  en  espace 
étoient  fortifiées  de  tours  rondes ,  qu'on  a  abbatues  pour 
y  faire  quantité  de  maifons  qu'on  voit  à  prèiènt  tout  à 
l'entour. 

Le  palais  d'Orléans,  autrement  nommé  le  Palais  de 
Luxembourg ,  parce  qu'il  eft  dans  un  lieu  où  étoit  un 
ancien  hôtel  de  ce  nom  ,  frit  un  des  plus  grands  & 
des  plus  confide râbles  ornemens  de  tout  le  quartier  dc 
Saint  Germain.  La  reine  Marie  de  Médicis.,  veuve  du 
roi  Henri  IV  ,  a  fait  bâtir  ce  magnifique  palais.  11  eft 
compofé  d'une  grande  cour  carrée ,  au  fond  de  laquelle 
eft  le  plus  grand  corps  de  logis  ,  accompagné  aux  ex- 
trémités de  quatre  pavillons ,  &  d'un  avant-corps  au 
milieu  qui  en  fait  comme  un  cinquième,  orné  de  co- 
lonnes ,  fous  lequel  la  principale  entrée  fe  trouve.  Avant 
que  d'y  arriver ,  on  monte  à  une  cour  pavée  de  marbre  , 
qui  occupe  toute  la  largeur  de  lagrande  cour  pavée  &  ter- 
minée par  une  balultrade  de  marbre  blanc  foutenue  ,  de 
piedeftaux  ,  fur  lesquels  il  y  avoit  autrefois  de  très- 
belles  ftatues,  qui  furent  vendues  à  l'inventaire  de  Ma- 
rie de  Médicis ,  avec  les  autres  meubles  de  cette  rei- 
ne. Cette  grande  cour  eft  bornée  par  deux  galeries  un 
peu  plus  balles  que  le  refte  du  bâtiment ,  foutenucs  cha- 
cune fur  neuf  arcades  -,  à  la  faveur  desquelles  on  peuc 
aller  à  couvert  fous  de  grands  corridors  très-bien  voû- 
tés. La  face  extérieure  de.  tout  ce  palais  eft  en  galerie 
découverte ,  ou  en  terraffe  ,  avec  une  manière  de  dô- 
me ou  de  coupole  au  milieu  ,  dont  le  dedans  eft  orné 
de  colonnes  corinthiennes  de  marbre  blanc  :  la  grande 
porte  fe  trouve  fous  ce  dôme  qui  fait  face  à  la  rue  de 
Tournon.  A  chaque  extrémité  des  galeries  des  côtés , 
&  des  deux  terrafles  qui  font  fur  le  devant ,  il  y  a  en- 
core deux  grands  pavillons  carrés  qui  les  terminent,  & 
qui  font  une  même  ligne  avec  toute  la  face  du  bâtiment. 
L'architedure  de  tout  ce  palais  eft  en  pilaftres  couplés, 
excepté  autour  de  la  grande  porte,  Se  du  côté  du  jar- 
din fur  le  devant  du  petit  dôme  du  milieu  ,  qui  fert  de 
chapelle ,  où  font  des  colonnes.  Les  ordres  qu'on  y  a 


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PAR       819 


obfervés  font  le  toscan  Se  le  dorique,   avec  un  atti-  pelles,  &  celle  du  chœur  font  d'un  très-beau  marbre, 

que  au -deffus  ;  Se  fur  les  quatre  gros  pavillons ,  qui  font  Le  monaftere  des  filles   du  Saint  Sacrement ,  qui  eft 

aux  angles  du  principal  corps  de  logis ,  on  a   ajouté  dans  la  rue    Canette ,  a  été  fondé  par  Marguerite  de 

l'ionique  au  dorique  Se  au   toscan  pour  troifiéme  or-  Lorraine  ,  féconde  femme  de  Gafton  de  France,  duc 

dre ,  ce  qui  les  rend  plus  élevés  que  tout  le  relie.  Tous  d'Orléans.  Le  grand  autel  eft  d'une  jolie  menuiferie, 

les  combles  font  chargés  d'une  balultrade  ,  foutenuede  peinte  en  marbre  avec  divers  ornemens  dorés ,  qui  font 

piedeltaux  :  cetee  baluftrade  règne. par  tout  d'une  même  un  fort  bel  effet.  La  rue  Pot  de  Fer  aboutit  dans  celle  de 

îymmétrie  ,  avec  des  frontons  aux  places  principales  ,  Vaugirard ,  auiîi-bien  que  la  rue  CafTette  ,  &  c'eft  dans 

fur  lesquels  il  y  a  des  ftatues  couchées  ,  qui  foutien-  cette  première  que  fe  trouve  le  couvent  qu'on  appelloit 

nent  des  couronnes.  La  grande  galerie,  qui  eft  à  main  ci-devant  le  Novicat  des  Jéfuites.  L'églife    eft  petite, 

droite  en  entrant ,  embellit  extrêmement  ce  palais  :  elle  mais  parfaitement  bien  entendue  pour  l'architecture.  La 

a  été  peinte  par  le  fameux  Rubens  ,  qui  fut  occupé  deux  première  pierre  fut  pofée  par  Henri  de  Bourbon  ,  fils 

ans  entiers  à  ce  travail  :  l'hiftoire  allégorique  de  Ma-  naturel  d'Henri  IV  ,   alors  évêque  de  Metz  Se  abbé  de 


Saint  Germain  des  Prés,  connu  depuis  fous  le  nom  de  duc 
de  Verneuil. 

D.  O.  M. 


rie  de  Médicis  y  eft  repréfentée  en  vingt  -qua- 
tre grands  tableaux  larges  de  neuf  pieds ,  Se  hauts  de 
dix  ,  placés  fur  les  trumeaux  entre  les  fenêtres  :  on  en 
voie  deux  autres  plus  grands  à  l'extrémité  de  la  même 
galerie.  Le  jardin  étoit  autrefois  rempli  de  petits  bois 

&  d'allées  couvertes  ;  mais  les  gratis  hivers  l'ayant  rui-  S.  Francisco  Xaverio  Indiarnm  Ap.ofloU   anno  Cbrifti 

né,  il  a  été  long  tems  affez  mal  entretenu.  Il  y  a  quel-  M.  DC.  XXX. 

rues  années  que  l'on  commença  à  le  rétablir,  en  y  Pontificatûs  Urbani  oc7a.vi  anno  feptimo ,  Regni  Liidov'vcï 

plantant  de  nouveaux  arbres  ,  Se   en  y  dreffant  des  al-  deeimi  tertii  anno  vigefîmo , 

îées  nouvelles.  L'hôtel  de  Condé ,  qui  eft  dans  la  rue  Gêner  alatûs  R.  P.  Mutii  Viteleschi  anno  decimo  quarto  , 

autrefois  nommée  rue  neuve  Saint  Lambert ,  à  préfent  JEdïs  faciendtt 

rue  de  Condé  ,  Se  qui  fut  autrefois  occupé  par  les  ducs  Primum  Lapidem  pofuit ,  S»  P.  Henricus  de  Bourbon , 

de  Retz  ,  du  nom  de  Gondi ,  appartient  préfentement  Ep'ucopus  Metenfis  , 

à  la  maifon  de  Bourbon  Condé.  Les  appartemens  en  S.  R.  I.  Princeps  ,  Abbat  S.  Germant ,  Decimo  Aprilif, 
font  fort  bien  dispofés  ,  &   ornés  de    meubles  très- 

fomptueux.  Le  jardin,  dans  une  étendue  médiocre,  a  Le  portail  eft  embelli  d'un  ordre  dorique  en  pilas- 

tout  ce  que   l'art  Se  la   nature   peuvent  produire  en-  très ,  avec  un  ionique   au-deffus.  Le  dedans  a  un  or- 

femble  de  fingulier  &  de  beau:  on  y  voit  des  cabinets  dre  dorique  fort  régulier,  dont  les  métopes  font  rem- 

de  treillages  faits  à  la  manière  de  Hollande,  avec  beau-  plis  de  ciboires,  de  calices,  de  lampes,  d'encenfoirs  , 

coup  d'induftrie.  A  l'entrée  de  chaque  allée,  paroît  un  de   cloches,   de   chandeliers,   Se  de    plufieurs   autre» 

petit  arc  de  triomphe  du  même  ouvrage.  Ce  jardin  pen-  chofes  qui  fervent  aux  cérémonies  de  la  religion.  Le 

dant  l'été  eft  rempli  d'orangers  &  de  jasmins,  qui  en  grand  autel  eft    aujourd'hui  de   marbre  avec   quatre 

rendent  la  promenade  fort  agréable.  magnifiques  colonnes  de  marbre  d'Egypte  données  par 

Le  petit  hôtel  de  Bourbon  eft  dans  la  rue  de  Vaugi-  Louis  XIV ,  Se  deux  ftatues   de  marbre  blanc ,    qui 

Tard,  qui  paffe  devant  le  palais  de  Luxembourg.  C'é-  repréfentent  S.    Ignace,    Se   S.    François   Xavier.    Le 

toit    autrefois  l'hôtel  d'Aiguillon,  que  le   cardinal  de  'fanctuaire  eft  d'un  très-beau  marquetage  de  marbre  ; 

Richelieu  fit  embellir  avec  beaucoup  de  dépenfe  ,  pour  l'autel  eft  du  deffein  de  Manfard  ,  Se  le  grand  tableau 

là  ducheffe  d'Aiguillon  ,  fa  nièce.  Tout  proche ,  Se  du  du  fameux  Pouflîn.  La  grande  chapelle  à  côté  de  l'é- 

même  côté ,  eft  le  couvent  des  religeufes  du  Calvai-  glife ,  où  ces  pères  tenoient  la  congrégation  ,  eft  en- 

re ,  de  l'ordre  de  faint    Benoît,  fondé  en  1610,  par  richie  d'une  menuiferie  dorée,  avec  des  tableaux  d'es- 

la  reine  Marie  de  Médicis.  Leur  églife  Se  leur  maifon  pace   en  espace  ,   Se  un  plafond  qui   repréfeme    l'as- 

n'ont  rien  de  confidérable ,  non  plus  que  celle  des  rc-  lomption  de  la  Sainte  Vierge. 


ligieufes  du  Précieux  Sang ,  établies  en  1638  dans  la 
même  rue,  où  l'on  trouve  auïîï  le  couvent  des  Carmes 
Déchauffés,  vis-à-vis  des  murs  du  jardin  de  Luxem- 
bourg. 11   fut   fondé  en    161 1  ,   par   les  libéralités  de 


L'églife  de  faint  Sulpice ,  paroiffe  de  tout  ce  vafte 
quartier ,  étoit  autrefois  un  bâtiment  fi  ferré ,  qu'il 
pouvoir  à  peine  contenir  la  douzième  partie  des  pa- 
roiilîens  :  mais   on  entreprit ,    vers  le  milieu  du  der- 


quelques  bourgeois ,  qui  donnèrent  une  petite  maifon    nier  fiécle  ,   le  grand  Se  fuperbe  édifice  qu'on  voit  à 
fuuée  en  ce  lieu  à  des  religieux  Carmes  venus  d'Italie ,    préfent,  Se  dont  on  a  fait  une  des  plus  magnifiques 


pour  apporter  en  France  la  réforme ,  que  fainte  Thé 
rèfe  avoit  faite  en  Espagne ,  de  l'ordre  du  Monr-Car- 
mel.  Les  premiers  fondemens  de  cette  maifon  furent 
jettes  en  1615,  Se  la  reine  Marie  de  Médicis  mit  la 
première  pierre  à  leur  églife.  On  y  a  gravé  ces  pa- 
roles : 


MARIA  MEDlCvEA  MATER  FUNDAMENTUM 

HUJUS  ECCLES1/E  POSU1T. 

1613. 


églifes  du  royaume,  mais  avec  de  grands  défauts,  de 
l'aveu  de  tous  les  connoiffeurs. 

Cette  églife  fut  commencée  en  16*46.  Gallon,  duc 
d'Orléans,  y  mit  la  première  pierre  ;  mais  ce  premier 
bâtiment  ne  fut  pas  jugé  fuffifant ,  on  en  recommen- 
ça un  autre  en  165  c  ;  la  reine  Anne  d'Autriche  y  po- 
fa  la  première  pierre.  Il  fur  interrompu  en  1674,  & 
on  l'a  repris  en  1720  ,  Se  la  première  pierre  a  été 
pofée  par  M.  le  duc  d'Orléans  régent  :  depuis  ce  tems 
l'ouvrage  n'a  point  été  interrompu.  La  nef  a  cinq  ar- 
cades de  chaque  côté  qui  ont  chacune  trois  toifes. 
Le  grand  autel  eft  orné  de  colonnes  corinthiennes ,  de  elle  a  cinquante  pieds  de  large  en  total,  &  ai 
marbre  de  Dinan,  &  de  quelques  figures  qui  repréfentent  toifes  Se  demie  de  long.  Les  maflifs  font  ornés  de  pi- 
les faints  principaux  de  l'ordre  de  ces  pères.  Tout  laftres  corinthiens,  qui  foutiennent  une  grande  cornir 
l'ouvrage  de  l'églife  eft  d'un  ordre  ruftique  ou  toscan,  che  embellie  de  toute  forte  d'ornemens.  Toutes  les 
Au  milieu  eft  un  dôme  peint  dans  le  fond ,  qui  fait  longueurs  dans  œuvre ,  à  prendre  depuis  le  nud  du 
voir  l'enlèvement  du  prophète  Elie  ,  dans  un  chariot  de  mur  du  portail ,  jusqu'au  pied  du  degré  montant  dans 
feu  ,  laiffant  tomber  fon  manteau  à  Elifée,  fon disciple,  la  chapelle  de  la  Vierge,  qui  borde  le  rond  point, 
qui  tend  les  bras  pour  le  recevoir.  Cette  églife  a  deux  réunies  en  total ,  font  deux  cens  quatre-vingt  un  pieds, 
chapelles  remarquables.  La  première  à  main  gauche  ,  Le  periilyle  a  quarante  cinq  pieds  de  longueur ,  de- 
fous  le  dôme,  efl  confacrée  à  la  fainte  Vierge,  dont  puis  le  degré  pour  entrer  dans  l'églife  ,  jusqu'à  la 
on  voit  une  excellente  figure  en  marbre  blanc: elle  eft  pointe  de  l'angle  du  jambage  de  la  grande  porte  dans 
affife  tenant  fon  divin  enfant.  Cette  figure  paffepourun     œuvre,  fur  quatre-vingt-feize   pieds  dans  œuvre,  de- 


des  plus  beaux  morceaux  de  fculpture  qu'il  y  ait  en     puis  le  nud  d'un  mur  à  l'autre.  Le  grand  portail  s'é 
France  ;  les  draperies  en  font  affez  légères ,  mais  trop     tend  fur  vingt-neuf  toifes  de  large ,   Se  s'élève  à  1; 


d'un  ordre  compofue.  Les  baluftrad*s  de  ces  deux  cha-    fermé  par  une   baluftrade  dont  les   tables  font  de 

Tm.  IV.  Lllll  ij 


820      PAR 


PAR 


marbre ,  &  les  baluftres  de  cuivre.  Ce  chœur  eft  pa- 
vé de  marbre ,  Se  les  piliers  font  ornés  de  figures  de 
pierre  de  Tonnerre  travaillées  par    Bouchardon.    La 
première   pierre   du   grand  autel  a  été  pofee  par  le 
cardinal  d'ilcio ,  pour  lors  nonce  du  pape  en   France, 
Se   qui   n'étoic   point   encore   cardinal.   On   y  lit  une 
infeription  qui  marque  que  ce  fut  en  1732,  que  cet- 
te cérémonie  fut  faite.  L'autel  &   les  degrés    pour  y 
monter  font  de  marbre  :  la  pierre  d'autel  eft  percée 
à  jour  :  on  y   voit  entre  deux  glaces  une  urne  ciné- 
raire antique  d'Egypte ,  dans  laquelle  font  renfermées 
les  reliques.  Le  tabernacle   repréfente  une  arche  d'al- 
liance ,  ornée  de  pierres  précieufes  Se  de  plufieurs  an- 
tiques très-curieufes  :  il  y  a  un   propitiatoire  foutenu 
par  deux  anges   adorateurs ,   fur  lequel  on  expofe  le 
faint  Sacrement  fous  un  dais  à  jour.  Tout  cet  ouvrage 
eft  fous  l'arcade  de  la  coupole  de  la  croifée  ,  &  il  efl 
couronné  par  un  baldaquin  fuspendu ,  doré  en  dehors 
&  en  dedans.  La  chapelle  de  la  Vierge,  dont  les  de- 
grés  bordent  le  rond  point ,   a  fix  toifes  Se  demie  de 
profondeur  dans  œuvrç ,  fur  huit  de  largeur  :  elle  eft 
de  .figure  ovale  :  elle  a  dix-fept  toifes  Se  demie  d'é- 
lévation depuis  le  pavé  jusqu'au  point  milieu ,  fous  la 
coupole   qui  repréfente  une  gloire,   dans  laquelle  on 
voit  la    Vierge  peinte  à  fresque  par  le  Moine.  Toute 
cette   chapelle  eft  magnifiquement  ornée  :    la  figure 
de   la  vierge    eft  d'argent  :  la   draperie  en  eft  dorée  , 
les   portiques    font   de   bois    d'Acajou ,   venus   de    la 
Cayenne  :   les    deux  facriuies  font  auiïi     très-ornées. 
11  y  a  bien  des  perfonnes  illuftres  enterrées  dans  cet- 
te églife,  entre  lesquelles  on  compte  Claude  Dupuy, 
un  des  plus   favans  hommes  du  royaume  ;  Michel  de 
Marolles ,  abbé  de  Villeloin  -,  François  Blondel ,  ha- 
bile mathématicien  ;   Pierre  Miche  ,  plus  connu  fous 
le  nom  d'abbé  Bourdelot ,  que  la  reine  Chriltine  de 
Suéde  fit  venir   à  Stockholm ,  pour    lui   apprendre  la 
philofophie  •>  Barthélémy  d'Herbelot ,  auteur  de  la  bi- 
bliothèque orientale   ;   dom    Gaetano   Julio  Zumbo, 
gentilhomme  Sicilien ,   qui   a  laifie  deux  ouvrages  de 
fculpture ,    dont  les   figures  font  colorées  au   naturel 
&  une  tête   anatomique  -,   Marie  de  Jumelle  de  Bar- 
neuille,  comteffe  d'Aunoy  ,  connue  par  plufieurs  ou- 
vrages d'esprit  ;  Rover  de  Piles ,  de  l'académie  royale 
de  peinture  Se  de  fculpture  ;  Elizabeth-Sophie  Cheron  , 
habile  pour  le  portrait  ;  Jean  Jouvenet,peintre  excellent  ; 
le  maréchal  de  Coetlogon  ;  le  comte  de    Gergy,  am- 
bafiadeur  de    Fiance  à  Venife  ;  la  duchefle  de  Laura- 
guais ,  Se  plufieurs  autres.  11  y  a  fous  cette  églife  un 
très-grand  bâtiment  très-utile  pour  les  catéchismes  ;  on 
a  trouvé  une  fource  intarifïable ,  dont  on  a  tiré  par- 
ti,    en  y  conftruifant  un  puits  qui  eft  d'un  très  grand 
fecours.  La  maifon  du  Séminaire  de  faint  Sulpice  eft 
tout  proche  de  l'eglife.  C'elt  un  bâtiment  très  fpacieux, 
Se  folidement  conftruit.  La  chapelle  en  eft  fort  belle  : 
le  plafond ,   peint  par  le  Brun  ,   repréfente  l'Affomp- 
tion  de  la  Vierge.   L'endroit  où   fe  tient   la  foire  de 
faint  Germain  eft  dans  le  voifinage  de  faint   Sulpice, 
à  l'extrémité  de  la  rue  de  Tournon.  Ce  lieu  fut  brû- 
lé la  nuit  du  16  au  17  Mars  1762.  On   y   a    recon- 
ftruit  quelques  cabannes  pour  l'ouverture  de  la  foire  de 
1763.  Elle  commence  le  lendemain  de  la  Chandeleur 
Se  continue  jusqu'à  la  Semaine  Sainte.  Le  couvent  des 
Prémontrés  eft  à  l'entrée  de  la  grande  rue    de  Sève, 
dans  un  carrefour  où  fix  autres   rues    viennent  abou- 
tir.   L'eglife  eft  petite,    Se  fort  Amplement  bâtie.  La 
reine  mère  Anne  d'Autriche  y  mit  la  première  pierre 
en    1661.  Plus  avant  eft  l'Abbaye  aux  Bois,  de  l'or- 
dre  de   Cîteaux  ,    transférée  de  Picardie   à   Paris.  La 
menuiferie  de  l'autel  eft  bien  travaillée,  &  d'un  des- 
fein  niiez  régulier.  Proche   de  là ,  on  trouve  l'hôpital 
des  Petites   Maifons,  appelle  ainfi  à  caufe   que  ceux 
qui  font  dénués  d'esprit  y  font  enfermés  chacun  dans 
une  petite  chambre  grillée  ,  avec  des  barreaux  de  fer. 
On  y  nourrir  aufli  plufieurs  vieilles  gens.  Cet  hôpital 
étoit  autrefois  une  maladrerie  ,  dépendante  de  l'abbaye 
de  Saint  Germain  des  Prés.  Il  fut  rebâti  vers  l'an  1^7 
par  ordre  de  Meilleurs  de  Ville ,  &  ce  font  les  corn- 
miffaires   des   pauvres  ,    qui    en  ont   l'adminiftration. 
L'églifc  eft    belle,   &  l'on    y  fait  l'office   avec  beau- 
coup  d'exactitude.   L'Hôpital  des  Incurables   eft  fitué 


dans  la  même  rue.  On  y  traite  avec  grand  foin  plu- 
fieurs malades  de  l'un  Se  de  l'autre  fexe.  Les  fales ,  où 
les  lits  fe  trouvent  placés ,  font  voûtées  folidement , 
Se  les  appattemens  dispofés  de  telle  forte  ,  que  ceux 
des  hommes  de  ceux  des  femmes ,  font  dans  une  éga- 
le diltance  de  l'eglife  qui  eft  au  milieu.  Cette  églife, 
dédiée  à  Notre-Dame  ,  eft  adminiftrée  par  un  prêtre 
qui  a  titre  de  curé ,  Se  qui  y  fait  l'office  avec  plu- 
fieurs autres  prêtres.  Cet  hôpital  contient  dix  arpens 
de  terre,  &  fut  fondé  l'an  1634,  par  le  cardinal  de 
la  Rochefoucault ,  dont  le  bufte  eft  au  milieu  de  la 
fale  des  hommes.  Proche  le  marchepied  du  grand  au- 
tel de  l'eglife  eft  une  tombe  de  marbre,  fur  laquelle 
font  gravés  ces  mots  :  Hk  conditum  eft  pericardium , 
cum  parte  viscerum  EminentiJJimi  cardinalis  Francisci 
de  la  Rochefoucault ,  hujus  Nosocomïi  Fundatoris ,  qui 
ohiit  anno  R.  S.  H.  1645,  16  Kalendas  Martii,  &ta- 
tis  Jua  87. 

En  continuant  de  jpiarcher  dans  la  rue  de  Grenel- 
le ,  proche  la  rue  du  Bac ,  on  voit  une  nouvelle  fon- 
taine ,  dont  le  corps  du  bâtiment  repréfente  la  décora- 
tion du    trône  de  la  ville ,  afllfe  au  milieu  des  riviè- 
res de  Seine  Se  de  Marne ,  couchées  Se  appuyées  fur 
des  urnes,  repréfentant  les  fources  d'où  eiles  partent. 
La  ville,   revêtue  d'une  draperie  qui  reffemble  entiè- 
rement à  celle  dont  les  anciennes  divinités  font   ha- 
billées,  porte  fur  fa  tête  une  couronne  murale  ;  les 
deux  rivières  ,  accompagnées  des  attributs  qui  leur  con- 
viennent, font  bordées  de  glaçons,  dont  la  chute  for- 
me un  bel  ornement.  Ces  groupes  de  figures  font  d'un 
marbre  blanc  bien  choifi.  Cet  ouvrage  ,  en  forme  ova- 
le ,  s'étend  fur  quatorze  toifes  quatre  pieds  Se  demi 
de   largeur,   Se  s'élève  depuis  le  rez-de  chauffée  à  la 
hauteur  de  quarante-deux  pieds   neufs  pouces.  Il  eft 
coupé  par  un  avanr  corps  de  râbles  de  refend,  avec 
une  importe  &  une  frife  ornée  de  fculpture;  au  de- 
vant de  la  partie  circulaire  on  remarque  une  table  de 
maibre  noir.  Voici  l'infcription  qu'on  y  lit: 
DU  REGNEDE  LOUIS  XV. 
De  la  cinquième  prévôté  de  mejfire   Michel-Etienne 
Turgot ,  chevalier ,  marquis   de   Sommons  ,  &c.  Con~ 
feiller  d'état  ;    de  l'échevinage  de  Louis-Henri  Veron , 
écuyer ,  conseiller  du  roi  &  de  la  ville  ;   Edme-Louis 
Meny  ,  écuyer ,  avocat  au  parlement ,  conseiller  du  roi, 
notaire  ,•  Louis  le  Roi  de  Feteuil ,  écuyer ,  conjeiller  du 
roi ,  Quartinier  ,•  Thomas  Germain ,  écuyer ,  orfèvre  du 
roi  :  étant ,  Antoine   Moriau ,  écuyer ,  procureur  & 
avocat  du  roi  &  de  la  ville;  Jean-Baptifte  Julien  Tait- 
bout  ,  greffier  en  chef\  Jacques   Boucot ,  chevalier  de 
l'ordre  du  roi ,  receveur. 

Cette  fontaine  a  été  conftruite  fur  les  dcjfeins  d'Ed* 
me  Bouchardon ,  Jculpteur  du  roi ,  né  à  Chaumont  en 
Bafjigny  ;  toutes  les  ftatues ,  bas-reliefs  &  ornemens 
ont  été  exécutés  par  lui. 

Au-deffous,    Se  aux  deux  retours,  font  pofés  qua- 
tre mascarons  de  bronze ,  dont  les  deux  ,  qui  font  au 
devant ,   diftribuent  l'eau  ;  les  deux  ,  qui  faillent  dans 
les  retours  ,  ne  font  que  pour   l'ornement.    Au-des- 
fus  du  focle  s'élèvent ,  fur  deux  piedeftaux ,  avec  bafes 
Se  corniches ,  quatre  pilaftres  dans  le  maffif  du  bâti- 
ment ,  Se  autant  de  colonnes,  de  dix  pouces  de  dia- 
mètre, d'ordre  ionique,  ifolées,   groupées  Se  canne- 
lées. Le  tout  eft  couronné  d'un  entablement  orné  de 
corniches,  d'architraves,  avec  des  avirons  liés  en  fau- 
toir,  avec  la  frife,  &  d'un  fronron  fur  le  tout,  donc 
la  table  intérieure   préfente  un   cartouche,    furmonté 
d'une  couronne  de  fleur  de  lis,  pour  l'écuilbn  des  Ar- 
mes du  roi ,  affermi  fur  des  jonchées  de  lauriers  liées 
en  lacs.  Dans  le  renfoncement,  qui  eft  entre  les  co- 
lonnes,  il  y  a  dans  un  chambranle  d'architecture  une 
grande  table  de  marbre  noir,  fur  laquelle  on  lit  une 
infeription  latine ,   dans   laquelle   on  remarque  cette 
noble  fimplicité  dans  l'expreffion  ,  qui  forme  le  vrai 
fublime.  On  y  reconnoît  la  modeftie ,  qui  eft  le  prin- 
cipal caractère  de  fon  auteur. 

DUM  LUDOVICUS  XV. 

Popitli  amor  &  par  eus  optimus , 

Publica  tranquillitatis  affertor  , 

Gallici  Imper ii  finibus  innocuè  propagatif, 

Pace  Germanos  3  Ruffbsque  inter 


PAR 


PAR        82ï 


Et  Ottomanos ,  féliciter  conciliatâ  ; 

Gloriosè  fimid  &  pacifies  regriabat , 

Fontern  hune  civium  utilitati 

Urbisque  ornamento 

Confecrarunt 

Prœfecluf  &  édiles.  Anno  Domini 

1759- 
Les  côtés  circulaires  de  mur  ,  font  de  râbles  de  re- 
fend ,  avec  une  importe  fous  une  plinte  profilée ,  Se 
une  fïife  ornée  de  fculprure.  On  y  a  percé  deux  por- 
res  ceintrées  :  celle  à  droite  eft  pour  introduire  dans 
l'intérieur  de  la  fontaine  :  celle  à  gauche  eft  à  l'ufa- 
ge  des  dames  religieufes  Récollettes ,  qui  ont  cédé  à 
Ja  ville  le  terrein  qu'occupe  cet  édifice.  Au-defliis  font 
figurées  deux  croifées  feintes,  ornées  de  chambranles 
d'architecture ,  dans  lesquelles  font  repréfenrées  les  ar- 
mes de  la  ville  en  bas-relief.  Sur  les  tables  de  pierre, 
qui  font  au-deffus  „  faillent  des  rofeaux  liés  en  fautoir. 
Aux  deux  côtés  on  apperçoit  quatre  niches ,  avec  des 
archivoltes,  dont  les  extrémités  portent  fur  des  im- 
polies. Dans  chacune  des  niches  font ,  en  pierre  de 
Tonnerre ,  les  génies  des  quatre  faifons ,  de  grandeur  na- 
turelle ,  avec  Jes  attributs  qui  les  défignent ,  fur  des 
piedeftaux.  Au-dcffous  font  auflî ,  en  pierre  de  Ton- 
nerre, quatre  bas-reliefs  de  jeux  d'enfans,  qui  répon- 
dent ,  avec  leurs  attributs,  aux  génies  des  quatre  fai- 
fons. Entre  les  quatre  niches  Se  les  croifées  feintes, 
il  y  a  des  avant-corps  couronnés  d'un  entablement , 
dans  la  frife  duquel ,  à  l'aplomb  du  milieu  ,  fortent 
les  chiffres  du  roi.  Le  deffus  de  l'entablement  de  tout 
l'édifice  eft  couronné  d'un  actotere  enrichi  d'avant- 
corps  ,  plintes  profilées  ,  Se  de  tables  de  relief.  L'in- 
térieur de  cette  fontaine  eft  compofé  d'un  puifard , 
pour  recevoir  l'écoulement  des  eaux  d'aqueducs  Se 
fouterreins  pour  l'entrée  Se  la  fortie  i\cs  tuyaux.  Au 
rez-de- chauffée  on  trouve  un  réfervoir  de  plomb,  ar- 
mé de  fer ,  pour  l'ufage  du  public.  Au-deffus  du  ré- 
fervoir eft  une  cuvette ,  ou  récipiend  des  eaux  qui 
arrivent  à  cette  fontaine ,  foit  pour  être  distribuées  à 
ceux  qui  en  viennent  chercher  ,  foit  pour  la  commo- 
dité des  maifons  du  quartier  auxquelles  là  ville  en  ac- 
corde. L'extrémité  de  l'intérieur  de  cette  fontaine  eft 
couverte  d'une  voûte,  avec  des  dalles  de  pierre  par 
deffus.  Il  y  a  des  pierres  d'une  beauté  très-rare,  com- 
me celles  qui  fervent  de  piedeftal  Se  de  couronne- 
ment aux  colonnes.  La  coupe  mérite  l'attention  des 
connoiffeurs. 

Dans  cette   même  rue  on  trouve  l'abbaye  de  Pan- 
themont,  pour  des  religieufes  de  l'ordre  de  Cîteaux. 
Elles  doivent  leur  première  infiitution  à  Jeanne-Ché- 
fart  de  Matel ,  &  portèrent  d'abord  le  nom  de  filles 
du    Verbe  Incarné.  Leur  fondatrice  obtint  des  lettres 
parentes  en  1643  par  la  protection  de  la  reine  Anned'Aiv- 
triche  ,  &  elles  s'établirent  dans  cet  endroit ,  fous  leur 
premier   nom.  En  1671  les  religieufes  de  l'abbaye  de 
Panthemont ,  au  diocèfe  de  Beauvais  ,  y  furent  réunies  , 
&    donnèrent   leur   nom  à  cette  maifon.  Leur  églife , 
nouvellemenr  bâtie  ,  eft  d'une  forme  finguliere  Se  ex- 
cite la  curiofité.  Le  portail  eft  ornée  de  deux  colon- 
nes qui  portent  un    petit   fronton  ceintré,  furmonté 
d'un  autre  de  forme  triangulaire.  L'intérieur  de  l'égli- 
fe  eft  en  forme  de  croix.  En  entrant  on  fe  trouve  au 
pied  du  maître  autel  Se  fous  le  dôme ,  orné  de  ban- 
deaux en  faillie ,   Se  percé  de  huit  ctoifées  ;  le  chœur 
des  religieufes  eft  derrière  le  grand  autel.  La  grille  en 
eft  baffe  Se  laiffe  voir  la  partie  fupérieure  de  ce  chœur. 
Toute  l'architecture  du  bâtiment  eft  de  l'ordre  ionique. 
L'Hôtel  Royal  des  Invalides  fe  trouve  au  bout  de 
cette  rue.  Ce  palais  eft  un  des  plus  beaux  de  l'Europe.  On 
en  jetta   les   premiers    fondemens   le    30    Novembre 
1671 ,  dans  la  plaine  de  Grenelle.  C'eft  une  des  plus 
belles  inrtitutions  du  règne  de   Louis  XIV. 

Ce  bâtiment  eft  carré  ,  &  occupe  un  terrein  de  17 
arpens.  On  y  rrouve  quatre  grandes  cours  d'une  même 
forme ,  enrourées  de  bâtimens  réguliers  à  quatre  éta- 
ges. Au  milieu  de  ces  cours,  il  y  en  a  une  cinquiè- 
me auffi  grande  que  les  quatre  autres  enfemble.  Elle 
eft  enfermée  par  deux  rangs  d'arcades  l'une  fur  l'autre, 
qui  forment  des  galeries  fort  étroites ,  pour  aller  à  cou"- 
-vert  autour.  Les  combles  des  édifices  font  enrichis  de 


trophées  d'armes.  La  porte  de  la  chapelle  fe  trouve 
au  fond  de  la  grande  cour,  Se  vis-à-vis  la  principale 
entrée.  C'eft  par  là  que  l'on  entre  dans  la  partie  de 
l'églife  deftinée  pour  ceux  de  la  maifon.  Cette  partie 
fait  une  espèce  de  nef  décorée  d'un  ordre  corinthien 
en  pilaftres  avec  des  bas  côtés  Se  des  galeries  au-des- 
fus,  d'où  l'on  voit  en  perspective  une  partie  de  la 
nouvelle  églife.  L'autel  eft  magnifique  Se  d'un  deffein 
très-correct.  Six  grofi'es  colonnes  torfes  Se  gtoupées 
trois-à-trois  Se  entoifrées  de  pampres,  d'épis  de  blé, 
Sec.  foutiennent  fur  leurs  enrablemens  quatre  faisceaux 
de  palmes ,  qui  s'élèvent  Se  fe  réunifient  enfemble 
pour  porter  un  baldaquin  qui  couvre  le  grand  autel 
Se  qui  eft  terminé  par  un  globe  furmonté  d'une  ctoix. 
L'autel  Se  tous  fes  ornemens  font  dorés.  La  voûte  dur 
fanétuaire  eft  décorée  de  deux  morceaux  de  peinturé 
faits  par  Noël  Coypel.  Le  dôme  a  30  toifes  depuis  le 
pavé  jusqu'à  la  clef  de  fa  voûte  ,  &  fon  ouvetture  circu- 
laire eft  de  to  pieds  de  diamètre.  Il  eft  éclairé  par  douze 
fenêtres.  Les  douze  apôtres ,  avec  les  inftrumens  de 
leur  martyre  peints  fur  la  première  voûte  font  de  Jean 
Jouvenet ,  Se  la  gloire  ,  qui  eft  dans  la  féconde  voûte  > 
eft  de  Charles  la  Foffe ,  auffi-bien  que  les  quatre  évan- 
gélifies  qui  font  entre  les  arcs  doublaux  qui  portenc 
ta  maffe  du  dôme.  Les  fix  chapelles  ont  chacune  en 
marbre  la  ftatue  du  faint  ou  de  la  fainte  à  qui  elles 
font  dédiées. 

Celles  de  la  chapelle  de  la  Ste  Vierge  Se  de  Ste- 
Thérèfe ,  qui  font  dans  le  croifée  font  de  Corneille 
Van  Cleve  Se  de  Paul  Manière.  Les  quatre  autres 
chapelles  font  dédiées  aux  quatre  pères  de  l'églife  la- 
tine. Les  voûtes  de  ces  chapelles  font  divifées  en  fix 
cattouches  dans  lesquels  on  a  repréfenté  les  princi- 
pales actions  du  faint  dont  l'enlèvement  eft  repréfen- 
té dans  le  fond  de  la  voûte.  Celles  de  S.  Jérôme  Se 
de  S.  Ambroife  ont  été  peintes  par  Boulogne  l'aîné  5 
celle  de  S.  Auguftin  par  fon  frère,  Se  celle  de  S. 
Grégoire  pape  par  Corneille.  Toutes  ces  peintures  font 
à  fresque  Se  d'un  très-beau  deffein.  Les  ftatues  qui 
rempliffent  les  niches  font  très-bien  travaillées.  Les  bas- 
reliefs  Se  tous  les  ornemens  en  général  font  achevés-. 
Le  pavé  eft  de  marbre  blanc  ,  divifé  par  des  com- 
panimens  de  diverfes  couleurs ,  très-bien  rapportées*. 
La  principale  porte  de  cette  églife  eft  du  côté  de  la 
campagne.  Sa  façade  eft  de  i8  toifes  d'étendue.  Elle 
eft  élevée  fur  un  perron  de  plufieurs  marches ,  Se  or- 
née d'un  grand  ordre  dorique  avec  un  corinthien  au- 
deffus.  La  forme  extérieure  de  l'édifice  eft  un  carré 
fur  les  angles  du  quel  on  a  placé  les  pères  de  l'églife 
groupés  deux  à  deux.  Au  milieu  s'élève  la  tour  qui 
forme  le  dôme;  elle  eft  ornée  de  deux  ordres  de  co- 
lonnes ,  de  fenêtres  Se  de  diverfes  fculptures ,  Se  au- 
tour règne  une  baluftrade  accompagnée  de  feize  fta- 
tues de  faints.  Le  dôme  élevé  qui  couronne  l'édifice 
&  qui  a  environ  cinquante  toifes  depuis  le  rez-de-chatrc- 
fée ,  jusqu'à-  l'extrémité  de  la  croix ,  eft  couvert  de 
plomb  Se  décoré  de  fculptutes  Se  de  dorures  dont 
l'éclat  furprend. 

La  maifon  eft  vafte  Se  remplie  d'officiers  ou  de  fol- 
dars  eftropiés  :  on  y  admire  principalement  le  gtand 
ordre  Se  l'exacte  discipline  qui  s'y  obfervent. 

Au  haut  de  la  rue  du  Bac  eft  le  Séminaire  des 
Mifllons  étrangères.  C'eft  de  là  qu'on  envoyoit  dans 
les  Indes  des  eccléfiaftiques  zélés  pour  ptêcher  l'é- 
vangile aux  infidèles.  Le  fruit  qu'ils  y  faifoient  étoic 
grand  ,  fi  l'on  en  juge  par  les  relations.  Mrs  de  Saine 
Sulpice  leur  ont  fuccédé.  Du  même  côté  de  la  mis- 
fion  eft  un  monaftere  des  filles  de  la  Vifitation,  qui 
font  venues  s'établir  en  ce  lieu  en  1673,  en  quittaht  la 
rue  Montorgueil ,  où  elles  avoient  une  chapelle,  lors- 
qu'elles furent  admifes  Cn  1660.  L'hôpital  des  Conva- 
lescens  eft  de  ce  même  côté.  Il  fut  fondé  l'an  i6j2 
par  Angélique  Faure ,  époufe  de  Claude  de  Bullion  , 
furintendant  des  finances,  pour  huit  pauvres  coin  a- 
lescens  fortis  de  la  Charité  qui  peuvent  y  demeurer 
huit  ou  dix  jours,  afin  d'y  tétablir  leur  fanté ,  Se  de 
reprendre  leurs  forces.  Pendant  ce  tems  les  religieux 
de  la  Charité  leur  font  des  inftrucljons  Se  des  caté- 
chismes. La  chapelle  eft  dédiée  fous  le  titre  de  l'As- 
fomption.de  J*  fainte  Vierge.  Les  Récollettes,  qui 


o22,  PAR 

{ont  de  l'autre  côté  >  dans  la  même  rue  du  Bac ,  ont 
fait  élever  depuis  peu  d'années  une  nouvelle  églife , 
où  il  n'y  a  rien  que  de  très  fimple  ,  de  même  que 
dans  le  petit  couvent  des  percs  Récollets ,  qui  en  eft 
fort  proche ,  &  nouvellement  bâti.  On  trouve  eniuite 
!»■  noviciat  des  Dominicains  réformés.  Quoique  le  car- 
dinal de  Richelieu  ait  beaucoup  contribué  à  la  fon- 
dation de  ce  couvent ,  il  eft  demeuré  long-tems  im- 
parfait &  fort  ferré.  Depuis  Tannée  1681  ces  pères 
ont  fait  élever  de  fond  en  comble  une  nouvelle  mai- 
fon ,  qui  confifte  en  plufieurs  dortoirs ,  avec  tous  les 
appartenons  néceffaircs  à  une  communauté  nombreu- 
se. Ils  ont  aufli  fait  bâtir  une  nouvelle  églife  ornée  en 
dedans  d'un  grand  ordre  corinthien  en  pilaftres ,  avec 
des  chapelles  de  chaque  côté.  L'autel  principal  eft  une 
espèce  de  baldaquin ,  compofé  de  deux  groupes  de 
quatre  colonnes  compofités ,  élevées  fur  des  piédes- 
taux de  marbre,  avec  un  grand  ceintre  de  menuiferie 
dorée ,  fur  lequel  eft  une  ligure  de  Notre-Seigneur , 
qui  reffuscite.  Le  tombeau  de  Philippe  de  Montaut  II 
du  nom,  duc  de  Navailles ,  maréchal  de  France ,  eft 
derrière  cet  autel,  dans  un  espace  qu'on  a  ménagé  ex- 
près. Ce  tombeau  eft  embelli  de  figures  de  bronze 
doré,  &c  de  plufieurs  ornemens,  fur  des  inferiptions 
de  marbre.  Suzanne  de  Baudean  de  Neuillan ,  veuve 
de  ce  maréchal ,  a  fon  tombeau  de  l'autre  côté ,  & 
décoré  de  la  même  manière.  Martin ,  fculpteur ,  a 
exécuté  ces  ouvrages  d'après  les  deffeins  de  le  Brun. 
Hyacinte  Serroni  »  premier  archevêque  d'Alby,  y  eft 
enterré.  Cet  ordre  a  fourni  dix-neufs  confeffeurs  de 
nos  rois.  L'hôtel  de  Luynes,  nommé  auparavant  V hô- 
tel de  Chevreufe >  eft  dans  la  rue  Saint  Dominique  , 
vis-à-vis  l'églife  des  Dominicains ,  qui  lui  donne  un 
fort  beau  point  de  vue.  Cet  hôtel  fut  bâti  pour  Ma- 
rie de  Rohan  ,  ducheffe  de  Chevreufe,  qui  eut  tant 
de  part  aux  affaires  de  fon  tems.  Les  dehors  &  1  e 
jardin  en  font  très-beaux. 

A  l'extrémité  de  cette  rue  on  voit  l'hôpital  de  la 
Charité ,  qui  a  une  de  fes  entrées  par  la  grande  rue 
de  Taranne.  Les  religieux,  qui  le  gouvernent,  furent 
établis  à  Paris  l'an  1602.  Marie  de  Médicis  fut  leur 
fondatrice,  &  leur  donna  de  quoi  acheter  une  maifon 
vers  la  rue  appellée  depuis  la  rue  dcsPetits  Auguftins. 
La  reine  Marguerite ,  ducheffe  de  Valois ,  ayant  pris 
cette  maifon  l'an  1606  en  acheta  une  autre,  avec 
quelques  jardins ,  fituée  dans  la  rue  des  Saints  Percs,  cV  la 
donna  en  échange  aux  religieux  de  la  Charité.  C'eft 
à  l'endroit  de  cette  maifon  qu'on  a  conftruit  l'hôpi- 
tal. Peu  de  rems  après  on  commença  à  bâtir  l'églife , 
&  les  infirmeries  pour  les  malades.  Cette  églife ,  dé- 
diée fous  le  titre  de  faint  Jean-Baptifte ,  eft  très-bien 
entretenue.  L'ordre  des  religieux  ,  qui  la  deffervent , 
fut  inftitué  par  le  bienheureux  Jean  de  Dieu ,  &  ap- 
prouvé comme  une  Société  l'an  1520  par  le  pape  Léon 
X  ,  qui  leur  donna  la  régie  de  faint  Auguftin.  Outre 
les  trois  vœux  ordinaires  de  la  religion ,  ils  en  font 
un  quatrième  ,  de  donner  leurs  foins  au  foulagement 
des  pauvres  malades.  Les  prêtres  font  rares  parmi  eux, 
êc  ne  peuvent  parvenir  à  aucune  fupériorité  dans  leur 
ordre.  Cette  églife  poffede  un  offement  confiderable 
du  bienheureux  Jean  de  Dieu ,  que  la  reine  Anne  d'Au- 
triche obtint  de  Philippe  IV,  fon  frère ,  dans  leur  en- 
trevue au  mariage  du  roi.  Devant  la  chapelle  de  la 
Vierge,  vis-à-vis  de  l'autel,  eft  un  tombeau  élevé, fur 
lequel  eft  la  ftatue  d'un  homme  à  genoux,  en  habit 
long ,  &  fur  le  devant  font  gravés  ces  mots  : 

Ici  git  Meffire  Claude  Bernard  ,  dit  le  pauvre 
Prêtre,  qui  décéda  le  25  Mars  1641. 
L'hôpital ,  où  font  les  malades  ,  eft  compofé  de  cinq 
grandes  infirmeries.  Depuis  le  printems  jusqu'à  l'au- 
tomne on  en  fait  une  fixiéme,  pour  les  pauvres  qui 
font  attaqués  de  la  pierre.  Cet  hôpital  n'a  été  établi 
que  pour  des  hommes,  qui  ont  chacun  un  lit  feparé. 
C'eft  dans  cette  maifon  que  l'on  reçoit  les  novices  des 
religieux  de  la  Chatité,  pour  tous  les  couvens  de  la 
province  de  France.  Celui-ci  eft  le  plus  nombreux.  La 
rue  de  l'Univerfité  eft  fort  longue ,  &  n'eft  appellée 
ainfi  qu'à  fon  extrémité ,  du  côté  du  pré  aux  Clercs.  Le 
long  des]  hautes  murailles  de  l'abbaye  de  Saint  Germain , 
on  la  nomme  la  rue  du  Colombier ,  à  caufe  qu'il  y  avoir 


PAR 


un  grand  colombier  dans  la  ferme  des  religieux  de  cet- 
te abbaye ,  qui  s'eft  trouvé  autrefois  en  cet  endroir. 
Plus  avant ,  &  au  milieu  ,  elle  eft  appellée  la  rue  Ja- 
cob. Cette  longue  rue  eft  remplie  de  belles  &  gran- 
des maifons.  La  rue,  où  les  petits  Auguftins  ont  leur 
couvent ,  termine  d'un  bour  à  celle  du  Colombier , 
&  de  l'autre  à  la  rivière.  Leur  maifon  n'a  rien  de  con- 
fiderable. Le  grand  autel  de  l'églife  eft  d'une  menuife- 
rie feinte  de  marbre,  ornée  d'architecture,  &  de  plu- 
fieurs ftatues  de  terre  cuite.  La  Reine  Marguerite  de 
Valois ,  première  femme  de  Henri  IV,  a  été  une  des 
principales  bienfaictrices  de  ce  monaftere.  Ce  fut  elle 
qui  fit  bâtir  la  chapelle ,  qui  eft  en  coupole ,  à  main 
droite ,  à  côté  du  grand  autel.  On  y  lit  cette  mferip- 
tion ,  gravée  fur  un  marbre  : 

Le  11.  Mars  1608.  la  Reine  Marguerite , 
Duchejfe  de  Valois ,  petite-fille  du  grand  roi 
François  ^feeur  de  trois  rois  &  feule  reftée 
De  la  Race  des  Valois ,  ayant  été  vi/îtée  & 
Secourue  de  Dieu ,  comme  Job  &  Jacob;  &  lors 
Lui  ayant  voué  le  vœu  de  Jacob ,  &  Dieu 
L'ayant  exaucée ,  elle  a  bâti  6"  fondé  ce  Monaftere , 
Pour  tenir  lieu  de  l'autel  de  Jacob ,  où  elle  veut 
Que  perpétuellement  f oient  rendues  allions  de 
Grâces ,  en  reconnoijjance  de  celles  qu'elle  a  reçues 
De  fa  divine  bonté.  Elle  a  nommé  ce  Monaftere 
DelaSainteTrinité,  &  cette  chapelle ,  des  Louanges^ 
Où  elle  a  logé  les  pères  Auguftins  Déchaujfés. 
Ces  derniers  mots  de  l'infcription  doivent  s'enten- 
dre des  Petits  Pères  qui  fonr  déchauffés,  &qui,  après 
avoir  demeuré  quatre  ans  en  cette  maifon ,  la  cédè- 
rent aux  Auguftins  de  la  réforme  de  Bourges.  Porbus, 
un  des  plus  excellens  peintres  de  fon  fiécle ,  8c  Ma- 
thieu Iforé  d'Airvaur,  archevêque  de  Tours,  y  font  enter- 
rés. L'hôtel  de  la  Rochefoucault,  autrefois  l'hôtel  de 
Liancourr ,  eft  dans  la  rue  de  Seine ,  derrière  le  collège 
Mazarin.  La  rue  Mazarine  eft  parallèle  àcelle  de  Seine.On 
la  nommoit  auparavant  la  rue  des  FoJJés  de  Nèfle,  à 
caufe  d'une  porte  de  ce  nom ,  qui  fe  trouvoit  a  l'ex- 
rrémité,  du  côté  de  la  rivière,  proche  de  laquelle  il 
y  avoit  une  haute  tour  ,  qu'on    a  renverfée  lorsqu'on 
a  jette  les  fondemens  du  collège  Mazarin.  Au  fortir 
de  la  rue  des  Foffés  Saint  Germain ,  où  eft  le  théâtre 
de  la  Comédie  Françoife,  on  entre  dans  la  rueDau- 
phine,  pour  fe  rendre  fur  le  Quai  des  Auguftins,  qui 
commence  au  Pont  Saint  Michel ,  &  qui  finit  au  Pont 
Neuf.  Cette  rue  ,  qui  n'étoit  auparavant  qu'un  grand 
espace  rempli    de  jardins  &  de  vieilles  mafures ,  au 
travers  desquelles  on  la  perça,  fut  appellée  rue  Dau- 
phine  ,  à  caufe  qu'on  la  bâtiffoit  dans  le  tems  de  la 
naiffance  de  Louis  XIII.  A  l'extrémité  il  y  avoit  une 
porte  de  la  ville,  qui  fut  abbatue  en  1673.  Les  grands 
Auguftins  ont  leur  couvent  fur  le  Quai.  Ils  vinrent  à 
Paris  vers  l'année  1270,  fous  le  nom  d'Hermites  de 
faint  Auguftin ,  &  furent  logés  d'abord  près  de  la  rue 
Monrmarrre ,  dans  une  rue  qui  en  a  été  appellée  la 
rue  des   vieux  Auguftins.  Ils    célébroient   l'office   di- 
vin dans  l'églife  de  Sainte  Marie  Egyptienne,  lorsqu'ils 
demeuroient  dans  ce  quartier.  Ces  religieux  s'établi- 
rent enfui-e  dans  la  rue  des  Bernardins ,  au  lieu  où 
eft  à  préfent  l'églife  paroiffiale  de  Sainr  Nicolas  du 
Chardonnet ,  &  enfin ,  ils  s'affocierent  avec  des  péni- 
tens ,  qu'on   nommôit  Sachets,  à  caufe  qu'ils  étoient 
vêtus  d'une  manière  de  Sac.  Saint  Louis  les  avoit  pla- 
cés en  ce  lieu-là,    fur  le  bord  de  la  rivière.  Les  Au- 
guftins,   à  qui  ces  pénitens  cédèrent  la  place,   pour 
fe  disperfer  en  diverfes  maifons   religieufes,  commen- 
cèrent à  y  faire  bâtir  leur  églife ,  &  elle  ne  fur  mife 
en  l'état   où  elle  eft  préfentement  que  fous  le  regne 
de  Charles  V,  dit  le  Sage.  L'infcriprion  ,  qu'on  lifoic 
au  pied  de  la  ftatue  de  ce  prince ,  placée  à  main  gau- 
che,  à  l'enrrée  de  la  grande  porte,  ferr  de  preuve. 
Primus  Francorum  Rex  Delphinus  fuit  ifte 
Exemplar  morum ,  Carolus  ditlus  ;  Boue  Chrifte, 
Mer  ces  juftorum ,  dilexitfortiter  ifte: 
Hic  patet,  exemplum,  tibi  nam  complevit  honore 
Hoc  pr&fens  Templum  :  Deo  ditetur  honore. 
L'églife  ne  fut  dédiée  qu'en  1 45 } ,  fous  le  règne  de 
Charles  VII ,  par  Guillaume  Charrier  ,  évêque  de  Pa- 
ris. Le  grand  autel  eft  des  plus  modernes,  &  n'a  été 


PAR 


achevé  qu'en  1678.  Il  eft  orné  de  huit  colonnes  co- 
rinthiennes de  marbre  de  Saravêche ,  dispofées  en  cul 
de  four  ou  en  demi  cefcle.  Elles  foutiennent  une  cou- 
pole coupée  dans  le  fond  de  laquelle  le  Père  Eter- 
nel ,  accompagné  de  plufieurs  anges ,  eft  repréfenté 
en  fculprure.  La  menuiferie  du  chœur  elt  très-belle, 
&  la  tribune  qui  fépare  la  nef  du  chœur  eft  embel- 
lie de  colonnes  corinthiennes  de  marbre  de  Dinan. 
Deux  chapelles,  dont  l'une  eft  dédiée  à  la  fainte  Vier- 
ge ,  &  l'autre  à  S.  Nicolas  de  Tolentin  ,  font  placées 
fur  le  devant  de  cette  tribune.  La  chapelle  des  che- 
valiers du  S.  Esprit  eft  dans  cette  églife  :  c 'étoit  l'en- 
droit où  l'on  faifoit  les  cérémonies  des  grandes  pro- 
motions ;  mais  à  préfent  c'eft  dans  la  chapelle  de  Ver- 
failles  ,  6c  les  Auguftins  reçoivent  l'offrande.  Henri  III 
avoit  choifi  cette  chapelle,  lorsqu'il  inftitua  l'ordre  du 
S.  Esprit  en  ij  78  ,  6c  y  fit  la  première  fonction  le  pre- 
mier Janvier.  On  le  voyoit  par  une  infeription  qu'on 
a  ôtée. 

On  lit  dans  le  journal  de  ce  prince,  que  cette  cha- 
pelle fervoit  à  la  fameufe  confrérie  des  Pénitens,  fur- 
nommés  les  Blancs  battus.  Elle  étoit  compofée  des  plus 
grands  feigneurs  de  la  cour,  6c  particulièrement  des 
favoris.  L'habit  étoit  blanc  ,  d'une  forme  bizarre  & 
finguliere.  Le  roi  étoit  I'inftituteur  de  cette  confrérie. 
Les  aflemblées  extraordinaires  du  clergé  ,  fe  tiennent 
ordinairement  dans  les  fales  de  ce  monaftere.  Les  per- 
fonnes  de  mérite  qui  y  font  enterrée: ,  font  Guy  du 
Faur,  fieur  de  Pibrac  ;  Jean-Baptifte  Sapin,  conseiller 
au  parlement;  Remy  Belleau  ,  poète  célèbre;  Jacques 
de  Sainte  Beuve ,  excellent  cafuifte.  Ils  ont  dans  leur 
cloître  en  terre  cuite  un  faint  François  d'Affife  de 
Germain  Pilon.  La  chambre  de  Juliïce  s'y  eft  tenue 
en  1716,  fur  l'abus  dans  les  finances.  Entre  plu- 
fieurs grandes  maifons  qu'on  trouve  le  long  de  la  ri- 
vière ,  en  avançant  vers  le  Pont  Royal  ,  on  doit 
distinguer  l'hôtel  de  Conti ,  qui  apartenoit  autrefois  aux 
Ducs  de  Nevers ,  de  la  maifon  de  Gonzague.  Henri 
de  Guénegaud  ,  fecrétaire  d'état ,  l'ayant  acheté ,  il  y 
fit  faire  des  augmentations  très  confidérables.  Feue  Ma- 
dame la  Princeffe  de  Conti ,  mère  de  monficur  le  prin- 
ce de  Conti ,  échangea  cet  hôtel  avec  lui ,  contre  la 
belle  maifon  du  Boucher.  L'entrée  a  toutes  les  appa- 
rences d'un  fomptueux  édifice.  La  porte  eft  couverte  de 
beaucoup  d'ornemens,  6c  on  la  regarde  comme  un  ou- 
vrage parfait  en  ce  genre.  Les  dedans  de  cet  hôtel  ont 
des  beautés  qui  répondent  aux  grandes  apparences  des 
dehors.  On  eftime  uaiticulierement  la  chaDelle. 

Le  collège  Mazarin  elt  dans  l'endroit  où  étoit  au- 
trefois la  porte  de  Nèfle.  La  face  de  devant  eft  ter- 
minée par  deux  pavillons  carrés  6c  ornés  de  pilaftres 
corinthiens  avec  des  vafes  fur  les  combles.  Us  forment 
dans  un  demi-cercle  qui  fe  trouve  entre  deux  une  place 
au  milieu  de  laquelle  eft  la  porte  de  la  chapelle,  dont 
l'architecture  eft  eftimée.  C'eft  une  espèce  de  porti- 
que ,  compofé  de  quatre  colonnes  corinthiennes  6c  de 
deux  pila  1res  aux  angles  qui  foutiennent  un  fronton, 
fur  lequel  on  a  placé  des  groupes.  Ces  ftatues  repré- 
sentent les  quatre  évangéliftes ,  6c  fur  les  corps  moins 
avancés  font  les  pères  de  l'églife  grecque  6c  latine. 
Ce  portique  communique  aux  deux  pavillons  par  des 
corps  de  bâtimens  plus  bas  que  le  refte ,  ornés  d'un 
ordre  ionique  avec  une  baluftrade  qui  cache  le  toit.  Le 
dôme  de  l'églife  qui  fe  trouve  au  milieu  eft  enrichi  aux 
dehors  de  bandes  de  plomb  doré,  qui  répondent  aux 
pilaftres  dont  il  eft  décoré ,  de  feftons  &  de  feuilla- 
ges, de  même  fur  l'ardoife  taillée  en  écailles  de  pois- 
fon,  6c  d'autres  fortes  d'ornemens.  Le  dedans  de  l'é- 
glife eft  embelli  de  grands  pilaftres  corinthiens  fous  ce 
dôme ,  &  de  petits  du  même  ordre  dans  les  chapelles 
6c  dans  le  vefiibule.  Le  dôme  eft  rond  en  dehors ,  6c 
ovale  en  dedans ,  ce  qui  paroît  fingulier.  A  côté  de 
chaque  autel ,  il  y  a  auifi  des  colonnes  de  marbre  du 
même  ordre.  Le  tombeau  du  cardinal  Mazarin  ,  élevé 
de  quelques  pjeJs ,  eft  dans  un  espace  à  côté  du  grand 
autel  :  il  y  eft* repréfenté  à  genoux  en  marbre;  6c  aux 
faces  de  ce  tombeau  ,  font  trois  vertus  de  bronze ,  as- 
fifes  dans  des  attitudes  bien  imaginées.  Cet  ouvrage  eft 
de  Coyfevox.  La  figure  du  cardinal  eft  très-bien  re- 
ptéfencéc.  On  lit  cette  épkaphe  : 


PAR       823 


D.    O.    M. 

Et  perenni  MemorU  Juin  Ducis 

Mazarini  S.  R.  Ecclefi* , 

Cardinalis , 

ltalitt  ad  Cabale  ,  Germanie  ad 

Monafterium  ,  totius  denique 

Orbis  Chriftiani  ad  montes 

Pyr&neos  pacatoris. 

Qui  citm  res  Gallicas  ,  Ludovico  Magno 

Adhuc  impubère ,  felicijfimè 

Adminifirafjèt ,  atque  illum  jam 

Adultum  &  regn'i  curas  capescentem  , 

Fide  ,  confilïo ,  ac  indefejjô 

Labore  juvafiet , 

Deprejfis  undique  Francia  hoftibus 

Ip/isque  fam&  Ju&  amulis ,  virtutum 

Spletidore  ,  bénéficias  ,  clementiâ  , 

Deviflis  ac  devint  lis  placide  , 

Et  piè  ob'v.t  Anno 

R.  S.  M.  dc.  lxi. 

JEtatis  lix. 

Templum  hoc  &  Gymnafium  ad 

Educationem  Nobilium  adolescentium 

Ex  iv.  Provinciis  Imperio 

Gallico  recens  addilis 

Oriundorum  extrui 

Tefiamento  jujfît 
Et  magnifiée  dotavit. 

François  d'Orbay  a  donné  tous  les  deffeins  de  l'églife  , 
&  c'eft  à  fon  habileté  qu'on  eft  redevable  de  toutes  les 
perfections  qu'on  y  remarque.  On  lit  fur  la  frife  du 
frontispice  du  côté  de  la  rivière  : 

Jul.  Mazarin.  S.  R.  E.  Card.  Bafilicam  Se  Gymnas. 
E.  C.  A.  M.  DC.  LXI. 

Le  dedans  du  collège  eft  très  fpacieux  &  compofé 
de  trois  cours  &  d'un  jardin.  La  première  eft  octogone, 
6c  ornée  de  chaque  côté  de  deux  portiques  -,  l'un  con- 
duit à  l'églife  ,  6c  l'autre  fert  d'escalier  pour  monter  à 
la  bibliothèque.  La  féconde  cour  eft  très-grande.  Il  y 
a  deux  magnifiques  bâtimens ,  dont  l'un  eft  expofé  au 
midi ,  l'autre  au  levant.  Les  claffes  font  de  plein-pied 
avec  cette  cour.  La  troifiéme  cour  eft  celle  des  cuifî- 
nes ,  à  côté  de  laquelle  eft  le  jardin.  La  bibliothè- 
que ,  compofée  d'un  nombre  prodigieux  de  volu- 
mes, occupe  un  des  pavillons  qui  avance  fur  le  quai. 
Elle  eft  très-bien  dispofée  ,  6c  les  armoires  font  d'une 
menuiferie  ornée  de  colonnes  8c  de  fculptures.  Cette 
bibliothèque  eft  publique  deux  fois  la  femaine.  L'inten- 
tion du  cardinal  Mazarin,  qui  a  fondé  ce  collège,  a 
été  qu'on  y  entretînt  foixante  gentilshommes  de  quatre 
nations  différentes,  favoir,  vingt  des  provinces  d'Ar- 
tois, Cambray,  Flandres,  Hainaut  6c  Luxembourg; 
quinze  d'Alface ,  Strafbourg  ,  pays  d'Allemagne  & 
Franche-Comté  ;  quinze  de  Pignerol  6c  les  vallées  y 
jointes.  Cafal  ayant  été  rendu  au  roi  de  Sardaigne,  le 
roi  a  fubftitué  à  la  place  de  ces  provinces ,  celles  de 
Breffe  ,  de  Bugey  &Gex  par  déclaration  du  roi  du  zi 
Avril  1724.  Ces  places  font  actuellement  à  la  nomi- 
nation de  M.  le  duc  de  Nevers.  Les  docteurs  de  la 
maifon  6c  fociété  de  Sorbonne  ,  fupérieursde  ce  col- 
lège ,  en  nomment  le  grand  maître  ,  le  procureur  & 
le  bibliothécaire  :  les  profeffeurs  6c  autres  officiers  de 
ce  collège  font  à  la  nomination  du  grand  maître,  à 
l'exception  du  fous-bibliothécaire  que  le  bibliothécaire 
nomme.  Il  y  a  de  plus  un  profeffeur  de  mathémati- 
ques, qui  n'eit  point  dans  les  autres  collèges,  6c  deux 
profeffeurs  de  rhétorique ,  dont  l'un  entre  le  matin  6c 
l'autre  le  foir.  Le'  tableau  du  grand  autel  eft  d'Alexan- 
dre Veronèfe  ,  les  petits  tableaux  dans  des  ronds  font 
de  Jouvener.  L'hôtel  de  Lauzun  devenu  l'hôtel  de  la 
Roche  fur -Yon  depuis  la  mort  de  ce  duc  ,  6c  l'hôtel 
de  Bouillon  font  entre  le  collège  Mazarin  Se  les  Théa- 
tins.  Ces  religieux  qui  n'ont  que  cette  feule  maifon  en 
France,  y  vinrent  l'an  1644,  &  le  cardinal  Mazarin 
s'étant  déclaré  leur  fondateur,  leur  lailTa  en  mourant 


82,4       PAR 

cent  mille  écus  dont  ils  fe  fervirent  pour  commencer 
leur    églife  ,  qui  eft  demeurée  long-tems  imparfaite  : 
l'entreprife  furpafToit  la  fomme  léguée.  Elle  eft  à  pré- 
fent     finie.   On   y   garde  le  cœur  du  cardinal    Maza- 
rin.  Le  corps  du  père  Quinquet  &  celui  d'Edme  Bour- 
fault ,  repofent  dans  cette  églife.  Ils  ont  été  nommés 
Théatins  ,  à  caufe  de  Jean  Caraffe  ,  évêque  de  Théate  , 
qui  inftitua  leur  ordre  en  IJ24,  fous  le  titre  de  Clercs 
Réguliers.  Le  Pont  Royal ,  qui  eft  fort  peu  éloigné  des 
Théatins,  a  été    bâti  en    i68j  ,  en  la  place  du  pont 
Rouge ,  qui  n'étoit  fait  que  de  bois.  Ce  pont  eft  fou- 
tenu  de  quatre  piles  Se  de  deux   culées  ,  qui  forment 
cinq  acches  entre  elles.  Les  deux  extrémités  du  même 
pont  font   en  trompe ,  pour  en  faciliter   l'entrée   aux 
carroffes  Se  aux  groffes  voitures.  Il  y  a  des  trotoirsdes 
deux  côtés  pour  la  commodité  des  gens  de  pied.  Sa  lon- 
gueur eft  à  peu  près  de  foixante  Se  douze  toifes.  Sa 
largeur  eft  de  huit ,  quatre  pieds ,  desquelles  on  a  pris 
neuf  pieds  pour  chaque    trotoir ,  fans   compter  deux 
autres  pieds  pour  l'épaifTeur  des  parapets.  Dans  le  mas* 
fif  de  la  première  pile  du  côté  du  Louvre  ,  on  a  en- 
ferrée plufieurs  médailles,  qui  furent  pofées  avec  cé- 
rémonie le  x$  d'Octobre  i68j.  La  plus  grande  eft  d'or, 
Se  pefe  un  marc  fept  gros ,  Se  vingt-quatre  grains.  D'un 
côté  eft  la  tête  de  Louis  XIV  avec  ces  mots  : 

LUDOVICUS    MAGNUS 

Rex  Chriftïanijfimus. 

Ceux  ci  font  de  l'autre; 

Urlls 
Ornamento 

Et 

Commodo 

Tons  ad  Luparam 

Conftr. 

Ann.  M.  dc.  lxxxv. 

Cette  grande  médaille  a  été  mife  dans  une  boé'te  de 
bois  de  cèdre,  longue  de  quatorze  pouces ,  Se  large  de 
dix  ,  avec  douze  autres  d'argent ,  dont  chacune  mar- 
que quelque  action  particulière  du  roi ,  &c  qui  pefent 
toutes  enfemble  fix  marcs  une  once  fix  gros.  Au  fond 
de  la  boé'te  eft  une  table  de  cuivre  doré  d'or  moulu  , 
large  de  cinq  pouces,  &  longue  de  neuf,  fur  laquelle 
eft  i'infeription  fuivante  en  lettres  de  relief  : 

LUDOVICUS  MAGNUS 
Rex  ChriftianiJJimus , 

Devitlis  hojhbus , 

Tace  Europx  indiUà  , 

Regu  Civitatis  commodo  intérims  , 

Pontem   Lapideitm 

Lignco  &  caduco 

Ad  Lit\  aram  fnbftituit  ; 

Ann.   m.  dc.  txxxv. 

Pour  conferver  cette  boé'te  ,  on  l'a  mife  dans  une  au- 
tre de  plomb  foudé  -,  ces  deux  bo'étes  ,  qui  n'en  font 
qu'une,  ont  été  incaftrées  dans  une  grande  pierre  de 
quatre  à  cinq  pieds  de  long  ,  fur  trois  de  large,  pofée 
à  la  neuvième  affife  de  la  troifiéme  pile. 

Le  Pont  Neuf,  par  le  milieu  duquel  on  trouve  une 
entrée  dans  l'ifle  du  Palais,  offre  à  ceux  qui  le  traver- 
fent  une  vue  charmante.  Elle  s'étend  d'un  côté  fur  le 
Louvre  ,  qui  fait  une  longue  fuite  de  fuperbes  bâtimens 
aux  bords  de  la  Seine  ,  Se  de  l'autre  fur  un  grand  nom- 
bre de  fomptueux  édifices  ,  avec  le  Cours  de  la  reine  , 
qui  borne  cette  vue,  Se  le  Mont  Vaiéiicn  qui  s'élève 
au-deffus.  Tout  cela  foi  me  enfemble  une  agréable  per- 
fpective  dans  l'éloignement.  Ce  grand  ouvrage  fut  en- 
trepris fous  le  règne  d'Henri  III ,  qui  en  fit  jetter  les 
premiers  fondemens  l'an  1578.  D'abord  on  commença 
à  travailler  avec  un  fort  grand  empreffement  aux  qua- 
tre piles,  du  côté  de  la  rue  Dauphine:  elles  furent  éle- 
vées à  fleur  d'eau  dès  la  première  année  ;  Se  les  troubles 
qui  furvinrent  ayant  fait  discontinuer  ce  travail ,  le  pont 
demeura  imparfait  jusqu'en  1604 ,  que  le  roi  Henri  IV , 
le  fit  achever.  Sa  largeur  eft   de  douze  toifes,  en  y 


PAR 


comprenant  les  parapets.  La  route  du  milieu  eft  de 
cinq ,  Se  le  refte  ell  occupé  par  les  trotoirs.  Sur  cha- 
que avant-bec  il  y  a  une  avance  en  demi-cercle  ,  de 
l'épaifleur  de  la  pile  Se  tout  autour  ;  dans  les  longueurs 
du  ponr ,  règne  une  corniche  portée  fur  de  grandes  con- 
foles  foutenues  par  de  très-beaux  masques. 

La  ftatue  équeftre  de  Henri  IV  eft  au  milieu  du 
pont  relie  y  fut  érigée  le  25  d'Août  16 14  ;  mais  tout  ne 
fut  entièrement  terminé  qu'en  1635.  Cette  figure  a  été 
élevée  fur  un  piedeftal  de  marbre  de  figure  oblongue. 
Les  bas-reliefs  repréfentent  les  principales  actions  de 
ce  grand  prince  ;  aux  quatre  angles  du  piedeftal,  fur 
un  embrafement  de  marbre  Turquin  ,  font  autant  d'es- 
claves attachés ,  qui  foulent  à  leurs  pieds  des  armes 
antiques  de  différentes  espèces  :  Francheville  ,  originai- 
re de  Cambray ,  les  a  deifinés  Se  jettes.  La  figure  du 
cheval  a  été  faite  à  Florence  :  il  eft  de  Jean  Boulogne, 
né  à  Douay  ,  élevé  de  Michel  Ange  di  Buona  Rota: 
les  connoiffeurs  prétendent  que  ce  cheval  eft  d'une  fi- 
gure trop  maffive  &  trop  épaiffe,  pour  être  de  batail- 
le. La  figure  du  roi  eft  de  Dupré  ;  la  dépenfe  du  pie- 
deftal Se  des  ornemens  a  monté  à  trente  mille  écus. 
Cômell,  grand  duc  de  Toscane,  fit  préfentdu  che- 
val à  Marie  de  Médicis ,  pendant  qu'elle  étoit  régente. 
Le  chevalier  Pescholini  ,  agent  extraordinaire  du  grand 
duc ,  le  préfenta  à  Louis  XIII  &  à  fa  mère  ;  le  vais- 
feau  dans  lequel  cette  figure  fut  embarquée ,  fit  nau- 
frage contre  des  rochers,  Se  on  eut  beaucoup  de  peine 
à  le  tirer  de  la  mer.  Louis  XIII  mit  la  première  pierre 
aux  fondations  du  piedeftal  ;  le  duc  de  Liancourr ,  gou- 
verneur de  Paris ,  Se  plufieurs  autres  perfonnes  de  dir 
ftinction  étoient  à  cette  cérémonie.  Voici  1  infeription 
qui  eft  dans  le  ventre  du  cheval  : 

A  LA  GLORIEUSE  ET  IMMORTELLE 

MÉMOIRE 

DU  TRES  -  AUGUSTE  ET  TRES -INVINCIBLE 

HENRI  LE  GRAND, 

QUATRIEME  DU   NOM, 

ROI  DE  FRANCE  ET  DE  NAVARRE. 

Le  féréniffime  grand  duc  de  Toscane  ,  Ferdinand  ,  mû 
d'un  bon  zèle  pour  la  poftérité  ,  fit  faire  &  jetter  en 
bronze  ,  par  l'excellent  fculpteur ,  Jean  de  Boulogne  , 
cette  ftatue  repréfentant  à  cheval  fa  majefté  très-chré- 
tienne ,  que  le  féréniffime  grand  duc  Côme  II  du  nom 
a  fait  élabourer  par  le  fieur  Pietro  Taca  ,  fou  fculpteur , 
Se  l'envoya  en  très-digne  préfent  ,  fous  la  conduite  du 
chevalier  Pescholini ,  agent  de  fon  alteffe  féréniffime  ,  à 
la  très-chrétienne  Se  très-augufte  Marie  de  Médicis, 
reine  régente  en  France  après  le  décès  de  ce  grand  roi , 
fous  le  règne  du  très-augufte  Louis  XIII  du  nom ,  roi 
de  France  Se  de  Navarre  ,  par  le  commandement  très- 
exprès  duquel  Se  de  ladite  dame  reine  fa  mère  ,  étant. 
Mrs  de  Verdun,  premier  préfident  en  la  cour  de  par- 
lement de  Paris  ;  Nicolaï ,  premier  préfident  en  la  cham- 
bre des  comptes  -,  de  Bellievre  ,  procureur  général  de 
fa  majefté  ;  de  Mesmes ,  lieutenant  civil  j  le  Fevre  ,  pré- 
fident ;  du  Moulin  ,  de  Gaumont ,  Gaudefroy  ,  Vallé  , 
Hotman  ,  Aimeras ,  de  Donon  ,  Se  le  Gras  ,  tréforiers 
généraux  de  France  audit  Paris  ;  Miron ,  préfident  aux 
requêtes ,  prévôt  des  marchands  ;  des  Neaux  ,  ClapifTon , 
Huot ,  Pasquier ,  échevins  ;  Perot ,  procureur  du  roi 
pour  la  ville  ;  tous  commiffaires  ,  ayant  l'intendance  de 
la  conftruction  du  Pont  Neuf  de  Paris ,  ont  au  milieu 
d'icelui ,  préfent  le  fieur  Pierre  de  Francheville  ,  pre- 
mier fculpteur  de  leurs  majeftés ,  fait  dreffer  Se  pofer 
avec  folemnité  ladite  ftatue  fur  le  piedeftal  à  cette  fin 
érigé.  Affiftans  à  ce ,  meffieurs  de  Liancourt ,  gou- 
verneur de  Paris,  lesdits  de  Mesmes ,  lieutenant  civil , 
le  prévôt  des  marchands  ,  Se  les  échevins  de  ladite 
ville. 

L'an  mil  fix  cens  quatorze  , 
le  vingt-troifiéme  jour  d'Août.* 

Millotet,  avocat  général  au  parlement  de  Bourgogne, 
a  fait  les  inferiptions  fuivantes.  Sur  la  principale  on 
lit: 

ERRICO 


PAR 


ERRICO   1111. 

Galliarum  Imper  atori 
Navarr.  R. 
LUDOVICUS  XIIL  Filius  ejus  , 
Opus  incho.  &  intermijfum  pro 
Dignitate  pietatis  &  imperii  plenilts 
Et  ampliùs  abjolvit. 
Emin.  D.  C.  Richelius , 
Commune  votum  Populi  promovh, 
Super  illufl.  viri  de  Bullion  , 
Bouthillier  ,  P.  JErarii  F.  faciendum 
Curaverunt  , 
M.  DC.  XXXV. 

Au-deffus  eft  cette  autre  : 

Quisquis  h&6  leges  ,  ita  legito 

Uti  optimo  Régi  precaberis, 

Exercitum  fortem  ,  populum 

Fidelem , 

Imperium  fecuntm , 

Et  annos  de  noftris , 

B  B.  F 

Le  premier  bas-relief  repréfente  la  bataille  d'Arqués, 
gagnée  par  Henri  IV. 

Le  fécond  la  victoire  d'Yvry ,  contre  les  Ligueurs  \ 
ces  heureux  fuccès  lui  fervirent  infiniment  pour  fes 
grands  deffeins. 

La  bataille  d'Arqués  : 

Genio  Galliarum  S.  &  inviclififimo 

R. 

Qui  Arquenfis  pralio  magnas 

Conjuratorum  copias  parvâ 

Manu  fudit. 

Pour  la  victoire  d'Yvry  : 

Viclori  triumphatori  feretrio , 

Terduelles  ad  Evariacum  cx.fi , 

Malis  vicinis  indignantibus , 

Et  favemibus 

Clementiff.  '  Imper. 

Hispano  Duci  optima  reliquit. 

L'entrée  triomphante  de  ce  prince  dans  Paris  eft 
marquée  par  cette  infcription  gravée  fur  la  face  du  cô- 
té de  la  rivière  : 

N.  M.  Régis , 

Rerum  Humanarum  Optimi , 

Qui  fine  c&de  urbem  ingrejjus 

Vindicatâ  rebellione  , 

Extinclis  fattionibus , 

Gallias  optatâ  pace  compofuit. 

La  prife  d'Amiens,  fur  les  Espagnols,  eft  ainfi  ex- 
primée : 

Ambianum  Hispanorum  fraude 
Intercepta  ,  Errici  M.  virtute 

A  fier  ta , 

Ludovicus  XIIL  M.  P.  F. 

Iisdem  ab  hoflibus  fiepiùs  fraude , 

Acfcelere  tentants , 

Semper  jufiitiâ  &  fortitudine 

Superior  fuit. 

La  prife  de  Montmélian,  en  Savoye ,  eft  conçue  en 
ces  termes  : 

Mous  y 

Omnibus  ante  fe  Ducibus  Regibusque 

Frufirà  petitus , 

Errici  M.felicitate  fub  imperium 

Redaclus , 

Ad  Aternam  fecuritatem  ac 

Gloriam 

Gallici  nominis. 


PAR        82/ 

Ces  deux  infcriptions  font  fous  fes  bas-reliefs  qui  re- 
gardent la  Samaritaine,  du  côté  du  feptentrion.  Sur  là 
grille  de  fer  qui  renferme  ce  monument ,  on  lit  : 

Ludovicus  XIIL  P.  F.  F. 
ïmperii,  virtutis  ,  &  fortune 
ObfequentiJJ] 
Uœres ,  LL.  D.  D. 
Richelius  C. 
Virfupra  titulos  &  confilia 
Omnium 
Rétro  priniipum ,  opus  abfolvendum 
Cenfuit, 
N.  N.  1. 1.  V.  V.  De  Bullion,  Bouthillier, 
S.  A.  P.  Dignitati  &  regno  pares  3 
JEre,  Ingenio ,  Cura  , 
Difiicillimis  ttmporibus  P.  P. 

Après  la  ftatue  équeftre  de  ce  grand  roi ,  on  trouve  la 
Samaritaine  au  bout  de  ce  pont  ,  du  côté  de  Saint  Ger- 
main   l'Auxerrois  :  elle  a  été  confti  uite  fous  le  règne 
d'Henri  IV  ,  à  la  féconde  arche.  La  lettre  de  ce  prince 
écrite   à  M.  de  Rony ,  le  23   Août  1604,  le  prouve 
fans  réplique  :  on  la  trouve  dans  les  mémoires  de  ce 
grand  minilhe  ;  en  voici  les  paroles  :  Mon  ami ,  fur  ce 
que  j'ai  entendu  que  le  prévôt  des  marchands  &  éche- 
vins  de  ma  bonne  ville  de  Paris  font  quelque  réfifiance 
a  Lhulaer  Flamand  ,  de  pofer  le  moulin  Jervant  à  fin 
artifice  en  la  deuxième  arche  du  Pont  -  Neuf,  du  coté 
du  Louvre ,  fur  ce  qu'ils  prétendent  que  cela  empeche- 
roit  la  navigation ,  je  vous  prie  les  envoyer  quérir  &  leur 
parler  de  ma  part ,  leur  remontrant  en  cela  ce  qui  ift 
de  mes  droits  ;  car  à  ce  que  j'entends  ,  ils  les   veulent 
itfitrper ,  attendu  que  ledit  Pont  eft  fait  de  mes  deniers 
&  non   des  leurs.   Ce  bâciment  fut   détruit   en  1712, 
parce  qu'il  périffoit,  Se  il  fut  entièrement  reconihuit 
vers  la   fin  du  mois  d'Août  1715  ,  fur  les  defieins  de 
Robert  de  Cofte  ;  mais  gn  n'y  a  pas  rétabli  des  orne- 
mens  qui  attiroient  les  regards  de  tous  les  curieux  en 
partant  fur  le  Pont  Neuf:  on  y  voyoit  fur  le  cadran  des 
heures  une  aiguille  qui  marquoit  le  cours  annuel  du  fo- 
leil ,  Se  une  autre ,  en   marquant  les  diffétens  phafes 
de  la  lune  pendant  le  mois ,  en  marquoit  aulîi  le  cours 
annuel.  Cet  édifice  contient  une  pompe  foulante  Se  as- 
pirante,  pour  élever  les  eaux  dans  les  greniers  d'où  elles 
partent ,  pour  descendre   dans  la  groffe  conduite  qui 
aboutit  au  vieux  Louvre ,  d'où  tes  branches  fe  féparent 
pour  fournir  l'eau  :  1.  au  refervoir  conllruit  en  1720, 
vis-à-vis  le  Palais  Royal  -,  2.  au  jardin  des  Tuileries  ; 
3.  dans  différentes  maifons appartenantes  au  roi.  La  nou- 
velle a  été  faite  avec   plus  de  goût  Se  plus  d'art  que 
l'ancienne.  Le   frère   Nicolas ,    religieux    Auguftin ,  a 
rectifié  les  défauts  qui  étoient  dans  l'intérieur  du  bâti- 
ment, pour*en  rendre  la  vifite  plus  facile  à  faire  jus- 
qu'à la  rivière.  Les  façades  des  côtés  font  percées  de 
cinq  fenêtres ,  qui  font  paroître  une  difiribution  de  trois 
étages ,  quoiqu'il  n'y  ait  véritablement    qu'un  rez-de- 
chauffée ,  un  étage  Se  le  comble.  La  face  du  côté   du 
pour  n'a  que  trois  croifées.  La  porte  d'entrée  eft  ptife 
dans  ce  qui  en  formoit  une  quatrième  ,  parallèle  à  celle 
dont  on  tire  le  jour  pour  contribuer  à  éclairer  le  rez- 
de  chauffée.   Ces  croifées  font  feparées  par  un  avant- 
corps  en  boffage  ruftique  vermiculé  Se  ceintré  au-deffus 
du  cadran  ,  qu'on  a  placé  dans  un  renfoncement ,  donc 
le  bas  eft  rempli  par  un  groupe   qui  repréfente  Jefus- 
Chrift,  avec  la  Samaritaine,  auprès  du  puits  de  Jacob. 
Dans  le  milieu ,  au  deffus  du  ccintre ,  on  a  élevé  un  cam- 
panile de  charpente,  revêtu  de  plomb  doré,  où  font 
les  timbres  de  l'horloge  ,  8c  ceux  qui  compofent  le  car- 
rillon,  qui  joue   à  toutes  les  heures  :  on  a  pratiqué, 
dans  la  pile  qui   foutient  la  féconde  arche ,  une  forge 
qui  fert  pour  travailler    les  fers  qu'on  emploie  pour 
l'entretien  de  cette  pompe. 

Ce  fut  fur  ce  pont,  qu'en  1739,  les  29  &  30  Août, 
la  ville  donna  une  fête  à  l'occafion  du  mariage  de  ma- 
dame Louife-Elizabeth  de  France,  Se  de  don  Philippe 
Infant ,  &  grand  amiral  d'Espagne,  qui  fut  folemnifé 
par  un  feu  d'artifice  Se  des  illuminations ,  dont  on  n'a 
point  encore  trouvé  d'exemples  en  pareille  circon- 
ftance. 

Tom,  IV.  M  m  m  m  m 


826 


PAR 


PAR 


La  Place  Dauphine  ,  qui  eft  à  la  pointe  de  l'ifle  du 
Palais ,  vis-à-vis  le  cheval  de  bronze  ,  eft  de  figure  py- 
ramidale. Les  maifons  qui  la  forment ,  furent  élevées  en 
1606  ,  peu  d'années  après  la  naiffance  de  Louis  X11I, 
Se  on  l'appella  Place  Dauphine ,  à  caufe  du  titre  de 
dauphin  que  ce  prince  avoit  alors.  Ces  maifons  font 
bâties  de  briques  ,  avec  des  cordons  de  pierres  de  taille, 
toutes  d'une  même  fymmétrie.  On  a  ouvert  de  ce  côté-là 
une  entrée  pour  le  Palais.  Cette  place  Se  les  quais 
qu'elle  a  de  chaque  côté ,  favoir  le  Quai  des  orfèvres 
Se  celui  des  Morfondus ,  ont  été  pris  dans  un  grand  ter- 
rein  ,  qui  faifoit  autrefois  une  partie  des  jardins  du  pa- 
lais ,  lorsque  les  rois  y  tenoient  leur  cour.  Ces  jardins 
étoient  dans  une  pofuion  fort  agréable. 

L'églife  de  Notre-Dame  ,  métropolitaine  de  Paris  , 
eft  très-ancienne.  Elle   porta  d'abord  le  nom  de  faint 
Denis ,  qu'elle  reconnut  pour  fon  fondateur  -,  mais  ayant 
été  rebâtie  vers  l'an  j  22,  fous  le  règne  de  Childebert , 
fils  de  Clovis,  elle  fut  dédiée  à  la  fainte  Vierge  ,  dont 
elle  a  toujours confervé  le  nom  depuis  ;  le  roi  Robert, 
ne  trouvant  pas  que  ce  bâtiment  eût  affez  de  magnifi- 
cence, en  entreprit  un  nouveau  ,  Se  il  ne   fut  achevé 
que  fous  le  règne  de  Philippe  Auguftc.  L'architecture 
en  eft  gothique ,  aufli  belle  que  bien  entendue.  Cette 
églife  eft  très-confidérable  par  fa  grandeur  Se  par  fa 
folidité.  Les  vontes  ont  dix-fept  toifes  de  hauteur.  La 
largeur  de  la  nef  eft  de  vingt-quatre  -,  Se  la  longueur  en- 
tière de  foixante  Se  cinq,  à  la  prendre  depuis  la  porte 
jusqu'aux  parties  les  plus  éloignées  derrière  le  chœur. 
On  ellime  beaucoup  les  deux  grands  vitraux  ou  rofes 
des  deux  extrémités   de  la  croifée,  enrichis  de  vitres 
peinres  en  aprêt ,  dont  les  couleurs  font  très-vives  Se 
d'une  variété  merveilleufe.  Les  bas-côtés  ou  corridors 
font  doubles  dans  tout  le  tour ,  Se  féparés  par  un  rang 
de  greffes  colonnes.  Les  chapelles  ,  en  grand  nombre  , 
font  toutes  dans  une  jufte  proportion  ,  fur-tout  dans  la 
nef,  où  elles  reçoivent  plus  de  clarté  que  celles  qu'on 
voit  derrière  le  chœur ,  à  caufe  que  les  voûtes  en  font 
plus  exhauflees.  Une  grande  galerie  règne  fur  ces  mê- 
mes bas-côtés ,  tout  autour  de  l'églife.  Les  deux  gros- 
fes  tours  carrées ,  qui  font  fur  le  devant  de  la  même 
églife,  Se  qui  font  une  manière  de  frontispice  fur  les 
trois  ouvertures  des  grandes  portes ,  ont  trente-quatre 
toifes  de  hauteur.  Le  deffus  eft  en  rerrafle.  Ces  tours 
renferment  de  fort  belles  cloches,  dont  la  plus  groffe 
du  poids  de  quarante-quatre  milliers,  fut  fondue  deux 
fois  en  1688.   Les  dehors  de  ce  grand  Se  fompruetix 
édifice  ontauffi  leur  beauté  particulière,  principalement 
derrière  le  chœur  ,  où  l'on  voit  plufieurs  pyramides  dé- 
licatement travaillées ,  enrichies  de  feuillages ,  de  tê- 
tes Se  de  figures  entières.  Elles  font  placées  à  l'extré- 
mité des  arcs-boutans  ,  qui  pouffent  la  voûte  du  chœur. 
Les  portes  font  chargées  de  quantité  de  fculpturcs  ,  qui 
repréfauent  des  faims,  des  anges  &  des  patriarche's  de 
l'ancien  teftament.  On  diftingue  entreautres  chofes  vingt- 
huit  figures  des  rois ,  plus  grandes  que  le  naturel ,  fur 
une  même  ligne,  qui  occupent  toute  la  largeur  du  froii- 
tispice.   Tout  le  corps  de  l'églife    Se   des  galeries   eft 
couvert  de  plomb.  Les  dedans  en  font  obscurs  ;  mais 
le  chœur  l'eft  moins  que  tout  le  refte ,  à  caufe  que  l'on 
a  mis  du  verre  blanc  à  la  place  de  l'ancien  »  qui  étoit 
coloré  Se  fort  épais.  Il  eft  orné  de  tableaux  de  la  main 
de  Jouvenet,  repréfenrant  la  vie  de  la  Vierge.  Le  grand 
autel  étoit  comme  celui  de  toutes   les  cathédrales  du 
royaume  ,  c'eft-à-dire ,  enfermé  entre  quatre  colonnes 
de  cuivre ,  qui  foutenoient  des  pentes  Se  des  rideaux. 
On  en  a  conftruit  un  qui  eft  tout  différent  Se  d'un  meil- 
leur goût.  Louis  XIII  fe  l'étoit  ptopofé  par  un  vœu  ; 
mais  une^  entreprife  de   cette  conféquence  étoit  aufli 
d'une  exécution  ttop  difficile  pour  qu'on  pût  l'entre- 
prendre aufli  promprement  qu'on  l'auroit  fouhaité.  La 
première  pierre  en  fut  pofee  le  lundi  fept  Décembre 
1699:1a  fouille,  qu'on  fut  obligé  de  faire  pour  cette 
opération  ,  desabufa  de  ce  qu'on  avoit  cru  jusques-là  que 
ce  grand  bâtiment  avoit  été  conftruit  fur  pilotis    Au 
milieu  de  la  première  aflife  des  fondations  creufées  jus- 
qu'à l'eau ,  on   plaça  une   pierre  carrée  ,  creufe  d'un 
demi  pied  en  tout  fens ,  dans  le  vuide  de  laquelle  on 
mit  d'abord  une  couche  de  charbon  broyé  ,  Se  par  des- 
fus  une  lame  de  cuivre  doré  ,  où  font  gravées  ces  paroles  • 


LOUIS  LE  GRAND , 

Fils  de  Louis  le  Juste  ,  Se  petit-  Fils 

D'Henry  le  Grand  , 

Après  avoir  dompté  l'Héréfie 

Rétabli  la  vraie  Religion  dans  to  ut  fon 

Royaume,  terminé  glorieufemcnt 

Plufieurs  grandes  guerres  par  Mer 

Et  par  Terre  , 

Voulant  accomplir  le  Vœu  du  Roi 

Son  père, 

Et  y  ajouter  des  marques  de  fa  piété, 

A  fait  faire  dans  la  Cathédrale  de  Paris 

Un  Autel  avec  des  ornemens 

D'une  magnificence  au-deiïus  du 

Premier  projet, 

Et  l'a  dédié  au  Dieu  des  Atmées , 

Maître  de  la  Paix  &  de  la  Victoire  , 

Sous  l'invocation  de  la  Sainte  Vi:rge  , 

Patrone  &  protectrice  de  fes  Etats  , 

L'an  de  N.  S.  1699. 

Par  deffus  cette  lame ,  on  remit  du  charbon  broyé  , 
Se  fur  ce  charbon  on  plaça  quirr.  „-,édailles ,  uned'or, 
du  poids  d'un  marc  un  gros,  qui  repréfentoit  d'un  côté 
Louis  XIII  en  bufte ,  avec  cette  infeription  autour  : 

Ludovicus  XIII.  Franc.  &  Nav.  Rex. 

Et  de  l'autre  côté  Notre-Dame  de  Pitié,  avec  un 
Chrift  mort  fur  fes  genoux,  &  le  roi  Lon is  Xi.  qui 
lui  préfente  fa  couronne  Se  fon  feeptre ,  avec  ces 
mots  : 

Aram  vovit  M.  DC.  XXXVIII. 

Cette  autre  légende  étoit  autour: 

Se  &  Regnum  fub  B.  Marie  tutelâ 

confecravït. 

La  féconde  médaille  aufli  d'or  pefe  un  marc  jufte  : 
elle  repréfente  Louis  XIV  en  bufte,  av:c  cette  in- 
feription autour: 

Ludovicus  Magnus ,  Rex  Chrijîianijfimus. 

Et  fur  le  revers  on  y  a  repréfente  l'autel  fur  le  mo- 
dèle qui  a  paru  quelques  années  de  fuite ,  du  deffèin 
de  Jules  Hardouin-Manfart,  alors  furintendant  desbâ- 
timens  ,  formé  de  quatre  colonnes  torks,  d'ordre  com- 
pofite ,  pofées  en  demi-cercle  ,  qui  ponoient  un  demi- 
baldaquin  ,  avec  ces  mots  au  bas  : 

Aram  pofuit  M.  DC.  XCIX. 

Et  cette  autre  infeription  autour  : 

Votam  à  Pâtre  nuncup  mira  folvit. 

Les  deux  autres  médailles  qui  font  d'argent ,  de  la  mê- 
me grandeur  que  celles  d'or ,  repréfenteot  les  mêmes 
chofes.  Celle  de  Louis  XIII  pefe  cinq  onces  un  gros. 
Celle  de  Louis  XIV  ,  cinq  onces  jufte.  Les  quatre  mé- 
dailles font  rangées  à  côté  l'une  de  l'autre  ,  les  deux  d'or 
font  vers  l'évangile  ,  Se  les  deux  d'argent  vers  l'épure  ; 
on  remit  du  charbon  broyé  ,  Se  fur  ce  charbon  une  pla- 
que de  plomb  taillée  en  carré  ,  de  la  grandeur  de  l'ou- 
verture ,  qu'on  fit  entrer  à  force.  Les  travaux  oiv  é  é 
interrompus  jusqu'en  1708,  qu'en  a  recommencé  le 
quatrième  de  Novembre ,  Se  ont  été  finis  le  2 1  Avril 
1714.  Le  dimanche  22,011  chanta  le  Te  Dam  pour 
la  paix  de  Raftadt.  Le  2;  ,  on  célébra  une  nieffe  pon- 
tificale, Se  le  cardinal  de  Noailles  a  fondé  à  cette  oc- 
cafion  une  meffe  folemnelle  à  pareil  jour.  Le  fond  du 
chœur  eft  terminé  par  une  grande  niche ,  ou  enfon- 
cement circulaire ,  revêtue  comme  tout  le  relie  ;  elle 
eft  furmontée  d'une  gloire  fur  fon  ceintre,  au  milieu 
de  laquelle  eft  un  triangle  entouré  de  grands  nuages 
de  chérubins  Se  de  rayons  fort  étendus ,  qui  brillent 
d'une  très-riche  dorure .  La  figure  de  la  Vierge  eft  au 


PAR 


PAR 


827 


milieu  de  la  niche  ,  alîife  au  pied  de  la  croix ,  qui  rient 
un  Chiiil  appuyé  fut  les  genoux.  Ce  groupe  de  maibre 
cil  d'un  contour  Se  d'une. correction  toute  particulière. 
Cet  ouvrage  elt  de  Couitou  l'aîné  ;  l'autel  des  renés  cil 
au  bas.  A  droite  eft  la  figure  de  Louis  XIII  à  genoux  , 
revêtu  de fes  habits  royaux,  offrant  fon   feeptre  Se  fa 
couronne.  Couitou  le  jeune  l'a  travaillée  :  elle  cil  fort 
reflemblante.  Louis  XIV  elt  a  peu  près  dans  la  même 
attitude  ;  Se  quoiqu'il  foit  de  Co>  Ccvox  ,  très-habile  dans 
fon  art ,   il  n'a  pas    réuffi    pour  la  rellèmblance.  Ces 
deux  figures  font  pofees  fur  des  piedeftaux  de  marbre. 
Sous  les  arcades  de  chaque  côté  en  descendant  de  l'au- 
tel des  fériés ,  on  remarque  fix  anges  de  métal ,  de  gran- 
deur naturelle,  qui  portent  les  inltrumensde  la  palfion. 
Il  y  en  a  trpis  de  chaque  côté  ,  Se  ils  font  pofés  fur  des 
manières  de  cul  de  lampe  ,  ornés  de  feuillages,  &  cou- 
vrent les  jambages  qui  portent  les  arcs  du  rond  point. 
Le   grand  autel   occupe   à  peu   près  le  milieu  du  fan- 
âuaire ,  dont  le  devant  eft  orné  d'un  bas  relief  doré  Se 
de  marbre  choifr.  Aux  deux  extrémités  on  a  placé  deux 
anges   adorateurs*   La  croix    d'argent  &    les  fix  chan- 
deliers font  de  Claude    Balin  ,    fameux    orfèvre.  Le 
fancluaire  eft  parqueté  de  maibre  ,  à  cornpartimens  de  di- 
verfes  couleurs,  élevé  de  quelques  pieds  plus  que  touc 
le  refte  du  chœur  ,  dont  il  eft  féparé  fur  le  devant  pat- 
une  baluftrade  circulaire  auffi  de  marbre,  dont  les  ba- 
lultres  font  de  bronze  doré.  Les  fraies  fonr   d'une  ri- 
che menuiferie,  fort  ornées  de  fculptures  ,  avec  un  cou- 
ronnement avancé  ,  foutenu  de  confoles ,  qui  régnent 
également  par  tout  :  les  bas-reliefs  qu'on  y  voit  repré- 
fentent  les  points  principaux  de  la  vie  de  la  Ste  Vier- 
ge ,  dans  des  cartouches*  de  différentes  figures  ,  entou- 
rés de  bordures,  Se  d'autres  accompagnemens  très  bien 
exécutés.  La  chaire  archiépiscopale  ,  Se  celle  vis  a  vis, 
font  d'une  très-belle  forme  :  la  porte  principale ,  &  les 
ouvertures  fous  les  arcs  autour  du  fancluaire,  font  fer- 
mées pat  des  grilles  de  fer  doré  :  le  defiein  en  eft  beau  , 
mais  il  y  a  plus  de  travail  qu'il  ne  faut  pour  la  perfe- 
ction :  toute  létendue  du  chœur  eft  d'un  parquet  de 
marbre  bien  diverhfié.   Au  pied  du  fancluaire  font  les 
entrailles  de  Louis  XIV,  dans  un  petit  caveau   fermé 
d'une  pierre  de  maibre,  autour  de  laquelle  il  y  a  une 
bande  de  marbre    blanc  en  forme  de  cercle ,  fur   la- 
quelle on  lit  :  H)c  j.icent  visetra  Kegis  ckrtftumijjimi 
L;:dovic;  XIV.  Les  arcades  font  revêtues  de  lambris  de 
maibre  blanc  à  panneaux   de  maibre  de    Languedoc  , 
ainfi  que  les  gros    piliers  du  fancluaire,  qui   ne   font 
point  chargés  de  menuiferie.    Tous  ces   lambris  font 
couverts  de  beaucoup  d'ouvrages  de  fculpture  de  mé- 
tal doré  ,  repréfentant  des  trophées  d'éghfe  ,  Se  grand 
nombre  de  fujets  fymboliques.  En  forçant  du  chœur  , 
on  trouve  deux  chapelles ,   dont  celle  de  la  Vierge  eft 
la  plus  décorée  par  lesornemens  de  fculpture,  qui  en 
font  la  beauté.   La  figure  de  la  Vierge,  tenant    1  En- 
fant Jefus  dans  fes  bras ,  eft  de  maibre  &  fort  bien  tra- 
vaillée. Le  cardinal  de  NoaiiLs  a  voulu  être  enterré 
vis-à  vis  :  on  y  a  conliruit  un  caveau  ,  dais  lequel  on 
a  mis  fon  corps.  11  ell  fermé  par   une  grande  tombe 
de  marbre  noir  ,  fur  laquelle  on  a  gravé  fon  épitaphe. 
La  chapelle  de  faint  Denys ,   apôtre  de  Paris  ,    ell  de 
l'autre  côté  :  la  figure  de  marbre  eft  auffi  d'une  belle 
exécution.  Ce  faim  évêque  y  elt  repréfenté  à  l'antique. 
Toute  cette  églife  eit  à  prélènt  d'une  grande  propre- 
té ,  par  les  foins  Se  les  depénfçs  confidérables  que  le 
cardinal  de  Noailies  y  a  faites.  La  famille  de  ce  prélat 
y  a  une  très  belle  chapelle  ,  dans  laquelle  elle  a  choifi 
fa  fépulture.  La  famille  de  M.  de  Vintimille,  fucces- 
feut  de  M.  de  Noailies,  y  a  auffi  une  très-belle  cha- 
pelle à  côté  ,  où  ell  pareillement  fa  fépulture.   Il  y  a 
dans  cette  églife  un  très-grand  nombre  de  tableaux  , 
dont  la  plupart  font  des  meilleurs  maîtres.  Il  y  a  fept 
lampes  d'argent  qui  brûlent  toujours  devant  la  chapelle 
de  la  Vierge.  Vis-à  vis  elt  la  ftatue  à  cheval  de  Phi- 
lippe IV  ,  dit  le  Bel ,   armé  &  caparaffonné  félon   la 
manière  de  fon  tems.  Ce  prince  eft  repréfenté  tel  qu'il 
croit  lorsqu  il  entra  dans1  cette  égli  e  pour  \   rendre  grâ- 
ces à  la  fainte  Vierge  du  fuccès  de  la  célèbre  bataille 
de  Mons  en  Puelle  ,   qu'il  gagna   le   18   Août    1304, 
contre  les  Flamands.  Le  grand   tableau    qui   eft  tout 
proche,  &  qui  fait  voir  Louis  XIII  à  genoux  en  man- 


teau royal,  au  pied  d'un  Chrift  détaché  de  la  ci  ou, 
eit  un  vœu  que  ce  roi  fit  dans  une  dangereufe  mala- 
die. Le  chapitre  ell  compofé  d'un  doyen,  d'un  chan- 
tre,   des  archidiacres  de  Paris,  de  Jolàs  Se  de   Brie, 
d'un  fouschantre,  d  un  chancelier,  d'un  pénitencier  Se  de  • 
cinquante  &ç  un  chanoines.  Il  n'y  a  point  d'églife  cathédrale 
en  Europe  où  lefetvice  divin  fe  faffe  avec  pius  de  ré- 
vérence Se  plus  de  pompe.  On  conferve  dans  la  fircri- 
ftie  de  cette   métropolitaine   plusieurs  reliquaires  fort 
riches ,  Se  entre  autres  le  chef  de  faint  Philippe  ,  qui  eft 
d'or    enrichi  de  pierreries  très   confidérables,   &    fou- 
tenu  par  des  anges  de  vermeil.  C'elt  un  préfent  de  Phi- 
lippe Augulte.  Tous  les  ans ,  le  jour  de  la  peirecôte , 
on  expofe  un  ornement  de  fatin  cramoifi ,  dont  toute 
la  broderie  eft  de  perles  ,   parmi  lesquelles  il  y  en  a 
d'affez  grofîes.  La  reine  Ifabeau  de  Bavière  donni  cet 
ornement,  pour  obtenir  de  Dieu  la  guérifjn  du  roi 
Charles  VI  [on  mari  ,  qui   étoit  tombé  en  démence. 
Derrière  leglife  de  Notre  Dame,  il  y  en  a  une  fort 
ancienne  ,  que  l'on  nomme  Saine  Denys  du    Pai  ,   à 
caufe  du  premier  martyre  qu'on  y  fit  foufflir  à  ce  faine, 
qui  fut  mis  en  cet  endroit  dans  un  four  chaud.  Oa  tient 
qu'il  en  fortit  miraculeufement ,  fans  en  avoir  reçu  au- 
cune incommodité.  On  remarque  très  facilement  dans 
la  nef  la  figure  coloflale  de  faint  Chriltophe.  Elle  a  été 
faite  en    141 3  aux  dépens  d'Antoine  des  Effars, cham- 
bellan du  roi  ,  Charles  VI ,  qui  ell  repréfenté  à  côté  , 
habillé    à  la  manière  de  fon  tems.    On  y  dit  la  meffe 
une  fois  l'année  le  jour  de  la  fête  Je  ce  faint.  La  chiffe 
de  faint  Marcel  eft  derrière  le  chœur.  Elle  eft  en  for- 
me de  petite  églife  gothique,  &  ornée  de  pierres  pré- 
cieufes.  L'églife  de  Saint  Jean  le  Rond  ,  actuellement 
démolie, étoit  contigue  à  celle  de  Notre  Dame.  C  é  oit  la 
paroilTc  de  tous  ceux  qui  demeurent  dans  ce  cloître. 
Les  chanoines  ont  leur  logement  particulier  Us  vivoient 
autrefois  en  communauté  comme  des  religieux  ,  Se  alors 
il  n'étoit   pas  permis  aux  femmes  d'y  demeurer  ;  mais 
depuis    qu'ils    ont    été    logés    féparément  ,    ceux    qui 
avoient  des  appartemens  de  refte  ont  été  autorifés  à 
les  louer ,  ce  qui  a  in.trod.tiit  indifféremment  toutes  for- 
res  de   perfonnes  dans  ce  cloître.   L'Hôtel-Dieu  ,  qui 
cil  auprès  de  Notre  Dame  ,  eft  le  premier  Se  le  plus 
grand  hôpital  de  tout  Paris.  Il  y  a  quantité  de  fales  ; 
Se  comme  on  y  reçoit  fans  exception  tous  les  pauvres 
malades ,  on  y  en  a  vu  jusqu'à  cinq  mille.  Ils  font  trai- 
tés avec  un  grand  foin,  Se  fervis  par  des  religieufes  de 
l'ordre  de  faint  Auguftin,  dont  on  ne  peut  affez  louer 
le  zèle  pour  les   malades.    Le    bâtiment  eft  fi   reffer- 
ré  ,  à  caufe  que  l'espace  où  il  fe  trouve  elt  borné  de 
rues  de  tous  côtés,  qu'on  a  été  obligé  de  l'étendre  fur 
la  rivière  ,  Se  de  bâtir  une  grande  fale  fur  une  voûte 
fort  longue  ,  fous  laquelle  coule  l'eau.  Il  y  a  des  fales 
fé parées ,  où  l'on  met  ceux  qui  font  attaqués  de  la  même 
maladie  ,  afin  d'empêcher  que  le  mal  ne  fe  communique. 
La  fale  qui  eft  du  côté  du  petit  Pont ,  dont  le  dehors 
elt  orné  de  figures,  fut  fondée  vers  l'an  ijjj,  par  le 
cardinal  Antoine  Duprat ,  chancelier  de  France.    On 
croit  que  la  première  fondation  de  ce  grand  hôpital  a 
été  faite  par  faint  Landry  ,  vingt-neuvième  évêque  de 
Paris  ,   qui  vivoit  fous  le  règne  de  Clo\  is  II  en  660. 
Vis-a-vis  la  principale  porte,  à  l'entrée  du  parvis   de 
Notre  Dame  ,  étoit  une  g#ande  ftatue  de  pierre  fort 
haute,  qui  repréfentoit  un  homme  tenant  une   bo'étc 
à  fa  main  ,  &  un  ferpent  à  côté  de  lui.  Cette  boëte 
cv  ce  ferpent  donnent  lieu  de  croire  que  c'étoit  la  fta- 
tue  d'Esculape  ,   que  l'on  préfume  avoir  eu   quelque 
temple  en  cet  endroit.  De  l'autre  côté  de  1  Hôtel-Dieu 
elt    un  hôpital  des  Enfans   trouvés.   C'elt  là   qu'ell  le 
bureau  des  adrniniftratéurs.  Autrefois  quand  on  trou- 
voit  des  enfans  expofés  dans   les  rues,  on  les  portoit 
en  une  mai  fon  près  du  palais  archiépiscopal;  Se  tous 
les  hauts  julticiers  de  la  ville  étoiem  obligés  de  payer 
de  certaines  taxes  pour  fubvenir  à  leur  entretien.  Le 
pere  du  fireuil ,  dans  fon  li-re  des  antiquités  de  Pa- 
ris ,  dit  que  l'abbaye  de  Saint  Germain  des  Prés,  donc 
il  étoit  religieux  ,  étoit  rasée  pour  ù  part  à  cent  cin- 
quante livres.  Tout  ce  quartier,  qu'on  appelle  la  Ci- 
té ,  ell  rempli  de   petites  rues  &  d'un  grand    nombre 
d'églifes  fort  anciennes.  Saint  Criftophe,  étoit  àl'oppofite 
de  faine  Jean  le  R  ond  ;  Se  l'églife  de  fainte  Geneviève  des 
Tom.  IV '.  M  m  m  m  m  ij 


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PAR 


PAR 


Ardens  étoit  dans  la  rue  Notre-Dame.  Elles  ont  été 
détruites  pour  aggrandir  le  terrein  de  l'hôpital  des  En- 
fans  trouvés ,  fur  lequel  on  a  fait  construire  un  fort 
beau  bâtimenr  &  une  églife  peinte  en  forme  de  crèche. 
Sainte  Marine  eft  la  paroifle  de  l'archevêché  j  c'eft  au 
curé  de  cette  paroifle  qu'on  renvoie  les  mariages  or- 
donnés par  fentcnce  de  l'ofiîcialité.  François  Miron, 
furnommé  le  père  du  peuple ,  lieutenant  civil  Ôc  pré- 
vôt des  marchands ,  y  eft  inhumé.  Saint  Pierre  aux 
Bœufs  :  S.  Landry  ;  dans  cette  féconde  églife  repofent  les 
corps  du  chancelier  Boucherat,  de  fa  famille,  &  de 
François  Girardon,  fculpteur célèbre.  Ste  Croix  delà 
Cité  ,  faint  Pierre  des  Arcis ,  faim  Martial ,  dont  l'é- 
glife  eft  tombée  par  fon  ancienneté ,  &  dont  la  cure 
a  été  réunie  à  celle  de  faint  Pierre  des  Arcis;  fainte 
Magdeléne ,  faint  Germain  le  Vieux  &  faint  Barthé- 
lémy ,  font  d'autres  paroifles  de  ce  quartier.  L'églife  de 
Saint  Germain  le  Vieux ,  dédiée  autrefois  à  faint  Jean 
Baptifte ,  prit  le  nom  de  faint  Germain  ,  après  qu'on 
y  eut  mis  en  dépôt  les  reliques  de  ce  faint.  On  les  y 
apporta  de  l'abbaye  de  Saint  Germain  des  Prés ,  qui 
étoit  en  ce  tems  hors  de  la  ville ,  par  la  crainte  qu'on 
eut  qu'elles  ne  fuflent  enlevées  par  les  barbares  ;  Ôc 
quand  on  les  reporta  dans  cette  abbaye  ,  le  roi  Pépin  , 
qui  regnoit  alors,  aida  lui-même  à  foutenir  fur  fes 
épaules  la  châffe  où  elles  étoient  enfermées.  Saint  Bar- 
thélémy ,  qui  eft  la  paroifle  du  Palais  ,  fut  d'abord  un 
prieuré  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  dédié  à  faint  Ma- 
gloire.  Les  religieux  l'ayant  abandonné  en  1138,  l'é- 
glife fut  érigée  en  paroifle ,  dont  le  territoire  s'éten- 
doit  autrefois  Jusque  dans  la  rue  Saint  Denys  ,  &  S.  Leu 
S.  Gilles  en  étoit  une  annexe.  On  a  vu  un  curé  titu- 
laire de  ces  deux  bénéfices,  que  la  grande  diftance  a 
fait  féparer.  L'églife  eft  obscure ,  &  le  grand  autel  eft 
d'une  menuiferie  d'un  aflèz  joli  deffein.  Dans  une  cha- 
pelle ,  qui  eft  à  main  droite ,  on  lit  fur  un  marbre 
blanc ,  d'une  beauté  extraordinaire ,  l'épitaphe  de  Clau- 
de Clercelier ,  fort  eftimé  pour  fon  érudition  :  il  y  a 
une  figure  plus  grande  que  nature ,  qui  repréfente  la 
religion ,  au  pied  de  laquelle  eft  un  petit  génie ,  en- 
touré de  lunettes  d'approche ,  d'inftrumens  de  mathé- 
matiques, &'une  fphere  derrière  lui.  Il  tient  une  tête 
de  mort  qu'il  regarde  attentivement ,  ôc  au  bas  eft  un 
cartel  où  font  ces  paroles  : 

Optima  Philofopbia  mortis  mtditaùo. 

Louis  Servin ,  avocat  général  du  parlement  de  Pa- 
ris ,  y  eft  aufli  enterré»  On  fit  deux  vers  à  fa  louange; 

Efi  faits  in  tumulo  ;  Servinus  proh  !  jacet  ingens. 
In  mundo  fcivit  fcibile  qtûdquid  erat. 

On  trouve  un  peu  au-deflus  de  faint  Barthélémy 
l'églife  des  Barnabites ,  annexe  de  l'archevêché  de  Pa- 
ris ,  qui  font  des  religieux  de  la  Congrégation  de  faint 
Paul.  La  maifon  où  ils  fe  font  établis ,  étoit  un  prieuré 
de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  fous  le  titre  de  faint  Eloy. 
Ils  portent  le  nom  de  Barnabites  ,  à  caufe  que  leur 
général  a  toujours  demeuré  dans  le  collège  de  faine 
Barnabe  à  Milan  ,  depuis  qu'ils  s'y  établirent  en  1/91 , 
fous  François  I ,  Roi  de  France. 

Le  Palais  ,  qui  a  été  autrefois  la  demeure  de  nos 
rois ,  fut  abandonné  aux  officiers  de  juftice  par  Philip- 
pe le  Bel ,  qui  voulut  rendre  le  parlement  fédentaire. 
Ce  parlement  avoit  été  jusque-là  ambulatoire;  ôc  ce 
fur  Pépin ,  père  de  Charlemagne  ,  qui  inftitua  cet  au- 
gufte  corps.  Philippe  le  Bel ,  pour  donner  plus  d'espa- 
ce à  ce  fomptueux  édifice ,  fit  bâtir  la  plupart  des  cham- 
bres, &  tout  l'ouvrage  fut  achevé  en  13 13.  Cepen- 
dant il  eft  certain  qu'il  y  avoit  de  grands  bâtimens 
avant  ce  tems.  Clovis  y  avoit  tenu  fa  cour  ;  &  faint 
Louis ,  qui  y  fit  un  plus  long  féjour  que  les  autres  rois  , 
y  avoit  fait  faire  plusieurs  grands  ouvrages.  La  grande 
fale  a  été  bâtie  fur  le  plan  d'une  autre  très-ancienne ,  dans 
laquelle  les  ftatues  des  rois  de  France,  de  grandeur 
naturelle,  étoient  placées  tout  à  l'entour.  C'étoit  le 
lieu  où  les  rois  recevoient  les  ambafladeurs.  Ils  don- 
noient  des  feftins  publics  à  certains  jours  de  l'année  , 
&  même  on  y  faifoit  les  noces  des  enfans  de  France- 


Un  hiftorien  de  ce  tems  rapporte  qu'au  mariage  d'I- 
fabelle  de  France ,  avec  Richard  II ,  roi  d'Angleterre  , 
il  y  eut  un  fi  grand  concours  de  peuple ,  que  plufieurs 
perl'onnes  furent  étouffées,  &  que  le  roi  Charles  VI, 
père  de  cette  princeffe  ,  y  courut  risque  de  la  vie.  Cet- 
te fale ,  qui  fut  réduite  en  cendres  au  commencement 
du  dernier  fiécle ,  eft  préfentemenr  voûtée  de  pierres 
de  taille ,  avec  une  fuite  d'arcades  au  milieu ,  foute- 
nues  de  gros  piliers,  autour  desquels  il  y  a  des  bou- 
tiques occupées  par  des  marchands.  L'ordre  dorique 
règne  tout  à  l'entour  en  pilaftres.  A  un  des  bouts  eft 
une  chapelle ,  dont  les  environs  font  embellis  de  do- 
rure. La  grand'chambre  eft  à  côté  de  la  grande  fale , 
&  fut  bâtie  fous  faint  Louis  *,  qui  y  donnoit  les  audien- 
ces publiques.  Louis  XII  la  fit  réparer  comme  elle  eft. 
Le  plafond  eft  compofé  de  culs  de  lampes.  Les  autres 
chambres  font  beaucoup  plus  belles  :  ôc  même  dans 
quelques-unes ,  il  y  a  des  plafonds  dorés  ôc  peints  avec 
beaucoup  de  dépenfe.  La  féconde  &  la  troifiéme  des 
enquêtes  ,  &  les  chambres  des  requêtes  ,  font  des  mieux 
ornées.  La  tournelle ,  qui  eft  la  chambre  où  l'on  juge 
les  criminels ,  îeft  celle  où  couchoit  faint  Louis.  La  cour 
des  aides  eft  une  jurisdiction  féparée  du  parlement  , 
qui  tient  Ces  féances  dans  trois  chambres  particu- 
lières ,  ornées  de  très-beaux  plafonds.  La  face  du  bâ- 
timent qui  donne  du  côté  du  perron  du  mai ,  eft  d'u- 
ne maçonnerie  enrichie  de  fculptures  d'un  bon  deflein* 
La  chancellerie  eft  dans  la  galerie   des  prifonniers. 

Le  lieu  où  eft  à  prefenr  la  Sainte  Chapelle ,  étoit 
anciennement  une  petite  églife  ,  fous  l'invocation  de  la 
Sainte  Vierge  ;  mais  faint  Lo.uis  voulant  élever   dans 
fon  palais  un  monument  de  fa  piété,  pour  y  placer 
les    reliques  que   les  Chrétiens   doivent  respecter  , 
comme  étant  les  plus  précieufes ,  fit  conftruire  l'églife 
que  nous  voyons  encore  aujourd'hui.   Elle  eft  d'une 
délicatefle  furprenante  ;  les  voûtes  en  font  très-élevées , 
&  les  vitraux  paflent  avec  juftice  pour   être  des  plus 
beaux  qu'on  puifle  voir  ,  à  caufe  de  leur  grandeur  ôc 
de  la  variété  des  couleurs  qu'on  y  remarque.  On  y  a  « 
repréfente  des  hiftoires  de  l'ancien  &  du  nouveau  te- 
ftament.  Le  verre  en  eft  d'une  telle  force ,  qu'il  a  ré- 
fifté  jusqu'à  préfent  à  toutes  les  injures  du  tems.   Ce 
bel  ouvrage  fut  achevé  en  1 247  ,  &  ce  ne  fut  que  le  16 
Avril  1 248  ,  que  la  dédicace  en  fut  faite  par  le  légat 
du  pape ,  affifté  de  plufieurs  évêques .  en  l'honneur  de  la 
fainte  couronne  d'épines  &  de  la  fainte  croix.  Le  même 
jour  &  en  même    tems ,  l'archevêque  de    Bourges , 
aflîfté  aufli  de  plufieurs  évêques ,  confacra  l'églife  de 
la  baffe  Sainte  Chapelle ,  en  l'honneur  de  la  Ste  Vier- 
ge ,  comme  elle  étoit  auparavant.  C'étoit  dans  cette 
chapelle  que  fe  faifoient  toutes  les  fondions  curialcj 
pour  toute  la  maifon  du  roi ,  &  pour  ceux  qui  demeu- 
roient  dans  l'enclos  du  palais.  Saint  Louis  fit  Mc  Mat- 
thieu ,  qui  en  étoit  alors  titulaire ,  le  maître  chapelain 
de  fa  chapelle  ,  pour  être  fupérieur  de  plufieurs  autres 
chapelains  qu'il  y  fonda.  Matthieu  eft  enterré  dans  le 
cimetière  de  la  Sainte  chapelle  ,   où  l'on  trouve  fa 
tombe ,  fous  laquelle  meflïre  Bochart  de  Champigni , 
dernier  tréforier ,  a  demandé  d'être  par  fon  teftament. 
On  appelle  aujourd'hui  tréforier  le  maître  chapelain  , 
ôc  chanoines  ceux  qui  étoient  Amplement  chapelains. 
Ainfi  le  clergé  de  la  Sainte  Chapelle  confifte  à  préfent 
en  un  tréforier ,  qui  a ,  comme  les  évêques ,  la  qua- 
lité de  confeiller  du  roi  en  tous  fes  confeils ,  &  le  pri- 
vilège d'officier  pontificalement ,  à  l'exception  de  por- 
ter la  crofle.  Douze  chanoines ,  &  fix  chapelains  per- 
pétuels ,  que  le  roi  nomme  comme  les  chanoines.  La 
mufique  eft  compofée  d'un  maître  qui  a  la  qualité  de 
celui  de  la  mufique  du  roi ,  de  huit  chapelains  ordi- 
naires prêtres ,  de  douze  clercs ,  de  huit  enfans  de  chœur. 
Cette  églife  ne  dépend  que  du  faint  fiége.  Le  tréfo- 
rier a  un  grand  vicaire  ,  un  officiai ,  un  promoteur  ;  & 
comme  il  eft  curé  primitif  des  chanoines ,  des  chape- 
lains ,  tant  prêtres  que  clercs ,  ôc  de  toutes  les  person- 
nes qui  demeurent  dans  l'hôtel  de  la  tréforerie ,  ôc  qui 
dépendent  de  la  Sainte  Chapelle ,  comme  paroifle ,  il 
nomme  un  vicaire  perpétuel  pour  faire  les  fonctions 
curiales.  Le  grand  tréfor  de  la  Sainte  Chapelle  eft  au- 
deflus  du  grand  autel ,  dans  une  châffe.  Les  reliques , 
dont  l'inventaire  eft  compofé ,  font  la  fainte  couronne 


PAR 


d'épines,  un  morceau  confidérable  de  la  vraie  croix, 
le  fer  delà  lance  qui  fervit  à  percer  le  côré  de  Jefus- 
Chrift ,  l'éponge  rrempée  dans  le  fiel  &  le  vinaigre 
qu'on  préfenta  ,  lorsque  Jefus-Chrift  demanda  à  boire , 
les  menottes  dont  il  fut  lié  dans  le  jardin  des  olives , 
les  langes  dont  il  fut  enveloppé  dans  fon  enfance ,  le 
linge  dont  il  fe  ceignit  pour  laver  les  pieds  des  apô- 
tres ,  un  morceau  de  la  pierre  de  fon  fépulcre ,  &  plu- 
fieurs  autres. 

Dans  la  facriftie  il  y  a  trois  grandes  armoires ,  dans 
lesquelles  on  voit  des  vafes  facrés  très  -  précieux  , 
des  reliquaires  enrichis  d'or  &  de  pierres  très-eftimées, 
des  morceaux  de  la  vraie  croix  ,  &  entre  autres  un ,  qui 
eft  dans  une  croix  appellée  de  la  victoire ,  parce  qu'elle 
vient  de  Conftantin  -,  on  l'expofe  tous  les  vendredis 
de  carême ,  &  les  fêtes  de  la  croix  ;  on  la  donne  à 
baifer  aux  rois  toutes  les  fois  qu'ils  viennent  au  Palais. 
On  y  remarque  de  plus  le  chef  de  faint  Louis  ,  que  les 
cnfans  de  ce  prince  onr  mis  dans  un  bufte  d'or  maflîf. 
On  y  conferve  encore  les  chefs  de  faint  Blaife,  de  faint 
Clément ,  une  partie  de  celui  de  faint  Jean-Baptirte , 
&  celui  de  faint  Siméon,  quia  porté  Jefus-Chrift  en- 
tre fes  bras ,  lorsque  la  fainte  Vierge  le  préfenta  au 
temple. 

Il  y  a  outre  cela  dans  la  cour  du  Palais  une  cha- 
pelle très-ancienne  en  l'honneur  de  faint  Michel ,  dans 
laquelle  Philippe  Augufte  ,  aïeul  du  roi  faint  Louis , 
fut  baptifé.  Les  Chevaliers  de  l'Etoile  y  avoient  une  cha- 
pelle en  l'honneur  des  trois  rois  :  l'ancienneté  de  cette 
chapelle ,  fubfiftante  encore  aujourd'hui  fous  le  nom 
de  faint  Michel ,  a  fait  croire  à  plufieurs  auteurs  que 
1 eglife  bafle  de  la  Sainte  Chapelle  étoit  fous  le  titre  des 
trois  rois  :  mais  je  parle  d'après  les  archives  que  ces 
écrivains  n'ont  pas  confultées.  Le  commandant  du  guet , 
que  le  roi  nomme  pour  ce  commandement ,  fait  célé- 
brer folemnellement  l'office  le  jour  de  la  fête  de  faint 
George ,  auquel  il  affilie  avec  tous  les  officiers  du  guet. 

M.  Boileau  des  Préaux ,  fi  connu  par  fes  po'êfies , 
a  été  baptifé  &  enterré  dans  la  bafle  Sainte  Chapelle.  Sa 
tombe  eft  en  entrant  dans  le  chœur  ,  du  côté  -tle  l'é- 
vangile. M.  le  premier  préfident  Portail ,  eft  enterre 
dans  la  cave  des  chanoines.  Le  fameux  Germain  Pilon, 
fculpreur  du  roi  ,  y  repofe  pareillement  -,  il  y  a  de  lui 
dans  la  haute  Sainte  Chapelle  une  image  de  la  fainte 
Vierge  fort  eftimée. 

La  chambre  des  comptes  eft  dans  la  cour  du  Pliais , 
vis-à-vis  de  la  Sainte  Chapelle  ;  c'eft  une  jurisdiction 
fupérieure,  où  fe  rendent  les  comptes  de  toutes  les 
finances.  On  conferve  dans  ce  même  lieu  les  archives 
&  les  anciennes  chartes  de  la  couronne.  Ce  bâtiment, 
qui  a  paffé  dans  fon  tems  pour  un  édifice  de  confé- 
quence,  fut  élevé  par  les  foins  du  roi  Louis  XII,  dont 
la  devife ,  qui  eft  un  porc-épic ,  avec  ces  paroles  : 

Continus  &  Eminus , 

fe  voyoit  en  plufieurs  endroits  \  mais  le  28  Octobre 
1737 ,  le  feu  y  ayant  pris ,  on  l'a  rebâti  à  neuf,  &  a 
été  entièrement  achevé  au  mois  d'Avril  1740.  Dans 
plufieurs  des  chambres  il  y  avoit  quelques  tableaux  an- 
tiques, très-curieux  ,  qui  repréfentoient  au  naturel  des 
princes  &  des  princefles  du  fang  royal  de  la  cour  de 
Charles  V  ,  &  de  quelques  autres  rois  ,  dont  on  ne 
voit  point  ailleurs  les  portraits.  La  cour  des  monnoies, 
qui  étoit  au-deflus  de  la  chambre  des  comptes ,  a  été  pla- 
cée depuis  peu  au  bout  de  la  nouvelle  cour  du  palais 
qui  regarde  la  place  Dauphine.  L'hôtel  du  Bailliage 
eft  devenu  la  demeure  des  premiers  préfidens ,  afin  d'ê- 
tre plus  proche  du  Palais  pour  le  fervice  de  la  jufti- 
ce  >  &  le  bailli  y  a  toujours  fon  logement  &  fon  fiége. 
Avant  que  d'y  entrer ,  on  pafle  fous  une  arcade  qui 
fert  de  communication  à  cette  chambre.  Cette  arcade 
eft  fort  eftimée  à  caufe  des  masques  qui  s'y  trouvent. 
Ils  font  copiés  d'après  les  antiques  de  Rome  que  l'on 
cftime  le  plus. 

Saint  Denys  de  la  Chartre ,  fitué  au  bout  du  Pont 
Notre-Dame  ,  eft  un  prieuré  de  l'ordre  de  faint  Benoît. 
Quelques-uns  tiennent  que  ce  faint  apôtre  de  la  Fran- 
ce y  fut  mis  chargé  de  chaînes  dans  un  cachot  obscur , 
lorsqu'il  Yint  apporter  la  foi  &  l'évangile  en  France. 


PAR        829 

La  reine  Anne  d'Autriche  a  fait  mettre  les  figures  qui 
font  fur  l'autel  de  cette  églife.  C'eft  une  dépendance 
de  Saint  Martin  des  Champs.  Le  prieur  &  les  religieux 
de  Saint  Martin  cédèrent  à  Louis  le  Gros ,  ôc  à  la  rei- 
ne Alix,  fa  femme,  en  1 1 3  3  ,  Montmartre ,  pour  y  fon- 
der l'abbaye  de  filles  qui  y  eft  encore  à  préfent. 
Le  Pont  de  Notre-Dame  eft  le  plus  ancien  &  le  pre- 
ier  qu'on  ait  bâti  de  pierres.  Il  fut  achevé  tel  qu'on 


mier 


le  voit  à  préfent  en  1507 ,  fur  les  defleins  d'un  cor- 
delier  nommé  Joannes  Jucmdus,  originaire  de  Véro- 
ne ,  qui  entreprit  l'ouvrage  aux  frais  de  l'hôtel  de  ville. 
Il  eft  chargé  de  chaque  côté  de  maifons  ornées  fur  le 
devant  de  grands  thermes  d'hommes  &  de  femmes  qui 
portent  des  corbeilles  pleines  de  fruits  fur  leurs  têtes. 
Entre  deux  il  y  a  des  médailles  où  font  repréfentés 
tous  les  rois  de  France ,  chacun  avec  un  vers  latin  qui 
lui  convient.  La  coutume  a  été  long-tems  de  faire  pas- 
fer  fur  ce  Pont  les  reines  de  France  dans  leurs  premiè- 
res entrées  à  Paris,  &  on  l'ornoit  magnifiquement. 
Quelques  hiftotiens  rapportent  que  quand  Ifabeau  de 
Bavière  fit  la  fienne  ,  le  Pont  de  Notre-Dame  fut  cou- 
vert d'un  bout  à  l'autre  d'une  espèce  de  pavillon  de 
taffetas  bleu ,  femé  de  fleurs  de  lis  d'or.  Ils  ajoutent 
que  par  le  moyen  d'une  machine  fort  extraordinaire , 
un  ange  prit  fon  vol  des  tours  de  Notre-Dame  ,  &  lui 
vint  mettre  une  couronne  d'or  fur  la  tête.  Au  milieu 
de  ce  Pont  ,  on  a  drefle  deux  machines  qui  élèvent 
l'eau  de  la  rivière,  pour  la  commodité  des  quartiers 
de  la  ville  qui  en  font  éloignés.  La  porte  que  l'on  a 
bâtie  pour  y  aller ,  eft  d'ordre  ionique ,  embellie  de 
quelques  ornemens  qui  font  un  fort  bel  effet.  Ces 
vers  de  feu  M.  de  Santeuil ,  y  font  gravés  en  lettre* 
d'or  fur  un  marbre  noir  : 

Sequana  cum  primum,  Regina  allabitur  Urbi 

Tardât  précipites  ambitiofus  aquas. 

Captus   amore  loci,   curfum  obliviscitur ,  anceps , 

Quoflitat ,  &  dulces  neffit  in  Urbe  moras. 

Hinc  varios  implens  fluttu  fubeunte  candies» 

Fons  fieri  gaudet ,  qui  modoflumen  erat. 

Anno  m.  dc.  lxxvi. 

Le  petit  Pont  a  été  plufieurs  fois  détruit  &  refait. 
En  1*06,  il  tomba  dans  la  rivière.  On  le  rétablit  ôc 
il  fubfifta  jusqu'en  .1394,  qu'on  le  bâtit  de  pierres  des 
amendes  de  quelques  Juifs. Il  y  avoit  des  maifons  fur 
ce  pont  \  mais  elles  furent  détruites  par  un  incendie  le 
27  Avril  1718.  On  l'a  rétabli  depuis,  fans  y  mettre 
de  maifons.  A  côté  du  pont  Notre-Dame ,  6c  fur  le 
même  canal ,  on  trouve  le  pont  au  Change ,  appelle 
ainfi  ,  à  caufe  qu'il  y  avoit  autrefois  un  grand  nom- 
bre de  changes  ou  de  changeurs  dans  les  maifons  qui 
étoient  deflus.  Ces  changeurs  faifoient  une  manière 
de  bourfe  en  cet  endroit.  On  l'a  auflî  appelle  autre- 
fois le  Pont  aux  oifeaux ,  apparemment  à  caufe  dc 
quelques  oifeliers  qui  étoient  logés  deflus.  Ce  pont , 
qui  étoit  de  bois,  ayant  été  confumé  en  1639,  par 
un  furieux  embrafemenr ,  on  le  rebâtit  de  pierres  de 
taille ,  &  on  éleva  deflus  deux  rangs  de  maifons  dou- 
bles à  quatre  étages ,  avec  tant  de  folidité ,  que  ces 
maifons ,  dont  les  faces  font  auflî  de  pierres  de  taille  , 
font  occupées  par  des  marchands ,  qui  ont  leurs  ma- 
gafins  du  côté  de  l'eau ,  &  leurs  boutiques  fur  le  de- 
vant. A  l'un  des  bouts,  fur  une  maifon  qui  fait  face 
à  toute  la  route  du  pont ,  on  voit  la  ftatue  du  Roi 
Louis  XIV,  à  l'âge  d'environ  dix  ans,  couronné  de 
laurier  par  les  mains  d'une  victoire.  Cette  figure  eft 
élevée  fur  un  piedeftal ,  à  l'un  des  côtés  duquel  Louis 
XIII ,  eft  réprefenté ,  &  à  l'autre  Anne  d'Autriche , 
tous  deux  de  bronze  de  grandeur  naturelle.  Ces  fta- 
tues  font  fort  reflemblantes ,  6c  pofées  dans  une  ar- 
cade ,  fous  laquelle  font  des  captifs  à  demi  -  relief.  A 
l'autre  bout  du  pont,  on  a  fupprimé  quatre  maifons 
pour  dégager  l'entrée  du  quai  de  l'horloge  qui  étoit 
rrop  étroite  :  M.  de  Caflîni  eft  l'auteur  du  méridien 
qu'on  y  voit  -,  le  ftyle  en  eft  très-bien  orné  &  très- 
bien  doré;  les  mois  de  l'année  y  font  gravés  fur  une 
table  de  marbre  blanc  incruftée  dans  le  mur.  On  élar- 
git en  1737,  le  quai  de  l'horloge,  &  on  y  conftrui- 
fit  un  trotoir  en  faillie.  Le  quai  de  Gêvres  conduit  à 


3° 


PAR 


PAR 


couvert  depuis  ce  pont  jusqu'à  celui  de  Notre-Dame. 
Ce  quai  eft  foutenu   fur  des  voûtes  prifes  dans  le  lit 
de  la  rivière  ,   8c  le  trait  en  eft  d'une  hardielie  extra- 
ordinaire. A  1  autre  bout  du  pont  au  Change ,  au  coin 
du  quai  des  Morfondus,  eft  l'horloge  du  Palais,  dont 
le  cadran  eft  orné  de  quelques  figures  de  terre  cuite. 
C'eft  fur  cette  horloge  qu'on  règle  les  féances  du  par- 
lement -,  8c  quand  i!  y  a  quelque  réjouifiance  publique, 
on  fonne  la  groffe   cloche  pendant   tout  le  rems  que 
durent  ces  réjouiflanecs  ;  ce  fut  au  fignal  de  la  même 
cloche  que  commença  le  cruel  maflacre  des  Calvinis- 
tes le  24  d'Août    IJ72  ,  fous  le  règne  de  Charles  IX. 
Cette   horrible   boucherie  dura   tant  que  cette  cloche 
fe  fit  entendre.  Celles  de  l'hôtel  de  ville  8c  de  la  Sa- 
maritaine formèrent  auffi.  Le  pont  S.  Michel  eft  auffi 
proche  du  Palais  à  l'oppofite  du  pont  au   Change.  11 
y  a  grande  apparence  qu'il  a  pris  fon  nom  de  la  pe- 
tite églife    de   S.   Michel ,  qui   eft  dans  l'enclos  de  la 
cour  du  Palais  ,  vis-à-vis  de  la  rue  de  la  Calandre.  11 
eft  chargé  de  maifons  bâties  de  brique  &  de  pierres 
de  taille.  Il  n'étoit  auparavant  que  de  bois  ;  mais  ayant 
été  emporté  par  un  grand  débordement  de  la  rivière, 
fous  le   règne   de  Louis  XIII ,    il  fut    rétabli  peu  de 
tems  après  tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui.  On  en  a  en- 
core conftruit  deux  de  pierres  dans  l'enceinte  de  l'hô- 
tel Oicu.   L'un  eft    tout- à  fait  dans  l'intérieur   de  cet 
hôpital ,  &  on  a  référvé  une  partie  de  l'autre  pour  la 
commodité  du  paffage   des  gens   de  pied    qui  vont  à 
léglife  de  Notre-Dame. 

En  1760,  on  a  conftruit  On  nouveau  Boulevard, 
qui  ceint  les  fauxbourgs  S.  Germain,  S.  Jacques,  8c 
S.  Marcel.  Il  paro'ù  que  le  plan  eft  de  le  faire  join- 
dre l'autre.  C'eft  une  promenade  charmante  ,  8c  qui 
fait  un  très-bel  ornement  à  la  ville. 

Tout  le  monde  convient  que  S.  Denis  a  été  le  pre- 
mier éveque  de  Paris  -,  mais  le  fentimenr  de  ceux  qui 
vouloient  que  ce  fût  S.  Denis  l'Aréopagite,  évêque 
d'Athènes  ,  n'eft  pas  foutenable.  11  s'agit  d'un  S.  De- 
nis qui  vivoit  dans  le  troifiéme  fiécle  ,  tems  auquel 
presque  tous  les  auteurs  modernes  ont  fixé  Pétablifle- 
ment  de  l'églife  de  Taris.  Depuis  ce  S.  Denis  jusqu'à 
M.  de  Beaumont ,  archevêque  de  cette  ville ,  on  comp- 
te cent  dix-fept  prélats,  dont  il  y  en  a  (jx  que  1  égli- 
fe révère  comme  faims  ,  dix  qui  ont  été  honorés  du 
chapeau  de  cardinal ,  &  quelques-uns  qui  ont  été  chan- 
celiers de  fiance. 

Philippe-  Aûgufte  ,en  riii,  chargea  la  prévôté  de  Pa- 
ris d'une  rente  de  vingt  livres  Parifis  payable  tous  les 
ans  à  l'évêque  &  au  chapitre  de  cette  ville  ,  à  caufe 
des  Halles ,  du  petit  Châtelet ,  8c  même  de  la  plus 
grande  partie  du  Louvre,  édifices  bâtis  dans  leur  fei- 
gneurie.  Autrefois  fi  tôt  que  l'évêque  de  Paris  étoit 
mort ,  le  roi  s'emparoit  de  tous  les  meubles  de  bois  8c 
de  fer  qui  fe  trouvoient  dans'  fes  maifons  -,  èx  cet  évé- 
que a  été  fujet  à  cette  redevance  jusqu'en  1143  ,  que 
l'évêque  Thibaud  ,  voyant  que  Louis  VII  avoit  be- 
foin  d'argent  pour  le  voyage  d'Outremer ,  fe  prévalut 
de  l'occafion  ,  8c  acheta  cette  fervitude  à  force  d'ar- 
gent 8c  de  prières.  Avant  M.  de  Perefixe ,  les  arche- 
vêques de  Paris  n'avoient  aucune  jurisdidion  fur  le 
fauxbourg  de  S.  Germain  ,  qui  étoit  entièrement  fou- 
rnis à  l'abbaye  de  S.  Germain  des  Prés  :  en  1668, 
M.  de  Perefixe  prétendit  que  ce  fauxbourg  devoit  être 
fujet  à  la  jurisdiclion  ordinaire  comme  le  refie  de  la 
\  ille  :  ce  fut  le  fujet  d'un  procès  entre  ces  deux  pré- 
lats :  mais  le  20  Septembre  166%,  ils  pafferent  une 
transaction  par  laquelle  il  fut  décidé  que  le  fauxbourg 
S.  Germain  feroit  fujet  à  la  jurisdiclion  de  l'archevê 
que  ,  à  la  charge  que  le  prieur  de  l'abbaye  feroit  vi- 
caire général  de  l'archevêque.  Outre  la  jurisdiclion 
l)  «rituelle,  l'aixhev'ê'quë  de  Paris  a  une  juftice  qui  s'a- 
}  clic  la  Temporalité.  Elle  eft  exercée  par  un  juge  qui 
connoît  des  appellations  des  fentences  rendues  en  ma- 
tière civile  par  les  officiers  des  juftices  des  terres  de 
l'archevêché. 

L'évêque  de  Paris  étoit  confeiller  né  du  parlement; 
&  dans  les  aiTemblccs  du  clergé  ,  il  ne  cédoit  le  pas 
qu'aux  archevêques  de  Sens  dont  il  étoit  fuffraganc. 
Enfin  cet  évêché  fut  érigé  en  archevêché  par  le  pa- 
pe Grégoire  XIV,  fur  la  requifirien  de  Louis  XIII, 


par  une  bulle  du  13  Novembre  1622.  On  lui  donna 
pour  fuffragans  Chartres,  Meaux  ,  &  Orléans.  Depuis 
ce  tems-là  on  y  a  ajouté  Blois  qui  fut  érigé  en  évê- 
ché en  1608  ,  par  le  pape  Innocent  XII.  Le  Roi  Louis 
XIV  érigea  en  1674,  au  mois  d'Avril  le  fiége  ar- 
chiépiscopal de  Paris,  en  duché- pairie  ,  fous  le  titre 
de  S.  Cloud. 

L'archevêchéde  Paris  eft  divifé  en  trois  archidiaconés , 
qui  font  ,  le  grand  archidiaconéde  Paris  .celui  de  Jofas, 
8c  celui  de  Brie.  Ils  font  fubdivifés  en  fept  doyen- 
nés ,  fans  y  comprendre  la  ville  ,  les  fauxbourg  8c  la 
banlieue  de  Paris.  Ces  doyennés  font  Montmorenci , 
Chelles ,  Corbeil ,  Lagny  ,  Champeaux  ,  Mont-lehery  8c 
Châteauforr. 

Il  y  a  dans  ce  diocèfe  vingt  trois  chapitres,  dont 
treize  font  dans  Paris-,  trente  &  une  abbayes,  dont 
quatre  d'hommes,  8c  fix  de  filles  font  dans  Paris -,  foixan- 
te-fix  prieurés,  dont  il  y  en  a  onze  dans  la  ville,  faux- 
bourgs  8c  banlieue  de  Paris -,  cent  quatre-vingt-quatre 
monafteres  ou  Communautés  féculieres ,  dont  cent  vingt- 
quatre  font  dans  la  ville,  fauxbourgs  8c  banlieue  de  Pa- 
ris ;  quatre  cent  foixante  quatorze  cures ,  deux  cens  cin- 
quante fix  chapelles,  dont  quatre-vingt-dix  font  dans 
la  ville,  fauxbourgs  8c  banlieue,  Tans  y  comprendre 
celle  de  Notre-Dame.  Trente-quatre  maladreries,  dont 
cinq  font  dans  la  ville,  fauxbourgs  cV  banlieue. 

On  voit  dans  Paris  un  grand  nombre  de  juftices 
ou  jurisdidtions.  Le  reffort  de  quelques  unes  s'étend  fort 
loin  dans  le  royaume  ;  il  y  en  a  même  qui  font  uni- 
ques ,  8c  qui  n'ont  d'autres  limites  que  celles  de  la  Fran- 
ce. Ces  jurisdiétions  font  le  parlement  qui  eft  le  pre- 
mier ,  8c  celui  du  royaume  ,  dont  le  refibrt  eft  le  plus 
étendu  ;  le  grand  confeil  ;  la  chambre  des  comptes  ; 
la  cour  des  aides;  la  cour  de  monnoies;  le  bureau 
des  finances,  &c  la  chambre  du  domaine;  la  juris- 
diclion des  eaux  8c  forêts  ;  la  maîtrife  particulière  des 
eaux  8c  forêts  -,  la  connétablie  8c  maréchaufiee  de 
France;  1  amirauté;  le  bailliage  du  Palais;  le  Châte- 
let ;  1  élection ,  le  grenier  à  fcl  ;  la  juftice  de  la  Va- 
renne  cfu  Louvre  ,  celle  de  l'hôtel  de  Ville  ;  la  juris- 
diclion des  Juges  Confuls. 

Les  finances  ont  dans  le  gouvernement  de  Paris  le 
même  objet  8c  les  mêmes  fources  que  dans  les  autresj 
c'eft-à-dire  le  domaine,  les  aides,  les  tailles  8c  les  ga- 
belles.  fans  compter  les  fubfides  extraordinaires,  telles 
que  font  la    capitation ,  le  dixième  8c  les  autres. 

Le  commerce  ,  que  la  ville  de  Paris  fait  avec  les  au- 
tres villes  de  France,  eft  fi  grand  8c  fi  étendu,  qu'il 
échappe  à  l'exaclitude  de  ceux  qui  voudroient  favoirpré- 
cifément  à  quoi  il  pourroit  monter.  Le  feul  commerce 
que  cette  ville  fait  avec  les  étrangers  en  modes ,  c'eft- 
à-dire  en  étoffes  d'or,  d'argent  8c  de  foie,  en  rubans» 
en  galons  d'or  &  d'argent,  &c.  égale  le  commerce  en  gros 
qui  fe  fait  à  Lyon.  Il  y  a  outre  cela  des  manufactu- 
res d'étoffes  de  toutes  fortes ,  de  glaces ,  8c  de  pres- 
que toutes  les  chofes  que  l'on  emprunte  du  fecours 
de  l'art  pour  la  commodité  8c  l'utilité  de  la  vie. 

On  ne  néglige  rien  pour  l'avancement  des  arts  8c 
des  feiences.  Tous  les  Rois  de  la  branche  des  Bour- 
bons fe  font   fait  comme  un  devoir  de  les  favorifer. 

Outre  l'Univerfité  8c  les  collèges  qui  en  dépendent, 
l'érabliffement  de  diverfes  académies  a  encore  favorifé 
les  feiences  8c  les  arts.  La  plus  ancienne  eft  l'acadé- 
mie françoife,  qui  doit  fon  établiffement  au  cardinal 
de  Richelieu.  L'académie  royale  des  infcriptioils  8c 
belles  lettres  fut  établie  en  1 66"3 ,  fous  le  titre  d'aca- 
démie des  inferiptions  8c  médailles  ;  mais  un  règlement 
qui  fut  fait  en  1716,  porte  qu'elle  doit  être  appellée 
l'académie  des  inferiptions  8c  belles  lettres.  L'acadé- 
mie royale  des  feiences  fut  projetée  peu  de  tems  après 
la  paix  des  Pyrénées.  Elle  eut  d'abord  un  objet  plus 
.  étendu  que  celui  qu'elle  a  préfentement  ;  car  elle  em- 
bralToit  l'hiltoire  ,  les  belles  lettres ,  les  mathématiques 
&  la  phyfique.  Peu  de  tems  après  on  la  réduifir  aux 
mathématiques,  eV  puis  on  v  ajouta  la  phyfique,  à 
caufe  de  la  connexion  qu'elles  ont  entre  elles.  L'aca- 
démie de  fculpture  8c  de  peinture  doic  fon  établifle- 
ment  8c  fes  progrès  à  plufieurs  miniftres  que  leur  ap- 
plication aux  plus  importantes  affaires  de  l'état  n'a  pas 
empêché  de  jetter  des  regards  favorables  fur  les  beaux 


PAR 


arts.  L'académie    royale    d'architcèture  fut  établie  en 
1671 ,  par  les  foins  de  M.  Colbert. 

Le  gouvernement  de  Paris,  Se  celui  de  Vide  de 
Fiance,  ctoient  anciennement  unis  Se  n'en  formoient 
qu'un.  Ils  furent  desunis  pour  la  première  fois  en  151$; 
en  IJ33  ils  furent  encore  réunis.  Ils  ont  été  féparés 
depuis ,  Se  le  font  actuellement.  Il  fut  réglé  en  1 64  1 
que  le  gouverneur  de  Paris  marcheroit  aux  Te  Deum 
après  le  premier  préfident  du  parlement.  Dans  le  gou- 
vernement de  Paris ,  il  n'y  a  qu'un  lieutenant  général 
dont  la  charge  fut  créée  par  édit  du  mois  de  Février 
1692.  Les  châteaux  de  cette  ville,  font  le  Louvre, 
les  Tuileries,  la  Baftille,  Se  l'Hôtel  Royal  des  Inva- 
lides. Le  capitaine  du  château  du  Louvre  Se  celui 
des  Tuileries  ne  reçoivent  l'ordre  que  du  roi.  De- 
puis 17^2,  ces  deux  palais  ont  chacun  une  garde  com- 
pofée  de  bas  officiers  des  Invalides.  Le  château  de  la 
Bafiille  a  un  capitaine  gouverneur,  un  lieutenant  de 
roi  qui  eft  indépendant  du  gouverneur ,  Se  foixante 
hommes  de  guerre  ou  mortes- payes  à  pied  françois. 
Cette  troupe  ayant  été  réformée  il  y  a  quelques  années 
ony  afubftitué  un  détachement  d'Invalides.L'hôtel  Royal 
des  Invalides  a  auffi  un  gouverneur ,  un  lieutenant  de 
roi ,   Se  un  major  , 

L'air  de  Paris,  Se  des  environs,  eft  un  peu  groffier, 
Se  cependant  fort  fain  :  la  bonté  des  eaux  de  la  Sei- 
ne ,  Se  de  la  fource  de  Rongis ,  qui  pane  fur  l'aque- 
duc d'Arcueil ,  ne  contribue  pas  peu  à  la  famé  des  habi- 
tans.  Celle  de  la  Seine  fur-tout  eft  bonne  dans  les  fiè- 
vres ardentes ,  Se  les  maladies  d'cbftruûion.  C'eft  aux 
eaux  de  Gonneffe  qu'on  attribue  l'excellence  du  pain 
qu'on  fait  dans  ce  bourg,  Se  qui  eft  d'un  fi  grand 
ufage  à  Paris. 

Le  terroir  des  environs  de  cette  capitale  eft  plein 
&  uni  ,  entrecoupé  pourtant  de  quelques  montagnes 
Se  collines.  Les  principales  font  Montmartre ,  le  mont 
Valéiien,  celles  de  Saint  Cloud  ,  de  Meudon  Se  de 
Saint  Germain  en  Laye.  Du  côté  de  la  France  les  ter- 
res font  graffesj  Se  produifent  quantité  de  bon  fro- 
ment -,  mais  de  l'autre  côté  elles  fonr  fablonneufes , 
marécageufes  Se  humides.  Cependant  tout  le  pays  eft 
cultivé  avec  beaucoup  de  foin  Se  d'induftrie.  On  re- 
cueille ,  année  commune ,  dans  l'élection  de  Paris , 
quatorze  mille  muids  de  vin ,  dont  la  plus  grande 
partie  fe  confomme  fur  les  lieux.  Les  marais  qui  font 
aux  environs  de  cette  ville  font  les  mieux  cultivés  du 
royaume. 

De  tous  les  conciles  qu'on  tint  en  France ,  par  les 
foins  de  faint  Hilaire  de  Poitiers  contre  les  Ariens, 
celui  de  Paris  eft  un  des  plus  confidérables  :  on  le 
tint  en  362  Se  mieux  félon  d'autres  en  360.  Les  évê- 
ques  de  France  s'affemblerent  en  555  à  Paris  au  fujet 
de  Saffaraque ,  qui  en  étoit  évêque.  Il  fut  convaincu 
de  pluficurs  crimes,  dépofé  Se  relégué  dans  un  mo- 
saftere,  pour  y  faire  pénitence.  Sapaudus  d'Arles  pré- 
fida  à  ce  concile  en  J57.  Probien  de  Bourges  en  cé- 
lébra un  contre  ceux  qui  ufurpoient  le  bien  des  égli 
fes.  Le  roi  Gontran  aflcmbla  en  573  le  quatrième 
concile  de  Paris ,  pour  terminer  le  différent^  entre 
Chilperic  Se  Sigebert ,  mais  fans  aucun  effet.  On  y 
condamna  feulement  Promotus  qui  faifoit  les  fonctions 
épiscopales  à  Châteaudun  ,  de  la  dépendance  du  dio- 
céfe  de  Chartres.  Celui-ci  fut  fuivi  d'un  autre  deux 
ans  après ,  contre  Prétextât  de  Rouen  :  Chilperic  l'ayant 
perfuadé  de  s'avouer  coupable  ,  il  le  fit  condamner  à 
être  exilé  dans  Ofle ,  près  de  Coutances.  De  quaran- 
te-cinq prélats  ,  il  n'y  eut  que  Grégoire  de  Tours  qui 
prit  le  parti  de  fon  confrère.  Le  cinquiérne  concile 
de  Paris  fut  convoqué  en  6 14  par  les  foins  de  Clo- 
taire  II ,  pour  la  réforme  des  abus  ;  foixante  Se  dix- 
neuf  évêques  y  affilièrent.  En  825  on  en  tint  un  au- 
tre fur  la  queftion  des  images.  L'empereur  Louis  le 
Débonnaire  ordonna  en  828,  la  convocation  de  qua- 
tre conciles  pour  l'année  d'après.  Us  furent  célébrés  à 
Mayence,  à  Paris,  à  Lyon  &  à  Touloufe;  le  prince 
'  dreffa  les  articles  qu'on  y  devoit  traiter ,  Se  en  con- 
firma les  décrets  dans  celui  de  Wormes ,  tenu  en  829 
en  préfence  des  légats  du  pape  Grégoire  IV.  Les  ac- 
tes de  celui  de  Paris  font  les  feuls  qui  nous  font  re- 
ftés  i.  c'eft  le  fixiéme  :  le  feptiéme  fut  tenu   en  847 


PAR        851 


pour  achever  les  réglemens  qui  n'avoient  pu  être  ter- 
minés au  concile  de  Meaux  l'année  précédente.  Il  y 
en  eut  encore  pour  l'arlaire  d'Ebbon  de  Rheims.  Hen- 
ri I,  voulant  faire  couronner  fon  fils  Philippe  I,  as- 
fembla  les  prélats  en  1059.  H  y  avo"  déjà  affemblé 
un  autre  concile  contre  Bérenger  ,  qu'on  place  en  1050. 
Giraud,  cardinal  d'Ortie,  légat  du  faint  fiége  ,  en  cé- 
lébra un  en  1073.  Manaffés  de  Rheims,  Richard  de 
Bourges,  Se  plufieurs  autres  prélats  affembks  à  Paris 
en  1091  ,  ou  en  1092,  excommunièrent  ceux  qui 
avoient  ufurpé  les  biens  de  l'abbaye  de  Compiégne. 
Othon  de  Frifingen  parle  d'une  aflemblée  d'évêques, 
tenue  en  114;  à  Paris,  où  Hugues  d'Amiens,  arche- 
vêque de  Rouen ,  disputa  contre  Gilbert  de  la  Porée 
évêque  de  Poitiers.On  y  en  célébra  un  autre  contre  le  mê- 
me en  1147.  Philippe-Augufle  fit  tenir  en  1186  Se 
1187,  des  conciles  à  Paris,  pour  délibérer  fur  les 
moyens  de  fecourir  la  Terre-Sainte.  Dans  le  dernier  on 
lui  accorda  la  dîme  ,  dite  Saladine ,  parce  que  les  de- 
niers en  dévoient  être  emplovés  contre  le  Sultan  Su- 
ladïn.  Les  légats  du  pape  célébrèrent  en  1  1 96  ,  un 
concile  dans  la  même  ville,  pour  contraindre  Philippe: 
à  quitter  Agnès  de  Meranie.  En  1202  ,  on  en  tint  un 
contre  l'hérétique  Eberad ,  Se  en  1210,  contre  quel- 
ques hérétiques  ,  qui  avoient  puife  leurs  erreurs  dans 
les  écrits  d'Amauri.  On  y  défendit  la  lecture  d'Aiillo- 
te.  Robert  de  Courçon ,  légat  du  faint  fiége ,  tint  ce- 
lui de  1212.  Contait,  autre  légat,  aflcmbla  un  con- 
cile en  1223,  contre  les  Albigeois.  Les  cardinaux  Ro- 
main Se  Pierre  en  célébrèrent  un  autre  pour  le  mê- 
me fujet  en  \tx$.  La  chronique  de  Saint  Denis  par- 
le d'un  concile  tenu  en  1284,  par  Jean  Cholet,  légat 
du  faint  fiége ,  Se  d  un  autre  que  Gérard  Se  Benoît 
tinrent  dans  fainte  Geneviève  en  1 290.  La  dernière 
édition  des  conciles  fait  mention  d'une  aflemblée  te- 
nue à  Paris  en  1310,  une  de  la  province  de  Sens  en 
1314,  une  en  1323  ,  où  Guillaume  de  Melun  préfidai 
une  autre  fort  confidérable  en  1329,  pour  les  libertés 
Se  la  jurisdiètion  de  léglilè  gallicane-,  une  en  1379, 
fur  l'élection  d'Urbain  VI  Se  de  Clément  VII.  Spon- 
de  Se  les  autres  annaliftes  parlent  d'un  concile  tenu  à 
Paris  en  1394,  après  la  fauffe  élection  de  l'anti  pape 
Pierre  de  la  Lune.  Il  y  avoit  un  grand  nombre  de 
prélats  qui  s'affemblerent  encore  pour  le  même  fujet 
en  1398  i  Jean  de  Nauton  ,  archevêque  deSens,pré- 
fida  au  concile  de  Paris  de  l'an  1429,  pour  la  réfor- 
me de  l'office  divin ,  des  minifires  de  l'églife  ,  des  ab- 
bés ,  des  religieux.  Le  cardinal  Antoine  Duprat ,  ar- 
chevêque de  Sens ,  Se  chancelier  de  France ,  préfida  au 
concile  de  fa  province ,  tenu  à  Paris  depuis  le  3  Fé- 
vrier 1528,  jusqu'au  9  Octobre,  contre  les  héréfies 
de  Luther  Se  de  Calvin.  Le  cardinal  du  Perron,  ar- 
chevêque de  Sens,  affembla  fes  fuffiagans  à  Paris  en 
1612  Se  condamna  le  15  Mars  le  livre  d'Edmond 
Richer  ,  intitulé  de  Ecclefiœftkâ  &  politicâ  poteftate. 
Jean  François  de  Gondy ,  premier  archevêque  de  Pa- 
ris,  afiêmbla  un  concile  en  1640,  où  le  libelle  in- 
titulé l'Oprat  Gaulois ,  fut  cenfuré.  Jean  Simon ,  évê- 
que de  la  même  ville  ,  y  publia  des  ordonnances  fy- 
nodales  en  149;.  Etienne  Poncher  en  15 14;  Eufla- 
che  du  Bellay  en  1557  ;  le  cardinal  Henri  de  Gondy 
de  Retz  en  1608,  Se  1620,  Se  pluficurs  délibérations 
des  affemblées  du  clergé ,  qui  s'y  tiennent  ordinaire- 
ment de  cinq  en  cinq  ans. 

PARISIEN  (rivière  au)  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  dans  la  Louïfiane.  C'eft  une  petite  rivière 
qui  vient  de  l'cft,  Se  qui  fe  rend  dans  le  Miffiffipi, 
à  la  bande  de  l'eit ,  à  vingt  lieues  au  noid  de  la  ri- 
vière a  la  Roche  ,  Se  à  quatre  lieues  Se  demie  de 
la  rivière  a  la  Mine  de  plomb. 

PARISIENE,  contrée  de  la  Gédrofie.  Ptolomée, 
/.  6.  c.  11.  la  place  au  midi  de  la  Paradene.  Ses  inter- 
prètes lifent  Parisene  ,  ou  lieu  de  Parisiene. 

PARIS1I ,  peuples  de  la  Gaule  ,  dont  Céfar  ,  Bel. 
Gai.  I.  6.  c.  3.  fait  mention.  Il  dit  qu'ils  confinoient 
aux  Senones ,  Se  fait  entendre  que  les  Parifti  étoienr 
en  alliance  avec  les  Senones ,  loin  de  donner  à  penfer 
qu'ils  leur  euffent  été  fournis  ,  comme  Sanfon  l'a  dit 
dans  fa  remarque  fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule,  il 
en  fait  un  peuple  en  chef,  ce  que  Strabon,  /.  4.  p.  194. 


832,        PAR 

Ptolomée  ,  /•  2.  c.  8.  &  Pline ,  /.  4.  c.  18.  ont  auffi  fait 
après  lui.  Du  côte  gauche  de  la  Seine  ,  ils  étoient  bor- 
nes par  les  Carnutes,  les  Senones  ôc  les  Mcldi;  ôc  à  la  droi- 
te de  la  même  rivicre  ils  s'étendoient  jusqu'aux  pays  des 
Mcldi ,  des  Silvanetli  ,  des  Bellovaci ,  ôc  des  VeloeaJJes 
ou  Rotomagenfes  :  une  partie  de  ces  peuples  étoit  com- 
prife  fous  la  Gaule  Celtique  ou  Lyonnoife,  ôc  l'autre 
partie  fous  la  Gaule  Belgique  -,  ainfi  ceux  d'entre  les 
PariJIi  qui  fe  trouvoient  à  la  gauche  de  la  Seine  étoient 
Celtes  -,  &  ceux  qui  habitoient  à  la  droite  de  ce  fleuve 
étoient  Belges  -,  de  forte  que  les  peuples  Parifli  peuvent 
être  appelles  moitié  Celtes  &  moitié  Belges. 

Dans  les  hiftoriens  du  moyen  âge  leur  pays  fut  ap- 
pelle Pagus  Parlflacus  ,  Ager  Parifwrum ,  ôc  Pari- 
fiacus  terminus.  Aujourd'hui  on  le  nomme  leParisis  ; 
mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'il  ait  la  même  éten- 
due qu'autrefois  :  on  ne  donne  communément  au  Pa- 
Bisis  que  la  cinquième  partie  du  terrein  qu'occupoit 
anciennement  le  pays  des  peuples  Parifli ,  quoique  dans 
le  fond  il  n'y  ait  rien  de  fixe  dans  les  bornes  du  Pa- 
rifis. 

Les  anciennes  cartes  ,  les  chartes  de  l'églife  de  Pa- 
ris ,  ôc  les  plus  anciens  écrivains  de  France  ,  marquent 
dans  le  pays  des  Parifli  un  certain  nombre  de  châ- 
teaux ,  dont  voici  les  principaux. 

B. 
Braia ,  ou  par  corruption  Bria-Comltis-P.oberti ,  Brie, 
Biaye  ,  ou  Bray-Comte  Robert. 

Brucrix ,  ou  Bruericum  Caflrum,  Bruleres-le-Châ- 
tel,  ou  Brieres-le  -  Château. 

C 
Capro/ïci  ou  Caflrum  &  Caflellania  Caprojïa  ,  Che- 
vreufe. 

1.  Caflra ,  ou  Caflrafub  monte  Letberici ,  Chartres, 
ou  Chaftres  fous  Mont-Leheri. 

2.  Coffra  on  Caflra  in  Bria ,  Chartres  ou  Chaftres  en 
Brie. 

Caflrum  forte  ,  ou  Caflellum  forte ,  Châteauforr. 

Cauda  ,  Cauda  in  Bria ,  ou  Caflrum  Cauda  ,  la 
Queue. 

Confluentes  Ifarœ  &  Sequana ,  Confluentes  ad  San- 
ilam  Homrlnam  ,  ou  Confluent  Santta  Honorine  ,  Con- 
flans ,  ou  Conflans  Sainte  Honorine. 

Corbollum  ,  Corbogllum  ,  Corbolium ,  ou  Caflrum  Cor- 
bollum,  Corbeilou  Corbeuil. 

F 

Fajfatum  Bacaudarum ,  Caflrum  Bacaudarum  ,  Lo- 
cui  Foffatenfis ,  ou  Monafterium  Santli  Mauri  de  Fos- 
fails ,  Saint  Maur  des  Fortes.  On  dit  aufli Saint  Maur-lès- 
Fofles. 

G. 

Gomedum  Caflellum  ,  Gomed  Caflrum  ,  ou  Caflrum 
Gumed,  Gomets-le-Châtel. 

Gornaeum ,  Gornelum ,  ou  Caflrum  Gornaii ,  Gour- 
nay. 

L. 

Lluriacum  ,  Livirlacum  ,  Liveriacum  ,  Liberiacum  , 
ou  Lluriacum  in  Alneto  ,  Livry  en  l'Aunay. 

Lufarchu  ,  ou  Lufarca  Villa ,  Lufarche. 

M. 

Malllacus  ,  ou  Marliacus  Burgus,  Marly-Ie-Bourg. 

Marliacum  ,  ou  Malllacum  Caflrum ,  Marly-le-Cha- 
flel. 

Malus  repaflus ,  ou  Caflrum  de  Malo  repaflu  ,  Mau- 
repas. 

Mons  Gains ,  ou  Caflrum  de  Monjai,  Montjay,  Mon- 
gay  ,  ou  Mongé. 

Mons  Letberici ,  Mons  Libériens  ,  Mons  Leberii ,  ou 
Mons  Leberl,  Mont-Leheri. 

Mons  Maurentlacus ,  Mons  Moranclacus ,  ou  Am- 
plement Moranclacum ,  Montmorency  ,  ou  Morancy. 

T. 

Torclacum ,  ou  Turciacum ,  Torcy. 

lurnomlum .Tornomium , Torneni ,  Turnonni ,  ou Tur- 
mmll  Caflrum ,  Tournan ,  ou  Tournan  en  Brie. 

V 

Villa  Petrofa  ,  Villa  Pucrorum  ,  Villa  Périt ,  Villa 
Plrorum  ou  Villa  Pirofa  ,  Villepreux  ,  ou  Villepe- 
reux. 


PAR 


Quant  aux  villages  que  les  anciennes  chartes  mettent 
dans  le  pays  des  Parifli ,  voici  ceux  dont  de  Valois  a 
trouvé  les  noms  dans  les  archives  de  l'églife  de  Paris , 
ôc  dans  celles  des  plus  anciens  monafteres. 


Albertl  Villare ,  Albervillare ,  ou  Aubervillare ,  Au- 
bervilliers. 

Alnetum ,  Aunay. 

Alpecum ,  Alplcum ,  Alplccum,  ou  Auplcurn ,  Aupec , 
le  Port  Aupec ,  ou  le  Pec. 

Altogllum  ,  Altollum ,  ou  Altollum ,  Auteuil. 
Andeliacum ,  ou  Andelelum  ,  Andely  ou  Andilly. 
Antoniacum  ,  Antogni  ou  Antoiny, 
AquaBona ,  Eau-Bonne. 
Arcollum  ,  ou  Arcoleum,  Arcueil. 
Argentogilum ,  Argent ollum ,  Argentolium  ,  ou  Ar« 
gantogllum ,  Argenteuil. 

Aflnaria, ,  ou  Asneriœ,  Anieres. 

Atte'u ,  Aties. 

Atteiok  ,  ou  Atteola ,  Aitioles ,  Etiolles ,  ou  Etioulle. 

Auiliacum ,  ou  Aiilllacum  ,  Attilly. 

Avellacum,  ou  Orliacum,  Orly. 

ÂWenvilla ,  Eaurainville. 

Axona,  Exona,  ou  Axfona ,  Effone. 

B. 
Balbiniacum  ,  Baubigni ,  ou  Bobigni. 
Ballolium,  ou  B  al tolum  y  Bailleuil ,  Baillel,  ou  Bail- 
ler. 

Balneola ,  ou  Balneoh  ,  Baigneux. 
Balneolum ,  ou  Bagnolia  ,   Baignolet. 
Bedolltum ,  ou  Baalai ,  Beloy  en  France. 
Bcvera  ,  Beveris  ,  Blbara>  ou  Bevra,  Bievre. 
Bigargium,  ou  Gargis, ,  Garges ,  ou  Garches. 
Bogivallls ,  Bougival ,  ou  Buzenval. 
Bonogllus ,  Bonogllum ,  ou  Bonolium-ad-Matronam 
Boneuil ,  ou  Bonœil. 

Bonogllus  ,  Bonogllum  ,  ou  Bonolium  ad  Crodoldum  î 
Bonvel. 

Bonns, ,  ou  Bonna ,  Bonnes. 
Borda  ,  ou  Borda  ,  la  Borde. 
Bralacum  ,  ou  Briacum,  Bry. 
Bretescla ,  la  Bretêche  ,  ôc  fouvent  Saint- Non  de  la 
Bretêche. 

Brltlnlacum ,  Bretiniacum,  ou  Brltannlacum ,  Bre- 
tigny. 

Broda  ,  ou  Brucla  ,  la  Brofle. 
Bruer'u ,  les  Biuieres. 

Bungeiœ,  Bonz.eiœ ,  Bonz.U,  ou  Bondla,  autrefois  Bon- 
zies,  aujourd'hui  Bondis. 

Burgus-Regina ,  Bourg-la-Reine  ,  autrefois  Briguer. 
Busclacum ,  ou    Bosciacum   Sanbli   Georgli ,   Boifly 
Saint  George. 

BusciacumSanïli  Martini ,  Boiffi  Saint  Marrin. 
Buxeus  vie  us ,  Buxiacus ,  ou  Boxiacum ,  Bouffi  ,  ou 
Boifi. 

C. 
Cala,  Kala  ,  Villa  Calenfis ,  Cbela  ,  ou  Cbxlœ,  Chel- 
les  ,  ou  Chelle. 
Calllacum ,  Chailli. 

Callcellum,  Cbailloelhtm  8c  Challoel,  Chailleau  ,  ou 
par  corruption  Chalior. 

Campl ,  Champs  ,  ou  Champs-Moteux. 
Campiniacum,  ou  Campanlacum ,  Champigni. 
Campiplantarium ,  ou  Campiplantum  ,  Champlanr. 
Campus^  lupi,  Chantelou  ,  ou  Champ  de  lou. 
Cannaberia ,  Chenevieres. 

Cantriacum  ,  Clntrium  ,   ou  Sintrium  >  Sentri ,  ou 
Cintri. 

Cantus-Lupi,  Chantelou. 

Capella  Sanili  Audoënl,  Saint  Ouen  ,  ou  Saint  Ouyn. 
Capella  Milonis ,  la  Chapelle  Milon. 
Capella  SanU.1  Dionyfli,  la  Chapelle  Saint  Denis. 
Capriacum,  Chevry. 
Caput  vilU,  Chaville. 

Carenton ,  Carento  ,  ou  Carentonlum  ,  Charenton. 
Carollvenna ,   ou  Carolivena   par  corruption ,  pour 
Karollvenna ,  Chalevane  ,  ou  Chalevaine. 

Carrona  ,  Cbarrona ,  ou  Charrorma ,  Charonne. 

Caflanetum , 


PAR 


Caflanetum ,  ou  Caflcncium ,  Chafteney. 
Cajiellio ,  Chaftillon. 
Caticantum,  Cachant. 

Catolacum  ,  Catulliacus  ,  ou    Catolacenfis  vieil S  ,  la 
ville  de  Saint  Denis  en  Fiance. 
Captonacum  ,  Chatou. 
Caveriiacum ,  Chavenay. 

Cebrantum  }    Ceverenium  ,  Scurenum ,  ou  Ceuren , 
Seura. 

Cella  -  ultra  -  Sarnaium  ,   ou   Amplement  Cella ,  la 
Celle. 

Centeniacum  ,  Centeny. 

Centummtces,  autrefois  Centnois,  enfuite  Cennois , 
aujourd'hui  par  corruption  Sanois. 

Chesnetam  ,  la  Chesnaye  ,  ou  le  Chesnay. 

Cicon'wU ,  CeognoU ,  CuegnoU  ,  Ciac'onelU ,  Sognolles , 
ou  Sougnolles. 

Civiliacum ,  Chevilly. 

Clippiacum ,  Clichi. 

Clippiacum  ,  ou  Clippiacum  in  Alneto ,  Clichi  en  l'Au- 
lav  ,  ou  Clichi  l'Aulay. 

Cobreum ,   Couberon. 

Collis-Longus  ,  Coulon. 

Columba ,  Coulombes. 

Combclli ,  Combeaux  ou  Combaux. 

Combis  Villa  ,  ou  Cons ,  Con-la-Ville ,  ou  Combs 
la  Ville. 

Conchœ  ,  ou  Conchu ,  Couches. 

Confluentes  lf ara  £r  Sequan& ,  Confiant,  Confians , 
ojl  Confians  Sainte  Honorine. 

Confluentes  Matrone  &  Seqinmx, ,  Confians ,  ou  Con- 
fiant. 

Corcorona  ,  Gsurcouronne. 

Cormilia,  CormeliA ,  ou  CormeliA  Parijîenfes ,  Cor- 
meilles  ou  Cormeilles  en  Parifis. 

Corquetenœ ,  Croquetaines. 

Coryletum  ,  Codreium ,  Coudreium  ou  Coldreium  , 
Coudray. 

Criftoilum,  Crijlolium ,  ou  Crifloill,  Creteil ,  ou  Cre- 
teuil. 

Crociacum ,  ou  Croci  ,  Croici ,  ou  Croifli. 

Crona ,  ou  Crosna ,  Crône. 

Curia ,  ou  Curtis-Bardi ,  autrefois  Corbaart ,  au- 
jourd'hui Coubert. 

Curtis-Nova ,  la  Cour-Neuve. 

Curvena  ,  Couvres ,  ou  Couve. 

Curva-Via ,  Courbe-Voie  ,  ou  Courvoie. 

D. 

Darentiacum ,  Darenci. 

Diogilum ,  Dulium }  ou  Duolium  ,  Dueil ,  Deuil , 
ou  Dieuil. 

Domunuim  ,  Dosmuntum  ,  Dosmuntum  ou  Dolmons , 
Domont. 

Domus ,  Ecelefia  de  Dom'ibus  ,  Villa  Domorum , 
Domus  fupra  Secanam ,  ou  Manfiones ,  Maifons. 

Donna-Petra,  Damni  Petra ,  Damna ,  ou  Domna 
Petra,  Dampierre, 

Donnus  Medardus ,  ou  Ecelefia  de  Donno  Medardo , 
Dommart ,  ou  Dammart. 

Dravernum  ,  Dravel ,  ou  Dravellum,'Ds.ç.\çï ,  Dre- 
vel ,  ou  Drovet. 

Drionnum,  ou  Drionnus  Viens ,  Tnennon  ,  o*/ Tria- 
non. 

E. 

Edera ,  Jerre. 

Erbelium ,  ou  Herbel'eum ,  Herbelay ,  Erblay  ,  ou 
Aibely. 

Ereniacum  ,  ou  Erigni ,  Eragni. 

Ermon,  Ermon. 

Escuina,  Iscuina  ,  Escuem  »  ou  Escuen  ,  Escouen. 

Eitriacum,  Aiureum,  Jureum,  Everiacus ,  ou  Eu- 
riacitJ-vicus-fupra-Secanam,  Euri  >  ou  Every. 

F. 

FabarU>  ouFaveria,  Favieres ,  ou  Saint  Sulpice  de 
Favieres. 

FabarU  in  Briegio ,  ou  Faver'u  ôc  Faver'u  in  Brut , 
Ta  vicies. 

Ferrari**  ouFcrreria,  Ferrieres. 

.V.  Fcrreolits,  on  ad  S.  Içrrcolum,  Saint  Forge!. 


PAR       833 

FerroU ,  FerreoU,  FerrioU ,  ou  Ecelefia  de  Ferredis , 
Ferrollcs. 

Floriacum  i  Fleury. 
Fontanetum  ,  Fonrenay. 

Fontanetum-Floridum,  ou  adrofas,  Fontenay  le  Fleu- 
ry »  ou  Fontenay  aux  rofes., 

Fontanetum.  juxtà  Brias  ,  Fontenay  près  de  Bris. 

Fontanetum  fuprà  nemus  ,  Fontenay  fur  le  Bois  (  de 
Vincennes.) 

Fontanetum   Vwe-comitis ,  ou  Comitis ,  Fontenay  le 
Vicomte  ,  ou  le  Comte. 

Fontenetum ,  Fontanetum  juxtà  Luparas  ,    Fontane- 
tum juxtà   Marolium  ,    ou   Fontanetum   in   Francià 
Fcntenay-Mareuil ,  ou  Fontenay  en  France. 

Fooiellum  ,  Foetcllum ,  ou  Mala-Noda  ,  Malnoe ,  oit 
Malnoux. 

Forgitz  ,  ou  Ecelefia  de  Forgiis ,  Forges. 

FoJJx,  Fofles. 

Francorum-Villa  ,  ou  Franconvûla  ,  Franconville. 

Fraxinus  ,  ou  Fraxini ,  Fresne. 

G. 

Gauni/Ja ,   Gonejfa  ,  Gonijfa ,   Gonsscha  ,  Gonneffia , 
ou  Gonnejfa  ,  Gonneffe. 

Gentiliacum ,  ou  Gentiliacus  ,  Gentilly ,  ou  Jantilly. 

Gerciacum ,  Gerfy. 

Gevifiacum ,  Givifiacum ,  ou  Juvijïacum  Juvifi  ,    eu 
Juvify. 

Gif,  ou  Giffum ,  Gif. 

Gomedus  Villa ,  ou  Gometi  Villa,  Gomets  la  Ville. 

Gometi  Caflrum  ,  Goraets  le  Chaftel. 

Gragiacum  ,  Gragi ,  ou  Gregiaeum  ,  Grégi. 

Granchia  ,  Granchia  Régis  ,  la  Grange  le  Roi. 

Graulidum  ,  Groolaium,  ou  Groela  ,  Grôlay. 

De  Grejfibus  (  Villa  ou  Ecelefia)  Grès. 

Guidoms-Curia ,  ou  Curtis,  Guiencourt ,  ou  Guiaivi 
court. 

Giinfanœ-Villa  ,  ou  Gonfenvilla  3  Gonfainville. 

H. 

Herivallis ,  Herivaux. 

Htrmeri& ,  Hermieres. 

Holles ,  ou  HolU,  Houilles. 

Hoffeia-,  la  Houffoie. 

I. 

Jaheniacum  y  Jahenni ,  Villa-Gehenrii ,  ou  Gehanni, 
Jagny  en  France. 

Joiacum ,  ou  Joviacum  ,  Jouy  en  Joias. 

Joi ,  ou  Jaiacum ,  Jouy. 

S.  Jonii  Viens ,  ou  Sanllus  Jonius ,  Saint  Yon. 

Joviacenfis  Pagus,  ou  Joiacenfîs  Pagus ,  Jofas. 

IJfiacum ,  Ifly. 

Juriacum ,  Ivry. 

L. 

Laiacum  ,  Lay. 

Lardiacitm  ,  Lardy. 

Latiniacum  ,  Laigni. 

Leugnœ ,  ou  Lognia  in  Briâ ,  Lognes. 

Lic'u ,  Lices. 

Limariacum  ,  Lemarais,  par  corruption  le  Marais 

1.  Limogu ,  ou  Lemoveca.  ,  Limoges. 

2.  Limogia  5  Limos,  ou  Limoves ,   Limons,  o«  Li- 
mours. 

Limolium  ,  Limogilum,   Limoilum,  ou  Limuel ,  Li- 
meil ,  o«  Limeuil. 

Linais  ,  Linois,  Ecelefia  S.  Mederici  de  lÀnarïis , 
Linas,  o«  Linois. 

Lifigni ,  Lifignïacum ,  Liciniacum  ,   ou    Lifiniacum  > 
Lefigny. 

Lzm*  ,  Z-ff/Vj- ,  !.«/«  j  ou  Kj//^  Le wg<c ,  Levis ,  c« 
Levés. 

Loanàum  ,  ou  LoW  ,  Louans ,  ok  Louens. 

Locus-Sanclus ,   Lourfaing  ,    Lieurfains  ,   o«    Lieu- 
faint. 

Longus-Pens ,  LongpoiV. 

Ludovilla,  Ou  Lodovilla ,  Ledeville  ,  c«  Lodeville. 

Lapera, ,  ou  Loures  ,  Louvres  en  Parifis. 

5.  Lupi-Vicus  ,  Saint  Leu-les-Taverni. 

Lupicina ,  Lup\cen& ,  hupxcian&  ,  ou  Loveceru ,  Lou- 
venciennes  o«  Louciennes. 

M. 

Maciacumy  ou  Matiacum  ,  Maflfy. 
Xow.  ZK.  N  n  n  n  n 


854       PAR 

Magrieiuvt ,  ou  Magneium  de  Exarto  ,  ou  de  Exar* 
tis ,  Magny  les  Effares ,  ou  Magny  l'Effarr. 

Maisnile  Auberti,  ou  Manfeomle  Alberici ,  le  Mesnil- 
Aubry, 

Malliacum  Villa  ,  Marly  ,  ou  Marly  la  Ville. 
Malus-Campus  ,    Manchan  ,    corrompu  de    Mau- 
champ. 

Mala-Manfto ,  Mal-Maifon. 
Malus-respetlus  ,  Mauregard. 
ManaJJlacum ,  Menecy,  ou  Manecy. 
Mandrx  ,  Mendies. 
Manftones ,  Maifons. 

Alarcocix,  ou  Marcociacum ,  Marcouffis,  ou  Mar- 
co ufly. 

Marleium  ,  ou  M.dliacum  ,   Marly. 
MarUacum-Burgiis ,  ou Malliaeum,  Marly  le  Bourg, 
ou  Marly  le  Chaftel. 
Marolium,  Marenil. 

Marolium  ,  Marogilum ,  ou  Maroilum  ,  Mareuil. 
Medea  Curia ,  Maincourt. 
MerroU,  Marolles. 

Mesneium  S.  Dionyfti ,  Mesnïle  S-  Dionyfd ,  ou  Mais- 
rid'utm ,  Mesnil-Saint-Denis. 

Mintriacus ,  ou  Mitriacum ,  Mitry. 
Modunum ,  Modun ,  Med,o  ,  Molditn ,  Met'wfedum , 
ou  Meliofedum  ,  Meudou. 

MoiJJiucitm  ,  ou  Moijftacum   Episcopi ,  Moifly  l'Evê- 
que. 

Molerui ,  les  Molieres. 
Molignum  ,  Moulignon. 

Monaficriolum  ad  Leones,   Monftreuil  aux  Lions. 
Monafteriolum  in  Valle  Galliœ,  Monffreuil  en  Vau  de 
Gallie. 

Moncelli,  ou  Monde elli ,  Monceaux. 
Monceo  ,  Monfout. 

Monci ,  Montiacum ,  ou  Mondcum  mviim ,  Moncy  le 
neuf,  o«  Moncy  en  Parifis. 

Mons-Abrem  ,  Tliowx  -  Abreni ,  TWowx  -  Ver  anus ,  ou 
Mons-Verani ,  Mont  -Eurain,  ou  Mont-Eurin. 
Mons-Eftivus ,  Montivier. 
Mons-Falconis ,  Saint  Jean  de  Mont-Faucon. 
Morts -Fermolius,  ou  Mons-Firmolius ,  Montfermeuil , 
cm  Montfermeil. 

Mons-Gemellus ,  Longjumeau,  par  corruption  pour 
Montjumeau. 

Mons-Gironis ,  Mongeron. 

Mon  s- Mer  car  ii ,  Martis  ,  ou   Martyrum  ,  Mont- 
Martre.  . 

A/o«/  -  Melianus  ,  Monmeliant  ,  Montmelian ,   o« 
Monmélian. 

Mons-Rubeus  ,  ou  Mons-ruber ,  Mont-Rouge. 
Mons-Taxonis ,  ou  Mons-Taxonum ,  Mont-Teffbn. 
Morts -Valeriani ,  le  Mont-Valérien. 
Montiniacum  ,  ou  Monianiacum ,  Montigny. 
Morcencum ,  Aîorcenc,  ou  Murcent  ,  Morfan  ,  o« 
Morfang. 

Muscella ,  ou  Moijfelles ,  Moiffclles. 

N. 
Nemptodorum  ,    Nemtodorus ,  Nanturra  ,    Naneto- 
àorum  ,  Ncmetodorum ,  Nammetodurum  ,  Nantodoritm  , 
Namtuerre  ,  ou  par  corruption  ,  Metodorum  ,   Man- 
terre  ,  cm  Nanterre. 

Nemits  Arsc'û ,  ou  Boscus  Arcifi ,  Bois  d'Arcis. 
Nonna-Vdla ,   ou  Nonnevilla  ,   Nonneville ,   Nain- 
ville  ,  ou  Nonnainville. 
Nooreium ,  Nouray. 
Norvilla,  Norville. 

Nova-Villa ,  Neuville  ,  ou  la  Neuville. 
i .  Nuvigentum ,  ou  Noviemum ,  Saint  Cloud. 
2.  Novigentum ,  ou  Nogentum ,  Nogcnt  fur  Marne, 
i.  Noviliacus ,  Novitiacum ,    Nobiliacum  ,   Nuilli , 
Nudliatum  fuper  Matronarn ,  Nu'dliacum,  Nulliacum 
ad  Placitwm  ,  Neuilly  ,  e#  Nully. 

2.  Noviliacus t  Nully  ,  <?m  le  Port  de  Neully. 

Novum-Monafterium  ,  Neufmonftier. 

i.  Niuetum,  ou  Nucetum  majus ,  Noifi  le  Grand. 

2.  Nucetum ,  Nuceium  minus  ,  ou  Nucetuïum ,  Noifi 
le  Petit. 

3 .  Nucetum  ,  Noifiacum ,  Nuciacuri ,  ou  Nucetum 
ficcum,  Noifilefec. 


PAR 


o. 

Ocina,  Ocines  ,  ou  Vr/ini ,  Ourfines,  ow  Urfines. 

Orator'uim ,  ou  Oratorium  Ferraru ,  Ofoi ,  oa  Ofoic 
la  Ferriere. 

Orceium ,  Orfay. 

Ormeia  ,  Ulmeum ,  ou  Ulmetum ,  Ormay. 

P. 

Paciacum ,  Paci ,  cm  Pafli. 

Palatiolum ,  ou  Paleifol ,  Palefeau  ,  ow  Palaifeau  ,  par 
corruption  pour  Palefieul ,  e;i  Palaifieu. 

Paretum ,  ou  Perez. ,  Paray. 

Pari/îum  ,  Ville  Parifis  ,  ow  Ville  Parifi. 

Pentinum,  Pentin,  o// Pantin. 

.Pmvz  ivù-tf ,  fïffrf  ,  ou  fïx<a ,  Pierre- Fite  ,  par  cor- 
ruption Pierre -Frite. 

Petra-Lata  ,  Pierre-Laye  ,  oz<  Pierre-Lée. 

Piwwj1 ,  ou  Ad-Pinum  ,  le  Pin ,  o«  Au-Pin. 

Piscofi ,  Piscot. 

Plejjiium  Comitis ,  le  Pleflîs. 

Pomponia,  ou  par  corruption  Pompona ,  Pompone. 

Pons- quadrants ,  Pont-carré. 

Popim-Curtis ,   Popincourt. 

Pratella  ,  Praeria ,  ou  Preslu ,  Prefles  ,  om  Prelles. 

Puteoli,  Pizeux,  Puifeux  ,  o«  Puifieux  en  France. 

Q. 

Quadrari& ,  Qiiadrarïa  ,  ou  Lapicidina  S.  Dinoyfli , 
Carrières  ,  oj;  Carrière  S.  Denis. 

Quadrar'u  ad  Carentonem ,  les  Carrières  près  Cha- 
renton. 

Quadraria  ad  Pinciacum  ,  Carrières  lès  Poifly. 

Qiiadrariœfub  Silvâ  ,  Carrière  fous  le  Bois. 

Quintiacum ,  Quincy. 

(Juintiacum  Magnum  ,  ou  Majus ,  Quincy  le  Grand. 

R. 

Reschia ,  Rasche  ,  c«  Villeras. 

iîîV/ ,  ou  Ri£  ,  Ris. 

RocconisCurtis ,   ou  Roquencort ,  Rocquencourr , o« 
Roquancourt. 

Romana-Villa ,  Romainville. 

Romiliacum  ,  Reuilly  lès  Paris,  autrefois  la  Grange  de 
Reuilly. 

Rooneium  ,  ou  Roosneium  ,  Rony. 

i.  RuJJiacum,  Rusciacum  ,  ou  Rujfiac um  ,  Roifil  en 
France. 

2.  Rojfiacum,  ou  Roijjlacum  ,  Roiffi  en  Brie. 

Rotoialum  ,  Rogoialum  ,  Riogilum  ,  Rioilum  ,  Ruoi- 
htm,  Ruolium,  Ruel ,  pour   Rueuil ,  o«  Rue-il. 

Rotidus  ,  ou  Rutula  ,  le  Roulle  ,  autrement  le  Haut 
&  Bas-Roulle. 

Rungiacum  ,  Rongy ,  o«  Rungy. 

S. 

Sabiniacum ,  ou  Saviniacum  ,  Savigni  fur  Orge. 

Salices ,  la  Saufaye. 

Salix ,  Saux. 

Sarcella  ,  Cercelle ,  om  Sercelle. 

Sarcloi ,  Sarclay. 

Sarnaium ,  Cernaium  ,  Sarneia  Se  Sarneium ,  Sernay 
la  Ville. 

Sarries  ,  Serris ,  o«  Serry. 

Sartoris  Villa ,  ou  Sartorum  Villa  ,  Sartouville  ,  m 
Sertrouville. 

Savegium  ,  ou  Suciacum  ,  Sucy. 

Savara ,  Saura  >  Sevra  ,  Sépara ,  ou  ^pfr^  ,  Sievre  , 
om  Sevré. 

Senlic'u ,  Senlices. 

Servon  ,  Servon. 

6b?yr ,  ou  Sofiacum ,  Soify  fur  Seine  ,  par  corruption 
Choify. 

Solurra  ,  Soulare. 

i .  Spinetum ,  Espinay. 

2.  Spinetum  ,  Spinoliumfufrà  Ordeum  ,  ou  Spinolium 
ad  Urblam ,  Espinay  fur  Orge. 

Spinolium ,  Espinoletum  ,  ou  Spinoletum  S.  Genovefœ , 
Spinolium  in  Briegio  ,  &  Spinogilum  ,  Espinay  en  Brie , 
ou  Espinay  fur  Senar. 

Spinogelum  ,  ou  Spinogilus ,  Espineuil  fur  Seine ,  ou 
Espincuil  lez  S.  Denis. 

Stagnum ,  l'Eftang. 

Suciacum,  Sucçiacum,  Suhiacus  Se  Sulciacum ,  Suci 
en  Brie,  par  corruption  Suffy  ,  &  Sufy. 


PAR 


SuriSM ,  Sorisna ,  Soresna ,  ou  Surcnnx, ,  Surênes. 

T. 

Taberniacum ,  Taverni. 

Taurïnïacum  ,  "toriniacum  ,   Torigniacum ,  ou  Tore- 
gni ,  Torigny. 

Telliacum  ,  Telleium  ,  ou  Tilleium  ,  Tilly  ou  Tillay. 

Theodaxium,  Teodax'ium ,  Theodofîum ,  ou  Teodo/ium, 
Tiais,  par  corruption  Tierr,  Tiers  &  Quier. 

Tors  ,  Stors  »  Toutes  ,  ou  Store. 

Torta-fagus  ,  Torfou,  ou  Tourfou. 

Trœppœ,  Trappes. 

Trimilidum  ,  Tremulidum ,   Trcmulitum  ,  ou  Trem- 
bleium ,  Tremblay. 

limon ,  Turnos ,  ou  Vicuus  Sanbli  Prxjcfti ,  Saint 
Prix. 

V. 

Valenton  ,  Valento  ,  ou   Valentonium ,  Valenton  ,  ou 
Valanton. 

Vallès ,  Vaux. 

Vallis-Crifoms  ,  Va^is-Crejfon ,  ou  Val-Creffbn ,  Vau- 
creffon. 

Vallis- Joth  ,  Vallis-Jocofa  ,    Vallis -G  au  dii ,  ou  F^/- 
/o//f ,  Vaujour. 

Vallis-pro fonda,  Val-profonde. 

Vallis  Santta,  Mar'u  t  ou  fimplement  Vallis.  le  Val, 
ou  l'Abbaye  du  Val. 

Varennœ ,  Varennes ,  ou  la  Varenne  S.  Maur. 

Vemar  ,  ou  Vemarùum  ,  Vemars. 

VenvA ,  Vanna ,  Se  Venva  ,  Venves. 

Ver  magnum  ,  Ver  le  grand. 

Ver  parvum ,  Ver  le  petir. 

Ver  es  ,  Vête. 

Verneles  ,  Verneaux  ,  ou  Verneau. 

Vemulellum  ,  ou  Vernolellum ,  Vernouller. 

Verjaliœ ,  ou  VerfalU  ,  Verfailles. 

Vicenx,  Vicennœ,  Vicienes,  Vincennes. 

Vkinix,  Voiiins. 

Vilero  y  ou  Vileron,  Villeron. 

"Villa  ad  Silvam  ,  la  Ville  du  Bois. 

Villa-Abbatis ,  Villabbé. 

Villa-Cereris  ,  Viceour  3  Viceors  ,  par  corruption  Hui- 
fous,  ou  Huit- fous. 
•  Villa-Crana  y  Ville-Crêne. 

Villa-Dei ,  la  Ville  Dieu. 

Villa-Epis copi ,  la  Ville-l'Evêque. 

Villa'  Juin a ,  Villa- Judea  ,  Ville- Juive ,  par  corrup- 
tion pour  Ville-Juite. 

Villa- Jufta  ,  Ville- Juft. 

Villa  S.  Laurentd  prope  Tarifws ,  aujourd'hui  le  faux- 
bourg  de  S.  Laurent  dans  Paris. 

Villa- Magnonis  ,  ou  Villa- Magnulfi  ,  Ville-Menou. 

Vûla- Mejjlum  y  Ville-Moiflbn. 

Villa  Mumbla  ,  ou  VilU-Mobils  ,  Ville-Monble. 

Villa-Nova ,  Ville-Neuve. 

Villa-Nova  ad  Afinos ,  Ville  aux  Anes ,  ou  Ville-Neu- 
ve aux  Anes. 

Villa-Nova  Comitis ,  Ville-Neuve-le-Comte. 

Villa-Nova  Régis  ,  Ville  Neuve- le-Roi. 

Villa -Nova   SanUi    Georgii  ,  Ville -Neuve    Saint 
George. 

Villa  Perfîtpia ,  Ville-Pesque  ,  ou  Ville-Pesche. 

Villa-Pifla ,  Ville-pinte. 

Villa-Regis  ,  Ville-Roi. 

Villa-Tigniofa ,  Ville-Taneiife. 

VUlariurn  ,  Villaria ,  ou  Villare  ,  Villiers. 

Vdlaris  ,  Villers  ,  ou  Villiert. 

Villare- A  dm ,  Villers-  Adam  ,  ou  Villiers  Adam. 

Villare  Bellum  ,  Villiers  le  Bel. 

Villare  Siccum,  Villier  le  Sec. 

VillulaS.  Laz,ari  ,  Villa  S.  Lazari,  ou  laVillcteS. 
Ladre  ,  la  Villete  S.  Lazare. 

Vbiolia ,  Vinoliiim  ,  ou   Vigneuf,  Vigneuil ,  ou  Vi- 
gneuls. 

Viriacitm,  ou  Verïacum ,  Viri ,  par  corruption  Vi- 

Vitrarix  ,  Vitreriœ ,  Verrerie ,  ou  Vedrar'u  ,  Verrières. 

Vitriacum,  Vitti. 

Ulmechan,  Ormeçon  ,  ou  Ormefon. 

Ulmcutm ,  Orraoy. 


PAR       835* 

PARISOT  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Rouergue  » 
élection  de  Ville-Franche.  Il  y  a  dans  ce  bourg  un 
prieuré  de  mille  livres  de  revenu. 

PARISUS,  fleuve  de  la  Pannonie,  qui,  félon  Stra 
bon,  /.  7.  p.  313.  fc  rendoit  dans  le  Danube.  Ortelius 
juge  que  c'e/t  le  même  qu'il  nomme  dans  un  autre  en- 
droit Mari/us ,  &  que  nous  appelions  aujourd'hui  Ma- 
risc. 

PARITAC/E  &Paritaceni.  Voyez.  Par/etaca. 

PARIUM,  ville  de  l'Ane  Mineure.  Strabon,  /.  13. 
p.  58S.  Ptolomée,  /.  ;.  c.  2.  &  Pline  ,  /.  5.  c.  32.  en 
font  mention.  Le  dernier  lui  donne  le  titre  de  colonie 
romaine ,  &  dit  que  c'elt  la  même  ville  qu'Homère , 
B .  v.  3  3  j .  nomme  Adraftca.  Cependant  Strabon  &  Etien- 
ne le  géographe  font  deux  villes  à'Adrafîea  Se  de  Pa- 
riurn.  Le  titre  de  colonie  romaine  eft  plus  certain.  Il  lui 
eft  donné  dans  le  Digefte,  /.  50.  lit.  5,  de  Cenfibus , 
auiFi  bien  que  dans  deux  inferiptions  recueillies  par 
Spon  ,  p.  173.  tk  dans  une  de  ces  inferiptions ,  on  voit 
que  l'empereur  Marc-Aurele  fut  le  fondateur  de  cette 
colonie.  La  ville  de  Parium  étoit  bâtie  fur  la  côte  de 
l'Hellespont ,  Se  avoit  un  bon  port. 

PARK  ,  abbaye  ,  dans  les  Pays  Bas ,  proche  de  Lou- 
vain.  Elleellde  l'ordre  de  Prémontre,  &  fut  fondée  en 
n 29  ,  par  Godefroi  le  Barbu,  duc  de  Brabant. 

PARKOL ,  lac  dans  la  Tartarie ,  dans  le  pays  de 
Hanci,  au  midi  de  la  montagne  de  Neige.  "  Hijt. 
générale  des  Huns ,  par  M.  de  Guignes. 

PARLAENSIS  ,  fiége  épiscopal  de  la  Pifidie,  félon  le 
père  Hardouin.  On  trouve  fur  d'anciennes  médailles 
Colonia  Augufta  Pamaïs.  Cette  ville  a  été  épiscopale  , 
comme  il  paroît  par  le  concile  de  Conftantinople  tenu 
l'an  381  ,  auquel  Patricius  Purlaenfis  fouferivit.  *  Har- 
duin.  collecE  conc.  t.  1.  p.  816. 

PARLY  ,  village  de  France  ,  au  diocèfe  d'Auxerre  , 
à  trois  lieues  ou  environ  de  la  ville  épiscopale  du  côté 
du  couchant.  Ce  lieu  efl:  nommé  Parliacum  Se  Pallic- 
cum ,  dans  les  titres  de  l'églife  d'Auxerre.  Jean ,  qui  en 
étoit  éveque  fur  la  fin  du  dixième  fiécle,  donna  l'au- 
tel de  Parly  à  fon  chapitre.  On  y  reconnoit  faine  Sé- 
bastien pour  patron.  Le  dictionnaire  univerfel  de  la  Fran- 
ce place  ce  village  en  Champagne ,  Se  au  diocèfe  de 
Langres  ;  les  auteurs  ont  été  trompés  par  le  nom  de 
l'élection  de  Tonnerre  dont  il  eft  i  mais  ordinairement  la 
contrée  où  eitfitué  Parly  s'appelle  la  Vallée  d'Aillant. 
Si  le  po'éte  Grognet ,  fous  François  I ,  n'étoit  pas  de 
Toucy  ,  il  a  du  être  natif  de  ce  village  ,  où  le  nom  de 
Grognet  a  toujours  été  fort  commun. 

PARMA.  Voyez,  Parme. 

PARMASIA.  Voyez,  Parrhasia. 

1.  PARME  (La),  rivière  d'Italie.  Elle  a  fa  fource 
dans  les  montagnes  de  l'Apennin ,  qui  fépare  le  Parme- 
fan  d'une  portion  de  Toscane ,  où  eft'  Pontremoli  ;  delà 
elle  ferpente  vers  le  nord-eft  ,  Se  peu  loin  de  fa  fource 
elle  reçoit  le  ruifleau  de  Parmosa,  d.  paffe  au  cou- 
chant Se  allez  près  de  Moflale  ,  vis-à-vis  de  Torchiara  , 
Rocca ,  où  même  un  peu  plus  bas  elle  tourne  vers  le 
nord-nord-oueft  ,  palTe  à  la  capitale  du  pays  à  laquelle 
elle  donne  fon  nom,  Se  y  reçoit  la  Baganza  ,  autre  ri- 
vière aufli  confidérable  qu'elle.  Elles  coulent  enfuite  vers 
le  nord  ,  dans  un  même  lit ,  paflTent  à  Colorno  ,  dont 
je  parle  en  fon  lieu  ,  &  vont  fe  jetter  enfemble  dans 
le  Pô  ,  entre  Cafal  Maggiore  ,  qui  eft  du  Cremonèfe  , 
Se  Viadana,  qui  eft  du  Mantouan. 

2.  PARME,  ville  d'Italie  ,  dans  le  duché  de  même 
nom ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  très-ancienne  s 
Se  a  toujours  confervé  fon  même  nom.  Les  Romains 
avant  Se  après  Augufte  ,  Se  les  Italiens  d'aujourd'hui 
la  nomment  Parma.  Elle  eft  fituée  dans  une  plaine 
fur  la  Voie  Flaminia ,  à  1 2  lieues  fud-eft  de  Crémo- 
ne ,  à  14  fud-oueft  de  Manroue  ,  26  nord-oueft  de 
Modene,  i2fudeft  de  Milan.  Selon  Gemclli  Carreri, 
elle  eft  au  44  deg.  30  min.  de  latitude,  au  44  deg. 
50  min.  félon  Mrs  de  la  Hire  Se  des  Places.  Elle  eft  de 
8  deg.  27  min.  30  fec.  plus  orienrale  que  l'Obferva- 
toire  de  Paris.  Elle  fut  faite  colonie  Romaine  en  même 
tems  que  Modene.  Tite-Live  ,  /.  39.  c.  $$.  dit,  après 
avoir  parlé  d'Aquilée  :  La  même  année  Modene  Se  Pai- 
me  devinrent  des  colonies  romaines  :  on  distribua  à  deux 
raille  hommes  dans  le  champ  qui  avoit  été  anciei 

Tom.  IV.  N  n  n  n  n  ij 


836       PAR 

ment  aux  Toscans,  &  en  dernier  lieu  aux  Boïens  ,huk 
arpens  pour  chacun  à  Panne  ,  Se  cinq  à  Moclene.  Clu- 
vier ,  ltal.  Ant.p.  273.  remarque  que  l'année,  où  cette 
colonie  fut  établie ,  cil  la  cinq  cent  foixante  &  neu- 
vième de  Rome  ,  8c  la  cent  quatre-vingt-quatrième 
avant  l'ère  chrétienne  ,  fous  le  confulat  de  M.  Claudius 
Marcellus  Se  de  Quintus  Fabius  Labeo.  Cette  ville 
fouffrit  beaucoup  durant  le  Triumvirat.  Cicéron  fait  un 
trifte  portrait  des  infâmes  cruautés  qu'y  exercèrent  les 
gens  du  parti  d'Antoine  :  il  en  parle  avec  une  extrême 
horreur  dans  fa  quatorzième  Philippique  ,  c.  j.  Au- 
gurte  en  dédommagea  cette  ville  par  des  bienfaits  écla- 
tans  :  il  y  envoya  de  nouveaux  colons ,  Se  par  recon- 
noifîance  elle  en  prit  le  furnom  de  Juua  Augusta 
Colonia  ,  comme  on  peut  voir  par  cette  infeription 
inférée  au  recueil  de  Gruter,  p.  492.  n.  j. 

Patr.  Col.  Jul.  Aug.  Parm. 

Patr.  Municipiorum  Forodruent. 

et  foro  novanorum. 

Cicéron,  Fhilipp.14.  parlant  des  Parmefans ,  dit  que 
c'étoient  les  meilleurs  caractères,  les  plus  honnêtes  gens 
du  monde  ôc  les  plus  attachés  à  l'autorité  du  fénat  , 
&  à  la  dignité  du  peuple  Romain.  Strabon,  /.  j.  p. 
216.  met  Parme  entre  les  villes  illuftres,  fituées  auprès 
du  Pô ,  ou  en-deçà  ,  Se  la  nomme  avec  Plaifance , 
Crémone,  Rimini  ,  Modene  Se  Bologne.  Pline  ,  /. 
5.  c.  ij.  fe  contente  aufli  de  la  nommer  entre  les 
villes  de  la  huitième  région  d'Italie  ,  (  qui  pour  le  dire  en 
paflant,  fe  trompe  d'un  degré  vingt  minutes,  fur  la 
latitude  de  cette  ville  ,  qu'il  ne  fait  que  de  33  deg.  30 
min.  au  lieu  de  34  deg.  50  min.  )  Ptolomée,  /.  3.  c.  1. 
dis-je ,  la  nomme  très-bien  dans  fon  rang ,  entre  les 
villes  de  la  Gaule ,  furnommée  Togata.  L'itinéraire 
d'Antonin  nomme  cette  ville  dans  trois  routes  différen- 
tes ;  mais  il  cft  fi  peu  d'accord  avec  lui-même  que  nous 
croyons  abfolument  inutile  de  mettre  ces  routes  fous  les 
yeux  du  lecteur. 

Les  états  de  cette  ville  font  d'autant  plus  importans 
aujourd'hui ,  que  plufieurs  puiffances  s'en  disputent  le 
haut  domaine ,  &  des  fouverains ,  tant  de  1  Italie  que 
de  l'Empire, ont  employé  Se  emploient  encore  à  pié- 
fent  toutes  fortes  de  moyens  pour  faire  décider  cette 
queftion  en  leur  faveur.  Je  ne  puis  me  paffer  de  l'hi- 
ftoire  pour  éclaircir  cette  difficulté.  D'ailleurs  cette  ma- 
tière ne  fera  pas  aufii  éloignée  de  la  géographie  qu'elle 
paroîtlêtre;  mon  plan  elt  de  marquer  les  divers  maî- 
tres qu'a  eu  un  pays.  Je  ne  m'en  écarte  donc  point,  en 
marquant  les  diverfes  révolutions  de  Parme  eV  de  Plai- 
fance ;  car  ces  deux  villes  ont  eu  à  peu  près  le  même 
fort. 

Elles  eurent  l'une  Se  l'autre  une  deftinée  commune 
avec  les  autres  villes  de  l'Emilie ,  après  la  deftruction 
de  l'empire  d'Occident.  Celui  d'Orient ,  qui  avoit  con- 
fervé  une  ombre  de  fouveraineté  en  Italie,  la  voyoit 
enfin  réduite  à  une  portion  de  ce  que  nous  appel- 
ions aujourd'hui  le  royaume  de  Naples ,  Se  à  l'exar- 
chat de  Ravenne.  Les  Lombards ,  peuple  venu  du  fond 
de  la  Germanie  ,  s'étoient  fait  dans  l'Italie  un  royau- 
me qui  ne  fubfifie  plus  aujourd'hui ,  quoique  le  pays 
qu'ils  occupoient  en  porte  encore  le  nom.  Ils  ne  cher- 
choient  qu'à  s'aggrandir.  Rome  ,  Bologne  ,  Parme  , 
Plaifance,  Ferrare,  Se  quantité  d'autres  villes  qui  ne 
fe  fentoient  pas  affez  puiffantes  pour  fe  garantir  feu- 
les Se  féparément  de  l'invafion  des  barbares ,  s'érigè- 
rent en  républiques  indépendantes,  Se  formèrent  en- 
tre elles  une  ligue  dont  le  pape  étoit  le  chef  &  le 
protecteur.  Voilà  la  première  origine  de  l'autorité  tem- 
porelle du  faint  fiége  fur  ces  villes,  pour  ne  point 
citer  ici  la  donation  de  Conftantin ,  tant  de  fois  allé- 
guée Se  rejettée. 

Les  Lombards  ayant  voulu  abforber  ces  villes  ,  com- 
me ils  avoient  fait  l'exarchat,  Pépin,  roi  de  France, 
força  Aftolphe,  leur  roi,  à  rendre  ces  villes  au  faint 
fiége.  Parme  Se  Plaifance  furent  comprifes  dans  la 
rellitution.  Charlemagne  ayant  vaincu  les  Lombards  Se 
renverfé  le  trône  de  leur  monarchie,  fit  une  nouvel- 
le donation  au  faint  fiége ,  Se  fe  régla  fur  celle  de  Pé- 
pin ,  qu'il  amplifia  Se  qu'il  confirma  ;  Parme  ,  Plaifance 


PAR 


&  toute  l'Emilie  en  étoient.  Les  fchismes ,  Se  les  au- 
tres maux  que  l'Italie  avoit  foufferts,  donnèrent  lieu 
à  quantité  de  petits  tytans ,  de  fe  former  une  domi- 
nation qu'ils  tâchèrent  d'aggrandir  Se  d'affermir.  Plufieurs 
de  ces  nouvelles  dominations  pafferent  à  peine  à  la 
troifiéme  génération  :  mais  l'invafion  des  Viscontis  à 
Milan  fut  celle  qui  eut  les  plus  dangereufes  fuites  pour 
la  liberté  de  l'Italie. 

Les  Plaifantins  qui  avoient  éprouvé  qu'ils  ne  pou- 
voient  fe  maintenir  fous  l'obéiffance  du  faint  fiége , 
parce  que  les  papes, qui  réfidoient  alors  à  Avignon  ,  ne 
pouvoient  les  défendre  de  l'ufurpation  des  Viscontis , 
pour  qui  rien  n'étoit  facré,  Se  qui  bravoient  tous  les 
droits  qu'ils  pouvoient  violer  impunément.  Dans  une 
aflemblée  générale  de  la  ville ,  tenue  le  7  O&obre  1339 
ils  réfolurent  de  députer  quelqu'un  de  leurs  citoyens, 
avec  le  caractère  d'orateur,  au  pape  Benoît  XII  pour 
lui  faire  connoître  en  leur  nom  qu'ils  avoient  perdu 
l'espérance  de  vivre  en  paix  Se  en  fureté  dans  leur 
ville  ,  fi  on  ne  cédoit  le  gouvernement  de  Plaifance, 
&  fi  on  ne  mettoit  la  ville  &*fon  territoire  fous  la 
protection  des  Viscontis.  Dans  le  même  tems  Jean  Se 
Luchin  envoyèrent  auffi  à  Avignon  au  même  pape 
des  ambaffadeurs  ,  avec  ordre  de  s'unir  aux  Plaifan- 
tins.. Le  pape,  touché  du  malheureux  état  où  fe  trou- 
voit  la  Lombardie ,  Se  l'Etat  Eccléfiaftique  depuis  le 
tems  de  l'empereur  Frédéric  II ,  fe  rendit  aux  inftan- 
ces  des  Plaifantins  Se  des  Viscontis,  Se  nomma  ceux<i 
fes  vicaires  perpétuels  ,  à  condition  qu'eux  Se  leurs 
fuccefi'eurs  payeroient  tous  les  ans  au  faint  fiége  dix 
mille  florins,  ou,  comme  difent  quelques-uns,  parce 
qu'ils  y  comprennent  quelques  autres  villes,  cinq  mil- 
le florins  d'or.  II  voulut  que  dans  l'inveititure  on  in- 
férât la  claufe  qui  lui  conlervoit  le  fouverain  domai- 
ne ,  à  quelque  titre  qu'il  lui  appartînt ,  five  ex  Dona- 
tione  yfive  ex  Prœtcriptione  ,  vel  alïo  titulo  qucwmque. 
Ce  mot  de  prefeription  marque  que  dès  ce  tems-là 
il  y  avoit  déjà  une  longue  poffeflion  en  faveur  du 
faint  fiége.  Galeas  II ,  &  Bernabo,  neveux  de  Jean  & 
de  Luchin  ,  pofféderent  à  même  titre  qu'eux  les  vil- 
les de  Parme  &  de  Plaifance. 

Le  concile  de  Confiance  tenu  en  1414,  ordonna 
d'un  confentement  unanime  qu'on  exécuteroit  la  con- 
ftitution  de  Charles  IV  ,  empeteur,  qui  étoit  préfent 
au  concile.  Cette  confiitution  ordonnoit  que  les  royau- 
mes, les  provinces,  les  villes,  que  quelques  perfonnes 
que  ce  puffent  être,  même  empereurs,  rois  ou  papes,  au- 
roient ,  ou  par  témérité ,  ou  par  violence ,  ou  par 
fraude ,  aliéné  ou  envahi  fous  le  pontificat  de  Gré- 
goire XI ,  Se  après  fa  mort ,  jusqu'au  tems  de  ce  dé- 
cret,  feroient  refiitués  au  faifit  fiége,  on  à  toute  au- 
tre églife  qui  en  auroit  été  dépouillée  :  caffant  Se  an- 
nulant toutes  fortes  de  concertions,  démembremens,  Sec. 

Il  eft  vrai  que  le  concile  excepta  les  concefiions 
&  les  aliénations  antérieures  au  pontificat  de  Grégoi- 
re XI,  ce  qui  étoit  favorable  au  droit  des  Viscontis, 
à  qui  l'inveAiture  avoit  été  donnée  fous  Benoît  XII. 
lis  ne  purent  pourtant  jouir  de  l'exception  ,  parce  que 
le  concile  n'avoit  ratifié  ces  concefiions  antérieures 
qu'à  condition  que  ceux  qui  poffédoient  ces  fiefs,  n'en 
fuilent  pas  déchus  avant  le  pontificat  de  Grégoire  XI , 
Se  qu'ils  euffent  payé  Se  payaflent  encore  le  cens  ou 
les  redevances  dues  en  vertu  de  leurs  invertiturcs.  Or 
Galeas  Se  Bernabo  étoient  dans  le  cas  de  l'exclufion, 
ayant  ceffé  de  payer  les  cens  Se  redevances  depuis  l'an 
1376,  dans  lequel  le  pape  Grégoire,  trop  facile,  les 
remit  en  poffeflion  de  Parme  &  de  Plaifance  jusqu'au 
tems  où  le  concile  donna  fa  confiitution. 

Les  Viscontis,  jaloux  les  uns  des  autres ,  fe  détruifi- 
rent  mutuellement  ■■,  Se  cette  famille  étant  éteinte  ,  le 
Milanez  pafla  à  François  Sforce  qui  n'avoit  pour  ti- 
tre que  fon  mariage  avec  une  fille  naturelle  de  Phi- 
lippe-Marie Visconti. 

Pendant  une  longue  viciflïtude  de  Maîtres  à  Plaifan- 
ce ,  Parme  avoit  eu  aufli  fes  révolutions.  Après  la 
mort  de  Jean-Marie  ,  Parme  ,  fecoua  le  joug  des  Vis- 
conti ,  en  fe  foumettant  volontairement  à  Otton  Terzo 
&à  Pierre  Roffi ,  qui,  appelles  par  le  peuple,  &  re- 
connus pour  fouverains  en  1404,  en  reçurent  les  clefs 
de   la   ville ,   Se  le  bâton  de  commandement ,   après 


PAR 


S'être  juré  l'un  à  l'autre  une  union  fraternelle  ;  mais 
ils  violèrent  bientôt  ce  ferment.  Deux  mois  après  Terzo 
chafla  Roffi  ,  6c  tous  ceux  qui  le  favori foient.  Nico- 
las ,  marquis    d'Elt ,  dont  Terzo  tramoit  feerctement 
la  perte,   le  fit  aflaffiner  -l'an   1409.  Son  fils,  enfant 
d'environ   trois  ans ,   fut   reconnu   par    les  Parmefans 
pour  fon  fuccefleur  ,  par  les  foins  de  Charles  Foglia- 
ni ,  fon  aïeul  materne!.   Mais  les  Parmefans  abbatirent 
les  armoiries  qu'avoient  élevé  les  Viscomi  6c  les  Tcr- 
zi.    Le  marquis  d'Eft  gouverna  Parme  l'espace  de  27 
ans,   6c  l'an    141 2,   il  y  fonda  les   facultés  de  droit, 
de  philofophie  ,  6c  de  médecine ,  avec  la  permilïion 
6c  l'autorité  du  pape.  L'an  1420,  Philippe- Marie  s'em- 
para de  cette  ville  ;    mais  ce  ne  fut  pas   pour  long- 
tems  ;  car  il  fe  trouve  que  le  marquis    d  E/l  la  pos- 
féda  depuis  pendant  plufieurs  années.  Cependant   ce 
marquis ,  après  vingt-fept  ans  de  jouifiance ,  la  remit 
à  ce  duc  ,  qui  en  jouit  jusqu'à  fa  mort. 

Lorsque  Louis  XII  voulut  s'emparer  du  Milancz, 
dont  il  étoit  1  héritier  légitime ,  le  faint  fiége  rentra 
en  poffefiïon  de  Parme  6c  de  Plaifiincc. 

Après  la  mort  de  Philippe-Marie,  dernier  de  la 
maifon  des  Viscor.tis ,  les  Plaifantins  fecouerent  la  do- 
mination des  Milanoisj  &  comme  ils  ne  fe  fentoient 
pas  allez  forts  pour  tenir  tête  à  leur  ancienne  rivale, 
ils  prirent  le  parti  'de  fe  donner  à  la  république  de 
Venife  ,  qui  mit  dans  Plaifance  une  bonne  garnifon.' 
Mais  François  Sforce ,  qui  n'étoit  pas  encore  duc  de 
Milan  ,  attaqua  la  place  ,  &  chafla  les  Vénitiens. 

Les  Parmefans  de  leur  côté  avoient  les  mêmes  vues. 
Mais  François  Picinnini ,  général  des  Milanois,  ayant 
intercepté  quelques  lettres  de  Rofll ,  arrêta  par-là  l'ef- 
fet de  leurs  délibérations.  Parme  demeura  fous  la  dé- 
pendance de  la  nouvelle  république  de  Milan ,  6c 
pafla  bientôt  après  avec  elle  au  pouvoir  de  François 
Sforce,  qui  opprima  cette»  république  naiflhnte  &  tou- 
tes les  villes  qu'elle  avoit  alors  fous  fa  domination. 

Ce  prince,  6c  Galea-Marie  fon  fils,  trouvant  Par- 
me 6c  Plaifance  fous  le  joug  des  Viscontis ,  en  joui- 
rent comme  eux ,  fans  trop  s'informer  à  quel  titre 
l'acquifition  en  avoit  été  faite.  Sous  ces  deux  princes, 
ni  le  pape  ,  ni  l'empereur  ne  fongerent  à  réclamer  , 
l'un  les  deux  villes  qui  lui  appartenoient ,  l'autre  le  fou- 
verain  domaine  de  l'Empire  fur  le  Milanez.  On  n'é- 
toit alors  occupé  que  de  la  rapidité  des  conquêtes  de 
Mahomet  II ,  6c  le  pape  6c  l'empereur  travailloient  à 
réprimer  les  vaftes  progrès  d'un  ennemi  qui  les  me- 
naçoit  également.  Il  ne  fut  donc  point  queftion  d'in- 
velliture  de  part  ni  d'autre  ;  François  Sforce  laiiTa  ces 
états  indépendans  du  pape  6c  de  l'Empire  à  Galéas- 
Marie  l'an  1466. 

Ce  fils  fuivit  le  même  plan  de  politique  que  fon 
père ,  gouverna  despotiquement ,  &  fut  aflaffiné  au 
bout  de  dix  ans ,  laiflant  un  fils  Jean-Galeas ,  qui  n'a- 
voit  que  huit  ans ,  6c  qui  demeura  fous  la  tutelle  de 
Louis  le  More,  fon  oncle,  frerc  de  Galeas-Marie,  6c 
fils  de  François.  Louis  s'empara  de  route  l'autorité, 
empoifonna  fon  neveu ,  6c  fe  pourvut  d'une  invefti- 
ture  de  l'empereur  Maximilicn ,  qui  en  accorda  enfui- 
te  une  pareille  à  Louis  XIl ,  roi  de  France,  qui  s'en 
étoit  déjà  emparé,  en  fe  faififlant  de  Louis  le  More, 
qui  mourut  prifonnier  en  France. 

Louis  XII,  s'emparant  du  Milanez,  crut  que  Parme 
8c  Plaifance  étoient  membres  du  duché ,  &  s'en  faifit 
en  1499.  L'inveititure  ,  accordée  à  ce  roi  par  Maxi- 
milien,  eft  de  l'an  1 J05  ,  6c  fut  fuivie  quatre  ans 
après  d'une  féconde  peu  différente. 

Malgré  ces  actes,  Maximilicn  6c  le  pape  Jules  II, 
voyant  avec  chagrin  les  François  en  Italie  ,  fe  liguè- 
rent entre  eux  ,  6c  la  confédération  fut  lignée  folem- 
nellement  à  Rome ,  dans  l'églife  de  Sainte  Marie  del 
Popolo  le  j  Oétobre  151 1.  Un  des  articles  de  ce  trai- 
té portoit  que  Jules  devoit  recouvrer  tous  les  fiefs 
envahis  au  préjudice  du  faint  fiége  :  Parme  6c  Plai- 
fance s'y  trouvèrent  comprifes.  De  fon  côté  Jules  s'o- 
bligea d'entretenir  à  fa  folde  400  chevaux ,  6c  2000 
hommes  de  pied,  6c  de  fournir  tous  les  mois  1000 
écus  d'or.  Il  tint  parole ,  8c  dès  l'année  fuivante  il  fe 
trouva  avoir  à  fes  frais  800  gendarmes ,  6c  8000 
hommes  de  pied.  La  bataille  de  Ravenne  fut  donnée; 


PAR        837 

Maximilicn ,  fils  de  Louis  le  More ,  fut  mis  par  or- 
dre de  Jules  II ,  en  po."cffion  du  Milanez ,  6c  les  vil- 
les de  Plaifance  6c  de  Parme  furent  foumifes  au  faine 
fiége. 

Jules  II,  mourut  en  1 5  1  5  ,  6c  eut  pour  fuccefleur 
Léon  X,  6c  deux  ans  après  Louis  Xil ,  roi  de  Fran- 
ce, eut  pour  fuccefleur  François  I  .  qui  descendoit  corn* 
me  lui  de  Valcntine  de  Visconti ,  6c  avoit  les  mêmes 
droits. fur  le  Milanez.  Dès  la  première  année  de  fon 
règne  il  fe  reflaifit  de  ce  duché,  6c  obligea  Léon  X, 
à  lui  céder  Paime  6c  Plaifance.  Le  pape,  qui  n'étoit 
pas  en  état  de  lui  réfifter ,  fe  contenta  que  tout  le  fel 
pour  le  Milanez  fût  tiré  de  Cervia,  au  profit  du  pa- 
pe. En  outre  il  tâcha  de  mettre  fes  droits  à  couvert 
par  une  bulle  de  la  même  année.  La  défaite  de  Fran- 
çois I ,  devant  Pavie  ,  entraîna  la  perte  du  Milanez,  Se 
tut  caufè  que  Parme  6c  Plaifance  revinrent  au  faint 
fiége  l'an  152 1  :  c'étoit  une  des  conditions  de  la  ligue 
faite  contre  François  I.  Charles  V  accorda  à  Maxi- 
milieu  Sforce  l'invefiiture  du  Milanez  en  1525,  fans 
y  comprendre  ni  Parme,  ni  Plaifance,  ni  même  faire 
mention  d'aucune  prétention  que  l'on  eût  qu'elles  dé- 
pendifTcnr  de  ce  duché. 

Les  hiftoriens  qui  font  mention  de  cette  ligue  de  Léon 
X  &  de  Charles  V ,  s'accordent  à  dire  qu'une  des  con- 
ditions fut  que  Parme  6c  Plaifance  relteroient  au  faint 
fiége,  6c  qu'il  les  pofléderoit  avec  les  mêmes  droits 
qu'il  les  avoit  poflédées  auparavant.  Cette  dernière  ex- 
prefllon  ne  décidoit  rien.  Le  faint  fiége  qui  prétend 
avoir  la  propriété  de  ces  villes  de  plein  droit ,  l'enten- 
dit favorablement  à  fes  prétentions;  6c  dans  la  fuite 
les  flateurs  de  Charles  V  ,  lui  trouvèrent  un  autre  feus. 
Léon  X,  Hadrien  VI,  6c  Clément  VII ,  jouirent  à  pur 
6c  à  plein  de  cette  reflitution  ,  &  les  guerres  que  ce  der- 
nier eut  avec  Charles  V  ,  ne  nuifirent  point  aux  droits 
du  faint  fiége ,  qui  pofledoit  encore  ces  deux  villes  en 
1  J4j  ,  6c  tous  les  états  qui  en  dépendent.  Paul  III  oc- 
cupoit  alors  le  faint  fiége  :  c'efl  à  ce  pontife  que  com- 
mence la  maifon  des  ducs  de  Parme  6c  de  Plaifance. 

Etant  jeune ,  6c  dans  une  dignité  qui  ne  décidoit  pas 
aflez  fon  état,&  le  JaifFoir encore  dans  l'incertitude  s'il 
fe  marieroit,  ou  s'il  prendroit  les  ordres  facrés,  il  eut 
une  de  ces  occafions,  qui  déterminent  aifément  un  jeu- 
ne homme.  Une  fille  de  qualité ,  de  la  maifon  du  Ruffi- 
ni ,  le  fit  refoudre  au  mariage  ;  mais  comme  la  légation, 
dont  il  étoit  alors  revêtu  ,  étoit  un  obftacle  à  ce  ma- 
riage, 6c  qui!  falloit  opter  6c  renoncer  à  l'un  ou  à  l'au- 
tre ,  il  prit  le  parti  de  conferver  cette  dignité ,  6c  de 
tenir  le  mariage  fecret  ;  il  en  eut  deux  fils,  Pierre- 
Loitjr ,  6c  Alexandre  Farnefe  ,  6c  une  fille  nommée 
Confiance.  Leur  mère  mourut  avant  que  le  mariage 
fut  publié  :  leur  père  fe  donna  entièrement  à  l'égli- 
fe, parvint  au  cardinalat,  6c  enfin  fut  élu  Pape.  Il 
n'oublia  point  fes  enfans  dans  ces  différens  états. 

Ses  ancêtres  avoient  prêté  divetfes  fouîmes  aux  pa» 
pes ,  6c  la  chambr^npoftoliquc  ne  s'étoit  pas  preffée 
de  les  acquitter.  Sa  famille  pofledoit  Nepi ,  6c  Fras- 
cati.  Ce  dernier  lieu  étoit  d'autant  plus  à  la  bienfénn- 
ce  des  papes  ,  qu'étant  aux  portes  de  Rome ,  6c  in- 
dépendant de  leur  autorité  temporelle ,  il  fervoit  de 
retraite  à  tous  les  mal-intentionnés.  Paul  III  le  céda 
au  faint  fiége  à  perpétuité,  &  éteignit  les  dettes  6c 
les  prétentions  que  fa  famille  pouvoit  former  fur  le 
faint  fiége  ;  mais  il  lui  procura  un  dédommagement 
avantageux  :  il  fit  entendre  que  la  fureté  6c  le  bien 
du  faint  fiége  demandoient  qu'on  donnât  pour  ton- 
jours  l'inveititure  de  Parme  6c  de  Plaifance  à  un  prin- 
ce qui  y  réfidât  actuellement,  6c  qui  fe  reconnût  vaflal 
du  faint  fiége  ;  qu'ainfi  on  effaceroit  les  préjugés  que 
pouvoit  occafionner  la  longue  ufurpation  des  Vis- 
contis 6c  des  Sforces.  L'affaire  fut  examinée  dans  un 
confiltoire  ,  6c  à  la  réferve  de  deux  ou  de  trois  car- 
dinaux elle  pafla  d'un  confentement  unanime.  En  con- 
formité de  ce  décret  on  donna  le  1 2  d'Août  de  la  mê- 
me année  1545,  l'inveftiture  des  états  de  Parme  Se  de 
Plaifance  à  Pierre  Louis  Farnèfe,  6c  à  fes  descendans 
mâles  à  perpétuité.  Ce  prince  ,  premier  duc  de  Par- 
me, avoit  deux  fils-,  Oérave  qui  avoit  alors  vingt  ans, 
8c  Alexandre ,  qui  étoit  encore  au  berceau  ;  ils  furent 
compris  avec  lui  dans  l'inveftiture  6c  acquéroient  par- 


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PAR 


PAR 


l.i  un  droit  actuel  en  vertu  de  cet  acte.  Charles  V 
ne  fit  pas  alors  la  moindre  démarche  pour  traverfçr 
un  établiffement  qui  auroic  dû  dépendre  de  lui,  fi 
Panne  oc  Plaifance  euffertt  été  alors  regardées  comme 
des  Fiefs  de  l'Empire  ou  du  Milanez.  Pierre-Louis  ar- 
riva à  Plaifance,  Se  en  prit  poffeffion  aux  acclamations 
du  peuple  qui  voyoit  avec  joie  un  fouverain  par  la 
préfence  duquel  il  esperoit  fe  voir  délivré  de  la  ty- 
rannie des  nobles.  En  effet  il  érigea  un  tribunal ,  où 
toutes  les  femaines  il  rendoit  juftice ,  Se  donnoit  au- 
dience ,  écoutant  les  plaintes  de  tous  fes  fujets  fans 
diftinction.  Il  fortifia  la  ville  de  Plaifance,  l'entoura 
d'une  muraille  au  lieu  du  foffé  de  terre  qu'il  y  avoit 
auparavant.  11  fit  commencer  une  citadelle  qu'on  y  voit 
encore  ;  Se  pouffa  l'ouvrage  avec  tant  de  foin ,  qu'en 
trois  mois  la  muraille  fur  élevée  jusqu'au  cordon  ,  -avec 
de  grands  Se  vaftes  foffés.  Les  nobles  piqués  de  voir 
qu'il  arrêtoit  leurs  ufurpations  le  firent  affaffiner  le  10 
Septembre  14)  7.  Charles  V  fut  foupeonné  d'être  com- 
plice de  cet  afùlïinar. 

Le  marquis  de  Gonzague ,  gouverneur  du  Milanez 
pour  Charles  V ,  Se  ennemi  juré  des  Farnèfes,  en  étoit 
complice  Se  la  ville  refta  au  pouvoir  de  Charles  V , 
tant  qu'il  continua  de  gouverner  l'Empire. 

Octave  ne  fuccéda  d'abord  qu'au  duché  de  Parme, 
&  en  fit  hommage  au  faint  fiége.  Son  mariage  avec 
Marguerire,  fille  naturelle  de  Charles  V  ,  lui  fit  ren- 
dre Plaifance ,  Se  les  lieux  qui  en  dépendent.  Philip- 
pe II  les  lui  rendit  à  condition  qu'il  refteroit  dans 
le  château  de  Plaifance  une  garnifon  espagnole ,  qu'Oc- 
tave entretiendroit  ,  Se  qu'il  enverroit  à  Milan  ion 
fils  unique  nommé  Alexandre. 

Le  prince  Alexandre,  qu'Octave  avoir  été  obligé  d'en- 
voyer à  Milan ,  s'attacha  à  l'Espagne  &  au  fervice  de 
Philippe  II.  Il  devint  un  des  plus  grands  capitaines 
de  fon  fiécle ,  Se  Philippe  le  regardoit ,  avec  juftice  , 
comme  un  des  plus  fermes  appuis  de  fa  couronne. 
Octave  ,  profitant  d'une  oeccafion  auffi  favorable ,  fit 
demander  à  Philippe  la  reftitution  du  château  de  Plai- 
fance ;  Se  après  de  longues  conteftations  il  l'obtint  ; 
mais  il  mourut  peu  après  en  1586.  Alexandre,  fon  fils 
&  fon  fucceffeur ,  jouit  paisiblement  des  duchés  jusqu'à 
fa  mort,  qui  arriva  l'an  1592. 

Rainuce,  fon  fils  aîné ,  lui  fuccéda ,  Se  l'année  fuivan- 
te  ,  au  mois  de  Septembre ,  rendit  l'hommage  public  , 
Se  prêta  le  ferment  de  fidélité  par  fon  ambafiadeur  à  Ro- 
me. Le  bruit  des  inveftitures  fecrettes  étoit  déjà  répan- 
du :  il  en  fut  averti ,  &  fâché  qu'on  le  foupçonnât  du  cri- 
me de  félonie  envers  le  faint  fiége ,  il  écrivit  deux  lettres 
fort  vives  fur  ce  fujet.  L'une ,  qui  eil  toute  de  fa  main , 
adreffée  au  pape  Clément  VIII ,  &  l'autre,  qui  eft  beau- 
coup plus  longue,  eft  adiefiee  au  commiffairede  la  cham- 
bre apoilolique.  Dans  ces  lettres ,  il  dételle  ces  faux 
bruits  comme  injurieux  à  la  mémoire  de  fon  père ,  à 
celle  de  fon  aïeul,  &  à  fa  propre  Réputation  ,  &  com- 
me préjudiciables  au  fouverain  domaine  du  faint  fié- 
ge, qu'il  reconnoît  lui  même  fans  aucune  ambiguité 
Se  fans  aucune  reftriction.  Ces  lettres  furent  publiques: 
ni  l'Espagne ,  ni  l'Empire  ne  firent  aucune  démarche 
pour  défendre  leurs  prétendus  droits.  C'étoit  le  rems 
de  montrer  ces  inveftitures,  fi  elles  euffent  été  réelles. 
Rainuce  paya  exactement  le  cens  d'année  en  année  au 
faint  fiége,  Se  mourut  dans  les  mêmes  fentimens  qu'il 
avoit  fait  éclater  durant  fa  vie.  Odoard  ,  fon  fils ,  lui 
fuccéda  en  KÎ22,  &  fit  prêter  au  pape  le  ferment  de 
fidélité  dès  la  même  année. 

Il  n'eut  pas  pour  l'Espagne  le  même  attachement 
qu'Alexandre  fon  aïeul  avoit  eu  ;  il  fit  une  ligue  avec 
Louis  XIII ,  roi  de  France ,  contre  Phlippe  IV  ,  roi 
d'Espagne,  reçut  des  troupes  françoifes  dans  les  villes 
de  Parme  Se  de  Plaifance.  Odoard  fit  armer  fes  fujets  ; 
en  un  mot ,  la  rupture  éclata.  Philippe  s'unit  avec  l'en> 
pereur  Ferdinand  III  ,  feigneur  fouverain  du  Milanez  , 
Se  par  conféquent  intéreffé  à  défendre  le  fief  Se  le 
feudataire.  Si  l'Empire  Se  l'Espagne  avoient  regardé 
Parme  Se  Plaifance  comme  deux  fiefs  du  Mila- 
nez, ils  dévoient  parler  fur  ce  ton  là  :  mais  non;  ils 
s'adrcflerent  au  pape  Urbain  VIII ,  qui ,  fe  conformant 
à  leurs  defirs  ,    envoya  deux  brefs  coup   fur  coup  > 


Odoard,  & ,  voyant  que  le  duc,  fans  égatd  pout  \i 
première  remontrance'^  pour  la  féconde  ,  ne  vouloir 
pas  renoncer  à  fes  engagemens,  il  joignit  l'autorité  aux 
exhortations  ;  Se  ,  pallant  plus  avant  ,  comme  fon 
fouverain  feigneur  ,  il  le  traita  en  feudataire  con- 
tumace, publia  contre  lui  un  monitoire  rigoureux,  Se 
y  fit  inférer  les  deux  brefs ,  pour  faire  connoître  à  tout 
le  monde  la  manière  gracieufe  dont  il  avoit  averti  le 
duc  en  qualité  de  père  commun,  Se  que  ce  n'était  que 
par  néceffité  qu'il  lui  parloir  en  fouverain.  Le  pontife  , 
aigri  par  les  ambaffadeuts  d'Espagne  &  de  Vienne , 
voulut  en  venir  au  dernier  remède  ;  mais  le  gouver- 
neur de  Milan  fit  plus  qu'Urbain  ne  vouloit  :  il  fit 
piller  le  pays  du  duc  de  Parme  par  une  armée.  Le  duc 
n'ayant  pas  tué  des  François  les  fecours  qu'il  en  atten- 
doit ,  s'accommoda  avec  les  Espagnols  pat  le  moyen  des 
Florentins;  mais  le  pape  fe  vengea  d'Odoard  par  l'af- 
faire de  Caftro.  Voyez.  Castro.  Odoard  étant  mort  en 
1646,  Rainuce  II  lui  avoir  fuccédé  ;  ce  fut  proprement 
fous  lui  que  fe  fit  l'invafion  de  Caftro  ,  rapportée  dans 
l'article  cité.  Il  mourut  l'an  1693.  Odoard ,  fon  fils  aîné, 
étoit  mort  avant  lui ,  Se  avoit  laifle  une  douanière  ,  la 
princeffe  Dorothée  de  la  maifon  Palatine.  François , 
frère  d'Odoard  &  fucceffeur  de  Rainuce,  l'époufa  ;  Se 
leur  mariage  ayant  été  ftérile  ,  il  s'attacha  à  l'éducation 
d'une  princeffe  nommée  Elizabcth ,  qui  étoit  née  du 
premier  mariage.  C'eft  la  même  que  le  roi  d'Espagne 
époufa  enfuite. 

François  Farnèfe,  duc  de  Parme  ,  n'ayant  point  d'en- 
fans ,  Se  voyant  fon  frere  Antoine  peu  dispofé  au  ma- 
riage ,  fouhaita  qu'après  l'extinction  de  fa  famille ,  l'In- 
fant D.  Carlos ,  fils  de  la  princeffe  Elizabeth  ,  pût  re- 
cueillir fa  fucceifion  ;  Se  comme  on  voyoit  le  duché  de 
Toscane  prêt  à  manquer  de  fucceffeurs  dans  la  mai- 
fon de  Médicis ,  par  l'état  infirme  du  grand  duc ,  donc 
le  mariage  étoit  ftérile,  S9  qu'enfin  le  plus  proche 
héritier  étoit  le  duc  de  Parme  Se  de  Plaifance ,  la  Fran- 
ce fut  la  première  à  propofer  de  foi  mer,  en  faveur 
de  don  Cailos,  un  état  de  ces  trois  duchés.  Une  ré- 
folution  prife  à  Rome  ,  de  réunir  à  la  chambre  apos- 
tolique tous  les  fiefs  qui  lui  feroient  dévolus  à  l'ave- 
nir ,  fembloit  un  obftacle  à  ce  projet  ,  dans  lequel 
la  cour  de  Londres  étoit  entrée.  L'empereur  profita 
de  cette  difficulté ,  ranima  fes  prétentions  ,  confentit 
de  donner  à  l'Infant  une  inveftiture  éventuelle,  que  la 
France  Se  l'Angleterre  acceptèrent.  Par-là  elles  lui  ac- 
cordoient  une  fupériorité  territoriale  que  l'Empire  n'a- 
voir pas  auparavant  fur  les  deux  duchés  de  Parme  Se 
de  Plaifance.  Ce  pas  fait,  l'empereur  agit  en  fouve- 
rain envers  l'Infant.  François  étant  mort  au  mois  de 
Février  1727»  Antoine  fon  frere  lui  fuccéda,  &  épou- 
fa une  princeffe  de  la  maifon  de  Modene.  La  cour 
de  Vienne  compta  bien  que  ce  mariage  rendroit  inu- 
riles  les  inveftitures  éventuelles  promifes ,  Se  qu'elle 
ne  laifferoit  pas  d'avoir  gagné  ,  en  les  accordant , 
une  reconnoiffance  publique  de  fes  droits  fur  ces 
états  ;  mais  l'événement  ne  répondit  pas  à  fes  espé- 
rances. Le  duc  Antoine ,  dernier  duc  de  Parme  de 
la  maifon  Farnèfe,  mourut  au  mois  de  Janvier  1732. 
La  duchefiè  Henriette  feignit  d'être  enceinte,  Se  fous 
ce  prétexte  la  fucceflïon  de  don  Carlos  fut  retardée. 
Enfin  l'illufion  fe  diffipa  ,  Se  ce  prince  jouiffoit  pour 
lors  des  deux  duchés ,  en  attendant  la  mon  du  grand 
duc ,  qui  le  devoir  mettre  en  poffeffion  du  grand  du- 
ché de  Toscane.  Cette  mort  eft  arrivée.  11  a  conquis 
les  royaumes  de  Naples  Se  de  Sicile,  Se  a  cédé  en 
1735  fes  droits  fur  les  duchés  de  Parme  ,  Se  de  Plaifance 
à  la  maifon  d'Autriche  qui  en  a  joui  jusqu'au  rraiic 
d'Aix  la  Chapelle  de  1748,  fuivant  lequel  les  deux  duchés 
de  Parme,  Se  de  Plaifance  avec  celui  de  Guaftalla  ont 
été  cédés  à  don  Philippe  ,  infant  d'Espagne  ,  frere  de 
don  Carlos.  IL  n'eft  pas  néceffaire  de  marquer  ici 
ce  qui  a  porté  toute  la  maifon  de  Bourbon  &  cel- 
le de  Savoye  ,  à  s'unir  contre  l'empereur ,  pour 
avoir  fatisfaction  des  outrages  faits  à  Staniflas  ,  roi  de 
Pologne ,  beau-pere  du  roi  très-chrétien ,  par  l'empereur 
Se  fes  alliés ,  Se  des  traverfes  fuscitées  à  l'Infant  don  Car- 
los", pour  empêcher  ou  retarder  la  prife  de  pofleiïion 
de  fes  états  en  Italie,  Se  pour  d'autres  griefs  amplement 
déduits  dans  les  raanifeftes  de  ces  puiffances.  *  Dtfcr- 


PAR 


PAR 


taùon  hiftoriqiu  fur  les  Duchés  de  Parme  &  de  Plai- 
sance,  in  40  à  Cologne,  en  1722. 

La  ville  de  Parme  eit  grande,  &  a  quatre  milles  de 
circuit.  Elle  eit  partagée  en  deux  parties  par  la  rivière 
appellée  la  Parma  ,  qui  fe  jette  dans  le  Pô  a  trois  lieues 
au-dcflbus  de  la  ville.  Cette  rivière  n'elt  pas  navigable. 
L'abord  de  Parme  eit  fort  agréable ,  Se  la  ville  cil  belle. 
Les  rues  en  font  droites  Se  larges  :  comme  elle  eft  en 
plaine,  il  n'y  a  ni  à  monter  ni  a  descendre.  L'air  y  eit 
fi  pur,  que  plusieurs  de  fes  habitans  ont  vécu  cent  vingt 
Se  cenc  trente  ans.  Je  ne  fais  où  l'auteur  des  voyages 
historiques  de  l'Europe  a  trouvé  que  Parme  eit  parta- 
gée en  trois  parties  par  la  rivière,  fut  laquelle  on  a  con- 
finât des  ponts  pour  leur  communication.  Ces  trois 
parties  le  réduifent  à  deux.  La  ville  même  ,  ou  fa  prin- 
cipale partie  ,  eit  au  midi  de  la  rivière.  Parmi  un  allez 
grand  nombre  d'églifes,  de  couvens,  Se  d'édifices  re- 
marquables ,  il  y   a  la  cathédrale  ,   dont   l'évêque  eit 
fuffragant  de  Bologne  depuis  quelque  tems  ;  auparavant 
il  l'étoit  de  Ravenne.  L'abbé  de  Commanville  a  fait  un 
fi  grand  nombre  de  fautes  au  fujet  de  Parme  dans  fa  ta- 
ble alphabétique  des  archevêchés  &  évêchés  ,  que  nous 
croyons  devoir  en  épargner  la  réfutation  au  lecteur. 

Baronius  fait  mention  des  évêques  de  Parme  dès  les 
premiers  fiécles  de  l'Eglife.  Il  eit  vrai  que  le  premier 
évêque ,  dont  on  fâche  le  nom ,  c'eit  Gratiofus ,  qui 
fouferivit  à  l'épitre  du  concile  romain  tenu  fous  le  pa- 
pe Agathon  ,  l'an  680  ;  mais  Parme  avoit  des  évêques 
depuis  long-rems.  Valentinien  ayant  pris  en  affection  la 
ville  de  Ravenne  vers  l'an  426 ,  lui  accorda  ,  ou  pro- 
cura d'extrêmes  faveurs.  Réfolu  de  reconnoître  les  bien- 
faits de  Dieu  qui  venoit  de  favorifer  fes  armes ,  il  en 
marqua  fa  reconnoifiance  à  l'églife  de  Ravenne,  Se  à 
l'archevêque  Jean,  qui  occupoit  alors  ce  flege.  Si  l'on 
en  croit  le  Roïïi ,  on  garde  encore  à  Ravenne  le  diplô- 
me ,  par  lequel  cet  empereur  foumettoit  à  ce  fiége  les 
évêques  de  l'Emilie  ,  Se  nommément  ceux-ci  :  Satjenx , 
Cajcnœ ,  Forum  Fopuli ,  Forum  Livii ,  Faventia ,  Fo- 
rum Comelii,  Bononix. ,  Mutina,  Regii  ,  Parmœ  >  Pla- 
centia,  Brixelli  ,Vicohabentu,  Hadriœ,  Se  tous  les  mo- 
nafteres ,  &c.  Bologne  étoit  elle-même  comptée  entre 
les  évêchés  fufFragans  de  Ravenne  ,  lorsque  Grégoire 
XII ,  dont  elle  étoit  la  patrie  ,  l 'érigea  en  archevêché  au 
feiziéme  fiécle.  Parme  fut  un  des  fiéges  que  l'on  attacha 
à  cette  nouvelle  métropole.  *  Rubeis ,  Hiit.  Ravenn. 
1.  2.  p.  97. 

Le  dôme  de  la  cathédrale  eit  peint  par  le  Corrége. 
Cette  églife  eit  à  trois  nefs  >  fur  des  piliers  fort  hauts. 
Le  baptiftère  eit  un  édifice  ifolé  Se  octogone.  L'églife 
de  faint  Jean  eft  aufîï  très-digne  d'être  vue  ;  celle  de  la 
Steccata  eft  remarquable  par  fon  archi-ecttue  ,  Se  par- 
la beauté  de  fes  peintures.  Aux  Capucins  eft  le  tombeau 
d'Alexandre  Farnèfe  ,  duc  de  Parme ,  &  gouverneur  des 
Pays-Bas.  Il  eft  enterré  à  l'entrée  de  la  porte ,  comme 
il  l'avoir  ordonné  par  fon  teltament  par  humilité. 

Le  palais  eft  fort  grand  ,  Se  peut  loger  commodé- 
ment plufieurs  princes.  On  y  voit  une  fale  de  cent  pas 
de  long,  Se  de  cinquante  de  large.  Les  appaitcmcns 
font  ornés  de  peintures  exquifes.  11  s'y  trouve  des  piè- 
ces originales  des  plus  fameux  maîtres  de  l'Italie.  Les 
écuries  font  belles.  Le  grand  théâtre  eft  une  chofe 
rare;  quoique  d'une  grandeur  extraordinaire,  on  y 
eft  entendu  de  par  tout ,  quelque  bas  qu'on  y  parle. 
*  Voyez.  Miffbrt,  t.  3.  p.  4.  Adijjon  ,  p.  275. 

Le  palais  dont  on  vient  de  parler ,  eft  au  midi  de 
la  rivière  ,  qui  le  fépare  de  la  citadelle  ,  où  eft  un  afièz 
bel  édifice.  C'eft  un  carré  aufïï  long  que  la  forterefie , 
&  il  y  a  quatre  ballions  ;  deux  le  long  de  la  rivière  , 
un  troifiéme  du  côté  de  la  campagne  ,  Se  le  quatrième 
vers  la  ville  Se  le  jardin  de  la  cour ,  qui  eft  borné  au 
nord  Se  à  l'orient  par  le  rempart,  qui  fait  l'enceinte, 
au  midi  par  la  citadelle  ,  dont  un  fofle  le  fépare  ;  au 
couchant  par  une  rue  qui  fe  termine  à  la  porte  de  Ste 
Croix ,  qui  eft  au  nord.  Cette  même  partie  de  la  ville 
a  encore  une  autre  porte;  mais  à  l'occident,  elle  porte 
le  nom  de  S.  François.  La  partie  méridionale  de  la  vil- 
'le  a  trois  portes  -,  celle  de  S.  Barnabe  à  l'orient  ,  celle 
de  S.  Michel  au  midi ,  Se  la  porte  neuve  au  couchant. 
Le  palais  Se  la  citadelle  communiquent  par  un  pour 
qui  a  quatre  arches.  Les  deux  autres  ponts  ,  par  lesquels 


39 


les  deux  parties  de  la  ville  fe  communiquent ,  ont  cinq 
arches.     , 

Outre  les  écoles  ordinaires  de  l'univerfité  ,  il  y  a  un 
grand  Se  beau  collège  ,  qu'on  appelle  le  Collège  des  No- 
bles. Les  écoliers  de  toutes  nations  y  peuvent  être  ad- 
mis, pourvu  qu'ils  ayent  la  noblefie  requife  pour  être 
chevaliers  de  Malthe.  On  leur  enfeigne  toutes  fortes  d'e- 
xercices, &  ils  y  font  routes  fortes  d'études,  mais  en 
payant  plus  ou  moins;  les  penfions  font  différentes  à 
proportion  du  nombre  des  maîtres  qu'ils  occupent,  lis 
mangent  enfemble  dans  une  espèce  de  réfectoire;  il  y  a 
des  chambres  pour  deux  cens  foixante  élevés',  pour- 
leurs  profefleurs  ,  officiers  Se  domeltiques. 

Il  y  avoit  dans  le  palais  des  ducs  de  Parme ,  une  bi- 
bliothèque rrès-nombreufe  ,  où  l'on  trouvoit  quantité 
de  bons  manuferits,  Se  un  cabinet  de  médailles  très- 
bien  rempli  ;  mais  don  Carlos  ,  roi  de  Naplcs ,  en  quit- 
tant Parme,  fit  transporter  à  Naples  la  bibliothèque  & 
le  médaillier.  Cette  ville  eft  la  patrie  du  poëtc  Caffius 
Se  du  célèbre  Macrobe. 

Le  duché  de  Parme  eft  borné  au  nord  par  le  Pô  ,  qui 
le  fépare  du  Crémoneze ,  qui  eft  du  Milanez.  Il  confi- 
ne par  l'angle  du  nord-eft  au  Mantouan.  Il  a  à  l'orient 
Se  au  fud-eit  le  duché  de  Modene ,  Se  pour  voifins  au 
midi ,  le  pays  d'auprès  de  Pontremoli  ,  qui  eft  du  du- 
ché de  Toscane  ,  Se  l'état  de  Gènes  ;  Se  au  couchant  il 
aie  duché  de  Plaifunce.  Voila  pour  le  duché  de  Par- 
me ,  ou  le  Parmefan  proprement  dit ,  qui  eft  un  pays 
délicieux  Se  très  fertile. 

Les  états  du  duc  de  Parme  font  plus  étendus ,  Se 
comprennent 


Les  duchés  de 


f  Parme , 
\    Plaisance, 

^*    GlJASTALLA. 


Les  états  de 


ç   Busseto, 

c   Val  di  taro. 

La  principauté  de  ^    Novellara.. 


Il  réclame  le  duché  de  Castro  ,  Se  le  comté'de  Ron- 
ciglione;  Si  j'ai  marqué  au  mot  Castro,  fur  quoi 
fon  droit  eit  fondé.  Voyez,  les  autre*  articles. 

Je  ne  parle  point  ici  de  l'ifle  de  Ponza  »  fur  la  côte 
de  Naplcs ,  ni  des  autres  fiefs  que  le  duc  de  Parme  pos- 
fede  ou  doit  polléder  ,  dans  ce  royaume. 

Entre  les  duchés  de  Parme  Se  de  Plaifance ,  font  les 
états  de  Pallavicini  Se  de  Landi  ,  que  les  cartes  ont 
coutume  de  diitinguer  de  ces  duchés ,  parce  qu'autre- 
fois ils  faifoient  deux  petits  états  féparés.  Le  premier 
contient  le  marquifat  de  BulTeto  ,  &  B01  go  San  Domino , 
ville  épiscopale.  L'état  de  Pallavicini  appartient  au  duc 
de  Parme  entièrement.  Celui  de  Landi  eit  partagé  entre 
le  duc  qui  y  poflede  Borgo  di  Val  de  Taro,  Se  le  prin- 
ce de  Doria  qui  y  jouit  de  Bardi.   . 


Table  Géographique  de  l'Ftat  de  Parme  &  de 
Plaisance. 


Les  Villes  &  Bourgs  du  Duché  de  Parme  font 


Parme ,  capitale  Se  évê- 

ché  , 
Colorno  , 
Baganzola , 
Mezzans  di  Rondini , 
Coltaro, 
Torricella  , 
Roccabianca , 
Si  fia , 

San  Secondo , 
Saragna  , 
Fontanellato, 
C.  Guelfo  , 
Noccto  , 
Colta  Mezzana , 
Tabiano, 
Gallinella  ± 


Varano  de  Marchefi , 

Medefano, 

Madregole  , 

Vaiano  de  Melagri , 

Rocca  Lanzone, 

Foinuovo  , 

Fcllinp  , 

Torchiara  Rocca , 

Sala, 

Guardafone, 
Rofièin  ,  comté, 
Cornegliano , 
Caleftano  , 
Vigulone , 
Belvédère , 
Belfovte, 
Moflale» 


840      PAR 

L'État  de  Pallavicini  comprenoit 

Buffeto  ,  marquifat ,  Gibello. 

Burgo  San  Domino ,  évêché  ,  Coite  Maggiore , 
.Monticello ,  Fiorenzula. 

Le  duché  de  Plaisance.  Voyez,  Plaisance. 
La  principauté  de  Landi  ne  contient  que  trois  lieux 
remarquables , 

Borgodi-ValdiTaro.y    uducdeparm 

Compiano_,  J 

Bardi ,   ^.  Au  prince  Doria. 

Robbe  donne  au  duc  de  Parme  Massa  ,  duché  -, 
Carrara  ,  principauté  ;  Fosdinuovo  ,  marquifat.  Ces 
trois  petites  feigneuries  font  un  état  poffédé  par  le  duc  de 
Mafia ,  qui  eft  de  la  maifon  de  Cibo. 

PARMECAMPI ,  peuples  de  la  Germanie.  Ptolomée , 
1.1.  c.  11.  les  place  fur  le  Danube. 

PARMESAN.  Voyez.  Parme. 

PARMISSUS.  Voyez.  Permessus. 

PARMONGA  ,  vallée  de  l'Amérique  méridionale, 
au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Lima,  au  nord  de  cette 
ville  ,  entre  le  lac  de  Bonbon  à  l'orient ,  8c  la  côre  de  la 
mer  du  Sud  à  l'occident.  Les  bois  font  fi  épais  dans  cette 
vallée,  &  le  pays  eft  fi  défère,  qu'il  femble  qu'on  ne 
l'ait  jamais  habité.  Tout  ce  qu'on  y  trouve  aujourd'hui  de 
remarquable  ,  ce  font  lesruines  d'un  palais  ou  d'un  châ- 
teau ,  qui  paroît  avoir  été  bien  fortifié ,  &  qui  étoit  peint 
en  dedans.  Garcillafib  de  la  Vega ,  /.  6.  c.  3  2.  rapporte 
que  cette  vallée  qu'il  appelle  Parmunca  ,  8c  celles  qui 
font  au-voifinage  furent  jointes  au  royaume  de  Cusco  , 
par  l'inca  Pachacutec,  après  quelcCuraca  Chimu  eut 
été  fubjugué.  L«s  incas  faifoient  grande  eftime  de  cette 
vallée  ,  où  ils  avoient  fait  bâtir  le  château  dont  je  viens 
de  parler.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy.  De  La'ét ,  Defc. 
des  Indes  occidentales,  1.  10.  c.  21. 

PARNAC  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Berri ,  fur  la 
petite  reviere  d'Abloux  ,  élection  de  Blanc.  K  y  a  dans 
ce  bourg  une  commendet  ie  peu  confidérable  ,  &  une  foi- 
re le  lendemain  de  la  S.  Martin. 

PARN  ASII  DITOCHTHONES  ,  peuples  qui ,  com- 
me les  Troglodytes  ,  habitent  fous  terre,  félon  Ortelius , 
Thefaur.  qui  cite  Euftathe ,  in  Dionyjium  ;  mais  ce  der- 
nier ne  dit  point  en  quel  pays  du  monde  habitoient  ces 
peuples. 

PARNASUS.  Voyez  Parnassus  8c  Paropami- 
st;s. 

1.  PARNASSUS  ,  ou  Parnasus  ,  fclon  Ptolomée  , 
/.  3.  c.  1  j.  montagne  de  la  Phocide,  confacrée  aux  Mu- 
fes ,  à  Apollon  &  à  Bacchus.  On  la  nommoit  ancienne- 
ment Larnassus  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Presque 
tous  les  po'etes  donnent  deux  fommets  à  cette  monta- 
gne. Lucain  ,  /.  5.  v.  73. dit: 

.  .  .  Parnajfits  gemino  petit  &ther a  colle , 
Morts  Phœbo  Bromoiqiiejacer. 

Et  Ovide ,  Metamorph.  I.  1.  v.  3 16. 

Mons  ibi  verticibus  petit  arduus  aflra  duobits , 
Nomme  Parnaffus  ,fuperatque  cacumine  aubes. 

Ce  fut  fur  cette  montagne  qui  tiroit  fon  nom  du  hé- 
ros Parnaffus  ,  fils  de  Neptune  8c  de  la  nymphe  Cléodo- 
re  ,  que  Deucalion  8c  Pin  ha  fe  retirèrent  du  tems  du  dé- 
luge ,  félon  les  poètes  ;  8c  c'eft  vers  le  lieu  où  étoit  la 
ville  de  Delphes ,  aujourd'hui  Caflri ,  que  l'on  peut  ju- 
ftifier  le  nom  de  Biceps ,  ou  les  deux  fommets  qu'on  a 
donnés  à  cette  montagne.  En  général  le  nom  de  Biceps 
ne  lui  convient  pas,  puisque  c'eft  une  grande  montagne 
qui  a  plufieurs  croupes  en  divers  endroits.  Mais  il  eft 
vrai  qu'au-deffus  de  Delphes ,  elle  en  a  deux  confidéra- 
bles  ,  qui  cachent  la  vue  des  autres,  &  de  l'entre-deux 
desquelles  fort  la  fontaine  Caitalienne ,  dont  l'eau  fai- 
foit  devenir  po'etes ,  8c  inspiroit  de  l'enthoufiasme  à 
ceux  qui  en   buvoient.  Spon ,  t.  2.  p.   37.   rapporte 


PAR 


dans  fon  voyage  de  Grèce,  que  cette  fontaine  coule  en- 
viron cent  pas,  dans  la  pente  du  rocher ,  où  elle  fait  de 
belles  cascades.  Au  fond  de  cet  entre-deux  du  rocher , 
ajoute-t-il ,  nous  apperçumes  trente  pieds  au-deffus  de 
notre  tête  une  ouverture  dans  le  roc ,  par  où  nous  jettâ- 
me's  des  pierres.  C'étoit  une  grotte  où  il  y  avoit  de  l'eau , 
&  ce  devoit  être  l'antre  des  nymphes  que  les  poètes  ap- 
pelloient  Antrum  Corychtm  ;  du  moins  n'en  trouve-t- 
on point  d'autre  qui  puiffe  avoir  été  ce  lieu  là.  L'eau 
de  la  fontaine  eft  excellente  ,  le  foleil  pouvant  à  peine 
y  donner  un  quart  d'heure  en  tout  le  jour ,  à  eau  le  de 
la  hauteur  de  la  roche  ,  qui  eft  derrière  8c  aux  deux  cô- 
tés. Trente  pas  au-deflbus  de  la  fource  de  cette  fontaine, 
il  y  a  un  bain  carré ,   à  trois  ou  quatre  degrés  taillés 
dans  le  roc ,  où  apparemment  l'on  faifoit  entrer  l'eau 
de  la    fontaine.  Spon  fut   curieux  de    vifiter   la  cime 
de  deux  croupes  du  Parnaffe ,  où  il  ne  trouva  que  des  ro- 
chers auiTi  anciens  que  le  monde  ,  fans  aucun  bâtiment. 
Il  y  a  feulement  ,    dit-il ,  proche  delà  une  dixaine  de 
hutesde  bergers,  8c  ils  donnent  à  ce  lieu  le  nom  à'Alo- 
na.  Enfuite  ,  pourfuivant  fon  chemin  fur  le  Parnaffe , 
en  tirant  vers  le  nord,  il  avança  cinq  ou  fix  mi  lies  dans 
des  fonds  de  vallons  8c  de  bocages  de  pins  très-agréa- 
bles ,  8c  propres  à   la  folitude  que  demande  la  poëfie. 
Du  refte  ,  c'eft  un  pays  fec  8c  ftérile.  Après  ces  vallons 
notre  voyageur  entra  dans  une  plaine  de  fept  ou  huit 
milles  de  tour  ,  où  il  y  avoit  quelques  terres  labourées, 
en  forte  qu'il  avoit  peine    à  croire   qu'il  fut  fur  une 
haute  montagne.  Il  s'arrêta  quelques  tems  auprès  d'une 
belle  fource ,  qui  pouffe  deux  ou  trois  bouillons  de  la 
groffeur  de  la  tête-,  &  fait  en  fortant  un  ruiffeau  de 
fept  à  huit  pieds  de  large  ,  qui  roule  deuxou'troiscens 
pas  parmi  les  cailloux ,  8c  va  fe  jetter  dans  un  étang 
au  milieu  de  la  plaine.  Les  Grecs  appellent  cette  fon- 
taine Drofenigo.  L'eau  en  eft  fraîche,  &  fort  bonne  à 
boire.  Elle  coule  toute  l'année  ;  mais  elle  a  moins  d'eau 
au  printems,  qu'en  toute  autre  faifon.  L'étang  fe  dé- 
borde de  tems  en  tems  par  les  pluies  8c  par  l'abon- 
dance de  cette  fontaine.  11  fe  décharge  par  un  autre 
ruifieau  qui  en  fort,   8c   va  s'engouffrer  par    une  ou- 
verture étroite  fous  le   rocher.  On    tient  que  c'eft  la 
même  eau  ,  qui  fot t  au-deffous  de  Caftri ,  8c  qui  fait 
la  petite  rivière  Sizalisca.  Cette  plaine  s'étend  jusqu'au 
pied  du  Liacoura  ,  qui  eft  ordinairement  couvert  de  nei- 
ge toute  l'année;  ce  qui  lui  a  fait  donner  par  le  poëte 
Panyafis  dans  Strabon ,  le  nom  de  NiçÔutci.  Il  y  a  de  cet 
endroit  encore  pour  deux  bonnes  heures  à  monter  jus- 
qu'au fommet  ;  de  forte  que  le  Parnaffe  eft  une  des  plus 
hautes  montagnes  du  monde.  On  le  découvre  aifément 
de  la  fortereffe  de  Corinthe ,    qui  en  eft  éloignée  de 
plus  de  quatte-vingt  milles.  S'il  étoit  détaché  des  mon- 
tagnes voifines  comme  le  mont  Athos ,  il  paroîtroit  en- 
core de  plus  loin.  Il  a  de  tour  une  grande  journée  de 
chemin  ,  8c  n'eft  habité  que  vers  le  bas  ■■,  parce  que  c'eft 
une  montagne  fort  féche  8c  fort  froide.  Le  Parnaffe  a 
au  midi  la  montagne  de    Cyrphis,  que  les  Grecs  d'à 
préfent  appellent  Stiva ,  à  caufe  d'un  village  de  ce  nom 
qui  eft  au-deffus.  Au  levant  il  a  la  montagne  d'Hélicon  » 
cV  le  village  de  Daulia  ;  au  nord   la  plaine  qui  eft  au- 
tour du  village  de  Turcochori ,  où  étoit  autrefois  Ela- 
tea ,  8c  la  rivière  Cephiffus ,  8c  au  couchant  la  plaine 
de  Salona. 

2.  PARNASSUS,  ville  de  la  Galatie.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  d'Ancyi  e  à  Céfarée ,  en 
paffant  par  Nyffa  ,  entre  Aspona  ,  8c  NyJJa  à  vingt-deux 
milles  de  la  première,  8c  à  vingt-quatre  milles  de  la 
féconde. 

3.  PARNASSUS,  ville  épiscopale  de  la  féconde  Ga- 
latie. rtheognnftus  ,  fon  évêque  ,  fouferivit  au  concile  de 
Conftantinople  ,  tenu  l'an  870.  *  Hurduin.  colleér. 
conc.  t.  5.  p.  928. 

1.  PARNAU,  ou  Pernau,  ville  de  l'empire  Rus- 
fien,  dans  la  Livonie  ,  fur  la  petite  rivière  de  Parnau 
ou  Parnou  ,  qui  lui  donne  fon  nom.  Cette  ville  qui  eft 
partagée  en  vieille  8c  en  neuve  ,  a  eu  rang  parmi  les 
villes  anféatiques,  quoiqu'elle  n'eût  presque  point  d'au- 
tre commerce  que  celui  du  bled.  Elle  a  un  château  bâ? 
ti  de  bois  ,  auffi-bien  que  fes  maifons  8c  fes  églifes.  Elle 
a  été  fouvent  prife  8c  reprife  par  les  Suédois  ,  les  Po- 
lonois  8c  les  Moscovites.  Ces  derniers  s'en  rendirent  les 

maîtres 


PAR 


PAR 


maîtres  en  1617  ,  &  l'ont  confervée  depuis  ce  tems.  * 
Olearius  ,  Voyage  de  Moscovie,  1.  1.  p.  49. 

2.  PARNAU  ,  ou  Parnou  ,  rivière  de  l'empire  Rus- 
fien  ,  dans  la  Livonie.  Elle  a  fa  fource  dans  une  grande 
forêt,  auprès  de  la  petite  rivière  de  Beca  ,  8c  du  châ- 
teau de  Weiflenftein.  Elle  fe  charge  dans  fa  courfe  des 
eaux  dts  rivières  de  Fêla  &  de  Pernkeia,  après  quoi 
elle  va  fe  jetter  à  Parnau  dans  le  golfe  de  Riga.  *  Olea- 
rius ,  Voyage  de  Moscovie,  1.  i.p.  49. 

PARNAY ,  bourg  de  France,  dans  le  Maine,  élection 
de  Laval. 

PARNES  ,  montagne  de  l'Attique ,  au-deffus  d'£- 
leufis  ,  8c  dAcharnœ.  Stace,  Theb.  1.  12.  v.  620.  dit: 

Dives  &  JEgaleos  nemorum  Pamesque  benignus 
Vitibus ,  &  pingui  melior  Lycabejjus  olivâ. 

Le  fommet  de  cette  montagne  étoit  couvert  de  bois , 
8c  rempli  de  bêtes  fauvages  ;  8c  le  bas  étoit  planté  d'ar- 
bres fruitiers  8c  de  vignes.  Athénée,  /.  5.  écrit  Pametha, 
pour  Pâmes.  *  Cellar.   Géogr.  ant.  1.  2.  c.  1 3 . 

PARNESSUS ,  montagne  de  la  Médie,  au  midi  de  la 
Baéliiane,  félon  Denis  le  Périégete  ,  v.  737.  Voyez.  Pa- 
ropamisus. 

PARNETHA.  Voyez.  Parnes. 
PARNI  ,  peuples  de  la  Margiane.  Ptolomée ,  1.6. 
c.  10.  les  place  au-deflbus  des  Maflagetes  ;  8c  Strabon, 
/.  1 1.  p.  508.  dit  que  les  Nomades  que  l'on  trouvoit  à  la 
gauche  ,  en  entrant  dans  la  mer  Caspienne ,  étoient  ap- 
pelles Da&  par  les  Romains,  8c  furnommés  Parni. 

PARNO,  Parnon  ouParnos,  montagne  du  Pé- 
loponnèfe,  félon  Paufanias , /.  2.  c.  38.  Sylburge  croit 
que  c'eft  le  ment  Partheniiis >  qui  féparoit  les  Argïvi 
des  Tcgeates. 

PAROCZLO  , bourgade  delà  Haute-Hongrie,  fur 
la  rivière  d'Agria ,  appellée  Egeiwize  par  Robert  de  Vau- 
gondy  ,  Atlas.  Il  place  certe  bourgade  au  midi  oriental 
de  la  ville  d'Agria.  On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Partis- 
cum. 

PARODANA ,  ville  ou  bourgade  de  la  Perfide.  Pto- 
lomée, /.  6.  c.  4.  place  ce  lieu  dans  les  terres,  entre 
Cinna ,  8c  Tœpa. 

PAROECOPOLIS ,  ville  de  la  Macédoine.  Ptolo- 
mée ,/.  3.  c.  13.  la  place  dans  la  contrée  appellée  Sin- 
tique  ,  entre  Trifiolus  8c  Héraclée  de  Sintique. 

PAROET/EA  ,  contrée  fur  le  bord  de  la  mer  Rouge  , 
félon  Etienne  le  géographe. 

PARON  ,  ville  dont  fait  mention  Ortelius,  Tbefaur. 
qui  cite  Hyginus  ,  in  Ariïophil. 

PARON AT^£  ,  peuples  de  laTriphylie.  Strabon  ,  /. 
S. p.  346.  qui  en  fait  mention,  fait  entendre  qu'ils  ne 
fubfiftoient  plus  de  fon  tems ,  qu'ils  avoient  habité  les 
montagnes  aux  environs  de  Lepreum  8c  de  Maciftus  ,  & 
qu'ils  s'étendoient  jusque  fur  le  bord  de  la  mer.  Cafau- 
bon  prétend  qu'au  lieu  de  Paronat^c,  il  faut  lire  Pa- 
roreat^.  F0yes.ce  mot. 

PARORANIA,  fiége  épiscopal,  premièrement  fous 
la  métropole  de  Rhodes.  La  notice  de  Nilus  Doxapa- 
trius  dit  qu'il  fut  ôté  de  la  dépendance  de  cette  mé- 
tropole ;  8c  la  notice  de  l'empereur  Andronic  Paléo- 
logue  le  vieux  lui  donne  le  quatre-vingt-quatorzième 
rang  parmi  les  métropoles  foumifes  au  Patriarchat  de 
Conftantinople. 

PAROPAMISAD/E.  Voyez,  Paropamisus. 
1.  PAROPAMISUS,  montagne  d'Afie,  8c  qui,  fé- 
lon Arrien  ,  in  lad.  c.  2.  faifoit  partie  du  mont  Tau- 
rus.  Elle  donnoit  fon  nom  à  une  contrée  ,  appellée  Pa- 
ropamisaoarum  Regio.  On  lit  dans  les  anciens  écri- 
vains Paropamisus  8c  Parapamisus.  Strabon  8c  Pli- 
ne font  pour  la  dernière  orthographe  ,•  Arrien  8c 
Quintc-Curfe  pour  la  première ,  que  fuivent  presque 
tous  les  modernes.  Le  nom  des  peuples  fe  trouve  auffi 
écrit  Paropamisad/e  &  Parapamisad,£  ;  mais  Pto- 
lomée change  une  lettre ,  au  lieu  de  Paropa- 
misad^e,  il  dit  Paropanisad^e  ,  8c  dans  Denis  le 
Périégete,  on  lit  Parpanisi  ,  par  contraction  pour 
Paropanisi.  Arrien,  in  In  die.  c.  z.&  in  exped.  Alex. 
I.  j.  c.  3.  &  Strabon ,  /.  n.  nous  apprennent  que  les 
Macédoniens ,  pour  faire  plaifir  à  Alexandre ,  donne- 
■renc  à  cette  montagne  le  nom  de  Caucafe.  Cependant 


84I 


Quinte-Curfe,  Arrien  ,  Strabon  8c  Ptoloméedifiinguenc 
ce  Caucafe  du  Paropamifus  ;  car  dans  la  description 
de  cette  contrée  ils  font  mention  de  l'une  8c  de  l'au- 
tre de  ces  montagnes.  Mais  ils  différent  entre  eux  par 
rapporta  la  fituation.  Saumaife ,  in  Salin,  p.  J54.  ex- 
pofe  ainfi  cette  différence.  Selon  Ptolomée  ces  monts 
Caucafes  ont  à  l'Orient  l'Imaus  &  à  l'occident  le  Pa- 
ropamifus ;  de  forte  que  les  peuples  Paropamisad^e 
avoient  ce  Caucafe  à  l'orient;  au  contraire  félon  Am- 
mien  Marcellin ,  /.  23.  c.  29.  les  Paropamisad^ 
avoient  le  Caucafe  à  l'Occident.  11  eft  clair  que  l'ex- 
trémité du  mont  Taurus,  du  côté  qu'il  regarde  l'In- 
de ,  étoit  nommée  Paropamifus ,  8c  que  la  partie  de 
cetre  dernière  montagne,  par  où  paffa  Alexandre,  fut 
appellée  Caucafe  :  comme  Alexandre  entroit  dans  la 
Baétriane  pour  pourfuivre  Beflus ,  il  femble  qu'il  pas- 
fa  à  la  gauche  ,  8c  qu'il  y  a  par  conféquent  faute  dans 
la  carte  de  Ptolomée.  Strabon ,  /.  15.  confirme  cette  opi- 
nion. Proche  de  l'Inde,  dit-il,  font  les  Paropanifades , 
au  deffus  desquels  eft  le  mont  Paropamifus.  Et  un  peu 
plus  bas  il  ajoute  :  Les  Baéhiens  font  à  la  gauche  de 
l'Arie  &  des  Paropanifades ,  par  le  pays  desquels 
Alexandre  rraverfa  le  Caucafe  pour  paffer  dans  la  Bac- 
triane.  Ptolomée,  /.  6.  c.  18.  dans  fa  defeription  du 
pays  des  Paropanifades  donne  à  ces  peuples  les  lieux 
fuivans  : 


Parfiana  , 
Barzaura , 
Artoarta , 
Baborana, 
Catifa  , 
Niphanda  , 
Dralloca, 
Gauzaca, 


Naulibis. 

Parfia , 

Locharna , 

Daroacana, 

Carura,  ouOrtospana, 

Tarbacana  , 

Bagarda , 

Arguda. 


*  Cellar.  Geogr.  ant.  /.   3.  c.  22. 

2.  PAROPAMISUS  ou  Parofanisus  ,  fleuve  delà 
Scythie  ,  félon  Pline,  /.  4.  c.  13.  Le  père  Hardouin 
croit  que  c'eft  aujourd'hui  l'Oby. 

PAROPANISUS.  Voyez, Paropamisus,  n°  i.&  2. 

PAROPINI.  Voyez,  Paropus. 

PAROPUS,  ville  de  Sicile,  félon  Ptolomée,  /.  1. 
c.  24.  qui  la  place  fur  la  côte  feptentrionale  ,  près 
d'fJimerœ,  vis-à-vis  1'iflc  Uftica.  Ce  font  les  Paropi- 
ni  de  Pline,  /.  3.  c.  8.  &  Fa^el  juge  que  cette  ville 
eft  préfentement  Golifano. 

PAROREA,  Paroreia  ou  Paroraia,  ville  de 
l'Arcadie ,  félon  Paufanias ,  /.  8.  c.  27.  &  Etienne  le 
géographe.  Le  même  Etienne  le  géographe  8c  Héro- 
dote, /.  4.  n.  148.  nomment  les  habitans  de  cette 
ville  Paroreata.  Le  dernier  écrit  pourtant  dans  un  au- 
tre endroit  Paroreets..  Quelques  manuferits  de  Pline, 
/.  4.  c.  6.  portent  Parcau ,  orthographe  qu'Ortelius  a 
fuivie  ;  mais  le  père  Hardouin  prétend  que  c'eft  une 
faute  8c  veut  qu'on  life  Paroreat^e. 

PAROREAT^.  Voyez,  Parorea. 

PARORE1 ,  peuples  de  la  Macédoine  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.  10.  Strabon,  /.  7.  p.  516,  les  met  dans 
l'Epirc ,  8c  Etienne  le  géographe  place  dans  la  Ma- 
cédoine une  ville  qu'il  nomme  Paroreia  8c  Paroraia. 
1.  PAROS  ,  ifle  de  l'Archipel  8c  l'une  des  Cycla- 
des.  Elle  eft  fituée  entre  l'ifle  de  Naxie ,  à  l'orient , 
&  celle  dAntiparos,  à  l'occident.  Pline,  /.  4.  c.  12. 
a  bien  remarqué  la  grandeur  de  l'ifle  de  Paros,  en  as- 
furant  qu'elle  n'eft  que  la  moitié  de  celle  de  Naxos 
ou  Naxie  ,  à  laquelle  il  donne  75  miiles  de  tour;  fur 
ce  pied  Paros  n'en  doit  avoir  que  36  ou  37,  mefure 
ordinaire  du  pays.  On  lui  donne  4  lieues  de  long 
ou  environ,  fur  trois  de  large,  ce  qui  revient  presqu'au 
même.  On  y  compte  environ  ijoo  familles  taxées 
ordinairement  à  4500  écus  de  capitation  ;  mais  en 
1700  ,  on  leur  en  fit  payer  6  8c  7  mille  pour  la 
taille  réelle.  Il  eft  vrai  que  cette  ifle  eft  bien  cultivée  :  on 
y  nourrit  beaucoup  de  troupeaux  ;  le  commerce  y  con- 
fifte  en  froment ,  orge ,  vin  ,  légumes ,  fefame  8c  toile 
de  coton.  Avant  la  guerre  de  Candie  on  y  recucilloit 
beaucoup  d'huile  ;  mais  l'armée  Vénitienne  brûla  tous 
les  oliviers  de  Paros  en  9  ou  10  ans  qu'elle  y  féiour- 
na.  Cette  ifle  eft  pleine  de  perdrix  8c  de  pigeons  fau- 
T«m.  IV.   O  o  o  0  o 


842      PAR 

vages.  La  viande  de  boucherie  y  efl.  bonne ,  &c  les 
cochons  n'y  manquent  pas  ;  on  y  mange,  de  même  que 
dans  les  autres  ifles ,  d'excellens  petits  moutons  nour- 
ris dans  les  mai  Ions  avec  du  pain  &  des  fruits.  Les 
melons  y  font  délicieux.  Il  pleut  peu  dans  cette  ifle  -, 
Se  le  coton ,  la  vigne  Se  les  figuiers  périroienc  fans 
les  rofées  qui  font  très-abondantes.  *  Tourn'efort ,  Voy. 
du  Levant,  1er.  5. 

Les  habitans  de  Paros  ont  toujours  paffé  pour  gens 
de  bon  fens,  Se  les  Grecs  des  ifles  voifines  les  pren- 
nent fouvent  pour  arbitres  de  leurs  difféiens.  Cela 
rappelle  le  fouvenir  du  choix  que  les  Milcfiens  firent 
autrefois  de  quelques  fages  Paricns  pour  mettre  une 
forme  de  gouvernement  dans  leur  ville  ruinée  par- 
les féditions.  Ces  Pariens  vifiterent  la  campagne  de 
Milet,  Se  nommèrent  adminilhateurs  de  la  ville  les 
Habirans  dont  les  terres  leur  parurent  mieux  culti- 
vées ;  perfuadés  avec  raifon  que  ceux  qui  prenoient 
grand  foin  de  leurs  biens  »  ne  négligeroient  pas  les 
affaires  publiques. 

Sainte-  Marie  elt  le  meilleur  port  de  l'ifle  :  la  plus 
grande  flotte  y  peut  mouiller  en  fureté  Se  plus  com- 
modément que  dans  celui  d'Agoufa  qui  en  efl  tout 
près.  Le  port  de  Parechia  n'elt  que  pour  de  petits 
bâtimens.  On  eflime  fort  le  port  de  Drio  ou  Tréon, 
où  mouille  ordinairement  la  flotte  des  Turcs.  La  rade 
de  -Drio  ,  qui  eft  à  la  partie  occidentale  de  Pille  ,  laifle 
Naxie  à  fou  levant,  Se  Nio  à  fon  midi.  Le  plus  oriental 
des  écueils  ,  qui  font  au  milieu  de  cette  rade ,  n'a 
qu'environ  50s  pas  de  long  ;  l'autre  en  a  près  de 
8©o,  Se  le  fud-oueft  en  elt  le  traverfier.  Vis-à-vis  de 
ce  dernier  écueil ,  dans  la  plaine  au  pied  d'une  colli- 
ne ,  coule  une  belle  fontaine  à  quatre  fources  éloi- 
gnées feulement  de  huit  ou  dix  pas  les  unes  des  au- 
tres. Ces  fources  forment  d'abord  un  petit  ruifîeau 
partagé  en  trois  rigoles ,  où  les  Turcs  ont  pratiqué 
depuis  quelques  années  des  réfervoirs  pour  s'y  baigner 
6e  pour  y  faire  leurs  ablutions.  Ces  rigoles  vont  fe 
rendre  dans  la  mer  ;  Se  quand  on  fait  aiguade  ,  l'eau 
parte  dans  les  barils  par  le  moyen  des  gouttières  de 
cuir  bouilli  qu'on  appelle  des  Maniqites. 

La  ville  de  Paros  ou  Parechia  efl  un  des  principaux 
endroits  de  cette  ifle.  Voyez  l'article  fuivant.  Les  autres- 
endroits  les  plus  confidé tables,  font  Nausa  ou  Agou- 
sa  ,  qui  efl;  un  fort  ruiné  ,  bâti  dans  la  mer,  Se  fur 
les  mafures  duquel  fe  voient  les  armes  de  Venife; 
Costou  ,  Lephchis  ,  Marmara  ,  Chepido  Se  Dra- 
goula  font  des  villages.  Les  trois  derniers  font  à  Ke- 
phalo,  quartier  de  l'ifle  fort  connu  par  le  fort  Saint 
Antoine  ,  dont  Barberoufle  ne  vint  à  bout ,  que  par- 
ce que  les  foldats  y  mouroient  de  foif.  Venier ,  fei- 
gneur  de  l'ifle,  qui  j l'avoit  défendue  fi  vigoureufement, 
fe  fauva  à  Venife  ,  où  il  avoir  fait  paffer  fa  femme  Se  les 
enfans.  Le  fore  efl  démoli ,  Se  il  n'y  refte  plus  que  le  mo- 
naflere  de  S.  Antoine.  On  fe  fert  aujourd'hui  du  mar- 
bre des  carrières  de  ce  quartier ,  Se  fur-tout  celles  de 
Marmara,  d'où  on  l'apporte  par  bateau  à  Parechia -,  au 
lieu  que  celui  des  anciennes  carrières  n'y  peut  venir  que 
par  charroi ,  voiture  fort  rare  dans  les  ifles  de  l'Archi- 
pel. 

2.  PAPvOS ,  Paris  ,  ou  Parechia  ,  ville  de  l'Archi- 
pel ,  la  principale  de  l'ifle  de  Paros ,  fur  la  côte  occi- 
dentale ,  vis-à  vis  de  l'ifle  d'Antiparos.  On  lui  donne  qua- 
tre lieues  de  long  ou  environ,  fur  trois  de  large,  ce  qui 
revient  presque  au  même.  Elle  efl  bâtie(^)  fur  les  rui- 
nes de  cette  ancienne  Se  faineufe  Paros  ,  la  plus  gran- 
de, félon  Etienne  le  géographe,  Se  la  plus  puiffante  des 
Cyclades.  Lorsque  les  Perfes ,  fous  les  ordres  de  Da- 
rius, raflèrent  en  Europe  pour  faire  la  guerre  aux  Athé- 
niens ,  Paros  embrafla  le  parti  des  Afiatiques  (  b)  Se  leur 
fournit  des  troupes  pour  la  bataille  de  Marathon.  Mil- 
tiade,  couvert  de  gloire  après  cette  grande  journée, 
obtint  des  Athéniens  une  puiffante  flotte  ,  Se  les  aflura , 
fans  vouloir  déclarer  à  quoi  il  la  deflinoit ,  qu'il  mene- 
roit  cette  armée  dans  un  pays  ,  d'où  elle  rapporteroit 
de  glandes  richefles  fans  beaucoup  de  peine.  Paros  fut 
afliégée  par  mer  &  par  terre (  c)  :  les  habitans,  voyant 
leurs  murailles  ruinées,  demandèrent  à  capituler  ;  mais, 
ayant  apperçu  un  grand  feu  du  côté  de  Mycone,  ils  s'i- 
magiuerent  que  c'étoit  le  lignai  dequelqucs  fecours  que 


PAR 


leur  faifoit  donner  Datis,  un  des  généraux  des  Perfes. 
Ils  ne  voulurent  plus  alors  entendre  parler  de  capi- 
tulation ,  &  c'eft  ce  qui  donna  lieu  au  proverbe  :  tenir 
Ja  parole  à  la  manière  des  Pariens.  Cependant  Milriade 
qui  appréhendoit  la  flotte  des  ennemis,  brûla  toutes  fes 
machines  Se  fe  retira  promptement  a  Athènes.  Héro- 
dote qui  a  décrit  ce  fiége  avec  foin  ,  rapporte  que  Mil- 
tiade  ,  désespérant  d'emporter  la  place ,  confulta  Timon  , 
prêtrefle  du  pays,  laquelle  lui  confcilla  de  faire  quelque 
cérémonie  fecrette  dans  le  temple  de  Cerès  proche  de  la 
ville.  Le  général  fuivit  fon  avis  ;  mais  ayant  voulu  fran- 
chir l'enceinte  du  temple ,  il  fe  caffa  une  jambe  :  la  cé- 
rémonie apparemment  ne  réuflit  pas;  il  fut  contraint  de 
lever  le  fiége  ;  le  fénat  le  coadamnad'en  payer  les  frais  : 
on  le  mit  dans  les  prifons  d'Athènes  pour  l'obliger  de 
fatisfaire  à  cette  dette  publique,  &  il  y  mourut  de  fes 
bleflùres.  Ce  fiége  ne  laiffa  pas  d'être  fort  glorieux  aux 
Pariens  ,  quoiqu'on  les  traitât  de  gens  fans  parole-,  car 
Miltiade  qui  n'avoir  pu  les  foumettre  ,  étoit  le  plus  grand 
capitaine  de  fon  tems.  Après  la  bataille  de  Salamine , 
Thémiftoclc,  quoique  occupé  au  fiége  d'Andros  (d)  , 
exigea  des  contributions  de  Paros ,  &  la  rendit  tribu- 
taire d'Arhenes;  parce  que  cette  ville  étoit  une  de  celles 
quiavoientle  plus  favorifé  les  Afiatiques.  Voilà  ce  qu'il 
y  a  de  plus  certain  dans  l'hifloire  grecque ,  touchant 
l'ifle  de  Paros.  Si  l'on  veut  remonter  au  delà  delà  puis- 
fance  des  Athéniens,  on  trouvera  encore  quelque  chofe 
de  confidérable  qui  regarde  cette  ifle.  (  a  )  Tournefort , 
Voyage  du  Levant,  let.  5.  (  b  )  Herod.  1.6.  (c)  Corn. 
Nepos,  in  Miltiad.  (d)  Htrodute  ,  1.  8. 

Peut-être  que  Séfoflris,  ce  grand  roi  d'Egypte,  qui 
fe  faifoit  appellcr  le  roi  des  rois ,  Se  le  feigneur  des 
feigneurs ,  reçut  la  foumiflion  de  Paros,  de  même  que 
de  la  plupart  des  Cyclades ,  c'efl-à-dire  de  quelques 
autres  de  l'Archipel,  rangées  presque  en  manière  de 
cercle  autour  de  la  fameufe  Delos.  Les  Phéniciens  pos- 
féderent  ces  ifles,  puisqu'ils  furent  les  premiers  maî- 
tres de  la  mer  de  Grèce  ;  mais  il  efl  mal-aifé  de  c>  n- 
cilier  Thucydide  Se  Diodore  de  Sicile ,  fur  le  tems  où 
les  Cariens  s'établirent  dans  ces  ifles.  Thucydide  pié- 
tend  que  Minos  en  chaffa  ces  peuples,  Se  Diodore 
avance  qu'ils  n'y  étoient  venus  qu'après  la  guêtre  de 
Troye ,  Se  qu'ils  avoient  obligé  les  Cretois  de  s'en  re- 
tirer. Etienne  le  géographe  allure  que  les  Arcaniens 
fe  mêlèrent  avec  les  Cretois  ,  Se  qu  ils  donnèrent  le 
nom  d'un  de  leurs  généraux  ,  appelle  Paros ,  à  l'ifle 
dont  nous  parlons  ;  car  auparavant  elle  ponoit  celui 
de  Minos ,  fuivant  la  remarque  de  Pline  ,  /.  4.  c.  1 2. 
Selon  Apollodore,  /.  3.  c.  14,  ce  fut  dans  cette  ifle 
que  Minos  apprit  la  mort  de  fon  fils  Androgée ,  tué 
dans  l'Attique ,  où  il  s'étoit  diflingué  dans  les  Jeux  pu- 
blics. Ce  malheureux  père  facrifiant  aux  Grâces  à  Pa- 
tos ,  fur  fi  pénétré  de  douleur ,  qu'il  jetta  fa  couron- 
ne par  terre »  Se  ne  voulut  pas  jouer  de  la  flûte.  Eti- 
rymédon  ,  Chryfès ,  Nephalion  Se  Philolaus  ,  autres 
enfans  de  Minos ,  s'étoient  retirés  à  Paros,  lorsqu'Her- 
cule  y  pafla ,  pour  aller  chercher  ,  par  ordre  d'Eury- 
flhée ,  la  ceinture  d'Hippolyte,  Reine  des  Amazones. 
*  Diodor.  Sic.  1.  1.  Thucyd.  1.  j.  Diodor.  Sic.  1.  j. 

Il  efl  certain  auffi  que  Paros  ne  refufa  pas  les  pro- 
pofitions  de  Xerxès ,  fils  de  Darius ,  lorsque  ce  prince 
fit  demander  aux  ifles  de  Grèce  la  terre  Se  l'eau,  puis- 
que de  tous  les  infulaires  il  n'y  eut  que  les  habitans 
de  Melos,  de  Siphnos  Se  de  Seriphos  qui  ne  voulu- 
rent pas  lui  accorder  fa  demande.  Les  habitans  des 
autres  ifles  abandonnèrent  les  Athéniens,  Se,  ne  recon- 
nurent leur  domination  qu'après  que  l'orage  fut  diflî- 
pé.  Diodore  de  Sicile  ,  /.  15.  remarque  qu'elles  furent 
ravagées,  malgré  la  flotte  des  Athéniens,  deflinée  pour 
les  mettre  à  couvert  des  infultes  d'Alexandre,  tyran 
de  Pherée  ,  qui  furprit  Se  battit  cette  aimée.  Il  paroït, 
par  ce  fameux  monument  d'Adulé,  décrit  fi  exactement 
par  Côme  d'Egypte ,  Topog.  Chrift.  de  Mundo  ,  /.  2.  Se 
fi  bien  illuflré  par  dom  Bernard  de  Montfaucon  ,  que 
les  Cyclades  ,  Se  Paros  par  conféquent,  ont  été  fous  la 
domination  des  Ptolomées,  rois  d'Egypte;  car  ce  mo- 
nument dreffé  fous  Ptolomée  Evergétc  III ,  fait  men- 
tion de  ces  ifles.  De  la  domination  des  Egyptiens  elles 
tombèrent  fous  celle  d'Athènes.  Mithridate  fut  le  maî- 
tre des  Cyclades.  Après  fa  défaite  les  Romains  réitèrent 


PAR 


maîtres  d'Athènes  8c  de  l'Archipel.  *  Hérodote ,  /.  8. 
Les  empereurs  Grecs  ont  poffédé  l'Archipel  à  leur 
tour  jusqu'au  tcms  que  Marc  Sanudo,  noble  Vénitien, 
fut  fait  duc  de  Naxie  par  Henri ,  empereur  de  Con- 
ftantinople.  Ce  nouveau  duc  unit  à  Naxie  Paros,  8c 
plufieurs  autres  ifles  voifines.  Paros  en  fut  démembrée 
par  Florence  Sanudo,  duchefle   de  l'Archipel  ,  qui  la 
donna  pour  dot  à  Marie  ,  fa  fille  unique  ,  époufe  de  Gas- 
pard de  Sommerive,  qui  prétendoit,  avec  raifon  ,  à  tout 
le  duché  de  Naxie  ;  mais  il  fut  obligé  de  fe  contenter  de 
j^iros ,  ne  pouvant  réfifter  à  François  Crispo,  qui ,  après 
avoir  fait  aflafliner  Nicolas  Carcerio  ,  s'étoit  emparé  du 
relie  du    duché.  Quelques   années  après ,  Paros  pafla 
dans  l'illuftre  maifon   de    Venier ,   par  le  mariage  de 
François  Venier  ,  noble  Vénitien ,  avec  Florence  de  Som- 
merive ,  fœur   aînée  de  Courfin  de  Sommerive ,  dont 
elle  hérita.  François  Venier  fut  legrand-pere  de  ce  fa- 
meux Venier ,  qui  ne  céda  l'ifle  de  Paros  à  Barberous- 
fe,  capitan  bâcha  fous  Soliman  11,    que  parce  qu'il  fe 
trouva  fans  eau  à  Kephalo ,  dans  le  fort  de  Saint  An- 
toine. Leunclave  ,  Supplem.  An.  fait  mention  d'un  Grec , 
appelle  Jacques  Héraclide  &  Bafilique ,  qui  fe  faifoit 
descendre   des  princes  de  Valachie ,  8c  qui  portoit  le 
nom  de  marquis  de  Paros.  Les  Valaques  le  firent  mou- 
rir en  ij6j  ;  mais  il  n'y  a  pas  d'apparence  qu'il  ait  pos- 
fédé  cette  ifle  ,  puisque  les  Turcs  la  prirent  fur  les  Vé- 
nitiens. 

Quant  au  château  de  Paros  ,  ou  Pare  cm  A  ,  fes  mu- 
railles ne  font  bâties  que  de  vieux  marbres.  La  plupart 
des  colonnes  y  font  pofées  de  travers ,  &  ne  montrent 
que  leur  diamètre  :  celles  qui  font  relevées  fupportent 
louvent  des  corniches  d'une  grandeur  furprenante.  De 
quelque  côté  qu'on  fe  tourne  ,  on  ne  jette  les  yeux  que 
fur  des  architraves ,    ou  des  piedeflaux  entremêlés  de 
grandes  pièces  de  marbre ,  employées  autrefois  à  de  plus 
beaux  ouvrages.  Pour  faire  la  porte  d'une  écurie ,  qui 
cft  ordinairement  celle  de  toute  la  maifon ,  on  drefie 
deux  bouts  de  corniches ,  dont  les  moulures  font  admi- 
rables: on  pofe  de  travers  fur  ces  pièces  une  colonne  , 
pour  fervit  de  linteau  ,  fans  s'embarrauer  fi  elle  efl:  d'é- 
querre  8c  de  niveau.  Les  gens  du  pays ,  qui  trouvent 
ces  marbres  taillés ,  les  aflemblent  comme  ils  l'entendent  » 
&  même  les  blanchiflent  fouvent  avec  de  la  chaux.  On 
trouve  une  quantité   prodigieufe  d'inferiptions  autour 
de  &  ville  j  mais  elles  font  fi  mal  traitées ,  qu'on  n'y  con- 
noît  plus  rien.  Les  François,  les  Vénitiens  8c  les  Anglois 
ont  emporté  les  plus  confidérables,  8c  l'on  cafle  tous 
les  jours,  pour  la  clôture  des  champs,  les  plus  belles 
pièces  qu'on  découvre  ;  frifes  ,  autels ,  bas-reliefs  ,  rien 
n'échappe  à  l'ignorance  brutale  des  Grecs.  On  ne  voit 
dans  cette  ifle  que  de  miférables  faifeurs  de  falieres  8c 
de  mortiers ,  au  lieu  de  ces  grands  fculpteurs  8c  de  ces 
habiles  architectes  qui  ont  autrefois  rendu  le  marbre  de 
cette  ifle  plus  célèbre  que  celui  des  ifles  voifines  ;  car 
il  n'eft  pas  moins  commun  à  Naxie  8c  à  Tine  ;  mais  on 
y  manqua  dans  un  certain  tems  d'habiles  gens  pour  le 
mettre  en   œuvre  8c  en   réputation.  *   Pline  ,  lib.  4. 
c.  12. 

A  trois  milles  du  château  de  Paros  on  voit  d'anciennes 
carrières,  où  il  ne  refte  que  des  tranchées  couvertes  de 
rejets  8c  recoupes  aufli  fraîches  que  fi  on  y  avoit  travaillé 
depuis  peu.  La  mandragore  8c  le  faux  dictame  y  naifient 
par  tout.  Les  plus  anciennes  carrières  du  pays  font  à  un 
mille  au-delà,  au-defius  du  moulin  du  monaflere  de  S. 
Minas.  Dans  l'une  de  ces  carrières  eft  un  bas  relief  an- 
tique fur  le  marbre  même  ;  qui ,  naturellement  dans  cet 
endroit  efl;  presque  raillé  aplomb,  au  fond  d'une  grande 
caverne  qui  fert  de  bergerie ,  8c  d'où  l'on  tiroit  appa- 
remment ce  beau  marbre ,  à  la  faveur  des  lampes.  Il 
efl  très-vraifemblable  que  la  montagne  où  efl  cette  ca- 
verne efl  le  mont  Marpefe  ,  dont  Servius  8c  Etienne  le 
géographe  ont  fait  mention.  Ce  bas- relief  a  quatre  pieds 
de  long ,  8c  fa  plus  grande  hauteur  efl:  de  deux  pieds 
cinq  pouces.  Le  bas  efl  équarri  :  le  haut  efl;  aflez  régu- 
lier ,  parce  qu'il  fallut  s'accommoder  à  la  figure  du  ro- 
cher. Quoique  cet  ouvrage  ait  été  fort  maltraité  par  le 
tems  ,  il  paroît  néanmoins  que  c'eft  une  espèce  de  bac- 
chanale ,  ou  ,  fi  l'on  veut ,  de  noce  de  village,  à  vingt- 
neuf  figures  d'un  aflez  bon  goût,  mais  d'une  mauvaife 
compofition.  De  vingt  de  ces  figures ,  les  fix  plus  graii- 


PAR       845 


des  ont  dix-fept  pouces  de  haut  ;  ce  font  des  Nymphes 
qui  danfent  un  branle  :  il  y  en  a  une  autre  aflife  fur  la 
gauche,  &c  qui  femble  fe  faire  prefler  pour  danfer. Par- 
mi ces  figures  paroît  la  tête  d'un  Satyre  à  longue  bar- 
be ,  qui  rit.  A  droite  font  placées  douze  figures  plus  pe- 
tites ,  qui  femblent  n'être  accourues  que  pour  voir  la  fê- 
te. Bacchus  efl:  aflis  tout  au  haut  du  bas-relief  avec  des 
oreilles  d'âne ,  &  une  bedaine  d'ivrogne  ,  entouré  de  fi» 
gures  de  différentes  attitudes ,  &  d'un  air  tout  à  fait  ré- 
joui ,  fur-tout  certain  Satyre ,  placé  de  front ,  avec  des 
oreilles  8c  des  cornes  de  bœuf.  Les  têtes  de  ce  bas-re- 
lief n'ont  jamais  été  finies  ;  c'eft  le  caprice  de  quelque 
fculpteur,  qui  fe  divertiffoit  en  faifant  charger  fon  mar- 
bre ,  8c  qui  écrivoit  au  bas  de  fon  bas-relief  AAAMA2 
0APT2H2  NYM*AI2 ,  c'eft-à-dire ,  Adamas  Odryfès  x 
drejjé  ce  monument  aux  Nymphes  du  pays.  Ancienne- 
ment les  dames  s'appelloient  des  Nymphes ,  comme  nous 
l'apprend  Diodore  de  Sicile  ,  /.  3.  &  Barthius ,  Anïmad* 
ad  Stat.  part.  1.  démontre  aflez  bien  que  ce  nom  étoic 
confacré  pour  celles  qui  n'étoient  pas  mariées.  *  Ath. 
Deipn.  I.  5.  Steph. 

Le  marbre  de  Paros  devint  fi  fameux,  que  les  plus 
habiles  fculpteurs  n'en  vouloient  pas  employer  d'autres  : 
on  prétend  cependant  que  celui  d'Italie  eft  plus  com- 
mode pour  les  ftatues ,  parce  qu'il  eft  moins  fujet  à 
s'écailler.  *  Plin.  1.  $6.  c.  5. 

Le  cadi,  les  confuls  de  France,  d'Angleterre  8c  de 
Hollande  ,  font  leur  réfidence  à  Parechia ,  où  l'on  élic 
tous  les  ans  deux  confuls. 

La  Panagia  ou  Madona ,  qui  eft  hors  de  la  ville  de 
Parechia  ,  efl  la  plus  grande  &  la  plus  belle  églife  de 
l'Archipel 1;  ce  n'eft  pourtant  pas  beaucoup  dire.  C'eft 
le  rendez-vous  de  tous  les  Chrétiens  qui  font  dans 
l'ifle. 

Parmi  les  chapelles  de  la  ville  on  eftime  celle  de  fainte 
Hélène  ;  à  la  vérité  c'eft  grand  dommage  que  le  marbre 
de  Paros,  dont  toute  la  Grèce  a  été  embellie,  foit  fi 
mal  employé.  Rien  n'eft  fi  ridicule  que  de  voir,  au  lieu 
de  fculpture ,  de  méchans  plats  de  fayance  enchafles 
dans  cette  belle  pierre,  pour  orner  le  frontispice  des 
chapelles  j  c'eft  comme  fi  l'on  enchaflbit  un  caillou  dans 
de  l'or.  On  compte  jusqu'à  feize  monafteres  dans 
Paros.  « 

Archiîochus,  ce  fameux  auteur  de  vers  ïambes ,  fe  dî- 
ftingua  parmi  les  grands  hommes  de  Paros.  Horace  a 
raifon  de  dire  que  la  rage  infpka  ce  poëte.  Ses  vers 
furent  fi  piquans,  que  Lycambas  ,  qui  l'avoit  attaqué  „ 
fe  pendit  de  défespoir.  Archiîochus  vivoit  du  tems  de 
Gygès ,  roi  de  Lydie  ,  ôc  fut  contemporain  de  Romu- 
lus. 

Nous  ignorons  le  nom  d'un  excellent  homme  de  Pa- 
ros, qui  drefla  le  plus  beau  monument  de  chronolo- 
gie qui  foit  au  monde ,  8c  que  l'on  voit  préfentement  à 
Oxfort,  autour  du  théâtre  Scheldonien.  C'eft  fur  ce 
marbre  que  M.  de  Peirefc  avoit  fait  acheter  au  levant, 
avec  plufieurs  autres  qui  tombèrent  entre  les  mains  du, 
comte  d'Arondel ,  que  l'on  voit  gravées  les  plus  célè- 
bres époques  grecques  ,  depuis  le  règne  de  Cecrops  , 
fondateur  du  royaume  d'Athènes  ,  jusqu'au  magiftrat 
Diognéte  ,  c'eft-à-dire,  la  fuite  de  mil  trois  cens  dix- 
huit  années.  Ufleritis  croit  que  cette  chronologie  fut 
écrite  deux  cens  foixante-trois  ans  avant  Jesus-Christ. 
Ces  époques,  qui  n'ont  pas  été  altérées  comme  les  ma- 
nuferits  ,  nous  apprennent  la  fondation  des  plus  fameu- 
fes  villes  de  Grèce ,  8c  l'âge  des  plus  grands  hommes 
qui  en  ont  été  l'ornement.  Par  exemple ,  nous  favons 
par  ces  marbres  qu'Héfiodore  a  vécu  vingt-fept  ans 
avant  Homère  ,  8c  que  Sapho  n'a  écrit  qu'environ  deux 
cens  ans  après  ce  poè'te.  Ces  marbres  fixent  les  magi- 
ftrats  d'Athènes ,  &  nous  font  d'un  grand  fecours  pour 
les  guerres  de  ce  rems.  Ce  n'eft  pas  ici  le  lieu  d'entrer 
dans  un  plus  grand  détail. 
3.  PAROS.  Voyez.  Pharos. 

PAROSPUS,  fleuve  de  l'Inde.  Pline  %  î.  6.  c.  23. 
dit  que  c'eft  un  des  fleuves  navigables  qui  fe  jettent  dans 
le  Cophes. 

PAROSTA  ,  ville  de  la  Cherfonnèfe  Taurique  ,  fé- 
lon Ptoîomée  ,  /,  3.  c.  6,  qui  la  place  dans  les  terres , 
entïePoftigia  ôcCimmerium.  Niger  dit  :  Quelques-uns  1$. 
nomment  Parasinum.  Voyez,  ce  mot, 
Tvm.  IV.  O  0  o  o  o  ij 


44 


PAR 


PAR 


PA.viVvRON,  contrée  d'Àtie  ,  dans  l'^Eolide  ,  félon 
Etienne  le  géographe  ,  qui  die  qu'on  la  nomme  aulfi 
ferme  ,  ôc  que  c'elt  .où  mourut  Thucydide.  Ortehus  , 
Thcj.  après  Hermolaus,  a  juge  que  c'elt  la  même  con- 
fiée que  Strabon  ôc  Mme  appellent  Perperene  ,  où  étoit 
une  ville  de  même  nom.  Voyez.  Perperene  Civi- 
tas. 

PART  ARUS,  montagne  de  la  Laconie  ,  félon  Pline, 
/.  4.  c,  5.  jui  elt  le  feul  qui  en  parle. 

PAR1ECAI,  bourg  de  France ,  dans  le  Blaifois , 
élection  de  Romorentm. 

PARPODLSUM»  ville  de  Thrace.  Antonitï,,  itiner. 
la  met  fur  la  route  de  Vimuiacium  a  Nicomédie ,  entre 
Sadame  ôc  Ojiudiz.um,  a  dix-huit  milles  de  la  pre- 
mière, &  a  trente-deux  milles  de  la  féconde.  Au  lieu 
de  Parpodizjum  ,  Simler  lit  Tarpodiz.um. 

PARRACOTES,ou  Paragotes  ,  peuples  de  l'A- 
mérique ,  dans  la  France  équinoxiale ,  fur  la  cote  fep- 
rcntrionale  de  la  Guiane.  Robert  de  Vaugondy,  Atlas , 
les  place  entre  la  rivière  de  Surinam  &  celle  de  Ma- 
rony  ,  ôc  met  au-defibus  d'eux  les  Supayez,  du  côté  du 
midi. 

PARRHASIA,  ou  Parrhasie  ,  ville  de  l'Arca- 
cie.  Homère,  va  Catalog.  v.  115.  Paufanias,  /.  8.  c. 
i-.ôc  Etienne  le  géographe  en  font  mention;  ôc  le 
dernier  ajoure  qu'on  la  nommoit  aulh  Parmafia.  Quel- 
ques maniu'crits  de  Pline,  /.  4.  c.  6.  portent  Par  rhafie  , 
ôc  d'autres  Parrhafi.z.  Strabon  ,  /.  8.  p.  336.  appelle  le 
peuple  Parrhafii.  Vibius  écrit  Parafa  \  ôc  ce  nom  elt 
encore  plus  corrompu  dans  Orofius,  où  on  lit  Para- 
phafii,  Papphafii&c  Parphafii.  11  y  avoir  une  montagne 
de  même  nom ,  félon  Hefyche ,  ôc  c'elt  des  neiges  de 
cette  montagne  dont  entend  parler  Ovide  ,  Faji.  I.  z. 
v.  ij6.  dans  ce  vers: 

Attaque  Cyllcne  ,  Parrha/rœqtie  nlves. 

Et  Stace  ,  Thebaïd,  t.  7.  v.  163.  nous  apprend  qu'il  y 
avoit  auiïi  une  forêt ,  à  laquelle  cette  montagne  donnoit 
fon  nom. 

PARRH ASH ,  peuples  de  l'Inde ,  au  delà  du  Gange , 
fclon  Quinte-Curfe.  Voyez.  Parasia. 

PARRHA4INI  J/o^Parrhasii. 

PARRODUNUM  ,  ville  de  la  Rhétie  ,  félon  la  noti- 
ce des  dignités  de  ['Empire ,  feëi.  59.  Lazius  ôc  Velfer 
croient  que  c'eft  la  même  ville  qui  elt  appellée  Partha- 
rutm  dans  l'itinéraire  d'Antonin. 

PARSANGUES.  Voyez.  Mesures  Itinéraires. 
PARSARGAD/E,  lieu  où  les  rois  de  Perle  avoient  cou- 
tume de  donner  leursfeftins ,  félon  Appien,  in  Mithrida- 
tic.  K^^-Pasargada-,  car  c'elt  ainfi  fans  doute  qu'il 
faut  écrire. 

PARSENTI  MONTES  ,  montagnes  d'Afie  :  elles  fai- 
foient  partie  du  Mont  Taurus.  Strabon  ,  Epitom.  15.  qui 
écrit  Parfueti ,  les  met  au  voifmagedu  fleuve  Indus.  Il 
elt  à  croire  que  ce  font  les  mêmes  que  Ptolomée  appelle 
Parfueii  Montes  ;  l'es  interprètes  écrivent  Paructï. 

PARSIA,  ville  d'Afie.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  18.  la  don- 
ne aux  Paropanifadcs ,  &  la  place  entre  Naidibis  ôc  Lo- 
ebarna. 

PARSIANA  ,  ville  d'Afie  ,  chez  les  Paropanifadcs  ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  /.  6.  c.  18. 

PARSII.  Voyez.  Pabii. 

PARSIR/E.  ^«.GarsidvC. 

PARSIS.  Voyez.  Easis. 

PARSTRYMONIA,  lieu  dans  la  dépendance  de  la 
Thrace,  félon  Tite-Live  ,  1.42.  c.  $1.  Ortclius,  TheJ. 
foupçonne  que  ce  lieu  pouvoir  être  au  voilinage  du  fleuve 
Strymon. 

VARSVZTl.  Voyez.  Parsenti. 

PART-DIEU  (  La  ) ,  mai  fon  de  Chartreux  ,  en  Suifle, 
au  canton  de  Fribourg  ,  dans  le  bailliage  de  Gruyère  , 
près  de  la  petite  ville  de  la  Tour  de  Trême.  *  Etat  & 
Délices  de  la  Suifle  ,  r.  3.  p.  50. 

PARTA,  ville  de  la  Perfide.  Ptolomée,  /.  Ce.  4.1a 
place  dans  les  terres  ,  entre  l'oace  ôc  Mammida. 

PARTALIS.  K^î,  Parthalis. 

PARTENAY ,  Parùnïacum ,  ou  Tcrtinacuhvi ,  ville 
de  Fiance  ,  dans  le  Poitou  ,  où  elle  elt  lajcapitale  d'un  pe- 
tit pays  ,  appelle  la  Gatitie.  Elle  elt  fituée  fur  le  Thoue , 


au  penchant  d'un  coteau,  entre  Touars  au  feptenttion 
Ôc  Saint  Maixant  au  midi ,  a  fix  lieues  de  chacune  de  ces 
places  ,  &  a  7j  fud  ouetr.  de  Paris.  Cétoit  autrefois  une 
baronnie,  qui,  dans  ces  derniers  tems,  faifoit  partie  du 
duché  de  la  Meilleraie  ;  mais  depuis  quelques  années  elle 
a  été  reunie  au  domaine  de  la  couronne,  ôc  aujourd'hui 
c'elt  une  jurisdiction  royale  ,  relevant  directement  du  roi. 
Cette  villea  unmaire  perpétuel,  unpetit  chapitre,  dont 
l'eglife porte  le  nom  deSainte  Croix,  un  couvent  de  Cor- 
deliers ,  un  de  Capucins ,  &  une  maifon  de  filles  de  l'U- 
nion Chrétienne.  On  voit  encore  les  relies  de  l'ancien 
château  au  bas  de  la  ville.  Ci-devant  on  fabriquoit  à  Pal'- 
tenay  des  étoffés  de  lame  ;  mais  ce  commerce  elt  entière- 
ment tombé.  Il  n'y  relte  plus  que  celui  des  beftiaux  ôc  des 
bleds  :  l'un  &  l'autre  elt  fort  confidérable,  mais  particu- 
lièrement le  premier.  *  Pigaaiol,  Defc.  de  la  France  ,  t. 

5.  p.  ut. 

PARTENIENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  U 
Mauritanie Sitifenfe,  où  Rogatuselt  dit  P  artenienjls  epis~ 
copits. 

PARTENKIRCH,  bourg  d'Allemagne,  dans  la  Ba- 
vière, dépendant  de  l'évêque  de  Freifingen,  fur  la  rive 
droite  du  Loyfach  ,  vers  les  confins  duTirol ,  à  quatre 
milles  au  fud-elt  de  Fueffen,  ôc  de  la  rivière  de  Lech.  * 
Zeyler,  Bav.  Top.   Atlas,  Rob.  de  Vaugondy. 

PARTENSTEIN  ,  bourg  de  la  Haute-Autriche,  au 
quartier  de  Niche,  fur  le  Danube. 

PARTH/EUS.  Voytz. Taurus. 

PARTHALIS  REG1A,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du 
Gange,  vers  l'embouchure  de  ce  fleuve,  félon  Time,  /. 

6.  c.  18.  Presque  tous  les  manuferits  portent  Rcgia  Par- 
thalis ;  ôc  c'elt  une  erieur,  dit  lepere  Hardouin  ,  d'avoir 
mis  Regio  pour  Regia  dans  les  exemplaires  imprimés.  Le 
manuferit  de  la  bibliothèque  de  Colbert  lir  Protalis  pour 
Parthalis.  MaisSaumaife,//z>W.;».p.  992  &  993.  fait  bien 
une  plus  grande  faure,  lorsqu'il  s'avife  de  lire  ,  fans  être 
appuyé  d'aucun  manuferit,  Régia  Proclaïs.  Voyez,  te  re- 
marque  cinquante -feptiéme  du  père  Hardouin,  parmi 
fes  notes  Ôc  corrections  fur  le  fixiéme  livre  de  Pline. 

PARTHANUM,  ville  de  la  Vindelicie.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Lauriacum  kVeldidcna , 
entre  Adpontes  Terfeninos  ôc  Veldidena,  à  vingt  milles  du 
premier  de  ces  lieux  ,  &  à  vingt-trois  milles  du  fécond. 
Simler  dit  que  c'elt  préfentement  Parter/kirch ,  bourg  de 
la  Bavière.  Koj^Parrodunum.  , 

PARTHAX.  Voyez.  Cylistanos. 

PARTHEMONT,  abbaye  de  filles  près  de  Mar- 
feille,  en  latin  Partheno  Majjilienfis . 

PARTHENAI.  Voyez,  Partenay. 

PARTHENI,  peuples  de  l'illyrie,  félon  Pline  ,  /.  3. 
c.  22.  Polybe  ,  /.  2.  c.  1 1.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3. 
&  Dion  Catlius  ,  /.  41.  p.  \j6.  écrivent  Parthini.  Nefe- 
roit-ce  point ,  dit  Ortelius,  le  même  peuple  qu'Appien 
appelle  Pertheneta.  Voyez.  Parthos. 

1.  PARTHENI  A,  ville  de  l'illyrie,  félon  Polybe,  /.  2. 
Jules  Céfar,  de  Bel.  Civ.  I.  3.  c.  41.  la  nomme  Oppidum 
Parthinorum.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Prœja. 

2.  PARTHENIA  ,  bourgade  au  voifinage  du  Pont, 
félon  Etienne  le  géographe. 

PARTHENIAS,  fleuve  du  Péloponncfe.  Strabon  , 
/.  8. p.  3J7.  dit  qu'il  traverfoit  Epina,  ville  de  l'Elide  ;  & 
félon  Paufanias ,  in  Eliac.  il  couloit  dans  le  pays  desHar- 
pinnates. 

PARTHENICON,  lieu  de  l'Afie  Mineure,  félon  Xc- 
nophon  ,  Cyriacor.  I.  7.  Ortelius  ,  Thefaur.  foupçonne 
que  ce  pourrait  être  le  P arthenium  de  Pline. 

PARTHENICUM  ,  ville  de  la  Sicile.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Lilybtum  à  Tyndaride  , 
le  long  de  la  mer ,  entre  Aqua  Segefiana  ôc  Myccara ,  à 
douze  milles  du  premier  de  ces  lieux ,  ôc  à  huit  milles  du 
fécond. 

PARTHENIE,  ville  de  l'Afie  Mineure,  félon  Pline, 
/.  f.  c.  29.  Cétoit ,  dit  le  père  Hardouin,  unemonragne 
ou  un  rocher  environné  delà  mer.  Nicander.  in  Thcriac. 
p.  44.  donne  la  defeription  de  ce  rocher  d'une  manière 
pourtant  un  peu  obscure. 

1.  PARTHENlUM  ,  promontoire  dans  la  partie  oc- 
cidentale de  la  Chcrfonnèfe  Taurique.  Ptolomée, /.  3.C 
6.  place  ce  ptomomoke  enite Symbolorum  Portus  ôc  Cher- 
Joncfus.  Niger  dit  que  ce  promontoire  eft  appelle  Rofa- 


PAR 


PAR 


pbar  par  les  habirans  du  pays.  Sur  ce  promontoire  il  y 
avoit ,  félon  l'omponius  Mêla ,  /.  2.  c.  i.  une  ville  nom- 
mée Cberronefus. 

z.  PARTHÉNIUM,  promonroirede Lydie,  félonie 
Scholiaffe  Nicander,  inTberiac. cité  par  Onelius ,  Tbe- 
Jditr. 

3.  PARTHENIUM  ,  ville  de  l'Arcadie.  C'efl  Pline  , 
/.  4.  c.  6.  qui  en  t'aie  mention.  Elle  tiroir  apparemment  (on 
nomdela  montagne  Partbenius .  f/c/y££.PARTHENius.Or- 
relius ,  Thef.  croir  que  c'eft  de  cette  ville  Paribenium 
qu'Etienne  le  géographe  entend  parler  au  mot  to&pictuoi. 

4.  PAPvTHENIUM,  ville  de  Thrace ,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

j.  PARTHENIUM,  ville  de  la  Myfie,  auxenvirons 
de  la  Troade.  Pline,  /.  5.  c.  30.  la  met  au  voifinage  de 
lucide  Se  de  Tbymbre. 

6.  PARTHENIUM,  ville  de  l'Euboée,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

PARTHENIUM  MARE.  Macrobe  ,  /.  7.  Saturnal 
donne  ce  nom  à  la  mer  Méditerranée  qui  baigne  l'Afie  Se 
I'Afriquedans  l'endroit  où  ces  deux  parties  du  monde  fe 
joignent. 

1.  PARTHENIUS  ,  fleuve  de  l'ifle  de  Samos.  On  le 
nomma  auili  Imbrafus,  félon  Qrtelius ,  Thef. 

z.  PARTHENIUS,  fleuve  de  l'Afie  Mineure  ,  félon 
Pcolomée,  /.  2.  c.  1.  Etienne  le  géographe  parle  de  ce 
fleuve,  aufli-bien  qu'Arrien,  Peripl.  i.-p.  14&,  i  y.  qui 
le  donne  pour  borne  entre  la  Bithynie  Se  la  Paphlagonic. 
Les  Grecs,  félon  Tournefort,  Voyage  du  Levant,  t.  z. 
lettre  i<5.  ont  confervé  le  nom  de  cette  rivière,  car  ils  la 
nomment  Partheni  ;  nom  qui  lui  fut  donné  ,  foit  des 
prairies  qu'elle  arrofe  ,  foit  à  caufe  qu'on  adoroit  Diane 
fur  fes  bords.  Mais  les  Turcs  l'appellent  Dolap.  Cette  ri- 
vière n'efl  pas  bien  grande  ,  quoique  ce  fût  une  de  celles 
que  les  dix  mille  appréhendoient  de  pafler. 

3 .  PARTHENIUS ,  fleuve  de  Cilicie ,  près  de  la  vil- 
le d'Anchiala  ,  félon  Suidas. 

4.  PARTHENIUS  ,  montagne  du  Péloponnèfe.  Pom- 
poniusMéla,  /.  l.  c.j.Ôi.  Tite-Live,  /.  34.  f.  26.  font: 
aulïï  mention  de  cette  montagne  j&  Virgile,  dans  fa  dixiè- 
me églogue  ,  parle  des  bois  qui  ecoient  fur  cette  monta- 
gne : 

....  Non  me  ulla  vetabunt 

Frigora  Partbenios  canibus  circumdare  fallu  s . 

5.  PARTHENIUS  ,  promontoire  au  voifinage  d'Hé- 
raclée  ,  félon  Etienne  le  géographe. 

6.  PARTHENIUS.  Voyez.  Par^etonium. 
PARTHENORUSA.  Voyez.  Samos. 

1.  PARTHENOIE,  ifle  de  la  mer  deThyrrene,  fé- 
lon Ptolomée  f  /.  3.  c.  1.  C'efl  aujourd'hui  Palmofa  , 
félon  Léandre  ;  Bétente,  Bentilies  ou  Ventotiene,  félon 
d'autres.  Cette  différence  vient  de  ce  que  !a  deferiptien 
que  Ptolomée  donne  des  ifles  du  golfe  de  Naples  ,  ne  ré- 
pond pas  jufle  à  la  fituation  préfente  des  lieux. 

2.  PARTHENOPE.  Voyez,  Naplls. 

1.  FARTHENOPOLIS,  ville  de  Macédoine,  fclon 
Etienne  le  géographe.  11  en  efl  fait  mention  dans  le  con- 
cile de  Chalcédoine  ,  qui  la  met  dans  la  première  Macé- 
doine. Le  père  Hardouin  appelle  cette  ville  Parthiivpo- 
lis  ,  appuyé  fur  une  notice  grecque. 
^  2.  PARTHENOPOLIS,  ville  delà  Bithynie ,  félon 
Tline  ,  /.  5 .  c.  3  2.  qui  fait  entendre  qu'elle  ne  fubfiftoit 
plus  de  fon  terns. 

3.  PARTHENOPOLIS,  villedelaMœfielnférieure. 
Pline,  /.  4.  c.  11.  la  met  parmi  les  villes  du  pays  qu'a- 
voient  occupé  les  Scythes  Aroteres  ;  Se  Eutrope  ,1.6.  c. 
8.  la  compte  parmi  celles  que  Lucullus  fubjugua  fur  ie 
Pont. 

4.  PARTHENOPOLIS  ,  ville  de  la  Carie.  Il  en  efl 
parlé  dans  le  concile  de  Chalcédoine. 

PARTHES.  Voyez.  Parthia. 

PARTHIA  ,  à  préfent  I'Arach  ,  contrée  d'Afie, 
bornée  au  nord  par  laGrande  Médie,  &  par  l'Hyrcanic, 
à  l'orient  parl'Arie:  au  midi  par  la  Caramanie  Défei  te  , 
Se  à  l'occident  parla  Parayiacène  ,  ou  ,  félon  Ptolomée, 
l.6.c.  j.  par  la  Médie.  Cette  contrée,  dit  Etienne  le 
géographe,  efl  appellée  par  les  Grecs  Partby^a  Se  Pàr- 
ibyene  ;  Se  par  les  Latins  Parthiene  ,  Se  le  plus  fouvent 
Parthia.  Les  peuples  font  nommés  P<w/?y<tt  parles  Grecs, 
Se  Pa,:bipai  les  Latins.  Les  premiers  fe  fervent  pourtant 


84r 


aufll  quelquefois  du  nom  Parthi.  Dion  Ca.'fius  ,  /.  40,  p. 
i2j.  Se  Plutarque,  inCraJJb  &  Antonio,  en  ont  ufé. 
Sous  les  rois  de  la  Perfide,  Se  ceux  de  Syrie  ,  la  I  arrhie 
étoit  regardée  comme  peu  déchoie  ,  Se  les  Macédoniens 
méprifoient  ce  pays  à  caufe  de  fa  flerilité  ,  qui  ne  lui 
fourniflbit  pas  de  quoi  faire  fubfifler  leur  armée.  Arîfacc  s 
Fut  le  fondateut  de  l'empire  des  Partîtes.  Cet  empire  fe 
rendit  fi  puifiant ,  qu'il  tint  long-rems  tête  aux  Romains. 
II  fut  établi  environ  deux  cens  cinquante  ans  avant  Jefus- 
Chrifl,  &dura  plus  de  quatre  cens  ans  fous  fes  fucees- 
feurs,  qui  prirent  le  nom  A'Arfacides  ,  nom  qui  fut  auiïï 
donné  aux  peuples  qui  leur  étoient  fournis.  L'empire  des 
Parthes  finit  vers  l'an  227,  fous  le  règne  d'Artaban  qui 
fut  tué  par  un  Perfe,  qu'on  difoit  fils  d'un  cordonnier ,  Se 
qui  avoit  pris  le  nom  d'Artaxerxès  que  portoient  les  an- 
ciens rois  Perfes. 

Ptolomée  partage  la  Parthie  en  différentes  portions. 
Celle  qui  joignoit  l'Hyrcanic  s'appclloit  Comisfne:  celle 
qui  étoitau  midi  de  laComifene,  s'appelloit  j  arthiene 
ou  Parthie  propre.  Une  autre  portion  fenommoir  Cho- 
ROANE,-une  autre  la  Parant. nicene ,  &nne  autre  la  Ta- 
eiene.  Ces  noms  ne  font  guère  connus,  non  plus  que 
ceux  des  villes  Se  des  bourgades  que  Ptolomée  place  dans 
ces  provinces,  &  qu'il  fait  monter  au  nombre  de  vingt- 
cinq  ;  favoir, 


Ambrodax  , 
Oenunia , 
Suphtha, 
Araciana  , 
Dordomana  , 
Hecatompylon , 
Sindaga , 
Parbara, 
M  y  fia, 
Charax , 
Apamia , 
Spha, 

Rhagita. 


Caripraca  , 
Rhoara , 
Semina, 
Marriche , 
Taflachc  , 
Armiaria, 
Choana, 
Pafacarta , 
Rhuda, 
Simpfimida, 
Artacana, 
Appha, 


PARTHLEI,  peuples  de  la  Macédoine.  Ptorbmée, 
/.  3.  c.  1 3.  leur  donne  une  ville  nommée  Eriboea. 
PARTHICOrOLIS.  F^Parth/enopolis  i. 
PARTHINI.  Voyez.  Partheni. 
PARTHINORUM  URBS.  Voyez.   Parthfnia. 
PARTHISCUS.  Voyez  Parthisus. 

1.  PARTHOS,  ville  d'illyrie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  cite  Apollodore.  Elle  dennoit  le  nom  aux 
peuples  Partheni  j  &  Parthos  pourrôit  bien  être  la 
même  ville  que  Parthenia. 

2.  PARTHOS,  ville  de  l'Afrique  propre.  Appien  , 
de  Bell.  Pun.p.  21.  dit  qu'elle  fut  prife  par  Scipion.  11 
paroït  qu'elle  ne  devoir  pas  être  éloignée  de  la  ville  de 
Cilla. 

PARTHUSI ,  peuple  de  h  Sufiane,  félon  Pline ,  /.  6. 
c.  27. 

PARTHYENE  ,  cnnrréequi  faifoit  partie  de  l'empiie 
des  Parthes.  C'efl  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  5.  qui  fait  mention 
de  cette  contrée.  Voyez  Parthia. 

PARTISCUM.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  7.  nomme  ainfi  la 
dernière  des  villes  qu'il  donne  aux  Jnzyges-Métanafles. 
Niger  prétend  que  c'efl  aujourd'hui  Cccbometb  en  Hon- 
grie j  mais  Lazius  prétend  que  ce  foit  Paroczlo.  Voyez. 
ce  mot. 

PARTZ,  château  fitué  dans  la  Haute- Autriche,  au 
quartier  de  Haus.  Il  appartient  au  comte  de  Weiflcn- 
woif. 

PARU,  fort  de  l'Amérique  méridionale  .  fur  le  bord 
feptentrional  de  la  rivière  des  Amazones  ,  un  peu  au- 
deffus  de  l'embouchure  de  celle  de  Xingu.  Ce  fort  a  été 
nouvellement  bâti  par  les  ;s,  fur  les  ruinesd'un 

vieux  fort  que  les  Hollandois  y  ont  eu.  *  Relation  d'un 
voyage  en  Amérique ,  parM,  de  la  Condamine. 

PARUETUS.  Voyez.  Parsenti. 

PARUS.  Voyez.  Paros. 

PARUT/E  ,  peuples  de  l'Arie.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  17. 
les  dit  voiilnsdcs  Paropanifades.  Ses  interprètes,  ai:  lieu 
de  ParuiA  ,  lifcnt  Parauti. 

PARVUS,  Parva,  Parvum,  adjectif  laiin  qui  fi- 
gnifle  Petit  Se  Petite. 


$$6      PAS 


PAS 


Les  anciens  ont  appelle  Parvum  Littus  ,  ou  le  Petit 
Rivage  ,  un  lieu  maritime  ,  fur  la  côte  d'Ethiopie,  & 
que  Ptolomée ,  /.  4.  c.  7.  place  dans  le  golfe  des  Barbares. 

Ils  ont  aufli  appelle  Parvum  Littus,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  6.  c.  7.  un  lieu  de  l'Arabie  Heureufe ,  dans  le 
pays  des  Adramites ,  entre  la  ville  Erith^  Se  le  port  de 
Cane. 

PARYADRES.  Voyez.  Pariades. 

PARYCANII.  Voyez.  Pa ricane. 
PARYM./E,  peuples  d'Afie.Juftin  en  fait  mention, /.  12. 
■v.  5.  Ils  dévoient  être  quelque  part  vers  le  Mont  Caucafe. 

PARYMNA  ,  lieu  deplaifance,  dans  l'ifle  de  Cypre  : 
c'efi  Siméon  le  Métaphrafte  qui  en  parle  dans  la  vie  de 
faint  Spiridion. 

PARYSTIUM.  Athénée,  /.  1.  loue  une  forte  de  vin 
appellée  Paryftium  du  nom  du  lieu  où  il  croiflbit.  Or- 
telius  croit  que  ce  lieu  étoit  dans  laTroade,  au  voifi- 
mge  de  la  ville  de  Pitane. 

1.  PAS,  forte  de  mefure  qui  fe  prend  de  l'espace, 
qui  eft  entre  les  deux  pieds  d'un  animal,  quand  il  marche. 
Voyez,  Mesures  Itinéraires. 

2.  PAS  :  ce  mot  fe  dit  par  extenfion  d'un  paflage  étroit 
ëe  fortifié  ,  comme  le  Pas  de  Suze  ,  le  Pas  des  Thermo- 
pyles  &c  autres  -,  &  fur  la  mer  i!  fignifieun  détroit  entre 
des  terres,  comme  celui  qui  ell  entre  Calais  Se  Douvre , 
Se  qu'on  appelle  le  Pas  de  Calais.  Voyez.  Détroit. 

3.  PAS,  bailliage  de  France,  dans  l'Artois.  Il  rele- 
voit  autrefois  de  la  prévôté  royale^de  Beausquene  ,  mem- 
fcre  du  baiiliage  d'Amiens.  Mais  aujourd'hui  il  dépend  du 
comté  de  Saint  Paul ,  avec  lequel  il  fut  cédé  à  la  France 
par  le  traité  des  Pyrénées.  *  Longuerue  ,  Defcription  de 
la  France  ,  part.  2.  p.  93. 

PAS-DES  ÂNES.  Voyez,  dans  cette  lifte,  l'article  Pas- 
de-Grave. 

PAS  DE  LA  BARRE  ,  lieu  de  France  ,  dans  le  gou- 
vernement de  Foix,  à  une  lieue  au-dedous  de  la  ville  de 
Foix.  Selon  le  témoignage  de  Guillaume  de  Puy-Laurenr, 
en  fon  hilloire  des  Albigeois ,  le  comte  de  Foix  reconnut 
tenir  du  comte  de  Touloufe  toute  la  terre  dit  Pas  de  la 
Barre  en  bas ,  dans  l'évêché  de  Touloufe.  *  Longuerue , 
Defcription  de  la  France  ,  part.  1.  p.  21  f. 

Le  PAS  DE  LA  BICHE  ,  lieu  de  France ,  dans  le  Poi- 
tou ,  auprès  de  Civeaux  ,  paroiffe  de  l'élection  de  Poi- 
tiers ,  fur  la  Vienne.  On  croit  bonnement  que  Clovis 
paffa  cette  rivière  à  gué  à  la  fuite  d'une  biche  qui  fortit 
des  bois  exprès,  pour  venir  fervir  de  guide  à  ce  prince. 
Au  voifinage  ,  on  voit  dans  un  grand  champ  un  nombre 
prodigieux  de  tombeaux  de  pierres.  La  tradition  du  pays 
veut  qu'ils  ayent  fervi  à  inhumer  les  corps  des  François 
qui  furent  tués  à  la  bataille  de  Vouillé  ,  où  Clovis  défit 
entièrement  les  Vifigoths.  Ce  qu'il  y  a  de  confiant ,  c'efi 
que  dans  quelques-uns  de  ces  tombeaux  qu'on  a  ouverts  , 
on  y  a  trouvé  de  vieilles  armes  confumées  par  la  rouille. 

*  Piganiol,  Defc.  de  la  France  ,  t.  j.  p.  103. 

PAS  COMMUN.  Voyez.  Mesures  Itinéraires. 

PAS  DE  CALAIS,  détroit  entre  les  côtes  de  France 
&  celles  d'Angleterre.  Voyez.  Calais. 

PAS  DIEU.  Voyez,  au  mot  Sainte  ,  l'article  Sainte 
Croix. 

PAS  GÉOMÉTRIQUE.  Voyez.  Mesures  Itinérai- 
res. 

PAS  DE  GRAVE ,  petit  bras  de  mer  ,  fur  la  côte 
occidentale  de  la  Fiance  ,  en  Guienne.  C'efi  propre- 
ment la  bouche  méridionale  de  la  Gironde  ,  entre  la 
Tour  de  Cordouan  Se  la  côte  de  Medoc.  La  bouche  fep- 
tentrionale  de  cette  même  rivière  eft  nommée  le  Pas- 
des-Anes.  Elle  eft  entre  la  Tour  de  Cordouan  Se  la  côte 
de  la  Saintonge. 

Le  PAS  DE  S.  LUCIUS ,  lieu  dans  le  pays  des 
Grifons  ,  dans  !a  feigneurie  de  Meyenfeld.  C'efi  un  dé- 
filé important,  dans  les  montagnes,  à  l'entrée  du  pays. 

*  Etat  &  Délices  de  la  Sut/Je  ,  t.  4.  p.  8 1 . 

PAS  DE-SUZE.  Voyez.  Suze. 

PASACARTA,  ville  delà  Parthie.  Ptolomée ,  /.  6. 
c.  5.  la  place  entre  Cboana  Se  Khuda. 

PASAGE ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange ,  félon 
Ptolomée,  /.  7.  c .  1. 

PASAR,  ville  des  Chorasmiens,  félon  Ortelius, 
Tbefaur.  qui  cite  Cedrene  Se  Zonare. 

PASARGADA,  ville  de  k  Perfide,  fclon  Pline ,  /. 


6.c.  23.  Etienne  le  géographe,  qui  écrit  Passargad^  » 
rend  ce  mot  par  Perjarum  Caflra,  le  camp  des  Perles. 
Dacier  croit  que  Cyrus  le  Grand  la  fit  bâtir ,  parce  qu'il 
avoit  défait  dans  ce  lieu  Afiyage  &  acquis  le  royaume 
par  fa  victoire.  Plutarque ,  in  Artaxer.  dit  que  le  roi 
Artaxerxes  s'y  fit  facrer  félon  la  coutume  par  les  prêtres. 
Ptolomée  nomme  cette  ville  Pafacarta.  On  trouve 
encore  quelques  veftiges  de  ce  nom  dans  celui  qu'elle 
a  aujourd'hui  >  car  ,  félon  le  père  Lubin  ,  on  la  nomme 
Darabegerd ,  ou  comme  les  Arabes ,  Valafegerd. 

PASARNA,  ville  de  la  petite  Arménie.  Ptolomée; 
/.  $.  c'  7-  'a  place  dans  la  préfecture  Laviniane ,  à  queL 
que  diftance  de  l'Euphrate. 

PARS  ARRACHA  ,  ville  de  Perfc,  félon  Ptolomée  ; 
/.  6.  c.  4. 

PASC-^E ,  peuples  de  la  Sogdiane ,  félon  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  12.  qui  les  met  auprès  des  monts  Oxii.  Ses  in- 
terprètes ,  au  lieu  de  Pascœ ,  lifent  Pafïc&. 

PASCAMAYO ,  vallée  de  l'Amérique  méridionale  , 
au  Pérou ,  dans  l'audience  de  Lima  ,  entre  la  vallée  de 
Zanaaunord,  Se  celle  de  Chimo  au  midi.  Cette  vallée 
ei\  la  plus  fertile  Se  la  plus  peuplée  de  tout  le  pays.  Ses 
habitans  avoient  bâti  plufieurs  temples ,  dans  lesquels  ils 
facrifioient  à  leurs  idoles.  Aujourd'hui  ces  temples  font 
pofledés  par  des  religieux  Se  des  prêtres.  On  fait  dans 
cette  vallée  beaucoup  de  draps  de  coton.  Les  vaches, 
les  chevies  Se  les  pourceaux  y  profitent  fort.  *  Corn. 
Dict.  De  Lait ,  Defcription  des  Indes  occidentales,!. 
10.  c.  9. 

IASCOUR,  ville  du  pays  d'Yefib,  ou  de  Kamats- 
chatka  ,  félon  la  relation  des  Hollandoisdu  Cafiricoom. 
*  Le  père  de  Cbarkvoix.    Mémoires  Manufcrits. 

PASCUARO ,  Pasquaro,  ou  Mechoacan,  ville 
de  l'Amérique  feptentrionale ,  au  Nouveau  Mexique , 
dans  l'audience  de  Mexico  ,  fur  le  bord  occidental  du 
lac  de  Mechoacan,  vis-à-vis  de  Valladolid,  où  l'on  a 
transféré  l'évêché  ,  qui  avoit  d'abord  été  établi  à  Pascua- 
ro  ,  que  l'on  regardoir  alors  comme  la  principale  ville 
du  pays.  Pascuaro  eft  maintenant  ruinée.  *  Atlas  ,  Rob. 
de  Vaugondy. 

PASI.  VoyezV  k^r\. 

PASIANI,  peuples  d'Afie.  Strabon,  /.  11.  p.  511. 
dit  qu'ils  furent  du  nombre  de  ceux  qui  enlevèrent  la 
Bactriane  aux  Grecs. 

PASIACUS.  Voyez.  Axiaces. 

PASIC£.  Voyez.  PascvE. 

PASICANA ,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange.  Pto-; 
lomée,  /.  7.  c.  1.  la  donne  aux  Caspir^ei. 

PASINI  CASTRUM.Kov^Charax,w.  10. 

PASIPEDA ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée, /. 7.  c.  1.  la  place  fur  le  bord  du  fleuve,  en- 
tre Pisca  Se  Suficana. 

PASIR A,  bourgade  de  îaCarmanie.  Arrien,z'«  lndic. 
p.  341.  dit  qu'elle  étoit  à  foixante  ftades  de  la  mer. 

PASIRIS,  ville  de  la  Sarmatie  Européenne,  félon 
Ptolomée  ,  /.  3.  c.  5.  qui  la  place  fur  le  bord  du  fleuve 
Carcinite  ,  entre  Torocca  Se  Hercabum. 

PASITIGRIS.  Voyez.  Tigre. 

PASLEY  ,  ou  Paslay  ,  ville  d'Ecofle,  dans  la  pro- 
vince de  Cunningham  ,  à  quinze  lieues  d'Edimbourg. 
Elle  ei\  plus  grande  que  Renfrew.  Le  Cartl'arrofe  ;  Se 
elle  éroit  autrefois  fameufe  par  une  belle  abbaye  de 
l'ordre  de  Clugni.  Cette  ville  donne  le  titre  de  baron  à 
la  famille  d'Abercorn,  qui  eft  une  branche  de  celle 
d'Hamilton. 

PASMASIUS,  campagne  de  la  France,  félon  Orte- 
lius ,    Thefaitr.  qui  cite  Surius. 

PASPANENSIS,  fiége  épiscopal  de  la  Lycaonie.  Il 
en  eft  parlé  dans  le  concile  de  Conftantinople  tenu 
fous  Je  pape  Damafe  I.  *  Ortel.  Thef. 

PASSA,  ville  de  Thrace,  félon  Etienne  le  géographe. 
Voyez.  Pastos. 

PASSAD/E  ,  peuples  de  l'Inde  ,  au-delà  du  Gange. 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  les  place  fur  le  bord  de  ce  fleuve. 
Ses  interprètes lifeni  PaJJal.c;  Se  c'efi ainfi  qu'écrit  Pline, 
/.  6.  c.  iç.Orofe,  /.  3.  c.  19.  Pafiidœ  ,  Se  dit  que  ces 
peuples  furent  fubjugués  par  Alexandre.  Voyezï>AlAi.&. 

PASSAGARDiE.  Voyez  Pasargada. 

1.  PASSAGE.  Voyez.Tp.A3Ecrvs. 

2.  PASSAGE.  Voyez.  Passaje. 


PAS 


3.  PASSAGE.  Corneille  ,  Dicl.  dit ,  fans  cirer  de  ga- 
rnir, que  c'eft  un  bourg  ou  village  de  l'Anatolie,  avec 
un  porr,  fur  la  côte  de  l'Archipel.  Il  ajoure  que  ce  lieu 
a  cri  ainfi  nommé  ,  à  caufe  que  c'e  t  là  qu'on  s'embar- 
que ordinairement  pour  faire  le  trajet  jusqu'à  l'ifle  de 
Scio,  qui  eft  vis-à-vis,  à  quatre  lieues  delà,  au 
couchant. 

PASSAGE  DE  BELLE  ISLE.  Voyez,  au  mot  DÉ- 
ïroit  ,  l'article  Détroit  de  Charles. 

PASSAGE  DE  BROUWER.  Voyez,  au  mot  Dé- 
troit ,  l'article  Détroit  de  Brouwer. 

PASSAGE-DU-CANCEAU  ,  détroit  de  l'Amérique 
fepcentrionale ,  dans  la  Nouvelle  France.  Il  eft  entre  la 
côte  de  l'Acadie  à  l'occident ,  Se  Lille  du  Cap  Breton 
à  l'orient. 

PASSAJE,  ou  Passage,  ville  d'Espagne  ,  dans  le 
Guipuscoa,  vis-à-vis  d'un  bourg  nommé  Lesso,  à  un 
quart  de  lieue  de  Saint  Sébaftien ,  tirant  vers  Fontara- 
bie.  Cette  petite  ville  eft  le  lieu  où  le  roi  d'Espagne 
tient  l'escadre  qu'il  entretient  fur  l'Océan.  *  Délices  d'Es- 
pagne ,  p.  80  &  81. 

PASSAIS ,  Paffagicn/îs  Tr  atlas ,  archidiaconé  du  dio- 
cèfe  du  Mans. 

PASSALA ,  port  des  Mylafféens ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Pline,  /.  5.  c.  31.  place  P  affala,  dans  le  golfe 
Céramique. 

PASSAL/E.  Voyez.  Passade  &  Pazal^. 

PASSALON  ,  ville  d'Egvpte  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4. 
c.  5.  Villanovanus  dit  que  c'eft  la  ville  Pefla  de  l'itinérai- 
re d'Antonin  ;  mais  Ortelius ,  Thefaur.  n'en  demeure  pas 
d'accord.  Il  femble  qu'il  aimeroit  mieux  dire  avec  Sim- 
ler,  que  Passalon  feroit  la  même  ville  que  celle  qui 
eft  nommée  Peseta ,  dans  la  notice  des  dignités  de 
l'Empire. 

PASSANDA ,  lieu  fortifié  dans  la  M)  fie  Afiatiqne  , 
félon  Etienne  le  géographe ,  qui  place  ce  lieu  dans  le 
voifinage  de  la  ville  Adramyttium  Se  de  celle  de  Ci- 
fthene. 

PASSAO ,  cap  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pérou, 
dans  l'audience  de  Quiro.  Au-defTous  eft  un  petit  port 
que  les  Espagnols  appellent  communément  et  Porteto 
Quand  François  Pizarre  fit  fon  premier  voyage  au  Pérou , 
il  avança  dans  ces  quartiers,  où  il  trouva  beaucoup 
d'or  Se  d'émeraudes  qu'il  enleva  aux  Sauvages.  *  Atlas, 
Rob.  de  Vaugondy.  Cor».  Di£t.  De  Lae't ,  Defc.  des  In- 
des occ  1.  10.  c.  8. 

PASSAPRUM.  Ortelius,  Thefaur.  dit:  Athénée,  /. 
1.  appelle  ainfi  une  forte  de  vin  du  nom  du  lieu  qui 
le  produifoic.  Ortelius  ne  cite  pourtant  que  Natalis, 
l'interprète  d'Athénée ,  parce  que  dans  le  rexre  grec , 
il  y  a  une  petite  lacune.  Le  mot  Paffaprum  y  elt  tronqué  : 
on  y  lit  feulement  ces  trois  lettres  Uxtt. 

PASSARIA.  Voyez.  Passerg. 

PASSARO,  ou  Passero.  Voyez.au  mot  Cap  l'arti- 
cle Cap  de  Passaro, 

PASS  ARON  ,  lieu  de  l'Epire ,  dans  la  Moloffide.  De 
toute  ancienneté ,  dit  Plurarque,  in  Pyrrho  ,  les  rois 
d'Epire  avoient  accoutumé  de  tenir  une  afTemblée  dans 
ce  lieu  •,  Se  après  avoir  fait  un  facrifice  à  Jupiter  Mar- 
tial ,  ils  prêtaient  ferment  à  leurs  fujets ,  Se  recevoient 
le  ferment  d'eux. 

PASSAROWITZ  ,  petite  ville  de  la  Servie  ,  fur  la 
Morave,  remarquable  par  le  traité  de  paix  fait  en  171 8  , 
entre  les  Turcs  &  les  Impériaux. 

PASSARVAN,  ou  Passa roewan  ,  ville  des  Indes, 
dans  l'ifle  de  Java  ,  fur  la  côte  feptentrionale,  à  fix  lieues 
de  la  ville  de  Panarucan  ,  fur  le  bord  d'une  rivière  agréa- 
ble. C'étoit  une  ville  royale  du  tems  que  lesHollandois 
y  firent  leur  premier  voyage.  La  principale  marchan- 
dife  qu'on  y  trouve ,  c'eft  le  fin  Se  petit  garnitre  ,  fruit 
à  peu  près  femblable  aux  fraifes.  Les  marchands  Quil- 
lins  l'eftiment  beaucoup  ,  parce  qu'ils  en  font  des  grains 
de  chapelets  ou  de  bracelers.  On  y  fait  auffi  des  toiles  de 
coton  qu'on  porte  à  Bantam  ,  où  on  les  échange  pour  des 
nurchandifes  de  la  Chine.  Quant  à  la  province  de  Pas- 
sarvAn  ou  Passarqewan.  Voyez,  l'article  Java.  * 
1 .  Voyage  des  Hollandois  aux  Indes  orientales  ,  p.  3  3  4. 
Se  fuïv. 

PASSAI! ,  ou  Passaw,  ville  d'Allemagne,  dans  la 
Baffc-Bayicre,  fur  le  Danube,  au  confluent  de  l'Inn  Se 


PAS       847 


de  l'Illz,  vers  le  48  degré  30  minutes  de  latitude.  Les 
Latins  modernes  la  nomment  Patavia ,  Paffdvia  ,  Pa- 
tavium  ,  Paflavium  ,  Se  Balava  Cafira.  Ce  dernier  nom 
eft  lefeul  qui  foit  légitime  ,  parce  qu'il  tire  fon  origine 
d'une  cohorte  des  Bataves  qui  eut  là  fes  quartiers  d  hi- 
ver affignés  fous  l'empire  d'Antonin.  Auffi  voyons-nous 
dans  h  notice  de  l'Empire fub  dispofttione  virifpedabilis 
Ducis  Provincial.  RbetLeprimœ  Crfecunda,  qu'il  y  avoit 
un  tribun  de  la  première  cohorte  des  Bataves ,  en  un  lieu 
nommé  Bâta  va.  Ce  fentiment  eft  adopté  par  Mégifer , 
dans  fa  chronique  de  Carinthie;  par  le  Scholiafte  d'Eu- 
gippe  cité  par  Zeyler.  Depuis  ce  tems ,  ce  lieu  fut  nom- 
mé Batavorum  Castra  ,  le  Camp  des  Bataves  ,  oa 
Amplement  Batava  :  les  habitans  ont  dit  d'abord  Bat- 
taw  par  une  rerminaifon  appropriée  à  leur  langue ,  Se 
en  onr  fair  enfuire  P  a  flan  ,  par  le  penchant  qu'à  la  lan- 
gue allemande  de  changer  les  deux  t  en  deux/,  comme 
de  Chatti  elle  fait  Hajfî,  les  Heffos,  &  ainfi  de  quantité 
d'autres  mots.  Paffau  n'eft  ni  la  Petorio  de  Tacite  ,  ni  le 
Boiodorum  de  Ptolomée,  comme  plufieurs  l'ont  cru. 
Il  y  a  un  évêché  à  Paffau,  qui,  félon  plufieurs  a  été 
détaché  de  Laureacum. 

La  ville  de  Paffau  eft  fituée  en  long ,  à  caufe  d'une 
montagne  qui  la  gêne.  Zeiler  nomme  cette  montagne 
D aldechtigen  Berge  :  cette  ville  s'étend  d'orient  en  oc- 
cident l'espace  d'environ  onze  cens  pas ,  8c  eft  environ- 
née de  rivières  ou  de  montagnes ,  qui  lui  font  une 
enceinte  naturelle.  Elle  eft  immédiatement  foumife  à 
fon  évêque.  La  cathédrale,  qui  eft  fous  l'invocation  de 
fiiint  Etienne,  premier  martyr  ,  a  été  bâtie  des  libérali- 
tés de  Plectrude  (  Pluiraitd  )  fille  de  Grimoald  (  Grein- 
holds  )  duc  de  Bavière  Se  femme  de  Pépin  d'Herftal ,  mai- 
re du  palais  des  rois  de  France  ,  laquelle  fe  joignit  à  fori 
pere  pour  cette  dépenfe.  Près  de  cette  églife  il  y  a  le 
palais  épiscopal  &c  la  cour  du  chapitre.  Les  autres  églifes 
de  Paffau  font  celles  de  Saint  Paul ,  de  Saint  Michel ,  de 
Sainte  Croix,  ou  le  monaftere  de  Niederburg,  bâti 
pour  des  filles  de  qualité,  par  Utel,  duc  de  Bavière  , 
vers  l'an  739.  Gifellc ,  fœur  d'Henri  II,  empereur,  Se 
femme  d'Etienne ,  roi  de  Hongrie  ,  y  eft  enterrée.  L'em- 
pereur Frédéric  1  donna  cetteabbaye  à  l'évêque  de  Paffau 
&  à  S.  Etienne  ,  à  la  charge  d'une  redevance  annuelle, 
Se  fe  réferva  pour  foi  Se  fes  fucceffeurs  certainsdroits. 
Les  Jéfuites  ont  un  collège  en  cette  ville  ;  hors  de  la  vil- 
le Se  au  couchant,  eft  l'églife  de  Saint  Nicolas ,  avec 
une  maifon  de  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de  faint  Au- 
gullin  :  vers  le  midi.,  dans  la  ville  nommée  Inftadt,  eft 
l'églife  de  fainte  Gertrude.  Sur  la  montagne  de  Saint 
George  eft  une  for tereffe  nommée  Ober  Haufz. ,  dont 
on  jetta  les  fondemens  en  1 1 19  Au  pied  de  la  montagne 
eft  une  autre  foi  tereffe  fort  ancienne,  nommée  Undet 
Haufz.  ;  l'une  Se  l'autre  appartiennent  à  l'évêque.  Cette 
montagne  eft  dans  l'angle  que  forment  llltz  Se  le  Danu- 
be en  fe  rencontrant;  l'Iltz  la  fépate  d'iltzftadt. 

L'évéché  dePaffau  eft  entre  la  Bohême,  la  Baflè-Baviere 
«Scia  Haute-Autriche. Le  Danube  le  coupe  en  deux  parties 
inégales ,  mais  fertiles  Se  fort  peuplées.  Il  fut  fondé  par 
Théodon  111 ,  duc  de  Bavière,  après  qu'Attila  eut  ruiné 
la  ville  de  Lorck  (  La uriacum )  dont  le  fiége  archiépis- 
copal, c'eft-à-dire,Ia  dignité  de  métropole,  fut  transféré 
à  Saltzbourg.  C'eft  ainfi  qu'en  parle  d'Audifret ,  que  la 
mort  enleva  en  173  3,  en  Lorraine,  où  il  réfidoit  depuis 
très-long-tems  de  la  p.art  du  roi  très-chrétien.  Il  pourfuit 
ainfi  :  Erchenfrid  en  fut  le  premier  évêque ,  8e  Théo- 
don  lui  fit  donation  du  domaine  de  la  ville  :  fes  fucces- 
feurs  prirent  durant  un  long  espace  de  tems  la  qualité 
d'archevêques  de  Lorck  ,  prétendant  qu'en  poffédant  fon 
diocèfe ,  ils  dévoient  auffi  en  avoir  le  titre:  Hundius 
fait  mention  dans  fon  hiftoire  de  Saltzbourg ,  d'un  grand 
différent  qu'eurent  fur  ce  fujet  Hérold,  archevêque  de 
Saltzbourg  ,8c  Gérard  ,  archevêque  de  Lorck  ou  de  Pas- 
fau.  Comme  les  fuites  en  pouvoient  être  funeftes  à  l'é- 
glife ,  le  Pape  Agapit  II  interpola  fa  médiation  ,  &  ter- 
mina leur  querelle;  de  forte  qu'ayant  divifé  le  Norique 
en  deux  parties ,  illaiffa  l'occidentale  à  Herold,  Se  don- 
na l'orientale  à  Gerald  Chriftian.  Un  des  fucceffeurs  de 
Gérard  au  dixième  fiécle  ,s'abftint  le  premier  de  prendre 
le  titre  d'archevêque.  L'empereur  OrtonlII,  confirma 
tous  les  privilèges  de  fon  églife,  à  laquelle  il  unir  l'ab- 
baye de  Kremsmonster,  le  monaftere  de  Mathafe  Se 


848 


PAS 


PAS 


la  chapelle  d'Oetingcn  ;  Se  pour  rendre  cette  confirmation 
plus  fblemnellc  ,  il  l'exeaita  lui  &  fes  fuccefleurs  de  tout 
fervice  des  ducs  de  Bavière  Se  autres  puiflans  feigneurs, 
lui  accordant  tous  les  droits  régaliens  Se  ceux  que  les 
empereurs  poftédoient  dans  la  ville  Se  hors  la  ville  de 
Paflau  ;  fes  fuccefleurs  augmentèrent  leur  domaine  ,  Se 
particulièrement  Ulrick ,  frère  de  Conrad,  comte  de 
Hall  Se  de  Wafierbourg  ,  qui  vivoit  au  commencemenc 
du  treizième  fiécle. 

Le  chapitre  de  Paflau  eft  compofé  de  vingt-quatre 
chanoines  capitulaires  ,  parmi  lesquels  il  y  a  trois  digni- 
tés ,  qui  font  celles  de  prévôt ,  de  doyen  Se  de  euftode. 
Paflau  efl  remarquable  par  le  traité  qui  s'y  fit  en  ij/2. 
pour  pacifier  les  agitations  qui  troubloient  alors  l'em- 
pire d'Allemagne  ;  Se  comme  chacun  y  garda  ce  qu'il 
avoit  acquis ,  ce  traité  a  pafle  en  proverbe.  Quand  dans 
une  querelle  un  parti  a  été  fore  maltraité  ,  Se  que  l'on 
fait  ceffer  les  hoftilités,  fans  autres  réparations  ,  on 
dit  :  Ccfl  l'a  Transaction  de  Pajfau  ,  chacun  garde  ce 
qu'il  a  reçu. 

Les  autres  villes  de  cet  évêché  font  Obernberg  , 
fur  llnn ,  dans  la  Haute-Bavière ,  proche  de  Reicher- 
lberg  ,  où  l'évêque  fait  fa  réfidence  ordinaire,  &  Eber- 
sperg,  fur  le  ruifleau  de  Traun ,  à  deux  milles  de  Lintz, 
dans  la  Haute- Autriche. 

PASSA  VA,  forterefie  de  laMorée,dans  la  provin- 
ce de  Maina  ,  près  de  la  plage  du  golfe  de  Colochine, 
fur  le  cap  de  Matapan  ,  à  l'oppofite  de  Chielefa  &  du 
port  de  Vitulo.  Le  généraliflime  Morofini  s'en  rendit 
maître  en  168/  ,  Se  la  fit  démolir.  Elle  étoit  d'une  fi- 
gure irtéguliere  en  toutes  fortes  de  façons,  Se  elle  ne 
valoit  pas  la  peine  qu'on  y  laiflac  une  garnifon.  D'ail- 
leurs elle  étoit  inutile  ;  car  il  y  avoit  dans  le  voifinage 
un  partage  étroit ,  où  l'on  pouvoir  avec  peu  de  monde 
arrêter  Se  combattre  une  nombreufe  milice.  *  Coronelli , 
Defcr.  de  la  Morée,  p.  89. 

1.  PASSAVANT ,  petite  ville  ou  gros  bourg  de  Fran- 
ce ,  dans  l'Anjou ,  fur  la  rivière  de  Layon ,  à  trois 
lieues  de  Montreuil-Bellay.  Elle  porte  le  titre  de  com- 
té ,  &  appartenoit  dans  ces  derniers  tems  au  duc  de 
Rouanez ,  de  la  maifon  de  Goufficr.  Sa  juftice  s'étend 
fut  quinze  paroifles.  La  terre  vaut  environ  trois  mille 
livres  de  rente  :  Se  il  y  a  cent  fiefs  qui  en  relèvent.  La 
paroifle  eft  des  plus  petites ,  Se  ne  contient  que  foixan- 
te-quatre  feux.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  c.  7. 
p.  155. 

2.  PASSAVANT,  ville  de  France,  dans  la  Cham- 
pagne ,  au  diocèfe  de  Châlons.  11  y  a  une  prévôté  roya- 
le reflbrtiflante  au  bailliage  de  Langres.  Son  terroir  elt 
allez  abondant  en  grains  Se  en  vins. 

3.  PASSAVANT,  forêt  de  France,  aux  confins  de 
la  Lorraine,  de  la  Champagne  Se  du  comté  de  Bourgo- 
gne. Le  roi  en  céda  la  moitié  au  duc  de  Lorraine  ,  par 
le  traité  de  Paris,  en  1718. 

4.  PASSAVANT  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  au  bailliage  de  Baume ,  à  fix  lieues  de  Befan- 
çon  ,  du  côté  de  l'orient  feptentrional ,  &  au  midi  de 
Baume- les-Nonnes.  *  Jaillot ,  Atlas. 

PASSER.  Voyez.  Fluctus  Passeris. 

1.  PASSERG ,  Passaiua  ,  rivière  de  Prufie.  Elle  a 
fa  fource  aux  confins  du  cercle  d'Hockerland  S:  de  l'Er- 
meland  ,  près  d'Hoenftein.  Son  cours  eft  du  nord  au 
midi ,  en  ferpentant.  Elle  fépare  le  cercle  d'Hockerland 
de  la  partie  orientale  du  Palatinat  de  Marienbourg  ;  en- 
fuite  elle  traverfe  le  milieu  de  ce  palatinat  ;  Se  après  avoir 
mouillé  Braunfberg ,  elle  va  fe  jetter  dans  le  Frisch- 
Haff,  auprès  de  Paflerg ,  bourgade  à  laquelle  elle  don- 
ne fon  nom. 

2.  PASSERG ,  bourgade  de  la  Prufle  ,  dans  la  par- 
tie occidentale  du  cercle  de  Natangen ,  fur  la  rive  orien- 
tale de  la  rivière  de  Paflerg ,  près  de  fon  embouchure 
dans  le  Frisch-Haff. 

PASSEWALCK  ouPasewalck,  anciennement  Poz- 
dewalck,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  Poméra- 
nie,  aux  confins  de  l'Ukermarck  ,  dans  les  états  de  l'é- 
lecteur de  Brandebourg.  Elle  eft  fituée  fur  le  bord  oc- 
cidental de  la  rivière  d'Uckcr ,  entre  Prenflow  &  Tor- 
gelow.  La  rivière  d'Ucker ,  qui  h  baigne ,  donne  aux 
habirans  la  commodité  de  faire  pafler  leurs  denrées  jus- 
que dans  le  Hafï,  &  de-là  dans  la  mer  Baltique.  Cette 


ville  a  deux  paroifles,  favoir  Sainte  Marie  ou  Notre- 
Dame  ,  Se  Saint  Nicolas  ;  deux  autres  églifes  t  qui  font 
celle  du  Saint  Esprit  Se  celle  de  Saint  George,  &  un 
couvent.  On  y  brafle  une  bière  fort  vantée ,  nommée 
Pafenelle,  que  l'on  transporte  en  beaucoup  de  lieux.  Sec- 
cerwitz  en  parle  ainfi   : 

Fertile  Paswaleum  ,  fuccos  cui  tradidit  igni 
lpfa  Ceres  coquere  &  pingues  diftendere  cellas 
Neclare ,  quo  nullum  P  orner  ano  rure  Colonï 
Suavuts  Hyblœi  forbent  de  more  liquoris. 

11  y  a  une  prévôté  qui  a  fous  elle  dix  paroifles.  Ce 
lieu  a  fait  naître  bien  des  querelles  ,  lorsque  la  Pomé- 
ranie  Se  la  Marche  avoient  des  fouvetains  différens. 
Comme  il  eft  aux  confins,  il  fe  trouvoit  à  la  bienféancede 
l'un&  de  l'autre,  &  chacun  prétendoit  que  cette  ville  lui 
appartenoit.  Mais  la  maifon  de  Brandebourg  pofledant 
l'un  Se  l'autre  préfentement ,  a  retranché  cette  ancienne 
pomme  de  discorde  :  on  peut  voir  l'hiftoire  de  ces  con- 
teftations  dans  Zeyler,  PomeranU  ,  Topogr.  p.  78. 

PASSID/E.    Voyez.  Passade. 

PASSIGNANO,  petite  ville  de  l'Etat  de  l'Eglife ,  dans 
le  Perugin  ,  fur  le  bord  feptentrional  du  lac  de  Perugia, 
auquel  on  donne  aufli  quelquefois  le  nom  de  cette  ville. 
Saint  Jean  Gualbert  eft  honoré  à  Paflîgnano ,  où  il  mou- 
rut en  107J  ,  dans  un  monaftere  qu'il  y  avoit  fait  bâtir. 
C'eft  le  fondarcur  de  la  congrégation  de  Val-Ombreu- 
fe,  dont  Finftitut  fut  approuvé  l'an  iojj  ,  par  le  pape 
Viétor  II,  au  concile  de  Florence  ,  Se  par  Urbain  II  en 
1090.  *  Ma gin ,  carte  du  Perugin. 

PASSIRAL  ,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge  , 
élection  de  Saintes. 

1.  PASSY.  Voyez.  Pacy. 

2.  PASSY ,  ou  Pacy,  Paciacum,  gros  village  de 
France  ,  au-deflbus  Se  près  de  Paris ,  fur  la  rive  droite 
de  la  Seine  ,  entre  cette  rivière  Se  le  bois  de  Boulogne. 
On  remarque  dans  ce  village  plufieurs  maifons  jolies 
Se  propres.  Celle  de  M.  le  duc  d'Aumont  eft  remar- 
quable par  l'art  avec  lequel  on  a  tiré  parti  du  terrein 
fur  lequel  elle  eft  fituée.  Celle  qui  eft  fur  le  chemin  de 
Verfailles ,  Se  fur  le  bord  de  la  rivière  ,  eft  grande , 
belle  &  bien  fituée.  La  cure  eft  deflervie  par  les  Barna- 
bites ,  qui  ont  une  maifon  dans  ce  village.  *  Piganiol  > 
Defc.  de  la  France  ,  t.  2.  p.  2  &  69  c. 

Les  eaux  de  la  fontaine  minérale  de  Pafly  font  rrès- 
falutaires  pour  les  embarras  du  bas-ventre.  M.  du  Clos 
en  fit  autrefois  l'analyfe,  Se  trouva  qu'elles  contenoient 
peu  de  fel  vitriolique ,  peu  de  particules  de  fer ,  Se 
beaucoup  de  matières  plâtreufes.  Aujourd'hui  félon  Le- 
mery  le  fils ,  elles  ne  font  plus  plâtreufes  Se  parois- 
fent  compofées  d'un  esprit  vitriolique ,  Se  d'une  ma- 
tière tetreftre  qui  renferme  un  fel  acide ,  Se  qui  eft 
jointe  à  une  poudre  très-fine  de  roui  Hure  de  fer. 

PASTACA ,  ou  Pastaza  ,  rivière  de  l'Amérique 
méridionale ,  au  Pérou.  Sa  fource  eft  formée  par  la 
jonction  de  plufieurs  torrens  au  levant  du  volcan  de 
Sangay ,  Se  prenant  fon  cours  vers  le  fud ,  elle  fe  jet- 
te dans  la  rivière  des  Amazones  à  plus  de  100  lieues 
au-deflîis  duNapo.  La  rivière  de  Paflaca  a  trois  bou- 
ches." La  largeur  de  la  principale  eft  de  410  toifes,& 
presque  aufli  large  que  le  Maragnon.  *  Carre  de  la  ri- 
vière des  Amazones  par  M.  de  la  Condamine. 

PASTERIS ,  ville  d'Egypte ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PASTO ,  ou  San  Juan  de  Pasto  ,  ville  de  l'A- 
mérique méridionale ,  dans  le  Popayan  ,  au  midi  oc- 
cidental de  la  ville  de  Popayan.  La  ville  de  Pafto  eft 
fituée  dans  une  belle  Se  agréable  vallée  qu'arrofe  une 
rivière  fort  claire ,  Se  où  l'on  voit  une  infinité  de  ruis- 
feaux  Se  de  torrens  qui  s'entrecoupent.  Cette  vallée 
s'appclloit  anciennement  Atris  ,  Se  étoit  aflez  peuplée 
de  ïauvages ,  que  le  voifinage  des  Espagnols  a  obligés 
de  fe  retirer  dans  les  montagnes.  Elle  eft  ceinte  de  rou- 
tes parts  d'un  haut  terroir  qui  s'élève  partie  en  colli- 
nes,  Se  qui  s'enfonce  en  partie  dans  une  plaine.  Les 
Espagnols  y  ont  plufieurs  cenfes  où  ils  nourriflent  du 
bétail.  Ils  fement  du  maïs  Se  du  froment  le  long  des 
bords  de  la  rivière.  Les  villages  de  Malama ,  Asgual, 
Tucurres,  Capuyes,  Iles,  Gualmatal,    Funes ,  Cha- 

pal, 


PAS 


pal ,  Malos ,  Pialcs ,  Pupialcs ,  Turca  Se  Cumba .  avce 
leurs  cafliqucs ,  avoient  anciennement  le  nom  com- 
mun de  Paftos  ,  ou  las  Paftos ,  Se  c'eft  delà  que  la 
ville  de  Pafto  a  pris  le  fien.  Toute  cette  région  eft  un 
peu  froide,  ou  du  moins  fort  tempérée  ,  Se  même  plus 
froide  en  été  qu'en  hiver ,  félon  qu'ils  distinguent  les 
faifons  ;  ce  qui  a  lieu  aufli  dans  la  ville  de  Pafto.  A 
neuf  lieues  de  cette  ville  pafTe  une  rivière  que  les  Es- 
pagnols nomment  Rio  Caliente  ,  Se  qui  s'enfle  fi 
fort  en  hiver,  qu'on  ne  la  peut  traverfer  que  fort 
difficilement.  11  y  en  a  une  autre  appelJée  Angasmayo 
qui  traverfc  la  contrée  de  los  Paftos.  Elle  bornoit  vers 
le  nord  le  royaume  du  Pérou  du  tems  de  l'empire 
des  Incas,  comme  le  fleuve  du  Maule ,  qui  eft  dans 
le  Chili ,  le  terminoir  du  côté  du  fud.  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vaugondy.  Corn.  Dict.  De  Laët,  defci  iption  des  Indes 
occidentales,  /.  9.  c  16.  Elle  eft  au  303  d.  delongit. 
à    1.  d.  30.  m.  début. 

PASTONA,  ville  fur  le  bord  de  l'Euphrate,  félon 
Pline,  /.  y.  c.  24  qui  h  met  au  voifinage  de  Meli- 
tenc  de  Cappadoce.  Quelques  manuferits  lifent  Sar- 
tona. 

1.  PASTOS,  ville  de  Thrace  ,  félon  Pline  ,  /.  4.C. 
1 1.  Le  père  Hardouin  prétend  qu'il  faut  lire  Datos. 
Voyez.  Dathus. 

2.  PASTOS  ou  Los  Pastos.  Voyez.  Pasto. 
PASTOUR   ou   Pastori  ,   village   de  la  Palefline, 

dans  la  tribu  de  Juda ,  à  une  demi-lieue  de  Bethléem  , 
du  côté  de  l'orient.  On  prétend  que  c'eft  de  ce  vil- 
lage qu'étoient  les  pafteurs  qui  furent  avertis  de  la 
naiflance  du  Sauveur,  Se  qui  allèrent  l'adorer  à  Beth- 
léem. On  trouve  à  l'entrée  une  espèce  de  puits  ou  de 
citerne ,  qu'on  appelle  le  Puits  de  la  Vierge.  Les  ha- 
bitans  de  ce  village  font  en  petit  nombre  Se  fort  pau- 
vres. De  ce  village  on  descend  dans  le  champ  où  l'An- 
ge apparut  aux  Pafteurs.  Ce  champ  eft  entre  l'orient 
Se  le  feptentrion  de  Bethléem.  C'eft  une  agréable  Se 
vafte  plaine ,  bien  cultivée ,  entourée  de  montagnes 
médiocrement  hautes  ,  qui  forment  une  belle  vue.  Cet- 
te plaine  eft  fans  doute  abondante  en  pâturages  durant 
l'hiver,  Se  la  commodité  de  ces  pâturages  y  arrêtoit 
les  pafteurs  avec  leurs  troupeaux.  Le  calvinifte  Mat- 
thieu Berault  a  ctu  avoir  fait  une  découverte  admira- 
ble à  propos  de  la  veille  ,  que  faifoient  en  cet  endroit 
ces  bons  pafteurs.  Il  le  tient  pour  une  forte  preuve  que 
le  Fils  de  Dieu  n 'eft  point  né  le  2  j  de  Décembre  , 
comme  l'églife  l'a  toujours  cru  ;  parce  que ,  dit-il ,  les 
nuits  font  alors  trop  froides  pour  veiller  dehors ,  Se 
pour  y  tenir  les  rroupeaux.  11  conclut  delà ,  que  Jefus- 
Chrift  doit  être  né  dans  un  autre  tems ,  comme ,  par 
exemple,  au  mois  de  Septembre ,  Se  que  dans  celui  de 
Décembre ,  il  faut  mettre  fon  Incarnation  &  fa  Con- 
ception ;  mais  il  ne  favoit  pas  qu'au  mois  de  Septem- 
bre ,  il  n'y  a  point  encore  dans  le  pays  de  pâturages 
pour  les  troupeaux  ;  que  la  terre  eft  toute  brûlée  des 
ardeurs  du  Soleil  ;  Se  qu'elle  ne  pouffe  point  d'herbes 
qu'elle  n'ait  été  abbreuvée  des  pluies  qui  ne  commen- 
cent qu'au  mois  d'Octobre  ,  Se  aflez  fouvent  au  mois 
de  Novembre  ou  même  en  Décembre  -,  que  c'eft  fur 
la  fin  de  Décembre  que  les  pâturages  font  bons,  Se 
qu'il  fait  en  ce  tems-là  des  journées  Se  des  nuits  û  tem- 
pérées qu'on  peut  les  paner  à  l'air.  Si  ces  pafteurs  étoient 
comme  les  Arabes  Se  les  Turcomans  d'aujourd'hui ,  ce 
qui  eft  très- probable  ,  après  avoir  pafie  de  même  qu'eux 
l'été  fur  le  haut  des  montagnes  les  plus  élevées,  ils 
étoient  venus  en  ce  lieu  pour  y  paffer  quelques  jours 
de  l'hiver ,  &  ils  avoient  loué  ce  champ  pour  y  faire 
paître  leurs  troupeaux  ,  Se  leurs  maifons  étoient  des  ten- 
tes ouvertes  de  tous  côtés.  Scaliger  a  donné  dans  le  même 
panneau  que  Matthieu  Berault.  *  Relation  d'un  voyage 
de  la  Terre  Sainte,  1688.  Le  Père  Nau ,  voyage  de 
la  Terre-Sainte,  p.  431. 

Le  lieu  où  étoient  ces  heureux  pafteurs  s'appelloit 
Ader  ,  Se  dans  la  Genèfe  il  eft  nommé  la  Tour  du 
Troupeau.  Voyez.  Ader.  On  y  voit  à  préfent  les 
reftes  d'une  grande  chapelle  ,  que  fainte  Hélène  y  avoit 
fait  bâtir.  Sa  longueur  eft  de  46  palmes ,  Se  fa  largeur 
de  17.  Ce  n'eft  qu'une  nef  fans  ailes,  enfoncée  en 
terre ,  peu  haute ,  Se  dont  la  moitié  de  la  voûte  fub- 
fifte  encore.  Tout  cela  reflemble  plus  à  une  cave  qu'à 


PAT       849 

une  églife.  Aufli  pourroit-il  fe  faire  que  ce  ne  l'croir 
là  que  le  dehors  de  celle  qui  y  étoit  autrefois.  On 
voit  à  main  gauche  des  ruines  de  bâtimens  afiez  re- 
marquables. Cette  chapelle  étoit  dédiée  aux  faints  Pa- 
ftcuts ,  qui  allèrent  adorer  le  Sauveur  dans  fa  crèche. 
Saint  Bernard ,  Serm.  G.  de  Nat.  dit  qu'ils  étoient 
trois  ;  mais  la  tradition  potte  qu'ils  furent  cinq,  Se 
qu'après  avoir  vécu  quelque  tems  dans  cette  foi  vive, 
que  récriture  loue  en  eux  a  ils  moururent ,  Se  furenc 
enterrés  dans  ce  lieu-là  même. 

PASTRANA,  ville  d'Espagne,  dans  la  nouvelle 
Caftille  ,  prèsdeFuente  Duegna,  fur  le  Tage.  C'eft  le 
chef-lieu  d'un  duché  de  même  nom.  Paftrana  eft,  à 
ce  qu'on  croit,  l'ancienne  Paterniaua.  *  Délices  d'Es- 
pagne ,  p.  340. 

PASUMENA  TERRA  :  Volaterranus ,  Se  Leander 
difenr  que  Strabon  donne  ce  nom  à  ce  canton  de  la 
Toscane ,  appelle  communément  il  Cafentino.  Voyez 
Casentin.  Cependant  Xilander ,  dans  fa  traduction 
latine  de  Strabon ,  rend  ces  mots  y7\  7ra<ni/jt.îvx ,  qui 
répondent  à  Pafumena  Terra  ,  par  Trafymenus  ,  Se 
Buonaccioli ,  dans  fa  traduction  italienne ,  fait  la  mê- 
me chofe.  Voyez.  Trasymenus.  *  Ortelius ,  Ther 
faur. 

PAT^ETA ,  village  d'Ethiopie  :  Ptolomée ,  /.  4.  <•, 
7.  le  place  à  l'orient  du  Nil,  entre  Gerbo  Se  Pon- 
teris. 

1.  PATAGA  ,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte, 
félon  Pline,  /.  6.  c.  19. 

2.  PATAGA.  Voyez.  Amorgos. 
PATAGONS,  peuples  de  l'Amérique  méridionale, 

dans  la  terre  Magellanique.  Leurs  bornes  du  côté  du 
nord  ne  fonr  guère  connues  :  on  les  étend  ordinai- 
rement jusque  vêts  la  rivière  de   los   Camarones,   Se 
d'autres  les  pouffent  jusqu'à  la  rivière  de  la  Plata  :  du 
côté  de  l'orient  ils  font  bornés  par  la  mer  du  Nord , 
au  midi   par  le  détroit  de  Magellan  ,  Se  à  l'occident 
par  la  Cordelliere  de  los  Andes.  Ce  pays  s'appelloit 
Chiqua  ,  avant  que  Fernand  Magellan  l'eût  nommé 
le  pays  des  Patagons ,  quand  il  vit  des  geans  au  porc 
de  S.  Julien.   En  1582,    le   roi  d'Espagne    ordonna 
qu'on  bâtit  fur  la  pointe  du  détroit,  Se  a  fon  entrée» 
quelques  forts  ,  pour  empêcher  le  paflage  aux  vaiffeaux 
des  autres  nations ,    qui  auroient  voulu  entrer  par-là 
dans  la  mer  du  Sud ,  pour  aller  au  Pérou.  Diego  de 
Valdés   exécuta  ce    commandement.   Il    y    mena  une 
peuplade  d'Espagnols  ,  Se  nomma  la  ville  Se  la  forte- 
reffe  Saint  Philippe  ;  mais  on  ne  les  put  garder  à  cau- 
fe  du  froid   exceflif  qu'on  reffent  dans  ces  quartiers. 
Près  du  détroit   du  côté  de  la  mer  du  Sud ,  il  y  a 
deux  ifles,  Talke  Se  Caftenuve,  dont  les  habitans  s'as- 
femblent  par  lignage,   chacun  faifant  fa  demeure   à 
patt.  Les  habitans  du  pays  font  d'une  taille  gigantes- 
que. Les  Espagnols,  qui  étoient  avec  Magellan,  ne 
leur  venoient  que  jusqu'à  la  ceinture  ;  Se  l'un  d'eux , 
qu'il   mit  dans  fon  navire  ,    mangeoir  en  un  feul  re- 
pas toute  une  corbeille  de  biscuit,  Se  avaloit  d'un  feul 
trait  autant  de  vin  qu'en  pouvoit  tenir  un  feau.  Il   y 
en  a  d'autres  moins  grands ,  mais  fort  gros ,  Se  ayant 
la  tête  de  la  longueur  d'une  demi-braffe.  Ils  fonr  vail- 
lans,   Se  fur-tout  très-jaloux.    A  l'arrivée  de  Magel- 
lan ,  ils  firent   monter  leurs  femmes  fur  des  animaux 
femblables  à  des  ânes,  Se  les  tirèrent  à  l'écart.  11$ 
s'occupent  à  la  chaffe ,  Se  mènent  avec  une  lefle  de 
petites  bêtes  qu'ils  attachent  à  quelque  bois.  Les  gran- 
des bêtes  venant  pour  jouer  avec  les  petites ,  ces  gens 
qui  font  à  l'écart  les  tuent  à  coup  de  flèches.  Ils  vi- 
vent de  chair  crue,  de  racines  de  capar,  dont  ils  font 
leur  pain,  &  de  pinguins.  Ils  fe  peignent  le  vifagede 
jaune ,  les  cheveux  de  blanc  ,  Se  font  couverts  de  peaux 
d'animaux  proprement  coufues.  Us  coupent  leurs  che- 
veux à  la  manière  des  moines  -,  mais  ils  les  laiffent  un 
peu  plus  longs ,  les  lient  avec  une  corde  faite  de  co- 
ton ,  Se  fichent  leurs  flèches  dans  le  nœud.  Les  habi- 
tans des  ifles  de  Talke   Se  de  Caftenuve  habitent  en 
des  cavernes  qui  font  fous  terre ,  Se  les  autres  n'ont 
point  de  demeure  fixe  i  mais  avec  leurs  peaux  ils  font 
des  cabanes  qu'ils  transportent  d'un  lieu  en  un  autre. 
Ils  couvrent  leurs  morts  d'un  peu  de  fable ,  &  fichent 
tout  à  l'entour  des  dards  Se  des  flèches.  Les  corps  fca;t 
Tom.  IV.  P  p  p  p  p 


8yo         PAT 

enveloppés  dans  des  peaux ,  &  on  met  au  cou  de  quel- 
ques-uns une  espèce    de  Patenôtres,  faites  de  coquil- 
les luifantes  comme  des  perles.  Quand  l'un  d'eux  eft 
mort ,  ils  dilènt  que  dix  ou    douze  diables   fautent  Se 
danfent  autour  de  fon  corps  ;   qu'il  y  en  a  un  nom- 
me Setebos  ,  plus  grand  que  les  autres ,  Se  un  autre  ap- 
pelle Çbûeule ,  qui  rit  Se  fait  une  grande  fête.  Ils  as- 
sirent qu'ils  les  voient  avec  deux  cornes  à  la  tête ,  des 
cheveux  longs  jusqu'aux  pieds ,  &c  jettant  le  feu  par  la 
gorge.  Ils  redoutent  fort  ce  Setebos ,  &  n'en  honorent 
ni  n'en  craignent  aucun  autre.  L'air  de  ce  grand  pays 
eft  différent ,  félon  fon  éloignement  du  Pôle  Antarc- 
tique ou  de  la  ligne  ;    mais  en  général   il  eft    plutôt 
froid  que  chaud.    Plufieurs  grandes  rivières  l'arrofent, 
dont  les  eaux  font  claires,  Se  vont  fe  décharger  dans  le  dé- 
troit. Cette  côte  de  400  lieues  depuis  la  Plata  jusqu'au 
détroit  de  Magellan  n'a  point  d'arbres ,  ou  en  a  très- 
peu  ,  quoique  le  nord  de  la  Plata  en  foit  couvert.  En 
revanche  le  pays  des  Patagons  abonde  en  pâturages ,  & 
nourrit  beaucoup  de  bétail ,  Se  nommément  des  bœufs, 
Se  des  vaches  à  l'infini,  que  perfonne  ne  daigne  s'appro- 
prier, tant  il  eft  facile  d'en  avoir  au  befoin.  Ces  animaux 
ne  fout  pas  naturels  au  pays ,  mais  viennent  de  ceux 
que  les  Espagnols  avoientapportésdeBuenos-Ayres.  Il  y  a 
auili  des  troupeaux  de  chiens  marchant  par  milliers  pour 
fe  défendre  des  taureaux.  Les  Espagnols  n'ont  pas  de  plus 
grands  ennemis  que  ces  Patagons.    *  Voyage  autour  du 
monde  par  George  Anfon,c.  7.  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy.  Davity  ,  Amérique  méridionale,  p.  143  &fuiv. 
Corn.  Did. 

1.  PATALA  ,  ville  des  Indes,  dans  l'ifle  de  même 
nom ,  que  forment  les  embouchures  du  fleuve  Indus , 
félon  Ptolomée ,  /.  7.  c.  1 .  Arrien  Se  Strabon  écrivent 
Pattala;  &  c'eft  peut-être  la  même  ville  que  Pline, 


PAT 


que  n'en  a  Bantam  ,  Juhor  &c  Pahan ,  ni  aucun  autre 
de  fes  voifins.  Les  habitans ,  entre  autres  les  Siamois  Se 
les  Chinois,  font  bons  mariniers,  félon  la  mâtine  de 
ce  pays-là  ;  les  belles  rivières  qui  y  font,  leur  donnent 
moyen   de  s'exercer   dans  cet   art.  Ce  n'eu  pas  qu'ils 
ne  foient   tous  naturellement    parefleux    Se  fainéans, 
particulièrement  les  Malais,   qui  ne  vivent  que  de  la 
culture  de    la   terre  Se  de  la  pêche,  Se  qui  font  fort 
mauvaife  chère ,   la  plupart   ne  buvant   que  de  l'eau  , 
Se  ayant  une  extrême  averfion  pour  les  boiflbns  for- 
tes. D'un  autre  côté  ils  font  adonnés  aux    plaifirs    de 
la  chair  :  ils  époufent   ordinairement    deux  ou   trois 
femmes  ou  davantage  ,  Se  ils  ont  en  outre  autant  de 
concubines  qu'ils  en  peuvent  nourrir.  Leurs  biens  con- 
fiftent  pour  la  plupart  en  domaines  &  en  esclaves ,  à 
qui  pour  leur  entretien  ils  donnent  par  mois  une  cer- 
taine portion  très-médiocre  de  poiflbn  Se  de  riz.  Tous 
les  arts  Se  métiers  font  exercés  par  les  Chinois ,  &  le 
commerce  eft  aufli  entre  leurs  mains  Se  entre  celles 
des  Meltilols  ou  fadeurs ,  qui  trafiquent  beaucoup  fur 
mer,  Se  qui  font  toujours  en  route  ,  foit  fur  les  côtes 
voifines,  foit  dans  les  terres.  Ils  y  portent  toutes  for- 
tes de  marchandifes  de  la  Chine ,  qu'ils  achètent  à  Pa- 
tane  ,  entre  autres  des  porcelaines,  des  poêles ,  des  chau- 
drons ,  toutes  fortes  de  ferrures  ,  des  viandes  féches  Se 
fumées  ,  du  poiflbn  fec  &  falé  ,  diverfes  fortes  de  toi- 
les Se  autres  marchandifes.  Pour  retour  ils  apportent 
plufieurs  fortes  de  bois ,  qui  fervent  à  la  conitruction 
de  leurs  maifons,  des  rottangs  ou  cordages   de  brou 
de  noix  de  cocos ,  avec  quoi  ils  lient  enfemble  Se  af- 
fermiflent  les  toits  de  leurs  bâtimens ,  du  riz ,  de  pe • 
tirs  pois  verds,  de  l'huile  de  noix  de  cocos,  diverfes 
fortes  de  fruits  Se  de  peaux  ,  comme  bufles ,  bœufs , 
vaches,  boucs,  cerfs,   lapins,  lièvres  Se  autres,   que 


/.  2.  c.  73.  nomme  Patalis,  Se  à  laquelle  il  donne  un  les  payfans  ont  foin  de  raflcmbler  dans  lafaifon.  Quel- 
quefois ils  vendent  à  la  charge  de  livrer  en  certains 
teins  le  poivre  qui  croît  au  royaume  de  Patane ,  & 
dans  quelques  autres  lieux  voifins.  Ce  poivre  eft  fort 
bon ,  mais  il  eft  un  peu  plus  cher  qu'à  Bantam.  Ils 
vendent  auffi  des  faroy-boura ,  c'eft-à-dire  des  nids  d'hi- 
rondelles que  les  payfans  vont  chercher  dans  les  creux 
des  rochers ,  le  long  des  côtes  de  la  mer.  C'eft  un 
fort  bon  mets  ,  qui  eft  eftimé  des  princes  Se  des  grands 
feigneurs.  On  les  porte  jusqu'à  la  Chine ,  où  l'on  ne 
croit  jamais  en  avoir  aflez,  quelque  quantité  qu'il  y 
en  ait  dans  les  marchés. 

Le  terroir  du  royaume  de  Patane  eft  très-fertile  ;  on 
y  ttouve  en  abondance  du  riz,  des  bœufs ,  des  chèvres, 
des  oies ,  des  poules  Se  des  paons ,  dont  on  met  les 
plumes  de  la  queue ,  pour  ornement ,  autour  des  vian- 
des qu'on  fert  aux  grands  feigneurs.  L'air  du  pays  eft 
très-fain,   quoiqu'on   ne  foit  pas  éloigné  de  la  ligne 


port  fameux.  Voyez,  l'article  fuivant, 

2.  PATALA  ,  ifle  des  Indes ,  à  l'embouchure  du  fleu- 
ve Indus,  félon  Pline,  /.  6.  c.  20.  qui  la  nomme  aufll 
Fatale.  Elle  eft  appellée  Patalena  par  Ptolomée,  /. 
7.  c.  1.  Pattalena  par  Strabon,  /.  ij.  p.  701,6c  Ar- 
rien ,  de  Exped.  Alex.  p.  319.  nous  apprend  qu'on  la 
nomma  aufli  Delta,  à  caufe  de  fa  figure  triangulaire. 
On  trouve  dans  Q.  Curce  un  pays  nommé  Patha- 

tlA. 

PATALENA.  Voyez.  Patala  ,  n°  2. 

PATALIS.  Voyez.  Patala  Se  Patavitanus. 

PATALUS  ,  ifle  voifine  de  la  Carie  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

1.  PAT  AN ,  ville  des  Indes,  au  royaume  de  Cam- 
baye ,  fur  la  côte  occidentale ,  entre  Chevar  Se  Corimar. 
C'eft  une  grande  ville ,  où  il  y  avoir  autrefois  un  bon 
commerce.  On  y  fait  beaucoup  d'étoffes  de    foie.  Elle 


a  une  forterefle  &  un  beau  temple,  où  il  y  a  beaucoup     équinoxiale,  &  qu'il  y  fafie  extrêmement  chaud.  L'été  y 


de  colonnes  de  marbre.  On  y  adoroit  les  idoles  ;  mais 
il  fert  préfentement  de  mosquée.  *  Atlas ,  Robert  de 
Vaugondy.  Tbevenot  ,  Voyage  des  Indes,  p.  92. 

2.  PATAN  ,  ville  des  Indes,  dans  les  états  du  Mo- 
gol ,  au  royaume  de  Necbal ,  au  nord  de  la  ville  de 
Necba,  vers  la  fource  de  la  rivière  de  Gader.  *  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

1.  PATANE  ou  Patany  ,  royaume  des  Indes ,  dans 
la  presqu'ifle  de  Malaca ,  fur  la  côte  orientale ,  entre 
le  royaume  de  Siam ,  au  nord ,  Se  celui  de  Pana ,  au 


commence  en  Février,  Se  dure  neuf  mois  :  pendant 
tout  ce  rems  le  même  vent  règne.  L'hyver  eft  dans  les 
mois  de  Novembre  ,  Décembre  &  Janvier  :  alors  il 
pleut  fans  ceflè ,  Se  le  vent  de  nord-efl  fouffle  a'ec 
véhémence.  On  laboure  la  terre  avec  des  bufles  ou  des 
bœufs ,  Se  l'on  y  feme  le  riz  ,  qui  produit  en  abon- 
dance. Il  y  mûrit  des  fruits  tous  les  mois  de  l'année; 
mais  il  y  en  a  de  bien  meilleuts  les  uns  que  les  au- 
tres. Les  oies  Se  les  cannes  y  font  fi  fécondes ,  qu'el- 
les pondent   des  œufs   deux  fois  le  jour.  Il  y  a  une 


midi.  Victor  Sprinkel,  qui  en  16 16,  fut  premier  corn-     multitude  incroyable  de  bêtes  fauvages  Se  de  chafle, 
mis  de  la  compagnie  générale  des  Indes  orientales,  dans    entre  autres  des  raureaux  ,  des  cerfs,  des  lièvres,  des 

poules  fauvages,  des  hérons,  des  tourterelles,  dont 
quelques  unes  ont  de  fi  belles  plumes,  qu'on  a  delà 
peine  à  les  distinguer  des  perroquets.  Les  plus  dange- 
reux animaux  ,  font  les  tigres  &  les  guenons.  Ces  der- 
niers gâtent  extrêmement  les  fruits.  On  voit  des  trou- 
pes d'élephans  fauvages  dans  les  bois  ;  mais  ils  ne  font 
de  mal  à  perfonne.  Pour  les  prendre ,  on  mené  dans 
les  bois  un  grand  éléphant  privé.  Dès  qu'un  éléphant 
fauvage  l'apperçoit ,  il  fe  met  en  pofture  pour  fe  battre 
contre  lui.  Quand  ils  fe  font  approchés,  ilsembarrafl'ent 
leurs  trompes  l'une  dans  l'autre  pour  fe  jetter  à  rerre. 
Pendant  qu'ils  fe  tiennent  ainfi ,  les  gens  qui  font  dé- 
fîmes pour  cette  forte  de  chafle ,  s'approchent  Se  lient 
enfemble  les  deux  jambes  de  derrière  de  l'éléphant  fau- 
vage,  qui  fe  fentant  lié,  n'ofe  remuer,    de  peur  de 


la  ville  de  Patane  ,  a  écrit  qu'ayant  été  appelle  à  l'as 
fcmblée  des  états ,  il  vit  une  lifte  générale  de  toutes  les 
villes,  bourgs  Se  villages,  par  où  il  paroiflbit  qu'on 
pouvoir  mettre  fur  pied  cent  quatre-vingt-mille  hom- 
mes en  état  de  porter  les  armes  ;  mais  que  ces  gens- 
là  ne  font  ni  guerriers ,  ni  adonnés  aux  exercices  de 
l'art  militaire.  De  ce  nombre  d'hommes  il  en  demeure 
dans  la  ville  de  Patane ,  fauxbourgs  Se  banlieue  ,  plus  de 
dix  mille  ,  dont  un  tiers  eft  de  Malais  ou  de  Mores; 
l'autre  tiers  eft  de  Chinois  ou  de  Meftifs ,  Se  l'autre 
tiers  de  Siamois ,  dont  la  plupart  habite  le  plat 
pays  ,  Se  le  cultive.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy , 
2.  Voyage  de  Jean  Neck^&ux  Indes  orientales,  t.  2. 
p.  188. 
Le  royaume  de  Patane  a  plus  de  vaifleaux  fur  mer 


PAT 


PAT 


tomber  ,'&  dans  ce:  état  on  le  domre  par  la  faim.  Il 
y. a  encore  quantité  de  pourceaux  fauvages,  qui  gâ- 
tent beaucoup  le  riz  ;  de  forte  que  les  payi'ans  font 
obligés  de  veiller  la  nuit  pour  le  garder.  Quand  ils 
ont  tue  quelques-uns  de  ces  animaux ,  ils  font  une 
forte  &  l'y  enterre  afin  que  perfoiitie  n'en  mange  -, 
car  il  y  a  beaucoup  de  Mahometans  patmi  einfr  Les 
étrangers  n'ofent  même  en  manger  qu'en  cachette. 

Le  royaume  de  Patane  relevé  de  l'empereur  ou  roi 
de  Siam  ,  à  qui  il  paye  tous  les  ans  pour  tribut  une 
fleur  d'or  »  qui  peut  valoir  cinquante  écus  ou  deux 
cens  francs.  Quand  on  manque  à  payer  ce  triby,  le 
roi  de  Siam  le  met  en  état  de  fe  faire  rendre  jufti* 
ce ,  &  de  réduire  les  vaffaux  à  leur  devoir  ;  car  com- 
me le  royaume  de  Patane  n'a  pas  plus  de  cinquante 
ou  foixante  lieues  de  pays  ,  les  habitans  ne  fauroient 
lui  réfiller.  Ce*  royaume  eft  fameux  par  fes  révolutions 
&  par  l'état  prêtent  de  fon  gouvernement.  On  dit  que 
l'es  peuples ,  laffés  d'obéir  à  des  rois  qui  les  maltrai- 
toienr ,  fecouerent  le  joug-,  Se  qu'ayant  fait  descendre 
du  trône  celui  qui  regnoit  alors ,  ils  y  firent  monter 
à  fa  place  une  princelïe ,  à  qui  ils  donnèrent  le  titre 
de  reine  ,  fans  lui  en  donner  l'autorité.  Ils  firent  choix 
des  plus  habiles  d'entre  eux  pour  gouverner  en  fon  nom 
&:  fans  fa  participation  y  car  elle  n'entre  point  dans  le 
feciet  des  affaires ,  Se  elle  doit  fe  contenter  des  res- 
pects &  des  hommages  que  chacun  lui  rend  extérieu- 
rement comme  à  fa  fouveraine  :  ils  ne  lui  laiflent  pas 
même  le  choix  de  fes  premiers  officiers  ,  mais  ils  ne  lui 
refuient  jamais  rien  de  tour  ce  qui  peut  contribuer  à 
fes  plaifirs.  Rien  rîe  l'empêche  de  s'y  abandonner  toute 
entière  Se  fans  referve  :  car  s'il  ne  lui  eft  pas  permis 
de  fe  marier ,  il  ne  lui  eft  pas  auifi  défendu  d'avoir 
<les  galans  :  elle  en  a  autant  qu'il  lui  plaît,  Se  elle,  a 
même  de  quoi  leur  faire  des  préfens  confidérables.  Il 
y  a  un  fonds  qui  eft  defiiné  pour  fournir  à  la  dépen- 
sé de  fes  habits ,  Se  à  l'entretien  de  fa  maifon.  Elle 
demeure  ordinairement  dans  Patany ,  qui  eft  la  ville 
capitale  de  fon  royaume.  La  fleur  d'or ,  qu.'§n  paye 
tous  les  ans  au  roi  de  Siam,  fe  préfente 'toujours  au 
nom  de  la  Reine ,  *  Hiftoire  naturelle  &  politique  du 
royaume  de  Siam,  p.  315. 

2.  PATANE,  ou  Patany,  ville  des  Indes,  dans 
la  presqu'ifle  de  Malaca  ,  fur  la  côte  orientale  du  royau- 
me de  Patane ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Cène  ville  eft 
fituée  dans  une  ifle  nommée  Pulo  Tikon  ou  Tikos. 
Elle  a  un  fauxbourg  Se  un  bon  port ,  d'où  les  habitans 
vont  trafiquer  en  divers  endroits  des  Indes  orientales, 
&  quand  ils  fe  trouvent  les  phis  forts  en  mer,  ils  en- 
lèvent Se  pillent  tous  les  vaifîeaux  qu'ils  rencontrent  , 
aura-bien  les  Chinois  que  les  autres  ;  mais  tout  ce-qui 
entre  dans  leur  port  eft  en  fureté.  Le  fauxbourg  de  Pa- 
tane e  ft  fort  long ,  mais  étroit.  La  ville  eft  de  même 
étroite'  &  longue.  Du  côté  de  la  terre  elle  eft  "environ- 
née d'un  marais,  cV  bien  clofe  à  la  manière  du  pays  , 
c'eft-à-dire,  d'une  paliflade  de  grandes  poutres  carrées, 
feulement  un  peu  dégroffîes  par  les  côtés,  bien»enfon- 
cées  en  terre  avec  le  belin  ,  comme  on  fait  aux  pilotis, 
&  fe  touchant.  Ces  poutres  paroiflênt  aufli  hautes  au- 
defïus  de  la  terre  que  le  paroït  le  grand  mât  d'un  vais» 
l'eau,  depuis  le  haut  pont  jusqu'à  la  hune.. Du  côté  de 
l'eau ,  il  y  a  une  petite  rivière  qui  coule  le  long  de 
tout  le  derrière  de  la  ville.  Entre  les  villes  des  Indes 
orientales,  on  peut  compter  Patane  pour  une  des  plus 
belles ,  des  plus  fortes  &  des  mieux  pourvues  de  canon. 
Les  Siamois  ont  trois  pagodes  dans  .cette  ville ,  &  les 
Mahometans  n'y  ont  qu'une  mosquée.  Les  maifons  de 
la  vifle  font  faites  de  bois  &  de  rofeaux,  bien  percées 
&  bieh  bâties.  Le  palais  royal,  &  les  appartemens  du 
grand-maître ,  font  environnés  d'une  forte  paliflade  ,  qui 
les  fépare  du  refte  de  la  ville.' Les  habirans  ont  le  teint 
cendré.  Ils  font  bien  proportionnés  dans  leur  raille  , 
orgueilleux  &  fiers;  ce  que  leur  démarche  Se  leur  train 
font'afïez.connoître,  fur-tout  parmi  les  gens  riches, 
qvii  ne  foirent  jamais  qu'ils  ne  l'oient  fuivis  d'une  trou- 
pe de  domclliques.  Ils  font  néanmoins  familiers  &  civils 
dans  leurs  discours  ,  aufli-bien  avec  les  étrangers  qu'a- 
vec leurs  compatriotes*  Leurs  vêtemens  ne  font  pas  ma- 
gnifique?. Les  maris  font  extrêmement  jaloux  de  leurs 
femmes  ;  ils  ne  permettent  pas  à  Jeurs  meilleurs  amis 


8j"i 


de  les  voir ,  non-plus  que  leurs  filles.  Il  y  a  tant  de 
Chinois  à  Patane  ,  qu'ils  furpaflent  en  nombre  les  natu- 
rels du  pays.  La  reine  les  eftime  beaucoup.  On  parle 
quatre  langues  dans  cette  ville ,  le  patanois,  le  fiamois, 
le  malais  Se  le  chinois ,  de  même  que  la  plupart  des 
autres  villes  des  Indes.  Les  Malais  lifent  à  la  manière 
des  Juifs ,  de  droite  à  gauche.  Les  Siamois  écrivent 
comme  on  fait  en  Europe,  Se  leurs  caractères  font  à 
peu  près  comme  la  lettre  romaine.  L'adultère  eft  puni 
de^  mort  à  Patane  ,  Se  dans  les  autres  pays  voifins  ,  prin- 
cipalement parmi  les  nobles  &  les  officiers  de  la  cou- 
ronne. Le  père  du  criminel ,  ou  fi  le  père  eft  mort ,  le 
plus  croche  de  fes  païens  eft  obligé  de  faire  l'exécution  i 
mais  le  coupable  choifit  le  genre  de  fupplice  dont  il  veut 
mourir.  Quoique  ce  vice  foit  fi  féverement  puni ,  il  n'y 
en  a  pourtant  point  qui  foit  plus  commun.  Pour  le 
commerce  entre  deux  perfonnes  non  mariées ,  il  n'eit 
pas  regardé  comme  un  crime.  +  Voyage  d'Olivier  dt 
Noort  autour  du  monde  ,  p.  1 04. 

PATANS  ,  peuples  des  Indes,  dans  les  états  du 
Grand  Mogol.  Bernier ,  Lettre  d'Etat,  p.  278  ,  dit  dans 
fa  relation  de  l'Indouflan ,  que  ces  peuples,  fortis 
autrefois  de  leur  pays ,  fitué  du  côté  du  Gange ,  vers 
Bengale  ,  fe  rendirent  extrêmement  puifTans  à  Deh- 
li ,  Se  firent  pluficurs  rajas  ou  princes  des  environs  leurs 
tributaires  ;  mais  les  Mogols ,  peuples  de  la  grande  Tar- 
tarie ,  s'étanr  emparés  des  Indes  vers  l'an  1401  ,  ces 
Patans  furent  obligés  de  chercher  des  retraites  vers  les 
montagnes,  loin  de  Dehli  Se  d'Agrn.  Ils  fe  font  habitués 
dans  ces  montagnes,  où  quelques  uns  d'entre  eux  font 
demeurés  petits  fouverains,  comme  rajas  ,  mais  avec 
peu  de  forces.  Ces  Patans  font  fiers  Se  guerriers ,  ^jus- 
qu'aux moindres  d'entre  eux,  fuflent-  ils  valets  exporteurs 
d'eau  ,  ils  ont  encore  lj  cœur  extrêmement  haut ,  difanc 
fou  vent  comme  par  jurement  :  Qjteje  ne  pitijje- jamais  être 
roi  de  Dehli  ,  fi  cela'  ri 'eft  ainfi  !  D'ailleurs  ils  mépri- 
fent  les  Indiens  ,  les  Gentils  &  les  Mogols  -,  Se  haïflenc 
fur  tout  mortellement  ces  derniers  ;  car  ils  fe  fouvien- 
nen  ttoujours  de  ce  qu'ils  ont  été  autrefois ,  avant  que 
les  Mogols  les  euflènt  chafles  de  leurs  grandes  princi- 
pautés. 

PATARE  ,  ou  Patara  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Ly- 
cie  ,  dont  elle  étoit  la  capitale,  félon  Tite-Live  ,  /.  37. 
c.  15.  Elle  avoir  un  temple  célèbre  ,  dédié  à  Apollon 
Pataréen.  Ce  remple  ,  dit  Pomponius  Mêla,  /.  1.  c.  15. 
étoit  auffî  riche  que  celui  de  Delphes  ;  Se  l'oracle  des 
deux-  remples  pafl'oit  pour  mériter  la  même  et éance. 
Horace ,  /.  j .  od.  4.  dit  : 

.     .     .     Qui  Lycia  tenet 
Dumeta  ,  natalemqiie  Silvam , 
Deliits  &  F  ut  ar  eus  Apollo. 

On  ne  confultoit  l'oracle  de  Patare  que  dans  les  fm 
mois  de  l'hiver  :  durant  les  fix  mois  d'été,  l'oracle 
étoit  à  Delphes.  C'eft  ce  que  Virgile  explique  dans  l'E- 
néide, /.  4.  v.  143. 

.     .     .     Vbi  hibernant  Lyciam ,  Xantique  FlucntA 
Deferit ,  ac  Delum  maternam  invifit  Apollo. 

La  ville  de  Patare  étoit  fituée  dans  la  péninfule  ,  qu'E- 
tienne le  géographe  appelle  la  Cherfonnèfe  des  Lyciens. 
C'étoit,  félon  Tite-Live,  /.  37.  c.  17.  Sel.  38.  c.  39. 
une  ville  maritime  qui  avoir  un  port.  Ptolomée  Phila- 
delphe  ,  après  avoir  accru  cette  ville  ,  la  nomma  Ar- 
fino'é  de  Lydie ,  du  nom  de  fa  femme  ;  mais  cette  ville 
ne  laifTe  pas  de  conferver  toujours  fon  ancien  nom , 
fous  lequel  elle  fut  plus  connue  que  fous  celui  d'AR- 
sinoe.  Ce  fut  autrefois  un  évêché  fufTragant  de  Myre. 
Saint  Léon  Se  faille  Paregoire  y  reçurent  la  couronne 
du  marryte ,  vers  le  troifiéme  ou  le  quatrième  fiécle. 
Cette  ville  fut  le  lieu  du  premier  exil  de  faint  Silvere  , 
pape  ,  Se  fut  anffi  le  lieu  de  la  naifïance  de  faint  Ni- 
colas ,  évêqUe  de  Myre.  *  Strabon,  1.  14.  p.  666.  Bail' 
let ,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  370. 

PATARES  ANGUSTI^E  ,  nom  qu'Ammien  Mar- 

cellin  ,  /.  22.  c.  8.  donne  au  Bosphore  Cimmérien.  An 

lieu  de  Patares ,  quelques  manuferits  portent  Pateres. 

La  fi^nifîcation  de  l'un  n'eft  pas,  plus  connue  que  celle 

Tara.  IV.  P  p  p  p  p  ij 


8ya 


PAT 


de  imite.  Voyez,  au  mot  Bosphorb,  l'article  Bospho- 
re Cimmérien. 

PATARNE,  ville  de  la  Sarmatie  Afiatiquc  :  Ptolo- 
mée, l.f.c.  9.  la  place  entre  l'embouchure  du  fleuve 
Mjrubïus  ,  ôc  celle  du  grand  Rhombims. 

PATAVIA  ,  nom  latin  de  la  ville  de  Paffau.  Ve'lfer 
croit  que  c'eft  la  même  ville  qui  eft  appellée  Batavit , 
dans  la  notice  des  dignités  de  l'Empire.  Voyez.  Pas- 
sau. 

PATAV1SSENISUM  VICUS.Oti  trouve  dans  le  di- 
geite ,  /.  $0.  tit.  deCenfibus ,  que  l'empereur  Sévère  don- 
na à  ce  village  le  droit  de  colonie.  Un  manufcrit ,  dit 
Ortelius,.r^/.  porte  P  otaviffenfmm  pour  Patayijfen- 
(ium. 

PATAV1TANUS  PORTUS,  port  de  l'Inde,  félon 
Martianus  Capella,  ïnGeomctr.  Ortelius,  Thef.  foup- 
çonnc  que  Patavitanus  ell  là  pour  Patalitanus  ,  ôc  qu'il 
eft  queftion  du  port  que  Pline,  /.  2*  c.  73.  appelle  Pa- 
talis. 

1.  PATAVIUM,  nom  latin  de  Padoue.  Voycz.ï>A- 

£>OUE. 

2.  PAJAVIUM  ,  ville  de  Bithynie  :  Ptolomée  ,  /.  y 
c.  1.  la  place  dans  les,  terres ,  entre  Gallica  Ôc  Prufa. 
Quelqu'un,  dit  Ortelius,  Thef.  a  écrit  que  cette  ville  s'ap- 
pelle préfemement  Polme.  Elle  a  été  épiscopale.  Ste- 
fhanus  ,  fonévêque  ,  affûta  au  concile  tenu  à  Rome  l'an 
503.  *  Harduin.  Collect.  Conc.  t.  2.  p.  988. 

PATAWOMEK.E  ,  ou  Patowmek  ,  rivière  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  Virginie.  Elle  a  fon 
embouchure  large  de  fix  ou  fept  milles  ,  ôc  porte  des  ba- 
teaux cent  cinquante  milles  loin.  Dans  cet  espace  elle 
reçoit  plusieurs  rivières  ou  ruiffeaux ,  qui  s'y  rendent 
des  collines  ôc  des  montagnes  voifines.  Ces  collines  ne 
font  pas  moins  abondantes  en  arbres  fruitiers  &  autres  , 
que  la  rivière  l'eft  en  poiffons.  Le  long  de  l'une  ôc  de 
l'autre  rive  il  y  a  quantité  de  villages.  *  De  Laet ,  defe. 
des  Indes  occidentales ,  1.  3.C  14.  Corneille,  Dict. 

PATAY,  ou  P  att  a  y  ,  ville  de  France  ,  dans  la 
Beauffe  ,  diocèfe  de  Chartres,  élection  de  Châteaudun, 
eft  nommée  quelquefois  en  latin  Patavium,  que  de 
Valois  dit  être  fon  véritable  nom  fans  altération  ,  ôc 
quelquefois  Pataiitm  ou  Pateium.  On  trouve  dans  des 
lettres  de  l'an  1191,  fous  Philippe  Augufte  ,  qu'il  y 
avoit  des  moines  de  Saint  Florentin  de  Bonncval  qui  de- 
meuroieiit  à  Patay  ,  ôc  qu'il  y  avoit  un  prieur  ;  dans 
d'autres  lettres  de  l'an  1221  ,  la  paroiffe  de  Patay  elt 
dite  fittiée  fur  le  territoire  de  Saint  Pierre  le  Puellier 
d'Orléans^  dans  d'autres,  il  efl  dit  qu'il  y  a  en  ce  lieu 
un  prieuré  dépendant  de  l'abbaye  de  Bonneval.  Il  eft 
effectivement  nommé  dans  le  pouiller  de  Chartres  ,  & 
le  revenu  y  efl  marqué  de  850  liv.  La  cure  y  efl  dite 
du  titre  de  faint  André ,  ôc  avoir  quatre  cens  commu- 
nians.  11  y  a  un  château ,  appelle  Lignerolles.  Ce  lieu 
eft  tout  à  l'extrémité  du  diocèfe  de  Chartres ,  en  tirant 
vers  Orléans.  Le  fameux  comte  de  Dunois,  ôc  la  pucelle 
d  Orléans,  y  remportèrent  en  1429,  fur  les  Anglois  une 
vict-oire  aflëz  complette,  qui  commença  à  rétablir  les 
affaires  de  la  France.  Ils  y  firent  prifonnier  Talbor , 
leur  plus  grand  capitaine.  Le  Dictionnaire  univerfel  de  la 
France  a  marqué  mal  que  Patay  eft  du  diocèfe  de  Blois. 
*  Manufcrit  de^  Lebeuf 

1.  PÂTÉ,  royaume  d'Afrique,  dans  le  Zanguebar  , 
fur  la  côte  de  Mélinde.  Il  eft  botné  au  nord  par  le 
royaume  de  Jubé,  à  l'orient  par  la  mer  des  Indes,  au 
midi  par  le  royaume  de  Sion  ,  ôc  à  l'occident  par  le 
pays  des  Maracates.  La  capùale  eft  bâtie  dans  une  îfle 
de  même  nom  ,  qui  ferme  la  baie  de  Formofa,  du  côté 
dti  midi.  Cette  ville  eft  à  un  degré  de  latitude  méridio- 
nale. *  Robert  de  Vaugonui ,  Atlas. 

2.  PÂTÉ  ,  ifie  d'Afrique.  Voyez.  Pat£  ,  n.  1. 
PATE1DES ,  mot  corrompu  de  celui  de  Pimpleidf.s. 

Voyez.  Pimpla. 

PATENIS1R  ,  ville  des  Indes,  à  une  demi-journée, 
de  Diu  ,  dans  le  royaume  de  Guzurate.  Elle  a  un  beau 
port  de  mer,  ce  qui  la  rend  riche  ôc  de  grand  trafic. 
11  s'y  fait  force  tapis  de  foie  figurés ,  ôc  des  plus  exquis 
des  Indes,  que  l'on  transporte  à  Bengale,  Malaca  .  Pe- 
gu  ,  ôc  autres  lieux.  On  y  fait  auffi  c\<:s  draps  de  coton 
de  différentes  couleurs  .  dont  pruOeurs  pays  fe  viennent 
fournir.  Ceft  leur  principal  habillement.  Cet  article  eft 


PAT 

tiré  de  Corneille  ;  mais  il  me  paroît  fuspecr. ,  patee  que 
les  relations  ni  les  cartes  modernes  ne  connoifîent  point 
cette  ville. 

PATENS.  Corneille ,  Dicl.  dit  :  ville  de  Perfe ,  dans 
l'Hierac.  Contarini  l'appelle  Ncthas  en  fon  voyage.  Elle 
eft  affez  belle  ;  arroféede  pluiieurs  eaux  vives,  &  abon- 
dant^ en  toutes  fottes  de  fruits.  Lorsqu'on  arrive  à 
cette  ville  ,  on  laifle  à  main  droite  deux  hautes  monta- 
gnes ,  qui  font  fort  pointues.  L'une  a  fur  fa  cime  une 
groffe  tour ,  que  Cha-Abas ,  roi  de  Perfe ,  fit  bâtir  en 
mémoire  de  l'avantage  qu'un  de  fes  fauccus  remporta 
dans^ce  lieu  ,  fur  un  aigle  qu'il  attaqua  ,  &  qu'il  ab- 
battit  après  un  combat  opiniâtre.  Cette  tour  ,  qui  eft  pat 
eu  bas  de  forme  octogone,  &  bâtie  de  brique,  a  huit 
pas  ou  environ  de  diamètre  :  mais  en  montant  elle 
perd  infenfiblement  cette  forme  &  fa  grofleur.  Dans  le 
haut  elle  eft  percée  de  rant  de  fenêtres ,  que  le  jour  y 
entre  de  tous  côtés.  Ceux  qui  la  voient  ont  peine  à 
comprendre  comment  on  a  pu  porter  tant  de  matériaux 
en  un  lieu  fi  élevé. 

1.  PATENSEN  ,  petite  ville  de  Félectorat  d'Ha- 
novre. 

2»  PATENSEN  (Bailliage  de),  dans  la  principau- 
té de  Zell. 

PATEPATANE,  bourg  des  Indes,  au  royaume  de 
Guzurate  ,  à  neuf  lieues  de  Goga.  On  y  fait  quantité 
de  coton  &  de  toiles.  *  Màndefla  ,  Voyage  des  Indes , 
1.  1.  p.  193. 

PATER  (  Saint  ) ,  bourg  de,  France  ,  dans  la  Tou- 
raine. 

PATERIA,  nom  d'une  ifle  déferre,  dont  Pline,  /. 
4.  c .  1 2.  fait  mention.  Il  paroît  qu'elle  devoir  être  au  voi- 
finage  de  la  Cherfounèfe  de  Thrace. 

PATERNIANA,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife  : 
Ptolomée ,  /.  2.  c.  6.  la  donne  aux  Carperaus.  On  la 
nomme  préfenrement  Pallranœ.  Voyez   Pastrana. 

1.  PATERNO,  bourg  de  Sicile,  dans  le  Val  De- 
mone ,  avec  titre  de  principauté.  Il  eft  fitué  an  pied 
du  mqpr  Etna  ,  du  côté  du  midi  occidental ,  près  de  la 
dviere  Jaretta.  *  Robert  de  Vjngondi  ,  Atlas. 

2.  PATERNO  ,  château  d'Italie  ,  dans  la  Campagne 
de  Rome,  vers  la  côte  de  la  mer  Méditerranée,  entre 
là  ville  d'Oflie  à  l'occident,  ôc  l'embouchure  du  Nu- 
mico  à  l'orient.  *  Magin  ,  Carte  de  la  Campagne  de  Ro-, 
me.- 

PATER  NOSTER,  ifles  de  la  mer  des  Indes,  au 
midi  de  hfle  des  Célèbes.  On  lent  a  donné  le  nom  de 
Pater  noficr ,  à  caufe  d'un  grand  nombre  de  rochers 
qui  les  environnent,  &*qui  s'entrefuivenr  comme  des 
patenôtres  enfilées.  Ces  ifles  s'étendent  d'orient  en  oc- 
cident. Elles  produifent  quantité  de  grains  ôc  de  fruits, 
&  elles  ont  un  grand  nombre  d'habitans.  *  Robert  de 
Vuugondi ,  Atlas. 

1.  PATERNUM,  ville  de  la  première  Cappadoce. 
Il  en  efl  parlé  dans  le  concile  de  Chalcédoine.  *  Ortel. 
Thef. 

2.  PATERNUM  ,  ville  d'Italie,  dans  la  grande  Grè- 
ce, fur  la  côte  occidentale  ,  vers  le  cap  appelle  aujour- 
d'hui ùtpo  Dell'  Alice ,  dans  l'endroit  où  commence  le 
golfe  de  Tarente.  On  ne  peut  douter  que  Paiernum. 
n'ait  été  un. des  plus  anciens  évêchés d'Italie,  puisque 
fon  évêque  Abundantius  fut  un  des  trois  légats  que  le 
pape  Agathon  envoya  au  concile  de  Conflantinople.  La 
commune  opinion  efl  qu'après  la  deflruction  de  cette 
ville  par  les  Sarazins ,  le  fiége  épiscopal  fut  transféré  à 
Vmbriatico.  Aujourd'hui  même  la  ville  de  Ziro  eft  la 
réfidence  de  l'évêque  à'Umbnutico.  *  Italia  Sacja.  t. 
10.  p.  1  58.  BaroniuJ  ,  ad  an.  680. 

PATERON.  Voyez.  Phaterunesos. 

PATHALIA.  Voyez.  Patala. 

PATHISSUS,  fleuve  "de  la  Dacie ,  félon  Pline,  /. 
4.  c.  11.  Ceft  le  Tibiscus  de  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  7.  ôc  Le 
Parteisius  d'Ammien  Marcellin  ,  /.  17.  p.  .08.  aujour- 
d'hui on  le  nomme  la  Tcifj'e.  Voyez,  ce  mot.  ôc  le  Tibia. 
Voyez.  Tibiscus. 

PATHMETICUM.  On  appelloit  ainfi,  félon  Ptolo- 
mée, /.  4.  c.  J.  ÔC  Pomponius  \kla  ,  /.  1.  c.  9.  la  qua- 
trième embouchure  du  Nil  PliTie,  /.  5.  c.  10.  &  Am- 
mien  Marcellin  écrivent  Phatniliatm.  ÔcStrabon,l.  17. 
p.  802.  Vhutnicum.  Le  père  Hardouin  dit  qu'on  nom- 


PAT 


me  préfentement  cette  embouchure  le  Bras  de  Mi- 

GNY. 

PATHMOS.  Voyez.  Patmos. 

PATHOS.  Voyez.  Paltos. 

PATHURES  ,  ville  de  Méfopotamie ,  d'où  étoit  Ba- 
team.  Voyez,  Pethor. 

i.  PATI,  o«  Patti  ,  golfe  de  Sicile,  fur  la  côte 
feptentrionale.  Environ  vingt  milles  à  1  oueft  quart  fud- 
oueft  de  la  pointe  de  Mélazzo  ,  eft  celle  du  cap  Car- 
vao  ou  Calvas  :  entre  les  deux  il  y  a  un  grand  en- 
foncement que  l'on  appelle  le  golje  de  Pati ,  dans  le- 
quel du  côté  de  Mélazzo ,  il  y  a  une  grande  plage  de 
fable.  On  pourroit  mouiller  dans  cette  plage ,  proche 
le  château  de  Mélazzo  du  côté  du  nord-ouelt ,  pour  les 
vents  de  nord  eft,  eft  Se  ûid-eft  ;  mais  on  y  efl  à  dé- 
couvert de  tous  les  autres,  Se  la  mer  y  doit  être  extrê- 
mement grofte.  Dans  le  fond  de  ce  golfe  il  y  a  plufieurs 
villes  &  villages  le  long  des  côtes.  Le  plus  voiiîn  de 
Mélazzo  s'appelle  Santa  Lucia ,  enfuite  Olivero  ,  Lon- 
tindaro  ,  Pati  &  Guifa ,  qui  eft  au-deflus  du  cap  Calvao* 
*  Michelot  ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  126. 

2.  PATI ,  4vi!le  de  Sicile ,  fur  la  côte  feptentrionale 
de  l'ifle ,  dans  le  golfe  de  Pati.  Elle  eft  à  cinq  ou  fix 
milles  du  cap  de  Calvao ,  fur  unegrofie  pointe ,  à  32 
deg.  50  min.  de  long.  &  à  38  deg.  18  min.  de  latit» 
Cette  ville  fut  bâtie  auprès  des  ruines  de  Tindaro,  par 
le  comte  Roger ,  lorsqu'il  eut  vaincu  les  Sarazins.  C'eft 
la  borne  du  reffort  de  Mefline.  Boniface  IX,  qui  fut 
élevé  au  pontificat  en  13S9,  y  fonda  un  gvêché  fous 
la  métropole  de  Mefline.  Le  fauxbourg  de  cette  ville 
s'étend  le  long  de  la  plage  ,  qui  lui  fert  de  port.  Après 
qu'on  a  pafle  ce  fauxbourg  ,  on  entre  dans  Pati ,  qui  eft 
au  milieu  d'une  petite  prairie  ,  ce  qui  rend  fa  fituation 
fort  agréable  ;  Bar.  elle  eft  environnée  de  collines  Se  de 
jardins.  Les  rues  de  la  ville  font  fort  propres.  On  y  voie 
de  beaux  édifices.  L'églife  cathédrale  eft  bien  ornée,  Se 
confidérable  par  fon  maître- autel ,  Se  par  le  nombre  de 
fes  chapelles,  où  l'on  voit  briller  les  peintures  &  le 
marbre.  La  plupart  des  rues  aboutiflent  à  la  place ,  qui 
eft  remarquable  pour  fa  grandeur.  Le  château  elt  hors 
de  la  ville  ;  &  il  y  a  une  petite  forterefle  qui  regarde  le 
bord  de  la  mer  ,  d'où  la  ville  eft  éloignée  d'une  bonne 
mousquetade.  *  Corn.  Dicr. 

3.  PATI ,  ville  des  Indes ,  dans  lifte  de  Java ,  à  cing 
lieues  de  Japara  ,  vers  l'oueft ,  Se  à  trois  lieues  de  la  ville 
de  Dauma.  *  Voyage  des  Hollandois  aux  Indes  orienta- 
les ,  p.  337. 

1.  PATIENTIA.  Voyez,  au  mot  Fort,  l'article  le 
Fort  Patientia. 

2.  PATIENTIA.  Voyez,  au  mot  cap  ,  l'article  Cap 
de  Patience. 

PATIGRA  ,  ville  de  Médie  ,  félon  Ammien  Marcel- 
lin  , /.  23.  c.  6.  Un  grand  nombre  de  manuferits  lifent 
Patigran. 

PATILA  ,  lieu  de  Perfe ,  au  voifinage  de  la  ville  de 
Schiras.  C'eft  le  lieu  où  fe  donna  la  bataille  entre  Ti- 
mur-  Bec  Se  Chahmànfour.  *  Petis  de  la  Croix ,  Hiftoire 
de  Timur-Bec,  /.  3.  c.  25. 

PATINA.  Voyez,  Pastina. 

PATIORUS  ,  ville  de  Sicile  :  Ptolpmée  ,  /.  3 .  c.  4, 
la  place  dans  les  terres,  entre  Mena:  Se  Aflbrus.  On 
croit  que  c'eft  préfentement  Palaz.z,uolo  ,  dans  le  val  de 
NotOi 

PATIS  ,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte  ,  félon  Pli- 
ne ,  /.  6.  c.  29. 

PATISCHORES,  peuples  de  la  Perfide  ;  c'eft  Stra- 
bon ,  /.  1  y.  p.  727.  qui  en  fait  mention. 

PATISTAMA  ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée  ,  /.  7.  c,  1.  la  place  fur  le  bord  de  ce  fleuve  , 
entre  Syrnifica  (Syrnis  )  ,  &  Tifapatingat 

PATMOS,  ou  Pathmos,  ifle  de  l'Archipel ,  fituée 
entre  les  iflesde  Nicaria  Se  de  Samos;  la  première  au 
nord  occidental ,  &  la  féconde  au  nord  oriental  ;  Se  en- 
tre les  ifles  de  Naxie  &  de  Narcio  ,  la  première  an  midi 
occidental ,  la  féconde  à  l'orient.  *  Robert  de  Vaugon- 
dy  ,  Atlas. 

Patmos  eft  confidérable  par  fes  ports  ;  mais  fes  ha- 
bitans  n'en  font  pas  plus  heureux.  Les  corfaircs  les  ont 
contraints  d'abandonner  la  ville  qui  étoit  au  port  de  la 
Seala,  Se  de  fe  retirer  à  deux  milles  Se  demi,  fur  la 


PAT        8/3 

montagne ,  autour  du  couvent  de  Saint  Jean.  *  Tour* 
nef  on  y  Voyage  du  levant ,  lettre  10.  p.  168. 

Ce  couvent ,  qui  eft  comme  une  citadelle  ,  a  plit'- 
fieurs^  tours  irrégulieres  :  il  eft  très-folidement  bâti  fur 
là  crête  dune  roche  fort  élevée  :  on  dit  que  l'empe- 
reur Alexis  Comnene  étoit  le  fondateur  de  ce  mona- 
ftere  :  la  chapelle  eft  petite  Se  peinte  à  la  grecque, 
c'eft-à-dire-  d'un  mauvais  goût  :  on  y  garde  le  corps 
de  S.  Chriftodule  ,  c'eft-à  dire  ferviteur  de  Chrift.  On 
croit  que  ce  fut  à  la  perfuafion  de  ce  faint  que  l'em- 
pereur fit  bâtir  la  maifon.  Le  couvent  a  fix  mille  écus 
de  revenu  :  la  vaiflelle  de  l'églife  eft  aflez  belle  ,  mais 
il  n'y  a  rien  de  plus  rare  que  deux  grofles  cloches  qui 
font  au-deflus  de  la  porte  de  la  maifon  :  car  c'eft  une 
chofe  bien  particulière  dans  le  Levant  que  de  grofles 
cloches.  Comme  les  Turcs  ont  de  la  vénération  pour 
S.  Jean,  ils  laiflent  jouit  les  Caloyers  de  Patmos  de 
cet  avantage  :  il  y  a  plus  de  roo  Caloyers  dans  ce 
monaftere  -,  mais  il  n'y  en  refte  que  60.  Les  autres 
vont  faire  valoir  les  fermes  qu'ils  ont  dans  les  ifles 
voifinçs. 

L'ifle  de  Patmos  eft  un  des  plus  médians  écueils 
de  l'Archipel  :  elle  eft  découverte ,  fans  bois ,  Se  fort 
féehe ,  quoiqu'elle  ne  manque  pas  de  roches  ni  de 
montagnes ,  dont  la  plus  élevée  s'appelle  Saint  He- 
lie.  Jean  Cameniate ,  qui  étoit  du  nombre  des  es- 
claves ,  que  les  Sarazins  firent  à  la  prife  de  Theffa- 
lonique  ,  fa  patrie ,  Se  qu'ils  conduifirent  en  Candie  « 
aflure  que  tous  ces  malheureux  réitèrent  fix  jours  à 
Patmos ,  Se  qu'ils  n'y  trouvèrent  pas  d'eau  à  boire. 
Cette  ifle  eft  pleine  de  perdrix,  de  lapins,  de  cailles, 
de  tourterelles ,  de  pigeons ,  de  beefigues  :  elle  ne 
produit  que  peu  de  froment  Se  d'orge-,  le  vin  y  vient 
de  Santorin  ;  car  on  n'en  recueille  pas  plus  de  mille 
barils  dans  Patmos.  On  y  pratique  la  caprification  fur 
les  figuiers  ;  mais  il  y  en  a  peu  :  ainfi  tout  le  négo- 
ce de  l'ifle  confifte  dans  l'induftrie  des  habitans ,  qui 
avec  une  douzaine  de  caïques ,  ou  plufieurs  antres 
petits  bateaux  ,  vont  chercher  du  bled  en  terre-ferme, 
Se  même  jusque  fur  les  côtes  de  la  mer  Noire ,  pour 
en  venir  charger  des  bâtimens  François. 

L'ifle  de  Patmos  n'a  que  18  milles  de  tour  s  on  en 
pourroit  bien  compter  le  double ,  fi  l'on  parcouroit 
tous  les  recoins  de  cap  en  cap  \  c'eft  pourquoi  on  doit 
exeufer  Pline  ,  qui  lui  donne  30  milles  de  circonfé- 
rence. Patmos  eft  éloignée  de  60  milles  des  ifles  de 
Cos ,  de  Stampalie  Se  de  Mycone  :  elle  eft  à  44  d. 
1 3  m.  de  long.  &  à  3  7  d.  20  m.  de  lat.  Il  n'y  a  guère  plus 
de  300  hommes  dans  Patmos,  Se  l'on  y  peut  bien 
compter  20  femmes  pour  un  homme.  Elles  font  naturelle- 
ment aflez  jolies  j  mais  le  fard  les  défigure  d'une  manière  à 
fairehorreur.  11  eft  furprenant  que,  dans  un  fi  pauvre  pays* 
les  maifons  foient  mieux  bâties  Se  plus  folides  que 
dans  les  ifles  où  il  y  a  plus  de  commerce  :  les  cha- 
pelles fur-tout  font  toutes  voûtées  &  couvertes  fort 
proprement ,  Se  l'on  ne  voit  dans  l'ifle  que  de  ces  for- 
tes de  bâtimens  :  on  en  compte  plus  de  250.  Quoi- 
que l'évêque  de  Samos  fe  dife  évêque  de  Patmos,  on 
ne  laifle  pas  d'y  faire  venir  tel  évêque  que  l'on  juge  à 
propos ,  quand  on  y  veut  faire  facrer  des  papas. 

Pour  les  affaires  civiles  ,  elles  y  font  réglées  par  un 
ou  deux-  adminiftrateurs ,  que  l'on  élit  tous  les  ans  : 
ils  font  chargés  de  faire  payer  la  capitation ,  qui  eft; 
de  800  écus  ,  Se  la  taille  réelle  qui  monte  à  200  t 
fans  compter  les  préfens  qu'il  faut  faire  au  Capitan 
Pacha  Se  à  fes  officiers,  qui  viennent  exiger  les  droits 
du  grand  feigneur.  Il  n'y  a  ni  Turcs  ni  Latins  dans  cet- 
te ifle  :  un  Grec  y  fait  la  fonction  de  confiai  de  France, 
quoiqu'il  n'ait  ni  pouvoir  ni  patentes.  De  Tour- 
nefort  dit  que  celui  qui  avoit  cet  emploi  lui  aflura  que 
depuis  trois  générations  de  père  en  fils  ils  avoient  tou- 
jours pris  cette  qualité.  Des  reftes  de  la  magnificence 
de  cette  ifle  on  ne  trouve  que  trois  ou  quatre  bouts  de  co- 
lonnes de  marbre  fur  le  port  de  la  Scala  :  elles  pa- 
roifient  d'un  bon  goût,  Se  font  afiurément  des  plus 
anciennes  de  l'Archipel.  Dans  le  veftibule  de  l'églife 
de  S.  Jean ,  l'on  voit  une  infeription  qui  n'eft;  pas  li- 
fible  ,  non  plus  qu'une  autre  qui  eft  dans  la  nef. 

La  maifon  qu'on  appelle  XApocalypje  eft  un  pau- 
vre hermitage,   qui  dépend  du  grand  couvent  de  S> 


8/4 


PAT 


PAT 


Jean.  On  croit  que  ce  fut  dans  ce  lieu  que  faint  Jean 
écrivit  l'Apocaly  pfe  :  cela  peut    être  vrai  -,  car  ce  faint 
Evangeiiùe  aiïure  qu'il  a  été  dans  l'ifle  de  Patmos  :  il 
y  fut  exilé  pendant    la  perfccution  de   Domitien  ,   qui- 
commença  l'an  y]  après  la  mort  de  Jefus-Chrift. 

Cet  hermirageelt  à  mi-côte  d'une  montagne  ,  fitùéè 
entre  le  couvent  Se  le  port  de  la  Scnla.  On  y  encre  pat 
une  allée  fort  étroite,  taillée  à  moitié  dans  le  roc,  Se 
qui  conduit  dans  la  chapelle  qui  n'a  que  huit  ou  neuf  pas 
de  long ,  fur  cinq  de  l^rge;  la  voûte  en  eft  belle,  quoi- 
que d'un  ceintre  un  peu  gothique  ;  à  droite  elt  la  grotte 
de  faint  Jean ,  dont  l'encrée  haute  d'environ  7  pieds, 
eft  partagé*  en  deux  par  un  pilier  carré.  On  faic  re- 
marquer aux  étrangers  tout  au  haut  de  cette  entrée 
une    fente  dans   la  roche  vive,   Se   ces   bonnes  gens 
croient   que  ce  fut  par-là  que  la  voix  du  S.  Esprit  fet 
fir  entendre   à   faint  Jean  :  la    grotte  eft  baffe  Se  n'a 
lien  de  particulier.  La  citerne  de  la  maifon  eft  à  gau- 
che de  la  chapelle ,  au  bas  de  la  fenêtre. 

Lero  refte  entre  le  fud-eft  Se  l'eft-fud-eft  :  Lipfo  à 
l'eft  :  Calimno  au  fud-eft  :  Nicaria  au  nord-oueft  : 
Arco  entre  le  noid  eft  c^l'eft-nord-efi. 

1.  PATNA,  ville  des  Indes,  fur  le  bord  du  Gan- 
ge ,  du  côté  du  couchant ,  à  10?  d  1  5  m.  de  longit.  Se 
à  2j  d.  55  m.  de  larit.  C'eft  une  des  grandes  villes  des 
îndes .  Se  des  plus  fameufes  par  fon  commerce.  Elle 
n'a  guère  moins  de  deux  coffes  de  longueur.  Les  mai- 
fons  n'y  font  pas  plus  belles  que  celles  de  la  plus  grande 
partie  des  autres  villes  des  Indes  :  elles  font  presque 
routes  couvertes  de  chaume  Se  de  bambonc.  Elle 'a  un 
grand  château  avec  des  boulevards  Se  des  tours.  Il  y 
a  des  jardins ,  des  pagodes  Se  d'autres  bâtimens  afiez 
magnifiques.  On  a  bâti  cette  ville  fur  une  hauteur  à 
caufe  des  grandes  inondations  du  Gange;  de  forte  que 
quand  l'eau  eft  médiocrement  haute  ,  il  faut  monter 
en  divers  endroits  vingt ,  trente ,  ce  quelquefois  qua- 
rante degrés  de  pierre.  Du  côté  de  la  terre  il  y"  a  un 
bon  nombre  de  redoutes  Se  de  tours  qui  fervent  plus 
à  l'ornement  qu'à  la  défenfe.  D'un  bout  de  la  ville  à 
l'autre  ,  Se  dans  toute  fa  longueur  règne  une  grande 
rue  pleine  de  boutiques,  où  il  le  fait  un  grand  né- 
goce de  toutes  fortes  de  marchandifes,  Se  où  l'on  trou- 
ve de  fort  habiles  ouvriers.  Cette  rue  eft  coupée  à 
droite  Se  à  gauche  par  plufieurs  autres,  dont  les  unes 
finiffent  du  côré  de  la  campagne,  Se  les  autres  vers 
le,  Gange.  Il  y  a  à  1  extrémité  de  la  ville ,  &  dans  l'en- 
droit le  plus  élevé  ,  une  grande  place  pour  le  mar- 
che, un  très-beau  palais  où  le  Nadab  demeure  &e  un 
grand  Kettera  ,  cù  fe  trouve  quantité  de  peuples  de 
divexfes  nations  ,  ainfi  que  toutes  fortes  de  marchan- 
difes. On  fait  dans  cette  ville  une  espèce  de  potetie 
d'une  odeur  agréable ,  Se  presque  auilî  mince  que  du 
papier.  On  s'en  fert  dans  le  férail  du  Mogol ,  Se  dans 
les  palais  des  Princes.  La  compagnie  Hollandoife  a  une 
loge  à  Patna ,  à  caufe  du  négoce  du  falpêtre  qu'elle 
fait  rafiner  dans  un  gros  village  appelle  Choupar ,  à 
dix  lieues  de  cette  ville  ;  Se  auffi  fur  la  rive  droite  du 
Gange  ,  Se  les  François  y  ont  un  comptoir.  Cette  ville  eft 
la  capitale  du  royaume  auquel  elle  donne  fon  nom. 
*  Tavernier ,  Voy.  des  Indes,  /.  ri  f.  8.  De-  Graaf, 
Voy.  des  Indes  orient. 

2.  PATNA,  royaume  des  Indes,  dans  les- états  du 
.grand  Mogol,  félon  Tavernier ,  qui  dit  que  ce  royau- 
me eft  petit  Se  que  la  ville  de  Patna  eft  fa  capita- 
le. Cependant  le  père  Catiou ,  dans  fon  hiftoire  gé- 
nérale du  Mogol  ,  p.  361  ,  donne  la  ville  de  Patna  pour 
capitale  du  royaume  de  Bear. 

PATOS-,  petite  ifle  d'Afie  ,  dans  la  mer  otientale, 
une  des  ifies  des  Larrons.  Elle  eft  au  vingt-cinquième 
degré  trente  minutes  de  latitude  méridionale. 

PATR/4Z,eville  du  Péloponnèfe  ,  fur  la  côte  occi- 
dentale de  J'Achaie,  près  de  l'embouchure  du  fleuve 
Glaucus  ,  fclon  Paufanias,  /.  7.  c.  18.  Pline  dit  qu'el- 
le étoit  bâtie  fur  un  très-long  promontoire  ,  à  l'op- 
pofite  de  l'Etolie  Se  du  fleuve  Evenus.  Son  premier 
nom  fut  A.  oc  ou  Aroa.  Lorsque  Patreus  l'eut  aggran- 
die,  elle  prit  le  nom  de  fon  bienfaicleur  ,  en .  çonfer- 
vant  néanmoins  fort  ancien  nom  ;  car  ils  fe  trouvent 
joints  cnfemble  fur  les  médailles,  avec  le  titre  de  Co- 
lonie romaine.  Nous  avons  une  médaille  d'Auguftcfur 


laquelle'  on  lit  :  Col.  A.  A.  Patrenf.  ce  qui  lignifie  Ço- 
lonta  Augufla  Aroé  Patrenfis.  Les  écrivains  de  l'hi- 
ftoire  Byfantine  nomment  cette  ville  Patra  veteres , 
pour  la  diftinguer  d'une  autre  ville  que  Gregoras  Se 
Nicetas  appellent  Patra  hovit  ,  dans  la  Theflalie. 

PATR/EUS  ,  village  d'Afie  :  Scrabon  ,  /.  1 1.  p.  494.» 
le  met  fur  le  Ijord  du  Bosphore  Cimmérien ,  à  cent 
trente  ftades  du  village  Corocondame ,  où  finiffoit  le 
Bosphore. 

P  A  T  R  AS,  Pair  a  ,  ville  du  Péloponnèfe  ou  Mo- 
rée,  capitale  du    duché    de    Clarence.     Elle    eft   fur 
la  mer,  au  39  d.  3  2  m.  de  longit.  &  38  d.  20  m.  de  latir. 
11  y  <i  un  archevêque  Grec.  Les  Turcs  l'appellent  Ba~ 
dra  Se  Balabatra.  Elle  a  eu  plufieurs  noms  ancienne- 
ment ;  celui  de  fa  fondation»etoit  Apoa:  celui  de  Pa- 
tras  lui  eft  venu   de  Pat  ras,  fils  de  Prcu  gênas,  qui  en 
fut  le  reftaurateur.  Lorsqu'elle  fut  foumife  à  l'Empire 
Romain  ,  elle  fut  nommée  Cvlonia  Augufta  Aroe  Pa- 
trenfis. Augufte  lui  accorda  le  droit  de  bourgeoifie  ro- 
maine.  Elle  n'eft  qu'à  un  quart  de  lieue  dé  1a  mer , 
fur  une  éminence  qui  touche  une  montagne  allez  hau- 
te au  nord.  Cette  montagne  s'appeyoit«ancienncmcnr, 
Cyr'enea ,  fuivant  Wheler.  Au  lieu  le  plus  élevé  de  la 
ville  il  y  a  une  fortereffe  qu'on  affure  être  dans  le  même 
lieu  où  étoit  celle  des  Romains.  Il  y  avoit  dans  cette 
fortereffe  une  Diane  fui  nommée  Laphria,  Se  le  mo- 
nument du   héros  Eurypilus  ,   fils  d'Evemon  ,  qui  s'é- 
toit  trouvé  au  fiége  de  Troye.  Il  y  avoit  auffi  dans  la* 
même   citadelle    le   temple    de   Minerve  Panachaïde , 
c'eft-à-dire  Protectrice  de  l'Achaïe ,  dont  Panas  étoic 
la   ville   la   plus   confidérable.  Sa    ftatue  étoit  d'or   Se 
d'yvoite.  On  croit  que  la  ville  de  Pâtrâs  s'étendoic  an- 
ciennement jusqu'à  la  mer  ,  parce  que  dans  les  champs 
voifins  il    fe  trouve  encore  a:!ez  de  démolitions  pour 
connoîrie  que  tout  ce  quartier  a  été  bât;.  C'efl  la  que 
devoir  êcre  le  temple  de  Cvbèle  &  d'Atys  ,   que  Pau- 
fanias dit   avoir  été  dans  le   plus,bas  de  la  ville;   Se 
on  croit  qu'il  étoit  affez  proche  d'une  églife  fous  ter- 
re, que  les  Grecs  appellent  l'école  de  S.  André,  où  l'on 
voit  une  pièce  d'une  belle  fiife  de  marbre  antique,  A 
cent  pas  de  là  il  y  a  une  manière  de  Cirque  ou  Sta- 
dïum  des  Grecs.  C  étoit  le  lieu  où  ils  faifoient  les  jeux, 
Se  les  courfes.  Les  côtés  éroient  un  rang  d'arcades  qui 
paroiffoienc   de   loin  quand  on   y  arrivoit  par  mer.  11 
y  avoic  autrefois  un  théâtre,  Se  quantité  de  temples, 
dont  parle  P-aufanias  dans  fa  defeription  de  la  Grèce; 
mais  on  n'en  peut  aujourd'hui  trouver  les  ruines.  Des 
mosquées    qui   n'ont  aucune  marque  d'antiquité,    &. 
qu'on  voit  au  bazar  ou  mai  chu  des  Turcs,  tiennent  la 
place  des  temples  de    Jupiter    Olympien    Se    d'Apol- 
lon. Il  y  avoit  auffi  proche  d'un  port   un  temple  dé- 
dié à  Neptune ,  &  un  autre  à  Cérès.  Ce  dernier  étoit 
remarquable  par  une  fontaine,  qui  n'en  étoit  (eparée 
que  par  une  muraille.  On  y   alloit  confulter  l'événe- 
ment des  maladies ,    ce  que   l'on  faifeit    en    fuspenT 
dant  un  miroir  avec  une  ficelle.  Le,  derrière  du  mi- 
roir touchoit  l'eau  ,  Se  la  glace  nageoit  deffus.  On  re- 
gardoit  alors  dedans ,  &  l'on  y  voyoit  différentes  ima- 
ges ,  félon    que  le   malade  devoir  guérir  de  fon  mal 
ou  en  mourir.  L'oracle  du  "marché  étoit  une' ftatue  de 
Mercure  ,  6c  une  autie  de  Vella  :  il  falloir  les  encen- 
fer ,  Se  allumer  les'  lampes  qui  pendoient  tout  à  l'en- 
rour.  Enfuite  on  dédioit  à  la  droite  de  l'autel  une  mé- 
daille de  cuivre  du  pays  ,  Se  l'on  interrogeoit  la  fta- 
tue de  Mercure  fur  ce  que  l'on  vouloir  favoir  ;  il  fal- 
loir après  cela  s'en  approcher  de  fort  près-,  comme 
pour  écouter  ce  qu'elle  prouonceroir ,  Se  s'en  aller  de 
làr  hors  du   marché ,    les    oreilles  bouchées   avec  les 
mains.  La  première  voix   que  l'on  entendoir   en    les 
ôtant  de  deffus  étoit  Lr  réponfe  de  l'oracle.  La  ville 
avoit  plufieurs  autre    temples,  favoir  de  Venus,    de 
Minerve  ,   de  Diane  Limnatide  Se   de  B^cchus ,   fur- 
nommé  Calydonien  ,  à  caufe  que   fa  ftatue  avoit  été 
apportée  de  Calydon  qui- étoit  une  petite  ville  vis  à- 
vis  d'Aroa.   C'etolt  ainfi   que  la  ville   de  Parias  s'ap- 
pclloit  dans  le  premier  tems  de  fon  origine.  Elle  avoic 
eu  ce  nom  d'un  mot  Grec ,  qui  fignifte  la  culture  de 
la  terre  ,  que  fes  habitans  avoient  enfeignée  les  pre- 
miers aux  Grecs.  Triptolf  mus  vint  l'apprendre  d'Eume- 
lus,  roi  du  pays,  Se  h  porta  en  Attique.  Dans  l'églife 


PAT 


{L'cttce  à  faint  Jean ,  faine  George  Se  faint  Nicolas,  & 
qui  cil  la  métropolitaine  on  voir  quarre  colonnes  io- 
nique de  marbre,  Se  une  pierre,  qui  étant  frotée  con- 
tre une  autre,  répand  une  tort  mauvaife  odeur  trois 
eu  quatre  pas  à  l'entour.  Les  Grecs  ,  qui  atribuent 
ceia  a  un  miracle ,  difent  que  le  juge  qui  condamna 
S.  André  étoit  aflis  fur  cette  pierre,  lorsqu'il  prononça 
la  fenrence  de  mort  contre  cet  Apôtre.  Le  négoce  des 
habitans  efl  de  foies  qui  le  font  dans  la  Moiée,  ik 
dont  on  charge  plus  de  trois  cens  balles  tous  les  ans* 
On  enlevé  aufli  delà  des  cuirs,  Se  des  cordouans, 
à  bon  marché ,  du  miel ,  de  la  cire ,  de  la  laine ,  Se 
du  fromage.  Les  arbres  des  montagnes  voifines  portent 
de  la  manne  ;  mais  les  habitans  ne  la  recueillent  pas. 
Les  Juifs ,  qui  font  environ  le  tiers  de  la  ville ,  éta- 
blirent des  vieillards  entre  eux  pour  juger  leurs  diffé- 
rons ,  Se  ont  quatre  fynagogues.  Les  Turcs  y  ont  fix 
mosquées ,  Se  il  y  en  a  une  où  efl:  pendue  vers  le 
toit  une  chaîne  de  fer  doré  ;  ils  difent  que  cette  chaî- 
ne fut  caufe  qu'on  pilla  la  ville,  lorsqu'ils  la  prirent 
fur  les  Vénitiens ,  parce  qu'ils  croyoienr  qu'elle  étoit 
d'or ,  Se  par  conséquent  que  les  habitans  étoient  fort 
riches.  A  demi  lieue  de  la  ville  font  les  jardins  de 
Tatras.  Ce  lieu  efl.  appelle  Glycada,  d'un  mot  grec 
qui  veut  dire  doux,  parce  qu'il  y  vient  des  citrons, 
des  oranges  Se  des  grenades ,  d'une  douceur  très-agréa- 
ble. Quatre  ou  cinq  citrons  n'y  valent  qu'un  fou , 
quoiqu'ils  foient  de  la  grofieur  des  deux  poings.  La 
chair  en  efl  douce ,  &  fe  mange  comme  une  pom- 
me ,  mais  le  peu  de  fuc  qui  efl  au  milieu  efl  aigre. 
Les  oranges  font  aufli  groffes  que  celles  du  Portugal. 
La  chair  en  efl  amere ,  ÔV  le  fuc  fort  doux.  Les  cèdres 
dont  ont  fait  l'aigre  de  cèdre,  s'y  trouvent  aufli.  Le 
lieu  où  croiffent  ces  divers  arbres  efl  allez  bas  Se  à 
couvert  des  vents  ,  Se  quelques  ruiffeaux  l'arrofent  fans 
grand  artifice.  On  y  admire  fur-tout  un  fameux  cy- 
près ,  dont  le  tronc  a  dix-huit  pieds  de  circonférence, 
il  étend  fes  branches  à  vingt  pieds  de  diamètre.  Une 
douzaine-  d'autres  cyprès  qui  font  à  l'entour  ,  ne  lui 
fervent  que  de  luflre ,  quoiqu'ils  foient  fort  grands. 
Sur  le  chemin  de  Patras  à  Glycanas  efl  le  monaflere 
d' Hicrocomium ,  où  il  y  a  environ  douze  Caloyers , 
Se  une  églilé  dédiée  à  Panagia  ,  c'efl-à-dire  à  la  faill- 
ie Vierge.  Elle  efl  bâtie  à  la  grecque,  avec  quelques 
petites  colonnes  d'ordre  ionique  ,  tirées  des  débris  de 
la  forrerefle  d'Achaia ,  à  dix  milles  de  Patras ,  com- 
me il  paraît  par  une  pancarte  de  leur  couvent.  Entre 
ce  monaflere  Se  la  ville,  on  découvre  un  ancien  aque- 
duc ,  dont  il  refle  encore  plufieurs  arcades  debout , 
fous  lesquelles  pane  un  petit  ruiflèau.  II  efl  incertain 
fi  c'efl  la  rivière  Milichus  dont  Paufanias  fait  men- 
tion. Il  y  en  a  deux  ou  trois  autres  femblables  de  ce 
même  côté  ,  que  l'on  paiTe  fans  pont  Se  fans  plan- 
che. Les  Vénitiens  ont  pris  Patras  en  1687,  Se  l'ont 
gardée  jusqu'en  1716.  L'air  en  cit  mal  fain.  Cette 
ville  etoit  nommé  Neoparria  par  les  Italiens ,  du  tems 
des  derniers  empereurs  Grecs.  C'efl  delà  que  les  rois 
d'Arragon  ont  pris  le  titre  de  ducs  de  Neo  Patrie , 
à  caufe  du  droit  qu'ils  prétendoient  y  avoir  par  les 
rois  de  Sicile ,  qui  n'en  ont  néanmoins  jamais  joui  , 
puisqu'elle  fut  vendue  il  y  a  près  de  trois  fiécles  par 
ces  princes  aux  Vénitiens.  *  Sport,  Voyage  de  Grèce, 
t.  i.p.  5. 

PATRASIS,  ville  d'Aile  fur  le  Pont-Euxin,  félon 
Etienne  le  géographe  ,  qui  cire  Hécatée. 

PATRIA,  petite  ville  de  la  Campanie,  dans  le 
royaume  de  Naples,  au  fud  du  lac  de  Patria,  par  où 
le  Clanio  ,  vulgairement  Lagno,  fe  décharge  dans  la 
mer  Tyrrhénienne.  Au  nord  de  cette  embouchure  efl 
Torrcdi  Patria ,  qui  efl  un  refle  du  fépulcre  de  Sci- 
pion  l'Africain.  C'efl  là  qu'étoit  le  Liternum ,  ou  le 
Linternum  des  anciens  ;  car  Silius  Italiens  le  nomme 
de  deux  façons.  C'étoit  une  ancienne,  colonie  romai- 
ne ,  qui  fut  fort  augmentée  par  Augufle.  Le  grand 
Scipion  s'y  exila  lui-même  ;  Se  comme  en  fe  plaignant 
de  Rome ,  il  difoit  quelquefois  Ingrata  Patria  nec 
qttidem  offa  mca  habes  ,  Se  que  ces  paroles  furent  gra- 
vées fur  fon  tombeau,  dans  la  fuite  des  tems  toute 
l'infcription  étant  effacée ,  excepté  le  mot  Patria ,  on 
a  don-né  ce  nom  à  la  tour ,  à  la  ville  ,  au  lac ,  Se  mê- 


PAT        Ssï 

me  à  la  rivière ,  qui  efl  encore  marquée  dans  les  der- 
nières cartes  Rio  Clanio  overo  Patria.  Le  Lac  de  Pania 
efl  presque  à  égaie  diflauce  de  Pouzzol  Se  du  Vulrur- 
na.  La  ville  de  Patria  a  été  épiscopalc  ;  mais  ce  n'efl 
plus  aujourd'hui  qu'une  grofle  bourgade.  Le  làc  de 
Patria  s'étend  presque  au  nord,  le  long  de  la  côte 
de  la  mer ,  en  dedans  des  terres ,  l'espace  d'environ  dix 
milles  ;  mais  il  a  peu  de  largeur.  *  D.  Mattheo  Egïl'w, 
Lettre  à  Langlet  du  Frenoy. 

PATRIARCHAT,  titre  de  dignité  dans  l'églife, 
Se  que  l'on  a  donné  aux  évêques  des  premiers  lièges 
épiscopaux.  Ce  mot  Patriarchat  vient  du  grec  na-rc/ao- 
yjfc  ,  en  latin  Patrum  Princeps  ,  c'efl-à  dire  le  prince  des 
p'eres.  Il  ne  commença  à  la  vérité  à  être  en  ufage  que 
long-tems  après  le  concile  de  Nicée  ;  mais  la  chofe 
même  fubfifloit  auparavant ,  puisque  ce  concile  approu- 
ve la  discipline  de  l'ancien  gouvernement  eccléfiafli- 
que  ,  en  ordonnant  que  l'évêque  d'Alexandrie  éten- 
drait fa  jurisdiction  fur  l'Egypte ,  la  Libye  Se  la  Pen- 
tapole ,  parce  que ,  dit  ce  concile ,  l'évêque  de  Ro- 
me en  ufôit  de  la  même  manière.  On  voit  par  là  que 
dès  les  premiers  commencemens  de  l'églife  il  v  avoit 
des  patriarches  diltingués  des  métropolitains.  Ces  der- 
niers avoienr  la  jurisdiction  fur  une  province;  mais 
le  patriarche  exerçoit  la  fienne  fur-tout  un  Diocefe , 
en  donnant  à  ce  mot  le  fens  le  plus  étendu  qu'il  peut 
avoir  ,  c'efl-a-dire  en  y  renfermant  plufieurs  métropo- 
les ;  en  forte  qu'il  étoit  le  métropolitain  des  métro- 
politains. On  fait  que  les  apôtres  choifirent  dans  pres- 
que toutes  les  provinces  les  villes  métropoles  pour  le 
fiége  des  métropolitains  -,  &  comme  on  ne,  peut  dou- 
ter qu'ils  n'euflent  établi  un  grand  nombre  de  métro- 
politains dans  les  provinces  d'Egypte ,  de  Libye  Se  de 
Pentapole,  il  s'enfuit  que  le  concile  de  Nicée  confir- 
ma la  jurisdiéton  du  fiégc  d'Alexandrie,  tant  fur  les 
métropolitains ,  que  fur  les  évêques  de  ces  provinces. 
Il  en  efl  de  même  du  fiége  d'Antioche,  dont  le  conci- 
le de  Nicée  confirma  la  jurisdiction  fur  tout  le  diocè- 
fe  d'Orient ,  comme  le  témoigne  le  premier  concile  de 
Conflantinople ,  can.  2.  qui  adjuge  à  l'églife  d'Antioche 
l'honneur  de  la  primatie  fur  tous  les  évêques  Se  mé- 
tropolitains d'Orient,  conformément  à  la  dispofition  du 
concile  de  Nicée.  A  l'égard  de  la  jurisdiction  du  pa- 
triarchat de  Rome,  il  ferait  ridicule  de  vouloir  la  re- 
itreindre  à  la  province  de  Rome,  comme  quelques-uns 
l'ont  prétendu;  ce  feroit  contredire  le  concile  de  Ni- 
cée, qui  n'adjuge  à  l'évêque  d'Alexandrie  la  jurisdiction 
fur  plufieurs  provinces  ,  que  parce  que  l'évêque  de  Ro- 
me en  ufoit  de  la  même  façon  fur  les  diverfes  provin- 
ces de  l'Occident.  *  Scbe/ffrate,  Antiq.  ecclef.  t.  2. 
Differt.  6.  c.  2. 

Les  hifloriens  anciens ,  &  les  géographes  ,  avoient 
divifé  le  monde  en  trois  parties ,  lavoir  l'Afie  ou  l'O- 
rient,  l'Europe  ou  l'Occident,  &  la  Libye.  Les  apôtres 
fe  conformant  à  cette  divifion  ,  réfolurent  d'établir  une 
églife  principale  dans  la  première  ville  de  chacune  de 
ces  parties  du  monde.  Dans  cette  vue ,  faint  Pierre  , 
qui  avoit  déjà  inflitué  une  églife  à  Antioche,  capitale 
de  la  Cœléfyrie  ,  Se  la  ville  la  plus  confidérable  de  l'O- 
rient, y  établit  Evod  évêque  à  fa  place,  Se  fe  rendit  à 
Rome ,  la  capitale  du  monde  ,  où  il  fixa  fon  fiége.  Ayant 
ainfi  fondé  ces  deux  églifes  dans  les  deux  principales 
villes  de  l'Afie  Se  de  l'Europe ,  il  fongea  à  en  fonder 
une  autre  dans  la  ville  la  plus  confidérable  delà  Libye. 
Pour  cet  effet,  il  y  envoya  faint  Marc,  qui  annonça  la 
foi  à  cette  troifiéme  partie  du  monde  ,  Se  établit  la  prin- 
cipale églife  à  Alexandrie.  Pendant  ce  tems-là ,  les  au- 
tres apôtres  créoient  des  évêques  dans  la  plupart  des 
villes  où  ils  préchoienr  l'évangile  ;  mais  les  trois  fiéges, 
dont  il  vient  d'être  parlé ,  eurent  conflamment  le  pre- 
mier rang  fur  tous  ceux  qui  furent  créés  dans  la  fuite. 

Quoique  ces  trois  patriarches  décidaflent  chacun  dans 
leur  diflricL  les  affaires  de  plus  grande  importance  ,  on 
ne  doit  pas  les  regarder  comme  égaux  entre  eux  :  l'églife 
de  Rome,  où  faint  Pierre  Se  faint  Paul  avoient  prêché 
l'évangile ,  eut  toujours  le  premier  rang  ;  elle  fut  la 
principale  églife ,  &  le  centre  de  l'unité  facerdotale.  Son 
évêque  efl  appelle  ,  par  le  concile  d'Ephèfe ,  le  gardien 
de  la  foi;  Se  le  concile  de  Chalcédoine  ,  appelle  l'églife 
de  Rome  la  première  de  toutes  les  églifes. 


%$6       PAT 

Dans  la  fuite  on  accorda  à  l'évêque  de  Conftantino- 
ple  le  titre  de  patriarche  ,  aiuTi  bien  qu'à  celui  de  Jé- 
rufalem. 

Ces  cinq  patriarchats ,  qui  font  Rome ,  Conftanti- 
nople,  Alexandrie  ,  Antioche  &  Jérufalem,  font  lesfeuls 
qui  ayent  été  connus  dans  la  divifion  du  gouvernement 
politique  de  l'églife  i  car  quoique  la  qualité  de  patriar- 
che ait  été  donnée  à  quelques  métropolitains,  comme 
à  celui  d'Aquilée  ,  ou  de  Grade  ,  transféré  depuis  à  Ve- 
nife,  à  celui  de  Bourges ,  qui  fe  dit  patriarche  des  Aqui- 
taines ,  &  à  d'autres  archevêques,  on  ne  la  leur  a  donnée 
que  par  honneur ,  fans  leur  attribuer  la  jurisdicton  pa- 
triarchale  :  en  effet ,  il  n'y  a  pas  un  de  ces  derniers  qui 
ayent  des  métropolitains  fous  eux. 

Les  bornes  précifes  de  ces  patriarchats  feroient  d'au- 
tant plus  difficiles  à  marquer,  que  la  divifion  des  dio- 
cèfes  ,  &  des  provinces  eccléfiaftiques  a  été  ,  la  plupart 
du  tems ,  réglée  fur  la  divifion  faite  dans  l'état  civil  par 
les  divers  princes ,  qui  l'ont  fouvent  changée  félon  leur 
bon  plaifir  ;  le  concile  de  Chalcédoine ,  can.  17.  or- 
donna même  que  la  dispofuion  eccléfiaftique ,  à  cet 
égard ,  fe  conformeroit  à  la  dispofition  civile.  A  parler 
néanmoins  généralement ,  le  Patriarchat  de  Rome 
étoit  compofé  de  toutes  les  églifes  d'Occident ,  &  éten- 
doit  fa  jurisdiclion  fur  toutes  les  métropoles  fuivan- 
tcs. 


Dans  l'Ita- 
lie. 


'Rome, 
|Milan , 
'Ravenne , 
JAquilée, 
Syracufe , 
'Calaris. 


I 


Achrida , 
Sardique. 


Dans  l'an-  f  Marcianopolis 
cienne       s  Tomi , 
Dacie.        CZarmizcgetufa. 


Dans  111 

lyrie  occi- 
dentale. 


Dans  la 
Gaule. 


Dans  l'Es- 
pagne. 


{Syrmium 
Laureacum  , 
Salona. 

.Arles, 

Vienne , 
1  Narbonnc . 

Aix, 

1  Ambrun, 
iTreves , 
1  Reims, 
^Lyon , 
iRouen, 
■Tours, 
■Sens , 
IBefançon  . 
'Bourges, 

Bordeaux, 
*  Eaufe. 

■  Se  ville, 
Carthage , 

i  Tolède , 
Tarragone  , 

1  Emerita  Aug. 
Bracara   Aug. 

■Lucus  Aug. 


'  Carthage , 
Le  fiége  du  plus 
ancien  évêque 
de  la   Numi- 

DIE. 

Le  fiége  du  plus 
ancien  évêque 
de  la  Mauri- 
tanie Cesa- 
riense  &  de 
la   Maurita- 

NlE-TlNGITA- 
NE. 

Dans  l'A-J  Le  fiége  du  plus 


frique. 


I 


ancien  eveque 
de  la  Mau- 
ritanie Siti-. 
fense. 
Le  fiége  du  plus 
ancien  évêque 
de  la    Byza- 

CÉNE. 

Le  fiége  du  plus 
ancien  évêque 
de  la  province 
de  Tripo- 
li. 


Dansl'Il- 
ly  rie  orien- 
tale. 


•Theflaloniq. 

Corinthe , 
,  Athènes , 
'  Patrae , 
iNicopolis  , 
fDyrrachium; 

Lariffe, 
•Scupi. 


Dans  la 
Grande 
Bretagne.j 


'Londinum, 
Dorovernum 
autrement 
Cantuaria. 
'  Carleona , 
Eboracum. 


Suivant  les  anciennes  notices  le  Patriarchat  db 
Constantinople,  après  avoir  été  augmenté  en  dif- 
férens  tems ,  fe  trouva  compofé  d'un  grand  nombre 
de  provinces  eccléfiaftiques  détachées  des  autres  patriar- 
chats ;  favoir  : 


Dans  la 
Thrace  , 
province 
d'Europe. 


Dans  la 
province 
deThrace. 


Dans  la 
provinee 
d'Harmi- 
monte. 


Dans  la 
province 
de  Rhodo-* 
pe. 


Dans  la 
Scythie  , 
au-delà  du 
Danube. 


PAT 


Héraclée , 

Panium , 
:  Cœlos  , 

ÏCallipolis  ,        Dans  la 
ICyla ,  province 

[Aphrodifia,    d'Afie. 

Theodofiopol. 
kChcrfennefus, 
JDrufipara  , 
'Lyfimachia , 

Byzia . 
^Selymbria, 

Arcadiopolis. 


Philippopolis, 
IDiocletiano- 

polis , 
IDiospolis , 

Nicopolis. 

-Hadrianopo- 

lis, 
iMefembria, 
'Sozopolis  , 
I  Plotinopolis , 
Develtus , 
-Anchialus. 

■Trajanopolis , 
Maximiano- 
polis, 

I  Abdera , 

,  Maronia , 

)  JEnus , 
Cypfela  4' 

.Topirus. 

"Scythia, 
Chrefonus, 
Bosphorus , 
Zicchia. 


Dans 

l'Helles- 

pont. 


Ephéfe  , 
*"Hypa:pa, 

Trallis , 

Magnefia, 

EIa?a ,  Pacatiane 

Adramytium  , 

Affum  , 

Gargara, 

Maftaura, 

Brullena , 

Pitane, 

Myrrhina , 

Euaza , 

Areopoîis, 

Temnus , 

Algiza, 

Aureliopolis, 
Dans  la  jNyffa, 
province  NMetropolis, 
d'Afie.        iValentiniapol. 

Aninetum , 

Pergamus , 

Ana?a, 

Priene , 

Arcadiopolis , 

Nova-Aula , 

/Egea, 

Andera , 

Sion , 

Fanum  Jovis , 

Colophon , 

Lebedus , 

Teos , 

Erythrx , 

Anrandius , 
^Pepere , 

Cuma. 


Dans  la 
première 
'  Phrygie  <(  Aliona  , 


"Aulium , 
Naulochus , 

1  PaLropolis , 

I Phocsa , 
Bargaza  , 

|  Thymbria , 

'  Clazomene , 
Magnefia , 

^Smyrna. 

(Cyzicus, 

Germa, 

Poemanium , 

Occa ,  ' 

Bares , 

Andrianotherc, 

Lampfacus  , 

Abydus, 

Dardanum , 
^  Ilium , 

Troas , 

Melitopolis , 

Adiiana , 

Scepfis , 

Pionia , 

Pratconefus , 

Ceramus , 
.  Parium  , 
l  Therms. 


Laodicea , 
Tiberiopolis  , 
A  fan  a  x 
Itoana, 
Ancyra , 
Cidiffi , 
Egara, 
Pelte, 
Apira , 
Cadi , 

Tranopolis , 
Sebafta , 
Eumenia , 
Tremenithyri, 
Dioclia, 


Dans  la 
féconde, 
Phrygie 
Pacatiane. 


Dans  la 

Phrygie, 
Salutaire. 


Trapezopolis , 
Silbium , 
llufi , 
Nea, 

Chsretapa , 
Coloffa , 
Sinnai, 
Philippopolis , 
Themifonium  * 
Sanis  , 
Acmonia , 
Theodofio^olis , 
Bleandrus , 
l  Athanaffusv 

.Hierapolis, 
iDionyfiopolis , 
kAnaftafiopolis, 
r  Mofynus , 
.Attudi. 

*Synnada , 

Dorylxum , 

Polybotus , 
I  Nacolia , 

Midaium  , 
{Hipfus , 
iPrymnefia , 
!  Myrum , 
I  Êucarpia , 

Lyfias , 

Auguftopolis , 
■Biyfum. 

Otrum, 


PAT 


PAT 


Dans  la 

Phrygie 

Salutaire. 


kOtrum , 

Stedrorium ,     Dans  l'ifle 
Cinaborium,  de  Lelbos. 
Amadafla , 
Cocyaium , 
'Prœpeniflus, 
Docimarum , 
'wAmorium  » 


.Mitylene  > 
I  Methymna , 
(Tenedos, 
.Profelene. 


Dans  la 
province 
de  Lydie. 


Dans  la 
province 
de  Carie. 


Dans  la 
province 

des  ifles 
Cyclades. 


f  Sardis, 

Philadelphie , 
I  Trypolis , 

Thyatyra , 

Septe, 

Gordus , 

Hircanis  > 

Trallis , 

Silandus , 

Maronia , 

Apollinis-Fa 
num , 

Moftena , 

Apollonia, 

Attalia, 

Bana, 

Blxandrus, 

Hierocxfarea, 

Acraffus , 

Daldus , 

Stratonicias 

Satala , 

Maitaura  , 

Cerafa , 

Gabala, 

Heraclea, 

Areopolis, 
.  Hellène. 

"  Aphrodifias, 
Stauropolis, 
Cybira , 
Heraclea- Sal- 

baci  , 
Apollonias  , 
Heraclea-  La- 

tini , 
Taba: , 
Antiochia  , 
Harpafa  , 
Neapolis, 
Orthofias, 
Alabanda , 
Srratonice, 
Alinda , 
Amyzon , 
Jaflus , 
Bargyla , 
Halicarnafllis, 
Loryma  , 
Gnidus , 
Myndus , 
Ccramus, 
Anaftafiopo- 
.    Hs, 
Erifi  , 
Milecus. 

•Rhodus, 

Samos  , 

Chios  , 
LCos  ou  CooSj 
|Naxus , 

Paros , 
iThera , 
'Delos, 

Tenus , 

Melos , 
•  Carpathus. 


Dans  la 
province  \ 
de  Lycie. 

I 


Dans  la 

Pamphy- 
lie. 


Dans  la 
féconde 
Pamphy- 
lie. 


r  Myra , 
Maftaura , 
Telmifllis , 
Limyra , 
Araxa , 
Podala?a , 
Sidyma  , 
Olympus , 
Zenopolis , 
Tlos, 

Corydalla , 
Caunus  , 
Acrafius , 
Xanthus  > 
Marciana , 
Chôma , 
Phellus , 
Antiphellus, 
Phafelis , 
Aucanda  , 
Eudocias , 
Patata , 
Nefus  , 
Balbura  , 
Oeneanda , 
Bubon  , 
Calinda, 
(.  Rhodia. 

Sida  , 

Aspendus , 

Etene  , 
jErymne, 

Caflus  , 

Semneum, 

Carallus  , 
ICotana  , 

Coracefium, 
ISyedia, 

Lyrba? , 

ColybrafluSj 
'Selga. 


fPerga? , 

Termeflus , 

Eudoxias , 

Maximianopolis , 

Palacdpolis , 

Penrenefus , 

Diciozanabrus , 

Ariafïiis , 

Selcucia  , 

Colobrafllis , 

Coracefium  > 

Senna  , 

Trimopolis , 

Pugla  , 

Adriana., 

Attalia  , 

Magidis, 

Olbia , 

Corbafa , 

Lyfinia , 

Cordylus , 

Lagania , 

Panemoticus  « 

Geone , 

Commacum  , 

Silvium  , 

Pifinda, 

Talbonda  , 
1»  Unzela. 


Dans  la 
Pifidîe. 


Antiochia , 
Sagalafius , 
Sozopolis, 
Tymandus , 
Eudoxiopolis 
[Ncapolis, 
Apamea, 
iTitiafius , 
JBaris , 

lAdrianopolis 
/Limenopolis 
\Laodicea , 
jSeleucia  , 
lAdada, 
JMallus, 
ISiniandus , 
[Metropolis, 
'Paralaus , 
Bindeum  , 
Philomclium 
Proilama , 
Gortenus. 


Dans  la 

,  féconde 
Arménie. 


Dans  la 

première 

Galatie. 


Dans  la 
'  féconde 
Galatie. 


Dans  la 


m  m 


Icon 
Lyfira, 
Onafade  . 
Amblada, 
Honomada , 
Laranda , 
Barattha , 
Deibe , 
Hyda  , 
Sabathra , 


Lycaonic  S  Canna  , 

Berinopolis , 
lliftrum  , 
Perrhe , 
Arana , 
Ifaura , 
Hydmaurus , 
Mifthium. 
Corna , 
Pappa. 


Dans  le 
PoncPolé 
mon  ia  que. 


Dans 
l'Heleno- 
pont. 


Dans  la 
Paphlago- 
nie. 


Dans  la 
première 
Cappado- 
ce. 


noriade. 


Dans  la 

féconde 

Cappado- 


ce. 


*Caîfarea , 
Therma , 

Gamuhana  , 
Ciscifîa , 
'Thecdofiopo- 

lis  , 
.Thyana. 


.Doara , 

Cybiftra , 

Fauftinopolis, 

Safimi , 
I  JuAinopolis , 

Afuna  ,  Dans  la 

•MociiTus. 


Bithynie. 


Dans  la 
troifiéme 

Cappado- 


ce. 


Dans  la 
première 
Arménie. 


.Nazianzum 
Colonia, 
'Painaflus , 
i  Doàra , 
.Sebafia. 


8/7 


"Arc a  , 

Comana, 

Aiabiflus , 
|  Cocufum  , 

Ariarathia. 
|  Amafa , 
Zelona  , 
Sophcne , 
.Diosponthum. 

■Ancyra , 

Tabia  , 
I  Juliopolis  , 

Aspona , 
I  Berinopolis , 

China , 
-Analtafiopolis. 

■PefTînns , 
•OreilUis , 
(Petenifns, 
•Trocmi. 

.Neocjcfarea , 

Trapezus  , 
iCtrafus , 
iPoiemonium  , 

Comana  Pontica 
•Ptyufa. 

'Amafia  , 
■  Amifus . 
ÎSinope, 
klborea  , 
Andrapa, 
•Zcla. 

.Gangra , 

Juniopolis, 
|Sora , 
|Pompeiopolis, 

Amalbis, 
•Dadibta. 


Claudiopolis  , 
LHcraclca  Ponti , 
'Tium, 
[Cratia  , 

Prufa. 


Nicomediai 
Chalcedon , 
Prufa  , 
Pianetum  , 
Hellenopolis  , 
Bafiiinopolis, 
Apollonias , 
Hadriana , 
Carfarea, 
Adfia , 
Patavium  , 
Dablis , 
Neocarfarea , 
Cius. 


Sebartopolis , 
Nicopolis,        Dans]a 

féconde 


Satala  , 
fBeiifle , 
Melitcne. 


Nicxa  , 

Apamea 

y  Linoe  , 
Bithynie.  /  ~     j 
J        L  Gordus. 


Le  Patriarchat    d'Alexandrie    comprenoit   les 
provinces  cV  les  métropoles  qui  fuivent , 


Tom.  iv.  Qqqqq 


8*8       PAT 


PAT 


Dans  l'E- 
gypte pre-' 
miere. 


Dans  la 
première 
Augu  - 
ftamnique. 


Dans  la 

féconde 

Augu- 

flamnique. 


Dans  la 

féconde 
Egypte. 


'Alexandria , 
Hermopolis , 
Metelis  , 
Coprithis , 

^Sais , 
Letus, 

[Naucratis , 

[Andropolis, 
Nicium  , 

,  Onuphis , 

ITava , 

lOeopatris , 

[Maieotis , 
Menelai    Ci- 

vitas , 
Schedia , 
Phthenoti , 

'  Nitria. 


Dans  la 

province  ■ 
d'Arcadie. 


Dans  la 

première 

Thébaïde. 


Dans  la    ' 
féconde  ■/ 


'Pelufium  , 

Sethraeies, 

Tanis , 
iThmuis, 
[Rhinocorura, 
jOflracina  , 
jPhacufa, 
\Caffium  , 

Aphnxum,    Thébaïdc# 
IHephxnus , 

Panxphyius , 
IGerrum  , 

Thennefus , 

Sela. 


•Leontopolis, 
Atribis, 
Onii , 

I  Babylon , 
'Bubailus , 
kPharbanhus , 
[Heliopolis , 

Scenae , 

Thou  , 
'Antithou. 


Dans  la 
province 
dArcadie 


•Cabafa, 
Phragonea , 
Pachnemunis, 

lElearchia  , 

|Diospolis , 

.Sebennythus, 

JCynus, 

'Bufyris , 
Paralus  , 
Xoes , 

•Butus. 

rOxyryneus , 
)  Heraclea , 
(.Arilnoë. 


Dans  la 
Libye  de 
la  Penta- 
pole. 


Dans  la 
féconde 
Libye. 


■Theodofiopolis, 
Aphroditopolis , 

,  Memphis , 
Clisma , 

iNilopolis, 

rParallus , 
Thamiate , 

•Cynopolis. 

•Antinoë , 

Hermopolis, 

Cufa , 
['Lycopolis , 
'  Oafis  , 
kHipfde  , 
f  Apollinis  Civita* 
parva , 

Anranim , 
"  Panopolis. 

Ptolemais, 
This , 
Coptus, 
Tentyra , 
Maximianopolis, 
Latopolis , 
Hermonthes, 
Thebais , 
Therenunthis , 
Phylaî , 
Thoi , 
Ombi , 
Tathyris , 
Diospolis. 

'Ptolemais , 
Sozufa  , 
Lemandus  , 
Boreum   ou  Bo- 

ra?um , 
|  Cyrene , 
Tenchyra 
Bérénice, 
Ticelia , 

AptuchiFanum, 
Erythra . 
Barce , 
Hydrax, 
Dirthis , 
Palebisca , 
.Olbia , 


.Darnis , 

Parœtonium , 
.  Antipyrgus, 

Antiphra  , 
)  Marmarica , 

Zagylis  , 
-Zygris. 


Dans  la    rAdana, 
<  Malins , 
LZephyrium, 


première 
Cilicie. 


Dans  la 
féconde 
Cilicie. 


"Anazarbus , 
Mopfueftia , 

[ALgx  , 

l'Epiphania , 
Irenopolis, 

ÏFlaviopolis , 
Caftabala , 
Alexandria , 

.RofTus. 


Dans  la 
première 
Phœnicie 


Dans 
llfautie. 


Dans 

l'Euphra 
tenfe. 


,Seleucia , 

Celenderis  , 

Anemurium , 

Lamus , 

Antiochia , 

Selenus , 
I  Jotape , 

Diocaîfarea  , 

Philadelphia, 

Domitiopolis,  Dans  la 

Titiopolis ,     Phœnicie 

Hierapolis ,     du  Liban 

<Charadra , 
Lauzadae , 
Nephelis , 
Daliscandus , 
Claudiopolis , 
Germanico- 

polis , 
Sbide , 
Ceftrus  , 
Olbus, 
Libyas , 
Hermopolis , 
Irenopolis  , 
l  Sebafte. 

•Hierapolis, 

Cyrrhus , 

.Samnofata,     „       ,,. 
r>.  ,.  .        '     Dansl  A- 
IDohche,  ,  .    n, 

l^  .  .       rabie  Pe- 

IGermamcia , 
1-7  tree. 

JZeugma , 

SPerre  , 

jEuropus, 

lUrima, 
fCa:farea, 
f  Sergiopolis , 
F  Sura , 
^-Marianopolis. 


Tyrus , 
Sidon , 
Ptolemais  > 
Beritus , 
Byblus  , 
Tri  polis  ; 
c  Arca  , 
Orthofia , 
Botrys , 
Aradus , 
Antaradus , 
Porphyrium , 
Paneas , 
.  Sycaminon. 


Le  Patiuarchat  d'Antioche  renfermoit  les  mé- 
tropoles ,  archevêchés  &  évêchés  qui  fuivcnt  ,  favoir  : 


Dans 
rOsrhoc- 
ne. 


Dans  la 
première 
Syrie. 


Dans  la 
féconde 
Syrie. 


'Antioche , 

Séleucie  , 
IBerrœe, 

Chalcis  , 
lOnofarta , 

Gabbus , 

Paltus. 


^pamea  , 

)Arethufa  , 

kEpiphania  , 

Larifla , 

Mariama, 


Dans  la    f Baphanea  , 
féconde  -\  Seleucia , 
Syrie.         ^-Balanea. 


Dans  la 
Théodo- 
riade. 


Dans  la 
première 
Cilicie. 


■Laodicca  , 

Gabala, 

Paltos , 
'  Balana'a. 

"Tarfus  , 
iPompeiopolis, 

Sebafte  , 

Augu  fia, 
.Conçus , 


Dans  la 
Méfopo- 
tamie. 


•Edefla , 
Carra:  ou  Car: 
ra, 

iCircefia  , 

iNicephorium 

jBathnar , 

[Callinicus, 
Marcopolis , 
Himerius, 

"Daufara. 

•Amida  » 

Nifibis . 
.Rhefina  , 
<  Martyropo- 

lis, 
ICaschara , 

Cepha , 
.Minizus. 


f  Damascus , 
Laodicea , 
Heliopolis, 
Abyla, 
Jabruda  , 
Palmyra , 
Arlana , 

yEmefa  , 
Danaba , 
Alalis, 
Euarius , 
Comoara , 
Abyda , 
Corada , 

.  Sarracene. 


f  Boflra, 
I  Adra , 

Medava , 

Géra  fa, 

Nibe, 
'   Philadelphia, 

Efbus, 

Neapolis, 

Philippopolis, 
J  Conftantine, 

Dionyfias  , 

Maximianopolis, 

Avara, 

Elana , 

Caeotha , 

Phaeno  , 

Zerabena  • 

Erra  , 

Anitha  , 
.  Parembola. 


Conftantina , 
Citium , 
Amathus, 
Curium  , 
Paphos , 
Arfinoë , 
Dans  Pis      Lapithus, 
le  de  Cy-^  Thamaffus , 


pre. 


Chytrus , 
Tremithus  > 
Soli, 
Ledra  , 
Tiberiopolis , 
Cartcriopolis , 
l  Carpafia. 


Les  métropoles  &  provinces  qui  compofoient  le  pa- 
triarchat de  Jérufalem  ,  font  : 


PAT 


PAT 


8J9 


Dans  la 
première 
Paleftine. 


< 


Hiernfalem  , 
Dora , 
Anripacris , 
Diôspolis , 
Jamnia , 
Nicopolis, 
Sozufa , 
Majuma , 
Joppe , 
Ascalon , 
Gaza , 
Raphia , 
Sycamazon  , 
Lidda  , 
Gerara  , 
Anthedon  , 
Eleutheropol 
Neapolis  , 
Elia  , 
Sebaftc , 
Petra , 
Hiericho , 
Libias , 
Azotus , 
Zabulon , 
A  radia , 


! 


Baschar , 
Archelais. 


Scvthopolis  , 
Peila , 

Caparcotia  , 
Gadara , 
Dans  la     ÏCapitolias , 
féconde   <  Maximinianopol. 
Paleftine.     jTiberias , 
Mennith  , 
Hippus  , 
Amathus  ,     ou 

A  mata, 
Petra , 

Auguftopolis, 
Arindela , 
Arad, 
■  Ariopolis,   . 
\  Eluza  , 
Zoara , 
Sodoma, 
Phenon  , 
Pharan  , 
Aila, 
[  Metrocomia. 


PATRIAS ,  village  de  la  Perfide,  félon  Ortelius ,  Th. 
qui  cite  Simon  le  Métaphrafte ,  dans  la  vie  de  fainte 
Acepfime. 

•  PATRîCA,  petite  ville  d'Italie,  dans  la  Campagne 
de  Rome,  environ  à  trois  lieues  d'Oftie  du  côté  de  lo- 
rient ,  8c  à  peu  près  à  deux  lieues  d'Ardea  ,  du  côté 
du  couchant.  Elle  eft  fituée  à  deux  milles  de  la  côte. 

*  Magin ,  Carte  de  la  Campagne  de  Rome. 
PATRICIA.  Voyez  Cordoue  ,  n°.  i. 
PATR1CII  PUKGATORIUM.  Cambden  ,  Hibern. 

Comitat.  Douegal.  dit  :  La  rivière  de  Liffer  forme  vers 
i\  fouree  une  espèce  de  lac  ,  au  milieu  duquel  eft  une 
ifle ,  où  l'on  voit  près  d'un  petit  monaftere  une  caver- 
ne étroite ,  mais  fameufe  par  les  fpeétres  qu'on  pré- 
tendoic  qui  y  apparoiflbient.  Quelques  écrivains  avoient 
même  imaginé  ridiculement  que  c'étoit  Ulyfie  qui  avoir 
creufé  cette  caverne ,  lorsqu'il  alla  aux  enfers.  On  la 
nomme  dans  la  langue  du  pays  Kllanu  Frugadory  , 
c'eft-à-dire  ,  Y  Ifle  du  Purgatoire.  On  lui  avoir  donné  le 
nom  de  Purgatoire  de  S.  Patrice  ,  parce  que ,  fé- 
lon une  fable  répandue  dans  le  pays ,  faint  Patrice  , 
ou  quelque  abbé  de  même  nom  ,  avoir  obtenu  du  ciel 
que  les  peines  qui  font  réfervées  aux  impies  dans  l'au- 
tre monde  feroient  repréfentées  dans  cette  caverne. 

PATRIDAVA,ville  de  la  Dacie  :  Ptolomée,  /.  3. 
c.  8.  la  place  entre  Triphulum  8c  Carfidana.  Quelques 
manuferits  portent  Patridana  pour  Patridava  \  8c  La- 
zius  veut  que  ce  foit  aujourd'hui  Pettersdorf. 

PATRIMOINE  DE  SAINT  PIERRE  ,  province 
d'Italie,  dans  les  états  du  pape.  On  l'appelle  Patrimoi- 
ne de  faint  Pierre  ,  parce  que  l'empereur  Conftantin  la 
donna  au  faint  fiége  pour  l'entretien  de  l'églife  qu'il 
fît  bâtir  en  l'honneur  de  faint  Pierre,  &  pour  celui 
des  papes.  Sa  plus  grande  étendue  ,  du  nord  au  fud  , 
eft  d'environ  trente-cinq  milles,  8c  de  quarante  deux 
de  l'eft  à  l'oueft.  Elle  a  pour  bornes  an  feptentrion  par- 
tie de  l'Orviétan  &  partie  de  l'Umorie -,  la  Sabine  &  la 
Campagne  de  Rome  à  l'orient  ;  la  mer  au  midi ,  8c  le 
duché  de  Caftro  à  l'occident.  On  la  divife  en  trois  par- 
ties, qui  font  le  Patrimoine  Particulier  de  Saint 
Pierre,  le  duché  de  Bracciano,  8c  l'état  de  R on ci- 
glione,  que  les  ducs  deParmerévendiquenr.Kc^fî.  Ron- 
ciglione.  Cette  province  eft  fertile  en  bled  &  en  vin  , 
8c  elle  fournit  beaucoup  d'alun.  *  la  Forêt  de  Bourgon  , 
Geogr.  hift.  t.  1.  p.  391.  Ma  gin ,  Carte  du  patrimoine 
de  faint  Pierre. 

Le  Patrimoine  farticulier  de  Saint  Pierre 
environne  les  deux  autres  parties  de  la  province  ,  fi  l'on 
en  excepre  la  partie  méridionale  du  duché  de  Bracciano 
qui  touche  la  mer.  Ses  principaux  lieux  font  : 


Viterbe  , 
Montefiasconc , 
Volléno , 
Vitorchiano  , 
Oi  ta  ,  Orti ,  ou  Ortie  , 
Citta  Caftelane  , 

Porto. 


Fiano  , 
Nepi, 
Sutn , 
Capranica  > 
Corneto  , 
Civita  Vecchia, 


*  Magin  ,  Carte  du  Patrimoine  de  faint  Pierre. 

PATRINGTON  ,  ville  ou  bourg  d'Angleterre  ,  dans 
l'Yorkshire,  à  l'embouchure  de  l'Humber,  du  côfé  du 
nord,  à  quatre  lieues  de  la  ville  d'Hul.  Cambden  ,  veut 
que  ce  foir  la  ville  Praetorium  d'Antonin.  Les  habitans 
vantent  l'agréable  fituation  de  leur  ville  8c  la  commodi- 
té de  leur  port.  Il  fe  tient  un  marché  dans  ce  lieu. 

PATROCLE,  ifle  de  Grèce,  fur  la  côte  de  l'Atti- 
que  :  Paufanias ,  1. 1.  c.  1.  qui  la  met  près  de  Laurium, 
dit  qu'elle  étoit  petite  8c  déferte.  11  ajoute  qu'on  la 
ilommoit  Patrocli  Infula;  parce  que  Patrocle  ,  général 
des  galcrcs  d'Egypte,  la  furprit  Se  la  fortifia,  lorsqu'il 
fut  envoyé  au  fecours  des  Athéniens  par  Ptolomée  ,  fils 
de  Lagus.  Etienne  le  géogr.  connoit  aufii  cette  ifle. 

1.  PATRON  ,  Patrone  &  Padron  ,  ville  de 
la  Sourie  ,  fur  le  bord  de  la  mer ,  encre  Gibel  8c  Tri- 
poli ,  près  du  promontoire  ,  nommé  par  les  anciens 
géographes,  la  face  de-Dieu,  par  les  pilotes  modernes 
Capo  Pagro  ,  8c  par  les  matelots  de  Provence ,  le  Cap 
Pouge.  Les  voyageurs  8c  les  géographes  modernes  n'ont 
presque  point  parlé  de  cette  ville  ,  qui  doit  fa  fonda- 
tion à  Itobale,  roi  de  Tyr,  allié  d'Achab  ,  roi  de  Jé- 
rufalem.  Son  nom  ancien  eft  Botrys  ou  Botryum,  d'où 
cil  venu  le  mor  corrompu  de  Patron.  Les  révolutions 
que  cette  ville  ,  plus  ancienne  que  Rome  8c  que  Car- 
rhage  ,  a  fouftèrtes ,  feroient  la  matière  d'une  hiftoire. 
Sous  les  empereurs  chrétiens ,  elle  étoit  épiscopaJe,  com- 
me il  eft  prouvé  par  des  aétes  de  différens  conciles  , 
où  il  eft  fait  mention  de  l'évcque  de  Botrys.  Aujourd'hui 
on  ne  voie  plus  à  Patron  que  quelques  reftes  d'une  vieil- 
le églife  8c  d'un  monaftere  entièrement  ruiné,  auffi- 
bien  que  la  ville.  Il  n'y  refte  plus  rien  qui  puifle  faire 
connoïtre  que  c'ait  été  un  lieu  confidérable.  Elle  eft 
nommée  Botrus  dans  les  tables  de  Peutinger.  Strabon  la 
nomme  Bofira.  *  La  Roque  ,  Voyage  de  Syrie  ,  r.  1.  p. 
207.  Mandrell.  Voyage  d'Alcp  à  Jérnfalem,  p.  yy. 

2.  PATRON  ,  région  du  mont  Liban ,  du  côté  du 
midi ,  eft  ainfi  nommée  de  la  ville  de  Patron  ,  ancien- 
nement Botrys.  C'eft  un  pays  fort  agréable  :  les  terres  y 
font  bonnes  &  bien  cultivées  :  unfeigneur  Maronite  y 
commande  fous  l'autorité  du  bâcha  de  Tripoly.  *  La 
Roque  ,  Voyage  de  Syrie ,  t.  1 . 

PATRONIDE,  ville  de  la  Phocide  ,  entre  Tirora  & 
Elatée ,  félon  Plutarque  ,  in  Sylla ,  qui  eft  le  feul  an- 
cien qui  en  fade  mention.  Ce  fut  auprès  de  cette  ville 
qu'Hortenfius  joignit  Sylla,  qui  étoit  allé  au-devant  de 
lui  avec  fon  armée. 

PATROUISSA  ,  ville  de  la  Dacie.  Ptolomée  ,  /.  j, 
c.  8.  la  place  entre  Napuca  8c  Salinx.  Quelques  manu- 
fciits  lifent  PatruiJJa  pour  Patroitijja.  Lazius  croit  que 
c'eft  aujourd'hui  Brajfoua  ,  autrement  Cronfiat. 

PATTALA  8c  Pattalena.  Voyez.  Patala. 

PATTI.  Voyez.PATi. 

PATUMOS  ,  ville  de  l'Arabie  ,  félon  Hérodote  ,  /. 
2.  n.  158.  qui  la  place  un  peu  au-deflus  de  Bubaftus* 
Etienne  le  géographe  en  fait  aufii  mention* 

PATUNG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Huquang  ,  au  département  de  Kingcheu  ,  fixiéme  mé- 
tropole delà  province.  Elle  eft  de  7  deg.  30  min.  plus 
occidendale  que  Peking  ,  fous  les  30  deg.  59  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PATYCOS,  ville  d'Italie  :  Etienne  le  géographe  la 
donne  aux  Brutiens ,  8c  la  place  dans  les  renés.  C'eft 
aujourd'hui  la  ville  de  Paule,  félon  Gab.  Bani. 

PATZENICA,  ville  du  Peloponnèfe  ,  dans  la  Man- 
tinée,   félon  Ortelius,  Thef.  qui  cite  Cbalcondvle. 

PATZINAO£.  Ortelius  dit  :  Peuple  delaScythie, 
du  nombre  de  ceux  qu'on  appelle  Baftlii.  Ils  habkoient 
au-delà  du  Danube  ,  dans  des  plaines  qui  s'étendent  de- 
Toiv.  IV.  Q  qq  qq  ij 


86o      PAV 


PAV 


pais  le  Borilthène  jusqu'à  la  Pannonie.  Suidas  appelle  ce 
peuple  Patzjnaciu.  Othon  de  Frifingue  écrit  mal- à-pro- 
pos Pecenati  pour  Patzjnacz.  Selon  Cédrene  ,  ce  peuple 
éroir  divifé  en  treize  tribus,  qui  compofoient  une  nation 
fi  nombreu le  ,  qu'aucun  autre  peuple  Scythe  ne  pouvoit 
lui  réfifter  :  il  ajoute  qu'une  de  ces  tribus  fe  nommoit 
Belanarnin  ,  Se  une  autre  Pagumanin. 

PAU ,  ville  de  France  ,  dans  le  Beam  ,  dont  elle  eft 
regardée  comme  la  capitale  ,  quoiqu'elle  ne  foit  pas  bien 
ancienne  ,  Se  qu'elle  n'ait  commencé  à  devenir  célèbre 
que  fous  les  derniers  feigneurs  de  Beam ,  qui  étoient 
des  deux  maifons  de  Foix  Se  d'Albret.  Elle  eft  bâtie  fur 
une  hauteur,  au  pied  de  laquelle  paffe  le  Gave  Bear- 
nois.  Cette  ville  elt  petite  ,  mais  très-jolie  en  ce  qu'el- 
le contient.  11  y  a  au  bout  de  la  ville  un  château,  où 
le  roi  Fleuri  IV  naquit  le  13  Décembre  1557.  C'étoic 
la  demeure  des  princes  de  Beam  :  fes  jardins  &  fon 
parc  font  encore  dignes  de  la  curiofité  des  voyageurs. 
Ce  fut  Henri  d'Albret  qui  commença  le  bâtiment  de  ce 
château  ,  dans  lequel  il  établit  fa  réfidence.  Cette  pré- 
rogative n'a  pas  empêché  les  villes  de  Bcarn  ,  qui  font 
plus  anciennes  que  Pau ,  de  conferver  le  droit  de  pré- 
séance fur  elle  dans  l'affemblée  des  états  du  pays.  Les 
Capucins  furent  établis  à  Pau  par  Henri  IV,  qui  leur 
donna  fa  bibliothèque.  Quant  à  I'établiffement  du  parle- 
ment de  Pau,  voyez,  l'article  Bearn.  A  ce  parlement 
font  unies  une  chambre  des  comptes  &  une  cour  des 
aides.  Pau  eft  du  diocèfede  l'Escar  Se  fituée  à  167  lieues 
fud-oueft  de  Paris,  longit.  tydeg.  6  min.  Util.  43  d. 
ij  min.  '  Piganiol ,  Defcr.  de  la  France  ,  t.  4.  p.  444. 
Longueruç ,  Defcr.  de  la  France  ,  p.  210. 

On  voit  à  Pau  une  flatue  pédeftie  de  Louis  XIV  qui 
eft  dans  une  place  carrée  ,  laquelle  a  un  cul  de  fac.  Les 
avenues  en  font  très-belles.  Ce  font  des  grands  chemins 
fort  larges,  bien  alignés  ,  à  perte  de  vue  ,  Se  bordés  de 
chaque  côté  de  beaux  arbres ,  avec  beaucoup  de  contre- 
allées.  *  Mém.   drejfésfur  les  lieux. 

PAUCA  ,  ville  de  l'ifledeCorfe.  Ptolomée,  /.  3.  c.  2. 
la  place  fur  la  côre  occidentale  ,  entre  l'embouchure  du 
fleuve  Locra  Se  celle  du  Ticarius.  Pinec  nomme  cette 
ville  Pavonitt. 

PAUCURA  ,  province  de  l'Amérique  méridionale, 
dans  la  terre  ferme ,  au  Popayan.  Elle  ert  très-fertile  , 
&  on  y  entre  au  fortir  de  celle  d'Arma.  Le  terroir  rap- 
porte du  maïs  ,  Se  des  fruits  en  abondance.  On  n'y 
trouve  pas  autant  de  mines  d'or  que  dans  la  province 
d'Arma.  Les  fauvages  y  parlent  un  langage  tout  diffé- 
rent, li  y  a  plufieurs  toirens  Se  une  petite  rivière  qui  la 
traverfe.  *  Corn.  Dict.  De  Laè't.  Defc.  des  Indes  occ. 
L  9.  c   ix. 

PAUDI ,  bourg  de  France ,  dans  le  Berry ,  élection 
d'Iffoudun  ,  avec  un  château  :  il  eft  à  deux  lieues  d'Is- 
foudun ,  Se  à  égale  diftance  de  Varan. 

PAVESAN  ou  Pavese  ,  contrée  d'Italie  ,  dans  le  Mi- 
lanez,  entre  le  Milanez  propre  au  nord  ,  le  territoire  de 
Bobbio  au  fud ,  le  Lodefan  à  l'eft,  Se  Laumeline  à  l'oueft. 
Ce  territoire  eft  fi  fertile  ,  qu'on  l'appelle  communé- 
ment le  jardin  du  Milanez..  Les  armes  des  alliés  en  ont 
fait  la  conquête  fur  l'empereur  à  la  fin  de  l'année  1733, 
&  il  y  a  apparence  qu'elle  fuivra  le  fort  du  Milanez. 
Les  principaux  lieux  de  cette  contrée  font, 


Pavie ,  Certofa  , 


Voghcia. 


PAVESIN  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Forez ,  élection 
de  Saint  Etienne. 

1.  PAVIE  ,  Pavia,  ville  d'Italie,  fur  le  Tefin.  Elle  fut 
fondée  par  les  Gaulois,quclquetems  après  qu'ils  eurent  bâ- 
ti Milan.  Ils  en  furent  chaffés  par  les  Romains  ;  .Se  ceux- 
ci  furent  chafles  par  les  Goths ,  vers  le  milieu  du  cin- 
quième fiécle.  Odoacre  l'ayant  ruinée  de  fond  en  com- 
ble en  476",  ou  477,  accorda  aux  habitans  une  immu- 
nité de  cinq  ans,  avec  permiflion  de  rebâtir  leur  ville, 
qui  avoit  porté  jusqu'alors  le  nom  de  Ticinum.  Us  la 
rebâtirent  au  même  endroit ,  &  la  nommèrent  Papia  , 
comme  qui  diroit  Piorum  Patria  ,  afin  d'exprimer  l'a- 
mour pour  la  patrie  qu'eurent  ceux  qui  fe  transportè- 
rent jusqu'à  Ravenne ,  pour  implorer  pour  elle  la  mi- 
féricorde  du  vainqueur.  Elle  devint  dans  quelques  an- 
nées fi    belle  &  fi    magnifique ,  qu'Alboin  ,  roi    des 


Lombards,  s'en  étant  rendu  maître  en  $6%  ,  la  choifit 
pour  le  lieu  de  fa  réfidence  ,  &  pour  la  capitale  de  fon 
royaume.  Elle  perdit  ce  titre  avec  Didier ,  dernier  de 
fes  rois,  que  Charlemagne  fit  prifonnier  en  774.  La 
ville  de  Pavie  reçut  depuis  plufieurs  autres  disgrâces. 
Otton  I  la  maltraita  fort  en  9 ji.  Elle  fut  presque  toute 
réduite  en  cendres  par  un  embrafement  en  1034.  Les 
guerres  de  les  habitans }  contre  ceux  du  Milanez  ,  pen- 
ferent  la  détruire  en  1059.  Elle  devint  enfuite  la  proie 
de  plufieurs  tyrans ,  avant  que  de  tomber  fous  la  puis- 
fance  des  ducs  de  Milan  ;  mais  les  François,  comman- 
dés par  le  vicomte  de  Lautrec  ,  voulant  venger  en  1527 
l'affront  qu'ils  avoient  reçu  deux  ans  auparavant,  par 
la  perte  de  la  fameufe  bataille  de  Pavie,  où  le  roi  Fran- 
çois I  fut  fait  prifonnier  >  faccagerent  tellement  cette 
miférable  ville ,  qu'elle  n'a  pu  fe  remettre  dans  fon 
premier  luftre.  On  ne  diroit  pas  aujourd'hui  à  la  voir , 
qu'elle  auroit  été  le  féjour  de  plus  de  vingt  rois ,  Se  la 
capitale  de  leur  royaume.  Pour  voir  Pavie,  il  n'y  a  qu'à 
la  traverfer  par  la  grande  rue  ;  ce  qui  eft  à  droite  Se  à 
gauche  eft  triftement  habité.  *  La  Forêt  de  Bourgon , 
Geogr.  hiftor.  t.  2.  p.  453.  Adijfon ,  Voyage  d'Italie, 
p.   3  t. 

Vis-à-vis  de  la  cathédrale,  qui  eft  une  vieille  églife 
balle  ,  obscure  ,  &  bâtie  tout  de  travers ,  il  y  a  une  fla- 
tue équeftre  de  bronze,  que  l'on  foupçonne  repréfenter 
Antonin  Pie.  On  appelle  communément  cette  ftatue  Re- 
gifole  i  mais  perfonne  ne  peut  dire  à  quelle  occafion  ce 
nom  lui  a  été  donné  ;  on  fait  feulement  qu'on  l'appel- 
loit  ainfi  dès  le  rems  de  Platine ,  qui  croit  qu'elle  fut 
apportée  de  Ravenne,  lorsque  cette  ville  fut  prife  Se 
faccagée  par  le  roi  Luitprand.  Paul  Jove,  Hifl.  L  2j. 
affine  positivement  qu'elle  eft  d'Antonin  ;  mais  je  ne  fais 
s'il  en  étoit  bien  informé  >de  même  que  de  ce  qu'il  ajoure 
que  Lautrec  en  fit  préfent  à  un  de  fes  folciats  nommé 
Hôtefle  ,  parce  que  ce  foldat  avoit  le  premier  monté  à 
la  brèche.  Une  pareille  ftatue  n'eft  guère  un  préfent  à 
faire  à  un  foldat.  Du  refte  la  bride  ,  le  poitrail ,  les  épe- 
rons &  les   étriers  font  des  pièces  nouvellement  ajou- 
tées.   Dans  la  même  églife  on  montre  une  espèce  de 
mât  de  navire  que  le  peuple  croit  être  la  lance  de  Ro- 
land le  furieux.  Ce  fut,  dit-on,  le  même  roi  Luitprand, 
qui  apporta  de  Sardaigne  à  Pavie  le  corps  de  fainr  Au- 
guftin  dans  un  cercueil  d'argent ,  ëc  qui  l'enterra  dans 
l'églife  de  faint  Pierre,  au  Ciel -doré ,  aujourd'hui  oc- 
cupée par  des  Auguftins.  Ce  prince  qui  eft  enterré  dans 
cette  églife  ,  cacha  ce  corps  ,  de  peur  qu  il  ne  fût  mal- 
traité par  les  barbares  qui  ravageoient  alors  l'Italie.  On  a 
été  long-tems  à  découvrir  l'endroit  où  il  avoit  été  mis;     • 
mais  on  l'a  découvert  depuis  quelques  années  ,  Se  on  a 
des  preuves  certaines  que  c'eft  le  véritable  corps  de  ce 
Saint.  Au  coin  d'un  des  cloîtres  de  la  maifon  des  Au- 
guftins eft  le  tombeau  d'un  duc  de  Suffolk,  Se  d'un  duc 
de  Lorraine,  qui  furent  tués  tous  deux  dans  la  fameufe 
bataille  de  Pavie.  Ce  monument  leur  a  été  dreffé  par- 
un  Charles  Parker  eccléfiaftique  ,  comme  l'apprend  l'in- 
fcripfion  qu'on  y  lit.  Il  y  a  plufieurs  autres  églifes  :  fa- 
voir  Sainte  Marie,  conftruite  par  la  reine  Rodelinga  ; 
Sainte  Agathe  ,  fondée  par  le  roi  Pertharite -,  te  monaftete 
de  Sainte  Claire ,  bâti  par  le  même  roi  Se  par  Théo- 
delind'e  fa  femme  -,  celui  de  Saint  Anaftafe  ,  dont  Luit- 
prand a  été  le  fondateur-,  celui  de  Sainte  Sabine,  fon- 
dé par  l'évêque  Pierre;  l'églife  de  Saint  Jean-Baptifte, 
que  fonda  la  reine  Condiberte,  &  celle  des  Domini- 
cains. *  Vie  du  pape  Grégoire  H. 

Outre  la  place  qui  eft  devant  l'églife  cathédrale ,  il 
y  en  a  une  autre  bien  plus  grande.  On  la  paffe  pour  aller 
au  château  qui  fut  bâti  par  Jean  Galeas  Visconri ,  pt emier 
duc  de  Milan  ,  Se  qui  enveloppoit  autrefois  dans  Ces  mu- 
railles un  grand  quartier  de  la  ville.  Ces  murailles  ne 
fervent  plus  à  préfent  à  fa  défenfe.  Il  y  a  un  large  fos- 
fé  à  fond  de  cuve ,  &  un  grand  corps  de  logis ,  entre 
deux  hauts  pavillons  bâtis  en  façon  de  tours.  C'eft-là 
le  principal  logement.  On  voit  derrière  une  grande 
tour  défendue  par  un  baftion  des  murailles  de  la  ville  ; 
mais  ces  murailles  font  aujourd'hui  en  très- mau vais  étar. 

En  fortant  de  Pavie,  on  paffe  le  Tefin  fur  un  pont, 
long  de  trois  cens  quarante  pas  communs.  Il  a  été  fait 
par  Jean  Galeas.  De  côté  &  d'autre  on  a  ménagé  une 
galerie ,  où  l'on  marche  à  couvert  du  foleil  Se  de  la. 


PAV 


pluie.  On  pafle  ce  pont  pour  aller  au  grand  fauxbourg, 
où  l'on  voie  la  belle  églife  du  Saint  Esprit  ,  Se  le  grand 
collège  du  pape.  Chailemagne  y  fonda  une  fameufe 
univerfité  en  79 1 ,  &  la  dora  d'un  revenu  fort  confi- 
dérable.  Enfuite  plufieurs  grands  perfonnages  y  établi- 
rent des  collèges,  entre  lesquels  ceux  du  pape  ,  du  car- 
dinal Borromée ,  des  Grifons ,  des  Manans  Se  des  Jé- 
fuites,font  les  plus  célèbres.  C'cft  dans  cette  univerfité 
que  les  jurisconfultes  Baldus,  Jafon  &  André  Alciat , 
ont  fleuri.  Le  tombeau  de  Baldus  eft  dans  l'églife  des 
Cordeliers.  Celles  des  Jéfuites ,  des  Carmes  ,  de  Saint 
François  Se  de  Saint  Martin  font  très-eftimées  ;  la  pre- 
miere  pour  l'architecture ,  la  féconde  pour  les  chapel- 
les, la  troifiéme  pour  les  tombeaux,  &  la  quatrième 
pour  les  cloîtres. 

Pavie  a  l'avantage  d'avoir  donné  la  naifiance  au  pape 
Jean  XVII ,  qui  monta  fur  le  fainr  fiége  en  1003  ,  Se 
ne  garda  cette  dignité  que  cinq  mois.  Le  célèbre  Boë- 
ce  etoit  aiuTi  de  Pavie.  Son  corps  eft  enterré  dans  l'égli- 
fe de  Saint  Pierre  ,  Se  on  y  lit  une  très-belle  épitaphe 
qui  en  fait  tout  l'ornement.  Théodoric  l'ayant  retenu  pri- 
sonnier dans  une  des  tours  de  la  ville  ,  appellée  la  tour 
de  Bo'c'ce  ,  lui  fit  couper  la  tête ,  fur  un  fimple  foup- 
çon  qu'il  eut  que  ce  grand  homme,  qui  étoit  con- 
ful  ,  &  puiflant  dans  le  fénat ,  avoit  entretenu  corres- 
pondance avec  l'empereur  Juftin.  Pavie  avoir  au  fil  don- 
né la  naifiance  à  Jérôme  Cardan  ,  dont  les  ouvrages 
contiennent  des  volumes  in  Folio,  Se  de  Jacques  Me- 
nochius,  père  du  célèbre  Jean-Etienne  Menochius ,  Jé- 
fuice. 

La  Chartreuse  de  Pavie  eft  un  monaftere  ma- 
gnifique ,  fitué  entre  Pavie  Se  Milan  ,  à  cinq  milles  de 
la  première.  L'églife  en  eft  fomptueufe  :  la  voûte  eft 
ioutenue  au  dehors  Se  au  dedans  par  quantité  de  colon- 
nes ;  Se  letoîr,  qui  eft  couvert  de  plomb,  eft  accom- 
pagné d'une  galerie  ou  corridor  qui  règne  tout  à  l'entour. 
Le  portail  eft  tout  de  marbre  blanc  ,  Se  tellement  orné  Se 
enrichi  de  ftatues ,  qu'il  femble  comme  impofïible  d'y 
ajouter  aucun  embelliflemenr.  Le  corps  de  l'églife  eft 
d'une  architecture  presque  gothique  ;  mais  les  chapelles 
&  les  autels  ne  cèdent  point  à  ce  qu'il  y  a  de  plus  ri- 
che Se  de  mieux  travaillé  dans  les  plus  belles  églifes. 
Jean  Galeas ,  fondateur  de  cette  églife, y  a  fon  tombeau. 
11  eft  de  marbre ,  de  même  que  la  ftatue  qu'on  voit  au- 
deflus.  Comrnines  dit  dans  fes  mémoires  que  le  religieux 
qui  lui  faifoit  voir  laChartreufe ,  traitoit  Jean  Galeas 
de  fainr,  parce  qu'il  étoit  bienfaiteur  du  couvent.  Le 
chœur  eft  d'une  beauté  dont  rien  n'approche  :  le  pavé 
même  fe  fait  admirer.  Les  murailles  font  de  marbre, 
Se  ornées  de  colonnes  aufii  de  différentes  couleurs.  Le 
grand  Autel  eft  fuperbe  ,  Se  rien  n'eft  comparable  aux 
figures ,  qui  font  une  partie  de  fes  embelliflemens.  Il  eft 
enrichi  d'un  tabernacle  fait  de  pierres  précieufes,  d'o- 
nix  ,  d'agathe,  &  d'autres.  Entre  les  chapelles ,  celle  de 
l'Aflbmption  de  la  Vierge  ne  peut  être  vue  fans  être 
admirée  ,  tant  pour  la  quantité  des  tableaux  Se  des  or- 
nemens  de  marbre  qui  y  font ,  que  pour  la  fculpture. 
La  maifon  ,  qui  eft  très-grande,  a  toutes  fortes  de  com- 
modités. La  cour  eft  entourée  d'une  galerie  d'un  mille 
de  circuit ,  foutenue  d'un  nombre  infini  de  colonnes , 
Se  couverte  de  plomb ,  ainfi  que  les  cellules  des  re- 
ligieux. Outre  le  tombeau  de  Jean  Galeas ,  qui  eft  dans 
la  nef  de  l'églife ,  on  y  voit  les  ftatues  de  Ludovico 
Mirolin  ,  l'un  des  anciens  ducs  de  Milan  ,  Se  de  fa  fem- 
me .  qui  ont  été  enterrés  en  ce  lieu.  Les  armoires  de 
la  facriftie  font  d'une  fculpture  aufii  agréable  qu'extraor- 
dinaire. On  y  voit  quantité  de  belles  reliques ,  Se  beau- 
coup d'argenterie,  avec  un  devant  d'autel  d'y  voire,  fur 
lequel  font  ciièlées  diverfes  hiftoires.  Ce  fut  dans  ce 
monaftere  que  François  I  fut  mené  d'abord ,  lorsqu'il 
eut  été  fait  prifonnier.  Dans  le  rems  qu'il  entra  dans 
l'églife ,  les  religieux  chajitoient  ce  verfet  d'un  pfeau- 
me  :  Coagulatum  eft  fient  lac  cor  eorum  ;  ego  verà  le- 
gem  tuam  meditatus  fum  ;  Se  ce  prince  chanta  avec  eux 
à  haute  voix  le  verfet  fuivant  :  Bonum  mihi  quia  hu- 
milia/h me  ,  ut  discam  juftificatienes  tuas.  *  Corn.  Dict. 
2.  PAVIE,  ville  de  France  ,  dans  le  Bas-Armagnac, 
au  diocèfe  d'Ausch  ,  dans  le  comté  d'Afiarac. 

PAUJAS  ,  bourg  de  France,  dans  l'Armagnac,  au 
diocèfe  d'Ausch. 


PAU        861 

PAV1LLI ,   Paviliacus,   bourg  de  France ,    dans  la 
■   Normandie  ,  au  pays  de  Caux.  Il  eft  fitué  à  une  de- 
mi-lieue  au-deflus  de  Baientin ,  à  quatre  de  Rouen ,  à 
trois  d  Yvetot ,  Se  à  une  de  Bouville  Se  de  Limaifi  ,  dans 
un  vallon  ,  fur  la  petite  rivière  d'Enne  >  nommée  aufii 
Sainte  Auftreberte.  Pavilli  a  le  titre  de  baronnie  ,  avec 
haute  juftice  Se  château  ;  fon  églife  paroifiiale  eft  fous 
l'invocauon  de  Notre-rDame.  Il  y  a  aufii  un  petit  prieu- 
ré clauftral  ,  fous  le  titre  de  fainte  Auftreberte  ,  defler- 
vi  par  de  grands  Bénédiélins ,  qui  dépendent  de  l'ab- 
baye de  Cormeillcs.  Ils  pofledeiu  à  Pavilli  le  tombeau 
&  quelques  reliques  de  fainte  Auftreberte  ,  qui  vivoic 
du  tems  de  faint  Philibert.  On  tient  dans  ce  bourg  un 
gros  marché  le  Jeudi  ,  Se  l'on  y  débite  beaucoup   de 
lins,  de  toiles ,  &  quantité  de  poules  de  Caux ,  de  grains 
Se  d'autres  denrées  que  produit  le  territoire.  La  Baron- 
nie de  Pavilli  a  vingt- neuf  fiefs  nobles  dans  fa  dépendan- 
ce, &  le  patronage  de  fix  paroifies,  qui  font  Pavilli  4 
Sainte  Auftreberte  ,  Goupiliere  ,  Ancrekerville ,  Eman- 
ville  Se  Aufouville.  *  Corn.  Did.  fur  des  mémoires  dres- 
fés  fur  les  lieux. 

1.  PAUL  (Rivière  de  Saint).  Voyez.  Mesurado. 

2.  PAUL  (  Saint  ) ,  ville  de  France  ,  dans  la  Proven- 
ce ,  à  deux  lieues  de  Nice ,  oueft  ,  Se  à  trois  d'Amibes. 

3.  PAUL  (  Saint  )  ,  petite  ville  de  France ,  en  Artois , 
à  neuf  lieues  de  S.  Orner.  Elle  a  le  titre  de  comté. 

4.  PAUL  (Saint),  ville  de  l'Amérique  méridionale ,  dans 
le  Brefil.  Elle  eft  habitée  Se  gouvernée  par  des  brigans 
de  différentes  nations ,  qui  vivent  en  forme  de  républi- 
cains, indépendans  du  roi  de  Portugal,  auquel  néan- 
moins ils  payent  un  tribut  en  or.  On  ignore  leur  reli- 
gion Se  leurs  loix  par  l'impofiibilité  de  pénétrer  chez 
eux. 

;.  PAUL  (Saint  ) ,  abbaye  de  France ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  diocèfe  de  Befançon. 

6.  PAUL  (  Saint  ) ,  monaftere  fort  riche  ,  dans  la  Ca- 
rinthie ,  en  Allemagne.  Il  dépend  de  l'archevêché  de 
Saltzbourg. 

7.  PAUL  DE  FENOUILLEDE(  Saint),  petite  ville 
de  France ,  en  Languedoc  ,  capitale  du  canton  de  Fe- 
nouillede  ,  au  diocèfe  d'Alet. 

8.  PAUL  -  TROIS  -  CHATEAU  (  Saint) ,  Aitgufla 
Iricaflinorum  ,  ville  de  France,  au  Bas-Dauphiné  ,  dans 
le  duché  de  Valcnrinois.  Elle  eft  la  capitale  du  Tricafti- 
nois  :  fon  évêque  eft  fuffragant  de  1  archevêque  d'Arles. 
Elle  eft  fituée  fur  le  penchant  d'une  colline  limitrophe  de 
la  Provence ,  à  une  lieue  du  Rhône. 

1.  PAULA  ,  Paola  ,  ouPaule,  ville  d'Italie ,  au 
royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  Citérieure ,  à  trois 
cens  pas  ou  environ  de  la  mer.  Baudrand  s'eft  trompé 
dans  la  pofition  de  cette  ville ,  car  il  la  met  à  deux  milles 
de  la  côte.  Cette  ville  appartient  au  marquis  Spinelli , 
prince  de  Francavilla,  un  des  plus  confidérables  barons 
du  royaume.  Elle  n'eft  célèbre  que  par  la  naifiance  de 
faint  François,  fondateur  de  l'ordre  des  Minimes,  con- 
nus à  Paris  fous  le  nom  de  Bons- Hommes.   Il  faut  un 
peu  monter  pour  arriver  du  bord  de  la  mer  au  terrein 
fur  lequel  la   ville  eft  fituée.    Elle  eft  médiocrement 
grande  :  mais  les  maifons  fonr  bâties  proprement.  Il  y 
a  des  rues  larges,  bien  percées  ,   bien  pavées,  ornées 
de  fontaines,  avec  des  églifes  très  propres.  Il  y  a  des  Jé- 
fuites,  des  Auguftins ,  des  Cordeliers,  des  Capucins  & 
des  Dominicains.  Les  Minimes  font  à  un  mille  hors  de 
la  ville ,  au  nord-eft  ,  Se  c'eft  le  lieu  de  la  dévotion  du 
pays,  c'eft-àdire  l'églife  de  Saint  François   de  Paule. 
Pour  y  aller,  après  avoir  traverfé  une  bonne  partie  de 
la  ville  ,  on  tourne  fur  la  gauche  dans  un  chemin  beau , 
large  Se  bien  entretenu ,   partie  entre  des  collines  bien 
cultivées ,  Se  partie  pratiqué  dans  la  pente  de  la  mon- 
tagne.   On  trouve  à  moitié  chemin  une  petite  place 
carrée ,  coupée  dans  la  montagne  ,  au  coin  de  laquelle 
on  a  pofé  une  ftatue  de  faint  François ,  en  marbre  blanc 
Se  fort  bien  faite  :  elle  eft  fur  un  très- beau  piedeftal. 
Le  chemin  tourne  alors  un  peu  fur  la  droite  ,  Se  on  dé- 
couvre le  couvent.  On  trouve   d'abord   un  veftibule 
magnifique  ,  décoré  de  trois  grandes  arcades ,  féparées 
par  des  pilaftres  couplés  ,  Se  accompagnées  de  rous  les 
autres  ornemens  de  l'architecture.  Il  y  a  au-deflus  des 
logemens  deftinés  pour  les  perfonnes  de  confidération 
qui  vont  faire  leurs  dévotions  dans  ce  ianctuaire ,  qui 


862, 


PAU 


PAV 


eft  extrêmement  fréquenté  par  toutes  fortes  de  perfon- 
nes  ,  &  fur-tout  par  les  nouvelles  mariées.  Au  bout  du 
vèft'ibule  cil  l'églife ,  qui  n'eft  pas  belle  :  mais  elle  eft 
en  grande  vénération  ,  parce  qu'elle  a  été  bâtie  par  le 
faint  même.  Quoique  petite ,  elle  a  une  nef  Se  deux 
collatéraux  ,  le  tour  voûté  Se  dans  le  goût  gothique  le 
plus  pefant  &  le  plus  mauvais.  Le  chœur,  où  les  re- 
ligieux pfalmodient ,  eft  derrière-  l'autel ,  qui  eft  à  la 
romaine,  fort  fimple  Se  fort  propre.  La  chapelle  de 
la  Vierge  eft  au  bout  du  collatéral  gauche  :  elle  eft  bien 
ornée  &  bien  propre;  mais  plus  obscure  que  le  refte  de 
l'églife  ,  qui  l'eft  déjà  beaucoup  ,  parce  qu'il  a  fallu  cou- 
per la  plus  grande  pairie  de  l'emplacement  dans  le  vif 
de  la  monragne ,  ce  qui  rend  cette  églife  humide.  La 
chapelle  de  faint  François  eft  au  bout  du  collatéral  droir. 
Elle  eft  très  belle  Se  route  tapiffée  des  vœux  qu'on  y 
porte  tous  les  jours.  On  garde  dans  cette  chapelle  di- 
verfes  reliques  du  faint.  On  y  voie  un  bufte  d'argent 
doré  ,  très-riche  Se  très  bien  fait,  qui  représente  le  faint, 
Se  dans  lequel  il  n'y  a  qu'une  dent,  qu'il  donna  à  fa 
fœur  quand  il  alla  en  France  ,  à  la  follicitation  de  Louis 
XI.  On  fait  que  ce  faint  y  mourut ,  Se  qu'il  fut  enterré 
au  PleiIïs-les-Tours  ;  mais  les  Huguenots  le  brûlèrent 
pendant  les  troubles  de  religion.  On  en  ramaffa  quel- 
ques oflemens ,  qu'on  donna  aux  Minimes  de  France  , 
qui  en  envoyèrent  une  partie  à  ceux  de  Paula.  *  Labat , 
Voyage  d'Italie ,  1.  5.  p.  194  Se  fuiv. 

Le  bâtiment  des  religieux  eft  double.  Celui  que  le  faint 
a  fait  bâtir  eft  encore  fur  pied.  Il  eft  petit ,  bas ,  très- 
fimple.  11  fert  à  préfenr  pour  les  novices ,  à  qui  il  eft 
une  leçon  de  l'humilité,  de  la  pauvreté  Se  de  la  (Im- 
plicite dont  leur  père  fâifoit  une  profefTion  très-étroire. 
On  en  a  bâti  un  autre  depuis  quelques  années  :  il  a 
communication  avec  le  premier  :  il  eft  plus  grand;  mais 
fort  fimple  ,  peu  propre ,  Se  point  du  tout  orné.  Ce  cou- 
vent eft  fitué  à  mi-côte  dans  une  montagne  ,  où  il  y  a 
plufieurs  ravins,  qui  incommodent  quelquefois  cette 
iainte  maifon.  Le  terrein  de  l'églife  Se  des  deux  cou- 
vens  a  été  coupé  en  partie  dans  les  cuifles  de  la  monta- 
gne ;  cela  eft  caufe  qu'il  n'y  a  que  de  petits  morceaux 
de  jardins  féparés  les  uns  des  autres.  On  voit  dans  quel- 
ques-uns des  figuiers  ,  des  orangers  Se  des  citronniers  en 
pleine  terre  :  dans  quelques  fonds  il  croît  des  légumes 
Se  des  vignes  en  beaucoup  d'endroits.  La  terre ,  quoi- 
que maigre  ,  ne  laifie  pas  d'être  féconde  ,  ce  qu'on  at- 
tribue à  la  chaleur  continuelle  du  climat ,  aux  pluies 
qui  y  font  affez  ordinaires ,  à  caufe  du  voifinnge  de  la 
»ner  ,  Se  aux  rofées  abondantes ,  qui  fupléent  aux  pluies 
lorsque  celles-ci  manquent.  Ce  couvent  eft  fans  contre- 
dit le  chef-d'ordre  des  Minimes  :  il  eft  riche  ,  Se  poffe- 
de  quantité  de  terres  aux  environs.  11  reconnoît  pour 
fon  fondateur  le  prince  de  Francavilla. 

Le  château  dePaulc  eft  au-defïus  de  la  ville  ,  dans  un 
enfoncement,  entre  deux  collines,  &  il  écraferoit  une 
bonne  partie  de  la  ville  ,  s'il  tomboit.  C'eft  une  forre- 
refle  antique,  flanquée  de  tours,  avec  un  folle  Se  un 
pont-levis.  La  cour  eft  carrée:  un  des  côtés,  qui  regar- 
de la  mer,  eft  ouvert,  Se  fermé  feulement  d'un  mur 
à  hauteur  d'appui,  &  fondé  fur  le  rocher  escarpé.  Les 
apparremens  font  vaftes  Se  peu  éclairés,  à  caufe  de  la 
chaleur. 

Le  pays  des  environs  de  Paule  eft  fort  haché  ,  Se 
cependant  très-fertile  Se  très-bien  cultivé.  Les  herbes 
ordinaires  ,  qui  croiffent  dans  les  chemins  Se  dans  les 
haies,  font  la  lavande,  le  thim  ,  le  ferpolct ,  le  bau- 
me commun  ,  &  autres  plantes  odoriférenres ,  Se  pro- 
pres à  la  médecine ,  qu'on  cultive  ailleurs  avec  peine  , 
&  qui  viennent  là  en  dépit  des  propriétaires.  Au/ïï  les 
chèvres  Se  les  moutons  du  pays  ont  un  goût  Se  un  fumet 
merveilleux. 

i.  PAULA,  bourg  d'Italie ,  dans  la  Campagne  de  Rome, 
dans  les  marais  Pontins ,  près  de  la  côte  de  la  mer.  Il  eft 
fitué  fur  un  petit  lac  ou  golfe  ,  qu'on  appelle  Porto  de 
Paula  \  Se  il  y  a  une  tour  auffi  nommée  Torrc  de  Pau- 
la. *  Mapjn ,  Carre  de  la  Campagne  de  Rome. 

PAULAR,  chartreufe  d  Espagne ,  dans  la  Nouvelle 
Cafiille  ,  à  fix  lieues  de  Ségovie  ,  vers  le  levant. 

PAULHAC ,  bourg  de  France,  dans  l'Auvergne  ,  cle- 
"cLion  cV  évêché  de  Saint  Flour. 

PAULIACUS,  lieu  de  France  :  Aufone  en  parle  par- 


le dans  fafixiéme  épitre  ad  Theon.  v.  14.  Vinet  dit  que 
'ce  lieu  fe  nomme  encore  aujourd'hui  Pauliac  :  il  le  pla- 
ce dans  le  Médoc  ,  fur  lé  bord  de  la  Garonne. 

PAULIAGUET,  ville  de  France,  dans  1  Auvergne  , 
diocèfe  de  Saint  Flour. 

PAULIANISTES,  peuples  de  la  Romanie ,  furies 
confins  de  la  Bulgarie.  Ils  habitent  entre  des  montagnes , 
au  nord  du  mont  Rhodope  ,  Se  ils  s'y  maintiennent 
dans  l'exercice  de  la  religion  catholique.  *  Robert  de 
Vaitgondy  ,   Atlas. 

PAU  LlEN  (  Saint  ) ,  bourg  de  France ,  en  Auvergne , 
élection  de  Brioude. 

PAULIN  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Haut- Langue- 
doc, au  diocèfe  d'Aloy  ,   avec  titre  àg  vicomte. 

PAULIN  -  CELLE  ,  bailliage  de  la  principauté  de 
Schwattzbourg-Radclftac,  dans  le  landgraviat  de  Thu- 
ringe ,  au  cercle  de  la  Haurë-Saxe. 

PAULINI  PR^DIA,  lieu  d'Italie,  dans  le  Frioul; 
c'eft  Pline  le  jeune,  Epifiolar.  1.  4.  Epifl.  19,  qui  en 
fait  mention. 

PAULITALIENSIS  ,  fiége  épiscopal ,  au  voifinage 
de  l'Illyrie  ,  félon  Ortelius,  Thejaur.  qui  cire  Marcel- 
linus  Cornes. 

PAULMY,  château  de  France,  dans  la  Totuaine  , 
fur  une  éminence,  entre  Loches  Se  Preuilly ,  avec  ti- 
tre de  vicomte.  11  y  a  un  parc  fermé  de  murailles  , 
dont  l'enceinte  eft  de  deux  lieues.  11  fut  commencé  en 
1449  par  Pierre  le  Voyer ,  vicomte  de  Laulmy  ,  Se  l'on 
peut  dire  qu'il  eft  merveilleux  par  fes  étangs  ,fesprés, 
fes  bois  Se  fes  allées.  La  terre  y  eft  applanie  en  plate  cam- 
pagne en  quelques  endroits ,  Se  en  d'autres  elle  eft  re- 
levée en  petites  collines  chargées  de  taillis  Se  de  bois 
de  haute  futaie.  Plus  près  du  château  eft  un  grand  pay- 
fage  ,  abondant  en  toutes  fortes  de  plantes  Se  en  bons 
aibres.  Le  premier  corps  de  logis  qui  s'offre  en  venant 
de  ce  grand  domaine  ,  a  de  largeur  quarante  pas ,  Se  eft 
compofé  de  cinq  à  fix  étages ,  fort  bien  proportionnés 
&  embellis  au-delTus  d'une  galerie  plombée,  Se  couverte 
d'ardoife ,  de  même  que  tout  le  refte  du  bâtiment ,  qui 
eft  enrichi  par  le  deflus  de  pointes  pyramidales.  Ses  dé- 
fenfes  font  deux  grandes  tours  rondes ,  dont  l'une  eft 
entière  ,  couverte  d'ardoifes  ,  plombée  Se  relevée  en  neuf 
étages  fur  les  caves  Se  fur  les  prifons.  Ce  château  ,  l'un 
des  plus  remarquables  de  la  Touraine ,  fut  entrepris  la 
même  année  que  le  parc.  Le  refte  du  château  eft  pres- 
que tout  vieux ,  &  il  y  a  encore  une  fale  qui  porte  le 
nom  de  vieille  ,  Se  un  autre  corps  de  logis  appelle  Châ- 
teau- Gaillard ,  où  font  peintes  les  armoiries  &  les  allian- 
ces de  la  maifon  de  Paulmy,  dont  le  nom  ,  félon  quel- 
ques-uns ,  vient  des  palmes  qui  avoient  honoré  les  gran- 
des actions  des  premiers  feigneurs  de  Voyer.  La  cha- 
pelle ,  qui  eft  le  petit  maufolée  de  ces  feigneurs  ,  fut 
rebâtie  en  1479  parle  même  Pierre  le  Voyer ,  en  1  hon- 
neur de  faint  Nicolas.  11  v  a  un  petit  chapitre  compo- 
fé d'un  doyen  Se  de  quatre  chapelains ,  à  la  collation 
des  feigneurs  du  lieu.  *  André  du  Chêne  ,  Arriq.  des 
villes  de  France.  Piganiol,  Defcr.  de  la  France,  t.  7. 
p.  67. 

PAULON  ,  fleuve  de  la  Ligurie ,  félon  Pomponius 
Mêla,  /.  i.c.  4.  au  lieu  de  Fanion  :  Pline,  /.  3.  c.  5. 
écrit  Padoau  nominatif:  auffi  n'eft-ce  pas  du  Pô  dont 
il  eft  queftion ,  mais  d'une  rivière  nommée  préfente- 
ment  Paillon.  C'eft  celle  à  l'embouchure  de  laquelle 
eft  bârie  la  ville  de  Nice. 

PAUNA  ,  ville  d'Italie,  chez  les  Samnites,  félon 
Strabon,  /.  5.  p.  250.  Il  dit  qu'elle  étoit  fi  peu  coniidé- 
rable ,  qu'elle  ne  méritoit  presque  pas  le  nom  de  ville. 

PAUNTON.  Corneille,  Dict.  dit  :  Ville  d'Angleterre, 
dans  le  comté  de  Lincoln  ,  fur  le  Witham  ;  mais  l'état 
préfent  de  la  Grande  Bretagne  ne  mettant  Paunton, 
ni  parmi  les  villes ,  ni  parmi  les  bourgs  où  l'on  tient  mar- 
ché, il  eft  à  croire  que  ce  do»  être  un  très-petit  lieu. 
Corneille  ajoute  que  c'eft  une  ville  ancienne  ,  qu'on 
prend  pour  Ad  Pontem  d'Antonin.  Tout  le  monde 
n'en  convient  pas.  Voyez, au  mot  Ad  ,  ce  quia  été  dit 
fur  l'article  Ad-Pontem. 

PAVOASAN,  ville  d'Afrique,  dans  l'ifle  de  Saint 
Thomé  ,  au  fud-eft ,  fur  le  bord  de  la  mer  ,  au  25  à. 
30  min.  de  long.  Se  au  50  dcg.  de  latitude  méridionale, 
avec  une  forterefle  compofée  de  quatre  baftions   fans 


PAU 


PAU        863 

difficile  d'y  remédier,  faute  de  lumière.  On  trouve  en- 
viron à  moitié  une  image  de  la  fainte  Vierge  ,  devant 
laquelle  un  hermite  entretient  une  lampe  allumée ,  Se 
quand  on  approche  de  l'extrémité ,  on  apperçoic  une 


fofle  ,  &  un  chemin  couvert  large  &  paliffadé.  Cette  for- 
terefle  eft  fur  une  petite  éminence ,  qui  domine  toute 
la  ville  ,  6c  qui  commande  le  port ,  qui ,  pour  être  na- 
turel ,  ne  laine  pas  d'être  affez  bon.  Toutes  les  maifons , 

excepté  celles  du  gouverneur  &  de  quatre  ou  cinq  parti-  petite  pointe  de  lumière,  comme  une  foîble  bougie, 

culiers,  &  quatre  églifes,  qui  font  de  pierres,  font  de  qui  augmente  infenfiblcment  à  mefure  qu'on  avance, 

bois,  à  deux  étages,  6c  couvertes  de  planches.     On  La  longueur  de  cette  allée  fouterreine  elt  de  plus  d'un 

compte  dans  cette  ville  fix  à  fept  cens  feux,  peuplés  mille.  Pour  fa  hauteur  on  n'elt  pas  d'accord.  Elle  peut 

d'environ  deux  mille  blancs,  hommes,  femmes  &  en-  avoir  trois  toi  fes  de  large,  enforte  qu'il  y  peut  paner 

fans,  Portugais,  Espagnols,  François  6c  Italiens;  car  deux  carrofles.  Cependant  on  fe  tient  toujours  le  plui 

tout  le  monde  y  eft  bien  venu,  pourvu  qu'on  fafle  fer-  proche  du  mur  qu'il  elt  poflible,  6c  on  fait  fagement. 

ment  de  fidélité  au  fouverain ,  qui  eft  le  roi  de  Portu-  On  prend  la  droite,  c'etl-àdire  la  montagne,  quand 

gai,  &  que  l'on  vive  félon  les  loix  du  pays.  Il  y  a  un  on  fort  de  Naples,  &  la  gauche,  c'eft-à-dire  le  côté  de 

cvêque  fuffraganr  de  Lifbonne ,  6c  un  chapitre  ,  dans  la  mer ,  quand  on  y  va.  C'eft  une  loi  obfcrvée  par  tous 

lequel  on  voit  des  chanoines  blancs ,  mulâtres  6c  noirs.  les  voituriers,  6c  qui  empêche  le  desordre.  Dès  qu'on 


Cela  fait  un  mélange  auquel  il  faut  êtte  accoutumé , 
pour  n'y  pas  trouver  une  difformité  choquante.  *  La- 
bat ,  relation  de  l'Ethiopie  occid.r.  f.  p.  332. 

PAVOLOSCZ ,  ou  Pawolocz  ,  Pawoioczia  ,  ville 
de  Pologne,  dans  le  Palatinat  de  Kiow,  fur  la  rive  gau- 
che de  la  rivière  Rofiawica  :  c'eft  une  place  fortifiée. 

PAVONARE  ,  nom  que  l'on  donne  aujourd'hui  à 
deux  petites  ifles ,  fituées  dans  le  canal  deConfiantino- 
ple,  à  l'entrée  de  la  mer  Noire.  On  les  nommoit  an- 
ciennement InfuU  Cyanex.  Voyez.  Cyanées. 

PAVOS  ,  village  de  Portugal ,  fur  le  bord  du  Tage  , 
entre  Lifbonne  au  fud-oueft ,  6c  Santaren  au  nord-elt. 
Il  n'efl  remarquable  que  parce  que  quelques-uns  croient 
y  trouvet  l'ancienne  jerabrica  ,  que  le  plus  grand  nom- 
bre des  géographes  placent  à  Alanguer.  *  Buitdrand , 
1705.  Carte  de  Portugal  par  Robert. 

PAUREUS  :  c'eft  un  des  noms  qu'on  donnoit  an- 
ciennement au  Caicus  ,  rivière  de  l'Afie  Mineure,  dans 
la  My fie.  Voyez,  Caicus. 

PÂUS ,  village  de  l'Arcadie.  Il  ne  fubfiftoit  plus  du 
cems  de  Paufanias  ,  /.  8.  c.  23.  On  voyoit  feulement  fes 
ruines  au  voifinage  de  la  forêt  Sorona. 

PAUSA  ,  petite  ville  6c  bailliage  de  Saxe  ,  dans  le 
Voigtland  ,  appartenant  à  l'électeur. 

PAUSIC/E,  peuples  de  la  Perfide  ,  félon  Hérodote , 
1.  3.  n.  92. 

1.  PAUSILYPE  ,  promontoire  d'Iralie  ,  fur  la  côte  du 
royaume  de  Naples  ,environ  à  une  demi  lieue  de  l'ifle  de 
Nizita.  Entte  les  deux  ,  la  côte  elt  de  moyenne  hau- 
teur ,  remplie  de  grandes  maifons;  mais  la  plupart  aban- 
données: le  long  de  cette  côte  il  y  en  a  plufieurs  aby- 
mées  fous  l'eau.  On  en  voit  encore  les  murailles  à  fleur 
d'eau  6c  fous  l'eau  ,  &  il  y  a  plufieurs  roches  fort  au 
large  ",  c'eft  pourquoi  les  navires  doivent  s'en  éloigner  du 
moins  d'un  mille.  Au  bout  de  la  pointe  de  Paufylipe , 
où  l'on  commence  à  découvrir  la  ville  de  Naples,  en 
allant  le  long  de  la  côte ,  on  trouve  pareillement  plu 


entend  quelqu'un ,  on  prend  le  côté  deftiné  à  la  route 
que  l'on  fait;  les  voituriers  crient  aile  Montagne  ou 
alla  Marina  ,  pour  faire  connoître  de  quel  côté  ils 
font ,  6c  ainfi  on  paffe  paifiblcment  fans  fc  voir  6c  fans 
noife. 

Croira  qui  voudra  la  fable  qu'on  débite  ,  que  ce  fut  un 
Romain,  nommé  Cocceius ,  qui  fit  faire  ce  grand  ou- 
vrage en  quinze  jours  ,  6c  qu'il  y  employa  cent  mille 
hommes.  Quoi  qu'il  en  foit ,  on  y  pafle  depuis  bien  des 
fiécles  :  les  tremblemens  de  terre  fi  furieux  &  fi  fréquens 
dans  le  pays  l'ont  respecté  ,  6c  il  n'a  rien  refTenti  de 
ce  qui  a  bouleverfé  les  environs. 

Sur  le  haut  de  l'entrée  de  la  voûte  de  cette  grotte 
à  main  gauche,  on  montre  le  tombeau  de  Virgile  ,  qui 
mourut  a  Brunies ,  d'où  il  voulut  qu'on  apportât  fon 
corps  en  ce  lieu  ,  auquel  le  roc  fert  de  voûte  6c  de 
muraille  ,  qui  diminue  peu  à  peu  presque  jusqu'à  la 
fin  à  la  hauteur  de  trois  toifes.  11  s'élève  enfuirc  en  ma- 
nière d'entonnoir  ,  ce  qui  fait  que  la  lumière  éclaire 
davantage  les  deux  extrémités.  Alfonfe  premier  ,  roi  de 
Naples  6c  d'Arragon  fit  faire  deux  foupiraux  qui  ne 
donnent  que  très-peu  de  jour.  Il  élargit  le  chemin ,  & 
facilita  l'entrée  de  cette  caverne ,  qui  étoit  affreufe 
à  caufe  des  ronces  6c  des  épines  qui  y  croient.  Pierre 
de  Tolède  ,  viceroi  de  Naples ,  fous  Charles  V  ,  répara 
6c  aggrandit  confidérablement  ce  grand  ouvrage.  Après 
qu'on  eft  arrivé  au  bout  de  la  grotte  ,  on  marche  plus 
de  cent  pas  entre  de  hautes  murailles  pratiquées  dans 
le  rocher ,  qui  finit  au  village  de  For"grote. 

2.  PAUSILYPE,  Monte  di  Posilypo,  &  en  latin 
T 'aufilypus ,  elt  une  montagne  du  royaume  de  NapJes, 
dans  la  Campanie  ,  ttès-délicieufe  ,  fertile  en  vins  déli- 
cats 6c  en  toutes  fortes  d'excellens  fruits.  Elle  regarde 
d'un  côté  la  mer  de  Pouzzol  6c  de  l'autre  la  ville  de 
Naples  ,  dont  elle  forme  le  petit  golfe ,  en  s'avançant 
dans  la  mer,  vis-à-vis  lapetkeifle  de  Nifida,  qui  fem- 
ble  en  avoir  été  détachée.  Vedius  Pollio  y  avoit  une  très- 


fieurs  piliers ,  tours  ou  maifons  abymées  ,  ck  quelques    belle   maifon  de  plaifance  au  bord  de  la  mer.  On  en 


roches  à  fleur  d'eau  6c  fous  l'eau  ,  qui  s'avancent  en- 
viron 400  toifes  au  large  ,  à  quoi  il  faut  avoir  égard 
quand  on  va  à  Naples.  On  reconnoît  cette  pointe  par 
une  gtande  maifon  bâtie  fur  le  haut ,  6c  qui  elt  fort 
blanche.  On  peut  cependant  ranger  les  dangers  appa- 
rens  de  cette  pointe  ,  à  Aeux  longueurs  de  cables.  On 


voit  des  reltes  fuperbes ,  avec  de  grandes  voûtes  ,  bâ- 
ties en  partie  de  briques ,  6c  en  partie  de  pierres.  Il  la 
légua  à  Augufte ,  au  rapport  de  Dion.  Pas  loin  delà 
étoient  les  réfervoirs  de  Lucullus  ,  quoi  qu'en  dife  CIu- 
vier,  6c  un  temple  odtogone  de  Neptune  ,  que  le  vul- 
gaire appelle  l'école  de  Virgile  ;  d'autres  l'ont  cru  un  pe- 


y  trouvera  ttois  ou  quatre  brafles  d'eau ,  6c  un  peu  après  tit  Panthéon  ,  mais  fans  aucun  fondement.  Vis-à-vis  eft 

douze  &  quinze.  Le  Pàusilypum-Villa  de  Pline,  /.  un  écucil  que    les  poètes  ont   appelle    Euploca  ,   qui 

9.  c.  53.  étoit  fur  ce  promontoire,  qui  a  ainfi  confer-  veut  dire  heureufe  navigation;  aujourd'hui  la  Cajola  à 

vé  fon  ancien  nom.  Le  nom  de  Pausilype  vient ,  félon  caufe  de  fa  figure  qui   refïembe  à   une  cage.    Cluvier 

l'opinion  commune  ,  des  mots  grecs  Pauos,  repos ,  &  fait  mention  d'un  autre  écueil ,  nommé  Limon  ;  c'eft  ap- 

Leipein ,  biffer ,  abandonner  ;  parce  qu'avant  qu'on  eût  paremment  celui  où  les  vaiffeaux  qui  viennent  des  pays 

taillé  la  grotte  qu'on  y  traverfe  aujourd'hui ,  le  chemin  fuspects  de  maladie  font  leur  quarantaine  ;  il  eft  entre 

de  Naples  à  Pouzzole  étoit  très-mauvais,  6c  qu'il  fal- ,  Pofilypo  &  Nifida. 

loit  fatiguer  extrêmement  &  abandonner  le  repos  pour         Sannazar  a  fon  tombeau  dans  l'églife  des  Servîtes  de 

franchir  cette  montagne.  *  Michelot  ,  Portulan  de  la  Paufilype ,   derrière  le  grand  autel  :  c'eft  un  très-beau 


Méditerranée,  p.  119. 

La  Grotte  de  Pausiiype,  eft  un  chemin  creu- 
fé  dans  la  montagne ,  6c  qui  la  perce  de  part  en  pair. 
Ce  chemin  elt  trille  &  ennuyeux  ,  à  caufe  de  fon  ob- 
feurité  ;  mais  il  eft  plus  court  de  deux  tiers  que  fi  l'on 
étoit  obligé  de  monter  &  de  descendre  la  montagne. 
D'ailleurs  il  eft  uni ,  &  on  y  eft  à  couvert  quand  il 
pleut  ;  mais  on  y  eft  étouffé  par  la  pouffieie  ,  6c  il  faut 
fe  coller  contre  lewrtur ,  pour  n'être  pas  heurté  par  ceux 
qu'on  rencontre  dans  la  même  route;  &  s'il  arrive 
quelque  accident  aux  voitures  6c  aux  chevaux ,  il  eft 


monument  en  marbre,  &  l'ouvrage  d'un  frère  Scrvire  , 
excellent  feuipteur.  Il  confiite  dans  une  urne  avec  un 
bas  relief  très-bien  travaillé  ;  mais  on  n'y  voir  que  de 
petits  Bacchus  ou  de  petits  amours.  Le  bufte  de  Sanna- 
zar eft  au-deffus  :  aux  deux  côtés  font  de  magnifiques 
ftarues ,  au  bas  desquelles  on  a  mis  les  noms  de  David 
6c  de  Judith  ,  fans  cela  on  les  prendroit  pour  un  Apol- 
lon 6c  une  Pallas  ;  car  elles  ont  rous  les  fymboles  de  ces 
divinités  païennes.  *  Le  père  de  Charlevoix ,  Mémoi- 
res Manufcrirs. 

PAUSINUS,  fleuve  de  l'illyrie,  félon  Pline,  /.  3. 


8^4       PAX 


PAY 


c.  1 1 .  on  du  moins  félon  quelques  exemplaires  imprimés 
de  cet  auteur.  Mais  le  père  Hardouin  die  que  tous  les 
manuferits  ,  au  lieu  de  Paufinus  Flumen ,  portent  Civ'uas 
Pajïni,  Se  que  Flumen  fe  rapporte  au  mot  fuivant. 

PAUSTERII ,  montagnes  de  l'Achaïe  ,  félon  Phavo- 
rih ,  Lcxtc. 

PAU  SU  U£,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Picenum  ,  félon 
la  carte  de  Peutinger.  Pline  ,  /.  3.  c.  13.  appelle  le  peu- 
ple Paufulani,  Se  Cellarius,  Geogr.  ant.  I.  1.  c.  9.  qui 
cite  Holftenius  ,  dit  que  la  ville  Monte  Del  l'Olmo 
a  été  bâtie  fur  les  ruines  de  celle  de  Pàufulx. 

PAUTALITORUM  ,  peuples  dont  parle  Ortelius  , 
Tbef.  Us  habitoient  la  ville  de  Pautalia  ,  que  Ptolomée , 
/•  3.  c.  11,  place  dans  la  Thrace.  On  lit  fur  l'infcrip- 
tion  d'une  médaille  de  l'empereur  Sévère  ce  mot  nAT- 
TAMA.  Cependant  les  interprètes  de  Ptolomée  ,  au  lieu 
de  Pautalia  ,  lifent  Pautalia.  Voyez,  Vanta  lia. 

PAUTZKE ,  Putzko  ,  ou  Pardubitz,  Putiscum, 
petite  ville  de  la  Prune  Polonoife,  dans  laPomerelle, 
à  neuf  ou  dix  lieues  à  l'occident  feptentrional  de  Dant- 
zig ,  fur  le  Pautzkerwick.  Elle  fut  prife  en  1626,  par- 
les Suédois,  qui  en  fureur  chaffés  Tannée  fuivante  par 
les  Polonois ,  à  qui  elle  appartient  encore.  Le  territoire 
de  cette  ville  eft  borné  au  nord  Se  à  l'orient  par  la 
mer  Baltique  ,  au  midi  partie  par  ceux  des  villes  de 
Dantzig&  de  Mirchaw  ,  Se  à  l'occident  par  la  Pomé- 
ranie. 

PAUTZKER-WICK ,  Putiscanus  Sinus.  On  donne  ce 
nom  à  cette  partie  de  la  mer  Baltique,  qui  forme  un 
golfe  ,  fur  la  côte  de  la  Pruffe  Polonoife,  depuis  le  bourg 
d'Heila,  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Viftule.  Selon  le 
plus  commun  fentiment,  ce  golfe  eft  le  Ginus  Clyli- 
penus  de  Pline  ,  Se  que  Ptolomée  appelle  Vene- 
dicus. 

PAUUS,  nom  d'une  forêt  de  la  France,  félon  l'au- 
teur de  la  vie  de  faint  Léonard. 

PAUXIS ,  détroit  &  fort  de  l'Amérique  méridionale , 
fur  le  bord  feptentrional  de  l'Amazone.  Le  fleuve  dans 
cet  endroit  e(l  refferré  dans  un  détroit  de  90;  toifes  de 
large.  Le  flux  Se  le  reflux  de  la  mer  y  parvient ,  quoi- 
qu'on compte  depuis  Pauxis  jusqu'à  la  mer  plus  de  deux 
cens  lieues.  Il  y  a  dans  le  fort  un  commandant  avec 
quelques  troupes  Portugaifes.  *  Relation  d'un  Voyage  en 
Amérique  ,   par  M.  de  la    Condamine. 

PAUZERENSIS,fiégeépiscopal  d'Afrique.  On  igno- 
re de  quelle  province  il  étoit.  On  trouve  feulement 
que  dans  la  conférence  de  Carthage  ,  Flavianus  eft  dit 
episcopus  Pau^erenfïs  ,  n°  1 87  Se  201. 

PAWHATAN,  ou  Powhatan  ,  rivière  de  l'Amé- 
rique feptentrionale,  dans  la  Virginie.  Elle  a  été  ainfi 
appellée  du  nom  d'un  caflique  qui  a  commandé  dans 
le  pays  par  où  elle  pafTe.  Cette  rivière  ,  qui  arrofe  une 
ville  de  fon  nom  ,  eft  presque  vis-ù-vis  de  l'embouchure 
qui  donne  entrée  à  la  mer  dans  le  golfe  de  Chefa- 
peack ,  Se  descend  du  côté  de  l'occident.  Sa  fource  eft 
dans  les  montagnes  de  Monacans.  Après  avoir  couru  plus 
de  cent  milles  portant  des  navires ,  dans  tout  cet  espace, 
elle  va  fe  décharger  dans  ce  golfe  par  une  embouchure 
de  trois  milles.  Son  canal  eft  pourtant  étroit ,  à  eaufe 
des  baffes  qui  font  d'un  côté  &  d'autre  le  long  de  fes 
rivages.  La  quantité  de  cataractes  &  de  rochers  empê- 
che qu'on  ne  la  monte  plus  haut.  Dans  fa  courfe  elle 
fe  grolïït  de  plufieurs  ruiffeaux  ik  de  la  rencontre  de 
quelqr.es  rivières ,  dont  l'une  qui  s'appelle  Chicaha- 
mania  eft  au-deffus  de  Jacobipolis ,  colonie  des  Anglois. 
Les  rivages  de  Pawhatan  font  habités  de  divers  peuples. 
Les  éturgeons  y  abondent ,  Se  roures  les  eaux  qui  s'y  dé- 
chargent font  poiffonneu fes.  *  Corn.  Dict.  De  Laët , 
Defc.  des  Indes  Occ.  I.  3.  c.  14. 

PAWTUNXUT,  petite  rivière  de  l'Amérique  fepten- 
trionale, dans  la  Virginie.  Elle  efl  profonde  de  feize  à 
dix-huit  brades ,  Se  très-poiffonneufe.  Les  Acquitana- 
fes,  les  Pautuxunts ,  8c  les  Mattapiniens  ont  leurs  ha- 
bitations le  long  des  bords  de  cette  rivière.  A  trente 
milles  de-là  ,  il  en  fort  une  autre  dans  le  golfe  que  les 
Anglois  appellent  Bolus  ,  de  la  couleur  de  fon  terroir. 
Elle  eft  navigable,  mais  fes  rivages  font  inhabités  Se 
déferts.  *  De  Lact,  1.  3.  c.  14. 

PAX,Paxi  ,  ou  Paxo,  bourgade  de  Hongrie,  fur 
la    rive  droite  du  Danube ,  entre    Bude  Se  Tolna  ou 


Tulna  ,  vis-à-vis  la  pointe  d'une  iflc  ,  qui  fe  trouve  dans 
le  fleuve  ,  félon  M.  le  comte  de  Marfilly  ,  dans  fa  carte 
du  cours  du  Danube. 

PAX-AUGUSTA.  Voyez.  Badajos. 

PAX-JULIA  ,  ville  de  la  Lufitanie.  On  ne  peur  dou- 
ter que  ce  ne  foir  préfentement  la  ville  de  Beja  ,  où  l'on 
a  déterré  une  très -grande  quantité  de  monumens  an- 
tiques. On  y  voit  encore  trois  portes  de  la  ville  ,  qui  font 
d'architeéture  romaine.  Dans  les  degrés  de  l'églife  cathé- 
drale ,  on  lit  cette  infeription  mutilée: 

....  Pax  Juli.  . . . 
.  .  .  .Q.  Petron.  .  . . 


L'infcription  fuivante  fe  lit  toute  entière  dans  la  plac» 
du  marché  : 

L.   AeliO.  AuRELIO.  CoMMODO 

imp.  ces.  /eli. 
Hadriani  Antonini.  Aug. 

Pu.  p.  p.  Filio. 
Col.  Pax.  Julia.  d.  d. 
Q.  Petronio  Materno. 
C.  Julio.  Juliano.  II.  Vir. 

VAXAL  ,  ou  Paxi  ,  nom  de  deux  ifles  que  Polybe, 
/.  10.  &  Pline  ,  /.  4.  c.  11.  mettent  entre  les  i /les  de 
Leucade  Se  de  Corcyre.  Elles  font  à  cinq  milles  de  la 
dernière  de    ces  ides  ,  Se  on  les  nomme  aujourd'hui 
Paxu  Se  Antipaxu.  L'ifle  de   Paxu  peut  avoir  douze 
milles  de  tour  ,  avec  un  port  des  plus  fûrs ,  mais  aban- 
donné par  la  crainte  qu'on  a  des    corfaires.  Antipaxu 
eft  moindre  Se  n'a  point  de  porr.    Le   terroir  de  ces 
ifles  ,  quoiqu'inhabitées  ,  eft  fort  abondant  en  pâturages  : 
la  première  a  du  côté  du  levant  une  plaine  très  fertile , 
des  vignes  Se  toutes  fortes  d'arbres  fruitiers.  *  Corn.  Dict. 
Corovic,  itiner. 

PAXU.  Voyez,  Pax^. 

PA  Y  A  MOGO  ,  place  d'Espagne,  dans  l'Andaloufie, 
environ  à  quat^  lieues  au  midi  de  Moura  ,  à  deux 
lieues  d'Algueria ,  vers  la  fource  de  la  Chanca.  Cette 
place ,  qui  eft  importante ,  étant  aux  frontières  du  Por- 
tugal ,  eft  forte  par  fa  fituation ,  Se  défendue  par  qua- 
tre bons  baftions.*  Délices  d'Espagne  ,  p.  448. 

PAYASSES  ,  Païasse  ,  ville  des  états  du  Turc  ,  dans 
la  Caramanie ,  fur  le  golfe  d'Alexandretre ,  au  nord 
de  la  villede  ce  nom,  qui  en  eft  éloignée  de  quatre  heures 
de  chemin.  *  Paul  Lucas,  Voyage  de  l'Afie  Mineure, 
t.  2.  p.  284. 

A  demi-lieue  de  cette  ville ,  il  y  a  dans  la  mer  une 
groffe  roche  ,  Se  entre  la  roche  Se  la  terre  une  grande 
hauteur  d'eau.  Les  gens  du  pays  font  perfuadés  que  la 
baleine  rejetta  Jonas  en  cet  endroit ,  malgré  la  com- 
mune opinion  qui  veut  qu'elle  l'ait  jette  au  port  de  Jufta  , 
dans  la  Paleftine.  Le  long  de  cette  côte  depuis  Alexan- 
drette,  jusqu'aux  Payaffes  &  au-delà,  le  chemin  eft  fi 
étroit  Se  fi  preflé  par  la  montagne,  qu'il  faut  que  les 
chameaux  Se  les  chevaux  mettent  le  pied  dans  la  mer 
en  plus  d'un  endroit.  11  n'y  a  point  cependant  d'autre 
paffage  en  venant  des  côtes  de  Syrie  pour  aller  àCon- 
ftantinople.  On  a  bâti  des  magafins  fur  le  bord  de  la 
rade  ,  qui  fait  le  port  des  Payaffes ,  où  abordent  les 
galères  &  les  faïques  turques.  On  y  fabrique  même 
de  ces  fortes  de  vaiffeaux  ,  à  caufe  de  la  commodité  du 
lieu  qui  eft  défendu  d'un  château  fermé  de  doubles  mu- 
railles. Ce  château  eft  à  un  demi  mille  de  la  ville  , 
dans  laquelle  il  y  a  une  belle  mosquée  ,  un  grand  kan 
Se  un  beau  bazar  couvert ,  outre  plufieurs  autres  grands 
édifices  ,  Se  quantité  de  beaux  jardinages,  qui  en  ren- 
dent le  féjotir  agréable.  *  Corn.  Dict. 

PAYEKOU ,  peuple  de  la  Tartarie.  I!  s'étoit  établi 
vers  les  rivières  de  Toula  Se  de  Selinga.  Tantôt  il  fe 
révoltoit  contre  les  Turcs ,  alors  maîtres  de  la  Tarta- 
rie, Se  fe  foumettoit  aux  Chinois;  tantôt  il  fc  révoltoit 
contre  les  derniers  Se  retournoit  fous  la  domination 
des  premiers.  *  Voyez.  l'Hiftoire  géniale  des  Huns , 
par  M.  de  Guignes  ,  /.  1 1.  p.  428  ,  45  3.  /.  ili.jp.  7 , 

PAYERNE, 


PAY 


PAYERNE  ,  Paterniacus  y  ville  de  Suifle  ,  dans  le 
canton  de  Berne ,  fur  le  bord  de  la  Broyé ,  au  milieu 
d'une  belle  campagne ,  &  le  chef-lieu  d'un  gouverne- 
ment auquel  elle  donne  fon  nom.  Cette  ville  eft  peti- 
te ,  mais  jolie.  La  Broyé  coule  devant  l'une  de  fes  deux 
portes ,  ôc  on  la  palîc  fur  un  pont  de  pierre  ,  à  un  coin 
duquel  on  voit  cette  infeription  : 

Jovi  O.  M. 

Genio  Losi 

FORTUNE 

Reduci  Ap- 
pius  Augus- 
tus  dedica. 

*  Etat  &  Délices  delà  Suijje  ,  t.  2.  p.  339. 

Marius  ou  Maire ,  évêque  de  Laufanne ,  bâtir  ou  ré- 
tablit Payerne  en  J9J  ,  &  y  fonda  une  églife.  Dans  la 
fuite,  Berthe,  reine  de  Bourgogne,  environ  l'an  96a, 
y  fonda  une  riche  abbaye  de  Bénédictins ,  à  laquelle 
elle  attacha  de  grands  revenus ,  leur  donnant  la  fei- 
gneurie  de  la  ville  ôc  les  exemtant  de  toute  juiisdi- 
ction  ,  quelle  qu'elle  fût,  de  rois,  de  princes,  d'évê- 
ques ,  ôc  de  celle  des  papes  même.  Le  gouvernement 
de  ce  monailere  fut  donné  à  faint  Odilon ,  abbé  de 
Clugny  ,  qui  l'unit  à  fon  abbaye  de  Clugny ,  dont  1  ayer- 
.ne  fur  toujours  membre  ;  de  forte  que  depuis  ce  tems  , 
il  y  eut  en  ce  même  lieu  un  prieuré  conventuel ,  qui 
étoit  à  la  collation  libre  de  l'abbé  de  Clugny  ,  ôc  où 
il  devoit  y  avoir  trente  moines,  félon  un  règlement 
fait  en  1326.  Guilliman  dit  qu'il  y  a  des  actes  anciens 
de  leglife  de  Laufanne  ,  qui  attellent  que  Marius ,  évê- 
que d'Avranches,  avoit  bâti  une  églife  à  Payerne,  dans 
la  quatorzième  année  du  roi  Gontran  Mérovingien  en 
575.*  Longuerue  ,  Defcription  de  la  France,  partie  1. 
pag.   16  7. 

Les  Bernois  prirent  Payerne  fur  les  Savoyards  en 
1536  ,  chaiTerent  les  religieux  ,  &  établirent  à  leur  pla- 
ce un  adminiftrateur ,  qui  en  retire  les  revenus.  Les 
bourgeois  choifirent  leur  chef  de  juftice.  Ce  privilège 
vient  de  ce  que  Payerne  ,  dès  le  tems  qu'elle  étoit  fous 
la  domination  des  ducs  de  Savoye ,  fit  un  traité  d'al- 
liance défenfive  avec  ceux  de  Berne.  *  Etat  0/  Déli- 
ées de  la  Suijje  ,  t.  1.  p.  340. 

Il  y  a  à  Payerne  deux  grands  temples  ,  tout  proche 
l'un  de  l'autre ,  favoir  l'ancienne  églife  patoiliïale  ôc 
leglife  de  l'abbaye.  Ce  dernier  a  été  abandonne  a  eau  le 
de  fon  obscurité ,  ôc  on  en  a  fait  un  grenier.  On  peur 
encore  voir  la  hauteur  de  la  voûte  ôc  la  grandeur  des 
colonnes  qui  la  foutiennent.  On  dit  que  le  roi  de  Bour- 
gogne Rodolfe  II ,  y  eft  enfeveli  avec  Berthe  fon  épou- 
fe ,  fondatrice  de  l'abbaye  j  mais  quelque  recherche  qu'on 
fade  ,  on  ne  voit  aucune  trace  de  tombeau  ,  ni  la  moin- 
dre infeription.  Il  eft  vrai  qu'on  y  a  tout  renverfé,  quand 
on  y  a  bâti  le  grenier.  Le  clocher  a  été  confervé  ôc  on 
fe  fert  encore  de  fa  fonnerie.  Il  paroît  par  divers  mo- 
numens  de  l'hiftoire  que  les  derniers  rois  de  Bourgo- 
gne ont  aimé  le  féjour  de  cette  ville.  On  dit  que  Ro- 
dolfe, le  premier  de  ces  rois ,  en  fit  fa  réfidence  en  888. 
Les  habiians  de  Payerne  font  renommés  pour  leur  adres- 
fe  à  dreiïer  des  chiens  de  chaffe. 

Le  Gouvernement  de  PAYERNE  n'a  pas  le  titre 
de  bailliage ,  quoiqu'il  en  vaille  bien  un ,  par  fa  bon- 
té. C'eft  un  pays  uni ,  formé  de  grandes  campagnes , 
de  champs  ôc  de  prés  :  fon  terroir  elt  très  fertile  &  il 
eft  renommé  particulièrement  pour  fes  bons  pois  blancs. 
I.  PAYS  ,  partie  plus  ou  moins  grande  du  globe 
terreitre  ,  h*bitte  par  un  peuple  ou  par  plufieurs  na- 
tions différentes  ,  mais  confidérées  fous  une  même  no- 
tion. On  dit  de  l'Afrique  que  c'eft  un  pays  brûlé  par- 
les ardeurs  du  foleil  ;  que  la  France  ell  un  pays  où  les 
lciences  &  les  beaux  arts  ont  fait  de  très-grands  progrès  de- 
puis le  règne  de  François  premier  3  que  la  Hollande  ell 
un  pays  coupe  de  canaux  ,  évc. 

On  appelle  Pays  des  petits  cantons  dont  plufieurs 
font  enlemble  une  province ,  comme  le  pays  de  Çaux, 
Ôc  quelques  autres ,  compofent  h  Normandie.  Quel- 
quefois on  fousentend  le  njot  pays ,  comme  quand  on 
dit  Amplement  le  Vimeu ,  le  Pvuthku ,  &c. 


PAY       86$ 

Pays  fe  prend  quelquefois  pour  la  patrie  ;  on  dit, 
par  exemple,  pays  natal,  aimer  fon  pays ,  quitter le  pays , 
avoir  l'accent  de  jon  pays. 

On  appelle  le  Plat  Pays  en  termes  de  guerre,  la  cam- 
pagne où^  il  n'y  a  ni  villes ,  ni  fortereffes  ;  exemple  :  de 
dépit  de  n'avoir  pu  forcer  cette  ville ,  il  s'en  vengea  en  ra- 
vageant le  plat  pays. 

Un  pays  plat  e/t  autre  chofe.  C'en;  un  pays  qui  n'eft 
qu'une  vafte  plaine  ,  fans  montagnes  ni  hauteurs  bien 
remarquables.  Le  Bas-Poitou  ôc  l'Aunis  font  des  pays 
plats  dans  ce  fens  là. 

En  France  on  appelle  Pays  d'Etats  les  provinces  où  les 
impositions  fe  font  par  l'afiemblée  des  états  de  la  provin-. 
ce  ;  Pays  d'Eledion  ,  celles  où  il  y  a  des  généralités  ôc 
des  élections  établies  ;  ôc  Pays  d'Obédience,  les  provinces 
où  le  pape  nomme  à  certains  petits  bénéfices.  On  dit 
au\T\  Pays  Coutitmler ,  de  celui  où  l'on  fuit  une  coutume 
provinciale  &  locale ,  ôc  Pays  de  Droit  écrit ,  de  ce- 
lui où  l'on  fuit  le  droit  Romain.  On  appelle  prover- 
bialement Pays  de  Cocagne  ,  un  pays  où  l'on  fait  bon- 
ne chère  ôc  où  l'on  ne  travaille  guère.  On  a  dir  le 
pays  Latin  dans  le  fens  propre,  pour  lignifier  la  par- 
tie de  l'Italie  appellée  le  Latiumt  &  on  le  dit  figù- 
rément  pour  lignifier  à  Paris  le  quartier  de  l'Uni verfité. 
Les  gens  de  mer  appellent  P^ys-Somme  le  fond  où  U 
y  a  peu  d'eau.  Ils  dilcnt  aufli  Bas-Fond  pour  lignifier 
la  même  chofe. 

Le  mot  Pays  n'eft  qu'une  traduction  du  mot  Pagus; 
comme  les  mots  Paien  ôc  Payjan  viennent  de  Paga- 
nus.  Voyez,  Pagus. 

2.  PAYS,  illes  de  la  mer  des  Indes,  au  fud  des  iiles 
Marianes.  Elles  ne  furent  découvertes  qu'en  1697,  com- 
me nous  l'apprenons  par  une  lettre  du  père  le  Gain,  Jé- 
fuite.  Ces  iiles  font  au  nombre  de  trente  deux.  Il  y  en 
a  trois  qui  ne  font  habitées  que  par  des  oifeaux  -,  mais 
les  autres  font  peuplées.  On  les  nomme  : 


Pays  , 

Falait , 

Lamululutup , 

Caruvaruvong , 

Saraon , 

Ylaru  , 

Yaropie , 

Làmuliur, 

Valavyay , 

Tavas , 

Satavan  , 

Saypen, 

Cutac  , 

Tacaulap , 

Yfaïuc , 

Rapiyang, 

Piraulop, 

Tavon , 

Ytai, 

Mutacufan  » 

Pic, 

Piylu , 

Piga , 

Olatan , 

Lamurrec  , 

Palu  , 

Pue, 

Cucumyat , 

Piyaîucunung 

Les  trois  qui  ne  font  habitées  que  par  des  oifeaux  font  : 


Piculat  , 
Lettres  édifiantes 


Hulatan  , 


Tagian. 


t.  i.p.  11 


4.  '&fuh 


Lamurrec  eft  la  plus  confidérable  de  toutes  ces  if.es. 
C'eft  où  le  roi  de  tout  ce  pays  tient  fa  coût  -,  les  chefs 
de  routes  ces  habitations  lui  font  fournis.  La  premiè- 
re çonnoifiânce  que  l'on  a  eue  de  ces  ifi-s  a  été  un 
coup  du  hazard.  Le  père  Paul  le  Clain  .  Jéfuite  ,  étant 
arrivé  à  la  bourgade  de  Guivam  ,  dans  Tille  de  Samal, 
la  dernière  &  la  plus  méridionale  des  Pintados  orien- 
taux ,  où  il  faifoit  la  vifite  des  maifons  des  Séminai- 
res ,  avec  le  provincial  de  la  province ,  il  y  trouva 
vingt-neuf  des  habitans  de  ces  iiles  Pays,  que  les  vents 
delt  qui  régnent  farces  mers,  depuis  le  mois  de  Dé- 
cembre jusqu'au  mois  de  Mai ,  y  avôiént  jettes  à  trois 
cens  lieues  de  leurs  iiles.  Ils  s'étoient  embarqdés  fur  de 
petits  vaiffeaux  au  nombre  de  trente-cinq ,  p.  ur  paffec 
a  une  iile  voiline ,  qu'il  leur  fut  importable  de  gagner, 
ni  aucune  autre  de  leur  connoiffance ,  à  caufe  d'un  vent 
violent  qui  les  emporta  en  haute  mer  ,  où  ils  voguè- 
rent foixante  ôc  dix  jours  ,  fans  pouvoir  prendre  ter- 
re ,  jusqa'à  ce  qu'enfin  ils  fe  trouvèrent  à  la  vue  de 
la  bourgade  de  Guivam,  où  un  Guivamois,  qui  étoit 
au  bord  de  la  mer,  leur  fervit  de  guide,  ôc  les  fit  en- 
Irai.  IV.   Ri  rrc 


866      PAY 


PAY 


trct-  au  port  le  28  de  Décembre  1696.  Il  en  étoit  mort 
fix  pendant  leur  courte.  Les  habitans,   accourus    fur 
le  rivage,  leur  apportèrent  du  vin  ôc  des  rafraîchiffe- 
mens.  Ils  mangèrent  des  cocos ,  des   racines  appellées 
Pahvari;  mais  ils  ne  voulurent  point  de  riz,  le  prenant  pour 
des  vermifièaux.  On  fit  venir  deux  femmes  que  la  tem- 
pête avoit  autrefois  jettées  fur  la  même  côte  de  Guivam, 
&  qui  ,  fâchant  un  peu  la  langue  de  ce  pays ,  leur  fervi- 
rent   d'interprètes.  Ce  fut  par  ce  moyen  qu'on  apprit 
qu'il  confiftoit  en  trente-deux  ifies.  La  ft  maure  de  leurs 
petits  vaifleaux  ôc  la  forme  de  leurs  voiles ,  qui  font 
les  mêmes  que  celles  des  Marianes ,  firent  juger  que  les 
ifles  Pays  n'étoient  pas  fort  éloignées  de  ces  dernières. 
Le  père  le  Clain  dit  que  c'eft  une  des  ifles  Pays  qu'on 
découvrit  de  loin  en  1686.  Les  uns  l'avoient  appellée 
la  Caroline ,  du  nom  de  Charles  II ,  roi  d'Espagne ,  ôc 
les  autres  l'ifle  de  Saint  Barnabe  ,  parce  qu'on  la  décou- 
vrit le  jour  de  la  fête  de  cet  Apôtre.  Elle  fut  encore 
vue  en  1 696  ,  par  un  vaifleau  que  la  tempête  obligea 
de  changer  de  route  ,  en  allant  de  Manille  aux  Ma- 
rianes.  Le  gouverneur   des  Philippines   avoit  fouvent 
donné  ordre  au  vaifleau  qui  va  presque  tous  les  ans 
auxMarianesde  chercher  cette  iflejmais  ces  ordres  avoient 
toujours  été  inutiles.  Au  rapport  de  ces  étrangers ,  ces 
ifles,  jusqu'alors  inconnues,  font  extrêmement  peuplées. 
Quand  on  leur  demanda  quel  étoit  le  nombre  des  ha- 
bitans ,  ils  prirent   un  monceau  de  fable  ôc  de  pous- 
fiere ,  pour  faire  entendre  la  grande  multitude  d'hom- 
mes qu'on  y  trouve.   Quoiqu'ils  fuffent  à  demi  nuds, 
îls  avoient  des  manières  ôc  un  certain  air  de  grandeur, 
qui  faifoient  connokre  qu'ifs  avoient  des  fentimens.  Il 
fe  trouvoit  parmi  eux  un  chef  d'habitation  avec  fa  fem- 
me qui  étoit  fille  du  roi.  Le  mari  avoit  le  corps  peint 
de  certaines  lignes  dont  l'arrangement  formoit  chverfes 
figures.  Les  autres  hommes  de  la  troupe  avoient  auflî 
quelques  lignes ,  femblables ,  les  uns  plus ,  les  autres 
moins.  Mais  les  femmes  ôc  les  enfans  n'en  avoient  point. 
Le  tour  &  la  couleur  de  leur  vifage  approchent  aflez 
du  tour  ôc  de  la  couleur  du   vifage  des  habitans  des 
Philippines.  Les  hommes  n'ont  point  d'autre  habit  qu'u- 
ne espèce  de  ceinture  qui  leur  couvre  les  reins  ôc  les 
cuifles ,  ôc  qui  fait  plufieurs  tours.  Ils  ont  fur  leurs 
épaules  plus  d'une  aune  ôc  demie  de  grofle  toile ,  dont 
ils  fe  font  une  espèce  de  capuchon  qu'ils  lient  par  de- 
vant, ôc  qu'ils  laiflent  pendre  négligemment  par  der- 
rière. Les  hommes  ôc  les  femmes  font  habillés  de  la 
même  manière  •  excepté  que  les  femmes  ont  un  linge 
un  peu  plus  long ,  qui  descend  depuis  la  ceinture  jus- 
qu'aux genoux.  Leur  langue  eft  différente  de  celle  des 
Philippines ,  ôc  même  de  celle  de  ifles  Marianes.  Leur 
manière  de  prononcer  approche  de  celle  des  Arabes. 
La  femme  qui  paroiflbit  la  plus  confidérable  avoit  plu- 
fieurs anneaux  ôc  plufieurs  colliers  d'écaillé  de  tortue , 
ou  d'autre  matière  qui  étoit  inconnue  ,  &  qui  reflèm- 
bloit  aflez  à  de  l'ambre  gris.  Pendant  les  foixante  ôc 
dix    jours  qu'il  avoient  été  fur  l'eau  à  la  merci  des 
vents .  ils  avoient  vécu  du  poiflbn  qu'ils  prenoient ,  ôc 
ne  buvoient  point  d'autre  eau  que  celle  que  la  pluie 
ler.r  fourniflbit.  Comme  ils  n'ont  point  de  vaches  dans 
leurs  ifles ,  ils  voulurent  s'enfuir,  quand  ils  en  virent, 
auflî  bien  que  quand  ils  entendirent  aboyer  un  petit 
chien.  Ils  n'ont  point  non  plus  de  chats  ,  ni  de  cerfs, 
ni  de  chevaux  ,  ni  généralement  aucune  bête  à    qua- 
tre pieds  :  ils  n'ont  même  guère  d'autres  oifeaux  que 
ceux    qui  vivent  fur   la  mer.   Ils  ont  cependant  des 
poules  dont  ils  fe  nourriflent ,  mais  ils  n'en  mangent 
pas  les  œufs.  Malgré  cette  difette  de  tant  de  chofes, 
ils  font  gais  ôc  contens  de  leur  fort.  Ils  ont  des  chants 
&c  des  danfes  aflez  régulières.  Us  chantent  tous  enfem- 
ble  ,  ôc  fout  les  mêmes  geftes ,  ce  qui  a  quelque  agré- 
ment. Il  n'a  point  paru  qu'ils  enflent  aucune  connois- 
fance  de  la  divinité ,  ni  qu'ils  adoraflent  les  idoles.  On 
n'a  remarqué  en  eux  qu'une  vie   toute  barbare.  Tout 
leur  foin  efl  de  chercher  à  boire  ôc  à  manger.  Ils  ont 
une  grande  déférence  pour  leur  roi  ôc  pour  les   chefs 
de   leurs  bourgades    ou    habitations.    Ils    n'ont  point 
d'heures  réglées  pour  leurs  repas  ;  ils  boivent  ôc  man- 
gent en  quelque  tems  ôc  en  quelque  endroit  que  ce 
foit ,  lorsqu'ils  ont  faim  ou  foif,  &  qu'ils  trouvent   de 
quoi  fe  contenter.  Mais  ils  mangent  peu  à  chaque  fois, 


ôc  ils  ne  font  point  de  repas  aflez  fort  pour  fuffirc  à 
toute  la  journée.  Leur  civilité  ôc  la  marque  de  U 
respeél  confifle  à  prendre  la  main  ou  le  pied  de  ce- 
lui à  qui  ils  veulent  faire  honneur,  &  à  s'en  frace* 
tout  doucement  tout  le  vifage.  Ils  avoient  parmi  kurs 
petits  meubles  quelques  feies  faites ,  non  de  fer ,  mais 
d'une  grande  écaille  qu'on  appelle  dans  le  pays  Tatla- 
bo  ,  &c  qu'ils  aiguifent  en  la  frotant  contie  certaines 
pierres.  Ils  avoient  aulfi  une  feie  de  fer  de  la  lon- 
gueur d'un  doigt,  &  ils  parurent  fort  étonnés  a  l'cc- 
cafion  d'un  vaifleau  marchand  qu'on  bâtiflbit  à  Gui- 
vam ,  de  voir  la  multitude  des  inftrumens  de  charpen- 
terie  dont  on  fe  fervoir.  Ils  n'ont  point  ce  métaux  dans 
leur  pays.  Leurs  armes  font  des  lances  ou  des  traits 
faits  d'oflemens  humains.  Ils  font  naturellement  fort  pa- 
cifiques. Lorsqu'il  arrive  entre  eux  quelque  querelle,  elle 
fe  termine  par  quelques  coups  de  poing  qu'ils  fe  don- 
nent fur  la  tête  ^  ils  ont  cependant  du  feu  &  de  la  vi- 
vacité. Ils  n'ont  pas  tant  d'embonpoint  que  les  habi- 
tans des  ifies  Marianes >  mais  ils  font  bien  proportion- 
nés ôc  d'une  raille  à  peu  près  fcmblable  à  celle  des 
Philippinois.  Les  hommes  ôc  les  femmes  laificnt  croî- 
tre leurs  cheveux ,  qui  leur  tombent  fur  les  épau- 
les. 

PAYS-BAS  ,  Bclgium ,  contrée  de  l'Europe ,  com- 
pofée  de  dix-fept  provinces,  fituées  e>ne  l'Alle- 
magne ,  la  France  ôc  la  mer  du  Nord.  Le  nom  de  Pays- 
Bas,  appelle  en  allemand  Nidderland  ,  ôc  en  flamand 
Nederlarid,  a  été  donné  à  ces  pays,  a  caufe  de  leur 
fituation  à  l'égard  de  l'Allemagne ,  ôc  parce  qu'ils  font 
dans  un  terrein  fort  bas,  ôc  cnplufieuis  endroits  plus 
bas  même  que  l'Océan.  Ces  provinces  des  Pays-bas, 
poflédées  long  tems  par  plufieurs  feigneurs,  furent  en- 
fin réunis  par  l'Empereur  Charles  V ,  de  la  maifon 
d'Autriche,  qui  joignit  à  ce  que  les  pères  lui  aboient 
laiffé  le  duché  de  Gueldres ,  le  comté  de  Zutphen  ôc 
les  feigneuries  d'Uttccht,  d'Over-lflel  ôc  de  Gronin- 
gue.  Ces  dix-fept  provinces  ainfi  unies  dans  un  feul 
corps,  étoient  les  duchés  de  Brabant,  de  Limbourg, 
de  Luxembourg  &  de  Gue  dres  ;  le  marquifat  d'Anvers, 
appelle  le  Marquifat  du  Saint  Empire  ;  les  comtés  de 
Flandres ,  d'Artois ,  de  Hainauh  ,  de  Hollande ,  de 
Zeclande ,  de  Namur  ôc  de  Zutphen  ;  ôc  les  feigneu» 
ries  de  Frife  ,  de  Malines ,  d'Utrecht  ,  d'Over-lflel  & 
de  Groningue  *  Longuerue ,  Defc.  de  la  France ,  part. 
2.  p.  3. 

L'empereur ,  duc  de  Brabant ,  prenoit  les  titres  de 
toutes  ces  provinces ,  tant  des  grandes  que  des  peti- 
tes ;  c'eft  à  caufe  des  dix-fept  titres  qu'il  portoit  qu'on 
a  compté  dix-fept  provinces  des  Pays-Bas.  Cette  divi- 
fion  néanmoins  n'étoit  pas  jufle ,  par  rapport  au  gou- 
vernement ;  car  le  Marquifat  du  Saint  Empire  étoit 
tellement  uni  ôc  confondu  avec  le  Brabant ,  qu'Anvers, 
en  quoi  confifle  le  marquifat ,  étoit  chef  de  l'un  des 
quatre  quartiers  du  duché  de  Brabant  ;  ôc  le  comté  de 
Zutphen,  joint  à  la  Gueldres,  ne  faifoit  qu'un  des 
quartiers  de  ce  duché.  D'un  autre  côté  la  châtellenie 
de  Lille  faifoit ,  avec  le  bailliage  de  Douay  ôc  d'Or- 
chies ,  une  province  féparée  de  la  Flandres.  Charles 
V  ,  outre  cela  ayant  ôté  à  la  France  Tournay  &  le 
Toumefis ,  voulut  que  cette  ville  ôc  Ces  dépendances 
fiflent  une  province.  Enfin  Valenciennes ,  quoiqu'eu- 
clavée  dans  le  Hainault  ,  en  étoit  cependant  féparée. 

Sous  Philippe  II  ,  roi  d'Espagne ,  les  habitans  des 
provinces  des  Pays-Bas  fe  révoltèrent  ôc  ils  ne  pu- 
rent eonferver  que  les  neuf  plus  méridionales  ;  les  huit 
autres  qui  font  au  nord  fecouerent  le  joug  des  Espa- 
gnols ôe  formèrent  une  république  qui  efl  la  plus  puis- 
fante  de  l'Europe.  On  les  nomme  les  «Provinces- 
Unies  ;  ôc  les  autres  furent  appellées  les  Pays-Bas 
Catholiques,  parce' que  les  Espagnols  y  maintinrent  la 
religion  catholique  ;  au  lieu  que  dans  les  provinces- 
unies  le  Calvinisme  devint  la  religion  dominante.  Voyez. 
au  mot  Province  ,  l'article  Provinces-Unies.  Voyez. 
aufll  Pays-Bas  Catholiques. 

Les  PAYS-BAS  CATHOLIQUES  font  finies  du  côté 
du  midi ,  &  font  nommés  Catholiques  ,  parce  que  la  reli- 
gion catholique  y  efl;  feule  reçue  dans  la  plus  grande 
partie  des  provinces.  Les  Hollandois  ayant  fait  des 
conquêtes  en  Brabant  ôc  en  Flandres,  ôc  les  François 


PAY 


PAY 


s'étant  rendus  maîtres  de  l'Artois  8c  de  plufieurs  pla- 
ces voifines  de  la  France  en  d'autres  provinces ,  Je  relie 
qui  étoit  demeuré  au  roi  d'Espagne  ,  fut  nommé  le 
Pays  Bas  Espagnol  ,  &  ce  Pays-Bas  Espagnol  ayant  été 
cédé  à  la  maifon  d'Autriche  par  les  traités  d'ÎJtrecht, 
de  Radltat  &  de  Bade,  on  nomme  ces  provinces  les 
Pays-Bas  Autrichiens,  ou  le  cercle  de  Bourgogne,  par- 
ce que  les  pays  obéilTans  à  la  maifon  d'Autriche  com- 
pofent  aujourd'hui  ce  cercle;  le  rerte  qui  ell  fournis  à 
la  France  ôc  aux  Etats  Généraux  étant  entièrement  fé- 
paré  de  ce  cercle.  En  traitant  de  chaque  province, 
nous  marquons  ce  qui  eft  fujet  aux  différentes  puis- 
fances.  *  Longuerue  ,  Description  de  la  France ,  part. 
2.  p.  47. 

Voici  la  divifion  des  dix-fept  provinces  des  Pays- 
Bas  ,  félon  Sanfon.  Je  la  donne  fans  aucun  change- 
ment pour  les  raifons  que  j'ai  dites  ailleurs. 

TABLES  DES  DIVISIONS  DES 

dix-fept  Provinces  des  Pays-Bas. 


Les  duchés  de 


Les  comtés  de 


Les  dix- 
sept  Pro- 
vinces 
des  Pays- 
Bas  font, 


Brabant, 
Limbourg, 
Luxembourg , 
,  Gueldres. 

^Flandres , 
V  Artois, 

\Hainault, 
pfNamur  , 

yHoilande, 
/Zeelande , 
(^Zutphen. 


Le  Marquisat  du  St< 
Empire. 


Les  Seigneuries  de 


Dans  les  \ 
Pays-Bas 
Jontericla- 
•  vés 


L'arch 

VECHÉDE 

L'evf.ché 

DE 


Anvers^ 

'Malines, 
|Utrecht , 
.Ove-r-Iflel  , 
Groningue  , 
Wdt-Frife. 


c_  <  Cambray. 
Liège. 


Le  du- 
ché  DE 
Brabant 
fedivijeen 


Brabant  HollandoiS' 


Limbourg  Espagnol. 


Le  du- 
ché de 
Lim- 
bourg , 
fe  divije  en 


Limb.  Hoilandois. 


r  Bruxelles, 
Louvain , 
Aerschot, 
Sichem  , 
Tillemonr , 
Dielt, 
Halem, 
Lcuwc- 

Landeti , 
Hannuy  , 
Judoigfie, 
Gemblours, 
Nivelle, 
Vilvorden  , 
Liere , 
Herentals, 
Santvliet, 
Hochftrate , 
i  Turnhour. 
f  Brabant  Espagnol.  *  Arendonck  , 

Scherpenheuvel , 
Moll, 
Walheim , 
Wavre , 
Genape  , 
Vueren , 
Anche, 
Cantecroy , 
Perv/ys  , 
Sombref, 


Le  du- 
ché DE 
Luxem- 
bourg fe 
divife  en 


Luxembourg  Espa- 

GNOLi 


Tiliy. 
Reuez , 
Heuerle , 
Gaeibeck , 
Lew, 
GeftaViromponti 

L'ummen. 

Maftricht , 

Boisleduc  , 

Breda  , 

Berg  op  Zoom  j 
[Grave, 
JLillo, 

lMeghem , 
iHelmont , 

Endohoven, 
[Ravenftein  t 
[Steenbergen, 
iCuyck , 
[Oirschot , 

Oofterwyck, 

Eerfel  , 

Oudenbos  ,1 

Rofendal. 

'Limbourg, 

Kcrpen  , 

Lomcrfum  j 
[Oepen, 
fBalen  , 
.Walhorn  , 
J  Mont  zen  , 
'Herue , 

Spremont , 

Argenteau  , 
'Nouagne. 

'Wych, 

-alcra  , 
=  auquemont , 
R olduc , 
1  Schurlack  , 
Honsbrouck. 
pBaltogne  ,  g 
Arlon , 
Chiny  , 
Marche , 
Roche  4 
Rochefort, 
Durbuy , 
Salme , 
S.  Wyt , 
Homfalife , 
Hoefingcn  , 
Clervaux , 
Diekry  , 

'iane, 
Bidburg , 
Dudelftorf, 
Keyel , 
:.chter , 
WalTerbillick , 
Greven  Macheren, 
îlemich  , 
Virton  , 
Neuchaflel , 
Herbemonc, 
Orçhimont, 
Villance  , 
Bohemale , 
Hotton , 
c.çch , 

Brandenbourg  i 
Mersche  , 
La  Rochette , 
Ltnftre  , 
Soleurre  , 
Bettir.gen  , 
Breitbach. 


Tarn.  IV.  R  r  r  r  r  ij 


868       PAY 


Luxembourg  Fran- 
(,     cens. 


Betuwe. 


Veluwe. 


Le   du- 
ché de    i 
Gueldres  » 
fe  dïvife 
en 


Gueldres. 


I 


ZUTPHEN. 


.Luxembourg  , 

Thionville , 

Montmedy , 
[Tuoix, 
IDamvilliers  , 
.Merville , 
'  La  Ferré  , 

Konings  Machers 

Rodembach , 
•Esche. 

■Nimegue , 

Bommel, 
jTiel, 

Buren  , 
iCulenbourg , 

Linden  , 

Batenburg, 
•Fort  de  Schenk. 

/^Arnhem  , 
V  Hardeiwick  , 

lElburg, 
J~  Hattem  , 

JWageningen , 
/ifeloort , 
(^Rofendacl. 

iRuremonde , 

Gueldres, 

Venloo , 
iWachcendonck, 
IStralem, 
.Erkclens , 
[Stephanwert, 

Montforc, 

Kcflcl , 
•Brey. 

<  Zutphen. 


PAY 


Dans  les  Terres. 


{ 


La  Flan- 
dre 
Francoi- 
se  ,  oujont 


Gand, 
Bruges , 
Courtray  , 
Ooudenarde , 
Aloft, 

Ç  Flandre  Espagnole,  j  Oftende, 

•  Damme , 
Dixmude, 
Deynfe, 
Ninove, 
Gramont , 
l  Rupelmonde. 


Le  COM- 
TÉ DE        / 

Flan- 

DREfe 

divife  en 


Flandre   Hollan- 
doise. 


I  Flandre  Françoise. 


'L'Esclufe , 

Hulft, 
lAxel , 

Ardenburg , 
iBiervliet  > 
'Ifendick  , 

Sas  de  Gand, 
•Oofterburgh. 

.Caflandria , 
Philippine , 
|Terneufe  , 
.Middelbourg, 
fBouchoute, 
.Doel. 

fLille, 
Tournay  * 
Douay , 
Cartel , 
Ypres , 
Bailleul , 
Roulers , 


Vers  la  Mer. 


Le  comte  d'Artois  ,  oh  font 


Armcntiercs, 
LaBaflee  , 
L'Esclufe, 
Orchies  ♦ 
S.  A  m  and, 
Lannoy , 
Warnefton, 
Commines  , 
Warwick, 
Menin , 
Eftayre, 
.  PoperinguG. 


/'Dunkerque, 
V  Gravelines, 

^Berg    S.    Wï- 
ii     nock , 
•  J  Fumes , 

/Bourbourg, 
(__Mardick. 


.  Arras , 
S.  Orner  , 
Ayre, 
Be  thune, 
Hesdin, 
Lens , 
Bapaumcs, 
S.  Venant , 
S.Pol. 
Lillers, 
Pernes . 
Lifbour 
Renty  , 
Blangis , 
Frellîn , 
Douriers  , 
La  Broyé , 
Auxy  le  Châtean  » 
Avesne   le  Com- 


< 


Hainault  Espagnol. 


Le  com 

té  de  Haï/ 
nault  ■ 
fe  divife  en 


.Hainault  François. 


te, 
Bucquoy  , 
Pas , 
Oyfy, 
Alleux , 
Riquebonrg, 
La  Gorguc, 
Epinoy. 


"Ath, 

Binche , 

Fontainel'Evéque» 
I  Ligne, 
[Beau mont , 
|Le  Rœulx  , 
JSoignies, 
kBraine  le  Comte  1 
lEnghien, 
(Halle, 
jLeiïines, 
f  Chimay , 

Chievres , 
.S.  Ghrflain. 

'Mons , 

Valenciennesj 
iBavav  , 
IMaubeuge , 
JCondé  , 
'Bouchain  , 
.Prcequencour,' 
iLandiecies, 
ÏLe  Quesnoy , 
'Avesnes , 

Marienbourg  , 
kPhilippeville. 


PAY 


PAY 


869 


Le  comté  di  Namur. 


Sud  Hollande. 


Le  com- 
té DE 
HoLLAN- 

de/<?  divi- 
fe  en 


Nort-HollAnde.  ) 


'Namur , 
LCharlcroi  j 
'Bouvines , 
ICharlemont , 
Valcour. 

f  D01 drecht  3 

Harlem , 

Dclft , 

Leyden , 

Amfterdam , 

Gouda  , 

Rotterdam , 

Gorcum, 
\  Schiedam  , 

Schoonhoven , 

S.  Gravefande , 

S.Germiydenbcrg, 

Heusden , 

Worcum , 

Viaiien  , 

Woerden , 

Oudewater , 

Yfelftcin. 


Le  com- 
té de 


L'Isle  de  Zuyd-Beve-  rGocs, 
land.  <  S.  Martin  , 

uyningeii. 


{Go 
SA 
Gn 


< 


rZiriczée, 
L'Isle  de  Schouwen.  /  Brouweishaven, 

LVyanen» 

S  Tolen , 
L'Isle  de  Tolen.     1  S.  Manensdycfc. 

'ISLE   DE  NoRT-BeVE" 
LAND. 

L'Isle  de  Wolfers- 


DE 


{ 


Beveland. 


DYCK. 


Ci 


Asperen , 

I  Hockelem , 

1  Leerdam , 

1  Weesp , 
_/Muyden  , 
P^w/Sud-HollANDe  -\Klundert  , 
font  encore  JWillemftadt , 

La  Haye  , 
KatwyckopZée  » 
Noriwyck. 


Le  comté  deZutphen. 


)  Sabbinge. 


(•Zutphen , 

Doesbuig, 

Grol  , 

Borckelo  , 

Lochem  , 

Dotekum , 
J  Brevoord , 

Lichtenforde, 

S.  Heerenbeig  C. 

Anhott , 

Werdt , 

Burch , 

Baer , 
.Eybergen, 


Le  Marquisat  du  S.  Emp.  An-  ,  . 
vers.  \ 


{_BrieI , 


VOORN  , 

\  Goerée. 
LesIs-1  ^oeree, 

les  de  10vERFLAKÉE"£Somerdyck» 

Sud-     JPutten,        <Geervliet, 
Hol-    ] 

lande  JBeyerland  ,S  Beyerland , 
font       I  ' 

Kordyc  k,     S  Kordyck  , 

5  • 

•Iselmonde.  \  Iftlmonde. 

Al.knaer 
Horn  , 
Enckhuyfen, 
Edam  , 

Munickedàm> 
Mcdcmbiick, 
Purmerendt , 
Nort-Hollanbe  ,  ou<^  Beverwyck. 


La  Seigneurie  de'  Malines. 


{ 


Malines. 


La  Seigneurie  d'Utrecht. 


Sallant. 


West-Frieslande. 


Vorraet , 
Schermer , 
Beemfler , 
Egmont , 
Petten, 
Schagen  t 
Ninckeh 


Utrecht , 
Amersforc , 
Montfort  , 
Wyckte  Duerfted, 
Rhcnen, 
Bieukelen , 
\  Kronenburg 
Abcoude , 
Kainrick  , 
Coekcnge, 
VreeSwick, 
Ameronge. 


Devenrer , 
Campen , 
Zwol, 
Haffelc , 
Stcenwyck, 
BJoczyll , 
Kuynder  , 
Vollenhove  » 
Swartzfluys , 
Giamsbergue, 
Hardenberg , 
.  Oramen. 


< 


Le  comté  j 
de  HoL-i  Les  IslesI 

LANDe/<?\     DE  LA 

divifeen        Nort- 

J  HoLLAN 

1  Défont 

l 


»Texei  ', 
Eyerlandt, 
Vlielandt  , 
Schelling, 
Grind  , 

IWieringen  , 
Urck  , 
.Eno. 


La  S  fi 

gneurie 
d'Over- 
Issel  fe 
div'xfe  en 


TWENTE. 


Olterland. 


("L'Isle  dsValcheren." 

I 


Middelburg , 
(Fleflingue, 

Veere,      9 
'  Armuyden , 

Ramekens. 


Drente. 


■Oldenzael, 
Enschede, 

'Goer , 

'Diepenheim, 
Ottmarfum  , 

"Denecham. 

/"Covorden , 
iMeppel, 

lRuynen  , 
i£  Arfen  , 

JValteschans, 
/Holeschans  , 
(^Groningue. 


870       PAY 


PAY 


La  Seigneurie  de  Groningue. 


■Dclfzyll, 
Dam , 

Winschooten , 
iBourtang  , 
|Bellingwold , 
.Boon, 

jLange  Aker  j 
'Milwolde , 

Winschooter , 

Soltcamp, 
•Bourtang. 


OSTERGOE. 


ft 

*•  Y 


Leewarden, 

ockum  , 
Jitmershorn. 


Westergoe. 


La  Sei- 
gneurie 
deWest- 
Frije. 


r«Franeker , 
Harlingen, 
Sneck, 

,  Bolswaerr , 

'Slooreti , 

,Sraveren , 
Hindelopen , 
Worcum , 
M, 

'Mackum. 


rSlyckenborg . 
Sevenvolden.       J  Hcerenveen, 
LSonega. 


L'Isie  d'Ameland. 

L'IstE    DE  ScHIERMON- 
KOOGH. 


^Hollum. 


"  Cambray  , 

p-    L'Archevêché  de 

\  Caceau-Cambrefis 

Cambra  y. 

y  Crcvecœur , 

[_  Prémont. 

•  Liège , 

Dinant  , 
Tongres , 
Huy  , 

Dans  les 

Bouillon , 

Pays-Bas  . 

S.  Hubert , 

font  encla-^ 

Chiney , 

yés 

Spa, 

Franchimont, 
Borchworm , 

S.  Tron , 
Borchloen  , 
Vifer , 

L'Eveché  de  Liège en  \ 
Souverainet  é  àfon  évé  i 

Bvlfen , 

Haflclr , 

*  fiée. 

Stockem , 
Mafeyck , 
Horn  , 
Hamont , 

• 

Wert , 
Peer , 
Bray  , 
Herck , 
Chaftellet, 
Tiruyn , 
Foffé  , 
Couvin  , 

{ 

Fumay  , 

Rcvin. 

PAYS  DE  CUYCK,  contrée  des  Pavs-Bas,  dans 
I  étendue  des  Provinces-Unies,  fur  laMeufe,  au-deflus 
de  Kaveitcin.  C'étoit  autrefois  un  comté  libre  &  in- 
dépendant ,  tant  des  ducs  de  Brabant ,  que  des  com- 
tes ou  ducs  de  Gueldres.  Herman  ,  comte  de  Cuyck  , 
ayant  tue  Florent,  comte  de  Hollande,  fut  condam- 
ne comme  criminel,  par  l'empereur  Lorhaire,  l'an 
ii 28,  &  cet  empereur  le  priva  du  titre  de  comte  & 
de  tous  fes  honneurs.  Gérard ,  comte  de  Gueldres 


qui  avoit  réduit  Herman  par  la  force  des  armes,  lui 
Enfla  8c  à  fes  fucceffeurs  la  feigneurie  utile  de  ce  pays, 
s'en  réfervant  le  haut  domaine.  Les  feigneurs  de  ce 
pays  tâchèrent  fouvent  de  l'affranchir  du  joug  des  com- 
tes 8c  des  ducs  de  Gueldres  ;  Se  Othon ,  Seigneur  de 
Cuick,  fe  reconnut  feudataire  de  Jean  II,  duc  de  Bra- 
bant ;  ce  qui  n'empêcha  pas  ceux  de  Gueldres  de  réu- 
nir ce  pays  à  leur  domaine  ,  où  il  demeura  jusqu'à  ce 
que  Charles ,  duc  de  Bourgogne ,  s'étant  emparé  du 
duché  de  Gueldres ,  il  en  détacha  le  pays  de  Cuick, 
&  l'unit  au  Brabant.  *  Longuerue ,  Defcr.  de  la  Fran- 
ce, part.  2.  p.  $j. 

L'empereur  Charles  V  donna  le  pays  de  Cuyck  en 
engagement  à  MaAimilien  d'Egmont,  comte  de  Buren, 
dont  Guillaume ,  prince  d  Orange ,  époufa  la  fille  8c 
unique  héritière.  Par- là  les  princes  d'Orange  de  la 
maifon  de  Naffau  ont  eu  la  feigneurie  de  Cuyck,  jus- 
qu'à Guillaume,  roi  de  la  grande  Bretagne  ;  8c  cette 
feigneurie  de  Cuyck  fait  aujourd'hui  partie  de  la  fuc- 
ctflïon  d'Orange. 

PAYS  ENTRE-DEUX-MERS.  Voyez  l'article  En- 
tre-deux Mers. 

PAYS  ENTRE-SAMBRE  ET  MEUSE  ,  contrée  des 
Pays-Bas,  Se  dont  le  nom  défigne  la  Situation.  Ce 
pays  obéit  pour  la  plus  grande  partie  à  l'évêque  de 
Liège  ;  mais  il  reconnoît  aufli  d'autres  princes.  Il  eft 
environné  des  provinces  de  Champagne ,  de  Hainault, 
de  Namur  8c  de  Luxembourg.  On  l'appelloit  autre- 
fois le  pays  de  Lomme  ,  en  latin  Tagus  Lommenfîs , 
Laumenfts ,  Lummcnfis ,  8c  Lomacenfîs.  Il  dépende  ic 
du  royaume  de  Lorraine  ou  d'Aufirafie,  8c  il  croie 
entre  le  Hainault  8c  la  Hasbanie ,  dont  la  nouvelle 
Hasbaye  n'elt  qu'une  partie.  Les  évêques  de  Liège  y 
devinrent  de  puiffans  feigneurs  temporels  <  lorsque , 
fur  la  fin  du  neuvième  fiécle  ,  l'empereur  Arnould  , 
roi  de  Lorraine  &  de  Germanie,  donna  à  Franco, 
évêque  de*  Liège  8c  à  fon  églife  l'abbaye  de  Lobbe, 
à  laquelle  appartenoient  alors  cent  cinquante-trois  vil- 
lages ,  8c  entre  autres  Tuin  ,  où  l'évêque  Notker  fit 
faire  une  fortereffe  pour  la  defenfe  de  l'abbaye  8c  de 
la  marche  épiscopale  ,  c'eft-à-dire  du  pays  qui  éroit 
fous  la  feigneurie  temporelle  de  l'évêque  de  Liège. 
Elle  fut  depuis  augmentée  par  le  don  8c  la  vents  que 
fit  à  l'églife  de  Liège  Baudouin ,  dit  Hierufalcm  ,  com- 
te de  Hainault  8c  de  Flandres ,  de  la  ville  de  Couvin, 
8c  de  tout  ce  qui  en  dépendoit ,  depuis  la  Meufe  jus- 
qu'aux confins  des  terres  de  Chimay  ,  de  Beaumont 
8c  de  Rtimigny.  Les  principaux  lieux  de  ce  pays 
font, 


Tuin  , 
Le  FofTé  , 
Fleurinnes, 
Couvin  , 


Fumay , 
Revin , 
Mariembourg, 
Philippeville. 


*  Longuerue ,  defcr.  de  la  France,  part.  2.1  p.  131. 

PAYS  DE  NUITS.  Voyez.  Nuitz. 
PAYS  D'OUTREMER,  Tr ammarin* partes  8c  VU 
tramarma  regio  :  On  donnoit  ce  nom  autrefois  à  ces 
régions  de  l'Afie  qui  font  près  de  la  mer  Noire  8c  de 
la  mer  Méditerranée.  On  y  comprenoit  l'Arménie, 
l'Anatolie,  la  Syrie  ,  l'Arabie  8c  l'Egypte  ,  pays  fitués  au- 
delà  de  la  mer  par  rapport  à  l'Europe.  Ce  nom  a  été 
fur-tout  en  ufage  du  tems  des  Croifades  pour  la  con- 
quête de  la  Terre  Sainte. 

PAYS  RECONQUIS.  Voyez,  Boulenois. 
PAYS  REUNIS ,  nom  que  l'on  donne  à  un  grand 
nombre  de  fiefs ,   divifés  en    fiefs  relevans    des  évê- 
chés  de  Metz ,    Toul    8c  Verdun  ,    en    fiefs  compris 
dans  la  Baflé-Alface ,  8c  en  fiefs  mouvans  des  comtés 
de  Chini.  Ceux  qui  ont  été  réunis  dans  l'étendue  des 
trois  évêchés  font  le  duché  de  Deux-Ponts,  les  com- 
tés de  Veldentz,  de   Sarbruck,  de  Sar-Albe,  de  Sar- 
bourg,  de  Saverden  ,  de  Bitc  1  &  de  Morangc;  les  ba- 
ronnies  de  Crehange  8c  d'Oieiitein  ;  Scies  feigneuries 
d'Otwdler,  de  Boufleviller  8c  d'Ochfenitein  ,  avec  plu- 
fieurs  autres   terres  fituées  en  Lorraine.  Ceux  qui  pos- 
fédoient  ces  états  dévoient  en  faire  les  reprifes  des  évê- 
ques IMis  peine  de  cominife;  mais,  pendanr  un  espa- 
ce de  plus  de  cent  ans  ces  évêques  >  ayant  négligé  les 


PE 


droits  dépendans  de  leur  églife ,  leurs  va/Taux  profite- 
renr  de  cette  négligence  ,  Se  ceffcrenr  de  faire  les  re- 
ptiles. Cela  avoit  diminué  confidérablemenc  le  domai- 
ne de  ces  évêchés.  Mais  ,  comme  c'étoient  des  prin- 
cipautés eccléfiaftiques  de  l'Empire,  indivifiblcs  &  im- 
prelcriptibles  de  leur  nature,  cédées  à  la  France  par 
le  traité  de  Munfter,  les  cvêques  eurent  recours  au 
roi ,  comme  à  leur  feigncur  fouvcrain  ,  pour  avoir  rai- 
fon  de  ces  aliénations,  Se  pour  obliger  leurs  vaffaux 
de  reconnaître  leur  églife ,  Se  de  leur  rendre  la  foi  & 
hommage-,  quoique,  par  la  plénitude  de  leurs  droits, 
ils  puflent  rentrer  dans  ces  fiefs,  comme  étant  tombés 
en  commife.  Le  roi  approuva  cette  requête ,  &  par 
arrêt  du  confeil  d'état  du  25  Oclobre  1679,  il  éta- 
blit une  chambre  compofée  d'un  certain  nombre  d'of- 
ficiers du  parlement  de  Metz  ,  pour  prendre  connois- 
fance  des  ufurpations  &  aliénations  faites  des  biens 
Se  droits  des  évêchés  de  Metz  ,  Toul  Se  Verdun. 
Voyez,  à  l'article  Metz  la  fuite  de  cette  grande  affaire. 
*  D'Audifret ,  Géogr.  anc.  Se  mod.  t.  2.  p.  362. 

PAYS  DES  TENEBRES,  contrée  de  la  grande 
Tartarie  ,  dans  la  partie  la  plus  fcptentrionale  de  cet- 
te grande  région.  On  lui  a  donné  le  nom  de  Ténè- 
bres ,  à  caufe  que  pendant  la  plus  grande  partie  de 
l'hiver,  les  grands  brouillards  qu'il  y  fait  empêchent 
que  le  foleil  n'y  paroifie.  On  n'y  a  point  de  nuit  en 
été.  Il  s'y  trouve  beaucoup  d'hermines  Se  de  renards 
qui  ont  la  peau  extrêmement  fine.  Les  habitans  font 
beaux  Se  de  grande  taille  -,  mais  ils  font  pâles ,  ont  l'es- 
prit groflier ,  &  vivent  presque  comme  des  bêtes.  Ils 
portent  en  été  leurs  pelleteries  dans  les  pays  voifins, 
Se  ces  fourures  vont  même  jusqu'en  Ruiîïe  ,  où  l'on 
en  fait  commerce.  Ces  peuples  ne  reconnoiffent  ni  roi 
ni  prince.    *  Al.trco  Paulo,  1.  3.  c.  49. 

1.  PAZ,  ville  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou ,  dans  l'audience  de  los  Charcas ,  vers  la  fource 
de  ia  rivière  de  Choqueapo ,  qui  lui  donne  fon  nom  ; 
car  on  appelle  cette  ville  tantôt  du  nom  la  Paz,  Se 
tantôt  de 'celui  de  Choqueapo.  Elle  eft  fituée  à  l'oc- 
cident du  lac  de  Titicaca,  Se  elle  a  unévêché  fuffragant 
de  la  métropole  de  la  Plata. 

2.  PAZ  ou  la  Paz  ,  port  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  l'ifle  de  faint  Domingue.  Voyez.  Port-de- 
Paix,  nom  fous  lequel  ce  port  eft  connu  préfente- 
ment. 

PAZAL^E  ,  pauples  de  l'Inde  ,  quelque  part  au  voi- 
finage  du  Gange,  félon  Artien,  in  lndic.  Ortelius, 
Thef.  croit  que  c'eft  le  même  peuple  que  Pline  appelle 
Passal^€.  Voyez,  ce  mot. 

PAZOUPERHIN ,  bourgade  de  la  Perfe ,  dans  le 
Khoraffan ,  proche  de  la  ville  de  Thous ,  où  eft  le  fé- 
pulcre  de  l'Iman  Riza ,  que  les  Perfans  appellent  or- 
dinairement Maschad-Mocaddes,  c'eft-à-dire  le  Saint 
Sépulcre.  C'eft  le  lieu  qui  a  donné  le  nom  à  la  mê- 
me ville ,  que  nos  géographes  appellent  communément 
Mexat  ,  par  corruption  du  mot  Maschad.  *  D' Herbe- 
lot  ,  Bibliot.  or. 

PAZUS ,  ville  de  l'Afie  mineure ,  vers  la  fource  du 
fleuve  Sangarius.  Il  s'eft  tenu  un  concile  dans  cette  vil- 
le ,  félon  Ortelius ,  Thef.  qui  cite  Callifte  Se  Socrate. 
Au  lieu  de  Pazus ,  Baronius ,  Annal,  écrit  Pepuzus , 
&:  Sozomene  lit  Gaz.us  ;  mais  peut-être  eft-ce  une 
faute. 

PAZZI ,  ville  de  la  presqu'ifle  de  la  Romanie ,  fut- 
la  mer  de  Marmora,  proche  de  l'ifthme  à  deux  ou 
trois  lieues  de  Gallipoli.  Elle  le  nommoit  anciennement 
Pailya.  Elle  fut  premièrement  épiscopale ,  fous  la  mé- 
tropole de  Trajanopolis ,  Se  dans  la  fuite  elle  fut  éle- 
vée elle-même  à  la  dignité  de  Métropole.  *  Baudrand, 
Diét.  éd.  1677. 

P  E. 

1.  PE  ,  ville  Se  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Peking,  au  département  de  Paoting,  fécon- 
de métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  degré  30  m. 
plus  occidentale  que  Peking,  fous  les  39  d.  36m.de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

2.  PE  eft  un  grand  lac  que  le  P.  Martini  Jéfuire, 
auteur  de  l!  Atlas  Sinen/ts,  place  en  Yeffo,  ou  Kamat- 


PEC       871 

fchatka.  M.  Beflin ,  dans  fa  carte  de  ce  grand  pays , 
qui  a  été  faite  pour  l'hiftoire  du  Japon  du  P.  de  Char- 
levoix  ,  en  met  un  dans  la  pointe  occidentale  ,  qui  ter- 
mine au  fud  le  détroit  de  Kamatschatka ,  &  marque 
une  petite  ifle  au  milieu  ;  mais  il  ne  lui  donne  point 
de  nom.  *  Le  P.  de  Charlevoix ,  Mém.  manuferits. 

PE ,  (Saint) ,  bourg  de  France,  en  Gascogne,  au  pays 
de  Labour. 

PEAL  ,  bourg  d'Angleterre.  Voyez.  Pyl. 

PHAMU.  Voyez.  Panopolis. 

PEAN  ,  ville  de  Corée,  fur  la  merde  la  Chine, 
capitale  de  la  province  de  Peando ,  une  des  plus  çpn- 
fidérables  de  ce  royaume.  La  ville  étoit  grande  &:  peu- 
plée ,  bien  fermée  de  murailles  de  pierres  ,  aflez  bas- 
fes  à  la  vérité  ,  n'ayant  guère  que  dix  pieds  de  haut, 
mais  fi  larges ,  que  deux  cavaliers  y  pouvoient  mar- 
cher de  front.  En  1592,  les  Japonois  avant  conquis 
la  Corée,  Se  fe  doutant  bien  que  les  Chinois  entre- 
prend roient  de  les  en  chaffer  ,  en  firent  leur  place 
d'armes,  Se  le  grand  amiral  Tsucamidono ,  roi  de 
Fingo,  qui  avoit  fait  presque  feul  cette  conquête,  s'y 
établit  avec  l'élite  de  fes  troupes.  Les  Chinois  &e  les 
Coréens  ne  tardèrent  pas  en  effet  à  l'y  attaquer.  Il 
les  battit  plufieurs  fois,  les  chaffa  même  de  la  ville 
qu'il  avoit  abandonnée,  n'ayant  pas  allez  de  troupes 
pour  la  garder.  Enfin  les  Chinois ,  qui  appréhendoient 
qu'il  ne  lui  vînt  du  fecours  ,  parlèrent  de  paix  ,  ik 
elle  fut  conclue  à  des  conditions  très-honorables  pour 
les  Japonois.*  Le  P.  de  Charlevoix ,  hiftoke  du  Ja- 
pon ,  t.   1 . 

PEANDO,  province  maritime  de  Corée,  du  côté 
de  la  Chine.  Voyez  l'article  précédent. 

PEAPOLIS.  Voyez.  Artaunum  :  c'eft  la  même  vil- 
le, félon  Ortelius,  The/. 

PEAUDOR  ,  établiffement  francois  fur  la  rivière  de 
Gambie.  On  y  trouve  beaucoup  d'or  Se  les  Euro- 
péens y  commercent  avec  les  Maures. 

PEBLIS.  Voyez  Peebles. 

PEBRaC,  Piper  acum,  abbaye  de  France,  dans 
l'Auvergne ,  au  diocèfe  de  Saint  Flour ,  fur  les  bords 
de  la  rivière  de  Diege ,  près  de  Langeac  ,  au  midi ,  à 
la  gauche  de  l'Allier.  Ce  n'étoit  d'abord  qu'une  prévô- 
té ,  que  le  pape  Urbain  II  érigea  en  abbaye  vers  l'an 
1097.  Elle  eft  de  l'ordre  de  faint  Auguftin  &  de  la  ré- 
forme. Sa  fondation  eft  mife  à  l'année  ioô"2,  &  faint 
Pierre  de  Cavanon ,  archiprêtre  de  Langeac  ,  en  eft  dit 
le  fondateur.  Elle  étoit  autrefois  du  diocèfe  de  Cler- 
mont,  Se  aujourd'hui  de  S.  Flour. 

PECAIS ,  ou  Peccais  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Bas- 
Languedoc,  fur  la  bouche  occidentale  du  Rhône,  à 
une  lieue  d'Aigues-mortes ,  &  à  pareille  diftance  de  la 
mer  Méditerranée.  Ce  bourg,  qui  a  un  bon  fort  pour 
fa  défenfe  Se  pour  celle  de  fes  falines,  eft  confidéra- 
ble  par  la  grande  quantité  de  fel  qu'on  y  fait.  Le  fort 
eft  fitué  fur  le  bord  du  canal  de  Boucdigue,  du  côté 
de  l'occident.  La  feigneurie  de  Pecais  fut  acquife  par 
Philippe  le  Bel  en  1 290,  de  Bermond,  feigneur  d'Uzès 
&  d'Aimargues ,  qui  céda  au  roi  fa  part  des  falines.  Louis 
Hutin ,  fils  Se  fucceffeur  de  Philippe  le  Bel ,  acquit  ce 
qu'un  Lucquois ,  nommé  Zagni,  avoit  à  ces  falines  ;  de 
forte  que  le  tout  fut  alors  réuni  au  domaine  royal.  *  At- 
las, Rob.  de  Vaugondy.  Longuerue ,  Defcr.  de  la  Fran- 
ce ,  part.  1.  p.  257. 

PEGE-LE-ROBERT,  bourg  de  France,  dans  le  Mai- 
ne, diocèfe  du  Mans,  parlement  de  Paris,  intendance 
de  Tours ,  élection  du  Mans.  Il  a  environ  707  habi- 
tans. *Dicl.  universel  de  la  France. 

PECENATI.  Voyez.  Patzjnac.€. 

PECH ,  ou  Pechia  ,  ville  des  états  du  Tutc  3  dans  la 
partie  occidentale  delà  Servie,  fur  le  Drin  blanc,  à  l'o- 
rient occidental  de  Prisrend.  C'eft  le  lieu  de  la  refi- 
dence  du  pattiarche  Grec.  *  Atlas ,  Robert,  de  Vaugondy. 

1.  PECHANG,  montagne  de  la  Crîine ,  dans  la 
Province  de  Queicheu,  au  voifinage  de  la  ville  de  Tung- 
gin.  *  Atlas  Smenfis. 

1.  PECHANG  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Kiangfi  ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Fung- 
fin.  11  y  a  dans  cette  montagne  une  chute  d'eau  qui 
tombe  de  cent  perches  de  haut.  C'eft  ce  qui  lui  a  fait 


872- 


FED 


PED 


donner  le  nom  de  Pcchang,  qui  fignifie  cent  perches. 
*  Atlas  Sinenjis. 

3.  PECHANG,  montagne  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Fokien  ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Cian- 
glo.  Cette  montagne  s'étend ,  non-feulement  jusqu'aux 
confins  de  la  province  de  Kiangfi  :  elle  entre  même  as- 
fez  avant  dans  cette  province.  *  Atlas    Sinenfts. 

PECHECAL  ,  nom  que  les  Indiens  donnent  aux 
grandes  pluies  &  aux  inondations  qui  arrivent  chez  eux 
dans  un  certain  tems  de  l'année.  Ce  font  des  débor- 
demens  caufés  par  les  grandes  pluies  3c  par  la  fonte 
des  neiges  qui  font  fur  les  montagnes.  Le  plat  pays  en 
eft  inondé  ,  3c  les  rivières  en  font  enflées  comme  le 
Nil,  lorsqu'il  fe  déborde  en  Egypte.  Cette  inondation 
arrive  tous  les  ans  aux  Indes  pendant  les  mois  de  Juillet, 
Août ,  Septembre  3c  Octobre. 

PECH1A  ,  ville.  Voyez.  Pech. 

PECHINI ,  peuples  d'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte  :  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  8.  les  place  entre  le  fleuve  Aftapodes  3c 
le  mont  Garbatus. 

PECHLARN,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Bafle-Au- 
triche ,  fur  le  Danube ,  à  deux  milles  au-deflbus  d'Ips, 
3c  à  un  mille  &  demi  de  Melck  ,  à  l'embouchure  de 
l'Erlaph  ,  dans  le  Danube.  La  reflemblance  du  mot 
Erlapb  ,  avec  celui  à'Arelape ,  ou  Arlape ,  fait  croi« 
re  que  Pechlarn  eft  YAreUpe  des  anciens.  Ce  mot  vient 
par  corruption  A' Ara  Lapidea.  Comme  le  Danube  y 
eft  fort  large ,  les  Romains  tenoient  une  flotte  en  cet 
endroit.  Pechlarn  fut  la  réfidence  des  anciens  Margra- 
ves d'Autriche ,  &c  c'étoit  avec  Melck  les  deux  prin- 
cipales fortereffes  du  pays.  On  prétend  que  le  nom  mo- 
derne eft  corrompu  de  Pr^cclara  ,  épithéte  que  l'on 
donnoit  à  cette  ville  •,  je  ne  donne  cette  étymologie 
que  pour  ce  qu'elle  vaut.  Après  les  courfes  des  Ava- 
res, faint  Wolfang ,  évêque  de  Ratilbonne,  mit  en  ce 
lieu  3c  aux  environs  des  Bavarois  pour  le  cultiver.  D'au- 
tres difent  que  l'empereur  Otton  II ,  donna  ce  lieu  à 
perpétuité  à  l'évêché  de  Ratilbonne  ,  à  qui  il  appar- 
tient encore.  Il  eft  au  midi  du  Danube.  Vis-à-vis  de 
l'autre  côté  du  fleuve  ,  eft  un  village  nommé  le  Petit 
Pecklarn.  Voyez.  Ara  lapidea,  3c  Arlape.  *  Zey- 
ler ,  Aultr.  Topogr.  p.   }i. 

PECHO ,  fortereffe  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Chenfi,  au  département  d'Iunchang,  première  for- 
tereffe de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  28  m.  plus 
occidentale  que  Peking ,  fous  les  38  d.  16  m.  de  la- 
titude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfîs. 

PECKENCOUR  ,  ou  Pequincourt  ,  bourgade  des 
Pays-Bas,  dans  le  Hainault,  à  deux  lieues  deDouay. 
C'étoit  autrefois  une  ville  clofe.  *  Ditl.  Géogr.  des 
Pays-Bas. 

PECKFELD  ,  bourgade  d'Allemagne,  danslaCarin- 
thie ,  environ  à  trois  lieues  de  Villach ,  du  côté  de  l'o- 
rient méridional.  On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Pœdi- 
ciim.  Voyez,  ce  mot. 

PECQ  (le)  "  bourg  de  l'ifle  de  France  ,  fur  la  Sei- 
ne ,  près  du  château  royal  de  Saint  Germain  en  Laye. 
Il  y  a  dans  ce  lieu  un  pont  de  bois  pour  traverfer  la 
rivière. 

PECTONES,  &  Pectonium.  Voyez.  Pictones,  Se 

PlCTONlUM. 

PECTORA.  Voyez.  Stethe. 

PECUI,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen ,  près  de  la  ville  de  Pingchai.  On  a  ob- 
fervé  que  quand  la  neige  qui  tombe  l'hiver  fur  le 
fommet  de  cette  montagne  fe  fond ,  l'année  eft  abon- 
dante :  c'eft  tout  le  contraire,  lorsque  la  neige  fe  con- 
ferve  jusqu'à  la  faifon  de  l'été.  *  Atlas  Sinenfis. 

PEDA,  ou  Pede,  ville  d'Italie,  dans  l'Aufonie,  fé- 
lon Etienne  le  géographe.  Tite-Live,  /.  2.  c.  39,  qui 
écrit  Pedum,  la  met  dans  le  Latium  ,  &c  il  dit  que 
Coriolan  s'en  empara.  Plurarque  ,  in  Coriol.  en  parle 
fous  le  nom  de  ville  des  Pédaniens-,  3c  Pline  >  /.  3. 
c .  5.  met  les  Pédaniens ,  Pedani ,  au  nombre  des  peu- 
ples dont  les  villes  étoient  tellement  péries  ,  qu'on  n'en 
voyoit  pas  même  les  ruines.  On  croit  communément 
que  Peda  étoit  entre  Tivoli  3c  Paleftrine  félon  Batr- 
drand ,  c'eft  un  lieu  appelle  Hoileria  de  l'Ofa. 

PEDACHTON ,  ville  archiépiscopale ,    dont  il  eft 


fait  mention  dans  la  notice  de  Léon  le  Sage  ,  qui  la  met 
fous  le  patriarchat  de  Conftanunople. 

PED^US ,  fleuve  de  l'Ile  de  Cypre  :  Ptolomée,  /. 

5.  c.  14.  place  fon  embouchure  fur  la  côte  orientale 
de  l'ifle ,  entre  le  promontoire  Padalium  Ôc  Salamis. 
Au  lieu  de  Pedaus ,  les  interprètes  de  Ptolomée  lifenc 
Pediœns. 

PEDALIENS ,  peuples  anciens  des  Indes.  Cœlius , 
/.  23.  c.  29.  qui  en  parle  ,  dit  qu'ils  étoient  fi  perfuadés 
que  la  juftice  faifoit  la  félicité  de  l'homme  ,  qu'ils  ne  de- 
mandoient  rien  avec  plus  d'ardeur  à  Dieu  dans  leurs 
facrifices  &c  dans  leurs  prières  ,  que  l'avantage  de  ne 
s'éloigner  jamais  de  l'équité.  *  Corn.  Diét. 

1.  PEDALIUM  :  c'étoit  un  promontoire  de  l'ifle  de 
Cypre,  félon  les  exemplaires  latins  de  Ptolomée ,/.  5. 
c.  14.  Quelques-uns  néanmoins  portent  Pedafutm.  Mer- 
cator  appelle  ce  promontoire  Cabo  de  Griego  ,  &  Etien- 
ne de  Lufignan  le  nomme  Grée.  On  ne  trouve  point  le 
mot  Pedalium  dans  les  manuferits  grecs  de  Ptolomée. 
Ammocoftus  eft  dans  fa  place. 

2.  PEDALIUM ,  ville  de  l'Afie  Mineure ,  fur  le  Pont- 
Euxin,  près  de  Sinope,  félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui 
cite  Appien. 

PEDANI.  Voyez.  Peda. 

PEDASA ,  ville  de  la  Carie,  félon  Strabon,  /.  13. 
p.  611.  Etienne  le  géographe  cV  Nicander  :  le  premier 
appelle  Pedafis  le  territoire  où  cette  ville  étoit  fituée  , 
Pline  ,  /.  j.  c.  29.  au  lieu  de  Pedafa  écrit  Pedafum  ;  8c 
Athénée  dit  que  Cyrus  donna  cette  ville  à  fon  ami  Py- 
thareus. 

PEDASIS.  Voyez.  Pedasa. 

PEDASUM.  Voyez.  Pedasa. 

PEDASUS.  Voyez.  Adramytte. 

PEDATRIT^,  peuples  de  l'Inde,  félon  Pline,  /. 

6.  c.  20.  Quelques  manuferits  portent  Palatita. 
PEDEMONTE  ,  bourg  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 

ples ,  dans  la  terre  de  Labour ,  vers  les  confins  du  com- 
té de  Molifie.  Magin  ,  Carte  de  la  terre  de  Labour , 
écrit  Piedimonte  ,  3c  place  ce  lieu  au  nord  oriental 
d'AIifi.  Le  nom  de  Pédemonte  lui  a  été  donné  à  caufe 
de  fa  fituation  au  pied  d'une  montagne.  *  Corn.  Dict. 

PEDENA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'Iitrie,  à  quinze  mil- 
les des  Alpes  &  des  frontières  d'Allemagne,  affez  près 
de  la  fource  de  la  rivière  d'Arfa  ,  du  côté  du  midi  oc- 
cidental. On  croit  que  c'eft  la  première  ville  de  ces 
quartiers  qui  ait  été  honorée  d'un  fiége  épiscopal.  Elle 
eft  ancienne,  mais  mal  peuplée.  L'empereur,  à  qui 
elle  appartient ,  l'a  annexée  à  la  Carniole.  Son  évêché 
eft  fous  la  métropole  de  Colite.  *  Magin ,  Carte  d« 
l'Iftiie.  Corn.  Dkft. 

PEDENUCI,  paroifle  des  Grifons ,  au  comté  de 
Bormio ,  dans  la  vallée  intérieure.  Cette  paroiffe  entre 
autres  lieux  comprend  celui  de  Fréel  ou  Fera  Valle ,  où 
il  y  a  des  mines  de  fer. On  y  voit  aufli  un  champ  où  il  ne 
fe  trouve  jamais  aucune  fleur.  On  dit  dans  le  pays  qu'il 
y  eut  autrefois  en  cet  endroit,  du  tems  de  S.  Ambroife , 
un  grand  combat  contre  les  Ariens,  que  l'on  en  a  trou- 
vé quelques  veftiges,  3c  qu'on  y  a  déterré  des  armes  de 
diverfes  fortes  &  des  offemens  humains  d'une  taille  gi- 
gantesque. *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe  ,  r.  4.  p.  1 3  9. 

PEDERNACH  ,  montagne  d'Allemagne,  dans  l'é- 
leétorat  de  Trêves.  Elle  eft  dans  le  Hundsruck  ,  proche 
du  Rhin  ,  3c  au  voifinage  de  la  ville  de  Boppart.  * 
Baitdrand  ,  Dict.  éd.  1705. 

PEDERODIANENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique. 
Il  eft  fait  mention  de  ce  fiége ,  dans  la  notice  épiscopale 
d'Afrique  ,  qui  le  place  dans  la  Bizacène ,  ce  nomme 
fon  évêque  Adeodar. 

PED1ADIS  ,  courrée  d'Afie.  Elle  faifoit  partie  de  la 
Bactriane  ,  3c  le  fleuve  Oxus  la  traverfoit ,  félon  Poly- 
be,  Hilt.  I.  10. 

PEDIAS,  municipe  de  l'Attique  ,  Selon  Etienne  le 
géographe.  Les  habitans  étoient  nommés  Pediaci  :  Ari- 
ftote  ,  Foluic.  c.  5.  3c  Plutarque,  m  Solone  ,  en  font  men- 
tion. 

PEDICUL1 ,  peuples  d'Ital  c  ,  félon  Pline ,  /.  3 .  c.  1 1. 
Strabon,  1.6.  p.  277.  écrit  Poidicli ,  &  Appien  Policli 
par  corruption.  Ces  peuples  habitoient  la  plus  grande 
partie  de  la  terre  de  Barri.  Fline  leur  donne  trois  vil- 
les ,  favoir  : 

Radia 


PEE 


PEG       8y§ 


Rudia  y  Egnatia  ,  Barium. 

Ce  peuple  ,  que  Pline  appelle  Pediatli ,  eft  le  même 
que  Ptolomée  appelle  Peucetii.  Pline  leur  donne  la  ville 
de  RitdU ,  que  Ptolomée  donne  aux  Salentini. 

PED1ÉES,   ville  de  la  Phocide,  félon  Hérodote, 

/.  8.  n.  33. 

PED1ES ,  ville  de  la  Carie  :  Etienne  le  géographe  eft  , 
je  crois  ,  le  feul  qui  la  connoifle. 

PEDIEUS.  Voyez.  Ped^us. 

PEDIR  ,  royaume  des  Indes  ,  dans  l'ifle  de  Sumatra, 
au  ii4dcg.  ij.  min.  de  long.  &  $  deg.  30  min.  de 
latit.  Il  prend  fonnom  de  fa  ville  principale ,  appellée  aufli 
Pedir  ,  à  l'eft  &  à  dix  lieues  d'Achem.  C'étoit  autrefois 
le  royaume  le  plus  confidérable  de  l'ifle  ;  mais  préfente- 
ment  c'eft  le  royaume  d'Achem ,  qui  eft  le  plus  confidéra- 
ble; car  le  roi  d'Achem  a  fournis,  non  feulement  ceux 
de  Pedir  &  de  Pacen,  mais  encore  tout  le  pays  fep- 
tentrional.  Les  campagnes  de  Pedir  produifent  abondam- 
ment du  riz  &  des  fruits.  *  Voyage  des  Hol.  aux  Indes 
or.  p.  276. 

PEDNA  ,  ifle  aux  environs  de  celle  de  Lesbos ,  fé- 
lon Pline,  /.  j.  c.  31. 

PEDNELISSUS,  ville  de  la  Pamphylie  ,  dans  JaPi- 
fidie,  félon  Polybe,  l.$.  ».  73- &  Ptolomée  ,  /.  ;.  c. 
4.  mais  les  interprètes  de  ce  dernier  Lilént  PlctcniJJus. 
Strabon  écrit  Petnelijfus  ;  Etienne  le  géographe  Petni- 
UJfus  ,  &  Siméon  Bonfius  a  remarqué  que  e  'étoit  cette 
ville  que  Cicéron  appelle  Pindenijjus. 

PEDNOPUM  ,  village  ,  dans  le  nome  de  Libye  : 
Ptolomée,  /.  4. c.  j.  le  place  entre  Jamais  &c  Climax. 

PEDO,  Pedonenfis  Civitas  :  Cette  ville  fe  trou- 
ve nommée  dans  Calfiodore ,  Variar.  ad  Theodoriolum 
V.  S.  Il  fe  pourroit  faire  que  ce  feroit  la  même  que 
celle  qu'Etienne  le  géographe  nomme  Peda.  Voyez,  ce 
mot. 

1.  PEDONIA  ,  village  du  nome  de  Libye  :  Ptolo- 
mée, /.  4.  c.  5.  le  place  entre  Gatabathmus  parvus  , 
&  Pnig&us. 

2.  PEDONIA ,  ifle  de  la  mer  d'Egypte ,  félon  Pto- 
lomée, l.if.c.  j.  c'eft  celle  que  Strabon  nomme  Sidonia. 

PEDRACA  DE  LA  SIERRA  ,  bourg  d'Espagne  , 
dans  la  Vieille  Caftille,  au  bord  de  la  rivière  de  Du- 
raton ,  au  voifinage  de  Sepulveda ,  au  nord.  Ce  bourg 
eft  célèbre  par  deux  endroits  :  premièrement  pour  avoir 
été  la  patrie  de  l'empereur  Trajan  \  en  fécond  lieu  % 
pour  être  défendu  par  un  château  ,  dans  lequel  Fran- 
çois, dauphin  de  France ,  &  Henri  fon  frerc ,  enfans 
du  roi  François  I ,  furent  détenus  prifonniers  l'espace 
de  quatre  ans.  Ce  château  eft  extrêmement  fort ,  &  l'ac- 
cès en  eft  très-difficile. 

On  ne  fait  fur  quel  fondement  on  dit  ici  que 
l'empereur  Trajan  étoit  né  à  Pedraca  de  la  Sierra  -, 
pour  cet  effet  il  faudroit  que  ce  fût  le  nom  moderne 
d'Italica ,  qui,  félon  Eutrope  &  d'autres  hiftoriens,  étoit 
la  patrie  de  cet  empereur.  Mais  il  s'en  faut  que  les  géo- 
graphes s'accordent  fur  ce  point.  Le  père  Hardouin  & 
pluOeurs  autres  favans  croient  qxi'Italica  s'appelle  Se- 
villa  laVeja  ,  &  Molet  croit  que  Pedraca  de  la  Sierra  eft 
la  Mctercofa  de  Ptolomée. 

PEDRO  (  San  ) ,  petite  ville  d'Espagne,  dans  la  Vieil- 
le Cafiille,  fur  la  rivière  d'Atlanza. 

PEDROS  ,  ou  Villa  r  Pedroso  ,  bourgade  d'Espa- 
gne ,  dans  l' Andaloufie ,  au  nord  de  Seville.  Il  y  en  a  qui 
la  prennent  pour  l'ancienne  Augustobriga.  Voyez,  ce 
mot.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  210. 

PEDUM.  Voyez.  Peda. 

PEDYLI ,  peuples  de  la  Gaule  Narbonnoife  ,  félon 
Strabon ,  /.  4.  p.  1 85  i  mais  Cafaubon  prétend  qu'il  faut 
lire  Medulli. 

PEEBLES,  ville  d'Ecofle,  &  la  capitale  delà  province 
de  même  nom  ,  autrefois  Twcdal.  Elle  eft  fituée  agréa- 
blement,  entre  la  Twede  &c  le  Péebles-,  &  elle  fe  di- 
itingue  par  fes  trois  ponts,  fes  trois  églifes  &  trois  por- 
tes. Elleeftàfept  lieues  fud-eft  d'Edimbourg. 

PEEL  :  on  nomme  ainfi  de  grands  marais  du  Bra- 
bant  Hollandois.  Voyez.  Péeland.  *  Dict.  Géogr,  des 
Pays-Bas. 

FÉELAND ,  petit  pays ,  dans  le  Brabant  Hollandois. 


Il  a  pris  fon  nom  du  grand  marais  de  Péel,  dont  il  eft  voi- 
fin ,  &  qui  le  fépare  du  pays  de  Keflel ,  qui  eft  la  Hau- 
te-Gucldres.  La  principale  place  du  Péeland  eft  Helmonti 
*  Longuerue ,  Defcr.  de  la  France,  part.  2.  p.  56. 

PÉENE  ,  marquifat,  dans  la  Flandre  Teutone  ,  dans 
la  châtellenie  de  Cafiel.  *  Ditl.  Géogr.  des  Pays-Bas. 

PÉER,  petite  ville  fie  comté  de  l'évêché  de  Liège, 
dans  le  comté  de  Lootz.  *  Ditl.  Géogr.  des  Pays-Bas. 

PEGADiE ,  contrée  des  Indes  ,  chez  les  Orites ,  à  ce 
que  croit  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Philoftrate. 

1.  PEGvE,  ville  de  l'Achaïe ,  dans  la  Mégaride, 
félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  14.  Pline  ,  /.  4.  c.  3.  &  Suidas 
écrivent  Pagœ. 

2.  PEGJE,  ville  de  l'Hellespont  ,  félon  Ortelius  qui 
cite  Nicetas. 

3.  PEG/E  ,  ville  de  l'ifle  de  Cypre  :  Etienne  le  géo- 
graphe, qui  en  fair  mention  ,  la  place  dans  la  Cyrenie. 

PEGAN,  maifon  de  plaifance ,  en  Allemagne  ,  dans 
la  Misnie.  Elle  eft  fur  l'Eliter ,  &  appartient  à  la  bran- 
che de  Saxe  Zeitz.  Elle  eft  à  quatre  lieues  de  Lcipfick. 

PEGASA.  Voyez.  Pedasa. 

PEGASEUM  STAGNUM,  étang  d'Afie  ,  au  voifi- 
nage d'Ephefe,  félon  Pline,  /.  $.c.  29.  Selon  Ortelius, 
Thefaur.  Feftusa  dit  qu'on  s'étoit  imaginé  que  cet  étang 
étoit  forti  de  défions  les  pieds  du  cheval  Pégafe,  &  que 
c'étoit  de-là  que  les  Mufes  avoierjt  été  appellées  Pégafi- 
des  \  mais  Ortelius  fait  dire  à  Feftus  une  chofe  à  laquelle 
il  n'a  apparemment  jamais  penfé.  On  lit  à  la  vérité  dans 
cet  ancien  ,  que  les  Mufes  furent  appellées  Pégalides  de  la 
fontaine  qu'on  feignoit  être  fortie  de  deflbus  les  pieds 
de  Pégafe,  &c  ce  qu'il  ajoute  fait  entendre  qu'il  veut 
parler  de  la  fontaine  d'Hippocrène.  C'ert  tout  ce  que 
dit  Feftus  :  on  n'y  voit  pas  un  mot  de  l'étang  Pégafée. 
Ortelius  auroit-il  cru  que  cet  étang ,  qui  devoit  être  quel- 
que part  dans  l'Ionie  ,  étoit  la  même  chofe  que  la  fon- 
taine d'Hippocrène,  qui  étoit  dans  la  Béotie  2  On  ne  peur 
pas  l'en  foupçonner  :  il  vaut  mieux  dire  qu'un  défaut 
d'attention  lui  a  fait  faire  cette  béTue. 

PEGAU  ,  ville  de  Misnie  ,  avec  un  château  fur  l'El- 
iter ,  dans  le  cercle  &  à  quatre  lieues  de  Lcipfick. 

PEGE  ,  ville  de  l'Afrique  intérieure.  Pline,  /.  5.  c.  j. 
la  met  au  rang  de  celles  que  fubjugua  Corn.  Balbus. 

PEGELASUS.  Voyez.  Pigelasus. 

PEGIA  ,  nom  d'une  ville  dont  il  eft  fait  mention 
dans  l'hilloire  Miscellanée.  Ortelius  foupçonne  qu'elle 
pouvoir  être  aux  environs  de  la  Propontide. 

PEGIAN  ,  petit  pays  de  la  Turquie  d'Afie  ,  dans  la 
partie  orientale  delà  Natolie,  vers  l'Euphrate,  furies 
confins  de  l'Aladulie;  où  étoit  autrefois  une  partie  de 
l'Arménie  Mineure.  Il  n'y  a  aucune  place  de  conféquen- 
ce  dans  ce  pays.  *  Baudrand,  Dict.  édit.  170J. 

PEGNA  CERRADA,  montagne  d'Espagne,  dans 
la  Biscaye  ,  Se  plus  particulièrement  dans  la  petite  pro- 
vince d'Alava.  Elle  eft  fituée  près  de  Trevigno  ,  au  mi- 
lieu de  plufieurs  montagnes  fort  hautes ,  avec  un  châ- 
teau extrêmement  fort.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  97. 

PEGNA  DE  LOS  ENAMORADÔS ,  lieu  d'Espa- 
gne au  Royaume  de  Grenade.  De  la  ville  de  Loxa  ,  en 
traverfant  une  branche  du  mont  Orospeda  pour  aller 
à  Séville,  on  voit  à  côté  du  chemin,  près  des  fron- 
tières de  l' Andaloufie ,  dans  le  voifinage  d'Archidona, 
un  rocher  que  deux  amans  malheureux  ont  rendu  cé- 
lèbre. Les  Espagnols  l'appellent  la  Pegna  de  los  Ena- 
morados ,  c'eft-à-dire  le  rocher  des  amoureux.  Voici  ce 
qu'on  raconte  à  ce  fujet.  Dans  le  tems  que  les  Maures 
étoient  encore  maîtres  de  Grenade,  ils  firent  prifonnier 
dans  une  bataille  un  chevalier  chrétien  fort  bien  fair, 
auquel  le  roi  donna  la  liberté  ,  à  caufe  de  fa  beauté,  de 
fon  bon  air  &  de  fa  politefle  ,  le  retenant  en  même- tems 
dans  fon  palais  à  fon  fervice.  Avec  le  tems  la  fille  du 
roi  trouva  le  cavalier  tellement  à  fon  gré  ,  &  plut  aufli 
fi  fort  au  cavalier,  qu'ils  fe  promirent  une  foi  mutuel- 
le ,  &  cherchèrent  les  moyens  de  fe  dérober  au  roi  , 
pour  aller  s'unir  en  liberté  fur  les  terres  des  Chrétiens. 
Malheureufement  le  complot  fut  découvert ,  tk  on  les 
pourfuivit  comme  ils  fuyoient.  Ces  pauvres  amans  ,  ré- 
duits à  l'extrémité  ,  fe  fauverent  fur  ce  rocher  ,  qui  eft 
fort  haut  &  fort  escarpé  ;  mais  bientôt  Ce  voyant  en- 
veloppés de  tous  côtés,  par  un  peloton  de  cavaliers 
Maures,  &  ayant  à  craindre  la  fureur  du  roi  ôc  les 
Tom.  IV.  Sffff 


PEG 


8  74 

fupphces  qu'il  leur  préparait ,  ils  s'embrafferent  tendre- 
ment ,  ôc  fe  précipitèrent  du  haut  du  rocher ,  voulant  être 
unis  dans  la  mort ,  comme  ils  l'avoient  été  dans  la 
vie.  En  mémoire  de  ce  trifte  événement  ,  on  a  planté 
une  croix  fur  ce  rocher.  *  Délices  d'Espagne  ,  p.'$  1 3. 
PEGNA-GOLOSA,  montagne  d'Espagne  ,  au  royau- 
me de  de  Valence.  Elle  eft  abondante  en  toutes  fortes 
de  plantes  rares,  &  d'herbes  médicinales ,  que  les  mé- 
decins vont  tous  les  ans  recueillir  avec  foin.  La  ville 
d'Adz.eneta ,  ou  Adz.enera ,  elt  bâtie  fur  cette  monta- 
gne. *  Délices  d'Espagne  ,  p.  569. 

PEGNA-MACOR  ,  ville  de  Portugal ,  dans  la  pro- 
vince de  Bcira ,  au  midi  de  Sabugal  ,  ôc  à  l'orient  de 
Cobilhana.  Cette  ville  eft  défendue  par  un  château; 
mais  elle  n'a  qu'une  fimple  muraille  pour  fortification. 
Le  château  en  récompenfe  eft  extrêmement  fort.  Il  eft 
fitué  fur  une  hauteur  très-escarpée  ,  d'où  il  commande 
la  ville.  De  trois  côtés  il  eft  bordé  de  précipices ,  ôc 
n'eft  acceffible  que  du  côté  de  la  ville ,  où  la  pente  eft 
un  peu  moins  rude.  On  a  commencé  à  couvrir  la  ville 
de  quelques  ouvrages.  *  Délices  de  Portugal ,  p.  734. 
PEGNA  DE  SAN  ROMAN ,  montagne  d'Espa- 
gne ,  au  royaume  de  Léon.  La  ville  de  Saldagna  eft 
bâtie  au  pied  de  cette  montagne.  *■   Délices  de  Portu- 

gai>  V-  ÏS2>- 

PEGNA  (S.  Jean  de  la)  ,  abbaye  de  Bénédictins  non 

réformés  de  la  congrégation  de  Tarragonnc  ,  en  Espa- 
gne ,  dans  l'Arragon ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Jacca. 
Elle  eft  magnifique ,  ôc  les  comtes  du  pays  y  avoient 
leurs  fépuhures. 

PEGN  AFIEL ,  Penr.a  Fidelis ,  ville  d'Espagne ,  dans 
la  Vieille  Caftille  ,  fur  le  bord  du  Douere ,  au-deflbus 
deRoa.  Cette  place  eft  la  capitale  d'un  marquifat ,  dont 
les  aînés  des  ducs  d'Ofiune  portent  le  titre.  Ces  fei- 
gneurs  y  ont  un  beau  palais  au  bas  de  la  montagne ,  & 
au-deflus  il  y  a  un  château  fortifié  par  l'art  ôc  par  la 
nature.  Le  terroir  eft  fort  fertile.  On  y  fait  d'exceliens 
fromages,  eftimés  les  meilleurs  que  l'on  fafle  en  Es- 
pagne. 11  s'eft  tenu  dans  cette  ville  un  concile  l'an  1302. 
*  Délices  de  Portugal,  p.  192. 

PEGNAFLOR  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Andalonfie  , 
fur  la  rive  droite  du  Quadalquivir.  On  croit  qu'elle  eft 
l'ancienne  llipula  magna  de  Turdetains.  *  Délices  de 

Portugal ,  p.  417- 

PEGNARANDA  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Vieille 
Caftille  ,  à  14  lieues  fud  oueft  d'Olmedo.  Elle  eft  la 
capitale  d'un  duché  ,  auquel  elle  donne  fon  nom ,  ôc 
elle  eft  fituée  entre  des  montagnes  fertiles  en  bled ,  en 
vin  ôc  en  divers  fruits >  particulièrement  en  châtaignes. 
Sanfon  ni  de  l'Ifle  ne  font  aucune  mention  de  cette 
ville.  Il  y  a  deux  autres  villes  de  ce  nom  en  Espagne , 
l'une  dans  l'Eftramadure ,  érigée  en  comté  par  le  roi 
Philippe  III  en  faveur  de  la  maifon  de  Bracamonte , 
d'où  il  a  pafle  dans  celle  de  Velasco  del  Freno.  L'autre 
dans  le  royaume  de  Léon  ,  à  trois  lieues  au  fud-eft  d'Al- 
be  de  Tormés ,  avec  titre  de  duché  ,  érigé  par  le  même 
roi  en  faveur  de  la  maifon  de  Zuniga.  *  Délices  de  Por- 
tugal, p.  172. 

PEGN  AS  DEPANCORVO,  montagnes  d'Espagne  , 
dans  la  Vieille  Caftille,  fur  le  chemin  de  Miranda  à 
Burgos.  Ces  montagnes  font  très-hautes  ôc  fort  droites. 
Elles  prennent  leur  nom  d'un  vieux  château  ,  nommé 
Pancorvo  ,  ôc  qu'on  trouve  à  côté  du  chemin.  *  Délices 
de  Portugal,  p.  171. 

PEGN1TZ,  rivière  d'Allemagne ,  dans  la  Franconie. 
Elle  tire  fa  fource  d'un  bourg  qui  porte  fon  nom  ,  qui 
eft  au  midi  de  Bareith.  Après  avoir  baigné  Harrein- 
fteiu  ,  Herspruck ,  Lauf ,  &  la  ville  de  Nurenberg ,  dont 
elle  rraverfc  le  territoire ,  elle  va  fe  perdre  dans  la  ri- 
vière de  Rednitz.  *  Jaillot ,  Atlas. 

PEGU  ,  plus  communément  Pegou  (  Le  ) ,  royaume 
d'Afie ,  fur  la  côte  occidentale  du  royaume  de  Benga- 
le ,  à  l'embouchure  des  rivières  d'Ava  ôc  de  Pegu.  Il  faut 
diftinguer  le  royaume  de  Pegu  proprement  dit ,  le  royau- 
me de  Pegu  aveefes  acquifitions ,  ôc  le  royaume  de  Pegu 
perdu  dans  celui  d'Ava. 

Le  royaume  de  Pegu  proprement  dit  eft  borné  au  nord 
par  les  royaumes  d'Aracan  &  d'Ava ,  à  l'orient  par  le 
Haut  &  le  Bas-Siam ,  qui  le  termine  auflî  au  midi  jus- 
qu'à la  mer  -,  &  la  mer ,  après  l'avoir  baigné  à  l'occident, 


PEG 


fc  retire  elle-même  vers  le  couchant ,  &  lui  forme  une 
côte    méridionale  ;  enfuite  elle  achevé  de  le  borner  à 
l'occident.   Ses   principales  villes  fcr.t  Pegu  ,  Siriam  , 
Martaban,  Marmolan  ,    Pangelin  ,   Mcio,  Ôc  i'ifle  de 
Negrailles,  ou  Naigrais.  Ce  royaume  elt  ancien  ,  &  la 
famille  de  Breflagu  Kan  jouifloit  du  trône  depuis  plu- 
fieurs  fiécles.  Ses  prédécefieurs  avoient  accru  leur  do- 
maine, ôc  lui-même  commandoit  à  n  uf  royaumes  vers 
l'an  1318.  11  les  faifoit  gouverner  par  des  licutcnans. 
Celui  du  Tangut  fe  révolta.  Le  roi  marcha  contre  lui , 
ôc  périt  en  combattant.  Le  rebelle  s'empara  du  trône, 
marcha  contre  Martaban  ,   qui   avoir  l'on  roi  particu- 
lier ,  gendre  du  feu  roi ,  prit  la    ville  ,    ôc  fit    mou- 
rir   ce  prince.    Le    royaume    d'Ava    étoit    alors    par- 
tagé  entre  plufieurs    rois,  vaflaux  du  Pegu.    La    ville 
de  Prom  étoit  la  réfidence  d'un  de  ces  rois  :  il  la  prit , 
ôc  fit  périr  le  roi  &  la  reine.  11  fe  rendit  maître  de  mê- 
me de  la  ville  de  Mehntey  ,  au  royaume  d  A\a  ,  ôc  con- 
quit ainfi  de  fuite  les  royaumes  de  Pegu ,  de  Marta- 
ban ,  de  Prom  ,  de  Melintey  ,  d'Ava  ,  de  Calani  ,  ôc  de 
Bacam  ,   occupés  par   des  princes  qui  y    avoient  une 
fouveraineté  fubordonnée   à  celle  de  Pegu.  Brama  de 
Tangut ,  c'eft  ainfi  que  s'appelioit  ce  conquérant ,  fut 
tué  par  un  Péguan  ,  nommé  Xemin  de  Zaran  ,  qui  fe 
plaça  fur  le  trône,  &  en  fut  renverfé  par  Xemindoo, 
qui  y  monta,  ôc  en  fut  à  fon  tour  renveifé  par  Chau- 
migren  ,  parent  de  Brama.  Celui-ci  le  fit  mourir ,  ôc  fe 
rendit  maître  de  plufieurs  villes  qui  pafibient  pour  les 
capitales  d'autant  de  royaumes.  Ces  villes  étoient  A  va, 
Cavelan,  Cablan  ,  BaKan,  ou  Bacam  ,  Tangran  , 
Prom,  Jangoma,  Lanran  ,  Trucon  ôc  Siam.   Il 
gouvernoit  ces  villes  par  fes  parens  ôc  par  [es  officiers. 
Ce  fut  fous  ce    règne  que  furvint  la  fameufe  guerre 
pour  l'éléphant  blanc  du  roi  de  Siam,  qui  fut  vaincu 
en  cette  occafion ,  ôc  fon  royaume  devint  une  annexe 
du  Pegu  pour  quelque  tems.  Enfin  après  bien  des  ré- 
volutions, le  royaume  de  Pegu  eft  tombé  fous  la  puiiTan- 
ce  du  roi  d'Aracan ,  qui  poiTede  les  royaumes  de  Tan- 
gut, d'Aracan,  d'Ava  ôc  de  Pegu  -,  ôc  parce  que  le  fou- 
verain  de  tous  ces  états  téfide  à  Ava  ,  il  en  porte  le  nom. 
Ce  vafte  empire  eft  peu  connu  des  Européens;  il  ne 
laifie  pas  d'être  très-peuplé  ,  ôc  le  commerce  y  eft  très- 
abondant.  Cependant ,  foit  que  quelque  intérêt  prive  les 
marchands  d'Europe  de  la  liberté  d'y  trafiquer,  foit  que 
ceux  qui  y  vont  ne  communiquent  pas   au    public  ce 
qu'ils  y  apprennent  de  fon  hiftoire  ôc  de  fon  état ,  il  n'y 
a  guère  de  pays  dans  l'orient  dont  nous  foyons  aiiftî  mal 
inftruits  que  de  celui-là.  Les  cartes  géographiques  défi- 
gurent tellement  le  pays  d'Ava  ,  de  Pegu  ,  eVc.  que  le  P. 
Duchats ,  miflîonnaire  Jéfuite ,  dit  qu'il  ne  le  reconnoît 
point.  Voici  le  rapport  que  firent  quatre  Chinois ,  qui 
étoient  d'un  corps'de  trente  mille  ,  qui  pour  fuir  les  Tat- 
tares ,  traverferent  l'Ava  ôc  le  Pegu.  Le  P.  Gouye,  Ob- 
fervations  phyfiques  &  mathématiques.  Nous  partîmes 
de  la  ville  de  Junnan,  ôc,  après  dix-hnit'jours  de  mar- 
che ,  nous  entrâmes  dans  le  territoire  de  Juncham.  De 
Juncham  à  Tiennotheou  nous  mîmes  quatre  jours;  de 
Tiennotheou  au  dernier  village  de  la  Chine,  nous  mî- 
mes cinq  jours.  Là  nous  nous  embarquâmes  fur  une  ri- 
vière plus  large  ôc  plus  rapide  que  celle  de  Siam ,  ôc  en 
vingt  jours  nous  arrivâmes  à  la  ville  d'Ava.  Les  quatre 
ou  cinq  premiers  jours  fe  font  dans  un  pays  défert,  en- 
fuite  nous  trouvâmes  tous  les  jouts  une  ou  deux  peupla- 
des fur  le  bord  de  la  rivière.  Les  maifons  étoient  de  bam- 
bous ;  les  habitans  fe  cachoient  dans  les  bois  auffi-tôt 
qu'ils  nous  appercevoient.  Le  commerce  eft  libre  entre 
Ava  ôc  la  Chine.  Nous  fûmes  par  eau  dans  un  mois  à 
Pegu  ;  de  Pegu  nous  vînmes  par  terre  en  quinze  jours 
au  royaume  de  Siam. 

Comme  il  n'y  a  point  de  relation  que  je  fâche,  où  un 
homme  digne  de  foi  ait  marqué  ,  en  témoin  oculaire ,  le 
cours  de  la  rivière  de  Pegu ,  je  m'abfliens  de  le  décrire.  Je 
dirai  Amplement  qu'elle  eft  différente  de  celle  de  Siam  ôc 
de  celle  d'Ava ,  ôc  qu'elle  n'a  rien  de  commun  avec  le 
lac  de  Chiamai ,  que  certains  géographes  femblent  n'a- 
voir placé  que  pour  en  faire  la  fource  imaginaire  des  ri- 
vières qui  les  embarraflbient. 

Les  principales  richefles  de  ce  royaume  font  le  riz ,  la  por- 
celaine ,  le  musc ,  la  lacque ,  l'or ,  l'argent  ôc  les  pierreries. 
La  Ville  de  Pegu  ,  fituée  au  royaume ,  &  fur  une  rivie- 


PEI 


PEK 


rede  même  nom,  a  été  long-tems  la  capitale  d'un  grand 
empire  ,  lorsqu'elle  eroic  la  réfidence  des  rois  de  Pegu  , 
qui  avoienr  fous  leur  domination  tant  d'états  voifins.  La 
rivière  la  partage  en  deux  villes ,  que  l'on  distingue  par 
les  furnoms  de  Vieille  Se  de  Nouvelle.  Dans  la  vieil- 
le ville  font  les  marchands ,  les  artilans ,  &c.  La  nouvelle 
étoit  la  demeure  des  rois  &  de  leur  cour.  C'eft  préfente- 
ment  le  lieutenant ,  ou  vice-roi ,  qui  en  occupe  le  palais  , 
qui  efl  en  même-rems  une  citadelle.  Les  foffés  font  pleins 
.d'eau;  Se  pour  empêcher  que  quelqu'un  ne  s'avife  de  les 
rraverfer ,  &  de  furprcndrcla  place  ,  on  a  eu  foin  d'y  en- 
fermer des  crocodiles ,  que  l'on  y  nourrit.  Les  maifons 
.de  la  vieille  ville  ne  font  la  plupart  que  de  bambous, 
à  la  manière  du  pays  ;  mais  les  magazins  font  voûtés , 
pour  conferver  les  marchandifes  contre  le  feu.  Il  s'y  fait 
un  grand  commerce  ,  particulièrement  de  rubis  qu'on 
rire,  félon  Sheldon ,  d'une  montagne  entre  Sirinan  Se 
Pegu.  Si  l'on  en  croit  le  même  auteur ,  les  Péguans  font 
de  tous  les  Indiens  les  plus  corrompus  dans  leurs  moeurs, 
fort  mal  propres,  bafanés  ,  mais  allez  bienfaits. 

PEGUNTIUM  ,  ville  de  la  Dalmatie.  Ptolomée  .  /. 
2.  c.  17.  la  place  fur  la  côte  entre  Epetium  Se  OnsMm. 
i^line,  /.  3.  c.  xi.  écrit  Pigunti^.  On  croit  que  c'eft 
préfentement  Almiza. 
PEGUSA.  Voyez  Gnide. 

PEHIANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Peking,  au  département  de  Chinting,  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  efl:  de  2  deg.  20  min.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  le  38  deg.  5  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfts. 

PEHO  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Kin- 
(\ ,  au  département  de  Hanchung ,  troifiéme  métropole 
de  la  province.  Elle  efl:  de  7  deg.  44  min.  plus  occiden- 
tale que  Peking  ,  fous  les  33  deg.  jo  min.  de  latitude 
feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfts. 

1.  PEHO  A  ,  ifle  de  la  Chine,  dans  la  province  d'Ho- 
nan ,  au  midi  de  la  ville  de  Teng.  Elle  efl  formée  par 
les  eaux  du  Tan,  qui  fe  partagent  en  deux  bras ,  Se  fe  re- 
joignent enfuite.  Le  nom  de  Pehoa  fignifîe  l'ifle  de  tou- 
tes fortes  de  fleurs.  Il  y  a  dans  cette  ifle  un  palais  ou  une 
maifon  de  plaifance.  *  Atlas  Sinenfts. 

1.  PEHOA  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  provin- 
ce de  Quantuug  ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Hoeilai.  Elle 
tire  fon  nom  des  fleurs  qu'elle  produit.  On  y  en  voit 
perpétuellement  de  diverfes  fortes ,  fuivant  les  différen- 
tes faifons  de  l'année.  *  Atlas  Sinenfts. 

3.  PEHOA,  ifle  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Peking  &  dans  le  fleuve  In  ,  au  voifinage  de  la  ville  de 
Paoting.  *  Allas  Sraenjîs. 

PEICENTES.  Voyez,  Picentia. 
PEJENDE,  lac  de  Finlande  ,  dans  la  Tâvafiïe.  Son 
étendue  du  nord  au  midi  elt  d'environ  quinze  milles. 
Il  communique  avec  divers  lacs  voifins  ,  entre  autres  avec 
le  lac  de  Rotzlain  ,  par  le  moyen  duquel  fes  eaux  fe  dé- 
chargent dans  la  rivière  de  Kymen  ,  qui  les  porte  dans 
le  golfe  de  Finlande.  *  Robert  de  Vaitgondi ,  Atlas. 

PEIM  ou  Pein  ,  province  du  royaume  de  Khoren  , 
dans  la  Tartarie.  Elle  a  cinq  journées  d'étendue.  On 
pêche  du  jaspe  dans  une  de  fes  rivières.  Il  y  a  beaucoup 
de  foie  dans  cette  province  ,  &  en  outre  tout  ce  qui  efl 
utile  à  la  vie.  Dans  ce  pays  ,  lorsqu'un  mari  efl  nbfent 
vingr  jours ,  la  femme  peut  fe  remarier ,  Se  le  mari  épou- 
fer  une  autre  femme.  *  Hifl.  génér.  des  Huns  par  M. 
de  Guignes,  t.  11. 

PEINA  ,  Poynum  Cafirum,  petite  ville  d'Allemagne  , 
au  cercle  de  la  Baffe  Saxe ,  dans  une  plaine ,  avec  un 
château  fur  la  montagne  ,  dans  l'évêché  de .Hildesheim  , 
fur  le  ruiffeau  de  Fufe  ,  qui  fe  perd  dans  l'Aller  à  Zell. 
Elleefl  à  trois  milles  de  la  ville  de  Brunsvrick.  Cette  ville 
avec  le  comté  qui  en  dépend  ,  fur  acquife  à  l'évêché  par 
Jean,  trente-unième  évoque  de  Hildesheim  ,  qui  mourut 
Tan  1 26 1.  C'elt  auprès  de  Peina  à  Siversbxtfen  Se  à  Grofs- 
Steinwedel ,  que  l'an  1  jj  3 .  fe  donna  la  fameufe  bataille 
entre  l'électeur  Maurice  de  Saxe  Se  le  margrave  Albert 
de  Brandebourg.  L'éleéteur  y  Rit  tué ,  de  même  que  le 
duc  Charles  Victor  de  Brunswick.  On  fit  à  ce  dernier 
cette  épitaphe  : 

Carolus  hic  Vittor ,  deviElo  conditur  hofle, 
Nascens  Vitlor  erat  ;  ViElor  erat  morisns. 
*  Braschuts ,  de  Episc.  Germ.  c.  11.  p.  107. 


*>7S 

PEINE  ,  petite  rivière  de  France ,  dans  le  Languedoc. 
Elle  coule  dans  le  diocèfe  d'Agde ,  mouille  Pezenas , 
Se  fe  jette  un  peu  au-deffous  dans  l'Eraur. 

PEIPUS,  appelle  par  les  Moscovites  Czuds-Kow  , 
grand  lac  ,  aux  confins  de  l'Eithonie  ,  de  la  Livonie  Se 
l'ingne  :  il  reçoit  les  eaux  de  diverfes  rivières,  aufli-bien 
que  celles  du  lac  de  PlsW  ,  Se  fe  décharge  dans 
la  rivière  de  Velikarzeka  ,  qui  en  cet  endroit  prend  le 
nom  de  Narva  ou  Nerva  ,  laquelle  porte  fes  eaux  dans 
le  golfe  de  Finlande.  *  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas. 
PEIRELADE,  petite  ville  d'Espagne,  dans  la  Catalogne, 
au  pied  des  Pyrénées ,  vers  les  frontières  du  Rouflillon' 
PEIRUS.  Voyez.  Pierus. 

PEISO,  lac  de  la  Pannonie.  Pline,  /.  3.  c.  24.  dit 
qu'il  joignoit  la  Norique.  Aurelius  Viétor ,  de  l'édition 
de  Schottus ,  appelle  ce  lac  Pclfo  ;  Se  Jornandès ,  Rer. 
Ger.  c.  5  2  ,  le  nomme  Lacus  Pelfodis.  C'eft  aujourd'hui 
le  lac  de  Neuzidler-Zée ,  aux  confins  de  la  Hongrie  Se 
de  l'Autriche. 

PE1TS ,  petite  ville  d'Allemagne ,  dans  la  Baffe-Lu- 
face,  fur  la  rive  droite  de  la  Sprée,  à  deux  lieues  au- 
deffus  de  Cotbus.  Elle  efl:  petite  ,  mais  forte.  Il  y  a  des 
mines  de  fer  aux  environs.  La  maifon  de  Brandebourg 
poffede  cette  ville  depuis  1461,  Se  le  margrave  Jean 
de  Cuflrin  l'acheta  en  1570. 

PE1UM  ,  lieu  fortifié,  dans  la  Galatie:  Strabon,  /. 
1 2.  p.  567.  donne  cette  place  aux  Toliltoboges ,  de  mê- 
me que  celle  de  Blucium;  il  ajoute  que  l'une  étoit  la 
réfidence  du  roi  Dejotarus ,  Se  que  l'autre  étoit  defti- 
née  à  garder  fes  tréfors. 

PEKELI  ,  province  de  la  Chine ,  Se  celle  qui  tient 
le  premier  rang  entre  les  quinze  qui  compofent  ce  fa- 
meux empire.  Elle  tire  fon  nom  de  la  ville  impériale 
de  Peking  ,  qui  fignifie  le  Palais  Royal  du  feptentrion , 
pour  le  diltinguer  de  celui  du  midi ,  qui  s'appelle  Nan- 
king.  Il  y  a  près  de  dix-huit  fiécles  que  les  empereurs 
de  la  Chine  tiennent  leur  cour  dans  cette  province.  Les 
bornes  du  Pekeli  du  côté  du  nord  font  la  grande  mu- 
raille ;  &  cette  partie  de  l'ancienne  Tartarie ,  qui  efl: 
entre  la  muraille  &  le  défert  de  Xamo  ou  Golie,  Se  du 
côté  du  nord  efl:  le  pays  de  Leaotung-,  à  l'orient  il  a  un 
bras  de  mer  nommé  Èanghai ,  qui  fait  la  péninfule  de 
Corée,  Se  qui  bat  la  côte  de  la  Chine  qui  lui  efl:  oppo- 
fée.  Au  midi  &  au  fud-eft  il  joint  la  province  de  Xan- 
tung  ,  qui  en  efl  féparée  par  le  fleuve  Guey  ;  la  rivière 
Sâfranée  le  borne  au  fud-oueft  ,  Se  du  côté  du  couchant 
il  n'en;  feparé  de  la  province  de  Xanfi  que  par  des  mon- 
tagnes qu'on  nomme  Heng. 

Cette  province  ,  qui  a  la  figure  d'un  triangle  rectan- 
gle ,  a  eu  divers  noms.  On  l'a  appellée  entre  autres  Jeu 
Se  Ki.  Elle  a  huit  grandes  villes,  dont  chacune  en  a 
d'autres  dans  fa  dépendance.  Il  y  a  dans  le  Pekeli  quatre 
cens  dix-huit  mille  neuf  familles,  compofées  de  plus 
de  trois  millions  quatre  cens  cinquante  mille  perfonnes  » 
fuivant  les  regiftres  du  dénombrement  de  l'Empire  :  il 
paye  tous  les  ans  pour  tribut  à  l'empereur  fix  cens  un 
mille  cent  cinquante-trois  facs  de  riz,  de  bled  Se  de  mil, 
deux  cens  vingt-quatre  livres  de  foie  crue,  à  vingt  onces 
à  la  livre  ;  quarante-cinq  mille  cent  trente  pièces  d'étof- 
fe ;  treize  mille  fept  cens  quarante-huit  livres  de  coton; 
huit  millions  fept  cens  trente-fept  mille  deux  cens  qua- 
tre-vingt quatre  bottes  de  foin  ou  de  paille,  pour  l'écu- 
rie de  l'empereur  -,  Se  cent  quatre-vingt  mille  huit  cens 
foixante  &  dix  quintaux  de  fel,  à  cent  vingt-quatre  li- 
vres le  quintal ,  fans  parler  de  divers  autres  droits.  Ce- 
pendant le  Pekeli  efl  une  des  provinces  les  moins  fer- 
tiles de  la  Chine.  Son  terroir  ,  quoiqu'affez  uni ,  efl  flé- 
riie  Se  plein  de  fables  :  mais ,  comme ,  par  ordre  de  l'em- 
pereur, on  y  apporte  de  toutes  les  provinces  de  l'em- 
pire toutes  fortes  de  denrées ,  rien  n'y  manque. 

La  température  de  l'air  y  efl  très  faine  Se  très-agréa- 
ble ;  le  froid  Toutefois  s'y  fait  fentir  plus  vivement  que 
l'élévation  du  pôle  ne  femble  le  devoir  permettre  £ 
puisqu'elle  efl  à  peine  à  la  hauteur  du  quarante-deu- 
xième degré.  Les  fleuves  y  font  pris  de  glace  d'une 
fi  grande  épaiffeur  pendant  quatre  mois,  que  les  cha- 
riots Se  les  chevaux  chargés  de  fardeaux  très-lourds  mar- 
chent deffus ,  Se  les  bateaux  ne  peuvent  paflèr  ;  Se  ils 
font  obligés  de  refler  quatre  mois  dans  le  lieu  où  la 
glace  les  furprend  ,  ce  qui  arrive  toujours  vêts  la  mi- 
Tom.  IV.  Sffff  ij 


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Novembre.  Il  y  pleut  rarement  :  mais  la  rofée  y  efl  fi 
abondante  ,  que  la  terre  paroït  humide  tous  les  matins. 
Si-tôt  que  le  foleil  paroït ,  cette  humidité  fe  diiîîpe  >> 
Ôc  il  fe  fait  une  pouffiere  fi  fine ,  qu'elle  gâte  &  falit 
tout,  lorsqu'il  fe  levé  le  moindre  vent. 

On  voyage  fort  commodément  par  terre  dans  le  Pe- 
keli.  On  fe  fert  d'un  chariot  qui  n'a  qu'une  roue  >  ôc  qui 
eft  fait  de  façon  ,  qu'il  n'y  a  place  au  milieu  que  pour 
un  homme  qui  s'y  tient  comme  à  cheval  :  deux  autres 
perfonnes  peuvent  fe  placer  de  chaque  côté.  Le  ehartier 
pouffe  par  derrière ,  Ôc  fait  avancer  le  chariot  avec  des 
leviers  de  bois.  La  fureté  ôc  la  vîteffe  fe  trouvent  dans 
cette  voiture.  Le  peuple  de  cette  province  eft  moins 
policé  que  ceux  des  autres  quartiers  de  l'empire.  Il  eft 
aufTi  plus  ignorant  ôc  moins  propre  aux  arts  ôc  aux  feien- 
ces  :  mais  il  eft  plus  belliqueux  ,  comme  le  font  tous 
les  Chinois  feptentrionaux.  On  trouve  dans  le  Pekeli 
des  chats  tout  blancs ,  qui  ont  le  poil  ôc  les  oreilles 
pendantes.  Les  dames  les  aiment  extrêmement.  Mais  ils 
ne  prennent  ni  rats  ni  fouris. 

TABLE  GÉOGRAPHIQUE  DU  PEKELI, 

Première  province  de  la  Chine. 


Noms. 


Peking  ou 
XuHtien  , 
Xuny  , 
Changping, 
Leanghiang , 
Mieyun , 
Hoaijo  , 
Kugang  , 
Jun-geing, 
Tunggan , 
Hiangho , 
Tung,  © 
Sanho , 
Vucing, 
Paoti , 
Cho  ,  © 
Fangxan , 
Pa,0 
Vengan  , 
Taching  > 
Paoting , 
Ki,0 
Jotien , 
Fungjung  -, 
Cunhoa, 
Pingko , 
Que. 


Paoting  » 
Muonching, 
Ganfo , 
Tinghing , 
Sinching  . 
Tang, 
Poyc, 
Kingru  , 
Jungching, 
Huon, 

Hiung , 
Khi,e 
Xinçe , 
Tunglo  , 
Gan  ,  0 
Gaoyang , 
Singan  , 
Ye,0 
Laixui. 


Longit. 
Première  Métropole. 


Latit* 


o 

o 
o 
o 
o 
« 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 
o 


© 

9 

9 
»9 

28 

5 

IJ 

9 

4 

22 

8 

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36 
38 

33 

H 
G 

6 

o 

36 

43 
57 

16 


40 
40 
40 

39 

40 
40 

39 

39 

59 

39 

59 

39 

39 

39 

39 

39 

39 

39 

39 

39 
40 

39 
39 
39 
39 
39 


Seconde  Métropole. 


1 
1 

1 
1 

o 
2 
1 
2 
o 
2 
I 
o 
z 


46 

16 

51 

46 

2-5 

4z 

7 
58 
10 
16 
56 

o 

54 
10 

10 

if 

8 

30 
16 


3* 

39 
39 
39 
39 
39 
39 
39 
59 
39 
39 
39 
38 
38 
38 
39 
39 
39 
39 
39 


o 
12 
10 
40 

5 
*5 

30 

zz 
33 
3J 
J4 
4* 
if 
*7 
3° 
46 

zo 

5 

o 

10 

3 
47 
3i 

55 

40 


zo 
z8 
zo 

4* 
zo 
10 
o 
10 

56 

55 

5 

10 

57 

44 

s° 

12 

3 
26 

36 
40 


o. 

P. 

P- 
o. 

p. 

o. 

o. 
o. 
o. 
o. 
o. 
o. 

p- 

P- 
p- 

o. 

o. 

p- 

o. 

o. 
o. 
o. 
o. 
o. 


p- 
p- 
p. 

p. 
p. 
p. 
p. 
p. 
p- 
p- 
p. 
p. 
p- 
p- 
p- 
p. 
p- 
p- 
p- 
p- 


Noms, 


Hokien , 
Hien  , 
Heuching , 
Soning, 
Ginkieu  , 
Kiaoho , 
Cing  , 
Hingci  , 
Cinghai , 
Ningcin , 
King,  0 
Ukiao, 
Tungquang  , 
Kuching  , 
Cang  ,  0 
Nanpi , 
Jenxan , 
Kingyun. 


Chinting , 
Cingking , 
Hoclo , 
Lingxeu , 
Khoching , 
Loching , 
Vukie , 
Pingxan  , 
Heuping , 
Ting ,  0 
Sinlo , 
Ki0 

Nancung, 
Sinho  • 
Caokiang , 
Vuye  , 
Cyn ,  0 
Ganping  , 
Jaoyang  , 
Vukiang, 
Chao,  0 
Pehiang  , 
Lungping , 
Caoye  , 
Linching , 
Canhoang, 
Ningcin , 
Xin,  0 
Hengxui, 
Yuenxi. 


Xunte , 
Xaho, 
Nanho  , 
Pinghiang , 
Quangçung  , 
Kiulo , 
Thanxan  , 
Nuikieu , 
Gin. 


Quangping, 
Kiocheu , 
Fihiang , 
Kiçe  , 
Hantan , 
Quangping , 
Chinggan , 
Gnei, 


Longit.  Latit. 

Troifiéme  Métropole. 


o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

o 

i> 

o 
o 
o 


30 

44 

49 

5i 

3* 
o 

o 

5 
12 

3 
*f 
18 

o 

Ji 

16 

zo 

40 

*5 


38 
38 
38 

39 
39 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
37 
38 

:3s 

38 
38 


Quatrième  Métropole. 


1 
1 
1 
1 
1 

3 

2 

1 
1 
x. 


56 
10 
o 
6 
48 
\G 

13 

24 

40 
xG 

*3 

xG 

39 
56 

if 
18 

o 
3* 
M 

G 

30 

zo 

G 

33 

28 

o 

z8 

38 

40 


38 

30 
S» 
38 
38 
38 
38 
38 
39 
59 
38 
38 
57 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 
38 


5° 
4< 
*4 
o 
6 
zo 

4* 
3^ 
55 

o 
20 

o 

ÎO 

56 

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20 

8 


40 
z8 

4* 
jo 

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i^ 
4; 
33 
6 
o 

5° 
5 

56 
6 
o 

zo 

30 

43 

4J 
36 

zo 

S 

ij 

1 1 

28 

zo 

*3 
3° 
14 
16 


Cinquième  Métropole, 


Sixième  Métropole. 


P* 
p. 
P- 
P» 
P- 


o. 

o. 

p- 
p» 

p. 

o. 
o. 
o. 
o. 


P- 
P- 
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P. 
P* 
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P- 
P- 
P* 
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P- 
P- 
P- 
P- 
P* 
P» 
P- 
P* 
P' 
P- 
P» 
P- 
P- 
P- 
P» 
P» 
P- 


7 

37 

5° 

P« 

10 

37 

55 

P- 

53 

57 

48 

P- 

44 

57 

57 

P- 

3° 

57 

5° 

P- 

11 

37 

45 

P- 

54 

38 

S 

P- 

10 

38 

0 

P» 

4* 

57 

5< 

Pi 

34 

57 

*5 

P. 

5^ 

37 

M 

Pi 

20 

37 

15 

P- 

20 

37 

33 

P- 

10 

37 

3-5 

P- 

3° 

37 

0 

P- 

0 

37 

8 

P- 

4* 

37 

40 

P« 

PEK 


*Noms. 
Cingho. 


Longit. 


20 


Latit. 
37       3<* 


Septième  Métropole. 


Taming , 

i 

:      5& 

35 

J* 

P- 

Taming , 

i 

:      S6 

36 

44 

P- 

Nanlo  , 

2 

:         0 

36 

3i 

P- 

Guei , 

i 

:       18 

3* 

46 

P. 

Cingfung , 

2 

:       ij 

3<î 

16 

P- 

Nuihoang  , 

2 

:       36 

3<J 

40 

P- 

Siun  , 

3 

:         0 

36 

3° 

P« 

Hoa  , 

2 

:       43 

3* 

20 

P- 

Kaï ,  © 

I 

:       56 

36 

20 

P- 

Changyuen , 

2 

:       16 

36 

6 

P> 

Tungming.j 

2 

:         2 

36 

7 

P- 

Huitième  Métropole. 


Jungping , 

1       : 

34 

40 

0 

0. 

Ciengan , 

1       : 

20 

40 

3 

0. 

Vuning , 

1        : 

5° 

39 

57 

0. 

Changly , 

1       : 

47 

39 

38 

0. 

Lo,  0 

1       : 

1.8 

39 

40 

0. 

Loting. 

1       i 

30 

39 

35 

0. 

Ville  Militaire. 

Siven , 

t 

30 

40 

3° 

P- 

Cités  Militaire?. 

Yenking , 

0       : 

*3 

40 

20 

P» 

Jungning, 

0       : 

6 

40 

H 

P- 

Paogan. 

1       : 

0 

40 

10 

P' 

Grandes  Forterefles. 


Xetughai , 

2       : 

18 

39 

30 

0. 

Tiencin. 

0       : 

5° 

38 

5* 

0. 

Petites  Forterefles. 


Vuning, 

3 

:         6 

40 

5° 

P- 

Juncheu , 

0 

:       xG 

40 

56 

P- 

Cheching , 

1 

•       *3 

41 

0 

P. 

Changgan 

t 

1 

:         c 

40 

16 

P- 

Lungmuen 

. 

i 

29 

4° 

5° 

P- 

Caïping , 

0 

47 

4i 

5 

P- 

Vanciven 

Dexte- 

ru  m , 

2       : 

36 

40 

*î 

P- 

Vanciven 

Sini- 

ftrum , 

1 

t       56 

40 

*9 

P- 

Yu, 

2       : 

0 

39 

33 

0. 

Jungping. 

1 

3$       . 

39 

48 

0. 

PEKING  ou  Xuntien  ,  ville  de  la  Chine,  là  capi- 
tale de  l'empire  ,  &  le  fiége  ordinaire  des  empereurs.  Les 
Tartares  la  nommèrent  Chambalik  ou  CaMbalet, 
c'eft-à-dire  ,  la  Cité  du  Sa gn air.  Voyez.  Cambalu.  Le 
nom  de  Xuntien  veut  dire  obéijfante  au  Ciel,  Se  celui 
de  Peking  fignifie  la  Cour  du  Septentrion  ,  afin  de  la 
distinguer  de  Nankin,  autre  ville  très-confidérable , 
dont  le  nom  fignifie  la  Cour  du  Midi ,  Se  que  l'on  avoit 
appellée  ainfi ,  parce  que  l'empereur  y  réfidok  ,  comme 
dans  la  ville  la  plus  belle  de  l'empire,  la  plus  com- 
mode Se  la  mieux  fituée-,  mais  les  irruptions  continuel- 
les des  Tartares ,  peuples  inquiets  &  belliqueux  ,  obli- 
gèrent les  empereurs  à  transporter  leur  cour  dans  les 
provinces  du  Nord  ,  afin  d'être  toujours  en  état  de  ré- 
fiftet  à  l'ennemi ,  avec  le  grand  nombre  de  troupes 
qu'ils  tiennent  ordinairement  auprès  de  leur  perfomic. 
On  choifit  pour  cela  Péking ,  fituée  à  40  deg.  d'éléva- 
tion, dans  une  plaine  abondante  Se  peu  éloignée  de  la 
grande  Muraille ,  Se  qui ,  par  le  moyen  de  la  mer 
orientale  &  du  grand  canal  du  midi ,  communique  avec 
plufieurs   belles  provinces*'id'où  elle  tire  en  partie  fa 


PEK        877 


fubfiftance.  *  Le  père  le  Comte  ,  Mémoires  fur  l'état  pro- 
fane de  la  Chine,  t.  1.  Lettre  2. 

Cette  ville  ,  dont  la  figure  étoit  parfaitement  carrée, 
avoit  autrefois  quatre  grandes  lieues  de  tour  ;  mais 
les  Tartares ,  en  s'y  plaçant ,  obligèrent  les  Chinois 
de  fe  loger  hors  des  murailles,  où  ils  bâtirent  en  peu 
de  tems  une  nouvelle  cité ,  qui  étant  plus  longue  que 
large  fait  avec  la  ville  une  figure  irréguliere.  Ainfi  Pe- 
king eit  compoféede  deux  villes;  l'une  nommée  la  Ville 
des  Tartares ,  parce  qu'il  n'y  a  qu'eux  qui  s'y  puiffent 
établir  ;  l'autre  appellée  la  Ville  des  Chinois  ,  auifi  gran- 
de &  beaucoup  plus  peuplée  que  la  première.  Toutes 
deux  enfemble  font  fix  grandes  lieues  de  tour,  de  trois 
mille  fix  cens  pas  chacune.  Ces  mefures  font  fort  juftesi 
&  ont  été  prifes  au  cordeau  par  ordre  exprès  de  l'em- 
pereur. Les  portes  de  la  ville  font  extrêmement  éle- 
vées, &  enferment  une  grande  cour  carrée  environnée 
de  murailles ,  fur  lesquelles  on  a  bâti  de  beaux  falons 
tant  du  côté  de  la  campagne  que  du  côté  de  la  ville. 
Les  murailles  de  Peking  font  de  briques,  hautes  d'en- 
viron quarante  pieds ,  flanquées  de  vingt  en  vingt  toi- 
fes  de  petites  tours  carrées  en  égale  diflance  ,  &  très- 
bien  entretenues.  Il  y  a  de  grandes  rempes  en  quelques 
endroits ,  afin  que  la  cavalerie  y  puifle  monter.  *  Let- 
tres édif.  t.  7.  p.  145. 

Peking  eil  fi  peuplé,  qu'il  y  a  continuellement  dans  les 
rues  une  multitude  innombrable  de  perfoimes  :  il  y  a 
toujours  de  l'embarras  dans  les  grandes  rues  ;  &  les  gens 
de  marque  font  obligés  de  fe  faire  précéder  par  des  ca- 
valiers pour  écarter  la  foule.  Cette  ville,  quelque  gran- 
de qu'elle  foit,  ne  poinroit  contenir  tout  ce  monde,  fi 
les  Chinois  n'étoient  accoutumés  à  loger  beaucoup  plus 
à  l'étroit  que  les  Européens.  A  voir  les  chevaux ,  les 
mulets,  les  chameaux,  les  chariots  ,  les  chailès,  les  pe- 
lotons de  100  &  de  200  perfonnes  qui  s'afiemblent 
d'espace  en  espace  pour  écouter  les  difeurs  de  bonne 
aventure ,  on  croiroit  que  toute  la  province  eit  venue 
fondre  à  Peking  pour  quelque  fpedacle  extraordinaire. 
Les  villes  d'Europe  ne  font  en  comparaifonque  des  fo- 
litudes ,  fur*tout  fi  on  confidere  que  le  nombre  des  fem- 
mes furpafle  de  beaucoup  celui  des  hommes  ;  Se  que 
cependant  dans  cette  prodigieufe  multitude  qui  parojt 
au  dehors ,  on  n'y  en  rencontre  presque  jamais  aucu- 
ne. Ce  qui  augmente  encore  la  foule ,  c'efi  que  de 
tous  les  lieux  voifins  il  fe  rend  tous  les  jours  à  Peking 
un  très-grand  nombre  de  payfans ,  qui  apportent  une 
infinité  de  chofes  pour  les  ufages  ordinaires  de  la  vie. 
Comme  il  n'y  a  point  de  rivière  dans  la  ville,  le  trans- 
port des  denrées  muhiplie  les  voituriers,  Se  les  bêtes 
de  charge.  Ainfi  tous  les  matins  ,  lorsqu'on  ouvre  les 
portes  de  la  ville  ,  Se  les  foirs.  quelque  tems  avant  qu'on 
les  ferme ,  il  y  a  une  fi  grande  foule  d'étrangers  qui 
entrent  ou  qui  fe  retirent,  qu'on  eil  presque  toujours 
obligé  d'attendre  long-tems  fans  pouvoir  pafler.  D'ail- 
leurs la  plupart  des  ouvriers  travaillent  dans  les  mai- 
fons  des  particuliers.  Ils  courent  continuellement  pour 
chercher  de  l'ouvrage ,  &  même  jusqu'aux  forgerons 
qui  portent  avec  eux  leurs  infirumens ,  leur  enclume 
Se  leur  fourneau  pour  les  ouvrages  communs ,  à  quoi 
l'on  peut  ajouter  que  toutes  les  perfonnes,  même  cel- 
les qui  font  d'une  condition  a  flèz  médiocre ,  fortenr  or- 
dinairement à  cheval  ou  en  chaife  ,  fuivies  de  plufieurs 
domefiiques  ,  Se  que  ,  quand  un  mandarin  marche  ,  tout 
fon  tribunal  le  fuit  en  cérémonie  ;  de  foire  que  c'efl 
une  espèce  de  proceflîon.  Les  princes  du  fang ,  Se  les 
feigneurs  de  la  cour  paroifienr  aulTi  accompagnés  d'un 
gros  de  cavalerie  ;  Se  ,  parce  qu'ils  font  obliges  de  fe 
rendre  presque  rous  les  jours  au  palais ,  leur  train  eft 
capable  de  eau  fer  de  grands  embarras. 

Les  rues  de  cetre  grande  ville  font  presque  toutes  ti- 
rées au  cordeau.  Les  plus  grandes  font  larges  d'envi- 
ron fix  vingt  pieds ,  Se  longues  d'une  bonne  lieue  , 
bordées  presque  toutes  par  des  maifons  marchandes, 
dont  les  boutiques  ornées  de  foie ,  de  porcelaines  Se 
de  vernis ,  font  une  agréable  perfpeclive.  Les  Chinois 
ont  une  coutume  qui  contribue  encore  à  i'embellifie- 
ment  de  leurs  boutiques  :  chaque  marchand  place  de- 
vant fa  porte  ,  fur  un  petit  piedtftal ,  une  planche  hau- 
te de  fept  à  huit  coudées ,  peinte ,  vernie  &  fouvent 
dorée,  fur  laquelle  il  écrit  les  chofes  dont  il  trafique. 


878       PEK 


PEK 


Ces  espèces  de  pilaftres  rangés  des  deux  côtés  des  mai- 
ions  ,  &  presque  dans  une  égale  diftance ,  font  une  co- 
lonnade  qui  a   quelque  chofe  de   fmgulier.   Cela  elî 
commun  a  presque  toutes  les  villes  de  la  Chine.  Ce- 
pendant le  peu   de  proportion  des  rues  avec  les  mai- 
ions  qui  font  écrafées  ôc  mal  conftruites;  la  boue  & 
la  poufliere  qu'on  y    trouve ,  diminuent  la  beauté  de 
ces  rues.  La  Chine ,   û  policée  en  toute  autre  matiè- 
re ,  ne  fe  reconnoît  pas  en  celle-ci.   L'hiver  ôc    l'été 
font  également  incommodes  pour  ceux  qui  fortent ,  ôc 
c'elt  en  partie  pour  cela  qu'on  eft  obligé  d'aller  à  che- 
val ou  en  chaife.  La  boue  gâte  les  bottes  de  foie  donc 
on  fe  fert ,  &  la  poufîiere  s'attache  aux  étoffes ,  fur- 
tout  aux  fatins  qu'on  prépare  a  l'huile  pour  leur  don- 
ner plus  de  luftre.  Cette    poufîiere  enveloppe  conti- 
nuellement la  ville  d'un  gros  nuage  qui  pénètre  dans 
les  maifons ,  ôc  qui  s'infinue  dans  les  cabinets  les  mieux 
fermés  -,  ôc  malgré  toute  la  précaution  qu'on  peut  pren- 
dre pour  s'en  défendre ,  les  tables  ôc  les  meubles   en 
font  toujours  couverts.  On  tâche    de  diminuer   cette 
incommodité  par  l'eau  qu'on  jette  continuellement  dans 
les  rues  ;  mais  on  ne  laide  pas  d'en  fournir  beaucoup 
pour   la  propreté   &c  pour  la  famé.   Les  petites    rues 
courent  toutes  de  l'en;  à  l'oueft ,    &  divifent  en  des 
ifies  égales  &  proportionnées  tout  l'espace  qui  eft  en- 
tre les  grandes  rues.  Les  unes  Ôc  les  autres  ont  leurs 
noms  particuliers.  La  plus  belle  elt  appellée  Cham-gan- 
Kiai  ,  c'eft-à-dire  la  rue  du  repos  perpétuel.  Elle  va  de 
l'eft  à  l'oueft  :  elle  elt  bordée  du  côté  du  nord  par  les 
murs  du  palais  de  l'empereur ,  ôc  du  côté  du  fud  par 
divers  tribunaux  ôc  palais  de  grands  Seigneurs.  Cette 
rue  ,  qui  a  plus  de  trente  toifes  de  largeur ,  elt  fi  fa- 
meufe ,  que  les  favans  l'emploient    dans   leurs   écrits 
pour  défigner  toute  la  ville. 

De  tous  les  bâtimens  qui  compofent  cette  capitale, 
le  feul  qui  mérite  proprement  d'être  confidété,  eft  le 
palais  impérial.  11  eft  fitué  au  milieu  de  la  ville  des 
Tartares  ,  ôc  regarde  le  midi ,  i'uivant  la  coutume  de 
cet  empire ,  où  l'on  voit  rarement  une  ville  ,  un  palais, 
ou  la  maifon  d'une  perfonne  confidérable  ,  qui  ne  foit 
tournée  du  même  côté.  11  elt  entouré  d'une  double  en- 
ceinre  de  murailles ,  l'une  dans  l'autre  »  en  forme  de 
carré  long.  L'enceinte  extérieure  eft  une  muraille  d'u- 
ne hauteur  ôc  d'une  épaiffeur  extraordinaires  ;  enduite 
dedans  &  dehors  d'un  ciment  ou  chaux  rouge,  ôc  cou- 
verte d'un  comble  ou  petit  toit  de  briques  verniffées 
d'une  couleur  jaune  dorée.  Sa  longueur  ,  depuis  la  por- 
te du  fud  jusqu'à  celle  du  nord ,  eft  de  deux  milles 
d'Italie  ;  fa  largeur  d'un ,  &  fon  circuit  de  fix.  Cette 
enceinte  a  quatre  portes  ;  favoir  une  au  milieu  de  cha- 
que côté  ,  ôc  chacune  eft  compofée  de  trois  portes , 
dont  celle  du  milieu  ne  s'ouvre,  que  pour  l'empereur 
feul  :  les  autres  fervent  à  ceux  qui  entrent  au  palais, 
ou  qui  en  fortent ,  ôc  font  ouvertes  depuis  la  pointe 
du  jour,  jusqu'à  ce  qu'on  forme  la  retraite;  il  faut 
pourtant  en  excepter  les  portes  méridionales  qui  ne 
font  qu'entr'ouvertes ,  à  moins  que  l'empereur  ne  forte 
ou  ne  rentre.  Du  tems  des  rois  Chinois ,  la  garde  de 
chaque  portail  étoit  de  trente  foldats  avec  leur  capi- 
taine ôc  dix  eunuques  ;  mais  à  préfent  il  n'y  a  que 
vingt  Tartares  avec  leur  officier.  La  garde  eft  en  tout 
de  trois  mille  hommes  qui  font  diltribués  par  com- 
pagnies &  par  escouades  ;  car  outre  les  portes  qui 
viennent  d'être  marquées ,  il  y  en  a  plufieurs  autres  , 
auifi  -  bien  que  divers  tours  qui  environnent  la  mu- 
raille intérieure.  Les  éléphans  ne  font  point  aux  por- 
tes ,  comme  l'ont  dit  les  pères  Alvare  Semedo  ôc  Mar- 
tini :  ils  font  dans  leurs  écuries  ou  plutôt  dans  leurs 
palais.  On  les  loge  dans  une  cour  fpacieufe  ,  au  mi- 
lieu de  laquelle  il  y  a  une  belle  ôc  grande  fale  ,  où 
ils  font  leur  demeure  pendant  l'été.  L'hiver  on  les  mer 
dans  des  fales  féparées,  mais  plus  petites,  &  dont  le  pavé 
eft  échauffé  avec  des  fourneaux  ;  fans  quoi  ils  ne  pour- 
roient  fupporter  la  rigueur  du  froid  de  ce  climat.  On 
ne  les  tire  de  leur  logement  que  quand  l'empereur  fort 
pour  quelque  fonction  publique.  L'entrée  de  ces  por- 
tes eft  défendue  aux  bonzes  des  pagodes ,  aux  aveu- 
gles, aux  boiteux  ,  aux  eftropiés,  aux  gueux,  à  ceux 
qui  ont  des  balafres ,  des  goitres ,  ou  qui  ont  le  nez 
ou  Jes  oreilles  coupées ,  &  enfin  à  tous  ceux  qui  ont 


quelque  difformité  confidérable.  La  muraille  intérieu- 
re ,  qui  entoure  immédiatement  le  palais ,  eft  extrême- 
ment haute  ôc  épailfe ,  bâtie  de  grandes  briques  toutes 
égales  &:  embellies  de  créneaux  bien  ordonnés.  Elle  & 
du  nord  au  fud  un  mille  ôc  demi  d'Italie ,  près  d'un 
demi  en  l'autre  fens ,  Ôc  cinq  milles  moins  un  quart  de 
circonférence.  Elle  a  quatre  portes  avec  de  grandes 
voûtes  ôc  arcades.  Celles  du  fud  ôc  du  nord  font  tri- 
ples ,  comme  les  portes  de  la  première  enceinte ,  & 
celles  des  côtés  font  fimples.  Sur  ces  portes,  ôc  fur 
les  quatre  angles  de  là  muraille  s'élèvent  huit  tours , 
ou  plutôt  huit  fales  d'une  grandeur  extraordinaire ,  & 
d'une  très-belle  architecture;  elles  font  verniffées  au 
dedans  d'un  beau  rouge ,  femé  de  fleurs  d'or ,  &  la 
couverture  elt  de  tuiles  verniffées  de  jaune.  Sous  les 
rois  Chinois  vingt  eunuques  faifoient  la  garde  à  cha- 
cune de  ces  portes  ;  à  préfent  les  Tartares  y  ont  mis 
vingt  foldats  ôc  deux  officiers.  L'entrée  eft  permife  à 
tous  les  mandarins  des  tribunaux  qui  font  au  dedans 
du  palais ,  Ôc  à  tous  les  officiers  de  la  maifon  du  roi; 
mais  elle  eft  défendue  à  tous  lesauttes,  s'ils  ne  mon- 
trent une  petite  table  de  bois  ou  d'yvoire ,  dans  la- 
quelle leur  nom  ôc  le  lieu  où  ils  doivent  fervir  fuient 
marqués  avec  le  cachet  du  mandarin  de  qui  ils  dé- 
pendent. Cette  féconde  muraille  eft  environnée  d'un 
profond  &  large  foffé  ,  revêtu  de  pierres  de  taille  & 
plein  d'excellens  poiffons.  Chaque  porte  a  un  pont- 
levis  pour  traverfer  le  folîé  ,  à  la  réferve  de  celle  du 
fud  qui  l'a  plus  au  dedans.  Dans  le  grand  espace  par 
lequel  les  deux  murailles  font  féparées,  il  y  a  plufieurs 
palais ,  les  uns  ronds,  les  autres  cariés.  Ils  ont  tous  des 
noms  conformes  aux  ulages  &  aux  divertiffemens  aux- 
quels ils  font  deltinés.  Dans  le  même  espace ,  du  côté 
de  l'orient,  &  joignant  la  première  muraille,  coule  une 
rivière  qu'on  traverfe  fur  plufieurs  ponts,  tous  faits  en- 
tièrement de  marbre ,  à  la  réferve  de  l'arcade  du  mi- 
lieu ,  qui  eft  un  pont-levis  de  bois.  Tous  les  autres 
ponts  qui  fe  trouvent  en  nombre  dans  ce  palais ,  font 
bâtis  de  la  même  foire.  Du  côté  de  l'occident  où  l'es- 
pace eft  beaucoup  plus  large  ,  il  y  a  un  lac  fort  pois- 
fonneux ,  long  d'un  mille  ôc  un  quart  d'Italie  ,  Ôc  fait 
en  forme  de  viole.  On  le  traverfe  à  l'endioit  le  plus 
étroit  qui  répond  aux  portes  des  deux  murailles.  Il  y 
a  un  beau  pont  dont  les  extrémités  font  ornées  d'arcs 
de  triomphe  à  trois  arcades  chacun  ,  élevés ,  majeltueux, 
ôc  d'une  belle  architecture.  Marc  Paulo  ,  /.  1.  c.  6. 
fait  mention  de  ce  lac  qui  eft  environné  de  palais  & 
de  maifons  de  plaifance  ,  bâties  partie  dans  l'eau  ôc 
partie  en  terre  ferme.  Le  milieu  eft  garni  de  barques 
très-propres ,  dont  l'empereur  fe  fert ,  quand  il  veut 
prendre  le  plaifir  de  la  promenade  ,  ou  de  la  pêche. 
Le  refte  des  deux  espaces  de  l'eft  &  de  l'oueft ,  que 
le  lac  ,  ni  les  palais  détachés  n'occupent  point ,  eft  di- 
vifé  en  rues  larges  &  bien  proportionnées ,  qu'habi- 
tent les  officiers  ôc  les  artifans  qui  fervent  dans  le  pa- 
lais. Du  tems  des  empereurs  précédens  il  y  avoit  dix 
mille  eunuques  :  la  maifon  qui  règne  préfentement 
a  mis  à  la  place  de  ces  eunuques  des  Tartares  &  des 
Chinois  de  la  province  de  Leaohem,  qui  par  une 
grâce  particulière  font  confidérés  comme  Tartares. 
*  Corn.  Dict.  Ambaffade  des  Hollandois  à  la  Chine. 
Le  père  Maguûlans ,  nouvelle  relation  de  la  Chine  1 
c.  17.  &  fuiv. 

Le  palais  de  l'empereur  a  vingt  appartement  qui  vont 
en  ligne  droite  du  midi  au  feptentrion  ;  ôc  entre  l'en- 
ceinte extérieure  de  ce  palais  ôc  la  muraille  méridio- 
nale où  eft  la  porte  de  la  principale  ville,  il  y  a  un 
très-grand  espace  dépendant  du  palais ,  ôc  dispofé  ain- 
fi  :  Quand  on  entre  par  la  porte  de  la  ville,  on  fe  trou- 
ve dans  une  fort  grande  rue ,  qui  s'étend  le  long  de 
la  muraille  de  la  ville,  ôc  après  qu'on  l'a  traverfée, 
on  entre  dans  un  terrein  carré,  environné  d'une  balu- 
ftrade  de  marbre.  Au  delà  il  y  a  une  féconde  rue  or- 
née de  part  ôc  d'autre  de  deux  arcs  de  triomphe.  On 
ne  peut  aller  dans  cette  rue  ni  en  chaife ,  ni  à  che- 
val :  il  faut  descendre  au  premier  arc  de  triomphe , 
&  marcher  à  pied  jusqu'au-delà  du  fécond  ;  pareequ'on 
manqueroit  au  respect  dû  au  premier  appartement  du 
palais  ,  qui  eft  de  l'autre  côté  de  la  rue  ,  dans  une  di- 
ftance  égale  de  ces  deux  arcs.  Ce  premier  appartement 


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appelle  Taî   Cïmmûen  ,    c'eft-à-dire  portail  de  grande     feptiéme  appartement.  Le  huitième  eft  après  une 

tre  cour  ;  c'eft  une  fale  qu'on  appelle  la  /  fm 

du    milieu.   La  fale    drivante,   précédée  d'une   n 
cour,  s'appelle  la  fale  do  ha  fottveraine  Concorde*,  & 
fait   le  neuvième  appartement.  Ceft   dans  cette  fale, 
&  dans   les  deux  autres  bâties  de  chaque  cora  ■   qiie 
l'empereur  vient  deux  fois  le  jour  traiter  des  affaires 
de  tout   l'empire ,  avec  fes  Colas  ou  conleiliers  d'ecar, 
&   avec  les    mandarins    des  fix    tribunaux  fuprêmes. 
Quand  on  a  pafle  une  autre  cour ,  on  trouve  le  dixiè- 
me appartement  avec  un  beau  portail  fort  élevé     Se 
qu'on  appelle  le  portail  dit  Ciel  clair  or  net.  Il  a   au 
milieu  trois  grandes  portes,  auxquelles  on  monte  par 
trois  escaliers,  de  plus  de  quarante  degrés  chacun,  Se 
qui  ont  à  leurs  côtés  deux  petites  portes.  On  entre  enfui- 
te  dans  une  cour  fpacieufe  ,  que  termine  l'onzième  ap- 
partement ,   nommé  la  demeure  du  Ciel  clair   OT  net, 
Ceft  le  plus  riche,  Se   le  plus  magnifique  de   tous. 
On  y  monte  par  cinq  escaliers  d'un  marbre  très-fin , 
chacun  de    quarante-cinq   degrés ,  Se  ornés   de   para- 
pets, de  colonnes,  de  baluftrades ,  Se  de  phifieurs pe- 
tits lions;  Se    fur  le  haut,  de  chaque  côté,    de    dix 
grands  lions   de  bronze  doré.  Au  milieu  de  la  cour , 
à  une  diftance  proportionnée  de  ces  escaliers ,  on  voie 
une  tour,   auiîi  de   bronze  doré,  ronde,  finiffant  en 
pohtte  &  haute  de  douze  ou  quinze  pieds ,  avec  àçs 
portes,  des  fenêtres,  Se  quantité  de  petites  figures  tra- 
vaillées fort  délicatement  -,  Se  des  deux  côtés  deux  grands 
brafiers  de  bronze  doré  ,  où  l'on  brûle  des  odeurs  la 
nuit  Se  le  jour.  Ceft  dans  ces  appartenons  que  demeu- 
re   l'empereur ,    avec  les  trois  reines.    La  première , 
nommée  Hoam  heu  ,   ou  l'impératrice  ,  demeure  avec 
lui  dans  le  quartier  du  milieu  ;  la  féconde  habite  dans 
le  quartier  oriental ,  Se   la  troifiéme  dans  le  quartier 
occidental.   Les  deux  quartiers  joignent  celui  du  mi- 
lieu.  Les  fils  de  ces  trois  reines   font  tous  légitimes , 
avec   cette  différence,  que  ceux  de  la   première  font 
préférés  aux  autres  dans  la  fucceftion  de    l'empire.   Il 
y  a  encore  dans  cet  appartement,   &  dans  les  fuivans, 
jusqu'à  deux  ou  trois  mille  concubines ,  félon  la  vo- 
lonté de  l'empereur.  Elles  s'appellent  Cum-niu ,  ou  da- 
mes du  Palais.  Celles  que  le  roi  aime  le  plus  font  nom- 
mées Fi,  ou  presque  reines.  Il  leur  donne,  quand  il 
lui  plaît ,  des  joyaux ,  qu'elles  mettent  à  leur  tête ,  ou 
fur  leur  poitrine  ,  Se  une  portière  de  fatin  ou  de  damas 
jaune,  ce  qui  les  fait  refpccter  par  toutes  les  autres. 
Tout  ce  qui  regarde  le  fervice  de  l'empereur,  des  rei- 
nes Se  des  concubines,  Se  le  gouvernement  du  palais, 
Se  de  la  maifon  royale,    étoit    fait  autrefois   par  dix 
mille  eunuques  ;  mais  les  Tartares  étant  devenus  maî- 
tres de  l'empire  ,  n'en  réferverent  que  mille  pour  le 
fervice  intérieur  du  palais.  Après  l'onzième  apparte- 
ment on  trouve  une  cour ,  terminée  par  le  douzième, 
qui  eft  appelle  belle  &  agréable  maifon  du  milieu  ;  c'eft 
le  fécond  logement  de  l'empereur.  11  eft  fuivi  d'une  cour, 
Se  du  treizième   appartement  ,  ou  troifiéme  logement 
de  l'empereur  appelle  maifon  qui  reçoit  le  Ciel.  On  voit 
au-delà    un  vafte  jardin  ,  qui  fait  le  quatorzième  ap- 
partement ,  Se  fe  nomme  Jardin  Impérial.  De- là ,  après 
avoir   traverfé  phifieurs  cours,  Se  d'autres  grands  es- 
paces, on  arrive  au  dernier  portail  de  l'enceinte  inté- 
rieure, qui  fait  le  quinzième  appartement ,  &  on  l'ap- 
pelle portail  de  la  myftérieufe  valeur.  11  eft  compofé 
de  trois  portes ,  Se  de  trois  grandes  ventes ,  qui  fou- 
tiennent  une  fale  fort  élevée,  toute  peinte,  dorée,  ■& 
couronnée  de  petites  tours ,  Se  de  divers  ornemens  au 
fommet  du  toit.  En  fortant  delà ,  on  traverfé  le  forte 
fur  un  beau  Se  large  pont ,  bâti  de  grandes  pierres  de 
marbre  ,  au-delà  duquel  on  trouve  une  rue  qui  va  de 
l'elt  à  l'oueft ,  Se  qui  eft  bordée  du  côté  du  midi  par 
le  forte  .  &  du  côté  du  nord  par  divers  palais  Se  tri- 
bunaux. Au  milieu,  Se  vis-à-vis  du  pont,  il  y  a  un  por- 
rail  de  trois  portes,  un  peu  moindre  que  lesprécédens, 
Se  c'eft  le  feiziéme  appartement.  On  l'appelle  portail 
fort  élevé  du  fud.  11  eft  fuivi  d'une  cour,  ou  d'un  ter- 
rein  large  de  trente  toifes  du  fud  au  nord  ,  Se  long  de 
l'eft  à  l'oueft  d'un  quart  de  mille  italique.  L'empereur  y 
exerce  fes  chevaux  :  ainfi  il  n'y  a  point  de  pavé,  com- 
me dans  les  autres  cours,    dans  les  rues   Se  dans  les 


pureté  ,  confifte  en  trois  grandes  portes  avec  trois  voû- 
tes fort  longues  Se  fort  larges ,  au-dertus  desquelles  il 
y  a  une  très-belle  fale.  Ces  portes  ne  s'ouvrent  que 
quand  l'empereur  veut  forcir.    Au-delà  de  ce  premier 
appartement ,  on  trouve  une  valte  cour  ornée  des  deux 
côtés  de  portiques  Se  de  galeries  foutenues  par  deux 
cens  colonnes ,  qui  font  une  agréable  perfpective.  Cet- 
te cour  ,  large  de  la  portée  de  deux  traits  d'arc ,  Se  lon- 
gue de  plus  de  deux  portées  de  mousquet ,  eft  termi- 
née du  côté  du  nord  par  la  fameufe  rue  du  Perpétuel 
Repos  ,  qui  continue  au  travers  de  deux  portes  qu'on  y 
voit  de  chaque   côté.  Tout    cela  eft  encore  hors  des 
deux  enceintes  du  palais ,  Se  ne  lui  ferc  que  de  vefti- 
bule  Se  d'avenue.  En  continuant  d'aller  en    droite  li- 
gne du  nord  au  fud,   on  voit  au  milieu  de  la  murail- 
le  extérieure ,  qui  borde   la  rue  du  Perpétuel  Repos  , 
du  côté  du  nord ,  le  fécond  appartement  Se  le  fécond 
portail  qui  devroit  plutôt  être  appelle  le  premier ,  puis- 
que toutes  les  perfonnes  du  palais  font  obligées  d'y  pas- 
fer  ;  il  eft  compofé  de  cinq  portes  ,  trois  grandes  qui 
ne  s'ouvrent  que    pour  l'empereur   Se  deux  petites  à 
côté  peu  élevées  au  deffus  du  rez-de-chaurtée,  parlés- 
quelles  partent  tous  ceux  qui  entrent  ou  qui  fortent  , 
même  les  plus  grands  feigneurs.  Au  defliis  de  ces  por- 
tes Se  de  toutes  les  autres  s'élève  une  grande  fale ,  or- 
née de  quantité  de  colonnes  ,  avec  leurs  bafes  Se  leurs 
chapiteaux  dorés ,  &    peints   par  dehors  d'un    vernis 
vermeil ,   Se  par  dedans  d'un  vernis  or   Se  azur.  Cet 
appartement  elt  fuivi  d'une  cour  beaucoup  plus  gran- 
de que  la  précédente  ,  Se  qui  eft  bordée  à     l'orient 
Se   à  l'occident  de   fales  Se  de  chambres   avec  leurs 
portiques  Se  leurs  galeries ,  comme  toutes  les  autres 
cours  dont   on  a  parlé.  Après  celle-ci  on  trouve  le 
troifiéme    appartement  appelle  le  Portail  du  commen- 
cement. 11  elt  fuivi  comme  les  autres  d'une  cour  qui 
,  aboutit  au  quatrième  appartement  nommé  la  'tour,  ou 
le   Portail  du  Midi.  C'eft  le  premier  de  la  muraille 
intérieure.    11   eft  compofé  de   trois  valtes  voûtes  Se 
d'une   fale  au-dertus ,    mais  plus  grande  Se  plus  éle- 
vée  que  celle   du  troifiéme  appartement.   Elle  a  des 
deux   côtés  deux  murailles   en  forme  de  corridors  ou 
de  galeries  qui  s'étendent  vers  le  midi  l'espace  d'une 
portée  de  mousquet ,  Se  qui ,  à  leurs  extrémités  au 
nord  Se  au  fud ,  font  terminées  par  quatre  pavillons, 
ou  fales  femblables  à  celle  du  milieu ,  mais  plus  pe- 
tites.   Leurs  toits  font    hexagones   ou  à  fix  pans,  Se 
couronnés  de  chiens  de  bronze  doré.  Cet  appartement 
ett  fuivi  d'une  cour  pareille  aux  autres  Se  du  cinquiè- 
me appartement  qu'on  appelle  le  fuprême  portail.  Il 
elt  fermé  de  cinq  grandes  portes  auxquelles  on  mon- 
te par  cinq  escaliers  de    trente  degrés  chacun.  Avant 
que  d'y  arriver ,  on  traverfé  fur  cinq  ponts  un  profond 
forte  plein  d'eau.  Tous  ces  ponts  ont  leurs  parapets , 
balufhes ,   colonnes,   pilaftres,  Se  perrons,   avec  des 
lions    Se   d'autres    ornemens ,     le    tout   d'un    marbre 
très  blanc  Se  très-fin.  Après  cela  on  trouve  une  corn- 
ues vafte,  artbrtie  des  deux  côtés  de  portiques  Se  de 
galeries ,  avec  des  fales  Se  des  chambres  très-belles  & 
très-riches.  Cette  cour  aboutit  au  fixiéme  appartement 
nommé  la  fuprême  fale   impériale.    On  y  monte  par 
cinq  escaliers  chacun  de  quarante-deux  marches  d'un 
marbre  très-fin.  Celui  du  milieu ,  par  lequel  l'empe- 
reur feul  a  droit  de  pafler  ,  eft  d'une  largeur  extraor- 
dinaire.  Les  deux    plus    vo:(îns  ,    par   où    partent   les 
grands  feigneurs  cv  les  mandarins  ,  font  moins  larges  ; 
&  les  deux  autres,  qui  font  encore  plus  étroits,  fer- 
vent aux  eunuques  Se  aux  officiers  du  palais.  On  dit 
que  cette  fale  étoit ,  fous  les  rois  Chinois ,  une  des 
merveilles  du  monde  ,  Se  que  les  voleurs  qui  fe  fou- 
levcrent  durant  les  dernières  révolutions  la  brûlèrent 
avec  une  grande  partie  du  palais,  quand  ils  abandon- 
nèrent Pcking   par   la  crainte  des  Tartares.  C'eft  par 
les  mêmes  Tartares  que  fût  bâtie  celle  qu'on  voit  à 
préfenr.  Ils  fe  contentèrent  d'imiter  à  peu  près  l'an- 
cienne.  Cefl    dans  cette  fale  que    l'empereur    reçoit 
dans  fon  trône  les  foumiflîons  de  tous  les  grands  fei- 


gneurs &  des  mandarins  de  lettres  Se  d'armes.  Après 
cette  fale  impériale  Se  la  cour  qu'on  trouve  enfuite  , 
il  y  en  a  une  autre  apptllée  la  file  très-élevée.  Elle  fait  le     espaces  dont  il  a  été  parlé 


Au  milieu  de  la  muraille 


880       PEK 

feptentrionalc  de  ce   terrcin ,  il  y  a  un  grand  portail 
de  cinq  portes ,   tout  femblable  aux  autres.  On  l'ap- 
pelle le  portail  de  dix  mille  ans  ,  Se  il  fait  le  dix-fcp- 
tiéme  appartement.  Plus  avant ,  on  trouve  un  vaile  ter- 
rein  ou  parc  ,  entouré  de  hautes  murailles ,  où  le  roi 
tient  des  fangliers ,  des  ours ,  des  tigres ,  chacun  dans 
une  loge.  Au  milieu  de  ce  tertein  s'élèvent  cinq  col- 
lines d'une  hauteur  médiocre.  Celle  du  milieu  èft  plus 
élevée  :  les  quatre  autres ,  qui  font  plus  petites ,  deux 
à  l'eft  Se  deux  à  l'oueft ,  s'abbaiffent  avec  une  égale  pro- 
portion.   Elles   ont  été  faites  à  la  main,  de  la  terre 
qu'on  a  tirée  du  foffé  Se  du  lac ,  Se  elles  font  jusqu'au 
fommet  couvertes  d'arbres,  ranges  avec  fymmétrie,  cha- 
cun avec  fon  piedeftal ,  rond  ou  carré ,  dans  lesquels 
on  a  pratiqué  des  trous   qui  fervent  de  retraires  aux 
lièvres  Se  aux  lapins  ,  dont  les  montagnes  font  plei- 
nes. 11  y  a  auffi  fur  ces  montagnes,  Se  dans  cet  en- 
clos ,  quantité  de  cerfs ,  de  dains  Se  de  chevreuils ,  Se 
fur  les  arbres ,  diverfes  espèces  d'oifeaux  domeftiques. 
L'empereur  va  de  tems  en  tems  fe  divertir  dans  ce  lieu 
à  entendre  chanrer  ces  oifeaux ,   Se  à  voir  fauter  Se 
courir  routes  ces  bêtes.   Au  nord  ,  Se  à  deux  grandes 
portées  de  mousquet  de  ces  montagnes  ,  il  y  a  un  bois, 
au  bout  duquel ,  joignant  la  muraille  de  ce  parc ,  on 
voit  trois    maifons   de  plaifance ,  d'une    grande    fym- 
métrie,  avec  de  beaux  escaliers ,  Se  des  terraffes  qui  fer- 
vent de  communication.  Cet  ouvrage ,    véritablement 
royal  ,  compofe  le  dix-huitième  appartement,  Se  s'ap- 
pelle les  pjLiis  Royaux  de  la  longue  vie.  Un  peu  plus 
loin  ,  on  trouve  un  portail  femblable  aux  autres ,  qu'on 
nomme  le  portail  fort  élevé  du  nord  ;  il  fair  le  dix- 
neuviéme  appartement.  On  entre  enfuite  dans  une  lon- 
gue Se  large  rue ,  ornée  de  chaque  côté  de  palais  Se 
de  tribunaux.   Au-delà  de  cette  rue  s'élève  un  portail 
à  trois  portes,  conftruit    dans  l'enceinte    extérieure, 
Se  appelle  portail  du  repos  du  nord.  C'eft  le  vingtiè- 
me Se  dernier  des  appartenons  qui  ferment  le  palais 
du  roi  par  une  ligne  droite  au  midi. 

Outre  ce  palais ,  deftiné  pour  la  perfonne  de  l'em- 
pereur, il  y  en  a  à  côté  vingt  autres  particuliers,  dont 
la  beauté  ,  la  grandeur  Se  la  richeffe  font  remarqua- 
bles. Ils  font  dans  l'enceinte  intérieure  du  palais  royal , 
dont  ils  font  féparés  par  deux  murailles  ;  Se  ils  font 
divifés  entr'eux  par  d'autres  murailles  de  même  fa- 
brique. Entre  les  deux  enceintes  ,  il  y  a  encore  divers 
palais ,  Se  quantité  de  temples  d'idoles ,  dont  quatre 
font  plus  fameux  que  les  autres.  On  les  nomme  auffi 
falaiSy  à  caufe  de  leur  grandeur,  de  la  multitude  de 
leurs  appartemens ,  Se  de  la  beauté  de  l'architecture. 
Le  premier ,  dédié  aux  étoiles ,  que  nous  appelions  Car- 
tes du  nord  ,  &  que  les  Chinois  nomment  le  Feu  ,  s'ap- 
pelle le  palais  de  la  grande  Lumière.  Us  difent  que 
cette  conftellation  eft  un  dieu  qui  a  le  pouvoir  de 
donner  une  longue  vie.  Il  n'y  a  aucune  image  dans  fon 
remple  ,  mais  feulement  une  toile ,  entourée  d'un  ri- 
che cadre ,  Se  fur  laquelle  eft  écrit  :  A  l'Esprit  &  au 
Dieu  Peteu.  Ce  temple  eft  au-dedans  de  la  muraille 
intérieure  :  les  trois  autres  font  fitués  entre  les  deux 
enceintes.  L'un  s'appelle  le  palais  du  très-haut  &  fou- 
verain  empereur.  Ceft  le  temple  du  fameux  Se  fidèle 
capitaine  déïfié ,  que  l'on  appelloit  Çhtan-ti.  Les  Chi- 
nois lui  demandent  la  fanté ,  une  longue  vie ,  des  en- 
fans  ,  des  richeffes  ,  des  honneurs ,  Se  d  autres  biens  pas- 
fagers.  Les  deux  autres  temples  ou  palais  s'appellent, 
l'un  temple  de  la  tète  de  Bœuf  y  parce  que  l'idole  eft 
une  tête  de  bœuf,  avec  fes  cornes  ;  l'autre  fe  nomme 
le  temple  des  Lama.  Ce  dernier  eft  fitué  à  l'orient  du 
lac  ,  fur  une  montagne  en  pain  de  fucre ,  faite  à  la 
main  t  avec  des  roches  qu'on  y  a  fait  conduire  à 
grands  frais  du  bord  de  la  mer  ,  quoiqu'il  y  ait  plu- 
sieurs journées  de  diftance.  Ces  roches  font  la  plupart 
creufées  Se  percées  par  le  choc  des  vagues  :  les  Chi- 
nois fe  plaifent  à  voir  ces  ouvrages  ruftiques  de  la  na- 
ture. Elles  font  dispofées  de  telle  forte ,  qu'elles  repré- 
fentent  de  hautes  pointes  de  rocher ,  des  fonds  escar- 
pés Se  des  précipices ,  ce  qui  fait  que  d'une  diftance 
médiocre ,  il  femble  que  ce  foit  une  montagne  fauva- 
ge  faite  par  la  nature.  On  voir  au  plus  haut  une  tour 
ronde  à  douze  étages,  bien  proportionnée,  Se  d'une 
hauteur  extraordinaire,  Autour  du  plus  haut  étage,  il 


PEK 


y  a  cinquante  cloches  ,  que  le  vent  fait  fonner  &  mou- 
voir le  jour  Se  la  nuit.  Le  temple  qui  eft  grand  Se  ma- 
gnifique ,  eft  fitué  au  milieu  de  la  pente ,  du  côté  du 
midi ,  les  cloîtres  Se  les  cellules  des  Lama  s'étendent 
à  l'orient  Se  à  l'occident.  L'idole  eft  fur  l'autel ,  dans 
le  temple,  en  forme  d'un  homme  tout  nud  ,  qui  n'eft 
adoré  que  par  les  Lama  Se  les  Tartares  occidentaux  , 
les  Orientaux  Se  les  Chinois  ayant  en  horreur  cette 
nudité.  L'empereur ,  outre  ces  temples  ,  qui  font  dans 
fon  palais ,  en  a  fept  autres ,  où  il  va  facrifier  une  fois 
tous  les  ans.  Le  premier  de  ces  fepr  temples ,  appelle 
le  temple  du  Ciel ,  eft  fitué  à  un  demi  mille  de  la  por- 
te principale  de  la  ville ,  un  peu  à  l'orient ,  &  il  eft 
entouré  d'une  muraille  ronde  ,  de  près  d'un  mille  de 
circuit.  Une  parrie  de  cet  espace  eft  occupée  par  de 
très-beaux  édifices ,  &  le  refte  par  des  bois  frais  Se 
épais ,  dont  les  arbres  font  d'une  grande  hauteur.  Il 
a  cinq  portes  du  côté  du  midi  -,  trois  au  milieu  ,  qu'on 
n'ouvre  que  quand  le  roi  vient  facrifier  -,  &  deux  à 
côté,  qui  font  toujours  ouvertes.  Du  fud  au  nord,  il 
a  fept  appartemens  féparés ,  dont  fix  font  des  fales  Se 
des  portails ,  auffi  grands  Se  auffi  magnifiques  que  ceux 
du  palais  du  roi.  Le  fçptiéme  eft  une  vafte  Se  haute 
fale  ronde ,  toute  peinte  par  dedans  d'azur  &  d'or , 
Se  couverte  de  tuiles  verniffées  d'azur  ,  elle  eft  foute- 
nue  fur  quatre -vingt  deux  colonnes,  Se  îeprélente  le 
Ciel.  Le  roi  ,  accompagné  de  tous  les  grands  fei- 
gneurs  Se  mandarins  de  fa  cour,  facrifieau  ciel  dans 
ce  temple  au  jour  Se  au  moment  qu'arrive  le  folfti- 
ce  d'hiver ,  Se  il  offre  en  facrifice  des  bœufs ,  des  porcs, 
des  chèvres ,  Se  des  moutons.  11  fait  cette  cérémonie 
avec  un  grand  appareil ,  &  beaucoup  d'humilité ,  ne 
portant  ni  or  ,  ni  pierreries  ,  ni  même  la  couleur  jau- 
ne. Le  fécond  ,  appelle  le  temple  de  la  Terre ,  eft  fi- 
tué vers  l'oueft ,  dans  une  diftance  qui  répond  à  celle 
du  premier  temple.  Quand  on  couronne  le  roi ,  il  va 
dans  le  temple  de  la  terre ,  où  il  facrifie  au  dieu  de 
la  terre.  Il  prend  enfuite  un  habit  de  laboureur ,  Se 
avec  deux  bœufs  à  cornes  dorées,  &  une  charrue  ver- 
niffée  de  vermeil ,  à  filets  d'or ,  il  laboure  quelque 
peu  d'un  champ  enfermé  dans  l'enclos  du  temple.  Pen- 
dant qu'il  eft  occupé  à  ce  travail ,  la  reine  ,  avec  les 
principales  dames ,  lui  préparent  un  dîner  fort  fimple» 
qu'elle  lui  apporte,  Se  ils  mangent  enfemble.  Les  an- 
ciens Chinois  établirent  cette  cérémonie,  afin  que  leurs 
rois  fe  fouvinffent  que  leurs  revenus  venoient  des  fueurs 
du  peuple ,  Se  qu'ainfi  ils  ne  dévoient  point  faire  de 
dépenfes  fuperfiues.  Au  feptentrion  de  ces  deux  tem- 
ples ,  il  y  en  a  trois  autres  qui  leur  font  femblables. 
Celui  qui  eft  du  côté  du  nord,  s'appelle  le  temple  Sep- 
tentrional du  Ciel.  Le  roi  y  facrifie  au  tems  du  folfti- 
ce  d'été.  A  l'équinoxe  du  printems ,  il  facrifie  dans  ce- 
lui qui  eft  du  côté  de  l'eft ,  appelle  le  temple  du  Soleil^ 
ce  qu'il  fait  à  l'équinoxe  d'automne  dans  le  temple  oc- 
cidental ,  qu'on  appelle  le  Temple  de  la  Lune.  Le  fixié- 
me  temple  ,  fitué  dans  l'ancienne  ville ,  s'appelle  le 
Temple  de  tous  les  Empereurs  pajfés.  C'eft  un  grand  Se 
magnifique  palais,  avec  grand  nombre  d'appartemens , 
de  porrails,  de  cours  Se  de  fales.  On  y  voit  dans  de 
riches  trônes ,  les  ftatues  de  tous  les  empereurs  de  la 
Chine ,  bons  &  mauvais ,  durant  plus  de  quatre  mille 
cinq  cens  ans.  Ce  remple  eft  fitué  au  milieu  d'une  des 
plus  belles  rues  de  la  ville  ,  qui ,  des  deux  côtés  des 
portes  du  temple  ,  eft  traverfée  par  deux  arcs  de  triom- 
phe à  trois  portes.  Tous  ceux  qui  paffent  par  cette  rue, 
de  quelque  qualité  qu'ils  fuient ,  mettent  pied  à  terre 
par  refpect,quand  ils  arrivent  à  cesarcs,qui  font  élevés  Se 
majeftueux,  marchent  à  pied  jusqu'à  ce  qu'ils  ay  ent  paûe  le 
frontispice  du  temple.  Enfin  le  fepticme  temple  eft  appelle 
leTemplede  l'Esprit  qui  garde  les  mur  aille  uW  eft  près  des 
murailles,  en  dedans ,  du  côté  de  l'oueft.  Ce  n'eft  pas 
le  roi  qui  y  facrifie  ;  mais  cette  fonction  eft  comp- 
tée parmi  les  facrifices  royaux  ,  tant  pareeque  le  prin- 
ce en  fait  la  dépenfe  ,  qu'à  caufe  qu'il  nomme  ceux 
qui  doivent  facrifier  en  fa  place.  Toutes  les  villes  de 
l'empire  ont  un  pareil  temple,  dédié  à  l'esprit  qui  les 
garde. 

La  ville  de  Péking  a  dans  fa  dépendance  vingt-fix 

villes ,  qui  font  : 

Péking , 


PEL 


PEL       881 


Péking  ,  ou  Xuntien  , 

Paoti , 

Xuny  , 

Cho  0 , 

Changp'ing, 

Fangxan , 

Leanghiang, 

Pa0> 

Micyung» 

Vengan , 

Hoaijo, 

Taching , 

Kugangj 

Paoting, 

Jungcin'g,' 

Ki©, 

Tungan , 

Jotïen  > 

Hiangho  , 

Fungjung, 

Tung  @  > 

Cun'hoa , 

Sanho  , 

P'ingko , 

Vuci'ng» 

Que. 

PELA.  Voyez.  Pelé. 

TEL  AGE  ,  ille  de  la  Propontide.  Il  en  eft  parlé 
clans  les  conftitutions  de  l'empereur  Emmanuel  Com- 
nène. 

PEL  AGI  A  ,  ifle  confacrée  à  Saturne  :  A  venins,  Or  a 
Mark.  v.  164,  fait  entendre  qu'elle  étoit  voifine  des 
colonnes  d'Hercule.  Ne  ferok-ce  point,  dit  Ortelius, 
rifle  Scombraria  ? 

PELAGI/E  ,  ifles  de  la  mer  Méditerranée  ,  entre  la 
Sicile  &  l'Afrique  :  Ptolomée,  /.  4.  c.  3.  les  mer  au 
nombre  de  trois ,  favoir , 

Coffira ,  Glauconis  Infida  t  Melite-, 

Ortelius ,  Thefaur.  prétend  qu'il  y  avoit  cinq  ifles, 
qui  portoient  le  nom  général  de  Pelagia  InfuU  ;  mais 
comme  il  cite  Ptolomée ,  on  voit  aifément  qu'il  fe 
trompe.  Son  erreur  vient  de  ce  qu'il  a  fait  plus  dé- 
tention à  la  carte  de  Ptolomée ,  qu'à  la  defeription 
écrite.  Dans  la  carte  on  voit  cinq  ifles ,  entre  l'Afri- 
que &  la  Sicile  ;  mais  dans  la  defeription  par  écrit , 
Ptolomée  place  deux  de  ces  ifles  fur  la  côte  d'Afri- 
que. 

PELAGNISI,  plus  communément  Pebg'/î,  ifle  de 
l'Archipel  au  nord  de  celle  de  Sciro ,  Se  au  levant  du 
golfe  de  Salonique.  Elle  eft  environnée  de  quelques 
petites  ifles  :  les  anciens  l'ont  appellée  Halonejus.  M. 
de  l'ifle  dans  fa  carte  de  la  Grèce  1  appelle  Lanio ,  ou 
Felagifi. 

PELAGONES.  Voyez  Telagonia,  n"  1. 

1.  PEL  AGONI  A,  contrée  de  la  Macédoine.  Stra- 
bon ,  /.  7.  p.  317,  dit  qu'on  la  nomma  Tripolitis  à 
caufe  de  fes  trois  villes.  Ptolomée,  /.  3.  c.  13,  ne 
lui  donne  pourtant  que  deux  villes  ;  favoir  AâaritHS 
êc  Stobi;  mais  il  faut  y  ajouter  la  ville  Pelagonia  , 
capitale  du  pays,  félon  Tite-Live,  /.  4J.  c.  29»  II  y 
6  apparence  que  cette  dernière  ville  fut  ruinée  du  tems 
de  la  guerre  de  Macédoine  ;  car  depuis  Tite-Live  au- 
cun écrivain  n'en  fait  mention.  Les  habitans  de  la  Pé- 
lagonie  étoient  appelles  Pelagones  ,  Se  ils  fe  trou- 
vent quelquefois  nommés  ?  zones  ,  parce  que  leur  pays 
étoit  quelquefois  compris  dans  la  Pa*onie.  Cellarius , 
dans  la  carte  de  l'ancienne  Grèce ,  place  la  Pélagonie, 
au  midi  du  Mont  Ha:mus .  entre  la  Mygdonie  Se  la 
Pasonie. 

2.  PELAGONIA  ,  ville  de  la  Macédoine ,  dans  la 
Pélagonie.  Voyez,  l'article  précédent. 

3.  PELAGONIA,  contrée  de  la  Sicile,  félon  Etien 
ne  le  géographe  ;  mais  Cafaubon  juge  qu'il  y  a  faute 
dans  cet  endroit. 

PELAGOSA  ,  ille  du  golfe  de  Venife  :  elle  eft  fi- 
tuée  vers  le  milieu  du  golfe,  &  vers  le  midi  occidental 
de  l'ifle  Agufta.  *  Robert  de  Vaitgondy ,  Atlas. 

1.  PELAGUS,  nom  dont  les  Grecs  ufoient  pour 
défigner  la  mer,  Se  que  les  Latins  reçurent  dans  leur 
langue >  quoiqu'il  femble  dans  fa  propre  lignification 
vouloir  dire  la  Haute-Mer.  Ptolomée  néanmoins  don- 
ne ce  nom  à  toutes  les  mers  particulières.  Voyez,  l'article 
Mer. 

2.  PELAGUS ,  forêt  de  l'Arcadie  :  Panfanias ,  /.  8. 
r.  11.  dit  qu'elle  étoit  plantée  de  chênes  :  il  la  pla- 
ce fur  le  chemin  de  Mantinée  à  Tégée ,  ôc  ajoute  qu'el- 
le faifoit  la  borne  entre  les  Mantinéens  Se  les  Té- 
géens. 

PELAMYDIUM,  nom  d'un  des  fauxbourgs  de 
Conftantinople ,  félon  Oïtclius,  qui  cite  Cedrène. 


jPELANA.  Voyez.  Pellana. 

PELARGI.  Voyez.  Pelasgi  &  TyrRheniA. 

PELASGI,  ancien  peuple  de  la  Grèce,  qui  habita 
d'abord  dans  l'Algie ,  Se  qui  tiroir  fon  nom  du  roi 
Peiasgus,  fils  de  Jupiter  Se  de  Niobé.  Après  la  fixié- 
me  génération  ils  laiflerent  le  Péloponnèfe  &  fe  trans- 
portèrent dans  l'Hémonie ,  appellée  depuis  la  Thefla- 
lie.  Les  chefs  de  cette  colonie  furent  Acharus ,  Phthius, 
Se  Peiasgus ,  fils  de  Neptume  Se  de  Larifle.  Après 
avoir  chaflé  les  habitans  du  pays ,  ils  s'y  établirent  & 
le  partagèrent  entre  eux  ,  donnant  à  chaque  portion  le 
nom  d'un  de  leurs  commandans.  C'eft  delà  que  font 
Venus  les  noms  de  Phthiotide,  d'AcHAYE  &  de  Pe- 
lasgiotide.  Après  la  cinquième  génération  ,  dans  cet- 
te féconde  demeure ,  les  Curetés ,  lés  Leleges ,  Se  di- 
vers autres  habitans  les  chafferent  ,  une  partie  fe  fau- 
va  dans  l'ifle  de  Crète ,  Se  une  autre  dans  quelques- 
unes  des  ifles  Cyclades  ;  quelques-uns  fe  retirèrent  fuc 
le  Mont  Olympe  ,  Se  dans  le  pays  voifin  ;  d'autres  dans 
la  Bœotie,  dans  la  Phocide,  Se  dans  l'Eubée  ;  il  y  en 
eut  qui  paflerent  en  Afie ,  Se  qui  s'emparèrent  d'Une 
partie  de  la  côte  de  l'Hcllespont  Se  des  ifles  voifines  , 
entre  autres  de  celles  de  Lesbos.  Mais  la  plus  grande 
partie  alla  dans  le  pays  des  Dodonéens  ,  leurs  alliés» 
Se  y  demeurèrent  jusqu'à  ce  que  ,  devenant  à  charge 
au  pays  par  leur  grand  nombre  ,  ils  furent  confeillé» 
par  l'oracle  de  paffer  en  Italie,  appellée  alors  Satur- 
niens traverferent  la  mer  Ionienne  ;  Se  laiflerent  à  l'em- 
bouchure du  Pô  ceux  qui  n'étoient  plus  en  état  de  les 
fuivre.  Ces  derniers  bâtirent  une  ville  qu'ils  nommè- 
rent Sfin&  du  nom  de  l'embouchure  du  Pô  ,  fur  le 
bord  duquel  ils  avoient  pris  terre.  Ils  fe  firent  d'abord 
craindre  de  leurs  voifins ,  fe  rendirent  maîtres  de  la 
mer  :  mais  par  la  fuite  ils  furent  chaffés  de  leur  vil* 
le,  dont  les  Romains  s'emparèrent ,  Se  cette  partie  des 
Pelasges  cefia  d'êrre  connue  en  Italie.  A  l'égard  de  ceux 
qui  avoient  pénétré  dans  les  terres,  ils  paflerent  les 
montagnes,  arrivèrent  dans  l'Umbrie,  voifine  du  pay* 
des  Aborigènes ,  Se  s'y  rendirent  maîtres  de  quelques 
bourgades  :  mais  en  ayanr  été  chafles  par  les  naturels 
du  pays,  ils  paflerent  chez  les  Aborigènes  avec  les- 
quels ils  firent  alliance.  Cette  alliance  caufa  un  grand 
changement  en  Italie.  Les  Pelasges  Se  les  Aborigènes 
fe  trouvèrent  aflez  forts  pour  s'emparer  d'une  partie 
de  l'Umbrie  ,  &  de  la  ville  de  Crotone ,  dont  ils  fi- 
rent une  place  d'armes  ;  même  pour  chafler  les  Sicu- 
les ,  qu'ils  obligèrent  de  pafler  dans  1  ifle  voifine  ap- 
pellée Sicanie,  Se  à  laquelle  ils  donnèrent  leur  nom. 
Ces  premiers  progrès  des  Pelasges  furent  fliivis  d'au- 
tres encore  plus  grands.  Ils  conquirent  plufieurs  vil- 
les ;  ils  en  bâtirent  de  nouvelles,  Se  devinrent  fort  puis- 
fans  dans  le  pays.  Mais  cette  fortune  ne  fut  pas  de  lon- 
gue durée  :  affligés  de  diverfes  calamités,  Se  fatigués 
par  les  guerres  continuelles  qu'ils  avoient  fur  les  bras; 
un  grand  nombre  d'entre  eux  repana  en  Grèce,  Se  fc 
disperfa  en  divers  endroits  :  il  n'en  refta  que  très  peu 
en  Italie ,  où  ils  fe  maintinrent  avec  l'aide  des  Abo- 
rigènes. Une  grande  partie  des  villes  que  ces  peuples 
avoient  pofledées  furent  envahies  par  les  Tyrrhéniensa 
qui  commencèrent  à  s'établir  alors  dans  l'Italie.  *■  Dio- 
nif.  Halicam.  1.  i.p.  x^Se  feq. 

PELASGIA,  nom  qui  fut  donné  pendant  long-rema 
au  Péloponnèfe.  La  Toscane ,  Se  diverfes  autres  contrées 
que  les  Pelasgi  habitèrent ,  furent  au/fi  appellées  Pe- 
lasgia.  Voyez.  Pelasgi  Se  Pelasgiotis. 

PELASG1CUM  ARGOS  :  c'eft  un  des  noms  qui  fuc 
donné  à  la  Theflalie.  Elle  en  a  fou  vent  changé,  com- 
me Pline  ,  /.  4.  (.  7.  nous  l'apprend  Celui-là  lui  fufc 
donné  lorsqu'elle  fut  habitée  par  les  Pelasgi,  peuplée 
de  l'Argie.  Voyez.  Pelasgi» 

PELASGICUS  SINUS,  golfe  de  la  Theflalie,  fut 
la  côte  de  la  Phthiotide,  félon  Ptolomée,  /.  3.C.  1  jrPline, 
/.  4.  c.  8.  nomme  ce  golfe  Pagasicus  ,  du  nom  de  la  villa 
Pagafa.. D'autres  l'ont  appelle  Jolciacus  Se  Demetria- 
cus  .  du  nom  de  deux  autres  villes  qui  y  étoient  fi- 
tuées. 

PELASGIOTIS,  ou  Pelascis*  contrée  de  la  Thés- 
falie ,  dont  elle  faifoit  la  quatrième  partie ,  félon  Stra- 
bon ,  /.  9.  pé  450.  Son  nom  venoit  des  anciens  peuples 
Psi.as«i,  qui  l'avoient  habitée.  Elle  s'étendoic  ancien* 

Tom.  IV.  Ttttt 


882       PEL 

nement  jusqu'à  la  mer  ;,  mais  dans  la  fuite  la  partie  ma- 
ritime de  ceite  contrée  fut  comprife  fous  la  Magnéfie. 
Les  peuples  s'appelloient  Pelasgiot^e  ,  Se  Pcolomée, 
i.  }.  c.  i6,leui"  donne  les  villes  fuivantes  : 


PEL 


Villes  maritimes. 


Villes  dans  les  terres. 


Magnifia , 
Sepias , 
Mantium , 
Jolcof. 

Dolicha, 
Azorium , 
Pytrmim , 
Gonnus, 
Arrax , 
llegium , 
Scotyfa , 
Lariffa  , 
Phaera?. 


PELASGIS.  Voyez.  Pelasgia,  Peiasgiotis,  Pe- 

XASGI. 

PELAUQUE,  Corben,  &  Beidat  ,  bois  de  Fran- 
ce ,  dans  la  maîtrife  de  l'ifle-  Jourdain.  Il  elt  de  foixan- 
te  Se  quatorze  arpens  quarante-cinq  perches. 

i.PELE,  ou  Pela,  Etienne  le  géographe  donne  ce 
nom  à  deux  villes  de  la  Theffalie ,  dont  1  une  obéis- 
foit  à  Eurypyle  Se  l'autre  à  Achille. 

2.  PELE  ,  ifle  fur  la  côte  d'Ionie ,  proche  de  la 
ville  de  Clazomène ,  félon  Pline ,  /.  32.  c.  2. 

PELECANIA  ,  lieu  de  la  Bœotie  ,  entre  les  fleuves 
Cephife  Se  Melana  :  Théophrafte  ,  /.4.  c.  11.  dit  qu'il 
y  croifibit  de  beaux  rofeaux. 

PELECAS,  ou  Pelecantes  ,  montagne  de  l'Afie 
mineure,  au  voifinage  de  LVEolie,  félon  Polybe ,  /.  j. 
».  77. 

PELECES.  Etienne  le  géographe  ,  in  verbo  Ev^vpi- 
fa.),  donne  ce  nom  à  une  partie  de  la  tribu  Léonti- 
de.  Au  lieu  de  Peleces ,  Phavorin   écrit  Pelex. 

PELECUS  ,  ville  de  la  Libye  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PELEGRINO ,  montagne  de  la  Sici    ,  dans  1   Va1 
de  Mazzara  ,  fur  la  côte  feptentrionale  ,  près  de  la  vil- 
le de  Païenne.  Son  ancien  nom  n'étoit  pas  Erota  ,  com- 
me   le    dit     Corneille ,    qui   cite  Maty  ;  mais  trtta  , 
Eirtla ,  ou  Erllm, ,  comme  écrivent  Polybe  &  Diodo- 
re  de  Sicile.  Cette  montagne  eft  confidétable  pour  fa 
hauteur ,  Se  pour  avoir  fervi  de  retraite  à  fainte  Ro- 
falie  ,    fille    d'un  roi   d'Espagne.  Elle  vécut  plufieurs 
années  dans  une  caverne  ,   fous  un  rocher  femblable 
à   la  grotte    de  la  Sainte  Baume ,  en  Provence.  Après 
qu'on  a  monté  trois  grands  milles ,  on  arrive  à  cette 
caverne ,  &  à  l'entrée  on  trouve  la  maifon  des  pères 
de  l'Oratoire ,   qui  deffervent  la  chapelle  que  l'on  a 
faite  de  cette  caverne  au  fond  de  laquelle  eft  la  figu- 
re de  la  fainte.  Ce  lieu  eft  fermé  de  grilles  de  fer.  On 
voit  à  côté  une  fource ,  dont  on  dit  que  l'eau  opère 
de  fréquens  miracles.  Il  y  a  plufieurs  tombeaux  dans 
cette  grotte  ,  &  tous  les  dimanches  on  voit  un  grand 
concours    des  habitans   de  la  ville  de  Palerme  qui  y 
.  vont  (a)  en  dévotion.  Au  deffus  de  ce  rocher  eft  une 
tour  ronde  ,  qui  reflemble  au  Pilon  de  la  Sainte  Bau- 
me de  Provence  ,  quoiqu'elle  n'ait  pas  été  bâtie  pour 
le  même  fujet ,  mais  feulement  pour  y  mettre  garni- 
fon  de  quelques  foldats  qui   gardent  les   côtes  de   la 
mer.  Tous  les  foirs,  lorsqu'ils  n'ont  appeiçu  durant  le 
jour  aucun  vaiffeau    corfaire,  ils  allument  le  feu  d'as- 
furance.    Si  au   conttaire  ils  en  ont   découvert  quel- 
ques-uns,  ils  allument   des  feux  qu'on  peut  nommer 
feu  de  défiance ,   afin  qu'on  fe  tienne  fur  fes  gardes. 
Il  y  a  plufieurs  hermitages  aux  environs  de  la  fainre 
caverne  ,    &  une  belle  galerie  au  lieu  le  plus  proche 
de  la  mer ,  où  la  montagne  fe  trouve  escarpée  en  fa 
çon  d'une  muraille  fort  haute;  ôe  l'on  voit  delà  avec 
plaifir  tout  ce    qui  fe  paffe  fur  la  mer.   On  a  élevé 
proche  de  cette  galerie  couverte  ,    la  figure  de  fainte 
Rofalie  :  elle   eft  d'une  hauteur   fi    prodigieufe ,  que 
ceux  qui  partent  le  long  des  côtes  de  la  mer ,  la  peu- 
vent voir  aifémenr.  Le  corps  de  cette  Sainte  ayant  été 
trouvé  dans  cette  grotte,  fous  le  rocher,  fut  transpor- 


té delà  dans  l'églife  métropolitaine  de  Païenne ,  qui 
l'a  reconnue  pour  fa  Patrone,  Se  qui  célèbre  fa  fête 
avec  grande  pompe  le  4  de  Septembre.  11  y  va  une 
affluence  de  monde  incroyable  de,  toutes  les  parties  du 
royaume.  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy.  Corn.  Dict.  J011- 
vin-  de  Rochefort ,  Voyage  d'Italie  &.de  Malthe. 

PELENAR1A,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte, 
félon  Pline  ,  /.  6.  c.  ly.  \Jn  manuferit  confulté  par  Or- 
telius ,  Tbef.  portoit  Planaria  pour  Pelenuria. 

PELENDONES,  peuples  de  l'Espagne.  Pline,  /.  3. 
c.  3.  les  comprend  fous  les  Ccltiberes,  Se  ajoute,  /.  4. 
c.  20.  que  le  fleuve  Durius  avoir  fa  fource  chez  eux. 
Ptolomee,  /.  2.  c.  6.  leur  donne  trois  villes,  favoir  : 


Vïfontium  y  Augufî '  obriga , 


Savia. 


Une  ancienne  infeription  ,  rapportée  par  Grnter ,  p. 
1 1 1.  n.  5.  fait  mention  de  ces  peuples  ,  Se  écrit  Pel- 
lendones ,  au  lieu  que  Pline  Se  Ptolomee  difent  Pe- 
lendones. 

Genio  toci 

Pellendones 

Areacon. 

PELERIN  (  Le  ) ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Breta- 
gne ,  au  bord  de  la  Loire,  à  quatre  lieues  au-deffous 
de  Nantes  ,  &  à  cinq  au-defius  de  Paimbœuf.  Ce  bourg 
elt  confidéiable.  Les  bâtimens  remontent  la  rivière  jus- 
que-là ,  Se  on  les  y  décharge  pour  porter  les  mar- 
chandifes  à  Nantes.  Ceft  auffi  le  lieu  où  fe  fait  le  ra- 
doub des  vaiffeaux  ,  &  où  on  les  met  en  état  de  des- 
cendre jusqu'à  Paimbœuf,  où  on  les  charge  des  mar- 
chandifes  qui  viennent  de  Nantes  fur  des  gabarres. 

PELERINAGE,  nom  que  l'on  donne  à  certains  voya- 
ges qu'on  fait  par  dévotion.  11  vient  du  latin  Pere- 
grinativ ,  Se  on  l'a  appliqué  à  ces  voyages  de  dévotion  , 
parce  que  le  voyageur  eft  étranger  dans  les  pays  par 
où  il  paffe.  Les  pèlerinages  ont  été  autrefois  en  grand 
ufage  chez  toutes  les  nations  :  ou  prenoit  même  avec 
certaines  cérémonies  l'habit  de  pèlerin,  qui  conillloic 
particulièrement  dans  un  bourdon  8e  dans  une  escar- 
celle. L'églife  avoir  fort  approuvé  la  dévotion  des  fidè- 
les pour  certains  pèlerinages  fort  longs ,  comme  de 
Rome  ,  de  Jérufalem  ,  de  Saint  Jacques  en  Galice  ,  Se 
autres;  mais  aujourd'hui  elle  les  condamne  plus  qu'elle 
ne  les  approuve  ,  parce  que  l'efprit  de  libertinage  eft 
le  plus  fou  vent  l'unique  caufe  de  ces  voyages. 

PELERINE  (  La  ) ,  bourg  de  Fiance,' dans  le  Mai- 
ne ,  élection  de  Mayenne. 

PELESII ,  peuples  qui  ne  font  connus  que  par  une 
ancienne  infeription  d'une  médaille  recueillie  dans  le 
tréfor  deGoltzius,  &  où  on  lit  ce  motnEAHsinN. 

PELEST1NI,  peuples  d'Italie,  félon  Pline,  /.  3.  r. 
'14.  qui  les  place  dans  l'Umbrie.  On  croit  qu'ils  habi- 
roient  dans  le  quartier  ,  appelle  aujourd'hui  Plefteia  , 
Se  où  eft  la  bourgade  Piobigo.  '  Or  tel.  Thef. 

PELESTOTHRE.  Voyez.  Saiamis. 

1.  PELETHRON1UM,  montagne  de  la  Theffalie, 
au  voifinage  du  mont  Pélion  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. Lucain ,  Pharjal.l.  6.  v.  386.  parle  des  cavernes 
de  cette  montagne  dans  ces  vers  : 

Illtc  Semiferof  Ixionidas  Centauroi 
Fœtu  Pelethrumii  nv.be s  e  itdu  in  antr'tS. 

2.  PELETHRONIUM  ,  ville  de  la  Theffalie  ,  fur  la 
montagne  Pelethronnim  ,  félon  Ortelius  qui  cite  Stra- 
bon  ,  /.  7.  p.  299.  11  n'eft  pas  certain  néanmoins  que 
le  Pelethionium  de  Strabon  foit  une  ville.  Voici  en  en- 
tier le  paffage  de  cet  ancien  géographe  :  Altos  item  cul- 
p./t ,  qui  de  Gereniii  &  Acajeno  ,  de  Ithaca  Pago  feu 
Gtria,    Pelethromo   in   Pelio,  Glaucopio  Athenis  fclfa 

fcnpfcrmt. 

PELEX.  Voyez.  Peleces. 

PEL1 ,  ifle  delà  Chine,  dans  la  province  d'Huquang, 
prèsde  la  villede  Chikiang.  Elle  elt  formée  par  les  eaux 
du  fleuve  Kiang  ,  &  on  lui  donne  cent  ftades  :  du  moins 
c'eft  ce  que  lignifie  fon  nom  On  prétend  que  c'éroir 
autrefois  un  amas  de  quatre-vingt-dix  neuf  petites  if.es , 


PEL 


qui  à  mefure  que  les  fables  fe  font  accrus,  Se  que  les 
eaux  fe  font  diminuées,  font  venues  à  ne  plus  for- 
mer qu'une  feule  ifle,  mais  d'une  grande  étendue.  * 
Atlai  Sinenfis. 

PELIA,  rivjere  de  la  Toscane,  félonies  origines  de 
Caton.  Ortelius ,  Thefaur.  die  d'après  Léander  que  cette 
rivière  s'appelle  aujourd'hui  Paglia. 

PELIAC£  RUPES.  Voyez.  Pelion. 

PELIALA ,  ville  de  la  Méfopotamîe.  Ptolomée,  /. 
k.c.  18.  la  place  entre  Rh&fana  Se  Alvanis. 

PELIAS  ,  ifle  fur  la  côte  de  Sicile  ,  aux  environs  du 
promontoire  Drepanum  ,  cité  par  Ortelius ,  Thefaur. 
Il  y  a  apparence  que  c'efl  celle  qu'on  nomme  préfen- 
rement  Colombara,  vis-à  visdeTrapani,  &  près  de  la 
côte.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PELICARO  ;  village  du  royaume  de  Naples ,  dans 
la  Balîlicate  ,  fur  la  rivière  de  Sino.  On  croit  que  c'efl 
l'ancienne  Héraelée. 

PEL1CE  (La),  Pellicea ,  abbaye  d'hommes,  en 
France  ,  de  l'ordre  de  faim  Benoît ,  dans  le  Maine  ,  au 
diocèfe  du  Mans ,  fur  les  confins  du  Perche ,  proche 
la  Ferté-Bernard  ,  fondée  l'an  1205,  par  Bernard  delà 
Ferté.  L'abbé  jouit  de  ;ooo  liv. 

PELIEU  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quangfi  ,  au  département  de  Gucheu  ,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  efl  de  7  deg.  40  minutes 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  23  deg.  35  min. 
de  latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PELIGNI ,  peuples  d'Italie.  Strabon  ,  /.  j.  dit  que  le 
Sagrus  les  féparoic  des  Marrucini,  Il  n'eîl  pas  sûr  , 
dit  Cellarius,  Geog.  ant.  I.  2.  c.  9.  qu'ils  s'étendiiTent 
jusqu'à  la  mer  ,  &  l'on  fait  feulement  qu'ils  avoient  un* 
pott  à  l'embouchure  du  fleuve  Aiernus ,  qui  leur  étoit 
commun  avec  les  Marrucini  Se  les  Veflini,  Mais  Cella- 
xius  n'avoit  pas  pris  garde  apparemment  que  Ptolo- 
mée, /.  3.  c.  I.  donne  deux  places  maritimes  aux  Peli- 
gni  ,  favoir  ,  Sari  Fluvii  OJiia ,  Se  Orton.  Dans  les 
terres  ils  avoient,  félon  Ptolomée  ,  deux  villes  qui 
croient  Çurfelinium  Se  Sulmo ,  à  quoi  on  peut  ajouter 
une  troifiéme  ville  que  Pline  nomme  Super  Equum. 
Les  Peligni  eurent  la  gloire  d'avoir  Ovide  pour  com- 
patriote ,  comme  il  le  dit  lui-même  ,  Amor.  lib.  3. 
Eleg.  15. 

Mantua  Virgilio  gaudet ,  Verona  Catullo , 
P cligna  dicar  gloria  Gentis  ego. 

PELINjEUS.  Voyez.  Pellen^um. 
PELlNNA.Foy^  Pellene. 

1.  PELION,  Pelms,  ou  Pelios ,  montagne  de  la 
Thefïalie  ,  dans  la  partie  orientale  de  la  Magnéfie.  Elle 
s'étendoit  le  long  de  la  Péninfule  qui  formoit  le  golfe 
Pélasgique.  Les  poètes  ont  feint  que  le  mont  Pélion  fut 
mis  fur  le  mont  Ofïa  par  les  Géans ,  lorsqu'ils  voulu- 
rent escalader  le  Ciel.  C'efl  ce  que  décrie  Virgile  dans 
ces  vers,  Georg.l.   1.  v.  281. 

Terfunt  conati  imponere  Pelio  Ojfam  , 
Scilicet  atque  Offg,  fronàofum  involvsre  Olympum. 

Et  Horace,  /.  3.  Od.  4. 

Fratresque  tendentes  opaco 
Pelion  impofuijfe  Olympo. 

On  difoit  que  les  Géans,  anffi  bien  que  les  Centau- 
res, avoient  leur  demeure  dans  cette  montagne.  Son 
nom  moderne  eflPETRAS,  félon  Tzetzès,  Chtliad,  6. 
n.  s. 

2.  PELION  ,  ou  Pelium  ,  ville  de  la  Thefïalie.  C'efl 
Homère,  Catalog.  qui  en  fait  mention. 

3.  PELION  ,  ou  Pelium  ,  ville  de  l'Illyrie,  félon 
Etienne  le  géographe.  Voyez,  l'article  fuivant. 

4.  PELION  ,  Pelium  ou  Pellium,  ville  des  Daflaré- 
tes.  Tite-Live,  /.  31.  c.  40.  dit  qu'elle  étoit  avanta- 
geufement  fituée  pour  faire  des  courfes  dans  la  Macé- 
doine. Ortelius  ,  Thefaur.  a  tort  par  conféquent  de  la 
mettre  dans  la  Macédoine.  11  n'ell  pas  le  feul  néan- 
moins qui  donne  les  Dafïarétes  pour  un  peuple  de  la 
Macédoine.  Il  y  a  apparence  que  c'efl  la  même  ville 


PEL        889 

qu'Arrien  ,  in  Alcxandro  ,  appelle  Pcllion ,  Se  qu'il  pla- 
ce fur  le  fleuve  Erigon.  Ce  pourroit  être  aufïï  la  même 
ville  qu'Etienne  le  géographe  place  dans  l'Illyrie ,  car 
cet  auteur  étend  l'Illyrie  jusque  dans  ces  quartiers. 

y.  PELION,  ou  Pelium  nemus.  C'efl  Quintilien  ,  L 
5.  c.  10.  qui  fait  mention  de  cette  forer. 
PELISTHIM.  Voyez.  Palastina. 
1.  PELLA,  ville  de  Macédoine  ,  cV.  qui  devînt  ca- 
pitale de  ce  royaume  (  a  ) ,  après  que  celle  d'Edefîc  eut 
ceflé  de  l'être.  Pella  étoit  fituée  aflea  près  de  la  mer , 
aux  confins  de  l'Emathie.  Hérodote,  /.  7.  c,  123.  la 
met  dans  la  Bottieide  ,  contrée  maritime  ;  mais  il  a  tort. 
Et  Ptolomée,/.   3.  c.   13.  a  raifon  de   la  placer  dans 
l'Emathie.   Tite-Live,  /.   44.  c.  ult.  en  donne  la  de- 
feription.  Le  conful ,  dit-il ,  étant  parti  de  Pydna  ,  ar- 
riva le  lendemain  devant  Pella ,  qui  avec  raifon  étoit 
la  capitale  du  royaume.  Elle  efl  fur  une  élévation  qui 
regarde  le  couchanc  d'hiver  :  des  marais  aufïï  peu  ac- 
cefTiblcs  en  été  qu'en  hiver ,  à  caufe  de  leur   profon- 
deur ,  l'environnent  Se  forment  des  lacs  avec  l'eau  dont 
ils  regorgent.  Dans  ces  marais  même  efl  fituée  la  for- 
terefle  ;  elle  repréfente  une  ifle ,    Se  efl  bâtie  fur  une 
élévation  qui  n'a  été  faite  qu'avec  des  peines  infinies , 
&  qui  fondent  la  mer,  Se  n'ell  point  du  tout  gâtée  par 
l'eau  du  marais  qui  l'entoure.  De  loin  elle  paroîr  être 
jointe  à  la  ville  :  elle  en  efl  néanmoins  féparée  par  une 
rivière  qui  coule  enrre  les  murailles  de  l'une  Se  de  l'au- 
tre. Il  y  a  feulement  un  pont  de  communication ,  en 
fotte  que  pour  l'afliéger  on  ne  trouvoit  accès  d'aucun 
côté.  La  rivière ,  qui  couloir  entre  la  ville  Se  la  forte- 
refle  »  fe  nommoit  Ludias,  Loedias  ou  Lydius.  Au  lieu 
de  Pella  ,  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3.  écrit  Pelle  ,  Se 
lui  donne  les  titres  de  Maxima  Se  d'Illu/Irii.  Il  ajoute 
qu'elle  devoir*  fa  grandeur  à  Philippe,  vainqueur  de  là 
Grèce  ,  Se  à  Alexandre ,  vainqueur  de  l'Afie.  Philippe 
y  avoit    été  élevé.    En  cette  confidération ,  de  petite 
qu'elle  étoit  auparavant,  il  l'accrut  tellement,  qu'il  en 
fie  une  grande  Se  belle  ville.  Tite-Live.,  /.    51.  c.   42. 
l'appelle  Vêtus  Regia  Mucedonum  ,  parce  qu'elle  avoit 
toujours  été  la  demeure  des  rois  de  Macédoine  depuis 
Philippe,  fils  dAmyntas,  jusqu'à   Perses.  Pline,  /.  4. 
c.  10.  lui  donne  le  titre  de  colonie  Romaine;  Se  on  a 
une  médaille  d'Augulle  (  b) ,  où  ce  même  titre  lui  efl 
donné.  On  y  lit  cette  infeription  ,  Col.  Jul.  Aug.  Pell. 
c'eil-à-dire ,  Colonia  Julia  Augufta  Pella.  Dans  la  fuite 
elle  déchut  beaucoup  de  fa  première  fplendeur.  Présen- 
tement on  nomme  ce  lieu  rÀ  n-tka-ritTia. ,  c'eft-à-dire ,  les 
petits  Palais.  Sophien  croit  que  Jenizar  eil  l'ancienne 
Pella  (c).  Comme  Alexandre  étoit  né  dans  la  ville  de 
Pella,  Juvenal ,  Satyr.  10.  v.    168.  pour   défigner  ce 
prince ,  fe  fert  de  ces  mots  de  PelUus  Juvenis. 

Umts  PelUojuveni  nonfufficit  or  bis. 

*  (  a  )  Cellarius  ,  Geogr.  ant.  1.  2.  c.  1 3.  (  £  )  Patin  ,  p. 
19;.  (  c  )  L.  Holften  ,  ad  Ortel. 

2.  PELLA,  ville  de  delà  le  Jourdain  'ta).  Pline,  /.  5. 
c.  18.  la  mec  dans  la  Décâpole,  Se  la  loue  à  caufe  de 
fes  belles  eaux.  Etienne  la  place  dans  la  Célé-Syrie. 
Tout  cela  n'a  rien  d'incompatible,  non  plus 'que  ce 
que  d'autres  difent ,  que  Pella  étoit  dans  la  Pérée  , 
dans  la  Batanée,  dans  le  pays  de  Bafan  (b).  Peut-être 
aufïï  que  quand  Jofephe ,  Antiq.  I.  13.  c.  23.  parle 
de  Pella,  dans  le  pays  de  Moab,  il  veut  marquer  la 
ville  dont  nous  parlons,  laquelle  étoit  fituée  dans  la 
Pérée,  dans  la  Batanée,  dans  le  pays  de  Bafan,  que 
les  profanes  appellent  quelquefois  Célé-Syrie,  Se  dans 
le  pays  qui  appartenoit  aux  Ammonites,  frères  &  al- 
liés des  Moabites  ;  à  moins  qu'il  ne  confonde  Pella  avec 
Abyla  du  pays  de  Moab ,  nommé  dans  Moïfe  Abel- 
Sathim  (  c)  Se  dans  Jofephe  ,  Antiq.  I.  4.  c.  7.  Sel.  $. 
c.  1.  de  Bel.  l.f.ç.  3.  Abyla.  Pella  étoit  entre  Jabes  Se 
Gérafa ,  à  fix  milles  de  Jabes  (  d  ).  Elle  étoit  aufïï  du 
nombre  des  dix  villes  connues  dans  les  géographes,  Se 
même  dans  l'évangile,  Mutt.  IV.  2j.  Marc.  V.  20. 
fous  le  nom  de  Décâpole.  Jofephe,  Antiq.  I.  13.  c\ 
23.  raconte  que  les  Juifs,  fous  le  règne  d'Alexandre 
Jannée,étoient  maîtres  de  Pella,  &  qu'ils  la  ruinèrent , 
voyant  que  fes  habitans  ne  vouloient  pas  embrafler  leui 
Tvm.  IV,  T  t  x  1 1  ij 


884       PEL 


PEL 


loi  &  leurs  cérémonies.  Les  premiers  Chrétiens  ayant    phe ,  au  lieu  de  Pellene ,  dit  Pellma.  Elle  croit  fituée 


appris  de  notre  Sauveur  ,  que  la  ville  &  le  temple  de 
Jérufalem  feroient  détruits ,  fe  retirèrent  à  Pella  (  e  ) , 
lorsqu'ils  virent  que  le  feu  de  la  guerre  contre  les  Ro- 
mains commençoit  à  s'allumer.  Saint  Epiphane  ,  de  pon- 
derib.&  menfur.p.  171.  dit  que  les  disciples  furent 
avertis  en  révélation  par  un  ange  de  s'y  retirer.  Cette 
ville  étoit  du  royaume  d'Agrippa ,  qui  n'entra  point 
dans  cette  guerre ,  fi  ce  n'eft  pour  aider  les  Romains 
au  fiége  de  Jérufalem.  Je  foupçonne  que  Pella  tire  fon 
nom  d'Abyla  ou  Abela.  Il  y  a  plus  d'une  ville  du  nom 
d'Abyla  ;  mais  celle  dont  je  veux  parler  eft  nommée  dans 
les  géographes,  Abyla  delà  Batanée  ,  8c  dans  l'écriture  , 
Abel  des  vignes.  Polybe  ,  H'ift.  /.  5.  diftingue  Abyla  de 


fur  les  confins  du  territoire  de  Sicyone.  Gcnifie  la  nom- 
me Cercobe  ;  le  Noir  l'appelle  Zaracha ,  Ôc  les  habitans 
Diacopton. 

PELLENENS1S,  fiége  épiscopal ,  dans  l'Euphraten- 
fe  :  c'eft  le  concile  de  Carthage  qui  en  fait  mention.  * 
Ortel.  Thefaur. 

PE  LLENII ,  peuples  d'Italie ,  félon  Lycophron  cité  par 
Ortelius  ,  Tbef.  C'étoit  une  colonie  de  Grecs  fortis  de  la 
ville  de  Pellene  en  Achaïe. 

PELL1DI ,  peuples  de  l'ifle  de  Sardaigne.  Tite-Live, 
/.  39.  c.  40.  les  appelle  Pellidi-Sardi. 

PELLINA.  Voyez.  Pellene. 

PELLlPAR10RUMVICUS,villagede  la  Judée.  Guil- 


Pella ,  puisqu'il  dit  qu'Antiochus  le  Grand  prit  Pella ,     hume  de  Tyr  ,  /.  4.  fait  entendre  qu'il  étoit  aux  environs 
Kamos  ,  Géphros ,  Abyla  ,  Gadara  ,  &c.  Etienne  le  géo-     de  Jérufalem 


graphe  dit  que  la  ville  de  Pella  a  eu  pour  fondateur 
Alexandre  le  Grand ,  apparemment  en  mémoire  de  la 
ville  de  Pella  ,  en  Theflalie  ,  où  il  avoit  pris  naiflance. 
Abyla  &  Pella  furent  dans  la  fuite  villes  épiscopales  de  la 
féconde  Palefiine.  Jofephe,^  Bello,l.  i.c.  3. p.  833. 
dit  que  Pella  étoit  une  des  fept  toparchies  de  la  Judée; 
mais  ailleurs,  /.  $.  de  Bello ,  c.  4.  il  la  nomme  Bet~ 
lephtepha;  &  Pline  ,  /.  5.  c.  14.  lui  donne  le  même  nom. 
On  ne  fait  où  étoit  Betlephtepha.  Le  nom  de  Pella  n'eft 
pas  dans  l'écriture.  *  (a)  D.  Calmet ,  Dict.  hift.  t.  2.  p. 
167.  (b)  Epiphan.  de  Harref.  1.  1.  p.  116.  (c)  Num. 
33,  49.  (  d  )  Eufeb.  ad  vocem  'Ap/<r&i£.  (  e  )  Enjeb.  Hift. 
Eccl.  1.  3.C  j. 

3.  PELLA,  ville  de  la  Theflalie,  félon  Etienne  le 
géographe ,  qui  en  met  aufli  une  dans  l'Achaïe.  Il  con- 
noît  encore  une  ville  8c  une  montagne  de  même  nom 
dans  l'Ethiopie. 

PELLACONTA,  fleuve  de  la  Méfopotamie,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  16.  Le  père  Hardouin  remarque  que  ce 
fleuve  fe  jettoit  dans  l'Euphrate  presque  cinq  cens  ftades, 
au  deflus  de  Séleucie.  Il  ajoute  qu'il  étoit  aufli  éloigné 
de  Bahylone,  du  côté  du  nord,  que  le  fleuve  Palla- 
copas  en  étoit  éloigné  du  côté  du  midi.  Cependant  Ar- 
fien  ,  de  Exped.  Alex.  I.  7.  ».  11.  dit  que  le  Pallaco- 
pas  étoit  à  près  de  huit  cens  flades  de  Babylone.  Or- 
telius  confond  ces  deux  fleuves. 

PELLACOPAS,    fleuve  de  la   Méfopotamie.  C'eft 
plutôt  un  des  lits  de  l'Euphrate,  ou  un  canal  creufé  de 
main  d'hommes ,  ôc  qui  n'a  point  de  fource.  Arrien , 
de  Exped.  Alex.  I.  7.  n.  21.  en  donne  une  ample  de- 
feription. 

PELLAEUS  PAGUS.  Alexandre,  félon  Pline,  /.  6. 
c.  ij.  donna  ce  nom  au  canton  où  étoit  fituée  la  ville 
d'Alexandrie  qu'il  bâtit  à  l'embouchure  du  Tigre ,  &  qui 
fut  depuis  nommée  Charax. 

PELLANA  ,  ville  de  la  Laconie.  Paufanias,  /.  3.  c. 
21.  dit  qu'il  y  avoit  deux  chofes  remarquables  dans 
cette  ville  ,  favoir  le  temple  d'Esculape  &  la  fontaine 
Pellana.  On  rapporte ,  ajoute-t-il ,  qu'une  fille  étant 
allée  pour  y  puifer  de  l'eau  ,  &  y  étant  tombée ,  on 
trouva  fon  voile  dans  une  autre  fontaine,  appellée  Lan- 
ce A.  Polybe  ,  /.  4.  n.  81.  nomme  cette  ville  Pellene  ôc 
Tripolis  ,  félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  fe  trompe.  Poly- 
be ne  dit  pas  Pellene  8c  Tripolis  ,  mais  Pellene  en 
Tripoli. 

PELLANA  Se  Pallene,  Tille  de  l'Arcadie ,  félon 
Pline ,  /.  4.  c.  G. 

PELL  AON  !  ville  d'Italie ,  au  delà  du  Pô.  Pline  ,  /.  3 . 
c.  1 9.  qui  en  fait  mention ,  dit  qu'elle  ne  fubfiftoit  plus 
de  fon  tems. 

1.  PELLENA  ,  ville  de  l'Argie,  félon  Ortelius, 
Tbef.  qui  cite  Hefyche. 

2.  PELLENA.  Voyez.  Vivariense  Monaste- 
rium. 

1.  PELLEN/EUM  ,  ou  Pellenvïus  Mons,  monta- 
gne de  l'ifle  de  Chios ,  félon  Pline  ,  /.  5.  c.  51.  &  Etien- 
ne le  géographe  ,  in  verbo  nî'hmct.  Denis  le  Periégéte  , 
verf-  5î5'  fait  auflî  mention.de  cette  montagne  ,  ôc 
Strabon,  au  lieu  de  Pellemais  ,  dit  Pelinms. 

2.  PELLEN^UM,  ville  de  la  Pelasgiotide ,  félon 
Ortelius,  Thefjur.  qui  cite  Tite  Live,  /.  36.  c:  10.  mais 
je  trouve  que  Tite-Live  écrit  Vellln&um. 

PELLENE  ,  ville  de  l'Achaïe  Propre.  Ptolomée  ,  /. 
3.  c.  16.  la  place  dans  les   terres.  Etienne  le  géogra- 


PELLISSE  (  La  ).  Voyez.  Pelice. 

PELL1UM.  Voyez.  Pelion. 

PELLORIA.  Voyez.  Azotus. 

PELO  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quangfi  ,  près  de  la  ville  de  Hiaxe.  Cette  montagne  eft 
très  agréable  &  toute  couverte  d'arbres  fort  vieux.  *  Atlas 
Sinenjis. 

1.  PELODES  ,  nom  grec  ,  qui  fignifie  Va/eux.  On  l'a 
donné  à  quelques  golfes  ,  à  caufe  que  leur  fond  étoit  de 
vafe. 

2.  PELODES ,  port  de  l'Epire ,  félon  Strabon ,  /. 
7.  p.  3  24.  Ptolomée  ,  /.  3 .  c.  1 4.  le  place  entre  le  golfe  des 
Buthrotori,  &  les  promontoires  Thyamis. 

3 .  PELODES ,  nom  d'un  golfe ,  fur  la  côte  de  la  Sufia- 
ne  ,  félon  Ptolomée ,  /.  6.  c.  3. 

PELON  ,  fiége  épiscopal  ,  au  voifinage  de  la  Syrie 
Creufe.  La  notice  du  patriarchat  de  Jérufalem  met  ce  fié- 
ge fous  la  métropole  de  Scythopolis. 

PELONTIUM  ,  ville  de  l'Espagne Tarragonnoife.  Pto- 
lomée ,  /.  2.  c.  6.  la  donne  aux  Lungones. 

PELOPE  ,  village  de  la  Lydie.  Etienne  le  géographe 
le  met  aux  confins  de  la  Phrygie. 

PELOP1A.  Voyez.  Péloponnèse  &Thyatira. 

PELOPIS.  Paufanias,  /.  i.c.  34.  dit  qu'on  donnoit  ce 
nom  à  de  petites  ifles  du  Péloponnèfe ,  vis-à-vis  de  Mé- 
thana  ,  8c  que  ces  ifles  étoient  au  nombre  de  fept. 

PELOPONNESE ,  Peloponnefus , aujourd'hui  la  Mo- 
rée.  C'eft  une  grande  presqu'ifle,  qui  faifoit  la  partie  mé- 
ridionale de  la  Grèce,  &  qui  étoit  jointe  à  la  feptentrio- 
nale  par  l'ifthme  de  Corinthe.  Ce  pays  n'eut  pas  toujours 
le  même  nom  :  il  fut  appelle  Appia  fous  le  règne  d'Ap- 
pius  ;  Pe lasgia  fous  celui  de  Pelasgus  :  Argos  fous  celui 
d'Argus,  &  enfin  Péloponnèfe  fous  Pelops.  J'ai  décrit fes 
révolutions  à  l'article  Grèce.  Voyez.  Grèce. 

Le  Péloponnèfe  a  été  divifé  par  les  anciens  ,  fuivant  le 
nombre  de  fes  peuples  &  de  fes  villes  ;  ce  qui  a  beaucoup 
varié  ,  les  peuples  ayant  changé  ,  &  les  villes  n'ayant  pas 
toujours  été  les  mêmes.  Ptolomée,  /.  3.  c.  16,  y  com- 
prend même  la  Corinthie  &  la  Siconie  ;  mais  Pomponius 
Mêla  ,  /.  2.  c.  3.  partage  cette  péninlule  feulement  enfix 
contrées  principales ,  qui  font  : 


L'Argolide, 
La  Laconie , 
La  Meflenie , 


L'Elide , 
L'Achaïe  , 
8c  l'Arcadie. 


PELORIAS.  Voyez.  Pelorus. 

PELORIS ,  ifle  dont  fait  mention  Phavorinus  dans  fon 
Lexicon. 

PELORUM  ,  fleuve  d'Ane  ,  dans  l'Ibérie  ,  félon  Dion 
Caflius,  /.  36.  p.  29. 

PELORUS,  Pelorum,  Peloris  &Pelorias. Cor- 
neille ,  Dïll.  dit:  L'un  des  trois  caps  de  la  Sicile,  qui  eft. 
au  feptentrion  de  l'Italie.  Eft-ce  la  Sicile  qui  eft  au  fepten- 
trion  de  l'Italie  ?  Eft-ce  le  cap  Pelorus  ?  Ni  l'un  ni  l'au- 
tre ;  car  la  Sicile  eft  au  midi  de  l'Italie  ,  &  le  promontoi- 
re Pelorus  à  l'occident.  Ce  promontoire  forme  la  partie 
la  plus  orientale  de  la  Sicile  ,  du  côté  du  nord  ,  8c  il  dé- 
fend en  quelque  manière  lepalùçe  du  Fare  de  Mefline. 
Les  Grecs  8c  les  Latins  lui  ont  donné  le  même  nom.  De- 
nis le  Périégete  ,  v.  472.  dit  que  le  promontoire  Peloris 
regarde  l'Aufonie  -,  8c  Polybe  ,  /.  1.  r.  42".  qui  écrit  Pelo- 
rias,  dit  que  c'eft  le  promontoire  feptentrional.  Ovide  , 
Silius  Italicus ,   8c   divers  autres  auteurs  parlent  de  ce 


PEL 


promontoire.  Le  premier  dit ,   Metamorph.  lib.   13. 
v.  726. 


PEM         885- 


•        •        •        •         • 


at  Arclon 
JEquorïs  expertemfpeclat  Boreanque  Pehros* 


Et  Silius  Icalicus,  /.  14.V.  79. 

Celfus  arcnofo  tollit  fe  mole  Pelorus. 

Servius  fait  une  remarque  fur  ces  vers  de  Virgile ,  M' 
ticui.  I.  3.  v.  410,  411. 

Aft  ubi  digrejfum  SicuU  te  admoverit  or* 
Ventus ,  &  angujli  rarestent  clauftra  Pelorh 

Il  dit,  que  félon  Salufte ,  le  promontoire  Pelorus  fut  ainfi 
nommé  d'un  pilote  qu'Annibal  tua,  croyant  qu'il  le  ira- 
hiflbit.  J'ai  pourtant  lu  ,  ajouter  il ,  que  ce  promontoire 
avoit  le  nom  de  Pelorus  avant  cette  époque.  Quoiqu'il  en 
foit,  on  dit  qu'Annibal  répara  fon  erreur  ,  en  faifant  éle- 
ver au  bord  de  la  mer  une  ftatue  qu'il  fît  appeller  1  elore, 
du  nom  de  ce  malheureux  pilote.  Onl'appelleaujourd  nui 
Cabo  de  la  Torre  di  Faro  ,  à  caufe  de  la  tour  du  Fare  de 
Mefline,  fituée  à  l'extrémité  de  ce  promontoire,  fur  une 
longue  pointe  allez  bafle. 

PELSO.  Voyez.  Peiso. 

PELT/£ ,  ville  de  la  Grande  Phrygic.  Strabon ,  /.  1 1.  p. 
J77.  Prolomée,  /.  j.  c.  2.  &  Etienne  le  géographe,  par- 
lent de  cette  ville  ,  de  même  que  Xénophon,  de  exped. 
Cjrï ,  /.  1 .  On  l'appelle  préléntement  Feltï ,  à  ce  que  dit 
Leunclavius.  Cette  ville  écoit  épiscopale  :  Tbeodorui ,  fon 
évèque,  nommé  tpiscopus  Peltarum,tifliL\z  au  fynode  de 
Ti  Lille  ,  in  Trullana  fynodo. 

PELTENI, peuples  de  la  Lycaonie,  oude  quelque  con- 
trée voifine  ,  félon  Pline ,L  <.c.  27.  Ils  font  placés  au  mi- 
di des  CydiJJes  par  Ptolomée  ,  /.  f .  c.  2.  mais  fes  interprè- 
tes écrivent  Spelteni  pour  Pclteni. 

PELTINUS  CAMPUS ,  campagne  de  l'Afic  Mineure , 
aux  environs  de  la  Lydie.  Strabon  ,  /.  1  $.  fub  finem  ,  dit 
que  de  fon  teins  on  l'appelkit  Pbrygia.  Campus.  Peut-être 
l'ancien  nom  venoit-il  de  celui  des  peuples  Pelteni,  qui 
habitoient  dans  ces  quartiers.  Voyez.  Pelteni. 

PELTU1NATES,  peuples  d'Italie  ,  félon  Pline,  /.  3.  c. 
12.  Sur  une  ancienne  infciiption  rapportée  par  Gruter,p. 
443.  ils  font  nommés  Peltuini. 

PELU  .  ifle  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Nan- 
king,  fur  le  fleuve  de  Kiang.au  midi  delà  ville  de  Kian- 
gnin.  Cette  ifle  eft  célèbre ,  parce  que  ce  fut  dans  fon  voi- 
finage  que  les  armées  des  provinces  méridionales  furent 
taillées  en  pièces  fous  la  famille  Sunga.  *  Adas  Sinen- 

PELU  A  ,  villcdel'lllyrie.  L'itinéraire  d'Antoninla  met 
fur  la  touteàc  Sirmiumk  Salon  jc,  entre  Salvia  8c  Aequum , 
à  dix-huit  milles  de  la  première  ,  &  à  dix-fept  milles  de 
la  féconde.  Il  y  a  des  exemplaires  qui  lifent  Peham  pou* 
Pelua. 

PELUIM.  Voyez.  Pelua. 

1.  PELUS,  ifle  voifine  de  celle  deChio  ,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

2.  PELUS,  montagne  de  la  Toscane.  Il  en  cft  parlé 
dans  les  origines  de  Caton.  Baudrand ,  Diit.  croit  que  c'eft 
aujourd'hui  la  montagne  Paglia  ,  entre  le  Tibre,  le  Ga~ 
rigliano ,  8c  le  lac  de  Perugia. 

3.  PELUS,  torrent  de  la  Sicile,  félon  Ortelius,  Tbef. 
qui  cite  Stobée. 

PELUSIACUM  OSTIUM.  Voyez.  Pelusium. 

1.  PELUSIUM  ,  ville  de  la  Bade-Egypte,  à  l'embou- 
chure du  bras  le  plus  oriental  du  Nil ,  8c  le  plus  voifin  de 
laPaleftine.  Elle  étoit  comme  la  clef  de  l'Egypte  du  côté 
de  la  Phénicie  8c  de  la  Judée. Ezechiel ,  c.  3 o.  v.  1  $  &  1 6. 
en  parle  fous  le  nom  de  Sin  ,  8c  il  l'appelle  h  force  de 
l'Egypte  y  ou  le  rempart  de  l'Egypte.  L'Hébreu  iï»,  qui 
lignifie  de  la  bouc  ,  revient  fort  bien  au  grec  Pelufiwn  , 
qui  dérive  de  Felos  ,  8c  qui  a  la  même  fignification.  Les 
Septante  ont  lu  Sais  ,  au  lieu  de  Sin  ,  dans  l'endroit  cité 
d'Ezechiel.  Strabon  ,  /.  1 7.  p.  802.  dit  que  la  ville  de  Pelu- 
fium  étoit  environnée  de  lacs,  qu'on  appelloit  Baratbra, 
&  de  quelques  marais.  Il  la  place  à  plus  de  vingt  ftades  de 
la  mer ,  8c  il  donne  à  fes  murailles  un  égal  nombre  de  fta- 


des de  circuit.  Elleelt  mifedans  l'Auguftamnique  par  Am- 
mien  Marcellin  ,  /.  22.  c.  16.  qui  veut  qu'elle  ait  été  bâ- 
tie par  Pelée  ;  mais  tout  le  monde  n'en  convient  pas  Elle 
fut  fouvent  affiégée  8c  prile,  quoique  difficilement.  On 
s'attaquoit  d'autant  plus  a  cetie  place,  qu'elle  donnoit ,  à 
ceux  qui  en  étoient  les  maîtres ,  l'entrée  libre  dans  l'Egvp- 
te.  L'embouchure  la  plus  oiientaledu  Nil  prenoit  fon  nom 
de  cette  ville.  Lucain  dit  : 

.     .     .     dividui pars  max'ima  Nili 

In  vada  decurrit  Pelufia  ifeptimus  amnis. 

Claude  Ptolomée ,  mathématicien  célèbre ,  étoit  de 
Pclufium  ;  mais  il  fixa  fon  féjour  à  Alexandrie.  Il  vivoic 
dans  le  fécond  fiecle.  Les  ouvrages  qu'il  a  laiiïe s  lui  ont 
acquis  une  giande  réputation.  La  géographie  fur-tout  lui 
doit  beaucoup.  Pdufinm  eft  aujourd  hui  Be'bais ,  village. 
Voyez,  ce  mot.  Ccrte  ville  étoit  épiscopale.  Duro'.hcus ,  fon 
évêque,  affilia  au  concile  de  Nicéede  L'an  325,  &  P.incra- 
tins  à  celui  de  Séleucie  ,  l'an  359.  Elleaéteenfuite  métro- 
pole. *  D.Calmet ,  Dicl. 

2.  PELUSIUM,  port  delà  Theflalic  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PELUSIUS  MONS  ,  montagne  de  l'Egypte.  Si.néort 
le  Métaphraile  en  parle  dans  la  vie  de  faint  Epima- 
que. 

PELYSS  ,  Pelyssa  ,  ou  Pissen,  perite  ville  de  la  Bas- 
fe-Hongrie  ,  proche  du  Danube,  entre  Strigonie  ou 
Gran  au  nord ,  Bude  ou  Onen  a  l'orient ,  8c  Albe  Roya- 
le au  midi ,  à  peu  près  a  égale  diftance  de  chacune  de  ces 
places.  Elle  elt  le  chef-lieu  d  un  comté  ,  auquel  elle  don- 
ne fon  nom. 

PE  MANG  ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
d'Honan  ,  au  nord  de  la  ville  de  ce  nom.  Cette  montagne 
eft  très-grande  :  elle  s'étend  jusque  dans  les  pays  de  Jeu- 
di, de  Cung  8c  de  Mengein.  *  Allas  Sinenfis. 

1.  PEMBA ,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  pioche  de  la  côte 
orientale  d'Afrique  ,  vis-à  vis  la  baie  de  Saint  Raphaël, 
fur  la  côte  de  Melinde.  Elle  eft  fituée  à  4  deg.  50  min.  de 
latitude  méridionale  ,  fous  les  56  deg.  30  min.  de  longi- 
tude, vers  l'orient  méridional  de  la  ville  de  Monbaza. 
L'ifle  de  Pemba  a  le  titre  de  royaume.  *  Atlas ,  Robert  de 
Vaugondy . 

2.  PEMBA  ,  ou  Pembo  .  province  d'Afrique,  au  royau- 
me de  Congo ,  où  elle  a  le  fixiéme  rang.  On  la  nomme 
autfi  le  Marquifat  de  Pemba.  Elle  eft  au  centre  de  l'état, 
&  de  petite  étendue  à  la  vérité  ,  mais  considérable  par  l'a- 
vantage qu'elle  a  d  avoir  toujours  été  le  berceau  ,  le  trô- 
ne &  le  fépulcre  de  tous  les  rois  de  Congo  ,  foit  Chré- 
tiens ,  foit  Idolâtres.  Le  nom  de  Pemba  fe  donne  aulfi  à 
la  ville  de  Banz.a  ,  capitale  ,  où  réfide  le  viceroi ,  ou  , 
pour  parler  plus  jufte  ,  le  gouverneur  générai  du  marqui- 
fat. *  Labat ,  Ethiopie  occidentale ,  t.  1 .  p.  37. 

PEMBR1DGE ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Hereford.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Grande  Br.  tagne  ,  /.   1 . 

1.  PEMBROKE  ,  ville  d'Angleterre  ,  au  pays  de  Gal- 
les ,  capitale  du  Pembrokeshire ,  à  cent  quatre-vingt- 
quinze  milles  de  Londres  :  elle  eft  fituée  fur  une  longue 
&  étroire  pointe  du  havre  de  Milford  ,  la  mer ,  à  cha- 
que marée,  mouillant  les  murailles  de  la  ville.  Elle  en- 
voie deux  députés  au  parlement.  Pcmbrokc  a  deux  pa- 
roifles  ,  &  eft  fortifiée  d'un  château  ,  dans  lequel  Henri 

VII  naquit.  Cette  ville  étoit  autrefois  un  Comté  Palatin , 
8c  porta  toujours  ce  nom-là  jusqu'au  règne  de  Henri 

VIII  :  mais  depuis  ce  tems  là  les  comtes  de  Pembroke 
n'ont  été  que  titulaires.  *  Etat  préfent  de  la  grande 
Bretagne  ,  t.  1.  p.  144. 

2.  PEMBROKE.  Voyez,  au  mot  Cap,  l'article  Cap 
de  Pembroc. 

PEMBROKESHIRE  .province  à  l'occident  de  celle 
de  Carmarden  ,  dans  le  diocèfe  de  Saint  David.  Elle  a 
quatre-vingt-treize  milles  de  rout  ,  8c  contient  environ 
quatre  cens  vingt  mille  arpens,  8c  quatre  mille  trois  cens 
vingt-neuf  mailbns.  La  mer  l'environne  presque  de  tous 
côtés.  Elle  eft  fertile  par-tout  •,  mais  à  l'eft  le  pays  eft  le 
plus  agréable.  Une  partie  fut  peuplée  par  les  Flamands 
fous  le  règne  de  Henri  I.  Cette  province  contient  qua- 
rante-cinq paroilTes,  neuf  villes  de  marché  ,  8c  cft  fameu- 
fc  pour  fon  grand  havre  ,  appelle  Milfordhaven  ,  dont 


886      PEN 


PEN 


j'ai  parlé  à  fon  article.  Au  lieu  de  bois  on  fe  fert ,  poul- 
ie chauffage  ,  de  Culm  :  c'eft  la  poufliere  du  charbon  de 
terre,  qu'on  mêle  avec  du  limon  ou  de  la  boue',  on 
en  fait  de  groffes  balles  qui  brûlent  fans  faire  presque 
de  fumée ,  &  chauffe  fort  bien.  C'eft  le  meilleur  chauf- 
fage pour  brûler  de  la  chaux ,  fécher  l'orge  pour  faire 
la  bière.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  t. 
p.  143. 

PEME  ,  ville  d'Egypte.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met 
entre  Memphis  ôc  Ifiu  ,  à  vingt  milles  de  la  première  , 
ôc  à  égale  diftance  de  la  féconde.  Un  manuferit  porte 
Pêne  au  lieu  de  Peme  >  ôc  Jérôme  Surica  voudroit  lire 
Pempte  ,  avec  Etienne  le  géographe.  Ne  feroit-ce  point , 
dit  Ortelius  ,  Tbef.  la  même  ville  qui  eft  appellée  Pea- 
tnum  dans  la  notice  des  dignités  de  l'Empire  ? 

PEMMA  ,  ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte  ,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  29. 

PEMOLISSA  ôc  PEMOLIT1S.  Voyez.  Pimousena. 

PEMSEY  ,  bourgade  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Suffex ,  aux  confins  de  Pevenfey  Mershe,&  de  Ha- 
ftings  Râpe  ,  vers  l'embouchure  d'une  rivière  qui  fe  jette 
dans  la  mer ,  &  qui  forme  un  havre  en  cet  endroit.  Ce 
havre,  qui  porte  le  même  nom  que  la  bourgade,  eft 
celui  où  Guillaume  le  conquérant  fit  fa  descente  pour 
la  conquête  de  l'Angleterre.  L'hiltoire  dit  qu'il  avoir  une 
flotte  d'environ  neuf  cens  voiles.  L'état  préfent  de  la 
Grande  Bretagne,  t.  1.  p.  118.  appelle  ce  havre  Pe- 
venfey. 

PEMTE ,  ville  de  l'Egypte ,  félon  Etienne  le  Géo- 
graphe. 

PEMTEGOUET.  Voyez.  Pentagouet. 

PENAFIEL.  Voyez.  Pegnafiel. 

PENA-GARCIA  ,  petite  ville  de  Portugal  ,  dans  la 
province  de  Beira.  Elle  eft  fituée  fur  les  confins  de 
l'Eftramadure  Espagnole.  Philippe  V  la  prit  en  1704, 
mais  il  fe  retira  à  l'approche  des  alliés. 

PENALVA  ,  ville  de  Portugal ,  dans  la  province  de 
Beira.  Elle  eft  fituée  fur  une  colline ,  à  trois  lieues  de 
Coimbre,  ôc  défendue  par  un  château.  Ses  habitans , 
qui  ont  droit  de  députer  aux  états,  font  au  nombre  de 
fix  cens.  De  rifle,  Sanfon  ,  &  le  père  Placide  ne  font 
aucune  mention  de  cette  ville.  *  Corn.  Diét.  Defcr.  Su- 
Ynaria  del  Reyno  de  Portugal. 

PENAMACOR.  Voyez.  Pegnamacor. 

PENARENSIS  URBS,  ville  de  Syrie.  Surius  en  par- 
le dans  la  vie  de  faim  Jean  le  Syrien.  Peut-être  ce  mot 
Penarenfis  eft-il  corrompu  de  celui  de  Pinarenfis ,  for- 
mé de  celui  de  la  ville  Pinara. 

PENAUT1ER  ,  ville  de  France  ,  dans  le  Languedoc , 

recette  ôc  diocèfe  de  Carcafibne.  Voyez  Podium  Nau- 

farium.  Penautier  eft  une  ancienne  baronnie  ;  on  y  voit 

"une  très-belle  maifon  de  campagne  fur  la  rivière  de 

Fresquet. 

PENCALA.  Voyez.  Peucella. 

PENDARACHI,  ou  Penderachi.   Voyez,  Héra- 

CLÉE  ,    11.    2J. 

PENDELI,  ou  Penteli  ,  montagne  de  l'Attique, 
dans  le  voifinage  d'Athènes,  qu'on  voit  de-làau  nord- 
cft.  Au  pied  de  cette  montagne  eft  un  monaftere  du  mê- 
me nom  ,  l'un  des  plus  célèbres  de  toute  la  Grèce.  Il  eft 
compofé  de  plus  de  cent  Caloyers ,  &  d'un  plus  grand 
nombre  d  autres  perfonnes,  qui  ont-làdes  revenus  fort 
confidérables.  Ils  payent  tous  les  ans  de  carach  ou  de 
tribut  fix  mille  livres  pefant  de  miel  pour  la  mosquée 
neuve  que  la  fultane,  mère  de  l'empereur  Mahomet  IV  , 
a  fait  bâtir  à  Conftantinople  ■■,  ils  font  obligés  d'en  four- 
nir encore  autant ,  à  raifon  de  cinq  piaftres  le  quintal. 
Ils  ont  rarement  moins  de  cinq  mille  eflains  d'abeilles, 
outre  beaucoup  de  terres  labourables ,  ôc  des  troupeaux 
de  brebis ,  ôc  d'autre  bétail  ,  avec  de  grands  vignobles  , 
&  quantité  d'oliviers.   La  fituarion  de  ce  monaftere  eft 
fort  agréable  pendant  l'été ,  à  caufe  qu'il  eft  entre  les 
croupes  de  la  montagne  ,  d'où  fortent  plufieurs  ruiffeaux 
qui  fc  rendent  dans  des  réfervoirs,  pour  conferver  du 
poiffon ,  ôc  pour  faire  tourner  les  moulins.  Ce  couvent 
eft  environné  de  différens  arbres  qui  le  garantifiént  de 
l'ardeur  du  foleil  pendant  l'été  ,  ôc  lui  fourniffent  du  bois 
pour  fe  chauffer  pendant  l'hiver.  Il  y  a  une  affez  belle 
bibliothèque  ,  dont  la  plupart  des  livres  font  manuferits, 
ôc  ils  confiftent  en  un  grand  nombre  de  volumes  des 


pères  Grecs.  Wheler^  voulant  voir  les  carrières  de  mar- 
bre blanc  &  les  grottes  de  congélations  creufées  dans  les 
côtés  de  la  montagne,  il  monta  environ  demi  lieue  au 
nord  du  couvent ,  Ôc  ayant  traverfé  un  petit  ruiffeau  , 
qui  n'en  eft  pas  éloigné ,  il  trouva  beaucoup  de  caver- 
nes ou  petites  cellules ,  incruftées  àz  congélations 
dignes  d'écre  vues.  *  Webler  >  voyage  d'Athènes ,  /.  j. 
p.  265. 

Quelques-unes  brillent  comme  des  diamans  ;  ôc  quand 
on  les  rompt ,  elles  fe  lèvent  en  feuilles  comme  le 
talc  ;  d'autres  paroiffent  comme  des  verdures  ou  bois 
éloignés.  Il  descendit  dans  une  d'environ  vingt  bras- 
fes ,  par  un  chemin  étroit  ôc  obJcur ,  où  il  y  a  une 
fontaine ,  qu'on  dit  être  fi  fraîche  l'été  ,  qu'il  eft  im- 
polfible  d'y  tenir  la  main  quelques  momens.  On  croie 
que  les  anciens  chrétiensavoientaccoutumé  de  fe  cacher  là 
pendant  le  temsde  la  perfécution.  Cette  montagne  eft  un 
rocher  entier  de  marbre  blanc ,  ôc  on  y  voit  les  car» 
rieres  d'où  on  le  tiroit  pour  les  bâtimens  d'Athènes , 
ôc  ainfi  on  ne  doute  point  que  ce  ne  foir  la  monta- 
gne Pentelicus  ,  dont  Paufanias  vante  fi  fouvent  le  mar- 
bre. A  une  lieue  ôc  demie  de  Pendely  il  y  a  un  villa- 
ge appelle  Gevi/îa  ,  ou  Cefifia.  Héiode  Atticus  y  avoit 
une  maifon  de  plaifance.  Ce  village  eft  fitué  fur  un 
ruiffeau  qui  vient  du  mont  Pendely  ,  ôc  qui  tombe  dans 
le  Cephilus.  On  y  découvre  quelques  anciennes  mu- 
railles de  marbre  proche  d'une  mosquée. 

Spon ,  Voy.  de  Grec.  t.  2.  p.  70 ,  qui  a  anflî 
été  fur  les  lieux  nous  a  donné  une  petite  differtatiort 
pour  fauteur  d'Athènes  ancienne  &  moderne.  L'auteur , 
dit-il ,  a  pris  la  montagne  de  Saint  George  (Agios  Geor- 
gios)  pour  le  mont  Pentelicus ,  où  eft  le  monaftere  de 
Medelly  ou.  Pendeli ,  ôc  le  mont  Pentelicus  pour  l'An- 
chesmus.  Mais  il  fe  trompe  -,  car  Agios  Georgios ,  n'eft 
point  le  Pentelicus,  puisqu'il  ne  s'y  trouve  aucun  en- 
droit d'où  l'on  ait  tiré  du  marbre  ;  ce  qui  eft  facile  à  voir 
parce  que  c'eft  une  montagne  très-petite  &  fans  arbres, 
ôc  que  l'on  peut  voir  route  d'un  coup  d'œil  ,  lorsqu'on 
eft  au-deffus.  Aufli  Paufanias  dit  que  l'Anchesmus  eft 
une  montagne,  qui  n'eft  pas  à  la  vérité  bien  grande; 
ôc  il  femble  qu'il  veuille  dire  par-là  qu'il  doute  fi  on 
la  doit  appeller  une  montagne  plutôt  qu'une  éminen- 
ce  ou  un  rocher.  Strabon  tout  exacT:  géographe  qu'il 
eft,  en  faifant  mention  des  montagnes  de  l'Attique, 
ne  parle  point  d'Anchesmus ,  qui  ne  méritoit  pas  le  nom 
de  montagne  par  fa  petitefïe.  Mais  ce  n'eft  pas  delà , 
pourfuit  Spon  ,  que  je  tire  mon  plus  fort  argument  : 
il  faut  quelque  chofe  de  plus  folide.  Je  dis  donc  que  la 
monragne  qui  eft  fur  le  chemin  de  Raphly  à  Athènes, 
un  peu  fur  la  droite  ,  ou,  fi  l'on  veut,  celle  où  eft  le 
monaftere  de  Medelly ,  que  de  la  Guilleriere  ap- 
pelle le  mont  Anchesmus ,  à  deux  lignes  d'Athènes , 
eft  fans  contredit  le  Pentelicus  par  deux  raifons  que 
l'on  ne  peut  contefter.  L'une  eft  le  nom  même  de  ïew 
teli  qui  lui  refte  à  préfent  ;  car  ce  ne  font  que  les 
Francs,  ou  quelques-uns  du  vulgaire  parmi  les  Grecs 
qui  prononcent  Mendely  ou  Medelly ,  qui  n'eft  pour- 
tant que  le  même  mot  corrompu.  En  fécond  lieu,  le» 
carrières  d'où  l'on  a  autrefois  tiré  le  marbre  pour  les 
temples  d'Athènes  ,  font  une  autre  preuve.  On  les  trou- 
ve une  demi-lieue  plus  haut  que  le  couvent  :  ainfi  ce 
que  j'avance  n'eft  pas  une  fimple  conjeelure ,  mais  une 
chofe  de  fait. 

f  ENDENYS  ,  château  d'Angleterre ,  dans  la  provin- 
ce de  Cornouaille.  11  eft  fitué  fur  la  côte  occidentale 
^du  golfe    de  Falmouth,  dont  il  défend  l'entrée,   avec 
le  château   du  Mozeca ,  qui  eft  fur  la  côte  oppofée. 
*  Atlas,  Rob.  de  Vaug. 

1.  PENE.  Voyez.  Peine. 

2.  PENE  ou  Penne,  ville  de  France,  dans  le  Lan- 
guedoc ,  recette  d'Alby.  Elle  eft  fituée  près  de  l'Avey- 
rou  ,  avec  un  bon  château.  Elle  n'a  qu'une  rue  qui  va 
haut  &  bas  ainfi  que  fon  fauxbourg. 

3.  PENE,  rivière  d'Allemagne:  elle  a  fa  fou  rce  dans 
le  duché  de  Mecklebourg ,  un  peu  au  deffus  de  Gruben- 
hagen.  Son  cours  eft  de  l'occident  à  l'orient  en  ferpen- 
tanr.  Après  avoir  traverfé  deux  lacs,  elle  entre  dans  la 
Poméranie,où  elle  baigne  Demmin,  Loitz ,  GutskoW, 
ôc  Anclam  :  enfuite  elle  va  fe  joindre  à  la  branche 
occidentale  de  l'Oder,  qui  prend  le  nom  de  Veneou 


PEN 


PEN 


Tfin  8c  baignant  Laffan  &  Wolgalis,  entre  lesquelles 
elle  forme  un  grand  lac ,  elle  va  le  décharger  dans  la 
mer  Balrique ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Ruden.  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vaug. 

a.  PENE,  petite  ville  de  France  dans  l'Agenois,  fur 
la  rive  gauche  du  Lot ,  avec  un  château  autrefois  très- 
fort. 

PENE  DI  BILLI,  bourgade  d'Italie,  dans  le  duché 
d'Urbin,  vers  les  confins  des  terres  du  grand  duc  , 
dans  le  pays  de  Monte-Feltro  ,  au  midi  de  S.  Léo  , 
dont  elle  eft  éloignée  d'environ  cinq  milles.  Le  pape 
Pie  V  y  établit  en  1/71  la  réfidence  de  l'évêque  de 
Monte-Feltro.  *  Magin ,  carte  du  duché  d'Urbin. 
Baudrand ,  Did.  éd.    170J. 

PENEDA,  village  de  Portugal,  dans  la  province  de 
Tra  los  Montes  ,  fur  le  bord  de  la  rivière  de  Cavado  , 
près  de  fa  fource  ,  un  peu  au-deffous  de  Montalegre. 
On  la  place  environ  à  douze  lieues  de  Braga  du  co- 
te du  nord  oriental.  Il  y  en  a  qui  prennent  ce  villa- 
ge pour  l'ancienne  ville  Pinetus. 

PENESE,  Balestra  ,  ou  BalistA  :  c'eft  une  par. 
lie  du  mont  Apennin  entre  l'état  de  Gènes  8c  le  val 
de  Taro.  Voyez.  BalistA.  *  Baudrand,  Dict.  éd.  1705. 

PENEST^E  ,  peuples  de  la  Theflalie  ,  félon  Ortelius, 
Tbef.  qui  cite  Etienne  le  géographe  8c  Athénée  ,  /.  6. 

PENEST^-ILLYRII  ,  peuples  de  l'Illyrie.  C'eft 
Tite-Live,  /.  44.  c.  il.  qui  en  fait  mention. 

PENETES,  Penetale  ,  monaftere  de  France  dans  la 
Haute-Bretagne  ,  aux  extrémités  du  diocèfe  de  Rennes , 
Geugr.  de    Legen. 

1.  PENEUS,  fleuve  de  la  Theflalie,  au  travers  de 
laquelle  il  couloir  %  félon  Scrabon ,  /.  9.  Pomponius 
Mêla ,  /.  2.  ç%  3 .  dit  qu'il  féparoit  la  Theflalie  de  la 
Phthiotide,  &  Ptolomée ,  /.  3.  c.  13  veut  qu'il  fépa- 
rât  la  Theflalie  de  la  Pelasgiotide  ;  mais  ces  deux  géo- 
graphes entendent  feulement  parler  de  la  Theflalie  pro- 
pre que  Strabon  appelle  Theflâliotide.  Ce  fleuve  avoit 
ht  fource  dans  le  mont  Findus  ;  il  couloit  d'orient  en 
occident  en  ferpentant  ;  8c  après  s'être  accru  des  eaux 
de  diverfes  rivières,  il  fe  rendoit  dans  la  vallée  de 
Tempe  ,  pour  aller  enfuite  fe  jetter  dans  le  golfe  Ther- 
maïque  ,  entre  le  mont  Olympe  8c  le  mont  Ofla.  Le 
Penée  eft  célèbre  chez  les  poètes  qui  ont  feint  que 
Daphnc  ,  fille  de  Perlée  ,  fut  métamorphofée  en  laurier. 
Cela  vient  du  grand  nombre  de  lauriers  qui  étoient 
fur  fes  bords.  On  y  en  voit  encore  aujourd'hui  une 
grande  quantité.  Il  a  perdu  fon  ancien  nom.  On  l'ap- 
pelle préfentement  Selambria.  Voyez.  Selambria. 

2.  PENEUS,  rivière  du  Péloponnéfe ,  dans  l'Eli- 
de.  Elle  avoit  fon  embouchure  fur  la  côte  occidenta- 
le, entre  la  ville  Cyllene  8c  le  Promontoire  Chelona- 
ta  ,  félon  Strabon,  /.  8.  p.  338.  Thevet  8c  Niger  di- 
fent  que  le  nom  moderne  de  cette  rivière  eft  Igliaco. 

3.  PENEUS  ,  fleuve  de  la  Sicile  ,  félon  Ortelius,  qui 
cite  le  Scholiaile  de  Théocrire. 

4.  PENEUS.  Strabon,  /.  n.  p.  531,  dit  que  ce 
nom  fut  donné  à  l'Araxe,  fleuve  de  l'Arménie ,  à  cau- 
fe  de  la  reffemblance  qu'il  avoit  avec  le  Pénée  de 
Theflalie. 

PENG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  Province  de 
Suchuen,  au  département  de  Chingtu,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  12.  d.  49  m.  plus  oc- 
cidentale que  Peking  ,  fous  les  31.  d.  4jm.de  latitude 
feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfts. 

PENGCE ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Kiangli ,  au  département  de  Kieukiang  ,  cinquième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  10  d.  f  4  m.  plus  oc- 
cidentale que  Peking,  fous  les  30.  d.  43  m.  de  latitude 
feptentrionale.  *  Allas  Siwnfa. 

PENGLY  ,  lac  de  la  Chine.  Voyez.  Poyang. 
PENGXAN  ,  cité  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
•  Suchuen  ,  au  département  de  Muicheu  ,   féconde  gran- 
de cité  de  la  province.  Elle  eft  de  12  d.  ;6  m.  plus  oc- 
cidentale que  Peking,  fous  les  30  d.  20  m. de  latitude 
feptentrionale.  Atlas  Swenfis. 

PENGXUI,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen  ,  au  département  de  Chungking ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  9  d.  30  d.  plus 
occidentale,  que  Peking,  fous  les  29  d.  57  m.  de  la- 
titude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfîs. 


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PENICH  ,  ou  Penick,  bourgade  d'Allemagne,  dans 
la  Haute-Saxe  ,  au  marquifat  de  Misnie ,  fur  le  bord  de 
la  rivière  de  Mulde  ,  entre  Rofsburg  au  nord,  8c  Hoens- 
tein  au  midi  ,  environ  a  trois  milles  d'Allemagne  de  la 
ville  d'Altenbourg  ,  en  tirant  vers  le  levant.  On  y  fait  de 
belle  poterie. 

PENICHE  ,  ville  de  Portugal ,  dans  l'Eftramadure  > 
au  nord  du  Tage ,  fut  le  bord  de  la  mer ,  à  l'occident 
d'Atouguia  ,  &  à  douze  ou  quatorze  lieues  de  Lifbonne. 
Elle  eft  fituée  dans  une  presqu'ifle  environnée  de  rochers 
de  tous  côtés,  8c  qui  fait  un  cap  auquel  elle  donne  te 
nom.  Cette  presqu'ifle  eft  féparee  du  continent  par  un 
canal  de  cinq  cens  pas  de  large ,  qui  eft  guéable  lors- 
que la  marée  eft  baffe ,  mais  qui  fe  remplit  entière- 
ment dans  le  tems  de  la  pleine  mer  ;  tellement  que  Pé- 
niche devient  alors  une  ifle,  où  Fon  ne  peut  aborder 
qu'avec  des  bateaux.  La  mer  forme  en  cet  endroit  un 
port  fort  bon  8c  très-important.  11  eft  fortifié  de  fix 
pans  de  murailles ,  auxquelles  on  a  attaché  trois  baftions 
8c  deux  demi-baftions.  La  ville  eft  fermée  de  bonnes 
murailles  couvertes  de  quatre  tenailles.  Outre  tous  ces 
ouvrages ,  Péniche  8c  fon  port  font  encore  défendus 
par  une  bonne  citadelle  8c  par  un  fort  carré,  que 
Philippe  II  fit  bâtir  après  la  conquête  de  Portugal. 
Cette  place  a  un  gouverneur  avec  une  gamifon  de 
trois  cens  hommes.  *  Délices  de  Portugal,  p.  74J. 

PENIEL.  Voyez.  Phanuel. 

1.  PENINSULE.  Voyez.  Presqu'isle. 

2.  PENINSULE  :  Pline,  /.  4.  c.  18,  donne  ce  nom 
à  la  partie  de  la  Gaule  Lyonnoife  qui  s'étend  vers  l'oc- 
cident ,  8c  avance  dans  l'Océan.  Il  lui  donne  fix  cens 
vingt-cinq  milles  de  circuit,  en  commençant  à  comp- 
ter aux  confins  des  Ofismii ,  dont  le  pays  fe  terminoit 
à  peu  près  dans  l'endroit  où  eft  aujourd'hui  la  ville 
de  S.  Malo.  Pline  ajoute  que  Fifthmc  de  cette  pénin- 
fule  avoir  cent  vingt-cinq  milles  de  largeur. 

PENISCOLA  ou  Penoscola  ,  ville  d'Espagne ,  au 
royaume  de  Valence,  furie  bord  de  la  mer,  au  nord 
d'Oropefa.  Cette  ville  eft  fituée  le  plus  avantageufe- 
ment  du  monde,  fur  une  pointe  déterre,  extrême- 
ment élevée  ,  qui  avance  dans  la  mer  ,  8c  qu'on  nom- 
me le  cap  Forbar.  Comme  Peniscola  eft  outre  cela 
environnée  de  la  mer  de  trois  côtés ,  tous  ces  avan- 
tages la  rendent  merveilleufement  forte.  Elle  eft  inac- 
celfible  par  mer  8c  d'une  approche  bien  difficile  par 
terre  \  car  de  ce  côté-la ,  ce  n'eft  qu'une  langue  de 
terre  baffe ,  8c  une  plage  d»  fable.  *  Délices  d'Espa- 
gne y  p.  570.  Michelot ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  36. 

La  pointe  de  Peniscola  eft  à  vingt-deux  ou  vingt-trois 
milles  au  nord-eft  quart  de  nord  de  celle  d'Oropefa. 
On  peut  mouiller  du  côté  du  nord  de  Peniscola  pouf 
les  vents  de  nordoueft,  oueft  8c  fud-oueft  :  on  y  eft 
par  6,  8,  ôc  10  braflès  d'eau  fond  de  fable  vafeux.  II 
femble  qu'on  pourroit  égalemenr  mouiller  du  côté  du 
fud  de  Peniscola  ;  mais  le  fond  n'en  vaut  rien.  De  plus 
vers  le  fud  de  cette  pointe,  environ  à  un  quart  de  lieue, 
il  y  a  fous  l'eau  une  roche  dangereufe  qu'il  faut  évi- 
ter ,  lorsqu'on  vient  du  côté  du  fud ,  8c  qu'on  veut 
aller  mouiller  devant  Peniscola. 

PENIUS,  fleuve  qu'Ovide,  de  Ponto ,  /.  4.  Eleg. 
10.  v.  47.  met  au  nombre  de  ceux  qui  fe  déchargent 
dans  le  Pont-Euxin.  Voyez,  l'article  Pityus. 

PENKRIDGE,  bourg  d'Angleterre,  dans  leStaffors-- 
hire ,  environ  à  une  lieue  de  Staffbrd  du  côté  du  mi- 
di. Il  s'y  tient  un  marché.  On  croit  que  ce  bourg  eft 
l'ancien  Pennocrucium.  Voyez,  ce  mot.  *  Etat  préferjt 
de  la  Gr.  Br.  t.  i.p.  1 1  o. 

PENNA  ou  Penna  de  Francia.  Voyez.  Lancia; 


n°  3. 


PENNA  ESCRITTA  ,  bourg  d'Espagne,  dans  la 
vieille  Caftille.  Voyez.  Ergavica. 

1.  PENNAFLOR.  Voyez.  Pegnaflor. 

2.  PENNAFLOR  ,  bourg  d'Espagne ,  dans  les  Aftu- 
ries,  environ  à  quatre  lieues  au  fud-oueft  d'Oviedo. 
Voyez.  Laberris.    *  Jaillot ,  Atlas. 

PENNAMAYOR  ,  abbaye  d'hommes,  ordre  deCî- 
teaux ,  de  la  congrégation  de  Caftille  en  Espagne,  au 
diocèfe  de  Lugo  ,  dans  la  Galice. 

PENNAS  ou  las  V  ta  Ai.  Voyez. ,  au  mot  Cap  ,  l'ar- 
ticle Cap  de  las  Penas* 


888       PEN 

PENNE,  PENNELOCOS  ou  Pennelocus  :  l'iti- 
néraire d'Antonin  mec  une  ville  de  ce  nom  fur  la  route 
de  Milan  à  Mayence  ,  en  pafiant  par  les  Alpes  Penni- 
res  :  il  la  place  entre  Tarnad&  Se  Ubiscus  ,  à  treize 
milles  de  la  première  Se  à  neuf  milles  de  la  féconde  : 
fclon  Simler ,  c'eft  préfentement  Neiwenftadt ,  en  fran- 
çois  Villeneuve. 

PENNENSES.  Voyez.  Pinna  Se  Valuensis. 

PENNINUS  MONS  :  on  a  donné  ce  nom  à  une 
partie  des  Alpes.  Voytz. ,  au  mot  Alpes  l'article  Al- 
pes Pennines. 

PENNOCRUCIUM,  ville  d'Angleterre  :  l'itinérai- 
re d'Antonin  la  met  entre  Uxacona  Se  Etocetum ,  à  dou 
ze  milles  de  l'une  Se  de  l'autre  de  ces  places.  Cambden 
donne  pour  certain  que  c'eft  préfentement  le  bourg  de 
Penkridge  dans  la  Stafforshire. 

PENNON  ,  Penon  ,  Pegnon  ,  ou  Pignon  d'Alger, 
fortereffe  d'Afrique,  au  royaume  d'Alger  :  le  roi  Fer- 
dinand, irrité  des  courfes  que  faifoient  les  Corfaires  fur 
les  côtes  d'Espagne  &  dans  les  ifles  voifines ,  fit  faire 
un  fort  dans  une  petite  ifle  qui  eft  devant  le  port  d'Al- 
ger &  le  nomma  Pegnon  ,  à  caufe  qu'il  éroit  fur  un 
roc.  On  battoit  aifément  de  cet  endroic  les  maifons  de 
la  ville i  de  forte  que  Celim-Beni-Tumi ,  prince  d'Al- 
ger ,  fut  contraint  de  faire  une  trêve  pour  dix  ans  avec 
le  roi  d'Espagne  ,  Se  de  lui  payer  tribut.  Barberoufle 
ayant  tué  Celim ,  &  s'étant  rendu  maître  d'Alger  Se 
d'autres  endroits  de  cette  province ,  fit  une  tentative  fur 
ce  fort ,  &  ne  le  put  prendre  :  fon  frère  en  vint  a  bout, 
parce  que  les  vivres  manquoient  dans  la  place,  &  qu'il 
en  fut  averti  par  un  traître.  Martin  de  Vaigas  qui  en 
étoit  gouverneur ,  &  qui  s'étoit  toujours  défendu  avec 
habileté  &  courage  ,  voyant  les  Turcs  monter  à  l'aflaut 
donna  lui-même  l'exemple  à  lagarnifon  :  il  fe  battit  en 
defesperé  :  mais  il  eut  un  bras  coupé  ,  fut  pris ,  Se  le 
fort  fur  fournis  :  Barberouffe  offrît  a  de  Vaigas  de  le 
faire  capitaine  de  fes  gardes,  s'il  vouloir  embrafler  le  Ma- 
hométisme.*$urfon  refus,  il  le  fit  mettre  à  mort.  *  Mar- 
mot, defeription  de  l'Afrique,/.  y.  e.  41. 

PENNON  DE  VELEZ  ,  place  important  d'Afri- 
que ,  dans  une  ifle  ou  plutôt  dans  un  écucil  de  la  mer 
Méditerranée ,  à  fept  cens  pas  de  la  ville  de  Bedze , 
nommée  par  les  Espagnols  Vêlez  de  la  Gomera  , 
dont  elle  eft  féparée  par  un  canal.  Elle  eft  au  t  $  d 
20  m.  de  longit.  Se  au  $6  d.  25  m.  de  latit.  bom 
Pedie  de  Navarre,  amiral  du  roi  catholique,  voulant 
en  i;o8,  arrêter  les  pirateries  des  habirans  de  Vêlez 
de  la  Gomera ,  réfolut  de  bâtir  cette  fortereffe  fur  ce 
roc,  que  la  mer  environne  de  tous  côtes.  La  fituation 
étoit  d'autant  plus  avantageufe ,  que  ce  roc  fe  trouvoit 
fort  élevé ,  escarpé  par  tout ,  &  de  fi  difficile  accès , 
qu'on  n'y  monte  que  par  un  ientier  étroit ,  où  un  hom- 
me peut  à  peine  grimper.  11  établit  fur  le  haut  une 
forte  tour  à  chaux  Se  à  fable  ,  &  après  l'avoir  mifeen 
état  de  défenfe  ,  il  planta  defl'us  quelques  canons.  A 
mi-côte  ,  il  fit  creufer  une  citerne  ,  pour  recueillir  les 
eaux  de  la  pluie  \  Se  le  gouverneur  qu'il  y  mit  tiroii  fur 
les  maifons  de  la  ville  ,  fi  on  ne  lui  envoyoit  pas  ce  qu'il 
demandoir.  Le  feigneur  de  Vêlez  demanda  du  fecours 
au  roi  de  Fez,  pour  fe  délivrer  de  cette  ferviiude  :  la 
place  fut  affiégée ,  &  on  la  battoit  des  deux  montagnes 
voifines.  Mais  la  défenfe  que  firent  les  Espagnols ,  obli- 
gea les  Barbares  à  lever  le  fiége.  Le  Pennon  demeura 
ainfi  entre  les  mains  des  Espagnols  l'espace  de  qua- 
torze ans.  Un  Espagnol  ayant  tué  le  gouverneur  qu'il 
foupçonnoit  d'avoir  commerce  avec  fa  femme,  remit 
cette  place  au  pouvoir  des  Maures,  en  1522,  &  de 
tous  les  Chrétiens  qui  compofoient  la  garnifon  ,  on 
n'épargna  que  le  traître.  Les  Espagnols  tentèrent  deux 
fois  inutilement  de  reprendre  le  Pennon.  Ils  le  prirent 
pourtant  de  vive  force  en  1564,  fous  le  règne  de  Phi- 
lippe II.  Depuis  ce  tems-là  cette  place  leur  eft  Tou- 
jours demeurée  :  ils  y  tiennent  une  fi  bonne  garnifen, 
&  ils  ont  foin  de  la  fournir  tellement  de  vivres  Se 
de  munitions ,  qu'ils  courent  risque  de  la  conferver 
long-rems.   *  Marmol ,  /    a.  c.  67. 

PENRETH,  ou  PenritH,  bourg  d'Angleterre, 
dans  le  Cumberland.  11  eft  fitué  aflez  près  du  con- 
fluent des  rivières  Ulles  &  Loder.  On  y  tient  un  mar- 
ché ,  Si  il  y  t  beaucoup  de   tanneurs  :  c'eft  dans  ce 


PEN 


lieu  qu'eft  le  retranchement  Rend  ,  que  ceux  du  pays 
appellent  la  Table  du  roi  Artus.  On  croit  que  c'eft  le 
Voreda  de  l'itinéraire  d'Antonin.  *  Etat  préfent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.  I.  p.  53.  Blaew ,  Atlas. 

PENRYN  ,  ville  d'Angleterre,  dans  la  province  de 
Cornouaille ,  proche  du  havre  de  Falmourh  ,  fur  le 
bord  dune  pente  rivière  qui  a  fon  embouchure  fur  la 
côte  occidentale  du  golfe.  On  y  tient  marché,  Se  elle 
envoie  deux  députés  au  parlemenr.  *  Blaew ,  Atlas. 
Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.   1.  p.  jo. 

PENSACOLE,  baie,  Se  port  de  l'Amérique  fepren- 
trionale ,  fur  la  cote  de  la  Floride  Espagnole,  environ 
à  dix  lieues  à  l'occident  de  l'ifle  Dauphine ,  ou  Mas- 
facre.  Cette  baie  fut  premièrement  découverte  par 
Pamphile  de  Narvaez  qui  y  entra  pendant  fa  malheu- 
reufe  expédition  de  la  Floride.  Diégue  de  Maldonado, 
un  des  capitaines  de  Ferdinand  de  Soto,  y  entra  anfli, 
Se  lui  donna  le  nom  de  port  d' '  Anihuri.  En  ijj8D. 
Triftan  de  Luna  la  nomma  port  de  Ste  Marie,  &  en 
1693  y  ajouta  le  nom  de  Galve  ,  en  l'honneur  du  comte 
de  Galve,  viceroi  du  Mexique.  Les  Espagnols  ne  le 
connoiflent  encore  que  fous  le  nom  de  Ste  Marie  de 
Galve.  Celui  de  Penfacole  qui  étoit  celui  des  Sauva- 
ges de  ce  pays-là,  lesquels  ont  été  détruits  par  d'au- 
nes Sauvages  eft  demeuré  parmi  eux  à  la  province  à 
laquelle  ils  donnenr  une  grande  étendue.  En  1696  D. 
André  de  Arriola ,  ayant  été  nommé  premier  gouver- 
neur de  cette  province,  bâtit  dans  la  baie  un  forr  fous 
le  nom  de  forr  de  S.  Charles,  que  les  François  pri- 
rent en  1719,  fous  la  conduite  de  M.  de  Serigny,  ca* 
piraine  de  vaideau.  11  fut  repris  la  même  année  par 
les  f-spagnols ,  &  M.  de  Champmelin  s'en  rendit  le 
maître  presqu'auffitôt ,  le  démolit  en  bonne  partie  ;  mais 
une  des  conditions  de  la  paix  qui  fe  fit  l'année  fuivan- 
te  entre  la  France  ,  &  1  Espagne  fur  la  reftirution  de 
cette  place  aux  Espagne  ls.  La  baie  de  Penfacole  feroic 
un  très  bon  port,  fi  les  vers  n'y  perçoient  pas  les  vais- 
feaux  ,  Se  fi  fon  entrée  avoit  un  peu  plus  d'eau.  Cet- 
te emrée  eft  à  l'extrémité  occidentale  de  l'ifle  de  Ste 
Rofe;  elle  eft  fi  étroite,  qu'il  n'y  peut  entier  qu'un 
vaifTeau  à  la  fois.  "  Le  père  Char levoïx ,  Hiftoire  de  la 
France. 

PENSATEM1DOS  ou  Peusarcemidos  ,  ville  d'E- 
gypte. L'itinéraire  d'Antonin  la  place  fur  la  route  de 
Pelufe  a  Memphis ,  entre  Antinou  &  Mufon  ,  à  huit 
milles  de  la  première  ,  Se  à  trente-quatre  milles  de 
la  féconde.  La  norice  des  dignités  de  1  Empire  porre  : 
Po'Janemis  Se  Pojarieundos.  Mais  Surira  n'approuve  au- 
cune de  ces  leçons.  Il  prétend  qu'on  doit  lire  nEOS 
APTEMIAOS  c'eft  a  dire  la  Caverne  de  Diane. 

PENSL-N,  ville  d'Allemagne  :  Corneille,  Di3. 
qui  cite  les  mémoires  Se  plans  géographiques,  dit  : 
j  enfen  dépend  de  l'électeur  de  Mayence ,  Se  n'eft  pro- 
prement qu'un  grand  bouig  fermé,  qu'on  n'a  pas  vou- 
lu laifler  ouvert ,  à  caufe  qu'il  eft  fur  le  partage.  Il  y 
a  peu  de  rues  Se  de  maifons,  Se  l'on  y  voir  quantité 
de  jardinages. 

1  ENSFORD ,  bourg  d'Angleterre  dans  la  province 
de  Sommerfef  :  il  adroit  de  tenir  marché  public.  *ttat 
préjeni  ae  la  Grande   Bretagne,  t.  1. 

PENSILVAN1E,  province  de  l'Amérique  feprentrio- 
nale  ,  bornée  au  nord  pai  le  pa\s  des  Iroquois;  à  l'o- 
rient par  le  ncuveau  Jerfey;  au  midi  pai  le  Mariland  , 
Se  à  l'occiden  parle  pas  s  des  Oniafon'ke.  Elle  s'étend 
depuis  le  quarantième  ,  jusqu'au  quarante  deuxième  de- 
gré de  latitude  ;  Se  la  largeur  eft  à  peu  près  égale ,  fe 
trouvant  comprife  entre  le  294  d.  ro  m.  &  le  302- 
d.  de  longitude.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

la  propriété  Se  le  gouvernement  de  cette  province 
furent  donnés  par  Charles  II,  roi  d'Angleterre,  à 
Guillaume  Pen  ,  chevalier  ,  Se  de  la  feéte  des  Trein- 
blrurs  ,  en  confidération  des  fer  vices  de  Guillaume  Pen, 
fon  père  comme  il  paroïr  par  la  parente  de  ce  prin- 
ce ,  d.vée  du  2  Avril  1681.  Le  terroir  de  ce  pays, 
quoiqu'inégnl ,  eft  bon  en  général.  L'air  en  eft  doux  Se 
pur.  La  meillei  rc  partie  de  l'hiver  il  y  fait  moins  froid 
qu'en  Angleterre  -,  mais  depuis  le  mois  de  Décembre 
jusqu'au  mois  de  Mars  il  v  a  quelquefois  de  rudes  ge- 
lées accompagnées  d'ordinaire  d'un  rems  ferein.  Il  y 
croît  des  noyers,  des  cadres,  des  cyprès,  des  chârai- 

gniers  , 


PEN 


gniers,  des  peupliers  ,  des  arbres  quiportent  de  la  gom- 
me ,  des  frênes ,  des  hêtres  ôc  diverfes  foires  de  chê- 
nes. Les  fruits  qui  croiffent  dans  les  bois  font  des  meu- 
res noires  ôc  blanches,  des  châtaignes,  des  noix,  des 
prunes,  des  fraifes,  des  framboifes,  du  vaciet,  &  des 
raifms  de  diverfes  fortes.  Ce  pays  eft  bon  pour  le  fro- 
ment >  l'orge,  l'avoine,  le  feigle  ,  les  pois,  les  fèves  , 
ôc  toutes  fortes  de  légumes.  Le  gibier  y  eft  abondant. 
Il  y  a  des  élans  aufli  gros  que  de  petits  bœufs ,  des 
daims  plus  petits  que  ceux  d'Angleterre,  des  lièvres, 
des  lapins  ôc  des  écureuils.  Les  oifeaux  domeftiques 
font  les  coqs  d'Inde ,  les  faifans ,  les  coqs  de  bruiere, 
les  pigeons  &  les  perdrix.  La  terre  eft  arrofée  de  di- 
verfes fources ,  ôc  de  quantité  de  rivières ,  qui  abon- 
dent en  poiffons ,  comme  éturgeons,  alofes,  anguilles 
ôc  autres.  On  y  trouve  aufli  beaucoup,  d'oifeaux  fau- 
vages  ,  comme  cygnes ,  oies  grifes  de  blanches  ,;  canards 
Se  autres.  Il  y  a  encore  beaucoup  de  plantes  médeci- 
«àles  ,  ôc  d'autres  que  l'on  cultive  pour  l'ornement  ou 
à  caufe  de  leur  agréable  odeur.  *  Amérique  Angloife 
p.   115  &  fuiv.  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne , 

.  r-   3-  P.  i<*4- 

Les  naturels  du  pays  font  généralement  grands  ôc 

bien  proportionnés  ;  mais  ils  ont  le  teint  bazané.  Ils 
font  naturellement  civils  ôc  hospitaliers.  Ils  croient  un 
Dieu  ôc  l'immortalité  de  l'ame.  Ils  difent  que  c'eft  un 
grand  roi  qui  les  a  faits  ;  qu'il  habite  du  côté  du  mi- 
di ,  dans  un  très-beau  pays  ;  que  les  âmes  des  bons 
iront  auprès  de  lui ,  après  la  mort ,  &  y  vivront  heu- 
reufement.  Leur  gouvernement  eft  monarchique  ôc  hé- 
réditaire ;  mais  on  tire  la  généalogie  du  côté  de  la 
mère  :  par  exemple  ,  les  enfans  du  roi  ne  fuccéderont 
pas  >  mais  fes  frères  du  côté  de  la  mère ,  ou  les  en- 
fans  de  fes  fœursj  car  les  filles  ne  fuccedent  point  à 
la  couronne. 

Quand  les  Anglois  arrivèrent  dans  le  pays ,  ils  acqui- 
rent celui  dont  ils  prirent  pofleflion ,  &  fe  le  firent 
céder  folemnellement  par  les  princes  indiens,  qui  fi- 
rent une  ligue  avec  eux  La  partie  de  la  Penfilvanie , 
habitée  par  les  Anglois ,  eft  divifée  en  fix  contrées  >  fa- 
voir , 


Philadelphie , 
Buckingham , 
Chefter  , 


Ncwcaftle, 
Kent , 
Suficx. 


L'intérieur  du  pays  eft  habité  par  dix  nations  d'In- 
diens ,    qu'on  dit  être  au  nombre  de  fix  mille  âmes. 

PENTACHIRA  ,  lieu  d'Afie.  Ortelius ,  qui  cite  Ni- 
cétas ,  dit  que  ce  lieu  étoit  -au  voifinage  du  Méan- 
dre. 

PENTACOMIA,  ou  Pentacomias  ,  fiége  épisco- 
pal  de  la  province  d'Arabie.  La  notice  de  Léon  le  fage 
je  mer  fous  la  métropole  de  Boftra. 

PENTACONTORICON  ,  lieu  voifin  de  Conftan- 
tinople ,  félon  Pierre  Gilles ,  dans  fa  defeription  du 
Bosphore. 

1.  PENTADACTYLUS,  montagne  d'Egypte,  pro- 
che du  golfe  Arabique,  félon  Pline,  /.  6.  c.  29.  Pto- 
lomée  ,  /.  4.  c.  5  qui  en  fait  aufli  mention  ,  la  place 
près  de  Bérénice.  On  lui  avoir  donné  le  nom  de  Pente- 
dactylus  ,  à  caufe  qu'elle  s'élevoit  en  cinq  pointes  ou 
fommets. 

2.  PENTADACTYLUS,  montagne  de  l'ifle  de  Cy- 
pre.  C'eft  Siméon  le  Métaphrafte  ,  qui  en  parle  dans 
la  vie  de  faint  Spiridion. 

PENTADEM1T/E,  peuples  de  l'Afie  propre,  dans 
la  grande  Phrygic.  Ptolomée ,  /.  j.  c.  2.  les  place  au 
midi  des  Trimeaothurita. 

PENTAGI,  ou  Pentagioi  ,  ville  ruinée,  dans  la 
Livadie,  à  l'entrée  du  golfe  de  Salone.  Spon  ,  Voyage 
de  Grèce,  r.  2.  p.  26,  croit  que  c'eft  l'ancienne  vil- 
le Oeanthea  ,  quePaufanias,  /.  10.  c.  38,  place  dans 
le  golfe  Criflœus,  enrre  Amphilfa  &  Naupactus.  lire- 
marque  uniquement  qu'il  y  avoir  un  temple  confacré 
à  Venus,  ôc  un  autre  confacré  à  Diane,  dans  une  fo- 
rêt épaiffe  plantée  de  cyprès  &  de  pins.  Les  fonde- 
mens  de  la  ville  paroiffent  fur  une  petite  presqu'ifle, 
qui  eft  presque  environnée  de  deux  petites  baies.  Vers 
le  milieu  il  y  a  une  petite  églife  grecque  ,  où  l'on  voie 


PEN       889 

un  petit  autel,  ou  le  piedcftal  d'une  ftatue  avec  la 
dédicace  à  Jupiter  Restaurateur,  par  Auruntius  No- 
vatus. 


I.  O.  M.  Res- 
titutori 

Auruntius 
Novatus.  P. 

Hors  de  l'enceinte  il  y  a  une  autre  petite  églife, 
appellée  Agios  Joannis  ;  ôc  tout  proche  on  voit  di- 
verfes caves  ou  grottes creufées  dans  les  rochers,  donc 
l'une  eft  réfervée  pour  fervir  de  fépulcre.  Aux  côtés 
on  a  pratiqué  cinq  enfoncemens  pour  metrre  autant 
de  corps.  On  appelle  cette  grotte  le  fépulcre  de  Pen- 
tagioi ,  ou  des  cinq  faints  ;  ce  qui  a  donné  le  nom  à 
ce  lieu,  Pentagioi  ne  lignifiant  autre  chofe  que  cinq 
faints.  *  ffheler y  Voy.  de  Zante  à  Athènes,  ;.  1. 
/.  i.p.  $6. 

PENTAGRAMMA  ,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du 
Gange  :  Ptolomée,  /.  7.  ci.  la  place  furie  bord  de 
ce  fleuve. 

1.  PENTAPOLE  ,  en  grec  rurraW/ç.  Ce  nom, 
qui  veut  dire  cinq  villes ,  a  été  donné  à  plufieurs  con- 
trées ,  où  il  y  avoit  un  pareil  nombre  de  villes  prin- 
cipales. 

2.  PENTAPOLE,  contrée  de  l'Afie  Mineure.  Héro- 
dote ,  /.  1 .  n.  1 44.  dit  qu'elle  étoit  habitée  par  les  Do- 
riens,  Ôc  qu'elle  avoit  auparavant  été  appellée  Hexa- 
pole. 

3.  PENTAPOLE ,  contrée  de  la  Phrygi*  Pacatiane  , 
félon  Ortelius ,  Thefaur. 

4.  PENTAPOLE ,  contrée  d'Egypte.  Une  des  cinq  vil- 
les qui  s'y  trouvoient ,  s'appelloit  Ticelia.  Il  en  e(l  fait 
mention  dans  le  concile  de  Chalcédoine. 

;.  PENTAPOLE,  ville  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange, 
tftolomée,  lib.  7*.  cap..  2.  la  place  dans  le  golfe  du  Gan- 
ge ,  au-delàde  l'embouchure  de  ce  fleuve , appellée  Cirra 
Deorum. 

6.  PENTAPOLE  ,  contrée  d'Italie  à  laquelle  il  paroît 
qu'on  donna  ce  nom  dans  le  moyen  âge.  Elle  fur  donnée 
aux  papes  par  les  rois  de  France  Pépin  ôc  Charlernagnc. 
Louis  le  Débonnaire,  dans  fes  lettres  de  l'an  817  ,  expli- 
que en  général  ce  qu'on  entendoit  par  la  Pentapole.  C'é- 
toit  Ri  mini ,  Pcfaro,  Fano  ,  Senogallia ,  Ancone,  Huma- 
na »  Gefi  ,  Urbino  ,  Eugubio  ,  ôc  d'autres  villes  ;  de  forte 
que  la  Pentapole  comprenoit  tout  ce  qu'on  appelle  à  pré- 
fent  la  Marche  d'Ancone.  Magin  dit  que  les  cinq  villes 
qui  compofoient  cette  Pentapole  étoienc: 

Pefaro,     Fano,     Humana,     Ofimo ,     Ancona. 

La  Pentapole  du  Jourdain  :  l'Ecriture  Sainte 
Sag.  jo  ,  6.  donne  ce  nom  à  cinq  villes  de  la  Paleftine  ; 
favoir  : 

Sodome  ,  Gomorrhe  ,  Adama,  Seboïm,  Segor. 

Cescinq  villes  étoient  condamnées  à  périr  entièrement  ; 
mais  Loth  obtint  la  confervation  de  Segor,  autrement  ap- 
pellée Bala;  Sodome  ,  Gomorrhe  ,  Adama  ôc  Seboïm  fu- 
rent confumées  par  le  feu  du  ciel  ;  ôt  en  la  place  où  elles 
étoient  fituées  fe  forma  le  lac  Asphaltitc  ,  ou  le  lac  de 
Sodome. 

La  Pentapole  de  Libye  ,  contrée  d'Afrique,  dans  la 
Cyrenaïque.  Elle  fur  nommée  Pentapole ,  à  caufe  de  fes 
cinq  villes  principales,  dont  Pline,  /.  5.C.  y  nous  a  coa- 
fervé  les  noms.  La  Cyrenaïque  ,  dit-il ,  ou  la  Pentapole, 
eft  principalement  célèbre  par  fes  cinq  villes  qui  fonr  Bé- 
rénice ,  Arfinoé ,  Ptolemaïde  ,  Apollonie  ,  ôc  Cyrène.  Se- 
lon Ptolomée ,  /.  4,  c.  4.  la  Cyrenaïque  étoit  plus  grande 
que  la  Pentapole.  Il  met  dans  cette  dernière  province  lès 
lieux  fuivans  : 

Bérénice  ,  ou  Hespcrides  , 

L'embouchure  du  fleuve  Lethon , 

Arfinoé,  oiiTcucbira  , 

Ptolemaïs , 

Aufigda , 

Le  Temple  d'Aptuchus , . 

Tom.  /K.Vuuuu 


9° 


PEN 


PEP 


Le  promontoire  &  la  fortereffe  de  Phycits , 

Apollonia , 

Le  port  de  Nauftathmos  , 

Erythron , 

Cherfîs  , 

Le  promontoire  Zephyrïum , 

Darnis. 

Pour  diftinguer  cette  Pentapole  des  autres  contrées  qui 
avoient  le  même  nom  ,  Jofephe  ,  de  Bell.  I.  6.  c.  38.  l'a 
appcllée  \z  Pentapole  de  Libye.  Les  géographes  orientaux 
la  nomment  Vag'  &  Vagiat  ,  Se  la  comprennent  dans  l'E- 
gypte. C'en1  cependant, "dit  d'Herbelot,  Bibl.  Orient,  une 
contrée  qui  en  eft  entièrement  féparée ,  8c  qui  s'étend 
entre  l'Egypte  ôc  le  pays  de  Bat  ca ,  en  Afrique.  En  un  mot , 
c'eft  la  Pentapolis  des  anciens  qui  reçut  des  évêques  du  pa- 
triarche d'Alexandrie  l'an  223,  de  l'Egire,  félon  Ebn 
Amid.  D'Herbelot  ajoute  :  Le  livre  intitulé  Soiar-alaba 
Albathareka  ,  qui  font  les  vies  des  patriarches  d'Alexan- 
drie ,  fait  mention  de  cinq  villes  de  Vag' ,  qui  ont  donné 
lieu  aux  Grecs  de  l'appeller  Pentapolis.  Ces  cinq  villes 
font  Barcah  ,  Faran ,  Cai  rouan  on  Cyrène ,  Tharabolos 
Garb ,  ou  Tripoli  de  Barbarie,  ôc  Afrikiah,  ville  qui  don- 
ne le  nom  à  la  province  d'Afrique  proprement  dite ,  d'où 
l'Afrique  entière  a  tiré  le  lien. 

La  Pentapole  des  Philistins  ,  contrée  de  la  Pale- 
ftine  ôc  proprement  le  pays  des  Philiftins.  Ces  peuples 
avoient  plufieurs  villes ,  depuis  Joppé  Jusqu'aux  confins 
de  lEgypte  ,  foit  fur  le  bord  de  la  mer  ,  foit  dans  les  ter- 
res -,  mais  il  y  en  avoir  cinq  qui  étoient  les  villes  principa- 
les du  pays  ,  &  qui  furent  nommées  les  cinq  principautés 
des  Philiftins:  elles  avoient  entre  elles  une  alliance  réci- 
proque ,  ôc  formoient  comme  une  espèce  de  république. 
Les  cinq  villes ,  qui  avoient  fait  donner  à  ce  pays  le  nom 
de  Pentapole,  font  fort  connues  ;  mais  leur  pofition  fouf- 
fre  quelque  difficulté.  L'écriture  jTainre  dit  :  La  terre  de 
Canaan  ,  qui  efl  partagée  entre  les  cinq  princes  des  Phili- 
flins , /avoir  celui  de  Gaz.a ,  celui  d'Az.ot ,  celui  d'Asca- 
Ion ,  celui  de  Geth  &  celui  d'Accaron.  Elle  donne  auffi 
leurs  bornes ,  depuis  le  fleuve  d'Egypte ,  jusqu'aux  con- 
fins d'Accaron  vers  l'Aquilon.  Mais  dans  le  livre  des  Rois , 
ces  cinq  places  font  nommées  dans  l'ordre  fuivant  ;  Azot , 
Gaz.a  y  Ascalon  ,  Gath  ,  Accaron  ,  ce  qui  fait  qu'on  ne 
peut  pas  décider  quelle  étoit  leur  véritable  pofition  du 
midi  au  nord.  Jofephe  ,  Ant .  I.  6.  c.  1 .  ni  faint  Jérôme , 
inAmos,6,  2.  ne  nous  donnent  aucun  éclairciffement , 
ils  augmentent  même  en  quelque  manière  la  difficulté  , 
chacun  d'eux  plaçant  ces  villes  dans  un  ordre  difTérenr. 
Le  premier  commence  par  Gitta  ou  Gath ,  ôc  continue 
enfuite  par  Accaron  ,  Ascalon  ,  Gaza  ôc  Az.ot.  Saint  Jé- 
rôme dir,  Gaz.a,  Ascalon,  Az.ot ,  Accaron ,  Geth.  Ce 
dernier  ordre  eft  celui  qu'ont  fuivi  la  plupart  des  cartes 
géographiques  •,  mais  elles  ne  font  mention  ni  d'Accaron 
ni  de  Geth  ,  peut-être  parce  qu'elles  ne  fubfiftoient  plus 
depuis  long-tems.  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  ij.  dans  fadeferip- 
tion  de  la  Paleftine  de  Judée ,  avance  ainfi  du  nord  au 
midi , 


de  Nafingue,  fituée  fur  le  bord  de  la  mer.  On  cueille 
dans  le  territoire  de  cette  ville,  une  herbe  appcllée 
Sehaieh  ,  dont  les  racines  font  auffi  fines  que  du  fil.  De 
cette  herbe  mêlée  avec  de  l'huile,  l'on  fait  une  teinture 
rouge  qui  ne  fe  déteint  point.  Cette  hetbe  eft  rare.  *  Ma.-, 
nujerits  de  la  Bibliothèque  du  Roi. 

PENTELE  ,  village  de  l'Attique,  dans  la  tribu  An- 
tiochide ,  félon  Lucien,  Jup.  Tragœd.  ôc  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PENTELEUM  ,  ville  du  Péloponnèfe.  Plutarque,f/z 
CLoraen.  en  fait  une  des  trois  villes  que  prit  Cléomene, 
à  caufe  qu'elles  étoient  dans  le  parti  des  Achéens.  Peut- 
être  cette  ville  étoit-elle  dans  l'Arcadie  où  fe  trouvoit  la 
montagne  Pentelia. 

PENTELI.  Voyez.  Pêndeli. 

PENTELIA ,  montagne  de  l'Arcadie.  Le  fleuve  La- 
don  y  avoit  fa  fource,  félon  Héfyche.  Ne  feroit-ce  point; 
dit  Ortelius  ,  Thef.  la  même  montagne  qu'Athénée  ap-. 
pelle  Pentelophus  ? 
PENTELOPHUS.  Voyez.  Pentelia  ôc  Quinque  Col- 
les. 

PENTENESSENSIS  ,  fiége  épiscopal ,  dans  la  Pam- 
phylie  ,  félon  le  concile  de  Contlantinople  de  l'an  381  , 
auquel  fouferivit  Mydus  PenteneJJenJïs.  *  Harduin.  Col- 
kct.Conc.  r.  1.  p.  816. 

PENTEN1SSUS.  Voyez.  Petenisus. 

PENTHIAD^E  ,  peuples  dont  fait  mention  Etienne  le 
géographe. 

PENTHIEVRE  ,  ancien  comté,  dans  la  Bretagne, 
érigé  en  duché  ôc  pairie  par  Charles  IX  ,  l'an  1  ^69  ,  en 
faveur  de  Sébaftien  de  Luxembourg,  comte  de  Penthie- 
vre  &  de  fes  hoirs  tant  mâles  que  femelles.  Les  lettres 
patentes  d'éreétion  fuient  tmegiitrées  an  parlement  de 
Paris  le  15  de  Septembre  de  la  même  année  1569.  Cette 
pairie  appartient  aujourd'hui  à  M.  le  duc  de  Pcnthievre, 
dont  le  père,  M  le  comte  de  Touloufe,  l'avoir acquife 
de  Marie-Anne  de  Bourbon  ,  légitimée  de  France,  prin- 
cefle  de  Conri.  Cette  duché-pairie  eft  compofée  des  ter- 
res fuivantes  : 


Guingamp , 
Moncontour, 
la  Roche-Esr.ard 


Lambale , 
Lanizu , 
Jugon. 


Joppc  , 

Jamnetorum  Portus , 
Azotus , 


Gazxorum  Portus , 
Ascalon  , 
Anrhedon. 


*  Cellar.  Geog.  Ant.  1.  3 .  c.  13.  Jofué ,  13,  3 . 

PENTASCINUM  ,  lieu  d'Egypte.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  le  place  entre  Ca/fium  ôc  Pehtfe  ,  à  vingt  milles  de 
la  première,  ôc  à  pareille  diftancedela  féconde.  Au  lieu 
de  Pentascinum  ,  Surita  lit  Pentaschoenon. 

PENTAUFIDUS,  lieu  d'Italie,  félon  l'itinéraire  d'An- 
tonin  ,  qui  le  place  fur  la  route  de  Bénevent  à  Tarente  , 
enrre  Sub  Romula  ôc  Vcmtfia ,  à  vingt-deux  milles  de-la 
première  ,  &  à  dix-huit  milles  de  la  féconde.  Au  lieu  de 
Pentaufidus,  Surita  lit  Pontem  Aufidi,  Ôc  c'eft  la  véritable 
manière  de  lire  :  Antonin  lui-même  nomme  ce  lieu  Pons 
Aufidi ,  dans  la  route  de  Bénevent  à  Hydrunte. 

PENTE  ,  fleuve  d'Angleterre  ,  félon  Ortelius ,  Thef. 
qui  cite  Bede.  Sur  le  bord  de  ce  fleuve  il  y  avoit  une  mai- 
fon  de  campagne ,  nommée  hhacefier. 

PENTEH  POLI ,  grande  ville  de  l'Inde  ,  au  royaume 


*  Piganiol,  Defc.  de  la  France  ,  t.  5 .  p.  2 1©. 

PENTHILE ,  ville  de  Lefbos ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Un  manuferit  porte  Penthole. 

PENTINA.  Voyez.  Corfinium. 

PENTINUS.  Numefianuscité  par  Gesner,  deTetrace 
Ave ,  dit  :  Hic  prope  Pentinum  radiées  Apennini  nidi- 
ficat. 

PENTLAND,  ou  Picatland  Fyrth ,  détroit  entre  la 
pointe  la  plus  feptentrionale  de  l'Ecoffe  &  les  if  es  Or- 
cades.  Ce  détroit  n'eit  pas  fort  long  ,  &  il  eft  affez  large  ; 
mais  il  efl  dangereux  parce  qu'il  eft  plein  de  petits  écueils. 
On  veut  que  fon  nom  latin  foit  Pillicum  Erelum ,  ôc 
qu'il  vienne  de  celui  des  Pietés ,  anciens  habitans  de  l'E- 
coffe. *  Blaciv  ,  Atlas. 

PENTOLE  ,  ou  Pentolen  ,  village  de  la  BafTe-Hon- 
gjrie.  Quelques-uns  croient  que  c'eft  l'ancienne  Poten- 
tiana 

PENTRI ,  peuples  d'Italie  ,  dans  le  Samnium.  Tite- 
Livc  ,  /.  9.  c.  3 1.  qui  en  parle,  dit  que  leur  capitale  fe 
nommoit  Bovianum. 

PENTZL1N,  dans  la  principauté  de  Guftrow ,  en 
Allemagne. 

PENZANCE  ,  bourg  d'Anglererre ,  dans  la  provin- 
ce de  CornouailleS;  Il  a  droit  de  tenir  marché  public.  * 
Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne ,  t.   1 . 

PEOM1STA,  nom  que  Curopalate  donne  au  mot 
Brochotus.  Voyez.  Brochotus. 

PEORIAS,  nation  Illinoife,  dans  la  Nouvelle  Fran- 
ce. KoyecPiMiTEoui  ôc  Illinois. 

PEPARETHUS,  ifle  de  la  mer  vEgée,  fur  la  côte  de 
la  Macédoine  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  13.  qui  y  place 
une  ville  de  même  nom.  Elle  produifoit  d'excellent  vin 
ôc  de  ucs-bonnes  olives.  Pline,  /.  14.  c  7.  dit  que  le 
médecin  Apollodore  ,  confeillant  le  roi  Ptolomée  tou- 
chant le  vin  qu'il  devoit  boire,  préféra  celui  de  Pepa- 


PEQ 


rethus.  Ovide ,  Metam.  I.  7.  v.  470.  fait  l'éloge  des 
olives  de  cette  ifle: 

Et  Gyaros ,  nitidtque  ferax  Peparethos  Olivœ. 

Ortelius ,   Thefaur.  dit  que  les  géographes  moder- 
nes appellent  cette  ifle  Lemene ,  Saraquino  &  Opula. 
PEPERENSIS.  Voyez.  Perperene  Civitas. 
PEPER1NA,  ifle  fur  la  côte  de  l'Inde-,  Ptolomée, 
/.  7.  c.  1 .  l.i  place  dans  le  golfe  Camicolpus.  Caftâld , 
à  ce  que  dit  Ortelius ,  nomme  cette  ifle  Qualpenea. 

PEPHNON  ,  ou  Pephnos  ,  ville  de  la  Laconie  , 
félon  Etienne  le  géographe.  Paufanias ,  /.  3.C.  26  qui 
en  fait  une  ville  maritime  ,  la  met  à  vingt  ftades  de 
Thalami ,  &  ajoute  qu'il  y  avoit  au  devant  une  peti- 
te ifle  fort  femblable  à  un  rocher ,  &  qui  s'appelloit 
de  même  nom. 

PEPUZA ,  ville  de  Phrygie.  Elle  donna  fon  nom 
aux  Hérétiques  appelles  Pépuziens.  Ces  Hérétiques , 
dit  faint  Epiphane ,  H,tref.  48.  feil.  14  avoient  une 
grande  vénération  pour  un  certain  lieu  de  Phrygie, 
où  fut  bâtie  autrefois  la  ville  de  Pépufa.  Elle  étoit  en- 
tièrement détruite  du  tems  de  S.  Epiphane.  La  notice 
d'Hiérocles  attribue  cette  ville  à  la  phrygie  Capatiane, 
Se  lui  donne  le  dix-huitiéme  rang. 

PEPYLYCHNUS ,  fleuve  qui  bornoit  la  Macédoi- 
ne du  côté  du  midi,  félon  Ptolomée,  /.  3.C.  13.  Une 
ancienne  édition  confultée  par  Ortelius  ,  Thcjaur.  por- 
toit  Elidiinum  pour  Pepilichnum.  Il  paroît  qu'un  peu 
plus  bas  Ptolomée  appelle  ce  même  fleuve  Celydnus. 
Cailald ,  dans  fa  carte  de  la  Grèce ,  nomme  ce  fleuve 
Salnich. 

PEQUER  ,  félon  Corneille  :  Pécher,  félon  l'Atlas  de 
de  Wit  -,  Se  Pak[r  ,  félon  de  l'Ifle  ,  Atlas;  ville  de  l'A- 
rabie  Heureufe  au  royaume  de  Fartaque  ,  félon  quel- 
ques uns ,  &  au  royaume  de  Carefen ,  félon  d'autres. 
Cette  ville ,  félon  Corneille ,  qui  cite  Davity ,  cft  fi- 
tuée  au  bord  de  la  mer.  Son  port  eu:  d'un  grand  abord 
pour  les  match andifes  qu'on  y  apporte  de  Cambaye , 
de  Chiaul,  de  Baticala  &  de  Malabar.  Ce  font  des  draps 
de  coton  dont  ceux  du  pays  s'habillent ,  des  grenats 
enfilés ,  &  plufieurs  aimes  pierres  de  valeur ,  avec 
beaucoup  de  fucre  ,  de  riz  Se  des  épiceries  de  toutes 
fortes.  Ces  marchands  des  Indes  emmènent  avec  eux 
des  chevaux. 

PEQUEY ,  ifle  de  la  Chine  ,  dans  la  province  d'Hu- 
quang ,  au  voifinage  de  la  ville  d'Hoangcheu.  Elle  eft 
formée  par  les  eaux  du  fleuve  Kiang.  On  rapporte 
au  fujet  de  cette  ifle  une  hifloire  qui  a  du  merveil- 
leux. Un  foldat  ayant  été  jette  dans  le  fleuve  par  fes 
ennemis  ,  une  tortue  le  porta  de  l'autre  côté  du  fleu- 
ve ,  en  îeconnoiflance  de  ce  qu'il  l'avoir  nourrie  pen- 
dant long-tems ,  Se  lui  avoit  enfuite  donné  la  liberté. 
C'eft-là  la  fable  :  voici  la  vérité.  Il  fe  trouve  dans 
cet  endroit  des  tortues  d'une  grandeur  prodigieufe.  11 
y  en  a  aufll  d'une  petite  espèce  fort  jolie ,  Se  qui  ne 
font  pas  plus  grofles  que  les  plus  petits  oifeanx.  On 
fe  fait  un  plaifir  d'élever  ces  dernières  dans  les  maifons 
où  on  les  garde  par  curiofité. 

PEQUIGNY  ,  Pincimùaium  ,  ville  de  France  , 
dans  la  Picardie,  élection  d'Amiens,  fur  la  Somme, 
trois  lieues  au-deflbus  d'Amiens.  Elle  cfl  remarquable 
par  la  mort  de  Guillaume,  furnommé  Longuc-Epée , 
duc  de  Normandie,  qui  y  fut  tué;  Se  que  les  caba- 
les de  Thibaut ,  comte  de  Chattres  ,  furnommé  le  Tri- 
cheur ,  firent  périr.  Cette  ville  étoit  afiez  confidérable 
du  tems  des  guerres  des  Anglois ,  dont  l'armée  y  fut 
défaite  entièrement.  Il  y  a  à  Pequigny  une  églife  col- 
légiale dédiée  à  faint  Martin.  Les  canonicats  font  à  la 
collation  du  feigneur.  Près  de  cette  ville  ,  qui  aujour- 
d'hui n'efi  proprement  qu'un  bourg,  on  tient  marché 
Se  foire.  Il  s'y  trouve  de  la  terre  propre  à  brûler  :  on 
la  panage  en  mottes,  que  ceux  du  pays  appellent  Tourbes. 
*  Corn.  Diet.  André  du  Chêne  ,  antiquité  des  villes  de 
France. 

Pequigny  a  donné  fon  nom  à  des  feigneurs  qui 
étoient  Vidâmes  d'Amiens  ,  à  caufe  de  cette  terre.  Leur 
maifon  a  fondu  dans  celle  d'Ally  ,  dont  la  branche 
ainéc  a  porté  la  terre  de  Pequigny  dans  celle  d'Al- 
bert. 


PER        89I 


PEQUIN.  Voyez,  Peking  Se  PeKeli. 

1.  PER  A,  ville,  &  royaume  des  Indes,  fur  la  cô- 
te occidentale  de  Malaca,  entre  Queda,  Se  Malaca, 
Latit.  4  d.  30  m. 

Cette  ville  qui  eft  à  l'embouchure  d'une  rivière  as- 
fez  large,  dépend  du  royaume  d'Achem,  quoique  dans 
le  pays  des  Malais.  Le  pays  fournit  quantité  d'étaim 
dont  la  plus  gtande  partie  fe  trouve  dans  les  fables, 
Se  au  fond  des  rivières  qui  l'on  fait  rouler  avec  el- 
les. On  l'aflemble ,  &  en  le  purifiant  on  le  rend  fort 
beau.  D'où  l'on  peut  inférer  qu'il  y  a  des  mines  d'é- 
taim. 

z.  PERA.  Voyez,  Constantinople. 

PERADAMIENS1S,  fiége  épiscopal  d'Afrique  dans 
la  Byzacene ,  félon  la  notice  d'Afrique  ,  qui  fait  mentiort 
de  Germanus  Peradamien/îs.  *  Harduin.  CollecL  Conc 
t.  1.  p.  872. 

i.PER^EA;  ce  mot  vient  du  Grec  Peram,  qui  û- 
gnifie  au-delà.  On  le  donne  à  diverfes  contrées  Se  à 
divers  lieux,  qui  étoient  au-delà  de  la  mer,  au-delà  de 
quelque  fleuve ,  ou  au  delà  d'une  autre  contrée. 

2.  PER./EA  ,  contrée  au-delà  du  Jourdain ,  à  l'o- 
rient de  ce  fleuve  ;  ce  qui  a  fait  dire  à  Jofephe  ,  de  Bel. 
I.  1.  c.  j.  vj  V7ilp  UfS'dmv  Uipalet  :  c'eft-à-dire,  la  Pérée 
qui  efl  au-delà,  du  Jourdain.  Quelquefois  la  Pérée  fe 
prend  dans  un  fens  étendu  pour  tout  le  pays  que  les 
Ifrae'lites  pofféderent  anciennement  au-delà  de  ce  fleu- 
ve ,  &  dont  une  partie  tomba  entre  les  mains  des  Gen- 
tils. C'eft  dans  ce  fens  que  Jofephe,  /.  4.  c.  25.  appelle 
Gadara,  métropole  de  la  Pérée;  mais  la  Pérée  pro- 
pre étoit  la  partie  méridionale,  qui  comprenoit  les  tri- 
bus de  Ruben  &  de  Gad.  Selon  Jofephe  ,  /.  3.  c.  4.  la 
longueur  de  cette  contrée  étoit  depuis  Macheronte  jus- 
qu'à Pella,  Se  fa  largeur  depuis  Philadelphie  jusqu'au 
Jourdain.  Il  donne  enfuite  des  limites  plus  précifes, 
Se  dit  que  la  Pérée  étoit  bornée  au  nord  par  Pella ,  à 
l'occident  par  le  Jourdain  ,  au  midi  par  le  pays  des  Moa- 
bites,  Se  à  l'orient  partie  par  l'Arabie  Se  la  Silbonitide, 
partie  par  la  Philadelphie  Se  Gerafa ,  où  fe  joignoient  les 
limites  de  l'orient  &  du  nord.  Elle  étoit  comme  ren- 
fermée entre  trois  fleuves ,  l'Arnon  au  midi ,  le  Jabok 
au  nord  ,  &  le  Jourdain  au  couchant. 

3.  PER^EA  ,  ou  Per^ea  Rhodiorum  ,  contrée  d'A- 
fie,  qui  faifoit  partie  de  la  Carie.  C'étoit  une  contrée 
maritime  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Rhodes  ,  &  à  laquelle 
on  donna  le  nom  de  Pérée  des  Rhodiens ,  parce  que  ces 
peuples  s'en  rendirent  maîtres  anciennement.  Le  périple 
de  Scylax  paroît  faire  mention  de  cette  contrée  ,  dans 
fa  deicription  de  la  Carie  ,  p.  38.  Se  il  la  nomme  Rho- 
diorum Regio;  mais  il  n'y  met  pas  la  ville  de  Gaunus  , 
que  Strabon  ,  /.  14.  y  renferme.  Ce  dernier  dit  que  les 
Cariens  avoient  fecoué  le  joug  des  Rhodiens  ;  mais  que 
les  Romains  les  forcèrent  de  retourner  fous  l'obéiflance 
de  leurs  anciens  maîtres.  Il  appelle  indifféremment  ce 
pays  Rhodiorum  Per&a  Se  Rhodia  Coniinentis.  Quant  aux 
bornes  qu'il  lui  donne  ,  elles  étoient  telles  en  avançant 
de  l'orient  :  Dœdala  ,  lieu  ou  village ,  faifoit  le  com- 
mencement ,  &  le  mont  Phanix  la  fin.  Ce  mont  appar- 
tenoit  aux  Rhodiens ,  Se  étoit  par  conféquent  compris 
dans  la  Pérée. 

4.  PER/EA  ,  petit  pays  d'Àfie  ,  fur  le  bord  du  Tigre,, 
félon  Etienne  le  géographe. 

;.  PER^EA.  On  donnoit  ce  nom  ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  à  un  canton  du  territoire  de  Corinthe.  Les 
habitans  s'appelloicnt  Per«i. 

6.  PER^EA  ,  petite  ville  de  Syrie  :  c'eft  encore  Etienne 
le  géographe  qui  en  fait  mention. 

PER^ETHEI,  peuples  de  l'Arcadie  :  Paufanias,  /.  8. 
c.  4.  dit  qu'ils  tiroient  leur  nom  de  la  ville  Perœthus  ,  qui 
ne  fubfilloit  plus  de  fon  tems ,  mais  parmi  les  ruines  de 
laquelle  on  voyoit  encore  le  temple  du  dieu  Pan. 

PERALADA  ,  ou  Perelada  ,  bourgade  d'Espagne, 
dans  la  Catalogne  ,  à  quelques  lieues  à  l'orient  de  la 
ville  de  Rofe.  Corneille  lui  donne  le  nom  de  ville. 
*  Atlas,  Rob.  de  Vaug. 

PERALANCIA.  Voyez.  Palantia. 

PERANTADES.  Voyez,  Sarmatie. 

TERANTIA  ,  ville  de  l'^Etolie ,  félon  Ortelius ,  qui 
cite  Paufanias. 

Tm.  IV.  Vuuii  u  ij 


892 


PER 


PER 


FERASIA.  Voyez.  Casïabala,  n°  z.  ôc  Para- 
sia. 

PERASINUM.  Voyez.  Parasinum. 

1.  PERASTO,  petite  ville  ou  bourgade  de  la  Tur- 
quie ,  en  Europe  ,  dans  la  Romaine ,  fur  le  bord  de 
la  mer  de  Marmora ,  environ  à  quinze  lieues  de  Gal- 
lipoli ,  vers  le  nord  oriental.  De  rifle ,  Atlas ,  ap- 
pelle ce  lieu  Saint  George,  ou  Periftafis. 

z.  PERASTO  ,  gros  bourg  de  la  Dalmatie ,  dans 
le  territoire  de  Cattaro ,  au  nord  occidental  de  la  vil- 
le de  Cattaro ,  fur  le  bord  du  canal  de  ce  nom.  Il  ap- 
partient à  la  république  de  Venife.  Ses  habitans  pas- 
fent  pour  être  braves  ôc  belliqueux.  *  Coronelli ,  car- 
te de  la  Dalmatie. 

PERATH  ,  nom  que  quelques-uns  ont  donné  à  l'Eu* 
phrate. 

PERATICI ,  hérétiques  ainfi  appelles  du  nom  d'un 
lieu  :  S.  Clément  d'Alexandrie  (  1.  3 .  Stromatum  )  en 
parle. 

PERAULT,  village  de  France,  dans  le  Languedoc, 
à  une  lieue  de  la  ville  de  Montpellier.  Près  de  ce 
village  il  y  a  un  foffé  où  l'eau  qui  le  ramaffe,  quand 
il  pleut,  bouillonne  continuellement,  ck:  conferve  fa 
froideur  ordinaire.  On  appelle  ce  foffé  en  langage  du 
pays  Loii-Boulidoii-de-Perault.  En  été  ce  foffé  fe  des- 
/eche ,  &  quand  on  y  met  de  l'eau  de  fontaine ,  elle 
bout  dans  Titillant.  D'ailleurs  quand  il  pleut ,  à  trente 
pas  à  droite  ôc  à  gauche  de  ce  foffé,  on  voit  bouillir 
dans  les  ornières  du  chemin  l'eau  qui  y  croupit.  On 
a  obfervé  que  l'eau  de  ce  foffé  fe  chargeoit  d'un  aci- 
de volatil ,  qui  lui  eft  communiqué  par  une  vapeur 
qui  fort  de  pluiieurs  crevaffes  qui  font  dans  le  fond  de  ce 
foffé ,  ce  qui  elt  prouvé  par  la  couleur  rouge  que  cette 
eau  communique  à  la  teinture  de  fleurs  de  mauves, 
8c  par  toutes  les  expériences  qu'on  peut  faire  fur  cet- 
te matière.  Les  gens  du  pays  s'y  baignent  en  été 
pour  des  douleurs  de  rhumatisme  ,  &  s'en  trouvent 
fort  bien.  Quand  le  foffé  eft  fec  ,  ôc  qu'on  mec  To- 
rcille  fur  les  crevaffes ,  on  entend  un  bruit  confidéra- 
ble  des  eaux  jailliffantcs }  ôc  c'eft  le  vent  qui  en  fort 
qui  fait  bouillir  l'eau,  ôc  qui  lui  porte  l'acide  volatil 
dont  elle  eft  chargée.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la  France, 
t.  4.  p.  2.19. 

PERÇA.  Voyez.  Thrace. 

PERCÉ  ,  petite  province  de  la  Carie.  Elle  étoit  fe- 
parée  par  la  mer  Carpathienne  de  l'Ifle  de  Rhodes, 
à  laquelle  elle  a  autrefois  appartenu.  *  Hift.  Univerf. 
d'une  fociété  de  gens  de  Lettres. 

PERCEIANA  ,  ville  d'Espagne  :  l'itinéraire  d'Anto- 
nin  la  met  fur  la  route  de  l'embouchure  du  fleuve 
Anas  à  Emerita ,  entre  Contribuia  ôc  Emerita  ,  à  vingt 
milles  de  la  première,  ôc  à  vingt-quatre  milles  de  la 
féconde.  Quelques  manuferits  portent  Periciana  ôc  Per- 
teiane  pour  Pcrceiana. 

1.  PERCHE,  Perticiim  ,  province  de  France, 
&  l'une  des  plus  petites  du  royaume ,  puisqu'elle  eâ 
contenue  toute  entière  dans  l'étendue  de  quinze  lieues 
de  longueur ,  fur  douze  de  largeur.  Elle  elt  bornée  au 
nord  par  la  Normandie-,  à  l'orient  par  le  Timerais  ôc 
le  pays  Chartrain  ;  au  midi  par  le  Dunois ,  le  Vendc- 
mois  ôc  le  Maine  ;  ôc  à  l'occident  par  la  rivière  de 
Sarte.  Ce  pays  a  pris  fon  nom  d'une  grande  forêt  ap- 
pellée  Perticus  SAtus  ,  dont  il  elt  fait  mention  en  plu- 
fieurs  auteurs  jusqu'à  l'an  ioco.  Le  terrein  eft  en  gé- 
néral inégal  :  celui  des  hauteurs  ne  vaut  presque  rien , 
&  eft  fouvent  inculte ,  fervant  de  pâturages  aux  mou- 
tons ôc  aux  vaches.  Les  vallons  au  contraire ,  ôc  les 
terres  plates  rapportent  des  chanvres  ôc  des  foins  en 
quantité.  On  y  recueille  beaucoup  de  pommes ,  donc 
on  fait  du  cidre  qui  eft  la  boiffon  commune.  II  y  a 
peu  de  vignes  :  le  vin  même  qui  en  provient  eft  fi  mau- 
vais qu'on  lui  préfère  le  cidre.  On  trouve  de  la  mine 
de  fer  en  plufieurs  endroits.  Au  milieu  de  la  forêt  de 
Bellcsme ,  fur  le  grand  chemin  de  Bellesme  à  Mor- 
ragne  ,  il  y  a  une  fontaine  minérale  ,  nommée  la  Heffe, 
dont  les  eaux  font  fenugineufes ,  ôc  auffi  falntaires  que 
celles  de  Pougues  &  de  Forges.  L'eau  de  la  fontaine  de 
Cbesne-gallon  eft  de  la  même  qualité,  mais  un  peu 
inoins  force.  *  Longuerue ,  Description  de  la  France, 


part.   1.  p.  98.  Piganiol,  Defcr.  de  la  France ,  t.  ;.p. 
461. 

L'hiftoire  des  comtes  du  Perche  eft  un  peu  embrouil- 
lée. Selon  quelques-uns,  Agombert ,  ou  Albert,  étoic 
comte  du  Perche  vers  l'an  840  ;  mais  on  ne  rappor- 
te aucune  filiation  jusqu'à  Yves  de  Bellesme ,  qui  vi- 
voit  en  940.  D'autres  écrivains  font  commencer  un 
peu  plus  tard  les  comtes  du  Perche  ;  mais  ils  en  don- 
nent une  descendance  fuivie  depuis  Hervé  qui  vivoic 
en  879,  jusqu'à  la  comteffe  Flelifende.  Selon  eux  cette 
maifon  a  toujours  fait  des  alliances  illuftres.  Les  rois 
d'Angleterre  n'ont  pas  même  fait  difficulté  de  donner 
leurs  filles  en  mariage  à  ces  comtes.  Enfin  la  comteffe 
Helifende  reilée  feule  de  cette  illufire  maifon  fut  fous 
la  tutelle  de  Guillaume,  évêque  de  Châlons ,  fon  on- 
cle ,  qui  prit  la  qualité  de  comte  du  Perche ,  confor- 
mément a  l'ufage  de  ces  tems-là  ,  où  les  tuteurs  pre- 
noient  les  titres  de  leurs  pupilles.  Helifende  fut  éle- 
vée à  la  cour  du  roi  Philippe- Augufic  ,  ôc  à  celle 
de  Loui  s  VIII,  après  la  mort  duquel  elle  paffa  \c 
relie  de  fes  jours  avec  la  reine  Blanche  de  Caftil- 
le ,  mère  de  faint  Louis ,  à  qui  elle  donna  le  com- 
té du  Perche  ,  s'en  refervant  feulement  l'ufufruir. 
Après  la  mort  d'Hehfcnde,  Jacques  de  Château  Gon- 
tier  prétendit  que  le  comté  du  Perche  lui  appartenoit, 
mais,  pat  un  traité  fait  entre  faint  Louis  ôc  Jacques 
de  Château-Gontier,  ce  dernier  céda  les  droits  qu'il 
avoir  au  comté  du  Perche  ,  qui  par  cette  ceffion  fut 
entièrement  uni  à  la  couronne  de  France;  Voyez.  Alen- 
con. 

La  province  du  Perche ,  quoiqu'une  des  plus  petites 
du  royaume,  eft  néanmoins  de  trois  différens  diocè- 
fcs.  La  plus  grande  partie  eft  de  celui  de  Séez ,  car 
il  y  a  quatre-vingt-dix-neuf  paroiffes  qui  en  dépendent  ; 
trente-huit  dépendent  de  celui  de  Chartres,  ôc  onze 
feulement  de  celui  du  Mans.  On  compte  deux  églifes 
collégiales,  favoir  celle  de  Touffaints  de  Mortagne  , 
&  celle  de  Saint  Jean  de  Nogenr.  Il  n'y  a  que  trois 
abbayes,  qui  font  la  Trape ,  les  Clairets,  &  le  Val 
d'Arciffe. 

Pour  la  Juftice,    le  Perche    relevé  entièrement  du 
pailemenc  de   Paris,  &  a  fa    coutume    parriculiere , 
que  le  duc  d'Alençon  fit  rédiger  par  autorité  du  roi  en 
1505  dans  l'affemblée  des  crois  ordres  de  la  province. 
Elle  fut  encore  rédigée  de  l'autorité  du  roi  en  15^8, 
par  meffieurs  le  Préfident  de  Thou  ,  Faye  ôc  Viole  , 
cunfeillers ,  dans  l'affemblée  des  états  de  la  province  , 
tenue  dans  le  chapitre  de  Saint  Denis  de  Nogent.  Les 
lettres  patentes  du  roi  contiennent  une  claufe  expres- 
fe ,  que  l'élection  du  lieu  de  Nogent  ne  pourroit  nuire 
ni   préjudiciel"  aux    prérogatives   ôc   prééminences   des 
villes  ôc  fiéges  de  Bellesme  ôc  de  Mortagne.  Il  y  a  un 
bailli  du  Perche ,  qui  a  deux  lieutenans  :  l'un  à  Mor- 
tagne ,  &  l'autre  à  Bellesme.  L'un  ôc  l'autre  connois- 
fent  de  tous  les  cas  atribués  aux  baillis  ôc  fénéchaux , 
ôc  les  appellations  de  leurs  jugemens  font  portées  dans 
les  caspréfidiaux  au  préfidail  de  Chartres,  Ôc  dans  tous 
les  autres  au  parlement  de  Paris.  Outre  ces  bailliages , 
il  y  a  encore  dans  cette  province  une  vicomte  ,  donc  la 
juftice  fe  rend  dans  trois  fit'ges ,  qui  font  Mortagne  , 
Bellesme  ôc  la  Perrière.  Il  n'y  a  eu  pendant  fort  long- 
cems  dans  le  Perche  qu'un  fcul  vicomte  pour  ces  trois 
fiéges  ;   mais  Alexandre   Croffet ,  qui  éroic  pourvu  de 
cecce  charge ,  obtinc  la  permiiîïon  de  la   partager  ;  ôc 
en  conféquence  vendit  l'office  de  vicomte ,  pour  les  fié- 
ges de  Bellesme  ôc  de  la  Perrière.  Les  appellations  des 
jugemens  des  vicomtes  reffortiffent  en  matière  civile  au 
bailliage  d'où  ils  dépendent,   ôc  en  matière  criminelle 
au   bailliage  ou  au    parlement ,  au  choix  des  parties , 
pour  ce  qui  eft  du  petit  criminel  ;  car  pour  ce  qui  eft 
des  crimes  graves,  les  caufes  font  toujours  portées  au 
parlement.  Outre  ces  juflices  royales  ,  il  y  en  a  plufieurs 
confidérablcs  qui  appartiennenc  à  des  feigneurs  ecclé- 
fiaftiques  ou  laïques. 

Quanc  aux  finances ,  le  Perche  eft  de  la  généralité 
d'Alençon  5  car  l'éleclion  de  Mortagne  comprend  pres- 
que toute  cette  province.  Cette  élection  fut  établie  par 
Charles  IX  au  mois  d'Août  1572.  Elle  eft  compofée 
de  trois  fiéges,  où  les  officiers  rendent  la  juftice;  Mor- 
tagne ,  qui  eft  le  lieu  du  bureau ,  ôc  où  les  officiers 


PER 


doivent  réfidence  ,  Bcllcsme  ôc  Nogcnc  le  Rorrou.  Il  y 
a  une  ruaitrife  des  eaux  ôc  forets  à  Mortagne,  une  à 
Bellesme ,  &  trois  greniers  à  fel ,  qui  font  Mortagne, 
Bellesme  ôc  Nogent  le  Rotrou. 

11  s'y  fait  un  commerce  de  bled  ôc  de  beftiaux  ,  qui 
eft  allez  considérable.  Le  bled  fe  transporte  à  Alençon 
fur  des  chevaux  ,  lorsque  la  Bretagne  en  demande  y 
mais  on  le  transporte  à  Chartres  ou  à  Illiers ,  lors- 
que la  Beaufle  ou  Paris  en  manquent  ;  ce  qui  arrive 
rarement.  Les  bcliiaux  fe  débitent  dans  les  foires  du 
pays.  Le  beurre,  les  œufs  ôc  la  volaille  donnent  lieu 
auili  à  un  commerce  allez  avantageux  pour  la  provin- 
ce. Le  voifinage  de  Paris ,  qui  n'eit  éloigné  que  de  trois 
journées,  eft  tout-à-fait  favorable  au  débit  de  fes  pe- 
tites denrées.  Les  manufactures  les  plus  confidérables 
du  Perche ,  font  celles  des  toiles  qu'on  fait  à  Morta- 
gne ,  ôc  celles  des  étamines  qui  fe  fabriquent  à  Nogent 
le  Rotrou.  Les  toiles  de  Morragne  font  fortes  ôc  pro- 
pres à  faire  des  paillafles.  On  les  transporte  à  Paris, 
à  Rouen  &  à  S.  Quentin.  Ce  commerce  a  été  porté, 
année  commune ,  à  la  fomme  de  2joooo  livres.  Les 
étamines  de  Nogent  le  débitent  dans  le  pays  ,  uu  font 
transportées  à  Paris,  à  Tours,  a  Rouen,  a  Caen ,  en 
Angleterre,  en  Hollande  ôc  ailleurs.  Ce  commerce  en 
tems  de  paix  a  produir  plus  de  deux  cens  mille  livres 
par  an.  Le  commerce  du  fer  qu'on  fabrique  dans  les 
forges  de  la  Frette  ,  de  Gaillon  ,  de  Randonnay  &  de 
Brezolette  ,  rapporte  tous  les  ans  plus  de  cinquante 
mille  livres.  On  Transporte  ce  fer  à  Paris,  à  Chartres, 
6c  dans  d'autres  villes  voiftnes  La  manufacture  des  cuirs 
étoit  autrefois  de  quelque  conliriération,  mais  elle  eft 
abfolument  tombée. A  Monrmii  ail,  dans  ig  Pcrehc-Gouer, 
il  y  a  une  Verrerie  oonfidérabk  ,  qui  feule  fournir 
toute  cette  province,  fans  compter  un  grand  nom- 
bre de  voitures  chargées  de  «eues  qu'elle  envoie  à 
Paris. 

Le  gouvernement  militaire  elt  compris  fous  le  gou- 
vernement général  d  :    '  :  àne.  Voyez.  Maine. 

On  divife  le  Perche  en  quatre  parties,  le  grand 
Perche;  le  petit  Vtrvht  ou  t'-.rcbe  Goitet  ;  terre  Fran- 
coife.  Voyez,  au  mot  Terre,  larticle  Terre  Fran- 
çoise-, le  Thimf.rais  ou  les  Terres  Démembrées. 
Voyez.  Himerais. 

Le  grand  Perche  eft  proprement  ce  qu'on  appelle 
aujourd'hui  le  Perche.  Ses  villes  ôc  lieux  principaux 
font  :    ■ 

Mortagne,       Bellesme,       Nogent  le  Rotrou. 

Le  petit  Perche  a  été  fumommé  le  Perche-Gouet , 
de  Guillaume  Gouet ,  fixieme  du  nom  ,  mari  d'Elifa- 
beth  ou  Euftache  de  Champagne,  duel. elle  de  la  Pouil- 
le.  Cette  partie  du  Perche  eft  du  gouvernement  gé- 
néral de  l'Orléanois ,  ôc  renferme  cinq  Batonnies  ,  la- 
voir , 

Brou,     LaBafoche,     Anton,     Montmirail,     Alluye. 

i.  PERCHE  ,    forêt  de  France  ,   dans  la  Norman- 
die. Elle  dépend  de  la  maîtrife  de  Bf  ;!csme,  ôc  con 
tient  trois  mille  huit  cens  quatre-vingt-quinze  atpens. 

La  PERCHE  ou  le  Col  de  la  Perche.  C'en  l'un 
des  partages  de  France  en  Espagne ,  par  les  monragnes. 
On  entre  du  Rouffillon  dans  la  Cerdaigne  par  le  col 
de  la  Perche.  Le  feu  roi  Louis  XIV  y  fil  bâtir  une 
forterefie  ,  qu'il  appella  de  fon  nom  le  Mont  Louis. 
*  Longittrue ,  Defcription.  de  la  France,  part.  i.  p. 
it$. 

PERCIS  ou  Perces  ,  nom  qu'Etienne  le  géographe 
donne  au  Bâtis ,  fleuve  d'Espagne ,  préfentement  le 
Guadalquivir.  Voyez.  B^tis. 

PERCOTE,  ville  de  la  Troade  -,  Homère,  Ilud. 
B.  fub  fiaem  ,  en  parle,  &  Strabon  ,  /.  13.  p.  590.  la 
place  entre  Abydos  ôc  Lampfacus.  Percote  fut ,  félon 
Plutarque,  in  Themfiocle.,  une  des  deux  villes  qu'Ar- 
taxerxes  donna  à  1  hémiftocle ,  pour  l'entretien  de  fes 
meubles  ôc  de  fes  habits.  On  ne  fauroit  décider  fi  elle 
étoit  bâtie  fur  le  bord  de  la  mer ,  ou  à  quelque  dis- 
tance dans  les  terres.  La  plupart  des  anciennes  places 
de  ces  quartiers  font  fi  peu  connues ,  que  ceux  qui  en 


PER        893 

veulent  dire  quelque  chofe  ne  s'accordent  point»  vAft  la 
plainte  que  faifoit  Strabon. 

PERCRIS  ,  lieu  fortifié ,  près  de  Babvlone ,  félon 
Cedrene,  cité  par  Ortelius,  Thef. 

PERÇUS.  Voyez.  Perçus  Ôc  Pertusa. 

PERCÛSA,  ville  d'Espagne  :  l'itinéraire  d'Antonin 
la  place  entre  Toloum  ôc  Osca,  à  dix-huit  milles  de  la 
première,  ôc  à  dix-neuf  de  la  féconde.  Surita  lit  Fer- 
tufa  pour  Percitfa  ,  fur  la  foi  d'un  manuferir.  Ce  lieu 
conferve  fon  ancien  nom.  C'eft  aujourd'hui  Pertufas , 
bourg  du  royaume  d'Arragon,  fuil'Alcandro ,  à  l'occi- 
dent de  Balbaltro. 

PERCY  ,  bourg  de  France,  dans  la  Bourgogne ,  au 
bailliage  de  Charolles  fur  l'Ourache.  Il  y  a  un  prieuré 
conventuel ,  de  l'ordre  de  faim  Benoit.  Le  bourg  de 
Percy  eft  le  fiége  d'un  grenier  à  Sel.  11  députe  aux  crats 
du  Charolois.  Son  terroir  eft  maigre.  On  trouve  dans 
le  voifinage  plufieurs  forges  de  fer ,  ôc  un  grand 
étang. 

PERDICES,  lieu  de  la  Mauritanie  Sitifcnfe ,  fur  la 
route  de  Carthage  à  Céfarée ,  à  vingt-huit  milles  de 
QIU.  Il  y  a  apparence  que  c'eft  de  ce  lieu  donc  étoit 
évêque  Silvanus ,  que  la  conférence  de  Carthage,  «. 
121.  appelle  Ep'ucopus  Plebis  Perdicenfis.  Encfict  la 
notice  épiscopale  d'Afrique  met  dans  la  Mauritanie  Si- 
tifcnfe un  fiége  épiscopal ,  nommé  Perdicenfis  :  fon 
évêque  étoit  Viclorinus. 

PERD1C1A.  Etienne  le  géogtaphe  donne  ce  nom  à 
un  canton  ôc  à  un  port  de  la  Lycie. 

PEKE  (Saint)  ,  bourg  de  France,  dans  la  généralité  de 
Paris ,  élection  de  Nemours. 

PEREASLAW  ,  Pereaslavia  ,  ville  forte  &  bien 
peuplée  de  Pologne  au  Palatinat  de  Kiovie  fur  le  Tti- 
biecz.  Elle  a  été  cedée  a  la  Ruflie. 

IERECCO,  ville  de  la  Galilée,  félon  dom  Cal~ 
met,  Dut.  qui  cite  Jotëphe  ,  De  Bel.  I.  1.  c.  ly. 
Reland  croit  qu'il  faut  lire  Cipher-Ecco  ,  {■^Campagne 
d'Ecco  ou  à'Acco.  La  ville  de  Ptolémaïde  fe  nommoit 
Acco.  Ainfi  Capher-Açco  pouvoit  n'être  pas  loin  de- 
là. 

PERECOP,  Percops  ou  Precop  ,  ville  de  la  pe- 
tite Tartarie  ,  dans  l'ilthme  de  la  Crimée.  Pcrecop  , 
qui  veut  dire  terre  foiîbyée  ,  eft  le  nom  que  les  Po- 
lonois  ont  donné  à  cette  ville  ;  les  Tartares  l'appellent 
Ox  ou  Orkapy  ,  qui  lignifie  la  Porte  d'Or  Ceftdu 
nom  de  Perccop  que  les  habitans  de  la  péninfule  de 
Crimée  font  appelles  Tartares  Percopites.  Cette  ville 
n'eft  pas  forte,  cependant  le  prince  Gallitzin  l'alfiégea, 
avec  deux  cens  mille  Moscovites ,  fans  pouvoir  la  pren- 
dre. Galga  Sultan,  frère  du  Khan,  &  généralifîime  de 
fes  armées  ,  étant  \  enu  au  fecours  de  Perccop ,  prie 
au  prince  de  Gallitzin  vingt-fept  pièces  de  canon  ,  qui 
font  encore  à  Guflo ,  ville  maritime  de  Crimée.  "  At- 
las, Robert  de  V.v.tgondy ,  Corn.  Dict.  Ferrand ,  Re- 
lit, de  la  Crimée. 

1.  PERECZAS,  Peregias  ouBeregsaz,  petite  vil- 
le de  la  Haute-Hongrie,  capitale  d'un  comté  de  mê- 
me nom.  Voyez,  larticle  qui  fuir. 

1.  PERECZAS  ,  comté  de  la  Haute-Hongrie  ,  bor- 
né au  nord  par  le  comté  d'Ungwar  ;  à  l'orient  par  ce- 
lui de  Marmamoros ,  au  midi  par  celui  de  Zatmar  ;  Ôc 
à  l'occident  par  celui  de  Zemblyn.  Ses  principaux  lieux 
font  : 

Pereczas ,         Vary ,         Monkatz ,        Bcne. 

PEREGRINO.  Voyez.  Pelegrino. 

PEREIA  ,  contrée  de  la  Theùalie ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PERE1TIBI,  petit  Lac  de  l'Amérique  feptentriora- 
îe  ,  dans  la  Nouvelle-France,  &  dans  la  terre  de  La- 
brador ,  quinze  lieues  au  fud  du  Lac  de  Nikicon. 

PEREKAM,  beau  château  dans  la  Haute-Autriche, 
au  quartier  de  Mine]  i  il  appartient  au  comte  de  Sug-, 
ger. 

PERELADA.  Voyez.  Teralada. 

PERELEUM  ,  lieu  au  delà  de  la  mer  Rouge,  félon 
Ortelius ,  Thef.  qui  cire  Jean  Moschus  m  Prato  ftto 
Spirituali. 

PERELIUS.  Voyez.  Precius. 


894       PER 


PER 


PERENDANESIORUM  COLONIA ,  colonie  de 
la  Dacie,  félon  Onuphre  ,  qui  cice  Pcolomée.  A  la  vé- 
rité on  trouve  bien  dans  Prolomée,  /.  x.c.  8.  des  peu- 
ples de  la  Dacie  ,  nommés  Prendavefîi ,  ou  Predaven* 
Jîi  ;  mais  il  n'y  eft  aucunement  parlé  de  colonie.  Voyez. 

PrENDAVESH. 

PERESIA.Kov^Pirasia. 

1.  PERESLAVLE  ,  Pereschlaw,  ou  Preslaw-So- 
Ieskoy  ,  ville  de  l'empire  Ruffien  ,  dans  le  duché  de 
Rostow,  fur  la  route  de  Moscow  à  Archangel ,  entre 
Basma  Nova  au  midi,  &  Imbilova  au  nord.  Adam 
Brand,  Voyage  de  Moscow  à  la  Chine,  dit  que  cette  vil- 
le eft  d'une  beauté  médiocre,  mais  néanmoins  gran- 
de ,  Se  remplie  de  magnifiques  maifons.  Cependant  le 
Brun ,  Voy.  p.  2 1  en  parle  bien  différemment.  PereflatJ- 
SoleskfiV,  dit-il,  eft  une  affez  pauvre  ville,  fituée  fur  un 
lac.  11  ajoute  qu'elle  eft  la  capitale  d'une  province  de 
même  nom.  Aflez  près  de  cette  ville,  félon  Adam 
Brand ,  il  y  a  une  eau  dormante ,  d'où  l'on  tire  de  bon 
fel,  qui  fe  transporte  en  divers  endroits.  *  Atlas,  Robert 
de  Vaugondy. 

2.  PERESLAVLE  ,  Pereslau  ,  ou  Peresiaw-Re- 
zanski  ,  ville  de  l'empire  Ruffien  ,  dans  le  duché  de 
Rezan  ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Elle  eft  fituée  fur  le 
bord  méridional  de  l'Occa,  au  nord  de  Woronitz.  +Re- 
bert ,  carte  de  Ruffie  ,  17JO. 

PERETA ,  ifte  d'Italie  ,  à  douze  milles  de  Raven- 
ne ,  félon  l'auteur  de  la  vie  de  faint  Romuald ,  cité 
par  Ortelius ,  Thcf.  qui  dit  que  Sigonius  la  nomme 
Pereum. 

PEREUIL ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Angoumois , 
élection  d'Angoulême. 

PERG,  dans  la  Haute-Autriche  ,  quartier  deMihel, 
ancien  patrimoine  de  comtes  de  ce  nom. 

1.  PERG  A  ,  ou  Perge,  ville  de  la  Pamphilie.  Se- 
lon Strabon  ,  /.  14.  p.  667.  Ptolomée,  /.  $.  c.  5.  Se 
Pline,  /.  j.  c.  xy.  elle  étoit  dans  les  terres.  Pompo- 
nius  Mêla,  /.  I.  c.  14.  la  place  entre  les  fleuves  Ces- 
tron  &  Cataractes ,  &  il  nous  apprend  qu'il  y  avoit 
un  temple  de  Diane  Pergée ,  ainfi  appelle  du  nom  de 
Cette  ville.  Ce  temple,  félon  Strabon,  étoit  fitué  fur 
Une  hauteur  voifine  de  la  ville.  Ortelius ,  Thefaur. 
dit ,  fur  le  témoignage  de  Sophien ,  qu'on  la  nomme 
piéfentement  Pirgi.  Il  eft  fait  mention  de  Perge  dans 
les  actes  des  Apôtres,  c.  13.  v.  14.  Comme  elle  n'é- 
toit  pas  maritime,  il  faut,  ou  que  faint  Paul  ait  re- 
monté le  fleuve  Ctftron  ,  ou  C&ftrus  ,  pour  y  arriver , 
ou  qu'il  y  foit  allé  par  terre.  La  ville  de  Perge  eft  re- 
nommée par  la  naiffance  d'Apollonius,  furnommé  le 
grand  Uiométre,  auquel  Cardan  donne  le  feptiémerang 
parmi  les  esprit*-  les  plus  fubtils.  Il  vivoit  fous  la  cent 
trente-quatrième  Ol)  mpiade ,  vers  l'an  244  de  Jefus- 
Chrift,  Se  au  commencement  du  règne  de  Ptolomée 
Evergetes  ,  roi  d'Egypte.  Cette  ville  étoit  épiscopale. 
On  trouve  dans  le  concile  de  Nicée  tenu  l'an  325  la 
foufciiption  de  Catlincus  Pcrgenfes  ,  &  Berenianus  as- 
fifta  à  celui  d'Ephefe  de  l'an  43 1.  *  Harduin.  Collect. 
Conc  t.  i.p.  318,  t.  1.  p.  1350. 

2.  PERGA  ,  bourgade  de  l'Albanie.  Voyez.  Parga. 
PERGAMAR  ,  ou  Bergamo  ,  petite  ville  des  états 

du  Turc ,  dans  la  Romanie.  Elle  eft  fituée  fur  la  pe- 
tite rivière  de  Bracz ,  qui  fe  décharge  dans  le  lac  de 
Bouron.  C'eft  une  ville  épiscopale  fous  la  métropole. 
Voyez.  Pergamum,  n.  1.  *  Atlas,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PERGAMEA.  Voyez.  Pergamum,  «.  2. 

PERGAMIA  ,  lieu  de  l'ifle  de  Crète ,  où  l'on  voyoit, 
félon  Plutarque,  le  fépulcre  de  Lycurgue.  Voyez.  Per- 
gamum ,  n.  2.  *  Ortel.  Thcf. 

1.  PERGAMUM  ,  ville  de  la  Thrace ,  dans  les  ter- 
res. Ptolomée,  /.  3.  c.  n.  la  place  entre  Topiris  Se 
Trajanopolis.   Elle   porte   aujourd'hui  le  même  nom , 

'car  elle  s'appelle  Pergamar. 

2.  PERGAMUM  ,  ou  Pergamea  ,  ville  de  l'ifle 
de  Crète.  Velleïus  Paterculus  dit  qu'Agamemnon,  ayant 
été  jette  dans  cette  ifle  par  la  tempête,  y  fonda  trois 
villes,  Mycènes,  Tégée  &  Pergame  :  cette  dernière 
en  mémoire  de  fa  victoire.  Virgile  ,  JEneid.  I.  3.  v.  132. 
cependant  attribue  la  fondation  de  cette  ville  à  Enée, 
à  qui  il  fait  dire: 


Ergo  avidus  rnuros  optata  molior  Urbis  » 
Pergameamque  voco. 

Plutarque  ,  in  Lycurgo ,  dit ,  après  Ariftoxène ,  que 
les  habitans  de  l'ifle  de  Crète  montroient  le  tombeau 
de  Lycurgue  dans  le  territoire  de  Pergame,  près  du 
grand  chemin.  Cette  ville ,  félon  Servius ,  étoit  fituée 
près  de  Lydonia  ;  mais  étoit-elle  à  la  droite  ou  à  la 
gauche  ?  Scylax,  dans  fon  périple,  p.  18.  femble  lever 
la  difficulté ,  en  plaçant  au  feptentrion  du  territoire 
de  Pergame  le  temple  de  Diane  ,  appelle  Diclymn&um , 
que  Strabon  met  proche  de  Cydonia. 

3.  PERGAMUM,  ville  de  Lydie  ,  félon  Xénophon, 
/.  7.  p.  42 j.  Un  de  fes  éditeurs  remarque  à  la  mar- 
ge que  cette  ville  devoit  plutôt  être  placée  dans  la 
Myfie.  Voyez,  l'article  fuivanr. 

1.  PERGAMUS,  ou  Pïrgamum,  ville  de  l'Afie 
Mineure  ou  Natolie  ,  dans  la  grande  Myfie ,  félon  Stra- 
bon, /.  13.  qui  dit  que  le  fleuve  Caïcus  paffoit  au  tra- 
vers. Elle  fut  la  capitale  des  rois  Attales,  &  celle  du 
roi  Eumenes.  Tite-Live ,  /.  29.  c.  il.  rapporte  que  les 
ambaffadeurs  du  Peuple  Romain  allèrent  à  Pergame 
pour  demander  au  roi  Attale  la  ftatue  de  la  grande 
Déeffe.  Et  plus  bas  il  dit  que  les  ambaffadeurs  Ro- 
mains ,  ayant  eu  ordre  de  fe  rendre  auprès  d'Eume- 
nes,  fe  rendirent  à  Elara,  Se  pafferent  de  là  à  Per- 
game ,  la  réfidence  du  roi  Eumenes.  Il  y  avoit  dans 
cette  ville  un  ancien  temple  dédié  à  Esculape.  Mais  le 
principal  ornement  de  cette  ville  fut  la  bibliothèque 
royale ,  qui  pouvoit  être  comparée  à  celle  d'Alexan- 
drie. Les  rois  d'Alexandrie  Se  de  Pergame,  dit  Pline, 
/.  3;.  c.  2.  fe  donnèrent  beaucoup  de  foins  pour  for- 
mer des  bibliothèques.  Strabon,  /.  13.  en  atribue  la 
gloire  à  Eumenes  ;  Se  Plutarque ,  in  Antonio ,  fait  mon- 
ter le  nombre  des  livres  à  deux  cens  mille.  *Tacit.  An. 
/.  3.  c.  6$. 

Le  royaume  de  Pergame  commença  vers  l'an  470 
de  Rome,  fous  Philetere,  intendant  des  finances  de 
Lyfimachus  ,  roi  de  Thrace.  On  afiure  que  ni  lui ,  ni 
Eumenes,  fon  neveu  ,  &  fon  fucceffeur,  ne  prirent  point 
le  nom  de  roi,  Se  que  ce  fut  Attale  I  qui  fe  donna 
cette  qualité.  Son  règne  fut  de  quarante-quatre  ans. 
Eumenes  II  qui  lui  fuccéda ,  en  régna  quarante.  At- 
tale fon  frère  fut  fon  fucceffeur ,  &  mourut  après  avoir 
gouverné  vingt  Se  un  ans  comme  tuteur  d'Attale  III 
qui, mourant  fans enfans ,  fit  le  Peuple  Romain  héritier 
de  fes  états ,  cent  cinquante-deux  ans  après  que  Phile- 
tere eut  jette  les  premiers  fondemens  de  cet  état.  *  Corn» 
Dict. 

Pergame  devint  depuis  ce  tems-là  le  fiége  d'un  évê- 
ché  ,  qui  étoit  d'abord  fufiragant  de  Smyrne,  Se  eut 
dans  la  fuite  le  titre  de  métropole. 

La  ville  de  Pergame  eft  encore  connue  aujourd'hui 
par  les  Turcs  Se  par  les  Grecs,  fous  le  nom  de  Per- 
gumo.  Elle  eft  à  trente-quatre   milles  de  Smyrne ,  Se 
vingt  de  Thyatira,  affife  au  pied  d'une  montagne  qu'elle 
a  au  nord  ,  dans  une  belle  plaine  fertile  en  grains ,  où 
paffent  le  lit  amis  Se  le  Caïcus ,  qui  fe  déchargent  dans 
la  rivière  d'Hermus.  A  côté  de  la  ville  pafie  la  petite 
rivière ,  ou  plutôt  le  ruiffeau  rapide ,  appelle  ancien- 
nement Selinus ,  qui  court  au  fud-eft  ,  Se  fe  va  rendre 
dans  le  Caïcus.  De  l'autre  côté   du  Selinus  il  y  a  une 
belle églife,  qui  portoit  le  nom  de  Sainte  Sophie,  Se 
qui  eft  convertie  piéfentement  en  mosquée.  Dans  le 
quartier   oriental  de   la  ville  on  voit  les  ruines  d'un 
palais  ;  c'étoit  peut-être   la  demeure  des  rois  du  pays. 
De  toutes  les  colonnes  qui  enrichiffoient  cet  édifice, 
il  n'en  relie  que  cinq  belles  de  marbre  poli ,  hautes  de 
vingt  un  pieds,  &  l'on  en  voit  encore  quelques  unes 
de  rature  côté  de  la  rue.  Vers  la  pointe  méridionale 
de  la  ville  il  y  a  aux  deux  côtés  du  grand    chemin 
deux  petites  collines  artificielles,  fur  lesquelles  étoient 
deux  petits  forts ,  pour  garder  l'entrée  de  la  ville ,  Se 
au    levant  il  y  en  avoit    deux  autres  femblables.  On 
voit  près  de  là  un  grand  vafe  de  marbre  de  vingt  Se  * 
un  pieds  de  tour ,  gravé  d'un  bas- relief  d'hommes  à  che- 
val ,   fort  bien  travaillé.  Le  long  de  la  montagne  ,  vers 
le  fud-oueft  ,  fe  voient  les  ruines  d'un  aqueduc  ,    qui 
a  encore  fix  arcades  fur   un  ruiffeau ,   Ôc  au  midi  de 


PER 


ces  arcades  il  v  en  a  fix  autres ,  avec  de  grandes  voû- 
tes, que  les  Turcs  appellent  Kijfirai.Dc  la ,  en  tirant 
encore  plus  vers  le  nid ,  on  trouve  les  ruines  d'un 
théâtre  ,  fut  le  penchant  de  la  colline  ,  d'où  la  vue 
ed  très-belle  fur  la  plaine.  Parmi  les  débris  de  mar- 
bre on  trouve  une  belle  infeription  ancienne ,  confa- 
crée  par  le  fénat  6e  par  le  peuple  de  Pergame  ,  à 
l'honneur  de  Catius  Antius  Aldus  Julius  Qiiadratus , 
qui  avoir  été  deux  fois  conful  6e  proconful  d'Aile  , 
outre  plufieurs  charges  Se  emplois  qu'il  avoit  eus  dans 
diverfes  provinces  particulières,  Se  autres  places ,  com- 
me en  Candie  6e  à  Chypre,  Eparque  de  Syrie,  fous 
l'empereur  Trajan  ,  &  grand  bienfaiteur  de  Pergame, 
comme  le  porte  l'infcription.  *  Span }  Voy.  du  Levant, 
t.   i.  p.  205. 

Les  Chrétiens  de  Pergame  font  aujourd'hui  en  pau- 
vre état.  Leur  églife  cathédrale  de  Saint  Jean  eit  à 
l'orient }  mais  entièrement  ruinée.  Elle  a  cinquante- 
fix  pas  de  longueur ,  fur  trente  deux  de  largeur.  Les 
Turcs  ont  pris  les  pièces  des  colonnes  de  la  nef  pour 
mettre  fur  leurs  tombeaux.  Le  corps  du  bâtiment  n'é- 
roit  que  de  brique.  La  ville  eit  peuplée  de  deux  ou 
trois  mille  Turcs ,  Se  il  n'y  a  que  douze  ou  quinze 
miférables  familles  de  Chrétiens  Grecs  qui  cultivent  la 
terre.  Il  leur  relie  une  églife  dédiée  à  faim  Théodore , 
évêque  de  Smyrne ,  fous  le  diocèfe  de  laquelle  ils  font 
compris. 

C'eit  à  Pergame  qu'on  trouva  Pufage  du  parchemin. 
Pline  ,  /.  1  $.  c.  11.  fur  le  témoignage  de  Vairon  ,  donne 
à  cette  ville  la  gloire  de  l'invention  d'une  chofe  qui 
allure  une  forte  d'immortalité  aux  hommes.  CLuide 
Galien ,  fameux  médecin  ,  6e  grand  philofophe  ,  étoit 
de  Pergame  ,  ainfi  que  le  rhéteur  Apollodore  ,  précep- 
teur d'Augude.  Cardan  met  Galien  au  nombre  des 
douze  plus  fubrils  Espagnols  dont  on  ait  jamais  par- 
lé. Il  vivoit  dans  le  deuxième  fiécle ,  fous  l'empire  de 
Marc-Antonin  le  philofophe.  Il  mourut  dans  fa  pa- 
trie ,  âgé  de  foixante  6e  dix  ans.  Quelques-uns  veulent 
pourtant  qu'il  ait  vécu  cent  quarante  ans. 

PERGAMUM  ,  ou  Pergama  :  c'étcii  le  nom  de 
la  forterefle  de  la  ville  de  Ttoye.  Elle  étoit  fituée  dans 
le  lieu  le  plus  élevé  de  la  ville.  Virgile  en  parle  dans 
divers  endroits  de  l'Enéide. 

PERGANTIUM  ,  ville  de  la  I  igurie  ,  félon  Etienne 
le  géographe.  C'eft  aujourd  hui  Brcgar.çon  ,  fur  la  côte 
de  Provence,  vis-à-vis  des  ides  d'Hières  ,  car  la  Ligu- 
rie  s'eil  autrefois  étendue  jusques-là.    Voyez.  Bregan- 

ÇON. 

PERGAZA  ,  canton  de  l'Attique.  Etienne  le  géogra- 
phe dit  que  c'étoit  une  partie  de  la  tribu  Erechthéide; 
Se  ALYicn  ajoute  que  c'étoit  la  patrie  de  Nicias.  *  Or- 
tel.  Thefaur. 

PERG/E.  Voyez.  Perga. 

PERGE  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la  Pamphilie.  Voyez,  Per- 
ça 1. 

PERGELL  ,  ou  Pregeix,  vallée  chez  les  Grifons  fai- 
fant  la  feptiéme  communauté  de  la  ligue  de  la  Caddée, 
ou  maii'on  de  Dieu.  Après  avoir  traverfé  le  mont  Sep- 
timer ,  on  entre  dans  le  pays  dePergell,  ou  Pregell, 
en  latin  Pragallia  ,  ainfi  appelle  par  les  anciens  .  par- 
ce qu'il  étoit  aux  frontières  de  la  Gaule  Cifalpine.  Quel- 
ques uns  néanmoins  veulent  que  le  nom  latin  foit  frœ- 
julia  y  6e  qu'il  lui  ait  été  donné  parce  que  le  pays  eft 
fitué  au  pied  des  Alpes  Juliennes.  C'eft  une  grande  val- 
lée, qui  s'étend  en  long  de  l'orient  à  l'occident.  El- 
le a  reçu  de  grands  privilèges  des  empereurs ,  Se  de 
tems  immémorial  elle  a  été  appellée  Pays  libre  de  l'Em- 
pire ;  auili  fait- elle  feule  une  communauté  générale. 
Elle  eit  partagée  en  deux  jurisdiétions ,  qui  font  bor- 
nées par  un  endroit,  nommé  la  Porte.  Les  paroiffes 
d'au-deflus  de  la  Porte  font  Cafaccia ,  village  au  pied 
du  mont  Septimer ,  6e  célèbre  à  caufe  du  corps  de  S. 
Gaudence  ,  qui  y  a  été  enterré.  On  avoit  fondé  en  l'hon- 
neur de  ce  faint  un  monaftere  près  de  ce  village.  L'on 
en  voit  encore  les  ruines  auprès  du  grand  chemin.  Les 
autres  paroifles  d'au-defius  de  la  Porte  font  Piazza  , 
Saint  Caffiano  ,  Stampa  ,  Cultura  ,  Sec.  Celle  d'au-des- 
fous  de  la  Porte  font  Soglio  ,  en  allemand  Solg,  ou 
Soy  ,  Caftafegna ,  Bondo  ,  6ec.  *  'Etat  &  Délices  de  la 
Suife,  t.  4.  p.  J4. 


PER 

Le  pays  de  Pregell  eit  afiez  fertile  Se  fe  reflenc 
beaucoup  de  la  douceur  du  climat  de  l'Italie.  Les  monts 
Septimer  6e  Majols ,  ou  Malojus ,lui  fervent  de  rempart 
contre  l  împétuofité  du  vent  de  nord  ;  6e  la  rivière  de 
Mera  ou  Maira ,  formée  de  deux  branches  qui  fortenc 
de  ces  deux  montagnes,  l'arrofe  dans  toute  fa  lon- 
gueur, après  quoi  elle  entre  dans  le  comte*  de  Chia- 
venue.  Le  matin  il  fe  levé  un  vent  d'orient  qui  fouf- 
fle  jusqu'à  midi ,  où  il  s'en  levé  un  d'oueft  qui  fourfle 
jusqu'au  foir. 

1.  PERGOLA,  petite  ville  d'Italie ,  dans  la  partie 
orientale  du  duché  d'Urbin,  fur  une  petite  rivière  qui 
fe  jette  dans  le  Cefano ,  fi  ce  n'eft  pas  une  des  bran- 
ches de  ce  fleuve.  *  Magin ,  Carte  du  duché  d'Ur- 
bin. 

2.  PERGOLA.  Corneille  dit  :  Petit  bourg  ou  villa- 
ge de  l'ifle  de  Naxie  ,  dans  l'Archipel.  11  ajoute: Ce 
lieu  ,  près  duquel  on  voit  les  ruines  d'un  ancien  tem- 
ple de  Bacchus ,  étoit  autrefois  une  ville  que  l'on  ap- 
pelloit  Stïongyle.  De  Tournefort ,  t.  1.  p.  84.  qui 
dans  fon  voyage  du  Levant  donne  une  lifte  des  villa- 
ges de  l'ifle  de  Naxie ,  ne  connoîc  point  celui  de  Per- 
gola ,  à  moins  que  ce  ne  foit  celui  qu'il  nomme  Pyr- 
gof.  A  l'égard  du  temple  de  Bacchus ,  il  étoit  fur  une 
écueil ,  à  une  portée  de  fufil  de  l'ifle ,  rcut  près  du 
château.  J'ai  parlé  de  ce  temple  dans  l'article  de  l'ifle 
de  Naxie.  Voyez,  Naxie. 

PERGUS  ou  Pergusa,  lac  de  l'ifle  de  Sicile ,  à 
cinq  milles  de  la  ville  d'hnna  ,  du  côté  du  midi.  Les 
Poëtes  difenr  que  c'eft  près  de  ce  lac  que  Pluton  ra- 
vit Proferpine.  Comme  les  anciens  ayoient  beaucoup 
de  vénération  pour  le  lac  de  Pergus ,  on  croit  que 
c'efi  de  ce  lac  dont  Claudien  entend  parler  dans  ces 
vers  : 

.  .  '.  .  admittit  in  ahum 

Cernenteis  ocidos  ;  çr  Lue  pervius  humor 
Ducitirioffènfos  liquida fubgurgite  vifus  ; 
Imaqiic  perjpicui  prodïtjecreia  profanai. 

*  Ovid.  Mcram.  /.  j.  v.  3  8y  ,  6e  fuiv. 

Ce  hc  a  quatre  milles  de  circuit ,  6e  au  lieu  qu'il 
fe  trouvoit  autrefois  au  milieu  d'une  foret ,  aujoiudJmi 
fes  bords  font  plantés  de  vignes.  On  n'y  voit  point  de 
poiffons;  mais  on  y  ponrroit  pécher  une  quantité  pro- 
digieufe  de  couleuvres. 

On  appelle  aujourd'hui  ce  lac  Coridan.  Voyez,  ce 
mot. 

PERIA.  Voyez  Pereia. 

PERIADA,  ville  de  l'Eubéc,  félon  Orteîius,  The- 
faur ,  qui  cite  Srrabon. 

PERJAN  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Tartarie ,  dans  la 
projdnce  ou  royaume  de  Bedakchan,  à  deux  journées 
d'Endcrabe ,  du  côté  fle  Siapouches ,  félon  Petis  de  la 
Croix.  H:ji.  de  Timi/r-Bcc ,  L  5.  c.  3. 

PERIAPATAM,  bourgade  des  Indes,  à  l'extrémité 
occidentale  du  cap  de  Comorin  ,  dans  l'état  de  Tra- 
vancor ,  entre  Culechi ,  au  nord  occidental ,  6e  Top- 
0  à  l'orient.  *  Atlas ,  Kob.  de  Vaug. 

PERIBOLUS,  ou  Periboeon;  Denys  de  Byzance, 
p.  10.  dans  fa  defeription  du  Bosphore  de  Thrace  dit  3 
qu'après  le  bois  d'Apollon  on  trouvoit  le  Pcribolus., 
où  les  Rhodiens  attachoient  leurs  vaillcaux  pour  les 
garantir  des  tempêtes.  Il  ajoute  que  de  fon  tems  il  en 
demeuroit  encore  rrpis  pierres,  Se  que  le  refle  croit  tombé 
de  vieillefiè.  Le  mot  mp-'â^s? ,  Peribolus  ,  6c  la  de- 
feription dontDenys  de  Byzance  l'accompagne  ,  femblent 
dire  que  c'étoit  un  mole  ,  une  muraille  ,  ou  un  quai 
revêtu.  Pierre  Gylles ,  de  Bosphoro  Thrac.  /.  2.  c.  8. 
juge  que  ce  lieu  eit  le  même  que  les  pêcheurs  nom- 
ment aujourd'hui  Rhodacinion;  6e  il  fonde  ce  ju- 
gemerit,  non  feulement  fur  le  rapport  des  noms ,  mais 
encore  fur  la  fitnation  des  lieux  ,  Denys  de  Byzance 
plaçant  le  lieu  où  les  Rhodiens  attachoient  leurs  vais- 
feaux ,  précifement  dans  l'endroit  appelle  aujourd'hui 
Rhodac'wion.  On  n'y  voit  préfentement  qu'une  grofie 
pierre  qui  fort  au-deffus  de  l'eau  ,  6e  qui  tient  à  d'au- 
tres pierres  qu'on  jetta  autrefois  dans  l'eau  pour  y  fon- 
der un  mole  qui  formoit  un  port.  Ce  mot  de  Peribo- 
lus efi  grec   6c  fignirk  proprement    une  enceinte  de 


%$6        PER 


PER 


muraille.  Les  Grecs  l'ont  donné  à  divers  lieux  &  on 
le  trouve  dans  Ezechiel  pour  lignifier  un  mur  de  ré- 
paration. 

PERlCANT  ,  lieu  de  France  ,  en  Gascogne  ,  dans 
la  Lomagne.  C'eft  une  terre  avec  haute  >  moyenne  & 
bafle  jultice ,  &  qui  relevé  du  roi. 

PERICONNESUS,  lieu  aux  environs  de  Byzance , 
félon  Chalcondyle ,  Thejaur. 

PERICTIONES,  peuples  de  la  Dolopie ,  félon 
Ortelius ,  Thejaur.  qui  cite  Orphée  ,  in  Argonaiu, 

PERIDMETUM  ,  ville  de  Thrace  :  c'eft  Chalcon- 
d\Je  qui  en  fait  mention.  *  Ortel.  Thefaur. 

'  PERIÉ  .  ifie  &  village  de  France ,  dans  le  Poitou  , 
élection  des  fables  d'Olonne.  L'ifle  au  milieu  de  laquelle 
efl:  le  village  fe  trouve  environnée  d'un  grand  marais. 
Les  religionnaires  commandés  par  le  prince  de  Soubife  , 
leur  général,  y  furent  défaits  en  1611,  par  le  roi 
Louis  XIII  qui  commandoit  fon  armée  en  perfonne. 

-PERIERBIDI,  peuples  de  la  Sarmatie  Afiatique  ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  $.c.  9. 

1.  PERIERES ,  ou  PnrviERs  ,  bourg  de  France  ,  dans 
la  Baffe  Normandie  ,  avec  bailliage  &  titre  de  vicomte. 
11  eft  fitué  entre  S.  Lo ,  Coutances,  Pirou  &  Caiem 
tan  ,  fur  une  petite  rivière  qui  va  tomber  dans  la  Ca- 
rême ,  au-deffous  du  prieuré  de  Bohoms.  On  y  tient 
un  gros  marché  le  famedi.  *  Corn.  Dicc.  fur  des  Mém. 
dreffés  fur  les  lieux  en  1704. 

Le  bailli  de  Perieres  efl,  de  robe  longue ,  Se  prend 
la  qualité  de  bailli  ,  lieutenant  général ,  civil  &  cri- 
minel. Les  fentences  s'intitulent  en  fon  nom ,  Se  l'appel 
eft:  porté  au  parlement ,  lorsque  les  caufes  ne  font  point 
dans  les  cas  préfidiaux  -,  &  lorsqu'elles  font  préfîdiales, 
elles  font  portées  au  préfidial  de  Coutances.  Le  bailliage 
de  S.  Sauveur  Landelin  a  été  transféré  àPériers  pour 
la  commodité  des  plaideurs  ;  ainfî  ce  n'eft  qu'un  feul 
&  même  bailliage  fous  deux  noms  différais.  *  Piganiol, 
Def.  de  la  France  ,  t.  5 .  p.  3  24. 

2.  PERIERES  ouPeries,  bourg  de  France ,  dans  la 
Normandie  ,  à  quatre  lieues  de  Rouen ,  &  à  deux  de 
Lyon  ,  entre  Charleva!  Se  l'abbaye  de  l'Ifle-Dieu.  Il 
efl  fitué  fur  la  rivière  d'Andelle.  C'eft  un  titre  de  ba- 
ronnie ,  qui  appartient  à  l'abbaye  des  Bénédictins  de  S. 
Ouen  de  Rouen.  Ils  ont  par-là  la  feigneurie  Se  le  pa- 
tronage des  paroifles  de  S.  Etienne  de  Periez,  deTran- 
fieres,  de  Peruel,  de  Morville  fur  Andelle  ,  Se  de  cel- 
les de  Fayelle  ,  de  Cantelou  ,  de  Lettre-guive  ,  d'Au- 
fouville  &  autres  afllfes  dans  la  campagne  du  côté  de 
Rouen.  *  Piganiol,  Defcription  de  la  France,  tom.  5. 
p.  324. 

PERIET  ,  abbaye  de  France,  dans  la  partie  de  la  Hau- 
te-Alface  qui  dépend  du  diocèfe  de  Bâle ,  dans  le  Val 
d'Orbe.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  de  la  filiation  de 
Lutzel ,  de  la  même  fondation  Se  en  règle.  Ses  revenus 
font  de  fept  ou  huit  mille  livres?*  Piganiol ,  Defc.de 
la  France  ,  t.  7.  p.  394. 

PERIGAN  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Saintonge , 
élection  de  Saintes. 

PERIGNAC,  Parigniacum ,  ou  Periniacum ,  ab- 
baye d'hommes ,  en  France ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  % 
liation  de  Bonnefons ,  dans  l'Agenois  ,  en  Guienne  ,  en- 
tre le  Lot  &  la  Garonne,  proche  de  Montpefat.  Comme 
la  vallée  de  Montpefat  eft  fort  étroite  &  environnée  au 
midi  de  montagnes  d'où  il  découle  fouvent  des  torrens , 
cette  abbaye  fe  trouve  fouvent  incommodée  de  ce  voifi- 
nage. Ses bâumens  réguliers  étoient  autrefois  affez  beaux; 
mais  il  n'en  refte  plus  rien:  tout  a  été  détruit  dans  les 
guerres  des  Albigeois  Se  des  Calviniftes&  par  les  inon- 
dations. On  place  fa  fondation  vers  le  milieu  du  douziè- 
me fiécle ,  Se  on  l'attribue  aux  moines  Se  à  l'abbé  de  Bon- 
nefons ,  dont  elle  efl:  fille  en  ligne  de  Morimon.  Flan- 
drine  ,  dame  de  Montpefat,  feeur  d'une  autre  Flandrine, 
dame  du  château  de  Montpefat ,  près  Saint  Martoire  , 
dans  le  comté  de  Comminges ,  la  dota  de  plufieurs  biens- 
fonds.  Les  autres  feigneurs  de  Montpefat ,  très-puiffans 
dans  l'Agenois ,  furent  auffi  ,  à  ce  qu'on  croit ,  fes  bien- 
faiteurs. Les  Calviniflesqui  achevèrent  de  la  ruiner  du- 
rant les  guetesde  religion  ,  en  ont  pillé  les  titres  Se  tout 
ce  qu'il  y  avoir  de  précieux. 

PERIGNAN  ,  L.  Periniamts  ,  ou  Perinhanus  ,  au- 
jourd'hui Fleury  ,  efl:  à  préfent  une  terre  confidérablc  , 


dans  le  Narbonnois.  On  lit  dans  1  hiftoirede  Languedoc  ; 
par  dom  Vaifiette,  t.  j.  p.  418.  qu'Aimeri  IV  reçut  en 
1228,  en  préience  d'Hugues  de  Perignan  Se  de  Rai- 
mond ,  fes  écuyers,  l'hommage  de  Bernai  d  de  Saine 
Etienne  ,  &  dans  les  preuve*  de  la  même  hifloire  ,  par 
le  même ,  t.  3 .  p.  600  &  602.  n.  ccclxv.  Se  ccclxvii. 
on  trouve  un  accord  en  1271,  entre  Aimeric  Se  Alma- 
vic  :  on  y  nomme  plufieurs  châteaux  ;  celui  de  i  erignan 
efl  du  nombre  :  In  caftris  de  Albaribus ,  de  Ferr.ams  &, 
de  Periniano  ;  Se  dans  l'aveu  Se  dénombrement  d'Aime- 
ri  ,  vicomte  de  Narbonne  ,  on  lit: Item  in  Narbonefi» 
caftra  de  Perinhano  &  de  Parafuno.  Cette  terre  a  été 
une  baronnie-,  mais  en  vertu  des  lettres  paentes  en  forme 
d'édit  -,  données  à  Verfailles  au  mois  de  Mars  1736  ,  le 
roi  a  changé  ton  nom  en  celui  de  Fleury  ,  avec  titre  de  du- 
ché Se  pairie ,  en  confidération  des  fervices  que  lui  a 
rendu  le  feucardinal.de  fleury,  oncle  materneldu  duc 
de  Fleury  d'aujourd'hui ,  lequel  fut  îeçuduc  Se  prit  féan- 
ce  en  qualité  de  duc  Se  pair  de  France*,  fit  le  fermenc 
accoutumé  ,  Se  jura  fidélité  au  roi ,  fuivant  l'arrêt  du  par- 
lement de  Paris  ,  le  10  Mai  1736.  Cette  terre  étoit  déjà 
mouvante  en  plein  fief,  foi  &  hommage  du  roi  avant 
le  changement  de  la  dénomination.  Les  fiefs  Se  arriere- 
fiefs  qui  en  dépendent ,  font  l'ifle  d  Ellec,  diocèfe  de  Nar- 
bonne ,  fénéchauflée  de  Carcaflbnne-,  Rocofel ,  érigé  en 
marquifat  par  lettres- pat  entes  du  mois  de  Septembre 
1724  jCeilhe  ,  le  fort  Se  le  château  de  Bouloc  ;  les  fiefs 
&  arrière  fiefs  de  Montegut,  Bournac,  Cantesmeles, 
Pratnauffel ,  Douze ,  Pueck  ,  Faulat ,  Lartentes ,  les  Blan- 
daftesdeGineflons  ,  Salvaignac,la  Blanquiere  Se  Delver- 
dié  ;  Se  la  terre  &  feigneurie  de  Die ,  compofée  des  parois- 
fes  de  Die  ,  Valquieres ,  Vernafcbies  ,Se  Prades',  le  touc 
fitué  dans  le  diocèfe  de  Beziers,  dépendant  autrefois  de 
la  fénéchauflée  de  Carcaflbnne  ,  &  qui  ont  été  depuis 
démembrés ,  pour  faire  partie  des  fénéchauffées  de  Be- 
ziers Se  Limoux.  Les  droits  dudir  duché  Se  pairie  font 
traités  Se  jugés  en  la  cour  du  parlement  de  Paris  en  pre- 
mière inflance.  Les  caufes  Se  procès ,  entre  les  judicia- 
bles  Se  vaffaux ,  reffortiffent  nuemenr  par  appel  de  ce 
duché  &  pairie  en  la  cour  du  parlement  de  Touloufe. 
Les  patentes  d'érection  portent  diftraction  Se  exemption 
du  reffort  de  tous  les  autres  juges  Se  jurisdictions  où  les 
appellations  des  officiers  des  terres  Se  feigneuries  de  la 
dépendance  avoient  coutume  de  reffortir,  fans  préjudi- 
ce des  cas  royaux  dont  la  connoiffance  efl  demeurée  aux: 
juges  ordinaires.qui  ont  coutume  d'en  connoître.  Tous 
les  enfans  Se  descendans  mâles  en  ligne  directe  ,  nés  Se  à 
naîtfe  en  loyal  mariage  de  Jean-Hercule  de  Roffet ,  de 
Rocofel ,  duc  de  Fleury  jouiront  à  perpétuité ,  comme 
feigneurs  propriéraires  du  duché  Se  pairie  de  Fleury ,  du 
nom  ,  titre  ,  qualité  Se  dignité  de  pair  de  France ,  fuivant 
l'arrêt  du  parlement  de  Paris  le  1 1  Mai  1736. 

1.  PERIGNE(  La  ) ,  abbaye  de  France  ,  au  diocèfe 
du  Mans.  C'eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  faine 
Auguftin.  D'abord  ce  ne  fut  qu'un  prieuré  fondé  par  une 
perfonne  de  la  famille  des  Ufnges.  Guillaume  des  Ufages 
augmenta  en  1393  ,  la  fondation  de  quarante  liviesde 
rente  ,  &  obtint  que  ce  prieuré  feroit  érigé  en  abbaye  fous 
le  nom  de  Saint  Louis.  Le  revenu  de  cette  abbaye  monte 
à  trois  mille  livres.  Cette  abbaye  n'eft  pas  de  l'ordre  de 
faiht  Auguftin  ,  mais  de  S.  Benoît.  *  Piganiol,  Defc.  de 
la  France  ,  t.  j.  p.  47J. 

2.  PER1GNE  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou  ,  éle- 
ction de  Saint  Maixant. 

PERIGNY  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  pays  d'Aunis ,' 
à  demi-lieue  de  la  Rochelle. 

PER1GORD  (  Le) ,  province  de  France  ,  qui  a  au 
nord  l'Angoumois  ;  au  couchant  la  Saintonge  ,  le  Bafa- 
dois  &  le  Bordelois  -,  au  midi  il  a  l'Agenois  ;  à  l'orient  le 
Quercy  &  le  Limofin.  Ce  nom  vient  de  celui  des  an- 
ciens peuples  Petrocorii ,  ou  Petricorii,  qu'on  a  corrom- 
pu dans  le  cinquième  fiécle  en  Petricordii.  Ces  peuples , 
qui  font  connus  dans  les  commentaires  de  Célar ,  étoient 
alors  du  nombre  des  Celtes ,  &  Augufle  les  mit  fousl  A- 
quitaine.  Cette  province  ayant  été  divifée  en  deux  fous 
Valentinien  I ,  les  Petricorii  fui  enr  attribués  à  la  féconde, 
Se  eurent  pour  métropole  Bordeaux  -,  leur  capitale  s'ap- 
pelloitVESUNA  ,  comme  nous  rapprenons  de  Ptolomée. 
Mais  dans  le  quatrième  fi.  clc ,  la  ville  quitta  entière- 
ment ce  nom  pour  prendre  celui  du  peuple  Petricorii, 

d'où 


PER 


PER 


d'où  on  fie  Petrïcordium  8c  Petricoriwm,  aujourd'hui 
Périgueux.  *  Longuerue ,  Defcription  de  la  Fiance ,  part, 
i.p.  172. 

Les  Goths  s'emparèrent  du  Périgord  au  commencement 
du  cinquième  fîécle  ;  mais  les  Francs  le  prirent  fur  eux. 
Les  rois  de  Neuftrie  Mérovingiens  l'ont  poflédé  jusqu'au 
tems  du  duc  Eudes,  qui  fe  rendit  abfolu  dans  l'Aquitai- 
ne ,  8c  ce  fut  Pépin  ,  père  de  Charlemagne  ,  qui  conquit 
le  Périgord  fur  Gaifre ,  petit-fils  d'Eudes.  Les  Carlovin- 
giens ,  qui  ont  régné  dans  la  France  occidentale ,  ont  eu 
jusqu'au  dixième  fîécle  le  même  pays  1  qu'ils  gouvernoient 
par  des  comtes  qui  n'étoient  que  de  fimples  officiers.  Dans 
Je  même  fîécle  ,  Guillaume  Taillefer,  comte  d  Angoulê- 
me,  écoit  auffi  comte  de  Périgord  ,  8c  il  eut  pour  fucces- 
feurfonfils  Bernard,  qui,  fous  les  rois  Louis  d'Outre- 
mer 8c  Lothaire  ,  &c  fous  les  deux  premiers  Guillaumes  , 
ducs  d'Aquitaine  ,  fe  rendit  véritablement  propriétaire  de 
ces  deux  comtés ,  en  reconnoiflant  néanmoins  le  duc 
d'Aquitaine  pour  fouverain.  Le  comte  Bernard,  qui  mou- 
rut fans  enfans  ,  eut  pour  fucceffeur  au  comté  de  Péri- 
gord ,  Bjzou  ,  comte  de  la  Marche  ,  fon  beau-fiere , 
qui  avoitépoufé  fa  fœur  Emma.  Cette  comtefie,  qui  étoit 
la  véritable  propriétaire  du  Périgord,  étant  mécontente 
de  fon  mari  ,  l'empoifonna  ;  cV  pour  venger  ce  prince  , 
Guillaume  II ,  duc  d'Aquitaine  ,  aiïiégea  la  ville  de  Péri- 
gueux  8c  la  prit  ;  mais  il  conferva  le  comté  de  Périgord  à 
Helies,  filsdeBozon.  Depuis  ce  tems,  il  y  eut  deux  comtes 
de  cette maifon  ,  l'un  en  Périgord  ,  &  l'autre  dans  la  Mar- 
che ,  jusqu'à  ce  que  ce  dernier  comté  vint  à  la  maifon  de 
Lufignan.  Le  Périgord  demeura  dans  la  race  masculine 
de  les  anciens  feigneurs  jusqu'au  tems  d'Archambaud  , 
qui  par  arrêt  de  l'an  1 3  96 ,  fut  banni  du  royaume  comme 
rébelle,  &  fes  biens  furent  confisqués. Son  fils ,  Archam- 
baud  le  Jeune,  ayant  perfévéré  dans  la  rébellion  de  fon 
père,  fut  auffi  banni,  6V  fes  biens  furent  confisqués  par 
un  autre  arrêt  de  l'an  1399.  Charles  VI  donna  le  comté 
de  Périgord  à  fon  frère  Louis ,  duc  d'Orléans ,  qui  le 
laifta  à  fon  fils  Chai  les  ,  auffi  duc  d'Orléans.  Charles 
ayant  été  fait  prifonnier  par  les  Anglois ,  &  ayant  befoin 
d'argent ,  vendit  l'an  1 437  ,  le  comté  de  Périgord  à  Jean 
de  Blois  ,  dit  de  Bretagne  .  comte  de  Penthievre  ,  qui  le 
lniïaa  fon  fils  Guillaume.  Celui-ci  n'eut  qu'une  fille  nom- 
mée Françoife  ,  qui  époufa  Alain  ,  fire  d'Albret ,  bifaïcul 
de  Jeanne  d'Albret,  reine  de  Navarre.  Jeanne  apporta 
tous  l'es  états  en  mariage  à  Antoine  de  Bourbon  ,  père 
d'Henri  IV  ,  qui ,  ayant  fuccédé  à  Henri  III ,  réunit  à  la 
couronne  le  Périgord  8c  tous  fes  autres  biens  patrimo- 
niaux. La  feigneurie  utile  8c  la  juftice  appartenoient  à  l'é- 
glife  collégiale  de  Saint  Front  ,  qui  a  été  long-tems  des- 
fervie  par  des  chanoines  réguliers  -,  il  y  a  même  un  arrêt 
rendu  l'an  1299  ,  par  lequel  les  chanoines  &  l'églife  de 
Saint  Front  font  maintenus  au  pariage  de  la  feigneurie  8c 
de  la  juftice  de  Périgueux  avec  le  roi ,  duc  d'Aquitaine. 
Tous  les  biens  de  cette  églife  ayant  été  unis  à  la  menfe 
épiscopale  ,  ces  droits  appartiennent  aujoutd'hui  à  l'évê- 
que  de  Périgueux  ,  cofeigneur  avec  le  roi ,  comme  les 
prédécefTeurs  de  ce  prélat  l'avoient  été  avec  les  ducs  d'A- 
quitaine. Philippe-Augufte  prit  Périgueux  fur  Jean  Sans- 
terre,  roi  d'Angleterre  &c  duc  d'Aquitaine  ;  mais  Henri 
III ,  fils  de  Jean ,  reprit  porTeffion  de  cette  ville  8c  de 
tout  le  Périgord,  en  exécution  du  traité  conclu  avec  faine 
Louis  l'an  1259.  Philippe  le  Bel  dans  la  guêtre  qu'il  fit 
contre  Edouard  II  ,  fe  rendit  maître  de  la  ville  de  Péri- 
gueux. Philippe  de  Valois  convint  avec  Edouard  III,  lors- 
qu'il lui  fit  hommage  du  duché  de  Guienne  ,  qu'on  ren- 
droit  au  roi  d'Angleterre  ,  duc  de  Guienne ,  le  Périgord  -, 
mais  la  guerre  ayant  recommencé  entre  les  François  8c 
les  Anglois,  on  fut  contraint  décéder  aux  Anglois  la  ville 
&  cité  de  Périgueux  en  toute  fouveraineté  l'an  1360.  Ce 
traité  fut  rompu  fous  Charles  V,  qui  reconquit  la  plu- 
part des  pays  qu'on  àvoit  perdus  fous  le  règne  de  fon  pè- 
re ,  8c  particulièrement  Périgueux ,  qui  fut  réuni  à  la 
couronne. 

Le  fénéchal  de  Périgord  eft  fénéchal  de  Périgueux, 
Sarlat  8c  Bergerac.  11  en  cil  auffi  gouverneur  particulier , 
fous  les  ordres  du  gouverneur  de  Guienne  ,  comme  les 
fénéchaux  8c  gouverneurs  d'Agenois  &  de  Condomois. 
Sa  charge  eft  d'épée ,  8c  la  juftice  fe  rend  en  fon  nom 
dans  les  trois  fénéchaufiees.  Il  commande  lanoblefle  lors 
delà  convocation  du  tan  ,  6c  il  a  cent  cinquante  livres  de 


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gages  employés  dans  l'état  des  charges  du  domaine.  Il  y  à 
auffi  un  lieutenant  du  prévôt  général  de  la  maréchauflee 
de  Bordeaux,  un  afiefleur,  un  procureur  du  roi  8c  un 
greffier. 

Le  Périgord  a  trente -trois  lieues  de  long,  8c  vingt-qua- 
tre de  large.  On  le  divife  en  Haut  &  Bas  Périgord,  ou 
bien  en  blanc  8c  en  noir. 

Dans  le  Haut  Périgord  appelle  le  Blanc  ,  font  : 

Périgueux ,  Mucidan ,  Aubeterre. 

Bergerac,  Limeil , 

Dans  le  Bas-Perigord,  ou  Noir  Périgord,  ainfî 
nommé ,  parce  qu'il  elt  plus  couvert  de  bois,  font  : 

Sarlat ,     Caftillon ,      Domne,       Terraflbn. 

Les  rivières  les  plus  confidérables  de  cette  province 
font  la  Dordogne  ,  la  Vezere  ,  llfie  &  la  haute  Vezere. 
Ces  trois  dernières  ne  font  navigables  que  par  le  fecours 
des  éclufes.  Le  terroir  produit  du  leigle  8c  de  l'orge. 
Il  y  a  beaucoup  de  montagnes  couvertes  de  noyers  8c  de 
châtaigniers  ;  mais  le  pays  abonde  fur-tour  en  mines  d'ex- 
cellent fer ,  dont  on  fait  des  canons ,  qui  pafltnt  pot  r  erré 
auffi  bons  que  ceux  de  bronze.  On  tiouve  auffi  plufieurs" 
fources  d'eau  médecinale.  L'air  eft  pur  &  fain.  Les  habi- 
tans  font  vifs  &  belliqueux.  11  y  a  beaucoup  de  noblefle  > 
qui  eft  fort  ancienne.  *  Piganiol ,  Defcr.  de  la  France , 
t.  4.  p.  ;o;. 

PERIGUEUX,  Vcfitna,  Vefunna  ,  Petrocori ,  Fe- 
troeorii  ,  Chicas  Pet,  ocoriorum  ,  ville  de  France  ,  capi- 
tale du  Périgord,  fur  la  rivière  de  Lille.  La  tour  Vefune  , 
le  refte  d'un  amphitéatre  8c  quelques  autres  monumens 
font  des  preuves  de  fon  ancienneté.  L'ancienne  ville  étoit 
d'une  grande  étendue,  8c  fut  ruinée  en  divers  tems  par 
les  Bai  baies.  Celle  qu'on  voit  aujourd'hui  eft  ronde  8c 
fermée  départies  8c  fortes  murailles.  L'églife  cathédrale 
eft  remarquable  par  une  autre  pyramide  élevée  fur  une 
tour  carrée  en  manière  de  clocher.  La  tour  Vefune  eft: 
de  forme  ronde  :  fa  hauteur  va  au-delà  de  cent  pieds  :  l'é- 
paifleur  de  fa  muraille  eft  d'une  toife  ,  8c  elle  eft  aftez 
entière.  En-dedans  elle  eft  enduite  d'un  ciment  de  chaux 
&  de  tuiles  :  elle  n'a  ni  portes  ni  fenêtres.  On  y  entre 
par  deux  fouterreins  qui  y  conduifenr.  On  croit  que 
c'étoit  un  temple  confacréà  Venus.  Les  Dominicains,  les 
Cordeliers,  les  Auguftins  &  les  filles  de  Sainte  Claire  ont 
des  maifons  dans  cette  ville.  11  y  a  un  collège  ,  &  l'Hô- 
tel-Dieu eft  fur  le  bord  de  la  rivière  de  Lille  ,  que  l'on 
pafte  fur  un  beau  pont  pour  aller  dans  les  fauxbourgs. 
*  Piganiol ,  Defcription  de  la  France,  t.  4.  p.  jo'3. 

Cette  ville  eft  franche  ,  8c  ne  paye  point  détaille  ,  8c 
la  banlieue  ,  qui  a  une  aflez  grande  étendue ,  ne  paye 
point  d'impofition. 

L'évêché  de  Périgueux  rapporte  environ  vingt-deux 
mille  livres  de  rente.  Il  eft  fort  étendu  ,  8c  renferme  plus 
de  quatre  cens  cinquante  paroifles ,  dont  le  plus  grand 
nombre  eft  du  gouvernement  de  Guienne  ,  8c  le  refte  de 
celui  d'Angoumois.  Cet  évêché  eft  fort  ancien  ,  8c  on  dit 
que  faint  Front  en  a  été  le  premier  évêque,  dans  le  qua- 
ttiéme  fîécle.  L'abbaye  de  ce  nom  eft  unie  depuis  fort 
long-tems  à  l'évêché  de  Périgueux  \  mais  fon  chapitre  n'a 
été  uni  à  celui  de  la  cathédrale  que  depuis  environ  foi- 
xante  ans.  L'églife  cathédrale  ,  qui  étoit  dans  la  cité , 
fut  ruinée  par  les  Calviniftes  :  comme  on  n'avoit  pu  la 
rebâtir  qu'à  moitié  ,  on  transporta  lors  de  l'union  des 
deux  chapitres  le  fervice  dans  l'églife  collégiale  de  Saine 
Front  ;  de  forte  que  l'ancienne  églife  cathédrale  n'eft  plus 
que  l'églife  paroiffiale  de  la  cité.  Le  chapitre  de  la  cathé- 
drale confifte  en  quatre  archidiacres,  un  chantre,  un 
fouschantre,  un  écolâtre,  un  théologal  8c  trente-quatre 
chanoines.  Outre  ce  chapitre,  il  y  en  a  encore  un  au- 
tre dans  le  diocèfe  -,  c'eft  celui  de  l'églife  collégiale  de 
Saint  Aftier. 

Aimar  Rançonnet  étoit  de  cette  ville.  Il  palTa  pour 
un  des  plus  favans  hommes  de  fon  fîécle.  Cujas  lui  dédia 
en  1557,  fes  notes  in  Juin  Paidi  récent.  Sent.  Il  fe  fit 
mourir  lui  même  ,  de  fe  voir  aceufé  d'avoir  eu  commer- 
ce avec  fa  fille.  On  n'a  jamais  vu  une  famille  plus  mal- 
heuieufe  que  lafienne.  Sa  fille  mourut  fur  un  fumier, 
Tem.  IV.  Xxxxx 


898  PER 

fon  tils  fut  exécuté  à  more ,  Se  fa  femme  mourut  d'un 
coup  de  foudre. 

PERI  MELE ,  ifle  de  la  mer  Ionienne,  Se  l'une  des 
cinq  Echinades.  Ovide  en  parle  dans  le  huitième  livre 
de  tes  Métâmorphofes,  v.  J89. 

Ut  tamen  ipfe  vides, proc ni  una  recejfit 
Infula  grata  rriihi  ;  Perimelen  Navita  dkit. 

PERIMUDA.  Voyez.  Perimula. 

PERIMULA  ,  ville  de  l'Inde  ,  au-delà  du  Gange.  Pto- 
lomée .  /.  7,  c.  2.  la  place  fur  la  Cherfonnèfe  d'or ,  & 
Caftald  la  nomme  Pat  an  e.  Au  lieu  de  Perimula  Mien , 
écrie  Perimuda,  Se  Tzetzès,  Cbiliad.  IL  Hifi.  375.  v. 
459.  fuit  cette  orthographe  ;  mais  il  en  fait  une  ifle  qui 
produit  des  huitres.  ytlien,  Hi(ï.  Anim.  /.  1;.  c.  8.  dit 
qu'on  y  pêchoit  des  perles.  Pline  ,  /.  6.  c.  20.  &  /.  9.  c. 
35.  donne  le  nom  de  Perimula  à  un  promontoire  de  l'In- 
de, aux  environs  de  l'embouchure  du  fleuve  Indus,  du 
côté  de  l'orient ,  &  il  ajoute  auflî  qu'il  s'y  pêchoit  des 
perles.  Il  dit  auflî  que  fur  ce  promontoire  il  y  avoit  une 
vxlk  fort  commerçante. 

PERIMULUS,  ou  Perimulicus  Sinus,  golfe  de  l'In- 
de ,  au-delà  du  Gange  ,  félon  Ptolomée ,  /.  7.  c.  2. 

PERINCARI ,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  la  donne  aux  peuples  Pandim> 
ôc  Orrelius ,  Thef.  die  que  Callald  l'appelle  Pelagonga. 

PERINE.  Voyez,  Parparon. 

PERINGEN  ,  bourg  ou  village  d'Allemagne,  dans 
le  duché  de  Bavière ,  près  de  l'Ifer ,  au-deflbus  de  Din- 
gelfing.  On  y  a  trouvé  desinferiptions  qui  font  connoî- 
tre  que  c'eft  l'ancienne  ville  qu'on  appelloit  Tiberina 
Caftra.  Voyez,  Tiberina  Castra. 

PERIMTHUS  ,  autrement  Héraclêe  ,  ville  de  Thra- 
ce ,  fur  la  Proponride ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  1 1.  Tzet- 
zès ,  Chiliad.  3.  ».  100.  dit  qu'Hercule  la  nomma  ancien- 
nement Mygdonia.  L'itinéraire  d'Antonin  la  place  fur 
la  route  de  Dyrrachium  à  Byzance ,  entre  Tirallum  Si  Cœ- 
nophrurion ,  à  dix-huit  milles  de  la  première  ,  &  à  égale 
diftance  de  la  féconde.  Voyez.  Heraclée,  n.  16. 

PERIOECI,  c'eft  à  dire  ,  qui  habitent  tout  à  l'entour. 
Ce  mot  eit  grec  rUp<Wc/.  Il  fignine  en  géographie  des  gens 
qui  habitent  fous  le  même  parallèle  ,  c'eft  à-dire,  à  mê- 
me diitance  du  pôle  Se  de  l'êquateur  ,  mais  toujours  vers 
le  même  pôle.  Il  n'efl  pas  nécefTaire  qu'il  y  ait  180  deg. 
de  diiîance  des  uns  aux  autres.  Le  mot  ne  dit  point  cela , 
il  fuffit  d'être  fous  le  même  parallèle.  Par  exemple  ,  les 
habkans  de  Charleiiown  dans  la  Caroline ,  de  Mique- 
nez  au  Maroc  ,  de  Candahar  en  Afie  ,  &c.  font  Periœ- 
ciens  l'un  à  l'autre  par  rapport  à  ce  qu'ils  habitent  fous 
un  même  parallèle,  quoiqu'à  différentes  diftances  du  pre- 
mier méridien.  Les  peuples  ,  qui  font  fous  un  même  pa- 
rallèle ,  ont  le  même  été  Se  le  même  hyver  :  en  un  mot 
les  mêmes  faifons ,  fauf  pourtant  la  différence  qu'y  peu- 
vent mettre  les  qualités  du  terroir  plus  haut  ou  plus  bas, 
ou  plus  fec  ou  plus  humide,  &c  Ils  onr  les  jours  égale- 
ment longs ,  Se  les  nuits  de  même  ;  c'efl-à-dire  ,  que  ,  fi 
le  plus  long  jour  eft  de  vingt  heures  pour  le  peuple  d'un 
parallèle,  tous  les  peuples,  qui  font  Périœciens  à  fon 
égard ,  ont  le  jour  auflî  de  vingt  heures  dans  le  même  tout 
du  foleil.  Il  en  eit  de  même  des  nuits. 

Si  par  Périœciens  on  entend  ceux  qui  habitent  fous  un 
même  parallèle  &  fous  un  même  méridien  continué  au- 
delà  du  Pôle,  de  forte  que  les  deux  peuples  qui  font  Pé- 
riœciens l'un  à  l'autre,  ayent  précifément  la  même  la- 
titude, mais  une  longitude  différente  de  180  degrés, 
alors  on  conçoit  aifément  que  des  peuples,  qui  ont  en- 
tr'eux  ce  rapport,  doivent  êtie  oppofés  pour  le  jour  & 
pour  la  nuit  ;  quoiqu'ils  comptent  la  même  heure  ,  l'un 
a  midi  quand  l'autre  a  minuit.  Il  eit  trois  heures  éga- 
lement pour  l'un  &  pour  l'autre  ;  mais  l'un  compte  trois 
heures  du  matin,  Se  l'autre  trois  heures  du  foir  ;&ainfi 
de  tous  les  autres  inftans  du  jour  Se  de  la  nuit.  En  ce 
fens  ce  qui  eft  au  couchant  d'un  de  ces  peuples ,  eft  à 
l'orient  de  l'autre.  Aux  jours  des  équinoxes,  le  foleil  fe 
levé  pour  l'un  de  ces  peuples  quand  il  fe  couche  pour 

autre. 

PERIPHOSIUS  ,  port  de  la  Libye  Intérieure.  Ptolo- 
mée ,  /.  4.  c.  6.  le  place  dans  le  golfe  Hespérien  ,  entre 


PER 


l'embouchure  du  fleuve  Stachiris  Se  le  promontoire  CW-» 
tharitm. 

PERIPOLIUM  ,  ville  d'Italie,  chez  les  Locres  Epizé- 
phyriens.  Thucydide  ,  /.  3.  p.  240.  nous  apprend  qu'elle 
étoit  fur  le  bord  du  fleuve  Halex ,  aujourd'hui  Alece.  Or- 
telius ,  Thej.  dit  que  Gabriel  Barri  la  nomme  Amigdalia , 
Se  qu'on  l'appelle  vulgairement  Mendolia  \  Magin  ce- 
pendant écrit  Mendolaïa. 

PER1PP11 TURRIS,  lieu  du  Péloponnèfe,  félon  Po- 
lybe ,  /,  r.  Il  étoit  quelque  part  au  voifinage  de  l'A- 
chaïe. 

PERIRRHEUSA,  ifle  aux  environs  de  l'Ionic  \  c'eft 
Pline  ,  /.  j.  c.  3.  qui  en  fait  mention. 

PERIS  ,  abbaye  régulière ,  ordre  de  Cîteaux  ,  dans  la 
Haute  Alface  ,  frontière  de  Lorraine. 

PERIbADYES,  peuples  de  l'IUyrie.  Strabon.  l.7.p. 
516.  les  place  près  des  mines  de  Damaftium.  Les  manu- 
ferits  varient  pour  l'onographe  de  ce  nom  :  il  y  en  a  qui 
portent  P<.ryjadyes  Se  d'autres  Perifadies. 

IER1SCII  ,  c  eit  a-dire,  ceux  dont  l'ombre  fait  lu 
tourj  ce  qui  ne  convient  qu'aux  peuples  finies  fousl'équa- 
teur.  Ce  mot  eit  pris  aufli  de  la  langue  grecque  nipia-mot. 
J'explique  au  mot  Ombre  l'ufage  que  les  géographes  ont 
fait  des  ombres ,  pour  diitinguer  les  différentes  parties  de 
la  terre. 

PERISIA.K^Perusia. 

PERISTASI ,  ville  des  états  du  Turc  ,  en  Europe.  Elle 
eft:  dans  la  Romame  ,  fur  la  côre  de  la  mer  de  Marmo- 
ra,  au  midi  d'Héiacliffa.  De  l'Ifle,  Atlas ,  nomme  ce 
lieu  Saint  George  Se  Ptriflafis. 

PER1STERE,  ville  delà  Phénicie,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PERlSTERIDES,ifled'Afie,  fur  la  côte  de  l'Ionie , 
proche  la  ville  de  Smyrne  ,  félon  Pline  :  elle  fut  nommée 
Perïfierides ,  à  caufe  de  la  multitude  de  pigeons  dont 
elle  étoit  peuplée. 

PER1TA  ,  ville  de  l'Inde.  Alexandre ,  dit  Plutarque, 
in  Alexand.  ayant  perdu  un  chien  appelle  Perites ,  fit  bâ- 
tir en  fon  honneur  une  ville  qu'il  nomma  de  fon  nom. 

PERITHEORIUM,  fiége  épiscopal .  dans  la  Macé- 
doine ,  fous  le  patriarchat  de  Conftantinople  ,  félon  Or- 
telius ,  Thef.  qui  cite  Curopalate. 

PER1THOED./E,  municipe  du  territoire  d'Athènes, 
dans  la  tribu  Onéïde.  Etienne  le  géographe  Se  Héfyche 
en  font  mention  ;  Se  Plutarque  >in  Alcibiad.  parle  d'un 
certain  Hyperbolus,  du  bourg  ou  municipe  Perithoide, 
méchant  homme  qui  fournit  de  fon  tems  une  riche  matiè- 
re aux  poètes  comiques ,  qui  le  prirent  tous  pour  l'objet 
de  leurs  railleries  Se  de  leurs  invectives. 

PERIZ/EL  Voyez,  Pherezéens. 

1.  PERLE  {  La  ) ,  petite  ifle  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  à  la  bande  du  nord  de  1  ifle  de  la  Martinique ,  pa- 
roifie  du  Prêcheur. 

2.  PERLE  (  L'anfe  à)  ,  anfe  de  l'Amérique feptentrio- 
nale,  fur  la  côte  occidentale  du  quartier  du  nord  de 
1'ifle  de  Saint  Domingue,  à  une  ou  deux  lieues  du  Cap  aux 
Fous.  Il  y  a  dans  cette  anfe  un  bon  mouillage  pour  les 
vaifleaux. 

PERLEBERG ,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Marche 
de  Brandebourg  Elle  eft  au  confluent  de  la  Perle  &  de 
la  petite  rivière  de  Strepenitz  ,  au  nord  de  Wittemberg , 
Se  à  l'orient  de  Schnakenburg. 

1.  PERLES  (  Banc  de  ).  On  donne  ce  nom  à  un  banc, 
dans  la  mer  des  Indes ,  entre  la  côte  de  la  Pêcherie  Se  l'ifle 
de  Ceylan,  mais  plus  près  de  la  côte  de  la  Pêcherie  que 
de  l'ifle.  Ce  banc  eft  à  l'oppofite  de  Tutucurin.  *  Atlas , 
Robert  de  Vaugondy. 

1.  PERLES  (Banc  de  ) ,  banc  de  la  mer  des  Indes,  pro- 
che de  la  côte  occidentale  de  l'ifle  de  Ceylan  ,  au  midi 
de  l'ifle  de  Manar.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

3.  PERLES  (  ifles  des).  Voyez,  au  mot  Isles  ,  l'article 
Isles  Royales. 

4.  PERLES  (  Ifles  des),  dans  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  près  de  la  côte  de  Guatimala  :  elles  font  en  grand 
nombre  ,  &  s'étendent  du  nord  au  fud  ,  depuis  l'embou- 
chure de  la  rivière  de  Yairepa,  jusqu'à  la  hauteur  de 
l'embouchure  de  Defaguadero.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

;.  PERLES  (Ifles des),  ifles  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  ,  dans  cet  espace  de  mer  qui  fe  trouve  entre  la 


PER 


Jamaïque  au  nord,  Fifthme  de  Panama  au  midi,  &  la 
côte  de  Guatimala  à  l'occident ,  à  peu  près  à  égale  di- 
ftance  de  ces  trois  endroits.  De  FIfle  lui  donne  auffi  le 
nom  de  Serran  a.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

6,  PERLES  (  rivière  aux  ) ,  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale,  dans  la  Louïfiane  ,  entre  le  bras  oriental  du 
Miflifllpi  ôc  la  petite  baie  de  Saint  Louis. Elle  fe  jette  dans 
la  mer ,  auprès  des  nouvelles  cabanes  de  Colopifla»  Les 
Biloxis  fe  font  retirés  fur  fes  bords.  Les  perles  qu'on  y  a 
trouvées  ne  font  pas  d'une  belle  eau. 

PERMESSUS,  fleuve  de  la  Bœtie.  Strabon ,  /.  9.  p. 
407.  dit  que  ce  fleuve  ôc  celui  d'Olmejus ,  qui  avoient 
tous  deux  leur  fource  dans  l'Hélicon  ,  joignoient  leurs 
eaux  &  fe  jettoient  dans  le  marais  Copaïdes.  Paufanias , 
/.  9.  c.  29.  écrit  Terme/fus ,  Se  Nicander,  inTheria/Jis, 
Parmejfus.  Virgile  parle  de  ce  fleuve ,  dans  fes  Bucoli- 
ques ,  Ed.  6.  v.  64. 

Tum  can'u ,  errantem  Permtjjî  adfiumina  Gallum. 

PERMETANIA  ,  contrée  dont  il  eft  parlé  dans  la  vie 
de  faint  Théodore  l'Archimandrite.  Ortelius  1  Thef.  croit 
qu'elle  étoit  quelque  part  dans  1  Afie  mineure. 

PERMI ,  peuples  de  la  Sarmatie  Blanche  ,  félon  Chal- 
condyle  ,  qui  appelle  Sarmatie  Blanche  la  partie  fepten- 
trionale  de  la  Sarmatie. 

PERMIA  WELIKI.  Corneille  ,  DM.  dit  :  Ville  capi- 
taie  du  duché  de  Permski ,  en  Moscovie  ,  fur  la  rivière 
de  Wiflera  ,  près  de  fon  embouchure  dans  celle  de  Ka- 
ma. La  nouvelle  carte  de  l'empire  Rumen  nomme  cette 
ville  Permekky  ,  &  la  place  au  confluent  des  rivières 
Uflblkat  ôc  Kama ,  entre  le  Wolga  ôc  FOby  ,  presque  à 
égale  diftance  de  ces  deux  fleuves.  Cependant  Olearius , 
Voyage  de  Moscovie ,  /.  3.  p.  1 12.  a  écrit  que  la  rivière 
de  Vischora  n'entroit  dans  le  Kama  qu'à  quinze  lieues  de 
cette  ville.  Il  y  en  a  une  autre  dans  la  même  province 
qu'on  appelle  la  Vieille  Pcrine  ou  Permice.  Elle  eft  plus 
méridionale  de  près  de  8  degrés  que  l'autre. 

PERMSKI,  Permhkiu  ouPermie  ,  province  de  l'em- 
pire Rulïien  ,  dans  la  Moscovie.  C'eft,  dit  Olearius  ,  une 
des  grandes  provinces  de  Moscovie.  Elle  eft  éloignée  de 
la  ville  de  Moscow  de  deux  cens  cinquante  ou  de  trois 
cens  lieues  d'Allemagne,  vers  le  levant  ôc  le  nord.  Sa 
ville  capitale  lui  communique  fon  nom.  Les  habitans  de 
cette  province  ont  un  langage  ôc  des  caractères  tout  par- 
ticuliers :  ils  mangent  des  légumes  au  lieu  de  pain  ;  ôc 
au  lieu  de  tribut ,  ils  envoient  au  grand  duc  des  chevaux 
6c  des  fourures. 

PERN  AMBUCO,  capitainerie  ,  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale ,  au  Bréfil.  Pern  ambuco  eft  le  nom  que  les  Por- 
tugais donnent  à  cette  capitainerie  ,  appellée  Pernambu- 
co  par  les  Hollandois  ôc  les  François.  Le  nom  de  Per- 
nambuco  eft  celui  que  les  naturels  du  pays  donnoient  au 
port  de  Reciffe ,  où  il  y  a  un  mole  naturel  qui  s'avance 
beaucoup  dans  la  mer ,  ôc  paroït  un  ouvrage  de  l'art.  La 
province  de  Pernambuco  eft  fituée  entre  les  8  &  les  10 
deg.  de  latit.  auftrale.  Elle  efl  bornée  au  nord  par  la  ca- 
pitainerie de  Stamaraca  ou  Tamaraca  ,  &  celle  de  Sere- 
gippe  au  fud ,  à  l'orient  par  la  mer  ,  au  midi  par  la  ri- 
vière de  Saint  François  :  elle  n'a  point  de  bornes  réglées 
à  l'occident  :  elle  s'étend  fort  loin  dans  la  profondeur  des 
terres ,  où  l'on  trouve  de  très  belles  plaines.  On  compte 
fur  ces  côtes  jusqu'à  fix  ports  de  mer ,  dans  l'espace  de 
cinquante  lieues ,  depuis  la  rivière  de  Saint  François  qui 
la  fépare  depuis  la  capitainerie  de  Seregippe ,  jusqu'à  celle 
de  Saint  Pierre.  Quoique  cette  capitainerie  foit  d'une 
allez  grande  étendue  ,  elle  n'a  que  deux  villes,  Olinde  &c 
Garafu.  Sa  longueur  vers  le  fud ,  depuis  la  ville  d'Olinde 
jusqu'à  la  rivière  de  Saint  François ,  eft  d'environ  cin- 
quante lieues.  Alagoa ,  lac  dans  les  terres ,  à  fept  ou  huit 
lieues  de  la  mer ,  eft  au  nord  de  cette  rivière.  Il  y  a  dans 
cet  endroit  cinq  ou  fix  moulins  à  fucre  ,  ôc  fept  ou  huit 
auprès  de  Porto  Calvo  ,  qui  eft  du  même  côté.  Proche 
delà ,  vers  le  nord  ,  eft  le  village  d'Una,  avec  quatre  ou 
cinq  moulins  ,  &  un  peu  plus  loin  eft  la  grande  bourgade 
de  Serrinhan  ,  près  de  laquelle  il  y  a  douze  moulins , 
qui  rendent  ordinairement  fix  ou  fept  mille  arobes  de  fu- 
cre, chacun  pelant  vingt-fept  ou  vingt-huit  livres.  En- 
fuite  on  trouve  la  bourgade  de  Poyuca ,  fur  une  rivière  de 
même  nom ,  ôc  qui  fe  rend  dans  la  mer  »  un  peu  au-defïiis 


PER       899 

du  cap  de  Saint  Auguflin.  Le  long  de  ce  cap  eft  la  bour- 
gade de  Saint  Antonio  de  Cabo ,  dans  la  banlieue  de  la- 
quelle il  y  a  vingt  moulins,  qui  font  une  gtande  quan- 
tité de  bon  fucre.  Au-deflbus  du  même  cap  eft  bâtie  la  cha- 
pelle de  Nueftra  Senora  de  la  Canddaria ,  où  il  y  a  un 
chemin  qui  conduit  aux  campagnes  appellées  Cucure- 
nas.  Delà  jusqu'à  la  ville  d'Olinde ,  on  compte  cinq 
«lieues,  dans  lesquelles  font  compris  vingt  deux  moulins. 
A  neuf  ou  dix  lieues  de  cette  ville  ,  vers  le  dedans  du 
pays  eft  fituée  O  Matta  de  Bra/il,  bourgade  fort  peu- 
plée. On  y  coupe  quantité  de  bois  de  Brefil ,  qu'on  porte 
à  la  bourgade  de  Saint  Laurent ,  où  font  fept  ou  huit 
moulins ,  qui  rendent  beaucoup  de  fucre.*  De  haè't 
Defcription  des  Indes  occidentales,  1.  ij.  c.  24. 

Cette  province  a  été  la  première  découverte.  Vmeci: 
Yannez  Pinçon  ,  Caftillan ,  qui  avoit  accompagné  Chri- 
ftophe  Colomb  à  fon  premier  voyage  ,  aborda  le  26 
Janvier  à  un  cap  de  cette  province,  qu'il  nomma  le  Cap 
de  Confolation  ,  de  que  les  Portugais  ont  depuis  appelle 
le  cap  de  Saint  Auguftin.  Ce  ne  fut  que  le  huit  de  Mars 
fui  vaut ,  que  D.  Pero  Alvarez  Cabrai  ,  amiral  de  la  flotte 
port ugaife  des  Indes ,  fut  jette  par  la  tempête  fur  les  côtes 
du  Brefil,  dont  fa  nation  lui  attribue  mal-à  propos  la 
première  découverte.  Jean  III,  roi  de  Portugal ,  concéda 
la  province  de  Pernambuco  à  Edouard  d'Albuquei  que  ,  à 
condition  de  la  peupler  ôc  defoumettre  les  habitans,  ce 
qu'il  exécuta  dans  la  fuite  des  tems.  Les  Hollandois  s'en 
étant  rendus  les  maîtres  ,  le  roi  Jean  IV  ,  aptes  qu'elle 
eut  été  reprife  fur  eux  ,  la  réunit  au  domaine.  Jusqu'à 
l'invafion  ,  Olinde  avoit  été  la  capitale  de  la  capitainerie, 
mais  cette  ville  a  été  presque  entièrement  détruite  pen- 
dant les  guerres. 

PERNAU.  Fov^Parnau. 

1.  PERNE  ,  ville  delà  Thrace.  Etienne  le  géographe 
la  place  à  Foppofite  de  celle  de  Thafus. 

2.  PERNE  ,  ifle  fur  la  côte  de  Flonie.  Pline,  /.  2.  c, 
89.  dit  qu'un  tremblement  de  terre  joignit  cette  ifle  au 
territoire  de  la  ville  de  Milet. 

1.  PERNES,  Perns, ,  ville  de  France  ,  dans  l'Artois , 
fur  la  Clarence.  C'eft  la  plus  petite  ville  de  la  province» 
Elle  n'a  guère  que  cinq  cens  foixanteck;  douze  habitans. 

2.  PERNES,  bourgade  de  France  ,  dans  la  Provence , 
audiocèfedeCarpentras.  C'eft  le  lieu  delà  naifiance  d'Es- 
prit Flechier  ,  évêque  de  Nîmes. 

PERNIC1ACUM ,  ville  de  la  Gaule  Belgique.  L'itiné- 
raire d'Antonin  la  place  fur  la  route  de  Castellum  à 
Cologne,  entre  Geminiacum  ôc  Ad'uaca  Tongro- 
rum,  à  vingt  deux  milles  de  la  première  de  ces  villes» 
ôc  à  quatorze  de  la  féconde.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui 
Perveis  ,  bourgade  dans  le  Biabant. 

PERNICUM,  ville  de  la  Thrace  ou  de  la  Bulgarie, 
félon  Ortelius  ,  Thef.  qui  cite  Cédrene  Ôc  Zonare. 

PERN1  ou  Prenei  ,  Perniacus  ,  bourgade  de  Lorrai- 
ne ,  &  le  chef-lieu  d'une  prévôté,  dans  le  pays  de  Scar- 
pone  ou  Charpaigne ,  entre  la  Meufe  ôc  la  Mofelle.  Elle 
n  eft  point  du  Barois ,  mais  du  duché  de  Lorraine.  Le  duc 
Matthieu  I ,  ayant  offenfé  l'évêque  Etienne  de  Bar  ,  ce 
prélat ,  aiîifté  de  fon  frère  Renaud  ,  comte  de  Bar ,  atta- 
qua Perni  ;  ôc  comme  il  étoit  prêt  de  le  prendre ,  il  fît  la 
paix  avec  le  duc  Matthieu  ,  par  l'entremife  de  fon  frère 
Renaud.  Cet  évêque  vivoit  du  tems  de  faint  Bernard  , 
qui  le  loue  comme  un  zélé  défenfeur  des  droits  de  fort 
églife.  Louis  XIII ,  s'étant  emparé  de  la  Lorraine,  fît  ra- 
fer  les  fortifications  de  Perni,  qui  eft  refiée  une  fimple 
bourgade  ,  &  difiinguée  feulement  par  fa  prévôté  3c  par 
fon  doyenné.  L'églife  paroiflîale  eft  dédiée  aux  apôtres 
faint  Pierre  Si  faint  Paul.  *  Longnerue  ,  Defc.  de  la  Fran- 
ce, part.  2.  p.  147. 

Le  Doyenné  de  Perni  eft  borné  au  feptentrion  ôc  à 
l'orient  par  le  diocèle  de  Metz  ;  à  l'occident  par  celui  de 
Verdun  ;  ôc  au  midi  par  le  doyenné  de  Dieu-Louart.  II 
eft  fitué  entre  la  Dette  ,  petite  rivière  qui  l'arrofe  au  mi- 
di,  &  le  Maye  qui  le  mouille  au  feptentrion.  Dans  ce 
doyenné  il  y  a  vingt-huit  cures  ,  deux  abbayes  ,  une  corn- 
menderie  de  Saint  Antoine  le  Viennois ,  un  chapitre,  huit 
couvens  ôc  un  hôpital. 

PERNITZ  A  ,  ou  Peternitza  ,  bourgade  de  la  Mo- 
rée  ,  fur  le  golfe  de  Lepante.  Voyez.  Bu R a,  ».  1. 

PERN1E,  prieuré  de  France,  dans  la  Franche  Comté, 
au  diocèfe  de  Befançon.  C'eft  un  prieuré  conventuel,  ea 
Tgm.  IV.  X  x  x  x  x  ij 


PER 


900 

commende  ,  dépendant  de  Saint  Germain  d'Auxerre  ,  & 
auquel  le  pape  nomme.    . 

PEROE  ,  fontaine  de  la  Bœotie  ,  félon  Ortelius ,  qui 
cite  Paufanias ,  /.  9.  c.  4.  mais  ce  dernier  lui  donne  le  nom 
de  fleuve  ,  8c  non  celui  de  fontaine.  On  trouvoit  ce  fleu- 
ve fur  le  chemin  de  Platée  à  Thebes.  Hérodote  ,  in  Cal- 
liope  ,  qui  le  nomme  Peron  ,  dit  qu'il  avoit  fa  fource  au 
mont  Cithéron ,  qu'il  en  descendoit  par  deux  endroit» 
différens  ,  8c  qu'il  formoit  une  ifle. 

PEROIGNE  ,  bois  de  France,  dans  l'Angoumois, 
dans  la  maîtrife  des  eaux  8c  forets  de  Mont-Maraulr.  11 
contient  quatre  cens  douze  arpens. 

PERONNE,  Perona,  ville  de  France,  dans  la  Picar- 
die ,  capitale  du  Santerrc  ,  fur  la  rivière  de  Somme.  C'eft 
une  place  forte  furnommée  la  Pucelle  ,  parce  qu'elle  n'a 
jamais  été  prife.  Elle  eft  bâtie  fur  le  bord  feptentrional  de 
la  rivière,  à  douze  lieues  au  deflus  d'Amiens,  dans  une 
fituation  très-avanrageufe  ,  entre  des  marais  ,  qui  ,  avec 
fes  fortifications  en  font  la  plus  forte  place  de  la  province. 
Cette  ville  éroit  célèbre  dès  le  tems  des  premiers  rois  Mé- 
rovingiens ,  qui  y  avoient  un  palais.  Fortunat ,  dans  la 
vie  de  fainte  Radegonde ,  dit  qu'avant  qu'elle  époufât  le 
roi  Clothaire  I ,  elle  étoit  dans  le  palais  de  Peronne.  Go- 
vis  II  ,  ayant  donné  cette  place  à  Erchinoald  ou  Archam- 
baud  ,  maire  de  fon  palais,  ce  feigneur  y  bâtit  un  mo- 
naftere  pour  des  moines  Ecoflbis.  Le  premier  abbé  fut  S. 
Wltan  ,  neveu  de  faint  Furcy  ,  premier  abbé  de  Lagny  , 
dont  le  corps  fut  porté  dans  l'églife  de  Saint  Pierre  à  Pe- 
ronne, où  il  eft  devenu  depuis  ce  tems  le  patron  de  la 
ville.  *  Longuenie  ,  Defcription  de  la  France,  part.  1. 
p.  60. 

Peronne  ,  après  la  mort  de  ce  maire  ,  retourna  au  do- 
maine des  rois.  Herbert ,  comte  de  Vermandois ,  s'en  em- 
para, &  en  fit  fa  principale  place  ■-,  c'eft  pourquoi  quel- 
ques-uns l'appellent  comte  de  Peronne  :  c'eft  dans  cette 
forterefie  qu'il  enferma  le  roi  Charles  le  Simple  ,  où  ce 
malheureux  prince  finit  fes  jours.  Les  fuccefieurs  d'Her- 
bert jouirent  de  Peronne  8c  de  fes  dépendances ,  jusqu'au 
tems  de  Philippe  Augufte.  Voyez.  Vermandois. 

Peronne  ,  Montdidier  &  Roye  furent  donnés  en  pairies 
par  le  traité  d'Arras ,  à  Philippe ,  duc  de  Bourgogne  , 
pour  lui  8c  fes  fuccefieurs  mâles ,  enfuite  par  le  traité  de 
Conflans  de  l'an  1465  ,  confirmé  par  plufieurs  autres. 
Louis  XI  donna  Peronne  &  fes  annexes  à  Charles  de  Bour- 
gogne ,  comte  de  Charolois ,  aux  conditions  du  traité 
d'Arras  ;  mais,  après  la  mort  de  Charles,  Louis  XI ,  fe 
faifit  de  Peronne  8c  de  toutes  les  villes  de  Picardie  que 
les  Bourguignons  tenoient.  Marie  de  Bourgogne  8c  fes  hé- 
ritiers avoient  des  prétentions  fur  ces  places  ,  auxquelles 
Charles  Quint  renonça  par  le  traité  de  Madrid ,  confirmé 
par  ceux  deCambray ,  de  Crepy  8c  de  Cateau-Cambrefis. 
Le  comte  Henri  de  Naflau  affiégea  Peronne  en  1  j  36  j 
mais  il  ne  put  la  prendre. 

Cette  ville  a  une  collégiale  ,  cinq  paroifles  &  un  col- 
lège qui  eft  occupé  par  des  religieux  de  la  Trinité.  L'é- 
glife collégiale  a  été  bâtie  &  dotée  par  Erchinoald  ,  maire 
du  palais  fous  Clovis  IL  Elle  eft  fous  l'invocation  de  Saint 
Furcy ,  dont  le  corps  répofe  dans  unechâfle  fur  le  maître- 
autel.  Erchinoald  n'avoit  établi  que  quelques  prêtres  qui 
furent  érigés  en  chanoines  par  Louis  XI.  Cette  collégiale 
eft  de  foixante  prébendes  ;  mais  il  y  en  a  cinq  qui  ont  été 
amorties  pour  l'entretien  des  enfans  de  chœur  ,  8c  trois 
pour  la  fabrique.  Les  prébendes  valent  environ  fept  cens 
liv.  de  revenu ,  8c  font  toutes  à  la  nomination  du  roi.  * 
Piganhl,  Defc.  de  la  France ,  t.  3.  p.  149. 

Le  bailliage  de  Peronne,  auquel  la  prévôté  eft  unie, 
eft  compofé  d'un  préfident ,  d'un  lieutenant-général , 
d'un  lieutenant  criminel  ,  d'un  lieutenant  particulier, 
d'un  afieffeur  criminel,  de  quatre  confeillers ,  d'un  avo- 
cat ,  d'un  procureur  du  roi ,  d'un  fubftitut  8c  d'un  greffier. 
Les  appellations  reiïbrtiflenr  au  parlement  de  Paris  ,  à 
l'exception  des  cas  préfidiaux  dont  l'appel  eft  porté  au 
préfidial  de  Laon.  La  ville  de  Peronne  a  fa  coutume  parti- 
culière ,  quiert  fuivic  à  Montdidier  8c  à  Roye.  *  Piga- 
tnol ,  Defc.  de  la  France,  t.  3.  p.  162. 

On  fait  beaucoup  de  toiles  aux  environs  de  Peronne  , 
8c  on  en  débite  tous  les  ans  dans  cette  ville  pour  près  de 
cent  cinquante  mille  livres. 

PERONTICUM  ,  ville  de  Thrace.  Ptolomée ,  /.  5. 


PER 


f.  1 1.  la  place  entre  Tonzi  &Ie  promontoire  Th'inia.  C'eft 
la  même  ville  que  Mercator  appelle  Verdifo. 

PERORSI ,  peuples  de  la  Mauritanie  Tingitane',  fé- 
lon Pline  ,  l,$.c.  1.  Etienne  le  géographe  écrit  Pctorfi, 
8c  Agathamere  ,  /.  2.  Geogr.  c.  7.  Perorgi  :  c'eft  une  faute 
dans  l'un  8c  dans  l'autre.  Ptolomée  ,  /.  4  c.  6.  place  les 
Perorft  dans  la  Libye  intérieure  ,  loin  de  la  mer,  8c  dit 
qu'ils  étoient  plus  à  l'orient  que  la  montagne  appellce  le 
chariot  des  Dieux.  Selon  le  père  Hardouin  le  pays  des  Pe- 
rorfi  comprenoit  les  royaumes  de  Zahanda  8c  de  Tefiet , 
entre  le  royaume  de  Maroc  au  nord,  celui  de  Gualara 
au  midi ,  &  l'océan  Atlantique  au  couchant. 

PEROSUS.  Voyez.  Pirossus. 

PEROU  ,  grande  région  de  l'Amérique  méridionale  , 
dans  fa  partie  occidentale  ,  &  qui  eft  bornée  au  nord  par 
le  Popayan  ,  à  l'orient  par  le  pays  des  Amazones  ,  au  mi- 
di par  le  Chili ,  8c  à  l'occident  par  la  mer  du  Sud. 

Dès  l'année  1502  ,  Chriltophe  Colomb,  étant  dans  la 
province  de  Honduras,  qu'il  venoit  de  découvrir,  eut 
des  naturels  du  pays  quelques  connoifiânees  du  Pérou  , 
c'eft-à-dire ,  d'un  puiflant  empire ,  abondant  en  or  ,  qui 
étoit  du  côté  de  l'orient  ,  ce  qui  l'empêcha  de  tourner  à 
l'occident  ,  comme  il  y  étoit  réfolu ,  8c  de  découvrir 
l'Yucatan  8c  la  Nouvelle  Espagne.  En  1 5  \  2  ,  Vasco  Nu- 
gnezde  Balboa  étant  dans  la  province  d'Arien ,  8c  fc  dis- 
pofant  à  découvrir  la  mer  du  Sud ,  ce  qu'il  exécuta  Fan- 
née  fuivante  ,  eut  les  mêmes  indications  d'un  Indien  de 
cette  province  ;  mais  fes  démêlés  avec  Pedrarias  Davila  , 
qui  lui  fit  enfin  couper  la  tête  en  ij  i6ou  1  j  17, l'empêchè- 
rent de  penfer  à  l'exécution  de  ce  projet.  Paschal  de  An- 
dagoya  découvrit  une  partie  de  la  côte  de  la  mer  du  Sud , 
&  pénétra  jusqu'à  Cusco  ;  mais  il  ne  tira  pas  un  grand  pro- 
fir  de  ce  voyage  ,  qu'il  avoit  apparemment  fait  en  fimple 
aventurier.  Enfin  en  1524,  Sernand  de  Lucques,  qui  avoit 
été  écolâtre  de  l'églife  de  Sainte  Marie ,  l'ancienne  du 
Darien ,  François  Pizarre,  8c  Diego  d'AImagro,  tous 
trois  établis  à  Panama,  firent  entre  eux,  pour  la  conti- 
nuation de  ces  découvertes ,  un  traité ,  dont  les  conditions 
furent  que  Pizarre,  qui  étoit  homme  de  main,  8c  qui 
toute  fa  vie  avoit  voyagé  ,  8c  fait  la  guerre  aux  Indiens , 
feroit  chargé  de  l'exécution -,  qu'A lmagro  fourniroit  tou- 
tes les  provifions,  8c  feroit  tous  les  préparatifs,  &  que 
Sernand  de  Lucques  feroit  obligé  à  toutes  les  dépenfes 
néceflaires.  Pour  cimenter  leur  afibeiation,  ce  dernier  dit 
la  méfie ,  fépara  l'Hoftie  en  trois  ,  8c  après  en  avoir  pris 
une  partie,  donna  les  deux  autres  à  fes  aflbciés. 

Pizarre  partit  de  Panama  vers  la  mi-Novembre  de  cette 
même  année  avec  un  fetil  navire  ,  8c  gagna  avecafTcz  de 
peine  la  province  de  Biru,  limitrophe  du  royaumede  Qui- 
to. On  prétend  que  le  nom  de  Biru  étoit  celui  d'un  Indien; 
8c  que  Pizarre  ,  ou  quelqu'autre  Espagnol,  lui  ayant  de- 
mandé comment  fe  nommoit  le  pays  ,  cet  homme ,  qui 
croyoit  qu'on  lui  demandoit  comment  il  s'appelloit ,  ré- 
pondit Biru  ;  que  dans  la  fuite  on  étendit  ce  nom,  dont 
on  avoit  changé  les  deux  premières  lettres,  fans  qu'on 
fut  comment ,  à  tout  le  pays  ,  qui  fut  découvert  &  con- 
quis depuis  le  royaume  de  Quito  jusqu'au  Chili.  Quoi 
qu'il  en  foit,  les  Espagnols  écrivent  Peru,  8c  prononcent 
Pérou. 

La  longueur  de  ce  pays  eft  d'environ  fix  cens  lieues  du 
nord  au  fud ,  8c  fa  largeur  de  cinquante  ,  excepté  en 
quelques  endroits  ,  principalement  vers  le  pays  des  Ca- 
chapoyas  ,  où  il  eft  un  peu  plus  large.  C'eft  une  région 
très-riche ,  8c  qui  feroit  aujourd'hui  une  puifiante  mo- 
narchie ,  fi  elle  n'étoit  deftinée  ,  comme  les  autres  pro- 
vinces de  la  domination  espagnole ,  à  enrichir  fucces- 
fivement  les  vicerois ,  les  gouverneurs,  &  une  infinité 
d'autres  officiers  ;  fi  les  habitans  étoient  moins  adonnés  au 
luxe  &  à  la  fainéantife  ;  s'il  n'y  avoit  point  tant  de  mai- 
fons  religieufes ,  8c  fi  les  Indiens  étoient  traités  avec  plus 
de  ménagement. 

Avant  la  découverte  du  Pérou  ,  ce  pays  fe  nommoit 
l'empire  des  Yncas ,  &  avoit  des  bornes  plus  étendues 
que  celles  qu'on  lui  donne  aujourd'hui.  Il  s'étendoit  du 
côté  du  nord,  jusqu'à  la  rivière  Ancasmayu,  qui  pafie en- 
tre les  confins  de  Quito  8c  de  Palto  ,  8c  qui  eft,  à  quel- 
que chofe  près,  perpendiculairement  fous  la  ligne  équi- 
noxiale.  Du  côté  du  midi ,  il  étoit  borné  par  la  rivière 
appellce  Mauli ,  qui  court  I'eft-oueft  au-delà  du  royaume 
de  Chili ,  avant  d'arriver  au  pays  des  Araucos ,  qui  eft  à 


PER 


PER 


pins  de  40  degrés  de  la  ligne  au  fud.  Entre  "ces  deux  ri- 
vières on  compte  environ  treize  cens  lieues  par  terre.  Ce 
qu'on  appelle  Pérou  en  a  fept  cens  cinquante ,  depuis  la 
rivière  Ancasmayu,  jusqu'à  la  province  des  Chicas,  qui 
eit  la  dernière  des  Charcas.  Cet  empire  paroît  fort  étroit, 
il  on  le  confidere  de  l'orient  à  l'occident  :  la  plus  grande 
largeur,  depuis  la  province  de  Muyn-Pampa  ,  par  les 
pays  des  Chachapuyas ,  jusqu'à  la  ville  de  Truxillo ,  fituée 
fur  la  côte  de  la  mer ,  eft  de  fix-vingt  lieues  ;  Se  fa  partie 
la  plus  étroite ,  depuis  le  port  d'Arica  ,  juVqu'à  la  provin- 
ce appellée  Liiiaricoffa,  n'eftque  de  foixante  &  dix  lieues. 
Telles  étoient  les  limites  de  l'empire  qu'avoient  formé  les 
Yncas,  &  à  la  plus  grande  partie  duquel  on  a  donné  le 
nom  de  Pérou.  *  H'ifi.  da  Yncas ,  1.  1.  c.  8. 

Selon  la  tradition  du  pays ,  les  originaires  du  Pérou  me- 
noient  une  vie  peu  différente  de  celle  des  bêtes.  Les  uns 
choififlbient  des  dieux  conformes  à  leur  brutalité  ,  ren- 
dant les  honneurs  divins  aux  chofes  du  monde  les  plus 
viles  ;  les  autres ,  qui  n'adoroient  rien  ,  n'étoient  occupés 
uniquement  que  du  foin  de  fatisfaire  leurs  paflïons.  Les 
uns  Se  les  autres  ne  commencèrent  à  vivre  en  hommes 
raifonnables,  qu'à  mefure  que  les  Yncas  les  fournirent 
&  les  forcèrent  à  recevoir  les  loix  Se  la  doctrine  qu'ils 
avoient  établies.  C'en;  alors  que  l'Etre  fuprême  fut  adoré 
dans  le  pays,  fous  le  nom  de  Pachacamac.  Ceux  de  la 
vallée  de  ce  nom  lui  avoient  bâti  un  fort  beau  temple. 
Cependant  le  foleil  étoit  regardé  chez  eux  comme  le 
dieu  fouverain  ,  &l'aibitre  de  l'univers.  On  l'appelloit 
Técebiracocha  ,  en  langage  de  Cusco ,  Se  c'eft  par  fa  feule 
influence  que,  fuivanteux,  toutes  chofes  furent  créées. 
Ils  avoient  en  outre  de  la  vénération  pour  plulieurs  créa- 
tures inanimées ,  Se  foutenoient  que  le  foleil  avoit  en- 
fermé un  esprit  dans  chacune  de  ces  créatures  ;  ainfi  que 
le  croient  encore  les  Idolâtres  du  Pérou  ,  Se  tous  les  peu- 
ples voifins.  C'eft  à  ces  esprits  qu'ils  attribuent  le  bon  ou  le 
mauvais  fucecs  de  leurs  entreprifes.  Sans  le  fecours  d'au- 
cun livre  ,  Se  par  la  feule  tradition  ,  ils  ont  confervé  jus- 
qu'à préfent  ,  quoiqu'avec  beaucoup  de  confufion  ,  l'hi- 
ftoire  de  leur  origine.  Ils  difent  qu'il  vint  chez  eux  des 
parties  feptentrionales  du  monde ,  un  homme  extraor- 
dinaire ,  qu'ils  nomment  Choun  ;  que  ce  Choun  avoit  un 
corps  fans  os  Se  fans  muscles ,  qu'il  abbaiflbit  les  monta- 
gnes, combloit  les  vallées,  Se  fe  faifoit  un  chemin  par  des 
lieux  inacceflîbles.  Ce  Choun  créa  les  premiers  habitans 
du  Pérou  ,  Se  leur  afligna  pour  fubfiftance  les  herbes  Se 
les  fruits  fauvages  des  champs.  Ils  racontent  encore  que 
ce  premier  fondateur  du  Pérou  ayant  été  offenfé  par 
quelques  habitans  du  plat  pays  ,  convertit  en  fables  ari- 
des une  partie  de  la  terre  ,  qui  auparavant  étoit  fort  fer- 
tile ,  arrêta  la  pluie,  deffécha  les  plantes;  mais  qu'en- 
fuite  ému  de  compallion  ,  il  ouvrit  les  fontaines  ,  Se  fit 
couler  les  rivières.  Ce  Choun  fut  adoré  comme  dieu , 
jusqu'à  ce  que  Pachacamac  vint  du  Sud.  *  Voyages  de  Co- 
réal,  t.  2.  p.  89  Se  fuiv. 

Choun  disparut  à  la  venue  de  Pachacamac  ,  qui  étoit 
beaucoup  plus  puiflant  que  lui ,  Se  qui  convertit  en  bêtes 
fauvages  les  hommes  que  Choun  avoit  créés.  Pachaca- 
mac créa  les  ancêtres  des  Péruviens  d'aujourd'hui,  leur 
apprit  la  manière  de  planter  les  arbres  Se  de  cultiver  la 
terre.  C'eft  lui  qu'ils  ont  depuis  ce  tems  regardé  comme 
leur  dieu,  à  qui  ils  ont  bâti  des  temples,  Se  rendu  les 
autres  honneurs  divins.  Pachacamac  a  été  adoré  de  cette 
manière  jusqu'à  la  venue  des  Espagnols. 

Ils  difent  qu'il  leur  apparoifloit  en  forme  humai- 
ne &  que  c'étoit  fous  cette  forme  qu'il  rendoit  fes 
oracles  aux  prêtres.  Il  paroît  qu'ils  ont  ouï  parler  d'un 
ancien  déluge  univerfel ,  auquel  il  n'échapa  que  fort 
peu  de  gens ,  qui  fe  cachèrent  dans  les  creux  des  hau- 
tes montagnes ,  où  ils  s'étoient  pourvus  de  vivres.  Les 
Péruviens  ajoutent ,  que  pour  voir  fi  les  eaux  avoknc 
diminué  fur  la  furface  de  la  terre ,  on  lâcha  deux  chè- 
vres à  plufieurs  reprifes ,  mais  que  ces  chèvres,  n'ayant 
pu  trouver  d'herbe  à  brouter ,  s'en  retournèrent  fort 
mouillées  dans  la  caverne,  d'où  ils  comprirent  que  les 
eaux  n'étoient  pas  encore  écoulées  -,  ce  qui  les  fit  res- 
ter encore  dans  leur  retraite.  Ils  les  lâchèrent  deux  au- 
tres fois  après  cela,  &  à  la  dernière  ils  comprirent, 
par  la  boue  qu'ils  virent  aux  pieds  des  chèvres ,  que 
les  eaux  achevoient  de  s'écouler.  Alors  ils  descendi- 
rent dans  la  plaine ,  où  ils  trouvèrent  quantité  de  fer- 


90I 

pens  que  le  limon  de  la  terre  avoir  engendrés.  Ils 
croyoient  auflî  la  deftruétion  de  l'univers ,  ôc  qu'elle 
feroit  précédée  d'une  fécherefle  extraordinaire;  après 
quoi  l'air ,  échauffé  par  certe  fécherefle  exceflive ,  s'em- 
braferoit  de  lui-même ,  allumeroit  fucceflîvement  tou- 
tes fes  parties,  Se  confumeroit  les  aftres.  C'eft  pour 
cela  que  quand  ils  voyoient  quelque  éclipfe  ,  ils  chan- 
toient  des  chanfons  fort  trilles ,  Se  faifoient  des  la- 
mentations, croyant  que  la  fin  du  monde  approchoir. 
Ils  croyoient  non  feulement  la  fin  de  toute  la  nature, 
mais  auifi  fon  renouvellement  Se  l'immortalité  de  la- 
me.  Ils  attendoient  la  réfurredtion  des  corps  :  puis- 
que ,  quand  les  Espagnols ,  nouvellement  arrivés  au 
Pérou ,  allèrent  chercher  des  tréfors  dans  les  l'épulcres 
des  morts ,  les  Péruviens  les  fupplioient  de  ne  point  en- 
dommager les  os  de  leurs  pères ,  de  peur  que  cela 
n'empêchât  leur  réfurrection. 

Les  Péruviens  enfeveliflbient  leurs  princes  &  les  per- 
sonnes diftinguées  avec  beaucoup  de  magnificence;  ils 
les  plaçoient  fur  des  fiéges  élevés,  Se  parés  le  plus  ri- 
chement qu'ils  pouvoient.  Ils  ornoient  ces  morts  d'une 
manière  fuperbe ,  Se  enfeveliflbient  enfuite ,  auprès 
d'eux  deux  de  leurs  plus  belles  femmes  :  car  tous  les  peu- 
ples de  l'Amérique  ont  toujours  pratiqué  la  polygamie,  Se 
les  femmes  étoient  afiez  folles  pour  fe  disputer  entre 
elles  à  qui  feroir  enfevelie  avec  eux.  On  enterroic 
encore  avec  ces  grands  deux  ou  trois  domelliques, 
qui  s'offroient  de  même  volontairement  à  la  mort.  Ils 
ajoutoienr ,  pour  les  befoins  de  l'autre  vie  ,  beaucoup 
d'or  Se  d'argent  travaillé ,  la  plus  belle  Se  la  plus  ri- 
che vaiflelle,  des  fruits,  du  pain,  du  maïs,  Se  autres 
pareilles  chofes.  De  tems  eu  rems  on  alloit  fervir  à 
boire  Se  à  manger  au  défunt ,  en  lui  foufflant  la  nour- 
riture dans  la  bouche,  par  le  moyen  d'une  farbacane, 
craignant  qu'il  ne  mourût  de  faim  après  fa  mort.  Ils 
le  pleuroient  plufieurs  jours,  Se  mettoient  fa  figure  en 
bois  fur  le  fépulcre.  L'artifan  y  apporroit  Ces  ouvra- 
ges ,  Se  le  foldat  y  mettoit  fes  armes  :  tout  cela  pour 
honorer  la  mémoire  du  défunt.  Le  deuil  du  roi  où 
Ynca  duroit  pendant  toute  l'année  :  le  premier  mois 
fans  relâche ,  Se  dans  le  cours  de  l'année  on  le  re- 
nouvelloit  tous  les  quinze  jours.  Quand  les  prêtres  on 
même  les  perfonnes  diftinguées  avoient  à  faire  au  fo- 
leil quelque  prière  extraordinaire ,  ils  montoient  de 
grand  matin  au  lever  de  cet  aftre,  fur  un  hautécha- 
faud  de  pierre  deftiné  à  cet  ufage.  En  quelques  lieux 
du  Pérou ,  les  portes  des  temples  étoient  du  côté  de 
l'eft ,  principalement  fous  la  ligne.  Ils  y  pendoient  des 
toiles  de  coton  peintes  de  diverfes  couleurs.  On  voyoic 
aiiffi  dans  les  temples  du  Pérou  deux  figures  de  pierre 
taillée  qui  réprefentoient  deux  boucs  noirs ,  Se  devant 
lesquels  on  tenoit  toujours  un  feu  allumé.  On  y  jettoit 
du  bois  de  fenteur.  On  voyoit  encore  dans  ces  tem- 
ples des  figures  de  ferpens;  mais  cela  étoit  plus  ordi- 
naire vers  la  ligne  &  aux  environs  de  Cusco. 

Pour  les  Guacas ,  dont  j'ai  parlé  ,  les  Péruviens  les 
vénéroient  fous  la  figure  de  quelques  pierres ,  Se  les 
regardoient  comme  les  directeurs  de  leurs  actions.  Ces 
faintes  pierres  étoient  félon  eux  les  vicaires  ou  les  com- 
mis de  la  divinité,  qu'ils  croient  trop  élevée  au-des- 
fus  des  hommes ,  pour  s'occuper  d'eux.  Il  n'étoit  per- 
mis qu'aux  prêtres  de  s'approcher  de  ces  Guacas  :  pour 
cet  effet  ils  s'habilloient  de  blanc  ,  fe  profternoient  en 
terre  ,  tenant  en  leurs  mains  des  linges  blancs.  C'eft 
en  cette  pofture  ,  qu'ils  prioient  les  Guacas  ,  mais  dans 
une  langue  non  vulgaire  Se  non  entendue  du  peuple. 
Ils  recevoient  les  offrandes  que  les  dévots  leur  préfen- 
toient,  en  enfouiflbient  une  partie  dans  le  temple,  Se 
gnrdoienr  1  autre  pour  eux.  Ces  offrandes  dévoient  être' 
d'or  ou  d'argent.  S'il  y  avoit  quelque  chofe  fort  extraor- 
dinaire à  demander  aux  Guacas,  ils  leur  offroienr  des 
animaux  Se  même  des  hommes,  qu'ils  ouvroient  pour 
juger  par  leurs  entrailles ,  fi  les  Guacas  leur  feroient 
propices  Se  fi  leur  colère  étoit  appaifée;  s'ils  accorde- 
roient  enfin ,  où  s'ils  leur  refuferoient  encore  ce  qu'ils 
avoient  demandé.  Ceux  qui  faifoient  les  offrandes ,  qui 
rendoient  les  vœux  ,  ou  qui  venoient  fupplier  les  Gua- 
cas ,  s'abftcnoient  du  commerce  des  femmes ,  ne  ces- 
foient  de  crier  Se  de  hurler  toute  la  nuit.  Ils  couroienc 
comme  des  extravagans,  à  l'honneur  des  Guacas,  Se 


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jeûnoient  avant  que  de  commencer  leurs  prières.  Quel- 
aues-uns  fe  couvroient  les  yeux  ,  s'eftimant  indignes  de 
voir  les  Guacas  j  il  y  en  avoit  même  qui  fe  les  arra- 
choient  par  un  excès  de  dévotion.  Les  Yncas,  &  les 
gens  diltingués ,  n'entreprenoient  rien  fans  avoir  aupa- 
ravant confulcé  ces  Guacas  par  la  bouche  de  leurs  prê- 
tres ,  qui  oignoient  la  bouche  Se  la  face  de  ces  ido- 
les ,  &  leurs  temples  du  fang  des  hommes  &  des  bê- 
tes qu'ils  avoienr  facrifiés.  Outre  les  temples  du  So- 
leil Se  des  Guacas ,  il  y  avoit  encore  en  divers  lieux 
du  Pérou  des  maifons  de  vierges,  qui  étoient  comme 
les  Vénales  Romaines.  Elles  faifoient  vœu  de  chafteté, 
vouoient  leur  virginité  au  foleil ,  &  s'occupoient  dans 
ces  couvens  à  filer ,  à  coudre ,  à  travailler  en  toile , 
en  laine  Se  en  coton.  Ces  ouvrages  fervoient  à  l'ufa- 
ge  des  temples  Se  des  idoles.  Quelques-uns  même  as- 
fûrent  que  ces  ouvrages  étoient  deflinés  au  feu,  &  qu'on 
les  brûloir  avec  des  os  de  brebis  blanches ,  pour  en 
jetter  enfuite  les  cendres  en  l'air ,  en  fe  tournant  vers 
le  foleil  ,•  ce  qui  fignifioit  qu'on  les  lui  avoienr  confa- 
cres.  Pour  revenir  aux  vierges  dévouées  au  foleil, 
elles  étoient  gardées  par  des  prêtres  uniquement  defli- 
nés à  cette  fonction  ,  &  aucune  d'elles  ne  pouvoir  for- 
rir  du  couvent  fous  peine  de  mort.  Si  par  malheur 
elles  devenoient  enceintes ,  on  leur  faifoit  fubir  la  mê- 
me peine ,  à  moins  qu'elles  ne  vouluffent  faire  fer- 
ment  qu'elles  dévoient  leur  groffeffe  aux  facrées  in- 
fluences du  foleil  :  fecret  infaillible  pour  fauver  la  mè- 
re, l'enfant  &  le  prêtre  par  le  moyen  duquel  le  foleil 
avoit  daigné  opérer  fur  le  corps  de  la  veftale.  Tous 
les  ans  Se  en  automne ,  les  Péruviens  célébroient  une 
grande  fête ,  lorsqu'ils  faifoient  la  récolte  de  leurs  grains. 
La  coutume  croit  pour  lors  d'élever  au  milieu  de  la 
place  deux  grands  mâts  ,  tels  que  font  nos  mais  en  Eu- 
rope. On  mettoic  au  haut ,  autour  d'un  cercle  orné 
de  fleurs  certaines  Itatues  de  forme  humaine.  Il  y  avoit 
à  certaine  dillance  quantité  de  Péruviens  tous  rangés 
en  bon  ordre,  qui  battoient  du  tambour,  &qui,  en 
faifant  beaucoup  de  bruit ,  tiroient  chacun  à  leur  tour 
fur  ces  figures  ,  jusqu'à  ce  qu'elles  fuffent  abbatues.  En- 
fuite  les  prêtres  apportoient  une  autre  figure  ,  que  l'on 
pofoit  au  pied  d'un  de  ces  deux  mâts.  On  y  facrifioit 
quelque  bête  ,  ou  même  un  homme ,  Se  l'on  frocoit 
cette  figure  avec  le  fang  de  la  victime.  Si  les  Prêtres 
appercevoient  quelque  marque  dans  les  entrailles  de  la 
victime ,  ils  la  déclaroient  au  peuple,  Se  félon  que  les 
lignes  paroiffoient  bons  ou  mauvais ,  la  fête  s'achevoit 
dans  le  plaifir  ou  dans  la  trilleffe.  On  y  buvoit  ample- 
ment, on  y  danfoit,  &  l'on  y  jouoit  à  diverfes  fortes 
•de  jeux  en  ufage  dans  le  Pays. 

Jofephe  de  Acofta  rapporte  qu'ils  ne  connoiffoient 
aucune  forte  d'écriture ,  mais  qu'ils  ne  laiffoient  pas  de 
conferver  la  mémoire  des  choies  paffées,  Se  de  rendre 
compte  de  tout  ce  qui  s'étoit  fait  chez  eux  foit  durant 
la  paix ,  foit  durant  la  guerre.  Cela  venoit  de  ce  qu'ils 
avoient  grand  foin  d'apprendre  aux  jeunes  gens  ce  qu'ils 
avoient  eux-mêmes  apris  de  leurs  ancêtres.  Ils  fuppléoient 
au  défaut  des  lettres  partie  par  des  peintures  groflîeres, 
mais  principalement  par  des  (Juipos.  Ces  Quipos  étoient 
certains  rcgiflres  faits  de  cordelettes,  dans  lesquelles 
divers  nœuds  Se  différentes  couleurs  dénotoient  diver- 
fes chofes.  Le  jaune  vouloit  dire  l'or  ,  le  blanc  l'argent , 
Se  le  rouge  des  foldats.  Pour  ce  qui  regardoit  la  guer- 
re ,  le  régime  politique ,  les  tributs ,  les  cérémonies , 
les  loix  Se  les  comptes  des  marchandifes,  ils  employoient 
divers  Quipos ,  &  en  chacun  autant  de  nœuds  gros  Se 
petits  ;  Se  des  cordelettes  pendues  les  unes  aux  autres 
exprimoient  intelligiblement  toutes  les  chofes.  dont  il 
étoit  important  de  garder  le  fouvenir,  Ils  avoient  des 
officiers  appelles  Quippa  Camayo ,  qui  étoient  obligés 
de  tenir  compte  de  ces  Quipor,  Se  on  leur  ajoutoit  au- 
tant de  foi ,  que  nous  en  ajoutons  aux  notaires. 

Les  mères  Se  les  reines  même  fervoient  de  nourrices 
à  leurs  enfans.  Les  femmes,  après  être  accouchées,  re- 
prenoient  leurs  exercices  ordinaires  qu'elles  interrom- 
poient  rarement.  Elles  filoient  Se  tiffoient  du  coton  aux 
provinces  chaudes ,  &c  de  la  laine  aux  plus  froides , 
mais  feulement  ce  qui  étoit  nécefiaire  pour  leurs  fa- 
milles. Elles  faifoient  le  plus  fouvent  des  toiles  carrées 
Se  félon  la   mode  de  leurs  vetemens,  qu'elles  atta- 


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choient  avec  des  agraffes  ;  ce  qui  étoit  caufe  qu'elles 
n'étoient  point  accoutumées  à  coudre.  Elles  haïffoient 
tellement  l'oifiveté  ,  que  même  quand  el!es  fottoient  en 
public,  ou  vifitoient  leurs  voifins ,  elles  filoient  ou  fai- 
foient quelque  autre  ouvrage.  Elles  s'exerçoient  encore 
à  l'agriculture  ainfi  que  les  hommes ,  qui  de  leur  côté 
faifoient  les  bottes  &  les  fouliers,  n'y  ayant  point  d'ou- 
vriers communs.  Chacun  étoit  obligé  de  travailler  pour 
fon  ufage ,  afin  de  ne  pas  manquer  des  chofes  qui  leur 
étoient  néceffaires. 

Cette  manière  de  vie  réglée  étoit  due  aux  loix  des 
Yncas,  qui  gouvernèrent  le  pays  avec  fuccès,  Se  qui 
fe  difoient  iffus  du  grand  lac  de  Titicaca.  Le  premiec 
de  ces  Yncas  s'appella  Manco  Capac  ,  Se  eut  de  fa 
femme  un  fils  nommé  Sicarocha ,  qui  lui  fuccéda.  La 
fucceffion  du  royaume  venoit  au  fils  aîné  en  droite 
ligne  :  celui-ci  venant  à  mourir  ,  fon  frère  lui  fuccé- 
doit  i  après  ce  dernier  le  gouvernement  retournoit  au 
fils  aîné  de  fon  frère  aine  :  après  lui  au  frère  de  ce 
fils  :  enfuite  aux  enfans  de  ce  fils  ;  Se  ainfi  de  fuite. 
La  fucceffion  fautoit ,  pour  ainfi  dire  ,  de  la  ligne  droite 
à  la  ligne  collatérale ,  &  de  la  collatérale  à  la  droi- 
te. Llogue- Yupanghi  fuccéda  à  Sicarocha  ;  Se  le  fils  de 
celui-ci ,  qui  s'appelle it  Mayta-Capac ,  aggrandit  le 
royaume  du  Pérou  par  la  conquête  de  la  province  de 
Cusco.  Il  eut  pour  fucceffeur  fon  fils  Capac- Yupan- 
ghu  ,  qui  fut  fuivi  de  Marna- Cagua.  Ce  Matna-Cagua 
eut  plufieurs  fils,  entre  autres  Yahuar-Huacac  Yupa- 
jaghe ,  qui  étoit  un  prince  fort  guerrier ,  Se  qui  rédui- 
fit  plufieurs  états  fous  fa  domination.  Viracochu  fon 
fils  lui  fuccéda  :  à  celui-ci  fuccéda  Pachachutec  :  Se 
à  Pachachutec  fuccéda  Coyan.  Ce  dernier  fit  bâtir  la 
fortereflè  de  Cusco  que  Tupac-Ynca-Yupanghi  fit  ache- 
ver. Cet  Ynca  conquit  auffi  Xila&  Quito  ,  &  fit  com- 
mencer le  fameux  chemin  royal  où  il  établit  des  pos- 
tes de  demi-lieue  en  demi-lieue,  qui  couroient  auffi 
vite  à  pied  que  nos  polies  à  cheval ,  portant  même  les 
voyageurs  fur  leurs  épaules,  comme  on  dit  que  cela 
fe  pratique  encore  au  Congo  ;  car  avant  l'arrivée  des 
Espagnols  au  Pérou ,  il  n'y  avoit  dans  le  pays  ni  che- 
vaux ,  ni  ânes ,  ni  mulets ,  ni  autres  bêtes  de  charge. 
On  affine  que  cet  Ynca  laiffa  cent  cinquante  fils  après 
lui ,  entre  lesquels  Guainacapac  fon  fucceffeur  ne  dé- 
généra nullement  du  mérite  de  fes  ancêtres.  11  admi- 
niftra  la  juftice  avec  beaucoup  de  droiture,  en  paix  ou 
en  guerre ,  maintint  l'ordre  Se  la  police  dans  l'état ,  & 
réduifit  le  gouvernement  fous  une  meilleure  forme  qu'il 
n'avoitéré  auparavant.  Ilannulla  les  loix  anciennes,chan- 
gea  les  vieilles  coutumes,  Se  leur  en  fubftitua  de  nou- 
velles. Guainacapac  eut ,  dit-on ,  encore  plus  d'enfans 
que  fon  père  ,  Se  laiffa  pour  fucceffeur  Guascar  Ynca. 
Guainacapac  fur  toujours  forr  respecté  de  fes  fujets ,  qui, 
pour  lui  mieux  témoigner  leur  affection  ,  travaillèrent 
volontairement  à  perfectionner  les  deux  grands  che- 
mins royaux  qu'on  peut  regarder  comme  une  merveille 
de  l'univers.  Ce  prince  étant  parti  de  Cusco  pour  faire 
la  guerre  contre  la  province  de  Quito ,  fut  obligé  de 
pafler  par  de  hautes  montagnes  fort  escarpées,  &  d'un 
accès  dangereux.  Ses  fujets  ,  pour  lui  faciliter  fon  re- 
tour, entreprirent  avec  une  peine  incroyable  de  lui ap- 
planir  les  montagnes  Se  les  rochers  ,  Se  de  combler  des 
vallées  de  quinze  Se  vingt  braffes  de  profondeur.  Enfin, 
après  un  travail  immenfe  ils  firent  un  grand  chemin 
de  500  lieues.  Les  Espagnols  le  gâtèrent  en  plufieurs 
endroits  ,  pour  rendre  les  paffages  impraticables  à  leurs 
ennemis ,  dans  le  tems  des  guerres  qu'ils  eurent  en- 
tre eux  ,  ou  qu'ils  fournirent  contre  les  naturels  du  Pé- 
rou. Guainacapac  ayant  entrepis  un  nouveau  voyage  à 
Quito  ,  pour  vifiter  les  provinces  qu'il  avoir  conquifes , 
prit  fa  route  à  travers  le  plat-pays -,  fes  fujets  travail- 
lèrent avec  le  même  zèle  Se  avec  une  peine  inexpri- 
mable à  faire  un  nouveau  chemin ,  en  comblant  les 
vallées  Se  les  marais.  Ce  chemin  avoit  quarante  pieds 
de  largeur  ,  Se  des  deux  côtés  de  hautes  murailles.  Sa 
longueur  étoit  de  cinq  cens  lieues.  Les  murs  fe  voient 
encore  ,  &  font  même  affez  entiers  en  plufieurs  en- 
droits. Guainacapac  bâtit  plufieurs  temples  à  l'honneur 
du  foleil ,  Se  fit  grand  nombre  de  tambos  (c'eft  ainfi 
qu'ils  nommoient  leurs  magazins  Se  leurs  arfenaux) , 
pour  y   amaffer  des  munitions  pour  la  guerre,  tant 


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dans  les  montagnes  que  dans  les  plaines  Se  le  long  des 
rivières.  On  en  voie  en  plusieurs  endroits  des  mines 
adèz  entières.  Ces  lieux  étoient  toujours  remplis  de 
vivres  Se  d'armes ,  pour  vingt  ou  trente  mille  hom- 
mes ,  &  il  y  en  avoir  de  dix  en  dix  lieues ,  ou  tout  au  plus 
ils  n 'étoient  qu'à  une  journée  de  diftance  l'un  de  l'au- 
tre. Au  lieu  de  couronne  Se  de  iceptre ,  les  Yncas  por- 
toient  pour  ornement  autour  de  leur  tête  des  houpes 
de  laine  rouge.  Ces  houpes  leur  couvroient  presque  les 
yeux  ,  cV  ils  y  atta.hoient  un  cordeau  ,  quand  ils  avoient 
à  commander  quelque  chofe.  Lorsque  lYnca  avoit  don- 
né ce  cordeau  à  quelque  feigneur  de  fa  cour ,  le  peu- 
ple étoit  obligé  de  respecter  ce  ligne  d'autorité ,  &  d'o- 
béir à  tout  ce  que  le  feigneur  lui  commandoir,  quel- 
que extraordinaire  que  pût  être  le  commandement. 

Les  Yncas  étoient  portés  dans  une  voiture  fort  fem- 
blable  à  la  litière ,  ouverte  par  les  côtés ,  Se  couver- 
verte  de  plaques  d'or.  Une  centaine  de  feigneurs  Se 
de  gentilshommes  distingués  la  portoient  fur  leurs  épau- 
les ou  la  fuivoient  ;  mais  fouvent  l'Ynca  étoit  porté 
fur  un  brancard.  Il  falloit  bien  prendre  garde  de  ne 
pas  heurter  ni  la  litière,  ni  l'Ynca;  car  il  y  alloirde 
la  vie.  11  n'étoit  pas  non  plus  permis  d'approcher  de  fa 
perfonne  ,  ou  de  lui  parler ,  fans  avoir  les  mains  gar- 
nies de  préfens.  Il  falloit  lui  en  faire  toutes  les  fois 
qu'on  vouloit  avoir  audience;  Se  quand  on  l'auroit 
demandé  dix  fois  en  un  jour ,  dix  fois  il  auroit  fallu 
fe  mettre  en  état  de  faire  des  préfens  à  l'Ynca.  Il  étoit 
au  Ai  défendu  de  le  regarder  en  face. 

Quand  l'Ynca  avoit  fait  la  conquête  de  quelque 
province,  il  y  faifoit  de  nouvelles  colonies,  Se  trans- 
portoit  les  anciens  habitans  en  des  provinces  plus  éloi- 
gnées ;  obfervant  pourtant  de  faire  ces  transmigrations 
en  des  climats  qui  fe  renemblaffenr.  Les  impôts  fe  pré- 
levoient  avec  équité  :  perfonne  ne  payoit  au-delà  de 
fes  moyens. 

L'Ynca  Guainacapac ,  ayant  conquis  la  province  de 
Quito ,  y  établit  fon  féjour  pendant  quelque  tems. 
C'eft  en  cette  ville  que  naquit  Atabaliba  ou  Atahua- 
lipa ,  fils  de  Guainacapac ,  qui  lui  donna  la  fouverai- 
neté  de  Quito;  mais  Guascar ,  autre  fils  de  Guaina- 
capac ,  ne  voulut  pas  confentir  à  cette  donation ,  & 
fit  ia  guerre  à  fon  frère ,  ce  qui  caufa  dans  la  fuite  la 
perte  de  la  monarchie  des  Yncas.  Le  mot  de  Guascar 
fignifie  corde  ou  cable  ,  Se  l'Ynca  Guascar  fut  ainfi 
nommé  ,  parce  que  quand  il  naquit ,  fon  père  fit  faire 
un  cable  d'or  fi  gros  Se  fi  grand  ,  qu'à  peine  deux  cens 
hommes  le  pouvoient  porter.  Ce  même  Ynca  avoit  une 
plaque  d'or,  delà  valeur  de  vingt-cinq- mille  ducats. 
Elle  échut  en  partage  à  François  Pizarre ,  premier  vi- 
ceroi  du  Pérou.  Toute  fa  vaiffelle  Se  fes  vafes  étoient 
d'or.  Les  Yncas  avoient  établi  à  Cusco  quantité  de  bou- 
tiques d'orfèvrerie ,  pour  y  fabriquer  toutes  fortes  de 
vaiffeaux  d'or  &  d'argent ,  de  joyaux,  de  ftatues  d'hom- 
mes,  de  bêtes,  d'oifeaux  &  autres  figures  ;  Se  quoique 
les  orfèvres  du  Pérou  n'euffent  pas  l'ufage  des  inftru- 
mens  de  fer  comme  nous,  ils  ne  laiflbient  pas  de 
faire  ces  ouvrages  Se  de  les  finit  avec  beaucoup  d'in- 
duftrie. 

Guascar  défit  Atahualipa,  le  prit  &  le  fit  enfermer: 
mais  celui-ci  s'échapa,  recommença  la  guerre,  vainquit  à 
fon  tour  Guafcar  &  le  fit  enfermer. 

Ce  fut  dans  ces  circonftances ,  que  François  Pizar- 
re entra  dans  le  Pérou.  Il  profita  de  la  diiîenfion  qui 
étoit  entre  les  deux  frères  ,  Se  conquit  ce  royaume.  On 
afliire  que  l'Ynca  Atahualipa  offrit  pour  fa  rançon  au- 
tant d'or  qu'il  en  pouvoir  entrer  dans  une  chambre  de 
2i  pieds  de  long  Se  de  17  de  large,  &  fi  haute,  qu'à 
peine  un  homme  de  bout  pouvoit  atteindre  du  bout  des 
doigts  à  la  hauteur  du  monceau  d'or.  Il  offrit  le  dou- 
ble en  argent  :  le  conquérant  prit  l'or.  Chaque  ca- 
valier eut  pour  fa  part  douze  mille  Caftillans  en  or, 
fans  compter  l'argent  :  chaque  FantaiTm  eut  quatorze 
cens  cinquante  Caftillans ,  fans  compter  l'argent.  La 
fomme  qu'offroit  Atahualipa  pour  fa  rançon  n'appro- 
choit  pas  de  ce  que  fon  frère  Guascar  lui  promettoit 
de  payer ,  s'il  eût  eu  la  vie  fauve  ;  car  ce  Guascar  pos- 
fédoit  tous  les  tréfors  de  fon  père  &  de  fes  ancêtres; 
niais  Atahualipa  ,  dans  le  tems  qu'il  traitoit  de  fa  ran- 
çon avec  les  Espagnols,  le  fit  tirer  des  priions  de  Cus- 


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co ,  Se  le  fit  mourir ,  de  crainte  que  s'il  tomboit  en- 
tre les  mains  des  Espagnols ,  il  ne  fût  caufe  qu'ils  de- 
mandaflent  une  plus  forte  rançon.  Mais  toutes  ces  pré- 
cautions d'Atahualipa  ne  le  fauverent  pas  lui-même. 
Dom  Diegue  d'Almagro  le  fit  mourir  fous  quelque 
prétexte  aflez  léger.  Ces  deux  frères  étant  morts ,  la 
couronne  fut  donnée  à  Manco  Ynca  ,  autre  fils  de  Guai- 
nacapac. Ce  prince ,  qui  n'avoit  plus  que  l'ombre  de 
la  royauté ,  fe  fit  appeller  Manco  Capac  Puchuti-Yu- 
pan  ,  &  fe  reconnut  vaffal  du  roi  d'Espagne  le  6 
Janvier  1/J7.  Dans  la  fuite  ceux  qui  reftoient'de  là 
famille  royale  des  Yncas ,  ne  pouvant  plus  vivre  fous  la 
fervitude,  s'allèrent,  dit-on,  établir  dans  l'intérieur  de 
l'Amérique  méridionale  ;  ils  s'y  emparèrent  d'un  pays 
où  l'on  affûte  qu'ils  régnèrent  encore  avec  beaucoup 
de  magnificence  ,  Se  qu'ils  y  conferverent  les  loix  Se  la 
religion  de  leurs  ancêtres.  Telle  fut  la  fin  de  l'Empi- 
re des  Yncas. 

Le  Pérou  e/r  à  préfent  peuplé  d'Espagnols  créoles, 
Se  d'Indiens  naturels  du  pays  dont  une  partie  a  em- 
braffé  la  religion  chrétienne ,  Se  reconnoît  la  domina- 
tion espagnole ,  &  l'autre  demeure  dans  l'aveuglement 
Se  fe  maintient  dans  l'indépendance. 

Il  y  a  beaucoup  d'autres  chofes  à  remarquer  dans 
cette  partie  du  nouveau  Monde.  On  a  obfervé  que  la 
terre  y  produk  fans  pluie,  &  qu'il  ne  pleut  jamais  le 
long  de  la  côte  ,  quoiqu'il  pleuve  à  quinze  Se  vingt 
lieues  de  la  mer  au-dedans  des  terres.  A  la  vérité  oïl 
peut  dire  que  cette  difette  de  pluie  rend  effectivement 
presque  tout  le  pays  inculte  dans  les  hauteurs.  11  n'y 
a  que  les  feules  vallées  où  coulent  quelques  ruiffeaux 
venant  des  montagnes;,  où  il  pleut  &  neige ,  d'où  l'on 
puiffe  retirer  quelque  récolte ,  Se  par  conféquent  qui 
puiffent  être  habitées;   mais  dans  ces  endroits  la  terre 
eft  fi  fertile ,  Se  le  pays  d'ailleurs  eft  fi  peu  peuplé , 
que  ces  vallées  fuffifent  Se  même  fourniffent  abondam- 
ment à  la  nourriture  des  habitans.  Les  anciens  Indiens 
étoient  extrêmement  induftt  ieux  à  conduire  les  eaux  des 
rivières  à  leurs  habitations.  On  voit  encore  en  plufieurs 
endroits  des  aqueducs  de  terre  Se  de  pierre  feche ,  me- 
nés Se   détournés  fort  ingénieufement  le  long  des  co- 
teaux par  une  infinité  de  replis  :  ce  qui  fait  voir  que 
cespeuples,  tout  grofllers  qu'ils  étoient,  entendoient  très- 
bien  J'art  de  niveler.  Pour  ce  qui  eft  des  montagnes  de 
la  côte ,  on  y  trouve  de  l'herbe  en  quelques  endroits 
peu  expofés  à  l'ardeur  du   foleil ,   parce  que  les  nua- 
ges s'abbaiffent  en  hyver  à  leur  fommet ,  &  l'humectent 
affez  pour  fournir  le  fuc  néceffaire  aux  plantes.  Plu- 
fieurs ont  voulu  trouver  la  caufe  du  manque  de  pluie 
au  Pérou  :  mais  leurs  efforts  ont  été  inutiles  Se  ce  fe- 
roit  fatiguer  le  lecteur  inutilement  que  de  les  rappor- 
ter. Ne    pourroit-on  point  attribuer  cette  caufe  à  la 
différence  des  degrés  de  chaleur  de  la  côte  Se  de  l'in- 
térieur des  terres.  Nous  favons  par  expérience  que  la 
chaleur  ,  que  le  foleil  communique  à  la  terre ,  réfout 
en  pluie  Se  attire  d'autant  plus  les  nuages  qu'elle  eft: 
plus  vivement  échauffée  :  or  on  fait  que  la  partie  in- 
térieure du  Pérou ,  qui  eft  presque  toute  dans  la  Zo- 
ne torride ,  eft  très  échauffée  dans  les  vallées ,  qui  re- 
çoivent pendant  tout  le  jour  des  rayons  presque  per- 
pendiculaires ,  dont  l'action  eft  encore  augmentée  par 
la  grande  quantité  des  rochers  arides   dont  elles  font 
environnées ,  qui  font  réfléchir  ces  rayons  de  tous  cô- 
tés ,  Se  qu'enfin  cette  chaleur  n'eft  point  tempérée  par 
les  vents.  On  fait  encore  que  les  hautes  montagnes  de 
la  Cordelière  Se  des  Andes ,  presque  toujours  couver- 
tes de  neige ,  rendent  le   pays  extrêmement  froid  en 
certains  endroits;  de  forte  qu'à  très-peu  dediftanceen 
trouve  les  deux  extrémités  contraires.  Le  foleil  par  fa 
préfence  caufe  donc  une  violente  dilatation  Se  une  cha- 
leur ardente  dans  les  vallées  pendant  le  jour,  c'eft-à- 
dire  la  moirié  du  rems  ;  Se  pendant  la  nuit  ou  l'autre 
moitié ,  les  neiges  circonvoifines  refroidiffent  fubitement 
l'air  qui  fe  condenfe  de  nouveau.  C'eft  à  cette  vicis- 
fitude   de  condenfinion    Se  de   raréfaction  qu'on  doit 
fans  doute  attribuer ,  comme  au  premier  principe ,  l'in- 
égalité du  tems  qu'on  remarque  à  Cusco  ,  à  Puno  ,  à  la 
Paz  Se  ailleurs.  Il  n'en  eft  pas  de  même  à  la  côte  du  Pé- 
rou ,  où  foufnent  régulièrement  les  vents  de  fud  oueft 
Se  de  fud-fud  oueft,  qui  venant  des  climats  froids  du 


PER 


9°4 

pôle  auftral,  rafraîchifient  continuellement  l'air  &  le 
tiennent  toujours  à  peu  près  au  même  degré  de  con- 
denfation.  Bien  plus ,  ils  y  doivent  encore  apporter  des 
parties  falines  ,  qu'ils  ramaflent  des  fnmats  de  la  mer, 
dont  l'air  doit  fe  remplir  Se  s'épaiflir  ;  de  forte  qu'il  a 
plus  de  force  pour  fupporter  les  nuages ,  Se  n'eit  pas 
allez  chaud ,  ni  'en  affez  grand  mouvement ,  pour  en 
agiter  les  parties  ,  &  par  conféquent  raflembler  les  pe- 
tites gouttes  d'eau  &  en  former  de  plus  grofles  que  le 
volume  de  l'air  auquel  elles  répondent  ;  Se  quoique 
ces  nuages  approchent  fort  de  la  terre ,  dans  la  faifon 
où  ils  font  moins  attirés  par  le  foleil,  ils  ne  fe  réfol- 
vent  pas  pour  cela  en  pluie  :  ainfi  à  Lima  le  tems  eft 
presque  toujours  couvert  Se  il  n'y  pleut  jamais. 

Les  montagnes  du  Pérou  font  fameufes,  &  on  les 
diflingue  en  trois  fortes  :  premièrement  il  y  a  la  Cor- 
dilliera  de  los  Andes  ,  qui  eft  une  chaîne  de  montagnes 
pleines  de  bois  Se  de  rochers.  En  fécond  lieu  il  y  a  les 
montagnes  qui  font  étendues  le  long  des  Andes  :  cel- 
les-ci font  très- froides  &  ont  leur  fommet  toujours  cou- 
vert de  neige ,  ce  qui  les  rend  inhabitables  &  incultes. 
Enfin  il  y  a  les  hautes  Dunes  qui  s'étendent  dans  le 
plat-pays  du  Pérou  depuis  Tumbez  jusqu'à  Tarapaca. 
Il  y  fait  très-grand  chaud,  Se  l'on  n'y  voit  ni  eau, 
ni  arbre  ,  ni  verdure ,  ni  quoi  que  ce  foit  qui  ait  vie, 
fi  ce  n'eit  quelques  oifeaux  de  traverfe  ;  mais  outre  ce- 
la il  y  a  encore  plufieurs  lieux  déferts  dans  le  Pérou. 
Entre  les  montagnes  dont  je  viens  de  parler ,  il  y  a  de 
grandes  plaines  Se  des  vallées  qui  ne  font  expofées  ni 
aux  vents  ni  aux  orages,  d'ailleurs  fertiles  Se  pleines 
de  bois ,  où  l'on  peut  chafler  aux  bêtes  à  quatre  pieds 
Se  aux  oifeaux.  Les  Péruviens  des  environs  des  monta- 
gnes font  beaucoup  plus  robuftes  &  plus  laborieux  que 
ceux  du  Bas-Pérou  &  de  la  côte.  Quoiqu'ils  ne  foient 
pas  encore  tous  civilifés  félon  nos  manières ,  cependant 
ils  font  Intelligens  ,  traitables  Se  induftrieux.  Ils  habi- 
tent en  des  maifons  bâties  de  pierres ,  &  dont  les  unes 
font  couvertes  de  terre  Se  les  autres  de  chaume.  Dans 
les  vallées  il  coule  plufieurs  rivières  Se  ruifleaux  qui 
arrofent  le  pays  Se  le  rendent  fertile.  *  Coreal,  Voy. 
aux  Indes  Occ.  t.  \.c.  4. 

On  voit  errer  dans  ces  montagnes  des  troupeaux  fans 
nombre  de  vicunnas.  Ce  font  des  animaux  qui  égalent 
en  vîtefië  les  chèvres  des   montagnes. -Ils  n'ont  point 
de  cornes ,  Se  fe  nourriffent  dans  les  hautes  montagnes 
Se  dans   les  lieux   froids  Se  déferts ,  étant  fi  timides , 
qu'à  la  vue  des  hommes ,  &  même  des  bêtes  fauva- 
ges,  ils  fuyent  avec  précipitation  dans  le  fort  des  bois. 
Leur  laine  efi  très  fine  Se  femblable  au  poil  de  caftor 
ou  à  la  foie  ,    on  s'en  fert  fur-tout  pour  les  chapeaux. 
11  y  a  aufii  dans  ces  montagnes  quantité  de  Guanacos 
&  de  Pacos.  Ce  font  deux  espèces  de  brebis  de  celles 
qu'on  nomme  communément  brebis  du  Pérou.  Elles 
font  un  peu   plus  grandes  que  les  brebis  ordinaires , 
Se  plus  petites  que  les  genifles ,  ayant  le  cou  long  com- 
me les  chameaux ,  les  jambes  longues ,  Se  le  corps  pro- 
portionné. Il  y  en  a  de  blanches ,  de  noires ,  de  mi- 
nimes Se  d'autres  bigarrées  de  diverfes  couleurs  qu'on 
appelle  Moromor.  On  les  tue  rarement ,  parce  qu'on  s'en 
fert  à  transporter  toutes  fortes  des  marchandifes ,  com- 
me du  vin  dans  des  outres ,    de  l'argens  vif  aux  mi- 
nes de  Potofi  Se  autres ,  Se  de  l'argent  de  Potofi  à  Ari- 
ca  qui  en  eft  à  foixante  Se  dix  lieues.  Elles  vont  par 
troupes,  quelquefois  de  trois  cens,  quelquefois  même 
de  mille.  Ce  qu'il  y  a  d'étonnant ,  c'eft  que  ces  trou- 
peaux d'animaux ,  chargés  de  deux  ou  trois  mille  la- 
mes  d'argent ,  qui  valent  quatre  cens  mille  ducats , 
guidés  par  le  chemin  de  quelque  peu  d'Indiens  qui  les 
chargent  Se  déchargent,  Se  accompagnés  d'un  fort  pe- 
tit nombre    d'Espagnols ,    couchent  dehors  fans  garde 
ni  defenfe  avec  un  fi  grand  tréfor ,  fans  qu'on  y  trou- 
ve jamais  une  lame  à  dire  ,  tant  les  chemins  du  Pérou 
font  furs.  La  charge  de  chacune  eft  de  cent  ou  de  cent 
cinquante  livres ,    Se   elles  ne  font  que  trois  ou  qua- 
tre lieues  par  jour  lorsque  le  chemin  eft  long.  S'il  n'eft 
que  d'un  jour  elles  portent  jusqu'à  deux  cens  livres  pe- 
fant ,  Se  font  huit  ou  dix  lieues.  Les  conducteurs  les 
arrêtent  &  déchargent  leurs  fardeaux  aux  lieux  où  ils 
trouvent  de  l'eau   Se  des    pâturages.  Elles  multiplient 
beaucoup  dans  les  montagnes,  Se  meurent  dans  laplai- 


PER 


ne  par  la  trop  grande  chaleur.  Celles  qui  n'ont  qu'un 
poil  fort  léger-,  Se  qu'on  appelle  Guanacos,  font  d'un 
regard  doux  Se  hardi  ,  &  s'arrêtent  fouvent  en  chemin 
pour   contempler  attentivement  les  paiians ,  en  tenant 
le  cou  tout  droit.  Quelquefois  elle  s'épouvantent  touc 
à  coup  Se  courent  fi  vite  vers  les  précipices  des  mon- 
tagnes, qu'on  eft  obligé  de  les  tuer  à  coups  de  fufil,' 
pour  ne   pas  perdre  la  charge.    Il  y  a  auiîi  des  Gua- 
nacos fauvages.  Les  mâles  font  la  fentinelle  fur  les  co- 
teaux des  montagnes ,  pendant  que  les  femelles  pais» 
fent   dans   les   vallées;   &  quand  ils  appercoivent  des 
hommes  de  loin  ,   ils  hennifient  presque  comme  des 
chevaux ,  pour  avertir  les  femelles  qu'ils  chaflent  de- 
vant eux  en   fuyant.   Les   fauvages  les  prennent  aveo 
des  lacs  Se  des  trebuchets.  Leur  chair  eft  bonne ,  quoi- 
que grofliere ,  Se  on  la  trouve  plus  délicate  que  celle 
de  l'agneau.  Les  brebis  qui  font  couvertes  de  laine  s'ap- 
pellent  Pacos.  Cette  laine  eft  de  deux  fortes  :  l'une 
eft  plus  rude   Se   moins    prifée ,  l'autre  plus   fine  Se 
meilleure.  Le  lufire   de  cette  dernière  imite  celui  de 
la  foie  ,    &  on  en  fait  de.s  tapis  Se  des  tapiflenes  d'un 
très-bel  ouvrage,  qui  durent  long-tems.  Les  Pacos  por- 
tent  aufii  des  fardeaux  &  fe  laiïent  à  force  de   tra- 
vail ;  alors  ils  fe  couchent  à  terre  avec  leur  charge  fans 
qu'on   les  puifle  faire  relever  ni  par  menaces  ni  par 
coups.  11  faut  pour  cela  que  celui    qui  les  conduit , 
s'arrête  Se  s'afleye  auprès  de  ceux  qui  fe  font  couchés, 
&  les  oblige  à  fe  relever  en  les  flatanr.  Il  y  a  force 
finges   Se  guenons  dans  les  Andes,  &  des  perroquets 
fans   nombre.  Aux   lieux  où  ces  hautes  montagnes  fe 
féparent,  elles  ouvrent  quantité  de  vallées,  qij  four- 
nifiènt  la  plus  faine  Se  la  plus  ancienne  habitation  du 
Pérou.  Elles  font  très-fertiles  en  froment  Se  maïs  ;  en- 
tre autres  celles  de  Xauxa  ,  d'Andagiiaila   Se  d'Yuçai. 
Ceux  qui  autrefois  cultivoient  les  plaines  demeuroient  à 
l'air  le  plus  fouvent  ou  fous  de  larges  arbres. 

Le  climat  du  Pérou  eft  très- dangereux  aux  Euro- 
péens. Ils  font  fujets  à  avoir  une  fièvre  que  l'on  ap- 
pelle dans  le  pays  Chaperonada,  Se  qui  eft  très-dan- 
gereufe  :  on  y  eft  encore  fouvent  attaqué  d'une  colique 
violente  :  il  y  règne  en  outre  une  maladie  mortelle  qu'on 
appelle  Pafucos.  Elle  commence  par  des  fueurs  vio- 
lentes qui  détruifent  toutes  les  humeurs  du  corps  !  alors 
les  nerfs ,  les  muscles  Si  les  os  fe  roidifient  tellement 
que  le  malade  ne  peut  faire  aucun  mouvement  Se 
meurt.  Pour  éviter  ces  maladies  il  faut  éviter  le  foir 
Se  le  matin  de  s'expofer  trop  au  grand  air,  Se  de  fe 
rafraîchir  trop  promptement ,  lorsqu'on  fe  trouve  trop, 
échaufté.  11  faut  aufii  obferver  de  ne  pas  fe  lever  du 
lit  les  pieds  nuds.  Pour  guérir  cette  maladie,  on  prend 
de  la  graine  de  quiuna  ;  mais  ordinairement  elle  eft 
incurable. 

Le  Pérou ,  depuis  qu'il  eft  fous  la  puiflance  des  Es- 
pagnols ,  eft  gouverné  par  un  viceroi ,  qui  porte  le 
titre  de  Gouverneur  Se  Capitaine  General  de 
tous  les  Royaumes  cr  Provinces  de  l'Amérique  méridio- 
nales des  Audiences  de  Lima  ,  Chucifaqua ,  Quito  , 
Panama ,  &c.  de  Viceroi  du  Chili,  de  la  Province  des 
Amazones  &  de  Terra  fierma.  Ses  appointemens  fixes 
vont  à  quarante  mille  ducats,  Se  on  fait  monter  infi- 
niment au-delà  fes  autres  émolumens,  que  quelques- 
uns  nomment  tour  du  bâton.  Plus  de  cent  Corregi-> 
dors  dépendent  de  lui.  Il  eft  le  chef  de  la  juftice , 
&  nomme  à  toutes  les  charges  civiles  Se  militaires, 
avec  cette  refiriclion  ,  que  les  poutvus  feront  approu- 
vés Se  confirmés  par  la  cour  d'Espagne.  On  peut  voir 
à  l'article  Lima  quelques  autres  particularités  touchant 
le  gouvernement  eccléfiaftique ,  civil  Se  militaire  du 
Pérou.  J'ajouterai  feulement  ici  que  les  Espagnols  di- 
vifent  ce  grand  empire  en  trois  parties  qu'ils  appellent 
Audiences,  Parlement  ou  Gouvernement,  fa- 
voir; 

L'audience  de  Quito  » 

L'audience  de  Lima  ,  ou  de  los  Reyes. 

L'audience  de  los  Charcas  ,  ou  de  la  Plata.' 

PEROUGES  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Brefle,  avec 
titre  de  baronnie.  Elle  eft  le  fiége  d'un  grenier  à  fel, 
Se  elle  députe  aux  afiemblées  de  la  Brefle. 

i.PERQVSE; 


PER 


PER 


i.  PEROUSE,  Peru/îa  ôc  Perufum ,  ôc  eu  italien 
Perngia  ,  ville  d'Italie ,  dans  l'état  de   l'Eglife ,  dans 
le  Perugin  auquel  elle  donne  fon  nom.  Elle  eft  fituée 
entre  le  Tibre  à  l'orient,  ôc  la  rivière  Genna  à  l'occi- 
dent, à  huit  milles  d'Affilé  ,  fur  une  colline  allez  éle- 
vée ,  &  dont  le  Tibre  arrofe  le  pied  vers  l'orient.  Pe- 
roufe eft  fi  ancienne ,  qu'on  a  recours  aux  fables  pour 
trouver  fa  fondation.  Elle  fut  autrefois  une  des  douze 
principales  villes  de  l'Etrurie.  Voyez  l'article  Perusia. 
Durant  Jes  guerres  civiles  entre  Âugufte  ôc  Marc-An- 
toine ,  elle  fut  ruinée  par  les  foldats  du  premier.  De- 
puis s'étant  récablie  ,  elle  foutint  un  fiége  de  fept  ans, 
contre  Totila,  roi  des  Goths ,  qui  à  la  tin  la  prit,  la 
ruina  ,  ôc    pafla  au  fil  de  l'épée  un  grand  nombre  de 
fes  habitans.  Les  rois   de  Fiance,  l'ayant  conquife  au 
huitième  fiécle ,  la  donnèrent  au  S.  Siège.  Elle  fut  de- 
folée  durant  les  guerres  des  Guclphes  ôc  des  Gibelins, 
&  les  Balogni  la  tyranniferent  quelque  tems  ■■,  mais  el- 
le s'eft  fi  bien  relevée ,  qu'on  n'en  voit  aucune  mar- 
que. Elle  elt  grande,  bien  peuplée,  bien  bâtie,  &:  très- 
pi  op:e.  On  y  voit  quantité  d'églifes ,  de  monafteres  & 
de  palais ,  avec  une  bonne  citadelle  bâtie  par  le  pape 
Paul  ill ,  pour  tenir  en   bride  les    habitans  qui  aft'ec- 
toient  un  peu  le  gouvernement  républicain.  La  cathé- 
drale eft  dediée  à  faint  Laurent ,  ôc  on  prétend  y  con- 
ferver    la  bague  nuptiale  de  la  fainte  Vierge.    A  l'en- 
trée de  l'églife  on  voit  la  ftatue  de  Paul  III,  jettée  en 
bronze  par  Veilano  de  Padoue.  Au  milieu  de  la  grande 
p'.ace  ,  il  y  a  une  fontaine  qui  jette  de  l'eau  en  abon- 
dance. Cette  eau  vient  d'un  aqueduc  qui  elt  au  nord 
de  la  ville,    ôc  que  Jean  Pifan  a  réparé  ;   la  fontaine 
tit  ornée  de  différentes  ftatues  avec  des  baïïins  de  mar- 
bre ôc  de   bronze ,  à  quoi  on  prétend  que  la  ville  a 
employé  cent  foixante  mille  ducats  d'or.  Sur  la  grande 
place  cil  la  ftatue  en  bronze  du  pape  Jules  III.  L'églife  de 
Saint   Pierre  .appartenante  aux  Bénédictins ,  eft  foute- 
nue  de  colonnes  de  marbre  ,  &  on  y  voit ,  comme  dans 
la  plupart  des  autres  églifes  de  cette  ville ,  des  pein- 
tures excellentes.  Les  rues  font  pavées  de  carreaux  de 
brique.  L'évcque  ne  connoît  point  d'autre  jurisdidtion 
que  celle  du   pape.  L'univerfité  elt  affez  célèbre  ,   Ôc 
fes  trois  collèges,   l'un  nommé  des  Bertolins,  ôc  les 
deux  autres  de  la  Sapience  ,  font  affez  fréquentés.  Saint 
Confiance,  dit  Bailiet,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  37J.  fut 
évéque  de    Peioufe,    vers  la  fin   du  troifiéme  fiécle , 
ôc  fut  martyiifé  apparemment  du  tems  de  Dioclétien. 
Saint  Félin  &  faint  Giatignan  ,  dont  les  corps  ont  été 
transférés  dans  le  Milanez  ,  furent  auffi  martyrifés  dans 
cette  ville,  de  même  que  faint  Florent  ôc  Ces  compa- 
gnons. Enfin  faint  Herculan  ,  évêque  de  Peioufe,  y  fut 
tué  par  ordre  de  Totila  ,  roi  des  Goths ,  après  la  pri- 
fe  de  la    ville   en  546.  *  Magin ,  carte  du  Perugin. 
Leander  ,  Hetruria  Mediterranea ,  p.  6j. 

Le  Lac  de  PEROUSE  eft  à  plus  de  fept  milles 
de  la  ville  du  côté  de  l'occident ,  aux  confins  du  Pe- 
rugin. On  le  nommoic  anciennement  Lacus  Trafumc- 
mts.  Les  Italiens  l'appellent  Lago  di  Perugia,  Il  eft 
presque  rond ,  &  a  fix  à  fept  milles  de  diamètre  en 
tout  feus.  On  y  voit  trois  ifies ,  favoir  deux  dans  la 
partie  feptenuio'nale ,  nommées  IJbla  Majore  ôc  Ifola 
Minore.  Celle  qui  eil  au  midi ,  en  tirant  vers  l'orient, 
s'appelle  lfola  Polucfe  :  cette  dernière  ,  ôc  V Ifola  Mi- 
nore ,  ont  chacune  un  bourg  affez  confidérable.  Le  lac 
de  Peroufe  eft  rempli  de  poiffons  de  plufieurs  fortes , 
dont  on  fait  un  giand  trafic  dans  la  province  ôc  aux 
environs.  *  Magin  ,  carte  du  Perugin. 

i.  PEROUSE  (la)  ,  bourg  du  Piémont ,  dans  le  Val 
de  Peroufe  ,  fur  la  rive  gauche  de  la  rivière  de  Clufon , 
environ  à  deux  lieues  au-deffus  de  Pignerol.  Ce  bourg, 
qui  appartenoit  au  duc  de  Savoie,  fut  cédé  à  la  Fran- 
ce en  165 1  par  le  traité  de  paix  de  Quieiasque;  mais 
il  fut  rendu  à  fon  ancien  maître  en  1698.  *  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

PERPERENE  CIVITAS  ,  ville  de  L'yEolide  ,  félon 
Pline,  /.  5.  c,  32.  Ptolomée,  /.  ;.  c.  2.  la  place  dans 
la  Lydie,-  &  les  notices  grecques  dans  l'Afie  Proconfu- 
laire.  Le  P.  Hardouin  croit  que  c'en:  la  ville  dont  il 
eft  parlé  au  concile  de  Nicée  tenu  l'an  32;,  auquel 
fouferivit  Pollionepïscopm  P  erper  enfis  .*■  Harduïn.  Col- 
'ïé&.  Conc.  t.  1.  p.  3 18. 


90? 


PERPEZAT,  bourg  de  France,  dans  l'Auvergne, 
élection  de  Clermont. 

PERPIGNAN,   Pepinianum,    ville  de    France, 
dans  le  Roulïillon  ,  dont  elle  eft  aujourd'hui  la  capi- 
tale,    fous  ie  42   d.  42.  m.  10  fec.  de  latit.  &  à  33 
d.  20  m.  à  I  orient  de  la  méridienne  de  l'Obfcrvaroi- 
re.   Elle  a  été  bâtie  dans  l'endroit  où   étoit  autrefois 
une    ville    municipale  ,    appellée    Flavium    Ebufum. 
De  Marca  remarque   qu'il   étoit   parlé    de  Perpignan 
long-tems   avant  le   comte   Guinard   qui  la  fonda  en 
1068,   félon  quelques-uns,  puisqu'il  en  elt  fait  men- 
tion dans  une  charte  datée  de  la  trentième  année  du 
règne  de  Charles  le  Simple ,  ôc  dans  une  autre  de  la 
cinquième   année  du   règne  de  Lothaire ,    petit-fils  de 
Charles  le  Simple,  fans  compter  qu'en   1026,  Beren- 
ger  ,  èveque  d'Elue ,  avoir  fait  la  confécration  de  l'é- 
glife de  Saint  Jean  de   Perpignan.  D'ailleurs  Guinard 
n'étoit  point  comte  de  Rouffillon  en  1068,  puisqu'il 
ne  le  fut  qu'après  la  mort  de   fon  père  Gifalbert  II, 
qui   vivoit  encore  en    1102,  tems  auquel  il  fonda  la 
collégiale  de  Saint  Jean  de  Perpignan.  Toutes  ces  rai- 
fons  prouvent  évidemment  que  Perpignan  n'a  pas  été 
fondé  par  le  comte  Guinard  ;  mais  comme  il  augmen- 
ta ôc  embellit  cette  ville,  on  lui  a  fait  l'honneur  de 
l'en  regarder  comme    le   fondateur.  De  Marca,  /.    1. 
p.  22.  dit  que  c'eft  perdre  fon  tems  que  de  chercher 
la  véritable  étymologie  des  noms  de  Perpignan  &  de 
Rouffillon.  *  Marca,  Hispan.  /.  5.  p.   22.  Pigamol , 
Defcr.  delà  France,/.  7.  p.  602. 

La  ville  de  Perpignan  eft  fituéefur  la  rive  droite  du 
Tet ,  qui  va  fe  jetter  dans  la  mer  à  une  lieue  de- là.  En 
venant  de  France  on  traverfe  cette  rivière  fur  un  pont, 
dont  la  moitié  eil  de  brique  ,  &  l'autre  de  pierre.  Il-  eft 
fort  long  &  aboutit  au  fauxbourg  de  Notre-Dame.  Il  y 
a  encore  un  autre  pont ,  que  l'on  appelle  le  Pont-Neuf. 
D'Albaret ,  premier  préfident  du  confeil  fouverain  ôc 
intendant ,  a  obtenu  un  fonds  de  cent  mille  écus  pour  ré- 
parer ces  deux  ponts  &  les  bords  du  Tet  :  les  deux  tiers 
de  cette  fomme  feront  pris  fur  la  capitation  ,  &  l'autre 
tiers  fera  levé  fur  la  province  par  des  impofitions.  Une 
très-belle  chauffée  d'environ  8jo  toifes  de  longueur ,  ëc 
fix  de  largeur ,  nommé  chauflée  du  Vernet  ,  vient 
aboutir  au  Pont-Neuf  :  elle  a  été  faite  paf  les  ordres  de 
M.  Bauyn  de  Jallais,  alors  intendant  de  Rouffillon.  Le 
fauxbourg  de  Notre  Dame  eft  le  feul  qu'il  y  ait.  à  Perpi- 
gnan, &  dans  lequel  eft  une  églife  fuccurfale,  avec  le  fé- 
minaire  épiscopal.  Le  couvent  desCapucins  eftaffez  près 
de  ce  fauxbourg,  &  fur  les  glacis  de  la  ville  neuve.  La 
rivière  du  Tet ,  dirigeant  fes  eaux  de  ce  côté-là  ,  l'auroic 
pu  par  la  fuite  endommager ,  ôc  aller  jusqu'à  entamer 
le  grand  chemin  qui  paffe  le  long  de  ce  couvent  :  pour 
éviter  cet  accident  ,  M.  de  Jallais  y  fit  faire  en  1730, 
un  ouvrage  en  faffmages  ôc  en  terre,  dont  il  fit  .faire  en 
même  tems  une  belle  promenade  ,  bordée  de  deux  ran- 
gées de  mûriers,  que  par  reconnoiffance  on  appelle  le 
cours  Jallais. 

La  Bajfe ,  petite  rivière  qui  prend  fon  origine  des  four- 
ces  qui  font  du  côté  de  Toulouges ,  à  une  lieue  de  Per- 
pignan ,  arrofe  une  partie  de  la  plaine  de  Rouffillon , 
aboutit  enfin  à  une  des  portes  de  Perpignan  ,  appellée 
la  porte  de  Ceret ,  ôc  là  fe  partage  en  deux.  Une  pai- 
rie traverfe  par  un  canal ,  couvert  en  plufieurs  endroits , 
une  moitié  de  la  ville,  ôc  emporte  fes  immondices:  l'au- 
tre partie  baigne  le  pied  des  anciennes  murailles,  du  côté 
qui  regarde  la  France  :  en  forte  qu  il  y  a  deifus  une  arca- 
de de  pierre  fur  laquelle  il  faut  paffer  pour  entrer  du  faux- 
bourg dans  la  ville  par  la  porte  appellée  de  Notre  Da- 
me ,  ou  du  Caftillet ,  parce  qu'elle  eft  défendue  par  un 
petit  château  ,  qui  fert  de  prilbn  pour  les  troupes ,  ôc  for- 
me un  petit  gouvernement,  dont  le  gouverneur  général 
de  la  province  eft  revêtu. 

Perpignan  eft  bâti  partie  dans  la  plaine,  partie  fur  une 
colline.  Ses  murs  font  de  brique  avec  des  chaînes  &  un 
cordon  de  pierres  de  taille.  Ils  font  très-hauts  ôc  très- 
épais,  ôc  l'on  y  compte  plufieurs  baftions.  Il  y  a  quatre 
portes  principales  ;  celle  de  Notre  Dame,  par  laquelle 
on  entre  en  venant  de  France;  celle  de  Canet  qui  eft  ex- 
trêmement fortifiée  par  des  ouvrages  extérieurs  ôc  de 
très-larges  foliés  que  l'on  paffe  fur  trois  ponts  de  bois; 
celle  de  Colioure  qui  eft  murée,  &  celle  de  Saint  Mar- 

T«m.  IV.  Y  y  y  y  y 


qo6       PER 

trn  ou  d'Espagne.  Entre  cette  dernière  &  la  porte  de 
Notre-Dame ,  il  y  en  a  une  cinquième,  qui  eft  appellée 
la  porte  du  Sel.  Elle  conduit  par  un  pont  de  pierres  qui 
traverfe  la  Baffe  ,  à  ce  que  l'on  nomme  la  Ville-Neuve. 
Elle  fut  commencée  par  l'ordre  de  Louis  XIV  ,  fur  les 
deffeins  du  maréchal  de  Vauban.  Ceft  un  aggrandiffe- 
ment  du  côté  de  la  France ,  où  il  y  a  deux  baftions.  Les 
remparts  de  Perpignan  étoient  autrefois  affreux  :  à  pei- 
ne y  avoit-il  un  chemin  pour  les  rondes  -,  mais  par  les 
foins  du  fieur  de  la  Milice  ,  major  de  la  ville,  ils  font 
devenus  affez  propres.  On  peut  même  en  faire  le  tour 
en  carroffe.  La  ville  n'eft  pas  trop  bien  bâtie ,'  fur  -tout 
du  côté  de  la  citadelle ,  où  cependant  il  y  a  des  rues 
affez  bien  alignées.  Ce  quartier  n'eft  habité  que  par  le 
menu  peuple.  Dans  le  cœur  de  la  ville  il  y  a  quelques 
rues  affez  larges  ;  cependant  en  général  ce  n'eft  pas  une 
belle  ville  ;  mais  elle  pourrait  le  devenir ,  fi  on  y  prenoit 
du  goût  pour  les  bâtimens.  La  rue  qui  conduit  à  la  porte 
Saint  Martin  eft  nommée  la  rue  des  Orangers ,  parce  qu'il 
y  en  aVoit  en  pleine  terre  des  deux  côtés  du  canal  de  la 
Baffe  j  mais  la  gelée  les  a  fait  mourir  depuis  quelques  an- 
nées. Il  n'y  a  que  deux  places  un  peu  grandes  ;  l'une  ap- 
pellée la  Loge ,  devant  l'hôtel  de  ville  ,  l'autre  nommée 
la  place  de  Saint  Jean.  Ceft  dans  cette  dernière  que  font 
la  cathédrale  6c  l'hôtel  du  gouverneur ,  que  M.  le  duc  de 
Noailles  avoit  entrepris  de  faire  bâtir  magnifiquement  j 
mais  ce  deffein  eft  demeuré  fans  exécution. 

Perpignan  peut  avoir  ;j6  toifes  de  longueur  mefurée 
en  ligne  droite  ,  depuis  la  porte  de  Canet  ■■,  jusqu'à  celle 
de  Saint  Martin  ,  &  270  depuis  l'hôtel  de  la  Monnoie  > 
jusqu'à  la  porte  Notre-Dame  :  elle  contenoit ,  fuivant 
un  dénombrement  fait  il  y  a  une  vingtaine  d'années , 
243  2  maifons ,  compris  celles  de  la  Ville-Neuve.  L'églife 
cathédrale  porte  le  nom  de  Saint  Jean  ;  mais  avant  que 
d'en  faire  la  defeription,  il  eft  à  propos  de  parler  d'une 
autre  églife  qui  touche  la  cathédrale  ,  6c  que  Ton  appelle 
le  vieux  Saint  Jean.  Cette  églife  fut  bâtie  premièrement 
en  8 1 3  i  6c  ayant  été  ruinée  par  les  Maures ,  fut  réédifiée 
affez  grande ,  car  elle  avoit  une  nef  &  des  bas  côtés  j  & 
Fut  confacrée  en  1026.  La  grande  églife  qui  fert  aujour- 
d'hui de  cathédrale  à  l'évêque  6c  au  chapitre  d'Elne  ,  fut 
commencée  en  1324,  &  Sanche  ,  roi  de  Majorque,  y 
mit  la  première  pierre  ,  &  l'évêque  Berenger  la  féconde  , 
ainfi  qu'il  paroît  par  deux  inferiptions  qu'on  lit  dans  cette 
églife,  &  qui  font  rapportées  par  de  Marca,  /.  i.p.  21. 
en  ces  termes  ; 

Première  Inscription. 

Lapis  primus  quern  Illufirijfimits  Dominus  nofler  San- 
tlius  Rex  Majoricarum  pofuit  infundamento  ifiius 
Ecclefu  ,  V.  Kal.  Madii ,  anno  Domini  M.  CCC. 
XXIV. 

Seconde  Inscription. 

Lapis  fccartdus  quem  Révère»  dit  s  Domimts  Beren- 
garius  Bajuli  gratiâ  DeiElnenfts  Episcopus  po- 
fuit in  fundamento  iftius  Ecclejîœ.  V.  Kal.  Ma- 
dii ,  anno  Domini  M.  CCC.  XXIV. 

Cette  églife  ne  fut  achevée  que  fous  le  règne  de  Louis 
XI  6c  Charles  VIII ,  qui  étoient  maîtres  de  Perpignan. 
Ceft  pourquoi  l'on  voit  les  armes  de  France  à  la  clef  de 
la  voûte,  au-deffus  du  fanctuaire.  On  ne  commença 
pourtant  à  y  faire  l'office  pour  toujours  qu'en  IJ04. 
Cette  églife  eft  vafte  &  belle.  La  nef  eft  fort  large  &  fans 
piliers.  Le  chœur  eft  au  milieu  ,  6c  fon  enceinte  eft  de 
marbre  blanc  6c  rouge  ,  6c  ornée  de  pilaftres.  Cette  en- 
ceinte a  par  dehors  environ  fix  pieds  de  haut  ;  mais, 
comme  l'on  descend  trois  marches  pour  entrer  dans  le 
chœur ,  elle  paroît  en  dedans  de  deux  pieds  &  demi  plus 
haute  qu'en  dehors.  Comme  cette  enceinte  eft  peu  ex- 
hauffee  ,  dès  l'entrée  de  l'églife  on  voit  aifément  le  maî- 
tre autel ,  qui  eft  placé  fur  une  espèce  de  eut  de  lampe 
qui  termine  l'églife  ,  &  qui  laiffe  voir  un  rétable  de  mar- 
ble  blanc,  orné  de  bas- reliefs  ,  féparés  les  uns  des  autres 
par  des  pilaftres  chargés  de  figures  de  Grottogc.  Ce  réta- 
ble eft  très-eftimé  ,  pour  la  matière  &  pour  le  travail.  Au 
milieu  de  ce  rétable  on  voit  une  grande  niche,  où  eft 


PER 


une  figure  de  faint  Jean,  demi  -  coloffale.  Quand  on 
expofe  le  Saint  Sacrement ,  une  machine  fait  retirer  tour 
d'un  coup  cette  ftatue ,  6c  à  fa  place  paroît  un  often- 
foire  ou  foleilde  vermeil  ,  qui  a  plus  de  fix  pieds  de  haut. 
Il  pefe  plus  de  quatre  cens  marcs  ;  6c  lorsqu'on  le  porte 
en  proeeffionj  il  faut  huit  eccléfiaftiques  des  plus  forts 
pour  le  porter.  Il  ne  manque  qu'un  portail  à  cette  églife 
pour  fon  entière  perfection.  Il  y  a  encore  ,  joignant  la 
cathédrale  ,  mais  du  côté  oppofé  au  vieux  Saint  Jean  ± 
une  chapelle  nommée  du  Crucifix  :  elle  appartient  au 
chapitre ,  6c  les  'chanoines  y  font  prêcher  en  leur  pré- 
fence  tous  les  vendredis  de  Carême  après  midi. 

Outre  la  paroiffe  de  l'églife  de  Sainr  Jean  ,  qui  a  droit 
déporter  les  facremens  par  toute  la  ville,  au  choix  des 
malades ,  6c  de  marier  les  habitans  de  quelque  paroiffe 
qu'ils  foient  ,  comme  auffi  d'enterrer  les  corps  de  ceux 
qui  ont  choifi  leur  fépulture  dans  les  caves  de  cette  églife 
ou  dans  fon  cimetière  ,  qui  ett  fort  vafte  ,  avec  de  beaux 
charniers  couverts  en  manière  de  cloître  ,  il  y  a  trois  au- 
tres paroiffes  ,  qui  font  N.  D.  de  la  Réale ,  S.  Matthieu  & 
S.  Jacques.  La  première  eft  nommée  de  la  Réale,  parce 
que  ce  fut  un  roi  d'Arragon  qui  la  fit  bâtir.  C'etoit  une 
abbaye  de  l'ordre  de  faint  Auguflin  ,  dont  lès  chanoines 
ont  été  fécularifés.  Tous  les  jours  de  Carême  on  y  prêche 
en  catalan  -,  mais  dans  la  cathédrale  on  ne  prêche  jamais 
qu'en  françois.  Les  Jacobins ,  les  Carmes,  les  Cordeliers  , 
les  Auguftins  ,  les  pères  de  la  Mercy  j  les  Minimes  *  les 
Carmes  Déchauffés,  6c  les  Auguftins  Déchauffés  ont  des 
maifons  dans  cette  ville.  11  y  a  quatre  monafteres  de  fil- 
les ,  favoir  Saint  Sauveur,  les  Dominicaines,  les  filles 
de  Sainte  Claire ,  6c  les  filles  de  la  Congrégation  de 
Notre-Dame.  Ces  dernières  parlent  françois  ;  mais  dans 
les  trois  autres  monafteres  on  ne  parle  que  catalan.  Les 
filles  de  Saint  Sauveur  font  même  vêtues  comme  les  reli- 
gieufes  d'Espagne ,  6c  n'admettent  chez  elles  que  des 
filles  de  qualité.  Il  y  a  auffi  plufieurs  hôpitaux:  un  pour 
les  pauvres  malades  ,  un  autre  pour  les  vieilles  perfon- 
nes,  pour  les  orphelins  6c  orphelines,  pour  les  enfans 
trouvés  &  pour  les  pauvres  mendians  ;  une  maifon  où 
l'on  renferme  les  filles  débauchées  ;  6c  enfin  l'hôpital  du 
roi  pour  les  foldats  malades. 

Le  corps  de  ville  de  Perpignan  eft  un  des  plus  illu- 
ftres  qu'il  y  ait  dans  le  royaume  :  il  eft  gouverné  par 
cinq  confuls ,  tirés  des  trois  états  qui  eompofent  la 
ville. 

Le  premier  état  eft  celui  de  la  nobleffe.  Il  y  a  à  Per- 
pignan deux  espèces  de  nobles,  les  uns  qui  tiennent  leur 
nobleffe  immédiatement  du  roi ,  6c  qui  font  appelles 
Cavaillers  j  les  autres  font  créés  par  la  ville  ,  en  vertu 
des  privilèges  qu'elle  en  a  obrenus  anciennement  des  rois 
d'Arragon  ,  6c  qui  ont  été  confirmés  par  Louis  XIV ,  par 
un  arrêt  de  fon  confeil  du  13  Septembre  1702.  Le 
confeil  de  ville ,  où  ils  font  créés ,  ce  peut  fe  tenir 
chaque  année  que  le  16  Juin.  Ce  jour-là  les  cinq  confuls 
en  exercice,  avec  neuf  exconfuls  premiers  6c  féconds 
des  plus  anciens ,  peuvent  dans  les  vingt-quatre  heures 
élire  ,  à  la  pluralité  feulement  de  dix  voix  fur  quator- 
ze ,  deux  fujets  qui ,  en  forme  de  cette  élection  ,  6c  de 
l'infcription  qui  en  eft  faite  au  livre  de  la  matricule , 
jouiffent,  eux  6c  toute  leur  poftérité  des  droits  de  la  no- 
bleffe, tout  comme  fi  le  roi  lui-même  leur  avoit  conféré 
l'armure  6c  la  qualité  de  chevalier,  avec  cette  feule 
exception  qu'ils  ne  pourroient  entrer  aux  états  de  Cata- 
logne fans  y  être  mandés.  La  nobleffe  de  cette  forte  de  ci- 
toyens eft  reçue  à  Malthe  en  forme  de  la  bulle  magi- 
ftraledu  grand-maître,  du  14  Juin  163  1.  Ces  deux  es- 
pèces de  nobles  ont  alternativement  6c  réciproquement 
le  pas  &  le  rang  l'une  fur  l'autre  :  elles  remplirent  tour 
à  tour  les  places  de  premier  6c  de  fécond  conful ,  6c 
les  autres  charges  de  la  ville  affectées  à  la  nobleffe. 
L'année  qu'un  Cavailler  eft  premier  conful ,  le  conful 
fécond  eft  un  citoyen  noble  ,  6c  durant  cette  année ,  les 
citoyens  nobles  ont  le  pas  dans  les  confeils  6c  par  tout 
ailleurs  fur  les  Cavaillers ,  6c  réciproquement  l'année 
fuivante.  Ces  deux  claffes  de  nobleffe  font  parfaitement 
distinguées  entre  elles.  Pour  paffer  de  celle  de  citoyens 
nobles  à  celle  de  Cavaillers  ,  il  faut  néceffairement  ob- 
tenir du  roi  des  lettres  de  Cavailler  ,  comme  il  faut  à  un 
Cavailler  pour  paffer  dans  une  claffe  fupérieure  ;  ces  gra-; 
dations  étoient  autrefois  fréquentes  en  Catalogne. 


PER 


PER 


Ceux  qu'on  appelle  à  Perpignan  Maraderî  y  compo- 
sent le  fécond  état  de  la  ville,  qui  eit  mitoyen  entre  la 
nobleffe  ôc  ceux  qui  exercent  les  arts  ôc  les  métiers. 
Leur  état  étok  anciennement  de  commercer  en  gros,  ôc 
c'eft  pour  honorer  le  commerce  qui  étoit  autrefois  fore 
confidérablc  en  Rouffillon  ,  que  les  rois  d'Arragon  leur 
ont  donné  un  rang  ôc  des  privilèges  très-honorables.  Les 
troifiéme  ôc  quatrième  confuls  fe  prennent  toujours  du 
corps  des  Mcrcuders  ;  c'eft  auiîi  le  \G  Juin  que  les  con- 
fiais Mercadcrs  avec  les  exconfuls  du  même  état  peuvent 
créer  de  nouveaux  Mcrcaders.  Les  notaires  roulent  à 
Perpignan  avec  les  jyiercaders. 

Le  troifiéme  état  de  la  ville  de  Perpignan  eft  compofé 
des  artiftes  ,  comme  chirurgiens  ,  orfèvres  ,  peintres  , 
&c.  &  de  ceux  qui  exercent  les  métiers ,  ou  de  ceux 
qui  font  appelles  en  catalan  ,  Menejhrais  :  les  ArtijUs 
&  Menefierals  rempliffent  alternativement  la  place  de 
cinquième  conful,  &  forment  les  uns  les  autres  des  com- 
pagnies de  foldats,  qui  compofent  un  régiment,  dont  le 
premier  conful  elt  colonel  né  ,  les  nobles,  capitaines, 
&  les  Mercaders,  lieutenans. 

L'habit  de  cérémonie  des  confuls  eft  une  robe  de 
damas  cramoifi  ,  une  fraife  au  cou  ôc  une  haute  toque  de 
velours  noir.  Leur  cortège  elt  fomptueux  :  ils  font  pré- 
cédés par  quatre  trompettes,  enSuite  par  quatre  haut- 
bois à  la  catalane  ,  qui  ont  tous  des  robes  courtes  de 
taffetas  rouge  ;  après  cela  viennent  les  cinq  valets  de 
ville  ,  vetus  de  longues  robes  de  drap  rouge  ,  avec  une 
fraife  au  cou ,  deux  d'entre  eux  portent  de  groffes  maffes 
d'argent ,  ayant  devant  eux  l'huiïfier  de  la  vilic  en  jufle- 
au-corps  ,  canne  &  épée.  Dans  les  cérémonies  lugubres 
&  durant  le  Carême  ,  les  confuls  portent  des  robes  de 
foie  noires  ;  ôc  à  l'ordinaire  ils  portent  entre  le  jufte-au- 
corps  ôc  la  veffe  une  bande  de  velours  cramoifi.  Ils  fié- 
gent  fous  un  dais  à  l'hôtel  de  ville. 

Ce  dais  eft  un  refte  de  leur  ancienne  grandeur,  d'autant 
qu'ils  avoient  autrefois  tout  le  gouvernement  militaire 
ëc  politique  de  la  ville  ;  qu'ils  avoient  les  droits  de  lever 
les  troupes  ,  d'impofer  les  fubfides ,  ôc  de  fraper  mo- 
noie  au  coin  de  la  ville. 

On  n'a  d'autre  eau  à  Perpignan  que  celle  de  puits. 
Les  gens  riches  en  font  apporter  de  la  fontaine  qui  elt 
hors  de  la  porte  Saint  Martin  ,  ôc  qui  elt  trop  baffe 
pour  la  faire  couler  dans  la  ville. 

La  citadelle  elt  fur  la  hauteur  ôc  commande  la  ville. 
Elle  paffe  pout  être   une  des  plus  fortes  du  royaume. 
Une  grande  demi-lune,  qui  s'avance  jusqu'au  pied  du 
glacis ,  couvre  la  porte.  La  grande  enveloppe  eit  de  fix 
battions ,  défendus   d'un  bon    foffé  ;  ôc  du  côté  de  la 
campagne  il   y  a   divers  ouvrages  extérieurs.  Elle  fut 
commencée  fous  le  règne  de  Charles  V  ,  ôc   achevée 
fous  celui  de  Philippe  lien  M77,  le  duc  d'Albe  étant 
pour  lors  gouverneur  du  Rouïïillon.  Les  armes  de  ce 
duc  font  au  frontispice  de  la  porte  ,  au-delfous  de  cel- 
les du  roi   d'Espagne.  Après   cette  enveloppe  ,  on  en 
trouve   une  autre ,  qui   elt   l'ouvrage  du  chevalier  de 
Ville.  Elle  a  aufii  fix  Dallions  ,  qui  dominent  fur  ceux  de 
la  première  enveloppe  ,  ôc  ils  font  défendus  d'un  foffé, 
mais  feulement  du  côté  de  la  campagne.  Sa  place  d'armes 
elt  un   carré  long,    où  quatre   à  cinq    mille  hommes 
peuvent  tenir  en  bataille.  Toute  la   longueur  à    main 
gauche  eit  occupée  par  un  beau  corps  de  caféines  que 
Louis  le  Grand  fit  bâtir.  On  en  devoit  confiante  un  fé- 
cond le  long  du  côté  par  où  l'on  entre.  La  façade  du 
fond  ,  ôc  celle  qui  elt  à  main    droite ,  font  occupées 
par  les  anciennes  cafernes.  Après  cela  on  monte  un  peu 
pour  entrer  dans  le  donjon  ,  qui  a  Un  foffé  revêtu  de 
pierres  de  taille ,  un  peu  en  talus.  Ce  donjon  eit  un  ou- 
vrage carré,  compofé  de    huit   tours,  aufli  carrées, 
dont  quatre  font  aux   angles ,  ôc  les  quatre  autres  fur- 
ies côtés.  Au  milieu  de  cet  ouvrage   on  trouve    une 
cour,  où  il  y  a  une  belle  ôc  grande  citerne.  A  droite 
eit  le  logement  du  gouverneur.  La  façade  de  la  gauche 
elt  occupée  par  une  fale  d'armes  très-longue.  Dans  un 
retour  hors  d'oeuvre,  que  l'on  ne  voit  point,  eft  l'ap- 
partement du  major.   La  façade  par  laquelle  on  entre  , 
elt  occupée  par  la  chapelle.  Il  y  en  a  deux*  l'une  fur 
l'autre:  celle  qui  elt  au  rez  de- chauffée  fert  de  magafin. 
la  haute  eft  grande,  belle  ôc  voutee  en  forme  d'églife. 
A  côté  cil  l'appartement  des  aumôniers  :  es  font  deux 


90T 


Auguflins  Déchauffés  qui  defièrvent  cette  chapelle.  Les 
fomerreins  de  la  citadelle  font  très-bons.  Outre  l'eau 
de  la  citerne  dont  j'ai  parlé,  il  y  a  un  puits  très-pro- 
fond ,  d'où  l'on  tire  l'eau  avec  une  groffe  roue ,  pour 
l'ufage  de  la  gaçnifon.  Le  pont  de  la  porte  du  Secours 
elt  de  bois ,  ôc  très- long  ,  à  caufe  du  foffé  de  la  citadel- 
le ôc  de  ceux  des  ouvrages  extérieurs.  On  fait  remar- 
quer à  une  des  tours  du  donjon  ,  un  dextrochere  de 
pierre  en  faillie  ,  tenant  une  épée  haute ,  ôc  les  armes 
de  l'Empire  à  côté.  On  prétend  que  c'elt-là  que  l'em- 
pereur Charles  V ,  faifant  la  ronde  de  nuit ,  trouva  la 
fentinelle  endormie,  ôc  la  jetta  dans  le  foffé.  On  ajoute 
que  ce  prince  demeura  en  faction  jusqu'à  ce  qu'on  revînt 
pour  relever  la  fentinelle.  On  croit  que  ce  donjon  a  été 
anciennement  la  demeure  des  comtes  de  Rouflîllon. 

Le  fiége  épiscopal  de  l'évêché  d'Elne  eft  fuftraganc 
de  l'archevêché  de  Narbonne.  Il  n'a  point  été  transféré 
à  Perpignan  :  le  pape   Clément  VIII    n'y  transféra  en 
KÎ04,  que  la  réfidence  de  l'évêque  ,  des  dignités ,  cha- 
noines &  chapitre  d'Elne  ,  dans  l'églife  de  Saint  Jean  , 
où  il  y  avoit  un   chapitre  de  collégiale,  compofé  de 
chanoines  ,  dont  l'évêque  étoit  déjà  le  chef  immédiat 
par  l'union  qui  avoit  été  faite  ,   long-tems  auparavant  » 
de  la  dignité  principale  de  cette  églife  à  l'évêché,  Pair 
cette  tranflation  l'ancien  chapitre  de  l'églife  de   Saint 
Jean  fut  fu primé,  fes  revenus  unis  à  la  menfe  du  cha- 
pitre d'Elne.  L'évêque  de  Perpignan  prend  le  titre  d'in- 
quifiteur,  &  en  porte  la  croix  ;  mais  il  n  en  a  d'autres 
fonctions  que  celles  que  l'épiscopat  donne  en  France. 
On  compte  dans  ce  diocèfe  environ  cent  quatre-vingt 
paroiffes ,  fans  parler  de  celles  qui  font  de   la  dépen- 
dance des  abbayes  d'Arles  ,  de  Saint  Michel ,  de  Cuzan 
ôc  de  Saint  Martin  de  Canigou ,  fur  lesquelles  les  abbés 
de  ces  abbayes  ont  une  jurisdiction  comme   ép:scopale. 
Il  y  a  très-peu  de  patronages  laïques  dans  ce  diocèfe , 
ôc  les  bénéfices  font  à  la  nomination  du  pape  pendant 
huit  mois  de  l'année  ,  ôc  à  celle  de  l'évêque  ou  de  l'abbé 
dans  l'étendue  de  la  jurisdiction  abbatiale,  pendant  les 
mois  de  Janvier  ,  d'Avril  ,  de  Juillet  ôc  d'Octobre.  Lors- 
qu'une cure  vient  à  vaquer,   ceux  qui  y  prétendent,  fe 
préfeutent  devant  l'évêque  ou  l'abbé,  dans  la  jurisdiction 
duquel  fe  trouve  la  cure  vacante  ,  ôc  l'examen  fe  fait 
par  le  prélat  aliïfté  de  quelques  docteurs.  Ils  certifient 
enfuite  au  pape  qu'un  N. . .  a  été  jugé  le  plus  digne  ;  ôc  , 
fur  ce  certificat ,  le  pape  fait    expédier   des  bulles.  Le 
concours  fe  fait  de  la  même  manière  dans  les  mois  de 
l'ordinaire  ;  mais  alors  il  ne  faut  point  de  bulles. 

Le  clergé  de  la  cathédrale  de  Perpignan  elt  partagé  en 
deux  corps  ,  favoir  le  chapitre  d'Elne  ôc  la  communauté 
de  Saint  Jean.  Le  chapitre  d'Elne  eft  compofé  d'un 
grand  archidiacre,  de  deux  archidiacres,  du  facriltain 
majeur,  qui  font  les  quatre  dignités,  ôc  ce  vingt-un 
chanoines,  dont  Sept  Sont  fondes  pour  dire  les  grandes 
méfies,  feptpour  faire  toujours  les  fonctions  de  diacre, 
&  Sept  pour  faire  celles  de  foudiacre.  Le  revenu  du 
grand  archidiacre  elt  d'environ  mille  cinq  cens  livres  i 
ôc  celui  de  chaque  chanoine  d'environ  Sept  cens  livres. 
L'habit  de  ces  chanoines  eit  majeltueux  ,  ôc  confilteen 
une  grande  robe  noire  ,  bordée  d'un  petit  liSerage  cra- 
moifi,  &  fermée  par  devant  par  de  grands  lacs  d'amour 
de  la  même  couleur  ,  attachés  fur  l'étoffe  avec  de  gran- 
des houpes.  Cette  robe,  Sur  laquelle  les  chanoines  ont 
un  rochet ,  eit  ordinairement  retrouffée,  faifant  deux 
tours  à  leur  ceinture  &  pendante  par  le  côté.  Ils  ont 
fur  cette  robe  une  fourure  femblable  à  celle  des  bache- 
liers de  Sorbonne  ,  Ôc  dont  les  bords  font  encore  lifc- 
rés  de  cramoifi.  Cette  fourure  qui  le  termine  par  der- 
rière en  espèce  de  coqueluchon  ,  qui  pend  plus  bas  que 
la  ceinture  ,  elt  ordinairement  rattachée  fur  l'épaule.  Le 
jour  de  Pâque  ils  quittent  cette  fourure  pour  prendre 
de  petits  camails  violets  ,  ouverts'pardevant  ôc  doublés 
de  taffetas  cramoifi.  Le  corps  de  la  communauté  de  Saint 
Jean  eft  de  quatre  curés  ôc  de  89  chapelains  bénéfi- 
ciers.  Le  revenu  de  plufieurs  de  ces  bénéficiers  eft  plus 
confidérable  que  celui  des  chanoines.  Les  curés  fervent 
chacun  une  Semaine.  L'habit  de  chœur  de  ceux-ci  eft 
comme  celui  des  chanoines,  excepté  que  la  doublure 
ôc  la  fourure  font  violettes  aufiî-bien  que  le  liSerage; 
Les  chapelains  bénéficiers  ne  portent  hiver  ôc  été  qu'un 
petit  camail  ouvert  pardevant ,  de  couleur  noire  ôc  dou- 
Tem.  IV.  Y  y  y  y  y  ij 


9o8       PER 


PER 


blé  d'étoffe  de  même  couleur  ,  hormis  ceux  qui  font 
docteurs  en  théologie,  qui  le  doublent  de  violet. -Ces 
deux  corps  ont  chacun  leur  bourfier,  qui  portent  une 
grande  bourfe  pendue  au  côté.  Celle  du  bourfier  du 
chapitre  eft  de  velours  cramoifi,  Se  l'autre  de  velours 
violet.  Ces  bourfiers  payent  aux  chanoines  Se  aux  cha- 
pelains le  droit  d'aififtance  à  tous  les  offices  ;  Se  cette 
rétribution  eft  payée  en  une  espèce  de  monnoie  de  cui- 
vre qu'ils  font  fraper  exprès  ,  Se  qu'ils  nomment  Païoffe. 
Cette  monnoie  a  une  espèce  de  cours  dans  la  ville  ; 
car  les  marchands  la  prennent  en  payement ,  &  en  la 
rapportant  au  bourfier ,  il  la  reprend  &  donne  des  es- 
pèces frapées  au  coin  du  roi.  Les  chanoines  Se  la  com- 
munauté de  Saint  Jean  ont  un  droit  de  boucherie  par- 
ticulière ,  où  tous  les  eccléfiaftiques ,  même  les  fimples 
clercs  ronfurés  de  la  ville  ,  &  les  communautés  reli- 
gieufes  ,  peuvent  aller  fe  pourvoir  de  viande ,  à  meil- 
leur marché  qu'à  la  boucherie  particulière  de  la  ville. 
Comme  les  fimples  clercs  font  exemts  de  certaines  en- 
trées ,  il  y  en  a  une  prodigieufe  quantité  à  Perpi- 
gnan. 

Le  chapitre  de  Notre-Dame  de  la  Réale  de  Perpi- 
gnan eft  compofé  d'un  doyen  qui  a  cinq  cens  livres 
de  revenu ,  d'un  facriftain  en  dignité ,  qui  a  trois  cens 
livres ,  &  de  huit  chanoines  qui  n'ont  tout  au  plus  que 
deux  cens  cinquante  livres  chacun.  Il  y  a  auffi  quelques 
chapelains ,  qui  ont  depuis  quatre-vingt  jusqu'à  cent 
vingt  livres  tout  au  plus* 

Le  roi  nomme  à  l'évêché  de  Perpignan  Se  aux  béné- 
fices confiftoriaux  qui  font  fitués  dans  ce  diocèfe.  Cette 
nomination  fe  fait  en  vertu  d'un  induit  accordé  parle 
pape  Clément  IX  ,  à  Louis  le  Grand  Se  à  fes  fucceffeurs, 
donné  au  mois  d'Avril  1668. 

Pierre,  roi  d'Arragon  ,  érigea  une  univerfité  à  Per- 
pignan en  1349.  Elle  eft  compofée  de  trois  facultés.  Le 
recteur  eft  pris  dans  toutes  les  trois  pi  eft  élu  tous  les 
ans  aux  Rois.  Cette  place  eft  affez  lucrative.  Les  chai- 
res de  philofophie&  de  théologie  font  données  au  con- 
cours. 

Quant  au  gouvernement  civil  &  militaire  de  Perpi- 
gnan ,  voyez,  l'article  Roussillon. 

PERRANTHES,  nom  que  l'on  donnoit,  félon  Ti- 
te-Live,  /.  38.  c.  4.  à  une  colline  escarpée  ,  qui  com- 
mandoit  la  ville  Ambracia,  dansl'Epire. 

PERRAY  (Rivière du),  rivière  de  l'Amérique  fep- 
rentrionale>  dans  la  Nouvelle  France.  Son  cours,  qui 
eft  affez  long ,  eft  fort  interrompu  de  cataractes.  Elle 
communique  du  lac  d'Alemipigon  à  la  rivière  deMon- 
fipi.  Elle  a  pris  fon  nom  du  fient"  du  Perray  ,  officier 
François,  qui  le  premier  eft  descendu  à  la  baie  d'Hud- 
fon. 

PERRAY  NEUF  (Le),  Perretum  novum ,  Porre- 
àium ,  abbaye  d'hommes ,  en  France  ,  de  l'ordre  de  Pré  ■ 
montré ,  dans  l'Anjou ,  au  diocèfe  d'Angers  ,  à  une  lieue 
au  midi  de  Sablé  ,  près  de  la  rivière  de  Sarte.  Elle  fut 
fondée  l'an  1  ijo,  par  Robert  de  Sablé  ,  rroifiéme  du 
nom ,  Se  par  Pierre  de  Brion  ,  dans  un  lieu  appelle , 
le  Bois  Rerwu ,  autrement  le  Gant.  Pierre  de  Brion  ne 
contribua  que  d'un  tiers  pour  cette  fondation ,  Se  Ro- 
bert de  Sablé  donna  le  refte.  Cette  abbaye  fut  trans- 
férée au  Perray-Neuf  en  1209,  par  Guillaume  des  Ro- 
ches ,  &  Marguerite  de  Sablé ,  fa  femme ,  qui  en  au- 
gmentèrent confidérablement  le  revenu.  On  lui  donna 
le  nom  de  Perray-Neuf  ,  par  rapport  au  Perray  aux 
Nonains ,  dont  l'abbaye  eft  plus  ancienne  que  celle-ci. 
C'eft  encore  pour  diftinguer  ces  deux  abbayes  que  celle 
du  Perray-Neuf  eft  appellée  le  Perray-Blanc  ,  à  la  dif- 
férence du  Perray  aux  Nonains,  où  il  y  avoir  ancien- 
nement des  Bénédictins  »  ou  Moines  noirs.  Le  revenu 
de  l'abbé  du  Perray-Neuf  eft  d'environ  deux  mille  cinq 
cens  livres.  *  Piganiol,  Defc.  de  la  France,  rom.  7. 
p.  91. 

PERRAY  AUX  NONAINS  (  Le  ),  abbaye  de  Fran- 
ce ,  dans  l'Anjou  ,  à  une  lieue  Se  demie  d'Angers.  C'eft 
une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux.  On  prétend 
qu'elle  fut  fondée  pour  des  Bénédictins,  à  la  place  des- 
quels on  mit  dans  la  fuite  des  religieux  de  l'ordre  de 
Cîteaux.  Cette  abbaye  ne  jouit  guère  que  de  deux  mille 
livres  de  rente.  *  Piganiol,  Defcription  de  la  France, 
t.  7.  p.  89. 


PERRE,  ville  d'Afie  ,  aux  environs  du  mont  Tau- 
rus,  L'itinéraire  d'Antonin  place  la  ville  de  Perre  fur 
la  route  de  Mélitene  à  Samofare ,  entre  Lacotena  &  Sa- 
mofate ,  à  vingt-fept  milles  de  la  première  &  à  vingt- 
quatre  de  la  féconde.  Selon  la  notice  de  Léon  le  Sage  , 
Perre  fut  une  ville  épiseopale ,  dans  l'Euphratenfe,  fous 
la  métropole  d'Hierapolis. 

PERRECCHO  ,  ville  de  la  Galilée,  félon  Jofephe  , 

/.  2.   C.  2J.  , 

PERRECY,  ouPersy,  Fatriciacum.  Cétoir ,  félon 
Bailler ,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  375.  une  terre  de  Fran- 
ce ,  dans  le  pays  que  nous  appelions  Charolois ,  au 
diocèfe  d'Autun  ,  en  Bourgogne.  Elle  fut  donnée  aux 
religieux  de  faint  Benoît  par  Eckard ,  que  l'on  appelle 
comte  de  Bourgogne  ,  Se  mife  entre  les  mains  des  moi- 
nes de  Fleury  ,  qui  y  firent  bâtir  une  églife  ,  Se  enfuite 
un  monaftere,  réduit  depuis  en  prieuré  dépendant  de 
leur  abbaye.  On  y  a  toujours  confervé  le  monaftere  des 
religieux  ;  Se  de  nos  jours  M.  Berrier  ,  qui  en  étoit  prieur 
commendataire  ,  y  a  mis  une  réforme  très-étroite. 

PERREULX,  bourg  de  Fiance,  dans  le  Beaujolois, 
diocèfe  de  Lyon,  parlement  de  Paris  ,  intendance  de 
Lyon  ,  élection  de  Villefranche.  11  a  environ  734  ha- 
bitans.  *  Dicl.  Univerfel  de  la  France. 

1.  PERRH^BI ,  peuples  de  laTheffalie,  le  long  du 
fleuve  Penée  ,  vers  la  mer.  Ce  fut ,  félon  Srrabon  ,  h 
9.  p.  439.  leur  première  demeure.  Chaffés  enfuite  par 
divers  peuples  *  ils  fe  reculèrent  dans  les  terres  toujours 
le  long  du  Penée  ,  Se  enfin  ils  furent  tellement  disper- 
fés,  qu'une  partie  fe  rerira  vers  le- mont  Olympe-,  d'au- 
tres vers  le  Pinde  ,  &  d'autres  fe  mêlèrent  avec  les  La- 
pithes  Se  avec  les  Pélasgiotes.  Plurarque  ,  in  Flaminio , 
dit  que  les  Perrhebes  furent  un  des  peuples  que  Fla- 
minius  déclara  libres  ,  après  qu'il  eut  vaincu  le  roi  Phi- 
lippe. 

2.  PERRFLEB1,  peuples  de  l'Epire,  félon  Ortelius  , 
Thef.  qui  cite  Ifiacius  fur  Licophron. 

3.  PERRFLEBI,  peuples  de  l'Etolie.  C'eft  Pline,  /. 
4.  c ■  2.  qui  en  fait  mention. 

FERRH^BIA  ,  contrée  de  la  Theffalie.  Voyez  Per- 

RH>€BI,  n.    I. 

PERRH^EBICUS  MONS,  montagne  de  la  Theffa- 
lie ,  dans  la  Perrhebie.  Strabon ,  /.  9.  p.  442.  dir  qu'il 
y  avoit  auffi  un  village  que  l'on  appelloit  Perrlixiicus 
Vie  us. 

PERRH/ESIUM.  Etienne  le  géographe  met  cette 
ville  au  nombre  des  douze  principales  de  l'Etriuie.  Voyez. 
Perusium. 

PERRHE  ,  fiége  épiscopal.  Voyez  Perre. 

PElvRHIDiE.  Ce  nom  eft  donné  par  Etienne  le  géo- 
graphe à  une  partie  de  la  rribu  Antiochide ,  que  Pha- 
vorin ,  Lexic.  place  dans  l'Atrique. 

1 .  P  E  R  R  1  N  E  ,  Perrina ,  ou  Pétrin  a  ,  prieuré  de 
France  ,  dans  la  Normandie  ,  au  diocèfe  de  Coutances  , 
entre  Saint  Lo  Se  Carantan.  Il  eft  de  l'ordre  des  Ma- 
thurins ,  Se  fut  fondé  en  njo,  par  Eitfiaria,  femme 
de  Guillaume  du  Hommet,  connétable  de  Normandie. 
Il  vaut  4000  liv.  de  revenu. 

2.  PERRINE  ,  abbaye  de  France  ,  dans  le  Maine  , 
au  diocèfe  &  proche  la  ville  du  Mans.  C'eft  une  ab- 
baye de  filles,  de  l'ordre  de  faint  Auguftin.  C'étoit  au- 
uefois  un  prieuré  fondé  fous  le  nom  de  Notre-Dame  , 
par  un  vidame  du  Mans.  En  1393,  la  fondation  fut 
augmentée  de  quatre  mille  livres  de  rente  par  Guillau- 
me des  Ufages,  chevalier,  Se  le  prieuré  fut  érigé  en  ab- 
baye fous  le  nom  de  Saint  Louis.  Il  y  a  douze  reli- 
gicufes. 

PERRUSSON ,  bourg  de  France ,  dans  la  Tourai- 
ne,  diocèfe  Se  intendance  de  Tours  ,  parlement  de  Pa- 
ris, élection  de  Loches.  Il  y  a  environ  790  habitans. 
La  cure  eft  à  la  collation  de  l'abbé  de  Beaulieu.  * 
Dicl.  Umverfel  de  la  France. 

PERSA,  ville  qu'Etienne  le  géographe  dit  être  fi- 
ruée  au  voifinage  de  Samofate ,  Se  près  de  l'Euphrate. 
Ortelius ,  Thef.  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même 
que  Ptolomée  appelle  Porfîca. 

PERSAC  ,  bourg  de  France,  dans  le  Poitou,  éle- 
ction de  Poitiers. 

PERSACRA  ,  ville  de  l'Inde,  cn-deçà  du  Gange. 
Ptolomée  ,  l.j.c.i.  la  donne  aux  peuples  Nanich*. 


PER 


PER 


PERS/E.  Voyez.  Pharush. 

PERSAGAUUM  URBS ,  ville  de  Perfe.  Quinte- 
Curfe,  /.  j.  c.  6.  dit  qu'elle  avoir  été  bâtie  par  Cyrus , 
Se  que  Gobarès,  qui  en  étoit  gouverneur,  la  rendit  à 
Alexandre. 

PERSANTE ,  rivière  d'Allemagne ,  dans  la  Pomé- 
ranie  Ultérieure.  Elle  prend  fa  fource  fur  les  confins 
de  la  Prufle  royale ,  Se  après  un  aflez  long  cours  du 
fud-eft  au  nord  oueft  ,  elle  pane  à  Colbetg,  d'où  elle  fe 
rend  dans  la  mer  Baltique. 

PERS ARMENII,  peuples  d'Afie,  félon  les  écrivainsdu 
moyen  âge.  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Callilte  ,dit  que 
ces  peuples  étoient  appelles  auparavant  Habitans  de  la 
Grande  Arménie.  La  Grande  Arménie  ,  ou  l'Arménie 
Majeure  étoit  une  province  de  Perfe.  Voyez.  Arménie. 

PERSE  ,  Perfis  Se  Perfia  ,  royaume  d'Afie.  Voyez, 
ces  deux  mots.  Hérodote ,  /.  7.  dit  que  l'ambafladeur 
que  Xerxès ,  roi  de  Perfe  ,  envoya  aux  Grecs,  leur  vou- 
lut faire  croire  qu'il  tiroit  fon  origine  de  Perses ,  fils  de 
Perfée  &  d'Andromède  ;  félon  Ammien  Marcellin,  les 
Perfe^  étoient  Scythes  d'origine;  Se  fi  nous  en  voulons 
croire  Pline,  /.  6.  c.  17.  les  Scythes  appellent  les  Pcrfes 
Corfari.  Le  nom  de  Perfes ,  en  hébreu  Parascbim , 
fignifie  des  chevaliers  ;  mais  le  nom  propre  de  la  na- 
tion perfane  elt  Aïlam.  On  leur  donna  apparemment 
le  nom  Paraschim  {a) ,  à  caufe  de  l'habitude  où  ils 
étoient  Se  où  ils  font  encore  aujourd'hui  d'aller  pres- 
que toujours  à  cheval.  Ni  Moyfe ,  ni  les  auteurs  fa- 
ciès ,  ne  parlent  des  Perfes  que  vers  le  tems  de  Cy- 
rus. Ezéchiel ,  c.  27.  10.  met  les  Perfes  parmi  les 
troupes  du  roi  de  Tyr  :  il  en  met  aufli  dans  l'armée 
de  Gog  ,  prince  de  Magog ,  c.  38.  r.  Judith  dit,  c. 
16.  12.  que  les  Perfes  admirèrent  fon  courage,  Se 
Daniel  parle  fouvent  du  roi  des  Perfes  qui  devoit  rui- 
ner la  monarchie  des  Chaldéens.  Les  Perfes  (b)  fe 
nomment  eux-mêmes  Schai,  pour  fe  difiinguer  des 
Turcs  par  rapport  à  la  religion ,  ces  derniers  fe  don- 
nant pour  la  même  raifon  le  nom  de  Sunni  ;  Se  com- 
me les  Turcs  fe  plaifent  à  fe  faire  appeller  Muful- 
inans ,  de  même  les  Perfes  ne  font  pas  fâchés  qu'un 
les  appelle  Kifdbachs ,  c'eft-à-dire  Tètes  routes.  11  v 
en  a  qui  difent  que  les  Perfes  Se  les  Parthes  font  le 
même  peuple  -,  d'autres  prétendent  que  ce  fonc  deux 
peuples  dirretens  :  les  uns  Se  les  autres  ont  raifon. 
Sans  parler  de  la  première  origine  de  ces  peuples , 
qui  elt  aflez  incertaine  ,  on  les  appclloit  Perfes  du  tems 
des  prophètes,  Se  Parthes  du  tems  de  Jefus-Chrifi. 
Quelquefois  la  Parthie  ,  Se  la  Perfie  ou  Perfe  ,  ont  été 
des  royaumes  différais,  &  quelquefois  le  nom  de  Per- 
fe a  été  commun  a  ces  deux  états  ,  parce  que  tous 
deux  ont  été  de  tems  en  tems  fujets  à  un  même  roi, 
Se  habités  par  un  même  peuple.  Cette  même  raifon  fait 
que  nous  comprenons  aujourd'hui  fous  le  nom  de  Perfe 
toutes  les  provinces  qui  font  ,  ou  qui  étoient  il  n'y  a 
pas  long-tems  fous  la  domination  du  roi  de  Perfe.  Ainfi 
quand  on  parle  de  la  Perfe ,  on  y  comprend  tout  le 
pays  qui  s'étend  du  nord  au  fud-ouefi,  depuis  l'Eu- 
phrate  jusqu'à  la  ville  de  Candahar  ,  fur  les  frontières 
des  Indes.  En  lui  donnant  pour  borne  la  mer  Caspien- 
ne, on  y  comprend  prefque  la  moitié  de  cette  mer. 
Sur  quoi,  Olearius  dit  que  la  Perfe  contient  plus  de 
vingt  degrés  en  fa  longueur ,  depuis  1  Euphrate  jus- 
qu'aux Indes  ;  mais  il  faut  confidérer  auili  qu'un  degré 
de  longitude  fous  le  trente-troifiéme  degré  de  latitude 
fous  lequel  la  Perfe  elt  fituée ,  n'eu;  compofé  que  de 
cinquante  minutes  au  plus.  *  (a)  Dom  Calmct ,  Dicl. 
(b)  Olearius  ,  Voyage  de  Perfe,  /.  5.  p.  359. 

L'empire  des  Perfes  étoit  beaucoup  plus  étendu  que 
ce  que  nous  appelions  aujourd'hui  la  Perfe  :  il  elt 
certain  que  les  rois  de  Perfe  ont  quelquefois  fournis 
presque  toute  l'Afie  à  leur  domination.  Xerxès  fubju- 
gua  même  toute  l'Egypte ,  vint  dans  la  Grèce ,  cV  prit 
Athènes  ;  ce  qui  fait  voir  qu'ils  portoient  quelquefois 
leurs  armes  vidtorieufes  jusque  dans  l'Afrique  Se  dans 
1  Europe  même.  Perfépolis,  Suze  Se  Ecbatane  étoient 
les  trois  villes  où  les  rois  de  Perfe  faifoient  leur  réfi- 
dence  ordinaire.  Cyrus,  qui  eit  regardé  comme  le  fon- 
dateur de  la  monarchie  des  Perfes ,  fit  de  Perfépolis  la 
capitale  de  tout  l'empire  des  Perfes,  comme  le  remar- 
que Strabon,  /.  ij.  Cette  monarchie  dura  deux  cens 


909 

fix  ans  fous  douze  rois ,  dont  Cyrus  fut  le  premier  , 
Se  Darius  le  dernier.  Cyrus  régna  neuf  ans  depuis  la 
prife  de  Babylone,  c'clt-a-diie  depuis  l'an  du  monde 
3466  jusqu'en  347;  avant  J.  C.  J2f  ,  Se  avant  l'ère 
vulgaire  ^29.  Cambyfes ,  nommé  Afluérus ,  régna  fept 
ans  Se  cinq  mois.  Il  mourut  l'an  du  monde  3482,  avant 
J.  C.  618,  avant  1ère  vulgaire  522.  Smerdïs ,  autre  fils 
de  Cyrus ,  eut  le  gouvernement  de  l'Arménie  Se  de 
la  Médie.  OropaLtès  le  Mage  ufurpa  le  royaume  de 
Perfe  :  ce  fut  le  faux  Smerdis;  mais  cinq  mois  après 
il  fut  tué  par  fept  feigneurs  qui  avoient  confpiré  con- 
tre lui.  Darius,  fils  d'Hyftaspe  ,  eft  nommé  Afluérus 
dans  l'hébreu  du  livre  d'Efthef ,  Se  Artaxerxès  dans 
le  grec  du  même  livre.  Il  régna  trente-fix  ans ,  de- 
puis l'an  du  monde  3482  jusqu'en  3519,  avant  J.  C. 
481,  avant  l'ère  vulgaire  485.  Xerxès  fuccéda  à  fon 
père  Darius ,  &  régna  douze  ans ,  depuis  l'an  du  mon- 
de 3519  jusqu'en  3 531,  avant  J.  C.  469,  avant  l'ère 
vulgaire  47J.  Artaxerxès,  à  Longue  Mmu  ,  fon  fils, 
régna  48  ans,  depuis  3531  jusqu'en  3579,  avant  J.C. 
421,  avant  1ère  vulgaire  425.  Xerxès  II  fuccéda  à  fon 
père  Artaxerxès  ,  Se  ne  régna  qu'un  an.  Il  mourut  en 
3580,  avant  J.  C.  420,  avant  l'ère  vulgaire  424.  Secun- 
dianus ,  ou  Sogdianus ,  fon  frère  Se  fon  meurtrier,  ne 
régna  que  fept  mois.  Ochus,  ou  Darius  le  Bâtard, 
régna  dix-neuf  ans,  depuis  l'an  du  monde  3581  jus- 
qu'en 3600,  avant  J.C.  400,  avant  1ère  vulgaire  404. 
Artaxerxès  II ,  dit  Mnemon  ou  à  la  belle  mémoire, 
régna  quarante-trois  ans.  Il  mourut  en  3643,  avant  J. 
C.  3J7  ,  avant  l'ère  vulgaire  361.  Artaxerxès;  dit  O- 
chus ,  régna  vingt-trois  ans ,  depuis  l'an  du  monde  3643 
jusqu'en  3666  ,  avant  J.  C.  334,  avant  l'ère  vulgaire 
338.  Arfès  régna  deux  ans  Se  quelques  mois.  Il  fut 
tué  en  3668,  avant  J.C.  332,  avant  l'ère  vulgaire  336. 
Darius,  dit  Codomannus ,  fut  vaincu  pat  Alexandre  le 
Grand  en  3674,  après  fix  ans  de  règne  ;  Se  de  la 
ruine  de  la  monarchie  des  Perfes  on  vit  naître  la  troi- 
fiéme  monarchie  du  monde  ,  qui  fut  celle  des  Grecs 
en  la  perfonne  d'Alexandre.  La  Perfe  obéit  quelque 
tems  aux  Macédoniens  ,  jusqu'à  ce  que  les  Parthes 
s'étant  foulevés  contre  Théodore  ,  gouverneur  de  la 
Badtriane  ,  Arface  fe  fit  reconnoître  roi  des  Parthes 
&  des  Perfes.  Dans  la  fuite  le  feeptre  des  Parthes  fut 
transféré  aux  Perfes ,  par  Artaxerxès  qui  tua  Artaba- 
ne  IV,  dernier  roi  des  Parthes.  C'eft  ce  même  Artaxer- 
xès que  les  Arabes  nomment  Ardfchir  Babekan.  Il 
mourut  en  242  de  l'ère  vulgaire.  Le  règne  de  Sapor, 
fon  fils,  qui  lui  fuccéda  fut  de  trente  Se  un  ans.  Hor- 
misdas,  fon  fils,  ne  régna  qu'un  an  ,  Se  fon  frère  Va- 
ranes  en  régna  trois.  Varanes  II,  fils  du  premier,  furnom- 
mé  Naiscs,  régna  dix  ans,  Se  Varanes  II ,  fils  du  fécond, 
furnommé  Saganesme  ,  ne  régna  que  quatre  mois.  Nar- 
sès  ,  fils  d'Hormisdas  ,  qui  en  régna  près  de  huit ,  mou- 
rut au  commencement  du  quatrième  fiécle.  Son  fils 
Misdate  ou  Hormisdas  fut'  fon  fuccefleur ,  Se  Sapor  II. 
fils  de  celui-ci  ,  remplit  le  trône  après  lui.  Ce  fut  un 
cruel  perfécuteur  des  Chrétiens  :  il  fit  long-tems  éprou- 
ver la  puilTance  de  fes  armes  aux  empereurs  Confian- 
ce, Julien  Se  Jovinien  ,  Se  mourut  en  379  après  un 
règne  de  foixante  Se  dix  ans.  Artaxerxès  II ,  fon  frère, 
lui  fuccéda  :  il  régna  quatre  ans,  Se  lailïa  Sapor  III 
fon  fils  qui  en  régna  cinq.  Le  règne  de  Varanes  IV,  fils 
de  Sapor  III,  fut  d'onze  ans.  L'empereur  Arcadius  fit 
Isdegerde ,  fils  de  Varanes ,  tuteur  de  fon  fils  Théo- 
dore. Il  régna  vingt  Se  un  ans ,  Se  de  fon  tems  la  foi 
chrétienne  fleurit  dans  la  Perfe.  Varanes  V,  fon  fils,  fut 
fon  fuccefleur,  Se  laifl'a  Isdegerde  II,  nommé  par  d'au- 
tres Varanes  VI,  qui  mourut  en  458  après  avoir  régné 
dix-fept  ans.  Perofe ,  grand  capitaine,  lui  fuccéda,  Se 
mourut  en  la  guerre  contre  les  Huns,  laiflant  fon  frè- 
re Valens  pour  fon  fuccefleur.  A  celui  ci  fuccéda  fon 
neveu  Cabade  ,  fils  de  Perofe;  mais  fes  cruautés  l'ayant 
rendu  odieux ,  on  mit  à  fa  place  fon  frère  Zambar , 
Se  après  lui,  félon  quelques-uns  régnèrent  Saha  Se 
Adaana.  Cabade  ayant  trouvé  moyen  de  remonter  fur 
le  trône  régna  jusqu'en  j  3  2.  Cosroès  I  fuccéda  à  fon 
père  Cabade.  Il  fut  vaincu  par  Jufiinien,  général  de 
l'armée  de  l'empereur  T:bere  ,  Se  avant  été  chaflé  de 
la  Perfe,  il  mourut  d'affli&ior,  en  580.  Hormisdas  II, 
fon  fils ,  fut  depofé  pour  fa  tyrannie ,  Se  mis  en  pri- 


PER 


910 

Ion  après  avoir  été  aveuglé.  Cosroès  II,  fon  fils ,  qui  le 
fie  mourir  l'an  ;88,fit  la  paix  avec  l'empereur  Mau- 
rice, après  la  more  duquel  il  rit  une  cruelle  guerre  aux 
empereurs  Phocas  ôc  Heraclius ,  ufurpa  la  Syrie ,  la  Pa- 
lcftine ,  &:  plufieurs  aunes  terres  de  l'empire  des  Ro- 
mains, ôc  ayant  pris  la  ville  de  Jerufalem,  il  emporta 
la  croix   de  Jefus-Chrift  en  Perle.  Il  perfecuta  horri- 
blement  les  Chrétiens  ;  il  fut  enfin  mallacré  avec  Me- 
darle  fon  plus  jeune  fils  ,  qu'il  avoit  déclaré  fon  fuc- 
cefleur au  royaume ,   par  Sitoès  qui  étoit  1  aïné.  Siroès 
qu'il  avoit  eu  de  Marie  ,  fille  de  1  empereur  Maurice , 
reftitua  aux  Romains  la  croix  &  les  autres  chofes  qu'on 
leur  avoit  prifes,  ôc  fiubaptiféà  l'inftance  d  Heraclius. 
Il  laifla  pour  fuccefleur  l'on  fils  Adefir ,  que  barbaras, 
qui  ufurpa  le  royaume,  tua  dans  la  première  année  de 
fon  règne.  Apres  lui  régnèrent  Siahiiar  qui  fut  maflacré 
presqu'auffi-tôt ,   ôc  enfuite  Cosroès,  fils  de   Kobad, 
qui  en  peu  de  rems  eut  la  même  destinée.  Baraina  ,  fil- 
le de  Cosioès,  leur  fuccéda  avec  fon  fils  Bornaïm.  Elle 
eut  pour  fuccefleur  Hormisdas  III,  auquel  fuccéda  une 
autre   fille  de  Cosroès,   nommée  Azurmi,  qui  régna 
avec  fon  frère  Ferochzad.  Ils  périrent  en  la  féconde 
année  de  leur  règne.  Enfin  Jedasgird  régna ,  &  ayant 
été  vaincu  par  le  Calife  Omar,  il  fut  tué  cn632:ainfi 
le  royaume  de  Perfe  fut  réduit  fous  la  puifiànce  des  Sar- 
rafins.  Cette  fervkude  dura  jusqu'en  1258, qu'il  recom- 
mença à  fleurir  fous  fes  propres  rois.  Haalon  ou  Hai- 
llon recouvra  par  les  armes  le  royaume  de  Perfe,  6c 
détruifir    Babylone.   Il  époufa  une  femme  chrétienne, 
appellée  Doucoscaro ,  iffue ,  dit  on,  du  fang  des  Ma- 
ges qui  adorèrent  Jesus-Christ.  Abbaga,  l'on  fils  lui 
fuccéda  en   1265.  11  défit  le  Soudan  d'Egypte^  qu'il 
chaffa  de  l'Arménie  ,  ôc  lorsqu'il  fe  préparoit  pour  at- 
taquer la  Syrie  ,  il  fut  tué  en  i28;.Tangador,  fon  fils, 
régna  après  lui.  On  le  nomma  Nicolas  en  le  baptifant^ 
ôc  il  prit  le  nom  de  Mahamet  après  qu'il  eut  embras- 
fé  la  religon  Mahométane.  Argon,  fon  neveu ,  l'ayant 
nié,   fut  élevé   à   la  royauté ^en    1187.  Regayre ,  fon 
frère  ôc  fon  fuccefleur,  fut  étrangle  par  les  fiens  en 
1295,  ôc  fon  parent  Baydon  fut  mis  en  fa  place.  Ce 
dernier  fut  tué  par  Caflan  ,  fils  d'Argon  ,  qui  ,  étant 
desenu  roi,    fournit  la  ville  de  Damas,   ôc  chaflà  le 
Soudan  d'Egypte  de  toute  la  Syrie.  Il  mourut  en  1304. 
Après  lui  régnèrent   Cambaga ,   Coibandes,   frère  de 
Caflan  ,   fils  à\)ne  femme  chrétienne  ,   qui  le  baptifa  , 
&  le  nomma  Nicolas  ;  mais  après  la  mort  de  fa  mè- 
re il  fe  fit  Mahométan ,  &  laifla  pour  fuccefleur  un  fils 
que  l'hifloire  n'a  point  nommé ,  &  après   lequel    ré- 
gna le  Parthe  Cempfa.  Le  célèbre  Tamerlan  conquit  la 
Perfe  vers  l'an  1396.  Son  filsTzochi,  ou  Trochi ,  qui 
lui  fuccéda  ,  régna  vingt-deux  ans.  Tzochi  II  qui  tint 
dix-huit   ans   l'empire   après    lui  ,  eut  pour  fuccefleur 
Travire,  dernier  roi  de  la  lignée  des  Tartares.  Après 
fa  mort  le   Turc    Ufum-Caflàn  s'empara  du   royaume 
de   Perfe.  Ceux  qui  lui  fuccédeient  furent  Lucuppe , 
furnommé  Chiotzeihal ,  Julanete  ,  Bayfingir  ,  Ruftan, 
Agniat,  Carabe.  Acuante,  qui  régnèrent  jusqu'en  1514. 
Ismaël  Sophi ,  fils  de  Xeque-Aidar  ,  de  la  race  d'Ali, 
voulant  venger  la  mort  de  fon  père  ,  pourfuivit  Far- 
rock  Yacar  ,  roi  de  Xirvan  ,  fon  meurtrier  ,  ôc  l'ayant 
défait  s'empara  de  fon  royaume.  L'année  fuivante  il  fe 
rendit  maître  de  Tauris ,  &  des  autres  villes  de  la  Per- 
fe ;  ôc  en  1510  il  prit  Babylone ,  autrement  Bagdet , 
Suze  ,  ôc  tout  le  royaume  de  Kufiflan.  En  151 1  il  con- 
quit le  royaume  d'Usbek  ôc  celui  de  Korafan ,  ôc  eut 
pour  fils  Tahamas ,  qui  lui  fuccéda  eu  1524,  &  laifla 
l'empire  en   \j-6  à  Ismaël  II,  fon  fils,  qui  ne  régna 
qu'un  an  &  deux  mois.  Mahamet-Chodabende,  fon  frè- 
re, régna  fept  ans  quoiqu'aveugle  ,  ôc  eut  pour  fucces- 
feur  en    ij8y   le  grand  Cha-Abas ,  qui  étendit  confi- 
dérablement  les  limites  de  fon  empire  ,  ôc  conquit  en- 
tre autres  les  royaumes  de  Babylone  ôc  de  Kandahar, 
qu'il  laifla  à  fon   petit-fils    Scha  Sephi.  11  mourut  en 
1629.   Le  règne  de  Scha  Sephi  fut  de  douze  années, 
ôc  rempli  de  cruauté.  Il  fut  père  d'Abas ,  qui  lui  fuc- 
céda en  1642  âgé  de  treize  ans.  A  celui-ci  fuccéda  un 
autre  Scha ,  ou  Cha-Sephi ,  qui  changea  fon  nom  en 
celui   de  Soliman,  ôc  mourut  en   1694.  Son  fils  aîné, 
Sultan  Uflcin ,   régna   après  lui  ;   c'eft  fous  fon  règne 
qu'ont  commencé  les  troubles  inteitins ,  qui  ont  affli- 


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gé  la  Perfe  dans  ce  fiécle ,  ôc  dont  les  Moscovites  & 
les  Turcs  ont  lu  profiter. 

La  Perfe  eft  fituée  dans  la  Zone  tempérée.  Le  mont 
Taurus  la  coupe  par  le  milieu  ,  à  peu  près  comme 
l'Apennin  coupe  l'Italie  ,  ôc  il  jette  fes  branches  çà  ôc 
la  dans  diverfes  provinces ,  où  elles  ont  toutes  des  noms 
particuliers.  Les  provinces  que  cette  montagne  couvre 
du  nord  au  fud  font  fort  chaudes  :  les  autres ,  qui  ont 
cette  montagne  au  midi ,  jouiflent  d'un  air  plus  tem- 
péré. Comme  la  Perle  n'a  pas  par-tout  la  même  tem- 
pérature d'air  ,  les  rois  changeoient  de  demeure  fuivant 
les  faifons.  En  été  ils  faifoient  leur  réfidence  à  Ecba- 
tane,  aujourd'hui  Tauris;  en  hiver  à  Suse ,  au  prin- 
tems  &  en  automme  à  Perfépolis  ou  à  Babylone.  * 
OUarius  ,  voyage  de  Perfe  ,  /.  ;.  p.  ^44.  Ôc  fuiv. 

Le  terroir  eit  généralement  fablonneux  ôc  fténle  dans 
la  plaine  :  presque  par-tout  on  le  trouve  parfemé  de 
petites  pierres  rouges ,  &  il  ne  produit  que  des  char- 
dons ôc  des  ronces  ,  donr  on  fe  fert  au  lieu  de  bois 
dans  les  lieux  qui  en  manquent.  Il  n'y  a  que  la  pro- 
vince de  Kilan  qui  ne  participe  point  de  cette  iténli- 
té  :  on  peut  auiîî  excepter  les  pays  où  les  montagnes 
forment  des  vallons;  la  terre  y  eft  très-bonne  ;  auiîï  c'eil 
dans  ces  endroits  que  font  lîtués  la  plupart  des  villa- 
ges. Les  Perlans  font  adroits  a  conduire  dans  leurs  jar- 
dins ,  par  des  canaux  oe  la  largeur  de  quatre  pieds ,  les 
eaux  qui  coulent  des  montagnes.  Us  en  conduifent  en- 
core dans  leurs  terres  labourables;  Ôc  pour  donner  à 
la  terre  l'humidité  que  le  ciel  lui  refufe  ,  ils  enferment 
d'une  levée  d'un  pied  de  hauteur  des  pièces  de  champs 
de  quinze  ou  vingt  toifes  en  carré;  ils  y  font  dégorger 
leurs  canaux  fur  le  foir ,  Ôc  le  lendemain  matin  ils 
font  écouler  les  eaux  ;  de  forte  que  la  terre  ,  qui  a  été 
ainfi  humectée ,  recevant  les  rayons  du  foleil  presque 
à  plomb ,  produit  enfuite  en  abondance.  Il  y  a  peu 
de  rivières  dans  toute  la  Perfe,  &  même  il  n'y  en  à 
aucune  de  bien  navigable  dans  toute  fon  étendue.  La 
plus  grande,  qui  porte  quelques  radeaux,  eft  l'Arras, 
ou  l'Araxe  des  anciens  ,  qui  paflè  par  l'Arménie.  Les 
autres  au  lieu  de  groflïr ,  comme  font  celles  des  au- 
tres pays ,  à  mefure  qu'elles  s  éloignenr  de  leur  four- 
ce  ,  diminuent,  ôc  tariflent  enfin  par  une  infinité  de 
canaux  ,  qui  conduifent  l'eau  pour  arrofer  les  terres. 

Comme  il  n'y  a  point  de  forêts  en  I  erfe ,  ôc  que 
le  bois  y  manque,  auflî-bien  que  la  pierre,  toutes  les 
villes  généralement,  à  la  réferve  de  quelques  maifons, 
font  bâties  d'une  terre  ou  espèce  d  argile  fi  bien  paî- 
trie,  qu'elle  fe  coupe  aifément  en  manière  de  gazons* 
Les  murailles  fe  font  par  couches ,  à  proportion  de  la 
hauteur  qu'on  leur  veut  donner;  ôc  entre  deux  cou- 
ches ,  qui  font  chacune  de  trois  pieds  de  haut ,  on  met 
deux  ou  trois  rangs  de  briques  cuites  au  foleil.  Les  bâ- 
timens  qu'on  fait  de  la  forte  font  allez  propres.  Après 
qu'on  a  élevé  la  muraille  ,  le  maçon  l'enduit  avec  du 
mortier  fait  de  cette  argile ,  mêlée  avec  de  la  paille  ; 
ce  qui  rend  ces  murailles  fort  unies.  Il  couvre  tout  ce- 
la d'une  espèce  de  chaux  ,  mêlée  de  verd  de  Mosco- 
vie ,  qu'il  broie  avec  de  la  gomme.  Il  frotte  enfuite  le 
mur  avec  une  broflè ,  ce  qui  le  rend  damasquiné  ôc 
argenté  ,  ôc  le  fait  paroître  comme  du  marbre.  Les  mai- 
fons des  pauvres  font  plus  groflieres.  Au  milieu  de 
chaque  mai  fon  il  y  a  un  portique  de  20  ou  50  pieds 
en  carré ,  au  milieu  duquel  eft  un  étang  plein  d'eaué 
A  chaque  coin  de  ce  portique  eft  une  chambre  pour 
prendre  le  frais  ;  &  derrière  il  y  a  une  chambre  dont 
le  plancher  eft  couvert  d'un  tapis.  Aux  deux  côtés  dit 
portique  il  y  a  plufieurs  chambres  qui  communiquent 
l'une  à  l'autre.  Les  maifons  des  grands  feigneurs  font 
plus  fpacieufes.  Il  y  a  quatre  portiques ,  ôc  deux  cham- 
bres à  côté  de  chaque  ;  de  forte  qu'il  y  en  a  huit  qui 
entourent  une  grande  fale  qui  eft  au  milieu.  Les  mai- 
fons de  Perfe  font  en  général  bafles  ôc  couvertes  d'u- 
ne terrafle  :  elles  ont  peu  d'apparence  en  dehors  :  mais 
elles:  fontaflez  enjolivées  au  dedans.  Toutes  les  murail- 
les font  ornées  de  peintures.  Ils  ont  beaucoup  de  fe- 
nêtres :  leurs  vitrages  font  de  verre  de  toutes  fortes 
de  couleurs.  Tous  les  plus  beaux  meubles  font  dans  le 
corps  de  devant.  Dans  le  logement  intérieur ,  nommé 
le  haram  ,  ou  quartier  des  femmes-,  il  n'y  a  que  des 
meubles  médiocres,  parce  que  peifonne  n'y  va.  Les 


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Perfans ,  ainfi  que  tous  les  autres  Orientaux ,  ignorent 
l'ufage  des  lits  élevés  de  terre  Ils  couchent  fur  le 
plancher  couvert  d'un  tapis  avec  un  matelas  &  une 
couverture  piquée.  L'été  ils  paffent  la  nuit  à  l'air  fur 
leurs  terraffes  -,  ôc  comme  les  femmes  y  couchent  aus- 
û  ,  on  a  obtenu  que  les  Moullahs ,  qui  vont  chanter 
fur  les  Mosquées  ne  montent  point  le  matin  fur  les 
tours  aux  Minarets. 

Les  rieurs  que  produit  la  Perfe  n'ont  ni  l'éclat,  ni 
la  variété  des  nôtres.  Dès  qu'on  a  parle  le  Tigre ,  en 
tirant  vers  ce  royaume ,   on  ne  trouve  que  des   rofes 
&  des  lis,  ôc  quelques  autres  petites  fleurs  du  pays. 
Il  y  a  beaucoup  de  rofes ,  ôc  les  Perfans  en  diftilent 
une  grande  quantité ,  de  même  que  de  la  fleur  de  na- 
ble ,  6c  ces  eaux  fe  transportent  dans  toute  l'Afie  du 
côté  de  l'Orient.  Il  y  a  des  pommes  ,  des  poires ,  des 
oranges ,  des  grenades  ,  des  prunes ,  des  cerifes ,  des 
abricots ,  des  coins  ,    des  châtaignes ,   des  nèfles  ,  des 
melons ,    des  piftaches ,    des    amandes  ,   des    figues , 
quelques    noifettes  6c  quelques  noix.  Les  feules  pro- 
vinces de  Guilan  6c  de    Mazandran  fourniffent  de  l'hui- 
le 6c  des  olives.  Mais  il  n'y  a  point  de  province  qui 
ne  produife  du  coton.  L'arbre  vient  en  buiffon  de  la 
hauteur  de  deux  ou  trois  pieds  :  il  a  des  feuilles  femblables 
à  celles  des  vignes,  quoique  beaucoup  plus  petites,  ôc 
porte  au  bout  de  fes  branches  un  bouton  de  la  gros- 
leur  d'une  noix ,  qui ,  dans  fa  pleine  maturité ,  s'ou- 
vre en  pltifieurs    endroits ,    6c  pouffe  le  coton  par  les 
fentes  de  fon  brou.  Le  climat  eft   fur-tout  admirable 
pour  la  vigne.  Il  y  a  entre  autres  trois  fortes  de  vins 
qui  font  excellens.  Celui  de  Schiras ,  comme  le  meilleur, 
eft  gardé  pour  le  roi ,  6c  pour  les  grands  de  la  cour  j 
celui  d'Yesd  eft  fort  délicat ,  &  on  le  transporte  à 
Lar  6c  à  Ormus.    Le  vin  d'Ispahan  ne  fe  fait  que  d'un 
feul   raifin  fort  doux  à  la  bouche ,  6c  qui ,  prenant 
enfin  à  la  gorge  ,  l'échauffé  beaucoup,  fi  l'on  en  man- 
ge trop.  On  met  le  vin  dans  de  grands  pots  de  ter- 
re cuits  au  four^  les  uns  vernis  par  dedans,  6c  les 
autres  enduits  de  graifle  de  queue  de  mouton ,  fans 
quoi  la  terre  boiroit  le  vin.  Quelques-uns  de  ces  pots 
tiennent  jusqu'à  un  muid  ;  les  autres  n'en  tiennent  que 
la  moitié.   Presque   tous  les  jardins  des  Perfans  font 
remplis  de  mûriers  blancs   6c  noirs  :  on  les  plante  fi 
ferrés ,  qu'à  peine  un  homme  peut-il  paffer  entre  les 
arbres  ;  mais  on  les  taille  en  forme  de  buiffoh  >  ôc  on 
ne  les  laiffe  pas  croître  au-delà  de  cinq  pieds  6c  de- 
mi i  afin  que  l'on  puiffe  atteindre  à  toutes  les  bran- 
ches.  Dès  qu'au  ptintems  ces  arbres  commencent  à 
pouffer  leurs  feuilles ,  les  Perfans  commencent  à  faire 
éclorre  les  vers  à  foie.    La  foie  fait  le  premier  com- 
merce de  route  la  Perfe  ôc  de  presque  tout  l'Orient. 
On    prétend  que    la    Perfe    en  produit   tous  les    ans 
vingt  mille  balles,  chaque  balle  pefant  deux  cens  fei- 
ze  livres.  On  n'en  emploie    pas  plus  de  mille  balles 
dans  le  pays.  Le  reffe  fe  vend  en  Turquie ,  dans  les 
Indes ,   en   Italie ,   aux   Anglois  ôc  Hollandois ,   qui 
trafiquent  à  Ormus.  La  Perfe  produit  affez  de  racines; 
mais  il  y  croît  peu  de  légumes,  ôc  on  n'a  pu  encore 
y  faire   venir  des  pois.   On  prend    des    turquoifes  à 
trois  ou  quatre  journées  de  Mesched  ,  dans  une  mon- 
tagne nommée  Pirouskou.  La  vieille  roche  eft  gardée 
pour   la    feule  maifon   du  roi.  Il   eft  libre   à  tout  le 
monde  d'acheter   des    turquoifes  de  la  nouvelle  ro- 
che. Les  perles  fe  pèchent  près  de  l'ifle  de  Bahren , 
dans  le  golfe  Perfique,  ôc  le  roi  fe  réferve  celles  qui 
font  d'une  certaine  groffeur.  Ce  n'eft  que  depuis  quel- 
ques années  qu'on  a  découvert  des  mines  dans  les  mon- 
tagnes. Ces  mines  font  presque  toutes  de  cuivre,  6c 
les  Perfans  en  font  avec  affez  d'induftrie  des   uftenfiles 
de  ménage ,  n'ayant  point  d'étaim ,  celui  qu'on  appor- 
te du  dehors  fervant  à  étamer  leur  vaiffelle  de  cuivre. 
Le  plomb  vient  de  la  province  de  Kerman  ;  le  fer  ôc 
l'acier  de  Casbin  6c  de  Korafan  ,  qui  en  fourniffent 
une  quantité. 

Les  bêtes ,  que  l'on  emploie  en  Perfe  pour  le  fer- 
vice,  font  les  chevaux,  les  mulets,  les  ânes  6c  les 
chameaux.  Les  chevaux  font  de  taille  médiocre ,  plus 
petits  que  les  nôtres,  fort  étroits,  mais  très-vifs  Se 
très-légers'.  Il  y  a  de  deux  fortes  d'ânes  ;  ceux  du  pays  ne 
fervent  qu'à  porter  des  charges  :  on  monte  le6  autres 


911 

qui  font  de  race  d'Atabie.  Il  fe  trouve  aufli  en  quel- 
ques endroits  de  la  Petfe  des  lions ,  des  outs  ,  des  léo- 
pards, 6c  des  porcs-épics.  Il  y  a  quantité  de  carpes 
ôc  de  brochets  dans  la  rivière  d'Arras ,  ôc  encore  de 
plus  belles  truites  ;  mais  dans  les  autres  rivières  il  n'y 
a  guère  qu'une  forte  de  poiffbn  ,  qui  eft  une  espèce  de 
barbeau.  On  voit  en  Perfe  les  mêmes  espèces  doi- 
féaux  qui  font  en  France,  à  l'exception  des  tailles  ; 
on  y  trouve  aufli  toutes  fortes  d'oifeaux  de  marais  ôc 
de  proie.  Les  Perfans  ont  une  bete  appellce  once 
qui  a  la  peau  tachetée  comme  un  tigre ,  mai:»  qui  eft 
fort  douce  &  piivée.  Un  cavalier  la  pure  en  trouffe 
à  cheval j  ôc  quand  il  découvre  une  gazelle  il  fait 
descendre  l'once,  qui  eft  fi  légère,  qu'en  trois  fauts 
elle  fe  jette  au  cou  de  la  gazelle  qu'elle  étrangle  avec 
les  dents. 

Les  Perfans  font  d'une  taille  médiocre  :  Xénophon 
dit    qu'ils    étoient  la    plupart  gros  6c  gras;  ôc  Am- 
mien  Marcellin  au  contraire  die    que  de  fon    tems  ils 
étoient  maigres  ôc  fecs.  Ils  le  font  encore  aujourd'hui; 
mais  ils  font  forts  ôc  robuftes.    Ils  ont  le  vifage  oli- 
vâtre ,   le  poil  noir ,  Ôc  le   nez  âquilin.    Les  hommes 
fe   font  raïer  la  tête  tous    les  huit  jours  ,   contre  ,1a 
coutume  des  anciens  Perfes  qui  hiffbient  croître  leurs 
cheveux,    comme   font  encoie   aujourd'hui   les   Seid , 
c'eft  à-dire,  les  parens  de   Mahomet    qui,  a  ce  qu'on 
dit,  en  ufoit  ainfi.   Ils  fe  font  ainfi  râler  le  menton; 
mais  ils  laiffent  croître  les  moullachcs.  Il  n'y  a  que  cer- 
tains religieux  appelles  Pyhr ,  qui  fe  laiffent  croître  la 
barbe  au  menton  &  aux  joues.  Ces  gens  font  en  gran- 
de vénération  ,  à  caule  de  leur  fainteté  apparente  ,  qui 
confifte  principalement  en  1  abilinence.  Ils  aiment  les 
cheveux  noirs  ôc  fouffrent  les  blonds  ;  mais  ils  ont  une 
grande  averfion  pour  les  roux.  Ils  les  peignent  quand 
ils  pèchent  en  couleur.  Us  fe  peignent  auffî  les  mains  i 
ôc  fur  tout  les  ongles  d'une  couleur  rouge  ,  tirant  fin- 
ie jaune  ôc  fur    l'orangé.    Leurs    habits    n'ont    point 
de  proportion  avec  leurs  corps.  Ils  portent  des  cafa- 
ques  Ôc  des  veftes  larges  «Se  lâches ,  ôc  femblables  aux 
habits  des  femmes.  Leur  co'éffure  ,  que  les  Turcs  nom- 
ment tulban   ou  turban  ,  eft  faite  de  toile  de  coton , 
ou  ,  de  quelque  étoffe  de  foie  fine  ôc  rayée  de  diffé- 
rentes couleuts ,  ôc  qui  fait  plufieurs  tours.    Celle  de 
leurs  prêtres  eft  blanche  &   tout  leur  habillement  eft 
de   la  même  couleur.    L<fs  plus  grands  feigneurs  du 
royaume  portent   des  bonnets  fourrés ,  ôc  comme  ils 
font  presque  tous  rouges ,  les  Turcs  appellent  les  Per> 
fans  Kijîiùasch  ,  c'eft  à  dire ,  têtes  rouges.  Les  Perfans 
ont  ordinairement  une  tunique  de  coton  ,    ou  de  foie 
de    plufieurs  couleurs  ,    qui    descend  jusqu'au  gras  de 
la  jambe.  Les  extrémités  fe  paffent  fous  le  bras  gauche, 
ôc  on  fe  ceint  d'une  écharpe  qui  fait  plufieurs  fois  le 
tour  du  corps.  Les  riches  mettent  une  belle  ceinture 
fur  cette  écharpe.  Le  roi  &  les  perfonnes  de  qualité 
mettent  fur   la   tunique  une  mandille  fans  manches  , 
qui  ne  va  que  jusqu'aux  hanches.  Quand  ils  fonent , 
ils  mettent  fur  ces  habits  une  vefte  de  foie  de  diver- 
fes  couleurs,  ôc  ouvragée  d'or.  Leurs  chauffes  font  des 
caleçons   qui   descendent  jusqu'à    la  cheville  du  pied. 
Leur  chemife  eft  de  toile  de  coton ,  fouvent   rayée  de 
rouge.  Leurs  bas  font  fort  larges,  ôc  la  plupart  verds, 
ce  qui  offenfe  les  Turcs  de  voir  que  les  Perfans  met- 
tent à  leurs  pieds    la    couleur  que  Mahomet   mettoic 
à  fa  tête.  Leurs  fouliers  font  fort   pointus ,  ôc  ont  le 
quartier  très-bas.  Les  Perfancs  n'ont  point  de   turban. 
Leur  front  tft  couvert  d'un   bandeau  de  trois  doigts 
de  large ,  d'or  émaillé  ,  chargé  de  rubis ,  de    diamans 
ou  de  perles ,  ôc  la  bordure  qui  leur  pend  fur  le  front 
eft  d'écu  d'or  de  Venife  ,  qui  fait  une  espèce  de  fran- 
ge affez  agréable.  Leurs  cheveux,  qui  font  treffés,  pen* 
dent  par  derrière.  Leur  tête  eft  couverte  d'un  bonnet 
brodé  d'or ,   environné  d'une  écharpe  richement  bro- 
dée, Se  dont  une  partie  voltige  par  derrière.  Elles  ont 
des  colliers  de  perles  ;  leur  velle  de  deffous  eft  de  bro- 
card d'or  ou  d'argent.  Elles  mettent  pardeffus  des  es- 
pèces de  juffes-au-corps  fourrés  de  martre.  Elles  onc 
des  manches  l'hiver  ,   &•  n'en   ont  point  l'été.  Elles  ne 
mettent  point  de  bas ,  parce  que  leurs  caleçons  des- 
cendent  jusqn'au-deflbus  de  la  cheville  du  pied.  L'hi- 
ver elles  mettent  des  brodequins  richement  brodés.  El- 


PER 


912 

les  fc  fervent ,  comme  les  hommes ,  de  pantoufles  de 
chagrin.  Elles  ufent  d'une  certaine  poudre  pour  pein- 
dre en  rouge  le  dedans  de  leurs  mains ,  la  plante  de 
leurs  pieds  ôc  les  extrémités  de  leurs  ongles.  Elles  fe 
-noirciiîent  les  yeux  avec  de  la  tutye.  Les  yeux  bleux, 
gris ,  ou  cendrés ,  ne  font  pas  les  plus  beaux  félon 
«lies ,  ce  font  les  noirs.  *  Etat  préfent  du  royaume 
de  Perfe. 

Les  Perfans  font  extrêmement  propres  en  leurs 
meubles  ôc  en  leurs  habits ,  où  ils  ne  fouffriroient 
pas  la  moindre  tache.  Ils  ont  l'esprit  vif,  ôc  le  juge- 
ment bon.  Ils  s'appliquent  à  l'étude ,  &  réunifient  prin- 
cipalement dans  la  poe'fie.  Leurs  inventions  font  ri- 
ches, &  leurs  penfées  belles,  fubtiles  ôc  pleines.  Ils 
ont  la  réputation  de  ne  pas  dire  toujours  la  vérité , 
en  quoi  ils  ont  bien  changé  de  ce  qu'ils  éroient  du 
tems  d'Hérodote  ,  qui  dit  que  les  Perfes  avoient  un 
foin  particulier  de  faire  apprendre  à  leur  jeunette  à 
monter  à  cheval  ,  à  bien  tirer  de  l'ace ,  «Se  à  dire  la 
vérité.  Ils  font  fidèles  dans  leurs  amitiés ,  ôc  ils  font 
des  fraternités  qui  durent  toute  leur  vie,  8c  qu'ils 
préfèrent  aux  liaifons  du  fang  Se  de  la  naiflance.  A 
confidérer  quelques-unes  de  leurs  démarches ,  on  les 
jugeroit  chartes  ôc  amis  de  la  pudeur  -,  mais  tout  cela 
n'efl  qu'à  l'extérieur  :  non  conténs  d'époufer  plufieurs 
femmes  ôc  d'avoir  plufieurs  concubines ,  ils  courent 
encore  après  les  proflituées  :  aufli  n'y  a-t-il  point  de 
ville  dans  la  Perfe  ,  à  la  réferve  d'Ardebil ,  où  l'on  ne 
voie  des  lieux  de  débauche  fous  la  protection  du  ma- 
giilrat.  *  Olcarms ,  Voy.  de  Perfe,  l.  5.  p.  y 68.  & 
fuiv. 

La  dépenfe  du  ménage  chez  les  Perfans  eft  fort  mé- 
diocre pour  la  cave  ôc  la  cuifine  ,  fi  ce  n'efl  dans  les 
familles  où  le  nombre  des  femmes  l'augmente.  Ceux 
qui  ne  fe  contentent  pas  d'eau  pure  y  mêlent  du  dus- 
chab  ôc  du  vinaigre.  D'autres  boivent  du  vin  fans 
fcrupule ,  quoique  la  loi  le  défende.  Ils  fe  perfuadent 
que  ce  péché  leur  fera  pardonné  ,  pourvu  qu'ils  ne 
faffent  pas  eux-mêmes  le  vin.  L'ufage  de  l'opium  efl 
fort  commun.  On  en  fait  des  pilules  de  la  groffeur 
d'un  pois ,  ôc  on  en  avale  2  ou  3  tous  les  deux  ou 
rrois  jours.  On  cherche  par-là  à  s'afloupir  ôc  à  s'en- 
yvrer.  11  n'y  a  presque  point  de  Perfan  de  quelque 
condition  que  ce  foit ,  qui  ne  prenne  du  tabac  en  pou- 
dre ôc  en  fumée.  En  le  prenant  de  cette  dernière  fa- 
çon ,  ils  boivent  une  certaine  eau  noire  qu'ils  appel- 
lent Cahiva ,  faite  d'un  fruit  qu'on  leur  apporte  d'E- 
gypte. Elle  a  une  faculté  rafraichittante.  On  croit  qu'el- 
le éteint  la  chaleur  naturelle ,  ôc  on  en  ufe  parce 
qu'on  n'aime  point  à  fe  voir  chargé  d'enfans. 

Quand  un  jeune  homme  veut  fe  marier ,  il  s'infor- 
me des  qualités  du  corps  &  de  l'esprit  de  la  fille  qu'il 
a  deflein  d'époufer ,  parce  qu'il  ne  lui  eft  pas  permis 
de  la  voir.  S'il  efl  content  du  rapport ,  il  fait  faire  la 
demande  par  quelques-uns  de  fes  amis.  Si  la  recherche 
ne  déplaît  pas ,  on  traite  de  la  dot  que  donnent  les  pa- 
ïens'du  marié.  Elle  fe  conflitue  en  argent,  que  le 
fiancé  envoie  à  la  fiancée  peu  de  jours  avant  le  maria- 
ge ,  comme  une  récompenfe  au  père  ôc  à  la  mère  du 
foin  qu'ils  ont  eu  d'élever  leur  fille  ,  ou  bien  il  lui  pro- 
met certaine  fomme  d'argent ,  ou  une  quantité  de  foie 
ou  d'étoffes ,  payable  en  cas  de  divorce.  La  loi  permet 
au  mari  de  tuer  l'adultère  avec  la  femme  ,  quand  il  les 
trouve  en  flagrant  délit,  &  le  juge  récompenfe  d'une 
vefle  neuve  celui  qui  fait  une  exécution  de  cette  na- 
ture. 

On  ne  fait  plus  nourrir  les  enfans  parmi  les  femmes  , 
ôc  les  pères  ne  les  éloignent  plus  d'eux  jusqu'à  l'âge  de 
quatre  ou  cinq  ans  ,  comme  l'on  faifoit  anciennement. 
On  ne  les  exerce  point  non  plus  à  tirer  de  l'arc  &  à 
monter  à  cheval  ;  mais  on  les  envoie  à  l'école  pour  ap- 
prendre à  lire  ôc  à  écrire ,  n'y  ayant  presque  point  de 
Perfan  ,  de  quelque  condition  qu'il  foit ,  qui  ne  fâche 
l'un  ôc  l'autre.  Les  metzid  ou  mosquées  qui  fervent  pour 
la  prière  ,  fervent  aufïï  pour  les  écoles.  II  n'y  a  point 
de  ville  qui  n'ait  aurant  de  metzid  qu'elle  a  de  rues , 
chaque  rue  étant  obligée  d'entretenir  un  metzid  avec 
fon  molla,  qui  efl  comme  le  principal  du  collège,  ôc 
le  califa  ,  qui  efl  comme  le  régent.  Tout  le  monde  écrit 
fur  le  genou ,  parce  qu'on  n'a  point  en  Perfe  l'ufage  des 


PER 


tables ,  ni  celui  des  (iéges.  Leur  papier  efl  fait  avec  des 
haillons  de  foie  ou  de  coton.  Leur  encre  eft  fort 
épaifle. 

Les  Perfans  ont  leur  langue  particulière,  qui  tient 
beaucoup  de  l'Arabe ,  ôc  point  du  tout  du  Turc.  On  y 
trouve  plufieurs  mots  étrangers ,  comme  allemands  ôc 
latins.  Elle  eft  affez  facile  à  apprendre,  parce  qu'elle  a 
fort  peu  de  verbes  irréguliers.  Tout  ce  qu'elle  a  de  dif- 
ficile, c'eil  la  prononciation  du  gofîer.  La  plupart  des 
Perfans  apprennent  avec  leur  langue,  celle  des  Turcs, 
qui  eft  devenue  fi  familière  à  la  cour  ,  qu'à  peine  y  en- 
tend ton  quelqu'un  parler  perfan.  On  ne  connoït  ni 
l'hébreu,  ni  le  grec,  ni  le  latin; au  lieu  de  ca,  langues 
favantes,  ils  ont  l'arabe,  qui  eft  chez  eux  la  même 
chofe  que  la  langue  latine  en  Europe.  L'alcoran  &  tous 
fes  interprètes  s'en  fervent ,  auih-bien  que  ceux  qui 
écrivent  des  livres  de  philofophie  &  de  médecine.  Ou- 
tre ces  deux  feiences  ,  les  Perfans  étudient  encore  l'arith- 
métique ,  la  géométrie  ,  l'éloquence,  la  poeâe,  la 
phyfique ,  la  morale  ,  l'aftronomie  ,  l'aftrologie  ôc  la 
jurisprudence.  Ils  apprennent  toutes  ces  chofes  dans 
leurs  collèges  ou  univerfités  ,  qu'ils  appellent  Me- 
dreffa. 

Le  royaume  étant  monarchique  ôc  despotique  ,  la  vo- 
lonté du  monarque  fert  de  loi.  Quelques  écrivains  don- 
nent aux  rois  de  Perfe  de  la  dernière  race  le  titre  de 
Sophi  ;  ôc  les  rois  même  ,  particulièrement  ceux  qui  ont 
du  zèle  pour  leur  religion  ,  prennent  plaifir  à  ajouter 
cette  qualité  à  leurs  titres,  en  mémoire  de  Schich  Sofi , 
ou  Sephi ,  premier  inftituteur  de  leur  fecle.  Les  Perfans 
croient  que  Monus-Ali ,  coufin  ôc  gendre  de  Maho- 
met ,  fut  établi  l'héritier  de  la  grandeur  de  fon  oncle 
ôc  de  fon  prétendu  esprit  prophétique,  au  préjudice 
d'Omar,  à  qui  les  Ottomans  attribuent  ces  prérogati- 
ves ;  ôc  c'eft  fur  ce  différent  que  ces  deux  nations  fe 
portent  une  haîne  irréconciliable.  En  qualité  de  fils  de 
prophète  ,  le  roi  fe  dit  le  chef  de  la  religion ,  ôc  les 
Perfans  tiennent  qu'il  ne  peut  être  damné ,  ni  même 
jugé  ,  quelque  mal  qu'il  fafTe  :  aufli  ne  fe  fcandalifent- 
ils  point,  s'il  n'obferve  pas  le  ramazan  ,  &  s'il  boit  du 
vin.  Ils  le  regardent  comme  impeccable  ôc  exemt  de 
toutes  les  obfervations  légales ,  en  vertu  de  fa  qualité 
de  fils  de  faint ,  iflii  de  prophète. 

Le  royaume  eft  héréditaire  ;  les  enfans  légitimes  fuc- 
cedent  -,  ôc  à  leur  défaut  on  appelle  au  trône  les  bâ- 
tards ôc  les  fils  de  concubines ,  qui  font  préférés  aux 
plus  proches  païens  collatéraux.  Si  le  roi  ne  laifie  poinc 
d'enfans  mâles ,  on  a  recours  au  plus  proche  parent  du 
côté  paternel.  Ce  font  comme  les  ptinces  du  fang  ; 
mais  la  figure  qu'ils  font  en  Perfe  eft  bien  trifle.  Ils  font 
ordinairement  fi  pauvres ,  qu'ils  ont  de  la  peine  à  vi- 
vre. Les  fils  du  roi  font  encore  plus  malheureux.  Ils 
ne  voient  jamais  le  jour  que  dans  le  fond  du  ferrail  , 
d'où  ils  ne  forcent  pas  du  vivant  du  roi.  Il  n'y  a  que 
celui  qui  lui  fuccede  qui  voie  le  jour  ;  car  aufli-tôt  qu'on 
l'a  mis  fur  le  trône,  il  fait  ôter  l'ufage  de  la  vue  à 
fes  frères ,  en  leur  faifant  paffer  un  fer  rouge  devant  les 
yeux. 

Ce  font  les  miniftres  de  la  religion  Mahdmétane  qui 
tiennent  le  premier  rang  à  la  cour  de  Perfe.  Ils  pren- 
nent le  pas  fur  les  officiers  de  la  couronne  ,  ôé  ils  ont 
la  préféance  dans  le  confeil ,  dans  les  feftins  publics  ôc 
dans  les  audiences  que  le  roi  donne  aux  miniftres  des 
princes  étrangers.  Le  premier  pontife  de  Perfe  s'appelle 
Sadre-Cajfa  ,  c'eft-à-dire  ,  le  pontife  principal.  Il  efl  le 
chef  de  l'empire  pour  le  fpirituel  ;  mais  il  ne  s'occupe 
qu'à  gouverner  la  confeience  du  roi,&à  régler  la  cour 
ôc  la  ville.  d'Hispahan,  félon  les  régies  de  l'alcoran.  11 
commet  le  fécond  pontife  pour  avoir  foin  du  refte  du 
royaume.  Il  eft  tellement  révéré,  que  les  rois  prennent 
ordinairement  les  filles  des  Sadres  pour  femmes.  On  lui 
donne  la  qualité  de  navab  ,  qui  veut  dire  vicaire  du  roi 
ôc  de  Mahomet  ;  ôc  il  n'y  a  que  lui ,  le  Sadre  Elman- 
Alek  ,  &  l'Etmadoulet ,  qui  ayent  ce  titre.  Le  Sadre- 
Cajfa  a  des  vicaires  dans  routes  les  villes  capitales  des 
provinces  ;  ce  font  comme  des  évêques  ,  qui  ont  foin  du 
fpirituel  &  de  la  juflice ,  que  nous  appellerions  Ecclé- 
(ïaftiques.  Les  gouverneurs  ne  peuvent  rendre  de  juge- 
ment fans  leur  décifion  ,  qui  s'appelle  Tetfa.  La  féconde 
perfonne  dans  le  fpirituel ,  s'appelle  Sadre-Elman-Akk,- 


PER 


PER 


Il  elt  proprement  comme  le  coadjuteur  du  Sad/e-Cajfa  : 
il  fait  dans  tout  le  royaume  ce  que  le  premier  pontife  ne 
fait  que  dans  la  maifon  du  roi ,  &  dans  le  diftrict  d'is- 
pahan.  Il  eft  outre  cela  l'aflefleur  du  Divan-Begui ,  qui 
ne  peut  rendre  aucun  jugement  fans  fa  participation  , 
&  il  a ,  comme  le  premier  Sadre  ,  des  vicaires  dans  tous 
les  tribunaux  du  royaume.  Le  troifiéme  pontife  de  Per- 
fe,  Ce  nomme  Akpnd ,  ou  bien  Chiek, -Alijlam ,  c'eft-à- 
dire ,  le  favant  par  excellence  ,  le  vieillard  ,  ou  le  véné- 
rable de  la  loi  de  Mahomet.  Ce  juge  eft  proprement  le 
premier  lieutenant  civil ,  qui  connoît  des  caufes  des  pu- 
pilles ,  des  veuves,  des  contrats  Se  des  autres  matières 
civiles.  Il  efl:  de  plus  le  chef  de  l'école  du  droit  ;  il  en  don- 
ne des  leçons  le  mercredi  Se  le  famedi ,  Se  il  a  des  fubfti- 
tuts  dans  tous  les  tribunaux  du  royaume,  qui  avec  ceux 
du  fécond  Sadre  ,  font  tous  les  contrats.  Le  quatrième 
pontife  eft  le  Kaz.i ,  qui  peut  pafler  pour  le  fécond  lieu- 
tenant civil.  Il  connoît  des  mêmes  caufes  ,  fait  les  mêmes 
fondions  ,Sc  a  dans  chaque  tribunal  deux  fubftituts  qui 
terminent  les  petits  différens  dans  les  cabarets  de  café  , 
ôc  que  les  gouverneurs  appellent  toujours  pour  les  con- 
fulter  dans   les  caufes  d'importance.  Outre  ces  quatre 
pontifes  le  roi  a  une  espèce  de  grand-aumônier ,  appelle 
fiche- Nahmaz..  Il  fait  dans  la  maifon  du  roi  la  prière, 
les  circoncirions ,  les  mariages  ,  les  enterremens  &  toutes 
les  autres  fonctions  de  religion.  Il  eft  de  plus  comme  le 
théologal  de  l'empire  ;  car  c'eft  lui  qui  fait  les  conféren- 
ces de  religion ,  à  la  différence  des  deux  lieutenans  ci- 
vils ,  dont  les  conférences  ne  font  que  fur  les  matières 
de  droit. 

Il  y  a  fix  miniftres  d'état  dans  la  Perfe.  On  les  appelle 
Rhona-Dolvet ,  c'eft-à-dire  ,  les  colonnes  qui  foutiennent 
l'empire.  Le  premier  eft  le  grand-vifir,  appelle  Etma- 
doulet ,  c'eft-à-dire .  l'appui  de  la  puiffance.  Il  eft  le  chan- 
celier du  royaume  ,  le  chef  du  confeil ,  le  furintendant 
des  finances:  il  prend  foin  des  affaires  étrangères  Se  du 
commerce ,  Se  toutes  les  gratifications  Se  les  penfions 
ne  fe  payent  que  par  fon  ordre.  Il  a  fous  lui  fix  vifirs  ou 
fubftituts  qui  lui  aident  à  manier  les  finances  ,  qui  font 
du  confeil  du  roi  ,  Se  qui  ont  féance  aux  feftins  &  aux 
audiences  publiques.  Outre  cela ,  il  a  fous  lui  deux  fe- 
crétaires  qui  expédient  tous  les  mandemens  de  la  cour. 
Le  fécond  miniftre  d'état ,  ou  la  féconde  colonne  de  l'em* 
pire,  s'appelle  Kortchi-Bachi.  Il  n'eft  plus  maintenant 
que  la  féconde  perfonne  du  royaume  ,  au  lieu  qu'il  étoit 
autrefois  la  première  ,  Se  le  général  des  armées  ;  mais 
le  roi  donne  préfentement  le  commandement  de  fes  trou- 
pes à  qui  il  lui  plaît.  Il  eft  encore  le  chef  des  cavaliers 
nommés  Kortchis ,  qui  font  deftinés  pour  couvrir  les 
frontières;  Se  il  ne  quitte  jamais  la  cour ,  que  lorsqu'on  lui 
donne  le  commandement  des  armées  :  ce  que  le  roi  ne 
fait  pas  volontiers;  car  il  eft  obligé  de  lui  faire  fa  mai- 
fon, Se  de  lui  donner  fa  vaiffelle  d'or ,  Se  une  partie  de 
fes  gardes ,  quand  il  le  met  à  la  tête  de  fes  troupes.  La 
troifiéme  colonne  de  l'empire  eft  le  Koukr-Agafi ,  ou 
chef  des  troupes  d'esclaves.  C'eft  un  corps  compofé  de 
gens  de  qualité  ,  qui  fe  difent  esclaves  du  roi.  Ceux  qui 
veulent  parvenir  aux  grandes  charges,  doivent  paffer  par 
cette  milice.  La  quatrième  colonne  eft  le  Tefantkfchi- 
Agaft ,  ou  le  général  de  l'infanterie,  qui  n'eft  compofée 
que  de  deux  mille  carabiniers  à  pied.  C'eft  proprement 
un  régiment  des  gardes.  La  cinquième  colonne  eft  le 
Tepchi-Bachi,  ou  grand -maître  de  l'artillerie.  Il  a  fous 
lui  quatre  mille  hommes,  commandés  par  quatre  colo- 
nels qui  fe  tiennent  debout  aux  côtés  du  roi  les  jours 
de  cérémonie.  La  fixiéme  colonne  eft  le  Divan- Begui , 
ou  furintendant  de  la  juftice.  Il  a  tous  les  huiffiers  du 
palais  à  fon  fervice.  Ses  ordonnances  font  respectées 
dans  tout  le  royaume  ,  Se  on  appelle  à  fon  tribunal  des 
jugemens  rendus  par  les  gouverneurs.  Entre  les  autres 
grands  officiers  on  compte  l'EchikAgafî-Bachi,  qui  eft 
le  grand-maître  des  cérémonies  ;  le  Na^ir  ou  premier 
maître  de  l'hôtel  de  la  maifon  du  roi  ;  le  Vaki-Anevir , 
qui  eft  le  feul  fecrétaire  d'état  ;  le  Monagden-Bachi  , 
qui  eft  le  premier-mage ,  ou  le  grand  aftrologue  ;  le  Ha- 
kim-Bacbi ,  ou  premier  médecin  ,  qui  eft  responfable  de 
la  mort  du  roi  ,  &  dont  la  vie  paye  toujours  pour  celle 
du  prince  ;  le  Meheurdar ,  ou  garde  des  fceaux  ;  le  Mï- 
rakpr-Bachi ,  ou  grand  écuyer  ;  le  Mir-Chekjr-Bachi  , 
ou  grand  veneur  ;  le  Rekjb-Katia-Jgaji ,  ou  maître  de  la 


91? 

garde  robe  ;  le  Vakrniat-Vifiri,  ou  le  payeur  des  legs  pieux  ; 
le  Koulam-Vifiri ,  ou  le  payeur  des  troupes  esclaves  ;  le 
Moucheruf ,  qui  donne  la  paye  aux  officiers  Se  aux  com- 
menfaux  ;  le  Mehmondar-B.ichi ,  ou  introducteur  des 
ambafladeurs  ;  le  Kodafa ,  ou  chef  de  l'ordre  des  i>o- 
phis  dont  le  roi  eft  le  grand  maître ,  ce  qui  fait  que 
beaucoup  d'étrangers  appellent  mal  a- propos  ce  prince 
le  grand  Sophi.  On  compte  encore  parmi  les  grands  du 
royaume  fix  fortes  de  Khans  ou  de  gouverneurs  ,  favoir 
les  Valis,  les  Beguler-Beguis ,  les  ColBeguis ,  les  Vi- 
firs ,  les  Sultans  Se  les  Derogats.  Tous  ces  feigneurs 
font  Megdeles-Rou ,  c'eft  à-dire  ,  qu'ils  ont  tous  leurs 
places  aux  feftins  du  roi  ;  il  en  faut  pourtant  excepter  le 
grand  maître  de  la  maifon  du  roi  Se  le  maître  des  céré- 
monies ,  qui  ne  s'affeient  jamais  au  feftin  royal ,  l'un  ne 
devant  pas  détourner  les  yeux  de  deffus  la  perfonne  du 
roi ,  Se  l'autre  ayant  foin  de  faire  fervir. 

L'ufage  des  feftins  publics  eft  bien  ancien  en  Perfe, 
puisque  le  livre  d'Efther  fait  mention  de  la  fomptuofité 
du  banquet  d'Affuérus  ;  mais  ceux  qu'on  y  fait  mainte- 
nant font  plutôt  des  feftins  d'audience  que  des  banquets 
de  réjouiffance.  C'eft  dans  ces  feftins  que  le  roi  traite 
des  affaires  d'état ,  Se  qu'il  donne  audience  aux  miniftres 
des  princes  étrangers.  Il  y  en  a  d'ordinaires  qu'on  fait 
les  jours  de  grande  fête ,  Se  d'extraordinaires ,  qui  font 
comme  une  convocation  des  états  pour  quelques  affai- 
res preffantes;  mais  dans  quelque  tems  qu'on  les  faffej 
ils  font  toujours  fomptueux  Se  fuperbes ,  car  on  y  éta- 
le tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  précieux  dans  la  maifon  du 
roi. 

On  peut  dire  que  toute  la  Perfe  eft  du  domaine  du 
roi;  car  fi  les  feigneurs  poffedent  des  terres,  ce  n'eft 
que  par  gratification  du  prince ,  qui  les  leur  ôte  pour 
les  réunir  à  fon  domaine  ,  quand  ces  feigneurs  tombent 
dans  fa  disgrâce.  Les  enfans  même  de  ceux  qui  font 
demeurés  fidèles  n'héritent  de  ces  terres  que  fous  le 
bon  plaifir  du  roi.  Il  n'y  a  de  finances  extraordinaires 
que  les  tailles  Se  les  aides.  Les  tailles  font  réelles.  Le 
roi  retire  environ  quinze  fols ,  monnoic  de  France ,  de 
chaque  arpent.  Cet  impôt  produiroit  bien  des  millions  , 
fi  la  Perfe  étoit  comme  la  France.  Le  tribut  des  Chrétiens 
n'eft  pas  comme  celui  des  terres.  Ils  payent  par  tête  fept 
livres  dix  fols  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans  exclufivement , 
&  quinze  livres  depuis  celui  de  vingt  ans.  Les  douanes  de 
la  Perfe  font  celles  du  Golfe  Perfique  ,  de  Guilam  ,  du 
tabac  Se  de  l'huile  de  Naphte.  On  tire  un  tribut  fur  la 
pêche  du  poiffon  au  Guilam ,  fur  la  Momie  qu'on  tire 
dès  puits  en  certains  endroits  de  la  Perfe  ;  fur  le  poids 
des  marchandifes  ,  fur  le  pied  fourchu  ,  Se  fur  les  lieux 
de  débauche.  11  y  a  dans  chaque  ville  un  vifir  qui  recueil- 
le ces  droits.  Les  troupes  de  la  maifon  du  roi  ,  qui  effc 
compofée  de  quatorze  mille  hommes,  font  entretenues 
fur  les  terres  du  domaine.  On  donne  une  contrée  à  un 
colonel,  Se  quelques  villages  à  un  capitaine,  à  condi- 
tion qu'ils  en  tireront  la  paye  de  leurs  cavaliers ,  qui 
retirent  chacun  cent  écus  par  an.  Les  généraux  font 
pourvus  de  gouvernemens  pour  leur  entretien  ,  Se  les 
princesquife  retirent  en  Perfe  ,  les  ambafladeurs  Se  les 
hôtes  qui  font  tous  entretenus  à  la  cour ,  font  défrayés 
fur  les  terres  du  domaine  qui  fourniflent  aufli  à  la  dépen- 
fe  de  la  maifon  du  roi.  On  compte  que  ce  prince  ,  tous 
frais  faits  ,  touche  tous  les  ans  huit  cens  mille  tomans , 
qui  font  huit  millions  de  livres. 

Le  royaume  de  Perfe  étant  vafle,  Se  tous  fes  veifins 
étant  d'une  fecte  mahométanç,  différente  de  celle  des 
Perfans,  le  roi  pour  couvrir  fes  frontières ,  eft  obligé 
d'entretenir  des  troupes  nombreufes.  En  y  joignant  celles 
de  la  maifon  du  roi ,  le  nombre  de  ces  troupes  peut 
monter  à  cent  cinquante  mille  cavaliers ,  fans  y  com- 
prendre les  garnifons  des  villes  qui  font  dans  le  cœur  du 
royaume.  Tout  cela  eft  entretenu  fur  le  domaine  Se  fur 
les  biens  que  le  roi  y  réunit.  Je  ne  parle  point  d'infan- 
terie. Le  roi  de  Perfe  n'en  a  pas,  parce  qu'elle  ne  pour- 
roit  foutenir  les  fatigues  des  déferts  Se  des  montagnes 
dont  la  Perfe  eft  remplie.  On  ne  fe  fert  point  d'artil- 
lerie pour  la  même  raifon.  On  n'en  a  pas  befoin  pour  dé- 
fendre les  villes  qui  n'ont  ni  murailles  ni  fortifications  , 
Se  quelques  châteaux  qui  font  fur  les  frontières  n'au- 
roient  pas  de  réfiftance.  Le  roi  de  Perfe  n'a  pas  non 
plus  de  force  fur  mer.  Il  ne  tiendroit  qu'à  lui  d'être  le 
tom.IV.  Zzzzz 


PER 


5>i4 

maître  du  golfe  d'Ormus ,  de  la  mer  d'Arabie  &  de  la 
mer  Caspienne  ;  mais  les  Perfans  n'aiment  point  la  na- 
vigation ;  ils  en  ont  même  tant  d'horreur  ,  qu'ils  appel- 
lent Nacoda,  c'eft-à-dire ,  Athées,  ceux  qui  expofent 
leur  vie  fur  un  élément  fi  peu  affuré. 

La  religion  des  Perfans  d'aujourd'hui  efl  le  màho- 
métisme  -,  mais  il  y  eft  tellement  partagé  qu'il  y  a  pres- 
qu'autant  de  différentes  croyances,  qu'il  y  a  de  différen- 
tes conditions.  Les  gens  de  cour  qui  font  inftruits ,  ne 
croient  ni  à  Mahomet  ni  à  l'alcoran  ;  mais  ils  profeffent 
cependant  le  mahométisme.  Les  Perfans  font  regardés 
par  les  autres  Mahométans  comme  des  hérétiques.  La 
conteftation  regarde  le  fucceffeur  de  Mahomet.  Les  Per- 
fans foutiennent  que  c'en:  Ali  ;  les  Mahométans  préten- 
dent que  c'en:  Omar  :  l'interprétation  de  l'alcoran  eft 
différente  de  part  &  d'autre.  Leurs  cérémonies  de  re- 
ligion font  aufll  différentes.  Les  Perfans  fe  moquent  de 
la  fupet  ftition  que  les  Ottomans  ont  pour  la  couleur  ver- 
te. On  prétend  qu'Amurat  ayant  envoyé  un  ambaffa- 
deui  à  Cha-Abbas ,  pour  fe  plaindre  de  ce  qu'il  aban- 
donnoit  cette  couleur  à  la  profanation  des  Chrétiens , 
Cha-Abbas  répondit  :  J'empêcherai  cette  couleur  d'être 
piofanc'e  par  les  Chrétiens,  quand  Amurat.aura  empê- 
ché que  la  verdure  des  prairies  foit  profanée  par  les 
animaux  qui  y  paiffent. 

Il  y  a  encore  aujourd'hui  en  Perfe  beaucoup  de  ces 
anciens  Perfans,  qui  n'ont  pas  voulu  changer  la  religion 
de  leurs  pères  en  celle  de  Mahomet  ;  mais  ce  peuple 
fia  plus  rien  de  la  politeffe  ,  du  favoir  &  de  la  valeur 
de  Ces  ancêtres.  Il  gémir  dans  une  dure  fervitude  :  on 
lui  interdit  les  arts  libéraux  ;  on  ne  lui  permet  d'exercer 
que  les  plus  méchaniques,  comme  de  laboureurs,  de 
jardiniers  &  de  porte-faix  :  on  l'emploie  aux  travaux  pu- 
blics les  plus  vils  &  les  plus  pénibles.  L'esclavage  rend 
ces  peuples  timides,  fimples,  ignorans  &  groffiers.  Ils 
ont  retenu  l'ancien  idiome  perfan  ■■,  ils  l'écrivent  avec 
les  mêmes  caraderes  dont  on  ufoit  anciennement.  Cette 
langue  eft  toute  différente  de  celle  des  Perfans  moder- 
nes j  mais  peu  de  perfonnes  parmi  eux  la  favent  lire 
&  écrire  :  ils  n'ont  pas  occafion  de  l'apprendre  >  n'étant 
dcltinés  ni  aux  affaires  ni  au  commerce.  Leur  croyance 
eft  contenue  dans  des  membranes  que  leurs  mages  ou 
prêtres  leur  lifent  dans  de  certains  tems.  Ces  membranes 
ne  contiennent  que  des  fables  Se  des  traditions  fuperfti- 
tieufes  :  toute  leur  habileré  confine  à  cacher  ces  mem- 
branes, &  il  femble  qu'ils  fe  font  un  point  de  religion 
de  ne  les  montrer  à  perfonne.  On  ne  fait  de  leurs  myfteres 
&  de  leur  croyance  que  ce  qu'on  en  peut  apprendre  de 
leurs  mages ,  qui  ne  font  guère  plus  éclairés  que  ceux 
qu'ils  enfeignent.  Les  Perfans  modernes  les  appellent  Ga- 
vres ou  Guebres  ,  c'eft-à-dhe  ,  idolâtres.  Ils  les  aceufent 
d'adorer  le  foleil  &.  le  feu.  Ces  Gavres  n'ont  cependant 
point  d'idoles ,  &  ils  ont  en  horreur  ceux  qui  les  ado- 
rent. Ils  rendent  leurs  hommages  au  foleil ,  parce  qu'ils 
le  regardent  comme  la  créature  la  plus  parfaite  après 
l'homme.  Ils  difent  que  Dieu  y  a  établi  fon  trône,  &  que 
c'elt  ce  trône  qu'ils  faluent.  Ils  ont  aufli  beaucoup  de 
respeét  pour  le  feu  comme  étant  le  plus  pur  des  élé- 
mens.  Les  mages,  au  lieu  de  baptême  &c  de  citeoncifion, 
préfentent  les  enfans  au  foleil ,  &  ils  les  croient  fanétifiés 
par  cette  cérémonie.  Ils  croient  un  paradis  qu'ils  placent 
dans,  la  fphere  du  foleil.  Ils  croient  un  enfer  qu'ils  di- 
fent être  une  prifon fouterreine  ,  humide  ,  puante,  rem- 
plie  d'animaux  carnaffiers ,  de  ferpens ,  &  de  toutes  for- 
tes d'infeétes ,  fur-tout  de  grenouilles  &  de  corbeaux 
pour  lesquels  ils  ont  beaucoup  d'averfion.  Us  appellent 
les  corbeaux  les  meffagers  du  démon ,  &  les  grenouilles 
les  muficiennes  des  damnés.  Les  Gavres ,  pourconnoî- 
tre  e]uel  fera  le  fort  des  morts,  portent  les  cadavres 
hors  de  la  ville ,  les  dreffent  contre  une  muraille ,  la 
face  tournée  vers  l'orient.  Les  mages  &  les  païens  du 
mort  fe  tiennent  à  l'écart  pour  examiner  la  curée  que 
les  coi  beaux  en  font.  Si  ces  oifeaux  mangent  d'abord 
l'œil  droit,  c'eft  une  marque  de  prédeftinarion  :  on  joue , 
on  danfe ,  on  fe  divertit  à  leurs  funérailles  :  fi  c'eft  l'œil 
gauche  ,  c'eft  une  marque  qu'ils  ne  font  ni  affez  purs 
pour  être  admis  dans  la  fphere  du  foleil ,  ni  affez  im- 
purs pour  être  condamnés  à  la  prifon  obscure  de  l'en- 
fer. Us  doivent  demeurer  quelque  tems  dans  la  moyenne 
région  de  l'air  ,  pour  y  fouffrir  le  froid ,  &  de  là  dans  la 


PER 


fphere  du  feu  ,  pour  y  être  purifiés.  On  pleure  aux  fu- 
nérailles de  ceux-là.  Si  les  corbeaux  mangent  les  deux 
yeux  ,  les  mages  jugent  que  le  mort  eft  damné  ,  patee 
que  n'ayant  plus  d'yeux  ,  il  ne  peut  plus  voir  la  lumière 
du  foleil  :  les  funérailles  de  ce  dernier  font  plus  lu- 
gubres. 

La  Perfe  contient  treize  provinces ,  favoir  : 


r 


Send. 


VI.  AÏOrknt. 


{Sarufan , 
Candayl , 
Debil. 


j-Guadel  ,    Titz  ,   Ma* 
Makeran.    J        kran , 

\Fihr ,  Chalack. 


Sitziflan. 


< 


Sabluftan. 


I 


IV.  Au  Nord. 


m  Au  Midi:- 


«Bechfabath  ,  Buft ,  Sa-* 

rentz ,     j 
Sarvan  ,     Afbe  ,    Me- 

mtnd , 
'Rabel    Emir  ,  Kanda- 

har  , 
iCufeechanna  ,   Grées  ^ 

Curvan , 
Duke ,  Alunkan. 


.Balbachi  ,     Herat  , 
Thun  , 
Choraflan.  ^Choraffan,  Mesched, 
INifabur  ,   ôc     Nicha- 
bour. 

Eftarabad.    Ç  Efiarabad ,  Damkan  ; 
i  Amul. 

.Firuz-Kuh  ,    Sukar 
Abad. 

Mafanderan,  ÎMionikielIe,  Giru , 
ouTabriftan,  yTalarapeskt    ,    Saru  ; 
Ciarman , 
•Ferh-Abad,  Eskiref. 

Schirwan.   5^rbenr?  Baku> 
i  bcharaacie. 

Adirbeitzan.{^'febn>Tauris' 
•-Soltania. 

•Cafbin  ,  &   Caswin  J 
Sawa ,  Kom , 

Frak-Atzem  J  f  as<ih3n  VHemf a"  >, 
1  Ispahan ,  Capitale  de  la 

Perfe , 

Zulfa,  Yezd. 


'Sus,Ardgan,  Ramhor- 
nous , 
Chufiftan.  ^jAhawas,  Skabar,  Ban-> 
der  Rik , 
rBander  Bakel. 

'Kafiron ,  Aftakar ,  Schi-; 
ras, 
'Farfiftan,  & jBenarou    Firus ,  Abat; 
Fars        <Daragierd  ,  Lar ,  Ban- 
der , 
Bander  -  Kongo  ,  Or- 
mus ,  Ifle. 

v\rn^n      çBermafir,  Kirman; 
Kirman.  j  Jasques  >  Kuheftek. 


Ï>ER 


PER 


PERSE  ,  prieuré  de  France ,  au  diocèfe  de  Rhodez. 
Son  revenu  eft  de  deux  mille  livres.  Il  n'y  a  point  de 
prieure  de  ce  nom  dans  le  Roucrgue. 

PERSEA  ,  fontaine  du  Péloponnèfe.  Paufanias  ,  /.  2. 
c.  16.  dit  qu'on  la  voyoit  au  milieu  des  ruines  de  My- 

cènes. 

PERSEI  SPECULA,  lieu  élevé,  dans  l'Egypte,  félon 
Hérodote,  /.  2.  n.  ij.&Strabon,  /.  17.  p  801.  Ce  lieu 
croit  entre  les  embouchures  Héracléotique  ôc  Bolbici- 
que.  Euripide  ,  in  Helena  ,  en  parle  auffi. 

PERSEIDA,  ouPerseis,  ville  de  la  Macédoine.  Ti- 
te-Livc  ,  /.  39.  c.  54.  dit  que  Philippe  la  fit  bâtir  en 
l'honneur  de  fon  fils  Perfée. 

1.  PERSE1GNE,  forêt  de  France,  dans  la  maîtrife 
des  eaux  ôc  forêts  de  Château  du  Loir.  Elle  contient  dix 
mille  quatre  cens  onze  arpens  ôc  quatre-vingt  fept  per- 
ches. 

2.  PERSElGNE,  Perfegnia ,  abbaye  d'hommes,  en 
France ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  dans  le  Maine  ,  au  dio- 
cèfe du  Mans  ,  dans  la  forêt  de  même  nom ,  erflre  Alen- 
con  au  couchant ,  ôc  Bellesme  au  levant.  Elle  fut  fon- 
dée le  ié  Juillet  u  4;  y  par  Guillaume  Talvas ,  comte 
de  Bellesme  ,  de  Ponthieu  ôc  d'Alençon.  *  Piganiol , 
Defc.  de  la  Fiance ,  t.  /.  p.  473. 

PERSELIS  ,  rivière  des  Indes ,  aux  états  du  Mogol. 
Elle  prend  fa  fource  dans  les  montagnes  qui  font  la  fé- 
paration  du  grand  Thibet ,  d'où  coulant  aufud  oueft,  elle 
traverfe  le  royaume  de  Gor  ,  dont  elle  baigne  la  capitale, 
l'état  de  Raja  Ribron  ,  &  va  fe  précipiter  dans  le  Gange, 
entre  Mirapour  ôc  Bénares.  *  Mandeflo.  Robert  >  Atlas. 

PERSENBERG  ,  ou  Porsenberg  ,  bourgade  d'Alle- 
magne, dans  la  partie  occidentale  de  la  Baffe -Autriche  , 
près  de  la  rivière  d'Usper,  ôc  à  demi  lieue  au  nord  du 
Danube.  Lazius  croit  que  c'eft  YUsbium  de  Ptolomée ,  /. 
i.c.  \i.*  Jaillot ,  Allas. 

PERSEPOLIS  ,  ou  Pers^epolis  ,  ville  de  la  Perfide. 
Ce  mot ,  qui  elt  gtec,  ôc  qui  veut  dire ,  Ville  des  Perfes , 
n'eft  pas  le  premier  nom  que  cette  ville  a  porté.  Elle 
s'appelloit  anciennement  Elymaïs ,  qui  fignifie  auffi  Ville 
des  Perfes  ;  Elam ,  veut  dire  la  Perfe.  Ce  pays  fut  par  la 
fuite  nommé  Phar as  ;  ôc  la  ville  Pharas-Abad,  qui  fi- 
gnifie auffi  Ville  des  Perfes.  Les  Grecs  ont  exprimé  ville 
des  Perfes  dans  leur  langue ,  &  ont  dit ,  Perf  polis.  Voici 
la  relation  que  le  Brun  nous  a  donnée  des  ruines  de  cette 
célèbre  ville. 

La  plaine  où  étoit  autrefois  cette  fameufe  ville  eff  une 
des  plus  belles  de  toute  la  Perfe  ,  même  de  tout  l'O- 
rient. Sa  longueur  eft  de  dix-huit  à  dix-neuf  lieues, & 
fa  largeur  en  divers  endroits  de  deux  à  trois  ôc  jusqu'à 
fix.  Le  fleuve  Arax  ow  Ben demir  ,ôc  plufieurs  ruiffeaux 
l'arrofoient  d'un  bout  à  l'autre.  Dans  l'enceinte  de  cette 
ville  ,  il  y  a    entre  mille  ôc  quinze  cens  villages ,  fans 
compter  ceux  qui  font  dans  les  montagnes ,  tous  ornés 
de  jardins  ôc  plantés  d'atbtes.  L'entrée  de  cette  plaine  du 
côté  de  l'occident,  eft  un  boyau  de  montagnes  de  roche 
vive  ,   escarpées  &  fort  hautes.  Il  eft  long  de  quatre 
lieues  ôc  large  de  deux  milles  ;  &  il  y  a  au  milieu  des 
butes  très-élevées,  dont  le  fommet  eft  plat  ôc  uni.  On 
croiroit  qu'elles  ont  été  faites  exprès  ,  fi  l'on  n'y  voyoit 
par-tout  le  roc  vif,  ôc  fi  leur  tour  ôc  leur  grande  élé- 
vation n'annonçoient  que  c'eft  l'ouvrage  de  la  nature.  Il 
eft  probable  que  les  corps  de  garde  avancés  de  I'erfé- 
polis  étoient  pofés  fur  ces  hautes  butes  ;  &  que  ce  font 
eux  dont  Alexandre  eut  tant  de  peine  à  fe  rendre  maî- 
tre. On  n'en  peut  voir  les  ruines ,  parce  que  les  butes 
font  trop  élevées  :  mais  on  découvre  deçà  &  delà  celles 
de   plufieurs  édifices  fitués  fur  les  montagnes  qui  for- 
ment cette  gorge  qu'on  vient  de  décrire.  A  l'occident 
&  au  feptentrion,  les  abords  de  Perfépolis  font  munis  de 
pareils  déniés ,  &   de  pareilles  butes  prodigieufes  par 
leur  hauteur,  de  forte  qu'il  n'y  a  point  d'endroit  fur 
la  terre  fi  bien  fortifié  par  la  nature.  L'ancien  palais  des 
rois  de  Perfe,  que  les  habitans  appellent  Cbil-Minar , 
c'eft-à  dire  ,  quarante  colonnes  ,  eft  fitué  au  pied  de  cette 
montagne.  Les  murs  de  ce  fuperbe  édifice  qui  a  la  mon- 
tagne à  l'orient ,  font  encore  de  bout.    Le  frontispice 
a  600  pas  du  feptentrion  au  midi  ,  ôc  390  de  l'orient 
vers  l'occident  jusqu'au  roc ,  fans  qu'il  y  ait  de  ce  côté- 
là  aucun  endroit  par  lequel  on  puifle  monter.  Quand 
on  eft  arrivé  à  la  montagne  ,  où  le  mur  n'a  que  peu  de 


9  iJT 


hauteur ,  on  arrive  au  haut ,  en  grimpant  entre  quel- 
ques morceaux  de  rocher.  Cette  courtine  a  410  pas  de 
longueur  au  nord  ,  ôc  2 1  pieds  de  hauteur  en  quelques 
endroits;  quoique  cette  hauteur  aille  à  30  pieds  en  d'au- 
tres jusqu'à  la  montagne ,  où  l'on  voit  encore  un  coin 
de  muraille  ôc  une  entrée  pour  en  gagner  le  haut.  On 
trouve  auffi  du  côté  occidental  divers  rochers ,  qui  s'élè- 
vent vers  le  nord  jusqu'à  ce  qu'ils  foient  de  niveau  avec 
le  mur,  ôc  qui  s'étendent  quatre-vingt  pas  à  l'cft,  com- 
me une  plate-forme  devant  ce  mur.  11  femble  qu'il  y  a 
eu  autrefois  un  escalier  en  ce  lieu  ,  ôc  quelques  bâti- 
mens  au-delà  de  cette  courtine ,  ces  rochers  étant  fort 
polis  de  plufieurs  côtés.  On  trouve  fur  le  haut  de  cet 
édifice  une  plate-forme  de  quatre  cens  pas  qui  s'étend 
du  milieu  du  mur  de  la   façade  jusqu'à    la  montagne  * 
ôc  le  long  de  ce  mur  des  trois  côtés  un  pavé  de  deux 
pierres  jointes  enfemble ,  qui  rempliffent  un  espace  de 
huit  pieds  de  large.  Une  partie  de  ces  pierres  ont  huit , 
neuf  &  dix  pieds  de  long  fur  fix  de  large-,  mais  les  au- 
tres font  plus  petites.  Le  principal  escalier  eft  à  cent  foi- 
xante  cinq  pas  du  bout  du  côté  feptentrional ,  au  lieu 
qu'il  elt  à  fix  cens  de  celui  qui  eft  du  côté  du  midi.  Cet 
escalier  a  deux  rempes  qui  s'éloignent  l'une  de  l'autre 
de  quarante  deux  pieds  par  en  bas.  Sa  profondeur  eft  de 
vingt-fept  pieds  fept  pouces ,  jusqu'au  mur  d'où  procè- 
dent les  marches  qui  font  auffi  longues  que  l'escalier  a 
de  profondeur,  à  cinq  pouces  près.  Ces  marches  n'ont 
que  quatre  pouces  de  hauteur ,  ôc  quatorze  de  profon- 
deur :  ainfi  il  eft  d'une    grande  commodité.  Il  y  en  a 
cinquante-cinq  du  côté  qui  eft  au  nord ,  ôc  cinquante- 
trois  au  fud  qui  ne  font  pas  fi  entières  que  les  autres. 
Lorsqu'on  eft  parvenu  à    cette  partie  de  l'escalier,  on 
trouve  un  perron,  qui  a  cinquante  quatre  pieds  quatre 
pouces  de  large,  proportionné    à  la  largeur  de  l'esca- 
lier ,  ôc  dont  les  pierres  font  très-grandes.  Les  deux  tem- 
pes de  cet  escalier  font  féparées  par  le  mur  de  la  faça- 
de ,  de  forte  qu'elles  s'éloignent  l'une  de  l'autre  jusqu'au 
milieu,  ôc  fe  rapprochent  du  milieu  jusqu'en  haut,  ce 
qui  fait  un  bel  effet ,  qui  répond  à  la  magnificence  du 
refte  de  l'édifice» 

La  partie  fupérieure  de  cet  escalier  a  quarante-huit 
marches  de  part  ôc  d'autre ,  parmi  lesquelles  il  s'en  trou- 
ve d'endommagées,  quoiqu'elles  foient  taillées  dans  le  roc» 
On  trouve  dans  le  haut  Je  cci  escalier ,  un  aune  per- 
ron entre  les  deux  rempes  ,  lequel  a  foixante-quinze  pieds 
de  large,  auffi  pavé  de  grandes  pierres  ,  dont  quelques- 
unes  ont  treize  à  quatorze  pieds  de  long  ôc  fept  à 
huit  de  large. 

Dans  l'intérieur  de  ces  antiquités  on  voir ,  en  droite 
ligne  à    quatre   pieds  de  diffance    de  la  façade,  deux 
grands  portiques  Ôc  deux  colonnes.    Le  fond  du  porti- 
que elt  couvert  de  deux  tables  de  pierres ,  qui  en  rem- 
pliffent les  deux  tiers  ôc  le  tems  a  détruit  la  troifiéme. 
Le  fécond  eft  plus  enfoncé  en  terre  que  l'autre  de  cinq 
pieds.  Ces  portiques  ont  vingt  deux  pieds  ôc  quatre  pou- 
ces de  profondeur,  ôc  treize  pieds  &  quatre  pouces  de 
largeur,  On  voit  en -dedans   fur  chaque  pilaltre,    une 
grande    figure  taillée  en  bas-relief,    ayant   vingt-deux 
pieds  de  long  des  pieds  de  devant  jusqu'à  ceux  de  der- 
rière ,  ôc  quatorze  de  haut.  Les  têtes  de  ces  animaux  font 
entièrement  détruites  ;  ôc  leur    poitrine  ôc  les  pieds  de 
devant  font  en  faillie  ,  ôc  fortent  du  pilaftre  :  les  cotps 
en  font  auffi  fort  endommagés.  Ceux  du  premier  porti- 
que font  tournés  vers  l'escalier  ,  ôc   ceux   du  fécond, 
vers  la  montagne.  On  voit  au  haut  de  ces  pilaftres  des 
caractères  qu'on  ne  fatuoit  diftinguer ,  tant  ils  font  pe- 
tits ôc  élevés.  Le  premier  portique  a  encore  trente-neuf 
pieds  de  haut  ôc  le  fécond  vingt-huit.  La  bafe  des  pi- 
laftres a  cinq  pieds  deux  ponces  de  hauteur.  Les  ani- 
maux ,  dont  on  a  parlé  ,    font  taillés  fur  trois    pierres 
jointes  enfemble.  Il  eft  difficile  de  dire  ce  qu'ils  repré^ 
fentent. 

Les  deux  colonnes  qu'on  voit  entre  les  deux  porti- 
ques ,  font  ce  qu'il  y  a  de  plus  endommagé  parmi  ces 
ruines.  Elles  font  de  marbre  blanc  ;  les  chapiteaux  ôc  les 
autres  ornemens  d'en  haut  font  parfaitement  beaux  ,•  les 
baies  font  presque  toutes  couvertes  de  rerre.  Elles  font 
à  vingt-fix  pieds  du  premier  portique  ,  ôc  à  cinquante- 
fix  du  fécond  ;  elles  ont  quatorze  pieds  de  tour  &  cin- 
quante-quatre de  haut.  Deux  foffés ,  ôc  des  pièces  ren- 
Tom.  IV.  Z  z  z  z  z  ij 


9i6       PER 

venées  ,  montrent  qu'il  y  en  avoit  deux  autres  entre  cel- 
les-ci Se  le  dernier  portique.  A  cinquante  pieds  du  meme 
portique  ,  vers  le  fud  ,  il  y  a  un  abbreuvoir  taillé  d'une 
feule  pierre ,  lequel  a  vingt  pieds  de  long  ,  fur  dix  fept 
ôe  cinq  pouces  de  large ,  élevé  de  trois  pieds  Se  demi 
au-deflus  de  terre.  Delà  à  la  muraille  ,  il  y  a  un  espa- 
ce de  cent  cinquante  pas ,  où  l'on  ne  trouve  que  des 
pièces  rompues  :  delà  jusqu'à  la  montagne  >  il  n'y  a  que 
des  tas  de  pierres. 

En  avançant  des  portiques  vers  le  fud  ,  on  trouve  à  la 
diftance  de  cent  foixante-douze  pieds ,  un  autre  escalier 
à  deux  rempes ,  l'une  à  l'eit ,  l'autre  à  l'oueft.  Le  mur 
a  environ  fix  pieds  neuf  pouces  de  hauteur  ;  mais  il  elt 
presqu'entierement  ruiné  au  milieu.  Il  s'étend  quatre- 
vingt  trois  pieds  à  l'eft ,  Se  il  paroît  aux  pierres  de  des- 
fous  qu'il  a  été  orné  de  figures  en  bas-relief.  Ce:  es- 
calier eil  à  demi  enterré.  Il  y  a  auiîî  de  petites  figures 
fur  les  deux  côtés  de  la  muraille  du  milieu,  qui  avan- 
ce jusqu'au  bas  de  l'escalier.  La  rempe  occidentale  a 
vingt  huit  marches ,  Se  l'autre  où  le  terrein  eft  plus  éle- 
vé, n'en  a  que  dix-huit  qui  ont  dix-fept  pieds  de  long 
Se  treize  pouces  de  haut ,  fur  quatorze  Se  demi  de  large. 
Il  y  a  plufieurs  de  ces  marches  qui  font  endommagées , 
quoiqu'elles  foient  taillées  dans  le  roc.  On  voit  au  bout 
du  perron  de  cet  escalier  une  autre  façade  ,  fur  la- 
quelle il  y  a  trois  rangs  de  petites  figures.  Celles  du 
rang  le  plus  élevé  font  btifées  depuis  la  tête  jusqu'à  la 
ceinture  :  le  rang  du  milieu ,  qui  s'eft  le  mieux  confer- 
vé ,  eft  endommagé,  Se  dans  le  rang  du  deflbus  on  ne 
voit  que  les  têtes  -,  le  refte  eft  fous  terre.  Ces  figures  ont 
deux  pieds  neuf  pouces  de  haut,  Se  le  mur,  qui  a  en- 
core cinq  pieds  trois  pouces  d'élévation  ,  a  quatre-vingt- 
dix-huit  pieds  d'étendue  depuis  la  première  marche  jus- 
qu'au coin  à  gauche,  où  eft  un  autre  escalier,  dont  il 
refte  encore  treize  marches  ,  de  la  largeur  &  de  la  pro- 
fondeur de  celles  dont  il  vient  d'être  parlé.  Sur  le  refte 
du  mur  intérieur  ,  qui  règne  à  côté  de  l'escalier  ,  il  y  a 
un  autre  rang  de  demi-figures  ,  Se  au  bout  de  cet  esca- 
lier eft  un  autre  mur  ,  qui  s'étend  quatre-vingt  dix  pieds 
au-delà  du  perron.  Le  coin  tourne  un  peu  au  fud ,  Se 
ne  pafie  pas  outre ,  parce  que  le  terrein  ,  qui  eft  élevé  , 
fe  trouve  de  la  même  hauteur.  Ce  bout-là  donue  en 
droite  ligne  un  peu  au-delà  des  dernières  colonnes,  qui 
s'étendent  vers  les  montagnes.  En  retournant  à  la  rempe 
de  l'escalier  ,  qui  eft  à  l'oueft,  on  rencontre  un  mur  qui 
a  quarante-cinq  pieds  de  long ,  Se  prend  au  bas  de  l'es- 
calier ;  puis  il  y  a  un  espace  de  foixante-fept  pieds  jus- 
qu'à la  façade  occidentale.  Ce  côté  là  eft  fernblable  au 
précédent  :  il  a  de  même  trois  rangées  de  figures ,  avec 
un  lion  qui  déchire  un  taureau,  ou  un  âne  qui  a  une 
corne  au  front.  Entre  ces  deux  animaux  Se  les  figures 
on  a  ménagé  un  carré  rempli  de  caractères,  dont  les 
plus  élevés  font  effacés.  De  l'autre  côté ,  il  y  a  un  pa- 
reil carré ,  dont  les  caractères  font  entièrement  effacés. 
Les  figures  font  auffi  moins  endommagées  de  ce  côté- 
ci,  où  le  terrein  eft  moins  élevé.  Il  y  a  vingt- cinq  mar- 
ches en  cet  endroit.  Le  mur ,  qui  règne  le  long  du  per- 
ron à  l'oueft ,  s'étend  jusqu'à  la  façade ,  Se  n'a  pas  de 
figures  au  delà  de  l'escalier. 

Lorsqu'on  eft  parvenu  au  haut  de  cet  escalier ,  en- 
tre les  deux  rempes,  on  entre  dans  un  lieu  ouvert, 
pavé  de  grandes  tables  de  pierre ,  auffi  larges  que  la 
diftance  qu'il  y  a  de  l'escalier  aux  premières  colonnes, 
qui  en  font  éloignées  de  vingt-deux  pieds  Se  deux  pou- 
ces. Ces  colonnes  font  placées  en  deux  rangs ,  cha- 
cun de  fix  ;  mais  il  n'en  refte  qu'une  qui  foit  entière, 
avec  huit  bafes  ou  piedeftaux ,  Se  quelques  débris  des 
autres.  Elles  régnent  le  long  du  mur  de  l'escalier  à 
autant  de  diftance  l'une  de  l'autre ,  que  la  première 
eft  éloignée  àes  degrés.  On  en  trouve  fix  rangs  d  aunes 
à  foixante  dix  pieds  huit  pouces  de  ces  dernières.  Cha- 
que rang  eft  compofé  de  fix.  Ces  tiente-fix  colonnes 
font  auffi  éloignées  de  vingt- deux  pieds  deux  pouces. 
Il  n'en  refle  que  fept  entières-,  mais  toutes  les  bafes 
des  autres  font  encore  dans  leur  place  ,  la  plupart  fort 
endommagées.  De  celles  qui  lubfiftent ,  une  eft  au 
premier  rang ,  une  au  fécond ,  deux  au  troifiéme ,  Se 
une  à  chacun  des  autres.  Entre  ces  colonnes  Se  les 
premières  on  trouve  quelques  greffes  pierres  d'un  édi- 
fice fouterrein.  11  y  avoic  outre  cela  à  foixante  Se  dix 


PER 


autres  pieds  huit  pouces  de  ces  rangs"  de  Colonnes  à 
l'oueft ,  vers  la  façade  de  l'escalier ,  douze  autres  co- 
lonnes en  deux  rangs,  Se  dont  il  ne  relie  que  cinq, 
trois  au  premier ,  Se  deux  au  fécond.  Elles  étoient  éloi- 
gnées les  unes  des  autres  comme  les  précédentes  ;  mais 
les  bafes  des  fept  qui  manquent  ne  font  plus  vifibles» 
Se  même  celles  qui  fubfiftent ,  font  en  partie  rompues. 
La  terre  y  eft  couverre  de  plufieurs  pièces  de  colon- 
nes,  Se  des  ornemens  donc  elles  étoient  couronnées, 
parmi  lesquels  il  y  a  des  pièces  de  chameaux  à  ge- 
noux. On  voit  même  encore  fur  le  haut  d'une  de 
ces  colonnes  un  de  ces  animaux  en  cette  poftute ,  Se 
afiez  entier.  Au  fud  de  ces  colonnes  eft  l'édifice  le 
plus  élevé  de  ces  ruines  ;  en  avançant  à  l'eft  vers  les 
montagnes  on  trouve,  deux  autres  rangs  de  colonnes; 
chaque  rang  de  fix ,  Se  dont  il  relte  encore  quatre  ou 
cinq  bafes,  qui  paroifiënt  un  peu  au-deflus  de  la  fu~ 
perficie  de  la  terre  avec  plufieurs  pièces  de  colonnes 
Se  des  monceaux  de  pierres.  En  avançant  encore  à 
l'eft,  vers  les  montagnes,  on  trouve  plufieurs  ruines 
de  bâtimens.  Elles  confident  en  paflàges ,  en  fenêtres 
Se  en  portiques ,  qui  font  ornés  de  figures  en  dedans. 
Ces  ruines  s'étendent  quatre-vingt  quinze  pas  de  l'eft 
à  l'oueft,  cent  vingt-cinq  du  nord  au  fud,  &  font  à 
foixante  pas  des  colonnes  Se  des  montagnes.  Au  mi- 
lieu de  ces  ruines  la  terre  eft  couverte  de  pièces  de  co- 
lonnes ,  Se  d'autres  pierres.  Ces  colonnes  étoient  au 
nombre  de  foixante  Se  feize.  Il  n'en  refte  que  dix  neuf 
dans  leur  affiéte.  Le  fut  eft  fait  de  trois  ou  quatre 
pièces  jointes  enfemble ,  fans  parler  de  la  bafé  ni  du 
chapiteau. 

Le  bâtiment  le  plus  élevé  eft  fur   une  colline ,  à 
cent  dix-huit  pieds  des  colonnes ,  Se  du  côté  du  fud. 
Le  mur  de  la  façade ,  qui  a  cinq  pieds  Se  fept  pouces 
de  haut  de  ce  côté-là  ,  n'eft  compofé  que  d'une  feule  as- 
fife  de    pierres ,   entre  lesquelles  il  y  en  a  qui    ont 
huic  pieds  de  large.  Ce  mur  a  cent  treize  pieds  d'é- 
tendue de  l'eft  à  l'oueft.  On  voit   au  devant  du  mi- 
lieu de  cet  édifice  quelques  fondemens  de  pierre ,  qui 
en  faifoient  une  partie ,  fans  qu'on  puifle  comprendre 
à  quoi  ils  ont  fervi  ,  puisqu'on  n'y  trouve  pas  la  moin- 
dre marque  d'escalier.  On  apperçoit  en  dedans  &  en 
dehors  des  pierres  qui  ont  fervi  a  l'édifice,  &  un  ca- 
nal ou  conduit ,  qui  fervoic  a  faire  écouler  les  eaux. 
A  cinquante-trois  pieds  de  cette  façade  ,   qui  n'a  ni  figu- 
res ni  ornemens ,  &  dont  on  ne  peut  bien  diftinguer 
l'entrée ,  parce  que  les  ruines  en  font  en  partie  cou- 
vertes de  terre  ,  on   trouve  à    la  droite  un  escalier , 
qui  a  encore  fix  marches  entières ,  Se  dont  celles  du 
haut  font  entièrement  détruites.  Ces  marches  ont  fix 
pieds  &  un  pouce  de  long,  quatre  pouces  de  haut, 
Se  un  pied  Se  demi  de  large.  Sur  les  petites  ailes  de 
cet  escalier  on  voit  à  droite  &  à  gauche  des  figures , 
auffi-bien  que  fur  les  pierres  qui  en  font  proches  ;  Se 
fur  le  perron  qui   eft  au  haut ,  il  y  a  une  pierre  de 
cinq  pieds   de  long,  Se  de  fept  de  large.  Il  y  avoit 
une   rempe  femblable  de  l'autre  côté ,  &  on  trouve 
encore  deux  marches  élevées,   oppofées  l'une  à  l'au- 
tre.   La  première   de  ces  rempes  eft  au  nord  ,   Se  la 
féconde  au  fud  ;   Se  l'on  voit  fur  le  perron  ,   qui   eft 
entre  deux,  deux  pilaftres  de  portiques,  qu'un  trem- 
blement de  terre  y  aura  apparemment  jettes.  Tout  le 
refte  du  bâtiment ,  qui  conhftoit  en  grands  Se   petits 
portiques,    eft  abfolumenc  détruit.  Ils  étoient  compo- 
sés de  grofles  pierres ,  parmi  lesquelles  il  s'en  trouve 
qui   font  percées  comme  des  fenêtres ,   Se  ils  étoient 
remplis  de  figures  en  bas  relief.  Le  terrein  de  ces  rui- 
nes contient  cent  quarante  fept  pieds  de  long,  Se  eft; 
à  peu  pi  es  carré.  Il  y  avoit  auffi  un  escalier  à   deux 
rempes  au  fud  ,  de  la  grandeur  Se  de  la  forme  du  pre- 
mier ,  dont  on  voit  encore  de  part  Se  d'autre  les  qua- 
tre dernières  marches.  Entre  les  deux  rempes ,  dont  l'u- 
ne eft  à  l'eft  &  l'autre  à  l'oueft ,  il  y  a  une  façade  de 
cinquante-cinq  pieds  de  long ,  fans  compter  les  côtes 
de  l'escalier ,  où  le  mur  eft  plus  bas ,  &  n'a  que  deux 
pieds   fept   pouces  de  haut  au  deffus  du  rez  de-cliaus- 
fée.   Le  terrein  qui  eft  à  l'eft   eft  plus  élevé  que  les 
murs  de  côré  ,    &  eft  à   peu  près   carré  en   dedans , 
avanr  cinquante-quatre  pieds    Se  demi  d'un  côté ,   Se 
cinquante-trois  Se  demi  de  l'autre,  avec  une  grande 


PER 


PER 


colline  de  fable  au  milieu.  Les  plus  grands  de  ces  por- 
tiques ont  cinq  pieds  deux  pouces  de  profondeur.  La 
muraille  a  trois  pieds  d'épaifleur ,  Se  vingt-deux  à  vingt- 
trois  de  hauteur  jusqu'à  la  corniche.  On  ne  fauroit 
concevoir  à  quoi  ce  bâtiment  a  fervi  ■>  ni  comment 
on  y  montoit ,  car  il  n'y  a  pas  la  moindre  trace  d'es- 
calier. 

On  trouve  au  nord  deux  portiques  Se  trois  niches 
ou  fenêtres  murés  ;  Se  au  fud  un  portique  Se  quatre 
fenêtres  ouvertes,  larges  chacune  de  cinq  pieds  neuf 
ponces ,  Se  hautes  de  onze   pieds,  y  compris  la  cor- 
niche. 11  y  a  à  l'oueft  deux   autres  portiques   qui  ne 
font  point  couvres ,  Se  qui  ont  deux  ouvertures  ;  Se 
à  l'eft  il  y  en  .   un  troifiéme,  avec  trois  niches  ou 
fenêtres  murées  Six  de  ces  ouvertures  font  fans  cor- 
niche ,  &  il  n'ai  refte  qu'une  demie  à   l'eft.  On  voit 
de  part  Se  à'àifre,  fous  les  deux  portiques  qui  font 
au  nord ,  la  fkire  d'un  homme  Se  celles  de  deux  fem- 
mes; les  unes  &  les  autres  paroifient  feulement  jus- 
qu'aux genou),  les  jambes   étant  couvertes  de  terre. 
Sous  un  des  prtiques ,  qui  font  à  l'oueft ,  on  voit  un 
homme  combattant  contre  untaureau  ,  qui  a  une  cor- 
ne au  front.  L'homme  tient  la  corne  de  la  main  gau- 
che ,  tandis  cu'il  enfonce  de   la   droite  un  poignard 
dans  le   vente  du  taureau  ;  de  l'autre  côté  l'homme 
tient   la  corn  de  la  droite ,   &  enfonce  le  poignard 
de  la  gauche.  11  y  a  dans  le  fécond  portique  un  hom- 
me debout  ,  qui    tient  de  la  main  gauche  la    corne 
d'un  daim  ,  k  qui  lui  enfonce  de  la  main  droite  un 
poignard  dais  le  ventre.  Le  daim  reflemble  presque  à 
un  lion  quiauroit   une  corne  au   front,  &  des  aîles 
fur  le  dos.  es  mêmes  repréfentations  fe  trouvent  fous 
le  portique  qui  eft  au  nord,  à  la  réferve  qu'au  lieu 
du  daim  il     a  un  véritable   lion ,  que  l'homme  tient 
par  la  crinice.  Ces  deux  figures  font  en  terre  jusqu'à 
mi-jambe.  Es  deux  côtés  du  portique  ,  qui  eft  au  fud, 
on  voit  un  omme  avec  un  ornement  de  tête,  en  fa- 
çon de  couînne  ;  il  eft  accompagné  de  deux  femmes, 
dont  l'une  li  tient  un  parafol  fur  la  tête,  Se  l'autre 
un  certain  rnement  à  la  main.  Au-defius  de  ce  por- 
tique ,  en  ddans,  il  y  a  trois  niches  différentes,  rem- 
plies de  caicfceres.  Sur  les  pilaffres  du  premier  por- 
tique, qui  int  fonis  de  leur  place,  Se  qu'on  trouve 
a  côté  du  d<nier  escalier  dont  nous  avons  parlé ,  on 
voir  deux  hoimes ,  tenant  chacun  une  lance ,  1  un  des 
deux  mains  ,3c  l'autre  de   la  gauche  ;   mais  il  n'y  en 
a  qu'un  d'ener.  Derrieie  cet  édifice  fe  trouve  un  au- 
tre bâtimenti  peu  près  femblable  ;  mais  plus  long  de 
trente-huit  jeds  avec  une  niche  ou  fenêtre  bouchée, 
Se  une  autr  ouverte ,  Se  deux  portes  élevées  à  droite 
Se  à  gauche  dont  celle,  qui  eft  à  l'eff,  eft  rompue,  & 
l'autre ,  qui  ft  à  l'oueft  ,  a   encore  vingt-huit  pieds  de 
haut,  Se  poît   toute  d'une  pièce,   ayant  trois   pieds 
fepe    pouce  de   large ,  Se   cinq    pieds  quatre  pouces 
d'épaifleur.  1  y  a  fur  le  haut  de  cette  pierre  trois  ni- 
ches ou  t;les  féparées ,   remplie1;  de  caractères ,  Se 
une  quatrine  au- défions,  qui  femble  avoir  été  tail- 
lée après  ï  autres.  On  en  trouve  de  femblables  dans 
d'autres  niies  ou  fenêtres ,  aufii-bien  que  fous  quel- 
ques-uns es  portiques  ,  dont  les  pilaflres  font  d'une 
feule  pierre  comme  les  corniches.  Les  niches  ou  fe- 
nêtres desnurailles  font  auflî  taillées  d'une  feule  pier- 
re -,  Se  il  'a  au  fud  de  ces  fenêtres  deux  rempes  d'es- 
calier, L'u:  à  l'eft,  Se  1  autre  à  l'oueft,  dont  il  refte 
les  cinq  nrches  les  plus  élevées  ;   Se  les  aîles ,  aufii- 
bien  que    mur  qui  les  fépare,  font  chargées  de  pe- 
tites figus   eV:  de  feuillages  en  partie  fous  terre.   A 
cent  piedde-la  au  fud  ,  on  trouve  les  dernières  rui- 
nes de  cefameux  édifices.  Elles  confident  auiïî  la  plu- 
part en   iniques   Se  en  enclos.  Entre  ces  ruines  Se 
les  precémtes ,   il  y  a  un  escalier  ruiné.  Il    étoit    à 
deux  rems,  l'une  au  nord,  Se  l'autre  au  fud.  Il  en 
refte  enec  les  fept  maiches  les  plus  élevées,   Se  on 
voit  qu'il. oit  orné  de  figures  Se  de  feuillages.  A  l'eft 
de  cet  eslier  font  des  partages  fouterreins  ,  où  per- 
fonne   n'e   entrer  ,    parce  qu'on  dit  que  pour  peu 
qu  on  ava:e ,  la   lumieie  s'éteint   d'elle-même.  Cela 
nempêchapas  le  fieur  le  Brun  d'en  faire  l'épreuve 
d.v\s  la  copagnie  d'un  Ierfan  réfolu.  On  y  descend, 
dit-il ,  ent  des  rochers,  Si  l'on  y  trouve  deux  che- 


917 

mins,  celui  qui  conduit  à  l'eft  eft  élevé  de  fix  pieds, 
Se  large  de  deux  pieds  quatre  pouces  à  l'entrée ,  Se 
un  peu  plus  avant  d'un  pied,  fept  à  huit  pouces. 
Apres  avoir  avancé  vingt-fix  pas,  la  voûte  fe  trouve 
fi  bafie,  qu'il  faur  fe  coucher  fur  le  ventre  pour  pé- 
nétrer encore  l'espace  de  dix  pas  ;  enfuite  elle  a  la 
hauteur  de  fix  pieds  ;  mais  après  avoir  fait  quelque 
pas ,  on  ne  trouve  plus  qu'un  conduit  étroit ,  qu'il 
eft  impoffible  de  pafler ,  &  qui  doit  avoir  fervi  au- 
trefois pour  l'écoulement  des  eaux.  Le  partage  qui  eft 
à  l'oueft ,  eft  de  même  praticable  au  commencement  : 
on  y  trouve  un  chemin  qui  conduit  du  côté  du  nord 
mais  il  devient  enfin  fi  bas ,  qu'un  homme  couché  fur- 
ie ventre  ne  peut  y  pafler.  Le  Brun  fit  ces  deux  tenta- 
tives ,  fans  que  la  lumière  qu'il  avoir  portée  ,  s'étei- 
gnît :  il  paroît  que  ces  voûtes  avoient  été  faites  pour 
la  conduite  des  eaux. 

L'édifice  au  fud  dont  nous  avons  commencé  à  par- 
ler,  &  qui  fait  partie  des  dernières  ruines,  avoit  160 
pieds  d'étendue  du  nord  au  fud,  Se   191   de  l'eft  à 
l'oueft.  Il  en  paroît  encore  dix  portiques  ruinés ,  fept 
fenêtres  Se  quarante  enclos ,  où  il  y   a  eu  des  bâti- 
mens,  dont  on  voit  encore  les  fondemens  Se  des  bà- 
fes  rondes  au  milieu,  fur  lesquelles  il  y  a  eu  des  co' 
lonnes  au  nombre  de  trente-fix  en  fix  rangs  :  ces  pier- 
res ont  trois  pieds ,  cinq  pouces  de  diamètre.  Tout  ce 
terrein   eft  couvert  de  grandes  pierres ,   fous  lesquel- 
les il  y  avoit  autrefois  des  aqueducs.  On  voit  à  l'en- 
trée de  ce  bâtiment  deux  pierres  élevées,  comiiK  au 
précédent,  Se  fur  lesquelles  il  y  a  des  caractères  vifi- 
bles.  Il  y  avoit  un  autre  édifice  à  l'oueft  de  la  façade 
de  celui-ci  ;  mais  il  eft  entièrement  détruit.  Il  ne  res- 
te plus  qu'une   place  carrée ,  vis-à-vis  des  portiques 
dont  il  vient  d'être  parlé ,  Se  dont  la  muraille  a  en- 
core près  de  deux  pieds  de  hauteur  au-deflus  du  rez- 
de-chauflee.  On  voit   aurtî  le  long  de  cette  muraille 
le  haut  des  figures  dont  elle  étoir  ornée  ;  elles  avoienc 
chacune  une  lance,  Se  n'étoient  guère  moins  grandes 
que   nature.    Le   terrein  qu'elle   enferme  ne  contient 
plus  que  quelques   pierres   rondes,   qui  ont  fervi  de 
bafes  à  -des  colonnes  de  la  grofieur  des  précédentes ,  Se 
à  onze  pieds  de  diftance  les  unes  des  autres;   il  pa- 
roît qu'il  y  en  a  eu  trente  fix.  Devant  ce  dernier  édi- 
fice il  y  a  une  grande  colline  de  fable ,  qui  règne  le 
long  des  portiques ,  avec  plufieurs  monceaux  de  pier- 
re ;  Se  à  côté  de  ces  ruines ,  à  l'eft ,  on  trouve  les  dé- 
bris d'un  escalier,  femblable  à  celui  du  mur  de  la  fa- 
çade ,  Se  à  la  partie  inférieure  duquel  on  voit  enco- 
re douze  marches ,  &  quinze  au-defilis  du  perron  ou 
du  paillier ,  chacune  ayant  fix  pieds ,  deux  pouces  de 
large.  Les  aîles  de  cet  escalier  four  ornées  de  petites 
figures  ;  le  mur  ,  qui  en  fépare  les  deux  rempes  ,  Se  qui 
a  encore  huit  pieds  de  haut ,  a  des  figures  presque 
aufii  grandes  que  nature;  mais  les  pierres  en  font  fore 
endommagées.  On  voit  fur  le  devant  un  lion  combat- 
tant contre  un  taureau  ,  Se  quelques  pierres  rompues^ 
fur  lesquels  il  y  avoit  des  caractères.  11  y  a  des  lions 
femblables  fur  les  aîles  de  l'escalier ,  mais  plus  petits; 
on  y  voit  des  caractères  Se  des  figures  presque  gran? 
des  comme  nature.   On  en  voit  de  même  de  l'autre 
côté  des  murs ,  avec   des  figures  de  femmes  presque 
toutes  effacées.  Le   principal  escalier  de  ce    bâtiment 
étoit    à  l'oueft ,   de  l'endroit    le  plus    élevé  près  du 
grand  édifice.  Il  étoit  pofé  directement  devant  le  mur, 
Se  large  par  le  bas ,  fe  rétféciflant  par  degrés  en  mon- 
tant.   11  a  deux    rempes   comme  les   autres,    l'une  a 
l'oueft  ,  l'autre  à  l'eft.  Cette  dernière  a  vinge-fept  pieds 
de  haut ,  Se  celle  qui  eft  à  l'oueft  ,  a  vingt-trois  mar- 
ches ,  dont  le  tems   en  a    détruit  huit ,  quoiqu'elles 
ayent  toutes  été  taillées  dans  le  roc.  Lorsqu'on  eft  par- 
venu au  perron  de  la  première  rempe ,  on  trouve  la 
féconde  divifion  de  l'escalier  à  côté  du  mur  ;  de  l'oueft 
à  l'eft  ,  elle  à  trente  marches  presque  toutes  entières , 
ayant  quatre  pieds  trois  pouces  de  large,  Se  un  pied 
trois  pouces  de  profondeur.  La  rempe  qui  étoit  à  l'eft, 
Se  femblable  à  l'autre  ,  eft  presque  entièrement  détrui- 
te. On  trouve  entre  ces  deux  rempes  une  étendue  ou 
place  de  cent  dix-fept  pieds,  à  compter  du  mur  du 
perron,  le  long  duquel   les   bâtimens  s'étendoient   à 
huit  pieds  de  diftance.  11  y  avoit  des  colonnes  entre 


PER 


918 

cet  édifice  élevé  8c  les  portiques  dont  on  a  parlé  ; 
mais  il   ne  refte   des  vertiges  que    de  quatre  ,    avec 
deux  pièces  des  bafes ,  qui  paroiflent  encore  au-deflus 
de  la  terre.  On  trouve  quatre  portiques  parmi  ces  der- 
nières ruines,  &  fur  chaque  pilaftre  de  ces  portiques, 
il  y  a  en    dedans   une  figure  d'homme   &  deux  de 
femmes  ,  qui  lui  tiennent   un  parafol  au-deflus  de  la 
tête.   Il  y  avoit  dé  pareilles  figures  fur  ceux  qui  font 
à  l'oueft ,  &  fur  ceux  qui  font  à  l'eft.  Sous  les  deux 
autres  portiques   on   voyoit  deux   hommes  armés  de 
lances  ;  8c  dans  les  niches  qui  fe  trouvent  de  part  8c 
d'autre ,   on  voit  diverfes  figures  d'hommes ,  la   plu- 
part fort  endommagées.  Entre  ces  ruines  8c  les  der- 
niers édifices  qui  font  vers  la  montagne,    on  trouve 
quelques  pilaftres,  ornés  de  figures  à  peu  près  fem- 
blables ,  finon  qu'une  des  femmes  au  lieu  de  parafol, 
tient  un  inftrument    courbe   àu-deflus   de  la    tête  de 
l'homme.  On  voit  des  pièces  femblables  à  la  main  de 
divers  autres  figures ,  qui  femblent  être  derrière  quel- 
que   grand  perfonnage.    Ce  pourroit  être  des  queues 
de  cheval  marin  dont  les  perfonnes  diflinguéesfe  fervent 
encore  dans  ce  pays-là  pour  chafler  les  mouches.  On 
trouve  auprès  de  ces  édifices  deux  pierres  fort  élevées  ; 
mais  tout    le  refte  eft:  presque  fous  terre.  On  voit  à 
une  petite  diftance  au  nord  deux  portiques  avec  leurs 
pilaftres ,  fur  l'un  desquels  il  y  a  la  figure  d'une  hom- 
me ,  &  celle  de  deux  femmes ,  dont  l'une  lui  tient  le 
parafol  au-deflus  de  la  tête  ;  8c  au-deflus  de  ces  fem- 
mes il  y  a  une  figure  avec  des  aîles,  qui  s'étendent 
jusqu'au   côté  du  pottique.    Le   deflbus  du   bufte  de 
cette    petite  figure    femble  fe   terminer  en  feuillages 
des  deux  côtés ,  avec  une  espèce  de  frifure.  Il  y  a  fur 
le  fécond   pilaftre  un  homme  aflis  dans  une  chaife, 
tenant  un  bâton  à  la  main ,  8c  un  autre  débout  der- 
rière lui ,  tenant  la  main  droite  fur  fa  chaife ,  8c  de 
l'autre  quelque  chofe   qu'on  ne  fauroit  diflinguer.  La 
petite  figure  qui  eft  au-deflus  tient  une  espèce  decer-, 
cle  de  la  main  gauche ,  8c  montre  quelque  chofe  de 
la  droite.  On  voit  fous  ce  portique  trois  rangs  de  pe- 
tites figures,  toutes  les  mains  élevées-,  8c  fur  untroi- 
fiéme   pilaftre  qui   refte  encore,  font  deux  femmes, 
tenant  un  parafol  fur   la  tête  d'un  homme.  La  terre 
eft  aufli   couverte  de  plufieurs  pièces  de  colonnes  8c 
d'autres  antiquités ,   entre  lesquelles  il  y  a  trois  bafes 
vifibles.  Ces  portiques  ont  neuf  pieds  de  profondeur 
ôc  autant  de   largeur ,  8c  font  enfoncées  de  quelques 
pieds  en  terre.  On  pafle  de  cet  endroit  aux  dernières 
ruines   des  édifices  ,    qui   font   du  côté  de  la  monta- 
gne. On  y  trouve  deux  portiques  fous  chacun  desquels 
il    y  a   un  homme   aflis  dans  une  chaife,  tenant  un 
bâton  de  la  main  droite ,  8c  de  la  gauche  une  espèce 
de  vafe ,    8c  derrière  lui   une  autre    figure  qui  tient 
au-deflus   de  fa   tête  un  inftrument   femblable   à  une 
queue   de  cheval  marin ,  8c  qui  a  un  linge  dans  l'au- 
tre main.  On  apperçoit  trois  rangs  de  figures  au-deflbus 
de  celle-ci  ;  tenant   les  mains   élevées,   favoir  quatre 
dans  le  premier  rang  ,  8c  cinq  dans  chacun  des  deux 
autres.   Elles  n'ont  que  trois  pieds  8c  quatre  pouces 
de  hauteur  •■,  mais  la  figure  qui  eft  aflife  eft  plus  gran- 
de que  nature.  Au-deflus  de  cette  figure  on  voit  plu- 
fieurs rangs  d'ornemens  de  feuillages  dont  le  plus  bas 
eft  chargé  de  petits  lions,  8c  le  plus  élevé  de  bœufs, 
8c  au-deflus  de  ces  ornemens  parok  une  petite  figure 
aîlée,  qui  tient  de  la  main  gauche  quelque  chofe  qui 
îeflemble  à  un  petit  verre ,  8c  elle  fait  un  figne  de-la 
droite.  Ces  portiques  ont  douze  pieds  cinq  pouces  de 
largeur ,  fur  dix  pieds  quatre  pouces  de  profondeur. 
Les    pilaftres  en   font  compofés   de  fept  pierres ,  & 
ont  l'épaifièur  de  cinq  à  fix  pieds.  Les  plus  élevés  font 
de  vingt-huit  à  trente   pieds.    On  voit    fur  les  deux 
qui  font  au  nord ,  un  homme  aflis  avec  une  perfon- 
ne  derrière  lui  ,   8c  derrière  celui-ci  deux  autres  hom- 
mes ,  tenant  à  la  main  quelque  chofe  qui  eft  rompu. 
Au-devant  de  celui  qui  eft  aflis,  il  y  en  a  deux  au- 
tres dont  l'une  a  la  main  à  la  bouche ,  comme  pour 
faluer ,  8c   l'autre   tient  un  petit  fceau.   Au-dcflus  de 
ces  figures  il  y  a  une  pierre  remplie  d'ornemens  ;  8c 
au-deflbus  du    perfonnage   aflis,     on    voit  cinq   rang 
de  figures,  qui  ont  trois  pieds  de  haut  :  ce  font  des 
foldats  différemment  armes.  On  trouve  dans  un  de 


PER 


ces  portiques,  à  l'eft,  un  homme  combattant  contre 
un  lion ,  8c  dans  un  autre ,  un  homme  combattant 
contre  un  taureau.  Sous  les  deux  qui  font  à  l'oueft 
on  voit  des  lions ,  dont  il  y  en  a  an  avec  des  ailes. 
Ceux  qui  font  à  l'eft  8c  à  l'oueft  font  beaucoup  plus 
bas  que  ceux  du  nord  8c  du  fud ,  &  les  figures  font 
en  terre  jusqu'aux  genoux.  Les  autres  portiques  font 
enfoncés  de  même.  Ils  avoient  neu:*  niches  ou  fenê- 
tres de  chaque  côté.  Elles  font  presque  toutes  détrui- 
tes ;  on  voit  pourtant  qu'elles  n'étoitnt  point  percées 
d'outre  en  outre ,  à  l'exception  de  ctlles  qui  font  au 
nord,  dont  les  trois  du  milieu  font  encore  entières 
8c  percées ,  de  forte  qu'on  peut  pafle  au  travers.  Les 
pilaftres  8c  l'architrave  en  font  preque  d'une  feule 
pierre ,  mais  les  corniches  en  fouit  ronpues.  Ces  por- 
tiques ont  trois  pieds  cinq  pouces  de  profondeur ,  8c 
quatre  pieds  dix  pouces  de  largeur.  Gi  trouve  entre 
ces  édifices  plufieurs  pièces  de  colonne,  de  bafes  8c 
d'ornemens,  qui  pourroient  fe  monterau  nombre  de 
trente  ou  quarante.  Les  dernières  doit  nous  avons 
parlé,  fe  montent  à  cent  dix-neuf ,  lesqielles  ajoutées 
aux  foixante  8c  feize  premières,  font  e  nombre  de 
cent  quatre-vingt-quinze. 

Les  premières  grofles  pierres  de  rocher,  qu'on  trou- 
ve à  côté  de  ces  édifices  au  nord ,  foni  des  pilaftres 
de  deux  grands  portiques ,  dont  l'un  éoit  égal  aux 
deux  qui  font  à  l'escalier  du  mur  de  la  façade  ;  l'au- 
tre eft  orné  de  deux  figures  d'homme;,  armés  de 
lances ,  d'une  grandeur  extraordinaire ,  c  tenant  aus- 
fi  un  inftrument  femblable  à  une  quèc  de  cheval 
marin.  Il  y  avoit  deux  autres  pilaftres,  m  peu  plus 
loin  à  l'oueft  vis-à-vis  des  premiers ,  ccnme  il  pa- 
rok par  le  peu  qui  en  refte.  On  trouvedeux  autres 
portiques  au  nord ,  pareils  à  ceux  qui  ébient  à  l'es- 
calier de  la  façade.  Quoiqu'ils  foient  tomes  en  rui- 
ne, on  diftingue  encore  les  animaux  qui  Soient  tail- 
lés deflus.  Il  y  a  aufli  une  grofle  pièce  d  pierre  en- 
foncée dans  la  terre  8c  qui  reflemble  à  1  tête  d'un 
cheval ,  d'où  l'on  peut  conclure  que  les  atres  pilas- 
tres ont  aufli  été  ornés  de  têtes  femblable  &  de  plu- 
fieurs figures  de  bêtes.  On  trouve  de  pli  à  côté  de 
ces  ruines  beaucoup  de  débris  de  colonne  8c  d'autres 
pièces  d'architecture  -,  mais  on  ne  fauroitrien  diflin- 
guer parmi  celles  qui  font  au  nord. 

Il  nous  refte  à  parler  des  deux  anciens  imbeaux  des 
rois  de  Perfe  ,  qui  fejtrouvent  dans  la  montagne  , 
l'un  au  feptentrion  8c  l'autre  au  midi,  a  façade  du 
premier ,  qui  eft  taillé  dans  le  roc  ,  1  un  beau 
morceau  d'architecture  rempli  de  figure  &  d'autres 
ornemens.  Ils  font  tous  deux  de  la  mê,e  forme  8c 
ont  environ  70  pieds  par  en  bas.  La  irtie  de  ce 
tombeau  fur  laquelle  font  les  figures ,  a  .0  pieds  de 
large  ;  la  hauteur  en  eft  à  peu  près  fenlable  à  la 
largeur  par  en  bas  -,  8c  le  rocher  s'étend  is  deux  cô- 
tés à  la  diftance  de  foixante  pas.  Le  Em  eut  la 
curiofité  de  pénétrer  dans  le  tombeau  queft  au  mi- 
di. Comme  l'enttée  n'a  que  2  pieds  de  mteur ,  il 
fallut  qu'il  fe  traînât  fur  le  ventre.  Il  troui  une  voû- 
te de  46  pieds  de  large  8c  de  20  pieds  de  ofondeur. 
Cette  cave  eft  repartie  en  trois  caveaux  qicommen- 
cent  à  la  moitié  de  fa  profondeur ,  8c  qi  ont  fept 
pieds  de  haut ,  jusqu'à  la  voûte.  On  appçoit  plu- 
fieurs pierres  dans  ces  caveaux,  fur-toutlans  celui 
qui  eft  à  gauche.  On  dit  qu'ils  contenoientleux  tom- 
bes couvertes  de  pierre  en  demi  rond.  Il  a  appa- 
rence qu'elles  auront  été  rompues  à  deflei,  chacun 
ayant  eu  la  liberté  d'y  entrer  en  différens  ms. 

Il  ne  refte  aujourd'hui  aucune  trace  decette  fu- 
perbe  8c  célèbre  ville  ,  fi  ce  n'eft  que  les  rochs ,  qu'on 
trouve  de  côté  8c  d'autre  ,  donnent  lieu  d  croire  , 
qu'il  y  a  eu  des  bâtimens  au  de-là  de  l'errinte  des 
murailles  de  l'édifice  royal  dont  on  a  vu  '  deferip- 
tion.  Les  Perfins  difent ,  8c  il  paroît  par  .1rs  écrits 
que  cette  ville  avoit  une  grande  étendue  ;  qelle  étoit 
fituée  dans  la  plaine  ;  8c  que  les  ruines  qon  y  voit 
encore  aujourd'hui  font  celles  du  palais  g  anciens  " 
rois  de  Perfe,  des  ruines  duquel  Corneill  le  Brun 
nous  a  laine  une  exacte  defeription.  On  oit  qu'el- 
le s'étendoit  le  long  de  la  montagne  8c  qi'lle  avan- 
çoit  confidérablement  dans  la  plaine. 


PER 


A  deux  lieues  de  ces  ruines,  dans  un  lieu  de  la 
montagne  nommé  Nafci-Ruflan ,  on  voie  quatre  tom- 
beaux de  perfonnes  confidérables  entre  les  anciens 
Perles.  Ils  font  presque  femblables  à  ceux  de  Perle- 
polis  ,  fi  ce  n'en:  qu'ils  font  taillés  beaucoup  plus  haut 
dans  le  roc.  Vis  à-vis  du  premier  de  ces  tombeaux , 
eft  un  petit  édifice  carré ,  dont  chaque  face  a  vingt- 
fepr  pieds  de  largeur  Se  beaucoup  plus  de  hauteur. 
L'ouverture  eit  au  nord  vis-à-vis  du  tombeau  ;  il  y  a 
quatre  fenêtres  de  chaque  côté  ,  Se  plufieurs  ouver- 
tures en  long.  Dans  la  partie  occidentale  de  cette 
montagne ,  Se  à  deux  cens  trente  pas  de  ces  quatre 
tombeaux ,  il  y  a  deux  tables  avec  des  figures  taillées 
dans  le  roc  ;  6e  à  21  j  pas  plus  loin,  on  trouve  deux 
petits  temples ,  voifins  l'un  de  l'autre  ,  Se  qui  n'ont 
que  fix  pieds  de  hauteur  fur  cinq  de  largeur.  On 
trouve  encore  divers  tombeaux  dans  la  montagne , 
aux  environs  de  Naxi  Rufian. 

11  paroït  que  le  palais  de  Perfépolis  avoit  été  bâ- 
ti par  les  rois  dé  la  première  race ,  puisqu'on  n'y 
trouve  rien  qui  n'amené  la  première  antiquité  la  plus 
reculée. 

Alexandre  le  Grand  ,  ayant  pafie  l'Araxe ,  ren- 
contra 800  Grecs  auxquels  les  Perjes  de  ce  diftric"t 
avoient  coupé ,  aux  uns  les  mains ,  aux  autres  les 
pieds ,  les  oreilles  ou  le  nez.  Cette  inhumanité  l'irrita 
au  point  qu'il  affiégea  fur  le  champ  Perfépolis ,  en 
donna  le  pillage  à  fes  foldats  »  à  la  referve  des  tréfors 
du  palais ,  qui  étoient  immenfes ,  &  la  fit  brûler.  Il 
paroït  qu'elle  fut  reparée  depuis;  car  il  eft  dit  dans  le 
x  livre  des  Macbabées ,  qu  'Antiocbus  étant  entré  dans 
Perfépolis  %  avoit  voulu  piller  le  temple ,  Se  fe  rendre 
maître  de  la  ville  par  furprife  :  mais  le  peuple  cou- 
rut aux  armes  Se  força  Antiocbus  de  s'enfuir.  Dans 
le  premier  on  y  trouve  la  même  chofe ,  fi  ce  n'eft 
qu  au  heu  de  Perfépolis  ,  on  lit  Emaïde. 

PEKSEUS,  ville  de  PArtique ,  avec  un  port  de 
même  nom  ,  félon  Etienne  le  géographe. 

PERSHORE  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Worcefter.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préfent 
de  la  Gr.  Bret.  t.  1. 

PERSIA ,  ou  Persis  ,  grande  région  d'Afie  ,  qui 
donna  anciennement  le  nom  à  l'empire  des  Perfes, 
mais  qui  eft  bien  déchue.  Voyez.  Perse.  Ce  pays  eft 
connu  dans  1  écriture  fainte  fous  le  nom  de  Paras , 
qui  fignifie  également  la  contrée  Se  le  peuple  ;  Se  d'où 
ont  été  formés  par  les  Grecs  Se  par  les  Latins  les 
noms  Persis  ,  Persia  Se  Perses.  On  l'appella  encore 
anciennement  Elam ,  à  caufe  d'Elymus ,  ou  Elam , 
fils  de  Sem,  qui  fut,  félon  Jofephe  ,  ant.  I.  1.  c.  7. 
père  des  Elyméens ,  de  qui  font  fortis  les  Perfes.  S. 
Jérôme,  in  Jerem,  c.  25.  v.  25  dit  qu'Elam  eft  une 
contrée  de  la  Perfe  au-delà  de  Babylone.  Quelques 
Auteurs  profanes  donnent  encore  un  autre  nom  à  la 
Perlé.  Ils  l'appellent  Aib&ménie  ,  du  nom  d'un  de  fes 
anciens  rois ,  qui ,  félon  Hérodote  ,  fut  père  de  Cam- 
byfe.  Ptolomée,  /.  7.  c.  n.  qui  fe  fert  du  nom  Per- 
sis ,  dit  que  ce  pays  étoit  borné  au  nord  par  la  Mé- 
die  ;  à  l'orient  par  la  Caramanie  ;  au  midi  par  une 
partie  du  golfe  Perfique  ,  depuis  l'embouchure  de  l'O- 
roate  ,  jusqu'à  celle  du  fleuve  Bagrada  -,  &  au  couchant 
par  la  Sufiane.  Il  lui  donne  les  places  fuivantes  •> 


,Taoce  extrema , 

Rhogomanïs  Fluv.  Oflia , 

Fontes  Fluvii , 

Cberfonefus  extrema , 
'  Jonacapolis , 
■  Brifoanœ  Fluv.  Oflia, 
1  Fontes  Fluvii , 

Auflnz,a , 

Bagradx  Fluv.  Oflia  t 
'Fontes  Fluvii. 


PER, 


919 


Sur  le  golfe  Perfique. 


Dans  les  Terres. 


-Ozoa , 

Tanagra , 
iMarrafium  , 
(Aspadana, 

Axima , 
"Poryospana, 


Dans  lesTerres.< 


•  Perfépolis, 

Niferge , 

Sycta  , 

Arbua ,  1 

Cotamba, 

Poticara , 

Ardea  , 
jCauphiaca, 
[Batthina , 
ECinna  , 
IParodana  ,' 
fTa?pa , 

Tragonice , 
kManona , 
IChorodna , 
[Corra , 
[Gabra , 
[  Orebatis  Civitas  ; 

Toace , 

Parta , 

Mamniida  , 

Uzia  , 

Pafarracha, 

Gab«. 


,-Tabiana  , 
Ifle  fur  la  côte  de  la  Per-}  Sophtha  , 

fique.  i  Aracia  ,    ou  Alexândri 

**       Iniïila. 


PERSIANME  AQU/E.  Apulée,  /.  3.  F'oridorum, 
dit  que  ces  eaux  faifoient  du  bien  aux  malades ,  & 
Ortelius  ,  Tbefaur.  croit  qu'elles  étoient  quelque  part 
aux  environs  de  Carthage. 

PERSICETA ,  ville  d'Italie  ;  Ortelius ,  Tbef.  qui 
cite  Paul  Diacre ,  la  met  dans  l'Emilie. 

PERSICUM ,  lieu  fortifié  ,  dans  l'Afie  mineure  , 
aux  environs  de  la  Lycie,  ou  peut-être  dans  la  Lycie 
même.  Diodore  de  Sicile  ,  /.  20.  c.  27.  dit  que  Pto- 
lomée, roi  d'Egypte  ,  prit  ce  lieu  par  compofi- 
tion. 

PERSICUM  MARE.  La  mer  Perfique  &  la  mec 
Rouge  font  deux  noms  fynonymes  dans  Hérodote,  /. 
4.  n.  59.  Se  dans  Strabon  ,  /.  16.  La  mer  Rouge  fe 
prend  néanmoins  dans  un  fens  bien  plus  étendu  que 
la  mer  Perfique.  On  a  appelle  autrefois  Mer  Rouge, 
ou  Mer  Erythrée,  cette  partie  de  l'Océan  Indien, 
qui  mouille  lArabie  Heureufe  au  midi,  Se  qui  forme 
deux  grands  golfes ,  l'un  à  l'orient  de  l'Arabie  appel- 
lé  le  golfe  Perfique,  Se  l'autre  à  l'occident  nommé 
le  golfe  Arabique,  qui  retient  encore  à  prefent  le  nom 
de  Mer  Rouge.  Voyez.  Persicus  Sinus. 

PERSICUS  SINUS  ,  grand  golfe  d'Afie ,  entre  la 
Perfe  Se  l'Arabie  ,  Se  qui  communique  à  l'Océan  In- 
dien. Strabon  ,  /.  16.  p.  765.  dit  que  le  Golfe  Per- 
sique  eft  auffi  appelle  la  Mer  Persique  ,  Se  qu'on 
lui  donnoit  encore  le  nom  de  mer  Rouge  ,  parce  qu'on 
entendoit  par  mer  Rouge  non- feulement  la  partie  de 
l'Océan  Indien ,  qui  mouille  l'Arabie  au  midi  ;  mais 
encore  le  golfe  Perfique  Se  le  golfe  Arabique.  Les 
Perfes ,  félon  Pline ,  /.  6.  c.  16.  habitèrent  toujours  le 
bord  de  la  mer  Rouge ,  ce  qui  fit  qu'on  donna  le 
nom  de  golfe  Perfique  à  cette  partie  de  la  mer  Rou- 
ge ,  qui  féparoit  la  Perfe  de  l'Arabie.  Plutarque ,  in 
Lucullo ,  donne  encore  un  autre  nom  à  ce  golfe  qu'il 
appelle  Mer  Babylonienne. 

PERSID^E  PYL^.  Voyez.  Susid^. 

PERSIS.  Voyez.  Persia  &  Perse. 

PERSTALABAS.  Voyez.  Parastalaba. 

PERTA,  ville  de  la  Galatie ,  félon  Ptolomée,  L 
$.  c.  4. 

PERTENSIS  ,  fiége  épiscopal  de  la  Lycaonie,  félon 
des  notices  grecques.  Croton ,  fon  évêque  ,  affilia  au  con- 
cile tenu  à  Rome  l'an  ^03.  *  Harduin.  Collecfc.  Conc. 
t.  2.  p.  987. 

PEKTERBIDI,  ancien  peuple  delà  Sarmatie  afiatfc 
que,  félon  Ptolomée  , /.  j.c.  9. 


PER 


PER 


Q  2-0 

PERTH  ville  d'Ecoffe,  dans  le  Pertshire,  dont  roi  ayant  acquis  les  droits  du  comte  d'Avelîin ,  fit  dé- 
cile eft  la  capitale.  Cette  ville,  bâtie  fur  le  Tay  ,  clarer  par  fon  confeil  l'an  1 3  3  3  ,  ^u'il  n'éroit  pas  obligé 
s'appelle  communément  S.  Johnston.  Ceft  une  ville  de  faite  hommage  à  l'abbé  ,  ni  à  fe  reconnoître  fon  vas- 
des  plus  importantes  de  l'Ecofle  ;  le  parlement  s'y  eft  fal.  Depuis  ce  tems ,  les  comtes  de  Provence  auxquels 
même  affemblé  plnfieurs  fois.  Les  vaiffeaux  montent  les  rois  de  France  ont  fuccédé  ,  ont  eu  la  fouverainecé 
jusqu'à  la  ville  en  pleine  marée.  Elle  fut  bâtie  par  un  de  Permis ,  ôc  la  moitié  de  la  juflice  ordinaire  avec 
roi  d'Ecoffe,  après  l'inondation  de  l'ancienne  ville  de  l'abbé  de  Mont-Major.  La  ville  de  Permis  eft  une  des 
Perth  ,  dont  la  fituation  n'étoit  pas  éloignée  de  celle  meilleures  de  la  province.  Elle  a  droit  d'entrée  aux  états 
d'aujourd'hui.  La  ville  de  Perth  donne  le  titre  de  corn-  ôc  aux  afiemblées  des  communautés.  L'églife  paroiiîiale 


l'aujourd'l 

le ,  au  chef  de  l'ancienne  famille  de  Drummond. 
PERTHENETiE.  Voyez.  Partheni. 
PERTHES ,  bourg  de  France,  dans^  la  Champa- 
gne ,  élection  de  Vitry.  Ce  bourg  eft  très-ancien.  Il  a 
donné  le  nom  au  pays  de  Pertois ,  dont  il  étoit  au- 
trefois la  ville  capitale  -,  mais  depuis  qu'Attila  l'a  dé- 
truite ,  elle  n'a  pu  fe  rétablir.  Il  y  a  dans  le  bourg 
de  Perthes  une  mairie  royale,  reflbrtiiTante  au  baillia- 
ge de  Vitry-le-François. 

PERTSHIRE  ,  province  d'Ecoffe  ,  au  fud  &  à  l'eft 
d'Athol.  Elle  fe  divife  en  deux  parties ,  l'une  qui  por- 
te proprement  le  nom  de  Perth  ,  ôc  l'autre  celui  de 
Gowry.  Perth  eft  au  midi ,  &  Gowry  eft  au  nord  de 
Perth.  Cette  province  eft  fertile  en  bled  ôc  en  pâtu- 
rages i  mais  la  partie  qu'on  appelle  Gowry  eft  la  plus 
fertile. 

PERTIA  ,  ou  Perusia.  Ptolomée,  /.  3.  c.  1. don- 
ne ces  deux  noms  à  une  ville  d'Italie  ,  dans  l'Umbrie , 
&  qu'il  place  entre  Juficum  ôc  Senùnum. 

PERTICIANENSES-AQU^L,  lieu  de  Sicile.  L'i- 
tinéraire d'Antonin  le  place  fur  la  route  d'Hyccara  à 
Drepamtm,  en  prenant  le  long  de  la  côte.  Il  étoit  à 
feize  milles  de  Parthenicum ,  ôc  à  dix-huit  de  Dre- 
pamtm. 

PERTICUS ,  nom  d'une  forêt  de  la  Gaule  Lyon- 
noife ,  félon  Ortelius ,  Thef.  qui  cite  Aimoin. 

PERT1NESCA.  Corneille  donne  ce  nom  latin  à  la 
ville  de  Buren,  dans  le  canton  de  Berne.  Il  devoit  di- 
re Petmesca  ,  &  il  ne  fe  feroit  pas  ttompé. 

PERTOIS  ,  pays  de  France ,  dans  la  Champagne , 
Tagus  Pertifus.  Il  s'étend  le  long  de  la  Marne ,  aux 
environs  de  Vitty ,  entte  la  Champagne  proprement 
dite  ôc  le  Batrois.  Il  eft  fait  mention  de  ce  pays , 
dans  les  capitulaires  de  Charlemagne.  Son  nom  lui 
vient  de  Perte,  ou  Perthes,  bourg  qui  fubfifte  enco- 
re aujourd'hui  ,  ôc  fa  capitale  eft  Vitry-le-François. 
On  veut  que  ce  pays  ait  eu  autrefois  fes  comtes ,  dont 
le  plus  ancien  ,  qui  foit  connu  ,  eft  appelle  Signaze  ,  ôc 
dit  père  de  fainte  Manehoult.  Le  Pertois  eft  arrofé 
de  plufieurs  rivières ,  dont  la  principale  eft  la  Marne, 
qui  commence  à  y  porter  bateau.  *  Longnerue ,  Defcr. 
de  la  France ,  part.   1 .  p.  40. 

PERTORUM  ,  ville  épiscopale  de  la  Lycaonie  ,  fé- 
lon la  notice  de  Léon  le  Sage.  Ceft  la  même  que 
Terienfis. 

1.  PERTUIS;    ce  nom  fignifie    en  françois  petit 
trou.  Il  n'eft  guère  ufité  aujoutd'hui   dans  le  langage 
ordinaire.  On  s'en  fert  pourtant  encore   pour  défigner 
un  détroit  de  mer ,  fur-tout  fur  les  côtes  de  Poitou. 
PERTUIS ,  ville  de  Ftance ,  dans  la  Provence 


eft  deflervie  par  quatre  moines  de  Mont-Major  ,  ôc  par 
dix  prêtres  fous  un  vicaire  perpétuel.  Il  y  a  aufli  dans 
cette  ville  des  prêtres  de  l'Oratoire ,  des  Carmes ,  des 
Capucins  ,  des  Clarifies  &  des  Urfulines.  Il  fe  tient  à 
Pertuis  un  gros  marché  de  bled.  L'air  qu'on  y  respire 
eft  très-fain  ,  ôc  fon  territoire  eft  des  plus  abondans  de 
la  province.  *  Longuerne  ,  Defcription  de  la  France  , 
part.  1.  p.  37j. 

PERTUIS-D'ANTIOCHE  ,  détroit  de  l'Océan  ,  dans 
la  mer  de  France ,  entre  l'ifle  de  Rhé  ,  au  nord  ,  &  l'ifle 
d'Oléron ,  au  midi.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

PERTUIS-BRETON,  détroit  de  l'Océan,  dans  la 
mer  de  France  ,  entre  la  côte  du  Poitou  ôc  de  l'Aunis  » 
au  nord  ,  ôc  l'ifle  de  Ré  au  midi. 

PERTUIS  DE  M  AUMUSSON,  détroit  de  l'Océan, 
dans  la  mer  de  France  ,  entre  l'ifle  d'Oléron  au  nord , 
Ôc  la  côte  de  Saintonge  au  midi&  à  l'occident. 

PERTUIS-ROSTAIN ,  ou  PERTuis-RosTANG,pas- 
fagedans  une  montagne  du  Dauphiné  ,  ôc  qui  fépare  le 
Briançonnois  de  l'Embrunois.  Ceft  une  roche  percée  , 
au-deffus  de  laquelle  on  voit  à  l'entrée  une  dédicace 
faite  à  Augufte  ,  en  ces  termes  :  Divo  Cïsari  Augu- 

STO  DEDICATA  ,  SALUTATE  EAM. 

PERTUS  ,  village  qui  donne  fon  nom  à  un  partage  de 
France ,  en  Espagne  ,  dans  les  Pyrénées  ,  ôc  qu'on  nom- 
me le  Col  de  Pertus.  Voyez,  au  mot  Col  ,  l'article  Col 
de  Pertus. 

1.  PERTUSA.  Kov^Percusa. 

1.  PERTUSA ,  fiége  épiscopal  d'Afrique,  dans  la  Pro- 
vince Proconfulaire.  Son  évêque ,  Manialis  ,  episcopus 
Pertufenfis ,  fut  condamné  dans  le  concile  de  Baga. 
L'itinéraire  d'Antonin  met  Pertufa ,  fur  la  route  d'Hip- 
pe«e.à  Carthage  ,  entre  Unuca  ôc  Cartilage ,  à  fept  mil- 
les de  la  première ,  ôc  à  quatorze  de  la  féconde. 

PERVEIS ,  bourgade  du  Brabant ,  entre  Gemblous  ôc 
Judoigne  ,  dans  le  quattier  de  Louvain.  Ceft  une  baron- 
nie  fort  ancienne.  Voyez.  Perniciacum  *  Dicl.géogr.  des 
Pays-Bas. 

PERVENCHERES  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Per- 
che ,  élection  de  Mortagne. 

PERVERS,  village  deHainault,  à  deux  lieues  de  Con- 
dé  ,  ôc  à  quatre  de  Valencienne. 

PERUGIN  ,  ou  Perousin  ,  territoire  d'Italie  ,  dans 
l'Etat  de  l'Eglife,  ôc  auquel  la  ville  de  Péroufe,  qui  en 
eft  la  capitale ,  donne  fon  nom.  Il  eft  borné  au  nord 
par  le  duché  d'Urbin,  à  l'orient  par  l'Umbrie  ,  au  midi 
par  l'Orviétan  ,  ôc  à  l'occident  par  la  Toicane.  La  plus 
grande  étendue  de  ce  pays  du  feptentrion  au  midi ,  ne 
paffe  pas  yingt-huit  milles-,  &  on  ne  lui  en  donne  pas 
plus  de  trente  du  levant  au  couchant.  Le  Tibre  qui  le 


viguerie  ôc  recette  d'Aix.  Cette  ville  ôc   fon  territoire    coupe  du  nord-nord-oueft  au  fud ,  eft  la  feule  rivière 

d'importance  qu'on  y  trouve:  les  autres  font  la  Caina  ,  la 
Genna ,  la  Cava ,  le  Neftore  ,  le  Nefo ,  le  Marte.  On 
compte  trois  villes  dans  le  Perngin  ,  favoir  : 


étoient  autrefois  dans  le  comté  de  Forcalquier  ,  comme 
fitués  au  nord  de  la  Durance.  Néanmoins  la  feigneurie 
directe  ôc  utile  de  Pertuis ,  a  long-tems  appartenu  aux 
abbés  du  Mont-Major  ou  Monte-Maïor  ,  près  d'Arles, 
parce  que  les  anciens  comtes  de  Provence ,  Bofon  ôc 
Guillaume ,  avoient  donné  cette  place  (  Cafirum  de  Per- 
tufio  )  à  ce  monaftete.  Il  y  «ut  en  divers  tems  des  juge- 
mens  rendus  contre  les  comtes  de  Forcalquier  ,  qui  vou- 
loient  s'approprier  Pertuis ,  dont  ils  s'emparèrent  plu- 
fieurs fois.  Ces  différens ,  qui  avoient  été  renouvelles  par 
Guillaume  de  Sabran  ,  qui  fe  difoit  comte  de  Forcal- 
quier ,  furent  terminés  l'an  1 1 1 2  ,  par  l'arbitrage  de  Jean 
Boffan ,  archevêque  d'Arles ,  qui  adjugea  la  feigneurie  ôc 
la  juftice  à  l'abbé  par  indivis  avec  le  comte ,  qui  devoit 
faire  hommage  à  l'abbé  ,  en  s'avouant  vaflal  par  une  re- 
connoiffance  publique,  &  outre  cela  s'obligeant  à  lui 
payer  une  redevance.  Robert ,  roi  de  Naplcs  ôc  comte 
de  Provence ,  condamna  Bertrand  des  Baux  ,  comte  d'A- 
vellin, comme  ayant  caufe  du  comte  de  Forcalquier, 
à  reconnoître  la  fupçriorité  de  l'abbé.  Mais  le  même 


Péroufe  ,  Caftiglione-del-Lago  ,  PalTignano. 
*  La  Forêt  de  Bourgon ,  Géogr.  Hift.  t.  1.  p.  409. 

PERVICIACUM.  Voyez.  Perniciacum. 

PERUS.  Voyez.  Pierus. 

PERUSIA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Toscane.  Ptolomée , 
/.  3.  c.  1.  la  place  dans  les  terres,  entre  FefuUôcAre- 
tium.  Tite-Live,  /.  10.  c.  37.  la  met  au  rang  des  trois 
plus  fortes  villes  de  l'Etrurie  ;  ôc  elle  étoit  peuplée , 
puisque  le  même  hiftorien  ajoute  que  Fabius  tua  dans 
l'Etrurie  ,  qui  s'étoit  révoltée  ,  quatre  mille  cinq  cens  Pé- 
rufiens ,  outre  dix-fept  cens  quarante  qu'il  fit  prifonniers. 
Eutrope  la  nomme  Perufium  ,  ôc  il  paroît  que  c'eft  cette 
même  ville  qu'Etienne  le  géographe  appelle  Perrtfion. 
Son  nom  moderne  eft  Pcrugia, 


PES 


PES 


PESARO,  ville  d'Italie,  dans  le  duché  d'Urbin,  le 
chef  lieu  d'une  Seigneurie  à  laquelle  elle  donne  le  nom. 
Cette  ville  ,  nommée  anciennement  Pifaitrum  ,  eft  dans 
une  agréable  iituation  ,  fur  une  hauteur  ,  au-deflous  de 
quelques  petits  coteaux,  à  l'embouchure  de  la  Foglia, 
dans  la  mer  Adriatique.  Pefaro  ,  que  l'on  croit  colo- 
nie Romaine  ,  fut  détruite  par  Totila  ,  &c  rétablie  quel- 
que tems  après  par  Bélifaire ,  plus  belle  qu'elle  n'étoit 
auparavant.  Elle  elt  encore  aujourd'hui  en  bon  érat  ,• 
c'eit  la  plus  grande  du  duché  d'Urbin.  L'air  en  eft  allez 
pur  ;  cependant  il  eft  dangereux ,  pendant  les  mois  de 
Juillet  &c  d'Avril.  Rien  n'eft  fi  agréable  que  les  petits 
coteaux  qui  environnent  Pefaro  ;  c'eft  un  mélange  ré- 
jouifiant  de  pâturages,  de  vignobles  &  de  vergers.  Les 
olives  en  font  admirables  ;  mais  les  figues  furpaflent  les 
autres  fruits  en  bonté  6c  en  réputation.  La  meilleure 
viande  n'y  coûte  que  trois  Bayoques  la  livre,  qui  eft  de 
dix  huit  onces.  Le  pain  &  le  vin  font  encore  à  meilleur 
marché  à  proportion ,  &  ainfi  du  refte.  La  mer  &  les 
rivières  y  fourniffent  toutes  fortes  d'excellent  poiflbn  : 
ainfi  à  tous  égards ,  cette  ville  jouit  abondamment  des 
commodités  de  la  vie.  Elle  eft  paffablement  bien  fortifiée, 
quoiqu'un  peu  à  l'antique  ,  Se  les  maifons  font  com- 
munément allez  jolies.  On  n'y  trouve  aucun  ancien  mo- 
nument. Il  y  a  une  fort  belle  fontaine  dans  la  grande 
place,  8c  une  ftatue  du  pape  Urbain  VIII ,  fous  le  pon- 
tificat duquel  cette  ville  Se  tout  le  duché  d'Urbin  furent 
réunis  à  l'Etat  Eccléfiaftique.  Pefaro  aveit  donné  la  nais» 
fance  au  pape  Clément  XI ,  qui  y  a  fait  bâtir  une  églife  ca- 
thédrale très-magnifique.  L'évêché  elt  fuffragant  de  l'ar- 
chevêché d'Urbin.  *  La  Forêt  de  Bourgon  ,  Geogr.  Hift. 
t.  i.  p.  414.  Adijfon ,  Voyage  d'Italie  ,  p.  30. 

La  Seigneurie  de  Pesaro  s'étend  aux  environs  du 
golfe  de  Venife ,  entre  le  territoire  de  Fano  &  Ja  Ro- 
magne.  Elle  a  parte  avec  fa  capitale  des  maifons  de  Ma- 
latelta  Se  de  Sforce  ,  dans  celle  de  Rovere ,  Se  de  cel- 
le-ci au  S.  fiége  en  163 1. 

PESCARA ,  anciennement  Atermvm ,  ville  d'Italie  , 
dans  l'Abruzze  Citérieure  ,  à  l'embouchure  d'une  riviè- 
re de  même  nom  ,  qui  fe  jette  dans  le  golfe  de  Venife, 
Se  qui  elt  l'Aiernus  des  anciens.  Elle  elt  environ  à  fix 
milles  de  Civita  du  Chien  ,  à  huit  milles  de  Civita  di 
Penna  ,  à  l'orient ,  «Se  à  douze  milles  d'Atri ,  en  tirant  au 
midi  oriental.  Elle  a  un  evêché  qui  a  été  transféré  à  Atri. 
Pescara  elt  une  ville  fortifiée  Se  défendue  par  un  château. 
Cette  ville  appartient  à  la  maifon  d'Avalos  ,  avec  titre  de 
marquifat,  &  c'eit  une  des  meilleures  places  qu'il  y  ait 
dans  le  royaume  de  Naples  ,  fur  le  golfe  Adriatique.  * 
Magm  ,  carte  de  l'Abruzze  Citérieure. 
PESCHA.  Voyez,  Argyrutum. 
PESCHERIE  ,  ou  la  côte  de  la  Pescherie.  On  donne 
ce  nom  à  la  partie  méridionale  de  la  péninfule  de  l'Inde i 
Se  c'eft  précisément  au  cap  de  Comorin  que  commence  la 
côte  de  la  Pescherie  ,  fi  fameufe  par  la  pêche  des  perles. 
La  côte  forme  une  espèce  de  baie  ,  qui  a  plus  de  quaran- 
te lieues,  depuis  le  cap  de  Comorin  jusqu'à  la  pointe  de 
Ramanancor,  où  Tille  de  Ceylan  ell  presque  unie  à  la 
terre-ferme  par  une  chaîne  de  rochers  que  quelques  Eu- 
ropéens appellent  le  Pont  d'Adam.  11  elt  certain  que  la 
mer  dans  fa  plus  grande  hauteur  n'a  pas  plusque  quatre  à 
cinq  pieds  d'eau  dans  cet  endroit  ;  de  forte  qu'il  n'y  a  que 
les  chaloupes  qui  puillent  palier  entre  les  intervalles  de 
ces  rochers.  Toute  la  côte  de  la  Pescherie  elt  inabordable 
aux  vaiffeaux  d'Europe,  parcelle  la  mer  y  brife  terrible- 
ment ,  &  il  n'y  a  que  Tutucurin  où  les  navires  puiflent 
paner  l'hiver ,  cette  rade  étant  ouverte  par  deux  ifles  qui 
en  font  la  fureté.  Comme  la  côte  de  la  Pescherie  eft  re- 
nommée par  tout  le  monde ,  on  s'imagineroit  y  devoir 
trouver  plufieurs  grofles  Se  riches  bourgades  ;  il  y  en 
avoir  autrefois  un  grand  nombre  •,  mais  depuis  que  la 
puiflance  des  Portugais  s'elt  affoiblie  dans  les  Indes,  Se 
qu'ils  n'ont  plus  été  en  étar  de  protéger  cette  côte  ,  tout 
ce  qui  s'y  trouvoit  de  confidérable  a  été  abandonné  &  dé- 
truit. Il  ne  refte  aujourd'hui  que  de  miférables  villages , 
dont  les  principaux  font  Tala ,   Manapar,  Alandaley  , 
Pumicael  Se  quelques  autres.  Il  faut  pourtant  excepter 
Tutucurin ,  qui  eft  une  ville  de  plus  de  cinquante  mille 
habitans ,  partie  Chrétiens  ,  partie  Gentils.  Quand  les 
Portugais. parurent  dans  les  Indes,  les  Paravas,  qui 
font  les  peuples  de  la  côte  de  la  Pescherie ,  gémiffoiew 


92.Î 

fous  la  domination  des  Maures  ,  qui  s'étoient  en  partie 
rendus  maîtres  du  royaume  de  Maduré.  Dans  cette  ex- 
trémité leur  chef  réfolut  d'implorer  le  fecours  des  Portu- 
gais,  Se  de  fe  mettre  avec  toute  fa  cafte  fous  leur  pro- 
tection. Les  Portugais  qui  ont  toujours  eu  beaucoup  de 
zèle  pour  TétabliiTement  de  la  religion  chrétienne  ,  la 
leur  accordèrent,  mais  à  condition  qu'ils  embrafleroie  ne 
le  Chriftianisme  ,  à  quoi  les  Paravas  s'obligèrent.  Dès 
que  ce  traité  eut  été  conclu  ,  les  Portugais  chafierent 
les  Maures  de  tout  le  pays  ,  Se  y  firent  divers  établiffe- 
mens.  Alors  S.  François  Xavier  employa  tous  fes  foins  à 
convertir  les  habitans  de  cette  côte  :  il  y  bâtit  des  églifes 
que  les  Jéfuites  ont  depuis  cultivées  avec  foin.  La  liberté 
qu'avoient  les  Paravas  fous  les  Portugais  de  trafiquer 
avec  leurs  voifins  les  rendoient  riches  Se  puiiTans  ;  mais 
depuis  que  cette  protedtion  leur  a  manqué  ,  ils  fe  font 
vus  bientôt  opprimés  &  réduits  à  une  extrême  pauvreté. 
Leur  plus  grand  commerce  aujourd'hui  vient  de  la  pêche 
du  poillon  qu'ils  transportent  dans  les  terres ,  Se  qu'ils 
échangent  avec  le  riz  Se  les  autres  provifions  néceiTaires  à 
la  vie  ,  dont  cette  côte  eft  presque  entièrement  dépour- 
vue ,  n  étant  couverte  que  de  bois  épineux  &  d'un  fable 
aride  Se  brûlant.  *  Lettres  Edif.  t.  5  .p.  79  Se  98. 

Toute  la  côte  de  la  Pescherie  appartient  en  partie  au 
roi  de  Maduré,  Se  en  partie  au  prince  de  Marava,  qui  a 
fecoué  depuis  peu  le  joug  de  Maduré ,  dont  il  étoit  tribu- 
taire. Les  Hollandois  voulurent  il  y  a  quelques  années 
s'accommoder  avec  le  prince  de  Marava  de  fes  droits  fur 
la  côte  de  la  Pescherie ,  Se  fur  le  pays  qui  en  dépend.  Ils 
lui  envoyèrent  une  célèbre  amballade  ,  avec  de  magnifi- 
ques prefens.  Le  prince  reçut  les  préfens  Se  donna  des 
espérances,  dont  on  n'a  vu  jusqu'à  préfent  aucun  effet. 
Les  Hollandois  ,  fans  être  maures  de  la  côte  ,  ont  fou- 
vent  agi  comme  s'ils  l'étoient.  11  y  a  quelques  années 
qu'ils  enlevèrent  les  églifes  des  Paravas,  pour  en  faire 
des  magafins ,  &  les  maifons  des  millionnaires,  pour  y 
loger  leurs  fadeurs.  Les  Jéfuites  furent  obligés  de  fe  reti- 
rer dans  les  bois ,  où  ils  fe  firent  des  hutes. 

Le  commerce  des  Hollandois  elt  confidérable  fur  cette 
côte  :  outte  les  toiles  qu'on  leur  apporte  de  Maduré ,  & 
Se  qu'ils  échangent  avec  le  cuir  du  Japon  Se  les  épiceries 
des  Moluques  ,  ils  tirent  un  profit  confidérable  de  deux 
fortes  de  pêches  qui  fe  font  fur  la  côte,  favoir  celle  des 
perles  Se  celle  des  xanxus.  Les  xanxus  font  de  gros  co- 
quillages ,  femblables  à  ceux  avec  lesquels  on  a  coutume 
de  peindre  les  tritons.  Il  elt  incroyable  combien  les  Hol- 
landois font  jaloux  de  ce  commerce.  11  iroit  de  la  vie 
pour  un  Indien  qui  oferoit  en  vendre  à  d'autres  qu'à  la 
compagnie  de  Hollande.  Elle  les  acheté  presque  pour 
rien  ,  Se  les  envoie  dans  le  royaume  de  Bengale  ,  où  ils 
fe  vendent  fort  cher.  On  feie  ces  coquillages  félon  leur 
largeur  :  comme  ils  font  ronds  Se  creux  quand  ils  font 
fciés ,  on  en  fait  des  braffelets ,  qui  ont  autant  de  luftre 
que  le  plus  brillant  yvoire. 

La  compagnie  de  Hollande  ne  fait  point  pêcher  les 
perles  pour  fon  compte  :  elle  permet  à  chaque  habitant 
du  pays  d'avoir  autant  de  bateaux  que  bon  lui  femble } 
mais  elle  exige  foixante  écus  pour  chaque  bateau  ,  ce 
qui  lui  fait  un  produit  confidérable.  Autrefois  oli  com- 
mençoit  cette  pêche  fans  examiner  fi  le  tems  Se  le  lieu 
étoient  favorables  :  mais  à  préfent  l'on  s'y  prend  de  cette 
manieie. 

Vers  le  commencement  de  l'année  ,  la  compagnie  en- 
voie dix  ou  douze  bateaux  ,  au  lieu  où  l'on  a  defiein  de 
pêcher.  Ces  bateaux  fe  féparent  en  diverfes  rades  ,  &  les 
plongeurs  pèchent  chacun  quelques  milliers  d'huîtres 
qu'ils  apportent  fur  !e  rivage.  On  ouvre  chaque  millier  à 
part ,  Se  on  met  aulli  à  part  les  perles  qu'on  en  tire.  Si 
le  prix  de  ce  qui  fe  trouve  dans  un  millier  monte  à  un 
écu ,  ou  au  delà ,  c'eit  une  marque  que  la  pêche  fera  en 
ce  lieu-là  très-riche  Se  très-abondante  ;  mais  fi  ce  qu'on 
peut  tirer  d'un  millier  n'alloir  qu'à  trente  fols ,  comme 
le  profit  ne  pafferoit  pas  les  frais  qu'on  feroit  obligé  de 
faire,  il  n'y  auroit  point  de  pêche  cette  année  là.  Lorsque 
l'épreuve  réuflit ,  Se  qu'on  a  publié  qu'il  y  aura  pêche  ,  il 
fe  rend  de  toutes  parts  fur  la  côte  au  tems  marqué  une 
affluence  extraordinaire  de  peuple  Se  de  bateaux ,  qui 
apportent  toutes  fortes  de  marchandifes.  Les  commiflai- 
res  Hollandois  viennent  de  Colombo  ,  capitale  de  l'ifie 
de  Ceylan ,  pour  prefider  à  la  pêche.  Le  jour  qu'élis  doii 

lom,  IV-  A  a  a  a  a  a 


PES 


5>22, 

commencer  ,  l'ouverture  s'en  fait  de  grand  matin  par  un 
coup  de  canon.  Dans  ce  moment  tous  les  bateaux  partent 
Se  s'avancent  dans  la  mer,  précédés  de  deux  grofles  cha- 
loupes Hollandoifes  ,  qui  mouillent  l'une  à  droite  ,  Se 
l'autre  à  gauche ,  pour  marquer  les  limites  du  lieu  de  la 
pêche,  &auffi-tôt  les  plongeursdechaque  bateau  fe  jettent 
à  la  hauteur  de  trois ,  quatre  ou  cinq  braflés.  Un  bateau 
a  plusieurs  plongeurs  qui  vont  à  l'eau  tour  à  tour.  Aufii- 
tôt  que  l'un  revient  l'autre  s'enfonce.  Ils  font  attachés  à 
une  corde ,  dont  le  bout  tient  à  la  vergue  du  petit  bâti- 
ment ,  Se  qui  eft  tellement  dispofée  ,  que  les  matelots 
des  bateaux ,  par  le  moyen  d'une  poulie  ,  la  peuvent  ai- 
fément  lâcher  ou  tirer ,  félon  le  befoin  qu'on  en  a.  Celui 
qui  plonge  a  une  groffe  pierre  attachée  au  pied ,  afin 
d'enfoncer  plus  vite  &  une  espèce  de  fac  à  fa  ceinture 
pour  mettre  les  huîtres  qu'il  pêche.  Dès  qu'il  eft  au  fond 
de  la  mer  ,  il  ramaffe  promptement  ce  qu'il  trouve  fous 
fa  main  ,  Se  le  met  dans  fon  fac.  Quand  il  trouve  plus 
d'huîtres  qu'il  n'en  peut  emporter ,  il  en  fait  un  mon- 
ceau ,  Se  revenant  fur  l'eau  pour  prendre  haleine  ,  il 
retourne  enfuite ,  ou  envoie  un  de  fes  compagnons  le 
ramaffer.  1  our  revenir  à  l'air  ,  il  n'a  qu'à  tirer  fortement 
une  petite  corde  différente  de  celle  qui  lui   tient  le 
corps  :  un  matelot  qui  eft  dans  le  bateau ,  Se  qui  tient 
l'autre  bout  de  la  même  corde ,  pour  en  obferver  le  mou- 
vement ,  donne  auffi-tôt  le  fignal  aux  autres ,  Se  dans 
ce  moment  on  tiie  en  haut  le  plongeur ,  qui  pour  reve- 
nir plus  promptement  ,  détache  ,s'il  peut ,  la  piètre  qu'il 
avoir  au  pied.  Les  bateaux  ne  font  pas  fi  éloignés  les  uns 
des  autres ,  que  les  plongeurs  ne  fe  battent  affez  fouvent 
fous  les  eaux  ,   pour  s'enlever  les  monceaux  d'huîtres 
qu'ils  ont  ramaffés.  Les  requins ,  qui  font  affez  fréquens 
dans  ces  mers  ,  enlèvent  quelquefois  le  plongeur  Se  fes 
huîtres.  Comme  les  gens  de  cette  côte  s'accoutument  dès 
l'enfance  à  plonger  &  à  retenir  leur  haleine  ,  ils  s'y  ren- 
dent habiles  ,  &:  c'eft  fuivant  leur  habileté  qu'ils  font 
payés.  Avec  tout  cela  le  métier  eft  fi  fatiguant ,  qu'ils  ne 
peuvent  plonger  que  fept  ou  huit  fois  par  jour.  Il  s'en 
trouve  qui  fe  laiffent  tellement  transporter  à  l'ardeur  de 
ramaffer  un  plus  grand  nombre  d'huîtres ,  qu'ils  en  per- 
dent la  refpiration  Se  la  préfence  d'esprit  ;  de  forte  que 
ne  penfant  pas  à  faire  le  fignal,  ils  feroient  bientôt  étouf- 
fés ,  fi  ceux  qui  font  dans  le  bateau  n'avoient  foin  de  les 
retirer,  lorsqu'ils  demeurent  trop  long-tems  fous  l'eau. 
Ce  travail  duie  jusqu'à  midi ,  Se  alors  tous  les  bateaux 
regagnent  le  rivage. 

Quand  on  eit  ai  rivé ,  le  maître  du  bateau  fait  transpor- 
ter dans  une  espèce  de  parc  les  huîtres  qui  lui  appartien- 
nent, Se  les  y  laiffent  deux  ou  trois  jours  afin  qu'elles 
s'ouvrent ,  Se  qu'on  puiffe  tirer  les  perles.  Lorsqu'on  les  a 
tirées  &  bien  lavées,  on  a  cinq  ou  fix  petits  baffins  de 
cuivre  percés  comme  des  cribles ,  qui  s'enchaffent  les  uns 
dans  les  autres  ,  enforte  qu'il  refte  quelque  efpace  entre 
ceux  de  deffus  év  ceux  de  deffous.  Les  trous  de  chaque 
baffin  font  différens  pour  la  grandeur:  le  fécond  baffin 
les  a  plus  petits  que  le  premier  ,  le  troifiéme  que  le  fé- 
cond ,  Se  ainfi  des  autres.  On  jette  dans  le  premier  baffin 
les  perle^  grofles  Se  menues,  après  qu'on  lésa  bien  la- 
vées. S'il  y  en  a  quelqu'une  qui  ne  paffe  point ,  elle  eft 
cenfée  du  premier  ordre  :  celles  qui  reltent  dans  le  fé- 
cond baffin  font  du  fécond  ordre,  &  de  même  jusqu'au 
dernier  baffin ,  qui  n'étant  point  percé  reçoit  les  femen- 
ces  de  perles.  Ces  différens  ordres  font  la  différence  des 
perles,  Se  leur  donnent  ordinairement  le  prix  ,  à  moins 
que  la  rondeur  plus  ou  moins  parfaite  »  ou  l'eau  plus  ou 
moins  belle ,  n'en  augmente  ou  diminue  la  valeur.  Ils  ont 
toute  liberté  de  vendre  leurs  perles  à  qui  ils  veulent. 
Toutes  les  perles  qu'on  pêche  le  premier  jour  appartien- 
nent au  roi  de  Maduré ,  ou  au  prince  de  Marava ,  fuivant 
la  rade  où  fe  fait  la  pêche.  Les  Hollandois  n'ont  point  la 
pêche  du  fécond  jour ,  comme  on  l'a  quelquefois  publié  : 
ils  ont  affez  d'autres  moyens  de  s'enrichir  par  le  commer- 
ce des  perles.  Le  plus  courr  Se  le  plus  sûr  eft  d'avoir  de 
l'argent  comptant ,  car  pourvu  qu'on  paye  fur  le  champ , 
on  y  a  tout  à  fort  bon  marché. 

Il  règne  pour  l'ordinaire  de  grandes  maladies  fur  cette 
côte  au  tems  de  la  pêche,  foit  à  caufe  de  la  multitude 
extraordinaire  du  peuple  qui  s'y  rend  de  toutes  parts  Se 
qui  n'habite  pas  fort  à  fon  aife  ,  foit  à  caufe  que  plu- 
fieurs  fe  nourriffent  de  la  chair  des  huîtres  qui  eft  indi- 


PES 


gefte  Se  malfaifante,  foit  enfin  à  caufe  de  l'infection  de 
l'air:  cat  la  chair  des  huîtres,  étant  expofée  à  l'ardeur 
du  foleil ,  fe  corrompt  en  peu  de  jours  ,  Se  exhale  une 
puanteur  qui  peut  feule  caufer  des  maladies  contagieu- 
fes. 

PESCHESEUL ,  château  de  France ,  dans  le  Maine , 
fur  la  paroiffe  d'Avoife  ,  bourg  qui  en  eft  éloigné  d  un 
bon  quart  de  lieue.  Ce  château,  l'un  des  plus  beaux  de 
cette  province ,  eft  à  quatre  lieues  de  la  Flèche ,  a  deux  de 
Sablé  ,  à  fept  du  Mans,  Se  a  été  appelle  ainfi  ,  à  caufe 
quecelui  qui  eneft feigneur a feuldroit  dépêche  dans  une 
fort  grande  étendue  de  la  rivière  de  Sarte,  qui  forme  une 
presqu'ifle  en  ce  lieu-là ,  ce  qui  en  rend  la  fituation  admi- 
rable. On  diroit  que  la  nature  a  pris  plaifir  à  former  Se  à 
embellir  cette  presqu'ifle.  La  Sarte  y  fait  un  tour  en  ma- 
nière de  fer  à  cheval ,  de  forte  qu'avec  une  muraille  de 
trois  quarts  de  lieue  de  long,  on  y  fait  un  enclos  de  cinq 
à  fix  lieues  de  circuit.  Toute  cette  presqu'ifle  elt  entre- 
coupée de  grands  bois  taillis  Se  de  pâturages  ■■,  on  y 
voit  de  bellesôc  valtes  prairies  des  deux  côtés  de  la  riviè- 
re. C'eft  un  des  plus  beaux  pays  de  chaffe  qu'on  puiffe 
imaginer.  Toute  forte  de  gibier  y  abonde,  Se  quoiqu'on 
faffe  pour  exterminer  les  cerfs,  il  y  en  revient  toujours. 
Le  roi  Charles  IX  y  alloit  chaffer  tous  les  ans.  Le  châ- 
reau ,  qui  eft  un  fief,  avec  titre  de  Sirerie ,  eft  bâti  au  mi- 
lieu de  quatre  beaux  jardins ,  &  presque  entouré  d'un 
grand  bois  ,  percé  de  tous  côtés  en  allées ,  au  bout  des- 
quelles on  trouve  par  tout  la  rivière,  qui  n'eft  féparée  de 
ce  château  que  par  un  jardin.  *  Corn.  Dict.  Mémoires 
drejjés  fur  les  lieux  en  1706. 

PESCHIERA ,  Pesciera  ,  ou  Pesquaire  ,  Ardelica, 
ville  d'Italie  ,  dans  le  Veronois,  à  l'extrémité  occidentale 
du  lac  de  la  Garde  ,  en  tirant  vers  le  midi.  Cette  petite 
ville ,  placée  à  l'endroit  où  le  Menzo  fort  du  lac  de  la 
Garde,  eft  très-bien  fortifiée.  Le  Menzo  qui  pahe  au 
milieu  de  la  ville  remplit  fes  foflés.  L'enceinte  peut  avoir: 
un  mille  de  tour.  On  y  voit  cinq  baftions ,  une  demi-lune 
du  côté  du  lac  ,  Se  du  côté  du  Mantouan  un  château  ceint 
des  murailles  de  la  fortereffe  ,  avec  un  cavalier.  Peschiera 
dépendoit  du  Mantouan  avant  l'an  1441  ,  qu'elle  fut 
prife  par  les  Vénitiens  ,  &  unie  au  territoire  de  Vérone. 
On  y  entretient  une  bonne  garnifon.  *  Magin  ,  carte  du 
Veronois.  Corn.  Dict.  LœJJelr ,  voyage  d'Italie. 

PESC1A,  Famtm  Martis ,  petite  ville  d'Italie,  dans 
la  Toscane,  au  Florentin,  fur  une  petite  rivière  qui 
porte  fon  nom ,  entre  Lucques  au  midi  occidental ,  Se 
Piftoia  au  nord  oriental.  Outre  leglife  de  la  Pieve ,  ou 
paroiffe  ,  dont  le  curé  a  jurisdiction  presque  épiscopale 
fur  un  petit  reffort  de  feize  villages  par  concefiion  du 
pape  Léon  X,  de  l'an  15 19  ,  il  y  a  diverfes  autres  églifes 
dont  la  plupart  ont  été  peintes  par  Benoît  Pagni ,  ori- 
ginaire de  Peschia ,  Se  élevé  de  Jules  Romain.  Cette 
ville  a  été  érigée  en  évêché  ces  dernières  années.  La  ri- 
vière de  ce  nom  a  fa  fource  au-deffus  de  Crespoli,  &  va 
du  nord  oueit  au  fud-eft ,  fe  jetter  dans  le  lac  de  Fucec- 
chio.  *  Magin  ,  carte  du  Florentin. 

PESCLA,  ville  d'Egypte,  félon  la  notice  des  dignités 
de  l'Empire  :  feroit-ce,  dit  Ortelius  ,  Thefaur  ,  la  même 
ville  que  l'itinéraire  d'Antonin  nomme  Pesclis  ?  Voyez. 
Pesclis  &  Passalon. 

PESCLIS  ,  ville  d  Egypte  ,  que  l'itinéraire  d'Antonin 
place  entre  Tutsis  Se  Corte  ,  à  douze  milles  de  la  pre- 
mière ,  Se  à  quatre  de  la  ££conde.  Voyez  Pescla  Se  Pas- 
salon. 

PESEGUEIRO  ,  félon  Corneille  ,  DiU.  Pesqueira  , 
félon  Jaillot,  Atlas ,  Se  Perigueira,  félon  de  l'Ifle  , 
Atlas  -,  ifk  fur  la  côte  occidentale  du  Portugal ,  dans  la 
baie  de  Sinis  ou  Sines ,  entre  cette  ville  au  nord ,  Se  le 
bourg  de  Villa  Nova  de  Milfontes  au  midi.  Il  y  a  quel- 
ques petites  ifles  aux  environs  que  l'on  comprend  toutes 
fous  le  nom  d'ifle  de  Pesqueiro. 

PESENAS,  ou  Pezenas,  ville  de  France,  dans  le 
Languedoc,  (a)  au  diocèfe  d'Agde,  à  quatre  lieues  de 
Befiers  ,  fur  la  petite  rivière  de  Te  in  ou  Peyne  ,  qui  fe 
jette  un  peu  au-deffous  dans  YErau  ou  YArau  ,  nommée 
autrefois  Araur.  Pefenas  eft  une  ville  fort  ancienne  : 
Pline ,  /.  48.  c.  8.  en  fait  mention.  Il  la  nomme  Pifcen*, 
&loue  la  laine  des  environs',  la  teinture  qu'on  lui  don- 
noit  &  les  étoffés  qu'on  en  faifoit  qui  duroient  plus  que 
les  autres.  Pierre  des  Vaux  de  Cernay ,  dans  fon  hiltoire 


PES 


des  Albigeois ,  appelle  cette  ville  Pefettatura.  Elle  eft  une 
des  plus  célèbres  du  Languedoc  par  fa  belle  fituation. 
S.  Louis  l'acquit  en  1 16 1  ,  de  deux  feigneurs  qui  en 
éroient  propriétaires,  Se  il  l'unit  au  domaine  royal.  C'é- 
toit  une  châtellenie  (b)  que  le  roi  Jean  érigea  en  comté 
l'an  1361  ,  en  faveur  de  Charles  d'Artois.  Ce  comté 
entra  enfuite  dans  la  maifon  de  Montmorenci ,  Se  le 
connétable  de  ce  nom  y  fit  bâtir  la  Grange  des  Prés ,  la 
plus  belle  maifon  du  Languedoc.  Le  même  comté  pafla 
à  M.  le  prince  de  Condé  à  la  mort  du  dernier  duc  de 
Montmorenci  fon  beau-frere  ,  Se  il  eft  depuis  échu  en 
partage  aux  princes  de  Conti ,  cadets  de  la  maifon  de 
Bourbon-Condé.  *  (a)  Longuerue,  Defc.  de  la  France  , 
part.  i.  p.  24S.  (h)  Piganiol,  Defc.  de  la  Fiance,  t.  4. 

P.  375- 

II  y  a  dans  cette  ville  ,  où  l'on  a  quelquefois  tenu  les 
étacs  de  la  province  ,  une  églife  collégiale  ,  un  collège 
de  prêtres  de  l'Oratoire  Se  quelques  couvens.  On  y  voit 
quelques  maifons  allez  belles.  Le  poulain  eft  une  grande 
machine  qu'on  fait  fortir  dans  toutes  les  rejouiflanecs  pu- 
bliques :  il  eft  habillé  de  bleu  avec  des  fleurs  de  lis 
d'or  ;  il  danfe  ;  les  fauts  qu'on  lui  fait  faire  font  affez  rc- 
jouiflans ,  Se  il  fait  femblant  de  mordre  tous  ceux  qu'il 
rencontre. 

C'eft  à  Pefenas  que  mourut  Se  fut  enterré  Jean-Fran- 
çois Sarafin  ,  fecretaire  des  commandemens  du  prince 
de  Conti,  Se  un  des  plus  beaux  efprits  du  dix-feptiéme 
fiécle.  Montreuil ,  dans  une  de  fes  lettres,  dit  qu'il  n'y 
a  nulle  différence  entre  la  pierre  qui  eft  fur  fon  tombeau 
Se  celle  qui  eft  fur  celui  d'un  cordonnier  qui  le  touche. 

PESENDARjE, ,  peuples  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte  : 
Ptolomée  ,  /.  4.  c.  8.  les  place  au  midi  des  Ethiopiens 
Elephantophages. 

PESEN1K,  ou  Boesneck  ,  petite  ville  de  la  Thu- 
linge  ,  dans  la  principauté  de  Saxe  Salfeld. 

PESICI ,  peuples  de  l'Espagne  Tartagonnoife.  Pline, 
/.  4.  c.  20.  les  place  dans  une  péninfule,  Se  le  père 
Hardouin  dit  que  cette  péninfule  fe  nommoit  Corufia , 
Se  qu'elle  étoit  fur  la  côte  feptenttionale  de  la  Galice.  Au 
lieu  de  Pefici ,  Ptolomée  ,  /.  2  ,  c.  6.  écrit  P&jicï.  Il  leur 
donne  deux  places ,  favoir  : 

Flavionavia  Se  JVx/i  fîuv.  Oflïa. 

PES1NE ,  ou  Pesines.  Voyez.  Arabyza. 

PESL/E.  Voyez.  Passaion. 

PESME  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Franche-Comté  , 
diocèfe  de  Bcfançon  ,  &  bailliage  de  Gray  ,  fur  le  Lou- 
gnon.  Il  y  a  en  ce  lieu  un  prieuré ,  dépendant  de  l'ab- 
baye de  Saint  Germain  dAuxerre,  mentionné  dès  le 
douzième  fiécle  dans  une  bulle  du  pape  Anaftafe  IV. 
Il  etl  de  foi  t  petit  revenu,  quoique  la  chapelle  de  Saint 
Paul ,  appellée  des  Tombes ,  lui  foit  annexée. 

PESOL  ,  en  italien  Lago  Pefole ,  lac  d'Italie  ,  au  royau- 
me de  Naples ,  dans  la  Bafilicate.  Il  eft  au  pied  du  mont 
Apennin ,  Se  la  rivière  Brandano  y  a  fa  fource.  Les  an- 
ciens le  nommoient  Aqu*  Penfdes.  *  Ma  gin  ,  Carte  de 
la  Bafilicate. 

PESSAN  ,  ou  Pessans  ,  Pe/Janum  ,  bourg  de  France, 
dans  le  Bas  Armagnac  ,  élection  d'Aftarac.  Il  y  a  une 
abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  &  donc 
l'abbé  jouit  de  deux  mille  livres  de  revenu. 

PESSELIERE,  baronnie  de  France,  dans  le  Berry, 
élection  de  Bourges.  Sa  paioiffe  eft  un  écart  de  Jalo- 
gne.  Il  y  a  un  ancien  château'  fitué  à  fix  lieues  de  Bour- 
ges ,  Se  à  ttois  de  Sancerre.  L'étendue  de  cette  baron- 
nie comprend  la  paroiffe  de  Jalogne ,  Se  une  partie  de 
celle  de  Groiffe.  11  y  a  à  Pefleliere  une  petite  chapelle 
fous  l'invocation  de  faint  Clair.  Elleeltà  la  nomination 
de  l'abbé  de  Saint  Satur  ,  Se  ne  rapporte  que  cent  livres 
de  rente.  Il  fe  tient  quatre  foires  à  Pefleliere  ;  favoir  le 
premier  de  Juin  ,  le  jour  de  faint  Barthelemi ,  le  jour 
de  faint  Luc  ,  Se  le  lundi  avant  la  femaine  fainte. 

PESSIDA,  ville  de  la  Libye  Intérieure.  Ptolomée  ,  /. 
4.  c.  6.  la  place  fur  la  rive  feptentrionale  du  Niger.  Ses 
interprètes  lifent  Pefide  pour  Peffia. 

PESSINUS  ,  Se  en  françois  Pejfinunte ,  ville  des  Gala- 
tes  Toliftoboies  ,  ou  Toliftoboges ,  dont  elle  étoit  la  mé- 
tropole, félon  Plin*  ,  /.  $.  c.  32.  Cependant  Ptolomée  , 
/.  j.  c.  4.  leur  donne  Germa ,  ou  Therma  Colonia ,  pour 
capitale  \  mais  peut-être  que  depuis  le  tems  de  Pline  on 


PET        925 

transporta  une  colonie  Romaine  à  Germa ,  ce  qui  pue 
lui  faire  avoir  la  préféance  fur  Peffiniinte.  Srrabon  ,  /.  12. 
p.  J67.  dit  que  c'étoit  un  entrepôt  :  Se  Paufanias,  Attic. 
c.  4.  la  place  au  pied  du  mont  Agdiflus  ,  où  on  vouloie 
qu'Atys  eût  été  enterre.  Strabon  a  la  vérité  appelle  Din- 
dymos  la  montagne  au  pied  de  laquelle  étoit  bâtie  Pefli- 
nunte  ,  Se  dit  que  ce  fut  ce  qui  occafionna  le  nom  Din- 
djmene  qu'on  dunna  à  Cybele.  Mais  peut  être  que  la 
même  montagne  étoit  connue  fous  deux  noms  differens  ; 
du  moins  ce  devoir  être  deux  montagnes ,  ou  jointes  en- 
femble,  ou  très-voifines,  puisque  la  ville  de  Peffinunte 
étoit  bâtie  au  pied  de  l'une  &  de  l'autre.  Comme  Stra- 
bon ,  t.  il.  p.  $6-/.  dit  que  les  habitans  du  pays  don- 
noient  à  Cibèle  le  nom  d'Angidiffe  ,  il  fe  peut  faire  que 
celui  A'Agdifie  eft  employé  par  contraction  dans  Paufa- 
nias. Strabon  ajoute  que  le  fleuve  Sangarius  couloit  au- 
près de  Peflînunte.  Cette  ville  étoit  célèbre  par  fon  tem- 
ple dédié  à  Cybèle,  Se  par  la  ftatue  de  cette  faufTe 
divinité,  qui  fut  transportée  à  Rome  par  Scipion  Na- 
fica,  comme  nous  l'apprend  Ammien  Marccllin  ,  /.  22. 
c.  9.  édu.  Val.  Dans  la  fuite,  PeiTinunte  devint  une  mé- 
tropole eccléfiaitique,  titre  que  lui  donne  la  notice  de 
l'empereur  Andronic  Paléologue  le  Vieux. 

PESSIUM,  ville  des  Jazyges  Métanaftes.  Ptolomée, 
/.  3.  c.  7.  la  place  entre  Candanum  Se  Partïscum. 
^f  1.  PEST,  comté  de  la  Haute- Hongrie,  le  long  de 
la  rive  orientale  du  Danube,  il  eft  borné  au  nord  par  le 
comté  de  Novigrad  ,  à  l'orient  par  ceux  de  Hervecz  & 
de  Zolnok ,  au  midi  par  celui  de  Bath  ,  &  à  l'occidenc 
par  le  Danube.  Les  Impériaux  s'en  rendirent  maîtres  en 
1686,  Se  depuis  ce  tems,  il  a  toujours  fait  partie  du 
royaume  d'Hongrie.  Il  n'a  aucun  lieu  considérable  que 
la  ville  de  Peft ,  qui  en  eft  la  capitale. 

2.  PEST,  ville  de  la  Haute-Hongrie,  Se  la  capitale 
du  comté  de  même  nom.  Elle  eft  bâtie  fur  la  rive  orien- 
tale du  Danube,  un  peu  au-deffus  de  la  ville  de  Bude, 
qui  elt  de  l'autre  côté  du  fleuve,  Se  à  trente  lieues  fud- 
eft  de  Prefbourg.  Peit  eft  une  ville  d'une  médiocre 
grandeur,  Se  d'une  figure  à  peu  près  carrée.  Elle  a  beau- 
coup foufferr  pendant  les  guerres  -,  cependant  elle  s'eft 
rétablie ,  &  le  nombre  de  fes  habitans  eft  plus  grand 
que  jamais.  On  s'y  elt  retiré  plus  volontiers  qu'à  Bude  , 
avec  qui  elle  communique  par  un  pont  de  bateaux  , 
parce  que  fa  fituation ,  moins  élevée  que  celle  de  Bude, 
elt  plus  commode  pour  décharger  les  marchandifes  que 
l'on  y  apporte  fur  le  fleuve.  On  y  voir  une  affluence  de 
ces  gens  que  l'on  appelle  communément  Egyptiens  Se 
Bohémiens.  Ils  difent  qu'ils  profeflent  la  religion  grec- 
que ,  lorsqu'ils  font  dans  des  pays  Chrétiens  ;  ailleurs  ils 
font  Païens,  ou  plutôt  ils  ne  font  d'aucune  religion, 
car  ils  n'ont  point  d'idoles.  Ils  adorent  cependant  un 
Dieu  ,  mais  ils  lui  rendent  un  culte  tout-à-fait  ridicule. 
Leurs  demeures  ordinaires  font  des  tentes ,  où  ils  achè- 
tent Se  partagent  ce  qu'on  leur  va  vendre  en  cachette. 
Leur  profeflion  eft  de  prendre  à  la  dérobée  ce  qu'ils  peu- 
vent attraper.  *  Tollii    Epift.  Itïn.  "p.  200. 

PESTI ,  ou  Pf  sto  ,  bourgade  d'Italie,  au  royaume 
de  Naples,  non  dans  la  Principauté  Ultérieure,  comme 
le  dit  Corneille  ,  mais  dans  la  Principauté  Citérieure  , 
fur  la  côte  ,  environ  à  huit  milles,  au  midi  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  Selo.  C'eft  le  Ptftum  de  Pomponius 
Mêla,  Se  la  ville  Po/îdoma  de  Pline.  Voyez.  Pjestum  Se 
Posidonia.  *  Magin ,  Carte  de  la  Principauté  Cité- 
rieure. 

PESTRAYA  ORDA  .  c'eft-à-dire  ,  tribu  Pie.  On  pré- 
tend qu'il  y  a  dans  la  Sibérie  un  peuple,  ainfi  appelle 
par  les  Rufles  ,  parce  que  ceux  qui  lecompofent  ont, 
dit-on,  de  grandes  taches  noires  fur  tout  le  corps,  Se 
dans  levifage,  à  peu  près  comme  les  chevaux,  ou  au- 
tres beftiaux  pies  ;  mais  comme  aucun  voyageur  digne 
de  foi  n'en  fait  mention  ,  on  peut  affluer  que  c'eft  une 
fiction.  *  Hifl.génér.  des  Tatars. 

PESURI ,  peuples  de  la  Lufitanie  ,  félon  Pline,  /.  4. 
c.  11.  Quelques  manuferits  portent  P,efiiri;Se  une  an- 
cienne infeription,  rapportée  par  Gruter ,  p.  162.  les 
nomme  Pxfures. 

PETAGUEI ,  pays  de  l'Amérique   méridionale ,  au 

Brefil.  11  a  le  pays  de  Dele  au  nord ,  la  mer  à  l'orient , 

la  capitainerie  de  Rio  Grande  au  midi ,  &  la  nation  des 

Tupuyes  au  couchant.  De  l'Ifle  marque  fur  fa  carte  du 

Tm-  IV.  A  a  a  a  a  a  ij 


PET 


924 

Brefil  que  ce  pays  eft  riche  en  mines  d'argent ,  Se  que 
quoiqu'enclavé  ,  aufli  bien  que  le  pays  de  Dele ,  dans 
la  capitainerie  de  Siara  ,  ni  l'un  ni  l'autre  n'appartien- 
nent aux  Portugais. 

i .  PETALIA ,  ville  de  PEuboée ,  félon  Strabon  ,  /. 
io.  p.  444. 

2.  PETALIA  ,  ville  du  Péloponnèfe ,  félon  Xéno- 
phon ,  /.  3.  A  la  marge  du  livre  on  lit  Eptalium;  Se 
Ortelius ,  Thef.  croit  que  c'eft  ainfi  qu'il  faut  lire. 

PETALIA.  Pline ,  /.  4.  c.  1 2.  donne  ce  nom  à  quatre 
ifles  qui  font  à  l'entrée  du  détroit  de  l'Euripe.  Ces  qua- 
tre ifles  ou  écueils  tiroient  apparemmenr  leur  nom  de 
la  ville  Petalia.  Voyez,  ce  mot ,  n.  1. 

PETANE.  VoyezViTAXZ. 

PETAO,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale , 
dans  la  Louïfiane  ,  fur  la  route  que  tint  le  fieur  de  la 
Salle  pour  aller  de  la  baie  de  S.  Louis  aux  Cenis. 

PETAPA  ,  bourg  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  dans 
la  Nouvelle  Espagne  ,  près  de  la  côte  de  la  mer  du  Sud  , 
dans  l'audience  de  Guatimala.  11  eft  regardé  comme  un 
des  plus  agréables  lieux  qui  dépendent  de  cette  audien- 
ce, à  caufe  d'un  lac  d'eau  douce  qui  en  eft  proche,  Se 
qui  lui  a  occafionné  fon  nom.  Petapa  eft  un  cempo- 
fé  de  deux  mots  indiens ,  dont  l'un ,  qui  eft  Pet ,  ligni- 
fie une  natte ,  Se  l'autre ,  qui  eft  Taph ,  veur  dire  de 
l'eau  ;  Se  parce  qu'une  natte  eft  la  principale  partie  du 
lit  des  Indiens  ,  Petapa  veut  dire  proprement  tui  litl 
d'eau ,  parce  que  l'eau  de  ce  lac  eft  unie ,  douce  Se 
calme.  On  trouve  dans  ce  lac  quantité  de  poiffons ,  par- 
ticulièrement beaucoup  d'écrevifles  Se  de  mojarras  ,  qui 
eft  un  poiffbn  femblable  au  mulet  ,  Se  de  même  goût, 
mais  qui  n'eft  pas  fi  gros.  Le  bourg  a  pour  habitans  en- 
viron cinq  cens  Indiens ,  avec  lesquels  les  Espagnols 
demeurent  librement.  Il  y  a  dans  ce  lieu  une  famille 
confidérable  parmi  les  Indiens ,  qu'on  dit  être  descen- 
due des  anciens  rois  du  pays ,  Se  que  les  Espagnols  ont 
honorée  du  nom  de  Guzman.  C'eft  toujours  quelqu'un 
de  cette  famille  qu'on  fait  gouverneur  de  Petapa.  Quoi- 
qu'il ne  puifle  porter  l'épée  ,  il  jouit  de  plufieurs  beaux 
privilèges.  11  peut  nommer  d'entre  les  habirans  ceux  qu'il 
lui  plaît  pour  le  fervir  dans  fes  repas ,  pour  avoir  foin 
de  fes  chevaux ,  Se  pour  faire  généralement  tout  ce  qu'il 
ordonne,  fans  que  d'ailleurs  il  puifferien  faire  lui-mê- 
me, foit  pour  la  police  du  bourg,  foit  pour  l'admini- 
ftration  de  la  juftice ,  que  du  confentement  d'un  reli- 
gieux ,  qui  demeure  en  ce  lieu ,  Se  qui  a  aufli  un  fi 
grand  nombre  de  perfonnes  obligées  de  le  fervir ,  qu'il 
y  peut  vivre  avec  autant  de  magnificence  qu'un  évêque. 
Le  tréfor  de  l'églife  eft  confidérable.  Il  y  a  plufieurs 
confréries  qui  ont  toutes  de  beaux  ornemens.  Les  In- 
diens y  exercent  la  plupart  des  mériers  nécefiaites  dans 
une  république  bien  établie,  Se  l'on  y  trouve  les  mê- 
mes herbages  Se  les  mêmes  fruits  que  dans  la  ville  de 
Guatimala ,  pour  laquelle  les  habitans  de  ce  bourg  font 
obligés  de  faire  la  pêche  s  en  forte  qu'il  y  a  un  certain 
nombre  d'Indiens  de  Petapa  qui  ont  charge  d'envoyer 
tous  les  mercredis,  vendredis  Se  famedis  ,  la  quantité 
d'écrevifles  Se  de  mojarras ,  que  le  corregidor  Se  les  au- 
tres magiftrats  leur  ordonnent  pour  chaque  femaine. 
Le  jour  de  Saint  Michel,  patron  du  lieu,  il  s'y  tient 
une  foire.  Il  s'y  tient  aufli  tous  les  jours,  fur  les  cinq 
heures  du  foir,  un  Tianguet  on  marché,  où  il  n'y  a 
que  les  Indiens  du  bourg  qui  trafiquent  enfemble.  *  Tho- 
mas Gage,  Relation  des  Indes  occidentales,  part.    3. 

c.  4. 

PET  AU,  Petaw  ouPettau,  Pitlabio,  Pœtario  ou 
Poetarium.  Voyez,  Pettaw. 

TETAVONIUM,  P&taonium  ,  ville  de  l'Espagne 
Tarragonnoife.  Ptolomée ,  /.  2.  c.  6.  la  donne  aux  Su- 
peratii.  L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Bra- 
cara  à  Afturica  ,  entre  Ven'uitia  Se  Argenùolum  ,  à 
vingt-huit  milles  de  la  première ,  Se  à  quinze  de  la  fé- 
conde. Morales  croit  que  c'eft  préfentement  Vaneza. 
Voyez  ce  mot. 

PETCI  (  Le  royaume  de  ) ,  dans  la  Corée.  C'eft  le 
même  pays  que  l'on  appelloit  autrefois  Maham.  Ce 
royaume  étoit  fort  fujet  aux  révolutions,  Se  les  rois 
étoient  toujours  chancelans  fur  le  trône.  Ils  étoient  tous 
tributaires  du  roi  delà  Chine,  qui  à  la  fin  s'eft  emparé 
de  ce  pays.  Les  habiians  cultivoient  les  feiences.  Ils 


PET 


avoient  adopté  la  doétiine  des  Samenéens ,  mais  on  ne 
voyoit  point  parmi  eux  de  bonzes.  Tao-Su-Kicou-Tai 
avoir  dans  ce  pays  un  temple  où  l'on  alloit  facrifier.  * 
Hijloire  générale  des  Huns  ,  par  M.  de  Guignes ,  /.  1. 

PETEGEM,  abbaye  de  Clarifies ,  dans  la  Flandre, 
au  diocèfede  Malines,  à  un  mille  d'Oudenarde ,  fur  la 
gauche  de  l'Escaut. 

PETELIA  ,  ou  Petilia  ,  ville  d'Italie ,  dans  les  ter- 
res,  chez  les  Brutiens,  félon  Pline,  l.x.c.  10.  &  Pto- 
lomée, /.  3.  c.  1.  Virgile  ,  JEne'ïd.  I.  x,v.  402.  attribue 
fa  fondation  à  Philoététe  le  Troyen  : 

Par  va  Philotletœ  fubnixa  Petilia  mur  0. 

Elle  ne  demeura  pas  toujours  dans  cet  état  de  médio- 
crité ,  car  elle  devint  dans  la  fuite  métropole ,  ou  du 
moins  l'une  des  principales  villes  des  Brutiens.  Strabon 
dit  au  commencement  du  fixiéme  livre ,  p.  254.  que  la 
ville  Petilia  étoit  regardée  comme  la  capitale  des  Lu- 
caniens,  Se  que  de  fon  tems  elle  étoit  affez  peuplée. 
Il  ajoute  qu'elle  étoit  forte,  &  par  fa  fituation ,  Se  par 
fes  murailles.  Elle  étoit  voifine  de  Crorone  ,  puisqu'elle 
avoit  été  bâtie  dans  le  lieu  où  eft  aujourd'hui  Strongo- 
li,  où  l'on  a  trouvé  d'anciennes  inferiptions  :  dans  l'une 
on  lit  ce  mot  Petilia  ,  Se  dans  une  autre  celui-ci  :  Keip. 
Pelilinorum.  Elle  eft  fameufe  dans  fhiftoire,  Se  on  la 
compare  à  la  ville  de  Sagunte ,  tant  pour  fa  fidélité 
envers  les  Romains,  que  pour  fes  desaftres,  ce  qui  a 
fait  dire  à  Silius  Italicus ,  /.   1 2.  v.  43 1. 

Fumabat  ver  fis  incenfa  Petilia  teclis, 
Infelix  fidei ,  mifcr&que  fecunda  Sagunto. 

PETELINUS  LUCUS.  C'eft  le  bois  Pétilien ,  où  PIu- 
tarque ,  in  Camillo ,  dit  que  Camillus  transporta  le  tri- 
bunal ,  lorsqu'il  fe  fut  apperçu  de  l'effet  que  la  vue  du 
Capitole  produifoit  fur  les  juges  de  Marcus  Manlius  Ca- 
pirolinus.  Ce  bois  devoit  être  près  de  Rome  ,  à  la  gau- 
che du  Tibre,  puisque  Tite-Live,  /.  6.  c.  10.  le  place 
hors  de  la  porte  nommée  Flumentana  Porta. 

PETENG  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  le  Chanfy  , 
du  côté  de  l'orient  ,  à  fept  lieues  de  diftance  de  Tatum- 
fou.  On  avoit  bâti  une  fortereffe  fur  le  fommet ,  où 
l'empereur  Kaoti ,  qui  étoir  pourfuivi  par  les  Turcs ,  fe 
retira.  *  Hjfioire  générale  des  Huns  ,  par  M.  de  Guignes, 
/.   1. 

PETELINI,  Petelleni.  Voyez.  Petelia. 

PETEN1SUS,  ville  de  la  Galatie ,  félon  Ptolomée," 
/.  y.  c .  4.  Ses  interprètes  lifent  Pemeniffus ,  Se  Simler 
croit  que  c'eft  la  même  ville  que  l'itinéraire  d'Antonin 
appelle  Parnafum. 

PETEON ,  village  de  la  Bœotie.  Strabon ,  /.  9. p.  410. 
la  place  dans  le  territoire  de  Thebes  ,  près  du  chemin 
qui  conduit  à  Anthedon.  Etienne  le  géographe  fait  une 
ville  de  Peteon. 

PETERBOROUCH  ,  Pctuaria,  ville  d'Angleterre, 
dans  le  Northamptonshire,  fur  le  Nen.  Elle  a  le  titre 
de  comté.  C'eft  un  des  fix  évêchés  qui  furent  établis 
par  Henri  VIII,  après  qu'il  eut  fupprimé  tous  les  cou- 
vens.  *  Etat  préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  tom.    1. 

P-  95- 

PETERHEAT,  petite  ville  de  l'Ecoffe  feptentrio- 
nale ,  dans  la  province  de  Buchan.  C'eft  un  port  de  mer 
où  le  Prétendant  débarqua  en  1715  avec  le  comte  de 
Marr. 

PETERKOW  ,  Petricow,  Petricovie  ,  Pietro- 
kow,  Petrilow,  Petricovia,  petite  ville  de  Pologne, 
dans  la  partie  orientale  du  palatinat  de  Siradie ,  fur  une 
petite  rivière  qui  fe  jette  dans  la  Pilcza.  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vaugondy. 

PETERLINGEN.  Voyez.  Petershausen  ,  Abbatia 
Peter shufana. 

PETEROA  ,  montagne  de  l'Amérique  méridionale, 
au  Chili ,  dans  la  Cordiliere.  C'eft  un  volcan  ,  au  nord 
de  celui  de  Chillan,&  au  midi  des  villes  de  San  Jago 
Se  de  Mendoza.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PETER  ON.  Voyez.  Poteron. 

1.  PETERSBOURG  ou  Saint  Petersbourg,  ville 
capitale  de  la  Ruflie ,  eft  fituée  en  Ingrie,  fous  les  54 
deg.  60  min.  de  latitude  ,  &  les  47  deg.  ;8  min.  de  Ion- 


PET 


PET 


gitude ,  à  250  verftes  de  Novogorod.  Elle  eft  compo- 
fée  de  plufieurs  ifles  que  forme  la  rivière  de  NeWa,  à 
un  quart  de  lieue  de  France  de  Ion  embouchure: on 
peut  commodément  la  divifer  en  cinq  parties. 

En  descendant  la  Newa ,  au-dciTus  de  la  ville,  l'on 
voit  à  la  gauche  une  partie  de  Peter/bourg  ,  qui  eit  con- 
nue fous  le  nom  de  Liteina  Storona  ;  c'eft-à-dire ,  le 
côté  de  la  fondetie  :  en  descendant  par  cette  partie  de  la 
ville  du  nord  au  fud  oueft  ,  on  arrive  à  l'endroit  où  la 
rivière  de  Newa  fe  divife  en  trois  bras  ;  deux  grands , 
dont  l'un  tourne  vers  la  droite  en  ligne  courbe;  l'au- 
tre gardant  la  ligne  droite,  ôc  un  petit  qui  coule  vers 
la  gauche  ;  ces  bras  de  la  rivière  forment  différentes  ifies. 
La  première,  vers  la  droite  ,  s'appelle  l'ifle  de  Saint  Pe- 
terfbourg ,  derrière  laquelle  fe  trouve  l'ifle  des  Apothi- 
caires ;  ces  deux  ilîes  compofent  la  deuxième  partie  de 
la  ville. 

Un  peu  au -deflbus  eft  l'ifle  Bazyle ,  formée  par  les 
deux  grands  bras  de  la  Newa ,  &  qui  compofe  la  troi- 
fiéme  partie  de  la  ville. 

Le  petit  bras  de  la  rivière ,  que  l'on  appelle  auflï  la 
Fontaka,  avec  le  grand  bras  qui  garde  la  ligne  droite, 
forme  à  gauche  deux  autres  grandes  ifies  :1a  plus  pro- 
che du  grand  bras  s'appelle  l'ifle  de  l'Amirauté.  Der- 
rière elle  la  Moika ,  qui  fort  de  la  Fontaka  avec  la  Ne- 
wa ,  forme  une  autre  grande  ifle ,  qui  compofe  la  cin- 
quième partie  de  la  ville. 

C'eft  fur  l'ifle  de  Saint  Peterfbourg  que  fut  bâtie, 
par  Pierre  le  Grand  ,  la  première  maifon ,  qui  eft  de 
bois ,  &  que  l'on  voit  encore  ,  parce  qu'on  l'a  fait  en- 
tourer d'une  muraille  de  briques,  ôc  couvrir  d'un  fé- 
cond toit ,  pour  la  cenferver  comme  un  monument. 
D'abord  le  projet  de  ce  prince  éroit  de  bâtir  toute  la 
ville  dans  cette  ifle  ;  en  conféquence  ,  il  y  fit  conftrui- 
re ,  dans  la  partie  orientale  ,  une  églife  de  bois,  qui  fut 
dédiée  à  la  Sainte  Trinité,  ôc  le  palais  pour  le  fénat , 
ôc  autres  tribunaux  :1a  noblefle  vint  y  faire  bâtir  le  long 
delà  rivière,  ôc  y  fixer  fon  domicile;  mais  ce  monar- 
que ,  ayant  dans  la  fuite  changé  de  deflein,  fit  transpor- 
ter toute  la  noblefle  fur  l'ifle  de  l'Amirauté,  &  fur  l'ifle 
Bazyle  ,  fur  lesquelles  furent  conftruites  une  infinité  de 
belles  maifons ,  ôc  vafles  édifices;  dans  cette  dernière, 
qui  s'étend  bien  loin  dans  le  golfe  Finnique  ,  on  voit 
actuellement  le  magnifique  palais  du  fénat  ,  &c  autres 
tribunaux,  qui  y  furent  transférés  de  l'ifle  de  Saint  Pe- 
terfbourg :  l'académie  impériale  avec  fon  obfervatoire, 
la  bibliothèque  ,  ôc  le  fameux  hôtel  occupé  par  les  ca- 
dets ;  c'eft  un  corps  qui  fut  établi  l'an  1701  ,ôc  qui  eft 
compofe  de  trois  cens  foixante  gentilshommes ,  tant 
Ruiïiens  qu'Allemands,  où  on  les  inftruit  dans  toute 
forte  d'exercices  Se  de  fervices.  On  a  percé  dans  cette 
ifle  différens  canaux  de  communication  de  la  i;iviere  à 
la  mer,  pour  la  commodité  des  maifons. 

L'ifle  de  l'Amirauté  eft  celle  où  fe  trouvent  les  pa- 
lais des  fouverains  de  Ruflîe  ;  celui  d'été  en  occupe  la 
pointe  feptentrionale ,  vis-à-vis  l'ifle  de  Saint  Peters- 
bourg,  ôc  cil  borné  au  midi  ôc  à  l'orient  des  canaux, 
de  forte  qu'il  fetoit  tout  entouré  d'eau ,  s'il  ne  tenoit 
par  le  quai  à  une  place  publique  ,  d'où  ,  en  descendant 
le  long  de  la  rivjerc ,  l'on  rencontre  le  vafte  bâtiment 
de  l'Apothicairerie  ,  une  des  mieux  fournies  de  l'Euro- 
pe :  le  palais  d'hiver  de  Pierre  le  Grand ,  enfuitc  le  pa- 
lais de  l'impératrice  Catherine  ,  ôc  au  deflbus  un  chan- 
tier, pour  la  conftruction  des  vaifleaux,  vafte  &  com- 
mode ,  &  aufli  bien  forrifié  que  celui  pour  la  con- 
ftruction des  galères  ,  qui  fe  trouve  encore  plus  loin 
au-defibus  ,  &  dans  la  même  expofition  :  les  canaux 
qu'on  a  pratiqués  dans  cette  ifle  la  rendent  aufll  com- 
mode qu'agréable,  puisque  par  leur  moyen  l'on  peut 
aborder  en  bateau  à  presque  toutes  les  maifons. 

La  citadelle  eft  au  centre  de  la  ville  ,  ôc  environnée 
de  tous  côtés  de  la  Newa,  dans  laquelle  elle  fut  bâtie  , 
c'eft-à-dire,  entre  les  trois  ifies  dont  nous  venons  de 
parler,  ôc  plus  près  de  celle  de  Saint  Peterfbourg.  Elle 
a  fix  baftions  ,  revêtus  de  bons  murs ,  dont  la  hauteur 
eft  de  trente  pieds  jusqu'aux  remparts.  Elle  ne  renferme 
que  le  logement  du  commandant ,  les  cazernes  néces- 
faires  pour  la  garnifon  ,  ôc  l'églife  cathédrale  de  Saint 
Pierre,  où  font  enterrés  [l'empereur  Pierre  le  Grand  , 


9*ï 

le  malheureiwc  prince  fon  fils,  l'impératrice  Catherine, 
ôc  l'impératrice  Anne. 

Les  quais  des  deux  ifies  ,  l'Amirauté  &  Bazyle  ,  revê- 
tus de  bois ,  ont  coûté  des  fommes  immenfes.  Us  font 
butés,  ôc  avancent  dans  la  rivière,  de  manière  que  les 
vaifleaux  y  abordent  facilement  :  la  beauté  en  répond  à 
la  commodité,  ôc  ils  forment  un  des  plus  beaux  orne- 
mens  de  la  ville.  C'eft  le  plus  beau  coup  d'œil  du  mon- 
de, que  l'entrée  de  la  ville  du  côté  de  la  mer  ;  quan- 
tité de  beaux  hôtels ,  des  palais  ôc  autres  édifices ,  la 
plupart  d'une  architecture  à  l'italienne ,  qui  garniffent  ces 
quais  des  deux  côtés  de  la  rivière  dans  l'espace  de  plus 
d'une  verfte  ôc  demie ,  forment  une  perfpeétive  aufll  ma- 
gnifique qu'agréable. 

Il  n'y  a  de  maifons  bâties  en  pierres  que  celles  qui  bor- 
dent ces  deux  grands  quais  ;  presque  toutes  celles  de  la 
ville  font  en  bois.  Mais  après  l'incendie  de  1737,  on 
a  défendu  de  bâtir  en  bois. 

Ces  trois  ifies,  qui  forment  aujourd'hui  la  ville  ,  n'é- 
toient  que  des  marais  impraticables  avant  que  Pierre  le 
Grand  eut  choifi  cet  endroit  pour  y  faite  un  établifle- 
ment.  Ce  monarque  ,  s'obftinanr  à  peupler  un  lieu  qui 
paroi/Toit  n'être  pas  deftiné  pour  des  hommes,  ne  fut 
point  rebuté  des  grandes  difficultés  qu'il  rencontra  ;  ni 
les  inondations  qui  ruinèrent  fes  ouvrages,  ni  l'ingrati- 
tude du  rerrein ,  ni  l'ignorance  des  ouvriers,  ni  la  mor- 
talité même,  qui  fit  périr  environ  deux  cens  nulle  hom- 
mes dans  les  commencemens  de  cet  ctabliflemént,  ne 
purent  lui  faire  changer  de  réfolution  ;  il  fuimontatous 
les  obftacles,  ôc  vint  à  bout  de  faire  des  chemins,  de 
fécher  ces  marais  ,  ôc  d'élever  des  digues  ,  pour  jetter  les 
fondemens  de  la  ville  de  Peterfbourg,  qui  fut  commen- 
cée en  1703  ,  fuivarit  le  plan  qu'il  en  avoit  tracé  lui- 
même.  La  noblefle ,  le  clergé  ôc  la  bourgeoifie ,  fu- 
reur obligés  d'y  venir  bâtir  leurs  maifons,  à  ptoportioa 
des  biens  en  fonds  de  terre  qu'ils  poflédoient  en  Ruflle  : 
les  étrangers  ôc  les  ouvriers  y  furent  attii  es  par  des  pri- 
vilèges ôc  des  bienfaits  :  l'on  a  toujours  continué  depuis 
ce  tems  à  bâtir.  Ce  qu'il  y  a  de  furprenant  néanmoins, 
c'eft  que  dans  une  ville  aufll  nouvelle,  on  y  trouve, 
comme  dans  la  plus  ancienne  ville  de  l'Europe,  tour  ce 
qui  contribue  à  rendre  les  villes  célèbres  ôc  fréquentées  ; 
le  commerce  ,  les  arts  ôc  les  feienecs  y  font  en  vigueur  , 
ôc  bien  cultivés;  l'on  y  trouve  toutes  fortes  d'ouvriers  & 
de  marchandiles  ,  des  académies  ôc  des  collèges;  la  po- 
litefle  même  ,  qui  met  de  la  différence  entre  les  nations, 
s'y  fait  fentir.  Les  étrangers  grofliffent  encore  le  nom- 
bre des  habitans,  qu'on  fait  monter  à  cent  cinquante 
mille. 

La  police  y  eft  aufll  très  bien  obfervée.  Elle  eft  com- 
mi(e  à  un  lieutenant  général,  qui  eft  ordinairement  un 
homme  de  diltinclion  ,  ôc  qui  a  fa  chancellerie ,  où 
tous  ceux  qui  entrent  ôc  fortent  de  la  ville  doivent 
faire  voir  leurs  pafleports.  Ontientdes  gardes  au  bout 
de  chaque  rue  pendant  la  nuit  :  cette  garde  eft  fournie 
par  les  habitans  tour  à  tour,  ôc  à  chaque  bout  de  rue 
il  y  a  des  chevaux  de  frife ,  qui  fe  baiflent  la  nuit,  & 
que  la  garde  ouvre  aux  pafians  ,  qui  doivent  porter  une 
lanterne,  fans  quoi  on  les  arrête.  Ces  gardes  ont  des 
machines  de  bois,  avec  lesquelles  ils  font  grand  bruit 
à  la  première  alarme,  laquelle  fe  communique  à  toute 
la  ville  dans  un  inftant  :  ils  font  obligés  aufll  de  ctier 
l'heure.  Par  cette  fage  police  l'on  peut  marcher  par  la 
ville  toute  la  nuit  en  fureté. 

L'on  peut  juger ,  par  la  fituation  de  Peterfbourg , 
combien  le  commerce  y  eft  confidérable.  Cette  ville  eft 
l'entrée  de  la  Ruflle  ôc  delaMoscovie,  où  elle  verfe,  &: 
d'où  elle  reçoit  fi  aifément ,  par  le  moyen  des  grandes 
rivières  ôc  des  canaux  qui  y  aboutiflent.  Aufll  y  a-t-il 
beaucoup  de  négocians  à  Peterfbourg,  pour  qui  a  été 
conftruite ,  dans  l'ifle  Bazyle, une  bourfe  femblable  à 
celle  d'Amfterdam. 

Comme  la  rapidité  ôc  la  profondeur  de  là  rivière  ne 
permettent  point  de  bâtir  de  ponr  pour  la  communica- 
tion des  trois  ifies,  il  y  a  une  infinité  de  bateaux  de 
différente  espèce,  qui  y  fuppléent  :  presque  toutes  ks 
perfonnesde  condition  y  ont  les  leurs.  Ceux  des  dames, 
qu'on  appelle  barges  ,  fe  diftinguent  par  la  magnificence , 
ôc  parce  qu'ils  fonr  couverts.  Il  y  en  a  un  grand  nombre 
à  louer  pour  la  commodité  de  ceux  qui  n'en  ont  pas  à  eux. 


92,6      PET 

Tous  les  jours  il  part  un  bâtiment  à  voile ,  nommé 
Buyer ,  pour  Cronftot ,  qui  eft  le  port  de  mer  pour 
les  vaifleaux  de  guerre ,  les  vaifleaux  marchands ,  Se 
par-là  on  a  une  communication  aifee  &  importante  au 
commerce. 

Comme  la  rivière  eft  extrêmement  large  &  profon- 
de ,  les  gros  vaifleaux  marchands  abordent  jusque  ibus 
les  fenêtres  des  mailbns  ;  les  vaifleaux  de  guerre  le  pour- 
raient auflï  ,  fi  les  eaux  n  etoicnt  pas  trop  baffes  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  dans  la  mer  ;  mais  cela  met  la 
ville  à  couvert  des  bombardemens  du  côté  de  la  mer  ; 
dans  ces  endroits  bas  n'y  ayant  que  quelques  paffages  , 
on  les  a  marqués,  pour  que  les  pilotes  ne  fanent  point 
de  méprife  ;  c'eft  aufli  ce  peu  de  fond  qui  oblige  de  fe 
fervir  de  careles  pour  faire  fortir  de  la  rivière  les  vais- 
feaux  de  guerre,  lorsqu'ils  ont  été  lancés  à  Peterlbourg, 
Se  qu'on  les  conduit  à  Cronftot ,  où  on  les  arme  Se 
équipe. 

En  1720  ,  la  ville  fut  inondée  pour  la  première  fois  , 
Se  depuis  ce  tems  elle  a  été  fujette  aux  inondations 
dans  presque  tous  les  mois  d'Octobre  :  les  vents  ,  qui 
dans  ce  tems  foufflent  du  côté  de  la  mer  ,  dont  les  eaux 
gonflées  arrêtent  la  rivière  à  fon  embouchure  ,  en  font 
indubitablement  lacaufe. 

2.  PETERSBOURG ,  château  d'Allemagne ,  dans 
la  Weftphalie  ,  au-delà  de  la  rivière  de  Haza ,  près  de 
la  ville  d'Osnabrug,  à  main  droite  de  Ste  Gertrude. 
Ce  fur  le  cardinal  de  Wartenberg ,  qui  le  fit  bâtir  pour 
fervir  de  défenfe  à  la  ville  d'Osnabrug  ,  Se  les  éveques 
y  font  ordinairement  leur  réfidence.  Ils  y  paflbient  la 
nuit  dans  le  tems  qu'il  ne  leur  étoit  pas  permis  de  la 
paner  à  Osnabiug.  C'cft  une  affez  petite  fortereffe  \ 
mais  elle  eft  régulière.  Il  y  a  rrois  baftions  Se  deux 
demi -lunes.  Lesfoflés  font  larges  &  remplis  d'eau.  On 
y  trouve  deux  portes ,  l'une  pour  entrer  du  côté  de  la 
ville  d'Osnabrug  derrière  Saint  Jean  ,  l'autre  pour  en 
fortir  avec  divers  pont-levis.  A  chaque  porte ,  il  y  a 
un  baftion  entouré  d'eau  ôc  féparé  de  la  citadelle.  Au 
dedans  font  des  bâtimens  pour  la  gamifon  &  pour  les 
munitions  néceflaires.  Ces  bâtimens  font  dans  une  grande 
cour  baffs ,  au  milieu  des  remparts  qui  étant  fort  éle- 
vés les  couvrent  entièrement.  Ce  château  a  été  démoli 
depuis  par  les  bourgeois  ,  &  changé  enfuite  en  jatdins. 
De  ce  lieu-là  on  découvre  toute  la  ville  d'Osnabrug, 
Se  les  environs  qui  font  extrêmement  agréables  *  Joly , 
chanoine  de  Paris ,  Voy.  Osnabrug.  Corn.  Dict. 

3.  PETERSBOURG,  ou  Lanterberg,  Mans  Se- 
renus,  dans  le  duché  de  Magdebourg ,  au  cercle  de  Saal. 
C'étoit  autrefois  un  monaftete  qui  fut  fécularifé  &  chan- 
gé en  bailliage  en  1540. 

4.  PETERSBOURG,  petite  ville  de  Bohême,  avec 
un  beau  château  ,  dans  le  cercle  de  Raconitz. 

1.  PETERSHAGEN  ,  ville  d'Allemagne,  dans  la 
principauté  de  Minden ,  fur  le  Wefer ,  à  deux  lieues 
au-deflus  de  la  ville  de  Minden.  Elle  eft  défendue  par 
un  château  où  les  évêques  de  Minden  faifoient  leur 
réfidence  ordinaire.  C'eft  dans  cette  ville  que  la  chan- 
cellerie du  pays  eft  établie. 

2.  PETERSHAGEN  ,  bourgade  d'Allemagne ,  en 
Weftphalie  ,  fur  le  Wefer  ,  dans  la  principauté  de  Min- 
den. Elle  n'eft  remarquable  que  parce  que  c'étoit  la  réfi- 
dence del'évêquede  Minden  avant  la  fécularifation  de 
ce  fiége  -,  c'eft  d'ailleurs  fort  peu  de  chofe.  *  Hubncr , 
Geogr.  p.  504. 

PETERSHAUSEN  ,  abbaye  d'Allemagne,  tout  joi- 
gnant la  ville  de  Confiance.  Son  abbé  a  rang  entre  les 
princes  de  l'Empire,  &  eft  un  des  prélats  du  banc  de 
Suabe.  Elle  fut  fondée  pour  les  Bénédictins  l'an  98c. 
Elle  eft  féparée  de  la  ville  de  Confiance  par  un  pont 
fur  le  Rhin  &  avec  d'autres  maifons  y  forme  un  faux- 
bourg  qui  a  fes  fortifications.  *  Zeykr ,  Suev.  Topog. 
•p.  23. 

PETERSHOFF ,  maifon  de  plaifance  de  Pierre  le 
Grand,  empereur  de  Ruflîe ,  enlngrie,  à  fix  lieues  de 
Saint  Peterlbourg  ,  fur  la  Newa. 

PETERSWALDAU  ,  château  fitué  dans  le  duché  de 
Schweidnitz ,  en  Siléfie.  Il  appartient^  aux  comtes  de 
Premnirz. 

PETER  VARADIN.  Voyez.  Petri-Varadin. 

PETHERTON  ,  Pederthon  ou  South-Pether- 


PET 


ton  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  le  Somcrtshire  ,  fur  le 
Pedred.  On  y  tient  marché.  *  Etat  préfent  de  la  Grande 
Bretagne  ,  t.  1.  p.  104. 

PETHOR ,  ville  de  la  Méfopotamic  ,  Se  d'où  étoit 
natif  le  mauvais  prophète  Balaam.  L'hébreu  appelle  cette 
ville  Fethura  ou  Pathura  ;  Ptoloinée  la  nomme  Pacho- 
ra  ,  &  Eufebe ,  Pbathura.  11  la  place  dans  la  Haute- 
Méfopotamie.  Nous  croyons ,  dit  dom  Calmet ,  Diff. 
qu'elle  étoit  vers  Thapfaque  ,  au-delà  de  l'Euphrate.  S. 
Jérôme  dans  fa  traduction  du  livre  des  nombres,  c.  22. 
v.  ;.  a  omis  ce  nom.  Il  dit  .Amplement  :  Vers  Balaam  y 
qui  demeuroit  fur  le  fleuve  des  Ammonites.  Il  lifoit  au- 
trement que  nous  dans  l'hébreu.  Les  Septante  "portent  : 
A  Balaam ,  pis  de  Beor  :  Pathura  ,  qui  demeure  fur 
le  fleuve  du  pays  de  fon  peuple.  *  num.  11.  j. 

PETI  ,  canton  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chenfi  ,  diftrict  de  King-Yang-Fou.  *  Hifloire  géné- 
rale des  Huns ,  par  M.  de  Guignes ,  /.  1 1. 

PETIGLIANO,  ou  Pitigliano  ,  villed'Italie  ,  dans 
le  Siénois ,  aux  confins  du  duché  de  Caftro,  près  de 
la  petite  rivière  lente  ,  à  l'orient  de  Soana  ,  Se  au  midi  de 
Sorana.  Cette  place  qui  a  quelques  fortifications  avoit 
autrefois  ks  propres  comtes  de  la  maifon  de  Sforce,  qui 
la  vendirent  au  grand  duc  de  Toscane  ,  vers  le  milieu 
du  dernier  fiécle.  *  Magin ,  Carte  du  Siénois. 

PETIGUARES  ,  peuples  de  l'Amérique  méiidiona- 
le  ,  au  Brefil ,  dans  les  terres ,  à  l'occident  de  la  capi- 
tainerie de  Parayba,  Se  au  midi  des  habitations  des  Fi- 
guares.  Le  meilleur  bois  du  Brefil  eft  dans  le  quartier 
des  Pétiguares.  Ces  peuples  ont  été  long-tems  amis  des 
François ,  &  s'éroient  même  alliés  avec  eux  par  maria- 
ges ■>  mais  en  1584,  Diego  Florez  ayant  pris  Parayba 
au  nom  du  roi  d'Espagne ,  chaffa  les  François  Si  mit 
garnifon  dans  la  forterefie.  Les  fauvages  nommés  Via- 
tan  ,  demeuraient  pioche  des  Pétiguares;  mais  cette  na- 
tion quoique  nombre  ufe  a  été  entièrement  détruite. 
*  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy.  Corn.  Dict.  De  Laét , 
Defcr.  des  Indes  occ  1.  15.  c.  3. 

PETILIA.  Voyez.  Petelia. 

PETILIAN.È,  heu  de  la  Sicile.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  le  met  fur  la  route  de  Meflinc  à  Lilybea  ,  entre 
Sela  ou  Sophiana;  &  Agrigentum,  à  vingt-fept  milles 
de  la  première  de  ces  places  ,  Se  à  vingt  milles  de  la 
féconde. 

PETINA ,  Bereum.  Jornandès  nomme  ainfi  deux 
lieux  aux  environs  de  la  Thrace ,  Se  quelques  manu- 
ferits  portent  en  un  feul  mot  Petinnabera.  Ce  mot ,  dit 
Ortelius,  Thef.  ne  feroit-il  point  corrompu  de  deux  au- 
tres ,  favoir  de  Retiaria  Se  de  Béroé  ? 

PETINESCA,  Pranestica  ,  Petinesta  Se  Pire- 
nestica.  Les  différens  manuferits  d'Antonin  ,  itiner. 
nomment  ainfi  une  ville  qui  fe  trouvoit  fur  la  route  de 
Milan  à  Mayence  ,  en  prenant  par  les  Alpes  Pennines. 
Elle  étoit  entre  Aventicum  Helvetiorum  Se  Salodurum , 
à  treize  milles  de  la  première  ,  &  à  dix  de  la  féconde. 
Simler  veut  que  ce  foit  préfentement  la  ville  de  Bu- 
rcn. 

PETING,  ville  de  la  Tartarie,  dans  le  pays  d'Igour 
au  nord.  Elle  avoit  fous  fon  diftricl:  les  trois  villes  de 
Kin-Muon ,  de  Pouloui  Se  de  Luntal.  *  Hifl.génèr.  des 
Huns  ,  par  M. de  Guignes ,  /.  1 1. 

PETIRGALA  ,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée  ,  /.  j.c.  1. 

PETIT-BOURG,  château  de  France,  dans  le  gou- 
vernement de  l'Ifle  de  France.  C'eft  une  maifon  très- 
agréable  Se  meublée  magnifiquement.  Elle  appai  tenoir 
autrefois  à  madame  de  Montespan.  Louis  XIV  y  cou- 
choit  en  allant  de  Verfailles  à  Fontainebleau.  Louis 
XV  y  féjoumoit  aufli  s  mais  elle  a  été  démolie  depuis 
quelques  années.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France ,  t.  2. 
p.  648. 

PETIT  MORIN  ,  rivière  de  France ,  dans  la  Brie. 
Elle  parte  à  Montmirail.  Voyez,  Morin. 

PETIT-PARADIS,  lieu  de  l'ifle  de  S.  Domingue, 
à  la  côte  occidentale  du  quartier  du  Nord ,  entre 
l'ance  à  Perle  &  le  port  à  Pimont. 

PETIT  PERIGNY  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Tou- 
raine ,  élection  de  Loches.  Il  y  a  un  château  avec  ti- 
tre de  châtellenie. 

PETIT-ROI  ,  rivière   Se  habitation  de  l'ifle  de  la 


PET 


PET 


Martinique,  à  une  demi-lieue  au  fud-oueftdu  bourg  du 
Preschenr.  Le  nom  de  Peùt-Roi  vient  de  celui  d'un 
des  premiers  maîtres  de  l'habitation. 

PET1TARUS,  rivière  quelque  part  aux  environs  de 
l'Etolie.  C'eft  Tite-Live,/i  43.  qui  en  fait  mention. 

PETIVARES,  fauvages  de  l'Amérique  méridionale , 
dans  la  partie  feptentrionale  du  Brefil ,  où  ils  poiTe- 
dent  une  fpacieufe  contrée.  Ils  ne  font  pas  fi  cruels , 
ni  fi  farouches  que  leurs  voifius ,  Se  ils  fouffrent  vo- 
lontiers que  les  étrangers  les  fréquentent.  Oeil  une  na- 
tion guerrière.  Ils  font  de  moyenne  taille  ,  &  fe  mar- 
quent tout  le  corps  d'une  façon  qui  leur  efi  particu- 
lière. Ils  fc  percent  les  lèvres  avec  une  corne  de  chè- 
vre, &  mettent  de  petites  pierres  vertes  dans  les  trous  , 
qu'ils  s'y  font  faits ,  ce  qui  leur  paroît  un  grand  orne- 
ment. Ces  peuples  n'ont  aucune  religion  ,  Se  prennent 
autant  de  femmes  qu'ils  en  peuvent  nourrir  -,  mais  il 
n'eft  pas  permis  aux  femmes d'epoufer  plufieurs  maris» 
fi  ce  n'eft  que  le  premier  leur  permette  publiquement 
d'en  prendre  un  fecend  qu'elles  choififfent  alors  à  leur 
gré.  Ils  ne  font  aucun  ulage  des  habits  ,  vivent  de  ra- 
cines Se  de  chafle.  Pendant  la  groffeffe  des  femmes , 
le  mari  ne  tue  aucune  bête  femelle ,  craignant  de  faire 
mourir  l'enfant  que  fa  femme  porte.  Lorsque  la  femme 
eft  accouchée ,  le  mari  fe  met  au  lit,  Se  fes  autres  fem- 
mes ont  foin  de  lui.  Quand  ces  fauvages  vont  à  la 
guerre,  les  femmes  portent  les  vivres  fur  leur  dos 
dans  des  corbeilles,  Se  s'il  arrive  qu'ils  fartent  des  pri- 
sonniers, ils  les  tuent  Se  les  mangent.  Leurs  villages  font 
fort  peuplés.  Ils  ont  chacun  leurs  champs  féparés ,  qu'ils 
ont  foin  de  cultiver.  *  Corn.  Dict.  De  Lan ,  Defc.des 
Indes  occ.  1.  16.  c.  4. 

Comme  de  rifle  ,  dans  fa  carte  du  Brefil ,  ne  con- 
noît  point  les  Petivares  ,  je  foupçonne  ou  que  ce  font 
les  mêmes  que  les  Petiguares ,  ou  que  ce  font  les  ha- 
bitans  du  pays  de  Petaguei  qui  demeurent  effeétive- 
ment  vers  le  nord  du  Brefil.  Il  y  a  d'autant  plus  d'ap- 
parence à  cela  que  de  Laër,  qui  parle  des  Petivares , 
ne  fair  aucune  mention  du  pays  de  Petaguei. 

PETKUM,  feigneurie  enOit  Frife,  dans  le  baillia- 
ge d'Embden. 

PETNELISSUS.  Voyez.  Pednelissus. 

PETOR.  Voyez.  Pethor. 

PETORSI ,  peuples  de  la  Libye.  Etienne  le  géogra- 
phe dit  qu'ils  habitoient  un  grand  pays,  Se  qu'ils  étoient 
nombreux.  Ce  font  les  mêmes  peuples  que  Pline  appelle 
Perorsi.  Voyez,  ce  mor. 

PETOVIO,  Poetovio,  Petevio,  Petavio,  Pe- 
tobio  ,  génitif  onïs ,  Se  P/Etovium,  ville  de  la  Hau- 
te-Pannonie.  Tuve,  Hîftor.  I.  3.  c.  1.  dit  que  la  trei- 
zième légion  avoir  fon  quartier  d'hiver  à  Petovio  ;  Se 
Ammien  Marcelin,  /.  14.  c.  37.  qui  écrit  Petobio  , 
dit  que  cette  ville  étoic  dans  la  Norique;  mais  Ptolo* 
mée  ,  /.  z.c.  15.  la  place  dans  la  Haute-Pannonie.  La 
pofïtion  que  lui  donne  l'itinéraire  d'Antonin  Se  la  rable 
de  Peutinger  fait  juger  que  c'eft  aujourd'hui  la  ville  de 
Petau  ou  Pettau,  fut  la  Drave.  Selon  les  anciennes 
inferiptiom  la  véritable  orthographe  du  nom  de  cette 
ville  cil  Poetevio  ou  Poetovio.  Voyez,  le  Recueil  de 
Grittcr ,  p.  266.  n.  5.  p.  529.  n.  5.  p.  553.  n.  8.  p.  766. 
n.  2. 

PETOUNE,  ville  de  la  Tartane  Chinoife,  dans  la 
province  de  Kirin  ,  fur  la  rivière  de  Songari,  à  quaran- 
te-cinq lieues  au  nord-oueft ,  Se  au-deffous  de  Kirin.  * 
Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

1.  PETRA.  Ce  mot  en  grec  Se  en  larin  veur  dire 
une  roche ,  un  rocher ,  ou  une  pierre.  On  l'a  appliqué 
à  différens  lieux  ,  à  caufe  de  leur  fitnation  fur  un  ro- 
cher ,  ou  parce  qu'ils  étoient  environnés  de  rochers , 
ou  parce  qu'ils  avoient  quelqu'autre  rapporr  à  un  ou  plu- 
fieurs rochers. 

2.  PETRA  ,  ville  de  la  Paleftine.  Voyez,  l'article  fui- 
vant. 

3.  PETRA,  ville  capitale  de  l'Arabie  Pérrée.  Elle 
eft  attribuée  à  la  Paleftine ,  dans  les  anciennes  notices 
eccléfiaftiques  ,  Se  étoit  capitale  de  ce  qu'on  appelioit  la 
troifiéme  Palefline.  Eufébe&  iaint  Jérôme  étendent  auffi 
quelquefois  la  Palefline  jusqu'à  la  mer  Rouge  ÔV  jusqu'à 
Elarh,  ville  fituée  fur  cette  mer,  de  forte  qu'elle  com- 
prenoit  &  l'idumée  Se  l'Arabie  Pétrée.  Mais  il  n'en 


ctoit  pas  de  même  dans  les  fiécles  précédent  L'ancien 
nom  de  Petra  ctoit,  dit-on ,  Rektm ,  ou  comme  Jo- 
fephe  ,  Antiq.  I.  4.  c.  4  «y  7.  &  Eujeb.  Se  Hïeronym,  ad 
Arkem,  lifent  Arké  ,  ou  Arkémé,  ou  Arkcm.  Jo- 
fephe  ,  Amiq.  I.  4.  c.  7. p.  1 17.  dit  que  la  ville  de  Re- 
kem  tue  fon  nom  d'un  roi  de  Mad.an,  nommé  Re- 
kem.  C  eft  celui  dont  parle  Moïie  ,  nièm.  31,8.  Mais 
on  ne  trouve  nulle  part  dans  l'écriture  Rcken, ,  com- 
me un  nom  de  ville.  Dans  le  quatrième  l.vre  des  Rois, 

'"  -%4J  Ir        c  ,  d^u>Aniafias>  roi   de  Juda ,  ayant 
pris  d  ajjaiu  Sela   (  le  rocher  ,  k  pierre  ,  )  il  lui  donna 
le  nom  de  Jcttehel  quelU    porte,  dit    l'auteur,  encore 
aujourd  hm.  On  croit  communément  qu'il  veut  parler 
de  la  ville  de  Petra ,  capitale  de  l'Arabie  Pétrée  ;  mais 
cela  n'eft  pas  certain.  Amaiïas  put  prendre  d'aiïaut  un 
rocher,   Sela  ,  où  les  Iduméens  s'étoient  retirés,  Se 
donner  enfuite  à  ce  rocher  le  nom  de  Jecrehel  ouJe- 
ctahel,  c'eft  a- dire  ,  l'obétjjance  dit  Seigneur.  Le  nom 
de  Petra  ,  en  grec ,  lignifie  une  roche  ,  &  il  fut  appa- 
remment donné  à  cette  ville  ,  à   caufe  de  fa  fituation 
fur  un  rocher ,  ou  parce  qu'elle  eft  environnée  de  ro- 
chers ,  ou  parce  que  la  plupart  de  fes  maifons  font ,  dit- 
on  ,  creufées  dans  le  roc.  Elle  eft  auffi  nommée  dans 
les  anciens  Agra  ,  ou  Hagor  ,  d'où  eft   venu  le  nom 
àes  Agréens,  ou  Agaréniens.  Mais  je  ne  trouve  pas  non 
plus  ces  noms  dans  l'écriture  ,  à  moins  que  ce  ne  foit  le 
Sela  qu'on  ttouve  dans  le  quatrième  livre  des  Rois , 
ebap.  14.  v.  7.  Se  dansjfaïe  ,   16  ,  n  Se  42. 1 1.  Stra- 
bon,  /.  16".  dit  que  Petra  étoit  la  capitale  des  Naba- 
théens,  que  les  Minéens  Se  les  Gerréens  y  apporroient 
leurs  parfums  ,  pour  les  débiter  ;  que  la  ville  étoit  fi- 
tuée dans  une   plaine   remplie  de  jaidins ,   Se   arrofée 
de  fontaines,  mais  toute  environnée  de  rochers.  Pline, 
/.  6.  c.  28.  en  parle  à  peu  près  de  même.  Le  géogra- 
phe de  Nubie,  Nubiens,  Climat,  part.   c.  dit  eue  la 
plupart  des  maifons  étoient  creufées  dans  le  roc.  Hé- 
rodien  ,  /.  5.  p.  ;z8.  l'appelle  Atra  ,  Se  dit  qu'elle  eft 
affife  fur  la  pointe  d'une  montagne  très  haute,  &  que 
c'étoit  la  capitale  des  Agaréniens.  Quelques  géographes 
croienr  qu'il  y  avoir  plufieurs  villes  du  nom  de  Petra. 
Jofephe,  Antiq.  I.  z.c.  2.  /.  4.  c.  4.  p.  1 10.  parle  de 
Petra,  fituée  dans  le  pays  des  Amalecires  ,  qui  eft  la 
même  que  Rekemi  mais  il  la  confond  avec  Petra  ,  fi- 
tuée dans  le  pays  des  Madianites.  Enfin  ,  je  crois  qu'il 
faut  dUiinguer  Petra  ou  Sela  ,  dans  le  pays  de  Moab, 
ou  dans  l'idumée  orientale,  laquelle  fut  depuis  appel- 
lée  Jectahel,  de  l'autre  Petra,  nommé  Rtkem  ,  fituée 
dans  l'idumée  méridionale  ,  ou  l'Arabie  Pétrée  ,  ou  dans 
le  pays  des  Amalecites.  Strabon,  /.  16.  fixe  cette  der- 
nière à  quatre  journées  de  Jéricho,  à  cinq  du  bois  de 
Palmiers  ,  qui  eft  fur   la  mer   Rouge.  Pline  ,  /.  6.  c. 
28.  la  place  à  fix  cens  milles  de  Gaze,  Se  à  cent  vingt- 
cinq  milles  du  golfe  Perfique  ;  mais  Cellarius  Se  Reland 
croient  qu'il  faut  lire  à  cent  vingt  cinq  milles  de  Gaze , 
Se  fix  cens  milles  du  golfe  Perfique.  Ortelius ,  Tbefaur. 
met  une  ville  Petra  dans  l'Arabie  Heureufe  ;  mais  il 
n'y  en  a  jamais  eu  de  ce  nom.   Cette  ville  ,  que  quel- 
ques-uns appellent  Herac  ou  Karac,  eft  fur  les  frontiè- 
res de  la  Paleftine  ,  au  bord  de  la  rivière  de  Safla ,  qui 
fe  rend  dans  la  mer  Morte.  Sa  fituation  eft  au  30  deg. 
30  minutes  de  latitude  Se  au  53  deg.   30  minutes  de 
longitude. 

4.  PETRA,  lieu  de  l'Elide.  Paufanias,  /.  6.  c.  24. 
le  place  au  voifinage  de  la  ville  Elis.  Il  dit  que  le  fé- 
pulcre  de  Pyrrhon ,  fils  de  Piftocrate ,  étoit  dans  ce 
lieu. 

5.  PETRA  ,  lieu  de  la  Cappadoce.  C'eft  Théophra- 
fle,   ///?.  Pantar.  /.  8.  qui  en  fait  mention. 

6.  PETRA  ,  ville  de  laColchide,  au  pays  des  La- 
ziens.  PetrÉe,  dit  Procope ,  Perficor.  I.  2.  c.  iy  Se  17. 
n'étoit  autrefois  qu'un  village  fans  nom  ,  fur  le  rivage 
du  Pont-Euxin  ;  mais  il  devint  une  ville  confidérable  , 
fous  l'empereur  Juftinien  ,  qui  le  fortifia  St  l'embellir. 
Le  même  hiftorien  dit  que  ce  ptince  ayant  donné  la 
charge  de  capitaine  des  Laziens,  à  un  homme  de  for- 
tune appelle  Jean,  Se  fiunommé  Tzibès,  cer  homme 
qui  n'avoir  guère  d'autre  mérite,  qu'une  adrefle  ex- 
traordinaire à  inventer  de  nouvelles  fortes  d'impofi- 
ri'dris,  lui  perfuada  de  bâtir  dans  la  Lazique  ,  la  ville 
de  Petra  ,  où  il  pût  demeurer  comme  dans  une  ci- 


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PET 


PET 


tadel-le  ,  pour  enlever  tous  les  biens  de  ces  miférables 
peuples.  .Juftinien  n'eue  pas  fait  ce  qu'il  fouhaitoit  , 
qu'il  ne  permit  plus  aux  marchands  d'acheter  ailleurs  du 
fcl ,  &  d'autres  provifions  neceflaires ,  pour  les  porter 
dans  la  Colchide.  11  y  établit  outre  cela  un  monopole , 
&  fe  rendit  feul  arbitre  du  commerce  ,  achetant  tout , 
Se  le  revendant  au  prix  qu'il  lui  plaifoit.  Les  peuples 
à  la  fin ,  lafles  de  ces  violences ,  fe  donnèrent  à  Cos- 
roès ,  qui  vint  avec  une  armée  pour  prendre  cette  ville. 
11  y  avoir  alors  à  Pétrée  une  garnifon  Romaine.  Cos- 
roès  y  envoya  Aniavéde  avec  des  troupes ,  pour  la 
prendre  d'aflaut.  Averti  de  l'approche  des  ennemis  , 
le  gouverneur  défendit  à  fes  foldats  de  fortir  de  la  place  , 
&  même  de  fe  montrer  au  haut  des  murailles  ,  &  leur 
commanda  de  fe  tenir  proche  des  portes  avec  leurs  ar- 
mes, fans  faire  de  bruit.  Cette  rufe  trompa  les  Per- 
fes,  qui  ne  voyant,  ni  n'entendant  point  de  gens  de 
guerre  ,  s'imaginèrent  que  la  ville  étoit  abandonnée  ,  ôc 
y  drefferent  auffi  tôt  les  échelles  ;  mais  les  Romains  fi- 
rent alors  une  furieufe  fortie  fur  les  Perfes,  qu'ils  mi- 
rent en  fuite.  Cosroès  ne  fe  rebuta  point  par  cet  échec. 
Il  aifiégea  la  place  dans  les  formes ,  &  le  gouverneur 
ayant  été  tué ,  il  la  prit  de  cette  manière.  Pétrée  étoit 
entièrement  inacceffible,  tant  du  côté  de  la  mer,  que 
de  celui  des  rochers.  Il  n'y  avoit  qu'une  avenue  très- 
étroite,  entre  deux  montagnes.  On  avoit  élevé  de  ce  côté- 
là  un  grand  mur,  depuis  une  montagne  jusqu'à  l'autre, 
éc  on  avoit  conftruit  deux  tours  d'une  pierre  dure  ,  & 
capable  de  réfifter  au  bélier.  Les  Perles  minèrent  une 
de  ces  tours ,  &  après  avoir  détaché  plufieurs  pierres 
des  fondemens  ,  les  étayerent  8c  mirent  le  feu  aux  étais. 
La  tour  tomba  alors  ,  &  la  garnifon  ,  qui  ne  pouvoit 
plus  fe  défendre  ,  capitula. 

7.  PETRA.  Baudrand  après  Niger  croit  que  c'eft  au- 
jourd'hui Laciii  ,  bourg  de  l'Albanie  ,  fur  la  côte  de  la 
Macédoine ,  fuivant  Céfar  &  Lucain  : 

Quemqne  vocat  Collem  Taulantius  in  cola  Pc  tram 
lnfedit  Cafiris. 

8.  PETRA  ,  forterefle  de  la  Macédoine.  Tite-Live  , 
/.  44.  c.  32.  &  Plurarque ,  in  JEmilio ,  font  entendre 
qu'elle  étoit  au  voifinage  de  la  ville  de  Pythium. 

9.  PETRA,  ville  de  Sicile.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  4.  la 
place  dans  les  terres ,  entre  Enna  &c  Megara.  Dans 
l'itinéraire  d'Antonin  ,  elle  eft  nommée  Pétrins  ,  & 
placée  fur  la  route  d: '  Agrigentum  à  Lilybxum  ,  entre 
Comiciana  &  Pyrama ,  à  quatre  milles  de  la  première  , 
&  à  vingt-quatre  delà  féconde.  Siliits  Italiens  l'appelle 
Petr&a  -,  mais  il  fousentend  le  mot  Urbs.  Le  nom  des 
habitans  étoit  Petrini  ,  félon  Pline,  /.  3.  c.  8.  & 
Cicéron,  Frum.  Orat.  c,  39.  Niger  dit,  qu'on  nom- 
me préfentement  cette  ville  Petra-Patria  ;  mais  Léan- 
der  en  fait  deux  lieux  différens ,  l'un  appelle  Petralia 
in  Monte  &c  l'autre  Petralia-Sottana. 

10.  PETRA  ,  ville  de  la  Piérie.  Voyez.  Tetra  ,  n.  8. 

11.  PETRA,  ville  dans  lifte  de  Metelin.  De  Tour- 
nefort ,  Voyage  du  Levant ,  lettre  9.  nous  apprend  que 
Petra  n'elt  plus  aujourd'hui  qu'un  méchant  village, 
avec  un  port.  Il  y  avoit  à   Petra  de  grandes  richeflcs , 
quand  elle  fur  pillée  par  le  capitaine  Hugues  Crévclie- 
res ,  l'un  des  bons  hommes  de  mer ,  qui  depuis  long- 
tems  enflent  paru  dans  l'Archipel.  Il  avoit  trouvé  moyen 
d'armer  un  gros  navire  ,  &  douze  ou  quinze  bâtimens 
de  toutes  grandeurs ,  avec  lesquels  il  s'étoit  rendu  fi  re- 
doutable ,  que  dans  toute  la  Turquie  ,  on  ne  parloit  que 
de  Ces  exploits.  En  1676  ,  le  12  de  Mars,  il  entreprit 
fon  expédition  la  plus  hardie ,  &  celle  qui  fit  le  plus  de 
dépit  aux  Turcs  :  800  de  ces  aventuriers  débarqués  à 
Metelin  ,  fur  le  foir  traverferent  fans  bruit  trois  lieues 
de  pays ,  &  vers  le  minuit  escaladèrent  le  rempart  de 
Petra  par  deux  endroits  ,  avec  de  grands  cris.  Les  Turcs 
effrayés ,  n'eurent  que  le  tems  de  fauter  du  lit ,  &  de 
fe  fauver  tout  nuds  où  ils    purent.  Les  maifons  de- 
meurèrent pendant  trois  heures  à  la  discrétion  de  ces 
pirates ,  qui  après  le  pillage  ,  retournèrent  avant  le  jour 
à  leurs  vaiffeaux,  avec  cinq  cens  esclaves,  fi  chargés 
d'argenterie ,  de  riches  veftes  ,  de  tapis  de  foie  ,  &  d'é- 
toffes précieufes  de  toutes  fortes  ,  fans  les  pierreries  & 
i'or  monnoyé ,  dont  les  foldats  s'étoient  accommodés, 


que  Crévelieres  lui-même ,  qui  gardoit  la   rade  avec 
fon  vaifleau,  fut  furpris  de  voir  tant  de  richeffes. 

12.  PETRA  ACHABRON  ,  ville  delà  Galilée  Su- 
périeure,  félon  Joiephe ,  de  Bel.  I.  2.  c.  25.  Voyez,  au 
mot  Charabé, 

13.  PETRA  DESERTI,  ou  Sela.  Voyez.  Petra, 
».  3. 

14.  PETRA  DIVISA.  Le  premier  livre  des  Rois, 
c.  11.  v.  28.  donne  ce  nom  au  rocher ,  ou  à  la  mon- 
tagne du  défert  de  Mahon.  On  appella  Rocher  de 
Séparation,  ou  Petra  Divifa,  le  rocher  que  Saù'I 
côtoyoit  d'un  côté  *  tandis  que  David  le  côtoyoit  de 
l'autre  >  pour  s'empêcher  d'être  pris. 

15.  PETRA  MAR1CORUM  ,  château  de  la  Ligu- 
rie  ,  félon  Ortehus.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Pie- 
tra  Marizzi.  Voyez,  ce  mot. 

16.  3  ETRA  SANGUINIS.  Procope  dit ,  Goth.  I. 
1.  c  28.  Les  montagnes  de  la  Lucanie,  qui  s  étendent 
jusqu'au  champ  Bruticn,  s'approchent  fi  fort  l'une  de 
l'autre,  qu'elles  ne  laiflent  que  deux  pas,  dont  l'un 
fe  nomme  en  latin  Petra  Sanguïnis  ,  la  Pierre  du  Sang, 
&  l'autre  eft  appelle  par  ceux  du  pays  halula. 

PETR.E  TRACHINI/E,  montagnes  qui  environ- 
nent le  territoire  de  la  ville  de  Melis ,  dans  la  Trachi- 
nie ,  contrée  de  la  Pthiotide  ,  félon  Hérodote.  Voyez. 
Trachinia. 

PETRjEON  ,  ville  des  Laziens ,  nommée  aufiï  Ju- 
ftiniana,  du  nom  de  l'empereur  Juftinien.  Il  parok 
que  c'eft  la  même  que  Petra.  Voyez,  ce  mot ,  n.  2. 

1.  PETRALIA,  bourg  de  Sicile,  dans  le  Val  Dé- 
molie ,  dans  les  terres  ,  au  midi  du  mont  Madonia  ,  fur 
une  petite  rivière  de  même  nom  ,  au  midi  oriental  de 
Polizzi.  Ce  lieu  eft  compofé  de  deux  bourgs  féparés, 
dont  l'un  eft  le  haut  Petralia  &  l'autre  le  bas.  Ce  bourg 
eft  l'ancienne  Petra.  Voyez.  Petra  ,  n.  I.  *  Atlas  , 
Robert  de  Vaitgondy. 

2.  PETRALIA ,  rivière  de  Sicile ,  aux  confins  du 
Val  de  Mazara ,  qu'elle  fépare  du  Val  Demone  &  du 
Val  de  Noto.  Elle  a  fa  fource  dans  la  monragne  Ma- 
donia ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Polizzi.  Son  cours  eft 
du  nord  au  fud  en  ferpentant  ;  mais  elle  ne  conferve 
pas  fon  nom  jusqu'à  la  mer  •■,  car  après  avoir  reçu  les 
rivières  Pillizaro  ,  g.  &  Rcfuttana  ,  d.  elle  fe  perd  dans 
la  rivière  nommée  Fiume  Salfo ,  qui  a  fon  embou- 
chure fur  la  côte  méridionale  de  l'ifie  ,  près  d'Alicata. 
*  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PETRAMALA  ,  bourg  du  royaume  de  Naples, 
dans  la  Calabre  Citétïeure.  Il  n'eft  pas  fort  éloigné 
de  la  mer  Inférieure.  On  le  trouve  entre  Amantea , 
au  nord  occidental ,  &  Martorano',  au  midi  oriental. 
On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Cleta.  Voyez.  Cleta.  * 
Magin ,  Carte  de  la  Calabre  Ultérieure. 

PETRAS.  Voyez,  Pelion. 

PETRAYA,  maifon  de  plaifance  du  grand  duc  de 
Toscane ,  près  de  Florence.  En  fort  an  t  de  cette  ville 
par  la  porte  de  Prato ,  on  trouve  deux  maifons  de 
plaifance  du  grand  duc  ,  affez  voifines  l'une  de  l'au- 
tre. La  première,  qui  fe  nomme  Petraya ,  eft  fur  une 
élévation  médiocre  ,  qui  fait  partie  de  la  montagne 
Morelloj  c'eft  un  agréable  féjour  pendant  le  prinrems. 
On  y  trouve  de  fort  belles  peintures ,  qui  repréfen- 
tent  quelques  actions  de  Cômc  I ,  &  de  Ferdinand 
II ,  grands  ducs  de  Toscane.  Les  jardins  font  en  terras- 
fes.  Du  côté  du  fud,  il  y  a  un  vignoble  très  renommé. 
La  partie  occidentale  de  la  colline  où  eft  ce  vignoble , 
eft  occupée  par  des  Carmes  réformés  ,  de  la  congréga- 
tion de  Mantoue  ,  &  dont  l'eglife  eft  dédiée  à  fainte 
Lucie  ,  appellée  Della  Castellina.  C'eft  le  noviciat. 
de  ces  religieux.  *  Labat ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  7.  p.  237. 

1.  PÉTRÉE.  Voyez.  Arabie. 

2.  PÉTRÉE  (  La  ) ,  abbave  de  France  ,  dans  le  Ber- 
ry.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux.  André  de  Chauvigni 
en  fut  le  fondateur  en  1445.  Elle  a  deux  mille  livres  de 
revenu. 

PETREI  &  Petrenses.  Voyez.  Petra  ,  n.  9. 

PETRENSIS  FUNDUS,  lieu  de  l'Afrique  propre. 
Ammien  Marcellin  ,  /.  29.  c.  y  qui  en  rapporte  la  rui- 
ne ,  dit  qu'il  avoit  été  bâti  en  forme  de  ville  par  le 
feigneur  de  Salmace  ,  frère  de  Firmus. 

PETRESSA.  Voyez.  Pvtho. 

PETRI  ANA, 


PET 


PET 


PETRIANA,  ville  de  la  Grande  Bretagne  *  ïclon 
la  notice  des  dignités  de  l'Empire.  C'eft  préfentemenc 
Petril  ,  félon  Cambden. 

PETRIDAVA.  Voyez.  Petrodava. 

1.  PETRINA  Se  Pétrin i.  Voyez,  Petra  ,  n.  il. 

2.  PETRINA  ,  lac  de  la  Morée ,  dans  la  Sacanie, 
au  midi  d'Argos,  Se  à  une  aflbz  petite  diltance  du  gol- 
fe de  Napoli.  On  le  prend  pour  le  lac  Lern^c  des  an- 
ciens. Voyez,  Lerna  ,  ».  2.*  De  IVu  ,  Atlas. 

3.  PETRINA  ,  bourgade  de  la  Morée  ,  dans  la  Sa- 
canie, fur  le  bord  méridional  du  lac  de  même  nom. 

*  De  Wît ,  Atlas. 

PETRINIA,  petite  ville  de  la  Croatie.  Elle  a  pris 
fon  nom  de  la  petite  rivière  Petrinia,  qui  fe  rend  dans 
la  Kulpe,  fur  laquelle  elle  eftfftuée.  Elle  fut  bâtie  par 
Affan  Bâcha  en  1J92.  L'année  fuivante  elle  futalfié- 
gée  en  vain  par  Robert  d'Eggenberg ,  prife  Se  rafée  le 
35  Juillet  IJ94,  par  l'archiduc  Maximilien.  En  i;y;, 
comme  les  Turcs  la  rebâtiffoient ,  le  même  Eggenberg 
la  prit  Se  y  mit  une  garnifon.  Les  Turcs  vinrent  l'y 
ameger  en  Septembre  1596,  Se  furent  repouflés  avec 
perte  par  Jean  Sigismond  d'Ebcrftein  :  malgré  cela,  ils 
firent  au  mois  de  Novembre  une  nouvelle  tentative 
fur  cette  place ,  dont  ils  furent  encore  obligés  de  laitier 
la  jouiffance  aux  Chrétiens.  Les  Turcs,  qui  lî  repri- 
rent quelque  tems  après ,  la  fortifièrent  en  1702,  mais 
l'empereur  la  leur  a  enlevée  Se  la  poiTede  aujourd'hui. 

*  Atlas ,  Rouen  de  Vaugondy.  Der  Donauftratid ,  p. 
92. 

Chraftowitz ,  autre  fortereffe  dans  le  voifinage  ,  au 
confluent  de  l'Oder  Se  de  la  Kulpe ,  a  toujours  eu  fa 
part  du  bonheur  ou  du  malheur  de  Petrinia.  Leurs  ré- 
volu; ions  font  les  mêmes. 

PETRINUM  SINUESSANUM,  lieu  d'Italie,  dans 
la  Campanie.  Horace,  /.  1.  epft.5.  v.  f.  en  fait  men- 
tion dans  fes  épures.  Quelques-uns  veulent  quecefoit 
une  montagne  qui  commandent  la  ville  de  Sinuefle  ,  où 
il  y  a  maintenant  une  ville  avec  citadelle,  appellée  com- 
munément Rocca  di  Morue  Dracone ,  Se  qui  fe  trouve 
en  effet  auprès  des  ruines  de  Sinuefle.  D'autres  difent 
que  c'étoit  un  village  du  territoire  de  Sinuefle  ,  vil- 
lage qui  étoit  célèbre ,  non  par  la  bonté  de  fes  vins , 
mais  par  la  quantité  qu'il  en  produifoir. 

PETRI-VARADIN  ,  ou  Peter-Varadin  ,  ville  de 
la  Baffe-Hongrie  ,  dans  le  duché  de  Sirmium,  fur  la  rive 
droite  du  Danube ,  entre  Belgrade  Se  Illok.  On  l'ap- 
pelle encore  Petrowar  Se  Peter-Wardein  ,  tous 
noms  qui  lui  ont  été  donnés  par  rapport  à  fa  conftru- 
ction ,  Se  qui  lignifient  qu'elle  eft  comme  un  château 
de  pierre.  Les  Turcs  en  ont  été  maîtres  fort  long-rems. 
En  1688,  ils  conftruifirent ,  près  de  cette  place,  un 
pont  de  bateaux  fur  le  Danube  ,  pour  le  paffage  de 
leurs  troupes  ;  Se  le  grand-vifir  y  demeura  fort  long  rems 
campé  ,  après  qu'il  eut  été  défait  proche  de  Mohacs. 
Depuis  ce  tems  l'empereur  a  repris  Pétri- Varadin  fur  les 
Turcs,  &  le  poiTede  actuellement.  *  Atlas ,  Robert  de 
Vaugondy. 

PETROA ,  lieu  de  la  Bithynie ,  félon  Orrelius , 
Thefaur.  qui  cite  Cédrene.  Ce  lieu  étoit  au  voifinage  de 
Nicée. 

PETROCHOUS,  lieu  de  la  Bœotie.  Plutarque,  in 
Sylla  ,  le  met  aux  environs  de  Thurium. 

PETROCHUS.  Voyez,  Petrachus. 

PETROCOR11  ,  peuple  de  la  Gaule  ,  dont  Jules  Cé- 
farfait  mention  parmi  les  Celtes ,  Se  qu'Augufte  comprit 
depuis  dans  l'Aquitaine.  Ils  habitoient  les  pays  que  ren- 
ferment les  diocèfes  de  Périgueux  Se  de  Sarlat  ;  car  Sar- 
lat  a  été  tiré  de  l'ancien  diocèfe  de  Périgueux.  Dans  Pli- 
ne, /.  4.  c.  19.  qui  dit  Antobroges  ,  Tarneqae  Amne 
discreti  à  Tolofanis  Petrogori  ;  au  lieu  d' Antobroges ,  il 
faut  lire  Nitiobriges ,  Se  mettre  une  virgule  après  To- 
lofanis;  car  ce  font  les  Antobroges ,  ou  plutôt  les  Ni- 
tiobroges,  aujourd'hui  l'Agenois  que  la  rivière  de  Tarn 
féparoit  des  Touloufains  ,  Se  non  pas  les  Petroguri ,  ou 
Petrocorii,  qui  ne  touchent  ni  au  Tarn,  ni  aux  Tort 
loufains  ,  l'Agenois  fe  trouvant  entre  deux.  Le  nom  mo- 
derne de  ces  peuples  eft  corrompu  de  l'ancien.  On  les 
appelle  préfentement  Perigourdins  ;  le  pays  fe  nomme 
Périgord  ,  Se  leur  capitale  Périgueux.  *Samfo?>}  Re- 
marque fur  la  carte  des  Gaules. 


PETRODAVA  ,  ville  de  la  Dacie  ,  félon  Ptoloméc  * 
/.  5.  c.  8.  qui  la  place  entre  Carfidauu  Se  Uipianiim  ;  les 
interprètes  lifent  Pei  rou  an  a. 

PETROMANTALUM,  ville  de  la  Gaule  Lyonnoi- 
fe.  L'itinéraire  la  met  fur  la  route  de  Cxfarom..gus  à  Lu- 
tetia ,  entre  Cxfaromagus  Se  Brivanifara ,  a  dix-fept 
milles  de  la  première  ,  Se  à  quatorze  de  la  féconde.  Sa 
pofition  ,  dit  Orrelius  ,  thef.  tombe  aux  environs  de  la 
ville  de  Pontoife.  Le  père  Briet  Se  Baudrand  croient  que 
c'eft  aujourd'hui  Magny,  petite  ville  du  Vexin  Fran- 
çois. 

PETRONEL.  Corneille ,  Dïtl.  dit  :  Ville  de  Hon- 
grie, fituée  à  l'endroit  où  la  rivière  de  Marck  fe  jette 
clans  le  Danube.  Edouard  Brcwn  ,  médecin  Anglois , 
dans  fon  voyage  de  Vienne  à  Lariffe,  p.  34.  dit  :  On  croit 
que  c'eft  Petronel  qu'on  appelloit  autrefois  Carnun- 
tum.  Voyez,  ce  mot.  Il  ajoute  qu'il  y  a  trouvé  une  très- 
grande  quantité  de  médailles ,  d'infeription  ,  Se  de  vieux 
reftes  d'un  ancien  aqueduc,  ou  plutôt  d'un  très-beau 
bâtiment ,  qu'il  avoir  pris  pour  un  temple  de  Janus  ; 
mais  qu'on  lui  avoit  dit  être  un  arc  de  triomphe,  érigé 
en  mémoire  d'une  grande  victoire,  que  Tibet e  avoit 
remportée  fur  les  Pannonicns  Se  les  Dalmatiens ,  la 
neuvième  année  de  Notre  Seigneur.  L'empereur  Anto- 
nin  le  Philofophe demeura  trois  ans  à  Carnuntum, 
pour  y  donner  les  ordres  néceffaires ,  par  rapport  à  la 
guerre  qu'il  avoit  entreprife  contre  les  Marcomans  ; 
Se  ce  fut  aufli  le  lieu  où  les  légions ,  qui  croient  en 
Allemagne  ,  élurent  Sévère  pour  empereur.  Attila, 
roi  de  Hongrie,  ruina  entièrement  cette  belle  &  an- 
cienne ville.  On  y  voit  encore  des  marque;  de  fon  an- 
cienne grandeur  ;  car  quoique  l'herbe  croifte  à  préfenc 
dans  l'endroit  où  étoit  Carnuntum;  cependant  en  ob- 
fervant  un  peu  les  chofes  de  près  ,  on  remarque  les  ion- 
demens  des  maifons,  aufli  bien  que  les  rues  :  Je  tour 
tems  on  y  a  trouvé  une  grande  quantité  de  monnoies 
romaines,  Se  on  en  trouve  encore  aujourd'hui  en  fi 
grand  nombre  ,  qu'il  n'y  a  point  de  mitérable  payfan 
qui  n'en  ait. 

PETRONELL ,  ifle  dans  la  Ba  r  Autriche ,  avec  un 
château  Se  un  bois  appartenais  aux  maifons  de  Traun 
Se  d'Abensberg. 

PETRONIA  ,  rivière  d'Italie.  Feftus  dit  qu'elle  fe 
jettoit  dans  le  Tibre ,  Se  qu'elle  fervoit  à  prendre  les 
Augures. 

PETROPOLIS,  ville  dont  il  eft  parlé  dans  le  Code 
Théodofien  ,  th.  l$.de  Operib.  publicis. 

1.  PETROSACA,  lieu  de  l'Arcadie,  félon  Paufa- 
nias ,  l.%;  c.  \z.  qui  le  place  à  quarante  llades  de  la 
fontaine  OJfa.  11  ajoute  qu'il  étoit  aux  confins  des 
Mégalopolites  Se  des  Mantiniens. 

2.  PETROSACA  ,  contrée  de  l'Arabie.  C'eft  Etienne 
le  géographe  qui  en  fait  mention. 

PETROSSA ,  ifle  fur  lacôte  de  la  Cilicie,  félon  Etien- 
ne le  géographe  Se  Suidas. 

PETROWITZ  ,  feigneurie  fur  la  rivière  d'Olfa,  dans 
le  duché  de  Teschen  ,  en  Siléfie. 

PETTAN  ,  ou  Patan.  Voyez.  Patan. 

PETTAW  ,  ou  Petau,  ou  Pettau»  Petovia ,  an- 
cienne ville  d'Allemagne,  au  «ercle  d'Autriche,  dans 
la  Baffe-Stirie  ,  fur  la  Drave  ,  à  quarante-trois  lieues 
fud  de  Vienne.  Elle  eft  nommée  Duji  par  les  Wcndesou 
Sclavons ,  qui  font  en  grand  nombre  dans  le  voifinage. 
Cette  ville  eft  ancienne ,  Se  fubfiftoit  du  tems  des  Ro- 
mains ,  qui  l'ont  connue  fous  le  nom  de  Petovïo ,  diver- 
fement orthographié.  Voyez,  Petovïo.  On  en  peut  voir 
les  antiquités  dans  l'ouvrage  de  Lazius ,  de  la  républi- 
que Romaine  ,  Reip.  R.fol.  161  ,  ^Si.Jeq.  489  ,  541  , 
5J9,  j 93  ,  j9f.  Elle  eft  à  la  frontière  de  la  Baffe  Sti- 
rie  ,  à  quatre  bons  milles  au  fud-oueft  de  Rackelfpurg  , 
fur  la  Drave  ,  qui  étoit  anciennement  la  borne  des  Ro- 
mains. Ammien  Marcellin  ,  /.  14.  c.  37.  la  donne  à  U 
Norique ,  mais  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  \$.  la  met  dans  la 
Haute  Pannonie.  11  y  a  près  de  tteize  cens  ans  (à  pré- 
fent  près  de  quatorze  cens  ans  )  qu'elle  avoit  un  évê- 
que.  Elle  eft  petite ,  mais  affez  joliment  bâtie.  Il  y  a  deux 
couvens,  l'un  de  Dominicains,  Se  l'autre  de  Frères  Mi- 
neurs; une  églife  paroiflîalc ,  qui  eft  un  joli  édifice; 
un  hôpital  avec  fon  églife.  La  maifon  du  bailliage  dans 
la  ville  appartient  à  la  cour.  Mais  la  ville  eft  gouvei- 
Tçm,  IV.  B  b  b  b  b  b 


PEV 


93° 

née  par  un  magiftrat ,  compofé  de  juges  8c  de  confeîl- 
lers  -,  les  juges  ont  haute  8c  baffe  juftice.  Après  que  le  fié- 
ge  épiscopal  y  eut  été  éteint,  avec  le  rems  cette  place 
fur  disputée  par  le  roi  de  Hongrie ,  qui  vouloir  l'atta- 
cher au  duché  de  Zagrab ,  par  l'archevêque  de  Saltz- 
bourg ,  8c  par  les  princes  de  Stirie.  Ottocare ,  roi  de 
Bohême  &  duc  de  Siirie ,  en  chaffa  le  comte  Etienne 
de  Zagrab  ,  qui  l'avoit  prife  ,  8c  l'occupoit  au  nom  du 
roi  de  Hongrie.  Bêla ,  roi  de  Hongrie  ,  vint  au  fecours , 
&  l'affiégea  ;  mais  une  excommunication  lancée  par  le 
pape  l'obligea  de  laiffer  cette  ville  à  l'archevêque  de 
Saltzbourg,  qui  s'en  accommoda  avec  les  princes  de 
Stirie  ,  fe  réfervant  la  plus  grande  partie  de  la  jurisdi- 
crion,  tant  fur  la  ville  que  fur  le  territoire.  11  vint  un 
troifiéme  cofeigneur ,  favoir  le  feigneur  de  Petau  ,  de 
la  maifon  de  Stuberg ,  qui  eut  le  château ,  avec  une 
partie  de  la  jurisdicrlon. 

PETTELER,  fort  des  Pays-Bas,  dans  le  Brabanr 
Hollandois ,  proche  de  Bois-le-Duc.  *  Ditt.  géogr.  des 
Pays-  Bas. 

PETTEN,  village  de  la  Nort- Hollande,  proche  du 
Zyp ,  fur  la  mer  du  Nord.  *  Dili.  géogr.  des  Pays- 
Bas. 

PETTERBOROUG.  Voyez.  Peterboroug. 

PETTERSHAUSEN.  Voyez  Petershausen. 

PETUAR1A  ,  ville  de  la  Grande -Bretagne,  dans  le 
Notthumberland.  Ptolomée ,  /.  2.  c.  3.  la  donne  aux 
peuples  Fàrifî.  Quelques-uns  difent  que  c'eft  préfente- 
menr  Peterborn3  8c  d'autres  difent  Beverley  ou  Bo- 
iverlac. 

PETULA  ,  8c  félon  d'autres  Pietola  ,  village  d'I- 
talie ,  au  voifinage  de  Mantoue.  11  n'eft  remarquable  que 
parce  qu'il  eft  au  lieu  où  éroit  Andes,  patrie  de  Vir- 
gile. 

PETULANTES,  peuples  qu'Ammien  Marcellin,  /. 
20.  c.  4.  &fuiv.  nomme  avec  les  Celtes ,  comme  s'ils 
étoienc  de  la  même  nation. 

PETUNS,  ou  Petuneux  ,  peuples  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  entre  les  trois  lacs,  Huron,  Erié  8c 
Frontenac.  Cette  nation  fauvage  étoit  autrefois  puis- 
fante ,  mais  elle  a  éré  détruite.  Elle  avoit  vingt -huit 
tant  bourgades  que  villages.  Le  père  Jofeph  de  la  Ro- 
che d'Aillon  fut  leur  premier  apôtre.  Le  dernier  de  leurs 
villages  étoit  à  une  journée  des  Iroquois ,  8c  fe  nom- 
moit  Ovaroronon. 

PETUSIA  ,  lieu  dont  parle  Martial ,  /.  4.  Epigr.  jj. 
dans  ces  vers  : 

Turgentisque  lacus  Petit faque  , 
Et  parvA  vada  pur  a  Vetontjfe. 

PETZARES ,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Louïfiane  ,  aux  environs  de  la  route  que 
le  iîeur  de  la  Salle  tint  pour  aller  de  la  baie  de  Saint 
Louis   aux  Cenis. 

PETZORA,  province  au  nord  de  la  Moscovie.  Elle 
s'étend  le  long  de  la  mer  Glaciale ,  vers  le  levant  8c  le 
feptentrion.  La  rivière  de  Petzora ,  qui  lui  donne  le 
nom ,  entre  dans  la  mer  ,  auprès  du  détroit  de  Wei- 
gats  ,  au-deffous  de  la  ville  de  Pufteozjero ,  par  fix  em- 
bouchures. Les  montagnes  que  les  Moscovites  appel- 
lent Zimnopoias  ,  c'eft-à-dire  la  ceinture  de  la  terre  , 
8c  que  l'on  croit  être  les  monts  Riphées  8c  Hyperbo- 
rées  des  anciens,  couvrenr  fes  deux  rives,  &nourris- 
fent  les  plus  belles  zeblines  8c  les  meilleurs  oifeaux  de 
proie  de  tout  le  monde.  La  ville  eft  fort  petite  •,  8c  le 
froid  eft  fi  grand  dans  cette  province  ,  que  les  rivières , 
qui  n'y  dégèlent  qu'au  mois  de  Mai ,  commencenr  à  ge- 
ler de  nouveau  au  mois  d'Août.  Les  Samojedes  font 
dans  le  voifinage  de  cette  province.  *  Oleariits,  Voyage 
de  Moscovie,  1.  3.  p.  115. 

PEVAS(Les)  ,  peuple  de  l'Amérique  méridionale, 
qui  occupe  une  bourgade  qui  porte  le  même  nom , 
fur  le  bord  feptentrional  de  la  rivière  des  Amazones , 
au-deffous  de  l'embouchure  du  Napo.  On  a  raffemblé 
dans  cette  bourgade  des  Indiens  de  diverfes  nations 
donr  chacune  parle  une  langue  différente.  C'eft  aujour- 
d'hui la  dernière  des  miffions  espagnoles  ,  fur  les  bords 
de  l'Amazone.  *  Voyage  en  Amérique ,  par  M.  de  la 
Condamine. 


PEX 


VEVCJE  ,  nation  Scythe  ,  vers  le  Danube  ,  félon  Zo- 
fime ,  cité  par  Ortelius ,  Thef. 
PEUCALEI.  Voyez.  Peucelaitis. 

1.  PEUCE,  ifle  à  l'embouchure  du  Danube,  félon 
Ptolomée,  /.  j. a  10.  &  Pomponius  Mêla,  /.  i.c.j. 
Ce  dernier  dit  que  c'eft  la  plus  connue  8c  la  plus  gran- 
de des  fix  ifles  qui  font  à  l'embouchure  de  ce  fleuve. 

2.  PEUCE,  ou  Teuca  ,  montagne  de  la  Sarmatie 
Européenne.  Ptolomée  ,  /.  3.  e.  5.  dit  que  c'étoit  une  de 
celles  qui  renfermoient  la  Sarmatie. 

PEUCEESSA  ,  ifle  de  la  mer  Atlantique  ,  félon  Or- 
telius ,  qui  cite  Orphée ,  in  Argonaut.  Cambden  croie 
que  c'eft  des  ifles  d'Albion  dont  il  eft  queftion  ;  mais 
aulieu  dePEucEESSA  ,  il  voudroit  lire  Leuceessa. 

PEUCELA.  Voyez.  Peucelaitis  8c  Masoga. 

PEUCELAITIS,  ou  Peucelaotis  ,  contrée  de  l'In- 
de, qu'Arrien,  /.  4.  c.  22.  place  entre  les  fleuves  Co- 
phenès  8c  Indus.  Elle  tiroir  fon  nom  de  celui  de  fa 
capitale  ,  que  le  même  hiftorien  dit  être  fituée  près  de 
l'Indus.  Strabon,  /.  15.  8c  Pline,  /.  6.  c.  17.  connoiffent 
cette  ville ,  mais  ils  ne  fe  fervenr  pas  de  la  même  or- 
thographe :  le  premier  écrit  PeucoLtis,  &le  fécond  Peu- 
colais.  Il  y  a  apparence  que  c'eft  la  même  ville  qu'Ar- 
rien, in  Indic.  c.  1.  dans  un  autre  endroit  ,  appelle 
Feucela.  Les  habitans  font  nommés  Peitcolaiu  pat  Pli- 
ne ,  /.  6".  c.  20, 

PEUCELLA  ,  fleuve  dePhrygic.  Paufanias,  /.  10.  c. 
32.  dit  que  les  peuples  qui  habitoient  fur  fes  bords 
descendoient  des  Azahes  ,  peuples  de  l'Arcadie ,  8c 
qu'il  y  avoit  chez  eux  une  caverne  ,  où  étoit  un  tem- 
ple confacré  à  la  déeffe  Cybèle. 

PEUCENTINI.  Voyez.  Peucetii. 

PEUCES.  Pline,  l.  4.  c.  12.  donne  ce  nom  à  une 
des  bouches  du  Danube  ,  qu'il  appelle  Primum  Oftium. 
Cette  même  embouchure  eft  appellée  par  les  autres  géo- 
graphes Hier  on  ,  c'eft-à-dire  facrée. 

PEUCEST/E,  peuples  qui ,  félon  Suidas,  firent  ir- 
ruption dans  les  terres  du  royaume  du  Pont ,  avec 
les  Hernies  8c  les  Goths.  Ils  habitoient  près  de  l'iflc 
Peuce.  Ptolomée,  /.  3.  c.  5.  les  nomme  Peucini. 

PEUCETII  ,  peuples  d'Italie  ,  appelles  aufli  Pediculi 
par  les  Latins ,  cV  Audanii  par  les  Grecs ,  félon  Stra- 
bon ,  /.  6.  p.  277.  mais  Cafaubon  prétend  qu'au  lieu 
d' Audanii  il  faut  lire  Daunii.  Ils  habitoient  au  nord 
du  golfe  de  Tarente ,  c'eft-à-dire  une  partie  de  la 
terre  d'Ocrante  8c  la  cerre  de  Barri.  Leur  pays  eft  nom- 
mé Peucetia  par  Denis  d'Halicarnaffe ,  /.  i.p.  9.  &  par 
Pline  ,  /.  3 .  c.  11.  Etienne  le  géographe  ,  au  lieu  de  Peu- 
cetii, die  Feucctiantes 

PEUCETI/E,  peuple  delaLiburnie,  félon  Callima- 
que  ,  ciré  par  Pline  ,  /.  3.  c.  21.  qui  die  que  leur  pays,  8c 
celui  de  quelques  aucres  peuples ,  écoic  de  fon  tems  com- 
pris fous  l'Illyrie. 

PEUCII ,  lieu  au-deffus  de  la  ville  de  Chalcédeine  » 
félon  Nicétas ,  cité  par  Orrelius  ,  Thef. 

PËUCINI,  peuple  de  la  Sarmatie  Européenne  ,  fé- 
lon Tacite ,  de  Morib,  German.  c.  46.  8c  Ptolomée  ,  /.  3. 
c.  5.  Ce  dernier  les  place  à  l'embouchure  du  Danube. 
Voyez  Peucest-e. 

PEUCOLAIS.  Voyez.  PeuceiaÏtis. 

La  PEULE  ,  ou  la  Puele  ,  Pabula,  pays  de  France  , 
dans  la  Flandre.  Il  eft  un  des  cinq  quartiers  qui  compo- 
fent  la  châtellenie  de  Lille.  Il  s'étend  entre  la  Deule  8c 
l'Escaut.  L'abbaye  de  Chifoin  en  eft  le  chef-lieu. 

PEWSUM,  bailliage  de  la  principauté  d'Oft-Frife. 
Son  châceau  a  été  entièrement  détruit  durant  les  derniers 
troubles. 

PEXA ,  lac  de  la  Chine ,  dans  la  province  d'Hu- 
guang,  au  voifinage  delà  ville  de  Ninghiang,  fur  la 
montagne  de  Xepi.  Ce  lac  eft  de  quarance  ftades.  Il 
en  fore  quatre  ruifleaux ,  dont  l'un  forme  la  rivière  Lieu  : 
les  autres  vont  fe  perdre  dans  le  fleuve  Juping.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1 .  PEXE  ,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Quangfi ,  au  midi  de  la  ville  de  Clencheu  :  une  de  fes 
pointes  ,  nommée  Tocieu  ,  eft  fi  élevée  qu'elle  fe  perd 
dans  les  nues.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  PEXE  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  près  de  la  ville  de  Leangtang.  Cette  monta- 
gne eft  grande  8c  très-célèbre.  Une  tradition  veut  que 


PEY 


PEZ 


LeangHocjus  >  général  d'un  grand  nom  parmi  les  Chi- 
nois ,  s'y  trouvant  afliégé  par  les  Tartares,  &  n'ayant 
point  d'eau  pour  donner  a  fou  armée,  fit  un  facrifice 
a  cette  montagne,  qui  auffi-tôt  produifit  une  (burce  fuf- 
fifante  pour  desaltérer  Ces  gens.  *  Atlas  Sinenfis. 

PEXINA,  rivière  d'Espagne,  dans  le  royaume  de 
Grenade,  félon  Corneille  qui  nous  apprend  qu'elle  fe 
décharge  dans  la  Méditerranée  ,  au-deflus  &  à  l'orient 
d'Adra.  Les  diverfes  cartes  de  ce  royaume  marquent 
cette  rivière  fans  la  nommer. 

PEXING,  cité  &  forterefle  de  la  Chine,  dans  la 
province  d'Iunnan,  où  elle  a  le  rang  de  première  gran- 
de cité  militaire.  Elle  cil  de  16  deg.  8  min.  plus  occi- 
dentale que  Péking,  fur  les  26  deg.  44  min.  de  latitude 
feptentiionale.  La  cité  de  Pexing  eft  indépendante  des 
autres  villes  de  la  province,  &  comme  dans  les  villes 
militaires ,  les  foldats  y  habitent  mêlés  avec  les  bour- 
geois. *  Atlas  Sinenfis. 

PEXUI  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Chenfi  ,  au  département  de  Sigan,  première  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  de  7  deg.  f6  min.  plus  occi- 
dentale que  Pcking  »  fous  les  36  deg.  36  min.delatiu 
feptentiionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PEYNE  ,  bourg  d'Allemagne,  dans  l'évêché  de  Hil- 
desheim ,  fur  la  petite  rivière  de  Fuile.  Ce  bourg  étoit 
autrefois  chef  d'un  comté. 

PEYRABOUT ,  paroiile  de  France  ,  dans  la  Marche. 
Elle  eft  fituée  dans  un  pays  de  montagnes  ôc  de  ro- 
chers. Les  terres  font  peu  propres  au  feigle ,  mais  on  y 
le  me  beaucoup  de  bled  noir  ôc  d'avoine.  Il  y  a  un  ha- 
meau appelle  Defaux ,  où  le  terrein  eit  beaucoup  meil- 
leur. 

PEYRAC  DE  MINERVOIX  .ville  de  France  ,  dans 
le  Bas-Languedoc  ,  au  diocèfe  de  Narbonne. 

1.  PEYRAT,  paroiile  de  France,  dans  la  Marche, 
élection  de  Guère  t.  Elle  eit  fituée  partie  en  plaine  , 
partie  en  monticules.  Les  terres  font  bonnes  pour  le 
feigle,  le  bled,  l'orge  ôc  l'avoine.  Les  pacages  ôc  les 
foins  font  bons  ôc  fuffifans  pour  la  nourriture  des  be- 
ftiaux  qu'on  élevé  ,  &  dont  on  fait  un  bon  commerce 
aux  foires  de  Chénérailles ,  ôc  autres  du  voifinage.  Il 
y  a  dans  la  paroiile  de  Peyrat  un  bois  de  haute  futaie 
qui  eit  confidétable  ;  on  le  nomme  le  bois  de  la  Vau- 
îeille.  Les  religieux  Bernardins  de  Bon  Lieu  font  en 
partie  feigneurs  de  cette  paroiile ,  de  laquelle  dépen- 
dent : 

Le  Frefle  ,  La  Vaureille , 

Cherchaud ,  Vauzille , 

Le  pont  de  Beaulieu. 

1.  PEYRAT ,  ville  de  France  ,  dans  la  Marche  ,  éle- 
ction de  Bourganeuf. 

3.  PEYRAT,  bourg  de  Fiance ,  dans  le  Limoufin  > 
élection  de  Limoges. 

1 .  PEYRE  ,  baronnie  de  France  ,  dans  le  Bas-Langue- 
doc ,  recette  de  Mende.  Il  y  a  dans  ce  lieu  deux  pa- 
roifles  :  l'une  fous  le  vocable  de  S.  Léger ,  ôc  l'autre  fous 
celui  de  S.  Sauveur. 

z.  PEYRE  ,  bourg  de  France,  dans  le  Poitou ,  éle- 
ction de  Poitiers. 

PEYREHOURADE,  Petra-Forata,  ville  de  Fran- 
ce ,  dans  le  pays  des  Landes ,  élection  de  Latines ,  au 
confluent  de  l'Âdour  ôc  du  Gave  ,  vis  à-vis  l'abbaye  d'Ar- 
ronne.  Cette  petite  ville  eft  le  chef  lieu  du  vicomte 
d'Aort ,  que  d'autres  appellent  Orthez. 

PEYRESC ,  lieu  de  France  ,  dans  la  Provence  ,  re- 
cette de  Guillaume.  Ce  lieu  a  donné  le  nom  au  lavant 
de  Peyrefc  ,  qui  en  étoit  feigneur,  ôc  qui  a  excellé  dans 
la  phyiîque.  Il  y  a  dans  l'étendue  de  la  paroiile  de  Pey- 
refc une  caverne,  d'où  fort  tous  les  foirs  un  petit  vent 
qui  augmente  jusqu'à  minuit,  ôc  qui  diminue  depuis 
minuit  jusqu'au  lever  du  foleil  ,  qu'il  tombe  entière- 
ment. On  dit  qu'il  y  a  aulTi  dans  la  même  caverne  des 
pierres  molles  comme  de  la  boue ,  qui  dès  qu'elles  font 
élevées  de  terre,  deviennent  de  très-durs  cailloux. 

PEYRET,  ou  Eaux  de  Peyret  ,  fontaine  minérale, 
en  France,  dans  le  Languedoc,  à  un  quart  de  lieue  de 
la  ville  d'Uzès.  Elle  eit  infipide,  &  la  noix  de  galle 
ne  lui  donne  aucune  teinture.  On  n'en  tire  par  l'éva- 


931 

poration  que  quelque  peu  de  marne  ou  de  terre  blan- 
châtre ,  approchante  de  lacérufe,  ôc  qui  demeure  pres- 
que toute  fur  le  filtre.  Comme  cette  matière  lui  donne 
quelque  qualité  dclficative,  elle  eit  bonne  extérieurement 
pour  la  gale  ,  ôc  intérieurement  pour  lagonorrhée;&: 
comme  elle  n'eit  pas  chargée  de  fels  acres ,  elle  rafraî- 
chit ôc  paffe  allez  bien  ,  lorsqu'il  n'y  a  point  de  grand 
embarras  dans  les  entrailles.  *  Pigamol ,  Defcription  de 
la  Fiance  ,  t.  4.  p.  116. 

PEYRILLAT  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Limoufin  , 
élection  de  Limoges. 

PEYROULLES,  Caftrum  de  Petrolio  ,  lieu  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Provence ,  recette  de  Caftellane. 

PEYROUSE  (la),  Petrosa  t  abbaye  d'hommes,  en 
France  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  filiation  de  Clairvaux 
dans  le  Férigord  ,  au  diocèfe  ,  ôc  a  fix  lieues  au  nord 
de  Périgueux,  fur  la  Dronne,  à  deux  lieux  au  nord  de 
Brantôme.  Cette  abbaye  fondée  en  1 1  j  3  ,  fut  renverfée 
ôc  pillée  par  les  Calviniftes  durant  les  Troubles.  Elle 
commence  à  fe  rétablir. 

i.I  EYROUX  ,  bourg  de  France  dans  le  Poitou,  élec- 
tion de  Poitiers. 

z.  PEYROUX  (Les),  paroifie  de  France,  dans  la  Mar- 
che. Elle  eft  fituée  en  plaine.  Les  terres  produifent  du 
feigle  ,  du  bled  noir ,  de  l'avoine  ,  de  l'orge  ôc  du  millet. 
Les  pacages  &  foins  y  font  bons  Ôc  fuffifans  pour  la  nour- 
riture des  beltiaux  ,  dont  on  fait  quelque  commerce.  Les 
habitans  qui  font  allez  à  leur  aife,  cultivent  avec  foin 
leurs  terres. 

PEYRUIS,  lieu  de  France,  dans  la  Provence,  au 
diocèfe  de  Sifteron  ,  avec  jultice  royale.  On  prétend  que 
fon  ancien  nom  eft  Viens  Petronii  ;  ce  qui  a  donné  lieu 
de  croire  que  c'étoit  la  patrie  du  fameux  Pétrone.  Ce 
fentimenr  eft  autorife  par  une  infeription  qu'on  trouva 
dans  le  territoire  de  Peyruis  en  1560. 

PEYRUSSE,  Petrocia ,  ville  de  France  ,  dans  le 
Rouergue  ,  ôc  le  fiége  d'un  bailliage  ,  qui  s  étendoit  au- 
trefois jusqu'aux  portes  de  Rhodez.  Cette  ville  eft  fituée 
fur  la  croupe  d'une  montagne  ,  au  pied  de  laquelle  paffe 
la  Diége  ,  petite  rivière  qui  va  fe  jetter  dans  le  Lot,  près 
de  Cadenac.  Peyrufle  pafie  pour  une  des  plus  anciennes 
villes  du  Rouergue.  L'ancienne  églife  eft  hors  de  la  ville. 
Le  cimetière  eft  tout  joignant.  Il  eft  rempli  de  maufoléeS 
anciens,  avec  des  armes.  Il  y  en  a  un  entre  autres  où  l'on 
voit  une  mitre ,  une  croffe  ôc  les  armes  de  Médicis.  Il  y 
a  dans  cette  ville  un  maire  ôc  trois  confiais.  D'anciens 
actes  témoignent  qu'il  y  avoir  autrefois  cinq  confiais  , 
tous  gentilshommes ,  ôc  que  le  premier  portoit  le  nom 
de  Médicis ,  ce  qui  a  fait  dire  que  les  grands  ducs  de 
Toscane  étoient  originaires  de  Feyruffe.  Le  château  ap- 
partient au  roi.  On  a  bâti  auprès  la  grande  églife 
paroilfiale ,  où  il  y  a  une  communauté  de  prêtres,  qui 
deflervent  les  obits  Ôc  les  chapelles  fondées  ,  qui  font  en 
grand  nombre.  Auprès  de  l'ancienne  églife  on  voit  un 
rocher  d'une  hauteur  prodigieufe,  dans  lequel  il  y  a  un 
ancien  temple  ,  où  les  païens  faifoient  leurs  facrifices. 
On  l'appelle  aujourd'hui  la  Sin  agogue.  A  la  cime  de  ce 
temple  on  voit  deux  grofles  tours.  On  ne  fauroit  com- 
prendre comment  on  y  a  pu  monter  les  matériaux,  puis- 
qu'on ne  fauroit  y  grimper  fans  péril  de  la  vie.  Le  faux- 
bourg  qui  eft  au  pied  de  la  montagne  ,  a  un  hôpital  ôc 
une  chapelle  dédiée  à  Notre-Dame  de  Pitié.  C'eft  un  fa- 
meux pèlerinage  ,  où  il  s'eft  opéré ,  dit-on ,  divers  mira- 
cles. Dans  la  même  paroifie  il  y  a  une  autre  églife  dé- 
diée à  faint  Quentin  ,  qu'on  appelle  Gaillac.  On  y  voie 
aulfi  des  tombeaux  fort  anciens.  Elle  eft  deflerviepar  un 
vicaire,  &  on  y  fait  les  fonctions  canoniales.  Ci-devant 
il  y  avoit  dans  la  ville  un  prieuré  de  Bénédictins  :  mais 
il  a  été  uni  à  l'abbaye  de  Figeac.  Près  de  Peyrufle  on 
trouve  quantité  de  mines  ,  que  la  tradition  veut  être 
d'argent.  Quand  on  y  jette  des  pierres,  on  eft  très- long- 
eons avant  d'entendre  qu'elles  parviennent  au  fond.  On 
a  remarqué  que  quelques-unes  de  ces  mines  fe  font  bou- 
chées d'elles-mêmes ,  ôc  que  d'autres  fe  fonr  ouvertes 
aulfi  d'elles  mêmes. 

PEZ-AUGUSTA.  Voyez  Pax-Juua. 
PEZENAS.  Voyez.  Pesenas. 

PEZENNE  (Sainte) ,  bourg  de  France,  en  Auvergne, 
élection  de  Riom. 
PEZINATL  Voyez.  Scythje. 

Tom.  IV.  B  b  b  b  b  b  ij 


932. 


PFE 


PFO 


PF. 


PFADELBACH  ,  bourg  de  l'Allemagne  dans  la  Fran- 
conie  avec  un  château. 

i.PFAFFENHOFEN,  ville  d'Allemagne,  dans  la 
Haute-Bavière,  fur  rilme,  &  au  paffage  de  Munich  à  In- 
golftat,  entre  Geifenfeld  ôc  Reichershofen  ,  au  départe- 
ment de  Munich.  Elle  a  elle-même  une  jurisdicrion ,  fous 
laquelle  font  compris  les  bourgs  de  Hohenwart  ,  &  de 
Geisenfeld,quatre  monafteresou  couvens,  neuf  châteaux, 
trois  maifons  de  gentilshommes ,  dix-neuf  Hoffmarcben  , 
&c  quelques  villages  &  autres  lieux.  *  Zeyler  ,  Suev.  ro- 
pogr.  p.  43. 11  s'y  eft  donné  en  1745  ,  un  combat  très- 
opiniâtre. 

2.  PFAFFENHOFEN ,  village  d'Allemagne,  dans  le 
duché  de  Wurtenberg  ,  fur  la  rivière  de  Zaber  ,  qui  fe 
jette  dans  le  Neckre.  Corneille  en  fait  une  ville. 

5.  PFAFFENHOFEN  ,  petite  ville  de  la  Baffe- Alface 
dans  le  comté  de  Lichttenberg. 

1.  PFiEFFlKEN ,  bourg  de  Suiffe ,  dans  le  canton  de 
Zurich,  au  midi  de  Kybourg ,  fur  le  bord  d'un  petit  lac. 
Jl  ne  faut  pas  le  confondre  avec  un  autre  Pf,cffiken  , 
qui  eft  un  village  avec  un  château  appartenant  à  l'abbaye 
d'Einlilden ,  &  qui  eft  fitué  vers  l'extrémité  méridionale 
du  lac  de  Zurich  ,  vis-à-vis  de  Rapperschwyl.  *  Etat  çr 
délices  de  la  SuiJJe.  t.  2.  p.  46. 

2.  PF/EFFIKEN  ,  village  de  Suiffe,  dans  le  canton 
de  Zurich.  Voyez,  l'article  précédent. 

1.  PFALTZ,  les  Allemands  nomment  ainfi  le  Pa- 
iatinat.  Vt/yei  ce  mot. 

2.  PFALT2T.  Quelques-uns  écrivent  Phaltz  ,  châ- 
teau d'Allemagne,  dans  le  Bas-Palatinat ,  fur  une  ifle 
au  milieu  du  Rhin  ,  entre  Bacharach  ôc  Caub.  On  le 
nommoit  autrefois  Pfaltz-Grevestein  ;  mais,  com- 
me remarque  Zeyler ,  Suev.  topogr.  p.  1 1.  on  dit  finale- 
ment Pfaltz.  Ce  lieu  a  été  deftiné  pour  percevoir  les 
droits  de  paffage.  Ce  château  ,  dit  il ,  eft  petit ,  mais  joli , 
Se  bâti  folidement  fut  la  roche.  Son  nom  ne  veut  dire 
que  le  château  du  comte  Palatin ,  c'eft  le  fens  du  nom  en- 
tier Pfaltz.-Greveftein  ;  ainfi  ceux-là  fe  trompent  ,  qui 
croient ,  au  rapport  de  Maty  ôc  Miffon ,  que  ce  châ- 
teau a  donné  fon  nom  au  Palatinat.  Le  nom  de  Pfaltz 
eft  de  plufieurs  fiécles  plus  ancien  que  le  château. 

PFEDERSHE1N,  petite  ville  de  l'éveché  de  Wormes. 

1 .  PFEFERS ,  ou  ad  Favarias,  Thermo,  Fabarienjes , 
FabarU,  bains  en  Suiffe  ,  au  comté  de  Sargans.  A  demi- 
lieue  de  l'abbaye  de  Pfefcrs ,  il  y  a  deux  montagnes ,  en- 
tre lesquelles  la  Taminne  a  creufé  fon  lit  d'une  profon- 
deur prodigieufe  ,  ôc  où  elle  fe  précipite  à  travers  de 
rochers  affreux,  avec  un  bruit  épouvantable.  C'eft-là  que 
font,  dans  l'endroit  le  plus  profond  du  vallon ,  les  bains 
tant  vantés  de  Pfefers.  Ils  furent  découverts  dans  le  trei- 
zième fiécle  du  tems  de  l'empereur  Frideric  II ,  par  un 
chaffeur  du  pays,  qui  cherchoit  des  nids  de  corbeaux  de 
bois  ,  à  travers  les  rochers.  Au  commencement  on  n'y 
pouvoir  descendre  qu'avec  des  cordes  comme  dans  un 
puits.  Dans  la  fuite  on  y  a  confirme  un  chemin,  com- 
pofé  de  ponts  de  bois ,  attachés  les  uns  au  bout  des  au- 
nes ,  ôc  fuspendus  entre  ces  rochers.  On  y  avoir  auffi 
fcâti  des  bains  Se  des  hôtelleries.  Tous  ces  édifices  ayant 
été  confumés  par  le  feu  au  mois  de  Décembre  1629; 
l'année fuivante  l'abbé  de  Pfefers  fit  bâtir  d'autres  bains 
Se  d'autres  hôtelleries ,  dans  un  endroit  plus  agréable  cV 
plus  éclairé ,  au-deffous  de  la  fource.  11  fit  tailler  des  che- 
mins dans  le  roc ,  fit  mettre  des  ponts  de  bois  dans  les 
endroits  où  le  terrein  manquoit ,  Ôc  fit  faire  un  aqueduc 
pour  conduire  l'eau  de  la  fource  dans  les  bains.  Enfin  cet 
endroit  eft  à  prélent  très-commode  ôc  très-agréable. 

L'eau  eff  extrêmement  claire ,  fans  goût  ni  odeur. 
Elle  fort  toujours  au  commencement  du  mois  de  Mai , 
&  tarit  entièrement  vers  le  milieu  de  Septembre.  On  a 
remarqué  qu'après  un  hiver  pluvieux ,  l'eau  fort  de  meil- 
leure heure,  en  petite  quantité  néanmoins,  &  à  peine  eft- 
elie  tiède  •>  mais  quand  elle  fort  tard ,  elle  tarit  tard  auffi. 
On  fait  à  peu  près  quand  elle  doit  paroître  :  c'en  eft  un 
figne  ou  pronofiic ,  quand  on  voit  venir  dans  le  grand 
baffin  du  bain  de  petites  ampoules  d'eau  ,  des  feuilles  de 
hêtre,  des  fruits  fauvages  ôc  une  petite  écume.  L'eau 
coule  enfuite  tout  d'un  coup  avec  un  grand  bruit ,  ÔC  en 


telle  quantité  ,  qu'elle  pourroit  faire  tourner  un  moulin. 
Cette  eau  charie  les  esprit  les  plus  fubtiles  de  foufi  e  ,  de 
nitre.  de  vitriol  ôc  de  divers  métaux,  entre  autres  de 
l'or.  Elle  eft  chaude  au  fécond  degré ,  ôc  propre  pour 
diverfes  maladies ,  foit  en  bain  ,  fuit  en  boiffon.  Elle  eft 
bonne  contre  les  obftructions  du  cerveau  ôc  d<rs  nerfs , 
contre  les  maux  de  tête  ,  l'épilepfie ,  l'apoplexie,  la  fur- 
dité ,  la  foibleffe  de  la  vue ,  la  paralyfie ,  lé  tremblement 
des  nerfs,  les  obftructions  des  viscères,  les  fièvres  in- 
vétérées, les  fiftules,  les  ulcères  ôc  autres  maladies. 

2.  PFEFERS,  abbaye  de  Suiffe  ,  au  comté  de  Sargans , 
fur  une  haute  montagne.  Cette  riche  abbaye  qui  eft  de 
l'ordre  de  faim  Benoît ,  fut  fondée  vers  l'an  720.  Ses  ab- 
bés portent  le  titre  de  princes  de  l'Empire  ,  depuis  que 
l'abbé  Rodolf,  né  comte  de  Montfort,  reçut  cet  hon- 
neur de  l'empereur  Henri  VI,  en  1198.  L'abbé  eft  fei- 
gneur  de  tout  le  pays  d'alenrour  >  mais  les  Cantons ,  fei- 
gneurs  fouverains  du  pays ,  ont  droit  d'infpection  ôc  de 
protection  fur  cette  abbaye  ôc  fur  fes  terres.  Quoique 
fituée  fur  une  haute  montagne,  cette  abbaye  eft  dans  un 
terrein  uni,  au  milieu  d'une  belle  plaine  ,  partie  couverte 
de  bois ,  partie  entrecoupée  de  prairies.  La  ftructure  de 
cette  maifon  eft  fort  belle.  L'ancien  bâtiment  fut  confu- 
mé  par  le  feu  le  29  d'Octobre  1665  ■>  mais  il  a  été  rebâti 
avec  plus  de  magnificence  qu'auparavant.  Il  ert  incrufté 
de  marbre  noir ,  rayé  de  blanc  ,  depuis  le  rez-de-chauffée 
jusqu'au  toit.  On  commença  cet  ouvrage  en  1673  ,  ôc  il 
fut  achevé  en  1677. 

PFEFER.  Quelques-uns  écrivent  Pf^tter  ,  petite 
rivière  d'Allemagne  ,  en  Bavière.  Elle  a  fa  fource  affez 
près  d'Abach ,  qui  eft  fur  le  Danube,  ôc  après  avoir  ar- 
rofé  quelques  villages ,  elle  va  fe  perdre  dans  ce  fleuve  , 
au-deffous  de  Ratisbonne,  &  au-deffus  de  Straubingen. 
A  l'orient  de  fon  embouchure  eft  un  village  de  même 
nom  ,  que  quelques-uns  croient  avoir  été  une  place 
nommée  pat  les  Romains  Vetera  Castra.  II  y  a  bien 
plus  d'apparence  que  la  rivière  ait  donné  fon  nom  au 
bourg.  La  reffemblance  de  quelques  lettres  n'eft  que  trop 
fouvent  le  fondement  d'une  conjecture  plus  fpécieufe 
que  folide.  *  Zeyler  ,  carte  de  la  Bavière. 

PFEFFINGEN  ,  château  de  Suiffe ,  dans  les  terres  de 
l'évêque,  titulaire  de  Bâle,  prince  de  Porentru.  Ce  châ- 
teau fitué  à  trois  lieues  de  Bâle ,  eft  bien  bâti  ôc  bien  for- 
tifié. *  Etat  &  délices  de  la  Suijje,  t.  3.  p.  267. 

1.  PFlN  ,  Fines  ou  ad  Fines ,  petite  ville  ou  bourg  de 
Suiffe ,  dans  la  fouveraineté  de  Tourgaw  ,  mais  qui  avec 
fon  territoire  fait  un  bailliage  dépendant  du  canton  de 
Zurich.  Pfin  n'eft  pas  grand:  en  récompenfe  il  eft  bien 
bâti  ôc  forr  agréable.  On  le  trouve  au  bord  de  la  Thour, 
dans  le  voifinage  de  Stein  ôc  dans  une  campagne  fertile 
en  bled,  en  vin  ôc  en  fruits.  La  ville  de  Zurich  y  en- 
voie un  bailli  pour  le  gouverner ,  ôc  il  y  a  un  château 
où  rélide  ce  bailli.  On  prétend  que  l'origine  du  nom  de 
Pfin  vient  de  ce  que  Cecinna  ,  lieutenant  de  Vitellius , 
ayant  battu  les  Suiffes  ou  Helvétiens,  près  de  Bade.,  avec 
le  fecours  des  Grifons  ouRhétiens,  l'an  69  de  Jefus- 
Chrift  -,  ces  derniers  prirent  de-là  occafion  de  s'étendre 
dans  la  Suiffe  ,  ôc  s'avancèrent  jusqu'à  Pfin  ,  où  ils  éta- 
blirent leurs  bornes  ou  leurs  frontières.  Les  Romains  en 
firent  une  place  forte  pour  fervir  de  barrière  centre  les 
attaques  des  Germains  &  des  Helvétiens.  On  voit  en- 
core les  murailles  de  l'ancienne  ville  ôc  quelques  autres 
monumens  des  Romains,  particulièrement  des  anneaux 
ou  bagues ,  ôc  des  médailles  qu'on  déterre  dans  les  vi- 
gnes du  voifinage.  Dans  le  XVI  fiécle,  cette  place  ap- 
partenoit  aux  comtes  dEberfiein,  dont  le  dernier,  nom- 
mé Othon  ,  fe  noya  à  Anvers  l'an  1576.  Un  gentilhom- 
me,nommé  Wambold,  du  duché  de  Deux-ponts,  acheta 
Pfin  des  héritiers  de  la  maifon  dEberfiein  ;  mais  les  hé- 
ritiers des  Wambolds  vendirent  cette  place  à  MM.  de 
Zurich.  Vis-à-vis  de  Pfin  ,  de  l'autre  côté  du  Thour ,  on 
voit  Velleberg,  qui  eft  un  ancien  ôc  fort  château.  *  Etat 
&  délices  de  la  Siùjfe  ,  t.  2.  p.  37.  &  t.  3.  p.  163. 

2.  PFIN.  Voyez.  Pêne,  3- 
PFIRTH.  Ko^cFerrette. 

PFOERTON ,  Porta  ,  petite  ville  avec  un  château  , 
dans  la  Baffe-Luface  en  Allemagne. 

PFORTEN  ,  Porta  cœli ,  ancien  monafiere  d'Alle- 
magne, dans  le  duché  de  Brème,  autrefois  célèbre,  au- 
jourd'hui fécularifé. 


PHA 


PH;E 


PFORTZHEIM  ,  Phorca  Pjorjîmium  ,  ville  d'Alle- 
magne ,  dans  la  Suabe,  au  marquiSar  de  Bade-Dourlach  , 
fur  la  rivière  d'Entz  qui  y  reçoit  celle  de  Nagolc,  aux 
frontières  du  CraichsgoW.  Ses  environs  font  d'un  côté 
des  prairies  &  des  montagnes  par  où  l'on  va  à  la  foret 
Noire ,  6c  de  l'autre  côté  des  terres  labourées  &  des  jar- 
dins. Irenicuss'eft  imaginé  que  Phorcys ,  venu  deTroye, 
en  a  été  le  fondateur.  J'ai  remarqué  ailleurs  que  c'a  été 
autrefois  une  folie  afléz  générale  de  vouloir  donner  aux 
villes  une  origine  Troyenne.  Beatus  Rhenanus  dit  plus 
vraifemblablement  que  l'ancien  nom  étoit  Orcynheim  , 
nom  tiré  delà  forêt  Hercinie,  nommée  Orcynie  par  quel- 
ques anciens ,  6c  que  le  fondement  de  ce  nom  efl  Porta 
Harcïtiia  ou  Hercinia ,  parce  que  cette  ville  efl  à  l'en- 
trée de  la  forêt  Noire.  La  ville  efl  bien  bâtie  ,  &  a  an- 
ciennement appartenu  aux  ducs  de  Suabe  ;  mais  après 
la  mort  de  Conradin  ,  dernier  duc  de  cette  maifon, 
elle  vint  à  celle  de  Bade,  &  efl  aujourd'hui  à  la  bran- 
che de  Dourlach.  Elle  a  été  quelque  tems  du  Bas  Pa- 
laiinat  fous  la  régence  de  Heidelberg ,  comme  le  re- 
marque Zeylcr.  On  y  voit,  dit  cet  auteur,  un  ancien 
château ,  Se  dans  1  eglife  font  les  tombeaux  de  quelques 
margraves  de  Bade.  Le  célèbre  Jean  Capnion  étoit  né 
en  cette  ville.  Baudrand  ,  éd.  1705  ,  dit  qu'elle  a  été  au- 
trefois au  duc  de  Wurtenberg,  qu'elle  efl  à  deux  milles 
d'Allemagne  6c  à  l'orient  de  Dourlach  ,  à  huit  milles 
de  Haguenaw,  à  fept  de  Heidelberg  ,  &  à  fix  de  Spire. 
Elle  a  beaucoup  Souffert  des  dernières  guerres.  *  Zeyler  y 
Suev.  Topogr.  p.  61.  Hubuer ,  Geog.  p.  447. 

PFREIMBD,  ville  d'Allemagne,  au  cercle  de  Baviè- 
re ,  dans  le  Nord-gow ,  fur  un  ruijfeau  de  même  nom , 
qui  a  fa  fource  dans  la  Bohême  au  village  de  Profti- 
borz ,  &  qui  traversant  d'orient  en  occident  le  Palatinat 
de  Bav.ere  6c  le  Landgraviat  de  Leuchienberg  ,  tombe 
dans  le  Nab  à  Pfreimbd.  La  ville  efl  petite  6c  mal  bâtie  ; 
mais  elle  a  un  beau  château  de  même  nom  hors  de  l'en- 
ceinte. La  ville  ,  le  château  6c  le  bailliage  appartiennent 
au  Landgrave  de  Lcuchtenberg  -,  elle  efl  la  capitale  de 
ce  petit  pays ,  6c  efl  au  duc  de  Bavière,  à  qui  ce  Landgra- 
viat  a  été  teftitué  en  I7i4,parlapaix  deRaitadt.  *  Zey- 
ler ,  Bavât.  Topogr.  p.  43. 

Corneille  ayant  fait  un  article  de  cette  ville  ,  copié 
de  Maty  ,  en  fait  un  nouveau  ,  comme  s'il  y  avoir  deux 
villes  de  ce  nom  •,  l'une  au  Landgtaviat  de  Leuchemberg , 
l'autre  au  Landgraviat  de  Leuhtenberg.  C'eft  une  mé- 
prife. 

PFU  LENDORFF ,  ville  impériale  d'Allemagne ,  dans 
le  Hegow  icanton  de  la  Haute-Suabe,  fur  la  rivière  d'An- 
delsoach,  qui  tombe  dans  celle  d'Ablac,  6c  va  fe  per- 
dre avec  die  dans  le  Danube  ;  la  place  eft  petite  avec  un 
petit  fauxbourg.  Son  contingent  du  mois  romain  étoit 
autrefois  de  cent  quatre  guides  -,  mais  on  l'a  modéré 
d'un  tiers,  &  il  ne  monte  plus  qu'à  (><)  guides,  douze 
creutz.  Li  religion  dominante  y  efl  la  catholique.  Quel- 
ques-uns croient  que  c'efl  la  Bragodurum  de  Ptolo- 
mée.  EIL  a  eu  fes  comtes  particuliers.  Le  dernier  étoit 
Rudolph,  qui  mourut  en  1180;  fa  fille  Itha  époufa 
Adelben  III.  comte  de  Habsbourg.  *  Zeyler ,  Suev. 
Topog.  62. 

PFUNGEN  ,  village  de  Suifïe  ,  au  canton  de  Zurich, 
dans  le  bailliage  de  Kybourg,  fur  la  rivière  de  Ta?/}.  La 
Seigneurie  de  ce  village  appartient  à  la  ville  de  Wmter- 
hour.  Il  y  a  à  Pfungen  un  vieux  château  célèbre  pour 
ivoir  été  la  réfidence  de  Gottfried  ou  Godeftoy  ,  duc  de 
Suiabe,  ves  l'an  700 ,  Se  celle  de  faint  Pirminius ,  évê- 
qie  de  Meaux  en  France.  *  Etat  Çr  délices  de  la  Suijfe  , 
t.i.  p.  46. 

P  H. 

PHABENTIA.  Voyez.  Faventia. 

>HABIA.  Voyez.  Fabia. 

'HABIRANUM  ,  ville  de  la  Germanie,  dans  fa  par- 
tiela  plus  Septentrionale,  félon  Ptolomée ,  l.i.c.n. 
quila  place  entre  Tecclia  6c  Treva.  On  croit  que  c'efl 
préntement  la  ville  de  Brème  ;  mais  c'efl  fans  preuve. 

HABRIS.  Voyez.  Fabris. 

HAC1UM  ,  ville  de  Theflalic  :  Tire-Live  ,  /.  33  c. 
13.  lit  qu'elle  fut  prife  6c  pillée  par  Philippe,  roi  de 
Jvlacdoine  ,  6c  enfuite  par  Bœbius ,  /.  36.  c.  13. 

PIACUSSA  ,  village   d'Egypte  &  le  chef-lieu   du 


933 

nôme  d'Arabie  ,  félon  Ptolomée,  /.  4.  c.  j.  qui  lui 
donne  le  titre  de  Métropole.  Les  interprètes  de  Ptolo- 
mée Hfent  Phacufa  ,  6c  Strabon  ,  /.  17.  p.  80;.  écrit 
Phaccufa.  Ne  feroit  ce  point ,  dit  Ortelius ,  le  même 
lieu  que  Guillaume  de  Tyr  ,  /.  14.  c.  14.  nomme  Pha- 
cus  ? 

PHADANA.  Ortelius  ,  Thefaur  ,  dit  que  Sozomene 
6c  Callille  nomment  ainfi le  lieu  où  Jacob  rencontra  Ra- 
chel ,  6c  ouvrit  le  puits  pour  abbreûvef  fon  troupeau; 
Ce  lieu  efl  nommé  Haian  ou  Charan  dans  l'Ecriture 
Sainte.  *  Genef.  29.  4. 

PHADAS1A.  Voyez.  Padasia. 

PHADISA  ou  1  hadisana  ,  petite  ville  de  la  Tur- 
quie ,  en  Afic  ,  dans  la  Narolie  ,  au  pays  d'Amafie  ,fur  la 
côte  de  la  mer  Noire  6c  du  golfe  d'Amafie,  près  de 
l'embouchure  de  Caalmacn.  Elle  étoit  anciennement 
de  la  Paphlagonie  ,  6c  connue  fous  le  nom  de  Chadi/ia 
ou  Chadifta.  *  Baudrand  ,  Ditl.  éd.   1705. 

PHADIZANA,  lieu  fortifié,  dans  la  Cappadoce, 
félon  Arrien  ,  i.Peript.p.  16 ,  qui  le  met  à  cent  cin- 
quante ftades  du  fleuve  Phigamuntes  ,  6c  à  dix  de  la 
ville  Polemonïum.  Ortelius,  Thefaur.  Soupçonne  que  ce 
pourroit  être  le  même  lieu  qui  efl  nommé  Chadesia 
par  Apollonius. 

PH/EACES ,  peuples  de  l'Iilyrie  ,  dont  fait  men- 
tion Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3. 

PH/EACIA.  Voyez.  Corcyra. 

PH^ACIS.  Voyez.  Oasis. 

PH/ECASIA  ,  Pline ,  /.  4.  c .  1 2.  donne  ce  nom  à  l'une 
des  ifles  Sporades  \  mais  le  P.  Hardouin  prétend  qu'au 
lieu  de  Pb&cafia  il  faut  lire  Nicafia  ,  comme  lifent 
Etienne  le  géographe  &  Suidas.  11  ajoute  qu'elle  fe  nom- 
me préfentement  Rachia. 

PH/£D/£,lieu  delà  Sicile, entre  MefTinecx:  Leontium. 

1.  PH/EDRIA  ,  vdlage  de  l'Arcadie,  félon  Paufanias, 
/.  8.  c.  35. 

2.  PH/EDRIA.  Ortelius,  Thefaur  qui  cite  Suidas, 
dit  qu'on  nommoit  ainfi  un  rocher,  au  voifinage  de 
Delphes.  C'eft  ce  même  rocher  que  Diodore  de  Sicile 
nomme  Ph/Edriades  Petr/ï. 

PH/EDRIADES  PLTKjê.  Voyez.  Ph^dria  ,  n9  2. 

PHi£DRUS,  rivière  d'Egypte  :  riutarque  inlfide  6c 
Ofïride ,  dit  qu'elle  fut  delfechée  par  I fis. 

PH/ENAGORA.  ^o>«.  Phanagoria. 

PHvENIANA.  Voyez.  Febiana. 

PH/ENICHA,  ou  Phoenica.  Voyez.  Bizabda. 

PH/ENON.  Voyez.  Phennesus. 

PH^SANA  ,  ville  d'Arcadie  ,  fur  le  fleuve  Alphée , 
félon  Ortelius ,  Thef.  qui  cite  Pindare  ,  in  Olympitis. 

1.  PH/ESTUM  ,  ou  Ph^stus  ,  ville  de  l'ifle  de  Crè- 
te .  Voyez.  Festo.  Diodore  de  Sicile  ,  l.  $.  c.  79.  dit 
qu'elle  fut  bâtie  par  Minos^  fur  le  bord  de  la  mer.  Ce- 
pendant Strabon  ,  /.  10.  p.  479.  6c  Pline,/.  4. c.  12.  la 
mettent  dans  les  terres  \  le  premier  dit  même  qu'elle  en 
étoit  éloignée  de  vingt  ftades ,  6c  qu'elle  étoit  à  foixante 
ftades  de  Gortyna.  Denis  de  Périegete  ,  v.  88.  con- 
firme ce  Sentiment. 

Juxta  facram  Gortinem  &  Meditcrraneam  Phaeftum. 

2.  PH/ESTUM ,  ville  de  la  Macédoine  :  Ptolomée  , 
/.  3.  e.  1 3.  la  donne  aux  Eftiotes.  Ceft  apparemment  la 
même  que  Tite-Live,  /.  36.  c.  13.  dit  qui  fut  prife  par 
Barbius. 

PFL£SUL/£  ,  ou  FesuljC.  Voyez.  FiESoti. 

PH/£TELINUS  ,  fleuve  de  Sicile,  félon  Vibius  Se- 
quefter ,  dont  voici  le  partage  :  Sicilufluvius  ,  juxta  Pe- 
loridem  ,  cenfnis  Templo  Diana.  Au  lieu  de  Ph&teli- 
nus ,  quelques  manuferits  portent  Fxcelenus.  J'aimetois 
mieux,  dit  Ortelius,  Thef.  lire  Facelinus,  parce  que 
la  Diane  qui  étoit  adorée  dans  ces  quartiers  s'appelloit 
Diana  Facelina.  De  l'ifle  ,  dans  fa  carte  de  l'ancienne 
Sicile  nomme  ce  fleuve  Mêlas  ou  Facelinus ,  met  fon 
embouchure  à  l'orient  du  temple  de  Diane  Faceline ,  Se 
pour  nom  moderne  lui  donne  celui  de  Nuciti. 

PH^ETI  ALUCI ,  lac  de  l'Artique.  Wehler ,  dans  fon 
voyage  d'Athènes ,  /.  3.  p.  223.  dit  qu'en  rodant  autour 
de  la  baie  qui  s'étend  au  nord  ,  depuis  Porto-Lione  6c 
le  détroit  de  Salamine  ,  il  arriva  à  un  petit  lac  d'eau 
falée  Se  bicumineufe  ,  qui  fe  décharge  dans  la  mer  par 


PHA 


934 

uiipeut  courant  que  Paufanias ,  /.  \.c.  16.  appelle  Scbi- 
rus.  11  ajoute  qu'on  appelloic  autrefois  ce  lac  Pbœtialuci, 
donc  Paufanias  t'aie  les  limites  des  Athéniens  &  des  Eleu- 
iiniens  ,  8c  non  pas  de  l'Attique  8c  d'Eleufis  ,  comme 
l'interprète  ou  l'imprimeur  de  Paufanias  fe  l'eli  imaginé. 
Il  y  a  auffi  la  une  montagne  au  nord  8c  un  village  des- 
fus  qui  s'appellent  l'une  8c  l'autre  Scirus. 

Wehler  auroit  bien  fait  de  nous  dire  en  quel  endroit 
de  Paufanias  il  a  trouvé  le  mot  P^tialuci,  il  m'au- 
roit  épargné  la  peine  de  l'y  chercher  inutilement. 

PH/EUNTA,  ville  du  Péloponnèfe  ,  félon  Diodore 
de  Sicile,  /.  ij.  Elle  dévoie  être  quelque  part  vers 
l'Argie. 

PHAG1US  ,  ou  Phegius.  Voyez.  Fagius. 

PHAGRES,  ville  de  la  Thrace:  elle  étoir, félon  Thu- 
cydide ,  au  pied  du  mont  Pangarus ,  au-delà  du  fleuve 
Strymon.  Strabon,  /.  7.  p.  331.  8c  Etienne  le  géogra- 
phe en  parlentauffi.  l'oyez,  Niphagr^e. 

PHAGRORIUM  ,  nom  d'une  ville  dont  parle  Etien- 
ne le  géographe.  Elle  écoi  t  peut-être  en  Egypte ,  où  Stra- 
bon,/. 17.  p.  805.  met  une  ville  nommée  Phagrorio- 
tolis,  &  un  nôme  Phagroriopolites. 

PHAGUS  ,  fleuve  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Elide ,  fé- 
lon Paufanias ,  /.  j.  c.  7.  Quelques  manuferits  portent 
Buphagus  8c  Puphagus.  11  y  a  apparence  que  la  véri- 
table orthographe  eft  Buphagus  ,  puisque  c'etoit ,  félon 
Paufanias ,  /.  8.  c.  27  ,  le  héros  Buphagus  qui  avoit  don- 
né fon  nom  à  ce  fleuve. 

PHAGUS  ,<t>»yoç.  Ce  mot  en  grec  8c  en  latin  ligni- 
fie un  Hêtre.  Homère  ,  /.  9.  v.  354.  l'emploie  pour  dé- 
signer le  lieu  au  dehors  de  la  ville  de  Troye,  jusqu'où 
s'avança  Hector  avec  fa  troupe. 

PHAGYTRA,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange: 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  la  donne  aux  M&joli ,  8c  la  place 
dans  les  terres.  Ses  interprètes  lifent  Pharythra ,  au  lieu 
de  Phagytra. 

PHAHATH  MOAB,  nom  d'un  lieu,  dans  la  terre 
des  Moabites,  félon  le  premier  livre  d'Esdras,  c.  2 ,  6  , 
3,4,  &  10,  xo. 

PHALACHTHIA  ,  ville  de  Theffalie  ,  félon  Ptolo- 
mée ,  /.  3.  c.  13. 

1.  PHALACRA  ,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  Cyrénaï- 
que.  Ptolomée ,  /.  4.  c.  4.  la  place  entre  Cœnopolis  8c 
JMarabïaa. 

x.  PHALACRA.  VoyezlDA,  n°  1. 

PHALACRA.  Voyez.  Ida. 

PHALACRINA  ,  village  d'Italie  ,  dans  le  pays  des 
Sabins,  au-delà  de Keatx.  Suétone  , /.  8.c.  3.  dit  quec'eft 
un  petit  village  8c  le  lieu  où  naquit  l'empereur  Vefpa- 
fien.  Ortelius ,  Thefaur.  fur  le  témoignage  de  Marins 
Victorinus,  dit  qu'on  croit  que  c'eit  préfentement  S. 
Silveflrï  in  Ploalacrino.  Au  lieu  de  Phalacrina ,  l'itinc- 
laire  lie  Palacrinum. 

PHALACR1UM.  Voyez.  Falacrium. 

i.IHALACRUS,  mot  Grec  qui  veut  dire  chauve. 
On  l'a  donné  à  divers  lieux  ,  fur-tout  à  desfommctsde 
montagnes  qui  étoient  dépouillés  d'arbies. 

2.  PHALACRUS,  lieu  des  Indes  :  /Bien ,  Animal. 
L  8.  c  15.  dit  que  ce  lieu  fut  ainfi  nommé ,  parce  que 
îe  poil  8c  les  cornes  tomboient  aux  animaux,  lorsqu'ils 
goûtoient  de  l'herbe  qui  y  croiflbit. 

3.  PHALACRUS,  ou  Falacrus  ,  ville  d'Egypte. 
L'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la  route  de  Coptus  à  ' 
Bérénice  ,  entre  Arifto  8c  Apollonus ,  à  vingt  cinq  mil- 
les de  la  première  8c  à  vingt  trois  de  la  féconde. 

4.  PHALACRUS  ,  montagne  aux  environs  de  la 
Cappadoce ,  félon  Ortelius ,  Thefaur.  qui  cite  Cons- 
tantin Porphyrogénéte  :  Ccdrène  8c  Curopalate  difent 
que  c'eft  un  lieu  fortifié. 

PHAL^ECI ,  ou  Fal,£Ci.  Voyez,  Falisques. 

PHAL£SL£,  ville  de  l'Arcadie  :  Paufanias,  /.  8. 
c.  3  $.  dit  qu'elle  étoit  à  vingt  ftades  du  temple  de  Mer- 
cure ,  bâtie  près  de  Bclemina. 

PHALAGNl,  ville  de  l'Arabie  Heureufe  :  Ptolomée 
îa  place  dans  les  terres  ,  entre  Alvare  8c  S  aima. 

PHALAGRA,  ville  dans  la  péninfule  de  Pallenes, 
félon  Ortelius,  Thefaur. qui  cite  Ifacius  fur  Lycophron  ; 
êc  il  ajoute  que  Phalagra  pourroit  être  corrompu  de 
FhUgra.  Voyez.  Pallena. 

PHALANA.  Voyez.  Phalanna. 


PHA 


1. PHALANNA,  ville  de  la  Perrhebie ,  félon 
Etienne  le  géographe.  Lycophron  écrit  Phalanum 

2.  PHALANNA,  ville  de  l'ifle  de  Crète:  Etienne 
le  géographe  dit  que  Phagiadès  le  Péripatéticien  étoit 
natif  de  cette  ville. 

PHALANN^A,  ville  de  l'ifle  de  Crète.  Elle  étoit 
différente  de  la  précédente,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. 

PHALANTIADE.  Voyez,  Tarente. 

PHALANTUS  ,  montagne  de  l'Arcadie.  Paufanias, 
/.  8.  c.  3j.  dit  qu'on  y  voyoitde  fon  tems  les  ruines  d'une 
ville  qui  apparemment  avoit  eu  le  même  nom. 

PHALANUM.  Voyez.  Phalanna,  n°.  1. 

PHALARA,  ville  de  Theffalie  ,  fur  le  golfe  Malia- 
cus,  félon  Tite  Live,  /.  36.  c.  29.  qui  dans  un  autre 
endroit,  /.  3;.  c.  43.  la  nomme  Phalarus.  Pline,  /. 
4.  c.  7.  8c  Etienne  le  géographe  écrivent  auffi  Pba- 
lara. 

1.  PHALARIENSES.  Voyez,  Falarienses. 

2.  PHALARIENSES  ,  peuple  de  la  tribu  /Eantide  , 
félon  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Hefyche. 

PHALARIS,  ville  de  la  Toscane,  chez  les  anciens 
Falisques,  félon  Caton  ,  dans  le  livre  des  origines. De- 
nis d'Halicainaffe  ,  Strabon  &  Ptolomée  écrivent  Pha- 
lerium.  Voyez.  Falere  qui  eft  la  même  ville. 

PHALARIUM.  Voyez.  Ecnomus. 

LHALAR.NA  ,  ou  plutôt  Phalasarna  ,  comme 
litCafaubon,  dans  Strabon,  /.  10.  p.  479.  Ond.Thef. 
dit  que  c'eft  l'extrémité  de  l'ifle  de  Crète  du  côté  du 
couchant  -,  mais  tous  les  anciens  s'accordent  à  en  faire 
une  ville.  Pline ,  /.  4.  c.  1  2.  8c  Polybe  ,  Excerpt.  Lé- 
gat, écrivent  Fbalafame ,  ou  Pbalafarna  au  nominatif 
lingulier.  Strabon,  /.  10.  p.  479.  le  périple  de  Scylax, 
p.  17.  8c  Dicéarque,  in  Creta  ,  difent  ,  Pbalafarna  au 
nominatif  pluriel.  Le  dernier  parle  de  cette  ville  en 
ces  termes.  On  dit  qu'il  y  a  dans  1  ifie  de  Crète  une 
ville  nommée  Phalafarna  ,  fituée  à  l'occident  de  cette 
ifle  ;  qu'elle  a  un  port  qu'on  peut  fermer  ,  8c  in  tem- 
ple de  Diane  Diétynne.  On  croit  que  c'eft  préfentement 
le  bourg  de  Contarini. 

PHALARUS,  fleuve  de  la  Bœotie.  Paufanias,/.  9. 
c.  34.  dit  que  ce  fleuve  fe  jectoit  dans  le  lac  de  Ce- 
phife. 

PHALASARNA.  Voyez.  Phalarna. 

PHALASIA,  promontoire  de  l'Eubée,  Polomée  ,  l. 
3.  c.  15.  le  place  entre  la  ville  Soreus  >  ot  Oreits  8c 
le  promontoire  Dion. 

PHALBINI.  Voyez.  Phalagni. 

PHALC1DON  ,  ville  de  Theffalie  ,  félon  Ortelius  , 
Thefaur.  qui  cite  Polyen,  /.  4. 

IHALECUM.  Voyez.  Phalycum. 

PHALEGANDROS.  Voyez.  Philocandros. 

PHALEMPIN  ,  abbaye  de  chanoines  régulées ,  dans 
la  Flandre  Wallone ,  au  quartier  de  Caremban  ,  entre 
Lille  8c  Douay  ,à  trois  grandes  lieues  de  l'une  8c  :1e  l'autre 
de  ces  deux  villes.  *  Ditl.  Géogr.  des  Pays-Bas. 

PHALERIA.  Voyez,  Fhalore. 

PHALER1UM.  Voyez.  Phalaris. 

PHALERNA  8c  Opheltina  ,  nom  de  deux  tribu» 
que  Diodore  de  Sicile,  /.  19.  dit  avoir  été  ajoutée  à 
la  Pouille.  Ortelius  ,  Thefaur.  croit  que  ces  deux  mots 
font  corrompus  ;  8c  qu'au  lieu  d' Opheltina  ,  il  faut  lire 
Ufentina ,  8c  qu'au  lieu  de  Phalema ,  il  faut  lire  Pha- 
lerina. 

i.PHALERUM,  ancien  port  de  l'Attique,  nomnv 
auparavant  Thanos ,  félon  Suidas.  C'étoit ,  dit  la  Gui- 
leticre  ,  Athènes  anc.  &  nouv.  p.  109.  le  port  de  la  vils 
d'Athènes,  avant  que  Thémiftocle  eût  entrepris  defo- 
tiricr  celui  de  Pirée.  11  n'y  a  plus  à  Phalere  que  deuc 
ou  trois  méchantes  cabanes  déferres  8c  ruinées  par  Is 
armateurs  chrétiens.  L'ancrage  y  eft  bon,  8c  on  y  mouife 
à  dix  8c  douze  braffes.  Sur  le  rivage  il  y  a  des  pus 
cxcellens,  où  les  vaiffeaux  vont  faire  de  l'eau.  Del  à 
Athènes  il  n'y  a  que  cinq  quarts  de  lieue,  8c  c'efllà 
que  la  ville  eft  le  plus  près  de  la  marine.  Selon  Wchlr, 
Voy.  dAihenes ,  /.  3.  p.  208.  k  port  appelle  ancin- 
nement  Phalere  ,  fe  nomme  aujourd'hui  fimpleirnc 
Porto.  On  y  voit  encore  un  petit  port  avec  une  pîtie 
des  murailles  qui  le  fermoient  ;  mais  il  eft  préfenteienc 
fi  rempli  de  fable  8c  de  bancs,  qu'il  n'y  peut  entreque' 


PHA 


PHA 


«te  petites  barques.  Le  fort  eft  tout  à  découvert  aux 
vents  de  ûid  en  été ,  &  aux  vents  d'aval  en  hiver ,  8c 
les  vaifleaux  qui  y  mouillent  l'ont  forcés  de  fe  tenir  au 
large ,  parce  qu'il  n'y  a  pas  de  fond  ;  en  forte  que  les 
Athéniens  eurent  raifon  d'abandonner  ce  port ,  pour 
retirer  leurs  vaifleaux  dans  le  Pirée.  On  voit  tout  proche 
les  ruines  d'une  ville  &  d'une  forterefle  qui  comman- 
doit  le  port  de  Phalere. 

2.  PHALERUM,  ville  de  la  Theffalie ,  félon  Sui- 
das 8c  Etienne  le  géographe.  Les  habitans  de  cette  ville 
font  appelles  Phalerenfes  par  Strabon  -,  8c  Ortelius , 
Thefaur.  croit  que  cette  ville  Pbalcrum  eft  la  même 
que  Phaleria  8c  Phalore. 

PHALESINA  ,  ville  de  Thrace  :  Pline ,  /.  4.  c.  n. 
qui  en  parle  ,  femble  la  mettre  fur  la  mer  de  Thrace. 

PHALGA  ,  village  qu'Etienne  le  géographe  place  à 
moitié  chemin,  entre  la  ville  de  Séleucie  ,  dans  la  Pié- 
rie  8c  celle  de  la  Méfopotamie. 

PH  ALIGATHEUS ,  nom  de  lieu  donné  à  deux  hom- 
mes, l'un  nommé  Théophanès&  l'autre  Çhryfantus ,  fé- 
lon d'anciennes  médailles  rapportés,  par  Golrzius  ,Thef. 

PHALIGES  ,  peuple  d'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte.  C'eft 
Pline ,  /.  6.  c.  30  qui  en  fait  mention. 

PHALIS,  ville  d'Egypte  ,  où  Ofiris  étoit  adoré,  fé- 
lon Tzetzès  fur  Lycophron.  Ortelius,  Thefaur.  remar- 
que pourtant  que  le  grec  porte  Phelais ,  8c  non  Phalis. 

PHALISCA.  F^FaLERE. 

PHAL1SCI.  Voyez.  Falisques. 

PHALIUM ,  lieu  que  Plutarque  ,  in  qiuft.  Gr&c'u , 
femble  placer  dans  la  Bithynie. 

PH  ALO  ,  contrée ,  fur  la  côte  de  la  mer  Méditerra- 
née ,  vers  l'orient ,  félon  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite 
Diétys  de  Crète ,  dont  il  rapporte  le  partage  de  cette 
forte  :  delata  delà  ad  Kegïomm  ejus  Pha!on.;m  mmïne  , 
&c .  mais  au  lieu  de  Phalonem. ,  on  lit  Palliochin ,  dans 
l'édition  de  Dictys  de  Crète  ,  /.  6.  par  Robert  Etienne. 

PHALORCHIA.  Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Séra- 
pion  ,  dit  que  c'eft  le  nom  d'une  contrée  ,  où  l'on  fait 
un  ufage  fréquent  du  nafitort  ,  ou  creffon  alenois , 
au  lieu  de  poivre. 

PHALORE  ,  ville  de  la  Theffalie  ,  félon  Lycophron 
&  Etienne  le  géographe:  Tite-Livc  ,  /.  36.  c.  13.  8c 
/.  32.  c.  iy.  écrit  Phaloria  &  Phaleria  :  &  Ortelius, 
Thefaur.  ïbupçonne  que  ce  pourroit  être  la  même  que 
Phalerum.  Voyez,  ce  mot. 

PHALTI ,  dans  le  fécond  livre  des  Rois ,  c.  23.  16. 
il  eft  parlé  de  Phalti ,  comme  d'une  ville.  On  y  fait 
mention  d'Hellès  de  Phaltj ,  l'un  des  forts  de  David  ; 
&  dans  le  premier  livre  des  Paralipomènes  ,  c.  1 1.  27. 
ce  même  homme  eft  nommé  Hellès  Phalonitès  ;  mais , 
dit  dom  Calmer ,  Dift.  nous  ne  connoiflons  ,  ni  la 
ville  de  Phalti ,  ni  celle  de  Phalon. 

PHALTZ  ,  ville  d'Allemagne  ,  fur  la  Mofelle. 
Voyez,  Pfaltz. 

PHALTZBOURG  ,  petite  ville  de  France  ,  entre 
l'Alface  cX  la  Lorraine,  au  pied  des  montagnes  de  Vau- 
ges ,  à  deux  lieues  de  Saverne,  près  de  la  rivière  de 
Zinzel ,  avec  titre  de  principauté.  Elle  eft  défendue 
par  un  ancien  château  ,  (Se  fes  fortifications  la  font  re- 
garder, comme  un  pofte  important  «Se  néceffaire  pour 
la  communication  des  trois  évechés  de  Metz  ,  Toul  8c 
Verdun  ,  avec  l'Alface.  Le  bois  de  la  principauté  de 
Phaltzbourg  comprend  vingt  buiflbns  de  foixante  à 
foixante  -  dix  moyens  arpens ,  dépendans  de  la  maîtrife 
de  Metz.  *  Piganiol.  Defcr.  de  la  France,  t.  7.  p.  462. 

La  Principauté  de  Phaltzbourg  eft  presque  toute 
compofée  de  châteaux  qui  dépendent  de  l'ancienne  fei- 
gneurie  de  Lutzelbourg  ,  aliénée  ou  démembrée  du 
domaine  de  l'évêché  de  Metz.  Ce  château  de  Lutzel- 
bourg fut  engagé  l'an  1 344  ,  par  Ademar  de  Monteil , 
évêque  de  Metz  ,  à  Bourkar  ,feigneur  de  Feneftrange  , 
l'évêque  s'étant  refervé  le  droit  de  rachat  perpétuel 
&  la  feigneurie  directe.  Quelque  tems  après ,  le  fei- 
gneur  de  Feneftrange  n'eut  plus  que  moitié  à  Lutzel- 
bourg ,  dont  l'évêque  Théodoric  de  Boppart  promit 
de  le  faire  jouir  l'an  1381.  Dix  ans  après  ,  Raoul  de 
Couci  ,  évêque  de  Mets  ,  paya  1200  florins  à  Frédé- 
ric de  Blenkenheim  ,  évêque  de  Strasbourg,  pour  dé- 
gager Lutzelbourg  engagée  par  Théodoric  de  Boppart  : 
cependant  la  moitié  de  cette  Seigneurie  éroit  polTédée 


9îS 

par  âes  propriétaires  qui  en  faifoient  hommage  aux 
évêques  de  Metz  ,8c  ils  en  donnèrent  leur  aveu  l'an 
140J  ,  à  Raoul  de  Couci.  Les  évêques  de  Strasbourg 
retenoient  toujours  une  partie  de  Lutzelbourg  ,  que 
l'évêque  Guillaume  de  Dieft  s'obligea  de  rendre  à  l'évê- 
que de  Metz  par  deux  aétes  de  l'an  1421  8c  1434. 

Dans  le  même  fiécle ,  les  évêques  de  Metz  ont  été 
reconnus  par  ceux  qui  tenoient  les  fiefs  de  Lutzelbourg  , 
«Se  qui  rendirent  aux  Prélats  les  mêmes  devoirs  jusqu'à 
l'an  155  1  ,  du  tems  que  le  cardinal  de  Lenoncourt  étoit 
évêque  de  Metz-,  mais  la  feigneurie  deSarebourg  ayant 
été  démembrée  pour  toujours  de  l'évêché  ,  les  ducs 
de  Lorraine  eurent  aufli  le  haut  domaine  fur  Lutzel- 
bourg ,  8c  fur  Ces  villages.  Ils  firenr  bâtir  un  château  à 
Phaltzbourg  qui  n'étoit  pas  fort  ,  quele  duc  Charles 
céda  à  la  France,  l'an  1661  ,  parle  traité  de  Vincen- 
nes ,  comme  faifant  partie  du  chemin  royal  d'Alface. 
La  ceffion  de  Phaltzbourg  fut  fans  aucunes  dépendances, 
car  le  Roi  ne  devoir  avoir  qu'une  demi-lieue  de  large 
en  fouveraineté.  L'an  1 680  ,  après  la  paix  de  Nimé- 
gue  ,  le  duc  Charles  qui  étoit  en  Allemagne  ,  n'ayant 
pas  voulu  accepter  le  rraité  ,  Louis  XIV  demeura  en 
poffeflion  de  toute  la  Lorraine,  8c  fit  conftruire  cette 
année  à  Phaltzbourg  une  très-belle  forterefle  ,  pour  être 
maître  du  paflage  des  montagnes  de  Vauges  ,  qui  fepa- 
rent  l'Alface  de  la  Lorraine.  Cette  place  lui  eft  demeu- 
rée par  le  traité  de  Vincennes  de  l'an  1 661  ,  8c  par 
celui  de  Ryswic  -,  mais,  comme  elle  n'avoit  aucune  dé- 
pendance ,  on  a  obtenu  par  le  traité  de  Paris  de  l'an 
1 7 1 8  ,  que  le  duc  de  Lorraine  cédât  à  la  France  Luf- 
zelbourg  ,  8c  toute  la  terre  de  Phatlzbourg  ,  à  qui  les 
ducs  àc  Lorraine  ont  donné  le  nom  de  principauté ,  8c 
on  a  dédommagé  le  Duc  par  un  équivalent. 

PFIALYCUM  ,lieu  du  territoire  de  Mégare,  félon 
Ortelius  ,  Thefaur.  qui  cite  Théophrafte  ,  &  remarque 
que  cer  ancien ,  dans  un  autre  endroit ,  appelle  ce  mê- 
me lieu  Phalecum. 

PHAM1Z0N,&  Phamizonium.  Fcv^Phazemo- 

NITIS. 

PHAMOTIS.  Voyez,  Phomotis. 

1.  PHANA  ,  ville  d'Italie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Ortelius  croit  que  c'eft  la  même  que  Fanum 
Fortiwœ.  Voyez,  Fano  »  ».  i. 

x.  PHANA  ,  ville  de  l'Etolie  ,  félon  Paufanias ,  /.  10. 
c.  18. 

PHANACA  ,  ville  de  la  Médie  :  Ptolomée  ,  /.  6. 
ci.  la  place  dans  les  terres  ,  entre  Alicadra  8c  Na- 
z.ada. 

1.  PHAN^E,  ifle  proche  de  la  côte  de  l'Ionie ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  j.  c.  31. 

1.  VHANJE.Voyez,  Phan^a. 

PHAN/EA  ,  promontoire  de  l'ifle  de  Chios  ,  félon 
Ptolomée  ,  /.  j.  c.  2.  Strabon  ,  Thucydide  8c  Etienne  le 
géographe  l'appellent  Phan/ea  -,  &Servius,  auflî-bien 
que  Vibius  Sequeiter  ,  le  nomme  Phaneus.  Quel- 
ques-uns difent  que  le  nom  moderne  eft  Cabo  Mafli- 
cho  :  d'autres  difent  Panale. 

t.lHANAGORIA,  villede  laSarmatie  Afiatiqueï 
Strabon  ,/.  1 1.  p.  49 j ,  8c  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  9.  la  placent 
fur  le  Bosphore  Cimmérien.  Thevet  dit  qu'on  la  nom- 
me aujourd'hui  Matriga. 

2.  PHANAGORIA  ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Cher- 
fonnèfe  Taurique  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Voyez. 
Themiscyra. 

PHANARI  KIOSC:  Grelot ,  p.  4;.  &  fuiv.  dans 
la  relation  de  fon  voyage  de  Conftantinople ,  dit  :  Au 
forrir  du  golfe  de  Nicomédie  ,  aujourd'hui  le  golfe  de 
Smith ,  on  entre  dans  la  mer  de  Chalcédoine  ,  que  les 
anciens  appelloicnt  l'Océan  Chalcédonien.  Au  milieu  de 
cette  petite  mer ,  qui  n'a  pas  plus  de  dix  lieues  d'étendue  , 
on  trouve  un  grand  fanal  ,au  bout  d'un  promontoire,  qui 
eft  proche  des  ruines  de  Calcédoine.  Sur  ce  promontoi- 
re ,  il  y  a  une  belle  maifon  de  plaifance  du  grand- 
feigneur  ,  appellée  Phanari  Kiosc  ,  ou  abri  du  fanal. 
Ce  mot  Kiosc  en  langue  nuque  ,  lignifie  une  galerie 
couverte  :  aufli  tout  ce  Kiosc  du  fanal  ,  de  même  que 
presque  tous  les  autres ,  ne  font  faits  que  de  plufieurs 
colonnes  dispofées  en  carré, avec  des  galeries  tout  autour, 
qui  font  couvertes  d'un  très  grand  toit  aflez  bas ,  en  for- 
me de  pavillon.  La  fituation  de  ce  Kiosc  eft  fort  agie,*- 


93*       PHA 

bie.  Il  cil  d  tns  le  plus  haui  d'un  fore  beau  jardin  ,  qui 
cil  le  plusJlégulier  de  tous  ceux  qui  fe  voient  en  Tur- 
quie :  aufli  a-t-il  plufieurs  allées  tirées  au  cordeau,  Se 
quelques  parterres  allez  bien  entendus  ,  au  lieu  que 
la  plupart  des  autres  jardins  du  grand-feigneur  ne 
font  qu'une  confulion  d'arbres  plantés  çà  &  là ,  fans 
aucun  ordre.  Toutes  ces  allées  abominent  au  Kiosc 
ou  pavillon  ,  d'où  l'on  a  fort  belle  vue.  On  découvre 
de  cet  endroit  la  meilleure  partie  de  là  ville  de  Con- 
ftantinople  ,  du  grand  Serrail  Se  de  Galata.  L'agréable 
-dispofuion  de  ce  lieu  ,  engagea  Soliman  II  d'y  faire 
bâtir  ce  Kiosc  ,  pour  y  aller  fe  divertir  avec  une  partie 
de  fes  fultanes.  Il  y  alloit  fouvenc  fe  délaffer  des  fati- 
gues de  la  guerre. 

Le  fanal  qui  eft  proche  de  ce  Kiosc  ,  fert  aux  vais- 

feaux  qui  arrivent  de  nuit  à  Conitantinople ,  ou  aux 

barques  qui  veulent  donner  fond  proche  de  cette  côte. 

PHANARION  ,  cap  de  la  Romanie  ,  nommé  par 
les  anciens  Panïum  Promontorium.  Les  Grecs  moder- 
nes ,  accoutumés  à  terminer  presque  tous  leurs  noms 
en  dpicv  y  de  çuvoç ,  qui  fignifie  un  phare  ,  ou  fanal , 
ont  formé  le  mot  Phanariiim.  Il  y  a  en  effet  fur  la 
pointe  la  plus  élevée  de  ce  cap  une  tour  octogone,  au 
haut  de  laquelle  on  allume  toutes  les  nuits  du  feu  pour 
guider  les  barimens.  Le  cap  Phanarion  eft  à  l'entrée  du 
Bosphore  de  Thrace  ,  du  côté  de  la  mer  Noire. 

1.  PHANAROEA  ,  lieu  fortifié  ,  dans  la  Cappa- 
doce  ,  félon  Strabon  ,  /.  12.  p.  547.  Se  Pline  ,  /.  6.  c.  3. 
Ce  dernier  dit  que  Phanaroea  fe  trouvoit  à  la  fource 
du  Thermodon. 

2.  PHANAROLA  ,  ville  de  la  Phocide  ,  félon  Tite- 
Live,  /.  32.  c.  t8.  qui  dit  qu'elle  fut  prife  par  les  Ro- 
mains. Mais  les  meilleures  éditions  ,  au  lieu  de  Phana- 
roea portent  Phanotea  :  ainfi  il  fe  pourroit  bien  faire 
que  cette  ville  feroit  la  même  que  Phanoteus.  Voyez 
ce  mot. 

PHANASPA  ,  ville  de  Médie  :  Ptolomée ,  /.  6.  c.  2. 
•la  place  dans  les  terres  ,  entre  Phafaba  Se  Curna. 

PHANDANA  ,  ville  de  la  grande  Arménie  ,  entre 
ThaufiaSe  Zaruana  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j,  c.  13.  Au 
lieu  de  Phandana  ,  quelques-uns  de  les  interprètes  li- 
fent  Phandalia. 

PHANDRIUM  ,  ville  au  voifinage  du  pays  des 
Locres  Se  du  Pinde  :  c'eft  Ortelius  qui  en  fait  mention 
fur  le  témoignage  de  Chalcondyle. 

PHANEAS  ,  ville  de  Syrie  ,  félon  l'infcription  d'une 
médaille  ,  rapportée  par  Goltzius.  Ortelius ,  Thefaur. 
foupçonne  que  c'eft  la  même  ville  que  Paneas.  Voyez 
ce  mot. 

PHANENA  ,  province  de  la  grande  Arménie ,  fé- 
lon Strabon  ,  /.  1 1 .  p.  £  28  :  mais ,  au  lku  de  Phanena , 
Cafaubon  croit  qu'on  pourroit  lire  Sophena. 

PHANESII.  Voyez  Satmali. 

PHANEUS.  VoyezV-HA-ujEA. 

PHANOS.  Voyez  Phalerum. 

PHANOTES  ,  lieu  fortifié ,  dans  l'Epire  :  Tite-Live  , 
/.  45.  c.  16.  qui  en  fait  une  ville  ,  dit  que  les  habi- 
tans ,  fans  attendre  qu'on  les  attaquât  ,  allèrent  au  de- 
vant d'Anicius  ,  pour  fe  foumettre  aux  Romains. 

PHANOTEUS  ,  ville  de  la  Phodice  ,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  Se  Polybe ,  /.  5.  n.  95.  Strabon,  /.  9. 
f.  416.  femble  la  nommer  aufli  Panopeus.  Thucydide  , 
i.  j.  écrit  Phanotis  :  d'autres  écrivent  Panotia  ,  à  ce 
que  dit  Etienne  le  géographe.  Cette  ville  eft  encore 
nommée  Panope  par  Hcfyche ,  &  il  y  a  grande  appa- 
rence que  c'eft  la  même  qui  eft  appellée  Phanorea  ,  ou 
Fhanota ,  par  Tite-Live. 

PHANTIA  ,  ville  delaTroade.  Etienne  le  géogra- 
phe dit  qu'elle  avoit  été  bâtie  par  les  Cuméens. 

PHANTUR1TES  NOMUS.  Voyez,  Phathures. 

PHANUEL  ,  ville  au-delà  du  Jourdain,  près  le  Tor- 
rent de  Jabok.  Voici  l'occafion  du  nom  de  Phanuel , 
ou  Panucl  ou  Peniel.  Jacob  ,  revenant  de  la  Méfopota- 
mie  ,  s'arrêta  fur  le  torrent  de  Jabok  ,  Se  le  lendemain 
de  très-grand  matin  ,  après  avoir  fait  paffer  tout  fon 
monde  ,  il  demeura  feul  ,  Se  voilà  un  ange  qui  luttoit 
contre  lui  jusqu'à  ce  que  l'aurore  parût.  Alors  l'ange 
dit  à  Jacob  :  Laiffez-moi  aller ,  car  l'aurore  commence 
à  s'élever.  Jacob  répondit  :  Je  ne  vous  laifferai  point 
aller  ,  que  vous  ne  m'ayez  donné  votre  bénédiction. 


PHA 


L'ange  le  bénit  au  même  lieu  ,  Se  Jacob  nomma  cet 
endroit  Phanuel ,  difant ,  J'ai  vu  Dieu  face  à  face.  Se  je 
n'ai  point  perdu  la  vie.  Dans  la  fuite,  les  Ifraclkes  bâtirent 
une  ville  dans  ce  lieu-là  ,  Se  elle  fut  donnée  à  la  tribu 
de  Gad.  Gédéon  ,  revenant  de  la  pourfuite  des  Madia- 
nites ,  renverfa  la  tour  de  Phanuel ,  Se  fit  mourir  tous 
les  habitans  de  cette  ville  ,  qui  lui  avoient  refufé  quel- 
que nourriture ,  pour  lui  Se  pour  fes  gens  ,  &  qui  lui 
avoient  même  répondu  d'une  manière  infuhante.  Jéro- 
boam ,  fils  de  Nabat ,  rétablit  la  ville  de  Phanuel.  Jo- 
fephe  ,  Antiq.  /.  8.  c.  3.  dit  que  ce  Prince  y  bâtit  un  pa- 
lais. *  D.  Calmet ,  Dici.  Hift.  t.  2.  p.  137.  Genef.  32. 
24.  Judw.  8.111.  Reg.  12. 

PHANUM.  VoyezFAHVM. 

PHANUM  APOLLIN1S  ,  fiege  épiscopal  de  la  Ly- 
die ,  félon  le  concile  de  Chalcédoine.  Voyez  au  mot 
Apollon  ,  l'article  Apollinis  Fanum. 

PHANUS.  Voyez  Phalerum. 

1.  PHARA  ,  ville  d'Afrique  ,  brûlée  par  les  foldars 
de  Scipion  ,  félon  Strabon  ,  /.  17.  p.  832.  Le  commen- 
taire d'Hirnus  Panfa  ,  de  Bel.  Afr.  n.  87.  dit  la  même 
chofe  ,  mais  il  nomme  cette  ville  Parada. 

z.  PHARA ,  ville  de  la  Cappadoce.  Ftolomée,  /.17. 
c.  8.  la  place  dans  la  Sargaurafenc. 

i.PHARyï  ,  ville  de  F Achaïe  propre  ,  félon  Poly- 
be, /.  2.  n.  41.  Si.  Etienne  le  géographe  ,  qui  connoît 
dans  la  même  contrée  une  ville  nommée  Pher&.  Il 
fe  pourroit  fort  bien  faire  que  cette  dernière  feroit  la 
même  que  Pharx.que  Ptolomée,/.  3.  c.  16.  appelle 
aufli  Phera.  Il  la  met  dans  les  tenes  ;  mais  fuivant  l'or- 
dre dans  lequel  Strabon  ,  /.  8.  p.  388  ,  qui  écrit  Phara  , 
place  cette  ville  ,  elle  ne  devoir  pas  être  bien  éloignée 
de  la  mer. 

2.  FHAR.E.  Voyez  Pherje. 

3.PHARi£,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  qui  dit  que  c'étoit  une  colonie  des 
Mefléniens.  Pline ,  /.  4.  c.  12.  fait  aufli  mention  de  cette 
Ville. 

4.  PHAR/E ,  ville  de  la  Béotie  :  c'eft  Etienne  le 
géographe  qui  en  parle. 

PHARAMBARA  ,  ville  de  Médie  ,  Se  dans  les  ter- 
res :  Ptolomée ,  /.  6.  c.  2.  la  place  entre  Tigrana  Se  Ta- 
chajara. 

•  PHARAMIA  ,  ville  d'Epypre  ,  fur  le  bord  de  la 
mer  ,  près  de  l'embouchure  de  Nil ,  appellée  Carabeix , 
félon  Guillaume  de  Tyr ,  /.  1 1 .  c.  31,  Dans  un  autre  en- 
droit,/. 19.  c.  23.  cet  auteur  dit  que  la  première  em- 
bouchure du  Nil ,  du  côté  de  la  Syrie  ,  Se  qu'il  appelle 
Carabes,  fe  trouve  entre  deux  anciennes  villes  mari- 
times de  l'Egypte ,  favoir  Pharamia  Se  Taphium. 

1.  PHARAN  ,  défert  de  l'Arabie  Pétrée  (  a  )  au  mi- 
di de  la  Terre  promife  ,  au  nord  &  à  l'orient  du  golfe 
Elanitique.  Codorlahomor  Se  fes  alliés  ,  étant  venus 
faire  la  guerre  aux  rois  de  la  Pentapole  ,  ravagèrent  le 
pays  jusqu'aux  campagnes  de  Pharan.  (b  )  Agar,  étant 
chaffée  de  la  maifon  d'Abraham  ,  fe  retira  dans  le  dé- 
fert de  Pharan ,  où  elle  demeura  avec  fon  fils  Ifmael. 
(  c)  Les  Ifrae'lires  ,  étant  décampés  de  Sinaï  ,  vinrent 
dans  le  déferr  de  Pharan.  (  d  )  C'eft  de  ce  défert  que 
Moyfe  envoya  des  hommes  ,  pour  confidérer  la  Terre 
promife;  (e  )  par  conféquent  Cadés  eft  dans  la  folitu- 
de  de  Pharan  ,  puisque  c'elt  de  Cadès  que  ces  hommes 
furent  envoyés.  (/)  Moyfe  femble  mettre  la  monta- 
gne de  Sinaï  ,  dans  le  pays  de  Pharan  ,  lorsqu'il  dit 
(g)  que  le  Seigneur  parut  aux  Ifra'élites  fur  le  mont  de 
Pharan.  Abacuc  femble  dire  la  même  chofe  :  (  h  )  Deits 
ab  Aitftro  veniet ,  &  Santlus  de  Monte  Pharan.  Da- 
vid ,  perfécuté  par  Saiil ,  fe  retira  au  défert  de  Pharan  : 
près  du  Maon  Se  du  Carmel.  (i  )  Adad,  fils  du  Roi  d'f- 
dumée  ,  fut  porté,  étant  encore  tout  enfant ,  dans  l'E- 
gypte. (  kj)  Ceux  oui  le  portoient  vinrent  de  FIdumée 
orientale  ,  dans  le  pays  de  Madian  ;  delà  ,  dans  le  pays 
de  Pharan  ,  Se  enfin  en  Egypte.  La  plupart  des  demeures 
de  ce  pays  étoient  creufées  dans  le  roc.  (  /  )  C'eft- là  où 
Simon  de  Gérafa  ,  ramaffoit  tout  ce  qu'il  prenoit  fur 
fes  ennemis.  *(a)  D.  Calmet ,  Diclr.  Hift.  t.  2.  p.  163. 
(b)  Genef.  14.  6.  (c)  Genef.  21.  n.(d)Num.  10. 
12.  (e)  Num.  13.  3.  (f)Nitm.  13.  27.  (g)  Deut.  33. 
2.  (h)  Abac.  3.  3.  (i)  I.  Reg.  25.  1.  2.  (U  III.  Reg. 
11.  18.  (  /)  Jofeph.dc  Bel.  /.  j.  e.  7. 

x.  PHARAN , 


PHA 


PHA 


2.  PHARAN  ,  ville  de  l'Arabie  Pcrrée  ,  fituée  à  trois 
journées  de  la  ville  d'Elac ,  ou  Ailat ,  vers  l'orient.  C'efl: 
cette  ville  qui  donnoit  le  nom  au  défert  de  Pharan. 
*  Eufeb.  in   Pharan. 

PHARANGIUM,  forterefle  de  la  Perfe-Arménie  : 
Procope ,  /.  i.  c.  2.5.  dans  fbn  hiftoire  de  la  guerre 
contre  les  Perles,  dit  qu'il  y  avoit  des  mines  d'or  aux 
environs  ,  Se  que  Cavade ,  à  qui  le  Roi  de  Perfe  en 
avoit  donné  la  direction  ,  livra  le  fort  de  Pharangion 
aux  Romains ,  à  la  charge  qu'il  ne  leur  donnerait  rien 
de  l'or  qu'il  tiroir  des  mines.  Procope  dit  plus  bas  , 
/.  2.  c.  29.  que  le  fleuve  Boas  prend  fa  fource  dans 
le  pays  des  Arméniens  qui  habitent  Pharangion ,  pro- 
che des  frontières  des  Tzaniens. 

PHARASTIA  ,  ville  de  Médie  ,  dans  les  terres ,  fé- 
lon Ptolomée  ,  /.  6.  c.  2.  qui  la  place  entre  Phafaba  Se 
Curna  :  fes  interprètes  lifent  Pbarafpa  pour  Pha- 
raftia. 

PHARATHA  ,  ville  de  l'Arabie-Heureufe  :  Ptolo- 
mée ,  /.  6.  c.  7.  la  place  dans  les  terres. 

PHARATHON  ,  ou  Pharatus  ,  ville* de  la  Pale- 
stine ,  dans  la  tribu  d'Ephraïm  ,  dans  la  montagne 
d'Amalec.  Abdon  ,  Juge  d'ifraël ,  étoit  de  Pharathon  , 
&  il  y  fut  enterré.  Bacchides  ,  félon  Jofephe  ,  Ant.  I.  1 3. 
c.  1.  fit  fortifier  cette  ville  ,  dont  il  efl  aufli  parlé  dans 
Je  premier  livre  des  Machabées ,  c.  9.  v.  50.  Mais  elle 
efl:  nommée  Phara  dans  le  latin.  Etienne  le  géogra- 
phe met  Pharathus  dans  la  Galilée  ,  Se  Goltzius 
rapporte  une  médaille  de  l'Empereur  Claude,  fur  la- 
quelle on  lit  ce  mot  <I>A[>ATONEITfiN.  *  Judic.  12.   tfi 

PHARATHONEITON.  Voyez.  Pharathon  ,  qui 
efl:  le  même  lieu. 

PHARATHUA.  Voyez  Phrati. 

PHARAX.  Voyez.  Charax. 

PHARAZANA  ,  ville  de  la  Drangiane  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  19. 

PHARB/EITHES.  Ptolomée,/.  4.  c.  5.  donne  ce 
nom  à  un  nôme  de  l'Egypte.  Sa  capitale  étoit  Phar- 
èœtbus.  Voyez,  ce  mot. 

PHARB.ETUS  ,  ville  d'Egypte ,  Se  la  capitale  d'un 
nôme  auquel  elle  donnoit  le  nom  ,  félon  Ptolomée  , 
/.  4.  c.  5.  Etienne  le  géographe  parte  aulfl  de  cette 
ville  qui  étoit  épiscopale  :  car  dans  le  concile  de  Nicée 
de  l'an  525  ,  on  trouve  Arbetion  Pbarb&ti.  +  Harduin. 
Collect.  Conc.  t.   i.p.  313. 

PHARBELUS,  ville  qu'Etienne  le  géographe  donne 
aux  Eretriens.  Ortelius ,  Thefaur.  croit  quelle  pouvoir 
être  quelque  part  dans  la  Theflalie. 

PHARCIDON  ,  ville  de  la  Theflalie  , félon  Etienne 
le  géographe ,  qui  cite  Théopompe.  Un  manuferit  con- 
fulté  par  Ortelius ,  porte  Pbarcedon  pour  Pharcidon. 

PHARE  ,  nom  que  l'on  donne  communément  aux 
tours  bâties  fur  les  hauteurs  des  côtes  ou  des  ports 
de  mer  ,  Se  où  l'on  allume  du  feu  pour  guider  la  nuit 
les  vaifleaux.  Les  étymologifles ,  dit  Dom  Bernard  de 
Montfaucon  ,  dans  fa  differtation  fur  le  phare  d'Ale- 
xandrie ,  ont  tâché  de  découvrir  l'origine  de  ce  mot. 
ïfidore  prétend  qu'il  vient  du  grec  <pîk  ,  qui  veut 
dire  lumière  ,  Se  de  ôpâiv ,  qui  fignifie  voir.  Le  Liceti 
en  donne  une  autre  étymologie  ,  qui  ne  vaut  pas 
mieux.  Ifaac  Voflîus,  in  Melam  ,  p.  205.  cherche  dans 
Je  grec  l'origine  du  nom  de  l'ifle  de  Pharos.  De  çtthuv , 
luire  ,  dit-il  ,  vient  parepç  ,  de  çsmpoç,  ç*poç  ,  Se  cite 
ce  vers  d'Homère  : 

'AiyVTlTU  TTfùTtàpOl^i    <£>O.f>0V  Si  ï  KlX.XtlW.WI. 

L'ifle  s'appelloit  donc<ï>apsç  ,  Pharos  ,  fept  ou  huit 
cens  ans  avant  qu'il  y  eût  ni  tour  ni  fanal ,  puisque  ce 
fut  Ptolomée  Philadelphie  ,  qui  fit  bâtir  le  phare  de 
cette  ifle.  Voyez  Pharos.  Cela  fait  voir  que  les  éty- 
mologiites  de  profeifion  cirent  quelquefois  des  étymo- 
logies  fans  confulter  la  railbn.  Il'  efl  donc  certain  ,  à 
îî'en  pas  douter ,  que  le  phare  d'Alexandrie  a  pris  le 
nom  de  l'ifle  de  Pharos.  Ce  nom  égyptien  devint  depuis 
appellacif.  On  appella  la  tour  ,  le  phare  d  Alexandrie  , 
pour  la  distinguer  des  autres  tours  faites  fur  le  même 
modèle  Se  pour  le  même  ufage  ,  qui  furent  aufli  ap- 
pelles Phares.  Ces  tours  ,  dit  Hérodien  ,  qu'on  bâtit 
fur  les  ports  pour  éclairer  les  navires  qui  abordent  la 


937 

nuit,  font  ordinairement  appelles  phares,  c'efl  a-dne, 
qu'elles  prirent  le  nom  de  la  première  qui  avoit  éié  bâtie, 
Se  qui  fervit  de  modèle  aux  autres  ,  comme  le  fuper- 
be  tombeau  ,  fait  par  Artemife  pour  le  roi  Maufole , 
donna  le  nom  de  maufolée  à  tous  les  tombeaux  que  leur 
magnificence  rendit  célèbres.  *  Mémoires  de  Littérature 
de  l'Académie  Royale  des  Infcriptions  &  Belles-Lettres, 
t.  9.  p.  286. 

Grégoire  de  Tours  prend  le  mot  de  phare  en  un  au- 
tre fens.  On  vit  ,  dit  il ,  un  phare  de  feu  qui  fortit  de 
l'églife  de  Saint  Hilaire  ,  &  qui  vint  fondre  fur  le 
roidovis.  Il  fe  fert  aufli  de  ce  nom  pour  marquer  un  in- 
cendie. ///  mirent ,  dir-il ,  le  feu  à  l'églife  de  Saint  Hi- 
laire ,  &  firent  un  grand  phare ,  &  fendant  que  l'é- 
glife bruloit ,  ils  pillèrent  le  monaftere.  Ce  nom  fe  trouve 
fouvent  dans  cet  auteur  au  même  fens.  On  appella  pha- 
res, dans  des  tems  poftérieurs,  certaines  machines  où 
l'on  mettoit  plufieurs  lampes  ou  plufieurs  cierges  qui 
approchoient  de  nos  luflres.  Anaftafe  le  bibliothécaire 
dit  que  le  pape  Silveftre  fit  faire  un  phare  d'or  pur ,  Se 
que  le  pape  Adrien  1  en  fit  faire  un  en  forme  de  croix, 
fuspendu  dans  le  presbytère,  où  l'on  mettoit  mille  trois 
cens  foixante  dix  chandelles  ou  cierges.  Il  fe  fert  en  cet 
endroit  du  mot  de  phare  ,  pour  marquer  ces  grands  lu- 
minaires :  ce  nom  fe  trouve  aufli  au  même  fens  dans 
plufieurs  auteurs  ou  contemporains  d'Anaflafe,  ou  plus 
modernes.  Léon  d'Oflie  ,  dans  la  chronique  du  Mont- 
Caflin  ,  dit  de  l'abbé  Didier  :ïl  fit  faire  un  phare  >  ou  une 
grande  couronne  d'argent,  du  poids  de  cent  livres,  d'où 
s'élevoient  douze  petites  tourelles,  Se  d'où  pendoient 
trente-fix  lampes.  Ce  mot  phare  a  été  encore  pris  dans 
un  fens  plus  métaphorique.  On  appelle  quelquefois 
phare  tout  ce  qui  éclaire  en  inflruifant,  Se  même  les 
gens  d'esprit  qui  peuvent  éclairer  les  autres.  C'efl  dans 
ce  fens  que  Ronfard  difoit  à  Charles  IX  : 

Soyez,  mon  phare ,  &  gardez,  d'abîmer 
Ma  Nef  qui  nage  en  fi  profonde  mer. 

Revenons  aux  phares  pris  dans  la  lignification  la  plus 
ordinaire.  La  navigation  ,  dit  dom  Bernard  de  Monrfau- 
con  ,  Differtation  fur  le  phare  d'Alexandrie  ,  dans  les 
mémoires  de  littérature  de  i Académie  ,  s'étant  perfec- 
tionnée ,  les  porrs  furent  munis  de  tours,  tant  pour  les 
défendre  ,  que  pour  fervir  la  nuit  à  guider  ceux  qui  al- 
loient  fur  mer  ,  par  le  moyen  des  feux  qu'on  y  allu- 
moir.  Ces  tours  étoient  en  ufage  dès  les  plus  anciens 
tems.  Leschès ,  auteur  de  la  petite  Iliade ,  poëce  fort  an- 
cien ,  Se    qui    vivoit  dans   la    trentième    Olympiade , 
en  mettoit  une  au  promontoire  de  Sigée,  auprès  du- 
quel il  y  avoit  une  rade  où  les  vaifleaux  abordoient.  La 
table  iliaque  faite  du  tems  des  premiers  empereurs  re- 
préiènte  cette  tour  ,  Se  l'infcription  qui  efl  à  côté  fak 
voir  que  c'efl  fur  l'autorité  de  Leschès  qu'elle  a  été  des- 
fmée.  Il  y  avoit  des  tours  femblables  dans  le  Pyrée  d'A- 
thènes Se  dans  beaucoup  d'autres  ports  de  la  Grèce.  Ces 
tours  étoient  d'abord  une  ftructure  forr  Ample  \  mais 
Ptolomée  Philadelphe  en  fit  faire  une  dans  l'ifle  de  Pharos 
fi  grande  &  fi  magnifique  ,  que  quelques-uns  l'ont  inife 
parmi  les  merveilles  du  monde.  Elle  communiqua  fon 
nom  à  toutes ,  Se  leur  fervit  de  modèle  ,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit.  Hérodien  nous  apprend  que  toutes 
étoient  de  la  même  forme.  Voici  ladefeription  qu'il  en 
fait,  parlant  de  ces  catafalques  qu'on  dreflbit  aux  funé- 
railles des  empereurs  :  Il  y  a ,  dit-il ,  trois  ou  quatre  éta- 
ges les  uns  fur  les  autres ,  dont  les  plus  hauts  font  tou- 
jours de  moindre  enceinte  que  les  plus  bas,  de  forte  que 
le  plus  haut  efl  le  plus  petit  de  tous.  Tout  le  catafalque 
efl  remblable  à  ces  tours  qu'on  voit  fur  les  ports  ,  Se 
qu'on  appelle  phares ,  où  l'on  met  des  feux  pour  éclai- 
rer les  vaifleaux  ,  Se  leur  donner  moyen  de  fe  retirer  en 
lieu  fur.  *  Thucydid.  I.  8. 

Hérodien  fait  entendre  que  tous  les  phares  étoient 
faits  à  l'imitation  de  celui  d'Alexandrie.  Suétone  le  die 
expn  (Tément  de  celui  d'Oflie  ,  bâti  par  l'empereur  Clau- 
de. Voici  fes  termes  :  Il  fit  faire  au  port  d'Oflie  une 
très-haute  tour  fur  le  modèle  du  phare  d'Alexandrie, 
afin  que  les  feux  qu'on  y  faifoit  puflent  guider  la  nuir  les 
navires  qui  alloient  en  mer  :  AltijjimamTurrim  in  exem- 
plum  Alcxandrini  Phari  ,  ut  ad  noiïurnos  ignés  cur- 
fum  n'avigia  dirigèrent. 

Tom.  IV.  Cccccc  , 


PHA 


938 

On  fie  encore  d'autres  phares  en  Italie.  Pline  parle 
de  ceux  de  Ravenne  &  de  Pouzzol.  Suétone  fait  aufli 
mention  du  phare  de  i'ifle  de  Caprée  ,  qu'un  tremble-  . 
ment  de  terre  fit  tomber  peu  de  jours  avant  la  mort  de 
Tibère.  Il  ne  faut  pas  douter  qu'on  n'en  ait  fait  encore 
bien  d'autres.  Capitolin  met  entre  les  ouvrages  faits  par 
Antonin  le  pieux ,  Phari  reftiuuio ,  Caiet&  Portus  :  Ca- 
faubon  croit  qu'on  doit  ôter  la  virgule  après  rejlttimo  , 
&■  l'entendre  ainfi  :  le  rétablijjement  du  phare  du  port 
de  Gaieté.  Mais  fi  l'on  confîdere  bien  le  texte  de  Ca- 
pitolin ,  cette  conftruction  paroîtra  forcée.  D'ailleurs  , 
comme  on  ne  fait  pas  s'il  y  avoit  anciennement  un 
phare  à  Gaïete  ,  ne  diroit-on  pas  plus  vraifemblable- 
mentque  cet  empereur,  qui  rétablit  le  port  de  Pouzzol, 
comme  une  infeription  nous  l'apprend  ,  aura  auffi.  ré- 
tabli fon  Phare? 

Denys  de  Byzance  ,  géographe,  cité  par  Pierre  Gilles, 
de  Bosphor.  Tkrac.  I.  2.  c.  zi.  fait  la  defeription  d'un 
phare  célèbre,  fitué  à  l'embouchure  du  fleuve  Chryfor- 
rhoas  ,  qui  fe  dégorgeoir  dans  le  Bosphore  de  Thrace. 
Au  Commet  de  la  colline ,  dit-il ,  au  bas  de  laquelle  coule 
le  Chryforrhoas,  on  voit  la  tour  Timée  d'une  hauteur 
extraordinaire,  d'où  l'on  découvre  une  grande  plage  de 
nier ,  &  que  l'on  a  bâtie  pour  la  fureté  de  ceux  qui 
navigeoient ,  en  allumant  des  feux  à  fon  fommet  pour 
les  guider  :  ce  qui  écoit  d'autant  plus  néceflaire  que  l'un 
6c  l'autre  bord  de  cette  mer  eft  fans  ports,  &  que  les 
ancres  ne  fauroient  prendre  à  fon  fond  -,  mais  les  Bar- 
bares de  la  côte  allumoienr  d'autres  feux  ,  aux  endroits 
les  plus  élevés  des  bords  de  la  mer ,  pour  tromper  les 
mariniers  6c  profiter  de  leur  naufrage,  lorsque  fe  gui- 
dant par  ces  faux  fignaux  ,  ils  alloient  fe  brifer  fur  la 
côte.  A  prefent ,  pourfuit  cet  auteur ,  la  tour  efl  à  de- 
mi ruinée ,   6c  1  on  n'y  met  plus  de  fanal. 

Quoique  Hérodien  diie  que  les  phares  reflembloient 
aux  catafalques  ,  cela  ne  doit  s'entendre  que  pour  le 
nombre  des  éiages.  Les  catafalques  étoient  toujouts 
carrés ,  &  la  forme  des  phares  écoit  indéterminée.  Un 
beau  médaillon  de  Commode,  du  cabinet  de  M.  le  Ma- 
réchal d'Etrées ,  nous  repréfente  un  port  qui  a  un  phare 
tout  rond  ,  à  quatre  étages  ,  dont  le  premier  eft 
grand  &  large,  le  fécond  moindre,  le  troifiéme  6c  le  qua- 
trième vont  auffi  en  diminuant.  Le  phare  de  Boulogne 
fur  mer  éroir  octogone. 

Le  PHARE  d  ALEXANDRIE.  Voyez.  Pharos. 
Le  PHARE  DE  BOULOGNE  SUR-MER  étoit  un 
des  plus  beaux  monumens  de  la  magnificence  romai- 
ne. 11  eft  détruit  il  y  a  environ  un  fiécle  ■-,  mais  il  s'en 
eft  trouvé  par  bonheur  un  deflein  fait ,  lorsque  le  phare 
fubfiftoit  encore  -,  c'efl:  fur  ce  deffein  ,  6c  fur  quelques 
autres  mémoires ,  que  nous  en  ferons  l'hiftoire.  Il  pa- 
roît  certain  que  c'efl  ce  phare  dont  parle  Suétone  dans 
la  vie  de  l'empereur  Caïus  Caligula.  Ce  prince,  qui , 
entre  autres  mauvaifes  qualirés,  avoit  une  vanité  qui  al- 
loit  jusqu'à  la  folie ,  fit  ranger  fon  armée  en  bataille  fur 
les  bords  de  l'Océan  ,  6c  fit  dreffer  fes  balifles  &  fes 
machines ,  comme  pour  attaquer  une  armée.  Perfonne 
ne  pouvoir  s'imaginer  quelle  expédition  il  vouloit  faire 
fur  ce  rivage,  où  il  ne  paroifToit  pas  un  ennemi.  Ilcom- 
manda  tout  d'un  coup  que  tous  fe  miflent  à  ramaffer  des 
coquilles ,  que  chacun  en  remplît  fon  casque  6c  fon  fein, 
difant  que  c'étoient  des  dépouilles  dignes  &  du  Capi- 
tule 6c  du  Mont  Palatin  ;  6c  voulant  laifler  une  marque 
de  fa  viétoire ,  il  fit  bâtir  une  très-haute  tour  pour  fer- 
vir  de  phare  ,  6c  guider  par  les  feux  qu'on  y  mettoit  les 
vaiffeaux  qui  alloient  fur  la  mer  voifine  :  Et  indicium 
vicloriœ  altijfimarn  turrim  excilavit  ,  ex  qua ,  ut  ex 
pharo ,  notlibus  ad  regendos  navutm  curfus  ignés  emi- 
carent.  Caligula  avec  fon  armée  étoit  au  lieu  où  fe 
faifoit  le  paffage  des  Gaules  dans  la  Grande  Bretagne  ; 
il  étoit  venu  là  comme  pour  faire  la  guerre  dans  cette 
ifle  :    uaytip   iv  tm  BpiTctvvta.  ç-pctniicuv  ,    dit    Xiphilin. 
11  n'y  avoit  point    fous   les   empereurs   d'autre    lieu 
pour  ce  trajet  que  Gejforiacum  ou  Boulogne  ;  c'eft  donc 
ce  phare  dont  nous  parlons  que  Caligula  fit  bâtir  ,  puis- 
que l'hiftoire  ne  fait  mention  d'aucun  autre  phare  fur 
cette  côte.  *  Dom  Bernard  de  Montfaucon ,  differta- 
tion  fut  les  Phares ,  dans  les  mémoires  de  littérature  de 
l'Académie  Royale,  t.  9.  p.  293. 
Cette  tout  fut  bâtie  fut  le  promontoire  ou  fur  la  fa- 


PHA 


laife  ,  qui  commandoit  au  port  de  la  ville.  Elle  étoit 
octogorie.  Chacun  des  côtés  avoit  ,  félon  Bucherius, 
vingt- quatre  ou  vingt-cinq  pieds.  Son  circuit  étoit 
donc  d'environ  deux  cens  pieds ,  6c  fon  diamètre  de 
foixante-fix.  Elle  avoit  douze  entablemens  ou  espèces 
de  galeries  qu'on  voyoit  au  dehors ,  en  y  comprenant 
celui  d'en  bas.  Chaque  entablement ,  ménagé  fur  l'é- 
paifleur  du  mur  de  deffous ,  faifoit  comme  une  petite 
galerie  d'un  pied  6c  demi  :  ainfi  ce  phare  alloit  toujours 
en  diminuant ,  comme  nous  avons  dit  des  autres  ,  6c 
cette  diminution  fe  prenoit  uniquement  fur  l'épaifieur 
du  mur.  Au  plus  haur  de  la  tour  on  mettoit  ces  fanaux  t 
qui  fervoient  de  guides  à  ceux  qui  alloient  fur  mer. 

La  ftructure  de  ce  phare  de  Boulogne  étoit  à  peu 
ptès  la  même  que  celle  du  palais  des  Thermes ,  rue  de 
la  Harpe  à  Paris.  Voici  ce  qu'en  difent  ceux  du  pays 
qui  l'ont  obfervé  de  plus  près.  Les  rangs  de  pierre  & 
de  brique  y  étoient  diverfiiîés  avec  un  certain  mélange 
de  couleurs ,  ménagé  de  manière  qu'il  rendoit  l'aspect 
plus  agréable.  On  voyoit  d'abord  trois  rangs  d'une  pierre 
delà  côtej  de  couleur  de  gris  de  fer  ;  enfuite  deux  lits 
d'une  pierre  jaune  plus  molle  ,  &  au-deflus  deux  lits 
de  brique  très-rouge  ,  épaifie  de  deux  doigts ,  longue 
d'un  peu  plus  d'un  pied  ,  &  large  de  plus  d'un  demi  ;  la 
fabrique  continuoit  toujours  de  même. 

Ce  phare  étoit  appelle  depuis  pluficurs  fiécles  Tur- 
rii  Or  dans  ou  Turris  Ordenfis.  L'auteur  de  la  vie  de 
faint  Folquin,  écrivain  ancien  de  l'abbaye  de  Samt  Ber- 
lin ,  l'appelle  Pharus  Oràrans  ,•  mais  Grdrans  paroît-là 
une  légère  corruption  à'Ordans;  les  Boulonnois  l'appel- 
loient  la  Tour  d'Ordre,  i  lufieurs  croient  avec  afiez  d'ap- 
parence que  Turris  Ordans  ou  Ordenfis  s  étoit  fait  de 
Titrris  Ardens  ,  la  Tour  Ardente  ,  ce  qui  convenoit  par- 
faitement  à  une  rour  où  le  feu  paroiffoit  toutes  les  nuits. 

Eginard  nous  apprend  que  l'empereur  Charlemagne 
ayant  l'an  810 ,  fait  préparer  une  flot  te  fur  l'Océan  ,  dans 
le  port  de  Boulogne  ,  s'y  rendit:  lui-même  l'année  d'a- 
près pour  la  vifiter  ;  qu'il  rcltaura  le  phare  qu'on  y  avoit 
bâti  anciennement ,  pour  éclairer  ceux  qui  alloient  fur 
mer  ■■,  6c  qu  il  ordonna  qu'on  y  feroit  des  feux  la  nuit. 
Pharumque  ibi ,  ad  Naviganiium  curfus  dirigendos  , 
antiquitùs  confiitutum,  reftauravit  ,  £7"  in fummitate ejus  ' 
notlurnum  lumen  accendit.  Les  Anglois  ,  après  avoir  pris 
Boulogne,  firenr  bâtir  autour  du  phare  en  1 J45  ,  un 
petit  fort  avec  des  tours  i  en  forte  que  le  phare  faifoit 
comme  le  donjon  de  la  forterefle. 

Cette  partie  de  k  falaife  ou  de  la  roche,  qui  avan- 
çoit  du  côté  de  la  mer,  étoit  comme  un  rempart  qui 
mettoit  la  tour  6c  la  forterefle  à  couvert  contre  la  vio- 
lence des  marées  6c  des  flots.  Mais  les  habitans  y  ayant  , 
ouvert  des  carrières  ,  pour  vendre  de  la  pierre  aux 
Hollandois  6c  à  quelques  villes  voifines  ,  tout  ce  de- 
vant fe  trouva  à  la  fin  dégarni,  &  alors  la  mer,  ne 
trouvant  plus  cette  barrière  ,  venoit  fe  brifer  au-deflbus 
de  la  tour,  6c  en  détachoit  toujours  quelque  pièce  : 
d'un  autre  côté  les  eaux  qui  découloient  de  la  falaife 
minoientinfenfiblement  la  roche,  6c  creufoient  fous  les 
fondemens  du  phare  6c  de  la  forterefle.  De  forte  qu'en 
1 644 ,  le  29  de  Juillet  la  tour  6c  la  forterefle  tombèrent 
en  plein  midi.  C'efl  encore  un  bonheur  qu'un  Boulon- 
nois ,  plus  curieux  que  fes  compatriotes ,  nous  ait  con- 
fervé  la  figure  de  ce  phare  ;  il  feroit  à  fouhaiter  qu'il 
fe  fût  avifé  de  nous  inftruire  de  même  fur  fes  dimen- 
fions. 

Le  PHARE  DE  DOUVRE  ,  en  Angleterre.  Com- 
me le  Phare  de  Boulogne  sur  mer,  dit  dom  Bernard 
de  Montfaucon,  Diffèrtation  fur  les  phares ,  dans  les 
mémoires  de  littérature  de  lAcadémie  Royale ,  t.  9.  p. 
299.  éclairoit  les  vaiffeaux  qui  paflbient  de  la  Grande- 
Bretagne  dans  les  Gaules ,  il  ne  faut  point  douter  qu'il 
n'y  en  eût  un  pareillement  à  la  côte  oppofée ,  puisqu'il 
y  étoit  auffi  néceflaire  pour  guider  ceux  qui  paflbient 
dans  I'ifle.  Quelques-uns  ont  ctu  que  le  phare  bâti  par 
les  Romains  était  cette  vieille  tour,  qui  fubfifle  encore 
aujourd'hui  au  milieu  du  château  de  Douvre  ,  fur  une 
éminence.  Sa  hauteur  eft  de  72  pieds  ,  fa  longueur  de 
36  du  nord  au  fud,  6c  fa  largeur.de  3,3  de  l'eft  à  l'ouefl. 
Les  trous  ronds  faits  à  deflein  fur  les  rrois  côtés ,  6c  les 
fenêtres  en  arcades  qu'on  voit  fur  les  quatre,  donnent 
à  penfer  qu'elle  avoit  été  faite  pour  découvrir  de  loin. 


PHA 


PHA 


On  voit  de  là  toutes  les  côtes  de  France  ,  Se  une  vafte 
étendue  de  mer  tout  autour,  Selon  toutes  les  apparen- 
ces ,  cette  tour  fervoit  de  fanal  pour  éclairer  la  nuit 
ceux  qui  paflbient  des  Gaules  dans  la  Grande-Bretagne. 
Dans  la  fuite  les  Chrétiens  en  firent  une  églife  ,  Se  avec 
quelques  bâtimens  qu'ils  y  ajoutèrent ,  ils  lui  donnèrent 
la  forme  d'une  croix.   La  tour  étoit  bâtie  de  briques 
longues  de  (eue  pouces,  larges  de  douze,  épaiffesd'un 
Se  demi ,  Se  quelques-unes  d'un  Se  trois  quarts.  Les  coins 
de  la  tour  fembient  avoir  été  bâtis  au  commencement 
de  ces  fortes  de  briques  ,  quoiqu'à  préfent  ils  foient  pour 
la  plupart  de  pierres  de  taille,  fur- tout  aux  endroits  où 
les  briques  étoieut  tombées.  On  voit  aufli  de  ces  bri- 
ques parfemées  dans  les   murailles  de  l'églife ,  Se  plu- 
fieurs  arcades   en    font   entièrement  bâties.    Les  fenê- 
tres rondes  n'étoient  que  fur  trois  côtés  de  la  tour,  parce 
que  le  côté  de  l:ouclt  ,  qui  regarde  l'ifie  ,  n'avoit  rien  à 
découvrir.  Ce  qui  faifoit  douter  fi  cette  tour  eft  vérita- 
blement un  phare,  c'eft  qu'elle  n'a  qu'un  étage  ,  au  lieu 
que  les  autres  en  avoient  plufieurs  ,  Se  que  celui  de  Bou- 
logne en  avoit  jusqu'à  douze.  On  pouvojt  dire  à  la  vé- 
rité que  les  étages  de  deffus  avoient  été  ruinés  ,  ou  que 
l'éminence  fur  laquelle  eft  bâtie  la  tour  de  Douvre  , 
étant  beaucoup  plus  élevée  que  lafalaife  de  Boulogne, 
il  n'avoit  pas  été  nccellaire  de  la  fane  fi  haute,  ni  à 
plufieurs  étages.  Enfin  après  quelques  recherches  on  a 
reconnu  que  l'ancien  phare  de  Douvre  n'étoit  pas  celui 
dont  nous  venons  de  parler  -,  mais  un  autre  qu'on  a  dé- 
couvert en  fouillant  dans  un  grand  monceau  de  mazu- 
res,  tout-à  fait  femblable  à  celui  de  Boulogne,  fans 
aucune  différence  ;  ce  qui   fait  juger  que  celui  qui  eft 
encore  aujourd'hui  fur  pied  v.e.  fut  fait  que  quand  l'ancien 
eût  été  ruiné.  Les  gens  du  pays  appellent  ce  monceau  de 
ruines  ,  la  Goûte  du  Diable  ,  fans  qu'on  en  puifl'e  favoir 
la  raifon. 

PHARE-MOUSTIER.  Voyez,  au  mot  Fare  ,  l'article 

FARE  MoUSTJER. 

PHAREA.  Voyez,  Pharis. 

PHARGA,  viliede  lArabie Déferte. Ptolomée, /.  j. 
c.  19.  la  place  au  voifinage  de  i'tuphrate. 

PHARGALUS.  Voyez.  Pharsalus. 

PHAR1A  ,  Se  Iharit/e.  Voyez:  1  haros  ,  2. 

PHARID1  ,  <i>ap;<fï ,  nom  que  Théophrafte  donne  à 
Pifle  des  Lotophages ,  félon  ce  pafiage  rapporté  par  Or- 
telius  ,  Tbefaur.  In  injula  Lotophagia ,  Pbagia ,  Fhar't- 
di  vocata  ,  larga  copia  Celtis. 

PHAR1G<£  ,  bourg  de  la  Phocide.  Plutarque  ,  in 
Thocione  ,  qui  en  parle  ,  dit  qu'il  étoit  au  pied  du  mont 
Acrorion  ,  qu'on  appelloit  de  fon  tems  Galate. 
•  PHARIG1UM  ,  promontoire  de  la  Phoadc  ,  que 
Strabon  ,/.  9.  p.  425  ,  place  entre  Marathon  Se  le  port 
de  Mychus.  11  y  avoit  au  pied  de  ce  promonrone  ,  un  en- 
droit où  les  vaifleaux  pouvoient  mouiller  en  fureté. 

PHARION,  fleuve  de  l'Arménie.  Pline,  1.6.  c.  zj. 
dit  que  c'eft  un  des  plus  confidérables  de  ceux  qui  iè 
jettent  dans  le  Tigre.  Mais  le  père  Hardouin  foutient 
qu'il  y  a  faute  dans  toutes  les  éditions  de  Pline  ,  Se  qu'au 
lieu  de  Pharione  ,  il  faut  lire  Nicephorione. 

PHARIS  ,  ville  de  la  Laconie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ;  c'eit  la  même  que  Polybe  ,  /.  4.  n.  77.  nomme. 

PHARIT/E.  Kov^Pharos. 

1.  PHAR1UM  ,  $<*pi'a>v ,  ville  de  l'Illyrie ,  félon  Etien- 
ne le  géographe  ,  qui  met  auifi  une  vilie  de  ce  nom  dans 
la  Perrhébie. 

2.  PHARIUM,  fleuve  deCilicie.  Suidas  Se  Xénophon 
en  font  mention.  Comme  quelques  exemplaires  de  ce 
dernier  portent  à  la  marge  -i-apoç ,  Pfaros .  Ortelius ,  Tbe- 
faur. foupçonne  que  c'elt  du  fleuve  Sarus  dont  il  eft 

queftion. 

PHARMACES.  Voyez,  Pharnaces. 

PHARMACIE  SINUS,  golfe  d'Europe,  fur  le 
Bosphore  de  Thrace ,  félon  Nicephore  Callifte ,  cité  par 
Pierre  Gilles  ,  de  Bospbor.  Thrac.  I.  1.  c.  1  y.  qui  dit 
que  ce  golfe  fe  nomme  aujourd'hui  Therapia. 

PHARMACOTROPHI,  ouPhaurmacotrophi  , 
peuples  d'Afie,  félon  Pomponius  Mêla,  /.  t.  c.  2.  qui 
en  fait  une  nation  Scythe.  On  n'eft  pas  d'accord  fur  le 
nom  de  cette  nation. Ifaac  Voflius  à  qui  ces  noms  Phar- 
macotrophiou  Phaurmacotrophi  étoientfuspects, 
veut  qu'on  life  Harmatotrophi  ;  mais  ce  changement 


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eft  lui-même  d'autant  plus  fuspect ,  que  les  anciennes 
éditions  de  Pomponius  Mêla,  au  lieu  d'un  peuple  en 
font  deux  ,  Se  au  lieu  de  Pbarmacotrophi  lifent  Farta- 
nt ,  Cotropbi ,  ou  Faxiani ,  Cotropbi.  Dans  un  pareil 
embarras ,  le  plus  fur  eft  de  laifler  les  chofes  comme 
elles  font  :  c'eft  s'expofer  à  fe  tromper  que  de  vouloir  dé- 
cider au  milieu  de  l'obscurité. 

i.PHARMACUSA,iflc  delà  mer  Egée  ,  félon  Pli- 
ne, /.  4.  c  12.  Suétone,  /.  1.  c.  4.  Se  Plutaque  ,  in  Cœ- 
fare.  Etienne  le  géographe  qui  écrit  Pharmacussa  ,  la 
place  au  deffus  de  Milet,  &  dit  que  c'eft  dans  cette  ifle 
que  fut  tué  Attalus.  On  prétend  que  c'eft  aujourd'hui 
l'ifie  Parmosa.  C'eft  auprès  de  1  ifle Pharmacufa que  Ju- 
les Céfar  fut  pris  par  des  pirates. 

2.  PHARM  ACUSA.  Etienne  le  géographe  met  deux 
ifles  de  ce  nom  proche  de  celle  de  Salamina  -,  Se  Stra- 
bon ,  /.  9.  p.  395-.  dit  que  ce  font  deux  petites  ifles, 
dans  la  plus  grande  desquelles  on  voyoit  le  tombeau  de 
Circé. 

PHARMALUS,  fiége  épiscopal,  dont  il efb  fait  men- 
tion dans  le  concile  d'Ephèfe,  où  on  lit  ces  mots  :  Per- 
rebius  tpiscopus  l'barmali.  Sylburge  croit  que  Pbarmali 
eft  là  pour  Pbarfali. 

PHARMATENUS,  fleuve  de  la  Cappadoce.  Arrien, 
dans  fon  périple  de  la  mer  Rouge ,  p.  17.  met  cent  cin- 
quante ftades  du  fleuve  Mélanthiusau  fleuve  Pbarma- 
tentts  ,  Se  cent  vingt  ftades  de  ce  dernier  à  la  ville 
Fharnacea. 

PHARMICAS  ,  fleuve  de  Birhynie  ,  félon  Pline  ,  /.  y. 
c.  3  2.  Au  lieu  de  Pharmicas  ,  le  P.  Hardouin  lit  Phar- 
macias. 
PH ARMUTI ACUS.  Voyez,  Thermutiacus. 
PHARMUTIS.Ky^  Pharnutis. 
PHARNACEA.IVy^  Cerasus. 
PHARNACES,  peuples  d'Ethiopie  ,  félon  Pline  ,  /. 
7.  c  2.  qui  dit  après  Damon  ,  que  la  fueur  de  ce  peu- 
ple caufe  la  phthilie  à  ceux  qu'elle  touche.  Quelques  ma- 
nuferits  portent  Pharmaces  pour  Pharnaces. 

PHARNACIUM,  ville  de  Phrygie  ,  c'eft  Etienne  le 
géographe  qui  en  parle. 

PHARNACOTIS  ,    fleuve  que  Pline,  /.  6.  c.  23. 

place  quelque  part  dans  l'Inde ,  aux  environs  de  l'indus. 

PHARNASCA.  Voyez.  Apamée,  n.  1. 

PHARNUTIS  ,  fleuve  de  Bithynic.  Suidas  dit  qu'il 

arrofoit  la  ville  de  Nicée  ;  mais  dans  un  autte  endroit , 

au  lieu  de  Pharnutis,  il  écrit  Pharmutis. 

PHARODENI,  peuples  de  Germanie.  Ptolomée , 
l.  1.  c.  11.  dit  qu'ils  habitoient  après  les  Saxons, 
depuis  le  fleuve  Chalufus  ,  jusqu'au  fleuve  Suevus.  Peu- 
cer  veut  que  les  Pbarodeni  de  Ptolomée  foient  les  Suar- 
dones  de  Tacite.  Voyez  Suardones. 

PHAROS  ,  ifle  d'Egypte,  vis-à-vis  d'Alexandrie.  Pli- 
ne, /.  5.  c.  31.  lui  donne  le  titre  de  colonie  de  Jules 
Céfar  ,  Colonia  Cœfaris  Diclatoris.  Ortelius  ,  Tbef.  dit 
qu'on  la  nomme  aujourd'hui  Farion  ,  Se  qu'elle  eft 
appellée  Magrab  par  les  habirans  du  pays ,  Se  par  les 
Arabes  M.igar  Akcfandria  \  c'eft-à-dire  le  Phare  d'Ale- 
xandrie \  parce  que  fur  le  promontoire  de  cette  ifle  ,  il  y 
avoit  un  phare  de  même  nom.  Ce  phare  bâti  par  Pto- 
lomée Philadelphie  ,  étoit  fi  grand  Se  fi  magnifique  ,  que 
quelques-uns  l'ont  mis  parmi  les  merveilles  «lu  monde. 
Ammien  Marcellin  Se  Tzetzès ,  dit  dom  Bernard  de 
Montfaucon  ,  dans  faDiffirtation  fur  le  Pbare  d' Ale- 
xandrie .attribuent ce  grand  ouvrage  à  Cléopatre,  reine 
d'Egypte,  Se  d'auttes  à  Alexandre  le  Grand.  Mais  tous 
ces  auteurs  font  invinciblement  réfutés  par  les  témoi- 
gnages de  Strabon ,  de  Pline  ,  de  Lucien  ,  d'Eufebe  ,  de 
Suidas  ,  Se  de  plufieurs  autres  ,  qui  difenr  que  Ptolo- 
mée Philadelphe  en  fut  l'auteur  5  Se  Jules  Céfar ,  dans 
fon  l'vre de  la  guerre  d! Alexandrie ,dit  qu'il  avoit  été  bâti 
par  les  rois  d'Egypte.  Ce  qui  eft  caufe  qu'on  a  douté 
qui  étoit  le  fondateur  de  cette  tour  ,  c'eft  que  So- 
ftrate  ,  qui  en  eft  l'architedte  ,  y  grava  profondément 
cette  infeription  :s  lùççuroç  Kvifioc  As^/ps:  c^  ®to7i 
(ro-nvla-iv  vTTtf)  twc  ■nXwJt^ofj.ivwv  ;  Softrate  Cnidicn  ,  fils  de 
Dexipbane  ,  aux  dieux  jauveur s ,  en  faveur  de  ceux 
qui  vont  fur  mer:  Et  ne  doutant  pas  que  le  roi  Ptolo- 
mée feroit  irrité  d'une  telle  infeription  ,  il  la  couvrit  d'un 
enduit  fort  léger  ,  qu'il  favoit  bien  ne  pouvoir  pas  rc- 
fifter  long-tems  aux  injures  de  l'air ,  Se  y  mit  le  nom 
Tem.  IV.  Ccccccij 


PHA 


94° 

de  Ptolomée.  L'enduit  &  le  nom  du  roi  tombèrent  dans 
quelques  années,  Se  l'on  n'y  vit  plus  que  l'infeription 
qui  en  donnoit  toute  la  gloire  a  Softrate.  Pline  a  pré- 
tendu que  Ptolomée ,  par  modeflie  ou  par  grandeur 
d'ame ,  magnanimitate  ,  voulut  que  Softrate  mît  ion  nom 
fur  la  tour ,  fans  qu'il  fût  fait  mention  de  lui  ;  mais 
ce  fait  n'eft  nullement  croyable,  Se  cette  conjecture  de 
Pline  n'a  nulle  vraifemblance.  *  Aiém.  de  lïtlér.  de 
VAcad.  Royale  des  lnfcr.  r.  9.  p.  272. 

Cette  tour  fut  donc  bâtie  dans  1  ifle  de  Pharos  ,  qui 
n'eft  éloignée  de  la  terre  ferme  que  de  fept  ftades ,  ou. 
d'un  bon  quart  de  lieue.  Il  s'éleve  là  deffus  une  queftion 
à  l'occafion  d'Homère,  qui  fait  dire  à  Ménélas,  dans 
fon  Odyflée,  qu'elle  eft  éloignée  de  l'Egypte  d'une  jour- 
née entière  d'un  vaifTeau  ,  allant  le  vent  en  poupe. 
Quelques  anciens  ont  pris  cela  pour  une  énorme  bé- 
vue. Ils  difent  qu'Homcre  fe  trompe  en  cet  endroit  : 
d'autres  prennent  fon  parti.  Hérodote  dit  qu'une  bonne 
partie  de  la  Baffe-Egypte  eft  un  préfent  que  le  Nil  a 
fait  peu  à  peu  aux  Egyptiens.  Ce  fleuve  ,  dit-il ,  dans 
les  débordemens ,  traîne  un  limon  ,  qui ,  repouffé  par- 
les flots  ,  s'arrête  toujours  fur  les  côtes  ,  Se  aggrandit 
infenfiblement  la  terre  aux  dépens  de  la  mer.  Sur  cela 
Pline  ,  qui  paroit  avoir  puifé  ceci  dans  Hérodote ,  quoi- 
qu'il ne  le  cite  pas ,  tâche  de  juftifier  Homère  ,  en  di- 
fant ,  que  depuis  ce  tems-là  k  Nil .  en  traînant  toujours 
fon  limon  ,  a  enfin  approché  la  terre  de  l'ifle  de 
Pharos.  Mais,  fi  depuis  le  tems  de  Ménélas  ,  jusqu'à 
Ptolomée  Philadelphe  ,  la  terre  a  gagné  fur  la  mer  l'é- 
tendue d'une  grande  journée ,  quoiqu'il  n'y  ait  guère 
plus  de  mille  ans  de  l'un  à  l'autte  ,  d'où  vient  que  dans 
deux  mille  ans  écoulés  depuis  Ptolomée  ,  jusqu'à  nos 
jours  ,  la  terre  n'a  presque  rien  gagné  fur  la  mer ,  quoi- 
que le  Nil  traîne  toujours  du  limon  à  fon  ordinaire. 

D'habiles  gens  du  fiécle  pafle  ont  défendu  ce  grand 
Poëte  en  une  autre  manière.  Ils  prétendent,  que  quand 
il  ell  dit  que  l'ifle  de  Pharos  eft  éloignée  d'une  journée 
de  l'Egypte  ,  il  entend  cela  du  Nil ,  qu'il  appelle  tou- 
jours JEgyptus  : 

risf/V  y  'Aiytlrrroio  JW'têcç  7raia/Jt.uo 
AJtk  viïwp  Ihbnç. 

Le  fens  eft  donc ,  félon  eux  ,  que  l'ifle  de  Pharos  eft  à 
une  journée  loin  de  la  principale  embouchure  du  fleuve 
/Egyptus  ,  qui  eft  le  Nil  ;  ce  qui  eft  vrai  ,  félon  Hé- 
rodote j  qui  dit  que  c'elt  celle  qui  coupe  le  Delta  en 
deux  patties. 

L'ifle  de  Pharos  étoit  donc  éloignée  du  continent  de 
fept  ftades  ,  ou  félon  Céfar ,  de  900  pas  ,  ce  qui  revient 
presqu'au  même.  Elle  etoit  plus  longue  que  large.  Sa 
plus  grande  longueur  étoit  oppofée  d'un  côté  à  la  terre , 
Se  de  l'autre  à  la  pleine  mer.  Elle  devint  péninfule  dans 
la  fuite  ;  les  rois  d'Egypte  la  joignirent  à  la  terre  par  une 
chauffée,  &  par  un  pont  qui  alloit  de  la  chauffée  à  l'ifle  ; 
en  forte  que  du  tems  de  Strabon  elle  étoit  ,  félon  cet 
auteur  ,  presque  terre-ferme.  Elle  avoir  un  promon- 
toire ,  ou  une  roche  ,  contre  laquelle  les  flots  de  la 
mer  fe  brifoient.  Ce  fut  fur  cette  roche  que  Ptolomée 
Philadelphe  fit  bâtir  de  pierre  blanche  la  tour  du  phare, 
ouvrage  d'une  magnificence  furprenante  ,  à  plufieurs 
étages  voûtés ,  à  peu  près  comme  la  tour  de  Babylone  , 
qui  étoit  a  huit  étages ,  ou,  comme  Hérodore  s'exprime , 
à  huit  tours  l'une  fur  l'autre.  C'eft  ainfi  qu'il  faut  ex- 
pliquer le  wohvûpctpcç  de  Strabon  ,  Se  non  par  mul- 
tis  fafligiis  ,à  plufieurs  faîtes  ou  à  plufieurs  fommets  , 
comme  a  traduit  linterpréte  :  de  même  que  quand  nous 
lifons  dans  Hérodote  ,  que  les  maifons  de  Babylone 
ctoienr  Tpuipotpoi  ,  ou  mpcipctpci ,  nous  entendons  qu'el- 
les étoient  à  trois  ou  quatre  étages. 

Le  géographe  de  Nubie  ,  qui  écrivoit  il  y  a  environ 
600  ans,  parle  de  la  rour  du  phare  ,  comme  d'un  édifice 
qui  fubfiltoit  encore  de  fon  rems.  Il  l'appelle  un  can- 
délabre^ caufe  du  feu  Se  de  la  flamme,qui  y  paroifToient 
toutes  les  nuits.  Il  n'y  en  a  point ,  dit-il ,  de  femblable 
dans  tout  1  Univers  ;  clleefl  bâtie  de  pierres  très-dures, 
jointes  enfemble  avec  des  ligatures  de  plomb.  La  hau- 
teur de  la  tour  ,  pourfuit-il  ,  cfl  de  300  coudées  ,  ou 
de  100  ftaturcs  ,  c'efl-à-dire  de  100  hommes.  Selon  la 
defeription  du  géographe  de  Nubie  ,  il  falloit  qu'elle 


PHA 


fût  fort  large  en  bas ,  puisqu'il  dit  qu'on  y  avoit  bâti  des 
maifons.  En  effet ,  un  Scholiafte  de  Lucien  ,  manuferic 
cité  par  Ifaac  Voflius  ,  ad  Pompon.  Mclam  ,  p.  105. 
allure  que  pour  fa  grandeur  ,  elle  pouvoit  être  com- 
parée aux  pyramides  d'Egypte  •,  qu'elle  étoit  carrée; 
que  fes  côrés  avoient  près  d'une  ftade  de  long  ,  Se  que 
de  fon  fommet  on  découvroit  jusqu'à  cent  milles  loin. 
Le  même  géographe  ajoute  que  la  partie  d'en  bas  qui 
étoit  fi  large ,  occupoit  la  moitié  de  la  hauteur  de  cette 
tour  ;  que  l'étage  ,  qui  étoit  au-deflus  de  la  première 
voûte  ,  étoit  beaucoup  plus  étroit  que  le  précédent  :  en 
forte  qu'il  laiffoit  une  galerie  où  l'on  pouvoit  fe  pro- 
mener. Il  parle  plus  obscurément  des  étages  fupérieurs, 
Se  dit  feulement  qu'à  mefure  que  l'on  monte  ,  les 
escaliers  font  plus  courts,  Se  qu'il  y  a  des  fenêtres  de 
tous  côtés  pour  éclairer  les  montées. 

Les  Arabes  Se  quelques  voyageurs  ,  ont  bien  rap- 
porté des  fables  fur  ce  phare.  Ifaac  Voflius  en  a  adopté 
quelques-unes  fur  la  foi  d'un  manuferit  ,  compofe  par 
un  auteur  qui  s'en  étoit  rapporté  aux  bruits  populaires. 

L'extraordinaire  hauteur  de  cette  tour  faifoit  que 
le  feu  qu'on  alluinoit  au-deflus ,  paroifloit  comme  une 
lune  :  c'elt  ce  qui  a  fait  dire  à  Stace  : 

Litmina  noflivaga  tollit  Pharos  annula  Luna. 

Mais  quand  on  le  voyoit  de  loin  ,  il  fembloit  plus  pe- 
tit ,  Se  avoit  la  forme  d'une  étoile  allez  élevée  fur  l'ho- 
rifon  ,  ce  qui  trompoit  quelquefois  les  mariniers  ^qui  , 
croyant  voir  un  de  ces  altres  qui  les  guidoient  pour 
la  navigation  ,  tournoient  leurs  proues  d'un  autre  côté  , 
&  alloient  fe  jetter  dans  les  fables  de  la  Marmari- 
que. 

1.  PHAROS,  ou  IssaPhAros  ,iflede  la  mer  Adria- 
tique, fur  la  côte  de  l'Illyrie  ,  félon  Pline  ,  /.  3.  c.  21. 
qui  dit  qu'on  la  nommoit  auparavant  Paros.  Le  perc 
Hardouin  retranche  cette  ifle  dans  le  Pline  qu'il  nous 
a  donné.  On  lifoir  autrefois  :  Injulœ  ejus  Sinus  cum 
oppidis ,  prêter  fupra  figmficatas ,  Abfirtium  ,  Arba  ± 
Tragurium ,  Ijfa  Pharos  ,  Paros  ante ;  il  fupprime  en- 
core ces  derniers  mots  :  Tragurium  ,  ljfa  Pharos  ,  Pa- 
ros ante.  Cependant  Diodore  de  Sicile  ,  /.  15.  Strabon  , 
/.  7.  p.  315.  Se  Polybe  ,  /.  j.  n.  108  ,  font  mention  de 
cette  ville.  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  17.  l'appelle  Tharia  : 
on  la  nomme  préfentement  Lefma ,  Lexina  ,  ou  Lisna  , 
la  plupart  de  ces  auteurs  y  mettent  une  ville  nommée 
Pharos  :  Se  Etienne  le  géographe  dit  qu'il  y  avoir 
Un  fleuve  de  même  nom. 

3.  PHAROS,  ou  Pharus  ,  nom  d'un  fleuve  que 
Xénophon  ,  de  Cyri  Exped.  I.  1.  place  aux  environs 
de  la  Cilicie  &  de  l'Euphrate.  Au  lieu  de  Pharos  , 
quelques  manuferits  portent  Pfarus  ;  Se  Ortelius  croit 
que  la  véritable  orthographe  eft  Sarus. 

4.  PHAROS  ,  ifle  fur  la  côte  d'Iralie ,  vis-à-vis  de 
Brundufe.  Pomponius  Mêla ,  /.  2.  c .  7.  en  fait  men- 
tion. On  l'appella  Pharos  ,  à  caufe  du  phare  qui  y 
fut  élevé  pour  guider  les  vaiffeaux. 

/.PHAROS,  famille  chez  les  Ifraélites,  Les  enfans 
de  Pharos  revinrent  de  Babylone  ,  au  nombre  de  deux 
mille  cent  foixante  Se  douze.  Les  Hébraïfans  lifenr 
Pharhos.  *  I.  Efdr.  2.  3.  8.  3.  ic.  2j.  &  IL  Efdr. 
1 1.  25.  Sec. 

PHARPHAR.  Dom  Calmet  Ditl.  dit  :  Pharphar 
eil  un  des  deux  fleuves  de  Damas  ,  ou  plutôt  c  ett  un 
bras  du  Barrady  ou  du  Chryforrhoas  ,  qui  arrofe  la 
ville  Se  les  environs  de  Damas  :  Numquid  non  me- 
liores  fttnt  Abana  Ç?  Pharphar  Flitvïi  Damasci , 
omnibus aquis  Ifrael  ?  Le  fleuve  de  Damas  a  fa  fource 
dans  les  montagnes  du  Liban  :  étant  atrivé  près  de  la 
ville  ,  il  fe  partage  en  trois  bras  ,  dont  l'un  traverfe 
Damas.  Les  deux  autres  arrofent  les  jardins  qui  font 
tout  autour  ;  puis  fe  réunifiant  ,  ils  vont  fe  perdre  à 
quatre  ou  cinq  lieues  de  la  ville  ,  du  côté  du  nord. 
Voyez,  ce  qui  a  été  dit  de  ce  fleuve  a  l'article  Lapfar. 

PHARPHARIADES.  Voyez.  Taurus. 

PHARRHASSII.  Voyez,  Pra  .ana. 

1.  PHARSALUS  ,  ville  de  Theflalie  ,  que  certaines 
cartes  attribuent  mal  à  propos  à  l'Eftiotide  ,  puisque 
Strabon,/.  9.  la  range  parmi  les  villes  de  la  Pbiiotide  , 
Se  que  Polybe  ,  /.  /.  n.  99.  la  joint  avec  Perm  Se  La- 


PHA 


PHA 


V'ijfa.  Ce  voifinage  efl  prouvé  par  la  fuite  de  Pompée , 
qui  après  la  bataille  de  Pharfale  ,  fe  retira  vers  Larifla , 
comme  la  ville  la  plus  voifine ,  où  il  n'entra  pas  néan- 
moins. Selon  Etienne  le   géographe  le  nom  de  cette 
ville  s'écrit  de  deux  façons  différentes ,  de  forte  qu'on 
ci   dit  Pharsalus  &   Pharralus.    Tacite  ,  hi(l.  I. 
fo.  dit  Pharsalia  :  mais  c'efl  fans  fondement  que 
Tzetzès  Se  Lycophron  écrivent  Phargalus.  Le  fleuve 
Enipus  arrofoit  îa  ville  de  Pharfale  ;  Se  ce  fleuve  ,  qui 
fe  jettoit  dans  VApidanus  ,  étoit  différent  de  VEpinus 
de  Macédoine.  La  fameufe  bataille  de  Pharfale  fe  don- 
na auprès  de  cette  ville.  Appien  , /.  2.  Civil,  p.  778.  dit 
que  l'armée  de  Pompée  étoit  campée  entre  la  ville  de 
Pharfale  &  le  fleuve  Enipée  ;  ce  qui  femble  contredire 
ce  que  Strabon  ,  /.  9.  avance  ,  que  l'Enipée  arrofoit  la 
ville  de  Pharfale  ;  mais  comme  il  y  avoit  deux  villes 
de  Pharfale  ,  la  nouvelle  Se  la  vieille  ,  il  y  a  apparence 
qu'elle  étoit  bâtie  fur  le  bord  du  fleuve  ,  Se  que  l'au- 
tre en  étoit  un  peu  éloignée.  La  bataille  s'étant  don- 
née ,  auprès  de  la  vieille  1  harfale ,  appellée  PaUophar- 
Jalus  ,  par  Eutrope  ,  /.  6.  c.    16.  &  Palœpharfalus  par 
Tite-Live  , /.  44.  c.  1.  c'étoit  celle-là  fans  doute  ,  qui 
fe  trouvoit  à  quelque  diflance  du  fleuve.  Cette  ville 
s'appelle  aujourd'hui  Pharfa. 

2.  PHARSALUS  ,  ville  de  la  Pamphylie.  Voyez. 
Phaselis. 

3.  PHARSALUS  ,  lieu  de  l'Epire  ,  félon  Céfar, 
/.  civ.  c.  6.  qui  dit  ,  qu'il  y  arriva  avec  fa  flotte  ,  Se 
qu'il  y  débarqua  fes  foldats,  Quelques  manuferits }  au 
lieu  de  Pharsalus  ,  portent  Pharsalia,  Se  d'autres 
Pal^stina  ;  Se  c'efl  de  cette  dernière  façon  qu'écrit 
Lueain  ,  /.  j.  v.  460  ,  en  parlant  de  la  flotte  de  Céfar. 

Lapfa  Paleflinas  uncis  confixet  arenas. 

Un  auteur  moderne  dit  que  le  manuferit  de  Chalcis , 
au  lieu  de  ces  mots  qui  appellatur  Pharfalus  ,  qu'on 
lit  communément  dans  les  commentaires  de  Cefar  , 
porte  qui  appellatur  PuUfie  ;  ce  qui  joint  avec  le  témoi- 
gnage de  Lueain ,  fait  une  espèce  d'autorité.  *  Paulta 
Marfus. 

•PHARURIM  ,  lieu  proche  du  temple  de  Jérufa- 
lem.  Jofias  ôta  les  chevaux  que  les  rois  de  Juda  avoient 
donnés  au  foleil  ,  à  l'entrée  du  temple  du  Seigneur  , 
près  du  logement  de  Nathan  Melechtunuque ,  lequel 
logement  étoit  a  Pharurim. 

j.  PHARUS.  Voyez.  Phare. 

2.  PHARUS.  Ortelius,  Thefaur.  qui  cite  Curopa- 
late ,  dit  que  les  mariniers  nomrnoient  ainfi  un  heu  à 
l'embouchure  du  Pont-Euxin.  11  devoit  être  vers  le 
Bosphore  Cimmérien  ,  félon  l'hifloire  Miscellanée  :  Se 
peut-être  y  avoit-il  un  phare  dans  ce  heu. 

3.  PHARUS,  ou  Turris  Pharis.  Suétone  , /.  3. 
c.  74.  appelle  ainfi  le  phare  qui  étoit  dans  1  iile  de  Ca- 
prée.  11  ajoute  que  cette  tour  tomba  un  peu  avant  la 
mort  de  Tibère. 

4.  PHARUS ,  fleuve  de  Cilicie  ,  félon  Suidas. 
PHARUSII ,  peuples  de  la  Libye  ,  félon  Strabon , 

/.  17.  &  Etienne  le  géographe.  Pomponius  Mêla  , /.  3, 
c.  10.  les  met  au-deflus  des  Nigrkes  ,  Se  les  étend  jus- 
qu'à l'Ethiopie.  Pline  ,  /.  c.  c.  8.  dit  que  ces  peuples 
étoient  Perfes  d'origine  ,  Se  qu'ils  accompagnèrent  Her- 
cule ,  lorsqu'il  entreprit  de  paficr  dans  le  jardin  des 
Hespérides.  Denis  le  Periégete  ,  v.  2ij.  les  nomme 
Phaurusii  ;  mais  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  6.  diflingue  les 
Pharufù  des  Phaurufii.  Il  place  ceux-là  au  nord  du 
mont  Sagapola  ,  Se  ceux-ci  au  feptentrion  du  mont 
Ryfladius  ,  entre  les  fleuves  Durarus  &  Stachire. 

PHARYBUS.  Voyez.   Helicon  ,  n.    1. 

PHARYCADUM  ,  ville  de  la  Macédoine  ,  dans 
l'Eftiotide  ,  au  confluent  des  fleuves  Pénée  Se  Curia- 
lus  ,  félon  Strabon  , /.  9.  p.  458.  Quelques  manuferits, 
au  lieu  de  Pharycadum  ,  portent  Phorcadum. 

PHASyELE  ,  tour  carrée  ,  qu'Hérode  avoit  fait  bâtir 
en  l'honneur  de  fon  frère  à  Jerufalem.  Elle  avoit  qua- 
rante coudées  en  carré  Se  en  hauteur.  Au-deflus  de 
cette  hauteur  ,  il  y  avoit  des  portiques ,  foutenus  d'arc- 
boutans ,  &  du  milieu  de  ces  portiques  s'élevoit  une 
féconde  tour  ,  ornée  de  beaux  appartenons  Se  de  bains 
magnifiques  ,  ayant  au-deflus  des  parapets  Se  des  redou- 


941 

tes.  Toute  fa  hauteur  pouvoir  être  de  quatre-vingt-dix 
coudées.  *  Jofephe ,  Ant.  /.  16.  c.  9.  Dom  Calmet,  Dict* 
Jofephe  ,  de  Bel.  I.  6.  c.  6. 

PHASELIS ,  ville  de  la  Palefline  ,  à  trois  lieues  du 
Jourdain  ,  dans  une  campagne  fur  le  torrent  de  Ca- 
rith.  Jofephe  ,  Antiq.  I.  1.  c,  16.  Se  l.  17.  c.  9.  dit 
qu'Hérode  la  bâtit  en  l'honneur  de  fon  frère  ,  au  nord 
de  Jéricho.  11  ne  dir  rien  qui  montre  qu'elle  ait  été 
bâtie  au-delà  du  Jourdain  ,  comme  on  le  fait  croire 
aux  voyageurs.  La  campagne  où  cette  ville  étoit  fituée 
eu  appellée  Phafelidis  Convallis  ,  par  Pline,  /.  13. 
c  4.  êvil  la  donne  pour  une  des  plus  fertiles  du  pavs.  * 
Dom  Calmet,  DicL.  Sanurus  de  Secretis  Fidelium  Cruels. 

PHASCA  ,  ville  de  la  grande  Arménie  ,  félon  Pto- 
lomée,/. f.  c.  1 3.  Ses  interprètes  lifent  Tasca. 

PHASCENIUM.  Voyez.  Fescennia. 

PH  ASCUSIS ,  lieu  d'Egypte,  félon  Ortelius ,  Thefaur. 
qui  cite  le  fécond  tome  des  œuvres  de  S.  Aihanafe. 
11  ajoute  :  pffit-être  Phascusis  efl-il-là  pour  Pha- 
cussa.    Voyez  ce  mot. 

PHASE.  Voyez.  Phasis. 

PHASELICUM.  Voyez  Pamphylia. 

1.  PHASELIS,  ville  de  la  Lycie.  Plutarqueen  parle 
dans  la  vie  d'Alexandre.  Strabon  ,  /.  14.  p.  666  ,  la  met 
aux  confins  de  la  Pamphylie  ,  près  d'une  montagne 
appellée  Climan  ,  &  dit  qu'elle  étoit  très-confidérable , 
ayant  trois  ports  Se  un  lac.  Ptolomée  ,  /,  j,  f,  3,  la 
place  auflî  dans  la  Lycie  ;  mais  Pline  ,  Se  Etienne  le 
géographe  la  mettent  dans  la  Pamphylie.  Ce  dernier  , 
dit  qu'on  la  nomma  premièrement  Pirgitfja  ,  &  enfuite 
Pharfalus.  Elle  n'entroit  point  en  communauté  avec  les 
Lyciens  :  elle  fubfifioit  d'elle  même.  Cette  ville  étoit 
épiscopale.  Parmi  les  évêques  qui  fouferivirent  à  la 
lettre  adreflee  à  l'empereur  Léon  ,  on  trouve  Arifto- 
demus  Phafeïuamts  ,  Se  Fronton.  Son  autre  évêque 
aflîfta  au  concile  de  Chalcedoine  ,  tenu  l'an  4;  1.  Har- 
duin.  Colle'ct.  Conc.  t.  2.  756.  t.  2.  370.  Phafeiis 
étoit  du  tems  des  Romains  une  retraite  de  Pirates  que 
Servilius  détruifit  pendant  que  Pompée  tenoit  la  mer 
avec  une  nombreufe  flotte.  Ce  fut  à  ces  pirates  que  les 
Romains  durent  la  découverte  de  ces  vaifleaux  fi  lé- 
gers. On  les  appelloit  Phafeli  du  nom  de  leurs  inven- 
teurs. Notre  mut  Brigantim  répond  à  celui  de  Phafeli. 

2.  I  HASELIS  ,  marais  de  la  Pamphylie  ,  félon  Or- 
telius ,  qui  cite  Eufthate. 

3.  PHASELIS  ,  nom  d'une ifle  ,dont  Suidas  fait  men- 
tion ,  fans  dire  en  quel  endroit  du  monde  elle  cfl  fi- 
tuée. 

4.  PHASELIS.  Platine  ,  de  tuenda  Valetud.  I.  7.  qui 
cite  Apulée  ,  dit  que  c'efl  le  nom  d'une  ifle  voifine  dtl 
mont  Olympe  ,  Se  que  c'eft  de  cette  ifle  que  le  faféole, 
fore  de  légume,  tiroit  fon  nom. 

PHASELUSS/E  ,  nom  qu'Etienne  le  géographe 
donne  à  deux  ifles  dAfrique  ,  voifines  du  fleuve  Sirius. 

PHASGUA,  montagne  au-delà  du  Jourdain,  dans 
le  pavs  de  Moab.  Les  monts  Nebo  ,  Pasga  Se  Abarim  ne 
font  qu'une  même  chaîne  de  montagnes ,  près  du  mont 
Phegor,  vis-à  vis  de  Jéricho,  fur  le  chemin  de  Liviade  à 
Esbus  ou  Efebon.  Voyez.  Eufeb.  Se  Hieronym.  in  Nebo 
Se  Abarim. 

PHAS1ANUM-MARE.  Voyez  Pontus-Euxinus. 

1.  PHASIS  .fleuve  de  la  Colchide  ,Se  qu'Hérodote  , 
/.  4.  c.  45  .  Se  Platon,?«  Ph<edone,ont  donné  pour  la  borne 
entre  l'Afie  Se  l'Europe.D'autres  l'ont  pris  pour  le  Philbn, 
un  des  quatre  grands  fleuves  du  Paradis  terreltre.  Les 
Turcs  l'appellent  Fachs  ,  Se  les  gens  du  pays  le  nom- 
ment Rione.  Le  Phafe  eft  un  des  grands  fleuves  d'A- 
fie  ,  qui  traversent  la  Mengrelie  ,  pour  fe  rendre  dans 
la  mer  Noire.  Le  père  Archange  Lamberti ,  Rclat.  de 
la  Mengrelie ,  p.  46.  Se  k  chevalier  Chardin  ,  Voyage 
de  Paris  à  Ifpahan  ,  qui  tous  deux  ont  parcouru  les 
bords  de  ce  fleuve  ,  depuis  fon  embouchure  jusqu'à  fa 
fource  ,  difent  qu'il  court  d'abord  fort  rapidement 
dans  un  lit  étroit  ,  Se  que  fouvent  il  el't  fi  bas ,  qu'on 
le  pafle  à  gué.  A  la  vérité  .lorsqu'il  efl  arrivé  à  la  plai- 
ne ,  fon  cours  efl  fi  imperceptible  ,  qu'on  a  de  la  peine 
à  remarquer  de  quel  côté  il  court.  Ses  eaux  ne  fe 
mêlent  point  avec  celles  de  la  mer  ,  parce  qu'étant  plus 
légères  que  celles-ci  ,  elles  nagent  au-deflus.  L'eau  du 
Phafe  efl  trouble ,  épaiflfe  Se  de  couleur  de  plomb  :  ce- 


942. 


PHA 


PHE 


pendant  elle  eft  fort  bonne  à  boire ,  fur-tont  fî  on  ia  t.  9.  te  père  Hardouin  fupprime  ce  nôme  dans  fon  éd-î- 

laide  repofer    quelque  teins.  Les  anciens  y  vuidoient  tion  de  Pline. 

leurs vaifieaux  8c  les  rempliflbient de  cette  eau,  qu'ils         PHATN1TICUM.  Voyez.  Pathmeticum. 
regardoient  comme  facrée,  &  comme  importante  pour         PHATURA.  Voyez,  Pethor. 
le  fuccès  de  leur  navigation.  Le  Phafe  qui  a  fon  cours         PHATURES  ,  ville  8c  canton  d'Egvpte  ,  dont  patf* 

d'orient  en  occident  ,    fe  décharge  dans  la  mer,   par  lent  les  prophètes  Jérémie  ,  c.  44,  1  ,  15.  &  Ezechiel , 

deux  embouchures  féparées  par  une  ifle  qu'il  forme,  c.  29,  14,  30,  14.  On  n'en  fait  pas  bien  la  fituation, 

Elles  font  éloignées  de  fa  fource  ou  de  Cotatis  d'envi-  quoique  Pline  ,  /.  6.  c.  29.  8c  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  9.  en 

ton  quatre  vingt-dix  milles.  Dans  cet  endroit  ,  le  Phafe  parlent  fous  le  nom  de  Phturis  :  il  paroît  feulement  que 

a  un  mille  de  largeur  ,  &  fon  lit  a  plus  de  foixante  Phatures  étoit  dans  la  Haute-Egypte  ■,  Ifaïe  ,  c.  1 1  ,  11. 

brafles  de  fond.  Chardin  dit  qu'il  a  à  fon  embouchure  la  nomme  Petros  ou  Patros  ,  &  c'efl.  le  pays  de  Phetnt' 

plufieurs  petites  ifles  toutes  couvertes  de  bois.  Il  ajoute  fim  ,  descendant  de  Mizraïm  ,  dont  parle  Moïfe.Eze- 

qu'on  trouve  divers  iflets  en  remontant  le  fleuve,  ce  chiel  les  menace  d'une  ruine  entière.  Les  Juifs  s'y  étoient 

qui  en  rend  la  navigation  comme  impoflible  aux  grands  retirés  malgré  Jérémie  ,  &  le  Seigneur  dit  par  Ifaïe  qu'il 

vaiffeaux  ,  qui  font  obligés  de  s'arrêter  à  trois  ou  qua-  les  en  ramènera.  Voyez.  Pathures.  *  Genej.  10.  14. 
rre  milles  de  l'embouchure.  Sur  la  plus  grande  de  ces         PHATUS^£ ,  lieu  fortifié  ,   dans  la  Méfopotamie. 

ifles ,  au  de/Tus  de  laquelle  le  Phafe  a  un  demi  mille  de  Zofime  ,  /.  3.  le  place  à  trois  dations  de  Dara  ,  8c  Orte- 

largeur,  on  voit  du  côté  de  l'occident  ks  ruines  d'une  lius  croit  que  c'eil  le  même  lieu  qu'Ammien  Marcellin  , 
fukan  Murât  fit  conltruiie  en  1578, 


fortereffe  que  le 

ou  pour  mieux  dire  ce  fut  le  généraliiîime  de  ks 
armées  ,  nommé  Muffafa  ,  du  tems  des  grandes  guer- 
res entres  les  Turcs  8c  les  Perfans.  Cet  empereur  Turc 
avoit  entrepris  de  conquérir  les  côtes  feptentrionales 
de  orientales  de  la  mer  Noire.  Son  entreprife  n'alla 
pas  au  gré  de  fes  deffeins.  11  fit  remonter  le  Phafe  à 


/.  24.  c.  1 .  appelle  Anathan  Mummentum. 

PH  ATYR.  Voyez  Pethor. 

PHAU  ,  ville  de  l'Idumée.  Il  en  eff  parlé  dans  le  tren- 
tième chapitre  de  la  Génefe ,  v.  34.  Ceff  dans  cette  ville 
que  faifoit  fa  demeure  le  roi  Adar. 

PHAUDA,  ville  de  laCappadocePontique.  Strabon, 
/.  12.  p.  548.  la  met  dans  la  contrée  appellée  Sidene. 


fes  galères.  Le  roi  d'Imirette   avoit  dteffé  de  greffes    Ortelius  croit  que  c'eff  la  même  que  Chadisia.  Voyez, 
embuscades  au  lieu  où  le  fleuve  eft  le  plus  étroir.  La    ce  mot. 


fortereffe  du  Phafe  fut  prife  8c  rafée  en  l'année  1640  , 
par  l'armée  d'Imirette  ,  groflie  de  celle  des  princes  de 
Mingrelie  &c  de  Guriel.  J'ai  fait ,  dit  Chardin  ,  tout  le 
tour  de  l'ifle  du  Phafe  ,  pour  découvrir  ks  ruines  du 
temple  de  Rea,  qu'Arrien  dit  qu'on  y  voyoit  de  fon 
rems:  il  n'en  refte  aucun  vellige.  Cependant  les  hifto- 
riens  affurent  que  ce  temple  étoit  encore  en  fon  en- 
tier dans  le  bas  Empire  ,  Se  qu'il  avoit  été  confacré  au 
culte  de  Jefus  Chrift  du  tems  de  l'empereur  Zenon. 
On  cherche  auffi  inutilement  les  ruines  de  l'ancienne 
Sehafle  ,  que  les  géographes  onr  placée  à  l'embouchure 
du  Phafe  ;  mais  les  rraces  de  cette  ville  font  entière- 
ment perdues  comme  celles  de  Colchos.  Tour  ce  qu'on 
y  remarque  de  conforme  à  ce  que  les  anciens  onr  écrit 
de  cet  endroit  de  la  mer  Noire  ,  c'eft  qu'il  y  a  beau- 
coup de  faifans  ,  8c  qu'ils  font  plus  gros  ,  plus  beaux 
8c  d'un  goût  plus  exquis  qu'en  aucun   autre  endroit. 
Martial  dit  que  les  Argonautes  apportèrent  de  ces  oi- 
feaux  en  Grèce  où  on  n'en  avoit  jamais  vu  auparavant , 
8c  qu'on  leur  donna  le  nom  de  faifans  ,  parce  qu'on  les 
avoit  pris  fur  le  bord  du  Phafe.  Ce  fleuve  fépare  la 
Mingrelie  de  la  principauté  de  Guriel  8c  du  petit  royau- 
me d'Imirette.  La  côte  eft  par-tout  un  terrein  bas , 
fablonneux  ,  8c  chargé  de  bois  fi  épais ,  que  la  vue  dé- 
couvre à  peine  fix  pas  en  dedans.  Les  ifles  que  l'on  trou- 
ve dans  le  Phafe  font  habitées ,  8c  chaque  mai  fon  a 
ttne  petite  barque  faite  d'un  tronc  d'arbre  creufé.  Cefleu- 
ve  reçoit  plufieurs  petites  rivières  entre  lesquelles  on  en 
remarque  trois  affez  confidérables  à  la  droite  ,  favoir 
YHippus  appelle  par  les  gens  du  pays  Scheni-Shari  , 
le  Glaucus  ,  appelle  Abascia,  8c  le  Sicamen  ,  ap- 
pelle maintenant  Tachur. 

2.  PHASlS.villc  de  Médie, félon  Nicolas  Nicolaï,  qui 
dit  que  c'efl:  le  nom  que  l'on  a  donné  autrefois  à  la  ville 
de  Tauris  ;  mais  dit  Orreliusje  ne  connois  aucun  auteur 
qui  ait  placé  une  ville  ,  nommée  Phafis  dans  la  Médie. 

3.  PHASIS  ,  fleuve  de  Pille  de  Taprobane  ;  Ptolo- 
mée,  /.  7.  c.  4.  met  l'cmbouchuie  de  ce  fleuve  fur  la 
côte  appellée  le  grand  rivage.  Etienne  le  géographe  parle 
auffi  de  ce  fleuve. 

PHASTEA  ,  ville  qu'Etienne  -le  géographe  donne 
aux  Peuples  Saci  ou  Saxi. 

PHATAREI ,  peuples  de  laSarmatie  Afiatique  ,  fé- 
lon Pline  ,  /.  6.  c.  7. 

PHATERUNESOS  ,  nom  d'une  ifle  déferre  ,  dont 
Pline  ,  /.  4.  c.  1 2.  fait  mention.  Elle  devoit  être  au  voifi- 
nage  du  Cherfonncfe  de  Thrace.  Quelques  manuferits , 
au  lieu  de  Phaterunefos  *,  portent  Pateronncjos ,  fans 
doute  pour  Pater  on- Nef  os  ,  &  c'efl  l'orthographe  que 
fuit  le  père  Hardouin. 

PH  ATMICUM  8c  Phatnicum.  Voyez.  Pathmeticum. 

PHATNITES  ,  nôme  d'Egypte  ,  félon  Pline,.  /.  ;. 


PHAUNENA  ,  province  de  l'Arménie ,  félon  Stra- 
bon ,  /.  1 1.  p.  j 28. 

PHAUNITE,  conrrée  delà  Grande-Arménie.  Stra- 
bon ,  /.  1 1.  p.  528.  dit  que  ce  fut  une  de  celles  qu'Ar- 
raxias  &  Thariadas  enlevèrent  aux  Médes. 

PHAVON/E  ,  peuples  de  la  Scandinavie.  Ptolomée  j 
Vib.  1.  cap.  11.  les  place  avec  les  Phirm.fi  fur  la  côre 
orientale. 

PHAURA  ,  ifle  de  I'Artique.  Elle  étoit,  félon  Stra- 
bon ,  /.  9.  p.  398.  au-devant  du  promontoire  Zofler. 

PHAU  RUSH.  Voyez  Pharusii. 

1.  PHAUSIA,  lieu  du  Cherfonnèfe  des  Rhodiens, 
c'eft-à-dire,  dans  la  partie  de  la  Carie  oppoféeà  l'ifle  de 
Rhodes,  félon  Pline  ,  /.  3  1.  c.  1. 

2.  PHAUSIA  ,  ville  de  Médie.  C'efl  Pline,  /.  6.  c.  j4; 
qui  en  fait  mention. 

3.  PHAUSIA  ,  ouPhausya  ,  ville  de  la  Grande-Ar- 
ménie. Ptolomée  ,  /.  5.  c.  13.  la  place  entre  Sogocara  8i 
Phanâana. 

PHAZ  ,  owV kxVoyez  Ophir. 

1.  PHAZACA  ,  ou  Phasaca  ,  ville  de  Médie ,  que 
Ptolomée  ,  /.  6.  c.  2.  place  dans  les  terres ,  entre  Gau- 
z.ania  8c  Pharaspa.  Au  lieu  de  Phazaca  ,  le  manu- 
ferit  de  la  bibliothèque  palatine  porte  Phasaba; 

2.  PHAZACA  ,  ou  Phasaca  ,  lieu  de  l'Ethiopie  , 
fous  l'Egypte  ,  félon  le  manufciitde  la  bibliothèque  pala- 
tine: au  lieu  de  Phazaca  le  texte  grec  potte  Azania. 

PHAZANIA,  conrrée  d'Afrique,  au-deffus  de  la 
Petite-Syrte  ,  félon  Pline  , /.  $.c.  $.  qui  dit  que  les  ha- 
bitans  s'appelloient  Phazan'u.  Selon  le  père  Hardouin, 
la  contrée  Phazania  comprenoit  une  partie  du  défert  du 
Biledulgeiid  ,  8c  la  partie  la  plus  méridionale  du  royau- 
me de  Thunis. 

PHAZANII.  Voyez.  Phazania. 

PHAZEMON.  Voyez.  Phazemonitis. 

PHAZEMONITIS ,  contrée  du  Ponr.  Elle  s'étendoic 
félon  Strabon,  /.  12.  p.  560.  depuis  le  fleuve  Amy- 
fus  jusqu'à  celui  à'Halys.  Pompée  changea  le  nom  de 
cetre  contrée  en  celui  de  Mecalopolis  ,  8c  du  bourg 
Phazemon  il  fit  une  ville  qu'il  appella  Neapolis.  Etien- 
ne le  géographe  écrit  Phamiz.on,  pour  Phazemon ,  8c 
place  cette  ville  près  de  l'Amyfus  ,  vers  le  midi. 

1.  PHEA,  ville  de  PElide  ,  félon  Homère  &  Etienne 
le  géographe.  Strabon,  /.  8.  p.  342.  connoît  non-feu- 
lement cette  ville  ,  mais  il  y  joint  encore  un  promon- 
toire de  même  nom.  Cependant  au  lieu  de  Phea,  il  écrie 
Phcia  ,  ainfi  que  Thucydide  ,  /.  7.  c.  31. 

2.  PHEA,  fleuve  du  Péloponnèù.  Strabon  dit  qu'il 
étoit  peu  confidérable. 

3.  PHEA  ,  ville  de  Theflalie  ,  félon  Ortelius ,  qui  cire 
Hefyche. 

PHEACIE.  Voyez.  Corcyra. 

PHEBOL ,  ifle  de  la  mer  des  Index ,  près  du  golf; 


PHE 


Arabique.  Ariftote  en  parle  ,  &  Apulée  en  faic  mention 
après  lui.  Ortelius,  Thefaur.  qui  dit  queStobee  écrie 
Phobea  pour  Phebol,  foupçonne  que  cette  ifle  pour- 
roit  être  la  même  que  Pline  appelle  Dioscoridu.  Voyez. 
ce  mot. 

PHECADUM  ,  ville  de  la  Macédoine  ,  félon  Tite- 
Live  ,  /.  3  i.  c.  41.  Il  y  a  apparence  que  c'eit  la  même 
qu'il  nomme  plus  bas  ,  /.  32.  c.  14.  Pheca,  &  qu'il 
place  entre  Gomphi  Se  le  Pas  Etroit ,  (tances  AngujU) 
qui  féparoit  la  Theflalie  de  l'Athamanie. 

PHECENvE.  Fbyf^FtcANA.Ceft  le  nom  delà  mê- 
me ville  fous  une  orthographe  diriérente. 

PHECOZELETARUM  REGIO.  Siméon  le  Méta- 
phralte  ,  in  vita  S.  Menœ,  parle  d'une  contrée  de  ce  nom. 
Ortelius  foupçonne  qu'elle  pouvoit  être  au  voifinage  de 
l'Egypte. 

1.  PHEG^EA.  Selon  Etienne  le  géographe  on  donnoit 
ce  nom  à  une  partie  de  la  tribu  Aegeïde. 

2.  PHEG/EA.  Etienne  le  géographe  appelle  encore 
ainfi  une  partie  de  la  tribu  Pandionirie. 

3.  PHEG./EA  ,  ville  de  lArcadie.  Etienne  le  géogra- 
phe qui  cite  Charax  ,  in  Hellenicor.  3.  /.  4.  dit  qu'elle 
fut  fondée  par  le  roi  Phégée  ,  fiere  de  Pjfibconéé..,  & 
qu'il  lui  donna  l'on  nom.  Elle  s  appelloit  auparavant  Ery- 
manihus ,  Se  depuis  on  la  nomma  Psophis.  Voyez,  ce 
mot. 

PHEGIUM,  ou  Phegius.  Voye z.  Fagius. 

PHEGOR  ,  nom  d'une  monragne  ,  félon  Ortelius  , 
Thefaur.  qui  cite  Itidore.  Delà  ,  ajoute-t-il,  vient  le  nom 
de  Baal-Phegor  ,  n.  2j.  3  c7  j  Dut.  4,  $.Jojké ,  22  , 
17.  c'eit-a  dire  ,  Baal  fur  la  montagne  de  Phegor.  Beel- 
Phegor  fignifte,  félon  Suidas,  le  lieu  où  Saturne  éroit 
adore.  Bcel-Phegor  ,  die  dom  Calmet ,  elt  le  dieu  Phe- 
gor ou  Phogor.  Dans  une  diiïertation  qu'il  a  faite  à  la 
tête  du  liv.  des  Nombres ,  p.  20.  il  a  voulu  montrer 
que  c'eit  le  même  dieu  Adonis  ou  Orus  adoré  par  les 
Egyptiens  &  par  la  plupart  des  peuples  d'Orient.  L'écri- 
ture dit  que  les  Ifrafc'lites ,  étant  campés  au  défert  de 
Sen ,  fe  laiflerent  aller  à  l'adoration  de  Beel-Phegor  ; 
qu'ils  participèrent  à  les  facrifices ,  &  qu'ils  tombèrent 
dans  l'impudiciré  avec  les  filles  de  Moab.  Et  le  Plal- 
mille  ,  racontant  le  même  événement ,  dit  que  les  Hé- 
breux furent  initiés  aux  myfteres  de  Becl-Phegor  ,  & 
qu'ils  participèrent  aux  facrifices  des  morts.  Phegor  ou 
Pe-On  ,  dit  dom  Calmet,  eft  le  même  qu'OR  ou  Orus  , 
en  retranchant  de  ce  mot  l'article  PÉ  ,  qui  ne  fignifie 
rien.  A  l'égard  d'ORus  ,  dit-il ,  c'eit  le  même  qu'Ado- 
nis ,  ou  Ofuis.  On  célébroit  les  fêtes  d'Adonis  comme 
des  funérailles  ,  Se  l'oncommettoit  dans  ces  fêres  mille 
diflolutions ,  lorsqu'on  difoit  qu'Adonis  ,  qu'on  avoir 
pleuré  mort ,  étoit  vivant.  Ainïi  dom  Calmet  elt  bien 
éloigné  de  dire  que  Phegor  fuit  une  montagne. 

1.  PHEGUS.  Voyè.z,VàAcès. 

2.  PHEGUS,  Etienne  le  géographe  dit  qu'on  appelloit 
ainfi  une  partie  de  !a  tribu  Eretthéïde. 

PHEIA.  Voyez,  Phea. 

PHELESS/EI ,  peuples  d'Italie  1  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  les  place  aux  environs  de  la  Japygie ,  Se 
dans  le  voifinage  des  Umbres. 

PHEL1CIA.  Voye  .  Philf.cia. 

PHELICUS.   Voyez.  Philicus. 

PHELIDIS,  Phelidii  lNsuLA,ifle  d'Italie-,  P.Vi- 
ctor ,  Defc.  Rorru  ,  la  met  dans  la  neuvième  région  de 
Rome. 

PHELLEUS  ,  monragne  de  l'Attique ,  félon  Etienne 
le  géographe,  Suidas,  &  Platon,  ïn  Critia ,  fait  men- 
tion de  certains  champs  appelles  Phellei. 

PHELLI A  ,  fleuve  de  la  Laconie.  C'eit  Paufanias  ,  /. 
3.  c.  20.  qui  en  fait  mention. 

PHELL1NA,  ville  d'Afrique,  félon  Diodore  de  Si- 
cile,/. 10.  c.  58.  qui  dit  que  les  habitans  du  voifinage 
étoient  appelles  Asphodelodes. 

PHELLONE.  Voyez.  Phalti. 

PHELLOÉ  ,  ville  de  l'Achaïe.  Paufanias,  /.  7.  c.  16. 
qui  la  met  au  voifinage  dVEgira  ,  dit  que  s  il  y  a  un  lieu 
dans  la  Grèce  qui  puifle  être  dit  arrofé  d'eaux  cou- 
rantes, c'eit  Phelloé.  11  ajoute  qu'on  y  voyoit  deux 
temples ,  l'un  confacré  à  Bacchus ,  Se  l'autre  a  Diane. 
La  itatuede  Diane  étoit  d'airain ,  &  dans  l'attitude  d'une 


PHE      943 


perfonne  qui  tire  une  flèche  de  ion  carquois,  celle  de 
Bacchus  étoit  de  bois  peint  en  vermillon. 

î.  PHELLUS  ,  ville  de  Lycie,  oppolee  à  Antiphel- 
lus ,  ou  plutôt,  comme  dit  Pline,  /.  ;.  c.  28.  dans 
1  enfoncement,  ayant  Antiphellus  a  loppofue;  car 
Phellus  étoit  à  quelque  diltance  d.ns  les  terres,  au 
lieu  qu'ANTiPHErnjs  étoit  fut  le  rivage.  Le  périple  de 
Scylax,  p.  39.  donne  un  port  à  Phellus  ;  mais  ou  ce 
port  itùk  ccLu  d'Anriphellus,  ou  il  n'étoit  pas  conti- 
gu  à  la  vilie.  A  la  vérité  Strabon ,  /.  14  p.  666.  fem- 
ble  mettre  l'une  Se  l'autre  de  ces  villes  dans  lès  terres- 
mais  on  ne  peut  le  dire  que  de  1  hillis  Se  s'il  y  place 
Antiphellus  ,  ce  n'eu  qu'a  caufe  du  voifinage  de  ces  deux 
places.  Elles  étoient  toutes  deux  episcopales ,  fuivant  la 
notice  d  Hieroclès. 

2.  PHcLLUS,  ou  Phello  ,  ville  du  Péloponnèfe, 
dans  l'Eiidc.  Stiabon  ,  /.  8.  p.  334.  la  met  au  voifinage 
d  Olympia 

3.  PHELLUS  ,  montagne  d'Italie.  Le  grand  érymo- 
logilte  ,  qui  en  paile,  dit  qu'on  y  voyoit  beaucoup  de 
pelles ,  forte  darbie  d'où  découle  la  poix. 

PHELLUS  A  ,  ifle  que  Pline  ,  /.  5.  c.  3 1.  place  quel- 
que part  aux  environs  de  celle  de  Lefbos.  Elle  tiroit 
Ion  nom  de  1  arbre  du  liège  ,  qui  y  croifloir  en  abon- 
dance :  4>t?i?\os  ,  Phellus  ,  fignifie  l'aibre  du  liège. 

PHEMI/E  ,  ville  de  l'Aînée  ,  contrée  delaBoétic, 
félon  Etienne  1    géographe ,  quj  cite  Hellanicus. 

PHENEBETHIS.K^î.Phoenebithis. 

1.  PHENEUS,  lac  ou  étang  de  lArcadie.  C'étok 
dans  ce  lac  que  le  fleuve  Ladon  prenoit  fa  fource  ,  fé- 
lon Paufanias ,  /.  8.  c.  20.  Ovide  atribue  aux  eaux  du  Phe- 
neus  une  venu  merveilleufe.  Si  on  en  buvoit  la  nuit  elles 
donnoient  la  mort  ;  mais  on  pouvoit  en  boite  le  jour  fans 
aucun  péril. 

Efi  Lacus  Arcad'œ ,  Pheneum  dixere  priores  : 
Ambiguis  fiupettus  aquii  ,  quas  nocte  timeto ; 
NoUe  nocent  potx,  fine  noxa  luce  bibuntur. 

2.  PHENEUS,  ou  Pheneum,  ville  du  Péloponnè- 
fe ,  dans  lArcadie,  pioche  de  Nonacns ,  félon  Strabon, 
/.  8.  C'eit  entre  ces  deux  villes  que  fe  trouve  le  ro- 
cher d'où  coule  l'eau  du  Stix  Virgile,  Aimid  L  8. 
v.  i6j.  fait  entendre  que  Pheneus  fut  la  demeure  d'E- 
vander  ,  Se  celle  de  fes  ancê.res.  Plutarque ,  in  Cleo- 
men.  Paufanias,  /.  8.  c.  14.  &  Etienne  le  géographe, 
font  aufli  mention  de  cette  ville ,  Se  le  premier  parle  en- 
core d'une  ancienne  Phcneon  ,  qui  avoit  été  détruite 
par  une  inondation.  Le  lac  Se  la  ville  portent  aujour* 
d'hui  le  nom  de  Feneo. 

PHÉN1CIE,  province  de  Syrie  (a),  dont  les  limi- 
tes n'ont  pas  toujours  été  les  mêmes.  Quelquefois  on 
lui  donne  l'étendue  du  nord  au  midi .  depuis  Onho- 
fie  jusqu'à  Pélufe  (  b  ).  D'autrefois  on  la  borne  ,  du  côté 
du  midi,  au  mont  Carmel  &  à  Ptolémaïde(c).  Il  eft 
certain,  que  depuis  la  conquête  de  la  Paleitine  par  les 
Hébreux,  elle  étoir  afiez  bornée,  Se  ne  polledoit  rien 
dans  le  pays  des  Phihitins,  qui  occupoiem  presque  tout 
le  pays  depuis  le  mont  Carmel  ,  le  long  de  la  Méditer- 
ranée ,  jusqu'aux  frontières  de  1  Egypte.  Elle  avoit  aufll 
très-peu  d'étendue  du  côtéde  la  terre,  parce  que  les  Krac- 
litcs ,  qui  occupoient  la  Galilée  ,  la  reOérroient  fur  la 
Méditerranée.  Ainfi  ,  lorsqu'on  parle  de  la  Phénicie,  il 
faut  bien  diltinguer  le  tems.  Avant  que  Jofué  eût  fait 
la  conquête  de  la  Paleitine ,  tout  ce  pays  étoit  occupé 
par  les  Chananécns ,  fils  de  Cham  ,  partagés  en  onze 
familles ,  dont  la  plus  puiiïante  étoit  celle  de  Chanaan  , 
fondateur  de  Sidon ,  Se  chef  des  Chananéens  propre- 
ment dits ,  auxquels  les  Grecs  donnèrent  le  nom  de 
Phéniciens.  Ce  furent  les  feuls  qui  fe  maintinrent  dans 
l'indépendance ,  fous  Jofué ,  fous  David,  fousSalomon  , 
Se  fous  leurs  fuccefleurs.  Mais  ils  furent  afiujettis  par 
les  rois  d'AflVrie  ,  Se  par  ceux  de  Chaldée.  Us  obéirent 
en  fuite  fucceflivement  aux  Perfes ,  aux  Grecs  Se  aux 
Romains ,  Se  aujourd'hui  la  Phénicie  eft  foumife  aux 
Othomans,  n'ayant  point  eu  de  rois  de  leur  nation,  ni 
de  forme  d'état  indépendant ,  depuis  plus  de  deux  nulle 
ans  ;  car  les  rois  que  les  Aflyriens  les  Chaldéens,  les 
PerleS  Se  les  Grecs  y  ont  quelquefois  biffés ,  étoient  leurs 
tributaires,  &  n'exetçoient  qu'un  pouvoir  emprunté.  Les 


PHE 


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principales  villes  de  Phénicie  croient  Sidon  ,  Tyr  ,  PtcW 
lémaïde,  Ecdippe  ,  Sarepta  ,  Bérythe  ,  Biblis,  Tripoli , 
Orthofie,  Simire,  Arade.  Les  Phéniciens  poffédoient 
auffi  anciennement  quelques  villes  dans  le  Liban.  Quel- 
quefois les  auteurs  Grecs  comprennent  toute  la  Judée 
fous  le  nom  de  Phénicie  (d).  Dans  les  anciennes  noti- 
ces eccléfiaftiques  on  diftingue  la  Phénicie  de  deffus  la 
mer,  ôc  l'a  Phénicie  du  Liban.  La  première  contient 
les  villes  de  Tyr,  de  Bérythe,  d'Arcé,  Gégarta,  Pa- 
néas ,  Triérii, Sidon ,  Biblos ,  Orthofia  ,  Arade,  Gonaï- 
ticus  ,  Saltus  ,  Ptolémaïde  -,  Tripoli ,  Botrys  ,  Entarade, 
Politiane  ;  ôc  la  Phénicie  du  Liban  contient  Edeffe, 
Abiia,  Jurtinianopolis,  Gonaïticus  Saltus,  Laodicée, 
Damas ,  Palmyre  ,  Salaminias ,  Eliopolis ,  le  canton  des 
J'ambrudes,  le  canton  des  Magludes,  le  canton  orien- 
tal. On  voit  par-là  combien  grande  étoit  alors  l'éten- 
due de  la  Phénicie.  Voici  les  principaux  lieux  que  Pto- 
lomée, /.  j.  c.  ij.  place  dans  cette  contrée  : 

'L'embouchure  du  fleuve  Elutherus , 

Simyria , 

Orthofia  t 

Tripolis  , 

[Theuprofbpon  y  ou  la  face  de  Dieif» 
\  Botrys , 
IByblus , 

iL'embouchure  du  fleuve  Adonius  > 
Sur  le  bord  de  JBerythus  , 
la  mer.  ~\L'embouchure  du  fleuve  Lcontes, 

ÏSidon  > 
YTyrus  , 
[  Ecdippa , 

Ptolemaïs , 

Sycaminon , 

Le  mont  Carme l , 

Dora  , 
.L'embouchure  du  fleuve  Chorfeuf. 

Ç  Arca  , 
Dans  les  ter-  j  PaUobiblus ,  ou  la  vieille  Bibhts  , 
ECS.  J  Gabala, 

(^  Cxfarea  Vania. 

*  (  a  )  Dom  Calmet ,  Dift.  (  b  )  Vide  Hcrodot.  1.  4.  c. 
39.  &  1.  7.  c.  89.  (c)  Strabon,  l.  16.  Hicroaym.  ad 
If  aï.  29.  ôc  ad  Amos  8.  (d  )  Vide  Keland ,  Pakcrt.  1.  1 . 
c.  9.  p.  ;o. 

PHENICIENS.  Hérodote,  /.  4.  c.  104. dit  que  les 
Phéniciens  habitèrent  d'abord  fur  la  mer  Rouge ,  ôc 
■que  de-là  ils  vinrent  s'établir  fur  la  Méditerranée  ,  en- 
tre la  Syrie  ôc  l'Egypte.  Cela  ,  dit  dom  Calmet ,  Ditt. 
peut  alternent  fe  concilier  avec  Moïfe  ,  qui  les  fait  ve- 
nir de  Cham,  qui  peupla  l'Egypte  ,ôc  les  pays  voifins. 
Le  nom  de  Phénicie  ne  fe  trouve  point  dans  l'Ecriture 
dans  les  livres  écrits  en  hébreu,  mais  feulement  dans 
ceux  dont  l'original  eft  grec,  comme  les  Machabées, 
&  les  livres  du  Nouveau  Tertamcnr.  L'hébreu  lit  tou- 
jours Chanaan.  On  peut  voir  ce  que  nous  avons  dit  fur 
l'article  Chanaan.  Cependant  faint  Matthieu,  ij  ,  22. 
qui  écrivoit  en  hébreu  ou  enfyriaque,  appelle  Chana- 
néenne  une  "femme  que  faint  Marc ,  7 ,  26.  qui  écrivoit 
en  grec  ,  a  appellée  Syrophénicienne  ,  ou  Phénicienne 
de  Syrie  ,  parce  que  la  Phénicie  faifoit  alors  partie  de  la 
Syrie ,  &  pour  la  difiinguer  des  Phéniciens  d'Afrique 
ou  des  Carthaginois.  On  dérive  le  nom  de  Phéniciens, 
ou  de  palmiers,  appelles  en  grec  Phoinix ,  qui  font 
communs  dans  la  Phénicie,  ou  d'un  Tyrien  ,  nommé 
Phcrnix,  dont  parle  la  fable,  ou  de  la  mer  Ronge  ,  des 
bords  de  laquelle  on  prétend  qu'ils  étoient  venus.  Phœ- 
nix  fignifie  quelquefois  rouge,  d'où  vient  Punïceus,  ôc 
Phœnicair  color.  D'autres  le  font  venir  de  l'hébreu  Pin- 
chas,  ou  Phinées  ;  d'autres  de  Bené-anak(rt  )  ,  filsd'A- 
nak  ,  ou  descendus  des  Enacim.  On  fait  que  les  Géans, 
fils  d'Enak  ,  étoient  très-fameux  dans  la  Palefiine.  On 
atttibue  aux  Phéniciens  plufieurs  belles  inventions.  Par 
exemple  l'art  d'écrire  (  b  )  : 

Fh&nices  prïmï ,  famxf  credhur  ,  au  '; 
Manfuram  rudibus  voeem  fignare  figuris. 


PHE 


On  dit  de  plus  qu'ils  ont  les  premiers  inventé  la  navi- 
gation, le  commerce ,  l'aftronomie ,  les  voyages  de  long 
cours  (  c).  Bochart  a  montré,  par  un  travail  incroya- 
ble, qu'ils  avoient  envoyé  des  colonies,  ôc  qu'ils  avoient 
laiffé  des  vertiges  de  leur  langue  dans  presque  toutes  les 
ifles  ôc  toutes  les  côtes  de  la  Méditerranée.  Mais  la  plus 
fameufe  de  leurs  colonies  eft  celle  de  Carthage.  On  croit 
qu'à  la  venue  de  Jofué  plufieurs  fe  retirèrent  en  Afrique 
(  d),  ôc  en  d'autres  lieux.  Procope  dit  que  l'on  trouva  à 
Tingis  en  Afrique  ,  deux  colonnes  de  marbre  blanc  ,  tires- 
fées  près  de  la  grande  fontaine ,  où  l'on  lifoit  en  caractères 
Phéniciens  :  Nous  femmes  des  peuples  qui  avons  pris  la. 
fuite  devant  le  Voleur  Jefu  ,  fils  de  Navc.  On  peut  voir» 
ajoute  dom  Calmet ,  notre  differtation  fur  le  pays  où  fe 
fauverent  les  Chananéens ,  &c.  imprimée  à  la  tête  de 
notre  commentaire  fur  Jofué.  *  (  a  )  Vide  Bochart. 
Chanaan.  1.  1.  c.  1.  (b)  Lucan.  1.  3.  v.  22.  (c)  Dionyf. 
v.  904.  (  d  )  Procop.  Vandalicis,  1.  2.  c.  10. 

PHENNESUS,  Ph^non.  Orrelius,  Thef  dit  qu'il 
paroît  par  l'hiftoire  Tripartite,  ôc  par  un  partage  de 
Nicéphore  Callifte  ,  que  c'eft  le  nom  d'un  lieu  où  il  y 
avoit  des  mines  métalliques ,  ôc  où  l'on  envoyoit  quel- 
quefois les  Chrétiens ,  ad  Phennefia  &  Proconefia  me- 
talla. 

PHENUSTUS  ,  Fenustus  &Phenutus  ,  fiégeépis- 
copal  d'Arabie  ,  fous  la  métropole  de  Boftra.  Il  y  a  ap- 
parence que  Phenutus  ert  la  véritable  orthographe  ;  c'eft 
du  moins  celle  que  fuit  la  notice  de  Léon  le  Sage.  Ce 
fiége  épiscopal  étoit  au  même  lieu  où  fe  trouvoient  les 
mines  dont  nous  avons  parlé  dans  l'article  précédent , 
&:  qu'on  appellok  Mctalla  Phmufia.  C'ert  le  fentiment 
du  P.  Hardouin. 

1.  PHER^E,  ville  de  l'Achaïe  propre  ,  félon  Ptolo- 
ritée  ,  /.  3.C.  16.  qui  la  place  dans  les  terres;  mais  elle 
n'étoit  pas  éloignée  de  la  côte ,  à  en  juger  du  moins 
par  la  narration  de  Strabon  ,  &  par  le  rang  qu'il  donne 
à  cette  ville.  Ce  dernier  géographe .  ruiflï-bien  que  Po- 
lybe  &  Pline»  au  lieu  de  Pher«,  lifent  Phaiue.  Voyez, 
Phar/e.  , 

1.  PHER^£,  ville  du  Péloponnèfe  ,  fur  le  golfe  de 
Merténie  ,  au-delà  du  fleuve  Pami  fus ,  félon  Strabon, 
/.  8.  p.  360.  ôc  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  i<5.  Paufanias ,  Meffcn. 
e.  31.  dit  que  cette  ville  étoit  à  près  de  fix  rtades  de 
la  mer  ,  ôc  il  écrit  Phares  pour  Pher&  ,  félon  le  diale- 
cte dorique  ,  qui  change  ordinairement  l'e  en  a.  Poly- 
be,  Légat.  n.$).  écrit  Phara  au  nombre  fingulier;  Ôc 
Strabon  ajoute  que  le  fleuve  Nedâ  a  fon  embouchure 
dans  la  mer  ,  auprès  de  Pher*.  Cheramidi  ert  fon  nom 
moderne,  félon Sophien. 

3.PHER/E,  ville  de  la  Macédoine.  Ptolomée,  /.  3. 
c.  13.  &  Tite-Live, /.  33.  c.  6.  la  placent  dans  la  Pé- 
lasgie;  mais  Paufanias,  /.  t.  c.  1 3.  ôc  Cicéron  ,  /.  1.  de 
Divinat.  c.  i$.  la  mettent  dans  la  Theffalie.  Strabon 
dit  qu'elle  étoit  à  l'extrémité  de  la  Pélasgiotide ,  du  côté 
de  la  Magnéfie. 

4.  PHER/E  ,  Fera  ,  ou  Fere  ,  ville  d'Afie  ,  dans  la 
Sérique ,  félon  quelques  manuferîts  d'Ammien  Mar- 
cellin  ,  /.  23.  t.  6.  Mais  de  Valois  croit  qu'il  faut  lire 
Ser>£  »  parce  que  SeRj£  étoit  la  capitale  de  la  Séri- 
que. 

j.  PHERyE  ,  ville  de  la  Bœotie ,  félon  Homère  ,  Ca- 
talog.  Strabon,  /.  9.  p.  405.  dit  que  c'étoit  un  des 
quatre  villages  qui  fe  trouvoient  dans  le  territoire  de 
la  ville  appellée  Tanagra.  Pline,  /.  4.  c.  7.  fait  anJîi 
mention  de  cette  ville ,  mais  il  ne  dit  rien  qui  puifle 
donner  la  moindre  idée  de  fa  fituation. 

6.  PHER/£.  Etienne  le  géographe  mer  une  ville  de 
ce  nom  dans  la  Japygie  ,  une  autre  dans  l'Etolie  ,  ôc  une 
troifiéme  chez  les  Parthyéens. 

7.  PHER/C  ,  ville  de  la  Laconie  ,  félon  Paufanias  Se 
Pline  :  c'ert  la  même  que  nous  avons  placée  fur  le  golfe 
de  Merténie.  Voyez.  Pher.£,  n.  2. 

PHER.EA,  ville  de  l'Arcadie,  félon  Strabon.  /.  8, 
p.  3^7.  qui  la  place  au  deffus  de  Dyme. 

PHERENDIS  ,  ville  de  la  Grande-Arménie.  Ptolo- 
mée ,  /.  ;.  c .  1 3.  la  met  à  l'orient  du  Tigre ,  entre  SU  ôc 
Ti^ranocerta. 

'PHEREPUM,  ville  au  voifinage  de  l'Euphrate,  fé- 
lon Nicécas  ,  cité  par  Ortclius ,  Thef. 

PHERETIANI, 


PHE 


PHI 


PHERETIANI,  peuples  de  la  Liguric ,  dont  il  eft 
parlé  dans  les  origines  de  Caton ,  citées  par  Ortclius. 
.11  en  rapporte  ce  partage  :  Pheretiani  ob  adjetlos  Colo- 
nos  Gemi£  oppido  reliquere  Amni  proximo  &  Regioni  no- 
men  Pheretiani.  Ne  feroit-ce  point  du  fleuve  Feritor 
dont  il  feroit  queftion  dans  ce  partage  î  Voyez.  Feri- 
tor. 

PHAREZEENS,  anciens  peuples  qui  habitoient  la 
Paleftine ,  &  qui  étoient  mêlés  avec  les  Chananéens. 
Il  y  a  même  allez  d'apparence  ,  dit  dom  Calmet ,  Dicl. 
qu'ils  étoient  eux-mêmes  Chananéens,  mais  que  n'ayant 
point  de  demeure  fixe  ,  &  vivant  à  la  manière  des  Scy- 
thes Se  des  Nomades,  disperfés  tantôt  en  un  lieu  du 
pays ,  &  tantôt  dans  un  autre  ,  ils  furent  pour  cela  qua- 
lifiés Phéréféens ,  c'eft-à-dire  épars ,  disperfés.  Phéra- 
zot  fignifie  des  hameaux,  des  villages.  Les  Phéréféens 
n'habitoient  pas  un  endroit  fixe  de  la  terre  de  Cha- 
naan.  Il  y  en  avoir  au-deçà  Se  au-delà  du  Jourdain, 
dans  les  montagnes  Se  dans  les  plaines.  En  plusieurs 
endroits  on  met  Chananaum  Se  Pherefœum  ,  comme  les 
deux  principaux  peuples  du  pays.  Il  eft:  dit  que  du 
tems  d'Abraham  Se  de  Loth ,  Genef,  13,  7.  le  Chana- 
néen  &  le  Phéréféen  étoient  dans  le  pays.  Les  Ifracli- 
tes  de  la  tribu  d'Ephraïm  fe  plaignant  à  Jofué ,  c.  ij , 
ij.  qu'ils  étoient  trop  reflerrés  dans  leur  parcage,  il 
leur  dit  d'aller ,  s'ils  vouloienr ,  dans  les  montagnes  des 
Phéréféens  Se  des  Rephaïms,  Se  d'y  défricher  du  ter- 
rein  pour  le  cultiver.  Salomon,  III.  Reg.  9,  20,  21 
Se  II.  Par.  8  ,  7.  afTujettit  Se  rendit  tributaires  les  relies 
des  Chananéens  &  des  Phéréféens,  que  les  enfans  d'Ifraë'l 
n'avoient  pu  exterminer.  Il  eft  encore  parlé  des  Phéré- 
féens au  tems  d'Esdras ,  après  le  retour  de  la  captivité 
de  Babylone  ;  Se  pluficurs  Ifraëlites  avoient  époufé  des 
femmes  de  cette  nation.  I.  Esdr.  9  ,  1. 

PHERINUM,  ville  de  la  ThelTalie,  félon  Tite-Li- 
ve,  /.  32.  c.   14. 

PHERITO.  Voyez.  Feritor. 
PHERME  ou  Ferme  ,  montagne  d'Egypte  ,  dans  le 
déferr  de  Sécé.  C'eft  dans  cette  montagne  que  demeu- 
roit  faim  Paul  hermite ,  à  ce  que  nous  apprend  Sozo- 
mène,  /.  6.  c.  29.  dans  fon  hiiloite  de  l'Eglife.  Cal- 
lifte  Se  Palladius  parlent  aufli  de  cette  montagne  ;& 
Ortelius  dit  que  Philon  le  Juif ,  in  Vita  contemplât. 
fiemble  en  donner  la  defeription  ,  quoiqu'il  ne  la  nom- 
me pas. 

PHERMUTIACUS.  Voyez.  Thermuthiacus. 
PHERONIA ,  ville  de  l'irte  de  Sardaigne.  Ptolomée, 
/.  3.  c.  3.  la  place  fur  la  côte  orientale  ,  entre  l'em- 
bouchure du  fleuve  Cxdrus  Se  la  ville  d'Olbia. 

PHERR  ACI A  ,  ville  de  la  Colchide ,  félon  Strabon  , 
/.  11.  p.  499.  mais  Cafaubon  Se  Ortelius  croient  que 
ce  paflage  de  Strabon  eft  corrompu,  Se  qu'au  lieu  de 
Pherracia  ,  il  faut  lire  Pharnacia. 

PHESCENNIUM,  ville  d'Italie,  dans  l'Etrurie , 
félon  Ortelius,  qui  cite  les  origines  de  Caton.  Fescen- 
nia  eft  la  même  ville  que  Phescennium.  Voyez.  Fes- 

CENNIA. 

PHÉS-DOMIM  ,  ou  Aphez-Dommim  (  a  ) ,  lieu  de 
la  Paleftine  ,  dans  la  tribu  de  Juda  ,  entre  Soco  Se  Aze- 
ca.  Voyez,  Aphez-Domim.  Le  texte  de  la  Vulgate  lit:  in 
finibus  DommimmWzu  d'ApHEZ-DoMiM  (b).  C'eft-là 
où  l'armée  des  Philiftins ,  dans  laquelle  étoit  Goliath  , 
s'affemWa.  Une  autre  fois  les  Philiftins  s'affemblerent 
encore  à  Pbes-Domim,  depuis  que  David  fut  reconnu 
roi.  Ce  fut  dans  cette  occaflon  qu'Eléazar  Se  Semma, 
deux  héros  de  l'armée  de  ce  prince ,  arrêtèrent  feuls 
toute  l'armée  ennemie ,  s'étant  portés  au  milieu  d'un 
champ  femé  d'orge  ((  ).  11  y  en  a  qui  croient  que  le 
vrai  nom  de  cet  endroit  eft  Dommim  ou  Dammin  , 
qui  fignifie  le  Jang.  *  {a)  D.  Calmet ,  Dict.  (b)l. 
Reg.  17  ,   1.  (  c  )  I.  Par.    11,  13,  14. 

PHESTI  ,  lieu  d'Italie  ,  dans  IcLacium,  à  cinq  ou 
fîx  milles  de  Rome.  C'étoit  autrefois  l'extrémité  du  ter- 
ritoire de  cette  ville  -,  ce  qui  fait  que  du  tems  de  Stra- 
bon les  prêtres  y  faifoient  les  factifices  nommés  Ambar- 
valia  j  comme  dans  les  autres  lieux  qui  étoient  aux 
frontières  des  Romains.  *  Strabon  ,  1.  j.  p.  230. 

PHESTUM,  ville  de  ThelTalie ,  dans  l'Eftiotide  ,  fé- 
lon quelques  éditiojus  de  Tite-Live  ;  mais  les  meilleures 


portent   Pb&ftum ,  qui   eft  la   véritable  orthographe; 
Voyez.  Ph^stum. 

PHETA ,  lieu  dont  l'eau  a  la  qualité  de  rendre  les 
femmes  peu  fécondes ,  félon  Athénée ,  cité  par  Ortc- 
lius. 

PHETROS ,  la  même  que  Pathros  Se  Phath.  Voyez. 
l'article  Phathures. 

PHETRUSIM  ,  cinquième  fils  de  Mizraïm  ,  peupla 
le  canton  nommé  Phathures  ou  Phatros ,  dans  la  Haute- 
Egypte.  Voyez.  Phathures. 

PHEUGARUM  ,  ville  de  la  Germanie  ,  entre  Tuîu 
furgium  Se  Canduum ,    félon    Ptolomée  ,  /.    2.  e.   11 
On  croit  que  la  ville  de  Halberftadr ,  dans  la  Saxe , 
a  été  bâtie  de  fes  ruines. 

PHIA  ,  ville  du  Péloponnèfe.  Elle  fut  un  fujet  de 
querelle  entre  les  Laconiens  Se  les  Mefleniens,  félon 
Etienne  le  géographe,  qui  cite  Homère,  Iliad.  H. 
v.  135.  C'eft  une  ville  maritime  del'Elide,  félon  Thu- 
cydide ,  /.  2  &  7.  Se  il  y  avoit  un  promontoire  de  mê- 
me nom.  Cette  ville  eft  nommée  Pheia  par  Strabon, 
/.  8. p.  $4$. Voyez.  Phea. 

1.  PHI  AGI  A,  ville  ou  bourgade  de  l'Attique.  Elle 
eft  attribuée  par  quelques-uns  à  la  tribu  Egéïde,  Se 
par  d'autres  à  l'Aiantide  ;  mais  une  infeription  donc 
parle  Spon  la  met  fous  l'Hadrianide. 

2.  PHIAGIA ,  bourgade  de  l'Attique ,  dans  la  tribu 
Pandionide  ,  fclon  Etienne  le  géographe. 

1.  PHIALE  ,  Wah.  Ce  mot  qui  fignifie  une  coupe 
plate  ,  remplie  jusqu'au  bord  ,  a  été  donné  à  plufieurs 
lacs  ou  réfervoirs  d'eau  ,  à  caufe  de  leur  figure  ronde,  Se 
de  leur  refiemblance  à  un  baffin  plein  d'eau. 

2.  PHIALE  ou  Thiala  ,  fontaine  ou  lac  très-célè- 
bre au  pied  du  mont  Hermon  ,  &  d'où  le  Jourdain 
prend  fa  fource.  Jofephe  ,  de  Bell.  I.  x.c.  18.  raconte 
qu'à  cent  vingt  ftades  de  Céfarée  de  Philippes,  fur  le 
chemin  qui  va  à  la  Trahchonite ,  on  voit  le  lac  de 
Phiale ,  lac  parfaitement  rond  comme  une  roue,  Se  donc 
l'eau  eft  toujours  à  pleins  bords ,  fans  diminuer  jamais 
ni  augmenter.  On  ignoroit  que  ce  fût  la  fourcç  du  Jour- 
dain ,  jusqu'à  ce  que  Philippe  Tétrai  que  de  Galilée  le 
découvrit  d'une  manière  à  n'en  pouvoir  douter  ,  en  jet- 
tant  dans  ce  lac  de  la  menue  paille  ,  qui  fe  rendit  par 
des  canaux  fouterreins  à  Panium ,  d'où  jusqu'alors  on 
avoit  cru  que  le  Jourdain  tiroit  fa  fource.  *  D.  Calmet , 
Dict.  . 

3.  PHIALE,  ou  Phiala  ,  lieu  d'Egypte,  dans  le 
Nil,  Se  dans  la  ville  de  Memphis.  Tous  les  ans,  die 
Pline,  /.  8.  c.  47.  on  y  jettoit  une  coupe  d'or  &  une 
coupe  d'argent  le  jour  de  la  naiflancedu  dieu  Apis. 

4.  PHlALE,  lieu  d'Egypte  ,  dans  la  ville  d'Alexan- 
drie. On  donnoit  ce  nom  au  lieu  où  l'on  ferroiu  le  bled  , 
qu'on  amenoit  d'Egypte  fur  des  bateaux  ,  par  le  canal 
que  l'on  avoit  creufé  depuis  Chérée  jusqu'à  Alexandrie. 
Mais  comme  le  peuple  étoir  accoutumé  à  excirer  dans  ce 
lïeu  de  fréquentes  féditions  ,  Juftinien,  pour  arrêter  le 
cours  de  ce  desordre ,  fit  enfermer  ce  lieu  d'une  forte 
muraille.  *  Procop.  ,/Edif.  1.  6.  c.  1. 

5.  PHIALE,  ou  Phiala.  Pline,  /.  5.  c.  9.  appelle 
ainfi  la  fource  du  Nil. 

1.  PHI  ALI  A,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  l'Arca- 
die  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  \6.  qui  la  place  entre  He- 
r&a  Se  Tegea.  Etienne  le  géographe  &  Paufanias ,  /.  j. 
difent  qu'on  la  nomme  aufli  Pbigalea.  Elle  eft  appellée 
Phugalaia  par  Polybe  ,  /.  2.  Se  Phigalia  par  Athénée  , 
l.y.c.  6.  Niger  prétend  qu'on  l'appelle  préfentemenc 
Davia. 

2.  PHIALIA  ,  ville  de  Bithynie.  C'eft  Etienne  le  geo- 
graphe  qui  en  fait  mention. 

PHICARI,  ou  Phycari,  peuples  de  l'Inde.  Ils  habi- 
toient fur  le  mont  Caucafe  ,  félon  Pline,  /.  3.  qui  die 
qu'on  trouvoit  chez  eux  une  pierre  précieufe  d'un  verd, 
qu'on  nommoit  Callais. 

PHICEUM  ,  monragne  de  la  Bœotie,  félon  Etienne 
le  géographe  Se  Apollodore  ,  /.  1 .  c.  29.  Héfiode  Se  Plu- 
tarque  écrivent  Phicion,  pour  Pbiceum.  C'eft  la  mon- 
tagne où  demeuroit  le  Sphinx.  Ffly^MoABEN. 

PHICOLA.  Voyez.  Fichola. 

PH1CORES,  peuples  d'Afie.  Pomponius  Mêla,  de 
Bosfh.Trac.l.  2.  c.  1 3.1esmetaunombre  des  Méotiques, 
qui  habitoient  entre  le  Bosphore  &  le  Tanais, 
Tom.  IV.  Dddddd 


94*        PHI 

PHil)AL1/£,  golfe  de  l'Europe,  fur  le  Bosphore 
de  Thrace  ,  aux  environs  de  Byzance.  C'eft  Suidas 
qui  en  paile.  Pierre  Gilles,  p.  16.  dit  qu'on  nomme 
préfentement  ce  golfe  Sarantacopa  ,  6c  que  c'eft  le  mê- 
me que  l'on  a  appelle  anciennement  Portus  Mulie- 
rum. 

PHIELA ,  lieu  voifin  de  Conftantinople,  fuivant  Pier- 
re Gilles  ,  dans  fa  defcription  du  Bosphore. 

PHIGALEA.  Voyez.  Fhialia. 

PHIGAMUS  ,  fleuve  de  la  Cappadoce.  Arrien ,  /.  6. 
n.  83.  en  parle  dans  fon  périple  du  Pont-Euxin  \  il  met 
quarante  ftades  entre  Oenoe  &  le  fleuve  Phigamus. 

PH1GASEUS  ,  ou  Phigasensis  ,  peuple  d'Arcadie  , 
félon  Hérodote,  /.  6.  c.  7.  qui  donne  le  furnom  de 
Fhigafeus  à  un  certain  Cléandre ,  du  nom  de  fa  pattie. 

PHIGIA ,  ville  de  l'Arabie-Heureufe.  Ptolomée ,  /. 
6.  c.  7.  la  place  dans  les  terres  ,  entre  Saphtha  &  Ba- 

DAIS. 

PHIGOUS  ,  peuple  de  Attique  ,  dans  la  tribu  Ere- 
éthéïde  ;  6c  c'eft  le  même  peuple  qu'Harpocration  appelle 
Phigousion. 

PHI  H  AHIROTH,  ou  Pihachiroth.  Les  Hébreux, 
dit  dom  Calmet ,  Dicl.  étant  partis  de  Socoth ,  vin- 
rent à  Etham.  Alors  le  Seigneur  dit  à  Moïfe  :  Dites  aux 
enfans  d  Ifiraél  qu'ils  retournent ,  &  qu'ils  aillent  camper 
vis-à-vis  de  Phi-Habiroth ,  entre  Magdalum  &  la  mer , 
vis-à-vis  de  Bel-Sephon.  Le  terme  Phi-Hahiroth  fe  peut 
expliquer  par  le  défilé  deHiroth,  ou  la  bouche  de  Hi- 
roth.  Moïfe  ,  dans  les  Nombres,  c.  3  3  ,  8.  le  nomme  Am- 
plement Hiroth;  Eufebe  ,  auffi-bien  que  faint  Jérôme, 
dans  le  livre  des  lieux  hébreux  ,  l'appellent  de  même. 
D'autres  traduifent  :  Vis-à-vis  les  creux  ou  lesfojjës  ,  Syr. 
Les  Septante  dans  l'Exode  traduifent:  Vis-à-vis  le  vil- 
lage ,  d'autres  vis-àvis  le  défilé  de  la  Liberté  ,  ou  le  dé- 
filé de  la  Sécher  effe.  Nous  croyons,  ajoute  dom  Calmet, 
que  Hiroth  efl  la  même  que  la  ville  d'Heroum  ou  d'He- 
roopolis,  fituée  à  l'extrémité  ou  à  la  pointe  de  la  mer 
Rouge ,  ou  bien  la  ville  de  Phagroriopolis ,  placée  par 
Strabon  ,  /.  17.  vers  le  même  endroit,  6c  capitale  du 
canton  Phagroriopolite.il  y  a  beaucoup  d'apparence  que 
Phi-Hahiroth  marque  le  défilé  qui  étoit  près  d'Heroum. 
Ceft  au-delà  de  ce  défilé  que  les  Hébreux  allèrent  cam- 
per fur  la  mer  Rouge.  *  Exod.  13  ,  20  ,  14,2. 

1.  PHILA,  ifle  de  la  Libye.  Elle  étoit  formée  par  les 
eaux  du  fleuve  Tfiton ,  &on  y  voyoitlavilledeNyfa  , 
dans  laquelle  on  ne  pouvoit  entrer  que  par  un  feul  en- 
droit ,  appelle  Porta  Ntfia,  les  portes  de  Nyfa.  Diodore 
de  Sicile,  /.  3.  c.  68.  &  Ariftide  ,  Oratione Mgyptiaca , 
nous  ont  donné  une  belle  defcription  de  cette  ifle,  &  Etien- 
ne le  géographe  la  décrit  d'après  Hérodote,  dont  les 
exemplaires  portent  néanmoins  Phla  pour  Phila;  mais 
il  y  a  apparence  que  c'eft  une  faute  de  copifle  ;  car  tous 
les  autres  auteurs  écrivent  Phila. 

2.  PHILA.  Voyez.  Phil^e. 

3.  PHILA,  ville  de  Macédoine,  à  moitié  chemin, 
entre  Dium  ck  Tempe,  fur  un  rocher  ,  au  bord  d'un  fleu- 
ve, qui  femble  être  l'Enipée,  fuivant  la  narration  de 
Tite-Live  ,  /.  44.  c.  8.  Cependant  Etienne  le  géographe 
dit  que  la  ville  de  Phila  avoit  été  bâtie  fur  le  bord  du 
Jîeuve  Pénée ,  par  Démétrius  ,  fumommé  Gonatas  ,  fils 
d'Antigonus ,  &  qu'il  la  nomma  Phila  ,  du  nom  de  fa 
mère.  Ceft  aujourd'hui  Fello  ,  petite  ville  de  Macé- 
doine.   . 

4.  PHILA.  Voyez.  Stoechades. 

1. PHILADELPHIE,  Pbihdelphia, on  Pbiladelphea, 
ville  de  l'Ane -Mineure,  à  vingt-fept  milles  de  Sardes  vers 
le  fud-eft,&  à  quatre-vingt-dix  de  Smyrnc ,  au  pied  du 
Tmolus ,  d'où  la  vue  efl  très-belle  fur  la  plaine.  Stra- 
bon, vers  la  fin  de  fon  treizième  livre,  femble  mettre 
cette  ville  dans  la  Myfie  :  F oft  Lydos  ,  dit-il  ,futit  Mjjî 
&  Urbs  Tbiladelpbea  ,  terr&moùbus  obnoxia  ;  mais  ce 
même  géographe  ajoute  que  les  bornes  de  la  Phrygie , 
de  la  Lydie  ,  de  la  Carie  &  de  la  Myfie  font  tellement 
mêlées  du  côté  du  midi ,  qu'il  feroit  bien  difficile  de  les 
diftinguer.  Ptolomée,  Etienne  le  géographe  6c  toutes 
les  notices  épiscopales,  mertent  cette  ville  dans  la  Lydie. 
Elle  tiroir  fon  nom  ,  félon  Etienne  le  géographe  ,  d'At- 
talus  Philadelphe,  frère  d'Eumenes,  fon  fondateur.  Les 
habitans  s'appelloient  Pbiladelphei  6c  Pbiladclpbcni.  La 
ville  de  Philadelphie  fut  célèbre ,  entre  autres  par  fes 


PHI 


jeux  publics  *,  &  George  Wheler,  Itiner.  p.  jij.  rap- 
porte une  infeription ,  ou  entre  autres  chofes  on  lit  : 

KOINA  ACIAC  EN 

*IAAAEA*IA. 

C'efl-à-dire  ,  les  fêtes  communes  de  l'AJte  à  Philadel- 
phie ,  ou  l'ajfemblée  folemnelle  pour  les  jeux  de  l'Afie  à 
Philadelphie.  *  Spon  ,  Voyage  du  Levant ,  t.  1.  p.  207. 

Cette  ville  efl  dès  le  premier  fiécle  de  l'églile  un  fié- 
ge  épiscopal.  Du  tems  que  faint  Jean  l'évangélifle  écri- 
vit fon  Apocalypfe ,  l'ange  ou  l'évêque  de  Myfie  ,  étoit 
un  très-faint homme.  Voyez  Apoc.  3,7,8,9,  &c.  On 
ignore  fon  nom.  Auréolus  &  de  Lyra  croient  que  c'é- 
toit  faint  Quadrat  ,  disciple  des  apôtres.  *  Vide  Halox. 
in  vit.  Quadrati. 

Les  Grecs  confervent  l'ancien  nom  de  Philadelphie  ; 
mais  les  Turcs  l'appellent  AUahscbeyr ,  ou  Allachars , 
comme  qui  diroit  la  ville  de  Dieu.  Lorsqu'ils  vinrent: 
pour  s'emparer  du  pays  ,  les  habitans  fe  battirent  6c  fe 
défendirent  vigoureufement.  Les  Turcs ,  pour  leur  don- 
ner de  la  terreur  ,  firent  un  retranchement  par  une  mu- 
raille touted'os  de  morts,  liés  enfemble  avec  de  la  chaux. 
Les  habitans  furent  forcés  de  fe  rendre-,  mais  ils  firent  leur 
capitulation  plus  douce  que  celle  de  leurs  voifins.  On 
leur  laifia  quatre  églifes  qu'ils  ont  encore ,  favoir  Pa- 
nagia  ,  Saint  George  ,  Saint  Théodore  ,  6c  Saint  Taxiar- 
que ,  qui  efl  le  même  que  Saint  Michel.  Il  y  a  dans 
Philadelphie  fept  ou  huit  mille  habitans,  entre  lesquels 
on  peut  compter  deux  mille  Chrétiens. 

2.  PHILADELPHIE  ,  autrement  Rabbat  ou  Rab- 
bat-Ammon  •,  (  Rabbat  filiorum  Ammon  )  AmmAna  , 
ou  Rabat-Amana.  C'étoit  la  capitale  des  Ammoni-' 
tes ,  fituée  dans  les  montagnes  de  Galaad  ,  vers  les  four- 
ces  du  fleuve  Arnon.  Elle  efl  quelquefois  attribuée  à 
l'Arabie  ,  parce  qu'elle  étoit  aux  confins  de  la  I  érée  Se 
de  l'Arabie.  Ptolomée,  /.  j.  c.  15.  la  place  dans  la  Cœ- 
léfytie ,  de  même  qu'une  médaille  rapportée  par  Span- 
heim,  p.  896.  Etienne  le  géographe  dit  que  Philadel- 
phie efl  la  troifiéme  ville  confidérable  de  la  Syrie,  qu'elle 
fe  nomma  premièrement  Ammana  ,  enfuite  Allaite  ,6c 
enfin  Philadelphie,  du  nom  de  Ptolomée  Philadelphe. 
Polybe,  /.  5.  c.  71.  a  aufîi  confervé  le  premier  nom 
de  cette  ville  ,  car  il  l'appelle  Rabat-Amana  ,  &  la  met 
dans  l'Arabie.  Eufebe  la  place  à  dix  milles  de  Jazer , 
vers  l'orient.  Il  efl  afïez  vraifemblable  que  cette  ville 
fut  occupée  par  le  roi  Og  ,  puisque  du  tems  de  Moï- 
fe, on  y  montroit  encore  fon  lit  de  fer  ,  long  de  neuf 
coudées ,  6c  large  de  quatre.  Elle  fut  du  nombre  des 
villes  de  la  Décapole ,  6c  de  delà  le  Jourdain.  Jo- 
fephe,  de  Bel.  I.  3.  c.  2.  étend  la  lérée  ou  la  région  de 
delà  le  Jourdain ,  depuis  ce  fleuve  jusqu'à  Philadelphie. 
Voyez.  Rabbat-Aaimon.  Saint  Ignace  le  martyr  avoir 
apparemment  prêché  l'évangile  à  Philadelphie  ;  c'eft  à 
l'églife  de  ce  lieu  qu'il  écrivit  fa  lettre  intitulée  -.Aux 
Philadelpbiens.  *  Dent.  J-,  il.  Pline  ,  1.  ;.  c.  18. 

3.  PHILADELPHIE,  ville  de  la  Cilicie.  Ptolomée, 
/.  5.  c.  8.  la  place  dans  les  terres,  entre  Domiiiopolis  6c 
Seleucia  aspera.  Quoique  cette  ville  fût  bien  moins  con- 
fidérable que  les  deux  précédentes, elle  ne laifTa  pas  d'être 
épiscopale.  La  notice  du  patriarchat  de  Jérufalem  la  met 
fous  la  métropole  de  Séleucie  ,  6c  l'appelle  Philadelphie 
Parva,  Philadelphie  la  petite. 

4.  PHILADELPHIE  ,  ville  d'Egypte,  félon  Etienne 
le  géographe. 

5.  PHILADELPHIE  ,  ville  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale  ,  capitale  de  la  Penfylvanie  ,  au  30  deg.  40  min. 
de  longitude  ,  6c  à  39  deg.  50  min.  de  latitude.  Elle  a 
deux  milles  de  long  ,  entre  la  rivière  de  Laware  6V  celle 
de  Schuyskil  ,  &  un  mille  de  large  :  elle  a  une  grande 
rue  le  long  de  chaque  rivière  ,  Se  une  au  milieu  ,  qui 
efl  la  plus  grande  de  toutes,  6c  qui  va  d'une  rivière  à 
l'autre.  Cette  rue  à  cent  pieds  de  latge  -,  une  autre  coupe 
la  ville  dans  fa  largeur  ,  comme  la  précédente  la  coupe 
dans  fa  longueur,  &  elle  efl  de  la  même  largeur.  Toutes 
les  autres  qui  font  parallèles  à  ces  deux-ci ,  ont  cinquante 
pieds  de  largeur.  Philadelphie  eft  aujourd  hui  une  des 
plus  belles,  des  pins  riches  &  des  plus  brillantes  villes 
que  les  Anglois  ayent  dans  le  Nouveau  Monde.  *  Le 
pire  de  Charlevoix,  Mémoires  manuferits. 


PHÏ 


PHÏ 


VHILJE  ,  ville  d'Egypte  ,  proche  de  la  cataracte  chi 
Nil ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  5.  Il  y  avoit  auflï  une  ifle 
de  même  nom  ,  8c  c'eft  dans  cette  ifle  que  la  ville  étoit 
bâtie, félon  Sénéque ,/.  4.  Qu&ft.  Nat.  c.  2.  Le  Nil  après 
s  être  répandu  dans  de  valtes  déferts,  8c  y  avoir  for- 
mé divers  marais,  fe  raffemble  au-deffus  de  Phil/E, 
ifle  escarpée  de  tous  côtés.  Deux  bras  du  fleuve  font 
cette  ifle  ,  8c'  fe  réunifiant  au-deflbus ,  ne  forment  plus 
qu'un  feullit,  qui  eft  le  Nil&  qui  en  porte  le  nom.  Cette 
ville  a  été  épiscopale.  Dans  le  concile  d'Alexandrie  tenu 
l'an  362,  on  trouve  la  fouferiprion  de  Marcus  Philo- 
rum  episcopus.*  Harduin.  Collect.  conc.  tom.  1.  p. 
730. 

PHILENORUM  ,  ou  Philenorum  Vicus.  Voyez. 
au  mot  Ar/e  ,  l'article  Akje  Philenorum. 

PHILENORUM  AR/£.  Voyez,  au  mot  Ar*  ,  l'ar- 
ricle  Ar^e  Philenorum. 

PHILi£UM ,  ville  de  l'ancienne  Germanie.  Ptolo- 
mée ,  /.  i.c.  11.  la  place  dans  le  climat  le  plus  fepten- 
trional.  Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  la  ville  de  Gro- 
ningen  ;  mais  ce  ne  font  que  les  interprètes  qui  écrivent 
Philœum  ou  Phileum  ,  le  texte  grec  porte  Phlatm. 

PHILAIDE  ,  peuple  de  la  tribu  /Egéïde ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

PHILANORIUM,  lieu  de  l'Argie ,  félon  Paufanias , 
/.  2.  c.  36. 

PH1LARCHI ,  peuples  d'Afie,  que  Srrabon  ,  /.  2.  p. 
130.  joint  avec  les  Scenites.  Il  dit  qu'Us  habitoient  le  long 
de  l'Euphrate&  dans  la  Syrie. 

PHILE  Se  Phileas,  petite  contrée  du  territoire  de 
Byzancejcar  c'eft  ainfi  fans  doute  qu'il  faut  rendre  ces 
rrois  mots  d'Etienne  le  géographe  :  Phy.'eas  ,  Regiuncu- 
la  Byz>anlii.  Nicétas  fait  auffi  mention  dt  cette  contrée  ; 
8c  Ortelius  dit  avoit  lu  dans  Godefroi  Willehardouin  , 
que  cectecontrée  étoit  fur  le  bord  du  Pont-Euxin.  Etien- 
ne le  géographe  ajoute  que  quelques-uns  écrivent  Phi- 
leas 8c  d'autres Phineas. 

PHILEATINA  ,  marais  près  de  la  côte  du  Pont-Eu- 
xin ,  à  l'occident  folltitial  de  Byzance ,  félon  Zozime 
dans  fon  hilloire  nouvelle,/,  i.c.  34. 

PH1LECIA,  ville  de  la  Germanie.  Ptolomée,  /.  2. 
c.  11.  dit  qu'elle  étoit  près  du  Danube  ,  entre  Medojla- 
vium  8c  Rhoboditmtm.  Au  lieu  de  Philecia  ,  fes  inter- 
prètes écrivent  Philicia. 

PHILEMPORUS  ,  lieu  aux  environs  de  Byzance.  Si- 
méon  le  Métaphralk  en  parle  dans  Ja  vie  de  faint  Daniel 
Stylite. 

PH1LENE.  Voyez.  Phyle. 

PHILENORUM  ,  ville  de  la  Bœotie ,  dans  l'Arnée  , 
félon  Etienne  le  géographe,  qui  dit  qu'elle  tue  fon  nom 
de  Philenor  l'Etolien. 

PHILEROS,  ville  de  la  Macédoine.  Pline,  /.  4.  c. 
10. la  met  dans  les  terres.  Le  père  Hardouinditqui-  quel- 
ques manuferits  au  lieu  de  Phyleros  Lient  Pyloros; 
8c  il  croit  cette  dernière  orthographe  la  meilleure. 

PHILETA ,  ville  aux  enviions  de  la  Carie ,  félon  Or- 
telius ,  qui  cite  Conftantin  Porphyrogéiiete. 

PH1LETO.  Voyez.  Megalopolis. 

I.  PHILIA  ,  ifle  de  l'Egypte,  aux  confins  de  l'Ethio- 
pie ,  proche  de  la  ville  de  Tacompfon  ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

2".  PHILIA,  promontoire  de  Thrace,  fur  le  Pont- 
Euxin.  Ptolomée,  /.  3.  c.  11.  le  place  près  de  Philo- 
polis. Cette  Philopolis  efl  différente  de  celle  que  Pom- 
ponius  Mêla,  /.  2.  c.  2. appelle  Fhileas  ,  8c  qui  étoit 
au  voifinage. 

PHILIAD/E  ,  bourgade  de  l'Attique.  Elle  prenoit  fon 
nom  de  Philarus ,  fils  d'Ajax ,  8c  étoit  la  patrie  de  Pifi- 
ûrate.  Etienne  le  géographe  la  met  dans  la  tribu  JEgéï- 
We;  mais  félon  le  marbre  des  treize  tribus ,  rapporté  par 
Spon,  Lijle  de  l'Attique ,  il  la  faut  ranger  fous  l'Oe- 
néïde.  A  Athene»,  ajoute  t-il ,  chez  le  frère  de  Capitan- 
ki ,  on  lit  l'infctiption  fuivante  : 

AirHIS  ANAPON  ENIKA 
TAriAHS    KTH2IOY  4>IAIAH2  EXOPHrEI 
AT2IMAXIAH2  EniAAMNIOS  HYAEI 
XAPIAAO-i    A0KP02    EAIAAIKE     EY0TKPITOS 
HPXEN. 


947 

C'eft-a-dire  :  La  tribu  JEgcïâe  des  hommes  a  eu  la 

vilioire  :  Evagidès  ,fils  de  Ctefias  de  Philiada,  a  préfidé 

aux  jeux  :  Lyjïmachidès  Epidumnien  a  eu  foin  de  la  mu- 

Jtque:  Cbarilaus  Locrien  a  récité  :  Euthycritus  a  été  Ar- 

chon. 

Fulvius  Urfinus  a  cité  cette  infeription  »  fans  mar» 
quer  le  lieu  où  elle  étoit  dans  fes  images  dès  hommes 
illuftrcs. 

PHILICUS,  ifle  que  Ptolomée  , /.  7.  c.  4,  range  au 
nombre  des  treize  cens  foixante  8c  dix-huit ,  qu'il  dit  être 
au-devant  de  l'ifle  de  Taprobane.  Ses  interprètes  lifent 
Phelicus. 

1 .  PHILIPPES ,  Philippi ,  ville  de  la  Macédoine ,  fé- 
lon quelques  uns ,  8c  de  la  Thrace  ,  félon  le  plus  grand 
nombre.  Cette  ville  eft  célèbre,  premièrement  par  fou 
fondateur,  Philippe  de  Macédoine,  qui,  trouvant  ce 
lieu  avantageux  pour  faire  la  guerre  aux  peuples  de  la 
Thrace  ,  le  fortifia  :  fecondement  par  la  bataille  qui  fe 
donna  fur  fon  territoire ,  où  Caflius  &  Brutus  perdi- 
rent la  vie  ;  8c  en  troifiéme  lieu  par  l'épître  que  faint 
Paul  adrefla  à  fes  habitans.  Avant  que  Philippe  la  for- 
tifiât ,  elle  fe  nommoit  Datus  ,  8c  encore  auparavant  on 
la  nommoit  Credines ,  félon  Appien,  Civil.  I.  4.  p.  650. 
qui  nous  apprend  qu'elle  étoit  fituée  fur  une  colline  es- 
carpée ,  dont  elle  occupoit  tout  le  fommet.  Les  Romains 
y  établirent  une  colonie.  Ce  titre  lui  eft  donné  dans 
les  actes  des  apôtres,  c.  16.  v.  12.  dans  Pline  ,  /.  4.  c . 
11.  &  fur  plufieurs  médailles.  Saint  Paul  y  prêcha  l'an 
$  2  de  l'ère  commune ,  8c  y  convertit  quelques  perfoil- 
ncs  ,  entreautres  une  marchande  de  pourpre  ,  nommée 
Lydie.  Il  y  délivra  du  démon  une  fervante  ,  qui  avoit 
un  esprit  familier,  qui  la  faifoit  deviner  plufieurs  cho- 
fes ,  8c  qui  produifoit  un  grand  profit  à  fes  maîtres. 
Ceux-ci  émurent  toute  la  ville  contre  faint  Paul ,  8c 
les  magiftrats  le  firent  arrêter ,  fouetter  8c  mettre  en 
prifon  :  mais  le  lendemain  on  le  renvoya  aveeexeufes, 
ayant  appris  qu'il  étoit  citoyen  Romain.  Le  fleur  Lucas , 
Voy.  t.  2.  p.  icc.  qui  a  vu  les  ruines  de  cette  ville,  dit 
qu'étant  parti  de  Drame,  il  marcha  cinq  heures,  au 
bout  desquelles  il  arriva  au  commencement  de  ces  rui- 
nes ,  que  les  Grecs  d'aujourd'hui  appellent  Pbibppipi; 
c'eft -à-dire ,  la  terre  de  Philippes.  On  trouve  d'abord  le 
château  qui  elt  à  main  gauche.  On  l'a  bâti  fur  une  mon- 
tagne ;  il  elt  très-vafte ,  &  fes  murailles  font  encore  pres- 
que toutes  entières.  Sur  différentes  éminences  qui  en- 
tourent la  montagne  &  le  château,  s'élèvent  plufieurs 
autres  forte reffes  qui  y  ont  des  correspondance?.  Diver- 
fes  grandes  murailles  eri  dépendent ,  8c  s'étendent  jus- 
que dans  la  plaine.  Lorsqu'on  eft  arrivé  dans  la  place 
de  Philippes ,  on  trouve  des  monceaux  de  pierres  de 
taille  &  de  marbre,  fans  qu'il  paroiffe  aucun  vertige  de 
bâtiment.  Enfuite  on  rencontre  un  grand  nombre  d'édi- 
fices ,  feulement  à  moitié  abbatus.  Il  eft  aifé  de  s'apper» 
cevoir  qu'ily  a  eu ,  parmi  de  beaux  temples  bâtis  de  mar- 
bre blanc ,  de  fuperbes  palais ,  dont  les  relies  donnent 
encore  une  haute  idée  de  l'architecture  ancienne,  8c 
plufieurs  monumens  magnifiques.  Après  avoir  marché 
une  heure  8c  demie  dans  ces  ruines ,  nous  trouvâmes  , 
ajoute  le  fleur  Lucas-,  une  groffe  pierre  d'environ  vingt 
pieds  de  haut  ,  8c  de  quatre  pieds  fur  chaque  face.  Elle 
paroit  avoir  fervi  de  piedeftal.  Sur  un  des  côtés,  il  y  avoit 
une  infeription  en  lettres  majuscules  ;  mais  elles  font 
absolument  rongées,  8c  on  ne  peut  découvrir  que  ces 
deux  lignes  qui  étoient  les  deux  premières  : 

C.  VIBIVS  CF.  COR.  QVARTVS. 

MILLE   c.    V.   MACEAQNIO. 

2.  PHILIPPES  (Césaree  de).  Voyez.  Cesarée  de 
Philippes. 

3.  PHILIPPES  (  L'isle  de  Saint).  Voyez.  Fuego. 

4.  PHILIPPES  (Saint  )  ,  ville  de  l"Amériqne  Sep- 
tentrionale ,  dans  la  Nouvelle  Espagne.  Son  terroir  nour- 
rit beaucoup  de  beltiaux. 

PHILirPEUS  FONS,  fontaine  de  l'Arcadie.  Elle 
étoit ,  félon  Paufanias ,  /.  8  c'y.  près  du  village  Nes- 
tanes. 

1.  PHILIPPI,  nom  latin  de  la  ville  de  Philippes  en 
Macédoine.  Voyez.  Philippes  &  Philippici  campi. 

z.  PHILIPPI ,  ou  Thessali/£  Philippi.  Etienne  1* 
Tom.  IV.Dddàd  dij 


94B       PHÏ 

géographe  dit  qu'on  donna  ce  nom  à  la  ville  de  Thébes 
en  Theflalie. 

PHILIPPI  INSULA,  i/le  du  golfe  Arabique,  félon 
Srrabon,  /.  16.  p.  773. 

PHILIPPICI  CAMPI.C'eft  ici  un  des  articles  de  la 
géographie ,  où  les  favans  fe  font  le  plus  exercés.  La 
difficulté  venoit  de  ce  qui  eft  dit  dans  ces  vers  de  Vir- 
gile, Georg.  I.  i.v.  484.  &  feq. 

Ergo  interfefe  paribus  concurrere  telis 
1      Romanas  actes ,  iterum  vider e  Philippi: 

Nec  fuit  indignum  Sitperis  ,  bis  fanguine  noftro 
Emathiam  &  latos  H&mipinguescere  campos. 

On  demandoit  en  quel  fens  Virgile  avoit  pu  dire  que 
la  ville  de  Philippes  a  vu  deux  fois  les  armées  Romaines 
fe  livrer  entre  elles  de  fanglantes  batailles.  Le  père  Catrou 
dans  fes  notes  critiques  ,  t.  i.p.  124.  dit  :  Que  Philip- 
pes a  vu  l'action  décifive ,  où  Oétavien  &  Antoine  vain- 
quirent Brutus  6c  Caflius ,  6e  vengèrent  l'aflaflinat  de 
Jules  Céfar  ,•  mais  quelle  autre  fois  encore  la  ville  de 
Philippes  a-t-elle  été  témoin  d'une  autre  bataille  ?  11  eft 
confiant  que  la  ville  de  Philippes,  placée  par  tous  les 
géographes  anciens  dans  la  Thrace ,  n'a  pu  voir  l'action 
de  Fharfale  ,  où  Jules  Céfar  fut  vainqueur  de  Pompée. 
La  ville  &  les  plaines  de  Phatfale  font  dans  l'endroit 
de  la  Macédoine  le  plus  voifin  de  la  Theflalie,  &  Vir- 
gile affure  que  deux  fois  la  Macédoine  ,  ou  la  Theffalie, 
fut  engraiffée  du  fang  romain  : 

Bis  fanguine  noftro 
Emathiam ,  &  latos  Hami  pinguescere  campos. 

Il  y  avoit  environ  quatre-vingt  lieues  de  diftance  en- 
tre Philippes  6e  Pharfale  ,  c'eft-à-dire  ,  toute  l'étendue 
de  la  Macédoine  jusqu'en  Theflalie.  Comment  donc 
Philippes  a-t  elle  pu  voir  la  bataille  de  Pharfale  fe  don- 
ner fous  Ces  yeux  ?  Un  favant  critique  de  notre  tems  tran- 
che le  nœud ,  &  prétend  que  les  deux  batailles ,  dont  Phi- 
lippes fut  témoin  ,  furent  les  deux  combats  confécutifs , 
que  Brutus  &  Caflius  livrèrent  contre  Octavien  &  con- 
tre Antoine  ,  à  la  vue  de  Philippes.  Delà  ,  dit-il ,  les  ex- 
preflions  de  Virgile: 

Paribus  concurrere  telis 
Romanas  acies  iterum  vider  e  Philippi. 
* 

En  effet ,  la  bataille  qu'on  appelle  de  Philippes ,  con- 
fifta  en  deux  actions.  Dans  la  première  Caflius ,  qui  fe 
crut  vaincu  ,  quoique  fou  parti  eût  eu  l'avantage  ,  fe  fit 
tuer  par  Pindare  fon  affranchi.  Dans  la  féconde  ,  qui  fe 
donna  quelques  femaines  après ,  Brutus,  défait  6e  vaincu 
fe  fît  aufli  donner  la  mort.  Voilà  ,  dit  ce  critique ,  les 
deux  batailles  que  vit  Philippes ,  iterum  vidsre  Phi- 
lippi. 

Un  autre  interprète  plus  ingénieux  encore  ,  évite  ha- 
bilement la  difficulté.  Il  prétend  que  l'iterùm  ,  qui  met 
feul  de  l'obscurité  dans  le  paflage ,  ne  tombe  pas  fur 
videre  Philippi ,  mais  fur  concurrere  telis  ,•  6e  voilà,  fé- 
lon lui ,  le  fens  du  poète  :  La  ville  de  Philippes  a  vu 
les  Romains  je  battre  pour  la  féconde  fois  ,  avec  des  ar- 
mes pareilles.  Rien  de  plus  clair ,  dit  il,- Philippes  n'a 
pas  vu  deux  fois  les  Romains  fe  battre  ;  mais  elle  a  vu 
les  Romains  fe  battre  la  féconde  fois  qu'ils  fe  battirent. 
Sans  doute  toute  la  difficulté  feroit  anéantie  par  ces 
fyftêtnes  ,  s'ils  étoient  foutenables.  Mais  il  paroit  que  le 
bis  6e  qnel'iterirm  du  paflage  que  nous  examinons ,  tom- 
bent fur  la  bataille  de  Pharfale  6e  fur  celle  de  Philip- 
pes, Se  que  Virgile  fait  donner  l'une  &  l'autre  en  Ma- 
cédoine ou  en  Theflalie  ,  précisément  au  même  lieu  de  à 
la  vue  de  Philippes.  Voici ,  ajoute  le  pere  Catrou ,  la 
preuve  de  ma  prétention. 

Lucain  &  Manilius,  qui  ont  écrit  depuis  Virgile, 
fetvent  de  commentaire  au  texte  que  nous  examinons. 
Ces  deux  écrivains  parlent  plus  nettement  encore  que 
Virgile  des  deux  batailles  de  Pharfale  &  de  Philippes, 
qui,  félon  eux,  furent  livrées  précifément  au  même 
lieu,  à  entendre  la  chofe  à  la  rigueut  des  tei  mes.  Lu- 
cain s'exprime  de  la  forte  :  il  apoflrophe  la  Theflalie  ,  & 
lui  prophétife  qu'elle  fera  le  théâtre  de  deux  combats 


PHI 


décififs  ,  l'un  de  Jules  contre  Pompée  ,  l'autre  d'0£ta« 
vieil  de  d'Antoine  contre  Brutus  ôe  Caflius: 

Quo  non  Romanos  violabis  vomere  Mânes  ? 
Ame  nova  ventent  acies  ,  feelerique  fecundo 
Pr&ftabis  nondumficcos  hoejanguine  campos. 

Manilius  efl  encore  plus  formel  que  Lucain ,  &  fes 
vers  marquent  expreflément  les  batailles  de  Pharfale  & 
de  Philippes ,  données  à  la  lettre  au  même  lieu.  Voici  fes 
paroles: 

Necplura  aliàs  incendia  Mundus 
Suflinuit ,  quam  citm  Ducibus  jurata  cruentis 
Arma  Phiïipp&os  implerunt  agmine  campos. 

Voilà  pour  la  bataille  de  Philippes.  Puis  il  ajoute  ce 
qui  fuit  par  rapport  à  la  bataille  de  Pharfale  : 

Vix  etiam  ficca  miles  Romanus  arena 
Ojfa  virûm  lacerosque  prihs  Juper  adftit'u artus ',' 
Imperiumque fuis  confixit  viribus  ipjum; 
Perque  patris  pater  Auguflus  vefligia  vicit. 

On  voit  ici  les  offemens  des  Romains  péris  à  la  batail- 
le de  Pharfale,  foulés  aux  pieds  de  ceux  qui  combatiitent 
à  la  bataille  de  Philippes.  On  y  voit  Augufle  vainqueur 
fur  les  traces  de  Jules  fon  pere  ,  Perque  patris  pater  Au- 
guftits  vefligia  vicit. 

Qu'on  ne  dife  point  au  refte ,  que  ce  font  ici  des  exa- 
gérations ordinaires  à  des  po'étes  qui  fe  donnent  la  li- 
berté de  feindre.  i°.  11  n'y  a  point  ici  de  lieu  ni  de  ma- 
tière à  la  fiction.  Il  s'agit  d'un  fait  hiftorique,  fur  lequel 
quatre  poètes,  à  peu  près  contemporains,  conviennent 
enfemble.  Ces  poètes  font  Virgile  ,  Lucain,  Manilius  & 
Ovide.  En  effet ,  celui-ci  parle  le  même  langage  que  les 
autres,  en  ces  termes  : 

Pharfaliafentiet  illum , 
Emathiique  iterum  madefient  c&de  Philippi. 

20.  Tous  quatre  établiffent  Philippes,  6e  Philippes  en 
Theflalie  ,  ou  en  Macédoine  ,  Emathii ,  pour  l'endroit 
précis  des  deux  batailles  de  Jules  &d'Octavien.  50.  lln'eft 
pas  croyable  ,  que  tous  quatre  foient  convenus  à  affilier, 
par  une  exagération  égale,  que  la  ville  de  Philippes  en 
Thrace,  diftante  de  quatre-vingt  lieues  de  Phatfale ,  ait 
été  témoin  des  deux  batailles  ;  Se  qu'ils  fe  foient  copiés 
fi  fervilement.  Il  paroît  donc  certain  que  ces  deux  ba- 
tailles fe  font  données  à  la  vue  d'une  ville  nommée 
Philippes  ,  qui  étoit  dans  les  campagnes  de  Pharfale. 

L'hiftoire  vient  au  fecours  des  poètes ,  6e  les  auto- 
rife.  Florus ,  au  chapitre  fixiéme  du  livre  quatrième , 
parlant  de  la  bataille  de  Pharfale  ,  lui  donne  un  nom 
bicnextraordinaire.il  l'appelle  la  bataille  de  Philippes, 
Philippicis  Campis  ,  dit-il ,  Urbis  ,  Imperii,  Generis Hu- 
mant jata  commiffafunt.  Il  fait  trouver  une  Philippes  en 
Theflalie  ,  prdio  fumpta  Thejjalia  eft.  C'étoit  pour  la  ba- 
taille qu'il  appelle  de  Philippes.  Nous  verrons  bientôt 
qu'il  a  eu  raifon. 

Il  y  a  plus.  Au  chapitre  fuivant ,  en  décrivant  la  ba- 
taille de  Philippes,  c'eft-à-dire  ,  celle  que  gagnèrent 
Octavien  6e  Antoine,  il  la  place  précifément  au  même 
lieu  que  la  bataille  de  Pharfale  :  Eamdem  illam ,  qu& 
fatalis  Cnœo  P ompeio fuit ,  arenaminfederant.C'eftàunc 
fur  le  même  terrein ,  dans  les  mêmes  plaines ,  qui  furent 
fatales  à  Pompée  ,  que  les  chefs  de  la  bataille  de  Phi- 
lippes fe  livrèrent  le  combat.  Etienne  le  géographe  fe 
joint  aux  auteurs  que  j'ai  cités,  6e  cette  réunion  fait  une 
autorité.  Cet  écrivain  donc  reconnoîr  en  Theffalie  une 
ville  de  Philippes  ,  toute  différenre  de  celle  qui  étoit'^P 
Thrace.  Celle-ci  porta  d'abord  le  nom  de  Crenides  ,  Se 
celle-là  fut  d'abord  nommée  7 'he ba.  tToutes  deux  dans 
la  fuite  prirent  le  nom  de  Philippes  ,  itàvàmctv  Q'ihm- 
770/  net)  ai  &ri$cti ,  dit  Etienne  le  géographe.  Dès-là  nous 
fommes  au  large.  Du  moment  que  nous  trouvons  une 
ville  de  Philippes  dans  la  plune  de  Pharfale  ,  nous 
comprenons  comment  la  bataille  de  Pharfale  a  pu  s'ap- 
peller,  par  Florus  ,  la  bataille  de  Philippes,  &  comment 
quatre  po'etcs  ont  pu  dire  ,  que  Philippes  avoit  vu  deux 
fois  les  Romains  fe  battre  au  même  lieu.  Or ,  félon  le 


PHI 


PHI 


même  Etienne  le  géographe ,  cette  ville  de  Philippes 
eft  en  Theflalie ,  aufli-bien  que  Pharfale  ,  <&ixi-7i7roi  xa) 
ai  &H^oti  eurs-efrictç.  En  effet  ,  dans  les  cartes  anciennes 
de  la  Grèce ,  on  rrouve  une  ville  du  nom  de  Thebœ , 
c'eft-à-dire  cerre  Thebes  qui  eut  aufli  le  nom  de  Philip- 
pes ,  félon  Erienne  le  géographe ,  placée  dans  la  plaine 
même  de  Pharfale.  Que  faut-il  de  plus  pour  nous  con- 
vaincre que  Pharfale ,  Se  que  Philippes  onr  pu  voir 
les  deux  batailles  &  de  Pharfale  &  de  Philippes  fe  don- 
ner précisément  au  même  lieu  ? 

Aufli  Servius,  fur  cet  endroit  de  Virgile,  place  la  fee- 
ne  des  deux  batailles  ,  que  livrèrent  Jules  Octavien  Cé- 
far ,  proche  d'une  ville  de  Philippes ,  en  Theflalie.  Voici 
Ces  paroles  :  Civitas  eft  Thejfalix.  (  Philippi  )  in  qua  pri- 
mo Cœfar  &  Pompeius  ,  pqfteà  Auguftus  0"  Brutuî  cum 
CaJJïo  dimicaverunt.  Il  n'efl:  point  ici  queflion  de  la 
ville  de  philippes  en  Thrace.  Paul  Diacre  fe  joint  aux 
autres  auteurs  latins  ,  &  prétend  qu'à  la  bataille  où 
Brutus  &  Caflius  furent  vaincus  ,  Octavien  Céfar  cam- 
poit  dans  la  plaine  de  Pharfale.  A  la  vérité  on  pour- 
roi  t  nous  objeéter,  que  félon  Virgile  même,  le  mont 
Haemus  fut  engraiffé  du  fang  répandu  devant  Philippes, 
trlatos  Hxmipinguescere  campos.  On  fait  d'ailleurs  que 
l'Humus  eft  de  Thrace.  Mais  peut-on  prouver ,  dira  t- 
on  ,  qu'il  s'étende  jusqu'en  Theflalie  ?  Certainement  Ser- 
vius l'ailure,  Hxmus  Mons  Theffalia.  Quelques-uns 
méprifent  fon  autorité  ;  mais  il  fuit  celle  de  l'auteur 
qu'il  commente.  Virgile  au  fécond  livre  des  Géorgi- 
ques ,  fou  pire  fans  doute  après  la  Theflalie ,  Se  non  pas 
après  la  Thrace  ,  lorsqu'il  s'écrie:  O  qui  me gehdis  in 
Vallibus  Hœmi  fiftat  !  Horace  de  fon  côté  joint  l'Har- 
mus  avec  le  Pinde  en  Theflalie,  aitt  fuper  Pindo  ,geli- 
dove  in  Hxmo.  Soit  vérité,  foit  tradition  poétique, 
l'Hxmus  eft  fouvent  attribué  à  la  Theflalie  ,  Se  c'eft  aflez 
pour  nous. 

A  la  vérité,  Appien  fans  délibérer  met  la  bataille 
d'Augufte  contre  Brutus  dans  les  champs  de  Philippes 
en  Thrace  ,  Se  afliire  que  la  ville  nommée  Philippes 
qui  vit  cette  importante  action  ,  fut  l'ancienne  Crénides: 
mais  il  étoit  Egyptien,  &  n'écrivoit  que  fous  Adrien; 
ainfi  fon  autorité  n'efl  nullement  comparable  a  des  Ro- 
mains contemporains.  Au  reite  ,  il  paroit  incontefla- 
ble  que  Virgile  Se  les  trois  autres  poëtes  qui  l'ont  fuivi  , 
ont  mis  les  deux  batailles  de  Pharfale  Se  de  Philippes  au 
même  lieu.  • 

Quelqu'ingénieux  Se  quelque  probable  que  paroifle 
le  fyflême  du  père  Catrou  ,  il  ne  faut  pas  cependant  l'a- 
dopter comme  une  vérité.  i°.  Il  ne  l'appuie  que  fur  le 
paflage  des  poètes  qui  ordinairement  n'ont  que  leur 
imagination  pour  guide.  2°.  Il  rejette  le  témoignage 
d'Appien  comme  étranger  Se  poflérieur  :  mais  Plutar- 
que  ,  in  Bruto  ,  dit  que  Brutus  avoit  déjà  réduit  fous 
fon  obéiflance  la  plupart  des  peuples  des  environs  de 
Philippes  (  de  Thrace  )  ;  que  s'il  refloit  quelque  ville  ou 
quelque  prince  à  fubjuguer  ,  Caflius  Se  lui  achevèrent 
de  les  réduire  Se  aflujettirent  tout  le  pays  jusqu'à  la  mer, 
vis-à-vis  de  l'ifle  de  Thafos  ;  que  Brutus  furprit  Nor- 
banus  campé  dans  les  détroits  ,  près  d'un  lieu  appelle 
Symbolon  ,  qu'il  campa  avec  Caflius  dans  ce  lieu  ,  vis- 
à-vis  du  camp  de  Céfar&  d'Antoine  ;  &  que  tout  l'es- 
pace ,  qui  étoit  entre  les  deux  armées  ,  fut  appelle  par- 
les Romains  la  Plaine  de  Philippes.  Or  il  n'y  avoit, 
comme  on  fait,  ni  villes  ni  princes  à  réduire  aux  en- 
virons de  Pharfale  :  l'ifle  de  Thafos  n'efl  point  fur  la  côte 
de  la  Theflalie,  mais  fur  celle  de  la  Thrace  ;&  Sym 
bolum  eft  au  voifinage  de  Philippes  de  Thrace  ;  il  ne 
relie  donc  aucun  doute  fur  la  ville  ,  à  la  vue  de  laquelle 
fe  donna  la  bataille  en  queflion.  Dion  Caflius  fe  joint 
à  Appien  &  à  Plutarque.  Il  dit,  /.  47.  p.  347  &  348.  pour 
défigner  la  ville  près  de  laquelle  fe  donna  la  bataille: 
Philippi  Oppidum  eft  Pangxo  S?"  Symbolo  adjacens.  Sym- 
bolum  autem  vocatur  ifle  Locus  à  Gratis ,  quia  is  Mons 
alio  in  mediam  terram  fe  extendenti  committitur  :  cflque 
is  Locus  intra  Neapolim  &  Philippos  ,  quorum  Oppido- 
rum  illud  quidem  ad  Mare,  è  région e  Thafi ,  fuuni 
efl  :  hoc  vero  in  Campo  inter  Montes.  Il  n'efl;  pas  pos- 
fible  de  transporter  tous  ces  lieux  dans  la  Theflalie. 

Si  les  hifloriens  Grecs  font  contraires  au  père  Catrou  , 
les  Latins  ne  lui  font  pas  favorables.  Suérone  place  les 
autels  qu'élevèrent  les  légions  victoiieufes  après  la  ba- 


949 

taille  de  Philippes  :  Et  ingrejfo,  dit  Suétone  en  parlant 
de  Tibère ,  primant  expeditioriem  ,  ac  per  Macedoniam 
ducente  exercitum  in  Syriam  ,  accidit ,  ut  apud  Philip- 
pos facratœ  olim  viclricium  Legionum  Ar<z  ,  Jpontc  jubi- 
tis  collucerent  ignibus  ,  &c.  Si  ces  autels  élevés  près  de 
Philippes  fe  trouvent  fur  la  route  de  Tibère,  qui  mené 
par  terre  fon  armée  de  la  Macédoine  dans  la  Syrie, 
où  fera  cette  ville  de  Philippes,  finon  dans  la  Thra- 
ce? Et  quelle  apparence  y  auroit  il  à  la  placer  dans  la 
Theflalie ,  qui  étoit  diaméttalement  oppofée  à  la  route 
que  tenoit  Tibère?  L'admiration  qu'avoit  le  père  Ca- 
trou pour  Virgile ,  Se  l'envie  qu'il  avoit  que  ce  poe'te 
parût  aufli  exadt  qu'un  hiflorien  ,  l'ont  féduit  ,  &  lui  ont 
fait  avancer  un  fyflême  faux  .comme  s'il  eût  été  véritable 
PHILIPPEV1LLE  ,  Philippopolis  ,  ville  de  France  [ 
dans  le  Hamault ,  à  dix  lieues  fud-eft  de  Mons,  &  à 
cinquante  fud-efl  de  Paris.  Ce  n'étoit  autrefois  qu'un 
bourg  appelle  Corbigni ,  fur  le  fond  du  pays  de  Liège. 
En  1555,  Marie,  reine  d'Hongrie,  feenr  de  Charles  V 
&  gouvernante  des  Pays  Bas,  le  fit  fortifier,  &  lui  don- 
na le  nom  de  Philippe  II ,  fon  neveu  ,  avec  promené  de 
donner  en  récompenfe  à  l'état  de  Liège  Herflal  Se  plu- 
fieurs  autres  lieux  du  Brabant.  Cependant  les  Liégeois 
ne  purent  obtenir  l'exécution  de  ce  traité  :  en  vain  ils 
firent  appuyer  leurs  plaintes  de  la  France.  Louis  XIV 
reçut  au  traité  des  Pyrénées  le  transport  des  places  de 
Marienbourg  Se  de  Philippeville,  qui  lui  fut  fait  par- 
Philippe  IV  ,  roi  d'Espagne  ;  Se  enfin  il  eut  du  roi  Char- 
les II,  Charlemont  Se  la  terre  d'Agimont,  les  Liégeois 
n'ayant  plus  fait  d'inftances  ni  de  pourfuites  pour  leurs 
anciennes  prétentions.  *  Longuenie,  Defc.  de  la  Fiance , 
part.  2.  p.  134. 

Quoique  Philippeville  foit  une  petite  place,  elle  efl  très- 
forte  :  Louis  XIV  y  fit  faire  quantité  de  travaux.  Elle 
efl  fituée  fur  une  hauteur ,  dont  la  pente  eft  aflez  douce  , 
Se  on  y  entre  par  deux  portes  différentes.  C'eft  un  pen- 
tagone irrégulier ,  compofé  de  cinq  grands  baflions , 
dans  deux  desquels  font  des  tours  baflionnées  de.  la  fa- 
çon du  maréchal  de  Vauban.  Il  y  en  a  une  autre  re- 
tranchée en  forme  de  réduit.  Le  devant  des  courtines 
efl;  couvert  de  tenaillons  à  flancs ,  les  uns  plus  grands 
que  les  autres,  à  caufe  de  l'irrégularité  des  côtés.  Cette 
place  efl  enfermée  d'un  grand  foflë  ,  dans  lequel  eft  une 
cunette  qui  règne  le  long  des  baflions.  Dans  ce  foffé  font 
cinq  demi-lunes ,  une  vis-à-vis  chaque  front.  Quelques- 
unes  de  ces  demi-lunes  font  irrégulieres  ,  toutes  retran- 
chées d'un  réduit  au  milieu  ,  &  flanquées,  à  chaque  angle 
rentrant  de  la  contrescarpe  ,  de  lunettes  qui  font  des  es- 
pèces de  petites  demi  lunes  de  chaque  côté  de  la  grande 
qu'elles  accompagnent.  Tous  ces  ouvrages  font  enve- 
loppés de  foflés,  d'un  chemin  couvert  Se  de  fon  glacis  , 
au-delà  duquel  font  placées  dix  petites  redoutes  pen- 
tagonales,  qui  donnent  fur  la  campagne  ,  Se  empêchent 
les  approches.  Chacune  de  ces  redoutes  eft  entourée 
d'un  petit  fofle  Se  d'un  chemin  couvert.  Les  dedans  de 
la  ville  font  diflribués  en  plufieurs  rues,  tirées  au  cor- 
deau, aflez  larges,  bien  percées,  Se  qui  aboutiflent  toutes 
à  une  grande  place  pentagonale ,  un  peu  irréguliere. 
On  compte  dans  Philippeville  deux  cens  dix-huit  feux , 
Se  environ  huit  cens  habitans.  Il  y  a  un  curé  qui  eft 
nommé  par  le  roi ,  &  qui  jouit  de  fept  cens  cinquante 
livres  de  revenu,  mais  dont  cent  cinquante  font  pour 
l'organifte  del'églife  paroifliale.  Les  deux  vicaires  font 
à  deux  cens  livres  de  gages  chacun.  Il  y  a  aufli  un  cou- 
vent de  religieufes  Recolledtines.  Les  officiers  de  ju- 
ftice  font  un  prévôt ,  un  procureur  du  roi  Se  un  greffier. 
La  jurisdiclion  de  Philippeville  s'étend  fur  treize  cens 
Journels  de  terres  labourables  ,  qui  ne  produifent  qu'à 
force  de  fumier  Se  de  chaux;  Se  fur  mille  vingt-trois  Jour- 
nels de  prairies.  Il  y  a  quantité  de  mines  de  fer  &  autres  à 
une  demi-lieue  fur  les  terres  de  Liège  -,  Se  aux  environs 
de  la  ville  on  trouve  quantité  de  carrières  de  pierres 
brunes ,  qui  fervent  comme  la  pierre  de  taille,  Se  qu'on 
emploie  aufli  brutes  pour  la  maçonnerie  commune.  Les 
carrières  de  marbre  font  fur  les  terres  étrangères.  II  ne 
paflè  point  de  rivière  par  cette  ville.  Il  y  a  feulement 
deux  ruiffeaux  :  celui  de  Jaimagne,  fur  lequel  on  pour- 
roit  établir  une  manufacture  de  cuirs  de  toute  espèce  ; 
Se  celui  de  Bridou  ,  fur  lequel  on  pourroit  établir  une 
manufacture  de  carfées  ou  ferges.  Ce  qui  feroit  d'une 


9*o 


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PHI 


grande  utilité  ,  &  empêcheroit  les  espèces  de  fortir  du 
royaume.  *  Tiganiol ,  Defc.  de  la  France  ,  tom.  7.  p. 
Z67. 

PHILIPP1ENS  (  Les  ).  Ce  font  les  habitans  de  la  ville 
de  Philippes  en  Thrace.  Ils  furent  toujours  fort  recon- 
noiflans  de  la  grâce  de  la  foi  qu'ils  avoient  reçue  de  Dieu 
par  le  moyen  de  faint  Paul.  Ils  Taffifterent  en  plufieurs 
occafions ,  &  lui  envoyèrent  de  l'argent  pendant  qu'il 
étoit  dans  l'Achaïe ,  Philip.  4 ,  16.  Lorsqu'ils  furent  qu'il 
étoit  prifonnier  à  Rome,  Philip.  1,  12,  13.  ils  lui  dé- 
putèrent Epaphrodite, leur  évêque ,  pour  lui  rendre  tou- 
tes fortes  de  fervices.  Epaphrodite  tomba  malade  ,  & 
faint  Paul  pour  tirer  d'inquiétude  les  Philippiens,  qui 
avoient  fu  fa  maladie,  le  leur  envoya  dès  qu'il  fut  gué- 
ri, &  leur  écrivit  la  lettre  que  nous  avons  encore  au- 
jourd'hui adreflée  aux  Philippiens.  Saint  Paul  y  loue 
leur  libéralité  ,  8c  marque  beaucoup  de  reconnoifïance 
de  l'attention  qu'ils  avoient  eue  pour  le  fecourir  dans  les 
befoins  où  il  s'étoit  trouvé. 

Ces  Philippiens  font  bien  différens  de  ceux  de  Phi- 
lippopolis.  Ce  font  les  habitans  de  la  ville  de  Philippes, 
aux  confins  de  la  Macédoine  8c  de  la  Thrace  ,  ville  bâ- 
tie par  Philippe,  père  d'Alexandre  le  Grand,  au  lieu 
que  Philippopolis  étoit  bien  plus  vers  le  nord  de  la 
Thrace. 

PHILIPPINE  ,  forterelîe  des  Pays-Bas ,  dans  la  Flan- 
dre Hollandoife  ,  fur  le  bras  occidental  de  l'Escaut  ,qui 
fépare  le  territoire  de  Biervliet  de  celui  de  Terre-Neufe. 
Elle  eft  environ  à  une  lieue  au  nord  du  fas  de  Gand,  8c 
elle  tire  fon  nom  de  Philippe  II,  roi  d  Espagne,  qui 
la  fit  bâtir. 

Le  comte  Guillaume  de  Nafîau  la  prit  le  1 1  Septem- 
bre 1633  ,  après  trois  jours  d'attaque.  Peu  de  tems  après 
les  Espagnols  l'affiégerent  ;  mais  le  comte  Guillaume 
leur  fit  lever  le  fiége  par  ce  ftratagême.  Il  fit  venir  de 
Biervliet  plufieurs  bateaux  vuides  ,  fur  lesquels  il  mit 
foixante  tambours ,  qui  de  nuit  à  l'approche  de  Phi- 
lippine battoient  différentes  marches-,  ce  qui  caufa  une 
fi  grande  alarme  parmi  les  Espagnols ,  qui  croyoiem  que 
ces  bateaux  étoient  remplis  de  troupes,  qu'ils  fe  retirèrent 
avec  quelque  confufion.  Après  leur  retraite,  le  comte 
Guillaume  fit  fi  bien  augmenter  les  fortifications  de 
cette  place  ,  qu'en  1635,  les  Espagnols  furent  encore 
obligés  de  lever  le  fiége  qu'ils  y  avoient  mis,  avec  perte 
de  plus  de  mille  hommes,  outre  quatorze  on  quinze 
cens  bleflés.  Depuis  ce  tems ,  les  états  généraux  des  Pro- 
vinces-Unies font  reftés  en  pofleffion  de  cette  forterefle, 
qui  leur  a  été  laiffée  par  le  traité  de  Munfter.  *  Janiçon  , 
Etat  préfent  des  Provinces-Unies,  tom.  2.  p-  360  8c 
fuiv. 

Le  rempart  a  environ  une  demi-lieue  de  circuit  :  il 
eft  flanqué  de  deux  baftions  du  côté  de  la  campagne , 
8c  environné  d'un  fofle  large  8c  d'une  contrescarpe.  En- 
tre les  deux  battions ,  il  y  a  une  demi-lune  par  laquelle 
on  pafle  pour  entrer  dans  la  ville.  Du  côté  de  l'eau  il  y 
a  un  fort  à  quatre  baftions,  qui  eft  dans  l'enceinte  de 
la  place,  &  entouré  d'un  bon  fofle.  Sur  le  bord  de  l'eau 
eft  une  redoute ,  pour  couvrir  une  éclufe  qui  fert  à 
inonder  tous  les  environs. 

Cette  ville  eft  petite  ,  &  ne  renferme  que  trois  rues  , 
environ  foixante-dixmaifons  8c  quatre-vingt  habitans, 
fans  les  femmes  &  les  enfans ,  8c  fans  Ia-garnifon  qui  eft 
logée  dans  des  cazernes  &  fous  les  ordres  d'un  comman- 
dant &  d'un  major  de  la  place.  L'églife  eft  deflervie  par 
un  miniftre  de  la  clafle  de  Walcheren.  Les  Catholiques 
n'y  ont  point  de  chapelles ,  8c  vont  entendre  la  meflè  à 
Aflenedeouà  Bouchoute.  La  maifon  de  ville  eft  fur  la 
place,  vis-à-vis  le  château,  &  n'a  rien  de  remarqua- 
ble. Le  château  fert  de  demeure  au  commandant.  Le 
magafin  eft  aflez  confidérable  8c  fous  la  direction  d'un 
commis  du  confeil  d'état. 

La  régence  confifte  en  un  bailli  établi  à  vie  par  les 
Etats-généraux,  en  un  bourguemaitre&  quatre  échevins, 
qui  font  changés  ou  continués  tous  les  ans  par  les  dé- 
putés de  leurs  hautes  puifTances.  Le  fecrétaire  eft  éta- 
bli à  vie  par  les  magiflrats  ,  8c  eft  auflî  ordinairement  le 
receveur  de  la  ville.  Ces  magiffrats  exercent  la  juftice 
civile  8c  criminelle  ,  8c  leur  jurisdiction  qui  eft  fort  pe- 
tite ne  s'étend  que  jusqu'à  celle  du  fas  de  Gand.  On  ap- 
pelle de  leurs  fentences  au  confeil  de  Flandre. 


PHILIPPINES,  ifles  de  la  merdes  Indes,  au-delà 
du  Gange,  presque  vis-à-vis  les  grandes  côtes  des  riches 
royaumes  de  Malacca  ,  Siam  ,  Camboia  ,  Chiampa , 
Cochinchine,  Tunquin  8c  la  Chine.  Le  fameux  Ferdi- 
nand Magellan  appella  Archipel  de  Saint  Lazare  la  mer 
où  ces  ifles  font  fituées  ,  parce  qu'il  avoir  mouillé  l'an- 
cre en  1 J2 1  ,  le  famedi  de  devant  le  dimanche  de  la  pas- 
fion ,  que  les  Espagnols  appellent  communément  le  ven- 
dredi de  Saint  Lazare.  Le  général  Louis  Lopez  de  Villa- 
lobos  leur  donna  en  iy 43  ,  le  nom  de  Philippines,  en 
l'honneur  de  1  hilippe  II ,  8c  félon  d'autres  elles  n'eu- 
rent ce  nom  qu'en  1564 ,  lorsque  le  général  Michel  Lo- 
pez de  Legaspi  alla  en  faire  la  conquête.  On  les  appelloit 
anciennement  ManioU.  Voyez  ce  mot.  *  Gemelli  Carrerit 
Voyage  autour  du  monde  ,  t.  2.  c.  6. 

Les  vaifleaux  qui  viennent  de  l'Amérique  aux  Philip- 
pines,  lorsqu'ils  découvrent  la  terre,  doivent  néceflàire- 
ment  voir  une  de  ces  quatre  ifles  ;  Mindanao,  Leyte  4 
Ibabao  ou  Manille  ,  depuis  le  cap  du  Saint  Esprit ,  parce 
qu'elles  forment  une  espèce  de  demi-cercle  de  fix  cens 
milles  de  longueur.  Manille  eft  au  nord- eft,  Ibabao  & 
Leyte  au  fud-eft ,  &  Mindanao  au  fud.  Al'oueft  on  trou- 
ve Paragua  ,qui,  après  Manille  &  Mindanao  ,  elt  la  plus 
grande ,  8c  avec  laquelle  elle  forme  un  triangle ,  donc 
la  pointe ,  qui  eft  du  côté  de  Bornéo  ,  appartient  au  roi 
de  ce  nom,  &  l'autre  au  roi  d'Espagne.  Au  milieu  de  cette 
espèce  de  triangle ,  outre  les  cinq  ifles  qui  viennent  d'être 
nommées ,  il  y  en  a  cinq  autres  grandes  8c  bien  peuplées , 
favoir  Mindoro',  Panay,  l'ifle  des  Noirs ,  Cebu  8c  Bool , 
enforte  que  l'on  ne  compte  dans  cet  Archipel  que  dix 
ifles  grandes  8c  dignes  de  remarque,  ainfi  que  Ptolo- 
mée  l'a  mis  dans  fa  géographie. 

Entre  ces  dix  ifles,  il  y  en  a  encore  dix  autres  moin- 
dres ,  qui  font  pareillement  habitées ,  8c  fe  trouvent 
dans  la  route  que  font  les  vaifleaux  pour  la  Nouvelle  Es- 
pagne. Leurs  noms  font  Luban  ,  Mérinduque  ,  Ifla  de 
Tablas ,  Romblon ,  Sibugan  ,  Masbatc  ,  Ticao  ,  Capul  « 
Catanduanes  hors  du  détroit.  Il  n'eft  pas  facile  de  don- 
ner une  relation  diftinde  àcs  autres  petites  ifles  en  par- 
tie habitées  8c  en  partie  défertes  -,  mais  que  les  Indiens 
connoifient  bien  ,  à  caufe  des  fruits  qu'ils  y  vont  cher- 
cher. Je  dirai  feulement ,  que  vis  à-vis  Manille  du  côté 
du  nord  ,  entre  le  cap  de  Boxeadorc<  celui  de  lEnganno, 
à  vingt  quatre  milles  de  terre  ,  on  trouve  les  petites  ifles 
qu'on  appelle  de  Los  Babuyanes  ,  dont  la  première  eft 
habitée  par  des  Indiens  Chrétiens  qui  payent  tribut,  8c 
l'autre  par  des  Sauvages  qui  font  proche  des  Lequios  8c 
de  l'ifle  de  Formofa.  Auprès  de  Paragua  ,  vis-à-vis  de 
Manille  ,  il  y  a  trois  ifles  qu'on  appelle  de  Los  Calamia- 
nes  5011  en  trouve  enfuite  huit  ou  neuf  toutes  habitées* 
Retournant  après  vers  le  midi ,  à  quatre-vingt-dix  milles 
par  delà  LosCalamianes,  vis-à-vis  de  Caldera  ,  qui  eft 
une  pointe  de  Mindanao ,  on  trouve  Taguima  8c  Xolo 
avec  plufieurs  autres  petites  aux  environs.  Les  ifles  de 
Cuyo  font  entre  Calamianes  8c  Panay  ,  dans  la  province 
d'Otton  8c  de  Maras.  L'ifle  du  Feu  eft  pioche  de  celle  des 
Noirs  -,  Bantayan ,  proche  de  Cebu  ;  Pangla  touche  pres- 
que à  Bool  ;  Panamao,  Maripipi ,  Camiguin  ,  Siargao  8c 
Pannon  fe  trouvent  entre  Mindanao  8c  Leyte  ;&  enfin 
une  quantité  d'autres  dont  il  feroit  difficile  de  fixer  le 
nombre  ;  ce  qui  fait  voir  l'erreur  de  ceux  qui  difent  que 
le  nombre  des  Philippines  n'eft  que  de  quarante.  Car 
s'ils  n'entendent  parler  que  des  grandes ,  il  n'y  en  a  pas 
tant ,  8c  fi  c'eft  de  toutes  en  général ,  il  y  en  a  beaucoup 
davantage. 

Toutes  ces  ifles  font  fous  la  zone  torride  ,  entre 
l'équateur  8c  le  tropique  du  Cancer  :  car  la  pointe  de 
Mindanao, qu'on  appelle  Sarragan,  ou  le  cap  de  Saint 
Auguftin  ,  fe  trouve  à  la  latitude  de  5  deg.  30  min.  Los 
Babuyanos  &  le  cap  d'Enganno  font  au  20;  l'Embocade- 
ro  de  S.  Bernardin  ,  au  3  ,  &  la  ville  de  Manille  au  14  8c 
quelques  minutes.  La  longitude,  félon  le  meilleures  car- 
tes ,  eft  entre  le  1 3  2  8c  le  145  degré ,  quoique  Magellan 
ait  mis  les  Philippines  au  cent  foixante-tmiéme  ;  mais 
tout  le  monde  ne  commence  pas  à  compter  du  même 
point. 

Il  y  a  plufieurs  opinions  fur  l'origine  de  ces  ifles.  Les 
uns  difent  qu'elles  ont  été  formées  dès  le  commencement 
du  monde  ;  d'autres  après  le  déluge  \  8c  d'autres  veulent 
qu'elles  foient  l'effet  de  quelque  inondation  particulière , 


PHI 


ou  de  tempêtes  ,  de  tremblemens  de  terre ,  de  feux  na- 
turels &  autres  accidens  qui  font  ces  fortes  de  change- 
mens  dans  la  terre  &  dans  la  mer  ;  d'autres  enfin  veu- 
lent que  les  ides  fe  forment  par  un  affemblage  de  matière 
&  par  les  changemens  naturels  de  ces  deux  élémens,  fur- 
tout  par  les  fleuves  qui  enlèvent  le  terrein  d'un  endroit 
ôc  Importent  à  un  autre  ,  ou  par  ces  fuperfluités  dont  les 
fleuves  font  toujours  chaigés  ,  ôc  que  la  mer  par  le  mou- 
vement de  fes  eaux  raffembie  ici  &  là ,  ce  qui  avec  le  teiris 
forme  des  ifles.  On  peut  appliquer  toutes  ces  caufes  non- 
feulement  aux  ifles  des  mers  orientales ,  mais  encore  a 
celles  de  tout  le  monde,  &  fur-tout  aux  Philippines ,  où 
il  y  a  beaucoup  de  volcans  &  de  fources  d'eau  chaudes 
au  haut  des  montagnes.  Les  tremblemens  de  terre  y  font 
fi  fréquens  ôc  fi  terribles  dans  certains  tems ,  qu'à  peine 
Jaiflent-ils  une  maifon  debout.  Les  ouragans,  que  les  In- 
diens appellent  Baguyos ,  font  fi  futieux,  qu'outre  les 
desordres  qu'ils  caufent  en  mer  ,  ils  déracinent  fur  terre 
les  plus  grands  arbres ,  &  chaflent  une  fi  grande  quantité 
d'eau  dans  les  terres ,  qu'elle  inonde  des  pays  entiers.  Le 
fond  entre  les  ifles  eft  plein  de  féches  ,  fur-tout  proche 
de  la  terre  ferme  ;  de  forte  qu'il  y  a  beaucoup  d'endroits 
où  les  vaiffeaux  ne  peuvent  aborder ,  ôc  font  obligés  de 
chercher  les  canaux  qui  communiquent  d'un  endroit  à 
l'autre.  Tous  ces  indices  fuffifent  pour  faire  conjecturer 
que  s'il  y  a  eu  quelques-unes  de  ces  ifles,  quiayentété 
jointes  à  la  terre  ,  ce  n'a  été  que  par  les  accidens  dont 
nous  venons  de  parler ,  qu'elles  en  ont  été  féparées. 

Quand  les  Espagnols  y  entrèrent ,  ils  y  trouvèrent 
trois  fortes  de  peuples,  les  Mores  Malais  étoient  maîtres 
des  côtes,  ôc  venoient ,  comme  ils  le  difoient  eux-mê- 
mes ,  de  Bornéo  ôc  de  la  terre  ferme  de  Malacca.  De 
ceux-ci  font  fortis  les  Tagales ,  qui  font  les  originaires 
de  Manille  ôc  des  environs ,  comme  on  le  voit  par  leur 
langage  qui  eft  fort  femblable  auMalais,  par  leur  couleur, 
par  leur  taille  ,  par  l'habillement  dont  ils  fe  fervoient, 
lorsque  les  Espagnols  y  entrèrent,  Ôc  enfin  par  les  cou- 
tumes ôc  les  manières  qu'ils  ont  prifes  des  Malais  &:  des 
autresnations  des  Indes.  L'arrivée  de  ces  peuples  dans  ces 
ifles  a  pu  être  fortuite  ôc  caufée  par  quelque  tempête  , 
parce  qu'on  y  voit  fouvent  arriver  des  hommes  dont 
on  n'entend  point  le  langage.  En  1690,  une  tempête 
y  amena  quelques  Japonois- 11  pourroitbien  fe  faire  aufli 
que  les  Malais  feroient  venus  habiter  ces  ifles  d'eux-mê- 
mes ,  foit  pour  le  trafic ,  foi:  parce  qu'ils  avoient  été 
bannis  de  chez  eux  ;  mais  tout  cela  eft  incertain. 

Ceux  qu'on  appelle  Bifayas  &  Pintados,  dans  la  pro- 
vince de  Camerinos,  comme  aufli  a  Leyte,  Samar , 
Panay  ôc  autres  lieux,  viennent  vraifemblablemcnt  de 
Macaflar,  où  l'on  dit  qu'il  y  a  plufieurs  peuples  qui  fe 
peignent  le  corps,  comme  ces  Pintados.  Pierre  Fernan- 
dezdeQuiros,  dans  la  relation  de  la  découverte  des 
ifles  de  Salomon  en  15  95  ,  dit  qu'ils  trouvèrent  à  la 
hauteur  de  dix  deg,  nord  ,  à  1800  lieues  du  Pérou  ,  à 
peu  près  à  la  même  diftance  des  Philippines ,  une  ifle 
appellée  la  Magdeléne  ,  habitée  par  des  Indiens  bien 
faits,  plus  grands  que  les  Espagnols  ,  qui  alloienr  nuds, 
ôc  dont  le  corps  étoit  peint  de  la  même  manière  que  ce- 
lui des  Bifayas. 

Il  eft  probable  que  les  habitans  de  Mindanao ,  Xolo , 
Bool  &  d'une  partie  de  Sebu  ,  font  venus  de  Ternate. 
Le  voifinage  ,  leur  commerce  ôc  leur  religion  femblcnt 
l'annoncer. 

Les  Noirs  qui  vivent  dans  les  rochers  ôc  dans  les  bois, 
dont  l'ifle  de  Manille  eit  couverte  ,  différent  entièrement 
des  autres.  Ils  font  barbares ,  fe  nourriftent  de  fruits,  de 
racines,  de  chaffe  ,  ôc  n'ont  d'aune  gouvernement  que 
celui  de  la  parenté  ,  tous  obéiffans  au  chef  de  la  famille. 
Il  ont  choifi  cette  forte  de  vie  par  amour  pour  la  li- 
berté. Cet  amour  eft  fi  grand  chez  eux  ;  que  les  Noirs 
d'une  montagne  ne  permettent  point  à  ceux  d'une  autre 
de  venir  fur  la  leur  ;  autrement  ils  fe  battent  cruelle- 
ment. Ces  Noirs  s'étant  alliés  avec  des  Indiens  fauvages  , 
il  en  efl;  venu  de  la  tribu  des  Manghians ,  qui  font  des 
Noirs  qui  habitent  dans  les  ifles  de  Mindoro  ôc  de 
Mundo.  Quelques-uns  ont  les  cheveux  crépus ,  comme 
les  Nègres  d'Angola  ;  d'autres  les  ont  longs.  Les  Samba- 
les ,  autres  Sauvages  ,  portent  tous  les  cheveux  longs, 
comme  les  Indiens  conquis.  Lorsque  ces  Noirs  fe  voient 
pourfuivis  par  les  Espagnols ,  ils  font  fignal ,  par  le 


PHI         9St 

moyen  de  certains  petits  morceaux  de  bois ,  aux  autres 
qui  font  épais  fur  la  montagne ,  de  s'enfuir  au  plutôt. 
Leurs  armes  font  un  arc  ,  des  flèches  ,  une  lance  courte 
Ôc  unent  ou  couteau  attaché  à  la  ceinture.  Ils  empoifon- 
nent  la  pointe  des  flèches,  qui  quelquefois  fera  de  fer 
ou  de  pierre  bien  aiguifée  ;  ils  la  percent  dans  l'extré- 
mité, afin  qu'elle  fe  rompe  dans  le  corps  de  l'ennemi 
&  qu'étant  ainfi  rompue  ,  on  ne  puiffe  s'en  fervir  contre 
celui  qui  l'a  tirée.  Ils  portent  toujours  à  leurs  bras  pour- 
leur  detenfe  un  bouclier  de  bois  ,  long  de  quatre  palmes 
ôc  large  de  deux.  Tout  ce  qu'on  laie  de  leur  religion , 
c'eft  qu'ils  ont  dans  leurs  cabanes  quelques  petites  fiâ- 
mes mal  faites.  Les  trois  autres  nations ,  dont  il  a  été 
parlé  auparavant  ,  paroiffent  avoir  quelque  inclination 
aux  augures  auffi-bien  qu'aux  fuperfiitions  de  Mahomet , 
par  la  Correspondance  qu'ils  ont  avec  les  Malais  ôc 
avec  ceux  de  Ternate. 

L'opinion  la  plus  reçue  veut  que  les  Noits  ayent  été 
les  premiers  habitans  de  ces  ifles ,  qu'étant  poltrons  na- 
turellement ,  ils  ayent  laiiTé  prendre  les  côtes  à  ceux 
qui  font  venus  de  Sumatra ,  Bornéo  ,  Macaflar  ôc  au- 
tres endroits ,  ôc  fe  font  retirés  dans  les  montagnes. 
Aufli  dans  toutes  les  iûcs  où  font  ces  Noirs  &  ces  hom- 
mes fauvages ,  les  Espagnols  ne  poffedent  que  les  côtes; 
encore  pas  par-tout,  comme  depuis  Maribelles  jusqu'au 
cap  de  Boliano ,  dans  l'ifie  même  de  Manille ,  où  dans 
l'espace  de  cinquante  lieues  de  rivage  ,  il  n'y  a  pas  moyen 
de  descendre  ,  de  crainte  des  Noirs.  Tout  l'intérieur  ds 
l'ifle  eft  aufli  occupé  par  ces  fauvages  ,  contre  lesquels 
quelque  armée  que  ce  fût  feroit  inutile  dans  l-'épaifleuc 
des  bois ,  &  à  peine  de  dix  habitans  de  l'ifle  ,  le  roi  en 
a-t-il  un  qui  foit  fon  fujet.  Les  millionnaires  vont  dans 
les  bois  prêcher  à  quelques-uns ,  qui  ne  font  pas  d'un 
caractère  fi  farouche  :  ôc  qui  leur  bâtiffent  une  églife  ôc 
une  cabane;  mais  fur  le  moindre  foupçon  ils  brûlent  l'é- 
glife,  la  cabane  &  tout  ce  qu'il  y  a  dedans >  ôc  fe  re- 
tirent dans  le  plus  épais  du  bois.  On  prétend  que  cet 
esprit  de  défiance  eft  entretenu  par  les  Indiens  Ciné- 
tiens  ,  qui ,  pour  avoir  eux  feuls  le  gain  de  la  cire  que 
les  Noirs  recueillent  dans  les  bois,  leur  ont  mis  dans 
la  tête  d'éviter  le  joug  des  Espagnols ,  qui  leur  fero 
payer  tribut.  îenc 

11  y  a  encore  deux  autres  fortes  de  peuples ,  moins 
polis  que  les  premiers,  &  moins  barbaresqueles  féconds. 
Les  uns  font  appelles  lluyas  ou  Thinghians,  c'eft-à-dire  j 
habitans  des  montagnes:  les  autres  fe  nomment  Zam- 
bales  ôc  Igolottes  ;  ils  ont  commerce  avec  les  Tagales 
ôc  les  Bifayas.  Quelques-uns  d'eux  payent  tribut ,  quoi- 
qu'ils ne  foient  pas  Chrétiens  ,  ôc  l'on  ctoit  qu'ils  font 
métifs  des  autres  nations  baibares.  Au  refte,  il  eft  pos- 
fible  que  quelques  habitans  de  la  Chine ,  du  Japon  , 
de  Siam ,  de  Camboya  ,  ôc  de  la  Cochinchinc  aient  paiïé 
aux  Philippines. 

Ces  ifles  font  riches  en  perles  ,  fur-tout  du  côté  de 
Calamianes ,  de  1  intados  ôc  de  Mindanao ,  en  excel- 
lent ambre  gris,  en  coton  ôc  en  civette  exquife.  11  y  a 
beaucoup  d'or  :  les  montagnes  en  font  pleines  ôc  les  ri- 
vières en  charient  beaucoup.  On  en  ramaffe  en  tout  en- 
viron pour  deux  cens  mille  pièces  de  huit  tous  les  ans  ; 
ce  qui  fe  fait  fans  le  fecours  du  feu  ni  du  mercure  , 
d'où  l'on  peut  conjecturer  quelle  prodigieufe  quantité 
on  en  tireroit ,  fi  les  Espagnols  vouloient  s'y  attacher  , 
comme  l'on  fait  en  Amérique.  Le  premier  tribut  que  les 
provinces  dllocos  ôc  de  Pangafinan  rendirent  au  roi  en 
or  ,  montaà  la  valeurdecent  neuf  mille  pièces  de  huit  ; 
parce  que  les  Indiens  s'appliquoient  à  chercher  l'or 
avec  plus  de  foin  qu'aujourd'hui ,  dans  la  crainte  qu'ils 
ont  qu'on  ne  le  leur  enlevé.  La  province  de  Paracale 
en  a  plus  qu'aucune  autre  ,  auffi-bien  que  les  rivières  de 
Boutuan,  de  Pintados,  deCatanduanes,  de  Mafbate  , 
ôc  de  Bool  ;  ce  qui  faifoit  qu'autrefois  un  nombre  in- 
fini de  vaifleaux  ,  en  alloit  trafiquer  à  Cebu.  Les  provin- 
ces de  Bifayas  ont  une  grande  quantité  d'ambre ,  de 
civette  &:  de  cire. 

Le  climat  des  Philippines  eft  généralement  chaud  & 
humide.  La  chaleur  n'y  eft  pas  fi  fenfible  qu'aux  jours 
caniculaires  en  Italie  ;  mais  elle  eit  bien  plus  incom- 
mode à  caufe  delà  fueur  qui  affoiblit.  L'humidité  y  eft 
plus  grande  ,  parce  qu'il  y  a  beaucoup  de  rivières ,  de 
lacs  ôc  d'étangs ,  ôc  qu'il  tombe  d'abondantes  pluies  la 


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plus  grande  partie  de  l'année  :  de  forte  que  quoique  le 
foleil  Toit  vertical  deux  fois  l'année  au  mois  de  Mai 
Se  d'Août ,  &  qu'il  darde  des  rayons  violens ,  la  chaleur 
n'eft  pas  fi  grande  qu'elle  rende  le  lieu  inhabitable ,  com- 
me les  anciens  philofophes  ont  cru  que  cela  étoit  fous 
la  zone  tûrride.  J'ai  obfervé  quelque  chofe  de  fur- 
prenant ,  dit  Gemelli  Carreti,  c'eft  qu'en  cet  endroit 
premièrement  il  pleut  Se  il  éclaire ,  Se  puis  quand  la 
pluie  eft  ceflee ,  on  entend  le  tonnerre.  Dans  les  mois  de 
Juin  ,  Juillet  &  Août ,  &  une  partie  de  Septembre  ,  ré- 
gnent les  vents  de  fud  &  de  l'oueft ,  qui  caufent  de  fi 
grandes  pluies ,  que  les  champs  font  fi  inondés  ,  qu'il 
faut  fe  fervir  de  petits  bateaux  pour  aller  d'un  lieu  à  un 
autre.  Depuis  Octobre  jusqu'à  la  moitié  de  Décembre  , 
règne  le  vent  du  nord ,  Se  depuis  le  mois  de  Décembre 
jusqu'au  mois  de  Mai,  régnent  les  vents  d'eft  &d'eft-fud- 
eft.  11  y  a  ainfi  deux  faifons  ou  monçons ,  qui  régnent 
dans  ces  mers ,  la  feche  &  belle  qu'on  appelle  la  brife, 
Se  l'humide  &  l'orageufe,  nommée  vandavale. 

On  remarque  encore  que  dans  ce  climat  les  Euro- 
péens ne  font  point  fujets  à  la  vermine  ,  quelque  fales 
qu'ils  portent  leurs  chemifes  -,  au  lieu  que  les  Indiens  en 
font  tout  remplis.  On  n'y  connoît  point  la  neige.  On 
n'y  rafraîchit  point  les  liqueurs  :  il  y  en  a  cependant  qui 
le  font  avec  du  falpêtre  -,  mais  cela  eft  dangereux  pour 
la  fanté.  On  ne  peut  pas  dire  certainement  qu'il  fafle 
jamais  froid  dans  les  Philippines  :  auiïi  n'y  connoît-on 
point  le  changement  d'habits ,  à  moins  que  ce  ne  foit 
quand  il  pleut. 

Ce  mélange  d'humidité  Se  de  chaleur  ne  rend  pas  l'air 
fort  fain  ,  Se  empêche  en  quelque  façon  la  digeftion  ; 
il  incommode  les  jeunes  gens  nouvellement  venus  d'Eu- 
rope ,  plus  que  les  vieillards.  L'auteur  de  la  nature  y 
a  pourtant  pourvu,  en  leur  donnant  des  mets  plus  fa- 
ciles à  digérer.  Le  pain  ordinaire  n'eft  que  de  riz,  Se 
n'a  pas  tant  de  fubftancc  que  celui  d'Europe  ;  les  pal- 
miers ,  que  l'humidité  dominante  du  terroir  fait  croî- 
tre en  abondance,  fourniflent  l'huile,  le  vinaigre,  Se 
le  vin.  Il  y  a  au  refte  de  toutes  fortes  de  viandes.  Les 
perfonnes  riches  fe  nourrifient  de  gibier  le  matin  ,  Se 
de  poiflbn  le  foir.  Les  pauvres  ne  mangent  guère  aime 
chofe  que  du  poiflbn  mal  cuit ,  &  de  la  viande  les  jours 
de  fête.  La  grande  rofée  qui  tombe  dans  les  jours  fe- 
reins  contribue  à  rendre  l'air  mal  fain  ,  &  il  en  tombe 
une  fi  grande  quantité  ,  qu'en  fecouant  un  aibre  ,  il  fem- 
ble  que  ce  foit  une  pluie  qui  tombe.  Cependant  cela 
n'incommode  point  ceux  qui  font  nés  dans  le  pays  :  ils 
y  vivent  jusqu'à  quatre-vingt  Se  cent  ans  -,  mais  les  Euro- 
péens accoutumés  à  de  meilleures  vivres ,  Se  ayant  l'e- 
flomach  plus  robufte,  ne  s'y  trouvent  pas  bien.  D'un  au- 
tre côté ,  le  terroir  eft  agréable  Se  fertile.  En  tout  tems 
Se  en  toutes  faifons  les  herbes  croiflent ,  les  arbres  fleu- 
fiflent ,  Se  donnent  en  même-tems  des  fruits  Se  des  fleurs, 
foit  fur  les  montagnes  ,  foit  dans  les  jardins  ;  Se  les  vieil- 
les feuilles  tombent  rarement  avant  que  les  nouvelles 
foient  venues.  C'eft  pourquoi  les  Thinghians ,  c'eft-à- 
dite ,  les  habitans  des  montagnes ,  n'ont  aucune  demeure 
particulière ,  mais  fuivent  toujours  l'ombre  des  arbres , 
qui  leur  fervent  de  toit ,  Se  leur  donnent  à  manger.  Lors- 
que les  fruits  font  finis ,  ils  vont  dans  un  autre  endroit  , 
où  il  y  en  a  d'une  autre  espèce.  Les  orangers ,  les  ci- 
tronniers &  les  autres  arbres  d'Europe,  donnent  du 
fruit  deux  fois  l'année.  Si  l'on  plante  un  rejeton,  il 
eft  arbre  portant  fruit  l'année  fuivante. 

Les  anciens  habitans  des  Philippines  ont  reçu  leur 
langage  Se  leurs  caractères  des  Malais,  de  la  terre  fer- 
me de  Malacca,  à  qui  ils  reffemblent  aufli  par  le  peu 
d'esprit  qu'ils  ont.  Dans  leur  écriture  ,  ils  fe  fervent  de 
trois  voyelles ,  quoiqu'ils  en  prononcent  cinq  différen- 
tes ,  Se  ils  ont  treize  conformes.  Ils  commencent  à  écrire 
par  le  bas,  Se  montent  toujours  en  haut,  mettant  la 
première  ligne  à  gauche  ,  Se  continuant  vers  la  droite. 
Avant  que  l'iifage  du  papier  eût  été  introduit,  on  écri- 
voit  fur  la  partie  polie  de  la  canne,  ou  fur  des  feuil- 
les de  palme ,  avec  la  poinre  d'un  couteau.  Aujourd'hui 
les  Indiens  des  Philippines  ont  entièrement  oublié  leur 
ancienne  écriture  ,  Se  ils  fe  fervent  de  l'Espagnol.  11  y 
a  tant  de  langues,  qu'on  en  compte  fix  dans  Manille 
favoir  celle  des  Tagales ,  de  Pampaga  ,  àes  Bifayas, 
des  Cagayans ,  d'Iloccos ,  Se  de  Pangafinan.  Celles  des 


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Tagales  &  des  Bifayas  font  celles  qu'on  entend  le 
plus  communément.  On  n'entend  point  la  langue  des 
Noirs,  ni  celles  des  Zambales,  Se  des  autres  nations 
fauvages. 

La  première  loi,  chez  les  habitans  des  Philippines, 
eft  de  respecter  Se  d'honorer  leurs  ancêtres ,  fur-tout 
le  père  Se  la  mère.  Le  chef  de    chaque  nation, #vec 
plufieurs  anciens ,  étoit  juge  en  toutes  fortes  de  cau- 
fes ,  Se  l'on  déterminoit  ainfi  les  caufes  civiles  :  on  ap- 
pelloir  les  parties  :  l'on  faifoit  ce  que  l'on  pouvoir  pour 
les  engager  à  s'accommoder ,  &  fi  l'on  ne  pouvoir  y 
réuflîr ,  on  les  faifoit  jurer  qu'ils  feroient  contens  de  la 
fentence  qui  feroit  donnée  -,  après  quoi  on  examinoit  les 
témoins.  Si  les  preuves  étoient  égales ,  on  partageoit  la 
prétention  \  autrement  on  prononçoir  en  faveur  de  ce- 
lui qui  en  avoir  le  plus.  Si  celui  qui  étoit  condamné  étoit 
mécontent ,  le  juge  devenoit  fa  partie  :  il  lui  ôtoit  une 
bonne  partie  de  ce  qui  lui  avoitété  adjugé,  &  la'prenoit 
pour  lui  :  il  payoir  enfuite  les  témoins  du  demandeur  , 
&   il  ne  laifioit  au  mécontent  que  la  moindre  partie 
de  ce  qu'il  auroit  pu  avoir.  Dans  les  caufes  criminelles, 
on  ne  donnoit  point  de  fentence  de  mort  par  voix  ju- 
ridique ,  à  moins  que  le  mort  Se  le  meurtrier  ne  fuflent 
des  gens  pauvres.  Quand  quelqu'un  n'avoir  point  d'ar- 
gent pour  fatisfaire  à  la  partie  offenfée  ,  le  dato  ou  le 
chef,  Se  les  principaux  de  la  nation  venoient  avec  des 
lances  ,  &  tuoient  le  criminel ,  qui  éroit  attaché  à  un 
pilier.  Mais  fi  le  mort  étoit  un  des  principaux  ,  toute 
la  parenré  faifoit  la  guerre  à  celle  du  meurtrier ,  jus- 
qu'à ce  que  quelque  médiateur  propofât  la  quantité  d'or 
qu'on  promettoit  pour  répararion.  Si  l'on  convenoir , 
la  moirié  de  la  fomme  étoit  donnée  aux  pauvres ,  Se 
l'autre  à  la  femme  ,  aux  enfans ,  &  aux  païens  du  dé- 
finir. 

On  voit  paître  dans  les  campagnes  tihe  grande  quan- 
tité de  buffles  fauvages ,  comme  ceux  delà  Chine.  Les 
forêts  font  pleines  de  cerfs ,  de  fangliers ,  &  de  chè- 
vres fauvages,  femblables  à  celles  de  Sumatra.  Les  Es- 
pagnols y  ont  apporté  de  la  Nouvelle  Espagne  ,  du 
Japon  Se  delà  Chine,  des  chevaux  &  des  vaches  qui  ont 
fort  multiplié  ,  ce  qui  n'eft  pas  arrivé  à  l'égard  des  bre- 
bis ,  à  caufe  de  l'humidité  exceflive  de  la  terre.  Dans 
les  montagnes  on  rrouve  un  nombre  infini  de  linges , 
parmi  lesquels  il  y  en  a  quelques-uns  d'une  grandeur: 
monftrueul'e  ;  les  civettes  font  très-communes.  11  y  a 
aufll  diverfes  aunes  fortes  d'animaux,  parmi  lesquels  il 
s'en  rrouve  qui  font  particuliers  aux  Philippines. 

Ce  fut  Ferdinand  Magellan,  Portugais,  qni  décou- 
vrit ces  ifles.  Il  avoit  déjà  été  informé  de  ce  quiregar- 
doit  cet  Archipel,  par  les  relations  de  fon  ami,  Fran- 
çois Serrano ,  qui  les  avoit  reconnues  le  premier  ,  par 
le  chemin  d'Orient.  Il  propofa  à  Manuel ,  roi  de  Por- 
rugal,  de  faire  la  conquête  de  ces  ifles  j  &  fur  le  refus 
de  ce  roi,  il  offrit  à  Charles  V,  de  les  lui  foumerrre. 
L'empereur  lui  donna  cinq  vaifleaux  bien  équipés.  Ma- 
gellan partit  de  Saint  Lucar  le  io  Août  15  1 9  ,  trouva 
le  détroit  ou  cap  auquel  il  donna  fon  nom:  enfin  il 
découvrit  la  terre  d'Ibabao,  qui  dépend  des  ifles  Phi- 
lippines. 

La  première  de  ces  ifles  qu'il  rencontra  fut  Humit- 
mm ,  petite  ifle  inhabitée ,  près  du  cap  de  Guiguan. 
On  l'appelle  aujourd'hui  la  Encantada.  Les  premiers 
Indiens  qui  allerenr  le  trouver  furent  ceux  de  Silohan  , 
qui  font  préfentement  incorporés  dans  le  gouvernement 
de  Guiguan.  Magellan  donna  à  cette  ifle  le  nom  de  Beit- 
nas  Senales,  Se  à  tout  l'Archipel  celui  de  Saint  Laz.a- 
re.  Le  jour  de  la  Penrecôte  on  dit  la  première  méfie 
dans  le  pays  de  Boutuan ,  Se  on  en  prit  pofiemon  au 
nom  de  Charles  V  ,  comme  roi  d'Espagne.  Le  feigneur 
de  Dimaflava ,  parenr  du  roi  de  Boutuan  ,  Se  de  celui 
de  Cebu  ,  contribua  beaucoup  à  cette  expédition  ,  par- 
ce qu'il  fit  entrer  les  vaifleaux  dans  le  port  le  7  d'A- 
vril. Ce  feigneur ,  le  roi  Se  la  reine  de  Cebu  ,  fe  firent 
baptifer  ,  avec  environ  cinq  cens  perfonnes ,  Se  le  len- 
demain le  roi  Se  fes  fujers  prêtèrent  ferment  de  fidélité 
à  la  couronne  d'Espagne. 

Le  vendredi  16  d'Avril  Magellan  fut  battu  Se  tue 
dans  la  première  rencontre  qu'il  enr  avec  les  principaux 
de  rifle  de  Matan,  frontière  de  Cebu  ,  qui  n'avoit  pas 
voulu  fe  foumçtue  ;  &  le  premier  de  Mai ,  le  roi  de 

Cebu , 


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Cebu  ,  dans  un  repas,  fit  couper  la  tête  à  vingt-qua- 
tre des  principaux  officiers  de  la  flotte.  A  cette  nou- 
velle ,  les  Espagnols  fe  retirèrent  fur  leurs  vaifleaux  Se 
s'enfuirent.  Cette  escadre  futdisperfée  :  il  n'y  eut  qu'un 
vaifleau  qui  retourna  en  Espagne  rendre  compte  de  ce 
qui  s'étoit  pafle.  Il  y  arriva  le  7  Septembre   1522. 

On  fit  un  nouvel  armement.  Dom  François  Garcias 
Jofrede  Loayfa  ,  chevalier  de  Malthe  ,  Se  Sébaflien  Ca- 
no ,  qui  étoit  nommé  pour  lui  fuccéder  en  cas  de  mort , 
partirent  de  la  Corufla  en  152;  ,  avec  une  flotte  de  fept 
vaifleaux.  Ils  arrivèrent  au  détroit  de  Magellan  en  Jan- 
vier 1526  ,  y  perdirent  un  vaifleau,  Se  en  Sortirent  dans 
le  mois  de  Mai ,  pour  entrer  dans  la  mer  du  Sud.  Au 
mois  de  Juin  une  grande  tempête  fépara  les  vaifleaux 
les  uns  des  autres ,  Se  en  fit  périr  la  meilleure  partie. 
Le  dernier  de  Juillet  le  général  Loayfa  mourut,  Se 
quatre  jours  après  ion  fuccefleur  ,  Sébaflien  Cano  ,  Se 
plufieurs  autres  le  fuivirent.  Ceux  qui  reflètent  mirent 
pied  à  terre  à  Mindanao  le  deux  d'Octobre  ,  &,  ne  pou- 
vant pafler  à  Cebu  ,  ils  prirent  la  route  des  Moluques , 
où  ils  furent  reçus  du  roi  de  Tidore  le  dernier  de  Dé- 
cembre 1526.  Mais  ce  roi ,  Se  celui  de  Gololo ,  furent 
fi  menacés  par  les  Portugais,  pour  avoir  reçu  les  Es- 
pagnols de  la  flotte  de  Magellan ,  qu'ils  prirent  les  qua- 
tre fadeurs  que  le  vaifleau  de  la  Trinité  y  avoit  laiflés , 
avec  l'équipage  du  vaifleau,  Se  arrêtèrent  toutes  les 
marchandises.  Ce  fut  le  fujet  d'une  guerre  entre  les 
Espagnols  &  les  Portugais. 

Pendant  ce  tems ,  le  marquis  Del  Vafle  arma  trois 
vaifleaux  dans  la  Nouvelle  Espagne ,  Se  les  envoya  fous 
le  commandement  d'Alvaro  de  Savedra  fon  parent.  Il 
partit  le  27  d'Octobre  1527,  Se  fe  trouvant  le  6  de 
Janvier  à  1 1  deg.  de  latitude ,  il  reconnut  quelques  ifles 
des  Larrons ,  Se  arriva  enfuite  à  Mindanao  par  les  8 
deg.  Il  racheta  quelques  Chrétiens  qui  étoient  reliés 
d'un  vaifleau  de  la  flotte  de  Loayfa  ,  qui  avoit  échoué 
à  Sanguil;  puis  ,  paflant  aux  Moluques  ,  il  livta  combat 
aux  Portugais.  Delà  il  entra  dans  Tidore,  où  il  trouva 
les  Espagnols,  qui  s'étoient  fortifiés  fous  le  commande- 
ment de  Ferdinand  de  la  Torre.  Ayant  remis  fon  vaifleau 
en  état ,  il  partir  fur  la  fin  de  Mai  pour  retourner  à  la 
Nouvelle  Espagne  ;  mais  après  avoir  pafle  quelques- 
unes  des  ifles  des  Larrons  à  l'élévation  du  14  deg.  il 
Fut  repoufie  premièrement  à  Mindanao ,  Se  delà  aux 
Moluques ,  d'où  il  étoit  parti. 

Dans  ces  entrefaites  il  fe  fit  un  traité  entre  les  Cou- 
ronnes d'Espagne  Se  de  Portugal ,  à  l'avantage  de  cette 
dernière  ;  Se  les  Espagnols  qui  refloient  dans  les  Molu- 
ques ,  les  abandonnèrent  volontiers ,  à  condition  qu'on 
leur  donneroit  le  paflage  franc  en  Espagne. 

Cependant  le  premier  de  Novembre  1542  ,  Ruyz 
Lopez  de  Villa-Lobos  partit  du  port  de  la  Nativité, 
par  ordre  du  vice  roi  du  Mexique  ,  pour  aller  conquérir 
les  Philippines  ;  mais  il  ne  put  même  pas  découvrir  ces 
ifles ,  Se  mourut  de  chagrin. 

On  ne  fongea  plus  à  la  conquête  des  Philippines 
pendant  dix  ans ,  à  caufe  des  mauvais  fuccès  que  les 
premières  tentatives  avoîent  eus.  Au  bout  de  ce  tems 
le  roi  Philippe  II ,  à  la  perfuafion  du  père  André  de 
Urdaneta ,  Auguflin  ,  ordonna  au  vice-roi  du  Mexique 
d'y  envoyer  quatre  navires  Se  une  frégate,  avec  quatre 
cens  hommes ,  fous  le  commandement  de  Michel  Lopez 
de  Legaspi ,  natif  du  Mexique»  Il  voulut  aufli  que  le 
pete  André  ,  Se  quatre  aurres  religieux  de  fon  ordre  , 
y  allaflent.  Au  mois  de  Janvier  155-5,  cette  flotte  arriva 
aux  ifles  des  Larron:» ,  le  1 3  de  Février  à  l'ifle  de  Leyta  ; 
Se ,  paflant  enfuite  heureufement  le  détroit  ,  elle  alla 
mouiller  dans  le  port  de  Cebu  le  27  Avril.  Elle  avoit 
été  guidée  par  un  Maure  de  Bornéo ,  qui  connoiflbit 
ces  ifles.  Elle  entra  paifiblement  dans  Cebu  ;  mais  les 
Espagnols ,  voyant  que  le  Tupas  qui  y  commandoit , 
les  amufoit  de  belles  paroles  ,  pillèrent  la  place. 

Le  premier  de  Juin  Philippe  de  Salzedo  partit  fur 
l'amiral,  avec  le  père  André  Urdaneta  ,  pour  découvrir 
un  chemin  par  où  il  pût  retournera  la  nouvelle  Espagne, 
où  il  arriva  le  3  d  Octobre  ,  mais  il  trouva  que  don 
Alfonfo  de  Arellana  y  étoit  arrivé  deux  mois  auparavant 
avec  fa  patache  ,  Se  qu'il  avoit  l'honneur  d'avoir  dé- 
couvert le  premier  cette  route. 

Le  Tupas  de  Cebu  Se  fes  fujets  s'étoient  rendus  à 


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l'obéilTance  du  roi  d'Espagne  ,  Se  avoîent  piom.s  de  lui 
payer  tribut ,-  mais  pendant  qu'en  1  jj6  ,  Legaspi  batis- 
foit  la  ville  de  Cebu ,  les  Portugais  tentèrent  de  l'en 
empêcher  fous  divers  prétextes.  Il  en  donna  avis  au 
viceroi  du  Mexique,  qui  lui  envoya  en  1567,  deux 
cens  hommes  de  iecours ,  fous  le  commandement  de 
Jean  Se  Philipe  Salzedo  ,  fes  neveux  ;  de  forte  que  Gon- 
faîvo  de  Pereyra  étant  venu  enfuite  avec  la  flotte  por- 
tugaife  ,  pour  chafler  les  Espagnols  ,  fut  obligé  de  fe 
retirer  honteclfement. 

En  1570  ,  Legaspi  reçut ,  pour  la  première  fois,  des 
lettres  du  roi ,  qui  approuvoieut  tout  ce  qu'on  avoit  fait 
dans  les  ifles  dont  on  le  faifoit  général  ,  Se  lui  ordon- 
noient  d'en  pourfuivre  la  conquête.  Les  Espagnols  arri- 
vèrent en  157 1,  à  la  ville  de  Manille,  Se  la  Subjuguèrent, 
fans  effufion  de  fang.  Le  24  de  Juin  on  commença  la 
ville,  Se  on  ouvrit  commerce  avec  la  Chine  ;  de  forte 
qu'en  Mai  1572,  il  arriva  plufieurs  marchands  de 
Chiapa  pour  négocier.  Legaspi  mourut  au  mois  d'Aoûc 
de  la  même  année  ;  Se  Guido  de  Labazarris  lui  ayant 
fuccédé  au  gouvernement ,  il  continua  la  conquête  de 
l'ifle,  &  donna  plufieurs  fiefs  aux  foldats  de  mérite,  fiefs 
que  le  roi  confirma  dans  la  fuite.  En  1574,1a  veille  de 
faint  André  ,  Limahon,  Corfaire  Chinois,  alla  à  Ma- 
nille avec  une  flotte  de  foixante  Se  dix  barques,  Se  il 
fut  repouflé. 

Le  roi  envoya  pour  gouverneur  ,  au  mois  d'Août 
1575  ,  don  François  de  Sande  ,  alcade  de  l'audience 
du  Mexique.  Ce  fut  lui  qui  entreprit  la  fameufe  expé- 
dition contre  ceux  de  Bornéo ,  dans  laquelle  le  roi  fut 
vaincu  ,  Se  fa  cour  pillée.  Il  obligea  les  ifles  de  Mindanao 
Se  de  Xolo  à  payer  tribut.  Ce  gouverneur  Se  fes  fuc- 
cefleurs  pourfuivirent  cette  conquête.  Le  marquis  Sre- 
fano  Rodriguez  de  Figueora  entreprit  en  1 597  ,  avec  la 
permiflîon  du  roi ,  la  conquête  de  Mindanao  à  fes  pro- 
pres dépens.  Il  fit  aufli  la  guerre  ,  du  côté  de  Tampe- 
can ,  aux  rois  de  Malaria  ,  de  Silongan ,  de  Buayen ,  Se  à 
Buhifan,  pere  de  Corralr ,  roi  de  Mindanao  ;  mais  il 
mourut,  dans  l'entreprife,  par  les  mains  d'Obal,  oncle 
du  roi  de  Mongeay  ;  Se  1  e  gouverneur  de  Manille  envoya  le 
colonel  D.  Juan  Roquillo  pour  continuer  cette  conquête. 

Le  général  Juan  Chaves  ,  avec  une  bonne  armée 
compofée  en  partie  d'Indiens,  s'empara  le  6  Avril  1635  , 
du  pays  de  Samboangan  ,  Se  y  conflruifit  un  fort.  Le 
fui  tan  roi  de  Mindanao  demanda  la  paix  qui  fut  conclue 
le  14  Juin  1645,  avec  le  capitaine  don  François  Atien- 
za  y  Banes ,  gouverneur  du  fort  de  Samboangan ,  par 
commiflion  de  don  Diego  Faxardo  ,  gouverneut  de 
Manille.  Les  principaux  articles  furent  :  Que  le  fuhan 
Se  fes  vaflaux  dévoient  être  amis  du  roi  d'Espagne» 
comme  le  roi  d'Espagne  devoir  être  le  leur  ;  que  fi  à 
l'avenir  l'un  des  deux  fouverains  fe  fentoit  léfé  ,  on 
s'en  donneroit  avis  réciproquement ,  afin  d'en  avoir 
fatisfaction  ;  que  la  paix  ne  pourroit  être  rompue  que  fix 
mois  après  ;  que  les  fujets  des  deux  côtés  pourroient 
aller  Se  venir  fans  aucun  empêchement ,  avec  la  per- 
miflîon de  leur  roi  Se  du  gouverneur  de  Manille. 

Don  Sébaflien  Hurtado  de  Corcuèra  ,  gouverneur 
Se  capitaine  général  de  Manille  ,  conquit  l'ifle  Se  le 
royaume  de  Xolo  ,  en  16*38,  avec  quatre-vingt  barques 
Se  fix  cens  Espagnols,  outre  quantité  d'Indiens.  La  paix 
que  l'on  fit  avec  ces  infulaires ,  fut  rompue  peu  de  tems 
après  par  l'imprudence  de  Gaspar  de  Moralcz.  On  la 
renouvella  le  4  d'Avril  1646,  à  condition  que  le  roi 
de  Xolo  payeroit  tous  les  ans  un  tribut  de  trois  xoangas  , 
ou  barques  de  huitbrafles  de  long  ,  chargées  de  riz.  Le 
capitaine  don  François  d'Atienza  étoit  dans  ce  traité 
ambafladeur  pour  l'Espagne  ;  Bàtiocan  Se  Atancaya  Da- 
ran  l'étoient  pourfultan  Korabat ,  roi  de  Mindanao,  mé- 
diateur. Les  Hollandois  afliégerent  Xolo  le  27  Juin  1648  , 
mais  ils  furent  repoufles.  Le  roi  de  cette  ifle  rompit 
enfuite  la  paix,  Se  fit  tant  de  ravages  fur  les  Espagnols 
avec  fa  flotte  ,  qu'il  eft  enfin  demeuré  prince  abfolu 
de  fon  royaume  j  Se  qu'étant  en  paix  avec  l'Espagne , 
fes  fujets  trafiquent  avec  les  Philippines. 

Par  le  moyen  de  ces  diverfes  conquêtes ,  Se  de  quel- 
ques autres  dont  elles  ont  été  fuivies ,  outre  la  grande 
ifle  de  Luçon ,  les  Espagnols  pofledent  aujourd'hui  neuf 
ifles  confidérables  &  plufieurs  autres  petites,  avec  une 
partie  du  Mindanao.  Le  gouvernement  efl  divifé  en 
Tom.lV.  Eeeeee 


PHI 


9*4 

vintu  aic->.  îes ,  dont  il  y  en  a  douze  dans  la  feule  ifle 
deLuçon.  L'archevêque  de  Manille  a  trois  évoques  fuffra- 
gans  :  celui  de  CagaÏan  ,  dans  le  nord  de  l'ifle  de  Lu- 
ton  ;  celui  de  CAMARiNEZ,dans  la  pairie  de  l'eit  delà 
même  Ole,  Se  celui  de  Cebu  dans  une  ifle  dutnêmc  nom  , 
dont  dépendent  les  autres  ifles  voifines.  Il  y  a  dans  ces 
quatre  ciiocèics  fept  cens  pardifies,  ik  plus  d'un  million 
de  Chrétiens ,  beaucoup  mieux  inftruits  qu'on  ne  l'eit 
communément  dans  plusieurs  patoilles  de  l'Europe.  Ces 
paroifles  font  deflervies  la  plupart  pat  des  Auguftins,  par 
des  religieux  de  S.  François,  &  par  des  Jél'uites,  qui 
ont  convetti  tous  ces  peuples  à  la  foi  de  Jesus-Christ  , 
&  qui  les  ont  fournis  à  la  monarchie  espagnole.  *  Lettres 
édif.  /.n.  p.  139. 

Les  Nouvelles  Ihilippines  ,  ou  les  Iïles  de 
Palaos.  Ce  font  des  ifles  de  la  mer  des  Indes,  fituées 
entre  les  Moluques ,  les  anciennes  Philippines,  &  les 
Mariannes.  On  en  compte  jusqu'à  quatre  vingt-fept , 
qui  forment  un  des  plus  beaux  Archipels  de  l'Orient , 
renfermé  au  nord  Se  au  fud  ,  entte  la  ligne  Se  le  tropique 
dii  Cancer  ;  à  l'eit  Se  à  l'ouelt ,  entre  les  Mariannes  & 
îes  Philippines.  C'eit  une  des  plus  curieufes  découvertes 
qui  ayent  été  faites  en  ces  derniers  tems.  Ces  ifles  ont 
été  découvenes  par  une  aventure  affez  extraordinaire. 
Un  des  chefs  de  la  nation  ,  s'étant  embarqué  avec  fa 
femme  ,  fille  du  roi  du  pays ,  &  un  grand  nombre  d'au- 
tres perfonnes ,  pour  parler  d'une  ifle  dans  une  autre 
affez  éloignée  ,  ils  furent  furpris  d'un  de  ces  violens 
ouragans  qui  défolentfouvent  ces  mers.  Ils  fe  foutinrent 
pendant  plus  de  deux  mois ,  en  ramant  de  toutes  leurs 
forces  contt e  le  vent  qui  les  pouffoit  vers  l'Occident  \ 
mais  fe  ttouvant  epuifés  par  la  faim  &  par  la  violence 
du  travail ,  ils  s'abandonnèrent  à  la  merci  des  vents  , 
qui  les  portetent  à  la  pointe  de  1  ifle  de  Samal,  une  des 
plus  orientales  des  Philippines.  *  Lettres  édif.  t.  6.  épit. 
prélim. 

Comme  ils  ne  s'étoient  pas  imaginés  qu'il  y  eût  au 
monde  d'autres  terres  que  leurs  ifles  ,  ils  furent  très- 
furpris  de  fe  trouver  dans  un  pays  nouveau ,  &  au 
milieu   d'une  nation  qu'ils  ne   connohToient  pas.  La 
première  vue  des  Espagnols  les  effraya  :  ils  fe  jetterent  à 
leurs  pieds  ,  comme  pour  demander  la  vie  ;  mais  la 
crainte  fe  changea  bientôt  en  joie,  quand  au  lieu  de  la 
mort  qu'ils  apptéhendoient ,  ils  virent  avec  quelle  bonté 
on  leur  préfentoit  toutes  fortes  de  rafraîchiflemens.  On 
étoit  dans  l'impatience  de  connoître  ces  étrangers ,  &  de 
fçavoir  d'où  ils  venoient ,  lorsque  deux  femmes ,  qu'un 
femblable  accident  avoit  autrefois  jettées  dans  l'ifle  de 
Samal ,  reconnurent  parmi  ces  nouveaux  hôtes  quelques- 
uns  de  leurs  parens ,  de  qui  elles  furent  aufîi  reconnues , 
■Se  par  leur  moyen  on  queitionna  ces  étrangers.  Ils  ra- 
contèrent dabord  leur  aventure ,  enfuite  ils  apprirent 
ce  qui  regardoit  leur  pays.  On  fçut  le  nom  ,  le  nombre  , 
l'étendue  &  la  fituation  de  leuts  ifles.  Avec  les  lumières 
qu'ils  donnèrent  ,  on  dreffa  une   carte  géographique 
d'une  manière  toute  nouvelle.  Voici  comment  on  s'y  prit. 
On  ptia  les  plus  habiles  d'arranger  fur  une  table  au- 
tant de  petites  pierres  qu'il  y  a  d'ifles  dans  leur  pays  , 
&  de  marquer  autant  qu'ils  pourroient  le  nom  ,  l'éten- 
due ■&  la  diitance  de  chaque  ifle.  Ils  le  firent ,  &  c'eit 
fur  cette  carte ,  ainfi  tracée  par  ces  Indiens ,  &  qui  a  été 
gravée  ,  qu'on  connoît  ces  nouvelles  ifles ,  dans  les- 
quelles les  Européens  n'ont  point  encore  pénétré. 

Si  l'on  ajoute  foi  aux  relations  que  ces  étrangers  ont 
faites  de  leur  pays  ,  il  doit  y  avoir  un  peuple  infini  ;  car 
quand  on  les  interrogeoit  fur  cet  article  ,  ils  prenoient  à 
pleines  mains  le  fable  qui  étoit  à  leurs  pieds  Se  le  jet- 
toient  en  l'air  ,  comme  pour  direqu'on  compteroitauffî- 
tôt  ces  grains  de  fable  que  la  multitude  du  peuple.  Ces  in- 
fulaires étoient  grands,  bien  faits ,  avoient  le  naturel  aifé 
&  doux  ,  &  ne  manquoient  pas  d'esprit.  Ils  ne  fe  font 
jamais  de  violence  les  uns  aux  auttes  :  le  meurtre  Se 
l'homicide  leur  font  inconnus  ,  Se  cefl  un  proverbe 
parmi  eux  ,  qu'un  homme  n'en  tue  jamais  un  autre. 
Ainfi  ils  ne  fçavent  ce  que  c'eit  que  les  guerres  fanglan- 
tes  ■■>  Se  fi  dans  un  premier  mouvement  ils  ont  quelques 
querelles  entre  eux  ,  ce  qui  arrive  de  tems  en  tems,  ils  fe 
donnent  quelques  coups  de  poing  fur  la  tête  ,  &  fe  re- 
concilient presque  aufîi-tôt.  Cela  n'empêche  pas  qu'ils 
a'ayent  dw  armes  affez  femblables  à  celles  dont  on  fe 


PHI 


fert  dans  les  ifles  Mariannes.  C'eft  une  espèce  de  javelot 
qui  n'eit  pas  armé  de  fer  ,  comme  les  nôtres ,  mais  de 
quelque  offement  du  corps  humain  ,  qu'ils  fçavent  ai- 
guifer  Se  monter  d'une  manière  affez  propre. 

Ces  peuples  font  à  demi  nuds  ;  la  chaleur  du  pays 
ne  leur  permettant  pas  d'être  fort  couverts.  Les  per- 
fonnes de  qualité  fe  peignent  le  corps  poui  fe  diitin- 
guer  du  peuple.  Les  hommes  Se  les  femmes  laiffent  croî- 
tre leurs  cheveux ,  qui  leur  flottent  fur  les  épaules.  La 
couleur  du  vifage  eit  a  peu  près  la  même  que  celle  des 
Indiens  des  Philippines  ;  mais  leur  langue  elt  entièrement 
différente  de  toutes  celles  qu'on  parle  dans  ces  ifles  es- 
pagnoles ,'&  même  dans  les  ifles  Mariannes.  Leur  pro- 
nonciation approche  de  celle  des  Arabes. 

On  préfume  que  ces  nouvelles  ifles  doivent  être  abon- 
dantes en  or ,  en  ambre  &  en  drogues ,  parce  qu'elles 
font  à  peu  prés  fous  les  mêmes  parallèles  que  les  Molu- 
ques,  d'où  l'on  tite  les  noix  muscades  &  les  plus  pré- 
cieufes  épiceries.  Cependant  il  parok  par  la  relation  des 
habitans ,  qu'il  n'y  a  aucuns  métaux.  Il  n'y  a  point  d  ani- 
maux à  quatre  pieds  ;  ainfi  on  ne  fe  nourrit  que  de 
poiffon  ,  d'oifeaux  de  mer  ou  de  volailles  ,  dont  on  ne 
mange  point  les  ceufs.  Ces  peuples  n'ont  point  de  tems 
fixe  pour  manger  :  ils  n'ont  en  cela  d'autte  régie  que 
leur  appétit.  Leurs  divertiffemens  les  plus  ordinaires 
font  le  chant  Se  la  daufe  ,  dont  les  pas  font  mefurés 
&  fort  réguliers. 

Quoique  ces  peuples  nous  paroiffent  baibares,il  ne 
laiffe  pas  d'y  avoir  parmi  eux  une  efpéce  de  politeffe  ,  Se 
même  un  gouvernement  réglé.  Chaque  ifle  obéit  à  fon 
chef,  qui  elt  lui  même  fournis  au  roi  du  pays.  Ce  prince 
tient  fa  cour  dans  l'ifle  de  Falu  ,  qu'on  appelle  auifi  La- 
rriuircc.  Cette  multiplicité  de  noms  eit  apparemment  la 
caufe  pour  laquelle  on  ne  reConnok  ,  fur  la  carte  que 
l'on  a  dreffée  de  leur  pays  ,  presque  aucuns  àes  noms 
qui  fe  trouvent  dans  les  relations  imprimées  ;  ou  bien 
peut  être  que  les  infulaires  ayant  prononcé  d'abord  les 
noms  de  leurs  ifles,  plufieurs  furent  déguifés  par  les 
Espagnols. 

Ces  étrangers  racontèrent  qu'une  de  leurs  ifles  n'eit 
habitée  que  par  une  espèce  d'amazones,  c'eft-à  dire 
de  femmes  qui  font  une  république  ,  où  elles  ne  fouf- 
frent  que  les  perfonnes  de  leur  fexe.  La  plupart  font 
mariées  ;  mais  les  hommes  ne  les  viennent  voir  qu'en 
une  certaine  faifon  de  l'année  ,*&  après  quelques  jours 
ils  retournent  chez  eux  ,  emportant  avec  eux  les  enfans 
mâles ,  qui  n'ont  plus  befoin  de  nourrices.  Toutes  les 
filles  reitent ,  Se  les  mères  les  élèvent  avec  un  grand 
foin. 

Quoiqu'on  n'ait  entendu  parler  de  ces  ifles  en  Europe 
que  dans  ce  fiécle  ,  il  y  a  long-terfis  que  du  haut  des 
montagnes  de  Samal  ,  on  avoit  découvert  de  groffes 
fumées  de  ces  côtés-là  -,  ce  qui  atrivoit  ordinairement 
l'été  ,  quand  ces  infulaires  mettoient  le  feu  à  leurs  terres 
ou  à  quelques  forêts  pour  les  défricher.  Ces  groffes 
fumées  que  les  pêcheurs  de  Mindanao  Se  des  autres  ifles 
avoient  auifi  remarquées  ,  lorsqu'ils  s'étoient  avancés 
en  haute  mer ,  avoient  fait  conje&urer  ,  qu'il  y  avoit 
des  terres  à  l'eit  des  Philippines:  mais  on  n'en  avoit 
eu  de  connoiffance  certaine  que  quelque  tems  avant 
que  les  infulaires ,  dont  on  vient  de  voir  l'aventure  , 
euffent  abordé  à  l'ifle  de  Samal  ,  &  voici  de  quelle 
manière.  Le  frère  du  roi  de  ces  nouvelles  Philippines  , 
dans  un  voyage  de  mer ,  avoit  été  jette  fur  la  côte  de 
Carragan  ,  dans  la  grande  ifle  de  Mindanao.  Les  pères 
Auguilins  Espagnols ,  qui  ont  une  belle  miiîïon  fut 
cette côrc  ,  reçurent  ce  prince  avec  honneur,  lui  firent 
amitié  ;  rinitruifirent  des  principes  de  la  religion  chré- 
tienne ,  Se  le  baptiferent  ;  ce  qui  lui  caufa  tant  de  joie , 
qu'il  ne  fongea  plus  à  retourner  dans  fon  pays.  Cepen- 
dant le  roi,  inquiet  de  ce  que  fon  frère  avoit  disparu  , 
équipa  une  flotte  de  cent  petits  bâtimens ,  qu'il  envoya 
dans  toutes  les  ifles  de  fâ  dépendance,  pour  en  ap- 
prendre des  nouvelles.  Un  de  ces  petits  bâtimens  ,  fur- 
pris  de  la  tenipête,  fut  encore  pouffé  fur  la  côte  de 
Carragan  ,  dans  l'endroit  où  le  frère  du  roi  avoit  abor- 
dé. Ceux  qui  le  cherchoient ,  étant  descendus  à  terre  le 
reconnurent  d'abord  :  ils  fe  jetterent  à  fes  pieds  ,  lui 
expoferent  le  fujet  de  leur  voyage  ,  l'inquiétude  où  étoit 
le  roi  fon  frère,  &  le  conjurèrent  les  larmes  aux  yeux 


PHÎ 


de  retourner  en  fou  pays.  Le  prince  les  écouta  avrc 
tranquillité  ,  les  remercia  de  la  peine  qu'ils  s'étoient 
donnée  ,  Se  leur  déclara  qu'ayant  trouvé  la  perle  de 
l'évangile  ,  Se  le  plus  précieux  tréfor  qui  foit  au  mon- 
de ,  il  avoir  réfolu  de  le  conferver  chèrement ,  Se  pour 
cela  de  pafler  le  refte  de  fes  jours  parmi  les  Chrétiens , 
qu'ils  les  prioir  d'affurer  le  roi  ion  frère  ,  qu'il  étoit 
content  ,  Se  qu'il  fe  portoit  bien  ;  mais  qu'étant  Chré- 
tien ,  il  ne  pouvoir  demeurer  à  fa  cour ,  ni  s'expofer  à 
perdre  fa  foi ,  bu  du  moins  à  en  alrérer  la  pureté. 

LesJéfujtes  des  Philippines  regardant  te  découverte 
de  ces  nouvelles  ifles ,  comme  un  effet  de  la  provi- 
dence pour  la  converfion  de  ceux  qui  les  habitent ,  ils 
réfolurent  d'y  aller  établir  une  nouvelle  miifion  ;  mais 
ils  échouerenr  dans  leur  tentative:  le  vaiffeau  fut  fub- 
mergé.  Le  roi  d'Espagne  ,  à  la  follicitation  du  pape  ,  fit 
équiper  un  vaiffeau,  qui  porta  deux  miifionnaires  à  la 
vue  d'une  des  nouvelles  Philippines  >le  30  Novembre 
17 10.  Le  père  Duberon  Se  le  pereCortil,  (c'en;  le 
nom  des  deux  Jéfuites  )  avoient  mené  avec  eux  un  Pa- 
laos  ,  nommé  Moac  ,  qui  avoir  été  baptifé  à  Manille  ,  Se 
qui  devoit  leur  fervir  d'interprète.  Les  manières  affa- 
bles des  infulaires  engagèrent  les  pères  à  débarquer 
dans  l'ifle  ,  pour  y  planter  une  croix  ,  Se  reconnoîrre  de 
plus  près  le  génie  des  habirans.  Comme  leur  deileip  étoit 
de  revenir  le  même  jour  à  bord  ,  afin  d'aller  à  la  décou- 
verte des  aunes  ifles ,  ils  n'avoient  porté  avec  eux  que  leur 
bréviaire,  une  étole&  un  furplis ,  &  n'éroient  accompa- 
gnés que  du  Palaos ,  Se  de  quelques  Espagnols.  Peu 
après  leur  débarquement  ,  le  vaiffeau  fut  jette  par  des 
brifes  dans  des  courans  qui  l'emportèrent  fort  au  large  , 
Se  qui  ne  lui  permirent  plus  d'approcher  de  l'ifle.  Amfi 
ils  retournèrent  à  Manille,  &  les  deux  pères,  dépour- 
vus de  tout  ,  furent  abandonnés  à  la  merci  des  infu- 
laires. *  Lettres  édif.  1.  11.  Epître  Prêlim'm. 

L'année  fuivante  ,  le  père  Serrano  ,  l'un  des  miifion- 
naires, qui  avoir  fait  le  voyage  d'Europe ,  pour  folliciter 
le  pape  Se  le  roi  d'Espagne  ,  à  s'intéreffer  pour  la  conver- 
fion des  habkans  des  nouvelles  Philippines  ,  le  père 
Serrano,  dis- je  ,  fe  mir  en  mer  ,  pour  aller  au  fecours 
des  deux  miifionnaires  qu'on  avoir  été  forcé  d'aban- 
donner. 11  partit  de  Manille  le  15  de  Décembre  avec 
un  autre  Jéfuite  ,  Se  l'élite  de  la  jeuneffe  du  pays  ,  qui 
fe  faifoit  un  plai'ûr  d'avoir  part  à  une  œuvre  fi  fainte  ; 
mais  le  troifiéme  jour  de  leur  navigation  ,  le  vaiffeau 
fut  brifé  par  une  violente  tempête,  &  tout  l'équipage 
périt  ,  à  la  réferve  de  deux  Indiens  Se  d'un  Espagnol  , 
qui  échappèrent  de  ce  naufrage  .  Se  qui  allèrent  en 
porter  la  nouvelle  à  Manille. 

C'étoit  pour  la  quatrième  fois  qu'on  tentoit  de 
pénétrer  dans  les  ifles  de  Palaos,  ou  nouvelles  Philip- 
pines. Le  peu  de  fuccès  des  entreprifes  a  ôté  presque 
toute  cfpérance  de  réuflîr  dans  ce  projet ,  du  moins  par 
la  voie  des  Philippines,  Il  ne  relteroit  plus  qu'à  faire 
une  tentative  du  coté  des  ifles  Mariannes ,  qui  fonr  plus 
à  portée. 

PHILII'PIS.  Orrelius  ,  qui  cite  Sénéque ,  dit  qu'il 
femble  que  ce  foit  un  lieu  où  il  y  avoit  beaucoup  de  bois 
dansl'Attique.  Il  ajoute  qu'un  manuferit  qu'il  a  confùl- 
té,  écrit  Philipis  ,  pour  Pbilppis. 

1.  PHILIPPOPOLIS  ,  ville  de  Thrace  ,  félon  Prolo- 
ngée ,  /.  3.  c.  1 1 .  qui  la  place  dans  les  terres ,  Se  l'appelle 
encore  Trimontium  Se  Adrianopolis  •>  mais  c'eft 
mal-à-propos  que  ce  géographe  confond  aiufi  la  ville  de 
Fhilippes ,  avec  celie  d'Adrien.  Philippopolh  étoit  bâtie 
fur  le  fleuve  Hebrus.  Elle  reconnoifloit  Philippe  ,  fils 
d'Amyntas  ,  pour  fon  fondareur  ,  où  plutôt  pour  fon 
ïeftaurateur  ;  ;&  elle  étoit  déjà  célèbre  lorsque  la  ville 
de  Philippes ,  (  Philippi  ) ,  commença  à  faire  figure  dans 
le  monde.  Philippopolis  efl  dans  la  Romanie  ,  province 
delà  Turquie  en  Europe ,  à  25  lieues  d'Andrinople  ,  &  à 
7J  de  Conflantinople.  Il  y  réfide  un  fangiac ,  &  fon 
archevêché  efl  fuffragant  de  Conflanrinople.  Elle  n'a 
point  aujourd'hui  de  murailles  ;  mais  elle  efl  bâtie  fur 
trois  petites  montagnes,  qui  fe  tiennent  presque,  Se 
font  fur  la  même  ligne.  C'efl  apparemment  fur  ces  hau- 
teurs qu'étoient  autrefois  fes  foi  tereffes.  Elle  a  au  Ponent 
la  Marife ,  qui  baigne  le  pied  de  fes  maifons.  Cette  riviè- 
re ,  qui  efl  l'Hebrus  des  anciens  ,  y  porte  toute  fotte  de 
bateaux  ,Se  par  conféquent  la  plupart  des  commodités 


PHI        i)St 

de  îa  vie.  De  l'autre  côté  eft  un  fauxbourg  afiez  gund  , 
avec  lequel  on  communique  par  un  beau  ponr  de  bois. 
Il  y  a  environ  cenr  vingt  maifons  de  Juifs-,  mais  en  gé- 
néral les  bourgeois  font  presque  tous  Chrétiens.  Il  y  a 
jusqu'à  fix  églifes ,  Se  c'efl  ,  dir  Paul  Lucas ,  la  feule  ville 
de  Turquie  où  j'aye  vu  une  cloche  qui  fonne  les  heures 
du  jour.  Elle  efl  dans  une  tour  bâtie  fur  une  des  trois 
montagnes.  *  Paul  Lucas  ,  Voyages ,  t.  2.  p.  1 88. 

Paul  Lucas  ajoute  que  ce  fut  auprès  de  cette  ville  „ 
qu'Augufle  Se  Antoine  défirent  Brutus  &  Caffius  ;  mais 
il  fc  trompe:  la  ville  de  Philippi  (  Voyez.  Philippes  )  , 
étoit  aux  confins  de  la  Macédoine  Se  de  la  Thrace  ,  au 
lieu  que  Philippopolis  étoit  vers  le  nord  de  la  Thrace. 
Il  eft  vrai  que  PomponiusMéla,/.2.c.  2.  Pline,/.  4.  c.  1 ri 
Se  d'autres  anciens  géographes,  mettent  Philippi,  ou 
Philippes  ,  dans  la  Thrace  ,  parce  qu'elle  étoit  à  notre 
égard  au-delà  dufleuve  Strymon,qui  lépare  la  Macédoine 
d'avec  la  Thrace  ;  mais  cela  s'entend  de  la  Macédoine 
proprement  dite ,  Se  non  pas  de  ce  royaume  pris  dans  une 
fignification  plus  étendue.  Zanchius  fe  trompe  d'une  au- 
tre façon  ,  lorsqu'il  dit  fur  le  premier  chapitre  de  l'épïtre 
aux  Philippiens ,  que  la  ville  de  Philippes  éroir  au  deçà 
du  Strymon  ,  du  côté  de  la  Macédoine ,  Se  qu'il  cite  Pli- 
ne ,  c .  10.  /.  4.  pour  appuyer  fon  opinion.  Premièrement 
il  s'eft  trompé  en  menant  le  c.  10.  au  lieu  du  c.  1 1.  En 
fécond  lieu  ,  Pline  dir  expreffémenr  dans  le  c.  11.  que 
Philippes  efl  au-delà  du  Strymon  ,  du  côté  de  la  Thrace. 
Pomponius  Mêla  la  met  de  même ,  entre  le  Strymon  & 
le  Neflus, /.  2.  c.  2. Les  cartes  deSophianus,  &.  des  autres 
géographes ,  la  mettent  au  même  endroit.  Tout  cela  fait 
voir  que  Zanchius  s'eft  trompé  ,  Se  marque  en  même- 
tems  que  Philippopolis  efl  une  autre  ville  que  Philippi , 
ou  Philippes.  En  effet  Philippopolis  efl  fituée  fur  l'Hé- 
bre ,  au  lieu  que  Philippes  eft  fur  le  Strymon  Se  le  Ne- 
flus ou  Neflus  ;  Philippes  eft  affez  proche  de  la  mer ,  & 
Philippopolis  en  eft  fort  éloignée.  Leunclavius ,  c.  33. 
Pandetl.  Tm  cicar.  dit  que  Philippopolis  a  été  bâtie  par 
l'empereur  Philippe  ,  &  cite  un   auteur  grec  anonyme 
pour  le  prouver  ;  mais  il  fe  trompe ,  Se  fon  auteur  aufli  ; 
car  Pline  parle  de  Philippopolis,  Se  dit  qu'elle  a  été  ap- 
pellée  de  ce  nom  par  celui  qui  l'a  bâtie.  Or  Pline  eft  more 
long-terns  avant  que  l'empereur  Philippe  fût    au  mon- 
de ,  fi  c'eft  Philippe  père   d'Alexandre  le  Grand  ,  ou 
Philippe  le  père  de  Perfée  ,  dernier  roi  de  Macédoine  , 
qui  lui  a  donné  le  nom  de  Philippopolis,  c'efl  ce  que 
j'ignore.  *  Befpier ,  Rem.  fur  Ricaut ,  t.  2.  p.  7 1  j. 

2.  PHILIPPOPOLIS  ,  ville  d'Arabie.  Il  en  efl  fait 
mention  dans  le  concile  de  Chalcédoine.  Ne  feroit-ce 
point  cette  ville  que  la  notice  des  patriarchats  d'An- 
tioche,&  deJérufalem  appelle  Philippopolis  ,  Se  qu'elle 
met  fous  la  métropole  de  Boflia. 

PHÏLIPPSECK,  château  fortifié  en  Vetéravie,à  trois 
lieues  de  Butzbach. 

PHILIPS-NORTON  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la 
province  de  Sommerfet.  11  a  droit  de  tenir  marché 
public.  *  Etat  préjent  de  la  Grande-Bretagne  ,  r.  1. 

PHILIPSTAD,  ville  de  Suéde,  dans  la  partie  orien- 
tale du  Vcrmeland  :  elle  efl  de  difficile  accès  par  fa 
fituation  ,  entre    des  marais  Se   des  étangs.  *  Atlas. 
Robert  de  Vaugondy. 
PHILIPSTOWN  ,  ville  d'Irlande.  Voyez.  Kingstwon. 

PHIL1SBOURG  ,  ou  Philipsbourg,  ville  impciiale 
d'Allemagne  ,  fur  la  rive  orientale  du  Rhin  ,  a  l'em- 
bouchure de  la  rivière  Saltza  ,  dans  ce  fleuve  ,  au  midi 
de  Spire  ,  à  l'orient  de  Landeau  ,  Se  au  nord  occidental 
de  Bruchsal.  Ce  n'étoit  autrefois  qu'un  village  ,  appelle 
Udenheim.  Jean  George,  comte  Palatin,  y  fit  bâtir 
un  palais  pour  l'évêque  de  Spire  ,  en  1 3 1 3  ,  Se  Pévêqus 
Gerhard  l'environna  de  murailles  en  1343.  Philippe- 
Chriflophe  de  Sotteren  ,  évêque  de  Spire  &  Archevê- 
que de  Trêves,  ayant  fortifié  ce  lieu  de  fept  baftions, 
lui  donna  le  nom  de  Philisbourg  ,  en  Latin  Pbilippo- 
burgum.  On  y  ajouta  plufieurs  ouvrages,  Se  tout  cela  , 
joint  au  terroir  marécageux  des  environs ,  en  a  fait  une  • 
place  très-forte  &  très -importante.  Elle  tomba  entre 
les  mains  des  Impériaux  en  1633  ,  par  la  lâcheré  dit 
gouverneur;  Se  les  Suédois  qui  les  en  chafTerenr  le  ij 
de  Janvier  de  l'année  fuivante,  la  remirent  au  pouvoir 
du  roi  de  France  Louis  XIII.  Les  rigueurs  de  l'hiver 
ayant  empêché  qu'on  n'en  achevât  les  fortifications  , , 
Tm.  IV.  Eeeeeeij 


SS6        PHÏ 


PHI 


les  Impériaux  la  furprirent  la  nuit  du  23  Janvier  i^JJi 
Louis  de  Bourbon  ,  alors  duc  d'Anguien  ,  après  avoir 
défait  les  Bavarois  à  Fribourg  ,  reprit  Spire  &  Fhilis- 
bourg  au  mois  de  Septembre  1644.  Le  roi  Louis  XIV 
la  fit  enfuite  fortifier  régulièrement.  Les  Allemans  8c 
leurs  alliés  la  tinrent  long-tems  bloquée  ,  &  l'ayant 
enfin  aflïégée  le  16  Mai  1676,  la  prirent  par  capitu- 
lation le  16  de  Septembre  fuivant.  Louis,  Dauphin  de 
France  ,  la  reprit  fur  eux  le  premier  de  Novem- 
bre 1688,  &  elle  leur  fut  rendue  en  1697  ,  par  le  traité 
de  Ryswick:  en  1734  les  François  la  reprirent  encore , 
&  l'ont  rendue  par  la  paix  de  Vienne. 

PH1LISCUM  ,  ville  de  Syrie  ,  fur  l'Euphrate  :  Pline, 
/.  y  c.  26.  la  donne  aux  Parthes. 

PHILISTHSI  ,  peuples  de  la  terre  de  Chanaan. 
Voyez.  Philistins    - 

PH1LISTIM.  Voyez.  Philistins. 

PHILISTINS  FOSSS.  Pline  ,  /.  3.  c.  16.  donné 
ce  nom  à  l'une  des  embouchures  du  Pô  ,  8c  dit  qu'on 
l'appelloit  autrement  Tartarum.  Elle  a  confervé  ce 
dernier  nom  ,  félon  le  père  Hardouin ,  qui  afflue  qu'on 
Ja  nomme  aujourd'hui  Tartaro. 

PHILISTINS,  (a)  peuples  venus  de  l'ifle  de  Caphtor  , 
dans  la  Paleftine  ,  (/>)  8c  descendus  des  Caphtorims ,  qui 
font  fortis  des  Chasluims ,  enfans  de  Mizraïm  ,  comme 
Moïfe  nous  l'apprend  \  (t)  8c  par  conféquent  originaire- 
ment fortis  de  Mizraïm  ,  père  des  Egyptiens.  Le  même 
Moïfe  dit  ailleurs    (d)  que  les  Caphtorims  ,  fortis  de 
Caphtor  ,  chalTerent   les    Hévéens    qui    demeuroient 
depuis    Hazerim   jusqu'à  Gaza  ,  8c  qu'ils  s'établirent 
dans  ce  pays.  Ce  n'eft  donc  que  depuis  les  Hévéens 
ou  Charaéens  ,  que  les  Philiftins  font   venus  dans  la 
Paîelh'ne  ,  8c  qu'ils   ont  occupé  le  pays   dont  ils  ont 
été  maîtres  fi  long-tems.  On  ne  fait  point  précifément 
l'époque  de  leur  fortie  de  Tifle  de  Caphtor  -,  mais  il 
y  avoit  déjà  long-tems  qu'ils  étoienr  dans   la  terre  de 
Chanaan  ;  lorsqu' Abraham  y  vint  l'an  du  monde  2084, 
avant  Jefus-Chrift  19 17,   avant  l'ère  vulgaire  192 1. 
Nous  avons  effayé ,  ajoute  dom  Calmet ,  de  montrer 
dans  l'article  de  Caphtor  ou  Caphtorim  ,  que  ce  mot 
marque  Fine  de  Crète.  Le  nom  des  Philiftins  n'eft  point 
hébreu.  Les  Septante   le  traduifent  ordinairement  par 
Allophyli ,  étrangers.  Les  Pélethéens  8c  les  Cérethéens 
étoienr  auflï  Philiftins ;8c  les  Sepranre  traduifent  quelque- 
fois Cérethim  (e)  par  Kpvnui,  Cretois.  Voyez  ce  que  nous 
avons  dit  fous  l'article  Pheleti  ,  &  fous  Cerethi.  Les 
Cafiuims  ou  Cafluchims  ,  pères  des  Caphtorims ,  de- 
meuroient originairement  dans  la  Pentapole  Cyrénaï- 
que, félon  le  paraphrafte  Jonathan,  ou  dans  le  canton 
Pentaschenite  de  la  Baffe  Egypte,  félon  le  paraphrafte 
Jérofolymitain.  Nous  trouvons  dans  la  Marmarique  la 
ville  d'Axilis  ou  d'Azylis  ;  8c  dans  la  Libye  voifine  de 
l'Egypte,  Sagylis  ou  Satylis:  tout  cela  dans  Ptolomée. 
Ces  noms  ont  un  rapport  fenfible  avec  Cafluim.  Ce  pays 
eft  firué  près  de  l'Egypte  ,  oîi  tous  les  enfans  de  Mizraïm 
ont  eu  leur  demeure;  il  eft  alfis  vis  à-vis  l'ifle  de  Crète. 
Strabon  ,   /.  17.  p.  837.  ne  met  que  mille  ftades  de  di- 
stance ,  entre  le  port  de  Cyrène   ex  celui  de  Crète , 
nommé  Criou  Metôpon  ,   ou  Front  de  Bélier.  Le  com- 
merce étoit  autrefois  grand  entre  la  Cyrénaïque  8c  l'ifle 
de  Crète  ,  comme  il  paroît  par  Strabon  8c  Pline.  Il  y  a 
donc  beaucoup  d'apparence  que  les  Cafiuims  envoyè- 
rent de  la  Cyrénaïque  des  colonies  dans  cette  iffe,  les- 
quelles pafferent  delà  fur  les  côtes  de  la  Paleftine.  Ce 
fyftcme  me  paroît  le  plus  probable  de  tous  ceux  qui  ont 
été  propofés  jusqu'ici.  Outre  la  conformité  qui  eft  entre 
les  noms  de  Cérethim  &  des  Cretois,  il  s'en  trouve 
beaucoup  entre  les  mœurs,  les  armes,  les  divinités, 
les  coutumes  des  Philiftins  &  desCfétois,  ainfi  qu'on 
If  peut  voir  dans  la  differtation   de  dom  Calmet ,  fur 
l'origine  8c  les  divinités  des  Philiftins,  imprimée  à  la  tête 
du  premier  livre  des  Rois.  Les  Philiftins  étoient  déjà 
puiffans  dans  la  Paleftine  dès  le  tems  d'Abraham  ,  puis- 
qu'ils y  avoient    des   rois,  8c  y  poiTédoicnt  plufieurs 
villes  confidérables.  Quoiqu'ils  ne  fuffent  point  de  la 
race  de  Chanaan ,  &  qu'ils  ne  fuffent  point  exprimés 
parmi  les  peuples  dévoués  à  l'anarhême  ,  Jofué  ne  laiffà 
pas  de  donner  leur  pays  aux  Hébreux  (/)  ,  8c  de  les 
attaquer  par  le  commandement  du  Seigneur,  parce  qu'ils 
©ecupoient  un  pays  ,  qui  étoit  promis  au  peuple  de 


Dieu  (g  )  ;  mais  il  paroît  que  les  Philiftins  reprirent  les 
conquêtes  de  Jofué.  Sous  les  Juges,  fous  Saiil ,  &au 
commencement  du  règne  de  David  ,   ils  avoient  des 
rois  ou  des  fatrapes ,  qu'ils  appelloient  Sazenim  ;  leur 
état  étoit  divifé  en  cinq  petits  royaumes  ou  fatrapiesj 
&  ils  opprimèrent  les  Ifra'élites  pendant  le  gouvernement 
du  grand-prêtre  Heli  8c  de  Samuel  ,  8c  pendant  le  règne 
de  Saiil ,  (  pendant  environ  cent  vingt  ans  ,  depuis  l'an 
du  monde  2848  ,  jusqu'en  296c  ).  Il  eft  vrai  que  Tam- 
gar,  Samfon,  Samuel  &  Saiil  les  défirent  quelquefois  ; 
mais  ils  n'abbattirent  point  leur  puiffance.  Ce  fut  David 
(  h  )  qui  les  fubjugua.  Ils  fe  révoltèrent  environ  deux 
fiécles  8c  demi  après  contre  Joram  (  i  )  qui  les  fournit 
de  nouveau.  Ozias  les  contint  auffi  dans  le  devoir  pen- 
dant tout  fon  règne  (  k  ).  Durant  les  malheurs  du  règne 
d'Achaz ,  les  Philiftins   firent  le  dégât  dans  les  terres 
de  Juda  (/ )  ;  mais  Ezechias  ,  fils  8c  fucceffeur  d'Achaz  , 
les  affujettit  (m).  Enfin  ils  fe  mirent  pleinement  en  li- 
berté fous  les  derniers  rois  de  Juda  ;  8c  nous  voyons 
par  les  menaces  que  leur  font  les  prophètes  lfaïe,  Amos  , 
Sophonie,  Jérémiecx:  Ezéchiel,  qu'ils  avoient  fait  mille 
maux  aux  Ifiaè'lites ,  &  que  Dieu  devoit  châtier  leur 
eruauré  par  les  plus  grandes  calamités.  Affaradon  ,  fuc- 
ceffeur de  Sennachérib  ,   affiégea  Azoth ,  8c    la  prit , 
par  les  armes  de  Thafthan  ,  général  de  Ces  troupes(  n). 
Pfammiticus  ,  roi  d  Egypte  ,  prit  la  même  ville ,  après 
un  fiége  de  vingt-neuf  ans ,  fuivant   Hérodote ,  /.  2* 
c.  1 5-7.  8c  c'eft  le  plus  long  fiége  de  ville  que  l'on  con- 
noiffe.  Pendant  le  fiége  de  Tyr,  qui  dura  treize  ans, 
Nabuchodonofor  employa  une  partie  de  fon  armée  à 
foumettre  les  Ammonites ,  les  Moabites ,  les  Egyptiens, 
&  les  autres  peuples  voifins  des  Juifs  (0).  Il  y  a  affez 
d'apparence  que  les  Philiftins  ne  lui  réfifterent  pas  ,  8c 
qu'ils  lui  demeurèrent  aflujettis  avec  les  autres  peuples 
delà  Syrie,  delà  Phénicie  8c  de  la  Paleftine.  Ils  tom- 
bèrent enfuite  fous  la  domination  des  Perfes  ;  puis  fous 
celle  d'Alexandre  le  Grand  ,  qui  ruina  Gaze  (p),  la  feule 
ville  des  Phéniciens  qui  ofa  lui  réfifter.  Après  la  per- 
fécurion  d'Anthiocus  Epiphanes ,    les    Asmonéens  dé- 
membrèrent   petit  à  petit  diverfes  villes   du  pays  des 
Philiftins    qu'ils  affujetrhent    à  leur  domination.  Try- 
phon  ,  régent  du  royaume  de  Syrie  ,  donna  à  Jonarhas 
Asmonéen,  le  gouvernement  de  tonte  la  côte   de  la 
Méditerranée ,  depuis  Tyr  jusqu'à  l'Egypte  (  q)  ;  8c  par 
conféquent  tout  le  pays  des  Philiftins.  Le  nom  de  Pale- 
ftine eft  venu  des  Philiftins ,  quoique  ces  peuples  n'en 
poffédaffent  qu'une  affez  petite  partie.  *  (a)  D.  Calmet, 
DicL.  (  b  )  Amos  ,9,7.  Jerem ,  47  ,  4.    (  c  )  Genef. 
10  ,   13  ,  14.  (  d)  Dent.   10,  23.  {e  )  Ez.ech.  Zf  ,  16. 
Sophon.    11,   5  ,  6.  (/)  Exod.  1 5  ,  4;  ,  46  ,  47.  (  g  ) 
Jofué,   13,  2  ,   3.  {h)  II  Reg.  5  ,    17  ,   8 ,   1,2,  &c. 
(  i  )  II  Par.  21,  1 6.  (  £  )  II  Par.  16  ,  6,7.  Ozias  com- 
mença à  régner  en  3194.  (/)  UPar.iS,  18.  (m)  IV  Reg. 
1 8  , 8.  (»)  If  ai.  20,1.  (0)  Jof.  Ant.  1. 1  o.  c.  1 1 .  (  p  )  Strab. 
I.16.  Arr'ian.  1.  2.  de  Exped.  Alex,  (q)  I  Mach.  9  ,  59. 
PHIL1US.  Koy«.  r-Htius  1. 

PHILLIS,  contrée  de  la  Thrace  ,  aux  environs  du 
mont  Pangée  ,  félon  Hérodote  ,  /.  7.  c.  1 12.  Quelques 
manuferits  de  cet  hiftorien  ,  8c  ceux  d'Etienne  le  géo- 
graphe, portent  Phullis  pour  Phillis. 

PHILLYRA  ,  fleuve  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Arca- 
die  ,  félon  Ortelius ,  Thef.  qui  cite  Callimaque ,  Hym. 
in  Jovem. 

PHILO,  lieu  à  l'extrémité  de  l'Egypte.  Il  en  eft  parlé 
dans  l'hiftoite  eccléfiaftique  de  Théodore  ;  mais  l'in- 
terprète latin  ,  au  lieu  de  Philo  ,  écrit  Pheno.  Nefe- 
roit-ce  point,  dit  Ortelius,  Thef.  la  ville  que  Ptolomée 
appelle  PhiL/£  ?  Voyez,  ce  mot. 

PH1LOBOETUS,  montagne  de  la  Bœotie ,  dans  la 
plaine  d'Elatée,  félon  Ortelius  ,  qui  cite  Plutarque  ; 
mais  Plutarque ,  in  Sylla  ,  dit  Amplement  qu'il  y  avoic 
dans  la  plaine  d'Elatée  une  éminence  ,  où  Hortenfius  8c 
Sylla  campèrent.  Cette  éminence  étoit  très-fertile ,  cou- 
verte d'arbres  ,  8c  au  pied  couloit  un  ruiffeau.  Plutar- 
que ajoute  que  Sylla,  dans  fes  commentaires,  vantoit 
extrêmement  la  fituation  de  ce  i  eu.  Au  refte  ,  le  texrc 
grec  porte  ^iXc^ouark ,  Ph'ilokoeotos ,  8c  non  Philoboe- 
tus.  Dacier ,  dans  fa  tradutlion  de  Plutarque ,  écrie 
Pbiloboiote.  Polia?nus ,  in  Panimene,  l.  ;.  fait  de  Philo- 
boeotus  un  lieu  fortifie. 


PHI 


PHÏ 


PHILOCALIA,  lieu  fortifié  dans  la  Cappadoce,  fut 
îe  Pont-Euxin  ,  avec  une  rivière  de  même  nom  ,  félon 
Pline  ,  /.  6,  c.  4.  Arrien  ,  dans  fon  périple  du  Pont- 
Euxin,  p.  17.  met  Philocalia ,  ou  Pbilocalea,  entre 
Argyria  ôc  Coralla ,  à  quatre-vingt-dix  ftades  de  la  pre- 
mière ,  ôc  à  cent  de  la  féconde.  Il  y  a  faute  dans  Pto- 
lomée  ,  dit  le  père  Hardouin  -,  car  Ptolomée  écrit  Kuxd- 
^nt  ,  au  lieu  de  QiXokolMici. 

PHILOCANDROS  ,  ifle  delà  mer  Egée,  &  l'une  des 
Cycladcs  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  t'y.  Pline,/.  4.  c. 
Ji.  ôc  Etienne  le  géographe  écrivent  Pholegandros, 
ôc  la  mettent  parmi  les  ifles  Sporades.  Hefyche  écrit 
Phlegandros.  On  la  nomme  aujourd'hui  Policandro: 
elle  efl  entre  les  ifles  de  Milo  ôc  de  Sikino. 
PH1LOCRENE ,  petite  ville  de  Birhynie  ,  félon  Nicé- 
phore  Grégoras  ,cirépar  Ortelius  ,  Tbef.quï  croit  qu'elle 
éroit  aux  environs  de  Nicée.  Chalcondyle  en  fait  une 
place  maritime. 

PHILOMELIUM ,  ville  de  la  Grandc-Phrygîe ,  félon 
Strabon,  /.  12.  p.  577.  Ptolomée  ,  /.  5.C.  2.  &  Etien- 
ne le  géographe.  Pline ,  /.  j.  c.  27.  fait  feulement  men- 
tion du  peuple  qu'il  nomme  Philomelienfes.  Dans  le 
premier  concile  de  Conftantinople ,  p.  957.  il  efl  fait 
mention  de  Theofebius  Pbilomclienfis ,  Ôc  fon  fiége  elï 
placé  dans  la  Pifidie. 

PHILOMOLPHUS,  ville  de  l'Afie-Mineure  ,  félon 
Ortelius  ,  Thef.  qui  cite  Nicétas. 

PHILONIS  PAGUS,  village  d'Egypte.  Strabon,  /. 
jy.  p.  8oy.  le  met  entré  le  Nil  ôc  le  golfe  Arabique. 

1.  PHILONIS  VICUS,  village  d'Afrique.  11  eft  pla- 
cé par  Ptolomée,  /.  4.  c.  4.  dans  la  Cirénaïque  ,  ôc 
dans  les  terres. 

2.  PHILONIS  VICUS  ,  village  de  Libye.  Ptolomée, 
/.  4.  c .  y  lui  donne  auflî  le  titre  de  nôme. 

PHILONIUS  PORTUS ,  port  de  l'ifle  de  Corfe.  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  2.  le  place  fur  la  côte  méridionale, 
près  d'AusTA.  Léander  &  Niger  difent  que  c'efl  aujour- 
d'hui Porto-Veiho,  ôc  d'autres  le  mettent  à  Porto  F  avo- 
rte. Un  écrivain  ,  dit  Ortelius ,  a  cru  que  le  Pbilonius 
Tonus  de  Ptolomée  ,  ôc  le  Navonius  d'Antonin , 
étoient  le  même  :  pour  moi ,  je  n'en  crois  rien  ,  ôc  je 
juge  que  ce  font  des  lieux  différens. 

PH1LOPATRIUM,  lieu  dont  fait  mention  Cédre- 
ric.  Il  pouvoir  être  au  voifinage  de  Byzance.  *  Ortel. 
Thef. 

1.  PHILOS.  Voyez.  Phlius  I. 

2.  PHILOS,  ifle  que  Pline,  /.  6.  c.  25.  place  fur 
la  côte  de  la  Perfide.  Elle  étoit,  dit  Ortelius,  dans  le  gol- 
fe Pcrfique. 

PH1LOTERA,  ville  dans  le  voifinage  des  Troglo- 
dytes, félon  Etienne  le  géographe.  Ortelius  juge  qu'elle 
pouvoir  être  aux  environs  du  Caucafe  ,  fur  le  Bosphore 
Cimmérien. 

PHILOTERIA,  ville  de  Syrie.  Polybe,  7.  j.».  70.  la 
met  fur  le  lac  de  Tibéliade. 

PH1LOTHEI.  FVy^  Bytiiaria. 

PHILQXENI-LATOMLE.  Mien,  Variar.  lu. 
c.  44.  dit  qu'on  donna  le  nom  du  poëte  Philoxcne  aux 
Laromies  de  Sicile.  Voyez.  Latomi/e.. 

PH1LYRES  ,  peuples  qui  habitoient  fur  le  Pont-Eu- 
xin, félon  Etienne  le  géographe,  ôc  Valerius  Flaccus 
Apollonius,  /.  2.  mec  dans  le  Pont-Euxin  une  ifle  ,  ap- 
pellée  Philyrida,  qui  pouvoit  tirer  fon  nom  de  celui 
de  ces  peuples,  ou  leur  avoir  donné  le  fien;&  il  y  a 
apparence  que  ce  font  les  maifons  des  Philyres ,  qu'Ovi- 
de ,  Metam.  I.  7.  appelle  Phii.yrea  Tecta.  *  Ortel. 
Thef. 

PHIN,  Voyez.  Pfin. 

PHINA  ,  ville  de  la  Macédoine  ,  dans  la  Piérie,  fé- 
lon presque  tous  les  exemplaires  imprimés  de  Pline  , 
/.  4.  c.  10.  Quelques  exemplaires  porteur  Pigna;& 
Je  père  Hardouin  foucient  qu'il  faut  lire  Pydna.  C'efl. 
•ainfi  en  effet  qu'écrivent  Strabon  ,  in  Excerp.  I.  7.  p. 
330.  &  Etienne  le  géographe.  Cette  vilie  eft  encore  ap- 
pellée  KvS'm  par  Théagene  ,  cité  par  Etienne  le  géogra- 
phe ,  ôc  Cydne  par  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3. 

1 .  PHINEUM  ,  lieu  de  la  Cappadoce ,  dans  le  Pont , 
félon  Etienne  le  géographe  &  Suidas. 

2.  PHINEUM ,  lieu  qucThéophrafte,  Hifl.  Plantar. 
7.  3.  c.  i.  mec  dans  l'Arcadie. 


9?7 


PHINICHA,  petite  ville  d'Afie ,  dans  l'Anatolte-, 
félon  Sophicn.  Elle  eft  fur  la  côte  du  Montefcli ,  en- 
tre Parera  ôc  Sataiia,  à  vingt  ou  vingt-deux  lieues  de 
l'une  &  de  l'aucre.  Cette  ville ,  nommée  Aperrce.  par 
Ptolomée  ,  Apyrx.  par  Pline  ,  ôc  par  d'autres  Apbcrx. 
ôc  Aptrœ,  n'eft  plus  préfentement  qu'un  méchant  vil- 
lage. 

PHINNI.  Voyez.  Fenni. 

PHINON  ,  ou  Phunon  ,  ftation  des  Ifraê'Iites ,  dans 
le  déferr. 

1.  PHINOPOLIS,  ville  de  Thrace ,  félon  Pline, 
/.  4.  c.  11.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  11.  ôc  Etienne  le  géo- 
graphe. Les  deux  premiers  la  placent  à  l'embouchure 
du  Pont-Euxin. 

2.  PHINOPOLIS,  ville  de  Bithynie.  Elle  ne  fubfi- 
floit  plus  du  tems  de  Pline,  /.  5.  c.  32.  Les  meilleurs 
manuferits ,  au  lieu  de  PhinopoJÉJ,  portent  Spiropo- 
lis ,  ôc  le  père  Hardouin  croit  que  c'efl  ainfi  qu'il  faut 
lire. 

1.  PHINTHIA,  fontaine  de  Sicile.  Pline,  qui  en 
parle  d'après  Appien ,  dit  que  tout  ce  qui  y  étoit  jette 
furnageoit.  Elle  étoit  apparemment  au  voifinage  de  la 
ville  Pbintbia.  Voyez,  l'article  fuivant. 

2.  PHINTHIA  ,  ville  de  Sicile,  félon  Ortelius,  qui 
cice  les  lettres  de  Phalaris  ,  Epifl.  148.  Ptolomée  ,  /.  3» 
c.  4.  qui  écrit  Phithia ,  la  place  dans  les  terres ,  entre 
Ancrina  ôc  Gela  ;  Diodore  de  Sicile  la  nomme  Phin- 
thias  ,  au  génitif Pbintbiadis ,  ôc  Pline,  /.  z.c.  8.  en 
appelle  les  habitans  Phintienfes.  L'itinéraire  d'Antonin 
connoît  auflî  cette  ville  ,  dont  il  corrompt  pourtant  le 
nom ,  écrivant  Plintis  pour  Phintis.  Il  la  met  fur  la 
route  à'Agrigentum  à  Syracufe ,  en  prenant  le  long  de 
la  mer  ,  ôc  la  place  entre  Dœdalium  ôc  Refugium  Cha- 
hs ,  à  cinq  milles  de  la  première  de  ces  places ,  &  à 
dix-huir  milles  de  la  féconde.  Cette  pofition  fait  juger 
qu'elle  étoit  précifément  dans  l'endroit  où  efl  aujour- 
d'hui Alicata ,  ôc  où  l'on  découvre  effectivement  un 
grand  nombre  d'antiquités.  Diodore  de  Sicile,  /.  22. 
c.  2.  en  fait  pareillement  une  ville  maritime  ;  ce  qui 
contredit  Pline  ôc  Ptolomée  qui  la  placent  dans  les 
terres. 

PHINTONIS  INSULA  ,  ifle  de  la  mer  Méditerra- 
née ,  entre  la  Sardaigne  ôc  l'ifle  de  Corfe ,  fclon  Pli- 
ne,  /.  3.  c.  7.  ôc  Ptolomée,  /.  3.  c.  3.  Les  uns  croient 
que  c'efl  aujourd'hui  Ifola  ai  Figo,  l'ifle  de  Figo  ,  ôc 
d'autres  la  prennent  pour  Ifolt  Ro/fa. 

PHIR-/LSI  ,  peuples  de  l'ifle  de  Scandinavie.  Ptolo- 
mée ,  /.  2.  c.  1 1.  qui  en  fait  mention  les  place  avec  les 
Pbavonœ,  dans  la  partie  orientale.  Turnebe,  dit  Orte- 
lius ,  voudroit  qu'on  lut  Fr  mei  pour  Pbirœ/î;  mais  Ho- 
toman ,  in  Francogal.  rejette  absolument  cette  opinion 
comme  tres-éloignée  de  la  vérité. 

PHIRORY-ABAD  ,  ville  de  l'Inde  ,  fituée  à  l'endroic 
où  le  Calini  fe  joint  au  Jaoun.  Tamerlan  la  prit  en  1  398. 
Les  habitans ,  qui  étoient  Ghebres  ou  Guebres  fe  voyanc 
preflés  de  toutes  parts ,  brûlèrent  leurs  femmes  ôc  leurs 
enfans ,  pour  n'être  occupés  que  du  foin  de  fe  défendre. 
*  Hifloire  générale  des  Huns  ,  par  M.  de  Guignes,  t. 

5-V-  5°- 

PHIRSTIMUS  ,  ou  Phrystimus  ,  fleuve  de  la  Per- 
fide ,  ôc  dont  l'embouchure  étoit  fur  le  golfe  Perfique, 
félon  Pline,  /.  6.  c.  23.  Le  père  Hardouin  veut  qu'on 
life  Heratemis  ,  au  lieu  de  Phritimus  que  portent 
les  exemplaires  imprimés:  il  fonde  cette  correction  fut 
un  partage  d'Arrien  ,  in  Indicis  ,  p.  583.  dont  l'autorité 
lui  paroït  préférable ,  &  qui  met  à  fept  cens  cinquante 
ftades  de  l'embouchure  du  Sitacos  une  rivière  qu'il  nom- 
me 'Hpûn/niç. 

PHISCON  MONS  ,  montagne  d'Italie ,  dans  la  Tos- 
cane ,  félon  Ortelius  ,  qui  cite  un  fragment  de  Caton.  Il 
ajoute  que  Mariantis  Viétorius  veut  que  ce  foit  aujour- 
d'hui Monte  Fiasconc. 

PHISERA.  Voyez.  Fisêra. 

PHISON  ,  fleuve  du  Paradis  terreftte.  Voyez.  Phasis  , 
».  1. 

PHITERNUS  ,  fleuve  d'Italie.  Ptolomée,  /.  3.  '•  r- 
le  met  dans  le  pays  des  Ferentini.  Pline,  /.  y.  c.Vt.  ÔZ 
Pomponius  Mêla ,  /.  2.  c.  4.  le  nomment  Tifermts.  Col- 
lenutius  Ôc  Léander  difent  que  le  nom  moderne  eft  For- 


9*8       PHL 

loro:  Mazzella  l'appelle  Salino ,  &  Olivier  veut  que  le 
nom  de  ce  fleuve  foit  préfentemenc  Eiz,ano. 

PH1TIUSA  ,  ifle  de  la  mer  Egée,  au  voifinage  du  Té- 
loponnèfe,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  7.  Pintauc 
écrit  Pityufa  ,  parce  que  fon  nom  vient  du  grec  n/™«- 
«•«  ,  qui  lui  a  été  donné  à  caufe  de  la  quantité  de  pins  qu'el- 
le produit.  Pline ,  /.  4.  c.  1 2.  nomme  effectivement  cette 
ifle  Pityufa. 

PHITOM,  ouPhiton  ,  ville  d'Egypte.  C'eft  une  de 
celles  que  les  Hébreux  bâtirent  à  Pharaon ,  pendant  le 
tems  de  leur  fervitude.  Dom  Calmet  croit  que  cette  ville 
eft  la  même  qne  Tathumos ,  dont  parle  Hérodote  ,  /.  2. 
Se  qu'il  place  fur  le  canal  que  les  rois  Necho  Se  Da- 
rius avoient  fait  pour  joindre  la  mer  Rouge  au  Nil ,  Se 
par-là  à  la  Méditerranée.  On  trouve  auffi  dans  les  an- 
ciens géographes  un  bras  du  Nil ,  nommé  Pathmeticus , 
Phatmycus ,  Phatnimv  ou  Phaniticus.  Brocard  ,  Defc. 
Terra,  Santlx. ,  dit  qucPhitom  Se  Ramefle  font  à  cinq 
lieues  au-defïus  de  la  divifion  du  Nil ,  &  au-delà  de  ce 
fleuve  ;  mais  cela  n'a  aucun  fondement  dans  l'antiquité. 
Get  auteur  fe  contente  de  rapporter  ce  que  l'on  difoit 
de  fon  tems  dans  l'Egypte.  Marsham  veut  que  Phitom 
foit  la  même  que  Pélufe  ou  Damiette.  *  Exod.  1  ,  1 1 . 
Strab.  Ptolom.  Plin.  Sec. 

PHIUM.  Voyez.  Fium. 

PHIZUM.  Voyez.  Phasis  t. 

VU.lk.V9yez.Vmi». 

PHLADIR.TINGA,  nom  qu'Hermannus  Contractais 
donne  à  une  ville  de  la  Hollande ,  à  l'embouchure  de 
laMeufe,  &appellée  vulgairementViAERDiNGEN.  Voyez. 
ce  mot. 

PHLAGUSA  ,  ville  delà  Cherfonnèfe,  voifine  de  la 
ville  de  Troye  ,  &  où  l'on  voyoit  le  tombeau  de  Prote- 
filaiis.  Cette  ville  avoit  un  port  nommé  Crater ,  félon 
Hygin,  in  Cratère ,  cité  par  Ortelius. 

PHLANEIA  ,  bourgade  de  lAtrique,  dans  la  tribu 
Cécropide ,  félon  Phavoi  inus ,  Lcxic. 

PHLANON.  Voyez.  Flammona. 

PHLANON1CUS-SINUS.  Voyez.  Flanaticus  Si- 
nus ,  qui  eft  le  même  golfe. 

PHLAVIOPOLIS,  Voyez.  Flaviopolis. 

PHLEGANDROS,  ifle  déferre ,  dont  parle  Héfy- 
che.  Voyez.  Phalegandros. 

PHLEGRA  ,  ville  de  la  ThefTalie  ,  félon  Martianus 
Capella  ,  cité  par  Ortelius.  Ce  fur ,  félon  les  poètes,  dans 
les  champs  voifins  que  les  Géans  combattirent  contre  les 
dieux  ,  Si  qu'ils  furent  foudroyés.  Solin  fait  aufTi  men- 
tion de  cette  ville.  Voyez.  Phlegr/ei  campi. 

i.PHLEGRiEI-CAMPI,  campagnes  d'Italie,  aux  en- 
virons de  Capoue&  de  Nola,  félon  Polybe,  /.  2.».  17. 
Voyez.  Forum-Vulcani. 

2.  PHLEGR.EI  CAMPI,  campagnes  de  la  ThefTalie, 
au  voifinage  de  la  ville  Phkgra,  Voyez,  ce  mot.  Ifacius 
Tzetzès  met  ces  campagnes  dans  la  Thrace ,  &  Etien- 
ne le  géographe  les  place  dans  la  Cherfonnèfe  de  Thra- 
ce. *  Ortelius  y  Thef. 

PHLEGYA,  ville  de  laBceotie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PHLEGY/E  ,  peuples  de  la  ThefTalie.  Srrabon  dit  que 
dans  la  fuite  ils  furent  nommés  Gvrtonnii. 

PHLEGYANTIS.  Voyez.  Andreis. 

PHLEUM.  Voyez.  Phil^um  &  Flevum. 

PHLIARUS.  Voyez,  Hoplias. 

PHLIAS  ,  nom  d'une  ifle  que  Polybe,  /.  4.»,  9.  place 
tux  environs  de  l'Etolie. 

PHLIASlA.  Voyez.  Phlius  i. 

1 .  PHLIUS ,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  la  Sicyonie , 
félon  Ptolomée,  l.x.c.  16.  qui  la  place  dans  les  terres. 
Strabon  ,  /.  8.  p.  382.  dit  que  la  ville  d'Arxthyrée,  que 
l'on  appelloit  de  fon  tems  Phliafia,  étoit  dans  une  con- 
trée de  même  nom  ,  près  de  la  montagne  Cœloflà  -,  que 
dans  la  fuite  les  habirans  changèrent  de  place,  &  allèrent 
à  trente  ftades  de  ce  lieu  bâtir  une  ville  ,  qui  fur  appel- 
lée  Phlius.  C'eft  ce  qu'Etienne  le  géographe  ne  diftingue 
point.  Il  dit  fimplemeut  que  Phlius  ou  Phlïunte  s'appel- 
la  anciennement  Aranthia  Se  Arxthyrea.  Ortelius  dit 
qu'elle  paroît  nommée  Rupela  dans  Chalcondyle. 

2.  PHLIUS,  ville  maritime  du  Péloponnèfe,  dans 
l'Argie,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  16.  qui  la  met  entre 


PHO 


Nauplia  navale  Se  Hermione.  Elle  eft  appellée  Foica 
par  Pihct ,  Se  Yri  par  Sophien. 

3.  PHLIUS ,  ville  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Elide,  fé- 
lon Pline,  qui  la  met  à  cinq  milles  de  Cyllene.  Ortelius 
dit  qu'elle  cil  différente  des  deux  villes  précédentes -, 
mais  le  père  Hardouin  foutient  que  c'eft  la  même  qui  efl 
placée  dans  la  Sicyonie  par  Ptolomée  &  par  Strabon. 

PHLOEON  ,  lieu  de  l'ifle  de  Samos ,  félon  Plutar- 
que  ,  in  Quœftton.  Gr&cis. 

PHLORYIA  ,  ville  de  la  Mauritanie  Céfarienfe.  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  2.  la  place  dans  les  tertes. 

PHLOSSA  ,  lieu  dans  le  terriroire  deSmyrne  ,  à  ce 
qu'il  paroît  par  un  pafiage  de  Suidas ,  in  voce  Theocri- 
tus. 

PHLYA  ,  bourgade  de  l'Attique.  Elle  étoit  delà  tribu 
Ptolémaïde  ,  félon  le  marbre  des  treize  tribus  ,  rapporré 
par  Spoh  ,  Lifte  de  l'Attique ,  Se  félon  Héfyche:  ainfi 
Etienne  le  géographe ,  Se  d'autres  écrivains  qui  la  met- 
tent fous  la  tribu  Cécropide  ,  peuvent  s'être  trompés. 
Cette  ancienne  bourgade  qui  eft  dans  leMefoia,  entre 
Rafti  Se  le  cap  Colonne  ,conferve  encore  fon  nom.  C'é- 
toit  la  patrie  du  po'éte  Euripide  ;  mais  il  y  a  eu  trois  poè- 
tes célèbres  de  ce  nom.  Paufanias  fait  mention  deplufieurs 
temples  Se  autels  qui  étoient  à  I  hlya ,  entre  autres  de 
ceux  d'Apollon  ,  de  Diane  ,  de  Bacchus  Se  des  Euméni- 
des.  A  Athènes,  ajoute Spon,  dans  l'églife  Agioi  Apo- 
ftoli  3  on  lit  cette  infeription  : 

2EAETP0 
ÉENONOS 

*AT2TS 

PHLYENSES,  peuples  de  l'Attique ,  habitans  de  la 
bourgade  Phlya  ,  dans  la  tribu  Cécropide ,  félon  Etienne 
le  géographe  ,  Se  dans  la  tribu  Ptolémaïde ,  félon  Héfy- 
che. 

PHLYGADIA,  montagne  qui  s'étend  entre  l'Illyrie  8c 
la  mer  Adriatique ,  félon  Srrabon  ,  /.  4.  p.  207.  On  la 
nomme  aujourd'hui  Fncz.  Voyez,  ce  mot. 

PHLYGON1UM,  ville  de  la  Phocide.  Paufanias, 
/.  io.-c.  3.  Se  Etienne  le  géographe  en  font  mention.  Au 
lieu  de  Phlygon'utm  ,  Amafeus  lit  Polygonïum. 

PHLYIA.  Voyez.  Phlya  Se  Phlyenses. 

PHOBEA.  Voyez.  Phebol. 

PHOBUS,  mot  grec  qui  veut  dire  Crainte.  Il  fut 
donné  à  un  lieu  de  l'ifle  /Egiala  ,  félon  Paufanias ,  /.  2, 
c.  7. 

ï  .  PHOGE  ,  ifle  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Crète.  Pline  , 
/.  4.  c.  12.  la  place  dans  le  promontoire  Sammonium. 

2.  PHOC/E  ,  ville  de  l'Achaïe  ,  félon  Ortelius ,  qui 
cire  Ptolomée.  Cependant  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  15.  la 
place  dans  la  Bœotie ,  entre  Anthedon  Se  Oeui  Sinus 
intima. 

3.  PHOCiE.  Ortelius,  qui  cite  Agatarchides ,  dit 
que  ce  nom  a  été  donné  aux  Ethiopiens. 

PHOŒA.  Voyez.  Phocée,  n.  1. 

PHOCAICUM  L1TTUS.  Ce  nom  fe  trouve  dans  le 
recueil  des  inferiprions  de  Smith  ,  fol.  24.  ».  7.  Antoine 
Auguftin  ,  Dialog.  5.  de  Nummis  ant.  l'entend  du  rivage 
de  Marfeille ,  Se  de  celui  d'Emporia:. 

PHOCAIS,  territoire  d'Afie.  Thucydide,  /.  8.  p. 
616.  paroîr  le  placer  vers  l'embouchure  du  Caycus, 
du  côté  de  Mitylene. 

PHOCARIA,  ifle  de  la  mer  Egée,  fur  la  côte  de 
l'Attique ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c .  1 2.  Elle  tiroit  fon  nom , 
ou  des  Phocéens,  ou  de  Phocas ,  qui  veut  dire  un  veau 
marin. 

PHOCARUM  INSU  LA ,  ifle  fur  la  côte  de  l'Arabie. 
Strabon ,  /.  16.  p.  773.  la  place  au  voifinage  de  l'ifle  des 
Tortues ,  &de  celle  des  Eperviers.  Elle  étoit  ainfi  nom- 
mée ,  à  caufe  de  la  quantité  de  veaux  marins  qu'on  y  pê- 
choit.  Stiabon  ,/.  16.  p.  776.  femble  encore  mettre  une 
ifle  de  même  nom  fur  la  même  côte  ,  près  du  promon- 
toire des  Nabatéens. 

PHOCEAS  ,  ville  de  Sicile.  Thucydide,  /.  5.  p.  34J. 
la  met  dans  le  territoire  de  Leomiitm. 

1.  PHOCÉE  ,  ville  de  l'A^e-Mineure.  Ptolomée ,  /. 
5.  c.  2.  la  place  dans  l'Eolide,  parce  qu'elle  étoit  en- 
deçà  du  fleuve  Hermus ,  qu'il  donne  pour  borne  entre 
l'Eolide  Se  l'Ionie.  Pomponius  Mêla,  /.  1.  c.  17.  Pline  , 


PHO 


PHO 


l.  y .  c.  29.  Se  Etienne  le  géographe  la  mettent  dans  l'ionie, 
mais  aux  confins  de  cette  contrée.  Phocée  étoit  en  effet 
une  ville  de  l'ionie ,  comme  le  dit  clairement  Hérodo- 
te ,  /.  1.  c.  142.  Tite  Live  ,  /.  37.  c.  j  1.  nous  apprend 
que  cette  ville  ,  qui  étoit  bâtie  en  long  ,  fe  trouvoit  au 
fond  d'un  golfe  ,  Se  qu'elle  avoit  deux  ports ,  tous  deux 
fort  fûrs.  Celui  qui  s'étendoit  vers  le  midi  s'appelloit 
Nauftathmos ,  parce  qu'il  pouvoit  contenir  un  grand 
nombre  de  vaifieaux  ;  l'autre  s'appelloit  Lamptera.  Au 
lieu  de  Phocœa  ,  Pomponius  Mêla,  /.  2.  c .  3.  écrit  Pho- 
cïs.  Cette  ville  n'étoit  éloignée  de  Smyrne  que  de  vingt 
milles  ,  Se  même  il  y  en  a  deux  voifines  l'une  de  l'autre  , 
qui  portent  le  nom  de  Foglia  Vecchia  Se  Foglia  Nova , 
félon  Spon,  Voyage  du  Levant,  t.  i.p.  i8o\  La  vieil- 
le étoit  la  fameufe  ville  de  Phocée ,  Se  n'eft  préfente- 
ment  qu'un  miférable  village.  Elle  tirait  apparemment 
fon  nom  du  mot  Phocas ,  qui  fignifie  un  veau  marin  , 
parce  qu'il  fe  pêche  près  delà  quantité  de  ce  poiffon  » 
Se  même  dans  tout  le  golfe  de  Smyrne.  Un  médaillon  de 
l'empereur  Philippe  femble  le  confirmer  par  fon  re- 
vers ,  où  il  y  a  un  chien  qui  cft  aux  prifes  avec  un  de 
ces  Phocas ,  Se  le  mot  «tnKAlEflN  à  l'entour ,  qui  veut 
dire  que  c'eft  une  médaille  des  Phocéens.  Peut-être  que 
le  chien  eft  pour  annoncer  que  la  puiffance  des  Pho- 
céens fur  terre  eft  égale  à  leurs  forces  maritimes  j  ou 
bien  pour  exprimer  leur  fidélité  à  l'empereur:  le  poiffon 
femble  défigner  leur  ville.  Spon  ne  paroît  pas  lui-mê- 
me trop  attaché  à  ces  conjectures  ;  Se  il  laiffe  la  liberté 
d'en  juger.  Phoc&enfes  étoit  le  nom  des  habitans  ,  & 
Thocaic us  étoit  le  poffeifif,  comme  on  le  voit  dans  ce 
vers  de  Lucain ,  /.  3 .  v.  y  8  3 . 

Pbocaicis  Romana  Ratis  vallata  Car'mis. 

Phocaic'u  eft  là  pour  Maflilienfibns ,  parce  que  la 
ville  de  Marfeille  eft  une  colonie  de  Phocéens.  A  la 
vérité,  Lucain  fe  fert  auflï  ailleurs  du  nom  Phocicus  , 
qui  n'appartient  qu'aux  habitans  de  la  Phocide ,  dans  la 
Grèce ,  mais  Saumaife  en  a  repris  ce  poëte  dans  fes  re- 
marques fur  Solin ,  p.  66, 

2.  PHOCEE ,  Phoe&a ,  ville  de  la  Carie ,  fur  le  mont 
Mycale  ;  c'eft  Hermolaiis  qui  en  fait  mention  dans  fes  re- 
marques fur  le  chapitre  trente  du  cinquième  livre  de 
Pline. 

1.  PHOCENSES  ,  peuples  de  la  Grèce  ,  félon  Stra- 
bon  ,  /.  8.  p.  3  3  2  &  3  36.  qui  les  place  entre  TEtolie  & 
l'ifthme  de  Coriuthe.  Ils  habitoient  la  Phocide.  Voyez. 
ce  mot. 

2. PHOCENSES,  ou  Pocenses»  peuples  d'Italie, 
dans  l'Etrurie  ,  entre  Sienc  Se  Lucques ,  fi  on  s'en  rap- 
porte à  un  édit  du  roi  Didier ,  &  à  un  fragment  de  l'iti- 
néraire d'Antonin  ,  dont  le  commentateur  Annius  dit 
qu'on  voit  encore  dans  le  même  quartier  une  petite  ville 
Se  un  lac  appelles  Phocekius,  *  Ortel.  Thef. 

PHOCI ,  nation  voifine  des  Ichthyophages ,  félon 
Agatarchides,  cité  par  Ortclius. 

PHOCIAS  ,  fleuve  de  la  Theffalic  ,  félon  Vibius  Se- 
quefter  •,  mais  au  lieu  de  Phocias  ,  Simler  lit  Phoeaix. 

PHOCIDE  ,  contrée  de  la  Grèce  ,  entre  la  Bœotie  , 
&  la  Locridc.  Elle  avoit  anciennement  des  bornes  beau- 
coup plus  étendues.  Strabon  ,  /.  9.  dit  qu'elle  étoit  bor- 
née au  nord  par  la  Bœotie  ,  Se  s'étendoit  d'une  mer  à 
l'autre  ,  c'eft-à-dire  ,  depuis  le  golfe  de  Corinthe,  jus- 
qu'à la  mer  Eubée.Denys  le  Périégete  affure  que  la  Pho- 
cide s'eft  autrefois  étendue  jusqu'aux  Thermopy les: 

'EXko/mvh  (ïa>fiiw  Si  ,  kolto.  çofxo,  Gtf>y.07Tv\oa)v. 

Mais  les  Phocéens  perdirent  de  bonne  heure  cette 
partie  de  leur  pays  ,  Se  furent  refferrés  dans  des  bornes 
plus  étroites. 

Deucalion  commença  à  régner  dans  la  Phocide ,  au- 
tour du  mont  Parnafle  ,  du  tems  de  Cecrops.  Les  Pho* 
cidiens  formèrent  une  république.. Leur  pays  avoit  pour 
principaux  ornemen»  le  temple  de  Delphes  &  le  mont 
Parnafie.  Les  Phocidiens  s'aviferent  de  labourer  des  ter- 
res confacrées  à  Apollon ,  ce  qui  étoit  les  profaner. 
Auifi-tôf  les  peuples  d'alentour  crièrent  au  facnlége  :  les 
uns  de  bonne  foi ,  les  autres  pour  couvrir  d'un  pieux 
prétexte  leurs  vengeances  particulières.  La  guerre  qui 


9*9 

furvint  à  ce  fujet  s'appella  facrée  ,  comme  entreprife  par 
un  motif  de  religion  ,  &  dura  dix  ans  comme  celle  de 
Troye.  On  déféra  les  profanateurs  aux  Amphi&yons, 
qui  compofoient  les  états-généraux  de  la  Grèce,  Se  qui 
s'affembloient  tantôt  au*  Theimopyles ,  tantôt  à  Del- 
phes. L'affaire  ayant  été  discutée ,  on  déclara  les  Pho- 
céens facriléges ,  &  on  les  condamna  à  une  groffe  amen- 
de. Un  d'entre  eux  ,  nommé  Philomèle ,  homme  auda- 
cieux ,  Se  fort  accrédité ,  les  révolta  contre  ce  décret. 
Il  prouva  ,  par  des  vers  d'Homère  ,  qu'anciennement  la 
fouverainetédu  temple  de  Delphes  appartenoit  auxPho- 
cidiens.Mais  il  fallut  foutenir  la  révolte  par  les  armes.  Les 
Athéniens  Se  les  Spartiates  fe  rangèrent  du  parti  des 
Phocidiens,  qui ,  voyant  leurs  fonds  épuifés ,  enlevèrent 
tout  ce  qu'ils  trouvèrent  dans  le  temple  de  Delphes  ;  Se 
par-là  trouvèrent  le  moyen  de  foutenir  la  guerre,  aux 
dépens  de  la  divinité  qu'ils  avoient  ofïenfce.  *  Toureil  t 
Préface  Hift.  p.  94.  Olympiad.  106.  an.  2. 

Les  dévots  d'Apollon  crièrent  alors  plus  que  jamais  au 
facrilégc.On  en  vint  fouvent  aux  mains.  La  fortune  fe 
rangea  tantôt  d'un  parti ,  tantôt  de  l'autre.  Les  Phoci- 
diens réduifirent  enfin  les  Thébains  à  appellcr  à  leur  fe- 
cours  Philippe  qui  prit  leur  defenfe.  Ce  prince  n'eut  qu'à 
paroître ,  pour  terminer  une  guerre  qui  duroit  depuis 
dix  ans ,  Se  qui  avoit  également  épuifé  l'un  Se  l'autre 
parti.  Les  Phocidiens  desefpérerent  d'abord  de  refifter  à 
un  tel  ennemi.  Les  plus  braves  obtinrent  la  permiflîon  de 
fe  retirer  dans  le  Péloponnèfe.  Le  refte  fe  rendit  à  dis- 
crétion, &rils  furent  néanmoins  traités  fort  inhumaine- 
ment. Philippe  fauva  cependant  les  apparences ,  &  vou- 
lut avoir  fur  qui  fe  disculper.  Dans  ce  deffein  il  convoqua 
les  Amphictyons  ,  les  établit ,  pour  la  forme  ,  fouve- 
rains  juges  du  crime  des  Phocidiens  -,  Se  fous  le  nom  de 
ces  juges  ,  dévoués  à  fes  volontés,  il  ordonna  qu'on  rui- 
neroit  les  villes  de  la  Phocide  ;  qu'on  les  réduiroit  tou- 
tes en  bourgs  de  foixante  feux  au  plus ,  Se  que  ces 
bourgs  feroient  à  une  certaine  diftanec  l'un  de  l'autre  ; 
que  l'on  proferiroit  irrémiffiblement  les  facriléges  ,  Se 
que  les  autres  ne  demeureroient  poffeffeurs  de  leurs 
biens  qu'à  la  charge  d'un  tribut  annuel ,  qui  s'exigeroic 
jusqu'à  la  reftitution  entière  des  fix  mille  talens  enlevés 
dans  le  temple  de  Delphes.  Cela  faifoit  une  fomme 
d'environ  fix  millions  d'écus ,  ou  dix-huit  millions  de 
livres.  On  ne  doit  point  être  furpris  que  le  butin  impie 
des  Phocéens  montât  fi  haut.  11  y  avoit  dans  le  temple 
de  Delphes  des  richeffes  immenfes  qu'on  y  envoyoit  de 
toutes  les  nations  de  la  terre.  Le  vainqueur  ne  s'oublia 
pas  pour  prix  d'une  victoire  qui  ne  lui  coûta  que  la  pei- 
ne de  fe  montrer  :  outre  la  réputation  de  prince  reli- 
gieux ,  de  fidèle  allié ,  il  eut  encore  les  Thermopy- 
les ,  l'unique  paffage  qui  menât  de  Macédoine  en  Italie. 
*  Diodor.  Oros.  1.  3.  c.  12.  Toureil ,  Remarques  fur  la 
Harangue  touchant  la  paix,  p.  122. 

Avec  le  tems ,  les  Phocidiens  parvinrent  à  fe  rétablir  ; 
car  chaffés  en  qualité  de  profanateurs  exécrables ,  ils 
rentrèrent  avec  le  titre  d'infignes  libérateurs.  Une  œuvré 
de  religion  réhabilita  de  la  forte  ceux  qu'une  action  fa- 
crilége  avoit  dégradés.  On  les  avoit  exclus  pour  avoir 
pillé  de  leurs  propres  mains  le  temple  de  Delphes  :  or» 
les  y  replaça  pour  l'avoir  fauve  du  pillage  des  Gaulois  , 
commandés  par  Brennus.  *  Toureil ,  Remarques  fur  la 
Harangue  touchant  la  paix ,  p.  122. 

Les  principaux  lieux  que  Ptolomée  place  dans  la  Pho^ 
cide  font  : 

r  Cyrrha, 
Places  Maritimes.  /    Crijfat 

\  Amicyrrba. 


Dans  les  terres. 


Pythia , 
Delphi, 
Daulis  , 
Elatia , 
Egofthenia , 
Bulia. 


ï.  PHOCIS.  Voyez.  Phocide, 
2.  PHOCIS  ,  canton  de  l'Arcadie ,  félon  Dioscoride,' 
/.  3.  c.  48.  qui  dit  que  c'eft  où  croît  la  Panacée. 


$6q 


PHO 


PHO 


3.PHOCIS.  Pomponius  Mêla ,  Lue.  17-  nomme 
ainfi  la  ville  de  Phacée,  dans  l'Ionie.  C'eft  une  faute. 
]1  faut  lire  Phocœa ,  comme  lifent  Strabon ,  Etienne  le 
géographe  ,  Hérodote ,  Xénophon ,  &  en  un  mot  tous 
les  écrivains  anciens. 

PHOCLIS  ,  ville  de  l'Aracfiofie.  Ptolomée  ,  /.  6.  c. 
xo.  la  place  entre  Axola  ôc  Aricaca. 

PHOCRA ,  montagne  de  la  Mauritanie  Tingitane. 
Ptolomée ,  /.  4.  c.  1.  l'étend  depuis  le  petit  Atlas  jusqu'au 
promontoire  Byjadium.  Ortelius  croit  que  c'eft  la  mê- 
me montagne  que  Jean  Léon  nomme  mons  Ferreux  ,  ôc 
qu'il  dit  être  appellée  vulgairement  Gebelelhadich.  Ara- 
mien  Marcellin  met  dans  la  Mauritanie  Céfaricnfe  une 
montagne  qu'il  appelle  auiîi  mons  Ferreus  ;  mais  c'eft 
une  montagne  différente  ,  qui  touche  la  ville  de  Tubu- 

fuptits. 

VHOCVSJE  ,  nom  de  deux  ifles,  que  Ptolomée  ,  /. 
4.  c.  5.  place  dans  la  mer  d'Egypte.  Ortelius  croit  que 
ce  font  les  mêmes  qu'Etienne  le  géographe  appelle  Phj- 
cujfie. 

PHOCUSSA  ,  iflc  de  la  mer  Egée  ,  &  l'une  des  Spo- 
rades ,  félon  Pline ,  /.  4.  c.  1 2.  Au  lieu  de  Phocujfa  t>  le 
père  Hardouin  lit  Phacujfa ,  parce  qu'Etienne  le  géo- 
graphe ôc  Suidas  écrivent  ainfi. 

PHODA  ,  ville  de  l'Arabie-Heureufe.  C'eft  Pline, 
/.  6.  c.  28.  qui  en  fait  mention. 

PHOEBvEA  PALUS, lieu  marécageux,  fur  la  côte 
de  l'Argie ,  ôc  que  l'on  nomma  dans  la  fuite  Marais  Sa- 
jromde ,  félon  Paufanias ,  /.  2.  c.  30. 

PHOEBATIS ,  ville  de  la  Macédoine ,  félon  Orte- 
lius ,  qui  cite  Polybe  -,  mais  Polybe  ,  /.  5.  n.  ic8.  fait  en- 
tendre que  Phocbatis  étoit  une  contrée  où  fe  trouvoient 
les  villes  Antipatria ,  Cbryfondïon  ôc  Gertus. 

PHOEBE  ,  ifie  de  la  Propontide  ,  félon  Pline ,  /.  j. 
c.  32. 

PHOEBEUM.  Tite-Live  ,  /.  34.  c.  38.  met  un  lieu  de 
ce  nom  dans  le  Péloponnèfe  ,  aux  environs  de  Sparte  , 
&  il  dit  que  ce  lieu  étoit  tout  ouvert  &  fans  murail- 

PHOEBI-PROMONTORIUM  ,  promontoire  d'A- 
frique, dans  la  Mauritanie  Tingitane.  Ptolomée ,  /.  4.  c 
i.le  met  dans  la  mer  d'Ibérie,  entre  Alybe  Columna 
ÔC  Jagath. 

PHOEBI-VADA  ,  lieu  d'Italie  ,  célèbre  par  la  beauté 
de  fes  eaux  ,  fclon  Martial. 

t.  PHOEBIA  ,  ville  du  Péloponnèfe.  Paufanias ,  /.  9. 
c.  ij.  la  donne  aux  Sicyoniens. 

2.  PHOEBIA.  Voyez.  Rhegigm. 

PHOEMîUS.  FflJ'tfî.ToEMPHOEMBIUS. 

PHOENEB1TIS  ,  «otrejSufl'ç ,  village  que  Suidas ,  met 
dans  une  préfecture  ,  qu'il  nomme  Pan&politane.  Etien- 
ne le  géographe  ,  qui  écrit  <î>wê&iô« ,  le  met  en  Egypte  ; 
Se  faint  Epiphane  dit  que  c'étoit  un  lieu  maritime ,  ôc  la 
patrie  de  l'hérétique  Valentin.  *  Ortel.  Thef. 

PHOENICjEUM  ,  montagne  de  la  ville  de  Corin- 
the  ,  félon.  Etienne  le  géographe. 

i .  PHOENICE.  Voyez.  Phenicie. 

2.  PHOENICE  ,  ou  Phoenica  ,  ville  de  l'Epire  , 
félon  Tite-Live  ,  /.  29.  c.  1 2.  ôc  Polybe  ,l.x.c.$.  Srra- 
bon  ,  /.  7.  nous  donne  fa  fituation.  Il  dit  qu'elle  étoit 
au-deffus  du  golfe  voifin  de  Buthrotum.  Cellarius ,  Geog. 
Ant.  L  2.  c.  13.  dit  que  comme  la  table  de  Peutin- 
germet  un  espace  de  cinquante-fix  milles  entre  Phoenïce 
ôc  Buthrotum,  il  faut  qu'il  y  ait  erreur  dans  cette  table, 
ôc  qu'on  ait  mis  Buthrotum  pour  Panormus ,  ce  que 
confirment  les  chiffres  de  Ptolomée.  Ainfi  Phoenïce  étoit 
dans  la  Chaonie ,  où  la  met  effectivement  Ptolomée  , 
/.  3.C.  14.  Cependant  fi  elle  eût  été  aufii  voifine  de  Bu- 
throtum. que  le  dit  Strabon ,  elle  feroit  trouvée  dans  la 
Thesprotie.  L'itinéraire  d'Antonin  écrit  Poenïce  pour 
Phoenïce  \  c'efi  une  faute. 

3-  PHOENICE.  Hérodote  ,  /.  4.  c.  38.  met  un  lieu 
ou  une  iflede  ce  nom  ,  fur  le  golfe  Mariandynus,  en 
Bithynie  -,  ôc  Ortelius  foupçonne  que  ce  pourroit  être  la 
même  ifie  dont  parle  Etienne  le  géographe  au  mot 
Bî<r/èiKoç  ;  mais  Berkelius  prétend  qu'il  y  a  faute  dans 
Etienne  le  géographe  ,  &  qu'il  faut  lire  Phoebe ,  &  non 
Phonice. 

4.  PHOENICE.  Voyez,  Phoenissa. 

5 .  PHOENICE ,  ifie  de  la  mer  Méditerranée ,  fur 


la  côte  de  la  Gaule  ,  &  l'une  des  plus  petites  ifles  ap- 
pellées  Stoechades.  Pline  ,  /.  3.  c.  $.  parle  de  cette  ifie , 
Ôc  la  joint  avec  celles  de  Sturium  ôc  de  Phila.  Ces  trois 
ifles  font  aujourd'hui  Ribaudas ,  Langouftier  &  Ba- 
queou.  Phoenïce  ,  Sturium  ôc  Phila  font  effectivement 
trois  petites  ifles  d'entre  les  Stoechades  ■>  mais  il  n'eu: 
pas  vrai  qu'elles  aient  pour  nom  moderne  ceux  qu'on 
leur  donne  ici.  Chacun  s'accorde  à  dire  que  Sturium  elt 
aujourd'hui  Ribaudon  ;  quant  aux  autres  deux  ,  leur  nom 
eft  inconnu.  Langouftier  n'eft  pas  une  ifie ,  mais  un  fore 
bâti  fous  le  cardinal  de  Richelieu. 

6.  PHOENICE,  ifie  de  la  mer  Egée  ,  &  l'une  des 
Sporades.  Elle  s'appella  enfuite  Ios,  félon  Pline,  /.  4. 
c.  1 2.  Voyez,  Ios.  Le  nom  de  Phœnice  lui  avoit  été  don- 
né,  à  caufe  des  palmiers  qu'elle  produit. 

7.  PHOENICE.  C'eft  l'un  des  noms  que  Ton  donna 
à  l'ifle  de  Tenedos ,  félon  Pline,/,  r.  c.  31. 

PHOENIC1US,  montagne  de  la  Bœotie.  Strabon, 
/.  9.  p.  410.  la  met  dans  le  territoire  de  Thebes, 

PHOENICODES.  Voyez  Phoenicusa. 

PHOENICON  ,  ville  d'Egypte.  L'itinéraire  d'A  mo 
nin  la  met  fur  la  route  de  Coptos  à  Bérénice ,  entre  CoptoS 
ôc  Didyme ,  à  vingt- quatre  milles  de  la  première  ,  Ôc  à 
égale  diltance  delà  féconde.  Cette  ville  eft  aufii  connue 
dans  la  notice  des  dignités  de  l'Empire  ,  Secl.  20.  ôc 
Ortelius  croit  que  c'eft  la  même  ville  qui  efbnommée 
Hydreuma  par  Pline. 

1.  PHOENICUM,  c'eft  à-dire,  lieu  planté  de  pal- 
miers. Procope,  Hifioire  de  la  guerre  contre  les  Perjes  » 
dit  :  Lorsque  l'on  a  paffé  les  frontières  de  ht  Paleftine  , 
on  trouve  la  nation  des  Sarafins ,  qui  habitent  depuis 
long-rems  au  pays  planté  de  palmiers,  ôc  où  il  ne  croît 
point  d'autres  arbres.  Abocarabe  qui  en  étoit  le  maître , 
en  fit  don  à  Juftinien  ,  de  qui  en  récompenfe  il  reçut  le 
gouvernement  des  Sarafins  de  la  Paleftine,  oùilfe  ren- 
dit fi  formidable,  qu'il  arrêta  les  courfes  àes  troupes 
étrangères.  Aujourd'hui,  ajoute  Procope,  l'empereur 
n'eft  maître  que  de  nom  de  ce  pays ,  qui  eft  planté  de 
palmiers,  &  il  n'en  jouit  pas  en  effet  5  tout  le  milieu  qui 
contient  environ  dix  journées  de  chemin,  étant  entiè- 
rement inhabité  ,  à  caufe  de  la  fechereffe  ;  ôc  il  n'a  rien 
de  confidérable  que  ce  vain  titre  de  donation  faite  par 
Abocarabe  ,  &  acceptée  par  Juftinien. 

2.  PHOENICUM ,  ville  de  l'Arabie-Heureufe.  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  7.  la  place  fur  la  côte  du  golfe  Elani- 
tique  ,  entre  les  villages  Hïppos  ôc  Ahaunathi. 

PHOENICUM  INSUL.E.  Voyez,  Pélagie. 

PHOENICUM  NEMUS,  bois  de  l'ifle  de  Chios, 
félon  Euftathe  cité  par  Ortelius. 

PHOEN1CUS  MONS,  montagne  de  la  Lycie.  Stra- 
bon, /.  14.  p.  666.  dit  qu'on  la  nomma  auûl  Olym- 
pus. 

1  .PHOEN1CUS-PORTUS ,  port  de  la  Lycie.  Il  étoit  ; 
félon  Tite-Live,  /.  37. c.  1  j .  à  moins  de  deux  milles  de 
la  ville  Patara. 

2.  PHOENICUS  ou  Phoenicis-Portus  ,  port  de 
l'ifle  de  Crète  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  17.  qui  le  mec 
fur  la  côte  méridionale.  Etienne  le  géographe  y  joint 
une  ville  de  même  nom  ;  mais  Ptolomée  donne  à  la 
ville  le  nom  de  Phénix  ,  que  l'on  rend  communément 
en  françois  par  celui  de  Phénice.  Le  port  de  Phénice, 
dans  les'acfes  des  apôtres ,  c.  27,  1 2.  eft  dit  firué  au  venc 
d'Afrique  ôc  au  couchant  feptentrional;  mais  au  lieu  de 
ces  deux  mots ,  le  Syriaque  a  traduit  au  midi  ;  ôc  en  ef- 
fet dans  les  cartes  de  géographie  ,  l'Afrique  eft  au  midi 
de  Phénice  ;  mais  il  ne  s'enfuit  pas  que  le  port  foit  fi- 
nie au  midi.  Le  venr  d'Afrique  qu'il  regarde  d'un  côté 
eft  entre  le  midi  ôc  le  couchant,  qu'on  nomme  encore 
aujourd'hui  dans  cette  mer  Libeccio  ,  ôc  c'eft  le  même 
mot  qui  eft  dans  le  grec  i  c'eft- àdire  vent  de  Libye  01» 
d'Afrique:  nous  l'appelions  dans  l'Océan  fud-oueft. 
Quanc  à  la  pofition  au  couchant  feptentrional ,  il  y  a 
dans  le  grec  &  dans  le  latin  Çorus ,  qui  eft  un  mot  latin  : 
c'eft  le  vent  qu'on  nomme  dans  l'Océan  nord  oueft  , 
ôc  dans  la  Méditerranée  Maeftro.  Il  falloir ,  félon  cette 
fituation ,  que  le  port  de  Phénice  ne  fût  pas  droit ,  mais 
en  forme  d'arc.  On  croit  que  ce  port  s'appelle  aujour- 
d'hui Finichia. 

3.  PHOENICUS  PORTUS  ,  port  defAfic  Propre, 
dans  l'Ionie.  Thucydide,  /.  8.  p.  /78.1e  met  au  pieddu 

promontoire 


PHO 


PHO 


promontoire  Mimas.  C*  le  même  port  que  Tîcc  Live 
appelle  le  premier  port  du  territoire  d'Erytbrœ. 

4.  PHOENICUS  PORTUS,  port  du  Péloponnèfe , 
dans  la  Meffénie.  Paufanias,  /.  4.  c.  34.  dit  qu'il  étoit 
près  du  promontoire  Acritas ,  Se  que  l'iile  Oemjfa  étoit 
dans  le  voifinage. 

j.  PHOENlCUS.ou  Phoenicïs-Portus,  port  du 
nôme  de  Libye ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  J. 

6".  PHOENlCUS  PORTUS,  port  de  la  Sicile.  Pto- 
lomée, /.  3.  c.  4.  le  place  fur  la  côte  orientale,  près 
du  promontoire  Pacbynus. 

7.  PHOENICUS  PORTUS ,  port  de  l'iile  de  Cyrhe- 
re  ,  félon  Xénophon,  /.  4.  Grœcor.  cité  par  Ortelius. 

PHOENICUSA,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  au 
nord  de  la  Sicile ,  Si.  l'une  des  iiles  Eoliennes ,  félon 
Strabon,  /.  6.  Pline,  /.  3.  c  9.  Se  Etienne  le  géogra- 
phe. Elle  eft  firuée  entre  les  ifles  VaLania  Se  Ericufa , 
mais  bien  plus  près  de  celle-ci  que  de  la  première.  Pto- 
lomée, /.  3.  c.  4.  la  nomme  Pbœnicodes.  Le  nom  mo- 
derne, félon  Olivier ,  SiciL  Ant.  I.  2.  p.  414.  eft  Fe- 
iicur.  Atlas y  Roberc  de  Vaugondy  écrie  Feucudi. 

PHOENICUSSiE,  ville  de  Syrie.  Etienne  le  géo- 
graphe la  donne  aux  Phéniciens.  Il  met  au/fi  deux  ifles 
de  ce  nom  dans  le  golfe  de  Carthage. 

P  HOEN1SSA  ,  nom  que  Polyen  ,  /  8.  c.  16.  donne 
à  la  Nouvelle-Carthage,  en  Espagne.  Quelques  manu- 
ferits  portent  Oindra,  qui  ell  apparemment  la  véritable 
orthographe  ,  s'il  eft  vrai ,  comme  le  dit  Etienne  le  géo- 
graphe, que  l'ancienne  Carthage  ait  été  appellée  Oî- 
iwra.Le  traducteur  de  Polyen  ayant  rendu  mal-a-propos 
<bciutr<ïa.  par  Pbœnic'u,  Ortelius  qui  l'a  fuivia  fait  de  Phœ- 
nicia ,  Pbœnice  ,  ce  qui  ell  faute  fur  faute. 

PHOENIUM.  Ortelius  dit  qu'Antigonus,  in  Mirabil. 
donne  ce  nom  au  lieu  où  1  eau  du  Styx  fort  du  rocher. 
C'ell  le  même  lieu  que  Pline  nomme  Pheneus.  Voyez, 
ce  mot. 

1.  PHOENIX.  Voyez  Phoenicus  Portus.  n.  2. 

2.  PHOENIX  ,  lieu  fortifié  ,  dans  l'Afie  propre  ,  fur 
la  côte  orientale  du  golfe  de  la  Doride.  Ptolomée , 
/.  j.  c.  2.  le  place  entre  Crejfo  Portas  Se  Pbusca.  Etien- 
ne le  géographe  le  dit  voifm  de  Rhodes. 

3.  PHOENIX,  montagne  de  L'Afie  propre,  dans  la 
Doride,  félon  Ptolomée,  /.  y.  c.  2.  De  l'ifie  la  mar- 
que entre  le  golfe  de  Cérarnie  Se  celui  de  Doride. 

4.  PHOENIX.  Etienne  le  géographe  fait  entendre 
qu'il  y  avoit  un  fleuve  de  ce  nom  ,  dans  l'Afie  propre, 
au  voifinage  de  la  ville  de  Phœnix  ,  dans  la  Doride. 

5.  PHOENIX,  port  de  Lycie,  félon  Onelius ,  oui 

cite  Zonare. 

6.  PHOENIX  ,  bourg  d'Egypte.  Pallade  ,  in  Vtta 
Chronli ,  dit  qu'il  y  avoit  une  communauté  de  deux 
cens  hommes  près  de  ce  bourg. 

7.  PHOENIX,  ville  d'Italie  ou  de  Sicile.  Appien, 
in  Bel.  Civil.  I.  5.  p.  75 J-  la  met  proche  du  promon- 
toire Coccynum  ,  dont  la  fituation  n'eil  point  connue. 

8.  PHOENIX ,  fleuve  de  Theffalie ,  félon  Pline ,  /.  4. 
c.  8.  &  Lucain  ,  /.  6.  v.  374.  Vibius  Sequefter  ,  p.  536. 
dit  qu'il  fe  jettoit  dans  le  fleuve  Apidanus 

9.  PHOENÎX,  petite  rivière  de  l'Achaïe  propre, 
félon  Paufanias,  /.  y.c.  23. 

PPIQENUS  MONS,  montagne  des  Gaules ,  près  de 
la  ville  Baiuca  (  Bayeux  ).  Surins  ,  dans  la  vie  de  faint 
Vigor  ,  dit  que  de  fon  tems  on  nommoir  cette  monta- 
gne Chrismatus.  *  Ortelius ,  Thef. 

PHOETI/E  ou  Phoete^e  ,  ville  de  l'Acarnam'e,  félon 
Etienne  le  géographe.  Pol\be  ,  /.  4.  n.  63.  la  met  dans 
l'Etolie.  D'ans  un  endroit  il  la  nomme  Phœtex ,  Se  au 
livre  y.  "•  7-  ''  'â  nomme  Pbœtum.  Voyez.  Phvt^îum. 

PHOEZORUM  ,  lieu  de  l'Arcadie,  félon  Paufanias, 
/.  8.  c.  11. 

i.THOGOR,  montagne  célèbre  ,  au-delà  du  Jour- 
dain, qu'Eu febe  ,  in  Abarim.  place  entre  Hékbon  Se 
Liviade.  Les  monts  Nébo  ,  Phas^a  &  Phogor  étoienr 
près  l'un  de  l'autre  ,  &  ne  formoient  apparemment  que 
la  même  chaîne  de  montagnes.  11  ell  aflez  croyable  que 
Phogor  prenoit  fon  nom  de  quelque  divinité  de  ce  nom , 
qui  y  étoit  adorée  ;  car  Phegor  ou  Phogor,  ou  Bée! 
Phegor  ,  éroit  connu  dans  ce  pays. Vtyez,  Num.  XXV. 
5.  Deut.  IV.  5.  Pfeaum.  CV.  28.  *  Dom  Calme t ,  Di- 
ctionnaire. 


9S1 

2.  PHOGOR  ,  ville  de  la  tribu  de  Juda  ,  qui  ne  fe 
lit  plus  ni  dans  l'hébreu ,  ni  dans  la  vulgate,  nuis  feu- 
lement dans  le  grec  ,  Jofué,  XV.  60.  Eufèbe  dit  Qu'elle 
étoit  près  de  Bethléem  ,  &  faint  Jérôme  ajoute  que 
de  fon  tems  on  l'appclloit  Paora. 

PHOLEGANDROS.  Voyez.  Philocandros. 

1.  PHOLOE ,  montagne  du  Pcloponnèfe,  félon  Pom- 
ponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3.  Pline  ,  /.  4.  c.  G.  qui  met  cette 
montagne  dans  l'Arcadie  ,  y  joint  une  ville  de  même 
nom.  Quelques-uns  croient  que  cette  montagne  s'ap- 
pelle aujourd'hui  Xirià.  Voyez  ce  mot. 

2.  PHOLOE  ,  montagne  de  la  Theflalie  ,  félon  Or- 
telius, qui  cite  Placide  Lutatius,  fur  le  troifiéme  livre  de 
la  Thébaïde  ,  &  Quintus  Calaber  ,  /.  7.  qui  dit  que 
c'eft  le  lieu  où  Hercule  tua  le  Centaure. 

PHOMOTHIS,  village  delà  Maréotide.  C'efl  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  5.  qui  en  fait  mention.  Ses  interprètes, au 
lieu  de  Phomothis  ,  écrivent  Pbamothis. 

PHORA  ,  ville  de  la  Grande  Arménie  ,  félon  Pto- 
lomée, /.  y.  c.  13.  qui  la  place  entre  Tasca  Se  Mxpa. 

PHORAGA  ,  ville  de  l'Ane.  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  17. 
la  place  entre  Goduna  Se  Chatrische.  Le  manuferit  de 
la  bibliothèque  Palatine  porte  Pborava  pour  Pboraga. 

PFÎORB/E,  ville  de  la  Theflalie.  Erienne  le  géogra- 
phe, qui  en  parle,  la  donne  aux  Achéens. 

PHQRBANTIA.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  4.  met  une  ifle 
de  ce  nom  fur  la  côte  de  la  Sicile.  Elle  a  auffi  été  nom- 
mée Bucinna.  Voyez,  ce  mot. 

PHORBANTIUM  ,  montagne  de  laTrœzène  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe,  in  verbo<bcféaà ,  qui  ne  di- 
ftingue  point  dans  quelle  Tiœzène  elle  eft  fituée  ,  mais 
apparemment  qu'il  enrend  parler  de  celle  de  Theflalie. 

PHORCA  ,  marais  d'Italie  ,  à  cinq  cens  ftades  de 
Rome,  félon  Ifacius  fur  le  Lycophron.  Onelius  croit 
que  ce  marais  éroit  dans  le  pays  des  Maries. 

PHORCADUM.  ^«.Pharycadum. 

PHORCYNIDOS  ANTRA  MEDUSEE ,  caverne 
que  Silius  Italiens ,  /.  2.  v.  59.  met  dans  la  Marmari- 
que.  Lucain  ,  /.  9.  v.  626.  parle  des  champs  de  Médu- 
fe  Phorcvnide.  Le  nom  de  Phorcynide  avoit  été  donné 
à  Méduie  ,  à  caufeque  fon  père  s'appelloit  Phorcusou 
Phorcys  ,  félon  Apollodore  ,  /.  1.  c.  2.  &  /;  2.  c.  4. 

PHORCYNUS  j  port  de  l'ifie  d'Iihaque.  Homère  „ 
OdyJ.  V.  vers  96.  y  place  l'antre  des  Nymphes,  appel- 
les Naïades.  Mais  Strabon  ,  /.  1.  p.  f  9.  dit  que  de  fon 
tems  on  ne  voyoit  aucun  veflige  de  cet  antre'des  Nym- 
phes. Il  vaut  pourtant  mieux  ,  dit-il  ,  en  attribuer  la 
caufe  aux  changemens  qui  ont  pu  arriver,  que  d'accu- 
fer  le  poè'te  d'ignorance  ou  de  menfonge. 

PHORIAM1  ,  lieu  de  l'Elide  ,  près  de  Parthenium. 
Etienne  le  géographe  dit  que  ce  lieu  étoit  propre  à  dres- 
fer  une  embuscade. 

PHORIEA  ,  village  de  l'Arcadie.  C'eft  Etienne  le 
géographe  qui  en  fait  mention. 

PHORIST/E,  peuples  d'Afie,  félon  Pomponius  Mê- 
la,  /.  1 .  c.  2.0icelius  croit  qu'ils  pourroient  étreScythes. 
Ifaac  Voffius ,  qui  veut  deviner  le  plus  fouvent ,  au 
lieu  de  Pboriflx  ou  PborÇit&,  a  forgé  le  mot  Petropboritx , 
nom  inconnu  ,  Se  que  l'on  ne  peut  recevoir. 

PHORMANI,  ville  d'Italie.  Etienne  le  géographe 
eft  le  feul  qui  la  connoiffe  ;  à  moins  que  par  Pbormiani 
il  n'entende  la  ville  Pborm'u.  Voyez.  Formi/E. 

PHORM1ANUM.  Scneque,  1.  Suaforiar.  appelle 
ainfi  la  maifon  de  campagne  que  Cicéron  poflédoit  au- 
près de  Formia  ,  &  dans  laquelle  il  fur  tué ,  à  ce  que 
dir  Eu  febe  ,  in  Cbronx'n  .  V..ye  ..  FoRMiiC. 

PHORMIO.  Voye:  Formio. 

PHORMISII,  peuple  de  l'Attique.  On  ignore  de 
quelle  tribu  il  étoit.  C  eft  Dinarchus,  Orat.  contra  De- 
rfiolfhen.  qui  fair  mention  de  ce  peuple.  Leur  bourg  s'ap- 
pelloit Phormi^ium. 

PHORM1SIUM.  Kov^Phormisii. 

PHORNAUS.  vil'e delà  Bétique.  Ptolomée,  /.  2. 
c.  y.  la  donne  aux  Turdérains.  On  croit  que  ce  pour- 
roit  être  préfenrement  Hornacos  ,  bourg  de  l'Eftrama- 
dure  ,  fur  l'Almonre. 

PHOROBRENTATIUM,  ville  de  la  Libye,  félon 
Etienne  le  géographe. 

PHORONICUM,  nom  que  Paufanias ,  /•  2.  c.  16. 
C\  Etienne  le  géographe  donnent  à  la  ville  d'Argos,  ca- 

Tom.  iKFffff* 


$6%      PHR 

pitale  de  l'Argie,  dans  le  i  eloponnèfe.  Elle  fut  premiè- 
rement nommée  Phoromcum  du  nom  de  fon  fondateur 
Phoroneus ,  fils  d'Inachus. 

PHORONT1S  ,  ville  de  l'Afie-Mineure ,  dans  ia  Ca- 
rie ,  félon  Pline,  /.  y.  c.  2.9. 

PHORUM ,  *«p«c  Aiy-tiv ,  c'eft-à-dire ,  le  port  desVo- 
leurs  y  port  de  l'Attique.  Strabon  ,  l.  9. p.  39j.lemet 
au  voilînage  de  l'ifle  Pfyttalia. 

PHORUNNA,  ville  de  Thrace ,  félon  Etienne  le 
géographe  qui  ciie  i  'olybe. 

PHOSrHORlUM.  Etienne  le  géographe  nomme 
ainfi  le  port  de  la  ville  de  Byzance.  Ortelius ,  Thcf. 
qui  cite  Euftathe,  dit  que  par  corruption  on  prononça 
Bosporum.  Jean  Tzetzès  lit  Pros-phortum  ;  8c  la  notice 
des  dignités  de  l'Empire  écrit  Prosphorïamtm. 

PHOSTONIA.  Ceft  le  nom  que  donne  Suidas  à 
l'une  des  ifles  Halcyonides.  Ortelius  dit  qu'au  lieu  de 
Phoftonia ,  il  lit  Pbthonïa  ,  dans  un  autre  écrivain  qu'il 
ne  nomme  point. 

PHOTIjÉ  ,  ville  épiscopale  de  la  Phrygie-Salutni- 
re.  Niceta,  fon  évêque  ,  eft  du  nombre  des  évêques 
qui  foufcrivircnt  au  concile  de  Conftantinople,  tenu 
l'an  870.*  Harduin.  Collect.  Conc.  r.  j.  p.  925. 

1.  PHOTICA,  ville  d'Italie,  félon  Siméon  le  Mé- 
taphrafte  ,  in  Peregr'm.  SS.  Pétri  &  Pauli. 

2.  PHOTICA  ,  ou  Phutice,  fiége  épiscopal,  dans 
la  province  de  l'ancienne  Epite  ,  fous  la  métropole  de 
Nicopolis,  félon  la  notice  d'Hieroclès. 

PHOTIN/PUM,  ville  de  Theffalie.  Ceft  Etienne  le 
géographe  qui  en  parle  d'après  Hécatée. 

PHOVIBAGIN  A  ,  ville  de  la  Galatie.  Ptolomée,  /.  5. 
c.  4.  qui  la  donne  aux  Troemi,  la  place  entre  Cari/fa 
8c  Ditdttfa.  Ses  interprètes  lifent  Phubatena  pour  Pho- 
l'ibagina. 

PHRAASPA&  PHRAATA.  Voyez.  Praaspa. 

PHRA  ATA  ,  ville  des  Médes ,  félon  Appien ,  p.  1  jS. 
dans  les  guerres  des  Parthes. 

PHRADRA  ,  ville  de  la  Drangiane.  Etienne  le  géo- 
graphe dit  qu'on  l'appelloit  aufli  Prophthafia.  Mais  Plu- 
tarque  ,  /.  1.  de  fortuna  Alexand.  met  Prophthafia  dans 
la  Sogdiane.  Pline  ,  /.  6.  c.  17.  place  aufli  Prophthafia 
dans  la  Drangiane ,  8c  Ammien  Marcellineli  fait  de  mê- 
me ,  apparemment  à  l'imitation  de  Ptolomée.  Cepen- 
dant le  texte  grec  de  Ptolomée,/.  6.  c.  19.  lit  Prosphtha- 
fia  pour  Prophthafia.  A  l'égard  de  la  ville  que  Pline  , 
l.  6.  c.  25.  appelle  Prophthafia  Oppidum  Zariasparum  , 
Ortelius ,  Thefaur.  n'avoit  ofé  décider  fi  c'étoit  la  mê- 
me que  Prcphthafia  Drangarum.  Le  père  Hardouin  a 
été  plus  hardi.  11  dit  que  la  ville  de  Prophthafia  de  la 
Drangiane  étoit  une  colonie  des  Zatiaspes,  peuples  de  la 
Bachiane. 

PHRAGANDyE  ,  peuples  de  la  Thrace,  aux  confins 
de  la  Macédoine ,  à  ce  qu'il  parok  par  un  paflage  de 
Tite-Live ,  /.  26.  c.  1$. 

PHRAGONIS,  ville  épiscopale  d'Egypte.  Agatlms 
Phragonii  fouferivit  au  concile  tenu  à  Alexandrie  l'an 
362 ,  &  Nefiorintts  à  celui  de  Chalcédoine  de  l'an  4;  1. 
*  Harduin.  Collect.  Conc.  tom.  1.  pag.  730.  tom.  2. 

P-  59- 

PHRANGI ,  peuples  d'Italie,  voifins  des  Alpes  ,  fé- 
lon Etienne  le  géogtaphe.  Ortelius ,  Thefaur.  croit  qu'ils 
appartenoient  plutôt  à  la  Gaule  Celtique  qu'à  l'Italie. 
Voyez.  Barang/E. 

PHRAORTUS.  Voyez.  Praaspa. 

PHRATERIA.  Voyez.  Frateria. 

PHRATI,  ville  de  la  Bactriane.  Ptolomée ,  L  (,.  c. 
1 1.  îa  place  fur  l'Oxus.  Ses  interprètes ,  au  lieu  de  Phra- 
tï ,  lifent  Pharatrua. 

PHREARRI ,  bourgade  de  l'Attique  ,  dans  la  tribu 
Léontidc  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Suidas  6V  Héfy- 
chc  écrivent  Phrearïi.  C'étoit  la  patrie  du  Grand  Thé- 
miftode. 

PHR E  ATA  ,  ville  de  la  Cappadoce ,  dans  la  Garfau- 
rie  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  y.  c.  6. 

PI1REGDIACUM.  Voyez.  Bebriacum. 
PHRES,  Preti  &  Phretes  ,  peuple  de  Libye.  Ceft 
Etienne  le  géographe  qui  en  parle. 

PHRETOMANORUM  TJRBS  ,  ville  d'Italie  ,  chez 
Jes  Samnites.  Diodoie  de  Sicile  ,  /.  19.  f.  1  n.  dit  que 


PHR 


Q.  Fabius  s'en  rendit  maitréfOrtelius  fïhef.  croît  que 
Phretomanorum  eft  là  pour  Fercntanorum. 

PHR1CIUM  ,  ou  Fricium  ,  montagne  de  la  Locri- 
de  ,  félon  Strabon ,  /.  13.  p.  621.  Etienne  le  géogra- 
phe place  une  montagne  de  même  nom  au-deffus  des 
Thermopyles  ;  8c  Tite-Live,  /.  36.  c.  13.  met  dans  le 
même  quartier  une  ville  auffi  nommée  Phricium. 

PHRICONIS,  ville  de  l'Eolide ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PHRIGIDOS.  K^^Frigidus  ,  n.  i. 

PHR1XA  ,  ville  du  Péloponnèfe  ,  dans  la  Triphylie  , 
félon  Strabon  ,  /.  8.  p.  343.  Se  Polybe  ,  /.  4.  n.  77.  Etien- 
ne le  géographe  dit  qu'on  l'appella  dans  la  fuite  Pkx- 
Jîus. 

PHRIXIUM,  ville  d'Afie.  Strabon,  /.  i.p.  45.  là 
met  aux  confins  de  la  Colchide  8c  de  l'Ibérie.  Il  ajou- 
te, /.  1 1.  p.  499.  que  de  fon  temson  la  nommoit  Idees- 
sa  ,  8c  qu'elle  étoit  affez  bien  fortifiée. 

PHRIXUPOLIS.  Voyez.  Phrixium. 

i,  PHRIXUS,  ville  de  Lycie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

2.  PHRIXUS  ,  port  de  l'Afie ,  dans  le  Bosphore  de 
Thrace,  près  de  fon  embouchure  dans  le  Pohr-Euxin  , 
félon  Denys  de  Byzance ,  de  Thracic.  Bosph.p.  11.  8c 
Etienne  le  géographe. 

3.  PHRIXUS,  fleuve  de  l'Argie.  Pàufahias  ,  7,  2.  c. 
36.  dit  qu'il  recevoit  les  eaux  de  l'Erafinus,  &  qu'il 
alloit  le  jetter  dans  la  mer  ,  entre  Terncnium  8c  Lerna. 

PHRUDIS ,  fleuve  de  la  Gaule  Belgique.  Ptolomée , 
/.  2.  c.  9.  place  fon  embouchure  entre  celle  de  la  Senne 
8c  le  promontoire  Itiu.ru.  Les  uns  croient  que  Phru- 
dis  eft  aujourd'hui  la  Sambre.  Les  autres  la  prennent 
pour  la  Somme. 

PHRUGUNDIONES,  peuples  de  la  Sarmatie  Eu- 
ropéenne. Ptolomée,  /.  l.c.$.  les  place  au-deffous  des 
Sulanes ,  8c  au-deffus  des  Avarini ,  près  de  la  fource  de 
la  Viftule. 

PHRUR/ESUM  i  montagne  de  la  Mauritanie  Cé- 
farienfe  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  r.  2. 

PHRURENTANI ,  peuples  d'Italie.  Ceft  Etienne 
le  géographe  qui  en  fait  mention.  Ne  font-ce  point ,  die 
Ortelius ,  Thefaur.  les  Forentani  de  Pline.  Voyez,  ce 
mot. 

PHRURI,  peuples  Scythes,  félon  Denys  le  Pétié- 
gete  ,  v.  752.  Euftathe  dit  qu'au  lieu  de  Phruri ,  quel- 
ques uns  écrivent  Phrynos.  Ces  peuples  étoient  voifins 
de  la  mer  Caspienne. 

1.  PHRURIUM  ,  mot  grec  qui  fignifie  un  lieu  for- 
tifié ,  où  Fon  tient  gatnifon.  On  l'a  donné  à  quelques 
lieux  fortifiés  ou  par  la  nature  ou  par  l'art ,  &  où  il 
y  avoir  garnifon. 

2.  PHRURIUM,  promontoire  de  l'ifle  de  Cypre; 
fur  la  côte  méridionale  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  13. 
Lufignan  8c  Mercator  l'appellent  Cabo-Blanco. 

3.  PHRURIUM,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gan- 
ge. Ptolomée  ,  /.  7.  c.  1.  la  donne  aux  Arvarnes ,  8c  dit 
qu'elle  étoit  dans  les  terres. 

PHRYGES,  fleuve  de  l'Afie  Mineure  ,  félon  Pline, 
/.  y.c.  29.  qui  dit  qu'il  fe  jettoit  dans  l'Hermus;  qu'il 
féparoit  la  Phrygie  de  la  Carie  ;  8c  qu'il  donnoit  fon 
nom  à  la  Phrygie.  On  doute  s'il  eft  différent  du  fleuve 
Phrygius  ,  dont  Tite-Live  ,  /.  37.  c  37.  8c  Appien, 
Syr.  p.  171.  font  mention.  Strabon,  /.  13.  confond  le 
Phrygius ,  avec  l'Hyllus,  que  Pline  diflingue. 

PHRYGI,  peuples  de  l'Illyrie  ,  au  voifimge  des 
monts  Cérauniens ,  félon  Strabon. 

PHRYGIA  ,  grande  contrée  de  l'Afie  Mineure  ,  fur 
les  bornes  de  laquelle  tous  les  auteuts  ne  font  pas  d'ac- 
cord. Pline,  /.  j.  c,  32.  étend  la  Phrygie  autour  de 
la  Troade  8c  la  borne  au  nord  par  la  Galatie  ;  au  midi 
par  la  Lycaonie  ,  la  Pifidie  ,  8c  Mygdonie  •,  8c  à  l'orient 
par  la  Cappadoce.  Mais  toute  la  Phrygie  ne  fe  trouve 
pas  renfermée  dans  ces  bornes  ;  car  elles  ne  compren- 
nent pas  la  Phrygie  de  l'Hellespont  ,  qui  étoit  la  partie 
la  plus  confidérable  de  la  Troade.  Elles  ne  compren- 
nent pas  non  plus  la  Mygdonie  ,  qui ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  faifoit  partiede  la  Grande  Phrygie;  quoique 
l'on  puiffe  avec  encore  plus  de  raifon  la  ranger  fous 
la  Phrygie  Epictete  de  Strabon,  à  laquelle  elle  touche. 
La  faute  de  Pline  vient  de  ce  qu'en  marquant  lesbor- 


PHR 


nés  de  la  Phrygie  du  côté  du  midi ,  il  joint  la  Mygdo- 
nie  avec  la  Lycaonie  Se  la  Pifidie  ;  quoique  deux  chapi- 
tres plus  haut,<r.  }v.  il  l'eue  jointe  avec  d'autres  pays. 
Il  y  a  donc  dans  la  description  de  Pline,  un  dérange- 
ment qui  vient ,  ou  de  la  négligence  de  l'auteur ,  ou 
de  celle  des  copiées.  *  Cellar.  Geogr.  ant.  1.  3.  c.  4. 

La  Phrygie  eft  divifée  dans   les  anciens  auteurs  en 
Grande  Se  en  Petite;  pourquoi  Tite-Live,  /.  37.  c.  54 
er;5.  en  parlant  de  ce  pays,   dit:  Phrygïa  utraque  , 
l'une  Se  l'autre  Phrygie.  Dans  un  autre  endroit  il  dit , 
en  parlant  des  terres  que  les  Romains  ôterent  à  Antio- 
chus,  Se  qu'ils  donnèrent  à  Eumènes  :  Ils  ajoutèrent 
en  Afie  les  deux  Pbrygies  :  l'une  qui  eft  fur  l'Helles- 
pont, Se  Uautre  qu'on  appelle  la  Grande  Phrygie. Sua- 
bon  Se  Ptolomée  connoiiïent  aulîî  deux  Phrygies  ;  mais 
Ptolomée,  /.  5.  c.  2.  place  dans  la  Grande  Phrygie  des 
villes  qui  fe  trouvoient  renfermées  dans  les  bornes  qu'il 
donne  à  la  Petite ,  Se  Strabon  varie  pour  les  noms ,  ap- 
pellanr  la  Petite  Phrygie  :  tantôt  Phrygie  de  l'Helles- 
pont ,  tantôt  Phrygie  Épittete  ;  c'eSt-à-dire ,  Phrygie  ac- 
quife.  Quelquefois  il  paro'it  distinguer  ces  deux  noms  : 
quelquefois  il  les  confond ,  comme  s'ils  figniiîoienr  la 
même  chofe  ;  Se  quelquefois  il  femble  renfermer  la  Phry- 
gie Epiclete  dans  la  Grande  Phrygie.  Le  pays  ,  dit-il , 
/.   2.  qui  eft  en-deçà  du  fleuve  Halys ,  contient  la  Bi- 
thynie ,  la  Mœfie  &  la  Phrygie  qui  eft  fur  l'Hellespont , 
CT  dont  la  Troade  fait  partie. ...  Er  dans  les  terres , 
ajoute-t-il,  cette  Phrygie  ,  dont  la  G.illogrece ,  appellée 
Galatie  ,  l'Epitlete,  la  Lycaonie  &  la  Lydie  font  partie. 
Mais  Strabon  étend  trop  loin  les  bornes  de  la  Grande 
Phrygie  -,  car  il  y  comprend  la  Lydie  Se  la  Lycaonie  ,  que 
les  autres  géographes  en  féparent.  Il  eft  certain  que  les 
Gallogrecs  s'emparèrent  d'une  partie  de  la  Phrygie.  Mais 
pour  ce  qui  eft  de  l'Epictete  que  Strabon  joint  ici  avec 
la  Grande  Phrygie  ,  ailleurs  il  la  comprend  fous  le  nom 
de  Petite  Phrygie  ,  celt-à-dire,  fous  le  nom  de  la  Phry- 
gie, qui  étoit  fous  l'Hellespont.  Le  fleuve  Gallus ,  dit- 
il,  /.  12.  p.   543.    prend  fa    fource  près  de   Modra  , 
dans  la  Phrygie  qui  eft  fur  l'Hellespont  ;  Se  c'eft  celle 
qui  eft  appellée  Epictete.  Il  ajoute  un  peu  plus  bas , 
en  parlant  de  la  Phrygie  fur  l'Hellespont,  qu'autrefois 
on  l'appelloit  Petite  Phrygie  ■■,  Se  que  les  rois  Attales  la 
nommoient  Epictete.  Enfin ,  il  dit  dans  un  autre  en- 
droit ,  p.  $71.  que  la  Grande  Phrygie  eft  celle  dont  Mi- 
das  étoit  roi,  Se  dont  les  Galates  occupèrent  une  par- 
tie Se  que  la  Petite  Phrygie  étoit  fur  l'Hellespont ,  de 
même  qu'au  voifinage  du  Mont-Olympe  ,  Se  qu'on  ap- 
pelloit  Epictete.  On  voit  par-là  que  la  Petite  Phrygie 
écoit  compofée  de  deux  parties  :  l'une  étoit  fur  l'Helles- 
pont ,  Se  en  tiroir  fon  nom  ;  l'autre  éloignée  de  l'Hel- 
lespont ,  Se  s'étendoit  du  côté  du  Mont-Olympe.  Cel- 
le-ci avoir  été  foumife  au  roi  Prufias,  &fut  cédée  aux 
rois  Attales  ou  à  Eumènes  ;  ce  qui  fut  caufe  qu'ils  la 
îjommerent  Epictete.  Ainfi  l'Epictete  dans  un  fens  éten- 
du' étoit  la  même  que  la  Petite  Phrygie  ;  mais  l'Epiclete 
proprement  dite  étoit  distinguée  de  la  Phrygie  de  l'Hel- 
lespont. 

Euftathe  remarque  fur  le  810  vers  de  Denys  le  Pé- 
riégete,  qu'il  y  avoit  trois  Phrygies:  i°.  la  Grande 
Phrygie  ,  qui  étoit  le  royaume  de  Midas  ;  i°.  la  Petite, 
qui  étoit  fur  l'Hellespont  &  aux  environs  de  l'Olympe  : 
3°.  la  Phrygie  Epictete.  Cette  distinction  eft  jufte  par 
rapport  au  nombre  ;  mais  il  paroîtqu'Euftathe  fe  trom- 
pe ,  en  joignant  la  Phrygie  qui  c([  au  voisinage  du  mont 
Olympe  avec  celle  qui  étoit  fur  l'Hellespont ,  &  en  la  fé- 
parant  de  l'Epictete  :  quoique  félon  Strabon,  la  Phry- 
gie aux  environs  de  l'Olympe  Se  l'Epictete  foient  la 
même  chofe  :  ce  qiii  paroît  par  les  villes  que  Strabon 
place  dans  l'Epictete  ,  qui  font  Azani ,  Nacolea  ,  Cota- 
cium  ,  Midaium  ,  DoriUum  Se  Cadi.  Cependant  Stra- 
bon ne  femble  pas  s'accorder  en  cela  avec  lui-même  ; 
car  dans  le  livre  fécond  il  met  ces  villes  dans  la  Gran- 
de Phrygie. 

PHRYGIA  EPICTETOS  ,  ou  la  Phrygie  Epicte- 
te. Voyez.  Phrygie. 

PHRYGIA  HELLESPONTIACA,  ou  la  Phrygie 
sur  l'Hellespont.  Voyez.  Phrygie.  Lanotice  d'Hié- 
rocîcs  met  les  évéchés  fuivans  dans  cette  provin 
ce  :  ' 


PHT       963 


Cyzique ,  Métropole 
Proconefus , 
Exoria , 
Barispe , 
Parium , 
Lampfacus , 
Abydus , 
Dardanum , 
Ilium, 
Troas , 
Samandrus , 
Polichna , 
Pœmanentus, 
Artemea  , 
Receta  ou  Recita , 
Bladus, 
Scelenta , 


Molis , 

Germa;, 

Aptaus , 

Cerga , 

Sagara , 

Adriani  Se  Thers , 

Herœ  , 

Pionia, 

Coniofine  , 

Argiza  , 

XiusTradus,  [da, 

Mandacada  ou  Mandacan- 

Ergafterion  , 

Mandra; , 

Hippi, 

Cifïderon , 

Scepfis. 


PHRYGIA-PACATIANA,  ou  Capatiana  ,  pro- 
vince de  l'Afie  Mineure.  Elle  eft  connue  dans  les  no- 
tices eccléfiaftiques,  Celle  d'Hiéroclèsy  met  les  évêchis 
qui  fuivent  : 


Laodicée , 

Hierapolis, 

Mofyna , 

Allyda, 

Trapezopolis , 

Colaffa;  ou  Colafae , 

Ceretapa , 

Themofonius  ou  Theones- 

mius , 
Valentia , 
Sanaus , 
Coniopolis , 
Sitopolis , 
Crafus, 
Lunda 1 

Molpe  ou  Moite , 
Eumcnia  ou  Eumenea , 
Siblia  , 
Pepufa, 
Briana , 


Sebarte, 
Il  uza, 
Acmona , 
Adii , 

Jucharatax , 
Dioclia , 
AriStium  , 

CidiSTis  ou  Cidiffus , 
Apia  , 
Eudocias, 
Azana  , 
Tiberiopolis  , 
Cadi, 
Theodofia , 
Ancyra , 
Synaos , 
Temenothyrœ, 
Tanopolis , 
Pulcherianopolis. 


PHRYGI A-PAROEI A ,  c'eSt-à-dire ,  Pu  rygie-Mon- 
tueuse,  contrée  de  l'ASie  Mineure,  dans  la  Grande 
Phrygie.  Ortelius  croit  que  c'eft  la  même  contrée  que 
Ptolomée  appelle  Pamphylie. 

PHRYGIA-SALUTARIS,  province  d'Afie ,  dans  la 
Grande  Phrygie.  La  notice  d'Hiéroclès  y  met  vingt-deux 
évêchés  ,  qui  font  : 


Encarpia  , 

Hierapolis , 

Oftrus , 

Scectorium  ou  Sectorium , 

Bruxus , 

Cleros-Horines , 

Cleros  Polemicos ,  ou  Po- 

litices, 
Debalacia  ,  ou  Dcbalicia  , 
Lyfias , 
Synada , 
Piymnefus  > 
Hipfos , 


Polygotus , 

Docimium,  métropole  » 

Merus , 

Nacolia  , 

Doryllium ,  ou  Doryleum  , 

Medaium  , 

Demu  Libanon  ,  ou  Plebis 

Libaonum  ,    ou  Lycao- 

num , 
Demu  ou  Plebis  Auraclia  , 
Demu  ou  Populi  AlamalTi, 
Demu  ou  Populi  Propnia- 

fa ,  ou  Prypniafa. 


PHRYGIA  CAMPtJS.  Voyez,  Peltinus. 

PHRYGIE.  Voyez.  Phrygïa. 

PHRYGIUS  Se  PHRYX.  Voyez.  Hyllus. 

PHRYXI  TEMPLUM  &  LUCUS  ,  temple  Se  bois 
facré,  dans  la  Colchide  ,  félon  Pomponius  Mêla,  /.   1. 
c.  19. 
'  PHTHEIROS.^cLatmus. 

PHTHELEON,  ville  de  Grèce.  Pomponius  Mêla, 
/.  2.  c.  3.  la  place  fur  le  golfe  Pegafeus.  L'édition  d'Ox- 
ford ,  au  lieu  de  Phtheleon ,  porte  PteUon. 

PHTHEMBUTI,  nôme  d'Egypte,  félon  Ptolomée  , 
/.  4.  c.  j.  Ses  interprètes  lifent  Phthemphuthi  ,&  Pline 
écrit  Phihemphu.  Sa  métropole  étoit  Tava. 
Tm.  IV.  Ffffff  ij 


964       PHU 


PHY 


PHTPiLNEGIUS.  Voyez.  Phthenotes. 

PHTHENOTES,  nôme  d'Egypte,  8c  dont  la  capi- 
tale ctoit  Butos  >  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  j.  Goltzius 
raporte  une  médaille  qui  fait  mention  des  Phthenoti. 
Ortelius  ajoute  que  dans  le  fécond  tome  des  œuvres  de 
faim  Athanafe,  il  eft  parlé  de  Phthenegii  ,  peuples 
d'Egypte.  Ce  pourroit  bien  être  le  même  nom  fous 
une  orthographe  différente. 

PHTHER1GIUS  MONS ,  montagne  de  Syrie,  au 
nord  de  la  ville  Rbodus.  Le  fleuve  Piapes  coule  aux 
environs  ,  félon  le  témoignage  de  Jean  Moscus ,  in 
Frato  fpirit.  cité  par  Ortelius  ,  Thef. 

PHTHEROPH  AGI.  Voyez.  Phthirophagi. 

1.  PHTH1A,  ville  de  Grèce,  dans  la  Phthiotide,  fur 
le  golfe  Maliacus.  Pline  ,  /.  4.  c.  jAa.  donne  comme  une 
des  plus  célèbres  villes  de  la  1  hthiotide.  Pomponius 
Mêla,  /.  1.  c.  3.  Etienne  le  géographe  &  d'autres  au- 
reurs  la  connoiffent.  Procope,  sEdif.l.  4.  c.  3.  dit  que 
de  fon  tems  la  ville  de  Phthie  ne  paroiflbit  plus ,  8c 
que  le  tems  qui  détruit  tout ,  n'en  avoit  laifle  aucun 
veftige  ;  ce  qui  ne  favorife  pas  le  fenriment  de  ceux  qui 
prétendent  qu'on  la  nomme  préfentement  Pharfala. 

2.  PHTHIA,  port  de  la  Marmarique.  Ptolomée, 
/.  4.  c.  $.  le  place  entre   la    Grande  Chetfonnèfe  8c 


PHUBIA  ,  ou  Phoebia  ,  ville  des  Sicyoniens ,  félon 
Paufanias ,  /.  9.  c.   1  j. 

PHUCUM.  ^«.Pheneus. 

PHULA.  Ortelius  ,  qui  cite  Nicéphore  Callifte  ,  dit 
que  c'eft  une  ville  épiscopale  unie  avec  Sugda,  autre 
ville  épiscopale.  La  notice  de  Léon  le  Sage  nomme 
cette  ville  Phulli  ,  &  la  met  au  rang  des  archevêchés 
fournis  au  patriarche  de  Conftantinople.  Elle  fait  auiïi 
une  ville  archiépiscopale  de  Sugda,  qu'elle  appelle 
Sugdia. 

PHULPHINIUM.  Voyez.  Fulfinium. 

PHUMANA  ,  ville  de  la  Babylonie.  Ptolomée,  /. 
j.c.  20.  la  place  dans  le  voifinage  de  l'Arabie  Défer- 
te  ,  entre  Chuduca  8c  Gif  a.  Ses  interprètes ,  au  lieu  de 
Fhumana,  liiént  Chumana. 

PHUNDUSII ,  peuples  de  la  Germanie.  Ils  habi- 
toient,  félon  Ptolomée,  /.  2.  c.  il.  à  l'occident  des 
Chali. 

PHUPHAGENA,  ville  de  la  Petite  Arménie.  Pto- 
lomée ,  /.  5.  e.  7.  dit  qu'elle  étoit  dans  l'intérieur  du 
pays ,  vers  les  montagnes ,  entre  Arane  8c  Mardara. 
$ç.$  interprètes  lifent  Phuphatena. 

PHUPHATENSIS,  fiége  épiscopal  de  l'Ifaurie.  II 
en  eft  parlé  dans  le  concile  de  Nicée.  Ortelius  croit  que 


Paliurus.  On  veut  que  ce  port  s'appelle  aujourd'hui  Pa-     Phuphatenfis  eft  le  nom  r.ationaj  de  Phuphatena.  Voyez 


triarcha, 

3.  PHTHIA,  ville  d'Aile  ,  au  voifinage  du  Pont-Eu- 
xin.  Euftathe ,  in  Dionyf.  dit  qu'elle  avoit  été  fondée 
par  des  Phthiotides  Achéens. 

PHTH1NOPOLIS  ,  ville  de  Thrace ,  félon  Ortelius , 
qui  cite  Sextus  Rufus.  Il  croit  que  c'eft  la  même  ville 
que  Ptolomée  appelle  Phinopolis.  Voyez,  ce  mot. 

PHTHINTHIA ,  ville  de  Sicile,  félon  Ptolomée, 
/.  3.  c.  4.  qui  la  place  dans  les  terres.  Ortelius  croit  que 
ce  font  les  habitans  de  cette  ville  que  Pline  ,  /.  3.  c.  8. 
appelle  Pthinthienfes.  La  chofe  n'eft  pourtant  pas  cer- 
taine, parce  que  Diodore  de  Sicile  parle  d'une  ville  de 
Sicile  qu'il  nomme  Phintiada ,  8c  qu'il  place  fur  la  côte 
de  la  mer. 

PHTHIOTIS,  contrée  de  la  Macédoine.  Polybe,  /. 
3.  c.  15.  la  nomme  Phthia  ,  8c  Ptolomée  y  place  les 
villes  fuivantes  : 


Sur  le  golfe 
Pelasgique. 


Dans  les  terres. 


Pegafa, 

Deme  trias  , 

Pojîdium  Promontorhim , 

Larijfa  , 

Echinus , 

Sperchia  , 

Thebx.  Pbthiotidis , 

Sperchii  Fltw.  Ofiia. 

Nartachium , 

Coronia , 

Meïitara  , 

Ere  tri  a. , 

Lamia , 

Heraclia  Pbthiotidis. 


PHTHIRA  ,  montagne  de  la  Carie ,  félon  Etienne 
le  géographe.  Euftathe  en  parle  fur  Homère,  p.  368. 
&   Ifacius  fur  Lycophron.  Suidas  la  nomme  Pthiro. 

PHTHIROPHAGI,  peuples  qui  habitoient  fur  les 
bords  du  Pont-Euxin  ,  félon  Pomponius  Mêla.  Stra- 
bon  ,  /.  n.  p.  499.  dit  qu'ils  avoient  été  nommés  ainfi 
à  caufe  de  leur  malpropreté. 

PHTHONIA.  Voyez.  Phosthonia. 

PHTHONTHIS,  village  d'Egypte.  Ptolomée,  /.  4.  c. 
5.  le  place  dans  les  terres. 

PHTHURIS  ,  ville  de  l'Ethiopie ,  fous  FEgypte  , 
félon  Pline ,  /.  6.  c.  29.  Ptolomée ,  /.  4.  c.  7.  écrit 
Pkthur.  H  en  fait  un  village  qu'il  place  fur  la  rive 
occidentale  du  Nil,  entre  Autoba  8c  Piftre. 

PHTHUTH,  fleuve  de  la  Mauritanie  Tingitane,  fé- 
lon quelques  exemplaires  latins  de  Ptolomée ,  /.  4.  c. 
1.  d'autres  portent  Tuth  ,  comme  dans  le  tfrxte  grec. 
Pline  met  dans  la  même  province  un  fleuve  &  une 
contrée ,  qu'il  appelle  Fut.  Voyez.  Phut. 

PHTIMA.  Voyez.  Sicem. 

PHUBATENA.  Voyez.  PhovibaginA. 


Phaphagena. 

PHUPHENA,  ville  de  la  Petire  Arménie,  dans  les 
terres  &  au  voifinage  des  montagnes,  félon  Ptolomée, 
/.  5.  c.  7.  qui  la  place  entre  Ifpa  8c  Arane.  Ortelius  a 
remarqué  après  bimler ,  que  cette  ville  étoit  appellée 
Empœna  dans  l'itinéraire  d'Antonin. 

PHURGISATIS,  ville  de  la  Germanie.  Ptolomée, 
/.  2.  c.  11.  la  place  fur  le  Danube  ,  entre  Abdunum  8c 
Coridorgis. 

PHURNITA,  ville  de  Libye.  Cert  Etienne  legéogra- 
phe  qui  en  fait  mention. 
PHUSCA.  Voyez.  Physcus. 

PHUSIANA,  ville  de  l'Aflyrie ,  dans  les  terres, 
félon  Ptolomée,  /.  6.  c.  1.  qui  la  place  entre  Gomara  8c 
Ifone. 

PHUSIPARA  ,  ville  de  la  Petite  Arménie,  entre 
Cianica  8c  Eujimara  ,  félon  Ptolomée,  /.  j.  c.  7. 

PHUT,  contrée  &  fleuve  d'Afrique,  dans  la  Mau- 
ritanie. C'eft  Jofephe,  /.  i.c.  7.  qui  en  fait  mention. 
Voyez.  Put  8c  Phthuth. 

PHUTI,  ou  Phuté. Jofephe,  /.  i.c.  7.  ditquePhu» 
té  ,  l'un  des  quatre  fils  deCham  ,  peupla  la  Libye,  & 
nomma  les  peuples  de  fon  nom  Phucéens.  Il  y  a  encore 
aujourd'hui ,  ajoute-t-il ,  un  fleuve  de  la  Mauritanie 
qui  porte  ce  nom  ,  8c  plufieurs  hiitoriens  Grecs  en  par- 
lent, comme  ils  font  auiTr  du  pays  voifin  qu'ils  nom- 
ment Phuté  ;  mais  il  changea  de  nom  depuis ,  à  caufe 
d'un  des  fils  de  Mesré ,   appelle  Libys. 

PHYCARII  ,  peuple  Afiatique  que  Pline,  /.  37.  ç. 
8.  met  dans  la  Sarmatie. 

PHYCOCLE  ,  ville  d'Italie,  dans  la  Romandiole, 
appellée  aujourd'hui  Cervia.  Ortelius,  qui  cite Lean- 
der,  dit  qu'il  e(l  parlé  de  cette  ville  dans  les  privilè- 
ges de  leglife  de  Ravenne.  Rubaeus,  dans  fonhifioire 
de  Ravenne,  la  place  à  quinze  milles  de  cette  derniè- 
re ville ,  8c  Sigonius ,  qui  la  met  feulement  à  douze 
milles,  écrit  Ficocl/£,  au  lieu  de  Phycocle.  Cette 
ville  a  été  épiscopale.  Bonus,  fon  évêque  ,  aiTifta  l'an 
649.au  troifiéme  concile  de  Latran  ,  &  Gerontiusau 
fécond  concile  Romain  l'an  joi.  *  Harduin.  Collect. 
Conc. 

PHYCTEUM  ,  ville  du  Péloponnèfe. 
PHYCUM  ,  lieu  du  Péloponnèfe,  félon  Etiennele 
géographe,  qui  le   met  près    du    promontoire  Tana- 
rum. 

PHYCUS ,  promontoire  8c  forterefie  de  la  Cyrénaï- 
que.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  4.  les  place  entre  Aptuchi  Fa- 
num  8c  Apollonïa.  Strabon  ,  /.  17.  p.  865.  dit  que  le 
promontoire  eft  fort  peu  élevé,  mais  qu'il  s'étend  beau- 
coup du  côté  du  nord.  Outre  ce  promontoire  &  la 
forterefie  à  laquelle  il  donne  le  titre  de  bourgade , 
ou  de  petite  ville ,  il  connoît  encore  dans  le  même 
quartier  un  fort,  nommé  Phycus.  C'eft  apparemment 
ce  qui  a  fait  que  Synefius  a  appelle  ce  promontoire  Na- 
vale. Marins  Niger  dit  que  les  mariniers  Italiens  le  nom- 


PHY 


PHY 


ment  Calo  de  Caréna  ,  &  les  Barbares  Kaxafen.  Il  eft 
connu  dans  Marmol  fous  le  nom  d  Araz.  Aitjeri.  *  Or- 
tel.  Thef. 

PHYCUSS/E,  ifles  de  la  Libye  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Athénée,  /.  i.  qui  cite  Ortclius  ,  Thef,  écrit 
Phicuss^c.  Voyez.  PhocvsjE. 

PHYGADUM  1NSULA  ,  c'eft-à-dire,  I'Isle  des 
Exii-És ,  ifle  que  Strabon,  /.  2.  donne  aux  Egyptiens. 

PHYGAL^EA.  Voyez.  Phialia. 

THYGELA  ,  ville  de  l'Ionie.  Pline,  /.  5.  c.  29.  & 
Pomponius  Mêla,  /.  t.  t.  17.  difent  qu'elle  fut  bâtie 
par  des  fugitifs.  Strabon  ,  /.  14.  p.  639.  Etienne  le  géo- 
graphe qui  l'a  fuivi ,  &  Suidas ,  ne  dérivent  pas  ce 
nom  deQuyàç,  qui  veut  dire  un  exilé  ,  un  fugitif  ;  mais 
de  Uuyuv ,  forte  de  maladie  ,  dontlescompagnons  d'Aga- 
memnon  furent  attaqués,  &  qui  les  obligea  de  demeu- 
rer dans  ce  lieu  :  aufli  ces  auteurs  n'écrivent-ils  pas  Phy- 
cela  ,  mais  Pigela.  Dioscojride  ,  /.  5.  c.  12.  fait  l'éloge 
du  vin  de  Phygela.  Selon  le  père  Hardouin  ,  le  nom  mo- 
derne de  cette  ville  cil  Figela. 

PHYGOS.  Voyez,  Phagus. 

PHYLE,  Phila  ou  Phylon  ,  bourgade  de  f  Afri- 
que, voifine  de  Decelia  ou  Decelea.  Cornélius  Nepos  , 
Thrafibulo  ,  c .  2.  l'appelle  Caftellam  mumtijfimum  ;  Se 
Diodore  de  Sicile,  /.  14.  c.  33.  qui  en  parle  dans  les 
mêmes  termes ,  ajoute  que  ce  lieu  étoit  à  cent  ftades 
d'Athènes.  Etienne  le  géographe  place  Phyle  dans  la 
tribu  Oenéïde.  Cela  ,  dit  Cellarius ,  Geogr.  Antiq.  I.  2. 
c.  1 3.  fait  naître  une  difficulté.  Il  s'agit  de  favoir  fi  Phy- 
le étoit  bien  près  de  Decelia  ,  dans  la  partie  orientale 
de  l'At tique  ;  car  la  tribu  Oenéïde  s'étendoit  plutôt  du 
côté  du  couchant.  Orofe,  /.  2.  c.  17.  lit  Philene  pour 
Phyle  ■-,  mais  c'eft  une  faute.  Les  habitans  font  appelles 
Phylash  pat  Ariflophane,  Suidas  &  Xénophon. 

1.  PHYLACE ,  ville  de  la  Theflalie ,  dans  la  Phthio- 
tide  ,  au  voifinage  des  Maliens,  félon  Strabon,  /.  9.  p. 
453.  &  Etienne  le  géographe,  lien  efl  fait  mention  dans 
l'Iliade,  B.  v.  696.  On  ne  fait  fi  elle  étoit  fur  la  côte, 
ou  dans  les  terres. 

2.  PHYLACE  ,  lieu  du  Péloponnèfe.  Paufanias ,  Ar- 
cad.  c.  ult.  dit  que  c'eft  où  le  fleuve  Alphée  prenoit  fa 
fource. 

3.  PHYLACE,  ville  de  la  Moloflide ,  félon  Tite- 
Live,  /.  45.  c.  26.  Elle  étoit  différente  de  celle  de  Thes- 
falie. 

4.  PHYLACE  ,  ou  Phila Ciï  ,  ville  de  la  Macédoi- 
ne, dans  la  Piérie  ,  félon  Ptolomée  ,  2.  3.  c  13. 

PHYLACENSII,  peuples  de  Phrygie.  Ptolomée, 
/.  5.  c.  2.  les  place  au-deflbus  des  Moxiani ,  Se  au- 
deflus  des  Hieropoluœ. 

PHYLAMUS.  Ortelius  dit  :  Lieu  d'Italie ,  chez  les 
Dauniens,  à  ce  qu'il  paroit  par  un  partage  de  Lycophron , 
que  Scaliger  fon  interprète  rend  de  la  forte  :  Ad  Aufoni- 
temexflruxerit  Phylamurn  s  mais  ,  ajoute  Ortclius  ,  à  la 
marge  on  lit  Pyramos. 

PHYLARCHI ,  Arabes  qui  habitoient  au  voifinage 
del'Euphrate,  &  dans  la  Syrie  ,  félon  Strabon  ,  /.  2.  p. 
130. 

PHYLASH.  Voyez.  Phyle. 

PHYLE.  Voyez.  Phile. 

PHYLIST11M.  Voyez.  Palestina  &  Philistins. 

PHYLIT/E  ,  peuple  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange. 
Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  les  place  avec  les  Bittigi,  au 
voifinage  du  fleuve  Nanaguna.  Quelques  exemplaires 
portent  Phylit^e  pour  Philit^c. 

PHYLLE1US.  Ortelius,  qui  cite  Apollonius,/.  1. 
Argonautar.  dit  qu'on  donnoit  ce  nom  à  une  monta- 
gne, à  une  ville  Se  à  une  contrée  de  la  Piréfie  ,  dans  la 
Macédoine. 

PHYLLIS.  K*v^Psillis. 

PHYLLOS.  Quelques-uns  difent  que  c'eft  une  con- 
trée de  l'Arcadie.  Stace ,  /.  4.  v.  44.  en  parle  dans  fa 
Thébaïde,  Se  dit  qu'elle  abonde  en  bétail,  pecorofa- 
que  Phylloï.Un  manuferit  de  Stace  confulté  par  Orte- 
lius, portoit  Phillos  pour  Pbyllos.  Voyez  l'article  fui- 
vanr. 

PHYLLUS  ,  ville  de  la  Theflalie.  Strabon,  /.  9.  p. 
43 y.  dit  que  c'eft  dans  cette  ville  qu'étoit  le  temple  de 
Jupiter  Phylléen.  Ortelius  croit  que  c'eft  la  ville  Phyl- 
leius  d'Apollonius.  11  croie  aufli  que  c'eft  la  même  que 


9®S 

Stace  appelle  Phyllos.  Il  s'embarafle  peu  du  témoi- 
gnage de  Placidus ,  qui  lui  eft  contraire.  Placidus ,  dit-il , 
eu  un  grammairien,  Se  ces  fortes  de  gens  ne  font  pas 
fort  exa&s  en  fait  de  géographie. 

PHYRCUS ,  lieu  fortifié  dans  la  Grèce.  C'eft  Thu- 
cydide ,  /.  5.  p.  379.  qui  en  parle. 

PHYRITES ,  fleuve  de  l'Ionie  ,  au  voifinage  de  la 
ville  d'Ephèfc,  félon  Pline,  /.  5.  c.  29.  Quelques  ma- 
nuferits,  au  lieu  de  Phyrites ,  portent  Pyrrhites,  Se 
le  pere  Hardouin  juge  que  c'eft  la  véritable  orthogra- 
phe. 

PHYRO  CASTRUM ,  lieu  fortifié  dont  parlent  Ce- 
drene  Se  Curopalatc.  Ortelius  foupçonne  que  ce  lieu 
pourroit  être  dans  l'Arménie. 

PHYS/E.  Ortelius ,  qui  cite  Orofe ,  /.  6.  c.  2.  dit  que 
les  Grecs  donnoientee  nom  à  certains  lieux  de  la  Mœo- 
nie  ,  &  qu'il  appelle  torr\d&  Voragines. 

PHYSC/E,  ville  de  la  Macédoine.  Ptolomée  ,  /. 
3.  c.  13.  la  place  dans  la  Mygdonie,  entre  B&rus  Se 
'Terpillus. 

PHYSCE  ou  Physca  ,  ville  de  la  Mœfie-Inférieu- 
re  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  10.  qui  la  place  entre  les 
embouchures  de  l'Axiacus  Se  du  Tyras.  Niger  dit  qu'on 
l'appelle  préfentement  Chofabct. 

PHYSCELLA ,  ville  de  la  Macédoine.  Pline  ,  /.  4. 
c.  10.  la  met  fur  le  golfe  Mecybern&ur.  Pomponius 
Mêla  ,  /.  2.  c.  3.  fait  aufli  mention  de  cette  ville. 

PHYSCIA.  Voyez  Physcus. 

1.  PHYSCUS  ,  ville  de  l'Afie-Mineure  ,  danslaDori- 
de ,  fur  la  côte ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Rhodes  ,  félon 
Diodore  de  Sicile  ,  /.  14.  Se  Strabon  ,  /.  14.  p.  652.  Ce 
dernier  dit  qu'elle  avoit  un  port.  Elle  eft  nommée  Phys- 
cia  par  Etienne  le  géographe,  Se  Phusca  par  Ptolo- 
mée ,  /.  5.  c.  2. 

2.  PHYSCUS  ,  ville  des  Ozoles  de  la  Locride.  Plu- 
tarque  en  parle  dans  fes  queftions  grecques. 

3.  PHYSCUS,  ville  de  la  Carie,  félon  Etienne  le 
géographe. 

4.  PHYSCUS,  ville  de  la  Macédoine,  in  Macédo- 
nien. C'eft  Etienne  le  géographe  qui  en  parle ,  d'après 
Théagenes. 

5.  PHYSCUS.  Etienne  le  géographe  donne  ce  nom  à 
un  port  de  l'ifle  de  Rhodes. 

6.  PHYSCUS,  fleuve  dont  fait  mention  Etienne  le 
géographe  ,  qui  cite  Sopharnelus  ,  in  Cyri  adscenfu. 

7.  PHYSCUS  ,  fleuve  aux  environs  de  l'Aflyrie  ,  à  ce 
qu'il  paroît  par  un  paflage  de  Xénophon ,  /.  2.  de  Cyri 
Èxped.  cité  par  Ortelius. 

8.  PHYSCUS,  montagne  d'Italie ,  dans  la  Grande- 
Grèce  ,  près  de  Crotone ,  félon  Théocrite ,  Id.  4. 

PHYSI A  ,  ifle  au  voifinage  de  Cyzique ,  félon  Etienne 
le  géographe  :  inverbo  bUCikcç. 

PHYT/EUM,  ville  de  l'Etolie,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  cite  Polybe.  Voyez.  Phoeti.<£. 

PHYTALID/E.  Ortelius  croit  que  c'eft  le  nom  d'une 
tribu  de  l'Afrique.  Il  fe  fonde  fur  un  paflage  de  Plutar- 
que  ,  in  Thefeo;  maisPlutarque  &  Paufanias  difent  feu- 
lement que  les  Phytalides  étoient  les  descendans  de 
Phy  talus ,  à  qui  Cérès  avoit  donné  l'intendance  des  faints 
myïteres  ,  pour  le  récompenfer  de  l'hospitalité  qu'il 
avoit  exercée  à  fon  égard  ,  l'ayant  reçue  fort  humaine- 
ment dans  fa  maifon. 

PHYTEUM ,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Elide,  fé- 
lon Etienne  le  géographe.  Thucydide,/.  3.  p.  244.  la 
nomme  Phythia. 

PHYTONIA  ,  ifle  de  la  mer  deTyrrhene.  Pompo- 
nius Mêla  ,  /.  2.  c.  7.  la  joint  avec  les  ifles  qui  font  en- 
deçà  du  Tibre.  C'eft  une  faute  que  Pintaut  a  remarquée, 
Se  dont  il  charge  les  copiftes.  Phytonia,  nommée  Pin- 
ton  par  Martianus  Capella  Se  par  Pline,  Se  Phinton 
par  Ptolomée ,  étoit  une  des  ifles  qui  fe  trouvent  au-delà 
du  Tibre. 

PHYXIUM  ,  ville  du  Péloponnèfe,  dans  l'Elide.  11 
en  eft  parlé  dans  Polybe ,/.;.«.  9 y, 

PHYZANIA  ,  contrée  d'Afrique,  félon  Ptolomée  , 
Quadripart.  I.  2.  Ortelius  foupçonne  que  Phyzani  a  elt 
la  même  chofe  que  Phazania, 


q66       PIA 

PL 

PI ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Suchucn, 
an  département  de  Chingru  ,  première  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  de  1 3  deg.  1 5  min.  plus  occiden- 
tale que  Péking,  fous  les  36  deg.  46  min.  de  latitude 
jfeptentrionale.*  Atlas  Sinenfis. 

P'1 ,  ville  ôc  fortereiïe  de  la  Chine,  dans  la  provin- 
ce de  Nanking  ,  au  département  d'Hoaigan,  huitième 
métropole  de  la  province.  Elle  cil  de  o  deg.  46  min. 
plus  orientale  que  Péking,  fous  les  35  deg.  6  min.  de 
latitude  feptentrionaie.  *  Atlas  Sinenfis. 

PIACUS,  ville  de  Sicile,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. 

PIADA,  ville  de  la  Sérique.  Ptolomée,  /.  6.  c.  16. 
la  place  entre  Damma  ôc  Asmiraa.  Mercator  la  nom- 
me Peim. 

PIAD./E  ,  peuples  de  la  Sérique.  Ils  habitoient ,  fé- 
lon Ptolomée,  /.  6.  c.  17.  au  voifinage  des  Dannœ,  ÔC 
s'étendoient  jusqu'au  fleuve  Oechardus.  Les  interprètes 
de  Ptolomée  lifent  Pial^e  ,  au  lieu  de  Piad^e. 

PIADEN A  ,  bourgade  d'Italie,  dans  la  partie  fep- 
tentrionaie du  Cremonèfe,  vers  les  confins  du  duché 
de  Mantoue  ,  entre  l'Oglio  &  le  Delmona.  Ce  lieu  eft: 
connu  principalement  pour  avoir  donné  la  naiffance  à 
Jean-Babtifte  Platine.  Il  y  naquit  vers  l'an  1420.  Nous 
avons  de  lui  une  vie  des  papes  ,  écrite  avec  aiïez  de 
fiel.  Il  mourut  à  Rome  en  1481.  *  Ma  gin ,  Carte  du 
Cremonèfe. 

PIALA,  ville  de  Cappadoce  ,  dans  le  Pont  Galati- 
que.  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  6.  la  place  dans  les  terres ,  entre 
Etonia  ôc  fleur  amis. 

PIAL/E.  Voyez.  Piada. 

PIALIA  ,  ville  de  ThefTalie,  au  pied  du  mont  Cerce- 
tius ,  félon  Etienne  le  géographe. 

PIANEZA  ,  ville  d'Italie ,  dans  le  Piémont ,  avec  un 
château  ,  fur  la  rive  de  Dora  elle  eft ,  à  trois  lieues  de 
Turin. 

PIANORO,  bourgade  d'Italie,  dans  l'Etat  de  l'E- 
glife ,  au  Boulonois,  fur  la  rivière  Saucuna ,  environ 
à  huit  nulles  au  midi  de  la  ville  de  Boulogne.  *  Magin  , 
Carte  du  Boulonois. 

PIANOSA.  J^v^Planouse. 

PIAOLO ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
d'Iunnan  ,  aux  environs  de  la  ville  de  Nangan.  Il  y  a 
dans  cette  montagne  une  riche  mine  d'argent.  *  Atlas 
Sinenfis. 

PIARENSI1  ,  peuples  de  la  Mifie  -Inférieure  ,  en 
Europe  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  j.c.  10. 

1.  PIAS1DA,  Peiseida  ouPisida,  rivière  de  l'em- 
pire Ruiïïen,  dans  la  Tartarie  Moscovite.  Elle  prend 
fa  fource  dans  le  lac  d'Efey  ;  &  après  avoir  rraverfé  un 
pays  auquel  elle  donne  fon  nom  ,  elle  va  fe  perdie 
dans  la  mer  Glaciale  ,  environ  à  trente  lieues  de  l'em- 
bouchure du  fleuve  Jenifea.  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy  n'a  pas  connu  le  cours  entier  de  cette  rivière. 
C'eft  l'auteur  de  la  nouvelle  carte  de  l'empire  Ruiïien 
qui  le  donne  ;  mais  il  nomme  cette  rivière  Pasina. 

2.  PIASIDA  ,  pays  de  l'empire  Ruiïien ,  dans  la  Tar- 
tarie Moscovite.  On  n'en  connoît  pas  bien  les  bornes. 
On  fait  feulement  qu'il  eft  traverfé  par  la  rivière  qui  lui 
donne  fon  nom. 

1.  VlhSTAL  ,  peuples  voifinsdu  Pont-Euxin  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

2.  PIAST/4E ,  peuples  de  la  Macédoine.  C'eft  encore 
Etienne  le  géographe  qui  en  fait  mention. 

PIAVE  ,  rivière  d'Italie,  dans  l'état  de  Venife.  Elle 
naît  dans  le  Tirol ,  aiïez  près  de  la  fource  de  la  Dra- 
ve.  Après  avoir  arrofé  Pieve  di  Cadore  ,  Belluno  ôc 
Tiifago,  elle  fe  partage  en  deux  bras,  dont  l'un  ,  qui 
prend  le  nom  de  Sile  ,  paiïe  à  Trevifo ,  &  va  fe  jetter 
dans  le  golfe  de  Venife,  un  peu  au-delà  de  l'embou- 
chure de  la  rivière  Zera;  l'autre  ,  qui  eiï  le  pluscon- 
fidérable  ,  ôc  qui  conferve  le  nom  de  Piavc  ,  va  pareil- 
lement fe  jetter  dans  le  golfe  de  Venife,  entre  Pun- 
ta  de  Lio  Maggior  ,  ôc  Puma  di  Gefole  ,  autrement 
P tinta  délia  Piave.  Dans  fa  courfe  cette  rivière  en  re- 
çoit plufieurs  autres  moins  confidérables  ,  entre  autres 
ceiles  de  Padola,  d.  d'Anfie  ,  d.  Boite,  d.  Colmeda , 
.  d.  ôc  Rimonta  ,g.  Léandre  croit  que  la  Piave  eft  VAnaJJits 
des  anciens.  Mais  û  le   Varramus  eft  aujourd'hui  le 


PIC 


Muzonella,  le  fentiment  de  Léandre  eft  faux,  puisque 
félon  Pline  XAnaffus  reçoit  le  Varramus ,  alors  YAnas» 
jus  fera  la  Stella.  *  Magin ,  Carte  du  domaine  de  Ve- 
nife. 

PIAZZA,  viile  du  royaume  de  Sicile,  dans  le  Val 
de  Noto  ,  entre  Caftro  Giovanne  au  nord  occidental, 
ôc  Calta  Girone,  fur  la  route  de  l'une  de  ces  deux  vil- 
les à  l'autre.  *  Atlas,  Rob.  deVaugondy. 

PIAZZA- VECCHIO ,  château  ruiné  en  Sicile  ,  dans 
le  Val  de  Noto ,  près  de  la  ville  de  Piazza ,  du  côté 
de  l'occident.  *  Atlas ,  Rob.  de  Vaugondy. 

PIBERI,  ouPiperi,  ifle  delà  dépendance  du  Turc, 
près  de  la  côte  de  la  Macédoine ,  entre  Monte  Santo 
au  nord,  ôc  l'ifle  Lanio  ou  Pelagifi  au  midi.  Niger  la 
nomme  Limene  ;  ôc  on  prétend  que  c'eft  l'ancienne  Pe- 
p  A  rethus.  Voycz.cc  mot.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugon- 
dy. 

PIBRAC,  bourgade  de* France,  dans  le  Haut-Lan- 
guedoc ,  ôc  diocèfe  de  Touloufe.  C'eft  une  ancienne 
baronnie. 

PIC.  Nom  que  l'on  a  donné  à  quelques  montagnes 
fort  élevées  ôc  qui  fe  terminent  en  une  feule  pointe. 
II  a  été  occafionné  par  leur  reiïemblance  à  un  outil  de 
fer  nommé  pic,  dont  on  fe  fert  pour  fouir  la  terre, 
ôc  qui  n'a  qu'une  pointe. 

PIC  D'ADAM.  Voyez.  Adaus-Pic. 

i.PIC  DI  LUGO,  lac  d  Italie,  dans  l'Umbrie  ,  entre 
le  lac  de  Rieti  à  l'orient  ôc  celui  délie  Marniore ,  avec 
lesquels  il  communique  par  deux  émiffaires.  Ce  lac 
nourrit  de  très  bons  poiffons ,  ôc  entre  autres  des  trui- 
tes ôc  des  tanches  fans  arrêtes.  L'eau  de  ce  lac  couvre 
de  pierres  en  peu  de  jours  le  bois  qu'on  y  plante.  * 
Magin ,  Carte  du  Patrimoine. 

2.  PIC  DI  LUGO,  bourgade  d'Italie,  dans  l'Umbrie  , 
fur  le  bord  feptentrional  du  lac  de  même  nom,  à  l'une 
des  embouchures  de  la  rivière  Foflïella  ,  dans  le  lac.  * 
Mazin  ,  Carre  du  Patrimoine. 

PIC  DE  TENER1FFE.  Voyez.  Teneriffe. 

PICARA  ,  province  de  l'Amérique  méridionale  , 
dans  le  nouveau  royaume  de  Grenade.  De  La'et  ,  Dcfc. 
des  Indes  occid.  I.  9.  c.  12.  dit  qu'elle  s'étend  le  long  de 
la  province  de  Pozo  vers  le  levant.  Elle  eft  fort  grande 
ôc  très-fournie  d'habitans,  qui  ont  le  même  langage, 
que  ceux  de  Pacura.  Les  grandes  montagnes  des  Andes 
la  ferment  du  côté  de  l'orient. 

PICARDIE ,  province  de  France.  C'étoit  le  boule- 
vard du  royaume  ,  avant  les  conquêtes  que  Louis  XIII 
Se  Louis  XIV  ont  faites  dans  les  Pays-Bas ,  fur  les  fron- 
tières desquels  elle  s'étend  en  longueur.  Elle  eft  bornée 
au  feptentrion  par  le  Hainault ,  l'Artois  ôc  la  mer  5  au 
levant  par  la  Champagne;  au  midi  par  l'ifle  de  France; 
&  au  couchant,  par  la  Normandie  ôc  le  canal  de  la 
Manche. 

Le  nom  de  Picardie  n'eft  pas  ancien  ,  ôc  ne  fe  trouve 
nulle  part  avant  la  fin  du  treizième  fiécle  ,  où  Guillau- 
me de  Nangis  a  appelle  ce  pays  Picardie.  Le  nom  de 
Picard  étoit  en  ufage  cent  ans  auparavant.  Plufieurs  veu- 
lent que  ce  nom  ait  été  donné  à  ces  peuples ,  parce 
qu'ils  portoient  des  piques  pour  armes  ;  ce  qui  néan- 
moins n'eft  attefté  par  aucun  ancien  ;  en  outre  ,  l'on  ne 
voit  pas  que  ces  gens-là  fe  foient  plutôt  ôc  plus  fouvent 
fervi  de  piques  que  les  autres ,  ôc  qu'un  piquier  ait  ja- 
mais été  appelle  un  Picard.  Ce  nom  a  commencé  à 
être  en  ufage  à  Paris,  ôc  fur-tout  dans  l'Univerfité  ,  où 
la  nation  des  Picards  étoit  connue  fous  Philippe-Augu- 
fte.  Ainfi  il  eft  plus  probable  que  c'eft-là,  où  l'on  a 
inventé  ce  nom  de  Picard  que  l'on  a  donné  à  ceux  du 
même  pays,  à  caufe  de  l'humeur  prompte  ôc  colère , 
qui  eft  ordinaire  à  ceux  qui  fe  piquent  aifément.  A 
quoi  il  faut  ajouter,  que  Matthieu  Paris,  parlant  de 
la  grande  fédition  arrivée  Fan  1229  à  Paris ,  entre  les 
bourgeois  ôc  les  clercs,  ou  écoliers  de  l'Univerfité,  dit 
que  les  auteurs  de  ce  trouble  furent  ceux  qui  étoient 
voifms  de  la  Flandre  ,  &  qu'on  appelloit  communément 
Picards:  Qui  feminarium  tumultuofi  certaminis  move~ 
runt  erant  de  partibus  conterminis  Flandriœ  ,  quos  com- 
muniter  Picardos  nominamus .  *  Longueruc  ,  Defc.  de 
la  France ,  fart.  i.p.  J4. 

La  Picardie ,  ayant  été  conquife  par  Clodion ,  tomba 
fous  la  domination  des  rois  de  France.  Ce  prince  établie 


PIC 


PIC 


à  Amiens  fon  fiége  royal.  Mérovée  lui  fuccéda  ,  8c 
Childeric  fon  fils  la  garda  aulîi  comme  a  capitale  de 
fon  empire.  Grégoire  de  Tours  lui  donne  pour  fucces- 
feurs  Charade  ou  Cararic  ,  à  qui  Clovis  fr  trancher  la 
tête  de  même  qu'à  fon  fils:ainfi  la  Picarde  tomba  en 
partage  à  Clotaire,  fils  de  ce  premier  oi  chrétien, 
8c  fut  fous  la  domination  des  rois  de  Fraice ,  jusqu'à 
Louis  le  Débonnaire,  qui  y  établit  en  82;  des  comtes 
qui  devinrent  fi  puiflans  qu'ils  étoient  preque  fouve- 
rains.  Philippe  d'Alface  ,  comte  de  Flandr  ,  après  la 
mort  de  fa  femme  Elifabeth  ,  comtefle  de  \ermandois , 
de  laquelle  il  n'avoir  point  d'enfans ,  retitt  le  comté 
d'Amiens  qu'elle  lui  avoit  apporté  en  maiage ,  &  rc- 
fufa  de  le  rendre  à  Aliénor  de  Vermandoi ,  comteffe 
de  Saint  Quentin ,  fœur  cadette  d'Elifabeth,  étant  fil- 
les l'une  Se  l'autre  de  Raoul  premier ,  funommé  le 
Vaillant  ,  comte  de  Vermandois  ,  8c  d'Alx ,  fille  de 
Guillaume  IX  ,  duc  de  Guienne.  Philippe-Aigufte  dé- 
clara la  guerre  à  Philippe  d'Alface,  Se  pa,  le  traité 
qu'ils  conclurent ,  il  fut  convenu  que  Philbpe  d'Al- 
face ,  8c  Aliénor  jouiroient  fuccelfivementde  cette 
province  ,  Se  qu'après  leur  mort ,  elle  appâtiendroit 
au  roi.  En  1455  ,  Charles  VII  engagea  toutes  'es  villes 
fit uées  fur  la  rivière  de  Somme  au  duc  de  Bongogne 
pour  quatre  cens  mille  écus.  Louis  XI  les  rtira  en 
1463  ,  8c  depuis  ce  tems ,  la  Picardie  n'a  plus  ce  alié- 
née. *  Piganiol,  Defcription  de  la  France,  t|m.  3. 
p.  121. 


Cette  province  comprend: 


L'Amiénois , 

Le  Boulenois , 

Le  Ponthieu  , 

Le  Santerre , 

Le  Vermandois , 

Le  Soiflonois , 

Le  comté  de  Senlis  , 


La  Thiérache  , 
Le  Pays-Reconquis  , 
Le  Beauvaifis, 
Le  Noyonnois , 
Le  Laonnois , 
Le  Valois. 


Cependant  le  Beauvaifis,  le  Soiffonnois ,  lecomté^e 
Senlis  Se  le  Valois  ont  été  attribués  au  gouvernemnt 
de  rifle  de  France  ■,  8e  l'on  a  joint  le  comté  d'Artois  m 
gouvernement  de  Picardie. 

Les  principales  rivières  qui  arrofent  cette  provinc  , 
font  la  Somme  ,  l'Oyfe  ,  la  Canche,  l'Authie,  la  Ls, 
l'Aa,  la  Scarpe  8e  la  Deule  ;  voyez,  ces  différais  nais 
dans  leur  ordre.  Il  y  a  en  outré  trois  chofes  fingulices 
à  remarquer ,  par  rapport  à  l'hiftoire  naturelle.  Ce  fint 
deux  fontaines  minérales  8c  les  iiles  flottantes  prèsde 
Saint  Orner.  La  fontaine  de  Verbcrïe  ,  près  de  Comjie- 
gne,  donne  une  eau  froide  8c  infipide ,  qui  partiepe 
d'un  fel  femblable  au  fel  commun.  Celle  de  Boulone 
efl  à  deux  ou  trois  cens  pas  de  cette  ville  ,  furlecle- 
min  de  Calais.  On  l'appelle  la  Fontaine  de  Fer.  ^e 
mérite  n'en  eft  connu  que  depuis  peu  d'années.  L'qu 
en  efl:  claire,  fort  légère  &  pafle  fort  vite  ,  fans  lis- 
fer  aux  buveurs  d'autre  goût  que  celui  du  fer.  Ele 
coule  toujours  également  par  un  feul  petit  jet ,  qui  n'it 
pas  plus  gros  que  le  robinet  d'un  tonneau.  Cette  eu 
eft  fi  claire  8c  fi  limpide,  que  rien  ne  peut  la  rende 
trouble  ,  pas  même  les  plus  grandes  pluies.  Il  y  a  beai- 
coup  de  fer  :  l'alun  8c  le  foufre  n'y  font  pas  fi  déve- 
loppés ,  ni  lî  fenfibles.  La  noix  de  Galle  ne  la  chan;e 
guère  davantage  que  la  royale  de  Forges.  Ces  eaix 
font  bonnes  contre  les  maladies  d'obftruétion ,  6c  fort 
capables  d'émoulTer  les  pointes  d'un  acide  tres-actit 
Les  ifles  flottantes  qui  font  entre  la  ville  de  Saint  Orne: 
&  l'abbaye  de  Clairmarèts  méritent  d'être  remarquées 
Ce  font  des  ifles  qui  flottent  fur  le  marais,  8c  que 
l'on  fait  aller  de  coté  8c  d'autre  à  peu  près  comme 
un  bateau.  Comme  il  y  a  dans  ces  ifles  des  pâturages 
excellais  ,  ceux  du  pays  y  mènent  paître  leurs  befliaux 
8c  ont  grand  foin  d'en  tenir  les  aibres  fort  bas,  afin 
qu'ils  ne  donnent  point  do  piilc  aux  vents,  8c  que 
par  ce  moyen  ces  ifles  n'en  foient  point  le  jouet. 

La  Picardie  en  général  eft  un  pàysplairi  &afTezuni. 
Elle  produit  beaucoup  de  grains,  des  fruits  de  toutes 
espèces,  8c  beaucoup  de  foin,  fur-tout  le  long  de  la 
rivière  d'Oyfe ,  mais  point  de  vin.  La  fotêt  de  Creci 
efl  la   plus  grande  qu'il  y  ait  du  côté  d'Amiens.  Le 


9f>7 

bois  eft  rare  8c  cher  dans  ce  canton ,  &  les  gens  peu 
aifés  n'y  brûlent  que  des  tourbes.  Ceft  une  espèce  de 
terre  noire  qui  fe  forme  dans  les  marais ,  où  l'on  la 
trouve  à  trois  pieds  en  terre.  On  la  tiré  avec  une  bê- 
che pointue,  fermée  de  manière  que  chaque  tourbe 
prend  en  méme-tems  les  dimenfions  qu'elle  doit  avoir. 
Elles  ont  la  figure  d'une  brique,  neuf  pouces  de  loug 
fur  trois  pouces  de  large  8c  un  pouce  8c  demi  d'épais- 
feur.^  Le  feu  qu'on  fait  avec  ces  tourbes  eft  puant 
8c  pâlit  le  vifage.  On  trouve  dans  le  Boulenois 
deux  mines  de  charbon  de  terre  ;  mais  il  n'eft  pas  à 
beaucoup  près  aufli  ardent  que  celui  d'Angleterre  On 
y  trouve  aufli  des  carrières  de  pierres  de  Srinkal.  Cette 
pierre  eft  dure,  8c  de  plufieurs  couleurs.  Elle  elt  d  un 
très-bon  ufage,  &  très-propre  pour  les  tevetemens  des 
places  ,  8c  pour  les  ornemens  d'architecture. 

Les  Picards  confervent  encore  aujourd'hui  la  valeur  8c 
le  courage  que  Céfar  éprouva  dans  les  Belges.  Ils  préfè- 
rent le  fervice  de  la  cavalerie  à  celui  de  l'infanterie  pour 
lequel  ils  ont  moins  de  goût.  Généralement  parlant ,  les 
Picards  font  paieffeux  par  tempérament  ,  &:  laborieux 
par  néceflité.  Ils  demeurent  volontiers  dans  l'état  où  ils 
fe  trouvent ,  8c  l'on  en  voit  peu  qui  fortent  de  leur  fi- 
tuation.  Ils  ne  font  ni  afiez  patiens  ni  allez  fouples  pour 
faire  fortune.  Leur  œconomie  leur  en  tient  lieu.  Us  font 
finceres  ,  libres ,  brusques ,  attachés  a  leurs  opinions ,  8c 
fermes  dans  leurs  réfolutions.  La  bonté  de  leur  cœur  ne 
doit  pas  prévenir  contre  la  folidité  ni  contre  la  beauté 
de  leur  efprit.  La  Picardie  a  produit  des  écrivains  cé« 
lèbres. 

On  compte  quatre  cvêchés  dans  le  gouvernement  de  Pi- 
cardie, tel  qu'il  eft  aujourdhui:  Amiens  &  Boulogne  font 
fuffragans  de  d'archevêché  deRheims  :  Arias  8c  S.  Orner 
en  Artois  font  fous  la  métropole  de  Cambray.  11  y  a  deux 
fénéchauflees ,  fix  bailliages  ,  vingt  prévôtés,  cinq  fiéges 
de  l'amirauté ,  quatre  makrifes  des  eaux  8c  forêts ,  8c  au- 
tant de  juftices  de  feigneurs  qu'ils  y  a  de  terres  ou  fiefs 
feigneuriaux.  Il  n'y  a  point  de  village  en  Picardie  ,  donc 
les  feigneurs  n'ayent  haute  ,  moyenne  8c  baffe  juftice  j 
mais  aucune  de  ces  juftices  ne  reflortit  directement  au 
parlement.  Dans  ces  différentes  jurisdidions  la  juftice 
eft  rendue  conformément  à  différentes  coutumes,  félon 
les  cantons  où  les  juridictions  l'ont  fuuées. 

La  proximité  de  la  mer  ,  les  rivières  navigables  ,  les 
canaux,  8c  l'induflrie  des  habitans ,  rendent  le  commerce 
qui  fe  fait  en  Picardie  un  des  plus  c on fidé râbles  du 
royaume.  Les  manufactures  8c  fabriques  occupent  8c 
font  fubfifler  grand  nombre  de  perfonnes  de  tout  fexe 
8c  de  tout  âge  ,  à  la  ville  &  à  la  campagne.  La  prin- 
cipale fabrique  eft  appellée  Sayeterie  ;  parce  que  le  fil 
fait  de  Fiyete  ,  ou  de  laine  peignée  8c  filée  au  petit 
rouet ,  fait  feul  la  chaîne  de  ces  étoffes ,  qu'on  appelle 
ferges  de  Crevecœur  ou  d'Aumale ,  bouracan  ,  camelots, 
raz  de  Gènes  ,  raz  façon  de  Châlons  ,  ferges  façon  de  Nis- 
mes ,  ferges  façon  de  Seigneur ,  qui  font  toutes  dépure 
lain.  .  On  en  fait  encore  plufieurs  autres  où  la  laine  eft 
employée  avec  la  foie ,  le  fil  de  lin  8c  le  poil  de  chèvre , 
telles  que  font  les  camelots  façon  de  Bruxelles  ,lcs  plu- 
ches ;  raz  de  Gènes ,  avec  un  fil  de  foie  tort  autour  de 
la  chaîne  ,  étamines  façon  du  Mans  Se  du  Lude.  Ces 
dernières  ne  font  façonnées  que  dans  Amiens  8c  Ab- 
beville.  Les  laines  dont  on  fe  fert  dans  ces  manu- 
factures font  pour  la  plus  grande  partie  du  crû  du  pays, 
On  en  tire  aufli  de  Brie ,  du  Soiflonnois ,  d'Artois ,  du 
Nord,  d'Irlande  ,  Se  quelques  bouchons  d'Angleterre 
pour  les  ouvrages  les  plus  fins.  En  1665  ,  on  établit  à 
Abbe ville  une  manufacture  de  draps.  Voyez,  Abbe- 
vit-LE  ,  Amiens  ,  Saint-Quentin  ,  8c  Péroné. 

Le  fonds  des  terres  eft  fi  bon  ,  que  les  grains  font  le 
principal  commerce  du  pays.  Le  commerce  des  lins 
eft  aufli  très-confidérable.  Le  Ponthieu  ,  le  Verman- 
dois en  prod^ifent  abondamment  ,  outre  celui  qui  fe 
confume  dans  les  manufiictures  du  pays,  on  en  envoie 
beaucoup  à  Rouen  Se  en  Bre-agnc.  La  graine  de  ces 
lins  fait  aufli  partie  du  commerce  de  cette  province. 
On  en  envoie  en  Normandie  Se  en  Bretagne  pour  la 
transplanter, parce  qu'elle  dépérir,  fi  l'on  ne  la  chan- 
ge de  terroir.  Les  marchands  de  Normandie  achètent 
tous  les  ans  cinq  à  fix  mille  poulains  dans  les  gouver- 
nemens  de  Calais  8c  de  Boulogne  :  ils  les    mettent 


9^8        PIC 


PIC 


dans  les  pacages  de  la  Baffe-Normandie  ,  Se  les  Ven- 
dent enl'uke  Tous  le  nom  de  chevaux  normans.  On 
transporte  des  mines  du  Boulenois  beaucoup  de  char- 
bon de  terre  en  Artois  ,  en  Flandie  ,  par  le  canal  de 
Calais  Se  par  la  rivière  d'Aa,  pour  les  corps  de  garde, 
pour  les  briqueteries ,  pour  les  fours  a  chaux  ,  Se  pour 
les  forges  des  maréchaux.  11  fort  auffi  de  la  toile  du 
Boulenois  beaucoup  de  beurre  qu'on  transporte  en 
Artois  ,  en  Champagne ,  ôc  même  jusqu'à  I  aris.  11  y  à 
dans  la  foiét  de  la  Fér-e  plufieurs  verreries  où  1  on 
fabrique  routes  fortes  d'ouvrages  de  terre  ,  que  l'on 
transporte  à  Paris  &  ailleurs  ;  mais  la  manufacture  des 
glaces  eft  infiniment  plus  utile.  Elle  eft  au  milieu  de 
ce:  e  forêt  ,  dans  le  château  de  S.  Gobi».  Le  volume 
des  glaces  qu'en  y  fait  n'eu  borné  que  par  la  difficulté  du 
poli  ;  car  il  efl:  impoffibïe  qu'un  ouvrier  puiffe  polir 
des  glaces  qui  auroient  plus  de  foixante  pouces  de 
large.  On  en  a  vu  fortir  de  cette  manufacture  qui 
avoient  cent  cinq  pouces  de  hauteur ,  fur  foixante  de 
largeur-  Pour  les  polir  on  les  envoie  à  Paris  ,  faux- 
bourg  S-  Antoine  jc'efi  là  qu'elles  acquièrent  leur  der- 
nière perfection. 

Les  côtes  de  la  mer  fourniffent  abondamment  de 
très-bon  poiffon  frais  de  toute  espèce  ,  dont  environ  un 
tiers  efl  confumé  dans  le  pays  ;  un  tiers  en  Flandre  , 
en  Artois  i&  un  autre  tiers  à  Paris.  Les  ports  de  Bou- 
logne, d'Eftaples,  ôc  de  Saint  Valeri  font  par  an  pour  plus 
de  quatre  cens  mille  livres  en  harengs  Ôc  en  maquereaux. 
Cette  province  efl  fi  riche  que  toutes  les  autres  du 
royaume  y  envoient  ôc  y  débitent  une  partie  de  leurs 
dentées.  Les  Anglois  y  apportent  auffi  beaucoup  de 
marchandifes. 

Outre  les  harengs  &  les  maquereaux ,  on  pêche  fur 
les  côtes  de  Picardie  des  vives, des  foies,  des  barbues, 
des  turbots,  des  limandes,  des  fletes  ,  des  carlets,  Sec. 
tous  d'une  excellente  qualité. 

Quant  au  gouvernement    militaire  de  Picardie  ,  il 
comprend   les  lieutenances  générales    de   Picardie   Se 
d'Artois;  fix  lieutenances  de  roi ,  lavoir  celie  du  Bou- 
lenois ,  de  Ponthieu ,  de  Vermandois ,  du  pays  de  San- 
terre  ,  Se  deux   pour  le  pays  d'Artois  ,  avec  un  grand 
nombre  de  gouvernemens  particuliers.  Les  gouverne - 
mens  particuliers  de  la  lieutenance  générale  de  Picardie 
font  la  ville  &  citadelle  de  Calais  ,  le  fort  de  Nieulay  , 
Aides  ,  Boulogne  ôc  le  pays  Boulenois.  Le  gouverne- 
ment   de  ce  dernier  pays  elt  dépendant  du  gouverne- 
ment de  Picardie.  Les  autres  font  la  ville  ôc  citadelle 
de  Montrcuil ,  S.  Vallery  fur  Somme  ,  Abbeville  ,dom 
les  maires  &  échevins  ont  le  commandement ,  fuivant 
d'anciens  privilèges  ;  mais  en  tems  de  guerre  le  roi  y 
établit  un  commandant.  Enfin  ce  font  Dourlens  ,  la 
ville  ôc  citadelle  d'Amiens,  Saint  Quentin,  la  ville  & 
château  deHam  ,  Guife  ,  la  Ferté  ,  Ribemont  Ôc  Marie. 
La  lieutenance  générale  de  Santerre  comprend  les  gou- 
vernemens de  Péronne  ,  de  Roye ,  ôc  de  Montdidier. 
Dans  la  lieutenance    générale  d'Artois  font  les  .gou- 
vernemens de  S.  Orner,  d'Aire,  du  fort  de  S.  François 
d'Aire,  de  Béthune,  d'Hesdin  ,  de  la  ville  ôc  citadelle 
d'Arias,  &  celui  de  Bapaume. 

Le  détail  de  ces  gouvernemens  particuliers  dispenfe 
de  mettre  ici  les  noms  des  places  fortifiées  de  cette 
province.  Au  lieu  de  cette  répétition  ,  il  vaut  mieux 
remarquer  que  les  habitans  du  Boulenois  forment  un 
corps  de  troupes  ,  dans  lequel  tous  ceux  qui  font  en  état 
de  porter  les  armes  font  engagés.  Ces  troupes  ont  plus 
d'une  fois  dans  ces  dernières  guerres  fignale  leur  valeur 
&  leur  fidélité.  Elles  confiflent  en  fix  régimens  d'Infan- 
terie de  dix  compagnies  chacun  ,  dont  les  officiers  font 
nommés  par  le  gouverneur,  ont  commiflîon  du  roi ,  de 
même  que  ceux  des  troupes  réglées  de  faMajeflé,  ôc 
roulent  fuivant  leur  ancienneté  avec  les  officiers  des 
armées  du  roi.  La  cavalerie  efl  de  cinq  régimens  ,  de 
quatre  compagnies  chacun.  11  y  a  encore  une  compa- 
gnie de  carabiniers  de  trente  maîtres  ôc  deux  compa- 
gnies de  dragons  auffi  de  trente  maîtres  chacune.  Tou- 
tes ces  troupes  compofent  un  corps  de  trois  mille  hom- 
mes ,  ôc  ont  un  infpcéteur  particulier  ,  commis  par 
fa  Majefté. 

On  compte  jusqu'à  fept  duchés-Pairies  dans  la  Picar- 
die: favoir. 


Guife  t  Bournonville, 

Crouy  poix  , 

Magneers,  Saint  Simon. 

Chaun:s , 
Il  y  a  dais  le  département  de  Picardie  ôc  d'Artois  un 
prévôt  gérerai  établi  à  Amiens ,  avec  un  lieutenant  , 
un  affeffeu: ,  un  procureur  du  roi  ôc  un  greffier  :  à 
Abbeville  un  lieutenant,  un  affeffeur  ,  un  procureur 
du  roi  &  un  greffier  :  à  Arras  un  lieutenant ,  un  affef- 
(Teur  ,  un  procureur  du  roi  ôc  un  greffier ,  &  à  Bou- 
logne de  nême. 

La  Picadie  efl  ordinairement  divifée  en  haute,  moyen- 
ne Se  baffi.  La  haute  renferme  le  Vermandois  ôc  la  Tié- 
rache  :1a  moyenne  comprend  le  comté  d'Amiens  ôc  le 
pays  de  Janterre  ,  Se  la  baffe  efl  compofée  du  Boule- 
nois ,  du  pays  reconquis  ,  du  comté  de  Ponthieu  Se 
du  Vimei. 

P1CAJV1LLE,  bourg  de  France,  dans  la  Norman- 
die ,  dioèfe  de  Coûtances ,  élection  de  Valognes.  C'eifc 
une  gra.'de  paroiffe  où  efl  fitué  le  bourg  du  Pont  ï'Ab- 
bée ,  qu'appartient  aux  religieux  Prémontrés  die  Blanche- 
Lande.Le  château  de  IIsle-Marie  appartient  aux  hé- 
ritiers lu  maréchal  de  Bellefons  ,  qui  font  en  partie 
ftigneirs  de  cette  paroiffe.  Les  chanoines  de  la  Sainte 
Chapdey  ont  un  fief,  ôc  la  meilleure  partie  des  dix- 
mes.  Jette  paroiffe  efl  presque  par  tout  bordée  de 
marai ,  &  l'on  y  a  fait  plufieurs  pacages  pour  y  arriver 
par  ou.  Le  terrein  elt  fort  bon  pour  les  légumes. 

PLELLO  ,  ville  dans  la  Natolie  ,  fur  la  mer  noire  , 
entr<  Pemderachie  6\.  Samaftro.  Ce  A  l'ancienne  Fsyl- 
liumàe  Ptolomee.  Voyez.  Psylium. 
PCENA  REGIO.  Voyez.  Picemhm. 
1-CENDACA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange. 
Ptcomée  ,  /.  7. 0.  1.  qui  dit  qu'elle  étoit  dans  les  terres, 
la  ionne  aux  Arvari. 

.  PICENTIA  ,  ville  d'Italie.  Strabon  ,  /.  j.  p.  if  ï. 
Pcnponius  Mêla,  /.  2  c.  4.  ôc  Pline,  /.  3.  c.  y.  en  font 
la  capitale  des  Picentins.  Pline  donne  à  entendre  que 
cere  ville  étoit  dans  les  terres  ,  ôc  Strabon  nous  ap- 
pend  que  les  habitans  de  Picentia  furent  chaffés  de 
leir  ville  ,  pour  avoir  piis  le  parti  d'Annibal.  C'eft  la 
v;le  licentum  d  Etienne  le  géographe;  ôc  Léandre.de 
n:me  que  Mazella  ,  difent  qu'on  la  nomme  préfen- 
tenent  Vicentia.  Voyez.  Picentinorum  gens. 

x.  PICENTIA  ,  ville  d'Italie,  dans  le  Latium  ,  félon 
Dnis  d'Halicarnaffe  ,  /.  5.  qui  la  met  près  de  Fiden<&  1 
mis  Gelenius,  fon  interprète, au  lieu  de  Ficentia écrit 
Fiulia.  Elle  étoir  au  -  delà  de  l'Anio  ,  ce  que  croie 
Otelius. 

'ICENTINORUM  GENS,  Ficentini  Se  Pktntis , 
pépies  d'Italie.  Ils  habitoient  fur  la  mer  de  Toscane , 
deaiis  le  promontoire  de  Minerve  ,  qui  les  féparoic 
de  la  Campanie  ,  jusqu'au  fleuve  Silarus ,  qui  étoit  la 
bene  -entre  les  Picentins  ôc  les  Lucaniens.  Dans  les 
teres  ils  s'étendoient  jusqu'aux  limites  des  Samnites  ÔC 
de  Hirpini  ;  limites  qui  nous  font  néanmoins  abfolu- 
mmt  inconnues.  Les  Campaniens  occupèrent  ancienne- 
mnt  lepays  ;  ce  qui  efl  caufe  que  Strabon,  c.  j.  extrême 
er  donnant  les  bornes  de  l'ancienne  Campanie  la  faic 
plis  grande  que  la  nouvelle  ;  car  il  l'étend  jusqu'au 
ficive  Silarus.  Mais  il  appelle  Fktntes  ,  ces  peuples 
qiun  peu  au-deffus  il  avoit  appelles  de  leur  vérita- 
bli  nom  Ficentini  :  Pofl  Campanos  ,  dit-il ,  &  Samnuas 
usine  ad  Fentanos  fnper  Tyrrhenum  mare  Picentinorum 
geii  habitat ,  avulfa  à  Piccntinu  (  Picentibus  )  qui  ad 
//adriaticum  mare  habitant  ,  à  Romanis  tr  an  s  duel  a 
id  Picentinum  Sinum ,  qui  mine  Pœ/lamts  nominatur  ; 
t  plus  bas  il  dit  :  Picemum  (  Picentinorum  )  Caput  fuie 
?icentia.  Pline  ,  /.  3.  c.  j.  ôc  1 3.  eft  plus  exact  à  diflin-» 
mer  les  noms  de  ces  peuples  dans  cette  occafion.  11  ap- 
pelle Fiantes  les  habitans  du  Ficenum  ,  fur  la  mer 
Supérieure  3  Se  nomme  Ficentini  ceux  que  les  Romains 
transférèrent  des  bords  de  la  mer  Supérieure  fur  ceux 
de  la  mer  Inférieure  ,  entre  la  Campanie  &  la  Lucanie. 
Ptolomée  diftingue  pareillement  les  Ficentini  des  Fi- 
centes  ou  Ficeni  ;  mais  il  fe  nompe,  en  ce  qu'il  at- 
tribue aux  premiers  Nola ,  Nuceria ,  Sapi  ,  Oftia  ÔC 
Surrentum ,  lieux  que  tous  les  anciens  mettent  dans  la 
Campanie.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  4.  fe  trompe 
encore  davantage ,  en  attribuant  à  la  Lucanie  tous  les 

lieux 


PIC 


PIC 


lifux  qui  fe  trouvent  depuis  le  Golfe  Pœfïanus  &  la 
ville  de  même  nom,  jusqu'au  promontoire  de  Minerve, 
fans  en  excepter  même  ce  promontoire.  *  Cellarius , 
Ant.  Geogr.  /.  2.  c.  9. 

1TCENTINUM  .  Pez.entinum  ou  Percentinum  ,  ville 
de  la  Pannonie  :  l'itinéraire  d'Antonin  la  met  fur  la 
route  d'Aemona  à  Sirmium  ,  en  paflant  par  Siscia. 
Elle  étoit  entre  Inicerum  6c  Leuconum  ,  à  vingt-cinq 
milles  de  la  première  de  ces  deux  villes,  6c  à  vingt-fix 
de  la  féconde. 

PICENUM,  contrée  d'Italie,  à  l'orient  de  l'Umbrie  , 
&  connue  auffi  fous  le  nom  d'Agcr  Picemis.  Céfar , 
Civ.  I.  1.  c.  12.  dit  qu'il  faifoit  des  levées  dans  tout  le 
Picenum,  &  Pline,  /.  3.  c.  15.  appelle  le  Picenum  la 
cinquième  région  d'Italie.  Ciceron  ,  in  Catil.  2.  2.  pro 
àullu  ,c.  19.  &  alibi.  Sallufte ,  Catil.  bel.  c.  27.  30.  42. 
CT  57.  &  Tite-Live,  /.  22.  c.  9.  fe  fervent  presque  tou- 
jours du  nom  de  Picemis  Ager. Tacite,  /.  3.  c.  42.  en  ufe 
de  la  même  façon  ,  Quà  Picemis  Ager,  dit-  il ,  Hadria 
allmutr,  6c  Silius  Italicus  ,  /.  8.  v.   425.  dit: 

Et  qui  Picea&  fimulat  telluris  alumnos. 

Les  habitans  de  cette  contrée  étoient  appelles  Picen* 
ter.  Ils  étoient  différens  des  Picentini  ,  qui  habitoient 
fur  la  cote  de  la  mer  Inférieure  ,  quoique  la  plupart 
des  écrivains  grecs  appellent  auïïi  les  premiers  nmrayKf. 
Ce  peuple  étoit  fi  nombreux  ,  que  Pline  ,  /.  3  c.  18.  fait 
monter  à  trois  cens  foixante  mille  le  nombre  des  Pi- 
cemes ,  qui  fe  fournirent  aux  Romains.  Les  bornes  du 
Picenum  proprement  dit  s'étendoient  le  long  de  la 
côte  depuis  le  fleuve  Aefits  jusqu'au  pays  des  Prœtu- 
tiani.  Dans  un  fens  plus  étendu,  le  Picenum  compre- 
noit  le  pays  des  Prœtutiani  Se  le  territoire  de  la  ville 
Hadria.  On  prétend  que  Picenum  venoit  de  Ficus ,  en 
françois  Pivert  ,  parce  qu'un  oifeau  de  cette  efpéce 
conduifit  ces  peuples ,  lorsqu'ils  laifferent  la  Sabine  pour 
venir  s'établir  dans  ce  pays.  Voici  les  places  que  Prolo- 
ngée met  dans  le  Picenum  : 


969 


Sur  le  bord  de  la  mer.< 


Dans  l«s  terres. 


Caftrum , 
Cupra  Marïlima , 
Truenti  Fluv.  ofiia , 
Potentia , 
Numana , 
Ancona  , 
Trajana , 
Urbs  Salvia , 
Septempeda , 
Cupra  Montana , 
Firmum  , 
Hadria. 


PI-CHAN  ;  c'étoit  un  petit  royaume  dans  la  Tar- 
tane orientale  ,  du  tems  des  premiers  Khans.  Sa  capitale 
étoit  Pi-chan-tching:  il  y  avoit  alors  cinq  cens  fa- 
milles ,  trois  mille  cinq  cens  perfonnes  ,  cinq  cens 
foldats.  Il  étoit  éloigné  de  cinq  mille  li  de  Signanfou  ,  de 
quatre  mille  deux  cens  quatre- vingt-douze,  vers  le  nord- 
eft  du  gouvernement  chinois ,  de  mille  trois  cens  qua- 
rante ,  vers  le  fud-eft,  du  royaume  de  Ou-tcha  ,  de  mille 
quatre  cens  cinquante»  vers  le  nord  de  Koume,  6c  de 
trois  cens  quatre-vingt ,  vers  le  nord-eft ,  deChao-tche 
ou  Yeiken.  *  Hift.  générale  des  Khans  ,  par  M.  de 
Guignes  ,  t.  2. 

PICH ANGES  ,  annexe  de  la  paroiffe  de  Gémeau, 
dans  la  Bourgogne  ,  diocèfe  de  Dijon.  Ce  lieu  eft  fitué 
fur  le  chemin  de  Langres ,  à  quatre  lieues  de  Dijon  , 
dans  un  pays  affez  uni. 

P1CHAR  ,  petit  peuple  de  l'Amériqnefeptentrionalc  , 
dans  la  Louïfiane ,  aux  environs  du  pays  que  traverfa 
le  fieur  de  la  Salle  ,  pour  aller  de  la  baie  de  S.  Louis 
au  Cénis. 

P1CHERIE,  petite  ville  de  France,  dans  le  Haut-Lan- 
guedoc ,  diocèfe  de  Carcaffonne 

P1CHINCHA ,  montagne  de  l'Amérique  méridio- 
nale dans  l'audience  de  Quito ,  6c  au  pied  de  laquelle 
eft  bâtie  la  ville  de  Quito.  C'eft  une  pointe  de  la  Cor- 
delière ,  &  fur  laquelle  il  y  a  un  volcan,  ainfi  que  fur 
la  plupart  dés  autres.  Celle- ci  eilà  deux  mille  quatre 


cens  trente-quatre  toifes  au-deffus  de  la  mer.  MM, 
Bouguer  &  de  la  Condamine ,  dans  leur  voyage  au 
Pérou ,  pafferent  trois  femaines  fur  le  fommet  du  Pi- 
chiucha. 

PICHITON.  Voyez.  Pizzicitone. 

P1CHTLAND.  Voyez.  Pentland. 

PICIANTES,  peuple  d'Italie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Piciantcs r ,  dit  Ortelius,  ne  feroit-il  point  cor- 
rompu de  Picentes? 

PICIE  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Queicheu.  Elle  eft  de  13  degrés  6  minutes  plus 
occidentale  que  Peking,fous  les  26  degrés  30  minutes 
de  latitude  Septentrionale.  *  Atlas  Sinenjîs. 

PlCINy£,lieu  d'Italie,  entre  Rome  6c  Noie.  C'eft 
l'endroit  où  Sylla  reçut  la  féconde  ambaffade  du  Sénat , 
qui  le  prioit  de  ne  point  marcher  à  main  armée  contre 
la  ville  de  Rome.  Ortelius  remarque  qu'un  ancien  in- 
terprète écrit  Tiripa.  *  Plutarch.   in  Sylla. 

PICIS  MONS  ,  montagne  d'Italie.  Jotnandès  dit  que 
c'eft  celle  où  le  fleuve  Natifo  prend  fa  fource.  Le 
Biondo  6c  Leandre  appellent  préfentement  cette  mon- 
tagne Vefone.  *  Ortel.  Thef. 

PICKERING  ,  bourg  d'Angleterre ,  dans  le  comté 
d  Yorck.  11  a  droit  de  marché.  *  Etat  préf.  de  la  Gr. 
Bret.  t.  1.  p.   126. 

PICNESII ,  peuple  de  la  Haute-Myfie  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  9.  Ses  interprètes  écrivent  Ficcnfii.  Ce 
pourroit  être  les  Picenfes  d'Ammien  Marcellin. 

PICO  ,  ifle  de  l'Océan  ,  &  l'une  des  Açores.  Elle  eft 
à  349  degrés  30  minutes  de  long.  &  3  8  degrés  35  mi- 
nutes de  latit.  à  trois  lieues  fud-eft  de  Faial.à  quatre 
lieues  fud-oueft  de  Saint  George ,  (  a  )  6c  à  12  lieues  fud- 
oueft  quart  à  l'oueft  de  Tercere.  Son  circuit  eft  d'environ 
if  lieues,  Ôc  on  l'appelle  Pico  à  caufe  d'une  haute  monta- 
gne qui  y  eft  nommée  le  Pic  ,  patee  que  c'eft  le  terme 
que  les  Portugais  donnent  à  toutes  les  montagnes  fai- 
tes en  fotme  pyramidale.  Quelques-uns  croient  que  cette 
montagne  fut pafle  en  hauteur  le  Pic  de  Ténériffe(£  ). 
Elle  eft  toute  remplie  de  concavités  6c  de  cavernes  obscu- 
res, 6c  jette  quelquefois  des  flammes  fort  loin.  Au  pied 
de  cette  montagne ,  vers  l'orient,  on  voit  une  fontai- 
ne d'eau  douce ,  qui  de  tems  en  tems  pouffe  des  eaux 
chaudes  &  des  pierres  ardentes,  avec  tant  de  violence, 
qu'elle  les  porte  jusqu'à  la  mer  par  des  lieux  penchans. 
Elle  y  a  entraîné  une  fi  grande  quanrité  de  ces  pierres, 
qu'il  s'en  eft  formé  un  haut  promontoire,  nommé  vulgai- 
remenr  Mijlerios  ,  6c  qui  fe  trouve  éloigné  de  cette  fon- 
taine d'environ  douze  mille  pas.  Les  lieux  les  plus  re- 
marquables de  cette  ifle  font  : 


Pico, 
Lagoas  , 
Sainte  Croix 
Nesquin , 


Saint  Sébaftien , 

Saint  Roch  , 

Plaia, 

La  Magdeléne. 


Les  habitans  fnbfiftent  du  rapport  que  fait  la  terre 
qu'ils  cultivent ,  &  du  bétail  qu'ils  entretiennent.  L'ifle 
eft  fertile  en  diverfes  fortes  de  vivres,  6c  produit  de 
meilleur  vin  que  toutes  les  autres  Açores.EUe  produit  un 
bois  (c)  qu'on  nomme  Teixo  ,  qui  eft  auffi  dur  que  du 
fer ,  6c  qui  étant  mis  en  œuvre  ,  eft  plein  d'ondes 
comme  le  camelot ,  6c  auffi  rouge  que  l'écarlate ,  avec 
un  beau  luftre.  Il  a  encore  cette  qualité  ,  que  plus  il 
eft  vieux ,  plus  il  eft  beau  ;  ce  qui  le  rend  tellement 
précieux  ,  que  perfonne  n'oferoit  en  abbatre ,  fi  ce 
n'eft  pour  le  roi ,  ou  par  la  permiffion  de  les  officiers. 
(  a  )  1 .  Voyage  des  Hollandais  aux  Indes  orientales , 
p.  439.  (b)  Ortel.  Theatr.  Orbis.  {c)  1.  Voyage  des 
Hollandois  aux  Indes  orient,  p.  437. 

PICO,  ou  Sierra  de  Pico,  montagne  d'Espagne  , 
aux  confins  de  la  vieille  6c  de  la  nouvelle  Caftille,  6c  de 
l'Eftramadure.  C'eft  proprement  la  partie  méridionale 
de  deux  chaînes  de  montagnes,  appellée  Sierra  d'Avi- 
la ,  6c  Sierra  de  Tablada ,  qui  fe  joignent  en  cet  en- 
droir. 

PICO  ,  ou  Puerto  de  Pico,  bourgade  d'Espagne  , 
dans  la  Vieille-Caftille  ,  près  de  la  montagne  de  même 
nom ,  fur  la  rive  gauche  du  Tonnes  6c  près  de  fa 
fource  ,  au  midi  de  Villa-Franca.  De  l'ifle  place  ce  lieu 
au  royaume  de  Léon;  mais  il  fe  trompe,  puisque  ls 
Tom.  IV.  Ggg  ggg 


PIC 


97° 

Tonnes  a  fa  fource  dans  la  Vieille-Caftille.  *  Sanf  n  , 
Robert  de  Vaugondy ,  175  1. 

PICO-SACRO,  montagne  d'Espagne,  dans  la  Ga- 
lice ,  entre  la  ville  de  Compoftelle  &  celle  d'Orenfe. 
Elle  eft  faite  en  forme  de  pyramide  ,  &  l'on  tient  qu'on 
y  a  découvert  autrefois  des  mines  d'or.  *  Baudrand , 
Diét. 

P1COLMAYO 1  rivière  de  l'Amérique  méridionale. 
Elle  prend  fa  fource  dans  la  province  de  los  Charcas  , 
près  de  Potofi ,  baigne  la  ville  de  la  Plata ,  &  après 
avoir  traverfé  la  province  de  Chaco ,  &  une  partie  de 
celle  de  la  Plata,  elle  fe  jette  quelques  lieues  au-des- 
fous  de  l'Aflbmption,  dans  la  rivière  de  Paraguai. 

PICONIA ,  nom  de  la  fontaine  qui  fournifloit  à  Ro- 
me l'eau  appellée  Aqua-Marcia  ,  félon  Pline  ,  /.  3 1.  c. 
3  1 .  Le  P.  Hardouin  prétend  qu'au  lieu  de  Picoma,  il  faut 
lire  Pitonia. 

PICOS  FRAGOSOS.  C'eft  le  nom  que  les  Portugais 
donnent  à  des  montagnes  qui  font  proche  le  cap  de 
Bonne  Espérance ,  ce  qui  veut  dire  pointes  âpres  8c 
rudes.  Il  femble  que  ces  montagnes  qui  s'élèvent  au- 
près du  cap  des  Aiguilles  portent  leur  fommet  jusque 
dans  les  nues.  On  voit  au  pied  de  ces  monts  courir  une 
grofle  rivière  qui  vient  du  dedans  du  pays.  *  Davïty , 

Afriq. 

PICQUIGNY.  Voyez.  Pequigny. 
PICR  A  ,  UiKpà. ,  nom  grec  qui  fignifie  amer.  Diodore 
de  Sicile,  /.  17.  c.  49.  le  donne  à  un  lac  d'Afrique 
qu'Alexandre  trouva  fur  fa  route,  lorsqu'il  alla  con- 
sulter l'oracle  de  Jupiter  Ammon,  &  ce  Lac-Amer, 
félon  le  même  hiftorien ,  étoit  à  cent  ftades  des  villes 
qui  portoicnt  le  nom  d'Ammon.  Voici  le  paflage  en 
queflion  :  Ac  primùm  ad  amaram  (  ut  nominant  )  palu- 
dem  devenu.  Inde  ftadia  centum  emenfus ,  urbes  Ham~ 
monis  nomme  célèbres  prétérit. 

PICT^E ,  hôtellerie  fur  la  voie  Latine  ,  à  deux  cens 
dix  ftades  de  Rome  ,  Strabon  , /.  5.  p.  237. 

L'itinéraire  d'Antonin  connoît  aufli  ce  lieu  :  il  l'ap- 
pelle Ad  PiUas ,  8c  le  place  fur  la  même  voie ,  entre 
Roboraiia  &  Compitum  ,  à  dix  fept  milles  du  premier 
de  ces  lieux,  &  à  quinze  milles  du  fécond. 
PICT  AVI.  Voyez.  Pictones. 
PICTAVIA.  Voyez  Augustoritum  &  Poitiers. 
PICTES,  Pitliy  anciens  peuples  de  la  Grande-Bre- 
tagne ,  mais  dont  l'origine  eft  aflez  obscure.  Voyez,  l'ar- 
ticle Ecosse.  Lorsque  les  Romains  attaquèrent  la  Gran- 
de-Bretagne ,  les  Pict.es  occupoient  la  partie  orientale 
de  l'ille,  depuis  la  Tine  jusqu'à  l'extrémité  feptentrio- 
nale.  Sous  les  premiers  empereurs  Romains  il  ne  fe 
pana  dans  la  Bretagne  rien  de  remarquable  où  les  Pietés 
paroiiTent  avoir  eu  part.  Mais  Julien  ,  à  qui  Confiance 
fur  la  fin  de  fon  règne  avoit  donné  le  gouvernement 
de  l'Occident ,  inftruit  des   courfes  que  les  Pietés  ôc 
les  Ecoflbis  faifoient   en  Bretagne ,  envoya  Lupicinus 
pour  les  réprimer  ;  mais  il  le  rappella  bientôt.  Sous  Va- 
îentinien  I ,  l'on  commença  à  attaquer  les  Piétés.  Ces 
peuples ,  de  concert  avec  leurs  voifins  /ayant  attaqué  la 
Province  Romaine,  Nectaridius ,  gardien  des  côtes  ,  le 
duc  Buchobaudes ,  Sévère  8c  Jovin  entreprirent  de  les 
foumettre.  Ce  fut  encore  inutilement ,  car  ils  furent  dé- 
faits tour  à  tour.  Enfin  Théodofe  l'Ancien  y  ayant  été 
envoyé,  augmenta  les  terres  des  Romains  d'un  grand 
pays  qui  appartenoit  aux  Pict.cs.  Dans  la  fuite  les  Pietés 
remuant  encore ,  on  envoya  contre  eux  Maxime  ,  qui , 
dans  le    deflein  de  conquérir  toute  l'ifle ,  fit  alliance 
avec  les  Piétés ,  8c  ,  avec  leur  fecours ,  il  fe  rendit  maî- 
tre du  pays  des  Ecoflbis;  mais  lorsqu'il  voulut  tomber 
fur  les  Piétés   mêmes,  il  lui   furvint  des  affaires  qui 
l'en   détournerenr.    Stilicon ,  tuteur  d'Honorius ,  en- 
voya Victorinus  en  Bretagne  pour  réprimer  les  Piétés  , 
qui  depuis  la   mort    de   Théodofe  recommençoient  à 
faire  des  courfes  dans  la  Province  Romaine.  Les  1  iétes, 
voyant  que  Victcrinus  vouloit  les  traiter  avec  hauteur , 
rappellerent  les  Ecoflbis,  qu'ils  avoient  aidé  aux  Ro- 
mains à  chafler  :  &  ces  deux  nations  s'étant  réunies  ,  fe 
firent  céder  tout  le  pays  au  nord  de  l'Humber  ,  dont 
les  Pietés  8c  les  Ecoflbis  fe  mirent  en  pofleflion.  Vers 
l'an  5  1 1 ,  les  Pietés  s'érant  alliés  des  Saxons  aifiégerent 
Aréclutc;  mais  Arthur  fit  lever  le  flége  ,  ravagea  leur 
pays  d'un  bout  à  l'autre,  8c  l'auroit  entièrement  rui- 


PID 


né ,  fans  l'inrerceflion  des  évêques.  Depuis  l'irruption 
des  Anglo-Saxons,  la  Bretagne  avoit  été  partagée  entre 
les  Bretons  ou  Gallois,  les  Ecoflbis,  les  Piétés  8c  les 
Anglo-Saxons.  Les  Pietés  &  les  Ecoflbis  habitoient  la 
partie  feptentrionale  de-  l'ifle.  L'Esca  8c  la  Twede ,  8c 
les  montagnes  qui  font  entre  ces  deux  rivières  ,  les  fé- 
paroient  des  Anglois.  Les  Pict.es  étoient  à  l'orient,  les 
Ecoflbis  à  l'occident.  Le  mont  Grafbain  étoit  leur  borne 
commune ,  depuis  l'embouchure  de  la  Nyfle  jusqu'au 
lac  Lomond.  Alberneth  étoit  la  capitale  des  Piétés , 
8c  Edimbourg  étoit  encore  à  eux.  Ils  ne  fe  contentèrent 
pas  de  ces  terres.  En  670 ,  ils  attaquèrent  Egfrid ,  roi 
de  tout  le  Northumberland,  qui  les  battit  &  les  con- 
traignit de  lui  céder  une  partie  de  leur  pays  pour  avoir 
la  paix.  Peu  de  tems  après  ils  eurent  leur  revanche , 
&  s'emparèrent  d'une  province  de  la  Bernicie.  Mais  l'an 
840  ,  ayant  perdu  deux  grandes  batailles  contre  Kneth  , 
roi  d'Ecofle ,  le  vainqueur  qui  vouloit  venger  la  mort 
de  fon  père  qu'ils  avoient  tué ,  8c  dont  ils  avoient 
traité  le  corps  avec  indignité  ,  agit  envers  eux  de  la 
manière  la  plus  inhumaine.  11  les  extermina  tellement , 
que  depuis  ce  tems  il  n'eft  plus  refté  que  la  mémoire 
de  cette  nation;  c'eft  par  la  deftruétion  des  Pietés  que 
Kneth  eft  regardé  par  les  Ecoflbis  comme  un  des  prin- 
cipaux fondateurs  de  leur  monarchie. 

PICT1ACA-SILVA  ,  forêt  de  France.  Il  en  efl  parlé 
dans  la  vie  de  S.  Avit ,  prêtre,  cité  par  Ortelius  ,  Thef. 
Voyez.  Pitiacus. 

PICTONES,  peuples  de  la  Gaule  Aquitaniqne.  Ils 
étoient  connus  dès  le  tems  de  Céfar,  qui  ,  lorsqu'il  vou- 
lut faire  la  guerre  aux  Venetes  ,  raffembla  les  vaifleaux 
des  Pitiones ,  des  Santones  8c  des  autres  peuples,  qui 
étoient  en  paix.  Vercingetorix  fe  joignit  avec  les  Pitio- 
nes,  8c  divers  autres  peuples,  pour  s'oppofer  aux  Ro- 
mains -,  8c  les  princes  de  la  Gaule  ordonnèrent  aux  Pi- 
ctones de  fournir  huit  mille  hommes,  lorsqu'il  fur  que- 
flion de  faire  lever  le  flége  de  devant  Alife.  Strabon 
dit  que  la  Loire  couloit  entre  les  Pitiones  8c  les  Nam- 
netes  ;  il  met  les  Pictones  avec  les  Santoncs  fur  l'Océan , 
&  il  les  range  au  nombre  de  vingt  quatre  peuples  qui 
habitoient  entre  la  Garonne  &  la  Loire  ,  &  qui  étoient 
compris  fous  l'Aquitaine.  Pline,  /.  4.  c.  19.  met  pareil- 
lement les  Pittones  parmi  les  peuples  d'Aquitaine.  Lu- 
cain,  /.  4.  v.  43 6. fait  entendre  qu'ils  étoient  libres: 

Pictones  immunes  ftibigunt  fua  rura. 


Ptolomée  écrit  Pettones  ,  &  ajoute  qu'ils  occupoient 
la  partie  feptentrionale  de  l'Aquitaine  le  long"  de  la 
Loire  ,  8c  le  long  de  la  côte  de  l'Océan.  Il  leur  donne 
deux  villes ,  favoir. 

Augujloritum,  8c  Limonum. 

Sanfon  ,  dans  Ces  remarques  fur  la  carte  de  l'ancien- 
ne Gaule,  dit  que  les  Pictones  font  les  peuples  desdio- 
cèfesde  Poitiers  ,  Maillezais  &  Luçon  ,  qui  ont  été  au- 
trefois tous  compris  fous  lediocèfede  Poitiers.  *  Ha- 
dr.  Valefïi,  Not.  Gall.  p.  448. 

PICTONIUM,  promontoire  de  la  Gaule,  dans, 
l'Aquiraine.  Ptolomée,  /.  2.  c.  7.  le  place  entre  l'em- 
bouchure du  fleuve  Canentellus  8c  le  port  Sigor.  Le 
texte  grec  porte  Peclonium  au  lieu  de  Pillonium.  Mer- 
cator  nomme  ce  promontoire  Vornoc.  Clufius  dit  que 
c'eft  Talmondo  -,  félon  toutes  les  apparences  c'eft  la 
pointe  des  fables  d'Olonne. 

PICUENTUM  ,  ville  de  l'Iftrie.  Elle  eft  placée  par 
Ptolomée,  l.  x.  c.  1.  dans  les  terres,  entre  Pucinum 
8c  Alvum.  Quelques  exemplaires  portent  Fiquentum. 
Leander  dit  qu'on  la  nomme  préfentement  Pwguento. 

Voyez.  PlNGUENTE. 

PICUL1A.  Ko>^Picentia. 

PIDA  ,  ville  de  la  Cappadoce ,  dans  le  Pont  Ga- 
latique.  Ptolomée  ,  /.  5.  c.  6.  la  met  dans  les  terres, 
entre  Pleuramis  8c  Sermuta. 

PIDDLE  ,  petite  rivière  d'Angleterre  ,  dans  le  Dor- 
fetshire.  Son  cours  qui  eft  fort  court ,  eft  du  nord  au 
fud-eft.  Après  avoir  arrofé  la  ville  de  Wareham  au 
nord ,  elle  fe  rend  dans  la  mer  à  la  baie  de  Pool. 


PIE 


PIE 


PIDEN ,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte,  félon 
Pline  ,  /.  6.c.  29. 

P1DIBOTAS  ,  ville  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte. 
Ceft  Pline  qui  en  parle ,  /.  6.  c.  29. 

PIDO.  Le  lexicon  de  Phavormus  donne  ce  nom  à 
un  peuple  de  l'ifle  d'Ithaque. 

PIDORUS  ,  ou  I'iuor,  ville  de  Macédoine,  dans 
la  Chalcidie  ,  fur  le  bord  occidental  du  golfe  Singiti- 
que.  Il  eft  parlé  de  cette  ville  dans  Hérodote,  /.  7.  n. 
122. 

PIDOSUS,  ifle  fur  la  côte  de  la  Carie.  Pline  ,  /.  j. 
c.  31.  dit  qu'elle  n'étoit  pas  éloignée  d'Halicarnafle.  Il 
fait  entendre  pourtant  qu'elle  étoit  hors  du  golfe  Cé- 
ramique. 

PIDRI,  ville  d'Egypte,  dans  I'Ambrene,  au  voifi- 
nage  de  la  ville  Héliopolis,  félon  Siméonle  Métaphra- 
fte  ,  dans  la  vie  de  S.  Théodore  l'Archimandrite. 

PIED  ,  forte  de  mefure.  Voyez,  Mesures  itinérai- 
res. 

PIE-DI-LUCO  ,  c'eft  ainfi  que  Léander,  Ducato  di 
Spoleco,  p.  99.  verfo ,  écrit  le  nom  d'un  lac  d'Italie, 
dans  l'Umbrie ,  autrement  dans  le  duché  de  Spolete  \ 
d'autres  écrivent  Pic-diLugo.  Voyez,  au  mot  Pic,  l'ar- 
ticle Pic-di-Lugo. 

PIEDIMONTE  ,  bourgade  confidérable  d'Italie,  au 
royaume  de  Naples ,  au  pied  d'une  des  plus  hautes 
montagnes  de  l'Apennin ,  où  il  y  a  une  bonne  fabrique 
de  draps.  L'évêque  d'Atife  y  fait  fa  demeure ,  depuis 
que  fa  ville  épiscopale  a  été  presque  entièrement  ruinée. 
L'une  Se  l'autre  font  dans  la  Terre  de  Labour,  vers. les 
confins  du  comté  de  Moliffe.  *  Le  père  de  Charte- 
voix  ,  mémoires  manufcrits. 

PIEHAI  ,  petit  lac  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chekiang,  près  de  la  ville  de  Caihoa.  On  le  nomme 
Piehai ,  à  caufe  des  écreviffes  blanches  qu'il  produit. 
Piehai  en  langue  chinoife  veut  dire  une  éctevifle  blanche. 
*  Atlas  Sinenjts. 

PIELA  ,  bourg  de  l'ifle  de  Cypre  ,  à  deux  heures  de 
chemin  de  Larnica  ,  fur  la  route  de  cette  ville  à  Fama- 
goufte.  Le  Brun  dit,  dans  fon  voyage  au  Levant,  t.i. 
p.  47y.  qu'il  trouva  à  Piela  les  relies  d'un  grand  bâ- 
timent, ôc  quatre  petites  églifes  à  l'antique.  On  y  voit 
un  ruiffeau  d'eau  courante,  qui  vient  des  montagnes 
voifines ,  Se  qui  fait  que  ce  bourg  ne  manque  jamaisd'eau. 

PIEMONT ,  contrée  d'Italie ,  bornée  au  nord  par  le 
Vallais ,  à  l'orient  par  le  duché  de  Milan  ,  au  midi  par 
le  comté  de  Nice  Se  par  la  feigneurie  de  Gènes ,  Se  à  l'oc- 
cident par  le  Dauphiné.  Cette  contrée  qui  a  le  titre  de 
ptincipauté  eft  une  des  plus  confidérables,  des  plus  fer- 
tiles Se  des  plus  agréables  de  toute  l'Italie.  Le  nom  de  Pié- 
mont que  l'on  rend  en  latin  par  celui  de  Pedemontium  n'eft 
guère  ufitéque  depuis  fixa  feptfiécles.  11  a  été  occafionné 
parlafituationdu  pays  au  pieddes  Alpes  maritimes,  Cot- 
tiennes  &  Grecques  ,  an  milieu  desquelles  fe  trouvent  le 
Piémont.  Autrefois  cette  contrée  faifoit  pattie  des  plai- 
nes de  la  Ligurie  :  dans  la  fuite  elle  fit  partie  de  la  Cifal- 
pine  ;  enfuite  devint  une  portion  du  royaume  de  Lom- 
bardie.  Sa  longueur  peut  ctrede  cent  vingt  mille  pas,  &  fa 
largeurd'environ  quatre-vingt-dix  mille.  Le  Pô  ,  le  Tana- 
ro ,  la  Doire,  la  Sture ,  le  Bello ,  &  la'Bormia  pas- 
fent  au  milieu  de  ce  pays ,  fans  parler  de  près  d'une 
vingtaine  d'autres  rivières  qui  l'arrofent. 

On  croit  que  le  Piémont  fut  premièrement  habité  par 
les  Umbriens ,  les  Etrusques  Se  les  Liguriens  :  les  Gau- 
lois ,  qui  entrèrent  en  Italie  ,  fous  la  conduite  de  Bren- 
nus  Se  de  Bellovèfe,  s'établirent  en  partie  dans  ce  pays  , 
qui  dans  la  fuite  fut  occupé  par  divers  peuples  &  partagé 
entr'eux.Les  Liguriens, fui  nommés  Statielli,  habitèrent  la 
partie  orientale.  Les  Vagenni  ou  Bagienni  leur  fuccéde- 
rent  dans  le  pays  qui  eft  entre  le  Pô  Se  le  Tanaro.  Les  Tau- 
rini  s'établirent  entre  le  Pô  Se  la  petite  Doire ,  Doria  Ri- 
paria  ,  Se  s'étendirent  dans  la  fuite  jusqu'aux  Alpes.  Les 
SalaJJî  ,  divifés  en  fupérieurs  &  inférieurs  habitèrent  en- 
tre les  deux  Doires.  Enfin  les  Libici ,  Lebui  ou  Lebetii , 
occupèrent  cette  partie  de  la  Gaule  Cifalpine,  qui  for- 
me les  territoires  de  Verceil  Se  de  Biele,  entre  la  grande 
Doire  ,  Doria  Baltea  Se  la  Sejîa.  *  Theatrum  Pedemon- 
tii  ,t.\.p.  1 . 

Les  montagnes  qui  entourent  le  Piémont  abondent  en 
mines  d'or ,  d'argent,  de  cuivre  Se  de  fer  :  les  rivières  pro- 


971 

duifent  des  poifions  excellens,  Se  les  forets  noiuriflent 
quantité  de  bêtes  fauves  ,  dont  la  chaffe  clt  réfei  vée  au 
prince.  La  terre  en  outre  eft  extrêmement  fertile  ;  ce  qui 
a  fait  de  tout  tems  que  le  pays  a  été  très-peuplé.  Aufll  voit- 
on  qu'anciennement  il  y  a  eu  dans  cette  contrée  un  grand 
nombre  de  villes ,  dont  la  fituation  eft  connue ,  Se  dont 
la  plupart  fubfiftent  encore  aujourd'hui  ;  de  ce  nombre 
font  : 

Taitrinaurum  Augufta  ,  Turin  , 

Eporedia,  Ivrée, 

VercelU  Libitorum  ,  Verceil , 

Augufta  Pretoria  ,  Aoufte , 

A  fia  Pompeia ,  Afti , 

Alba  Pompeia  ,  Albe  , 

Segufium  on  Secufium ,  Suze  , 

Carrea  Potentia  ,  Chieri  , 

Augujla  Bagiennorum ,  Benne, 

Ceba ,  Ceva, 

Verricium  ou  Variez. ,  Verrue  , 

Bardum ,    Bardo  , 

Ocella  ou  Ocetlum  ,  Uffeglio  , 

Cottia ,  Coazze  , 

Salutiœ ,  Saluées , 

Carifiium  ,  Cairo  , 

Morts- Jovis ,  Mont- Jouet  , 

Potlentia ,  Pollenzo ,  ville  ruinée. 

Les  anciennes  villes  dont  on  connoît  le  nom ,  mais 
dont  on  ignore  la  fituation ,  font  : 


Forum  Julii , 
Forum  Vibii , 


Iria , 

Amilitx. 


Entre  les  anciennes  villes  du  Piémont  ,  Turin  \ 
Aoufte,  Verceil,  Afti ,  Jorée  ,  Se  Albe,  eurent  l'avan- 
tage de  recevoir  de  bonne  heure  l'évangile  Se  d'avoir  des 
évêques  Se  ce  ne  fut  que  plufieurs  fiécles  après  que  Mon- 
dovi  ,  Salaces  Se  Foffano  eurent  le  même  avantage. 
Tous  ces  évêques  furent  d'abord  fuffragans  de  l'archevê- 
que de  Milan  ;  mais  comme  la  ville  d'Aoufte  pafTa  fous 
la  domination  des  derniers  rois  de  la  Bourgogne  Cis-Ju- 
rane ,  fon  évêque  fut  fait  fuffragant  de  l'archevêque  de 
Tarantaife  ,  à  qui  il  eft  encore  aujourd'hui  fournis.  De- 
puis l'an  15  15  ,  l'évêque  de  Turin  a  été  élevé  à  la 
dignité  archiépiscopale ,  &  les  évêques  d'Ivi  ée  ,  de  Mon- 
dovi  Se  de  Foffano  reconnoiffent  fa  métropole.  Les 
autres  évêques  de  Piémont ,  ont  continué  à  reconnoî- 
tre  la  jurisdidtion  de  l'archevêque  de  Milan  ,  à  l'ex- 
ception de  celui  de  Saluées,  qui  dépend  immédiatement 
du  pape. 

Outre  les  villes  épiscopales,  il  y  en  a  beaucoup  d'autres 
décorées  du  titre  de  cités  ducales  ,  Se  qui  font  plus 
confidérables  que  la  plupart  des  villes  épiscopales  des 
autres  pays.  Charles  Emmanuel,  premier  du  nom  ,  choi- 
fit  douze  de  ces  villes  pour  en  faire  les  capitales  d'au- 
tant de  provinces ,  afin  que  la  juftice  pût  être  admi- 
niftrée  avec  plus  d'ordre  dans  le  Piémont.  Ces  dou- 
ze villes  furent  : 


Turin  , 

Savigliano , 

Ivrée  , 

Chieri , 

Afti, 

Biele  , 

Verceil  , 

Suze  , 

Mondovi , 

Pignerol  , 

Saluées  , 

Aoufte. 

La  plupart  de  ces  villes  font  fortifiées  ,  Se  il  y 
a  encote  diverfes  autres  fonereffes  Se  châteaux  où  l'on 
tient  garnifon  pour  la  fureté  du  pays.  A  l'égard  des 
petites  villes  &  des  bourgs ,  dont  les  uns  font  tout 
ouverts  ,  Se  les  autres  fermés  de  murailles  ,  on  en 
fait  monter  le  nombre  à  mille.  Ils  font  fi  voifins  les 
uns  des  autres ,  que  l'on  pourroit  dire  en  quelque  ma- 
nière que  le  Piémont  n'eft  pas  une  contrée  ,  mais 
une  ville  de  trois  cens  mille  pas  de  circuit.  Ce  pays 
rapporte  prodigieufement  à  fon  fouverain.  Lorsque 
Henri  IV  ,  roi  de  France  ,  demanda  au  duc  Char- 
les Emmanuel  I ,  quel  revenu  il  tiroir  de  fes  états , 
le  duc  ne  craignit  point  de  dire  :  Je  tire  ce  que  je 
Tom.  IV.  G  g  g  g  g  g  ij 


*  Magin 


97a       PIE 

pu.  s  de  la  Savoy e  ,  &  du  Piémont  j'en  tire  ce  que  je 
veux. 

La.  grande  fertilité  du  pays  fait  que  dans  quelques  en- 
droits les  habitans  font  un  peu  parefleux ,  6c  s'adon- 
nent beaucoup  aux  plaifirs  de  la  table.  Cependant 
en  général  ils  aiment  le  travail  ,  ils  font  indu- 
ftrieux  ;  ils  cultivent  également  l'art  militaire  6c  les 
belles  lettres,  principalement  ceux  qui  forcent  de  leur 
pays.  On  loue  encore  les  Piémontois  fur  leur  poli- 
teffe  pour  les  étrangers ,  fur  leur  fidélité  pour  le  fou- 
verain.  Mais  on  reproche  aux  habitans  de  Turin  le 
défaut  de  fincérité  6c  la  fainéantife  :  un  grand  babil  à 
ceux  de  Chieri  :  une  diflimulation  extrême  à  ceux  de 
Biele  :  l'humeur  queteJleufe  à  ceux  de  Mondovi  :  une 
grande  rufticité  a  ceux  du  Val  d'Aoufte  :  une  extrême 
fiupidité  à  ceux  du  marquifat  de  Saluées  6c  de  la 
province  de  Coni ,  qui  font  naturellement  fujets 
aux  gouetres.  Au  ici  te  un  des  plus  grands  avantages  du 
Piémont  ,  c'eft  d'avoir  une  noblefle  nombreufe  6c  des 
plus  diftinguées.  On  y  trouve  plufieurs  familles  qui  ti- 
rent leur  origine  de  quelques  rois  ou  de  quelques  prin- 
ces fouverains  ce  qui  faic  que  la  cour  de  Turin  a  tou- 
jours été  une   des  plus  brillantes  de  l'Europe. 

On  ne  fouffre  point  d'autre  religion  dans  le  Pié- 
mont que  la  catholique  romaine  :  aiilll  y  compte-t-on 
plus  de  trente  abba)es  ;  outre  un  grand  nombre  de 
prieurés ,  de  riches  commenderies ,  6c  d'autres  béné- 
fices. 

PliEMONTE,  ville  d'Italie,  dans  l'Ifliie ,  dans  les 
terres  ,  entre  les  rivières  Dragonna  6c  Quiéto  ,  au  mi- 
di de  Portolo  ,  6c  au  nord  de  Grifignana. 
Carte  de  l'Iftrie. 

PIENGIT.4L ,  peuples  de  1a  Sarmatie  ,  en  Europe. 
Ptolomée  ,  /.  3.  c.  5.  les  place  avec  les  Biejft ,  au 
pied  du    mont  Carpatus 

P1ENNE  ,  abbaye  de  France  ,  dans  le  Berry.  Elle  eft 
en  régie,  6c  à  la  nomination  du  roi. 

PIENSIS,  ou  Pientio  lîége  épiscopal  d'Afrique, 
dans  la  province  Proconfulaire.  Parmi  fes  évêques  ,  on 
trouve  Fclix  Pienfis.  *  Harduin.  Collect.  Conc. 

P'IENXIAO,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu ,  au  département  de  Chinyuen  , 
quatrième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  pdeg. 
50  min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  27  deg. 
20  minutes  de  latitude  feptentrionak.  *  Atlas  Sinen- 
fis. 

PIENZA  ,  Corfimanum ,  ville  de  la  Toscane ,  dans 
le  Siénois,  vers  les  confins  de  l'Etat  de  l'Eglife ,  en- 
tre Monte  Pulciano  6c  S.  Quirico.  Ce  n'étoit  autre- 
fois qu'un  bourg  appelle  Corignano  ;  mais  le  pape  Pie 
II,  qui  étoit  originaire  de  ce  lieu,  lui  ayant  donné  fon 
nom  ,  en  fit  une  ville  épiscopale.  François  George  Sié- 
nois fut  l'architecte.  11  bâtit  la  cathédrale,  le  palais 
épiscopal  ,  les  murailles  6c  les  fortifications  de  la  ville, 
6c  le  palais  du  gouverneur  6c  du  public.  *  Magin, 
Caire  du  Siénois.  Corn.  Dict. 

PIEPHIGI,  peuples  de  la  Dacie.  Ptolomée,  /.  3. 
C.  8.  dit  qu'ils  habitoientau  midi  des  Senfii. 

PIERA  ,  fontaine  du  Péloponnèfe  ,  dans  l'Elide.  Elle 
étoit,  félon  Paufanias  ,  /.  5.  c.  16.  dans  la  campagne 
que  l'on  trouvoit  en  allant  de  la  ville  Olympia  ,  dans 
l'Elide. 

PIERES,  peuples  voifins  de  la  Macédoine.  Pline, 
/.  4.  c.  10.  les  met  dans  la  Macédoine,  même  auprès 
des  Treres  6c  des  Dardan'u  Hérodote  ,  /.  7.  &  Thu- 
cydide ,  /.  2.  p.  168.  parlent  auffi  de  ces  peuples, 
qui  étoient  les  habitans  de  la  Piérie.  Voyez.  Pieria  , 
n.  1. 

PIERGO  ,  ou  Pirgo  ,  rivière  de  l'Albanie,  avec 
une  ville  de  même  nom.  Cette  rivière  a  fon  embou- 
chure à  l'entrée  du  golfe  de  Venife,  entre  le  Port- 
Cheviaft ,  Si  Porro-Novo.  On  ctoit  que  c'eft  la  riviè- 
re JEas  de  Strabon.  Voyez.  ALas.  Robert  de  Vaugondy  , 
Atlas  ,  qui  appelle  la  ville  Pirgo,  nomme  la  rivière 
Pallona.  *  Cor;?.  Dict. 

1.  PlEilïA  ,  contrée  de  h  partie  orientale  de  la  Ma- 
cédoine ,  fui  le  golfe  Theimaïque.  Ptolomée,  /.  x.c. 


PIE 


Sur  la  côte. 


Dans  les  terres. 


.Lydii  fluv.  oftia  t 

Pid/ni , 

\  Ahacmonis  fluv.  ojlia  , 
|  Dium  Colonia , 

Pbarybifluv.  oftia  , 
'Penei  fluv.  oftia. 

■  Pbylactz , 
.ValU. 


Strabon,  Excerpt.  I.  7.  fine,  donne  des  bornes  dif- 
férentes à  la  Piérie.  11  ne  la  commence  du  côté  du  midi 
qu'au  fleuve  Aliacmon  ,  6c  la  termine  du  côté  du 
nord  au  fleuve  Axius.   Il  nomme  les  habitans  Perio- 

T/€. 

2.  PIERIA  ,  contrée  de  Syrie,  dans  la  Séleucide, 
dont  elle  faifoit  partie.  Elle  nroit  fon  nom  du  mont 
Pierius  ,  ou  Pieria  ,  que  les  Macédoniens  avoient  ainfi 
nommé  à  l'imitation  du  mont  Piérius  ,  qui  étoit  dans 
leur  patrie.  Voyez,  Pieria,  n.  5.  On  ne  peut  point  dire 
quelle  ville  maritime  Piolomée,  /.  j.  c.  if.  donne  à 
la  Piérie  ;  car  dans  fa  defeription  de  la  Syrie,  il  fe 
contente  de  rapporter  tout  de  fuite  les  lieux  qui  font 
le  long  de  la  côte  ,  depuis  la  Cilicie  jusqu'à  la  Phénicie, 
fans  diftinguer  ceux  qui  appartiennent  a  la  Piérie  ,  à  la 
Séleucide  ,  6c  à  la  Cafiotide  11  donne  feulement  à  la 
Piérie  quatre  places  dans  les  terres ,  favoir  : 

Pinara ,        Pagrœ ,       Syriœ ,        Pyla. 

3.  PIERIA,  ville  de  Macédoine,  félon  Suidas,  in 
ver bo  Kphuv. 

4.  PIERIA  ,  montagne  de  Thrace,  félon  Ortelius, 
qui  cite  le  fcholialle  d'Apollonius.  C'eft  fur  cette  mon- 
tagne que  demeuroit  Orphée  ;  6c  ce  pourroit  être  la 
même  que  le  mont  Pangée. 

y.  PIERIA,  montagne  de  Syrie,  ainfi  appellée  à 
l'imitation  d'une  montagne  de  même  nom  en  Grèce. 
Cette  montagne  donnoit  le  nom  à  une  contrée ,  qui 
faifoit  partie  de  la  Séleucide.  Strabon .  /.  i  G.  p.  751.  die 
qu'elle  s'étendoit  du  midi  au  nord ,  6c  alloit  fe  join- 
dre avec  le  mont  Amanus.  Ortelius  foupeonne  que 
ce  pourroit  être  la  même  montagne ,  que  Guillaume 
de  Tyr,  /.  4.  c.  10.  appelle  Mortana  Nigra. 

6.  PIERIA,  lieu  du  Péloponnèfe,  au  voifinage  de 
Lacédemone ,  félon  Etienne  le  géographe ,   in   verbo 

"S-OLilùÇ. 

7.  PIERIA  ,  ville  de  la  Bœotie.  C'eft  Jean  deTzet- 
zès ,  qui  en  fait  mention.  11  ajoute  que  dans  la  fuite 
elle  fut  appellée  Lyncos ,  Avyy.oç. 

8.  PIERIA,  montagne  de  la  Bœotie,  félon  Jean 
Tzetzès  ,  ciré  par  Ortelius. 

9.  PIERIA.  Voye    Sileucia. 

10.  PIERIA  SILVA,  forêt  de  la  Macédoine,  dans 
la  Piérie.  Tite  Live  ,  /.  44.  c.  43.  dit  que  ce  fut  dans 
cette  foret  que  fe  fauva  Perfée ,  après  avoir  été  battu 
par  les  Romains. 

PIERICUS  SINUS.  On  appelloit  ainfi  ,  félon  Thu- 
cydide, /.  2-.  p.  168.  un  espace  de  terre  qui  fe  trouvoit 
dans  la  Piérie ,  entre  le  mont  Pangée  6c  le  bord  de 
la  mer. 

P1ERIOT.E.  Voyez.  Pieria,  n.  1. 

PIERIUS.  K*>«.  Pierus. 

PIERORUMMURI ,  murailles  de  la  Macédoine ,  au 
voifinage  du  mont  Pangée.  Ortelius ,  qui  cite  Héro- 
dote ,  dit  que  ces  murailles  étoient  au  nombre  de 
deux  ,  l'une  appellée  Niphrage  ,  6c  l'autre  Pergame.  Je 
ne  fais  de  quelle  édition  Onelius  s'eft  fervi:  celle  de 
Gronovius  appelle  ces  murailles  Mûri  Pierum  ,  6c 
porte,  /.  7.  n.  112.  qu'on  nommait  l'une  Phagra  ,  6c 
l'autre  Pergamus.  Voici  le  partage  en  queftion  :  Xer- 
xcs  fecundo  loco  tranftit  mur  os  Pierum ,  quorum  uni 
nomen  eft  Phagra. ,  alteri  Pcrgamo. 

1.  PIERRE.  Mot  qui  fignifie  un  corps  dur,  qui  ne 
fe  liquifie  point,  6c  que  la  na'urca  formé  d'une  terre 
fimple,  fans  beaucoup  d'altération  ;  ce  mot,  dis-je,  a 


15.  la  borne  au  nord  par  le  fleuve  Luriias ,  &  au  midi      été  employé  dans    la  géographie,    pour  défigner  des 
par  le  fleuve  Penée.  Il  y  met  les  places  fuivantes  :  forts  ,  des  châteaux  &  des  tours  bâties  fur  des  rochers. 

Des  villes  même  en   ont  pris  le  nom,  ainfi  que  di- 


PIE 


vers  autres  lieux.  Il  ell  parle  dans  l'écriture  fainte  de 
diverfes  pierres  ou  rochers  remarquables ,  par  quel- 
ques événemens  particuliers.  Les  Hébreux  ont  donné 
quelquefois  le  nom  de  pierre  ou  de  rocher  aux  rois . 
aux  princes,  Se  à  Dieu  même.  Jofeph  dans  l'Egypte 
devint  la  pierre  d'Ifracl.  *  Genef.  49 ,   24. 

z.  PIERRE  ,  lieu  de  France,  dans  la  Lorraine  ,  au 
diocèfe  de  Toul.  C'en:  une  annexe  de  la  paroiffe  de  S. 
Chriftophe  ,  8c  c'étoit  autrefois  une  paroiffe  en  titre. 
On  trouve  dans  fon  territoire  le  prieuré  de  Saint  Ni- 
colas de  la  Rochotte  ,  fondé  vers  la  fin  du  onzième  fié- 
cle  ,  par  Lutuphle ,  doyen  de  l'cglife  de  Toul.  L'évê- 
que  Pitou  en  fie  la  dédicace.  Son  revenu  eft  de  cinq 
cens  livres.  Il  fut  uni  à  l'abbaye  de  Saint  Léon  en  1537. 
Il  y  a  auffi  un  hermitage  dédié  à  fainte  Reine.  Il  cil 
bâti  fur  un  rocher  ,  au  bord  de  la  Mofelle. 

3.  PIERRE,  ou  la  Pierre,  paroiffe  de  France, 
dans  la  Haute-Normandie,  avec  titre  de  baionnie.  Elle 
cil  fituée  près  de  l'abbaye  de  Saint  Victor  en  Caux  , 
un  peu  au-deffous  de  la  fource  d'une  petite  rivière , 
nommée  la  Scie.  *  Cor».  Dicl. 

4.  PIERRE  (  rivière  de  la  ) ,  rivière  de  l'Amérique 
ieptentrionale ,  dans  l'Ole  de  Saint  Domingue  ,  à  la 
côte  occidentale  du  quartier  du  nord  de  l'ifle  ,  près  &c 
au  midi  du  port  à  Piment ,  Se  des  falines  de  Cori- 
don. 

5.  PIERRE  ANGULAIRE  (la).  Ceft  celle  qu'on 
met  à  l'angle  du  bâtiment,  foit  qu'on  l'explique  de  celle 
qui  fe  met  au  fondement  de  l'édifice ,  ou  de  celle  qui 
fe  met  au  haut  du  mur.  Jesus-Christ  eilla  pierrean- 
gulaire  ,  qui  a  été  rejettéepar  les  Juifs ,  mais  qui  ell  de- 
venue la  pierre  angulaire  de  l'Eglife  ,  Se  Piètre  qui 
réunit  la  fynagogue  Se  la  gentiiité  dans  l'union  d'une 
même  foi,  d'un  même  baptême  ,  d'une  mêmeéglife.  * 
Dom  Calmet,  Diél. 

6.  PIERRE  DE  BOHEN ,  ou  Asen-Bohen.  La  fron- 
tière de  la  tribu  de  Juda  palfoit  cie  l'Aquilon  à  Beth- 
Araba,  Se  montoit  à  la  Pierre  de  Bohen  ou  Boen, 
fils  de  Ruben.  *  Jofu é,  1  y  ,  G  ;   18,  17. 

7.  PIERRE-BRUNE,  montagne  de  France ,  dans  le 
Limoufin  ,  à  fix  lieues  de  Limoges.  Cette  montagne  eil 
très-haute.  Le  fieur  de  Rodez  y  trouva  en  1703  ,  quel- 
ques mines  de  plomb  Se  d'étaim  ,  qui  n'ont  pas  réuffi. 

8.  PIERRE-BUFFIERE ,  petite  ville  de  France ,  dans 
le  Limoufin ,  à  quatre  lieues  de  Limoges ,  fur  le  che- 
min de  Brive.  Elle  a  le  titre  de  première  baronnie 
du  Limoufin ,  titre  qui  lui  elt  néanmoins  disputé  par- 
la baronnie  de  Laftours.  Elle  a  été  autrefois  poffédée 
par  des  feigneurs  du  nom  de  Pierre  Buffiere  ,  dont  la 
maifon  étoit  très-confidérable;  mais  qui  eil  à  préfent 
éteinte.  Elle  appartient  préfentement  aux  héritiers  du 
feu  marquis  de  Sauvebœuf.  *  Pïganiol ,  Defc.  de  la 
France,  r.  6.  p.   365. 

9.  PIERRE  CHASTEL,  chartreufe  de  France  aune 
lieue  de  la  ville  de  Bellay  ,  bâtie  fur  la  pointe  d'un  ro- 
cher, dans  une  fortereffe,  qui  fert  de  clef  à  la  France  pour 
paffer  en  Savoye.  Elle  a  été  fondée  par  Bonne  de  Bour- 
bon en  1592,  en  exécution  du  teftament  de  fon  ma- 
ri. Les  ducs  de  Savoye  l'ont  toujours  fort  confidérée. 
Ceft  là  qu'ils  ont  donné  commencement  à  l'ordre  mi- 
litaire de^l'Annbnciade ,  Se  autrefois  lorsqu'on  y  rece- 
voir un  chevalier,  on  lui  donnoit  l'habit  de  Chartreux, 
qu'il  portoit  tout  le  jour  de  fa  réception  ,  Se  il  affi- 
ftoit  ainfi  à  l'office.  *  Voyage  de  Martenne. 

10.  PIERRE-CLOS  ,  paroiffe  de  France ,  dansla  Bour- 
gogne ,  diocèfe  de  Mâcon.  Elle  ell  fituée  dans  des 
montagnes  incultes.  Le  pays  eil  couvert  du  côté  de 
Mâcon  ,  Se  il  y  a  un  petit  vignoble.  Le  ruiffeau  de 
Gosne  paffe  par  cette  paroiffe ,  &  y  fait  tourner  quel- 
ques moulins. 

11.  PIERRE-COURT,  paroiffe  de  Fiance,  dans 
la  Haute -Normandie,  au  diocèfe  de  Lifieux,  entre  Ber- 
nay ,  Lifieux  Se  Cormeilles,  près  de  Marolles.  Cette 
paroiffe  a  un  château  à  titre  de  marquifat. 

12.  PIERRE  DU  DESERT,  c'eft  la  ville  de  Petra. 
Voyez.  l'article  Petra. 

13.  PIERRE  DE  DIVISION.  Ced  le  rocher  où 
David  Se  fes  gens  étant  affiégés  par  Saiil ,  on  vint  dire 
à  ce  prince  que  les  Philillins  a  voient  fait  irruption  dans 


PIE  97 

le  pays  j  ce  qui  1  obligea  d'abandonner  fon  cmicpilfe 
*  I.  Keg.  23  ,  28  ,  Sec. 

14.  PIERRE-ENCISE  ,  ou  Pierre-Scize,  Petra- 
Scijfa ,  château  de  France,  Se  prifon  d'état,  dans  le 
Lyonnois,  proche  de  la  Sône  ,  vis-à-vis  de  Lyon.  C'é- 
toit autrefois  la  demeure  des  archevêques  de  Lyon  ; 
mais  comme  il  étoit  un  peu  trop  éloigné  de  la  cathé- 
drale ,  ils  en  firent  bâtir  un  autre  auprès  de  cette  égli- 
fe  ,  Se  celui  de  Piene-Encife  fut  fort  négligé.  Louis 
XIII  ,  ayant  trouvé  à  propos  d'y  mettre  garnifon, 
don  Alphonfe  du  PleiTis  -  Richelieu ,  archevêque  de 
Lyon  Se  cardinal  ,  en  céda  la  propriété  à  ce  prince , 
moyennant  la  fomme  de  cent  mille  livres  ,  qui  fut 
employée  à  l'cmbelliffement  du  nouveau  palais  archi- 
épiscopal. 11  y  a  dans  ce  château  un  capitaine  entrete- 
nu ,  une  compagnie  de  trente  hommes  d'infanterie  ,  un 
lieutenant  Se  un  fergent.  *  Piganiol,  Defc.  delà  Fian- 
ce,  t.   6.  p.  2J2. 

1;.  PIERRE  D'ETHAN  (la),  rocher  dans  lequel 
Samfon  demeura  caché,  pendant  qu'il  faiibit  la  guerre 
aux  Philillins.  *  Judic.  15  ,   S. 

16.  PIERRE  D'EZEL(la).  Ceft  la  pierre,  ou  le 
rocher,  duquel  David  devoir  attendre  la  réponfe  de 
fon  ami  Jonathas.  *  I.  Keg.  19,  20. 

17.  PIERRE-FITTE  ,  bourg  de  France,  dans  l'Or- 
léanois ,  éleélion  d'Orléans. 

18.  PIERRE-FONDS  ,  Vetri-Fons  ,  ville  de  France  , 
en  Picardie ,  au  duché  de  Valois ,  élection  de  Crépy. 
Il  y  a  une  prévôté  ,  un  bailliage  Se  une  châtellenie. 
Le  château  qui  eft  fur  un  rocher,  vis-à  vis  de  la  forêt 
de  Guife ,  étant  échu  aux  rois  de  France ,  devint  une 
place  de  bonne  défenfe ,  Se  fut  rebâti  fur  fes  anciens 
fondemens  par  Louis ,  duc  d'Orléans  ,  comte  de  Va- 
lois ,  vers  l'an  1 300.  Il  n'écoit  pas  encore  achevé,  lorsque 
ce  prince  fut  affaffmé  à  Paris  ,  rue  Barbette  ,  au  Marais  : 
ainfi  l'ouvrage  demeura  imparfait  Se  le  château  eft  de- 
puis tombé  peu  à  peu  en  décadence. 

La  châtellenie  Se  la  prévôté  de  Pierre-Fonds  reffor- 
tiffent  au  fiége  préfidial  de  Senlis ,  Se  s'étendent  d'un 
côté  jusqu'au  Bourget  en  Parifis,  &  d'un  autre  jus« 
qu'auprès  de  Rheims  en  Champagne.  Les  environs  de 
Pierre  Fonds  font  fort  agréables. 

19.  PIERRE  (  fort  Saint  ) ,  fort  d'Afrique  ,  au  midi 
du  Sénégal ,  fur  la  rive  gauche  du  Falemé  ,  &  a  l'ex- 
trémité méridionale  du  royaume  de  Galam,  à  un  lieu 
appelle  Kainura.  En  1714,  le  fieur  Brue ,  après  avoir 
achevé  le  fort  de  Mankanet ,  fit  conftruire  celui  de 
Saint  Pierre.  *  Carte  du  cours  du  Sénégal  &  du  Falemé t 
drejfée  fur  les  lieux  ,  par  M.  Compagnon. 

1.  PIERRE- FORT,  bourg  de  France,  dans  l'Au- 
vergne ,  élection  de  S.  Flour. 

2.  PIERRE-FORT  ,  feigneurie  de  France  ,  Se  l'un 
des  anciens  fiefs  du  Barrois.  Cette  terre,  de  même  que 
celle  de  l'avant-garde  ,  fut  comprife  dans    la  donation 
que  le  cardinal  de  Bar  fit  à  René  d'Anjou.  Le  château  de 
Pierre-Fort  fut  bâti  en  1514»  pour  Pierre  de  Bar, par  Re- 
naud de  Bar,  fon  frère  ,  évêque  de  Metz.  Pierre  de  Bar  le 
laiffaà  fon  fils  Henri,  feigneur  de  Pierre-Fort,  dontlefils, 
Pierre  mourut  fix  mois  après  Henri ,  Se  eut  pour  fuc- 
ceffeur  fon  coufin  germain  Everard ,  comte  de  Deux- 
Ponts  ,  fils  de  fa  tante ,   qui  vendit  peu  après  tout  ce 
qui  venoit  de  cet  héritage  à  Robert ,  duc  de  Bar.  La 
terre  de  Pierre-Fort  fut  donnée  en  fief  au   comte  de 
Naffau-Sarbruck  ;  mais  il  y   renonça  l'an  1448,  Se  il 
ceffa  d'être  vaffal  du  duc  de  Bar,  qui  étoit  René  d'An- 
jou ,  roi  de  Sicile.  Néanmoins  ,  ce  duc  de  Lorraine , 
héritier  du  duché  de  Bar  ,  ne  prit  pas  paifiblement  pos- 
feffion  de  Pierre-Fort  ;  car  ce  château  tomba  entre  les 
mains  de  Charles,  duc  de  Bourgogne,  qui  l'unit  à  fon 
duché  de  Luxembourg  ;  Se  ce  fut  le  fujet  de  la  guerre , 
dans  laquelle  le  duc  de  Lorraine  fut  dépouillé  pour  un 
rems  de  fes  états ,  Se  le  duc  de  Bouigogne  perdit  la 
vie  ;  car  Commines  dit  au  chapitre  II  du  quatrième  liv. 
de  fes  mémoires  ,  que  les  Lorrains  prirent  fur  le  duc 
de  Bourgogne,  Se  râlèrent  une  place,  appellée  Pierre- 
Fort  ,  aflife  à  deux  lieues  de  Nanci ,  qui  étoit  du  du- 
ché de  Luxembourg,  Se  qu'ils l'avoient  envoyé  défier 
devant  Nuz,  c'ell-à-dire,  lorsque  le  duc  de  Bourgo- 
gne afiiégeoit  Nuz  ;  car  quoiqualors  le  véritable   pro- 
priétaire du  duché  de  Bar  fût  René  d'Anjou ,  le  duc 


PIE 


974 

de  Lorraine  ,  fon  petit-fils,  étoit  fou  héritier  ,  &  jouis- 
foit  d'une  partie  du  pays.  *  Longuerue ,  Defc.  de  la 
France,  paru.  2. p.  186. 

3.  PIERRE-LATTE  ,  bourg  de  Fiance,  dans  le 
Dauphiné  ,  diocèfe  de  Saint-Paul-Trois-  Châteaux  ,  éle- 
ction de  Montelimar.  Ce  bourg  qui  appartient  à  M. 
le  prince  de  Conti ,  eft  fitué  auprès  d'un  rocher ,  au 
milieu  d'une  plaine.  Il  y  a  dans  le  château  un  gouver- 
neur fans  appointemens  du  roi. 

4.  PIERRE  D'ODOLLAM  (la),  rocher  où  il  y 
avoit  une  caverne,  dans  laquelle  David  fe  retira  quand 
les  Philirtins  allèrent  camper  dans  la  vallée  de  Ra- 
phaïm.  *  I.  Parai.  11,   1  j. 

$.  PIERRE,  ou  Rocher-d'Oreb.  C'eft  où  Gédéon 
fît  mourir  Oreb ,  prince  de  Madian. 

6.  PIERRE-PERCÉE  ,  ancien  château  de  France, 
au  comté  de  Salines.  Henri  de  Salmes,  fils  de  Fré- 
déric ,  &  petit  -  fils  d'Henti ,  comte  de  Salmes ,  fit 
fi  mal  (es  affaires ,  qu'il  fut  contraint  de  vendre  à  Jac- 
ques de  Lorraine  ,  évêque  de  Metz ,  le  château  de 
Salmes  &  celui  de  Pierre- Percée  .  qui  étoit  un  franc- 
alcn.  Ce  château  de  Pierre-Percée  avoit  déjà  été  1  éti- 
ré des  mains  des  ufurpateurs ,  par  Etienne  de  Bar  , 
évêque  de  Metz  ,  vers  l'an  1 140  ;  mais  il  avoit  été  peu 
après  aliéné  de  nouveau.  Il  ne  demeura  guère  aux  évê- 
ques  de  Metz  ;  car  Henri  8c  fes  descendans  furent  fei- 
gnems  de  Salmes  &  de  Pierre  Percée ,  dont  ils  fai- 
foient  foi  8c  hommage  aux  évêques  de  Metz.  Les  fei- 
gneurs  de  Salmes  durant  long-tems  ne  refuferent  pas 
de  s'acquitter  du  devoir  de  vaffal.  Les  descendans 
d'Henri  de  Salmes,  qui  vivoit  en  1258,  jouirent  de 
Salmes  &  de  Pierre-Percée  ,  appellée  en  allemand  Lan- 
geflein.  Voyez  Salmes.  *  Longuerue  ,  Defc.  de  la  Fran- 
ce, part.  2.  p.  214. 

PIERRE-PERTUIS,  Pierre-Pertus.  Voyez.  Ter- 
menez. 

PIERRE  PONT,  village  de  France,  dans  le  Bar- 
fois  ,  diocèfe  de  Toul ,  étoit  autrefois  une  fortereffe. 
Flodoard  en  parle  fous  l'année  937,  en  difant  Gifle- 
bert  8c  les  Lorrains  vinrent  au  fecours  de  Hugues  8c 
Heribeit ,  contre  le  roi  Louis  d'Outremer ,  8c  pri- 
rent le  château  de  Pierre-Pont.  Cette  fortereffe  a  fait 
J'apanage  de  quelques  cadets  de  la  maifon  de  Bar,fa- 
voir  d'Erard,  fils  de  Thibaud  II,  comte  de  Bar;  de 
Thibaud  ,  fils  d'Erard  ;  8c  d'ifabelle  ,  fille  de  ce  dernier 
Thibaud.  *   Hifl.  de  Toul. 

PIERRE-PORT  ,  ou  comme  quelques-uns  l'appel- 
lent ,  Pierre-Pertuis  ,  Petra-Pertufa.  C'eft  un  paffa- 
ge  célèbre  du  mont  Jura  ,  pratiqué  dans  le  roc.  11  a 
quarante  fix  pieds  de  traverfe ,  fur  vingt  ou  vingt-cinq 
de  haut,  entre  Bienne  8c  la  fourec  de  la  Brife  ,  dans 
le  val  de  Sergow  ,  à  une  journée  8c  demie  de  Bâle. 
Cet  ouvrage  eft  généralement  attribué  à  Jules  Céfar  ; 
mais  il  paroît  par  l'infcription  gravée  au-deffus ,  qu'il 
n'a  été  fait  que  fous  les  empereurs  fuivans ,  par  un 
duumvir  d' Aventicum  ,  aujourd'hui  Avanches,  ou  Wif 
fiisburgen  en  allemand,  pour  ouvrir  une  communica- 
tion libre  entre  les  Helvétiens,  les  Séqnaniens  8c  les 
Rauraciens,  fitués  au-delà  de  ce  paffage  par  rapporta 
V Aventicum.  Voici  l'infcription  qui  fe  lit  fur  ce  roc  : 

Nu.MINlB.    AUGUST. 

.  .  .  Um  .... 

Via  Facta  ter 

Ursom  paternum 

II.  Vir.  col.  Helvet. 

*  Notes  fur  un  ancien  manuferit  de  la  bibliothèque  de 
M.  de  Coibéron ,  premier  préfident  au  confeil  fou- 
verain  d'Alface. 

PIERRE  DU  SECOURS  ,  c'eft  le  lieu  où  les  Phi- 
lirtins prirent  l'arche  du  Seigneur.  *  I.  Res*.  5,1. 

PIERRE  DE  ZOHALETI I ,  ou  Zoheleth.  Ado- 
nias  immola  des  béliers  ,  des  veaux  ,  8c  toutes  fortes 
de  victimes  gvaffes ,  auprès  de  la  pierre  de  Zohalcth. 
C'étoit  ,  difent  les  Rabbins,  une  pierre  qui  fervoit 
aux  exercices  des  jeunes  gens,  qui  éprouvoient  leur 
force  à  la  rouler  ou  à  la  jetter  ;  car  on  ne  convient  pas 
tout-à-fait  de  fon  ufage.  Voyez.  Zach.  12,  3.  Une  pierre 
d'épreuve.  *  I,  Reg.  1,9. 


PIE 


PÏERRECARD,  ou  Perrigard  ,  rocher  deSuis- 
fe  ■.  dans  le  Haut-Vallais  ,  au  département  de  Siders  ou 
Sierre,  près  du  village  de  Saint  Euphémie.  11  y  avoit 
anciennement  fur  ce  rocher  un  château  fort ,  mais  il 
eft  démoli  depuis  long-tems.  *  Etat  &  Délices  de  la 
Suffi  ,  t.  4.  p.  192. 

PIERRES,  ou  les  Pierres  ,  Petrœ,  abbaye  régu- 
lière d'hommes  ,  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  en  Fiance,  dans 
le  Berry  ,  diocèfe  de  Bourges ,  près  de  Culant ,  à  une 
lieue  au  levant  de  la  Châtre.  Elle  eft  fille  d'Aubepier- 
re,  8c  fondée  par  Raoul,  prince  de  Deols, 

PIERSHILL ,  village  des  Pays-Bas  ,  dans  Pille  de 
Beyeiland ,  au  voifinage  de  Korndyck.  *  Ditiiomiaire 
Géographique  des  Pays-Bas. 

1.  PIERUS  ,  fleuve  de  l'Achaïe  propre.  Il  uavetfoir, 
dit  Paufanias  ,  /.  7.  c.  22.  le  territoire  de  la  ville  Pha- 
Ri€  ,  8c  c'eft  ,  je  penfe  ,  ajoute-t-il ,  le  même  qui  coule 
au  travers  des  ruines  de  la  ville  Olenus  ,  8c  que  les 
habitans  de  la  côte  appellent  Pirus.  Strabon ,  /.  8.  p. 
342.  qui  écrit  Peirus  ,  dit  qu'on  nommoit  auffi  ce  fleuve 
Teutheas  ,  8c  qu'il  fe  jettoit  dans  l'Acheloiis. 

2.  PIERUS  ,  ville  de  Theffalie ,  félon  Ortelius ,  qui 
cite  Pline  ,  /.  4.  c.  8.  mais  Pline  ne  dit  point  que  ce 
foit  une  ville.  Il  fait  entendre  au  contraire  qu'il  parle 
d'une  contrée,  qui  s'étend  depuis  PiiERyE  jusqu'à  la 
Macédoine.  Le  peie  Hardouin  qui  l'entend  auffi  d'une 
contrée ,  prétend  qu'il  faut  lire  Pieris  au  lieu  de  Pie- 
rus. 

3.  PIERUS,  montagne  de  la  Theffalie,  félon  Pli- 
ne, /.  4.  c.  8.  Paufanias,  /.  9.  c.  29.  la  place  dans 
la  Macédoine  ,  &  dit  qu'elle  tiroit  fon  nom  de  Pierus, 
qui  y  établit  le  culte  des  Mufes  ,  fous  le  nom  de  Pié- 
rides. Quelques-uns  veulent,  ajoute-t  il  ,  que  Pierus 
ait  eu  neuf  filles ,  auxquelles  il  donna  le  nom  des 
neuf  Mufes.  Rien  n'eft  plus  connu  que  la  fable  des  neuf 
Piérides,  filles  de  Pierus,  roi  de  Macédoine,  qui  fu- 
rent changées  en  pies,  pour  avoir  fait  un  défi  aux  Mu- 
fes. Voyez,  les  métatnorphofes  d'Ovide,/.  5.  fab.  5. 
Je  me  contenterai  de  dire  ici  de  quelle  manière  cette 
fable  a  été  racontée  par  Antonius  Liberalis ,  Metamorph. 
c.  9.  Jupiter ,  dit  il,  ayant  eu  commerce  dans  la  Pié- 
ric  avec  Mnemofyne  ,  il  en  eut  les  Mufes.  Pierus  ré- 
gnoit  alors  dans  l'Emathie  fa  patrie ,  8c  avoit  neuf 
filles,  qui  oferent  défier  les  Mufes  à  chanter,  de  forte 
qu'on  vit  fur  l'Hélicon  un  combat  de  mufique.  Or 
quand  les  filles  de  Pierus  chantoient,  des  nuages  ob- 
feurciffoient  tout ,  8c  rien  n'obéiffoit  à  leur  voix  :  au 
contraire,  celle  des  Mufes  anêtoit  le  ciel,  les  ailres , 
la  mer ,  les  fleuves  ;  8c  l'Hélicon  ,  attendri  de  plaifir , 
s'élevoit  jusqu'au  ciel  ,  jusqu'à  ce  que  Pégafe  l'en 
empêcha  ,  par  le  confeil  de  Neptune  ,  en  frapant  du 
pied  la  cime  de  cette  montagne.  Au  refte  ,  parce  que 
des  mortelles  avoient  eu  l'infolence  d'entrer  en  dispute 
avec  des  déeffes,  les  Piérides  fuient  changées  par  les 
Mufes  en  des  oifeaux  ,  que  les  hommes  appellent  en- 
core aujourd'hui  du  nom  de  colymbes ,  plongeurs. 
Thucydide,  /.  j.  p.  $}i.  appelle  cette  montagne  Pie- 
rius. 

4.  PIERUS  ,  lac  de  Theffalie  ,  félon  JEWcn  ,  Htft. 
Animal.  I.  3.  c.  37. 

P1ESENBORG  ,  beau  château  dans  la  Raffe-Autii- 
che ,  il  y  a  des  jardins  magnifiques,  8c  appartient  aux 
comtes  d'Abensborg    8c  de  Traun. 

P1ESTI  ,  c'eft  le  Paeftum  des  anciens,  où  on  voit  les 
plus  belles  antiquités  de  toute  l'Italie  ;  il  eft  à  deux 
lieues  d' Agropoli.  Voyez.  Pjestum. 

PIETON  ,  riche  commenderiede  Naples  dans  lss  Pays- 
Bas  ,  fur  les  frontières  du  comté  de  Namur. 

PIETRA-MALA  ,  village  d'Italie  ,  aux  confins  de  la 
Toscane  ,  8c  de  l'Etat  de  l'Eglife.  Kircher  dit  qu'il  a 
obfervé  que  vers  le  village  de  Pietra-mala  ,  Pair  étin- 
celle quelquefois  pendant  la  nuit.  Miffon  raconte  quel- 
que chofe  d'auffi  curieux.  J'ai  vu  ,  dit-il  ,  proche  de 
ce  village  ,  à  un  quart  de  lieue  de  la  route  de  Flo- 
rence à  Boulogne  ,  une  flamme  auffi  pure  que  celle  d'un 
fagot  de  menu  bois  fec  ,  fans  aucune  odeur  ,  8c  qui 
s'élève  continuellement  au  milieu  d'un  chemin  fort  dur 
8c  pierreux  ,  fans  qu'il  y  patoiffe  aucune  ouverture. 
Les  très-grandes  pluies  éteignent  cette  flamme  ,  mais  elle 
renaît  un  moment  après  plus  fort  qu'auparavant  -,  8c 


PIG 


les  pluies  médiocres  l'irritent  Se  la  rendent  plus  belle 
ôc  plus  vive.  On  appelle  dans  le  pays  cette  flamme  Fno- 
go  del  Legno.  Pour  voir  ce  phénomène  ,  il  faut  laiffer 
les  chevaux  à  PietraMala,  &  aller  à  pied  jusqu'à  l'en- 
droit en  queftion.  Un  peu  en-deçà  ,  ajoute  Miflbn  , 
entre  Pietra-Mala  ôc  Loyano  ,  au  village  de  Scari- 
Calaffino  ,  font  les  limites  de  Toscane  j  les  armes  du 
grand  duc  fe  voien.t  fur  un  côté  du  poteau  ,  ôc  de 
l'autre  côté  font  celles  du  pape. 

PIETRA-MAR1ZZI,  bourg  d'Italie  ,  dans  le  duché 
de  Milan ,  fur  le  Tanaro ,  à  une  lieue  au-deffous  d'A- 
lexandrie. Il  eft  maintenant  réduit  en  village ,  &  l'on 
croit  que  c'eft  l'ancienne  Petra-Maricorum.  *  Buii- 
drand  ,  Dict.  éd.  1705. 

PIETRA-PELOSA  ,  ville  d'Italie,  dans  l'Iftrie ,  dans 
les  terres  ,  fur  un  roc,  à  cinq  milles  au  midi  occiden- 
tal de  Pinguente ,  Ôc  au  voiflnage  de  Sdrigna. 

PIETRA-SANTA,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Toscane  , 
entre  l'état  de  la  république  de  Lucques  ôc  la  prin- 
cipauté de  Mafia.  C'eft  aujourd'hui  une  ville  épiscopale , 
cV  l'on  croit  que  c'elt  l'ancienne  ville  appellée  Lucus 
Feroni$.  *  Magin,  carte  de  la  Toscane. 

Il  n'y  a  jamais  eu  d'évêché  à  Pietra-Santa.  La  Mar- 
tiniere  Se  Hubner   fe  font  trompés  en  ce  point. 
PIETERKOW.  Voyez  Peterkow. 
PIETROVIN,  village  de  Pologne  dans  le  territoire 
de  Lublin.  Plufieurs  hiftoriens  Polonois  racontent  que 
S.  Stanislas ,  évêque  de  Cracovie  ,  ayant  acheté  ce  village 
d'un  gentilhomme  nommé  Piotrek  fans  en  avoir  confta- 
té  l'acquifition  par  un  acte  public  ,  Boleshs  II ,  roi  de 
Pologne ,  faifit  cette  ocçafion  pour  le  perdre.  11  engagea 
les  parens  de  Piotrek  déjà  mort  à  redemander  la  terre. 
L'évêque   affirma   avoir  acheté  ôc  payé  la  terre  ,  ôc 
nomma  des  témoins  ,  mais  qui  par  crainte  n'oferent 
dépofer  en  fa  faveur.    Dans   cet  embarras  le  faint  fe 
transporta  au  lieu  où  Piotrek  étoit  enterré  ,il  le  tou- 
cha du  bout  de  fa  croffe ,  ôc  lui  ordonna  de  fe  lever  , 
ôc  de  le  fuivre.  11  le  mena  devant  le  roi.  Ce   mort 
reprocha  au  prince  fon  injuftice  ,  condamna  la  com- 
plaifance  de  fes  parens  ,  ôc  rentra  enfuire  dans  le  tom- 
beau ,  où  il  rendit   derechef  l'esprit.    Un   miracle   fi 
avéré  auroit  dû  convertir  Boleslas ,  il  n'en  fut  que  plus 
endurci ,  ôc  cet  endurciffement  le  porta  à  maffacrer  lui- 
même  le  pontife  au  pied  des  autels.  *  DlugoJJ.  p.  290, 

PIEVE  ,  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  de  Venife,  fur  la 
Piave  ,  entre  Trifago  ôc  Belluno.  On  l'appelle  ordinaire- 
ment Pieve  di  Cadore  ,  parce  qu'elle  eft  la  capitale 
du  Cadorin.  *  Magin ,  carte  de  l'état  de  Venife. 

PIEVE  D'INCINO  ,  bourg  d'Italie  ,  au  duché  de 
Milan  ,  près  du  Lambro,  à  deux  lieues  de  Corne  ,  vers 
le  midi.  On  prend  communément  ce  bourg  pour  l'an- 
cienne ville  Forum  Lïcinii.  *  Baudrand  ,  Dict.  édit. 
170;. 

PIEUX  (les),  bourg  de  France,  dans  la  Normandie  , 
au  diocèfe  de  Coutances  ,  élection  de  Valognes.  Ce 
bourg  a  titre  de  baronnie. 

PIEXAN  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen ,  au  département  de  Chungking  ,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  elt  de  10  d.  ^7  m.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  les  29  d.  jj  m.  de  latitude 
feptentrionale,  *  Atlas  Sinenfis. 

PIEXE  ,  lac  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de  Nan- 
king ,  entre  les  villes  de  Hoaigan  ôc  de  Yangcheu.  A 
l'entrée  de  ce  lac  ,  du  côté  du  midi  ,  eft  la  ville  de 
Caoyeu.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  PIEYANG,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Honan  ,  au  département  de  Nanyang  ,  feptiéme 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  d.  15  m.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  les  33  d.  57  m.  de  latitude 
feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  PIEYANG ,  petite  ville  de  la  Chine  ,  dans  le  pays 
de  Laotung  ,  au  département  de  Tieling.  Elle  eft  de 
j  d.  47  m.  plus  orientale  que  Peking  ,  fous  les  38  d. 
44  m.  de  latitude  feptentrionale.   *  Atlas  Sinenfis. 

PIFANO  (  capo  de  San  ) ,  cap  de  l'ifle  de  Chypre. 
Voyez,  Crusocco. 

PIGELA5US  ,  ville  de  la  Carie ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PIGINDA ,  ville  de  la  Carie.  C'eft  Etienne  le  géo- 
graphe qui  en  fait  mention. 


PIG       97/ 


PIGNAN ,  bourg  de  France  dans  la  Provence  ,  entre 
le  Luc  au  nord  ôc  Hieres  au  midi ,  dans  le  diocèfe  de 
Frejus.  11  y  a  un  chapitre  de  chanoines  réguliers ,  de 

I  ordre  de  Saint  Auguftin  ,  fous  le  titre  de  l'Afiomption 
de  .la  Sainte  Vierge.  Ce  chapitre  étoit  fondé  dès  le 
fixieme  fiecle.  11  eft  compofé  d'un  prévôt  ,  de  cinq 
autres  dignités ,  ôc  de  douze  chanoines ,  outre  plufieurs 
autres  eccleliafiiques.  Le  prévôt  eft  feigneur  du  bourg. 

II  y  a  encore  des  Cordelieis  &  des  Urfulines ,  outre 
quatre  chapelles,  hors  des  murs.  L'air  de  ce  bourg  eft 
tres-fain  ôc  la  campagne  fort-belle.  Elle  eft  arrofee  de 
plufieurs  ruiffeaux  ôc  fontaines  qui  font  tourner  plu- 
fieurs petits  moulins ,  dont  les  uns  fervent  à  fouler  des 
draps  ,  les  autres  à  battre  du  cuivre ,  ôc  d'autres  à  faire 
du  papier.  Le  terroir    eft  fort  abondant. 

PIGNEL.  Voyez.  Pinhel. 

PIGNEROL  ,  Pinarolium  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le 
Piémont,  à  l'entrée  de  la  vallée  de  Péroufe,fur  la  ri- 
vière de   Chiufon  ,  ou   Clufon.    Ce  n'étoit  autrefois 
qu'un  méchant  bourg    ,  que  Thomas  ,  comte"  de  Sa- 
voye ,  commença  de  faire  fortifier  pour  la  fureté  du 
Piémont ,  dont  il  défendoit  l'entrée.  La  ville  eft  petite  j 
mais  fort  peuplée.  Elle  paffa  en  1040,  ou  1042,  dans 
la  maifon  de  Savoye  ,  par  le  mariage  d'Alix ,  fille  de 
Mainfroi  ,  marquis  de  Suze  ,  avec  Amédée  II ,  comte 
de  Maurienne.  François  I  s'en  rendit  maître  en  1^36, 
&  la   conferva   par  le  traité   de   Câteau-Cambrefis  , 
à  caufe  des   prétentions  qu'il  avoit  contre  le  duc  de 
Savoye  ;  mais  il  fut  dit  que  ces  prétentions  fetoient  ré- 
glées dans  trois  ans  ,  ôc  que  ce  tems  expiré ,  la  place 
feroit  rendue  au  duc  Charles  IX.  Preffé  en  i;6i  ,  d'exé- 
curer  ce  traité,  il  remit  à  Emmanuel  Philibert  Turin, 
Quiers  ,  Chivas  Ôc  Ville  neuve  d'Alt  ;  mais  il   retint 
Pignerol  ,  qu'Henri  III   rendit  contre  l'avis  de    fon 
confeil    au  duc  de  Savoye  l'an  1574.  Ses  Succeffeurs 
la  conferverent  jusqu'en   1630  ,   qu'elle   fut    prife  le 
20  Mars  par  le  cardinal  de  Richelieu.  On  convint  par; 
le    traité  de  Ratifbonne   du  3    Octobre  de  la   même 
année  ,  qu'elle  feroit  rendue  au  duc  de  Savoye.  Ce  traité 
fut  confirmé  par  celui  de  Quierasque  du  6  Avril  163  1. 
La  garnifon  en  fortit  le  20  Septembre  ;  mais  par  un 
traité  fecret  du  30  Mars  ,    conclu  à  Quierasque  ,  le 
duc  de  Savoye  avoit  entièrement  cédé  cette  place  au 
roi.  Cependant  il  feignit  de  la  remettre  en  dépôt  pour 
fix    mois  par  le  traité  de  Mitefleur  du    19.  Octobre 
1631  ,  pour  ne  pas  donner  d'ombrage  aux  Espagnols. 
Enfin  il  déclara  par  le  Traité  du  ;  Juillet  16}  2,  qu'il 
la  remettoit  au  roi  en  toute  propriété  Ôc  fouveraineté. 
L'empereur  prétendit  que  le  duc  de  Savoye  n'avoit  pu 
vendre  cette  ville  au  roi  de  France ,  patee  que  c'étoit  un 
fief  de  l'Empire  ;  mais  tous  les  jurisconfultes  allemans 
demeurant  d'accord   que  les  princes  ôc  autres  vaffaux 
de  l'Empire  peuvent  aliéner  leurs  fiefs  fans  le  confente- 
ment  de  l'empeieur  ,  l'Empire  céda  depuis  à  la  Franco 
par  les  traites  de  Weftphalie  tous  les  droits  qu'il  y 
pouvoit  avoir.  D'ailleurs  la  plus  grande  partie   des  doc- 
teurs  des  plus  célèbres  univerfités  d'Italie,  foutiennent 
que  Pignerol  eft  un  franc-aleu  ;  parce  que  fi  c'eût  été 
un  fief  de  l'Empire  ,    Alix   de  Suze  n'auroit  pu  faire 
donation  en    1078  ,  à    l'abbaye  de  Pignerol  ,  qu'elle 
fonda  en  1064  ,  d'une  partie  du  domaine  de  cette  ville  > 
qui  confiitoit  en  la  moitié  du  château  de  Pignerol  Se  des 
villages  des  Portes  ,  Touron  ,  Malavor  ,  Villars,  Villarer, 
Pragelas  ôc  autres.  Cette  abbaye  qui  étoit  de  l'ordre  de 
faint  Benoît  a  été  érigée  en  évêché  en  1749.  Pendant 
que  Pignerol  demeura  entre  les  mains  des  François, 
ils  la  fortifièrent  fi  bien ,  qu'elle  pafibit  pour  une  des 
meilleures  places  de   l'Europe ,  &  fervoit   même   de 
prifon    aux   criminels  d'état  -,  mais   ils  la  démolirent 
avant  que  de  la  rendre  au  duc  ,  en  exécution  du  traité 
de  1696.  La  citadelle  avoit  été  bâtie  avec  foin  furie 
fommet  de  la  montagne,  Se  outre  cette  citadelle  il  y  avoit 
le  château   de  Peroufe  qu'on  avoit  bâti  à  l'entrée  de 
la  vallée   de  ce    nom  ,  pour  empêcher  les  approches 
qu'on  auroit  pu  faire  de  ce   côté-là  ;  enfin  on  avoit 
conftruit  au  deffus  de  Pignerol  le  fort  de  Sainte  Bri- 
gitte ,  qui  tint  quinze  jours  en  .1693  ,  contre  les  efforts 
des  Alliés.  Ils  bombardèrent  enfuite  la  ville  de  Pigne- 
rol ;  Se  voilà  à  quoi   fe  bornèrent  les  deffeins  qu'ils 


PIL 


976 

avoient  formés  contrecette  place.  *  D'Audifrel ,  Géogr. 
anc.  &  mod.  t.  2.  p.  405.  La  Forêt  de  Boiirgon  ,  Géogr. 

Hift.  t.  i.p.  4S8- 

La  Banlieue  de  PIGNEROL  comprend  Riva  , 
Baudenasco  ,  Biacosco  fupérieur ,  Cofta  gtande  8c  fon 
finage,  les  villages  de  l'Abbaye  ,  &  le  Valdelemie  avec 
leurs  finages  ;  le  village  8c  fort  de  la  Péroufe,  Pinna- 
che,  Villars ,  les  Poires,  le  grand  &  petit  Diblon  ,  avec 
routes  les  terres  fituées  dans  la  vallée  de  la  Péroufe  , 
qui  font  fur  le  côté  gauche  de  cette  vallée  en  allant 
de  Pignerol  à  Pragelas  ,  8c  au-delà  de  la  rivière  de 
Chiufon. 

PIGNEY  ,  ou  Piney  ,  Pigneium  ,  ville  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Champagne  ,  élection  de  Troyes.  Ce  n'é- 
toit  autrefois  qu'une  baronnie  ,  qui  fut  érigée  en  duché 
par  le  roi  Henri  III,  au  mois  de  Septembre  i$j6  ,8c 
depuis  en  pairie  au  mois  d'Octobre  ij8i  ,  en  faveur 
de  François  de  Luxembourg,  8c  de  l'es  enfans  maies  8c 
femelles.  Cette  duché-pairie  étanc  tombée  dans  une 
des  branches  de  la  maifon  de  Montmorency  ,  par  le  ma- 
riage de  Magdeléne -Charlotte  -  Bonne  -  Thérefe  de 
Clermont ,  fille  de  Charles  -  Denis  de  Clermont-Ton- 
nerre  ,  8c  de  Marguerite  -  Chailotte  de  Luxembourg, 
avec  Henri  de  Montmorency  ,  comte  de  Bouteville  en 
1661  ,  ce  dernier  obtint  du  roi  des  lettres  -  parentes 
au  mois  de  Mars  de  la  même  année ,  portant  transla- 
tion de  ce  duché  en  fa  perfonne  ,  avec  confirmation 
de  duché-pairie  ,  8c  il  fut  reçu  au  parlement  en  cette 
qualité  le  2 2  de  Mai  1661.  Il  prétendit  depuis  avoir  rang 
avant  tous  les  ducs  ,  dont  les  érections  font  poité- 
rieurcs  ;  8c  ce  fut  le  fujet  d'un  grand  procèi  ,  qui  a 
été  décidé  par  l'édit  du  roi  de  l'an  171 1,  par  lequel 
il  n'a  rang  que  du  22  de  Mai  1662.  *  Pigamol ,  Defcr. 
de  la  France  ,  t.  3.  p.  333. 

PIGNISUS  ,  lieu  de  la  Galatie  ;  Scrabon  ,  /.  12.  p. 
568.  le  met  au  voifinage  de  la  Lycaonie. 

PIGN1US  :  Ortelius ,  qui  cire  Gyraldi ,  in  Hercule , 
dit  que  ce  fut  par  le  moyen  de  l'inondation  de  ce  fleuve 
qu'Hercule  nettoya  l'érable  du  roi  Augias.  Voyez.  Augl/e 
Stabulum.  Ce  fleuve  éroit  dans  le  Péloponnèfe  ,  8c  il  fe 
pourroit  faire  que  ce  feroit   le  même  que  le  Peneius. 

PIGNOL  ,  village  du  pays  des  Grifons  ,  dans  la  Li- 
gue haute  ou  grife  ,  8c  dans  la  communauté  de  Schams. 
Ce  village  eft  affez  confidérable  ,  8c  on  y  trouve  de 
bons  bains.  *  Etat  &  Délices  de  la  SuiJJc,  t.  4.  p.  ij. 

PIGRETEM  FLUVIUM.  On  trouve  ce  nom  ,  dit 
Ortelius  ,  dans  les  exemplaires  latins  de  Xénophon  ; 
mais  le  texte  grec  porte  Tigris ,  8c  non  Pigris. 

PIGRUM  MARE.  Voyez. ,  au  mot  Mer  ,  l'article 
Mer  Baltique. 

PIGUNTI.E.  Voyez,  Pecuntium. 

PIHACHIROTH    Voyez.  Phi  Hairoth, 

1.  PILA  :  ville  de  la  PalefHne  :  Ululate  ,  Habitatores 
Fila  ,  Sophon.  1.  i.I.  L'hébreu  porte  :  Habitatores 
Matbtès  ou  Habita ns  de  la  Dent  Macheliere  ,  ou 
Habitant  du  Mortier.  (  a  )  Macbtès  fe  mec  pour  une 
dent  macheliere,  dans  l'Hiftoire  de  Samfon,où  il  eft 
dit  que  ce  héros  but  de  l'eau  que  Dieu  lui  fit  forrir 
d'une  dent  macheliere  ,  ou  d'un  rocher  qui  en  avoir 
la  forme.  Le  lieu  ,  où  cela  arriva  ,  conferva  le  nom 
de  Lecbi  ou  de  Macbtès  >  8c  il  eft  aflez  croyable  que 
c'eft  à  ce  lieu  que  Sophonie  adreffe  ces  paroles  :  Jet- 
tez  des  cris  de  douleur  ,  Habitans  de  Machtès.  Philis- 
tins ,  Habitans  de  Macbtès  ,  vous  allez  être  ravagés. 
Voyez,  l'article  Lechi.  D'autres  inrerprétes  (b)  croient 
que  Macbtès  fignifie  dans  l'endroit  cité  de  Sophonie  , 
la  ville  de  Jérufalem  ,  qui  eft  nommée  dans  un  fens 
figuré  ,  le  Mortier  ,  dans  lequel  dévoient  être  broyés 
8c  mis  en  poudre  tous  ceux  qui  s'y  renconneroienr , 
au  tems  de  fa  prife  par  Nabuchodonofor.S.  Jérôme  fem- 
ble  croire  que  Macbtès  étoit  un  quartier  de  Jérufalem  , 
près  de  la  fontaine  de  Siloé.  Ce  quartier  pouvoir  être 
nommé  le  Mortier,  à  caufe  de  fa  profondeur.  Le  Rab- 
bin Salomon  l'explique  de  Tibériade  ,  à  caufe  qu'elle 
éroir  fituée  dans  l'endroit  le  plus  creux  du  pays.  Le 
Chaldéen  l'entend  de  la  ville  de  Cédron.  (a)  D.Cal- 
met.  Dicr.  {b)  Sanil.  Tain.  Ribera  ,  &c. 

2.  PILA  ,  montagne  de  France  ,  aux  confins  du 
Lyonnois  8c  du  Forez  ,  dans  l'élection  de  Saine  Etienne, 
entre  Saint  Chaumont  ,  Condrieu  ,  Saint  Etienne  8c 


PIL 


Argental.  Cette  montagne  s'étend  en  long  du  midi  oc- 
cidental au  nord  oriental.  *  Sanfon  ,  Carte  du  Lyon- 
nois. 

3.  PILA  ;  mot  perfan  qui  fignifie  porte.  Les  Perfans 
appellent  ainfi  cerrains  paflages  forr  étroits  qui  fe  trou- 
vent dans  de  très-hautes  montagnes  ,  qui  féparent  la 
province  de  Gilan  ou  Kilan  de  la  Perfe.  *  Hijf.  générale 
des    Tatars. 

FILA  TERREE  :  Vairon  ,  cité  par  Ortelius,  donne 
ce  nom  au  globe  de  la  Terre. 

P1LACA  ,  rivière  d'Italie  ,  dans  la  Calabre  ulrérieure. 
Elle  a  fon  cours  du  nord  au  fud,&  fon  embouchure 
dans  la  mer  Ionienne  ,  m>n  près  du  cap  délia  Colonne  , 
comme  le  dit  Corneille ,  après  Maty  ;  mais  entre  Cabo  di 
Riz.z.uto  8c  Cabo  di  Jacopini.  *  Magin  ,  carte  de  la 
Calabre  ulcér. 

PIL/E.  Voyez.  Pylje. 

P1LARTES.  Voyez.   Pylartes. 

1.  11LATE  (  le  Mont  de).   Voyez.  Frakmont. 

2.  P1LATE  (  la  Plaine  de  ).  Voyez  l'article  fuivant. 

3.  PILATE  (le  Trou  de  ) -,  c'eft  un  partage  ,  dans 
l'ifle  de  Saint  Domingue ,  entre  des  montagnes.  Ce 
paflage  communique  du  Porr  Sainr  François  8c  de  la 
côte  du  nord  de  l'ifle  à  la  rivière  d'Artibonite.  Il  y  a 
aux  environs  de  ce  trou  une  belle  plaine  ,  qu'on  appelle 
la  Plaine  de  Pilate.  Elle  eft  arrofée  de  la  rivière, 
nommée  les  trois   Rivières. 

l'ILAlJ  ou  Fillau  ,  village  de  Pruffe,dans  le  Sam- 
bland,a  l'entrée  du  Frisch-Hawen.  Il  eft  remarquable 
par  fa  douane ,  8c  par  fon  port ,  d'où  en  remontant  la 
Piegel  ,  on  remonte  à  Konigsberg ,  qui  n'en  eft  qu'à 
fept  milles  par  eau  :  car  par  terre  la  route  eft  plus 
longue  Quand  de  cetre  ville  on  vienr  au  Pilau  à  un 
mille  de  Konigsberg  ,  on  entre  dans  une  épaille  forer 
de  lapins,  qui  dure  trois  milles  jusqu'à  Fotckbeim  ,  8c  de 
la  un  mille  jusqu'à  Fischhaufen  ;  de-là  un  mille  au  village 
de  Lochfteu  ,  où  eft  un  château ,  8c  enfin  un  bon  mille 
de-la  jusqu'au  Pilau  ,  toujours  au  travers  des  bois.  Le 
Pilau  n'eli  habité  que  par  des  pêcheurs,  &  on  y  pêche 
l'elturgeon  en  quantité.  Auprès  du  village  eft  une  mon- 
tagne ronde  ,  couverte  de  bois  ,  fur  laquelle  eft  une 
jolie  maifon  ,  où  demeure  le  commis  de  la  douane  ; 
devant  elt  une  place  verte  ,  d'où  l'on  voir  tout  le  port, 
8c  fur  le  mole  la  forterefle  jusqu'en  pleine  mer.  Tous 
les  vaifléaux  qui  arrivent  doivenr  envoyer  au  commis. 
Le  mole  dont  on  vient  de  parler  eft  une  hauteur  d'une 
terre  fablonneufe,  d'une  centaine  de  pas  de  largeur ,  qui 
s'avance  comme  un  bras,  8c  au  bout  de  laquelle  il  y 
a  un  fort  avec  garnifon  ,  pour  arrêter  tout  ce  qui 
paffe  ,  à  moins  qu'on  ne  foit  en  état  de  la  forcer ,  com- 
me fit  Guftave  Adolphe,  roi  de  Suéde,  en  1626.  Le 
port  eft  beau  8c  grand,  8c  appartient  au  roi  de  Prufle, 
à  qui  la  douane  de  ce  village  apporte  un  bon  revenu. 
On  y  amafle  beaucoup  d'ambre  aux  environs ,  fur-tour 
après  les  tempêtes.*  Zcyler ,  Pruff.  Topog.  p.  42. 

PILCOMAYO  ,  ou  Rio  Filcomayo,  grande  rivière 
de  l'Amérique  méridionale.  Elle  prend  fa  fource  dans 
la  province  de  los  Charcas  :  du  milieu  des  montagnes 
qui  font  au  nord  du  Potofi  ,  elle  reçoir  enfuite  la  petite 
rivière  de  Cachimayo  ,qui  pafle  auprès  de  Chuquifaca  , 
capitale  de  la  province  ;  rraverfe  rout  le  Chaco  ,  au 
fortir  duquel  elle  fe  partage  en  deux  branches  qui  fe  dé- 
chargent à  fix  lieues  de  diftance  l'une  de  l'autre  dans 
le  Paraguay;  l'une  fous  le  nom  d'Uruguay,  neuf  lieues 
au-deflbus  de  l'Affomption  ;  8c  l'autre  ,  qui  garde  le 
nom  de  la  rivière  ,fix  lieues  plus  bas ,  vers  les  26  d.  de 
latitude  fud.  *  Le  P.  Cbarlevoix  ,  Hift.  du  Para- 
guay. 

1.  PILE  ,  bourgade  de  l'ifle  de  Chypre  ,  dans  la  partie 
méridionale  de  l'ifle  ,  fur  un  cap  de  même  nom.  On 
croit  que  c'eft  l'ancienne  Tbroni.  Voyez.  Throni. 

2.  PILE.   Voyez.  Pyl^  8c  Pylos. 

PILE  DE  SAINT  MARS  ,  monument  ancien  ,  en 
France  ,  dans  la  Touraine  ,  à  une  lieue  au-deffus  de 
Langeai,  près  du  château  de  Saint  Mars.  C'eft  un  pilier 
de  briques  fi  dures,  qu'on  le  dir  à  l'épreuve  du  canon. 
La  tradition  veut  que  ce  foit  Céfar  qui  l'ait  fait  bâtir , 
de  même  que  celui  du  port  de  Pile  ,  fur  les  limites 
de  la  Touraine  8c  du  Poitou.  *  Figaniol ,  Defcr.  de  la 
France,  t.  7.  p.  44. 

PILE  ATI, 


PIL 


PILEATI ,  peuples  compris  au  nombre  des  Goths  , 
félon  Orcelius  ,  qui  cite  Jornandès ,  &  qui  leur  donne 
le  titre  de  gêner  of a  Gens  ;  mais  Jornandès  dit  feule- 
ment que  Dicenus  choifit  parmi  les  Goths  les  plus  no- 
bles Se  les  plus  prudens  ,  à  qui  il  enfeigna  la  théolo- 
gie ,  leur  confcillant  de  s'adonner  au  culte  de  quelques 
divinités  ,  Se  d'avoir  des  oratoires.  Jornandès  ajoute 
que  Dicenus  fit  de  ces  gens -là  des  prêtres  ,  à  qui  il 
donna  le  nom  de  Pileati ,  à  caufe  de  la  coëffure  donc 
ilsfe  couvroient  la  tête  dans  les  facrifices,  Voici  le  paflage 
en  queftion  :  Elegit  namque  [  Dicenus  ]  ex  eis  [  Gothis  ] 
tune  nobilijjmos  prudentiorcs  viros  ,  quos  Tbeologiam 
injlruens ,  Nurnina  qu&dam  &  Sacella  venerari  fuafit , 
fecuque  Sacerdotes  ,  nomen  Mis  Pileatorum  contra- 
dens  ,  ut  reor  ,  quia  opertis  capitibus  Tiaris ,  quos  Pileos 
alio  nomine  nuncupamus  >  litabant  ;  ainfi  le  nom  de 
Pileati  n'a  aucun  rapport  à  la  géographie. 

PILE  MELLARou  Saint  Sauveur  ;Pila-Mei.i.ariÀ  : 
abbaye  de  filles  ,  au  diocèfe  de  Cordoue  en  Espagne. 

PILERA  ,  rivière  de  Pologne.  Voyez.  Filtra. 

PlLESCH.  ^«.PiTESK.qui  eftla  vraie  orthographe; 

PILEUM  ,  village  d'Italie,  dans  la  Pentapole,  félon 
Paul  Diacre  ,  cité  par  Ortelius.  Cependant  on  ne  lie 
pas  dans  Paul  Diacre  que  Pileum  ou  Pilleus  fût  dans 
la  Pentapole  :  il  dit  feulement  que  lorsque  l'armée  de 
Liutprand  eut  du  défions  pour  la  féconde  fois  »  Liut- 
prand  étoic  dans  la  Pentapole:  Rcge  ,  dit-il, in  P enta- 
poli  demorante.  *  Longobard.  1.  6.  c.  54. 

PILGRAM  ,  ville  royale  de  Bohême  ,  dans  le  cercle 
de  Buchen.  Cette  ville  ell  remarquable  par  le  goût 
qu'ont  naturellement  fes  habitans  pour  les  feiences  & 
la  littérature. 

PILGRI,  Voyez.  Peligni. 

PILIER  ,  ifle  de  France,  fur  la  côte  de  Bretagne,  à 
l'embouchure  de  la  Loire.  On  a  bâti  dans  cette  ifle 
une  tour  pour  défendre  l'entrée  de  la  rivière  aux  cor- 
faires. 

PILIERS  (  le  Cap  des  ).  Voyez.  Désiré   i. 

PILLAC  ,  bourg  de  France ,  dans  l'Angoumois ,  élec- 
tion d'Angoulême. 

PILNITZ,  ancien  château  royal  dans  la  Misnie  ,  fur 
l'Elbe  ,  à  cinq  lieues   de    Dresde. 

1,  PILON  (  Le  )  i  nom  que  l'on  donne  en  France  à  une 
petite  plage ,  fur  la  côte  de  Provence  ,  vers  le  cap  de 
la  Garoupe.du  côté  du  nord  efi.  On  y  peut  mouiller, 
lorsque  les  vents  font  à  l'eft-nord-eft.  Il  y  a  quatre  à  cinq 
bradés  d'eau  ,  fond  d'herbes  vafeux.  On  peut  même 
porter  des  amarres  à  terre  ,  prenant  garde  de  ne  pas 
trop  s'approcher  de  la  côte ,  près  de  laquelle  il  y  a  quel- 
ques roches  aux  environs.  *  Miche  lot  ,  Portulan  de  la 
Méditerranée  ,  p.  82. 

2.  PILON  ,  petit  royaume  de  la  Tartane  dans  le  pays 
d'Igour.  11  avoit  pour  capitale  Kien-ton  Kouetching  dans 
la  montagne  Lien-chan  à  l'orient.  Sous  les  premiers 
Khans  on  y  comptoit  227  familles ,  1387  perfonnes  & 
422  foldats  :  il  étoit  à  8680  li  de  Signanfou  ,  à  487  fud- 
oueft  du  gouvernement  Chinois.'''  Hift.  génér.  des  Huns, 

j. PILON,  autre  petit  royaume  de  laTartarie^aufli  dans 
le  pays  d'Igour.  Sa  capitale  étoit  nommée  Fan  Kin-Loui- 
Ka-tching.  Sous  les  premiers  Khans  on  y  comptoit  461 
familles,  11 37  perfonnes,  350  foldats.  Il  étoit  éloi- 
gné de  8710  li.  de  Signanfou.  A  l'orient  ce  pays 
confine  à  celui  de  Jou-lie-fu  ,  au  nord  aux  Xiong  Non, 
à  l'occident  au  royaume  de  Kio  ,  Se  au  midi  à  celui 
d'Igour.  *HiJl.  génér.  des  Huns,  par  M.  de  Guignes. 
1.   if. 

PILORUS,  ville  qu'Etienne  le  géographe  place  dans 
la  Macédoine  ,  aux  environs  du  mont  Athos,  Ortelius 
foupçonne  qu'il  y  a  faute  dans  Etienne  le  géographe  , 
Se  qu'il  faut  lire  Pidorus ,  à  quoi  il  y  a  grande  apparence. 
Voyez.  Pidorus. 

PILOUTU  ,  ville  de  l'Inde  dans  la  province  de 
Sinde  :  elle  eft  fituée  fur  une  haute  montagne.  Son  ter- 
roir abonde  en  dattiers  Se  en  jardinages:  l'Inde  pafie 
auprès.  *  Manuscrits  de  la  bibl.  du  roi.. 

PILSEN  ,  ville  de  Bohême  ,  en  latin  Pelfina  ,  & 
PeliÀna.  Elle  eft  aflez  belle  ,  Se  fituée  aux  frontières 
du  haut  Palatinat  de  Bavière ,  dans  un  cercle  dont  elle 
eft  la  capitale  ,  Se  qu'on  appelle  Pilsner  Krais ,  entre 
deux  petites  rivières ,  favoir  la  Mifa  Se  la  Watta  ,   qui 


PïL        577 

fe  réunifient  ait-deflbus  de  cette  ville.  Au  couchant 
Se  au  midi  elle  cil;  defenduepar  un  boulevard  ,  accom- 
pagné d'an  bon  foflé  ;  au  dedans  du  foffé  il  y  a  de  bonnes 
murailles ,  avec  des  tours  Se  des  baftions.  Comme  le 
fond  eft  de  roche,  il  eft  difficile  de  la  miner.  Il  y  avoit 
d'aflez  beaux  fauxbôurgs;  mais  durant  le  fiége  de  16 18  , 
ils  furent  biûlés  entièrement ,  Se  la  ville  entière  a  beau- 
coup fouffert  dans  les  différentes  guerres  de  Bohême, 
ayant  été  prife ,  reprife  ,  Se  incendiée  plufieurs  fois. 
*  Zcyler  ,  Boh.  Top.  p.  8 1 . 

PILSNA,  Pilsno,  ou  Pilczna,  ville  de  la  petite 
Pologne  ,  dans  le  palatinat  de  Sandomir ,  aux  confins 
de  celui  de  Cracovie ,  fur  une  petite  rivière  qui  fe 
jette  dans  la  Wiftule.  11  y  a  dans  cette  ville  une  fort 
belle  éghfe.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

Le  Territoire  de  PilsnA  comprend  entre  autres 
places  : 


Zarnowitz , 
Sechow , 


Lezâizko. 


Przezlau  , 
Zaclycin, 


PILTEN  jOuPïltyn  ,  ville  du  duché  de  Courlan- 
de ,  fur  larivierede  Windaw  ,  entre  Goldinge  Se  le  fort  de 
Windaw.  Vers  l'an  1 2 1 9 ,  waldemar  ,  roi  de  Dane- 
marck,  ayant  conquis  la  plus  grande  partie  delà  Livonie, 
Se  la  Courlande  ,  voulut  établir  un  évêché  dans 
fes  quartiers ,  fous  la  métropole  de  Lunden  ;  Se  com- 
me les  Danois  étoient  en  différent  fur  le  lieu  où  l'on  bâ- 
tiroit  un  château  pour  la  réfidence  de  l'évêque  ,  il  or- 
donna de  le  conftruire  dans  l'endroit  où  le  Pilten  , 
c'çil-ï-due ,  garçon  envieux  danois  ,  étoit  debout.  C'eft 
de-là  que  le  diocèfe  eut  le  nom  de  Pilten.  Quoique  la 
Livonie  ,  &  l'évêché  de  Courlande  fuflent  établis  mem- 
bres de  l'empire  Germanique ,  les  chofes  demeurèrent 
dans  leur  état  jusqu'en  1  j  59  >  que  le  dernier  évêque 
de  Pilten  ,  épouvanté  de  l'irruption  des  Moscovites, 
vendit  les  deux  évêchés  de  Pilten  Se  d'Oefel  à  Fride- 
ric  II ,  roi  de  Danemarck,  qui  les  donna  eh  apanage 
à  fon  frère  Magnus ,  duc  de  Holftein.  Comme  ce  prin- 
ce étoit  luthérien  ,  il  fécularifa  cet  évêché  ,  Se  con- 
féra de  grands  domaines  à  la  noplefie  ,  &  à  fes  dome- 
ftiques ,  qui  cultivèrent ,  Se  fournirent  fi  bien  le  pays  de 
bétail ,  en  y  introduifant  le  commerce  ,  qu'ils  le  ren- 
dirent une  des  plus  confidérables  provinces  de  ces  quar- 
tiers. *  Defcr.  de  la  Livonie ,  Lettre  15. 

Lorsque  Godhard  >  dernier  grand  maître  de  l'ordre 
Teutonique ,  fournit  la  Livonie  à  la  Pologne ,  il  fut 
ftipulé  que  le  roi  Sigisinond  Augufte  joindroit  le  pays 
de  Pilten  au  duché  de  Courlande  ;  que  Magnus ,  duc 
de  Hojfteih  ,  fe  contenteroit  du  château  de  Sounen- 
bourg  ,  en  échange  de  l'évêché  de  Courlande  ,  Se  que 
le  grand-maître  Godhard  jouiroit  de  l'évêché  de  Cour- 
lande Se  du  refte  de  la  Courlande. 

Après  la  mort  du  duc  Magnus,  arrivée  en  1583  , 
Godhard  ,  duc  de  Courlande  ,  propofa  à  ceux  de  Pil- 
ten de  fe  fou  mettre  à  fon  gouvernement  Se  de  fe  réu- 
nir à  la  couronne  de  Pologne  :  fur  leur  refus  les  Po- 
lonnois  prirent  les  armes  ;  le  roi  de  Danemarck  fe 
préparait  à  défendre  ceux  de  Pilten  ,  lorsque  Geor- 
ge Frideric ,  margrave  de  Brandebourg  Se  duc  de 
Prufie  »  ménagea  un  accommodement.  Il  fut  dit  que 
le  pays  de  Pilten  feroit  rendu  au  roi  de  Pologne;  Se 
comme  les  habitans  avoient  depuis  plufieurs  années 
embraiïé  la  confeflîon  d'Aufbourg,  on  conferva  la  re- 
ligion en  fon  entier.  D'autre  pair ,  le  roi  de  Pologne 
devoit  payer  au  roi  de  Danemarck  la  fomme  de 
trente  mille  écus.  Le  margrave  de  Brandebourg  comp- 
ta l'argent ,  pour  lequel  on  lui  donna  en  hypothèque 
la  ville  de  Pilten.  En  1617  ,on  transporta  l'hypothèque 
à  la  margrave  de  Brandebourg- Anspach  ,  fœur  de  Chré- 
tien ,  duc  de  Lunebourg  Se  de  Brunswick.  Mais  un 
gentilhomme  de  Courlande,  nommé  Maydel ,  ache- 
ta ce  domaine  de  la  margrave ,  en  acquittant  l'hypothè- 
que ,  Se  la  jouiflance  lui  en  fur  confirmée  par  le  roi 
de  Pologne  ,  fous  le  titre  de  Srarofte  de  Pilten. 

Depuis  ce  rems ,  la  maifon  de  Courlande  a  tâche 
de  recouvrer  fon  droit ,  Se  de  faire  valoir  fes  préten- 
tions fur  cette  province ,  par  la  voie  de  droit.  Elle  A 
T9m.IV.  Hhhhhh 


978         PIL 

obtenu  plufieurs  décrets  favorables  dans  les  cours  de 
juftice  ,  &  dans  les  diètes  de  Pologne.  Mais  une  par- 
tie de  la  noblefle  de  Pilten  refufa  opiniâtrement  de  s'y 
foumettre:  les  uns  vouloient  dépendre  immédiatement 
de  la  couronne  de  Pologne  ,  8c  travailloient  à  ériger 
une  cour  de  juftice  entre  eux,  8c  dont  on  pounoit 
appeller  au  roi  de  Pologne.  Les  autres ,  qui  étoient  d'un 
fentiment  plus  favorable  ,  vouloient  bien  reconnoitre  la 
jurisdisetion  du  duc  -,  mais  ils  lui  lioieht  tellement  les 
mains ,  8c  rognoient  fes  droits  de  telle  forte  ,  qu'ils 
ne  lui  laiflbient  que  le  nom  de  fouverain.  Ce  différent 
a  duré  plufieurs  années  ,  &  à  coûté  des  fommes 
uès-confidérables  aux  ducs  de  Coui  lande .,  outre  que 
cette  aPaire  a  été  une  fuite  continuelle  de  brouille- 
ries  :  car  quand  le  pays  étoit  menacé  de  guerre  ,  ou  d'in- 
vafion ,  ou  de  quartiers  8c  de  taxes  par  la  Pologne  , 
la  noblefle  étoit  bien  aile  alors  de  fe  foumettre  au 
duc ,  8c  de  rechercher  fa  protection. 

Dans  la  guerre  entre  la  Pologne  &  la  Suéde  en  16$ 6, 
les   Suédois  prirent  des  quartiers  dans  le  pays  de  Pil- 
ten,  comme  province   de  Pologne.  Jacques,  duc  de 
Couilande  ,   le  foulagea    de   ce    pefant  fardeau  ,   en 
payant  une  iomme  d'argent  aux  Suédois  -,  8c  le  fit  jouir 
de  l'avantage  de  la  neutralité  ,  qui  fut  cependant  vio- 
lée quelque  tems  aptes  par  les  Suédois.  La  paix  ayant  été 
conclue  en    1660  ,    la    noblefle  de  Pilten  fe    fournit 
au  duc  par  le  traité  de  Grobin  ,  à  des  conditions  très- 
avantageufes  ,  en  attendant  qu'on  obtînt  le  confente- 
ment  du  roi  de  Pologne.   Maydel  garda  la  ville  8c  le 
bailliage  de  Pilten  ,  &  le  duc  ayant  racheté  tous  les  au- 
tres domaines  engagés,  obtint,  par  un  acte  de  la  cou- 
ronne 8c  de  la  république  de  Pologne  ,  la  fouveraine- 
tédetoute  laprovince,  qu'il  conferve  encore  aujourd'hui. 
Quelques  gentilshommes  mécontens  prirent  néanmoins 
occafion  de  plufieurs  claufes  de  cet  acte,  &  de  diffé- 
rentes explications  qu'ils  y  donnoient ,  pour  en  fus- 
pendre  l'exécution.  D'un  autre    côté ,    les  Polonois  , 
qui  étoient   bien  aifes  de  tenir  l'affaire  en  fuspens,  fa- 
vorifoient    ces   mécontentemens  ,  8c  enfin   le   clergé 
réclama  le  pays  de  Pilten  ,  comme  un  évêché  dépen- 
dant du  fiége  de  Rome.  En  effet  à  la  faveur  des  lettres 
monitorinles  du  pape  ,  on    établit  un  évêque  fur  la 
partie  de  la   Livonie  ,  qui  appartenoit  à  la  Pologne, 
&  fur   Pilten  ,   8c  il  intervint  un  acte  de  la  républi- 
que de  Pologne ,  qui  nommoit  des  commiffaires  pour 
examiner  le  différent ,  ôV  en  remettre  la  décifionau  roi. 
Lorsque  les  commiffaires  furent  arrivés  à  Pilten  ,  8c 
qu'ilseurent  fait  citer  les  parties  devant  eux ,  les  nobles  pro- 
tégèrent contre  la  procédure  ,  comme  étant  directement 
contraire  à  leurs  privilèges ,  &  à  l'accord  fait  entre  le  Da- 
nemark 8c  la  Pologne.  Alors  ils  prirent  tous  le  parti  du 
duc ,  fortirent  de  Pilten ,  après  avoir  laiffé  dans  la  ville  un 
lieutenant  colonel  ,  avec  quelques  troupes.   Les  com- 
miffaires ne  laifferent  pas  de  décider  en  faveur  de  l'é- 
vêque  ;  mais  la  fentence  ne  fut  point  exécutée.  Le  roi 
Jean  III ,  à  qui  la  république  avoir  remis  la  déciflon 
finale  de  l'affaire,    s'en  tint  toujours  à  délibérer,  & 
mourut  fans  confirmer  la  fentence  ■>  de  forte  que  l'af- 
faire elt  demeurée   indécife.    Cependant   les  ducs  de 
Courlande  fe  font  maintenus  dans  la  pofleflion  de  cet- 
te province ,  Se  y  ont  établi  une  cour  de  juflice ,  qui 
juge  des  différens  de  la  noblefle  8c  du  bourgeois.  Dans 
toutes  fortes  de  caufes  8c  de  procès  on  eft  obligé  de 
comparoîrre  devant  cette  cour ,  qu'on  appel'e  la  Cour 
de  première  ïaftance  ,    parce  qu'on  appelle  delà   au 
duc. 

Comme  la  noblefle  de  Pilten  a  joui  pendant  un 
grand  nombre  d'années,  dans  un  pays  fi  fcirle,  des 
douceurs  de  la  paix  ,  elle  a  eu  le  rems  &  le  moyen 
de  s'enrichir,  à  la  faveur  d'une  espèce  d'indépendan- 
ce. Le  voifinage  de  la  mer  lui  eft  d'un  grand  avan- 
tage. Elle  a  la  commodité  de  faire  débiter  fes  den- 
rées,  8c  principalement  le  froment  que  le  pays  pro- 
duit en  abondance  ,  8c  qui  eft  fort  recherché  par  les 
Hollande^  à  caufe  de  fa  bonté.  Tous  les  ans  ils  vien- 
nent le  prendre  avec  leurs  vaiffeaux  &  l'achètent  argent 
comptant.  Il  n'y  a  point  aujourd'hui  de  différence  en- 
tre la  noblefle  de  Couilande,  de  Semigalle  &  de  Pil- 
ten. Leurs  biens,  leurs  terres  &  leurs  familles  font  mê- 
lés enfemble  par  des  alliances  réciproques  ;    de  forte 


PIN 


qu'elle  ne  fait  plus  en    quelque  manière  qu'une  mê- 
me nation. 

Voici  le  nom  des  fortereffes  que  Matthias  Strubycz, 
Livoma.  Ducat.  Defcr.  c.  4.  §  1.  met  dans  le  pays  de 
Pilten  : 


Pilten , 
Edwalen , 
Hafenpot , 
Angermont, 
Irven  , 


Dondangen  , 
Neuhaus , 
Ambothen , 
Dalfe, 
Sacke. 


PILTZA  ,  Pitzia  ,  8c  PilcA  ,  rivière  de  Pologne. 
Elle  a  fa  fource  aux  confins  du  palatinat  de  Cracovie 
8c  de  celui  de  Sandomir  ,  près  de  la  fortereflè  de  Pilcza  ; 
&  elle  va  fe  perdre  dans  la  Wiftule ,  à  quelques  mil- 
les au-deflus  de  Varfovie  ,  proche  de  la  ville  de  War- 
ka.  *  Andr.  Cellar.  Defc.  Polon.  p.  181. 

PIMBES ,  ou  Pimbou  ,  bourg  de  France  ,  dans  la 
Guicnne,  au  Turfan,  fur  le  Gavas  ,  entre  les  villes 
d'Aire  8c  de  Pau.  11  y  avoit  autrefois  une  abbaye  de 
même  nom  ,  Beata  Maria  de  Pimbo.  Cet!  préfente- 
ment  une  églife  collégiale.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gow'.y. 

PIMBEUF,  ville  8c  port  de  mer  de  France,  fur  la 
côte  de  Bretagne  ,  à  fept  lieues  de  Nantes ,  fur  la  Loi- 
re ;  c'eft  là  où  les  vaiffeaux  trop  confidérables  pour  pou- 
voir monter  jusqu'à  Nantes ,  ont  coutume  de  déchar- 
ger leurs  maichandifes. 

FIMEVILLE ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou, 
élection  de  la  Flèche. 

PIM1TEOUI  ,  petit  lac  del'Amérique  feptentrionale, 
dans  la  Nouvelle  France.  Ce  n'elt  qu'un  élargiflèment 
affez  peu  confidérable  de  la  rivière  des  Illinois  ,  qui 
n'a  guère  que  deux  à  trois  lieues  de  long  ,  fur  une 
lieue  de  largeur  ,  à  quinze  lieues  ati-deflous  du  rocher. 
Les  Peorias  ,  nation  Illinoife  ,  ont  eu  long  -  tems 
une  affez  grofle  bourgade  au-deflbus  du  lac  Pimiteoui, 
à  l'entrée  d'une  belle  8c  large  prairie  qui  eft  fur  la 
droite.  Depuis  quelques  années  harcelés  (ans  cefe  par 
les  Outagamis  ou  Renards,  ils  fe  font  retirés  aufli  bien 
que  les  Illinois  du  rocher ,  fur  le  Mifliflipi  auprès  des 
Kaskas  Kias. 

PIMOL1SA ,  lieu  de  la  Cappadoce ,  dans  le  Pont. 
Etienne  le  géographe,  qui  le  place  en-deçà  du  fleuve 
Halys  ,  dit  que  ce  lieu  étoit  fortifié  ,  &  qu'il  donnoit  le 
nom  à  la  contrée  Pimolifene.  Voyez  1  article  fuivant.  Cé- 
drene  qui  écrit  ri!i//oA<Vs-a ,  ajoute  que  ce  lieu  étoit 
figue  fur  un  rocher.  . 

PIMOLISENA  ,  contrée  de  la  Cappadoce  ,  dans 
le  Pont ,  aux  environs  du  fleuve  Halys ,  félon  Srtabon  , 
/.  12.  p.  561  8c  561.  qui  dit  qu'elle  prenoit  fon  nom 
d'une  fortereflè  royale  ,  appellée  Pimolis^e  ,  8c  qui 
étoit  détruite  de  fon  tems. 

P1MPLA  ,  Pimpleius,  ou  Pimpleus  ,  montagne 
que  divers  géographes  joignent  avec  l'Hélicon,  8c  qu'ils 
difent  avoir  aufli  été  confaciée  aux  Mufes  ;  ce  qui  fait 
qu'Horace  ,  /.  î.Od.  26.  en  s'adreilant  à  fa  Mufe  t'appelle 
Fimplca  dulcis;  8c  ce  qui  afaitdire  à  Catule, Carm.  ioj. 
Pimpleumfcanderemontem.  Mais  peut  -être  ,  dit  Cella- 
rius  ,  Geogr.  ant.  I.  2.  c.  1 3.  feroit-il  plus  naturel  "de 
placer  cette  montagne  dans  la  Piérie  ,  province  ce 
la  Macédoine  >  parce  que  Strabon  ,  /.  10.  p.  471. 
dit  que  ce  furent  les  Thraccs  qui  confacrerent  aux 
Mufes  la  Piérie  8c  les  monts  Olympe ,  Pimpla  8c  Li- 
bethrus  :  mais  que  de  fon  tems  les  Macédoniens  pos- 
fédoient  tous  ces  lieux,  à  moins  qu'on  ne  diiè  que, 
comme  il  y  eut  dans  !a  Macédoine  8c  fur  l'Hélicon 
des  antres  des  Libéthrides  ,  confacrés  aux  Mufes.de 
même  les  Thraces  purent  confacrer  dans  les  deux  en- 
droits deux  montagnes  nommées  Pimpla  ,  &  deux  fon- 
taines chacune  fous  le  nom  de  Pimpleius.  Feflus  ,  /.  14. 
remarque  que  les  Mufes  furent  appellées  Pimpleides ,  du 
nom  d'une  fontaine  de  Macédoine,  qui  avoit  étéainfi 
nommée  à  caufe  de  la  légèreté  de  fes  eaux. 

PIMPRAMA  ,  ville  qu'Amen,  de  Expid.  Alex. 
/.  5.  n.  11.  place  vers  la   fource  du  fleuve  Indus. 

1.  PIN  .abbaye  de  France  ,  dans  le  Poitou,  à  deux  lieues 
de  Poitiers  ,  entre  cette  ville  &  Montreuil  Bonin  ,  dans 
ur.e  belle  vallée,  fur  un  ruifleau  qui  va  à  Poitiers.  C'eft 


PIN 


une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Cîteaux  j  filia- 
tion de  Pontigny.  Elle  fut  fondée  en  1 1 20  ,  fous  le 
nom  d'abbaye  de  S.  Benoît  du  Pin  par  Géraud  de  Sa- 
la. Ticio  de  Bares  fut  l'un  de  fes  plus  illuftres  bien- 
faiteurs. Elle  eft  en  régie ,  ôc  vaut  en  tout  fix  mille 
livres  de  rente.  Ses  bâtimens  font  neufs  ôc   beaux. 

2.  PIN ,  bourg  de  France  >  dans  le  Perche  ,  au  dio- 
cèfe  de  Scez. 

3.  PIN  ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Suchuen  ,  près  la  ville  Guei.  Cette  montagne  eft 
fi  élevée  qu'on  lui  donne  communément  jusqu'à  foi- 
xante  ftades  de  hauteur.  C'eft  dans  cette  montagne  que 
prend  fa  fource  le  grand  fleuve  Kiang.  *  Atlas  Sinen- 
fis. 

4.  PIN  ,  ville  &  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Channton  ,  au  département  de  Cinan  , 
première  métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  de- 
gré 22  min.  plus  orientale  que   Péking,  fous  les  37 


PIN        979 


nés ,  par  les  Aetiches ,  ôc  par  les  Perhebes.  Elle  fépa- 
roit  la  Macédoine  ,  la  Theffalie  &  l'Epire.  Le  Pinde  , 
dit  Strabon ,  /.  9.  eft  une  grande  montagne ,  qui  a  la 
Macédoine  au  nord  .  les  Perhebes  au  couchant  ;  les 
Dolopes  au  midi,  ôc  qui  étoit  comprife  dans  la  Thes- 
falie.  Pline,  /.  4.  c.  1.  la  place  dans  l'Epire.  Pour 
accorder  ces  deux  auteurs  ,  il  fuffit  de  dire  que  le 
Pinde  étoit  entre  l'Epire  ôc  la  Theffahe  ,  ôc  que  les 
peuples  qui  l'habitoient  du  côté  de  l'Epire  étoient 
réputés  Epirotes ,  comme  ceux  qui  1  habitoient  du  cô- 
té de  la  ihelTalie  étoient  appelles  Theflaliens.  Tite- 
Live  ,  /.  3  2.  nomme  cette  montagne  Lyncus  ,  ôc  Chal- 
condyle,  de  même  queSophien.difent  que  le  nom  mo- 
derne eft  Mezzovo.'  Ctlïarius ,  Geogr.  ant.  /.  2. 
c.  13. 

2.  PINDUS  ,  ville  de  Grèce  ,  dans  la  Doiide  ,  félon 
Pomponius  Mêla,  /.  2.  c.  3.  Strabon  /.  9.  nous  ap- 
prend qu'elle  étoit  au  bord  d'une  rivière  de  même  nom 


deg.  40  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenf.     laquelle  fe  perdoit  dans  le  fleuve  Céphife 

5.  PIN  ,  ville  ôc  fortereffe  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Quangfi ,  au  département  de  Lieucheu  , 
féconde  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  9  deg. 
3  min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  24  deg. 
21  min.  de  latit.  feptenuionale.  *  Atlas  Sinenf. 

PIN  FERRAND,  abbaye  de  France,  dans  le  Berry. 
Elle  eft  de  l'ordre  de  S.  Benoît,  &  fut  fondée  en  1 145. 
Son  revenu  eft  de  quinze  cens  livres.  Cette  abbaye  s'ap- 
pelle Pui-Ferrand.  Voye z,  ce  mot. 
P1NACA.  Voyez.  Sarasa. 

PlNAMUS  ,  ville  d  Egypte ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. 

1.  PINARA  ,  ville  d'Afie,  dans  la  Lycie.  Strabon, 
qui  la  met  dans  les  terres  au  pied  du  montCragus,  dit 
que  c'étoit  une  des  plus  grandes  villes  de  la  Lycie  ;  Etien- 
ne le  géographe  la  place  mal- à-propos  dans  la  Cilicie. 
Il  ajoute  qu'elle  étoit  bâtie  fur  une  montagne.  Dans 
un  autre  endroit ,  in  voce  'ApTv/butiçoç  ,  il  dk  qu'une 
partie  des  Xanthiens  h.ibitoient  une  colline  ronde  fur 
une  montagne ,  qu'ils  avoient  nommée  leur  ville  Pi- 
jjara  ,  ôc  que  dans  la  langue  des  Lyciens  nivetpu 
fignifioit  un  chofe  ronde.  Je  crois  ,  dit  Cellarius  , 
Geogr.  ant.l.  3 .  c.  3.  que  Pinaia  étoit  bâtie  fur  une 
colline,  au  pied  du  mont  Cragus.  11  y  avoir,  félon 
Strabon  ,  fur  le  mont  Cragus  une  ville  de  même 
nom,  c'eft-à-dire  ,  nommée  auffi  Cragus:  ainfi  il  n'y 
a  pas  d'apparence  que  la  grande  ville  de  Pinara  fut 
fur  la  même  montagne.  Les  habitans  de  cette  ville 
étoient  appelles  Pin arit^c. 

2.  PINARA,  ville  de  laCœlefyrie,  dans  la  partie 
feptentrionale,  fur  le  Gindarus-,  caria  Cœlefyrie  s'é- 
tendoit  jusques-là,  félon  Pline,/.;,  c.  23.  Ptolomée, 
/.  /.  C.  15.  là  place  dans  la  Piérie  de  Syrie. 

PINARIA  ,  ifle  de  la  mer  Egée ,  félon  Pline,  /.  4. 
C.  12.  qui  la  place  fur  la  côte  de  l'Etolie. 
PlNARITvE.  Voyez.  Pinara,  n.  1. 
PINARUS.  Voyez.  Pyramus. 
PINCIAN.E.   Voyez.  Segesta. 
PINCO  ,  rivière  de  l'ifle  de  Candie  ,  dans  le  territoi- 
re de  Canée.  Elle  court  en  furpentant  du  midi  au  nord, 
&  elle  a  fon  embouchure  dans  la  met  à  l'occident  de 
la  ville  de  Canée.  *  De  Wït,  Atlas. 
PINDARUS.  Voyez.  Pyramus. 
PINDASUS,  montagne  que  Pline,  /.  ;.  c.  30.  met 
dans    la  Myfie  Afiatique.  Paufanias , /.   2.  c.  26.  dit 
qu'Archias,  fils  d'Ariftcchmus  fut  bleffé  à  la  chaffe  fur 
cette  montagne,  ou  du  moins  dans  un  lieu  d'un  même 
nom ,  apud  Pindafum. 
PINDE.  Voyez,  Vwvvs. 

PINDENISSUS,  ville  de  Cilicie,  chez  les  Eleu- 
thérocilicicns.  Cicéron  ,  /.  $.  ad  Atticitm  dit  qu'elle 
étoit  près  du  mont  Amanus  ;  &  ailleurs  ,  Ep'ift.  /.  2.  ad 
Cdium,  il  ajoute  qu'il  prit  cette  ville.  Voyez.  Elheu- 

THERO-ClLICIA  ,    ÔC    PeDNELISSUS. 

P1NDICITORA  ,  ville  del'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte , 
félon  Pline  ,  /.  6.  c.  29. 

1.  PINDUS,  montagne  de  la  Grèce,  ôc  célébrée 
par  les  poètes,  parce  qu'elle  étoit  confacrée  aux  Mufes. 
Ce  n  'étoit  pas  proprement  une  montagne  feule,  mais  une 
chaîne  de  montagnes ,  habitée  par  différens  peuples  de 
l'Epire  ôc  de  la  Theffalie,  entre  autres  par  les  Athama: 


3.  PINDUS,  fleuve  de  Cilicie  :  Strabon,  /.  14. 
p.  676.  le  met  près  de  la  petite  ville  Iffus. 

4.  PINDUS  rivière  de  lEpire ,  ou  de  la  Macédoi- 
ne ,  félon  Florus ,  /.  2.  c:  7.  mais  les  meilleures  édi- 
tions,  au  Jieu  de  Pindus  ,  portent  Aolis.  Cette  rivière 
rouloit  fes  ondes  par  des  fauts  ôc  à  travers  des  ro- 
chers. 

$.  PINDUS,  montagne  de  Thface  ,  à  ce  qu'il  pa- 
roît  pas  un  paffage  de  Séneque  ,   in  Hercule  furente. 

6.  PINDUS.  Voyez  Thràcis. 

PINEPTINI ,  fauffe  embouchure  du  Nil  Ptolomée, 
/.  4.  c.  j.  la  place  entre  l'embouchure  Sébcnnytique 
ôc  la  faillie  embouchure  qu'il  nomme   Diotcos. 

FINES.  Corneille  dit  :  Ifle  fituée  à  28  deg.  de  lati- 
tude au-delà  de  la  ligne  équinoxiale,  vers  le  midi.  Elle 
éroit  autrefois  inhabitée.  En  1589,  une  flotte  de  qua- 
tre navires  anglois ,  allant  aux   Indes  orientales,  fut 
battue    vers  l'ifle  de  Madagascar   d'une  tempête ,  qui 
ayant  écarré ,  ou   fait  périr    trois   de  ces  bâtimens  , 
poufia  le  quatrième  ,  qu'on  appelloit  le  Marchand  ln~ 
dien ,  vers  un   rivage  rempli  de  rochers.  Chacun  tâ- 
cha de  fe  fauver  dans  l'esquif,  où  un  homme  ôc  qua- 
tre filles  ne  purent  fe  jetter ,  de  forte  qu'étant  demeu- 
rés dans  le  vaiffeau,ils  n'eurent  pour  tout  tecours  que 
quelques  planches    fur   lesquelles  ils  gagnèrent    terre 
dans  cette  ifle ,  quand  le  vaiffeau  fut  brifé.   Il  n'y  trou- 
vèrent aucunes  bêtes  fauvages  ;  mais  il  y  avoit  quanti- 
té d'arbres  fruitiers  ôc  un  grand  nombre  d'oifèaux  qui 
pondoient  des  œufs  en  abondance.  L'homme  n'avoic 
que  trente  ans ,  ôc  les  femmes  étoient  la  fille  du  ca- 
pitaine du  vaiffeau  ,  fes  deux    fervantes  ôc  une  escla- 
ve Maure.  Il  devint  le  mari  de  toutes  les  quarre  ,  ôc 
en  eut  une  fi  nombreufe  poftérité,  qu'en  1667,  il  fc 
trouva  dans  cette  ifle  onze  à  douze  mille  perfonnes. 
Aucun  navire  n'y  étoit  abordé  depuis  ce  naufrage,  & 
enfin  l'an  1667,1m  vaiffeau  Hollandois ,  fai  faut  voya- 
ge au-delà  du  cap  de  Bonne-Espérance  ,  vers  l'orient , 
fut  pouffé  par  un  vent  impétueux  a  la  rade  de  cette 
ifle.  Les  gens  de  ce  vaiffeau  y  étant  entrés  furent  é- 
tonnés  d'y  trouver    des  habitans    qui   profeffuienr    la 
religion  chrétienne.  Ils  apprirent  d'eux  l'événement  du 
naufrage  ;  ôc  c'eft  d'une   lettre    d'Amfterdam  du  19 
Juillet  1668,  que  ce  mémoire  a  été  tiré. 

C'eft  dommage  que  le  mémoire  en  queftion  ne  nous 
ait  pas  marqué  le  degré  de  longitude  ,  comme  celui 
de  latitude» 

1.  PINETUM,  ou  Pineta,  lieu  d'Italie,  à  trois 
milles  de  la  ville  de  Ravenne ,  félon  Jornandès ,  de 
reb.  Get.  c.  y  7.  Ortelius  dit  que  ce  lieu  fe  nomme  en- 
core aujourd'hui  la  Pineda  ,  &  qu'il  y  a  un  grand  can- 
ton entre  Ravenne  ôc  Ferrai  e ,  planté  de  pins. 

2.  PINETUM,  lieu  d'Italie,  dans  la  Toscane,  fé- 
lon Servius,  cité  par  Ortelius. 

PINETUS,  ville  d'Espagne.  Ptolomée,/.  2.  c.  G. 
la  donne  aux  Call&ci  Bracarii.  L'itinéraire  d'Anronin 
la  met  fur  la  route  de  Bracara  à  AJturica ,  entre  Ad 
aquas  ôc  Roboretum ,  à  vingt  milles  de  la  première , 
Ôc  à  trente-fix  de  la  féconde.  On  croit  que  c'eft  Peneda, 
village  du  Porrugal. 

PINEUM  ,  ville  de  la  première  Myfie.  11  en  eft  par- 
lé dans  la  notice  des  dignités  de  l'Empire ,  Sett.  30. 
Tom.  IV.  H  h  h  h  h  h  ij 


980       PIN 


PIN 


P1NEY ,  ancienne  baronnie  de  France ,  en  Cham- 
pagne ,  maintenant  duché-pairie.  Voyez.  Pigney. 

1.  PINGCHA1,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département  de  Tunggin , 
dixième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  8  degrés 
58  min.  plus  occidentale  quePéking,  fous  les  28  deg. 
23  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnen- 
fis. 

2.  P1NGCHAI ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Suchuen  ,  au  département  de  Jungning , 
autre  forterefle  delà  province.  Elle  eft  de  9  deg.  36 
min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  29  deg.  16 
min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinènfis. 

PINGCHEU,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département  de  Tucho  ,  hui- 
tième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg. 
44  min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  16  deg. 
2  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

PINGCHUEN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Junnan  ,  au  département  de  Tali ,  féconde  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  17  deg.  10  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  25  deg.  43  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

PINGCIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  provint 
ce  de  Quangfi  ,  au  département  de  Suming,  neuviè- 
me métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  t2  deg.  17 
min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  23  degrés 
6  minutes  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnen- 
fis. 

PINGFA  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Queicheu ,  au  département  de  Queiyang ,  premiè- 
re métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  11  deg.  57 
min.  plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  16  degrés 
o  minutes  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinèn- 
fis. 

1.  PINGHIANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Kiangfi  ,  au  département  de  Ivencheu  ,  on- 
zième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  3  deg.  46 
min.  plus  occidenrale  que  Péking,  fous  les  28  degrés 
28  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnen- 
fis. 

2.  PINGHIANG,  Pingianum,  ville  de  la  Chine, 
dans  la  province  de  Péking  ,  au  département  de  Xun- 
te ,  cinquième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  2 
deg.  44  mm.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  37 
deg.  37  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnen- 
fis. 

PINGHO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Fokien  ,  au  département  de  Changcheu  ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  7  min.  plus 
orientale  que  Péking  ,  fous  les  24  deg.  37  min.  de  la- 
titude feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

PINGHU ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Chekiang,  au  département  de  Kiahing,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  4  deg.  20  min.  plus 
orientale  que  Péking,  fous  les  30  deg.  54  min.  de  la- 
titude feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

PINGJANG  ,  ville  de  Corée  ,  dans  la  province  de 
Kinki ,  félon  le  père  Martini ,  qui ,  après  avoir  dit  que 
la  Corée  eft  divifée  en  huit  provinces  ,  ajoute  :  Celle  du 
milieu  s'appelle  Kinki  ;  c'eft-là  qu'eft  la  ville  de  Ping- 
jang ,  fi  célèbre  8c  fi  fameufe,  où  les  rois  tiennent 
leur  cour. 

PINGJAO,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Fuencheu  ,  cinquième 
mérropole  de  la  province.  Elle  eft  de  5  deg.  36  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  38  deg.  10  min. 
de  latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

Près  de  lingjao ,  dans  les  montagnes ,  il  y  a  une  chute 
d'eau  ou  cataracte  ,  dont  le  bruit  s'entend  à  plufieurs 
flades ,  8c  qui  ne  cède  guère  aux  fameufes  cataractes 
du  Nil. 

PINGKIANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Huquang,  au  département  d'Yocheu  ,  feptiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  elt  de  4  deg.  20  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  29  deg.  1;  min.  de 
latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

PINGKO  ,  ville  de  la  Chine, dans  la  province  de 
Péking,  au  département  de  Xuntien,  première  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft.  de  o  deg.  26  min.  plus 


orientale  que  Péking,  fous  les  39  deg.  55   min.  de 
latit.  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

P1NGLANG,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu,  au  département  de  Tucho,  hui- 
tième métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg. 
30  min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  26 deg. 
1 5  minutes  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnen- 
fis. 

1.  PINGLEANG,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la 
province  de  Suchuen  ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Pao- 
ning.  Au  fommet  de  cette  montagne  on  voit  une 
grande  plaine  ,  bordée  par  les  autres  montagnes  de  ce 
quartier,  8c  qui  lui  fervent  comme  de  rempart.  *  Atlas 
Sïnenfis. 

2.  PINGLEANG,  Pingleanum,  ville  delà  Chine, 
dans  la  province  de  Xerifi  ,  où  elle  a  le  rang  de  qua- 
trième métropole.  Elle  eft  de  9  deg.  41  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking  ,  fous  les  37  deg.  12  min.  de  latit. 
feptentrionale.  Son  territoire  eft  tout  coupé  de  mon- 
tagnes agréables  à  la  vue,  &  très-fertiles,  ce  qui  fait 
qu'il  abonde  en  toutes  chofes  néceflaires  à  la  vie.  On 
remarque  entre  autre  dans  la  ville  de  Pingleang  trois 
temples  dédiés  à  des  héros,  8c  un  magnifique  palais 
bâti  par  la  famille  de  Taminga  j  car  un  des  rois  de 
cette  famille  fit  fa  demeure  ordinaire  dans  cette  ville. 
L'empereur  Yvas  unit  le  territoire  de  Pingleang  à  la 
province  d'Yung.  Sous  la  famille  Hana  ,  la  ville  s'ap- 
pelloit  Janti  ;  la  famille  Sunga  la  nomma  Kingyven, 
c'eft-à  dire,  la  fource  du  fleuve  King  ,  parce  qu'elle  eft 
bâtie  à  la  fource  de  ce  fleuve.  Les  autres  familles  lui 
donnèrent  le  nom  de  Pingleang,  à  caufe  de  la  tempé- 
rature de  l'air  qu'on  y  respire.  Il  y  a  dix  villes  dans  le 
territoire  de  Pingleang,  favoir  : 


Pingleang , 
Cungfin , 
Hoating , 
Chiny  ven , 
Kuyven  ©, 

*  Atlas  Sïnenfis. 


King  €> , 
Lingt'ai , 
Choangleang  , 
Lungre , 
Cingning. 


PINGLI ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Xenfi ,  au  département  de  Hanchung ,  troifiéme  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  7  deg.  j8  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  33  deg.  ^7  min.  de 
latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sïnenfis. 

1.  PINGLO,  Pinglum  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la 
province  de  Quanfi,  où  elle  a  le  rang  de  quatrième  mé- 
tropole. Elle  eft  de  7  deg.  c  min.  plus  occidentale 
que  Péking,  fous  les  26  deg.  25  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale. On  l'a  bâtie  fur  la  rive  orientale  du  fleuve 
de  Ly,  qui  traverfe  le  territoire  de  Pinglo,  en  coulant 
dans  des  vallées  très-étroites  8c  très-profondes  ,  8c  dans 
plufieurs  endroits  entre  des  pierres  8c  des  rochers.  On 
prétend  que  dans  fon  cours  on  rencontre  jusqu'à  trois 
cens  foixante  précipices  ou  cascades  -,  ce  qui  fait  qu'il  ne 
peut  porter  bateau.  Sous  la  famille  de  Cina  le  terri- 
toire de  Pinglo  dépendoit  du  pays  de  Queilin  :  celle 
de  Hana  lui  donna  le  nom  de  Cangçu  :  celle  de  Tanga , 
celui  de  Locheu  ,  8c  celle  d'Iuena  l'appclla  Pinglo.  Il  y 
a  huit  villes  dans  ce  territoire  &  toutes  font  renfermées 
de  montagnes.  Ces  villes  font  : 


Pinglo  , 
Cungching, 
Fuchuen , 
Ho, 


Liepu  , 
Sieugin  , 
Junggan©  , 
Chaoping. 


2.  PINGLO,  petite  forterefle  de  la  Chine,  dans 
la  province  de  Xenfi  ,  au  département  de  Changyn  , 
forterefle  du  fécond  rang  dans  la  province.  Elle  eft  de 
11  deg.  40  min.  plus  occidentale  quePéking,  fous  les 
3j  deg.  12  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas 
Sin<  nfis. 

3.  PINGLO,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channfi  ,  au  département  de  Pingyang,  féconde 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  6  deg.  3  1  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  10  min. 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Stne?ifis. 


PIN 


i.  PINGLU,  foiterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chenu* ,  au  département  d'Iunchang ,  première 
forterefle  de  la  province.  Elle  eft  de  10  deg.  10  min. 
plus  occidentale  que  Péking ,  fous  les  39  deg.  o  min. 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  PINGLU  foiterefle  delà  Chine  ,  dans  la  province 
de  Channfi  ,au  département  de  Gueiyven  ,  première  foi- 
terefle de  la  province.  Elle  eft  de  5  deg.  50  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  40  deg.  ij  min.  de 
latitude  fcptentrionale.  *  Atlas  Sinenf. 

1.  PINGNAN,  ville  delà  Chine,  dans  la  province 
de  Quangfi ,  au  département  de  Cincheu ,  fixiéme 
métropole  de  la  ptovince.  Elle  eft  de  7  deg.  36  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  24  deg.  5  min. 
de  latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  PINGNAN  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  •  au  département  de  Tunggin  ,  fi- 
xiéme métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  9  deg. 
20  min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  28  deg. 
48  minutes  de  latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinen- 

PINGPA  ,  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  ptovince 
de  Queicheu.  Elle  eft  de  10  deg.  14  min.  plus  occi- 
dentale que  Péking  ,  fous  les  27  deg.  9  min.  de  latit. 
fcptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis 

PINGSA,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Queicheu ,  au  département  de  Lungly ,  quatrième 
cité  militaire  de  la  ptovince.  Elle  eft  de  10  deg.  59 
min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  16  deg. 
o  min.  de  latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinen- 
fis. 

PINGTEN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Queicheu  ,  au  département  de  Tunggin,  fixié- 
me métropole  de  la  ptovince.  Elle  eft  de  9  deg.  5 
min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  28  deg. 
4c  minutes  de  latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinen- 
fis. 

1.  P1NGTING  ,  foiterefle  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Queicheu ,  au  département  de  Tucho  , 
huitième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  10 
d.  20  min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  16 
deg.  26  min.  de  latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Si- 
nenfis. 

2.  PINGTING  ,  ville&  forterefle  de  la  Chine,  dans 
la  province  de  Channfi ,  au  département  de  Taiyven , 
première  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  3  deg. 
55  min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  38  deg. 
1$   minutes  de  latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinen- 

fis. 

1.  PINGTU  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Suchuen,  près  de  la  ville  de  Furigta.  C'eft 
une  des  foixante  6c  douze  montagnes ,  dont  fait  l'éloge 
le  livre  chinois,  appelle  Toafu.  *  Atlas  Sinenfis. 

2.  PINGTU  ,  ville  &c  forterefle  de  la  Chine  ,  dans 
la  province  de  Channton  ,  au  département  de  Laicheu  , 
fixiéme  métropole  de  la  ptovince.  Elle  eft  de  2  deg. 
58  min.  plus  orientale  que  Péking,  fous  les  36  deg. 
2.6  minutes  de  latitude  feptentiionale.*  Atlas  Sinen- 
fis. 

PINGUENTE,  bourg  d'Italie,  dans  l'Iftiïe  ,  vêts 
la  fource  du  Quieto ,  environ  à  vingt  milles  de  Capo 
d'Iftria  ,  vers  le  levant  oriental.  C'eft  l'ancienne  Picuen- 
tum.  Voyez,  ce  mot.  *  Magin  ,  Carte  de  l'Iftrie. 

PINGUS ,  fleuve  de  la  Mœfie  ,  en  Europe.  Pline , 
/.  3.  c.  26.  le  met  chez  les  Dardant.  Le  père  Hardouin 
dit  qu'il  fe  jette  dans  la  Morave. 

PINGXAN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Péking ,  au  département  de  Chinting  »  quatrième  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  3  deg.  24  min.  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  38  deg.  33  min.  de 
latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

P'INGXUN',  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi ,  au  département  de  Lugan  ,  quatrième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  3  deg.  jj  min.  plus 
occidentale  que  Péking  ,  fous  les  36  deg.  56  min,  de 
latit.  fcptentrionale. 

1.  PINGYANG  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channfi  ,  où  elle  a  le  tang  de  féconde  métropole. 
Elle  eft  de  5  deg.  58  min.  plus  occidentale  que  Pé- 
king, fous  les  37  deg.  19  min.  de  latitude  feptentrio-. 


PIN       98Î 


nale.  Pîngyang  eft  fituée  fur  la  rive  orientale  du  fleuve 
Fuen ,  qui  vient  de  Taiyven  ,  ôc  qui  porte  bateau.  Elle 
eft  dans  un  pays  enrrecoupé  de  montagnes  &  de  plai- 
nes ,  6c  le  terroir  eft  fertile.  Il  n'y  a  pas  un  pouce  de 
terre  qui  ne  foit  cultivé  ,  fi  ce  n'eft  dans  quelques  mon- 
tagnes hériflées  de  rochers.  L'air  y  eft  très-fain ;  &  il 
y  a  peu  de  contrées  où  l'on  trouve  tant  de  villes  &  r'e 
villages.  Quoique  cette  ville  n'ait  que  le  fécond  tang 
parmi  les  métropoles  de  la  province ,  elle  ne  cède  à 
la  première  métropole  ni  pour  l'ancienneté,  ni  pour  la 
beauté  ,  ni  pour  le  nombre  des  habitans  \  de  forte  qu'el- 
le eft  regardée  comme  une  des  principales  villes  de 
l'empire.  Le  roi  Javus,  qui  regnoit  deux  mille  trois 
cens  cinquante-fept  ans  avant  la  naiflance  de  Jefus- 
Chrift ,  avoit  fon  palais  dans  cette  ville.  A  l'occident 
&  au  midi ,  fon  territoire  eft  baigné  par  le  fleuve  Cro- 
ccus,  &  le  Fuen  de  même  que  l'Hœi  le  traverfent. 
L'empereur  Yvus  mit  ce  territoire  ,  fous  la  dépendance 
de  la  province  de  Kicheu.  Anciennement  il  appartint 
aux  rois  Cyn ,  enfuite  à  ceux  de  Han  ,  puis  à  ceux  de 
Caho.  Les  familles  impériales  de  Cina  Se  de  Hana  le 
comprenoient  dans  l'étendue  de  la  province  de  Ho- 
tung  ;  la  famille  Tanga  donna  à  la  ville  le  nom  de  Cin- 
cheu ■■,  celle  d'Utai  Pappella  Tinchang  ;  la  famille  Tar- 
tare  connue  fous  le  nom  d'Yvon ,  l'appella  Cinning , 
Se  la  famille  de  Taminga  lui  rendit  l'ancien  nom  de 
Pingyang,  qui  lui  avoit  été  donné  par  l'empereur  Ivus. 

Cette  métropole  a  dans  fon  territoire  trente  -  deux 
villes,  qui  font: 


Pingyang, 

Ganye , 

Siangling , 
Chaoching , 

Hungt'ung , 
Feuxan , 

T'aiping , 
Yoiang , 

Hia , 
Venhi , 

Jeching , 

Pinglo , 

Kioyao , 
Fuenfi  , 

Juiching , 
Kiang  , 

P'u, 

Juenkio , 

P'u©, 

Hoe, 

Lincin , 

Kie©  , 

Yungo , 
Yxi, 

Hiangnîng , 
Cie0, 

Van  Civen , 

Taning  , 

Hocin  , 

Xeleu , 

Kiai  e , 

Yungho. 

2.  PINGYANG  ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Fungciang,  féconde  mé- 
tropole de  la  ptovince.  Elle  eft  de  9  deg.  29  min  plus 
occidentale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  25  min.  de 
latitude  feptentrionale. 

3.  PINGYANG,  ville  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chekiang,  au  département  de  Yencheu , 
onzième  métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  4  deg. 
4  min.  plus  orientale  que  Péking,  fous  les  27  deg.  10 
min.  de  latit.  feptentrionale. 

P'INGYN  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Chantung  au  département  d'Yencheu,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  25  min.  plus 
orientale  que  Péking,  fous  les  $6  deg.  2j  min.de  la- 
titude feptentrionale. 

PINGYVE  ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Queicheu  ,  où  elle  a  le  rang  de  troifiéme  cité  militai- 
re. Elle  eft  de  iod.  32  min.  plus  occidentale  que  Pé- 
king ,  fous  les  27  deg.  o  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale. Sous  la  famille  Cina ,  le  territoire  de  cette  ville 
appartenoit  atu  princes  de  Kiuchung.  Aujourd'hui  la 
ville  de  Pingyve  a  dans  fa  dépendance  deux  forterefles 
qui  font  : 

Yangy  &  Loping. 

1.  P1NGYVEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Channton ,  au  département  de  Cinan  ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  fous  le  même  de- 
gré de  longitude  que  Péking,  fous  les  37  deg.  28  min. 
de  latitude  feptentrionale. 

2.  P1NGYVEN,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 


582        PIN 

de  Quant :ung  ,  au  département  de  Chaocheu,  cinquième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  30  min. 
plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  24  deg.  20  min. 
de  latitude  feptentrionale. 

PINHEL  ,  Pinellum,  ville  du  Portugal,  dans  la 
province  de  Tra-los-Montes ,  au  midi  du  Douro ,  au 
confluent  de  la  Coa,  ôc  d'une  autre  petite  rivière  nom- 
mée Rio  Pinhel.  La  ville  de  Pinhel  eft  capitale  d'une 
Comarca.  On  prétend  qu'elle  a  été  bâtie  par  les  an- 
ciens Turdules.  Elle  jouit  de  grands  privilèges  qu'elle 
a  reçus  des  rois  de  Portugal.  *  Délices  de  Portugal , 
p.  720., 

PJNNA,  ville  d'Italie.  Ptolomée,  /.  3.C  1.  la  don- 
ne aux  Vejiini.  Silius  Italicus ,  /.  8.  v.$i6.  l'appelle  Pin- 
na  Virens  ,  Ôc  Vitruve  ,  /.  8.  c.  3.  la  nomme  Pinna  Ve- 
fiina.  Le  nom  moderne  eft  Penna,  ou  Permaâi  S.  Gio- 
vanni ,  ou  Civtta  de  Penna.  Les  habitans  font  nommés 
Pinnenj'es  par  Pline  ,  /.  3.  c.  12. 

PlNNENBERG,  Pinneberga  ,  bourg  &  forterefle 
du  Hoiftein  ,  dans  la  Stor marie  ,  au  comté  de  Pinnen- 
berg, à  deux  milles  de  Hambourg.  Cette  place  eft  afiez 
forte ,  le  général  de  Tilly  fut  blefle  en  1627.  Les  Sué- 
dois s'en  emparèrent  en  1644.  Lès  Danois  effayerent  de 
la  reprendre  \  mais  ils  furent  repoufies  par  Helm- 
Wiangel.  Les  premiers  la  rendirent  à  ceux-ci  en  1645. 
Les  Suédois  s'en  rendirent  encore  maîtres  dans  la  guerre 
que  Charles  Guflave  fit  au  Danemarck  ;  mais  ils  l'aban- 
donnèrent à  l'arrivée  des  troupes  de  l'empereut ,  du 
roi  de  Pologne ,  ôc  de  l'électeur  de  Brandebourg.  * 
Rutgeri ,  Hermanid.  Daniae    Defcript.  p.  1140. 

Le  comté  de  Pinnenberg  eft  borné  au  nord  par  la 
préfecture  de  Steinberg  :  à  l'orient  par  celles  de  Sege- 
berg ,  de  Tremsbuttel ,  de  Steinhorlt  &  de  Trittow  ; 
au  midi  par  le  fleuve  de  l'Elbe  ;  6c  au  couchant  par  le 
territoire  deCrempen.  Ce  comté  a  tantôt  appattenu 
à  la  maifon  de  Hoiftein  ,  tantôt  aux  comtes  de  Schau- 
wenburg.  Après  la  mort  du  dernier  de  ces  comtes» il 
retourna  par  droit  de  fuccefîîon  à  la  maifon  de  Hoi- 
ftein ,  c'eft-à  dire  ,  au  roi  de  Danemarck,  &  au  duc 
de  Schlcswic.  Autrefois  ce  comté  étoit  partagé  en  trois 
préfectures  ou  bailliages,  qui  avoient  chacun  leur  bailli, 
lavoir  celui  de  Pinnenberg  ,  celui  de  Hatsburg  ,  ôc  celui 
de  Barmftede  ,  &  ces  trois  baillis  dépendoient  du  bailli 
général ,  appelle  Droft.  Après  la  mort  du  dernier  com- 
te Otton  ,  le  comté  de  Pinnenberg  fe  trouvant  hypo- 
théqué ,  Chriftian  IV  ,  roi  de  Danemarck  ,  eut  en  par- 
rage  les  bailliages  de  Pinnenberg,  6c  de  Hatsburg,  à 
la  charge  de  payer  les  deux  tiers  des  dettes  ;  6c  le  bail- 
liage de  Barmftede  pafla  à  Frideric  IV  ,  duc  de  Schles- 
wic  6c  deHolftein,  avec  l'obligation  de  payer  le  refte 
des  dettes.  Ce  prince  ayant  échangé  fa  portion  pour 
d'autres  domaines  que  lui  céda  le  comte  de  Rantzaw, 
le  château  de  Barmftede  &  fon  bailliage  furent  éri- 
gés en  comté  par  l'empereur,  fous  le  titre  de  comté 
de  Rantzaw.  *  Rutgeri ,  p.  1 1  3  2  &  fuiv. 

PINON  ,  ville  de  la  Dace.  Ptolomée,  /.  3.  c.  8.  la 
place  entre  Phrateria  6c  Arnutruim.  Le  nom  moder- 
ne eft  Pbi/fona,  félon  Niger  ;  6c  Wynez.,  félon  Lazius. 

1.  PINOS,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale,  fur 
la  côte  méridionale  de  l'ifle  de  Cuba  ,  entre  le  cap  Co- 
riente  6c  les  Hermanos.  Elle  n'eft  féparée  de  l'ifle  de 
Cuba  que  par  un  détroit  peu  profond.  Sa  longueur  eft 
de  dix  lieues ,  &  fa  largeur  de  fix  ou  fepr.  Quelques  mon- 
tagnes selevent  dans  le  milieu  de  cette  ifle,  qui  eft 
plate  par  tout  ailleurs  ,  6c  inhabitée.  Elle  eft  remplie 
de  bocages,  fournie  d'eau  douce,  6c  abondante  en  bé- 
tail, à  caufe  de  la  bonté  de  fes  pâturages -,  ce  qui  fait 
que  les  Espagnols  la  vont  vifiter  en  certains  tems.  * 
Atlas ,  Robert  de  Vaitgondy.  De  Laè't ,  Defc.  des  Indes 
occ.  1.  1.  c.    14. 

2.  PINOS.  Voyez.  CotoAGRt. 

PINS  (  ifle  des  )  ,  petite  ifle  de  la  province  de  Hon- 
duras ,  dans  l'Amérique  feptentrionale.  Ce  fut  la  pre- 
mière terre  que  Chriftophe  Colomb  apperçut ,  lors- 
qu'il découvrit  cette  province  dans  fon  quatrième  voya- 
ge en  if 02,  les  Infulaires  la  nommoient  Guanaja, 
ôc  comme  elle  eft  accompagnée  de  plusieurs  autres 
ïflcs  ,  CoLmb  la  nomma  los  Guanajos.  Cependant  il 
changea  le  nom  de  la  première,  Ôc  l'appella  l'ifle  des 
Pins ,  parce  qu'elle  étoit  toute  couverte  de  ces  arbres. 


PIO 


Elle  eft  à  douze  lieues  du  cap  de  Honduras  ,&  de  la 
ville  de  Truxilo.  *  Le  père  de  Charlevoix ,  Hift.  de  S. 
Domingue  ,  t.    1. 

PINSEN  .fort  du  Brâbânt  Hollandois ,  près  de  Berg- 
op-Zom. 

PINSERAIS  ,  Pagus  Pinciàfenfis  ou  Pinciacus  ,  petit 
pays  de  France  ,  au  diocèfe  de  Chartres  ,  du  côté  de 
Poifiy  qui  en  eft  la  ville  principale.  11  n'en  eft  fait 
mention  que  lorsqu'il  s'agit  des  chofes  eccléfiaftiques 
du  diocèfe  de  Chartres  :  ainfi  on  n'en  connoît  guère 
bien  aujourd'hui  les  bornes.  Un  des  archidiaconés 
de  Chartres  porte  le  nom  de  Pinferais. 

PNSKO  ,  ou  Pinsîc,  Pinscum,  ville  du  grand  du- 
ché de  Lithùanie  ,  dans  le  palatinat  de  Brzescie,  ôc 
le  chef- lieu  d'un  territoire  auquel  elle  donne  fon 
nom.  Elle  prend  elle-même  fon  nom  de  la  petite 
rivière  fur  laquelle  elle  eft  bâtie  ,  ôc  qu'on  nomme 
Pinsk.  Cette  ville  étoit  fort  grande  ,  bien  peuplée  , 
ôc  très  -  marchande  ;  mais  les  Cofaques  l'ont  telle- 
ment ruinée,  à  ce  que  dit  Corneille  ,  DifL  qui  cite 
Audiffret ,  qu'on  n'y  trouve  plus  que  quelques  maifons 
écartées  les  unes  des  autres.  Mais  André  Cellarius  , 
fur  le  témoignage  de  Paftorius  ,  donne  une  autre  caufe 
de  la  ruine  de  cette  ville.  Il  dit  ,  Dejcr.  Polonia,  , 
p.  297.  que  Pinskp  ,  étant  tombée  entre  les  mains  des 
Cofaques  ,  par  la  trahifon  des  habitans  ,  les  Lithua- 
niens l'ayant  reprife ,  là  réduifirent  en  cendres ,  &  en 
paflerent  la  plus  grande  partie  des  habitans  au  fil  de 
ï'épée  ,  afin  que  cette  févérité  fervît  d'exemple  pour 
retenir  les  autres  villes  du  duché  dans  leur  devoir. 

PINTERVILLE  ,  village  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  d'Evreux ,  dans  le  doyenné  de  la 
Croix ,  fur  la  rivière  d'Eure  ,  proche  de  Louviers.  L'hi- 
ftoire  des  archevêques  de  Rouen  fait  foi  que  plu  (leurs 
de  ces  prélats  y  ont  réfidé  quelquefois  :  c'étoit  une  de 
leurs  maifons  de  plaifance.  On  a  des  actes  d'Aimerie 
Guenaut  de  l'an  1338,  qui  font  datés  du  manoir  de 
Pinterville.  Ce  même  archevêque  y  mourut  le  17  Jan- 
vier 1 342  ,  félon  la  chronique  de  Rouen  ,  chez  le  père 
Labbe  ,  t.  1.  Bibliothèque  manuscrite.  L'hiftorien  mo- 
derne d'Evreux,  p.  223.  remarque  que  les  archevêques 
de  Rouen  n'y  ont  point  fait  l'ordination  ,  fans  la  per- 
miflîon  de  l'évêque  diocèfain  ,  ou  au  chapitre  de  lat 
cathédrale  d'Evreux ,  lorsque  le  fiége  étoit  vacant.  On 
voit  par  là  l'erreur  grofliere  du  dictionnaire  univer- 
fel  de  la  France  ,  qui  marque  ce  lieu  dans  le  diocèfe 
de  Rouen. 

1.  PINTIA  :  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  place  deux  villes 
de  ce  nom  dans  l'Espagne  Tarragonncife  II  donne  l'une 
aux  Callaici-Lucenfii  ,  &  l'autre  aux  Vaccei.  Charles 
Clufius  ôc  Mariana,  /.  10.  c.  7.  prétendent  que  cette 
dernière  eft  aujourd'hui  Valladolid  -,  d'autres  la  met- 
tent pourtant  un  peu  à  côté  de  cette  dernière  ville. 
Villeneuve  dit  que  l'autrePintia  eft  Cbcrogy  (  Cbiroge)  ; 
mais  Surira  veut  que  ce  foit  Pennafiel.  L'itinéraire 
d'Antonin,  qui  ne  connoît  en  Espagne  qu'une  ville  dit 
nom  !  de  Pincia  ,  la  met  fur  la  route  &A(iurica  à  S?.r- 
ragofie  ,  entre  Pela  ôc  Rjuda  ,  à  vingt  quatre  milles 
de  la  première ,  &  à  vingt  fix  de  la  féconde. 

2.  PINTIA  ,  ville  de  Sicile.  Elle  étoit,  félon  Ptolomée; 
/.  3.  c.  4.  fur  la  côte  méridionale,  entre  l'embouchu- 
re du  fleuve  Mazara ,  ôc  celle  du  fleuve  Soffius.  11  y  avoic 
un  temple  dédié  à  Pollux,  félon  Claudius  Arerius,qui 
dit  que  le  nom  moderne  eft  Polhtci.  Léander  appelle 
fon  Territoire  Terra  di  Pulici ,  ôc  ajoute  qu'on  y  trouve 
quantité  d'anciens  monumens. 

PINTON.  Voyez.  Phttonis  Insuia. 

1.  PINUM.  Voyez.  Pinon. 

2.  PINUM.  Voyez. ,  au  mot  Ad  ,  l'article  Ad  PinumV 
PIOBICO  ,  bourg  d'Italie,  au  duché  d'Urbin  ,  art 

confluent  du  bras  occidental  du  fleuve  Cantiano  ,  ôc 
de  la  rivière  Menatoio ,  entre  San  Angelo  in  Vado  ôc 
Cagli.  Il  y  a  un  château.  *  Magin  ,  carte  du  duché 
d'Urbin. 

PIOMBA  ,  rivière  d'Italie  ,  dans  l'Abruzze  ultérieure. 
Elle  a  fa  foutee  au  mont  Apennin  ,  ôc  fon  cours  du 
midi  occidental  au  nord  oriental.  Son  embouchure  eft 
fur  là.  côte  de  la  mer  Adriatique.  Cette  rivière  eft  le 
Matrînus  des  anciens.  *  Magin  ,  carte  de  l'Abruzre 
ultérieure. 


PIO 


PIP 


PIOMBINO  ,  ville  d'Italie  ,  fur  la  côte  de  la  Toscane, 
&  la  capirale  de  la  principauté  de  même  nom.  A  cinq 
millesaufud  oueft  de  la  pointe  du  cap  Baratte  elt  lai  oin- 
te du  cap  Piombin  ,  8c  celle  qui  s'avance  le  plus  en  mer. 
Elle  forme  avec  l'ifle  le  paffage  appelle  communément 
le  canal  de  Piombin  :  au  bout  8c  tout  près  de  cette 
pointe  il  y  a  un  gros  écueil  8c  quelques  autres  moin- 
dres auprès.  La  ville  de  Piombino  eft  de  l'autre  côté  de 
cette  pointe  ,  vers  le  fud-eft ,  environ  deux  milles.  Cette 
ville  elt  forte  petite  ,  mais  affez  bien  fortifiée  ,  quoi- 
que à  l'antique.  Sa  forterefïe  eft  bien  entendue.  Les  rois 
d'Espagne  y  ont  tenu  garnifon  depuis  1548 ,  quoiqu'elle 
dépendit  de  fon  prince  particulier.  L'empereur  Charles 

VI,  en  s 'emparant  du  royaume  de  Naples,  fe  faifit  de 
cette  fortereiîe  ,  que  le  nouveau  roi  de  Naples  lui  a 
enlevée.  On  conjecture  que  c'eft  la  ville  Populonium  des 
anciens  ,  c'eft-à-dire  la  petite  Populonie  ;  car  la  grande  , 
des  ruines  de  laquelle  la  petite  avoir  pris  naillance  ,  etoit 
à  trois  milles  de  Piombino  ,  vers  le  port  de  Baratte.  * 
Micbelot ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  100.  PjLiurucrn  , 
Mercilr.  Italie,  p.  ;49» 

La  Principauté  de  PIOMBINO  eft  une  petite  con- 
rrée  le  long  de  la  mer,  entre  ie  Siénois  8c  le  Pilon. 
Elle  fit  autrefois  partie  de  la  république  de  Pife  .  d'où 
elle  vint  à  la  maifon  d'Appiani  ,  qui  en  prit  le  titre  de 
prince  ,   8c  l'a  confervé  jusqu'en    1605  ,  que  Jacques 

VII,  prince  de  Piombino  ,  étant  mort  fan*  enfans  maies  , 
l'empereur  Ferdinand  II  remit  cette  principauté  a  Phi- 
lippe IV, roi  d'Espagne,  l'an  163  i.Ge  ptince  la  vendit 
trois  ans  après  à  Nicolas  Ludovifio  ,  qui  avoir  époufé 
la  petite -fille  par  femmes ,  de  Jacques ,  fe  réfervant  le 
droit  d'avoir  toujours  garnifon  espagnole  dans  la  for- 
terefie de  Piombino  comme  cela  s'éroit  pratiqué  depuis 
1548.  La  maifon  de  Ludovifio  étoit  fort  connue  à 
Boulogne ,  avant  qu'Alexandre  Ludovifio  eût  été  élevé 
à  la  première  dignité  de  l'églife  ,  le  9  de  Février  162 1  , 
fous  le  nom  de  Grégoire  XV.  Cette  ptincipauté  a 
paffé  enfin  dans  la  maifon  de  Buoncompagno  qui  la 
pofTede  actuellement  fous  la  protection  du  roi  de 
Naples.  *     La  Forêt  de  Bourgon  ,  Géogr.  Hift.  t.  1. 

A  cinq  milles  au  fud-fud-eft  de  la  pointe  du  cap 
Baratte ,  eft  celle  du  cap  de  Piombin  ,  8c  c'eft  celle 
qui  s'avance  le  plus  en  mer  ,  &  qui  forme  avec  l'ifle 
d'Elbe  ce  paffage ,  qu'on  appelle  communément  le  Ca- 
nal de  Piombin.  Vers  le  milieu  du  canal  ,  y  a  deux 
groffes  ifles  ,  presque  rondes  ,  fur  le  haut  des- 
quelles eft  une  tour  de  garde.  Elles  ont  environ  uh 
mille  de  tour  ;  8c  elles  font  fort  hautes.  Proche  de  la 
première  ,  qui  s'appelle  Palmaria  ,  il  y  a  un  écueil  hors 
de  l'eau.  On  peut  néanmoins  ranger  ces  ifles,  &  même 
paffer  entre  deux ,  mais  avec  prudence.  Du  cap  Piom- 
bin au  cap  Troyail  y  a  environ  20  milles  vers  le  fud- 
eft  :  entre  les  deux  il  fe  fait  un  grand  enfoncement 
d'environ  1 3  milles  en  certains  endroits ,  avec  des  pla- 
ges &  un  bas  terrein,  rempli  de  marécages  &  d'étangs. 
On  appelle  ce  lieu  la  Plaine  de  Calva-Vetleta.  11 
y  en  a  une  autre  du  côté  du  fud  eft  ,  dans  un  autre 
enfoncement ,  nommé  Scalino.  *  Micbelot ,  Portulan 
de  la  Méd.  p.   ico. 

PION,  montagne  au  voifinaged'Ephèfe,  félon  Pline, 
/.  y.  c.  29.  Paufanias,/.  7. p.  406.  qui  la  met  dans  le  ter- 
ritoire d  Ephèfe  ,  exalte  fa  fertilité.  Ceft  dans  cette  mon- 
tagne que  fut  enterré  Timothée  ,  disciple  de  l'Apôtre 
faine  Paul  ,  félon  Orrelius ,  qui  cite  Freculphe. 

PIONCET,  abbaye  de  France  ,  au  diocèfe  de  Valen- 
ce. Elle  eft  de  l'ordre  de  C'ireaux  ,  8c  fut  fondée  en 
1137.  Aujourd'hui  elle  eft  en  commende ,  8c  vaut  trois 
mille  livres  à  l'abbé. 

PIONI/E  ,  petite  ville  de  la  Myfie  Afiatique ,  fur  le 
fleuve  Caycus,  félon  Pline,  /.  j.  c.  30.  &  Paufanias  , 
/.  9.  c.  18.  C'eft  fans  doute  la  même  que  Strabon,/. 
13.  p.  610.  appelle  Piorria,8c  qu'il  place  au  voilînage 
de  l'Etolie.  Le  concile  de  Chalcédoine  ,  qui  fait  men- 
tion de  cette  ville,  la  met  dans  la  province  de  l'Hel- 
lespont.  Ce  font  les  habitans  de  Pionu  que  Pline,/. 5. 
c.  30.  appelle  Pianitie. 

PIONITVE.  Voyez.  Piowje. 

PIONSAT ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Bourbonnois  , 
élection  de  Gannar.  C'eft  uneparoifle  fitnéeen  plaine, 


983 


dans  la  montagne  de  Niut.  Le  terroir  y  eft  bon. 
11  y  a  un  commerce  de  beitiaux ,  qui  eft  confidérable.  11 
s'y  tient  un  fort  beau  marché  toutes  les  femaines  ,  & 
deux  foires  par  an.  On  y  trouve  beaucoup  de  bois  tail- 
lis Se  quelques  futaies. 

PlOU ,  petit  peuple  de  l'Amérique  feptentrionale  , 
dans  la  Louifiane  ,  aux  environs  de  la  route  que  tint  la 
troupe  du  ficur  de  la  Salle,  pour  arriver  de  la  baie  de 
S.  Louis  aux  Cénis,  dont  il  eft  voifin. 

PIPA,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Queicheu  ,  au  midi  de  la  ville  de  Xecien.  *  Atlas 
Sinenfis. 

1.  HPELY,  rivière  des  Indes,  au  royaume  de  Ben- 
gale. Elle  court ,  en  ferpentant ,  du  nord  occidental  au 
midi  oriental.  Elle  a  fon  embouchure  fur  la  côte  occi- 
dentale du  golfe  du  Gange  ,  entre  l'embouchure  de  ce 
fleuve  ,  8c  la  rade  de  Balaffor.  Cette  rivière  a  fi  peu 
de  profondeur ,  que  les  vaiiïeaux  Hollandois  font  obli- 
gés de  mouiller  l'ancre  à  deux  lieues  de  la  côte  où  ils 
font  comme  en  pleine  mer,  fans  aucun  abri,  8c  ex- 
pofés  aux  gros  tems ,  pendant  que  les  vents  de  fud  y 
régnent.  Mais  durant  le  mois  de  Novembre  &  les  trois 
fuivans,  les  vents  de  nord  eft,  qui  foufflent  alors ,  ra- 
menant le  beau  teins ,  la  rade  fe  trouve  fort  bonne ,  &  elle 
eft  propre  pour  les  plus  grands  vaifleaux.Ceux  qui  font 
petits  vont  ancrer  vers  le  Gange,  8c  derrière  l'ifle  de 
Gale.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy.  Scbouten ,  Voy. 
aux  Indes  orient,  p.  1 46. 

Les  légers  bàtlmen's  ,  même  les  yachts,  peuvent  auifi 
pendant  le  vif  de  l'eau  remonter  8c  descendre  la  rivière 
de  Pipcly  i  mai>  ils  vont  quelquefois  toucher  à  des  bancs 
qui  font  au-delà  de  l'embouchure  de  la  rivière,  &  ils 
ont  bien  de  la  peine  a  fe  relever.  11  y  a  beaucoup  de 
difficulté  à  y  conduire  la  chaloupe  ou  le  canot ,  fur- 
tour  quand  la  mer  eft  grofie  8c  que  les  brifans  redou- 
blent leur  force  Ils  jettent  fouvent  les  bâtimens  hors  du 
canal  que  l'on  ne  trouve  pas  aifément ,  ôc  l'on  eft  quel- 
quefois en  danger  d'être  fubmergé. 

2.  PIPELY  ,  ville  des  Indes,  au  royaume  de  Ben- 
gale, dans  les  terres,  &  dans  une  très-belle  plaine, 
fur  le  bord  d'une  rivière  de  même  nom  ,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  au  deftus  de  fon  embouchure.  Cette 
ville  eft  d'une  médiocre  grandeur  ,  8c  paffablemenc 
peuplée  ;  mais  elle  n'eft  pas  murée.  Les  principales  mai- 
fons,  les  pagodes  8c  les  autres  grands  édifices,  font 
accompagnés  de  grands  espaces ,  de  galeries  ,  de  jar- 
dins, de  carrés,  de  peloufes  8c  de  vergers. 

Les  Maures  y  poffedent  les  plus  belles  maifons , 
aufiî  bien  qu  à  Ougli.  Celles  des  Benjanes  8c  des  Gen- 
tivesne  font  ordinairement  bâties  que  de  bouzes  de  va- 
che 8c  d'argille  mêlées  enfemble ,  c'eft-à-dire  ,  les  plan- 
chets  8c  les  murailles ,  pour  les  garantir  du  feu  ;  mais 
elles  font  couvertes  de  rofeaux ,  de  bambouc  8c  de 
feuilles  de  cocos. 

Toutes  ces  maifons  des  Idolâtres  font  poféesfurdes 
monceaux  d'argille,  qui  font  encore  plus  hauts  à  Pipely 
que  dans  les  autres  lieux  ,  à  caufe  des  débordemens 
d'eaux  qui  arrivent  fouvent  pendant  la  monfon  des 
pluies  ,  fi  bien  que  quelquefois  toutes  les  terres  en 
font  inondées ,  8c  il  fe  perd  beaucoup  de  gens  &  de 
bétail. 

P1PER.IA,  Pyperia,  ville  archiépiscopale  d'Aile* 
La  notice  du  pairiarchat  d'Antioche  en  fait  men- 
tion. 

PIPERNO,  petite  ville  d'Italie,  dans  la  Campa- 
gne de  Rome,  au  nord  des  Palus  Pontides,  en  tirant 
vers  l'orient ,  près  de  la  fource  du  Baudino  ou  de 
l'Aufente.  Cette  ville  ,  qu'on  nomme  aufli  Priverm 
Novello,  eft  bâtie  fur  une  montagne,  ou  haute  colli- 
ne ;  ce  qui  fait  voir  que  ce  ne  peut  être  l'ancienne  Pri- 
vernum,  qui  étoit  dans  la  plaine,  à  deux  milles  au- 
delà,  (ur  la  route  d'Agnani ,  où  l'on  trouve  encore 
des  veltiges  d'anciens  édifices.  Quelques-uns  difent 
q  ie  P  ivernum  fut  nommée  Piperno ,  parce  qu'en  édi- 
fiant celle  ci  des  débris  de  l'autre,  on  trouva  dans  le 
lieu  où  eft  aujourd'hui  Piperno ,  un  arbre  qui  porte 
le  poivre:  d'où  vient ,  ajoute  t  on  ,  que  la  ville  a  mis 
cet  arbre  dans  l'écu  de  fes  armes  ,  avec  la  tête  de  Ca- 
mille .  portée  par  un  lion.  D'autres  croient  que  Pi- 
perno  s'eft  dit  par    corruption   pour    Privermirn  :  82 


984 


PIR 


PIR 


prétendent  que  l'arbre  dont  il  s'agit  n'eft  point  un  poi- 
vrier ,  mais  un  laurier  :  particularité  dont  ils  tirent  de 
grandes  conféquences ,  en  faveur  de  la  bravoure  des 
anciens  Privematï.  L'évêché  de  Piperno  fut  réuni  à  ce- 
lui de  Terracina  (  par  Honoré  III  ) ,  à  caufe  de  fa 
pauvreté  ,  ob  indecentem  pai/pertatem ,  dit  Favonius 
Léo.  La  chaire  épiscopale  fe  garde  dans  le  chœur  de 
l'ancienne  cathédrale.*  Leander ,  Latium  Méditer,  p. 
^\.Mï[fon,  Voy.  d'Italie,  t.  2.  p.  8. 

Ils  ont  dans  l'églife  de  Saint  Benoît  une  célèbre  ima- 
ge de  la  fainte  Vierge ,  peinte  par  faim  Luc.  On  dit 
qu'elle  réfifta  au  feu ,  pendant  le  fac  de  Privemum  i 
elle  eft  le  grand  objet  de  la  dévotion  de  Piperno  ,  avec 
S.  Sébaftien  Si  S.  Thomas  d'Aquin. 

Les  lis  Se  les  narcifiés  croiffent,  dit-on,  naturelle- 
ment fur  le  coteau  de  Piperno,  nommé  Colle  rojjo. 
On  y  trouve  auffi  une  certaine  terre  fine  ,  qu'ils  ap- 
pellent Buccaro  ,  Se  qui  eft  très-bonne  pour  faire  de 
la  poterie.  Du  haut  de  ce  coteau  ,  on  découvre  la  [re- 
dite ville  de  Maenza ,  Rocca  Gorga  ,  Rocca  Secca, 
Asprano,  Profedi,  Sonnino,  &  quelques  autres  peti- 
tes villes  du  voifinage ,  qui  font  comme  autant  de  co- 
lonies qui  fe  formèrent  des  débris  de  l'ancienne  Priver- 
mtm. 

En  Tortant  de  Piperno,  on  trouve  des  coteaux  fa- 
blonneux  ,  tout  remplis  de  ces  diverfes  lottes  d'ar- 
briffeaux  qui  font  verds  en  toute  faifon.  Il  y  a  beau- 
coup de  lièges  dans  le  bois  où  l'on  entre  enfuite.  Cet 
arbre  reffemble  fort  au  chêne  verd  ,  &  on  poturoit  le 
prendre  pour  une  espèce  de  chêne ,  car  il  porte  du 
gland.  Quand  on  ôte  à  cet  arbre  fon  écorce ,  loin  de 
l'offenfer  ,  on  le  fortifie  ,  &  il  eu  reproduit  bientôt  une 
autre. 

PIPERNO  VECCHIO,  petite  ville  d'Italie,  dans 
la  Campagne  de  Rome,  environ  à  deux  milles  de  Pi- 
perno. C'eft  apparemment  l'ancienne  Privernum. 
Voyez,  ce  mot.  *  Magin ,  Carte  de  la  Campagne  de 
Home. 

PIPLAS.  Ortelius  ,  qui  cite  Feftus  Avienus ,  dit 
qu'on  donnok  ce  nom  à  fept  ifles  de  la  mer  Médi- 
terranée ,  vis-à-vis  de  Narbonne.  L'édition  d'Oxford 
ne  parle  que  de  quatre  ifles  i  &  au  lieu  de  Piplas  , 
elle  lit  Triplas ,  faifant  entendre  qu'anciennement  on 
ne  comptoir  que  trois  ifles  dans  ce  quartier  :  voici  le 
pafiage  en  queftion  : 

Nec  longé  ah  iflo  cespuis  rupli  Sinus 
Aller  debiscit ,  injidasqite  quatuor  , 
(  At  priscus  ufus  dixit  bas  ornnes  triplas  ) 
■Ambït  profundo. 

*  Avïeni  Ora  Marit.  v.  782.  Se  feq. 

PIQUE,  ou  la  Pique  de  Montvalier,  montagne 
la  plus  haute  des  Pyrénées.  Elle  termine  le  diocèfe  de 
Conferans ,  Se  paroît ,  de  quinze  à  vingt  lieues ,  éle- 
vée par  deffus  les  autres  montagnes ,  en  forme  de  pi- 
que. Son  fommet  eft  au-deiTus  de  la  moyenne  région 
de  l'air.  Il  n'y  tombe  ni  pluie  ni  neige,  &  l'on  n'y 
fauroit  monter  qu'après  les  grandes  chaleurs  de  l'été. 
On  découvre  delà  la  France  &  l'Espagne  également , 
&  l'on  entend  gronder  fous  fes  pieds  le  tonnerre  qui 
eft  affez  fréquent  dans  ces  montagnes.  Il  y  fait  froid 
dans  la  canicule  même,  &  l'on  y  trouve  des  oifeaux 
qui  viennenr  fe  repofer  quelquefois  fur  les  gens  qui 
y  arrivent.  Si  l'on  en  prend  quelqu'un  en  vie,  il  meurt 
quelques  heutes  après  qu'il  a  respiré  l'air ,  qui  convient 
au  refte  des  animaux.  Ceux  qui  y  montent  font  obli- 
gés auffi  ,  pour  ne  pas  étouffer ,  d'avoir  à  leur  nez , 
dès  qu'ils  font  parvenus  à  une  certaine  hauteur ,  une 
éponge  ou  linge  trempé  dans  l'huile ,  afin  d'épaiffir  l'air 
par  ce  moyen.  *  Corn.  Dict. 

P1QUENTUM.  Voyez.  Picuentum. 

PIR-BUONO  ,  lieu  très-agréable  dans  la  Perfe  ,  à 
deux  lieues  de  la  ville  de  Schiras ,  du  côté  du  fud- 
oueft  ,  au  pied  d'une  grande  montagne.  C'eft  un  her- 
mitage  où  demeurent  trois  ou  quatre  dervis.  Cesder- 
vis  cherchent  toujours  les  lieux  les  plus  beaux  pour 
s'y  camper ,  &  ils  y  tiennent  tellement  leur  gravité  , 
en  fumant  une  pipe  de  tabac ,  que  fi  le  roi  veuoit  ils 


ne  feleveroient  pas  pour  le  faluer.  Ce  qui  embellit 
cet  hermitage,  eft  une  grande  fource  d'eau  qui  arrofe 
le  jardin  ,  Se  quantité  de  beaux  arbres  qui  font  aux  en- 
virons. Elle  donne  un  canal  u'eau  un  peu  plus  loin 
que  la  maifon  des  dervis,  Se  c'eft  ce  qui  donna  lieu 
à  Iman-Couli-Kan  de  faire  tout  proche  un  grand  en- 
clos pour  un  parc  ,  qu'il  remplit  de  quantité  de  bêtes. 
C'étoit  un  plaifir  de  s'y  aller  promener  du  vivant  de 
ce  feigneut ,  qui  avoit  foin  de  le  bien  entretenir  i  car 
depuis  fa  mort  on  l'a  négligé ,  Se  toutes  les  murailles 
en  tombent  en  ruine.  *  Tavernier ,  Voy.  de  Perfe , 
1.  5.  c.   2Î. 

PIR^EA.  Ortelius  ,  qui  cite  Ifocrate,  inPanegyr.& 
Arcopag.  dit  que  c'éroit  une  ville  fituée  au  milieu  delà 
Grèce  ,  &  qui  fervoit  d'entrepôt. 

i.  PlR/EUS.  C'eft  le  nom  qu'on  donnoit  au  port  de 
la  ville  d'Athènes,  bâti  par  Thémiftocle.  Le  port  de  Pha- 
lete  ,  dit    Cornélius  Ncpos ,   in  Ihtmijlocle  ,  cap.  6. 
ne  fe  trouvant  ni  affez  grand  ,  ni  affez  commode  ,  on 
fit,  par  l'avis  de  Thémiitocle ,  un  triple  port,  Se  on 
l'entoura  de  murailles  ;  de   forte  qu'il   égaloit  la  ville 
en  beauté ,  Se  la  furpaffoit  en  dignité.  Thucydide ,  /. 
1.  p.  6t.  dit  auffi  que  le  Pirée  étoit  triple,  parce  qu'il 
y  avoit  trois  ports  ,  ou\  rages  de  la  natute.  Selon  Pau- 
fan  ias ,  Auic  c.  1.  avant  que  Thémiftocle  fût  parvenu 
au  gouvernement  de  la   république,  le  Pirée  n'étoit 
qu'un  village.    Les   Grecs  modernes  l'appellent  Porté 
Draco ,  Se   les    Francs  Pono-Lwne  ;  l'un   Se  l'autre  à 
caufe  d'un  beau  lion  de  marbre  trois  fois  plus  grand 
que  nature,  qui  eft   fur   le    rivage  au  fond  du  port. 
Il  eft  affis  fur  fon  derrière,  la  tête  fort  haute ,  percée 
par  un  trou  qui  répond  à  la  gueule  ;  Se  >  à  la  marque 
d'un    tuyau  qui   monte  le  long   du  dos ,  on  connoît 
qu'il  fervoit  à  une  fontaine  ,  comme  celui  qui  eft  pro- 
che de  la  ville.  Je  ne    pus  apprendre  ,  ajoute  Spon, 
de  nouvelles  de  celui  qu'on  dit  être  dans  la  citadelle, 
fi  ce  n'eft  qu'on  ait  pris  un  devant  de  cheval  dans  le 
mur  ,  au  nord  du  château  ,  pour  celui  d'un  lion.  Quel- 
ques-uns attribuent  à  l'imagination  frapée  de  ces  lions, 
le  monftre  dont  une  femme  Turque  accoucha  à  Athè- 
nes dans  la  citadelle,   l'an   1665  au  mois  d'Octobre. 
Elle  le  porta  neuf  mois  Comme  un  enfant.  Quand  il 
vint  au  monde  ,  il  fauta  auffi-tôt  en  terre.,  &  commen- 
ça à  marcher ,  à  crier  Se  à  marmoter  certains  accens  , 
qui  approchoient  de  l'aboyement  d'un  chien.  Il  avoit 
les  oreilles  droites  comme  un  lièvre ,  &  fon  mufeau 
reffembloit  à  celui  d'un  lion.  Ses  yeux  étoient  érinec- 
lans  :  deux   groffes  dents  lui  fortoient  de  la  bouche. 
Ses  pieds  paroiffoient  comme  ceux  d'un  enfant ,  Se  fes 
mains   comme  des  ferres  d'un  oifeau  de  proie.  Enfin 
on  eut  de  la  peine  à  pouvoir  discerner   fon  fexe.  Le 
vaivode  Se  le  cadis  l'allerent  voir  trois  jours  après  fa 
naiffance,  &  ordonnèrent  qu'on  feroit  une  grande  fos- 
fe,  Se  qu'après  y  avoir  jette  ce  monftre,  on  la  rem- 
pliroit  de  pierres  ;  ce  qui  fut  exécuté  le  8  d'Octobre. 
*  Spon  ,   Defc.    des  Antiq.  d'Athènes,   t,    2.  p.  341. 
L'entrée  du  port  eft  étroite  -,  de  forte  qu'à  peine  y 
poutroit-il  paffer  deux  galères  à  la  fois.  Mais,  quand 
on  eft  dedans,  il  y  a  bon    fond  par- tout  ,  fr  ce  n'eft 
dans  un  de  ces  enfoncemens ,  qui  étoit  peut-être  comme 
une  darfe  pour  les  galères  ,&qui  eft  presque  tout  comblé. 
Il  eft  de  bonne  tenue  &  bien  fermé  ;  Se  quand  même 
les  vaiffeaux  feroient  portés  à  terre  par  quelque  tem- 
pête, ils  ne  fe  romproient  pas,  parce  qu'il  y  a  affez 
d'eau  Se  qu'il  n'y    a   point  de  rochers ,  ni  de  brifans 
cachés;  ce  que  l'on  a  vu  par  l'expérience  de  cinq  vais- 
feaux  anglois ,  qui  eurent  tous  leurs  cables  rompus  dans 
une   nuit  par  une  bourasque.  Pline,  /.  7.  c.  37.    dit 
que  ce    port  pouvoir  contenir    mille  vaiffeaux  ■>  mais 
Strabon,  qui  eft  plus  exact,  ne  dit  que  quatre  cens. 
A  préfent  que  nos  bâtimens   font  de  grandes  machi- 
nes ,  quarante  ou    cinquante   auroient  de    la  peine  à 
s'y  ranger.  On  voit  le  long  du  port  quelques  fonde- 
mens  de  murailles .  Se  ceux  d'une  tour  carrée  vers  l'em- 
bouchure. Le  tombeau  de    Thémiftocle   eft  près  de- 
la  ;  mais  on  n'oferoit  affiner  que  ce  foit  un  grand  cer- 
cueil de  pierre ,  qui  eft  environ  à  cent  pas  du  port  m 
proche   de  quelques  grorres  raillées  dans  le  roc.  Il  ne 
refte  plus  rien   de  la  petite  ville  du  Pirée,  ni  de  ces 
.   beaux  portiques,  dont  Paufanias  fait  mention.  Le  feul 

bâtiment 


PIR 


bâtiment  qui  fubfifie,  eft  un  magafin  pour  recevoir 
les  marchandifes ,  Se  y  payer  les  droits  de  la  doua- 
ne. 

En  revenant  delà  à  Athènes,  on  voit  presque  tout 
le  long  du  chemin  ,  les  fondemens  de  la  muraille ,  qui 
juignoit  le  Pirée  à  la  ville ,  Se  qui  fut  détruite  par 
Sylla.  On  l'appelloit  Macra-Teichi ,  c'eft  à-dire  les 
longues  murailles  :  car  elles  avoient  cinq  milles  de  lon- 
gueur ,  puisqu'il  y  en  a  autant  depuis  le  port  de  Pi- 
rée jusqu'à  Athènes.  Environ  à  moitié  chemin  il  y  a 
un  puits  avec  quelques  oliviers  auprès:  mais  il  eft  trop 
profond  pour  le  perfuader  que  ce  fût  la  fontaine  qui 
étoit  pioche  d'un  petit  temple  dédié  à  Socrate.  On  ap- 
pelloit  ce  chemin  la  rue  du  Pirée  ;  les  côtés  en  étoient 
habités  ;  mais  à  préfenr  ce  ne  font  que  des  champs  Se 
des  oliviers. 

1.  PIRjEUS.  Etienne  le  géographe  donne  ce  nom 
au  porr  de  Corinthe. 

3.  PIRjEUS  ,  peuple  de  la  tribu  Hippothoontide. 
C'eft  Etienne  le  géographe  qui  en  parle. 

PIR/£ENSES,  bourgade  de  l'Attique,  dans  la  Mé- 
garide, félon  Plutarque  ,  in  Qujifi.Grxc. 

P1R/EUM.  Voyez.  Spir/Eum. 

PIRAN  ou  Pirano,  ville  d'Italie  ,  dans  l'Iftrie, 
environ  à  quatorze  milles  de  Capo  d'Iftria ,  en  tirant 
vers  le  midi  occidental.  Elle  eft  fur  une  petite  pres- 
qu'ifle  formée  au  midi  par  le  golfe  Largone ,  Se  au 
nord  par  le  golfe  de  Triefte.  L'air  y  eft  fort  bon  ,  &  elle 
contient  environ  fix  mille  habitans.  Ses  ports  font  beaux 
Se  toujours  remplis  de  vaiffeaux  &  de  galères.  Les  Vé- 
nitiens en  font  les  maîtres  depuis  1583.  *  Magïn , 
Carte  de  l'Iftrie. 

P1RASIA ,  ville  de  la  Magnéfie ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Ortelius  croit  que  c'eft  la  même  que  Pire- 
sia.  Voyez,  ce  mot. 

PIRATARUM  HOM1NUM,  'AntyA  Ùupctrdv.  Pro- 
longée, /.  7.  c.  1.  donne  ce  nom  à  un  peuple  de  l'Inde  , 
en-deçà  du  Gange.  Il  met  deux  places  dans  leur  pays  -y 
favoir  : 

Olochera  Se  Mufopalle. 

PIRCHENFELD,  couvent  qui  a  été  fécularifé,  dans 
lediftrict.  deNeuftadt,  fur  l'Aisch  ,  dans  le  Haut-Bour- 
graviar. 

PIRE  PENJALE  ,  haute  montagne  du  royaume  de 
Cachemire  ,  Se  l'une  de  celles  qui  forment  fon  enceinte 
du  côté  du  fud-oueft.  Cette  montagne  eft  toute  couverte 
de  plantes  ,  &  dans  le  côté  qui  eft  expofé  au  midi  vers 
les  Indes  ,  c'eft  un  mélange  de  planres  indiennes  Se  euro- 
péennes ;  Se  dans  celui  qui  eft  expofé  au  nord  ,  on  n'en 
trouve  que  d'européennes.  On  y  remarque  avec  éronne- 
ment  une  fuite  naturelle  de  générations ,  &  de  corrup- 
tions dans  les  arbres.  On  en  voit  au  bas  de  la  montagne , 
dans  des  précipices  où  perfonne  ne  fut  jamais  ,  des  cen- 
taines tombés  les  uns  fur  les  autres ,  morts  &  à  demi- 
pourris  devieilleffe  ■■,  d'autres  jeunes  &  frais  qui  renailknt 
du  pied  de  ceux  qui  font  morts.  On  y  en  a  remarqué  quel- 
ques-uns de  brûlés,  foit  qu'ils  euffent  été  frapés  de  la 
foudre  ,  foit  que  dans  le  cœur  de  l'été  ils  fe  fuflent  en- 
flammés fe  frottant  les  uns  contre  les  autres  ,  étant  agités 
par  un  venr  chaud  Se  furieux.  On  admire  entre  autres 
un  torrent  d'eau  qui  ,  descendant  d'une  montagne  du 
voifinage  ,  par  un  canal  fombre  Se  couvert  d'arbres,  fe 
précipite  tout  d'un  coup  en  bas  d'un  rocher  droit  Se  es- 
carpé ,  d'une  hauteur  prodigieufe  ,  avec  un  bruit  qui 
étourdir  les  oreilles.  Enfin  on  y  reffent  rrès-fouvent  deux 
vents  tout  contraires  l'un  à  l'autre  ,  ptincipalement  en 
approchant  du  fommer,  comme  fi  cette  montagne  pous- 
foit  de  rous  côtés  une  exhalaifon  de  fes  entrailles ,  qui , 
venant  à  fortir  ,  formât  un  vent  qui  descend  Se  prend 
fon  cours  dans  les  deux  vallons  oppofés.  *  Franc.  Ber- 
nier ,  Voy.de  Cachemire,  r.  1.  lett.  9. 

P1REMIL,  bourg  de  France ,  en  Anjou,  élection  de 
la  Flèche. 

PIRENE.  Voyez.  Acrocorinthe. 

PIRESIA  ,  ville  de  la  Theflalie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe, qui  dit  qu'on  lanommoit  auparavant  Asterion. 
Il  y  a  eu  en  effet  dans  la  Theflalie  une  ville  nommée  As- 
TERiiur.  Voyez,  Asterion  ,  n.  2.. 


PlPv  985* 

PIRET,  Tompeiacutn ,  château  de  France  ,  en  Dau- 
phiné  ,  près  de  la  ville  de  Vienne.  11  étoit  fortifié  ;  mais 
on  le  fit  démolir  en  163c.-"  Bandrand ,  éd.  17c  r. 

PIRGO.  Voyez.VuKGO. 

PIRI  ,  contrée  de  la  Baffe -Ethiopie  ,  au  royaume  de 
Loango.  C'eft ,  dit  Dappcr  ,  Defc.  de  l'Afrique ,  p.  3  20; 
un  pays  plat ,  bien  peuplé  ,  Se  plein  de  bois  Se  d'arbres 
fruitiers.  Il  abonde  en  volaille  ,  &  on  y  trouve  quelque 
bérail.  Leshabirans  font  toujours  en  paix,  Se  n'onr  même 
aucune  connoiffance  de  la  guerre.  Ils  font  aimés  de  leur 
prince,  Se  plus  riches  en  terre  que  fes  autres  fujets.  Leur 
principale  nourriture  confifte  en  laitage  ,  &  en  ce  qulls 
prennent  à  la  chaffe. 

PIRIACA,  contrée  de  la  Bœotie.  Thucydide,  /.  2. 
p.  Uj.dk  qu'elle  étoit  habitée  par  les  Oropes  ,  peuples 
fujets  des  Athéniens. 

PIRIDIS  ,  ou  Pyridis  Insul a  ,  ifle  de  la  mer  Egée , 
entre  la  Dalmarie&  l'Iftrie  ,  félon  l'itinéraire  d'Antonin. 
*  limer.  Maritim. 

PIRIES,  nomqu'Héfichedonneà  l'ifle  AsrERiA.Voyez 
ce  mot. 

P1RINA,  ville  de  Sicile,  fur  la  route  SAgrigentum 
à  Lilybeum  ,  entre  Petrine  Se  Panormus  ,  à  vingt-quatre 
milles  de  la  première,  Se  à  égale  diftance  de  la  féconde, 
félon  l'édition  de  l'itinéraire  d'Antonin  par  Simler  ,  & 
félon  l'exemplaire  du  Vatican.  D'autres  n.anufcrits  por- 
rent  Pyrama  ,  Pirama ,  Pirma ,  ou  Pirima. 

PIRIOUS ,  peuples  de  l'Amérique ,  dans  la  France 
équinoxiale.  Ils  habitent  à  trente  lieues  au-  deffus  delà 
Cayenne  ,  Se  à  feize  lieues  de  la  met. 

PlRITO,  nom  dedeuxifles  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  le  gouvernement  de  Venezuela.  Elles  font 
féparées  l'une  de  l'autre ,  Se  à  la  même  diftance  de  la 
terre-ferme.  Ces  ifles  fonr  baffes  ,  Se  presque  égales  à  la 
mer  ;  ce  qui  eft  caufe  qu'elles  n'ont  point  d'habitans.  II 
y  a  dans  la  terre-ferme,  vis-à-vis  de  ces  ifles,  une  pe- 
tite rivière  appellée  Rio  de  Ermacito  ,  Se  dont  les  bords 
font  habités  par  des  Caraïbes.  *DeLaët>  Defc.  des  In- 
des occ.  1.  18.  c.  17. 

PIRITZ.  Voyez.  Pyritz. 

PIRLAN  ,  tribu  Tartare ,  dont  parle  Petis  de  la 
Croix ,  liv.  3.  ebap.  $$.  dans  fon  hiftoire  de  Timur* 
Bec. 

PIRN.  Voyez,??™. 

PIROBORIDAVA ,  ville  de  la  Mœfie-Inférieure,  en 
Europe.  Ptolomée  ,  /.  j.  c.  10.  la  place  dans  les  terres  , 
près  du  fleuve  Hierafus.  Dominique  Niger  dit  qu'elle  fe 
nomme  préfenrement  Brauano. 

PIROS,  ou  Pirot,  petite  ville  de  la  Bulgarie,  que 
quelques-uns  prennent  pour  l'ancienne  Remisciana.  Elle 
eft  fituée  entre  Niffa  Se  Sophie,  la  première  au  nord  oc- 
cidental, Se  la  féconde  à  l'orient  méridional.  On  la  nom- 
me aufli  Chercui.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PlROSSUSouPEiROssus,lieudelaMyfie  Afiatique, 
félon  Ortelius  ,  Thejattr.  qui  cite  Strabon ,  /.  1 3 .  p.  $  89. 
Mais  cet  ancien  ne  qualifie  pas  ainfi  Pirossus  :  il  dit  feu- 
lement que  le  mont  Rhea  étoit  in  Peirojfo  :  de  forte  que 
Peiroffus  pouvoir  être  un  petit  pays:  Voici  le  paffage  de 
Strabon  :  Jam  Khemontem ,  alii  montes  aiunt  ejje  in 
PeiroJJô. 

PIROU ,  ancien  château  de  France,  fur  la  côte  de  la 
Baffe-Normandie,  dans  le  Corantin ,  vis-à-vis  des  ifles 
de  Jerfey  Se  de  Gerncfay.  On  compte  au  pied  de  ce 
château  dix-huit  ou  vingt  niches  de  pierre,  où  l'on  a 
foin  rous  les  ans  de  mettre  des  nids  faits  de  paille  ou  de 
foin ,  pout  les  oies  fauvages ,  qui  ne  manquent  pas 
tous  les  premiers  jours  de  Mars  de  venir  la  nuir  faire 
plufieurs  rondes  à  l'entour,  pour  voir  au  clair  de  la 
lune&  des  étoiles,  fi  ces  nids  font  prêts.  Les  jours  fui- 
vans  ces  oifeaux  viennent  prendre  poffeffion  des  nids 
qu'ils  trouvent  les  plus  commodes,  &fouventce  n'eftpas 
fans  quelque  combat  entre  eux  à  coup  d'ongles  Se  de 
bec  ,  où  il  fe  répand  du  fang  ;  ce  qui  fe  fait  avec  tant  de 
bruir ,  qu'on  ne  s'entend  presque  point  dans  les  appar- 
remens  du  château ,  ni  dans  les  mafures  des  environs. 
Lorsque  rous  ces  nids  fonr  pris ,  on  en  met  d'autres  fur 
les  parapets  des  murailles ,  Se  ils  ne  demeurent  pas  long- 
tems  vuides.  Comme  ces  murailles  font  extrêmement 
hautes ,  les  oies  qui  y  couvent  ont  accoutumé  ,  dès  que 
leurs  petits  font  éclos ,  d'avertir  en  crianr  qu'on  vienne 
Tom.  IV.  I  i  i  i  i  i 


?86 


PIS 


PIS 


les  descendre  dans  le  foffé.  Si  on  tarde  à  le  faire ,  les  mè- 
res y  descendent  elles  mêmes,  étendent  leurs  ailes,  ôc 
reçoivent  leurs  petits  à  la  descente,  de  crainte  qu'ils  ne 
fe  bleflenr.  Chaque  oie  a  ion  mâle  auprès  d'elle,  &  quoi- 
que ce  foit  des  oies  fauvages,  aucun  ne  paroît  dans  les 
campagnes  voifines  ,  pendant  que  l'on  en  voit  des  mil- 
liers qui  flottent  fur  les  lacs  de  Pirou.  Quand  ils  font 
hors  du  château  ,  on  n'en  fauroit  approcher  de  fix  cens 
pas ,  fans  qu'ils  s'envolent  j  mais  quand  ils  font  dans 
le  château,  ils  ceffent  d'être  fauvages,  ôc  viennent  pren- 
dra du  pain  ôc  de  l'avoine  à  la  main.  Quelque  bruit  que 
l'on  faffe  dans  les  cours ,  quand  même  on  tirerait  des 
coups  de  fufil ,  ils  ne  s'effarouchent  point,  ôc  couvent 
depuis  le  commencement  de  Mars  jusque  dans  le  mois  de 
Mai.  Lorsque  les  petits  font  affez  forts  pour  les  fuivre  , 
ils  les  dérobent  la  nuit ,  &  fe  retirent  dans  les  lacs  voi- 
fins,  pour  ne  revenir  que  l'année  fuivante.  Les  fpécuia- 
tifs  du  pays  augurent  bien  de  la  fertilité  de  l'année ,  tou- 
tes les  fois  que  ces  oies  fauvages  viennent  à  Pirou  eu 
grand  nombre.  *  Mélanges  d'Hift.  &  de  Littéral.  iGyy. 
Corn.  DicL. 

PIROUZNOUR  ,  ville  que  Petis  de  la  Croix ,  Hifl. 
de  Timur-Bec  ,  l.  4.  c.  23 .  place  fur  le  bord  occidental  du 
Gange. 

PIRUM ,  ville  de  la  Dace  s  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  S. 
Elle  étoit  entre  Rhamidava  ôc  Zufidava.  Quelques-uns 
croient  que  c'eft  Pixendorf ,  bourg  de  la  Baffe-Autii- 
che. 

PIRUST/E  ,  peuples  de  L'IIIyrie.  Ils  envoyèrent  des 
ambaffadeurs  à  Céfar  pour  faire  leurs  foumiflions.  Quel- 
ques exemplaires  de  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  17.  les  nomment 
Piruffe,  ôc  lesplacent  du  côté  delà  Macédoine.  Strabon, 
/.  7.  p.  41 3.  écrit  Pyrijja ,  ôc  Ortelius ,  Thef.  croit  que  ce 
font  les  Pyrœi  de  Pline,  peut-être  font-ce  atfffi  lesPyriJfœi 
d'Appien.  *  De  Bel.  Gai.  I.  $.  c.  1. 

1 .  PIS  A ,  fortereffe  des  Perfarméniens.  Ortelius ,  Thef. 
qui  cite  le  continuateur  de  Glycas ,  dit  qu'elle  étoit  fur 
l'Euphrate  ,  ôc  qu'elle  fut  prife  par  Emmanuel  Com- 
néne. 

2.  PISA ,  ou  Piza.  Voyez,  Olympia  ,  n.  1. 

PIS./E  ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Toscane.  Plufieurs  an- 
ciens écrivains,  tant  Grecs  que  Latins  j  en  ont  parlé. 
Pline,/.  3.C.J,  la  place  entre  les  fleuves  Aafer  ôc  Arnus. 
Elle  avoit  été  fondée  par  les  Pifé,  peuples  du  Pélopon- 
nèfe,  qui  l'a  voient  nommée  Alphée,  du  nom  d'un  fleu- 
ve de  leur  patrie.  C'eft  du  moins  ce  que  dit  Virgile  ,  au 
dixième  livre  de  l'Enéide ,  v.  1 79. 

Alphe&  ab  origine  Pif  a. 

Urbs  Etruscafolo. 

On  trouve  la  même  chofe  dans  Rutilius ,  Itiner. 
I.   1.  v.  j6$. 

Alpheœ  veterem  contemplor  originis  Urbem , 
Quam  cingunt  geminis  Arnus  &  Aufur  aauis. 

Il  appelle  Aufur  le  fleuve  que  Pline  nomme  Aufer. 
Folybe  ,  /.  2.  c.  27.  Ptolomée  ,  /.  3.  c.\.  Lycophron  , 
verf.  1 24 1 .  &  les  autres  Grecs  écrivent  Piffk  pour  Pif  a  ; 
mais  toutes  les  inferiptions  romaines  portent  Pis^c.  Elle 
eut  le  titre  de  colonie  Romaine  ,  &  elle  a  confervé  fon 
ancien  nom.  C'eft  aujourd'hui  la  ville  de  Pise.  Voyez, 
ce  mot. 

PIS^EUS,  montagne  du  Péloponnèfe,  à  ce  qu'il  pa- 
roît par  un  paffage  de  Plutarque ,  in  Parai.  Grac.  cum 
Roman. 

PISAN.Koj^Pise. 

PISAOM  ,  ville  de  la  Pélagonie ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Polybe ,  /.  5.  c.  108.  &c  Orphée,  in  Argo- 
naut.  écrivent  Pijfaum.  Le  premier  dit  qu'elle  fut  détruite 
par  Scerdilaî'das. 

PISARO  ,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Eftremadoure,  au 
quartier  de  la  Vera  de  Plaz.encia.EWt  eft  aflez  confidéra- 
ble,  ôc  dépend  pourtant  de  la  citéde  Plazen ci A.Sa  fitua- 
tion  eft  au  milieu  d'un  profond  vallon  ,  entre  de  hautes 
montagnes ,  Se  qui  abonde  en  figues,  en  citrons  ôc  au- 
tres fruits  exquis.*  Délices  d'Espagne,  p.  365. 

P1SATELLO ,  rivière  d'Italie  ,  dans  la  Romagne. 
Elle  a  fa  fource  au  pied  de  l'Apennin.  Son  cours  eft  du 


midi  occidental  au  nord  oriental'.  Elle  fe  jette  dans  la  ri- 
vière Rigofa ,  environ  à  un  mille  de  la  côte  du  golfe  de 
Vcnife.  C'eft  le  Rubicondes  anciens.  Voyez,  Rubicon. 
Pline  met  le  Rubicon  au  nombre  des  fleuves  qui  fe  jettent 
dans  la  mer  Adriatique  -,  ainfi  fon  nom  moderne  ne  fau- 
roit être  Pifatello  ,  puisque  cette  rivière  ne  fe  rend  pas 
immédiatement  dans  la  mer  ;  j'aimerois  mieux  dire  que 
le  Rubicon  eft  le  Luso.  Voyez,  ce  mot.  *  Magin,  Carte 
de  la  Romagne. 

PISATIS.  Voyez,  Olympia  ,  n.  1. 

PISAURUM,  ville  d'Italie,  appelle?  aujourd'hui 
Pesaro.  Voyez,  ce  mot.  Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  qui  la  don- 
ne aux  Semnones ,  la  place  entre  Fanitm  Fortuna  ôc  Ari- 
minum.  Céfar  ,  Civ.  I.  i.c.  1  i.fc  rendit  maître  de  cette 
ville.  Tite-Live  ,  /.  39.  c.  44.  Velleïus  Paterculus  ,  /.  1. 
c.  1  j.  ôc  d'anciennes  inferiptions  romaines  lui  donnent  le 
titre  de  colonie. 

P1SAURUS,  rivière  d'Italie,  dans  le  Picenum.  Elle 
donnoit  le  nom  à  la  ville  Pifaurùnt.  Vibius  Sequefter  dit 
qu'on  la  nommoit  aufli  Isaurus.  En  effet,  on  lit  dans 
Lucain ,  L  2.  v.  406. 

Crujlumutmqite  rapax  &  junilo  fapis  Ifauro. 

Mais  peut-être  la  quantité  a-t-elle  obligé  Lucain  dédire 
Ifauro  pour  Pijauro.  Cette  rivière  s'appelle  aujourd'hui 
la  Foglia ,  félon  Magin ,  Carte  de  la  Marche  d'An- 
cone. 

PISAY ,  bourg  de  France ,  dans  la  Saintonge ,  élection 
de  Saintes. 

PISCA ,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange.  Ptolomée , 
/.  j.c.  1.  la  place  fur  le  bord  de  ce  fleuve ,  entre  Para- 
dabathra  ôc  Pafipeda. 

PISCADORES,  ou  PEScADORES,c'eft-à-dire,ifles 
du  Pécheur.  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas  ,  ne  marque 
qu'une  iflede  ce  nom  dans  fa  carte  des  Indes  ôc  de  la  Chi- 
ne \  mais  Dampier  ,  Voyage  autour  du  Monde  ,  t.  2.  p. 
92.  comprend  fous  ce  nom  plufieurs  ifles.  Il  dit  :  Les 
Piscadores  font  plufieurs  grandes  ifles  défertes  ôc  fituées 
près  dé  l'ifle  Formofa,  entre  cette  ifle  ôc  la  Chine,  à  23 
degrés  ou  environ  de  latitude  feptentrionale  ,  Se  presque 
à  la  même  élévation  que  le  tropique  du  cancer.  Les  ifles 
Piscadores  font  d'une  raifonnabie  hauteur  ,  ôc  ont  beau- 
coup de  l'air  des  Dunes  de  Dorfetshire&  de  Wiltshireen 
Angleterre.  Elles  produifent  une  groffe  herbe  courte  ,  & 
quelques  arbres.  Elles  font  paflâblemenr  arrofées,  & 
nourrifient  quantité  de  chèvres  ôc  quelque  gros  bétail. 
Il  y  a  beaucoup  de  hauteurs,  ôc  fur  ces  hauteurs  de 
vieilles  fortifications  ;  mais  elles  ne  fervent  de  rien  à 
préfent.  Entre  les  deux  ifles  les  plus  orientales,  il  y  a 
un  bon  havre  qui  n'eft  jamais  fans  vaifleaux.  A  l'occident 
de  la  plus  orientale  de  ces  ifles ,  il  y  a  une  grande  ville 
ôc  un  fort  qui  commande  le  havre.  Les  maifons  en  font 
baffes ,  mais  bien  bâties ,  ôc  la  place  fait  une  belle  per- 
fpective.  Il  y  a  une  garnifon  de  trois  ou  quatre  cens  Tar- 
tares ,  qui ,  après  trois  ans  de  féjour  ,  font  envoyés  dans 
une  autre  place.  A  l'occident  du  havre  de  cette  ifle  ,  tout 
proche  de  la  mer ,  il  y  a  une  petite  ville  de  Chinois  ôc 
la  plupart  des  autres  ifles  ont  des  habitans  de  la  même 
nation  ,  les  unes  plus ,  ôc  les  autres  moins. 

PISCENA,  ville  de  la  Gaule  Narbonnoife,  félon 
Pline ,  l.$.c.  4.  fur  quoi  le  père  Hardouin  remarque  que 
c'eft  prefentement  la  ville  de  Pezenas  ,  au  diocèfc 
d'Agde. 

PISCHOA ,  petit  pays  de  la  Grande-Tartane,  dans  le 
Charasm  ,  à  l'orient  de  la  ville  d'Urgcns.  11  étoit  au- 
trefois très- peuplé  ,  parce  que  le  bras  droit  de  la  rivière 
d'Amu  paffant  au  travers  ,  le  rendoit  très-fertile  ;  mais 
depuis  environ  un  fiécle,  cette  rivière  s'eft  retirée,  ôc 
a  laiffé  ce  pays  atide  :  presque  tous  ceux  qui  l'habi- 
toient  l'ont  abandonné.  11  eft  à  préfent  presque  déferr. 
*Hiftoire  générale  des  Pîuns  ,1.  11;.  Hif  .généalogi- 
que des  Tatars. 

1.  riSCINA  ,  petite  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Naples,  dans  l'Abruzze  ultérieure.  Corneille  qui  cite 
Maty  ,  la  met  fur  le  lac  de  Celano  ;  mais  Magin  ,  Carte 
de  lAbruz.z,e  ult.  la  recule  à  plus  d'un  mille  de  la  rive 
orientale  de  ce  lac.  Clément  VIII  transféra  àPiscinala 
réfidence  de  l'évêque  de  Marfi.  Cet  évêché  ,  qui  relevé 
immédiatement  du  pape  ,  étoit  établi  dès  l'an  6co,  L'an- 


PIS 


PIS 


tienne  réfidence  de  l'évêque  étoit  à  Marruvhtm,  dont 
les  ruines  font  au  village  de  S.  Benoît ,  fur  la  rive  du 
lac  de  Celano.  *  Commanville ,  Table  des  aun.  Se  évê- 
chés. 

2.  PISCINA.  Voyez.  Frisquinge. 

PISCIOTTA  ,  bourgade  d'Italie  .  au  royaume  de  Na- 
ples  ,  dans  la  Principauté  Citérieure  ,  entre  Cartel  à  Ma- 
re de  la  Bruca  ,  vers  le  nord  ,  &  Acqua  délia  Frcoglio , 
vers  le  midi.  Elle  eft  fituée  à  l'embouchure  d'une  petite 
rivière  ,  à  laquelle  elle  communique  foiinom,ainfi  qu'au 
cap  voifin.  Pisciotta  ,  félon  Leander ,  eft  le  Buxentum 
des  anciens,  Se  la  rivière  eft,  à  ce  qu'on  croit,  l'ancienne 
Elea.  D'autres  cependant  croient  que  Buxentum  eR  au- 
jourd'hui Poiicastro.  Cluvier  a  cru  que  Pisciotta  n'en: 
pas  fort  différente  de  l'antienne  Velia.  *  Magin ,  Laite 
delà  Principauté  Citérieure. 

PISCO,  ville  de  l'Amérique  méridionale  ,  au  Pérou, 
dans  l'audience  de  Lima.  Cette  ville,  qui  étoit  autre- 
fois au  bord  de  la  mer,  en  cft  à  préfent  éloignée  d'un 
quart  de  lieue.  Ce  changement  arriva  en  1681  ,  par  un 
tremblement  de  terre  fi  rude ,  que  la  mer  fe  retira  d'une 
demi-lieue,  8c  remonta  enfuite  avec  rant  de  violence, 
qu'elle  inonda  presque  autant  de  terrein  au-delà  de  fes 
bornes-,  de  forte  qu'elle  ruina  la  ville  de  Pisco,  dont  on 
voit  encore  les  mafures s'étendre  depuis  le  ri\  âge  jusqu'à 
la  nouvelle  ville.  Plufieurs  curieux  ayant  fuivi  la  mer  à 
mefure  qu'elle  fe  retirait ,  furent  engloutis  à  fon  retour. 
Depuis  ce  rems,  on  a  bâti  la  ville  dans  un  lieu  où  le 
débordement  n'atteignit  pas.  Elle  eft  divifée  par  quar- 
tiers réguliers.  L'églife  paroiffiale  eft  au  milieu  de  la 
ville  fur  une  place  de  1  étendue  d'un  quartier.  Derrière 
cette  églife  cil  celle  des  Jéfuiies.  Plus  à  l'efi  ,  on  trou- 
ve celle  de  S.  François  ,  qui  eft  petite,  mais  fort  pro- 
pre. Au  nord  eiî  l'hôpital  de  S.  Jean  de  Dieu  ,  &  au 
fud  de  la  place,  eft  la  Magdeléne,  chapelle  des  Indiens, 
âu-devant  de  laquelle  il  y  a  une  petite  place.  Environ 
trois  cens  familles  compofent  cette  ville,  &  la  plupart 
font  métifs ,  mulâtres  Se  noirs  :  les  blancs  y  font  le  plus 
petit  nombre.  11  y  a  un  corregidor  Se  un  cavildo ,  pour 
adminillrer  la  juftice ,  &  fort  fouvent  un  juge ,  pour 
empêcher  le  commerce  en  fraude  des  pignes  qu'on  ap- 
porte des  minières.  *  Frezjer,  Voy.  de  la  mer  du  Sud, 
t.  2.  p.  5  20. 

La  Rade  de  PISCO  peut  contenir  une  armée  nava- 
le. Elle  eft  au  nord,  d'où  il  ne  vient  point  de  vent 
dangereux  dans  ce  quartier ,  qui  efl:  de  13  d.  40  min.  de 
latit. méridionale.  On  y  eft  à  couvert  des  vents  ordinaires 
qui  régnent  depuis  le  fud-fud-oue/t  jusqu'au  fud  e!h  Si 
l'on  vouloit  caréner  ,  il  faudroit  entrer  au  fond  de  l'ance 
de  Paraca,  où  il  n'y  a  point  de  mer  ;  Se  il  y  a  par  tout 
mouillage ,  depuis  onze  jusqu'à  cinq  braffes  d'eau.  Du 
côté  de  l'ouelt ,  on  trouve  plufieurs  petites  ifles  entre  les- 
quelles on  peut  paffer  fans  crainte  ■■,  mais  ordinairement 
il  convient  mieux  de  palier  au  dedans  de  celle  de  S. 
Galland,  &  de  langer  la  terre  de  Paraca  pour  gagner 
au  vent.  On  vient  enfuite  mouiller  vers  les  maifons  à 
quatre  ou  cinq  braffes  d'eau.  Parmi  ces  petites  ifles  ,  il  y 
en  a  une  qui  eft  percée  à  jour  en  deux  endroits  ,  de  ma- 
nière qu'elle  paroît  comme  un  pont.  Depuis  les  maifons 
de  Paraca  ,  jusqu'à  la  ville  de  Pisco ,  il  y  a  deux  lieues  de 
plaine  fablonneufecV:  aride.  On  aime  mieux  mouiller  de- 
vantles maifons  de  Paraca,  quoiqu'à  deux  lieuesde  Pisco  , 
que  d'aller  devant  cette  ville,  patec  que  la  mer  efl  fi 
maie  au  rivage  ,  qu'il  eft  presque  impoffible  d'y  débar- 
quer pendant  la  journée.  On  peur  néanmoins  quelque- 
fois au  matin  mettre  pied  à  terre  avec  un  bon  grelin  Se 
une  bonne  ancre  -,  mais  c'eft  toujours  avec  beaucoup  de 
peines  &  de  risques.  Les  navires  qui  mouillent  devant 
îa  ville  font  le  bois  Se  l'eau  demi-lieue  plus  au  nord  dans 
la  coulée  où  paffe  la  rivière  de  Pisco  ;  8c  ceux  qui  mouil- 
lent à  Paraca  font  l'eau  dans  le  fable  à  une  demi  lieue  au 
fud-eft  des  maifons. 

Les  campagnes  de  Pisco ,  font  presque  toutes  rem- 
plies de  vignes  fort  fertiles,  8c  dont  le  vin  eft  très  bon. 
Certe  feule  ville  en  fournit  Lima  ,  &  plufieurs  autres  en- 
droits. Tous  les  vaiffeaux  qui  partent  de  Callao  ,  ou  pour 
la  côte  du  nord  ,  ou  pour  celle  du  fud,  vont  prendre  à 
Pisco  leurs  provifions  de  vin  &  d'eau  de  vie ,- quelques 
navires  en  chargent  pour  Panama  ,  qu'on  transporte  en- 
fuite  par  terre  à  Porto- Bello,  8c  de-là  à  Carthagene.  L'air 


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de  Pîsço  eft  un  des  meilleurs  de  toute  la  côte;  on  y  lait 
la  vendange  dans  les  mois  de  Mars  8c  d'Avril  :  on  y  trou- 
ve les  mêmes  fruits  qu'en  Europe  :  ils  font  d'un  goût 
merveilleux  :  ceux  qui  font  propres  au  pays  font  en  abon- 
dance; Cv  on  peut  avancer  fans  témérité  que  Pisco  eft 
l'un  des  plus  beaux  endroits  de  toute  la  côte  du  Pérou. 
*  Feuillée  ,  Journal  des  Obferv.  1.  parr.  p.  394. 

1.  PISÇOPIA,  bourgade  de  l'ifle  de  Cypre  ,  avec  un 
éveché  Grec  ,  félon  Corneille  ,  qui  n%  cite  aucun  garant. 
Il  ajoute  que  ce  bourg  elt  fur  la  côte  méridionale,  entre 
Bafio  8c  Linliffo  ,  8c  qu'on  le  prend  pour  l'ancienne  Cu- 
rias.  Selon  le  Brun  ,  Voyage  au  Levant ,  t.  2.  p.  498.  qui 
au  lieu  de  Pis  copia  écrit  Biscopia  ,  c'eft  une  belle  plaine 
unie,  où  l'on  voit  beaucoup  d'anciennes  ruines,  Se  qui 
eft  arrofée  d'une  belle  rivière.  Anciennement  il  y  crois- 
Toit  beaucoup  de  cannes  de  lucre  ;  mais  aujourd'hui  elle 
cil  plantée  d'arbres  qui  portent  le  coton.  Voyez.  Bisco- 
riA. 

2.  PISÇOPIA  ,  ville  ancienne  de  Cypre,  qu'on  nom- 
me préfentement  Arnica  ,  &  dont  las  ruines  fonteonnoî- 
tie  qu'elle  a  été  autrefois  très-confidérable. 

Corneille,  qui  me  fournir  cet  article,  ne  cite  aucun 
garant  ;  ce  qui  nie  le  rend  fuspecr.  D'ailleurs  je  ne  con- 
nois  aucun  ancien  auteur  qui  ait  mis  dans  l'ifle  de  Cy- 
pre une  ville  nommée  Piscopia.  Quant  à  Arnica  ou  Lar- 
neca  ,  le  Brun  ,  dit  que  ce  n'eft  aujourd'hui  qu'un  mé- 
chant bourg.  Etienne  le  géographe  fait  mention  de  Pisco- 
pia, ville  épiscopale.  Voyez.  Biscopia. 

3 .  PISCOPIA  ,  ifle  de  l'Archipel ,  entre  celle  de  Lo- 
lango  ou  Stanchio  ,  &  celle  de  Rhodes ,  près  de  1  ifle 
de  Niffari ,  en  tirant  vers  le  nord  oriental.  C'eft  l'ifle  Te- 
lus  de  Pline  qui  dit  que  Callimaque  l'a  nommée  Aga- 
thufà.  *  Atias,  Robert  de  Vaugondy. 

PISCURI.  On  donnoit  ce  nom  ,  félon  Strabon  ,/.  1  r. 
p  511.  à  des  peuples  d'Afie  ,  qui,  avec  les  Aparni 
8c  les  Xanthii ,  étoient  compris  fous  le  nom  commun 
de  DAvE. 

PISE,  Pif*,  ville  d'Italie,  dans  la  Toscane,  fur  la 
rivière  d'Arno  ,  à  dix-fept  lieues  de  Florence  ,  dans  une 
plaine  entièrement  unie.  Cette  ville  ,  qui  eft  très  an- 
cienne ,  a  été  la  capitale  d'une  république  ,  qui  fe  ren- 
dit fameufe  par  fes  conquêtes  en  Afrique  ,  8c  dans 
la  Méditerranée ,  où  elle  s'étoit  emparée  des  ifles  Ba- 
léares ,  8c  de  celles  de  Corfê  &  de  Sardaigne ,  qu'el- 
le avoir  conquifes  fur  les  Sarrafins.  Son  port ,  à  deux 
lieues  de  l'embouchure  de  la  rivière  d'Arno  dans  la  mer , 
étoit  un  lieu  d'un  très-grand  commerce.  Elle  a  au- 
ttefois  entretenu  jusqu'à  cinquante  gaietés  ;  mais 
les  guerres  civiles  l'ayant  affoiblie ,  les  Florentins  l'as- 
fiegerent  8c  la  prirent  en  1406.  Elle  n'a  jamais  pu  fe 
relever  depuis.  Elle  eft  encore  à  préfent  fort  déferte  4 
Se  malgré  les  foins  que  le  grand  duc  fe  donne  pour 
augmenter  le  nombre  de  fes  habirans ,  fes  belles  rues, 
presque  routes  tirées  au  cordeau  ,  8c  bordées  de  rrès- 
belles maifons, fonr  couvertes  d'herbe  comme  un  pré. 
C'eft  dans  la  vue  d'y  attirer  du  monde  que  le  prin- 
ce y  a  établi  l'arfenal  de  conftruétion  de  fes  galères, 
qu'il  y  a  mis  le  chef  d'ordre  des  chevaliers  de  Saint 
Etienne,  qu'il  a  augmenté  le  nombre  des  profeffeurs 
de  Puniverfité  ,  Se  qu'il  n'épargne  rien  pour  y  attirer 
d'habiles  gens ,  un  grand  nombre  d'écoliers.  Cette  at- 
tention a  déjà  eu  quelque  fuccès  Ce  h'éroit  qu'un  éve- 
ché -,  mais  vers  la  fin  du  onzième  fiécle  on  l'éri- 
gea  en  métropole.  *  Mijjon. ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  2. 
p.  317.  8c  fuiv.  Labat ,  voyage  d'Italie,  t.  2.  p.  107 
Se  fuiv. 

La  cathédrale ,  qu'on  appelle  le  Dôme  ,  elt  d'une 
grande  beauté  ,  quoiqu'elle  foit  bâtie  dans  le  goût  go- 
thique ,  qu'on  appelle  à  la  Titdesca.  Elle  a  des  pro- 
portions fi  juftes  ,  elle  eft  fi  claire  ,  les  ornemens 
font  difiribués  fi  à  propos,  elle  cft  fi  propre  Se  entre- 
tenue avec  tant  de  foin  ,  qu'on  ne  peut  fe  laffer  de 
l'admirer,  quand  on  y  eft  Ses  portes  font  couvertes 
de  bas-reliefs  de  bronze  ,  qui  repréfentent  plufiei>rs  hi- 
ftoires  de  l'ancien  Se  du  nouveau  reflament ,  Se  qui  font 
d'un  cour  exquis.  Le  pavé  de  l'églife  eft  de  pierres  rap- 
portées de  marbre  de  différentes  couleurs.  Il  y  a  quel- 
ques tombeaux  magnifiques,  des  ftatues,  des  peintu- 
res des  meilleurs  maîtres ,  avec  un  grand  nombre  de 
colonnes  de  marbre  ,  qui  féparenc  la  grande  nef 
Tom.  IV.  I  i  i  «  i  i  U 


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des  côcés ,  qui .  aufli  bien -que  l'églife  ,  font  incruftés  de 
marbre,  quoique  les  gens  du  pays,  par  une  vanité 
mal  entendue,  difent  que  les  murailles  font  entièrement 
de  marbre.  On  dit  que  les  chanoines  de  cette  églife 
étoient  vêtus  autrefois  de  rouge  comme  les  cardinaux , 
mais  aujourd'hui  ils  ont  feulement  le  camail  violet. 

C'eft  au  côté  droit  du  chœur  de  cette  cathédrale  , 
Se  en  dehors ,  qu'eft  ce  fameux  clocher ,  ou  cette  tour 
ronde  penchante  fi  célèbre  dans  les  relations  de  tous 
les  voyageurs.  Elle  eft  de  marbre  ,  avec  une  rempe 
fpirale,  pratiquée  dans  l'épaiffeur  du  mur  ,  Se  par  la- 
quelle on  monte  fur  là  plate  forme.  Bien  des  gens  s'i- 
maginent que  le  hazard,  ou  la  négligence  d'avoir  bien 
affermi  les  fondemens  de  cet  édifice ,  font  caufe  qu'il 
penche  confidérablement  d'un  côté.  Si  cela  étoit,  tout  l'é- 
difice pencheroit,  Se  cependant  il  n'y  a  que  le  côté  qui 
regarde  la  ville  qui  ait  ce  défaut.  Celui  qui  regarde 
l'églife  eft  bien  à  plomb  :  le  vuide  qui  eft  au  milieu,  Se 
quirefTembleà  unpuitseft  a  plomb  de  tous  cotés  ;  de  forte 
qu'on  ne  doit  taxer  l'architecte  qui  l'a  bâti  ni  de  négligen- 
ce ni  d'ignorance  ;  mais  convenir  qu'il  a  voulu  donner  par- 
là  une  preuve  de  fon  habileté,  &  faire  voir  qu'il  pouvoit 
faire  un  édifice  hors  de  fon  à  plomb ,  fans  l'expofer 
à  tomber.  Un  moderne  a  prétendu  que  c'eft  fa  figure 
ronde  qui  l'empêche  de  tomber ,  mais  ce  fentiment  elt 
ridicule  Se  contraire  à  l'expérience.  La  hauteur  de 
cette  tour  eft  de  cent  quatre-vingt-huit  pieds  :  l'esca- 
lier en  a  cent  quatre-vingt-treize.  La  plate-forme,  ou 
rerraiïe  du  haut  cft  environnée  d'une  baluftrade  ,  du 
bord  de  laquelle  ayant  jette  un  plomb  à  l'endroit  qui 
penche  le  plus ,  il  s'eft  trouvé  que  le  plomb  tomboit 
à  quinze  pieds  juftes  du  fondement. 

Le  cimetière  de  toute  la  ville  eft  au  bout  de  l'é- 
glife. On  l'appelle  le  Campo  Santo  ,  comme  dans  tout 
le  relte  de  l'Italie.  C'eft  un  grand  terrein  carré  ,  e  nvi- 
ronnéde  portiques  ,  comme  un  cloître  ,foutenu  de  co- 
lonnes de  marbre ,  couvert  de  plomb  ,  Se  dont  les  murs 
fon  peints  à  fresque  par  d'habiles  maîtres.  On  pré- 
tend que  cinquante  galères  de  Pife,  qui  étoient  allées 
au  fecours  de  l'empereur  Frédéric  Barderouffe ,  à  la 
Terre  Sainte  en  izi8,  fe  lefterent  Se  fe  chargèrent 
de  la  terre  de  Jérufalem  à  leur  retour ,  Se  que  cette  ter- 
re fut  mife  dans  le  Préau  de  Campo-Santo.  On  voit 
dans  ce  lieu  quantité  de  tombeaux  Se  d'inferiptious. 
On  y  en  remarque  une  entre  autres ,  que  l'on  a  en- 
chaflée  dans  la  muraille  fous  un  des  portiques,  Se  qui 
eft  un  décret  de  la  ville  de  Pife.  11  eft  ordonné  par 
ce  décret ,  que  ,  nunciata  morte  Claris ,  on  en  por- 
tera le  deuil  pendant  une  année  entière  ,  Se  qu'on  s'ab- 
ftiendra  de  tous  divertiflcmens  publics. 

Le  baptiftere ,  qui  a  cent  quatre-vingt  pas  de  tour, 
fe  voit  à  trente  ou  quarante  pas  de  l'églife  cathédra- 
le ,  de  l'autre  côté  delà  tour  penchante  fur  une  même 
ligne.  C'eft  encore  un  édifice  confidér'able.  Il  eft  rond  , 
de  beau  marbre  ,  Se  voûté  en  coupe,  comme  le  dô- 
me de  Saint  Pierre  de  Rome.  Il  s'y  fait  un  écho  qui 
augmente  de  beaucoup  le  bruit  ;  Se  fî  l'on  frape  un 
coup  ,  ou  que  l'on  fafle  un  cri  ,  le  retentilTement  en  dure 
aufti  long-tcms  que  le  tintement  d'une  cloche.  On  a 
gravé  fur  une  des  colonnes  de  ce  baptiftere  que  l'égli- 
fe fut  achevée  en  1153. 

L'Arno  ,  qui  eft  une  rivière  confidérable ,  paffe  dans 
le  milieu  de  la  ville  ,  Se  la  partage  en  deux  parties 
presque  égales  ,  qui  font  jointes  par  trois  ponts  , 
dont  le  plus  grand,  eft  de  marbre  blanc.  C'eft  fur  ce 
pont  que  fe  donne  tous  les  ans  le  combat  de  mas- 
fue ,  entre  le  peuple  de  deçà ,  Se  celui  dc-delà  la  ri- 
vière. C'eft  une  coutume  très-ancienne  dans  cette  ville, 
Se  dont  il  n'eft  pas  aifé  de  démêler  la  véritable  ori- 
gine ,  parce  qu'on  la  rapporte  de  trop  de  façons  dif- 
férentes. Ce  combat  a  fouvent  des  fuites  facheufes 
que  les  grands  ducs  ,  Se  même  la  république  ,  n'ont  pu  , 
ou  n'ont  pas  jugé  à  propos  d'empêcher  pour  des  raifons 
dans  lesquelles  il  n'eft  pas  permis  d'entrer.  Les  com- 
battais font  armés  de  bonnes  cuirafics ,  avec  les  bras- 
fàrts  Se  les  cuiflarts ,  le  ensque  en  tête  Se  la  vifiere  baiftée. 
lis  ont  pour  armes  de  grofles  maffues  de  bois  très-dur, 
&  garnies  de  fer.  Ils  les  tiennent  entre  leurs  bras, 
év  fous  des  peines  griéves  il  n'eft  pas  permis  de  les 
prendre  entre  les  mains.  En  cet  état  ils  s'approchent 


les  uns  des  autres  au  fon  des  trompettes,  Se  destamr 
bours ,  fe  pouffent  rudement ,  &  le  ftapent  la  tête 
avec  leurs  maffues,  Se  tâchent  de  faire  reculer  le  par- 
ti contraire,  Se  de  fe  rendre  maures  du  pont.  Le  par- 
ti le  plus  foible  eft  obligé  de  céder  :  les  vainqueurs 
mettent  des  gardes  au  pont  ,  Se  les  vaincus  achètent 
le  droit  d'y  paffer.  Ce  combat  pourroit  être  un  refte 
de  ceux  que  les  citoyens  de  Pife  fe  livroient  les  uns 
aux  autres ,  lorsqu'ils  étoient  divifés  en  plufieurs  fa- 
ctions ,  &  fur-tout  quand  une  pattieeut  pris  le  parti  du 
pape,  &  l'autre  celui  de  l'empereur,  fous  le  nom  deGuel- 
phes  Se  de  Gibelins.  On  prétend  que  l'architecte  qui 
a  bâti  leur  tour  penchante  l'avoit  faite  à  deffein  de 
leur  faite  connoître  que  leur  république  étoit  auffi 
prête  à  tomber ,  à  caufe  de  fes  ciivifions ,  qu'une 
maifon  qui  penche  eft  prête  à  fe  renverfer  Se  à  écra- 
fer  ceux  qui    s'y  trouvent ,  ou  qui  en  font  proche. 

Le  mauvais  air  dont  on  fe  plaint  à  préfent  à  Pife, 
Se  qu'on  regarde  comme  la  caufe  principale  de  ce  qu'elle 
eft  fi  dépeuplée  ,  n'eft  qu'une  fuite  de  ce  manque  d'ha- 
bitans  ;  car  quoiqu'elle  foit  dans  un  pays  affez  plat 
Se  uni ,  il  n'eft  pourtant  pas  marécageux.  Les  marais 
de  Livorne  en  font  bien  éloignés  ;  mais  l'air  fe  cor- 
rompt à  Pife ,  parce  qu'il  eft  trop  en  repos ,  qu'il  y 
a  peu  de  feu,  Se  peu  de  mouvement  dans  la  ville.  L'é- 
poque de  la  dépopulation  de  Pife  eft  la  conquête  de 
cette  ville  pat  les  Florentins:  les  grands,  Se  le  peu- 
ple fe  voyant  privés  de  leur  liberté ,  aimèrent  mieux 
abandonner  leur  patrie  que  de  la  voir  dans  la  fervi- 
tude  :  ils  fe  retirèrent  dans  les  états  voifins ,  même 
jusqu'en  France  Se  en  Espagne.  Les  épitaphes  du  Cam- 
po-Santo en  fourniffent  des  preuves.  On  y  voit  les  noms 
de  quantité  de  familles  établies  dans  ce  tems  là  à 
Pife ,  Se  que  l'on  trouve  à  préfent  à  Rome  ,  à  Na- 
ples ,  à  Gènes ,  à  Turin  ,  à  Marfeille  ,  où  elles  por- 
tent les  mêmes  armes  que  l'on  voit  fur  les  monumens 
dti  Campo-Santo. 

La  plupart  des  maifons  confidérables  de  Pife  ont 
des  tours.  On  remarque  la  même  chofe  dans  plu- 
fieurs autres  villes  bien  moins  confidérrbles  que  Pife. 
MiiTon  s'eft  trompé  ,  quand  il  a  dit  que  ces  tours 
étoient  des  récompenfes  que  les  villes  donnoient  à 
ceux  de  leurs  concitoyens-  qui  s'étoient  distingués 
par  quelque  fervice  fignalé  qu'ils  avoient  rendu  à 
leur  patrie."  Les  villes  ne  faifoient  point  bâtir  ces 
tours  à  leurs  citoyens  ;  elles  permettoient  feulement 
à  ceux  qui  avoient  exercé  la  magiftrature  d'en  bâtir 
fui "  Jeur  propre  fonds,  &  à  leurs  dépens.  C'étoit  une 
marque  que  le  maître  de  la  maifon  où  il  y  avoit  une 
tour  ,  jouifToit  de  la  qualité  de  patricc ,  ou  que  fes 
ancêtres  en  avoient  joui,  quil  étoit  du  corps  du  fénat , 
&  qu'il  avoit  les  privilèges  &  la  nobleflè  attachée 
à  cette  dignité.  Ces  tours  à  Pife  étoient  dans  le  tems 
des  divifions  des  citoyens  comme  autant  de  forteres- 
fes  ,  où  ils  fe  retiroient  quand  leur  parti  n'étoit  pas 
le  plus  fort.  C'étoit  du  haut  de  ces  tours  qu'ils  fe  bat- 
toient  à  coups  de  traits  &  de  pierres.  Elles  fervent  à 
préfent  à  prendre  l'air  Se  le  frais,  Se  à  jouir  de  la 
vue  du  payfage  des  environs ,  qui  eft  charmant  Se  bien 
cultivé. 

La  ville  de  Pife  a  encore  fes  anciennes  murailles 
défendues  par  quantité  de  tours  hautes  Se  fortes  avec 
un  fofle.  Les  Florentins  s'en  étant  rendus  maîtres,  dé- 
farmerent  les  habitans ,  prirent  nombre  d'otages,  rui- 
nèrent une  partie  des  murailles  &  bâtirent  trois  forte- 
refles.  La  plus  confidérable,  qu'on  peut  regarder  com- 
me une  citadelle  de  conféquence  ,  a  été  forrifiéc  pres- 
que de  nos  jours  à  la  moderne  par  Julien  de  Saint 
Gai  ,  excellent  architete  Se  médiocre  ingénieur.  Elle 
eft  près  de  la  porte  Saint  Marc  qui  conduit  à  Flo- 
rence. L'autre  fort  eft  près  de  l'arfcnal  ;  &  le  troifié- 
me  eft  fur  le  bord  de  la  rivière.  Ces  deux  derniers  font 
perirs  &    ne  valent  pas  grand'chofe. 

Le  grand  duc  a  établi  à  Pife  la  maifon  chef  d'ordre 
des  chevaliers  de  Saint  Etienne  ,  pape  ,  dont  il  eft 
le  grand  maître.  Ces  chevaliers  portent  fur  leurs  ha- 
bits une  croix  à  huit  pointes  de  farin  rouge,  un  cor- 
don couleur  de  feu,  Se  une  petite  croix  d'or  fur  leur 
poitrine.  Us  ne  font  pas  obligés  au  célibat,  ni  au 
vœu  de  pauvreté.  Ils  n'ont  que  le  vœu  d'obéiffance , 


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&  celui  de  faire  la  guérie  aux  Infidèles,  il  y  a 
de  bonnes  commenderies  dans  cer  ordre.  Ceux  qui  ne 
font  point  mariés  (  il  y  en  a  même  peu  qui  le  foient  ) 
ont  droit  de  demeurer  dans  le  palais  de  Tordre  à  Pi- 
le ,  où  ils  font  nourris  &  logés  magnifiquement.  Ils 
four  preuves  de  nobleffe  à  peu  près  comme  les  che- 
valiers deMalthe,  &  font  obligés  de  faire  leurs  cara- 
vannes  avant  que  de  pouvoir  pofléder  des  commenderies. 
On  voit  dans  leur  églife  quantité  d'étendarts  qu'ils 
ont  enlevés  aux  Infidèles.  Côme  1  infticua  cet  ordre 
en  156 1.  La  ftatue  de  ce  prince  eft  dans  la  place  vis-à- 
vis  l'églife  des  chevaliers. 

L'univerfité  de  Pife ,  fondée  en  13  39,  eft  confidéra- 
ble.  Les  chaires  des  profefieurs  ont  de  bons  revenus 
qui  font  payés  régulièrement.  Les  profefieurs  n'ont 
pour  l'ordinaire,  en  entrant,  que  cent  ou  fix-vingt 
piaftres  d'appointement.  Ils  augmentent  tous  les  ans , 
Se  arrivent  enfin  à  quatre  cens  piaftres  qui  eft  la  hau- 
te paye  ,  fans  compter  les  honoraires,  $c  le  logement 
dans  le  collège.  Il  y  a  cinq  collèges  :  celui  des  loix 
&  celui  de  la  fapience  font  les.plus  fameux:  c'elt  le  grand 
duc  qui  nomme  à  toutes  les  chaires. 

Il  y  a  quatorze  milles  de  Pife  à  Livorne.  Le  pays  eft 
plat ,  &  la  plus  grande  partie  du  chemin  fe  fait  entre  des 
bois  de  chênes  verds,  de  liège  &  de  myrthes  fauvages.On 
dit  que  la  mer  couvroit  autrefois  ces  forêts ,  tk  qu'el- 
le venoit  à  trois  milles  de  Pife  ,  jusqu'au  lieu  où  l'on 
voit  une  afiez  grande  églife  à  l'entrée  du  bois.  On  ra- 
conte que  faint  Pierre  étant  à  la  pêche  ,  il  s'éleva 
une  tempête  qui  le  pouffa  jusqu'à  cet  endroit  ,  &c 
qui  l'y  fit  échouer.  On  ajoute  qu'il  érigea  un  autel  autour 
duquel  un  pape  fit  bâtir  l'églife  quelques  fiécles  après. 
11  s'eft  tenu  à  Pife  deux  célèbres  conciles. 

Le  Pis  an  eft  ainfi  nommé  de  fa  capitale.  Sa  plus 
grande  étendue  n'eft  pas  aujourd'hui  de  trente  milles 
du  nord  au  fud  ;  mais  celle  de  l'eft  à  l'oued  va  bien 
à  cinquante  miiles.  Le  Florentin  &  la  république  de  Luc- 
ques  lui  fervent  de  bornes  au  nord  ,  le  Siénois  à  l'o- 
rient ,  &  la  mer  à  l'occident.  C'cft  un  des  meilleurs 
pays  de  la  Toscane.  Sa  plus  grande  richeffe  vient  de 
fes  lièges.  Ses  principales  villes  font  : 


Pife, 


Livorne , 


Voltere. 


PISECK  ,  ville  de  Bohême  Voyez,  Pysfck. 

PISELLO,  ou  Cabo  I'isello.  Voyez,  au  mot  Cap  , 
l'article  Cap   de  Piselio. 

P1SIANECTEA.  Voyez.  Poecile. 

PlSlD/£ ,  peuples  de  l'Afie-Mineure  ,  félon  Pline  ,  /. 
5.  c.  2.7.  Ce  font  les  habitans  de  la  Pifidie.  On  les 
nomma  d'abord  Solymi.  Voyez,  Pisidia. 

PISIDIA  ,  contrée  d'Afie  ,  renfermée  entre  la  Ly- 
die,  la  Phrygie,  laPamphylie  &  la  Carie.  C'étoit  un 
pays  |fitué  dans  les  montagnes,  pour  la  plus  grande  par- 
tie ,  &  qui  comprenoit  l'extrémité  occidentale  du  mont 
Taurus,  félon  Pline,/,  j.  c.  27.  &  Strabon  ,  /.  12. 
Delà,  dit  Cellarius,  Geogr.  ant.  /.  3.  c.  4.  ilnaît  une 
queftion  afiez  difficile  à  décider ,  favoir  fi  la  Pifidie 
doit  être  rangée  dans  la  partie  de  l'Afie  qui  eft  en-de- 
çà du  mont  Taurus ,  ou  dans  celle  qui  eft  au-delà. 
Par  le  traire  de  paix  fait  entre  Antiochus  &c  les  Ro- 
mains ,  l'Afie  étoit  partagée  entre  Anriochus  &c  les  Ro- 
mains, de  manière  que  ce  qui  étoit  en-deçà  du  mont  Tau- 
rus étoit  aux  Romains ,  &  ce  qui  étoit  au-delà  apparte- 
noit  à' Antiochus.  Les  Romains  eux-mêmes  ont  été  la 
caufe  du  doute  qui  fe  trouve  dans  cette  queltion  -,  car  le 
décret  qu'ils  rendirent  à  cette occafion  ne  parle  point  de  la 
Pifidie ,  &c  ne  preferit  point  les  limites  du  pays  qu'on  ôtoit 
à  Antiochus,  en-deçà  du  Taurus.  Tite-Live ,  /.  38. 
c.  39.  en  rapportant  ce  partage  ,  dit  feulement  que  la 
Lycie  ik  le  Carie  jusqu'au  Méandre,  furent  cédées  aux 
Rhodiens  ;  &  que  le  roi  Eumèncs  eut  l'une  &  l'autre 
Phrygie ,  la  Myfie  ,  la  Lycaonie ,  la  Myliade  &  la  Ly- 
die. Cependant ,  félon  le  même  Tite-Live  ,  /.  37.  c.  54. 
les  ambafladeurs  de  Rhodes  dirent  en  plein  férrat  , 
que  toute  la  Pifidie  avoit  été  ôtée  à  Antiochus.  D'ail- 
leurs une  chofe  femble  le  décider  ;  c'eft  que  la  Lycaonie , 
qui  elt  au-delà  de  la  Pifidie,  fur  comprife  dans  la 
partie  qui  étoit  en-deçà  du  Taurus.  Au  refte ,  foit 
que  la  Pifidie  ait  été  à    l'extrémité  du  Taurus ,  foit 


959 

qu'elle  ait  occupé  une  partie  confidcrable  de  cette  mon- 
tagne ,  il  eft  certain  qu'elle  ne  s'étendoit  pas  au-delà 
du  Taurus. 

Les  villes   que  Ptolomée,  /.  ;.  c.  5.  met  dans  is 
Pifidie  font  : 


Dans  la  Phrygie 
de  Pifidie. 


S 
l 


Seleucia  Pifîdu  s 

Antiochia , 

Amiqiutm  Beudos  » 

Bar is , 

Conana  ou  Comona « 

Lyfima  3 

Cormafa. 


Dans  la  Pifidie 
propre. 


,ProJrama , 

Aâaâa  , 

Olbafa , 
\Dyrz,ela , 
1  Orbanajfa  , 

Talbonda , 

C  remua  Colonia 
[Commacum , 
\PUtcneJfiis , 
'Unz,ela } 

Selge. 


La  notice  de  Léon  le  Sage  y  place  les  évêchés  fui- 
vans  : 


Antiochia , 
Sagalajfuf  , 
Sozopolis , 
A  pâme  a , 
Cybira , 
Tyr&mim  , 
Bar  if , 

Adrianopolif , 
Portus , 

Laodicea  Combufla , 
Seleucia  ferrea 

Bindeus. 


Adadorum , 
Zarkelorum  , 
Tiberias , 
Tomandus , 
Conana ,  . 
Malus , 
Sinianduf  , 
'l'itiajfitf , 
Metropolis  , 
Pafporum , 
Par  ailes  , 


PIS1DON  ,  port  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée , 
/.  4.  c.  3.  le  place  entre  Sabathra  &  Heoa.  Marmol 
dit  qu'on  l'appelle  aujourd'hui  Zoarat. 

P1S1E  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quantung ,  aux  environs  de  Lincao.  Cette  montagne 
eft  fameufe  dans  le  pays.  On  raconte  qu'il  s'y  trouve 
un  certain  animal  très-rufé  ,  qui  a  l'ufage  de  la  raifon  , 
ôc  la  figure  d'un  chien.  On  ajoute  à  cette  fable  qu'un 
animal  de  cette  espèce  conduifit  anciennement  l'armée 
des  habitans  des  ifles  par  des  fentiers  inconnus ,  leur 
facilita  le  moyen  de  fermer  l'entrée  du  pays  aux  en- 
nemis qui  venoient  de  la  Cochinchine  ,  &  leur  donna 
occafion  de  remporter  une  grande  victoire.  On  a  éle- 
vé dans  le  lieu  même  un  temple  en  l'honneur  de  cet 
animal.  *  "Atlas  Sinenfis. 

PIS1LIS,  ville  de  la  Carie.  Strabon,  /.  14.  p.  6ji. 
la  met  entre  le  fleuve  Calbis  &  la  ville  Caunus. 

PISIN  NUOVO  ,  lieu  d'Allemagne  ,  dans  la  Baffe- 
Camiole ,  près  de  la  fource  méridionale  du  Quieto. 
Ce  lieu  Se  celui  qu'on  appelle  Pisin  Vecchio  com- 
pofent  un  petit  pays  pofTédé  par  la  maifon  d'Autriche  , 
qui  en  retire  environ  dix-fept  mille  florins  de  revenin 
*  Maçin ,  Carte  de  l'Iftrie.  Sanfon ,    Atlas. 

PISIN-VECCHIO.  Voyez.  Pisin-Nuovo. 

PISINATES,  peuples  d'Italie,  dans  l'Umbrie,  félon 
Pline,  /.  3.C.  14.  Quelques  manuferits  portent  Pijîates 
pour  Piftnatef. 

1.  PISINDA,  ville  de  l'Afrique  propre.  Ptolomée  , 
/.  4.  c.  3.  la  place  parmi  les  villes  qui  étoient  entre 
les  deux  Syrtes. 

2.  PISINDA,  ville  de  la  Pamphylie,  dans  la  Car- 
balie,   félon  Ptolomée,  /.  5   c.  5. 

PISINGARA,  ville  de  la  petite  Arménie.  Ptolo- 
méedit  qu'elle  étoit  éloignée  de  l'Euphrate  ,  &  qu'elle 
étoit  fituée  vers  les  montagnes.  Ses  interprètes  écrivent 
Pefingara  pour  Pifw^ara. 

'PIMNNUS,  ou  Pisinus.  Voyez,  Pissinus. 


PIS 


99o 

PlSlNOE.  Voyez.  Sirenussj£. 
PISIS  ,  ville  Se  montagne  de  l'Arménie  ,  ou  de  la 
Sufiaue,  félon  Etienne  le  géographe. 

PlSÏSTRATMNSULiE.Onappelloitainfi  trois  ifies, 
fur  la  côcc  de  l'ionie  ,  pioche  dEphèfe  ,  Se  que  Pline ,  /. 
5.  c.  3 1.  nomme  Ambwx,  Myonnefos  Se  Diarrbeufa. 

PIS1TANA  URBS.  Voyez.  Pisitensis. 

P1S1TENS1S,  fiege  épiscopal  d'Afiique.  Ambibius 
eft  qualifié  Episcopus  Plebis  Fifnenfii  dans  !a  conférence 
de  Carthage  ,  c.  133.  éd.  Dupa.  Balufe  place  cette  vil- 
le aux  confins  de  la  Bizacene  &  de  la  province  de 
Tripoli  ,  parce  que  la  table  de  Petitinger  mec  Pifida 
entre  Futia  ,  ville  de  la  Byzacene  ,  &  Sabrata  ,  ville  de 
la  province  de  Ti  ipoli  i  mais  le  père  Noris  attribue 
à  la  province  Proconfulaire  la  ville  Fifitana  ,  Se  ditqu'il 
en  eft  fait  mention  dans  le  livre  premier,  c.  13.  des 
miracles  de  faint  Etienne  ,  attribué  à  Evodius.  Ce  qu'il 
y  a  de  certain  ,  c'eft  que  Félix ,  adverfaire  d'Ambibius  , 
nommé  au  chapitre  135.  de  la  conférence  de  Car- 
thage  ,  eft  différent  de  Félix  Ep'ucopus  Pittienfis ,  donc 
il  eft  parlé  au  chapitre  104;  car  l'un  écoir  prêtent  & 
l'autre  abfent. 

P1SONIS  VILLA ,  maifon  de  plaifance ,  en  Italie  , 
près  de  la  ville  de  Bayes.  Tacite  1  An.  I.  ij.  c.  52.  die 
que  l'empereur  Néron  fe  plaifoic  fort  dans  ce  lieu  , 
Se  s'y  rendoit  fréquemment.  Ortelius,  qui  cite  Ferd. 
Lofredus ,  die  que  ce  lieu  fe  nomme  aujourd'hui  Tru- 
clio. 

PISONIUM.  Voyez.  Posonium. 

PISONOS  >  ville  de  la  petite  Arménie.  L'itinéraire 
d' Antouin lamec  fur  la  route  de  Sébafte  à  Cocufon ,  entre 
Ad  Prœtorium  Se  Mditene ,  à  vingt-deux  milles  de  la  pre- 
mière ,  Se  à  égaie  diftance  de  la  féconde. 

PISORACA  ,  fleuve  d'Espagne.  Il  en  eft  fait  men- 
tion dans  quelques  anciennes  inferipeions.  Ortelius , 
quicite  Morales  &  Florianus ,  dit  que  ce  fleuve  fe  nom- 
me aujourd'hui  Pifuerga. 

PISPIRI,  montagne  d'Egypte,  nommée  aufli  la  Mon- 
tagne d'Antoine.  Il  en  eft  parlé  dans  l'hiftoite  ec- 
cléfiaftique  de  Rufin  ,  Se  dans  Ferculphe  ,  cités  par 
Ortelius ,  qui  ajoute  que  Palladius  donne  la  deferip- 
tion  de  cette  montagne ,  in  Cronio  Presbytero. 

PISSA  ,  ville  d'Italie ,  dans  la  Tyrrhénie  ,  félon  Ifa- 
cius  fur  Lycophron.  Pifia,  dit  Ortelius,  ne  feroit-il 
poinc  là  pour  Pisa. 

P1SS£.UM.  Voyez.  Pisaom. 

PISSANTINI,  peuples  de  la  Macédoine.  C'eft  Poly- 
be,  /.  j.  c.   108.  qui  en  fait  mention. 

PISSOTIS  .peuples de  l'Afie  ,  aux  environs  de  Bac- 
tra ,  à  ce  qu'il  paroîc  par  un  paffage  de  Plutarque  , 
Hift.  Plant.  L  8. 

PISSURI.  Voyez.  Piscuri. 

PISSIRUS  ,  ville  de  Thrace.  Il  y  avoit  dans  cette  vil- 
le ,  félon  Hérodote,  /.  7.  n.  109.  un  lac  de  presque 
trente  ftades  de  circuit ,  très-poiffonneux  ,  &  dont  l'eau 
étoit  extrêmement  falée.  Les  meilleures  éditions  por- 
tent Pystirus  au  lieu  de  Pissyrus. 

PISTAS,  lieu  de  France.  Oitelius  qui  cite  le  moi- 
ne  Aimoin  Se  Odon  ,  abbé  de  Saint  Maur ,  dit  que 
ce  lieu  étoit  fur  la  Seine.  On  croir  que  c'eft  le  villa- 
ge de  Poiffy. 

PISTENSIS  ouPiscensis.  Voyez,  au  mot  Flumen  , 
l'article  Flumen  Piscensis, 

PISTICCIO  ,  petite  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Naples,  dans  la  Bafilicate.  Elle  eft  dans  les  terres  ,  en- 
viron à  dix  milles  de  la  côte  du  golfe,  entre  les  riviè- 
res Bafiento  Se  Salandrella  ,  à  peu  près  à  égale  dis- 
tance de  l'une  Se  de  l'autre.  Cette  ville  fut  endom- 
magée en  1688,  par  un  tremblement  de  terre  qui 
renverfa  la  plupart  de  fes  maifons.  *  Magin  ,  Carte 
de  la  Bafilicate. 

PIST1RUM  ,  ville  de  Thrace,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  en  fait  un  entrepôt.  Ortelius  foupçonne 
que  ce  pourroit  être  la  ville  Pissyrus  d'Hérodote. 
Voyez,  Pissyrus. 

PISTOIE  ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Toscane  ,  entre 
Lucques  &  Florence,  à  vingt  milles  dé  l'une  &  de  l'au- 
tre, dans  une  plaine  très-fertile.  Elle  a  été  autrefois 
en  république  ;  mais  quand  le  grand  duc  fe  rendit  maî- 
tre de  Pife  ,  les  habitans  de  Piftoie  lui  préfenterent  les 


PIT 


clefs  de  leur  ville  ,  &  fe  fournirent  à  fon  obéiflance.  Cet 
te  ville  eft  fermée  de  murailles ,  fortifiées  de  battions  , 
mais  on  n'y  fait  poinc  de  garde.  Quoiqu'elle  foie  as- 
fez  bien  bâtie ,  que  fes  rues  foient  belles ,  longues  Se 
larges  ,  Se  pavées  de  fort  grandes  pierres  commodes 
pour  marcher ,  elleeft  peu  peuplée.  Il  lui  manque  des  ha- 
bitans Se  du  négoce.  La  graine  du  pays  la  fait  vivre; 
mais  elle  n'eft  pas  capable  de  l'enrichir:  aufli  ne  peut- 
on  pas  voir  une  ville  plus  pauvre  ni  plus  déferte,  fur- 
tout  depuis  qu'elle  a  perdu  fa  liberté.  *  Mémoires  di- 
vers. 

L'églife  cathédrale  eft  affez  belle  malgré  le  prover- 
be qui  dit  :  Cita  Pifioyefe  ,  cbiare  Café  ,  oscure  Chiefe. 
Il  y  a  trente  chanoines  &  fept  dignités.  On  remar- 
que deux  baluftrades  de  marbre  devant  lt  maître  au- 
tel ;  mais  ce  qui  eft  plus  confidérable,  c'eft  une  cha- 
pelle de  Saint  Jacques  qui  eft  au  bas  de  la  nef,  où 
il  y  a  plufieurs  lampes  pour  honorer  quelques  reli- 
ques du  faint  qui  font  confervées  dans  ce  lieu&  par 
reconnoiffance  des  fecours  qu'on  prétend  avoir  reçus 
par  fon  intercefïïon.  L'autel  eft  tout  couvert  de  la- 
mes d'argent.  On  remarque  dans  cette  chapelle  une 
oraifon  en  l'honneur  de  ce  faint ,  qui  y  eft  appelle  le 
premier  des  apôttesiTu qui primœcirm  tenesinterapoftolos , 
imà  qui  eorum  primus  ,  Sec.  Dans  l'églife  de  l'Humili- 
té ,  on  voit  les  effigies  entières  de  Léon  X  ,  Se  de  Clé- 
ment VII,  pape  ;  Se  celles  de  Côme  Se  d'Alexandre  , 
grands  ducs  de  Florence.  Son  évêque  eft  fuffragant  de 
l'archevêché  de  Florence 

La  plaine ,  qui  fe  trouve  entre  Piftoie  Se  Florence 
eft  remplie  de  fruits  de  toutes  fortes  ,  &  peuplée  de 
villes  ,  de  bourgades ,  de  villages ,  de  métairies  ,  de 
palais ,  Se  de  maifons  de  plaifance  ;  ce  qui  fait  que 
ce  quartier  eft  un  des  plus  beaux  de  la  Toscane. 

Clément  IX,  appelle  Julio  Rospigl'wfi ,  étoit  de  Pi- 
ftoie,   où   il  naquit  dune  famille  très  noble  en  1599. 

PISTORIA,  viile  d'Italie  ,  dans  la  Toscane.   Ptolo- 

mée  ,  /.  3.  c.  1  la  place  dans  les  terres ,  entre  Lucus  Fe- 

roniœ  Colonia  Se  Florent  ut.  Pline  ,  /.  3.  c.  5.  l'appelle  Pi- 

florium  ;  Se  Antonin  ,  Itiner.  la   nomme  Ad  Piflores. 

C'eft  aujourd'hui  la  ville  de  Pistoie  Voyez,  ce  mot. 

P1STRA  ou  Pistre  ,  village  de  l'Ethiopie.  Il  eft  mis 
par  Ptolomée ,  fur  le  bord  occidental  du  Nil ,  entre 
Pthur  Se  Pumythis. 

PISTRENSIS  VILLA  ,  lieu  de  la  Pannonie,  félon 
Ammien  Marcellin,  /.  29.  c.  6.  qui  le  place  à  vingt-fix 
milles  deSirmium.  Lazius  ,  Rtp.Rom.  I.  î.c.  2.  dit  que 
ce  lieu  étoit  fur  le  bord  du  Danube ,  Se  qu'on  le  nomme 
préfentemenr  Vijiricia  ■  Biftricz. 

PISTRINUM  ,  ville  au  voifinage  de  l'Illyrie  ,  félon 
Chalcondile  ,  cité  par  Orelius. 

PISTYRUSou  Pystirus.  Voyez,  Pissyrus. 

PISUERGA  ou  Pizuerga  ,  Pijoraca,  rivière  d'Es- 
pagne. Elle  prend  fa  fource  aux  confins  delà  Vieille  Ca- 
ftille  ,  à  quelques  lieues  de  la  fource  de  l'Fbre,  près 
de  Melgar.  Elle  pane  à  Valladolid,  Se  fe  jette  dans  le 
Duero  à  Simancas.  *  Délices  d'assigné  ,  p.  145. 

PISUERTES.  Voyez,  Pitulali. 

PISUET^E.  Voyez.  Pisye. 

PISUM,  lieu  dont  il  eft  parlé  dans  le  Code  Théodo- 
fien  ,  tit.  6   de  Honorari'u  Codicil. 

PISYE  ou  Pitye  ,  ville  de  la  Carie,  félon  Porphy- 

rogénete  Se  Etienne  le  géographe ,  qui  la  nomme  aufli  Py- 

utijfa.  Tiie-Live,  /.  33.^.  18.  appelle  les  habitans  Pi- 

fuetœ,  Se   dit  qu'ils   donnèrent  du  fecours  aux  Rho- 

diens. 

PITAIUM.  Voyez.  Pitaon. 

PITANAT^.  Voyez.  Samnites. 

P1TAN  ,  province  des  Indes  ,  dans  les  états  du 
Mogol ,  au-delà  du  Gange.  Elle  eft  bornée  au  nord 
par  le  mont  Purbet  ou  de  Naugracuc;  à  l'orient  par 
les  royaumes  de  Laffa  Se  d'Afem  ou  d'Acham  ;  au  mi- 
di par  la  province  de  Jéfuat  &  par  le  royaume  de  Mo- 
rang  ;  à  l'occident  par  les  provinces  de  Vatal  $c  de 
Mévat.  De  l'Ifle  donne  à  cette  province  le  nom  de  Ra- 
ja-Nupal ,  ou  de  royaume  de  Nccbal. 

1.  P1TANE  ,  ville  de  FAfie- Mineure,  dans  la  My- 
fie  ,  proche  du  Caycus,  de  l'embouchure  duquel  Stra- 
bon  ,  /.  13.  p.  607.  dit  qu'elle  étoit  éloignée  de  tren- 
te ttades.  Le  fleuve  Evenus  arrofoic  cette  ville.  Etien- 


PIT 


r%-\ 


PIT 


ne  le  géographe  la  mec  dans  l'EoIide.  Elle  étoit  aux 
frontières  de  certe  dernière  province,  Se  peut-être  avoit- 
elle  été  bâtie  par  les  Eoliens.  Ptolomée  ,/.;.£-.  2.  la  pla- 
ce entre  Porofelene  Se  l'embouchure  du  Caicus.  Vi- 
truve, /.  2.  c.  5.  dit  qu'on  y  faifoit  des  briques  qui  na- 
geoienc  fur  l'eau  ;  ce  qui  eft  appuyé  du  témoignage  de 
Strabon. 

1.  PITANE,  fleuve  de  l'Aile -Mineure,  dans  l'Eo- 
Iide ,  félon  le  texte  latin  de  Ptolomée,  /.  j.  c.  2.  qui 
porte  que  ce  fleuve  arrofoit  la  ville  de  Pitanc  ;  mais  il 
pourroit  bien  y  avoir  faute  dans  le  texte  de  Ptolomée. 
Strabon  nomme  Evenus  le  fleuve  qui  arrofoit  les  murs 
de  la  ville  de  Pitane. 

3.  PITANE  ,  lieu  de  la  Laconie,  fur  le  bord  du  Va- 
filipotamos ,  où  l'on  en  voit  encore  les  ruines  en  venant 
de  Magula  à  Mifitra.  La  Guilletiere  ,  Lacédémone  anc. 
&  nouv.  dit  qu'il  y  a  de  l'erreur  dans  toutes  les  car- 
res ,  qui  ont  voulu  marquer  la  fituation  de  cette  ville. 
Elles  en  font  une  place  éloignée  de  Lacédémone ,  tan- 
tôt plus   tantôt   moins  ,  félon  le  caprice  des  auteurs. 
C'étoit  un  quartier  de  Lacédémone ,  ou  tout  au  plus 
un  fiuxbourg  décaché  de  la  ville.    Paufanias,  qui  eft 
très-exact  à  nommer  les  villes  de  la  Laconie,  ne  dit  pas 
un  mot  de  1  itane.  Par  ce  filence  il  demeure  fi  bien  d'ac- 
cord que  ce  lieu  doit  être  confondu  avec  Sparte  ,  qu'il 
parle  d'un  tribunal  de  Lacédémone,  appelle  la  juri- 
diction des  Pitanates  ,  où  apparemment  ceux  du  quar- 
tier venoient  répondre.  Plutarque  le  marque  allez  dans 
ion  traité  de  l'exil  par  ces  paroles  :  Tous  les  Athéniens 
ne  demeurent  pas  dans  le  Colytos  ,  tous  les  Corinthiens 
dans  le,  Cranaon  ,  Se  tous  les  Lacédémoniens  dans  le 
Pitane.    Le   Colytos    étoit  un   quartier  d'Athènes  ;  le 
Cranaon  un  fauxbourg  de  Corinthe;  Se  il  n'y  auroic  eu 
ni  proportion  ni  jultefie  dans  la  comparaifon  de  Plu- 
tarque ,  fi  le  Pitane  n'eue  été  dans  la  même  proximi- 
té de  Lacédémone. 

La  première  églife  des  Chrétiens  fut  autrefois  bâtie 
à  Pitane ,  quand  faint  André  annonça  les  vérités  de 
l'évangile  à  Lacédémone.  Aufll  tous  les  Grecs  appel- 
lent faint  André  l'apôtre  de  Mifitra,  comme  ils  appel- 
lent faint  Paul  apôtre  d'Athènes. 

Ménélas  reçut  la  naiffance  à  Pitane.  Entre  plufieurs 
témoignages  ,  le  chœur  de  la  Troade  d'Euripide  le  ju~ 
ftine  ,  quand  il  fait  des  imprécations  contre  Ménélas  , 
fouhaitant  qu'il  ne  revienne  jamais  dans  Pitane  fa  pa- 
trie. 

PITANUS.  Quelqu'un  a  cru  que  ce  nom  étoit  ce- 
lui d'un  fleuve  de  rifle  de  Corfe  ;  mais  Ptolomée  ne  con- 
noît  dans  la  Corfe  aucun  fleuve  appelle  Pitanus.  On  a 
voulu  parler  de  Titanis  Tonus ,  connu  de  cegéographe, 
port  fur  la  côte  occidentale  ,  entre  Fifera  ,  Se  non  pas 
Pifera  ,  Se  Marianum.  Voyez.  Titanis  Si  Talabo. 

PITAON  ,  ville  de  la  Carie  ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe. C'eft  la  ville  Pitaium  de  Pline ,  /.  5.  c.  29. 

P1TARA,  ville  d'Ethiopie,  fous  l'Egypte,  félon  Pli- 
ne ,  /.  6.  c.  29. 

PITAREUIL  ,  village  de  rifle  de  Chypre ,  dans  les 
terres.  On  le  prend  pour  l'ancienne  Epidarum, 

1.  P1TCHIBOUROUNI ,  peuples  fauvages  de  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  Nouvelle-France,  près 
des  côtes  de  la  baie  d'Hudfon.  Ce  peuple  habite  le  long 
d'une  grande  rivière  ,  à  laquelle  il  donne  le  nom. 

2.  PITCH1BOUROUNI  ,  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale ,  dans  la  Nouvelle  France.  Cette  riviè- 
re fe  décharge  dans  la  baie  d'Hudfon ,  à  la  bande  de 
l'efl. 

PITESK,  bourg  de  laValaquie,fur  la  rivière  de  Telle, 
aux  confins  de  la  Tranfylvanie.  *  De  Wït ,  Atlas. 

1.  PITHA  ,  ou  Pithea  ,  rivière  de  la  Laponie  Sué- 
doife,  qu'elle  traverfe  presque  toute  entière  d'occident 
en  orient.  Elle  prend  fa  fource  dans  le  lac  Sagatoicr- 
wi,  Se  fon  embouchure  fur  la  côte  occidentale  du  gol- 
fe de  Bothnie  ,  entre  lesembouchures  des  rivières  Luh- 
lea  Se  Skelleftii.  *  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy. 

2.  PITHA  ,  ou  Pithea  ,  province  de  la  Laponie 
Suédoife  ,  appellée  Laponie  de  Pithea.  Elle  tire  fon 
nom  de  la  rivière  Pitha  ou  Pithea  qui  la  traverfe.  Elle 
eft  bornée  au  nord  par  la  Laponie  de  Luhlea,  à  l'orient 
par  la  Bothnie  occidentale,  au  midi  par  la  Laponie 


991 

d'Uhma,  Se  au  nord  par  la  Norwege.  Elle  eft  parta- 
gée en  diverfes  petites  contrées  ,  qui  font  : 

Nord-Wefterby ,  Wifierby , 

NalTa-Fielt,  Arieplogsby , 

Weiterby  ,  Graotreskby , 

Lochteby  ,  ou  Lochtari . 
*  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

3.  PITHA,  ou  Pithea,  bourgade  de  Suéde  ,  dans 
la  Bothnie  occidentale  ,  dans  une  ifle,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Pitha  ,  qui  lui  donne  fon  nom.  11  y  a 
tout  auprès  la  vieille  Pithea.  C'eft  une  autre  bourgade, 
à  l'embouchure  de  la  même  rivière,  fur  le  bord  fepten- 
trional.  *  Atlas,  Rob.  de  Vaugondy. 
_  PITHECI-PORTUS  ,  lieu  voifin  de  Conftantinople , 
félon  Pierre  Gilles ,  dans  fa  defeription  du  Bosphore  de 
Thrace. 

PITHECON  PORTUS,  c'eft-à-dire,  le  Port  des 
Singes  ,  port  de  Libye,  félon  Etienne  le  géographe,  qui 
le  met  proche  de  Carthage. 

PITHECUSA.  Vye^lsARiME. 

1.  PiTHECUSS/L,  ifle  de  la  mec  de  Tyrrhene  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe.  Ortehus  croit  que  c'eft  la  mê- 
me ifle  que  Pithecusa.  Voyez.  Inarime. 

2.  PITHECUSS^,  ou  Pithecusa.  Diodore  de  Si- 
cile ,  /.  20.  c.  59.  met  trois  villes  de  ce  nom  dans  l'A- 
frique propre.  Il  dit  qu'on  y  rendoit  un  culte  divin  aux 
finges  ,  qui  fréquentoient  les  maifons  des  habitans ,  Se 
qui  ufoient  librement  des  provifions  qu'ils  y  trou- 
voient. 

P1THENE  ,  nom  d'une  ville  quelque  part  dans  le 
inonde  ,  félon  Onelius  ,  qui  cite  Héfiche. 

P1THEUS  ,  bourgade  de  l'Attique  ,  dans  la  tribu  Cé- 
cropide.  Elle  prenoit  fon  nom  du  mot  Pithos  ,  qui  lig- 
nifie un  tonneau ,  parce  qu'anciennement  il  s'y  en  fai- 
foit  une  grande  quantité ,  félon  Spon  ,  Lifte  de  l'Atti- 
que.  Etienne  le  géographe  écrit  II/ôo? ,  pour  niïùs.*  Pha~ 
vorin  ,  Lexic. 

PITHIA  ,  ville  du  Pont.  Il  en  efl  parlé  dans  la  notice 
des  dignités  de  l'Empire,  feU.  27. 

1TTHIVIERS.  Voyez,  Pluviers. 

PITHOLAI ,  promontoire  de  l'Ethiopie.  Strabon  , 
/.  \6.  p.  774.  le  place  au  voifinage  du  déttoic  du  golfe 
Arabique. 

PITHONABAST^E,  ville  de  l'Inde,  au-delà  du  Gan- 
ge. Ptolomée ,  /.  7.  c.  2.  la  donne  aux  Lefii.  Ses  in- 
terprètes en  font  un  entrepôt,  Se  lifent  Thiponobaftï 
pour  Pithonobafta. 

PITHONTS  COME.  Voyez,  Pythonos. 

PITHOS   Voyez,  Vitmzvs. 

PITHYUSA ,  ancien  nom  de  Milet ,  ville  de  Ho 
nie  ,  au  rapport  de  Pline ,  Se  d'Etienne  le  géographe. 
Voyez,  Miletus  i. 

PITIACUS  ,  lieu  de  la  France ,  au  milieu  d'une 
grande  folitude  ,  aujourd'hui  la  Celle  Saint  Avi  ,  félon 
Ortelius.  Surins  parle  de  Pitiacus  dans  la  vie  de  faine 
Carilephe.  C'eft  le  même  lieu  que  Pitliaca. 

PITIE  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Normandie ,  au 
diocèfe  de  Rouen.  Ce  bourg,  qui  eft  du  paysdeCaux, 
a  droit  de  marché. 

PITIÉ-LEZ-RAMERU  (  La  )  ,  abbaye  de  France, 
dans  la  Champagne ,  au  diocèfe  de  Troyes.  Elle  eft  de 
l'ordre  de  Cîteaux,  Se  en  régie.  Elle  fut  fondée  en  1 160  , 
Se  occupée  d'abord  par  des  filles.  On  y  mit  en  leur  pla 
ce  des  religieux  en  1440.  Cetce  abbaye  n'eft  que  de 
quinze  cens  livres  de  rente. 

PITIGLIANO  ,  ville  d'Italie,  dans  la  Toscane.  Voyez, 
Petigeiano. 

PITINAS-AGER,  tetritoire  d'Italie,  au  delà  de  l'A- 
pennin. Pline,  /.  2.  c.  103.  dit  qu'il  étoit  arrofé  par  /e 
fleuve  Novanus.  Ce  territoire  tiroir  fon  nom  de  la  ville 
Pitinûm  ,  fa  capitale.  Voyez,  Pitinum. 

PITINUM,  ville  d'Italie.  Ptolomée,  /.  3.  c  1.  la 
donne  aux  Umbres ,  qui  habitoient  dans  les  terres ,  au 
nord  des  Toscans.  Elle  donnoit  le  nom  au  territoire 
appelle  Phinas-Ager  par  Pline.  Puvnrm  fut  une  ville 
épiscopale  ,  comme  il  paroît  par  le  concile  romain  renu 
fous  le  pape  Symmaque.  Holuenius,  Annot.m  Ceogr. 
Sacr.  Car.  à  S.  Paulo  ,  p.  16.  dit  qu'on  ignore  fa  vé- 
ritable fituation  ;  qu'elle  n'etoit  pas  éloignée  du  fleuve 
Amiternus ,  &  qu'on  en  trouve  le  nom  Se  des  veftiges 


PIT 


992. 

dans  un  lieu  à  un  peu  plus  de  deux  milles  d'Aquila  ,' 
appelle  aujourd'hui  Torre  di  Fitino. 

PITIUSA.  Voyez,Ovivs. 

PITNISSA  ,  ville  de  la  Lycaonie  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  C'efl  la  même  que  Ptolomée  nomme  Pete- 
Nisus.  Voyez,  ce  mot» 

PITORNIUS,  fleuve  d'Italie,  félon  Vibius  Seque- 
fter  ,  p.  335.  qui  dit  qu'il  paffe  au  milieu  du  lac  Fûci- 
nus  (  Lago  di  Celano  )  fans  mêler  (es  eaux  avec  celles 
du  lac.  Quelques  exemplaires  défectueux  de  Pline  ,  /.  2. 
e.  103.  nomment  ce  fleuve  Juvencum.  Dans  les  édi- 
tions poftérieures,  au  lieu  de  Javericum  on  lit  inveSius , 
qui  n'elt  plus  un  nom  propre.  Cette  correction  don- 
noit  quelque  embarras.  On  s'étonnoit  de  ce  que  Pli- 
ne, fi  exact  à  nommer  chaque  fleuve  de  l'Italie,  pas- 
foit  le  nom  de  celui-ci  fous  filence.  Mais  le  père  Har- 
douin  a  remarqué  que  Pline,  /.  31.  c  3.  nomme  ce 
fleuve  Picunium,  ou  Pitonium,  ce  qui  approche  un 
peu  du  nom  que  lui  donne  Vibius  Sequefler. 

PITRES,  village  de  France,  dans  la  Normandie, 
au  diocèfe  de  Rouen ,  à  quatre  lieues  de  cette  ville  , 
vers  le  fud-eft  ,  fur  la  petite  rivière  d'Ancelle  ,  à  la  chute 
de  cette  rivière  dans  la  Seine.  Oeil  le  lieu  où  l'on  ra- 
maffe  les  bois  de  la  forêt  de  Lions  pour  les  faire  remon- 
ter jusqu'à  Paris  dans  de  grands  bateaux.  Il  y  a  un  gre- 
nier à  fel.  Le  chapitre  de  la  cathédrale  de  Notre-Da- 
me de  Rouen  en  ell  feigneur  en  partie.  Ce  lieu  efl  ap- 
pelle Pi/U  dans  la  vie  de  faint  Condé  ,  moine  du  Cen- 
tième fiécle.  L'auteur  ,  qui  efl  ancien  ,  remarque  que 
le  reflux  de  la  mer  fe  faifoit  reffentir  jusqu'au  lieu  nom- 
mé Pijias.  En  effet  on  voit  qu'il  ne  remonte  pas  au- 
delà  du  Pont-de-1'Arche  ,  qui  efl;  presque  vis  à-vis 
Pitres.  Le  même  lieu  efl  très-célèbre  dans  l'hifloire  de 
France.  Frodoard  nous  apprend  que  Charles  le  Chau- 
ve y  fit  conftruire  un  pont.  Les  annales  de  faint  Ber- 
lin font  mention  à  l'an  865  ,  du  féjour  que  les  Nor- 
mans  firent  en  ce  lieu  :  le  même  prince  y  vint  fou- 
vent  ,  &  y  convoqua  des  affemblées  d'évêques  8c  des 
feigneurs  de  fes  états.  Il  y  en  eut  une  l'an  80' 1  ,  qui 
fut  continuée  encore  l'année  fuivante.  En  864,  il  y 
eut  une  autre  aflemblée  générale  à  Pitres,  où  Charles 
reçut  les  dons  annuels  8c  l'hommage  accoutumé  de  la 
Bretagne.  On  regaidoit  cette  place  comme  très  impor- 
tante pour  barrer  les  Normans.  On  trouve  encore 
une  aflemblée  ou  concile  de  Pitres  l'an  869.  Dom  Ma- 
billon,  ou  dom  Michel  Germain,  croit  qu'avant  les 
courfes  des  Normans ,  ce  lieu  n'étoit  pas  du  domaine 
royal,  mais  que  Charles  le  Chauve  en  fit  l'acquifirion 
pour  arrêter  ces  barbares  de  ce  côté-là  ,  &  que  par  là 
il  devint  une  terre  du  fife.  Enfin  ce  lieu  ,  &  toute  la 
province,  fut  cédé  aux  Normans  :  il  a  été  fouvent  dé- 
truit 8c  rebâti ,  &  n'eft  plus  qu'un  fimple  village. 

PITSCHEN  ,  Pitsca  ,  petite  ville  de  Siléfie  ,  dans 
la  principauté  de  Brieg  :  quelques-uns  écrivent  Pitz,s- 
chen.  Cette  ville  ,  qui  efl  fort  ancienne,  efl:  aux  confins 
de  la  Pologne ,  &  pendant  quelque  rems  elle  a  été  la 
réfidenec  d'un  évêque ,  avant  que  le  féjout  en  eût  été 
fixé  à  Brcflau.  En  1 588 ,  Maximilien,  archiduc  d'Au- 
triche, ayant  été  appelle  à  la  couronne  de  Pologne 
par  une  partie  de  la  diète ,  y  paffa  avec  des  troupes , 
fut  battu  ,  fe  fauva  en  Siléfie ,  s'enferma  à  Pitfchen ,  y 
fut  aflîégé,  fait  prifonnier,  &  forcé  de  renoncer  à  fou 
élection.  Cette  ville  fut  fort  maltraitée  à  cette  occafion  : 
tout  y  fut  au  pillage ,  &  l'honneur  des  femmes  &  des 
filles  à  la  discrétion  du  foldat.  Les  troupes,  confédé- 
rées contre  la  maifon  d'Autriche  en  1627,  pillèrent 
cette  ville  de  nouveau ,  &  tout  fut  faccagé  ,  fans  en 
excepter  les  églifes.  *  Zeyler ,  Silef.  Topograp.  pag. 

171. 

PITTACIUS  AGER  ,  territoire  de  l'ifle  de  Rho- 
des,  aa  voifinage  de  Mitylene  ,  félon  Ortelius  ,  qui 
cite  Diogcne  Laerce  ,  in  Pittaco ,  &  Plutarque  ,  de  He- 
rodot.  mal'i^nù, 

PITTEA.  Ortelius  dit  que  c'efl  une  ville  du  Pélopon- 
nèfe  ,  près  de  TVzene ,  &  cite  Ovide  ,  Metamorpb.  I. 
|j.  v.  196.  où  on  Vif  : 

Efl  propè  Pitthean  tumulus  Troez.ena ,  fine  ullis 
drditus  arboribus     .     . 


PIT 


Orteliusajoute  que  peut-être  Pitted  eft  la  même  ville 
que  Trezene.  Il  n'avoir  aucun  lieu  d'en  douter.  Ovide 
dans  cet  endroit  donne  à  Trezene  le  furnom  de  Pit- 
thée  ,  parce  que  cette  ville  avoit  été  bâtie  par  Pitthée, 
aïeul  maternel  de  Théiée  ,  comme  Plutarque  nous 
l'apprend   dans  la  vie  de  Théfée. 

PITTEN,  ville  de  la  Baffe- Autriche  ,  avec  un  châ- 
teau ,  dans  le  quartier  du  Bas  Wiene- Wald. 

PITTHENSIS.  Démoflhene,  Adverjus  Lacrùum, 
donne  ce  fiunom  à  un  certain  Héliodore,  du  nom  de 
fa  parrie.  Ortelius  foupçonne  qu'il  étoit  du  bourg  de 
Pithof.  Voyez,  Pithecs. 

P1TTLINGEN  ,  ou  Putelange  ,  feigneurie  de  Fran- 
ce, dans  la  Lorraine  Allemande,  en-deça  de  la  Sarre. 
Putelange  efl  un  des  plus  anciens  fiefs  mouvans  de 
l'évêché  de  Metz.  Il  a  eu  ,  il  y  a  long-tems ,  fes  fei- 
gneurs vaflâux  de  l'évêché  de  Metz.  Cette  feigneurie 
paila  par  mariage  8c  héritage  aux  barons  de  Créange. 
Les  anciens  comtes  de  Salines  y  avoient  aufli  des  pré- 
tentions ;  mais  ceux  de  la  maifon  de  Créange  demeu- 
rèrent en  poffeffion ,  ayant  eu  les  droits  de  ceux  de  la 
maifon  de  Bacourt  par  le  mariage  de  Jean  ,  baron  de 
Créange  ,  avec  Marguerite,  fille  de  Frédéric,  feigneur 
de  Bacourt,  &  ils  devinrent  propriétaires  de  Beau- 
court,  de  Putlange  ,  de  Ravile,  de  Helfeange  ,  de  Tet- 
tingen  &  de  Tellingen,  ce  que  ces  feigneurs  de  Créan- 
ge reconnurent  devant  la  chambre  de  Metz  en  1680  , 
avouant  qu'eux  8c  leurs  ancêtres  avoient  tenu  toutes 
ces  feignenries  en  fief  des  évêques  8c  de  l'églife  de 
Metz  ;  qu'ils  avoient  été  comptés  entre  les  principaux 
vafiaux  pour  ces  fiefs,  &  non  pour  leur  baronnie, 
aujourd'hui  comté  de  Créange ,  qui  ne  relevoit  que  de 
l'Empire.  *  Longuenie  ,  Defc.  de  la  France  ,  part.  2 .  p. 
166. 

P1TULANI ,  peuples  d'Italie  ,  dans  l'Umbrie.  Pline, 
In.  3.  chap.  14.  qui  les  met  dans  la  fixiéme  ré- 
gion de  l'Italie ,  les  partage  en  deux  peuples ,  dont  les 
uns  étoient  furnommés  Pifuertes ,  Se  les  autres  Mcr- 
gentinï.  La  ville  de  Pitulum  n'étoit  pas  dans  leur  pays, 
car  Pline  la  place  dans  la  première  région. 

PITULUM.  ville  d'Italie,  dans  le  Latium.  Elle  eft 
rangée  par  Pline  ,  /.  3.  c.  j.  au  nombre  des  principa- 
les villes  du  pays. 

1.  PIT  Y  A.  Voyez,  Visye. 

1.    VITYA.VoyeZ  PlTYEJA. 

PITYASSUS,  ville  de  l'Afie-Mineure ,  dans  la  Pifi- 
die,  félon  Strabon ,  /.  12.  p.  ^70.  qui  cite  Artémi- 
dore. 

PITYE.  Voyez.  Pisye. 

1.  PlTYEJA  ,  ville  de  la  Troade  ,  dans  le  Pityunte  , 
au  territoire  de  Parium,  félon  Strabon  ,  /.  13.  p.  j88. 
qui  dit  qu'au  deffus  de 'cette  ville  il  y  avoit  une  mon- 
tagne qui  portoit  une  grande  quantité  de  pins.  Il  ajoute 
que  Pityeja  étoit  fituée  entre  Parium  8c  Priapus.  Quel- 
ques manufetits  au  lieu  Pityeja  portent  Pitya  ;  8c  c'eft 
ainfi  qu'écrivent  les  interprètes  d'Apollodore  ,  adl.i. 
v.  93  2.  qui  difent  que  Pitya  efl  l'ancien  nom  delà  ville  de 
Lampfaque ,  8c  qu'il  lui  avoit  été  donné  parce  que  Phri- 
xusy  avoit  caché  fon  tréfor.  Unvw,  chez  lesThraces, 
fignifioit  un  tréfor. 

2.  PITYEJA  ,  ifle  de  la  mer  Adriatique  ,  fur  la  côte 
de  la  Liburnie,  félon  Ortelius,  qui  cite  Apollonius  ,  /. 

4- 

PITYNDA,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée, /.  7.  c.  1.  la  donne  aux  Mefoles,  en  fait  leur 
métropole ,  &  la  place  dans  les  terres.  Dans  le  livre 
huitième  il  écrit  Pityndra  pour  Pitynda.  Le  manuferit 
de  la  bibliothèque  Palatine  porte  auflî  Pityndra. 

1.  PITYODES  ,  montagne  dont  patle  Ëuttathe  fur  le 
fécond  livre  de  1  Iliade.  *  Ortel.  Thef. 

2.  PITYODES  ,  ifle  de  la  Propontide.  C'efl  Pline  ,  /. 
5.  c.  32.  qui  en  fait  mention. 

3 .  PITYODES.  Etienne  le  géogtaphe  dit  qu'Alcman- 
nus  appelle  ainfi  les  ifles  PityaJJa. 

PITYOESSA  ,  nom  que  Plutarque  ,  de  Virtutib.  Mil- 
lier, donne  à  la  ville  de  Lampfacus. 

PITYONESUS ,  ifle  fur  la  côte  du  Péloponnèfe  , 
vis-à-vis  d'Epidaure ,  à  fix  milles  du  continent ,  félon 
Pline ,  /.  4.  c.  1 2.  Pytionefus  veut  dire  l'ifle  des  Pins. 
Quelques  manuferits  portent  Scinthionefus.  C'efl  au- 
jourd'hui 


PIZ 


PLA 


jourd'hui  l'ifle  de  Damala ,'  félon  le  père  Hardouin  , 
Se  félon  d'autres ,  celle  de  Schilla. 

PITYS,  c'eft-à  dire  le  Pin,  lieudel'Ionie,  ou  de  la 
Carie,  félon  Hérodote ,  in  Homero.  Ne  feroit-ce  point , 
dit  Ortelius,  la  même  ville  qu'Etienne  le  géographe 
appelle  Pitye  ? 

P1TYUNS.  Voyez.  Pitye ja. 

i.  PITYUS,  ville  fur  le  Pont-Euxin.  Arrien  ,  i. 
Peripl.  p.  18.  la  met  à  trois  cens  cinquante  ftades  de 
Dioscuriade  :  il  la  donne  pour  la  borne  de  l'Empire 
Romain  de  ce  côté-là  ,  ce  qui  eft  confirmé  par  le  té- 
moignage de  Suidas.  Pline  ,  /.  6.  c.  5.  connoît  aufli  dans 
ces  quartiers  une  ville  nommée  Pityus  ,  Se  il  dit  qu'el- 
le fut  ruinée  par  les  Henochii.  Cette  ville  étoit  épis- 
copale  ,  comme  il  paroîtpar  le  concile  de  Nicée  ,  te- 
nu l'an  32;,  auquel  fouferivit  Stratophilus  Pityumis. 
*  Hardu'w.  Colleét.  conc.  t.  1.  p.  316. 

2.  PITYUS ,  fleuve  de  la  Colchide  ,  félon  Pline  , 
l.  6.  c.  $.  Le  père  Hardouin  remarque  qu'avant  Her- 
molaus ,  qui  a  introduit  ce  mot  Pityus  dans  Pline  , 
on  lifoit  Penius  ;  Se  pour  prouver  que  c'eft  ainfi  qu'il 
faut  lire,  outre  l'autorité  de  divers  manuferits  ,  il  allè- 
gue celle  d'Ovide,  /.  4.  de  Ponto ,  Eleg.  ic.  v.  47. 
qui  fc  ferc  du  mot  Penius  : 

Hue  Lycus  ,  bue  Sagarïs ,  Penius  que  ,  Hypanisque , 

Cratesque 
Infinie ,  &  crebro  vertice  tort  us  Halys. 


PITYUSA  ,  ifle  de  la  mer  Egée  ,  aux  environs  du 
Pélopponnèfe ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  7.  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.  1 2.  nous  apprend  qu'elle  étoit  dans  le  gol- 
fe d'Argos ,  Se  Ortelius  remarque  que  l'on  écrit  indif- 
féremment Fityufa  Se  PityuJJa. 

VYIY\JSES,Pityitf<c,  ifles  d'Espagne, dans  la  mer  Médi- 
terranée. Les  anciens  ne  comptoient  que  deux  ifles  Ba- 
léares, favoir  celles  que  nous  appelions  aujourd'hui 
Majorque  Se  Minorque.  Ils  comprenoient  fous  le  nom 
de  Pityufes  les  deux  autres  ifles  qu'on  appelle  Yviça 
Se  Frumentara.  Le  nom  dePityufe  leur  avoir  été  don- 
né à  caufe  des  pins  qui  s'y  trouvoient  en  quantité.  Au- 
jourd'hui on  ne  s'arrête  plus  à  cette  diltinétion  ,  Se 
l'on  comprend  routes  ces  ifles  fous  le  nom  de  Baléares  , 
depuis  qu'elles  ont  fait  un  royaume  à  part  fous  l'em- 
pire des  Maures.  Etienne  le  géographe  dit  que  les  ifles 
Pityufla:  font  nommées  Pityodes  par  Alemannus.  * 
Délices  d'Espagne  ,  p.    581. 

PIURA ,  ville  de  l'Amérique  méridionale  ,  au  Pé- 
rou, dans  l'audience  de  Quito,  à  62  lieues  au  midi 
de  Tumber  ,  Se  au  nord  de  Lima.  Latitude  méridionale 
j  deg.  3  o  min. 

C'eft  le  premier  établiflement  que  les  Espagnols 
ayent  eu  dans  le  Pérou  ,  &  dont  François  Pizarro  fut 
le  fondateur  en  153 1.  Depuis  cette  ville  jusqu'à  Lima 
eft  une  plaine  féche  ,  Se  fablonncufe  ,  Se  où  il  eft 
aifé  aux  voyageurs  de  s'égarer,  tous  les  chemins  étant 
couverts  de  fable.  Les  Indiens  qui  habitent  cet  entre- 
deux font  bien  différens  de  ceux  qu'on  voit  depuis  Piu- 
ra  jusqu'à  Quito ,  les  premiers  ne  font  ni  paiefieux  , 
ni  autant  fujets  à  s'enyvrer.  Ils  favent  Se  parlent  fort 
bien  la  langue  espagnole.  *  Voyage  dans  l'Amérique , 
par  dom  Anton,  de  Ulloa. 

PIURI.  Voyez.  Pleurs. 

P1XENDORF ,  bourg  d'Allemagne  ,  dans  la  Bas- 
fe- Autriche,  près  du  Danube,  à  fix  milles  d'Allema- 
gne ,  au-deflus  de  Vienne.  On  croit  que  c'eft  l'ancien- 
ne Pirum  Tortum  d'Amonin.  *  Baud.  éd.  1682. 

V\ZA.Voyez,ViSA. 

PIZENACI.  Voyez.  Scythe. 

PIZZÎGHITONE  ,  ouPicigiiitone,  ville  d'Italie, 
dans  le  Cremonois ,  vers  les  confins  du  Cremasque, 
fur  la  petite  rivière  de  Serio  ,  qui  fe  jette  un  peu  au-des- 
fous  dans  l'Adda.  Cette  place  ,  qui  a  un  bon  château  au 
pied  duquel  pafle  l'Adda,  fur  prife  fui  l'empereur  par 
les  troupes  alliées  de  France  &  de  Sardaigne  en  1733. 
*  Magin  ,  Carte  du  Cremonois. 

PIZZO  ,  bourg  d'Italie,  au  royaume  de  Naples, 
dans  la  Calabre  Ultérieure,  dans  la  partie  méridionale 
du  gclfe  de  Sainte  Euphémie,  à  deux  petites  lieues  de 


993 

Monte-Léone,  vers  le  noid, On  croit  que  c'eft  l'ancien- 
ne Napitia.  *  Magxn  ,  Carte  de  la  Calabrc-Ulr. 

P  L. 

PLACE  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Maine ,  éleelien 
du  Mans. 

1.  PLACENTIA ,  ville  d'Italie  ,  dans  la  Gaule  Cifaî- 
pine,  fur  la  rive  méridionale  du  Pô.  Elle  fut  bâtie  ,  ainfi, 
que  Crémone ,  à  la  nouvelle  que  l'on  eut  qu'Annibal 
avoir  pafle  l'Ebre,  Se  fe  préparoit  à  porter  fes  armes 
en  Italie.  Tite  Live  Se  Velkius  Paterculus  lui  donnent 
dès-lors  le  titre  de  colonie  Romaine.  Dans  la  fuite , 
comme  tant  d'autres  villes,  elle  eut  le  titre  de  munici- 
pe.  Cicéron  ,  in  Pifon.  l'appelle  P  lac'entinam  Munici- 
pium ,  Se  Tacite ,  Hifl.  I.  2.  c.  1 9.  dit  qu'elle  étoit  re- 
commendable  par  fa  force  Se  par  fes  richefles.  C'efl  au- 
jourd'hui la  ville  de  1  laifance.  Voyez.  Plaisance.  *  P0- 
lybius  ,  1.  3.  c.  40. 

2.  PLACENTIA  ,  ville  d'Espagne,  au  royaume  de 
Caftille,  félon  Oitelius  ,  qui  cite  Vafirus ,  Se  dit  que 
cette  ville  retient  fon  ancien  nom.  Elle  s'appelle  en  effet 
Plafencia  ;  mais  le  mot  d'ancien  efl  de  trop  :  celui  d'Am- 
brotium ,  Ambrocius  }  ou  Ambratia ,  n'eft  pas  même 
d'une,  grande  antiquité.  Je  ne  connois  aucun  ancien  au- 
teur qui  en  ait  parlé,  ^ov^Plasencia. 

PLACIA,  ville  de  Myfic,  félon  Pline,/.  ;  c.  32, 
Après  Cyzique,  dit  Pomponius  Mêla  , /.  ï.c.  19.  vien- 
nent PLicia  Se  Scylace ,  deux  petites  colonies  des  Pe- 
lasgiens ,  au-deffus  desquelles  s'élève  le  mont  Olympe  , 
ou  le  mont  Myfius  dans  la  langue  du  pays.  Hérodote, 
/.  1.  écrit  nXxxin,  félon  le  dialecte  ionien  ,  Se  Etienne  le 
géogtaphe  écrit  mdx».  Denis  d'Halicarnafie-,#/.  1.  ap- 
pelle les  habitans  Placiani, 

PLACIADjC  ,  municipe  de  l'Attique  ,  félon  Suidas. 
Voyez.  Plactiadj£. 

PLACIAMI.  Voyez.  Placia. 

PLACOENTA  ,  village  des  Ciliciens  ,  à  fix  ftades 
de  la  ville  de  Thebes  Hippoplacienne  ,  félon  Athénée  , 
/.  1.  qui  place  cette  ville  au  pied  du  mont  Placus,  aux 
environs  de  Troye. 

PLACTIADi£,  rribu  de  l'Attique.  C'eft  Favorinus , 
Lexic.  qui  en  fait  mention.  Suidas  écrit  Placiadvï. 

PLACUS  ,  ou  Placufius  ,  félon  quelques-uns,  mon- 
tagne au  pays  des  Ciliciens  ,  félon  Héfyche ,  cité  par 
Oitelius.  La  Ville  de  Thebes  Hippoplacienne  étoit  bâtie 
au  pied.  Elle  étoit  au  voifinage  de  Troye,  félon  Athé- 
née ,  qui  en  parle  Se  met  les  Ciliciens  dans  ce  quartier, 
Voyez.  Ciliciens. 

PLAD/E.  Voyez  Besad^ï. 

PLADAR/£l ,  peuples  qu'Etienne  le  géographe  place 
au  feptenttion,  fans  nous  dire  au  feptentrion  de  quoi. 

PLAGA.Voyez.  Plage. 

PLAGA  ,  ou  Plagia  Calvifiana ,  lieu  de  Sicile.  L'I- 
tinéraire d'Antonin  le  met  fur  la  route  d'Agrigentum  à 
Syracufe  ,  en  prenant  le  long  de  la  mer  entre  Refugium 
Chalis  Se  Plagia  AJefopotamia  ,  à  huit  milles  du  pre- 
mier de  ces  lieux  ,  Se  à  douze  milles  du  fécond.  Sur 
la  même  route ,  le  même  itinéraire  place  Plaga  Me~ 
fopotamia  ,  entre  Plaga  Calvïfiana  Se  Plaga  Hereo  ou 
Cymba  ,  à  douze  milles  du  premier  de  ces  lieux  ,  Se 
à  vingt  quatre  milles  du  fécond  ;  Plaga-Hereo  ou  Cym- 
ba ,  ou  entre  Plagia  Mcfopotam;a  Se  Refugium  Apullï- 
ni  s ,  à  vingt-quatre  milles  du  premier  de  ces  lieux  St 
à  vingt  milles  du  fécond;  Plaga,  ou  Plagia  Syracufis  , 
à    vingt  deux    milles  au-delà  de   Refugium  Àpollinis. 

PLAGA  ,  ou  Plagia-Hereo  ,  ou  Cymba.  Voyez, 
Plaga  Calvisiana. 

PLAGA-  MESOPOTAMIA.  Voyez.  Plaga-Calvi- 

SIANA. 

PLAG A  SYRACUSIS.  Foj^Plaga-Calvisiana. 

1.  PLAGE  ,  mot  qui  vient  du  latin  Plaga  Se  du 
grec  nxa.%  ,  qui  fignifie  une  chofe  plate  &unie.  On 
l'a  employé  en  divers  fens  dans  la  géographie. 

2.  PLAGE  fignifie  en  général  une  partie  ou  un 
efpace  de  la  terre  ,  par  le  rapport  qu'elle  a  avec  quel- 
que partie  du  ciel ,  comme  par  exemple  avec  les  zones., 
avec  les  climats,  ou  avec  les  quatre  grandes  parties  du 
monde  ,  le  feptenrrion  ,  l'orient  ,1e  midi  ,  l'occident. 
Dans  ce  fens  ce  nom  veut  dire  presque  la  même  chofe  que 
région  :  ainfi  dire  qu'une  relie  ville  efl;  vers  telle  plige 

Tom.  IV.  K  k  k  k  k  k 


PL  A 


994 

du  ciel ,  c'eft  comme  fi  l'on  difoic  qu'elle  eft  vers  telle 
région  du  ciel. 

3.  PLAGE  a  la  même  fignification  que  Rumbde  venr. 
Voyez.  Rhumbs  de  Vent. 

4.  PLACE  eft  une  mer  baffe ,  vers  un  rivage  éten- 
du en  ligne  droite  ,  fans  qu'il  y  aie  ni  rades ,  ni  ports , 
ni  aucun  cap  apparent ,  où  les  vaiffeaux  fe  puiffent  mettre 
à  l'abri. 

PLAGE  DE  PAMPELUNE  ;  de  l'ifle  qui  eft  à  la 
pointe  du  cap  Lardiez ,  au  cap  de  la  Moulte  ,  ou  de  Saint 
Tropez  en  France,fur  la  côte  de  Provence,Ia  route  eft  de 
cinq  milles  du  nord-quart  de  nord  eft.  Entre  les  deux  il 
y  a  un  enfoncement  &  une  grande  plage  de  fable  qu'on 
appelle  Pampelune.  On  y  peut  mouiller  par  cinq ,  fix 
à  fept  braffes  d'eau ,  fond  de  fable  vafeux ,  Se  où  les 
anctes  tiennent  bien.  On  y  voit  près  de  la  côte  du 
fud  quelques  magafins  de  pêcheurs.  On  peut  auiîi 
mouiller  dans  une  néceffité  avec  des  galères  proche  de 
la  petite  ifte  par  10  à  12  braffes  d'eau  ,  ayant  une  amarre 
à  terre.  On  y  eft  bien  pour  les  vents  de  fud-oueft  & 
d'oueft  ;  mais  on  eft  tout  à  découvert  des  vents  d'eft 
Se  de  fud-eft.  Ces  mouillages  ne  font  bons  que  dans 
la  néceffité  ,  lorsqu'on  vient  du  côté  de  l'eft.  *  Miche- 
lot ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  78. 

PLAGE  DE  PISE  , plage  d'Italie  ,  fur  la  côte  de  Tos- 
cane. Toute  la  côte  ,  depuis  Via-Regio  ,  où  commence 
la  plaine  de  Pife  ,  eft  bordée  de  grandes  plages  de  fable  , 
où  il  fe  trouve  quelques  pointes  qui  s'avancent  fort  loin 
fous  l'eau  :  mais  principalement  par  le  travers  de  l'é- 
glife  de  Saint  Pierre ,  où  il  y  a  un  banc  de  fable  qui 
s'étend  vers  l'oueft  environ  neuf  à  dix  milles ,  fur  lequel 
il  n'y  a  que  cinq  à  fix  braffes  d'eau  ,  Se  à  fon  extrémité 
on  trouve  un  autre  banc  auffî  de  fable  ,  fur  lequel  il  n'y  a 
que  deux  braffes  d'eau.  *  Michelot ,  Portulan  de  la  Mé- 
diter, p.  97. 

PLAGE  ROMAINE ,  partie  de  la  mer  Méditerranée, 
fur  la  côte  de  l'État  del'Eglife.  Elle  eft  appellée  par  ceux 
du  pays  la  Spiaggia  Romana  ,  Se  s'étend  depuis  le  mont 
Argentaro  à  l'occident,  jusqu'au  mont  Circello  Se  au 
petit   Golfe  de  Verracine.  *  Corn.  Diér. 

PLAGE  DE  TOURILLE ,  plage  fur  la  côte  de  la 
Catalogne.  A  cinq  milles  vers  le  nord  ,  Se  cinq  degrés 
vers  l'eft  de  la  pointe  du  nord  du  cap  de  Begu ,  font 
les  ifies  des  Medes  :  entre  cette  pointe  &  ces  ifles  eft 
une  grande  anfe  bordée  d'une  plage  de  fable  ,  qui  a  deux 
a  trois  milles  d'enfoncement ,  Se  qu'on  appelle  commu- 
nément la  plage  de  Tourille.  On  y  peut  mouiller  lors- 
qu'on a  le  vent  à  terre  5  cependant  il  ne  faut  point 
trop  s'approcher  de  la  plage ,  fur-tout  proche  le  cap 
Begu  ,  vis  à-vis  d'un  petit  vallon  ,  où  font  quelques 
magafins  à  pêcheurs.  Pour  le  reconnoître  ,  on  voit 
au  -  deffus  le  vieux  château  Se  la  tour  bâtie  fur  le  cap 
de  Begu  ,  qui  fe  voit  de  l'autre  côté.  On  mouille  vis- 
à-vis  de  cette  plage  à  telle  diftance  que  l'on  veut  ;  car 
à  la  petite  portée  du  canon  de  terre  ,  il  y  a  dix ,  douze 
Se  quinze  braffes  d'eau,  fond  de  fable  vafeux.  Vers  le 
nord-oueft  du  lieu  où  l'on  mouille ,  il  y  a  une  petite 
tour  de  garde  Se  quelques  magafins  de  pêcheurs  fur  le 
bord  de  la  mer.  Ce  mouillage  n'eft  propre  que  lors- 
qu'on va  du  côté  de  l'oueft.  La  pointe  de  Begu  y  met 
à  couvert  des  vents  depuis  le  fud-eft  jusqu'à  l'oueft.* 
Michelot ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  47. 

TLAGENARUM  ,  peuple  aux  environs  de  la  Hon- 
grie ,  félon  Curopalate ,  cité  par  Ortelius. 

PLAGEREUM,  ou  Cymba  ,  lieu  de  Sicile,  félon 
quelques  manuferits  de  l'itinéraire  d'Antonin  ,  qui  le 
placent  entre  Agrigentum  Se  Syracufe.  D'autres  manu- 
ferits portent  Plaga  ,  ou  Plagia  Hereo  ,  ou  Cymba. 
Voyez,  Plagia  Calvisiana. 

PLAGES  DU  BREGAT  ,  plages  en  Espagne  ,  fur 
la  côte  de  la  mer  Méditerranée  ,  dans  la  Catalogne. 
Environ  quinze  milles  vers  l'eft  de  la  pointe  de  Caftel- 
Ferre.eft  la  montagne  de  Mont  Joui  qui  eft  proche  de 
Barcelone.  Il  y  a  entre  cette  pointe  Se  le  Mont- Joui 
une  plaine  couverte  d'arbres  &  une  longue  plage  de 
fable  ,  dont  il  y  a  des  pointes  qui  s'avancent  beau- 
coup en  mer ,  Se  c'eft  ce  qu'on  appelle  les  plages  du 
Bregat,  en  forte  que  .partant  du  cap  de  Caftel- Ferre, 
pour  venir  à  Barcelone  ,  il  faut  faire  un  grand  tour 
pour  éviter  ces  plages.  *  Michelot,  Portulan  de  la  Médi- 
terranée ,  p.  47. 


PLA 


PLAGES  DE  CANET ,  plages  de  France,  fur  la  mer 
Méditerranée  ,  dans  le  Rouftîllon  ,  depuis  la  pointe 
de  Colioure  jusqu'au  cap  de  Lcucate  ,  il  y  a  trois  ifles 
plates  ,  bordées  de  plages  :  de  l'autre  côté  de  ces  ifles 
font  de  grands  étangs  qui  ont  presque  une  lieue  de  large 
en  certains  endroits.  *  Michelot ,  Portulan  delà  Médi- 
terranée ,  p.  47. 

1.  PLAGIA  ,  port  de  Ligurie ,  félon  Ortelius  ,  qui 
cite  l'itinéraire  d'Antonin  ,  Se  dit  que  ce  port  étoit  à 
douze  milles  de  Vintimile.  Les  manuferits  ne  font  pas 
d'accord  fur  cette  manfion  :  dans  les  uns  elle  ne  fe 
trouve  point  marquée  ;  dans  d'autres  cet  endroit  eft 
déchiré  ,  Se  il  y  en  a  qui  lifent  différemment  les  uns 
des  autres. 

2.  PLAGIA.  Voyez,  Plagia  Calvisiana. 

3.  PLAGIA.  Voyez,  Plagiara. 

PLAGIARA  ,  ou  Plagiaria,  ville  de  la  Lufitanie  :  l'iti- 
néraire d'Antonin  la  met  fur  la  route  d'Olifïpo  kEmeri- 
ta  ,  entre  Bitdua  Se  Emerita ,  à  douze  milles  de  la  pre- 
mière ,  Se  à  trente  milles  de  la  .féconde.  Quelques  ma- 
nuferits nomment  cette  ville  Plagia  jon  en  voit  encore 
préfentement  les  ruines ,  près  du  village  ^de  Botua  $ 
dans  l'Eftramadure. 

PLAILLY  village  de  France,  au  diocèfe  de  Senlis, 
dans  la  Province  ,  appellée  l'ifle  de  France  ,  au  bas  de 
la  haute  montagne  de  Montmelian,  Se  presque  fur  les 
bords  de  la  forêt  de  Senlis  ,  à  fept  lieues  ou  environ 
de  Paris.  Ce  lieu  eft  nommé  Plaitleyacitm  dans  un 
diplôme  de  Charles  le  Simple  du  commencement  du 
X  fiécle ,  où  ce  prince  rappelle  Se  confirme  aux  reli- 
gieufes  de  Morienval,  diocèfe  deSoiffons,la  ttoifiéme 
partie  des  bois  de  cette  terre, que  Charles  le  Chauve 
leur  avoit  donnée ,  Ann.  Bened.  t.  6.  p.  642.  Il  eft 
nommé  depuis  Plailiacum  dans  l'échange  que  Philippe 
'Augufte  fit  en  1 19J  ,  de  quelques  terres  avec  Richard  de 
Vernon.  Il  paroît  auffi  par  l'hiftoire  de  l'abbaye  de  S. 
Denis  ,  qu'au  treizième  fiécle  ce  monaftere  avoit  des 
biens  à  Plailly  qu'il  échangea  en  1284;  mais  en  159;  , 
cette  maifon  acheva  d'aliéner  ce  qu'elle  y  poffédoit 
fuivant  le  même  hiftorien.  Plailly  eft  fi  tué  dans  un 
agréable  vallon.  L'églife  paroiffiale  eft  remarquable  par 
la  très-belle  fleche  de  pierre  qui  fert  de  clocher. 

PLAIN  (  le  ) ,  autrement  le  Coutentin  ,  nom  que  l'on 
donne  au  fécond  doyenné  de  l'archidiaconé  du  Cou- 
tentin ,  qui  eft  le  quatrième  de  l'évêché  de  Coutances. 
Il  contient  vingt-deux  paroiffes  toutes  dans  le  meilleur 
terrein  du  pays. 

PLAIN-BON  ,  bois  de  France  ,  au  Bourbonnois, 
dans  la  maîtrife  des  eaux  &forêrs  deMoulins.il  eft  de 
quatre-vingt-un  arpens. 

PLA1N-MARCHAIS  ,  ou  Pla'in-Marchis ,  ancien 
prieuré  de  l'ordie  du  Val  des  Choux, en  France,au  diocèfe 
d'Auxerre,  archidiaconé  de  Puifaye,  furie  territoire  de 
la  paroiffe  de  la  Vau.  Cette  maifon  fut  fondée  en  1 248, 
par  Jean  ,  baron  de  Touci  :  l'églife  eft  fous  l'invocation 
de  S.Denis.  Le  prieuré  étoit  encore  reconnu  comme  mem- 
bre de  l'Espau,  l'une  desmaifons  principales  de  cet  ordre, 
en  1 469.  *  Mèm.  manufe. 

PLAINE  ,  en  latin  Planifies.  On  appelle  ainfi  un 
petit  espace  de  pays  plat,  Se  qui  n'eft  diftingué  ni  de 
bois ,  ni  de  rivière  ,  ni  de  haies.  Par  le  mot  de  plaine 
on  entend  à  peu  près  ce  que  les  Romains  entendoient 
par  le  mot  Campus  ;  quelques  -  uns  veulent  pourtant 
que.  la  plaine  foit  quelque  chofe  de  moins  qu'une 
campagne.  Il  y  a  des  plaines  qui  font  célèbres  par  des 
batailles  qui  s'y  font  données  ,  &  il  y  en  a  de  fort 
grandes  fur  des  montagnes  ;  ainfi  une  plaine  peut  fe 
trouver  au  milieu  d'un  pays  de  montagnes. 

PLAINE  (  la  ) ,  Plana ,  bourg  de  France,  dans  l'An- 
jou ,  élection  de  Montreuil-Belay. 

PLAINE,  &Haineau  de  S.  Lange,  lieu  de  France, 
dans  la  Champagne,  élc&ion  de  Bar- fur-Aube. 

PLAINE  DE  PLAISANCE,  plainede  ïifie  de  S.  Do- 
mingue  ,  vers  la  bande  du  nord.  Elle  eft  fituée  au  milieu 
des  montagnes  ,qui  font  au  midi  du  port  Margot,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  de  la  mer,  à  la  fource  de  la  rivière 
appellée  les  trois  Rivières,  à  l'orient  de  la  plaine  de  Pilate. 
On  dit  qu'il  y  a  des  mines  d'argent  dans  ces  quartiers. 

PLA1NE-SELVE  ,  ou  Pleine-Selve  ,  FUna  Syl- 
va y  abbaye  de  France.  Voyez  Pieneselvi. 


PLA 


PLA 


PLAINES  ,  quartier  de  la  Guadeloupe,  à  deux  lieues 
du  quartier  de  l'iflc  à  Goiaves.  Le  chemin  de  l'un  à 
l'autre  eft  fort  escarpé.  Quoique  le  terrein  du  quartier  de 
Plaines  foit  pierreux ,  les  terres  ne  laifient  pas  d'y  être 
bonnes ,  bien  peuplées  ôc  cultivées.  Ce  terrein  eft  divifé 
en  deux  plaines  par  un  gros  cap,  dont  les  pentes  font 
douces  ôc  de  bonne  terre.  La  plus  grande  de  ces  plaines 
cil  d'environ  mille  pas  de  large  :  elle  eft  arrofée  d'une 
rivière  aflez  grofle;  la  plus  petite  a  environ  fept  cens  pas 
de  large,  fur  douze  cens  de  longueur. 

PLAINPIED  ,  abbaye  de  France  ,  dans  le  Berry. 
Voyez,  Pleinpied. 

i.  PLAISANCE,  ville  d Italie  ,  dans  le  duché  de 
même  nom  ,  dont  elle  eft  la  capitale  ,  avec  évêché  fuf- 
fragant  de  Boulogne.  Cette  ville  eft  au  27  dég.  1 8  min.  de 
longit.  ôc  45  dég.  ;  min.de  Iatit.  Elle  eft  grande  ôc  belle  , 
fituée  dans  un  pays  charmant ,  ôc  bien  cultivé.  Elle  a  au 
nord  le  Pô  ;  à  l'orient  la  petite  rivière  de  Refiuto  ,  ôc  à 
l'occident  celle  de  Trébia.  Les  Latins  l'appelloient  Pla- 
centia  ;  ceux  du  pays  la  nomment  Placenz.a  ,  ôc  on  pré- 
rend qu'elle  tire  le  nom  de  Plaifance  de  fon  agréable  fi- 
tuacion  ,  ou  de  ce  que  fes  magnifiques  palais  ,  fes  rues 
droites  ôc  fpacieufes  en  rendent  le  fé jour  plaifant.  Elle 
eft  à  cinq  ou  fix  cens  pas  de  la  rivière  du  Pô  ,  qui  fort  à 
fon  trafic,  &  à  fa  défenfe  de  ce  côté-là.  On  vante  beau- 
coup fes  fortifications. Ses  murailles,  dit  Corneille  ,  font 
d'une  grande  épaifleur  ,  faites  toutes  de  briques  :  elles 
font  entremêlées  de  quelques  demi-lunes  ,  ôc  défondues 
par  de  larges  foliés ,  qui  font  pleins  d'eau  en  plufieurs  en- 
droits ,  fi  ce  n'eft  du  côté  de  la  citadelle  ,  flanquée  de 
cinq  baftions.  Miflbn  dit  cependant  que  les  fortifications 
de  Plaifance  ne  valent  pas  grand'chofe  ,  encore  qu'on  fe 
foit  fait  une  coutume  de  les  vanter  beaucoup.  La  citadel- 
le renferme  une  belle  églife  &  une  grande  place  où  font 
les  logemens  des  officiers  ,  &  le  grand  palais  du  gou- 
verneur. La  fnàifon  de  ville  eft  à  l'autre  côté  de  la  mê- 
me place.  La  façade  en  eft  foucenue  par  de  hautes  co- 
lonnes ,  en  façon  d'une  grande  galerie.  Sa  cour  eft  fort 
large  ,  ôc  les  chambres  qui  l'environnent  font  admirées 
pour  leurs  peintures,  &  pour  lesftatuesde  marbre  qu'on 
y  voit.  Il  y  a  deux  hautes  tours.  Celle  de  l'horloge  eft  la 
principale.  La  grande  place  eft  ornée  d'un  grand  nombre 
de  fort  beaux  palais ,  ôc  on  eft  furpris  de  la  magnificence 
de  deux  belles  figures  de  bronze  ,  qu'on  y  voit  de  deux 
ducs  de  Parme  ,  de  l'illuftre  maifon  des  Farnèfes.  Ce  font 
les  ftatues  d'Alexandre  Farnèfe ,  gouverneur  des  Pays- 
Bas  Espagnols ,  ôc  celle  de  Ranuce  I  fon  fils.  On  re- 
garde ces  deux  morceaux  comme  quelque  chofe  de  rare 
pour  la  fculpture.  *  Mijfon  ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  2. 
p.  7. 

La  ville  eft  traverfée  d'un  bout  à  l'autre  par  trois  gran- 
des rues:  celle  du  milieu  commence  proche  des  deux 
grands  couvens  de  S.  Barnabe  Ôc  de  S.  Barthelemi.  Celle 
où  l'on  voit  la  fuperbe  églife  des  Jéfuites  ,  finit  dans  la 
grande  place  du  Dôme,  où  eft  l'églife  cathédrale  ,  ornée 
d'une  belle  tour ,  du  haut  de  laquelle  on  découvre  le  plan 
&  les  environs  de  Plaifance.  Les  maifons  qui  font  dans 
cette  place  peuvent  palier  pour  autant  de  palais ,  foute- 
nus  de  grands  portiques ,  fous  lesquels  on  fe  promené  à 
couvert  de  l'incommodité  de  la  pluie  ,  ôc  des  ardeursdu 
foleil.  La  grande  place  du  bourg  renferme  les  belles 
eglifes  de  S.  Matthieu,  de  fainte  Brigitte ,  de  S.  Antoine, 
de  S.  Etienne  ,  ôc  le  palais  du  prince  Landi ,  l'un  des  qua- 
tre plus  beaux  qui  foient  à  Plaifance.  Les  trois  autres 
font  le  palais  de  Scotti  ,  celui  de  S.  Séverin  ,  ôc  celui  de 
Madame, élevé  fur  une  éminence  au  bout  de  la  ville,  du 
côté  du  Pô  ,  où  les  jardins  font  très-agréables  ,  à  caufe 
d'une  petite  rivière  qui  les  arrofe  ,  ôc  qui  en  fait  un 
printems  perpétuel.  Ce  palais  a  quatre  grands  corps  de 
logis,  qui  forment  une  cour-dans  le  milieu  ,  l'églife  de  S. 
Sixte  eft  tout  proche.  C'cft  la  plus  belle  de  routes  ,  fans 
excepter  celles  des  Dominicains ,  des  Auguftins  ,  ôc  des 
Carmes ,  qui  font  les  maifons  rcligicufes  les  plus  remar- 
quables de  la  ville  ,  ôc  qui  ont  chacune  quelque  chofe  de 
particulier ,  foit  pour  l'architeéhue  ,  foit  pour  la  fcul- 
pture ,  foir  pour  la  peinture. 

11  n'y  a  que  cinq  portes  qui  forment  Plaifance.  En  y 
arrivant  par  la  porte  de  S.  Lazare ,  on  voit  à  main  gauche 
l'églife  du  même  faint ,  qui  eft  un  lieu  de  dévotion  ôc 
de  promenade  pour  les  bourgeois  de  la  ville.  On  pu  fie 


99$ 

dânS  les  fauxbotugs  la  petite  rivière  de  Refiuto^dont  une 
partie  entre  dans  un  côté  de  la  ville,  où  elle  arrofe  les 
jardins  du  palais  de  Madame.  On  donne  a  Plaifance  cinq 
milles  de  circuit,  en  y  comprenant  les  foflës ,  mais  qua- 
tre feulement  dans  l'enceinte  de  fes  murailles.  Le  nom- 
bre des  habitans  eft  d'environ  vingt-huit  mille  ,  entre 
lesquels  on  compte  deux  mille  cccléfiaftiqucs.  Ra- 
phaël Fulgofo  &  le  pape  Grégoire  X  naquirent  à  Plai- 
fance. 

Quant  aux  révolutions  qu'a  eu  cette  ville  ,  voyez,  l'ar- 
ride  Parme. 

2.  PLAISANCE,  ville  d'Espagne.  Voyez.  Plasencia. 

3.  PLAISANCE  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Ar- 
magnac ,  au  diocèl'e  d'Auch  ,  élection  d'Armagnac.  Il 
eft  fitué  près  de  l'Adour,  à  fept  lieues  de  Tarbes ,  ôc  à 
huit  d'Auch. 

4.  PLAISANCE,  bourg  de  France  ,  dans  le  Rouer- 
gue  ,  au  diocefede  Vabres.  Il  eft  fitué  près  du  Tarn,  fur 
les  frontières  de  l'Albigeois  , à  quatre  lieues  de  Vabres  t 
en  tirant  vers  l'occident. 

5.  PLAISANCE  ,  baie  ce  port  de  l'Amérique  fepten- 
trionalc  ,  à  la  côte  méridionale  de  Pille  de  Terre-Neuve: 
elle  a  dix  huit  lieues  de  profondeur ,  ôc  le  port  eft  à  fon 
extrémité.  L'entrée  de  la  baie  eft  un  goulet  où  il  n'v  a  que 
le  partage  d'un  navire  ;  mais  les  plus  grands  vairteaux  y 
peuvent  palier,  ôc  le  port  en  peur  contenir  cent  cinquan- 
te, qui  y  font  à  couvert  de  tous  les  vents ,  ôc  y  peuvent 
faire  la  pêche  auili  tranquillement  que  dans  une  rivière. 
Le  goulet  eft  précédé  d'une  rade  ,  qui  a  une  lieue  ôc  de- 
mie d'étendue;  mais  qui  n'eft  pas  a  l'abri  des  vents  du 
nord-oueft,&  du  nord-nord-oueft  ,  lesquels  foufflenc 
fouvenr  dans  ce  parage ,  ôc  y  font  presque  toujours  im- 
pétueux. Ce  qui  rend  le  partage  du  goulet  (i  étroit  ,  ce 
font  des  rochers  fort  dangereux  ,  qu'il  faut  lairter  fur  la 
droite,  &  au-deiïïisdesquels  les  François  avoient  conftruic 
le  fort  de  S.  Louis.  Les  courans  y  font  violens  ,  ôc  por- 
tent fur  les  rochers ,  deforte  qu'on  ne  peur  les  remonter 
qu'à  la  roue ,  c'eft-à-dire  en  portant  du  côté  où  l'on  veut 
aller ,  un  ancre  auquel  on  a  attaché  un  cable  qui  tire  le 
vairteau. 

Le  port  de  Plaifance  étoit  au  bas  d'une  montagne ,  qui 
a  un  peu  plus  de  fix-vingt  pieds  de  haut ,  &  fur  laquelle 
onavoitbâti  une  redoute.  La  grande  grève  qui  a  une 
lieue  d'érendue,  eft  entre  deux  aunes  montagnes  fore 
roides ,  dont  l'une  ,  qui  eft  au  fud-fud  oueft,  eft  féparée 
de  la  grève  par  un  petit  ruifleau  lequel  fort  du  goulet  : 
il  forme  une  espèce  de  lac,  qu'on  appelle  la  peiiie  Baie , 
ôc  où  l'on  pêche  quantité  de  faumons.  La  grande  grève 
peut  contenir  ôc  fécher  en  même-tems  la  charge  de 
morues  de  foixante  navires:  il  y  en  a  une  plus  petite  à  l'u- 
fage  des  habitans ,  qui  font  la  pêche  le  long  de  la  terre  : 
ôc  fur  toutes  les  deux  ,  on  peut  fécher  le  poirtbn  fans  rien 
craindre.  Les  grèves  font  des  plages  couvertes  de  galots 
ou  galets  ou  pierres  plates. 

Le  long  du  petit  ruifleau ,  dont  je  viens  de  parler ,  on 
avoir  drefle  avec  des  feuillages  &  des  branches  de  lapins 
des  espèces  de  cabanes ,  qu'on  nommoit  échafauds ,  où 
l'on  faifoit  auffi  fécher  la  morue  dans  des  tems  de  pluie. 
Les  maifons  des  habitans  en  étoient  allez  proches  ,  & 
formoient  une  rue  ,  qu'on  appelloit  le  Bourg  de  Plai- 
fance: rien  n'étoit  plus  miférable  ,  &  chaque  habitanc 
n'y  étoit  pas  logé  plus  au  large  ,  qu'on  ne  l'eft  ordinaire- 
ment dans  un  vairteau.  D'ailleurs  le  pays  ne  pouvant  rien 
produire ,  il  falloir  faire  venir  ront  de  France  ,  ou  de 
Québec.  Le  fort  S.  Louis  rendoit  les  François  maîtres  de 
toute  la  partie  méridionale  de  Terre-Neuve,  ôc  des  ifles 
de  S.  Pierre,  qui  font  vis- à  vis,c\'où  il  y  avoir  encore  des 
habitans ,  aurti-bien  qu'au  Chapeau-Rouge ,  Ôc  en  quel- 
ques autres  endroits  de  la  côte  ,  comme  le  grand  ôc  le 
petit  Batin,  le  petit  Nord  &  autres.  Les  Maloins  faifoient 
leur  pêche  au  périt  Nord.  Le  poirtbn  y  eft  plus  petit  que 
dans  la  baie  de  Plaifance;  mais  plus  propre  pourlecom- 
merce  de  la  Méditerranée  &  du  Levant. 

Ce  port ,  un  des  plus  beaux  de  l'Amérique  ,  renoit  en 
échec  toutes  les  colonies  angloifes  ,  établies  fur  la  côte 
orientale  de  l'ille  de  Terre-Neuve,  ôc  c'étoit  une  relâche 
fuie  iSc  commode  pourrons  les  vairteaux  qui  revenoient 
de  l'Amérique  ,  ou  qai  alloient  en  Canada  ,  &  en  reve- 
noient. La  première  de  ces  deux  raifons  engagea  fouvent 
les  Anglois  à  tâcher  de  s'en  rendre  les  maîtres  par  la 
Tom.  IV.  K  k  k  k  k  k  ij 


996       PLA 


PLA 


force';  mais  n'en  ayant  pu  venir  à  bout  ,  ils  ont  eu  le 
bonheur  de  fe  le  faire  céder  par  le  Traité  d'Utrecht.  *  Le 
père  de  Charlevoix ,  hift.  de  la  Nouvelle  Fiance. 

6.  PLAISANCE  ,  montagne  de  l'ifle  Espagnole  ,  fur- 
ie chemin  du  Cap  François  au  Port  de  Paix  ,  auprès  de 
laquelle  il  y  a  une  affez  grande  paroiffedépepdantedu  cap. 
*  Lepere  de  Charlevoix  ,  hift.  de  S.  Domingue. 

PLAISANTIN ,  contrée  d'Italie,  avec  titre  de  duché , 
Se  qui  fait  partie  des  états  du  duc  de  Parme.  Ce  pays  , 
qui  eft  fitué  à  l'occident  du  duché  de  Parme  ,  eft  borné 
au  nord  Se  à  l'occident  par  le  duché  de  Milan ,  &  au  midi 
par  l'état  de  Gènes.  Plaifance  eft  fa  capitale.  On  ajoute  au 
Plaifantin  les  petits  états  de  Buffeto  Se  de  Landi  ,  qui 
font  trois  parties  avec  le  duché  de  Plaifance.  Les  autres 
lieux  principaux  font  Nébio  Se  San  Stéphane  Le  Pô  ,  la 
Trebia ,  la  Nura  ,  Se  quelques  autres  rivières  arrofent  le 
Plaifantin ,  où  l'on  trouve  des  mines  d'airain  &  de  fer  , 
6c  des  fontaines  falées  ,  dont  on  fait  du  fel  fort  blanc.  Il 
s'y  fait  de  même  que  dans  le  Parmefan  des  fromages  ex- 
cellens,  qu'on  transporte  dans  toutes  les  parties  de  l'Eu- 
rope. 

PLAMUS,  ville  dont  parle  Etienne  le  géographe:  il  la 
place  dans  la  Carie. 

PLAN ,  bourg  de  France ,  au  comté  deComminges.  Il 
y  a  dans  ce  bourg  une  juftice  royale. 

PLANA  ,  petite  ifie  de  l'Archipel ,  entre  l'ifle  Stam- 
palia  au  nord ,  celle  de  Scarpante  à  l'orient ,  Se  celle  de 
Candie  au  midi.  *  Berthelot ,  carte  de  la  Méditer. 

1.  PLAN  ARIA  ,  ifle  d'Italie,  dans  la  mer  de  Li- 
gurie  j  à  foixante  milles  de  l'ifle  de  Corfe  ,  félon  Pline  , 
/.  3.C.  6.  Ce  nom  lui  avoit  été  donné  à  caufedefa  figure; 
car  elle  eft  unie  &  baffe.  Elle  conferve  encore  fon  nom  ; 
car  on  l'appelle  aujourd'hui  Pianofa  ,  Se  en  François 
Fkinouje.  Voyez,  ce  mor. 

2.  PLANAPvIA.  Pline,  /.  6.  c.  32.  donne  ce  nom  à 
une  des  ifles  Fortunées.  Le  père  Hardouin  dit  que  c'eft 
l'JJle  d'Enfer ,  ou  l'ifeTenerijfe. 

1.  PLANASIA  ,  ifle  de  la  mer  Tyrrhenienne  ,  félon 
Ptoloméc  ,  /.  3.  c.  1.  Pline ,  /.  3.  c.  6.  connoît  aufli.  une 
ifle  de  même  nom  ,  dans  le  même  quartier  -,  &  il  paroît 
que  c'eft  la  même  que  quelques  lignes  auparavant  il 
avoit  apellée  Planaria.  Voyez  Planaria,».  i. 

2.  PLANASIA  ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Gaule  Narbon- 
noife  :  Strabon ,  /.  4.  p.  1 84.  la  place  avec  l'ifle  de  Lero  , 
immédiatement  après  les  Ifles  Stœchades. 

PLANAY.  Voyez.  Planf.y. 

PLANCHE-MINIER,  lieu  de  France,  dansl'Angou- 
mois.  Il  y  a  des  mines  de  fer  ,  dont  on  fait  des  munitions 
de  guerre  pour  Farfenal  de  Rochefort. 

PLANCT^E.  Voyez,  Cyclopum  Scopuli. 

PLANCY  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Champagne  , 
au  diocèfe  de  Troyes ,  avec  titre  de  marquifat.  Il  y  a  dans 
ce  lieu  un  chapitre  fondé  fous  le  nom  de  Saint-Laurent , 
avant  1200,  par  les  feigneurs  de  Plancy.  Ce  n'eft  que 
depuis  la  paix  des  Pyrénées  que  Plancy  a  été  érigé 
en  marquifat  :  il  n'avoit  auparavant  que  le  titre  de  Ba- 
ronnie. 

PLANE, ifle  de  la  Méditerranée  ,  fur  la  côte  d'Espa- 
gne ,  près  de  la  baie  d'Alicante ,  enviton  à  une  petite  de- 
mi-lieue à  l'eft-fud-eft  de  Saint  Paul.  Cette  ifle  eft  baffe. 
Presque  vers  le  milieu  du  partage  qui  la  fépare  du  cap  de 
Saint-Paul,  il  y  a  fous  l'eau  une  roche  fort  dangereufe  , 
8c  qui  eft  tant  foit  peu  plus  près  de  l'ifle  que  du  cap.  On 
peut  néanmoins  paffer  avec  des  vaiffeaux  Se  des  galères 
entre  le  cap  Saint-Paul  &  cette  ifle ,  rangeant  un  peu  plus 
le  cap  que  l'ifle  ,  pour  éviter  cette  roche.  Dans  le  milieu 
de  ce  partage,  il  y  a  cinq  à  fix  braffes  d'eau  ,  Se  l'on  voit 
le  fond ,  lorsqu'on  parte  dans  cet  endroit.  Il  y  a  aurti  quel- 
ques roches  près  de  la  pointe  de  Saint-Paul.  L'ifle  de  Pla- 
ne a  une  demi-lieue  de  long.  Le  bout  de  l'oueft  eft  le  plus 
haut  ;  &  du  côté  du  fud-eft ,  il  y  a  deux  gros  écueils ,  Se 
plufieurs  autres  petits,  tant  à  fleur  d'eau  que  fous  l'eau. 
Comme  ils  s'avancent  très-loin ,  il  faut  paffer  fort  au  lar- 
ge ,  ou  bien  ranger  la  terre.  *  Michelot ,  Portulan  de  la 
mer  Méditerranée  ,  p.  20. 

PLANES1A,  petite  ifle  delà  côte  d  Espagne  ,  aux  en- 
virons du  promontoire  Ferraria ,  félon  Strabon  ,  /.  3. 
p.  1  f  9.  Voyez,  Ferraria  ,  n.  3. 

PLANGENSES ,  peuple  de  l'Umbrie  ,  félon  Pline  , 
/.  3-f.  14. 


PLANlA.  Voyez.  Osurtum. 

PLANI  BOBISTA ,  nom  d'une  ville ,  félon  Ortelius , 
qui  cite  les  conftitutions  des  empereurs  d'Orient.llfoup- 
çonne  que  cette  ville  étoit  dans  l'Epire. 

PLAN1CENSES.  Voyez.  Pleninenses. 
^  PLANIEZ  (  l'ifle) ,  ifle  de  la  mer  Méditerranée,  fur  la 
côte  de  France  ,  dans  la  rade  de  Marfeille ,  environ  cinq 
milles  vers  le  fud-oueft  de  la  pointe  du  cap  Cavaux  ,  qui 
eft  le  plus  au  fud-oueft  de  l'ifle  Saint- Jean  ou  Pomegue. 
On  l'appelle  Planiez',  parce  qu'elle  eft  unie  Se  baffe.  Il  y  a 
fur  cette  ifle  une  tour  qui  n'eft  point  habitée ,  &  qui  ne 
fertque  pour  en  donner  la  connoirtance.  On  peut  parter 
entre  la  terre  Se  cetre  ifle,  y  ayant  40  à  4;  braffes  d'eau  ; 
mais  il  ne  faut  pas  s'en  approcher,  fur -tout  du  côté  du 
fud-eft  Se  de  l'eft ,  à  caufe  de  quelques  roches  qui  s'éten- 
dent environ  un  mille  ,  fur  lesquelles  il  y  a  fort  peu 
d'eau ,  Se  où  la  mer  brife  par-tout ,  lorsqu'il  fait  mauvais 
tems.  *  Michelot  ,  Portulan  de  la  mer  Méditerranée  , 
p.  6;. 

PLANIZZA  ,  rivière  de  la  Morée  dans  la  Sacanie. 
Elle  prend  fa  fource  au  midi  de  Corinthe  ,  &  fe  rend . 
dans  le  golfe  de  Napoli.  C'ettl' Inachus  des  anciens. 

PLANONE,  forêt  de  France  ,  dans  la  Bourgogne ,  Se 
dans  la  maïtrife  des  eaux  &  forêts  d'Autun.  Elle  contient 
cinq  mille  trois  cens  quatre  arpens. 

PLANOUSE  (l'ifle de) ,  Planaria.iûe  d'Italie  ,  dans  la 
mer  de  Toscane,  entre  l'ifle  d'Elbe,  au  Nord  oriental , 
Se  l'ifle  de  Corfe  ,  au  midi  occidental.  Elle  eft  à  neuf 
milles  au  fud-oueft ,  Se  à  cinq  degrés  vers  l'oueft  de  la 
pointe  de  la  droite  du  cap  de  S.  Pedro  dans  l'ifle  d'Elbe. 
L'ifle  Planoufe  eft  fort  baffe  &  remplie  de  bruscages. 
Elle  a  environ  quatre  milles  de  longueur  ,  Se  une  demi- 
lieue  de  largeur.  On  la  peut  ranger  du  côté  du  nord  Se 
du  notd-oueft  ;  mais  du  côté  du  fud  ,  il  y  a  plufieurs  ro- 
chers hors  de  l'eau ,  qui  s'avancent  plus  d'un  mille  & 
demi.  On  peut  mouiller  du  côté  de  l'oueft  Se  du  nord- 
eft ,  fuivant  le  vent  ;  mais  il  faut  être  toujours  prêt  à  fer- 
per ,  Se  tourner  l'ifle  vers  la  pointe  du  nord,  qui  eft  affez 
nette.  On  y  peut  faire  du  bois  aifément  :  on  mouille  à  un 
quart  de  lieue  de  l'ifle  par  dix  à  douze  brades  d'eau.  * 
Michelot,  Portulan  de  la  mer  Méditerranée  ,  p.  102. 
PLANTAINS  (l'ifle  des  ) ,  ifle  d'Afrique.  Voyez,  Tôt  A 
ifle. 

PLANTAS,  ou  Plantats,  petite  rivière  de  Fran- 
ce ,  dans  le  Gevaudan.  On  y  ramafle  fouvent  de  petites 
perles. 

PLAR/EI,  peuples  de  l'Epire ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Les  Plar^ei,  PLARiicVPLERy€i,font  le  même 
peuple. 

PLARASSA,  ville  qu'Etienne  le  géographe  place  dans 
la  Carie. 

PLARII.F^?.Plar^i. 

PLASENCIA,  ville  d'Espagne  ,  dans  l'Eftramadure, 
avec  titre  de  cité  épiscopale.  Cette  ville  eft  fort  belle  Se 
très-bien  bâtie,  au  milieu  des  montagnes ,  fur  une  hau- 
teur ,  au  bord  d'une  petite  rivière  nommée  Xerte.  Elle 
eft  défendue  par  un  bon  château.  Les  montagnes  qui  l'en- 
vironnent ont  leur  cime  toute  blanche  de  neige  ,  Se  font 
couvertes  d'arbres  fruitiers.  Le  vallon  ,  qui  eft  tout  joi- 
gnant ,  n'eft  pas  moins  fertile  que  le  refte  ,  Se  l'on  y  re- 
cueille du  grain  dont  on  fait  du  pain  d'une  blancheur  & 
d'une  bonté  merveilleufe.  Alfonfe  III,  roi  de  Caftille  , 
bâtit  cette  ville  l'an  n  80,  à  l'endroit  où  étoit  autrefois 
un  village  nommé  Ambracius  ,  Se  y  mit  un  evêché  fuf- 
fragant  de  Compoftelle  ,  avec  quarante  mille  ducats  de 
revenu,  qui  depuis  fon  tems  ont  monté  jusqu'à  cinquam 
te  mille.  Cette  ville  appartenoit  autrefois  à  des  feigneurs 
particuliers  en  titre  de  duché  ;  mais  l'an  1488  les  rois 
Catholiques  la  réunirent  à  la  couronne  ,  donnant  en 
échange  la  ville  de  Béjar  à  ces  feigneurs  ,  avec  titre  de 
duché.  Elle  a  fous  fa  dépendance  deux  autres  villes  qui 
fontaftez  confidérables  ;  favoir  Pifaro  Se  Xarahis.  *  Dé- 
lices d' Espagne  ,  p.  364. 

La  Vera  de  PLASENCIA  eft  un  petit  canton  ,  dans 
la  partie  feptentrionale  de  l'Eftramadure,  ainfi  appelle 
du  nom  de  la  principale  ville  qui  s'y  trouve. C'eft  un 
pays  de  montagnes  Se  de  vallées ,  très-agréable  ,  très-dé- 
licieux ,  Se  le  plus  fertile  de  toute  l'Espagne  après  l'An- 
daloufie.  Il  a  douze  lieues  de  longueur ,  fur  trois  de  lar- 
geur ;  Se  quoiqu'il  foit  fort  petit,  fa  fertilité  y  attire  tant 


PLA 


A     JL  A 


de  monde ,  qu'on  y  compte  jusqu'à  dix-fept  places  bien 
peuplées.  Les  campagnes  y  font  couvertes  de  beaux  jar- 
dins ,  où  croiflent  d'excellens  melons  ;  les  champs  y  pro- 
duifenc  du  grain  en  abondance  \  Se  l'on  voit  dans  les  val- 
lons &  dans  les  montagnes  des  forets  d'arbres  fruitiers , 
qui  produifent  avec  abondance.  Il  s'y  trouve  auiîi  quan- 
tité d'arbrifleaux  Se  de  plantes  odoriférentes  &  médicina- 
les ,  des  romarins ,  des  pommes  de  mandragores ,  que 
les  Espagnols  appellent  ùbollas  deVillano,  Se  des  len- 
tisques  qui  portent  le  maltic.  On  y  fait  d'excellent  vin  , 
Se  on  y  cultive  le  lin  qui  ett  d'un  très-grand  rapport.  Les 
fontaines  y  donnent  de  belle  eau  vive  Se  les  petites  riviè- 
res ,  qui  ferpentent  dans  les  vallons,  nout  rident  des  truites 
fort  délicates.  Enfin  tout  eft  riant  dans  ce  petit  pays.  * 
Délices  d'Espagne ,  p.  j  6  3 . 

2.  PLASENCIA  ,  ville  d'Espagne, dans  laGuipuscoa, 
dans  la  vallée  de  Marquina  ,  au  bord  de  la  rivière  de 
Deva ,  à  trois  lieues  au-delTous  de  Mondragon.  Sa  fitua- 
rion  elt  fort  agréable.  On  y  fabrique  routes  fortes  d'in- 
îtrumens  de  guerre.  *  Délices  d'Espagne  ,  p.  87. 

1.  PLASS,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Cîteaux  ,  dans 
le  royaume  de  Bohême  ,  au  cercle  de  Pilfen. 

2.PLASS,monaftere  de  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaux, 
dans  le  cercle  de  Raconitz  ,  en  Bohême. 

PLASSAC ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Saintonge  , 
élection  de  Saintes. 

PLASSAY  ,  bourg  de  France,  dans  la  Saintonge  ,  éle- 
ction de  Saintes. 

PLASSENDAL,  fort  des  Pays-Bas  Autrichiens,  fur 
le  canal  qui  va  à  Bruges ,  à  une  lieue  d'Oficnde. 

PLATA  (la),  ou  Chuquisaca  ,  ville  archiépisco- 
pale de  l'Amérique  méridionale  au  Pérou  ,  capitale  de 
l'audience  de  los  Charias,  au  nord-eft  du  Potofi  fur  la 
petite  rivière  de  Cachimayo,  latitude  méridionale,  19 
deg.  32  minutes. 

Les  Espagnols ,  après  avoir  conquis  tous  les  pays 
qui  s'étendent  depuis  Tumbez  jusqu'à  Cusco,  penferent  à 
fubjuguer  les  nations  plus  éloignées.  Ce  fut  pour  exécuter 
ce  projet  que  GonzalèsPizarro  partit  en  IJ38  de  Cusco 
avec  un  bon  nombre  d'Espagnols.  Il  combattit  d'abord 
quelques  peuples  avec  fuccès.  Mais  quand  il  fut  parvenu 
aux  Chuquifacas ,  il  y  trouva  une  réfillancefortopiniâtie. 
Cependant ,  avec  le  fecours  que  lui  envoya  le  marquis 
don  François  Pizarro,  fon  frère  ,  il  vint  à  bout  de  les  ré- 
duire. L'année  fuivante  1539,  le  même  don  François!  i- 
zarro  jugea  qu'il  éroit  à  propos  ,  tant  pour  afiiirer  fes 
nouvelles  conquêtes  ,  que  pour  en  faire  d'autres  plus 
avant ,  de  bâtir  une  ville  parmi  ces  nouveaux  fujets.  Il 
en  donna  la  commiflion  au  capitaine  Pedro  Anzures ,  qui 
s'en  acquitta  fidèlement.  Elle  fut  bâtie  au  même  lieu 
où  étoit  celle  que  les  Chuquifacas  avoient  fi  bien  défen- 
due ;  Se  on  la  nomma  laPlata,  l'Argent,  à  caufe  des  mines 
qui  font  dans  le  voifinage. 

Cette  ville  a  quatorze  mille  habitans  tant  Espagnols 
qu'Indiens  ,  une  cathédrale  d'une  belle  architecture  , 
grande ,  Se  bien  ornée  en  dorures  &  en  peintures ,  plu- 
sieurs monafteres  d'hommes  &  de  filles  ,  un  collège  de 
Jéfuites,  &  un  hôpital  entretenu  aux  dépens  du  roi  Ca- 
tholique ,  6V  gouverné  par  les  frères  de  la  Charité.  Il  y  a 
auiîi  une  univerfiré  dont  le  recteur  du  collège  eft  re- 
cteur né.  L'évêché  de  la  Plata  fut  érigé  en  archevêché 
l'an  1608.  *  Relation  del  viage  à  la  America  méridional 
de  Ant.  de  Ulloa. 

Ses  SufFragans  font  : 

La  Paz  de  Chuquiaga  , 

Santa  Crux  de  la  Sierra  ,  ou  de  Baran~a , 

L'Afibmption  le  Paraguai , 

Saint  Michel  del  Eftero. 

La  Trinité  de  Buenos-Ayres. 

*  Commainville  ,  Table  des  évêchés  ,  Sec.  Table  Chro- 
nol.p.  143. 

2.  PLATA  ,  ou  Rio  de  la  Plata  ,  rivière  de  l'Amé- 
que  méridionale,  au  Paraguay.  Elle  gît  par  fon  embou- 
chure à  35  d.  de  latit.  fud.  On  lui  donne  vingt  &  trente 
lieues  de  large ,  à  me  Aire  qu'elle  approche  de  la  mer ,  où 
fon  embouchure  en  a  bien  foixanre  Se  dix.  Cette  rivière 
déborde  en  certains  tems  de  l'année  ;  ce  qui  rend  le  pays 
fertile.  Pendant  les  débordemens  les  habitans  fe  mettent 


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dans  des  canots ,  Se  errent  de  coté  ou  d'auttei  Plusieurs 
grandes  rivières  fe  joignent  à  Rio  de  la  Plata-,  comme  la 
Parana  ,  Rio  Vermejo  ,  Se  autres.  Les  Espagnols  qui 
fe  font  établis  fur  la  rivière  de  la  Plata ,  ou  aux  environs, 
comme  à  Buenos-Ayres  ,  à  Santa  Fe,  ou  à  l'Afiomption , 
ont  remonté  plufieurs  fois  jusqu'à  la  fource  de  cette  ri- 
vière ,  Se  couru  les  bords  du  Paraguay  &  de  la  Parana , 
de  forte  qu'infenfiblemeut  on  s'en:  frayé  un  chemin  jus- 
qu'au Potofi  Se  au  Pérou.  Cette  route  ett  maintenant 
très-fréquentée  ,  Se  le  voyage  peut  fe  faire  en  un  mois. 
Tout  le  pays  elt  fort  beau  le  long  de  la  côte,  depuis  Cabo 
Frio ,  jusqu'à  Rio  de  la  Plata.  Il  y  a  entre  autres  beau- 
coup de  bois  deBrefil&d'ébenc:du  refteces  côtes  ne  font 
pas  trop  bien  connues.  *  Fr.  Coreal ,  Voy.  aux  Indes 
occ.  t.  1.  p.  253. 

Juan  Dias  de  Solis  découvrit  le  premier  cette  grande 
rivière  en  I/IJ.  Ayant  été  porté  dans  fon  embouchure  , 
il  monta  jusqu'à  une  ifle ,  qui  eft  fur  le  34  d;  40  m. 
de  la  ligne  vers  le  fud.  Il  y  vit  plufieurs  cabanes  de 
fauvages  qui  l'invitoient  à  descendre  ;  ce  qu'il  fit  jn- 
confidérémsnt ,  Se  il  fut  tué  Se  mangé  avec  plufieurs 
de  fes  gens  par  les  fauvages.  Le  nom  de  Solis  ,  qui 
fut  alors  donné  à  cette  rivière,  lui  demeura  quelque 
tems.  En  1/26  ,  Sébaftien  Cabot,  qui  avoir  laifle  les 
Anglois  pour  aller  aux  Espagnols  ,  fut  envoyé  pour 
palier  par  le  détroit  de  Magellan  dans  la  mer  du  Sud, 
Se  delà  aux  Moluques  ;  mais  la  difett*  des  vivres  ayant 
porté  Ces  gens  à  fe  mutiner ,  cette  mutinerie  l'obligea 
d'entrer  dans  cette  rivière,  Se  de  la  remonter  environ 
trente  lieues ,  jusqu'à  une  ifle  ,  à  laquelle  il  donna  le 
nom  de  Saint  Gabriel.  Sept  lieues  plus  haut ,  il  trouva 
une  rivière  qu'il  nomma  Saint  Salvador,  &  trente 
lieues  encore  plus  haut ,  il  en  trouva  une  autre  appellée 
Zarcarana  par  les  fauvages.  Ce  quartier  étoit  habité 
par  des  fauvages  d'une  indufirie  peu  commune  à  ces 
nations; ce  qui  fut  caufe  qu'il  donna  le  nom  de  Saint 
Esprit  ,  ou  de  Cabot  ,  à  un  château  qu'il  y  fit  bâtir. 
Après  y  avoir  laiflé  une  gamifon  ,  il  entra  dans  la 
rivière  de  Parana,  où  il  trouva  plufieurs  ifles ,  Se  pafîa 
plufieurs  rivières  qui  fe  déchargent  dans  ce  grand  canal. 
Lorsqu'il  eut  monté  deux  cens  lieues ,  il  arriva  à  une 
autre  rivière  que  les  fauvages  appelloient  Paraguay.  Il 
la  remonta  environ  jusqu'à  trente  quatre  lieues ,  laiiîanc 
celle  de  Parana  à  main  droite  ,  Se  il  rencontra  des 
fauvages  occupés  à  la  culture  des  terres.  Il  perdit  vingt- 
cinq  de  fes  gens  dans  un  combat  qu'il  eut  avec  eux ,  Se 
bâtit  dans  ce  lieu  un  fort ,  auquel  il  donna  le  nom  de 
Sainte  Anne.  Ce  fur  dans  ce  fort  que  Diego  Gardas 
Portugais  ,  trouva  Cabot  en  1^27  ,  &  parce  qu'ils  recou- 
vrèrent quelque  argent  des  fauvages  ,  Se  qu'on  n'en 
avoit  point  encore  apporté  de  l'Amérique  en  Espagne  , 
ils  appellerent  cette  rivière  la  rivière  d'argent,  ce  que 
fignifie  Rio  de  la  Plata.  Cabot  étant  retourné  en  Es- 
pagne ,  la  découverte  de  cette  rivière  fut  fuspendue 
jusqu'en  1535,  que  Pedro  de  Mendoza  y  fut  envoyé 
avec  onze  navires  Se  huit  cens  hommes.  Il  monta  dans 
la  rivière  jusqu'à  l'ifle  de  Saint  Gabriel,  commença  de 
bâtir  une  ville  fur  la  rive  gauche  ,  en  remontant  la 
rivière  ,  Se  qu'il  appella  Nueflra  Sennora  de  Buenos 
Aj/res.  Il  y  perdit  la  plus  grande  partie  de  fes  gens 
par  la  famine  :  ce  qui  l'obligea  d'envoyer  fon  lieutenant 
Juan  de  Ayola ,  pour  en  traiter  avec  les  fauvages.  Men- 
doza s'en  retourna  après  cela  ;  mais  il  mourut  en  che- 
min. Les  Espagnols  ne  fe  donnèrent  pas  beaucoup  de 
mouvement  pour  s'établir  dans  ce  quartier  jusqu'en 
15 40  ,  qu'Alvaro  Nunnez  Cabeça  de  Vaca  y  arriva. 
Le  pays  fe  découvrit  alors  peu-à-peu ,  &  fe  peupla  de 
diverfes  colonies  espagnoles.  *  De  Laét ,  Defcr.  des  In- 
des occ.  /.  14.  c   2. 

5.  PLATA  ,  ou  Rio  de  la  Plata  ,  province  de  l'A- 
mérique méridionale  au  Paraguay.  Elle  s'étend  des  deux 
côtés  de  la  rivière  de  la  Plata  ,  qui  lui  donne  fon  nom. 
On  la  borne  au  nord  par  les  provinces  de  Chaco  ,  de 
Paraguay  Se  de  Parana  ;  à  l'orient  par  Uruguay  \  au  midi 
par  le  pays  des  Pampas  y  Se  à  l'occident  par  le  Tuciimani 
La  Conception  a  été  une  de  fes  principales  villes  ; 
mais  elle  e(t  préfentement  détruite.  Les  villes  qui  Aib- 
fiitent  font  : 

Buenos  Ayres  Corrienres  , 

Santa  Fé  ,  Santa  Lucia. 


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4.  PLATA  ,  ifle  de  l'Amérique  méridionale,  au  Pé- 
rou ,  fur  la  côte  de  l'audience  de  Quiro  ,  à  1  d.  10  m. 
de  larir.  mérid.  On  la  trouve  à  4  ou  /  lieues  du  cap 
S.  Laurent  ^  faifant  route  à  l'ouefl-fud-eft  Se  un  quart 
d'oueft.  Les  Espagnols  lui  donnèrent  le  nom  de  Plata  , 
api  es  que  le  chevalier  François  Drake  eut  pris  le  Ca- 
cafoga  ,  vaiflean  dont  la  principale  cargaifon  étoit 
d'argenterie ,  parce  qu'il  amena  ce  vaifleau  dans  cette 
ifle ,  Se  y  partagea  fon  butin  avec  fon  équipage.  Llle 
a  près  de  quatre  milles  de  long  ,  Se  un  mille  Se  demi 
de  large ,  Se  efl  affez  haute.  Elle  eit  entourée  de  rochers 
hauts  cv  escarpés,  fi  ce  n'eft  à  un  féal  endroit  du  côté  de 
l'orient,  Lefommet  en  eit  plat  &  uni ,  le  terroir  fablon- 
•  neux  &  fec.  Les  arbres  qu'elle  produit  font  menus  Se 
bas  ;  Se  il  n'y  a  que  trois  ou  quatre  fortes  d'arbres  qui 
nous  foient  inconnus,  ils  font  fort  couverts  de  moufle  : 
il  y  a  de  bonne  herbe  ,  Se  principalement  au  commence- 
ment de  l'année  :  on  ne  trouve  de  l'eau  dans  cette  ifle  que 
près  de  la  mer  du  côté  de  l'orient.  Cette  eau  coule  lente- 
ment des  rochers ,  &  il  efl  aifé  de  la  recevoir  dans  des 
vaifleaux.  On  y  a  vu  force  chèvres  ;  mais  à  préfent  il  n'y 
en  a  plus ,  ni  d'autres  animaux  de  terre.  Il  y  a  quantité  de 
boubies  Se  de  foîdats  ,  qui  font  des  oifeaux.  L'ancrage  eft 
à  l'orient ,  vers  le  milieu  de  Pifle  ,  près  de  terre  ,  à  la  lon- 
gueur de  deux  cables  de  la  baie  fablonneufe.  11  y  a  près  de 
iS  ou  19  brafles  d'un  fond  bon  Se  ferme  Se  d'une  eau 
calme  ;  car  la  pointe  de  l'ifle  qui  elt  au  fud-efl  met 
à  couvert  des  vents  du  ftid  qui  y  régnent  fans  inter- 
ruption. Depuis  cette  pointe  jusqu'à  un  quart  de  mille 
en  mer ,  il  y  a  un  petit  endroit  où  1  eau  efl  baffe ,  &  les 
vagues  font  fortes  ,  Se  coupées  durant  le  flux.  La  marée 
efl;  aflez  grande  ,  &  coule  aflez  rapidement ,  foit  en  mon- 
tant vers  le  fud  ,  ou  en  descendant  vers  le  nord.  On  peut 
faire  descendre  dans  la  baie,  près  du  lieu  où  l'on  ancre  -,  Se 
de  cette  baie  on  peut  entrer  dans  l'ifle ,  mais  on  n'y 
fauroit  entrer  que  par-là.  A  la  pointe  du  fud-efl  ,  à  la  lon- 
gueur d'un  cable  de  terre ,  il  y  a  deux  ou  trois  petits 
rochers  hauts  Se  escarpés ,  Se  un  aurre  beaucoup  plus 
gros  du  côté  du  nord-eft.  11  y  a  beaucoup  d'eau  tout  au- 
tour de  l'ifle ,  fi  ce  n'eft  à  l'endroit  où  l'on  ancre ,  Se 
à  la  pointe  du  fud  efl  dont  on  a  déjà  parlé. 

PLAT/£A,ou  Platea  ,  ifle  fur  la  côte  d'Afrique. 
Le  périple  de  Scylax,  p.  45.  le  met  fur  la  côte  de  la 
Marinai  ique  ;  mais  Hérodote  ,  /  4.  c.  15  1.  Se  156.  qui 
efl  pour  la  première  orthographe  ,  femble  la  mettre  fur 
la  côte  de  la  CyrénaVque.  Il  eil  difficile  de  marquer 
au  jufle  la  pofition  de  cette  ifle ,  parce  que  Ptolomée 
ne  la  connoît  point. 

.  1.  PLATV££,  ou  Plates  ,  ifle  de  l'A  fie  Mineure, 
fur  la  côte  de  la  Ttoade  :  Pline  ,  /.  j.  c.  3 1.  dit  qu'elles 
étoient  au  nombre  de  trois, 

2.  PLAT;£,£.  Voyez.  Platée. 

PLATAG/E.  Voyez.  Amorgos. 

PLATAMODES,  lieu  du  Péloponnèfe:  Strabon ,  /. 
S. p.  348.  le  place  à  cent  vingtflades  de  Coryphafium. 

PLATAMONA  ,  rivière  des  états  du  Turc  en  Eu- 
«rope  ,  dans  le  Comenolitari.  Elle  a  fa  fource  dans  les 
montagnes  de  la  Macédoine ,  à  l'orient  d'Ochrida  ou 
Hohori.  Après  avoir  couru  un  aflez  long  efpace  de 
chemin  du  nord  au  fud  le  long  des  montagnes  d'Ochri- 
da ,  elle  fait  un  coude  &  tourne  tout  d'un  coup  de 
l'ouefl  à  l'efl.  Elle  traverfeenfuite  le  Comenolitari ,  cxrva 
fe  jetter  dans  le  golfe  de  Salonique  ,  entre  l'embou- 
chure de  la  rivière  Cafloro  Se  la  ville  Stadia.  Corneille 
fait  de  cette  rivière  une  ville&  la  place  dans  la  Thefla- 
lie  ,  comme  s'il  y  avoir  aujourd'hui  uneThefialie.  Cette 
rivière  efl  l'Aliacmon  des  anciens ,  Se  non  le  Platamonits 
de  Phavorin, comme  l'a  cru  de  la  Martiniere. 

PLATAMONUS,  nom  d'un  fleuve  ,  dont  fait  men- 
tion Phavorinus  ,  Lexic. 

PLATANE  ,  village  des  Sidoniens  ,  près  de  la  ville 
de  Beryte.  C'efl  le  lieu  où  Hérode  làiffa  fes  deux  fils , 
pendant  qu'il  faifoit  examiner  leur  caufe.  Ne  feroit-ce 
point ,  dit  Ortelins  ,  Thef.  le  même  lieu  qui  efl  appelle  ail- 
leurs Platanus.  Voyez,  ce  mot.*  Jofephe,  anr.  l.iG.c.ult. 

PLATANENS1S  ,  fiige  épicopal  de  la  Galatie ,  félon 
Ortelins  ,  Thef.  qui  cite  le  concile  de  Nicée. 

PLATANEUS,  fleuve  de  la  Bithynie  ,  félon  Pline  , 
/.  5.  c.  jz. 

PLATANI,  ou  Platamo  ,  rivière  de  Sicile  ,  dans 


le  val  de  Mazzara.  Elle  a  fa  fource  dans  une  monta- 
gne ,  près  de  Caftro  Novo.  Dans  fa  courfe  elle  reçoit  la 
petite  rivière  de  San  Pietro  ,d.  la  rivière  Salso  ,  g.  celle 
dcTurbulo  ,  d.  Se  elle  va  le  perdre  dans  la  mer  ,  où  elle 
a  fon  embouchure  ,  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle , 
enrre  Cala  del  Panaro  Se  Capo  Bianco.  Cette  rivière 
efl  le  fleuve  Camicus  ouHalycus  des  anciens.  *  Rot. 
de  Vaugonay ,  Atlas. 

ILATAN1STUNS  ou  Platanistus  ,  ou  promon- 
toire de  la  Laconie  :  Paufanias  ,  /.  3.  c.  23.  dit  qu'il 
étoit  éloigné  de  quarante  Ùades  du  promontoire  ap- 
pelle la   Mâchoire  d'Ane. 

1.  1  LATANISTUS  ,  ou  Platamiston  ,  fleuve  de 
l'Arcadie.  llbaignoitla  ville  Lycofura  ,  félon  Paufanias, 
/.  8.  c.  39. 

2.  PLATAN1STUS  ,  promontoire  de  l'Elide  ,  "félon 
Pline  ,  /.  4.  c.  5.  Le  père  Hardouin  remarque  fur  cet  en- 
droit de  Pline  que  tous  les  manuferits  portent  PlatA- 
nodes  ,  Se  il  aceufe  Hermoiaus  d'avoir  corrompu  les 
exemplaires  de  Pline  en  fubflituant  Platamflus  pour 
le  vrai  nom ,  qui  efl  Platamdes.  Le  fentinent  du  père 
Hardouin  eft  confirmé  par  le  témoignage  de  Strabon, 
/.  8.  p.  348.  quoique  pourtant  on  life  dans  ce  dernier 
Platamodes  Se  non  Platanodes. 

3.  PLATANISTUS,  lieu  de  la  Cilicie,  fur  le  bord 
de  la  mer ,  félon  Strabon  ,  /.  14.  p.  66y. 

PLATANIUS ,  fleuve  de  la  Bœotie  :  C'efl  Paufanias  , 
/.  9.  c.   2y.  qui  en  fait  mention. 

PLATANUS  ,  ville  de  la  Phénicie ,  félon  Etienne 
le  géographe  Se  Polybe,/.  5.  n.  68.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  en  fait  auflî  mention  ;  mais  il  la  place  dans  la  Syrie  , 
entre  Antioche  Se  Laodicée.  Voyez.  Platane. 

1.  PLATE  ,  petite  ville  d'Allemagne  ,  au  cercle  de  la 
Bafîe-Saxe ,  dans  le  duchéde  Mecklenbourg, fur  la  Stoer , 
entre  Schwerin  Se  Neufladt ,  à  deux  milles  de  la  pre- 
mière Se  à  trois  de  la  féconde. 

2.  PLATE ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Troade  ,  félon  Pline, 
/.  J.  c.  31.  Voyez.  Platia. 

3.  PLATE  (  l'ifle  )  ,ifle  de  France  en  Bretagne  fur  la 
côte  de  l'évêché  de  Treguier ,  Se  une  des  ifles  que  les 
anciens  ont  appelle  Siadœ. 

1.  PLATEA  ,  ville  d'Espagne.  Martial  ,/.  4.  .Ep.55. 
&  l.  12.  Ep.  18.  en  parle  dans  deux  endroits.  Dans 
le  premir  il  lui  donne  l'épithete  de  Sonans  ,  à  caufe 
des  boutiques  de  forgerons  qui  y  étoient. 

2.  PLATEA  ,  ville  d  Espagne  ,  dans  le  royaume  d'Ar- 
ragon  \  on  croit  que  c'efl  le  Bourg  de  CaJ}e)un  de  las 
Armas.  A  l'égard  du  titre  d'évêché  que  Baudrand  ,  Dicl. 
lui  attribue  ,  je  n'en  trouve  aucune  trace  dans  les  notices 
épiscopales.  Voyez.  Castejon  de  las  Armas.  Il  n'eft 
pas  plus  aifé  de  décider  fi  cette  Platea  efl  celle  qui  a 
été  connue  de  Martial.  Voyez.  Platea,  n.  1. 

PLATEA-INSULA  ,  ifle  que  Pline  ,  /.  4.  <r.  12.  met 
dans  la  mer  Egée  ,  à  foixante  milles  d'Aftypalaea.  11  efl: , 
je  penfe ,  le  feul  qui  faffe  mention  de  cette  ifle. 

PLATEA-PETRA  ,  lieu  fortifié  quelque  part  dans 
l'Afie  mineure  ,  félon  Ortelins  ,  Thef.  qui  cite  Cédrene. 
Xylr.nder.au  lieu  de  Platea- Pecr a  traduit, Latum-Saxum; 
Gabius  lit  dans  Curopalate  Lata-Petra  ,  Se  dans  un 
autre  endroic  Am'iqua-Petra  qu'il  place  dans  h  Thrace 

PLATÉE  ,  Plaie  a  ,  Platœx.  ou  Plaua.  Ville  de  la 
Bœotie  ,  dans  les  rerres,  au  midi  de  Thébes,  aux  confins 
de  l'Attique  Se  delà  Megaride,  fur  le  fleuve  Afopus. 
Ce  fut  ptès  de  cette  ville  que  les  Grecs  gagnèrent  une 
fameufe  bataille  contre  Mardonius  ,  lieutenant  Se  beau- 
frere  de  Xerxès ,  roi  de  Perfe  ,  dans  la  75  Olympiade, 
l'an  de  Rome  27  j. 

La  ville  de  Platée  étoit  fort  ennemie  des  Thébains,  Se 
fi  dévouée  aux  Athéniens ,  que  toutes  les  fois  que  les 
peuples  de  l'Attique  s'aflémbloient  dans  Athènes  pour  la 
célébration  des  facrifices  ,  le  héraut  ne  manquoit  pas 
de  comprendre  les  Platéens,  da«s  les  vœux  qu'il  faifoit 
à  haute  voix  pour  la  république.  Les  Thébains  avoient 
deux  fois  détruit  la  ville  de  Platée.  Archidamus  roi  de 
Sparte  ,  la  cinquième  année  de  la  guerre  du  Pélopon- 
nèfe, bloqua  les  Platéens  ,  &  les  força  de  fe  rendre 
à  discrétion.  Ils  auroient  eu  bonne  compofition  du 
vainqueur  \  mais  Thebes  unie  avec  Lacédémone  de- 
manda qu'on  exterminât  ces  malheureux  ,  Se  le  demanda 
fi  vivement  ,  qu'elle  l'obtint.  Le   traite  d'Anralcidas , 


PLA 


PLE 


dont  parle  Xénophon ,  /.  ;.  les  rétablit.  Cela  ne  dura 
pas  ;  car  trois  ans  avant  la  bataille  de  Leucte ,  Thcbes 
indignée  du  refus  qu'ils  firent  de  fe  déclarer  pour  elle 
contre  Lacédémone  ,  les  remit  dans  le  déplorable  état 
qu'ils  avoient  déjà  éprouvé  par  fa  barbarie.  *  Teureil , 
rem.  fur  la  2.  Philip,  t.  4.  p.  177.  Hérodot.  /.  6.  Tour  cil , 
rem.  fur  Ja  Harang.  touchant  la  paix,  t.  4.  p.  121. 
Thucyd.  /.  5. 

Dans    le  lieu    même   où  les    Grecs   défirent    Mar- 
donius  ,  on  éleva  un  autel  à  Jupiter  Eleutherien   ou 
libérateur;  ôc  auprès  de  cet  autel  les  Platéens  célé- 
broient   tous   les   cinq  ans  des  jeux  appelles  Eleitthc- 
ria.  On  y    donnoit   de.  grands  prix  à  ceux  qui  cou- 
roient  armés  ,  &  qui  devançoienr  leurs  compagnons. 
Quand  les  Platéens  vouloient  brûler   leurs  capitaines 
après  leur  mort ,  ils  faifoient  marcher  un  joueur  d'in- 
ftrnmens  devant  le  corps, &  enfuite  des  chariots  tout 
couverts  de  branches  de   lauriers  ôc  de  myrtes  avec 
pluficurs  chapeaux  de  fleurs.  Etant  arrivés  proche  du 
bûcher,  ils  mettaient  le  corps  deffus,  après  qu'ils  avoient 
offert  du  vin  &dulait  aux  dieux:  après   quoi,  le  plus 
confidérable  d'entre  eux,  vêtu  de  pourpre  ,failoit  retirer 
les  esclaves ,  ôc  immoloit  un  taureau.  Le  facrifice  étant 
accompli  ,  après  avoir  adoré  Jupiter  ôc  Mercure  ,  il 
convioit  à  fouper  les  mères  de  ceux  qui  étoient  morts 
à  la  guerre  ,  ôc  offrant  du  vin  dans  une  taffe ,  com- 
me   le   portant   au   mort  ,  il  achevoit  la  cérémonie. 
Ils  faifoient  chaque  année  des  facrifices  folemnels  Ôc 
des  anniverfaires  aux  Grecs  qui  avoient  perdu  la  vie  en 
leur  pays  pour  la  défenfe  commune.  Le  feiziéme  jour 
du   mois  qu'ils   appelloient  Monafterion  ,  ils  faifoient 
une  proceifion  ,    devant  laquelle  marchoit  une  trom- 
pette qui    fonnoit  l'alarme.  Il  étoit  fuivi  de  quelques 
chariots  chargés  de  myrte  ôc  de  chapeaux   de  triom- 
phe, avec  un  taureau  noir,  Ôc  quelques  nobles  qui  por- 
toient  des  vafes  à  deux  anfes  pleins  de  vin  ,  ôc  de  jeunes 
garçons  d'un  état  libre  ,  qui  tenoient  des  huiles  de  fen- 
teur  dans  des  phioles.  Le    prévôt  des  Platéens ,  à  qui 
il  n'étoit  pas  permis  de  toucher  du  fer ,  ni  d'être  vêtu 
que  d'étoffe  blanche  toute  l'année  ,  venoit  le   dernier 
portant  une  faie  de  pourpre  ,  ôc  tenant  en  une  main 
une  buire  ,  qu'il  prenoit  en  l'hôtel  de  ville ,  Ôc  en  l'autre 
une  épée  nue.  11  marchoit  en  cet  équipage  par  toute 
la  ville  jusqu'au  cimetière ,  où  étoient  les  fépulcres  de 
ceux  qui  avoient  été  tués  à  la  bataille  de  Platée.  Alors 
il  puifoit  de  l'eau  dans  la  fontaine  de  ce  lieu ,  en  lavoir 
les  colonnes  ôc  lés  images  qui  étoient  fur  ces  fépulcres, 
ôc  les  frottoit  d'huiles  de  lenteur.  Enfuite  il  immoloit 
un  taureau  ;  ôc  après  quelques  prières  faites  à  Jupiter  & 
à   Mercure  ,    il  convioit    au  feftin    général  les    âmes 
des  vaillans  hommes  morts ,  ôc  difoit  à  haute  voix  fur 
leurs  fépultures  :  Je  bois  aux  braves  ôc  vaillans  hommes , 
morts  autrefois  en  défendant  la  liberté  de  la  Grèce. 

i.PLATEIS  ,  ifle  de  Lycie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

2.PLATEIS  ,  ifle  du  golfe  Saronique ,  àcequ'ilparoît 
par  un  paffage  de  Pline,/.  4.  c.  12. 

PLATIA  ,  ifle  de  la  Propontide.  Ortelius  dit  qu'il  en 
eft  parlé  dans  les  constitutions  de  l'empereur  Comnene. 
Il  ajoute  que  ce  pourroit  être  l'ifle  de  Plate  de  Pline. 
Voyez.  Plate. 

PLATI/E ,  ifles  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Crète  ,  félon 
Pline,  /.  4.  c.  12.  qui  les  place  au  devant  du  promon- 
toire Sammonium. 

PLATINA  ,  ou  Platena ,  ville  de  l'Anatolie,  dans 
l'Amafie ,  entre  la  ville  de  Chirifon  ôc  celle  de  Trébi- 
fonde.  C'eft  à  ce  qu'on  croit  l'ancienne  Pbarnacea. 

PLATINA  ,  nom  latin  du  bourg  que  les  Italiens  ap- 
pellent Piadena.  Voyez,  ce  mot. 

PLATON-SAINTE-CROIX  (le) ,  langue  de  terre, 
dans  l'Amérique  feptentrionale  ,  au  Canada  ,  dans  le 
gouvernement  de  Québec.  Cette  langue  de  terre ,  qui  a 
la  forme  d'un  fer  à  cheval ,  eft  à  la  rive  du  fud  de  S. 
Laurent ,  un  peu  plus  haut  que  la  rivière  de  Jacques 
Cartier.  Elle  a  feize  arpens  de  fuperficie,  &  eft  fituée 
au  pied  d'une  petite  montagne  faite  en  amphitéatre,au 
haut  de  laquelle  eft  On  pays  plat  ,  où  font  de  belles 
campagnes  de  bled.  Jacques  Cartier  avoir  eu  deffein 
d'y  bâtir  une  ville.  On  y  fait  une  pêche  d'anguilles  très- 
abondante.  Le  courant  du  fleuve  les  amené  du  lac  Onta- 


rio ou  de  Frontenac  ,  qui  eft  à  plus  décent  lieues,  bu  îcul 
habitant  en  prend  quelquefois  jusqu'à  trois  milliers 
dans  une  marée.  Elles  font  communément  plus  grottes 
que  celles  de  France. 

Si'  a  ÏTE  '  pCtiCe  Vilie  de  France  '  dans  le  Pavs  Mcffin. 

PLATYPEGIUM,  Platipegia,  ou  Platipedia  ,  ville 
de  la  Scythie  de  Thrace  ;  il  en  eft  parlé  dans  la  notice 
des  dignités  de  l'Empire ,  feci.  28. 

1.  PLA  VE,  ville  d'Allemagne,  avec  un  château  au 
cercle  de  la  Baffe -Saxe  ,  dans  le  duché  de  Meckel- 
bourg  ,  aux  confins  de  la  marche  de  Brandebourg ,  au 
bord  feptentrional  de  l'Elbe ,  &  près  d'un  lac  qui  en 
prend  le  nom  de  Plauer-Sée.  Cette  ville  fut  brûlée  à 
quelques  maifons  près  en  1456  ,  par  un  Danois ,  qui 
ayant  eu  querelle  avec  un  des  habitans,  mit  le  feu  a 
une  maifon  pour  fe  venger.  Elle  eft  fituée  entre  Waren  à 
l'orient ,  ôc  Parchim  au  couchant,  à  quatre  milles  & 
demi  de  la  première ,  à  quatre  de  la  féconde ,  ôc  à  neuf 
de  Schwerin.  *  Mém.  dreflésfur  les  lieux. 

1.  PLAWEN,  ville  d'Allemagne  ,  dans  l'éleétorat  de 
Saxe ,  au  Voigtland  ,  fur  i  Ertert ,  à  un  mille  d'Olsnitz  : 
on  y  tient  quatre  grandes  foires  par  an.  Il  y  avoit  ci- 
devant  une  belle  paroiflé  fous  l'invocation  de  S.  Jean  , 
un  bon  château  fur  une  montagne  d'où  il  commandoit 
la  ville,  &  que  l'on  appelloit  Ratschaver  ,  ôc  une  églife 
avec  un  couvent  de  Dominicains  ,  une  jolie  maifon  de 
ville  ôc  une  école  bien  établie ,  de  laquelle  il  eft  forti 
d'habiles  gens.  Les  feigneurs  de  Reuffen  ,  qui  font  entre 
les  états  de  l'Empire,  fe  qualifient  encore  de  Plawen  :  ce 
lieu  en  effet  leur  a  appartenu  autrefois.  La  chronique  de 
Bohême^  par  Martin  Boregk  porte  que  l'an  449  , 
les  Bohémiens  prirent  le  château  de  Plawen,  ne  gardè- 
rent point  la  capitulation  ,  maffacrerent  tous  ceux  qui 
s'étoient  rendus  :  ils  démolirent  le  château  ,  &  mirent  le 
feu  aux  maifons:  cela  arriva  le  jour  de  la  converfion 
de.S.  Paul ,  l'an  i;48.  La  ville  fut  encore  une  fois  brû- 
lée par  un  accident.  Le  fauxbourg  même  fut  confirmé: 
on  a  depuis  rebâti  la  ville  ôc  la  paroiflé.*  Zeyler,  Saxon. 
Super.  Topogr.  p.  iji. 

2.  PLAWEN  ,  petite  ville  de  la  moyenne  marche  de 
Brandebourg ,  fur  la  Havel ,  avec  un  belle  manufacture 
de  porcelaine  dans  le  Havelfand. 

3.  PLAWEN,  petite  ville  deThuringefur  laGera;  elle 
relevé  des  ducs  de  Saxe. 

PLAUZAT  ,  ville  de  France  ,  dans  l'Auvergne  ,  éle- 
ction de  Clermont. 

PLEAU-LA-ROQUEBON  (le),  bourg  de  France  , 
dans  le  Limoufin  ,  au  diocèfe  de  Tulle,  fur  le  paffage  du 
Languedoc  ,  dans  le  Limoufin. 

PLEGER1UM  ,  ville  de  l'Inde ,  fur  le  fleuve  Choas* 
phes ,  félon  Strabon ,  /.  15.  p.  697. 

PLEGRA  ,  ville  de  la  Galatie  dans  les  terres  :  Ptolo- 
mee,  /.  5.  c.  4.  qui  la  donne  aux  Paphlagoniens ,  la  met 
entre  Zagira  ôc  Sacora. 

PLEIBURG,  petite  ville  d'Allemagne,  au  cercle  d'Au- 
triche ,  dans  le  duché  de  Carinthie ,  fur  la  rivière  de 
Feiftriz,  fur  une  colline ,  au  pied  d'une  haute  montagne. 
On  l'appelloit  auparavant  Auffenftein  ,  ôc  elle  apparte- 
noit  à  une  famille  de  ce  nom  ,  après  l'extinction  de  la- 
quelle elle  vint  à  la  maifon  d'Autriche.  Enfuite  le  comte 
Jean  Ambroife  de  la  Tour  la  pofféda  par  engagement  , 
d'autres  difent  par  achat  -,  &  il  y  fit  bâtir  un  beau  château. 
Il  eut  pour  héritiers  fes  coufins  les  comtes  de  la  Tour  , 
dont  l'aîné  la  poffede  encore.  C'eft  ainfi  que  parle  Zey- 
ler ,  CarinthUTopog.  p.  96. 

PLEINPIED  ,  abbaye  d'hommes .  en  France ,  de  l'or- 
dre de  S.  Auguflin  ,  dans  le  Berri  ,  à  deux  lieues 
au  midi  de  Bourges  fur  l'Auron  ,  fondée  par  Richard  , 
lix  archevêque  de  Bourges  ,  fous  le  titre  de  S.  Mar- 
tin. 

PLE1SS ,  baronnie  de  la  Siléfie.  Voyez,  PtEs. 

PLEISSE  (la)  ,  rivière  d'Allemagne  ,  en  Baffe-Saxe, 
Ellea  fa  fourceà  l'extrémité  feptentrionaledu  Voigtland , 
d'où  ferpentant  vers  le  nord  dans  la  Misnie,  elle  baigne 
Werga,  g.  Merau  ,  d.  Aldenbourg,  d.  Boni ,  Rota  ,  ôc 
fe  jette  dans  l'Elfter  à  Leypfic  ,  où  elle  donne  le  nom 
au  fort  de  Pleiflenbourg.  *  Zeyltr  ,  Saxon.  Sup.  Ta- 
bula. 

PLEISSENBOURG.  Voyez,  Leypsic. 

PLELAN  ,  Plcbs-Lancï  ou  Plebs-Launi  ,  autrefois 


ïooo     PLE 

abbaye ,  &  depuis  paroifle  Se  prieuré  de  France  en  BalTc- 
Bretagne  près  Redon,  diocèfe  de  Vanne. 

PLEMMYRIUM,  promonroire  de  Sicile,  fur  la  côre 
orientale ,  vis-à-vis  de  Syracufe  ,  dont  il  formoit  le  port, 
Virgile  ,  JEneid.  I.  $.v.6.  69 3 .  &  Thucydide ,  /.  7.  par- 
lent de  ce  promontoire.  Etienne  le  géographe  éciit  Pie- 
myrium.  On  l'appelle  aujourd'hui  Cabo  di  Mafia  Olivie- 
r itou  A' Oliver 0.  11  y  avoir  fur  ce  promontoire  un  châ- 
reau  qui  appartenoit  aux  Syracufains.  Ortelius  dit 
que  Fazell  mer  auprès  de  ce  promontoire  une  ifle  qu'il 
appelle  Plemmyria ,  fans  citer  aucun  garant.  A  la  vé- 
rité Thucydide  fait  mention  d'une  petite  ifle  voifine 
du  promontoire  Plemmyrutm  ;  mais  il  ne  la  nomme 
point.  Elle  n'eu;  point  nommée  non  plus  par  Del'Ifte,qui 
la  place  à  la  tête  du  promontoire ,  dans  fa  carte  de  la 
Sicile. 

PLENESELVE,&mieuxPLAiNE  svivz.Plana  Sylva, 
abbaye  d'hommes  en  France  ,  de  l'ordre  de  Premonrré  , 
dans  la  Guienne,  au  diocèfe  de  Bourdeaux  ,  à  une  lieue 
au  nord  de  Blaye.  Elle  fut  fondée  en  1 1 48  par  Godefroy, 
archevêque  de  Bourdeaux.  Cette  abbaye  ne  vaut  que 
douze  cens  livres  à  l'abbé. 

PLEN1NENSES  ,  peuples  d'Italie  ,  dans  le  Pice- 
niim  ,  Se  que  Pline,  /.  3.  c.  13.  place  dans  la  cin- 
quième région.  Ortelius  dit  que  de  plufieurs  manu* 
ferits  qu'il  a  confultés ,  les  uns  portent  Plynienjes  , 
d'autres  Plynïtenfes  ,  d'autres  Plmienfea  Se  d'autres  Pla- 
mnenfes. 

PLENOS.  Voyez.  Plynus. 

PLER A  ,  ancienne  ville  d'Italie,  dans  le  royaume  de 
Naples.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Gravina:  l'itiné- 
raire d'Anronin  la  met  fur  la  route  de  Bénevent  àTaren- 
te,  entre  Silvuim  &  Sub  Lupatia,  à  treize  milles  de  la 
première  ,  Se  à  quatorze  de  la  féconde.  Quelques  exem- 
plaires portent  Blcra  pour  fiera. 

PLER./EI ,  peuples  que  Strabon.  /.  7.  p.  3 1  f  met  dans 
la  Dalmatie  ,  fur  le  bord  du  fleuve  Naro.  Ortelius  foup- 
çonne  1csPlar«i  d'Etienne  le  géographe  ,  Se  que  ce 
dernier  place  dans  l'Epire  ,  contrée  limitrophe  de  la 
Dalmatie. 

PLEROSELENO ,  ville  de  l'Afie-Mineure  ,  fur  la 
côte.  /Elien  en  parle  dans  fon  hiftoire  des  animaux. 
Il  fe  pourroit  faire  que  ce  feroit  la  même  que  Pordo- 
selene.  Voyez  ce  mot. 

1.  PLESCOW,  ou  Pskow,  Plescovia,  ville  de  l'em- 
pire RuiTien  ,  dans  la  feigneurie  à  laquelle  elle  donne 
fon  nom  ,  fur  la  rivière  de  Muldow  ,  à  fon  embou- 
chure dans  le  lac  de  Pleskow  ,  à  la  droite  à  59  lieues 
de  Riga  ,  Se  à  60  de  Peterfbourg.  Cette  ville  eft  di- 
vifée  en  quatre  quartiers ,  dont  chacun  a  fes  murail- 
les »  Se  elle  eft  défendue  par  un  château  bâti  fur  un  ro- 
cher. Les  ducs  de  Livonie  l'ayant  prilé  en  1241  ,  Ale- 
xandre ,  grand  duc  de  Moscovie  ,  la  remit  en  liberté  , 
&  elle  y  fut  maintenue  jusqu'en  l'année  i4i4,que 
Vitolde ,  grand  duc  de  Lithuanie,  s'en  empara.  Elle  fe- 
coua  le  joug  peu  d'années  après  ;  mais  enfin  le  grand 
duc  Jean  Bafile  l'an  1509,  trouva  moyen  de  la  réunir 
à  fa  couronne  avec  la  feigneurie  de  Pleskow.  Etien- 
ne Battori ,  roi  de  Pologne  ,  l'afliégea  en  1 J07  ,  Si  fut 
obligé  de  lever  le  fiége.  Pleskow  cft  le  fiége  d'un  ar- 
chevêché du  rite  moscovite.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondj.  D'Audifret,  Géogr.  anc.  &  mod.  tom.  1.  p. 
40 1. 

2.  PLESKOW  ou  Pskow  ,  feigneurie  de  l'empire 
Ruflien  ,  entre  le  duché  de  la  grande  Novogorod  ,  à 
l'orient,  l'Ingrie &  l'Eftonie  au  nord,  la  Livonie  au 
couchant ,  Se  le  palatinar  de  Poloczk  au  midi.  Cette 
feigneurie  ,  à  laquelle  on  donne  communément  le  ti- 
rre  de  duché ,  a  éré  autrefois  une  république.  Voyez 
fes  révolutions  dans  l'article  précédent. 

3.  PLESKOW  ,  ou  Pskow  ,  lac  de  l'empire  Ruflien  , 
aux  confins  de  l'Ingrie  Se  de  la  Livonie,  dans  la  fei- 
gneurie de  Pleskow.  Il  a  fa  décharge  dans  le  lac  de 
Peipus ,  ou  Czud-Kow.  La  Muldow  Velikaraca  ou  Nar- 
va  ,  eft  la  principale  rivière  qu'il  reçoit.  *  Atlas  ,  Ro- 
bert de  Vaugondy. 

PLES  ,  Pless,  ou  Psczina,  petite  ville  &  châ- 
teau de  Silcfie  ,  an  bord  feptentrionaï  de  la  Wifhile, 
aux  confins  de  la  Pologne,  entre  Oswieczin  qui  efl 
en  Pologne  ,  &  Strammem  qui  eft  de  la   Siléfie  ,  fur 


PLE 


la  route  de  Cracovie  à  Vienne.  Elle  eft  capitale  d'une 
baronnie  de  même  nom.  La  rivière  Se  les  marais  qui 
l'environnent  lui  tiennent  lieu  de  fortifications  qu'elle  n'a 
point.  Le  château  eft  un  grand  pavillon  carré  ,  où  l'on 
tient  qu'il  y  a  autant  de  fenêtres  qu'il  y  a  de  jours  à 
l'an.  Il  eft  à  l'entrée  de  la  ville  dans  une  grande  rue 
qui  s'élargir  à  mefure  qu'on  y  avance  ,  ce  qui  la  fait 
devenir  une  grande  place ,  toute  environnée  de  jolies 
maifons  occupées  par  des  marchands.  Les  Catholiques 
y  ont  leur  églife  ,  Se  les  Luthériens ,  qui  y  font  en 
plus  grand  nombre  ,  y  ont  aufli  leur  temple.  *  Zey- 
ler ,  Silef.  Topog.  p.  172.  Joitvin  de  Rochefort,  Corn. 
Dict. 

PLESSE,  ou  Pless  en  ,  ancien  château  Se  feigneu- 
rie qui  donnoit  le  nom  à  une  famille  iilultre  d'Allema- 
gne qui  eft  éteinte.  Ce  château  eft  fitué  dans  les  états 
delà  maifon  de  Brunswick,  dans  la  principauté  de  Gru- 
benhagen  ,  entre  Gottingen  &  Munden,  fur  une  mon- 
tagne ,  dont  laLeine  arrofe  le  pied,  aux  confins  de,Hes- 
fe.  C'eft  à  préfent  un  comté.  Les  feigneurs  de  Plefle 
croient  puiflans.  Beaucoup  de  gentilshommes  du  voifi- 
nage  &  de  bourgeois,  relevoient  d'eux  pour  les  biens, 
qu  ils  avoient  à  la  campagne.  Thierri  III  n'eut  que 
deux  fils ,  Thierri  IV ,  Se  Gotschalk  qui  n'eut  point  d'en- 
fans.  L'aîné  eut  quatre  fils ,  Gotschalk  ,  Jean  ,  Thierri 
V  Se  François.  Thierri  V  n'eut  qu'un  fils  ,  Chriftophe  , 
qui  mourut  l'an  1567  ,  avant  fon  pere ,  &  ne  laifla 
qu'une  fille  ,  nommée  Walbnrge.  Thierri  V  mourut  en 
15  71,  &  comme  il  étoit  le  dernier,  Guillaume,  land- 
grave de  Helïe ,  en  qualité  de  feigneur  féodal  ,  s'em- 
para de  la  feigneurie  Se  de  tous  les  droits  Se  prétentions 
des  feigneurs  de  Plefle.  Walburge  époufaen  1582  ,  Fran- 
çois, comte  de  Waldeck ,  fils  du  comte  Jean.  *  Zeyler, 
Haft.  &  Viciniae  Topog.  p.  66. 

1.  PLESSIS ,  paroifle  de  France,  dans  la  Norman- 
die ,  diocèfe  de  Coutances ,  élection  de  Carentan.  Il  y 
a  dans  cette  paroifle  un  prieuré  de  Sainte  Anne ,  ou 
il  y  a  une  chapelle.  Ce  prieuré  eft  bon ,  fon  territoire 
étant  d'une  grande  étendue.  Il  fe  rient  tous  les  ans  dans 
cette  paroifle  une  foire  le  jour  de  la  faint  Jean ,  &  les 
droirs  appartiennent  au  prieur.  11  y  avoit  anciennement 
un  château ,  bâti  fur  une  hauteur.  Il  eft  préfentemenc 
ruiné  ,  Se  on  ne  voit  plus  que  les  vertiges  des  tours. 

2.  PLESSIS  (  du  )  ,  rivière  de  la  Guadaloupe ,  au 
nord  de  l'ance  du  Gros  François.  Elle  arrofe  le  pied  du 
Morne,  qui  forme  l'ance  de  ce  côté  là  ,  Se  fépare  la 
paroifle  du  baillif  de  celle  des  habirans.  Cetre  rivière 
n'a  que  fi  x  lieues  de  cours. Ellea  beaucoup  de  pente  & 
peu  d'eau.  Son  partage  eft  toujours  difficile,  à  caufe 
des  rochers  Se  des  pierres  ,  au  travers  desquels  elle 
coule.  Son  eau  pafle  pour  être  la  plus  faine  de  l'ifle. 
Le  chemin  pour  y  descendre  du  côré  de  la  rivière  du 
baillif  ,  eft  fort  difficile  Se  très-roide  ,  quoique  fait  en 
ziguezague  pour  en  adoucir  la  pente.  L'autre  côté  de 
la  rivière  a  un  chemin  plus  doux  ,  quoiqu'il  faille  mon- 
ter une  falaife  fort  haute. 

3.  PLESSIS  GR1MOULT  (le)  ,  bourg  de  France, 
dans  la  Normandie ,  diocèfe  de  Bayeux ,  élection  de 
Vire.  11  y  a  un  prieuré  de  chanoines  réguliers ,  fon- 
dé en  11 30.  Il  vaut  environ  dix  mille  livres,  tant  au 
prieur  qu'aux  religieux. 

4.  PLESSIS  MACE  ,  ville  de  France,  dans  l'Anjou, 
élection  d'Angers.  Elle  tire  fon  nom  de  Macé  ou  Mat- 
rhieu  du  Pleflis ,  qui  en  étoit  feigneur ,  vers  la  fin  du 
onzième  fiécle ,  Se  qui  y  fit  bâtir  le  château. 

;.  PLESSIS-LEZ-TOURS  (le),  maifon  royale  de 
France  ,  près  de  la  ville  de  Tours.  Ce  fur  Louis  XI  qui 
la  bâtit  dans  un  lieu  appelle  auparavant  les  Montils. 
Ce  prince  en  rrouva  le  féjour  fi  agréable,  qu'il  y  pafla 
une  partie  de  fa  vie,  Se  y  mourut  en  1 483.  Ce  châ- 
teau eft  bâti  de  briques ,  Se  a  de  beaux  apparteniez 
pour  ce  tems-là.  Il  eft  fitué  entre  un  grand  parc  &  de 
beaux  jardins.  Louis  XI  fonda  en  ce  lieu  une  églife 
collégiale  Se  un  couvent  de  Minimes  ,  qui  eft  le  pre- 
mier que  ces  religieux  ayant  eu  en  France.  La  fitua- 
tion  de  ce  couvent  eft  d'autant  plus  bfflle  ,  qu'il  eft 
fur  un  canal  de  la  rivière  du  Cher.  Ce  fut  le  même 
roi  Louis  XI  qui  fit  creufer  ce  canal.  Ce  lieu  eft  appel- 
lé  en  latin,  dans  la  géographie  des  Légendes,  Ple/fia- 
eum  ,  Phjjhiumt  Plexiacum  ,  Plccnnm ,  Plexitimn  Pa- 

latium , 


PLE 


Uùum,  8c  Plicatitium.  *  Piganiol,  Defcr.  de  la  Fian- 
ce, t.  7.  p.  42. 

PLESSUR  ,  rivière  du  pays  des  Grifons ,  dans  la 
Jigue  des  dix  Jurisdictions.  Elle  a  fa  fourcc  dans  la 
montagne  Screla ,  qui  fépare  le  pays  de  Davos  de  ce- 
lui de  Schanfick  :  après  êcre  descendue  de  cette  mon- 
tagne .  elle  arrofe  toute  la  vallée  de  Schanfick .  Se  te- 
nant un  cours  aflez  droit ,  elle  va  fe  jetter  dans  le 
Rhin  au-deflbus  de  la  ville  de  Coire.  *  Etat  &  Dé- 
lices de  la  Suijfe ,  t.  4.  p.  8ô\ 

PLESTINIAouPlestina,  ville  d'Italie,  félon  Ti- 
te-Live,  /.  10.  c.  3.  qui  la  donne  aux  Marfès. 

PLETENESSUS.  Voyez.  Pednelissus. 

PLETTENBERG,  château  fitué  fur  la  Léene,  dans 
la  Weftphalie,  au  comté  de  la  Marck.  Il  donne  fon 
nom  à  une  maifon  comrale  du  cercle  de  Weftphalie, 
qui  y  pofîede  divers  domaines,  &  eft  partagée  en  deux 
branches. 

PLEUMARIS,  ville  de  laCappadoce,  dans  le  Pont 
Galatique.  Ptolomée,  /.  5.  c.  6.  la  place  fur  la  cô- 
te ,  entre  Piala  8c  Pida.  Le  manuferit  de  la  bi- 
bliothèque Palatine  lie  Pleuramis  ,  au  lieu  de  Pleuma- 
ris. 

PLEUMOSII ,  peuples  de  Gaule  Belgique  ,  dans  la 
dépendance  des  Nerviens.  Comme  Jules  Céfar ,  /.  j. 
c.  39.  eft  le  feul  qui  ait  nommé  ces  peuples ,  &  qu'il 
ne  dit  rien  qui  puifle  faire  connoître  où  ils  habitoient, 
on  s'en:  exercé  à  les  placer  à  fantaifie.  Les  uns  ont 
dit  que  c'étoient  les  habitans  de  la  Flandre  :  les  autres 
les  ont  mis  dans  la  Flandre  orientale  -,  d'autres  difent 
que  ce  font  les  habitans  de  Courtray  ;  8c  les  remar- 
ques de  Sanfon  ,  fur  la  carte  de  l'ancienne  Gaule ,  di- 
fent que  c'eft  le  pays  de  Peule ,  au  diocéfe  de  Tour- 
nay  ,  dans  la  Flandre  Wallone  ou  Gallicane. 

PLEURON ,  ville  de  PEtolie.  Homère  en  parle  , 
Catalog.  v.  146.  &  Strabon,  /.  10.  p.  45  1.  donne  fa  fi- 
tuation.  Il  dit  qu'elle  étoit  bâtie  dans  un  ter  rein  uni 
&gras ,  au  voifinage  de  Calydon.  Il  y  eut  une  autre  vil- 
le de  même  nom  ;  ce  fut  la  nouvelle  Pleuron  ,  qui  fut 
bâtie  après  que  l'ancienne  eut  été  détruite.  La  fituation 
de  celle-ci  ne  fut  pas  la  même  que  celle  de  l'ancien- 
ne \  car  Strabon  la  met  au  pied  du  mont  Aracymhus. 
Pline ,  /.  4.  c  2.  qui  fait  mention  de  cette  féconde 
Fleuron  ,  dit  qu'elle  étoit  dans  les  terres. 

PLEURONIA,  canton  de  l'Etolie ,  ainfi  appelle  de 
la  ville  Pleuron.  On  le  nomma  auparavant  Curétide , 
parce  qu'il  étoit  habité  par  les  Curetés,  anciens  ha- 
bitans de  l'Etolie.  *  Strabon,  1.  10.  p.  46;. 

1.  PLEURS,  petite  rivière  de  France  ,  dans  la  Brie 
Champenoife.  Elle  prend  fon  nom  d'un  village  qu'el- 
le arrofe ,  8c  elle  fe  jette  dans  la  rivière  d'Auge  ,  à 
deux  lieues  8c  demi  de  Sezanne. 

2.  PLEURS  ,marquifat  de  France ,  dans  la  Brie  Cham- 
penoife ,  élection  de  Sezanne ,  fur  une  petite  rivière  à 
laquelle  il  donne  le  nom.  11  y  a  dans  ce  lieu  ,  érigé 
en  marquifat  depuis  la  paix  des  Pyrénées,  une  collé- 
giale dédiée  à  faim  Rémi.  Elle  fut  fondée  en  1180, 
pour  fix  chanoines ,  par  Henri  II ,  comte  de  Champa- 
gne «Se  par  les  anciens  feigneurs  de  Pleurs.  Il  n'y  a  plus 
aujourd'hui  que  quatre  chanoines ,  qui  ont  cinq  cens 
livres  chacun. 

3.  PLEURS,  dans  la  langue  du  pays  Piuri,  bourg 
d'Italie,  au  comté  deChiavenne,  l'une  des  dépendan- 
ces des  Grifons.  Ce  bourg  avoir  déjà  dans  les  anciens 
tems  tiré  fon  nom  des  pleurs ,  que  fa  ruine  avoir  fait 
verfer  aux  habitans ,  lorsqu'il  avoir  été  abîmé  par  un  dé- 
bordement d'eaux ,  8c  par  la  chute  de  quelques  rochers. 
On  l'avoir  transporré  dans  un  autre  endroir  au  bord 
de  la  rivière  de  Maira ,  près  d'un  châreau  nommé  Be/- 
forte ,  à  une  lieue  au-deuus  de  Chiavenne  ;  8c  l'on  en 
avoit  fait  un  très-beau  bourg,  grand  &  bien  peuplé  , 
magnifiquement  bâti,  8c  orné  de  fomptueux  édifices. 
La  beauté  du  lieu ,  la  bonté  du  terroir ,  la  pureté  de 
l'air ,  &  la  douceur  du  gouvernement ,  y  avoient  attiré 
quantité  de  marchands  qui  y  alloient  ordinairement 
paner  les  grandes  chaleurs  de  l'été  ,  8c  s'y  divertir.  Ils 
y  avoient  bâti  quantité  d'hôcels  magnifiques ,  mais  en 
16 1 8  ,  toutes  ces  beautés  furent  enfevelies.  Le  25  d'Août 
la  montagne  voifine  fe  détacha  &  tombant  fur  ce  mal- 
heureux bourg,  l'abîma  entièrement  *  de  forte  qu'il 


PLE       îooi 

n'en  rechapa  pas  feulement  une  perfonne  pour  por- 
ter les  nouvelles  de  cet  affreux  desaftre.  11  y  périt  i;oo 
âmes  ,  d'autres difent  2000.  Ceux  de  Chiavenne,  quoi- 
que proches  voifins,  n'en  furent  rien  que  lorsqu'ils  vi- 
rent tarir  leur  rivière.  Pendant  trois  heures  il  ne  leur 
vint  pas  une  goutte  d'eau,  la  montagne  qui  étoit  tom- 
bée ayant  retenu  la  rivière ,  Se  lui  ayant  fait  prendre 
un  autre  cours.  On  raconte  qu'un  habitant  de  Pleurs 
alla  criant  par-tout  que  chacun  eût  à  fe  retirer ,  par- 
ce qu'il  avoit  vu  une  montagne  fe  fendre  ,  qui 
alloit  fe  renverfer  fur  la  ville  &  l'abîmer  ;  mais  on,  fe 
moqua  de  lui.  Une  fille  feulement  qu'il  avoit  le  crut , 
8c  le  fuivit  ;  mais  étant  hors  du  bourg  ,  elle  fe  fou- 
vint  qu'elle  n'avoit  point  fermé  la  porte  d'une  cham- 
bre,  où  elle  avoit  quelque  chofe  de  prix.  Cela  l'o- 
bligea de  rerourner  fur  fes  pas,  &  futcaufe  de  fa  mort  : 
à  peine  fut-elle  rentrée  dans  la  maifon ,  que  la  mon- 
tagne fe  renverfa.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijje ,  t.  4. 

P-W 

11  y  a  divers  villages  qui  faifoient  ci-devant  une  com- 
munauté avec  Pleurs.  Les  principaux  font  Cilano,  où 
il  y  a  un  château  ;  Polino ,  Roncaglia ,  Se  dans  les 
montagnes  Davonio  ,  Dafile  »  Catotto  8c  autres.  C'eft 
dans  ces  montagnes  que  (e  trouvent  les  mines  de  cet- 
te espèce  finguliere  de  pierre  ,  dont  on  fait  au  tour 
des  pots  &  d'autres  pièces  de  vaiflelle.  Cette  pierre 
eft  verdâtre  ,  rirant  fur  le  noir,  huileufe,  un  peu  mol- 
le ,  8c  fi  écailleufe ,  que  quand  on  la  manie  ,  l'ccail- 
le  s'attache  aux  doigts  ;  c'en;  une  espèce  d'ardoife.  Il 
s'en  trouve  trois  mines  dans  ce  pays  :  la  première  8c 
la  meilleure  eft  celle  des  montagnes  dont  il  vient  d'ê- 
tre parlé  ;  la  féconde  eft  au-defius  des  bains  de  Mafe- 
no  ,  dans  la  Valteline;  &  la  troifiéme ,  qui  eft  la  moin- 
dre, eft  aufli  dans  le  même  pays.  Il  s'en  trouve  aufïï 
dans  la  vallée  de  Verzascha ,  au  bailliage  de  Locarno  s 
8c  dans  la  vallée  de  Mallcnga.  On  a  beaucoup  de  pei- 
ne à  tirer  cette  pierre  des  mines ,  dont  l'ouverture  eft 
petite ,  n'ayant  pour  l'ordinaire  que  trois  pieds  de  hau- 
teur ;  de  forte  que  les  mineurs  font  obligés  de  fe  cou- 
ler fur  le  venrre ,  prés  d'un  demi-mille ,  avec  une  chan- 
delle attachée  au  front  ;  8c  après  avoir  coupé  la  pier- 
re ,  ils  la  rapportent  en  cette  même  pofture  fur 
leurs  hanches  ,  qu'ils  couvrent  de  couffins  pour 
ne  la  pas  caffer.  On  levé  ces  pierres  en  rond  ,  d'en- 
viron un  pied  8c  demi  de  diamètre ,  8c  de  douze  ou 
quinze  pouces  d'épaifleur  ;  après  quoi  on  les  porte  à 
un  moulin  à  eau ,  où  par  le  moyen  d'une  roue  qui 
fait  jouer  quelques  cifeaux ,  avec  une  grande  vîtefie  , 
d'abord  la  grofle  croûte  en  eft  ôtée ,  puis  elles  font 
polies ,  tant  qu'enfin  en  appuyant  le  cifeau  fur  diver- 
ses lignes  on  en  enlevé  divers  pots,  les  uns  plus  grands 
8c  les  autres  moins,  félon  que  la  circonférence  appro- 
che du  centre.  On  les  garnit  enfuite  d'anfes  Se  d'autres 
accompagnemens  nécefiaires ,  pour  fervir  dans  les  cui- 
fines.  Cet  ufage  n'eft  pas  nouveau.  Il  étoit  déjà  con- 
nu du  tems  des  Romains,  f'line,  /.  36.tr.  22.  dans  fon 
hiftoire  naturelle ,  parle  de  cette  pierre  fous  le  nom  de 
pierre  de  Côme.  11  ne  faut  pourtant  pas  s'imaginer  que 
cetre  pierre  fe  trouvât  alors  aux  environs  de  Côme,  ainfi 
que  l'a  avancé  Accola ,  /.  7.  de  Nat.fofd.  on  ne  lui  don- 
na le  nom  de  pierre  de  Côme,  que  parce  que  lesvafes  qui 
avoient  été  fabriqués  à  Chiavenne  ,  étoient  portés  à  Cô- 
me »  pour  être  delà  diftribués  dans  toutes  les  parties  de 
l'Italie.  Les  Italiens  les  appellent  Lavez.x.i  ou  Laveg- 
gi,  8c  les  Allemands  les  nomment  Lavetzjn  ou  La- 
vetzj-Steinen .  Ces  pots  bouillent  plutôt  que  ceux  de 
métal \  demeurent  toujours  fort  chauds;  ne  donnent 
aucun  mauvais  goût  à  la  liqueur,  ni  à  la  viande  qu'ils 
conriennent ,  8c  ne  caffent  jamais  au  feu.  Cela  ne  leur 
arrive  que  quand  on  les  laine  tomber ,  ou  quand  on  les 
heurte  trop  rudement  -,  encore  en  peut-on  facilement 
raiïembler  les  pièces  &  les  lier  enfembleavecdu  fil  d'ar- 
chal  -,  de  forte  qu'ils  fervent  comme  auparavant.  On 
dit  qu'ils  ne  fouffrent  point  le  poifon  ;  mais  qu'en 
bouillant  ils  le  chaflent  dehors  -y  pourquoi  ils  Con:  fort 
eftimés  par  toute  la  Lombardie  8c  dans  le  relie  de  l'I- 
talie. Il  s'en  fait  un  très-grand  débit ,  8c  les  anciens  ha- 
bitans de  Pleurs  en  riroient  jusqu'à  fpixante  mille  du- 
cats par  an.  Au  refte ,  on  ne  fait  pas  feulement  de  cette 
pierre  des  pots  pour  le  feu  ;  mais  auffi  toutes  fortes  de 
Tum,  IV.  LUI  H 


1 002  PLI 

pièces  de  vaiflelle ,  des  tafies  à  café  ,  des  foucoupes  , 
des  plats ,  &  autres. 

4.  PLEURS  (  le  lac  des  ) ,  ou  le  lac  Pépin  :  lac  de 
l'Amérique  feptcntrionale ,  dans  la  Louïfiane.  Ce  lac 
citronné  par  le  fleuve  de  Mifiiflîpi ,  à  quelques  vingt- 
cinq  lieues  au-deflus  delà  rivière  Noire.  Le  père  Hen- 
nepin  qui  l'a  découvert ,  lui  donne  fept  lieues  de  lon- 
gueur fur  quatre  de  largeur.  11  lui  donna  le  nom  de 
lac  des  Pleurs,  à  caufe  qu'une  partie  des  fauvages  qui 
l'avoient  fait  prifonnier  y  pleurèrent  toute  la  nuit  pour 
faire  confentir  les  autres  à  le  tuer. 

PLEVUM  ,  ville  de  la  Germanie  ,  félon  Ptolomée, 
/.  i.c.  11. 11  la  place  dans  le  climat  ieprentrional. 

PLEYSTEIN ,  ou  Bleistain  ,  ville  &  feigneurie 
du  nouveau  palatinat  de  Bavière.  Celî  un  fief  de  la 
couronne  de  Bohême. 

PLI  BU  R  G.  Voyez.  Pleiburg. 

PLIEOS,  fleuve  de  l'ifle  de  Cypre ,  félon  le  grand 
Etymologilte  ,  cité  par  Ortelius ,  Thef.  qui  dit  qu'ii  ne 
connoit  en  aucune  façon  le  nom  de  ce  fleuve. 

1.  PLIMOUTH  ,'Plmuthtim  ,  ville  d'Angleterre, 
dans  le  Devonshire ,  fur  la  côte  méridionale,  à  l'em- 
bouchure du  Plim  ,  qui  lui  donne  le  nom  de  Plimouth. 
C'eft  un  des  meilleurs  Se  des  plus  fameux  ports  d'An- 
gleterre. Il  y  a  trois  forts ,  un  château  Se  une  cita- 
delle bâtie  par  Charles  II ,  avec  une  chaîne  pour  la  fu- 
reté du  havre  en  tems  de  guerre.  Ce  fut  de  Plimouth 
que  le  chevalier  Drake  fit  voile  en  i;77>  pour  faire 
le  tour  du  monde.  Cette  ville  a  titre  de  comté.  *  Etat 
préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1.  p.  56". 

2.  PLIMOUTH ,  ou  la  Nouvelle  Plimouth  ,  ville 
de  l'Amérique  feptentrionale  dans  la  nouvelle  Angleter- 
re ,  fur  la  côte  orientale  d'une  baie  que  forme  le  cap  de 
Cod,  vers  le  midi    de    Bolton.    Ceux  qui    établirent 
cette  colonie  ,  partirent  du  port  de  Plimouth  en  Angle- 
terre au  commencement  de  Septembre  ij  20.  Lorsqu'ils 
curent  paflé  le  cap  de  Cod  le  9  de  Novembre ,  le  vent 
contraire  les  empêchant  de  gagner  le  port ,  où  ils  pré- 
tendeient  aller  ,  ils  mouillèrent  l'ancre  dans  une  gran- 
de baie  formée  par  la  courbure  du  cap.  Etant  descen- 
dus à  terre ,  Se  cherchant  de  tous  côtés  un  lieu  com- 
mode, ils  trouvèrent  quelques  cabanes  abandonnées; 
mais  à  peine  furent-ils  avancés,  qu'ils  fe  virent  attaqués 
par  des  fauvages  qui  prirent  la  fuite  presque  aufli-tôr. 
Ce  lieu  ne  leur  plaifan't  pas  ,  ils  entrèrent  le  16  Dé- 
cembre  dans  un  autre  havre  vis-à-vis  du  cap  ,   vers 
l'oucit.  C'éroit  une  baie  beaucoup  plus  grande  que  la 
première  ,  avec  un  terroir  très  fertile  tout  à  l'entour  , 
Se  qui  comprenoit  deux  ides  pleines  de  bois  ,  Se  d'autres 
ifles  déiertes.  Il  y  avoit  beaucoup  de  poiiïbn  ,  Se  quanti- 
té d'oifeaux  aquatiques.  Ils  n'y  trouvèrent   aucun  habi- 
tant ,  quoiqu'il  y  eût  des  campagnes  qui  paroifïbient 
avoir  été  cultivées.  Ils  n'y  virent  point  de  rivières  na- 
vigables, mais  feulement  plufieurs  ruiffeaux  Se  torrens 
d'une  eau  claire  &  bonne  à  boite.  La  terre  étoit  d'une 
fertilité  merveilleufe  en  plufieurs  lieux ,  &en  d'autres  il 
y  avoit  du  fable  ,  Se  même  de  l'atgille  propre  à  faire  des 
pots.  Il  y  avoit  aufli  de  fort  agréables  bocages  Se  des 
champs  couverts  d'herbes.  Ce  fut  dans  le  continent , 
près  de  cette  baie  ,  qu'ils   marquèrent  la   Nouvelle 
Plimouth,  au  penchant  d'une  colline ,  qui  avoit  au- 
trefois été  cultivée  par  les  fauvages.  Dans    la  vallée 
couloit  un  torrent ,  qui  pouvoit  feulement  porter  de 
petits  bateaux  Se  des  chaloupes.  Beaucoup  de  fontaines 
Se  de  fources  arrofoient  la  terre  de   tous  côtés.  On 
commença  par  y  placer   dix  neuf  familles.   Leurs  mai- 
fons  furent  bâties  à  double  rang  ,  vis-à-vis  l'une  de  l'au- 
tre ,  afin  que  ceux  qui  les  habitoient  puflent  fe  prêter  du 
fecours  plus  commodément.  Au  mois  de  Mars,  ils  appri- 
rent par  un  fauvage  qui  favoit  un  peu  d'anglois ,  que 
ce  pays  s'appelloit  Patuxes  ,  Se  qu'il  y   avoit  quatre 
ans  quêtons  ceux  qui  y  demeuroient,  avoient  été  em- 
portés par  une  maladie  extraordinaire  ,  fans  qu'il  en 
fût  échapé  aucun  ;  que  proche  de  là  habitoient  les  Mas- 
sasoites  ,  dont  à  peine  foixante  étoient  propres  à  la 
guerre  i  Se  que  vers  le  fud-eft  on  trouvoit  les  Nufites, 
qui  pouvoient  être  environ  cent  hommes.  Peu  de  tems 
après  Maffafoit  ,  Cacique  des  Provinces  voifines  ha- 
bitées par  lcsfnuvages;  nommés  Sagamos,  vint  avecfon 
frère  ,  &pluficurs  autres  fauvages  ,qui  contractèrent  al- 


PLO 


liance  avec  les  Anglois.  Ce  furent  là  les  fondemens  de  la 
nouvelle  Plimouth, qui  s'augmenta  confidérablcment  par 
la  venue  d'autres  habitans.qui  éroient  pour  la  plus  grande 
partie  Brouviftes  ou  Puritains.  *  Atlas  ,  Robert  de  Van- 
gondy.  De  Laët ,  Defcr.  des  Indes  occ.  /.  3.  c.  6. 

PLINIENSES.  Voyez.  Pleninenses. 

PLIN17E  ,  lieu  de  Sicile.  L'itinéraire  d'Antonin  le 
met  fur  la  route  à'rfgrigentum  à  Syracuja ,  en  prenant 
le  long  de  la  mer.  11  étoit  entre  Dadalium  Se  Refu- 
gium  thalis  ,  à  vingt  milles  du  premier  de  ces  lieux , 
Se  à  dix- huit  du  fécond. 

PLINTHINE,  promontoire  d'Egypte  ,  félon  Orte- 
lius ,  Thefaur.  qui  cite  Ptolomée  Se  Etienne  le  géogra- 
phe -,  cependant  ces  deux  auteurs  ne  parlent  en  aucune 
façon  de  promontoire  ,  mais  bien  d'une  ville.  Ptolomée , 
/.  4.  c.  5.  la  place  dans  la  Marmarique,  fur  la  côte  du 
nôme  Maréotique.  Strabon  ,/.  17.  p.  799.  nomme  cette 
ville  Flinthyna  ;  Se  Hérodote  ,  /.  2.  c.  6.  qui  ne  con- 
noit que  le  golfe  de  Plinthine  (  Plinthenetes  Sinus  ) 
dit  que  la  longueur  de  l'Egypte  fe  prenoit  le  long  de 
la  mer  depuis  le  golfe  jusqu'au  lac  Serbonide.  Plinthi- 
ne s'appelle  préfentement  la  Tour  des  Arabes. 

PLISCOBA  ,  ville  aux  environs  de  la  Bulgarie ,  félon 
Ondius,Tbefaur .qui  cite  Cédrene,Zonare  Se  Curopalate. 

PL1STIA  ,  ville  des  Samnites  ,  ou  du  moins  dans  leur 
voifinage.  Tite-Live,  /.  9.  c.  21.  &  11.  dit  qu'elle  fut 
prife  par  les  Samnites.  Peut-être  eft-ce  la  même  ville 
que  Diodore  de  Sicile ,  /.  9.  appelle  Rliftica. 

PLISTICA.  Voyez,  Plistia. 

PLISTINA.  Voyez.  Trasimenus. 

PLISTUS  ,  fleuve  de  la  Phocide  :  il  avoit  fon  em- 
bouchure dans  la  mer,  près  du  port  de  Delphes  ,  félon 
Paufanias  ,  /.  10.  c.  8. 

PLITANIi£  INSUL^ ,  ifles  de  l'Afie  mineure ,  félon 
Pline  ,  /.  j.  c.  31.  qui  les  place  fur  la  côte  de  la  Troade. 
Ces  ifles  étoient  au  nombre  de  deux. 

PLITENDANS  ,  ville  de  l'Afie  mineure ,  félon  Tite- 
Live  ,  /.  38.  c.  18.  Il  paroît  qu'elle  étoit  dans  la  Galatie. 

PLIZOGE,  rivière  d'Afrique  ,  au  pays  des  Nègres, 
dans  le  royaume  de  Quoja.  Elle  fe  jette  dans  la  mer  à 
une  lieue  de  Cabo-Monte  ,  vers  le  nord  ,  Se  jointe  à 
l'embouchure  'de  la  Mavah  ,  elle  couvre  toute  la  côte. 
Quelquefois  pourtant  elle  fe  feche  entièrement  dans  un 
autre  endroit,  &  fe  dérobe  incontinent  dans  un  autre. 
C'eit  à  quatre  lieues  au-deflus  de  l'embouchure  de 
cette  rivière  qu'elle  forme  un  grand  lac  qui  a  bien  deux 
lieues  de  large  dans  les  endroits  les  plus  étroits  ,  Se  où  ell 
Pifle  deMAssAGH.  *  Dapper,  Pays  des  Nègres,  p.253. 

PLOAGUE,ou  Puagora,  méchant  bourg  de  l'ifle 
de  Sardaigne  ,  dans  les  terres ,  vers  la  fource  d'une  rivière 
qui  circule  autour  de  Sallari.  On  le  nomme  en  latin 
Flubium  ou  Tlanatum.  C'étoit  autrefois  le  fiége  d'un 
évêché ,  qui  a  été  uni  à  Torré  par  Alexandre  VI.  *  Corn- 
maïnv'ille ,  table  des  archev.  Se  évéchés,  p.  190. 

1.  PLOCSKO ,  ville  de  Pologne  ,  fur  la  rive  fepten- 
trionale de  la  Wiflule  ,  au  palatinat  de  Plocsko  ,  entre 
Wadiflaw  &  le  lieu  où  la  Wiflule  reçoit  le  Bug.  C'eft 
le  fiége  de  l'évêque  Se  palatin  de  Plocsko.  Cette  ville 
qui  efl  bâtie  fur  une  éminence  ,  a  des  églifes  magnifiques 
Se  riches.  La  plus  confidérableeft  dans  le  fauxbourg.  Elle 
appartient  aux  religieufes  de  la  Magdeléne.  Il  y  a  dans  le 
château  des  Bénédictins  ,  dont  l'abbaye  &  l'églife  font 
également  bien  bâties.  On  y  voit  le  chef  de  S.  Sigis- 
mond  ,  que  Sigismond  III  y  dépofa ,  après  avoir  fait  bâtie 
l'églife  fous  l'invocation  de  ce  faint.  Les  revenus  du 
chapitre  de  la  cathédrale  font  égaux  à  ceux  de  l'évêque. 
Le  prévôt  poflede  entièrement  le  droit  territorial ,  Se  il 
efl:  le  fouverain  de  la  noblefle  qui  y  cft  établie  ,  com- 
me l'évêque  efl:  le  fouverain  du  territoire  de  Pultausk,' 
d'où  les  appels  ne  font  point  portés  devant  le  roi.  Les 
Jéfuites  ont  à  Plocsko  le  collège  où  ils  inflruifent  la 
jeunefle.  Il  y  a  auffi  un  collège  dans  le  château  :  il  efl: 
fous  la  direction  du  chapitre  ,  qui  nomme  les  profefleurs 
&  les  tire  de  l'univerfité  de  Cracovie.  Lévêché  de  Ploc- 
sko fut  érigé  en  966. 11  efl:  fous  la  métropole  de  Gnesne. 
*  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy.  Andr.  Cellar.  Defcr. 
Polon.  p.  598. 

2.  PLOCSKO  ,  palatinat  de  la  Grande  Pologne.  Il 
efl  borné  au  nord  par  le  royaume  de  Prufle  ,  à  l'orient 


PLO 


par  le  palatinac  de  Mazovie  ,  an  midi  par  la  Wiftule  , 
&  à  l'occident  par  le  palatinac  d'Inowladiflaw.  Il  ren- 
ferme les  châtellenies  de  Plocsko  ,  de  Zaveren  ,  de 
Mlau  Se  de  Stene.  Sa  ville  principale  efl:  Plocsko.  * 
Kob.  de  Vaugondy  ,  Atlas. 

PLOEN,  Plona ,  ville  du  duché  de  Holflein ,  ca- 
pitale de  la    principauté    du     même   nom  ,  dans   la 
Wagrie.  Elle  efl:  fituée  fur  le  lac  auflî  nommé  Ploen  , 
qui  l'environne  presqu'entierement  entre  Kiel  Se  Lu- 
bec,   à  quatre  milles  d'Allemagne  de  la  première, & 
à  fix  milles  de  la  féconde.  Cette  ville  eft  fi  ancienne , 
qu'on  ignore  fon  origine.  Elle  éroit  déjà  célèbre  dès 
le  tems  que  les  Venedes ,  maîtres  de  la  Wagrie ,  aflas- 
finerent  leur  Prince  Gotschalck  ,  parce  qu'il  étoit  Chré- 
tien ,  Se  reconnurent  en  fa  place  Crucon  ,  qui  étoit 
idolâtre  comme  eux.  Peu  de  tems  après ,  Butue  ,  fils 
aîné  de  Gotschalck  ,  s'empara  de  la  ville  de  Ploen  ; 
mais  les  Venedes  l'y  aiîiégerent  ,  le  forcèrent  par  la 
famine  à  capituler  ,  Se  le  tuèrent  avec  tous  fes  gens 
par  l'ordre  de  Crucon  ,  qui  ne  s'embarraiîa  pas  de  violer 
le  traité,  pour  fe  défaire  d'un  ennemi  dangereux.  Ce  fut 
dans  la  même  ville ,  que  le  prince  Schentepole  ,  foutenu 
par  les  habitans  du  Holftein  ,  afliégea  fon  frère  Canut , 
avec  lequel  il  partagea  enfuite  le  pays.  Au  tems  de  la 
guerre  que  fe  firent  le  duc  Henri  le  Superbe  ,  Se  le 
margrave  Albert  furnommé  l'Ours ,  pour  la  pofleflion 
du  duché  de  Saxe, les  habitans  du  Holflein  prirent  la 
ville  de  Ploen  Se  la  détruifirent.  Mais  Adolphe ,  comte 
de  Holflein  ,  la  répara  &  y  fit  bâtir  une  citadelle.  En 
nyi,S.  Vicolin  fit  bâtir  l'églife.  Dans  la  fuite  cette 
ville  ayant  été  fortifiée  de  plus  en  plus ,  Henri  Bion,  qui 
avoit  chafie  du  Holflein  le  comte  Adolphe ,  s'empara 
de  cette  place.  En   1201  ,  elle  pafia  fous  la  puifiance 
du  duc  Waldemar ,  qui  avoit  vaincu  le  comte  Adolphe 
III,  &  Adolphe  IV,  comte  de  Ploen  Se  de  Holflein, 
rendit  la  liberté  à  la  ville  de  Lubec.  En   1456,  Ploen 
fut  toute  réduite  en  cendtes.  Elle  eut  à  peu  près  le 
même    fort  en  1534  ,    que  les   habitans   de   Lubec, 
après  avoir  exigé  de  cette  ville  une  grofie  fomme  d'ar- 
gent, y  mirent  le  feu.  En  155  2 ,  elle  fut  fort  maltraitée  par 
le  feu  du  ciel ,  ainfi  qu'en  1 574  ,  par  un  incendie  fortuit 
La  pêche  fait  le  ptineipal  négoce  des  habitans  ,  qui  ne 
pofledent   presque  ni  champs  ni  prairies ,  leur  ville  fe 
trouvant  entourée  par  les  eaux.  Ploen  n'a  que  deux  por- 
tes ,  qui  répondent  à  deux  ponts ,  par  lesquels  elle  com- 
munique avec  le  continent.  *  Herman'ni.  Defcr.  Da- 
11  ix ,  p.   106. 

La  Principauté  de  PLOEN  comprend  le  bailliage 
de  Ploen  ,  Se  tous  les  biens  qui  ont  autrefois  appartenu 
aux  abbayes  de  Reinfeldt  Se  d'Arensbock.  Frideric  II , 
roi  de  Danemarck  ,  donna  toutes  les  terres  en  fief  avec 
la  principauté  deSunderbourg  à  Jean  duc  de  Schleswic  Se 
de  Holflein  ,  fon  frère.* Hermanid.  Defcr.  Dania?,p.  106. 
Le  Lac  de  PLOEN ,  autrement  le  marais  de  Ploen, 
environne  presque  entièrement  la  ville  qui  lui  donne 
fon  nom.  Ce  lac  eft  proprement  divifé  en  deux  parties 
qui  communiquent  J'une  à  l'autre  par  de  petits  canaux. 
11  abonde  en  poiflbn  de  toute  espèce.  Ses  anguilles  fur- 
tout  font  fameufes ,  Se  on  en  fait  commerce  en  diverfes 
contrées  du  voifinage.*  Hermanid.DeCc.  Danix,p.  106. 
i.PLOERMEL,ville  de  France,  dans  la  Haute-Breta- 
gne ,  recette  &  diocèfe  de  S.  Malo  ,  à  dix  huit  lieues 
de  Rennes  ,  à  huit  de  Vannes ,  près  de  la  rivière  d'Ouefl 
Se  de  Maleftroit.  Cette  petite  ville  qui  députe  aux  états 
de  la  province  ,  a  un  gouverneur  Se  un  fénéchal. 

2.  PLOERMEL  ,  c'efl  la  même  rivière  que  celle  de 
Mavah,  ou  Mafia  ,  nom  le  plus  ordinaire  ,  Se  on  donne 
au  lac  formé  par  cette  rivière  le  nom  de  Plizoje  Barbot.* 
Côtes  de  Guinée  par  M.  Bellin. 

PLOETZKAU  ,  château  ,  Se  bailliage  d'Allemagne 

dans  la  Haute-Saxe,  en  la  principauté  de  Bernbourg ,  une 

des  quatre"partiesde  celle  d'Anhalt.*//«£w.  Geog.  p.  560. 

PLOIMION  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Picardie, 

élection  de  Laon. 

PLOMBARIOLE  ,  Plumbariola  ,  monaflere  d'Italie , 
dans  le  royaume  de  Naples  à  une  lieue  Se  demie  du 
mont  Canin. 

PLOMBIERE  ,  paroifie  de  France  ,  dans  la  Bour- 
gogne, au  diocèfe  de  Dijon  ,  dans  un  beau  vallon  ,  à 
une  lieue  de  cette  ville ,  fur  la  rivière  d'Ouche  ,  dans 
un  pays  de  vignes ,  C'eft  le  paflage  pour  Semur  Se  pour 


PLO       1003 


foutes  les  autres  ville  de  l'Auxois.  Les  granges  de  la 
Cros  Se  de  la  Blanchifleiie  ,  la  papeterie  de  Bruant ,  h 
métairie  de  Bourault  Se  d?  Champmoron  dépendent  de 
cette  paroifle. 

PLOMBIERES,  PlumbarU  ,  ville  de  Lorraine  > 
dans  la   Voge  :  elle  eft  fans  murailles  ,  mais  les  mon- 
tagnes lui  fervent  de  clôture.   Davity  ,  qui  en  parle 
ainfi  ,  dit  qu'elle  n'eft  connue  que  par  fes  Bains.  Elle  eft 
à  deux  lieues  de  Remiremont ,  à  trois  de  Dampaire  ,  à 
quatre  de  Luxeulx  ,  Se  à  douze  ou  quinze  au-deflbus  de 
Langres.  Plombières  eft  un  lieu  bas  &  étroit  entre  deux 
hautes  montagnes  escarpées,fans  rochers  ni  bois.Lesbainï, 
qui  le  rendent   renommé  ,  font  des  eaux  chaudes  qui 
fortent  de  ces  deux  montagnes.  11  y  en  a  de  trois  fortes , 
favoir  pour  le  bain  ,  pour  fuer  Se  pour  boire.  On  y  trou- 
ve deux  grands  bains.  L'un ,  qui  eft  couvert  en  figure 
ronde  ,  appartient  aux  chanoinefles  de    Remiremont, 
comme  dames  Se  patrones  de  ce  lieu.  On  y  descend 
par  trois  ou  quatre  degrés  ,  jusqu'à  ce  qu'on  trouve 
alTez  d'eau  pour  s'y  baigner.  Il  ne  s'y  baigne  ordinaire- 
ment que  des  femmes ,  à  caufe  qu'il  eft  particulier  Se 
à  couvert.  Le  fond  de  ce  bain  eft  pavé  de  pierre  de  liais. 
Le  grand  bain  commun  eft  de  figure  ovale  Se  à  découd- 
vert  :  on  y  descend  de  même  par  quelques  degrés  ,  Se 
il  eft  auili  pavé  de  pierre  de  liais.  Il  y  a  place   pour 
cent  ou  fix  vingt  personnes ,  Se  chacun  s'y  baigne  félon 
fon  mal ,  c'eft-à-dire  ,  l'un  le  pied  ,  l'autre  les  jambes 
ou  lescuifies,&  les  autres  le  corpsenrier.il  faut  pour 
cela  que  ces  derniers  descendent  jusqu'au  bas,  au  lieu 
que  les  autres  demeurent  aflis  fur  les  degrés.  Les  lieux 
deftinés  pour  y  fuer  font  comme  des  guérites  de  bois. 
Les  malades  y  entrent  nuds  en  chemifes ,  Se  ils  y  reftenc 
un  espace  de  tems ,  fuivant  l'ordonnance  du  médecin , 
qui  eft  préfent  ,  jusqu'à  ce  qu'ils  foient  traverfés   de 
fuer  Se  très-foibles  par  le  moyen  de  ces  eaux  ,  qui  , 
étant  au  deflbus  deux ,  exhalent  leur  vapeur  au  travers 
des  trous  faits  au  plancher  de  la  guérite.  L'eau  propre  à 
boire  eft  dans  une  autre  diftance  de  là ,  Se  fort  de  l'une  des 
deux  montagnes  par  un  petit  robinet.  L'acrimonie  de  cette 
eau  qui  eft  fort  claire  Se  tiède  ,  produit  un  limon  blanc , 
qui  fe  recuit  comme  des  feuilles  de  coquillages  brifés. 
Il  y  a  dans  Plombières  une  petite  paroifie  qui  eft  diviféc 
en  deux  par  un  ruiffeau.    La  partie  la  plus  confidéra- 
ble  eft  du  diocèfe  de  Toul  ,  Se  l'autre  du  diocèfe  de 
Befançon.  L'églife  paroifliale  eft  dédiée  à  fainte  Anne, 
&  le  chapitre  de  Remiremont  eft  patron  de  la  cure.  Il 
nomme  pour  la  deflervir  un  religieux  du  prieuré  d'Hé- 
rival ,  qui  eft  de  la  paroifie.  On  y  voit  encore  un  her- 
mitage  dédié  à  la  fainte  Famille  ,  &  un  couvent  de 
Capucins  ,  qui  ne  fubfiftent  que  par  le  moyen  de  ces 
eaux  ,  qui  attirent  fucceflîvement  pendant  fix  mois  de 
l'année ,  une  infinité  de  malades  de  toutes  parts.  On 
vient  à  ces  bains  dans  le  ptintems,  Se  on  finit  de  les 
prendre  dans  les  derniers  jours  de  Septembre,  quand 
les  gelées  blanches  commencent  à  refroidir  l'air.  *  Mé- 
moires drejjés  fur  les  lieux  ,  en  1705.  Corn.  Dict. 

PLOTVÉ,  ifles  de  la  mer  Ionienne.  Pline  ,  /.  ^.c.  12. 
dit  qu'on  les  nommoic  autrement  Strothades  ,  Se 
qu'elles  étoient  au  nombre  de  deux.  On  les  appelle 
aujourd'hui  Strofadi  Se  Strivali. 

PLOTHI.<£.  On  appelloit  ainfi  une  partie  de  la  tribu 
./Egéide  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Démofthene  , 
contra  Ebulidem,  furnommé  Plothenjts ,  un  certain  Apol- 
lodore  ,  fans  doute  parce  qu'il  étoit  de  cette  tribu. 

PLOTINOPOL1S ,  ville  de  Thrace  ,  fur  le  fleuve 
Hébrus.  Elle  fut  ainfi  nommée  par  la  femme  deTrajan. 
L'itinéraire  d'Antonin la  place  à  vingt -deux  milles  au- 
deflbus  de  Trajanopolis.  Voyez.  Ploutin  ,  qui  eft  le  nom 
moderne. 

PLOUGASTEL  ,lieu  de  France,  dans  la  Bretagne, 
au  diocèfe  de  Saint  Pol  de  Léon.  Ce  lieu  eft  entre  Breft 
&  Landemeau.  Il  y  a  dans  la  cour  de  l'hôtellerie  un  puits 
dont  l'eau  descend  quand  la  mer  monte  ,  Se  monte 
quand  la  mer  descend. 

PLOUTIN  ou  Ploudin  ,  bourgade  de  la  Turquie,  en 
Europe  ,  dans  la  Romanie ,  entre  Andrinople  ,  au  nord , 
&  Trajanopolis  au  midi  ,  près  de  la  Mariza ,  à  la  gauche. 
C'eft  l'ancienne  Plotinopolis. 

PLUBIUM  ,  ville  de  l'ifle  de  Sardaigne  :  Ptolomée, 
/.  3.  c.  3.  la  place  fur  la  côte  feptcnttionale  ,  entre  Erre- 
Tom.  IV.  L  1 1  1 1 1  ij 


PLU 


1004 

banthtm  Protnoniorium  ôc  Juliola  Civitas.  Niger  croit 
que  c'eft  aujourd'hui  Saffari.  On  croit  communément 
que  c'eft  le  bourg  de  Ploague  ,  qui  a  été  ci-devant  le 
fiége d'un  évêché.  Cependant  Ploague  ,  au  lieu  dette 
fur  la  côte ,  fe  trouve  dans  les  terres  5  de  forte  que 
s'il  n'y  a  pas  faute  dans  Ptoloméc  ,  il  faut  dire  que  la  ville 
épiscopale  de  Plusium  étoit  différente  de  celle  à  la- 
quelle Ptolomée  donne  le  même  nom. 

PLUDENTZ,  petite  ville  duTirol,dansle  comté  au- 
quel elle  donne  le  nom.  Elle  e(î  fnuée  dans  une  plaine 
agréable ,  fur  la  rive  droite  de  la  rivière  d'111  ,  près 
de  l'endroit  où  le  ruiffeau  d'Alfens  fe  jette  dans  cette 
rivière.  *  Jaillot ,  Atlas. 

Le  Comté  de  PLUDENTZ,  qui  rire  fon  nom  de 
la  petite  ville  de  Pludentz  ,  qui  en  eft  le  chef-lieu  , 
eft  fitué  dans  la  partie  occidentale  du  Tirol  ,au  nord  du 
Walgow  ,  au  midi  du  comté  de  Soxenberg ,  ôc  à  l'o- 
rient du  pays  des  Grifons.  *  Jaïllot ,  Atlas . 

PLUGNOUX  ,  bois  de  France ,  dans  l'Angoumois , 
ôc  dans  la  maîtrife  des  eaux  ôc  forêts  d'Angoulême.  Il 
eft  de  trois  cens  quarante-fix  arpens. 

PLU1TALA.  Ptolomée,  /.  4.  c.  6.  donne  ce  nom  à 
l'une  des  ifles  Fortunées.  Quelques  exemplaires  portent 
Pluitana.  C'eft  la  même  ifle  que  Pline,  /.  6.  c.  32. 
appelle  Pluvialia,  ôc  on  la  nomme  préfentement  rifle 
de  Fer. 

PLU  MBA  RI  A,  ifle  fur  la  côte  d'Espagne.  Ceft  l'une 
des  deux  ifles  que  Strabon ,  /.  }.p.  159.  met  près  du 
promontoire  Dianium. 

PLUMBARII.  Voyez.  Medubricenses. 

PLUMBEA.  Voyez.  Molybodes. 

PLUME  (  la  ) ,  petite  ville  de  France,  dans  le  Bas-Ar- 
magnac ,  élection  de  Lomagne.  Il  y  a  dans  ce  lieu  une 
juftice  royale. 

PLURA  ,  grande  ville  du  Pérou  ,  à  quarante  milles 
du  pays,  félon  Corneille  qui  cite  Dampier.  Ce  voya- 
geur ne  parle  d'aucune  façon  de  Phira  ,  mais  de  Piu- 
ra.  Voyez,  ce  mot. 

PLUS1ANUM.  Voyez,  Sivvisixvu. 

PLUT1A,  ville  de  la  Sicile.  Cicéron ,  AU,.  3.  con- 
tra Verr.  en  parle,  &Ortelius  dit  qu'Aretias  la  nomme 
Plaza. 

PLUTIUM  ,  ville  des  Tyrrhéniens ,  félon  Etienne 
le  géogtaphe. 

PLUTONIA.  Voyez.  CharoniA. 

PLUTONIS-FLUVIUS,  fleuve  de  la  Libye  ,  félon 
Ortelius ,  qui  cite  Eschyle ,  dans  fa  tragédie  de  Pro- 
méthée. 

PLUTONIS  HIATUS  ,  lieu  des  Indes.  JEYien  ,  Hift. 
Amm.  I.   16.  c.  1 6.  le  place  dans  le  pays  des  Ariens. 

PLUTONIUM ,  lieu  aux  environs  d'Hérapolis  de 
Phrygie.  Strabon,  /.  14.  c.  649.  dit  qu'on  y  voyoic 
un  bois  facté ,  avec  un  temple  dédié  à  Pluton  ôc  à 
Junon ,  ou  plutôt  à  Proferpine ,  comme  quelques-uns 
prétendent  qu'on  doit  lire. 

PLUVIALIA.  Voyez.  Pluitala. 

PLUVIERS ,  petiteville  de  France ,  dans  la  Beauce , 
à  fix  lieues  de  Janville ,  à  fept  d'Eftampes ,  à  huit  de 
Montargis,  à  neuf  d'Orléans ,  &  à  dix-huit  de  Paris. 
Quelques-uns  écrivent  Petiviers  ,  ôc  Piviers  &  Pu- 
viers  ,  Pituerium  ,  Pithiver  ,  Pithiverium  ,  Caftrum 
Piverts ,  ou  Pitiveris ,  nom  que  cette  ville  a  pris ,  à  ce 
qu'on  croit  communément ,  de  la  quantité  de  plufieurs 
pluviers  qu'on  vit  aux  environs  >ôc  c'efl;  pour  cette  rai- 
fon  que  Robert  Canal  l'appelle  Avïarium.  Pluviers  eft 
fituée  fur  un  petit  ruiffeau  qui  fair  tourner  plufieurs 
moulins,  &près  de  la  forêt  d'Orléans.  Il  y  avoir  autrefois 
un  ancien  château  proche  de  l'églife  de  Saint  George  ,  ôc 
dont  on  voit  encore  les  ruines.  Cette  églife  de  Saint 
George,  qui  eft  collégiale,  eft  compofée  d'un  chantre  , 
nommé  par  l'évêque  d'Orléans ,  ôc  de  dix  chanoines 
qui  font  nommés  par  le  chapitre.  L'évêque  d'Orléans 
eft  feigneur  de  cette  ville.  Le  monaftere  &  prieuré  de 
Saint  Pierre  dépend  de  l'abbaye  de  Clunv.  Il  eft  dans 
un  des  fauxbourgs.  Les  religieux  doivent  faire  deux  fois 
la  femaine  des  aumônes  générales  aux  pauvres  paffans. 
L'églife  paroiffiale  reconnoît  faint  Salomon  pour  fon 
patron.  11  y  a  à  Pluviers  trois  fauxbourgs ,  &  quatre 
portes  où  commencent  quatre  rues  qui  fe  terminent  à 
une  belle  place  ,  dans  laquelle  fe  tient  un  marché  tous 


PO 


les  famedis.  Cette  ville  eft  le  fiége  d'une  élection  ôc  d'une 
châtellenie,  de  laquelle  relèvent  quarante-huit  vaffaux 
nobles.  Le  territoire  produit  du  bled  ,  dont  il  s'y  fait  un 
grand  commerce.  On  y  recueille  aufll  des  vins  ôc  du  fa- 
fran  ,  &  il  y  a  de  baffes  prairies.  *  Corn.  Dict.  Sur  des 
mémoires  drejjésjur  les  lieux  en  17 16.  Piganiol ,  Defcr. 
de  la  France,t.  6.  p.  94. 

PLUVIERS  LE  VIEUX,  village  de  France ,  dans  la 
Beauce  ,  à  une  lieue  de  la  ville  de  Pluviers.  L'évêque 
d'Orléans  en  eft  feigneur  ,  comme  de  la  ville.  *  Piga- 
tiiol ,  Defc.  de  la  France  ,  t.  6.  p.  94. 

PLYMILIMON,  ou  Plinillimon,  montagne  d'An- 
gletet re  ,  dans  la  principauté  de  Galles ,  dans  le  comté 
de  Cardigan  ,  aux  confins  du  Monrgomery-Shire.  Les 
rivières  de  Saverne  ou  Head ,  de  Wye  ,  ôc  de  Bydal , 
ont  leurs  fources  dans  certe  montagne. 

PLYMPTON  ,  ville  d'Angleterre  ,  dans  le  Devons- 
hire  ,  à  90  lieues  fud-oueft  de  Londres.  Elle  a  un  mar- 
ché ôc  envoie  deux  députés  au  parlement. 

PLYNE/E,  ifle  fituée  dans  le  Nil,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PLYNIENSES.  ^«.Pleninenses. 

PLYNUS.  On  rrouve  ce  nom  dans  Lycophron  ,  & 
Ifacius  dit  quec'étoit  une  ville  de  Libye,  qui  avoit  don- 
né la  naiffance  à  Atlas.  Peut-être  eft-ce  le  même  lieu 
qu'Hérodote,  /.  4.  c.  168.  appelle  Plenos  Portus  ,  ôc 
qu'il  place  dans  la  Marmarique. 

PLYSENUM,  lieu  fortifié,  dans  la  Thrace,  félon 
Procope ,  /.  4.  JEâif.  c.  1 1 . 

PLYTHANI ,  peuples  de  l'Inde.  Arrien ,  p.  29. 
dans  fon  périple  de  la  mer  Rouge,  dit  qu'on  appor- 
toit  quantité  de  pierres  d'onix  de  leur  ville ,  qu'on  croit 
avoir  été  nommée  Plythana.  Ce  dernier  nom  ne  fe 
trouve  pas  dans  cet  auteut  ;  mais  Ces  commentateurs  di- 
fent  qu'il  a  été  oublié  par  les  copiftes. 

PNEBEBIS,  ville  de  l'Egypte.  C'eft  Etienne  le  géo- 
gtaphe qui  en  parle. 

PNEVENTIA  ,  ville  d'Italie.  Strabon,  /.  5.  p.  241. 
la  place  dans  le  Picenum  ;  mais  Xylander  tient  ce  nom 
pour  fuspecl:.  Il  croir  qu'il  y  a  faute  dans  cet  endroir , 
ôc  qu'il  pourroit  être  queftion  d'une  ville  des  peuples 
que  Pline  appelle  Pinnenses. 

PN1GEUS ,  village  de  la  Marmarique.  Il  étoit  fur 
la  côte,  félon  Strabon,  /.  17.  p.  799.  Ptolomée,  /. 4. 
c.  5,  le  place  néanmoins  dans  les  terres. 

PNIGITIS.  Les  anciens  ont  donné  ce  nom  à  une  cer- 
taine terre  à  caufe  du  lieu  où  on  la  prenoit.  Quelques 
exemplaires  de  Pline,  /.  3;.  c.  G.  portent  Pignitis  ; 
mais  les  meilleurs  difent  Pniguïs.  Le  père  Hardouin  re- 
marque qu'Agricola  dit  que  cette  terre  tiroit  fon  nom 
du  village  Pnigeus  ,  dans  la  Libye  Maréotide  ;  mais  que 
d'autres  le  dérivoient  de  Uviyu  ,  parce  que  ceux  qui  ava- 
loient  de  cette  terre ,  étoient  en  péril  d'être  fuffoqués.  * 
Galen.  de  fimpl.  médic.  1.  9.  c.  6. 

PNUPIS,  village  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte.  Pto- 
lomée, /.  4.  c.  7.  le  place  fur  la  rive  orientale  du 
Nil. 

P  O. 

1.  TO,  Padus ,  EridamtSylc  plus  confidérable fleuve 
d'Italie.  Il  a  fa  fource  dans  le  Piémont ,  au  marquifat 
de  Saluées,  dans  le  mont  Vifo  ,  ôc  il  prend  fon  cours 
d'occidenr  en  orient,  en  ferpentant.  Après  avoir  paffé 
la  vallée  du  Pô  ,  une  partie  du  marquifat  de  Saluées. 
&  la  province  deQuiers,  il  entre  dans  le  Montferrat, 
traverfe  le  duché  de  Milan,  coule  entre  le  Crémo- 
nois  ôc  le  Parmefan,  traverfe  le  duché  de  Mantoue, 
entre  dans  l'Etat  de  l'Eglife ,  où  il  fe  divife  en  deux 
bras  appelles  Pô  grande  ôc  Pô  de  Volana ,  qui  forment 
encore  plufieurs  autres  branches ,  dont  les  plus  confi- 
dérables  font  nommées  Pô  di-Fornaci  ôc  Pô-di-Aria- 
no:  enfin  il  fe  jerte  dans  le  golfe  de  Venife  par  diver- 
fes  embouchures ,  dont  voici  les  plus  remarquables ,  en 
les  prenant  du  nord  au  midi. 

Porto  del  Po  ou  délie  Fornaci , 
Bocca  Serrata  , 
Bocca  Trombona , 
Porto  Padus  Levante , 
Bocca  Maefira, 
Bocca  délia  Donzella , 


POB 


Bocca  di  Arianoy 

Sacca  di  Goro  , 

Porto  di  Goro , 

Porto  di  Mez.ola  , 

Porto  del  Abbate , 

Porto  di  Volana  , 

Porto  di  Magnavacca , 

Bocca  di  Belloccbio  , 

Porto  Primaro  volta  del  Abbate. 

Ce  fleuve,  que  fes  débordemens  rendent  dangereux  , 
arrofe  diverfes  villes  Se  bourgs  dans  fa  courfe;favoir  : 
Villa-Franca  ,  g.  Polonghera  ,  d.  Carmagnole  ,  d.  Ca- 
rignan  ,  g.  Moncalier ,  d.  Turin  ,  g.  Chivas  ,  g.  Ver- 
rue ,  d.  Cafal ,  d.  Bremme ,  g.  Valence ,  g.  Borgo- 
Franco,  g.  Plaifance,d.  Crémone  ,  g.  Cafal-Maggio- 
re  ,  g.  Viadana,  g.  Breflello,  d.  Borgo  Forre,  g.  San- 
Benedetto  ,  d.  Figarolo .  g.  Stellata  ,  d.  Ferrara  ,  g. 
Ariano ,  g.  Mezola ,  g.  Bel-Riguardo  ,  d.  Comachio , 
g.  Molimella,  d. 

Les  principales  rivières  que  le  Pô  reçoit  font ,  le 
Groezo  ,  d.  la  Gambasca  ,  d.  le  Torrent  de  Bronda  ,  d. 
le  Ghiandon  ,  g.  le  Torrent  de  Rifeco  ,  g.  le  Tor- 
rent de  Sebial ,  g.  la  Vraita  ,  d.  le  Clufon ,  g.  la  Mai- 
ra  ,  d.  l'Otina  ,  g.  la  Lemna  ,  g.  le  Non ,  g.  le  Sangon , 
g.  la  Doria  Baltia ,  g.  la  Gardina ,  g.  la  Seffia  ,  g.  la 
Grana  ,  d.  le  Tanaro  ,  d.  la  Scrivia  ,  d.  la  Gogna ,  g. 
le  Corone  ,  d.  le  canal  d'Abbogna  ,  g.  la  Staffora ,  d. 
le  Terdoppio  ,  g.  la  Copa,  d.  le  Ticino  ,  g.  la  Vera, 
d.  la  Verfa  ,  d.  la  Trebbia  ,  d.  la  Nura  ,  d.  la  Chiaven- 
na,  d.  l'Adda,  g.  la  Larda,  d.  le  Tarro ,  d.  la  Parma  , 
d.  le  Croftolo ,  d.  l'Oglio ,  g.  la  Secchia ,  d.  le  Min- 
cio,  g. 

2.  PO ,  ville  Se  forte  refTe  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Chantung  ,  au  département  de  Tungchang  , 
troifiéme  métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  deg. 
24  min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  36  deg. 
28  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

3.  PO,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Suchuen ,  au  département  de  Kienchang  ,  cité  militaire 
de  la  province.  Elle  eft  d'onze  deg.  $0  min.  plus  oc- 
cidentale que  Péking  ,  fous  les  27  deg.  3;  min.  de  la- 
tir.  feptentrionale.  *   Atlas  Sinenfis. 

POANCÉ,  ou  Pouancé,  petite  ville  de  France, 
dans  l'Anjou  ,  fur  un  étang  des  eaux  duquel  fe  forme 
la  Verfée,  qui  fe  perd  dans  l'Oudon,  auprès  de  Se- 
gré.  Ménage  croit  que  Poancé  a  été  appellée  ancienne- 
ment Pudentiacum  en  latin.  Elle  porte  aujourd'hui  le 
titre  de  baronnie  ,  Se  elle  appartient  à  la  maifon  de  Vil- 
leroi.  On  y  compte  environ  quatre  cens  vingt-huit 
feux.  *  Piganiol,  Defcription  de  la  France,  t.  7.  p. 
121. 

POAOURINAGAOU,  rivière  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale. Elle  a  fon  embouchure  dans  la  baie  d'Hud- 
fon ,  à  fept  lieues  au-deffus  de  celle  de  la  rivière  de 
Penechiou  Se  Chiou.  Les  François  l'ont  nommée  la  ri- 
vière de  Bourbon.Elle  fut  découverte  par  Desgrozeliers. 
Cette  rivière  eft  très-belle ,  large  d'une  lieue  à  fon 
embouchure  ;  Se  habitée  par  les  Mashkegonhyrinis,  au- 
trement Savanois.  A  cinq  lieues  en-dedans  l'on  trouve 
deux  petites  ifles  d'une  lieue  de  tour  chacune ,  où  il 
y  a  de  grands  arbres.  Cette  rivière  n'efl  qu'à  cinq 
lieues  par  terre  de  Penechiou  Se  Chiou ,  Se  de  fept  par 
mer.  Toutecette  côte  a  environ  cent  lieues  de  platin  , 
ik.  l'on  ne  trouve  que  neuf  braffes  d'eau  ,  à  fix  lieues  au 
large.  Elle  eft  même  tout-à-fait  dangereufe ,  lorsque 
les  vents  de  la  mer  régnent,  principalement  ceux^d'eft , 
eft-fud-eft ,  eft-nord  eft ,  ce  qui  fait  que  les  vaifleaux 
qui  viennent  au  forrNelfon  ,  gagnent  d'abord  une  fos- 
fe  qu'on  appelle  le  Trou.  Voyez,  ce  mot.  A  une  lieue 
dans  cette  rivière  ,  Se  fur  la  rive  à  (tribord ,  eft  fi- 
tué  le  fort  Nelfon.  Cette  rivière  prend  fa  fource  d'un 
grand  lac  qui  fe  nomme  Michinipi ,  qui  eft  le  vérita- 
ble pays  des  Kricqs ,  d'où  il  y  a  communication  aux 
Affinibouëls ,  quoiqu'extrêmemenr  éloignés  les  un-,  des 
autres.*  La  Potberie,  Hiftoirede  l'Amer,  fept.  p.  144. 
ôe  168. 

POBLET,  ou  Pobiedo,  Populetitm,  bourgade  d'Es- 
pagne, dans  la  Catalogne,  au  petit  pays  de  Pradas. 


POD       ioo£ 

Cette  bourgade  eft  fituée  au  nord-eft  de  Gineftar  3  dont 
elle  eft  éloignée  de  trois  à  quatre  lieues,  fur  une  pe* 
tire  rivière  qui  va  fe  jetter  dans  l'Ebre.  Il  y  a  dans  ce 
lieu  une  riche  abbaye  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  bâtie 
par  Alfonfe,  comte  de  Barcelone,  premier  roi  d'Arra- 
gon  de  ce  nom.  L'églife  de  cette  abbaye  eft  dédiée  à 
faint  Bernard.  On  y  voit  une  chapelle  fort  riche  ,  qui 
étoit  la  fépulture  ordinaire  des  rois  6e  des  reines  d'Ar- 
ragon.  Ils  y  font  enfevelis  dans  des  tombeaux  de  mar- 
bre. On  compte  de  ce  lieu  vingt-quatre  milles  jusqu'à 
Tarragone  Se  cinquante  milles  jusqu'à  Barcelone.  Il  y 
a  dans  le  voifinage  des  mines  d'alun  &  de  vitriol.  Cette 
abbaye  fut  fondée  l'an  115-3,  non  par  Alfonfe,  mais 
par  Raymond  ,  comte  de  Barcelone.  *  Délices  d'Espa- 
gne ,  p.  593. 

POCEVÉRA  ,  ou  Porzevera.  Voyez.  Porcife- 
ra. 

POCHUNG ,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Xenfi ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Cin.  11  y 
croîr  une  herbe  qui  a  la  propriété  de  rendre  fteriles 
les  perfonnes  qui  en  mangent.  *  Atlas  Sinenfis. 

POCKFLIES  ,  ou  Pockflys  ,  château  dans  la  Baffe» 
Autriche. 

POCKLINGTON  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  la 
province  d'Yorck.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1 . 

POCOFELT1S  ,  fiége  épiscopal  d'Afrique.  On  ne 
fait  dans  quelle  province,  mais  Surgtntius ,  fon  eve- 
que,  fouferivit  au  concile  tenu  à  Arles ,  l'an  3 14.  *  Har- 
duin.  Collect.  conc.  t.  1.  p.  267. 

POCUTIE,  ou  Pokutie  ,  contrée  de  la  petite  Polo- 
gne, dans  le  palatinat  de  Ruffie  ,  au  nord  de  la  Tran- 
fjlvanie,  &à  l'occident  de  la  Moldavie.  Elle  fait  par- 
tie du  territoire  d'Halicz.  Elle  fut  vendue  aux  Polonois  > 
par  Alexandre  ,  vaivode  de  Valaquie,  pour  la  fomme  de 
foixante  marcs  d'argent.  On  y  trouve  diverfes  petites 
villes  Se  fortereffes  ,  Se  elle  eft  arrofée  par  plufieurs  ri- 
vières dont  la  principale  eft  le  Pruth.  *  Atlas  ,  Robert 
de  Vaugondy.  André  Cellar.  Defc.  Polon.  p.  328  Si 

333- 

POCZOP  ,  ville  de  l'empire  Ruffien  ,  dans  la  Seve- 
rie  ,  fur  la  rive  orientale  de  l'Ubiecz ,  vers  fa  fource  , 
aux  confins  du  duché  de  Smolensko.  Cette  ville  étoit 
une  des  plus  opulentes  de  la  Séverie,  lorsqu'elle  fut 
prife  Se  réduite  en  cendres  par  les  Polonois  en  1564. 
*  Kojaloivicz, ,  Hift.  Lithuan.  p.  469. 

PODALIA  ,  ville  de  l'Afie  Mineure ,  dans  la  Lydie  , 
félon  Etienne  le  géographe,  qui  la  met  près  de  Limgra, 
Le  concile  de  Conftantinople  la  place  dans  h  Pifidie. 
Elle  doit  cependant  être  plutôt  attribuée  à  la  Lycie ,. pro- 
vince où  elle  eft  placée  par  Pline  ,  /.  5.  c.  27.  Se  par 
Ptolomée ,  /.  j.  c.  3.  qui  la  nomme  Podallia  Mylia- 
dis.  En  effet ,  la  Myliade  étoit  une  partie  de  la  Lycie. 
La  notice  de  Léon  le  Sage  Se  celle  d'Hierodès  s'accor- 
dent à  mettre  Podalia  parmi  les  évéchés  de  la  pro- 
vince de  Lycie. 

PODAMICUS-LACUS.  Voyez,  au  mot  Constance, 
l'article  de  lac  de  Constance. 

PODANDO,  nom  d'un  lieu  félon  Ortelius ,  Thef. 
qui  cire  Cédrene  Se  Zonare,  &  le  met  près  de  la  ville 
Tbarfus.  L'itinéraire  d'Antonin  la  place  fur  la  route  de 
Conftantinople  à  Antioche,  entre  Fauftinopolis  Se 
Nampirorone  ,  à  feize  milles  de  la  première  Se  à  vingt- 
fept  milles  de  la  féconde.  On  lit  Pondando  dans  Cu- 
ropalate  :  c'eft  une  faute  ;  car  ce  même  auteur  ,  dans  un 
autre  endroit,  écrit  Podandi  Claufurœ.  Voyez,  Poly ai* • 

DUS, 

PODARGI ,  peuples  de  la  Thrace  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PODENMA1S,  en  Bavière,  dans  la  régence  de 
Straubing ,  eft  remarquable  par  fes  mines  de  diffeicns 
méraux  Se  la  falubritc  de  l'air. 

PODENSTEIN  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  le 
cercle  de  Franconie,  dans  la  partie  orientale  de  l'évê- 
ché  de  Bamberg  ,  fur  la  petite  rivière  de  Putlach  ,  qui 
fe  jette  dans  le  Wifent.  *  Jai'lot,  Atlas. 

PODERADOS,  ville  de  Cilicie.  La  notice  du  pa- 
triarchat  d'Antioche  ,  Se  celle  de  l'évêque  de  Cathare, 
la  mètrent  au  nombre  des  cinq  évêchés  dépendans  de 
Tharfus  ,  féconde  métropole  de  ce  patriarchat. 


îoo6     POD 


POE 


PODHAlCE,  Fedajecia,  ville  delà  petite  Polo- 
gne ,  au  palatinat  de  Rufiie ,  dans  le  territoire  d'Ha- 
liez,  fur  le  Krepiecz,  un  peu  au-deflus  de  Monafterzis. 
Elle  a  d  allez  bonnes  murailles  pour  fa  défenfe.  *  And- 
Cellar.  Defc.  Polon.  p.  332. 

PODIEBRAD ,  ville  de  Bohême  avec  un  château  , 
dans  le  cercle  de  Koeniggrcetz. 

ï.  PODIUM  ,  mot  latin,  qui  fignifie  baluftrade  , 
un  appui ,  le  lieu  du  théâtre  où  jouoient  les  mimes  ,  ôc 
la  place  deftinée  au  théâtre  pour  les  confuls  ôc  pour 
les  empereurs.  On  Ta  employé  dans  le  moyen  âge  pour 
fignifier  un  lieu  qui  eft  fur  le  haut  d'une  montagne, 
particulièrement  lorsque  cette  montagne  eft  tellement 
d'un  des  côtés  voifins  du  lieu  en  queftion ,  que  l'on 
n'y  puifle  point  monter  -,  à  peu  près  comme  ce  que  l'on 
appelle  fur  le  bord  de  la  mer  une  falaife.  Plufieurs 
villes,  bourgs  ôc  villages  de  France,  entre  autres  du 
côté  de  la  Provence  ôc  du  Languedoc  ,  où  la  langue 
latine  a  fubfifté  plus  long-tems,  en  ont  emprunté  leur 
nom.  C'eft  de  ce  mot  Podium  que  les  François  ont 
leur  mot  Puy  ,  qui  veut  dire  la  même  chofe  :  comme 
le  Puy  en  Velay,  Podium  ;  le  Puy  Ste  Marie  ,  Podium 
Sanïli.  Mariât,  ;  Puy  Laurent,  Podium  Laurentii,  ôc 
tant  d'autres.  Ce  mot  eft  différemment  prononcé  dans 
la  plupart  des  provinces.  Dans  le  Languedoc  ôc  dans 
les  provinces  voilines  ,  on  dit  tantôt  Puy  ,  tantôt  le 
Pech  ou  le  Puech  ;  en  Berri  on  prononce  Pie  ,  en  Poi- 
tou le  Peux ,  en  Dauphiné  Poet ,  ôc  en  d'autres  lieux 
Poch ,  Peu  ,  Puis  ,  Pi  >  ou  Pif. 

2.  PODIUM,  ou  Podium  Beat^Mari^,  nom 
latin  de  la  ville  du  Puy  en  Velay.  Voyez,  au  mot  Puy  , 
l'article  le  Puy  ,  n.  2. 

PODIUM  CELSUM,  nom  latin  d'un  château  du 
diocèfe  d'Alby,  dont  il  eft  parlé  par  Pierre,  moine  de 
Vaux-Cernay,  dans  fon  hiftoire  de  la  guerre  des  Al- 
bigeois. Catel  dit  que  quelques-uns  ont  par  corruption 
appelle  ce  château  Podium-Celfîs  ôc  Podium  Cliquenum. 
On  le  nomme  vulgairement  Pechcelsis.  *  Adr.Valef. 
Not.  Gai.  p.  4j2. 

PODIUM  LAURENTII ,  nom  latin  de  la  ville  de 
Puy-Laurent ,  en  Languedoc.  Pierre  ,  moine  de  Vaux- 
Cernay  ,  en  parle  dans  fon  hiftoire  de  la  guerre  des 
Albigeois ,  /.  62.  Il  y  en  a  qui  écrivent  Podium- Lau- 
rentium.  Voyez,  Puy-Laurent. 

PODIUM-NAUTERIUM,  lieu  de  France,  darrsle 
Languedoc ,  près  de  Carcaffonne.  C'eft  Guillaume  de 
Puy -Laurent  qui  en  parle  dans  fon  hiftoire  de  la  guerre 
des  Albigeois.  Ce  lieu  fe  nomme  préfentement  Pie- 
Nautier  pour  Puy-Nautier. 

PODIUM  SORIGUER  ,  nom  latin  d'un  château  de 
France ,  dont  fait  mention  Pierre ,  moine  de  Vaux- 
Cernay,  dans  fon  hiftoire  de  la  guerre  des  Albigeois  , 
(.  27.  D'autres  ont  appelle  ce  château  Podium-Sorica- 
rium  ,  c'eft-à  dire  ,  la  montagne  des  fonds ,  à  caufe 
qu'on  y  voyoit  une  grande  quantité  de  ces  animaux.  Ce 
lieu  s'appelle  vulgairement  Puy-Salguier.  Voyez,  ce 
mot. 

PODIUS-CERETANUS  ,  nom  latin  de  la  ville  de 
Puicerda  ,  en  Espagne.  Voyez.  Puicerda. 

PODKAMENALOUNGOUSI,  peuple  de  la  Sibé- 
rie. 11  habite  le  pays  qui  eft  entre  la  rivière  de  Jenisca 
ô<  celle  de  Lena ,  au  nord  de  la  rivière  d'Angora.  Ce 
peuple  eft  une  horde  deTartaresqui  font  moins  bafanés 
ôc  moins  laids  que  les  Kalmouks.  Ils  ont  une  taille  plus 
haute,  font  plus  robuftes  ôc  plus  actifs  que  les  autres 
peuples  de  la  Sibérie.  En  été  ils  font  tout  nuds  ,  ne  cou- 
vrant leurs  parties  que  d'une  ceinture  de  cuir  large  d'un 
empan.  Ils  portent  toujours  un  pot  rempli  de  bois  pour- 
ri ,  qu'ils  allument ,  pour  que  la  fumée  chafTe  les  mou- 
cherons qui  font  fort  incommodes  dans  ce  pays.  Ils  ont 
en  général  des  cheveux  noirs  &  fort  longs,  qu'ils  lais- 
fent  pendre  fur  leur  dos.  En  hiver  ils  portent  des  ha- 
bits de  peaux  de  cerf  ou  de  rennes,  le  poil  en  dehors. 
Leurs  culotes,  bas  &  fouliers  font  tout  dune  pièce  ôc 
de  la  même  peau.  Pour  orner  leurs  habits  ,  ils  le  bor- 
dent en  bas  de  peau  de  chien.  Pour  bonnet  ils  ont  un 
morceau  de  pelleterie.  Ils  font  des  cordes  ôc  du  fil ,  avec 
des  peaux  de  poiffon.  Ils  vivent  dans  l'été  de  pêche , 
ôc  dans  l'hiver  de  la  chafle.  Ils  avouenr  un  Dieu  créa- 
teur de  toutes  chofesimais  ils  ne  l'honorent  ôc  ne  le 


prient  jamais.  Ils  fe  font  des  idoles  qu'ils  honorent , 
ou  maltraitent ,  félon  qu'ils  croient  en  avoir  fujet.  *  Hijt. 
généal.  deslatars. 

PODLAQUIE ,  duché  ôc  palatinat  de  la  petite  Po- 
logne. La  Podlaquie  eft  bornée  au  nord  partie  par  les 
terres  du  royaume  de  Pruffe ,  partie  par  celles  du  grand 
duché  de  Lithuanie  -,  à  l'orient  encore  par  la  Lithuanie  \ 
au  midi  par  le  palatinat  de  Lublin  -,  ôc  à  l'occident  par 
le  palatinat  de  Mazovie.  Par  rapport  au  temporel ,  ce 
pays  eft  gouverné  par  un  palatin  ôc  par  un  caftellan  , 
ôc  pour  le  fpirituel  il  eft  fournis  à  l'évêque  de  Lucko. 
On  divife  ordinairement  le  palatinat  de  Podlaquie  en 
trois  diftricts ,  qui  font  : 

Drogieczin ,         Mielnick ,         Bielsk. 

*  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy.  And.  Cellar.  Defc.  Po- 
lon. p.  601. 

PODOCE ,  ville  des  Indes ,  dans  Pille  Taprobane  , 
félon  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  4.  qui  la  met  dans  les.  tetres. 
L'exemplaire  de  la  bibliothèque  Palatine  porte  Poduce 
pour  Podoce.  Cette  ville  eft  auiïï  nommée  Poduce  dans 
Arrien  ,  ciré  par  Ortelius,  Thef. 

PODOLIE,  palatinat  de  la  petite  Pologne,  borné 
au  nord  par  le  palatinat  de  Volhinie;  à  l'orient  par  le 
palatinat  de  Braclaw  ;  au  midi  partie  par  la  Moldavie, 
partie  par  la  Pokucie  ;  ôc  à  l'occident  par  le  palatinat  de 
RuiTie.  Il  ne  manqueroit  à  ce  pays ,  pour  devenir  un 
des  plus  riches  de  l'Europe,  que  d'être  délivré  des  cour- 
fes  des  Barbares  qui  le  ravagent  continuellement.  On 
y  trouve  des  marbres  de  diverfes  couleurs ,  ôc  de  l'al- 
bâtre ,  en  plufieurs  lieux.  Les  bœufs  &  les  chevaux ,  dont 
on  fait  commerce  jusque  dans  les  pays  les  plus  éloi- 
gnés ,  témoignent  la  bonté  de  la  terre,  qui  eft  arro- 
fée  par  plufieurs  rivières  ,  entre  autres  par  le  Bogh  du 
côté  du  nord  ,  &  par  le  Niefter  du  côté  du  midi.  Il  v  a 
dans  ce  palatinat  trois  fénateurs  du  royaume,  favoir  le 
palatin  de  Podolie  ,  l'évêque  de  Kaminieck,  ôc  le  caftel- 
lan de  Kaminieck.  On  divife  communément  ce  palati- 
nat en  trois  territoires ,  qui  font  celui  de  Kaminieck , 
de  Tramblowa,  ôc  celui  de  Lahiczow.  Les  habitans 
font  guerriers  ,  ôc  les  Barbares ,  auxquels  ils  font  obli- 
gés à  tous  momens  de  tenir  tête ,  fortifient  l'inclination 
qu'ils  ont  pour  les  armes.  C'eft  encore  ce  qui  fait 
qu'on  entretient  dans  le  pays  plufieurs  fortereffes,  afin 
de  le  mettre  en  fureté.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 
Andr.  Cellar.  Defc.  Polon.  p.  3  47. 

PODOPERURA  ,  ville  de  l'Inde  ,  én-deçà  du  Gan- 
ge. Ptolomée  ,  /.  7.  c.  1 .  la  donne  aux  Limyrices. 

POEANTHE ,  ifle  du  Pont  Euxin  ,  près  de  l'embou- 
chure du  Phafe  ôc  du  Zarange,  félon  Ortelius,  qui 
cite  Orphée.  Il  ajoute:  J'ai  cru  quelque  tems  que  ce- 
toit  l'ille  que  Sigismond  Herbeftein ,  Commentar.  Mos- 
covit.  appelle  Satabella ,  ôc  j'étois  dans  cette  erreur  à 
caufe  du  nom  de  Phafe  ,  que  tout  le  monde  fait  être 
un  fleuve  de  la  Colchide  ;  mais  il  paroîc  que  le  Phafe 
de  la  Colchide  eft  différent  de  celui  dont  parle  Or- 
phée, qui  le  place  au  voifinage  du  Bosphore  Cimmé- 
rien. 

POECILE ,  portique  de  la  ville  d'Athènes.  C  etoit 
l'école  des  Stoïciens.  On  l'appelloit  auparavant  Pïfia- 
nactea,  félon  Suidas,  in  voce  Polemo  ,  qui  cite  Plutar- 
que  ,   in  Cimone ,  Se  Diogene  Laerce  ,  in  Zenone. 

POECILE-PETRA,  ville  de  la  Cilicie ,  félon  Or- 
telius, qui  cite  Strabon.  Cependant  cet  ancien  ne  dit 
rien  qui  puifle  faire  penfer  que  ce  foit  une  ville.  Il 
femblc  que  ce  n'étoit  qu'une  roche ,  dans  laquelle  on 
avoir  taillé  des  degrés  pour  aller  à  Séleucie.  Voici  le  pas- 
fage  de  Strabon,  /.  14.  p.  670.  Pofi  Calycadnum  eji 
Petra  Poecile  dill a,  eut  incififiint gradus  quà  Seleu~ 
ciam  itur. 

POECILASIUM ,  ville  de  l'ifle  de  Crète.  Ptolomée  , 
l.x.c.  17.  la  place  fur  la  côte  méridionale.  Mercator  la 
nomme  Pentalo  ,  ôc  Niger  l'appelle  Sclwo. 

POECILUS,  montagne  de  l'Attique,  félon  Paufa- 
nias,  /.  1.  c.  37. 

POEDICLI.  Voyez.  Pediculi. 

POEDICUM,  ville  du  Norique  ,  félon  Prolomée, 
/.  2.  c.  14.  qui  la  place  au  midi  du  Danube  ,  entre  Va- 


POG 


POG 


cerium  Se  Virunum.  Lazius ,  dit  qu'elle  croie  pics  de 
Villac  ,  dans  la  plaine  de  Pechfeldt. 

POEEESSA.  Voyez.  Pjeeessa. 

POEESSA.  Voyez.  Rhodus. 

POELTEN  (Saint)  ,  ou  S.  Hippolyte  ,  Fanum  San- 
cli  Hippolyti ,  petite  ville  de  la  Baffe  Autriche,  fur  le 
Drafain.  Elle  fut  prife  en  1741  ,  par  l'armée  de  France 
joinre  à  celle  de  Bavière. 

1.  POEM/£NIUM  ,  montagne  de  la  Macédoime  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe. 

2.  POEM/ENIUM  ,  lieu  de  la  Paleftine  ,  félon  Or- 
telius  ,  qui  cite  Palladius,  in  Pofidon. 

5.  POEM.ENIUM ,  lieu  de  la  Bithynie.  C'eft  Ni- 
cetas,  qui  en  fait  mention.  *  Ortel.  Thef. 

POEM ANDRI A.  Voyez.  Tanacra  Se  Theb^. 

POEMANENI.  Voyez  Poemaninu m  ,  ».  2. 

POEMANETINUS,  fiége  épiscopal,  dans  la  pro- 
vince de  l'Hellespont.  11  en  eft  parlé  dans  le  fixiéme  con- 
cile de  Conftantinople.  *  Ortel.  Thef. 

1.  POEMANINUM,  campagne  delà  Myfie.  Orre- 
lius  ,  qui  cite  Ariftide,  dit  qu'il  y  avoit  un  temple  d'Es- 
culape  dans  certe  campagne. 

2.  POEMANINUM,  petite  contrée  de  l'ifle  de  Cy- 
fique,  félon  Etienne  le  géographe  ,  qui  connoît  auffiune 
ville  &  une  fortereffe  de  même  nom.  La  ville  eft  fans 
doute  la  même  qui  eft:  qualifiée  fiége  épiscopal  dans 
le  fixiéme  concilede  Conftantinople,  fous  le  nom  de  Poe- 
manetinus.  Voyez,  ce  mot.  C'eft  auffi  la  même  ville 
qui  eft  nommée  Poemanïi  par  la  notice  de  Léon  le  Sa- 
ge» Se  P oem.inentus  dans  la  notice  d'Hieroclès.  Ces 
deux  notices  la  mettent  dans  la  province  de  l'Helles- 
pont. Pline,  /.  j.  c.  32.  appelle  les  habitans  de  cette 
ville  Poemaneni. 

POEMEN,  montagne  du  Pont.  Le  fleuve  Parthe- 
nius  y  avoit  fa  fource  ,  félon  Etienne  le  géographe. 

POEMEUM  ,  lieu  fortifié  dans  la  Perrhebie  ,  félon 
Tite-Live,  /.  44. 

POEN/E-DEORUM.  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  1.  dit  qu'on 
donnoic  ce  nom  à  des  montagnes  de  l'Inde  ,  en-deçà 
du  Gange,  Se  qu'on  nommoit  auffi  Apocopi-Montes  , 
Attoxotioi  cpoi. 

POENESSA.  Voyez.  P^eessa. 

POEN1.  Voyez.  Carthage. 

POENICA.  Voyez  Phoenice. 

POEN  IN j£  ALPES.  Voyez,  au  mot  Alpes  ,  l'article 
Alpes  Pennises. 

POENINUS-LACUS.  Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  met  un 
lac  de  ce  nom  en  Italie ,  près  de  la  fource  de  la  ri- 
vière Doria  ;  mais  aujourd'hui ,  dit  Ortelius ,  on  ne 
trouve  aucun  lac  en  cet  endroit. 

POENONIA.  Voyez.  P^onia. 

POEONES  ,  peuples  de  Thrace.  Voyez.  Pannonia, 

SyROPOENES,    &  PvEONES. 

POEONID^E, ,  municipe  de  l' Atâque ,  dans  la  tri- 
bu Léontienne  ,  félon  Suidas ,  qui  remarque  qiie  ces 
peuples  différoient  des  Panienfes  Se  des  Poeomdï ,  deux 
aunes  municipes  des  Arhéniens  ,  dans  la  tribu  Pandio- 
nide. 

POEONIDI.  Voyez  Poeonid^. 

POETANION,  ifle  d'Espagne,  au  voifinage  du 
pays  des  Cempfi ,  félon  Feflus  Avienus,  cité  par  Orte- 
lius. 

POETOVIO.  Voyez  Petovio. 

POEUS  ,  montagne  de  la  Grèce.  Strabon, /.  7.  p. 
}iy.  dit  qu'elle  étoit  vers  la  fource  du  fleuve  Pé- 
née. 

POGEN  ,  bourg  de  Bavière  ,  fur  le  Danube ,  avec 
titre  de  comté. 

POGGIO  ,  ou  Poggio  Casano  ,  bourg  d'Italie ,  dans 
la  Toscane,  à  dix  milles  de  Florence  ,  Se  à  égale  di- 
ftance  de  Piftoie.  Ce  bourg  eft  confidérable  par  une 
maifon  de  plaifance  du  grand  duc ,  qui  y  eft  bâtie. 
Ce  palais  eft  fitué  fur  une  colline  ,  environnée  de  gran- 
des plaines  du  côté  du  levant ,  du  feptentrion  Se  du 
couchant  ,  Se  à  une  affez  bonne  diftance  des  collines 
de  Carmignano ,  fi  renommées  par  leurs  bons  vins.  Il 
fut  commencé  par  Laurent  de  Médicis,  furnommé  le 
Magnifique ,  père  du  prince  Jean ,  qui  fut  depuis  Léon 
X,  fouverain  pontife.  Ce  pape  continua  le  bâtiment, 
&  particulièrement  ce  qui  regarde  les  ornemens,  Se  une 


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parrie  des  peintures  du  grand  falon  ,  qui  fut  achevé  par- 
le grand  duc  François,  Se  tout  ce  qui  reftoit  encore 
à  faire  fui  vaut  les  deffeins  qu'en  avoit  fait  Julien  de  Saint 
Gai ,  architecte:  ce  palais,  fans  être  vafte  ,  a  un  air  de 
grandeur.  Il  eft  environné  d'une  prairie  ,  renfermée 
d'une  forte  muraille  ,  affez  large ,  pour  qu'on  s'y  puifle 
promener  à  découvert ,  &  auffi  haute  que  les  apparre- 
mens  du  premier  étage.  On  y  monte  par  des  escaliers 
doubles  ,  à  rempes  cordonnées  ,  qui  donnent  entrée  dans 
une  terraffe  à  baluftrades  ,  qui  environne  toute  la  cir- 
conférence du  jardin ,  Se  qui  a  d'espace  en  espace  des 
loges  couvertes  ,  Se  voûtées  en  cul  de  lampe  ,  du  des- 
fein  de  Luc  de  la  Robbia.  Des  loges  on  entre  dans 
le  grand  falon ,  dont  la  voûte ,  comme  celles  des  lo- 
ges ,  eft  ornée  de  ftucs  Se  de  fculptures ,  que  Julien  de 
Saint  Gai  a  faites  fur  les  modèles  qu'il  avoit  vus  à  Ro- 
me. André  del  Sarto,  Jacques  Pontorno ,  &  Francia 
Bigio ,  l'ont  enrichi  de  leurs  ouvrages.  On  y  voit 
comme  Céfar ,  étant  en  Egypte  ,  reçoit  les  honneurs , 
les  hommages,  Se  les  préfens  de  plufieurs  nations, 
par  allufion  à  ce  qui  arriva  à  Laurent  le  Magnifique , 
à  qui  les  peuples  &  les  princes  étrangers  fe  faifoienc 
honneur  d'envoyer  des  préfens ,  Se  qui  en  reçut  même 
de  Gaitheo ,  foudan  d'Egypte  ,  qui  entre  autres  chofes , 
lui  envoya  un  giraffe,  autrement  un  cameléopard ,  dont 
Politien  nous  a  donné  la  description  dans  fes  mélan- 
ges de  littérature.  On  y  voit  une  infinité  d'autres  ta- 
bleaux ,  qui  repréfentent  des  traits  hiftoriques ,  tous  fai- 
fant  allufion  à  quelque  action  d'un  des  ducs.  Tomes  ces 
peinrures  font  des  plus  excellens  maîtres.  *  Labat  , 
Voyage  d'Italie  ,  t.  7.  p.  232. 

Des  deux  extrémités  de  ce  falon  on  entre  dans  deux 
galeries  ',  auxquelles  le  S.  P.  Ferdinand  ,  fils  aîné  du 
grand  duc ,  faifoit  Travailler  dans  le  rems  du  voyage  du 
père  Labat.  C'eft  par  ces  galeries  que  fecommuniquenr 
les  quatre  j  appartemens  qui  compofent  ce  palais.  Le 
grand  falon  ,  dont  il  vient  d'être  parlé  ,  donne  entrée 
dans  un  autre  d'une  moindre  grandeur ,  mais  orné  de 
ftucs  dorés  ,  de  peintures  exquifes ,  de  marbres  Se  de 
meubles  précieux.  On  a  placé  autour  de  cette  grande 
pièce  ,  dans  des  médailles  ,  les  portraits  àes  glorieux 
ancêtres  du  feu  grand  prince  Ferdinand.  Le  tableau  de 
l'autel  de  la  chapelle  eft  de  George  Vafari  :  il  repréfente 
Notre-Dame  de  Pitié. 

Les  écuries  ,  qui  font  bâties  magnifiquement ,  font 
peu  éloignées  du  palais.  Elles  ont  chacune  cent  vingt 
pas  de  longueur  ,  Se  au-deffus  un  corridor  de  même 
longueur  ,  qui  donne  entrée  dans  les  chambres  defti- 
nées  aux  officiers  du  prince. 

Après  qu'on  eft  descendu  de  cette  agréable  colline ; 
en  paffant  par  des  avenues  ,  ou  rangées  d'arbres  les 
plus  beaux  Se  les  mieux  entretenus ,  on  trouve  la  mé- 
nagerie ,  avec  les  logemens  de  l'intendant  Se  des  do- 
meftiques  qui  font  fous  fes  ordres.  On  voit  autour  d'une 
cour  très-fpacieufe  les  érables  où  l'on  met  les  différentes 
espèces  d'animaux  que  l'on  y  nourrit ,  avec  une  grande 
pièce  d'eau  au  milieu  pour  les  abbreuver.  Il  y  a  des  terres 
dans  cette  vafte  enceinte  :  on  y  fait  de  grandes  récoltes 
d'excellent  riz  ,  Se  on  a  des  inventions  très-belles  pour 
le  monder.  En  continuant  de  fe  promener  dans  ces 
belles  allées ,  on  arrive  à  un  endroit  nommé  la  Pavo- 
niere ,  qui  fert  aujou  rd'hui  à  courir  les  daims ,  qui  font 
en  grand  nombre  dans  cet  enclos. 

POGGIO  IMPERIALE,  maifon  de  plaifance,  en 
Italie  ,  au  duché  d'Urbin  ,  environ  à  deux  milles  de 
Pefaro,du  côté  du  couchanr ,  Se  environ  à  égale  diftance 
du  golfe  de  Venife.  Ce  palais  fut  bâti  par  Confiance, 
feigneur  de  Pefaro  ,  Se  eft  furnommé  Impériale ,  parce 
que  l'empereur  Frédéric  III  y  mit  la  première  pierre. 
François-Marie  de  la  Rovere ,  duc  d'Urbin  Se  marquis 
de  Pefaro  ,  l'aggrandit  enfuite  ,  Se  l'orna  de  plufieurs 
beaux  bâtimens.  *  Magin ,  Carre  du  duché  d'Urbin. 
Davity  ,  Erar  du  duché  d'Urbin. 

POGGIO- REALE,  bourgade  d'Italie  ,  au  royaume 
de  Naples  ,  dans  la  terre  de  Labour.  Elle  eft  fittiée 
environ, à  deux  milles  de  Naples ,  du  côté  de  l'orient 
feptentrional.  Quelques-uns  croient  que  ceft  l'ancien- 
ne pALyEAPons.  Voyez  Pal/Eapolis.  *  M-tgi'i ,  Carte 
de  la  terre  de  Labour. 

POGLA  ,  ville  de  la  Pamphilie ,  dans  la  Carbalie  i 


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POI 


POI 


Il  y  a  fur  le  territoire  de  cette  paroifie  un  prieuré  de 
l'ordre  de  Grammonr,  nommé  Vieuxpou,  dont  il  fera 
parlé  en  fon  lieu  ■>  &c  qui  tut  fondé  à  la  fin  du  xn  ficelé. 
Edme  Pourchot ,  philofophe  du  xviii  fiécle  fi  cé- 
lèbre pat  fes  écrits,  étoit  natif  de  cette  paroi^e. 

POINTE,  mot  françois  qui  fignifie  l'extrémité  poin- 
tue de  quelque  choie  que  ce  foir.  On  l'a  employé  dans 
la  géographie  comme  dans  la  marine  ,  pour  défigner 
une  longueur  de  terre  qui  s'avance  dans  la  mer.  On 
dit  par  exemple  la  pointe  de  l'eft ,  de  L'ouefl ,  du  fud , 
ou  du.  nord  ,  pour  dire  la  pointe  d'une  terre ,  qui  re- 
garde quelqu'une  de  ces  différentes  parties  du  monde. 
Af'fez  fouvent  on  prend  le  mot  pointe,  pour  dire  une 
langue  de  terre ,  Se  même  un  cap  :  il  répond  aux  mots 
Promontorio  capo  ,  ou  Ponta  des  Italiens  ,  &  aux 
mots  fromontorio  cabo  ,  Se  Puma,  des  Espagnols. 

POINTE  DE  L'ALGALOGNE,  pointe  fur  la  côte 
d'Italie ,  dans  le  golfe  de  Naples  ,  à  un  mille  vers  l'eft  de 


Ptolomée ,  /.  ;  •  c.  $.  la  place  entre  Crejfopolis  &  Ment* 
demium. 

POGLISI  :  Niger  donne  ce  nom  à  une  montagne 
de  la  Morée  ,  &  que  les  anciens  appelloient  Stymphalus. 
Voyez.  Stymphalus. 

POGOARGAS  ,  ou  Pagoargas  ,  ville  d'Ethiopie  , 
fous  l'Egypte  ,  félon  Pline ,  /.  6.  c.  29. 

POGOIANA,  petite  ville  des  états  du  Turc  ,  dans 
la  Macédoine,  à  quelques  lieues  au  nord  de  Salonique.* 
Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

POGON,  Ueyov ,  c'eft-à-dire  Barbe.  Strabon,  /.  8. 
f.  373.  nomme  ainfi  un  port  du  Péloponncfe ,  qu'il 
donne  aux  Troezéniens.  Il  dir  que  la  petite  ifle  Celauria 
çtoit  au-devant.  Hérodote  ,  /.  8.  c.  42.  6c  Suidas ,  con- 
noi  fient  auffi  ce  port.  Il  y  a  apparence  que  c'eft  le  même 
port  quePomponius  Mêla,  /.  z.c.  3.  appelle  Pagonus 
Portas  ,  pour  Pogonus  Portus ,  comme  on  lit  préfen- 
rement  dans  les  meilleures  éditions  de  ce  géographe. 

POHAI  (le  royaume  de  ) ,  étoit  fitué  dans  la  Corée  ,  1  ifle  Nizita.  Elle  eft  fort  haute  ,  6c  au  bout  il  y  a  une  pe- 
au nord.  Il  fut  fondé  par  des  Tarrares  orientaux  appelles  tite  ifle:  on  ne  peut  pafïer  à  terre  d'elle  qu'avec  des  bateaux. 
Moko  ,  lesquels  étoient  une  branche  des  Niutch.  Ils  Surle  haut  de  cette  ifle  il  y  a  quelques  ruines  d'une  tour, 
étoient  retirés  dans  des  montagnes  de  la  Tartarie  nom-  &  du  côté  de  terre  eft  encore  un  ancien  temple  qu'on  ap- 
mées  Taipechan  ,  fituées  à  l'orient  du  fleuve  Lao  où  ils  pelle  l'école  de  Virg*  Michelot,  port,  de  la  Médit,  p.  1 19. 
fe  fortifièrent,  Vouheou  ,  impératrice  des  Lam,  donne  POINTE  D'ARC ACHON  ,  pointe  ou  cap,  fur  la 
a  leur  chef  nommé  Kiempeyn  ,  le  titre  de  Khan  du  côte  occidentale  de  la  France,  à  l'embouchure  du  baffin 
royaume  deHin.&à  Kickietchengsiang  celui  de  Khan  d'Arcachon  .dans  la  mer  de  Gascogne.  On  l'appelloic 
du  royaume  de  Chin.  Le  premier ,  ayant  refufé  de  fe  anciennement  Curianum  Promontoratm.  Aujourd'hui  on 
foumettre  à  cette  impératrice  ,  fut  battu  par  les  armées  le  nomme  affez  communément  le  cap  Feret. 
Chinoifes,&  eut  la  tête  tranchée.  Tehong-siang  étant  POINTE  DES  BADINES  ,  pointe  fur  la  côte  de 
mort  enfuite  ,  fon  fils  Tientesgung  lui  fuccéda.  Il  fournit  France  ,  dans  la  mer  Méditerranée,  environ  à  trois 
les  PegucV  prit  le  ritre  de  roi  de  Chin.  Il  fit  alliance  milles  vers  le  nord -eft  de  l'ifle  de  Ribaudas ,  fur  la 
avec  les  Turcs.  Son  pays  avoir  environ  cinq  milles  côte  de  Provence.  Cette  poinie  fait  le  commencement 
d'étendue  ;  plus  de  cent  mille  familles  lui  étoient  fou-  de  la  baie  d'Hieres.  Elle  eft  de  moyenne  hauteur,  6c 
mifes  ,  6c  il  pofiedoit  une  grande  partie  de  la  Corée,  il  y  a  au  bout  de  cette  pointe  tout  proche  de  cette  terre 
Il  fit  quitter  à  fes  peuples  le  nom  de  Moko  pour  prendre  un  ecueil.  On  peut  mouiller  cependant  du  côté  du 
celui  de  Pohai.  Ce  royaume  fubfifta  depuis  720  ,  après  nord  à  demi-porrée  de  canon,  vis-à-vis  d'une  plage, 
J.  C  jusqu'à  926  ,  quelesKitonsen  firent  la  conquête.*    par  cinq  à  fix  brafles  d'eau,  fond  de  fable.  Ce  mouil 


Hift.  Gén.  des  Huns  par  M.  de  Guignes ,  1. 1.  p.  207, 

POHEM  ,  forterefle  de  Moscovie,  dans  la  Tartarie  , 
félon  Corneille  ,  Dicl.  qui  cite  Maty  ,  qui  a  trouve  ce 
nom  dans  la  carte  de  Moscovie  de  San  fon  i  mais  com- 
me Sanfon  s'eft  trompé  dans  cet  endroit ,  il  a  entraîné 


lage  eft  propre  pour  les  vents  de  fud  -  fud  -  oueft  Se 
oueft  ,  mais  il  ne  faut  pas  s'y  laiffer  furprendre  des 
vents  d'eft ,  auquel  cas  il  faut  aller  mouiller  à  Capeau. 
*  Michelot ,  port,  de  la  Médit,  p.  j6. 

POINTE  DE  BUCHAM  ,  cap  d'Ecofle,  fur  la  côte 


avec  lui  tous  ceux  qui  l'ont  fuivi  fans  examen.  C'étoit    orientale.  On  l'appelle  dans  le  pays  Buchannejf.  Voyez,, 
Pelun  qu'il  falloir  lire,  Ôc  nom  Pobem.  Cette  forte-    Buchan. 


reiïe  ,  ou  petite  ville  ,  eft  dans  la  Sibérie  ,  fur  la  rivière 
de  Pelun  ,  au  nord  occidental  de  Tobolskoy ,  entre 
1  Oby  ôc  le  Kama.  *  Carte  nouvelle  de  l'tmpïre  Rujfun. 
PÔHINC,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channton  ,  au  département  de   Cincheu  ,  quatrième 


POINTE  DES  CELEBES  ,  cap  de  l'ifle  de  Célebes, 
dans  la  partie  feptci-trionale  de  cette  ifle ,  du  côté  de 
l'orient  ,  au  royaume  de  Manado. 

POINTE  DE  LESPIQUETTE(  la),  pointe  fur  la 
côte  de  France ,  dans  la  mer  Méditerranée  ,  près  du  Gras 


métropole  de  la  province.  Elle  eft  d'un  d.  32  min.  plus    d'Aiguemorte.  Entre  cette  pointe  6c  le  Gras  d'Aiguë 


orientale  que  Péking ,  fous  le  37  d.  10  min.  de  lati 
tude  feptentrionale.  *■  Atlas  Sinenjîs. 

POHLARN  ,  petite  ville  d'Autriche  ,  mais  ancienne , 
dépendante  de  l'évêché  de  Ratisbonne. 

POI ,  cité  de  la  Chine ,  dans  la  province  de  Nanking , 
au  département  de  Siucheu  ,  quatrième  grande  cité 
de  la  province.  Elle  eft  de  o  d.  14  min.  plus  occi- 
dentale que  Peking ,  fous  les  3;  d.  26  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.  *  Atlas  Sinenjîs. 

POIGNAC  ,  bois  de  France  ,  dans  la  Haute-Marche  , 
maîtrife  des  eaux  &  forêts  de  Gueret.  Il  contient  cinq 
cens  cinquante  huit  arpens. 

POIGNY  ,  vieux  château  de  l'ifle  de  France  ,  aux 
environs  de  Rambouillet.  Il  eft  flanqué  de  quatre  pavil- 
lons: autrefois  il  appartenoit  à  la  maifon  d'Angennes; 
aujourd'hui  il  eft  entre  les  mains  de  M.  le  duc  de  Pen 


morte  il  y  a  une  entrée  qui  conduit  au  forr  Pecaix 
où  font  plufieurs  falines.  Sur  la  pointe  d'Espiquette  on 
voit  plufieurs  cabanes  de  pêcheurs.  Voyez.  Pointe  de 
la  Pinède.  *  Michelot ,  porr.  de  la  Médit,  p.  58. 

POINTE  DE  MALALANGUE,  pointe  fur  la  côte 
de  Savoye  ,  dans  la  Méditerranée.  C'eft  proprement 
la  pointe  de  l'eft  de  la  baie  de  Ville-Franche.  Elle  eft 
haute,  &  elle  avance  beaucoup  en  mer.  L'extrémité  en 
eft  baffe  j  6c  tant  foit  peu  au  dedans  de  cette  pointe 
Se  vers  l'ouelt  il  y  a  une  roche  presque  à  fleur  d'eau, 
où  la  mer  brife  quelquefois  ,  mais  elle  n'eft  pas  loin 
de  terre.  *  Michelot  ,  port,  de  la  Médit,  p.  84. 

POINTE  DE  LA  MAYRE  ,  fur  la  côte  d'Italie , 
à  l'extrémité  orientale  de  la  côte  de  Gènes.  De  la  cita- 
delle de  Sainte  Marguerite  à  la  pointe  de  la  Mayre , 
il  y  a  environ  fept  milles  vers  l'eft- fud- eft.  Certe  pointe 


thievre.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France  ,  t.  2.  p.  672.    eft  forr  groffe,&  fait  l'entrée  du  golfe  de  la  Mayre, 


2.  POILLY  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Gâtinois  , 
élection  de  Gien. 

2.  POILLY ,  village  de  France ,  dans  le  diocèfe  de 
Sens  ,  au  canton  qu'on  appelle  la  vallée  d'Aillant  , 
à  quatre  lieues  d'Auxerre ,  vers  le  couchant,  élection 
de  Joigny.  C'eft  une  des  terres  que  Saint  Germain  ,  évê- 
que  d'Auxerre  ,  mort  en  448  ,  donna  à  fon  églife  avec 
celle  de  Marnay  ,  qui  en  eft  voifine  :  Fauliatumfeu  Mar- 
ciniacum.L'égliCe  du  lieu  qui  porte  fon  nom,  étoir  cé- 
lèbre dès  le  IX  fiécle  ,  puisque  Heric  ,  auteur  du  tems  , 
écrit  qu'alors  il  s'y  opéra  plufieurs  merveilles  par  l'in- 
terceffion  du  fainr.  L,  1.  mit.  S.  Germ.  c.  44.  L'églife 
d'Auxerre  ne  jouit  plus  de  cette  terre  depuis  long-tems. 


qui  eft  affez  profond  ,  6c  c'eft  où  finit  la  côte  de 
Gènes.  Près  de  cette  pointe  il  y  a  un  gros  écueil  hors 
de  l'eau.*   Michelot,  porr.  de  la  Méditer,  p.  97. 

POINTE  DE  LA  PINEDE  (la  ) ,  pointe  fur  la  côte 
de  France  ,  dans  la  Méditerranée,  près  de  la  pointe  de 
l'Espiquerte  vers  l'eft.  C'eft  une  pointe  baffe,  bordée 
de  fable  ,  auprès  de  laquelle  il  y  a  un  bocage  de  pins ,  ce 
qui  a  fait  qu'on  a  appelle  ce  lieu-là  la  Pointe  delà  Pinède. 
Ces  arbres,  Se  les  cabanes  de  pêcheurs  qui  font  fur  la 
pointe  de  l'Espiquette  ,  donnent  la  connoiffance  de  ces 
deux  pointes  ;  car  comme  le  terrein  eft  forr  bas ,  on 
ne  le  peur  voir  à  moins  que  d'en  être  fort  près.  * 
Michelot ,  port,  de  la  Méditer,  p.  18, 

POINTE 


POI 


POINTE  DE  POZILIPPE  ,  pointe  fur  la  côte  d'Italie, 
dans  le  golfe  de  Naples.  De  la  petite  ifle  ,  qui  elt  à  la 
pointe  de  l'Algalogne  ,  jusqu'à  la  pointe  de  Pozilippe  , 
il  peut  y  avoir  une  demi-lieue.  Entre  les  deux  ,  la  côte 
eft  de  moyenne  hauteur ,  remplie  de  grandes  maifons  ; 
mais  la  plupart  abandonnées.  Il  y  en  a  plufieurs  le 
long  de  cette  côte ,  qui  font  abîmées  fous  l'eau.  On  en 
voit  encore  les  murailles  à  fleur  d'eau  8c  fous  l'eau , 
Se  plufieurs  rochers  fort  au  large  ;  c'eft  pourquoi  il  faut 
palier  au  large  ,  du  moins  à  un  mille.  Au  bout  de  la 
pointe  de  Pozilippe  on  commence  à  découvrir  la  ville 
de  Naples.  En  y  allant  le  long  de  cette  côte  ,  il  y  a 
plufieurs  piliers,  tours,  8c  maifons  abîmées  ;  ck  quel- 
ques roches  à  fleur  d'eau  &  fous  l'eau  ,  qui  s'avance 
près  de  quatre  cens  toifes  au  large ,  à  quoi  il  faut  bien 
faire  attention ,  en  allant  à  Naples.  On  reconnoît 
cette  pointe  par  une  grande  maifon  ,  qui  cft  fur  le 
haut ,  8c  qui  eft  fort  blanche.  On  peut  néanmoins  ran- 
ger les  dangers  appareils  de  cette  pointe ,  à  deux  lon- 
gueurs de  cables.  On  y  trouvera  trois  à  quatre  brades ,  8c 
un  peu  après  douze  8c  quinze  bralïes.  *  Micbelot ,  port, 
delà  Méditer.p.  119. 

POINTE  RICHE  (la),  pointe  fur  la  côte  de  France, 
dans  la  Méditerranée ,  environ  quatre  à  cinq  cens  toi- 
les vers  l'eft-fud-eft  du  cap  Couronne.  Elle  eft  de  moyen- 
ne hauteur.  Entre  cette  pointe  8c  ce  cap  il  y  à  un  grand 
enfoncement  bordé  d'une  plage  de  fable  ,  appellée  la 
Tlage  de  Verdun,  où  l'on  pourroit  mouiller  eh  cas  de 
befoin  ,  lorsque  les  vents  font  à  la  terre.  Au-deffus  de 
cette  plage  ,  à  une  grande  portée  de  fufil  ,  on  voit  le 
village  de  la  Couronne.  Environ  un  mille  vers  l'eft  de 
la  Pointe-Riche  ,  il  y  a  un  écueil  plat  hors  de  l'eau , 
qu'on  appelle  le  Ragnon  ,  proche  duquel  il  y  a  une 
Madrague.  Il  y  en  a  auiïi  plufieurs  autres  le  long  de 
cette  côte  ,  jusqu'au  fond  de  la  baie.  Elles  s'avancent 
en  mer  environ  fix  à  fept  cens  toifes  ;  mais  on  ne  les 
tend  qu'en  été.  *  Michelot  ,  port,  de  la  Médit,  p.  Gx. 

POINTE  DE  SAINT  PIERRE  (  la  )  :  on  donne  au- 
jourd'hui ce  nom  à  la  partie  la  plus  orientale  de  l'ifle 
de  Cadix ,  fur  la  côte  d'Espagne.  L'origine  de  ce  nom 
vient  d'un  iflet  fur  lequel  il  y  a  une  tour  £V  une  cha- 
pelle ou  hermitage  dédié  à  l'apôtre  S.  Pierre,  qui, à 
ce  qu'on  prétend  ,  y  a  prêché  autrefois.  Ce  lieu  s'appel- 
ïoit  anciennement  Heracluim  ,  à  caufe  du  fameux  tem- 
ple d'Hercule  qui  y  étoit  fitué.  *  Làbat ,  voyage  d'Es- 
pagne ,  t.  2.  p.  47. 

POINTE  DESAINTSEBASTIEN(la):on  donne 
ce  nom  en  Espagne  à  la  partie  la  plus  occidentale  de 
Cadix  ,  &  qui  étoit  autrefois  Cronutm ,  à  caufe  d'un  tem- 
ple de  Saturne  ,  qui  y  étoit.  On  la  nomme  préfente- 
ment  la  pointe  de  Saint  Sébaftien  ,  à  caufe  d'une  cha- 
pelfe  8c  d'un  hermitage  dédié  à  ce  Saint.  On  y  va  en 
pèlerinage  le  20  Janvier.  Comme  cet  endroit  eft  éloi- 
gné &  défert ,  on  prétend  que  le  prétexte  de  dévotion 
donne  quelquefois  occafion  à  diverfes  aventures.  *  La- 
bat ,  voyage  d'Espagne  ,  r.  2.  p.  47. 

POINTE  DES  SAINTES  MARIES(  la  )  ,  pointe  fin- 
la  côte  de  France ,  dans  la  Méditerranée ,  environ  fix 
milles  vers  l'eft  ,  cinq  degrés  vers  le  fud  de  la  pointe 
de  la  Pinède.  Il  y  a  fur  cette  pointe  plufieurs  cabanes 
deftinées  pour  Ja  retraite  des  pêcheurs,  qui  ordinaire- 
ment font  la  pêche  de  la  mélette  ,  8c  autre    poifîbn 
pendant  l'été  ,  &  entre  ces  deux  pointes  eft  l'entrée  ou 
le  gras  des  Saintes  Maties  :  il  ne  peut  y  entrer  que 
des  bateaux  ,  encore  avec  peine  :  il  y  a  aufli  une  baie  à 
l'entrée  ;  mais  ordinairement  les  tartanes  ,  qui  appor- 
tent le  poiiTon  en  ces  lieux  ,  ou  à  Arles ,  mouillent  vis- 
à-vis  de  la  pointe.  La  ville  des  Saintes  Maries  eft  environ 
demi-lieue  dans  les  terres  :  elle  fe  voit  d'affez  loin ,  8c 
paroît  comme  les  voiles  d'un  vaiffeàu.  *  Michelot ,  port, 
de  la  Méditerranée,  p.  59. 

Lorsqu'on  navige  le  long  de  ces  côtes ,  à  une  dirtan- 
ce  de  trois  à  quatre  lieues,  on  a  peine  à  découvrir  les 
terres ,  parce  qu'elles  font  extrêmement  baffes  ;  mais  on 
découvre  les  clochers,  les  tours  des  villes  8c  des  villages, 
8c  les  cabanes  des  pêcheurs  ,  qui  font  fur  le  bord  de 
la  mer.  On  peut  néanmoins  ranger  à  discrétion  toutes 
ces  côtes  avec  un  beau  rems ,  principalement  lorsque  les 
vents  font  à  terre. 

POINTE  DES  TIGNES  (  la  ) ,  pointe  fur  la  côte 


POI       1009 

de  France,  dans  la  mer  Méditerranée,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  du  Rhône,  345  milles  à  l'eft- quart-lud- 
eftdu  port  de  Cette  ,  &  à  1 3  milles  au  fud-eft  quart  de 
fud  de  la  pointe  des  Saintes  Maries.  11  y  a  entre  ces 
deux  pointes  un  grand  enfoncement  dans  lequel  on 
peut  mouiller  dans  une  néceflîte  ,  y  ayant  536  biaffcs 
d'eau,  fond  de  vafe  molle,  8c  ou  l'on  eft  à  couvert 
des  vents  d'eft  8c  de  fud-eft  ;  mais  il  faut  bien  prendre 
garde  de  ne  pas  fe  laiffer  furprendre  par  les  vents  du 
large  ;  car  on  ne  pourroit  doubler  les  pointes  ni  d'un 
côté  ni  d'autre.  Ce  qu'on  appelle  ordinairement  les  'lignes 
ou  Tignaux ,  font  plufieurs  baffes  pointes  de  maré- 
cages ,  &  petits  bancs  de  fable  ,  qui  font  aux  environs  ,  8c 
qui  s'avancent  le  plus  au  large  de  tout  le  golfe  de  Lyon. 
C'eft  le  lieu  où  fe  vient  jetter  la  rivière  du  Rhône  ,  <Sc 
l'endroit  le  plus  dangereux  de  ces  côtes ,  à  caufe  des 
bords  de  la  mer  ,  qui  y  font  fort  bas.  *  Michelot ,  Portu- 
lan de  la  Méditerranée,  p.  jo. 

1.  POINTE  (  la  ) ,  on  l'entrée  du  Port-Royal  ,  dans 
l'ifle  de  laJamaïque.  Voyez.  Port  Royal.  *  Le  père 
de  Charlcvoix.  Hift.  de  S.  Domingue ,  t.  2. 
_  2.  POINTE,  ou  le  Fort  de  la  (la)  Pointe 
dans  l'ifle  Espagnole,  entre  Leogane  &  la  rivière  de 
l'Efter  :  elle  défend  la  rade  de  Leogane.  *  Le  pere  de 
Charlcvoix ,  Hift.  de  S.  Domingue, r.  2. 

3.  POINTE  (  la  )  ,  des  Mangles  ou  des  Roches  , 
qui  eft  à  l'entrée  de  la  baie  du  petit  Goave  ,  dans  la 
même  ifle  Espagnole.  *  Le  pere  de  Carlevoix  ,  Hift.  de 
S.  Domingue  ,  t.  2. 

POIRE  (  le  )  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Poitou  , 
élection  des  fables  d'Olonne. 

POISARTEMIS.  Voyez.  Pensatemidos. 
POISEUX  ,  paroiffe  de  France ,  dans  le  Nivemois , 
élection  de  Nevers.  Elle  eft  fituée  partie  dans  des  vallons, 
8c  partie  dans  les  montagnes  :  fes  terres  font  propres  pour 
le  froment  l'orge  8c  l'avoine.  Les  foins  y  font  aufli  abon- 
dans.  H  s'y  fait  un  petit  commerce  de  beftiaux  ,  8c  il  y 
a  un  fourneau  ,  une  forge  8c  quelques  bois  taillis.  Cette 
paroiffe  a  titre  de  barohnie ,  mouvante  de  l'évêché  de 
Nevers.  Le  feigneur  cft  tenu  de  porter  l'évêque  le  jour 
de  fon  entrée. 

POISSONNIERE  (  la  )  ,  château  de  France  ,  dans 
le  Vendomois.  C'eft  la  patrie  du  po'ete  Ronfard. 

POISSONS-BLANCS  ,  peuples  fauvages  ,  dans  l'A- 
mérique feptentrionale  ,  dans  la  nouvelle  France.  Ils  ha- 
bitoient  autrefois  au  bord  de  la  rivière  de  Maitabirofine, 
&  fort  avant.  Il  font  descendus  vers  fon  embouchure  , 
au  cap  de  la  Magdeléne ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de 
Trois-Rivieres  ,  afin  dé  commercer  plus  aifément  avec 
les  François. 

POISSY  ,  petite  ville  de lifte  de  France ,  au  bord  de 
la  forêt  de  S.  Germain  ,  à  fix  lieues  de  Paris  ,  fur  la 
rive  gauche  de  kSeine  ,  une  lieue  au-deffous  du  confluent 
de  l'Oyfe  avec  la  Seine.  Ce  lieu  ,  qui  eft  fort  ancien , 
lie  fe  nomme  point  en  latin  Fisciacum  ,  8c  ne  vient 
point  à  Piscibus ,  comme  quelques  modernes  l'ont  cru  \ 
mais  il  fe  nomme  Pinciacum  ,  comme  il  eft  marqué  dans 
les  anciennes  Chartres  &  dans  Tes  capitulaires  des  rois. 
Le  pays  des  environs  s'appelle  Pagus  Pinciacenfis  ,  8c  eri 
françois  le  Pincerais  ,  qui  donne  encore  fon  nom 
à  un  des  archidiaconés  de  l'églife  de  Chartres.  Les  an- 
ciens rois  ont  quelquefois  demeuré  à  Poiffy.Ils  y  avoient 
un  beau  château  ,  dès  le-  tems  que  celui  de  S.  Germain 
en  Laye  fut  bâtie.  Saint  Louis  y  naquit  8c  y  fut  baptifé  ; 
aufli  prenoit  il  plaifir  à  fe  qualifier  Louis  de  Poissy. 
Philippe-le-Bel,fonpetitfils  fit  bâtir  la  magnifique  églife 
&  le  mouaftere  de  religieufes  de  l'ordre  de  fainr  Domi- 
nique ,  qu'il  dota  de  grands  revenus.  11  y  avoit  aupa° 
ravant  une    églife    de  Notre  -  Dame   ,    que   la  reine 
Confiance,  femme  de  Robert  ,  avoit  fondée  ,  8c  où 
elle  avoit  mis   des  chanoines  de  la  régie  de  fainr  Au- 
guftin.  Les  religieufes  de  faint  Dominique  ont  fuccédé  à 
ces  chanoines.Ôn  a  remarqué  que  Philippe  Ie-Bel  fit  bâtir 
l'églife  au  même  lieu  où  étoit  le  château  ,  &:  que  le 
grand-autel  fut  placé  au  même  endroit  où  éroit  le  lit  de 
la  reine  Blanche  ,  lorsqu'elle  accoucha  de  fainr  Louis  ; 
ce  qui  eft  caufe  que  cette  églife  n'eft  point  orientée  com- 
me elle  devroit  l'être.  Ce  prince  n'ayant  pu  achever  cet 
édifice  ,  le  recommenda  par  fon  teftament  à  fes  fticcef- 
feurs ,  &c  il  ne  fut  achevé  qu'en  1530,  par  Philippe  de 
Tom.  IV.  M  m  mm  mm 


ïoio        POI 

Valois.  Depuis  ce  tems  ce  lieu  a  toujours  été  en  grande 
vénération,  Se  le  monaftere  a  été  gouverné  plufieurs  fois 
par  des  princefles.  Plufieurs  rois  ,  princes  Se  princefles 
yontleurfépulture.  Madame  de  Chaunes.prieure  de  cette 
maifon  ,  faiiant  en  1 687,  réparer  le  chœurdesreligieufes, 
on  trouva  dans  un  petit  caveau  une  manière  d'urne  d'é- 
tain  ,  pofée  fur  des  barres  de  fer  :  dans  cette  urne  étoient 
enveloppés  d'une  étoffe  d'or  &  rouge  ,  deux  petits  plats 
d'argent  ,  avec  cette  inferiprion  fur  une  lame  de 
plomb  :  Ci  gît  le  cœur  du  roi  Philippe- le  Bel ,  fondateur 
de  cette  églife  Se  abbaye  ,  qui  trépafla  à  Fontainebleau  le 
29  Novembre  13 14.  11  s'y  trouva  aufîï  plufieurs  autres 
tombeaux  de  princes  Se  princefles  du  fang.  Le  feu  du  ciel 
tomba  fur  cette  églife  le  21  Juillet  1695  ,  &  confuma  en 
moins  de  deux  heures  tout  le  comble  ,  avec  le  beau 
clocher  ou  pyramide  ,  revêtue  de  plomb  ,  qui  avoit 
quarante  cinq  toifes  de  haur.  Outre  ce  fameux  mona- 
ftere, il  y  a  encore  à  Poifly  une  églife  collégiale,  une 
paroi fle,  un  couvent  de  Capucins,  un  d'Urfulines ,  Scan 
hôpital ,  fous  le  titre  de  la  Chanté  ,  &  qui  eft  gouverné 
par  des  filles  de  faint  Thomas.  On  tient  tous  les  Jeu- 
dis à  Poifly  un  fameux  marché  de  gros  beftiaux  qu'on 
y  amené  pour  la  nourriture  de  Patis.  Il  y  a  encore  un 
marché  ordinaire  tous  les  Mardis  Se  Vendredis.  Au 
bout  de  la  ville  eft  un  pont ,  qu'on  appelle  le  Pont  de 
PoiJJy  :  il  eft  renommé  tant  par  fa  largeur ,  qui  ne  cède 
qu'à  bien  peu  de  ponts  du  royaume  que  par  l'agré- 
ment de  la  vue  qui  eft  des  plus  charmantes  &  fort 
étendue.  C'eft  au  bas  de  ce  pont  qu'on  prend  les  ba- 
teaux pour  descendre  à  Rouen.  *  Longuerue  ,  Defcr.  de 
la  France  ,  part.  1.  p .  16.  Piganiol ,  Defcr.  de  la  France , 
t.  ip.  93. 

On  tint  dans  cette  ville  une  aflemblée  publique  de 
prélats,  Se  de  quelques  uns  des  fettateurs  de  Calvin. 
Cette  aflemblée  qu'on  appelle  le  Colloque  de  Poifly  , 
commença  le  4  Septembre  1561  ,en  préfence  de  Char- 
les IX  ,  de  Catherine  de  Médicis  fa  mère  ,  ôc  de  toute 
la  famille  royale  ,  ôc  finit  le  25  Novembre  de  la  même 
année  ,  fans  aucun  fruit. 

POITEVINIEZE  (  la  ),  bourg  de  France, dans  l'An- 
jou ,  élection  d'Angers. 

POITIERS  ,  ville  de  France ,  capirale  du  Poitou.  Elle 
fut  appel lée  parles  Latins  Auguftoritum  ,  du  nom  d'Au- 
gufte  fon  fondateur.  Cetre  ville  eft  bâtie  fur  une  colline, 
à  la  rive  gauche  de  la  petite  rivière  de  Clain.  Poitiers 
eft  une  très-grande  ville  -,  mais  elle  n'eft  pas  peuplée. 
Les  Romains  y  érigèrent  des  monumens  ,  dont  les  reftes 
lui  font  encore  honneur.  L'Amphithéâtre  étoit  un  des 
plus  remarquables.  Il  eft  tellement  ruiné ,  qu'on  a  peine 
à  reconnoître  fa  grandeur  Se  fa  figure.  Un  peu  au- 
deflbus  on  trouve  un  grand  arc  conftruit  de  grofles 
pierres  de  taille  ,  qu'on  croit  avoir  été  un  arc  de  triom- 
phe. Il  fert  actuellement  de  porte  à  une  rue  qui  va  au 
pont  &  à  la  porte  de  S.  Cyprien.  Les  ruines  du  Palais-Ga- 
lien  font  encore  des  reftes  précieux  d'antiquité.  Voici 
ce  qu'en  dit  l'auteur  de  l'hiftoire  d'Aquitaine.  La  ctm- 
mune  renommée  fait  brun  d'un  palais  ,  lequel  y  fut 
autrefois  édifié ,  appelle  le  palais  Galien  &  des  Arènes , 
dont  on  peut  conjetlurer  par  les  veftiges  qui  encore  appa- 
roijfcnt,  que  ce  fui  un  palais  fomptaeux  ,  &  de  grande 
ftrutlure  ;  mais  je  n'ai  trouvé  abfolument  qui  l'a  fait 
faire.  Toutefois  on  pourroit  dire  qu'il  fut  fait  du  tems 
que  Galienus  étoit  empereur  de  Rome ,  qui  fut  l'an  de 
fa  lut  t$j ,  &  auffi  le  palais  Galienne  de  Bourdeaux; 
car  les  Jomptueux  édifices  qu'on  faifoit  es  villes  &  ré- 
gions ,  Cr  provinces ,  étant  Jous  l'empire  romain ,  prennent 
communément  leur  nom  des  empereurs  ,  qui  lors  étoient  ; 
&  ledit  Galienus  tint  fon  empire  en  Aquitaine  ,  com- 
me il  appert  par  l'hiftoire  cr  légende  de  M.  Saint  Cler ,  qui 
fut  martyrifé  fous  fondit  empire.  Et  quant  au  lieu  des 
Arènes  qui  eft  joignant  ledit  palais ,  c 'étoit  le  lieu  ,  pour 
faire  jov.ftes  &  tournois.  Et  pour  l'entendre  eft  à  pré- 
fuppofer  que  les  Romains  eurent  les  exercices  &  disci- 
plines militaires.  ..  .&  avaient  places  fablonneuf es  qu'ils 
appelaient  Arènes,  &  près  d'elles  cavernes,  &  jojfes  voû- 
tées où  Us  exerf  oient  les  lions ,  léopards  ,  ours  ,  &  autres 
bêtes  cruelles  ,  contre  lesquelles  les  gens  qu'on  vouloit 
envoyer  en  guerre  ,  qu'ils  appelaient  Gladiateurs  ,  fe 
cvmbatt oient  fur  l'Arène  ,  c'eft- à-dire  fur  le  fable  ,  tant 
pour  le  pajjetcms  des  prit/ces  ,  que  pour  les  rendre  plus 


POI 


hardis  en  guerre ....  Et  au  regard  des  grands  ar- 
ceaux qu'on  voit  hors  la  ville  de  Poitiers  ,  correspon- 
dans  à  ce  palais  ,  c' étoient  conduits  &  caftais  pour  faire 
diftilerçr  venir  l'eau  de  quelque  fontaine  en  iceluipalais. 
Ces  aqueducs  ,  qu'on  appelle  aujourd'hui  les  Arceaux 
de  Periginy  ,  font  à  un  quart  de  lieue  de  la  ville,  du  côté 
de  la  porte  de  la  tranchée.  On  voit  au  milieu  de  la  ville 
de  Poitiers  une  grofie  tour  ronde ,  conftruite  de  grandes 
pierres,  ôc  ornée  par  les  dehors  de  plufieurs  figures, 
quon  dit  avoir  été  le  château  d'un  homme  de  crédit , 
appelle  Maubergeon.  *  Piganiol  de  la  Force ,  Defcrip- 
tion  de  la  France  ,  t.  j.  p.  94.  ôc  fuiv. 

L'églife  cathédrale  eft  dédiée  à  faint  Pierre.  Elle  eft 
fort  longue  ôc  fort  large.  Si  fon  élévation  répondoic 
aux  deux  autres  dimenfions  ,  ce  feroit  fans  contredit 
une  des  plus  belles  églifes  du  royaume.  Les  antiquaires 
y  remarquent  un  ancien  marbre  blanc ,  long  de  fix  à 
fept  pieds ,  d'un  pied  ôc  demi  ou  environ  en  carré  , 
Se  fur  lequel  eft  une  infeription  qu'on  peut  lire  dans 
le  fupplément  de  la  Diplomatique  du  père  Mabillon. 
Ce  marbre  fut  tiré  il  y  a  quelques  années  de  l'églife  de  S. 
Jean ,  que  la  plupart  des  antiquaires  croient  avoir  été 
un  temple  d'idoles. 

Après  la  cathédrale  ,  l'églife  collégiale  de  S.  Hilaire 
eft  la  plus  confidérable  de  cette  ville.  On  y  remarque 
le  tombeau  de  Gilbert  de  la  Poirée  ,  qui  avoit  été  tré- 
forier  de  S.  Hilaire  ,  avant  que  d'être  évêque  de  Poitiers  , 
&  qui  voulut  y  être  enterré.  Ce  tombeau ,  qui  eft  de 
marbre  blanc,  a  quatre-vingt  trois  pouces  de  long  ,  fur 
trois  pieds  de  large  ,  Se  autant  de  profondeur.  Il  eft  or- 
né de  deux  rangs  de  bas- reliefs,  qui  repréfentent  une 
partie  de  la  vie  de  Jefus-Chrift,  depuis  fon  entrée  dans 
Jérufalem.  Ce  monument  a  été  moitié  brifé  par  les 
Calviniftes ,  qui  en  tirèrent  le  corps  du  prélat  ,  ôc  le 
jetterent  au  feu.  Il  eft  élevé  fur  de  bas  pilaftres  d'en- 
viron deux  pieds.  Du  côté  oppofé,  derrière  le  chœur, 
eft  le  refte  d'un  ancien  fépulcre ,  à  peu  près  de  la  gran- 
deur du  précédent  ,  Se  couverr.  Il  eft  d'une  efpece  de 
pierre  calcinée ,  tirant  ftir  le  blanc ,  Se  orné  de  quelques 
figures  en  bas-relief.  On  prétend  qu'il  a  la  propriété 
de  confumer  en  vingt-quatre  heures  les  cadavres  que 
l'on  y  renferme.  Ce  tombeau  eft  rompu  en  deux  en- 
droits. Dans  une  chambre  qui  eft  à  côté  de  l'orgue ,  ori 
garde  le  berceau  de  S.  Hilaire.  C'eft  la  moitié  d'une  fou- 
che  de  chêne ,  d'environ  fix  pieds  de  long  ,  fur  deux  6c 
demi  de  diamètre ,  ôc  creufée  en  forme  d'auge.  On  met 
dedans  &  on  y  attache  les  fols  ôc  les  infenfés  pouf 
les  guérir. 

L'abbaye  de  Sainte  Croix  eft  un  monument  de  la  piété 
de  fainte  Radegonde ,  reine  de  France.  On  prétend  que 
l'églife  d'aujourd'hui  eft  du  tems  de  Charlemagne.  La 
nef  fert  de  chœur  aux  religieufes ,  ôc  les  fiéges  font  ornés 
chacun  d'un  rableau  peint  fur  cuivre  que  le  prince  d'O- 
range envoya  à  madame  de  Naflau  /a  fœur ,  abbefle 
de  ce  monaftere.  Une  des  plus  faintes  curiofités  de 
cette  abbaye ,  eft  la  cellule  de  fainte  Radegonde ,  Se  que 
l'on  nomme  le  Pas  de  Dieu  ,  à  caufe  du  miracle  qui 
y  arriva.  Bandomine  ,  qui  avoit  été  élevée  dès  fon  en- 
fance avec  fainte  Radegonde  Se  qui  la  fuivit  dans  le 
cloître ,  raconte  que  le  3  Août  390,  cette  fainte  étant 
en  prières  dans  fa  cellule  ,vit  un  beau  jeune  homme  tout 
refplendiflant  de  gloire.  Elle  fut  troublée  de  cette  ap- 
parition ;  mais  il  la  raflura,en  lui  difant  qu'il  étoit  le 
Chrift  qui  venoit  pour  la  confoler  ,  en  l'affûtant  qu'il 
étoit  toujours  avec  elle ,  Se  qu'elle  étoit  une  des  belles 
pierres  de  fa  couronne.  Jésus- Christ  disparut ,  mais 
il  laifla  l'impreflîon  d'un  de  fes  pieds  dans  cette  cellule  , 
&  c'eft  ce  qu'on  appelle  le  Pas  de  Dieu. 

L'églife  de  Notre-Dame-la-Grande  fut  bâtie  ,  à  ce 
qu'on  dit ,  du  tems  de  l'empereur  Conftantin.  Sur  un 
des  murs  extérieurs  on  voit  la  ftatue  équeftre  de  cet  em- 
pereur ,  accompagnée  de  ces  quatre  vers  : 

Çhtam  Conftantini  pietas  erexerat  olim, 
Aft  Hoftis  rabies ftravtrat  iffigiem. 

Reftituit  veteres  cupiens  imitarier  ufus , 
Vidus  Eqùes  /fampli  Cœnobiarchapius. 

Cette  églife  fut  d'abord  dédiée  à  S.  Nicolas  ,  évê- 
que de  Myre  ;  mais   elle   changea  de    npm  à  l'occa 


POI 


fion  d'un  miracle  arrivé  par  l'inrercdïion  de  la  Sainte 
Vierge.  • 

Au  milieu  de  la  place  royale  eft  une  ftatue  pédeftre 
de  Louis  le  Grand ,  en  fine  bronzé ,  fur  un  piedeilal 
cubique,  cantonné  de  thermes  qui  repréfentent  des  na- 
tions. Sur  le  piedeilal  font  gravées  quelques  inferip- 
rions  à  la  louange  du  roi. 

On  compte  dans  Poitiers  quatre  chapitres ,  outre  ce- 
lui de  la  cathédrale  i  vingt-deux  paroiffes ,  neuf  cou- 
vens  d'hommes,  douze  de  filles ,  fans  compter  les  ab- 
bayes ;  deux  féminaires,  trois  hôpitaux  Se  fix  portes  qui 
font  celles  de  Saine  Lazare,  de  Rocheyeid,  du  Pont 
Joiiben  ,  de  Saint   Cyprien ,  qui  ont  chacune  un  pont 
fur  le  Gain  :  la  porte  de  la  Tranchée  étant  fans  eau  , 
Se  d'ailleurs  d'un  accès  facile  ,  on  l'a  fortifiée  :  la  fixié- 
me  eft  celle  du  Pont  à  char,  où  les  carroflés  ne  peuvent 
paiTer.  Proche  de  la  porte  de  Saint  Lazare  étoit   un 
vieux  château,  dont  il  relie  encore  quelques  tours  ron- 
des Se  des  murailles  d'une  épaiffeur  extraordinaire.  On 
croit  que  c'eft  un  ouvrage  des  Romains.  A  mille  pas  de 
cette  ville  ,  en  fortant  par  la  porte  du  Pont  Joubert, 
on  trouve  une  pierre  de  forme  ovale  ,  qu'on  appelle  la 
Pierre  levée ,  Se  qui  a  environ  vingt  pieds  de  circuit. 
Elle  eft  élevée  fur  cinq  piliers  qui  ont  chacun  trois 
pieds  de  haut.   11  y  a  à  Poitiers  un  bureau  des  finan- 
ces ,  un   préfidial ,  une   élection  ,   une  maréchauffee , 
une  monnoie  ,  une  jurisdiction  des  eaux   Se  forets  Se 
nn  corps  de   ville  compofé  d'un  maire  ,  de  vingt-cinq 
échevins  ,  ôc  de  foixante  Se  quinze  bourgeois.  La  charge 
de  maire  donne  le  privilège  de  nobleffe.  Cette  ville  eft 
presque  fans   commerce.  Ses  habitans  font  naturelle- 
ment pareffeux  ,  adonnés  aux  plaifirs ,  d'ailleurs  doux 
Se  fociables. 

Ce  fut  près  de  Poitiers,  entre  Beauvoir  Se  Mau- 
pertuis,  que  fe  donna  en  1556.  une  bataille  fameu- 
fe  ,  entre  les  François  Se  les  Anglois.  Les  premiers  y 
fuient  défaits  ,  Se  le  roi  Jean  y  fut  fait  prifonnier. 

L'évÊché  de  Poitiers  ,  qui  eft  fuffragant  de  l'arche- 
vêché de  Bordeaux ,  fut  établi  vers  l'an  260.  11  eft  cé- 
lèbre dans  l'hifloire  ancienne  ,  tant  profane  qu'eccléfia- 
ftique  ,  ayant  eu  des  évêques  de  grande  réputation , 
Se  entre  autres  le  grand  faint  Hilaire.  Cependant  tout 
ce  qu'on  dit  des  éveques  de  Poitiers ,  avant  ce  faint , 
n'eft  point  prouvé.  Les  Viligoths  Ariens  qui  s'étoient 
établis  à  Poitiers  dans  le  cinquième  fiécle  y  maltraitè- 
rent les  Catholiques ,  Se  c'eft  probablement  ce  qui  en- 
gagea l'évêque  à  fe  retirer ,  dans  une  place  nommée 
éiatiatum  ,  en  françois  Rais.  C'eft  pour  cela  que  dans 
les  fouferiptions  du  premier  concile  d'Orléans ,  tenu  en 
k  1 1 ,  Adelphius  ,  évêque  de  Poitiers  eft  appelle  Episco- 
■pus  Ratiatenfis.  C'eft  dans  ce  pays  qu'étoit  le  comté 
d'Erbauges,  en  latin  Herbatilicenjïs ,  qui  étoit  du  Poi- 
rou ,  comme  l'affinent  tous  les  auteurs  anciens.  Ce 
fut  Charles  le  Chauve  qui  donna  en  85  1 ,  à  Heris- 
pée  ,  prince  des  Bretons,  tout  le  pays  de  Rais  ,  Ratia- 
tenfis ,  qu'il  unit  à  la  Bretagne  Se  au  diocèfe  de  Nan- 
tes, en  forte  qu'il  ceffa  de  dépendre  de  Poitiets  au  tem- 
porel Se  au  fpiriruel.  L'évêché  de  Poitiers  fut  encore 
diminué  de  moitié  par  le  pape  Jean  XXII ,  lorsqu'il 
érigea  les  nouveaux  fiéges  de  Maillezais  Se  de  Luçon. 
Cet  évêché  vaut  aujourd'hui  environ  vingt-cinq  mille 
livres  de  revenu.  *  Lcnguerue ,  Defc.  de  la  France  , 
part.   1.  p.   148. 

Saint  Pierre  le  Grand  eft  l'églife  cathédrale.  Son  cha- 
pitre eft  compofé  d'un  doyen  ,  d'un  grand  archidiacre, 
d'un  chancelier ,  d'un  prevôr ,  des  archidiacres  de  Brian- 
çon  Se  de  Thouars ,  d'un  foudoyen ,  d'un  chahtre  , 
d'un  fouchantre ,  d'un  théologal ,  Se  de  vingt-quatre 
chanoines ,  dont  les  canonicats  valent  huit  cens  li- 
vres de  revenu.  L'églife  de  Saint  Hilaire  le  Grand  a 
.le  roi  pour  abbé,  Se  la  dignité  de  tréforier  eft  de 
nomination  royale.  Les  canonicats  valent  environ  feize 
cens  livres  de  revenu.  Le  tréforier  eft  toujours  chan- 
celier de  l'univerfité  de  Poitiers.  Dans  le  chapitre  de 
Sainte  Radegonde ,  le  prieuré  eft  la  première  dignité, 
Se  le  revenu  des  chanoines  eft  de  fix  cens  livres.  Le 
chapitre  de  Notre-Dame  a  pour  chef  un  abbé ,  Se  le 
revenu  des  chanoines  eft  de  quatre  cens  livres.  Dans 
le  chapitre  de  Saint  Pierre  le  Puillier  ,  les  canonicats 


POI        ion 

font  de  cinq  cens  livres  de  rente.  Il  y  a  quelques  au- 
tres chapitres  dans  le  diocèfe ,  mais  le  revenu  en  eft 
peu  confidérable.  L'abbaye  de  Saint  Hilaire  le  Grand 
de  Poitiers  étoit  de  l'ordre  de  faint  Benoît ,  Se  fut  fon- 
dée dans  les  premiers  fiécles  ;  mais  ayant  été  détruite 
par  les  païens ,  elle  fut  rebâtie  en  1 049  ,  par  les  foins 
d'Agnès ,  comtefle  de  Poitiers.  Elle  a  été  féculariféc 
Le  tréforier  a  droit  de  porter  la  mitre.  Elle  eft  immé- 
diatement foumife  au  faint  fiége  ,  Se  jouit  de  plufieurs 
beaux  privilèges.  L'abbaye  de  Saint  Cyprien,  bâtie  hors 
des  murailles  de  la  ville  de  Poitiers,  eft  de  l'ordre  de 
S.  Benoit.  Elle  fut  fondée  par  Pépin  ,  roi  d'Aquitaine  ; 
mais  la  plus  grande  partie  de  fes  biens  lui  ont  été  don- 
nés par  Raoul ,  roi  de  France  en  936.  Elle  vaut  en- 
viron neuf  mille  livres  de  revenu.   Monder-Neuf  de 
Poitiers  eft  du  même  ordre ,  Se  fut  fondée  par  Guil- 
laume  Geoffroy,  comte  de    Poitiers  Se    duc  d'Aqui- 
taine, en    1068.  Guillaume,  duc   d'Aquitaine,  Se  fils 
de  Guillaume,  la  dota  en  1077.  Elle  vaut  cinq  mille 
livres  de  revenu.  L'abbaye  de  Sainte  Croix    de  Poi- 
tiers eft  du  même  ordre,  Se  pour  des  filles.  Elle  fut 
fondée  par    fainte  Radegonde  ,  reine    de    France ,  Se 
femme  de  Clotaire  premier.   Sa  fœur ,  Agnès,  en  fut 
la  première  abbefiè.   Cette  fainte  reine  ayant  fait  ap- 
porter un  morceau  de  la  vraie  croix  ,  voulut  que  ce 
monaflere  portât  le  nom  de  Sainte  Croix.  Elle  mou- 
rut dans  cette  abbaye  en  590.  La  Trinité  de   Poitiers 
cil  auifi  de  l'ordre  de  faint  Benoît.  Adeles  ,  femme  d'Elbe 
II,  comte  de  Poitiers  Se  duc  de  Guienne  ,  la  fonda 
vers  l'an  936-,  car  les  lettres  de  confirmation  du  roi 
Lothaire  font  de  cette  année.  Il  y  a  encore  vingt- cinq 
autres  abbayes  dans  le  relie  de    cet  évêché.  Poitiers 
eft  à  48  lieues  nord  pareil  de  Bordeaux,  Se  à  7zfud- 
oueft  de  Paris,  au  18  deg.   y  min.  de  longit.  Se  au  46 
deg.  3  5-  de  latit. 

POITOU  ,  province  de  France ,  Se  dont  la  capitale 
eft  Poitiers.  Elle  a  foixante  Se  quinze  lieues  de  lon- 
gueur d'orient  en  occident ,  Se  vingt-cinq  de  largeur 
du  midi  au  feptentrion.  Elle  eft  bornée  à  l'orient  par 
la  Touraine ,  le  Berry  Se  la  Marche  :  au  nord  par  la 
Bretagne  Se  l'Anjou  :  au  couchant  par  la  mer  de  Gas- 
cogne ,  Se  au  midi  par  l'Angoumois  Se  la  Saintonge. 
*  Piganioly  Defc.  de  la  Fiance  ,  t.  ;.  p.  70. 

Le  Poitou  Se  fa  capitale  Poitiers  ont  pris  leurs  noms 
des  anciens  peuples  Piclones  ou  Piciavi,  qui  étoienc 
célèbres  entre  les  Celtes  du  tems  de  Jules  Céfar ,  Se 
enfuite  Augufte  les  attribua  à  l'Aquitaine.  Leur  terri- 
toire étoit  de  beaucoup  plus  grande  étendue  que  n'eft 
le  Poitou  ,  parce  qu'il  comprenoit  celui  des  Cambo- 
leélres  Agesniates ,  qui  leur  étoient  joints,  comme 
Pline  l'affure  -,  les  Poitevins  s'étendoient  en  outre  jus- 
qu'à la  rivière  de  Loire  ,  qui  les  féparoit  des  Nanrois, 
comme  nous  l'apprenons  de  Strabon.  *  Longuerue ,  Defc. 
de  la  France  ,  part.  1.  p.   147. 

Du  tems  qu'Ammien  Marcellin  faifoit  la  guerre  dans 
les  Gaules  fous  Julien  ,  la  feule  Novempopulanie  étant 
diftinguée  de  l'Aquitaine  ,  il  n'y  avoit  alors  qu'une  Aqui- 
taine, dont  le  Poitou  faifoit  partie;  mais  fous  l'empire 
de  Valentinien  I  ,  l'Aquitaine  ayant  été  divifée  en 
deux,  le  Poitou  fut  attribué  à  la  féconde,  Se  fournis 
à  la  métropole  de  Bordeaux. 

Les  Vifigoths  s'étant  emparés  de  la  féconde  Aquitai- 
ne, fe  rendirent  maîtres  du  Poitou,  que  les  François 
conquirent  après  la  défaite  d'Alaric  ,  qui  fut  tué  en  ba- 
taille par  Clovis,  dans  les  plaines  de  Voclade  ,  aujour- 
d'hui Vouillé,  près  de  Poitiers. 

Selon  Grégoire  de  Tours  Se  d'autres  écrivains  an- 
ciens, lorsque  les  fils  de  Clovis  partagèrent  l'Aquitai- 
ne ,  le  Poitou  étoit  fournis  aux  rois  d'Auftrafie.  Il  le 
fut  enfuite  à  ceux  de  Neuftrie.  On  voit  que  le  duc 
Eudes  en  fut  maître  abfolu  ,  Se  s'y  maintint  malgré  les 
efforts  de  Charles  Martel  ;  Hunaud,  fon  fils  ,  l'imita  ; 
mais  Pépin  le  Bref  le  conquit  fur  Gaifre  ,  fils  de  Hu- 
naud. 

Sous  la  race  Carlovingiene ,  le  Poitou  fur  gouverné 
par  plufieurs  comtes  qui  n 'étoient  que  de  /impies  gou- 
verneurs. Enfin  les  rois  de  cette  race  ayant  perdu  leur 
autorité  ,  ce  fut  fous  Louis  d'Outremer,  que  Guillaume, 
furnommé  Tête  d'Eroupes ,  fe  rendit  maître  abfolu  de 
Tom.  IV,  M  m  m  m  m  m  ij 


ioia       POI 

Poitiers ,  dont  il  fut  fait  comte  par  le  roi  Louis  d'Ou- 
tremer, auffi  bien  que  de  Limoges ,  d'Auvergne  &  du 
Velay.  Comme  nous  l'apprenons  de  la  chronique  de 
Maillezais  ce  de  celle  du  moine  Aimar  ,  il  eut  le  titre  de 
duc  d'Aquitaine,  qui  le  rendit  fupérieur  à  tous  les  au- 
tres feigneurs  des  pays  fitués  entre  la  Loire  Se  la  Ga- 
ronne. Ses  fucceffeurs  acquirent  enfuite  les  pays  qui 
font  entre  !a  Garonne  8c  les  Pyrénées ,  avec  la  ville 
de  Bordeaux.  Le  dernier  duc  d'Aquitaine,  nommé 
Guillaume  ,  comme  fes  prédécefleurs ,  eut  une  fille  & 
unique  héritière  ,  nommée  Alienor  ou  Eléonore  ,  qui 
ayant  été  répudiée  par  Louis  le  Jeune  ,  roi  de  France, 
fon  premier  mari ,  époufa  Henri  ,  roi  d'Angleterre  ,& 
lui  apporta  en  mariage  le  Poitou  avec  fes  autres  grands 
états ,  qui  furent  confisqués  &  conquis  pour  la  plu- 
part fur  Jean  Sans-terre  ,  par    Philippe-Augufte. 

Alphonfe,  fon  petit-fils,  frère  de  S.  Louis,  eut  le 
Poitou  en  partage  ,  8c  Henri  III ,  roi  d'Angleterre,  céda 
cette  province  à  la  France  parle  traité  de  1259.  Phi- 
lippe le  Bel  donna  le  comté  de  Poitou  à  fon  fils  Phi- 
lippe ,  dit  le  Long  ,  qui  fut  roi  de  France  ,  V  du  nom. 
Il  ne  laiffa  que  trois  filles ,  pour  l'aînée  desquelles  Eu- 
des ,  duc  de  Bourgogne  ,  demanda  le  Poitou  ;  mais 
il  ne  put  venir  à  bout  de  Ces  prétentions  ;  &  ce  pays  , 
avant  été  conquis  après  la  défaite  8c  la  prife  du  roi 
Jean  par  les  Anglois,  il  leur  fut  cédé  en  toute  fouve- 
raineté  par  le  traité  de  Bretigny.  Après  la  mort  du 
roi  Jean  ,  Charles  V  ,  fon  fucceffeur  ayant  recommen- 
cé la  guerre  contre  les  Anglois ,  conquit  fur  eux  le 
Poitou  ,  qu'il  donna  à  fon  frère  Jean  ,  duc  de  Berry  , 
pour  lui  &  fes  fucceffenrs  mâles.  Le  duc  Jean  n'eut  que 
des  filles  ,  8c  après  fa  mort ,  Charles  VI  donna  le  Poi- 
tou à  fon  fils  Jean  ,  qui  mourut  jeune  8c  fans  enfansj 
depuis  ce  tems  ,  le  Poitou  n'a  pas  été  féparé  du  do- 
maine, ni   donné  en  apanage  à  aucun  prince. 

Le  Poitou  eft  divifé  en  deux  évêchés,  qui  font  Poi- 
tiers 8c  Lnçon.  Voyez,  ces  deux  articles. 

Le  gouvernement  du  Poitou  eft  du  reffort  du  parle- 
ment de  Paris ,  8c  il  n'y  a  qu'un  feul  préfidial ,  qui  eft 
d'une  grande  étendue  :  il  eft  établi  dans  Poitiers.  On 
compte ,  dans  l'étendue  de  ce  ptéfidial ,  cinq  féné- 
chauffées  royales ,  y  comprife  celle  de  Poitiers ,  qui 
eft  unie  au  préfidial.  Les  quatre  autres  font  : 


POI 


Chatelleraut , 
Montmorillon, 


Sivrai , 
Fontenay. 


Il  y  a  trois  fiéges  royaux  ,  favoir  : 

Niort,         Saint-Maixent,         Lufignan. 


Et  fix  prévôtés  royales  : 


Melle, 

Uffon  , 


Aunay , 
Parthenay , 


Chizé  , 
Vouran. 


Les  deux  dernières  ont  été  unies  depuis  quelque 
tems  au  domaine  du  roi.  Les  fénéchaux  de  Poitiers , 
de  Chatelleraut ,  &  de  Sivray  ,  font  d'épée  ,•  8c  ceux  de 
Montmorillon  8c  de  Fontenay,  font  de  robe  longue. 
Dans  les  fénéchauffées  de  Poitiers  ,  Chatelleraut ,  Sivray 
8c  Fontenay,  la  juftice  fe  tend  au  nom  du  fénéchal;  mais 
dans  les  firnéchauffées  de  Montmorillon  les  fentences 
ne  font  intitulées  d'aucun  nom.  Au  fiége  royal  de  Niort, 
qui  eft  dans  la  fénéchauffée  de  Poitiers,  8c  à  ceux  de 
Saint-Maixent,  Melle,  Uffon,  Aunay  &  Chizé,  qui 
font  dans  la  fénéchauffée  de  Sivray,  les  fentences  s'in- 
titulcnr  au  nom  du  fénéchal.  Les  droits  de  ces  féné- 
chaux font  de  préfider  aux  audiences  ,  8c  de  convo- 
quer l'arriere-ban.  Les  appointemens  ou  gages  du  fé- 
néchal de  Poitiers ,  font  de  cent  quatre-vingt-fept  li- 
vres dix  fols  fuie  domaine.  Il  jouit  auffi  de  trois  cens 
cinquante  livres  cinq  fols  fur  la  recette  des  tailles  de  Poi- 
tiers.  Les  appointemens  du  fénéchal  de  Montmorillon 
devroient  être  de  vingt-cinq  livres  fur  le  domaine  ;  mais 
l'engagifte  ne  prétendant  pas  être  tenu  des  charges  lo- 
cales ■  ces  gages  ne  fe  payent  point.  Il  ne  paroît  pas  non 
plus  aucun  fonds  pour  les  appointemens  du  fénéchal 
de  Sivray,  ni  dans  les  états  des  charges  locales,  dont 
le  marquis  de  Dangeau  eft  tenu ,  ni  dans  les  états  de 


finances,  non  plus  que  pour  le  fénéchal  de  Fonte- 
nay. Saint-Maixent  ne  veut  pas  être  de  la  fénéchaus- 
fée  de  Sivray ,  il  prétend  être  féparé.  Cependant  il  en 
eft,  &  l'on  en  a  plufieurs  titres.  On  y  voit  même  que 
le  lieutenant  général  de  Sivray  alloit  tenir  les  aflifes 
à  Saint-Maixent  une  fois  l'an  pendant  trois  joins  ,  ce  qui 
a  été  négligé  par  crainte  d'un  grand  procès ,  quoiqu'on 
foir  très-bien  fondé. 

Il  y  a  aufli  à  Poitiers  une  jurisdiction  confervatoi- 
re  des  privilèges  de  l'univerfité  ,  compofée  d'un  juge 
confervatcur  ,  8c  d'un  affeffeur  :  une  jurisdiction  des 
eaux  8c  forêts ,  compofée  d'un  lieutenant  particulier  , 
d'un  autre  lieutenant  ,  d'un  garde- marteau  &  d'un  pro- 
cureur du  roi  :  une  jurisdiction  confulaire  pour  les 
marchands.  Le  fiége  d'amirauté  eft  établi  aux  fables 
d'Olonne ,  &  le  bureau  des  finances  eft  à  Poitiers.  11 
eft  compofé  d'un  nombre  confidérable  d'officiers. 

Toute  la  province  du  Poitou  fe  divife ,  par  rapport 
aux  finances  8c  aux  importions ,  en  neuf  élections  , 
qui  font: 

Poitiers,  Fontenay  le  Comte , 

Chatelleraut ,  Les  Sables  d'Olonne  , 

Saint-Maixent ,  Thouars , 

Niort,  Mauléon , 

Confoulens. 

Les  habitans  du  Poitou  ,  de  même  que  ceux  d'Au- 
vergne ,  du  Limoufin  8c  de  la  Marche  ,  ayant  appris  en 
IJ49,  que  le  roi  Henri  II  avoit  réfolu  de  mettre  un 
impôt  fur  le  fcl,  lui  offrirent  unefomme  pour  laquelle  il  les 
exempta  pour  le  préfenr  de  toutes  fortes  d'impofitions 
fur  le  fel,  faufaux  fermiers  de  mettre  furies  frontiè- 
res du  Berry  &  du  Bourbonnois  ,  où  la  gabelle  eft  éta- 
blie ,  tel  nombre  de  gardes  qu'ils  jugeroient  à  propos , 
pour  empêcher  le  verfement  du  fel  dans  ces  deux  pro- 
vinces. Voilà  la  raifon  pour  laquelle  le  Poitou,  l'Au- 
vergne ,  le  Limoufin  8c  la  Marche  font  appelles  pays 
rédimés.  Les  fermiers  ont  pris  delà  occafion  de  les 
regarder  comme  pays  étrangers ,  8c  de  faire  payer  à  leurs 
habitans  des  droits  d'entrée  8c  de  fortie  ,  comme  s'ils 
étoient  véritablement  érrangers ,  quoiqu'ils  fe  trouvent 
au  Centre  du  royaume.  A  la  gabelle  du  fel  près ,  le  Poi- 
tou eft  fujet  à  toutes  les  mêmes  impofitions  que  les 
autres  provinces  du  royaume. 

L'univerfité  de  Poitiers  fut  établie  par  Charles  VII  ; 
en  145 1.  Elle  eft  compofée  des  facultés  des  arts,  de 
théologie ,  de  droit  8c  de  médecine.  Outre  cette  uni- 
verfité ,  il  y  a  plufieurs  petits  collèges  dans  la  plupart 
des  villes  de  cette  province. 

Il  fe  fair  peu  de  commerce  dans  l'élection  de  Poi- 
tiers. Il  confiile  principalement  dans  le  débit  des  bas 
8c  des  bonnets  de  laine  qu'on  y  fait ,  8c  en  peaux  de 
chamois  qu'on  apprête  affez  bien.  On  vend  aux  foires 
qui  le  tiennent  dans  l'étendue  de  cette  élection  ,  quel- 
ques beftiaux,  des  laines  8c  des  grains.  On  fabrique 
à  Parthenay  des  droguets  dont  le  commerce  étoit  au- 
trefois affez  confidérable  ;  mais  il  eft  fort  diminué.  Voyez. 
fous  le  nom  de  chaque  élection  le  commerce  qui  s'y 
fait. 

Il  y  a  un  gouverneur  général  &  deux  lieutenans  de 
roi  pour  le  Haut-Poitou  ;  8c  un  lieutenant  général  8c 
deux  lieutenans  de  roi  pour  le  Bas.  Il  y  a  auffi  des  gou- 
verneurs particuliers  pour  la  ville  &  château  de  Lou- 
dun  8c  pays  de  Loudunois  \  à  Poitiers ,  à  Chatelle- 
raut ,  à  Lufignan ,  à  Saint-Maixent ,  à  Niorr ,  à  Fon- 
tenay-le-Comte,  8c  au  château  de  la  Chaume.  Outre 
la  maréchauffée  générale  ,  on  comptoit  en  Poitou  huit 
maréchauffées  provinciales  établies  à  Poitiers ,  Chatel- 
leraut ,  Montmorillon ,  Sivray  ,  Niort,  Thouars ,  Saint- 
Maixent  ;  maïs  le  roi ,  parl'édit  du  mois  de  Mars  1720  , 
ayant  éteint  8c  fuppt imé  les  anciennes  compagnies  des 
maréchauffées,  en  a  créé  de  nouvelles  ,  8c  par  fa  dé- 
claration du  9  Avril  de  la  même  année,  a  établi  à 
Poitiers  un  prévôt  général ,  dont  la  finance  de  la  char- 
ge eft  fixée  à  quarante  mille  livres ,  un  lieutenant ,  dont 
la  finance  de  la  charge  eft  de  quinze  mille  livres ,  un  affes- 
feur,  un  procureur  du  roi  &  un  greffier.  Il  y  a  à  Fon- 
tcnay-le-Comte  un  lieutenant ,  un  affeffeur ,  un  pro- 
cureur du  roi  8c  un  greffiçr  ;  à  Montaigu ,  un  lieute- 


POI 


POL 


nanr ,  un  aflefleur  ,  un  procureur  du  roi  &  un  greffier  ; 
à  Monrmorillon,  un  lieutenant,  un  affefleur  ,  un  procu- 
reur du  roi  Se  un  greffier 

Le  rerroir  eft  fertile  dans  des  endroits  ,  &  peu  dans 
d'autres.  Il  y  a  quelques  forets  Se  peu  de  montagnes. 
On  n'y  remarque  que  deux  rivières  navigables ,  la  Vien- 
ne &  la  Sevré  Niortoife.  Le  Clain  a  été  autrefois  na- 
vigable de  Poitiers  à  Chatelleraut.  Cette  navigation  fe- 
roit  facile  à  rétablir  Se  d'une  très-grande  utilité  pour 
Poitiers.  Il  n'y  a  dans  cette  province  qu'une  fontaine  mi- 
nérale ,  qui  ait  quelque  réputation  :  c'eft  celle  d'A- 
vailles,  dont  l'eau  eft  limpide,  Se  de  faveur  un  peu 
falée. 

On  compte  neuf  petits  ports  de  mer  ou  havres  en 
Poitou  favoir: 

Les  Sables  d'Olonne ,       Saint  Benoît , 
Beauvoir,  La  Tranche , 

La  Barre  de  Mons,       Saint  Gilles  , 
Jard  ,  Noirmoutier , 

L'Ille-Dieu. 

Tous  ces  petits  ports  ne  font  que  pour  des  barques» 
excepté  celui  des  Sables  d'Olonne  ,  où  il  peut  en- 
trer des  navires  de  cent  cinquante  tonneaux  tout  au 
plus. 

Le  POITOU  eftdivifée  en  Haut  Se  Bas. 

Le  Haut  POITOU  eft  la  pattie orientale  qui  touche 
à  la  Touraine  Se  au  Berry. 

Le  Bas  POITOU  eft  la  partie  occidentale  qui  con- 
fine avec  l'Océan  &  le  pays  Nantois. 

i.  POIX  ,  Fifo. ,  bourg  de  France,  dans  la  Picardie, 
au  bailliage  d'Amiens ,  à  quelques  lieues  d'Aumale  , 
fur  une  petite  rivière ,  nommée  auffi  Poix  ,  Se  qui  fe 
joint  à  la  Selle.  La  terre  de  Poix  fut  érigée  en  duché- 
pairie  ,  en  faveur  de  Charles  de  Blanchefort ,  fue  de 
Crequi ,  fous  le  nom  de  Crequi  ,  par  lettres  du  mois 
de  Juin  itfji ,  vérifiées  aa  parlement  le  i  y  Décembre 
1663.  Cet:c  duché  -  pairie  s'éteignit  à  la  mort  de 
Charles  de  Blanchefort ,  arrivée  le  11  Février  1687  , 
qui  ne  lailla  qu'une  fille ,  Magdélene  de  Crequi  :  Par 
le  mariage  de  cette  fille  avec  Charles  Belgique-Hol- 
lande de  la  Trimouille ,  la  terre  de  Poix  pafla  dans 
cette  maifon ,  d'où  elle  eft  fortie  par  le  mariage  de 
Marie-Victoire  de  la  Trimouille ,  avec  Emmanuel-Théo- 
dofe  de  la  Tout  d'Auvergne  ,  duc  d'Albret.  Poix  por- 
te depuis  fort  long-tems  le  titre  de  principauté  ,  quoi- 
qu'il n'y  ait  jamais  eu  d'acte  d'érection  en  principauté.  Les 
anciens  feigneurs  de  ce  lieu  prenoicntla  qualité  de  Do- 
mini  &  Principes  de  Cafiello  de  Poix.  Le  plus  ancien 
titre  que  l'on  trouve  avec  cette  qualité  eft  de  l'an  1259  , 
Se  par  un  autre  de  l'an  1256,  Vautier  Tirel  fe  qua- 
lifie par  la  grâce  de  Dieu  ,  Seigneur  de  Poix  *  Pi- 
çraniol ,  Defcription  de  la  France,  tom.  3.  pag.  197  Se 
ac8. 

Il  y  a  à  Poix  deux  paroifiês  Se  un  prieuré.  Saint 
Martin  eft  l'ancienne  :  il  paroît  même  que  c'étoit  la 
feule  en  1127  -,  un  nommé  Gilles  qui  en  étoit  alors 
curé  ,  figna  feul  à  la  fondation  du  prieuré.  Saint  Denis 
eft  une  autre  paroifle.  Notre-Dame  eft  le  prieuré  oui 
fut  fondé  en  1 127  ,  par  Gautier  du  Tirel  ;  il  étoit  au- 
trefois au  fauxbourg  ,  avant  l'aggrandiflement  de  Poix. 
Ce  prieuré  dépend  de  l'abbaye  de  Saint  Germain  de 
Flay.  Le  fanctuaire  en  eft  très-ancien  ,  aufli-bien  que 
le  portail.  Une  partie  de  la  feigneurie  de  Poix  appar- 
tient au  prieur  commendataire.  *  Mémoires  drejjés  fur 
les  lieux. 

Les  peuples  qui  compofent  la  principauté  de  Poix , 
ont  été  appelles  autrefois  aux  tournois  fous  le  nom  de  P 0- 
hiers,  qu'on  trouve  dans  les  vers  de  Philippe  Monke,& 
dont  Guillaume  le  Breton  a  fait  le  nom  latin  Poberi.  C'eft 
ce  qu'on  peut  voir  doctement  par  Ducange,  en  fon  GIos- 
faire  fur  le  mot  P  chéri.  Il  y  remarque  auffi  qu'Orde- 
ric  Vital  •  mal  informé  de  l'origine  des  noms  latins ,  avoir 
appelle  ,  il  y  a  plus  de  fix  cens ,  ans  le  château  de  Poix  , 
Ca/fritm  de  Pice. 

2.  POIX,  village  de  Flandre  ,  dans  le  diocèfe  de  Cam  - 
bray ,  gouvernement  de  Landrecies.  Ce  lieu  n'eft  qu'à 
une  lieue  du  Quesnoy ,  à  deux  de  Landrecies  ;  c'eft 
un  pays  afiez  fec.  Au  milieu  du  bois  de  cette  paroi/Te 


ioi  9 

pafie  celle  des  Chauffées-Bruneau  ,  qui  conduit  de  Ver- 
mand  à  Bavay.  L'églife  paroilfiale  eft  du  titre  de  Saine 
Martin.  Le  célèbre  Chaftelain  ,  chanoine  de  Notre- 
Dame  de  Paris,  qui  avoit  vu  cette  terre  poflédée  par 
un  de  fes  proches  parens,  en  trouva  le  château  aflez 
reflemblant  à  celui  d'Amboife ,  proche  Paris;  c'eft  un 
bâtiment  de  briques  ,  couvert  d'ardoifes ,  cantonné  de 
petites  tours  carrées.  Au  bout  du  jardin  eft  une  cas- 
cade que  fait  la  petite  rivière  d'Ecaillon ,  avec  un  bruit 
terrible.  La  chapelle  de  ce  château  eft  titrée  de  Saint  Fran- 
çois. Cette  feigneurie  eft  de  mille  trente-deux  men- 
caudées  de  terres  labourables ,  cent  cinquante-fix  men- 
caudées  de  pâtures,  vergers  Se  prairies.  C'eft  le  nom 
qu'on  donne  ,  en  ces  pays  bas  ,  à  ce  qu'ailleurs  on  ap- 
pelle arpent  ou  journal.  L'abbé  Chaftelain  croyoit  qu'il 
falloir  éctire   Poilx  ,  Se  non  pas  Poix 

POKUCIE,  Pokiicia,  contrée  de  Pologne ,  fur  les 
confins  de  la  Hongrie  Se  de  la  Tranfilvanie. 

1.  POL  A  ,  ville  d'Italie,  dans  la  partie  méridiona- 
le de  l'Iftrie,  fur  la  côte  occidentale,  au  fond  d'un 
golfe  afiez  profond.  C'eft  une  des  plus  anciennes  vil- 
les de  l'Iftrie,  Se  elle  a  été  république,  comme  on  l'ap- 
prend d'une  infeription  gravée  fur  la  bafe  d'une  ftatue 
de  l'empereur  Sévère,  où  elle  eft  appellée  Respublica 
Polenjls.  Ce  marbre  eft  à  la  cour  du  Dôme,  Se  on 
faillit  à  la  mettre  aux  fondemens  du  clocher  qu'on  y 
à  bâti.  Ce  dôme  ,  autrement  l'églife  cathédrale  ,  a  été 
élevé  apparemment  fur  les  ruines  de  quelque  temple 
païen;  car  on  trouve  auprès  quelques  reftes  de  colon- 
nes, de  chapiteaux,  Se  d'inferi  prions antiques ,  Se  un 
petit  baflïn  de  fontaine  fort  ancien ,  qui  fert  préfenre- 
ment  de  bénitier.  Pola ,  félon  le  po'éte  Callimachus  , 
a  été  une  colonnie  de  la  Colchide ,  qui  pourfuivok 
les  Argonautes  ;  car  ne  pouvant  favoir  ce  qu'ils  étoient 
devenus,  ils  n'oferent  retourner  vers  leur  roi  ,  ce  qui 
donna  le  nom  de  Pola  à  la  ville  qu'ils  bâtirent;  Po- 
la fignifiant  en  leur  langue  des  Gens  bannis ,  comme 
le  remarque  Strabon.  Les  antiquités  qui  paroifient  à 
Pola  font  du  tems  des  empereurs  Romains.  Proche  de 
la  place  il  y  un  petit  temple  avec  quatre  colonnes  co- 
rinthiennes à  la  façade ,  Se  huit  aux  côtés  ,  Se  une  frife  de 
feuillages  qui  règne  autour ,  Se  qui  eft  fort  bien  exé- 
cutée. Le  peuple  dit  que  c'étoit  un  temple  de  Diane  j 
mais  mes  yeux ,  dit  Spon  ,  me  repréfenterent  lachofe  au- 
trement. J'y  vis  fous  le  fronton  l'infeription  de  fa  dé- 
dicace à  Rome  Se  à  Augufte:  auffi  les  noms  que  don- 
ne le  vulgaire  nous  fervent  peu  à  reconnoître  les  an- 
tiquités. En  voici  deux  autres  exemples  dans  cette  mê- 
me ville.  L'amphithéâtre  ,  appelle  l'Orlandine  ou  Mai- 
fon de  Roland ,  eft  une  espèce  d'arc  de  triomphe  qu'on 
nomme  la  Porta  dorata.  Il  fert  maintenant  de  porte 
à  la  ville ,  Se  il  n'en  étoit  pas  autrefois  un  des  moin- 
dres ornemens.  Il  avoit  été  érigé  en  l'honneur  d'un  cer- 
tain Sergius  Lepidus  par  les  foins  de  fa  femme.  Quant 
à  l'amphithéâtre,  il  eft  à  peu  près  de  la  grandeur  de 
celui  de  Rome  ,  Se  tout  bâti  de  belles  pierres  d'Iftrie  , 
à  trois  rangs  de  fenêtres  l'une  fur  l'autre  ,  Se  il  y  en  a 
foixante  &  douze  à  chaque  rang.  L'enceinte  en  eft  fore 
entière;  mais  il  n'y  paroit  aucuns  degrés,  Se  l'on  pré- 
tend qu'ils  étoient  de  bois.  Palladius ,  dans  fon  archi- 
tecture ,  en  a  donné  le  plan  &  les  dimenfions ,  que  je 
n'entreprends  pas  de  corriger.  *  Magin  ,  Carte  de  PI-, 
ftrie.  Spon,  Voyage  de   Dalmatie ,  r.    1.  p.  48. 

Les  Vénitiens  envoient  un  gouverneur  à  Pola ,  Se 
il  porte  le  titre  de  comte.  Ils  ont  bâti  une  petite  ci- 
tadelle à  quatre  baftions,  Se  l'ont  laiflee  imparfaite.  On 
ne  tient  dedans  que  dix  à  douze  foldats ,  qui  craignenr 
plus  la  famine  que  la  guerre.  Le  vbifinage  de  Venife 
fait  leur  fureté.  Cette  ville  eft  bien  déchue  de  fon  an- 
cienne grandeur  ;  à  peine  y  a-t-il  huit  cens  habitans. 

2.  POLA,  ifle  de  l'Amérique  feptentrionale ,  fur 
la  côte  orientale  de  la  Floride.  De  Laët ,  Defcription: 
des  Indes  occidentales  ,  /.  1,  e.  lô,  qui  parle  de  cette 
ifle,  la  place  à  26  deg.  30  min.  de  latitude  de  nord. 
Il  ajoute  que  Ponce  la  découvrit  dans  fa  navigation , 
&  qu'au  refte  elle  eft  peu  remarquable. 

POLABINGI.  Voyez.  Stavi. 

POLAQUES  ,  nom  que  quelques  uns  ont  donné  aux 
Polonois.  Voyez.  Pologne. 


POL 


1014 

POLAQUlE  ,  Polassie  ,  ou  Podlaquie.  Voyez. 

PoDLAQUIE. 

POLATI  ou  Pulatie  ,  peuples  des  états  du  Turc , 
en  Europe,  dans  la  Haute- Albanie.  Ils  habitent  à  To- 
rrent du  lac  de  Scutari  ,  à  l'occident  des  Hafft ,  au 
nord  du  Drin-Noir,  Se  au  midi  des  Clementi.  Cor- 
neille ,  Difl.  qui  cite  des  relations  venues  de  ce  pays- 
là  ,  dit  qu'on  divife  ordinairement  ces  peuples  en  Haut 
Se  Bas-1jolati.  Dans  le  pays  qui  eft  occupé  par  les 
premiers  ,  on  voit  les  ruines  du  château  de  GHonbovi- 
cbio;  Se  chez  les  autres  il  y  a  deux  vallées  très-bien  culti- 
vées ,  où  l'on  voit  les  relies  de  la  fortereffe  de  Mou- 
ricchio.  Comme  ces  peuples  avoient  autrefois  un  évê- 
que  dans  la  ville  de  Chiros ,  qui  eft  préfentement  rui- 
née ,  ils  en  ont  obtenu  un  depuis  1654,  Se  cet  évêque 
eft  fuffragant  de  l'archevêque  d'Antivari.  Les  Polati  pos- 
fedent  cinq  petites  villes  ,  qui  font  en  affez  mauvais 
état ,  &  trente  fept  villages  où  il  y  a  beaucoup  de  Chré- 
tiens, tous  fous  la  puiffance  des  Turcs.  *  Atlas,  Robert 
de  Vaugondy. 

POLATICUS-SINUS.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3. 
nomme  ainfi  un  golfe  de  la  mer  Adriatique,  entre 
l'Iftrie  &  i'Illyrie.  C'eft  le  même  que  Pline  nomme  Fia- 
natic us  Sinus.  Voyez,  Fianaticus  Sinus. 

POLE.  On  appelle  ainfi  deux  points  oppofés  l'un 
à  l'autre ,  Se  éloignés  chacun  de  90  deg.  de  l'équateur  : 
deux  points  où  fe  rencontrent  tous  les  méridiens  pos- 
fibles,  tant  du  ciel  que  de  la  terre.  Ce  mot  vient  du 
grec  7ioXia ,  je  tourne  ,  c'eft  en  effet  par  rapport  à  l'a- 
ction de  tourner  que  ces  deux  points  ont  été  nommés 
ainfi. 

Si  on  fuppofe  une  ligne  droite  qui  paffe  par  le  cen- 
tre de  la  terre ,  Se  qui  de  chaque  côté  foit  prolongée 
jusqu'au  ciel ,  Se  jusques  aux  dernières  extrémités  de 
l'univers,  de  forte  qu'elle  coupe  le  plan  de  l'équateur 
à  angles  droits,  les  extrémités  de  cette  ligne  marque- 
ront les  pôles  du  ciel  dont  l'un  fera  au  feptentrion , 
Se  l'autre  au  midi  ;  Se  les  points ,  où  cette  ligne  for- 
tira  de  la  fuperficie  du  globe  rcrreftre ,  feront  les  véri- 
tables pôles  de  la  terre.  Comme  c'eft  autour  de  cette 
ligne  que  ce  font  tous  les  mouvemens  des  étoiles  fi- 
xes ,  ces  deux  points  peuvent  être  regardés  comme  deux 
pivots  autour  desquels  tourne  inceflamment  le  ciel  ; 
fî  on  parle  le  langage  de  l'ancien  fyftême  ,  qui  iuffit 
pour  ce  moment- ci. 

Il  ne  faut  pas  prendre  à  la  lettre  ces  pivots ,  com- 
me s'il  y  avoit  réellement  un  aifiieu  qui  paffât  au  tra- 
vers du  globe.  Cet  aiiîïeu  ,  que  l'on  appelle  Axe  en 
géométrie ,  n'eft  qu'un  fecours  que  l'on  prête  à  l'i- 
magination ,  afin  de  lui  faire  concevoir  avec  moins 
d'effort  le  véritable  mouvement  des  corps  céleftes. 

Nous  avons  obfervé  ailleurs  que  la  ligne  méridien- 
ne chez  les  peuples,  placés  comme  nous ,  en-deçà  du 
tropique ,  eft  toujours  tournée  vers  le  point  vrai  du 
feptentrion.  Toutes  les  méridiennes  que  l'on  trace  fur 
la  circonférence  du  globe ,  dans  l'espace  déjà  limité  , 
vont  également  fe  perdre  enfemble  dans  un  même  poinr. 
Nous  avons  obfervé  que  ce  point  eft  également  di- 
flant  par  tout  de  la  circonférence  du  cercle  de  l'é- 
quateur. Il  en  réfulte  que  cette  ligne  méridienne  tirée 
de  ce  point ,  Se  continuée  jusqu'à  l'équateur  ,  eft  un 
quart  de  cercle  de  90  degrés.  Ainfi  ,  quoique  nous  igno- 
rions abfolument  fi  ce  point  du  globe  eft  terre 
ou  mer  ,  ou  roche  ou  glace ,  on  ne  lailïe  pas  de  le 
remarquer  avec  la  dernière  précifion  fur  les  globes 
géographiques.  Mais  comme  nous  n'avons  point  de 
voyageur  digne  de  foi ,  qui  ait  été  plus  loin  vers 
le  midi  que  fous  le  cercle  polaire  ,  Se  au  nord  plus  loin 
que  le  82  deg.  Se  quelques  minutes,  on  ne  doit  point 
s'arrêter  au  fyftême  de  Plancius  qui  fuppofe  un  pôle 
feptentrional ,  où  il  place  une  montagne ,  &  à  l'entrée 
une  mer  enfermée  dans  des  terres ,  d'où  elle  fort  par 
quatre  détroits.  L'un  aboutit  au  nord  du  Groenland  ,  un 
mitre  à  la  nouvelle  Zemble,  le  troifiéme  au  détroit 
d'Ainan ,  Se  le  dernier  au  nord  de  l'Amérique  ,  vers  le 
280  deg.  de  longitude  dans  une  mer  Glaciale.  Ce  qui  eft 
fingulier  dans  cette  idée  du  pôle  feptentrional ,  c'eft 
que,  quoique  la  mer  Vermeille  ne  paffe  pas  le  34  deg. 
de  latitude,  Plancius  la  met  toute  entière  au-delà  du 
cercle  polaire. 


POL 


Les  mêmes  régies  qui  font  trouver  fi  jufie  le  pôle 
du  globe  rerreftre  ,  fervent  à  le  marquer  exactement 
dans  le  ciel.  Il  n'a  pas  plu  à  Dieu  de  placer  précifémenc 
à  ces  deux  points  quelque  conftellation  remarquable 
qui  les  distinguât  :  ainfi  c'eft  au  calcul  aftronomique  à 
les  trouver  ;  mais  ce  calcul  eft  aifé ,  puisque  chacun 
de  ces  points  eft  de  90  deg.  du  cercle  de  l'équateur ,  en 
fuivant  une  ligne  qui  coupe  le  plan  de  ce  cercle  à  an- 
gles droits,  comme  il  a  déjà  été  dit. 

Le  globe  terrefire  empêche  par  fa  convexité  qu'on 
puiffe  voir  les  deux  pôles  céleftes  d'un  même  lieu  :  il 
faudroit  pour  cela  que  l'on  fur  fitué  fur  la  ligne  droi- 
te ,  qui  paffe  par  le  centre  de  la  terre.  Or  il  y  a  un 
demi-diametre  entre  elle  Se  un  homme  fitué  fous  l'é- 
quateur. Ceux  pour  qui  le  pôle  feptentrional  eft  vifi- 
ble,  ne  fauroient  voir  le  pôle  méridional,  8c  ceux 
qui  font  vers  le  pôle  méridional  ont  le  pôle  fepten- 
trional caché  fous  leur  horifon. 

Les  gens  de  mer  ont  deux  moyens  pour  favoir  de  quel 
côté  du  ciel  eft  le  pôle.  Le  premier ,  Se  le  plus  an- 
cien ,  eft  la  conftellation  de  l'Ourfe.  Ces  vers  de  Ma- 
nille ,  Aftronom.  I.  1.  v.  27;.  expliquent  très  bien  la 
doctrine  que  je  viens  de  développer: 

Atqui  fulgentes  Cdo  confurgit  ad  ArUoS  , 
(  Omnia  qu&fummo  despetlant  Sidéra  Mundot 
Ncc  norunt  obitus  ,  unoquc  in  Vertice  tantum. 
In  diverfafit&  ,  C&lumque  &  fidera  torquent  ) 
Aéra  fer  gelidum  tennis  deducitur  Axis , 
Libratumque  gerit  diverjo  cardine  Mundum  ; 
Sidereus  circa  médium  quem  volvitur  orbis  3 
JEtkereosque  rotat  curfus.  Immotus  at  Me 
In  binas  Arllos  magni  per  intima  Mundi , 
Fer  que  ipfum  Terrœ  direllus  confiait  Orbem. 
Ncc  vero  è  Soïidofiat  robur  corporis  ejus  , 
Nec  grave  pondus  babet ,  quod  omis  fer  at  JEtheris 

ulti  : 
Se d  cum  Aer  omnis  femper  volvatur  in  orbem  , 
jQuvquefcmel  ccepit ,  totus_  volet  undique  in  ipfum , 
Ouodcumque  in  Medio  eft ,  circa  quod  cuncta  mo- 

ventur  , 
Usque  adèo  eft  tenue ,  ut  verti  non  poffa  in  ipfum , 
Necjam  inclinari ,  necfe  convertere  in  orbem. 
Hoc  dixere  Axem  quia  motum  non  habet  idlum , 
Ipfe  videt  circa  volitantia  cuncla  moverï. 

Ce  qui  fuit  regarde  proprement  l'unique  pôle  que 
nous  puilfions  voir.  Il  y  a  dans  fon  voifinage  deux 
conftellations  ,  que  les  anciens  ont  appellées  la  grande 
Ourfe.  Ils  avoient  remarqué  que  la  grande,  compofée 
principalement  de  quatre  grandes  étoiles ,  qui  refTem- 
blent  également  à  un  chariot ,  Se  de  trois  autres  qui 
font  la  queue  ,  tourne  autour  d'un  point  qui  eft  le  vrai 
pôle.  Ils  la  nommèrent  Hélice  tXum  ,  du  mot  grec  ixicru  , 
circumvolvo.  C'eft  de  ces  fept  étoiles  qu'eft  venu  le  mot  de 
Septentrion  ,  que  l'on  a  donné  à  cette  partie  du  mon- 
de. On  nomme  les  quatre  étoiles  qui  font  le  corps  de 
la  grande  ourfe  ,  Flauftrum  majus.  Feftus  Avienus  ,  in 
Aret.  dit  : 

Fabula  namque  Vrfas ,  fpecies  dat  Flauftra  v'ideri. 

La  fable  y  a  mis  deux  outfes ,  Se  la  figure  repré- 
fente  deux  chariots  :  ainfi  cette  conftellation  de  la  gran- 
de ourfe  étant  la  plus  aifée  à  remarquer  au  premier 
coup  d'œil  ,  on  fe  fervit  d'elle  affez  long-tems  pour 
trouver  un  nord  à  peu  près.  Mais  les  Phœniciens ,  qui 
étant  navigateurs  ,  avoient  befoin  d'un  nord  plus  pré- 
cis ,  lui  préférèrent  la  Cynofure.  Elle  elt  moins  brillan- 
te ,  Se  frape  moins  -,  mais  on  la  préféra.  Ce  mot  Cy- 
nosure  eft  grec  ,  Se  fignifie  la  queue  du  chien.  La 
petite  ourfe  ne  reffernble  pas  plus  à  une  ourfe  qu'à  un 
chien.  On  l'a  même  appcllée  aufli  le  petit  Chariot, Plau- 
ftrum  minus.  Les  Grecs  quinavigeoient  autour  du  Pc- 
loponncfe  Se  de  l'Archipel ,  fe  fer\  oient  de  la  grande  our- 
fe ;  elle  leur  fuffifoit ,  parce  q  l'ils  ne  perdoient  point 
la  terre  de  vue.  Les  Phœniciens  qui  s'abandonnoienc 
davantage  au  large ,  faifoient  attention  à  la  petite.  En 
effet  on  obferva  qu'elle  a  en  fa  queue  une  étoile  f  qui 
n'eft  éloignée  que  d'environ  deux  degtés  Si  demi  du 


POL 


véritable  point  polaire ,  autour  duquel  elle  tourne  ; 
mais  le  cercle  qu'elle  décrit  eft  û  petit ,  qu'il  eft  im- 
perceptible à  la  vue  ;  ôc  on  feroit  porté  à  croire  qu'elle 
eft  toujours  en  la  même  place,  fi  les  inftrumens  em- 
ployés avec  une  précifion  infinie  n'avoient  desabufé  de 
cette  erreur  ;  c'eft  cette  étoile  ,  la  dernière  de  la  queue 
de  la  petite  ourle  ,  qu'on  appelle    TEtoile  Polai- 


POL      ioij- 

chc  du  pôle,  on  l'a  choifie,  parce  qu'elle  a  quelque 
chofe  de  fimple  ôc  de  frapanr. 

Ces  deux  pôles  fervent  à  faire  connoître  que  la  fi- 
gure  du  ciel  eft  ronde.  Parce  que  les  étoiles  qui  fonc 
plus  éloignées  de  l'un  des  deux  pôles,  font  de  plus 
grands  circuits  que  celles  qui  en  font  plus  proche.  Plus 


elles  font  loin  du  pole  &  voifines  de  l'équateur ,  plus 
le  cercle  quelles  décrivent  eft  grand.  Par  exemple,  la 
cemture  dOrion  fait  un  grand  circuit  par  cette  rai- 
fon. La  grande  ourfe  en  fait  un  moindre,  parce  qu'el- 
le eft  plus  proche  du  pole  J  la  petite  ourfe  en  fait 
un  qui  eft  encore  plus  petit,  &  l'étoile  polaire  en  fait 
un  fi  petit ,  que  ,  comme  nous  avons  dit ,  les  yeux  ne 
s'en  apperçoivent  presque  pas.  Cela  ne  feroit  pas  ainfi , 
fi  la  figure  du  ciel  n'étoit  pas  fphérique. 

Mais  outre  ces  deux  pôles  du  monde  il  y  en  a  d'autres 
que  la  géographie  doit  connoître  ;  ce  font  ceux  de  l'é  clip- 
tique.  Si  on  fe  fouvient  de  ce  que  nous  avons  dit  à  l'arti- 
cle écliptique  ,  il  n'eft  pas  néceffaire  de  répéter  ici  qu'el- 
le efi  oblique  à  l'équateur,  &  qu'elle  le  coupe  au  commen- 
cement des  fignesdu  bélier  ôc  de  la  balance.  L'angle  qui 
fait  cette  fection  ,  eft  félon  les  plus  habiles  aftronomesde 
13  deg.  29  min.  ou  23  deg.  28  min.  41  fécondes.  Ce- 
la étant  ,  fi  au  plan  de  l'écliptique  on  donne  un 
axe ,  qui  le^  coupe  à  angles  droits ,  on  voit  bien  qu'il 
ne  fauroit  être  parallèle  à  l'axe  de  l'équateur  ;  mais 
que  la  fection  de  ces  deux  axes  fera  la  même  que  la 
fection  de  deux  plans.  Ainfi  le  pole  de  l'écliptique  fe- 
ra diftant  du  pole  de  l'équateur  de  23  deg.'  29  m.  ou  en- 
viron ,  ôc  décrira  autour  de  lui  ce  même  cercle  que 
nous  appelions  le  cercle  polaire,  qui  eft  précifément 
à  cette  même  dlftance  du  pole  du  monde. 

Je  pourrois  remarquer  ici  que  chaque  planette  a 
fes  pôles  ;  mais  ce  détail  appartient  à  l'aflronomie.  Ajou- 
tez à  ce  que  nous  venons  d'expliquer  ici,  ce  qui  eft  trai- 
té aux  mots  Hauteur  ôc  Latitude 

POLEMONIACUS.  Voyez  Pontus  2. 
POLE  MON  IU  M,  ville  de  la  Cappadoce.  Ptolomée. 
/.  $.  c.  6.  la  place  dans  le  pont  Polémoniaque ,  au- 
defïus  de  Jafonium  Prornontorium.  Niger  veut  que  ce  foit 
aujourd'hui  Vatiza.  Cette  ville  a  été  épiscopale.  On 
trouve  dans  le  concile  de  Chalcédoine  la  foufeription 
de  Joannes  Polcmor.ii ,  ôc  dans  celui  de  Conftantino- 
ple  tenu  l'an  870 ,  on  trouve  nommé  un  Joannes  ,  mais 
différent  du  premier.  *  Harduin.  Collect.  conc. 

POLENDOS,  ifie  déferre,  dont  fait  mention  Pline, 
/.  4.  c.  1 2.  Ortelius  foupçonne  qu'elle  étoit  aux  en- 
virons du  Cherfonnèfe  de  Thrace. 

POLENTA.    Voyez.    Polentina-Plebs  ,   Pollen- 

TIA. 

POLENTIA.  Voyez.  Pollentia  i. 

POLENTINA  PLEBS.  On  trouve  ce  nom  dans  Sué- 
tone ,  in  Tïberio ,  qui  veut  défigner  par-là  les  habitans 
de  Pollentia;  mais  comme  il  y  a  eu  plufieurs  vil- 
les de  ce  nom ,  favoir  l'une  dans  une  des  ifles  Baléa- 
res ,  une  autre  dans  le  Picenum ,  ôc  l'autre  dans  les 
Alpes  ;  voilà  la  difficulté  de  décider  de  laquelle  Sué- 
tone entend  parler.  11  femble  néanmoins  qu'il  doit  être 
queftion  de  celle  qui  fe  trouvoit  dans  les  Alpes.  Ce 
que  Suétone  ajoute  un  peu  plus  bas,  du  royaume  de 
Cottus,  paroît  le  prouver.  Ce  royaume  étoit  dans  le 
quartier  des  Alpes  appelle  les  Alpes  Cottiennes.  Voyez. 
Pollentia  n.  1. 

POLENZO.  Voyez  Pollentia  i. 

POLESENS1S,  fiége  épiscopal ,  dont  fait  mention 
Paul  Diacre,  Longobard.  I.  3.  où  Un  certain  Hadrien 
eft  qualifié ,  Episcopus  Polefenfîs.  Ortelius  foupeonne 
qu'il  eft  queftion  de  Pola  ,  ville  de  l'Iftrie. 

POLESIE.  Quelques  uns  ont  donné  ce  nom  à  une 
contrée  de  Pologne ,  connue  fous  le  nom  de  Palati- 
nat  de  Brzefcie.  Voyez,  au  mot  Brzescie  ,  l'article  le 
Palatinat  de  Brzescie. 

POLESII.  Voyez  Pollesii. 

POLESIN  (  le  ).  Quelques-uns  écrivent  la  Pole/îne  Se 
Tondit  auffi  le  Polefra  ,  ou  la  Poleftne  de  Rovigo.  C'eft 
une  province  d'Italie  ,  dans  les  états  de  Vcnife.  Elle  eft 
ainfi  nommée  de  fa  capitale  »  Ôc  de  fa  fituâtion  entre 
le  Pô ,  l'Adige  ôc  l'Adigefto  ,  qui  en  font  une  pres- 
qu'ifle  ;  car  Polesin  ôc  Prcsqu'Ifle  (lénifient  à  peu 
ou  la  Croifade:  quoiqu'elle  ne  foit  pas  la  plus  pro-     près  la  même  chofe.  Cette  province  eft  fertile  en  bled, 


RE. 

Ces  deux  ourfes  font  l'une  au-defius  de  l'autre,  l'u- 
ne ayant  le  dos  tourné  vers  le  dos  de  l'autre  ,6c  l'une 
ayant  la  tête  du  côté  où  l'autre  à  la  queue.  La  con- 
ftellation  du  dragon  les  fépare  même  l'une  de  l'autre 
par  un  grand  tour  que  fait  fa  queue  ;  c'eft  ce  que  re- 
marque Manilius  après  les  vers  déjà  cités ,  dont  voici 
la  fuite.  Il  vient  de  parler  de  l'axe  du  monde,  /.  1. 
v.  194. 

Summa  tenent  ejus  miferis  notijjima  nantis 
Signa  ,  per  immenfum  cttpidos  ducentia  Pontitm. 
Majorcmque  Hélice  Major  decircinat  arcum  ; 
Scptem  illam  StelU  certantes  luminefignant , 
Qita  duce  per  flutlus  Grajœ  dant  vêla  Carinx. 
Anguflo  Cynojura  brevis  torqitetnr  in  orbe , 
Tarn  [patio  quam  luce  minor.  Sed  judice  vincit 
Majorent  Tyrio  ;  Pœnis  k&c  certior  aullor 
Non  apparentent  Pelago  qu&rentibus  Orbem. 
Nec  paribus  pofita  funt  frontibus \  Utraque  caudam 
Vergit  in  alterius  roftro  ,  [equiturquejeqitentem. 
Has  interfufus  ,  circumque  amplexus  utramqiie 
Dividit  &  cingit  Stellis  ardentibus  Angiiis , 
Ne  coeant,  abeantque  fuis  àfedibus  unquam. 

Comme  la  petite  ourfe  a  fept  étoiles,  auffi  -bien  que 
la  grande  ,  le  nom  de  Septentrion  lui  convient  auffi  ,  6c 
l'on  peut  dire  que  lorsqu'on  la  regarde ,  on  eft  tourné 
vers  le  vrai  nord.  Voilà  un  des  moyens  que  l'ancien- 
ne navigation  avoir  trouvés  pour  connoître  le  fepten- 
trion;  mais  quand  le  ciel  eft  couvert,  un  vaifTeau , 
pour  feguider ,  ne  peut  plus  employer  ce  moyen.  L'ai- 
mant eft  venu  au  fecours  des  navigateurs.  Cette  pier- 
re a  la  propriété  d'avoir  deux  extrémités ,  dont  Tune 
fe  tourne  naturellement  vers  l'un  des  pôles ,  ôc  l'au- 
tre vers  le  pole  oppofé  ;  pourvu  que  cette  pierre  foit 
pofée  fur  quelque  chofe ,  qui  fe  prête  facilement  à 
cette  inclination ,  6c  qui  par  un  frorement  trop  diffi- 
cile ne  gêne  point  fà  liberté  :  par  exemple  ,  une  pierre 
d'aimant  pofée  fur  une  table  qui  eft  fixe ,  ne  fe  tour- 
nera point  d'elle-même.  Le  frotement  qu'il  faudroit 
furmonter,  l'en  empêchera  ■■,  mais  fi  on  la  met  dans  un 
plat  de  bois  fur  de  l'eau  ,  alors  le  frotement  du  liqui- 
de étant  plus  aifé  à  vaincre  ,  elle  fe  tournera  vers  les 
deux  pôles.  Comme  cette  pierre  communique  la  mê- 
me vertu  à  des  aiguilles  de  fer  qu'elle  a  touchées ,  la 
navigation  a  faifi  avidement  ce  fecours,  qui  eft  très- 
grand  :  ôc  c'eft  ce  qu'on  appelle  la  boufible. 

Ce  moyen  a  pourtant  une  espèce  d'imperfection.  La 
matière  fluide ,  qui  donne  ce  mouvement  à  l'aiguille 
ne  vient  pas  toujours  du  pole  avec  tant  de  précifion , 
qu'elle  ne  s'écarte  fouvent  de  la  méridienne.  Cela  fait 
une  variation  qui  eft  différente  félon  les  lieux  ,  ôc  qui 
même  change  fouvent ,  ôc  n'eft  pas  toujours  la  même 
dans  un  même  lieu,  On  a  cherché  divers  fyftêmes  pour 
rendre  raifon  de  ce  Phénomène ,  ôc  j'en  marque  le 
plus  vraifemblable  au  mot  Variation.  Revenons  aux 
pôles  du  monde  dont  il  eft  ici  queftion. 

Par  ce  que  nous  venons  de  dire ,  il  eft  aifé  de  voir- 
pourquoi  on  a  donné  tant  de  noms  au  pole ,  vers  le- 
quel nous  fommes  placés.  On  l'appelle  Septentrional, 
à  caufe  des  fept  étoiles  de  Tourfe ,  Arffiqtte  du  mot 
Arttos,  qui  veut  dire  une  ourfe  ;  Boréal ,  à  caufe  du  vent 
Borée,  qui  fouffle  de  ce  côté-là  ;  Aquilonaire ,  par  une 
même  raifon. 

Le  pole  qui  lui  eft  oppofé  eft  appelle  Méridional , 
parce  qu'il  eft  à  notre  fnidi  :  Autarcique  ,  parce  qu'il 
eft  oppofé  au  pole  arctique,  Aufiral ,  à  caufe  du  vent 
Aufter ,  qui  à  notre  égard  vient  du  midi.  Ceux  qui 
navigent  entre  l'équateur  ôc  ce  pole ,  perdent  norre 
étoile  de  vue.  Les  pilotes  fe  fervent  alors  de  quatre 
étoiles  dispofées  en  croix  ,  ôc  que  Ton  appelle  la  Croix  , 


ïoi6      POL 


POL 


Se  nourrit  quantité  de  bétail ,  qui  fait  la  plus  grande 
richciTe  de  fes  habitans.  Son  étendue  du  nord  au  fud- 
eft  eft  d'environ  vingt  milles,  &  celle  de  l'eft  à  l'oueft 
eft  de  plus  de  cinquante  milles.  Le  Padouan  lui  eft 
contigu  au  feptentrion  ,  le  duché  de  Ferrare  au  mi- 
di ,  le  Dogadoou  duché  de  Venife  à  l'orient ,  &  le  Vero- 
nefe  ou  Veronois  à  l'occident  ■-,  Rovigo  eft  fa  capitale.  On 
y  trouve  l'ancienne  ville  d'Adria  ,  avec  Lendenara ,  La- 
badia  Se  Cavarzore ,  outre  une  vingtaine  de  villages. 
Ce  pays  fut  autrefois  fujet  aux  ducs  de  Ferrare.  En- 
fuite  les  Vénitiens  le  conquirent ,  Se  il  leur  demeu- 
ra par  la  paix  qui  fe  fit  entre  eux  Se  le  duc  Hercule 
I.  Leur  année  ayant  été  défaite  à  Ghiara  d'Ade  en 
1509,  parles  troupes  de  Louis  XII  ,  roi  de  France, 
le  duc  Alphonfe  reprit  ce  pays  dont  les  Vénitiens  fe 
rendirent  maîtres  encore  une  fois  quelques  tems  après. 
Ils  l'ont  toujours  ppffédé  depuis ,  Se  la  république 
y  envoie  quelques  nobles  Vénitiens  polir  le  gouver- 
ner. 

POLESIN-Di-ARIANO,  pente  contrée  d'Italie  , 
au  duché  de  Ferrare.  Elle  eft  bornée  au  nord  orien- 
tal par  le  grand  bras  du  Pô  >  au  nord  par  une  bran- 
che ,  qui  fort  du  grand  bras  de  ce  même  fleuve  ,  à 
l'orient  par  le  golfe  de  Venife  ,  &  au  midi  par  un  bras 
du  Pô ,  appelle  Pôdi-Ariano.  Les  deux  principaux 
lieux  qui  fe  trouvent  dans  ce  Polefin,  font  Ariano& 
San-Bafilio.  *  Magin ,  Carte  du  duché  de  Ferrare. 

POLESIN  DE  FERRARE,  contrée  d'Italie,  au  du- 
ché de  Ferrare  ,  entre  le  grand  bras  du  Pô  au  nord  & 
le  Pô  de  Ferrare,  ou  de  Volana,  au  midi.  La  ville  de 
Ferrare  ,  Se  celle  de  Francolino ,  en  font  les  lieux  les 
plus  remarquables. 

POLESIN  DE  ROVIGO.  Kc/j^Polesin. 

PÔLESINO  DI-SAN-GEORGIO,  petit  pays  d'Ita- 
lie, dans  l'Etat  de  l'Eglife  ,  au  duché  de  Ferrare.  Il 
s'étend  entre  les  deux  petits  bras  du  Pô  ,  appelles  le  Pô 
de  Ferrare ,  ou  de  Valana  ,  Se  le.  Pô  d'Argenta ,  jus- 
qu'aux marais  appelles  VaM-di-Comaccbio. 

POLESWORTH,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  pro- 
vince de  Waiwick.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat 
pré/eut  de  la  Grande  Bretagne ,  t.   1 . 

POLETUM  ,  fleuve  de  la  Mauritanie  Céfarienfe. 
L'itinéraire  d'Antonin  le  met  fur  la  route  de  Tingis  à 
Carthage  ,  entre  Lemnœ  ,  Se  le  lieu  nommé  Ad  ira- 
très ,  à  trente  milles  du  premier  de  ces  lieux*,  Se  àfix 
milles  du  fécond.  Quelques  exemplaires  portent  Po- 
pletum  Fhimen  ,  poui  Poletum  Flumen. 

POLEUR  ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomée, /.  7.  c.  1.  qui  la  donne  aux  Arvarni  ,  la  place 
dans  les  terres,  entre  Carige  Se  Picendaca. 

1.  POLI,  bourg  d'Italie  ,  dans  la  Campagne  de  Ro- 
me, environ  à  vingt  milles  au  nord  oriental  de  cette 
ville,  fur  une  éminence.  Ce  bourg  qui  a  titre  de  duché, 
appartient  à  la  maiion  de  Conti ,  &  efl  bâti  en  forme 
de  galère.  Le  château  du  duc  eft  au  bout  comme  à  la 
poupe.  Il  eft  petit ,  mais  alïez  bien  meublé  ;  Se  il  y  a  une 
petite  bibliothèque ,  avec  une  galerie  de  tableaux  ,  où 
l'on  montre  les  portraits  des  papes  que  la  maifon  de 
Conti  a  fournis  à  l'églife.  *  Magin  ,  Carte  de  la  Cam- 
pagne de  Romei 

2.  POLI,  ifle  de  l'Inde.  Elle  eft  éloignée  de  Can- 
tou  de  deux  mois  de  navigation.  C'éft  un  petit  royau- 
me. *  Hifl.  générale   des  Huns  ,  1.   1 . 

POLI  A  ,  ou  Polis,  ville  des  états  du  Turc,  en 
Afie,  fur  la  route  de  Conftantinople  à  Ispahan,  entre 
les  villages  de  Cargueflar ,  &  celui  de  Bendourlour. 
Cette  ville  ,  dont  la  plupart  des  habitans  font  Grecs, 
eft  bâtie  au  pied  des  montagnes.  Ces  montagnes  font 
très-hautes,  Se  continuent  le  long  de  la  route  pendant 
deux  journées  de  chemin.  Elles  font  remplies  de  toutes 
fortes  d'arbres ,  qui  font  droits  Se  hauts  comme  des 
fapins ,  Se  traverfées  de  quantité  de  torrens ,  qu'il  fe- 
roit  difficile  de  paffer ,  (ans  les  ponts  que  le  grand  vifir 
Kuprigli  y  a  fait  bâtir.  Comme  dans  toutes  ces  mon- 
tagnes le  terroir  eft  gras,  il  n'y  auroir  pas  moyen  que 
les  chevaux  s'en  puffent  tirer,  quand  il  tombe  de  gros- 
fes  pluies,  ou  quand  les  neiges  viennent  à  fondre,  fi 
le  même  vifir  n'eût  eu  foin  de  faire  paver  tous  les  mau- 
vais chemins  de  ces  montagnes  jusqu'à  Conftantinople. 
Cela  ne  s'eft  pu  faire  qu'avec  une  très -grande  dépen- 


fe ,  parce  qu'il  a  fallu  charier  la  pierre  de  fort  loin  ; 
Se  qu'il  ne  fe  trouve  pas  un  caillou  dans  toutes  ces 
montagnes.  Entre  la  ville  &  les  montagnes ,  il  y  a  une 
belle  plaine,  qui  dure  près  de  deux  lieues  :  après  cela 
on  pafTe  une  rivière  qui  arrofe  cette  plaine ,  Se  qui 
contribue  à  fa  fertilité.  C'elt  un  terroir  excellent,  Se 
qui  produit  en  abondance  tout  ce  qui  efl  nécefTaire  pour 
la  vie.  On  voit  de  chaque  côté  du  chemin  plufieurs 
grands  cimetières.  C'eft  la  coutume  des  Turcs  de  fe 
faire  enterrer  fur  les  grands  chemins ,  Se  ils  croient 
que  les  pafians  font  des  prières  pour  lésâmes  des  dé- 
funts. Sur  chaque  tombeau  ,  on  voit  une  colonne 
de  marbre,  Se  qui  eft  à  moitié  en  terre.  Il  y  en  a  une 
fi  grande  quantité  de  différentes  couleurs ,  qu'on  peut 
juger  par-là  qu'ily  a  eu  un  grand  nombre  de  belles  églifes 
chrétiennes  à  Polia ,  Se  aux  environs.  On  dit ,  qu'il  y  a 
encore  une  grande  quantité  de  ces  colonnes  en  plufieurs 
villages  de  ces  monragnes ,  &  que  les  Turcs  en  abat- 
tent toujours  pour  les  mettre  fur  leurs  tombeaux.  Dans 
ces  mêmes  montagnes ,  on  voit  une  quantité  prodigieu- 
fe  de  colombes  groffes  comme  des  poules,  &  qui 
font  d'un  très-bon  goût.  *  Tavtrnier  ,  Voyage  de Per- 
fe ,  1.   1 .  c.  2. 

POLIBII ,  ifle  que  Ptolomée  ,  /.  6.  c.  7.  place  près  du 
golfe  Arabique  ,  fur  la  côte  de  l'Arabie,  entre  les  ifles 
Dœmonum  Se  Jeracum.  Le  manuferit  de  la  bibliothè- 
que Palatine  porte  Polbii  pour  Polibu. 

POLICANDRO,  Philocandros,  ifle  de  l'Archipel, 
Se  l'une  des  Cycladcs ,  à  l'orient  de  l'ifie  de  Milo  ,  à 
l'occident  de  celle  de  Sikine ,  Se  au  midi  de  celles  de 
Paros  Se  d'Antiparos.  Il  y  a  beaucoup  d'apparence, 
dit  de  Tournefort ,  Voyage  du  Levant ,  lett.  6.  p.  95)-. 
que  Policandro  eft  l'ifie  que  Strabon  &  Pline  nom- 
ment Pholegandros.  Outre  la  reffemblance  des  noms, 
le  premier  de  ces  auteurs  marque  précifément  que  na- 
vigeant  d'Ios  vers  le  couchant ,  on  rencontre  Sicenos , 
Laguja  Se  Pholegandros.  Je  crois  que  Lagufa  eft  le  Car- 
diotifla  ,  méchant  écueil ,  entre  Sikino  Se  Policandro  , 
fur  lequel  il  y  a  une  fameufe  chapelle  de  la  Vierge , 
où  l'on  va  en  célébrer  les  fêtes  avec  de  grandes  réjouis- 
fances.  Ce  qu'Aratus  dit  de  Polegandros  dans  Strabon 
convient  bien  à  Policandro  ,  favoir  qu'on  l'appelloit 
une  ifle  de  Fer  ■■,  car  elle  eft  route  hériffée  de  rochers-. 
Etienne  le  géographe  qui  cite  le  même  pafTage  d'Ara- 
tus ,  affure  qu'elle  a  pris  fon  nom  de  Pholegandros ,  l'un 
des  fils  de  Minos.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

Cette  ifle  n'a  point  de  port.  Il  y  a  une  cale ,  dont 
l'entrée  regarde  le  fud-eft.  Le  bourg  ,  qui  eft  à  trois 
milles  du  côté  du  nord  eft ,  afTez  près  d'un  rocher  ef- 
froyable ,  n'a  d'autres  murailles  que  celles  qui  forment 
les  derrières  des  maifons ,  &  contient  environ  cent  vingt 
familles  du  rit  grec ,  qui  en  1700 ,  payèrent  pour  la. 
capitation  Se  pour  la  taille  réelle  1020  écus.  Quoique 
cette  ifle  foit  pierreufe ,  feche ,  pelée  ,  on  y  recueille 
afTez  de  bled  Se  de  vin  pour  l'ufage  des  habitans.  On  y 
manque  d'huile  ,  &  l'on  y  fale  toutes  les  olives  pour 
les  jours  maigres.  Le  pays  eft  couverr  de  tithymale, 
arbtifTeau  que  l'on  y  brûle  faute  de  meilleur  bois. 
L'ifie  d'ailleurs  eft  allez  pauvre  ,  Se  l'on  n'y  commerce 
qu'en  toiles  de  coton.  La  douzaine  de  ferviettes  n'y 
vaut  qu'un  écu  ;  mais  elles  n'ont  guère  plus  d'un  pied 
en  carré  :  pour  le  même  prix  on  en  donne  huit  qui 
font  un  peu  plus  grandes,  &  bordées  de  deux  côtés 
d'un  paffement. 

On  ne  manque  dans  cette  ifle  ni  de  papas  ni  de 
chapelles.  Celle  de  la  fainte  Vierge  eft  affez  jolie.  Elle 
eft  finiée  fur  la  grande  roche ,  tout  près  des  ruines  de 
Caftro ,  vieux  château  des  ducs  de  Naxie,  bâti  fans 
doute  fur  les  ruines  de  l'ancienne  ville  qui  portoit  lenoni 
dePolicandros ,  fuivant  Ptolomée.  il  refledans  cette  cha- 
pelle quelques  morceaux  de  colonnes  de  marbre.  Pour 
la  ftatue  ancienne  dont  parle  Thevenot ,  on  affure  qu'elle 
a  été  fciée  Se  employée  à  des  monrans  de  portes.  On 
y  découvrit  il  y  a  quelques  années  le  pied  d'une  fi- 
gure de  bronze  ,  que  l'on  a  fondu  pour  en  faire  des 
chandeliers  à  l'ufage  de  la  chapelle.  L'ancien  mona- 
fterc  des  Caloyers  ne  fubfifte  plus  :  celui  des  filles , 
dont  l'églife  eft  dédiée  à  faint  Jean  Baptifte,  ne  renfer- 
me que  trois  ou  quatre  religieufes.  Au  refte  cette  ifle 
paroit  affez  gaie  dans  fa  féchereffe.  On  dit  qu'il  y  a 

une 


POL 


POL 


une  fort  belle  grotte  dans  cette  effroyable  roche  -,  mais 
on  ne  peut  y  entier  que  par  bateau  dans  la  bonace. 
Cette  roche  eft  le  plus  bel  endroit  de  l'ifle  pour  la  re- 
cherche des  plantes.  On  a  fait  fur  cette  roche  les  ob- 
fervations  fuivantes  : 

CardiorifTa  décline  de  l'eft-nord-eft  à  l'eft. 
Le  Milorefte  entre  l'oueft-nord-oueft  ôc  l'oueft. 
Polino ,  ou  l'ifle  Brûlée  ,  eft  entre  l'oueft-nord-oueft 
ôc  lenord-oueft. 

L'Argentiere  eft  en  ligne  droite  derrière  Polino. 
Siphno  eft  entre  le  nord-oueft  ôc  le  nord-nord-oueft. 
Antiparos,  entre  le  nord-eft  ôc  le  nord-nord-eft. 
Paros,  entre  le  nord-nord  eft  ôc  l'eft-nord-eft. 
Naxos ,  entre  le  nord-eft  ôc   l'eft-nord-eft. 

POLICASTRO,  PaUocaJlrum,  ville  d'Italie,  au 
royaume  de  Naples,  dans  la  Principauté  citérieure,  fur 
la  côte  méridionale  du  golfe  auquel  elle  donne  fon 
nom.  Cette  ville  qu'on  nommoit  autrefois  PaUocaftrum , 
Ôc  qui ,  à  ce  qu'on  croit ,  avoit  été  bâtie  des  ruines  de 
l'ancienne  Bitxentum ,  ville  de  Lucanie  ,  eft  aujour- 
d'hui dans  un  état  fi  déplorable  ,  que  fon  évêque  , 
fuffragant  de  Salerne,  fait  fa  réfidence  dans  un  bourg 
de  fon  diocèfe.  L'évêché  de  Policaftro  étoit  érigé  dès 
l'an  joo  ,  fous  la  métropole  de  Salerne  *  Magin ,  Carte 
de  la  Principauté  citérieure. 

Le  golfe  de  POLICASTRO  s'étend  fur  la  côte  de 
la  Principauté  citérieure  ,  Ôc  en  partie  fur  celle  de  la 
Bafilicate  ,  depuis  Torre  Calabianca  ,  à  l'occident,  jus- 
qu'à Capo  di  Caftro  Cucco,  du  côté  de  l'orient.  La 
ville  de  Policaftro  ,  qui  lui  donne  fon  nom  ,  eft  au  fond, 
presque  au  milieu. 

i .  POL1CHN  A  ,  ville  de  la  Troade ,  près  de  Palaescep- 
fis,  qui  étoit,  comme  nous  l'apprend  Strabon  ,  /.  13» 
p.  603.  au  fommet  du  mont  Ida.  Il  eft  parlé  de  cet- 
te ville  dans  Thucydide,  /.  8.  p.  571.  ainfi  que  dans 
la  notice  d'Hiéroclès,  qui  la  place  dans  la  province 
de  l'Hellespont.  Les  habitans  de  Polichna  fon  nom- 
més Polichnxi  par  Pline  ,  /.  5.  c.  30. 

2.  POLICHNA,  ville  de  Crète ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Hérodote  ,  /.  7.  c.  170.  nomme  les  habi- 
rans  de  cetre  ville  Policbnius 

3.  POLICHNA,  ville  de  l'Argie.  Polybe,  /.  4.  n. 
)6.  dit  qu'elle  fur  pf.Te  par  Lycurgtte. 

4.  POLICHNA,  ville  de  Sicile,  au  voifinage  de 
Syracufe,  félon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  13    &  14. 

POLICHNION  ,  félon  Denys  de  Byfance,  ôc  Fa- 
num  Europe  Byzantinorum  ,  félon  Strabon  ôc  Po- 
lybe. Aujourd'hui  on  nomme  cette  petite  ville  Jeron 
Romelias  ,  parce  qu'elle  eft  fituée  en  Europe  ,  dans  la 
Romelie.  Elle  eft  au  voifinage  de  Conftantinople  *  Pur. 
Gylïuts,  de  Bosphoro  Thracico  ,  /.  2.  c.  19. 

POLIDIUM.  Voyez.  Polyde. 

POLIDORORÛM  CIVITAS,  ville  épiscopale  de 
l'Afie-Mineure ,  dans  la  Phrygie  ,  félon  Ortelius  , 
qui  cite  le  concile  de  Chalcédoine.  Voyez,  Polydo- 
ra. 

POLIGNAC,  bourg  de  France,  dans  le  Langue- 
doc ,  au  diocèfe  &  près  du  Puy  ,  avec  un  château  , 
dans  une  fituation  qui  en  a  fait  autrefois*une  place  forte. 
Ce  bourg  eft  très  ancien.  Entre  autres  antiquités  on 
y  voit  une  pierre  où  eft  gravée  la  figure  d'Apollon,  & 
qui  eft  accompagnée  d'une  infeription.  C'écoit  ancien- 
nement une  vicomte  ,  qui  avoit  donné  le  nom  à  une 
maifon  très-ancienne ,  que  l'on  appelloit  les  Rois  des 
montagnes  ,  du  tems  de  la  guerre  des  Albigeois. 

POL1GN  ANO,  Polinianum  ôc  Pidinianum,  ville  d'I- 
talie, au  royaume  de  Naples,  dans  la  terre  de  Bai  i, 
fur  le  golfe  de  Venife ,  à  huit  milles  à  l'orient  de  Ba- 
ri.  Cette  ville  avoit  un  port  fur  le  golfe  ;  mais  les 
Vénitiens  le  comblèrent  au  commencement  du  feizié- 
me  fiécle.  Son  évêché  qui  fut  établi  au  dixième  fiécle  , 
eft  fous  la  métropole  de  Bari.  *  La  Forêt  de  Bourgon  , 
Geogr.  Hift.  t.  2.  p.  563. 

POL1GNY ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la  Franche- 
Comté  ,  au  diocèfe  de  Befançon  &  chef-lieu  d'un  bail- 
liage &  d'une  recette.  Elle  eft  fituée  dans  un  pays  de 
grains  &  de  vignobles  ,  fur  un  petit  ruifleau  qui  fe  perd 
dans  le  Doux.  Poligny  eft  appelle  Folemmaeum  dans  le 


IOI7 

partage  de  Lothaire,  enrre  Louis  le  Germaniq  ie  &  Char- 
les le  Chauve ,  en  870.   Dans  le  fiécle  fiuvant  il  eft 
nommé  Poliniacitm,  ou  Polinci.  Ceft  un  lieu  ancien 
qui  étoit  fitué  dans  le  pays ,  ôc  le  comté  de  Warasch  » 
comme  l'affiire  dans  une  lettre  datée  de  la  22  année 
du  règne   de  Charles  le  Simple ,  la  comrefie  Adelaïs , 
mère  de  Raoul ,  qui  fut  depuis  roi'de  France.  Ce  pays, 
nommé  Pagus  IVarascus  ou  Warescus  ,  avoit  pris  fon 
nom  des  peuples  JVarasci ,  qui  faifoient  parrie  des  Sé- 
quaniens,  ôc   étoient  établis  fur   le  Doux  ,  des  deux 
côtés  de  la  rivière,  comme  nous  l'apprenons  de  l'au- 
teur contemporain  de  la  vie   de  faint  Salaberge  ,  le- 
quel vivoit  dans  le  feptiéme  fiécle.  Poligny  eft  une  des 
plus  jolies  villes  de  la  province ,  fon  bailliage  eft  mou- 
vanr  du  grand  bailliage  d'Aval.  Il  y  a  une  collégiale 
fondée  en  I4J7,  par  Jean,  confeiller  de  Philippe    le 
Bon  ,    duc  de  Bourgogne.  Ce  chapitre  eft  compofé  d'un 
doyen,  d'un  chantre  ôc  de    douze  chanoines.    Il   eft 
exempt  de  la  jurisdiction  de  l'archevêque.  Il  y  a  une 
maifon  de  prêtres  de  l'Oratoire  ,  quatre  couvens  de  re- 
ligieux ,  un  couvent  d'Urfulines  ,  &  une  commenderie 
de  l'ordre  du  Saint-Esprit.  On  ne  compte  qu'environ 
trois  mille  cinq  cens  perfonnes  dans  cette  ville.  *  Piga- 
' nïol ,  Dcfcr.  de  la  France  ,  t.  7.  p.  570. 

POLIMATR1UM,  ou  Polymartium,  félon  Or- 
telius ,  qui  cite  le  recueil  des  conciles ,  Ôc  Mafia  de  Fa~ 
Usas  \  mais  Paul  Diacre ,  Longobard.  I.  4.  c.  8»  & 
Olivier,  Ital.  Ant.  I.  1.  c.  3.  après  lui  écrivent  Po- 
iiMARTiuM.  C'étoit  une  ville  d'Italie,  ôc  l'une  de  cel- 
les dont  les  Lombards  fe  rendirent  maures ,  ôc  que 
l'Exarque  de  Ravenne  reprit;  Elle  fubfifte  encore  au- 
jourd'hui. On  la  nomme  par  corruption  Bomarzo  , 
&    quelquefois   Bonmarzo.  Voyez  Bomarzo. 

POLIMUR,  ou  Polimeur  ,  ville  des  états  du  Turc  , 
dans  l'Anarolie,  furie  bord  de  la  mer  de  Marmora, 
au  fond  du  golfe  de  Montagna,  à  l'occident  d'ismch, 
ou  Nicée.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy, 

1.  POLINA  ,  ou  Pollona.  Voyez.  Aeas  ,  n.  1. 

2.  POLINA,  marais  de  la  Hongrie,  l'un  des  plus 
grands  du  royaume ,  dans  le  duché  de  Sirmium  ,  ôc 
dans  le  comté  de  Valpo.  On  croit  que  c'eft  le  marais 
Hiulca  que  décrit  Flavius  Vopiscus ,  va  Probo  ,  ôc  où 
l'empereur  M.  Aurelius  Probus  fut  afiaftiné.  Ce  ptin- 
ce  érant  venu  à  Sirmium  ,  dont  il  prétendoit  rendre 
les  environs  fertiles,  eflaya  de  defiecher  un  marais  ,  ôc 
d'en  porter  les  eaux  à  la  mer  par  le  moyen  des  riviè- 
res voifines.  Les  foldats  qu'il  employoit  à  ce  pénible 
ouvrage  ,  rebutés  du  travail ,  fe  fouleverent ,  le  pour- 
fuivirent  jusque  dans  la  tour  de  fer  qu'il  avoit  fait  bâtir, 
ôc  le  tuèrent  dans  ce  lieu. 

POLINGEN  ,  ou  Pouligen.  Corneille  ,  Difl.  eft 
pour  la  première  orthographe ,  ôc  Jaillot,  Atlas  ,  pour 
la  féconde.  C'eft  un  bourg  de  France  ,  fur  la  côte  mé- 
ridionale de  la  Bretagne  ,  près  de  l'embouchure  de  la 
Loire  ,  au  midi  de  Guerrande  ,  ôc  à  l'orient  mé- 
ridional du  Croific.  Il  y  a  devant  ce  bourg  un  pe- 
tit port  de  mer,  ôc  quelques  falines  dans  le  voifina- 
ge 

POLINO,  ou  I'Isle  Brûlée,  petite  ifle  de  l'Ar- 
chipel ,  ôc  l'une  des  Cyclades.  Elle  eft  fur  la  côte  de 
rifle  de  Milo ,  du  côté  de  l'orient  feptentrional.  Cor- 
neille, D ici.  s'eft  trompé  ,  lorsqu'il  a  dit  que  cette  ifle 
étoit  la  Pr<cpejinthus  des  anciens.  L'ifle  Prapeftnthus  eft 
l'ifle  Kimolo  ou  l'Argentiere  :  celle  de  Polino  s'appel- 
loit  anciennement  Polyagos.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugon- 
dy. 

POLIPERGA ,  nom  d'une  ville  connue  feulement 
par  une  médaille  recueillie  dans  le  tréfor  de  Golt- 
zius. 

POLIRONE  ,  ou  San-Benedetto  ,  Monafler'mm. 
Santli  Benedicli  de  Pado  Lirone  ,  abbaye  d'Italie,  dans 
le  Nlantouan  ,  à  douze  ou  quatorze  milles  au  midi  de 
Mantoue ,  entre  le  Pô  ôc  le  Liron  ,  d'où  lui  eft  venu 
le  nom  de  Polirone  ,  corrompu  de  Palirone.  Cette  ab- 
baye eft  un  des  plus  célèbres  monafieres  d'Italie.  Elle 
fut  fondée  par  Thedald  deCanoflc,  marquis  de  Man- 
toue ,  grand-pere  de  la  comtefie  Matilde ,  dotée  par 
Boniface  ,  marquis  de  Mantoue  ,  père  de  cette  com- 
tefie ,  ôc  enrichie  par  les  bienfaits  de  cette  même  com- 
tefie qui  y  fut  inhumée  en  1 1 15.  Cette  abbaye  fut  d'aj 
Tom.lV.  Nnnimu 


ïoi8        POL 

bord  pofledée  par  des  Bénédictins  de  la  congrégation 
de  Cluni  ;  mais  depuis  plus  de  deux    fiécles  les  reli- 
gieux de  la  congrégation  du  mont  Caflîn  y  ont  été  instal- 
lés. Ils  pofledent  de  grandes  terres ,  &  font  feigneurs 
temporels  &  fpirituels  des  villages  de  Governolo  &  de 
Quiftello.  Us  font  auffi  cures  primitifs  de  trente-huit 
paroiffes  ,  tant  du  diocèfe  de  Mantoue  ,  que  de  quelques 
autres.  Leurs  terres  font   d'une  très -grande-  étendue  » 
&  leur  enclos  feul  a  quatre  milles  de  tour.  Le  mona- 
ftere  eft  bâti  fur  les  ruines  du  palais  de  la  comtefle 
Matilde ,  dont  le  tombeau  étoit  d'abord  à  l'entrée  de 
l'églife,  à  main  gauche,  entre  le  premier  &  fécond  pi- 
lier. Ce  tombeau  étoit  fontenu  par  huit  colonnes  , 
qui  en  1445  fe  trouvèrent  rompues  par  la  pefanteur 
du  maufolée.  On  plaça    le  tombeau  de  cette  comtes- 
fe  plus  avant ,  toujours  à  la  gauche ,  près  de  la  mu- 
raille ,  à  côté  de  celui  de  faint  Siméon ,  religieux  de 
ce  monaftere.    Pour  mieux   conftater  la  vérité,  dans 
le  tems  de  cette  tranflatîon  ,  on  fît  en  préfence  de  té- 
moins l'ouverture  du  fépulcre  ,  où  l'on  trouva  un  corps 
de  femme  <incore  tout  entier.  On  ferma  enfuite  le  fé- 
pulcre ,  jusqu'à  ce  qu'Urbain  VII,  fit  transporter  à  Ro- 
me le  corps  de  cette  illuftre  comtefle ,  &  le  fit  met- 
tre dans  l'églife  de   Saint  Pierre ,  où  on  lui  éleva  un 
magnifique  maufolée.  C'eft  la  feule  perfonne  de  fon  fe- 
xc  qui  ait  fa  fépulture  dans  la  bafilique  du  prince  des 
apôtres.   On  a  voulu  honorer  par-là  la  mémoire  d'u- 
ne princefic  f  qui ,  tant  qu'elle  vécut ,  protégea  puiflanv 
ment  le  faint  fiége ,  &  lui  donna  la  partie  de  la  Tos- 
cane ,  appellée  depuis  le  patrimoine  de  Saint  Pierre. 
Le  tombeau  que  l'on  voit  encore  aujourd'hui  dans  l'ab- 
baye  de  Saint  Benoît  de  Polirone  ,  eft  une  urne  de 
marbre  blanc ,  fur  laquelle  eft  la  ftatue  de  cette  com- 
tene à  cheval  1  habillée  en  rouge  ,  avec  une  grenade  à 
la  main ,  &  ces  deux  vers  gravés  fur  le  marbre. 

Stirpe,  opibus ,  fama  ,  geftis  &  nomine  qitondam 
Inclyta  Mathillaus  hiejacet ,  Ajira  tenet. 

*  Luèin,  Abbatiar.  Italie  Not.  Leibnitii ,  Scriptor.  rer. 
Brusvicenf.  p.  701. 

1.  POLIS  ,  7ict\K  ,  mot  grec,  qui  répond  proprement 
à  ce  que  nous  appelions  une  ville.  Ce  nom  a  été  donné 
à  diverfes  villes  quelquefois  feul ,  quelquefois  joint 
avec  un  autre,  dont  il  étoit  tantôt  précédé  &  tantôt 
fuivi. 

2.  POLIS  ,™\tt,  village  qu'Etienne  le  géographe  dit 
être  dans  les  ifles>  fans  dire  de  quelles  ifles  il  entend 
parler. 

3.  POLIS  ,  ttoA/«  ,  village  dans  le  pays  des  Locres 
Ozoles.  Thucydide,  /.  3.  p.  240.  le  donne  aux  peuples 
J-/yai. 

4.  POLIS  , 7ro'?.« ,  ville  de  l'Egypte,  félon  Etienne  le 
géographe. 

POLISMA  ,  petite  ville  de  la  Troade.  Strabon ,  /. 
13.  p.  601.  dit  qu'elle  étoit  fur  le  bord  du  fleuve  Si- 
moente. 

POL1TANORUM  DINASTIA.  On  trouve  ce  mot 
dans  la  chronique  d'Eufébe  ;  mais  un  manuferit ,  con- 
fulté  par  Ortelius  ,  porte  Diospolitanorum  ;  ce  qui  fait 
penfer  qu'il  pourroit  être  queftion  des  Diospolitani  , 
habitans  de  la  ville  de  Diospolis ,  en  Egypte. 

POLITEIA,  ville  de  l'Achaïe,  félon  Etienne  le 
géographe. 

POLITICEORGAS,  contrée  de  l'Ane  propre,  fé- 
lon Pline,  /.  j.  c.  30.  qui  dit  qu'elle  fut  depuis  ap- 
pellée Aphrodifias.  Pintaut  lit  Politke  8c  Orgas  ,  &  en 
fait  deux  différentes  contrées;  mais  le  père  Hardouin 
qui  lit  Politice-Orgas ,  dit  que  le  furnom  de  Politice 
avoit  été  donné  à  la  contrée  Orgas ,  pettrTa  distinguer 
d'une  autre  Orgas,  qui  étoit  dans  l'Attique,  cVdont  parle 
Paufanias.  Quoi  qu'il  en  foit ,  cette  contrée  devoir ,  dit 
Onelius,  être  quelque  paît  vers  la  Grande-Phrygie  , 
car  c'eit  dans  ce  quartier  que  Strabon ,  /.  12.  p.  576. 
place  Aphrodifias.  Voyez.  Aphrodisias  ,  n.  15. 

POL1TIO  ,  Polizzi ,  Folitium ,  ville  de  la  Sicile , 
dans  le  val  de  Mazzara  ,  aux  confins  du  Val -Démo- 
lie,  au  pied  du  mont  Madonia ,  à  l'orient  de  Caftro- 
Novo.  Corneille  met  cette  ville  dans  la  vallée  de  De- 


POL 


mona ,  mais  il  fe  trompe.  *   Atlas  ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

POLITIUM,  ville  d'Italie.  Diodore  de  Sicile  ,  /.  19. 
la  donne  aux  Marrucini. 

POL1TORIUM  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Latium  ,  & 
dans  la  première  région,  félon  Pline,  /.  3.  c.  j.  Tite- 
Live,  /.  1.  c.  33.  dit  que  cette  ville  fut  prife  par  le  roi 
Ancus.  On  ne  fait  pas  au  jufte  fa  véritable  pofition. 

POL1UM ,  lieu  de  l'ifle  de  Lefbos ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

POLIZZI,  ville  d'Italie  ,  en  Sicile  ,  dans  la  vallée 
de  Demona.  On  y  compte  aux  environs  de  fept  mille 
âmes.  On  y  voit  un  collège  de  Jéfuites.  Six  maifons 
religieufes  d'hommes,  &  deux  de  filles.  Elle  eft  à  14 
lieues  fud-eft  de  Palerme. 

1.  POLLA  ,  ville  de  Macédoine,  félon  quelques 
exemplaires  de  Thucydide  ,  /.  2.  circa  finem  -,  mais  l'é- 
dition de  Francfort,  chez  les  Wechels,  porte  Pellà 
au  lieu  de  Polia. 

2.  POLLA  (  la  ) ,  bourgade  du  royaume  de  Naples  , 
dans  la  Terre  de  Labour.  On  croit  que  c'eft  la  Mar- 
celliana  des  anciens.  *  Le  père  de  Cbarlevoix ,  Mém. 
manuferits. 

1.  POLLENTIA,  ville  de  la  Ligutie.  Ptolomée, 
/.  3.  c.  i.qui  écrit  Pôlentia  ,  place  cette  ville  dans 
les  terres.  Pline,  /.  j.tf.  5.  dit  qu'elle  étoit  fituée  près 
des  Alpes.  Il  la  nomme  Pollentia  Garrea  ,  &  ajou- 
te qu'elle  étoit  furnommée  Potentia.  Les  habitais  de 
cette  Pollentia  font  appelles  Pollentina  Plebs  par 
Suétone,  in  Tiberio.  Selon  Columelle ,  /.  7.  c.  2.  on 
faifoit  cas  anciennement  des  laines  noires  &  brunes  de 
Pollentia  ,  ce  qui  a  fait  dire  à  Martial,  /.  4.  Epigr. 
J57- 

Non  tantum  pullo  Ingénies  vellere  lanas. 

Et  à  Silius  Italicus,  /.  8.  v.  599. 

....  Fusciaue  fer  ax  Pôlentia  villi. 

Cette  ville  conferve  encore  fon  ancien,  nom.  On 
l'appelle  préfentement  Polenza.  Elle  eft  au  confluent 
du  Tanaro  Se  de  la  Stura.  Voyez.  PolentiNA- 
Plebs. 

2.  POLLENTfA  ,  ville  d'Italie  ,  dans  le  Picenum. 
Tite  Live ,  /.  39.  c.  44.  lui  donne  le  titre  de  colonie 
Romaine.  Comme  Pline,  /.  3.  c.  13.  joint  Pollen- 
tini  avec  Urbs-Salvia,  le  père  Hardouin  en  con- 
clut que  les  habitans  d'Urbs-Salvia  (Urbifaglia)  s'ap- 
pelloient  Pollentini  ,  &qu'Urbs-Salvia  étoit  furnom- 
mée Pollentia.  Holftenius  approche  fort  de  ce  fen- 
timent:  il  fait  à  la  vérité  deux  villes  d'Urbs-Salvia  &  de 
Pollentia  ;  mais  il  ajoute  qu'elles  étoient  fi  voifines , 
qu'elles  n'en  formoient  pour  ainfi-diie  qu'une  feule  ; 
ce  que  prouvent  les  ruines  que  l'on  voit  près  d'Ur- 
bifaglia. 

3.  POLLENTIA,  ville  que  Strabon,  /.  3.  Pline; 
/.  3.  c.  j.  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  &  Pomponius  Mêla, 
/.  2.  c.  7.  mettent  dans  la  plus  grande  des  ifles  Baléa- 
res. Us  lui  donnent  le  titre  de  colonie  Romaine.  On  la 
nomme  préfenttment  Puglienza. 

POLLENTINI.  Voyez.  Polentina  Plebs  &  Pol- 
lentia ,  n.  2. 

POLLERV1N.  Voyez.  Pulorin. 

POLLES1I ,  ville  dont  fait  mention  Etienne  le  géo- 
graphe, fans  rien  dire  davantage.  L'édition  des  Aides 
porte  Polesii  pour  Pollesii. 

1.  POLLINA  ,  fiviere  de  Sicile,  dans  le  Val-Demo- 
ne.  Elle  a  fa  fourcç  aux  confins  du  val  de  Mazzara , 
dans  les  montagnes  de  Madonia.  Son  cours  eft  du  mi- 
di au  nord  oriental ,  en  ferpentant ,  &  fon  embou- 
chure fe  trouve  fur  la  côte  feptentrionale,  entre  le 
cap  de  Cefalu  &  celui  de  Mai  iàzo.  Vers  le  milieu  de 
fa  couife  elle  reçoit  à  la  droite  la  rivière  appellée 
Fiume-di'Gcrace.  La  Pollina  eft  la  rivière  Monalus  des 
anciens.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

2.  POLLINA,  baronnie,  dans  la  Sicile,  au  Val- 
Demone  ,  à  l'occident  de  la  rivière  Pollina.  Le  chef- 
lieu  ,  qui  porte  le  même  nom ,  eft  fur  une  élévation , 
au  nord  de  la  principauté  de  Caftelbuono,  &  au  cou- 


POL 


POL 


chant  de  la  baronnie  de  Tufa.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

j.  POLLINA,  Appollonia,  petite  &  ancienne  ville 
de  la  Turquie,  en  Europe,  dans  l'Albanie,  avec  un 
archevêché  grec.  Elle  eft  à  fix  lieues  de  Durazzo. 

POLLISA  ,  ville  d'Italie,  félon  Ortelius ,  qui  cite 
Phlégon,  in  Longavis.  Xylander  rend  ce  nom  par  Pol- 
iïntia. 

POLLSTORE  ,  ville  de  la  Baffe- Autriche ,  dans  le 
quartier  de  Manharts  Berg.  Elle  eft  petite  ,  mais  affez 
belle,  8c  appartient  à  la  maifon  de  Lichtenftein. 

POLLUP1CE,  ville  de  la  Ligurie.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  la  met  fur  la  voie  Aurélienne,  qui  conduit  de 
Rome  à  Arles ,  en  paffant  par  la  Toscane  8c  par  les 
Alpes  maritimes.  Pollupice  étoit  entre  Yada  Sabatia  8c 
Albingaunum  ,  à  douze  milles  de  la  première,  8c  à 
huit  milles  de  la  féconde.  Quelques  exemplaires  por- 
tent Pullopice,  8c  d'autres  Lollupice  pour  Pollu- 
pice. Simler  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Final. 

POLLUSTINI ,  peuples  d'Italie.  Pline ,  /.  ?.  c.  j.  les 
place  dans  la  première  région.  Ortelius  croit  que  ce 
font  les  habitans  de  Polusca  ,  que  le  père  Hardouin 
appelle  Pollustia  ,  apparemment  fur  la  foi  de  quel- 
ques manuferits  qu'il  aura  confultés. 

POLNA  ,  petite  ville  du  royaume  de  Bohême,  aux 
confins  de  la  Moravie  ,  près  de  la  fource  de  la  Saza- 
wa  ;  quelques-uns  la  mettent  dans  la  Bohême  propre; 
d'autres  difent  que  le  château  eft  en  Bohême  8c  la 
ville  en  Moravie.  L'un  8c  l'autre  font  affez  bien  bâtis  : 
on  trouve  fur  le  chemin  de  Prague  des  étangs  fort 
poiffonneux.  Le  terroir  eft  de  terres  labourables ,  de 
pâturages,  8c  la  chaffe  y  eft  très  bonne.  La  paroiffe 
&  la  maifon  de  ville  font  à  remarquer.  Entre  le  châ- 
teau 8c  la  ville  il  y  a  un  étang.  *  Zeyler ,  Bohem.  To- 
pogr.  p.  ;4. 

POLNAW,  petite  ville  de  la  Poméranie-Ulrérieu- 
re ,  au  duché  de  Wenden. 

i.  POLO,  Pollo  ou  Pulla,  ifle  de  la  mer  Mé- 
diterranée, fur  la  côte  orientale  de  l'ifle  de  Sardaigne, 
près  du  cap  Saroch  ,  du  côté  de  l'orient ,  à  l'entrée  du 
golfe  de  Cagliari.  *  Carte  de  l'ifle  de  Sardaigne ,  chez. 
Van  Kneulen. 

2.  POLO,  Pollo  ou  Pullo,  cap  de  l'ifle  de  Sar- 
daigne, fur  la  côte  de  l'ifle  de  Sardaigne,  dans  la  par- 
tie méridionale  du  golfe  de  Cagliari,  à  l'occident  & 
tout  près  du  cap  Saroch ,  qui  n'en  eft  féparé  que  par 
une  petite  baie.  *  Carte  de  l'ifle  de  Sardaigne ,  chez. 
Van  Kneulen. 

j.  POLO  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Quantung  ,  au  département  de  Hoeicheu ,  quatrième 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  2  deg.  48  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  23  deg.  29 
min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  POLOCZKO,  palatinat  du  grand  duché  de  Li- 
thuanie  ,  dans  fa  partie  feptentrionale.  Il  eft  borné  au 
nord  par  les  états  de  l'empire  Ruffien  ,  à  l'orient  par 
le  palatinat  de  Witepsk ,  par  la  Dwine ,  &  au  cou- 
chant par  la  Livonie  Polonoife.  Il  eft  gouverné  par 
deux  fénateurs  du  royaume ,  qui  font  le  palatin  8c  le 
caftelan  de  Poloczko.  Ce  pays  ,  qui  eft  défert  8c  rem- 
pli de  bois ,  portoit  anciennement  le  titre  de  duché , 
8c  a  eu  long-tems  des  princes  particuliers.  On  trouve 
qu'Olech  fut  le  premier.  Lorsque  fa  poftérité  s'étei- 
gnit ,  le  peuple  fe  gouverna  lui-même,  jusqu'à  ce  que 
Michel,  duc  de  Novogrod ,  l'eut  affujetti.  Boris,  fon 
petit- fils,  embraffa  le  Chriftianisme,  Se  Heleb ,  l'un 
de  fes  fucceffeurs  n'ayant  point  laiffé  d'enfans ,  les  Po- 
lociens  érigèrent  de  nouveau  leur  pays  en  république. 
Ce  gouvernement  dura  peu  de  tems.  Ciewciwilo ,  neveu 
de  Mingad  ,  roi  de  Lithuanie,  les  obligea  de  le  recon- 
noître  pour  leur  fouverain  ;  8c  Trognats ,  grand  duc 
de  Lithuanie  ,  l'ayant  fait  affaffiner  ,  s'empara  de  cet 
état  qu'il  réunit  à  la  Lithuanie.  Depuis  ce  tems  ,  il  n'en 
a  point  été  féparé.  *  D'Audifret ,  Géograph.  anc.  & 
mod.  t.  1.  p.  380. 

2.  POLOCZKO  ou  Poloczk  ,  Polochtm  8c  Polocia, 
ville  du  grand  duché  de  Lithuanie ,  autrefois  la  capi- 
tale du  palatinat  du  duché  de  Poloczko,  8c  aujour- 
d'hui la  métropole  du  palatinat  de  même  nom.  Cette 
ville  fuuée  à  cinquante  milles   au  nord  oriental  de 


IOI9 

Vilna ,  fe  trouve  au  confluent  de  la  Duna  8c  de  la  Po- 
lotta,  qui  l'entourent  en  grande  partie.  C'eft  une  place 
fortifiée ,  8c  qui  eft  défendue  par  deux  châteaux.  Elle 
a  été  fujette  à  diverfes  révolutions.  Quelquefois  on  l'a 
vue  libre  ,  8c  quelquefois  elle  a  eu  des  maîtres  ;  mais 
elle  a  toujours  été  fous  la  protection  des  rois  de  Po- 
logne,  auxquels  elle  a  été  conftamment  fidelle.  Le  16 
de  Février  1563  ,  les  Moscovites  s'en  emparèrent ,  & 
noyèrent  dans  la  rivière  tous  les  Juifs  qui  refuferent 
d'être  baptifés.  En  1579  ,1e  roi  Etienne  afliégea  Polocz- 
ko ,  8c  la  reprit  le  1  d'Octobre  de  la  même  année , 
malgré  toute  la  réfiftanec  que  purent  faire  les  Mos- 
covites. Ce  prince  y  établit  un  collège  de  Jéfuites.  Le 
czar  Alexis  s'étant  rendu  maître  de  cette  ville  en  i<5j4, 
la  garda  fort  peu  de  tems.  Les  Moscovites  l'ont  enco- 
re afliégée  depuis ,  mais  fans  fuccès.  +  Chjtraus  ,  Sa- 
xon. 1.  24.  p.  66i.Andr.  Cellar,  Polon.  Defcript.  p. 

43*- 

POLOGNE  ,  Polonia,  grand  royaume  d'Europe,  bor- 
né au  feptentrion  par  la  mer  Baltique  qui  le  féparé 
de  la  Suéde  ;  à  l'orient  par  la  Tartane  ,  &  la  Mosco- 
vie  ;  au  midi  par  le  Pont-Euxin  ,  la  Valaquie ,  la  Mol- 
davie ,  la  Tranfylvanie ,  &  le  Hongrie  ;  à  l'occident 
par  la  Poméranie,  le  Brandebourg,  la  Siléfie,  8c  la 
Moravie.  Ce  royaume  étoit  autrefois  plus  étendu.  Per- 
fonne  n'ignore  que  la  Siléfie ,  la  Luface  ,  la  Poméra- 
nie ne  lui  appartiennent  plus.  La  Livonie  d'abord  con- 
quife  par  les  Suédois  eft  maintenant  au  pouvoir  des 
Ruffes ,  qui  déjà  auparavant  s'étoient  emparés  des  du- 
chés de  Smolcnsko,  de  Séverie,  8c  de  Czernichovie 
Le  palatinat  de  Kiow  ,  une  des  plus  riches  portions 
de  l'Ukraine  eft  presque  tout  entier  au  pouvoir  des 
czars  ;  les  vafles  campagnes  qu'il  renferme  ,  8c  qui  font 
le  long  du  Boryflhene  ,  depuis  la  Volhinie  ,  &  le  pays 
des  Tattares  d'Oczakow  ,  jusqu'à  la  Ruine  ,  &  la  pe- 
tite Tartarie  font  habitées  par  les  Cofaques ,  qui  d'al- 
liés, &  presque  fujets  de  la  Pologne,  en  font  deve- 
nus les  plus  irréconciliables  ennemis.  Malgré  ces  per- 
tes,  la  Pologne  eft  encore  d'une  grande  étendue.  Sa 
longueur  depuis  l'extrémité  du  marquifat  de  Brande- 
bourg, jusqu'aux  frontières  de  Moscovie,  efl  de  deux 
cens  quarante  lieues  polonoifes ,  dont  chacune  fait  qua- 
tre milles  d'Italie.  Sa  largeur  depuis  le  fond  de  la  Po- 
kucie  jusqu'à  Parnau  en  Livonie ,  eft  de  près  de  deux 
cens  lieues  du  même  pays. 

C'eft  la  plus  grande  partie  du  pays,  appelle  ancien- 
nement Sarmatie  :  8c  dès  le  feptiéme  fiécle  ,  la  nation 
Polonoife  étoit  confidérable  parmi  les  peuples  que  l'on 
comprenoit  fous  le  nom  de  Slaves  ou  Esclavons.  Mais 
il  eft  difficile  de  dire  l'origine  du  nom  de  Pologne. 
Plufieurs  écrivains  l'ont  cherchée  inutilement.  Il  paroît 
tout  fimple  que  le  nom  des  Polonois  (  Poloni  )  vient 
de  celui  des  Bulani,  anciens  peuples  Sarmates ,  dont 
parle  Ptolomée,/.  3.C  10.  En  effet ,  Poloni  &  Bu- 
lani peuvent  être  regardés  comme  le  même  nom  j 
8c  on  peut  d'autant  moins  en  disconvenir  ,  que  les  an- 
ciens écrivains  Allemands  ont  appelle  les  Polonois  Bo- 
lani  ou  Bolanii.  *  Harskpoch ,  de  Repub.  Polon. 

I.  1.  c.  1.  8c  1.  i.c.  2. 

Selon  les  écrivains  du  pays  ,  la  Pologne  fut  d'abord 
gouvernée  par  des  ducs  ,  enfuite  par  des  rois ,  puis 
par  des  ducs  ,  8c  enfin  par  des  rois.  On  peut  partager 
ce  tems  en  quatte  claffes.  La  première  dont  l'hifloire  eft 
obfcure  ,  &  mêlée  de  fables,  prend  depuis  Lech  I  ,  qui 
vint  en  Pologne  vers  la  fin  du  fixiéme  fiécle  ,  ou  au 
commencement  du  feptiéme  ;  8c  elle  finit  avec  Popiel 

II,  qui  gouvernoit  la  Pologne  dans  le  neuvième  fiécle. 
On  prétend ,  qu'il  fut  mangé  des  rats  avec  toute  fa  famil- 
le ,  par  un  effet  de  la  juftice  divine  ,  qui  le  puniffoit 
du  crime  qu'il  avoit  commis  ,  en  empoifonnant  vingt- 
quatre  de  fes  parens ,  dans  le  deffein  de  fe  rendre  maître 
de  leurs  états.  La  féconde  claffe  commence  à  Piaft  ,  la- 
boureur, habitant  de  Kvuswik,  qui  fut  choifi  pour  roi 
de  Pologne.  On  trouve  dans  cette  claffe  beaucoup  plus 
de  lumière ,  fur-tout  depuis  Mieciflaw  ,  qui  fut  le  pre- 
mier duc  chrétien,  dont  le  fils  Boleflas  I  fut  le  premier 
roi  de  Pologne.  C'eft  l'empereurOtchon  III  qui  le  créa 
roi ,  en  reconnoiffance  de  la  réception  qui  lui  fut  faite  à 
Gnesne  ,  lorsqu'il  alla  en  Pologne  pour  un  voyage  de  dé- 
votion. Boleflas  II  perdit  le  titre  de  roi.  Son  frère  UU- 

Tm.IV.  Nnnnnnij 


loao        POL 

diflas ,  qui  gouverna  la  Pologne  ,  lorsqu'il  eut  abdique  la 
couronne  ,  ne  prit  point  le  titre  de  roi ,  foit  à  caufe  de 
l'interdit  que  le  pape  avoir  lancé  ,  foit  parce  qu'il  s'at- 
rendoit  que  Boleflas  pourroit  retourner.  Ce  fut  Przemys- 
îas  II ,  qui  reprit  le  titre  de  roi ,  que  fes  fucceffeurs  ont 
confervé  jusqu'à  préfent.  Sous  ces  deux  claffes  ,  la  Po- 
logne ,  foit  qu'on  la  regarde  comme  un  duché ,  ou  com- 
me un  royaume,  fut  toujours  héréditaire.  Elle  paffa  tou- 
jours des  pères  aux  enfans ,  &  jamais  il  n'y  eut  d'élection. 
Quand  la  race  ducale  ou  royale fe  trou vaé teinte,  la  troi- 
fiéme  claffe  commence  à  Jagellon,  grand  duc  de  Lithua- 
nie  ,  qui  promit  que  lui  &  fes  peuples ,  renonceroient 
au  culte  des  faux  dieux  ,  pour  embraffer    la  religion 
chrétienne ,  &  qu'à  l'avenir  la  Lithuanie  feroir  unie  à  la 
Pologne.  Il  jura  de  plus  qu'il  ne  montoit  point  fur  le  trône 
de  Pologne  par  droit  de  fucceffion ,  mais  en  vertu  de  la 
libre  élection  des  Polonois  :  ferment  que  tous  fes  fucces- 
feurs  ont  été  obligés  de  faire  depuis.  La    quatrième 
claffe  comprend  les  rois,  qui  ont  été  choifis  dans  dif- 
férentes familles ,  foit  du  pays ,  foit  étrangères.  Cette 
claffe  eftfameufe par  fes  différens  interrègnes.  Elle  com- 
mença à  la  mort  de  Sigismond   Augufte  ,  dernier  de 
la  race  des  rois  Jagellons.  Les  Polonois   reftreignirenc 
alors  confidérablemcnt  l'autorité  royale ,  6e  ils  l'ont  en- 
core reftreinte  beaucoup  depuis;  de  forte  qu'aujourd'hui 
la  Pologne  eft  proprement  une  monarchie  ariftocrati- 
que  ,  gouvernée  fous  le  nom  d'un  roi  par  les  évêques  , 
&  par  les  nobles.  Les  fils  même  du  roi  ne  peuvent 
parvenir  à  la  couronne;  6e  fi  outre  leur naiflance,  ils 
n'ont  les  fufFragesde  la  meilleure  partie  des  nobles,  qui  fe 
trouvent  à  la  diète ,  l'étranger  leur  eft  préféré.  C'eft 
une  politique  de  la  république  de  propofer  plufieurs 
candidats ,  quand  ce  ne  feroit  que  pour  faire  voir  la  con- 
dition libre  du  royaume. 

Quand  le  Roi  eft  mort ,  on  ne  lui  rend  point  les  hon- 
neurs funèbres ,  qu'il  n'ait  un  fucceffeur  élu  ,  &  fouvent 
couronné.  Ce  doit  être  une  des  premières  aérions  du 
nouveau  roi.  Pendant   l'interrègne  ,  l'archevêque  de 
Gnesne  ,  primat  du  royaume  ,  en  a  l'adminiftration.  Il 
convoque  les  diètes ,  ôc  détermine  le  tems  de  l'élection  , 
la  quantité  de  jours  qu'elle  doit  durer  ,  Se  le  lieu  où  elle 
doit  fe  tenir.  C'eft  ordinairement  dans  la  plaine  de  Var- 
fovie ,  entre  les  villages  de  Wola  Se  de  Powascki.  On  y 
dreffe  des  tentes  pour  les  prélats,  les  fénateurs  8e  autres 
nobles.  Ce  lieu  eft  environné  d'un  gland  foffé  ,  &  on  n'y 
peut  arriver  que  par  une  feule  porte.  Tout  à  Pentour  font 
les  pavillons  des  îbldats ,  Se  la  campagne  eft  couverte  de 
corps  de  garde.  Avant  qu'on  s'y  rende  ,  on  affilie  à  une 
meffe  fokmnelle  que  chante  l'archevêque  de  Gnesne  , 
pour  invoquer  l'affiftance  du  S.  Efprit.  Quand  on  eft  fur 
le  lieu ,  on  admet  les  ambaffadeurs  ,  non  pas  félon  le  rang 
des  couronnes,  mais  fui vant  l'ordre  de  leur  arrivée.  Ils 
font  conduits  par  le  maréchal  des  ambaffadeurs  que  l'on 
crée  exprès  pour  cette  cérémonie ,  Se  qui  leur  porte  auffi 
quelquefois  les  réfolutions  de  l'aiïemblée.  Tant  que  dure 
la  diète  ,  il  faut  qu'ils  demeurent  dans  les  lieux  ,  qui 
leur  ont  été  afïignés ,  à  quelque  diftauce  de  Varfovie ,  afin 
qu'ils  ne  puiffent  rien  tenter  contre  la  liberté  des  délibé- 
rations. Tous  les  nobles  font  dispofés  par  palatinats. 
Chacun  a  droit  de  fuffrage  ,  auffi-bien  que  les  villes  de 
Dantzick  ,  de  Cracovie  ,  cV  de  Vilna.  Les  voix  étant  re- 
cueillies,l'archevêque  de  Gnesne  quipréfide  ,  fait  un  dis- 
cours, &  dit  tout  haut:  Je  nomme  roi  de  Pologne  ,  07* 
grand  duc  de  Lithuanie  N.....&  prie  le  roi  célefle ,  qu'il 
veuille  aider  dans  une  fi pefante  charge  ce  roi ,  qu'il  nous 
a  de  tout  tems  ordonné  par  fa  Providence  ,  &  qu'il  lui 
pl.tije  que  [on  êletlionfoit  heureufeàla  république ,  mais  fa- 
lutaire  principalement  pour  la  Religion  Catholique.  En- 
fuite  il  commande  aux  maréchaux  de  publier  la  nomi- 
nation ;  ce  qui  étant  fait  ,  il  entonne  une  hymne  en 
aétion  de  grâce,  au  bruit  du  canon ,  des  trompettes  Se  des 
tambours.  L'éleétion  ayant  été  fignifiée  au  prince  élu  ,  il 
fe  hâte  d'arriver  à  Varfovie ,  où  après  avoir  fait  ferment 
dans  l'églife  de  S.  Jean ,  Se  à  genoux,  d'obferver  les  condi- 
tions que  fes  ambafladcius  ont  acordées  ,  le  primat  lui 
remet  entre  les  mains  le  décrer  de  fon  élection  ,  figné  Se 
fcellé  des  fceaux  des  principaux  feigneurs  qui  y  ont  affi- 
fté.  Les  généraux  publient  alors  à  la  porte,  que  le  roi  lé- 
gitimement élu  a  accepté  fon  élection  ;  Se  l'archevêque 
entonne  le  Te  Deum.  Le  fénat  délibère  enfuite  avec  le 


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primat  fur  le  jour  du  couronnement,  que  l'on  envoie 
lignifier  aux  particuliers  de  chaque  province  ;  &  le  roi 
élu  leur  écrit ,  parce  qu'il  ne  peut  encore  dépêcher  ni 
des  députés  ni  des  ambaffadeurs.  Les  maréchaux  ne  tien- 
nent point  devant  le  roi  élu  leurs  bâtons  de  cérémonie 
levés  ,  il  ne  peut  faire  aucune  fonction  royale,  avant  que 
d'en  avoir  les  enfeignes ,  qui  font  la  couronne  Se  le  feep- 
tre; les  chanceliers  ne  fcellent  rien  ,  que  le  roi  défunt  ne 
foit  inhumé,  qu'ils  n'ayent  rompu  leurs  fceaux  fur  fa  fé- 
pulture,  Se  qu'il  en  ait  été  donné  de  nouveaux  :  ce  qui  ne 
fe  fait  qu'après  le  couronnement.  *  Le  Laboureur ,  traité 
du  royaume  Se  du  gouvern.  de  Pologne ,  p.  4. 

Le  roi  élu  ,  en  arrivant  à  Cracovie,  pour  fon  couron- 
nement, y  fait  une  entrée  royale.  Il  descend  au  château  ," 
Ôc  fe  rend  enfuite  à  l'églife  cathédrale  de  S.  Staniflas ,  où 
le  chapitre  le  reçoit  avec  les  honneurs  royaux.  On  chante 
le  Te  Deum  ,  Se  quelques  jours  après  ,  on  fait  la  céré- 
monie du  facre.  Auparavant ,  il  faut  qu'il  aille  dans  un 
char  à  un  lieu  de  dévotion  de  la  Ville ,  nommé  Skalka  , 
où  S.  Staniflas ,  évêque  de  la  ville ,  fut  en  difant  la  meffe , 
martyrifé parles émiffaires  du  roi  Boleflas  en  1079.  La 
couronne  royale ,  dont  la  Pologne  avoit  été  long-tems 
privée  pour  ce  meurtre  ,  ne  lui  ayant  été  rendue  qu'à 
cette  condition.  Delà  le  roi  va  à  pied  à  l'églife  cathédra- 
le ,  ôc  le  lendemain  il  y  retourne  pour  communier  devant 
le  tombeau  de  ce  faint  martyr.  Le  jour  fuivant  eft  celui 
du  couronnement.  L'archevêque  de  Gnesne,  dans  l'églife 
duquel  la  cérémonie  fe  faifoit  autrefois ,  la  fait ,  comme 
primat  du  Royaume ,  dans  l'églife  de  Cracovie.  Il  dit  la 
méfie  folemnellement ,  affilié  des  principaux  Evêques  : 
il  donne  la  communion  au  roi ,  lui  met  fur  la  tête  une 
couronne  d'or ,  lui  donne  le  feeptre  à  la  main  droite  , 
Se  en  la  gauche  un  pomme  d'or ,  avec  la  croix  telle  que 
celle  de  1  empereur.  Le  roi  monte  enfuite  fur  un  trône 
élevé  ,  Se  l'on  chante  le  Te  Deum ,  qui  eft  la  fin  de  la  cé- 
rémonie. 

Le  lendemain  du  couronnement ,  le  nouveau  roi  fait 
une  cavalcade  par  la  ville  ,  la  couronne  fur  la  tête.  Le 
peuple  marche  devant,  Se  il  eft  fuivi  des  évêques  Se  des 
fénateurs,  qui  lui  viennent  faire  ferment  de  fidélité.  II 
descend  dans  la  place  de  Bracka ,  où  il  monte  fur  un  trô- 
ne dreffé  fur  un  hautéchafaud.  Le  fénat  s'affied  autour  de 
lui ,  fur  des  fiéges  plus  bas ,  Se  on  lui  préfente  de  nouveau 
le  feeptre ,  la  pomme  d'or  Se  1  épée.  Il  fe  levé ,  6e  tourne 
cette  épée  vers  les  quatre  parties  du  monde  ,  après  quoi 
il  donne  l'acolade  a  ceux  des  nobles  ,  qui  fe  prefen- 
tent  à  genoux  devant  lui  pour  la  recevoir ,  Se  qui  en- 
fuite  fe  peuvent  qualifier  chevaliers  dorés  ,  c'cfl-à  dire  à 
l'éperon  d'or.  Les  magiftrats  de  la  ville  lui  font  aufli 
le  ferment  de  fidélité  :  après  quoi  il  retourne  au  châ- 
teau ,  où ,  félon  la  coutume  ,  il  tient  table  pendant  plu- 
fieurs jours. 

On  appelle  au  roi  de  tous  les  magiftrats  des  villes  ôc 
des  provinces.  Il  elt  l'unique  interprète  des  loix  ,  Se  du 
droit  public.  La  fonction  du  fénat  eft  de  lui  donner  con- 
feil  fans  lui  rien  preferire  ;  comme  celle  du  roi  eft  d'en- 
tendre les  opinions ,  Se  de  décider  par  lui-même.  Les 
édits  fe  propofent  dans  le  fénat ,  &  fe  font  dans  le  cabinec 
du  roi.  Il  reçoit  les  avis  des  autres;  mais  il  n'y  a  que  lui 
qui  donne  les  ordres.  Le  fénat  eft  le  témoin  ,  &  non  l'ar- 
bitre des  actions  Se  de  la  vie  du  roi ,  à  qui  rien  n'eft  inter- 
dit que  l'injuftice  Se  la  violence.  De  plus ,  on  ne    peut 
obtenir  aucun  titre  d'honneur,  ou  de  prééminence  ,  ni 
même  aucuns  biens,  que  parJa  faveur  Se  par  la  libéralité 
du  roi  :  ainfi  il  eft  le  maure  des  loix  ,  de  l'honneur  , 
des  biens,  Se  de  la  vie  de  fes  fujets ,  qui  ne  peuvent  espé- 
rer aucune  dignité  que  par  fes  bienfaits.  Par  ce  moyen  il 
peut  quelquefois  faire  mouvoir, arrêter  ,  Se  régler  l'état , 
comme,  il  le  defire.  Dans  le  fond  cependant  cesdroits  lui 
donnent  plutôt  le  pouvoir  de  faire  du  bien  à  fes  fujets  , 
que  du  mal.  Il  ne  peut  lever  ni  fubfides  ni  tailles ,  quelque 
befoin  d'argent  qu'il  puiffe  avoir.  S'il  parvient  à  la  cou- 
ronne avant  qu'il  foit  marié,  c'eft  au  fénat  à  lui  choifir  une 
époufe  ,  dont  l'alliance  ne  puiffe  être  fuspecte  :  du  moins 
le  roi  elt  obligé  de  faire  agréer  le  choix  qu'il  pourroit 
faire.  La  reine  reçoit  des  préfens  de  la  nobleffe  Se  des 
communautés ,  après  les  cérémonies  de  fon  mariage,  Se 
à  fon  couronnement ,  qui  fe  fait  aufli  dans  Cracovie,  par 
l'archevêque  de  Gnesne.  Après  leur  couronnement ,  le 
toi  Se  la  reine  vont  eu  cavalcade  ;  mais  on  ne  doit  à  la 


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reine  aucun   hommage  ,  ni  ferment    de    fidélité.    La 
reine  a  fes  grands  officiers  comme  le  roi  ;  favoîr  un  grand 
maréchal ,  qui  porte  le  bâton  levé  devant  elle ,  lin  grand 
chancelier  ou  fecréraire  ,  un  tréfoiier  ,  un  coupier  ou 
échanfon.  Elle  a  auffi  ,  à  caufe  de  fon  fexe  ,  une  grande 
maréchale  ,  qu'on  appetoe  autrement  majordome.  Son 
douaire  s'affigne  par  les  états  fur  le  revenu  de  pluficurs 
caftellanies ,  jusqu'à  la  concurrence  d'une  fomme.  C'eft 
auffilacoutume  que  le  roi  accorde  les  charges  à  fa  prière, 
&  que  ceux  qui  en  font  pourvus  lui  fanent  préfent  d'une 
ou  de  deux  années  du  revenu,  ce  qui  ne  va  point  à  la 
charge  du  royaume.  Les  loix  lui  défendent,  auffi-bien  qu'au 
roi,  d'acquérir,  foit  par  achat  ouparconfiscation  aucun 
bien  en  fonds:  ni  dedans,  ni  fur  les  confins  de  la  Pologne, 
afin  de  leur  ôter  toute  ocafion  de  lever  des  troupes  contre 
l'état ,  pendant  l'interrègne  ,  ou  autrement.  Les  reve- 
nus du  roi  étoient  autrefois  plus  confidéiables  :  chaque 
feu  lui  devoir  quelque  cens  :  aujourd'hui  les  nobles  ôc  les 
eccléfiaftiques  ont  ce  droit  chacun  fur  leurs  terres ,  ôc  mê- 
me celui  des  péages  Se  partages ,  dont  il  en  demeure  peu 
au  domaine  royal ,  de  forte  que  ce  domaine  royal  ne  con- 
fiée guère  aujourd'hui  qu'en  quelques  œconomies  :  en 
une  part  aux  falines,  aux  mines  d'or  ôc  d'argent  ,&  autres 
métaux  ;  en  quelques  pêches  ,  dont  le  droit  lui  apparte- 
noit  autrefois  tout  entier  ,  avec  la  charte  que  quelques 
rois  ont  eu  l'autorité  de  défendre  à  la  noblerte  ■>  enfin  dans 
le  tribut  des  Juifs ,  qui  peut  être  regardé  comme  quelque 
chofe  de  confidérable  ,  tant  par  leur  grand  nombre,  que 
par  les  charges  énormes  qui  leur  font  importées.  *  Vie  du 
cardinal  Commendon ,  /.  4.  p.  439. 

Les  évêques  tiennent  le  fécond  rang  dans  la  républi- 
que, ôc  ont  la  première  féance  au  fenat ,  comme  féna- 
teurs  nés,  à  l'exception  de  ceux  de  Rulfie  ,  qui  fuivent 
la  religion  grecque,  ôc  qui  font  mi-partis  de  côté  ôc  d'au- 
tre ,  à  la  droire  &  à  la  gauche  du  roi.  Il  y  a  toujours  un 
évêque  qui  eft  chancelier  ou  vice-chancelier.  Ils  ont  en- 
core obtenu  ce  privilège  ,  que  l'un  des  référendaires  fe- 
roit  eccléfiartique ,  ôc  qu'on  éliroit  encore  deux  chanoi- 
nes en  chaque  églife  cathédrale  de  Gnesne  ôc  de  Craco- 
vie  ,  ôc  un  dans  toutes  les  autres  ,  pour  affilier  a  l'afTem- 
blée  qui  fe  tient  tous  les  ans  à  Peterkau  &  à  Lublin  ,  afin 
qu'ils  jugent  avec  un  pareil  nombre  de  gentilshommes 
les  caufes  des  palatinats  en  dernier  reflbrt.  Les  évêques 
de  Pologne  ne  font  que  quinze  fous  deux  archevêques , 
celui  de  Gnesne  ôc  celui  de  Léopold.  Ce  petit  nombre 
fait  que  les  évêchés  font  d'un  grand  revenu.  Ils  étoient 
autrefois  électifs ,  ôc  chaque  chapitre  devoit  choifir  un 
de  fes  chanoines  ■,  mais  depuis  Jagellon  ,  la  plupart  des 
églifes  ont  perdu  ce  privilège.  C'efl  aujourd'hui  le  roi 
qui  nomme ,  ou  fait  élire  qui  lui  plaît ,  pour  récompenfer 
fes  créatures  ;  mais  il  ne  peut  nommer  que  des  gentils- 
hommes du  royaume ,  fi  ce  n'eu;  qu'il  farte  agréer  au  fé- 
nat  l'étranger  qu'il  voudroit  pourvoir. 

La  noblerte  du  royaume  eft  reprefentée  par  deux  corps 
presque  également  confidérables  ,  qui  fonr  le  fenat  ôc 
l'ordre  des  gentilshommes.  Le  fénat  eft  compolé  de 
grands  &  petits  fénateurs.  Leurs  charges  font  à  la  no- 
mination du  roi ,  qui  ne  les  fauroit  donner  qu'à  des  no- 
bles Polonois  ,  fans  qu'elles  foient  héréditaires  dansleurs 
familles.  Les  grands  fénateurs  font  les  Archevêques  de 
Gnesne  ôc  de  Léopold,  &  les  évêques  de  Cravovie ,  de 
Cujavic  ,  de  Vilna  ,  de  Posnanie  ,  de  I loczko  ,  de 
VVarmie ,  de  Culm,  de  Lucko  ,  de  Premirtie  ,  de  Samo- 
gitie  ,  de  Chelm ,  de  Kiow  ,  de  Kaminieck  ôc  de  Smo- 
lensko.  Les  féculiers  font  le  caltelan  de  Cracovie,les 
palatins  de  Cracovie  &  de  Posnanie ,  qui  alternent  en- 
semble pour  la  préféance  ,  ceux  de  Vilna ,  de  Sandomir , 
de  Kalisch  ,de  Troki ,  de Siradie ,  de  Lencici ,  de  Brzescie, 
de  Kiow  jd'Inowladirtaw,  de  Rurtîc,  de  Wolhinie  ,  de 
Podolie ,  de  Smolensko  ,  de  Lublin  ,  de  Poloczko ,  de 
Bielsck ,  de  Novogrod ,  de  Ploczko ,  de  Vitepsk,  de  Ma- 
fovie  ,  de  Podlachie,  de  Rava  ,  de  Chelm  ,  de  Culm  , 
de  Mziflaw,  de  Marienbourg  ,  de  Bracklaw  ,  de  Pomé- 
xanie  ,  de  Minsko ,  &  de  Czernicow  :  les  caftelans  de 
Vilna  ,  de  Trocki ,  ôc  le  ftaiofte  de  Samogitie.  Les  petits 
fénateurs  font  les  cartelans  ,  qui  font  les  lieutenans 
des  palatins  &  les  chefs  de  la  noblerte  ,  dans  leurs  ca- 
ftellanies-, ils  font  divifesen  grands  &  en  petits  cafte- 
lans. Les  officiers  fénateurs  ,  font  les  grands  officiers 
du  royaume  de  Pologne  ôc  du  grand  duché  do  Li- 


thuahîe ,  favoîr  le  grand  maréchal  du  royaume  ,  ôc  lé 
grand  maréchal  du   duché  ;   les    chanceliers  ,  vice* 
chanceliers  de  ces  deux  états  :  les  deux  grands  ttéfo- 
riers  j  le  petit  maréchal  ,  ou  maréchal  de  la  cour  du 
royaume  ,  ôc  celui  de  la  cour  du  duché.  Le  confeil  , 
que  les  Polonois  regardent  comme  le  plus  ferme  appui  de 
la  république ,  eft  continuellement  appliqué  à  veiller  fur 
la  conduite  du  roi ,  afin  qu'il  n'étende  pas  fon  pouvoir 
plus  loin  que  les  loix  ne  le  permettent.  C'eft  pour  cela 
qu'il  y  a  toujours  quatre  fénateurs  auprès  de  fa  perfonne , 
qui  fous  prétexte  de  lui  faire  honneur  &  de  l'affifter  de 
leurs  confeils ,  font  les  espions  de  fa  conduite.  Le  con- 
feil ,  dont  le  grand-maréchal  de  la  couronne  efl  le  préfî- 
dent  perpétuel ,  régie  toutes  les  affaires  de  l'état  avec  le 
roi  ;  Ôc  fans  fon  confentement ,  on  ne  peut  établir  des 
impôts ,  créer  des  loix ,  faire  la  paix  ou  la  guerre,  ôc 
battre  de  nouvelles  monnoies.  Cette  charge  de  grand- 
maréchal  eft  une  des  plus  lucratives  de  la  cour.  Son  pou- 
voir y  eft  très-grand ,  &il  n'y  a  aucun  fénateur  qu'il  ne 
précède.  Il  eft  comme  grand-maître  de  la  mai  fon  du  roi , 
comme  grand-prevôt ,  comme  grand-maître  des  céré- 
monies ,  ôc  comme  juge  ôc  maître  de  la  police  .avec  pou- 
voir de  faire  des  loix  ôc  d'exécuter  fes  arrêts  même  ca- 
pitalement.  Il  ajurisdiélion  fur  tous  les  Officiers  de  la  ta- 
ble du  roi ,  ôc  fur  toute  la  noblerte  de  la  cour.  Il  juge 
fouverainement  les  crimes  qui  s' y  commettent ,  met  le 
prix  aux  vivres ,  reçoit  les  ambafiadeurs  ,  prend  foin  de 
leur  Traitement ,  les  conduit  à  l'audience,  admet  au  fénat 
ceux  qui  ont  droit  d'y  entrer  ,  &  fait  fortir  ceux   qui 
n'en  font  point.  Le  grand  maréchal  de  la  reine  n'eft 
abfolu  que  dans  fa  maifon ,  dont  il  a  la  furinten» 
dance. 

L'ordre  des  gentilshommes  eft  comporté  de  toute  la 
noblerte  de  Pologne  6c  de  Lithuanie.  Ce  corps  eft  extrê- 
mement puirtant ,  foit  par  fon  nombre ,  foit  par  fes  ri- 
chef  les.  Il  peut  feul  polleder  toutes  les  chai  ges  &  les  biens 
du  royaume  ôc  du  duché.  11  a  le  droit  d'élire  le  roi ,  ôc 
de  lui  preferire  ,  lorsqu  il  eft  élu  ,  certaines  conditions 
nommées  en  Pologne  ,  Patta  Converti  a ,  par  lesquelles  il 
fait  ferment  fut  les  autels  de  conferver  les  droits  &  les 
privilèges  delà  république.  Lorsqu'on  le  convoque  pour 
marcher  contre  les  ennemis ,  il  ne  peut  être  artemblé  que 
pendant  l'espace  de  fix  lemaines ,  avec  cette  différence 
qu'on  oblige  la  noblerte  de  Pologne  d'aller  trois  lieues 
hors  du  royaume ,  ôc  que  celle  de  Lithuanie  peut  n'en 
pas  fortir  »  fi  elle  veut. Chaque  gentilhomme  a  droit  de 
vie  ôc  de  mort  fur  les  payfans  ,  ôc  l'on  n'en  peut  arrêter 
aucun,  s'il  n'eft  convaincu  du  crime  dont  on  l'accu  fe.  C'eft 
de  ce  corps  qu'on  tire  les  nonces ,  qui  font  lesdeputés  des 
palatinats  aux  diètes.  Le  roi  Cafimir  III  établit  ces  non- 
ces, lorsque  ,  cherchant  les  moyens  d'avoir  de  l'argent 
pour  payer  l'armée  ,  il  ordonna  à  tous  les  palatinats  d'en- 
voyer des  députés  à  la  diète.  Ils  n'y  affilièrent  enfuite que 
pour  recevoir  les  nouvelles  conllitutions,  ôc  les  faire  pu- 
blier dans  leurs  provinces  \  mais  fous  le  règne  de  Sigis- 
mond  Augufte ,  autorifés  par  la  licence  des  religions  nou- 
velles ,  ils  voulurent  entrer  en  connoiflancede  toutes  leurs 
affaires  ,  ôc  l'autorité  qu'ils  ufurperent  les  rendit  pres- 
qu'auffi  puiflansque  le  fénat.  Les  fuccerteurs  de  ce  prince 
les  ayant  appuyés  fous  main  ,  les  ont  maintenus  dans 
leurs  prérogatives,  afin  de  n'être  pas  moins  abfolus  par 
eux  dans  les  provinces,  qu'ils  tâchent  de  l'être  dans  le  fé- 
nat. Ils  ont  dans  les  diètes  une  chambre  particulière  où 
ils  s'affemblent ,  pour  rapporter  enfuiteau  roi  &  au  fénar. 
les  réfolutions  qu'ils  ont  prifes.  Ils  ont  un  pouvoir  qu'ils 
ne  peuvent  excéder  ;  ôc  un  feul  eft  capable  de  rompre  1% 
diète ,  fi  fon  fentiment  eft  contraire  à  tous  les  autres  ,  ÔC 
s'il  y  perfifte.  La  diète  ,  qui  eft  l'affemblée  générale  des 
états  du  royaume  ôc  du  grand  duché  de  Lithuanie,  fe  tient 
deux  années  à  Varfovie  ,  ôc  dans  la  troifiéme ,  on  la  con- 
voque à  Vilna  ,  ou  à  Grodno ,  pour  contenter  les  Lithua= 
niens ,  qui  murmuroient  de  ce  qu'on  n'en  tenoit  peint 
dans  leur  pays.  Elleconfille  au  fénat  compofé  d'environ 
centcinquanteperfonnes.lorsquetous  ceux  qui  ont  droit 
d'y  être  reçus ,  s'y  rendent ,  ôc  aux  nonces ,  dont  la  cham- 
bre eft  compofée  des  dépurés  des  palatinats  ôc  terri- 
roires.  Leur  nombre  n'eft  point  réglé  ,  ôc  ils  ont  leur  ma- 
réchal à  leur  tête. 

Le  roi ,  le  fénat  &  la  noblerte  ,  font  les  trois  ordres 
qui  compofent  la  république  ;  les  bourgeois  qui  habitent 


POL 


1021 

dans  les  villes,  Se  les  payfans  qui  demeurent  dans  la 
campagne  ,  ne  font  point  compris  dans  les  états   ou 
ordres  du  royaume  ,  parce  qu'ils  n'ont  aucune  part  au 
gouvernement  de  la  république  ,  fi  ce  n'eft  les  trois 
principales  villes  i  favoir  Cracovie  pour  la  Pologne, 
Vilna  pour  la  Lithuanie ,  &  Dantzick  pour  la  Prune.  Les 
bourgeois  des  bonnes  villes  ont  quelques  prérogatives 
par-deffus  les  payfans.  Ce  qu'ils  poffedent  eft  abfolument  à 
eux ,  Se  ils  font  eux-mêmes  à  eux ,  privilège  que  n'ont 
point  les  payfans  ,  qui  ne  peuvent  fans  la  permiffion 
de  leur  feigneur  ,  fortir  de  fa  terre  pour  paffer  au  fer- 
vice  d'un  autre.  Leurs  maifons  font  de  chetives  cabanes  , 
faites  d'arbres  chevillés  :  pour  la  plupart  ils  n'ont  qu'un 
feul  endroit ,  où  font  avec  eux  les  vaches  Se  les  chevaux  , 
ou  du  moins  les  veaux,  les  moutons  qui  y  font  rares  Se  de 
peu  de  goût ,  les  pourceaux  &  les  poules.  Leurs  enfans 
couchent  fur  la  paille,  Se  la  plupart  nuds  &  fans  che- 
mife ,  à  caufe  de  leur  pauvreté.  Ce  n'eft  pas  que  la  Po- 
logne n'abonde  en  beaucoup  de  chofes  néceflaires  à  la 
vie.  On  y  recueille  une  grande  quantité  de  miel  Se  de 
cire ,  Se  (es  campagnes  produifent  allez  de  bled  pour  en 
fournir  aux  royaumes  du  nord  &  aux  Pays-Bas.  Il  n'y  a 
aucun  pays  en  Europe ,  où  les  pâturages  foient  aufïï  bons, 
Se  où  le  bétail  foit  en  auffi  grand  nombre.  Les  étangs 
donnent  du  poiflbn  en  quantité ,  Se  les  forêts  font  rem- 
plies de  toutes  fortes  de  bêtes  fauves.  Si  la  Pologne  étoit 
une  monarchie  abfolue  ,  peu  de  puiffances  feroient  capa- 
bles de  lui  réfiftei'i  mais  le  roi  ne  peut  fe  venger  d'une 
injure  dans  le  premier  feu  de  fa  colère.  Il  faut  que  le  fé- 
nat  compofé  de  tant  de  têtes ,  confente  à  la  guerre ,  s'il 
la  veut  faire  ,  Se  il  ne  s'y  réfout  que  fort  difficilement ,  à 
caufe  que  le  plus  fouvent  les  prélats  qui  ont  la  première 
voix ,  aiment  mieux  jouir  en  paix  des  grands  revenus  de 
leurs  bénéfices ,  que  de  les  employer  aux  frais  de  la  guer- 
re. Les  armées  des  Polonois  font  puiflantes  quand  ils  en 
affemblent ,  &  leurs  troupes  font  nombreufes.  Quand  la 
république  eft  menacée  de  quelque  danger  prenant ,  il  y 
a  toujours  plus  de  cent  mille  gentilshommes  prêts  à  mon- 
ter à  cheval.  Us  font  vaillans  Se  guerriers,  jaloux  de  leur 
liberté  Se  de  leurs  droits  ,  fouffrant  difficilement  que  les 
étrangers  fe  mêlent  de  leurs  affaires.  Cependant  les  fouve- 
rains de  Ruffie ,  depuis  le  commencement  de  ce  ficelé  , 
les  tiennent  comme  en  échec,  Se  leur  donnent  la  loi,  fous 
prétexte  de  fecours  Se  de  maintien  des  alliances.  *■  Har- 
thfioch,  de  Republ.  Polon. /.  i.c.  i. 

Leurs  forces  confiftent  plus  en  cavalerie  qu'en  infan- 
terie ,  Se  il  n'y  a  pas  moins  de  variété  dans  leurs  armes  , 
que  de  bizarrerie  dans  leurs  habits.  Les  uns  font  vêtus  à  la 
mode  du  pays  ,  les  autres  à  la  hongroife  ,  quelques-uns  à 
la  turque  ,  ou  à  la  manière  des  Tartares.  Il  y  a  des  com- 
pagnies armées  d'un  arc ,  d'une  troufle  &  d'un  fabre  ,  Se 
d'autres  qui  portent  des  boucliers  Se  des  lances  :  quel- 
ques-uns prennent  le  casque  Se  la  cuirafle,&  on  en  voit 
qui  fe  fervent  d'armes  pefantes.  Cette  différence  n'excite 
pas  moins  leur  courage  dans  les  combats  qu'elle  donne 
de  frayeur  à  leurs  ennemis.  En  général  on  peut  dire  que 
les  Polonois  font  robuftes  Se  de  taille  médiocre  ;  ils  ont 
le  teint  blanc  Se  la  couleur  vive  &  vermeille.  Ils  font 
aflez  polis  :  ils  obéiflent  volontiers  à  leurs  magiftrats  ; 
mais  on  leur  reproche ,  comme  aux  autres  peuples  du 
nord  ,  l'excès  dans  le  boire  Se  dans  le  manger ,  ce  qui  eft 
caufe  que  leurs  feftins  font  quelquefois  fuivis  de  querel- 
les ,  &  même  enfanglantés.  Les  gentilshommes  ,  pour 
peu  qu'ils  foient  aifés ,  entretiennent  un  grand  nombre  de 
gens  à  leur  fer  vice  ,  Se  quelquefois  au-delà  de  leurs  reve- 
nus :  ils  en  ont  même  qui  ne  font  obligés  qu'à  les  fuivre 
fans  les  fervir.  Les  dames,  lorsqu'elles  vont  par  la  ville 
ou  à  la  promenade  ,  font  précédées  par  leurs  valets  ,  Se 
fuivies  de  leurs  femmes  de  chambre ,  &  de  leurs  fervan- 
tes.  Les  bourgeoifes  même  marchent  rarement ,  fi  elles 
n'en  ont  quelques-unes  après  elles.  Leurs  maifons  font 
presque  toutes  couvertes  de  paille ,  Se  bâties  de  bois ,  non 
que  la  brique  leur  manque:  mais  comme  leur  pays  eft 
mal  fortifié  ,  &  qu'il  eft  fouvent  expofé  aux  courfes  des 
Turcs ,  des  Tartares  &  des  Moscovites,  fitôt  qu'ils  favent 
l'approche  de  leurs  ennemis ,  ils  mettent  le  feu  à  ces  mai- 
fons de  peu  d'importance  ,  après  en  avoir  enlevé  ce  qu'ils 
avoient  de  plus  précieux.  Alors  ils  s'affemblent  en  corps 
d'armée ,  pour  faire  tête  à  ceux  qui  viennent  les  attaquer. 
Presque  tous  les  Polonais ,  même  les  gens  du  commun  , 


POL 


font  apprendre  la  langue  latine  à  leurs  enfans ,  &  la  plu- 
part des  gentilshommes,  outre  la  langue  esclavone ,  qui 
leur  eft  naturelle,  parlent  allemand,  françois  ,  italien 
Se  espagnol.  La  langue  polonoife  eft  un  dialecte  de  l'es- 
clavone  j  mais  elle  eft  mêlée  de  plufieurs  mots  allemans. 
Leurs  vêtemens  font  fort  riches:  ils  portent  pour  la  plu- 
part des  bottines  couleur  de  foufre,  qui  ont  le  talon  ferré, 
un  bonnet  fouré  ,  &  des  veftes  fourrées  de  zibelines,  qui 
ne  leur  vont  que  jusqu'à  mi-jambe.Il  y  a  de  ces  fourrures 
qui  vont  jusqu'à  mille  écus  ;  mais  ces  fortes  de  veftes  ne 
paroiflent  guère  que  dans  les  diètes ,  ou  dans  les  fêtes  de 
cérémonie.  Ils  n'ont  pour  tout  linge  que  des  chernifes  Se 
des  caleçons ,  Se  ils  portent  les  cheveux  coupés  jusqu'au- 
deflus  des  oreilles.  Ii  fe  rafent  la  barbe  ,  à  la  réferve  des 
mouftaches  qu'ils  laiflent  croître  ,  pour  donner  de  la  ter- 
reur à  ceux  qui  ne  font  pas  accoutumés  à  les  voir.  Us  mar- 
chent fort  gravement ,  toujours  le  fabre  au  côté ,  qu'ils 
ne  quittent  que  pour  fe  coucher.  Ce  fabre  eft  foutenu  par 
une  courroie  de  cuir,  où  ils  portent  leur  mouchoir  pen- 
du ,  avec  un  couteau  dans  une  gaine  Se  une  pierre  pour 
l'aiguifer  tous  les  matins.  Us  fe  lavent  le  vifage  Se  le  cou 
avec  de  l'eau  froide ,  quelque  tems  qu'il  fafle.  Dans  tous 
les  mois  de  l'année  on  fe  baigne  en  Pologne.  Il  n'y  a  point 
de  maifon  de  perfonnes  de  qualité  qui  n'ait  des  bains 
particuliers ,  Se  on  en  trouve  de  publics  dans  les  principa- 
les villes.  On  baigne  les  enfans  deux  fois  le  jour  ,  fitôt 
qu'ils  font  nés:  ce  qui  fe  continue  plus  de  deux  ans.  Cela 
eft  caufe  qu'étant  endurcis  au  froid  ,  dès  leur  plus  tendre 
jeuneffe  »  ils  deviennent  extrêmement  forts.  Ceux  qui  ne 
font  pas  nobles,  font  habillés  comme  les  nobles  ,ficc  n'eft 
que  leurs  veftes  Se  leurs  fourrures  foint  moins  magnifi- 
ques ,  &que  leurs  bottines  font  rouges  ou  bleues  ;  car  il 
n'y  a  que  les  gentilshommes  qui  ayent  droit  d'en  porter 
de  couleur  de  foufre.  Les  dames  font  honnêtes ,  civiles , 
fimplesenleursmœurSj&pompeufesen  leurs  habits.  Elles 
portent  une  jupe  aflez  courte,  d'une  riche  étoffe,  avec  une 
espèce  de  jufte-au-corps  de  même  ,  fourré  de  zibelines , 
qui  descend  fort  bas ,  Se  fur  cela  un   nombre  infini  de 
pierreries,  tant  en  nœuds  d'or  émaillé ,  qu'en  chaînes  Se 
autres  façons.  Elles  ont  auffi  la  tête  parée  de  pierreries  , 
Se  un  bonnet  par  deffus.  Ce  faite  donne  à  penfer  que  les 
mariages  des  gentilshommes  Polonois  leur  caufent  bien 
de  la  dépenlé.  Les  fêtes  des  noces  Se  les  funéraillesen  cau- 
fent auffi  beaucoup.  Il  n'y  a  ni  pauvre  ni  riche,  qui ,  lors- 
qu'il fe  marie  ,  ne  donne  pendant  trois  jours  des  feftins  à 
tous  fes  parens  Se  amis.  Les  enrerremens  fe  font  avec 
une  pompe  extraordinaire  ,  Se  font  fuivis  d'un  grand  fe- 
ftin. 

La  juftice  fe  rend  félon  les  ftatuts  du  royaume  ,  que 
Sigismond  I  fit  rédiger  en  un  cops  en  1520.  C'eft  ce  qu'on 
appelle  droit  polonois  ;  Se  quand  il  arrive  certains  cas 
qui  n'y  font  pas  compris,  on  fe  fert  du  droit  faxon.  En 
15  78  ,  fous  le  règne  d'Etienne  Battori ,  il  fut  réfolu  à  la 
diète  de  Varfovie ,  qu'on  établiroit  trois  tribunaux  fupé- 
rieurs  ;  le  premier  à  Petrikow  ,  pour  les  affaires  de  la 
grande  Pologne  Se  de  la  Pruffe  royale;  le  fécond  à  Lublin 
pour  celles  de  la  petite  Pologne  ,  Se  le  troifiémeà  Vilna 
pour  celles  de  la  Lithuanie.  Ces  tribunaux  font  compofés 
de  nobles  eccléfiaftiques  choifis ,  comme  je  l'ai  déjà  re- 
marqué ci-deflus  ,  entre  les  chanoines  des  églifes  cathé^ 
drales ,  Se  de  féculiers  choifis  dans  les  palatinats.  Les 
premiers  font  deux  ans  en  exercice ,  Se  les  autres  quatre. 
Les  Jugemens  s'y  rendent  à  la  pluralité  des  voix  ,  Se  on 
peut  en  appeller  au  roi.  Ces  tribunaux  jugent  en  dernier 
reffort  les  affaires  civile  de  la  noblefle.  Un  gentilhomme 
ne  peut  être  emprifonné  ni  jugé  que  par  le  roi  &  le  fénat. 
Il  n'y  a  point  de  confiscation ,  &  la  profeription  n'a  lieu 
que  pour  les  crimes  capitaux  au  premier  chef ,  qui  font 
les  meurtres ,  les  aflaffinats ,  Se  la  conjuration  contre  l'é- 
tat. Si  le  criminel  n'eft  point  arrêté  prifonnier  dans  l'a- 
ction ,  il  n'eft  pas  befoin  de  lever  de  troupes,  ni  de  l'aller 
invertir.  Il  eft  cité  pour  fubir  le  jugement  du  roi  Se  du 
fénat.  S'il  ne  comparoît  pas  ,  on  le  déclare  infâme  Se 
convaincu  ;  par  là  il  eft  proferit,  Se  tout  le  monde  peut 
le  tuer  en  le  rencontrant.  Les  magiftrats  font  obligés  de 
le  faire  chercher  dans  leurs  diftriéts,  Se  de  l'arrêter  prifon- 
nier, pour  leréprefenter  au  tribunal  du  roi.  La  Pologne 
qui  obéit  ponctuellement  à  fesloix,  n'a  point  de  pitié 
pour  ceux  qui  les  offenfent,&fi  un  gentilhomme  proferic 
ne  garde  fon  baia,  ou  l'arrête  &  on  le  punit.  Les  palatins, 


POL 


qui  ont  auffi  leur  jurisdiction  ,  ne  connoiffent  que  des  af- 
faires des  Juifs  -,  &  la  juftice  des  maréchaux  s'écend  feule- 
ment fur  les  officiers  de  la  maifon  du  roi  ,  fur  les  mar- 
chands &  fur  les  étrangers.  Chaque  ftaroftie  a  pareille- 
ment fa  jurisdiction  dans  l'étendue  de  fon  terroir.  On  ap- 
pelle des  magiftrats  des  villes  au  chancelier ,  ôc  la  diète 
en  décide,quand  l'affaire  eft  importante.  *  Le  Laboureur , 
gouvernement  de  la  Pologne ,  p.  41. 

La  religion  catholique  domine  en  Pologne  ,  quoique 
levoifinage  des  Allemans  ait  atiré  beaucoup  d'hérétiques 
aux  environs  de  Cracovie.Elle  règne  dans  la  Mazovie  toute 
en:iere,&  il  en  eft  presque  de  même  de  la  Cujavie.  La  Li- 
thuanie  eft  infectée  de  diverfes  fectes  ,  &  on  y  trouve 
grand  nombre  de  Grecs,  de  Sociniens  ôc  d'Ariens.  Il  y  a 
dans  la  Ruffie  Polonoife  beaucoup  d'Arméniens  qui  font 
leur  principale  demeure  à  Léopold.  La  Podolie  ôc  l'U- 
kraine font  pleines  de  Rutheniens ,  qui  fuivent  la  foi  Ôc 
les  cérémonies  des  Grecs,  fous  le  métropolitain  de  Kiow, 
dont  la  jurisdiction  eft  foumife  à  celle  du  patriarche  de 
Conftantinople.  Il  y  a  auffi  dans  la  Pologne  plus  de  cin- 
quante mille  Juifs ,  qui  vivent  épars  dans  les  villages ,  avec 
liberté  entière  de  pratiquer  leur  religion.  Ils  font  vêtus 
d'une  robe  courte  ôc  noire ,  avec  de  méchantes  fraifes,  & 
ils  fourniflent  au  roi  ôc  au  fénat  qui  les  protègent  toutes 
les  fommes  dont  ils  ont  befoin  dans  les  prenantes  nécefli- 
tés. 

Plufieurs  ont  prétendu  que  la  Pologne  ,  fous  fes  pre- 
miers'ducs  comprenoit  l'ancienne  Sarmatie,  &j  une  gran- 
de partie  de  la  Germanie  :  mais  les  plus  anciens  hiftoriens 
d'Allemagne  affûtent  que  la  Pologne  étoit  bornée  à  l'o- 
rient par  la  Ruffie  ,  Se  que  la  Ruffie  en  étoit  féparée  par 
la  Viftule.  11  paroît  donc  que  l'ancienne  Pologne  com- 
prenoit ce  que  nous  appelions  grande  &c  petite  Pologne 
avec  une  partie  de  la  Mafovie  ,  de  la  Siléfie  ôc  de  la  nou- 
velle Marche. 

Ce  royaume,  tel  qu'il  eft  aujourd'hui,  eft  différem- 
ment divifé  par  les  géographes.  En  général  on  le  divife 
en  Pologne  ôc  en  grand  duché  de  Lithuanie  ,  parce  que  la 
nation  n'eft  proprement  çompofée  que  de  deux  peuples, 
les  PoUnois  ôc  les  Lithuaniens  ,  qui  fourniffent  chacun 
Séparément  un  certain  nombre  de  fénateurs,  Se  de  grands 
officiers.  D'autres  divifent  ce  royaume  en  trois  portions, 
la  Petite  Pologne  ,  la  Grande  Pologne ,  ôc  le  Grand  Du- 
ché de  Lithuanie.  Cette  divifion  fe  fuit  ptincipalement 
dans  les  diètes  ;  car  ,  lorsqu'il  eft  queftion  d'élire  un  ma- 
réchal des  nonces ,  on  le  prend  premièrement  dans  la 
petite  Pologne ,  enfuite  dans  la  grande  Pologne,  &  enfin 
dans  la  Lithuanie.  On  a  encore  égard  à  cette  divifion 
dans  les  différentes  commiffïons ,  lorsqu'il  s'agit  de  char- 
ger quelqu'un  d'une  affaire  qui  regarde  toute  la  républi- 
que :  ordinairement  on  choifit  quelques  coinmiffaires 
dans  la  grande  Pologne  ,  d'autres  dans  la  petite ,  ôc  d'au- 
tres dans  la  Lithuanie.  On  s'eft  encore  conformé  à  certe 
divifion  dans  l'établiffement  des  tribunaux  fupéricurs  ; 
car  on  en  a  mis  un  dans  chacune  de  ces  trois  portions  du 
royaume.  Enfin  la  Pologne  fe  divife  en  duchés  ôc  en 
provinces  ,  que  l'on  fubdivife  en  palatinats  ,  terres  ôc 
diftricts.  Voici ,  fuivant  Sanfon ,  une  table ,  ou  une  divi- 
sion géographique  de  ce  royaume. 


TABLES  ou  DIVISIONS  DE  POLOGNE. 


POL       102? 


Paia  t*i- 

N  AT     DEj 

Krakow. 


Haute  ou 
Petite 
Pologne  ,  j 
où  font  1er    * 


La  Polo- 
gne/* dif 


Palati- 

N  A  T  D  E 
S  A  N  D  O- 
MI  R. 


vif  e  en 


il 


Le    royaume   de  i    °    °    " 
Le  grand  duché  |Lithuanie< 


SoUS       LE] 

KOM     DE 

Pologne 

font  compris 


Les  duchés  de 


Les  provinces  de 


Truffe, 
kSamogitie, 
'Mazovie , 
jRuflïe-Noire, 
Cutlande. 

"Cujavie , 
)La  Polaquie 
|Volhynie  , 
-Podolie. 


P  A  l  a  t  1- 

N  A  T     DE 
LUB  LIN. 


Palati- 

N  AT     DE 
P  O  S  N  A- 
N  IE. 


'  Crakow , 

Wownicz , 
Sandez , 
iBiecz , 
lOzwieczin; 
[Wiclicz  1 
iZator, 
iTarnoW , 
lllkusck , 
lSlankow , 
JCzentchoVf, 
NLe  Low  , 
jMftow, 
INowopol, 
ICurzelow , 
lOlftyn  j 
|Miehow> 
IWisnicz , 
IWounicz, 
' Landkron , 
Ziwiecz , 
Lubowla. 

.  Sandomirz ,' 
Viflicza , 
Polaniecz  , 
Zawiehoft, 
Radom , 
Zarnaw , 
Malopocz, 
Opoezno  , 
Schidlowiczj 
Salecz , 
Oparow , 
BaranoW, 
Reschow , 
Lezaisho  , 
Debicza , 
Mielec, 
Smigrod , 
Chintiny , 
Conary , 
-Ojek. 

_Lublin  ; 

Kafimiers , 

Pietrouin , 

Lenczna  , 

Koczk , 
jBart  weez, 
'Czetochow, 
lOczzka  , 
!  Lukow , 

Kurow , 

Clotniza, 

Kratnick, 
'Biftupice. 

...Posna, 

S  ri  m , 

Krziwin  , 
I  Priment, 

Miedzirzec,' 

Rogosno , 

Fridlanzick, 
iWiclin  , 

Kembliew, 
[Koscian, 

Vtonki, 

Babindft, 
"Lesno. 

f  Kalisch ,' 
Gnesna , 
Pleffew , 
Landick , 
Kamin , 
Nakle, 


f  024 


POL 


Basse  ou 

Grande 
Pologne  ,  j 
[oh  font  les  * 


P  A  L  A  T  I- 
N  A  T     DE 
K  A  L  I  S  C  H. 


P  A  L  A  T  I- 

N  AT     DE 
Si  R  AD. 


P  A  L  A  T  I- 

N  A  T     DE 
L  E  N  C  I  C  I. 


Labiflïn  J 
Kleczko , 
Znin , 
Conin  , 
Grabow  , 
Pysdry , 
.  Chocz. 

Sirad , 
Vielun, 
Krzcpice , 
Bretniczo , 
Camiensko , 
Pietrkcw, 

^Waita, 
Schilblberg, 
Oûroflbw  , 
Bolefiaw , 
Werftad. 

Lencici , 

Brefini , 

Inowlocz, 
j  Wolwortz , 

Lezow , 
|  Vnienow  » 

Sobota  > 

Piateck  f 
.Pholucz. 


P  A  t  Ati-  rPloczko; 
n  A  t  d  e  2  Rafuntz, 
P  l  o  c  z  k  o.  LScheps,. 


P  A  L  A  T  I- 


j"Dobrz 


N  AT     DE       -\  r>. 
I     D0BRZIN.lRlPP 


in. 
ina. 


La  Li- 

thuanie 
a 


Ç  Ve 
<Pru 
lies 


P  A  L  A  T  I- 

N  A  T     DE 
W  I  L  N  A. 


Vers  t  a  ■ 
s  s  t,\ 


P  A  L  A  T  I- 

N  A  T     DE 

Troki. 


Wilna , 
"Oflmiana , 

Wilkomirz, 

Braflaw , 
jMiadzial, 

Umiata, 
JDziesna, 
jDubinki , 
IByftrzyc , 
IGiedrocie , 
'Koltyniani, 

Dryswiath  , 

Druia , 
•  Zamoscc. 

'Troki, 

Kowno , 
iGrodno, 
ÎLida  , 
[Pielica, 

Wolkowis* 

ka , 
tNodwid- 
wor , 

Meiecz , 

Philippow  » 
'Olita. 


POL 


P  A  L  AT  I- 

N  A  T     D  F, 
B    R  E  S  S  I- 
CI. 


Vers  la 
Pologne,  , 
les 


\ 


P  A  L  A  T  I- 

N  A  T     DE 

Nowo- 

G  R  O- 
D  ECK. 


i 


La  Li-  l 

thuAnie  y 


a 


Vers 
M 

VIE 


ERS    LA  r 
OSCO-     ) 


P  A  L  A  T  I- 

N  A  T   D  E 

Minsk. 


La  Li- 

THUANIE 

a  encore 


P  A  t  A  T  i- 

N  A  T  DE 
M  Z  E  I  S- 
L  AW. 


r  Vers  la  . 
J  Mosco-i 
Lv  i  e  ,  les 


P  A  L  A  T  I- 

N  A  T     DE 

WlTEPSK, 


!.. 


P  A  L  A  T  I- 
N  A  T     DE 
P  O  L  O  C  Z  K. 


Sur   la  Vis- 
tul:. 


Brefîici , 
Pinsk, 
Davidow 
Horodeck, 

jTarow  . 
Buckcza, 

iDobravri- 

ca, 
Morol , 
Kobinoi , 
Janow. 

rNowogn> 

deck, 
Slonim  , 
Mifty, 
NeflTwiess, 
Sluczk , 
Periecze , 
Pecnkowic- 

ze, 
Lachowice, 
Koffow , 
C  Krzcmienka, 

Minsk , 
Boriffow , 
Rohaczow  , 

|Mozir, 
Rzcczyca , 

|Swislocz, 
Dukora, 
Jehnmain  , 

«Dozice. 


•  MzeislaW, 

Orfla , 

Mokilow, 
iPropoisk, 
'Cruyczow, 
i  Bychow , 
[Szklow, 

Odruczko  , 

Dubrowna  , 
"Radomil. 

Witepsk , 

Wieliss  , 

Surass , 
I  Uswiath  ; 

Oskala  , 
I Porodeck  , 

Ula, 

Lukomla, 
.Lepel. 

"Poloczk , 
Turowla , 

l  Waronicez  , 

I  Su  (Ta , 

'Plifla, 

I  Sokol , 

[Nieflewa; 
Sicno , 
Kofian. 


^Dantzick, 

Elbing , 

Marienburg , 
,  Ciilm , 
|Thorn  , 

Graudentz,' 
ISchn-erz  , 

Ncwemburg 

Mcawue, 
,Dirscha-W. 


Ncwmarck , 


POL 


POL      to2j 


Prusse  | 

ROYALE 

où  font 


< 


La  Prus- 
se/^ divi-  j 
[e  en         \ 


à  l'Orient 
de  U  Vis- 
taie. 


à  l'Occi- 
denc  de  la 
Viflule. 


fur  la  Mer. 


I 


l     Prusse  Ducale. 


f 

I 


fur  les  cki 


La  Prus 

se  duca- 
le a 


i 


vers  la  Li- 
thuanie. 


1 


Dans  les 
Terres. 


vers  la  Po 
>  logne. 


dans  le  ml-* 
lieu  du  pays. 


vers  la 
PruJJe. 


Newmarck  ; 

Lobaw  , 

Lautcrburg, 
IStrasburg, 

Colmienfee, 
|  Wanenbeig  , 

Gutilac  , 

WormdiCj 
(Suini. 

Bern , 
jMirchaW  »1 
'Schonek, 
JKischaw , 

Konicz. 

Frewenberg ,' 
Btaunsbeig , 
Paursko, 
,  Hella. 

.Konigsberg, 

Brandebuig , 
I  Mcmcl , 
(Pillaw, 

Fischaufen , 
»Heyligpeil, 

^Tiîfe, 

Rangnit , 
Georgenburg  ; 
Inftciburg  , 
Allerburg , 
Fridlanc , 
■S  Bartenftein, 
Landsperg, 
Goldap  , 
Oleczko , 
Lick, 
Senburg, 
Johansburg.' 

"Ortclsburg , 
Wildcnbeig  «; 
Hohcnflein , 
|  Libftac , 
Mulhaufen  [ 
|  Holland  , 
Salfeldc, 

Marién-Werdctj 
.Gardenfée. 


Midnick, 
Rofier.ne, 
Betygola , 
JGrynkiski , 
Radziwiliski  i 
lUzweta , 
Lubnjki , 
Telfle  , 
.Kroze. 

'Kroetany ,* 
tSwicxma , 
iTauragen , 
|  Georgenburg  i 
Nevavol. 


{ 


wers  la  G/r.Szawle , 
lande.  J  Nowiemiafte* 

»      czko , 
l  Maziady. 


fur   les  côtes  ,  ,  , 


~  fur  les  ri-  ' 
vieres  ,fa- 
voir 


fur  la  Vis-  • 
tule. 


Helgaw, 
Palangen. 


Warzaw , 
kCzersko, 

'Wischegiod; 
jNowedwor, 
Skawa. 


rotzin 


LaMa- 

ZOVIE 

comprend 


fur  le  Bug. 


•Zak 
Serolzeck, 
,Wiskow, 
Szlubow  j 
amieniez , 
owie , 
ar. 


< 


?-^Szlul 
Kair 
Oltr 
Nar 


entre  la 
Viflule  &  la 
Pologne. 


entre  la 
Viflule  &  le 
dans  les\  Bug. 
{,  terres. 


entre  le  Bug 
„&  la  Prujfe. 


entre  le 
Nicfler  &  le 
Bug. 


Nadarzîn 
Warka. 


'Minsko , 
iLarowieck, 
Xiw  , 

'Wegrow, 
,Dobre. 

,Pulrausk , 
Chiechanow, 
Korchellcn , 
Rofan , 

iGrod'no , 

.WizrA , 
Kolno, 
Zenibrow ,' 
Chiechanowi~ 
ce. 

/"Lemberg, 

\  Clymani, 
^Zborow  i 

^Roharin, 
Zawolow ,' 
Chodoroftaw' 
Baloka. 


I 


SHalycz, 
Sniatyn, 
Kolomcy , 
Dobroilow ,' 
Boroczane , 
Jefupolw 
Lemberg  ,■{    dans  la  iV~\Zarnawo  , 


Palati- 

N  A  T    D  E 


ohfont 


f    dans 
Terres, 


LaSamo- 

GITIE4 


les] 


Wielona , 


vers 
thuanie. 


La  Rus- 
sie Noi- 
re ,  com- 
prend les 


kntie. 


JZydachow: 


/Srry, 


aux  envi- 
rons de  la  ri- 
(.  viere  de  Son, 


Komarna ,' 
Sumbor. 

Przemisfl  ^ 
Sanoek , 
Felftyn , 
Grodeck  * 
Saroflaw  , 
Rellow , 
Srrow  , 
Larzki , 
Lesko, 
Dambrow"a„ 


Ç  Birze , 
j  Przwale; 
\  Pokroie  * 


IPalatinat    de 

Belcz, 
!>  a  latinat   de  ^Belcz , 

Cheim, 


i  Zamoscie,, 
|  Goray  3 


Tom%  IV.  Oooooo 


ioz6      POL 


POL 


ISirbirzezin , 
Grabowize, 
]  Oborkow  , 
à  l'occident  •  Horodla  , 


du  Bug. 


\ 


r 


Palati- 


N  A  T    DE 

Belcz,  oit. 
font. 


Dans  la 

Russie 
Noire 
(ont  les 


I 

< 


lj 


Palati- 

N  A  T      DE 

Chelm,o« 
ont 


à  l'orient 
i  du  Bug. 


à  l'occident 
du  Bug. 


à  l'orient 
*du  Bug. 


Semigal- 
len  ou  font* 


dans  le 


fur  la 

Dz.ivine. 


La  Cur- 

f.KNDEfe' 

divtjc  tu 


CURLAN 
'■DE  OU  j  ont 


dans  U 

pays. 


fur  la  cote. 


La  Cuja-  rI.Es  Pala 
prend 


VIE    com-i  TINATS 


deTnow- 

LOCK. 


vers  le  fcp~ 
tentrion. 


La  Pod- 

1AQUIE  OU 


LePaia- 

TINAT     DE 
BlF.LSK  ,  OÙ* 

Jont 


Krylow, 
Tyflbucze, 
Mafty  , 

Magierow . 
Buck, 
Patilic, 
Lubazow ,' 
l  Dobre. 


fOlesko  f 
<  Bioddy, 
Wiporow. 

Chelm , 

JKrasnofiaw; 
.Woylawice, 
[iJubno , 
^Wianice. 

Turscisk, 
jPaziechow, 

Maziecow  , 
lOpalim  , 

Wodowa. 


Ç  Mirraw  ; 
J  Baaske , 

C  Dobelen. 

rDubcnaw, 
cSelburg. 


i 


de  Brest. 


Goldingen  "3 
Neishaus, 
Piltyn, 
Angeren. 

1  Windaw, 
Liba , 

Angermund, 
PJenen. 


Brzertye , 
Ccwale , 
Kruswick, 
\  Warzimow. 

,Tnowlocz , 
WladiHaw, 

(BedgGski, 

| Cione  , 
Pakosch  , 

►Lokosch, 


•Bielsk; 
Bransk, 
Tykozin , 

i  Gunintz , 
Auguftow  i 
Knyflîn, 

1  Wafilkow  { 
Su ras , 

Narew. 


Ç  Drogiezitit 
vers  le  mi-   j  Grodck  , 
.di.  J  Mielnick, 

(^  Loziczc. 


iePa- 
Hau-Vlati- 
te  oh  s  n  at 

eji         JDeLu- 

Cîuc. 


Luzuc , 
Criminiec , 
Wisno- 

wiecz  , 
Dubno, 
Olyka , 
Wlodirni- 

row , 
Doroho- 
buss , 
Oftrog , 
Zaftaw  , 
Jjampol , 
lBafilia, 
à  Vo  rient  de  JKi  ufilow  ,' 
la  rivière  du  SConftanri- 
Ster.  now , 

Medziboz, 
Lubertcw, 
Polone , 
Miropol, 
B.iranowka, 
Zwiachd , 
Bcrznoe , 
HotTec , 
Ofewsko, 
wrneze, 
Yzzomir , 
Zyromierz; 
I  Berdizow. 

Twlodzi- 


l 


rmerz , 


I 


à  l'occident  1  Sokal , 
de  la  rivière   *Milatin,' 
du  Ster.  <  Bermko « 

Xowel , 

Niefuch- 


I 


La  Vol- 
hynie  , 
qutfe  di-  f 
vif e  in. 


\ 


fur  le  Borys- 
tbene. 


à  l'orient 
du  Borys- 
thene. 


wies, 
CzatoriskoJ 

Kîow , 

Czyrkasky  \ 

Kudack, 

Krylow  , 

Borowica; 

Kaniow, 

Chrethymî- 

row, 
Rizzo-v, 
Trypol , 
Wyzgrod  , 
Czernobelj 
Bielaforo- 

ka. 

Pereaflaw , 

Berezan , 

Kobiez , 

Nizin , 
iPrzyluka, 
iPeratin , 
[Jablonow ," 
fBorumle  5 

Zolnin  , 
[Korol , 
iNirogrod  ; 
[Lochowi- 

ca, 
Drhyalow, 
Krasnopol, 
Pnlrawa, 
Kobilack. 


A' 


POL 


POL 


à  l'oc- 
cident du, 
Boryjlhe- 
\nc. 


LaPa- 

DOLIE  , 

quife  di- 
vif e  en 


lePa- 

LATI    i 

Hau-I  nat 

TE    0«\DeKa- 

efi       Imie- 

NIEC. 


dans- 
lepiiys. 


l 


^Biarlacerkieu  » 

Korfum , 

Buguslaw , 
,  Gradeck  ■ 

Kotelma , 
iRadomifl, 

Koroftefow , 
'Refowo , 
kBrazilkcv/', 
JTarowka , 
iTaborowka» 
iTitiow , 

Lizianka  , 

Smila , 
.Czebryn. 

,Kamieniec , 
Bar, 

Chmielnick, 
Marianow , 
Szanigrod  , 
[Thymkow , 
IBraczenkow'a,' 
ICrudeck  , 
[Feltyr , 
Vfiatin, 
iZbaras , 
ITarnopol., 
iTramboula, 
'Bouezaz, 
Jaflowiecz  , 
Czarlak  w  , 
Bolczowka. 


'ngrod, 


fur  le 
„  Niefiert 


•Oweze , 
Dzw 

I  Zwuniecz  » 
Kytaygrod , 
Kalus  , 
Bernaskowka , 

-Jadcwa. 


< 


Braelaw, 
W:nnicza  , 
fur  le)  Konicepole, 
Bog.     £_  Ladizin. 


aufcp 
tentr. 

du  Bo%  ■ 


Kalnick , 
Human  » 
Perzifliika-, 
Nisnirow. 

'Brailow, 
kKrasne  , 

romaspol , 
(Beread  > 

Czaczanick. 


rLampol  , 
fur  le  J  Kamimkkaj 
,  Nieftçr  LRaskow. 


POLONIT^.  Voyez.  Phaltî. 

POLOSUS  ,  ouPoloson  ,  village  de  la  Bœotie.  Pau- 
fanias  ,  /.  9.  c.  20.  dit  qu'on  vouloic  que  ce  fut  dans  ce 
lieu  qu'Aralante  fixa  fa  demeure. 

POLOTTA  ,  petite  rivière  de  la  Lithuanie  ,  dans  le 
Palatinat  de  Poloczk.  Elle  prend  fa  fource  vers  le  nord , 
dans  un  lac ,  d'où,coulant  vers  le  midi ,  elle  arrofe  la  ca- 
pitale où  elle  fe  joint  à  la  Duna.  *  Atlas,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PÔLPA  ,  ville  de  la  Macédoine,  félon  Ortelius ,  The- 
faur.  qui  cite  Phlegon. 

POLSTORF ,  bourg  de  la  Baffe-  Aurrichc.à  fept  lieues 
de  Newbourg.  Cinquante-trois  maifons  de  ce  bourg  fu- 
rent entièrement  dévorées  parles  flammes,  le  21  de  Juil- 
let 1741. 


1027 

POLTZIN,  dans  la  Poméranie  ultérieure.  Il  y  a  de 
bonnes  manufactures  de  draps. 

POLUNG  ,  montagne  de  la  Chine ,  dans  la  province 
d'Iunnan ,  au  couchant  de  la  ville  de  Chinyvcn.  Elle  efl 
formée  par  une  grande  quantité  de  collines, qui.s'élevant 
infenfiblement  les  unes  fur  les  autres,  représentent  affez 
bien  les  vagues  d'une  mer  agitée.  Delà  vient  le  nom  qu'on 
lui  a  donné  ;  car  Polung  fignifie  la  grâce  de  la  mer.  * 
Atlas  Sinenfis. 

POLURA ,  ville  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gange.  Ptolo- 
mée  yl.y.c.  1 .  la  place  entre  la  première  embouchure  d% 
ce  fleuve  du  côté  de  l'occident ,  &  fa  féconde  embou- 
chure. Le  manuferic  de  la  bibliothèque  Palatine  porte 
Palura. 

POLUS.  Voyez.  Polusca. 

POLUSCA ,  ville  d'Italie ,  dans  le  pays  des  Volsques. 
Ce  fut  félon, Tire  Live  ,  /.  2.  c.  39.  une  des  places  que 
Coriolan  enleva  au  peuple, Romain.  Elle  étoit  peu  éloi- 
gnée de  Longula ,  aurre  ville  des  Volsques.  Denis  d'Ha- 
licarnafle  ,  /.  6.  p.  41 2.  lit  Polus  pour  Polusca.  Il  y  a 
apparence  que  c'eit  unefautedecopifte;carau/.  8. p.  509. 
il  écrit  lïoXva-Kii.  Il  appelle  les  habitans  Poluscani  > 
mais  Pline  ,/.  3.  c.  5,  les  nomme  Iollustini  & 
Pollustii. 

i'OLY^EGOSjifle  que  Pline,  /.  4.  c.  12.  met  au  nom- 
bre des  ifles  Sporades.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  7.  con- 
noît  cette  ifle  ;  &  dans  le  tréfor  de  Goltzius  on  trouve 
une  médaille  avec  cette  infeription  :  noAYAirmN.  Le 
père  Hardouin  dit  q  .e  c'eft  aujourd'hui  l'ifle  Polegafa  , 
près  de  celle  de  Standia.  L'ifle  Polegafa  ,  dont  on  parle 
ici ,  eft  fans  doute  la  même  que  l'ifle  Polino  i  car  la  plu- 
part des  géographes  nous  apprennent  que  Polino  s'ap- 
peîloit  anciennement  Polyœ^os.  Corneille  veut  que  Polya- 
goi  foit  aujourd'hui  l'ifle  Falconara ,  mais  il  efl  le  feul  de 
ce  fentiment. 

POLYANDRIUM.Ko>^  Motrasti. 
POLYANDUS,  ville  de  la  petite  Arménie.  Ptolomée, 
/.  ^  c-  7-  la  place  dans  la  prélecture  appellée  Caraonie  , 
entre  Dalijandus  (k  Comana.  Au  lieu  de  Poly.indus  ,  le 
manuferft  de  la  bibliothèque  Palatine  porte  Padyandus. 
La  ville  de  Podandum  de  l'itinéraire  d'Àntonin  étoit  dans 
ces  quartiers. 

POLYANUS ,  montagne  de  la  Macédoine  ,  félon 
Strabon,  /.  7.  p.  32.7. 

POLYARA  ,  ville  de  la  Carie.  C'eft  Etienne  le  géo- 
graphe qui  en  parle. 

ÎOLY  ARRIS.  Voyez  Taurus. 
POLYBIANUM  ,  vil'e  de  la  Hâtite-Pannonie,  félon 
Lazius  qui  cite  le  livre  des  préfectures.  Il  ajoure  que  le 
nom  moderne    eft    Leybnicz.    *    Codex  Prœftciura- 
rum. 

BOLYBOTI  ,  fu'ge  épiscopal  d'Afie.  La  notice  de 
Léon  le  ^age  le  met  parmi  les  évêchés  de  la  féconde  Ga- 
larie.  11  eft  encore  parle  de  cette  ville  dans  le  concile  de 
Chalcédoine.  Le  peie  Hardouin  place  ce  liège  dans  la 
Phrygie  falutafae. 

POLYCHALANDUS  ,  fiége  épiscopal  de  Lydie. 
Ortelius  dit  que  faint  Epiphane  parle  d'un  certain  Phœ- 
bus  qui  étoit  évêqué  deceliége,cS:qui  afliita  au  concile  de 
Séleucie  de  l'an  3^9. 

POLYCTOR1UM  ,  lieu  de  l'ifle  d'Ithaque ,  félon  le 
grand  Etymologifle. 

POLYDE,  ville  d'Italie.  Solin,c.  2. qui  parle  de  cette 
ville,  dit  qu'elle  fut  bârie  par  lescompagnons  d'Hercule. 
Voici  le  paffage  de  cet  auteur:  Nam qms ignor atveldicia 

vel  condita à  Comitibus  Herculis  Polyden ,  ab  ipfo  in 

Campania  Pom\às.  Martianus  Capella ,/.  6.  de  ltalia  t 
qui  ne  connoifïoir  point  en  Italie  de  ville  nommée  Po- 
lyde  ,  a  fupprimé  ce  qui  la  concernoit  en  copiant  cet 
endroit  de  Solin.  Au  lieu  de  dire  à  Comitibus  Herculis 
Polyden  ,  flb  ipfo  in  Campania  Pomptios  ,  il  dit  Ample- 
ment ab  Hercule  Pompeios.  C'eft  ainfi  qu'on  lit  dans  les 
manuferitsde  Martianus  Capella  ;  car  dans  les  exemplai- 
res imprimés  la  faure  elt  bien  plus  grande.  Le  pafiage  y  a 
été  entièrement  corrompu  par  l'ignorance  de  l'éditeur. 
Il  lit  :  Ab  Hercul  Htrculianum  ad  radicem  Vefnvii ,  à 
quohaud  procul  V  mpei"s.  Il  fait  dire  ainfi  à  fon  aureur 
unechofeà  laquelle  il  n'a  jamais  penf  ;car  Martianus  Ca- 
pella s'étoit  contenté  de  (opprimer  ces  mors:  à  Comitibus 
Herculis  Fvhden.  Quelques  manuferits  ,  &  même  les 
Tom.  IV,  O  o  o  o  0  o  ij 


io28     POL 


POM 


meilleurs,  portent  Polyclen  pour  Polyden.Nc  feroit- 
ce  point ,  dit  Saumaife,  la  même  ville  qu'Etienne  le  géo- 
graphe  appelle  Polieon  ,  UoXi'iw  ,Sc  qu'on  appclloit  au- 
paravant Siris.  Le  même  géographe  place  la  ville 
de  Siris ,  près  de  Métaponte  ,  Se  dit  qu'on  changea 
fon  nom  pour  l'appeller  Polieon  ,  du  nom  de  Minerve 
Poliade.  Pline  nous  apprend  encore  que  cette  ville  de  Si- 
ris avoit  été  appellée  Heraclée.  Strabon  ,  /.  6.  dit  que 
quelques-uns  vouloient  qu'elle  eût  été  bâtie  par  les  Rho- 
diens,mais  qu'Antiochus  éciivoit  que  les  Tarentins, 
s'étant  battus  pour  la  propriété  de  cette  ville  ,  contre  les 
Thuriens  Se  Cléandrias  ,  fugitif  de  Lacédémone  ,  par 
l'accord  qu'ils  firent  entre  eux ,1a  ville  de  Siris  fut  adjugée 
aux  Tarentins.  Il  ajoute  qu'elle  fur  dans  la  fuite  nommée 
Heraclée ,  Se ,  comme  Etienne  le  géographe ,  il  la  met  au 
voifinage  de  Métaponte  ;  mais  il  éctit  mal  à  propos 
noxiïûv  pour  Uox'mov.  Selon  le  même  Strabon, Siris  étoic 
une  ville  d'Italie,  fondée  par  lesTroyens  ,  enfuite  appel- 
lée Polieon  par  les  Chones,  &  enfin  nommée  Heraclée. 
Ce  dernier  nom  ,  félon  Solin,  lui  fut  donné  par  les  com- 
pagnons d'Hercule  ,  tout  cela  femble  dire  qu'il  faut  lire 
Polieon  pourPolyden  dans  Solin.  Le  fcholiafte  de  Lyco- 
phron  change  les  tems  où  cette  ville  porta  ces  différens 
noms.  Il  dit  qu'elle  fe  nomma  d'abord  Polieon  ,  enfuite 
Heraclée,  de  enfin  Siris  ;  Se  Lycophron  lui-même  ne 
s'accorde  pas  mieux  avec  Strabon  touchant  la  fondation 
de  cette  ville ,  tant  eft  grande  la  différence  qui  fe  trouve 
dans  les  origines  delà  plupart  des  villes.  *  Plinïan  .  Exer- 
cit.  in  Solin.  t.  i.p.  57. 

POLYDEGMON  ,  montagne  d'Italie.  Ortelius ,  qui 
cite  Lycophron  ,  dit  que  tous  les  fleuves  d'Italie  prennent 
leur  fource  dans  cette  montagne. 

POLYDEUCEA ,  fontaine  de  la  Laconie  ,  près  de  la 
ville  Théraphe.  Quelques-uns  veulent  ,  dit  Paufanias  , 
/.  z.c.io.  que  cette  fontaine  aie  autrefois  été  appellée 
Messeïdes. 

POLYD1PSION.  Voyez.  Argos  ,  «.  1. 

POLYDORA  ,  ifle  au  voifinage  de  Cyzique  ,  félon 
Etienne  le  géographe ,  Pline,  &  Diodore  de  Sicile.  Voyez. 

POLIDORORUM   ClVITAS. 

POLYDORI-TUMULUS,  lieu  de  laThrace.  Solin, 
c.  20.  p.  28.  le  place  fur  le  mont  ./Emus ,  dans  la  partie 
qui  étoic  habitée  par  les  Arotercs ,  Se  Pline ,  /.  4.  c.  n. 
femble  le  mettre  dans  le  voifinage  de  la  Ville  Aœnum  ou 
JE  nos. 

POLYGIUM ,  ville  de  la  Gaule  Narbonnoife ,  félon 
Ortelius,  qui  cite  Sextus  Avienus. 

POLYMARTIUM.  Voyez,  Polimatrium. 

POLYMEDIUM ,  village  de  l'Afie  mineure  ,  dans  la 
Myfie.  Strabon  ,/.  13.  p.  606.  dit  qu'il  étoit  à  quarante 
ftades  de  Leéton.  C'eft  le  même  lieu  que  Pline,/.  5.  c.  30. 
place  dans  la  Troade ,  Se  qu'il  appelle  Polymedia. 

POLYMELI.  Voyez.  Orchomene. 

POLYPHAGI ,  peuples  qui  habitoient  fur  le  mont 
Caucale  ,  félon  Strabon  ,  /.  21.  p.  y 06. 

POLYPODUSA ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Cnidie ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

POLYPORUS ,  fleuve  de  la  Troade  :  Strabon  ,  /.  1 3. 
p.  602.  £^603.  dit  qu'on  l'appelloit  auifi  Heptaporus. 

POLYREN,  ville  de  Me  de  Crète,  félon  Etienne 
le  géographe  :Polybe,/.  4.».  53.  &  6x,  appelle  les  ha- 
tans  Polyrrhenii.  C'eft  la  même  ville  qui  eft  appellée 
Polyrrhcriutm  par  Pline,  /.  4.  c.  12.  &  Polyrrhenia 
pai  Ptolomée ,  /.  4.  c.  17. 

POLYRRHETHIUS ,  lieu  voifin  deConflantinople, 
félon  Pierre  Gilles  dans  fa  defeription  du  Bosphore. 

POLYSTEPHANUS.  Voyez,  Tibur  SC  Pr>eneste. 

POLYTELI  A, ville  de  Méfopotamie,  à  ce  qu'il  paroit 
par  un  partage  de  Pline,  /.  6.  c.  14. 

POLYTIMETOS  ,  fleuve  de  Scythie.  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  14.  le  place  en-deçà  de  l'Imâiis.  Arrien  Se 
Quinte-Curce  le  mettent  dans  la  Sogdiane  ,  auffi  bien 
que  Strabon,  dont  l'interprète  Xylander  rend  ce  nom 
par  un  nom  appellatif  ,  mulii  pretii.  Niger  appelle  ce 
fleuve  Arno. 

POLYSELI-VILL A ,  lieu  de  Sicile ,  dont  parle  Théo- 
phrafle ,  in  Nicia.  C'éroit  une  ferme  où  Démofthene ,  fé- 
cond général  de  l'armée  des  Athéniens, envoyéeen  Sicile 
fous  la  conduite  de  Nicias ,  fut  enveloppé  &  fait  prifon- 
aicr  avec  toute  fon  armée,  après  s'être  défendu  long-tems 


avec  courage.  Plutarque  appelle  en  cet  endroit  «wX«V  » 
ferme  ,  ce  que  Thucydide  nomme  %«/>/oi>  t«  «w^à, 
l*lv  Tuyiov  7npiov  ,  un  lieu  environné  d'une  muraille 
féche.  C'étoit  proprement  une  ferme,  comme  on  en  voit 
encore  plufieurs  de  cette  manière ,  ou  une  espèce  de  petic 
bourg.  Cette  remarque  eft  de  Dacier. 

POM  A ,  petit  royaume  de  la  Sibérie ,  fitué  vers  l'em- 
bouchure du  fleuve  Jenifeu.  Il  eft  borné  au  nord  par  la 
mer  Glaciale  ,  Se  eft  éloigné  de  la  Chine  de  quatotze 
mille  li.  Ce  pays  a  un  mois  de  chemin  d'orient  en  oc- 
cident ,  Se  cinquante  jours  du  nord  au  fud.  Il  eft  voifui 
de  celui  des  Kie-ko,  Se  les  habitans  refiemblent  à  ces 
derniers  pour  la  figure  ,  quoiqu'ils  ayent  une  langue  dif- 
férente. Les  Turcs  occidentaux  s'en  rendirent  maîtres  vers 
le  milieu  du  feptiéme  fiécle.  Ces  peuples  fe  nourriflenc 
du  lait  de  leurs  chevaux  ,  Se  ne  montent  point  defïiis.  Ils 
aiment  la  chaffe  ,  la  pêche.  Ils  prennent  des  poiflbns  , 
des  cerfs,  des  espèces  de  caflors,des  martres  zibelines,  en 
mangent  la  chair  &  s'habillent  des  peaux.  Ils  cherchent 
les  prairies  Se  les  rivières.  Ils  ont  pour  armes  l'arc ,  la  fie- 
che  ,  le  fabre  &  la  lance.  Ils  font  des  bateaux  avec  des 
écorces  d'arbres.  Us  ont  peu  de  fer  j  leurs  vafes  font  de 
terre  Se  de  cuivre.  Tous  les  chevaux  de  ce  pays  font  pies. 
*  Hifi.  générale  des  Huns  ,  /.  11. 

POMAR  ,  châtellenie  de  France ,  dans  la  Bourgogne, 
au  bailliage  de  Beaune.  La  métairie  de  l'Irville  en  dé- 
pend. Il  y  parte  une  petite  rivière  nommée  Vanderne  , 
fut  laquelle  il  y  a  deux  ponts.  Le  village  de  Pomar  eft  fi- 
tué fur  la  pente  de  la  montagne.  C'eft  un  vignoble  ,  dont 
le  vin  eft  très- bon. 

POMBEYRO  (Sainte  Marie  de  ) ,  abbaye  d'hommes, 
ordre  de  S.  Benoît,  en  Portugal ,  dans  la  province  entre 
Duero  Se  Minho  ,  à  [une  lieue  de  Quimara'ens.  Elle  fut 
fondée  l'an   1041. 

POMBO  ,  nom  général  dont  on  fe  fert  pour  défigner 
le  fond  du  pays  en  Afrique,  à  l'orient  du  royaume  de 
Loango  ,  au  midi  de  celui  de  Micocco  ou  d'Anzico ,  & 
au  nord  du  royaume  de  Congo.  *  D'Anville ,  carte  du 
royaume  de  Congo. 

*POMEGUE,  Pomponiana,  ifle  de  France,  fur  la  côte  de 
Provence ,  près  de  î'ifle  d'If.  C'eft  une  des  trois  petites 
ifles  communément  appellées  Isles  de  Marseille  , 
parce  qu'elles  en  défendent  le  port,  n'étant  qu'à  une  lieue 
de  fon  entrée.  Elle  n'a  qu'un  mille  Se  demi  de  longueur, 
Se  un  demi-mille  de  largeur.  Cette  ifle  forme  une  partie 
du  canal ,  qui  eft  entre  les  trois  ifles  de  Marfeille.  Il  n'y  a 
qu'une  tour  où  l'on  envoie  un  détachement  de  la 
garnifon  d'If.  Elle  eft  ftérile  comme  les  autres  ifles  voifi- 
nés. 

POMERANIE ,  Pomerania,  province  d'Allemagne; 
avec  titre  de  duché.  Elle  eft  fituée  le  long  de  la  mer  Bal- 
tique, qui  la  baigne  au  nord ,  Se  elle  eft  bornée  à  l'orient 
parla  Prufle&la  Pologne  ,  au  midi  par  la  Marche  de 
Brandebourg ,  Se  à  l'occident  par  le  duché  de  Mecklen- 
bourg.  Le  nom  de  Poméranie ,  n'eft  point  connu  avant  le 
onzième  fiécle.  Le  pays  prenoit  auparavant  le  nom  des 
Venedes&  desSuévesqui  l'habitèrent,  Se  enfuite  celui 
des  Sclaves  qui  s'y  établirent  ,  Se  prirent  ,  à  ce  qu'on 
croit,  le  nom  dePoméraniens  de  leur  habitation  proche 
de  la  mer  Baltique.  En  effet  Porno  Maris  fignifie  en  vieux 
langage  Sclave  auprès  de  la  mer.  Ces  peuples  occupèrent 
le  rivage  de  la  mer  Baltique  ,  depuis  l'embouchure  de  la 
Wiftule  jusqu'à  la  CherfonnèfeCimbrique,ou  presqu'ifle 
de  Jutland.  Ce  pays  fut  enfuite  divifé  en  plufieurs  prin- 
cipautés qui  eurent  chacune  leurs  feigneurs  particuliers  : 
la  Vandalie&  le  duché  de  Mecklenbourg  demeurerentà 
Udon  ,  fils  aîné  de  Miftevon ,  roi  des  Vandales,  Se  la  Po- 
méranie fut  le  partage  de  Ratibor  Se  de  Bogiflas.  Le  pre- 
mier laifla  huit  enfans  ,  qui  furent  tout  maffacrés  par 
Magnus ,  roi  de  Danemarck  ,  dans  le  duché  de  Schles- 
wic,en  1048.  Bogiflas  fut  père  de  Suantibor  ,  à  qui  les 
Polonois  firent  long  tems  la  guerre  ,  parce  qu'il  refufoic 
de  leur  obéir  ,•  en  mourant  il  partagea  fes  états  entre  fes 
enfans  qui  fe  firent  Chrétiens,  Se  qui ,  après  avoir  fecoué 
le  joug  de  la  domination  des  Polonois  ,  enlevèrent  l'iflc 
d'Ufedom  aux  Danois.  Wratiflas  Se  Ratibor  eurent  la 
Poméranie  citérieure ,  Se  firent  la  branche  de  ce  nom  ;  Se 
Suantuopulce  I  &  Bogiflas  eurent  la  Poméranie  ultérieu- 
re ;  mais  Suantuopulce  fut  pris  par  Boleflas  Crivoufte  , 
duc  de  Pologne,  Se  mourut  fans  enfans  en  1 120,  de  forte 


POM 


POM 


que  Bogiflas  continua  la  branche  de  la  Poméranie  ulté- 
rieure. Iljnourut  en  1187,  laiflant  d'Anne ,  fille  de  Mie- 
ciflas,  duc  de  Pologne,  Sambor  8c  Meftovin  II  ,  qui  eut 
entre  autres  enfans  Suantuopulce  II,qui  reprit  fur  les  Da- 
nois ce  que  fes  ancêtres  avoient  perdu.  Il  fitauffi  la  guer- 
re aux  Polonois ,  qu'il  refufa  de  reconnoïtre  pour  fes 
fouverains.  Lcscus  le  Blanc ,  duc  de  Pologne  ,  mit  tout 
en  ufage  pour  le  furprendre  ;  mais  Suantuopulce  l'ayant 
furpris  lui-même  dans  le  bain ,  le  tua  comme  il  vouloir 
s'enfuir.  Wratiflas  Se  Meftovin  ,  fes  fils ,  tâchèrent  d'en- 
lever aux  chevaliers  de  Prude  ,  les  biens  qu'ils  avoient 
prisa  leur  coufin.  Enfuire  Wratidas  voulut  priver  fon 
frère  de  ceux  qui  lui  appartenoient,&  le  tint  prifonnier 
dans  un  château  :  celui-ci  ayant  trouvé  moyen  de  fe  fau- 
ver  en  1172  ,  appella  à  fon  fecours  Conrad  ,  margrave 
de  Brandebourg ,  Se  lui  engagea  la  ville  de  Dantzick  ; 
mais,  comme  il  fe  préparait  àjfaire  la  guerre  à  fon  frère , 
il  mourut  fubitementeni27j.  Meftovin  enleva  Dantzick 
aumargrave  de  Brandebourg,  Se  enfuite,  par  l'accommo- 
dement qu'il  fit  avec  lui ,  il  lui  donna  une  fomme  d'ar- 
gent en  dédommagement  des  frais  qu'il  avoit  faits.  Il 
mourut  en  1 29c  ;  Se  comme  il  ne  laifla  que  des  filles  , 
il  inftitua  fon  héritier  Prémiflas ,  duc  de  Pologne  ,  au 
préjudice  de  fes  confins ,  de  la  branche  de  la  Poméranie 
citérieure ,  qui  disputèrent  cette  fucceffion  à  Prémiflas. 
Ils  en  vinrent  aux  hoflilités  de  part  Se  d'autre.  Les  cheva- 
liers de  Prude  s'emparèrent  d'une  grande  partie  de  la 
Prude,  Se  tout  ce  qui  écoit  en-deçà  de  la  rivière  de  Stolpe 
demeura  aux  ducs  de  Poméranie  de  la  branche  citérieure. 
*  Schurzflàfch ,  Orig.  Pomer.  p.  8.  D'Audifrct  ,  Géog. 
anc.  Se  mod.  t.  i.p.  232. 

Cette  branche  venoit  deWratidas  Se  de  Ratibor ,  fils 
de  Suantibor,  qui  avoient  eu  en  partage  cette  partie  de 
la  Poméranie  ,  comme  il  a  déjà  été  dit.  Ratibor  enleva 
Tripzée,  Grim  &  Bardt  aux  princes  de  Rugen  ,  cVreut  de 
Pribifiie  ,  fille  de  Boleflas  Crivoufte  ,  duc  de  Pologne  , 
Wratidas  II  Se  Suantibor.  Ce  dernier  mourut  garçon  ,  Se 
l'autre  fut  presque  toujours  en  guerre  contre  les  Danois 
Se  contre  Henri  le  Lion ,  duc  de  Saxe  ,  qui  avoir  chaffé 
Pribifias,  duc  de  Mecklenbourg  ,  de  fes  états  :  il  obligea 
en  1 164  les  comtes  Adolphe  d'Holllein,  Chriftian  d'Ol- 
denbourg ,  Renaud  de  Dithmarfe  ,  Se  Gunzelin  de 
Schwerin ,  de  lever  le  fiége  de  Demmin  ,  Se  reprit  fur 
Henri  le  Lion  les  villes  qu'il  lui  avoit  enlevées.  Il  laifla 
un  fils  unique,  nommé  Barthélemi ,  qui  mourut  fans  en- 
fans  en  1 224.  Wratidas  II ,  frère  aîné  de  Ratibor,fut  bap- 
tifé  en  1 1 24  par  Otton ,  évêque  de  Bamberg  ;  il  fonda  l'é- 
vêchéjde  Julin,  Se  fe  rendit  maître  delà  nouvelle  Marche 
de  Brandebourg  Se  del'Ukermack  jusqu'à Guftrovf .  Cafi. 
mir  I  Se  Bogidas  II  qu'il  eut  d'Ide ,  fille  de  Canut ,  roi  de 
Danemarck,  furent  créés  ducs  de  Poméranie  par  l'em- 
pereur Fridéric  I  en  1 1 8 1  ,  au  camp  devant  Lubec ,  Se  ils 
eurent  dès-lors  voix  &  féance  aux  ademblées  de  l'Empire. 
La  poftérité  de  Cafimir ,  qui  fit  fa  réfidence  à  Demmin  , 
finit  en  1273  en  Cafimir  III  fon  petit-fils.  Bogidas  II  trans- 
féra l'évêché  de  Julin  à  CamiiV,  Se  Bogidas  III,  fon  fils , 
fit  la  guerre  à  Albert ,  margrave  de  Brandebourg  ,  &  in- 
troduifir  le  droit  de  Lubec  dans  fes  états.  Barnim  I ,  dit  le 
Bon  ,  qu'il  eut  de  Vidave ,  fille  de  Jarophle  ,  prince  de 
Rudîe ,  hérita  de  fon  frère  Se  de  fes  coufins,  Se  fit  la  guerre 
à  Jean  1 ,  électeur  de  Brandebourg,  au  fujer  de  la  nouvelle 
Marche  ;  mais  cette  guerre  fut  terminée  par  le  mariage 
d'Hedwige  ,  fa  fille ,  avec  cet  électeur  ,  auquel  elle  por- 
ta en  dot  la  ville  de  Prenskw ,  avec  l'Uker-Mark.  II  laifla, 
entre  autres  enfans  Otton.qui  eut  en  partagejlc  duché  de 
Stetin ,  Se  fit  la  branche  de  ce  nom.  Bogidas  IV  ,  qui  eut 
le  pays  compris  depuis  Demmin  jusqu'à  Anclam  ,  avec 
les  villes  d'Ufedom  ,  Wollin ,  Camin  Se  Stargard ,  Se  fut 
le  chef  de  la  branche  de  Wolgaft. 

Otton ,  duc  de  Stetin,  fit  la  guerre  au  duc  de  Mecklen- 
bourg ,  Se  enfuire  à  Louis  de  Bavière ,  électeur  de  Bran- 
debourg. Barnim  le  Grand ,  fon  fils,  lui  fuccéda  en  1 345. 
Il  remporta  une  grande  victoire  fur  Louis ,  électeur  de 
Brandebourg,  auprès  dePrentzlow,  en  1 392,  Se  enfuite 
il  reconnut  cet  électeur  Se  fes  descendans  pour  [es  fuc- 
cefieurs,  s'il  mourait  fans  enfans  ;  ce  qui  fut  confirmé  par 
l'empereur  Louis  de  Bavière ,  dans  la  diète  de  Francfort. 
Il  mourut  en  1 368  ,  laiffant  d'Agnès ,  fille  d'Otton  ,  duc 
dcBrunsvick,  Bogiflas  VII  Se  Cafimir  III,  morts  fans  po- 
ftérité Se  Suantibor  qui  lui  fuccéda.  Cafimir  VI,  fils  de 


1029 

Suantibor ,  fut  défait  'jen  1420  par  Fridéric  I  ,  électeur 
de  Brandebourg,  auquel  il  fut  obligé  de  reftituer  I'Uker- 
Martk.  11  fut  père  de  Joachim  I ,  qui  laifla  d'Elifabeth, 
fille  de  Jean  ,  margrave  de  Brandebourg  ,  Otton  III,  qui 
mourut  en  1404 ,  Se  fut  le  dernier  de  fa  branche.  Sa  fuc- 
celfion  fut  fortement  disputée  par  fes  coufins  de  la  bran- 
che de  Wolgaft ,  &  par  les  margraves  de  Brandebourg  , 
auxquels  l'empereur  Fridéric  III  en  avoit  donné  l'mvcfti- 
ture. 

Bogiflas  IV  commença  la  branche  de  Wolgaft ,  Se  en- 
leva la  ville  de  Stargard  à  Conrad  ,  Jean  &  Waldemar  , 
margraves  de  Brandebourg.  Wratiflas  IV  fon  fils  s'em- 
para de  la  principauté  de  Rugen  en  1 3  25  ,  aptes  la  mort 
de  Wratiflas  fon  oncle ,  malgré  les  prétentions  du  roi  de 
Danemarck  Se  du  duc  de  Mecklenbourg  ,  qui  furent 
contraints  d'y  renoncer  ;  enfuite  il  fit  ia  guerre  aux  mar- 
graves de  Brandebourg,  qu'il  chada  de  Prenflow  Se  de 
Pafevalck  ,  Se  après  aux  Polonois  Se  aux  chevaliers  de 
Prude,  auxquels  il  enleva  les  Villes  de  Stolpe  ,  de  Slage, 
de  Pugenwald  Se  de  Belgardt.  Il  mourut  en  1 325  ,  lais- 
fant  d'Elifabeth, fille  d'Henri,  duc  de  Breflaw,  entre  au- 
tres enfans  Bogiflas  V  Se  Barnim  IV  ,  qui  firent  les  bran- 
ches de  Poméranie  orientale  Se  de  Poméranie  occiden- 
tale. 

Bogiflas  V  acquit  le  comté  de  Gutzkow  à  la  mort  de 
Jean,dernier  de  fa  race.  11  défit  Louis  le  Romain,  électeur 
de  Brandebourg ,  Se  repiit  fur  lui  plufieurs  terres  qui 
avoient  été  incorporées  à  la  marche  de  Brandebourg. 
Wratiflas  VII  Se  Bogiflas  VIII  continuèrent  fa  poftérité. 
Le  premier  eut  en  partage  les  villes  de  Stargard ,  de  Ca- 
min ,  de  Greifenberg  Se  de  Treptcw  ;  Se  le  fécond  celles 
de  Rugenwaldc ,  de  Stolpe  Se  de  Slage.  Bogiflas  IX  qu'il 
eut  de  Sophie,  fille  de  Procope  ,  marquis  de  Moravie  , 
lui  fuccéda  en  1417.  Il  ne  laiila  qu'une  fille  nommée  So- 
phie, qui  époufa  Eric  II ,  fon  coufin  ,  de  la  branche  occi- 
dentale ;  Se  tous  les  biens  qu'il  avoit  eus  de  fon  père,  pas- 
ferent  à  Eric  II ,  fils  de  Wratiflas  VII ,  qui  fut  roi  de 
Suéde,  de  Danemarck  Se  deNoiwvge;mais  il  fut  chafté 
par  fes  fujets  ,  Se  retourna  en  Poméranie  ,  où  il  mourut 
fans  enfans.  Les  margraves  de  Brandebourg  s'emparèrent 
de  fes  états  ,  dont  ils  prétendoient  hériter  :  ce  qui  excita 
une  nouvelle  guerre  entre  ces  Princes ,  Se  les  ducs  de  Po- 
méranie ,  de  la  branche  occidentale. 

Barnim IV  ,  chef  de  cette  branche,  défendit  l'ifle  de 
Rugen  contre  les  ducs  de  Mecklenbourg ,  mourut  en 
136;,  laiflant  Bogiflas  VI ,  mort  fans  enfans  ,  Se  Wra- 
tiflas VI  ,  père  de  Wratiflas  VIII  qui  eut  pour  fa  portion 
l'ifle  de  Rugen  ,  avec  les  villes  de  Bardt  &  de  Stralfund, 
Se  Barnim  Vipère  de  Barnim  VII  Se  de  Wratiflas  IX  les- 
quels héritèrent  en  14^1  ,  de  l'ifle  de  Rugen  Se  des 
villes  de  Bardt  Se  Stralfund  ,  par  la  mort  de  Suantibor 
III  Se  de  Barnim  VIII ,  leurs  coufins.  Wiatiflas  IX  fut 
père  de  Wratiflas  X  à  qui  il  donna  la  principauté  de 
Rugen ,  avec  la  feigneurie  de  Bardt  ;  Se  d'Eric  II  qui 
eut  en  partage  la  feigneurie  de  Wolgaft.  Us  s'unirent 
contre  Fridéric  II ,  électeur  de  Brandebourg ,  qui  préten- 
doit  hériter  du  duché  de  Stetin,  vacant  en  1494,  par 
latnort  d'Otton  III  ,  en  vertu  de  l'expectative  qu'il  avoit 
obtenue  de  l'empereur  Fridéric  III,  &  qui  étant  entré  dans 
la  Poméranie  avec  une  puiflante  armée ,  afiîégea  Stetin  ; 
Wratiflas  Se  Eric  fe  jetrerent  dans  la  marche  de  Brande- 
bourg ,  en  ravagèrent  une  grande  partie.  Ces  hoflili- 
tés  auraient  eu  des  fuites  funeftes ,  fi  Cafimir ,  roi  de 
Pologne  ,  n'eût  rétabli  la  paix  entre  ces  princes  en  147 1 
Se  il  fut  ftipulé  par  le  traité  que  les  ducs  de  Poméranie 
pofléderoient  le  duché  de  Stetin  en  fief  de  l'électeur  de 
Brandebourg  ;  ce  qui  fut  confirmé  par  l'empereur  Fri- 
déric III.  Bogiflas  X,  furnommé  le  Grand  ,  fils  d'Eric  II  ,' 
réunit  toute  la  Poméranie  fous  fa  domination ,  par  la 
mort  d'Erdman  Se  de  Suantibor  IV ,  fes  coufins  de  la 
branche  de  Bardt  :  il  refufa  de  faire  hommage  du  du- 
ché de  Stetin  à  Albert,  électeur  de  Brandebourg,  qui 
lui  déclara  la  guerre.  Elle  finit  en  1476,  par  le  ma- 
riage de  Bogiflas  ,  avec  Marguerite  ,  fille  de  l'électeur 
Fridéric  II ,  Se  trois  ans  après  il  fit  une  transaction  avec 
l'électeur  Albert  ,  Se  il  fut  dit  que  la  paix  devoit  être 
perpétuelle  entre  les  maifons  de  Brandebourg  Se  de 
Poméranie.  George  I ,  fon  fils ,  acquit  en  1J26,  les  fei- 
gneuries  de  Lavrenbourg  Se  de  Brtttow  ,  que  Sigismond , 
roi  de  Pologne  ,  fon  oncle  ,  lui  donna  en  fief  de  la 


1030       POM 

Couronne  de  Pologne  ;  Se  pour  empêcher  que  la  fuc- 
ceflion  du  duché  de  Poméranie  ne  donnât  matière  à 
de  nouvelles  conteftations  ,  il  confentit  que  Sigismond  , 
électeur  de  Brandebourg  ,  jouhoit  de  ïmveftiture  fimul- 
tanée  du  duché  de  Poméranie ,  en  attendant  qu'il  fût 
vacant ,  &  que  lui  ou  fes  descendans  fuccéderoient  à 
l'électeur  de  Brandebourg ,  fi  la  pofiériré  masculine  de 
Jean  Sigismond   venoit  à  manquer.  Barnim  X  ,  fon 
frère  ,  abolit  de  concert  avec  le  duc  Philippe ,  fon  ne- 
veu, la  religion   Catholique  dans  la  Poméranie,  en 
IJJ4,  Se  entra  dans  la  ligue  de  Smalcad ,  en   1536. 
Jean  Frideric,  fils  de  Philippe,  çtoit  éveque  de  Ga- 
min ,  lorsqu'il  fuccéda  à  fon  père.  Il  préfida  au  nom 
de  l'empereur  Maximilien  II  à  raffemblée  qui  fe  tint 
à  Stetin  pour  la  paix  en  1 J70  ,  Se  presque  dans  le  même 
tems  cet  empereur  lui  confirma  la  fucceflîon  de  la  nou- 
velle Marche  ,  fi  la  maifon  électorale  de  Brandebourg 
venoit  à  manquer.  Bogiflas  XIV,  troifiéme  fils  de  Bogis- 
las  XIII,  fut  le  dernier  duc  de  Poméranie.  L'armée  im- 
périale entra  dans  fes  états  en    1627  ,  Se  en  tira  dix 
millions  en  trois  ans  ;  les  desordres  Se  les  cruautés  qu'elle 
y  exerça .  obligèrent  Bogiflas  de  fe  mettre  fous  la  pro- 
tection de  Guftave  Adolphe,  roi  de  i5uéde,  qui  chas- 
fa  les  impériaux  de  la  Poméranie  en  1630  ,  Se  mit 
garnifon  ,  du  confentement  de  ce  prince  ,  dans  Stetin. 
Bogiflas  mourut  en  io"37  ,  &  pour  exclure  l'électeur 
de  Brandebourg  du  duché  de  Poméranie  ,  qui  lui  étoit 
dévolu  ,  il  fit  un  tefiament  en  faveur  du  roi  de  Suéde ,  du 
confentement  des  états  du  Pays.  La  guerre  ,  qui  étoit 
alors  allumée  dans  toute  l'Allemagne  ,  empêcha  l'élec- 
teur George  Guillaume   de  prendre  pofleflîon    de  ce 
duché  ,  d'autant  plus  que  les  Suédois  en  étoient  pres- 
que les  maîtres  ,  Se  qu'ils  prétendoient  le  conferver. 
Enfin  après  de  grandes  conteltations  ,  il  fut  arrêté  par  le 
dixième  article  du  traité  d'Osnabruck  ,  que  pour  dédom- 
mager la  Suéde  des  places  qu'elle  devoit  refiituer ,  l'em- 
pereur &  l'Empire  lui  céderoient  en  fief  perpétuel  Se  im- 
médiat de  l'Empire  toute  la  Poméranie  citérieure ,  Se  l'ifie 
de  Rugen ,  contenues  dans  les  limites  qu'elles  avoient 
fous  les  derniers  ducs  de  Poméranie,  Se  de  plus  dans 
h  Poméranie  ultérieure,  les  villes  de  Sretin ,  Garrz ,  Dam 
&  Golnow ,  Se  l'Ifle  de  Wollin ,  avec  la  rivière  d'Oder , 
Se  le  bras  de  la  mer ,  appelle  communément  le  Frisch- 
Haff  ;  les  trois  embouchures  de    Pêne  ou  Pefin  ,  de 
Swine  Se  de  Divenow  ,  Se  le  rivage  de  l'un  Se  de  l'autre 
côté  de  l'Oder  ,  depuis  le  commencement  du  territoire 
royal ,  jusqu'à  la  mer  Baltique,  dont  les  commiffaires 
de  Suéde  &  de  Brandebourg  conviendroient  à  l'amia- 
ble ;  que  le  refle  de  la  Poméranie  ultérieure  ,  avec  1  évê- 
ché  de  Camin  ,  demeureroit  à  l'électeur  de  Brande- 
bourg ;  que  le  roi  de  Suéde  Se  cet  électeur  fe  fervi- 
roient  des  titres  ,  qualités  &  armes  de  Poméranie  , 
fans  aucune  différence  ;   Se  que  fi  la  race  masculine 
de  Brandebourg  venoit  à  manquer ,  la  Poméranie  ul- 
térieure &  l'évêché  de  Camin  appartiendroient  à  per- 
pétuité aux  feuls  rois  &  couronne  de  Suéde,  qui  ce- 
pendant jouiroient  de  l'inveftiture  fimultanée ,  fans  que 
in  maifon  de  Brandebourg  pût  prétendre  aucun  droit  fur 
les  lieux  cédés  à  la  couronne  de  Suéde.  Frideric  Guil- 
laume ,  électeur  de  Brandebourg  ,  fe  rendit  maître  de 
la  plus  grande  partie  de  la  Poméranie  citérieure  pen- 
dant la  dernière  guerre  ;  mais  comme  le  roi  très-Chré- 
tien ne  voulut  écouter  aucune  propofition  de  paix  à 
Nimégue,  fi  la  Suéde  n'étoit  rétablie  dans  tous  les  états 
qu'elle  avoit  perdus ,  l'électeur  de  Brandebourg  fut  obli- 
gé de  lui  refiituer  la  Poméranie  citérieure,  &  lïflede 
Rugen,  par  le  traire  conclu  à  Saint  Germain  en  La,? 
en  t6jç).  Pour  lui  donner  néanmoins  quelque  dédom- 
magement ,  on  lui  laiffa  toutes  les  terres  Se  dépendan- 
ces du  duché  de  Stetin  ,  qui  étoient  fituées  au-delà  de 
l'Oder ,  avec  le  rivage  oriental  de  cette  rivière ,  Se  les 
villes  de  Dam  Se  de  Golnow ,  qui  lui  furent  données 
en  engagement  pour  cinquante  mille  écus,  à  condition 
de  rachat  ,  en  payont  cette  fomme.  En  171 3  ,  le  roi 
de  Prufle,  profnanede  la  déroute  des  affaires  de  Char- 
les XII ,  roi  de  Suéde  ,  fe  fit  remettre   Stetin  en  fé- 


POM 


réelle ,  le  roi  de  Prufle  n'ayant  pas  jugé  à  propos  de 
refiituer  une  ville  qui  étoit  fi  fort  à  fa  bienféance. 

La  Poméranie  eft  divifée  par  l'Oder  en  Poméranie- 
Citerieure  ,  Se  en  Poméranie-Ulterieure,  que 
ronnommoitautrefoisloMÉRANiE-ORiENTAi.Ej&Po- 
méranie  Occidentale. 

La  Poméranie  Citérieure,  eft  en-deçà  de  l'O- 
der ,  S:  s'étend  le  long  de  l'Oder ,  depuis  la  Marche 
de  Brandebourg  jusqu'à  la  mer  Baltique  ,  &  depuis  les 
frontières  de  Mecklenbourg  jusqu'à  l'Oder.  On  y  trouve 
les  villes  fuivantes: 


Dans  le  territoire  de 
Stetin  , 


Stetin , 
Dam , 

Uckerrnunde; 
Gartz , 
Anclam , 
Demmiir. 


Dans  le  territoire  de  f 

Guftkow , 


Guflkow, 

Wolgaft , 

L  Gripswalde. 


Dans  le  territoire  de 
Barth, 


Barth , 
Damgarten  , 
Tribefes , 
Stralfimd. 


Quelques  ifles  entre  f  *"8.cn  » 

autres,  J  î"1' 

L  Wollin. 

*  Hubner ,  Géogr. 

La  Poméranie  Ultérieure  eft  entre  la  mer  Balti- 
que ,  la  Pruffe  ,  la  Marche  de  Brandebourg  Se  l'Oder. 
Elle  comprend  les  villes  qui  fuivent: 

Dans   la   Poméranie  j-Stargard, 
propre,  \  Camin. 


Dans    le 
Caffubie  , 


duché 


de  r  Colberg , 
<   Belgard , 
L  Coflin. 


Dans  le 

Wenden , 


duché    des 
Deux  feigneuries ,     5 


Rugenwalde 
Stolpe. 

Lawenbourg, 
Butau. 


POMERANZA  ,  bourg  d'Italie ,  dans  la  Toscane , 
dans  le  territoire  de  Pifej  près  d'une  petite  rivière, 
qui  fe  jette  dans  le  Cecina.  Ce  bourg ,  qui  eft  envi- 
ron à  deux  lieues  de  Volterra,  eft  appelle  Le  Pome- 
rance  par  Magin  ,  dans  fa  carte  du  Florentin. 

POMERELLE,  ou  Petite-Pomeranie  ,  Pome- 
rellia ,  contrée  de  la  Pologne ,  bornée  au  nord  par  la 
mer  Baltique  ,  à  l'orient  par  la  Prufle  ,  au  midi  par  la 
Pologne,  Se  à  l'occident  par  la  Poméranie-Ulterieure. 
Les  habitans  de  cette  contrée  fe  donnèrent  à  Primiflas 
II ,  roi  de  Pologne.  Vers  le  milieu  du  treizième  fié- 
cle ,  il  y  avoit  dans  la  Pomérelle  deux  palatinats ,  ra- 
voir celui  de  Dantzick ,  Se  celui  de  Succaw.  Aujour- 
d'hui la  Pomérelle  renferme  les  lieux  fuivans  : 


Dantzick , 
Weixelmunde , 
Oliva, 


Bromberg ,  ou  Bidgofo ," 

Mewe, 

Dirschau. 


*  Hartkenoch  ,  de  Statu  Regni  Polon.  1. 1.  c.  6.  Se  1.  il 

c.  3 .  Hubner  ,  Géogr. 

POMERIEUX,  bourg  de  France,    dans  l'Anjou; 


tqueftre  ,  moyennant  une  fomme  d'argent  qu'il  paya  aux    élection  de  Chàteau-Gontier. 

ennemis  de  la  couronne  de  Suéde,  qui  avoient  afliégé         POMERIOL/E  ,  village  du  diocèfe  de  Cambray.  Il 

cette  place  \  Se  ce  féqueftre  eft  devenu  une  poffeflion    en  eft  parlé  dans  la  vie  de  fainte  Maxellenide  ;  Se  à  ce 


POM 


POM 


que  croit  Ortelius,  le  nom  moderne  de  ce  village  eft 
Fomereidx. 

POMESANIE ,  contrée  du  royaume  de  Prufle  ,  dans 
!e  ceicle  dHockerland.  On  a  appelle  Poméfanie  la  plus 
grande  partie  de  ce  cercle  ,  fans  que  fes  bornes  l'oient 
bien  diitinctes.  L'évêquede  Poméfanie  avoitfa  réfidence 
à  Rifenburg. 

POMETIA  ,  ou    Suessa-Pometia  ,   ville  d'Italie, 
Se  la  capitale  des  Volsqucs  ,  félon  Strabon  ,  /.  j.  Denis 
d'Halicarnafl'e ,  /.  6.  p.  364.  lui  donne  le  même  titre. 
Cet  auteur  de  même  que  Tite-Live ,  /.  1.  c.  j$.  Sel. 
2.  c.  25.  fe  fert  du  nom  de  Suessa-Pometia.  Pometia 
eft  un  flirnom  qui  fut  donné  à  cette  ville  pour  la  di- 
ilinguer  d'une  autre  SucJJa ,  qui  étoit  chez  les  Arunci  ; 
mais  comme  la  capitale  des  Volsques  étoit  plus  confidé- 
rable  que  celle-ci,  on  la  nomme  quelquefois  fimple- 
ment   Su  es  s  a  ,  Se  quelquefois  on  ne  la  défigne  que 
par  fon  fur  nom.  Strabon  ,  par  exemple  ,  dit  que  Tar- 
quin  le  Superbe    prit  Suefja,   entendant  par  ce   mot 
Suessa-Pometia  ;&  Tite-Live,  /.  i.c.  16.  qui  dans 
les  deux  endroits  déjà  cicés  écrit  Sitcjfa-P 'ometia ,  dit  fim- 
plement  Pometia  dans  deux  autres  endroits.  De  Pome- 
tia ,  on  fit  PoMetinus  Tite  Live,  /.  1.  c.  55.  en  par- 
lant des  dépouilles  foires  fur  les  habitans  de  Pometia, 
les  appelle  PometiNjï  Manubi*  ;  Se  par  contraction, 
il  dit  ,  /.  4.  c.  25.  Pomptinus  Ager  ,  en  pariant  du 
territoire  de  cette  ville.  Strabon  écrit  nw^tc-r/oc  ritjiov , 
Fomenùnits  Campus,  parce  que  la  plupart  des  Grecs 
écrivoient  Fomemia  pour  Pometia ,  que  quelques-uns 
ont  écrit  PomtiaSc  Pontia  par  contraction.  Ce  nomfe 
conferve    encore  aujourd'hui  dans   les  Marais   Pon- 
tins. 

PQMMARE2T,  bourg  de  France,  dans  la  Gascogne, 
élection  des  Lanes. 

POMMEREAU  ,  forêt  de  l'Ifie  de  France  ,  dans  la 
maîtrife  des  eaux  &  forêrs  de  Villers-Cotterêts.  Elle  eft 
de  douze  cens  quatre-vingt-dix-neuf  arpens  treize  ver- 
ges. 

1 .  POMMERA  YE  (  la  ) ,  bourg  de  France,  dans  l'An- 
jou  ,  élection  d'Angers. 

2.  POMMERAYE  (la)  ,  bourg  de  France,  dans  le 
Poitou  ,  élection  de  Thouars. 

3.  POMMERAYE  (la) ,  abbaye  de  France  ,  dans  la 
Champagne ,  à  deux  lieues  de  Sens ,  fur  la  route  de 
Eray,  vers  le  nord  ,  au  bord  de  la  petite  rivière  d'Orou- 
fe.  C  croit  un  monaftere  de  filles  ,  fondé  au  douzième 
iîécle,  par  Mathilde  ou  Mahauld,  veuve  de  Thibaud, 
comte  de  Champagne  ,  Se  qu'elle  fournit  à  celui  du 
Paracltt  .  au  diocèfe  de  Troyes  ,  parce  que  le  lieu  où 
elle  fut  construite  avoit  été  cédé  à  la  comtefle  par 
l'abbefle  Heloïfe.  Les  abbefles  furent  tirées  du  Para- 
clet  dans  ces  premiers  tems ,  Se  l'abbefle  de  cette  pre- 
mière maifon  devoir  aller  une  fois  l'an  à  la  Pommeraye 
y  faire  fa  vifite.  La  comtefle  Mathilde  y  fut  enterrée 
avec  fon  mari.  Cette  maifon  étoit  réduite  à  cinq  ou 
fîx  relitùeufes  fans  discipline  ,  lorsque  madame  Bathil- 
de  de  Harlay,  religieufe  de  Chelles  ,  en  fut  nommée 
abbefie.  Elle  transfera  la  communauté  au  fauxbourg  de 
Sens ,  la  rebâtit  entièrement ,  &  la  mit  en  état  d'a- 
voir jusqu'à  foixante  religieufes.  Madame  de  Harlay  , 
fa  feeur  lui  fuccéda,  Se  fe  démit  enfuite  entre  les  mains 
du  roi ,  qui  donna  cetre  abbaye  à  madame  de  Crenant  , 
dont  le  père  Maitenne  en  fon  premier  voyage  littérai- 
re,  p.  63.  dit  que  par  humilité  &  par  respect  pour  fa 
devancière,  elle  ne  voulut  jamais  porter  la  crofle,  ni 
prendre  la  place  d'abbefle  tant  qu'elle  vécut.  Ce  reli- 
gieux Bénédictin  remarqua  auflî  qu'elles  ne  portoient 
point  de  croix  ni  l'une  ni  l'autre,  contre  la  coutume  des 
autres  abbefles. 

FOMMERET,  rivière  de  France  ,  dans  le  Coten- 
lin.  Cette  petite  rivière  a  fa  fource  à  l'extrémité  des 
Landes  des  Bouillons  ;  Se  après  avoir  paffé  par  Saint  Si- 
méon,  Se  par  Languetot,  à  l'occident  du  bois  de  Bri- 
quebec  ,  elle  va  fe  perdre  dans  la  rivière  d'Ouve.  * 
Corn.  Dict.  Mémoires  marntfc. 

POMMERFELDEN  ,  beau  château  de  plaifance , 
dans  I'évêchc  Se  à  huit  lieues  deBamberg,  ep  Allema- 
gne. 

POMM1ERSAIGR.ES,  ou  Grammont  ,  prieuré 
de  France,  dans  la  louraine,  près  de  Chinon.  11  fut 


fondé  par  Henri  II ,  roi  d'Angleterre.  Le  revenu  du 
prieur  eft  de  douze  cens  livres ,  Se  celui  des  religieux  , 
qui  ne  font  que  deux ,  eft  de  cinq  cens  livres. 

1.  POMONA.  On  trouve  ce  nom  dansSolin  ,  donc 
voici  le  paflage  :  Sed  Thyle  (  Thulc  )  larga  &  diudna 
Pomona  copioja  eft.  J'avoue  que  cet  endroit  de  Solin 
eft  fort  obscur.  H.  Boëthius  Se  Buchanan  veulent  oue 
par  1  omona  Solin  ait  voulu  parler  de  la  plus  grande 
des  i/les  Orcades  ;  Se  Cambden  ,  qui  eft  de  même  fen- 
timent,  dit  que  Solin  l'appelle  Diutina ,  à  caufe  que 
Ion  y  a  les  jours  très-longs.  Saumaife ,  Plinian.exer- 
cit.  p.  ijo.  n'y  a  point  cherché  tant  de  façon.  Comme 
il  ne  connoifloit  point  d'ifle  nommée  Pomona,  il  a 
expliqué  ce  mot  par  l'abondance  des  pommes,  à  laquelle 
on  donne  quelquefois  le  nom  de  la  déeffe  Pomone  ;  Se 
comme  l'épithete  dhuina  devenoit  pour  lors  embarras- 
fante  ,  il  l'a  paflee  fous  filence. 

2.  POMON A ,  ou  Mainland. C'eft  ainfi  qu'onnom- 
me  la  plus  grande  &  la  plus  confidérable  entre  les  ifles 
Orcades.  Elle  a  environ  neuf  lieues  de  long  du  levant  au 
couchant ,  fur  cinq  de  large  du  midi  au  nord.  Kirkvall, 
la  feule  ville  qui  foit  dans  toutes  ces  ifles  eft  fituée  dans 
celle-ci.  Voyez,  ce  mot. 

POMONAL,  lieu  d'Italie,  à  douze  milles  de  Ro- 
me ,  fur  la  voie  qui  conduit  de  Rome  à  Oftie ,  dans 
le  territoire  d'une  maifon  de  campagne  ,  appellée  So- 
lonium.  Tite-Live  ,  /.  8.  Se  Plutatque  ,  in  Mario,  met- 
tent Solonium  ,  entre  Rome  Se  Oftie.  *  Feftus ,  de 
verbor.  fignif.  1.  14. 

POMPADOUR,  château  de  France,  dans  le  Li- 
moufin  ,  à  neuf  lieues  au  midi  de  Limoges.  C'étoit  une 
ancienne  baronnie  que  le  roi  Louis  XV  a  érigée  en" 
marquifat  en  faveur  de  madame  d'Etiolés. 

POMPALONA.  Voyez.  Pompelon. 

POMPEIA-PALUS,  marais  d'Italie,  dans  la  Campa- 
nie,  au  voifmage  de  la  ville  Pompei,  qui  lui  donnoic 
fon  nom.  Columelle  ,  /.  io.  v.  13;.  dit  qu'il  y  aYoit  des 
falines  dans  le  voifinage  : 

Qua  dulcis  Pompeia Palus  vlcina  Salinis 
Herculeis. 
POMPEIA-TROPHjEA,  lieu  maritime,  dans  l'Es- 
pagne Tarragonnoife ,  entre  l'embouchure  dé  l'Iberus  8c 
l'extrémité  des  Pyrénées  ,  félon  Strabon ,  /.  3.  p.  156. 
Pline,  /.  3.C  3.  met  ce  lieu  dans  les  Pyrénées  mêmes* 
Mais  peut-être  y  avoit-il  deux  lieux  de  ce  nom,  l'un 
fur  le  bord  de  la  mer,  l'autre  dans  ies  Pyrénées.  Voyez. 
Pampelune. 

POMPEI AC  ,  ou  Poncy  ,  Pompeiacum ,  petite  ville 
de  l'Agenois. 

POMPEII ,  ou  Pompei  ,  ville  de  la  Mœfie.  L'itiné- 
raire d'Antonin  la  met  fur  la  route  du  mont  d'Or  à  Chal- 
cédoine  ,  entre  Horea  Margi  &  Naifum  ,  à  trente-trois 
milles  de  la  première ,  Se  à  vingt-quatre  milles  de  la 
féconde. 

POMPEIAr\L£,poitde  la  Gaule  Narbonnoife,  félon 
l'itinéraire  d'Antonin,  Itiner.  Maritim.  qui  le  place  entre 
Heraclia  Caccabaria  Alconis  Se  Telo  Martius ,  à  trente 
milles  du  premier ,  Se  à  quinze  milles  du  fécond. 

POMPEIANI,  peuples  d'Italie.  A ppien,  de  Bel.  Ci- 
vil. I.  1.  p.  374.  les  met  au  nombre  des  ennemis  du 
peuple  Romain.  Je  crois  qu'il  entend  parler  des  habi= 
tans  de  la  ville  de  Pompeium.  Voyez,  ce  mot. 

1.  POMPEII.  Voyez  Pompeium. 

2.  POMPEII  VILLA,  ferme  ou  maifon  de  campa- 
gne en  Italie  ,  fur  le  lac  Avertie.  Elle  appartenoit  ap- 
paremment au  Grand  Pompée  ;  &  elle  étoit ,  dit  Orte- 
lius ,  fur  le  témoignage  de  Ferd.  Lofredus  ,  dans  Je  lieu 
qu'on  nomme  aujourd'hui  Magnarello.  Ne  feroit-ce 
point  du  furnom  de  Pompée ,  que  ce  lieu  aurait  pris  le 
nom  de  Magnarello,  qui  pourroit  être  formé  de  Ma<* 
gnus  , grand? 

POMPEII,  ancienne  ville  d'Italie,  au  royaume  de 
Naples ,  dans  la  Campanie,  un  peu  plus  loin  de  la  mer 
que  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  Civita,  &  à  la  droite 
de  Sarnofiple,  félon  le  fentiment  d'Ambroife  Léon, 
dans  fon  livre  de  Agro  Nolano.  Encteufant  la  terre  pour 
planter  des  arbres ,  on  a  ttouvé  quelques  vertiges  de 
cette  ville  ,  laquelle  fut  enfevelie  fous  les  cendres  Se  les 
pierres  qui  fortirent  du  Vefuve  au  tems  de  l'empereuE 


P  O  M 


1032. 

Titus.  Pompeii  étoir  le  Navale  de  Nola,  de  Nocera  & 
d'Acerra ,  au  témoignage  de  Srrabon  :  le  tems  Se  les  cen- 
dres,  dont  je  viens  de  parler,  ont  tellement  changé  les 
chofes ,  qu'il  ne  relie  pas  la  moindre  apparence  que  de  ce 
côté  là  il  y  air  eu  une  rade  propre  à  charger  de  gros  bâ- 
timens.Stace  a  pris  occafion  de  cette  ville  de  donner  au 
ikuve  Sarno  le  nom  de  Pompeïanus. 

Nec  Pompeiani  placeant  magis  otia  Sarnu 

*  D.  Matlheo  Egitio,  lett.  à  Langlet  du  Fresnoy. 

POMPEIANUM ,  maifon  de  campagne  de  Cicéron, 
en  Italie ,  environ  à  douze  milles  de  Naples ,  près  de 
Nola.  Sallufte  en  parle  dans  fon  oraifon  contre  Cicéron  , 
&  Cicéron  lui-même  en  fait  mention  en  plus  d'un 
endroit  dans  fes  lettres  à  Atticus.  Quelques-uns  difent 
que  ce  lieu  fe  nomme  aujourd'hui  S.  Maria  Annunciata, 
Se  d'autres  le  nomment  Pomilianum.  Voyez.  Pomponia- 

MUM. 

1.  POMPEIOPOLIS,  ou  SoLi ,  ville  de  Cilicie  , 
entre  les  embouchures  du  Lamus  Se  du  Cydnus ,  félon 
Ptolomée,  /.  5.  c.  8.  Pomponius  Mêla,  l.i.c,  13. l'ap- 
pelle Soloe  ,  Se  dit  qu'elle  appartenoit  aux  Rhodiens. 
Tacite  ,  an.  I.  2.  c.  58.  &  Dion  Camus,  /.  36. p.  18. 
nous  apprennent  qu'elle  étoit  fituée  fur  la  côte  ;  Se  le 
dernier  ajoute  ,  qu'avant  d'avoir  le  nom  de  Pompeio- 
tolis  ,  on  la  nommoit  Sou.  Leshabitans  de  cette  ville 
font  appelles  Solenses  par  Diogene  Laerce,  in  So- 
lone. 

2.  POMPEIOPOLIS ,  ville  de  la  Galatie ,  dans  la 
Paphlagonie.  Ptolomée,  /.  5.  c.  4.  la  place  dans  les  ter- 
res ,  entre  Sacorfa  Se  Conica  ;  Se  Etienne  le  géographe 
dit ,  qu'ordinairement  on  écrivoit  Pompeiupolis  ;  mais 
que  quelques-uns  écrivoientPoMPEiopous  Se  Pompeio- 
foutes. 

3.  POMPEIOPOLIS,  ville  de  My fie  ,  félon  Orte- 
lius  ,  qui  cite  Cédrenc,  Se  l'hiftoire  Miscellanée  ,  où  il 
eft  dit  que  cette  ville  fouffrit  beaucoup  d'un  tremblement 
de  terre  atrivé  du  tems  de  l'empereur  Juftinien. 

POMPELON  ,  ville  de  l'Espagne  Tarragonnoife. 
Strabon,  /.  3.  p.  161.  Se  Ptolomée,  /.  2.  c.  6.  la 
donnent  auxVascones.  C'eft  aujourd'hui  la  ville  de  Pam- 
pelune,  capitale  du  royaume  de  Navarre,  llfemble  qu'on 
devoir  écrire  Pomp^lon  ,  au  lieu  de  Pompelon  ;  car 
d'anciennes  inferiptions  ,  félon  Andr.  Schotus,  ad 
Antonin.  îtiner.  portent  Pompelonenses.  Il  y  en  a  qui 
veulentque  cette  ville  ait  aufli  été  appellée  Martua. 

POMPIERRE,  ou  Pont  Pierre,  village  de  France, 
dans  la  Lorraine,  pays  de  Souloffe,  à  deux  lieues  de 
Neuchâteau.  Dom  Ruinarr ,  dans  fes  notes  fur  Grégoire 
de  Tours,  prétend  que  c'eft  ce  village  que  cer  hiftorien 
appelle  Pons  Petreus  ,  au  chapitre  dix-huit  du  livre  de 
fon  hiftoire  ,  où  il  dit  que  fe  fit  la  fameufe  entrevue  , 
dans  laquelle  le  roi  Gontran  adopta  Childebert,  fon 
neveu  ,  en  le  déclarant  fon  fuccefteur  Se  fon  héritier  au 
royaume  de  Bourgogne ,  au  cas  qu'il  mourût  fans  en- 
fans  mâles.  Mais  comme  il  y  a  plufieurs  autres  lieux  en 
France  dits  Pont  de  Pierre  ou  Pierre  Pont ,  cet  article 
mérite  révifion. 

POMPONE  ,  village  de  l'Ifle  de  France,  dans  l'éle- 
ction de  Paris.  Il  y  a  un  prieuré  de  mille  livres  de  reve- 
nu, &  qui  a  appartenu  aux  Jéfuites  d'Amiens. 

POMPONIANA.  Voyez,  Stoechades. 

POMPONIANUM,  lieu  d'Italie,  apparemment  dans 
le  territoire  de  Cumes,  puisque  Pline  le  jeune,  /.  6. 
Epift.  ad  Tacitiimfuum,  dit  qu'il  n'étoit  féparé  de  Sta- 
ble que  par  un  golfe.  Ortelius  foupçonne  que  ce  pour- 
roit-être  le  même  lieu  que  Pompeianum. 

POMPOSE  ,  abbaye  d'Italie,  dans  le  duché  de  Ferrare , 
à  trois  quarts  de  lieue  du  bras  méridional  du  Pô ,  appelle 
Volane  ,  à  deux  lieues  de  la  mer.  S.  Guyon  ,  natif  de 
Cafemar  ,  à  trois  lieues  de  Ravenne ,  en  fut  fait  abbé 
l'an  998  ,  Se  la  gouverna  pendant  quarante-huit  ans  x 
félon  Bailler ,  p.  385.  dans  fa  Topographie  des  Sainrs. 

POMPT1N  A-PALUS  ,  marais  d'Italie  ,  dans  le  La- 
tium ,  félon  Pline  ,  /.  5.  c.  5.  qui  dans  un  autre  endroit 
écrit  Pontida  par  contraction.  Ce  marais  tiroit  fon  nom 
de  la  ville  Pometia.  Voyez,  ce  mot. 

POMPTINUS  AGER.  Voyez,  Pometia. 


PON 


PONvE.  Dans  le  concile  de  la  première  Galatie  ,  tenu 
fous  l'empereur  Léon  ,  Euphanius  eft  qualifiéi'ow^  epis- 
copus.  *  Ortel.  Thef. 

PONAMUS,  fleuve  d'Afie,  aux  confins  des  peuples 
appelles  Panda ,  félon  Pline,  /.  6.  c.  23.  Au  lieu  du 
Ponamus  ,  le  P.  Hardouin  lit  Pomanus, 

PONANT,  en  Italien  Ponente  ,  terme  dont  on 
fe  fert  fur  les  côtes  de  la  Méditerranée  ,  pour  fignifier 
l'Occident.  Voyez  Vents. 

PONCE  ,  Ponza  ou  Pontia  (  l'ifle  de).  Tite-Livc 
Se  Pomponius  Mêla  écrivent  Pontia,  ifle  de  la  mer 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  d'Italie  ,  à  l'entrée  du  golfe 
de  Gae'te.  Elle  gît  à  environ  vingt  cinq  milles  au  fud-fud- 
oueft  du  mont  Cercelle.  Elle  a  autrefois  appartenu  aux 
ducs  de  Parme  ,  Se  eft  à  préfent  de  l'Etat  Eccléfiaftique. 
Elle  étoir  célèbre  du  tems  des  Romains  par  le  malheur 
de  plufieurs  perfonnes  illuftres  qu'on  y  avoit  envoyées 
en  exil.  Dans  les  premiers  fiécles  de  l'Eglife  ,  on  y  exila 
aufli  divers  martyrs  Se  confefleurs.  Anciennement  elle 
avoit  été  peuplée  par  les  Volsques ,  Se  avoit  le  titre  de 
colonie  Romaine  ;  mais  par  la  fuit£ ,  elle  demeura  dé- 
ferre. Jérôme  Zurita ,  Annal,  Aragon,  dit  que  les  Gé- 
nois battirent  le  ;  Août  1435  ,  Alphc  nfe  V  ,  roi  d'Arra- 
gon,  Se  le  firent  prifonnier  avec  fon  frère  Jean,  roi 
de  Navarre.  En  1583  ,  on  bâtit  quelques  maifons  dans 
cette  ifle  dont  le  terrein  eft  aflez  bon  &  l'air  aflez  fain. 
Elle  a  environ  douze  à  quinze  milles  de  tour.  Elle  efl 
très-haute  principalement  a  la  pointe  du  fud-oueft  ,  Se 
paroît  de  bien  loin.  On  la  reconnoît  facilement  par  le 
mont  Cercelle  Se  par  les  autres  ifles  voifines.  Elle  eft 
au  milieu  de  deux  autres  ifles ,  dont  celle  de  l'oueft 
s'appelle  Palmaria  ,  Se  celle  de  l'eft  Senone.  L'ifle  de 
Ponce  reflemble  de  loin  à  plufieurs  iflots ,  principalement 
lorsqu'on  vient  du  côté  de  l'oueft.  Il  y  a  une  groflé  tour 
où  les  habitans  fe  retirent  quand  ils  apperçoivent  àcs 
corfaires  de  Barbarie  ,  qui  rodent  fouvent  fur  ces  côtes, 
*  Michelot,  Portulan  de  la  Médit,  p.  m. 

La  rade  de  Ponce  eft  du  côté  du  fud-eft  de  l'ifle; 
On  y  peut  mouiller ,  principalemenr  avec  des  galères 
Se  autres  moyens  bâtimens.  C'eft  une  aflez  grande  ance , 
où  fur  la  pointe  du  fud-eft  il  y  a  un  petit  forr  carré  , 
armé  de  quelques  pièces  de  canon.  Au  bout  de  cette 
pointe  il  y  a  un  gros  écueil ,  entre  lequel  on  pourroic 
pafler  dans  un  befoin,  y  ayant  quinze  à  feize  brades  : 
tout  proche  ,  fur  la  droite  en  entrant ,  il  y  a  un  autre 
gros  écueil  plus  haut ,  Se  environné  de  plufieurs  autres 
petits.  Mais  presque  entre  ces  deux  rochers ,  Se  au  mi- 
lieu du  paflage ,  il  y  a  fous  l'eau  une  roche  très  dange- 
reufe,  Se  dont  les  marques ,  lorsqu'on  eft  deflus  le  plus 
haut ,  font  de  voir  le  premier  écueil  de  l'ifle  de  Gabia, 
par  le  bout  de  l'oueft  de  l'ifle  de  Senone  ,  qui  eft  la 
première  marque  ;  Se  pour  l'autre ,  il  faut  voir  l'extré- 
mité du  côté  du  nord-eft  de  ce  gros  écueil,  le  plus 
voifin  de  la  pointe  où  eft  le  forr ,  par  l'écueil  du  large, 
nommé  la  Bourre  de  Ponce  ,  qui  en  eft  environ  à  neuf 
milles.  Pour  aller  mouiller  dans  la  rade  de  Ponce , 
lorsqu'on  vient  du  côté  de  l'oueft ,  après  avoir  paffé 
proche  de  l'ifle  de  Gabia,  il  faut  aller  chercher  dire- 
ctement le  gros  écueil  >  qui  eft  à  la  pointe  du  fort,& 
le  ranger  à  discrétion  ,  pour  éviter  la  Sèche  de  Ponce  : 
après  qu'on  l'a  doublée ,  on  conduit  encore  une  autre 
route.  On  mouille  le  fer  de  la  droite  par  douze  brades 
d'eau,  Se  l'on  porte  une  amarre  à  terre  au-deflbus  du 
fort  -y  de  cette  manière  on  demeure  affourché ,  Se  les 
aurres  galères  mouillent  aux  environs ,  Tellement  qu'on 
refte  par  fix  à  fept  brades  d'eau  ,  fond  d'herbe  vafeux. 
Au-delà  du  fort,  il  y  a  un  grand  enfoncement;  mais 
on  y  trouve  fort  peu  d'eau ,  Se  il  ne  convient  guère 
de  pafler  plus  avant  que  la  pointe  où  eft  le  fort.  Dans 
cet  enfoncement  du  côté  du  nord-oueft  .,  il  y  a  une 
espèce  de  inifleau  où  l'on  peur  faire  de  l'eau  ;  mais 
pendant  l'été  il  tarit  aflez  fouvent.  Aux  environs  de 
ce  fort  Se  en  divers  autres  endroits ,  il  y  a  plufieurs 
concavités  Se  logemens  fouterreins  que  quelques  empe- 
reurs Romains  y  avoient  fait  tailler  dans  le  roc.  On  y 
voit  des  bains  curieux  ,  foit  par  leur  fituation ,  foit  par- 
la patience  avec  laquelle  ils  ont  été  faits.  Aux  envi- 
rons du  rivage  de  cette  ifle  flotte  une  grande  quantité 
de  pierres  ponces  ,  ce  qui  pourroit  faire  croire  qu'elle 
tire  fon  nom  delà.  Au-dehors  de  ce  gros  écueil ,  qui  eft 


PON 


PON 


à  la  pointe  du  fort ,  en  tirant  vers  le  fud,  il  y  en  a  un 
autre  plus  gros  presque  joignant  l'ifle.  Voyez.  Pon- 
tia. 

PONDADO.  Voyez.  Podando. 

PONDAINS,  ville  de  France  ,  dans  la  Breffe  ,  avec 
titre  de  marquifat.  Cette  ville  eft  fituée  fur  la  rivière 
d'Ain  ,  d'où  elle  prend  fon  nom.  C'eft  un  gouvernement 
particulier  ,  dans  la  lieutenance  générale  de  Breffe.  Elle 
députe  aux  affemblées  de  Breffe  ;  il  y  a  un  fort  beau 
château  fur  une  éminence.  Route  de  la  meffagerie  de 
Beley  à  Bourg  Se  à  Mâcon  pour  Dijon. 

PONDEREYLE.  Voyez.  Pont  de  Vesle. 

PONDICHERY,  ou  Pontichery  ,  ville  des  Indes 
orientales  ,  fur  la  côte  de  Coromandel ,  au  royaume  de 
Gingi ,  à  la  bande  de  l'eft  de  la  presqu'ifledes  Indes ,  en- 
deçà  du  Gange.  C'eft  le  plus  bel  établiffement  que  les 
François  ayentaux  Indes.  La  ville  étoitentourée  d'un  (os- 
fé,  d'une  muraille  flanquée  de  quatorze  ba  liions.  La  ville 
eft  grande  ,  Se  les  rues  font  tirées  au  cordeau.  Les  mai- 
fons  des  Européens  font  bâties  de  brique  ,  ainfi  que  la 
plupart  de  celles  des  habitans.  Toutes  les  rues  font 
plantées  d'arbres ,  ainfi  que  dans  toutes  les  villes  d'Aile. 
Les  pères  Capucins  y  ont  un  couvent;  &  Mrs  des 
Millions  étrangères ,  y  ont  aufli  une  maifon  Se  une 
églife.  En  1693  ,  les  Hollandois  fe  rendirent  maîtres  de 
Pondichery  ,  qui  étoit  alors  très-peu  de  chofe  ;  mais  ils 
reftituerent  cette  place  aux  François  environ  cinq  ans 
après.  Les  Anglois  prirent  Pondichery  dans  les  guerres 
de  1756,  &  la  rendirent  à  la  France  ,  après  en  avoir 
ruiné  les  fortifications  &  démoli  les  maifons  des  Eu- 
ropéens ,  ainfi  que  la  plupart  de  celles  des  Indiens.  La 
mémoire  de  M.  Dupleix,  ancien  gouverneur  de  Pon- 
dichery ,  eft  toujours  fort  respectée  dans  l'Inde.  *  Lettres 
Edif.  t.  15.  p.  19. 

Après  plufieurs  obfcrvations  des  éclipfes  du  premier 
fatellite  de  Jupiter ,  on  a  trouvé  que  la  différence  du 
rems  entre  le  méridien  de  Paris  Se  celui  de  Pondichery 
étoit  de  cinq  heures  onze  ou  douze  minutes  qui  valent 
environ  78  degrés;  Se  par  conféquent  comme  dans  les 
hypothéfes  de  l'Obfervatoire  de  Paris,  la  longitude  de 
Paris  eft  de  21  deg.  30  min.  il  faut  conclure  que  la 
véritable  longitude  de  Pondichery  eft  de  100  deg.  30 
min.  Par-là,  on  peut  voir  l'erreur  énorme  qui  s'efl  gliffée 
dans  les  cartes  de  géographie  qui  ont  eu  le  plus  de  cours 
en  Europe  ,  comme  font  celles  de  Sanfon  Se  Duval ,  où 
l'on  éloignort  cette  côte  de  plus  de  quatre  cens  lieues 
qu'elle  n'eft  éloignée  effectivement. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  latitude  de  Pondichery  ,  on  a 
trouvé  qu'elle  étoit  nn  peu  plus  confidérable  que  cellç 
qu'on  avoit  arrêtée  dans  les  premières  obfervations , 
où  l'on  n'avoit  remarqué  par  la  diftance  du  zénith  à 
l'équateur  que  1 1  deg.  $6  min.  28  fécondes.  Peut- 
ctre  y  a-t-il  de  l'erreur  dans  les  chiffres. 

PONDIGO ,  Pondico,  ouFontico,  ifle  de  l'Ar- 
chipel ,  à  la  pointe  feptentrionale  de  l'ifle  de  Négre- 
pont.  C'eft  celle  que  les  anciens  appelloient  Cicyne- 
thus.  Elle  eft  petite  Se  déferte.  *  Atlas ,  Robert  de 
Vaugondy. 

PONBROPOLIS.  Voyez.  Phtuppopous. 

PONESE  (la),  bourg  de  France,  dans  l'Anjou, 
élection  d'Angers. 

PONEVATA.  Voyez.  Navata. 

PONFERRADA,  ville  d'Espagne,  dans  la  partie 
feptentrionale  du  royaume  de  Léon  ,  à  quatorze  lieues 
au  nord-oueft  d'Aftorga,  dans  une  vallée  au  milieu  de 
hautes  montagnes.  Cette  ville ,  qui  eft  paffablement 
grande  ,  eft  l' Interamnium  Flavium  des  anciens.  *  Dé- 
lices d' Espagne  y  p.  146. 

PONGARDIVA  ,  ou  Pangardiva,  ifle  des  Indes, 
fur  la  côte  feptentrionale  de  l'ifle  de  Ceylan ,  à  la  pointe 
du  royaume  de  Jafanapatan.  Cette  ifle  ,  qui  n'eft  pas 
d'une  grande  étendue  ,  a  environ  neuf  cens  habitans,  Se 
l'on  tient  que  les  hommes  font  d'une  taille  presque  gi- 
gantesque. La  chaffe  Se  la  pêche  font  très-bonnes  dans 
cette  ifle.  Il  y  a  beaucoup  de  cerfs  ,  de  biches ,  de  bufles 
Se  de  paons ,  Se  fur  la  côte  beaucoup  de  poiflbns.  *  Jean 
Ribeyr 0 ,  Hift.  de  l'ifle  de  Ceylan,  1.  1.  c.  zs. 

1.  PON  GO.  Voyez.  Gabon. 

2.  PONGO.  C'eft  le  nom  qu'on  donne  à  un  paffage 
étroit  qui    fe  trouve   fur  la  rivière   des  Amazones , 


103  9 

entre  San-Jsgo  Se  Borja ,  précifément  à  l'endroit  où 
cette  rivière  ,  après  un  cours  de  plus  de  deux  cens  lieues 
au  nord,  tourne  à  l'eft  en  fe  creufant  un  lit  entre  deux 
montagnes  parallèles  de  rochers  coupes  presqueà  plomb; 
Ce  mot  Pongo,  anciennement  Puncu ,  fignifie  porte 
dans  la  langue  du  Pérou.  Il  y  a  plus  d'un  fiéele  que 
quelques  Espagnols  de  San-Jago  découvrirent  ce  pas- 
fage ,  Se  fe  hafaidcrent  de  le  franchir.  Deux  miflîon- 
naires  Jéfuites  de  la  province  de  Quito  les  fuivirentde 
près,  &  fondèrent  en  15-39,  la  miffion  de  Maynas, 
qui  s'étend  fort  loin  le  long  du  fleuve. 

PONGONE,  félon  Corneille,  W.  Se  Robert  de 
Vaugondy ,  Atlas  t  rivière  de  l'Afrique  ,  dans  la  Haute- 
Guinée.  Elle  a  fource  dans  le  royaume  de  Melli ,  où  elle 
fort  d'un  grand  lac.  Elle  court  du  nord  au  midi  en  fer- 
pentant ,  Se  elle  fe  jette  dans  la  mer,  entre  le  cap  Vciga 
Se  le  cap  Tagrin. 

PONLOUI ,  lac  de  la  Tartarie,  que  quelques-uns 
appellent  le  lac  de  Lop.  Il  a  quatre  cens  lieues  de  cir- 
cuit. C'eft  dans  ce  lac  que  viennent  fe  jetter  les  fleuves 
qui  ont  leurs  fources  dans  la  montagne  de  Tçung  Ling  , 
près  d'Yu-Tien  ou  Khoten.  A  trois  cens  lieues  de  ce  lac 
eft  un  détroit  entre  les  montagnes  que  l'on  appelloit 
anciennement  Youmen-Kuan.  On  prétend  qu'il  eft  éloi- 
gné de  huit  cens  Jieues  de  Hami.  Tous  les  environs 
font  d'affreux  déferts  appelles  Chamo  ou  Gobi.  *  Hiji. 
générale  des  Huns  ,  t.   11. 

1.  PONS,  ou  Pontes.  Voyez, dans  la  lifte  des  Ponts, 
l'article  Pont  de  Trajan. 

2.  PONS  ,  nom  d'un  lieu  de  la  Scythic,  félon  Jor- 
nandès,  in  Geticis ,  cité  parOrtelius. 

3.  PONS,  Pontes,  petite  ville  de  France,  dans  la 
Saintonge,  à  quatre  lieues  de  Saintes.  Elle  eft  fur  une 
colline  au  pied  de  laquelle  paffe  la  rivière  de  Seigne  ou 
Segne  ,  fur  laquelle  elle  a  plufieurs  ponts,  d'où  lui  vient 
fon  nom.  La  ville  de  Pons  ,  quoique  petite,  eft  affez 
célèbre.  Elle  étoit  environnée  de  foires  murailles,  Se 
commandée  par  un  bon  château ,  le  tout  fortifié  à 
l'antique.  Les  Huguenots  qui  s'en  étoient  rendus  maî- 
tres, Se  qui  la  tenoient  comme  une  place  de  fureté  , 
y  avoient  ajouté  des  fortifications  à  la  moderne  >  en 
forte  qu'elle  pouvoit  paffer  pour  une  place  forte.  Mais 
ils  la  rendirent  après  la  réduction  de  Saint  Jean  d'An- 
gely  en  162 1 ,  à  Louis  XIII,  qui  la  fit  démanteler.  Elle 
fe  divife  en  haute  ville  ,  qu'on  appelle  Saint  Vivien  ,  Se 
en  baffe  que  l'on  nomme  les  Aires ,  ou  Saint  Martin, 
Il  y  a  trois  églifes  paroiflîales  ,  trois  couvens,  rrois  hô- 
pitaux Se  une  commenderie  de  Malthe.  *  Longuerue , 
Defc.  de  la  Fiance  ,  part.  1.  p.  161. 

Pons  a  eu  fes  feigneurs  qu'on  appelloit  Sires.  C'eft 
cette  ville  qui  a  donné  fon  nom  à  la  plus  noble  famille 
de  la  Saintonge  :  leurs  prédéceffeurs  y  étoient  fort 
puiffans  Se  fort  riches.  La  terre  de  Pons  eft  fort  étendue  t 
puisque  cinquante-deux  paroiffes  ,  Se  plus  de  deux  cens 
cinquante  fiefs  nobles  en  relèvent  Elle  a  toujours  été 
tenue  par  des  feigneurs  de  la  même  maifon  ,  de  mâles 
en  mâles,  jusqu'à  la  fin  du  feiziéme  fiéele.  Il  y  a  feu- 
lement eu  quelques  années  durant  lesquelles  ils  en  ont 
été  dépoffedés  par  lautorité  royale.  Jacques ,  fire  de 
Pons,  ayant  été  condamné  comme  criminel  de  lefe- 
majefté  ;  Se  fes  biens  ayant  été  confisqués  au  profit  du 
roi,  par  un  arrêt  du  parlemenr  de  Paris,  de  l'an  1461, 
fon  fils  Guy ,  qui  époufa  Ifabelle  de  Foix  ,  fille  de 
Gallon ,  comte  de  Foix ,  Se  d'Eléonor  d'Arragon  , 
obtint  une  révocation  de  ce  qui  avoit  été  fait  contre 
fon  père ,  Se  une  abolition  de  fes  crimes  prétendus  ? 
Se  il  fut  remis  en  poflèffion  de  fes  biens ,  Se  particuliè- 
rement de  la  firie  de  Pons  ,  dont  il  fit  hommage  au  roi. 
C'eft  ce  que  fes  fucceffeurs  prouvèrent  l'an  1^33, 
contre  le  procureur  du  roi  en  Saintonge ,  qui  vouloir 
réunir  Pons  au  domaine.  Antoine ,  dernier  mâle  de  la 
maifon  de  Pons  laiffa  pour  héritière  Antoinette ,  ma- 
riée à  Henri  d'Albret ,  baron  de  Mioffens ,  père  d'Henri 
d'Albret,  comte  de  Mioffens  &  fire  de  Pons,  qui  eue 
plulieurs  enfans  ,  dont  il  ne  relie  aujourd'hui  aucune 
pollérité  masculine.  L'ainé,  Céfar-Fhcbus  d'Albret, 
maréchal  de  France  ,  laiffa  une  fille  ,  qui  époufant  lg 
comte  de  Marfan ,  de  la  maifon  de  Lorraine  ,  lui 
donna  en  p;oprc  tous  fes  biens,  Se  mourut  fans  enfans. 
Le  comte  de  Marfan  devenu  propriétaire  des  biens  de 
Tom,  IV.  P  p  p  p  p  p 


PON 


I0*4     .    .     r  A!    â 

la  maifon  dVilbret ,  a  epoufe  une  féconde  femme  de 
la  maifon  de  Matignon ,  de  laquelle  il  a  eu  deux  en- 
fans  ,  dont  l'aîné  porte  aujourd'hui  le  titre  de  prince 
de  lcns. 

Guillaume  de  Nangisfait  mention  de  la  ville  de  Pons-, 
dans  la  chronique,  &  rapporte  que  le  feigneurde  Pons, 
nommé  Renaud,  alla  trouver  fainr  Louis  en  1242  ,  êc 
fit  en  fa  préfence  hommage  à  Alphonfe  ,  comte  de  Poi- 
tiers, frère  du  roi.  Voici  la  manière  dont  les  fires  de 
Pons  rendoient  hommage.  Le  fue  de  Pons ,  armé  de 
toutes  pièces  ,  ayant  la  vifiere  baiffée ,  fe  préfentoit  au 
roi  ôc  lui  difoit  :Sire ,  je  viens  à  vous  four  vous  faire 
hommage  de  ma  terre  de  Tons ,  &  vous  fupphe  de  me 
maintenir  en  la  jouijfance  de  mes  privilèges .  Le  roi  le 
recevoit ,  &  lui  devoit  donner  par  gratification  l'épée 
qu'il  avoit  à  fon  côté. 

L'on  prétend  qu'il  fe  tint  un  concile  à  Pons  en  1 293  , 
ù  Géofroi  d'Archiac,  évêque  diocéfain,  préfida, &  que 


PON 


ou 


le  clergé  y  accorda  des  décimes  extraordinaires  à  Phi- 
lippe le  Bel. 

Quelques-uns  qui  ont  voulu  rechercher  l'ancienneté 
de  cette  ville,  ont  conjecturé  qu'^£lius  Pontius ,  neveu 
de  Pompée  le  Grand ,  en  avoit  jette  les  fondemens  ,  ôc 
qu'il  lui  avoit  donné  fon  nom.  Ils  s'appuient  fur  quel- 
ques médailles  trouvées  en  fouillant  les  fondemens  d'un 
pilier  ,  qui  foutenoit  le  château  du  côté  de  la  place  des 
Juifs  ,  ôc  fur  l'une  desquelles  on  lifoit  cette  infeription  : 
/Elius  Pontius  NeposPom.  Mag.  Tumul.  Ils  ajou- 
tent d'autres  témoignages  tirés  des  vieilles  chartes  du 
tréfor  de  cette  vilie,  ôc  prétendent  prouver  que  les 
feigneurs  de  Pons  font  descendus  de  ce  Pontius  Ro- 
main. Voici  un  de  ces  témoignages:  Armandus  Vlnerius 
Tondus  &  Anabald.i  uxor  Dii  volent.  Un  autre  porte  : 
Alhinus  Cojfeius  Ton  tins  Filius  Anab.  UlneriD.  A,  Tont. 
&  Helbeida  uxor  hkjacent.  *  André  du  Chêne,  Antiq. 
des  villes  de  France,  p.  771. 

PONS-^LII,  ville  de  la  Grande  Bretagne,  félon  la 
notice  des  dignités  de  l'Empire,  fett.6$. 

PONS-^ERARIUS.  C'eft  le  nom  que  les  Romains 
avoient  donné  à  un  pont  qu'ils  firent  bâtir  fur  le  Rhône. 
Ils  lui  donnèrent  ce  nom  ,  parce  qu'il  futconltruit  aux 
frais  du  tréfor  public.  On  en  voit  encore  une  pile  au- 
jourd'hui du  côté  de  Beaucaire  ;  le  Rhône  a  détruic  le 
relie  ,  ainfi  que  le  conjecture  avec  toute  forte  de  vérité 
l'hiftorien  de  la  ville  de  Nîmes  -,  car  on  ne  doit  point 
croire  qu'il  l'ait  été  par  la  vieilleffe  ,  puisqu'on  voit  dans 
ce  pays  des  ouvrages  de  la  plus  reculée  antiquité  qui 
n'ont  point  foufTert  des  injures  du  tems- 

PONS-AUFIDI.  Voyez.  Pentaufidus. 

PONS  CAND1DUS  ,  pont  d'Italie  ,  félon  Ortelius , 
Tbef.  qui  cite  la  chronique  de  Cafliodore.  Ce  pont  , 
ajoute-t-il,  étoit  au  voifinage  de  Ravenne,  &  c'eft  le 
lieu  où  Théodoric  défit  Odoacre. 

PONS  FER  RI,  pont  de  Syrie.  Guillaume  de  Tyr  dit 
qu'il  étoit  fur  lOronte,  à  fept  milles  d'Antiochus.  lien 
eft  aufiî  fait  mention  dans  Marcel  Comès. 

PONS  LONGUS,  pont  d'Italie.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  le  met  fur  la  voie  Flaminienne,  entre  Corneli  ôc 
Sipuntir/n  ,  à  trente  milles  du  premier  de  ces  lieux  &  à 
énaledinsnce  du  fécond. 

^  IONS  LUCANUS  ,   pont  d'Italie,   au-delTous  de 
Tibur.  Ortelius,  qui  en  parle  ,  cite  Guillaume  de  Tyr  , 
/.  i8  c.  2. 
PONSMANSUETIANUS,lieudelaPannonie.%^ 

MANSUETtANUsPoNS. 

PONS  MILV1US,  Molvius  ou  Mulvius  >  pont 
d'Italie ,  fur  le  Tibre  ,  près  de  Rome.  Ce  pont  eft  célè- 
bre dans  1  hiftoire ,  fur  tout  par  la  victoire  que  le  grand 
Conrtantin  y  remporta  fur  le  tyran  Maxence.  Aujour- 
d'hui  ce  pont  n'a  rien  de  beau  :  il  eft  vieux  ,  fort  fimple , 
allez  mal  bâti ,  ôc  n'eft  remarquable  que  par  quelques 
inscriptions  que  l'on  y  voit  fur  des  tables  de  marbre, 
&  par  une  petite  douane  où  les  calèches  qui  paltent  font 
obligées  de  payer.  Le  pont  ancien  a  été  détruit.  C'eft 
fur  fes  fondemens  qu'on  a  bâti  celui  d'aujourd'hui ,  à 
qui  on  a  donné  le  nom  de  Ponte  Mole.  De  ce  pont 
à  Rome  il  y  a  deux  milles  ou  deux  tiers  de  lieue.  Tout 
ce  chemin  peut  être  regardé  comme  le  fauxbourg  de 
Rome,  parce  qu'on  y   voit  des  deux    côtés    presque 


continuellement  des  maifons  de  plaifance  qu'on  appelle 
Vignes,  ôc  entre  autres  celle  du  pape  Jules  III.*  La- 
bat ,  Voy.  d'Italie,  c.  3.  p.  43. 

PONS  NEVLE,  I  ons  Nevius  ou  Nobius  ,  lieu 
d'Espagne.  L'itinéraire  d'Antonin  le  met  fur  la  route  de 
Bracara  à  Afturica  ,  entre  Timalinum  ôc  Uttaris ,  à  douze 
milles  de  la  première  de  ces  places  ,  ôc  à  vingt  milles 
de  la  féconde.  On  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Puente  de 
Neboa. 

PONS  SARVIX  ,  ou  Pons  Saravi  ,  ville  de  la 
Gaule  Belgique,  fur  la  Sare.  L'itinéraire  d'Antonin  la 
met  fur  la  route  deLugdunum ,  capitale  des  Germanies , 
à  Stralbourg  ,  entre  Divodurum  ôc  Strasbourg  ,  à  vingt- 
quatre  milles  de  la  première,  &  à  vingt-deux  milles  de 
la  féconde.  Cette  pofuion  fait  juger  que  ce  doit  être 
aujourd'hui  la  ville  de  Sarbrug. 

PONS  SCALDIS.  Voyez.  ScAldis. 

PONS  SEPTLM1US.  K<?j<*.Ponsorme. 

PONS  SOCIORUM, ville  de  laPannonie,  felonl'iti- 
néraire  d'Antonin  qui  la  met  fur  la  route  de  Sopiana  à 
Aeincum ,  entre  Sopians.  Ôc  Vallïs  Cariniana ,  à  vingt- 
cinq  milles  de  la  première  ,  &  à  trente  de  la  féconde. 
Lazius  dit  qu'on  la  nomme  aujourd'hui  Babolez.a. 

IONS  TILURI ,  lieu  de  la  Dalmatie.  L'itinéraire 
d'Antonin ,  le  met  fur  la  route  de  Salonœ  à  Dyrrha- 
chium ,  entre  Salonœ  ôc  Tronum  ,  à  feize  milles  de  la 
première  de  ces  places ,  &  à  douze  milles  de  la  fé- 
conde. 

PONS  TRAJANI.  Voyez,  dans  la  lifte  des  Ponts  , 
l'article  le  Pont  de  Trajan. 

PONSORME ,  Tom  Sepùmius  ,  ou  Septimus ,  an- 
cien pont  du  Languedoc ,  au  voifinage  de  Narbonne. 
Ce  pont,  qui  eft  fort  long,  eft  bâti  dans  un  marais, 
fur  le  chemin  qui  conduit  à  Beziers.  Je  tire  cet  article  de 
Baudrand,  édit.  1681,  qui  cite  Cartel.  Corneille  écrit 
mal-à-propos  Ponforme  pour  Ponsorme. 

PONT ,  Tons,  en  italien  Tonte ,  en  espagnol ,  Titente, 
en  allemand ,  Bruck  ou  Tritck .  &  en  anglois  Bridge. 
C'eft  un  bâtiment  de  pierre  ou  de  bois ,  élevé  au-deilus 
d'une  rivière,  d'un  ruifleau  ,  ou  d'un  forte,  pour  la 
facilité  du  partage.  Il  y  en  a  aufll  qui  font  faits  de  plu- 
fieurs  bateaux  attachés  enfemble  ,  ôc  couverts  de  plan- 
ches ,  pour  communiquer  d'une  rivière  à  l'autre.  Les 
ponts  font  marqués  dans  les  cartes  géographiques  par 
deux  petites  lignes  droites  ôc  parallèles  entre  elles  ,  au 
travers  des  rivières.  La  commodité  des  ponts  pour  le 
commerce,  ôc  leur  importance  pour  la  communication 
d'un  pays  à  l'autre ,  les  a  quelquefois  fait  forrifier  de 
châteaux  ou  de  tours  j  &  les  peuples  étant  venus  peu  à 
peu  s'établir  auprès  de  ces  ponts  ,  il  s'y  eft  enfin  formé 
de  grandes  villes.  Il  y  a  néanmoins  des  villes  plus  an- 
ciennes que  leurs  ponts.  On  reconnoît  la  plupart  de 
celles  auxquelles  les  ponts  ont  donné  naifiance  par  les 
mots  de  Pont  ,  Ponte  ,  Puente  ,  Bruck  ou  Bridge  , 
joints  à  leurs  noms ,  avec  le  nom  de  la  rivière  fur  le 
bord  de  laquelle  elles  font  bâties.  De  tout  tems  on  a 
vu  auïïî  des  ponts ,  qui  n'avoient  point  de  villes  voi- 
fines ,  ôc  qui  fervoient  feulement  pour  l'ufage  des 
voyageurs ,  ou  pour  le  partage  des  armées. 

2.  PONT ,  fortereffe  de  la  Pannonie  Inférieure,  ou 
plutôt  de  la  Mœfie,  près  de  la  ville  de  Zane.  Le  fleuve 
fe  coupe  en  cet  endroit  pour  entourer  une  partie  de 
fon  rivage ,  après  quoi  il  fe  remet  dans  fon  cours  or- 
dinaire. Ce  n'eft  pas  de  lui-même  qu'il  fait  ce  détour, 
il  y  eft  forcé  par  l'artifice  des  hommes.  Voyez,  dans  cette 
lifte  des  Ponts,  l'article  Pont  de  Trajan  :  on  y  voit 
pourquoi  ce  fort  a  été  appelle  Pont  ,  ôc  pourquoi  le 
cours  du  Danube  a  été  détourné  en  cet  endroit-là.  * 
Trocop.   1.  4.  /Edif.  c.  6. 

3.  PONT.  Voyez.Vomvs. 

4.  PONT ,  ou  Alpont  ,  paroifie  du  pays  des  Gri- 
fons ,  dans  la  ligue  de  la  Maifon  de  Dieu.  Elle  dépend 
de  la  haute  Engadine,  ôc  Campogafe.  Campus  Vafius 
dépend  de  cette  paroifle.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suijfe , 
t.  4.  p.  61. 

$.  PONT.  Les  François  donnent  ce  nom  à  une  ville 
de  rifle  de  la  Barbade,  que  l'on  nomme  aurti  Saint 
Michel,  cv'  que  les  Anglois  ont  appellée  Bridge  Town 
ôc  Indian  Bridge.  Elle  eft  fituée  dans  le  fond  de  Car- 


PON 


PON 


lifte  ,  dans  la  partie  méridionale  de  l'iflc ,  près  de  la 
baie  de  Carlifte  ,  qui  elt  large,  profonde,  alfuréepour 
les  vaiffeaux ,  8c  allez  grande  pour  en  contenir  cinq  cens 
à  la  fois.  La  ville  ,  dit  le  père  Labat ,  dans  fon  voyage 
de  l'Amérique  ,  eft  belle  8c  allez  grande  :  fes  rues  font 
droites,  larges,  propres  &  bien  percées.  *  Ame  ruine 
Angloifc ,  p.  50. 

Lesmaifons  font  bien  bâties,dans  le  goût  de  celles  d'An- 
gleterre ,  avec  beaucoup  de  fenêtres  vitrées  :  elles  font 
meublées  magnifiquement-,  en  un  mot,  tout  y  a  un  air  de 
propreté  ,  de  politefie  8c  d'opulence,  qu'on  ne  trouve 
point  dans  les  autre  ides  ,  8c  qu'il  feroit  difficile  de  ren- 
contrer ailleurs.  La  maifon  de  ville  eft  très-belle  &  très- 
bien  ornée. Les  boutiques,  &  les  magafins des  marchands 
font  remplis  de  tout  ce  qu'on  peut  fouhaiter  de  toutes  les 
parties  du  monde.  On  voit  quantité  d'orfèvres ,  de  jouail- 
ïiers ,  d'horlogers ,  8c  autres  ouvriers ,  qui  paroiflent-fort 
à  leur  aife  ;  aufli  s'y  faiq-il  un  commerce  des  plus  confi- 
dérables  de  l'Amérique.  On  prétend  que  l'air  de  la  ville 
n'eft  pas  bon ,  8c  que  le  marais  qui  en  eft  proche  ,  rend 
le  lieu  mal  fain  ■■,  mais  la  beauté  du  teint  des  habitans,  fur- 
tout  des  femmes,  annonce  le  contraire.  Tout  y  fourmille 
d'enfaiis  :  car  tout  le  monde  eft  marié ,  8c  les  femmes  font 
fort  fécondes.  11  eft  vrai  que  le  mal  de  Siam  enlevé  bien 
des  gens;  mais  cela  leur  eft  commun  avec  les  François  , 
Hollandois  ,  Portugais ,  &  autres  Européens  qui  ha- 
bitent l'Amérique.  Cette  ville  eft  la  réfidence  du  gouver- 
neur ,  ou  de  fes  députés,  le  fiége  de  la  julticeck  du  bàflrn 
du  commerce  ,  8c  il  y  a  un  grand  nombre  de  marchands 
ëc  de  fadteurs  qui  y  ont  ou  des  magafinsoudes  boutiques 
remplis  de  marchandises  cPEurope  pour  échanger  contre 
celles  que  l'iflc  produit.  Du  relie  cette  ville  elt  fort  mal 
firuée,  étant  plus  baffe  que  les  bancs  de  la  mer  ;  ce  qui 
fait  que  les  marées  du  printems  forment  autour  une  es- 
pèce de  marais  on  de  fondrière ,  qui ,  quoi  qu'en  dife  le 
père  Labat ,  rend  cette  partie  de  l'ifle  plus  mal  faine  que 
le  refte.  On  a  bâti  deux  forts  oppofésl'un  à  l'autre  pour  la 
défenfe  8c  pour  la  fureté  des  vaiffeaux,  8c  au  milieu  règne 
une  plate-forme  qui  commande  auiîi  fur  la  rade.  Tout 
cela  eft  garni  de  gros  canons. 

1.  PONT- L'ABBE'  ,  bourg  de  France  dans  la  Nor- 
mandie ,  élection  de  Valognes  ,  dans  la  paroifle  de  Picau- 
ville ,  fur  la  rivière  d'Ouve.  On  y  pafle  en  bateau  depuis 
la  ruine  du  pont,  qui  y  étoit  autrefois.  Ce  bourg  à  droit 
de  marché. 

2.  PONT- L'ABBÉ ,  bourg  de  France  dans  la  Saintonge, 
élection  de  Sainres. 

PONT  D'ADAM  ou  Adams-Brugiï,  pont  de  la  mer 
des  Indes  entre  les  côtes  de  la  Pêcherie  ,  8c  de  Coromau- 
del,  d'r!n  quart  de  lieue  de  long  ,  8c  qui  joint  à  la  terre 
ferme  l'ifle  où  eft  Ramanancor,  entre  le  royaume  deMa- 
duré  au  couchant ,  8c  l'ifle  de  Ceylan  à  l'orient ,  long.  99. 
20.  lat.  9. 

Ce  pont  peut  paffer  pour  une  merveille  :  il  n'eft  pas 
compofé  d'arcades  comme  les  autres-,  ce  font  des  rochers, 
ou  de  grofles  pierres  qui  s'élèvent  deux  ou  trois  pieds 
au  deffus  de  la  furface  de  la  mer  ,  qui  eft  fort  baffe  en  cet 
endroit.  Ces  pierres  ne  font  pas  unies  les  unes  aux  autres, 
mais  elles  font  fépatées  pour  donner  la  liberté  à  l'eau  de 
couler.  Les  pierres  font  énormes  à  l'endroit  des  courans  ; 
il  y  en  a  qui  ont  18  pieds  de  diamètre,  d'autres  en  ont 
beaucoup  davantage.  On  voit  des  endroits  où  ces  pierres 
font  fépatées  par  des  intervalles  de  trois  pieds  jusqu'à  dix> 
&  aux  lieux  où  les  barques  partent ,  la  largeur  eft  encore 
plus  grande.  Si  c'eft  un  ouvrage  de  la  nature ,  comme  il  y 
a  lieu  de  le  penfer  ,  c'eft  un  des  plus  furprenans  qu'on  ait 
jamais  vus.  Les  Idolâtres  difent  que  ce  pont  fut  fabriqué 
parles  dieux ,  quand  ils  allèrent  attaquer  la  capitale  de 
l'ifle  de  Ceylan.  Le  prince  de  Marava  avoit  accoutumé 
de  fe  retiter  dans  l'ifle  de  Ramanancor  quand  il  étoit 
pourfuivi  par  les  rois  de  Maduré  :  il  faifoit  mettre  de 
grofles  poutres  fur  ces  rochers  qui  font  comme  autant  de 
plates-formes,  8c  il  y  faifoit  pafTer  fes  éléphans,  fon  ca- 
non ,  8c  fon  armée.  *  Lett.  édif.  rcc.  1  j. 
PONT-D'AINS ,  Voyez.  Pondains. 
PONT  DE  L'ARCHE,  Pons-Arcus,  Vom-Arcnenfisx 
ouPons  Arcitatus,  petite  ville  de  France,  dans  laFIaute- 
Normandie,diocèfed'Evreux. Elle  eft  fituée  trois  lieues  au- 
dtflus  de  Rouen ,  à  quatre  d'Andely ,  à  deux  de  Louviei  s , 


10  S* 

8c  à,  une  d'Elbeuf,  avec  vicomte,  bailliage,  grenier  a  fel, 
élection,  maîtrife  des  eaux  8c  forêts,  8c  un  bon  château  de 
l'autre  côté  de  fon  pont  de  pierre  ,  compofé  àc  vingt- 
deux  arches  fur  la  Seine  ;  c'eft  le  plus  long ,  8c  le  mieux 
bâti  qui  foit  fur  cette  rivière  :  le  reflux  de  la  mer  vient 
jusques-là.  Il  eft  fait  mention  de  cette  ville  dansd'anciens 
actes ,  Se  l'on  prétend  qu'elle  a  été  bâtie  par  Charles  le 
Chauve.  Sa  fituation  la  rend  importante.  Elle  a  de  bons 
foliés ,  des  murailles  flanquées  de  bonnes  tours  ,  &  ren- 
ferme dans  fon  enceinte  une  paroifîe  de  S.  Vigor  ,  un 
couvent  de  Pénitens ,  8c  un  monaftere  de  Bernardines.  Il 
va  gouverneur ,  lieutenant  de  police,  un  maire,  deux 
échevins  ,  8c  une  maifon  de  ville.  Son  château  ,  bâti  dans 
une  petite  ifle  ,  elt  de  figure  carrée ,  bien  entretenu  ,  8c 
bien  logeable ,  flanqué  de  quatre  tours.  Au  dedans  il  y  a 
une  fort  haute  tout  qui  fert  de  donjon.  Ce  château  elt  fé- 
paré  de  la  prairie  par  deux  petits  ponts.  Une  chauffée 
d'une  très  grande  longueur  commence  au  pied  de  la  côte 
du  côté  de  Rouen.  Elle  eft  bien  pavée,  revêtue  de  pierres 
des  deux  côtés,  &  de  diftance  en  diftance,  il  y  a  des  ar- 
ches ,  pour  laiffer  palier  l'eau  de  la  Seine ,  lorsqu'elle  dé- 
borde dans  la  prairie.  Celle  d'Eure  s'y  décharge  un  quart 
de  lieue  au  deflus  du  pont  de  cette  ville  ,  au  midi  de  la- 
quelle la  forêt  du  pontde  l'Arche  commence,  continuant 
jusqu'aux  environs  de  Louviers.  Elle  fournit  quantité  de 
.bois  à  Paris  &  à  Rouen.  La  ville  du  Pont  de  l'Arche  eft  la 
première  place  qui  fe  mit  fous  l'obéiffance  de  Henri  IV  , 
après  fon  avènement  à  la  couronne  en  1589.  L'abbaye 
de  BomPort  n'en  eft  éloignée  que  d'une  mousquetade.  * 
Corn.    Dict.   fur    des   mémoires  drefTés  fur  les  lieux 
en  1702. 

PONT-  AUBERT ,  dans  la  Bout  gogne ,  diocè  fed'Au. 
tun  ,  parlement  &  intendance  de  Dijon,  bailliage,  gre- 
nier à  fel  8c  recette  d'Avalon.  Il  y  a  environ  271  habitans. 
Cette  paroifle  elt  fituée  en  plat  pays ,  entouré  de  monta- 
gnes de  toutes  parts.  Le  commendeur  de  Pont-Auberc 
eft  patron  de  cetre  cure.  Il  y  a  une  commenderie  de  l'or- 
dre de  Malthe  ;  elle  dépend  du  grand  prieuré  de  Cham- 
pagne •,  il  y  a  en  outre  deux  Chapelles  qui  s'amodient  avec 
le  revenu  de  la  commenderie.  L'ordre  de  S.Jean  deJé- 
rufalemen  eltcollateur.  Oibigny  ,  la  moitié  de  Cham- 
pigen  ;  8c  la  métairie  du  Sault  dépendent  de  Pont- 
Aubert.  11  y  a  un  fief  à  Oibigny.*  Dict.  Universel  de  la 
France. 

11  y  a  une  manufacture  de  draps  très-fins,  façon  d'An- 
gleterre. 

PONT  AUDEMER,  ville  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie, diocèfe  deLiiîcux/furla  Rilleou  Rifle  ,àdouze 
lieues  de  Rouen  ,  à  fept  de  Lifieux  ,  8c  du  Pont-1'Evê- 
que,àtrois  ou  quatre  de  Cormcilles,  à  cinq  d'Honfleur^ 
&  environ  à  une  lieue  des  abbayes  de  Préaux  &  de  Cor- 
neville.  Elle  a  pris  fon  nom  du  pont  qui  elt  fur  la  rivière 
de  Rille ,  8c  que  bâtit  autrefois  un  feigneur  ,  nommé  Au- 
domer ,  ou  Aumer  :  ainfi  on  ne  doit  point  écrire  cetre 
ville  le  Ponteau-de-Mer ,  ou  le  Pont-eau-de-Mer ,  ni  tra- 
duire en  Latin  ,Ponticulus  Maris y  ou  Pons  aqiu  marinx'y 
mais  Pons-  A udemari.  Cette  place  avoit  été  donnée  an 
roi  de  Navarre  ,  Charles  d'Evreux,  par  le  roi  Jean  ,  l'an 
1 $  5  5  ;  mais  Charles  III ,  roi  de  Navarre ,  céda  fes  pré- 
tentions fur  cette  ville  au  roi  Charles  Vl,l'an  1 404;  8c  en- 
fuite  les  Anglois  ayaiit  conquis  la  Normandie,  8c  même 
la  plus  grande  partie  de  la  France ,  Henri ,  qui  fe  difoit 
roi  de  France  8c  d'Angleterre  ,  réunit   le  Pont-Aude- 
mer ,  8c  pluficurs  lieux  ,  au  domaine  de  Normandie  ;  ce 
qui  fut  confirmé  par  Charles  VII ,  lorsqu'il  eut  chaffé  les 
Anglois  de  cette  province.  *  Longuerue  ,  Dcfcr.  de  la 
France, p. 75. 

Cette  ville ,  qui  a  un  bailliage ,  une  vicomte  ,  une  éle- 
ction ,  un  grenier  à  fel ,  une  maîtrife  des  eaux  8c  forêts  , 
elt  au  pied  d'une  montagne ,8c  presque  par  tout  environ- 
née de  prairies.  La  rivière  de  Rille  la  fépare  du  diocèfe 
de  Rouen.  Elle  elt  fermée  de  murailles,  a  quatre  portes, 
8c  l'on  peut  faire  couler  l'eau  dans  tous  fes  foffés.  Il  y  a 
de  belles  rues  cv  de  grandes  places  publiques  ,  où  l'on 
tient  les  marchés  le  lundi  8c  le  vendredi  -,  oV  les  foires  ,  à 
la  faint  Gilles ,  &  le  lundi  gras.  Ilya  deux  paroiffes:  celle 
de  S.  Aignan  ,  dans  le  fauxbourg  de  Rouen  ;  celle  de  S. 
Germain,  dans  le  fauxbourg  de  Pont-1'Evêque.  Ilya  une 
églife  de  Notre- D^nie,  dite  autrement  le  Sépulcre  de 
Tvm.  IV.  P  p  p  p  P  P  i) 


10^6       PON 

S.  Ouen.  On  y  trouve  en  outre  les  monafteres  des  Car- 
mes ,  des  Cordeliers ,  des  Carmélites,  des  Urfulines ,  un 
prieuré  clauftral  de  chanoines  réguliers  de  S.  Auguftin , 
du  titre  de  S.  Gilles;  un  hermitage,  &  un  hôpital.  Son 
éledion  comprend  cent  cinquante-neuf  paroiffes.  Les 
petites  barques  qui  viennent  de  la  mer  ,  remontent  avec 
reflux  près  des  eclufes  de  cette  ville  ,  où  le'  roi  Louis  le 
Grand  a  fait  creufcrSc  revêtir  de  pierres  un  petit  port,  pour 
le  cours  de  la  Rille  ,  qui  entre  dans  la  Seine  à  la  Roque. 
Pont-Audemer  a  un  gouverneur,  un  lieutenant  de  police, 
lin  maire,  deux  échevins,  Se  une  maifon  de  ville.  Son 
commerce  confilie  principalement  en  bleds  ,  en  laines , 
Se  en  tanneries.  Henri  ,  roi  d'Angleterre  ,  fe  dîfant 
héritier  Se  régent  du  royaume  de  France  ,  unit  cette 
ville  au  duché  de  Normandie.  André  de  Villars ,  depuis 
amiral  de  France  ,  la  furprit  en  1592  pour  le  parti  de  la 
ligue.  *Com.  Diét.  fur  des  Mémoires  dreffés  fur  les  lieux 
en  1704. 

PONT-AUTOU  ,  bourg  de  Normandie  ,  avec  un 
pont  fur  la  rivière  de  Rilte.  il  eft  fitué  dans  une  vallée, 
cinq  lieues  au-deffus  de  Pont-Audemer  ,  cV  une  lieue  au- 
deffous  de  Brionne,  derrière  le  parc  de  l'abbaye  du  Bec. 
Le  vicomte  de  Pont- Audemery  vient  tenir  fa  jmïsdiction, 
Se  le  bailli  de  la  même  ville  fe  qualifie  bailli  de  Pont-Au- 
tou.  C'étoit  autrefois  un  ville  forte,  qui  s'étend  oit  jusqu'à 
Autou,  paroifTe  fituée  à  un  quart  de  lieue  au-deffus  dans 
la  même  vallée,  diocèfe  de  Lifieux,  fur  un  ruiffeau,  nommé 
le  Torrent ,  abondant  en  Pinpernos  >.  espèce  d'anguille  , 
courte,  Se  de  bon  goût.  Ce  torrent  a  fa  fource  dans  la 
Vallée  ,  un  peu  au-deffus  de  la  Neuville,  &  entre  dans 
la  Ville,  au-deffus  de  Pont-Autou.*  Corn.  Mém.  manu- 
feritf. 

PONT-BEAUVOISIN  ,  ou  Pont-de -BeAuvoisin  , 
ville  de  France  ,  dans  le  Dauphiné  ,  élection  de  Greno- 
ble ,  fur  la  petite  rivière  de  Giers  ou  Guyer  ,  qui  fépare 
le  Dauphiné  de  la  Savoye  ,  &  divife  cette  petite  ville  en 
deux.  La  partie  occidentale  eft  du  Dauphiné  ,  &  l'autre 
eft  de  la  Savoye.  11  y  aune  fontaine  dont  les  eaux  font  fpé- 
cifiques  pour  la  fièvre  tierce. 

On  croit  qu'elle  occupe  la  place  de  Labisco  de  l'inné > 
raire  d'Antonio. 

PONT-DE-CAMARÉS  ,  lieu  de  France  ,  dans  le 
Rouergue  ,  au  diocèfe  de  Vabres ,  élection  de  Milhaud. 
Il  y  a  auprès  de  ce  lieu  àes  eaux  qui  participent  du  vitriol. 
Elles  purgent  &  rafraîchifient.  Elles  ne  font  guère  fré- 
quentées que  par  les  gens  du  pays  ,fans  doute  à  caufe  de  la 
difficulté  des  chemins.  *  Mém.  dreffés  jur  les  lieux. 

PONT-CHARR  A  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Dau- 
phiné. Ileft  fitué  vis-à-vis  du  Fort-Barraut ,  de  l'autre  côté 
de  l'Ifere.  Proche  de  ce  bourg,  fur  une  côte  ,  on  voit  un 
monaftered'Auguftinsdéchauffés,  appelle  Villars-Bcnoît. 
Ce  couvent,  qui  eft  le  premier  de  la  congrégation  de 
France ,  fut  fondé  l'an  1596  par  Guillaume  d'Avancon  , 
archevêque  d'Ambrun  ,  &  prieur  commendataire  du 
prieuré  de  Villars-Benoît,  dont  il  leur  avoit  cédé  une 
partie  de  la  menfe,  par  la  permiffion  du  pape  Clément 
VIlI,le25dedécembre  1595.  Le  père  Matthieu  Lorrain, 
Se  le  père  François  Amet  de  Montargis ,  tous  deux  pro- 
fès  de  la  congrégation  des  Augùftins  déchauffés  d'Italie , 
en  prirent  poffeffion  l'année  fuivante,  vers  le  mois  de 
juillet,  du  confentement  d'André Firtzani,  qui  étoit  alors 
général  de  tout  l'ordre  des  frères  Hermites  de  S.  Augu- 
ftin: C'en;  à  préfent  une  maifon  complette  ,  Se  affez  bien 
bâtie ,  d'où  l'on  découvre  le  fort  de  Monrmélian  ,  Se  la 
belle  vallée  de  Graifivaudan,  fertile  en  vins,  bleds,  pâtu- 
rages &bois,  avec  des  mines  de  fer.*  Corn.Did:.  fur  des 
Mémoires  dreffés  fur  les  lieux  en  1707. 

PONT-CHARRAUD,  bourg  de  France ,  fur  les  con- 
fins de  l'Auvergne  ,  au  diocèfe  de  Limoges ,  élection  de 
Combrailles.C'eft  une  paroiffe  fituée  dans  un  vallon  en- 
touré de  montagnes ,  Se  dont  le  terroir  eft  affez  bon  pour 
le  feigle  &  pour  le  bled  noir.  La  petite  rivière  de  Crufe 
paffe  a  Pont-Charraud.  Il  s'y  fait  un  petit  commerce  de 
brebis&  de  montons. Les habitansvonttravailler  dans  les 
provinces voifines.  11  y  a  dans  cette  paroiffe  une  forêt, 
qui  appartient  à  trois  particuliers 

PONT-DU-CHASTEL  ,  oh'Pont  i>u-Chateau  , 
Pons  Ciftelh.  Petite  ville  de  France  ,  dans  l'Auvergne  , 
fur  l'Allier.  Comme  cette  petite  ville  eft  plus  proche 
de  ClermontqueMaringue,  Se  pat  conféquent  plus  com- 


PON 


mode  pour  le  commerce  qui  fe  fait  par  eau  ,  d'Auvergne  à 
Paris,  la  ville  de  Pont  du  Château  devient  tous  les  jours 
plusconfidérable  aux  dépens  de  Maringue.  La  feigoeurie 
de  cette  ville  a  appartenu  au  Prince  Alphonfe  ,  &  après 
lui  aux  dauphins  de  Viennois.  Humbert  Dauphin  donna 
lePont-du-Chaftel,c\:  piufieursautres  feigneuries, à  Guil- 
laume Roger  ,  feigneur  de  Chambon  Se  de  Saint  Exu- 
peri ,  le  2j  feptembre  1 343.Cettedonationfut  confirmée 
par  lettres  du  roi  Philippe  de  Valois,  données  à  Poiffy  le 
14  novembre  1663.  Cette  terre  eft  venue  par  fucceiîîon 
dans  la  maifon  de  Montboiffier-Canillac,  Se  a  été  érigée 
en  marquifat.  *  Piganiol,  Description  de  la  France ,  t.  6. 
P-  3  54-. 

PONT-CHATEAU.  Voyez  Pont-du-Chastel. 

FONT-AUX-DAMES ,  abbaye  de  France ,  de  l'ordre 
de  Citeaux,  diocèfe  de  Meaux.  Hugues  de  Châtillon  , 
Comte  de  Blois ,  Se  depuis  comte  àeS.  Paul ,  fonda  cette 
maifon  1  an  1236  pour  des  religieufes,  Se  fit  venir  les 
premières  de  l'abbaye  de  S.  Antoine  de  Paris.  Ce  mona- 
flere  fut  d'abord  établi  proche  du  Pont  de  Couilly,  fur  la 
rivière  de  Morin  ,  d'où  lui  vient  le  nom  de  l'abbaye  du 
Pont  Amplement ,  ou  du  Pont  Notre-Dame,  comme  on 
l'appelloit  dans  fon  origine.  Trois  ans  après ,  on  le  trans- 
féra où  il  eft  aujourd'hui ,  dans  le  village  de  Rues, quia 
perdu  par  là  fon  nom.  Le  fondateur  donna  trois  cens  ar- 
pens  de  bois  dans  la  forêt  de  Crecy  ,  Se  obtint  des  com- 
munautés des  villages,  qui  y  avoient  leurs  ufages  ,  d'en 
faire  ceffion.  Plufieurs  feigneurs  de  Châtillon  ,1e  roi  Char- 
les le  Bel,  Se  Jeanned  Evreux ,  fon  époufe ,  en  font  bien- 
faiteurs.Lefondateur  quimouiut  ,le9  avril  1249,  y  fut 
enterré  dans  le  chœur ,  auffi-bien  que  Marie  d'Avenes^, 
fon  époufe.  Dans  la  même  églife  font  auffi  inhumées  les 
entrailles  de  Blanche,  ducheffe  d'Orléans, fille  de  Char- 
les le  Bd ,  Se  deux  autres  enfans  du  même  prince  morts 
au  betceau.  Cettcabbaye  a  eu  des  abbeffes  d'un  rang  di- 
ftingùe;  fur-tout  depuis  le  tems  du  concordat.  Plufieurs 
dames  en  ont  auffi  été  tirées  pour  gouverner  d'autres  ab- 
bayes ;  mais  la  principale  gloire  de  certe  maifon  confifte 
dans  la  grande  régularité  ,  qui  y  a  toujours  été  obfervée  , 
Se  qui  s'y  pratique  encore.  On  y  conferve  plufieurs  reli- 
ques ,  dont  les  plus  remarquables  font  de  S.  Eloy  ,   de 
fainte  Godeberte  ,  S.  Trcfain,,  fainte  Fare,  fainte  Jule  , 
fainteTelchide ,  tous  faims  &  faintes  de  France.  *  Hifi. 
Meld.  &  alla. 

PONT-DU-DIABLE ,  pont  dans  la  Suiffe,  au  canton 
d'Ury,  à  une  lieue  de  Gefiinen ,  le  chemin  conduit  à  un 
pont  de  piètres  d'une  hauteur  furprenante  ,  d'une  feule 
arcade,  Se  dont  les  deux  pieds  repofent  fur  deux  rochers 
extrêmement  élevés ,  au  bas  desquels  coule  la  Reus  parmi 
des  rochers  On  a  de  la  peine  à  s'imaginer  comment  on  a 
pu  bâtir  là  un  pont.  Auffi,  dit-on  dans  le  pays  ,  que  c'effc 
un  ouvrage  du  Diable;  c'eft  pourquoi  on  l'appelle  com- 
munément Teujjclsbruk^,  c'eft-à-dire  le  Font  du  Diable  ; 
Se  l'on  rapporte  une  fable  à  ce  fu jet.  *  Etat  &  Délices  de 
la  Suffi  ,  t.  1 .  p.  4 1 3 . 

FONT-ELIE.  Voyez.  Pontarlier. 

PONT  LEVEQUE  ,  Tons  Episcopi ,  petite  ville.de 
France,  en  Normandie  ,  avec  bailliage  ,  vicomte,  éle- 
ction ,  maîtrife  des  eaux  Se  forêts  ,  gouverneur  ,  lieute- 
nant de  police  ,  maire,  &  autres  officiers  de  ville.  Elle 
eft  fituée  fur  la  Touque  ,  à  dix  lieues  de  Ca'én  ,  à  fept  de 
Pont-Audemer ,  à  quatre  de  Lifieux ,  à  deux  du  bourg  de 
Touque ,  &  à  trois  de  Honfleur  &  de  la  met ,  Se  toute 
ouverte ,  fans  murailles  ni  fortereffe.  Son  églife  parois- 
fiale,  dédiée  à  faint  Michel,  eft  bien  bâtie,  Se  a  dix  piliers 
de  chaque  côté  de  fa  longueur.  Elle  eft  affez  belle  ,  8c 
affez  propre;  mais  plufieurs  de  fes  ornemens  font  de- 
meurés imparfaits.  La  Calone  entre  dans  la  Touque  ,  au- 
deffous  du  chœur  de  cette  églife  ,&  une  autre  petite  ri- 
vière coule  près  de  l'hôpital.  Le  monafiercùes  religieufes 
de  faint  Dominique  eft  dans  la  grande  rue  ,  qui  traverfe 
toute  la  ville ,  où  l'on  voit  plufieurs  ponts,  &  àes  moulins 
à  eau.  Cete  ville  eft  renommée  par  fes  bons  fromages , 
dont  on  débite  un  grand  nombre  tous  les  lundis  dans  fon 
gros  marché.  Les  Foires  de  la  faint  Michel  Se  de  la  faine 
Martin  contribuent  fort  à  faite  valoir  fon  commerce.  Son 
territoire  confille  principalement  en  herbages  Se  en  prai- 
ries, ou  l'on  nourrit  quantité  de  gros  bétail; il  y  a  auffi  des 
terres  à  grains,  Se  des  arbres  à  fruits.  Son  élection  com- 


PON 


PON 


prend  cent  trente-huit  paroiffes.  *  Corn,  fur  des  Mémoi- 
res dreffés  fur  les  lieux  en  1704. 

PONT-EUXIN.  Voyez. ,  au  mot  Pontus  ,  l'article 

PûNTUS   EuXINUS. 

PONT-FRAET,  Ponte-Fraet,ou  Pomfret,  Pons- 
Fratlus ,  ville  d'Angleterre ,  dans  l'Yorkshire.  C'eft  une 
ville  affez  confidérable.  Elle  avoit  autrefois  un  beau  châ- 
teau; mais  il  fut  détruit  dans  les  guerres  civiles  ,  fous  le 
règne  de  Châties  I.  Ce  fut  dans  ce  château  que  Richard 
II  fut  affaifiné  ,  après  avoir  réfigné  la  couronne  à  fon  cou- 
fin  Henri.  IV.  Cette  ville  fe  diftingue  par  fa  régliffe.  On 
dit  qu'elle  a  pris  fon  nom  d'un  pont  de  bois  fur  l'Are ,  Se 
qui  fe  rompit  dans  le  tems  du  paflagc  de  Guillaume ,  Ar- 
chevêque d'York ,  neveu  d'Etienne ,  roi  d'Angleterre.  * 
Etat  préfent  de  la  Gr.  Br.  t.  1 .  p.  130. 

PONT- DU -GARD,  Voyez. ,  au  mot  Gard  ,  l'article 
Pont  du-Gard. 

PONT-DE- GEN NES  ,  bourg  de  France  ,  dans  le 
Maine ,  élection  du  Mans. 

PONT  GIBAUD,  bourg  de  France ,  dansl'Auvergne, 
élection  de  Clermonr.  Il  y  a  auprès  de  cette  ville  le  vil- 
lage de  Rore,  où  eft  une  mine  d'argent  ;  mais  qui  n'eft  pas 
aflez  abondante  pour  engager  à  la  fouiller.il  y  a  auflî  une 
fontaine  d'eau  minérale ,  aigrette  Se  vineufe. 

PONT-G01NG  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Beauce  , 
élection  de  Chartres. 

PONT-DU -JAPON.  Voyez,  Niponbas. 

1.  PONT-LE  VOI ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Blefois  , 
par  delà  la  Loire  ,  à  cinq  lieues  d'Amboife.  Il  y  a  dans  ce 
bourg  une  célèbre  abbaye  de  Bénédictins.  Voye z.  l'article 
fuivanr. 

2.  PONT-LEVOI ,  abbaye  de  France ,  dans  le  Blefois, 
par  delà  la  Loire,  dans  un  bourg  de  même  nom,  autrefois 
du  diocèfc  de  Chartres ,  maintenant  du  diocèfe  de  Blois. 
C'eft  une  abbaye  de  l'ordredeS.  Benoit,  fondée  en  îoyj  , 
fous  le  nom  de  Sainte  Al-irie  (  Beata  Maria  de  Tonte 
Lcvio  ou  de  Ponte  Leviaco.  )  Le  fondateur  fut  Gelduin  , 
feigneur  de  Pont-Levoi  Se  de  Mont-Trichard.  Il  fir  venir 
des  religieux  de  S.Florent  deSaumur. Les  Cal  vinifies  pri- 
rent &  détruifirent  cette  abbaye  en  1562.  Depuis  cile  a  été 
rebâtie,  Se  la  réforme  de  S.  Maur  y  a  été  reçue.  Les  Bénédi- 
âinsy  ont  un  collège  Se  une  penfion  célèbre.  La  menfe 
abbatiale  fut  unie  à  l'évêché  de  Blois,  lors  de  l'on  érection. 

PONT-L1EVE  ,  ou  Ponliéve,  bourg  de  France  , 
dans  le  Maine  ,  élection  du  Mans. 

PONT  DE  LA  MAGDELENE  (le).  Du  Mole  de 
Naplcs  à  la  Tour  Géomare  ,  qui  eft  fur  une  baffe  pointe  , 
dans  le  fond  du  Golfe  ,  la  route  elt  presque  le  fud-eft- 
quart  du  Sud  environ  dix  milles  ;  entre  les  deux  ,  c'eft 
presque  une  côte  unie  &ba  (le,  bordée  de  plages  de  fable , 
ex:  ornée  de  plufieurs  villes  &  villages,  dont  leprem  cr  & 
leplusvoifin  de  la  ville  de  Napless appelle  Cavalèril a; Se 
tout  auprès  il  paffe  une  petite  rivière,  fur  laquelle  il  y  a  un 
grand  pont  de  pierre,  appelle  le  Pont  de  la  Magdeïene , 
qui  eft  proche  de  la  Mer.  *  Micbclot,  Portulan  de  la  Mé- 
dit, p.  121. 

PONT-  A  -  MOUSSON  ,  MuJJlpontum  ,  ville  avec 
titre  de  marquifat ,  dans  le  duché  de  Lorraine.  Elle  eft 
fltuée  des  deux  côtés  de  la  Mofclle ,  qui  la  fépare  en 
deux  villes ,  dont  l'une  ell  du  diocèfe  de  Metz ,  &  l'autre 
de  celui  de  Toul.  La  première  eft  la  plus  ancienne  :1a 
féconde  qui  eft  en-deçà  de  la  rivière,  eft  la  plus  grande  & 
la  mieux  bâtie  ;  mais  c'elt  la  plus  nouvelle  ,  puisqu'elle 
n'a  été  fondée  que  dans  le  douzième  fiécle  par  les  comtes 
de  Bar ,  qui  l'appellerent  d'abord  la  Vdle  Neuve  dev  int 
Mon/on  ou  Mouflon.  Voyez.  Mon  son.  L'empereur  Chât- 
ie IV  ,  qui  dès  l'an  1354,  avoit  érigé  le  Pont-à-Mous- 
fon  en  marquifat ,  la  créa  enfuite  cité  de  l'Empire  avec 
les  prérogatives  des  autres  cités.  Il  fit  cette  création  à 
Metz  ,  Se  la  confirma  en  1373  ,  déclarant  qu'il  n'en- 
tendoit  pas  que  l'honneur  qu'il  faifoit  à  cette  ville  dé- 
truisît ou  affoiblît  les  droits  du  comte  ou  duc  de  Bar , 
marquis  de  Pont ,  ou  Pont- a- Mouflon.  La  pa'tîe  de  cet- 
te ville,  qui  eft  du  diocèfe  de  Toul ,  contient  ttois  pa-> 
roiffes ,  Saint  Laurent ,  Sainte  Croix  en  Rus ,  &  Saint 
Jean-Baptifte.  Le  chapitre  de  la  cathédrale  de  Metz  , 
eft  patron  8c  décimateur  de  la  paroifle  de  Saint  Lau- 
rent,  le  curé  n'ayant  qu'une  penfion  &  le  cafuel  Le 
chapitre  de  Sainte  Croix  de  cette  ville  eft  patron  de  la 
paroifle  de  Sainte  Croix  en  Rus.  Ce  chapitre  fut  fo.i> 


I037 

dé  dans  le  tteiziéme  fiécle  par  Thibaud  ,  comte  de  Bar  , 
Se  augmenté  dans  le  nombre  de  ces  prébendes  par  les 
fuccefleurs  de  ce  prince.  Il  eft  compofé  d'un  prévôt, 
de  fix  chanoines  Se  de  deux  demi-chanoines.  La  pré- 
bende elt  de  quatre  cens  livres  ,  Se  la  demi  prébende 
de  deux  cens  cinquante.  Il  y  a  une  abbaye  des  pauvres 
dames  de  Sainte  Claire,  fondée  en  143 1  ,  par  Mar- 
guerite de  Bavière,  femme  de  Charles  I,  duc  de  Lor- 
raine. Leur  établiffement  ne  fut  achevé  qu'en  1444. 
Sous  le  règne  de  René  I ,  Pierre  du  Châtelet  ,  évê- 
que  de  Toul ,  a  fondé  le  féminaire  pour  huit  jeunes 
clercs ,  dont  deux  doivent  être  nés  fur  les  serres  de 
l'évêché  de  Toul  ,  deux  fur  les  terres  de  l'abbave  de 
Saint  Martin  ,  deux  fur  la  terre  de  Sorey  ,  &  deux  fur 
celle  du  Châtelet.  Le  maître  du  féminaire  a  cent  foi- 
xante  livres,  Se  les  huit  courtiers  ont  enfemble  huit 
cens  quatre-vingt-dix  livres,  à  prendre  fur  la  grurie 
de  Pont-à-Mouflbn.  Les  religieux  de  Saint  Antoine  le 
Viennois  s'établirent  à  Pont-à-Mouffon  ,  à  la  fin  du 
douzième  fiécle  ,  dans  la  partie  de  cette  ville  qui  elt  du 
diocèfe  de  Metz.  Mais  comme  leur  maifon  fut  donnée 
aux  Jéfuires  ,  dans  le  tems  de  la  fondation  de  l'univer- 
fité  ,  ces  religieux  de  Saint  Antoine  fe  font  retirés  dans 
la  partie  de  la  ville  qui  eft  du  diocèfe  de  Toul.  Leur 
menfe  peut  être  de  trois  mille  cinq  cens  livres.  L'hô- 
pital dédié  à  Je/us  Circoncis  elt  adminiftré  parles  bour- 
geois. Il  y  a  une  maifon  de  chanoines  de  Saint  Augus- 
tin ,  de  la  congrégation  de  notre  Sauveur.  Elle  fut  fon- 
dée par  M.  de  Maillane  ,  évèque  de  Toul;  ils  élevenc 
des  novices  ,  Se  enfeignent  les  enfans.  Leur  revenu  eft 
d'environ  dix-huit  cens  livres.  Les  Capucins  s'établirent 
dans  cette  ville  en  1 6"o7  ,  par  les  foins  du  cardinal  Char- 
les de  Lorraine.  Les  Carmes,  qui  font  hors  de  la  vil- 
le, furent  appelles  en  1623  ,  Se  les  Minimes  en  1632. 
Outre  l'abbaye  des  pauvres  dames  de  Sainte  Claire  , 
on  compte  quarre  maifons  de  religieufes  de  la  congré- 
gation de  Notre-Dame,  fondées  en  1604,  &  qui  pri- 
rent la  clôtute  le  2  Juillet  1653  ,  les  Carmélites  fon- 
dées en  1627  ,  Se  les  religieufes  de  la  Vifitation  de 
Notre  Dame.  *  Longuerue ,  Defc.  delà  France  ,  part.  2. 
p.   19c. 

L'Université  de  PONT- A- MOUSSON  fut  fon- 
dée en  1572,  par  Charles  III,  à  la  follicitation  de  Char- 
les ,  cardinal  de  Lorraine,  archevêque  de  Reims  & 
adminiilrareurde  l'évêché  de  Metz.  *  Piganiol,  Defc.  de 
la  France,  t.  7.  p.  336. 

Le  marquisat  de  PONT-A- MOUSSON  eft  com- 
pofé de  deux  chârcliemes  ,  qui  fom  celle  de  Pont  Se 
celle  de  Mouflon.  Il  ne  comprend  néanmoins  que  le 
Barrois  d'au  delà  la  Meufe  ;  Se  c'eft  ce  qu'il  faut  feu- 
lement entendre  ,  quand  Albert  de  Strafbourg  ,  qui  vi- 
voitaiors,  dit  que  l'empereur  Charles  IV  avoit  érigé 
le  Barrois  de  comté  en  marquifat.  Auffi  tous  les  em- 
pereurs qui  ont  fuivi  Charle  IV  ,  jusqu'à  Ferdinand  II , 
en  donnant  l'inveftiture  des  fiefs  impériaux  de  Lorrai- 
ne ,  n'ont  fait  mention  que  du  marquifat  de  Pont. 
Voyez,  Bar.  *  Longuerue ,  Defc.  de  la  France  ,  part.  2. 
p.  179. 

PON  T-ORSON  ,  Pons  Vrfionis  ,  petite  ville  de 
France ,  dans  la  Baffe-Normandie  ,  fur  la  rivière  de 
Couesnon  ,  aux  confins  de  la  Bretagne  ,  à  trois  lieues 
au  fud-eit  d'Avranches ,  Se  à  deux  au  midi  du  Mont- 
Saint  Michel.  Cette  petite  place ,  qui  elt  fituée  aflez  avan- 
tageufement,  a  long-tems  fervi  de  boulevard  contre 
les  Bretons.  Robert ,  duc  de  Normandie,  ayant  la  guer- 
re avec  Alain  B-uoe-Torte ,  comte  de  Bretagne,  y  bâ- 
tit un  châreau,  Se  fortifia  la  ville-,  mais  le  roi  Louis 
XIII,  après  la  reddiriori  delà  Rochelle,  voulant  ôter 
aux  feigneurs  de  Montgommery  ,  qui  étoient  Calvini- 
ftes ,  toute  occafion  de  foutenir  ce  parti ,  la  fit  entiè- 
rement démanteler.  *  Piganiol ,  Defc.  delà  France, 
t.  5   p.  240. 

PONT-D'OUILLY ,  bourg  de  France ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  de  Bayeux  ,  élection  de  Vire.  Il  fe 
tient  un  marché  dans  ce  bourg  ,  &  il  y  a  un  paffage  fur  la 
ri.icre  d'Orne. 

PONT-POINT  ,  bourg  de  France  ,  dans  1a  Picardie  , 
diocèfe  deSenlis,  parlement  de  Paris  &  intendance  de 
Scnlis.Ily  aenviron673habitans.C'eituneprevôréroya. 

lcreflbrtiffantedubailliagedeScnlis.il  y  a  deux  parois- 


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fes  dans  ce  bourg  ;  l'une  fous  l'invocation  de  S.  Pierre  8c 
l'autre  fous  celle  de  Saint  Gervais.- Les  religieufes  Cor- 
delières du  Moncel  en  font  les  daines  ufufruitieres  ,  le 
roi  s'en  étant  réfcrvé  la  propriété.  *  DM.  universel  de 
la  France. 

PONT-DE-REMY  ,  lieu  de  France ,  dans  la  Picar- 
die ,  élection  d'Abbeville,  fur  la  Somme,  à  deux  lieues 
au-deflus  d'Abbeville.  Il  y  a  fur  cette  rivière  un  pont  qui 
communique  à  une  petite  ifle  dans  laquelle  on  voit  un 
château.  C'eft  un  paflage  important.  Au  voifinage  on 
montre  les  reftes  d'un  camp  de  Céfar.  11  y  a  un  prieu- 
ré qui  vaut  deux  mille  livres  de  revenu  ,  Se  qui  dé- 
pend de  l'abbaye  du  Bec.  Le  prieur  nomme  a  la  cure  qui 
vaut  huiteens  livre  .  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PONT-DE-ROYAN ,  petite  ville  de  France ,  dans 
le  Dauphiné ,  dans  le  marquifar  de  Royanez  ,  dont  el- 
le eft  le  chef- lieu.  Elle  eft  fituéeà  l'orient  de  Romans  , 
au  midi  de  Saint  Marcellin,  à  l'occident  méridional  de 
Grenoble ,  8c  au  nord  de  Die  ,  mais  bien  plus  éloignée 
de  cette  dernière  ville  que  des  autres.  11  pafle  à  Pont- 
de-Royan  une  petite  rivière  qui  va  fe  jetter  dans  l'I- 
tère fur  la  rive  gauche.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugon- 
dy. 

PONT-SAINT  ESPRIT,  ville  de  France,  au  Lan- 
guedoc, dansl'Ufegcou  l'Ufegais.  C'eft  une  place  for- 
te, fur  la  rive  droite  du  Rhône,  furlequel  il  y  a  dans 
ce  lieu  un  pont ,  l'un  dés  plus  beaux  de  l'Europe ,  8c 
dont  là  corïftructionparoît  merveilleufô,  à  caufe  delà  lar- 
geur ,  de  la  profondeur  Se  de  la  rapidité  du  fleuve. 
Ce  pont  a  quatre  cens  vingt  tôifes  de  long.,  fur  deuxtoi- 
fes  quatre  pieds  quatre  pouces  de  large.  Il  eft  foutenu  par 
vingt-fix  arches,  dix  neuf  grandes  8e  fept  petites  ;  qui 
font  aux  extrémités ,  Se  forment  les  rempes.  11  fut  com- 
mencé en  1265  ,  Se  Jean  de  Tianges,  prieur  de  Saint 
Pierre ,  en  pofa  la  première  pierre.  Ce  pont  fut  bâti 
des  offrandes  que  faifoient  les  fidèles  à  un  petit  ora- 
toire dédié  au  Saint  Esprit,  8c  fameux  par  beaucoup 
de  miracles.  Il  étoit  fuué  à  la  tête  du  pont,  au  même 
lieu  où  font  encore  les  pères  Blancs,  établis  par  Phi- 
lippe le  Bel  pour  deffervir  ï'éghfe&  l'hôpital  du  Saint 
Esprit ,  qui  fut  bâti  par  ordre  de  ce  prince.  Le  pont 
fut  achevé  environ  l'an  1509.  Le  pape  Nicolas  V  , 
accorde  par  une  bulle  beaucoup  d'indulgences ,  à  ceux 
qui  vont  vifiter  l'églife  Se  l'hôpital  du  Saint  Esprit.  Il 
y  a  des  revenus  coniidérables  pour  l'entretien  de  l'hô- 
pital Se  du  pont.  Nos  rois  ont  permis ,  afin  qu'il  fût  mieux 
entretenu ,  qu'on  levât  un  droit  fur  le  fcl  qui  pafle 
'fous  ce  pont,  ce  qui  monte  à  huit  ou  neuf  mille  livres 
par  an.  Depuis  que  ce  pont  a  été  bâti ,  la  ville  s'efl  ac- 
crue Se  a  été  nommée  le  Saint  Esprit  ,  ou  le  Pont- 
Saint-Esprit  ,  à  caufe  de  ce  fameux  pont.  Ce  lieu 
s'appelloit  autrefois  le  Port ,  dont  le  nom  eft  demeuré 
au  monaflere  de  Saint  Savournin ,  fondé  fur  le  Rhône  , 
dans  un  endroit ,  nommé  le  Port ,  à  caufe  de  l'abord  des 
marchands  Se  des  voyageurs.  Aimar,  qui  a  été  le  noi- 
fiéme  abbé  de  Clugny ,  établit  fes  moines  dans  le 
monaflere  de  Saint  Savournin  vers  l'an  050  ,  Se  de- 
puis ce  tems ,  ce  monaflere  du  Port  eft  devenu  un 
prieuré  conventuel ,  qui  eft  à  la  collation  libre  de  l'ab- 
bé de  Clugny.  Le  Pont-Saint-Esprit  eft  un  paflage  fort 
fameux  fur  le  Rhône ,  &  c'eft  le  dernier  qui  foit  au- 
jourd'hui fur  ce  fleuve,  n'y  ayant  au-deflbus  que  des 
ponts  de  bateaux.  Quatre  baftions  royaux  font  le  plan 
de  la  citadelle,  Se  renferment  l'églife  du  Saint  Esprit, 
de  laquelle  la  ville  a  pris  le  nom  qu'elle  porte  au- 
jourd'hui. *  Longuerue  ,  Defcr.  de  la  France  ,  part.  2. 
p.  2; 9  &  260.  Pigàniol ,  Defcr.  de  la  France ,  t,  4. 
p.   398. 

Il  y  a  au-deflbus  du  Pont-Saint-Esprit  un  territoire 
de  cinq  à  fix  lieues  de  longueur  le  long  du  Rhône. 
Ce  territoire  ,  pour  le  temporel ,  efl  de  la  province  de 
Languedoc  Se  du  reflbrt  du  parlementdeTouloufe.il 
eft  atifli  du  diocèfe  d'Ufcz,  pour  les  tailles  8c  fubfi- 
des  -,  mais  pour  le  fpirituel  il  eft  d'Avignon ,  dont  il 
dépendoit  autrefois  pour  le  temporel  :  car  on  ne  voit 
pas  que  les  comtes  de  Touloufe,  ni  les  autres  feigneurs 
de  Languedoc  ,  ayent  eu  aucune  feigneurie  directe  8c 
utile  fur  ce  territoire.  Les  comtes  de  Touloufe  n'en 
ont  joui  que  parce  qu'ils  étoient  marquis  de  Proven- 


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ce ,  dont  ils  poffédoient  une  partie  avec  la  ville  d'Avi- 
gnon. 

PONT-SAINTE-MAIXENCE,  ou  SainteMaxen- 
ce,  Pons  Santla  Maxent'i£,ÇQï\iz  ville,  dans  l'Ifle  de 
France,  fur  la  rivière  d'Oife  ,  au  diocèfe  de  Beauvais , 
à  deux  lieues  de  Senlis.  Elle  s'appelloit  Amplement  San- 
cla  Maxemia ,  du  tems  de  l'auteur  des  Gcfles  de  nos 
rois  de  la  première  race,  qui  dit  qu'Ebroin ,  aufll-tôt 
après  ia  mort  du  roi  Childeric,  vint  à  Sainte  Maixeh- 
ce ,  y  tua  les  gardes  du  pont  Se  paffa  au-delà  du  cô- 
té d'Amiens.  Il  y  a  appaience  que  c'eft  le  plus  an- 
cien des  paflages  de  l'Oife  avec  Pontoife,  Se  qu'il  eft; 
plus  ancien  que  celui  de  Creil  8e  de  Beaumonr.  Ce 
pourroir  être  celui  que  tenoient  les  troupes  Romaines 
lorsqu'elles  venoient  de  Beauvais  ou  d'Amiens  à  Sen- 
lis. Une  vierge  chrétienne  appellée  Maxemia  y  endu- 
ra le  martyre  dans  le  tems  des  perfécutions  ;  on  mon- 
tre encore  le  lieu  hors  la  ville  ,  fur  la  route  de  Senlis , 
à  l'endroit  où  eft  une  chapelle  fous  fon  invocation,  Se 
une  fontaine.  Cette  chapelle  a  été  rebâtie  8e  dédiée 
en  1 706.  Les  reliques  de  la  fainte  font  confervées  dans 
Feglîfe  paroîfllale  de  Saint  Pierre  d'un  côté  de  l'au- 
tel ,  8e  de  l'autre  celles  d'un  faint  Clément  apporté 
des  Catacombes  de  Rome,  Cette  églife  de  Saint  Pierre 
elt  d'un  genre  de  ftructure  du  feiziéme  fiécle.  Il  y  a 
un  pont  fort  caduc  pour  palTer  en  Picardie.  La  ville 
eft  fort  peuplée  8e  fort  marchande.  C'eft  un  gouver- 
nement particulier  du  gouvernement  militaire  de  l'Ifle 
de  France.  Au  bout  du  fauxbourg  ,  qui  eft  vers  l'orient  , 
eft  le  Moncel ,  abbaye  de  l'ordre  de  Sainte  Claire  ', 
du  titre  de  Saint  Jeîin-Baptifte.  *  L'Abbé  Lebocuf. 

PONT-SAINT-NICOLAS  ,  ancien  pont  de  France  , 
dans  le  Bas  Languedoc  ,  fur  la  rivière  de  Gardon,  à 
une  lieue  d'Ufez ,  Se  à  deux  de  Nîmes ,  au  nord  de 
cette  ville.  Ce  pont ,  dont  on  eftime  fort  l'architecture,  eft 
un  ouvrage  des  Romains. 

PONT-SAINT  PIERRE,  Pons  SanBi  Pétri,  bourg 
de  France  ,  dans  la  Normandie ,  élection  de  Rouen  > 
à  quatre  lieues  de  cette  capitale  ,  &  à  trois  d  Ecouis 
&  d'Andely  ,  au  pied  d'un  bois  &  de  la  côte  du  prieu- 
ré clauflral  des  chanoines  réguliers  des  deux  Amans. 
C'eft  le  titre  de  la  première  baronnie  de  Normandie  » 
&  il  y  a  haute  juftice.  Cette  baronnie  comprend  eii 
feigneurie  8c  en  patronage  les  paroifles  de  Pont  Saint- 
Pierre  ,  de  Saint  Nicolas  ,  de  Roumilly  Se  de 
Pitre  ,  toutes  quatre  fur  la  rivière  d'Andclle.  On  tient 
marché  tous  les  famedisà  Pont-Sainr-Pierre,  qui  a  deux 
paroifles ,  l'une  appellée  Saint  Nicolas  8c  l'autre  Saint 
Pierre.  Le  château  eft  dans  un  fond  :  il  a  plufieurs  tour- 
telles.  *  Corn.  Dict.  Mémoires  drejfés  far  les  lieux  en 
1704. 

PONT-SAINT  VINCENT,  lieu  de  France,  au  du- 
ché de  Bar,  dans  le  comté  de  Chavigny  ,  Se  dans  le 
bailliage  de  Nancy.  Son  églife  paioifliale  eft  dédiée  à 
Saint  Julien  ,  Se  il  y  a  quatre  chapelles  en  titre.  Ca- 
therine de  Lorraine  ,  abbefle  de  Remiremont ,  y  a  fou- 
dé  une  maifon  de  Bénédictines,  à  laquelle  on  a  uni 
l'hôpital  Se  la  chapelle  des  feigneurs,  qui  font  les  ducs 
de  Lorraine  ;  mais  il  n'y  a  plus  qu'un  religieux  dans 
cette  maifon.  L'hermitage  de  Sainte  Barbe  dépcndde  cette 
paroifle. 

PONT  SCROF,  petite  ville  de  Fiance,  en  Breta- 
gne ,  dans  le  diocèfe  de  Vanne  ,  fur  la  rive  gauche  du 
Scrofe  qui  y  pafle  fous  un  pont ,  une  lieue  au-deflus , 
à  l'orient. 

PONT-DE-SE ,  Pons  Sait,  petite  ville  de  France,  dans 
l'Anjou,  parlement  de  Paris,  diocèfe  d'Anjou,  inten- 
dance de  Tours,  élection  d'Angers,  a  environ  ijoo 
habitans.  Ce  font  plufieurs  ponts  fur  différens  bras  de 
la  Loire  qui  lui  ont  donné  ce  nom.  Ce  lieu  s'appel- 
loit autrefois  Sans  ,  Saura  ou  Sacium  Se  quelquefois 
Sœ'ium  ou  Seium  &  en  quelques  titres  Saiacum.  C'eft 
mal-à-propos  qu'on  le  nomme  Pons  Cafaris.  Cette  pe- 
tite ville  eft  un  des  plus  importans  paflages  qui  foient  fur 
la  Loire.  Elle  fut  donnée  à  l'abbaye  de  Fontevraud  pat 
Foulque  de  Nera,  comte  d'Anjou  ,  &rpar  Aremburgedu 
Maine ,  fa  femme.  Cette  donation  fut  confirmée  par 
Henri  II ,  roi  d'Angleterre  8c  comte  d'Anjou ,  qui  y 
ajouta  la  juftice  &  les  péages.  Charles  ,  comte  de  Valois 
&  d'Anjou,  Se  Marguerite  d'Anjou-Sicile,  fa  femme, 


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retirèrent  cette  ville  de  l'abbaye  de  Fontevraud  en  1295 , 
moyennant  trois  cens  feptiers  de  froment ,  Se  foixante 
Se  dix  livres  de  rente ,  qu'ils  donnèrent  en  échange  , 
l'abbaye  fe  réfervant  les  péages.  Philippes  de  Valois  , 
iîls  du  comte  Charles ,  étant  parvenu  à  la  couronne 
de  France  en  1518,  y  réunit  le  Pont  de  Se,  comme 
faifant  partie  du  comté  d'Anjou.  Cette  ville ,  qui  ren- 
ferme environ  trois  cens  foixaute-feize  faix  eft  défen- 
due par  un  château.  On  dit  que  le  pont  de  pierre  ou 
plutôt  moitié  pierre  Se  moitié  bois ,  a  mille  pas  de 
longueur.  Ce  pont  eft  connu  dans  l'hiftoire  par  la  dé- 
faite de  l'armée  de  la  reine  Marie  de  Médicis  Se  de  ks 
Confédérés,  qui  étant  dans  un  lieu  presque  inacceffible 
en  1620,  fut  néanmoins  mife  en  déroute  par  celle  de 
Louis  XIII,  que  commandoit  le  maréchal  de  Créqui. 
Les  Sanfon  ,  dans  leurs  remarques  fur  la  carte  des  Gau- 
les, difent  que  le  pont,  qui  eft  appelle  dans  les  com- 
mentaires de  Céfar,  /.  8.  c.  27.  Pons  Ligeris  ,  eft 
fans  difficulté  le  Pont-deSé  ,  où  Dumnacus  ,  chef 
des  Angevins  ,  faifoit  fa  retraite  ,  &  où  il  fut  battu  par- 
Fabius.  *  honguerue ,  Defcription  de  la  France,  part. 
2.  p.  101.  Piganiol ,  Defcription  de  la  France,  t.  7. 
p.  119. 

PONTSUR-SAMBRE,  ou  Pont-Quarte-sur- 
S ambre  ,  feigneurie  de  France ,  dans  la  province  de  Hai- 
nault.  Les  habitans  de  ce  lieu  font  exempts  de  Mor- 
temain  ;  il  y  a  un  revenu  en  Maflardarie  de  cinq  cens 
livres 'de  France ,  Se  autant  de  charges.  Cette  feigneu- 
rie contient  quinze  cens  quatre  vingt-fix  mencaiidées  de 
terres  labourables ,  cent  foixante-fept  mencaudées  en 
pâtures  ou  vergers ,  trois  cens  Se  quatre  -  vingt  -  fept 
mencaudées  en  prairies  ou  marais;  la  mencaudée  eft 
de  quatre-vingt  feize  verges ,  Se  la  verge  de  dix-fept 
pieds  trois  quarts.  Les  habitans  font  commerce  de  hou- 
blon ,  fromage  Se  fil  de  lin.  La  Sambre ,  qui  y  pafié  , 
venant  de  Landrecy  à  Maubeuge ,  leur  en  facilite  le 
transport.  Cette  rivière  y  porte  bateau ,  Se  on  pour- 
roit  y  faire  un  gros  commerce  de  grains ,  de  charbon 
&  d'autres  marchandifes.  Elle  fait  la  féparation  de  la 
terre  de  Maubeuge  d'avec  celle  de  Bavay.  11  y  a  à  Pont- 
fur-Sambre  un  curé  particulier ,  fans  vicaire.  Son  re- 
venu fixe  eft  une  pottion  de  dîme,  Se  cent  quatre- vingt- 
dix-fept  livres  dix  fols  en  argent ,  ce  qui  monte  en  tout , 
année  commune ,  à  trois  cens  foixante  Se  quinze  livres 
de  France. 

PONT-SUR-SEINE  ,  Pons  ad  Sequanam  ,  petite 
ville  de  France  ,  dans  la  Champagne  ,  à  fept  lieues  au- 
deflfus  de  Troyes.  Louis  XIII  démembra  à  perpétui- 
té cette  ville  de  fon  domaine ,  Se  la  donna  à  Louife- 
Marguerite  de  Guife ,  veuve  de  François  de  Bourbon 
prince  de  Conti,  en  échange  de  la  fouveraineté  de  Châ- 
teau-Renaud ,  que  cette  princefie  lui  céda.  Avant  fa 
mort  elle  traita  de  cette  ville  Se  de  fes  autres  domai- 
nes, qu'elle  vendit  au  furintendant  Bouthillier  deCha- 
vigny.  Celui  ci  y  fit  bâtir  un  château  qui  mérite  l'at- 
tention des  curieux  pour  la  beauté  des  bâtimens  Se 
des  jardins. 

PONT  DE-SORGUE,  place  du  comtat  d'Avignon, 
près  de  l'embouchure  de  la  Soigne  ,  dans  le  Rhône  ,  un 
peu  au-deflus  d'Avignon.  Voyez.  Sorgue  2.  *  Atlas ,  Rob. 
de  Vau^ondy. 

PONT-DE  TRAJAN  ,  Tons  Traja/ti.  L'cmpereur 
Trajan  ,  pour  conquérir  la  Dacie  ,  fit  faire  un  pont  fur 
le  Danube  ,  vers  l'an  104  de  J.  C.  Ce  pont  a  été  regardé 
comme  une  merveille  du  monde.  Il  étoit  porté  fur 
vingt  piles  de  pierres  de  taille,  dont  chacune,  fans  y 
comprendre  les  fondemens ,  avoit  cent  cinquante  pieds 
de  haut ,  fur  foixante  de  large.  Il  y  avoit  entre  chaque 
un  espace  de  cent  foixante  dix  pieds.  Ce  pont  étoit 
conftruit  dans  l'endroit  le  plus  étroit ,  mais  le  plus 
profond  &  le  plus  rapide  du  Danube.  Pour  le  garder  on 
fit  conftruire  deux  châteaux  aux  deux  extrémités.  L'em- 
pereur Adrien,  craignant  que  les  Barbares  ne  fe  ren- 
difient  maîtres  des  deux  châteaux ,  Se  n'enttaflenr  dans 
la  Mœfie  ,  fit  détruire  la  partie  fupérieurc.  Elle  étoit  de 
pierre,  félon  Dion  Camus.  DeMarfilly ,  après  avoir  exa- 
miné à  Rome  la  colonne  de  Trajan ,  fur  laquelle  eft 
repréfenté  ce  fameux  pont ,  &  où  tout  le  haut  paroît 
être  en  bois ,  reprend  Dion  Caiïîus  d'avoir  dit  qu'il  étoit 
de  pierre.  Il  relevé  pareillement  cet  ancien  de  quelques 


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autres  erreurs  dans  lesquelles  il  eft  tombé  dans  la  de* 
feription.  Voyez,  l'ouvrage  de  Marfilly  fur  le  Danube  , 
/.  2.  part.  1. 

Scion  Procope  ,  de  JEdif.  1. 4.  c.  6.  Trajan  fit  bâtir 
deux  torts  aux  deux  bouts  du  pont.  L'un  de  ces  forts 
fut  depuis  nommé  Pont  ,  Se  l'autre  Theodora.  Les 
ruines  du  pont  remplirent  de  telle  forte  le  canal  du  Da- 
nube ,  qu'il  changea  fon  cours  ;  il  fe  coupa  en  deux ,  en- 
toura une  partie  de  ion  rivage ,  aptes  quoi  il  fe  remic 
dans  fon  canal  ordinaire.  Les  deux  forts  ayant  été  rui- 
nés ,  tant  par  la  longueur  du  tems  que  par  les  irrup- 
tions des  Barbares ,  Juftinien  fit  réparer  très-folidement 
le  fort  du  Pont  ,  qui  étoit  au  côté  droit  du  Danube  , 
Se  afïura  par  ce  moyen  le  repos  de  l'UKrie.  Quant  au 
fort  de  Theodora,  il  le  négligea,  parce  qu'il  étoit 
tropexpofé  aux  courfes  des  nations  étrangères. 

PONT-SUR-YONNE,  petite  ville  de  France  ,  fur 
les  confins  de  la  Champagne  &  du  Gâtinois  ,  dans 
le  diocèfe  de  Sens,  à  trois  petites  lieues  de  la  ville 
épiscopale,  fur  le  rivage  gauche  de  l'Yonne,  qui  lui 
donne  fon  nom.  Ce  lieu  n'elt  pas  Ci  moderne  qu'on  l'avoit 
cru.  Il  en  eft  fait  mention  dans  la  vie  de  faint  Loup  *  ar- 
chevêque de  Sens ,  dont  Duchêne  a  donné  un  frag  ment. 
II  y  eft  nommé  Pons  Syriacus  ,  Se  dit  être  à  la  di  ance 
de  fept  mille  pas  de  la  ville  de  Sens.  C'eft  à  l'occafion 
de  la  cloche  que  le  roi  Clotaire  II  renvoya  de  Paris 
à  Sens.  Cette  observation  faite  par  M.  de  Valois ,  en 
fa  notice,  p.  54c.  n'a  pas  empêché  que  le  vrai  nom 
de  Pont-fur-Yonne  vienne  de  plufieurs  ponts  qu'il  y 
auroit  eus  en  cet  endroit  fur  la  rivière  d'Yonne,  de  même 
qu'à  Pont-fur-Seine  on  en  comptoit  douze.  Son  raison- 
nement fuppofe  que  l'Yonne  s'étend  en  différentes 
branches,  comme  la  Seine,  ce  qui  eft  faux  :  ainfi  l'on 
ne  doit  pas  dire  Pontes  ad  Icaunam  ,  mais  Amplement 
Pons  ad  Icaunam.  Le  nécrologe  manuferit  du  dixième 
fiécle  de  la  cathédrale  de  Sens ,  qui  eft  confervé  à  S. 
Benoît  fur  Loire  ,  appelle  auffi  ce  lieu  du  nom  de 
Pons  Syriacus  j  c'eft  lorsqu'il  rapporte  l'étrange  famine 
de  l'an  868  ,  en  laquelle  il  dit  qu'une  femme  de  ce  lieu , 
tua  fon  enfant ,  le  mit  en  pièces ,  le  fala  ,  le  donna  à 
manger  à  fa  famille  ,  Se  en  mangea  elle  même.  Le  nom 
de  Syriacus  s' tù.  confervé  dans  un  prieuré  qui  eft  pres- 
que vis  à-vis  de  Pont,  au  rivage  droit  delà  rivière, 
qu'on  appelle  Sures.  Il  en  eft  parlé  dans  le  roman  de 
Girard  de  Rouffillon ,  fous  le  nom  de  Sixte. 

Pont-fur-Yonne  eft  aujourd'hui  peu  de  chofe.  L'églife 
appartient  au  chapitre  de  Sens  ,  lequel  nomme  auffi  à 
la  cure.  C'eft  une  prévôté  royale  du  reflbrt  de  Nemours. 
Quelques  hiftoriens  modernes, comme  Papyre  Mafibn, 
ont  attribué  à  ce  pont  les  afiemblées  tenues  à  Pontyon 
en  Champagne,  au  diocèfe  de  Châlons ,  dansle  neuvième 
fiécle ,  trompés  par  le  nom  latin  Pontigo.  *  Divers  Mé~ 
moires. 

PONT- VALIN,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  dio- 
cèfe d'Angers,  parlement  de  Paris,  intendance  de  Tours, 
élection  de  la  Flèche.  Il  y  a  environ  1400  habitans» 
*  Die  t.  univerf.  de  la  France. 

PONT  DE- VAUX ,  ville  de  France ,  dans  la  Brefle , 
fur  le  bord  de  la  rivière  de  Reflbuze.a  fix  lieues  de  Bourg, à 
trois  de  Mâcon,  à  deux  de  Tournus  Se  de  Beaugé>&  à  une 
demi-lieue  de  la  rivière  de  Sône  ,  dont  les  bateaux  re- 
montent jusqu'aux  portes  de  cette  ville  dans  les  grandes 
eaux.  Pont-de-  Vaux  a  cent  toifes  de  long  ,  quatre-vingt 
de  large ,  Se  cinq  cens  foixante  de  circuit.  L'églife  de  No- 
tre-Dame eft  la  feule  paroifllale ,  Se  eft  unie  au  chapitre 
de  cette  ville.  L'Hôtel- Dieu  eft  allez  bien  bâti  :  il  a  envi- 
ron dix-huit  cens  livres  de  rente ,  qui  ferventà  l'entretien 
de  douze  lits.  Le  couvent  des  Cordeliers  ,  non  plus  que 
celui  des  Urfulines ,  n'ont  rien  de  remarquable.  Les  fei- 
gneurs  de  Pont-de-Vaux  ont  haute ,  moyenne  Se  bafle  jù- 
ftice  fur  cette  ville,  &  fur  cinq  paroifles  qui  en  dépendent. 
Pont-de-Vaux  n'étoit  d'abotd  qu'une  petite  feigneurie  qui 
fut  érigée  en  comté ,  Se  enfin  en  duché  ,  en  faveur  de 
Philibert- Emmanuel  de  Gorrevod  en  1623.  Cette  mai- 
fon  étant  éteinte  ,  le  duché  l'eft  aulfi.  Il  y  a  dans  cette 
ville  un  grenier  à  fel  ;  dont  celui  de  Pont-de  -Vefle  eft  une 
dépendance.  *  Piganiol,  Defcription  de  la  Fiance  ,  t.  3. 
p.  5  24. 

PONT-A-VESLE  ,  bourg  de  France, en  Picardie  ,  fur 
la  rivière  de  Vefle  ,  à  fon  embouchure  dans  l'Aisne  ,  à 


PON 


1040 

quatre  lieues  de  Rheiras ,  &  à  fix  de  Laon  ,  vers  le  midi. 
On  y  voit  un  beau  pont  de  pierre  àmoitié  rompu.  *  Atlas , 
Rob.  de  Vaitgondy.  Corn.  Diâ. 

PONT  DE-VESLE  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  la 
Breffe ,  &  chef-lieu  d'un  mandement  de  rneme  nom  ,  à 
cinq  lieues  au  couchant  de  Bourg,  à  dix  au  nord  de  Lyon , 
ôc  à  une  au  fud-eft  deMâçon.EUc  a  pris  fon  nom  du  pont 
qu'elle  a  fur  la  rivière  de  Vefle.  Sa  longueur  depuis  la 
porte  de  Mâcon  ,  qui  eft  au  nord ,  jusqu'à  celle  de  Lyon , 
qui  eft  au  midi ,  elt  de  deux  cens  toifes  de  Paris  ;  mais 
fa  largeur  d'orient  en  occident  n'eft  que  de  cinquante  toi- 
fes. Cette  ville  a  le  titre  de  comté.  Ce  fut  Emmanuel 
Philibert ,  duc  de  Savoye  ,  qui  le  lui  donna  pour  en  faire 
échange  avec  le  comté  de  Donne,  en  Piémont.  Il  n'y  a 
qu'une  feule  paroifle  à  Pont-de- Vefle.  L'Hôtel-Dieu  fut 
fondé  en  1 308  ,  Ôc  n'a  que  mille  livres  de  revenu.  Le  fei- 
gneura  toute  juftice.Ila  payéau  roi  la  finance  de  la  charge 
de  maire  ;  &  la  fait  exercer  par  commiflion.  Quoique 
cette  ville  ne  foit  pas  fortifiée,  elle  a  un  gouverneur ,  qui 
jouit  de  dix-huit  cens  livres  d'appointement.  *  Piganiol* 
Defcription  de  la  France,  ï.  3.  p.  2.15. 

FONT  AC ,  ville  de  France ,  dans  le  Bearn ,  recette  de 
Pau. 
PONTACUM.  Voyez.  Pontes. 
PONTAILLIER,  bourg  de  France.dans  la  Bourgogne, 
aux  confins  des  diocèfes  de  Dijon  &  de  Befançon  ,  avec 
titre  de  châtellenie.  Ce  bourg  confifteen  deux  paroifies  » 
favoir,  celle  de  Saint  Maurice  ,&  celle  deSaint  Jean-Bap- 
tifte.  La  rue  de  Saint  Jean  dépend  de  l'évêché  de 
Dijon  ;  ôc  le  refte  dépend  de  l'archevêché  de  Befan- 
çon. La  même  rue  de  S.  Jean  elt  de  la  recette  de  Dijon  , 
èc  le  refte  de  celle  d'Auxonne.  Il  y  a  un  prieuré  de  chanoi- 
nes réguliers ,  de  l'ordre  de  fainte  Geneviève  »  fondé  en 
1 246  avec  un  collège. Pontaillier  eft  au  bas  d'une  colline, 
entre  deux  bras  de  la  Sône ,  dans  un  pays  où  l'on  voit  plus 
de  bois  que  de  plaines. 

POMTAIOATES,  villedelaTartarieChinoife,dans 
la  province  de  Kirin ,  ôc  à  neuf  lieues  de  la  capitale ,  dans 
une  plaine  fertile. 

PONTAL  i  c'elt  ainfi  qu'on  appelle  le  vafte  canal  qui 
fert  de  port  à  Cadix  ;  car  l'espace  qui  eft  devant  la  ville , 
ôc  qui  s'étend  jusqu'au  port  de  Sainte-Marie, ne  peut  être 
regardé  que  comme  la  partie  intérieure  ôc  la  plus  faine 
d'une  baie ,  dont  l'entrée  eft  entre  Rota  ôc  la  pointe  de 
Saint  Sébaftien ,  ôc  qui  eft  partagée  en  deux  parties  par  les 
rochers  appelles  los  Puertos  ,  ou  les  Pourceaux  ,  &  le 
Diamant.  L'entrée  du  port  du  Pontal  paroît  large  d'envi- 
ron 500  toifes.  Elle  eft  défendue  par  deux  forts,  bâtis  fur 
deux  pointes  de  terre  ôc  de  rochers  ,  qui  s'avancent  à  la 
mer,  vis-à-vis  l'un  de  l'autre.  Le  fort  du  côté  de  Cadix 
s'appelle  aufli  le  Pontal  ;  mais  quand  les  Espagnols  par- 
lent de  tous  les  deux ,  ils  les  appellent  los  Pontalès.  Ce 
fort  par  dehors  a  la  forme  d'un  carré  long.  La  mer  fert  de 
foffés  aux  trois  quarts  de  fon  enceinte.  La  quatrième  partie 
eft  couverte  de  deux  battions  ,  d'un  foffé  que  la  mer 
remplit  d'eau ,  d'une  demi  lune  &  d'un  chemin  couvert , 
palifladé.  Il  y  a  quelques  batteries  au  dehors  de  ce  fort,  à 
droite  ôc  à  gauche.  Le  fort  ,qui  eft  à  l'oppofite,  s'appelle 
Matagorda.  *L<z£tf/,  Voyage  d'Espagne,  t.  i.p.  250.- 
PONTARCI,  bourg  de  France, dans  la  Picardie,  élec- 
tion de  Soiffons. 

PONTARESINA  ,  lieu  du  pays  des  Grifons,  dans  la 
ligue  de  la  Maifon  de  Dieu ,  dans  la  haute  Engadine ,  à  la 
droite  de  l'In  ,  du  côté  du  Mont-Bemina.  C'eft  là  qu'on 
trouve  le  chemin  qui  conduit  de  l'Engadine  à  Puschiavo. 
*  Etat  &  Del.  de  la  SuiJJe ,  u  4.  p.  61. 

PONTARLIER  ,  Pons-Elaveris  ,  autrefois  Pont- 
Elie,  ville  de  France  ,  dans  la  Franche-Comté  ,  fur  le 
Doux,  près  du  Mont-Jura  ,  ou  Mont-Joux  ,  au  paffage 
le  plus  commode  pour  paffer  de  France  en  Suiffe.  Il  étoit 
déjà  très-important  du  tems  de  Céfar ,  qui  le  décrit  au 
premier  livre  de  fes  commentaires  de  la  guerre  des  Gau- 
les ,  c .  6.  Ce  paflage  eft  aujourd'hui  défendu  par  un  châ- 
teau fitue  fur  un  rocher ,  presque  inaccefiible ,  à  demi- 
lieue  de  Pontarlier,  &  qu'on  nomme  le  Château  de 
Joux,du  Mont- Jura  ou  Joux.  La  ville  de  Pontarlier  eft  le 
fiége  d'un  bailliage  &  dune  recette.  H  y  a  une  paroifle & 
une  familiarité ,  trois  convens  de  rcligieufes ,  une  maifon 
où  il  y  a  eu  autrefois  quatre  ou  cinq  Jéfuites ,  ôc  en  tout 
environ  deux  mille  fix  cens  foixante-quatre  habitnns. 


PON 


* Langiurue ,  Defcription  de  la  France ,  part.  2.  p.  315. 
Piganiol,  Defcription  de  laFrance ,  t.  7.  p.  570. 

PONTAUBOLT ,  Pons  Albatus  ou  Albado  ,  lieu 
de  Fiance,  dans  la  Baffe  -Normandie ,  diocèfe  ôc  éle- 
ction d'Avranches  ,  intendance  de  Ca'én.  Il  y  a  dans  ce 
lieu  un  beau  pont  fur  la  Selune,  Seine  ,  au  Ardée,  ôc  c'eft 
un  grand  paflage  pour  la  route  de  Bretagne. 

PONTAVEDRA.  Voyez.  Pontevedra.  ' 

PONTAULT  ,  Pons  Altus  ,  abbaye  d'hommes  ,  en 
France  ,  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  filiation  de  Jouy  ,  dans  la 
Gascogne,  au  diocèfe  d'Aire,  fondé  l'an  iij  1.  Elle  eft 
dans  une  fituation  agréable  ,  à  quatre  lieues  au  fud-oueft 
de  la  ville  d'Aire ,  au  bord  de  la  rivière  de  Luy ,  qui  fépare 
le  diocèfe  d'Aire  de  celui  de  Lescar.  Ce  canton  s'appelle 
la  Chaloffe. 

PONTCHARRA.  Voyez,  l'article  Pont-Charra. 

i.PONTCHARTRAIN,  terre  de  l'ifle  de  Fiance  . 
aux  environs  de  Paris  ,  à  une  lieue  de  Montfort.  11  y  a  une 
belle  maifon  de  même  nom.  La  terre  ôc  la  maifon  appar- 
fenoient  à  M.  de  Pontchartrain ,  ci-devant  chancelier  de 
France. 

2.  PONTCHARTRAIN  (  Le  fort  ) ,  petit  fort  de  l'A- 
mérique feptentrionale.  lia  étéconftruit  par  les  François, 
à  la  côre  des  Eskimaux ,  &  à  l'embouchure  de  la  rivière 
qui  porte  le  nom  de  ce  peuple  fauvage. 

3.  PONTCHARTRAIN  (  Le  lac  de) ,  lac  de  l'Améri- 
que feptentrionale ,  dans  la  Louïfiane.  C'eft  par  ce  lac 
que  l'on  communique  le  plus  aifément  de  la  mer  au  fleu- 
ve de  Mifliflipi.  Pour  éviter  les  grandes  difficultés  qu'on 
trouve  à  remonter  ce  fleuve  par  fa  principale  embouchure , 
de  ce  lac  on  entre  dans  celui  de  Maurepas  ,  d'où  par  le 
canal  ou  la  rivière  d'Iberville ,  l'on  paffe  aifément  dans  le 
fleuve  de  Mifliflipi ,  ou  bien  on  fait  un  portage  depuis  la 
baie  dans  laquelle  fe  décharge  le  lac  de  Pontchartrain, 
jusqu'à  l'endroit  où  font  établis  lesOtimas,fur  le  bord  du 
fleuve. 

PONTD  ALAMI A  :  c'étoit  le  village  le  plus  confide- 
rable  des  Illinois ,  lorsque  les  fleurs  de  la  Salle  &  Tonty 
allèrent  reconnoître  ce  peuple.  Il  étoit  au-deflus  du  lac 
Pimitoui,  le  long  de  la  rivière  des  Illinois. 

PONTE.  Voyez.  Pont  ,  ».  I. 

PONTE  AU  ,  abbaye  de  France,  en  Gascogne,  au  dio- 
cèfe d'Aire.  Elle  eft  de  l'ordre  de  Cîteaux. 

PONTE  DI-CALLIGOLA  ou  le  Pont  de  Caligu- 
ia  ,  pont  d'Italie  ,  au  royaume  de  Naples ,  tout  joignant 
la  ville  de  Pouzol.  C'étoit  un  pont  extravagant ,  que  les 
uns  attribuent  à  Caligula,  &  d'autres  à  Néron.  Je  crois , 
dit  le  père  Labat ,  Voyage  d'Italie ,  t.  j.  p.  60.  qui  a  vu  les 
reftes  de  ce  pont,  que  ces  deux  empereurs,  aufli  fous  l'un 
que  l'autre ,  y  avoient  eu  part  tous  les  deux.  Il  y  a  encore 
treize  ou  quatorze  piles  debout:  elles  tiennent  à  la  ville, 
ôc  quelques-unes  ont  encore  leurs  arches  ou  ceintres. 
On  convient  que  ce  pont  n'a  jamais  été  pouffé  jusqu'à 
Baya ,  comme  il  devoit  l'être ,  ôc  qu'au  bout  de  ce  qu'on  a 
pu  faire  d'arches  de  maçonnerie,  le  refte  ne  fut  compofé 
que  de  bâtimens  accolés ,  ôc  bien  affermis  par  des  ancres. 
Ces  bâtimens  étoient  couverts  de  planches  ôc  de  terre;  ôc 
ce  fut  là  le  pont  fur  lequel  Caligula  paffa.  Les  piles  qui 
fubfiftent.font  de  briques  plus  longues,plus  larges  ôc  plus 
épaiffes  qu'on  ne  les  fait  actuellement  ,  ôc  liées  par  un 
mortier  de  pouflblane.  Les  joints  ont  un  bon  pouce  de 
hauteur.  Je  ne  fais,  continue  le  père  Labat,  fi  c'étoit  pour 
épargner  la  brique  qu'on  fit  les  joints  fi  larges ,  ou  fi  c'eft 
que  le  mortier  qu'on  a  employé  pour  les  joindre  ,  étoit 
eftimé  aufli  fort  pour  le  moins  que  la  brique.  11  l'eft  en 
effet ,  il  fait  corps  dans  l'eau  faite,  ôc  comme  il  y  a  abon- 
dance de  fable  rouge  aux  environs  de  Pouzol  ,  on  peut 
attribuer  le  deffein  extravagant  de  cet  ouvrage à  la  facilité 
de  trouver  fans  peine ,  ôc  fans  beaucoup  de  dépenfe,  les 
matériaux  dont  il  eft  compofé.  Voyez.  Pouzol. 

PONTE-CENTESIMO,  bourg  d'Italie,avec  château 
dans  le  duché  de  Spolete,  fur  une  petite  rivière  qui  fe  jette 
dans  le  Topino.  Ce  bourg  eft  environ  à  trois  milles  de 
Paflano,  du  côté  du  midi ,  à  fept  milles  de  Nocera,  vers 
le  midi  occidental, &  à  égale  diftance  de  Fuligno  ,  vers 
le  nord  oriental.  Le  père  Labat ,  dans  fon  voyage  d'Ita- 
lie ,  t.  3 .  p.  34.  donne  feulement  le  nom  d'hôtellerie  à 
Ponte  Cerne firno.  Il  ajoute  qu'il  y  a  auprès  un  poteau,  avec 
les  armes  de  l'Eglifc;  &  que  c'eft  en  effet  le  premier  lieu 

du 


PON 


PON 


du  domaine  du  pape  ,que  l'on  appelle  le  Patrimoine  de 
Saint  Pierre,  fi  l'on  vient  du  côté  de  Radicofani ,  qui  eft  à 
lept  milles  de  Ponte  Centefimo.  *  Magin  ,  Carte  du  du- 
ché  de  Spoléte. 

PON  TE-CENTINO  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de 
l'Eglife,  au  territoire  d'Orviéte  ,  fur  un  torrent  nommé 
Centino ,  qui  fe  jette  dans  la  Paglia.  Ponte-Centino  eft  en- 
viron à  cinq  milles  d'Acquapendente  ,  en  tirant  vers  le 
Nord.  *  Magin ,  Carte  du  territoire  d'Orviéte. 

PONTE-CHIARO,  petite  ville  d'Italie  ,  dans  l'état 
de  Venife ,  au  Breflan  ,  dans  la  campagne  de  Monte- 
Chiaro  ,  fur  la  Chiefa,  félon  Corneille , Dift.  qui  ne  cite 
aucun  garant.  Magin  ,  Carte  du.  Brcjfan,  appelle  cette 
ville  Monte  Chiaro,  Se  non  Ponte  Chiaro.  Il  marque  pour- 
tant un  pont  fur  le  fleuve  Chiefe. 

PONTE  CORVO ,  bourg  d'Italie  ,  au  royaume  de 
Na  pics,  dans  la  Terre  de  Labour ,  vers  les  frontières  de 
la  Campagne  de  Rome ,  fur  le  Garigliano  ,  environ  à  qua- 
tre milles  d'Aquino  ,  vers  le  midi  occidental.  *  Magin  , 
Carte  de  la  Campagne  de  Rome. 

PONTE-A-ERA  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  la  Toscane  , 
au  territoire  de  Pife.  Il  eft  fitué  fur  la  rivière  d'Era  ,  près 
de  fon  embouchure  dans  l'Arno.  *  Magin  ,  Carte  du 
Florentin. 

PONTE  A  FELLA  ou  Ponte  Fella.  Voyez.  Pon- 

TEBA. 

PONTE  GALLE.  Voyez.  Galle. 

PONTE-GREGORÏANO  ,  pont  d'Italie  ,  dans  la 
proviuce  du  Patrimoine,  fur  la  rivière  de  la  Paglia, à  trois 
milles  d'Acquapendente,  qui  eft  à  l'eft  dece  pont.Ponte- 
Grcgoriano  tire  fon  nom  du  pape  Grégoire  XIII  qui  le  fit 
bâtir ,  comme  on  le  voit  par  fes  armes,  &  par  l'infcriprion 
qui  les  accompagne.  Ce  pont  eft  de  pierre.  *  Labat , 
Voyage  d'Italie  ,  t.  $.p.  34. 

PONTE- DE-LIMA,  ville  de  Portugal ,  dans  la  pro- 
vince d'entre  Douro  Se  Minho  ,  au  bord  de  la  rivière  de 
Lima,  au-deflbusdeViana,  environ  à  trois  lieues.  Cette 
ville  ,  qui  peut  palier  pour  belle ,  tire  fon  nom  id'un  ma- 
gnifique pont  conftruit  fur  la  rivière  de  Lima.  Elle  eft  ou- 
tre cela  embellie  d'un  fuperbe  palais,  &  environnée  d'une 
campagne  très-fertile.  On  ne  donne  guère  que  cinq  cens 
habitans  à  Pontede  Lima.  Il  y  a  un  tribunal  de  juftice  , 
dont  la  jurisdiction  s'étend  fur  trois  autres  lieux.  Cette 
ville  eft  l'ancien  lieu  ,  appelle  Forum  Limicorum.  *  Déli- 
ces de  Portugal,  p.  705.  Defcr.fumar.  delKcgno  del  Por- 
tugal. 

PONTEDILIMOSANO,  dans  le  comté  de  Molife  , 
au  royaume  de  Naples ,  où  on  conjecture  avec  beaucoup 
de  vraifemblance  qu'étoit  le  Tiferinum  Oppidum  des  an- 
ciens ,  quoique  Cluvier  ait  prétendu  que  cette  ville  étoit 
plus  près  du  fleuve  de  même  nom  ,  qu'on  appelle  aujour- 
d'hui Biferno.  Ce  fut  Antonin  le  Débonnaire  qui  fit  bâtir 
ce  magnifique  pont  de  pierre.  En  1724  ,  le  marquis  de 
Salcito  ,  dont  les  terres  font  proches  de  ce  pont  ,  décou- 
vrit fur  un  de  fes  piliers  l'infcriprion  fuivante  : 

Imp.  C/esari  divi  Hadriani  Fil.   divi  Trajani 
Parthici  nap. 

Divi  Nerv^ï.  pron.  T.  Aelio 
Hadriano    Antonio  Augusto  ,  Pio.  Pont.  Maz. 
Trib.  Pot.  m.  cos.  m. 

P.  P. 

A  Parius  Q.  F.Vol.  Sévir  ob.  honor.  quinquen  de 
H.  S.  un. 

M.  N.  ex  DD. 

Cujus  dedicas  epulum  dédit  decur.  Se  Auguftal.  Sing.  h.  s. 

ni.  Plebih  s  n.  N. 

*  D.  Matheo  Egitio ,  lettre  à  M.  l'abbé  Langlet  du  Fres- 
noy. 

PONTE-MAMOLO  ,  pont  d'Italie  ,  dans  l'Etat  de 
l'Eglife ,  fur  le  Teveronne ,  à  fix  milles  de  Rome  ,  fur  le 
chemin  de  Tivoli ,  en  allant  dans  la  Sabine,  félon  Cor- 
neille, Diil.  qui  ne  cite  aucun  garant. 

PONTE-MOLLE  ou  Ponte-Mole.  Voyez,  au  mot 
Pons ,  l'article  Pons  Milvius. 

PONTE-NUR A,  bourgade  d'Italie, dans  le  duché  de 
Plaifance  ,  près  de  la  rivière  Nura  ,  à  deux  lieues  dç 
Plaifance  du  côté  de  l'orient  méridional.  La  voie  Emi- 


1041 

Iienncpafibit  par  ce  lieu  ,  qu'on  croit  être  YEmporium 
des  anciens ,  Se  elle  paflbit  aufli  par  le  pont ,  qui  eft  fur 
la  rivière  de  Nura,  d'où  le  bourg  tire  fon  nom.  *  Ma* 
gin  ,  Carte  du  Plaifantin. 

PONTE-OGLIO ,  bourgade  d'Italie ,  dans  le  Breflan, 
aux  confins  du  Bergamasque  ,  fur  la  rive  méridionale  de 
TOglio.  Il  y  a  un  pont  qui  traverfecette  rivière.*  Magin, 
Carte  du  Breflan. 

PONTE-RICCIOLI,  félon  Corneille,  Dit!.  Se  Pon- 
te Ricevole  ,  félon  Magin  ,  Carte  du  Duché  d  Urbin  , 
village  d'Italie  ,  au  duché  d'Urbin  ,  fur  le  bord  du  Can- 
tiano,  entre  la  ville  de  Cagli  au  nord  ,  &  celle  de  Can- 
tiano  au  midi  oriental ,  environ  à  quatre  milles  de  cha- 
cune. On  croit  que  ce  village  eft  l'ancien  Luceolum  Ca~ 
flrum, 

PONTE.SAN-AMBROGIO,  lieu  d'Italie,  dans  le 
duché  de  Modene  ,  fur  la  route  qui  conduit  de  Modene  à 
Boulogne  ,  fur  la  rive  occidentale  du  Panaro.  Ce  lieu 
où  il  y  avoit  autrefois  un  pont,  eft  renommé  par  la  vi- 
ctoire que  les  Bolonois  y  remportèrent  en  1 249  fur  les 
Modenois ,  Se  fur  Entio ,  roi  de  Sardaigne,  qu'ils  y  firent 
prifonnier.  *  Magin ,  Carte  du  Modenois. 

PONTE-STURA,  Pons-Stura ,  bourgade  d'Italie; 
dans  le  Montferrat ,  à  l'embouchure  de  la  Stura ,  dans  le 
Pô ,  environ  à  cinq  milles  de  Cafal.  Ce  bourg  a  été  autre- 
fois fortifié.  *  Magin,  Carte  du  Montferrat. 

PONTE-VEDR  A ,  Pons-Vetus,  ville  d'Espagne ,  dans 
la  Galice,  à  huit  lieues  plus  bas  que  le  cap  de  Finiftetre  ,  à 
la  tête  d'un  golfe  ,  que  l'Océan  forme  à  l'embouchure  de 
la  petite  rivière  du  Loris.  Ceft  une  grande  ville  fans  dé- 
fenfe, &  même  qui  n'eft  pas  peuplée  à  proportion  de  fa 
grandeur.  Elle  peut  contenir  environ  quinze  cens  feux. 
On  y  voit  une  grande  place  publique,  avec  une  belle  fon- 
taine au  milieu.  La  principale  richefle  de  cette  ville  con- 
fifte  dans  le  débit  des  fardines ,  dont  la  pêche  y  eft  fort 
abondante.  On  en  charge  des  bâtimenspour  les  transpor- 
ter en  divers  pays.Mariana  croit  que  c'eft  l'Hellenes  dont 
parle  Strabon.  *  Délices  d'Espagne  ,  p.  128. 

PONTE- VICO  ,  petite  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  de 
Venife ,  au  Breflan  ,  fur  l'Oglio.  Cette  ville  eft  aflez  bien 
fortifiée  par  fa  fituation.  Elle  a  un  port  fur  l'Oglio.  *  L& 
Forêt  de  Bourgon  ,  Géogr.  anc.  &  mod.  t.  2.  p.  456. 

PONTEBA ,  ou  Ponte-Fell  a,  ville  aux  frontières  de 
l'Italie,  &  de  la  Carinthie,  fur  les  bords  de  la  rivière  de 
même  nom,  qui  fe  jette  au-deflbus  dans  celle  de  Fella  , 
qui  fépare  les  terres  de  l'empereur  de  celles  des  Véni- 
tiens. La  ville  de  Ponteba  fait  aufli  cette  féparation;&  l'on 
ne  peut  pas  pafler  plus  vite  d'un  pays  à  un  autre  ,  qu'on  £ 
pafle  dans  cette  ville.  D'un  côté  du  pont  ,  ce  font  des  Ita- 
liens fujets  de  la  république  de  Venife ,  qui  y  demeurent, 
Se  de  l'autre ,  ce  font  des  Allemands ,  qui  obéiflent  à  l'em- 
pereur. D'un  côté  lesbâtimens  ,  les  façons  de  vivre  ,  les 
maifons  où  l'on  ne  voit  perfonne ,  les  grandes  fenêtres  , 
&  enfin  les  dos  de  lit  de  fer  :  tout  cela  fait  voir  que  ce  font 
des  Italiens  ;  Se  del'autrecôtélesétuves,  les  lits  de  plume 
les  uns  furies  autres ,  les  tables  carrées ,  Se  les  baflins ,  font 
juger  qu'ils  font  Allemands.  Il  n'y  a  pas  même  jusqu'au 
pont,  qui  eft  moitié  italien,  &  moitié  allemand  ;  car  il 
y  en  a  une  partie  qui  eft  bâtie  de  pierre,  Se  l'autre  eft  con- 
ftruite  de  grands  arbres  ,  comme  font  ordinairement  les 
Allemands ,  lorsqu'ils  bâtiflent  des  ponts.  Il  y  a  entre 
Ponteba  Si  Venzone  plufieurs  chutes  d'eau-,  mais  de  tous 
les  divers  paflages  des  Alpes ,  il  n'y  en  a  point  de  meilleur 
ni  de  plus  aifé  que  celui-là.  Lazius  a  cru  que  Ponteba  étoic 
l'ancienne  Julium  Carnicum.  *  Ed.  Brovn  ,  Voyage  de 
Vienne,  p.  199. 

PONTERIS,  village  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egypte.  Pto- 
lomée,/.4.  c.  7.  dit  qu'il  étoit  fur  la  rive  orientale  du  Nil, 
entre  Patata  Se  Premnis  Parva. 

1.  PONTES ,  ou  Pons.  Voyez, ,  au  mot  Pont  ,  l'arti- 
cle Pont,  n.  2.  Se  Pont  de  Trajan. 

2.  PONTES ,  ville  d'Angleterre.  L'itinéraire  d'Ant onin 
la  met  fur  la  route  de  Pcgnum  à  Londres ,  entre  Calleva 
Attrebatum  (Henley)  Se  Londres,  à  dix-huit  milles  du 
premier  de  ces  lieux ,  Se  à  vingt-deux  milles  du  fécond. 
C'eft  aujourd'hui  Colebroock,  qui  tire  fon  nom  de  la  rivière 
Cole ,  qui  fe  partage  en  quatre  bras,  fur  chacun  desquels 
il  y  avoit  un  pont ,  Se  ces  quatre  ponts  font  l'origine  de 
l'ancien  nom  Pontes.  Thomas  Gale,  [Antonin, iter.Brit, 

Jom.  IV.  Qqqqqq 


PON 


104a 

p.  107.)  de  qui  eft  cette  remarque  ,  avertit  que  l'itiné- 
raire d'Antonin  eft  fautif  dans  les  milles,  pour  la  pofition 
de  Pontes.  L'erreur  vient  de  ce  qu'il  ne  marque  que  dix- 
huit  milles  entre  Calleva  Attrebamm  8c  Ponces,  au  lieu 
qu'il  devoit  en  mettre  vingt-deux. 

3.  PONTES  ,  ville  de  la  Gaule  Belgique.  L'itinéraire 
d'Antonin  la  place  fur  la  route  de  Lyon,  entre  Ambiant 
ôcGrcJforiacum ,  à  trente-fix  milles  du  premier  de  ces 
lieux ,  8c  à  trente  neuf  milles  du  fécond. 

PQNTES-FERRE1  ,  en  grec  nfafîç  -yapv^  ,  nom 
d'un  lieu  de  la  Perfe-Arménienne  ,.  félon  Ortelius  ,  qui 
cite  Cédrene  8c  Curopalate. 

PONTESIUM  ,  nom  latin  de  la  ville  de  Pontoifc  , 
félon  Yves  de  Chartres,  Epifi.   105. 

PONTES-TESFENII.ouAdPontes-Terseninos, 
ville  de  la  Germanie,  dans  la  Vindelicie ,  félon  l'itinéraire 
d'Antonin  ,  qui  là  met  fur  la  route  de  Lauriacum  à 
Veldidera,  entre  Ambre  Se  Parthanum,  à  quarante 
milles  du  premier  de  ces  lieux  ,  8c  à  vingt  milles  du  fé- 
cond. 

PONTHIEU,  Pagits  -  Pontivus  ,  contrée  de  France, 
dans  la  Baffe -Picardie  ,  avec  titre  de  comté.  Le  Ponthieu 
s'étend  depuis  la  rivière  de  Somme  jusqu'à  celle  de 
Canche  ;  8c  la  partie  qui  s'étend  depuis  la  Somme 
jusqu'à  la  rivierede  Brefle,  s'appelle  le  Vimeux,  Pagus- 
Vimacenjïs ,  ou  Vinemacus.  Ce  pays  a  pris  fon  nom 
de  la  quantité  des  ponts  qu'on  y  trouve.  11  appartenoit 
autrefois,  demême  que  le  Vimeux,  à  l'abbaye  de  Centu- 
le ,  nommée  depuis  Saint  Riquier  du  nom  de  fon  an- 
cien fondateur  ;  à  laquelle  appartenoit  non  feulement 
route  la  feigneurie  du  lieu  de  Centule ,  où  eft  fttué 
le  monaftere ,  mais  celle  d'Abbeville  ,  Abbatisvilla  ; 
Dommar  (  Domm  Mcdardi  Caflrum  )  8c  Montreuil  , 
ou  Monaftcriolum  ,  qui  a  pris  fon  nom  d'un  monaftere 
qui  y  étoit  fitué.  Hugues  Capet  ,  voyant  que  les  Nor- 
mands faifoient  ordinairement  leur  descente  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Somme,  &  à  celle  de  la  rivière 
de  Canche ,  fît  bâtir  des  forrereffes  à  Abbeville ,  à 
Dommar  ,  8c  ailleurs.  Hariulphe ,  auteur  de  la  chronique 
de  faint  Riquier,  qui  vivoit  il  y  a  plus  de  fix  cens  ans  , 
nous  apprend  que  les  premiers ,  qui  commandèrent  en 
Ponthieu,  n'étoient  pas  vrais  feigneurs  propriétaires  ; 
mais  que  peu  après  ils  prirent  le  nom  de  comtes  ,  8c  fe 
rendirent  indépendans.  Ce  comté  étant  tombé  en  que- 
nouille l'an  ioSj  ,  Agnès  ,  à  qui  il  appartenoit,  époufa 
Robert ,  comte  de  Perche  8c  d'Alençon.  Le  dernier  des- 
cendant mâle  de  ce  comte  fut  Jean  ,  qui ,  étant  mort 
fans  enfans,  eut  pour  héritière  fa  fœur  Marie,  femme 
de  Simon  de  Dammartin.  De  ce  mariage  vint  Anne 
de  Dammartin ,  comtefle  de  Ponthieu  ,  qui  époufa 
Ferdinand  111 ,  roi  de  Caftille  :  il  n'eut  qu'une  fille 
de  ce  mariage  •  nommée  Léonor  ,  qui  époufaEdouard  I  , 
roi  d'Angleterre ,  qui  par  elle  fut  comte  de  Ponthieu 
8c  de  Montreuil,  &  leur  fils  Edouard  II ,  roi  d'Angleterre , 
hérita  de  ce  comté  ,  qu'il  laiffa  à  fon  fils  Edouard  III. 
Ce  prince  ayant  vaincu ,  &  pris  prifonnier  le  roi  Jean 
à  la  bataille  de  Poitiers ,  on  fut  forcé  de  céder  aux 
Anglois ,  la  propriété  8c  la  fouveraineté  des  comtés 
de  Ponthieu  8c  de  Montreuil.  Neuf  ans  après,  Charles 
V ,  ayant  conquis  ce  pays ,  le  réunit  à  la  couronne , 
où  il  eft  demeuré  attaché  jusqu'au  traité  d'Arras.  Les 
Bourguignons  ont  joui  depuis  ce  tems  du  Ponthieu  jus- 
qu'après la  mort  de  Chailes ,  duc  de  Bourgogne,  tué 
devant  Nancy,  après  laquelle  Louis  XI,  réunit  pour 
la  féconde  fois  ce  comté  de  Ponthieu  à  la  couronne.  * 
Longuerue,   Defciiption  de  la   France,    part.    1.    p. 

Il  y  avoit  autrefois  dans  le  Ponthieu  une  ville  8c  un 
port  fort  connus ,  appelles  Quentouvicus  ,  Quenta- 
vicus  ,  ou  Wicus  ,  c'eft-à-dire  Quantité.  Viens,  parce  que 
cette  ville  étoit  fi  tu  ce  à  l'embouchure  de  la  Canche.  Voyez. 
Quentovic.  Ce  pays  eft  abondant  en  grains  ,  en  fruits  , 
en  pâturages ,  &  il  a  l'avantage  du  commerce  de  la  mer. 
Ses  principaux  lieux  font  : 

Abbeville ,  Rue  , 

Montreuil ,  Saint  Valéry , 

L'abbaye  de  Saint  Riquier. 

Le  Ponthieu  a  fa  coutume  particulière. 


PON 


1 .  PONTIA ,  ville  d'Italie ,  chez  les  Volsques ,  proche 
de  Terracine.  Feftus ,  de  Verbor.  fi%nif.  en  fait  mention  , 
8c  Tite-Live,  /.  9.  c.  28.  lui  donne  titre  de  colonie 
Romaine.  Dans  un  autre  endroit  il  appelle  les  habi- 
tans  Pontiani. 

2.  PONTIA.   Voyez.  Ponce. 

3.  PONTIA  ,  ou  Ponti>«  ,  ifle  fur  la  côte  d'Italie, 
dans  la  mer  de  Toscane,  vis-à  vis  de  Velia ,  8c  dans 
le  voifinage  de  l'ifle  Iscia.  C'étoit  à  ce  que  nous  apprend 
Scrabon,/.  6. &  Pline,/.  3.  c.  %. l'une dcslûesOenotrides , 
fans  doute  parce  qu'elles  avoient  été  peuplées  par  les 
Oenotrï.  Cluvier ,  appuyé  de  l'autorité  de  Strabon  & 
de  I  line ,  place  les  ifles  Auftrales  vis-à-vis  du  fleuve 
Haies,  qui  s'appelle  aujourd'hui  Aliento,  dans  la  Lucanie, 
8c  qu'il  donna  à  ces  ifles  les  noms  de  Pomia  8c  d'I/cia 
ou  IJacia.  Cependant  on  ne  voit  à  préfent  aucune  ifle 
en  cet  endroit.  Leucofia  même  ne  fubfifte  plus ,  elle 
eft  unie'  au  continent ,  8c  on  l'appelle  le  cap  de  la 
Licofa.  *  D.  Matthco  Egitio ,  lett.  à  Langlet  du  Fres- 
noy. 

4.  PONTIA,  ifle  que  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  3.  place  fur 
la  côte  d'Afrique,  près  de  celle  de  Mifinus. 

PONTICI.  Pomponius  Mêla  ,  /.  1.  c.  2.  donne  ce 
nom  à  divers  peuples  ,  qui  habitoient  aux  environs  du 
Pont-Euxin  ,  les  uns  à  un  bout ,  les  autres  à  l'autre,  & 
que  l'on  comprenoit  tous  fous  le  nom  général  de  Pon- 
tici. 

PONTICO-VILLA,  lieu  de  la  France,  félon  Ortelius  , 
qui  cite  Grégoire  de  Tours ,  Hift.  I.  4.  Il  ajoute  que 
dans  un  autre  endroit  il  trouve  le  nom  de  ce  lieu  écrit 
Amplement  Pontico.  Il  y  a  apparence  que  c'eft  le  même 
lieu  que  Pontigo.  Voyez.  Pontyon. 

PONTICUL,  ancien  nom  de  Ville-Dieu  ,  bourg  du 
Berri ,  élection  de  Châteauroux  fur  l'Indre. 

PONTICUM-MARE.  Voyez.  Pontus  Euxinus. 

PONTIDA  (  S.  Jaques  de) ,  abbaye  régulière  d'hom- 
mes,  ordre  de  S.  Benoît,  congrégation  du  Mont-Cas- 
An  ,  dans  le  Bergamasque ,  au  diocèfe,  8c  à  neuf  milles 
de  Bergame. 

PONT1FICENSE.  Voyez.  Obuicon. 

PONTIFFROY  ,  Pons  Theofredi ,  abbaye  de  France  , 
au  pays  Merlin.  C'eft  une  abbaye  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux  ,  fille  de  Villers-Betnach.  Elle  fut  d'abord  fondée 
en  1232,  félon  d'autres  en  1230,  à  la  porte  de  la  vil- 
le de  Metz.  Depuis  en  15-32. ,  elle  fut  transférée  dans 
l'églife  paroiffiale  de  Saint  George  de  la  même  ville. 
Elle  eft  en  règle ,  8c  vaut  par  an  trois  mille  livres  de 
revenu. 

1 .  PONTIGNY ,  bourgade  de  France  ,  dans  la  Cham- 
pagne ,  aux  confins  de  la  Bourgogne ,  à  quatre  lieues 
au  nord-eft  d'Auxerre  ,  fur  la  rivière  de  Serain.  Ce 
lieu  eft  remarquable  par  une  abbaye  célèbre  de  l'or- 
dre de  Cîteaux.  Cette  bourgade  eft  fur  le  territoire 
delà  patoiflède  Venoufle,  du  diocèfe  d'Auxerre.  Voyez. 
l'article  fuivanr. 

2.  PONTIGNY  ,  Pontxniacum  ,  abbaye  régulière 
d'hommes  ,  en  France ,  dans  la  Champagne ,  aux  con- 
fins de  la  Bourgogne.  C'eft  une  abbaye  de  l'ordre  de 
Cîteaux,  dont  elle  eft  la  féconde  fille.  Elle  fur  fondée 
en  11 14  ,  par  Thibaud  le  Grand  ,  fécond  du  nom  , 
comte  de  Champagne.  L'églife  de  cette  abbaye  eft  belle 
&  a  un  air  de  grandeur.  On  y  conferve  le  corps  de 
faint  Edmond  ou  Edme  ,  archevêque  de  Cantorbery , 
qui  eft  en  chair  &  en  os  dans  une  grande  chaffe  de 
bois  ddré.  On  voit  par  un  cryftal  la  tête  de  ce  faint 
qui  eft  toute  nue  -,  le  refte  du  corps  eft  revêtu  des  habits 
pontificaux.  Un  de  fes  bras  en  fut  fép«é  à  la  prière 
de  faint  Louis ,  qui  le  fit  mettre  dans  un  reliquaire 
d'or ,  où  on  le  voit  à  nud  ,  mais  la  chair  en  ctt  toute 
noire ,  au  lieu  que  celle  de  fon  corps  eft  toute  blanche  ; 
parce  que  les  religieux,  craignant  que  ce  bras  déta- 
ché ne  fe  corrompît ,  l'embaumèrent.  On  voit  dans 
le  tréfor  l'anneau  paftoral  de  ce  faint ,  le  calice  & 
la  patène  avec  lesquels  il  fut  enterré  ,  fa  coupe  ,  & 
le  bras  de  faint  Irénée ,  martyr.  On  voyoit  il  y  a  trente 
ans ,  derrière  cette  églife ,  les  mafures  d'une  chapelle 
qu'on  prenoit  pour  l'ancienne  églife  ;  mais  qui  n'étoit 
qu'une  chapelle  bâtie  en  l'honneur  de  faint  Thomas  de 
Cantorbery  ,  où  il  y  eut  des  fépultures  confidérables  ,  fur 
lesquelles  il   faut  confulter  le  livre  de  l'hiftoirff  de  la 


PON 


PON 


prife  d'Auxerre  par  les  Huguenots,  imprimé  en  1713  , 
page  273.  Le  logis  de  l'abbé  étoic  tout  proche.  11  con- 
liùoit  en  quatre  petites  chambres  ,  dans  lesquelles  il  y 
avoit  une  cheminée.  On  voit  à  l'entrée  du  monartere 
un  ancien  palais  des  comtes  de  Champagne.  11  fert 
aujourd  hui  d'écurie  Se  de  cuifine  a  l'abbé ,  qui  a  tout  au- 
près un  palais  magnifique.  Cette  abbaye  a  fervi  de  re- 
traite à  trois  faints  archevêques  de  Cantorbery  ,  en  An- 
gleterre ,  perfécutés  par  leurs  rois  Se  par  les  grands 
du  pays,  lavoir  à  laint  Thomas,  dit  Becket ,  à  Etienne 
I.angton  ,  mort  en  1228,  dont  lacanonifation  n'a  point 
été  terminée  ,  &  à  faint  Edme,  qui  mourut  l'an  1241 , 
près  de  Provins  en  Brie ,  &  dont  le  corps  fut  rapporté 
a  Pontigny.  On  l'y  a  choifi  pour  patron  du  lieu  «Se  l'ab- 
baye s'appelle  de  fon  nom ,  Saint  Edme  de  Pontigny. 
*Baugier,  Mém. Hirt.de Champagne ,  t.  2  p.  248.  Bail' 
ht ,  Topogr.  des  Saints  ,  p.  3  87. 

P  ON  T  I  G  O,  Pontigonenfîs  Villa,  ancien  château 
des  rois  de  France.  Voyez.  Pontyon. 

PONTlNES,  ou  Palus,  ou  Marais  Pontines  , 
Palus Pomma,  grand  marais  d'Italie, dans  la  Campagne 
de  Rome,  environ  à  quarante  milles  de  l'orient  méri- 
dional de  cette  capitale.  Tite-Live,  /.  46.  nous  apprend 
que  le  conful  Cornélius  Cethegus  fit  deflecherlameiileu- 
ie  partie  de  ce  marais,  &  le  mit  en  sut  de  pouvoir 
être  cultivé  ;  mais  comme  on  le  négligea  dans  la  fuite , 
les  eaux  gagnèrent ,  &  le  marais  retourna  dans  fon  pre- 
mier état.  Theodoric,  roi  des  Goths,  le  fit  deiTecher  pour 
Ja  féconde  fois ,  comme  le   porte  une  infeription  qui 
s'eft  confervée  ;  mais  par  le  peu  de  foin  que   l'on  a 
eu  d'entretenir  l'ouvrage ,  presque  tous  les  champs  fe 
trouvent  maintenant  inondés ,  tant  par  l'eau  des  rivières , 
qui  ont  leur  cours  dans  ce  quartier ■,  que  parles  four- 
ces  abondantes  qui  fortent  du  pied  des  montagnes  voi- 
iïnes.  *  Lcanier  ,  Latium  totale,  p.  135. 

PONTINUS-AMNIS.  Voyez.  Pontinus-Mons. 
PONTINUS  MONS  ,  montagne  du  Péloponnèfe  , 
dans  l'Argie,  félon  Paufanias ,  /.  2.  c.  36.  qui  dit  qu'il 
en  fortoit  une  rivière  qui  portoit  le  même  nom. 
PONTI VI ACUM  ,  ou  Pontin iacum.  Voyez.  Onia. 
PONTIUM.  Voyez.  Potium  Se  Trapontium. 
PONTI  V  Y ,  petite  ville  de  France ,  dans  la  Bretagne  , 
diocèfe  de  Vannes,  Se  dans  les  terres,  fur  la  rivière  de 
Blavet,  entre  Guemené  à  l'occident,  Se  Rohan  à  l'o- 
rient. Il  y  a  dans  cette  petite  ville   une  manufacture 
de  toiles.  *  Jaillot ,  Atlas. 

PONTO.  C'eft  le  nom  de  la  féconde  communauté 
du  troifiéme   gouvernement  de  la  Valteline.  Le  bourg 
qui  en  ert  chef-lieu  ,  s'appelle  auffi  Ponto.  Il  ert  beau 
Se  grand ,  Se  il  ne  le  cède  à  aucun  autre  de  la  vallée. 
11  ert  firué  fur  la  rive  droite  del'Adda.  *Etai  &  Délices 
de  la  Sui/fe  ,  t.  4.  p.  1 44. 
PONT01SE,ouPont-Oise  ,Ponshar«i,  PonsŒ/u , 
Briva  Ifaro  ,   Pon-ifara  ,  Pontijurx ,  ville  de  France  , 
dans  le  Vexin-François ,  dont  elle  ert  la  capitale.  Cette 
ville  a  pris  fon  nom  d'un  pont  fur  la  rivière  d'Oife  , 
Se  au  bout  duquel  elle  ert  fituée  fur  une  hauteur ,  & 
i'ur  le  penchant  d'une  colline  ,à  1 1  lieues  fudelt  de  Rouen 
ce  à  fept  nord-ouell  de  Paris  L'ancien  nom  de  Pontoife 
clt  Brivifara ,  ou  Brivaifura  ,  félon  l'itinéraire  d'Anto- 
nïn  ,  &  Brivaifara  ,  félon  latabledePeutinger  ;  ce  qui 
fignifie  la  même  chofe  que  Pont-Oife  ;  car  Brive ,  en 
ancien  gaulois,  veut  dire  un  pont,  Se  Ijaratîi  l'Oife. 
Le  nom  d'ifara  a  été  changé  en  (Efîa  ou  Efia ,  félon 
le  témoignage  de  Vibius  Sequertcr,  dans  fon  traité  des 
fleuves.  Cette  rivière  fut  aufiî  appelléc  Inifa ,  comme 
nous  l'apprenons  de  l'auteur  de  la  vie  de    faint  Ouen. 
Cet  anonyme  vivoit  au  commencement  du  huitième 
iiécle ,  &  il  affine  que  Thierry  ,  roi  de  France ,  avec 
la  reine  ,  Se  tous   les    grands  ,    allèrent    conduire  le 
corps  de  faint  Ouen ,  mort  à  Clichy ,  près  de  Paris  , 
■jusqu'au  pont  de   l'Oife  ;  ufque   ad   Poniem  Inifx.  11 
ajoute  que  les  prélats  Se  le  clergé  ayant  pris  le  corps 
du  faint ,  le  portèrent  à  la  ville  du  Vexin  :  ad  Oppi- 
dum Vulgalfîmim,  qui  ell  Poiroife  :  Se  delà  le  con- 
voi aila  à  Rouen  ,    où  le  faint  fut   enterré.  *    Lon- 
vuerue ,    Defcription  de ,1a  France,  partie  i.pag.   24. 
La  réparation  du  Vexin  en  normand  Se  en  François 
n'apporta  aucun  changement  à  la  juridiction  des  ar- 
«hevêques  de  Rouen,  qui  furent  reconnus  pour  prélats 


1043 

diocelains,  par  les  habitans  de  Pontoife  ôe  du  Vexin» 
Les  abbés  du  monartere  de  Saint  Martin  ont  toujours 
reconnu  la  jurisdiction  de  ces  archevêques. 

Roger  de  Hovcden  ,  dans  la  vie  de  Richard  I ,  roi 
d'Angleterre  ,  rapporte  que  Philippe  Augufte ,  roi  de 
France,  voulut  obliger  Gautier,  archevêque  de  Rouen  , 
à  lui  faire  ferment  de  fidélité  pour  cette  partie  de  fon 
archevêché  ,  de  parie  Arcbicspiscopatûs  Rothomagen/is 
quA  ejt  in  Régna  Francu  ,  dicitHrqus  Vougeiin  le 
François. 

L'an  12;  5  ,  faint  Louis  donna  Se  unit  à  l'archevê- 
ché de  Rouen  l'archidiaconé  de  Pontoife ,  qui  étoit  de 
collation  royale ,  à  la  charge  que  l'archevêque  Odo 
Se  fes  fucceiîeurs  auroient  un  vicaire  à  Pontoife  ,  pour 
juger  les  caufes  des  bourgeois  Se  des  habkans  d'es  vil- 
lages voifins  qui  en  dépendent ,  Se  on  appelloit  du  ju- 
gement de  ce  vicaire  à  l'archevêque  de  Rouen  Se  à  fon 
officiai. 

Après  que  Pontoife,  Chaumont  Se  Meulan  ,  curent 
été  féparés  du  Vexin  appelle  Normand, depuis  Charles 
le  fimple,  ces  villes  furent  poffédées  avec  le  titre  de 
comté  par  un  feigneur  de  Galeran,  qui  vécut  jusqu'au 
règne  de Lothaire.  Il  eut  pour  héritier  fon  fils  Gautier, 
qui  fur  auffi  comted'Amiens.Son  arriere-petit-fils,  Gau- 
tier III ,  fut  comte  du  Maine.  Après  lui ,  vers  l'an  1  ioo, 
le  haut  domaine.   Se   la  principale  feigneurie  furent 
réunis  à  la  couronne  \  Se  Raoul ,  neveu  de  Gautier , 
n'avoit  qu'une  portion  de  la  feigneurie  de  Pontoife  \ 
car  Louis  le  Gros   Se  fon  père  ,  poffédoient  ce  pays. 
Orderic  Vital,  p.  700,  784  &  813.   cft  que   le  ror 
Philippe  donna  Pontoife,  Se  tout  le  comté  du  Vexin, 
à    fon    fils  Louis.    Ce    comté  rclevoit  de  l'églife  de 
Saint    Denis  ,  dont    les    comtes    du    Vexin    étoient 
avoués  ;   Se  Louis   le  Gtos  dans  une  patente  de  l'art 
1124,   nous  apprend   que    ces    comtes   portoient  la 
bannier»  de  Saint  Denis,  pour  la  défenfe  du  temporel 
de  cette  églife.  C'ert  cette  bannière,  quia  été  appellée 
l'Oriflamme.  Louis  le  Gros,  dans  cette  patente  de  l'an 
1 124,  témoigne  que  le  droit  de  l'églife  de  Saint  Denis, 
étoit  bien  établi  fur  les  comtes  du  Vexin  ;  &  comme 
il  leur  avoit  fuccédé ,  il  ne  dédaigna  pas  d'être   vaffal 
des  martyrs,  Se  de  prendre  leur  bannière  ;  ce  que  ces 
mots  prouvent  :  Vexillurn  ab  Altario  Beatomm  Mar~ 
tyrum  ,  ad    quos  Comitatus  Vilcajfini ,  quem  nos  ab  ipjîs 
infeoditm  habemus  Jpetlœre  dinoscitur ,  rnorem  antiquum 
Antecejjorum  noflrorum  (  les  comtes  du  Vexin)  fervanter 
&  imitantes  figniferï  jure  ,  peut  Comités  Vilca/finifoUti 
erant,fuscepimus.  Cela  démontre  l'abfurditédela  fable 
qui  rapporte  l'origine  de  l'oriflamme  à  DagoberrI ,  ou 
à  Charlemagne.  Sur  quoi  on  peut  voir  du  Cange  dans  fa. 
dix-huitiéme  differtation  fur  Joinville,  Se  dans  fon  Glos- 
l'aire. 

Outre  la  rivière  d'Oife ,  il  y  a  encore  la  Vione  , 
qui  traverfe  la  ville  avant  que  de  fe  jetrer  dans  l'Oife. 
Le  château  commande  la  ville.  On  voit  dans  fon  avant- 
courl'églife  collégiale  de  Saint  Mellon,  premier  évêque 
de  Rouen,  dont  le  corps  fut  porté  à  Pontoife  en  880. 
Il  y  ert  toujours  demeuré  depuis.  En  1 296  ,  félon  Bailler , 
Topographie  des  Saints  ,  on  en  fit  une  tranflation  pour 
le  mettre  dans  une  églife  collégiale,  que  l'on  bâtit  ea 
fon  honneur ,  Se  qui  porte  encore  aujourd'hui  fon  nom. 
Piganiol  dit  que  ce  fut  en  1286.  Il  y  a  à  Pontoife  deux 
paroifTes ,  Saint  Maclou  &  Saint  André.  Le  couvent 
des  Cordeliers  ert  auffi  dans  la  ville:  il  étoit  auparavant 
hors  les  murs:  mais  il  fut  rafé  dans  le  tems  des  guerres 
des  Anglois.  Ces  religieux  s'établirent  alors  dans  l'en- 
droit de  la  ville  ,  où  il  y  avoit  une  petite  chapelle  ,  qui 
portoit  le  nom  de  Saint  Jacques, &qui  dépendoit  des 
religieux  de  Saint  Martin  des  Champs  de  Paris.  C'eft 
dans  leur  églife  que  fut  inhumé  le  cœur  de  George 
d'Amboife,  cardinal  &  archevêque  de  Rouen.  L'abbaye 
de  Saint  Mattin  de  Pontoife  fut  fondée  en  1050,  par 
Am.-iury  ,  le  premier  abbé  ;  Se  le  roi  Philippe  I ,  âgé 
de  8  à  9  ans  s'en  fit  l'avoué.  Gautier  y  mit  la  règle 
de  faint  Benoît ,  Se  en  fit  dédier  l'églife  ,  fous  Je  nom 
de  Saint  Germain,  qu'elle  à  quitté  depuis  ,  pour  pren- 
dre celui  de  Saint  Martin.  *  Piganiol ,  Defcription 
de  la  France,  t.  3.  p.  87- 

La  ville  de  Pontoife  fut  prife  <l'affaut  par  l'armée 
de  Charles  VII ,  fur  les  Anglois  le  16  de  Septembre 
Tom.  IV.  Q  q  q  q  q  q  >J 


PON 


1044 

1442.  Les  états  généraux  du  royaume  y  furent  aflemblés 
en  156 1,  &  le  roi  Louis  XV,  par  fa  déclaration  du 
21  Juillet  1720,  y  transféra  le  parlement  de  Paris  , 
qu'il  rappella  enfuite  ,  &  ,  rétablit  dans  la  capitale  du 
royaume  par  une  déclaration  du  1 6  Décembre  de  la 
même  année.  Le  pont  de  Pontoife  eft  de  pierre,  Se  a 
douze  arches,  en  y  comprenant  le  premier  pont- levis, 
en  entrant  dans  la  ville.  La  paroifle  de  Saint  Ouen 
de  l'Aumône  n'eft  féparée  de  la  ville  que  par  ce 
pont. 

Il  y  a  dans  la  ville  de  Pontoife  un  lieutenant  particulier 
du  bailli  de  Senlis ,  Se  deux  prévôtés  royales  ,  dont  les 
appellations  reflbrtiflent  pardevant  ce  lieutenant  parti- 
culier. L'un  des  prévôts  eft  appelle  le  Prévôt  Maire  , 
Se  juge  les  procès  entre  les  habitans  :  l'autre  eft  nommé 
Prévôt  en  Garde ,  Se  connoît  des  caufes  de  tous  les 
forains  de  la  châtellenie.  Du  refte  cette  ville  eft  régie 
en  partie  par  la  coutume  de  Senlis ,  Se  en  partie  par 
celle  du  Vexin  François.  *  Piganiol,  Defc.  delà  France, 

t.  3.  p.  31- 

PONTON ATES.  Ilfemble,  ditOrtelius,  que  Cas- 
fiodore  ait  ainfï  nommé  un  peuple  d'Italie. 

PONTONS  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Gascogne  , 
élection  des  Larmes. 

PONTPOOL,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Montmouth.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  pré- 
fent  de  la  Grande  Bretagne  tt.  1. 

r.  PONTREMOLI,  Apua,  PonsTremulus,  ville  d'Ita- 
lie ,  dans  la  Toscane ,  fur  la  rivière  de  Magra ,  aux  con- 
fins du  Parmefan ,  du  Plaifantin ,  Se  des  terres  de  la 
république  de  Gènes,  à  30  lieues  nord-oueft  de  Flo- 
rence, Se  à  16  à  l'eftde  Gènes.  C'eftune  ville  bien  fortifiée 
&  défendue  d'un  bon  château.  Elle  appartenoit  autre- 
fois à  la  maifon  de  Fiesque  ,  fur  laquelle  les  Espagnols 
la  faifirent  dans  le  feiziéme  fiécle.  Ils  la  vendirent  près 
de  cent  ans  après  à  Ferdinand  II ,  grand  duc  de  Tos- 
cane y  elle  dépend  encore  de  ce  duché.  On  croit  que 
c'eft  l'ancienne  Apua.  Voyez,  ce  mot.  *  La  Forêt  de 
Bourgon ,  Geogr.  Hift.  t.  2.  p.  y  31. 

2.  PONTREMOLI,  bois  d'Italie,  dans  la  Toscane  , 
au  val  de  Magra ,  près  de  la  ville  de  Pontremoli ,  félon 
Corneille  qui  ne  cite  aucun  garant.  Il  ajoute  que  Fon  dit 
que  c'en  le  Marci  Saints ,  ou  Quintiis-Marcius ,  conful 
Romain ,  qui  fut  défait  par  les  Liguriens  :  il  devoir  dire 
le  Marcius-Saltus ,  Se  non  pas  le  Marci-Saltus.  Voyez. 
Marcius  Saltus.  Ces  Liguriens  étoit  les  Apuani  , 
peuples  de  Ligurie  ,  c'eft-à-dire  les  habitans  de  la  ville 
Apua.  Voyez.  Apua. 

PONTRON  ,  Pons  Otromts ,  abbaye  d'hommes ,  en 
France  ,  de  l'ordre  de  Cîteaux ,  filiation  de  Loroux ,  dans 
l'Anjou  ,  au  diocèfe  Se  à  quatre  lieues  d'Angers ,  au 
couchant  fur  les  confins  de  la  Bretagne ,  fondée  le 
29  Mai   n  34. 

1.  PONTUS,  mot  grec,  qui  dans  fa  fignification 
générale  fe  prend  pour  toutes  fortes  de  mers ,  Se  qui  en 
particulier  a  été  appliqué  à  quelques  mers ,  Se  à  certains 
fleuves.  Voyez,  l'article  Mer. 

2.  PONTUS,  ou  Regio-Pontica,  le  Pent,  gran- 
de contrée  d'Afie.  Elle  s'étendoit  depuis  le  fleuve  Halys 
jusqu'à  la  Colchide,  Se  pienoit  fon  nom  du  Pont-Euxin 
le  long  duquel  elle  s'étendoit.  Pline  Se  Ptolomée  la 
joignent  aveclaCappadoce  ;  mais  Strabon  a  eu  raifon  de 
l'en  féparer.  En  effet  le  royaume  de  Ponr  Se  celui  de 
Cappadoce  furent  bien  différens  ;  Mithridate  pofle- 
da  le  premier ,  Se  Ariarathes  le  fécond,  On  peut  dire 
même  que  la  nature  les  avoir  divifés  par  les  longues 
montagnes  qui  fe  trouvoient  entre  deux,  ce  qui  a 
fait  dire  à  Strabon,  /.  12.  que  des  chaînes  de  mon- 
tagnes parallèles  au  mont  Taurus  féparoient  la  Cap- 
padoce du  Pont.  Ce  font  ces  montagnes  que  Cicé- 
ron ,  pro  Archia ,  c.  9.  appelle  les  remparts  du  Pont. 
On  a  aulTi  donné  au  Pont  le  nom  de  royaume  de 
Mithridate.  Cependant  le  royaume  de  Mithridate  étoit 
d'abord  d'une  bien  moindre  érendue  que  le  Ponr  :  il  s'ac- 
crût peu  à  peu ,  Se  à  la  fin  il  s'étendit  même  au-delà 
des  botnes  du  Pont.  Ptolomée  n'a  décrit  le  Pont  que 
de  la  manière  qu'il  étoit  fous  les  empereurs  ;  il  le  di- 
stingue en  trois  parties,  &  donne  à  chacune  le  nom 
de  Pont  ,  Se  point  celui  de  Cappadoce.  Tl  appelle  la 
partie  occidentale  du  Pont ,  le  Pont  Galatique  -,  la  partie 


PON 


orientale,  le  Pont  de  Cappadoce,  &  celle  du  milieu, 
le  Pont  Polémoniaque.  *  Cdlarïus ,  Geog.  Ant.  1.  3', 
c.  8. 

L'origine  de  la  première  divifion  du  Ponr  vint  de 
Marc- Antoine ,  qui  fit  divers  changemens  dans  les  royau- 
mes Se  dans  les  provinces  de  l'Orient.  Il  donna  premiè- 
rement le  Pont   à  Darius ,  fils  de  Pharnace ,  comme 
nous  l'apprend  Appien  ,  Civil.  I.  5.  p.  1 1 35.  enfuite  il  le 
donna  à  Polémon  ,  qui ,  dans  le  tems  qu'Antoine  marcha 
contre  les  Médes  ,  regnoit  dans  le  Pont ,  félon  le  témoi- 
gnage de  Dion-Caffius ,  /.  49.  p.  407.  La  veuve  de  Polé- 
mon ,  nommée Pythodoris,  regnoit  dans  ce  pays  du  tems 
de  Strabon,  qui  fait,/.  12.  l'éloge  de  cette  reine.  Caligula 
rendit  ce  royaume  à  Polémon ,  fils  de  cette  princefle  , 
Se  l'empereur  Néron  en  fit  une  province  Romaine , 
félon  Suétone  ,  c.  18.  Se  Eutrope  ,  /.  7.  c.  9.  Les  bornes 
de   ce    royaume ,  que  pofféderent  les  deux  Polémons 
Se  Pythodoris ,  n'avoient  pas  la  même  étendue  que  le 
Pont  Polémoniaque  que  décrit  Ptolomée  ;  ce  dernier 
eft  beaucoup  plus  reiîerré.  En  effet  Strabon,  /.  12.dk 
que  Pythodoris  pofledoit  le  pays  des  Thibarenes ,  ôc 
celui  des    Chaldéens  ,  jusqu'à  la  Colchide ,  avec  les 
villes  de  Pharnacia  Se  de  Trapezunte,  que  Ptolomée 
place  dans  le  Pont  Cappadocien.  Il  faut  que  du  tems 
de  Ptolomée  la  divifion  des   ptovinces  Romaines  fût 
différente  ;  car  il  divife  tellement  le  Pont,  que  le  Pont 
Galatique  comprenoit  fur    la   côte  du  Pont-Euxin , 
la  ville  de  Themiscyre  ,  Se  dans  les  terres  Sebaftopolis  , 
Amafia,  Se  Comana-Pvntica.  Le  Pont  Polémoniaque 
renfermoit  fur  la  côte  l'embouchure  du  Thermodonte  , 
Polemonium  Se  Cotyorum  ,  &  dans  les  terres  Néocéfarée , 
Zela ,  Sébafte  Se  Megalaflus  :  enfin  le  Pont  Cappadocien 
comprenoit  fmhcotePhamacie ,  Cerafus ,  Se  Trapezus; 
Se  dans  les  terres  Cocalia ,  Cerdyle ,  Traptzufœ ,  Afiba ,  & 
quelques  autreslieux  peu  connus.  Cette  divifionnefut  mê- 
me pas  confiante  depuis  Ptolomée.  On  y  comprit  d'autres 
villes,  comme  Néocéfarée ,  Comana  ,  Polemonium  ,  Ce- 
rafus ,  Trapezus ,  qui  font  les   cinq  feules  villes  que 
les  notices  épiscopales  mettent    dans  cette    province. 
*  Dio-CaJJius  ,  1.  59.  p.  649. 

Nicoméde  ,  roi  de  Bithynie  ,  en  mourant ,  ayant  fait 
don  de  fes  états  au  peuple  Romain ,  fon  royaume  fut 
réduit  en  province  Romaine,  que  l'on  appella  la  Pro- 
vince du  Pont  ,  Provincia  Ponti ,  ou  Provincia  Pontica. 
Les  Romains  n'en  tirèrent  pourtant  grand  fruit  que 
lorsque  Mithridate  eut  été  défait  par  Pompée ,  qui , 
augmenta  la  province  du  Pont  d'une  partie  du  royaume 
de  ce  prince,  Se  des  terres  dont  il  s'étoit  emparé.  Enfin 
Augufie  ajouta  à  cette  province  la  Paphlagonie  ,  lorsque 
la  race  de  fes  rois  fut  éteinte  dans  Déjotarus  Philadel- 
phe.  Mais  quoique  cette  province  fur  ainfi  accrue ,  elle 
conferva  encore  fon  ancien  nom.  C'eft  cette  même 
Bithynie,  avec  fes  accroiflemens,  que  gouverna  Pline 
le  jeune  ;  Se  par  fes  lettres  à  Trajan ,  on  peut  juger  quelles 
étoient  les  bornes  de  cetre  province  :  car  il  les  étend  depuis 
la  ville  de  Chalcédoine  jusqu'à  celle  d'Amifus.  *  Livius  , 
Epitom.  93. 


Voici  la  defeription  que  Ptolomée  donne  du  Pont. 


t     dans  le  ÇThemîscyra , 
Pont  Ga-  s  Herculis  Promontorium, 
latique ,      L 

s-Tbermodontis  Fluvii 
dans    leV         Ofiia , 
Pont   Po- 1  Fontes  Fluvii , 
lémonia-    «v  Polemonium  , 
que  ,         iJafoniumPromonteriunt', 

F  Cyteorum  , 

^•Hermonajfa. 


Sur  la  Côte  du 
Pont  Euxin, 


Çlschopolis , 
dans  le   ]Gerafust 
Pont  Cap*£  Pharnacia , 
■  padocien,  *j  Hyfll  Portus, 
(Trapezus. 


PON 


PON 


dans  le 
Pont  Gala- 
tique  , 


dans  le  . 
Dans  les  terres  ,<{  Pont   Po-^ 
lémonia- 
que, 


•BœnaJJa , 

Sebaftopolis , 

Tebenda  * 

Amafia  $ 
i  Chologi , 
I  Ecorna , 

Piala  y 

P  leur  amis  ouPleumaris, 

Pida , 

Sermuta , 

Comana  Pontica , 
.Eudoxiana. 

r  Goz.alina  , 

Euaipbus , 
Cabanis , 
Barbanijfa  , 
Iblata  y 
Neoc&farea , 
Sanrania , 
Megahcda, 
Zela , 
Danatiy 

ISebafiia  , 
Meforome , 
Sabalia  , 
L  Megalojfus. 


Ç  Zephyrium , 
dans  le\  Az.a , 
Pont  Cap-  \Cocalia , 
.  padocien ,  "^Cordyk , 
Afiba , 
Mardara, 


l 


CamurijUrbum. 


Les  notices  eccléfiafliques  ne  connoiflenr  que  deux 
province  du  Font  ;  la  province  du  Pont  ou  de  Bithy- 
nie,  &  la  province  du  Pont  Polémoniaque.  La  noti- 
ce d'Hiéroclès  mec  dans  ces  deux  provinces  les  évêchés 
fuivans  : 

F  Chalcedon , 
Nicomedia , 
Prïnettts  , 
Elenopolis, 
Nhxa  , 
Bajttmopolis , 

ClUS    y 

Dans  la  province  du  \  Apamea, 
Pont,  ou  de  Bithynie  ,\  Prufa, 

IC&farea , 
Apollon  as  y 
Dascilium , 
N  ocœfarea , 
Adriani  , 
Regetataïos , 
,  Regodorie. 


Dans  la  province  du 
Pont  Polémoniaque, 


Neoc£farea  y 
\Comana  , 
Polemonium  t 
?erafns  , 
Trapez.tts. 


3.  PONTUS  ,  fleuve  de  la  Macédoine,  près  delà 
ville  de  Sintia,  félon  Etienne  le  géographe.  Ortelius  dit 
que  Nicander,  in  Tberiacis,  le  mer  dans  la  Thrace  , 
aux  confins  de  laquelle  il  couloit.  Il  avoit  fa  fource  dans 
les  montagnes  de  l'IUyrie  :  il  couroit  du  nord  au  fud  en 
ferpemant ,  &  fe  jettoit  dans  le  Strymon ,  un  peu  au- 
deflbus  de  la  ville  de  Scotufa.  C'eft  ce  même  fleuve 
qu'Elien ,  (  Hijf.  amm.  I.  9.  c.  20.)  dit  être  dans  la 
Médie ,  Se  dans  la  Péonie ,  in  Medica  &  Pœonica  reg\o~ 
ne.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

4.  PONTUS  ,  fleuve  que  Galien  ,  (de  Simpl.  Me- 
dicam.  )  place  dans  la  Scyrhie.  Ariflote  &  Antigonus 
font  aufli  mention  de  ce  fleuve  ,  qui  doit  être  le  même 
que  le  précédent.  *  Ortçl.  Thef. 


104* 

j.  PONTUS.  L'auteur  de  la  vie  de  faint  Anidma 
donne  ce  nom  à  une  contrée  voifine  de  la  Flandre  ,  &  il 
eil  aufli  parlé  de  cette  contrée  dans  la  vie  de  faint  Ri- 
quier ,  où  elle  efl:  nommée  Pontina  Regio.  C'ctt  pré- 
fentement  le  Ponthieu.  Voyez,  ce  mot.  Cette  même  con- 
trée eft  appellée  Pominorum  Solum  dans  la  vie  de  faine 
Géoftoi  d'Amiens. 

6.  PONTUS.  Les  annales  de  Gueldre  »  dit  Orrelius  * 
donnent  ce  nom  à  un  canton  de  la  Gueldre  ,  auvoifinage 
de  la  ville  de  ce  nom:  il  ajoute  qu'il  y  a  encore  aujourd'hui 
un  village  qu'on  nomme  Pont. 

PONTUS  -  CAPPADOCICUS  ou  Cappadocius. 
Voyez.  Pontus.  n.  z. 

PONTUS  EUXINUS,Pont-Euxin,  &  pius  com- 
munément la  Mer  Noire  ,  mer  d  Afie,  8c  qu'on  nomme? 
roir  plus  propremenr  un  lac  qu'une  mer  ,  parce  qu'elle 
efl  enfoncée  dans  les  terres  ,  comme  dans  un  cul  dofac. 
Pline ,  /.  4.  c.  1 2.  dit  que  cette  mer  s'aprxlloit  autrefois 
Axenus,  qui  veut  dire  inhospitalier  ,  félon  Pomponius 
Mêla,  /.  t.  c.  19.  qui  ajoute  que  ce  nom  lui  avoit 
été  donné  à  caufe  de  la  barbarie  des  peuplesqui  habitoient 
fur  les  bords  i  mais  que  ce  nom  fut  changé  en  celui 
d'EuxiNus  .  lorsque  ces  mêmes  peuples  furent  devenus 
plus  humains  par  leur  commerce  avec  les  autres  nations. 
Cetre  mer  efl  entre  la  petite  Tartarie  &  la  Circaflle 
au  nord,  la  Géorgie  à  l'orient,  la  Natolie  au  midi  \ 
&  la  Turquie  d'Europe  à  l'occident.  Elle  s'étend  en  lon- 
gueur depuis  les  4;  deg.  1 2  min.  de  longitude  ,  jusqu'au 
6"o  deg.  10  min. en  largeur,  environ  depuis  les  40  deg. 
1 2  min.  de  latitude  feptentrionale ,  jusqu'au  4J  deg. 
quoiqu'en  certains  endroits  elle  avance  bien  au-delà; 
Pline ,  /  4,, c.  1 2.  lui  donne  la  figure  d'un  aie  fcythique  , 
Strabon  , /.  2.  c.  125  Se  Agathémére ,  Ge ogr.  I.  i.c.  14, 
difent  la  mêmechofe:  fur  quoi  le  père  Hardouin  remar* 
que  que  la  partie  méridionale  ,  en  la  prenant  depuis 
Chakédoine  jusqu'au  Phafe  ,  repréfentoit  la  corde  de 
cet  arc  ,  Se  la  côte  méridionale  formoit  comme  les  deux 
branches  ,  dont  les  deux  courbures  étoient  repréfentées 
par  les  deux  golfes  qui  font  fur  cette  cête  ,  parce  que 
l'arc  fcynque  ivoit  la  figure  du  liy/xa.  des  Grecs.  Cette 
mer  a  encore  eu  divers  autres  noms.  Elle  efl;  nommée 
Pontus  Amaz.oniui  par  Claudien:  Pontus-Scytbicus  par 
ValenusFl  ccus : Scyibicus- Sinus  par  MartianusCapella: 
Pontuj-Tdtiricus  par  Feftus-Avienus  :  Mare  C  mme~ 
rium  par  Hérodore  Se  par  Orofe  :  Mare  Colcbicum  par 
Strabon  :  Mare  Caucajeum  par  Apollonius  :  Mare  Pon~ 
ticum  par  Strabon,  par  Tacite  8c  par  Plutarque  :  Phafia* 
num-Mare  par  Ariflide  :  Sarmaticum  Mare  par  Ovide  : 
Mare  Boréale  par  Hérodore.  Procope  dit  que  les  Gorhs 
l'appelloient  Tanais.  Aujourd'hui  les  Italiens  la  nom* 
ment  Mar  Majore  ;  !es  Turcs  lui  donnent  le  nom  de 
K ar a-  Dignifi ,8e  les  François  celui  de  Mer  Noire.  A 
cette  occafion  ,  Tournefort,  Voyage  du  Levant ,  Int. 
16.  remarque  que  la  mer  Noire  n'a  rien  de  noir  ,  pour 
ainfi  dire  ,  que  le  nom.  Les  vents  n'y  foufBent  pas  avec 
plus  de  furie  ,  &  les  orages  n'y  font  guère  plus  fré- 
quens  que  fur  les  autres  mers.  Le  fable  de  la  mer  Noire 
efl  de  la  même  couleur  que  celui  de  la  mer  Blanche , 
&  fes  eaux  en  font  aufli  claires.  En  un  mor  fi  les  côtes 
de  cette  mer,  qui  pafTe  pour  fi  dangereufe,  paroiflent 
fombres  de  loin,  ce  font  les  bois  qui  les  couvrent ,  ou 
le  grand  éloignement ,  qui  les  font  paroître  comme 
noiràrres.  De  Tournefort  ajoute  qu'il  a  éprouvé  ,  pen- 
dant un  voyage  fur  cette  mer ,  un  ciel  beau  &  ferein  ; 
ce  qui  l'obligea  de  donner  une  espèce  de  démenti  à  Va- 
lerius  Flaccus ,  qui,  en  décrivant  la  route  des  Argo- 
nautes ,  affure  que  le  ciel  de  la  mer  Noire  efl  tou- 
jours embrouillé  ,  Se  qu'on  n'y  voit  jamais  de  tems 
bien  formé.  Il  y  a  apparence  que  dans  l'état  de  perfe- 
ction où  l'on  a  porté  la  navigation  ,  on  y  voyageroit  au- 
jourd'hui aufli  finement  que  dans  les  autres  mers ,  (1 
les  vaiffeaux  étoient  conduits  par  de  bons  pilores.  Mais 
les  Grecs  &  les  Turcs  ne  font  guère  plus  habiles  que 
Tiphys  &  Naupliust  qui  conduifirenr  lafon  ,  Thefce 
&  les  autres  héros  de  la  Grèce  ,  jusque  fur  les  côtes 
de  la  Colchide ,  ou  de  la  Mengrelie.  On  voir  par  h 
route  qu'Apollonius  de  Rhodes  leur  fait  tenir,  que 
toute  leur  feience  aboutiflbit,  fuivant  le  confeil  de 
Phinée  ,  cet  aveugle  roi  de  Thrace,  à  éviter  lesécueils 
qui  fe  trouvent  fur  la  côte  méridionale  de  la  mer  Noke , 


1046       PON 

fans  ofer  ie   mettre  au  large  ,   c'efl:  -  à  -  dire  ,   qu'il 
falloit  n'y  pafler  que  dans  le  calme.  Les  Grecs  &  les 
Turcs  n'ont  pas  l'nfage  des  cartes  marines  ;  &  lâchant 
à  peine  qu'une  des  pointes  de    la  bouflble   fe  tourne 
vers  le  nord  ,  ils  perdent ,  comme  l'on  dit ,  la  tramon- 
tane, dès  qu'ils  perdent  les  terres  de  vue.  On  regarde 
comme  fort  habiles  ceux  qui  favent  que ,  pour  aller  à 
Caffa  ,  il  faut  prendre  à  main  gauche  en  fortant  du  canal 
de  la  mer  Noire  ;  &  que  pour  aller  à  Trebizonde  il  faut 
détournera  droite,  tl  eit  certain  que  les  vagues  de  la  mer 
Noire  font  plus  étendues  &  moins  coupées  que  celles 
de  la  mer  Blanche ,  laquelle  eft  partagée  par  une  in- 
finité de  canaux  qui  font  entre  les  iiles.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  fâcheux  pour  ceux  qui  navigent  fur  la  mer  Noire, 
c'efl:  qu'elle  a  peu  de  bons  ports ,  &  que  la  plupart  de 
fes  rades  font  découvertes  ;  mais  ces  ports  feroient  inu- 
tiles à  des  pilotes,  qui  dans  une  tempête  n'auroient  pas 
l'adrefle  de   s'y  retirer.  Pour  aflurer  la  navigation   de 
cette  mer  »  toute  autre  nation  que  les  Turcs,  forme- 
roit  de  bons  pilotes  ,  répareroit  les  ports ,  bâtiroit  des 
noies,  établiroitdes  magafins.  Les  Génois  avoient  pris 
toutes  ces  précautions,  lors  de  la  décadence  de  l'em- 
pire des  Grecs,  Se  fur-tout   dans  le  commerce  de  la 
mer  Noire ,  après  en  avoir  occupé  les  meilleures  pla- 
ces. 0n  y  reconnoît  encore  les  débris  de  leurs  ouvra- 
ges ,  &  fur-tout  de  ceux  qui  regardent  la  marine.  Ma- 
homet II,  les  en  chafla  entièrement,  Se,  depuis  ce 
tems  ,    les  Turcs  n'ont   jamais  voulu  permettre  aux 
Francs  d'y  naviger  ,  quelque  avantage  qu'on  leur    ait 
propofé  pour  en  avoir  la  permifnon. 

Arrien  nous  a  laiiïé  un  excellent  périple  du  Pont- 
Euxin  ;  il  place  fur  les  côtes  de  cette  mer  les  lieux ,  les 
peuples  &  les  fleuves  qui  Auvent ,  favoir  : 

Depuis  le  Bosphore  de  Thrase  jusqu'à  Trebizonde  : 


Le  temple  de  Jupiter  Vrien , 

Le  fleuve  Rhehas  > 

Acra  , 

MeUna , 

Le  fleuve  Artanes , 

Le  temple  de  Venus , 

Le  fleuve  Pfilis, 

Le  port  Calpes , 

Ehoëy 

L'ifle  Apollonia  , 

Chela  , 

Le  fleuve  Sangarius  , 

Le  fleuve  Hyppius , 

Lillium  y 

EUum , 

Calas , 

Le  fleuve  Lycus , 

JHcraclea  , 

Metruum , 

Pofîdeum  , 

Tyndarid*.  , 

Nymph&um , 

Le  fleuve  Oxinas , 

Sandarxca  , 

Crenid&  , 

Ffylla, 

Tios, 

Le  fleuve  BilUus, 

Le  fleuve  Partbenius , 

Amafiris , 

Erythini , 

Cromna , 

Cytorus , 

Aegiali , 

Tbymena , 

Carambis  , 

Zephyrium , 

Aboni  Mania  , 


Les  fleuves ,  depuis  Trebizonde  jusqu'à  Dioscurias 
ou  Sebaftopolis ,  font  : 


POO 


Le  PJychrus , 

L'Acampfis  3 

Le  Ccdus , 

Le  Batbys , 

Le  Rhifius , 

h'Acina/ïs  , 

L'Ascurus , 

LfiS    y 

LA  die  nus  , 

Le  Mogrus , 

Le  Zagatis , 

Le  Pbafisy 

Le  Prytanis , 

Le  Chariens , 

Le  Pyxites  , 

Le  Cbobus  y 

h'Arcbabis , 

Le  Singames  y 

L'Apfarus , 

Le  Tarfuras  , 

L'Hipptts. 

Dans  ce  même  espace  étoient  les  peuples  fuivans  : 

Trapefuntii , 

Zydrettt , 

Colchi , 

LazÀ  , 

DrilU  ou  Sanni , 

ApfÎU     y 

Macbelones ,             '  • 

Abasciy 

Heniochi  , 

Saniga. 

Depuis  Dioscurias  jusqu 

au  Bosphore  Cimmérien  : 

Pityus , 

Le  promontoire  d'Hercu- 

Nitica , 

le  , 

Scytbœ  Pbtkiropbagi , 

La  vieille  Lazjca , 

Le  fleuve  A  bas  eus  , 

L'ancienne  Acbaïa , 

Borgys  y 

Le  port  de  Pagra  , 

Nefis, 

Le  port  Hier  os , 

Le    promontoire   d'Her- 

Sindica , 

cule  , 

Le  Bosphore  Cimmérien , 

JWufatica, 

Panticap£'um , 

Le  fleuve  Achneus , 

Le  fleuve  Tanaïs , 

Les  Palus  Méotides. 

Depuis  le  Bosphore  Cimmérien  jusqu'au  Bosphore 
de  Thrace  : 


Aeginetis  , 

Cinolis  y 

Kazeca , 

Le  port  des  Cariens  , 

Stéphane , 

Theodofia , 

Caria  , 

Potami  y 

Le  port  de  Tauro-Scythes , 

Tetrifias  , 

Lepte  acra. 

Halmitis , 

BifllS  y 

H  armer/ e , 

Lampas  , 

Dionyfiopolis  3 

Sinope  , 

Symboli  Portus , 

Odejjits , 
Lrmont  H&mus% 

Carufa , 

La  Cherfonnèfe  Tauriqiie, 

Zagora , 

Cercinetis  , 

Mefembria  , 

Le  fleuve  Halys , 

Le  port  de  Coins , 

Anchialus  , 

Nauftathmus , 

lamyraca  , 

Apollonia  , 

Conopeium , 

Eonx , 

Cherronèfe , 

Eujene , 

Le  fleuve  Boryfthene , 

AuUi  mœnia  , 

Amifus  , 

Oblia  y 

Thymas  y 

Le  port  Ancon , 

Une  ifle  fans  nom  , 

Salmydejfus  , 

Le  fleuve  Iris , 

Le  port  des  lftriani , 

Sutha  Thrax  , 

Le  port  Heracleum , 

Le  port  des  Ifiaci , 

Thraces 3 

Le  fleuve  Thermodon , 

Pfllum  ou  l'embouchure  du 

Phrygia , 

Le  fleuve  Beris  , 

Danube , 

Cyanea , 

Le  fleuve  Thoaris, 

L'ifle  d'Achille ,  ou  la  cour- 

Le  temple  de  Jupiter  Vi* 

Oena , 

fe  &  Achille  , 

rien , 

Le  fleuve  Phigamits , 

L'embouchure  du  Danube , 

L'embouchure  du  Pont , 

Phadifana , 

Iflria , 

Le  port  de  Dapbné ,  By- 

Polemonium , 

Tomea , 

z.ance. 

Le  promontoire  de  Jafon , 

Callatttra, 

L'ifle  des  Ciliciens , 

Boon  y 

PONTUS-GALATICUS.  Voyez.  Pontus. 

Cotyora  , 

PONTUS-POLEMONIACUS.  Voyez.  Pontus. 

Le  fleuve  Melanthius , 

PONTYON,  Pontigoy 

village  de  France,  dans  la 

Le  fleuve  Pbarmatenus , 

Champagne ,  près  de  Virry 

-le  Brûlé  ,  fur  la  rivière  de 

Pbarnacea  ou  Cerafus  , 

Sault.  Les  rois  de  France  Ca 

lovingiens  avoient  là  autre» 

L'ifle  Arrbemias , 

fois  un  palais  célèbre  par  les  aflemblées  eccléfiafliques 

Zephyrium  , 

qui  s'y  font  tenues.  Flodoart 

dit  dans  fa  chronique  a  l'an 

Tripolis , 

952  ,  que  Pontyon  étoit  fl 

ué  près  du  château  de  Vi- 

Argyria , 

try.*  Longuerue ,  Defcription  de  la  France  ,  part.  1.  p. 

Pbilocalea , 

41- 

Cor  alla , 

PONZONE  ,  bourgade 

d'Italie,  dans  le  Montfer- 

Hermonajfa , 

rat.  R  obert  de  Vaugondy , 

Atlas ,  qui  la  nomme  Po- 

Trapefus. 

zan  y  la  place  au  nord  oriental  de  Ponte ,  Se  à  l'occi- 

VHyfuSy 


VOph 


■ns 


dent  de  Caflelazzo. 

POOL  ou  Poule  ,  petite  ville  d'Angleterre  ,  dans  le 
Dorfetshire.  C'efl  un  port  riche  &  fort  bien  bâti.  11  eft 
presque  tout  environné  d'un  bras  de  mer,  qu'on  appelle 
Luxford-Luke  ,  &  Fou  n'y  peut  entrer  par  terre  que 


POP 


d'un  coté.  La  marée  monte  8c  descend  ici  quatre  fois  en 
vingt-quatre  heures.  *  Etat  prejent  de  la  Grande  Bre- 
tagne, t.  i.p.  J7- 

i.  POPAYAN,  province  de  l'Amérique  méridio- 
nale, au  nouveau  royaume  de  Grenade,  dont  elle  for- 
me la  partie  méridionale.  Elle  confine  en  partie  à  l'an-     poque  de  h  conquête  de  leurs  terr 


POP      1047 

moins  autant  d'attachement  pour  les  petites  bagatelles 
qu'on  leur  troque ,  que  nous  en  avons  pour  l'or  &  pour 
''argent.  Us    font  courageux  ,  8c  ont  foin  d'entretenir 


dience  de  Panama  du  côté  du  nord,  8c  elle  s'étend  aûez 
avant  dans  les  terres  du  côté  de  l'orient.  L'audience  de 
Quito  la  borne  au  midi ,  8c  la  mer  du  Sud  la  baigne 
du  côté  du  couchanr.  Sébafticn  Balalcaçar  ,  gouverneur 
de  la  province  de  Quito ,  après  avoir  découvert  plu- 
fieurs  régions  qui  la  bornoient  vers  l'oueft  du  côté  de 
la  mer  du  Sud ,  réfolut  de  découvrir  aufïi  celles  qui 
croient  au  nord  de  fou  gouvernement,  afin  d'avoir  un 
chemin  vers  la  mer  du  Nord.  Il  apprit  qu'il  y  avoir 
dans  ce  quartier-là  deux  frères ,  nommés  Calatuùaz.  8c 
Popayan  qui  pofiedoient  une  grande  province  riche  en 
or.  Sur  cela  il  partit  de  Quito  en  1  $-36,  8c  arriva  dans 


leur  haine  contre  les  Espagnols  dans  l'esprit  de  leurs 

r  apprennent  avec  foin  la  date  8c  l'é- 
.uête  de  leurs  terres.  Ils  ont  certains 
cordons  de  coton  ,  auxquels  ils  font  desnecuds  d'espace 
en  espace,  &  ces  nœuds  par  leur  groffeur  ou  par  leur 
couleur  fignihent  les  chofes  qu'ils  veulent  fc  repréfen- 
ter  Ils  appellent  ces  cordons  Guappas.  Les  peuples 
de  1  Amérique  navoient  pas  l'ufage  de  l'écriture  avant 
I arrivée  des  Européens,  &  la  plus  grande  partie  d.cn_ 
tre  eux  ne  confervoir  la  mémoire  des  chofes  que  par 
le  moyen  de  ces  cordons.  *  De  Laét ,  Defcr  des  In- 
des occ.  1.  9.  c.  7  8c  8.  Coreal,  Voyage  aux  Indes  occ. 
r.  2.  p.  113.  Atlas,  Robert  deVaugondy 


Les  créoles  de  cette  province  font  fort  adroits  aux 

armes,  8c  très-propres* à  la  fatigue.  Ils  ont  beaucoup 

le  pays  du  cacique  Popayan,  où  il  rafraîchit  Ces  gens  ,     de  courage,  &  ne  longent  pas  tant  à  leurs  plaifirsque 

8c  plaça  une  garnifon  ;  à  quoi  il  fut  invité  par  les  belles     ceux  du  Mexique  &  du  Pérou.  On  peut  attribuer  ce 


plaines  qu'il  trouva  ,  8c  par  le  nombre  des  villages  que 
les  Sauvages  avoient  bâtis  dans  la  campagne ,  8c  qui 
occupoient  un  espace  de  quatorze  lieues ,  jusqu'aux 
bords  d'une  rivière  bordée  de  divers  arbres  fruitiers  que 
le  pays  prodaifoit.  Enfin  les  Espagnols  malgré  les  obfta- 
cles  qu'apportoient  les  Sauvages  voifins,  qui  étoient 
presque  tous  anthropophages ,  acquirent  cette  province 


caractère  aux  guerres  continuelles  qu'ils  ont  avec  les 
Indiens.  On  a  remarqué  qu'aufîi-tôt  que  ces  Indiens 
font  convertis  par  les  millionnaires ,  on  les  mélange 
avec  les  créoles ,  &  que  les  Espagnols  s'allient  même 
avec  eux,  afin  de  leur  faire  oublier  leurs  parens  8c  leurs 
amis.  Cette  politique,  qui  cft  très-bonne  ,  fe  pratique 
dans  le  Popayan  ,  8c  dans  le  Paraguay ,  bien  plus  que 


8c  les  contrées  voifines.  Us  y  bâtirent  plufieurs  villes,  en-     dans  les  autres  pays  des  Indes  occidentales. 


tre  lesquelles  furent: 

Popayan , 

Santa  Fé  di  Antiochia , 

San  Jago  de  Cali , 

Caramanta , 

San  Jago  de  Arma  , 

Santauna  de  Anzerma  , 

Agreda . 

San  Sebaftia  de  la  Plata  • 

San  Juan  de  Trunillo, 

Patio  , 

Almaguer. 

Quelques-unes  de  ces  places  ont  été  abandonnées, 
parce  que  les  Espagnols  n'étoient  pas  aflez  forts  pour 
fe  rendre  maîtres  de  la  multitude  des  fauvages  qui  les 
incommodoient  par  leurs  courfes.  La  route  de  Quito 
à  Popayan  e(l  afiéz  agréable  jusqu'à  Pafto  ,  quand  on  a 
paffé  les  montagnes  de  Quito.  On  fuit  toujours  le 
chemin  royal  qui  finit  à  Pafto.  Cette  ville  eft  à  cin- 
quante-cinq lieues  de  Quito  8c  à  cinquante  de  Popayan. 
Tout  le  plat-pays ,  jusqu'à  la  mer ,  eft  habité  par  des 
nations  Indiennes  que  les  Espagnols  confondent  fous 
le  nom  d'Indios  Bravos,  ou  Indioi  de  guerra,  parce 
que  ces  peuples  leur  font  bonne  guêtre.  Ceux  que  l'on 


La  province  de  Popayan  a  beaucoup  d'or  8c  diverfes 
fortes  de  pierres  précieufes.  On  en  tire  auffi  du  baume , 
du  fang-dragon,  du  jaspe,   8c  une  espèce  d'agate.  Sa 
fituation  eft  très-forte ,  à  caufe  qu'elle  a  d'un  côté  la 
mer ,  8c  de  l'autre  les  montagnes  où  fe  tiennent  ordi- 
nairement les  naturels  du  pays,  que  l'on  n'a  pas  encore 
pu  foumettre.  Les  Espagnols  trafiquent  avec  eux  par 
le  moyen  des  Indiens  convertis  ;  mais  les  trocs  ne  fe 
font  jamais  félon  la   valeur  réelle  des  chofes ,  parce 
que  ces  peuples  eiliment  ce  qu'on  leur  offre  à  proportion 
du  befoin  qu'ils  en  ont ,  8c  du  plaifir  qu'ils  trouvent  à 
le  pofféder.  Les  marchandifes  que  l'on  trafique  font  de 
la  canclle  ,  qui  croîr  dans  la  province  de  loi  Quixoi  , 
du  fer ,  du  cuivre ,  du  vin  ,  diverfes   étoffes  de  foie 
8c  autres   fabriquées  en   Europe  ,  des  dentelles  d'or  , 
d'argent  &  de  fil ,  8c  quantité  de  petits  ouvrages  de 
mercerie ,  qui  fe  négocient  à  quatre  ou  cinq  cens  pour 
cent  de  profit.  On  y  transporte  encore  beaucoup  de  maïs 
&  d'autres  grains.  Cette  province  qui  a  tant  d'avantages 
par  fa  fertilité ,  fon  commerce ,  8c  la  température  de 
l'air  ,  eft  fujette  à  un  infecte  très-dangereux.  Cet  animal 
plus  petit  que  la  puce,  feroit imperceptible,  fi  fa  couleur 
qui  eft  d'un  rouge  vif  ne  le  faifoit   remarquer  ,  pour 
peu  qu'on  le  touche,  onl'écrafe;  mais  le  venin  renfermé 
dans  fon  corps  eft  fi  fubtil ,  que  la  perfonne  ,  ou  la  bête 
dont  la  peau  en  a  été  tachée  commence  d'enfler     8c 


peut  attraper  font  envoyés  aux  mines  du  Pérou  &  du     meurt  après.  Ces  infectes  appelles  Coyba,  fe  renconrrent 


Popayan.  Quant  à  eux ,  ils  maflacrent  les  Espagnols. 
Ces  peuples  occupent  des  montagnes  pleines  de  mines 
fort  riches.  De  Palto  la  route  cft  difficile  8c  dangereufe 
jusqu'à  Popayan  ,  tant  à  caufe  des  Indiens  fauvages  qui 
ne  font  aucun  quartier  à  ceux  qu'ils  attrapent,  que  poul- 
ies montagnes  qu'il  faut  paner ,  8c  qui  font  pleines  de 
précipices  dangereux  ;  auffi  ceux  qui  voyagent  dans  ces 
quartiers  fe  muniflent  de  bons  fufils ,  pour  éloigner  les 
Indiens  8c  les  bêtes  fauvages.  On  prend  garde  encore 
de  ne  pas  s'écarter  des  convois ,  8c  de  fe  tenir  toujours 
dans  le  grand  chemin,  parce  qu'il  y  a  ordinairement 
des  Indiens  en  embuscade  dans  les  défiles  8c  dans  les 
bois.  Ces  Indiens  font  fins  8c  fubtils.  Us  ont  pour  de- 
meures les  creux  des  rochers ,  ou  tout  au  plus  de  pe- 
tites hutes  ou  cabanes  faites  de  palmite.  Ils  parlent  fi 
fort  du  gofier ,  qu'on  a  peine  à  dillinguer  leurs  paro- 
les ,  à  moins  que  d'y  être  accoutumé.  Les  femmes  ont 
pour  habillement  une  jupe  de  toile ,  ou  un  tablier  de 
coton  qui  leur  ceint  le  corps.  Les  hommes  portent  une 
espèce  de  chemife  qui  pane  à  peine  la  moitié  de  la  cuifle. 
Us  ont  au  nez  8c  aux  oreilles  des  anneaux  d'or  8c  des 
pierres  qui  reffemblent  aux  émeraudes  :  aux  bras  8c  aux 
jambes  ils  portent  des  bracelets  de  verre  8c  de  corail , 
qu'ils  préfèrent  à  tout  l'or  du  monde,  8c  ils  ont  fur  la 
tête  des  plumes  de  diverfes  couleurs.  Ils  ont  pour  le 


dans  les  vallées  de  Neyba.  *  Relation  hlftorïca  delviage 
a  la  America  par  Don  Juan  ,  y  Don  Ant.  de  Ulloa  ,  pri- 
mera parte  ,  tom.fecundo. 

1.  POPAYAN,  ville  de  l'Amérique  méridionale  ; 
au  royaume  de  la  Nouvelle-Grenade ,  dans  la  province 
de  Popayan ,  dont  elle  eft  la  capitale.  Cette  ville  fituée 
dans  les  terres  ,  à  une  lieue  de  la  rivière  de  Cauca  ,  eft 
le  fiége  d'un  évêché  fuffragant  de  Santa  Fé.  Il  y  a  une 
maifon  de  religieux  de  la  Mercy,&lc  lieutenant  gou- 
verneur pour  le  roi  fait  fa  réfidence  dans  cette  ville.  Les 
habitansfont  tous  créoles  ou  Indiens,  à  l'exception  d'un 
petit  nombre  d'Espagnols.  Us  vivent  fort  à  leur  aife  8c 
très-agréablement  ;  mais  les  courfes  des  Indiens  rendent 
les  environs  de  la  ville  de  Popayan  peu  fins,  &  géné- 
ralement on  peut  dire  que  le  plat-pays  de  la  province 
n'eft  poinr  encore  fournis.  On  a  même  été  obligé  d'aban- 
donner plufieurs  établiffemensà  caufe  des  Indiens  qu'on 
n'a  pu  donner.  Il  eft  à   croire  que  les   millionnaires 
y  réuffiront  mieux.  En  effet  on  remarque  qu'il  fe  convertit 
tous  les  jours  quelques  Indiens  ,  dont  les  mœurs  s'adou- 
cifienr  beaucoup  par  la  converfion.  On  voit  aufli  ddns 
cette  ville  un  collège  de  Jéfuites  à  qui  l'on  a  permis 
de  fonder  une  univerfité.  Cette  ville   eft  habitée  de 
vingt  à  vingt-cinq  mille  âmes,    parmi    lesquelles  on 
compte  foixante  familles   iffues  des  maifons  les  plus 


ÏO48      POP 


POR 


illuftres  de  l'Espagne.  L'abondance  des  mines  d'or  y 
attire  beaucoup  de  monde  ,  &  à  menue  que  les  autres 
établi/Terriens  s'affoibliffent ,  Popayan  fe  peuple  de  plus 
en  plus.  Les  tremblemens  de  terre  ,  &  les  tonnerres 
y  font  fréquens.  En  173;,  le  deux  Février  une  grande 
partie  de  la  ville  fut  renverfée.  Elle  cft  ai  deg.  28 
min.  de  l'équatcur  ,  &  à  2  deg.  plus  à  l'orient  que  Quito. 
*  Atlas,  Robert  de  Vaugondy.  Coreal,  Voyage  aux  Indes 
Occ.  tom.  2.  p.  1 18. 

POPÉ ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de  Quangfi  , 
au  département  de  Gucheu ,  cinquième  métropole  de 
la  province.  Elle  eft  de  7  deg.;6  min.  plus  occidentale 
quePéking,  fous  les  22  deg.  53  min.  de  latitude  fep- 
tentrionale.  *  Atlas  Sinenfts. 

POPENS1S,  fiége  épiscopal de l'Afie-Mineure, félon 
Oi  telius  qui  cite  le  concile  de  Nicée. 

POPERINGUE,  bourg  des  Pays  Bas  ,  dans  la  Flandre  , 
dans  la  châtellenie  de  Cartel ,  à  trois  lieues  de  la  ville 
de  ce  nom  ,  &  à  deux  d'Ypres.  Poperingue  eft  un  lieu  an- 
cien, &  qui  s'appelloit  z.\\[.\.do\sPupurnagenhemum.Ccù. 
maintenant  un  gros  bourg  tout  ouvert,  qui  vaut  mieux 
que  bien  des  villes.  On  y  Compte  cinq  cens  quatre-vingt- 
fix  maifons  ,  Se  un  peu  plus  de  deux  mille  habitans.  Il 
appartenoit  autrefois  à  un  gentilhomme ,  nommé  Wal- 
bert  Darques ,  grand  bienfaiteur  de  l'abbaye  de  Saint 
lkrtin  à  Saint  Orner.  Mais  ce  lieu  ayant  été  occupé 
dans  la  fuite  par  d'autres  gentilshommes ,  fut  reftitué 
à  cette  abbaye  par  Baudouin  Hachette  ,  du  contentement 
des  comtes  de  Flandre.  Il  y  a  à  Poperingue  ,  que  quel- 
ques-uns appellent  ville ,  une  belle  &  grande  place  , 
environnée  de  maifons  très-bien  bâties,  Se  peintes  à 
la  mode  du  pays.  La  maifon  de  ville  eft  l'une  des  plus 
confidérables ,  Se  la  plus  grande  églife  n'en  eft  pas 
fort  loin.  Elle  échapa  au  feu  qui  confuma  presque 
toute  la  ville  en  1 563.  Il  fe  tient  dans  ce  lieu  une  foire 
tous  les  ans  au  mois  d'Avril.  Il  y  a  apparence  que  Po- 
peringue étoit  aurrefois  fermée  de  quelques  clôrures  , 
puisque  la  réputation  qu'elle  s'étoit  acquife  par  fes 
manufactures  de  draps ,  de  ferges  Se  autres  étoffes  , 
lui  ayant  attiré  l'envie  des  tifferans  d'Ypres  ,  elle  réfifta 
à  douze  mille  bourgeois  de  cette  ville ,  qui  la  voulu- 
rent furprendre.  Il  y  a  un  petit  canal  qui  va  de  cette 
ville  dans  l'Ifer&  qui  a  porté  de  certains  bâtimens ,  que 
ceux  du  pays  nomment  Belandres  ;  mais  on  l'a  laiffé 
combler  depuis  qu'on  a  fait  la  chauffée  d'Ypres  à  Dun- 
kerque ,  Se  ce  canal  n'eft  plus  propre  que  pour  de 
petits  bateaux.  L'abbé  de  Saint  Bertin  à  Saint  Orner 
eft  feigneur  propriétaire  de  Poperingue.  La  juftice  lui 
appartient  :  il  a  même  une  cour  féodale  d'où  relèvent 
dix-fept  à  dix-huit  fiefs.  La  moitié  du  territoire  de 
Poperingue  eft  en  bois  &  en  houblon  ,  qui  fe  débitent 
fort  bien  :  le  refte  eft  en  terres  labourables.  *  Longucrue , 
Defcription  de  la  France  ,  partie  2.  page  61.  Corn. 
Diét.  Le  père  BottJJlngaut ,  Voyage  des  Pays-Bas.  Mé- 
moires mrnuferits. 

POPFINGEN  ,  ville  d'Aliemagne  ,  dans  la  Suabe , 
4*ur  l'Eger  ,  à  rroislieuesde  Dunckelspeil.  Cette  petite 
ville  eft  impériale  ,  Se  fituée  dans  un  pays  qui  produit 
de  bon  bled.  Les  habitans  de  Popfingen  eurent  part 
à  la  guerre  des  villes  de  Suabe  contre  le  Wurtemberg 
c"n  1378. 

POPi  ,  félon  Corneille  ,  Se  Poppi  ,  félon  Magin  , 
Carte  du  Florentin  ,  bourgade  d'Italie ,  dans  le  Florentin , 
fur  la  rive  droite  de  l'Arno,  environ  à  vingt-fix  milles 
à  l'orient  de  Florence. 

POPILIUM  ,  lieu  d'Italie.  Surius  en  parle  dans  la 
vie  defainrMaur.OrteliusfoupçonnequeSirius  emploie 
dans  cet  endroit  Popilium  pour  Forum  Popilii. 

POP'ING  ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chantung ,  au  département  de  Tungchang,  troifiéme 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  deo  deg.  16  min. 
plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  37  deg.  5  min.  de 
latitude  fcptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  POPO  ,  nom  de  deux  villages  de  l'Afrique,  fur 
la  côte  de  Guinée ,  fur  la  rivière  de  Volte ,  à  trois 
lieues  de  Juda.  Ces  deux  villages  font  confidérables,  non- 
feulement  par  leur  étendue  Se  le  nombre  de  leurs  ha- 
bitans; mais  encore  par  les  comptoirs  que  lesHollandoiS 
y  onr  établis. 

2.  POPO ,  pays  de  l'Inde ,  près  de  Malacâ.  Il  y  â 


beaucoup  de  Brahmes ,  de  Bonzes  ,  de  Fo  &  de  Tao-Su. 
*  Hift.  Génér.  des  Huns  ,  1.  1 . 

POPOCATEPEC  ,  montagne  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  au  Mexique ,  à  huit  lieues  de  Cholofa.  Po- 
pocatepec  fignifie   Montagne  de  Fumée.  On  le  lui  a 
donné  ,  parce  qu'elle  jette  fouvent  du  feu  Si  de  la  fumée. 
Elle  eft  toute  couverte  de  cyprès  ,  de  cendres ,  de  pins  Se 
de  chênes  remarquables  par  leur  grandeur,  &  par  la 
beauté  de  leur  bois.  Le  chemin  par  où  l'on  y  peut  monter 
eft  fort  difficile,  à  caufe  de  la  quantité  de  pierres  que 
l'on  y  rencontre.  Avant  queCortez  paffât  parce  chemin  , 
pour  aller  au  Mexique ,  il  y  envoya  dix  Espagnols  pour 
le  reconnoître ,  avec  plufieurs  Indiens,  quileur  fervoienc 
de  guides.  Lorsqu'ils  approchoient  du  haut  de  la  mon- 
tagne, ils  ouïrent  un  fi  grand  bruit  qu'ils  n'oferent  avan- 
cer, parce  que  la  terre  n'étoit  pas  ferme  fous  leurs  pîcds  , 
ëe  qu'il  y  avoir  tant  de  cendres ,  qu'ils  avoient  peine 
à  marcher.  Deux  des  plus  hardis ,  plus  curieux  que  les 
autres  ,  pafferent  ce  défert  de  cendres  ,  Se  arrivèrent 
à     un  endroit  où    ils  virent  une  fumée    fort  épaiffe. 
Après  qu'ils  s'y  furent  arrêtés  un  peu  de  tems  ,  l'obscu- 
rité s'évanouit  en  partie  ,  Se  le  volcan  ou  la  bouche  de 
la  caverne  parut  fort  à  découvert.  Elle  a  environ  une 
demi-lieue  de  tour  ;  ils  croyoient  voir  un  fourneau  de 
verrerie  ,  Se  l'air  en  fortoit  avec  un  fifflement  fi  vio- 
lent, que  toute  la  montagne  en  trembloit.  La  fumée  Se 
la  chaleur  étoient  trop  grandes ,  pour  leur  permettre 
d'y   demeurer  long-tems  :  ils  reprirent  promptement  le 
chemin  par  où  ils  étoient  venus ,   &  ils  n'étoient  pas 
encore  loin,  lorsque    le    volcan  commença   à    vomir 
des  flammes  ,des  cendres,  des  charbons  ,  Se  des  pierres 
ardentes  ;  en  forte  que  s'ils  n'euffent  rencontré  un  roc 
fous  lequel  ils  fe  mirent  à  couvert ,  ils   auroient  péri 
fous  ce    déluge  de  feu.  Cette  montagne  reffemble  à 
celle  d'Etna  ,  en  Sicile.  Elle  eft  haute  &  ronde  *  &  fur 
le  haut  il  y  a  de  la  neige  toute  l'année.  Elle  n'avoit  jette 
ni  vapeur  ni  fumée ,  plus  de  dix  ans  avant  que  Cortez 
fut  arrivé  dans  ce  pays  -,  mais  en  1543  ,  elle  recommença 
à  brûler ,   &    fit  un  bruit  qui  fut   entendu  à  plus  de 
quatre  lieues  delà,  jettarit  des  cendres  jusqu'à  Tlax- 
-callan,  qui  en  eft  à  douze  lieues.  Quelques-uns  difent 
qu'il  y  en  eut  ,  qui  furent  portées  beaucoup  plus  loin  , 
Se  qu'elles  brûlèrent    les  herbes  dans  les  jardins,  les 
bleds  à  la  campagne,  Se  les  toiles  qu'on  avoit  étendues 
pour  fécher.   Cependant  les  champs  voifins   de   cette 
montagne  font  eftimés  les  plus  fertiles  de  toute  la  Nou- 
velle Espagne.  *  Thomas  Gage  ,  Relat.  des  Indes  occ.  t. 
1.  p.  2.  c.  1. 

POPOCHAMPECHE  ,  montagne  ardente  ,  dans 
l'Amérique  feptentrionale,  au  Mexique.  C'eftun  volcan. 
On  n'y  monte  que  difficilement,  le  chemin  étant  ex- 
trêmement rude.  *  Thomas  Gage  ,  Relat.  des  Indes  ocC. 
t.  1.  p.  2.  c.  t. 

FOPOLO,  ville  d'Italie,  au  royaume  de  Naples, 
dans  l'Abruzze-Citérieure,  fur  la  rivière  de  Pescara  , 
où  elle  a  un  pont.  Elle  eft  fituée  à  huit  milles  au  nord 
de  Sulmona.  Corneille  prétend  que  c'eft  l'ancienne  Cor- 
finum.  Il  faut  remarquer  que  les  anciens  n'ont  connu 
aucune  ville  de  ce  nom.  Il  a  voulu  dire  Corfinium, 
qui  n'eft  pas  aujourd'hui  Popolo  ,  mais  Pentina  ,  com- 
me notre  auteur  cité  l'avoit  fort  bien  dit  au  mot  Pen- 
tina. 

POPPENBOURG  ,  bourg  &  bailliage  de  1 evêché  de 
Hildesheim  en  Allemagne,  fur  la  rivière  de  Leine. 

POPULIENSES,  ou  Foro-Popilienses.  Voyez,  m 
mot  Forum  ,  l'article  Forum-Popilii. 

POPLIZUM.  VoyezToptnzvM. 

PORAMA  ,  petite  ville  de  la  Morée  ,  dans  le  Brac- 
cio  di  Maina.  Elle  eft  fituée  au  pied  des  montagnes  de 
Maina  ,  du  côtéde  l'orient,  entre  Mifitra  au  nord  orien- 
tal, &  Zamata  vers  le  couchant  méridional.  On  la 
nomme  auffi  Sapito  ,  &  Niger  croit  que  c'eft  l'ancienne 
Cardamyla.  Voyez.  Cardamyla.  *  DefPït,  Atlas. 

POR  ATA.  Hérodote,  /.  4.  »,  48.  dit  que  les  Scy- 
thes donnent  ce  nom  à  un  certain  fleuve  que  les  Grecs 
appellent  Pyreton.  Ce  fleuve  eft  grand,  ajoute-t-il, 
coule  du  côté  du  levant,  &  mê.le  fes  eaux  avec  celles 
du  Danube.  Peucer  croit  que  c'eft  du  Prut  qu'Héro- 
dote parle. 

PORBACK  ,  ifle  d'Angleterre ,  dans  la  Manche  ,  fur 


POR 


POR 


la  côte  de  Doifetshire,  à  l'eft  de  Portland.  Elle  a  dix 
milles  de  long,  Se  fix  de  large.  Elle  eft  fort  peuplée  ,  Se 
défendue  par  un  bon  châreau.  *  Etat  pré/  ut  de  la  Gran- 
de Bretagne,  t.  i. 

1.  PORCA  ,  ou  Porcah  ,  royaume  des  Indes ,  fur 
la  côte  de  Malabar.  Il  eft  borné  au  nord  par  le  royaume 
deCochin,  &  au  midi  par  celui  de  Calicoulan.  Il  s'é- 
tend le   long  de  la  côte  de   Malabar  ;  ainfi  la  mer  le 
baigne  à  l'occident  ;  fes  bornes  ne  font  pas  trop  bien 
connues  du  côté  de  l'orient.  Sa  capitale  s'appelle  auffi 
Força.  Voyez,  l'article  fuivant.  Les  habitans  de  ce  royau- 
me s'occupent  à  la  pêche  pendant  l'hiver,  Se  ils  cher- 
chent à  voler  pendant  l'été.  Ils  partagent  le  butin  avec 
leur  roi  ,  qui  doit  être  de  la  race  des  Bramins  ou  Brac- 
manes.  Ce  prince  eft  adonné  au  culte  des  idoles  ;  &  il 
en  a  un  nombre  fi  prodigieux ,  qu'on  les  fait  monter 
jusqu'à  neuf  cens.  La  foi  chrétienne  commença  de  s'é- 
tablir dans  ce  pays  en  i  j  9 1  ,  Se  le  roi  lui-même ,  quoi- 
qu'il fût  idolâtre  ,  lui  donna  entrée.  Il  permit  aux  Jé- 
fuites  de  planter   des  croix  par  tout,  Se  de  bâtir  des 
églifes  auprès  desquelles  il  leur  accorda  qu'il  n'y  auroit 
aucun  temple  de  Gentils  ,  ni  fynagogue  de  Juifs,  ni 
mosquée  de  Sarrafins.  Il  leur  donna  auffi  le  privilège 
d'avoir  des  cloches  dans  ces  églifes,  Se  d'aller  partout 
fon  royaume   donner  le  baptême  à  ceux  de  fes  fujets 
qui  voudroient  le  recevoir.  Lorsque   ceux  du  pays  fe 
font  quelque  promette ,  ils  mettent    jusqu'à   trois  fois 
les  mains  les  unes  fur  les  autres.  *  Atlas,  Robert  de  Vau- 
gondy.  Davity  ,  Royaume  de  Porcah. 

2.  PORCA  ,  ville  des  Indes ,  fur  la  côte  de  Malabar  , 
dans  le  royaume  dont  elle  eR  la  capitale  ,  Se  auquel  elle 
donne  fon  nom.  Elle  appartient  préfentement  aux  Hol- 
landois.  Il  y  avoit  une  églife,  fousle  titre  de  Sainre  Croix. 
Elle  avoir  été  bâtiepar  le,  roi  tout  païen  qu'il  éroit.  Ce  prin- 
ce vouloit  témoigner  par-là  fa  rcconnoilTance  d'une  victoi- 
re qu'il  avoit  remportée,  après  avoir  fait  mettre  des  croix 
dans  fesétendards ,  par  l'avis  d'un  prêtre  Portugais.  Cette 
églife  avoit  été  donnée  aux  Jéfuites,  qui  s'étoient  établis 
dans  ce  lieu.  Le  roi  de  Porca  fit  enfuite  alliance  avec  ce- 
lui de  Portugal ,  ôV  Menefes ,  archevêque  de  Goa  ,  s'érant 
rendu  à  Cochin  ,  y  fit  la  cérémonie  de  donner  au  roi  de 
Porca  ,  qui  avoit  été  le  trouver,  le  titre  de  frerc  d'armes 
du  roi  de  Portugal.  *  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas.  La 
Crofe,  Hift.  du  Chriftianismedes  Indes,  /.  4. 

PORCARI,  ou  Porcaiua  ,  ruifieau  ou  torrent  de 
Sicile  ,  dans  le  Val  de  Noto.  Il  arrofe  le  territoire  de  Len- 
tini,  &  va  fe  jetter  dans  la  mer  ,  fur  la  côte  méridionale 
du  golfe  de  Catane  ,  près  du  cap  de  Santa  Croce.  De 
rifle  marque  ce  ruilTeau  dans  fa  Carte  de  la  Sicile  jamais 
il  ne  le  nomme  point.  C'eft  le  Pantachus  ,  ou  Panta- 
gias  des  anciens.  *  Le  Père  Coronelli,  Carte  de  la  Sicile. 

PORCELLI ,  petits  écueils  ,fur  la  côte  de  l'iile  Uftica , 
la  plus  occidentale  des  I/les  de  Lipari. 

PORCHENA  ,  ou  Porcena  ,  bourg  d'Espagne  ,  au 
royaume  de  Grenade  ,  au  pied  des  montagnes  ,  entre 
Guadix  Se  Muxacra,  à  quelques  lieues  de  la  mer.  *  Jail- 
lot ,  Atlas. 

PORCHENSTEIN  ,  beau  château  Se  feigneurie  dans 
le  cercle  cFËrtzgeburg  en  Misnie. 

PORCHUNA.  Voyez.  Porcunna. 

PORCIDAMUS.Koy^  Apuscidamus. 

PORCIEN  ,  principauté  de  France  ,  dans  la  Champa- 
gne, &  dont  la  ville  de  Château-Porcien  eft  la  capitale. 
Cette  principauté.quieftde  grande  étendue,  eit  célèbre 
dans  l'ancienne  hiftoire  de  France,  Se  dans  les  capitulaires 
où  ce  pays  eft  nommé  Pagus  Porticenfis.  Flodoard  ,  hi- 
ftorien  de  Reims,  le  nomme  Porcenfis  Se  Porcianus.  Il 
s'étendoit  jusqu'à  la  rivière  de  Meufe  ,  puisqu'il  eft  dit 
dans  l'ancienne  chronique  de  Mouzon,  qu'Othon , comte 
de  Porcien ,  fir  bâtir  dans  fes  terres  le  château  de  Warcq  , 
qui  eft  un  lieufitué  fur  la  Meufe,  à  demi-lieue  de  Me- 
zieres.  On  voit  auffi  dans  la  même  chronique  que  faint 
Arnauld,  martyr  ,  foirant  de  la  forêt  de  Froimont  ,  fut 
alTaffiné  fur  les  confins  du  pays  de  Porcien  Se  de  Caflrice, 
près  du  village  de  Gruyères.  Cette  terre  de  Porcien  a  ap- 
partenu autrefois  aux  comtes  de  Grand  Pré.  Ils  la  poiTé- 
doient  en  1 222  ,  Se  en  faifoient  hommage  aux  comtes  de 
Champagne,  qui  tenoient  de  l'eglife  de  Reims  le  fief  de 
Porcien  ,  comme  celui  de  Retel ,  félon  les  bulles  d'Ale- 
xandre III  Si  d'Innocent  III ,  Se  les  comtes  de  Champa- 


i  049 

gne  avoienr  mis  ceux  de  Porcien  au  nombre  de  leurs  fept 
pairs.  Voyez.aa  mot  Château  ,  l'article  Chateau-Por" 
ciln,  où  j'ai  décrit  les  différentes  révolutions  de  cette  terre» 
J'ajouterai  feulement  ici ,  que  dans  le  partage  des  bicn$ 
du  duc  Mazarin  entre  fes  enfans ,  la  principauté  de  Por- 
cien ,  avec  d'autres  terres ,  échut  à  la  marquife  de  Riche- 
lieu fa  fille;  de  que  par-là  Château-Porcien  eft  entré  dans 
1 1  branche  cidette  de  Richelieu-  W'ignerod. 

PORCIFERA  ,  fleuve  d'Italie ,  dans  la  Ligurie ,  félon 
Pline,/.  3.  c.  y.  C'eft  aujourd'hui  ,  félon  le  père  Har- 
douin  ,  la  petite  rivière  de  Bifagna  ou  Bifagno  ,  qui 
mouille  la  ville  de  Gènes  du  côté  de  l'orient ,  Se  s'y  jette 
dans  la  mer  Méditerranée.  Leander  &  Magin  difent  ce- 
pendant que  c'efi  le  Porzevera  ,  qui  eft  la  rivière  Porci- 
jera  des  anciens.  Le  Porzevera  coule  au  voitinage  de 
Gènes,  mais  à  quelque  diftance  de  cette  ville,  du  côté  du 
couchant. 

PORCUNNA  ,  ville  d'Espagne,  au  royaume  deCor- 
douc,dansle  voifinage de Caftro  Rio  Se  de  Valna  ,  à 
quatre  grandes  lieues  de  Guadalquivir.C'elt  une  commen- 
derie  de  l'ordre  de  Calatrava.  Elle  étoit  connue  ancien- 
nement fous  les  noms  A'Cibulco ,  Obidcttla  ,  &  Munici- 
pium  Pontificenfe ,  Se  elle  fut  célèbre  dans  Fhiftoire  Ro- 
maine ,  parce  que  Jnle  Céfar  y  vint  de  Rome  dans  vingt* 
fept  jours,  pour  n'être  pas  prévenu  par  les  fils  du  Grand 
Pompée  ,  qui  étoient  en  Espagne.  Cetteville  a  changé  de 
nom  ,  Se  on  lui  a  donné  avec  le  tems  celui  de  Porcunna  , 
en  mémoire,  comme  on  croit,  d'une  truie,  qui  y  fit  trente 
petits  d'une  ventrée,  événement  dont  on  perpétua  le  fou- 
venir ,  en  faifant  dreffer  une  ftatue  de  cette  bête  ,  avec 
l'infcr  iption  fuivante  : 

C.  Cornélius  C.  F. 

C.  N.  Gal.Cveso. 

Aed.  Flamen.  II.  VlR, 

MUNICIPII    PONTIF. 

C  Corn.  Oeso.  F. 

Sacerdos.  Gent.  Municipii. 

scrofam  cum  porcis  xxx* 

Impensa  Ipsorum. 

D.D. 

La  ftatue  Se  l'infcription  fe  voient  encore  aujourd'hui  à 
Porcunna ,  dans  l'eglife  des  Bénédictins.*  Délices  de  l'Es- 
pagne, p.  4 il. 

I  ORCUS ,  monafiere  de  Fiance ,  fur  la  Somme,  félon 
Ortelius ,  qui  cite  la  vie  de  fainte  Auftreberte. 

PORDACUM.  Strabon,  /.  1 3  .p.  6 1 9.  dit  que  dans  une 
ancienne  comédie  ce  nom  étoit  donné  à  un  lieu  fitué  fur 
un  étang.  II  y  en  a  qui  ont  voulu  lire  ïlâffcutov  pour 
UôfS'aLy.ov  ;  mais  l'édition  de  Cafaubon  retient  cette  der- 
nière orthographe. 

PORDENONE,  bourg  d'Italie,  au  Frioul,  dans  la 
campagne  d'Aviano  ,  fur  la  petite  rivière  de  Nancello  , 
qui  fe  jette  dans  la  Meduna.  Ce  bourg ,  qui  eft  fortifié  , 
appartenoit  autrefois  aux  patriarches  d'Aquilée  ,  &  a  été 
long-tems  pofledé  par  les  archiducs  d'Autriche.  Les 
Vénitiens  l'ont  fouvent  pris  ;  mais  enfin  il  leur  fut 
cedé  par  l'empereur  Charles  V.  Cependant  l'empe- 
reur ne  lailîe  pas  de  prendre  encore  parmi  fes  titres 
celui  de  feigneur  de  Pordenone.  *  Magin  ,  Carte  du 
Frioul. 

PORDOSELENE  ,  ifte  d'Afie  ,  dans  le  détroit  qui  fe 
trouve  entre  l'iile  de  Lesbos ,  &  le  continent  de  la  Myfie  , 
félon  Hcfyche, cité  par  Ce\h:'ms,Géogr.ant.l.  3.  «7.3.  Le 
Périple  de  Scylax  ,p.  34.  fait  auffi  mention  de  cette  ifle  , 
&  dit  qu'il  y  avoit  une  ville  de  même  nom.  Dans  la  fuite 
on  changea  ce  nom  obscène  en  un  nom  plus  honnête.  On 
appella  cette  ifle  Poroselene  ,  comme  nous  l'apprend 
Strabon,  /.  13.  p. G 19. Pline,  /.  s >  c-  3  '•  écrit  auffi  Poro- 
selene ,  Se  donne  auffi  une  ville  à  cette  ifle.  Voyez.  Ple- 
roseleno. 

Le  nom  de  Porofelene  eft  corrompu  dans  Paufanias , 
qui  écrit  'E/ji-votpotTtXnvti. 

PORENTRÛ  ,  mot  corrompu  ,  pour  Pont-Ren- 
trud  ,  ou  Pont-Raintru  ,  Pons-Reintrudis  ,  ou  Pons- 
Raintrudis ,011  Pons-Regintrudis ,  &  en  Allemand  Brun- 
iront ou  Pourrentrout ,  ville  de  Suiffe ,  dansl'Elsgaw ,  au 
Tom.  IV.  Pvrrrrr 


ïoyo 


POR 


POR 


bord  d'une  petite  rivière,  nommée  Halle  on  Hallen.  Il  cfî 
parlé  de  cet  e  ville  dans  les  archives  de  1  églife  de  Befan- 
con  ,  donc  elle  dépend  ,  pour  le  fpintuel  ;  car  l'évêque  de 
Baie  n'en  eft  que  le  feigneur  temporel.  Porentru  eft  une 
ville  médiocrement  grande  6c  peuplée.  Elle  n'eft  pas 
forte;  maii  die  le  trouve  commandée  par  un  château  qui 
eft  afiez  bon  ,  &  où  l'évêque  fait  fa  réfidence  ordinaire  11 
fut  bâti  en  1466.  On  remarque  dans  cette  ville  l'églife 
paroilîiale  de  Saint  Etienne  ,  &  le  collège  des  Jéfuites. 
Porentru  appartenoic  autrefois  aux  comtes  de  Neufchâ- 
tel  ;  mais  Henri  de  Neufchâtel ,  évéque  de  Bâle,  l'acheta 
du  comte  en  1274.  L'état  &  les  délices  de  la  Suiffe  , 
p.  266,  mettent  néanmoins  cette  acquifition  en  1 27 1  .Ce 
prélat  unit  à  fon  évêché  cette  ville  6c  fes  dépendances  , 
parmi  lesquelles  on  compte  la  petite  ville  de  Saint-Urfan 
ou  Urficin ,  fur  le  Doux.  *  Longuerue  , Defc.  de  la  Fran- 
ce, part.  2.  p.  280. 

La  ville  de  Porentru  eft  aujourd'hui  la  capitale  des  états 
de  l'évêque  de  Bâle.  Le  pays ,  qui  eft  encore  fujet  à  ce 
prince ,  n'eit  pas  proprement  du  corps  Helvétique;  car 
l'évêque  eft  prince  de  l'Empire ,  &  membre  du  cercle  du 
Haut-Rhin  ,  &  eft  fujet  aux  taxes  de  l'Empire  ;  effective- 
ment ,  après  la  conclufion  de  la  paix  de  Weftphalic ,  les 
François  ayant  reftitué  ce  pays,  qu'ils  avoient  occupé  du- 
rant la  guerre  d'Allemagne ,  l'évêque  fut  taxé  .par  la  diète 
pour  la  fatisfaction  de  la  milice  ,  l'an  i6jo  ,  à  1  i2i4flo- 
rins.  Néanmoins  les  Suifles ,  pour  leur  fureté  particulière  , 
6c  leur  repos ,  ont  garanti  depuis  4J  ans  des  fureurs  de  la 
guerre  le  territoire  de  cet  évêque. 

Il  y  a  beaucoup  de  montagnes  en  ce  pays ,  à  caufe  qu'il 
eft  traverfépar  une  branche  du  Mont-Jura ,  qui  va  fe 
joindre  aux  montagnes  de  Vosge.  Il  eft  aufli  fitué  entre 
l'Alface  6c  la  Franche-Comté ,  6c  la  principauté  de  Mont- 
béliard  6c  les  Suifles ,  6c  il  a  environ  dix  lieues  de  lon- 
gueur ,  &  autant  de  largeur. 

PORIENSES,  peuples  de  la  tribu  Acamantide ,  félon 
Héfyche,  cité  par  Ortelius,  qui  foupçonne  que  c'etoit  le 
nom  des  habitans  de  Porus  ,  municipe  de  l'Attique  ,  6c 
de  la  même  tribu  ;  je  veux  dire  de  la  tribu  Acaman- 
tide.   ' 

PORIES  ,  peuples  fauvages  de  l'Amérique  méridio- 
nale, au  Brefil,  du  côté  du  midi ,  fur  le  bord  feptentrio- 
nal  de  Rio  Doce  ,  à  l'orient  des  Carajes.  Ces  peuples  ha- 
bitent fort  avant  dans  le  pays ,  &  à  près  de  cent  lieues  de 
la  mer.  Ils  font  petits  :  ils  aiment  la  paix,  &  ne  vont  point 
nuds  comme  beaucoup  d'autres.  Leurs  femmes  fe  pei- 
gnent la  peau  de  bleu ,  de  rouge  &  de  jaune.  Ils  vivent  de 
pinons ,  de  pommes  de  pin  6c  de  cocos ,  qu'ils  appellent 
Erires.  Ils  ont  des  lits  pendans ,  faits  d'écorces  d'arbres  , 
6c  fe  défendent  de  la  pluie  6c  des  autres  injures  de  l'air , 
avec  des  branches  entrelacées  enfemble,  6c  couvertes  par 
defilis  de  feuilles  depalmite.C'eften  quoi  confiftent  leurs 
maifons.  L'huile  de  baume  eft  toute  leur  richefie ,  encore 
en  donnent-ils  une  grande  quantité  pour  des  bagatelles 
apportées  de  l'Europe.  Il  fe  trouve  dans  leur  pays  beau- 
coup de  léopards ,  de  lions  6c  de  chats  fauvages.  *  Atlas. 
Robert deVaugondy. De Laè't, Dcfcr.  des  Indes  occ.  /.  1 J. 
c.4. 

PORITUS,  fleuve  delaSarmatie  Européenne :Ptolo- 
mée,/.  $.r.  y.  place  l'embouchure  de  ce  fleuve  entre  la 
ville  Hygris,  6c  le  village  Caroea. 

POKMAYE  ,  grand  enfoncement  ,  fur  la  côte  de 
France ,  en  Provence  ,  à  1  eA  de  l'ifle  de  Porto-Cros.  On 
y  peut  mouiller  avec  des  galères,  principalement  du  côté 
du  nord  ,  proche  de  terre  ,  où  il  y  a  trois  à  quatre  bralTes 
d'eau  ,  fond  d  heibe  va  feux  ,  &  dix  à  douze  brades  par  le 
milieu  ,  même  fond.  Il  n'y  a  à  craindre  que  le  vent  de 
nord-eft  qui  y  donne  à  plein.  On  voit  fur  la  pointe  de  la 
gauche  en  entrant,  une  vieille  tour  ruinée  qui  en  donne 
la  connoifiance  :  dans  le  fond  de  la  plage ,  il  y  a  une  petite 
fource  d'eau.  Entre  l'ifle  de  Porto-Cros  6c  celle  de  Le- 
vant, qui  en  eft  proche,  il  y  a  une  roche  fous  l'eau,  pres- 
que dans  le  milieu  du  paflage  :  ainfi  il  eft  imprudent  d'y 
palier,  à  moins  d'en  avoir  une  grande  pratique  1 1  y  aaufli 
directement  par  le  milieu  de  cette  ifle ,  du  côté  du  fud  , 
un  petit  iflot,  qui  eft  à  deux  longueurs  de  cable  de  l'ifle: 
on  trouve  fix  brafles  d'eau  entre  deux.  *  Michelot ,  Port, 
de  la  Médit,  p.  75. 

PORMIOU  ,  grande  calangue  ,  en  France  ,  fur  la  côte 
de  Provence ,  près  de  la  ville  de  Caffis ,  du  côté  de  l'oueft 


Cette  calangue  eft  fort  profonde ,  6c  elle  eft  étroite  à  fon 
entrée.  On  peut  y  mettre  plufieurs  galères  à  couvert  de  tou- 
tes fortesdetems.il  eft  difficile  d  en  von  l'entrée,  à  moins 
que  d'en  être  bien  proche.  On  y  voit  feulement  une  petite 
chapelle  blanche,  fur  la  pointe  de  la  droite  en  entrant. 
Michelot  a  eftropié  ce  mot.  11  faut  Port  de  Miou.  *  Mi- 
chelot ,  Portul.  de  la  Médit,  p.  69. 

PORN  l  D ,  bourgade  de  France ,  dans  la  Bretagne  ,  au 
diocèle  de  Nantes.  Voyez.  Notre  Dame  du  bourg. 

POROBITZ,  ville  d'Yefïo  ,  ou  de  Kainatfchatka  , 
félon  larelation  des  Hollandois  du  navire  le  Caftiicoom. 

*  Le  P.  de  Choirlevoix ,  Mém  manulcr. 
POROLISSUM,  ville  de  la  Dace  :  Ptolomée  ,  /.  3. 

c.  8.  la  place  entre  Docirava   6c   Arcobadara.  Quel- 
ques éditions  portent   Parolissum    pour  Porolis- 

SUM. 

i.POROS  ,ouPoRRc,iflede l'Archipel,  à  l'entrée  du 
golfe  d'Engia,  fur  la  côte  de  la  Sacanie  ,  au  nord  du  cap 
Skilli  ou  Mayo.  C'eft  l'ifle  Culairna  des  Anciens.  Vis-à-vis 
de  cette  ifle ,  il  y  a  fur  la  côte  de  la  Sacanie  un  grand  en- 
foncement, qu'on  appelle  le  Port  dePoros,  ou  Porro. 

*  Atlas  ,  Robert  de  Vaugundy. 

2.  POROS ,  lieu  de  Grèce  dans  l'Attique.  Spon  le  place 
dans  la  tribu  (Enéide. 

POROSELENE.  Voyez.  Pordoselene. 

POROUT.  Les  Chinois  diftinguent  deux  Royaumes 
de  ce  nom  .  l'un  nomn.é  le  grand ,  l'autre  le  petit.  Le  pe- 
tite/! à  l'occident  du  grand.  Ils  confinent  tous  deux  d'un 
côté  au  Tibet ,  6c  de  l'autre  à  l'iride  feptcntrionale.  Ce 
pays  eft  fous  la  domination  Chinoife.  *  Hïft.  Gfnér.  d»s 
Huns ,  1.  1. 

PORPAX  ,  fleuve  de  Sicile,  félon  Elien  ,  dans  fon  hi- 
ftoire  mêlée.  11  le  place  dans  le  pays  des  JEgeftam.  Clu- 
vier  ,  Sicil.  Ant.X.  2.  dit  qu'on  ne  connaît  peint  aujour- 
d'hui ce  fleuve  :  Thomas  Fazel  ,Decad.  1 . 1.  7.  c.  4.  néan- 
moins veut  que  l'on  entende  par  Porpax  ces  eaux  chau- 
des, qui  fe  jettoient  avec  leTcimefle  dans  le  Scamandre  , 
&  qu'on  appella  ^£gestan>€  ,  ou  Segestan^;  Aqvje. 
On  les  nomma  aufli  dans  la  fuite  Pin  eus.  Aqu^j  maison 
ignore  l'oiigine  de  cette  dénomination. 

PORPH1RIONE  ,  ifle  de  la  Propontide  :  Pline  ,  /.  /. 
c,  3  2.  eft  ,  je  crois ,  le  feul  qui  la  connoifle. 

PORPHYREUM,ou  Porphyrion, ville  de Théni- 
cie  ,  félon  Polybe ,  /.  j.  «.68.  6c  Etienne  le  géographe. 
Schelftrate  ,  Appcnd.  ad  opus  Gecgr aph.  p.  564.  qui  cite 
un  manuferit  de  la  bibliothèque  de  la  reine  de  Suéde,  die 
que  cette  ville  qu'il  appelle  I'orphyrium  ,  étoit  à  fix 
milles  de  Scariathia,  à  deux  du  I^oi  t-Carmcl.  11  ajoute 
que  c'étoit  autrefois  une  belle  ville  au  pied  du  Mont  Car- 
meljfur  le  bord  de  la  mer,  dansune  allez  bonne  fituaiion. 
La  notice  du  patriarchat  d'Antiuche  ,  celle  de  l'abbé  Mi- 
Ion,  &  celle  de  l'évêque  de  Carhara,  font  de  Porphyieon 
une  ville  épiscopale  ,  fois  la  métropole  de  Tyr.  On 
l'appelloit  aulTi  Caipha  &  Helpha  ,  félon  Guillaume 
de  Tyr.  Quelques-uns  veulent  que  le  nom  modeine  foit 
U.typhe ,  d'aunes  l'appellent  pourtant  Scafjjjo.  Poflel 
croit  que  cette  Cai^ha  ou  Ca  pha  n'étoit  pas  une  ville 
ancienne  ,  ou  que  du  moins  elle  a  été  incony  aux  an- 
ciens, à  moins  que  ce  ne  foit  Acu  ou  Vtolemais.  Dom 
Calmet  eft  d'un  fentiment  différent  de  Poflel.  Ce  fçavant 
prétend  que  Porphyreon  eft  la  même  que  Sycaminos  ,  6c 
par  conféquent  une  ville  ancienne  ,  appellée  aujeurd  hui 
Caifa.  Il  la  diftingue  de  Ptolemaïde  ,  dont  elle  étoit  fé- 
parée  par  fon  port.  Voyez.  Cajfa  ,  6c  Sycamicorum 
oppidum.  *  Oriel.  Thef. 

1 .  PORPH YR1TE,  ville  de  l'Arabie, près  de  l'Egypte , 
félon  Etienne  le  géographe. 

2.  PORPHYR1TE ,  ville  de  la  Thébaïde.  Eufébe  ,  /. 
8.  c.  18.  dit  qu'on  y  trouvoit  des  pierres  de  porphyre  ;  6c 
Ortelius  juge  qu'elle  pouvoit  être  dans  la  montagne  Por- 
pbyr'uus  de  Ptolomée.  Voyez.  Porphiritus. 

PORPH YR1TUS ,  montagne  d'Egypte  :  Ptolomée,/. 
4.  c .  y.  la  donne  aux  Libyargyptiens. 

PORQUEROLLE  ,  Torqueroles  ,  ou  Porquey- 
roi.es  ,  ifle  de  France ,  fur  la  côte  de  Provence.  Le  golfe , 
ou  la  baie  d'Hieres ,  fe  forme  par  deux  longues  pointes, 
dont  celle  de  l'oueft  s'appelle  pointe  des  Badines,  &  celle 
de  l'eft  le  cap  Benat.  Il  y  a  entre  les  deux  un  grand  enfon- 
cement bordé  de  plages  ,  6c  au  dehors  des  ces  poinres  il  y 
a  quatre  ifles  qui  renferment  cet  espace  6c  cette  baie  ;  ce 


POR 


POR      io/i 


qui  fait  en  même  tems  qu'il  y  a  plufieurs  bons  mouillages. 
Lille  de  Porquerolle,  qui  cil  la  première  de  ces  ifles,  du 
côté  de  l'oueft ,  fe  trouve  la  plus  confidérable  ,  foit  par 
fes  fottifications ,  foit  patee  qu'elle  eft  plus  habitable  que 
les  autres.  Elle  couvre  auflï  davantage  des  mers  du  large 
les  rades  voifines.  Cette  ifle  ,  qui  eft  la  plus  grande  des 
ifles  Stœchades  des  Anciens  ,  Se  qui ,  à  caufe  de  cela  ,  fut 
nommée  d'un  nom  grec ,  Prote  ,  c'eft-à-dire  premier*  , 
a  pris  fon  nom  moderne  de  la  quantité  de  fangliers  qui  y 
partent  à  la  nage  de  la  terre  ferme,  pour  manger  le  gland 
des  chênes  verds  qui  s'y  trouvent  en  abondance.  Elle  peut 
avoir  quatre  lieues  de  longueur  fur  unede largeur;  &c  elle 
cil  défendue  par  un  vieux  château.  Voyez  au  mot  Hiercs 
les  isles  d'Hieres.  Il  y  a  un  monaftere  très-ancien  dans 
l'ifle  de  Porquerolle.  On  le  \\ommo\t  Monajleruim  Areci' 
rum  ;  Se  il  fut  détruit  plufieurs  fois  par  les  Sarrafins.  Les 
moines  de  Cîteaux  s'y  étant  établis  dans  le  douzième  fié- 
cle,  furent  enlevés  par  les  barbares.  Le  Pape  Innocent 
111  dit  dans  une  lettre,  que  de  fon  tems ,  vers  l'an  i  zoo 
les  chanoines  réguliers  avoient  fait  un  établiflement  dans 
le  monaftere  Arearum ,  Se  il  ordonna  que  ces  chanoines 
réguliers,  ou  rendroient  ce  monaflere  aux  moines  de  Cî- 
reaux ,  ou  embrafleroient  leur  inltitut;  ce  que  l'on  ne  voit 
pas  que  les  chanoines  réguliers  ayent  exécuté.  Ce  qui  eft 
fur,  c'eft  que  ceux-ci  eurent  le  même  fort  que  les  moi- 
nes; Se  depuis  on  n'a  pas  entrepris  de  rétablir  cette  ab- 
baye ,  dont  on  voit  encore  les  ruines.  *  Michclot  , 
Port,  de  la  Médit.  Longuerue  ,  Defc.  de  la  France  , 
p.  }6i. 

PORRETTA  ,  ou  Bagni  de  la  Poretta.  Voyez. , 
au  mot  Bagni,  l'article  Bagni  della  Poretta. 

PORRI ,  petite  ifle  ,  fur  la  côte  méridionale  de  la  Si- 
cile ,  à  quelques  milles  à  l'occident  de  Punta  de  Marza. 

i.PORSAS,  paroifle  du  duché  de  Lorraine  ,  au  dîo- 
cèfe  de  Toul ,  dans  le  bailliage  de  Vôges  ,  à  un  quart  de 
lieue  de  la  ville  deMirecourt.Elle  a  pris  fon  nom  de  la  cé- 
lèbre abbave  de  Porfas,  qui  elt  fon  diltricT: ,  Se  auprès  de 
laquelle  elle  s'eft  formée.  C'elt  le  chef-lieu  d'un  doyenné 
qui  a  environ  neuf  lieues  de  long,  fur  quatre  &  demie  de 
large.  11  comprend  trente-fix  paroifles  Se  deux  abbayes. 
L'églife  paroiifiale  de  Porfas  eft  dédiée  à  faint  Maurice. 
Le  patronage  de  la  cure  ,  qui  fe  donne  au  concours  ,  ap- 
partient à  l'abbàye  .  de  qui  dépend  la  plus  grande  partie 
des  dixmes.  Il  y  a  dans  l'églife  de  Porfas  une  chapelle  en 
titre. 

2.  PORSAS ,  P  or  tus  Suavis ,  chapitre  de  chanoînes- 
fes ,  au  duché  de  Lorraine ,  dans  le  diocèfe  de  Toul ,  près 
de  la  ville  de  Mirecourt.C'étoitautrefois  une  abbaye  qui 
fut  commencée  vers  l'an  102}  par  Herman  ,  évêque  de 
Toul.  Elle  reçut  fa  perfection  de  Léon  IX ,  pendant  qu'il 
étoit  évêque  de  Toul  en  1035.  II  confacra  l'églife  fous 
l'invocation  de  fainte  Manne  ,  fœur  des  faims  Euchaire 
&  Eliphe,  premiers  martyrs  du  diocèfe  ,  Se  il  donna  aux 
rcJigieufes  la  régie  de  faint  Benoit  ,  qu'elles  ont  dans  la 
fuite  changée ,  pour  fuivtel'exemple  des  dames  de  Remi- 
xemont  Se  d'Epinal.  Les  chanoinefles  font  obligées  de  faire 
preuve  de  noblefle.  Ce  chapitre  eu;  compofé  à  prêtent 
d'une  abbefle  Se  de  quinze  daines.  Il  y  a  quatte  chanoines 
qui  leur  fervent  d'Aumôniers.  Leur  revenu  n'eft  que  de 
rrois  mille  cinq  cens  livres.  L'abbefle  en  prend  un  quart , 
excepté  un  vingtième. 

PORSICA  ,  ville  de  la  Mefopotamie,  félon  Ptolo- 
mée,/.  y.e.  18;  il  la  place  le  long  del'Euphrate. 

1.  PORT,  petit  golfe  ,  ance  ,  avance  ou  enfonce- 
ment d'une  côte  de  mer  ,  qui  entre  dans  les  terres ,  où  les 
vaifleaux  peuvent  faire  leur  décharge  ,  prendre  leur  char- 
gement ,  ou  éviter  les  tempêtes ,  Se  qui  efl  plus  ou  moins 
propre  au  mouillage ,  félon  que  le  lieu  a  plus  ou  moins 
de  fond  &  d'abri.  Cemot  Port  vient  du  Latin  Portus,  Se 
répond  au  M/uîiv  des  Grecs,  Les  Italiens  difent  Porto  , 
Se  Porticello ,  fi  le  lieu  clt  petit  ;  Se  les  Espagnols  écrivent 
Puerto.  C'eft  ce  que  les  Allemands  entendent  par  leur 
mot  Meer-hajfen;  Se  les  Anglois  Se  les  Hollandois  par 
cclui  de  H.iveny  d'où  les  François  ont  fait  leur  mot  ha- 
vre, qui  veut  dire  la  memechofe  que  port. 

Comme  les  vaifleaux  ne  peuvent  pas  aborder  indiffé- 
remment à  toutes  les  côtes  ,  parce  qu'elles  font  ou  trop 
hautes,  ou  que  la  mer  qui  les  lave  eft  trop  baffe  pour 
porter  des  bâtimens  ,  parce  qu'elles  font  garnies 
d'écueils  ,  ou  parce   qu'elles  font   trop   expofées  à 


la  fureur  des  vents  ;  on  a  donné  le  nom  de  port  aux  en- 
droits où  ces  difficultés  ne  fe  rencontrent  pas  ,  &  où  les 
navires  peuvent  facilement  arriver ,  décharger  Se  demeu- 
rer. C'eft  fur  la  connoiflance  de  ces  ports ,  Se  fur  celle 
de  la  route  des  vents,  qui  y  peuvent  porter  les  vaifleaux  , 
qu'eft  fondé  ce  que  nous  appelions  la  catte  marine  ;  Se 
cette  connoiflance  fait  aufli  une  des  parties  les  plus  efien- 
tiellcs  de  la  géographie. 

La  figure  des  ports  ,  comme  on  a  pu  le  voir  par  la  dé- 
finition que  j'en  ai  donnée,eft  ordinairement  en  forme  de 
petit  golfe  ,  d'ance  ,  ou  d  enfoncement ,  Se  la  côte  eft 
communément  bordée,  ou  en  tout  ou  en  partie.de  mon- 
tagnes, ou  de  collines,  qui  mettent  les  vaifleaux  à  l'abri 
des  vents.  La  nature  a  donné  elle-même  quelques  uns 
deces  avantages  à  certains  ports:  c'eft  1  induftne  des  hom- 
mes qui  les  a  perfectionnés  dans  d'auttes ,  ou  même  qui 
les  leur  a  entièrement  donnés.  Sur  les  cartes  ,  pour  con- 
noître  un  port  &  la  fureté  qu'il  y  a  d'y  mouiller  ,  on  re- 
préfente  ordinairement  la  figure  d'une  ancre. 

On  donne  le  nom  de  port  aux  places  maritimes  •  qui 
ont  des  endroits  fùrs  pour  la  retraite  des  vaifleaux  ,  qui  y 
peuvent  outre  cela  chatger  Se  décharger  leurs  marchan- 
difes.  On  le  donne  aufli  aux  lieux  qui  font  deftinés  pour 
y  conftruire  des  vaifleaux  ,  ou  pour  les  y  conferver.  On 
la  donne  encore  à  quelques  places  fituées  fur  des  rivie  < 
res,où  il  y  a  des  ports,  comme  celui  de  la  Seine  à  Rouen, 
celui  de  la  Garonne  à  Bourdeaux  ;  celui  de  la  Tamife  à 
Londres,  celui  de  l'Elbe  à  Hambourg  ,  Se  tant  d'autres. 
Enfin  le  mot  port  fe  ptend  en  divets  fens ,  qui  en  mar- 
quent les  avantages  ou  les  inconvéniens. 

Le  PORT,  ou  Havre  de  Barre  ,  eft  un  port ,  donc 
l'entrée  eft  fermée  par  un  banc  de  roches  ou  de  fable,  Se 
dans  lequel  on  ne  peut  entrer  que  de  pleine  mer. 

Le  PORT  DE  HAVRE,  ou  de  toute  Marée  ,  eft 
celui  où  les  vaifleaux  peuvent  entrer  en  tout  teins,  y  ayant 
toujours  alTez  de  fond. 

Le  PORT,  ou  Havre  brute,  eft  celui  qui  eft  fait  par 
la  nature,  &  auquel  l'art  n'a  en  rien  contribué.  Les  Amé- 
ricains donnent  le  nom  de  cul-de-fac  à  ces  fortes  de 
ports. 

Le  PORT-SOUS  LE-VENT  eft  un  lieu  de  retraite 
pour  le  befoin. 

PORT-FERMÉ.  On  dit  que  les  ports  font  fermés, 
lorsqu'il  eft  défendu  de  laifler  fonir  un  bâtiment  pour 
aller  à  la  mer. 

2.  PORT:  ce  mot  fe  dit  aufli  d'un  col ,  trau  ,  pas ,  ou 
chemin  ferré  entre  deux  montagnes,  &  par  lequel  onpeuc 
pafler  pour  aller  d'un  pays  à  un  autre. 

3.  PORT ,  archidiaconé  ,  au  diocèfe  de  Toul ,  partie 
dans  les  terres  de  la  France  ,  partie  dans  celles  du  duc  de 
Lorraine.  Cet  archidiaconé  comprend  cinq  doyennés,  qui 
font  ceux  de  Port .  de  Deneuvre  ,  de  Salmes ,  de  Dicu- 
Louart ,  &  de  letny.  11  a  près  de  vingt-cinq  lieues  de  lon- 
gueur -,  mais  fa  largeur  eft  inégale.  C'eft  le  plus  grand  ar- 
chidiaconé du  diocèfe  de  Toul  ,  Se  il  en  renferme  la  par- 
tie la  plus  belle  Se  la  plus  agréable.  On  a  uni  au  titte  d'ar- 
chidiacre de  Port ,  la  prévôté  de  Liverdun.  Voyez  ,  au 
mot  Port  ,  ».  5.  l'origine  du  nom  de  cet  archidia- 
coné. 

4.  PORT  ,  doyenné  rural  ,  dans  l'archidiaconé  de 
même  nom  ,  au  diocèfe  de  Toul  Sa  plus  confidérable 
portion  eft  comprife  dans  les  états  du  duc  de  Lorraine.  Iî 
a  neuf  lieues  de  longueur  ,  fur  cinq  de  largeur.  L'évêché 
de  Metz  le  borne  au  nord  Se  à  l'orient  ;  Se  les  doyennés 
de  Toul ,  de  Sain tois ,  Se  de  Deneuvre  >  le  bornent  au  midi 
Se  à  l'occident.  Ce  doyenné  renferme  foixante  fept  parois- 
fes ,  au  nombre  desquelles  fe  trouvent  la  ville  capitaledu 
duché ,  Se  plufieurs  villes  &  chefs-lieux  de  prévôtés  , 
vingt  annexes ,  cinq  abbayes,  douze  prieurés,  quatte  cha7 
pitres,  deux  commenderies  de  Malthe,  Se  dix-neuf  cou- 
vens  de  religieux.  On  y  compte  cent  villages ,  Se  envi-ron 
vingt-cinq  mille  âmes.  Il  eft  arrofé  des  rivières  de  Meui> 
te,  de  Lagne  ,  de  Vefouve  ,  de  l'Amfule  ,  Se  de  Sanon. 
Voyez  à  l'article  fuivant  l'origine  du  nom  de  ce  doyen- 
né. 

<j .  PORT  ,  ville  du  duché  de  Lorraine  ,  Voyez  Saint 
Nicolas. 

6.  PORT ,  village  de  France  ,  en  Picardie  ,  dans  le 
Ponthieu,  à  deux  lieues  d'Abbeville,  fur  le  rivage  droit 
de  la  riYiere  de  Somme.  On  croit  dans  le  pays  que  faint 
Jom.îV,  Rrrrrr  i; 


POR 


I0J2 

Honoi  é ,  c  vcquc  d'Amiens  ,étoit  né  clans  ce  lieujau  moins 
il  eft  certain  qu'il  y  mourut  vers  l'an  6oc ,  vifitant  fon 
diocèfe.  La  tradition  de  la  naiflance  ôc  de  fa  mort  avoit 
fait  compofer  la-deflus  ce  vers  : 

Quem  genuit  Portus  ,  deccjjlt  ubi  fait  ortus. 

L'Eglife  de  ce  lieu  eft  rrès  ancienne  ;  &  au  rappoit  de  ceux 
qui  i'ont  vue ,  on  feroit  porté  à  croire  que  le  côté  du  nord 
feroit  le  relie  d'un  bâtiment  du  tems  de  la  première  race 
de  nos  rois.  C'eft  un  ma/tic  très-dur  ,  avec  des  cailloux 
de  mer  ronds  ôc  longs  ,  rangés  en  trois  ou  quatre  rangs 
alternativement  les  uns  fur  les  autres ,  ôc  formant  comme 
une  ceinture  auili  alternativement ,  avec  une  ceinture  de 
pierre  de  taille.  On  voit  auflî  du  côté  du  midi  un  compar- 
timent de  pierres  jaunâtres ,  &  blanches  ou  grifes ,  faites 
en  lozanges ,  qui  n'eft  pa;  moins  ancien.  Les  petites  fenê- 
tres de  cette  églife  en  démontrent  encore  l'antiquité.  11  y 
à  proche  l'autel  un  double  escalier ,  qui  fervoit  pour  mon- 
ter à  la  tourelle  ,  où  étoit  le  S.  Sacrement.  Sous  cet  esca- 
lier ,  ôc  environ  un  pied  dans  la  muraille  ,  eft  la  tète  du 
tombeau  de  faint  Honoré  que  la  Morliere  dit  être  vifué 
par  les  peuples  d'alentour,  comme  celui  de  S.  Firmin  le 
martyr ,  à  faint  Acheul  d'Amiens.  Une  refte  plus  qu'en- 
viron la  longueur  de  deux  pieds  &  demi  de  ce  tombeau  , 
Se  l'endroit  des  pieds  ;  ces  relies  font  d'une  pierre  jaune  : 
ce  qui  manque  au  tombeau  eft  fuppléé  avec  des  briques. 
*  Extrait  d'un  Vvy  âge  fait  fur  les  lieux. 

Le  PORT,  P  ortus  ad  Suminam,  lieu  de  France  en 
Picardie ,  dans  le  comté  de  Ponthieu,  à  la  décharge  de  la 
Somme. 

PORT  DE  L'ACUL.  Voyez.  Port  François. 

PORT- ANGELS ,  ou  Port-des-Anges  ,  port  del'A- 
mérique  feptentrionale,  dans  la  nouvelle  Espagne,  fur  la 
côte  de  la  mer  du  fud,danslaprovincede  Guaxuca.  C'eft 
une  grande  baie  ouverte ,  avec  deux  ou  trois  rochers  à 
l'oueft.  On  peut  ancrer  furement  dans  toute  la  baie  ,  à 
30  ,  20  ou  12  braiTes  d'eau.  Mais  on eft  expofé  à  tous  les 
vents,  à  la  réferve  des  vents  de  terre  ,  jusqu'à  ce  qu'on 
foit  à  1 2  ou  1  j  brades  d'eau  on  eft  alors  a  couvert  des 
vents  d'oueft  fud  oueft ,  qui  font  les  vents  ordinaires.  La 
marée* haufle  jusqu'à  cinq  pieds  dans  ce  port.  Le  flux  va 
au  nord-eft,  &  le  reflux  au  fud-oueft.  Il  eft  difficile  de 
mettre  pied  à  terre  fur  cette  baie.  L'endroit  où  l'on  peut 
débarquer  avec  le  plus  de  commodité  eft  à  l'oueft  ,  der- 
rière des  rochers.  La  mer  y  eft  toujours  groffe.  Les  Espa- 
gnols comparent  ce  port ,  pour  la  bonté  ,  à  Guatulco  ; 
mais  il  y  a  pourtant  entre  ces  deux  ports  une  grande  dif- 
férence. Le  port  de  Guatulco  eft  presque  renfermé  ,  ÔC 
celui  des  Anges  eft  une  rade  toute  ouverte.  La  latitude  de 
ce  dernier  port  eft  de  15  d.  nord.  Il  n'eft  pas  aifé  à  recon- 
noître ,  ôc  des  navigateurs  qui  le  cherchoient  s'y  font 
mépris,  ne  pouvant  s'imaginer  que  ce  fût-là  un  beau  port. 
La  côte  qui  le  borne  eft  allez  élevée.  Le  terrein  en  eft  fa- 
blonneux,  jaune  &  rouge  en  certains  endroits.  Une  pattie 
eft  en  bois,  ôc  l'autre  en  pacages.  Les  arbres  font  gros  ôc 
grands ,  Se  les  pacages  fourniflent  quantité  de  bonne  her- 
be. *  Dampier ,  Voyage  autour  du  monde,  /.  i.i.  9. 

1.  PORT  BAIL,  Portus  Baldits  ,  port  de  France  , 
dans  la  Normandie  ,  au  diocèfe  de  Coûtances  ,  élection 
de  Valognes.  C'eft  un  petit  port  de  mer  de  même  nom. 
Voyez,  l'article  fuivant. 

2.  PORT-BAIL, bourgde  France, dans  la  Normandie, 
au  diocèfe  de  Coûtances ,  élection  de  Valognes  ,  fur  un 
petit  pott  de  mer  de  même  nom.  Il  y  a  aux  environs  de 
ce  bourg  plus  de  trente  falines ,  qui  fourniflent  de  fel  le 
Coutentin ,  ôc  autres  pays  voifins.  Ce  bourg  eft  vis-à-vis 
de  l'ifle  de  Jerfey  ,  qui  en  eft  à  fept  lieues.  11  y  a  à  l'extré- 
mité de  cette  paroifle  une  chapelle  de  faint  Siméon  ,  où 
l'on  prétend  que  ce  faint  a  demeuré  étant  hermite.  C'eft 
un  pèlerinage  aflëz  célèbre. 

PORT  DE  BARCELONE  ,  port  d'Espagne  ,  dans  la 
mer  Méditerranée,  fur  la  côte  de  la  Catalogne.  Voyez, 
Barcelone.  Lorsqu'on  veut  entrer  dans  le  port  ou  mole 
de  Barcelone,  il  faut  s'éloigner  de  la  tête  du  mole  d'en- 
viron un  demi-cable ,  à  caufede  quelques  roches  perdues 
que  h  mer  a  emportées  au  large.  Il  n'y  a  rien  à  craindre  du 
côté  de  Mont  jouii&  l'on  peurpafler à  mi-canal, fi  l'on  veut, 
pour  aller  mouiller  enfuite  en  dedans  du  fanal ,  vis-à-vis  la 
féconde  batterie.  On  obferve  feulement  de  fe  ranger  le 


POR 


long  du  mole  ,  la  poupe  vers  la  ville ,  ôc  la  proue  en  mer, 
où  l'on  donne  deux  ancres  ôc  deux  amarres  fur  le  mole. 
Il  ne  faut  pas  s'approcher  entièrement  du  mole  ,  ni  trop 
avancer ,  n'y  ayant  que  fept  a  huit  pieds  d'eau  a  une  lon- 
gueur de  galère  du  mole.  Entre  cette  batterie  Ôc  la  ville  , 
il  y  a  fur  le  mole  une  petite  chapelle  &  un  bureau  de  la 
fauté.  Les  galères  mouillent  ordinairement  entre  la  der- 
nière batterie  ôc  cette  chapelle  ,  le  long  du  mole  ,  où  il  y 
a  dix  ,  douze  ôc  treize  pieds  d'eau  ,  fond  de  fable  vafeux. 
Il  ne  faut  pas  aller  plus  avant  que  cette  chapelle  ,  pas 
même  par  fon  travers,  car  il  n'y  a  que  fix  pieds  d'eau  i 
mais  dans  le  milieu  du  port ,  où  les  vaiffeaux  mouillent  , 
il  y  en  a  quinze  a  feize.  Lorsque  les  vents  font  au  fud-fud- 
eft  ,  qui  eft  le  traverfier ,  la  mer  eft  fort  groffe  dans  ce 
port  ,  &  fait  un  grand  reflac  ,  en  forte  qu'on  a  peine  à 
débarquer  fur  le  mole.  On  fait  de  l'eau  à  un  puits  hors  de 
la  ville,  proche  les  foflés  du  côté  du  mole  ;  ôc  à  quel- 
ques aimes  puits  à  l'entrée  de  la  ville.  La  latitude  eft  de 
41  d.  21'.  ôc  la  variation  de  cinq  à  fix  deg.  nord-oueft.  On 
mouille  ordinairement  avec  les  vaiffeaux  à  une  portée  de 
canon  du  fanal ,  du  côté  de  l'eft ,  par  quinze  ,  dix  huit  ôc 
vingt  brades  d'eau  ,  bon  fond  devafe&d'argille,oii  il  faut 
avoir  foin  de  tems  en  tems  de  foulever  les  ancres.  Les  cou- 
rans  vont  pour  l'ordinaire  fort  vite  au  fud  oueft  ,  &  quel- 
quefois aufli  vei  s  le  nord  eft  ,  fuivant  les  vents  qui  ont 
régné.  Depuis  Barcelone  jusqu'à  Blane  ,  la  côte  eft  fort 
haute  en  avançant  dans  les  terres  ;  mais  fur  le  bord  de  la 
mer  ce  font  de  très-belles  plaines  ,  remplies  de  villes  , 
villages  ôc  tours,  bordées  de  plages  devant  lesquelles  011 
peut  par  tout  mouiller  avec  les  vents  à  la  ferre.  *  Miche 
lot ,  Port,  de  la  Méditer,  p.  4. 

PORT  DE  BAYE,  au  royaume  de  Napl  es,  entre  cette 
ville  &Pouzzol.  C'eft  un  des  bons  ports  de  la  Médirerra- 
née,défendu  par  un  bon  château  Voyez.  Portus  Julius. 

PORT  DE  BEAUVOIR  ,  Ca/rum  BelEvi/us  ,  bour- 
gade de  France  ,  dans  le  Dauphiné  ,  au  Royanez ,  fur  la 
rive  gauche  de  l'Ifere.  C'étoit  autrefois  le  féjour  des  prin- 
ces dauphins-,  mais  on  ne  voit  plus  aujourd'hui  que  quel- 
ques reftes  de  murailles  de  leur  palais,  ôc  la  niai  fon  des 
Carmes,  fondée  par  un  Humbert  Dauphin.  'Atlas  ,  Ro- 
bert de  Vauvondy.  Davity  ,  Dauphiné. 

PORT-BESS1N  ,  port  de  Fiance,  fur  la  côte  de  Nor- 
mandie ,  dans  le  pays  appelle  Beflîn.  Ce  port  eft  afièz 
beau.  Il  eft  formé  par  deux  petites  rivières  nommées  Aure 
ôc  Dronim,  qui  s'affemblant  prés  du  village  deMaifons, 
coulent  enfemble  jusque  fur  le  bord  de  la  mer ,  ôc  y  for- 
ment le  port  Beflîn.  *  Du  Chêne  ,  Ant.  des  Villes  de 
France  ,  /.  j.c.  12. 

PORT- DE  BOUC  ,  port  de  France ,  dans  la  mer  Mé- 
diterranée ,  fur  la  côte  de  Provence.  Environ  à  quatre  ou 
cinq  milles  du  golfe  de  Fos ,  eft  le  port  de  Bouc,  fitué  dans 
un  bas  terrein.  Il  eft  fort  grand  en  apparence  ;  mais  il  n'y 
a  de  profondeur  d'eau  que  dans  le  milieu.  On  y  pourroit 
échouer  fur  les  vafesdans  unenéceflké,lefond  étant  vafe 
molle  ôc  herbeufe.  L'entrée  eft  fort  petite  ,  n'ayant  que 
cent  cinquante  toifes  d'ouverture.  Sur  la  pointe  de  la 
droite ,  en  entrant ,  on  trouve  une  forterefle  ,  au  milieu 
de  laquelle  eft  une  tour  carrée  de  pierre  blanche  ,  Ôc  qui 
fe  voit  de  fort  loin.  Elle  eft  fituée  fur  une  baffe  pointe 
d'une  ifle ,  qui  n'eft  fé parée  de  la  terre  ferme  que  par  un 
petit  ruiffeau.  Les  Hollandois,  ôc  quelques  autres  écri- 
vains ,  marquent  dans  leur  miroir  de  mer  l'entrée  de  ce 
port  du  côté  de  l'eft  de  cetre  ifle  ,  où  eft  la  tour  de  Bouc , 
ce  qui  fait  voir  qu'ils  n'ont  jamais  bienpratiquécette  côte. 
L'auteur  du  petit  flambeau  de  la  mer,  imprimé  au  Havre- 
de-Grace  ,  eft  tombé  dans  le  même  défaut.  *  Michelot  , 
Port,  de  la  Médit,  p.  61. 

PORT-DE- LA -CABRER  A,  port  d'Espagne,  dans  la 
Méditerranée ,  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Cabrera  ,  du  côté  du 
nord-oueft.  Il  eft  fort  bonpourdes  galères, &  même  pour 
des  vaiffeaux.  L'embouchure  en  eftlarge  de  laportéed'un 
fufil  ôc  l'enfoncement  eft  d'une  portée  det;anon.  Il  gît 
fud-fud-eft.  Son  traverfier  eft  nord-nord- oueft  j  mais  on 
y  eft  à  couvert  presque  en  tous  tems.  En  entrant  dans  le 
port.il  faut  ranger  du  côté  de  la  droite,  pour  bien  décou- 
vrir l'entrée  de  ce  port.  On  peut'approcher  de  la  pointe 
de  la  droite  à  deux  longueurs  de  galères  ,  la  Initiant  à  la 
droite  du  côté  de  l'oueft.  Sur  la  pointe  de  la  gauche  ,  qui 
eft  de  moyenne  hauteur,  il  y  a  une  petite  forterefle  \  fituée 
fur  une  étninence  de  rochers  fort  raboteux,  ôc  devant  la- 


POR 


POR 


quelle  il  faut  mouiller,  fitôt  qu'elle  reflc  au  nord.  On  s'y 
affburcheeft-nord  eft&  ouefl-fud  oueft,  ayant  une  ancre 
au  large  par  neuf  à  dix  brades  d'eau  ,fond  de  fable  vafeux, 
Se  mettant  une  amarre  à  terre ,  on  peut  mouiller  par  cour 
par  quatre  à  cinq  brades  d'eau. 

PORT  DE  C  A  YETTE ,  au  royaume  de  Naples.  Il  ne 
peut  donner  une  retraite  aflurée  qu'à  une  quinzaine  de 
galères ,  Se  à  quelques  barques.  On  voit  fur  le  haut  de  la 
colline  le  tombeau  de  Minutius  Planais ,  que  les  gens  du 
pays  appellent  Torre  di  Ortando  ,  à  caufe  de  fa  figure.  * 
D.  Mat.  Egitio ,  lettre  à  Langlet  du  Fresnoy. 

PORT-COLOM  ;  port  d'Espagne  dans  la  mer  Médi- 
terranée ,  fur  la  côte  de  1  ide  de  Majorque.  Environ  douze 
milles  au  nord -cl  t  de  Porto-Pedro  ,  il  y  a  une  grande  ca- 
lingue ,  qu'on  appelle  Port  Colom.  Il  étoit  bon  autrefois  ; 
mais  préfentement ,  qu'il  s 'eft  comblé,  on  ne  peur  s'en* 
fervir.  Entre  le  Port  Pedro  Se  ce  port  il  y  a  deux  tours  de 
garde.  Lorsqu'on  vient  du  côté  de  l'eft  on  ne  voit  point  la 
tour  de  Porto  Pedro,  à  moins  d'être  presque  vis-à-vis  de 
l'entrée  du  port  ,  principalement  lorsqu'on  eft  proche 
de  la  côte  ,  à  caufe  d'une  groffe  pointe  remplie  d'ar- 
bres, qui  couvrent  l'entrée  du  port,  Se  empêchent  qu'on 
ne  voie  la  tour.  *  Michelot  ,  Porr.  de  la  Médit,  p.  29. 

PORT-CROS  ,  ou  Porte  Cros.  Voyez.  Porto- 
Cros. 

i  .  PORT  DAUPHIN.  Voyez.  Madagascar,ou  Isle 
Saint-Laurent. 

2.  PORT  DAUPHIN  ,  dans  l'ifie  Espagnole.  Voyez. 
Bayaha. 

PORT-DESIRE',  port  de  l'Amérique  méridionale, 
dans  la  Magellanique.  Il  fut  ainfi  appelle  par  Jean  le 
Maire,  qui  y  féjourna  en  1616  ,  lorsqu'il  alla  découvrir 
le  détroit  qui  porte  fon  nom.  Ce  port  eft  fous  le  47  d. 
30'.  de  latitude  méridionale  ,  Se  û  lèvent  eft  bon,  un 
vaiffeau  peut  y  entrer  à  quelque  heure  de  la  marée  que 
ce  foit.parce  qu'il  y  a  toujours  affez  d'eau  en  baffe  marée. 
Aux  trois  quarts  de  l'Ebbe ,  ou  au  quart  du  flux  ,  on  peut 
voir  tous  les  dangers  ;  mais  il  n'y  a  pas  de  fureté  à  y  entrer 
pour  une  perfonne  qui  n'auroic  pas  vu  le  havre  en  baffe 
marée; car  ce  n'eft  qu'alors  qu'on  voit  diftinctement  les 
écueils,  Se  qu'on  peut  même  avoir  une  marque  à  terre 
pour  fervir  de  guide.  Quand  on  vient  du  nord  du  Cap- 
Blanco ,  Se  qu'on  range  la  côte  vers  le  nord  du  Cap- 
Defiré,  il  y  a  une  chaîne  de  brifans  qui  s'élèvent  beau- 
coup hors  de  l'eau ,  Se  qui  font  à  une  lieue  ou  environ 
du  rivage,  outre  plufieurs  autres  qui  en  font  féparés.  On 
voit  au  fud  la  baie  des  Penguins  ,  avec  cinq  ou  fix  ides 
plus  petites ,  &  au  nord  le  Port-Defiré  ,  qui ,  au  fud  de 
fon  entrée,  environ  un  demi  mille  du  côté  de  la  mer  ,  &à 
peu  près  autant  de  la  rivière,  a  un  rocher  en  forme  de 
pyramide,  qui  reffemble  beaucoup  à  un  clocher  ou  une 
tour ,  Se  peut  fervir  de  très-bonne  marque.  Ce  rocher  eft 
environné  de  quantité  d'autres  de  couleur  bleuâtre.  * 
Vood.  Voy.  aux  Terres  Auftrales  ,t.  4.  c.  2. 

A  l'égard  de  la  marée  de  ce  parage  ,  le  vif  de  l'eau  eft  à 
midi  en  pleine  Se  nouvelle  lune;  Se  au  tems  des  hautes 
marées  le  flux  Se  reflux  font  fort  rapitleS  ,  Se  l'eau  monte 
environ  trois  brades.  L'entrée  du  port  eft  fi  étroite  ,  qu'il 
n'y  a  pas  plus  d'un  coup  de  mousquet  d'un  côté  à  l'autre. 
D'ailleurs  quoique  la  terre  foit  ici  ftérile ,  Se  qu'il  n'y  ait 
presque  point  de  forêts  ni  d'eau  douce,  on  y  trouve  quan- 
tité de  brebis  d'Espagne  ,  qui  font  auflï  groffes  que  nos 
daims ,  mais  qui  font  devenues  fauvages.  On  y  voit  auflï 
quelques  lièvres  &  quelques  autruche^,  qui  ne  fe  laiffent 
guères  approcher  -,  des  canards ,  des  corbeau  ,  des  shags 
noirs,  Se  d'autres  gros  canards  ,  dont  le  plumage  eft  bleu  , 
Se  qui  font  affez  familiers. 

PORT-FORNELLE,  port  de  la  mer  Méditerranée  , 
dans  l'ide  de  Minorque.  C'eft  un  affez  bon  port  pour  tou- 
tes fortes  de  bâtimens.  Il  eft  fitué  du  côté  du  notd-eft  de 
l'ide.  Sa  reconnoi fiance  eft  une  petite  tour  ronde  &  blan- 
che ,  qui  efl  fur  la  pointe  du  fud-ell  de  l'entrée  du  port. 
Environ  cinq  milles  au  nord  oueft  quart  d'ouefi  de  cette 
pointe,  il  y  en  a  une  autre  très-haute  &  escarpée  ;  entre 
les  deux  ,  on  voit  un  grand  enfoncement.  Un  peu  en  de- 
dans de  la  pointe  de  la  droite,  en  entrant  dans  le  port ,  il 
y  a  une  fortereffe  à  quatre  baftions.  Lorsqu'on  vient  du 
fud-eft ,  pour  entrer  dans  le  Port  Fornelle  ,il  faut  ranger 
à  discrétion  la  pointe  du  fud-eft  ,  fur  laquelle  eft  cette 
tour  blanche  qui  refte  fur  la  gauche.  En  faifant  cette 


iojr  3 

route  ,  on  découvre  l'entrée  du  port ,  Se  la  for  te  reflc  qui 
eft  fur  la  droite.  Cette  entrée  du  port  eft  fort  étroite,  n'y 
ayant  qu'environ  deux  cens  brades  d'ouverture  ;  mais  elle 
s'élargir  à  mefure  qu'on  entre  dans  le  port ,  qui  a  près  de 
deux  milles  de  longueur,  Se  eft  presque  de  figure  ronde. 
Il  y  «i  dans  le  fond  du  port  une  petite  ide.  Les  traverfiers 
font  depuis  le  nord-nord  eft  jusqu'au  nord-nord-oueft  , 
Se  le  vent  du  nord  y  donne  à  plein.  Le  mouillage  ordi- 
naire eft  du  côté  de  l'oueft,  à  une  petite  portée  du  canon 
de  la  fortereffe  ;  on  y  trouve  quatre  à  cinq  brades  d'eau , 
fond  d'herbe  vafeux  ;  du  côté  de  l'eft  de  ce  port  il  n'y  a 
point  de  profondeur  d'eau ,  non  plus  que  dans  le  fond.  Il 
y  a  même  quelques  roches  qui  pounoient  gâter  Us  cables. 
A  l'entrée  du  port,  on  trouve  dix  à  onze  brades  d'eau ,  Se 
jusqu'auprès  de  l'ide  cinq  brades.  Du  côté  du  fud-oueft 
de  l'ide  de  Minorque,  il  y  a  un  peu  d'enfoncement  ,  où 
l'on  pourroit  mouiller  ;  mais  il  ne  faut  pas  approcher  de 
cette  côte  de  trop  près  ,  parce  qu'il  y  a  quelques  roches 
prochedel'ide.  La  latitude  de  ce  port  eft  de  40  d.  41'.  * 
Michelot ,  Port,  de  la  Médit,  p.  3  2. 

I.  PORT  FRANÇOIS,  port  de  l'Amérique  méridio- 
nale, au  Brefil ,  fur  la  côte  orientale ,  dans  la  capitainerie 
de  Fernambuc,  entre  la  rivière  de  Saint  Antoine  de  Pa- 
doue  &  celle  de  Saint  François.  *  Atlas,  Robert  de  Vau- 
gondy  appelle  ce  lieu  Fort  vieil  des  François. 

a.  PORT-FRANÇOIS  ,port  de  l'Amérique  fepten- 
trionalc,  dans  l'ide  de  Saint  Domingue  ,  fur  la  côte  du 
nord  ,  à  l'occident  du  Cap-François,  qui  le  forme. 

PORT-GENOVEZ  .  port  dfEspagne,  au  royaume  de 
Murcie ,  dans  le  golfe  de  Carthagene.  A  huit  à  neuf  mil- 
les à  l'eft-nord-eft  de  l'ide  d'Ascombrera  eft  le  port  de 
Genovez.  C'eft  une  petite  ance,  avec  quelques  plages  au 
pied  des  montagnes ,  dans  laquelle  on  peut  mouiller  trois 
à  quatre  galères,  derrière  une  pointe  de  moyenne  hau- 
teur, fur  laquelle  on  voit  une  tour  ronde  à  la  droite  en 
entrant.  Pour  y  aller  mouiller  il  faut  ranger  fur  la  droite, 
à  caufe  d'une  féche  qui  eft  presque  par  le  milieu  de  l'en- 
trée, Se  à  caufe  de  quelques  autres  roches  qui  font  pro- 
che de  la  pointe  de  l'oueft.  Le  traverfier  eft  le  vent  de 
frrd  ,  qui  eft  violent  Se  fort  dangereux.  Entre  l'ifie  d'As- 
combrera Se  ce  port ,  il  y  a  une  groffe  pointe  peu  avancée 
en  mer ,  qu'on  appelle  Cap-Suga  ;  Se  environ  deux 
milles  au  fud-eft-quart-d'eft  du  port  Genovez  eft  une 
autre  groffe  pointe  fort  escarpée  ,  qu'on  appelle  Cap- 
Négre ,  au-deffus  duquel  eft  une  haute  montagne  en  pain 
de  fucre.  Toute  la  côte  eft  fort  haute  Se  fort  escarpée 
depuis  cette  ide  jusqu'au  cap  dePalle.  *  Michelot ,  Port, 
delà  Médit. p.  18. 

PORT-D'IVIÇA  ,  port  de  la  mer  Méditerranée ,  fur 
la  côte  de  l'ifie  d'Ivica  ,  au-devant  de  la  ville  de  même 
nom.  A  deux  ou  trois  milles  au  fud-oueft  quart  de  fud  , 
du  cap  Saint- Hilaire  font  deux  écueils  hors  de  l'eau  , 
qu'on  appelle  les  Fornigues  de  Saint  Hilaire.  On  peut 
pafl'er  à  terre  de  ces  deux  écueils  fans  rien  craindre  ;  Se 
environ  trois  à  quatre  milles  à  l'oueft-quart-fud-oueft  des 
Fornigues  eft  l'entrée  du  Port  d'Iviça ,  qui  eft  presque  vers 
le  milieu  de  l'ifie  du  côté  du  fud.  Ce  port  eft  d'une  affez 
grande  étendue  ;  mais  il  y  a  peu  d'eau  dans  le  fond. 
En  entrant  ,  fur  la  pointe  de  la  gauche  ,  il  y  a  une 
fortereffe  affez  confidérable:  cette  pointe  eft  d'une  hau- 
teur médiocre.  La  ville  d'Iviça  eft  au  pied  de  cette  forte- 
reffe en  dedans  du  port.  Dans  le  fond  du  port,  du  côté  de 
la  ville ,  il  y  a  un  petit  village ,  Se  presque  vers  le  milieu 
du  port ,  il  y  a  deux  moulins  à  vent ,  proche  desquels  on 
va  faire  de  l'eau.  Vers  le  nord-eft  de  la  ville  ,  il  y  a  une 
ide  de  moyenne  hauteur  ,  Se  qui  eft  affez  longue.  Lors- 
qu'on vient  du  côté  de  l'eft ,  elle  ne  paroît  pas  ifolée.  On 
ne  peut  point  paffer  à  terre  de  cette  ide  ,  pas  même  avec 
des  bateaux.  Du  côté  de  l'eft  de  cette  même  ifle  ,  il  y  a 
une  grande  ance,  que  bien  des  gens  prennent  pour  le  port 
d'Iviça,  lorsqu'ils  viennent  de  l'eft.  Plufieurs  perfonnes  fe 
font  trompées ,  faute  d'attention  Se  deconnoiffance  :  c'eft 
un  endroit  à  éviter  ,  le  fond  n'en  valant  rien.  A  la  pointe 
de  cette  ide,  il  y  a  un  gros  écueil ,  où  il  n'y  a  paffage  que 
pour  des  bateaux.  11  faut  ranger  cette  ide  à  discrétion. 
Le  mouillage  ordinaire  eft  du  côté  de  l'ide  dont  il  vient 
d'être  parlé,  par  trois ,  quatre  ou  cinq  brades  d'eau,  fond 
d'herbe  Se  de  vafe.  Avec  des  galères  on  porredes  amarres 
fur  l'ide,  &  on  a  un  fer  en  mer  vers  le  fud-oueft.  Entre 
l'ifie  Se  la  pointe,où  eft  le  château  d'Iviça,  il  y  acisq  à  fix 


ïo/4    ^ OK 


POR 


braffes  d'eau.  Devant  la  ville.onapperçoit  un  petit  mole, 
qui  ne  fert  que  pour  les  débarquemens ,  &  il  n'y  a  que  des 
tartanes  ou  petits  bâtimens  qui  puificnt  s'en  approcher. 
Le  porc  d'Iviça  eft  fort  grand  ;  mais  il  cil  rempli  de  vafe 
Se  d'herbiés ,  &  l'on  va  mouiller  d'ordinaire  proche  de 
l'iflc ,  comme  il  a  déjà  été  dit.  La  latitude  de  ce  port  eft 
de  39  d.  3'.  Les  traverfiers  font  les  vents  de  fud  &  de  fud- 
efi  qui  donnent  droit  à  l'embouchure.  Environ  quatre 
milles  au  fud-oueft ,  quart  de  fud  ,  de  l'entrée  du  port , 
il  y  adeuxécueils  hors  de  l'eau,  de  la  groffeur  d'un  ba- 
teau, entre  lesquels  on  peut  parler  avec  des  vaiifeaux  Se 
des  galères,  y  ayant  fix  à  fept 'braffes  d'eau.  Environ  fept  à 
huit  milles  au  fud-oueft  de  la  pointe  du  port  d'Iviça  , 
il  y  a  une  longue  pointe  fort  haute  ,  qu'on  appelle  Cap- 
Salines.  Entre  ces  deux  pointes  il  y  a  un  grand  en- 
foncement ,  dans  lequel  on  pouvoir  mouiller  ,  pro- 
che de  la  pointe  d'Iviça  ,  par  fix  ,  fept  Se  huit  bras- 
fes  d'eau  en  dedans  des  deux  écuefls  dont  il  vient  de- 
tte parlé.  Cet  endroit  n'eft  propre  que  pour  les  vents 
de  nord-eft  ,  nord ,  &  nord-oueft  ,  Se  lorsqu'on  ne 
peut  gagner  le  port  d'Iviça.  *  Mïchelet  ,  Port,  de  la 
Médit,  p.  24. 

PORTLAND ,  petite  ifle  d'Angleterre ,  dans  le  Dor- 
ifetshire.  Cambdcn  veut  que  ce  foit  la  Rindelis  ,  dont  il 
eft  parlé  dans  l'itinéraire  d'Antonin.  Voyez,  p.  278  , 
col.  1. 

"PORT-LIGAT,  port  d'Espagne,  dans  la  mer  Médi- 
terranée ,  fur  la  côte  de  la  Catalogne.  Environ  à  deux 
milles,  vers  le  nord-eft  de  l'entrée  de  Cadequié  ,  il  y  a 
une  grande  calangue  qu'on  appelle  Port-Ligat.  On  y 
pourroit  mouiller  fept  à  huit  galères  pour  les  vents  de 
fud  eft  ,  fud,  jusqu'au  nord-eft,  en  portant  des  amarres 
d'un  côte  ou  d'autre.  On  y  eft  par  trois  ,  quatre  &  cinq 
braffes  d'eau  ,  fond  d'herbe  valeux.  L'entrée  de  ce  port  eft 
du  côté  de  l'eft ,  qui  eft  fon  traverfier.  On  y  voit  dans  le 
fond,  fur  une  montagne  ,  les  débris  d'une  tout  que  les 
François  démolirent  lors  de  la  prife  de  Cadequié.  C'eft 
dans  ce  port  qu'on  débarqua  toutes  les  troupes  ,  les  ca- 
nons, les  mortiers,  &  les  munitions  pour  le  fiége  de  cette 
place  ,  qui  n  en  eft  éloignée  que  d'un  quart  de  lieue.  On 
y  voit  aufli  ,  fur  le  bord  de  la  mer  ,  deux  petits  magafins 
de  pêcheurs.  Toute  l'eau  douce  qu'on  peut  y  avoir  eft 
dans  un  vallon  fort  éloigné.  A  l'entrée  de  ce  poit  ,  fur  la 
gauche  ,  il  y  a  une  roche  à  fleur  d'eau  ,  où  la  mer  brife 
presque  toujours  ;  mais  ella  eft  proche  de  terre.  La  pointe 
de  la  gauche ,  en  entrant ,  eft  une  groffe  ifle  ,  auprès  de 
laquelle  il  y  en  a  une  autre  encore  plus  grande ,  &  qui  en 
eft  fi  proche ,  qu'il  eft  difficile  de  diftinguer  de  loin  que  ce 
foient  des  ifles ,  n'y  ayant  paffage  entre  deux  que  pour 
des  bateaux.  La  pointe  de  la  droite  eft  fort  haute  Se  escar- 
pée. Le  vent  du  nord  y  fouffle  par-deffus  avec  beaucoup 
de  violence  ,  Se  par  rafales.  Vers  l'eft- fud- eft  de  l'entrée 
du  Port-Ligat ,  il  y  a  deux  gros  écueils  l'un  auprès  de  l'au- 
tre ,  Se  quelques  petits  aux  environs  ,  qu'on  appelle  les 
Fornigues.  On  peut  pafler  fans  crainte  entre  eux  Se  la 
terre ,  les  rangeant  à  discrétion.  On  y  mouille  même  lors- 
qu'on ne  peut  gagner  ni  Cadequié  ,  ni  le  Port-Ligat.  Le 
fond  y  eft  bon.  *  Mïchelot ,  Port,  de  la  Médit,  p.  j  1. 

PORT-LOUIS  ,  ville  de  France  ,  dans  la  Bretagne  ,  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Blavet.  Cette  ville  fe  nom- 
moit  auparavant  Blavet.  C'eft  la  féconde  place  du  dio- 
cèfe  de  Vannes.  Elle  a  une  citadelle  Se  des  fortifications 
qui  furent  faites  par  Louis  XIII.  Ce  prince  donna  fon 
nom  à  cette  ville,  Se  elle  l'a  confervé  depuis.  Son  port  eft 
bon ,  Se  les  plus  grands  vaiffeaux  y  arrivent  aifément,  Se 
paffent  jusqu'au  fond  de  la  baie ,  dans  un  lieu  nommé  l'O- 
rient ,  à  l'embouchure  dePont-Crof.  C'eft  dans  ce  lieu 
qu'cftle  magafin  ex:  le  principal  établiffement  de  la  Com- 
pagnie des  Indes,  depuis  1666.  LouisXIV  tira  beaucoup 
d'avantage  de  ce  port  pendant  la  guerre ,  y  ayant  fait  con- 
ihuire  &  armer  des  vaifleaux  du  premier  rang.  La  fitua- 
tion  de  ce  port  eft  fi  belle  ,  que  l'on  a  peine  à  s'imaginer 
pourquoi  fi  peu  de  marchands  s'y  font  établis.  La  raifon 
en  eft  qu'ils  (croient  obligés  de  tirer  de  Nantes  les  mar- 
chandifes  dont  ils  voudroient  faire  commerce  ,  Se  qu'en 
ce  cas ,  ils  ne  pourroient  les  vendre  au  même  prix  que  les 
marchands  de  Nantes.  Ainfi  tout  le  commerce  de  cette 
tille fc  réduit  à  celui  de  la  fardine  Se  du  congre.  On  dit 
que  la  ville  de  Port-Louis  débite  tous  les  ans  quatre  mille 
barriques  de  fardincs  aux  marchands  de  Saint-Malo,qui 


font  en  pofleffion  d'en  faire  le  débit  par  toutel'Espagnc, 
Se  le  longdescôtesdela  Méditerranée.  Les  bâtimens  dont 
on  fe  fert  pour  cette  pêche  font  de  deux  à  crois  tonneaux, 
montés  de  cinq  hommes ,  Se  allant  à  voile  Se  à  rame. 
Chaque  bateau  porte  au  moins  douze  filets,  de  vingt  à 
trente  braffes ,  pour  en  changer,  félon  la  quantité  de  pois- 
fonsque  l'on  prend  ,  qui  eft  toujours  très-grande.  La  pê- 
che du  congre  fe  fait-dans  l'ifle  de  Groix  fur  des  bancs  de 
rochers  qui  y  font.  11  y  a  ordinairement  trence  à  quarante 
chaloupes  employées  à  cette  pêche.  Le  congre  ne  fe  fale 
pas.  On  le  feche  comme  la  morue  de  Terre-Neuve.  * 
Longuerue  ,  Defcription  de  la  France  ,p.  or.  Piganiol , 
Defcr.  de  la  France,  t. 6. p.  235. 

Le  duc  de  Mazarin  eft  Seigneur  de  Porc-Louis.  -C'eft 
.un  gouvernement  de  place  ;  Se  il  y  a  état-major  ,  avec 
bonne  gamifon  dans  la  citadelle. 

PORT-M AHON  ,  Mago ,  ou  Maho  ,  port  de  la  met 
Méditerranée,  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Minorque.  Elle  eft 
au  22  d.  o  min.  30  fécondes  de  longit.  Se  39  d.  ^3  min. 
45  fécondes  de  lat.  à  20  lieues  fud-eft  de  l'ifle  Majorque, 
&  à  60  1.  eft  de  Barcelone.  A  la  pointe  du  fud  de  cette 
ifle ,  il  y  a  un  iflec  fort  bas,  nommé  Laire  de  Mahon  ;  il 
eft  éloigné  de  la  pointe  de  Minorque  d'une  bonne  portée 
dcfufil.Onpeutpaffefàterredecer  iflet  avec  des  galères 
Se  des  barques,  y  ayant  quatre  braffes  d'eau  dans  le  plus 
étroit  palTage ,  dont  on  voit  le  fond  fore  aifément.  De  la 
pointe  du  fud  de  l'ifle  Minorque  à  celle  du  nord-eft,  nom- 
mée la  pointe  de  la  Garde ,  la  route  eft  nord-eft ,  quart  de 
nord,  environ  fix  milles.  Sur  le  haut  de  cette  pointe,  il  y  a 
une  tour  de  garde  ronde ,  Se  fituée  fur  une  éminence.  Envi- 
ron aune  bonne  portée  defufil ,  vers  l'oueft-fud-oueftde 
cette  pointe  de  la  Garde  ,  eft  l'entrée  du  Port-Mahon.  II 
eft  très- bon,  &  reffemble  à  une  rivière.  11  n'a  a  fon  entrée 
qu'une  demi-portée  de  fufil  de  largeur  ■■,  Se  une  lieue  de 
longueur.  Le  vent,  qui  y  donne  à  plein  dans  l'entrée  ,  eft 
le  fud-eft  quart  de  fud.  Du  côté  du  fud-oueft  de  l'encrée  , 
il  y  a  une  cicadelle  fur  le  bord  de  la  mer  ,  Se  quelques 
maifons  auprès  ,  qu'il  fauc  laiffer  fur  la  gauche  en  encrant, 
obfervant  de  pafTer  à  mi-canal ,  à  caufe  de  quelques  petits 
rochers  qui  font  des  deux  côtés.  11  y  a  aufli  dans  le  port 
quelques  petits  iflets  qu'on  laiffe  fur  la  droite  ,  avant 
qu'on  foit  arrivé  devant  la  ville  de  Mahon,  quieft  du  côté 
du  fud-oueft.  On  mouille  ordinairement  devant  la  ville , 
qui  eft  éloignée  d'environ  trois  quarts  de  lieue  de  l'entrée 
du  port.  Il  faut  s'y  amarrer  à  quatre,  favoir  deux  fers  à  la 
proue  par  fept  à  huit  braffes  d'eau ,  fond  d'herbe  vafeux  , 
&  deux  amarres  qu'on  porte  à  cerre,  ayant  la  poupe  de  la 
galère  vers  la  ville  ,  à   une  demi-longueur  de  galère 
de  terre  ,  où  l'on  trouve  cinq  à  fix    brafles  d'eau.  On 
faic  de  l'eau  devant  la  ville  proche  de  la  mer.  La  la- 
tit.  eft  de  4  d.  2  min.  On  peut  aufli  mouiller  après  avoir 
dépafté  la  citadelle  ,  qui  eft  à  l'entrée  du  port;  mais  il  faut 
s'aftourcherà  quatre  comme  devant  la  ville.  On  y  peut 
aufli  faire  de  l'eau  dans  le  fond  de  quelques  calangues 
qui   y  font.   On    peut   pafler    tout    autour    des  ifles 
qui  font  dans  Je.port  ,  fi  l'on  en  a  befoin.  11  en  faut 
pourtant  excepter  le  côté  nord-nord-eft  de  celle  qui  eft 
devant  la  ville  ,  où  il  n'y  a  point  de  pafiage.  On  eft  celle- 
mencà  l'abri  de  toutes  forces  de  vencs  dans  ce  porrs,qu 'ily 
a  un  proverbe  qui  dit:  Que  dans  la  Méditerranée  Juin  , 
Juillet ,  Août  Se  le  Port-Mahon ,  font  la  fureté  âes  vais- 
feaux.  La  couronne  d'Espagne  céda  ce  port  avec  toute 
l'ifle  de  Minorque  aux  Anglois  par  l'article  XI  du  traité 
d  Ûtrechr.  Le  maréchal  duc  de  Richelieu  le  prit  fur  eux 
en  1756;  mais  louisXV.leleur  rendit  à  la  paix.  *  Miche- 
lot  ,  porc  de  la  Médit,  p.  3  2. 

Ce  port  tire  fon  nom  de  la  ville  de  Mahon  ,  qui  doit 
le  fien  au  fameux  Magon  ,  capitaine  Carthaginois,  qui 
rendit  tant  de  fervices  fignalés  à  la  république  de  Cartha- 
ge ,  Se  qui  eft  regardé  comme  le  fondateur  de  Mahon. 
Cetce  ville  n'eft  pas  grande  ,  mais  elle  eft  paffablcment 
riche  ,  à  caufe  du  commerce  qui  s'y  fait.  La  citadelle 
qu'on  voit  à  l'entiée  du  port ,  eft  le  fameux  cfiâteau  de 
Saint-Philipe  ,  qui  félon  Dameto  paflé  pour  imprenable, 
tant  à  caufe  de  fa  fituation  qu'à  caufe  de  la  grande  quan- 
tité  d'artillerie ,  dont  il  eft  muni.  Cependant  dans  la  der- 
nière guerre  ,  on  put  remarquer  que  cet  auteur  donnoic 
dans  l'hyperbole  ,  en  parlant  de  la  forte ,  puisque  les  An- 
glois s'en  rendirent  maîtres  fans  grands  efforts  Se  que  les 


POPv 


François  l'ont  pris  depuis.  *  Vayrac ,  Etarpréfentde  l'Es- 
pagne ,  t.  i.  p.  471. 

PORT-DE-MALA-MORTE,  porc  d'Italie  ,  fur  la 
côte  du  golfe  de  Naples.  Vers  le  nord  du  cap  dcMizène , 
environ  à  une  demi-liene  ,  il  y  a  un  long  enfoncement , 
où  autrefois  étoic  un  très-bon  port,  qu'on  appelle  aujour- 
d'hui le  port  de  Malamorte  ,  dans  lequel  on  peut  pour- 
tant encore  aller  mouiller  principalement  avec  des  galè- 
res. Ce  port  a  environ  quatre  cens  toifes  d'ouverture ,  Se 
un  peu  plus  d'enfoncement.  Du  côté  de  la  droite ,  il  y  a 
une  longue  pointe  baffe  de  roches  unies  ,  qui  femble 
faite  de  main  d'homme ,  au  bout  de  laquelle  il  y  a  une  lon- 
gue traînée  de  roches  fous  l'eau.  Elles  s'étendent  à  plus 
d'un  cable  vers  le  fud-eft,  Se  au-deflus  il  y  a  fort  peu  d'eau. 
De  l'autre  côté,  vers  le  Monte-Mizène,  où  fur  la  gauche 
en  entrant ,  on  voit  encore  cinq  piliers  de  briques  ,  qui 
font  des  reftes  d'un  ancien  mole  ou  pont  que  les  Romains 
avoientfait.On  les  voit  au  ras  de  l'eau  ,  Se  du  même  côté 
on  trouve  un  magafin  à  pécheurs  ,  Se  une  chapelle  ati- 
deffus.  Le  fond  de  ce  port  fe  rétrécit  par  le  moyen  de  deux 
pointes.  Sur  celle  de  la  droite ,  en  entrant,  il  y  a  une  affez 
grande  maifon  y  Se  l'autre  pointe  qui  eft  haute  eft  une 
presqu'ifle.  Àu-dedans  de  ces  deux  pointes,  dans  le  fond 
du  port ,  il  y  a  un  grand  espace  de  figure  ronde  ;  mais  il 
n'y  a  que  quatre  à  cinq  pieds  d'eau.  Au-delà  c'eft  un  grand 
lac  qu'on  appelle  Maremorte  ,  Se  il  y  avoit  autrefois 
dans  cet  endroit  une  ville  qui  a  été  abimée.  Ce  lac  n'a 
d'autre  communication  avec  la  mer  que  par  le  moyen 
d'une  éclufe  qui  eft  dans  le  fond  du  port  de  Malamorte. 
Lorsqu'on  veut  entrer  dans  le  port,  il  faut  premièrement 
voir  directement  toute  l'embouchure  du  port  ,  Se  venir 
ranger  autant  proche  qu'on  pourra  le  dernier  pilier  que 
j'ai  dit  être  à  fleur  d'eau,  ducôtéde  la  gauche  en  entrant , 
où  il  y  a  quatre  à  cinq  braffes  d'eau.  Du  côté  droit ,  il  y  a 
fous  l'eau  plufieurs  ruines  de  maifons  abîmées.  On  voit 
encore  les  appartemens  de  ces  maifons  au  ttavers  de  l'eau, 
&  il  ne  faut  pas  s'en  approcher.  En  continuant  fa  route 
vers  le  fond  du  port ,  on  va  mouiller  un  peu  au-dedans  de 
cette  maifon  à  pêcheurs ,  qui  eft  du  côté  gauche  ;  on  y  eft 
par  trois  à  quatre  braffes  d'eau,  fond  d'herbe  vâfeux.  Mais 
il  ne  faut  pas  paffer  un  monticule  de  rocher  ,  qui  eft  au- 
dedans  de  cette  maifon  ,  fur  la  gauche  -,  car  ie  fond  man- 
que tout  à  coup.  11  ne  fautpasnon  plus  s'approcher  à  plus 
d'un  cable  de  cette  côte ,  parce  qu'il  y  a  auffi  plufieurs  mai- 
fons abîmées ,  que  l'on  voit  au  travers  de  l'eau.  Dès  qu'on 
eft  entré  dans  ce  port,  de  la  manière  qui  vient  d'être  dite  , 
on  ne  doit  rien  craindre  de  toutes  fortes  de  vents.  Celui 
du  fud-eft  donne  à  plein  dans  ce  port  ;  mais  il  n'y  peut 
caufer  de  mal ,  à  caufe  de  tous  ces  écueils  qui  font  à  l'en- 
trée. Cependant  avec  un  grand  vent  de  fud-fud-eft,  on  ne 
pourroit  entrer  dans  ce  port ,  parce  que  le  reffac  de  la  mer 
eft  trop  gros-,  Se  l'on  auroit  peine  à  gouverner  ,  l'entrée 
brifant  par  tout.  A  l'extrémité  de  cette  longue  traînée  de 
loches,  de  la  droite  en  entrant,  il  y  a  cinq  à  fix  braffes 
d'eau.  *  Michelot ,  Port,  de  la  Méditerranée  ,  p,  116, 

PORT- MARQUIS,  port  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  dans  la  Nouvelle-Espagne ,  fur  la  côte  de  la  mer  du 
fud ,  dans  l'audience  de  Menico.  C'eft  un  bon  portfitué  à 
une  lieue  de  celui  d'Acapulco ,  du  côté  de  l'eft.  De  l'Iflc 
écrit  le  Port  de  Marquis.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugon- 
dy. 

PORT-MAURICE  ,  Tonus  Mauritius  ,  port  de  la 
mer  Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Gènes.  Ce  port  eft  à 
huit  ou  neuf  milles  de  la  pointe  de  S.  Eftevent.  Il  y  a  un 
bourg  ,  ou  une  petite  ville  de  même  nom  ,  entourée  de 
murailles  Se  de  quelques  fortifications.  Elle  eft  fituée  fur 
une  éminence ,  près  de  la  mer.  Auprès  de  la  ville  du  côté , 
de  l'oueft  ,  il  y  a  un  couvent  5c  quelques  maifons  auflï 
près  de  la  mer.  On  voit  dans  cet  endroit  une  pointe  baffe 
de  rochers ,  qui  donnent  un  peu  d'abri.  On  y  tire  les  bar- 
ques &  les  bateaux  à  terre.  Ce  port  a  été  comblé  par  or- 
dre de  la  républiquede  Gènes,  ainfique  quelques  autres 
dependans  du  même  état  ,  pour  faire  rechercher  le  port 
principal ,  Se  le  rendre  plus  fameux.  *  Michelot,  Portulan 
de  la  Méditer,  p.  87. 

PORT-MEZENO ,  port  de  l'ifle  d'Iviça  ,  dans  la  mer 
Méditerranée.  Environ  vingt  milies  à  l'eft,  quart  nord-eft 
du  cap  Comiguir ,  eft  une  groffe  pointe  ,  où  du  côté  de 
l'eft  il  y  a  une  ance,  qu'on  appelle  Mezeno  ou  ie  Port- 


POR       ioj*/ 


Mezeno.  Dans  cette  diftance  on  trouve  une  autre  petite 
ance  où  on  peut  mouiller  des  vents  à  la  terre.  On  la 
nomme  Magno.  Il  y  a  cinq ,  dix  ou  quinze  braffes  d'eau, 
&elle  eft  environ  fixa  fept  milles  à  l'oueft  de  Mezeno  . 
qui  eft  une  petite  ance  du  côté  du  nord  de  l'ifle.  d'Iviça. 
On  y  peut  mouiller  par  fix ,  huit  ou  neuf  btaffes  d'eau  , 
fond  d'herbe  vafeux.  Les  habitans  de  l'ifle  appellent  cette 
ance  Garache-Fraque.  C'eft  un  lieu  fort  défère  ,  entre 
deux  montagnes  fort  escarpées ,  où  il  n'y  a  aucune  habita- 
tion. Cet  endroit  néanmoins  eft  bon  pour  des  galères  qui 
viendroientdu  côté  du  nord,lorsque  les  vents  font  au  fud- 
eft  ,  fud  Se  fud-oueft.  Dans  le  fond  de  Tance  il  y  a  une 
petite  plage  ,  derrière  laquelle  on  trouve  de  l'eau  douce 
affez  bonne.  Le  traverfier  eft  le  vent  de  nord.  Il  y  faut 
faire  attention  pour  ne  pas  felaiffer  furprendre,  Se  il  faut 
être  diligent  à  tourner  la  pointe  de  l'ifle  d'Iviça.  *  Miche- 
lot ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  22. 

PORT  DE  MISENE,  Tonus  Mifenus  ,  aujourd'hui 
Mare  Mono. 

LE  PORT  MOUNTAGUE ,  dans  l'Amérique  méri- 
dionale: il  eft  à  6  dégrés ,  10  min.  de  latitude  ;  Se  à  1  j  1 
milles  oueft  du  méridien  du  cap  Saint-George.  Le  pays 
des environseft montagneux,  rempli  debois,devallées&: 
d'agréables  ruiffeaux.La  terre  des  vallons  eft  profonde  Se 
jaunâtre;  maiscelledes  collines  eft  d'un  brun  fort  obscur , 
peu  profonde  Se  pierreufe  au-deflbus-,  quoique  admirable 
pour  le  plantage.  Les  arbres  en  général  n'y  font  pas  fort 
droits,  ni  épais,  ni  hauts-,  mais  ils  paroiffent  verds  ,  8c 
font  plaifiràla  vue.  Les  cacaotiers  fur-tout  viennent  dans 
le  pays,  tant  fur  les  baies  de  la  mer  que  dans  les  plantations. 
Leurs  noix  font  d'une  groffeur  médiocre, mais  le  lait  &  le 
noyau  font  fort  épais  Se  d'un  goût  admirable.  On  y  trouve 
du  gingembre ,  des  yams ,  Se  d'autres  racines  pour  le  pot. 
Les  animaux  tetreftres  que  l'on  y  a  vus  en  y  abordant , 
font  des  cochons  Se  des  chiens  :  à  l'égard  des  oifeaux ,  il  y 
a  des  pigeons,  des  perroquets ,  des  cokadores  Se  des  cor- 
neilles ,  comme  celles  que  l'on  voit  en  Angleterre.  La 
mer  Se  les  rivières  y  abondent  en  poiffon.  *  Dampier  , 
Voyage  de  la  Nord-Hollande ,  t.  4.  p.  4. 

PORT-AUX-MOUTONS ,  port  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale,  fur  la  côte  de  l' Acadie ,  à  fept  lieues  au  midi 
occidental  du  port  de  la  Hayve,  Se  environ  à  neuf  lieues 
du  cap  de  Sable.  Ce  port  eft  à  la  hauteur  de  44  d.  quelques 
minutes  de  latitude,  &  comme  fermé  par  une  petite  i/le 
que  l'on  voit  à  fon  entrée.  Ce  port  eft  rond  ,  Se  reçoit  la 
mer  par  deux  embouchures.  Celle  qui  eft  du  côté  du  nord 
n'a  que  deux  braffes  de  profondeur ,  Se  celle  qui  eft  du 
côté  du  fud  en  a  trois  ou  quatre  ;  Se  le  port  fept  à  huit. 
Deux  petites  rivières  y  entrent ,  Se  il  y  a  au  milieu  fix  pe- 
tites ifles.  La  côte  qui  l'environne  eft  toute  couverte  de 
bocages ,  à  caufe  des  marais  voifins.  Il  s'y  trouve  quantité 
de  cerfs  Se  d'autres  bêtes  fauvages.  *  De  Laët>  Defcr.  des 
Indes  occid.  /.  i.c.  14. 

PORT-NELSON  ;  c'eft  une  ance  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale ,  Se  fur  la  côte  occidentale  de  la  baie  d'Hud- 
fon ,  où  fc  déchargent  deux  grandes  rivières  ,  dont  l'une 
fe  nomme  la  rivière  Bourbon  ,  &  l'autre  la  rivière  de  Ste. 
Therefe,  à  l'entrée  de  laquelle  les  François  avoient  bâti 
le  fort  Bourbon,  que  les  Anglois  ont  de  tout  tems  nom- 
mé Port-Nelfon,  prétendant  que  Nelfon,  pilote  de  Hud- 
fon,en  avoit  fait  la  première  découverte.* Le T,de  Char- 
levoix  ,  hift.  de  la  Nouvelle  France. 

PORT-DE-NEPTUNE  ou  Naton  ,  port  d'Italie  , 
fur  la  côte  de  la  Campagne  de  Rome.  Tout  près  du  cap 
à'Ancio  ,  ou  d'Anzo,Se  du  côté  de  l'eft  ,  il  y  a  un  mole 
en  forme  d'un  crochet  que  le  pape  fit  faire  en  1699.  On 
l'appelle  le  Port- Neptune  ,  ou  vulgairement  le  Port- 
Naton.  On  y  peut  mouiller  avec  des  galères  Se  autres 
moyens  bâtimens;  c'eft  un  grand  fecours  pour  les  vais- 
féaux  de  trouver  un  afyle  au  milieu  de  toutes  ces  plages 
dangereufes  Ce  mole  eft  fitué  au  bord  d'une  plage  de  fa- 
ble ,  fur  les  débris  d'un  port  que  l'empereur  Néron  avoit 
fait  faire.  Il  s'avance  en  mer  deux  cens  toifes  vers  le  fud. 
A  l'extrémité  il  y  a  un  crochet  avancé  vers  l'eft  de  quatre- 
vingt-dix  toifes.  Ce  mole  à  crochet  ferme  le  port,  &  mec 
les  bâtimens  à  l'abri  des  vents  &  de  la  mer  du  large.  Sur 
cette  extrémité  il  y  a  un  petit  fort  carré  ,  armé  de  quel- 
ques pièces  de  canon  ,  Se  une  tour  [au  milieu  ,  ou  eft 
un  fanal  qu'on  allume  le  foir  pour  la  reconnoiflance. 


tof6       POR 


POR 


Dans  l'angle  ,  autrement  dans  le  coude  du  mole  , 
il  y  a  un  autre  petit  fort  femblable  au  premier ,  pro- 
che duquel  on  a  bâti  de  grands  magafms  pour  les  ga- 
lères du  pape ,  &  pour  l'entretien  du  port:c\:  joignant  ces 
magafins ,  il  y  a  une  chapelle.  Entre  la  pointe  du  cap 
d'Ancio  8c  ce  mole ,  il  y  a  environ  quatre  cens  toifes  ,  8c 
depuis  cette  pointe  en  venant  vers  le  mole ,  on  voit  en- 
tore  les  ruines  du  port  que  l'empereur  Néron  avoit  fait 
bâtir.  La  plupart  de  cesruines  font  hors  de  l'eau  &  quelques 
autres  fous  l'eau.  On  voit  encore  d'autres  ruines  de  ce 
même  port  près  du  mole  ,  qu'on  a  fait  nouvellement. 
Tous  ces  débris ,  qui  font  bâris  de  brique ,  renferment  un 
grand  espace,  où  étoit  anciennement  le  port  d'Antwm, 
qui  cft  maintenant  comblé  de  fable.  Quand  on  veut  entrer 
dans  le  nouveau  mole  ou  port  de  Neptune  ,  fi  l'on  vient 
du  côté  del'oueft ,  il  faut  premièrement  s'écarter  un  peu 
de  tous  ces  débris ,  enfuite  ranger  à  discrétion  la  pointe 
du  mole  où  cft  le  fanal ,  8c  conduire  le  long  de  ce  mole  , 
mouillant  à  discrétion  le  fer  de  la  droite: enfuite  on  porte 
deux  amarres  à  poupe  vers  l'eft  du  mole  ,8c  une  autre  de 
proue  fur  l'autre  mole  vers  le  nord-oueft.  Ainfi  on  refte 
la  poupe  au  mole  vers  la  mer  ,  &  la  proue  vers  la  plage  , 
étant  amarré  à  quatre.  Tout  proche  la  tête  du  mole ,  il 
y  a  feize  pieds  d'eau  ,  &  en  dedans  ,  quinze  à  qua- 
torze. Le  fond  eft  vafe  8c  fable.  On  y  peut  mettre 
fix  galères  aifément  avec  leurs  rames ,  8c  huit  à  dix 
ayant  leurs  rames  retirées.  On  ne  doit  point  appré- 
henderles vents , ni  la  mer  du  large,  dans  ce  port.  Le 
vent  eft-nord-eft  en  eft  le  traverfiei  >•  mais  comme  il  vient 
du  côté  de  la  terre,  il  ne  peut  caufer  de  groffemer.  De  la 
tête  du  mole ,  allant  vers  la  plage ,  environ  cent  dix  toifes, 
il  y  a  depuis  quinze  jusqu'à  dix  piedsd'eau;  de  forte  qu'on 
ne  doit  point  appréhender  de  s'amarrer  de  ce  côté 
pour  bien  prendre  fon  pofte.  Une  faut  pourtant  pas  s'a- 
vancer plus  avant  que  les  magafins  qui  font  fur  le  grand 
mole.  Presque  au  milieu  de  ce  mole ,  il  y  a  une  fontaine , 
avec  plufieurs  tuyaux  ,  où  l'on  peut  faire  de  l'eau  fans 
fortir  même  des  bateaux  ,  &  cette  eau  eft  fort  bonne.  Il  y 
a  une  autrefontainetrès  confidérable  au  commencement 
du  mole  ,  8c  elle  eft  très  magnifique  Au-delà  on  voie 
une  grande  maifon,  qui  facilite  la  reconnoiffance  de  ce 
port ,  lorsqu'on  vient  du  large.  La  ville  de  Neptune  ,  ou 
Nettuno ,  eft  à  deux  milles  au  nord-eft  quart  d'eft  du 
mole  de  Neptune.  *  Michelot ,  Portulan  de  la  Méditet. 
p.  109. 

PORT  DE  PAIX  ou  Port  Pey  ,  bourg  8c  paroiffe 
confidérables ,  dans  l'ifle  de  Saint-Domingue ,  à  la  bande 
du  nord ,  vis  à- vis  l'iile  de  la  Tortue  ,  entre  la  pointe  des 
Palmiers  8c  l'embouchure  des  trois  rivières. 

Le  père  de  Charlevoix  en  a  donné  le  plan  au  fécond 
tome  de  fon  hiftoire  de  l'ifle  Espagnole,  p.  271.  C'cftle 
premier  établiflement  que  les  François  ont  eu  dans  cette 
ifle.  Le  fieur  de  la  Place ,  qui  commandoit  à  la  Tortue ,  y 
envoya  en  1 660  des  habitans ,  qui  y  défrichèrent  un  affez 
grand  terrein.  Quelques  années  après ,  plufieurs  Boucan- 
niers  ne  trouvant  plus  de  quoi  chaffer,  parce  que  les  Es- 
pagnols avoient  tué  tout  ce  qu'ils  avoient  pu  de  bœufs , 
fe  firent  habitans,  8c  s'établirent  à  Leogane  ,  au  petit 
Goave,  &  fur-tout  au  Port  de  Paix.  En  1684  ce  dernier 
pofte  s'accrut  beaucoup  par  le  dépeuplement  de  l'ifle  de 
la  Tortue,  8c  de  la  côte  de  Saint-Domingue  :  le  fieur  de 
la  Place  y  fixa  lui-même  fon  féjour ,  8c  fongea  d'abord  à 
y  conftruire  un  fort  pour  la  fureté  du  canal,  qui  eft  entre 
ce  port  &  la  Tortue.  Cependant  en  1 69 1 ,  Galiflet ,  dans 
un  mémoire  adreffé  au  miniftre  de  la  marine  ,  parlant  de 
ce  pofte  ,  dit  :  «Le  Porr  de  Paix  eft  à  huit  lieues  fous  le 
"vent  du  Cap  François,  On  y  compte  80  habitans  au 
»  plus ,  8c  il  n'y  en  peut  avoir  davantage.  La  rade  n'y 
"eft  pas  bonne  ;  l'air  y  eft  mauvais  ,  8c  le  rerrein  ftérile. 
»>  On  y  voit  néanmoins  un  affez  grand  nombre  de  volon- 
taires, gens  faineans,  qui  vivent  de  la  chaffe  ,  8c  cou- 
-  chent  à  la  campagne  fous  des  hutes.  Tout  compris  ce 
•»  pofte  eft  de  500  perfonnes.  Son  fort  eft  un  tuf,  appro- 
»  chant  du  roc  ,  qui  a  45  3  toifes  de  circonférence  par  le 
m  haut ,  8c  la  mer  en  environne  1 90.  Le  refte  eft  un  ter- 
»»  rein  plat  ,  où  on  rencontre,  l'eau  à  deux  ou  trois  pieds 
»  de  profondeur.  La  partie ,  qui  regarde  la  mer  ,  monte 
-en  amphithéâtre  ,  celle  qui  cft  environnée  de  la  terre 
»  eft  presque  escarpée  de  la  hauteur  de  40  à  ;o  pieds  ; 
»mais  il  y  a  des  coteaux  qui  la  commandent  fur  tous 


«les   côtés  ,  depuis   i;o  jusqu'à  300  toifes  d'éloigne- 
»  ment.  » 

En  1 6y5  ,  les  Espagnols  8c  les  Anglois  parurent  devant 
le  port  de  Paix ,  où  ,  fur  la  nouvelle  de  leur  approche  , 
on  avoit  brûlé  le  bourg  ,  de  peur  qu'ils  ne  s'y  logeaffent. 
Le  fort ,  qui  en  etoit  à  trois  cens  toifes  à  l'occident  , 
avoit  cinq  cens  hommes  de  garnifon ,  à  qui  rien  ne 
manquoit  pour  une  vigoureufe  réfiftance  ;  mais  ils 
étoient  mal  commandés.  Ils  évacueient  la  place  à  la 
fourdine.  Les  Anglois  fe  rendirent  maîtres  du  fort , 
fans  permettre  aux  Espagnols  d'y  entrer  ;  mais  les  uns 
êc  les  autres  s'accordèrent  à  ravager  tout  ce  quartier , 
dont  ils  emmenèrent  presque  tous  les  habirans ,  les 
Anglois  à  la  Jamaïque,  8c  les  Espagnols  à  S?.n-Do- 
mingo.  Les  premiers  avoienr  pris  les  hommes  pour 
eux  ;  les  derniers  fe  contentèrent  des  femmes  8c  des 
enfanSj  mais  dès  la  même  année  le  Ponde  Paix  ,  d'où 
les  ennemis  s'étoient  retirés,  fut  repeuplé  d'une  bonne 
partie  des  habitans  de  l'ifle  de  Sainte  Croix  ,  qu'on 
venoit  d'abandonner.  L'année  fuivante  on  évacua  le 
pofte ,  8c  .on  n'y  laiffa  qu'un  commandant ,  avec  une 
garnifon  médiocre.  Le  Port  de  Paix  refta  quelques 
années  dans  cette  fituation -,  mais  il  s'eft  repeuplé  in- 
fenfiblement,  8c  eft  aujourd'hui  en  aufiî  bon  état  à 
proportion  qu'aucun  autre  de  la  colonie  Françoife 
de  Saint  Domingue.  Dans  la  révolte  de  cette  colonie, 
arrivée  en  1722  8c  011723  ,  ce  quartier  fut  le  feul 
où  perfonne  ne  branla ,  ce  qui  fut  attribué  à  la  fageffe 
du  fieur  de  Breda ,  qui  y  étoit  lieutenant  de  roi ,  8c 
fort  aimé  de  tous  fes  habitans. 

PORT-PALLEAU  ,  paroiffe  de  France,  dans  la 
Bourgogne ,  au  diocèfe  de  Dijon.  C'eft  une  paroiffe 
fituée  dans  des  lieux  bas  8c  marécageux.  Quatre  rivières 
fe  joignent  dans  cette  paroiffe ,  favoir  la  Duesne ,  la 
Vauduine,  la  Bourgeoife,  8c  la  rivière  de  Nuits.  Cette 
dernière  eft  navigable  l'hiver ,  &  pourroit  l'être  en  tout 
tems ,  fi  Ton  vouloir.  Il  y  a  dans  la  paroiffe  de  Port- 
Palleau  beaucoup  de  vignes  ôc  d'aiïez  bonne  qua- 
lité. 

PORT -PAQUET,  port  de  l'ifle  Majorque,  dans 
la  mer  Méditerranée.  Environ  neuf  à  dix  milles  au  fud- 
eft  ,  quart  d'eft  de  la  Dragonniere  ,  eft  la  pointe  de 
l'oueft  du  Port-Paquet.  Elle  eft  fort  groffe  &  fort  es- 
carpée ,  8c  l'on  peut  ranger  cette  côte  fort  pioche.  Près 
de  quatre  milles  à  i'eft-fud-eft  de  la  pointe  de  l'oueft 
du  Porr-Paquer  il  y  a  une  longue  pointe  appelléc  le 
Cap  de  la  Savatte,  fur  laquelle  eft  une  tour  de  garde 
qui  eft  carrée,  8c  vis-à-vis  de  laquelle  il  y  a  un  gros 
iflet ,  &  un  plus  petit  auprès ,  avec  quelques  roches 
à  fleur  d'eau.  Il  y  en  a  auifi  d'autres  fous  l'eau,  dont 
il  faut  s'éloigner ,  lorsqu'on  paffe  de  ce  côté-là  :  on  peur 
pourtant  paffer  à  terre  de  ces  iflets  avec  des  bateaux. 
Entre  ces  deux  pointes  il  y  a  un  grand  enfoncement , 
dans  le  fond  dtiquelvers  le  nord  oueft  il  y  a  unegroffe 
pointe,  fur  laquelle  eft  une  tour  de  garde  :8c  derrière 
laquelle  fe  trouve  du  côré  du  nord  une  grande  calan- 
que,  où  l'on  peut  mouiller  avec  dix  à  douze  galères, 
par^uatre  à  cinq  braffes  d'eau  ,  fond  d'herbe  8c  vafe, 
c'eft  ce  qu'on  appelle  le  Port-Paquet.  Le  vent  qui  in- 
commode le  plus ,  eft  le  vent  du  fud  ;  mais  fi  l'on  n'a 
que  cinq  à  fix  galères ,  on  peut  y  être  à  couvert  de  tous 
les  vents  du  large  :  il  n'y  a  que  le  Rejfac  de  la  mer  qui 
puiffe  nuire.  Du  côté  du  nord  on  voit  une  petite  place, 
fur  laquelle  à  quelque  diftance  delà  mer  il  paroit  deux 
maifons  8c  deux  puits,  où  l'on  peut  faire  de  l'eau.  *  Mi- 
chelot ,  Portulan  de  la  Méditer,  p.  x6. 

PORT  DE  PILES,  bourg  de  France,  dans  le  Poi- 
rou.  Ce  lieu  eft  renommé,  parce  que  c'eft  un  grand 
paffage.  Il  eft  fitué  fur  la  Creufe  ,  près  de  fa  chute 
dans  la  Vienne,  aux  frontières  de  laTouraine. 

PORTDE-POMEGUE,  port  de  France,  dans  la 
mer  Méditerranée,  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle  de 
Saint  Jean  ,  ou  de  Pomegue  ,  Se  presque  vers  le  milieu 
de  l'ifle.  Voyez  Pomegue.  Ce  port  eft  proprement  une 
grande  calanque ,  formée  par  une  petice  ifle  presque 
contigue  à  l'ifle  de  Pomegue.  Il  y  a  dans  le  fond  depuis 
trois  jusqu'à  fix  braffes  d'eau  fond  d'herbe  vafeux.  Les 
vaiffeaux  qui  viennent  du  Levant  font  ordinairementqua- 
rantaine  dans  cet  endroit.  On  s'y  amarre  à  quatre , 
favoir  de  poupe  8c  de  proue,  ayee  une  bonne  ancre 

à  h 


POR 


POR 


à  îa  mer  vers  l'eft.  Le  traverfier  eft  le  vent  du  nord-eft. 
*  Michelot ,  Portulan  de  la  Méd.  p.  64. 

1.  PORT-AU-PRINCE  ,  ou  Port  du  Prince  ,  ainfi 
nommé  en  1706,  par  M.  de  Saine  André,  capitaine 
de  vaifleau  ,  du  nom  de  fon  navire.  11  eft  finie  à  la  côte 
occidentale  de  l'ifle  Espagnole ,  à  fept  ou  huit  lieues 
au  nord  de  Leogane ,  Se  à  deux  lieues  du  cul-de-fac. 
Il  eft  crès-fûr  &  très-commode,  Se  quelques-uns  croient 
que  c'eft  le  même  que  les  Espagnols  avoient  établi  fous 
le  nom  de  Santa  Maria  del  Puerto.  Les  François  nom- 
mèrent d'abord  cet  endroit  Y  Hôpital.  Un  peu  plus  loin 
à  l'oueft  font  trois  petites  ifles  ,  qu'on  a  nommées  les 
trois  Maries ,  Se  au  nord  de  ces  ifles  il  y  en  a  fept  ou 
huit  à  qui  on  a  donné  le  nom  d'Ifles  du  Prince.  Le 
mouillage  y  e(t  fort  bon  par  tout,  &  delà  jusqu'au 
Port-au-prince  il  n'y  a  jamais  moins  de  huit  brafles 
d'eau.  L'embouchure  de  la  grande  rivière  eft  vis-à-vis 
des  Ifles  du  Prince.  *  Le  père  de  Charlevoix  >  Hift.  de 
S.  Domingue,  r.  2. 

2.  PORT -AU -PRINCE,  Port-du-Prince,  ou 
Porto-del-Principe  ,  ville  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale ,  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle  de  Cuba ,  félon 
Corneille  ,  Dicl.  qui  devoir  dire  fur  la  côte  feptenrrio- 
nale  ,  pour  parler  jufte.  Elle  eft  fituée  entre  Porcalho, 
à  l'occident  feptentrional ,  &  Barracoa  ,'  qui  eft  du  côté 
de  l'orient  méridional.  Corneille  ajoute  :  Oexmelin, 
dans  fon  hiftoire  des  Indes  occidentales,  dit  que  cette 
ville  a  un  port  appelle  Sainte  Marie ,  Se  qu'elle  eft 
fituée  au  milieu  d'une  grande  prairie,  où  les  Espagnols 
ont  quantité  de  parcs  qu'ils  nomment  Hatos,  dans  les- 
quels ils  nourriflent  quantité  de  bêtes  à  corne ,  pour 
en  avoir  le  fuif  Se  les  cuirs.  Ils  ont  aufli  beaucoup  de 
Materias,  c'eft  à-dire  des  lieux  ,  où  les  boucaniers  fe 
retirent  pour  tuer  des  bêtes  fauvages  Se  y  faire  fécher 
les  cuirs.  Ces  cuirs  font  appelles  de  Havana ,  parce 
qu'on  les  porte  de  la  ville  de  Port-au-Prince  à  celle  de 
Havana  ,  capitale  de  l'ifle. 

De  Laët ,  dans  fa  Defcr.  des  Indes  occidentales , 
l.  1.  c.  11.  dit  que  Porto-del-Principe  pafle  pour 
le  quatrième  lieu  de  l'ifle,  Se  que  fon  porr  eft  fort 
eftimé  des  navigateurs.  Il  le  met  pareillement  fur  la 
côte  feptentrionale  de  l'ifle  ,  à  quarante  lieues  de  San 
Jago ,  vers  le  nord-nord-oueft.  Dans  le  voifinage  de 
Porto-del-Principe ,  près  du  rivage  de  la  mer ,  il  fe 
trouve  des  fontaines  de  bitume.  Monardès  en  a  parlé , 
(.  $.  Ce  bitume  eft  noir  comme  de  la  poix ,  d'une 
mauvaife  odeur  ,  Se  les  Indiens  s'en  fervent  contre  les 
maladies  froides.  Les  Espagnols  en  ufent  pour  enduire 
leurs  vaifleaux ,  Se  le  mêlent  avec  du  fuif  pour  le 
mieux  étendre.  Oviedo  ,  /.  17.  c.  8.  parle  auflî  de  ce 
bitume  :  il  dit  que  ,  quoiqu'il  coule  de  tems  en  tems, 
on  le  tire  le  plus  fouvent  hors  de  terre  par  morceaux. 
PORT  DU  PRINCE  ,  Se  non  pas  Port  au  Prince  , 
porr  Se  ville  de  l'Amérique ,  fur  la  côte  feptentrionale 
de  l'ifle  de  Cuba.  Ce  port  a  été  ainfi  nommé  par  Chri- 
ftophe  Colomb,  qui  le  découvrit  à  fon  premier  voyage 
en  1492.  *  Le  père  de  Charlevoix ,  Hift.  de  S.  Domin- 
gue, t.  2. 

"  PORT  AUX  PRUNES,  port  d'Afrique,  fur  la 
côte  orientale  de  l'ifle  de  Madagascar ,  entre  Sahaveh 
Se  la  rivière  de  Maroharats.  On  nomme  aufli  ce  port 
Tametavi.  Il  eft  fitué  fous  le  18  deg.  50  min.  de  latit. 
méridionale  -,  &  il  donne  le  nom  à  une  aflez  grande 
étendue  de  pays  aux  environs.  *  Flacourt ,  Hift.  de 
Madagascar  ,  c.  9. 

Le  Pays  du  Port  aux  Prunes  s'étend  le  long  de  la 
côte  de  la  mer ,  depuis  le  port  de  Tametavi  jusqu'à 
la  baie  d'Antongil ,  nommée  aufli  Manghabei ,  qui  eft 
fituée  par  les  15  degrés.  Il  eft  bordé  du  côté  de  la 
terre  par  les  montagnes  Se  les  provinces  des  Vohits- 
Anghombes  Se  Anfianach.  C'eft  un  pays  riche  Se  fertile 
en  riz  &  en  excellens  pâturages.  Les  habitans  font  bons 
naturellement,  ennemis  du  meurtre  Se  du  vol ,  &fort 
laborieux.  Ils  nourriflent  des  taureaux  Se  des  vaches 
uniquement  pour  le  laitage  Se  pour  les  facrifier ,  lors- 
qu'il y  a  quelqu'un  d'entre  eux  de  malade.  Il  n'y  a 
parmi  eux  que  ceux  qui  faveur  une  certaine  prière  qu'ils 
nomment  Mivcreche  ,  qui  ont  droit  de  couper  la  gorge 
aux  bêtes  ;  en  quoi  ils  font  fi  fcrupuLeux  ,  qu'ils  mour- 
aient de  faim  plutôt  que  de  manger  de  la  viande  d'une 


10^7 

betc  qu'un  chrétien  ou  un  autre  homme  auroit  tuée. 
Ils  font  tous  fortis  d'une  même  race  qu'ils  nomment 
Zciffehérahim ,  c'eft-à-dire  de  race  d'Abraham.  Ils  ne 
connoiflenr  point  Mahomet ,  &  nomment  ceux  de  fa 
fecte  Cafres.  Ils  connoiflent  Noé,  Abraham  ,  Moyfeôc 
David  ;  mais  ils  n'ont  aucune  connoiflance  des  autres 
prophètes,  ni  de  Jésus -Christ.  Ils  font  circoncis ,  ne 
travailleur  point  le  famedi ,  Se  ne  font  aucune  prière 
ni  jeûne,  mais  feulement  des  facrifices  de  taureaux, 
de  vaches  ,  de  cabrits  &  de  coqs.  Ils  fe  fentent  un 
peu  du  Judaïsme.  Ils  font  hospitaliers  ,  Se  afliftent 
volontiers  ceux  qui  font  dans^ quelque  peine.  Les  esclaves 
ne  font  point  chez  eux  en  qualité  d'esclaves  ;  mais  leurs 
maîtres  les  nomment  leurs  enfans  :  ils  leur  donnent 
même  leurs  filles  en  mariage  >  quand  ils  s'en  rendent 
dignes  par  leurs  fervices.  Ils  fe  gouvernent  pat  villa- 
ges, dont  les  maîtres  fe  nomment  Philoubei.  Ils  éli- 
fent  entre  eux  un  ancien  de  la  lignée,  pour  être 
arbitre  des  aurres  Philoubei  -,  Se  chacun  exerce  fa  juftice 
dans  fon  village.  S'ils  ont  la  guerre  contre  des  peuples 
qui  ne  font  point  de  la  lignée,  la  querelle  devient 
commune  :  ils  s'arment  pour  fe  foutenir  j  mais  fi  ce  font 
quelques  Philoubei  qui  ayent  la  guerre  entre  eux ,  on 
tâche  de  les  accorder  ,  ou  on  les  lailîc  s'entrebattre.  Les 
villages  font  mieux  fitués  Se  dispofés  qu'en  aucun  autre 
pays.  Ils  font  tous  fur  le  haut  àcs  montagnes,  qui 
font  peu  élevées  Se  très  -  fertiles  ,  ou  le  long  des 
rivières,  tout  entourés  de  pieux.  Il  n'y  a  que  deux 
portes  à  cette  enceinte.  L'une  eft  pour  le  paflage  or- 
dinaire ,  l'autre  regarde  le  bois ,  &  leur  ferr  pour 
s'enfuir  quand  ils  font  attaqués  par  leurs  ennemis 
Se  qu'ils  fe  trouvent  les  plus  foibles.  Ils  fement  leur  riz 
dans  les  montagnes  Se  dans  les  vallées,  après  avoir 
coupé  les  bois  qui  fonr  pour  la  plupart  des  espèces 
de  cannes  creufes ,  que  l'on  nomme  par  toute  l'ifle 
Voulou  ,  &  dans  les  grandes  Indes  Bambu  ou  Mambu. 
Lorsqu'elles  font  fecues,  ils  y  mettent  le  feu.  Ce 
font  les  femmes  Se  les  filles  qui  fement ,  ou  plutôt 
plantent  le  riz  ;  ce  qu'elles  font  en  un  même  jour , 
s'affemblant  pour  cela  dans  tous  les  villages  de  la  con- 
trée. Elles  tiennent  chacune  un  bâton  poinru  ,  avec 
lequel  elles  font  un  trou  dans  la  terre  &  y  jettent  deux 
grains  de  riz  qu'elles  couvrent  avec  le  pied  en  danfanc 
Se  en  chantant. 

1.  PORT-ROYAL  ,  abbaye  de  l'ifle  de  France ,  à  fix 
lieues  de  Paris,  entre  Chevieufe  Se  Verfailles.  C'étoic 
une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  Se  qui  étoic 
élective  &  triennale  depuis  1629.  Elle  avoir  été  fondée  en 
1204,  pat  Eudes  de  Sully  ,  évêque  de  Paris,  Se  par 
Mathilde,  fille  de  Guillaume  de  Garlande,  feigneur 
de  Livry,  Se  femme  de  Marthieu  de  Montmorency, 
feigneur  de  Marly.  Arnaud  s'y  étant  retiré  pendant  un 
certain  tems  ,  auprès  de  la  mère  Angélique  ,  fa  fœur  , 
qui  en  étoit  abbefle ,  plufieurs  eccléfiai tiques,  Se  même 
des  féculiers ,  l'y  fuivirent ,  Se  y  compoferenr  divers 
ouvrages  françois ,  qui  furent  fort  recherchés.  Elle  fut 
détruite  dans  le  commencement  de  ce  fiécle ,  par  les 
ordres  de  Louis  XIV.  On  nommoit  aufli  cette  abbaye 
Port-Royal  des  Champs,  pour  la  diflinguer  de  l'abbaye 
de  Port-Royal  de  Paris  ,  qui  étoit  un  démembrement  de 
Port-Royal  des  Champs.  Ce  démembrement  fut  fait  en 
1627.  La  fille  a  fuccédé  à  la  mère.  On  lui  a  uni  les 
revenus  de  celle-ci ,  qui  étoient  de  vingt-deux  mille 
livres. 

2. PORT-ROYAL ,  aujourd'hui  Ann apolis-Roya- 
le  ,  ville  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  capitale  de 
l'Acadie  ,  ou  de  la  Nouvelle  Ecofle ,  fur  la  côte  de  la 
baie  des  Chaleurs.  Elle  eft  fituée  à  44  deg.  40  min.  de 
latitude,  fur  le  bord  d'un  très-beau  baflin  ,  qui  a  prè» 
de  deux  lieues  de  long  Se  une  de  large.  Celui  où  les 
François  s'établirenr  en  i6or  ,  ne  confiftoit  qu'en  un 
petit  nombre  de  maifons  à  double  étage  où  peu  de  gens 
de  diftinction  habitoient.  Il  ne  fubfiftoir  que  par  le  com- 
merce des  pelleteries ,  que  les  fauvagesy  alloient  échanger 
pour  des  matchandifes  de  l'Europe.  II  s'aggrandir  un 
peu  depuis  le  commencement  de  la  guerre  de  1689, 
par  l'abord  de  quanritéd'habitans  des  côtes  du  voifinage 
de  Bofton ,  capitale  de  la  Nouvelle  Angleterre.  Il  s'y 
en  jerta  beaucoup  par  la  crainte  qu'ils  eurent  que  les 
Anglois  ne  les  pillaflenr.  Mais  en  1 690 ,  Williams  Phips , 
r9m.IV.    Sfffff 


ioj8       FOR 


POR 


ayant  attaqué  le  principal  fore  de  Port  Royal  ,  le  deux 
Mai ,  avec  iept  cens  hommes ,  s'en  empara  après  deux  ou 
trois  jours  de  réfiftance.  Cette  ville  a  eu  le  fort  de 
l'Acadie  ;  après  avoir  plufieurs  fois  changé  de  maître  , 
elle  a  enfin  été  cédée  à  la  couronne  de  la  Grande' 
Bretagne  ,  par  le  traité  dUtrecht.  *  Voy.  du  Baron  de 
la  Hontan  ,  t.  2.  Etat  préféra  de  la  Grande-Bretagne  , 
t.  5.  p.  i;6. 

Le  port,  qui  donne  le  nom  à  la  ville  ,  a  ,  comme  je 
l'ai  déjà  remarqué,  près  de  deux  lieues  de  longueur  &: 
une  de  largeur.  A  l'entrée  on  trouve  dix-huit  à  vingt 
brades  d'eau  ,  Se  quatre  à  fix  brafles  entre  la  terre  Se 
l'ifk  aux  Chèvres,  qui  eft  au  milieu  ,  Se  femble  par- 
tager ce  baflin  en  deux.  Ce  port  paffe  pour  un  des  plus 
beaux  de  tout  le  pays; ce  qui  a  été  caufe  qu'on  lui  a 
donné  le  nom  de  l'oit  Royal.  Il  y  peut  mouiller  de 
grands  vaifleaux  ,  Se  ils  y  font  en  toute  fureté.  Le  mouil- 
lage eft  bon  par  tout.  Dans  le  fond  du  baflin  il  y  a 
comme  une  pointe  de  terre  fur  laquelle  on  a  bâti  un 
port  affez  confidérable.  Cette  pointe  eft  baignée  par 
deux  rivières  qui  ne  viennent  pas  de  bien  loin.  L'une 
eft  à  la  droite  &  l'autre  à  la  gauche.  La  marée  y  peut 
monter  jusqu'à  huit  ou  dix  lieues.  On  voit  quantité  de 
prairies  des  deux  côtés.  La  marée  les  couvroit  avant 
qu'elles euflent  été  defféchées.  Outre  ces  deux  rivières, 
il  s'en  décharge  encore  une  autre  dans  le  baflin  ,  & 
celle-ci  eft  très-poiffonneufe.  *  Denis,  Defcr.  de  l'Amer, 
fept.  t.  1.  c.  2. 

Le  pays  des  environs  de  Port-Royal  n'eft  point  trop 
montagneux.  La  vigne  faùvage  y  croît  naturellement  , 
ainfi  que  le  noyer.  11  y  a  même  fort  peu  de  neige  dans 
ce  quarrier&  fort  peu  d'hiver. La  chaffe  y  eft  bonne  toute 
l'année  :  le  lapin ,  la  perdrix ,  les  tortues  &  diverfes  au- 
tres fortes  de  gibiers  de  bois  s'y  trouvent  en  abondance, 
ainfi  que  les  oifeaux  de  -rivière  &  de  mer.  Enfin  on 
peut  dire  que  le  pays  y  eft  très-agréable,  foit  en  été,  foit 
en  hiver. 

3.  PORT-ROYAL.  Voyez.  Porto  -Escondf.do. 

4.  PORT-ROYAL,  port  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale,  fur  la  côte  méridionale  de  la  Jamaïque  ,  à  quatre 
lieues  ou  environ  de  la  capitale  de  lïfle  qu'on  appelle  S. 
Yago.  Port-Royal   étoit  appelle  autrefois   Caguay.  La 
ville  qui  prend  fon  nom  du  Port  eft  fituée  au  bout  de 
cette  longue  pointe  de  terre  qui  fait  le  port  :  il  n'en  fut 
jamais  de   meilleur  ni  de  plus  commode  ;  il  eft  com- 
mandé par    l'un  des   plus   forts  châteaux  que  le  roi 
d'Angleterre  ait  en  toute  l'Amérique  ,  où  il  y  a  bonne 
garnïfon ,  Se  foixante  pièces  de  canon.    Le    port   eft 
fermé    naturellement  par    une    pointe    de    terre,   qui 
s'étend  douze  milles  de  long  vers  le  fud-eft  :  la  grande 
rivière ,  qui  paffe  par  Ios  Angelos  Se  par  San  Yago  , 
fe  décharge  dans  le  port  ;  on  fait  aiguade  avec  plaifîr 
dans  cette  rivière ,  Se  l'on  y  fait  auflï   telle  provifion 
de  bois  qu'on  veut.  Le  port  presque  par  tout  a  deux 
ou  trois  lieues  de  largeur.  L'ancrage  y  eft  bon  par  tout,  Se 
la  profondeur  y  eft  fi  grande ,  qu'un  vai fléau  de  mille 
tonneaux  peut  aborder  le  rivage,  jetter  des  planches  à 
terre  ,  charger  Se    décharger  fans  aucune  cérémonie, 
Cela  eft  caufe  que  les  vaifleaux  de  guerre  Se  les  vais- 
feaux  marchands    préfèrent  ce  port  à  tous  ceux    de 
Pifle.  Et  la  même  confidération  y  attire  force  marchands 
cabaretiers ,  brafleurs  de  bière  ,  Se  force  magafins  :  car 
c'eft  le  lieu  de  tout  le  pays  où  fe  fait  le  plus  de  com- 
merce. 11  peut  contenir  environ  huit  cens  maifons,  Se 
a  douze  milles  Se  demi  de  longueur.  Les  maifons  ne 
font  pas  plus  chères  dans  les  rues  de  Londres  qu'elles 
font  à  Port-Royal.  Cependant  la  fituation  n'en  eft  pas 
belle  ,  Se  elle  eft   même   aflez  incommode  :  car  il  n'y 
a  ni  terres ,    ni  bois ,  ni  eau  douce ,  le  fonds  n'y  eft 
autre  chofe  qu'un  fable  chaud  Se  fec  ,  Se  le  grand  nom- 
bre   d'étrangers    Se   d'habirans    ou   colonies    qui   s'y 
transportent  de  tous  côtés  pour  leurs  affaires ,  Se  pour 
le  commerce  dont  ce    port   eft   le  centre  ,  y  rendent 
toutes  chofes  extrêmement  chères.  *  Thomas ,   Relat. 
de  la  Jamaïque,  p.  13. 

PORT  SAINT.  Voyez,  Porto-Santo. 

PORT  SAINT  JULIEN  ,  port  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  dans  la  terre  Magetlanique ,  fur  la  côte  de  la 
mer  du  Nord,  au  pays  des  Patagons ,  à  l'embouchure 
de  la  rivière  de  Saint  Julien.  Ce  fut  en   1520,  que 


Ferdinand  Magellan  donna  le  nom  de  Saint  Julien  à  ce 
porf, il  y  fit  pendre  Jean  Carthagena,  évêque  de  Butga, 
fon  coufin ,  pour  avoir  voulu  fe  mutiner  contre  lui, 
Se  il  laifla  l'aumônier  à  terre  ,  qui  fut  enfuitc  maffa- 
cré  par  les  naturels  du  pays.  Ce  fut  encore  dans  ce 
port  que  le  chevalier  François  Diake  arriva  le  20  de 
Juin  1572  ,  Se  qu'il  y  fit  décapiter ,  fur  une  ifle  qui  y 
eft  enclavée  ,  un  certain  Thomas  Doughty ,  qui  avoit 
conjuré  fa  perte ,  &  formé  le  deflein  de  "retourner  en 
Angleterre  avec  fon  vaifieau.  C'eft  pour  cela  quil  la 
nomma  l'iflede  la  Bonne  Juftice.  *  Wood.  Voyages  aux 
Terres  Auflrales ,  t.  4    c.  2. 

La  température  de  l'air  paroît  au  port  Saint  Julien  en 
hiver  la  même  qu'en  Angleterre.  Le  pays,  à  vingt  milles 
à  la  ronde  ,  elt  fec ,  ftér,ile ,  plein  de  rochers  Se  de 
gravier,  fans  bois  Se  fans  eau.  Il  n'y  a  que  peu  de 
biiiflbns  du  côté  de  la  mer.  La  pêche  Se  la  chaffe  y 
font  bonnes.  On  y  voit  beaucoup  de  bêtes  fauvages , 
ou  de  brebis  fauvages,  que  les  Espagnols. nomment 
wianaques.  Elles  ont  douze  palmes  de  haut.  Pour  la 
figure  de  la  tête  Se  la  longueur  du  cou,  elles  reffem- 
blent  au  chameau  ;  mais  pour  le  refte  du  corps  Se  de 
la  croupe  elles  approchent  beaucoup  du  cheval.  Leur 
laine  eft  très  fine.  Elles  font  fort  craintives ,  vont  par 
troupes  de  fix  ou  fept  cens ,  Se  dès  qu'elles  apperçoi- 
vent  quelqu'un ,  elles  ronflent  avec  leurs  narines ,  & 
herîhiffent  comme  les  chevaux.  On  voit  encore  ici  quan- 
ti; é  d'autruches  qui  courent  fi  vite  ,  qu'il  eft  impoffi- 
ble  de  les  attraper  fans  chiens  •,  des  lièvres  qui  font 
fort  gros ,  des  renards  plus  petits  que  les  nôtres ,  Se  de 
toutes  fortes  de  gibiers.  On  y  trouve  aufli  un  petit  ani- 
mal, qui  n'eft  pas  tout  à  fait  fi  gros  que  la  tortue  de 
terre,  &  qui  eft  couvert  fur  le  dos  d'une  écaille  répa- 
rée en  deux  pici.es  qui  fe  joignent  enfen  ble.  Sa  chair 
eft  d'un  goût  exquis  :  les  Espagnols  l'appellent  le  cochon 
cuiraflé.  11  y  en  a  in  autre  bien  plus  fingulier ,  qui 
a  la  queie  épaifle  ,  &  à  qui  l'on  a  donné  le  nom  de 
Grondeur  ou  de  Souffleur  ;  parce  qu'il  ne  voit  pas  plu- 
tôt quelqu'un  ,  qu'il  gronde  ,  fouffle  Se  grare  la  terre 
avec  fes  pieds  de  devant,  quoiqu'il  n'ait  pour  toute 
défenfe  que  fon  derrière  ,  qu'il  tourne  vers  celui  qui 
l'approche  ,  Se  d'où  il  fait  lortir  des  excrémens  d'une 
odeur  dé  te  fiable. 

L'eau  eft  rare  dans  ce  pays  ;  mais  en  hiver  on  trouve 
de  l'eau  de  neige  en  plufieurs  endroits ,  dont  le  plus 
commode  eft  dans  le  havre.  L'hiver  y  eft  fort  désagréa- 
ble par  le  défaut  de  bois. 

Avis  aux  Navigateurs. 

Quand  on  eft  arrivé  au  nord  du  cap  de  Saint  Geor- 
ge ,  ou  du  port  Defiré,  on  doit  paffer  entre  la  pre- 
mière terre  haute  que  l'on  voit  fous  le  48  degré  40 
min.  de  latitude  méridionale  ,  qui  eft  auflï  celle  du 
port ,  Se  la  terre  baffe.  Mais  fi  l'on  arrive  au  fud  de  ce 
havre  ,  on  trouve  que  la  terre  y  eft  feus  le  jo  degré 
20  min.  de  latitude  ,  qu'elle  eft  baffe ,  fans  arbres  ou 
hauteurs,  Se  qu'il  n'y  a  que  des  collines  blanches  Se  es- 
carpées du  côté  de  la  mer.  Après  qu'on  a  fait  le  havre , 
on  peut  venir  mouiller  vis-à-vis  ,  à  fept ,  huit ,  neuf 
ou  dix  brades  d'eau  ;  mais  il  y  a  un  banc  de  roche  à 
fon  embouchure  ,  qui ,  en  haute  mer ,  eft  couvert  de 
quatre  brafles  d'eau,  Se  où  il  n'en  refte  que  quatre 
pieds,  lorsque  la  mer  a  refoulé.  Pour  traverfer  cette 
barre  ,  le  plus  fur  eft  de  fonder  le  canal ,  6V  d'y  mettre 
quelque  balife,  parce  que  le  fond  de  la  baie  change  fans 
doute  par  la  violence  des  tempêtes  -,  mais  il  faut  laiffer 
au  nord-oueft  le  Cap-Pierreux,  de  même  que  certains 
endroits  blancs  d'une  montagne ,  qui  eft  dans  les  ter- 
res., Quand  on  voit  que  l'un  &  les  autres  s'enfilent  ;  on 
peut  entrer  Se  fortir  fans  risque.  D'ailleurs  pour  avoir 
une  marque  certaine  ,  qu'on  eft  fur  la  barre  ,  il  y  a 
dans  la  baie  au  nord-eft,  à  un  mille  &  demi  ou  en- 
viron de  l'embouchure  du  havre  ,  quelques  collines  blan- 
ches ,  qui  reffemblent  à  des  ifles  ;  quand  on  eft  vers  le 
milieu  de  ces  collines  ,  vis-à-vis  une  ouverture  en  forme 
de  celle  qui  paroît  au-delà  dans  les  terres ,  alors  on 
eft  fur  la  barre.  Après  l'avoir  paffée  ,  on  n'a  qu'à  con- 
tinuer tout  droit  fa  route  environ  lin  mille  Se  demi , 
où  l'on  peut  donner  fond  à  fix  ou  fept  brafles  d'eau  ; 


POR 


POR 


maisk  meilfcuï  endroit,  pour  amarrer  ,  eft  entre  Pille 
cela  Bonne-Juftice,  &  une  autre  qui  eft  voifine.  Enfin  les 
marées  font-  quelquefois  incertaines  dans  ce  havre; 
car  fi  le  vent  eft  au  fud ,  l'eau  monte  autant  par  les 
baffes  marées  que  par  les  hautes. 

PORTS.  LOUIS.  La  carte  du  canal  royal  de  Lan- 
guedoc donne  ce  nom  au  port  de  Secte.  Voyez,  Set- 
te. 

i.  PORT-SAINTE-MARIE,  ville  d'Espagne,  dans 
l'Andaloufie ,  environ  fix  à  fept  milles  au  nord-eft  de 
Cadix.  Cette  ville  que  les  Espagnols  nomment  El  Puerto 
de  Santa.  Maria,  c'eft-à-dire,  le  port  de  Sainte  Ma- 
rie ,  eft  auffi  grande  que  Cadix  &  peut  paffer  pour  belle. 
Elle  eft  fituée  dans  une  pi  fine  fort  agréable  ,  à  l'embou- 
chure de  la  Guadalete  ,  a  la  gauche  en  entrant ,  à  trois 
lieues  de  San  Ltfcar ,  8c  à  deux  de  Xérès.  Elle  n'a 
aucune  fortification  :  les  rues  y  font  paffablement  larges  , 
êc  les  maifonsbien  bâties.  La  grande  églifeeft  un  très-bel 
édifice,  orné  de  quantité  de  figures  de  bronze.  Le  palais 
du  gouverneur  n'eft  pas  grand  ;  mais  il  eft  fore  bien 
entendu.  Il  eft  accompagné  d'un  fort  beau  jardin  ,  avec 
une  belle  fontaine,  de  belles  grottes ,  une  volière  8c 
une  ménagerie.  On  voit  en  entrant  dans  cette  ville  quan- 
tité de  croix  8c  de  grands  monceaux  de  fel.  Auffi  fe 
fait-il  dans  les  environs  quantité  de   beau  fel  blanc  , 
que  Ton  transporte  en  Angleterre  8c  en  Hollande.  Les 
dehors  de  la  place  font  très-agréables  :  la  campagne  eft 
remplie  de  jardins  ,  où  l'on  trouve  quantité  d'orangers. 
*  Délices  d'Eipagne  ,  p.  460. 

La  ville  de  Sainte -Marie  eft  capitale  d'un  comté  , 
érigé  par  les  rois  catholiques,  en  faveur  de  Louis  de  la 
Cerda  ,  premier  duc  de  Medina-Celi. 

Le  Port  Sainte-  Marie  étoit  connu  dans  l'antiquité 
fous  le  nom  de  Mneflbd  Portas.  Il  n'y  peut  entrer  que 
de  petits  bâti  mens  :  car  il  ne  refte  de  baffe  mer  qu'une 
braffe  8c  demie  d'eau  en  certains  endroits ,  &  de  haute 
mer  trois  braffes.  Devant  la  ville,  presque  par  le  milieu 
de  la  rivière  il  y  a  encore  deux  mafures  ou  ruines  de  piles 
d'un  ancien  pont,  prèsdesquelles  on  peut  mouiller;  car 
c'eft  l'endroit  le  plus  profond.  Il  faut  s'amarrer  à  quatre 
amarres,  pour  refier  le  long  du  ruiffeau  de  baffe  mer  , 
où  l'on  trouve  encore  huit  à  neuf  pieds  d'eau,  &  de 
pleine  mer  vingt  à  vingt-deux.  En  dedans  de  ces  piles 
©n  trouve  fept  à  huit  pieds  d'eau.  Le  fond  efi  de  vafe 
molle  :  on  y  eft  affez  en  fureté  ,  pourvu  que  les  bâtimens 
foient  le  long  de  la  rivière.  11  faut  bien  s'amarrer  du 
côté  de  l'eft  &  du  fud  efi: ,  portant  Ces  ancres  fur  le  ter- 
rein  qui  efi  fort  bas.  Ces  fortes  de  vents  y  font  fort 
rudes  &  prennent  en  travers.  On  peut  faire  de  l'eau 
dans  cette  ville  en  plufieurs  endroits.  Pour  entrer  dans 
la  rivière,  il  faut  bien  connoître  le  chenal  ,  8c  prendre 
un  pilote;  car  de  pleine  mer,  qui  eft  le  tems  pour 
entter ,  tous  les  dangers  font  couverts.  Sur  le  bord 
de  la  pointe  de  la  rivière  à  la  gauche  en  entrant ,  efi: 
la  chapelle  de  Sainte  Catherine  ,  où  il  y  a  une  tour 
8c  quelques  fortifications  auprès.  Sur  la  droite  il  y  a  un 
banc  de  fable  ,  un  peu  plus  en  dedans  ,  8c  qui  découvre 
de  baffe  mer.  Cette  tour  eft  éloignée  de  la  ville  d'environ 
une  demi-lieue.  On  peut  auffi  mouiller  vers  l'ouefi  de 
cette  tour  dans  une  néceffiré  pour  les  vents  d'eft  : 
on  y  eft  par  quatre  à  cinq  brades.  Entre  le  village  deRotte 
8c  Sainte  Catherine ,  il  n'y  a  que  des  dunes  de  fable 
de  moyenne  hauteur,  ou  presqu'à  moitié  chemin  ,  il 
y  a  deux  ou  trois  maifons  8c  un  ruifleau.  Dans  le  beau 
tems  les  vaiffeaux  y  envoient  quelquefois  faire  de  l'eau; 
mais  la  meilleure  eau  eft  dans  le  fond  du  Pontal ,  vers 
lamaifon  -blanche.  *  Michelot ,  Portul.  de  la  Méditer. 
p.  3. 

On  peut  voir  Cadix  fort  commodément  du  Port 
Sainte -Marie  ,  tant  la  baie  eft  découverte  entre  ces 
deux  places.  C'eft  dans  le  port  de  la  dernière ,  que 
le  roi  d'Espagne  tient  fes  galères.  Ce  port  eft  un  peu 
avant  dans  la  mer  ,  8c  c'eft-là  qu'il  faut  néceffairement 
s'embarquer  pour  aller  à  Cadix.  Comme  les  barques 
ne  peuvent  s'approcher  du  bord  ,  des  Mores ,  qui  fe 
rrouvent-là ,  y  portent  les  gens  fur  les  épaules  ;  ils  ga- 
gnent leur  vie  à  ce  métier.  Quand  la  marée  eft  baffe , 
la  rivière  eft  lirge  comme  la  Seine  à  Paris ,-  mais  le 
trajet  de  ce  porc  à  Cadix  eft  fort  dangereux ,  parti- 
culieremenc  lorsque  le  vent  du  nord  règne  ,  8c  il  y 


105*9 

p;rit  fouvent  des  barques.  Les  matelots  fe  mettent  eiî 
prière ,  quand  ils  y  paffenr ,  8c  avertiffent  ceux  qu'ils 
conduifent  d'en  faire  de  même.  *  Délices  d'Espagne  , 
p.  459-  &fniv. 

A  une  lieue  de  la  ville  de  Sainte  Marie,  en  tirant 
du  coté  de  Médina- Sidonia,  on  voie  un  vieux  château, 
ou  le  roi  don  Pedro  le  Cruel  tint  autrefois  prifonniere 
la  reine  Blanche  de  Bourbon,  fa  femme  ,  pour  complaire 
à  Marie  de  Padilla  ,  l'a  maîtreffe. 

2.  PORT-SAINTE-MARIE,  petite  ville  de  frai» 
ce  ,  dans  l'Agenois ,  fur  la  rive  droite  de  la  Garonne  » 
à  deux  lieues  au-deffus  d'Eguillon,  au  voifinage  deCler- 
mont.  *   Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PORT  DE  S  A  LL  AGU  A ,  port  de  l'Amérique  fepreu- 
rrionale ,  dans  la  Nouvelle  Espagne  ,  fur  la  côte  de 
la  mer  du  Sud.  Il  eft  finie  à  18  degrés  jz  minutes 
de  latitude  feptentrionale.  C'eft  une  baie  affez  profon- 
de ,  divifée  au  milieu  par  deux  rochers  pointus  ,  qui 
font  en  quelque  manière  deux  havres  de  cette  baie.  On 
y  peut  furement  ancrer  par  tout  à  dix  ou  douze  braffes 
d'eau.  Il  y  a  un  ruiffean  d'eau  douce  qui  fe  jette  dans 
la  mer.  Sur  la  côte  occidentale  on  voit  la  ville  de 
Slallagua ,  qui  donne  le  nom  à  ce  port.  *  Dampier  , 
Voyage  autour  du  monde  ,  t.  1 .  c.  9. 

PORT- SUR- SÔNE,  bourg  de  France,  dans  la 
Franche-Comté  ,  fur  la  Sônc  ,  à  deux  lieues  de  Vefoul. 
C'eft  un  lieu  fort  confidérable.  On  y  tient  foire  Se  mar- 
ché ,  8c  l'églife  paroiflïale  eft  affez  belle.  Il  eft  renommé , 
parce  qu'il  eft  fur  un  paffage  qui  conduit  de  France, 
en  Suiffe  &  en  Alfacc.  On  y  paffoit  autrefois  laSône 
fur  un  pont  de  pierre ,  &  le  pafiage  de  ce  pont  étoit 
défendu  par  un  fort  confiant  dans  une  petite  ifie  au 
milieu  de  la  rivière.  On  y  voit  encore  aujourd'hui  les 
ruines  de  ce  fort ,  8c  celles  du  pont  qui  s'y  trouvoir. 
joint.  On  paffe  présentement  la  rivière  dans  un  bac ,  à 
une  portée  de  fufil  au-deffous  de  l'endroit  où  étoit  le  fort. 
Vauban  fe  transporta  fur  les  lieux  en  1699  ,  8c  y  traça 
une  citadelle  ,  fur  une  petite  colline  ,  qui  eft  à  quatre 
ou  cinq  cens  pas  delà;  mais  quelques  raifons  ont  em- 
pêché l'exécution  de  ce  deffein.  *  Corn.  Dict  Mcrnuires 
drejfés  Jur  les  lieux  ,  en  1 704. 

Dunod  ,  en  fon  hiftoire  des  Séquanois,  8c  Lebeuf, 
chanoine  d'Auxerre  ,  ont  cru  que  ce  port  eft  l'ancien 
Portus  Bucini ,  ou  Portas  Abucnii  ,  de  la  notice  des 
Gaules  ,  décrite  fous  l'empereur  Honorius.  L'ouvrage 
du  dernier  eft  dans  le  Mercure  de  France ,  Mars 
175;.  p.  491.  On  y  prouve  que  ceux  qui  ont  placé 
ce  Portus  Abacini  fur  le  lac  de  Genève ,  fe  font  trompés. 
Valois  avoit  fort  bien  auguré  dans  fa  notice,  que  ce 
lieu  devoit  être  entre  LangrescV  les  montagnes  de  Sainr 
Claude  ;  mais  il  n'avoit  pu  le  déterminer  ;  le  paffage 
qu'il  cite  de  la  vie  de  faint  Vâlier,  archidiacre  de  Lan- 
grès,  eft  cependant  décifif,  parce  que  le  Portus  Abucinï 
doit  être  le  lieu  où  ce  faine  fut  martyrifé.  Or  c'eft 
à  Port  fur  Sône  qu'on  tient  qu'il  le  fut ,  &  il  y  a  en- 
core en  mémoire  de  cela  une  églife  de  fon  nom. 

PORT-VENDRE,  port  de  France,  dans  la  mer  Mé- 
diterranée, fur  la  côte  du  Rouftîllon.  Ce  port  eft  en- 
viron à  un  mille   8c  demi ,  vers  le  nord-oueft  du  cap 
d'Esbiete,  &  fitué  au  pied  de  plufieurs  montagnes.  On 
le  reconnoît  par  un  gros  écueil  qui  eft  fur  la  gauche 
en  entrant ,  &  qui  eft    féparé  de  la  pointe  d'environ 
trente  à    quatante  toifes.  On   voit  auffi  fur  la  poin- 
te de  la  droite  un  petit  fortin,  muni  de  quelques  ca- 
nons ,  8c    au    milieu  duquel   il  y  a   une  petite  tour 
carrée,  qu'on  appelle  le  Fanal.  Le  port  de  Vendre  eft 
une  espèce  de  calanque  d'environ  400    roifes  de  lon- 
gueur fur  100   de  largeur  en  certains  endroits.  C'étoic 
autrefois  un  très-  bon  port  du  tems  qu'il  appartenoic 
à  l'Espagne.  Les  galères  alloient  dans  le  fond  d'où  l'on 
ne  voyoit  point  l'entrée  du  port  ;  de  forte  qu'on  y  étoit 
comme  dans  une  darfe;  mais  préfentement  il  s'eft  com- 
blé en  plufieurs  endroits.  Quand  on  veut  entrer  dans 
le  port  de  Vendre,  il  faut  laiffer  le  gros  écueil  fur  la 
gauche,  8c  paffer  entre  cet  écueil  fur  le  fanal  qui  eft 
fur  la  droite.  11  y  a  environ  cent  toifes  d'espace  &  neuf 
à  dix  braffes  d'eau.  On  peut  ranger  d'un  côté  8c  d'autre. 
Il  y  a  cinq  à  fix  braffes  tout  proche  :  il  vaut  pourtant 
mieux  ranger  recueil  pour  pouvoir  mieux  tourner  la  galè- 
re 8c  lui  faire  prendre  fon  pofte.  On  voie  fur  une  hauteur 
Tum.lV.  Sfffff  ij 


îo6o       POR 


POR 


une  redoute  de  pierre  à  la  gauche  ,  8e  un  peu  plus  en  de- 
dans lui  la  dtoire ,  il  y  a  deux  petites  maifons  fur  une  au- 
tre pointe,  au-deffus  desquelles  on  voit  une  redoute  Icm- 
folable  a  la  précédente.  Le  mouillage  ordinaire  elt  depuis 
le  fanal  jusqu'à  ces  magafins  ;  mais  il  ne  faut  pas  les  palier, 
parce  que  le  fond  manque  tout  d'un  coup.  On  y  ran- 
ge les  galères  par  andanes,  la  proue  en  mer,  ayant  un 
fer  du  côte  de  l'elt ,  Se  trois  amarres  à  terre  de  côté 
Se  d'autre.  Alors  on  ell  par  quatre ,  trois  Se  deux  brades 
d  eau  ,  fond  d'herbe  8c  de  vafe.  Préfentemenr  néanmoins 
il  y  a  des  pontons  entretenus  qui  donnent  du  fond  jusque 
dans  l'enfoncement  du  port ,  du  côté  de  la  droite  Dans 
le  fond  de  ce  port,  fur  une  baffe  pointe  qui  regarde 
l'entrée ,  il  y  a  une  espèce  de  fortereffe ,  derrière  la- 
quelle on  trouve  dans  un  jardin  une  fource  de  bonne 
eau ,  qui  elt  facile  à  faire.  Mais  lorsqu'on  a  plufieurs 
galères ,  une  patrie  va  faire  fon  eau  à  Coliours  qui 
n'eft  éloignée  que  d'une  petite  demi-lieue.  Un  peu  au- 
dedans  des  deux  maifons  qui  font  fut  la  droite  ,  il 
y  a  une  petite  chapelle.  Par  tout  le  fond  du  port ,  prin- 
cipalement fur  la  gauche,  il  n'y  a  point  d'eau  ;  le  plus 
profond  elt  du  côté  de  la  dtoite.  Les  traverfiers  font 
les  venrs  de  nord-elt&d'efl-nord-eit,  qui caufent  quel- 
quefois une  grofle  mer.  Les  vents  de  fud-oueit ,  qui 
viennent  entre  deux  hautes  montagnes ,  y  font  aufil 
fott  rudes ,  de  forte  qu'il  faut  y  prendre  garde.  Dans 
un  befoin  on  pourroit  avec  une  galère  paiTer  entre  le 
gros  écucil  qui  cfl  à  l'entrée  ,  Se  la  pointe  du  fud  »  près 
de  laquelle  on  voit  quelques  petits  écueils  hors  de  l'eau. 
11  y  a  dans  le  milieu  de  ce  paflage  trois ,  quatre  &  cinq 
braiTes  d'eau.  On  pourroit  auflï  mouiller  en-dedans  de 
ces  écueils  dans  une  grande  ance ,  fi  l'on  ne  pouvoir 
pas  entrer  dans  le  port.  La  latitude  du  port  de  Vendre 
ell  de  40  deg.  30  min.  &  la  variation  de  fix  degrés 
nord  oueït.  *  Miche  lot ,  Portul.  de  la  Méditerranée ,  p. 

?PORT  DES-TREPASSÉS  ,  port  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  l'ifle  de  Terre  Neuve,  fur  la  hauteur 
de  46  deg.  à  deux  lieues  de  Cabo-Ras ,  vers  le  côté 
du  fud  de  cette  ifle  ,  en  tournant  à  l'ouelt.  Ce  port 
elt  fort  commode  ,  la  mer  y  étant  profonde  Se  n'ayant 
ni  tochets  ni  bancs.  *  De  Laét ,  Description  des  Indes 
occidentales,  1.  2.  c.4. 

PORTA  AUGUSTA,  ville  d'Espagne ,  chez  les  Vac- 
dens.  félon  Ptolomée ,  /.  2.  c.  6.  qui  la  place  entre 
Viminatiitm  8c  Antraca.  Aucun  autre  auteur  ancien  n'en 
fait  mention  \  car  ce  ne  peut  pas  être ,  dit  Cellarius  , 
Geogr.  Ant.  I.  2.  c.  1.  la  Nova-Augusta  de  Pline  , 
qufétoit  une  ville  des  Arevaci ,  outre  que  Ptolomée  , 
/.  5.  c.  6.  connoît  cette  dernière  8e  la  diltingue  de  Por- 
ta-Augnfla. 

2.  PORTA  CCELI,  chartreufe  d'Espagne,  au  royau- 
me 8c  à  quatre  lieues  de  Valence. 

3. PORTA  DAPHNITICA,laportedeDaphnÉ, 
porte  d'Antioche  de  Syrie. 

PORTACRA,  ville  de  la  Cherfonnèfe  Taurique  , 
félon  Ptolomée ,  qui  la  place  dans  les  tetres. 

1.  PORTjE.  Voyez.  Vylje.  Se  Capi. 

2.  PORT/E,  lieu' de  l'Inde.  Plurarque ,  de  Flumi- 
n'ib.  qui  en  parle,  le  met  au  voifînage  du  fleuve  In- 
dus. 

3.  PORTEE  ,  lieu  au  voifînage  del'Euphrate.  Il  étoit, 
félon  Xénophon ,  Cyriacor.  I.  l.  entre  Thapfacus  6c 
Babylone. 

4.  PORTEE  ,  ou  PiLy£  Albanie  ,  lieu  de  la  Sar- 
matie  Afiatique  ,  félon  Ptolomée,  /.    j.  c.    9. 

5.  PORT/EMEDI/E,  lieu  delà  Médie.  Voyez.  Zagri 
Portée. 

6.  PORTEE  SARMATI<£,  lieu  de  la Sarmatie  Afiati- 
que. Ceft  Ptolomée ,  /.  y.  c.  9.  qui  en  parle. 

PORTAGES  (  Rivière  aux) ,  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale,  dansle  paysdes  Sioux  de  left.  Cette  riviè- 
re prend  fa  fource  dans  un  petit  lac  voifin ,  à  l'orient 
de  celui  de  Buade.  Après  un  cours  de  trente- cinq  à 
quarante  lieues ,  plein  de  fatus  &  de  petits  lacs ,  elle 
fe  jette  dans  la  rivière  de  Sainte  Croix  ,  à  huit  ou  dix 
lieues  au-deffus  de  fon  embouchure ,  dans  le  fleuve  de 
Miflifïipi.  Son  nom  lui  vient  des  portages  qu'y  caufent 
les  différens  fauts  dont  je  viens  de  parler. 

PORTALEGRE,  ville  de  Portugal,  dans  la  provin- 


ce d'Àlentejo.  Ceft  une  jolie  ville ,  avec  titre  de  cité  , 
bâcie  au  pied  d'une  montagne  fort  haute  ,  dans  une 
campagne  agréable.  Elle  ell  environnée  de  bonnes  mu- 
railles ,  flanquée  de  douze  tours,  Se  arrofée  de  très- 
belles  fontaines.  Il  y  a  un  évêché  qui  vaut  huit  mille  du- 
cats de  rente.  11  fut  érigé  pat  le  pape  Paul  III ,  à  la  prière 
du  roi  Jean  III,  &  il  cil  fuifragant  de  Lifbonne.  Cette 
place  elt  fituée  fort  avantageufement.  Philippe  V  ,  roi 
d'Espagne ,  l'ayant  attaquée  en  perfonne  le  7  de  Juin 
1704  ,  la  garnilon  compofée  de  fept  cens  Anglois  &c  de 
mille  Portugais,  fut  contrainte  de  fe  rendre  à  discré- 
tion peu  de  jours  après.  La  ville  ,  où  l'on  ttouva  vingt 
pièces  de  canon  ,  8c  une  grande  quantité  de  munitions 
Se  de  provisions ,  donna  cinquante  mille  écus  pour  fe 
racheter  du  pillage,  maison  ne  put  en  exempter  les  faux- 
bourgs.  *  Délices  de  Portugal)  p.  792 

PORTALOON  ,  ou  Iutelan  ,  province  de  l'ifle 
de  Ceylan ,  au  couchant  de  l'ifle  ,  dans  le  royaume  de 
Candy  ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Calpenteyn ,  le  canal  entre 
deux.  Cette  province  a  un  port  de  mer  d'où  une  partie 
du  royaume  tire  du  fcl  8c  du  poiflbn.  Ceit  dans  ce 
port  que  les  habitans  entretiennent  quelque  commerce 
avec  les  Hollandois,  qui  ont  un  fort  a  la  pointe  de 
terre  pour  empêcher  les  bateaux  d'approcher.  *  Ro- 
bert Knox,  Relation  de  l'ifle  de  Ceylan  ,  liv.  1.  chap. 
2. 

PORTATORE.L.Holftenius,  p.  209.  dans  fes  re- 
marques fur  Olivier ,  dit  qu'on  appelle  aujourd'hui 
Porratore,  la  rivière  que  les  anciens  nommoient  Lfens , 
8e  que  nos  géographes  modernes  nommenr  tantôt  Au- 
ferite  ,  tantôt  Baudino.  Cette  rivière  a  fa  fource  dans 
la  Campagne  de  Rome,  prèsd'un  lieu  nommé  Cajenuove , 
à  deux  milles  au-deflbus  de  Setia. 

FORTBURJE.Foj^Abonis. 

PORTCHESTER  ,  village  d'Angleterre  ,  dans  le 
comté  de  Hant  ,  fur  la  côte,  entre Farham  au  nord 
occidental ,  8c  Pottsmouth  au  midi  oriental.  Corneille 
Se  Maty  difent  qu'on  prend  ce  village  pour  l'ancienne 
Carperis:  j'avoue  que  je  ne  connois  point  d'ancien  auteur 
qui  air  fait  mention  d'une  ville  nommée  Carperis  ;  je  fe- 
rois  affez  porté  à  croire  qu'il  n'y  en  a  jamais  eu ,  ni 
dans  l'Angleterre  ,  ni  dans  le  relte  du  monde  *  Blaeiv  , 
Atlas. 

PORT-CROS.  K*y«.PoRTo-CRos. 

PORTE.  Voyez-PiLs. 

LA  PORTE.  Voyez.  Puerto  de  los  Cavalie- 
ros. 

PORTE-DE-FER  ,  détroit  de  montagnes  dans  la 
Transoxiane ,  vers  Thermed  ,  à  100  deg.  30  min.  de 
longitude,  &à  3J  deg,  de  latitude,  félon  Péris  de  la 
Croix  ,  dans  fon  hifloire  de  Timur-Bec  ,  /.  3,  c.  2. 

PORTEL  ,  petite  ville  de  Portugal ,  dans  la  province 
d'Alentejo ,  au  nord-  efl  de  Beja  ,  entre  cetre  ville  &  Ebo- 
ra ,  près  de  la  fource  de  l'Alvito.  Cette  petite  place 
elt  fituée  fut  une  colline  dont  la  hauteur  ell  occupée 
par  un  fort.  Quelques-uns  la  nomment  Portillo.  *  Dé- 
lices de  Portugal ,  p.  804. 

PORTENDIC  ,  Portudaddi  ,  ou  Penia  ,  baie 
fur  la  côte  occidentale  d'Afrique,  entre  Arguim  &  le 
Sénégal,  à  18  deg.  6  min.  de  latitude  nord.  Deux 
grands  bancs  de  fable ,  qui  joignent  des  deux  côtés 
le  continent ,  lui  fervent  de  défenfe  naturelle  ,  &  for- 
ment un  canal  d'environ  quatre  vingt  braffes  de  lar- 
geur. Un  vaifleau  qui  vient  du  côté  de  l'ouelt ,  s'il 
manque  la  latitude,  ne  trouve  pas  facilement  le  canal. 
Du  côté  du  fud ,  on  s'y  trompe  moins ,  parce  qu'on 
n'y  voit  qu'une  côte  brifée  jusqu'à  rrois  lieues  de  Por- 
tendic.  La  rade  de  Portendic  n'a  point  d'eau  fraîche  , 
il  faut  l'aller  chercher  fort  loin  dans  les  tetres.  Les 
Hollandois  en  1721  ,  ayant  perdu  l'ifle  d'Arguim ,  fe 
retirèrent  à  Portendic ,  où  ils  bâtirent  un  fort  de  bois 
qui  leur  fut  enlevé  pat  les  François ,  qui  en  prirent 
poffeflion  au  mois  de  Mars  1725 ,  mais  ceux  ci  l'aban- 
donnèrent le  15  Avril  de  la  même  année.  En  1724, 
Us  prirent  le  nouveau  fort  bâti  près  de  l'ancien  ,  mais 
dans  une  fituarion  plus  avantageufe.  Depuis  cette  ex- 
pédition ,  les  François  ont  entretenu  conltamment  un 
comptoir  à  Portendic ,  fous  la  dépendance  de  celui 
d' 'Arguim.  *  Relation  de  Bar bot.  Labat ,  Afrique  occi- 
dentale. 


POR 


POR       loéi 


Portendic  eft  habite  par  des  Maures  qui  s'occupent 
de  la  pêche  ;  ils  vont  ramafler  la  gomme  ,  Se  la  donnent 
aux  Européens,  en  échange  de  clincailleries ,  de  pou- 
dre à  canon  ,  &c.  Il  eft  à  quatre  vingt  lieues  nord  de 
la  rivière  de  Sénégal. 

PORTES,  monaftere  de  Chartreux,  en  France,  dans 
la  Bourgogne.  Il  a  été  rendu  célèbre  dans  l'hiftoire  par 
trois  fainrs  perfonnages  des  douzième  &  treziéme  fiécles 
favoir  le  Bienheureux  Bernard  ,  prieur  de  ce  lieu,  à 
la  prière  duquel  faint  Bernard  de  Clairvaux ,  fon  ami 
particulier  ,  avoit  fait  fou  expofition  fur  le  cantique  ; 
Saint  Anthelme ,  qui ,  de  prieur  de  la  grande  Chartreufe 
de  Grenoble ,  fut  fait  évêque  de  Belley ,  Se  Saint  Etienne  y 
qui  de  prieur  des  Portes  fut  fait  évêque  de  Die  en 
Dauphinc ,  l'an  1208.  *  B  aille  t ,  Topog.  des  Saints, 
p.  388. 

PORTET  Se  Pinsaguel  ,  bourg  de  France  ,  dans  le 
Haut-Languedoc  ,  recette  de  Touloufe  ,  à  une  lieue 
Se  demie  de  cette  ville ,  dans  l'endroit  où  PAriége  fe 
jette  dans  la  Garonne. 

PORTHMIA,  ou  Portiimium  ,  village,  près  du 
détroit  des  Palus  Méotides ,  félon  Etienne  le  géogra- 
phe ,  qui  eft  ,  je  penfe ,  le  feul  qui  le  connoifle. 

1.  PORTHMUS  ,  ville  de  PEubée  ,  fur  la  mer  Egée. 
Pline,/.  4.  c.  12.  Suidas  Se  Démofthene ,  Orat.  3.  in 
Philip,  parlent  de  cène  ville.  Elle  étoit  fituée  à  l'oc- 
cident de  l'ifle  de  Chius ,  Se  au  midi  de  celle  de  Sky- 
rus.  La  notice  d'Hiéroclès  en  fait  une  ville  épisco- 
pale. 

2.  PORTHMUS.  Pline  ,  /.  5.  c.  ;.  dit  que  les 
Grecs  donnoient  ce  nom  au  détroit  que  les  Latins  ap- 
pelaient Gaditanum  Frctum,  aujourd'hui  le  détroit  de 
Gibraltar.  Porthmus,  ne6Kjuo«,fignifie  fimplement  un  dé- 
troit. 

PORT1CANI  TERRA ,  ou  Portica-Terra  ,  con- 
trée de  l'Inde,  félon  Straboa,  /.  15.  p.  701.  Dicdore 
de  Sicile ,  /.  17.  c.  102.  nous  apprend  que  c'étoit  le 
royaume  de  Porticanus ,  Se  qu'il  étoit  voifin  de  celui 
de  Muficanus ,  vers  l'embouchure  du  fleuve  Indus. 

PORT1CENSES,  ville  de  l'ifle  de  Sardaigne.  L'iti- 
néraire d'Anronin  la  met  fur  la  route  du  port  de  libido. 
à  Caralis ,  entre  Sulci  Se  Sarcopi ,  à  vingt-quatre  milles 
de  la  première ,  Se  à  vingt  milles  de  la  féconde. 

PORTICI ,  village  d'Italie ,  dans  la  Terre  de  La- 
bour ,  à  fix  milles  de  Naples ,  &  à  un  mille  de  la 
mer,  vis-à-vis  le  mont  Vefuve.  Il  eft  fameux  par  la 
belle  maifon  de  plaifance  que  le  roi  des  Deux  Siciles 
y  a  fait  bâtir.;  mais  encore  davantage  parce  qu'il  eft 
précifément  fur  les  ruines  de  la  fameufe  ville  d'Her- 
culane  ,  découverte  depuis  quelques  années.  Voyez. 
Herculaneum. 

Auprès  de  cette  belle  maifon  ,  on  en  voit  une  autre 
bâtie  fur  un  rocher  ,  par  les  ordres  de  M.  le  prince 
d'Elbeuf ,  qui  n'a  rien  épargné  pour  en  faire  un  des 
plus  beaux  Se  des  plus  délicieux  endroits  du  monde.  Ce 
palais  eft  remarquable  particulièrement  par  fon  escalier 
de  marbre  blanc ,  Se  la  quantité  de  Ces  ftatues  qui 
font  d'un  choix  exquis.  S.  A.  S.  a  cédé  cette  maifon 
au  roi  des  Deux-Siciles. 

PORT1CIVOLO ,  félon  Corneille ,  &  Poti  Co- 
voli  ,  félon  la  nouvelle  carte  de  Sardaigne  ,  petit 
port ,  fur  la  côte  occidentale  de  cette  ifle  ,  entre  Monte- 
Giraro  au  nord  ,  Se  Monte-Dolio  au  midi. 

PORTIMANO.   Voyez.   Villa-Nova  de  Porti- 

MAON. 

PORT1MO,  petite  ville  de  l'ifle  de  Négrepont,  fur 
la  côte  du  détroit  de  Négrepont ,  entre  Valia  &  Poliri , 
félon  Mercator  ,  Atlas, 

PORTIUNCULE,  petit  champ ,  qui  appartenoit  au- 
trefois aux  Bénédictins  du  mont  Sublace ,  près  de  la 
ville  d'Affife  en  Italie.  Du  tems  de  faint  François  d'As- 
fife  ,  il  y  avoit  dans  ce  champ  une  petite  églife ,  nom- 
mée Notre-Dame  de  la  Portiuncitlc ,  parce  que  le 
champ  où  elle  étoit  bâtie  n'étoit  qu'une  petite  portion 
des  domaines  des  Bénédictins.  On  la  nomma  auiïi  Notre- 
Dame  des  Anges,  à  caufe  qu'elle  étoit  dédiée  à  la 
Vierge  ,  &  que  les  anges ,  félon  la  tradition  du  lieu  , 
y  étoient  quelquefois  apparus.  Cette  églife  conferva  l'un 
Se  l'autre  nom  ,  parce  qu'on  prérend  que  faint  François 
y  fut  vifué  par  la  fainte  Vierge  que  les  anges  y  accom- 


pâgnoient  ;  Se  parce  que  c'étoit  au  commencement 
Punique  poiïefllon  des  religieux  de  faint  François.  Le 
pape  Honoré  111  accorda  à  cette  églife  une  indulgence 
pléniere,  qui  fut  publiée  par  fept  évêques  à  Aflife  le 
premier  dAoût  1223  ,  Se  qui  a  fublifté  depuis ,  divers 
papes  l'ayant  non  feulement  confirmée  ,  mais  étendue  à 
toutes  les  églifes  du  premier ,  du  fécond  Se  du  tiers- 
ordre  de  faint  François.  La  dévotion  eit  fi  grande  à  la 
Porriuncule,  le  deux  d'Août,  jour  de  cette  fête,  que 
les  officiers  d'Aflîfe  Se  de  Péroufe  font  obligés  de  fe 
mettre  fous  les  armes,  pour  empêcherle  désordre  que 
la  multitude  de  pèlerins  y  pourroit  caufer.  On  y  en 
voit,  dit-on,  en  certaines  années  jusqu'au  nombre  de 
cent  mille.  *  Corn.  Diètionnaire  ,  fur  des  Mémoires  ma- 
nuferits. 

t  PORTLAND  ,  ifle  d'Angleterre ,  dans  la  Manche , 
fur  la  côte  méridionale  du  Dorfetshire ,  à  quelques  mil- 
les au  midi  de  Dorchefter.  Elle  n'eft  pas  de  grande 
étendue ,  mais  elle  eit  très-fertile  ,  &  remarquable  prin- 
cipalement par  fes  belles  carrières  de  pierre  presque 
auffi  dure  que  le  marbre.  11  y  a  un  château  qu'on 
appelle  Portland  Castle  ,  qui  fut  bâti  par  le  roi 
Hemi  VIII  ,  Se  du  côté  de  la  terre  on  voit  un  autre 
château,  nommé  Sanpord-Castle.  Ces  deux  châteaux 
commandent  tous  les  navires  qui  paflent  dans  cette 
rade ,  qu'on  appelle  la  Courfe  de  Portland ,  parce  que 
la  mer  a  dans  cet  endroir  un  gros  courant.  Cette  ifle  eft 
à  titre  de  comté.  *  Etat  préféra  de  la  Grande  Bretagne  , 
t.   1.  p.  J9. 

POKTNEHINCH,  baronnie  d'Irlande,  dans  la 
province  de  Leinfter.  C'eft  une  des  fept  qui  compofent 
le  comté  de  Queenescounty.  *  Etat  préjent  de  l'Ir- 
lande ,   p.  44. 

1.  PORTO,  Portus ,  ville  de  Portugal ,  dans  la  pro- 
vince d'entre  Dourou  Se  Minho  ,  fur  le  Duero  ,  à  une 
lieueau  deiTusdefoneinbouchure,à  57 noidde Lisbonne, 
9  d  34  de  longit.  Se  41  de  latit.  Cette  ville  efl  ancienne. 
Elle  portoit  autrefois  le  nom  de  P  or  tu- Cale  ;  Se  lors- 
qu'elle eut  donné  fon  nom  a  tout  leroyaumedePortugal, 
elle  tronqua  le  fien  de  ia  moitié ,  ne  retenant  que  celui  de 
Porto.  Quelques  uns  l'appellent  aujourd'hui  Port  à  Port. 
Elle  eft  bâtie  fur  la  pente  d'une  montagne  aflez  roide  , 
dont  le  pied  efl  mouillé  par  le  Duero.  Ce  fleuve  y  forme 
un  bon  havre  de  barre  ,  dont  l'entrée  eft  très-difficile  , 
pour  ne  pas  dire  ,  impoflible,  à  caufe  des  bancs  de  fable 
Se  des  écueils,  les  uns  cachés  fous  Peau  ,  Se  d'autres  dé- 
couverts à  fleur  d'eau.  Les  vaifleaux  n'y  peuvent  entrer 
que  dans  la  pleine  mer,  Se  fous  la  conduite  de  quelque 
pilote  de  la  ville.  La  rade  eft  fort  fpacieufe  ,  Se  peut  con- 
tenir une  grande  flotte.  Celle  du  Brefil  y  arrive  quelque- 
fois. La  fituation  de  cette  ville,  fur  le  penchant  dune 
montagne  ,  eft  caufe  qu'il  y  faut  toujours  monter  ou  des- 
cendre ;  mais  du  refte  elle  eft  belle  :  les  rues  font  propres 
cV  bien  pavées  -,  Se  fur  la  rive  du  fleuve,  il  règne  un  gi  and 
Se  beau  quai  d'un  bout  de  la  ville  à  l'autre.  On  y  attache 
les  vaifleaux,  Se  chaque  bourgeois  a  le  plaifir  de  voir  le 
fien  devant  fa  maifon.  Porto  eit  la  féconde  ville  de  la  pro- 
vince. Elle  eft  honorée  d'un  évêché  fort  ancien  Se  d'un 
confeil  Ibuverain ,  qui  eft  le  fécond  du  royaume.  L'évê- 
que,  qui  eft  fuffragant  de  Braga,  a  quinze  mille  ducats  de 
revenu.  Il  y  a  des  académies  où  les  jeunes  gens  peuvent 
apprendre  leurs  exercices  ,  Se  un  arfenal  où  l'on  équipe 
les  vaifleaux  de  guerre,  que  l'on  conflruir  fur  les  chantiers 
de  cette  ville.  Du  refte  cetre  place  n'efl  pas  fort  grande  : 
on  n'y  compte  guère  plus  de  quatre  mille  bourgeois:  mais 
en  tems  de  paix  ,  il  s'y  trouve  toujours  un  grand  nombre 
d'éttangers  ,  que  le  commerce  y  attire  ,  principalement 
des  François,  des  Anglois  Se  des  Flollandois.  Entre  les 
bâtimens  fomptueux  qui  s'y  voient ,  l'un  des  plus  con- 
fidérables  eft  la  maifon  des  chanoines  réguliers  de  faint 
Auguftin.  Leur  églife  eft  ronde,  Se  richement  ornée.  On 
remarque  dans  le  cloître  une  galerie  d'une  longueur  ex- 
traordinaire. *  Délices  de  Portugal,  p.  70 j. 

Quoique  Porto  foit  une  place  rrèsimporranre  ,  elle 
eft  cependant  très-peu  fortifiée  par  l'art  ;  mais  elle  Fefi  fi 
bien  par  la  nature,  &  eft  tellement  inacceflibîe  par  mer , 
que  les  Portugais  n'ont  pas  jugé  fort  néceflaire  de  la  mu- 
nir avec  beaucoup  de  foin.  Elle  n'efl  environnée  que  de 
vieilles  murailles  de  cinq  ou  fix  pieds  d'épaifleur ,  flan- 
quées d'espace  en  espace  de  méchantes  tours  à  demi  rui- 


io*2       POR 

nées.  Elle  n'a  proprement  pour  toute  fortification  qu'un 
petit  foit  à  quatre  baftions ,  avec  une  demi-lune. 

La  Ville  de  Porto  eft  dans  un  terroir  très- bon  &  très- 
fertile.  Uriel  A  coda  y  reçut  le  jour. 

i.  PORTO ,  ville  d'Italie ,  dans  l'Etat  de  l'Eglife  ,  à  la 
droite  du  Tibre ,  environ  à  deux  ou  trois  milles  d'Odie  , 
Se  à  une  diftance  à  peu  près  égale  de  la  mer.  C'eft  un  éve- 
ché  attaché  au  foudoyen  des  cardinaux.  La  ville  de  Porto 
doit  fon  origine  à  la  décadence  de  celle  d'Oflie  ,  &  au 
nouveau  canal  que  le  Tibre  s'ouvrit ,  lorsque  le  limon 
qu'il  entraîne  fans  ceffe  eut  presque  bouché  fon  ancien 
lit.  On  prétend  que  Jules  Céfar  fut  fon  fondateur ,  c'eft-à- 
dire  qu'il  commença  à  bâtir  la  ville  ôc  le  port  ;  mais  on 
convient  que  ce  fut  l'empereur  Claude  qui  fit  le  grand 
port,  &  que  Trajan  ne  fit  que  le  petit  ou  l'intérieur ,  que 
l'on  nommeroit  aujourd'hui  la  darfe  ,  fi  l'un  Se  l'autre 
fubfidoient.  J'avois  vu  ,  dit  le  père  Labat,  les  dedans  de 
ces  ports  dans  Blaew  ,  &  je  m'en  étois  formé  une  idée  qui 
fe  trouva  tout  à  fait  faillie  ,  quand  je  fus  fur  les  lieux.  Le 
port  de  Claude  paraît  dans  ce  deflein  bâti  dans  la  mer  , 
compofé  de  deux  jettées  circulaires ,  avec  un  avant-mur  , 
lequel  étoit  la  tour  de  la  lanterne ,  ou  le  phare.  Celui  de 
Trajan  paraît  avoir  été  creufé  dans  la  terre.  La  ville  , 
ceinte  d'une  muraille  fortifiée  de  tours ,  environnoit  ce 
dernier  port  ou  darfe,  &  fes  murs  du  côté  de  l'efi  étoient 
baignés  parle  nouveau  bras  du  Tibre  ,  appelle  le  petit 
Fleuve  ,  ou  Fiumicino.  L'Ifle  Sacrée,  qui  etoit  à  l'orient , 
n'avançoitpasen  merautantquelesjettéescirciilaires  ,  ôc 
beaucoup  moins  que  l'avant-mur;  mais  la  mer  s'eft  telle- 
ment retirée  ,  que  les  ruines  de  la  ville ,  &  les  ports  de 
Claude  ôc  de  Trajan  font  à  près  de  deux  milles  de  la 
mer:  du  moins  c'eft  en  cet  endroit  que  l'on  voit  des  ruines 
6e  des  mafures  en  très-grande  quantité  ,  Se  que  malgré  le 
fable,  qui  a  tout  couvert,  on  distingue  encore  les  vediges 
de  ces  ports.  Il  n'y  auroit  rien  eu  d'extraordinaire  dans 
leur  conftruction  ,  ni  qui  méritât  que  les  écrivains  de  ce 
tems-la  chantalTent  fi  haut  les  louangesdecesempereurs, 
fi  ces  ports  avoient  été  à  l'endroit  où  l'on  prétend  voir 
aujourd'hui  leurs  ruines-,  à  quoi  auroit  fervi  cette  tour 
magnifique  bâtie  fur  le  prodigieux  vaiffeau  qui  avoit  ap- 
porté d'Egypte  le  grand  obélisque  ,  qui  étoit  dans  le  cir- 
que ,  Se  qu'on  avoit  enfoncé  &  maçonné ,  pour  fervir  de 
fondement  à  cette  fuperbe  tour,  qui  devoir  être  un  fécond 
phare  d'Alexandrie?  Tout  cela  auroit  été  inutile.fi  le  port 
avoit  été  fur  la  rivière,  à  près  de  deux  milles  de  la  mer.  Il 
faut  donc  convenir ,  ou  que  la  mer  s'eft  prodigieufement 
retirée ,  ou  que  le  limon  du  Tibre  a  augmenté  prodigieu- 
fement l'Ifle  Sacrée ,  Se  la  terre  ferme  des  deux  côtés  des 
deux  bouches  du  Tibre ,  ou  que  le  port  du  Tibre  n'a  ja- 
mais été  dans  le  lieu  où  l'on  fait  voir  fes  prétendus  vefti- 
ges.  11  y  a  deux  tours  de  garde  fur  la  côte  occidentale  de 
rifle  i  ôc  uneiroifiéme  fur  la  côte  orientale  de  la  terre 
ferme  ,  Se  dans  l'ifle  ôc  dans  la  terre  ferme  quelques  mé- 
chantes cabanes,  où  fe  retirent  les  pêcheurs  ,  les  pâtres, 
6c  ceux  qui  travaillent  au  fel  ,  avec  une  hôtellerie.  * 
Labat ,  Voyage  d'Espagne  ôc  d'Italie  ,  f.  S. p.  66. 

On  ne  fait  pas  au  jufte  dans  quel  tems  la  ville  de  Porto  a 
i;eçu  la  lumière  de  l'évangile.  Il  y  a  pourtant  toute  appa- 
rence que  faint  Pierre  ôc  faint  Paulyétablirentunévêquc 
immédiatement  après  en  avoir  établi  un  à  Oftie.  Le  père 
Labat  prétend  que  c'eft  de  cet  établi (Tement  fait  par  S. 
Pierre  &  par  S.  Paul  que  l'évéché  de  Porto  a  le  fécond 
rang,&  qu'il  eft  affedé  au  foudoyen  des  cardinaux,  mais 
il  fe  trompe.  Voici  la  véritable  origine  de  ce  titre.  La  ville 
de  Sainte  Rufine,  ou  deSilve-Candide,  ayant  été  ruinée 
au  commencement  du  douzième  fiécle ,  le  fiége  épis- 
copal ,  quifaifoitle  fécond  titre  des  cardinaux,  évéques 
afïirtans  du  fiége  apodolique  ,  fut  réuni  l'an  1120,  à 
celui  de  Porto  ,  par  le  pape  Callifte  II.  Le  pape  Sym- 
maque ,  dit  le  père  Labat ,-  fit  bâtir  un  hôpital  fameux 
dans  cette  ville  vers  la  fin  du  cinquième  fiécle ,  pour 
y  retirer  les  pèlerins  qui  alloient  à  Rome  ,  ou  ceux  qui 
y  alloient  attendre  les  embarquemens  pour  s'en  retourna 
chez  eux.  La  grande  tour  de  Péglife  cathédrale  eft  ce 
qui  a  réfifté  plus  long  tems  à  la  fureur  des  barbares, 
qui ,  ayant  maffacre  ou  fait  esclaves  les  habitans  qui 
ne  purent  échaper  ,  détruifirent  presque  entièrement 
la  ville.  Les  Romains  voyant  que  perfonne  ne  vouloir 
y  aller  demeurer ,  achevèrent  de  la  détruire  ,  ôc  de 
combler  le  port ,  afin  qu'il  ne  prît  plus  envie  aux  Bar- 


POR 


baies  d'y  revenir  &  de  s'y  établir.  La  mer  Se  le  Tibre 
ont  fi  bien  fécondé  leuis  dedans,  qu'on  ne  peut  voir 
fans  gémir  que  ce  port,  autrefois  fi  célèbre,  cette  ville 
épiscopale  fi  riche  ,  fi  marchande  ,  ayent  tellement  dis- 
paru ,  qu'on  ne  fait  plus  où  ils  ont  été.  Le  P.  Labat  finit 
l'on  article  de  Porto  par  une  nouvelle  erreur.  On  pré- 
tend ,  dit- il ,  que  Callifte  II  voyant  l'impoflîbilité  de 
rétablir  cette  ville ,  ôc  ne  voulant  pas  laider  anéantir 
le  titre  épiscopal ,  l'unit  à  celui  de  la  Forêt  Blanche  , 
autrement  des  Saintes  Rufine  ôc  Seconde  ,  martyres ,  en 
l'an  1 1 20.  Il  veut  dire  que  cette  union  fe  fit  en  1 1 20  , 
ce  qui  eft  vrai  ;  mais  ce  ne  fut  pas  l'évêche  de  Porto 
qui  fut  uni  à  celui  de  la  Forêt- Blanche,  ou  Silve- 
Candide  ,  mais  celui  de  Silve  -  Candide  ,  qui  fut  uni 
à  celui  de  Porto.  Voici  apparemment  ce  qui  a  trompé 
le  père  Labat.  Il  n'a  pu  croire  que  l'on  eût  uni  un  évê- 
ché  à  celui  d'une  ville  ruinée  ,  telle  que  fe  trouve  Por- 
to ,  où  l'on  ne  voit  qu'une  douzaine  de  pauvres  maifons  ; 
mais  il  ignorait  apparemment  que  la  ville  épiscopale  de 
Silve-Candide  étoit  encore  dans  un  pire  état  depuis  le 
douzième  fiécle. 

3.  PORTO,  ville  d'Italie  ,  dans  l'état  de  Venife  , 
fur  l'Adige  ,  au  Véronois,  environ  à  huit  lieues  au- 
dcffiis  de  Vérone,  en  tirant  vers  l'orient  méridional. 
Cette  ville  eft  fortifiée.  *  Magin  ,  Carte   du  Véronois. 

4.  PORTO,  Fortus  Romamts ,  ville  d'Italie,  dans 
la  Campagne  de  Rome.  Elle  eft  fituée  à  l'embouchure 
occidentale  du  Tibre.  Certe  ville  eft  presque  ruinée. 
Son  évêché  eft  le  fécond  des  fix  qu'optent  les  fix  plus 
anciens  cardinaux. 

5.  PORTO  ,  quartier  de  Naples,  qui  occupe  ce  qui 
faifoit  autrefois  le  port ,  que  Tite-Live  a  appelle  Por- 
tant. CapaaJJimum.  Langlet  du  Frestioy  ignorait  ce  chan- 
gement,  lorsque  dans  fa  méthode  pour  apprendre  la 
géographie  ,  il  a  dit  que  Naples  avoit  un  beau  port. 

PORTO  D'ASCOLI  ,  bor.ig  de  l'Etat  de  l'Eglife  , 
dans  la  Marche  d'Ancone ,  fur  le  golfe  de  Venife  , 
à  l'embouchure  du  Tronto  ,  aux  confins.de  l'Abruzze. 
*  Magin  ,  Carre  de  la  Marche  d'Ancone. 

PORTO  BARATTO ,  port  d'Italie  ,  fur  la  côte  de 
Toscane,  dans  la  principauté  de  Piombino,  à  cinq  milles 
de  la  ville  de  Piombino  ,  du  côté  de  l'occident.  On 
croit  communément  que  c'e/t  le  Pcpulonittm  des  anciens. 
Les  ruines  de  Populonia  en  font  peu  éloignées.  Ce  port 
n'eft  pas  fort  fréquenté  préfentemenr.  *  Magin  ,  Carte 
du  Florentin. 

1.  PORTO-BELO,  port  de  l'Amérique,  fur  la  côte 
feptentrionale  de  l'ifthme  de  Panama  ,  ôc  dans  la  pro- 
vince de  ce  nom.  Ce  fut  Chridophe  Colomb  qui  le 
découvrit.  Ce  port  lui  parut  fi  beau  ,  qu'il  lui  donna 
le  nom  de  Porto-Belo,  c'eft  à-dire  Port  Beau.  Il  y  entra 
le  2  de  Novembre  IJ04,  &  en  fortit  le  9  du  même 
mois.  Porto-Belo  eft  à  cinq  lieues  de  Nombre  de  Dios  , 
vers  l'occident.  Il  a  toutes  les  qualités  que  peut  avnh- 
un  bon  port.  Il  eft  vafte  Se  commode  :  l'abri  ôc  le  mouil- 
lage y  fonr  merveilleux  ,  6c  l'entrée  en  eft  étroite  >• 
le  fond  ,  qui  eft  propre  pour  retenir  les  ancres  ,  eft 
mou  Se  fablonneux  :  il  n'y  a  ni  roches ,  ni  baffes ,  6c 
la  mer  eft  haute  presque  contre  le  rivage  de  cinq  à 
fix  brades  au  milieu  du  porr.  Plufieurs  petites  rivières 
Se  ruiffeaux  y  descendent ,  ce  qui  fait  qu'on  y  peut 
faire  de  Peau  en  tout  tems.  Les  galions  d'Espagne  y 
chargent  les  tréfors  du  Pérou  ,  qu'on  y  conduit  de  Pa- 
nama par  terre.  *  Le  Pcre  de  Charlevoix,  Hift  de  Saint- 
Domingue,  t.  1.  p.  17. 

2.  PORTO  BELO,  ville  de  l'Amérique,  fur  la  cô- 
te feptentrionale  de  l'ifthme  de  Tanama  au  fond  du  port 
qui  lui  donne  fon  nom.  Latitude  feptentrionale  9  deg. 
34  min.  3 $  fécondes,  longitude  277  deg.  50  min.  fi 
l'on  compte  depuis  le  méridien  de  Paris  ;  Se  fi  l'on 
compte  depuis  le  Pic  de  Ténerif ,  par  le  296  deg.  41 
m.  Philippe  II,  roi  d'Espagne  ayanr  permis  qu'on  aban- 
donnât Nombre  de  Dios,  on  réfolut  de  bâtir  une  aune 
ville  fur  Porto-Belo,  à  laquelle  on  donnerait  le  nom 
de  Saint  Philippe;  mais  le  public  s'efi  obltiné  à  donner 
à  cette  ville  l'ancien  nom  du  porr.  Amonelli  ayant 
reçu  le  décret  du  roi ,  pour  bâtir  une  ville  à  Porto- 
Belo  ,  en  traça  l'enceinte ,  6e  fortifia  un  château.^  Il 
avoit  choifi  la  place  du  fécond  châreau  de  l'autre  côté 
du  port.  Les   fondemens   croient  à    peine  jettes  que 


POR 


François  Drake  entra  avec  ù  flotte  dans  le  port  :  cet 
inconvénient  penfa  faire  tout  abandonner;  mais  lorsque 
les  Anglois  fe  furent  retirés,  on  continua  ôc  on  l'acheva. 
Les  habitans  de  Nombre  de  Dios ,  qui  en  délogèrent 
après  fa  ruine ,  accrurent  de  quantité  de  ma'fons  la 
ville  de  Saint  Philippe,  Wiliams  Parker  ,  étant  parti 
d'Angleterre  en  1 59  i  avec  deux  navires  &  une  barque, 
ôc  deux  cens  foldats ,  la  furpric  ôc  la  pilla  pendant 
tout  un  jour,  après  quoi  il  ramena  fa  troupe  dans  fes 
vaifTeaux  fans  faire  aucun  dommage  à  la  ville  ,  ôc  fans 
en  avoir  reçu  beaucoup  du  château ,  en  fe  retirant.  Il  y 
avoir  déjà  deux  églifes  bâties  dans  ce  tems-là  ,  fix  ou 
fept  rues  garnies  de  maifons  des  deux  côtés,  ôc  plufieurs 
boutiques  d'artif  ans.  On  y  a  bien  fait  des  augmentations 
depuis,  tant  pour  l'embelliflement  que  pour  ladéfenfe. 
*  De  L.iec,  Defcription  des  Indes  orientales  ,  1.  8.  c.  j 

Aujourd'hui  il  y  a  un  bon  fort  fur  la  droite  du  port 
ôc  une  plateforme  à  la  gauche  :  ce  qui  défend  l'entrée. 
La  ville  elt  baric  au  fond  du  port  en  manière  de  croiflant , 
fur  le  milieu  duquel ,  ôc  tout  auprès  de  la  mer  ,  il 
y  a  un  autre  petit  fort  affez  bas ,  environné  de  maifons 
du  côté  de  !a  phee.  A  fon  oueft ,  ôc  à  cent  cinquante 
pas  on  environ  du  rivage  ,  l'on  en  voit  un  autre  affez 
grand  ôc  bien  conftruit ,  fur  une  petite  éminence  ;  mais 
il  eft  commandé  par  une  montagne  voifine ,  dont  le 
chevalier  Henri  Morgan  fe  fervit  pour  le  prendre.  Il 
peut  y  avoir  dans  tous  ces  forts  deux  ou  trois  cens 
foldats  Espagnols  en  garnifon.  La  ville  eft  étroite  ôc 
longue  :  il  y  a  deux  rues  principales ,  outre  celles  qui 
croifent ,  avec  une  petite  place  d'armes  au  milieu  ,  qui 
eft  environnée  d'aifcz  jolies  maifons.  Les  autres  ne  font 
pas  laides,  non  plus  que  les  églifes,  ôc  tous  ces  bâtimens 
font  faits  à  la  manière  d'Espagne.  Il  n'y  a  ni  murailles ,  ni 
ouvrages  de  dehors  à  cette  ville,  ôc  l'on  trouve  à  l'eft 
le  grand  chemin  qui  conduit  à  Panama  ,  avec  une 
longue  écurie  ,  qui  s'étend  au  nord  &  au  fudde  Portobel , 
dont  elle  n'eft  pas  féparée.  D'ailleurs, le  paffage  le  plus 
court  feroit  au  fud  de  la  ville;  mais  les  monragnes 
qu'il  y  a  de  ce  côté-là  s'y  oppofent ,  &  font  un  obftacle 
infurmontable.  Quoi  qu'il  en  foit,  cette  écurie  eft  deftinée 
pour  les  mules  du  roi,  qui  vont  d'ici  à  Panama.  La 
maifon  du  gouverneur  eft  tout  auprès  du  grand  forr ,  fur 
la  même  éminence  ,  ôc  à  l'oueft  de  la  ville.  Entre  la 
phee  d'armes  ôc  certe  maifon  ,  il  y  a  un  petit  ruifleau 
fur  lequel  on  a  bâti  un  pont  ;  ôc  à  l'eft  ,  proche  de 
l'écurie,  il  y  en  a  un  autre  d'eau  douce- L'air  eft  mau- 
vais à  Porto  Belo  :  auili  le  terrein  y  eft-il  bas  ôc  ma- 
récageux à  l'eft ,  ôc  lorsque  la  mer  fe  retire  ,  on  voit 
fur  le  rivage  une  bourbe  noire  ôc  puante ,  qui  ne  peut 
qu'exhaler  de  pernicieufes  vapeurs  dans  un  climat  auiïï 
chaud  que  celui-ci.  Au  fud  ôc  au  nord  ,  le  terrein  s'élève 
,  infenfiblement  jusqu'au  fommet  des  montagnes ,  qui  font 
en  partie  couvertes  de  bois ,  ôc  en  partie  de  favanes  ; 
mais  il  n'y  a  pas  beaucoup  d'arbres  fruitiers  »  ni  de 
plantations  près  delà  ville.  *  Wufcr ,  Defc.  de  l'Ifthme 
de  l'Amérique  ,  p.  jj. 

L'air  eft  mauvais  à  Porto-Belo,  non-feulement  pour 
les  étrangers ,  mais  même  pour  les  gens  du  pays  :  il 
n'y  a  pas  plus  de  vingt  ans  qu'il  étoit  rare  qu'une  femme 
y  accouchât  heureufement.  Les  chaleurs  y  fonr  exces- 
fi  ves  dans  la  ville ,  qui  eft  toute  environnée  de  montagnes. 
Il  y  a  des  orages,  des  éclairs  &  des  tonnerres  épouvan- 
tables dont  le  bruit  elt  augmenté  par  les  échos  du  voi- 
finage.  Les  fréquentes  maladies  auxquelles  on  eft  fujet 
à  Porto-Belo  ne  viennent  pas  feulement  de  la  chaleur 
du  climat  ;  les  fatigues  extrêmes  qu'on  effuie  quand 
on  embarque  fur  les  galions  les  effets  deftinés  pour 
l'Espagne  ,  y  contribuent  beaucoup  ,  parce  que  les  ou- 
vriers ont  recours  à  l'eau- de-vie. 

Les  Anglois  trouvèrent  les  châteaux  fi  dépourvus  de 
tout  ce  qui  eft  néceffaire  pour  la  défenfe  d'une  place , 
qu'ils  n'eurent  aucune  peine  à  s'en  emparer,  fous  la  con- 
duite de  l'amiral  Wernon  en  1740.  Il  en  ruina  toutes 
•  les  fortifications.  *  Relacion  hiftorica  delviagea  la  Ame- 
rica méridional ,  par  Don  Juan  ,  y  Don  Ant.  de  Ulloa, 
primera  parte  ,  tom.  primero. 

POllTO  BOTA  ,  port  de  l'ifle  de  Sardaigne  ,  fur- 
là  côte  méridionale  de  cette  îfle  ,  entre  le  cap  Tolar 
à  l'orient,  &Paringiano  à  l'occident ,  vis-à-vis  de  l'ifle 


POR      1065 

Vacca,  ou  Buccina.  La  pointe  orientale  qui  forme  ce 
port ,  s'appelle  Pointe  Bota ,  ôc  celle  qui  eft  à  l'occi- 
dent le  nomme  Budelo.  *  Carte  de  l'ifle  de  Sardaigne  , 
chez  Van  Keulen. 

PORTO  DELLE  BOTTE ,  ou  Amplement  Le  Bot- 
te ,  port  de  la  Morée,  fur  la  côte  de  Brazzo  di  Maina  , 
entre  Napoli  di  Romania  au  nord ,  &  Malvafia  au 
midi.  Il  iemble  que  De  1  Ifle  ,  dans  fa  carte  de  la  Grèce , 
nomme  ce  port  Porto  Boe.  Ce  port  a  une  ville  auffi  nom- 
mée Porto  Botte  ,  &  la  Guïlletiere  ,  (  Athènes  Ane, 
&  Mod.  p.  399.  )  veut  que  ce  foit  l'ancienne  ville  de 
Cyphanta.  Niger  elt  auffi  de  ce  fentiment.  *  Biaevj . 
Atlas. 

PORTO-CAGLIE  ,  port  de  la  Morée  ,  dans  le  Braz- 
zo di  Maina ,  à  fept  lieues  du  cap  Matapan ,  du  côté 
de  l'orient  feptentrional.  L'ancrage  de  ce  port  eft  ex- 
cellent ,  ôc  il  ne  craint  que  le  feul  vent  de  fud-cft. 
Pour  entrer  dans  ce  port ,  il  faut  tenir  le  côté  du  fud: 
on  y  trouvera  feize  brafles  de  fond  ;  mais  vers  le  côté 
du  nord ,  à  une  portée  de  piftolct  de  terre ,  il  faut 
prendre  garde  à  un  rocher  d'autant  plus  dangereux 
qu'il  eft  presque  à  fleur  d'eau.  Il  y  a  fur  le  bord  de 
ce  port  un  bourg  de  même  nom,  qui  eft  fort  gros, 
ôc  qui  a  une  des  plus  belles  fontaines  qui  foient  au 
monde.  Il  s'appelloit  autrefois  Teittbrone.  C'étoit  une 
colonie  d'Athéniens.  C'eft-là  que  la  côte  fait  un  grand 
arc  dans  les  terres  ,  pour  former  le  golfe  de  Colo- 
china  ,  appelle  anciennement  le  golfe  de  Laconie.  Porto 
C./ghe ,  ou  Porto  délie  Quaglie ,  a  été  ainfi  nommé  à 
caufe  de  la  quantité  des  cailles  qui  s'y  aflemblent  tous 
les  ans.  *  La  Guilletiere ,  Athènes  Ane.  ôc  Nouv. 
p..  $6. 

De  Porto-Caglie ,  le  rivage  courant  au  nord ,  on 
trouve  au-delà  du  lieu ,  que  les  anciens  nommoient 
l'Autel  de  Jupiter,  deux  gros  ruiffeaux ,  où  les  barques 
ont  accoutumé  d'alier  faire  de  l'eau.  Celui  qui  gît  au 
nord-eft  à  l'égard  de  l'autre  ,  conferve  encore  aujour- 
d'hui les  qualités  de  fes  eaux ,  qui  paffoient  ancienne- 
ment pour  les  plus  pures,  les  plus  délicieufes ,  ôc  les 
moins  fujettes  à  fe  corrompre  qui  fuflent  dans  toute 
la  Grèce.  Ce  ruifleau  eft  appelle  Potamo  par  les  ha- 
bitans ;  ce  qui  lignifie  Amplement  rivière.  Pyrrhus  l'ap- 
pella  autrefois  Scyras,  du  nom  de  l'ifle  de  Scyros ,  où 
il  s'étoit  embarqué,  quand  il  paffa  dans  la  Laconie  pour 
les  noces  d'Hermione.  Au-delà  de  ce  ruifleau  la  côte 
forme  un  golfe  ,  où  l'on  voit  le  bourg  de  Pagana. 

PORTO  CESENATICO ,  port  d'Italie  ,  dans  la 
Romagne,  au  nord  de  Rimini.  Olivier  croit  quec'eft 
ce  que  les  anciens  ont  appelle  Ad  Novas.  *  Jtal.  ant. 
p.  299. 

PORTO-DEL-CASTELLACIO,  ou  Casteliaz- 
zo  ,  port  de  l'ifle  de  Sicile,  dans  le  val  de  Noto  ,  fur 
la  côte  méridionale  de  l'ifle  ,  à  dix  milles  du  cap  de 
Paffaro,  vers  l'occident.  Caftellazzo  qui  donne  le  nom 
àce  port  ,eft  un  château  ruiné.  Corneille  Dirl.  dit  que 
Porto  del  Cafiellacio  eft  YOdyscia  des  Grecs,  &  YUlyffls 
Portitsdes  Latins.  Cependant  la  plupart  des  géographes 
en  font  deux  lieux  différens.  Leander  entre  autres  dit 
qu  Ulyffïs  Portus  eft  Cabo  Rascaranchi ,  ôc  qu'Odyffca 
eft  Porto  de  Pâli.  Voyez.  Odyssea  ôc  Ulyssis  Por- 
tus. 

PORTO  CONSTANZA  ,  port  de  l'ifle  de  Chypre, 
avec  un  bourg  ou  village  qui  lui  donne  fon  nom.  Il  eft 
fitué  fur  la  côte  ,  près  de  Famagoufte,  du  côté  du  nord. 
On  croit  que  c'eft  l'ancienne  Salamis ,  qui  s'appelloit 
Conflantia,  félon  Etienne  le  géographe. 

PORTO  CRQS  ,  ou  Porte  Cros  ,  ifle  de  France  , 
dans  la  mer  Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  Provence. 
C'eft  la  féconde  des  ifles  d'Hieres ,  anciennement  nom- 
mée Mcfe ,  c'eft -à-dire  decelledu  milieu  ,011  Mediana , 
comme  on  l'appella  aprèsl'abolition  de  lalanguegrecquc 
dans  ce  pays.  Cette  ifle,  qui  eft  tout  près  de  l'ifle  de 
Bagneaux  ,  ôc  qui  eft  la  plus  haute  des  ifles  d'Hieres , 
a  du  côté  de  l'ifle  de  Bagneaux  un  petit  enfoncement 
qu'on  appelle  Porto  Cros  ,  ôc  qui  a  donné  fon  nom  à 
l'ifle.  On  y  peut  mouiller  fix  à  huit  galères ,  mais  fort 
preffées.  Il  y  a  trois  à  quatre  brades  d'eau  fuivant  les 
endroits  :  le  traverfier  de  ce  mouillage  eft  le  vent  de 
nord  oueft.  Il  faut  s'approcher  du  côté  de  la  droite  en 
entrant,  où  eft  te  plus  profond:  on  tourne  la  poup; 


POR 


1 064» 

vers  le  fond  de  l'ance ,  &  une  bonne   ancre  vers  le 
nord  ouell ,  &  des  amarres  à  terre.  L'ifle  de  Porto-Cros 
efl  fort  haute  &  remplie  de  bruscages.  Il  y  a  fur  la  pointe 
<iu  nord-oueft  de  l'entrée  du  port  une  petite  foncreffe , 
Se  au-deflus  un  fort  à  étoile,  avec  une  tour  au  milieu. 
Dans  le  fond  de  l'ance  ,  il  y  a  un  grand  jardin  ,  dans 
lequel  on  peut  faire  de   l'eau.  A  la  pointe  où  cil  le 
château  ,    il  y  a   quelques  féquans  qu'il   faut  éviter , 
quoiqu'ils  ne  foient  pas  loin.  On  peut  aufli  mouiller 
dans  une  néceffué  entre  ces  deux  ifles,  proche  de  celle 
de  Bagneaux,  par   quinze  à  feize  brafles  d'eau,  fond 
d'herbe  vafeux  ,  ayant  une  amarre  à  rerre,  pour  être 
à  couvert  des  vents  d'ouell  &  nord-ouell  ,  qui  font  les 
traverfiers  de  Porto-Cros.  On  peut  paffer  avec  toute 
forte  de  bâtimens  entre  ces  deux  ifles ,  où  il  y  a  plus 
de  vingt    brafles  d'eau.   De  l'autre   côté  du  château, 
vers  le  nord-eft ,  il  y  a  un  gros  rocher  ,  derrière  lequel 
on  trouve  un   peu  d'enfoncement ,  &  une  petite  plage 
de  fable  ,  où  dans  un  befoin  on  pourroit  mouiller  avec 
deux  galères ,  par   quatre   à   cinq  brades  d'eau ,  fond 
d'herbe  vafeux.   Il  n'y  a  que  le  vent  nord-nord-oueft 
qui  y  donne.  On  trouve  dans  cet  endroit  une  fource 
d'affez  bonne  eau.  *  Longuerue ,  Defcription  de  la  France, 
p.  361.  Michelot,  Port,  de  la  Médit,  p.  j§. 
PORTO-ERCOLE.  Voyez.  Porto  Hercule. 
PORTO  ESCONDEDO  ,  ou  Port  Royal,  port  de 
l'Amérique  feptentrionale  ,  dans  la  baie  de  Campéche, 
fur  la  côte  du  Yucatan.  C'eft  une  grande  entrée  dans 
un  lac  falé  ,  qui  peut  avoir  neuf  ou  dix  lieues  de  lon- 
gueur ,  fur    trois   ou    quatre   de  largeur  ,  avec   deux 
embouchures ,  une  à   chaque  bout.  L'entrée  du  Port- 
Escondedo  ou  du  Port  Royal ,  a  une  barre  fur  laquelle 
on  trouve  neuf  ou    dix    pieds  d'eau.    Au  delà  on  a 
beaucoup  plus  de  profondeur,  &  l'ancrage  y  efl  bon 
de  l'un  Se  de  l'autre  côté.  L'entrée  peut  avoir  un  mille 
de  large  ,  &  deux  de  long ,  &  il   y  a  de  fort  jolies 
baies  fablonneufes  à  droite  &  à  gauche,  où  l'on  peut 
aborder  commodément.  Les  vaiffeaux  mouillent  d'or- 
dinaire du  côté  de  l'eft,  après  Champeton,  tant  pour 
éviter  des  puits  qui  ont  été  creufés  par  les  boucaniers 
Se  les  coupeurs  de  bois ,  que  pour  être  plus  à  l'abri  du 
courant  de  la  marée  qui  efl  là  très-violente.  Cet  endroit 
efl  remarquable ,  parce  que  la  terre  s'y  détourne  tout 
d'un  coup  vers  l'ouefl,  &  s'éteroi  ainfi  l'espace   de  6$ 
ou  70  lieues.  L'ifle  de   Port  Royal    fait  un  des  côtés 
de  l'embouchure,  Se  le  continent  fait  l'autre.  Elle  a  en- 
viron deux  milles  de  largeur,  Se  trois  de  longueur,  &e 
s'étend  à  l'eft  &  à  l'ouell.  La  partie  orientale  de  cette 
ifle  ell  fablonneufe  :  il    n'y  a  ptesque  point  de  bois  ; 
mais  on  y  trouve  une  espèce   de  bardane  qui  porte 
de  petits  boutons  de  la  groffeur  d'un  pois  gris ,  Se  qui 
font  fort  incommodes  pour  ceux  qui  marchent  nuds 
pieds.  Il  y  a  quelques  buiffons  de  bois  burton  ,  Se  un 
peu  plus  avant  vers   l'ouefl ,  on  voit  de  grands  fapa- 
dillos  ,  dont  le  fruit  efl  long  Se  fort  agréable.  Le  refle 
de  l'ifle  efl  plus  garni  d'arbres  fur-tout  au  nord,  où 
le  pays  efl  couvert  de  mangles  blancs  jusqu'au  rivage. 
A  l'ouefl  de  cette  ifle,  il  y  en  aune  autre  petite  Se 
baffe ,  qu'on  nomme  Trifi.  Une  crique  falée  les  fépare  ; 
mais  elle  efl  fi  étroite  qu'à  peine  un  canot  y  peut  il  nager. 
L'ifle  de   Trifl  efl  en  quelques  endroits  large  de  trois 
milles ,  &  longue  de  ptès  de  quatre ,  Se  s'étend  vers 
l'eft  Se  l'ouefl.  Sa  partie  orientale  efl  marécageufe ,  & 
pleine  de  mangles  blancs.  Son  fud  efl  à  peu  près  de 
même.  L'ouefl  êfl  fec  Se  fablonneux ,  &  produit  une 
forte  d'herbe  longue,  qui  vient  en  toufes  aflez  min- 
ces. C'efl  une  espèce  de  Savana ,  où  il  croît  quelques 
palmiers  qui  font  fort  gros,  mais  fort  bas.  Le  nord- 
ouefl  efl  rempli  de  buiflons,  de  planes,  de  cocos,  Se 
de  quelques  arbres  qui  portent  des  raifins.  A  l'ouefl  de 
cette  ifle  ,  tout  contre  la  mer ,  à  cinq   ou  fix  pieds 
dans  le  fable ,  on  trouve  de  bonne  eau  douce.  Si  l'on 
creufe  trop  avant ,  on  trouve  l'eau  falée.  *  Dampier , 
Voyage  à  la  baie  de  Campéche,  p.  75. 

La  féconde  embouchure  qui  conduit  dans  ce  lac ,  que 
Robert  de  Vaugondy,  Atlas  ,  appelle  Lac  de  Tris, 
efl  entre  l'ifle  de  Trifl  &  l'ifle  des  Bœufs  ,  &  peut  avoir 
trois  milles  de  large.  Elle  efl  pleine  de  bancs  de  fa- 
ble au  dehors,  &  il  117  a  que  deux  canaux  pour  y 
entrer.  Le  plus  profond  a  douze  pieds  d'eau  dans  le 


POR 


terns  des  hautes  marées ,  &  il  efl  verslemileu  deTem» 
bouchure.  Le  canal  de  l'ouefl  a  près  de  dix  pieds  d'eau  , 
&  il  n'efl  pas  fort  éloigné  de  l'ifle  des  Bœufs.  On  y 
entre  par  une  brife  de  mer ,  la  fonde  toujours  à  la 
main  ,  Se  il  faut  fonder  du  côté  de  l'ifle  des  Bœufs. 
Le  fond  efl  de  vafe ,  &e  l'on  y  trouve  plus  d'eau  in- 
fenfiblement  &  par  degrés.  Lorsqu'on  efl  avancé  jus- 
qu'à la  pointe  de  l'ifle  des  Bœufs ,  on  a  trois  braffes 
d'eau;  alors  on  peut  tourner  vers  Trifl,  jusqu'à  ce 
qu'on  foit  près  du  rivage  où  l'on  peut  mouiller  à  fon 
choix.  L'ancrage  efl  bon  par  tout  au-delà  de  la  barre , 
entre  Trift  Se  l'ifle  des  Bœufs  -,  mais  la  marée  y  eft 
beaucoup  plus  forte  qu'à  Port-Royal.  Les  Espagnols 
nomment  cette  féconde  embouchure  Lagana-T errnma , 
ou  le  lac  des  Marées ,  à  caufe  qu'elles  y  font  extrê- 
mement fortes.  Les  petits  vaiffeaux  ,  comme  les  bar- 
ques, les  pirogues  &e  les  canots,  peuvent  naviger  fur 
tout  ce  lac,  &  traverfer  d'une  embouchure  à  l'autre, 
ou  bien  aller  dans  les  criques ,  rivières  ou  autres  pe- 
tits lacs  qui  fe  déchargent  dans  celui  ci  ,  Se  qui  font 
en  grand  nombre.  La  première  rivière  confidérable 
qu'on  trouve  à  l'eft  de  ce  lac  ,  lorsqu'on  entre  à  Por- 
to-Escondedo  ou  Fort-Royal ,  eft  celle  de  SammaJ en- 
ta. 

PORTO-FARINA ,  ou  Port-Farine  ,  port  d'Afri- 
que ,  fur  la  côte  de  la  mer  Méditerranée ,  au  royau- 
me de  Tunis.  Marmol  ,  Royaume  de  Tunis  ,  /.  6.  c.  14. 
dit  :  Entre  la  ville  de  Biferte  &  le  promontoire  de  Car- 
thage  il  y  a  un  défert  qu'on  nomme  communément 
Port  -Farine  ,  ou  dans  la  langue  du  pays  Garel-Mel- 
ha  ;  on  voit  d'un  côté  de  ce  pott  les  ruines  d'une 
ancienne  ville  ,  qu'on  dit  être  Utique  ,  fi  fameufe  par 
la  mort  de  Caton.  Elle  fut  détruite  par  les  fucceffeurs 
de  Mahomet,  &  ne  s'eft  jamais  repeuplée  depuis, 
quoiqu'il  y  ait  autour  quantité  de  villages  de  Berbè- 
res ,  qui  parlent  un  arabe  corrompu  ,  &  font  vaflaux 
du  royaume  de  Tunis.  Les  vaiffeaux  qui  navigent  le 
long  de  la  côte  font  aiguade  dans  ce  porr ,  &  c'eft  où 
aborda  l'armée  de  Charles  V ,  quand  il  alla  attaquer 
Tunis. 

1.  PORTO-FERRAIO,  Tonus  Ferratus ,  que  quel- 
ques-uns appellent  CosMoron ,  ville  d'Italie ,  dans  l'ifle 
d'Elbe ,  fur  la  pointe  de  l'ouefl  d'une  grande  baie  qui 
lui  donne  fon  nom.  C'efl  une  petite  ville  fort  jolie , 
fituée  fur  une  longue  pointe  fort  haute,  &  escarpée 
presque  de  toutes  parts.  Elle  efl  cenfée  la  capitale  de 
l'ifle ,  &  elle  appartient  au  grand  duc ,  qui  l'a  fait 
fortifier  Se  qui  y  entretient  une  garnifon  confidérable. 
Voyez.  Elbe.  Elle  a  une  bonne  citadelle  Se  un  bon 
porr.  Voyez  l'article  fuivanr. 

2.  PORTO  FERRAIO,  port  d'Italie,  fur  la  côte 
de  l'ifle  d'Elbe.  C'efl  une  grande  baie ,  fituée  au  nord 
de  l'ifle  ,  Se  qui  a  environ  quatre  milles  de  longueur  , 
fur  deux  de  largeur.  Sur  la  pointe  de  l'ouefl  ou  de  la 
droite  en  entrant ,  eft  la  ville  de  Ferraio.  Cette  pointe 
ell  une  presqu'ifîe.  Sur  fes  deux  extrémités  font  deux 
forterefles   très-confidérables    par   leur    fituarion.   Du 
côté  du  nord  de  la  ville ,  environ  cinq  cens  roifes ,  il 
y  a  une  petite  ifle  ronde  ;  Se  l'on  peut  paffer  à  rerre 
de  cette   ifle   fans  crainte ,  en  paffant  à  demi-canal  ; 
mais  au  nord  de  cette  ifle  ,  à  une  demi-longueur  de  ca- 
ble ,  il  y  a  quelques  roches.  Du    côté  du  fud  de  la 
ville  &  dans  cette  baie  ,  il  y  a  un  port  qui  ferme  à 
chaîne.  On  y  peut  mettre  cinq  à  fix  galères   fort  ai- 
fément,  y  ayant  trois  à  quatre  brafles  d'eau.    Quand 
on  veut  aller  mouiller  à  Porto-Ferraio,  il  ne  faur  pas 
ranger  à  plus  de  deux  longueurs  de  cable  la  pointe  de 
la  ville  :  enfuite,  tournant  à  l'entour,  venir  mouiller 
vis-à-vis  d'une  tour ,  qui  eft  à   l'entrée   du  mole  qui 
s'avance  en  mer;  on  y  efl  par  fix  à  fept  brafles  d'eau, 
fuivanr  les  endroits.  Ordinairement   la  commandante 
Se  quelques  autres   galères ,  portent  des    amarres  au 
pied  de  cette  tour  ou  de  l'autre  côté  du  mole  :  le  fond 
y  efl  très-bon  -,  il  efl  d'herbe  &  de  vafe.  Les  autres  ga- 
lères mouillent  aux  environs.  Les  vaiffeaux  mouillent 
un  peu  plus  au  large ,  pour  être  plus  près  pour  appa- 
reiller. C'efl  cette  tour  qui  falue  ou  qui  rend  le  falut 
en  entrant.  La  latitude  de  Porto-Ferraio  efl  de  43  deg. 
fi  min.  Se  la  variation  de  près  de  fept  vers  le  nord- 
oueft.  Du  côté  de  l'ouefl  de  la  ville  il  y  a  quelques  fa- 

ljnes 


POR 


iines    dans  un  bas  rerrein  i  Se  quelques  autres  au-de- 
dans  d'une  pointe ,   en  allant  vers  le  fond  de  la  baie. 
Lorsqu'on  vient  mouiller  dans  ce  port,  il  ne  faut  pas 
trop  s'approcher  du   côté  de  la  ville    où  eft  ce   bas 
terrein  ,  car  il  n'y  a  point  d'eau  j  ni  aller  trop  avant 
dans  la  baie,  quoiqu'il   y  ait   un  grand  espace  ;  mais 
bien  à  trois  ou  quatre  cables  de  la  tour  ,    dont  il  a 
été  parlé.  On  va  faire  de    l'eau  de  l'autre  coté  de  la 
baie  ,  près  d'une  pointe  de  rochers  qu'on  voit  à  la  rive 
de  la  mer.  Lorsqu'on  eft  mouillé  à  l'entrée  du  port , 
on  ne  peut  voir    la  mer    du  large.   Il  n'y  a  que  les 
vents  de  nord-oueft   &    de    fud-oueft  qui  incommo- 
dent j  mais  ils  ne  peuvent  caufer  de  grotte  mer,  parce 
qu'ils  viennent  par-deflus  la  terre.  Environ  un  bon  mille 
vers  le  nord-oueft-quart-d'oueft  de  !a  pointe  de  la  ville 
de  Porto- Ferrai©  ,  il  y  a  une  grotte  pointe,  proche  de 
laquelle   font    deux   féches  ,  éloignées  d'environ  deux 
longueurs  de  cable  ,  où  la  mer  brife  quelquefois.  *  Mï- 
tbelot  ,  Port,  de  la  Médit,  p.  loi. 

i.  PORTO  FINO  (  Le  mont  ).  On  nomme  ainfi  une 
grotte  pointe,  fur  la  côte  de  Gènes,  environ  fix  milles 
à  l'oueft  de  la  pointe  du  Porto  Fino.  LemontPorto- 
Fino  paroït  de  loin  de  figure  ronde ,  Se  il  eft  fort  es- 
carpé de  toutes  parts.  Entre  ce  mont  qui  eft  à  l'eft , 
ce  (ont  de  hautes  terres  fort  escarpées.  Presqu'au  mi- 
lieu de  l'espace  qui  eft  entre  deux  ,  il  y  a  un  couvent 
de  religieufes ,  Se  quelques  maifons  auprès:  on  appelle 
cet  endroit  Fortoza.  Il  eft  fur  le  bord  de  la  mer.  *  Mi* 
cbcloc ,  Porr.  de  la  Médit,  p.  93. 

2.  PORTO-FINO,  pointe  de  la  côte  de  Gènes.  Elle 
fait  l'entrée  du  golfe  de  Rapallo  ,  Se  eft  facile  à  re- 
counoïtre  par  quelques  tours  Se  par  un  petit  fort  carré , 
qui  eft  fur  le  haut  ■>  outre  qu'on  y  voit  une  chapelle 
entre  deux  rochers ,  comme  une  espèce  de  coupure. 
Cette  pointe  eft  escarpée  de  toutes  parts  6c  batte  à  fon 
extrémité.  On  la  peut  ranger  de  fort  près.  *  Michelot , 
Porr.  de  la  Médit,  p.  94. 

3.  PORTO  FINO,  port  de  la  met  Méditerranée, 
fur  la  côte  de  Gènes.  Ce  n'eft  proprement  qu'une 
petite  calangue ,  fituée  entre  deux  montagnes,  en  de- 
dans de  la  pointe  appellée  autti  Porto-Fino ,  environ 
à  un  quart  de  lieue.  Elle  a  près  de  cent  quarante  toifes 
de  long ,  &c  foixante  Se  dix  de  large.  On  n'en  peut 
découvrir  l'entrée ,  à  moins  d'en  être  presque  par  fon 
travers.  On  voit  fur  le  haut  de  la  pointe  de  la  gau- 
che en  entrant  un  petit  fort  presque  carré  ,  armé  de 
quelques  canons,  Se  fur  la  droite  du  port  eft  le  vil- 
lage Porto-Fino  ,  où  tout  le  long  il  y  a  un  quai ,  avec 
des  piliers  pour  amarrer  les  bâtimens.  On  y  peut 
mettre  fept  à  huit  galères  ;  fi  elles  avoient  les  rames 
tirées  en  dedans  pour  occuper  moins  d'espace  ,  on  en 
pourroit  ranger  jusqu'à  douze.  A  l'entrée  du  port , 
il  y  a  dix  à  douze  brattes  d'eau ,  Se  trois  à  quatre  par 
le  milieu,  fond  d'herbe  vafeux.  La  commandante 
mouille  le  fer  de  la  droite  à  l'entrée  du  port ,  par  dix 
à  douze  brattes  d'eau  :  elle  tourne  la  poupe  dans  le 
fond  ,  Se  refte  le  long  du  quai ,  où  l'on  porte  des 
amarres  de  poupe  Se  de  proue.  Les  autres  galères  fe 
rangent  de  la  même  façon  auprès  d'elle.  On  porte  les 
amarres  dans  le  fond  du  port,  à  quelques  écueils  qui 
y  font.  Il  n'y  a  que  le  vent  de  nord  eft  qui  donne  dans 
l'enttée  du  port.  Une  peut  caufer  de  grotte  mer,  d'au- 
tant qu'il  vient  du  côté  de  terre.  On  ne  fauroit  dé- 
couvrir la  mer  du  large  ,  lorsqu'on  eft  dans  ce  port , 
qui  n'eft  propre  que  pour  les  galères  de  les  barques  ; 
car  les  vaitteaux  y  feraient  trop  engagés  Se  trop  res- 
ierrés.  On  va  faire  de  l'eau  dans  une  calangue  ,  hors 
du  port,  environ  à  un  quart  de  lieue,  dans  le  golfe  de 
Rapallo,  où  il  y  a  une  plage  Se  quelques  magafins. 
Sur  la  pointe  droite  de  cette  calangue ,  il  y  a  un  petit 
fort  carré.  *  Michelot  >  Portulan  de  la  Méditerranée , 
p.  94. 

4.  PORTO-FINO  ,  Delpbim-Portus ,  bourg  d'Ita- 
lie, fur  la  côte  de  Gènes,  à  quinze  ou  feize  milles 
à  l'orient  de  la  ville  de  Gènes.  Voyez  l'article  précé- 
dent.  Porto-Fino,  dit  le  père  Labat,  Voyage  d  Italie, 
t.  3.  p.  14.  eft  un  méchant  bourg  ou  village,  qu'on 
a  pouttant  honoré  du  titre  de  ville.  Il  croit  qu'il  n'y 
a  pas  plus  de  foixante  ou  quatre-vingt  maifons  ,  bâties 
de  pierres  ,  Se  dont  les  portes  1  les  fenêtres  Se  les  toits 


POR       io6f 

font  de  lavagne ,  espèce  d'ardoife  noire ,  que  l'on  tire 
dans  les  carrières  du  pays,  de  telle  épaiffeur  Se  gran- 
deur que  l'on  veut.  11  y  a  quelques  reftes  de  fortes 
murailles  du  côté  du  porr,  Se  un  château  fur  un  ro- 
cher escarpé  a  une  de  fes  extrémités. 

PORTO  FORMOSO,  port  de  l'Amérique  fepten- 
trionale  ,  lue  la  côte  orientale  de  lifle  de  Terre-Neuve. 
Il  eft  a  une  lieue  de  celui  de  Rtnonlè  ,  &  à  46  dcg. 
4j  min.  de  latitude  nord.  Ce  p  m ,  qui  entre  plus  de 
quatre  lieues  dans  les  terres  vers  l'oueft  ,  peut  conte- 
nir de  fort  grands  vaifleaux.  *  De  Laêt ,  Defc.  des 
Indes  occ.  1.  2    c.  3. 

PORTO  DELLEFORNAU,  ou  Porto-del-PÔ  , 
port  d'Italie,  fur  le  golfe  de  Venil'e  ,  dans  le  Folclin 
de  Rovigo,  à  l'embouchure  de  la  principale  bi anche 
du  lJô,  appellée  délie  Fornaci.  Ce  n'eft  plus  pré'fénre* 
ment  un  port,  parce  qu'il  eft  tout  comblé  'de  fable* 
Se  que  ce  bras  du  Pô  fe  décharge  en  grande  partie 
d'un  autre  côté. 

PORTO-DLFOSSONE  ,  ou  Porto-del-Adige  , 
port  d'Italie ,  fur  le  golfe  de  Venife  ,  à  l'embouchure  de 
î'Adige. 

PORTO-GALETTE,  petite  ville  d'E, pagne,  dans 
la  Biscaye,  près  de  l'Océan,  fur  le  bord  d'une  rivière 
qui  la  baigne,  après  avoir  patte  à  Bilbao,  Se  qui  entre 
jusque  dans  les  maifons.  *  Délices  d' Lipagne ,  pag. 
99- 

PORTO-DI-G ALIERA  ,  port  fur  ia  côte  occidentale 
de  l'ifle  de  Corfe.  Du  côté  de  l'eft  de  Girelarte ,  Se  au 
derriete  d'une  pointe- ,  il  y  a  un  petit  enfoncement  :  c'eft 
ce  qu'on  appelle  Porto-dt-Galiera  :  on  y  peut  mouiller 
par  les  vents  de  nord -eft.  Auprès  de  ce  port ,  en  allant 
au  nord  eft  ,  il  y  a  une  grotte  pointe ,  nommée  Cupo 
Cavalloy  fut  le  haut  de  laquelle  on  voit  une  tour  de 
garde.  Proche  de  cette  pointe  eft  un  gros  écueil.  On 
voie  enftiire  une  grotte  pointe  ,  qu'en  appelle  la  Re- 
velattejck:  du  côté  de  l'oueft  il  y  a  un  peu  d'enfon- 
cement ,  avec  quelques  écueils  hors  de  l'eju.  Environ 
à  un  mille  vers  l'eft-notd-eft  de  cette  pointe  ,  on  trouve 
le  cap  de  Revelattc  q.ii  fait  l'entrée  de  la  brie  de  Calvi. 
Près  de  ce  cap  il  y  a  un  gros  écueil  ,  entre  lequel  Se 
la  terre  on  ne  peut  palier  qu'avec  peine  en  bateau  ; 
mais  on  le  peut  ranger  de  fort  près ,  v  avant  fix  a  fept 
brattes  d'eau  au  pied.  La  reconnoittince  de  Calvi  eft 
facile  par  cet  écueil ,  outre  qu'on  voit  un  grand  en- 
foncement où  presque  par  le  milieu  ,  Se  Air  une  pointe , 
on  découvre  la  fonerefte  de  Calvi  fur  un  rocher  éle- 
vé.  *  Mchelot ,  Port,  de  la  Médit,  p.  141. 

PORTO-EL-GRAJO,  bourg  d'Espagne  ,  au  royau- 
me de  Valence ,  à  une  demi-lieue  de  la  capitale  ,  du 
côté  de  l'orient.  Ce  bourg  eft  fermé  du  côté  de  la  mer  : 
il  eft  défendu  par  des  baltions  munis  d'aitillerie  ,  Se  orné 
d'un  grand  mole  de  bois  de  la  longueur  de  cent  cinquante 
pas.*  Délc  s  a'E.'p/çne,  p.  rj4- 

PORTO  GRECO,  port  de  mer  d'Italie,  dans  la 
Capitanate,  à  vingt-milles  de  Manfredonia  au  nord, 
fur  le  golfe  de  Venife.  C'eft  PAgasus  des  anciens. 

PORTO  GRUARO,  Tonus  Romatinus ,  ville  d'I- 
talie ,  dans  le  Frioul  ,  fur  la  rivière  de  Leme  ou  Lia?ne, 
environ  à  trois  milles  au-deflus  de  Concordia  dont  l'évê- 
que  réfide  à  Porto-Gruaro.  Cette  ville,  que  quelques- 
uns  appellent  Amplement  bourg,  eft  attez  commerçante. 
On  y  charge  fur  des  bateaux  toutes  les  marchandifes 
d'Allemagne  qui  doivent  être  portées  à  Venife.  *  Ma- 
gin ,  Carte  du  Frioul.  Commainville ,  Table  des  évê- 
chés. 

PORTO-GUISCARDO,  bourg  avec  un  porr,  dans 
l'ifle  de  Céfalonie  ,  fur  la  côte  feptentrionale  de  cette 
ifle.  On  croit  que  c'eft  la  ville  de  Sarnos  des  anciens. 
Voyez  Samos.  Robert  de  Vaugondy  »  Atlas ,  au  lieu  de 
Porto  Gniscardo  écrit  Porto-Viscardo. 

1.  PORTO-HERCOLE ,  Portas  Herculis ,  bourg 
fortifié  ou  petite  ville  d'Italie  ,  avec  un  port  qui  lui 
donne  fon  nom.  Ce  bourg  ,  qui  eft  fur  la  côte  de  la 
Toscane,  dans  l'état  appelle  Delli-Prefidii ,  eft  défendu 
d'un  bon  château.  Voyez,  l'article  fuivant.  Cette  ville 
eft  très-ancienne,  fuppofé  qu'elle  ait  eu  Hercule  pour 
fondateur  ,  Se  que  la  flotte  des  Argonautes  y  ait  mouillé. 
Elle  eft  fituée  dans  Ja  partie  orientale  du  mont  Argen- 
taro. 

1tm.1V.  Tttttt 


io66      POR 


POR 


2.  PORTO  KERCOLE  ,  porc  d'Italie  ,  dans  la  mer 
•de  Toscane.  Environ  deux  milles  à  l'eft-nord-eft  de  la 
pointe  du  fud-eft  du  mont  Argentaro  ,  il  y  a  une 
petite  ifle  aflez  haute  ,  appellée  Hercule  ,  8c  qui  eft 
féparée  de  la  côte  de  près  d'une  longueur  de  cable.  Vis- 
à-vis  cette  ifle ,  vers  le  nord  oueft  ,  il  y  a  un  fort  carré  , 
fitué  fur  une  hauteur.  Entre  cette  ifle  8c  la  côte  on 
trouve  quelques  écueils  ;  on  pourroit  cependant  paffer 
à  terre  deux  avec  une  galère ,  après  avoir  reconnu  le 
lien.  11  y  a  trois  ou  quatre  braflèsdans  le  milieu;  mais 
il  faut  prendre  garde  à  quelques  rochers  fous  l'eau , 
qui  font  du  côté  de  l'eft- nord  eft  de  la  pointe  de  l'ifle  ; 
enfuite  il  fauc  tourner  la  galère  &  gouverner  vers  l'eft 
jusqu'à  l'entrée  du  porc  Hercule.  Ce  port  elt  environ 
un  mille  au  nord-nord-cft  de  cette  ifle.  C'eft  une  petite 
ance  refferrée  entre  deux  hautes  pointes, fur  lesquelles 
font  deux  fortereffes  rrès-confidérables.  Au  pied  de 
celle  de  la  gauche  en  encrant  ,  eft  une  petite  ville  de 
guerre ,  nommée  auffi  Porto-Htrcolc ,  8c  fituée  fur  le 
penchant  de  cette  hauteur  jusque  fur  le  bord  de  la 
mer.  De  l'autre  côté  ,  fur  l'autre  pointe  qui  eft  un  peu 
moins  haute  ,  il  y  a  près  de  la  mer  un  petit  fort  très- 
bien  armé,  &  l'autre  fortereffe  eft  au-dcflus  de  ce  fort, 
fur  une  hauteur  :  on  l'appelle  le  fort  de  don  Philippe. 
Il  eft  confidérable  par  fa  conftiuction  8c  par  fa  fituation 
qui  eft  très-avantageufe.  L'entrée  de  cette  ance  ,  qui  eft 
ce  qu'on  appelle  Porto-Hercole ,  n'excède  pas  centvingt- 
cinq  toifes  .  8c  n'en  a  pas  plus  de  cent  cinquante 
d'enfoncement.  Autrefois  il  pouvoir  être  appelle  port; 
mais  préfentement  qu'il  s'eft  rempli ,  on  ne  peut 
demeurer  qu'à  l'embouchure.  On  peur  néanmoins 
encore  y  mouiller  avec  cinq  à  fix  galères  ;  mais  lorsqu'on 
y  entre,  il  faut  mouiller  le  fer  de  la  gauche ,  enfuite 
faire  tourner  la  galère  la  poupe  dans  le  port  8c  la 
proue  en  mer,  ôc  être  prolongé  le  long  de  la  ville , 
où  l'on  porte  des  amarres  de  poupe  8c  de  proue ,  8c 
une  ancre  à  poupe  du  côté  de  la  gauche  ;  ainfi  on  eft 
à  quatre  amarres,  11  y  a  huit  à  dix  braffcs  d'eau  à 
l'entrée  ,  &  quatre  à  cinq  dans  l'endroit  où  1  on  mouille. 
Le  fond  eft  d'herbe  vafeux.  Les  galères  font  deux 
andanes ,  8c  quelques-unes  portent  des  amarres  du 
côté  de  la  gauche.  Dans  le  fond  de  cette  ance  il  y  a 
quelques  maifons  8c  magafins  à  pêcheurs- ,  8c  une 
fontaine  où  l'on  va  faire  de  l'eau.  On  voit  plufieurs 
grands  arbres  aux  environs  dans  une  plaine.  Le  vent 
qui  donne  à  plein  eft  le  fud-eft,  dont  on  n'a  aucun 
abri ,  &  la  mer  y  doit  être  trcs-groffe.  On  reconnoît 
aifément  ce  lieu.  Le  mont  Argentat ,  l'ifle  dont  il  a 
été  parlé  ,  8c  toutes  ces  fortereffes  ,  le  font  reconnoitre 
vifiblement ,  outre  qu'il  eft  à  l'extrémité  d'une  grande 
plage  de  fable.  *  Michelot ,  Port,  de  la  Méditerranée  , 
p.  106. 

PORTO  DE-LOS-LEONES ,  ou  lePoRT  des  Lions  , 
porr  de  l'Amérique  méridionale ,  fur  la  côte  orientale 
de  la  terre  Magellanique.  Il  eft  fitué  au  nord  de  la  baie 
de  lof  Camerones ,  8c  au  midi  de  la  baie  Saint  Mat- 
thias ou  la  baie  Sans  Fond.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PORTO-LION  E  ,  nom  moderne  du  Pirée,  port 
d'Athènes. 

i.  PORTO-LONGONE,  Tonus  Longus  ,  petite 
ville  d'Italie  >  dans  l'ifle  d'Elbe ,  près  du  port  d'où  elle 
tire  fon  nom.  Elle  eft  bâtie  fur  la  côte  orientale  de 
l'ifle,  en  tirant  vers  le  nord  ,  8c  elle  a  une  bonne 
fortereffe  fur  le  haut  d'un  rocher ,  où  le  roi  d'Espagne 
tient  garnifon  ,  quoique  la  place  foit  au  prince  de 
Piombino.  Les  Espagnols ,  fâchés  que  ce  prince  fe  fût 
accommodé  d'une  partie  de  fes  droits  fur  cette  ifle 
avec  le  grand  duc  de  Toscane  ,  s'en  emparèrent ,  8c  s'y 
fouinèrent  vers  l'an  1577,  &  voyant  l'importance  du 
port ,  &  l'avantage  qu'en  recevoient  leurs  bâtimens , 
outre  qu'ils  avoient  parla  un  moyen  de  tenir  en  bride 
les  états  du  pape  ,  ceux  de  Toscane  8c  de  Lucques ,  8c 
l'ifle  de  Corfe ,  ils  y  bâtirent  en  1606  une  fortereffe 
confidérable,  flanquée  de  cinq  baftions  8c  de  quantité 
d'ouvrages  extérieurs.  Elle  eft  à  la  droite  du  port  fur 
une  haute  montagne  ,  presque  entièrement  de  rocher 
ou  de  tuf  ,  escarpée  ou  inacceihble  du  côté  de  la 
mer  qui  l'environne,  8c  en  fait  une  presqu'ifle,  qui 


ne  tient  à  la  terre  de  l'ifle  que  par  un  front  que  deux 
baftions  occupent  aifément.  C'eft  le  feul  endroit  par 
lequel  cette  fortereffe  peut  être  attaquée.  Ce  front  eft 
couvert  d'une  grande  demi-lune  à  flancs,  défendue  de 
deux  contregardes,  d'un  double  chemin  couvert,  avec 
des  foffés  fecs  8c  des  redoutes  fur  le  glacis.  Il  feroit 
aifé  d'ifoler  cette  place ,  en  creufant  un  canal  auiïi 
large  qu'on  voudroir  ,  &  qui  ferviroit  d'avant-foffé  au 
glacis  le  plus  éloigné  du  corps  de  la  place.  Tous  ces 
ouvrages  forment  un  amphithéâtre,  dont  le  coup  d'œil 
eft  très-beau ,  de  quelque  côté  qu'on  fe  place.  Au-delà 
du  chemin  couverr  il  y  a  deux  redoutes ,  qui  peuvent 
incommoder  avec  le  canon  8c  leur  mousqueterie  les 
bâtimens  qu'on  ne  voudroit  pas  fouffrir  près  de  la 
fortereffe.  Quoique  cette  place  n'ait  que  cinq  baftions , 
elle  ne  laifle  pas  d'être  grande  ,  parce  que  les  baftions 
8c  les  courtines  font  confidérables.  Il  n'y  a  qu'un  fofle 
8c  qu'un  chemin  couvert  du  côté  de  la  mer.  Les  ou- 
vrages feroient  inutiles  de  ce  côté,p?rce  qu'elle  n'y 
peut  être  attaquée.  On  a  jette  tous  les  ouvrages  du 
côté  de  la  terre ,  par  où  la  place  eft  acceilîble.  Elle  a 
foutenu  deux  fiéges  fameux  ,  l'un  en  1646  ,  8c  l'autre 
en  1650.  Les  François  la  prirent  en  vingt  jours,  8c  les 
E:-  .gnols  la  reprirent  en  quarante-fept  de  tranchée 
ouverte.  *   Labat ,    Voyage  d'Italie,  t.  7.    p.   108  «Se 

I  io.' 

2.  PORTO-LONGONE ,  ou  Port-Longon  ,  ou 
Amplement  Longone,  Tonus  Longinus  ,  ou  Tonus 
Longonis ,  port  d'Italie ,  fur  la  côte  de  l'ifle  d'Elbe.  11 
a  été  ainfi  appelle  à  caufe  de  fa  longueur.  Son  entrée 
n'a  pas  plus  d'un  demi-mille  de  largeur ,  fur  plus  de 
trois  milles  de  profondeur.  Sa  largeur  n'eft  pas  égale 
par  tout:  elle  s'augmente  confidérablement  a  un  mille 
en-dedans  de  l'entrée  ,  8c  fait  un  coude  à  la  droite  ^ 
qui  eft  un  port  naturel,  fermé  presque  entièrement  de 
tous  côtés,  où  les  plus  gros  bâtimens  peuvent  mouiller 
affez  près  de  la  terre  ,  &  y  être  dans  une  fureté  entière  , 
à  couvert  de  la  plus  groffe  mer  8c  des  vents.  Le  fond 
eft  bon  par  tout  ;  il  ne  manque  à  la  droite  en  entrant  que 
quelque  fort,  redoute  ou  batterie  fermée,  pour  dé- 
fendre l'entrée  ;  car  le  canon  de  la  fortereffe  ne  peut  pas 
plonger  affez  pour  cela.  Il  y  a  fur  la  gauche  un  petit  fore 
ou  châceau  qui  paroîc  fore  ancien  ,  8c  dans  lequel  on  met 
un  médiocre  détachement  de  la  garnifon  de  la  fortereffe. 

II  eft  affez  bien  pourvu  d'artillerie ,  8c  s'il  y  en  avoic 
feulement  autant  du  côté  droit  au-deflbus  de  la  for- 
tereffe, les  feux  fe  croiferoient  &  rendroient  l'entrée  du 
port  impoffible  à  ceux  à  qui  on  ne  la  voudroit  pas 
permettre.  11  y  a  à  la  vérité  deux  redoutes  fous  la  for- 
tereffe ,  au-delà  du  dernier  chemin  couvert  ;  mais  il 
faudroit  quelque  chofe  de  plus.  *  Labat ,  Voyage  d'Italie , 
1.  7.  p.  109. 

PORTO-MALFETAN,  bourg  d'Afie,  dans  l'Ana- 
tolie  ,  fur  la  côte  méridionale ,  vis-à-vis  de  l'ifle  de  Rho- 
des. C'eft  à  ce  qu'on  croit  la  Crefa  ou  Crejfa  des  an- 
Port-Maurice. 

PORTO  MARINO  ,  petite  ville  d'Espagne ,  dans  la 
Galice ,  fur  le  Migno  ,  à  dix  lieues  au-deffus  d'Orenfe  , 
8c  à  quelques  lieues  au-deflbus  de  Lugo.  La  rivière  la 
partage  en  deux  villes  ,  8c  c'eft  la  grande  route  par  où 
l'on  va  du  royaume  de  Léon  à  Saint  Jacques  de  Com- 
poftelle.  *  Délices  d'Espagne,  p.  133. 

PORTO  DE  MOOS ,  bourg  de  Portugal ,  dans  l'Eftra- 
madoure  ,  au  nord  du  Tage  ,  de  même  que  de  Batalha 
8c  à  l'orient  d'Aljubarota  :  ce  bourg  eft  défendu  par 
un  bon  château.  *  Délices  de  Portugal,  p.   742. 

PORTO-MORISO.  Voyez,  au  mot  Port,  l'article 
ciens.  Voyez,  Cresa. 

PORTO-NOVO,  petite  ville  des  Indes  ,  fur  la  côte 
de  Coromandel ,  à  une  grande  journée  de  Pondichery, 
en  allant  aufud.  Longitude  100  ,  30  m.  latitude  1 1 ,  4^. 
Les  Anglois  8c  les  Hollandois  ont  dans  cette  ville  quel- 
ques maifons,  &  les  Portugais  y  font  en  crès-grand 
nombre.  On  voit  une  affez  belle  églife  où  s'affemblent 
les  Chrétiens  de  la  côte.  *  Lett.  Edif.  rec.  1  j. 

PORTO  NUOVO,  bourg  8c  port  de  l'ifle  de  Cor  fe 
fur  la  côte  orientale.  Il  eft  au  nord  de  Bonifacio  8c 
au  midi  de  Porto- Vecchio ,  environ  àégalediftance  de 
ces  deux  lieux.  *  Magin ,  Carte  de  l'ifle  de  Corfe. 


POR 


POR 


ï  o 


PORTO  DIPAULA  ,  port  d'Italie,  dans  la  Cam- 
pagne de  Rome ,  fur  la  côte  des  Palus  Pommes ,  au 
voifinage  de  Monte  Circello  ,  en  tirant  du  côté  du  nord. 
Ce  porr ,  autrefoisconfidérable ,  eft  préfentement  com- 
blé de  fable.  *  Magin,  Carte  de  la  Campagne  de 
Rome. 

PORTO-PEDRO ,  port  d'Espagne ,  dans  la  met 
Méditerranée  ,  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Majorque.  Environ 
quinze  à  feize  milles  à  l'eft  quart  du  nord-eft  du  cap 
Saline  ,  qui  eft  la  pointe  du  fud  de  l'ifle  ,  eft  le  Porto- 
I  Pedro.  Entre  les  deux  la  côte  eft  fort  unie  &  baffe, 
&  on  la  peut  ranger  d'affez  proche.  Un  peu  plus  près 
du  cap  Saline  que  du  Porto-Pedro,  il  y  a  unccalangueen 
forme  de  rivière  ,  que  quelques  uns  par  méprife  ont  pris 
pour  Porto-Pedro  ,  Se  à  quoi  il  faut  prendre  garde.  On 
ne  peut  aller  dans  cette  calangue  qu'avec  des  tartanes, 
encore  avec  peine.  *  Michelot ,  Port,  de  la  Méditerranée, 
p.  29. 

La  reconnoiffance  de  Porto-Pedro  eft  facile ,  étant 
presque  par  le  milieu  de  la  côte  du  fud  de  l'ifle  de 
Majorque ,  fur  le  bord  de  laquelle  il  y  a  cinq  tours 
de  garde,  Se  celle  du  milieu  eft  celle  de  Porto-Pedro. 
Elle  eft  carrée  :  il  y  a  une  petite  maifon  au  pied ,  & 
toutes  les  autres  tours  font  rondes.  On  la  découvre 
de    plus  loin    de  l'oueft  ,  que  de  l'eft  ;  en    comptant 
ces  tours  depuis  le  cap  Saline ,  on  trouve  que  la  troi- 
fiéme  eft  celle  du  Porto-Pedro.  On  voit  aufli  du  côté 
de  l'eft  deux  tours  rondes  &  la  troifiéme  eft  celle  de 
Porto-Pedro.  Ce  port  eft  dans  un  terrein  bas.  L'entrée 
n'a  que  cent  cinquante  toifes.  Il    eft  affez  fpacieux  , 
mais  il    n'y  a  pas  de   profondeur  d'eau  vers  le  fond. 
Sur  la  pointe  delà  gauche  en  entrant,  il  y  a  ,  comme 
je  l'ai  déjà  dit,  une  tour  carrée  Se  une  petite  maifon 
auprès  ;  Se  du  même  côté  de  la  tour ,  Se  au  dedans  du 
port ,  il  y  a  une  grande  calangue ,  où  on  ne  trouve  point 
de  profondeur  d'eau  ■,  mais  entre  les  deux  pointes  de 
l'entrée  ,  il  y  a  quinze  à  feize  braffes  d'eau.  Le  traver- 
ser eft  le  vent  fud-fud-eft.  On  peut  mouiller  dans  ce 
port  avec   des  vaiffeaux  &  des  galères.  11  peut  contenir 
dix-huit  à  vingt  galères.  Le  meilleur  mouillage  eft  du 
côté  de  la  droite  en  entrant  ,  où  l'on  eft  plus  à  l'abri 
des  vents  du  large.  11  y  a  par  tout  dans  le  milieu  de- 
puis dix  jusqu'à  quatre  braffes  d'eau  :  on  a  un  fer  en 
mer  Se  des  amarres  à  terre.  On  s'y  amarre  quelquefois 
à  quatre,  ayant    la  poupe  vers  le  nord-eft  ;  Se  alors 
on  eft  par  trois  à  quatre  braffes  d'eau  ,  fond  d'herbe 
Se  de  vafe.  Du  côté  de  l'oueft,  il  ne  fuit  pas  s'appro- 
cher d'une  groffe  pointe  qui  s'y  trouve.  Il  n'y  a  pas 
d'eau  non  plus  que   dans  le  fond  du  port.  On  peut 
faire  du  bois  fur  la  droite  en  entrant  ;  mais  il  n'y   a 
point  d'eau  douce.  On  fait  néanmoins  des  trous  dans 
un  bas  terrein  qui  eft  dans  le  fond  du  port,  proche  de 
quelques  joncs ,  quoique  cette  eau    foit  faumâtre.  La 
latitude  eft  de  39  deg.  29  m.  Se  la  variation  de  cinq  deg. 
vers  le  nord-oueft. 

1.  PORTO-PIN,  cap  d'Espagne,  fur  la  côte  de 
l'ifle  Majorque  ,  au  couchant  du  port  de  la  capitale 
de  l'ifle  ,  Se  dans  la  même  baie.  Derrière  ce  cap  la  mer 
fait  un  port  auquel  on  donne  le  même  nom.  Voyez, 
l'article  fuivant.  *  Délices  d'Espagne  >  p.  578. 

z.  PORTO-PIN,  ponde  l'ifle  "de  Majorque,  dans 

la  mer  Méditerranée.   Environ  fept  milles  à  l'eft  quart 

de  nord-eft  des  ifles  du  Port-Paquet,  ou  du  cap  de  la 

Savate ,  eft  l'entrée  de  Porto-Pin.  Entre  les  deux  il  v 

a  un  peu  d'enfoncement  ;   environ  vers  le  milieu  on 

voit  une  tour  carrée  qu'on  appelle  Garacbicque ,  Se 

fur  la  pointe  de  l'oueft  il  y  a  une  petite  fortereffe  à 

quatre  baftions.  Le  Port-Pin  eft  une  petite  calangue 

en  forme  d'une  rivière  ,  dont  l'entrée  eft  fort  étroite  ; 

car  elle  n'a  qu'environ  foixante  toifes  entre  les  deux 

pointes  -,  mais  un  peu  plus  avant  en  dedans  des  pointes 

on  trouve  un  plus  grand  espace.  Ce   port  a  environ 

centiCinquante  toifes  de  long.  Il  y  peut  entrer  fept  à 

huit  galères ,  lorsqu'elles  font  conillées ,  c'eft-à-dire  en 

retirant  les  rames  dans  la  galère  ,  où  on  les  range  par 

andanes.  Il  fautobferver  que  les  galères  doivent  mouiller 

un  fer  à  l'entrée  ,  Se  porter  des  amarres  à  terre  d'un 

côté  Se  d'autre.  Entre  les  deux   pointes  de  l'entrée  il 

y  a  cinq  à  fix  braffes  d'eau,  Se  au  dedans  dix  huit  , 

quinze  Se  dix  pieds  d'eau  ,  fond  d'herbe  Se  vafe.  11  ne 


faut  pas  trop  s'enfoncer  dans  ce  port ,  ni  ayant  pas 
d'eau  dans  le  fond.  Lorsqu'il  n'y  a  point  de  galères , 
on  peut  y  entrer  avec  un  vaiffeau  ,  s'amarrant  à  quatre 
amarres.  Les  Majorquins  y  font  hiverner  leurs  vaiffeaux 
Se  leurs  barques.  A  la  pointe  de  la  gauche  en  entrant , 
il  y  a  une  tour  earrée,  Se  une  maifon  auprès.  Cette 
tour  fert  de  fanal.  On  l'allume  le  foir  pour  les  reconnois- 
fances.  Sur  l'autre  pointe  il  y  a  une  espèce  de  tour 
carrée ,  Se  une  chapelle  auprès.  Le  traverfier  eft  le  vent 
du  fudeft.  *  Michelot ,  Pot  tul.  de  la  Méditerranée  ,  p. 
*7- 

PORTO-PLATE.  C'ert  le  nom  que  les  François  de 
l'ifle  de  Saint  Domingue  donnent  aujourd'hui  à  ce  que 
les  Espagnols  ont  appelle  Puerto  di  Pluta.  Voyez,  ce  mot. 
*  Le  père  de  Charlcvoix  ,  Mémoires  manufcrits. 

PORTO-PRIMARO  ,  port  d'Italie  ,  dans  le  duché 
de  Ferrare  ,  fur  la  côte  du  golfe  de  Venife  ,  à  l'embou- 
chure d'un  des  bras  du  Pô.  Ce  port  eft  défendu  par  une 
tour  appellée  Torre  Gregoriana. 

PORTO-DEL-PRINC1PE  ,  ville  &  port  de  l'Amé- 
rique fcptentrionale  ,  dans  l'ifle  de  Cuba.  Corneille  en 
fait  un  lieu  différent  du  Port  au  Prince  ;c'eft  cependant 
le  même.  Voyez,  au  mot  Port  ,  l'article  Port  au 
Prince. 

PORTO -RAGUSEO,  port  de  l'Albanie,  fur  la 
côte  de  la  Canina  ,  à  l'entrée  du  golfe  de  Venife.  Cor- 
neille, DiEl,  dit  que  ce  port  eft  vers  le  fond  du  golfe 
de  la  Valone  ;  mais  félon  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas , 
il  eft  hors  du  golfe ,  derrière  le  gros  cap ,  qui  forme  le 
golfe  de  la  Valone  du  côté  du  midi.  Ferrarius  croit  que 
c'eft  l'ancienne  Amantia. 

PORTO-RAPHTI ,  port  de  la  Morée  ,  dans  la  Sa- 
canie.  On  le  met  communément  à  quatre  lieues  d'Athè- 
nes ;   mais  Wehler,  Voyage  d'Athènes,  L  }.p.  i$ç. 
prétend  qu'il  n'en  eft  guère  qu'à  deux  lieues.  La  baie  , 
qui  fait  ce  port  eft  fituée  fur  la  côte  orientale  de  l'Atci- 
que ,  Se  à  la  plus  haute  pointe  du  mont  Hymette  du 
nord-oueft  au  nord  ,  Se  le  cap  méridional  de  Négre- 
pont  à  l'eft.  Il  eft  divifé  en  deux  petites  baies  par  une 
pointe  aiguë  qui  règne  au  milieu  ,  Se  il  y  a  deux  iflets  ou 
rochers  vers  l'embouchure.  Le  plus  gros  eft  eft  fudeft 
du  milieu  de  la  pointe.  11  donne  le  nom  au  port  ;  Se  ce 
nom  vient  d'une  espèce  de  coloffe  de  marbre  blanc , 
qui  repréfente  un  tailleur  qui  coupe  du  drap  ,  que  les 
Grecs  appellent  Raphti.  Ce  rocher  couvre  le  port  contre 
tous  les  vents  qui  viennent  de  la  mer  ;  enforte  qu'il  n'yjen 
a  aucun  qui  puiffe  empêcher  les  vaiffeaux  d'y  entrer,  ni 
d'en  fortir.  On  y  mouille  fur  fept  à  huit  braffes  d'eau  , 
fond  de  vafe  mêlé  d'herbes  marines  ,  Se  de  bonne  te- 
nue. Sur  un  petit  écueil  qui  eft  tout  auprès,  &  qui  eft 
rond  Se  fort  aigu  par  en  haut ,  il  y  a  une  autre  figure. 
Je  crois,  ajoute  Wehler,  que  ce  port  s'appelloit  au- 
trefois Panormus.  On  y  voit  encore  les  ruines  d'une 
ville.  Elles  font  fur  la  côte  ,  Se  cette  ville  s'appelloit 
Prafla.  Ce  fut  le  port  où  vingt  villes  à'ijjadi  fe  joignirent 
avec  la  flotte  des  Romains ,  lorsqu'ils  furent  appelles  au 
fecours  des  Athéniens  ,  contre  Philippe  ,  roi  de  Ma- 
cédoine. La  Guilletiere  ,  dans  fon  Athènes  ancienne  Se 
nouvelle ,  dit  que  ce  port  eft  le  Potamus  des  anciens. 
Voyez.X2.x1.  Potamus  ,  Se  non  Geronthra  ,  comme  le  dit 
Corneille  ,  Dicl.  qui  ajoute  fauffement  que  ce  voyageur 
donne  à  Porto-Raphti ,  le  nom  de  Porto-Rapani  ou  Ra- 
phti. La  Guilletiere  n'éroit  pas  capable  de  tomber  dans 
une  pareille  erreur.  Auffi  diftingue-t-il  parfaitement  ces 
deux  ports.  Il  met,  comme  Wehler,  Porto  Rapbti  dans  la 
partie  orientale  de  la  Morée,  Se  il  place  Porto-Rapa- 
ni dans  le  golfe  de  Colochina.  Voyez,  l'article  fuivant. 

PORTÔ-RAPINI,  ou  Rapani,  port  de  la  Mo- 
rée ,  Se  le  dernier  du  Brazz,o  di  Maina  ,  dans  le  golfe 
de  Colochina ,  félon  la  Guilletiere  ,  Athènes  ancienne  & 
nouvelle,  p.  66.  Après  Sapico  ,  dit-il,  on  rencontre 
Porto-Rapani  ou  Rapini,  qui  étoit  autrefois  la  ville  de 
Geronthrcc  ;  Se  il  y  a  dans  ce  lieu  des  eaux  douces  très- 
excellentes.  Le  port  de  Rapani  fe  découvre  de  loin  ,  fur- 
tout  quand  on  vient  du  fud  fud  eft,  à  caufede  deux  mon- 
tagnes extrêmement  rondes  qui  l'enferment.  Le  mouil- 
lage y  eft  bon  ,  &  à  deux  lieues  delà  ,  courant  au  fud- 
eft ,  on  trouve  le  port  à'Efapo  ou  à'Afopo ,  qui  eft 
l'ancienne  Alopus. 
PORTO  RA V AGLIOSO  ,  port  d'Italie ,  fur  la  côtç 
Tem.  IV.  Tttttt  ij 


io68       POR 

occidentale  de  la  Calabre  ultérieure.  Ce  port  eft  voifin 
de  l'aima.  C'eft  VOreftis-Portus  de  Pline.  Voyez.  Ores- 
tis-Portus. 

PORTO-REAL  ,  bourg  d'Espagne,  dans  l'Andalou- 
fie ,  au  nord-eft  de  la  baie  de  Cadix.  C'eft  dans  ce  bourg 
que  font  les  magafins  des  vivres ,  des  âgrêts  &  des  mu- 
nitions du  port  de  Cadix.  Michelot  appelle  Porto-Real , 
une  petite  ville.  Il  dit:  Environ  à  une  bonne  lieue  du 
fort  de  Matagorde,eft  la  petite  ville  de  Porto-Real, 
fimée  fur  le  bord  de  la  mer ,  ôc  devant  laquelle  on  ne 
fauroit  aller  qu'avec  des  bateaux.  Pour  y  paffer  il  faut 
entier  dans  le  ruiffeau  de  Trocadero  ;  autrement  il  faut 
faire  le  tour  des  ifles  où  eft  la  batterie.  Ce  font  des  ter- 
reins  marécageux  &  de  fable,  ou  de  baffe- mer; il  y  a 
fort  peu  d'eau.  Entre  le  port  de  Sainte  Marie  ôc  le  Porto- 
Real  ,  ce  font  toutes  baffes  renés  ,  avec  quelques  falines 
&  marécages.  Il  y  aauffi  une  petite  rivière  qu'on  nomme 
la  rivière  de  San-Pedio.  Entie  la  tour  de  Sainte  Cathe- 
rine &  le  fort  de  Matagorde,  du  côté  de  l'eft,  il  y  a  un 
grand  enfoncement  ;  mais  il  n'y  a  pas  de  profondeur 
d'eau  ,  ôc  aucun  bâtiment  n'y  mouille.  *  Labat ,  Voyage 
d'Espagne  ,  t.  i.  p.  232. 

PORTO-REAL,  ou  Port-Royal.  Voyez,  l'article 

PoRTO-EsCONDEDO. 

I.  PORTO  RICO,  rUERTO-RlCCO,OUpORTORIC, 

ifle  de  l'Amérique  feptentrionale  ,  l'une  des  Antilles  , 
à  l'orient  de  l'ifle  de  Saint  Domingue  ,  &c  au  couchant 
des  ifles  fous  le  vent.  Elle  s'appelloit  premièrement  Bo- 
riquen.  Chriftophe  Colomb  l'ayant  découverte  en  1493, 
l'appella  l'i/le  de  S.Jean-BaptiJte.  On  ajouta  depuis  celui 
de  Puerto- Ricco  ,  &  les  François  ne  la  connoiffent  guère 
que  fous  celui  de  Portoric.  Ce  ne  fut  qu'en  1J09,  que 
l'on  y  commença  des  établiffemens  folides.  Cette  ifle , 
qui  eft  fituée  par  les  17  &  18  deg.  de  latitude  nord,  n'a 
pas  vingt  lieues  dans  fa  plus  grande  largeur  ,  quife  prend 
du  nord  au  fud  ;  mais  la  longueur  de  l'eft  à  l'oueft  ,  eft 
de  quarante  litues.  Elle  a  peu  de  plaines ,  beaucoup  de 
collines,  des  montagnes  très-hautes,  des  vallées  ex- 
trêmement fertiles,  ôc  d'affez  belles  rivières.  Il  paroît 
que  (es  habitans,  ainfi  que  ceux  de  l'ifle  Espagnole, 
avoient  une  même  origine  :  on  remarquoit  dans  les  uns 
&  dans  les  autres  la  même  douceur  ;  mais  comme  ceux 
de  Portoric  étoient  fans  ceffe  aux  prifes  avec  les  Caraï- 
bes des  petites  Antilles,  ils  étoient  encore  moins  poli- 
cés ,  ôc  un  peu  plus  aguerris. 

L'or  ,  qui  fe  trouvoit  dans  cette  ifle,  donna  envie  aux 
Espagnols  d'en  faire  la  conquête.  Jean  Ponce  de  Léon, 
gouverneur  de  la  ville  de  Salvalcon  ,  y  parla  fur  une 
caravelle  avec  quelques  Caflillans  ôc  des  infulaires  du 
pays,  qui  lui  fervoient  de  guides.  Il  aborda  fur  les  terres 
d'un  cacique,  nommé  Agneynaba,  qui  le  reçut  bien, 
ôc  pouffa  la  générofké  jusqu'à  offrir  de  lui  abandonner 
les  mines  de  fon  pays,  pourvu  que  le  commandant 
voulût  lui  accorder  fes  bonnes  grâces.  Jeun  Ponce  de 
Léon  accepta  l'offre  ,  combla  de  préfens  le  cacique,  qui 
depuis  ne  voulut  plus  être  appelle  que  Jean  Ponce  de 
Léon.  Cependant  le  gouverneur  de  Salvalcon  ayant  pris 
des  montres  de  toutes  les  mines  qu'il  avoit  vifitées,  fe 
rendit  à  San-Domingo ,  pour  inftruire  le  grand  com- 
mendeur  Ovando  du  fuccès  de  fon  voyage.  On  mit  au 
creufet  l'or  de  Portoric  ,  qui  fut  eftimé  moins  pur  que 
celui  de  l'ifle  Espagnole  ;  mais  c'étoit  de  l'or ,  ôc  la  con- 
quête de  lifte  fut  réfolue.  Ponce  de  Léon  en  fut  chargé. 
11  n'y  trouva  pas  toute  la  facilité  qu'il  s'étoit  figurée.  Il 
commença  par  bâtir  une  bourgade: il  voulut  enfuite 
faire  des  départemens  d'Indiens  ,  comme  il  fe  pratiquoit 
dans  l'ifle  de  Saint  Domingue.  Les  Infulaires,  qui ,  fur 
le  bruit  de  ce  qui  s'étoit  paffé  dans  le  voifmage  ,  re- 
gardoient  les  Espagnols  comme  autant  de  dieux,  fubi- 
rent  d'abord  le  joug  fans  la  moindre  réfi  1 lance  ;  mais  ils 
n'en  eurent  pas  fi-tôt  reffenti  la  pefanteur  ,  qu'ils  pen- 
ferenr  au  moyen  de  le  fecouer.  Ils  s'affemblcrent  ôc 
convinrent  qu'on  commencerait  pars'affurer  fi  les  Es- 
pagnols étoient  immortels,  &  ils  chargèrent  de  cette 
épreuve  un  cacique  ,  nommé  Brayau.  Ce  cacique  ayant 
un  jour  reçu  chez  lui  un  jeune  Espagnol ,  nommé  Sal- 
zedo,  le  traita  de  fon  mieux  ;  &  lui  donna  des  guides 
pour  le  conduire.  Salzedo  ,  après  avoir  marché  quelque 
tems ,  arriva  fur  le  bord  d'une  rivière  ,  ôc  un  des  gui- 
des ,  auquel  Brayau    avoit   donné  fes  ordres  chargea 


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l'Espagnol  fur  fes  épaules  pour  le  paffer  ;  mais  lorsqu'il 
fut  au  milieu  ,  il  le  laiffa  tomber  ôc  le  tint  dans  l'eau  jus- 
qu'à ce  qu'il  ne  remuât  plus  :  alors  on  le  tira  à  terre ,  & 
craignant  qu'il  ne  fût  pas  mort,  on  fit  femblant  de  lui 
faire  des  exeufes  de  ne  l'avoir  pas  fecouru  plus  vite  : 
on  le  laiffa  ainfi  , 'jusqu'à  ce  que  la  corruption  prouvât 
fa  mort.  On  donna  avis  de  ce  qui  s'étoit  paffé  à  Brayau 
qui  vint  lui-même  voir  &  fentir  le  cadavre.  Sur  fon 
rapport  les  infulaires  réfolurent  de  tuer  autant  d'Es- 
pagnols qu'ils  en  pourroient  trouver.  Ils  en  maffacrerent 
une  centaine,  avant  qu'on  fe  doutât  de  leur  deffein  ; 
mais  Ponce  de  Léon  ,  voyant  que  fon  monde  diminuoit 
confidérablement ,  fentit  d'où  venoit  le  mal.  Il  afîembla 
fon  monde.  Il  n'avoir  avec  lui  que  des  braves  ;  mais  au- 
cun d'eux  ne  contribua  plus  à  lui  foumettre  les  habitans 
de  Portoric  qu'un  grand  chien  qu'on  appelloit  BerezÀllo. 
Cet  animal  avoit  plutôt  étranglé  un  homme  ,  qu'il  ne 
l'avoit  regardé  ,  ôc  dans  les  rencontres  qu'il  y  eut  en- 
tre les  deux  nations ,  il  faifoit  plus  de  befogne  qu'au- 
cun foldat.  Auffr  avoit-il  la  paye  d'arbalétrier  ,  qui 
étoit  la  plus  groife  de  toutes.  Il  fut ,  tant  qu'il  vécut ,  la 
terreur  des  ennemis ,  ôc  il  finit  fa  carrière  au  lit  d'hon- 
neur. Plufieurs  années  après  la  conquête  de  Portoric  , 
des  Caraïbes  ayant  fait  à  leur  ordinaire  une  irruption 
dans  cette  ifle  ,  ils  y  trouvèrent  les  Caflillans  &  leur 
chien,  qui,  aptes  avoir  étendu  fur  la  place  un  très  grand 
nombre  de  ces  barbares  ,  obligèrent  le  refte  à  s'embar- 
quer au  plus  vite.  Le  brave  Berezillo,  emporté  par  l'ar- 
deur du  combat ,  fe  jetta  à  la  nage ,  ôc  les  pourfuivit 
affez  loin  ;  mais  s'étant  approché  trop  près  d'un  canot, 
on  lui  tira  une  flèche  dont  il  fut  tué  tout  roide.  Il  fut 
extrêmement  regretté  ,  ôc  fa  mémoire  s'eft  long  tems 
confervée  dans  les  Indes ,  où  le  bruit  de  fes  exploits  avoit 
pénétré  par-tout. 

Il  y  a  pourtant  apparence  que  les  habitans  de  Por- 
toric ne  fe  feroient  pas  tenus  fi  aifément  pour  fubju- 
gués  ,  fi  en  vovant  les  Espagnols  fe  multiplier  de  jour 
en  jour  dans  leur  ifle  ,  ils  ne  s'étoient  perfuadés ,  que  les 
nouveaux  venus  étoient  ceux-là  même  qu'ils  avoient  fait 
mourir  ,  &  qui  étoient  reffuscités.  Dans  cette  penfée  , 
ils  crurent  que  ce  feroit  folie  à  eux  de  continuer  à  faire 
la  guerre,  ôc  qu'il  valoir  mieux  plier  de  bonne  grâce 
fous  l'autorité  de  gens  qui  renaiffoient  de  leurs  cendres , 
que  de  les  irriter  de  nouveau.  Ils  s'abandonnèrent  donc 
à  la  discrétion  de  leurs  vainqueurs,  qui  les  envoyèrent 
aux  mines,  où  en  peu  de  tems  ils  périrent  presque 
tous. 

Cette  conquête  étant  achevée  ,  on  abandonna  la  co- 
lonie ,  qui  avoit  été  d'abord  placée  à  une  lieue  de  la 
mer  ,  ôc  à  égale  diftance  du  principal  port  qu'on  nom- 
me Puerto-Rico.  Cette  première  colonie  étoit  nommée 
Cappara  ;  l'incommodité  de  fa  fituation  ,  ôc  la  peine 
qu'il  y  avoit  à  en  approcher  furent  caufe  qu'on  l'aban- 
donna. Les  habitans  furent  transportés  à  Ganica ,  près 
du  lieu  où  l'on  voit  aujourd'hui  la  ville  de  Saint  Ger- 
main. On  quitta  quelque  tems  après  ce  lieu  pour  s'aller 
établir  à  Soto-Major  ,  au  voifinage  d'Aguada.  Dans  la 
fuite  on  changea  encore  de  place ,  pour  aller  s'établir 
à  Saint  Germain,  qui  devint  une  colonie  fixe  ;  &  en- 
fin dans  l'année  16 14,  après  que  par  ordre  du  roi 
d'Espagne  ,  on  eut  joint  la  petite  ifle  qui  eft  à  l'embou- 
chure du  principal  port  avec  la  grande,  par  le  moyen 
d'une  chauffée ,  qui  fut  faite  au  travers  du  havre ,  on 
donna  le  commencement  à  la  principale  ville ,  qu'on 
appelle  aujourd'hui  Porto  -  Rico ,  qui  a  donné  fon 
nom  à  toute  l'ifle ,  ÔC  qui  tire  le  fien  du  port  fur  le- 
quel elle  eft  fituée.  Voyez,  l'article  fuivant.  *  De  La'êt , 
Defc.  des  Indes  occ.  1.  2.  c  2. 

2.  PORTO-RICO,  Portoric,  ouPuerto-Rico, 
ville  de  l'Amérique  feptentrionale,  ôc  capitale  de  l'ifle 
de  Saint  Jean  de  Porto  Rico.  Elle  eit  au  nord  de  l'ifle , 
à  18  deg.  ôc  quelques  minutes  de  latitude.  Elle  n'eft 
point  fortifiée;  n'a  ni  murs  ni  remparts.  Ses  rues  font 
larges,  ôc  (es  maifons  bien  bâties  à  la  manière  d'Es- 
pagne. Elles  ont  peu  de  fenêtres  ;  mais  de  larges  por- 
tes par  lesquelles  entre  le  vent,  qui  fouffle  depuis  huit 
heures  du  matin  jusqu'à  quatre  du  foir ,  &  tempère 
h  grande  chaleur.  L'églife  cathédrale  eft  d'une  belle 
ftruthire.  Elle  a  double  rang  de  colonnes,  ôc  les  fenêtres 
qui  font   petites,  ne  font  garnies  que  d'un  fin  «ane- 


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vas  faute  de  vitres.  On  y  voit  deux  petites  chapelles 
entre  le  maître-autel.  Près  de  la  ville,  vers  l'eft  nord- 
eft ,  il  y  a  un  monaftere  de  Bénédictins. 

En  15-95-  >  François  Drake  attaqua  Porto-Rico  ,  Se 
étant  entré  dans  le  havre  avec  plusieurs  barques ,  il  brûla 
les  vaiffeaux  espagnols  qui  étoient  à  l'ancre.  11  ne  put 
prendre  la  ville  ,  Se  fut  contraint  de  fe  retirer  avec  perte 
de  quarante  ou  cinquante  hommes.  Deux  ans  après  ,  le 
comte  de  Combrie,  ayant  fait  descendre  fes  troupes  de 
débarquement  fur  le  rivage  de  la  grande  ifle  ,  les  con- 
duifit  jusqu'à  la  chauffée  par  un  partage ,  &  entra  dans 
la  ville  ,  où  il  trouva  peu  de  monde.  La  fortereffe  qui 
commande  l'embouchure  du  havre  fe  rendit  par  com- 
pofition ,  après  avoir  foutenu  huit  jours  de  fiége.  Le 
comte  de  Combrie  avoir  réfolu  de  s'arrêter  dans  ce  lieu, 
Se  d  y  établir  une  colonie  Angloife  ;  mais  diverfes  ma- 
ladies ayant  emporté  en  peu  de  tems  quatre  cens  de  fes 
gens ,  il  abandonna  la  place ,  fe  contentant  d'y  avoir 
fait  un  riche  butin. 

Le  port  qui  donne  le  nom  à  la  ville,  &même  à  toute 
l'ifle  eft  commode  ,  fpacieux,  &  affuré  contre  les  vents 
Se  contre  les  ennemis.  Il  reçoit  la  mer  par  une  embou- 
chure ,  commandée  par  un  château  très-fort ,  augmenté 
de  nouveaux  ouvrages  en  159*,  par  l'ordre  de  Philippe 
II ,  roi  d'Espagne.  Ce  château  eft  bien  muni  de  tout 
ce  qui  eft  néceffaire  pour  une  bonne  défenfe.  Près  de  ce 
château ,  mais  un  peu  plus  avant  vers  le  fud-oueft  de  la 
ville,  il  y  en  a  un  autre,  appelle  Fortolezza ,  où  font 
confervés  les  tréfors  du  roi.  Le  refte  de  la  petite  ifle  , 
qui  eft  jointe  à  la  grande  par  une  chauffée  faite  au  tra- 
vers du  havre,  eft  impénétrable,  à  caufe  d'un  bois 
épais  qui  la  couvre  toute,  à  la  réferve  d'une  place,  & 
desfentiers  qui  mènent  à  la  chauffée.  Il  y  a  dans  cet  en- 
droit deux  petits  châteaux  ,  pour  empêcher  le  paffage  à 
l'ennemi ,  s'il  vouloir  aller  par-là  vers  la  ville. 

PORTO-DI  SANT-ELPIDIO  ,  port  d'Italie,  dans  la 
Marche  d'Ancone,  fur  la  côte  du  golfe  de  Venife.  Il  eft 
fitué  entre  les  embouchures  du  Chiento&  delaTenna.il 
y  a  fur  le  rivage  une  bourgade  de  même  nom.  On  croit 
que  c'eft  la  ville  Potentia  des  anciens.  Voyez.  Potentia.  * 
Magin ,  Carte  de  la  Marche  d'Ancone. 

^  1.  PORTO-SAN-STEPHANO,  bourg  d'Italie,  fur  la 
côte  de  France,  dans  l'état  appelle  Delli  Preftdii.  Ce 
bourg  a  un  pott  Se  une  fortereffe  bâtie  furie  mont  Argen- 
taro.  Voyez  l'article  fuivant. 

2.  PORTO-SAN  STEPHANO  ,  port  d'Italie ,  fur  la 
mer  de  Toscane ,  à  fept  milles  d'Orbitelle.  J'ai  peine  ,  dit 
le  père  Labat,  Voyage  d'Italie ,  t.  7.  p.  124.  à  donner  le 
nom  de  port  à  ce  mauvais  acul ,  qui  n'eft  à  couvert  que 
des  vents  qui  viennent  de  la  bande  de  l'eft  ,  Se  un  peu 
de  ceux  qui  viennent  du  fud  ,  Se  qui  eft  expoféà  tous  les 
autres.  Il  y  a  fur  le  bord  une  chapelle ,  &  fur  une  hauteur 
au-deffus  de  cette  chapelle,  on  voit  un  fortin  ou  une  tour 
fortifiée  II  y  avoit ,  à  ce  qu'on  dit,  une  petite  ville  auprès 
de  l'endroit  où  eft  la  chapelle ,  mais  il  y  a  long-tems  qu'il 
n'en  eft  plus  mention  ;  peut-être  parce  que  les  courfes  des 
Barbares  ont  obligé  les  habitans  à  fe  retirer.  Il  ne  refte 
plus  que  trois  ou  quatre  mauvaifes  maifons.  Onnere- 
connoît  la  chapelle  qu'à  une  croix  qui  eft  fur  la  porte  , 
&  à  un  autel  de  pierre  tout  nud.  Les  matelots  s'y  reti- 
rent ,  quand  ils  relâchent  en  cet  endroit.  Ils  y  font  du  feu, 
Se  félon  les  apparences  ,  leur  cuifine. 

PORTO-SANTO ,  ifie  d'Afrique,  au  nord  oriental  de 
celle  de  Madère ,  à  deux  degrés  Se  demi  du  premier  mé- 
ridien ,  fous  les  trente-deux  degrés  trente  minutesde  lati- 
tude feptentrionale.  Elle  fut  découverte  en  1418  par 
Gonzales  Zarco,  Se  Triftanvoz  Teffora  ,  Se  Triftanvoz, 
gentilshommes  Portugais,  que  l'infant  Henti ,  fils  dedon 
Jean  I,  roi  de  Portugal ,  avoit  envoyés  pour  doubler  le 
cap  Bojador ,  Se  aller  plus  loin  à  la  découverte  ,  fur  un 
petit  bâtiment  qu'il  leur  fit  équiper.  Ils  furent  furpris 
d'une  violente  tempête  ,  qui  ,  les  ayant  jettes  en  haute 
mer  ,  leur  fit  trouver  pour  afyle,  dans  le  tems  qu'ils  fe 
croyoient  perdus ,  une  ifle  jusqu'alors  inconnue  ,  à  la- 
quelle ils  donnèrent  le  nom  dePorto-Santo,  parce  que  ce 
fut  le  jour  de  laTouffaint  qu'ils  en  fitent  la  découverte. 
Cette  ifle  étoit  peuplée,  Se  les  habitans  n'en  étoient  ni 
civilifés  ni  tout-à-fait  barbares;  mais  la  terre  y  étoit  très- 
fertile.  Ils  y  appotterent  des  femences  de  grains  de  toute 
espece,&  desbeftiaux  pour  cultiver  rifle.  Ils  n'y  portèrent 


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que  deux  lapins  qui  multiplièrent  fi  fort,  que  dans  l'espa- 
ce de  deux  ans  ils  détruifirent  tout  ce  qui  avoit  été  femé. 
Cette  ifle  eft  petite, &  n'a ,  félon  Cadamofte,  que  quinze 
milles,  ou  cinq  lieues  de  tour.  Sanut  dit  qu'elle  eft  plus 
grande.  Elle  manque  de  port ,  Se  a  feulement  un  golfe 
fort  affûté  ,  fi  ce  n'eft  quand  quelques  vents  du  côté  du 
fud-oueft:  y  foufflent.  Ce  golfe  eft  commode  pour  donner 
retraite  aux  vaiffeaux  qui  viennent  des  Indes  ,  Se  à  ceux 
djEurope  qui  vont  en  Afrique.  Auffi  les  marchands  s'y  ar- 
rêtent fort  fouvent ,  &  leur  abord  caufe  un  grand  profir 
aux  habitans  de  cette  ifle.  Quelques-uns  la  prennent  pour 
la  Cerne  de  Ptolomée ,  Se  d'autres  pour  XOmbrio  de  Pli- 
ne. Sanut  croit  que  c'eft  la  Pœna  de  Ptolomée  »  à  caufe 
que  U  latitude  eft  presque  la  même.  On  y  recueille  affez 
de  froment  Se  d'autres  grains ,  pour  l'ufage  des  habitans. 
Us  ont  quantité  de  bœufs  Se  de  fangliers  ,  Se  une  infinité 
de  lapins.  Ils  ont  auffi  une  drogue  appellée  fang  de  dra- 
gon, qui  eft  fort  recherchée  des  marchands, &  qu'on  tire 
de  certains  arbres  qui  fe  trouvent  dans  l'ifle.  On  donne 
quelques  coups  de  cognée  au  pied  de  ces  arbres,  &  l'an- 
née fuivante  dans  un  certain  tems ,  la  gomme  fe  pouffe 
hors  des  fentes  qui  ont  été  faites.  Cettç  gomme  étant  re- 
cueillie ,  cuite  Se  bien  purgée  ,  on  en  fait  le  fang  de  dra- 
gon ,  fi  renommé  chez  les  droguiftes.  Ces  mêmes  arbres 
portent  un  fruit  qui  reffemble  à  la  cerife  ,  mais  dont  la 
couleur  eft  jaune.  Il  eft  mur  au  mois  de  mars ,  Se  d'un 
goût  fort  agréable.  On  trouve  encore  dans  cette  ifle  une 
grande  abondance  de  cire  Se  de  miel  :  Se  la  mer  des  envi- 
rons a  quantité  de  dorades  Se  d'autres  poiffons  -,  enforte 
que  la  pêche  eft  très-bonne.  Les  habitans  vivroient  fore 
tranquillement  fans  les  écumeurs  de  mer ,  aux  courfes 
desquels  ils  font  fujets ,  Se  qui  étant  descendus  dans  l'ifle 
en  16 17,  en  emmenèrent  fix  cens  foixante  Se  trois  perfon- 
nes.  Ces  infulaires  font  tous  Catholiques,  &  obéiffent  en 
tout  ce  qui  regarde  le  fpirituel  à  l'évêque  de  Funchal  de 
l'ifle  de  Madère.  Ils  vivent  de  leur  propre  économie. 
L'ifle  de  Madère  produifanr  peu  de  bled,  ils  fe  font  livrés 
à  l'agriculture  qui  les  rend  indépendans  du  fecours  de 
leurs  voifins.  Au  mois  d'Avril  15951  le  capitaine  Prefton, 
Anglois.s'empara  de  Porto  Santo;  Se  comme  il  avoit  reçu 
quelques  infultes ,  il  la  fit  brûler  jusqu'aux  fondemens. 
*  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy.  Lafitau  ,  Conquêtes  des 
Portugais ,  dans  le  nouveau  monde  ,  /.  1.  p.  12.  Corn. 
Dicl.  Davity  ,  Etats  du  roi  de  Portugal  en  Afrique. 

i.PORTO-SEGURO,  gouvernement  ou  capitainerie 
de  l'Amérique  méridionale,  fur  la  côte  orientale  du  Bre- 
fil.  Il  eft  borné  au  nord  par  la  capitainerie  de  Rio  dos 
llbeos  ,  à  l'orient  par  la  mer  du  Nord  ,  au  midi  par  la  ca- 
pitainerie de  Spiritu-Santo,  dont  il  eft  féparé  par  Rio  Docet 
Se  à  l'occident  par  la  nation  des  Tupiques.  Antoine  Her- 
rera  donne  à  ce  gouvernement  trois  petites  villes  ,  dont 
l'une  porte  le  nom  de  Sant-Amaro  ,  l'autre  celui  de  S. 
Crux  ,  Se  la  troifieme  garde  le  nom  de  Porto  Seguro.  De 
l'ifle,  dans  fa  carte  du  Brefil  ,  n'en  nomme  pas  da- 
vantage. Il  matque  feulement  quelques  rivières  qui 
font: 

Rio  S.  Antonio. 

Rio  dos  Frades. 

Rio  de  Sernaubite. 

Rio  Ilahaem. 

Rio  des  Caravellas. 

Rio  Peruipe. 

Rio  Cororupe. 

Rio  dos  Reys  Magos. 

Les  Portugais,  qui  demeurent  dans  ce  gouvernement , 
navigent  beaucoup  le  long  de  la  côte  Se  transportent.dans 
les  autres  gouvernemens  du  Brefil ,  toutes  fortes  de  vi- 
vres ,  qui  abondent  extraordinairement  dans  la  capitai- 
nerie de  Porto-Scguro -,  ce  qui  fait  le  principal  profit  des 
habitans.  Affez  près  de  ce  rivage ,  les  rochers  Se  les  bancs 
vulgairement  nommés  Abrolhos ,  Se  fi  fameux  par  les 
naufrages  de  rant  de  navires,  commencent  à  s'étendre  en 
pleine  mer.  *  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas.  De  Laët ,  De- 
feripr.  des  Indes  occ.  /.  15.  c.  20. 

Ce  fut  Alvaro  Cabrai  Portugais,  qui  le  premier  décou- 
vrit ce  pays  en  1500.  Il  prit  tellement  au  large,  pour  évi- 
ter les  calmes  des  côtes  d'Afrique ,  que  le  24  d'Avril  il  fc 
trouva  à  la  vue  d'une  terre  inconnue ,  firuée  à  l'oueft.  La 
groffe  mer  l'ayant  obligé  de  ranger  la  côte,  il  courut  jus- 


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que  vers  le  quinzième  degré  de  latitude  aultrale  ,  où  il 
trouva  un  bon  port ,  qu'à  caufe  de  cela  il  nomma  Porto- 
Seguro  ,  après  avoir  impofe  le  nom  de  Sainte  Croix  à  la 
terre  du  continent ,  où  il  avoit  abordé.  Ce  nom  fut  de- 
puis changé  en  celui  de  8refil,ou  Brafil  ,  qui  eft  celui 
d'un  bois  allez  connu  aujourd'hui,  *  Le  Père  Lafiteau  , 
Conquêtes  des  Portugais  dans  le  nouveau  Monde  ,  t.  u 
p.  160. 

2.  PORTO-SEGURO,  ville  de  l'Amérique  méridio- 
nale }  au  Brefi! ,  dans  la  capitainerie  à  laquelle  elle  donne 
le  nom ,  à  l'embouchure  d'une  rivière,  fur  la  côte  de  la 
mer  du  nord.  Elle  eft  bâtie  fur  le  fommet  d'une  roche 
blanche  ,  auprès  de  laquelle  on  voit  la  terre  fort  haute  , 
montant  vers  le  nord.  Elle  s'applanit  de  l'autre  côté  ,  ôc 
fe  termine  en  un  rivage  fablonneux  &  bas.  Ce  lieu  n'eft 
habité ,  félon  quelques  uns,  que  par  cent  cinquante  famil- 
les porrugaifestd'autres  cependant  en  font  monter  le  nom- 
bre plus  haut.  H  y  a  à  Porto  Seguro  quelques  moulins  à 
lucre.  *  De  Laët,  Defcr.  des  Indes  occ.  /.  1 5.  c.  20. 

PORTO  DE-TORES  ,  petit  port  d'Espagne  ,  au 
royaume  de  Grenade ,  fur  1  a  côte  de  la  mer  Méditerranée. 
Depuis  la  pointe  de  l'eft  de  Vêliez  Malaga ,  jusqu'à  celle 
del'cft  de  Porto  de  Tores  ,  la  côte  court  à  l'eft-quart  de 
fud  eft ,  environ  huit  milles  :  c'eft  une  côte  baffe  presque 
imie.  11  y  a  trois  tours  de  garde  dans  cet  espace  ,  <&  fur  la 
pointe  de  l'oued  de  Porto  de  Tores  une  espèce  de  petit 
château  carré ,  flanqué  de  quatre  tours ,  &  une  au  milieu , 
qui  cil  carrée.  Au-defTus ,  du  côté  du  nord-eft  ,  environ 
un  nulle  dans  les  terres ,  il  y  a  un  village  qu'on  nomme 
Marcas.  On  peut  mouiller  à  l 'eft  de  la  pointe  de  l'oueft 
de  Porto  de  Tores ,  vis-à-vis  de  ce  village,  par  dix  à  douze 
braffes  d'eau  ;  mais  ce  mouillage  n'eft  propre  que  pour 
les  vents  de  terre.  *  Michelot ,  Portul.  de  la  Médit,  p.  1 2. 

PORTO-TORRE,  port  de  l'ifle  de  Sardaigne ,  fur  la 
côte  occidentale  de  cette  ifle,  vis-à-vis  de  l'ifle  Zavara , 
qui  le  couvre  du  côté  de  l'occident.  11  elt  à  l'embouchure 
de  la  rivière  Torre,  où  l'on  voit  encore  quelques  ruines 
de  la  ville  de  même  nom.  On  voie  que  Porto-Torre  eft 
l'ancien  Lïbijfonis  Portits.  *  Magin  ,  Carte  de  l'ifle  de 
Sardaigne. 

PORTO-VECCHIO  ,   anciennement    Syracufanus 
Portas  ,  grande  baie  ,  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle  de 
Corfe,  vers  la  pointe  du  fud.  On  y  pourroit  mouiller 
plufieurs   vaiffeaux  ôc   galères  ôc  y  être  à  couvert  de 
plufieurs  vents.  La  reconnoiffance  de  cette  baie  eft  facile , 
principalement  en  venant  du  côté  de  l'eft.  On  y  voit  une 
haute  montagne  hachée  ou  dentelée  ,  très-facile  à  con- 
noïtre,  &  dans  une  baffe  terre.  Le  Porto-Vecchio  eft  tant 
foit  peu  plus  au  fud  de  cette  terre.  Lorsqu'on  approche 
du  port ,  on  voit  quelques  petits  écueils  qui  paroiffent 
comme  des  bateaux  hors  de  l'entrée.  11  y  en  a  un  droit  par- 
le milieu  de  l'entrée ,  à  une  demi-lieue  au  large,  &  un  au- 
tre proche  de  la  pointe  de  la  gauche,en  entrant  à  la  portée 
du  fufil.  A  l'eft-fud-elt  de  recueil  du  nord  ,  environ  à 
deux  cables ,  il  y  a  une  féche.  La  pointe  de  la  droite ,  en 
entrant ,  elt  fort  haute.  Au-deffus ,  il  y  a  une  tour  de  gar- 
de ,  ôc  quelques  rochers  hors  de  l'eau  auprès ,  ôc  des  pla- 
ges de  fable.  On  voit  une  autre  tour  vers  l'oueft  de  l'en- 
trée, fur  une  moyenne  pointe ,  entourée  de  plufieurs  ro- 
chers hors  de  l'eau  ôc  à  fleur  d'eau.  Entre  ces  deux  poin- 
tes, il  y  a  un  peu  d'enfoncement  ôc  une  plage  de  fable  , 
avec  une  petite  rivière, où  l'on  peut  faire  de  l'eau.  A  deux 
milles  à  l'ouelt-nord-ouelt  du  cap  Cigli ,  il  y  a  une  groffe 
pointe  fort  haute,  qui  fait  l'entrée  de  ce  port ,  ôc  au  pied 
elt  une  pointe  de  fable  qui  s'avance  fous  l'eau  un  cable  ôc 
demi  au  large  ,  à  quoi  il  faut  prendre  garde.  Il  ne  faut 
pas  non  plus  ranger  trop  fur  la  droite,  ni  approcher  trop 
près  de  la  pointe  du  fond ,  où  elt  cette  tour  ;  car  il  y  a  des 
rochers  fous  l'eau  fort  au  large.  Dans  le  fond  decette  baie , 
vers  le  fud-oueft ,  il  y  a  une  citadelle  en  affez  mauvais  or- 
dre, fituée  fur  le  haut  d'une  colline,&  au-deffous  dans  le 
fond  de  la  baie  ,  il  y  a  une  grande  plage  de  fable  ,  &  un 
terrein  bas  où  eft  un  étang ,  avec  quelques  gros  arbres  de 
pin.  Presque  par  tout  le  fond  de  cette  baie  ,  du  côté  de 
l'oueft  ,  il  y  a  une  grande  quantité  d'écueils ,  hors  de  l'eau 
&  fous  l'eau:  ainfi  il  ne  faut  point  en  approcher.  Pour 
entrer  dans  le  Porto-Vecchio,  en  venant  du  côté  du  nord, 
il  faut  laiffer  fur  la  gauche  les  écueils  de  l'entrée  ;  ôc  fi  on 
vient  du  côté  du  fud, on  peut  paffer,iï  on  veut ,  au  milieu 
de  ces  gros  rochers  dont  il  vient  d'être  parlé/ju  bien  entre 


le  cap  Cigli ,  qui  eft  la  pointe  du  fud-eft  de  Porto-Vec- 
chio ,  ôc  le  premier  écueil ,  où  il  y  a  dix  braffes  d'eau  :  en- 
fuite  il  faut  s'écarter  de  la  pointe  de  la  gauche,  en  en- 
trant dans  le  fond ,  où  l'on  mouille  au  dehors  de  rifle 
par  trois,  quatre  &  cinq  braffes  d'eau,  fond  d'herbe  vafeux. 
La  commandante  peut  porter,  fi  elle  veut,  une  amarre 
fur  cette  ifle.  On  ne  voit  presque  point  la  mer  du 
large,  à  caufe  des  pointes.  La  latitude  eft  de  41  deg. 
39  min.  ôc  la  variation  de  fept  degrésnord-ouelt.  Le 
traverfier  du  Porto-Vecchio  elt  l'elt-nord-eft  qui  y  donne 
à  plein;  mais  on  ne  le  fent  point  dans  le  lieu  où  l'on 
eft  mouillé.  *  Michelot,  Portul.  delà  mer  Méditerranée , 
p.  ï35- 

PORTO-VENDRES ,  Voyez,  au  mot  Port, Par- 
ticle  Port-Vendre. 

1,  PORTO-VENERE,  Fortus-Veneris,  port  d'Italie , 
fur  la  côte  de  Gènes ,  à  l'entrée  du  golfe  de  Specia , 
ou  Spezza.  Il  y  a  fur  ce  port  une  petite  ville ,  fituée 
au  pied  d'une  haute  montagne  couverte  d'oliviers.  Voyez. 
l'article  fuivant. 

^  2.  PORTO-VENERE ,  petite  ville  d'Italie ,  fur  la 
côte  de  Gènes ,  à  l'entrée  du  golfe  de  Specia,  à  vingt- 
cinq  milles  ou  environ  de  Seftri  di  Levante.  Le  père 
Labat ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  1.  p.  75.  dit  que  c'eft  un 
bourg  qu'on  a  honoré  du  nom  de  ville.  Elle  eft  petite  , 
mal  bâtie  ,  pauvre  ,  ôc  fituée  fur  la  pointe  occidentale 
du  golfe  de  la  Specia  ou  Spezza.  Elle  a  quelques  refles 
de  vieilles  murailles  ,  fur  le  bord  de  la  mer,  avec  une 
porte  qu'on  fermoir,  quand  il  y  avoit  des  ventaux.  Porto- 
Venere  eft  fur  le  penchant  d'une  hauteur ,  dont  le  fom- 
met eft  occupé  par  une  espèce  de  fortereffe,  au  pied 
de  laquelle  on  a  rebâti  depuis  peu  l'églife  ,  dont  la 
porte  donne  fur  une  esplanade,  qui  a  une  très- belle 
vue  fur  la  mer ,  fur  l'ifle  Palmaria  ou  Palmacia  ,  qui  eft 
vis-à-vis ,  ôc  fur  tout  le  golfe.  Il  y  a  un  petit  couvent 
de  Zocolami ,  ou  Récollets  ,  hors  de  la  porte  de  la  ville. 
Entre  les  deux  pointes  du  golfe  de  Specia  ,  mais  plus  près 
de  celle  où  eft  bâtie  Porto-Venere  ,  eft  l'ifle  de  Palma- 
ria ,  où  ,  à  ce  qu'on  dit ,  l'on  voit  encore  les  ruines  du 
monaftere  de  Saint  Vénérée  ,  que  Baudrand  prétend 
avoir  donné  le  nom  à  la  ville  de  Porto-Venere.  11  fe 
trompe  :  on  l'auroit  appellée  Porto-Vcnereo ,  ôc  non 
pas  Porto-Venere,  qui  lignifie  le  Port  de  Venus.  C'eft  le" 
Voneris-Portus  d'Antonin. 

PORTO-VIEJO  ,  port  de  l'Amérique  méridionale  » 
au  Pérou,  dans  l'audience  de  Quito  ,  fur  la  côte  de  la 
mer  du  Sud.  11  y  a  un  bon  port  devant  cette  ville.  *  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

PORTO-V1ERO,  port  d'Italie  ,  dans  leFerrarois, 
aux  frontières  de  l'état  de  Venife ,  félon  Corneille  , 
DM.  qui  ne  cite  aucun  garant.  Il  ajoute  que  ce  port  eft 
à  l'endroit  où  le  bras  le  plus  feptentrional  du  Pô  ,  nom- 
mé le  grand  Pô ,  fe  jette  dans  le  golfe  de  Vcnifc ,  à  cinq 
milles  du  port  Délie  Fornaci ,  du  côté  du  fud  ,  &  à 
dix  milles  de  Porto  Goro.  Magin  ne  nomme  point  ce 
port. 

PORTO-VITULO ,  port  de  la  Morée  ,  dans  le  Braz- 
zo  di  Maina ,  fur  la  côte  occidentale  du  golfe  de  Co- 
ron ,  près  de  Cbielafa.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PORTOLE,  bourg  d'Italie,  dans  l'Iftrie,  ôc  dans 
les  terres ,  environ  à  fept  milles  au  nord  oriental  de 
Montona.  La  rivière  de  Quieto  coule  entre  deux.  *  Ma- 
gin ,  Carte  de  l'Iftrie. 

PORTOPANA  ,  ville  de  la  Perfide.  Ptolomée,  /.  6. 
c.  4.  la  place  dans  les  terres ,  entre  Axima.  ôc  Pcrfe- 
polis.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque  Palatine  ,  au  lieu 
de  Porto-Paia  ,  lit  Poryospana. 

PORTOSPANA,  ville  de  la  Caramanie  ,  félon  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  S.  qui  la  place  dans  les  terres.  C'eft  la 
même  ville  qu'Ammien  Marcellin  appelle  Ortos- 
pana. 

PORTSEY.  Voyez.  Portsmouth. 
PORTSLAND,  petite  ifle  d'Angleterre,  dans  la 
Manche  ,  fur  la  côte  méridionale  du  Dorfcftshire  ,  au 
15  deg.  12  min.  de  longitude,  cv  50  deg.  32  min.de 
latitude.  Elle  a  titre  de  comté,  deux  châteaux  ôc  eft  très- 
fertile. 

PORTSMOUTH,  Portas  Magntts,  ville  d'Angle- 
terre ,  dans  le  Hampshire  ,  ou  Hanrshire  ,  au  16  deg. 
32  min.  de  longitude,  ôc  ;o  deg.  jo  min.  de  latitude. 


POR 


POR 


C'eft  un  des  plus  fameux  ports  d'Angleterre,  &  une 
place  bien  fortifiée.  Elle  eftfituée  dans  l'ifie  de  Portfey  , 
qui  a  environ  quatorze  milles  de  tour.  Quoique  l'air  y 
foit  aflez  mal  fain ,  &  que  l'eau  douce  n'y  abonde 
pas  »  elle  ne  laifle  pas  d'être  fort  peuplée ,  ôc  il  s'y  fait 
un  grand  négoce.  C'eft  une  pépinière  de  mariniers,  ÔC 
Spithead  ,  dans  fon  voillnage,  eft  lé  rendez-vous  de  la 
flotte  royale,  allant  à  l'oued  ,  ou  revenant  de  l'eft.  Il  y 
a  un  chantier  pour  bâtir  des  vaifleaux  de  guerre,  ôc  des 
magafins  pour  les  équiper.  *  Etat  préféra  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  r.  i.  p.  69. 

PORTUGAL,  Lujîtania,  royaume  fitué  dans  la 
partie  la  plus  occident  île  de  l'Europe,  entre  le  37 
ôc  le  42  deg.  de  latitude  feptentrionale ,  &c  entre  ks 
9  ôc  12  deg.  de  longitude.  Il  s'étend  en  longueur  du 
nord  au  fud  ,  penchant  un  peu  du  nord-eit  au  fud- 
oueft.  L'Océan  le  mouille  à  l'occident  ôc  au  midi  :  du 
côté  de  l'orient  il  confine  à  l'Andaloufie,  à  la  Caftille 
nouvelle ,  &  au  royaume  de  Léon  ;  Se  du  côté  du  nord  à 
la  Galice.  Il  efl  féparé  de  l'Andaloufie,  par  la  Guadiana, 
depuis  l'embouchure  de  cette  rivière  ,  jusqu'au  con- 
fluent de  la  Chanca ,  &  par  cette  même  rivière «]  de 
Chanca  :  de  la  Caitille  nouvelle  par  une  ligne  imagi- 
naire tirée  de  Frenenal  à  Ferreira ,  ôc  deli  vers  Bada- 
joz ,  par  la  rivière  de  la  Caye,  ôc  par  celle  d'Elia  :  du 
royaume  de  Léon ,  par  des  montagnes ,  par  la  rivière 
de  Touroes ,  par  le  Doucro,  ôc  par  une  ligne  tirée 
de  la  Miranda  de  Duiiro,  jusqu'à  la  fource  de  la  ri- 
vière de  Sor  :  de  la  Galice  enfin  par  une  ligne  rirée 
de  la  fource  de  la  rivière  de  Soi ,  jusqu'à  Melgazo,  ôc 
par  le  Migne  ,  ou  Minho,  jusqu'à  l'Océan.  On  donne 
communément  à  ce  royaume  cent  dix  lieues  de  lon- 
gueur,  cinquante  de  largeur,  cent  trente-cinq  de  cô- 
tes, &  trois  cens  de  tour.  *  Délices  de  Portugal,  p. 
690. 

Le  royaume  de  Portugal  eft  la  Lusitanie  des  an- 
ciens. Cependant  la  Lufitanie  comprenoit  des  pays 
qui  ne  font  point  aujourd'hui  du  Portugal  ;  ôc  le  Por- 
tugal renferme  quelques  contrées  qui  n'étoienr  point 
de  la  Lufitanie.  Voyez.  Lusitanie.  Le  nom  de  Portu- 
gal eft  moderne.  Voyez.  Porto  ôc  Puerto  Cale.  * 
Mag'in ,  Abrégé  de  l'hiftoire  de  Portugal ,  p.  1.  ôc  fui- 
vantes. 

Les  premiers  habitans  du  Portugal ,  ou  de  la  Lufita- 
nie, étoient  divifés  en  divers  peuples  indépendans  les 
uns  des  autres ,  ôc  fe  gouvernoient  chacun  félon  leurs 
loix  ou  leurs  coutumes.  Peu  obéiflbient  à  des  rois  ;  ce 
nom  leur  déplaifoit.  Ils  formoient  presque  tous  autant  de 
républiques  ;  leurs  capitaines  étoient  fimples  particu- 
liers en  tems  de  paix,  &  fou  venins  en  tems  de  guerre. 
On  prétend  néanmoins  que  la  Lufitanie  obéit  à  un 
feul  roi,  jusqu'à  une  grande  fécherefle,  qui  dépeupla 
presque  toute  l'Espagne,  ôc  qui  dura  trente  ans,  fé- 
lon quelques  uns,  ôc  trente  mois,  félon  d'autres.  Après 
cette  fécherefle,  diverfes  colonies  fe  jetterent  dans  le 
pays,  ôc  ne  voulurent  pas  reconnoître  l'autorité  des 
anciens  habitans.  Ces  peuples  prirent  fouvent  les  ar- 
mes les  uns  contre  les  autres  ,  &  ne  s'unirent  que 
fous  Viriatus  ôc  fous  Sertorius.  Leurs  coutumes  ôc 
leurs  mœurs  n'eurent  rien  de  commun  qu'après  une 
longue  fuite  de  fiécles,  mais  leur  culte  étoit  le  même; 
leurs  dieux  étoient  Mars ,  Minerve  &  Hercule.  Ils 
leur  facrifioient  les  mains  droites  de  leurs  prifonniers 
de  guerre ,  qu'ils  égorgeoient  aux  pieds  des  autels.  La 
veille  d'une  bataille ,  ils  ruoient  un  de  leurs  ennemis , 
ôc  jugeoient  par  fes  entrailles  du  bon  ou  du  mauvais 
fuccès  de  l'entreprife.  Vouloient-ils  jurer  une  alliance 
qui  pût  être  inviolable,  ou  faire  une  promefle  folem- 
nelle,  il  tuoient  un  cheval  ôc  un  ennemi,  leur  fen- 
doient  le  ventre  au  pied  d'un  autel  de  Mars  ou  d'Her- 
cule ,  puis  mettoient  leurs  mains  dans  le  ventre  de  ces 
deux  victimes ,  ôc  les  pofoient  enfuite  toutes  fanglan- 
tes  fur  l'autel.  Les  réfolurions  pour  le  bien  de  l'état  fe 
prenoient  dans  des  aflemblées  générales.  On  approu- 
voit  les  propofitions ,  en  frapant  de  l'épée  fur  le  bou- 
clier, ou  on  les  rejettoit  par  un  murmure  univerfel. 
Tout  le  monde  portoit  des  habits  longs  :  les  feuls  es- 
claves en  avoient  de  courts.  Cette  mode  ne  s'eft  per- 
due dans  le  Portugal ,  que  depuis  environ  deux  fié- 
cles. Les  hommes  ne  s'oçcupoient  que  de  la  guerre,  de 


la  chafle  ôc  de  la  garde  des  troupeaux.  Les  femmes 
avoient  foin  du  ménage,  des  habits  ôc  du  commerce. 
Les  esclaves  étoient  employés  à  l'agriculture.  Les  da- 
mes ont  fouvent  paru  les  armes  à  la  main  ;  ôc  la  Lu- 
fitanie, aufli  bien  que  le  Portugal ,  ont  eu  des  amafo- 
nes  célèbres. 

On  ne  fait  point  la"  véritable  origine  des  Lufitaniens  : 
il  eft  probable  que  les  Egyptiens  entrèrent  dans  la  Lu- 
fitanie avant  que  les  Carthaginois  occupaient  ce  pays. 
En  effet  les  Lufitaniens  comptoient  leurs  années  de 
quatre  en  quatre  mois ,  comme  les  Egyptiens,  ufage 
qu'ils  confeiverent  jusqu'au  tems  d'Augu'fte.  Ainfi  l'on 
pourroit  recevoir  la  tradition,  qui  puite  qu'Ofnis 
célèbre  dans  l'hiftoire  des  dieux,  pafla  dans  la  Lufita- 
nie, ôc  y  défit  le  fameux  Gérion  qui  y  ctoic  venu  de 
l'Afrique  ôc  qui  y  regnoit.  On  regarde  comme  confiant , 
que  l'Hercule  de  Libye,  qu'on  croit  fils  d'Ofuis,  vint 
aufli  dans  la  Lufitanie  ,  où  il  battit  les  trois  fils  de 
Getion.  Long  tems  après  un  certain  Gargoris  régna  dans 
le  Portugal,  ôc  fa  fille  unique  eut  d'un  amant  un  fils- 
nommé  Abïdii ,  qui,  fi  l'on  en  croit  Juftin,  fut  ex- 
pofé  aux  bêtes,  &  élevé  par  une  chèvre.  Ce  fut  fous 
le  règne  de  est  Abidis,  qu'arriva  cette  fameufe  féche- 
refle qui  tarit  les  fleuves ,  brûla  les  herbes  ôc  les  arbres , 
ôc  fit  mourir  la  plus  grande  partie  des  habitans  du 
pays.  Il  fut ,  à  ce  qu'on  croit ,  le  dernier  roi  des  Lu- 
fitaniens. 

Peu  de  tems  après  fa  more  les  Phéniciens  abordè- 
rent fur  les  côtes  de  la  Lufitanie,  fe  fortifièrent  dans 
l'ifie  de  Cadix,  d'où  ils  pafierent  dans  le  continent,  & 
y  firent  des  conquêtes.  Les  Lufitaniens  ôc  les  Gaulois, 
ciui  s'étoient  habitués  dans  le  pays,  les  battirent  fou- 
vent ôc  les  auroient  entièrement  chafles,  fans  le  fecours 
de  Carthage,  l'une  de  leurs  colonies.  Les  Carthagi- 
nois leur  amenèrent  du  renfort ,  environ  j  10  ans  avant 
la  naifiance  du  Sauveur.  Mehetbal,  leur  chef,  s'empara  de 
quelques  places,  où  il  fe  fortifia  fi  bien,  qu'il  ne  fuc 
pas  poflible  de  le  chafler.  Les  Lufitaniens  fuient  amis 
des  Carthaginois  pendant  plus  de  deux  fiécles  Se  en- 
fuite  leurs  alliés.  Barcino,  père  d'Annibal,  fit  alliance 
avec  la  plus  grande  partie  de  ces  peuples ,  environ  3  10 
ans  avant  la  naifiance  de  J.  C.  Annibal  eut  dans  fes 
intérêts  la  Lufitanie  entière,  ôc  en  tira  les  meilleures 
troupes  avec  lesquelles  il  mit  Rome  à  deux  doigts  de  fa 
ruine.  Les  Romains  ayant  foit  la  conquête  de  l'Espa- 
gne, trouvèrent  dans  les  Lufitaniens  des  ennemis  terri- 
bles ,  <S:  qu'ils  n'auroîentfjamais  fournis,  fi  ceux-ci  avoient 
eu  foin  de  profiter  de  leurs  victoires,  ou  feulement  de 
fe  tenir  fur  leurs  gardes ,  après  avoir  battu  l'ennemi  ; 
mais  s'abandonnant  a  la  joie  ôc  aux  plailirs,  ils  étoient 
furpris  ôc  défaits  à  leur  tour.  Le  préteur  Galba  deses- 
pérant de  foumettre  les  Lufitaniens  par  les  armes ,  en 
fit  aflembler  neuf  à  dix  mille  dans  trois  vallées ,  où 
il  les  fit  presque  tous  égorger ,  environ  133  ans  avant 
J.  C.  Il  affaiblit  les  Lufitaniens,  mais  au  lieu  de  les 
réduire,  il  les  rendit  ennemis  irréconciliables  des  Ro- 
mains ;  ni  la  force  ni  la  douceur  ne  put  rien  fur  leur  es- 
prit,  ôc  ils  ne  furent  entièrement  fournis  que  fous  Au- 
gufte,  deux  ans  avant  la  naifiance  de  J.  C. 

La  Lufitanie  fut  aflez  tranquille  fous  les  Romains. 
Les  Lufitaniens,  qui ,  jusqu'alors  s'étoient  adonnés  aux 
armes ,  ne  s'occupèrent  plus  que  du  foin  de  parvenir 
aux  charges  de  la  cour  des  empereurs,  ou  de  celui  de 
s'enrichir  par  le  commerce.  Ainfi  il  n'eft  pas  furpre- 
nant  que  les  Alains,  les  Suévcs  ôc  les  Vandales  ayent 
trouvé  tant  de  facilité  à  fe  rendre  maîtres  du  pays.  Les 
Suéves  s'y  maintinrent  \  les  autres  en  furent  chafles,  ôc 
pafierent  en  Afrique.  On  dit  que  la  Lufitanie  fut  quel- 
quefois appellée  Suévosie  ou  Suévie  ,  fous  les  rois 
Suéves ,  ôc  qu'elle  ne  perdit  ce  nom  qu'après  l'extinction 
de  la  monarchie  des  Suéves  par  les  Goths.  Il  ne  fe 
pafla  rien  de  remarquable ,  depuis  l'union  de  la  Lu- 
fitanie à  la  monarchie  des  Goths ,  jusqu'à  la  fin  de  cette 
monarchie,  qui  dura  trois  cens  &  un  an,  fous  trente- 
trois  rois,  ôc  finit  en  don  Rodrigue,  que  les  Maures 
venus  d'Afrique  défirent  entièrement,  s'emparèrent  de 
la  plus  grande  partie  de  l'Espagne  ôc  de  la  Lufitanie. 
Les  vainqueurs  y  établirent  des  gouverneurs  qui  fe  fi- 
rent rois;  ôc  les  gouverneurs  particuliers  s'emparèrent 
des  places  qui  leur  avoient  été  confiées» 


1072,    P  OR 


POR 


Don  Aiphonfe  III ,  roi  de  Léon  ,  fut  le  premier  des 
rois  chrétiens   qui  porta  fes  aimes  dans  le  Portugal , 
depuis  que  les  Maures  l'eurent  conquis  ;  mais  il  y  fit 
peu  de  progrès.  Fruila,  fon  fils,  y  défit  un  roi  Maure, 
ce  poufia  les  conquêtes  jusqu'au  Tage;  mais  il  ne  put 
les  conferve.r.  Les  armes  de  leurs  fucceiïeurs  n'y  firent 
guère  de  plus  grands  progrès  jusqu'à  Ferdinand  I ,  dit 
le  Grand,  roi  de  Caftille,  qui  prit  Vifeo,  Lamego  Se 
Coimbre  ,  ôc  les  joignit  à  la  ville  de  Porto  que  fes 
prédécefleurs  avoient  p'fife  quelques  années  auparavant. 
Ferdinand  1  partagea  lés  états  entre  Ces  trois  fils  ,  San- 
che,  Alphonfe&  Garcias.  Don  Sanche  ufurpa  les  états 
de  fes  deux  frères  ;  mais  étant  mort  au  bout  de  fept  ans 
de  règne,  don  Alfonle  qu'il  avoit  contraint  de  le  fau- 
ver  chez  les  Maures,  rentra  dans  la  Callille,  ôc   s'y 
fit  couronner  roi  de  Caftille  ,  de  Galice,  de  Léon  & 
de  Portugal.  Ce  prince  donna  en  mariage  ,  fa  fille  Thé- 
rèfe ,  légitimée  de  Caiulle  ,   a    Henri  de  Bourgogne  , 
qui  l'avoir  fuivi  dans  fa  retraite  chez  les  Maures ;ôc 
pour  dot,  il  lui  donna  la  ville  de  Porto,  avec  fes  dé- 
pendances ,  fous  le  titre  de  Comté  de  Portugal.  Sous  fon 
gouvernement ,  le  Portugal  prit  une  nouvelle  face.  Les 
Chrétiens  animés  par  fa  préfence  reprirent  courage.  11 
gagna    dix-fept  batailles  rangées  fur  les  Maures  ,  leur 
enleva  quantité   de  villes,  de  châteaux  &  de  places, 
qu'il  conferva.  Il  fonda  ainfi  le  royaume  de  Portugal  : 
il  ne  porta  cependant  point  la  couronne ,  quoiqu'il  jouît 
de  toures  fes  prééminences  ;  mais  fon  fils  Alphonfe  1 , 
fnrnommé  Hcnriquez,  après  avoir  gagné  en  1139,1a 
fameufe  bataille  d'Oun'que,  fut  couronné  par  les  Por- 


tugais -,  &  le  pape  Alexandre  III  lui  confirma  ce  titre 
fous  condition  de  payer  annuellement  au  S.  Siège  deux 
marcs  d'or.  La  bulle  de  confirmation  ,  fignée  de  ce  pape 
ôc  de  vingt  cardinanx,  fe  conferve  dans  les  archives  de 
Portugal. 

Ce  nouveau  royaume  dura  l'espace  de  quatre  cens 
quarante  neuf  ans,  fous  feize  rois ,  &  finit  en  1578.  par 
la  mort  de  don  Sébaltien  ,  qui  périt  en  Afrique  dans  une 
bataille  contre  les  Maures.  On  peut  dire  néanmoins  que 
ce  royaume  ne  finit  qu'en  1580,  dans  la  perfonnede 
don  Henri  II,  qui,  quoique  piètre  ôc  cardinal,  fut 
reconnu  roi  de  Portugal  ,  après  la  mort  de  fon  neveu 
don  Sébaftien.  Philippe  II ,  roi  d'tspagne,  s'empara  de 
ce  royaume,  ôc  le  réunit  à  la  monarchie  Espagnole 
en  1580.  11  fut  le  premier,  qui  après  les  rois  Goths, 
vit  toute  l'Espagne  fous  fa  domination  ,  après  avoir  été 
divifée  près  de  huit  cens  ans.  Les  fucce fleurs  de  Phi- 
lippe II  la  pofléderent  dans  k  même  état  après  lui  jus- 
qu'à l'an  1640,  que  lesPor  ugais  fecoué ifcntlè  joug  des 
rois  Caftillans,  ôc  élevèrent  fur  le  trône  Jean  ,  duc  de 
Bragance ,  de  la  mai. on  des  anciens  rois  de  Portugal, 
qui  a  transmis  cette  couronne  à  fes  descendans  jus- 
qu'au roi  Jofcph  I ,  qui  a  fuccédé  en  1750  au  roi  Jean 
V ,  fon  père. 

Le  royaume  de  Portugal  eu.  drvjfe  en  deux  parties 
principales  ,  qui  font  le  royaume  d  Algârvc  é\-  celui  de 
Portugal}  &  chacun  de  ces  royaumes  fe  divifc  en  dif- 
férentes provinces ,  comme  on  ptut  le  voir  dans  la  table 
fuivante. 


Le  royaume  à' Al-  ■ 
garve ,  où  font 


I.  La  Couronne 
de  Portugal,  où  ' 
font 


Le  château  de  Lagos , 


Le  château  de  Tavira. 


La  province  d'Alentejo , 


Le  cap  S.  Vincent, 

Sàgres ,  Lagc- , 

Villa  nova  de  Portimaon  , 

Silves. 

Soûlée  ,Faro  , 

Tavira ,  cap  du  royaume  d'Al- 

garve  , 
Caftro  Maiino,  Alcontimo. 


f  Beja,  Elvas, 
•s  Portalégre  , 

*»Pfi  reinns  .  F. 


La  province  d'Eftremadure  Portugaife  ,< 


Le  royaume  de 
Portugal,  où  font^ 


La  province  de  Beira , 


Eftrémos,  Evora. 

"Alcocer  do  Sal , 
S.  Ubes ,  Almada, 
Le  cap  de  Rocca  , 
jCascaes ,  Belem, 
Lifbonne  ,  cap.  de  la  couronne  de 

Portugal , 
Sintra  ,  Villa  Franca, 
Alanguer ,  Santaten, 
Tomar ,  Leiria. 

Coimbra  ,  Cartel  Branco , 
Idanha,  Guarda, 
Vifeu ,  Aveiro, 
Lamego. 


r  Porto  ,  Viana  de  Fox  de  Lima , 
La  province  d'entre  Doucro  ôc  Minho  ,)  Ponte  de  Lima ,  Braga , 

LGuimarenes ,  Amarant. 


La  province  de  Tralos-Montes. 


I 


rVilla  Real ,  Mirandela  , 
J  Terre  de  Moncorvo , 
LBragance ,  Miranda,  Pinhel. 


Le  roi  de  Portugal  poflede  outre  cela  les  ifles  du  Cap- 
Verd  ,  celles  des  Açores  ou  Terceres  ôc  diverfes  au- 
tres. De  plus  il  eu  maître  du  Brefil ,  dans  l'Amérique  ; 
de  divers  forts  dans  les  royaumes  de  Guinée  ôc  de  Con- 
go, &  dans  la  Caffrerie  ;  de  plufieurs  belles  places  fur  la 
côte  orientale  d'Afrique ,  ôc  d'un  plus  grand  nombre 
encore  dans  les  Indes. 

Le  Portugal  eft  un  très  beau  &  très-bon  pays ,  riche  , 
fertile  &  abondant  en  tout  ce  qu'on  peut  fouhaiter  pour 
les  befoins  ôc  pour  les  agrémens  de  la  vie.  L'air  y  eft 


tempéré.  La  chaleur  eft  modérée  par  des  vents  rafraî- 
chiflans,  ôc  des  pluies  douces  lesquelles  fertili'enr  les 
terres.  Le  terroir feroit  très-fertile  ,  fi  leshabitans  avoient 
foin  de  le  cultiver.  Tout  le  monde  fait  que  depuis  le 
règne  de  don  Denis ,  jusqu'à  celui  de  don  Ferdinand , 
le  Portugal  fournifloir  des  grains  à  beaucoup  d'étran- 
gers :  mais  les  Portugais  aiment  mieux  s'occuper  aux 
feiences  &  au  commerce  dans  les  Indes ,  que  de  culti- 
ver la  terre  ,  ôc  vont  chercher  leurs  denrées  chez  l'é- 
tranger. Le  pays  eft  arrofé  d'un  grand  nombre  de  ri- 

Yieres  , 


POR 


POP, 


vîércs ,  &  entrecoupé  de  montagnes  fertiles.  Les  monta- 
gnes les  plus  confidérables  font  : 


IO73 


VEft  relia, 

Le  Marvan , 

La  Simra , 

VArabida , 

Le  Monte-  Juno  > 

Le  M'mde  ou  Abordes , 

Le  Pomarès , 


L 'Algarve > 
Le  Gérez.  , 
La  Tapeio  , 
\J  Alcobacc , 
Le  Montemuro  > 
L'Ofa , 
Le  P  or  tel. 


Les  principales  rivières  font  ; 

Le  Tage , 

Le  Duero  , 

La  Guadiana  , 

Le  Mondego  , 

Le  Lima  , 

Le  Sadon  ,  (  Zadaon  ) 

Le  K(?//£tf  ,  ou  Vacum 


Le  Z.£p2  ou  Cclando , 

VAve  Conte  , 

Le  Neiva , 

Le  Zez.ere , 

L'^/£*  ou  l'Albula ,  . 

Le  Nabancia  ou  M**- 

varon  , 
Le  Gayal 


11  y  a  des  eaux  mineralesdansIePorriigal.il  y  a  des 
bains  chauds  à  Obidos  &  à  Albor  dans  I'Algarve.  Aux 
environs  d'Eftremos  ,  on  trouve  une  fontaine  qui  tarit 
entièrement  au  commencement  de  l'hiver,  Se  au  piin- 
tems  fes  eaux  coulent  en  fi  grande  abondance,  qu'elles 
font  tourner  les  roues  de  plusieurs  moulins.  On  en  voir 
d'autres  près  de  Tentugal  ,  qu'on  appelle  boitillantes. 
Llles  attirent  ce  qu'elles  touchent.  On  en  a  fait  l'expé- 
rience fur  des  animaux  vivans  &  fur  des  troncs  d'arbres» 
Pline,  en  rapportedes  particularités,  &  nomme  Campus 
Catinenfis  le  lieu  de  leur  fituation.  Il  a  confervé  ion 
ancien  nom  ,  car  on  l'appelle  aujourd'hui  le  Champ  de 
Cadina. 

La  Flandre,  l'Allemagne,  la  Vieille  Caflille,  le  royau- 
me de  Léon  ,  la  Galice  ,  les  Indes  Se  le  Bicfil  ne  le 
fervent  guère  d'autres  huiles  que  de  celles  de  Portugal. 
Les  environs  de  Santaren,  de  Tomar ,  d'Abrantes ,  d'E- 
ilremos ,  de  Moura,  de  Lilbonne,  de  Coimbre ,  d'EI- 
vas  Se   de  Beja  en  produifent  d'excellentes.   Celles  de 
Coimbre  font    eflimées  les  meilleures,  Se  on  prétend 
qu'il  n'y  en  a  pas  en  Europe  qui  les  égalent  en  bonté. 
On  doit  la  même  louange  aux  vins  de  I'Algarve  &  de 
l'Alentejo.  Ceux  de  Lilbonne  font  fort  bons  ;  mais  ceux 
de  la  province  d'enrre  Duero  Se  Minho  font  verds  & 
ne  fe  gardent  pas.  On  recueille  une  prodigieufe  quan- 
tité de  miel  aux  environs  d'Evora ,  de  Torres-Vedras 
ik  d'Abrantes,  dans  la  province  d'entre  Duero  Se  Min- 
ho &  dans  les  campagnes  d'Ourique.  Les  pacages  nour- 
riffenr  un  grand  nombre  de  gros  &  de  menu  bétail  Se 
les  landes  fourniffent  du  gibier  en  allez  grande  quan- 
tité. Les  laines  font  admirables,  quoiqu'un  peu  groflïé- 
res  :  on  en  fair  néanmoins  de  bons  draps  dans  les  villes 
de  Portalegre  ,  de  Couillan  Se  de  Caflel-de-Vide.  Les 
falines   font   très-abondantes."  Celles    de  Sérubal  font 
toujours  ouvertes.  Il  y  en  a  de  bonnes  aux  environs 
d'Alcaccr-do-Sal ,  de    Lilbonne  &  de  Porto  ,  Se  l'on 
en  voit  beaucoup  dans  I'Algarve. 

Il  y  a  peu  de  maifons  qui  n'ayent  des  bois  d'oran- 
gers, de  limoniers ,  de  limes  ,  de  cèdres  Se  de  lauriers  , 
qui  font  continuellement  couverts  de  fruits,  de  rieurs 
Se  de  feuilles.  On  ne  finiroit  point,  s'il  falloir  parler  des 
diverfes  autres  fortes  d'arbres  qui  fe  trouvent  dans  le 
pays.   Les  herbes  y  font  toujours  dans  leur  force.  Le 
printems  règne  perpétuellement ,  Se  l'on  voit  de  très- 
belles  rofes  au  mois  de  Décembre.  Il  y  a  dans  la  pro- 
vince d'entre  Duero  Se  Minho  ,  des  feps  de  vigne  qui 
rendent  jusqu'à  cinquante  Arobes  de  vin  ,  &  un  hom- 
me peut  aifément  fe  repofer  à  l'ombrage  qu'ils  font. 
Les  herbes  odoriférentes  ne  manquent  point ,  non  plus 
que  celles  qui  fervent  à  la  teinture.  Pline  fait  mention 
de  la  bonté  de  la  graine   d'écarlate  de    ce  pays.  Les 
montagnes  d'Arabida,  de  Saint  Louis,  de  Cezimbre 
■ik  de  Beja  en  produifenr  quantité. 

Les  mines  de  métaux  font  àûffi  en  grand  nombre  dans  le 
Forrugal.  Il  y  a  peu  de  rivières  qui  ne  traînent  des  grains 
d'or  ,  Se  peu  de  montagnes  qui  n'en  renferment  quel- 
ques mines.  Les  Grecs,  les  Romains  Se  les  peuples 
de  Tyr  y  vendent  chercher  l'or  que  les  Portugais  vont 


chercher  aux  Indes.  Le  roi  don  Denis  fe  fit  t\inc  une 
couronne  &  un  fcCptre  des  grains  d'or  qu'on  avoit  ra- 
niatfés  dans  le  Tage ,  Se  don  Jean  III  fe  fit  faire  un 
feeptre  d'autres  grains  pris  dans  le  même  fleuve.  On 
en  trouve  fouvent  dans  le  Duero  Se  dans  le  Mondego. 
On  croit  que  les  montagnes  de  la  province  de  Tralos- 
Montes  en  ont  beaucoup ,  Se  que  la  mine  qui  ell  à 
Todon,  fur  le  chemin  de  Viane  à  Beja,  cil  la  plus 
fiche  du  monde.  Les  mines  d'argent ,  d'étaim,  de  plomb 
Se  de  fer  font  en  très-grand  nombre.  Il  y  a  auffi  quan- 
tité de  pierres  précleufes.  Pline  donne  le  nom  d'esèar- 
boucles  à  ces  rubis  que  les  anciens  venoient  chercher 
dans  le  Portugal ,  Se  dit  qu'on  trouvoit  plufieuts  autres 
pierres  précieufes  dans  la  mer  du  voifinage.  Il  appelle 
Obfidiafia ,  un  cryfial  moins  clair,  mais  plus  pur  que 
le  cryfial  ordinaire  ,  Se  dans  lequel  les  anciens  ren« 
fermoient  lès  larmes  qu'ils  verfoient  fur  leurs  morts» 
Le  même  auteur  parle  avantager!  fement  du  cryfial  du 
même  royaume.  On  en  trouve  d'excellent  aux  environs 
d'Ocrato.  La  ville  de  Bêlas  a  des  carrières  d'hyacin- 
thes fort  fins.  Borba  ,  dans  la  province  d'AIentejo 
fournit  quantité  de  cianécs:ce  font  des  pierres  vertes 
qui  ne  cèdent:  en  rien  aux  émeraudes  pour  la  beauté. 
Les  montagnes  d'Ethemos  ont  des  catrieres  de  toutes 
fortes  de  marbres  très-beaux  ,  &  Philippe  II  en  fir  tirer 
beaucoup  pour  foli  palais  de  l'Ëscurial.  Le  territoire  de 
Lilbonne  cfl  auifi  rempli  de  carrières  de  marbre,  Se 
l'on  en  tire  de  la  montagne  de  Sintra  qui  le  dispure 
à  l'ébene  pour  fon  beau  noir,  Se  à  la  glace  pour  fa 
netteté. 

Le  Portugal  jouit  outre  cela  de  tout  ce  que  les  In- 
des,  qui  lui  appartiennent ,  ont  de  plus  riche.  On  voit 
arriver  chaque  jour  dans  fes  ports  les  marchandifes  de 
l'Afrique,  de  l'Arabie,  de  la  Perfe,  de  l'Inde,  de  la 
Chine  &  des  Moluques ,  comme  le  piment,  le  clou 
de  girofle,  la  canelle  ,  le  gingembre,  la  noix  muscade , 
lés  pierres  précieufes,  comme  les  diamans  ,  les  rubis, 
les  faphirs,  les  hyacinthes,  les  topafes,  les  agathes* 
les  turquolfes  Se  quantité  d'autres  j  les  perles  les  plus 
fines,  l'ambie,  le  musc  ,  lacivete,  le  ftorax  ,  les  bau- 
mes ,  év  les  autres  gommes  falutaircs  Les  Portugais 
tirent  encore  de  ces  pays  ,  l'yvoire ,  l'ébene ,  les  tapis 
de  Perfe  ;  les  toiles  fines,  les  peintures ,  les  meubles, 
les  porcelaines  de  la  Chine  ,  quantité  d'animaux  rares 
&  inconnus  dans  l'Europe  ,  des  esclaves  de  différentes 
nations  ;  en  un  mot  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  la 
magnificence ,  aux  plaifirs  &  a  la  fanté. 

Les  revenus   du  royaume  feroient  allez  confidéra- 
bles, s'ils  n'étoient  disperfés  pour  la  plus  prande  par- 
tie en  penfions  Se  en  récompenfes,  Les  droits  de  la 
douane  qui  four  un  des  plus  clairs  revenus  de  la  cou- 
ronne ,  fonr  affermés  à  des  marchands ,  Se  donnés  au 
dernier  enchériffeur ,  étranger  ou  autre.   La  ferme  ne 
dure  que  trois  ans.  Les  impôts  font  grands  en  Portu- 
gal. Les  marchandifes  étrangères  payent  vingt-troispour 
cent  d'entrée  :  le  poiflon  de  Terre-Neuve  paye  vingt- 
cinq  pour  cenr:  celui  qu'on  prend  dans  la  mer  &  dans 
le  Tage  paye  quarante -fept  pour  cent ,  Se  les  immeu- 
bles ariffi-bien   que    le  bétail  qu'on  vend  ,  payent   dix 
pour  cent.    L'impôt  fur  le  tabac  en   poudre  rapporre 
cinquante  mille  écus.  Le  loi  elt  en  outre  le  grand - 
maître  de  tous  les  ordres  de  chevalerie  de  Portugal  ; 
il  tire  les  revenus  des  grandes-maitrifes  -,  Se  il  a  encore 
la  bulle  de  la  Croifade ,  qui  produit  tous  les  ans  une 
fomme  confidérable.  Dans  le  tems  que  les  rois  d'Es- 
pagne  étoient    maîtres   du   Portugal,  ils  n'en  tiroient 
que  rrois  millions  cinq  cens  mille  écus  par  an  ,  tout  le 
refie  des  revenus  de  la   couronne  s'en  alloit  en  pen- 
fions Se  en  récompenfes.  On  prétend  qu'ils  en  avoient 
nfé  de  la  forte  afin  que  ,  h  les  Portugais  entreprenoient 
de  remuer  ,  celui  qui  feroit  appelle  pour  être  leur  roi, 
ne  trouvât  point  de  revenus  pour  fe  l'outenir  ,  ou  que  . 
s'il  vouloir    réunir    à    la    couronne   les  biens  qui  en 
avoient  été  aliénés  ,  il  s'attirât  fur  les  bras  des  ennemis 
domeftiques.  Ce  fut  ce  qui  engagea  le  roi  Jean  à  ne 
retrancher    aucune  penfion  ,    lorsqu'il  fur  mis  fur  le 
trône  par  les  Portugais.  Ces  penfions,  loin  de  diminuer, 
ont   été  en  augmentant.  Du  refie  fi  la  politique  de  la 
cour  d  Espagne  échoua  dans  ectre  occafion  -,  c'eft  que 
les  Portugais  furent  fecourus  par  la  France  &  par  l'An- 
Tom,  IV.  V  a  u  ù  u  a 


POR 


1074 

glctcrrc.  Ou  poiuroit  remédier  a  la  diiïipauon  des  re- 
venus de  la  couronne,  en  remettant  fur  pied  une  loi 
ancienne  ,  qui  fut  faite  vers  l'an  1436,  parle  roi 
Edouard  I.  Par  cette  loi  ,  tous  les  biens  que  le  roi 
donne  à  fes  fujets ,  reviennent  à  la  couronne  après 
leur  mort. 

Le  gouvernement  eft  réglé  à  peu  près  fur  le  même 
pied  que ceiui  d'Espagne,  auquel  la  cour  de  Lifbonne 
fe  conforme  en  beaucoup  de  chofes.  Le  roi  donne  au- 
dience à  fes  fujets,  fans  diftinction  de  perfonnes,  trois 
fois  la  femaine  ,  le  mardi  Se  le  jeudi  ;Si  le  famedi  il 
la  donne  à  la  noblefle  &  aux  officiers  d'état.  Il  fait 
adminiftrer  exactement  la  juttice ,  &  il  a  purgé  fon 
royaume  des  vols,  des  afiaiïinais  6e  de  divers  désor- 
dres qui  y  regnoient  auparavant.  Sa  maifon  eft  compo- 
fée  d'un  nombre  confidérable  d'Officiers.  Le  premier 
cil  le  Mor-Dvme-Mor  ,  qui  eft  la  même  chofe  que  le 
Muyor-Domc-Mayor  des  Espagnols  ,  ou  le  grand^roaî- 
tre.  Il  a  la  préféance  dans  le  palais,  &  il  nomme  à 
plufieurs  charges  qui  en  dépendent.  Le  Camcreiro-Mor  , 
ou  grand  chambellan  ,  habille  &  deshabille  le  roi.  Deux 
Cameriftes,  ou  gentilshommes  de  la  chambre, fervent  al- 
ternativement Si  ont  chacun  leur  femaine.  L'Eftribeiro- 
Mur  ,  ou  le  grand  écuyer ,  prend  le  pas  dans  l'anti-cham- 
bre  quand  le  roi  fort  :  il  fe  met  à  la  première  place  de 
la  portière  du  caroffe  du  roi.  Le  Porteiro  Mor ,  ou  le 
grand-huifiîer ,  eft  à  la  porte  avec  une  verge  à  la  main 
dans  les  jours  d'action  publique.  Le  Copeiro-Mor  ,  ou 
grand  cchanfon,  fait  l'e  fiai  du  vin,  6c  préfenie  le  verre 
au  roi  ,  quand  il  mange  en  public.  L'Armador-Mor  a 
la  garde  d^s  habits  de  guerre  du  roi ,  &  c'eft  lui  qui  l'en 
revêt.  L'Amotacel-Mor  a  le  foin  des  vivres  pour  la  mai- 
fon du  roi.  VEsmoler-Mor  ,  ou  le  grand  aumônier ,  eft 
toujours  l'abbé  d' Alcub?.ç:i  :VApojentador-Mor  eft  le 
grand  maréchal  des  logis.  Il  y  a  encore  divers  autres 
officiers ,  dont  le  détail  meneroit  trop  loin.  Le  roi  de 
Portugal  a  trois  compagnies  de  gardes  du  corps ,  com- 
mandées chacune  par  un  capitaine  :  de  plus  il  entretient 
diverfes  garnifons  dans  les  places  frontières ,  Si  quel- 
ques régimens  ,  dont  celui  de  Y  Armada  feul  a  le  privi- 
lège d'entrer  dans  Lifbonne.  Le  roi  nomme  à  tous  les 
grands  bénéfices  qui  font  dans  fes  états ,  foit  en  Por- 
tugal ,  foit  aux  Indes.  Dans  le  Portugal  on  compte  trois 
archevêchés,  &  dix  évêchés,  favoir  : 


POR 


Archevêché  de  GoA 


San-Thomé , 
Macao  ,  dans  la  Chine , 
Nanghazachi  ,  dans  le  Japon , 
Angamale  ou  Cranganor  de 

a  Serra  ,  fur  la  côte  de  Ma- 

abar, 

iesdeux  derniers  fiéges  ne  fub- 
fiftent  plus  depuis  long-tems.  ) 


JAni 
f(û 

V.       G 


Archevêché  de  Brague 


ÇPorto  , 
\La  Guai 

.  ^VlSEO  , 

h 


-AMEGO, 
MlRANDA. 


rCoiMBRA  , 

Archevêché  de  Lisbon-<{  Leiria  , 

CPORTALEGRE. 


NE. 


Archevêché  d'EvoRA.  rFARo 


{ 


Elvas. 


Dans  les  pays  conquis  ,  foit  en  Afrique ,   foit  dans 
les  Indes ,  oncompte  deux  archevêchés  Se  évêchésfavoir  : 

En  Afrique. 

.Ceuta  ,  en  Barbarie, 
Funch  al  ,  dans  l'ifle  de  Madère , 
Angra  ,  dans  la  troifiéme  îfle  , 
1      ou  l'ifle  Tercere, 
Evêchés  fuffragans  ïSan-Salvador,  dans  le  royau- 
de   l'Archevêché-  de  ^     me  de  Congo. 
Lisbonne.  JRibera-Grande,  dans  les  ifles 

J     du  Cap-Verd , 
San-Thomé,  dans  l'ifle  de  ce 

nom  ,  vers  la  Guinée, 
,ANGOLA,dansla  villede  Laonda. 

Evcché  fuffragant  C  Tanger,    en  Barbarie,  uni  à 
d'EvoRA.  ^     l'évêché  de  Ceuta. 

Dans  ies  Indes  orientales. 

«     1      »  l  '  j    r    «    rC°CIIIN  ,   5  Sous  la  domination 
ArchevechedeGoA.|MALACA>  \  dcsHollandoigi 


Dans  l'Amérique. 

Archevêché  de  çPernambouc  , 
San-Salvador.  £Rio-Janeiro. 

Il  y  a  dans  le  Portugal  divers  confeils  établis  pour  le 
gouvernement.  Les  principaux  font  :  Le  confeil  d'état , 
où  le  roi  affilie ,  a  la  connoiflance  des  affaires  dome- 
ftiques  Si  étrangères.  Les  confeillers  ont  le  titre  d'excel- 
lence ,  comme  à  la  cour  de  Madrid.  Le  confeil  de  guerre 
eft  le  fécond  du  royaume.  Le  confeil  du  roi ,  appelle 
O  Dtfembargo  de  Pafo  ,  eft  celui  où  l'on  fait  les  loix, 
où  l'on  en  dispenfe,  Se  où  l'on  examine  les  brefs  des 
nonces  que  la  cour  de  Rome  y  envoyé.  Le  confeil  da  Fa~ 
zenda  ,  ou  des  finances,  a  trois  Weadors ,  ou  furinten- 
dans ,  dont  le  premier  a  l'infpeclion  des  affaires  du 
royaume  ;  le  fécond  l'infpeclion  de  la  marine  ,  des  ma- 
gafins,  du  commerce  Si  des  manufactures.  Le  confeil 
d'Outremer  a  foin  des  fonds  deftinés  pour  l'entretien 
des  places  qu'on  poffede  dans  les  Indes.  *  Délices  de 
Portugal,  p.  953. 

De  teins  en  teins  les  trois  états  du  royaume  s'as- 
fcmblent ,  lorsque  le  roi  le  trouve  à  propos ,  pour  des 
affaires  importantes.  Outre  cela  il  y  a  deux  cours  fou- 
verainesou  parlemens:  celui  de  Lifbonne  Si  celui  de 
Porto.  Ils  font  compofés  l'un  &  l'autre  d'un  préfident, 
d'un  chancelier  &  d'un  certain  nombre  de  confeillers. 
Tout  le  royaume  eft  partagé  en  vingt-quatre  Comarcas  , 
ou  jurisdictions  inférieures,  qui  font  comme  autant  de 
bailliages.  11  y  a  des  juges  établis  dans  la  capitale  de 
chaque  Comarca.  Les  nouveaux  Chrétiens ,  qu'on  di- 
ftingue  en  Portugal  d'avec  les  vieux  ,  ne  peuvent  par- 
venir à  aucune  dignité  de  quelque  nature  qu'elle  foit, 
à  moins  que  le  roi  ne  leur  accorde  ce  privilège  par  une 
grâce  particulière. 

Le  pape  entretient  toujours  un  nonce  à  Lifbonne  , 
avec  l'autorité  de  légat  ;Si  ce  miniftre  exerce  fa  juris- 
diclion  dans  fon  propre  tribunal  fur  tout  le  clergé  du 
royaume.  Les  appels  de  fes  décifionsfont  portés  directe- 
ment à  Rome.  On  prétend  que  le  clergé  ,  en  y  com- 
prenant ceux  qui  en  dépendent ,  fait  la  moitié  du  royau- 
me ,  Si  qu'il  poffede  tout  au  moins  les  deux  tiers  du 
pays.  Le  clergé  féculier  fournit  des  fouîmes  confidé' 
râbles  au  pape,  tant  pour  la  collation  des  bénéfices 
que  pour  les  bulles  des  évêques.  Les  moines  ont  recours 
au  tribunal  du  nonce,  pour  diverfes  affaires  de  leurs 
couvens.  Le  pape  a  en  outre  dans  le  Portugal  fes  col- 
lecteurs apoftoliques  pour  lever  le  tribut  des  fujets  du 
roi ,  Se  pour  retirer  une  part  des  taxes  que  le  fouve- 
rain  levé  par  une  permiffion  particulière  du  faint  fiége. 
Enfin  les  dispenfes  pour  les  mariages  dans  les  degrés 
défendus  ,  font  encore  d'un  grand  revenu  pour  le 
pape. 

Toutes  les  églifes  de  Portugal  font  en  général  riches 
Se  magnifiques ,  8c  celles  qui  le  font  le  moins,  l'em- 
portent fur  celles  qui  le  font  le  plus  dans  les  autres 
états.  L'or  y  éclate  par  tout  -,  Se  il  y  a  même  peu  d'é- 
gli  fes  célèbres  chez  les  nations  étrangères  qui  ne  por- 
tent quelques  marques  delà  magnificence  &de  la  piété 
des  rois  de  Portugal.  Les  ordres  religieux  font  aufli  très- 
floriffans.  L'ordre  de  Saint  Benoît  poffede  dans  le  royau- 
me vingt-fix  abbayes,  tant  d'hommes  que  de  femmes. 
Elles  font  très-riches.  La  principale  eft  Tiabcns ,  dans  la 
province  d'Entre  Duero  &  Minho.  L'ordre  de  Saint  Ber- 
nard a  cinquante  abbayes  qu  prieurés  :  Alcobace  en  eft 
le  chef.  L'ordre  de  Saint  François  fe  divife  en  diver- 
fes congrégations  Si  provinces.  La  plus  confidérable 
province  eft  celle  qu'on  appelle  la  province  de  Por- 
tugal :  elle  a  cinquante-neuf  couvens  ;  Se  le  chef  de 
cette  congrégation  eft  à  Lifbonne.  Celle  qui  porte  le 


POR 


nom  de  province  de  l'Algarve  comprend  cinquante-trois 
couvens  :  celui  de  Xabregas  ,  dans  un  des  fauxbourgs  de 
Lifbonne  en  eft  le  chef.  La  congrégation  de  ta  Pitié  a 
trente  quatre  maifons  ,  &  le  chef  eft  Tavira  dans 
l'Algarve.  Celle  de  Saint  Antoine  en  a  dix-huit  :  celle 
d'Arabida  autant ,  Tous  la  direction  d'un  monaltere 
bâti  fur  la  montagne  de  même  nom;  &  la  congréga- 
tion de  Notre  Dame  de  Jefus  de  Cardais  a  quinze  mai- 
fons ,  dont  le  chef  eft  à  Lifbonne.  L'ordre  de  Saint 
Dominique  poffede  trente-huit  maifons  :  celle  de  la  Ba- 
taille eft  la  plus  confidérable.  La  congrégation  des 
chanoines  réguliers  eft  compofée  de  dix-huit  maifons , 
dont  celle  de  Sainte-Croix  de  Coimbre  elt  la  plus  riche 
&  le  chef.  Les  Augultins  en  ont  vingt:  la  plus  célèbre 
eft  celle  de  Notre -D^me  de  Grâce.  Les  Chartreux  n'ont 
dans  le  Portugal  que  deux  maifons  :  celle  d'Evora  eft 
une  des  plus  belles  pièces  de  l'Europe.  L'ordre  de  S. 
Jérôme  en  poffede  dix  huit,  dont  Belem  eft  le  chef. 
Les  Carmes  Chauffés  en  ont  quinze ,  dont  le  principal 
eft  à  Lifbonne  :  les  Carmes  Déchauffés  en  ont  huit  ou 
neuf ,  dont  celui  de  Lifbonne  eft  le  chef.  Les  Triniraires 
ont  fept  maifons ,  dont  la  principale  eft  celle  de  Lis- 
bonne. L'ordre  de  Saint  Eloi,  que  l'on  nomme  auffi 
l'ordre  de  Saint  Jean  l'Evangélifte,  poffede  neuf  mo- 
nafteres  :  leur  chef  eft  Saint  Benoît  lez-Lifbonne.  *  Ma- 
g'in ,  Defcription  du  Portugal ,  p.  26  &  fuiv. 

Les  ordres  militaires  ont  toujours  été  très -floriffans 
dans  le  Portugal ,  &  leurs  biens  ne  font  donnés  qu'à  des 
officiers  qui  les  ont  mérités  par  leurs  fervices.  L'ordre 
de  Àlalthe  a  plufieurs  commenderies  dans  ce  royaume: 
la  principale  eft  le  grand  prieuré  d'Ocrato:  celle  du  bail- 
liage de  Leça  ,  dans  la  province  d'Entre-Duero  &  Min- 
ho  ,  eft  très  illuftre  ;  &  la  ville  d'Eftremos  a  un  mona- 
ftere  de  dames  du  même  ordre.  L'ordre  d'Avis  ,  inftitué 
par  don  Alfonfe  Henri  ,  premier  roi  de  Portugal ,  a 
plufieurs  riches  commenderies  :  fon  chefd'oidre  eft  dans 
la  ville  de  même  nom.  Les  chevaliei  s  de  l'ordre  de  Saint 
Jacques  en  Portugal  ont  relevé  du  grand  maître  de  Ca- 
ftille  ,  jusqu'au  règne  de  don  Denis,  qui  leur  donna  un 
grand  maître  dans  fon  royaume  :  leur  principale  maifon 
eft  dans  ville  de  Palmele  ,  dans  la  province  d'Alentejo  i 
L'ordre  de  Chrift  eft  le  plus  confidérable  des  ordres  mi- 
litaires dans  le  Portugal ,  quoique  fon  inftitution  foit 
la  plus  récente.  Son  chefd'oidre  eft  dans  la  ville  de  To- 
mar.  Le  roi  eft  le  grand  maître  de  cet  ordre,  qui  peut 
être  regardé  en  Portugal  comme  celui  de  la  Toifon  d'or 
en  Espagne. 

La  religion  catholique  eft  la  feule  dominante  dans  lePor- 
tugal.  On  nomme  Nouveaux  Chrétiens  les  Juifs  qui  re- 
çurent le  baptême  ÔV  leurs  descendans  -,  6c  comme  parmi 
ces  derniers  ,  il  s'en  trouvé  qui  ne  font  chrétiens  que 
de  nom  ,  lorsqu'on  apprend  qu'ils  ont  judaïfé  ,  l'Inqui- 
sition les  punit  féveremenr.  Elle  a  trois  tribunaux  dans 
le  Portugal:  l'un  à  Lifbonne,  un  autre  à  Coimbre  ,  6c 
le  troifiéme  à  Evora.  Il  y  en  a  un  quatrième  à  Goa. 
Celui-ci  étend  fa  jurisdieftion  dans  tous  les  pays  dépen- 
dais du  roi  de  Portugal ,  au-delà  du  cap  de  Bonne-Es- 
pérance. 

Les  Portugais  paffent  pour  être  polis,  généreux  &  bra- 
ves. Ils  fe  mettent  en  colère  avec  peine  ,  mais  irrités ,  ils 
veulent  fe  venger.  Ils  font  honnêtes  &  affables  avec  les 
étrangers.  Ils  réuffiffent  également  à  l'étude  des  feiences 
&  à  l'exercice  des  armes  ,6c  ont  un  attachement  inviola- 
ble à  la  religion  6c  un  grand  amour  pour  le  fouve- 
rain.  Les  dames  n'y  cèdent  en  rien  aux  hommes ,  ni 
pour  l'esprit  ni  pour  le  mérite.  On  en  trouve  dans  l'hi- 
ftoire  un  grand  nombre  qui  fe  font  admirer  par  leur 
profonde  connoiffance  dans  les  belles  lettres  6c  dans 
les  langues.  Les  Romains  ont  fouvent  éprouvé  leur  va- 
leur ,  6c  les  Infidèles  les  ont  mille  fois  admirées.  * 
Magin  ,  Defcription  du  Portugal ,  p.  2. 

La  langue  porrugaife  eft  compofée  de  la  latine,  de 
la  françoife  6c  de  la  caftillane.  Lotsque  le  comte  don 
Henri  paffa  dans  le  Portugal,  on  y  parloir  un  latin 
corrompu.  Le  grand  nombre  de  François  qui  remplis- 
fpit  fa  cour  ,  &  les  Caftillans ,  qui  avoient  fervi  la  prin- 
ceffefon  époufe  en  Caftille  ,  formèrent  une  feule  langue 
des  troisqui leur  étoient  particulières.  Cette  langue  eft  fi 
excellente,  qu'elle  renferme  en  foi  des  propriétés  qui 
fembleroient  incompatibles.  Elle  eft  également  grave  & 


POR        lOJf 

élégante  ;  elle  a  de  la  pompe  6c  de  l'élévation  pour  les 
fujets  héroïques,  6c  une  grande  douceur  pour  les  dé- 
licateffes  de  l'amour. 

PORTUGALETTE  ou  Porto  -  Galette.  Voyez 
Porto-Galete. 

PORTUNATA  ,  ifie  de  la  mer  d'Illyrie  ,  félon  Pli- 
ne, /.  j.r.  21.  Le  père  Hardouin  croit  pourtant  que 
Pommata  n'eft  qu'une  épithéte  que  Pline  donne  à  l'ifle 
dcGiJJ/,  comme  s'il  eût  voulu  dire  que  cette  iflc  avoir 
un  port  commode  6c  affuré. 

PORTUOSUS-SINUS,  golfe  de  la  Grande-Brera- 
gne.  Ptolomée  ,  /.  2.  c.  3.  place  les  Parifi  fur  la  côte  de 
ce  goife.  Il  y  met  auffi  une  ville ,  nommée  Petua- 

RIA. 

1 .  PORTUS.  Voyez.  l'article  Port  ,  n.  1 . 

2.  PORTUS,  ville  d'Italie  ,  à  l'embouchure  du  Ti- 
bre ,  Se  à  cent  vingt-fix  ftadesdeRome,  félon  Proco- 
pc ,  Gothicor.  I.  1.  c.  2.6.  L'itinéraire  d'Antonin  l'ap- 
pelle le  Port  de  la  ville  d'Aitgu/ie  :  Xiphilin  ,  in  Sève- 
ro  ,  la  nomme  le  Port  d'Aiigafie;  6c  Caffiodore  ,  Va- 
rier ,  /.  7.  lui  donne    le  nom  de  Port  de  la  ville  de 
Rome.  C'eft  le  Portas  Komamts  de  Jornandès  ,  qui  nom- 
me l'évêque  de  ce  lieu  Glicérius.  Ortelius  dit  qu'un  an- 
cien commentateur  de  Juvenal  écrit  que  l'empereur  Tra- 
Jan   répara  ce  port ,  le  rendit  beaucoup  plus  fur   pour 
les  vaifieaux,  &  lui  donna  fon  nom.  Ortelius  ajoute 
que  ce  commentateur  appelle  ce  port  Thyrrkenum  Pha- 
rony  à  caufe  d'un  phare  qui  étoit  à  l'entrée,  6c  qu'il 
trouvoit  la  même  chofe  fur  une  médaille  de  cuivre  qu'il 
avoir  entre  les  mains.  On  y  voit ,  dit-il ,  d'un  côté  la  fi- 
gure de  l'empereur  Trajan  ,  6c  fur  le  revers  ce  port , 
qui  reffemble  à  celui  que  j'ai  vu  ,  lorsque  j'étois  fur  les 
lieux ,  quoiqu'il  foir  étrangement  ruiné  aujourd'hui.  Ce 
lieu  a  confervé  fon  ancien  nom.  On  le  nomme  encore 
préfentement  Porto.  Voyez,  ce  mot. 

PORTUS  /EPATIACUS  ;  la  notice  des  dignités  de, 
l'Empire  ,  Secl.  61.  nomme  ainfi  un  port  fur  la  côte  du 
pays  des  Saxons. 

PORTUS-ALBUS.  Voyez.  Portus, 
PORTUS-ANN1BALIS  ,  ville  de  la  Lufitanie  ,  félon 
Pomponius  Mêla,  /.  j.r.  1.  Selon  quelques-uns ,  c'eft 
aujourd'hui  Albor  ou  Alvor ,  bourgade  du  Porrugal , 
6c  félon  d'autres  ,  c'eft  Villa-Nova  di  Porti-Maoa , 
deux  lieux  voifins  l'un  de  l'autre ,  fur  la  côte  méridio- 
nale de  l'Algarve. 

PORTUS-AUGUSTI ,  port  des  Gaules ,  à  l'embou- 
chure du  Rhône  ,  à  ce  qu'il  paroît  par  l'itinéraire  d'An- 
ronin ,  hincr  Marit.  qui  le  place  à  trente,  milles  de  la 
ville  d'Arles. 

i.PORTUS-HERCULIS,  port  d'Italie,  dans  l'E- 
rrurie  ,  félon  Strabon,  /.  G.  p.  2;  6.  C'eft  aujourd'hui 
Porto  Hercole.  Voyez,  ce  mot. 

2.PORTUS-HERCULIS,  port  de  la  Ligurie.  Vale- 
re-Maxime,  /.  1.  de  Prodigiis ,  n.  7.  6c  Ptolomée  ,  /.  5. 
c.  i.  en  font  mention.  Léander  croit  que  c'eft  préfente- 
ment Ville-Franche.  Voyez,  plus  bas  l'article  Portus- 
Monoeci. 

3.  PORTUS-HERCULIS,  dans  le  royaume  de  Naple-, 
On  ne  fait  pas  trop  où  il  étoit.  Barri  a  cru  que  c'étoit  For- 
inicola  ,  furla  côte  ultérieure.  *  Le  père  deCharlevoixt 
Mémoires  manuferits. 

PORTUS-JUL1US,  porr  d'Italie,  dans  la  Campa-  ' 
nie,  félon  Suétone  ,  in  Augufh  ,  qui  dir  qu'Augufte  fit 
ce  port  ptès  de  Bayes,  en  faifant  entrer  la  mer  dans  le 
lac  Lucrin    6c  dans  le  lac  Avertie. 

Dion  Caffuis donne  le  titre  de  Xchâoç  Sinus ,  auffi  bien 
au  lac  Averne  6c  au  lac  Lucrin  ,  qu'à  la  mer  de  Bayes  ; 
carde  fon  rems  les  navires  entroient  dans  l'un  &  dans 
l'autre.  «  Il  y  a  ,  dir-il ,  trois  petits  golfes,  l'un  au  de- 
»  hors,  quieft  proche  des  villes,(dePouzzol  6c  de  Bayes) 
1  il  s'appelle  Thyrrhénien  ,  parce  qu'il  n'eft  qu'une  par- 
»  tie  de  la  mer  du  même  nom.  L'autre  s'appelle  Lu- 
»  crin,  dont  l'entrée  eft  très-peu  éloignée  du  premier; 
»le  rroifiéme  refte  dans  le  cul-de-fac  comme  un  étangs 
»«  C'eft  pourquoi  Agrippa  creufa  un  canal  dans  ce  petit 
»  espace  de  tetre  ,  qui  féparolt  des  deux  côtés  le  Lucrin 
»  de  la  mer ,  en  y  faifant  une  ouverture  étroite  du 
«côté  du  continent.  «  C'eft  apparemment  pour  cela  que 
Cluvier  a  cru  pouvoir  dire  Lucus  B.?januf,  pour  ligni- 
fier le  Lucrin.  C'eft  ce  qui  n'eft  pas  exaét  ;  car  il  ne  cou-. 
Tm.  IV.  Vuiuiau  ij 


1076       FOR 

vient  pas ,  ce  fcmble  ,  de  donner  à  une  patrie  le  nom 
qui  convient  au  tout ,  à  moins  qu'on  ne  demeure  d'ac- 
cord que  l'entrée  du  port  Lucrin  étoit  la  pointe  de  cette 
longue  digue  de  maçonnerie  qu'on  voit  fous  les  eaux  , 
entre  Baves  Se  Pouzzcl ,  quand  la  mer  cit  tranquille. 
A  proprement  parler,  ce  leroit  le  grand  ouvrage  d'A- 
gi'ippa ,  ou  le  Pomis-Jlilius  dont  Virgile  dit  ; 

Lucrinoque  addita  CLiuftra 
Atque  indignatum  m.ignisftridoribus  &qiior  y 
Julia  auà  ponto  longe  Jonat  unda  refuf: 

Mais  ceia  ne  s'accorde  pas  avec  le  fendaient  de 
Dion  ,  qui  ne  dit  autre  choie  ,  fïnon  qu'Agrippa  perça  la 
terre  entre  la  mer  Se  le  lac  Lucrin  ,  fans  porter  de 
maçonnerie.  *  Don  Mat.  Egitio ,.  Lettre  à  Lcnglet  du 
Frcsnov. 

i.  PQRTUS-MAGNUS,  port  de  la  Bœotic;  on  le 
nominoit  aiiffi  le  Port  Profond  ,  à  ce  que  nous  apprend 
Strabon  ,  /.  5».  p.  405.  qui  le  place  entre  les  villes  Oi  vptts 
&'  Amis. 

2.  PORTUS-MAGNUS,  port  de  l'Espagne  Béti- 
que  ,  félon  Pcolomée  ,  /.  2.  c.  4.  qui  le  place  fur  la  mer 
d'Ibérie  ,  entre  Abdera  Se  le  promontoire  de  Charictè- 
mc.  Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  Almeria. 

3.  PORTUS-MAGNUS  ,  porc  de  la  Mauritanie 
Céfarienfe.  Pline,  /.  j.c.  2.  Pomponius  Mêla,/.  1.  c. 
5.  &  Piclomée  ,  /.  4.  c.  2.  font  mention  de  ce  port  \  Se 
le  père  Hardouin  croit  que  c'eft  préfentement  Melilla. 
Mercator  ,  Marmol  Se  Gomez,  difentque  le  nom  mo- 
derne cit  Marz.achibir ,  qui  fignifie  la  même  chofe 
que  Mao^nus -Portus. 

4.  PORTUS-MAGNUS,  port  d'Afrique.  Strabon  -t 
l.  17.  p.  832.  le  place  entre  Céfarée  Se  Triton.  11  ajoute 
qu'on  le  nommoit  auffi  Sarda. 

5.  PORTUS-MAGNUS,  port  de  la  Grande-Breta- 
gne. Il  étoic,  félon  Pcolomée  ,  /.  2.  c.  3.  fur  la  côte 
méridionale  de  Pille  ,  entre  l'embouchure  du  fleuve 
Alauriuis  Se  celle  du  Trifanton.  Ortelius  qui  cite  Ham- 
fredus ,  dit  que  c'eft  aujourd'hui  Portsmouth.  Voyez. 
ce  mot. 

PORTUS  MAURITFUS,  ville  de  la  Ligurie,  fur 
la  côte  de  la  mer,  félon  l'itinéraire  d'Antonin,  Iti- 
ner.  Mark.  Ce  port  a  confervé  fon  ancien  nom  ;  car  on 
le  nomme  préfentement  Porto- Morifo. 

PORTUS-MENESTHEI.  Voyez.  Menesthei-Por- 

TUS. 

PORTUS-MONOECI,  ville  de  la  Ligurie,  félon 
Strabon,  L  4.  p.  201  &  202.  Se  Pcolomée,  /.  z.c.i. 
Le  nom  de  cette  ville  eft  corrompu  dans  Antonin  ,  itin. 
où  on  lit  Herclemannicus.  On  convient  afiez  généra- 
lement que  c'elt  préfentement  la  ville  de  Monaco  ;  mais 
je  crois  qu'àl'exception  de  Ptolomée ,  il  n'y  apas  un  géo- 
graphe ancien  qui  faffe  deux  villes  de  Ligurie  de  Portus- 
Monœc'x  Se  de  Portus-Hcrculis.  Tacite  ,  Hift.  /.  3.  p.  72. 
Se  Pline,  /.  5.  c.  J.  difent  Portus- Herculis-Monœci  ; 
ce  qui  doit  faire  juger  qu'il  y  a  faute  dans  Ptolomée. 

PORTUS-MONOECIUS,  port  du  Péloponnèfe, 
au  voîfinage  d'Athènes ,  félon  Frontin  ,  Stratagem.  I. 
1.  c.  5.  mais  Ortelius  prétend  qu'il  faut  lire  Muny- 
chia. 

PORTUS-NAVONIUS.  Voyez  Navonius. 

PORTUS  ORESTIS.  On  cit  fore  peu  d'accord  fur 
3a  fituation  de  ce  port.  Cluvier,  p.  1293  dit  :  Portus- 
Oreftis  ittrwm  titra  Meiaurum&  Medinam  fiterit  ?  an 
<vtro  ultra  hanc  inter  Taurianam  &  Scyllatittm ,  incer- 
tum  plane  efl,  quando  in  Me  dam  a  fuit  Plinius  erravit. 
Copulativafanè  particula  &  qiu  efl  in  lois  verbis  Portus 
Orejlis  &  Médina  ,  penè  me  inducit  ut  credam  eumdem 
ejfe  locum  ,  qui  navale  Strabcni  dicitur  Medarna  proprio 
nomina  Emporium ,  arti  tamen  quodflaluam  nihil  ha- 
beo. 

Barri  prétend  que  Portus  Oreftis  s'appelle  aujour- 
d'hui Ravogojo  ;  car,  dit-il ,  c'eft  le  feul  endroit  où  Ore- 
lie  pouvoir  fe  purifier ,  fuivant  l'oracle  ,  c'elt  à-dire  , 
où  fept  fleuves  mêloient  leurs  eaux  enfemble ,  Se  cette 
conjeclure  paroic  affez  bien  fondée.  Quoi  qu'il  en  (bit , 
ce  port  ne  devroit  pas  être  loin  du  Metaurus ,  dans  la 
Calabrecitérieure,  fur  la  mer  Tyrrhénienne.  *  D.  Mat- 
tbso  Egitio. 


POS 


PORTUS-ROMATlNUb.  Voyez.  Romatinum. 
PORTUS-SANTONUM.  Voyez,  Santonum-PoR* 

TUS. 

1.  PORTUS  VENERES,  port  de  la  Ligurie,  félon 
l'itinéraire  d'Antonin,  limer.  Mark,  qui  le  met  à  trente 
milles  de  Segefia. 

2.  PORTUS-VENERIS,  port  de  la  Gaule  Narbon- 
noife  ,  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  ;.  qui  dit  que  ce 
porc  écoic  célèbre  par  un  cemplede  Venus:  voici  le  pas- 
lage:'i«?w  inter  Pyrenaei  Promontoria  Portus  Veperïs 
infîgnis  fano  &  Cervaria  locus  finis  G  allia;  Se  au  lieu  de 
Portus  Vencris  infignis  fano,  on  lit  dans  quelqr.es exem- 
plaires Portus  Venerisinfinu  Salfo.  Mais  ni  l'une  ni  l'autre 
de  ces  levons  n'a  contenté  Pineau  t.  Il  voudroit  qu'on  lût  : 
Tum  in  Pyranei  Promomorio  Ttmplujn  Veneris  ,  &  in  finit 
Saljo  Cervaria ,  &c.  Car  ,  dit-il ,  tout  le  monde  connoî 
dans  ce  quartier  le  promontoire  Pyrenée  Se  le  Temple 
de  Venus,  qui  étoit  fur  ce  promontoire  ;  mais  perfonne 
n'y  a  jamais  placé  un  port:  outre  cela  il  foui  çonne  que 
lepithcte^//o  pourrait  avoir  été  ajoutée  par  quelque  co- 
piée. Olivier  ne  paroic  pas  s  éloigner  du  fcnnmcntde 
Pintaut  •  car  il  rend  Portus  -  Veutris  par  le  cap  de 
Creus. 

3.  PORTUS  VENERIS  ,  Porto  Vener*,  port 
d'kalie ,  dans  l'état  de  Gènes ,  fur  la  gauche  ,  en  en- 
trant dans  le  golfe  de  la  Specia.  *  Le  P.  de  Charlevoix , 
Mc'rn.  manufe. 

PORTUS-ULYSSIS.K^î,Uiyssis-Portus. 

PORUARI,  peuples  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange. 
Pcolomée  ,  /.  7.  c.  1.  qui  les  place  au  midi  des  Brolinga, , 
leur  donne  les  villes  fuivantes  : 

Bridama ,  Tholubana ,  MaUta. 

PORUM  ,  lieu  de  la  Thrace  ,  aux  environs  de  Selym- 
bria  ,  félon  Diodore  de  Sicile  ,  /.  1 4. 

1.  PORUS ,  municipe  d'Athènes ,  dans  la  tribu  Aca- 
mantienne ,  félon  Suidas. 

2.  PORUS,  ifle  fur  la  côte  de  la  Morée.  Voyez,  Po% 

ROS. 

PORYOS-PANA,  ville  ou  village  de  la  Perfide, 
félon  Pcolomée  ,  /.  6.  c.  4. 

1.  POSEGA  ou  Possega  ,  comté  de  Hongrie  ,  dans 
l'Esclavonie.  Il  eft  borné  au  nord  par  la  Drave  ,  à  l'o- 
rient par  le  comté  de  Walpo  ,  au  midi  par  la  Save ,  & 
à  l'occident  par  la  petite  Valaquie.  Pofega  eft  fon  chef- 
lieu.  Voyez,  l'article  fuivant.  Il  y  a  dans  ce  comté  deux 
autres  villes  fortifiées,  favoit  Gradisca  Se  Brod.  *  Atlas  , 
Rob.  de  Vaugondy. 

2.  POSEGA  ,  ou  Possega  ,  Batiana  ,  ville  de  Hon- 
grie ,  dans  l'Esclavonie  ,  Se  le  chef-lieu  du  comté  auquel 
elle  donne  le  nom.  Elle  eft  ficuée  fur  la  rivière  d'Orla- 
va  ,  ou  Oriana  ,  à  quelques  lieues  au  nord  de  la  Save. 
Les  Impériaux  la  prirent  fur  le*Turcs  en  1687.  Elle  eft 
à  50  lieues  de  Bude,  &  à  43  de  Belgrade.*  Atlas , Ro- 
bert de  Vaugondy. 

POSES  ou  Pistres  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Nor- 
mandie ,  au  diocèfe  d'Evreux  ,  Se  dans  l'élection  du  Pont 
de  l'Arche.  On  croie  que  c'eft  le  lieu  que  nos  anciens  hi- 
ftoriens  appellent  Pifta  ou  Caftellumnovumad  Piftas. 

POSID1AR£-AQUj£,  eaux  minérales  ,  en  Italie. 
Pline,  /.  31  c.  2.  dit  qu'elles  écoient  fur  la  côte  du 
golfe  de  Bayes,  Se  qu'elles  avoientpris  leur  nom  de  celui 
d'un  affranchi  de  l'empereur  Claude. 

1 .  POSIDIUM ,  ville  d'Egypte  ,  félon  Strabon  ,  /.  1 6. 
p.  776.  Ortelius,  qui  cice  Zieglet  dit  que  cette  ville 
étoit  dans  la  partie  la  plus  enfoncée  du  golfe  Arabique  , 
Se  que  c'eft  préfentement  la  ville  de  Xuez.  ou  X^.^.  Il 
ajoure  que  c'étoit  autrefois  un  encrepôc  pour  les  mar- 
chandifes  d'Afie  ,  qui  paffoient  delà  au  Caire,  &  en- 
fuite  à  Alexandrie  ,  pour  erre  transportées  à  Venife. 
C'eit  la  ville  de  Cuez  qu'on  veut  défigner  dans  cet 
article. 

2.  POSIDIUM  ,  promontoire  de  Bithynie ,  fur  la  côte 
de  la  Propontide.  Ptolomée,  /.  y.  c.  1.  le  place  entre 
Nicomédie  Se  l'embouchure  du  fleuve  Ascanius.  C'eft, 
félon  Ortelius.  le  Nepcum  Fanum  de  Pomponius  Mêla  ; 
Se  félon  Thevet  !e  nom  moderne cilCabo-Fanona. 

3.  POSIDIUM  ,  lieu  de  la  Bithynie  ,  fur  la  côte  du 
Pont-Euxin.  Arrien  dans  fon  périple  du  Ponc-Euxin , 


POS 


POS 


p.  14.  met  Pofidinm  enrre  Metroum  &  Tyndaridaî  1 
;i  quarante  fiades  du  premier  de  ces  lieux  ,  cv  a  quarante- 
cinq  du  fécond. 

4.  POSIDIUM  ,  promontoire  de  la  Macédoine, 
clans  la  Phthiotide,  fur  la  côre  du  golfe  l'élasgique.  Pto- 
lomée ,  /.  3.  c.  1 3.  le  place  entre  Démérriade  &  Larilïe. 
Strabon  ,  in  Epuoyne  ,  connoît  auifi  ce  promontoire  ; 
6c  Thevet  ,  à  ce  que  die  Ortelius,  l'appelle  SclaJJit. 

y.  POS1DIUM.  Hérodote  ,  /.  3.  n.  91.  met  une  ville 
de  ce  nom  aux  confins  de  la  Glicie  &  de  la  Syrie, 
cV  ajoute  qu'elle  avoit  été  bâtie  par  Amphiloque  ,  fils 
d'Amphiaraùs.  Etienne  le  géographe  parle  de  cette  ville  ; 
6c  c'elt  fans  doute  la  même  que  Ptolomée  , /.  y.  c.  iy. 
incr  dans  la  Syrie  ,  auprès  d  Héraclée. 

6.  POSIDIUM,  promontoire  de  l'Ionie  ,  vers  les 
confins  de  la  Carie  .  félon  Pomponius  Mêla  ,  /.  1 .  c.  1  7. 
&  Pline,/.  y.  c.  29.  Ce  dernier  y  met  une  ville  de 
même  nom.  Strabon  ,  /.  14.  p.  632.  y  place  pareille- 
ment une  ville,  qu'il  appelle  Pofidcitm  Milejîorum.  Qc 
promontoire  retient  ainfi  quelque  chofe  de  fon  ancien 
nom;  car,  comme  le  remarque  le  père  Hardouin,  on 
le  nomme  aujourd'hui  G/po  di  Melaz.z.o. 

7.  POSIDIUM  ,  promontoire  de  l'ifle  de  Samos ,  fé- 
lon Strabon  ,  /.  14.  p.  637. 

8.  POSIDIUM  ,  promontoire  de  l'ifle  de  Chio.  Stra- 
bon, /.  14  p.  64J.  dit  qu'en  faifant  le  tour  de  l'ifle, 
Cv  partant  du  port  de  la  ville,  on  trouve  d'abord  à  la 
droite  le  promontoire  Pofidmm. 

9.  POSIDIUM  ,  ville  de  l'Ane  Mineure.  Ptolomée  , 
/.  y.  c.  2.  la  place  dans  l'ifle  Carpathus. 

10.  POSIDIUM,  lieu  de  l'Elire,  dans  la  Thespro- 
t'e.  Strabon  ,  /.  17.  p.  324.  qui  parle  de  ce  lieu  ,  ne  dit 
point  i\  c'eit  un  promontoire  ou  une  ville.  Mais  Pto- 
lomée, /.  3-c.  14.  décide  la  queflion  ;  car  il  met  chez 
les  Thesproriens  un  promontoire  nommé  Pofidium.  S'il 
y  avoit  une  ville  de  même  nom  ,  c'elt  ce  qu'on  ne  fau- 
1  oit  dire ,  puisqu'aucun  ancien  n'en  parle  clairement. 

1.  POSlDONIA  ,  nom  que  les  Grecs  donnoient  à  la 
ville  de  Paflum  ,  en  Italie.  Oppidum  Pxftum  ,  dit  Pline  , 
/.  i,.c.  $.Grœcis  Pofidonia  appellatum.  Velleïus  Pater- 
r ulus ,  /.  \.  c.  iy.  rend  le  nom  grec  par  Neptimia.  C'é- 
loit  une  colonie  romaine.  Selon  le  plus  commun  fenti- 
menr ,  le  nom  moderne  eft  Agropoli. 

2.  POSlDONIA  ,  tribu  de  l' Afrique,  félon  Ortelius  , 
qui  cite  Pollux. 

POSIDONIAT^E,  peuples  d'Italie,  qu'Athénée,  /. 
14.  place  fur  le  golfe  de  Ty aliène ,  en  remarquant  néan- 
moins que  ces  peuples  étoient  Grecs.  Ortelius  foupçon- 
ne  qu'ils  habitoient  aux  environs  de  Neptunium,  Stra- 
bon ,  /.  6.  p,  254.  nous  apprend  qu'ils  furent  vaincus, 
par  les  Lucaniens,  qui  s'emparèrent  de  leurs  villes. 

POSIDONIATES-SINUS.  Strabon  ,  /.  y.  p.  2jr. 
donne  ce  nom  à  un  golfe  d'Italie  ,  que  les  Latins  appel- 
loient  Pafianus  Sinus  de  la  ville  de  Paflum  ,  qui  y  étoit 
bâtie  ;  &  comme  cette  ville  étoit  appellée  Pofidonia  par 
les  Grecs ,  ils  avoient  donné  ce  nom  au  golfe.  C'eft  au- 
jourd'hui le  golfe  de  Salerne. 

1.  POSIDONIUM,  lieu  d'Italie,  chez  lesBrutiens, 
au  voifinage  de  la  ville  de  Rhegium  ,  à  l'oppofite  du 
promontoire  Polorum,  félon  Strabon  ,  /.  G.  p.  257.  On 
ne  peut  pas  aflurer  que  Posidonium  fût  une  ville; 
mais  on  fait  qu'il  y  avoit  un  temple  de  Neptune,  au 
voifinage  de  Rhegium  5  ce  qui  fiiffit  pour  dire  que  Pofi- 
donium  étoit  différent  de  la  ville  de  Pofidonia  ou  Pœftum. 
C'étoit  un  promontoire,  appelle  aujourd'hui  Coda  di 
Volpe. 

2.  POSIDONIUM  ,  félon  quelques  exemplaires  de 
Sclin  ,  c.  3».  &  Pofideum,  félon  l'édition  deSaumaife; 
c'eftle  nom  d'un  des  trois  canaux  qui  conduifoient  les 
vaifiëaux  dans  le  pott  d'Alexandrie.  Pline  ,  /.  y.c.  31. 
qui  parle  de  ces  trois  canaux  en  nomme  un  Pofideum , 
6c  il  n'y  a  pas  de  doute  que  c'efi;  ainfi  qu'il  faut  lire.  Ce 
canal  tiroir  fon  nom  d'un  temple  de  Neptune  ,  comme 
nous  l'apprend  Strabon,  /.  17.  p,  764.  Quelques  ma- 
nuferits  de  Pline  6c  de  Solin  portent  Foftideum  pour  Po- 
fideum ;  mais  on  préfère  généralement  le  dernier. 

POSILIPPO.  Voyez.  PausyxyPpe. 

FOSINARA  ,  ville  de  l'Inde  ,  au-delà  du  Gange. 
Elle  étoit  fur  le  bord  de  ce  fleuve,  filon  Ptolomée  , 
/.  7.  c.  2.  qui  la  place  entre  Artfabium  &c  Pandaa. 


I  ÙJJ 

fOSlNG/E,  peuples   de  1  Inde ,  félon  Pline,  /.  6. 

C.  2û. 

1.  POSNANIE,  palatinat  de  la  Grande  Pologne, 
borné  au  nord  par  la  Poméranie,  à  l'oiient  par  la  Po- 
merclle,  &  par  le  palatinat  de  Kaîish ,  au  midi  partie 
par  le  palatinat  de  Kalish ,  partie  par  la  Siléfie  ,  6c  à 
l'occident,  partie  par  la  Silélie,  partie  par  la  Marche 
de  Brandebourg.  Posnanie  ou  Posen  efi  fa  capitale. 
Voyez,  l'article  fuivanr. 

Le  palatinat  de  Posnanie  a  le  même  rang  que  celui 
de  Cracovie.  Cellarius  dit  après  Pierre  Bertius ,  que 
ce  palatinat  a  fous  fa  juridiction  huit  villes  j  favoir 

Posnanie ,  Wscht  \v  , 

Koscien ,  Sremick, 

MiedzyrzeczeoK  Meferitz,  ProneJz , 

Oiiérfow  ,  Rogetzno ,  ou  Rogosno. 

*  Andr.  Ccllur.  Defcripr.  Polon.  p.  206. 

i.  TOSNANIE  ,  ou  Posen  ,  Posna,  ville  épiscopale 
de  la  Grande  Pologne,  &  la  capitale  du  palatinat  au- 
quel elle  donne  le  nom  ,  fur  la  rive  gauche  de  la  Warta, 
vers  le  y  2  dcg.  2;  min.  de  latitude.  Cette  ville  qui  fe 
dit  la  capitale  du  palatinat  de  Posnanie  ,  6c  la  métro- 
pole de  toute  la  Grande  Pologne,  eft  fituée  dans  une 
belle  plaine,  bordée  de  coteaux  agréables.  Quoique 
petite  ,  elle  cftbelle.  Ellcefi  ceinte  d'une  double  muraille 
6c  d'un  foflé  très-profond.  Ses  maifons  font  bâties  de 
pierres  de  taille  :  elle  a  une  forterefle  bâtie  dans  une 
ifle  que  forme  la  Warta,  &  au-delà  de  cette  rivière, 
de  grands  fauxbourgs  environnés  d'un  lac  très-vafle 
6c  de  quelques  marais  ;  ce  qui  fait  que  les  inondations  de 
la  Warta  l'incommodent  beaucoup.  On  a  vu  les  eaux 
y  entrer  jusqu'à  une  telle  hauteur,  qu'on  étoit  obligé 
d'aller  en  .bateau  dans  les  rues  6c  dans  la  place  pu- 
blique. Hcureuftment  ces  inondations  ne  durent  pas 
plus  de  deux  ou  trois  jours.  Posnanie  eft  une  ville 
marchande,  &'  un  entrepôt  confidérable  pour  les  mar- 
chandifes  qu'on  apporte  d'Allemagne  en  Pologne  ,  ou 
qu'on  transporte  de  Pologne  en  Allemagne.  11  fe  tient 
en  cette  vilie  trois  foires  par  an ,  6c  on  y  voit  venir  de 
toutes  parts  une  grande  quantité  de  marchands.  Dans 
la  principale  églife  de  la  ville  dédiée  à  Sainte  Magde- 
lene",  &  qui  ell  ornée  d'une  très  belle  tour  ,  on  montre 
le  tombeau  du  duc  Mieciflaw  I  ,  qui  introduifit  la  reli- 
gion chrétienne  dans  la  Pologne,  6c  qui  fonda  un 
évéché  dans  cette  ville  l'an  5)66".  Il  y  a  auifi  une  maifon 
de  religieux  Dominicains.  L'églife  cathédrale  efi  bâtie 
hors  de  la  ville  du  côté  de  l'orient ,  dans  un  lieu  fort 
agréable.  C'en;  un  édifice  magnifique  avec  deux  belles 
tours.  A  la  droite  de  cette  églife  ,  on  voit  le  palais 
épiscopal  bâti  dans  des  marais.  A  la  gauche  ,  font  lç 
collège  de  Lubrantius,  h  chapelle  de  Saint  Michel  & 
les  maifons  des  chanoines  de  la  cathédrale.  Jusque-là 
s'étend  le  fauxbourg  de  Valifow,  qui  pourroit  paficr 
pour  une  ville,  6c  qui  mérireroit  d'être  fortifié.  Jean 
Lubrantius  ,  évêque  de  Posnanie  ,  fonda  dans  ce  faux- 
bourg  le  collège  public  auquel  il  donna  fon  nom.  Adam 
Cornarius ,  fon  fuccefléur ,  embellit  confidérablement  le 
bâtiment ,  £c  le  comte  Rosrafevy  en  augmenta  les  reve- 
nus. On  y  enfeigne  les  mathématiques  &  le  droit.  Les 
Jéfuites  ont  leur  collège  dans  la  ville  ,  où  ils  élèvent 
la  jeunefle.  Au  couchant  d'hiver  de  la  ville  ,  il  y  a  une 
églife  magnifique  ,  fous  le  titre  du  Corps  Sacré  de 
J.  C.  &  qui  fert  d'églife  aux  Carmes.  C'eil  auifi  de 
ce  côté  que  font  les  frères  Mineurs  de  l'étroite  obfer- 
vance.  Au  nord  de  la  ville  eft  l'églife  paroifliale  de 
Saint  Martin,  6c  dans  la  ville  on  voit  le  couvent  des 
religieulcs  de  Saint  Dominique,  l'églife  de  Saint  Sta- 
niflas  6c  le  collège  des  Jéfuites  qui  y  eft  joint.  Les  rues 
font  larges  :  la  place  publique  efi  belle  :  la  maifon  de 
ville  efi  un  grand  bâtiment  d'une  belle  architecture, 
6c  les  maifons  des  particuliers  font  propres:  Posnanie 
l'emporre  fur  routes  les  villes  de  Pologne  ,  fi  on  en 
excepte  celle  de  Cracovie.  *  Andr.  Ctllar.  Defc.  Polon, 
p.  204. 

Le  duc  de  Bohême  Prédifias  ,  fils  d'Ulnc,  l'an  1038, 
brûla  cette  ville,  après  l'avoir  pillée,  félon  le. témoi- 
gnage de  Q'QHieruSi  qui  ajoure,/.  7.  queMieciflatf  III , 


1078      POS 


POT 


duc  de  Pologne,  qui  mourut  en  1202,  fondaàPos- 
nanic  un  hôpital  pour  l'entretien  des  pauvres  ,  auprès 
de  l'églife  de  Saint  Michel ,  qu'il  lui  donna  un  grand 
nombre  de  villages ,  Se  qu'il  confia  le  foin  de  cet  hôpital 
aux  chevaliers  de  Saint  Jean  de  Jérufalem. 

1.  POSON  ,  rivière  de  France ,  dans  le  Berri.  Elle 
pané  à  Chabris,  Se  Ce  jette  dans  le  Cher  à  Selles,  en 
îterry. 

2.  POSON ,  comté  de  la  Hongrie.  On  donne  auiïi 
à  ce  comté  le  nom  de  Presbourg  ,  qui  eft  celui  de  fa 
capitale.  J-ey^ce  mot. 

POSON1UM,  nom  latin  de  la  ville  de  Prefbourg, 
en  Hongrie.  Lazius  dit  que  dans  les  archives  de  cette 
ville  on  trouve  d'anciens  titres ,  dans  lesquels  elle  elt 
appelk'e  Pijonium ,  du  nom,  à  ce  qu'on  prétend,  d'un 
certain  Pifon,  dont  fe  fervit  l'empeteur  Tibère,  pour 
foumettre  les  habirans  de  la  Pannonie.  Le  même  La- 
zius croit  néanmoins  que  l'ancien  nom  de  Prefbourg 
pourroit  être  Flexum.  Voyez,  ce  mot.  *  Ortelius. 
Thefaur. 

POSSENI ,  peuples  de  l'Illyrie.  Appien  les  compte 
parmi  ceux   qui    compofoient  la  nation  des  Japodes. 

*  De  Bel,  lllyr.  p.  764. 

POSSOMY  ,  bourg  de  France,  dans  le  Rouergne, 
élection  de  Milhaud. 

PQSTDAM  ,  Potztein  ,  oit  Potzdam  ,  ville  Se 
maifonde  plaifance  du  roi  de  Prune,  dans  la  moyenne 
Marche  de  Brandebourg,  à  quatre  milles  d'Allemagne 
de  Berlin.  Le  chemin  eft  marqué  par  des  piliers  de 
pierres  de  taille  ,  pofés  de  mille  en  mille ,  avec  des 
inferiptions  Se  le  nombre  des  milles.  Le  palais  royal 
de  Poftdam  eft  fitué  dans  une  ifle  que  forment  le  Havel 
Se  la  Sprée,  &  qui  a  environ  quatre  lieues  de  tour. 
La  ville  qui  porte  le  même  nom  ,  a  aufli  été  bâtie  dans 
cette  ille ,  &:  elle  eft  environnée  de  collines ,  de  bois 
taillis  ,  de  bocages  &  de  forêts.  Poftdam  eft  un  lieu 
charmant ,  foit  pour  fes  bâtimens ,  foit  pour  fes  cas- 
cades. A  un  quart  de  lieue  de  diftance ,  on  voit  une 
belle  ménagerie.  L'ifle  eft  diverfinée  par  de  grandes  Se 
épaiiïes  forêts ,  par  des  prairies  Se  par  de  belles  cam- 
pagnes, La  maifon  de  plaifance  Se  le  jardin  de  Born- 
heim  font  à  peu  près  au  milieu  de  cette  ifle.  D'une 
petite  colline  voifine  de  cet  endroit ,  on  a  une  très- 
belle  vue  ,  &  on  découvre  d'un  bout  de  l'ifle  à  l'autre. 
On  voit  pluficurs  villages,  Se  la  jonction  des  deux 
rivières  qui  forment  l'ifle.  Poftdam  eft  presque  au 
milieu  entre  deux  maifons  du  même  prince  ,  qui  font  à 
la  vérité  plus  petites,  mais  admirablement  fituées  Se 
très-bien  meublées  ,  comme  le  font  toutes  celles  qui 
lui  appartiennent.  Kapput  ,  l'une  de  ces  maifons ,  n'eft 
qu'à  une  petite  lieue  plus  bas.  La  rivière  eft  beaucoup 
plus  large  en  cet  endroit ,  &  forme  une  espèce  de  lac 
depuis  là  jusqu'à  Poftdam.  Kleiniken  ,  qui  eft  l'autre 
maifon,  n'eft  qu'à  une  demi-lieue  plus  haut,  du  côté 
de  Berlin.  La  rivière  y  eft  auffi  large  qu'à  Kapput  j  ce 
ce  qui  provient  du  confluent  de  plufieurs  eaux  Se  de 
la  divifion  de  la  Sprée  Se  du  Havel.  De  cette  manière 
le  roi  peut  aller  dans  fes  yachts  de  Poftdam  à  l'une 
ou  l'autre  de  ces  maifons ,   lorsqu'il  le  juge  à  propos. 

*  Relation  des  Cours  de  Prujje  &  de  Hanover , 
1702. 

POSTEL,  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Prémontré  , 
dans  le  Brabant  Hollandois  ,  fur  les  confins  de  l'Au- 
trichien. Les  Hollandois  après  l'avoir  occupée  pendant 
quelques  années,  la  rendirent  à  cet  ordre  vers  l'an 
1641. 

POSTELBERG ,  Porta  Apoftolorum  ,  ancienne  & 
riche  abbaye  d'hommes,  ordre  de  Saint  Benoît  en 
Bohême  ,  au  cercle  de  Satz.  Elle  eft  aujourd'hui  rui- 
née. 

POSTIGIA  ,  ville  de  la  Cherfonnèfe  Taurique. 
Ptoloméc,  /.  3.  c.  6.  la  place  dans  les  terres. 

POSTONïA,  lieu  fortifié,  dans  la  Carniole.Au 
lieu  de  Pofloma  ,  dit  Ortelius,  Corneille  Scepper  écrit 
Piftania ,  Se  dit  que  les  Allemans  nomment  ce  lieu 
Adchpcr^. 

"POSTROP^A  ,  lieu  de  la  Calabre,  félon  Gab.  Bar- 
ri ,  qui  cite  Etienne  de  Byzance.  Il  ajoute  que  le  nom 
moderne   eft  Tropca.   Ortelius  dit ,  fans   citer  aucun 


garant ,  qu'il    faut    éetire  Prostrcp^a  ,   Se  il  croit 
que  c'eft  la  ville  Tropas  ,  Tpo?r«s  de  Cédrene. 

POSTUM1A-VIA,  route  d'Italie,  aux  environs  de 
la  ville  fâoftiliœ,  félon  Tacite,  Hift.  I.  3.  11  en  eft 
aufli  fait  mention  dans  une  ancienne  infeription  con- 
fervée  à  Gènes.  Augullin  Juftiniani ,  dans  fon  hiftoire 
de  Gènes ,  dit  qu'on  nomme  aujourd'hui  cette  route 
Via  Costumia  ou  Costuma;  qu'elle  conduit ,  depuis 
Runco  jusqu'à  Nova? ,  Se  qu'elle  paffe  par  Vola,  Ar- 
quata  &  Seravalla. 

POSTUS-ALBUS,  lieu  de  l'Espagne  Bétique.  L'iti- 
néraire d'Antonin  le  met  fur  la  route  de  Malaca  à 
Gadis ,  entre  Calpe  Cartcja  Se  Alellaria  ,  à  fix  milles 
du  premier  de  ces  deux  lieux  ,  &  à  douze  milles  du 
fécond.  Simlcr  prétend  qu'il  faut  lire  Poruts-Albus  ; 
Se  c'eft  ainfi  que  lit  Surita. 

POTACHID/E.  Paufanias ,  /.  8.  c.  4;.  nomme  ainfi 
une  des  tribus  dans  l'Arcadie.  Etienne  le  géographe, 
qui  écrit  Botachidx  ,  en  fait  un  lieu  de  l'Arcadie. 

POTALA  ,  ville  du  Tangut ,  vers  les  frontières  de 
la  Chine,  au  fud  des  déferts  de  Goby,  vers  le  32 
deg.  de  latit.  Se  122  de  longitude.  Le  Dalai-Lama  , 
qui  eft  ce  Prêtre  Jean  dont  on  a  il  long-tems  amufé 
le  public  ,  fait  fa  réfidence  fur  une  montagne  qui  etl 
tout  près  de  cette  ville.  Voyez,  ce  que  nous  avons  dit 
du  Dalai-Lama  à  l'article  Tangut. 

POT AMIA  ,  contrée  de  la  Galatie  ,  félon  Strabon, 
/.  12.  p.  562.  Ce  nom  lui  avoit  été  donné,  parce 
qu'elle  ctoit  entrecoupée  de  rivières.  Voyez.  Potamos  , 

«.  3. 

POTAMIUM.  Voyez,  Potamos  ,  ».  2. 

POTAMON1UM  ,  lieu  voifin  de  Conftantinople , 
félon  Pierre  Gilles ,  dans  fa  defeription  du  Bosphore. 

1.  POTAMOS  ,  ou  Potamus  ,  r.ora/j.oç ,  mot  grec 
qui  fignifie  un  fleuve  ou  une  rivière.  On  le  donne 
quelquefois  feul  à  des  lieux  qui  étoient  fitués  fur  des 
rivières  -,  Se  quelquefois  on  le  trouve  joint  à  un  autre 
nom.  Voyez.  Rivière. 

2.  POTAMOS ,  ou  Potamus  ,  bourg  du  Pélopon- 
nèfe ,  dans  l'Attique.  C'étoit  un  bourg  maritime  de  la 
tribu  Léontide  ,  au-delà  du  promontoire  Sunium ,  en 
regardant  du  côté  de  l'Europe  ;  Se  c'eft  ce  qu'on  ap- 
pelle maintenant  le  port  de  Raftis  ,  où  il  n'y  a  aucune 
habitation.  C'étoit  là  qu'on  voyoit  le  monument  d'Jon  , 
fils  de  Xuthus.  A  Athènes  on  lit  dans  l'églife  d'Agioi 
Apoftoli  ,  un  fragment  d'infeription  ,  où  il  eft  fait: 
mention  des  habitans  de  ce  bourg. 


XTPATOKAEOYS 
riOTAMIOT  .  .  . 

errATHP 

Les  habitans  de  Potamos  furent  autrefois  l'objet  des 
railleries  du  théâtre  d'Athènes,  par  leur  facilité  Se 
inconftance  à  créer  de  nouveaux  magiftrats.  Ce  bourg 
eft  le  même  que  Paufanias,  /.  7.  c.  1.  appelle  la  tribu 
des  Potamiens.  *  Spon,  Lifte  de  l'Attique. 

3.  POTAMOS,  ou  Potamus  ,  lieu  maritime  ,  dans 
la  Galatie.  Arrien  ,  dans  fon  périple  du  Pont-Euxin , 
p.  15.  le  met  entre  Stéphane  Se  Leptes-Acra ,  à  cent 
cinquante  ftades  du  premier  de  ces  lieux ,  Se  à  cent 
vingt  ftades  du  fécond.  Ce  Potamos  ne  fcroit-il  point 
la  même  chofe  que  le  Potamia  de  Strabon.  Voyez, 
Potamia. 

POTAMOS ACON  ,  ifle  Se  fleuve  de  l'Eolide  ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

1.  POTAMUS,  nom  que  Jornandès ,  de  reb.  Get. 
c.  \C.  donne  au  fleuve  qui  paffe  à  Marcianopolis. 

2.  POTAMUS.  Voyez.  Aegospotamos. 
POTANA.  Voyez.  Patala. 

POTELITSE,  village  de  Pologne  ,  dans  le  palatinat 
de  Rnfl'ie.  Il  eft  fitué  à  deux  lieues  de  Nimirouf ,  Se 
il  eft  allez  grand  pour  mériter  le  nom  de  petite  ville. 
Le  pays  d'alentour  eft  fort  beau  ,  découvert,  cultivé, 
uni  &  plein  de  villages.  *  Corn.  Diét.  fur  les  Mém. 
du  chevalier  de  Beaujeu. 

1.  POTENTIA,  ville  d'Italie ,  chez  les  Lucaniens. 
Ptoloméc  ,  /.  3.  c.  1.  la  place  dans  les  terres,  entre 
Compfa  Se  Blanda.    Pline,   /.  3.  c  11,  nomme  le* 


POT 


POT 


habitànsde  cette  ville  Poteniini,  tlle  retient  fon  ancien 
nom.  C'eft  aujourd'hui  2V«*.ï.«.dans  la  Bafilicatc.  Voyez. 
Potenza  ,  n.  2. 

2.  POTENTIA ,  ville  d'Italie ,  dans  le  Picenum  * 
fur  le  bord  de  la  mer  ,  félon  Pomponius  Mêla ,  /.  2.. 
c.  4.  Sur  quoi  Olivier  remarque  que  c'en;  aujourd'hui 
la  ville  de  Lorette.  Le  père  Hardouin  n'e/t  pas  de 
ce  fentiment.  Dans  fa  note  fur  le  paffage  de  Pline  ,  /. 
5.  c.  13.  où  il  elt  parlé  de  cette  ville,  il  dit  qu'on 
en  voit' aujourd'hui  les  ruines  au  voifinage  du  port  de 
Rccanati  ,  où  il  y  a  une  abbaye  qui  retient  le  nom 
de  B.  Maria  ad  pedem  Potentu  ,  fur  le  bord  de  la 
rivière  Potenza, 

3.  POTENTIA  ,  ville  d'Italie,  dans  la  Ligiiric ,  & 
dans  les  terres.  On  la  nommoit  autrement  Pollentia- 
Cirrea,  félon  Pline,  /.  3.  c  5.  Quelques-uns  veulent 
néanmoins  que  Pollen tia  Se  Carrea  foient  deux  villes 
différentes,  Se  que  ce  Toit  cette  dernière  qui  ait  été 
fr.rnommée  Potentia.  Quoiqu'il  en  foir,  on  trouve  des 
traces  du  nom  Pollcntia  dans  celui  de  Polenza  ,  pe- 
tite ville   au  confluent  de  Tanaro  Se  de  liStura. 

FOTENTIANA,  ville  de  la  Baffe-Hongrie ,  dont 
il  elt  parlé  dans  les  annales  de  l'hiitoire  d'Attila.  La- 
zius  croit  que  c'eft  aujourd'hui  Thf.ten,  bourgade 
fur  le  Danube  ,  d'autres  croient  que  c'en;  Pento- 
len. 

1.  POTENZA,  rivière  d'Italie,  dans  la  Marche 
d'Ancone.  Elle  a  fa  fource  dans  le  Mont  Apennin, 
entre  Nibbiano  au  nord ,  Se  Noccra  au  midi.  Son  cours 
eft  du  midi  occidental  au  nord  oriental,  Se  elle  a  fon 
embouchure  *ÎM  la  côte  du  golfe  de  Venife  ,  près  de 
Lorette  ,  entre  l'embouchure  de  l'Aspido  Mufone  Se 
celle  d'Afino  Torrente.  Corneille  ,  Ditt.  qui  connoit 
cette  rivière  Se  fon  cours ,  dit  qu'à  mille  pas  de  fon 
embouchure,  du  côté  du  levant,  on  voit  les  ruines 
de  l'ancienne  Potentia  ,  ville  du  Piémont.  Il  devoit  dire 
ville  du  Picenum  ;  car  il  ne  nous  fera  pas  croire  que 
le  Piémont  Se  la  Marche  d'Ancone  foient  la  même  chofe, 
quoique  chacune  de  ces  contrées  ait  eu  une  ville  nommée 
Potentia.  Voyez.  Potentia  2.  *  Magin ,  Carte  de  la 
Matche  d'Ancone. 

2.  POTENZA,  ville  d'Italie,  au  royaume  de  Na- 
ples ,  dans  la  Bafilicate,  vers  les  frontières  de  la  Prin- 
cipauté Citérieure,  vers  les  fources  du  Bafiento.  Cette 
ville  ,  nommée  anciennement  Potentia  ,  étoit  évêché 
des  l'an  $06  ,  fous  la  métropole  d'Acerenza.  Elle  fut 
ruinée  par  un  tremblement  déterre,  le  8  de  Septembre 
1694.*   Mi  gin,  Catte  de  la  Bafilicate. 

POTERRON.  On  lit  dans  la  cinquante-cinquième 
épigramme  de  Martial ,  livre  quatrième ,  ad  Lucium. 

Et  textis  Poîeron  rofis  rubentem. 

Sur  quoi  un  commentateur  remarque  que  Poteron 
eft  le  nom  d'un  lieu.  Les  dernières  éditions ,  au  lieu 
de  Poteron  ,  lifent  Peteron. 

POTES  ,  petite  ville  d'Espagne ,  dans  l'A/turie  de 
Santillane,  &  la  capitale  de  la  petite  province  de  Lie- 
bana.  Elle  eft  fituée  fur  la  rivière  de  Deva ,  à  neuf 
lieues  de  Santillane."1'  Délices  d'Espagne,  p.  1 1  y . 

POTHERUS,  fleuve  de  l'ifle  de  Crète  ,  entre  Gnos- 
fus  Se  Gortyne ,  félon  Ortclius,  qui  cite  Vitruve,  /. 
1.  Il  ajoute  qu'au  lieu  de  Poiberur,  Turnebe  lit  Prv- 
tereus,  Se  qu'il  prétend  que  c'eft  ie  Catarrhatlus  de 
Ptolomée.  On  voyoit  fur  les  bords  de  ce  fleuve  de 
beaux  pâturages  :  les  animaux ,  qui  paiffoient  près  de 
Gnoffus ,  avoient  une  rate  ,  Se  ceux  qui  paiffoient  de 
l'autre  côté  ,  proche  de  Gortyne  ,  n'en  avoient  point 
qui  parût.  Cette  différence  étoit  attribuée  à  une  herbe 
qui  croiffoit  de  ce  côté-là  ,  Se  qui  avoit  la  vertu  de 
diminuer  la  rate. 

POTICARA,  ville  de  la  Perfide.  Ptolomée,  /.  6. 
Ci  4.  la  place  dans  les  terres ,  entre  Cotamba  Se  Ar- 
dea. 

POTICHE,  petite  montagne  de  l'Amérique  fepren- 
trionale  ,  dans  l'ifle  de  la  Martinique  ,  à  la  bande  du 
nord,  près  de  l'embouchure  de  la  grande  rivière. 

POTIDyEA,  ville  de  Macédoine  j  &  l'une  des  cinq 
places  que  le  périple  de  Scylax  met  dans  la  pénin- 
fale  de  Pallene.  Eile  étoit  bâtie  préeifément  fur  l'iilh- 


ÏO79 

me  qui  joignoit  Pallene  à  la  Macédoine.  Le  roi  Caffan- 
der  l'acciut  ou  la  rétablit,  &  lui  donna  fon  nom  ;  ce 
qui  fait  que  Tite-Live,  /.  44.  c.  11.  dit  qu'elle  fut 
bâtie  parle  roi  Caffander.  Trois  ans  avant  que  Philippe 
de  Macédoine  parvînt  à  la  couronne  ,  Timothée  fe 
rendit  maître  de  la  ville  de  Potidée  ;  &  Philippe  l'ayant 
conquife  peu  de  jours  après  la  prife  de  Pydne,  la  céda 
aux   Olyiithiens  pour   les  attacher  plus  étroitement  à 

c'  To^uJhU-Cyd'  l  r"  P*  4'  &  77-  Toureil ,  Rem. 
fur  la   8.  Phihppiquc. 

^POTIDANIA,  ville  de  l'Etolie  ,  félon  Etienne  le 
géographe.  Thucydide  ,  /.  3.  p.  2j8.  la  donne  aux 
Erohens  qui  habitoiem  dans  les  terres.  Tite-Live ,  /.  18. 
c.  8.  connoît  aufli  cette  ville. 

POTIGIPEBA  ,  petite  rivière  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  au  Bréfil,  dans  la  capitainerie  de  Seregippe. 
Elle  fe  jette  dans  la  baie  de  Vazabaris ,  ce  qui  fait  que* 
les  Portugais  l'appellent  quelquefois  Rio  de  Vaz.abarii. 
Son  embouchure  eft  entre  celle  de  la  rivière  Sereeinpe 
&  celle  de  Rio  Real.  ' r 

POTINIA,  ou  Betunia.  Voyez.  Betunia. 

POTINIOCAPO,  cap  de  l'Anatolie  ,  fur  la  côte 
de  la  mer  Noire,  près  de  l'embouchure  du  Bosphore. 
Baudrand,  édït.  1682,  qui  cite  Molet ,  dit  que  c'eft 
le  Bitbynia-Promontorium  de  Ptolomée. 

POTIOLI.  Voyez  Puteoli. 
POTIPASON  ,  fiége  épiscopal  de  la  province 
d'A  fiique,  félon  Ortelius  ,  qui  cite  le  cinquième  con- 
cile de  Conftantinople.  Seroir-ce  le  fiége  Tipa/itanus, 
dont  Réparants  elt  qualifié  évêque  dans  la  notice  épisco- 
pale  d'Afrique  ? 

POTIUM,  lieu  fortifié,  aux  enviions  du  Frioul, 
fur  le  bord  de  la  mer,  félon  Paul  Diacre ,  de  Geftis 
Longob.  I.  6.  c.  51.  Quelques  manuferits  portent 
Tontium  au  lieu  de  Potium. 

POT1VOL,  ou  Putivol,  petite  ville  de  l'empire 
Ruflien  ,  dans  la  partie  méridionale  du  duché  de 
Séverie,  fur  la  rivière  de  Sem ,  un  peu  au-deffus  de 
fon  confluent  avec  le  Nevin.  Elle  eft  fituée  entre 
Baturin  ,  capitale  des  Cofaques,  Se  Rylsk,  à  l'orient 
de  la  première,  Se  au  couchant  de  la  féconde.*  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

POTMES  ,  petite  ville  d'Allemagne,  dans  la  Bavière, 
fur  la  rive  gauche  de  l'Acha,  au  fud-eit  de  Rain.  *  De 
fp'it,  Jaillot  ,  Atlas. 

1.  POTNI/E,  ville  de  Bœotie,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  dit  que  quelques-uns  l'appelloient 
fJipotbeba.  Paufanias,  /.  9.  c.  18.  écrit  que  de  fon 
teins  on  voyoit  les  ruines  de  cette  ville  ,  au  milieu 
desquelles  fubfifloient  les  bois  facrés  de  Cerès  Se  de 
Proièrpine.  On  dit  que  Glaucus ,  fils  de  Sifyphe  ,  y 
nourrifibit  fes  jumens  de  chair  humaine  ,  afin  que 
dans  les  combats  elles  fe  jettaffent  avec  plus  d'ardeur 
fur  les  ennemis  pont  les  dévorer.  Il  fut  puni  de  cette 
inhumanité,  puisqu'il  en  fut  dévoré  lui-même,  après 
qu'elles  eurent  bu  un  jout  de  l'eau  d'une  fontaine  qui 
étoit  proche  de  la  ville  ,  Se  qui  mettoit  en  fureur  les 
chevaux  qui  en  buvoient.  Quelques-uns,  au  lieu  de 
Potnix,  écrivent  Potnœ.  *  Hygin  ,  Fab.  250  Se  273. 

2.  POTNI/E,  contrée  de  la  Bœotie  ,  félon  le  grand 
étymologifte.  Elle  n'étoit  pas  éloignée  de  Thebes  ,  Se  , 
à  ce  que  dit  Elien ,  Hifl.  Anim.  I.  ij.  on  y  voyoit 
une  fontaine  nommée  Potniuf. 

POTONCHAN,  gtoffe  bourgade  de  l'Yucatan  ; 
dans  l'Amérique  feptentrionale  ,  &fnr  le  bord  du  golfe 
Mexique ,  à  cinq  ou  fix  journées ,  au  fud  de  Campêche. 
François  Fernandez  de  Cordoue  ,  qui  fit  en  1/17,  la 
première  découverte  de  l'Yucatan ,  y  penfa  périr.  Il 
y  perdit  quarante  Espagnols,  tous  les  autres  furent 
bleffés ,  Se  lui-même  percé  de  douze  flèches.  L'année 
fuivante  ,  Jean  de  Grijalva  ,  allant  à  la  découverte  de 
la  NouvelleEspagne,  qu'il  fit  heureufement  cette  même 
année  ,  voulut  faire  une  descente  à  Potonchan  3  malgré 
les  Indiens,  qui  bordoient  le  rivage  en  armes.  Il  le  fit 
en  effet  ;  mais  il  eut  trois  hommes  tués  ,  Se  foixante 
bleffés  :  il  le  fut  lui-même  ,  ce  qui  ne  l'empêcha  point 
de  pouffer  jusqu'à  la  bourgade  ,  qu'il  trouva  abandon- 
née ,  tous  les  habitant  s'étant  retirés  dans  les  bois.  *  Le 
père  de  Charlcvoix  ,  Hifl.  de  S.  Domingue  ,  t.  1. 

1.  POTOSI,  montagne  de  l'Amérique  méridionale 


io8o       POT 


OT 


au  Pérou ,  dans  l'audience  de  Charcas ,  pics  de  la  ville  de 
Potofi.  C'eft  la  plus  haute  montagne  du  canton.  Sa  figure 
elt  en  pain  de  lucre.  Sa  couleur  eft  d'un  brun  rouge , 
&  elle  elt  agréable  à  voir ,    mais  difficile  à  monter , 
quoique  les  chevaux  y  montent  préfentemcnr.  Son  pied 
occupe  Une  lieue  de  terrein  ;  Se  de  Ion  fommet ,  qui 
finît  en  pointe ,   on  compte  jusqu'au  bas  un  quart  de 
lieue  ,  mcfi  re  d'Espagne.  Au  pied  il  y  a  une  montagne , 
mais  moindre,  &   qui  fait  partie  de  la  grande.  On  y 
a  trouvé  autrefois  des  maffes  d'argent ,  comme  en  des 
cachettes ,  Se  fondues  hors  des  veines  ,  qui  étoient  fort 
riches,    mais  en  petit  nombre.   Les  Indiens  nomment 
cette  partie  de  là    montagne  Potofi  Guyana  ,  c'eft-à- 
dire,  petit  Potofi.  C'eft  du  penchant  de  cette  montagne 
que    commencent   les   édifices    des  Espagnols  Se  des 
Indiens:  ils  ont  près  de  deux  lieues  de  circuit ,  ce  qui 
la  rend  la  ville  la  plus  grande   du  Pérou.   Les    mines 
dé  la  monUgne  de  Potofi  ne   furent  connues  que  par 
hazard ,  douze  ans  après  que  les  Espagnols  furent  entrés 
dans  ce  royaume.   D'abord  Villaroele ,  Espagnol ,   Se 
Guanca  ,  Indien ,  commencèrent  en   ij-ij  ,   par  ouvrir- 
deux   mines.  On  appella  l'une  Rica,  Se  l'autre  Diego 
Centeno.  La  première  étoit  élevée  par  deffus  la  terre, 
comme  la  crête  d'un  coq  ,  de  la  hauteur  d'une  lance,  ayant 
300  pieds  de  longueur  Se  1 3  de  largeur.  On  jugea  qu'elle 
avoit  été  ainfi  laiffée  nue  du  tems  du  déluge  ,  Se  que 
feau  ne  la  put  faper  à  caufe  de  fa  dureté.  Cette  mine 
étoit  fi  riche  ,  qu'il  y  en  avoit  presque  la  moitié  d'argent 
pur  Se  fin  ,  jusqu'à   cinquante  ou  foixante  braffes  de 
profondeur ,  où  elle  commença  un  peu  à  changer.  La 
troifiéme    mine,  qu'on   appella  Del-Efiauno ,  à  caufe 
de  la  dureté  de  fes  cailloux,  fut  commencée   peu  de 
tems  après  les  deux  autres-,  Se  la  quatrième ,  appellée 
M^nâicta ,  fut   ouverte  au  mois  d'Août  de  la  même 
année  1645.  Rien  ne  fauroit  égaler  les  richeffes  de  ces 
mines.  On  voit  par  les  comptes  des  livres  royaux  que 
pluficurs  années  après  qu'elles  eurent  été  découvertes, 
on   apportoit  tous  les  famedis    au    licencié  Pol ,  qui 
étoit  préfident  à  Potofi ,  cent  cinquante  ,  Se  quelquefois 
deux   cens  mille  pejof ,  dont  chacun  vaut  huit  réaies 
d'Espagne ,  afin  qu'il  en  prît  le  quint  pour  le  roi  ;  Se 
du  tems  du  viceroi ,  don  Francisco  de  Tolède ,  félon 
le  compte  exact  de  ceux  qui  étoient  inftruits  de  ces 
affaires ,  on  trouvoit  que  depuis  la  première  découverte , 
jusqu'à  l'an  1574,  on  avoit  tiré  pour  ce  quint  foixante 
Se  feize  millions;  Se  jusqu'à  l'année   1638,  félon    le 
calcul  de  don  Gaspar  de  Escalona  ,  dans  fon  Gaz.o- 
pkilacio  Perubico,  le  Potofi  avoit  fourni  trois  cens  quatre- 
vingt-quinze  millions,  fix  cens  dix-neuf  mille  piaftres. 
Ce  qui  fait  d'autant  plus  connoître  l'excellence  de  ces 
mines ,  c'eft   qu'on  a    creufé  des  puits  de  deux  cens 
braffes  de  profondeur ,  fans  qu'ils  aient  été  incommodés 
d'aucune  eau.  Les  quatre  principales  veines ,  dont  on 
vient  de   voir  les    noms ,  font  fituces ,  félon  Jofeph 
d'Acofta,  au  côte  oriental  de  la  montagne,  &  s'éten- 
dent du  nord  au  fud.  Leur  largeur  la  plus  grande  eu: 
de  fix  pieds ,  &  d'un  pied  dans  les  endroits  où  la  veine 
elt  la   plus   étroite.   Elles    fe  disperfent   en  différens 
petits   rameaux  ,  qui  ont  différens  feigneurs.  La  plus 
grande  contient  quatre-vingt  aunes ,  Se  la  plus  petite 
quatre.  On  compte  dans  celle  que  l'on  nomme  Rica 
foixante  Se  dix-huit  puits ,  qui  descendent  au    bas  de 
la  ptofondeur  de  cent  quatre-vingt ,  Se  quelquefois  de 
cent  hauteurs  d'hommes.  Dans  la  veine  Centeno  ,  il  y  a 
vingt-quatre   puits ,  qui    descendent  jusqu'à  foixante 
&  quatre-vingt  des   mêmes  hauteurs  ;  Se  pour  éviter 
une    telle    profondeur ,    les  Espagnols  ont  trouvé  le 
moyen  de  faire  des    mines,   ou  des  cavernes,  qu'ils 
nomment  Socabonos ,  par  lesquelles  on  pénètre  du  côté 
de  la  montagne  jusqu'aux  veines.  Ces  cavernes  font 
presque  de  la  hauteur  d'un  homme,  Se  larges  de  huit 
pieds.  Elles  fe  ferment   avec   des  portes,  Se  les  pro- 
priétaires prennent  le  quint  du  métal  que  Pon  en  tire. 
En   1590  qu'Acofta  écrivoit ,  il   y   avoit  neuf  de  ces 
cavernes  ouvertes ,  Se  l'on  travailloit  à  en  ouvrir  plu- 
sieurs autres.  Celle  qu'on  nomme  Del  Venirio  ,  qui  va 
à  la  veine  Rica,  avoit  été  achevée  en  vingt-neuf  ans 
avec  un    fort   long  travail ,  quoique  fon  embouchure 
ne  foit  que  de  deux  cens   cinquante   aunes  d'Espagne 
dj.i  lieu  où  elle  fe  joint  au  puits   qu'on  appelle  £7- 


Cntscro.  La  riche  mine  cil  de  même  couleur  que  l'am- 
bre jaune.  *  De  Laét  ,  Defc.  des  Indes  occid.  1.  u.c. 
8  Se  ç), 

1.  POTOSI ,  ville  du  Pérou  ,  dans  la  province  de 
los  Charcas,  quartier  de   la  Plata.  Cette  ville  eft  re- 
nommée dans  tout   le  monde,    par  les  immenfes  ri- 
cheffes qu'on  a  tirées  Se  qu'on  tire  encore  de  la  mon- 
tagne ,  au  pied  de  laquelle  elle  eh\  bâtie.  On  y  compte 
plus  de  6cooo  Indiens,  iocoo  Espagnols  ou  Blancs, 
Cv   environ   5000  maifons.  Le  roi  oblige  les  paroiiTes 
circonvoifines  d'y  envoyer  tous  les  ans  un  certain  nom- 
bre d Indiens  pour  travailler  aux   mines,  ce  qu'on   ap- 
pelle la  Mita.  Les  corrégidors  les  font  partir  le  jour 
de  la  Fête-Dieu  ;  la  plupart  emmènent  avec  eux  leurs 
femmes  Se  leurs  enfans ,  qu'on  voit  aller  à  cette  fervi- 
tude  la  latine  à  l'œil  &  avec  répugnance  :  néanmoins 
après  l'année  d'obligation,  il  y   en  a  quantité  qui  ou- 
blient leurs  habitations ,  Se  s'accoutument  à  demeurer 
au  Potofi,  ce  qui  fait  que  cette  ville  eft  très-peuplée. 
*Coreal,  Voyage  aux  Indes  occidentales ,  t.  1.  c.  11. 
Frefier  ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud  ,  t.  1.  p.  252. 

Il  y  a  beaucoup  d'églifes,  beaucoup  de  prêtres  & 
de  moines.  Les  Espagnols  Se  Créoles  y  pofiedent  de 
grandes  richeffes.  Ils  ne  font  vêtus  que  d'étoffes  d'or  Se 
d'argent.  Leur  vaiffelle  eft  toute  d'argent,  ce  qui  n'eft 
pas  extraordinaire  dans  un  pays  où  ce  métal  eft  auffi 
commun  que  le  cuivre  Se  le  fer  en  Espagne.  Les  églifes 
reluifent  d'or  Se  d'argent,  &  l'on  peut  affiner  que  les 
édifices  faciès  du  Pérou  Se  du  Paraguai  en  renferment 
plus  qu'il  n'en  faudroit  pour  remplacer  tout  ce  qu'on 
a  tiré  de  Porto ,  de  Plata ,  Se  de  Potep*,  depuis  plus 
de  cent  ans.  Les  ameublemens  des  maifons  font  ma- 
gnifiques à  l'excès,  &  cela  paroît  même  chez  les  plus 
fimplcs  bourgeois ,  qui  paffent  facilement  du  néceffaire 
au  fuperflu,  quand  l'or  Se  l'argent  font  communs.  * 
Coreal,  Voyage  aux  Indes  occidentales,  t.  i.c.  11. 

Leshabitans  du  Potofi  voyagent  dansdes  branles  portés 
par  des  naturels  du  pays ,  à  la  façon  des  Portugais  de 
San-Salvador  &  de  Rio-Janeyro.  Quatre  Indiens  fup- 
portent  ordinairement  ce  branle  fur  leurs  épaules.  Les 
femmes  y  portent  le  luxe  fort  loin  :  elles  reçoivent  les 
vifites ,  couchées  fur  un  petit  lit  de  repos  couvert 
d'une  étoffe  très-riche  d'or  ou  d'argent ,  Se  bordée  d'une 
crépine  de  même  façon.  La  feule  gêne  qu'elles  aient , 
eft  la  préfence  de  leurs  maris ,  ou  de  quelque  veille 
gouvernante ,  ce  qui  eft  un  mal  affez  ordinaire;  & 
elles  font  moins  vifibles  qu'au  Mexique  ,  Se  à  Madrid. 
Leur  occupation  familière  elt  de  dormir  l'après-dinée  , 
&  de  jouer  enfuite  de  la  guitarre.  Au  défaut  de  ces 
occupations  elles  difent  leur  chapelet  ,  mâchant  en 
même  tems  du  Coca  ,  jusqu'à  ce  qu'elles  foient  enyvrées 
Elles  ont  auffi  l'habitude  de  prendre  à  toute  heure 
de  la  teinture  de  l'hetbe  du  Paraguay.  Cette  teinture 
Se  le  Coca  font  fort  en  ufage  dans  tout  le  Pérou  ,  & 
il  eft  ordinaire  dans  l'Amérique  méridionale  de  régaler 
de  l'une  Se  de  l'autre  ceux  que  l'on  invite  chez  foi. 

Cette  ville  eft  très-fréquentée  ,  à  caufe  de  quantité 
d'Espagnols  qui  font  inréreffés  aux  mines.  Ces  mines 
attirent  au  Potofi  plus  de  60000  perfonnes  fans  compter 
les  travailleurs.  Elles  donnent  cependant  un  quart  moins 
qu'elles  ne  faifoient  autrefois.  Mais  il  y  a  d'autres  mi- 
nes dans  la  province  de  Plata  ;  Se  on  pourra  les  ouvrir 
avec  le  tems.  Les  Indiens  difent  qu'il  y  a  beaucoup  d'er 
Se  d'argent  plus  haut  vers  le  nord.  Quoi  qu'il  en  foit , 
il  eft  très-fur  qu'il  y  a  beaucoup  de  mines  d'er  Se 
d'argent  dans  tous  ces  pays  méridionaux.  Les  Sauvages, 
qui  habitent  au-delà  du  Potofi ,  ont  accoutumé  de  crier 
aux  Espagnols ,  d'auflî  loin  qu'ils  les  apperçoivent , 
Oro  ,  oro  Plata  ;  (deux  mots  qu'ils  ont  fans  doute  appris 
à  force  de  les  entendre  dire)  Se  leur  font  figne  d'ap- 
procher ,  mais  perfonne  ne  s'y  fie. 

Les  Indiens  des  mines  travaillent  nuds,afin  qu'ils 
ne  puifTent  rien  cacher.  On  dit  que  ce  lieu  eft  fi  froid  , 
qu'autrefois  les  femmes  Espagnoles  ne  pouvoienr  y  ac- 
coucher ,  Se  qu'elles  étoient  obligées  d'aller  jusqu'à 
vingt  ou  trente  lieues  delà  ,  pour  ne  pas  s'expofer  au 
danger  de  mourir  avec  leur  fruit.  C'éroit  un  effet  de 
leur  délicateffe ,  Se  on  la  regardoit  comme  une  puni- 
tion du  ciel ,  parce  que  les  femmes  Indiennes  n'étoient 
point   fujettes  à  cec  inconvénient.  Mais  aujourd'hui , 

il 


POU 


POU 


o8  î 


il  y  a  bien  des  femmes  Espagnoles  qui  ne  fe  font  point 
une  peine  d'accoucher  au  Potofi ,  &:  elles  ne  s'en  trou- 
vent pas  mal.  *  Frefier  ,  Voyage  de  la  mer  du  Sud ,  t.  i . 
p.  2;  2. 

POTTENDORF,  château  Se  feigneurie  dans  la 
Baffe-Autriche  ,  fur  la  Vischa,  quartier  du  bas  YViener- 
Wale. 

POTTEREL,  bois  de  France,  dans  la  Baffe-Nor- 
mandie, &  dans  la  maïtrife  d'Argentan.  Il  n'eft  que 
de  treize  arpens. 

POTTON  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province  de 
Bcdford.  On  y  tient  marché  public.  *  Etat  préjent  de  la 
Grande  Bretagne  ,  t.  1 . 

POTULATENSII ,  peuples  de  la  Dacie.  Ptolomée, 
/.  3.  c.  8.  les  place  avec  les  Senfii  Se  les  Albocenfii ,  au 
midi  des  Caucoenjîi,  Se  de  quelques  autres  peuples. 

POU ANCÉ ,  ou  Saint-Aubin  de  Pouancé  ,  petite 
ville  de  France  ,  dans  l'Anjou ,  au  Craonois ,  fur  un  étang, 
d'où  fort  la  petite  rivière  de  Verfée,  qui  feperd  dans  l'Ou- 
don.  Pouancéeft  une  baronnie  quiappartientà  la  maifon 
de  Villeroi.  Sa  jurisdiction  s'étend  fur  onze  paroiffes. 
Elle  eft  le  fiége  d'une  maîtrife  des  eaux  Se  forêts,  &  d'un 
gtenier"  à  fel.  Il  y  a  des  forges  de  fer.  Il  y  a  dans  cette 
ville  une  riche  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  faint 
Benoît. 

POUCELOUC  ,  ville  des  Indes  orientales,  au 
royaume  de  Siam ,  dans  la  partie  appellée  communé- 
ment le  Haut-Siam.  Elle  clt  fituée  dans  les  terres ,  fur  la 
rivière  de  Menain.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

POUCH  ou  Bouch  ,  petite  ville  Se  feigneurie  d'Alle- 
magne, dans  l'électorat  de  Saxe,  entre  Duben  Se  Buter- 
fcld.  Il  y  a  an  château  Se  un  bailliage. 

POUCHINIERE,  petite  rivière  de  France  dans  la 
Normandie  ,  au  Cotentin.  Elle  a  fa  fource  vers  Soûle. 
Elle  reçoit  le  Marguerant,  dont  la  fource  eft  à  Villebau- 
don ,  Se  ,  groffie  des  eaux  de  la  Sanlbnniere  ,  elle  va  fe 
perdre  dans  la  rivière  de  Vire.  *  Corn.  Dict.  Vaudome, 
manufe.  géographiques. 

POVENZA  ,  ville  de  l'empire  Ruffien,  dans  la  par- 
tie feptentrionale  de  la  Carclie  Moscovite  fur  le  Laco» 
nega,  à  l'embouchure  de'la  rivière  de  Pouenza. 

POUESSE  (  La  ) ,  bourg  de  France ,  dans  l'Anjou  , 
élection  d'Angers. 

POUGUES,  paroiffe  de  France,  dans  le  Nivernois, 
élection  de  Vezelai ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de  Nevers, 
au  pied  d'une  montagne,  Se  fur  le  chemin  de  Paris.  A 
deux  cens  pas  de  cette  paroiffe,  il  y  a  une  fontaine  miné- 
rale. C'eft  un  réfervoir  rond,  qui  a  trois  pieds  de  dia- 
mètre ,  &  du  fond  duquel  fortent  des  bouillons  d'eau. 
Ce  réfervoir  eft  au  milieu  d'une  cour  murée ,  près  de 
laquelle  il  y  a  des  promenoirs  couverts  d'un  toît ,  qui  ell 
foutenu  par  des  piliers.  Les  eaux  de  cette  fontaine  font 
froides,  aigrettes,  vineufes,  Se  reffemblent  fort  à  celles 
de  Saint  Albans  ;  mais  leur  acidité  n'eft  pas  fi  piquante. 
Certaines  petites  pailles  qui  nagent  fur  l'eau ,  Se  qui  res- 
femblent  à  des  raclures  de  rouille,  font  fuffifamment  con- 
noître  qu'elle  eft  ferrugineufe.  Elle  a  toujours  eu  quel- 
que réputation;  mais  depuis  que  le  feu  roi  Louis  XIV 
les  alla  prendre  en  1686, leur  réputation  s'eft  fort 
augmentée. 

POUGY  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Champagne  , 
élection  de  Troyes.  Il  y  a  dans  ce  bourg  un  chapitre  qui 
fut  fondé  par  Henri  le  Libéral,  comte  de  Champagne, 
en  1 1 £4. 

POUILHON,  bourg  de  France ,  dans  la  Gascogne, 
élection  de  Lannes-  Il  y  a  dans  ce  bourg  une  juftice  royale. 

1.  POU1LLY  ,  bourg  de  France-,  dans  la  Bourgogne  , 
au  diocèfe  d'Autun ,  au  pied  d'une  montagne.  Il  y  a  dans 
l'églife  de  cetre  paroiffe  deux  chapelles ,  dont  l'une  vaut 
280  livres,  &  l'autre  140.  Ce  bourg,  d'où  dépend  Ve- 
lars ,  a  droit  de  foire  &  de  marché. 

2.  POUILLY,  Pauliacum ,  ville  ou  bourg  de  France  , 
d.inslc Nivernois,  diocèfe  d'Auxerre,  électionde  laCha- 
rité.  Elle  eft  fituée  fur  la  Loire  ,  entre  Cosne  Se  la  Cha- 
rité. Ce  n'eft  point  une  ville  fi  ancienne  qu'on  l'a  cru  , 
puisqu'elle  n'eft  pas  nommée  dans  la  defeription  du 
diocèfe  d'Auxerre,  faite  au  fixiéme  fiécle  &  au  huitième  : 
c'étoit  feulement  alors  un  hameau  qui  dépendoit  de 
quelque  lieu  voifin.  Cette  terre,  que,lle  qu'elle  fut ,  at>par- 
ceuoit  au  milieu  du  feptiéme  fiécle  à  faint  Vigile,  évêque 


d'Auxerre  :  il  la  légua  au  monaficre  de  Notre-Dame  , 
qu'il  avoir  bâti,  en  ces  iCïmes.Faultac  a  Villa  fit  a  in  Page 
Aittijjiodorenfi  proprietatts  me ■<&  japer  fiuv'io  Ligeriu 
C'étoit  un  des  paflages  de  la  Loire,  pour  aller  dans  le 
Berri  :  Charles-le-Chauve  y  palla  ectie  rivière  en  868  , 
Se  Carloman  y  féjourna  en  868.  C'eft  par  erreur  qu'on 
l'a  nommée  Pulliacum.  Vilencus,  fécond  prieur  de  la 
Charité  ,  acheta  une  partie  de  cette  terre  d'Humbcit  de! 
Bonraftal ,  Se  le  refte  lui  fut  donné  par  les  frères  de  Hen- 
dacq  ,  fous  le  règne  de  Philippe  I.  La  terre  de  Nozet,  qui 
en  eft  voifinc ,  leur  fut  encore  donnée  en  1234.  Ainfi 
Pouiily  eft  une  terre  du  prieuré  de  la  Charité.  Le  prieur 
nomme  auffi  à  la  cure  de  Saint  Pierre  de  ce  bourg  au 
moins  dès  le  douzième  fiécle.  Il  y  a  peu  de  bleds  aux  en- 
virons ;  mais  on  y  recueille  beaucoup  de  vin  :  quelques 
côtes  ont  de  la  réputation  :  ces  vins  fervent  quelque- 
fois pour  mélanger  avec  ceux  d'Orléans.  *  L'Abbé  Le- 
beuf. 

POULAD,  fortereffe  d'Afie,  dans  la  Géorgie.  Pctis 
de  laCroix,/.  3.  c.  j8.  dit ,  dans  fon  hilioire  de  Timur- 
bec ,  que  cette  forterefie  eft  fituée  dans  un  détroit  de 
montagnes  fort  escarpées. 

POULADOU,  ou  PouLisdou,  ifie  de  la  mer  des 
Indes,  Se  l'une  des  Maldives.  C'eft  proprement  un  petit 
Archipel,  entre  celui  qu'on  appelle!  ifledu  Roi  au  nord, 
&  celui  de  Moluque  au  midi.  *  Atlas,  Robert  de  Vau- 
gondy* 

POULANGIS,  abbaye  en  Champagne ,  de  l'ordre  de 
Saint  Benoît.  Elle  fe  prérend  fujette  immédiatement  an 
Saint  Siège.  11  y  a  dans  ce  monaftere  une  abbelfe  Se  qua- 
torze filles,  toutes  demoifelles,  qui  ont  chacune  dans 
fon  enceinte  une  petite  maifon  féparée ,  Se  a  chacune 
desquelles  l'abbeffe  donne  une  certaine  quantité  de  vivres 
en  espèce  pour  leur  fubfiftance ,  ce  qui  ne  monte  pas  à 
plus  de  deux  cens  livres  par  an.  Quoique  ces  filles  ne 
foient  pas  obligées  à  la  clôture,  Se  qu'elles  paroiffenr. 
quelquefois  dans  le  monde  avec  un  habillement  affez 
propre ,  mais  noir  ;  elles  font  de  véritables  religieufes  , 
puisqu'elles  font  vœu  de  garder  la  régie  de  faint  Benoît , 
comme  elles  l'ont  vu  pratiquer ,  &  qu'elles  font  tous  les 
offices  des  religieufes-,  lorqu'elles  vonr  au  chœur  elles 
mettenr  de  grands  manteaux  noirs.  L'abbefle  ne  donne  à 
fes  religieufes  féparément  les  vivres  en  espèce ,  que  pour 
s'exemter  de  tenir  une  rable  où  elles  puiiïent  manger  en- 
feinble.  Il  en  coûte  dix-huit  à  vingt  mille  livres,  pour  y 
être  reçue.  C'eft  ce  qu'en  rapporre  Baugier  dans  les  mé- 
moires fur  la  Champagne,  t.  2.  p.  89.  Dom  Martcnne 
ajoute  dans  fon  premier  voyage  littéraire  ,  que  rotu  leur 
\  (ru  de  pauvreté  confifte  en  ce  que  chaque  année  le  jeudi 
faint,  elles  préfentent  à  l'abbeffe  la  clef  de  leur  argent,  &: 
qu'elles  ne  peuvent  donner  plus  de  deux  écus  fans  fa 
pcrmifiîon.  Il  s'y  eft  trouvé,  ajoure  ce  père,;:.  135, 
d'affez  ignorans  directeurs  ,  qui  ,  parce  qu'ils  avoient  lu 
dans  leurs  titres  le  mot  de  Parthenon  ,  leur  ont  dit  que 
ce  n'eft  pas  d'aujourd'hui  qu'elles  font  telles  qu'on  les 
voit-,  que  leurs  anciens  titres  font  foi  qu'elles  n'étoienc 
qu'en  partie  nones,  c'eft  à-dire,  qu'elles  écoient  partie 
religieufes,  Se  partie  féculieies.  La  fituation  de  cetre 
maifon  eft  à  quatre  lieues  de  Langres  ,  du  côté  du  nord  , 
&  à  environ  trois  de  Chànmont ,  fur  un  petit  ruiffean 
qui  vient  de  Nogen:-le- Roi.  Quelques  uns  croient  que 
cette  abaye  a  été  fondée  par  fainte  Salaberge ,  qui  \  ivoic 
au  feptiéme  fiécle,  &  que  c'eft  ce  monaftere  que  l'auteur 
de  fa  vie  dit  qu'elle  fonda  au  fauxbourg  de  Langres.  Mais 
Dom  Mabil'on  n'eft  pas  de  ce  fentiment.  Le  Diction- 
naire univerfel  de  la  France  n'en  rapporte  la  fondation 
qu'à  l'an  1  250,  ce  qui  eft  trop  tard  ,  puisque  fainte  ACç" 
cline,  parente  de  faint  Bernard,  dans  le  fiécle  précédent, 
y  avoit  demeuré  quelque  tems,  félon  Desguerrois,  hift. 
des  Saints  de  Troyes, /e/.  521. 

FOUILLE  (la),  contrée  d'Italie,  au  royaume  de  Naples. 
Elle  eft  firuée  le  long  du  golfe  de  Venife,  enrre  l'A- 
bruzze  Citcrieure  ,  le  comté  de  Moliffe,  la  Principauré 
Ultérieure  Se  la  Bafilicate.  Elle  n'a  pas  plus  de  cinquan- 
te cinq  milles  d'étendue  du  feptentrion  au  midi  ;  mais 
en  longueur,  du  nord-oueft  au  fud-eft,on  y  compte 
plus  de  deux  cens  milles.  On  la  divife  en  trois  parties  ; 
f.-.  voir  la  Capitanate ,  la  terre  de  Bari ,  Se  la  terre  d'Otran- 
tc.  Elle  confifte  presque  toute  en  plaines  affez  peupler  » 
Se  affez  fertiles,  excepté  du  côté  de  Manfrédonia,  où  el$ 
Tom.lV.  X  xxx  xx 


POU 


I  052 

le  mont  Gargan.  Cette  province  fervit  de  titre  dans 
l'onzième  fiécle  à  Robert  Guischard  &  à  fon  fils  Roger , 
qui  devint  roi  de  Sicile  après  la  mort  de  fon  oncle.  Les  La- 
tins la  nommoient  anciennement  Apulia.  Voyez.ce  mot. 
Aujourd'hui  les  Italiens  l'appellent  la  Fuglia.  *  La  Fo- 
3t  de  Bourgcn  ,  Gèogr.  hilt.  t.  2,  p.  S59- 

FOULAVA  ,  ou  Poulow,  nom  d'un  château  de  Polo- 
gne, à  deux  lieues  du  village  Wiflokikolo,  en  allant  de 
Varfovie  à  Lèopold.  Il  eli  fitué  fur  le  fommet  d'une 
petite  montagne,  &  pafle  pour  la  plus  belle  pièce  mo- 
derne de  ce  royaume.  Le  château  elt  bâti  à  l'italienne 
t\  embelli  de  peintures  au  dedans,  de  veftibulesexhauffés, 
•d'ornemens  de  marbre,  avec  un  falon  au  milieu,  & 
très  bien  pratiqué  pour  fa  petitefiè.  On  voit  au  dehors 
des  terrafles  avec  des  balufirades,  des  jardins  propre- 
ment entretenus,  un  escalier  à  perron,  ek  un  portail 
qu'on  peut  dire  magnifique.  Ce  château  appartient  à  la 
mai  fon  Lubomirsky.  *  Corn.  DicF.  fur  les  Mém.  du  Che- 
valier de  Beau  je  u. 

POULDAVY,  ou  Poldavid  ,  port  &  ville  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Baffe-Bretagne ,  au  fond  de  labaie  de  Douar- 
nenez,   &  vis-à-vis  de  liile  de  Triftan.  *  Jaillot,  Atlas. 

POULI ,  petit  pays  de  la  Tartarie.  C'étoit  un  royau- 
me du  tems  des  premiers  Kans.  Le  roi  demeuroit  dans 
une  vallée  de  même  nom.  Il  elt  éloigné  de  95JO  H 
de  Signanfou,  de  5396  vers  le  nord  du  gouvernement 
Chinois,  de 540  vers  l'en1  deChao-Tche  ou  Yerken,  de 
jjo  au  nord  de  Sole  ou  Kaschgar,  de  540  à  l'oueft  du 
royaume  de  Vou-Loui.  Au  midi  il  confine  au  pays  de 
Tfe-ho  &  de  Si-Ye.  Les  peuples  ont  les  même  mœurs. 
On  y  comptoit  fous  les  premiers  Kans  6jo  familles, 
5000  perfonnes,  2000  Soldats.  *  Hift.  génér.  des  Huns. 

POUL1GNY,  Palemniacum,  bourg  de  France,  dans 
le  Berry ,  élection  de  Blanc. 

POULLAJNES,  bourg  de  France  ,  dans  le  Blefois, 
élection  de  Romorantin. 

POULLE,  bourg  de  France,  dans  le  Beaujolois,  élec- 
tion de  Ville-Franche. 

POULO.  Plusieurs  écrivent  ainfi  conformément  à  la 
prononciation  françoife,  le  mot  Fitlo,  dont  les  Portu- 
gais fe  fervent  dans  les  Indes,  pour  dire  uneide.Voyez.PvLO. 

POULTIERS ,  Pulterienfe  monafierium,  abbaye 
d'hommes  en  France,  de  l'ordre  de  faint  Benoît,  congré- 
gation de  Saint  Vanne,  dans  la  Bourgogne  au  diocèfe  de 
Langres,  fur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  entre  MuiTy- 
PEveque  au  nord,  Se  Chârillon-fur-Seine  au  midi.  Elle 
fut  fondée  dans  le  neuvième  fiécle  par  Gérard  de  Rous- 
fillon,  l'un  des  plus  puifians  princes  de  fon  tems  &  par 
la  princefie  Berthe,fa  femme  :  ils  y  ont  chacun  leur  tom- 
beau dans  le  fancluaire ,  l'un  d'un  côté ,  l'autre  de  l'au- 
tre, avec  des  inferiptions  récentes  qui  marquent  leur 
mort  à  l'an  890.  L'épitaphe  de  leur  fils  Thierry,  qui  efi 
fur  le  pavé  devant  le  grand  autel  eft  bien  plus  ancienne 
&  paroît  être  du  dixième  ou  onzième  fiécle.  Devant  le 
même  autel  fe  voient  les  refies  de  l'épitaphe  d'une  dame 
illuftre,  encore  bien  plus  ancienne ,  rapportée  par  Dom 
Martenne  en  fon  premier  voyage  littéraire.  On  affure 
que  le  pape  Jean  VIII ,  étant  venu  en  France  ,  en  fit  la 
dédicace  peu  après  fa  fondation.  Cette  maifon  n'a  rien 
de  fon  ancienne  fplendeiir.  La  fituationcn  eft  très-belle 
&  très-agréable,  le  jardin  eft  grand  Se  comme  partagé 
par  trois  canaux ,  dont  la  rivière  de  Seine  en  eft  un.  Le 
fanduaire  de  l'églife  paroît  être  de  la  première  fonda- 
tion, il  cil  pavé  en  pairie  de  marbre  blanc ,  &  autour  de 
l'autel ,  on  voit  plufiÀu's  petites  colonnes  de  marbre; 
ce  qui  fait  juger  avec  combien  de  magnificence  cette 
églife  avoit  été  confiruite.  Le  monafiere  efi  fournis  im- 
médiatement au  Saint  Siège  :  le  revenu  de  l'abbé  efi  de 
deux  mille  livres  par  an.  *  l'Abbé  Lebeitf. 

POULTON,  bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Lancafire.  On  y  tient  marché  public.""  Liât préjent 
delà  Grande  Bretagne  ,  t.  1. 

FOUNTUN,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chekiang,  au  département  de  Chinxan,  pre- 
miere  forterefle  de  la  province.  Elle  eft  de  5  d.  6  m.  plus 
orientale  que  Péking,  fous  les  28  d.  10  min.  de  latitude 
feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfîs. 

POUREIN  ou  Pourain  ,  village  de  France  ,  au 
diocèfe  d'Auxerre,  dans  l'élection  de  Tonnerre,  géné- 
ralité de  Paris,  &  non  pas  du  diocèfe  de  Langres,  comme 


POU 


l'a  marqué  le  dictionnaire  univerfel.  Ce  lieu  eft  renom- 
mé dans  l'hiftoire  d'Auxerre  ,  comme  étant  une  des 
paroiffes  fubfifiantes  dès  le  fixiéme  fiécle  fous  le  nom  de 
Pulverenus ,  de  laquelle  dépendoient  alors  plufieurs 
autres ,  qui  ont  été  érigées  depuis  dans  le  voifinage.  An- 
gelelme  >  évêque  d'Auxerre  fous  Louis  le  Débonaire  ,  la 
donna  aux  chanoines  de  la  cathédrale  pour  les  encoura- 
ger à  la  pratique  de  la  vie  commune  ,  qui  venoit  d'être 
établie  au  concile  d'Aix-la-Chapelle.  Heribald,  autre  évê- 
que ,  leur  donna  des  vignes  au  même  lieu  &  à  même  fin. 
L  évêque  Jean  ,  fur  la  fin  du  dixième  fiécle ,  y  ajouta  l'é- 
glife qui  ei\  fous  le  titre  de  faint  Setge  &  de  faint  Bâche , 
ik enfin  1  evêqueRobert,au onzième  fiécle, affranchit  cette 
terre  de  certaines  fervitudes.  Ellen'eff  éloignée  d'Auxerre 
que  de  trois  lieues  vers  le  couchant.  11  y  a  quelques  terres 
fablonneufes  qui  peuvent  avoir  donné  le  nom  au  lieu. 
Hift.  de  l'évêché  d'Auxerre.  11  y  a  au  bas  de  la  monta- 
gne où  l'églife  eft  fituée ,  une  fontaine  minérale. 

FOURRIERES  ,  Caftrum  Forrera  ,  bourg  de 
France  ,  dans  la  Provence  ,  au  voifinage  de  la  ville 
d'Aix.  C'efi  le  lieu  où  Caïus  Marius  remporta  une  célè- 
bre victoire  fur  les  Teutons  8c  les  Ambrons.  On  y  voit 
encore  les  trophées,  qui  furent  élevés  à  l'honneur  de  ce 
grand  capitaine  Romain ,  en  mémoire  de  fa  vidloiie. 
Henri  III  érigea  cette  terre  en  comté  l'an  i;8i.  Elle  a 
depuis  été  honorée  du  litre  de  marquifar.  Son  églife 
paroiffiale  eft  fous  l'invocation  de  Notre-Dame  du  Bois, 
Beau  Maria,  de  Bosca  ou  de  Saltu.  En  1 J78  les  Mini- 
mes s'établirent  dans  ce  lieu. 

POUSANGES,  petite  ville  de  France,  dans  le  Poi- 
tou ,  élection  de  Thouars. 

POUSIN  ,  ou  le  Pouzin  ,  petite  ville  de  France,  dans 
le  Vivarais,  fur  la  rive  occidenrale  du  Rhône  ,  entre  la 
Voulte  Se  Baix,  presque  vis-à-vis  de  Livron  Se  de 
Lauriol. 

POUSSOL,  ou  Pozzuolo,  ville  d'Italie,  au  royau- 
me de  Naplcs ,  à  huit  milles  à  l'occident  de  cette  capita- 
le ,  au  bord  de  la  mer  fur  une  bafle  pointe.  On  la  nom- 
moit  anciennement  Puteou.  Voyez,  ce  mot.  Cette  ville 
efi  bien  déchue  de  ce  qu'elle  étoit  autrefois.  Les  guerres , 
les  tremblemens  de  terre  ,  les  affauts  de  la  mer  Font 
presque  entièrement  détruite.  Quantité  de  fuperbes  ma- 
fures  Témoignent  encore  fon  ancienne  magnificence;  & 
la  douceur  de  l'air  qu'on  y  respire,  l'agrément  de  la  /filia- 
tion, l'abondance  des  eaux  les  plus  excellentes,  Se  la 
fertilité  de  la  campagne  font  voir  que  ce  nétoit  pas  fans 
raifon  que  les  Romains  faifoient  leurs  délices  de  ce  lieu  , 
&  y  employoient  une  partie  de  leurs  richeffes  en  bâtimens 
Se  en  jardins  de  plaifance.  A  la  vérité  on  ne  peut  rien 
voir  de  fi  charmant  que  l'afllette  de  ce  lieu  :  rien  de  fi 
beau  que  fon  porr  ;  Se  l'on  ne  peut  rien  s'imaginer  de 
plus  agréable  que  la  colline  qui  commence  vers  Pozzuo- 
lo ,  Se  règne  le  long  de  la  mer  qui  en  bat  le  pied.  Cette 
colline  devoit  recevoir  un  nouvel  ornement  des  maifons 
de  plaifance  de  Cicéron  ,  de  Néron,  d'Hortenfius,  de 
Pifon  ,  de  Marius ,  de  Céfar ,  de  Pompée ,  de  Servilins , 
Se  de  tant  d'autres.  De  plus,  la  mer  eft  fi  tranquille  dans 
ce  quartier ,  qu'on  croit  voir  une  rivière.  Enfin  tout  y  eft 
fi  riant,  que  les  po'étes  ont  feint  qu'Ulyffe  s'arrêta  dans 
ce  lieu,  dont  les  délices  lui  firent  oublier  les  travaux  Se  les 
périls  auxquels  il  avoit  été  expofé.  *  Journal d'unvoy âge 
d'Italie ,  p.  552. 

Les  Romains  envoyèrent  pendant  quelques  années  un 
préfet  pour  gouverner  cette  ville,  cVilsy  établirent  en- 
fuite  une  colonie.  Elle  devint  alors  une  place  importan- 
te, foit  pour  fa  grandeur,  foit  pour  fa  force,  à  caufe  de 
fes  murailles  Se  de  fa  fituation  fur  une  colline  ou  fur  un 
rocher  dans  la  mer,  n'y  ayant  qu'un  feul  paffage  étroit 
avec  un  pont  pour  y  rentier.  Quoique  la  mer  ait  fub- 
mergé  une  partie  de  cette  ville,  on  y  trouve  cependant' 
divers  monumens  de  fa  fplendeur.  Presque  joignant  l'é- 
glife de  faint  Jacques,  on  trouve  les  ruines  d'un  amphi- 
théâtre bâti  de  pierres  de  raille,  &  dont  les  arènes* 
avoient  cent  foixante  Se  douze  pieds  de  long ,  fur  quari  e- 
vingt-huit  de  large.  11  étoit  au  milieu  de  lancienne  ville. 
Joignantl'amphithéatie  auquel  ceux  de  Pouflol  donnent 
fans  beaucoup  de  fondement  le  nom  de  Coi  fiée  ,  on  voit 
de  gtandes  ruines  presque  toutes  enterrées.  Le  peuple 
croit  que  ce  font  les  refies  d'un  labyrinthe  ;  mais  il  fe 
poiuroit  faire  que  c'étoit  un  réferVoir.  La  cathédrale  elt 


POU 


POU 


bâtie  fut  les  ruines  d'un  temple  de  Jupiter ,  &  en  partie 
des  propres  matériaux  de  ce  temple  ,  particulièrement 
la  façade  ,  où  l'on  voit  une  ancienne  infeription ,  qui 
prouve  que  ce  temple  ,  qui  elt  de  l'ordre  corinthien , 
avoir  été  bâti  par  Calphurnius,  chevalier  Romain  >  en 
l'honneur  dAugufle. 

Calphurnius  L.  F.  Templum 

AuGUsTO    CUM    ORNAMENTlS 

D.     D. 

Cette  églife  elt  prefentetnent  dédiée  à  faint  Procule, 
martyr  Se  diacre  de  l'églife  de  Poufibl,  où  le  corps  de 
faint  Janvier  eit  corifervé.  On  tient  même  par  tradition 
que  les  corps  de  faint  Celle ,  disciple  de  faint  Pierre ,  Se 
de  fainte  Nicée,  mère  de  faint  Piocuie,  y  font  aufil.  La 
forme  de  l'ancien  temple  paroït  encore  aujourd'hui  par  le 
dehors, où  l'on  voit  des  colonnes  &  de  gros  carreaux  de 
marbre ,  qui  faifoient  face  des  deux  côtes  de  ia  muraille  ; 
mais  par  le  dedans  la  nouvelle  églife  a  été  réduite  en  une 
meilleure    forme.    Elle  elt  plus  gtande  que  n'étoit  le 
temple,  &  peur  palier  pour  très-belle.  Le  maître-autel 
eltorné  de  marbres  bien  travaillés.  On  y  voit  un  tombeau 
de  Rome  peint  pat  un  des  meilleurs  maîtres,  qui  repré- 
fente  le  martyre  de  faint  Janvier  &  de  faint  Procule.  Au 
milieu  des  deux  églifes  Se  au-deflus  des  deux  portes,  font 
les  Ltatues  des  deux  faints,  l'une  à  droite  Se  l'autre  à  gau- 
che. Derrière  le  maître  autel  eft  une  falle  appellée  la  Ca- 
nonica  ,  où  font  peints  à  fresque  tous  les  évêques  de 
Poufibl,  commençant  par  faint  Patrobe,  l'un  desfoixante 
Se  douze  disciples  de  Jefus-Chrift.  Au  milieu  du  chemin 
par  où  l'on  va  de  l'amphithéâtre  à  faint  François ,  on 
trouve  à  main  gauche  le  temple  de  Neptune  avec  les 
veitiges  de  fou  portique ,  dont  parle  Cicérone  toutes  les 
niches ,  qu'on  y  voit ,  étoient  anciennement  remplies  de 
ft.uues.    Le  relie  des  colonnes ,  la  magnificence  de  la 
ftructure,  S<  la  grandeur  des  arcades ,  dont  il  y  en  a  en- 
core une  entière ,  prouvent  que  c'a  été  un  des  plus  beaux 
temples  de  ce  tems.  De  l'autre  côté  de  ce  chemin,  p.es- 
que  vis-à-vis  du  même  temple,  font  les  ruines  de  celui 
de  Diane.  11  étoit  petit ,  bâti  de  biiques,  de  figure  carrée 
par  dehors ,  Se  ronde  par  dedans.  11  y  avoit  une  ftatue  de 
quinze  coudées  de  haut ,  qui  avoit  deux  grandes  ailes, 
un  lion  à  fa  droite  Se  une  panthère  à  (a  gauche.  On  a 
trouvé  dans  le  même  lieu  plufieurs  colonnes  fort  hautes 
avec  des  chapiteaux  d'ordre  corinthien    d'une    délica- 
te Ile  admirable.  Dans  un  jardin  qui  eft  au  bas  de  celui  de 
Tolède,  on  voit  en  diftance  égale  tiois  gtolTes  colonnes 
de  marbre  blanc  d'une  feule  pièce.   Elles  font  encore 
élevées  fur  leurs  piedeftaux  ,  Se  ont  chacune  dix  huit 
pieds  de  diamètre.  On  ne  fçait  à  quel  defiein  on  les  a 
mifes  dans  cet  endroit ,  où  il  n'y  a  aucune  autte  anti- 
quité ,  ni  aux  environs.  Vers  les  Dominicains  de  Jeftts 
Maria ,  quand  la  mer  eft  fort  agitée  ,  elle  apporte  tou- 
jours quelques  nouvelles  marques  de  l'ancienne  magni- 
ficence de  Poufibl.  On  trouve  ordinairement  des  pierres 
fines  dediverfes  fortes,  comme  comioles,  agaihes.  dias- 
pres,  améthyftes  Se  autres.  Les  antiquaires  prétendent 
que  vers  cet  endroit-là,  il  y  avoit  autrefois  un  grand 
nombre  de  boutiques  de  jouailliers  &  d'orfèvres.  La  mer., 
amené  aufiî  d'autres  fortes  de  pierres,  fur  lesquelles,  aufll- 
bien  que  fur  les  premières  font  gravées  diverfes  figures, 
comme  coqs, aigles,  cigognes,  lié  vies,  ferpens,  grenouil- 
les, fou t mis;  fur  quelqus-uneson  voit  des  branches  de  vi- 
gne, des  grapes  de  raifin;  fur  d'autres  on  voit  des  têtes 
humaines  Se  des  mots  grecs  Se  latins.  Vers  la  fin  de  l'an- 
née 1698  ,  en  creufant  fous  la  maifon  des  frères  Miglia- 
refî ,  qui  eft  fur  la  place  devant  l'hôtel  de  Tolède  ,  on 
trouva  un  marbre  blanc  très-fin,  de  la  longueur  de  fept 
pans.  La  largeur  eft  égale  à  la  hauteur ,  qui  eft  de  quatre 
pans,  &  fept  pouces  Se  demi.  11  y  a  autour  quatorze 
fiatucs  d'un  bon  defiein;  trois  de  chaque  côté,  fix  der- 
rière &  deux  avec  un  petit  garçon  devant    Au  milieu  de 
ces  ltatues  qui  ont  chacune  leur  nom  gravé  fous  les  pieds, 
en  lit  cette  infeription. 

Tl.  C/ESARI  Divi. 
Augusti  F.  DIVI. 

JULI    N.   /U'GU^TO 
PONTIF.  MAXJMQ    COS.    IIII. 


lMP.  VIII.  TRIB.   PoTESTAT.  XXXII. 
AuGUSTALES 

Respublica 

Restituit. 

Les  antiquaires  tombent  d'accord  que  c'eft  le  piedcftal 
d'une  ftatue  érigée  à  Tibère  ,  par  les  quatorze  villes  d'A- 
fie  qui  furent  renverfées  par  un  tremblement  de  teire, 
le  même,  qui ,  félon  l'opinion  de  divers  fçavans  ,  arriva 
le  jour  du  crucifiement  de  notre  Sauveur.  Ils  ont  trouvé 
dans  les  lettres  qui  font  encore  lifibles  les  noms  de  plu- 
fieurs villes ,  Se  ils  découvrent  dans  chaque  figure  quelque 
choie  de  particulier,  a  la  ville,  dont  elle  repréfemele 
génie.  En  fuivant  le  chemin  qui  va  de  Poufiol  à  Ca- 
poue ,  après  avoir  pafie  l'amphi  héatre ,  on  trouve  parmi 
des  broufiailles  ,  pioche  du  lieu  nommé  Cdmpana , 
quantité  de  ruines  des  anciens  fépulcres  dont  ce  lieu 
étoit  rempli.  On  y  voit  même  les  niches  des  urnes  où 
l'on  confervoir  ies  cendres  des  corps  qu'on  avoir  brûles. 
On  admire  celui  qui  eft  devant  la  petite  églife  de  Saint 
Vïto,  à  deuxmillesderouffol.il  y  a  au  même  lieu  des  ou- 
vrages de  ftuc  &  des  figures  aiabesques  d'un  travail  fi 
rare ,  qu'elles  font  l'admiration  des  plus  excellens  ou- 
vriers modernes.  Ce  tombeau  eft  long  de  vingt-trois 
pieds,  large  de  dix-neuf  &  haut  de  feize,  jusqu'où  la 
terre  a  rempli.  Il  y  a  deux  foupiraux  Se  quarante-fix 
niches,  où  les  urnes  fe  mettoient.  Au  chef  Se  aux  deux 
côtés  du  plan  fur  la  terre,  il  y  a  trois  grandes  niches 
presque  en  forme  de  petites  chapelles ,  où  l'on  mettoit 
di  s  vafes  fépulcraux.  *  MiJfortt  voyage  d'Italie,  t.  2.  p. 
.68.  Adijjon ,  voyage  d'Italie,  p.  141. 

Au  bas  de  Poufibl ,  dans  la  mer  on  voit  les  refies  du 
pont  que  Caligula  fit  faire  pour  aller  par  mer,  de  cette 
ville  à  Bayes,  qui  en  eft  éloignée  de  quatre  nulles.  Voyez. 
au  mot  Font,  l'article  Pont  de  Caligula.  Miflon, 
vojage  d'Italie  ,  t.  2.  p.  69.  qui  n'elt  point  d'avis  que  ce 
foit  là  le  Pont  de  Caligula  ;  que  ce  prétendu  pont  eft 
une  chimère,  Se  que  Suétone  a  fi  positivement  raconté 
lhittoire  du  pont  de  Caligula,  qui  étoit  un  pont  de  ba- 
teaux, Se  non  pas  un  pont  de  brique ,  ou  de  pierre, 
qu  il  elt  étonnant  que  tant  de  gens  fe  foient  fait  une  idée 
fi  ratifié.  Cet  hiftorien  rapporte  clairement  le  fait  :  Baja.- 
rum,  dit-il ,  médium  intervallum,  Puteolanas  ad  moles  t 
tritim  miiiium  &  fexcentorum  jere  pjjftum  Punie  con- 
junxit  3  coïltrdÇtis  undiquè  onerariis  navîbus,  &  ordine 
duplici  ad  anchoras  coliocatu  ;  fuperjeêtoque  aggere  ter- 
reno ,  ac  dirttto  in  Ap\ix  viaformam.  Primo  die  phale- 
rato  equo. . . .  Poflridu  quadrigarie  habitu ,  è\'c.  Miflbn 
remarque  que  Suétone  ne  dir  pas  Puteolos  ,  mais  Putco* 
lanas  moles.  Cela  explique  clairement,  dit-il,  ce  que 
c'eft  que  ces  arcades  qui  fe  voyent  encore.  C'éioit 
proprement  ce  que  nous  appelions  dans  notre  langue 
immole,  un  rempart  contre  l'impétuofité  des  vagues a 
pour  mettre  les  vaifieaux  à  l'abri  dans  le  port.  11 
elt  vrai  que  ce  mole  étoit  fait  en  arcades  ;  mais 
cela  ne  doit  faire  aucune  difficulté;  Se  outre  qu'il  eft 
inutile  de  contefier  contre  un  fait  fi  bien  attelle,  on  pour- 
rait, ce  femble,  alléguer  de  bonnes  raifons  pour  faire  voir 
qu'un  mole  avec  des  arches  doit  être  de  meilleure  durée 
qu'un  autre;  qu'il  doit  fu frire  pour  rompre  les  flots, & 
pour  abattre  affez  les  grands  coups  de  la  mer. 

Dans  le  fond  ,  la  découverte  de  Mifion  fe  réduit  à  peu 
de  chofe.  11  dit  qu'on  doit  donner  à  ces  arcades  le  nom 
de  Mole,  Se  non  celui  de  Pont.  Il  ne  nous  apprend  rien 
de  nouveau.  Avant  lui  Auguftin  Babelonius,  commen- 
tateur du  Suétone  Dauphin  ,  avoit  remarqué  que  ces 
arcades  retenoient  leur  ancien  nom ,  §e  qu'on  les  appel- 
1«  ut  ;/  Molo.  En  fécond  lieu ,  il  remarque  que  le  pont  de 
Caligula  étoit  un  ouvrage  différent  du  mole.  Perfonne 
n'en  a  jamais  douté  ;  mais  rien  n'empêche  auiîl  qu'en  ne 
puilîe  en  quelque  façon  donner  à  ce  mole  le  nom  de  pont 
de  Caligula,  puisqu'elles  faifoient  la  continuation  du  pont, 
Se  que  Caligula  en  étoit  le  fondateur,  ou  en  tout,  ou 
en  partie. 

Adiffon,  dans [on  voyage  d'Italie ,  p.  140,  a  foiitenu 
la  même  thèfe  que  Mifion ,  mais  fans  prouver  davan- 
tage. L'infcription  qu'il  rapporte  ,  fait  voir  feulement  que 
l'empereur  Antonin  le  Pieux  fut  le  réparateur  du  mole 
de  Puteoli;  mais  on  n'v  voir  point  que  ce  mole  h'aii 
fait  partie  du  pont  de  Caligula. 

Tom.  IV.  X  xxx  x  x  ij 


POU 


10^       ruu  POY 

Quoi  qu'il  en  foit ,  il  auroit  été  bien  diflicile  de  faire     bien  des  rochers  à  fleur  d'eau  &  fous  l'eau.  La  mer  y  fait 
immole  comme  celui  de  Puteoli,  dans  un  lieu  où  l'on     un  gros  reflac  des  vents  du  large. 


n'auroit  pas  eu  une  commodité  auilï  naturelle  que  la 
terre  ou  le  fable,  donc  on  fe  fert  pour  bâtir  à  Pouflbl , 
&  qu'on  nomme  communément  Pouffolane.  C'eft  un 
fable  que  l'on  trouve  presque  tout  autour  de  la  ville  de 
Pouflbl.  Quiqu'on  en  tire  tous  les  jours  depuis  bien  des 


Au-deflus  de  la  ville  de  Pouflbl ,  environ  un  mille  ,  il 
y  a  une  grande  montagne  qui  brûle  continuellement  ;  8c 
qu'on  appelle  la  Soufrière  de  Pouflbl  ,  parce  qu'on  y 
trouve  beaucoup  de  foufre.  De  Pouflbl  a  l'ifle  Mifita,  il 
y  a  quatre  milles  vers  le  fud-eft;  &  entre  deux  on  voit 


fiécles ,  il  et!  inépuifable.  Ce  fable  eft  d'un  rouge  de  bi  i-     un  grand  enfoncement  8c  une  grande  plage  de  fable  ,  où 


que.  11  fe  trouve  par  lits  de  différente  épaiffeur.  On  en 
découvre  quelquefois  de  deux  à  trois  toifes  d 'épaiffeur. 
Quelquefois  il  y  a  des  lits  où  le  fable  eft  fort  fin,  quelque- 
fois il  efl  gtos  ou  inégal.  On  emploie  le  plus  fin  pour 
les  enduits ,  8c  le  gros  dans  la  maçonnerie.    Ce  qu'ils 


l'on  pourroit  mouiller  dans  un  befoin  ,  avec  les  vents  à 
terre  ;  mais  il  ne  faudroit  pas  s'y  laifler  furprendre  de 
ceux  du  large.  Toute  la  côte  depuis  Pouflbl  jusqu'au 
commencement  de  cette  plage  eft  remplie  d'écueils,  hors 
de  l'eau  &  fous  l'eau.  On  ne  peut  en  approcher.  Dans 


ont  decommun,  c'eft  qu'ils  font  une  liaifon  admirable  qui  le  fond  de  cette  plage,  il  y  a  une  très-belle  plaine,  où 

fait  corps,  8c  qui  fe  feche  d'autant  plus  promptemenc  font  plufieiirs  bains  antiques. 

qu'on  a  plus  de  foin  de  l'arrofer,  ou  pour  mieux  dire,  POUTEOUATAMIS,  nation  fauvage  de  l'Amérique 

de  Je  noyer  à  force  d'eau.  11  prend  dans  l'eau,  &  fait  feptenttionale,  dans  la  nouvelle  France  :  elle  fut  d'abord 

corps  avec  toutes  fortes  de  pierres.  En  un  mot  rien  n'eft  établie  dans  lesifles,  qui  font  à  l'entrée  de  la  baie  des 


égal  à  ce  fable  pour  faire  des  moles  8c  des  jettées  dans  la 
mer  Se  dans  les  rivières;  mais  il  n'eft  pas  bon  au  feu.  On 
trouve  de  ce  fable  au  voifinage  de  Rome,  &  dans  bien 
d'autres  endroits.  Le  père  Labat,  p.  6x.  dit  en  avoir 
découvert  à  la  Martinique,  8c  ajoute  qu'on  s'en  fert  à  la 
Guadaloupe  fous  le' nom  de  ciment  rouge.  Vitruve  en 
fait  un  grand  cas ,  8c  Pline  le  vante  auflî  beaucoup. 
*  Le  Père  Labat ,  voyage  d'Italie ,  t.  j.  p.  <5i. 

Entre  la  ville  de  Pouflbl  8c  le  lac  d'A veine ,  règne  fur 
le  rivage  de  la  mer  une  petite  plaine  fur  une  colline,  dont 
la  longueur  efl:  d'environ  cinq  cens  pas;  mais  fa  largeur 
efl  bien  moindre  à  caufe  des  montagnes  qui  la  relie  rient. 
C'eft  dans  ce  lieu  que  Cicéron  avoit  fa  tnaifon  de  campa» 
gne,  où  il  avoit  bâti  une  longue  galerie,  dans  laquelle 
il  discouroir  de  l'éloquence  en  fe  promenant;  ce  qui  fit 
qu'il  l'appella  Académie,  à  l'imitation  des  Athéniens. 


Puants,  à  la  côte  occidentale  du  lac  Michigan,  &qui 
portent  encore  leurs  noms.  Voyez.  Ifles  de  Pouteoua- 
tamis  ,  à  l'article  des  ifles.  *  Le  Père  de  Charlevoix, 
Mém.  manuferits. 

POUTROU  ,  abbaye  de  France,  dans  l'Anjou.  Elle 
efl  de  l'ordre  de  Citeaux,  8c  de  la  filiation  de  Leuroux.  Sa 
fondation  efl  rapportée  à  l'an  1 134.  Il  y  a  neuf  reli- 
gieux, qui,  avec  l'abbé  ,  n'ont  que  quatre  mille  livres  de 
rente. 

POUY,  abbaye  de  France,  dans  la  Champagne,  au 
diocèfe  de  Sens.  C'eft  un  des  premiers  lieux  qu'Abelard 
habita  dans  fa  retraite.  Il  y  fit  bâtir  une  chapelle  8c  une 
maifon  dont  on  trouva  divers  veftiges  en  1720  ,  dans  les 
terres  qui  appartiennent  encore  aujourd'hui  à  l'Abbaye  du 
Paraclet  ;  mais  ayant  eu  des  difficultés  avec  l'archevêque 
de  Sens ,  il  fut  obligé  de  quitter  cet  endroit.  C'étoit  au- 


Les  livres  qu'il  compola  dans  ce  lieu  font  appelles  les     trefois  un  bourg  confidérable,  que  les  guerres  civiles  8c 
Que/lions  Académiques.  1]  y  faifoit  fon  féjour  en  tems     les  incendies  ont  en  partie  ruiné. 


de  paix  ;  mais  plus  ordinairement  dans  les  tems  fâcheux 
de  la  république.  Il  l'avoit  ornée  de  belles  fculptures,  de 
peintures  exquifes ,  8c  d'autres  raretés  qu'Atticus  lui 
avoit  envoyées  de  Grèce.  Dans  un  pré,  qui  n'eft  pas  éloi- 
gné, on  trouve  des  fources  d'eau  chaude,  dans  une  ca- 
verne fous  rerre.  Cette  eau  remplit  les  bains  qu'on  ap- 
pelle les  bains  de  Cicéron.  Voyez.,  au  mot  Bagny  ,  l'arti- 
cle Bagny  di  Cicérone.  *  Journal  d'un  voyage  d'Ita- 
lie, p.  J74. 

Avis  aux  Navigateurs. 

Environ  deux  milles  8c  demi,  vers  i'eft-nord  efldu 
fort  de  Baya, eft  la  ville  de  Pouflbl.  Entre  les  deux  il  y  a  un 
grand  enfoncement,  mais  il  ne  faut  pas  y  aller,  à  caufe  de 
plufieiirs  rochers  qu'il  y  a  à  fleur  d'eau  8c  fous  l'eau  ,  le 
long  de  cette  côte.  On  voit  encore  aujourd'hui  le  haut 
de  quelques  tours  abîmées  à  ras  de  l'eau ,  8c  fort  au 


POWHATAN.  Voyez.  PawhatAn. 
POWYS:  c'eft  le  nom  d'un  des  trois  royaumes  qui 
furent  établis  dans  le  pays  de  Galles,  lorsque  Rodrigue  , 
roi  de  Galles,  divifa  fes  états  entre  fes  trois  fils.  Le 
royaume  de  Powys  échut  à  Mervin  le  plus  jeune  des  trois 
frères.  Ce  pavs  comprenoit  les  provinces  de  Mont  Go- 
mery  8c  de  Radnor ,  avec  partie  de  celles  de  Denbigh  & 
de  Flint,  8c  tout  le  Shropshire,  au-delà  de  la  Saverne, 
avec  la  ville  de  Shrewshury.  Ce  royaume  relevoit  de  la 
partie  feptentrionale  de  Galles ,  qui  avoit  été  le  partage 
de  l'aîné.  *  Etat préjctit  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  1.  p. 
147. 

POUZIN  (  le  ) ,  petite  ville  de  France ,  dans  le  Viva- 
rais ,  fur  la  rive  occidentale  du  Rhône. 

POY-DARRIEUX,  bourg  de  France,  dans  le  Bas- 
Armagnac,  élection  d'Aftarac. 

POY  DE-MONSOE,  montagne  de  France,  la  plus 
haute  de  toute  la  Guienne,  félon  Corneille  ,  Ditl.  qui 
large.  11  y  a  à  Pentour  quelques  autres  débris  fous  l'eau,     cite  je  ne  fçais  quel  Atlas.  Il  ajoute  :  On  la  découvre 
&  on  trouve  fept,  huit  &  dix  brades  au  pied.  Entre  la     quelquefois  de  Langon,  qui  en  efl  éloignée  de  quatorze 
pointe  des  bains  8c  ces  ruines,  il  y  a  une  plage  de  fable ,     lieues  de  Gascogne.  Cette  montagne  eft  de  forme  ron- 


derriere  laquelle  eft  un  petit  étang  qu'on  appelle  le  lac 
de  Lucrine.  Au  milieu  de  ce  lac  on  a  trois  brafles  d'eau. 
Il  y  avoit  autrefois  une  ville  qui  s'abîma.  Ce  lac  n'a  point 
de  communication  avec  la  mer;  8c  l'on  ne  peut  aller 
mouiller  dans  cette  plage,  à  caufe  des  fécans,  dont  il 
vient  d'être  parlé.  *  Michelot ,  Fort,  de  la  Méditerranée 
p.  118. 

La  ville  de  Pouflbl  eft  fituée  fur  une  baffe  pointe,  8c 


de ,  8c  couverte  en  fon  fommet  de  plufieiirs  arbres ,  qui 
forment  la  figure  d'une  couronne.  Les  doubles  remparts 
que  l'on  y  voit ,  font  connoître  que  ce  lieu  a  fervi  autre- 
fois de  campement. 

PO  YANCE  (la  baie  de),  fur  la  côte  de  l'ifle  de  Major- 
que. Elle  eft  entre  le  cap  d'Alcudy  8c  le  cap  Fromentel. 
On  lui  donne  fix  à  fept  milles  de  largeur ,  8c  huit  à  neuf 
de  profondeur.  Les  galères  8c  les  vaiffeaux  de  guérie 


l'on  voit  encore  devant  quatorze  piliers  dans  la  mer,  peuvent  y  mouiller,  &  l'on  y  peut  arriver  de  nuit  faue 

qui  font  les  reftes  du  pont  de  Caligula ,  ou  les  débris  aucun  danger.  Du  côté  du  nord  de  la  baie ,  il  y  a  une 

d'un  mole.  De-là  jusqu'à  Baya  ,  il  y  a  deux  milles  8c  de-  pointe  un  peu  avancée  en  mer  ;  fur  cette  pointe  eft  une 

mi,&  dans  cet  espace  on  trouve  jusqu'à  vingt  &  vingt-  tour  hexagone,  armée  de  trois  à  quatre  pièces  de  canon; 

cinq  brafles  d'eau.  Les  quatorze  piliers  occupent  cent  8c  au-deffus  vers  la  montagne  eft  une  autre  tour  plus 

quatre-vingt  toifes  eft  8c  oueft.  Il  y  a  auprès  du  dernier  petire  8c  ronde.  Le  mouillage  ordinaire ,  principalement 

fept  à  huit  brafles  d'eau.  On  peut  aifément  aller  mouil-  pour  les  galères ,  eft  de  l'autre  bord  de  cette  pointe ,  par 

1er  devant  la  ville,  avec  des  vaiffeaux  &  des  galères.  Il  y  a  trois,  quatre  ou  cinq  brafles  d'eau,  fond  d'herbe  vafeux, 

une  plage  de  fable  au  nord  du  pont,  où    l'on  trouve  &  où  il  fe  trouve  quantité  de  grandes  nacres.  On  ponte, 

dix-huit  à  vingt-quatre  brafles  d'eau ,  fond  d'herbe  8c  de  fi  l'on  veut ,  une  amarre  à  terre  fur  cette  pointe ,  qui  mec 

vafe  ,  à  deux  longueurs  de  cable  de  la  ville  ;  on  peur  por-  à  couvert  des  vents  d'eft  &  de  fud-eft;  de  forte  que, 

ter ,  fi  l'on  veut ,  une  amarre  fur  les  piliers.  Il  ne  faut  pour  peu  qu'on  en  foit  pioche ,  on  eft  aufli  à  couvert  de 

pas  s'approcher  de  la  côte  du  nord  ,  parce  que  le  fond  la  mer  8c  des  vents  du  large.  Les  vaifleaux  mouillent  un 

manque  tout-à-coup  ,  8c  qu'il  y  a  quelques  roches  tout  peu  plus  au  large  au-dedans  de  la  pointe  ,  à  la  portée  du 

du  long  :  &  le  long  de  la  ville  du  côté  de  la  mer ,  il  y  a  pierrier  de  la  côte  ,  par  fept  à  huit  braffeî  d'eau ,  même 


PRA 


fond.  Du  côté  du  fud  de  la  baie,  on  voie  la  ville  d'À'cu- 
dy ,  dans  un  bas  terrein  entre  deux  montagnes;  Se  dans 
le  fond  de  la  baie,  vers  l'oueft  où  l'on  mouille,  on  voie 
la  petite  ville  de  Pov.ince,  fituée  fur  un  éminence ,  éloi- 
gnée de  la  mer  d'environ  une  demi-lieue.  Proche  de  la 
mer,  vis-à  vis  de  cette  ville,  il  y  a  quelques  arbres  Se 
quelques  jardins ,  avec  des  Poujeraqucs  où  l'on  fait  de 
l'eau  ;  mais  elles  font  un  peu  éloignées  du  bord  de  la 
mer.  Le  rraveilîcr  elï  le  vent  d'clt ,  qui  y  donne  a  plein  ; 
mais  le  vent  qui  incommode  le  plus,  eft  lefud-fud-oueft, 
qui  vient  pat-dertus  la  ville  d'Alcudy  :  comme  il  vient  de 
l'autre  baie  &  qu'il  parte  entre  deux  montagnes,  il  fouffle 
quelquefois  violemment.  Depuis  la  pointe  de  Poyance 
où  eft  la  tour,  jusqu'à  la  ville  d'Alcudy,  en  traverfant , 
on  voir  presque  par-tout  le  fond  de  la  mer,  parce  qu  il 
n'y  a  dans  cet  alignement  que  huit  à  dix  bralïes  d'eau, 
Se  que  les  eaux  y  fo.it  fort  claires  :  le  fond  eft  de  matte, 
de  vafe  Se  d'herbes.  La  latitude  cil  de  quarante  degrés, 
Se  la  variation  de  cinq  vers  le  nord oueft.  *  Micbclot , 
Portulan  de  la  Médit  p.  }  t. 

POYANG  (lac  de),  ou  de  Jao-Tcheou,  lac  delà 
Chine,  dan-  'a  partie  feptcntrionale  de  la  province  de 
Kiang-Si.  Il  eft  fot  né  parle  confluent  de  quatre  riviè- 
res. 11  a  30  licaes  de  ciicuit;  on  y efluye  des  typhons 
Comme  fur  les  mers  de  la  Chine.  Dans  une  des  parties 
de  ce  lac  paroît  un  rocher  escarpé,  fur  lequel  on  a  bâti  un 
temple:  comme  c!eft  l'endroit  le  plus  périlleux  du  lac, 
les  matelots ,  en  patTant ,  ne  manquent  pas  d'allumer  des 
bougies  en  l'honneur  de  l'idole  ,  de  brûler  des  parfums , 
&  de  facrifier  un  coq.  *  Lett.  édif.  rec.   15. 

1.  PO YE  ,  montagne  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Kiang-Si ,  près  de  la  ville  de  Tegan.  Elle  occupe  un 
espace  de  trente  ftades,  &  forme  comme  une  espèce  de 
rempart,  presque  tout  autour  de  la  ville  de  Tegan.  * 
Atlas  Sinenfis, 

2.  POYE,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Pekmg  ,  an  département  de  Paoting  ,  féconde  métropole 
de  la  province.  Elle  eft  d'un  d.  42  min.  plus  occidentale 
que  Peking  fous  les  $9.d.  o.  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale.  *  Atlas  Sinenfis. 

POZON  ,  canton  de  l'Amérique  feptcntrionale  , 
dans  la  province  de  Popayan.  11  cil  voifin  de  la  contrée 
de  Paucura,  baigné  d'un  côté  par  la  grande  rivière  de 
Cauca  ,  Se  borné  de  l'autre  par  les  cantons  de  Car- 
rapas  Se  de  Picara.  Le  pays  de  Pozon  abonde  en  mi- 
nes d'or  ,  particulièrement  près  du  rivage  de  la  grande 
rivière ,  &  dans  le  territoire  même  de  la  bourgade  de 
Pozon ,  qui  donne  le  nom  au  canton.  Les  naturels  ne 
différent  des  habitans  de  la  contrée  d'Arma,  ni  en 
mœurs  ni  en  langage.  *  De  Laët ,  Defc.  des  Iudes  occ. 
1.  9  c.  12. 

POZZUOLO.  Voyez.  Poussol. 

P  R. 

PRA  S.  DIDIER,  bourg  des  états  de  Savoye  ,  dans 
le  Val  d'Aofte  ,à  l'orient  du  petit  Saint  Bernard,  Se  un 
peu  au  nord  de  la  Doria.  Quelques-uns  croient  y 
trouver  YArebrïgum  de  l'itinéraire  d'Antonin. 

PRAASPA,  ville d'Afie,  dans  la  Médie.  Dion-Cas- 
fîus  ,/.  49.  p.  407.  Se  Etienne  le  géographe  lui  donnent 
le  titre  de  ville  royale.  Ceft  la  Phraata  d'Appien,i« 
part.  p.  272.  Plutarque  écrit  Phraortus ,  Se  dit  que 
Marc  Antoine  fe  rendit  maître  de  cette  ville  ;  Se  l'on 
croit  que  c'eft  la  même  qui  eft  nommée  Pbaraspa  par 
Ptolomée  ,  /.  6.  c.  2. 

PRABIOTtE,  peuples  de  l'Inde ,  en-deçà  du  Gan- 
ge, félon  Ptolomée  ,  /.  7.  ci.  qui  les  place  à  l'orient 
de  ce  fleuve.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque  Palatine 
au  lieu  de  Prabiota;  porte  Parapiota  ;  Se  Ortelius ,  je 
ne  fais  fur  quel  fondement .  fait  de  Parapiota  une  fon- 
taine de  l'Inde.  Il  cite  cependant  Ptolomée,  dont  voici 
le  partage  :  à  parte  Orientait  Fluvii  tenent  P  rabiota  , 
in  quibus  [uni  Kbamna.  Ces  peuples  pofiédoient  quatre 
villes,  favoir  : 

Cognabanda ,       Oz.oamis ,       Ofîa,       Cofa. 


PR  ACHIN  ,  cercle  de  Bohême  ,  le  j  Lis  méridional 
Se  le  plas  étendu.  Voyez.  Pysf.ck. 

PRACHW1TZ  ,  bourg  &  bailliage  de  Silène,  dans 
le  duché  de  Lignitz  :  fon  terrein  eft  très-fertile. 

PRACIE  ,  ou  Praçes  ,  peuples  qu'Etienne  le  géo- 
graphe femble  mettre  dans  la  Lacouie. 

PRACNUS,  ville  de  l'Illyrie  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PRACTIUM  ou  Practius  ,  fleuve  d'Afie,  dans  la 
Troade.  Strabon ,  /.  u  &  13.  dit  qu'il  couloit  entre 
Abydits  Se  Lampfjcus.  Homère  parle  de  ce  fleuve  vers 
la  fin  du  fécond  livre  de  l'Iliade. 

PRADAS,  petite  ville  d'Espagne  ,  dans  la  viguerie 
de  Monblanc ,  fur  une  petite  rivière  qui  fe  jette  dans 
l'Ebre.  Elle  ell  la  capitale  d'un  comté  ,  &  tous  les  ans 
il  s'y  tient  une  grande  foire.  *  Délices  d'Espagne  ,  p. 
S94- 

PR  ADELLES ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Bas- 
Languedoc  ,  au  Vivarais ,  fur  un  rocher ,  allez  près 
des  fources  de  l'Allier ,  à  cinq  lieues  du  Puy.  Le  ter- 
roir des  environs  de  cette  ville  cft  fort  propre  pour  éle- 
ver du  bétail. 

PRA  DES,  petite  ville  de  France,  dans  le  Rouffillon , 
fur  la  Ter ,  dans  une  plaine  Se  dans  une  fituation  rian- 
te. La  ville  eft  jolie  Se  plus  longue  que  large.  Elle  dé- 
pend pour  la  feigneurie  de  l'abbaye  de  la  Grâce.  Hors 
des  murs  eft  un  couvent  de  Capucins  fort  joli  i&  l'ab- 
baye de  Saint  Michel  de  Coxa-Cuzan  en  cft  à  un  quart 
de  lieue ,  dans  une  grotte  de  la  montagne ,  en  allant 
vers  le  Canigou.  *  Piganiol ,  Description  de  la  Fran- 
ce ,  r.  7.  p-  630. 

PRADOS,  petite  ville  de  Portugal,  dans  la  pro- 
vince *ntre  Duero  Se  Minho  ,  fur  la  rive  droite  du  Ca- 
vado.  Elle  a  titre  de  comté.  *  Le  P.  Placide,  Carte 
de  Portugal. 

PR/ECAUSENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dan 
la  Byfaccne  ,  félon  la  notice  des  évêchés  d'Afrique,  où 
Adeodatus  eft  qualifié  Episcopus  Pfacaufenjïs.    C'eft 
peut-être  Pracifu,  ville  voifine  de  la  petite  Leptis. 
PICECUTHANI.  Voyez,  Pr^tutiana. 
IR/EDIUM  ,  mot  latin,   qui  fignifîe  un  héritage, 
un  fonds  de  terre,  un  domaine,  un  bien  que  l'on  fai- 
foit  valoir  par  la    main  des  esclaves.  Il    y    en  avoir 
dans  les  villes  auflî-bien  qu'à  la  campagne.  Quelques-uns 
veulent  cependant  que  P  radium  défignât  les  fonds  que 
l'on  avoit  dans  la  ville,  Se  que  Fundus  fignifiât  ceux 
de  la  campagne.  L'écriture  a  ufé  de  ce  mot.  Saint  Marc  t 
c .  1 4.    3  2.  dit  :  Et  veniunt  in  Pradium  cui  nomen  Geth- 
femani.  On  lit  dans  Saint  Jean  ,  c.  4.  f .  que  la  ville  de 
Sicbar  étoit  ijuxta  Pradium   qitod  dédit  Jacob  Jofepb 
filio  Jno  ;  Se  dans  les  ailes  des  Apôtres ,  c.  28.  on  lie 
que  dans  l'endroit  où  aborda  faùit  Paul  dans  l'i/Ie  de 
Malthe,  il  y  avoit  des  terres  qui  appartenoient  à  un  Sei- 
gneur de  rifle ,  nommé  Publius  :  erant  Pradia  Principes 
Infitla  nomine  Publii.  Le  mot  Pradium  répond  au  Xcôpiov 
ou  au  KTiîjttct  des  Grecs.   C'eft  proprement ,  dit  le  père 
Lubin,  une  maifon  avec  des  terres.  On  l'appelle  un  hé- 
ritage ,  parce  qu'on  la  portede  communément  par  droit 
d'hérédité.  On  la  nomme  diverfement  dans  les  province1;, 
Quelques-uns  l'appellent  Domaine ,  d'autres  Ferme, 
Métairie ,B 'or deric ,  Gaignaçe,  Clauferic ,  Se  autres.  C'eft 
ce  qu'on  nomme  en  Italien  Pojfejfîone,  Heredita  ou  Vi- 
nea  :  en  Espagnol  Heredad ,  Alcaria   ou  Alqueria , 
Cenfa ,  Quinta,  Arrendianiento  :  en  Allemand  Erbgati 
en  Anglois  à  Poffejfwn.  Pradolium  cft  le  diminutif,  pour 
fignifier  que  l'héritage  eft  petit  ou  de  peu  de  valeur. 

PREDONES.  Strabon  dit  qu'on  donnoit  ce  nom 
aux  peuples  Bessi,  à  caufe  de  leurs  brigandages.  Voyez» 
Bessi. 

PRjEFECTUR  A-MESOPOTAMIE.  C'eft  ainfi  que 
Pline,  /.  c.  c.  1 2.  appelle  l'Osroëne. 

PREGUTTII,  peuples  d'Italie,  félon  Ptolomée,  L 
3.  r.  1.  il  dit  qu'ils  étoient  plus  à  l'orient  que  les  Ma.  .  - 
Se  plus  à  l'occident  que  les  Veftini.  Il  leur  donne  deux 
villes ,  fçavoir  : 


Écrira 


Se 


ht 


eram?:i.t. 


PRACA,  ville  de  la  Cilicie.  Ortelius,  qui  cite  Ni-         Ce  font  les  Fragittiam  de  Tite-Live.  Voyez  V*Àï\i- 
î tas  ,  dit  qu'elle  étoit  voifine  de  Scleucie.  tiana  Regio. 


eetas 


ï  086 


*1 


Sa 


1R/ELABUM,  lien  d'entrepôt,  dans  la  Valachie  , 
félon  Ortelius,  qui  ctic  Cakhondyle,  /.  20.  &  foup- 
Çonne  que  ce  pourroit  être  la  même  chofe  que  Prula- 
r-jH.  Voyez,  ce  mot. 

PR/EMIACUM,  lieu  de  France,  dans  le  territoire  de 
Bourdeaux ,  fur  la  Garonne,  félon  Fortunat,/.  ï.  On 
le  nomme  aujourd'hui  Preugnac  ,  félon  Elie  Vinet , 
dans  fon  discours  de  l'antiquité  de  Bourdeaux. 

PRaEMONSTRATUM  ,  ou  Pratum-Monstra- 
*tum.  Voyez  Pré&ontré. 

PRaENEST/EouPraeneste,  ville  d'Italie,  aux  con- 
fins des  Eques.  Elie  étoit  bâtie  fur  une  montagne  ;  ce 
qui  fait  qu'elle  eft  appellée  par  Virgile,  JEneid.  I.  7.  v. 
682.  Altim  Pr&nefte ;  &  par  Horace ,  /.  3.  Od.  4.  Frigi- 
dmn  Pr&nefte.  PAlestrink  qui  a  fuccédé  à  PraEneste, 
eft  bâtie  au  pied  de  la  montagne.  Voyez.  Palestrine. 
L'ancienne  ville  étoit  une  place  forte  par  fa  fituation  & 
par  les  murailles  que  l'art  y  avoit  ajoutées;  &  c'étoit  félon 
Strabon  ,  /.  $■  la  retraite  de  ceux  qui  avoient  trame  quel- 
que chofe  contre  la  république.  Les  habitans  font  nom- 
més Prenestini  par  Tite  Live,  /.  6.  c.  29.  &  par  Pline, 
/.  3.  c.  5.  Ce  dernier  ajoute  qu'autrefois  la  ville  de  Pra> 
Siefte  avoir  été  appellée  Stéphane  ,  8c  en  grec  nokvo-Ti- 
çzvov ,  comme  écrit  Strabon  ,  /.  y . 

PRaENESTINA-VIA  ,  route  d'Italie ,  félon  Capito- 
lin  ,  in  C.irdiano.  Elle  conduifoit  de  Rome  à  la  ville  de 
Pramefte,  qui  lui  donnoit  fon  nom. 

PR/ENLTUM,  ville  de  Bithynie,  félon  Cédrène.  Xy- 
ïander,  fon  interprête, écrie  Pronetum  ;  &  Socrate,  /.  6. 
c.  14.  Prenetum.  Les  Conftitutions  des  empereurs  d'O- 
rient mettent  Hpa.ivwrov  au  voifinage  de  Nicomédie.  * 
Ortcl.  Thef. 

PR/EPENISSUS,  ville  de  la  grande  Phrygie,  dans  les 
terres,  entre  Alydda  &  Pergamus,  félon  Ptolomée  ,  /.  5. 
c.  2.  Le  manuferit  de  la  Bibliothèque  Palatine  porte  Per- 
péffnijjks.  Ortelius  remarque  que  Tzctzès  écrit  Pre- 
fe'nefus  ,  quoiqu'il  dife  dans  cet  endroit  qu'il  copie 
Ptolomée. 

PRaEPESINTHUS ,  ifle  de  la  mer  Egée,  &  l'une  des 
Cychdes,  félon  Pline,  /.  4.  c.  12.  Strabon  ,  /.  10. p.  485. 
écrit  Prepeflmhus.  On  la  nomme  aujourd'hui  Arzentaray 
(l'Argeiniere)  félon  Niger;  mais  le  père  Hardouin  die 
que  le  nom  moderne  eft  Fermina. 

PR^EPETEM-PORTUM.  Aulu  -  Gelle  ,  qui  cite 
Q.  Ennius,  nomme  ainfi  un  port  d'Italie,  au  voifinage 
de  Brï/idifï. 

PR.ESENTIA,  ville  d'Egypte,  félon  la  notice  des 
dignités  de  l'Empire  ,  fetl.  20. 
PRaESIDaE.  Voyez.  Pr/esti. 

1.  PRAESIDIUM ,  mot  latin  qui  fe  prend  en  général 
pour  tout  ce  que  l'on  met  au-devant  de  quelque  chofe 
pour  la  conferver.  On  l'a  employé  dans  les  itinéraires 
romains,  pour  défigner  certains  lieux  hors  des  camps 
militaires,  &  dans  lesquels  on  tenoit  un  certain  nombre 
d'hommes  en  garnifon  ,  pour  rendre  le  pays  plus  affuré 
contre  tous  événemens.  C'eft  ce  que  nous  apprend  Var- 
ron  ,  /.  4.  de  Ling-Lat.  fr&fidhim  cfl  ditiitm ,  quia  extra 
Caftra  prafdcbant  in  laco  alïquo  ,  qito  tutior  Kegio  effet  ; 
8c  dans  ce  fens  Pr&fidium  fignific  moins  une  place  forte  « 
que  les  gens  de  guerre  établis  dans  un  lieu  pour  le  défen- 
dre. On  s'en  eft  fervi  néanmoins  pour  défigner  les  places 
fortes,  où  les  Romains  mettoient  dçs  gamifons,  foit 
pour  la  défenfe  du  payscontreles  infultes  des  ennemis, 
foit  pour  prévenir  les  révoltes  des  habitans.  Auiïiavoit-on 
pour  maxime  de  mettre  des  troupes  étrangères  dans  les 
provinces  conquifes,  afin  de  les  empêcher,par  la  diverii- 
té  des  mœurs  &  du  Lngage,  de  ménager  des  intelligen- 
ces avec  ceux  du  pa)s,  &  de  faire  des  projets  de  fou- 
lev'emenr. 

Ces  places  fortes  étoient  de  deux  fortes.  Les  unes 
étoient  bâties  exprès  par  les  Romains ,  &  ne  différoient. 
en  rien  des  châteaux  où  il  y  avoit  du  monde  pour  les  dé- 
fendre. C'eft  pour  cela  que  Florus  fe  fert  indifférem- 
ment des  mots  Caftclla ,  Gtflodia ,  Pr&fidia ,  quand ,  par- 
lant de  ces  fortes  de  places  que  Drufus  fit  bâtir  fur  les 
bords  de  la  Meufe,du  Rhin  &  des  autres  fleuves  voi- 
fins,  il  dit,  /.  4.  cuit.  ImutclamProvhiciarum  Prs- 
fidia  atque  Cuftodias  ub'iqiie  dhpofuu  per  Mofamfmmen , 
per  Albim  ,  per  Vifurgim.  AWn  per  Rheni  qu'idem  riçam 
qitïiiquaginia  ampliks  Caftclla  direxit.  C'eft  du  même 


D     717 

genre  de  fortereffe  que  le  rhéteur  Eumenins  entend 
parler,  (  Orat.pro  Scholts  inftaurandis ,  )  quand  il  dit; 
Num  quid  ego  Alarum  &  Cohortium  Cujira  percenfeam  , 
totoRhcni,  Iflrï  &  Euphratis  limite  reftuuta.  Ces  deux  té- 
moignages nous  apprennent  encore  que  ces  forts  ou  châ--  - 
teaux  bâtis  exprès  étoient  ordinairement  fitués  fur  les 
rives  des  grands  fleuves ,  qui  fervoient  de  limites  à  l'Em- 
pire, comme  étoient  le  Rhin  ,  le  Danube  &  l'Euphrate. 
Les  autres  places  fortes  n'étoient  pas  bâties  exprès.  C'é- 
toient  des  villes  que  l'on  choififloit  pour  y  mettre  une 
garnifon ,  parce  que  leur  fituation  &  leurs  murailles  les 
rendoient  propres  pour  la  défenfe  du  pays.  De  cette  es- 
pèce étoit  une  ville  d'Egypte  nommée  Hydreumave- 
tus  ou  Troglodyticum  ,  de  dans  laquelle  Pline  ,  /.  6. 
c.  23.  dit  que  Pr&fidium  excubabat.  C'eft  de  lune  ou  de 
l'autre  de  ces  fortes  de  gamifons  que  quelques  places, 
dans  l'itinéraire  d'Antonin  &  dans  la  carte  de  Peutinger , 
ont  été  furnommées  du  mot  Pr&fid'ium  ;  comme  Bel- 
iene-Pr/tsidium&Tamaricetum-Praesidium.  Quel- 
quefois même  le  nom  de  Pr&fidium  fe  trouve  feul  fans 
qu'aucun  autre  le  précède  ni  le  fuive.  *  Bergicr,  Hift.  des 
grands  chemins,  p.  628. 

2.  PR/ESIDIUM  ,  lieu  de  l'ifle  de  Corfe.  L'itinéraire 
d'Antonin,  qui  lemet  fur  la  route  de  Mariana  à  Pla- 
ts. ,  entre  Aler'ia  &  Portus-Fatloni ,  à  20  milles  de  la 
première  de  ces  places  ,  &  à  30  milles  de  la  féconde. 

3.  PRAESIDIUM  ,  ville  d'Espagne  ,  félon  l'itinéraire 
d'Antonin  ,  qui  la  place  fur  la  route  de  Bracara  à  Aftu- 
ric.t ,  entre  Salaria  &z  Caladunum ,  à  vingt-fix  milles 
de  la  première ,  &  à  égale  diflance  de  la  féconde. 

4.  PRAESIDIUM  ,  ville  d  Espagne  ,  fur  h  route  de 
l'embouchure  du  fleuve  Ana  à  Emerita ,  à  vingt-trois 
milles  de  l'embouchure  de  ce  fleuve ,  &  à  vingt-fept  mil- 
les du  lieu  nommé  Ad  Rubras. 

5.  PRAESIDIUM  ,  lieu  de  la  Mauritanie  Céfarienfe  , 
allez  près  des  confins  de  la  Mauritanie  Sitifenfe  ,  au 
midi  du  mont  Atlas.  C'eft  à  peu  près  la  pofition  que  lui 
donne  la  table  de  Peutinger.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

6.  PRAESIDIUM  ,  lieu  de  la  Grande  Bretagne  ,  félon 
la  notice  des  dignités  de  l'Empire  ,  fett.  63.  Cambden  , 
BritannU  Defc.  p.  24;.  veut  que  ce  foit  aujourd'hui  la 
ville  de  Waiwicke. 

7.  PR/ESIDIUM.  La  notice  desdignités  de  l'Empire, 
fetl.  2 1 .  met  un  lieu  de  ce  nom  dans  la  Paleftine. 

8.  PRAESIDIUM,  ville  épiscopale  d'Afrique,  dans 
laByzacene  ,  félon  la  conférence  de  Carthage  ,  qui  four- 
nit Leontius  Prœfîdienjïf  ,  évêque  donatiite  ,  &  la  notice 
d'Afrique  fait  mention  de  Faujhis ,  évêque  de  la  même 
ville.*  Harduin.  Collect.  conc.  tom.  1.  pag.  n  10. 
t.  2.  p.  873. 

PRaESII  ,  peuples  de  l'ifle  de  Crète ,  félon  Ortelius  , 
qui  cite  Athénée  ,  &  foupçonne  que  ce  font  les  habi- 
tans de  la  ville  Praesos.  Voyez,  ce  mot. 

PR/ESUS,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  félon  Etienne  fe 
géographe.  Strabon  ,  /.  10.  p.  475.  qui  écrit  Prajon  , 
qui  eft  l'aceufatif  de  Prafos,  dit  que  c'étoit  une  ville  des 
Eteocretes. 

PRaESTI.  Quinte-Curfe  nomme  aînfi  un  peuple  de 
l'Inde.  Ortelius  croit  que  ce  nom  eft  corrompu  dans 
Orofe  ,  /.  3.  c.  19.  qui  écrit  Pra/ida,  au  lieu  de  Praffi. 

PR/ETETIA  ;  Etienne  le  géographe  met  une  contrée 
de  ce  nom  au  voifinage  de  la  mer  Adriatique.  Peut-être , 
dit  Ortelius,  eft-ce  la  même  que  Prœtittianx.  Voyez.cc 
mot. 

PR/ETORIA  .village  de  Sicile,  proche  d'Agrigente. 
Siméon  le  Métaphrafte  parle  de  ce  village  dans  la  vie  de 
faim  Grégoire  d  Agrigente.  *  Ortcl.  thef. 

PR/ETORIA-ÀUGUSTA  ,  ville  de  la  Dace  :  Ptolo- 
mée ,  /.  5 .  c.  8.  la  place  entre  Salins  &c  Sandana. 

FR/ETOR1ADES,  ville  deCilicie,  félon  Ortelius, 
qui  cite  Siméon  le  Métaphrafte  dans  la  vie  de  faim  Dule  , 
martyr  de  Nicomédie. 

1.  PRA£TORIUM,motlatin,  qui  lignifie  le  lieu  où 
le  préteur  rendoir  la  juftice.  Il  ne  fut  d'abord  en  ufage 
que  pour  la  ville  de  Rome;  mais  comme  dans  la  fuite  on 
créa  des  préteurs  pour  chaque  province  conquife,  pour 
y  rendre  la  juftice  ,  il  y  eut  alors  aurant  de  prétoires.  Par 
ce  mot  Prxtorium  on  entendoit  non  feulement  le  lieu  du 
tribunal,  mais  au lli le  palais  du  préteur,  c'eft-à-dire  le 


PR.A 


lieu  de  1a  réfidelice  du  préteur ,  ("oit  aux  champs ,  foir  à 
la  viile  :  leurs  rentes  même  ou  pavillons  au  milieu  cie  la 
campagne  ont  été  nommés  Prœtoria.  Il  arrivoit  quel- 
quefois que  dans  les  camps  durables  ,  appelles  Stativa , 
ces  pavillons  étoien  bâtis  de  maçonnerie  ,  ôc  iubfifloicnt 
après  que  le  camp  avoir  changé  de  place  ,  ce  qui  faifoit 
qu'ils  confervoient  le  nom  de  prétoire.  Oeil  delà  que 
l'on  trouve  divers  lieux  appelles  de  ce  nom  ,  quoiqu'il 
n'y  eût  plus  ni  préteur,  ni  ville,  ni  villages,  ni  ha- 
bitans. 

i.  PRi£TORIUM,  lieu  d'Angleterre  :  l'itinéraire  d'An- 
tonin  le  donne  pour  le  terme  de  fa  première  route ,  qui 
part  du  Vallum,  ou  retranchement.  Il  le  mer  à  vingt-cinq 
milles  de  Delgovitia  ;  Se  félon  le  nombre  des  milles ,  ce 
lieu  devoir  être  fur  la  côte ,  dans  l'endroit  où  eit  aujour- 
d'hui Patrington  ,  félon  Gale ,  Anton,  lier.  Bric.  Camb- 
den  elt  aulTi  de  ce  fentimenr. 

3.  PR/ETORIUM  ,  ville  de  la  Pannonie  fupérieure  : 
Prolomée,  /.  z.  c.  15.  qui  l'éloigné  du  Danube,  la  place 
entre  Vifontium  ôc  Magniana.  C'cit  la  même  ville  qu'An- 
roniu,  Itirter.  nomme  Pr/Etorium-Latum  VicoruMj 
Lazius  veut  que  le  nom  moderne  foit  Laki:im  ;  mais 
Molet  dit  que  c'eft  Pridanich. 

4.  PR^ETORIUM,  ville  que  l'itinéraire  d'Anto- 
nin  met  au  voifinage  de  l'Arménie  mineure.  Elle  étoit 
fur  la  route  de  Cefaréc  à  A>iaz,arbus ,  entre  Badimtm  ôc 
Flaviada ,  à  vingt-deux  milles  de  la  première,  Ôc  à  égale 
diltance  de  la  féconde. 

5.  PR^TORIUM,  lieu  delà  Dalmatie,  félon  l'iti- 
néraire d'Antonin  ,  qui  la  place  fur  la  route  du  golfe  de 
Liburnie  à  Jader,  entre  Araufa  ScTragnriumt.i  tren- 
te milles  du  premier  de  ces  lieux,  ôc  à  feize  milles. du 
fécond. 

6.  PR^TORIUM,  ville  d'Espagne:  l'itinéraire  d'An- 
tonin la  place  fur  la  route  de  Çarthage  àSpartaria ,  entre 
Secerrœ  ôc  B.ircelone ,  à  quinze  milles  de  ta  première ,  Ôc 
à  dix-fept  milles  de  ta  féconde. 

PR/ETUTI AN A-REGIO ,  ou  Prstutianus  ager, 
contrée  d'Italie ,  voifine  du  Picenum ,  du  côté  de  l'orient. 
Tite-Live,/.  il.  ôc  Pline,  /.  3.C.  13.  parlent  de  cette 
Contrée.  Voyez,  l'article  fuivanr. 

PR/£TUTII,  peuples  d'Italie.  Ils  habitoienc  à  l'orient 
des  Marfes ,  fclon  Ptolomée  qui  leur  donne  deux  villes. 
Ce  font  les  habitans  de  la  contrée  appellée  Pratutiana 
Regio.  Quelques  exemplaires  portent  Pr&gutii.  Voyez. 
ce  mot.  C'ell  de  ces  peuples  que  parle  Silius  Italicus,  /. 
ij.  v.  j38.  dans  ces  vers  : 

Tum  qua  vltijeros  domltat  Prœtutiapubes 
Lxta  laboris  agros. 

PRAG  A  ,  ou  Prague  ,  petit  village  de  la  grande  Po- 
logne, dans  la  Mafovic,  fur  ta  rive  droite  de  la  Viilule, 
vis-à-vis  de  Varfovie.  Il  efl  renommé  par  ta  victoire  que 
Charles  Gullave ,  roi  de  Suéde,  y  remporta  fur  les  Polo- 
nois  en  i6j6.  La  bataille  dura  rrois  jours. 

PRAGILAS,  ville  du  Haur-Dauphiné,  dans  le  Brian- 
çonois ,  fur  les  confins  du  Piémont ,  à  trois  lieues  de  Su- 
fé  ôc  à  cinq  de  Piguerol.  Par  le  traité  d'fjcrecht  ,  elle  a  été 
cédée  au  roi  de  Sardaigne. 

PRAGLIA  (Sainte  Marie  de),  abbaye  régulière  de  la 
congrégation  du  Mont-Calîîn  en  Italie,  au  diocèfe  &  à 
fîx  milles  de  Padoue.  Cette  abbaye  ordinairement  com- 
pofée  de  cent  trente  religieux,  fut  fondée  dans  le  dou- 
zième ficelé. 

PRAGOCA,  montagne  de  Phénicie,  félon  Raudrand  , 
éd.  \6%x.  qui  dans  l'édition  de  1705.  écrit  Pragofa.  Il 
ajoute  que  cette  montagne  avance  un  cap  dans  ta  mer 
Méditerranée.  C  cil  le  promontoire  Lithoprofopos  des 
anciens.  Voyez,  Lithoprosopos. 

PRAGUE  ,  ou  Prag  ,  Praga  ,  ville  capitale  du 
royaume  de  Bohême ,  dans  le  cercle  auquel  elle  donne  le 
jiom  ,  fur  la  Mulde.  Elle  ell  fituée  en  partie  fur  une 
montagne,  ôc  en  partie  dans  la  plaine,  qui  ell  pour- 
tant enfermée  par  d'autres  montagnes ,  qui  font  de  l'an- 
tre côté  de  la  rivière  de  Mulde.  Cette  rivière  paffe  entre 
ces  montagnes,  qui  font  allez  hautes.  On  ne  voit  la  viile 
de  Prague  que  quand  on  en  elt  bien  près  ;  &  alors  il  fe 
préfente  un  agréable  mélange  de  rnaifbns,  de  jardins  ôc 
de  champs ,  renfermés  dans  ta  plaine  ou  dans  le  vallon  , 


PPvA        1087 

qui  paroît  de  figure  ovale.  C'eft  ta  plus  grande  \nk  de 
toute  l'Allemagne.  Ce  font  proprement  crois  grandes 
villes  jointes  enfemble.  On  y  diilingue  la  vieille  ville  ,  ta 
ville  neuve,  ôc  les  endroits  ou  quartiers fitués  à  côté. 
Quelques-uns  même  comptent  jusqu'à  lept  villes ,  parce 
qu'entre  les  parties  les  plus  confidérables  de  la  ville  ,  on 
voit  des  féparations  affez  grandes  pour  donner  a  chacune 
d'elles  le  nom  de  villes.  Les  deux  principales  parties  font 
la  vieille  ville,  autrement  la  ville  haute  ,  Se  la  nouvelle 
ville ,  ou  la  ville  baffe.  Elles  fonc  jointes  par  un  allez 
long  pont,  qui  a  treize  grands  pas  de  large  ,  &  fix  cens 
foixante  de  long.  La  ville  haute  renferme  l'églife  cathé- 
drale, ôc  l'ancienne  réfidence  des  rois  de  Bohême  qui 
ell  aujourd'hui  le  palais  de  l'empereur.  C'eft  un  vaite 
bâtiment,  fitué  fur  le  haut  de  ta  montagne  ,  dans  un  bel 
aspect,  ayant  vue  fur  route  ta  ville  qui  elt  au  pied.  On  y 
tient  encore  aujourd'hui  les  affemblées  de  ville  ôc  les 
confeils.  Mais  ce  grand  logement  eft  défert  pour  ta  plus 
grande  partie.  Le  gouverneur  ou  vice  roi  qui  l'habite 
n'en  occupe  qu'une  petite  portion  :  le  refte  fert  feulement 
quand  l'empereur  ell  à  Prague  ;  ce  qui  arrive  bien  rare- 
menr.  L'architecture  ôc  les  ornemens  de  ce  palais  n'ont 
rien  que  de  royal.  On  voit  au-dedans  les  plus  belles 
peinturesdu  monde.  Du  tems  qucCharles  Patin  y  paf.a  ,  ' 
il  y  avoit  plus  de  cinquante  tableaux  du  Titien;  une  petite 
chambre  pleine  d'ouvrages  de  Raphaël ,  ôc  quatre  ou 
cinq  grandes,  pleines  de  tableaux  des  premiers  maîtres. 
Onregrettoit  les  livres  &médai!lesque  le  général  Konigs- 
mark  enleva.  Il  y  a  dans  ce  palais  deux  grandes  cours 
principales,  ou  pour  mieux  dire  deux  places,  dont  l'une 
elt  environnée  de  maifons  qu'occupent  divers  arti- 
fans,  ôc  l'autre  de  deux  grands  palais  ôc  de  deux  églifes. 
L'un  de  ces  palais  ell  celui  où  demeure  l'archevêque ,  ôc 
la  juftice  ell  rendue  dans  l'autre.  Quant  aux  églifes ,  l'une 
ell  la  métropolitaine,  ôc  l'autre  une  ancienne  abbaye  de 
filles,  dont  l'abbelTe  avoir  une  autorité  fouveraine.  Cette 
place  a  pour  dernier  ornement  une  fontaine  ,  au  milieu 
de  laquelle  s'élève  un  faint  George  de  bronze,  qui  de 
deflus  fon  cheval  terrafie  un  dragon  C'eit  une  pièce  des 
plus  remarquables  du  palais  royal.  Ce  palais  a  deux  mil- 
les. *  Moncotv.s,  Voy.  d'Allemagne,  t.  3.  p.  r  1  j.  Remar- 
ques  Hift.  &  Cric,  d'un  voyage  fuit  en  1704.  L'hurles  Pa* 
tin  ,  Voyage  ,p.  nz. 

Le  dôme  de  l'églife  cathédrale  eft  un  bârimenr  à  l'an- 
tique, avec  des  ornemens  au  dehors,  félon  le  génie  de 
l'architecture  gothique.  II  ne  paroît  pas  être  achevé  :  le 
defiein  fur  lequel  on  le  voit  bâti  fuppofe  un  édifice  beau- 
coup plus  grand.  Le  dedans  ell  allez  bien  orné.  Les  au- 
tels font  riches  ;  le  chœur  des  chanoines  ell  garni  de 
belles  tapifferies,  ôc  tout  y  ell  d'une  propreté  extraordi- 
naire. On  y  remarque  le  tombeau  de  faint  Jean  Népo- 
mucéne  ,  prêtre  bénéficier  de  cette  églife.  Comme  il 
étoit  confelîeur  delà  reine,  femme  du  roi  Wenceftas, 
furnommé  le  Brutal ,  ce  prince  le  fit  jetrer  du  pont  dans  ■ 
le  fleuve  de  la  Mulde ,  parce  qu'il  n'avoir  point  voulu  lui 
révéler  la  prétendue  infidélité  de  la  reine.  Ce  tombeau 
e.t  an  côté  droit  du  chœur,  &  à  ta  tête  &  aux  pieds ,  il  y 
a  des  petits  autels  où  l'on  dit  ta  mefTe.  Ils  font  renfermés 
d'un  treillis  ou  baluilrade  de  fer  d. .ré.  Il  y  a  dans  cette 
églife  quantité  de  tombeaux  de  perfonnes  qualifiées  ,  les 
uns  plus  ornés .  les  autres  moins.  Le  plus  magnifique  elt 
celui  du  roi  Charles  IV,  ôc  de  fa  femme  :  ils  v  font  repré* 
fentes  en  relief,  &  le  tombeau  eft  furmonté  d'un  balda- 
quin, foutenu  de  colonnes  de  marbre,  le  tour  entouré' 
d'une  baluilrade,  au  travers  de  laquelle  on  découvre 
tous  les  autres  ornemens.  Les  voûtes  de  l'églife  font  char- 
gées d'étendards  pris  à  là  bataiile,  dans  laquelle  Fride- 
ric  ,  électeur  Palatin  ,  perdit  ta  couronne  de  Bohême  , 
que  les  états  du  royaume  lui  avoienr  déférée.  On  dit  que 
Saint  Vinceflas ,  duc  de  Bohême  ôc  pa' ronde  Prague,  fie 
bâtir  cette  églife  qui  eft  confacrée  à  faint  Vaire,  dont  le 
tombeau  fe  voit  derrière  le  chœur.  Celui  de  Ferdinand 
I ,  de  l'impératrice  fa  femme,  &  de  Maximilien  II ,  qui 
repofent  tous  trois  fous  un  même  monument ,  font  au 
milieu  de  la  nef.  Celui  de  faint  Vinceflas  eft  dans  la  pre- 
mière chapelle  à  main  droite,  lorsqu'on  entre  dans  l'é- 
glife. C'elt  dans  cette  chapelle  qu'on  couronne  les  rois 
de  Bohême.  Charles  IV  ta  fit  bâtir  &  orner  de  plu  (leurs 
picr.es  fines  de  différentes  couleurs,  dont  elle  eft  comftti 
tapiflee.  Remarques  Hift.  &  Critt  p.  iz8« 


io88        PRA 

La  nouvelle  ville  efl  encore  plus  grande  que  la  vieille, 
îl  cil  vrai  qu'il  y  a  de  grands  jardins  en  certains  endroits, 
Se  même  des  vignes  ôc  des  terres  labourables.  Mais  cette 
ville  n'en  eA  pas  moins  belle.  Toutes  les  rues  font  larges 
cV  droites,  la  plupart  bâties  de  palais  &  de  grandes  mai- 
ions  à  la  moderne.  La  rue  du  marché  efl  la  plus  conli- 
dérable ,  étant  dans  toute  la  longueur  comme  une  gran- 
de place  où  le  marché  le  tient  tous  les  jours.  La  mailbn 
de  ville,  qui  efl  près  d'une  grande  place,  attire  les  regards 
des  curieux,  aufii- bien  que  l'églife  de  Sainte  Catherine 
Se  le  collège  des  Jéfuites.  L'églife  de  Sainte  Catherine 
efl  dans  la  rue  qui  s'étend  le  long  de  la  rivière  où  efl;  le 
quartier  de  la  ville  neuve  le  plus  habité.  Elle  efl  grande 
Se  eflimée,  principalement  à  caufe  de  fes  chapelles  qui 
font  belles  ôc  très-bien  ornées.  La  mailbn  des  Jéfuites 
efl  à  l'un  des  bouts  de  la  ville ,  &  la  place  qui  y  fait  face 
efl  d'une  grandeur  proportionnée  aux  maifons  qui  l'en- 
vironnent. Cette  ville  neuve  efl  diflinguée  de  la  vieille 
par  Ces  anciennes  murailles ,  dont  on  a  abattu  une  partie  , 
Se  remplit  les  folTés  pour  y  bâtir  des  maifons.  Il  y  a  une 
grande  rue  qui  borde  ces  vieilles  murailles  ,  dont  on  voit 
encore  plufleurs  portes ,  dans  les  endroits  où  font  les 
magafms  faits  en  façon  de  grandes  halles  couvertes.  C'eft- 
Jà  que  beaucoup  de  marchands  le  tiennent.  Les  Juifs  y 
ont  auffi  leur  quartier.  Us  font  en  bien  plus  grand  nom- 
bre à  Prague  qu'en  aucune  ville  d'Allemagne.  Ces  maga- 
sins font  fous  des  portiques  ,  autour  d'une  grande  place  , 
Se  il  y  en  a  d'autres  fous  un  grand  toit ,  long  au  moins 
de  cinq  cens  pas.  Les  Carmes  ont  leur  maifon  près  de 
ces  magafins.  Les  cloîtres  en  font  fort  beaux,  &  ils  ont 
une  chapelle  de  la  Vierge,  très-bien  parée.  La  grande 
place  efl  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  à  Prague.  C'efl- 
là  où  efl  la  mailbn  de  ville  ,  bâtiment  fuperbe  pour  l'é- 
tendue'de  fes  chambres  ôc  de  fes  appartenons.  On  y  voit 
de  belles  peintures,  qui  représentent  les  empereurs  ôc  les 
rois  de  Bohême.  On  y  voit  aufïi  une  tour  d'horloge  de 
divers  mouvemens,  comme  celle  de  Saint  Jean  de  Lyon. 
Ses  bas  reliefs  ne  contribuent  pas  peu  à  fon  ornement, 
Se  à  la  faire  paroître  le  chef-d'œuvre  de  cette  grande 
place,  qui  efl  d'ailleurs  ornée  d'une  grande  colonne  de 
pierre,  avec  une  Aatue  de  la  Vierge  de  bronze  doré,  8c 
de  quatre  anges  tenant  quatre  Démons  enferrés  aux  qua- 
tre coins.  Allez  proche  de  cette  colonne  on  voit  un  grand 
balïïn  de  fontaine.  Il  efl  à  douze  faces ,  d'une  pierre  rou- 
ge, qui  de  loin  paroit  porphyre  ,  mais  qui  de  près  n'efl 
pas  feulement  un  mai  bue  pafiable.  Les  douze  figues  font 
gravés  autour;  il  y  a  une  figure  au  milieu  fur  un  pic- 
deflal.  Entre  les  grands  édifices,  dont  cette  place  efl 
ornée ,  l'églife  de  Notre-Dame  efl  un  des  plus  confidé- 
rables.  Elle  a  deux  clochers  fort  élevés,  &  fon  maître- 
autel  efl  d'une  menuiferie  toute  dorée  ,  enrichie  de  plu- 
fieurs  figures.  L'églife  de  Saint  Jacques ,  deffervie  par  les 
Cotdeliers ,  efl  tout  près ,  ôc  remarquable  par  la  gran- 
deur de  fon  bâtiment ,  par  la  hauteur  de  fa  tour ,  par  la 
beauté  de  fon  maître-autel ,  &  par  fa  chapelle  de  Noue- 
Dame  ,  ornée  de  deux  belles  colonne  de  cryflal  de  roche , 
d'un  cadre  qui  efl  auffi  de  cryflal  déroche,  taillé  en 
pointe  de  diamant,  le  tout  élevé  au-de(Tus  de  l'autel ,  au 
milieu  duquel  on  voit  la  figure  de  la  Vierge.  Il  y  a  di- 
verfes  autres  églifes,  maifons  rcligieufes,  &  couvens.  Les 
Jéfuites  feuls  en  ont  trois.  *  Mem.  dh>. 

Saint  Adalberg  étoit  évêque  de  Prague  dans  le  dixième 
fiécle,  mais  ne  pouvant  exterminer  l'idolâtrie  qui  re- 
gnoit  dans  la  Bohême  ,  fa  patrie ,  il  le  démit  de  fon  évê- 
chéj  ôc  après  avoir  parcouru  en  apôtre  plufieurs  pays, 
il  alla  prêcher  la  foi  en  Pruffe  où  il  fut  martyrifé  l'an 

597- 

Il  y  a  un  fort  beau  pont  fur  la  Mulde ,  qui  fepare  la 
ville.  A  chaque  bout  il  y  a  des  portes  comme  pour  en- 
trer dans  des  villes  féparées.  Sur  le  pont  on  trouve  deux 
chapelles ,  l'une  dans  l'endroit  d'où  l'on  précipita  le  bien- 
heureux Népomuccne.  L'autre  chapelle,  vis  à-vis,  efl: 
dédiée  à  faint  Vinceflas ,  duc  ou  roi  de  Bohême.  On 
remarque  encore  fur  ce  pont  un  très-beau  ôc  très-grand 
crucifix  en  bronze.  *  Remarques  Hifloriques  &  Critiq. 
p.  130. 

La  troifiéme  ville,  nommée  la  petite,  n'eft  habitée 
que  par  les  Juifs.  Ils  y  font  en  grand  nombre ,  ôc  par 
conféquent  la  plupart  très  miférables.  Les  occafions  de 
gain  font  rares,  à  caufe  du  peu  de  commerce  qui  fe  fait, 


PRA 

ôc  en  général  les  habitans  de  Pia^ue  font  pauvres.  Les 
places  ôc  les  rues  y  font  uès  iales. 

Les  femmes  de  Prague  portent  des  bonnets  fourés  à 
la  grecque  ,  ôc  des  manteaux  fur  les  épaules.  Ces  man- 
teaux fout  longs  comme  ceux  des  hommes,  ôc  à  grands 
collets.  Les  uns  font  de  latin  double  de  tafetas.  Les  jupes 
font  de  même.  On  troulïe  le  manteau  ôc  la  jupe  fort  haut 
de  peur  des  crottes.  Les  femmes  du  peuple  ont  la  tète 
bandée  d'une  toile  allez  large.  Les  Juives  en  ont  qui  leur 
entourent  le  cou.  Elles  portent  auffi  des  jufles-au-corps 
noirs ,  dont  la  manche  efl  ouverte ,  comme  le  pour- 
point des  hommes.  *  Moatconis,  Voyage  d'Allemagne, 
p.  117. 

La  ville  de  Prague  n'efl  point  fortifiée;  mais  elle  a 
deux  bons  châteaux  :  l'un  s'appelle  Wijfenrad,  Ôc  l'autre 
Racshin.  Il  y  a  aulh  une  célèbre  univerlîté  ,  que  l'empe- 
reur Charles  IV  y  fonda  en  1347.  *  Hubner  >  Géogra- 
phie, p.  602. 

11  fe  débite  à  Prague  des  ctyflaux ,  qu'on' appelle  cry- 
flaux  de  Bohême.  On  en  forme  des  pendeloques  3  des 
pierres  qu'on  enchafle  dans  des  bagues  ,  des  boutons  de 
chemife  ôc  divers  autres  bijoux.  L'éclat  de  ces  cryflaux 
efl  allez  vif.  Les  Juifs  s'occupent  à  les  travailler.  Le  plus 
grand  ufage  de  ces  cryflaux  efl  en  luftres  ôc  en  verres  à 
boire ,  fur  lesquels  on  grave  toutes  fortes  de  figures.  On 
les  débite  maintenant  par  toute  l'Europe. 

Ce  fut  à  un  demi-mille  de  Prague ,  fur  la  montagne 
blanche,  que  fe  donna  cette  célèbre  bataille,  qui  décida 
en  1620,  le  différent  de  la  couronne  de  Bohême,  en  fa- 
veur de  l'empereur  Ferdinand  II ,  contre  Frédéric  V  , 
électeur  Palatin,  qui  avoit  été  élu  roi  de  Bohême  par  les 
états  du  pays.  On  croit  que  la  ville  de  Prague  efl  an- 
cienne ;  car  Aventin  Boior, /.  2  p.  41.  qui  avoit  étudié 
avec  foin  cette  partie  de  l'Allemagne,  prétend  que  c'efl 
l'ancienne  Marobudum,  à  qui  Marobodus,  fouverain  des 
Marcomans ,  donna  fon  nom  ,  étant  appellée  auparavant 
Bubiemum.  Voyez.  Bueiemum  ,  ôc  Marcomanni. 

PRAMNIUM,  montagne  ou  rocher,  dans  l'ifle  Ica- 
caria  ,  félon  Ortelius  qui  cite  Athénée,  /.  1.  Il  y  croiffoit 
une  forte  de  vin  ,  qu'on  appelloit  Vin  de  Prarnnium. 

PRANDNITZ,  ville  d  Allemagne,  dans  la  Bohême, 
fur  les  frontières  de  la  Silefie ,  fameufe  par  la  bataille 
que  le  roi  de  Pruffe  y  gagna  le  30  Décembre  1745. 

PRANGIN  ,  village  de  Suifle  ,  au  canton  de  Berne, 
dans  le  bailliage  de  Nyon ,  à  demi-lieue  de  la  capitale  de 
ce  bailliage.  Prangin  efl  une  ancienne  terre  feignemiale, 
décorée  du  titre  de  baronnic.  Ce  titre  avec  les  mafures 
qu'on  voit  autour  de  ce  village ,  font  juger  qu'il  a  été 
autrefois  plus  confidérable  qu'il  n'efl  aujourd'hui;  outre 
qu'il  y  a  quelques  villages  qui  dépendent  de  ce  lieu , 
entre  autres  Gland,  qui  efl  bâti  comme  un  bourg.  Le  châ- 
teau de  Prangin  efl  bâti  à  l'antique ,  dans  un  endroit  fort 
élevé,  de  forte  qu'on  le  voit  de  fort  loin,  fur-tout  de  des- 
fus  le  lac.   On  y  a  trouvé  cette  infeription  romaine  : 

C.  Jul.  C  F.  Volt. 
Semato 

II.   VlRUM  1TERUM 

Flamini   Aug. 

L.  Jul.  Capito  amico 

Optimo. 

Prangin  efl  célèbre  aujourd'hui  par  fes  bonnes  eaux 
minérales,  qui  font  fort  fréquentées  tous  les  étés.  *  Elut 
&  Délias  de  la  Suijfe  ,  t.  2.  p.  285. 

PRANTES,  montagne  de  la  Theffalie,  félon  Xéno- 
phon  ,  Hift.  Grœca,l.  4.  la  traduction  latine  porte  Pa- 
prantes. 

PllAS,  ville  de  la  Perrhébie  :  Xénophon  ôc  Etieryie 
le  géographe  parlent  de  cette  ville. 

PRA-SAN-DISIER,  bourgade  du  Piémont,  dans  le 
Val  d'Aofle  ,  près  de  l'endroit  où  les  différentes  fources 
delaDoria-Baltea  s'affcmblcnt  pour  couler  dans  un  même 
lit.  Quelques-uns  la  prennent  pour  l'ancien  drebrigum , 
que  l'on  met  plus  communément  au  bourg  appelle  la 
Tuile,  fitué  dans  le  voifinage,  fur  h  grande  route  des  Ro- 
mains. *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

1.  FRASI/E,  bourg  de  l'Attique,  dans  la  Tribu  Pan- 
dionide.  C'étoit  un  lieu  maritime ,  du  coté  de  l'Eubée  , 
&  où  il  y  avoit  un  temple  d'Apollon.  On  y  envoyoit  les 

prémices 


PRA 


PRA 


prémices  qu'on  vouloit  con. acier  à  ce  dieu  dans  l'ifle 
de  Delos  :  les  Athéniens  avoient  foin  de  les  y  faire 
transporter.  Erj  fichton .  revenant  de  cette  ifle ,  mourut 
à  Frafia ,  Se  on  lui  fir  fou  tombeau  dans  ce  lieu.  Dans 
une  églife  ,  fur  Je  chemin  d'Athènes  à  Rafty ,  on  trouve 
cette  inscription: 

ONHTfîP 

n  A  N  A  I  O  Y 

nPAHEYS. 

HarpoCration  parle  d'un  certain  Onetor  ,  à  qui  De- 
molthene  adreflc  quelques  harangues,  Se  Suidas,  fé- 
lon l'a  coutume ,  copie  mot  à  mot  ce  qu'en  dit  Har- 
poci  a;  ion. 

2.  PRASL£,  contrée  de  l'Inde ,  en  deçà  du  Gange. 
Prolomée  ,  /.  7.  c:  1.  lui  donne  cinq  villes,  qui 
Font  : 


Sambalaca , 
Adu data , 


Sagala. 


Canagora  , 
Qndia , 


Ortelius  foupçonne  que  cette  contrée  pourroit  être 
la  Prasiana  d'Ëlien. 

PRAblANA  ,  ou  Frasiane  ,  contrée  de  l'Inde, 
dans  laquelle  Elien  dit  que  les  fmges  étoient  de  la 
grandeur  des  chiens.  Quelques  exemplaires  portent 
Praxiana.  Selon  Pline,  l.b.c.  20.  Prafiane  étoit  une 
très-grande  ifle  ,  formée  par  le  fleuve  Indus  :  fur  quoi 
le  père  Hadouin,  après  avoir  remarqué  que  cette  ifle 
prenoit  fon  nom  des  peuples  Prafii  qui  l'habiroient  , 
ajoute  que  c'eft  cette  contrée  que  Virgile  ,  dans  le  qua- 
trième li>iedes  géorgiques ,  v.  291.  appelle  l'Egypte 
Verte,  Viridum /Egyptum.  Voyez  Prasii. 

PRASIANE.  Voyez.  Prasiana. 

I  RASîAS  ,  marais  de  la  Thrace,  ou  de  la Péonie. 
Hérodote,  /.  r.  ».  17.  dit  que  ce  marais  étoit  peu 
éloigné  de  la  Macédoine  ,  Se  que  tout  auprès  de  ce 
marais  il  y  avoir  une  mine  d'argent, 

PRASIDIUM  ,  ville  de  la  Thrace,  félon  Ptolomée , 
/.  3.  ç.  11.  qui  la  pi  ice  dans  les  terres. 

PRASIi ,  peuples  de  l'Inde.  Arricn,  in  Indic.  c.  10. 
dit  que  la  ville  Palimbotra  étoit  dans  leur  pays  ,  in 
Prafiorum  terra  ;  Plutarque  ,  in  Aicxand.  écrit  Prafii , 
Se  Diodoie  de  Sicile,  Tabrefii  ;  mais  Ortelius  croit 
qu'il  faur  lire  dans  ce  dernier  Brafo  pour  Tabrœfï;. 

PRASIUS  ,  ou  Frassius  ,  golfe  de  l'ifle  de  Tapro- 
b~ane.  Ptolomée  le  pi  ice  entre  Anubingara  Se  Jovis 
Extrema.  Les  meilleures  éditions  portent  Prafodes  pouf 
Prajtus. 

i.PRASLON,  raroifle  de  France  ,  dans  la  Bourgogne  , 
au  diocèfe  de  Dijon ,  dans  le  doyenne  de  Saint-Seine. 
Elle  eft  firuée  dans  un  vallon  ,  entre  deux  montagnes, 
&  il  y  pafl'e  un  petit  ruiûeau  qui  eft  à  fec  le  quart 
de  l'été. 

2.  PRASLON  ,  abbave  de  France  ,  dans  la  Bourgo- 
gne ,  au  diocèfe  de  Dijon  ,  dans  la  paroifle  qui  lui 
donne  fon  nom.  Voyez*  l'article  précédent.  C'eft  une 
abbave  de  filles  de  l'ordre  de  faint  Benoît,  &  qui 
eft  dédiée  à  Notre-Dame.  Elle  fut  fondée  en  1149, 
par  Guy  de  Sombernon  ,  à  la  follicitarion  de  faint 
Bernard.  L'abbe fie  a  joint  à  l'abbaye  le  revenu  de  la 
cure  de  la  paroifle  \  moyennant  quoi  elle  nourrit  Se 
loge  le  curé.  Les  religieufes  prétendent  que  (aime  Hum- 
beline,  fœur  de  faint  Bernard,  prit  l'habit  àPraflon, 
Se  qu'elle  en  fut  la  première  abbefle  -,  mais  on  eft  as- 
furé  d'ailleurs  que  cette  fainte  étoit  morte  avant  la  fon- 
dation de  ce  monaftere.  11  pouvoit  y  avoir  eu  une 
communauté  en  ce  lieu,  avant  la  fondation  de  11 49, 
puisque  la  tradition  eft  que  faint  Bernard  y  eit  fou- 
vent  venu.  On  voit  encore,  à  un  quart  de  lieue  du 
monaftere  »  une  fontaine  dire  de  Saint  Bernard ,  qu'on 
prétend  qu'il  obtint  miraculeufemeiït  du  ciel.  On  y 
voit  aufli  un  calice  «5c  tous  les  habits  facerdotaux  qu'on 
dit  avoir  été  à  fon  ufage  ,  que  dom  Martenne  ne  doute 
nullement  être  de  ce  tems-là. 

PRASOBUS  ,  monragne  entre  la  Dace  Se  la  Pan- 
nonie ,  félon  Ortelius ,  qui  cite  Laonic. 


IO89 

PRASOS  ,  petite  ville  de  l'ifle  de  Crète,  félon 
Strabon ,  /.  10.  p.  475.  Ceft  la  même  que  Pr/esos 
d'Etienne  le  géographe. 

PRASOVO.  Voyez.  HvEmu*. 

PRASS^£BI ,  nom  d'un  des  peuples  qui  habitoienf. 
la  Thesprotie ,  félon  Etienne  le  géographe. 

PRASSUM  PROMONTORIUM  ,  promontoire 
d'Afrique,  dans  la  Bafle  -  Ethiopie ,  félon  Ptolomée 
Se  Etienne  le  géographe.  Quelques-uns  croient  que 
ceft  Mozambique,  niais  le  fentiment  le  plus  reçu 
eft  celui  de  Samfon  qui  penfe  que  c'eft  le  cap  de 
Corientes  ,  fur  la  côte  orientale  de  la  Cafrerie. 

PR  ASTiA,  ou  Prestan,  porc  du  Péloponnèfe ,  dans 
le  Brazzo-di-Maina ,  avec  un  village  bâti  fur  les  ruines  de 
l'ancienne  Thalamve.  Ce  milerable  village  étoit  autre- 
fois renomme  ,  à  caufe  d'un  temple  de  Pafiphaé  Sz 
d'un  oracle  célèbre.  Le  long  de  la  côte  qui  mené  de 
Praftia  à  Bytilo,  il  y  a  au  bord  de  la  mer  une  fource 
d'eau  excellente  ,  &  qui  elt  bien  connue  des  eorfaires. 
Elle  éroit  anciennement  confacrée  à  la  lune  ,  Se  touc 
auprès  étoit  le  temple  d'Ino  ,  remarquable  par  un  ora- 
cle célèbre ,  qui  découvroit  en  fonge  à  ceux  qui  le 
confultoient  les  fecrets  de  l'avenir.  *  La  Gitilletiere  , 
Athènes  anc.  &  mod.  p.  16. 

1.  PRATA  ,  ville  d'Italie  ,  au  royaume  de  Napîes, 
dans  la  Principauté  Ultérieure,  félon  Corneille,  Dicî. 
qui  fait  l'honneur  à  un  méchant  village  de  lui  don- 
ner le  titre  de  ville.  Ce  village  eft  fitué  fur  la  rive 
droite  du  Sabbato  ,  entre  Spitaletto  Se  Bénévent ,  un 
peu  plus  près  de  la  première  que  de  la  dernière.  Cor- 
neille ajoute  qu'il  y  a  des  mines  d'or  Se  d'argent  dans 
le  territoire  de  Prata;  mais  qu'on  n'y  travaille  point, 
à  caufe  du  peu  de  profit  qu'on  en  tireroit.  *  Magin  t 
Carte  de  la  Princip.  Ultér. 

2.  PRATA,  ou  I'Isle  d'Argent,  petite  ifle  de  la 
mer  des  Indes ,  à  20  deg.  40  m.n.  de  latitude  fep- 
tentrionale ,  fur  la  route  de  Manille  à  Quanton  ,  Se 
environ  fous  les  130  deg.  de  longitude.  Elle  elt  bafle 
Se  toute  environnée  de  rochers.  Plufieurs  gros  vais- 
feaux  Espagnols  s'y  font  perdus ,  en  venant  de  Ma- 
nille ,  Se  avec  eux  de  grands  tiéfors ,  avec  la  plus 
grande  partie  des  équipages.  Les  Chinois  n'ofent  y 
aller  chercher  ces  richefies,  crainte  de  fe  perdre  eux- 
mêmes  ;  Se  la  même  raifon  empêche  les  Espagnols 
d'aller  pêcher  ces  tiéfors.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy, 
Dampier,  Voyage  autour  du  monde,  tom.  2.  pag. 
81. 

PRATCULANTi  petite  ville  de  France,  vers  les 
frontières  du  Berry  Se  du  Beaujolois ,  félon  Corneil- 
le, Dilt.  comme  fi  une  ville  aux  frontières  d'une  de 
ces  deux  provinces  pouvoit  être  aux  frontières  de  l'au 
tre.  11  parle  un  peu  plus  jufte  ,  quand  il  dit  qu'elle  eft 
à  une  lieue  de  l'abbaye  de  Bufliere.  Pratculant, 
ou  plutôt  Pra-de-Culant  ,  elt  un  lieu  fitué  dans  le 
Berry,  élection  de  Saint- Arnaud,  à  une  petite  lieue 
de  la  ville  de  Culant ,  Se  à  près  de  deux  lieues  de 
l'abbaye  de  Bufliere.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PR.ATER  (Le),  parc  de  l'empereur ,  dans  une  ifle 
du  Danube  ,  auprès  de  Vienne. 

PRATES.  Kov^Mazula. 

PRATIT/E,  peuples  d'Afie.  Pline,  /.  G.  c.  ir.  dit 
qu'ils  étoient  voifins  des  Cordueni ,  qu'on  lesfurnom- 
moit  Paredoni,  qu'ils  étoient  maîtres  des  Portes-Cas- 
piennes,  Se  qu'ils  habitoient  à  l'occident  des  Par- 
thes. 

PRATO  ,  Pratum,  ville  d'Italie,  dans  le  Floren- 
tin, fur  le  Bifentio,  entre  Florence  Se  Piftole ,  envi- 
ron à  égale  diftance  de  chacune  de  ces  villes.  Elle 
avoir  un  évéché  qui  a  été  uni  à  celui  de  Piftoiè.  Prato 
eft  une  agréable  ville  fituée  dans  une  belle  prairie.  La 
ceinture  de  la  fainte  Vierge  eft  eonfervée  dans  l'églife 
du  dôme  que  bâtit  Jean  Pifan ,  qui  l'oriia  de  ftarueS 
Se  de  bas-reliefs.  Il  y  a  un  pupitre  aufli  à  bas-reliefs 
du  Donatillo,  Se  de  fort  belles  peintures  des  meilleurs 
maîtres  de  leur  tems ,  entre  autres  d'Ange  Gaddi ,  Se 
de  Philippe  Lippi.  Ce  dernier,  qui  avoir  été  Carme, 
travailla  beaucoup  aux  religieufes  de  Sainte  Margue- 
rite ,  où  il  refte  encore  le  tableau  du  maître-autel  II 
en  fit  aufli  deux  dans  l'églife  de  Saint  François.  Il  éroit 
aidé  dans  Fes  ouvrages  par  frère  Diamant ,  aufli  Canne 
Tom.  IV.  Y  y  y  y  y  y 


i  o  9  o      P  R  A 


PRA 


4 


Ôc  fon  confrère.  *  Magin ,  Carte  du  Florentin.  Cor- 
neille ,  Dictionnaire ,  jur  un  voyage  d'Italie. 

PRATODINO  ,  ou  Petit-Pré  ,  maifôn  de  plai- 
fance  du  grand  duc  de  Toscane,  en  Italie,  au  voi- 
finage  de  Florence.  Rien  n'eft  plus  agiéable,  ni  plus 
charmant  pendant  l'été  ;  parce  qu'on  y  trouve  la  fraî- 
cheur du  printems,  au  milieu  des  bosquets  ,  des  fon- 
taines ôc  des  allées  couvertes  qui  y  font  en  grand  nom- 
bre ,  ôc  toujours  impénétrables  aux  chaleurs  du  foleil. 
Bernard  &  François  Bontalcnti  ont  été  les  architecte 
de  ce  fuperbe  palais,  que  le  grand-duc  François,  1  du 
nom,  fit  bâtir.  Cela  cù  marqué  dans  une  infeription  qui 
cil  au  milieu  de  la  voûte  de  la  grande  fale.  Elle  contient 
ces  mots  : 

Fvntib'.is ,  v'ivar'ùs , 

Xyftis  lw  *des  Francisons , 

Med.  M.ig.  Dux  JEiruritx.  Il ,  I 

Exornavit ,  hilaritaûqiie 

Et  fui  arràcorumque  Juorum 

RemiJJJoni  animi  dicavit , 

Amw  Dvmini    M.     D.     L  X  XV. 

*  Lahat ,  Voyage  d'Italie  ,  t.  7.  p.  24 1.  ôc  fuiv. 

On  monte  au  premier  appartement  par  des  esca- 
liers doubles  découverts  >  qui  font  du  côté  du  nord. 
Ils  fe  terminent  à  une  terralTe  fur  laquelle  elt  la 
porte  magnifique  ,  qui  donne  entrée  dans  un  vafte 
fa  Ion  à  voûte  furbaiffée,  à  côté  duquel  eft  un  autre 
falon  plus  petit.  Ils  font  tous  deux  ornés  de  ltucs  do- 
rés, de  miroirs  ôc  de  peintures.  Ceft  par  ces  deux 
pièces  qu'on  entre  dans  les  différons  appartenons  dont 
ce  palais  elt  compofé.  Quelques-uns  font  ornés  de 
peintures  à  fresque  ôc  les  autres  font  ornés  de  beaux 
tableaux  ôc  de  riches  ameublemens.  Il  y  a  dans  une 
fale  une  orgue  hydraulique  qui  ne  va  que  par  le 
moyen  de  l'eau  que  lui  fournit  un  robinet.  Le  fécond 
étage  contient  entre  autres  appartenons  un  théâtre 
fpacieux  &  très-commode.  La  difhibution  des  cham- 
bres ôc  des  cabinets ,  annonce  le  génie  du  prince  qui 
l'a  ordonnée,'  &le  goût  des  architectes  qui  l'ont  exé- 
cutée. 

Les  dehors  du  palais  femblent  le  disputer  avec  les 
dedans  :  à  peine  peut-on  croire  ce  qu'on  voit ,  quand 
on  confidere  la  quantité  presque  infinie  de  fontaines , 
de  cascades  >  de  napes ,  de  jets  ôc  de  pièces  d'eau  qui 
environnent  ce  palais.  Ils  font  répandus  avec  ordre  & 
fymmétrie  dans  les  parterres,  les  boulingrins,  en  un 
mot  dans  tout  ce  qui  compofece  délicieux  jardin.  Fran- 
çois de  Rieti ,  Florentin  ,  en  a  fait  une  ample  description 
dans  la  vie  du  grand  duc  François.  J'y  ajouterai  feu- 
lement que  les  grands  ducs  ,  fuccefleurs  de  François  , 
n'ont  rien  changé,  détruit,  ni  laine  détruire,  tant 
dans  le  pâmais ,  que  dans  les  jardins.  Ils  les  ont  en- 
tretenus avec  foin  ,  fans  y  faire  le  moindre  change- 
ment ,  tant  on  a  eftimé  &  respecté  ce  qui  étoit  fait , 
comme  ayant  toute  la  perfection  qu'il  pouvoit  avoir. 

On  trouve  devant  la  porte  du  nord  de  ce  palais 
un  boulingrin  fpacieux  demi-ovale  ,  fermé  par  le  bas 
d'un  grillage  de  fer  ,  foutenu  de  fix  pilaftres  ornés 
de  rocailles  ,  au  bout  duquel  elt  une  pièce  d'eau  de 
grande  étendue  ,  plus  élevée  que  le  boulingrin.  On 
y  monte  presque  fans  s'en  appercevoir,  tant  la  pente 
des  voutes  qui  y  conduifent  eft  douce  &  aifée.  Elles 
font  ornées  d'arbres  toufus ,  entretenus  avec  foin  dans 
une  même  hauteur  ôc  épaiffeur ,  accompagnés  de  fta- 
tic;,  de  vafes»  de  pyramides,  &  d'autres  embellifle- 
mens  diftribuésavec  fageffe,  ôc  d'une  manière  qu'au- 
cune de  ces  pièces  ne  nuit  aux  autres.  Le  mont  Apen- 
nin, fous  la  figure  d'un  géant  d'une  grandeur  extraor- 
dinaire, elt  au  haut  de  cette  grande  pièce,  ailis  fur 
un  dragon  d'une  grofieur  énorme  qu'il  femble  écrafer 
par  fon  poids  ,  &  l'obliger  de  rendre  par  fa  gueule 
>  ouvantable  des  correns  d'eau  qui  tombent  dans  la 
grande  pièce,  ôc  qui  la  remplifienr.  Ces  figures  font 
fi  grandes  ,  que  fi  elles  étoient  debout ,  elles  auraient 
plus  de  nente-fix  brafies  de  hauteur  ;  &  comme  elles 
font  grofies  à  proportion  on  a  ménagé  dans  leur  ca- 
pacité ,  des  chambres  en  manière  de  grottes ,   ornées 


de  rocailles ,  de  coquilles  de  mer,  de  perles,  de  co- 
rail ,  de  pétrifications ,  &c.  accompagnées  d'une  infi- 
nité de  jets  d'eau  ,  tous  différens  les  uns  des  autres. 

Il  y  a  derrière  la  figure  de  l'Apennin  un  dragon 
volant  d'une  grandeur  extraordinaire.  Il  vomit  une  ri- 
vière d'eau ,  ôc  entre  ces  deux  figures  il  y  a  une  ter- 
rafle  découverte  ,  ornée  de  rocailles ,  ôc  de  tout  ce 
qui  a  du  rapport  à  la  montagne  qu'on  a  eu  deflein  de 
repréfenter  ,  ôc  aux  cavernes  qu'on  y  fuppofe.  On 
voit  plus  haut  une  grotte  magnifique,  aux  côtés  de 
laquelle  il  y  a  trois  allées  très-larges  ôc  très-longues , 
toutes  couvertes  d'arbres  qui  confervent  une  verdure 
continuelle.  Ces  trois  allées  conduifent  a  un  labyrinthe, 
formé  par  des  arbres  toujours  verds ,  fi  toufus  qu'ils 
font  impénétrables  aux  rayons  du  foleil ,  ôc  entre  les- 
quels on  voit  plufieurs  fontaines  d'un  travail  ôc  d'un 
defiein  encore  plus  riche.  Celle  du  milieu  eft  ornée 
d'un  Jupiter  qui  a  la  main  gauche  appuyée  fur  un 
aigle  noir,  ôc  qui  tient  à  la  droite  un  foudre  d'or 
qui  jette  l'eau  de  tous  côtés.  L'allée  où  elt  cette  fon- 
taine monte  infenfiblemenr  par  une  pente  douce.  Elle 
elt  fermée  à  fon  extrémité  par  un  grillage  de  fer  d'un 
très  beau  travail,  afin  de  ne  point  interrompre  la  vue 
de  l'allée  intérieure.  Les  deux  autres  allées  font  omets 
de  rocailles  ôc  d'épongés  de  Corfe ,  qui  jettent  une 
quantité  prodigieufe  d'eau.  Elles  font  accompagnées 
d'allées  couvertes ,  une  desquelles  conduit  à  un  petit 
temple  hexagone  qui  fert  de  chapelle.  Il  eft  orné  de 
ftucs  dorés ,  &  il  a  un  dôme  environné  d'une  gale- 
rie. Il  y  a  fur  l'autel  un  tableau  de  TAffomption  , 
copié  par  Jean-Baptifte  Marmi  ,  fur  l'original  d'An- 
dré Del  Sarto ,  que  l'on  conferve  au  palais  de  Pitr î . 
On  voit  au  milieu  d'un  balTin ,  au-deflbus  de  cette  fon- 
taine un  Perfée  de  marbre  ,  a/fis  fur  un  ferpent  de 
même  matière ,  qui  jette  l'eau  par  la  gueule  ;  dans  le 
baffin  oppol'é  il  y  a  un  Esculape ,  qui  tient  dans  les 
mains  un  ferpent  qui  jette  auiTi  de  l'eau  -,  &  dans  le 
troifiéme  il  y  a  une  ourfe  avec  fes  petits,  qui  jettent 
pareillement  de  l'eau. 

Lorsqu'on  a  fait  le  tour  de  ce  jardin,  on  reprend 
le  chemin  de  Florence  ,  où  l'on  trouve  les  écuries , 
les  remifes  ôc  tous  les  logemens  des  officiers  de  la 
maifon  du  grand  duc.  11  y  a  une  cour  fermée'  d'un 
grillage  de  fer  ;  ôc  où  l'on  voit  plufieurs  jeux  ,  entre 
autres  celui  de  tournoi,  où  quatre  pei formes  cou- 
rent la  bague ,  fur  des  chevaux  de  bois  ôc  fur  des 
lièges. 

Quand  on  fort  du  palais  par  la  porte  du  midi  , 
on  trouve  deux  escaliers  ou  allées  découvertes,  rem- 
plies de  jets  d'eau  de  tous  côtés,  ôc  qui  conduifent  à 
une  grande  grotte,  appellée  la  grotte  du  déluge,  à 
caufe  de  la  quantité  d'eau  qui  tombe  de  toutes  parts 
fur  ceux  qui  font  entrés.  Vis-à-vis  il  y  a  une  autre 
grotte,  appellée  la  Galatée  :  elle  eft  bâtie  de  manière 
qu'elle  femble  menacer  ruine.  Toutes  deux  font  or- 
nées de  toutes  fortes  de  rocailles,  de  coquilles  rares, 
avec  des  rochers  feints ,  au  travers  desquels  on  voie 
courir  des  ruiffeaux  avec  àes  jets  d'eau  en  quantité. 
11  fort  d'entre  ces  rochers  un  Triton  qui  fonne  une 
conque  marine  ,  qui  fait  ouvrir  un  grand  rocher , 
d'où  Galatée  fort  ,  portée  fur  une  grande  coquille 
d'or,  tirée  par  deux  dauphins  qui  jettent  de  l'eau  par- 
la gueule  ;  ôc  dans  le  même  tems  on  voit  fortir  de 
deux  autres  endroits  deux  Nayades  dans  de  grandes 
coquilles ,  &  qui  fervent  de  cortège  à  Galatée.  La 
grande  grotte  eft  ornée  de  deux  tables  de  marbre  , 
dans  des  niches  de  même  matière ,  embellies  de  ro- 
cailles ,  ôc  d'autres  productions  marines  ,  qui  jettent 
l'eau  de  manière  qu'elles  repréfentent  des  fanaux 
de  cryftal  avec  des  lumières.  Le  fond  de  la  même  ni- 
che eft  orné  de  deux  arbres  ,  un  afbouzier  ôc  un 
houx,  fous  lesquels  on  voit  plufieurs  animaux  de 
bronze  qui  jettent  de  l'eau ,  ôc  deux  niches  de  mofaï- 
que  dorée  ,  dans  lesquelles  il  y  a  deux  harpies  dorées  , 
qui  jettent  une  grande  quantité  d'eau  ,  de  manière 
qu'elles  ne  manquent  jamais  de  mouiller  entièrement 
ceux  qui  fe  trouvent  à  leur  portée.  L'autre  côté  de  la 
grotte,  vis-à-vis  les  harpies  ,  eft  occupé  par  un  autre 
baffin  ,  où  il  y  a  un  enfant  qui  fe  joue  avec  une 
groffe   boule ,  comme  une    mappemonde  que    l'eau 


PRA 


PRA 


f 

* 


fait  tourner ,  &  à  fes  pieds   il  y  a  deux  canards  qui 
boivent. 

Un  côté  de  la  même  grotte  eft  occupé  par  l'appar- 
tement cks  bains.  Il  y  a  une  étuve  6c  une  chambre 
ornées  de  ftucs,  avec  de  grandes  fenêtres,  accompa- 
gnées de  miroirs  ,  qui  femblent  inviter  les  curieux  de 
s'approcher  ;  mais  fitôt  qu'ils  fe  font  approchés  ,  le 
plancher  leur  manquant  fous  les  pieds  ,  ils  fe  trouvent 
baignés  depuis  les  pieds  jusqu'à  la  téie.  Il  y  a  encore 
un  bafTm  de  marbre  rouge,  avec  une  petite  montagne 
artificielle  au-deflus ,  d'où  il  tombe  une  pluie  qui  eft 
reçue  dans  ce  baflln ,  orné  de  branches  de  corail ,  de 
limaçons,  de  nacres  de  perles,  6c  de  piufieurs  ani- 
maux rares.  On  a  pratiqué  trois  chambres  vis-à-vis  un 
baflln.  Dans  la  première  on  a  peint  le  ciel ,  que  l'on 
voit  au  travers  d'une  treille  dorée.  Une  grofle  éponge 
de  marbre  blanc  occupe  le  milieu  de  la  chambre:  elle 
eft  couverte  d'une  quantité  de  petits  animaux ,  de  ni- 
ches &  de  tanières,  de  coques  de  limaçons,  &  de 
branches  de  corail ,  qui  jettent  de  l'eau.  Le  pavé  eft 
de  petits  careaux ,  comme  ceux  de  Pétuve.  A  côté  de 
cette  chambre  on  a  placé  un  grand  vafe  antique  fous 
«ne  niche  d'épongé  6c  de  rocailles ,  au-deffus  de  la- 
quelle on  voit  un  pafleur  ,  avec  fou  troupeau  ,  cv  une 
Europe  ravie  par  Jupiter ,  qui  jette  beaucoup  d'eau 
par  la  bouche.  Neptune  par  deux  dauphins,  jettant 
aufli  l'eau  par  la  bouche  ,  elt  tour  auprès  ;  &  au-deflus 
il  y  a  un  fatyre  qui  prefle  un  outre,  d'où  il  fait  for- 
tir  de  l'eau.  II  eft  accompagné  de  deux  petits  fatyres , 
qui  jettent  auiîi  de  l'eau.  On  voit  enfuite  une  table  à 
huit  pans ,  avec  autant  de  cavités  pour  mettre  rafraî- 
chir les  liqueurs,  6c  un  plat  au  milieu.  Un  homme 
de  pierre  eft  à  côté  de  la  table.  Il  tient  un  baflln, 
8c  donne  à  laver  aux  conviés.  Un  peu  plus  loin  on 
trouve  des  moulins ,  que  l'eau  fait  tourner.  Elle  fait  en 
même  teins  marcher  de  petites  figures ,  chanter  des 
oifeaux  ,  mouvoir  une  figure  de  femme  ,  haute  de  plus 
de  quatre  pieds  ,  qui  ,  après  avoir  ouvert  une  porte 
grillée  ,  vient  ,  avec  fa  cruche,  puifer  de  l'eau  à  une 
fontaine  éloignée  de  piufieurs  pas.  Elle  y  trouve  un  pa- 
lpeur qui  joue  de  la  mufette ,  tourne  la  tête,  6c  donne 
les  tons  à  fon  inftrument  par  ce  mouvement.  La  fem- 
me ,  que  le  peuple  appelle  la  Samaritaine ,  s'en  re- 
tourne après  avoir  regardé  quelque  tems,  8c  referme 
la  porte  par  laquelle  elle  étoit  entrée.  On  voit  encore 
dans  le  même  lieu  une  fortereffe  attaquée  6c  défendue 
par  des  foldats ,  qui  battent  le  tambour ,  tirent  le  ca- 
non ,  6c  font  difFérens  mouvemens,  le  tout  par  le 
moyen  de  l'eau.  Il  y  a  des  foldats  qui  font  une  for- 
tie,  6c  qui  mouillent  d'importance  les  curieux. 

Sous  la  grande  grotte ,  6c  fous  les  escaliers  du  pa- 
lais ,  il  y  a  deux  niches  avec  des  (lames.  La  première 
eft  une  belette  ,  portée  par  un  ferpenr ,  avec  cette  in- 
feription  :  Amat  Vitloria  curam  ,  qui  étoit  la  devife  du 
grand  duc  François.  On  voit  dans  l'autre  niche  ces 
pêcheurs  ,  qui  fe  remuent  6c  fe  donnent  de  grands 
mouvemens  pour  tuer  des  grenouilles ,  qui  fe  cachent 
dans  l'eau  à  chaque  coup  qu'on  leur  porte  ,  &  qui 
jettent  de  l'eau  chaque  fois  qu'elles  reviennent  deflus. 

A  la  fortie  de  cette  grotte  on  trouve  un  grand  bou- 
lingrin ,  qui  environne  tout  le  palais  ,  avec  de  petits 
murs  propres  à  fervir  de  fiéges :  6c  de  grands  escaliers, 
par  lesquels  on  monte  au  parc  ,  qui  eft  orné  de  piu- 
fieurs belles  fontaines.  On  a  placé  entre  ces  escaliers 
la  ftatue  d'un  vieillard  ,  qui  repréfente  le  fleuve  Mu- 
gnone,  qui  fournit  l'eau  à  toutes  ces  fontaines.  11  eft 
dans  une  grotte ,  au  fond  de  laquelle  il  y  a  une  re- 
nommée ,  avec  fes  aîles  6c  une  trompette  d'or,  un 
dragon  qui  boit ,  6c  un  payfan  qui  tient  une  tafle. 
L'eau  fait  mouvoir  la  renommée  ,  qui  remue  fes  aîles , 
fonne  de  la  trompette ,  6c  remplit  la  tafle  du  payfan  ; 
mais  quand  il  la  levé  pour  porter  à  fa  bouche ,  le 
dragon  hauffe  la  tête,  la  met  dans  la  tafle,  6c  boit 
l'eau.  Il  y  a  une  autre  grotte  vis-à-vis  celle  de  la  re- 
nommée. On  y  voit  le  dieu  Pan  ,  qui  joue  du  fifflet  à 
fept  tuyaux  ,  qu'on  appelle  compogne  ,  ou  fifflet  de 
châtreur.  Il  fe  levé,  fe  tient  debout,  joue,  remue  la 
tête,  regarde,  6c  puis  fe  couche.  On  y  voit  encore 
une  feringue ,  qui  fe  change  en  roftau.  On  trouve 
enfin  au  bout  du  degré  de  cette  grande  grotte,   qui 


I    0  9 

elt  partagée  entant  d'autres,  une  grande  allée,  dont 
la  rempe  elt  fort  douce,  quia  de  part  &  d'autre  dé 
petites  cuves  ,  en  façon  de  fiéges ,  fur  lesquels  ,  de 
diftance  en  dillance  il  y  a  des  rafles  ou  petits  bailins , 
avec  de  petits  jets  d'eau  de  différentes  fortes ,  qui 
s'élèvent  fort  haut ,  fe  croifent ,  8c  forment  une  es* 
péce  de  berceau ,  fous  lequel  on  peut  fe  promener  à 
fon  aife  fans  crainte  d'être  mouillé.  Il  y  a  au  bout  de 
cette  allée  une  grande  pièce  d'eau  ,  avec  une  blan- 
chiffeufe  qui  prefle  un  linge,  &  en  fait  fortir  l'eau? 
elle  a  à   fon  côté  un  petit  enfanr  qui  pifle. 

En  reprenant  le  chemin  du  palais,  à  côté  de  la 
blanchiflcufe  ,  par  une  allée  d'arbres  ,  qui  font  beau- 
coup d'ombrage,  on  voit  trois  pièces  d'eau  en  ma- 
nière d'étangs ,  à  côté  desquels  il  y  a  un  bois  de  lau- 
riers ,  6c  au  milieu  le  mont  Parnaffe  avec  les  neuf 
mufes ,  le  cheval  Pégafe ,  8c  une  orgue  hydraulique 
que  l'eau  fait  jouer.  En  continuant  on  arrive  à  un 
grand  chêne  ,  au  pied  duquel  on  trouve  deux  esca- 
liers,  qui  conduifent  fur  un  terre-plein,  où  il  y  a 
une  très-belle  fontaine;  &  un  peu  plus  bas,  en  re- 
tournant au  palais,  une  petite  eflrade  carrée,  avec  une 
baluflrade  de  marbre  d'un  deflein  8c  d'un  goût  par- 
ticulier. C'eft  un  ouvrage  de  l'archirecte  Amanri;& 
il  y  a  un  baflln  au  milieu  ,  avec  cinq  figures  qui  jettent 
de  l'eau.  Celle  du  milieu  repréfente  un  payfan  qui 
raille  la  vigne  ,  dont  les  feps  jettent  quantité  d'eau* 
Le  théarre  eft  orné  de  quatre  troncs  de  lierre  ,  qui 
femblent  des  arbres  rompus.  Ils  ont  environ  dix  brafles 
de  hauteur,  6c  fur  chacun  on  voit  un  oifeau  de  diffé- 
rente espèce.  A  côté  il  y  a  une  cage  ou  volière  lon- 
gue de  cent  brafles  ,  6c  large  de  cinquante,  compo- 
fée  de  barres  de  fer  pour  foutenir  le  treillis.  Dans 
cette  volière  font  des  lauriers  de  lierres  ,  6c  autres 
arbres  toujours  verds ,  avec  une  fontaine  au  bout, 
&  une  infinité  d'oifeaux  de  toutes  les  espèces.  Au- 
deflus  de  cette  volière.  6c  à  côté  du  palais,  il  y  a 
un  jardin  de  fleurs  les  plus  belles  8c  les  plus  rares. 

On  a  placé  une  Salamandre  au  côté  droit  de  la 
blanchifieufe.  Elle  jette  de  l'eau  dans  une  espèce  de 
marais  d'une  grande  étendue.  11  y  a  tout  auprès  une 
horloge  ,  qui  marque  6c  fonne  les  heures  par  le  moyen 
de  l'eau.  Au-deflus  de  1  horloge  eft  un  globe,  qui  fait 
une  harmonie  comme  ceile  de  piufieurs  petites  clo- 
ches, avec  une  girouette  que  l'eau  fait  mouvoir.  Tout 
auprès  on  trouve  un  vivier ,  plein  des  poiffons ,  6c  en- 
fuite  une  petite  grotte  ,  avec  un  canal  d'eau  très  fraî- 
che ,  qui  fort  d'un  tonneau  de  marbre  ,  &  d'une  bon- 
teille,  qu'un  petit  fatyre  de  bronze  tient  à  la  main. 
Cette  eau  eft  excellente ,  mais  ceux  qui  en  veulent 
boire  font  baigne's  par  quantité  de  jets  d'eau ,  qui  ne 
paroiffent  point,  &  qui  femblent  n'attendre  que  CC 
fignal  pour  fe  montrer. 

On  trouve  un  peu  plus  loin  une  petite  grotte  ron- 
de ,  appellée  la  grotte  de  Cupidon  ,  parce  qu'il  y  en 
a  une  petite  ftatue  de  bronze  au  milieu.  Elle  eft  toute 
pleine  d'artifices  pour  baigner  ceux  qui  y  entrent  :  le 
pavé  ,  la  voûte,  les  murailles,  font  tous  pleins  de  jets 
d'eau.  Un  peu  au-delà  on  voit  un  théâtre  rond,  au  mi- 
lieu duquel  il  y  a  un  baflln  de  marbre,  fourenu  fur 
des  piedeftaux.  On  a  placé  fur  les  bords  du  baflîn  des 
coqs,  qui  jettent  l'eau  fur  ceux  qui  s'approchenr.  Ceux 
qui  veulent  fe  promener  dans  de  petites  routes  fore 
ombragées  trouvent  une  table  environnée  de  lauriers, 
6c  d'autres  arbres  toujours  vetds,  avec  des  fiéges  de 
pierre  pour  fe  repofer.  Ce  lieu  eft  orné  de  trois  fta- 
tues  de  marbre ,  dont  celle  du  milieu  repréfente  un 
payfan ,  qui  vuide  un  baril  dans  une  grande  urne  , 
fur  laquelle  il  y  a  des  bas  reliefs,  qui  repréfentent  la 
chute  de  Phaéton. 

En  voilà  aflez  pour  le  deflein  que  nous  avons  de  ne 
donner  qu'un  abrégé  des  merveilles  de  l'art  que  l'on 
voit  dans  ce  lieu  de  délices. 

PRATO-  MAGNO ,  campagne  d'Italie  ,  dans  le  Flo- 
rentin. Elle  paffe  pour  une  des  plus  belles  contrées  d'I- 
talie :  au  fil  eft-elle  très- peuplée.  Corneille ,  Ditl.  qui  cite 
Maty  ,  dit  que  cette  campagne  ,  que  les  anciens  nom- 
moient  Etritsci-Campi ,  eft  à  l'orient  de  Florence: cela 
eft  vrai.  Mais  ils  ajoutent  qu'elle  elt  environnée  presque 
de  tous  côtés  par  la  rivière  d'Arno  :  cela  eft  faux.  Si 
Tom.  IV.  Y  y  y  y  y  y  ij 


PRA 


109a 

Corneille  Se  l'on  guide  euffent  jette  les  yeux  fur  Tite- 
Live,  l.  2.1.  c.  3.  ils  auroient  vu  qu'il  donne  des  bor- 
nes plus  étendues  à  cette  contrée.  Elle  s'étendoit,  fé- 
lon cet  hiftorien  ,  depuis  Fez.uU  jusqu'à  Arretium., 
c'eft-à-dire,  depuis  Fiezzo'e  jusqu'à  Arezzo. 

PRATS  DE  MOLO ,  de  Moillo  ,  ou  de  Mou- 
liou  ,  petite  ville  de  France,  dans  le  Roufiîllon,  fur 
la  Tec  ,  au  milieu  des  montagnes,  Se  la  principale  place 
du  Val  Pir.  C'étoit  déjà  une  forrereffe  il  y  a  environ 
cinq  cens  ans.  On  la  nommoit  Forcia  de  Pratis  ,  Se 
elle  appartenoit  en  1231,  à  Nunio  Sanche  ,  comte  de 
Roufiîllon.  Aujourd'hui  une  pairie  de  cette  petite  ville 
eft  bâtie  en  amphithéâtre,  Se  la  paroiffe  cil  fur  la  hau- 
teur. L'églife,  qui  eft  fort  belle,  eft  presque  bâtie  fur 
le  modèle  de  Saint  Jean  de  Perpignan ,  excepté  qu'elle 
n'a  point  de  croifée.  Il  y  a  un  chemin  fous  terre , 
bien  voûté ,  pour  monter  de  cette  églife  au  château. 
Dans  le  bas  de  la  ville  il  n'y  a  qu'une  fimple  chapelle, 
où  le  commandant  fait  dire  la  méfie.  *  Longuerue  , 
Defc.  de  la  France,  part.  i.p.  224.  Piganiol ,  Defc.  de 
la  France  ,  t.  7.  p.  621. 

Louis  XIV  fit  fortifier  Prats  de  Molo ,  qui  peut 
palier  pour  une  place  très-forte ,  Se  des  plus  irrégu- 
lieres.  Elle  eft  ceinte  d'une  vieille  muraille,  avec  des 
tours  rondes  à  l'antique,  Se  quelques  petits  baftions 
«réguliers.  Du  côté  des  hauteurs  elle  elt  entourée  d'un 
foffé  fec  ,  dans  lequel  il  n'y  a  qu'une  demi-lune,  qui 
couvre  la  porte  par  laquelle  on  va  au  fort  de  la  Gar- 
de. L'autre  partie  de  la  ville  eft  fermée  par  la  rivière. 
Il  tombe  même  dans  cette  rivière  un  petit  ruiffeauqui 
enferme  la  ville  d'un  côté,  &  au  confluent  de  ces 
deux  eaux  eft  une  demi-lune,  couverte  d'un  petit  fofié 
fec ,  Se  d'un  chemin  couvert  qui  va  gagner  celui  de 
l'enceinte  qui  eft  fur  la  hauteur.  Le  fort  de  la  Garde 
a  été  confiruit  pour  s'emparer  d'une  hauteur  qui  com- 
mande la  ville.  Il  confifte  en  un  grand  ouvrage  à  cor- 
ne, de  la  conftruftion  du  maréchal  de  Vauban.  Il  eft 
couvert  par  une  demi-lune,  Se  entouré  d'un foffé  fec , 
qui  l'ifole  entièrement ,  Se  qui  eft  accompagné  d'un 
chemin  couvert  Se  de  fon  glacis.  Ce  chemin  couvert 
règne  jusqu'à  la  rivière  ,  Se  elt  défendu  par  deux  re- 
doutes pentagonales,  entourées  chacune  d'un  petit  fofTé. 
Il  y  a  à  la  tête  du  fort  de  la  Garde  ,  fur  une  hauteur , 
une  redoute  carrée ,  enrourée  aulfi  d'un  foffé  fec ,  Se 
couvert  du  côté  de  la  campagne  d'un  chemin  couvert 
Se  de  fon  glacis.  Le  fort  de  la  Garde  renferme  trois 
grands  corps  de  calérnes ,  la  maifon  du  gouverneur  , 
&  quelques  cantines. 

1.  PRATUM,  mot  latin  qui  fignifie  un  pré.  C'en: 
une  terre  qui  porte  de  l'herbe ,  dont  on  fait  le  foin , 
Se  qui  fert  au  pâturage.  Ce  nom  a  été  donné  à  quel- 
ques petites  contrées ,  Se  répond  au  Prato  des  Espa- 
gnols Se  des  Italiens.  On  a  appelle  Préau  un  petit  pré  , 
Se  ce  nom  s'eft  confervé  jusqu'à  préfent  dans  notre 
langue.  Quand  l'étendue  de  terre  en  pré  eft  grande, 
on  lui  donne  le  nom  de  prairie. 

2.  PRATUM-PALLIORUM  ,  lieu  de  la  Cilicie  , 
félon  Orrelius  ,  qui  cite  Guillaume  de  Tyr ,  /.  13.  c. 
ij.  &  \$.  c.  23.  Ce  lieu  éroit  au-deffous  de  la  ville 
Anabarzus. 

PRAUSI,  peuples  dout  parle  Strabon  ,  /.  4.  p.  187. 

mais  dont    il   dit  qu'il  ignore  la  demeure.  Il  dit  que 

Brennus  ,  qui  s'empara  de  Delphes ,  croit  appelle  Prau- 

fus  par  quelques-uns  ,  parce  qu'il  étoit  originaire  du 

pays  de  ces  peuples. 

PRAXIANA.  Voyez.  Prasiana. 

PRAXILUS,  ville  de  Macédoine,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PRAYA  ,  ville  de  Fi  fie  de  San  Jago  ,  au  fud-oucft 
de  Vifle ,  Se  au  fud-eft  de  la  capitale ,  dont  elle  n'eft 
qu'à  trois  lieues.  Latir.  feptent.  1 5  deg. 

Lorsque  Shet  ley  ,  Anglois  ,  prit  cette  ville  en  1 596  , 
elle  étoit  allez  jolie  ,  Se  le  fort  étoit  monté  de  fix  piè- 
ces d'artillerie  -,  aujourd'hui  la  ville  eft  peu  de  chofe , 
mais  le  port  eft  bon.  Il  coule  au  nord  de  la  ville  une 
petite  rivière  dont  l'eau  fe  confervé  long-tems  en  mer. 
Le  commerce  confifte  dans  les  beftiaux  ,  la  volaille  Se 
les  fruits  que  les  habitans  donnent  en  échange  de  vieux 
habits  Se  du  linge.  Ils  font  orgueilleux  ,  pareffeux  Se 
voleurs.  Cette  dispofiuon  au  vol  vient  de  leur  com- 


PRE 


merce    avec  les  pirates  qui  fréquentent   beaucoup  ce 
port.  *  Dampicr  ,  vol.  3.  p.  4. 

1.  PRÉ.  Voyez.  Pratum. 

2.  PRE  ,  abbaye  de  France,  dans  le  fauxbourg  du 
Mans.  C'eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  Saint 
Benoît ,  Se  le  plus  ancien  monaftere  de  la  province. 
L'églife  de  cette  abbaye  a  été  bâtie  par  faint  Julien , 
premier  évéque  du  Mans ,  Se  la  maifon  fondée  par 
faine  Innocent  ,  évêque  de  la  même  ville  ,  qui  y  mit 
des  religieufes  fous  !a  conduite  d'une  fainte  fille  , 
nommée  Adnette.  Il  y  a  trente  religieufes ,  Se  leur  re- 
venu eft  de  huit  mille  livres. 

1.  PRÉAUX.  Voyez.  Pratum,  ».  1. 

2.  PREAUX,  bourg  de  France,  dans  le  Perche* 
élection  de  Mortagne. 

3.  PRÉAUX,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou,  éle- 
ction de  la  Flèche.  C'eft  un  prieuré  dépendant  de 
l'abbaye  de  Marmoutier. 

4.  PREAUX,  bourg  de  France,  aux  frontières  du 
Berri  Se  de  la  Touraine  ,  près  de  l'endroit  où  l'In- 
drois  prend  fa  fource. 

5.  PREAUX,  paroiffe  de  France,  dans  la   Nor- 
mandie ,  avec  titre  de  baronnie  ,  Se  haute-juftice.  Elle 
eft  fituée  à  deux  lieues  au  nord-eft  de  Rouen,  près 
de  Blainville,  de  Martinville- fur-Ry  ,  &    du  prieuré 
clauftral  des  chanoines  réguliers  de  Beaulieu  ,  en  latin 
Pratellum.  Cette  baronnie  eft  d'un  revenu  fort  confi- 
dérable.  Les  bois  de  Préaux  s'étendent  jusqu'à  Derne- 
tal ,  à  demi-lieue  de  Rouen.  L'an  1 200 ,  Jean  de  Préaux, 
chevalier ,  fieur  Châtelain  de  Préaux ,  fonda  le  prieuré 
de  Beaulieu,  en  préfenec.  de  Gautier,  archevêque  de 
Rouen  ,  &  cette  fondation  fe  fit  en  la  forêt  de  Préaux. 
Préaux  eft  aufiî  le  nom  de  deux  paroiffes  Se  de  deux 
abbayes,  l'une  de  Bénédictins  ,   Se  l'autre  de  Bénédi- 
ctines ,  fituées  dans  le  diocèfe  de  Lifieux ,  à  une  grande 
lieue  de  Pont-Audemer ,  dans  un   vallon,  Se  près  de 
la  fource  d'un  ruiffeau  qui  y  fait  tourner  plufienrs  mou- 
lins. L'abbaye  de  Saint  Pierre  de  Préaux ,  SanSH  Pari 
Pratellenfîs  ,    eft  poffédée   par   les   Bénédictins  de  la 
congrégation  de   Saint  Maur  ,  Se  fut  bâtie    vers  l'an 
1055.  Elle  reconnoît  pour  fondateur  Onfroy  de  Vieil- 
les ,  baron  de  Préaux ,  feigneur   de  Pont  -  Audemer , 
comte  de  Meulan  Se  de  Beaumont  le-Roger.   L'églife 
conftruite  en  croix,  eft  belle,    complettc ,  Se  a  dix 
piliers  de  chaque  côté  dans  fa  longueur ,  avec  des  bas- 
côtés,  une  bonne  orgue,  Se  un  gros  clocher  en  façon 
de  dôme.  Le  chœur,  donc  les  (chaifes   font  neuves 
&  d'une  riche  menuiferie ,  eft  entièrement  couvert  de 
plomb.  Le  grand  autel  eft  affez  bien  doré ,  Se  la  facri- 
ftie  eft  fournie  d'ornemens  fort  propres ,  Se  d'argente- 
rie pour  le  fervice  divin.  Il  y  a  deux  châffes,  pofées 
aux  deux  côtés  clu  maître-autel ,  qui    renferment  di- 
verfes  reliques,  fans  celles  que  l'on  confervé  dans  le 
tréfor  de  l'églife  de  cette  abbaye  ,  qui  nomme  à  vingt- 
fix  cures ,  Se  entre  autres  à  celle  de  Notre-Dame  de 
Préaux  ,   Se  aux   quatre  cures  de  Pont-Audemer.  Elle 
fut  réformée  en   1650,   par  les  Bénédictins  de  la  con- 
grégation de  Saint  Maur.  Anfroy  Se  Gaufrid  en  ont  été 
les  premiers  abbés.  Ce  fut  la  femme  du  même  Onfroy 
de   Vieilles    qui    fonda  l'abbaye  de    Bénédictines  de 
Préaux  ,  fous  le  titre  de  Saint  Léger.   Leur  églife  eft 
affez  grande,  Se  a  fon  autel  ifolé,  beau  Se  fort  dé- 
gagé. Six  colonnes  de  marbre  y  portent  une  demi  cou- 
ronne impériale,  dont  les  branches  ouvertes  font  do- 
rées, ornées  Se   accompagnées  de  plufieurs  ouvrages 
de  fculptute.  Le  tabernacle  eft  aufiî  de  marbre.  L'ab- 
beffe  préfente  aux  trois  portions  de  la  cure  de  Saint 
Michel  de  Préaux;  Se  ces  trois  curés  font  les  fondrions 
curiales  à  l'alternative  par  femaines.  *  Mémoires  dres- 
fés  fur  les  lieux  en    1704. 

PREBELIS  ,  ou  Pr^ebeus.  Voyez.  Taures iuM. 

PRÉBENOIST,  Pratum  Benedkhim,  abbaye  d'hom- 
mes ,  en  France,  de  l'ordre  de  Cîteaux,  filiation  de 
Dalon ,  dans  la  Marche,  au  diocèfe  de  Limoges, 
fur  la  Creufe  ,  à  une  lieue  au  levant  d'été  de  Gueret , 
fondée  l'an  u 40  par  les  feigneurs  de  Marval ,  au- 
gmentée par  les  vicomtes  de  la  Bioffe  ,  dont  on  y 
voit  quelques  tombeaux  devant  l'autel.  Les  lieux  régu- 
liers fubfiflenr,  mais  avec  très-peu  de  religieux  :  c'eft 
fous  la  filiation  de  Pcntigny. 


PRE 


PRE 


l093 

PREBONITIS  ,  lieu  maritime,  fur  la  côte  d'Egypte  ,  verfes  branches  qui  ont  des  fources  différentes,  ex  fa 

au  voifinage  d'Alexandrie.  Ortelius ,  qui  cite  faim  Epi-  réunifient   enfin  dans  un  feul  lit  ,   à  quelques  'lieues 

phane ,  dit  qu'on  croit  que  c'etoit  la  patrie  de  lHeré-  au  defliis  de  Konigflxrg.  Elle  le  jette  près  de  cette  ville , 

fiarque  Valentin.  dans  le   Frisch-Haff.    *  Atlas  ,    Robert  de  Vaugondy\ 

PRECETIO.  Voyez.  Petovio,  And.  Cellarius ,  Defc.  Polonix,  p.  24. 

PRECHEUR  (lifle  du),  petite  ifle,  ou  rocher  de  PREGERN  ,   château   dépendant    de  l'archevêché 

l'Amérique  feptentrionale  ,  fur  la  côte  de  Lifte  de  la  de  Sahzbouig ,  dans  la  Carinrhie. 

Martinique.  Elle    a  été  ainfi   nommée  à  caufe  de  fa  PREGN1TZ ,  ou  Priegnitz,  comté  d'Allemagne, 

figure,  qui  représente  un  prédicateur  en  chaire.  Cette  qui  compofé  l'une  des  cinq   parties  de  la  Marche  de 

ifle  donne  fon  nom  à  une  paroifle  de  la  Martinique  ,  Brandebourg.  11  eft  au-delà  de   l'Elbe     fur    les  fron- 


8c  à  une  petite  rivière  qui  tombe  du  pied  de  la  mon- 
tagne Pelée. 

PRECI ANI ,  peuples  des  Gaules ,  dans  l'Aquitaine , 
du  côté  de  l'Espagne  ,  félon  Céfar ,  de  Bel.  Gai.  I.  3 . 
c .  27.  Les  S.anfon  dans  leurs  remarques  fur  la  carte  de 
l'ancienne  Gaule ,  difent  :  Les  modernes  donnent  des 
explications  bien  différentes  touchant  ces  peuples.  Nous 
croyons  que  le  meilleur  eft  de  corriger  Preciani  en 
Bzneami,  8c  d'eutendre  ce  mot  du  Bearn,  tant  que 
les  diocèfes  de  Lescar  8c  d'Oleron  peuvent  s'étendre. 
Que  s'il  faut  retenir  le  nom  Preciani,  nous  n'en  chan- 
gerons point  l'explication;  nous  l'entendrons  toujours 
du  Bearn ,  &  nous  dirons  que  le  Bearn  ayant  été  di- 
vifé  en  fix  parfans  ou  quartiers  ;  favoir  de  Pau  ,  de 
Vicuilh,  d'Oleron,  d'Oflau  ,  de  Navarrens  8c  d'Ortes: 
ces  parfans  tirent  leur  nom  des  Preciani. 

PRECIUS-LACUS  ,  lac  d'Italie.  Cicéron  en  parle 
dans  l'oraifon  pour  Milon,  c.  27.  Voyez.  Prillis. 

PRECOPIA  ,  Precopias,  ville  de  Turquie  ,  dans 
la  Servie,  fituée  fur  la  Morave ,  au  40  deg.  6  min. 
de  longitude  ,  8c  au  4$  deg.  20  min.  de  latit. 

PKECOPS.Voyez,  Perecop. 

PRECTEUM ,  ville  d'Egypte ,  félon  la  notice  des 
dignités  de  l'Empire.  Quelques  manuferits  portent  Pré- 
dis pour  Pretleum. 

1.  PRECY,  ouPreciacum  ,  bourg  de  France ,  dans 
le  Berri ,  élection  de  la  Charité.  II  y  a  des  mines  de 
fer  ,  qui  fonr  le  commerce  de  ce  lieu.  On  l'effime 
pour  les  ouvrages  de  ferrurerie ,  que  l'on  transporte 
à  Paris  par  la  rivière  de  Loire.  Le  feigneur  a  un  beau 
château  ,  avec  des  jardins  magnifiques. 

2.  PRECY  ,  bourg  de  France ,  dans  la  Bourgogne  , 
diocèfe  d'Autun.  C'elt  une  paroifle  fituée  en  pays  de 
plaines  8c  de  montagnes.  On  y  tient  plufieurs  foires 
par  an  -,  &  il  y  a  un  prieuré ,  dont  le  prieur  eft  curé 
primitif  du  bourg. 

3.  PRECY  &  Blaincourt  ,  bourg  de  France, 
dans  la  Picardie  ,  élection  de  Senlis. 

PREDA  (La),  bourgade  d'Italie,  dans  le  Modé- 
riois ,  fur  le  bord  du  Tafîbbio  à  la  droite ,  environ  à 
quatre  milles  au  nord  de  Rebecco ,  &  à  l'orient  de  Mon- 
te Caftagneto. 


tieres  du  Mecklenbourg.  Ses  principaux  lieux  font 


Perleberg, 
Havelberg , 


Witffock , 
Knks. 


*  Hubner ,  Geogr. 

PREGOLE,  rivière  de  Pologne ,  félon  Corneille, 
qui  cite  Davity.  Le  véritable  nom  de  cette  rivière  eft 
Prégol ,  8c  elle  court  dans  le  royaume  de  Pxufle ,  8c 
non  dans  la  Pologne.  V»yez,  Prégel. 

PREGOVILLAC,  bourg  de  France,  dans  la  Sain- 
tonge,  élection  de  Saintes. 

PRÉHY ,  Préy  ,  village  de  France  ,  dans  la  Cham- 
pagne ,  élection  de  Tonnerre.  C'eft  le  fécond  village 
du  diocèfe  d'Auxerre  ,  fur  la  route  de  Dijon  à  Tans» 
11  eft    à    trois  grandes  lieues  d'Auxerre,  8c  à  quatre 
de  Noyers,  fces  voyageurs  obfervent  que  c'eft  le  pre- 
mier village  fur  cette  route  dont  les  maifons  ne  font 
pas  couvertes  de  pierres  plates.  La  vallée  du  Vaucher- 
me  eft  une  lieue  au-deffous,  &  toute  couverte  de  bois 
taillis.  Elle  a  été  mal  à  propos  nommée  Vaucharlespar 
ceux  qui  ont    cru  que  c'étoit  près  de  Chablies  que 
s'étoit  donné  la  bataille  de  Fontenay  de  l'an  841.  Pré- 
hy  eft  mentionné  par  Heric ,  auteur  du  neuvième  fié- 
cle ,  en  Ces  miracles  de  faint  Germain  ,  fous  le  nom 
de  Pratdii.  Il  eft   appelle  Pradillum  dans   la  vie  de 
Heldric,  abbé   de  l'abbaye  du  même  Saint  Germain, 
à  qui  1  évêque  Heribert  en  donna  l'églife  vers  l'an  990. 
Les  notes  imprimées  fur  l'hiftoire  de  la    prife  d'Au- 
xerre ajoutent    d'autres  circonftances    fur   ce  village, 
p.  276.  +  L'Abbé  Lebeuj. 

PRE1LLE ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Anjou  ,  élection 
d'Angers. 

PREIVERNUM.  Voyez.  Privernum. 

PREIX ,  paroilTe  de  France ,  au  diocèfe  de  Toul , 
bailliage  de  Chaumonr.  C'eft  un  prieuré  régulier  de 
l'ordre  des  Prémontrés.  Labbé  de  Mureaux  en  eft  pa- 
tron. L'églife  paroilliaie  eft  fous  l'invocation  de  faine 
Didier. 

PREMERY  ,  ville  de  France,  dans  le  Nivernois, 
élection  de  Nevers.  Elle  a  titre  de  châtcllenic,  &  elle 
appartient  à  l'évéque  de  Nevers.  Il  y  a  dans  cette  ville 


PRE-D'OR  ,  en  allemand,  Goel-Dene-Axve  ,  con-     un  chapitre.  Le  terrein  des  environs  eft  en  plaine  ,  en 


trée  dans  le  cercle  de  Thui  inge  ,  en  Allemagne, 

1.  PREE  (  Le  fort  de  la),  forrerefTe  de  France, 
dans  rifle  de  Ré ,  au  gouvernement  du  pays  d'Aunis. 
Ce  fort  eft  un  carré  parfait.  Il  défend  l'entrée  du 
Permis  Breton,  8c  celle  d'un  petit  port. 

2.  PRÉE  ,  lieu  de  France  ,  dans  le  Berry  ,  élection 
d'Ifîbudun.  Il  y  a  dans  ce  lieu  une  abbaye  d'hommes. 
Voyez,  l'article  fuivant. 


trecoupée  de  quelques  hauteurs.  Il  y  a  beaucoup  de  bois , 
un  fourneau  8c  deux  forges. 

PREM1FAIT,  ou  Premierfait,  village  de  Fran- 
ce ,  dans  la  Champagne,  à  cinq  lieues  de  Troyes,  du 
côté  du  nord  ,  proche  la  petite  rivière  de  B.irbuife,  à 
deux  lieues  de  Mery-fur-Seine  Ce  nom  fmgulier  fe 
trouve  exprimé  en  latin  dans  une  carre  de  Jean  de 
Nanreuil ,  évêque  de  Troyes ,  de  l'an   1270  ,  par  Pri- 


.  PRÉE  ,  ou  la  Prée  sur-Arnon  ,  Pratea  fecus  mofaclitm.  Le  nom  de  ce  village  eft  mémorable,  nen 
Amonem ,  abbaye  de  France  ,  d.ms  le  Berry  ,  au  dio-  feulement  par  fa  fingulaiité ,  mais  encore  parce  que 
cèfe  de  Bourges.  C'eft  une  abbaye  d'hommes  de  l'or-     c'eft  celui  que   prenoit  un  célèbre  traducteur  des  an- 


dre  de  Cîteaux  ,  fille  de  Clairvaux.  Elle  eft  fituée  à 
dix  lieues  de  Bourges ,  fur  le  bord  de  l'A  mon.  Raoul , 
feigneur  d'Ifîbudun  &  du  Mareuil ,  commença  à  la 
fonder  &  à  la  faire  bâtir  en  1128,  &  la  mit  fous 
1  invocation  de  la  Sainte  Vierge  \  mais  elle  ne  fut  ache- 
vée que  vers  l'an  1 145.  On  y  honore  d'un  culte  par- 
ticulier fainte  Faufte  ,  vierge  &  martyre,  dont  on  con- 
ferve  quelques  reliques  dans  un  tombeau  de  pierre. 
Gauches  de  PafTac ,  feigneur  de  la  Croifette ,  8c  l'un 
des  bienfaiteurs  de  cette  maifon  ,  y  a  un  fort  beau  mau- 
folée.  L'abbaye  appellée  de  Bosdabert  ,  de  Boico-Da- 
goberù  ,  a  été  unie  à  celle  de  la  Prée. 

PRÉETZ  ,  abbaye  de  filles,  dans  la  Wagrie  ,  au 
duché  de  Holftein. 

PRÉGEL ,  rivière  du  royaume  de  Pruffc  ,  dont  elle 
arro(e  la  plus  grande  partie ,  étant  compofée  de  di- 


ciens  auteurs  en  langue  françoife ,  au  commencemenr 
du  quinzième  fiécle,  connu  fous  le  nom  de  Laurent 
de  Premierfaict ,  Clerc.  *  Recueil  de  divers  écrits  de 
Lebeiif,   1738  ,  t    2.  p.  2; 9. 

PREMIAN ,  feigneurie  royale ,  dans  le  Haut-Langue- 
doc ,  au  diocèfe  de  S.  Pons. 

PREMNIS  ,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte.  Stra- 
bon  ,  /.  17.  p.  820.  en  fait  une  place  fortifiée  par  la 
nature.  Voyez.  Piumnis. 

PREMNUSIA  ,  fontaine  de  l'Attique,  félon  Favo- 
rinus ,  Lexic. 

PRÉMOL,  Pratum  Molle  ,  chdrtreufe  de  filles  , 
dans  le  Dauphiné  ,  au  diocèfe  8c  à  deux  lieues  au  fud- 
eft  de  Grenoble. 

PRÉMONTr<.É,  Pr&monftramm ,  ou  Pr&monftra- 
tui  Lochs  ,  abbaye  régulière  ,  8c   chef  d'ordre  d'hom- 


} 


RE 


1094 

nies  en  France,  dans  la  Picardie,  au  diocèfe  Se  à 
trois  lieues  au  couchant  de  Laon  ,  à  quatre  au  nord 
de  Soi/Tons,  dans  la  forêt  de  Coucy.  Elle  efl  fkuée 
dans  un  vallon  marécageux  ,  &  fi  profond ,  qu'on  ne 
peut  la  voir  que  l'on  ne  (bit  à  la  porte.  Elle  occupe 
toute  la  profondeur  de  ce  vallon.  Ce  lieu  étoit  fort 
défert  au  douzième  fiécle.  Il  ne  s'y  tfouvoit  que  quel- 
ques refies  d'une  chapelle  abandonnée  par  les  religieux 
de  Saint  Vincent  de  Laon,  qui  ttoient  les  maîtres  du 
fonds.  Barthelemi,  évêque  de  Laon,  s'étant  accom- 
modé de  ce  fonds  avec  l'abbé  Se  les  moines  de  Saint 
Vincent,  marqua  ce  lieu  à  faint  Norbert,  Allemand, 
pour  qu'il  s'y  retirât  avec  fes  compagnons  en  11 19. 
Mais  faint  Norbert  ,  ayant  été  fait  archevêque  de 
Magdcbourg,  en  Allemagne,  fit  établir  en  fa  place 
fon  disciple  Hugues,  qui  fut  abbé  de  Prémontré  Se 
fupérieur  général  de  l'ordre.  Les  religieux  de  cette 
abbaye  font  commodément  logés,  mais  bien  éloignés 
du  commerce  des  hommes.  On  prétend  que  leurs 
revenus  montent  à  près  de  quarante  cinq  mille  livres. 
Cette  abbaye  eft  élective  &  en  régie.  *  Baïlltt ,  To- 
pographie des  Saints ,  p.  591.  Longiieruc ,  Defc.  delà 
France,  p.  19. 

PREMY  ,  abbaye  de  chanoines  réguliers  de  S.  Angu- 
fiin  ,  à  Cambray  ,  fauxbourg  de  Cantipré.Elle  fut  fondée 
en  faveur  de  quelques  dames  nobles  qui  voulurent  s'y  re- 
tirer ,  pour  fe  donner  entièrement  à  la  piété.  Ces  dames, 
après  avoir  reçu  la  bénédiction  de  Jean-Antoine,  évêque 
de  Cambray,  fe  fournirent  à  la  direction  des  religieux  de 
Cantipré,  qui  employèrent  tons  leurs  foins  à  leur  bâtir 
une  églife  Se  un  cloître  dans  le  voifinage  de  leur  abbaye. 
La  piété  y  fleurit  d'abord;  mais  le  relâchement  s'introdui- 
fit  bientôt  danscesdeux  maifons.Lcsregiftres publics  des 
cours  de  Cambray  font  pleins  des  hifioires  de  leurs 
defordres.  Mais  enfin  l'évêque  Jean  de  Béthune  ,  voyant 
que  ces  deux  abbayes  avoient  abandonné  les  bornes 
même  de  la  bienféance,  les  fépara,&  délivra  les  dames 
de  la  jurisdictiondes  abbés  de  Cantipré  vers  l'an  1214, 
Se  depuis  on  a  remarqué  qu'elles  ont  vécu  dans  une  piété 
très-parfaite.  Leur  monafiere  fut  détruit  de  fond  en 
comble  par  les  guerres  ,  fur  la  fin  du  quinzième  fiécle  , 
Se  elles  furent  contraintes  de  fe  retirer  dans  la  ville,  où 
elles  joignirent  quelque  tems  leurs  prières  avec  celles  des 
religieufesde  S  Lazare.  Elles  obtinrent  enfuitela  permis- 
fion  de  fe  domicilier  dans  le  cloître  des  Hiéronymiens  , 
ou  Guillemins ,  où  elles  vivent  aujourd'hui  dans  tous  les 
exercices  d'une  piété  confommée.  Les  Seigneurs  des 
maifons  d'Oify  ,  de  Couci  ,  de  Montmirail  ,  d'Ivri  ,  de 
Luxembourg  ,  Se  plufieurs  autres ,  font  reconnus  pour 
les  principaux  bienfaiteurs  de  cette  abbaye.  Son  revenu 
eft  cependant  aujourd'hui  afTez  modique.  *  Le  Carpen- 
tier ,  Hilt.  de  Cambray  ,  part.  2.  c.  14. 

PRENDAVESII ,  peuple  de  la  Dacie  ,  félon  Pto- 
lomée  ,  /.  3.  c.  8.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque 
Palatine ,  au  lieu  de  Prendavefiii  ,  lit  Predaven- 
fit. 

PRENETUM.  Voyez.  Pr^enetum. 

PRENEI ,  Preni  ,  ou  Perni  ,  Perniactts,  bourgade , 
chef-lieu  d'une  prévôté  ,  dans  le  pays  de  Scarponne  ou 
Charpaigne ,  entre  la  Meufe  Se  la  Mofelle.  Elle  n'eft 
point  du  Barrois  ,  mais  du  duché  de  Lorraine.  Le  duc 
Matthieu  I ,  ayant  offenfé  l'évêque  Etienne  de  Bar  ,  ce 
prélat  ,  aififté  de  fon  frère  Renaud  ,  comte  de  Bar  , 
attaqua  Preni  ;  Se  comme  il  étoit  prêt  de  le  prendre,  il 
fit  la  paix  avec  le  duc  Matthieu  ,  par  l'entremife  de  fon 
frère  Renaud.  Cet  évêque  vivoit  du  tems  de  S.  Ber- 
nard ,  qui  le  loue  comme  un  zélé  defenfeur  des  droits 
de  fon  églife.  *  Longue r ne ,  Defc.  de  la  France ,  part.  2. 
p.  147. 

PRENICUS-MONS ,  lieu  d'Italie  ,  dans  la  Ligurie 
félon  Ortelius  ,  Tbefaur.  qui  tire  une  ancienne  inferip- 
tion  confervée  à  Gènes. 

PllENSLOW,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Marche 
de  Brandebourg  ,  au  canton  d'Ukerrnarck,  dont  elle  eft 
la  capitale.  Cette  ville  ,  qui  eft  fituée  fur  le  lac  Ukerzée  , 
fut  enlevée  aux  ducs  de  Poméranie  en  1 224  par  l'électeur 
de  Brandebourg  Fridcric  I.  *  D'Audifret ,Géogr.  anc.  Se 
mod.  t.  3.  p.  329. 

PRENUSSUM.  Strabon ,  /.  ;.  p.  247  }  fa  quc  quei_ 
ques-uns  donnoient  ce  nom  au  promontoire  de  Minerve 


PRE 


en  Italie  ,  fur  la  côte  de  la  Campanie-,  mais  Cafaubon 
prétend  qu'il  y  a  faute  dans  cet  endroit  de  Strabon  ,  Se 
qu'il  faut  lire  Sirenujx,. 

PREPENESUS.  Voyez.  Pr^penissus. 

PREPESINTHUS.  Voyez.  Prjepesinthus. 

PREPICE.  Voyez.  Przypietz. 

PRERAU,  petite  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Mora- 
vie, fur  la  rivière  de'  Beczvya,  à  cinq  lieues  au  fud  eft 
d'Olmutz ,  Ôc  chef-lieu  d'un  cercle  de  même  nom. 

PRES  (les)  , abbaye  de  France  ,  au  diocèfe  d'Arias. 
C'eft  une  abbaye  de  filles  de  l'ordre  de  Cîteaux.  Elle  fut 
d'abord  fondée  auprès  de  Douay  ;  8c  depuis  elle  a  été 
transférée  dans  la  ville. 

PRES  EN-PA1L  ,  bourg  de  France  ,  dans,  le  Maine  , 
élection  du  Mans. 

PRESBOURG ,  ou  Poson  ,  Fofomum  ,  ville  de  Hon- 
grie, fur  la  rive  feptentrionale  du  Danube,  entre  Vienne 
Se  Comore ,  environ  à  égale  diftance  de  l'une  Se  de  l'au- 
tre ,  vers  le  48  degré ,  1  ;  min.  de  latitude  ,  Se  le  3  j  ,  30. 
min.  de  longitude.  Prefbourg  eft  une  ville  confidcrable  * 
quoique  d'une  petite  étendue  ;  elle  n'a  guères  que  mille 
toifes  de  circuit.  Elle  eft  d'une  figure  triangulaire  ,  dont 
les  côtés  font  inégaux  :  mais  fes  fauxbourgs  font  fort  éten- 
dus. Elle  a  été  btulée  plufieurs  fois,  en  IJIJ.IJÉJjIJJO, 
1 642,  &c.  Malgré lesnouveaux  édifices,  qu'on  a  élevés,  Se 
les  maifons  que  l'on  a  rebâties ,  on  y  appercoit  encore  de 
trilles  reftes  de  ces  incendies.  La  place  publique  eft  belle, 
&  on  la  peut  dire  grande,  eu  égard  à  la  petiteffe  de  la 
ville.  Elle  eft  ornée  de  deux  fontaines  Se  de  maifons  auiTt 
propres  &auîfi  bien  bâties ,  que  la  richeffe  des  Bourgeois 
a  pu  le  permettre.  On  n'y  compte  que  trois  églifes,  trois 
portes  ,  deux  faufies  pertes,  deftinées  à  faire  des  forties , 
en  cas  de  liège  :  mais  elles  font  ouvertes  tous  les  jours 
pour  la  commodité  du  public.  La  porte  de  S.  Michel  eft 
chargée  d'une  infeription  en  lettres  d'or  qui  contient  ces 
mots  :  Omne  Kegnum   in  feipfitm  dhnjum  defolabitur. 
Sentence  ,  qui  auroit  dû  ,  ce  femble  ,  empêcher  les  trou- 
bles de  la  Hongrie  ,  Se  apprendre  d'avance  aux  habitans 
les  trilles  fuites  de  la  divifion  ,  dont  l'expérience  ne  les  a 
que  trop  malheureufement  convaincus.  Prefbourg  eft 
entourée  de  foffés  ,  qui  d'un  côté  de  la  ville  font  fecs ,  Se 
de  l'autre  marécageux.  Ils  ne  font  ni  allez  profonds ,  ni 
affez  larges  ,  pour  mettre  la  ville  en  état  de  faire  une 
bonne  defenfe.  La  citadelle  ,  qui  eft  fituée  fur  une  élé- 
vation qui  commande  la  ville  ,  a  paru  fulfîfante  pour  la 
défendre.  Cette  fortereffe  eft    très-proprement  bâtie  , 
Se  chaque  angle  eft  flanqué  d'une  tour.  Celle  qui  eft 
du    côté   de    Vienne    efi    un    peu  plus    grande  que 
les  autres  ,   &  fort  à  garder   la    couronne    de  Hon- 
grie ,  depuis  que  le  fort  de  Plindebourg,  Se  la  ville 
de  Vicegrade ,  ont  été  pris  par  les  Turcs.  11  y  a  fept  fer- 
rures à  la  porte  de  cette  tour  ,  dont  les  clefs  font  gardées 
par  fept  feigneurs  de  Hongrie.  La  garde  de   la  cou- 
ronne Se  de  la  citadelle  appartenoit  autrefois  au  comte 
Palfy  ,  qui  en  eft  le  burgrave ,  Se  y  fait  fa  demeure  ;  mais 
la  fidélité  des  Hongrois  étant  devenue  fufpecte  dans  les 
dernières  guerres  ,  l'empereur  y  a  mis  un  commandant 
Allemand,  qui  a  fous  lui  cinquante  hommes  de  fa  na- 
tion. Le  burgrave  a  aufli  cinquante  hommes delafienne 
fous  lui,  de  façon  que  l'on  voit  aux  portes  les  gardes  mê- 
lées d'Allemands  &  de  Hongrois.  Cette  citadelle  eft  car- 
rée ;  mais  elle  e(ï  un  peu  plus  longue  que  large.  Le  côté 
expofé  au  midi  donne  fur  le  Danube  :  l'afpect  en  eft  par- 
faitement beau ,  Se  peut  avoir  quarante-cinq  toifes  de 
longueur ,  en  y  comprenant  le  mur  qui  communique  au 
coteau  voifin,  qui  eft  épais  de  fix  pieds ,  Se  percé  de  fix 
embrafures.  Le  côté  de  la  ville  eft  fortifié  d'un  double 
mur,  de  trois  rondes  ,  mais  peu  élevées,  Se  d'un  petit 
foffé  :  celui  qui  regarde  à  l'orient  eft  défendu  par  la  na- 
ture du  lieu  ,  Se  par  quelques  ouvrages  de  l'art.  Mais  le 
cote  qui  regarde  l'occident ,  qui  eft  commandé  par  quel- 
ques éminences,  n'eft  presque  point  fortifié  ,  n'y  ayant 
qu'un  très  mauvais  foffé  ,  &  des  paliffades  qui  le  cou- 
vrent, quoiqu'il  feroit  très-facile  de  mettre  cette  citadelle 
en  état  de  défenfe  de  ce  côté-là,  d'autant  que  l'éminence 
cfi  faite  de  manière  qu'elle  reffemble  à  une  demi-lune,  Se 
qu'elle  pourroit  faire  une  fortification  complctre  avec  le 
corps  de  la  place  pour  peu  que  l'on  fc  donnât  la  peine 
d'y  faire  travailler.  Toutes  ces  fortifications  n'ont  cepen- 


dam  point  éré  faites  fiiivant  les  règles  de  l'arc  ;  elles  ne  fe 
flanquent  point  les  unes  ôc  les  autres.  On  monte  a  cette 
citadelle  par  cent  quinze  marches  ,  qui  ont  chacune  un 
demi-pied  de  hauteur.  Au  milieu  de  ia  place  ,  on  voit 
un  puits  fort  profond,  percé  dans  le  roc,  dont  l'eau  vient 
du  Danube  ;  ôc  fur  les  coteaux  de  cette  même  forterefle  , 
du  côte  de  l'occident  Cv  du  feptennion  ,  il  y  croit  un  vin 
des  plus  excellens.  *  Tollii    epilt.  Itiner. 

La  ville  de  Preibourg  eft  la  capitale  du  comté  de 
Pofon  ,  le  fiége  d'un  archevêque  ,  &  la  demeure  d  un 
palatin  de  Hongrie-,  ce  Palatin  elt  un  vicaire  ou  lieu- 
tenant de  roi  ,  dont  l'autorité  elt  très  grande  ,  ôc  1  ar- 
chevêque elt  celui  de  Stngonie. 

Les  habitans  en  font  très-polis,  &  les  manières  de  vi- 
vre ,  ôc  la  propreté  des  maifons ,  ne  le  cèdent  en  rien  à 
celles  de  Vienne. 

On  voit  dans  les  environs  de  cette  ville  une  efpece  de 
béliers ,  dont  la  grolfeurdu  corps  ôc  la  beauté  descornes, 
qui  font  plufieurs  tours  fur  leurs  têtes ,  l'emportent  fnr 
ceux  que  l'on  voit  dans  les  autres  pays.  Les  bœufs  y  font 
auffi  d'une  grandeur  extraordinaire  :  &  jl  y  avoir  une  fi 
grande  quantité  de  bétail  de  toutes  efpcces  ,  avant  les 
guerres  civiles,  qu'il  arrivoi:  fouvent  qu'un  perede  famille 
demeurant  même  à  la  campagne  ,  ne  pouvoir  favoir  le 
nombre  de  celui  qui  lui  appanenoit.  Les  fruits  y  font  dé- 
licieux, les  bleds  abondons  ,  les  vins  excellens  ;  enfin  ce 
pays  pane  pour  un  des  plus  fertiles  de  l'Europe.  Malgré 
lotis  ces  avantages  ,  ce  pays  ne  laide  pas  d'avoir  fes  in- 
commodités. Toutes  les  eaux  de  puits  l'ont  mal  faines,  ôc 
l'on  ne  peut  boire  que  de  celles  de  fontaine  ou  de 
rivières  ;  encore  ne  font-elles  pas  toutes  bonnes.  Les  vins 
aulli  font  dangereux  :  ils  caufent  fouvent  la  pierre  ôc  la 
gtavelle  :  ils  font  mortels  aux  goutteux  ,  ôc  leur  farce 
eli  li  grande  ,  qu'ils  caufent  cette  maladie  ,  que  ion 
nomme  Fièvre  de  Hongrie. 

PRESCL1AS,  ouFreissas  ,  petite  ville  on  bourg  de 
France,  dans  l'Agenois ,  fur  une  petite  rivière  ,  qui  ,  quel- 
ques lieues  plus  bas,  va  fe  jetter  dans  la  Garonne,  au  port 
Sainte  Marie. 

PRESCOT  ,  bourg  d'Angleterre  ,  dans  la  province 
de  Lancaltre  :  on  y  tient  marché  public.  *  Etat  prèfent  de 
la  Grande-Bretagne  ,  t.  i. 

PRESIDII.  Voyez  au  mot  Stato  ,  l'article  Stato 

EELLI  PRESIDII. 

PRESLE  ,  bourg  de  PIfie  de  France  ,  dans  le  Soifibn- 
nois ,  fur  le  bord  méridional  de  la  rivière  d'Aisne  ,  un 
peu  au-defïïis  de  l'endroit  où  elle  reçoit  la  Veflc  ,  entre 
Soiflbns  ôc  Pont-Arcis.  C'eft  le  lieu  anciennement  nommé 
Tkufc  ,  dont  il  eft  parlé  dans  1  hiftoire  de  France ,  &  où 
Landry  ,  maire  du  palais,  gagna  la  fameufe  bataille  don- 
née entre  l'armée  de  Clôt  ai  îe  II ,  Roi  de  France  ,  fous  la 
tutelle  de  Frédégonde ,  fa  mère  ,  veuve  de  Chilperic  I , 
ôc  l'armée  de  Childebert ,  Roi  d  Auftrafie  ,  ainfi  que  l'a 
prouvé  Robbe  dans  une  diflerration  très-curieufe  fur 
Truec.  *  JailLt  ,  Atlas.  Corn.  Dict.  fur  les  Mém.  du 
tems. 

PRESPA  ,  ville  delà  Macédoine,  félon  Gregoras.  ciré 
par  Ortelius.  Cédrène  fait  auifi  mention  d'un  lieu 
ôc  d'un    marais   nommés  Prcspa  ,  près   de   la   ville 

ACHR.IS. 

PRESQU'ISLE.  Voyez,  l'article  Quersonnese. 

PRESS1GNE  ,  bourg  de  France,  dans  l'Anjou  ,  éle- 
ction de  la  Flèche. 

PRESS1GNY-LE-GRAND  ,  Preffimacum  ,  petite 
ville  de  France  ,  danslaTouraine,  furla  rivieredeClaife, 
dans  l'élection  de  Chinon.  On  l'appelle  Prefligny  le 
Grand  ,  pour  la  diftinguer  d'un  autre  lieu  de  même 
nom.  Il  y  a  un  château,  avec  un  petit  chapitre,  compofé 
de  fept  chanoines,  Ôc  une  feule  paroific  dans  la  ville  qui 
renferme  feulement  centquarie  vingt  feizefeux,  ôc  huit 
cens  habitans.  Cette  viik  a  donné  !c  nom  à  une  ancienne 
famille  ,  de  laquelle,  félon  du  Tillet  ,  étoit  Renaud  de 
Pieiïigny  ,  maréchal  de  France  ,  fous  le  roi  faint  Louis. 
*  Piganiol ,  Defcr.  de  la  France  ,t.y.p  6;. 

IRESSIGNY  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Fcitcu  , 
élection  de  Poitiers. 

2.  PRESSY  ,  PreJJîacum  ou  Patricimtm  ,  prieuré 
de  France  ,  dans  la  Bourgogne,  au  diocèfe  d'Aurun.  C'eii 
un  prieuré  conventuel  d'hommes  ,  de  l'ordre  de  faint 
Bwiioît.  Il  a  pour  auteur  ôc  pour  bienfaiteur  Echard  , 


PR 


Ï7 


lia 


très- riche  Seigneur  de  Bourgogne ,  qui  fit  préfent  au  mo- 
naftere  de  Fleury  ,  dans  la  même  province  ,  d  une  fort 
belle  métairie  qu'il -avoit  dans  le  territoire  d'Autun.  Ce 
pieux  fondateur  fut  inhume  a  Fleury  ,  auprès  de  l'éghfe 
de  Notre-Dame,  qui  elt  un  monafccie  que  les  religieux 
de  1  abbaye  de  Fleury  bâtirent  fur  le  terrein  de  cette 
même  métairie  ,  en  l'honneur  de  la  Sainte  Vierge  ôc 
de  faint  Benoit. 

PRESTAIN ,  ville  d'Angleterre ,  dans  le  Radnors- 
hue.  C'eft  une  ville  allez  grande  Ôc  bien  bâtie.Elleadroit 
de  marché:  on  y  tient  les  amfes.  *  Etat  préfent  de  la. 
Grande  Bretagne ,  t.  i .  p.  1 45-, 

PKLSTAN,  Voyez,  Prastia. 

PRESTOE ,  petite  ville  du  royaume  de  Danemarck 
dans  la  partie  méridionalede  l'iflede  Sclande  ,  vis-a-vis 
l'ifle  de  Mone.*  Hermamdei  Dania;  descript. 

PRESTON,  ville  d'Angleterre  ,  dans  le  Lancashire  , 

fur  la  Ribble.Ceft  une  des  principales  villes  du  royaume 

pour  fi  beauté  ôc  pour  fon  étendue.  Aufli  la  cour  delà 

chancellerie  delaprovince  ,  comme  province  Palatine  , 

fe  tient  en  cette  Ville ,  ôc  les  officiers  de  jufiiee  y  rendent. 

Ce  fut  près  de  cette  ville  que  l'armée  du  Prétendant 

fut  défaite  en  171  j.  Elle  elt  à  70  lieues ,  nord  -oueft  j 

de  Londres.  *  Etat  préje,.t  de  la  grande  Bretagne  ,  t.  1 . 

p.  81. 

PRETANICA;  c'eft  ainfi  qu'Etienne  le  géographe 
écrit  le  nom  de  la  Grande-Bretagne ,  &  il  appelle  les  ha- 
birans  Prœtani  pour  Britanni. 

PRETER-CAPUT-SAXI ,  nom  que  Pline ,  /.  y.  c.  5. 
dit  qu'on  donnoit  à  un  chemin  du  côté  des  Garaman- 
tes. 

FRETI,  Peuples  de  l'Inde,  au-delà  du  Gange  ,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  1 9. 

PRETFIG^U ,  pays  chez  les  Grifons ,  dans  la  ligue 
des  dix  jurisdictions  ,  au  nord-elt  de  la  communauté  de 
Davos.  Son  nom  eft  corrompu  de  Rhetigaw,  (  Rbttigofa) 
ôc  vient  de  celui  du  mont  Rhatico  ,  qui  s'étend  dans  tou- 
te la  longueur  du  pays ,  ôc  le  couvre  du  côté  du  Tirol. 
Le  Prettigaeu  eft  proprement  une  longue  vallée  ,  au 
pied  du  mont  Rhatico ,  anofée  dans  toute  fa  longueur 
par  une  rivière  nommée  Lanquart  ,  Langarus  ,  qui 
fort  du  fommet  du  Mont  Rhanico  ,  dans  un  lieu 
nommé  Seiex'-Rhœta  ,  derrière  la  valée  de  Monibel- 
lo  ,  ôc  qui  va  fe  jetter  dans  le  Rhin  ,  au  deflus  de 
Meyenfeld.  Ce  pays  eft  partagé  en  trois  grandes  com- 
munautés _,  qui  font  : 


Le  Cloître  ou  Klofter 


Cartels  ôc  Schiers. 


En  hiver  le  Prettigaeu  ,  qu'on  nomme  Regio  Rucantio- 
mm,  eft  presque  entièrement  fermé  parles  neiges  ,  & 
fouvent  les  avalanches  ou  éboulemens  de  neige,  Labina. 
y  caillent  de  grands  dommages.  Le  1  y  de  Janvier  1689  , 
il  s'en  fit  une  auprès  de  Saas.  Elle  s'étoit  détachée  du 
mont  Calmurre;  ôc  tombant  a\cc  un  fracas  horrible, 
elle  entraîna  une  partie  d'un  bois  ,  roula  avec  elle  quan- 
tité de  bois  ôc  de  pierres ,  alla  tomber  jusqu'au-delà  du 
Lanquart, renverfa  neuf  maifons  .  avec  plufieurs  étables, 
&  fit  périr  vingr  perfonnes.  Le  même  jour  il  s'en  fit  une 
autre  près  delà  ,  dans  le  Nollcnwald  ;  elle  renverfa 
157  maifons  &  étables,  tua  57  perfonnes,  ôc  en  bles- 
fa  plufieurs.  *  Etat  &  Dilues  de  la  Suijje  ,  t.  4. 
p.  76.  Ôc  78. 

PREi  fOT  ,  bourg  de  France  .  dans  la  Norman- 
die, au  diocèfe  de  Coûrances ,  élection  de  Carentan  , 
dans  un  canton  nommé  Batitois.  11  fe  tient  dans  ce  bourg 
un  marché. 

PREVESA,MVopo//V  Acbau,on  JcliaN'copolis ,  for- 
terefle de  l'Albanie,  fur  la  côte  du  golfe  de  Laria  ,  à  28 
lieues ,  nord-oueft  de  Lépante.  Elle  appartient  aux  Vé- 
nitiens. Cette  forrereffe  eft  fur  la  gauche .  en  entrant  dans 
le  golfe.  C'eft  la  fituation  de  l'ancienne  Nicopolis,  bâtie 
par  Argu!te,en  mémoire  de  la  victoire  qu'il  remporta 
fur  Marc  -A  moine.  Au  lieu  de  Prevesa  ,  quelques- 
uns  écrivent  Preventsa  ,  &  d'autres  la  Pretisa.  * 
Spon  ,  Voyage  de  Dalmatie  ôc  de  l'Archipel  ,  t.  1. 
p.  82. 

PREUILLE  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Maine  , 
éleeti  -n  du  Mans.  Il  y  a  dans  ce  bourg,  qui  n'eft  pas  fore 
confidérable  ,  une  collégiale.  Ce  ne  fut  d'abord  qu'une 


1096      PRI 


PRI 


ri 


confrérie  ,  fondée  en  1329  par  Pierre  de  Chclles  s  che- 
valier ,  feigneur  de  Lucé.  Depuis  ,  à  la  prière  de  Bri- 
gaud  de  Coe'sme  ,  &  de  Marie  de  Chelles ,  fa  femme  . 
cette  confrairie  fut  érigée  en  collégiale  ,  compofee  de 
cinq  prébendes.  *  Pigamol ,  Defcription  de  la  France  , 

t-5-V-469- 

1.  PREUILY ,  Pruilly  ,  Pnilliacum  ,  petite  ville  de 
France ,  dans  la  Touraine  ,  élection  de  Loches  ,  avec 
titre  de  baronnie.  Elle  eitfiruée  fur  laClaife,  &  elle  a  été 
pofTédée  pendant  plus  de  cinq  cens  ans  par  une  famille 
qui  porroit  le  nom  de  Preuilly ,  &  de  laquelle  étoit  Geof- 
froi  de  Preuilly  ,  qui  félon  l'opinion  commune  des  hi- 
floriens  ,  fut  le  premier  qui  mit  en   ufage  les  tour- 
nois en  Fiance  :  Hic  Gaitffridus  de  Prulliaco  Tornea- 
menta  z'stww,  dit  la  chronique  de  Saint  Martin  de  Tours. 
Ce  même  Geoffroi  de  Preuilly  fit    des  loix  pour  les 
tournois.  11  y  a  dans  la  ville  cinq  paroiflés ,  qui  com- 
prennent   trois    cens  foixante- dix-  neuf  feux  ,  ôc  mille 
cinq  cens  habitans ,  y  compris  ceux  de  la  campagne 
qui  dépendent  de  ces  paroiflés.  Le  feigneur  baron  de 
Preuilly  eft  en  cette  qualité  chanoine  honoraire, &  porte- 
étendard  de  l'églife  de  Saint  Martin  de  Tours.  11  affilie  à 
l'églife  avec  le  furplis  ôc  l'aumufle  fur  le  bras  gauche. 
11  fe  place  dans  une  des  ftales ,  du  côté  droit  du  chœur  , 
vers  le  grand-autel ,  au-deflous  du  doyen.  Dans  les  pro- 
cefHor.s  il  marcheentre  les  dignités  ôc  les  prévôts  de  l'égli- 
fe. La  juftice  de  Preuilly  s'étend  fur  vingt-quatre  parois- 
fes  ,  ôc  relevé    du  préfidial  de  Tours.   A  une  demi- 
lieue  de  la  ville  font  des  mines  de  fer  ,   dont  le  fei- 
gneur de  Preuilly  tire  un  revenu  confidérable.  *  Piga- 
riiol,  Defcription  de  la  France  ,  t.  7.  p.  66. 

2.  PREUILLY  ,  ou  Pruilly  ,  abbaye  de  France , 
dans  la  Touraine  ,  fur  la  rivière  de  Claye  ou  Claife  , 
à  deux  lieues  de  la  Rochepofay.  C'eft  une  abbaye  d'hom- 
mes ,  de  l'ordre  de  Saint  Benoît.  Elle  fut  fondée  en  1001 
par  Ecfroi  ,  feigneur  de  Preuilly  &c  de  la  Rochepofay. 
Le  revenu  de  l'abbé  cft  d'environ  quatre  mille  livres. 
Quant  aux  religieux  ,  ils  font  au  nombre  de  fept ,  con- 
formément à  leur  fondation  ,  ôc  ils  jouiffent  chacun  en 
particulier  des  offices  clauftraux  ,  ôc  tous  enfemble  de 
trois  mille  cinq  cens  livres  de  revenu.  *  Pigamol,  Defcr. 
de  la  France  ,  t.  7.  p.  20. 

3.  PREUILLY  ,  lieu  de  France \  dans  la  Brie ,  au  dio- 
cèfe  de  Sens ,  élection  de  Montereau-Faut-Ionne  ,  pro- 
che le  village  de  Montigny-Lencoup  ,  à  une  lieue  ou 
environ  du  rivage  droit  de  la  Seine.  11  y  a  en  ce  lieu  une 
abbaye  de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  aujourd'hui  poffédée  par 
les  Réformés.  Elle  fut  fondée  en  1116  par  Thibaud  , 
comte  de  Champagne.  Elle  paffe  pour  la  cinquième  mai- 
fon  de  tout  l'ordre,  ôc  elle  auroit  précédé  Clairvaux  Ôc 
Morimond  ,  fi  les  projets  du  fondateur  n'euffent  pas  fouf- 
fert  quelqu'interruption.  L'églife,  le  cloître,  le  réfectoire 
font  grands.  On  voit  devant  le  grand-autel  les  fépultures 
de  Gauthier ,  évêque  de  Chartres  ,  de  Jean  Chanlay  , 
évêque  du  Mans  .  au  treizième  fiécle  :  dans  le  cloître  le 
tombeau  d'Artaud ,  premier  abbé  de  ce  lieu ,  que  les  reli- 
gieux faluent  en  entrant  à  l'églife.  Dom  Martenne  loue 
beaucoup  les  charités  pratiquées  dans  ce  monaflere.  Il 
remarquedans  fonpremier  voyage  littéraire,  p.  81 ,  qu'ils 
n'ont  jamais  été  dans  le  befoin  depuis  que  S.  Pierre  de 
Tarentaife  en  eut  diflribué  aux  pauvres  tous  les  reve- 
nus, &  affiné  les  religieux  que  rien  ne  leur  manqueroit 
tant  qu'ils  feroient  charitables.  Les  ftatuts  du  chapitre  gé- 
néral de  Cîteaux  ,  de  l'an  1455"  ,  nous  apprennent  que 
ce  fut  vers  ce  tems-là  qu'il  commença  à  y  avoir  un  con- 
cours à  l'églife  de  Preuilly  ,  à  caufe  des  miracles  de  la 
fainte  Vierge.  *  Thef.  anecd.  t.  4. 

4.  PREUILLY-LA-VILLE  ,  bourg  de  France  ,  dans 
le  Berry  ,  élection  de  Blanc. 

PREVINQUIERES  ,  bourg  de  France  ,  dans  le 
Rouei-gue,  élection  de  Milhand. 

PflEUMERY.  Voyez.  Premery. 

PRE  VOISIN,  prieuré  de  France,  au  pays  de  Gex,& 
a  la  nomination  des  princes  de  Condé  ,  engagiftes  du 
pays  de  Gex.  Ce  prieuré  qui  eft  en  commende ,  vaut  dix- 
huit  cens  livres  de  rente. 

PRIBORN  ,  château  en  Siléfie  ,  dans  le  duché  de 
Brisg.  On  trouve  dans  ks  dépendances ,  quelques  car- 
rières de  marbre. 

PRLESUS  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète  ,  fclon  Etien- 


ne le  géographe.  Ortelius  croit  que  c'eft  la  même  que 
Tr&fus. 

PRI  A  M  AN,  ville  des  Indes ,  dans  l'ifle  de  Sumatra  fur 
fa  côte  occidentale ,  entre  Ticou  au  nord ,  ôc  Padang  au 
midi ,  à  l'embouchure  de  la  rivière  de  même  nom.  Cette 
ville  qui  dépend  du  royaume  d'Achem  ,  eft  allez  bien 
peuplée  ;  on  y  trouve  des  vivres  en  abondance.  Son 
commerce  eft  en  poivre. 

PRIAMI-PERGAMUM  ,  ville  de  l'Ane  Mineure  , 
dans  la  Tioade.  Hérodote  ,  /.  7.  n.  43  la  place  fur  le 
bord  du  fleuve  Scamandre. 

1.  PRIAMUM  ,  ville  des  Dalmates  :  Strabon,/.  7. 
p.  31J.  dit  que  ce  fut  une  de  celles  qu'Augufte  réduific 
en  cendres. 

2.  PRIAMUM  ,  ou  Priami-Urbs  ;  Arrien  ,  de  Ex- 
ped.  Alex.  /.  1 .  met  une  ville  de  ce  nom ,  aux  en- 
virons de  la  Phrygie,  ôc  ajoute  qu'elle  ouvrit  fes  por- 
tes à  Alexandre.  11  eft  auffi  parlé  de  cette  ville  dans  le 
troifiéme  concile  d'Ephèfe. 

TR1ANIEI ,  peuple  dont  fait  mention  une  médaille 
rapportée  dans  le  tréfor  de  Goltzius. 

PRIANTE.  Voyez.  Briantica. 

PRIAPI-V1LLA  ,  maifon  de  campagne,  en  Italie; 
dans  le  Latium.  Il  en  eft  parlé  dans  la  chronique  des 
papes ,  par  Onuphre  ;  ôc  elle  ajoute  que  le  pape 
Léon  V  étoit  né  dans  ce  lieu.  *  Ortel.  Thef. 

PR1AP1US-PORTUS  ,  port  de  l'ifle  deTaprobane. 
Ptolomée  ,  /.  7.  c.  4.  la  place  entre  Sindocanda  ôc  Anu- 
bingara.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque  Palatine  porte 
Pnapidis-Portus ,  pour  Priapius-Portus. 

1.  PRIAPUS  ,  ville  de  l'Afie  Mineure,  dans  la  My- 
fie,  félon  Strabon,  /.  1 3.  p.  587.  qui  la  place  entre  l'em- 
bouchure du  Granique  ôc  la  ville  Parium.  Pline ,  /.  4. 
c.  \x.  êc  l.  /.  c.  %x.  lui  donne  la  même  pofition.  C'é- 
tait une  ville  maritime  qui  tiroit  fon  nom  du  dieu 
Priape  qu'on  y  adoroit. 

2.  PRIAPUS ,  ifle  d'Afie ,  aux  environs  de  l'Ionie ,' 
félon  Pline  ,  /.  5.C.  31. 

PRIATICUS-CAMPUS,  canton  de  la  Thrace.Koy^ 
Briantica. 

TRIBUS.  Voyez.  PrYbus. 

PRIDANIC,  bourgade  d'Allemagne,  dans  la  Car- 
niole  ,  fur  la  rivière  de  Gurck  ,  vers  le  lac  de  Gzernick. 
Molet  prend  ce  lieu  pour  le  Pr&torium-Latobicorum. 
des  anciens. 

PRIENT,  ville  delà  Bithynie.  Il  en  eft  parlé  dans 
le  fixiéme  concile  de  Conftantinople. 

PRIENE  ,  ville  de  l'Afie  Mineure,  dans  l'Ionie, 
ôc  bâtie  en  même  tems  que  Myunte  ,  comme  on  le 
peut  voir  dans  Paufanias ,  Achaic.  c.  2.  Hérodote ,  /. 
1.  n.  142.  la  place  dans  la  Carie,  où  la  met  pareille- 
ment Ptolomée  \  ce  qui  ne  fait  pas  une  difficulté  ,  puis- 
qu'Hérodote  mer  parmi  les  villes  de  l'Ionie  toutes  cel- 
les de  la  Carie.  Mais  on  ne  peut  paffer  à  Ptolomée  de 
l'avoir  placée  dans  les  terres.  Tous  les  autres  géogra- 
phes la  mettent  fur  le  bord  de  la  mer ,  ou  du  moins 
près  de  la  côte.  Le  périple  de  Scylax  donne  deux  ports 
aux  habitans  de  Priene,  ôc  de  ces  deux  ports  il  y  en 
avoit  un  qui  étoit  fermé.  Paufanias ,  Arcad.  c.  24.  parle 
de  la  mer  qui  étoit  entre  Milet  ôc  Priene  ;  ôc  Denis 
le  Périégete,  verf.  825.  dit  que  le  Méandre  fe  jettoit 
dans  la  mer  entre  ces  deux  villes. 

Miletiim  inter  &fpatiofam  Prienem, 

Strabon,  /.  14.  s'explique  de  la  même  manière: 
Pojt  M&andrï  oftia  ,  dit-il ,  eft  Prienenfe  litus  -.Jupra. 
quod  ipfa  Priene  &  Mons  Mycale.  Par  le  mot  Jitpra  , 
il  femble  dire  que  Priene  étoit  dans  les  terres  ;  mais 
elle  ne  pouvoit  pas  être  beaucoup  éloignée  du  rivage  , 
puisqu'elle  étoit  bâtie  au  pied  de  la  montagne  Myca- 
le,  que  tous  les  géographes  placent  pioche  de  la  côte. 
Bias,  l'un  des  fept  fages  de  la  Grèce,  étoit  de  Priene. 
Outre  les  témoignages  de  Strabon  ôc  de  Diogene  La'er- 
ce ,  nous  avons  celui  de  Cicéron  ,  qui  fait  l'éloge  de 
ce  grand  homme  dans  fon  premier  paradoxe. 

PRIÈRES  ,  abbaye  régulière  d'hommes  de  l'ordre 
de  Cîteaux  ,  filiation  de  Buzay  ,  en  Bretagne  ,  au  dio- 
céfe  de  Vannes ,  à  l'embouchure  de  la  Vilaine  ,  fur  le 
bord  de  la  mer ,  dans  1a  paroifle  de  Bilair ,  que  par  cor- 
ruption 


PRI 


PRI 


l'Option  on  nomme  aujourd'hui  Biliers.  D'Argenrré, 
dans  fon  hiltoire  de  Bretagne,  dit  que  cette  abbaye  fut 
bâtie  en  1180,  pour  faire  prier  Dieu  pour  le  repos  des 
âmes  de  ceux  qui  faifoient  naufrage  fur  les  côtes  voi- 
fines.  Mais  cec  hiftorïen  fe  trompe  fur  l'année  de  la 
fondation  ;  car  il  elt  certain  qu'on  commença  à  bâtir 
cette  abbaye  en  i2jo,  &  qu'en  1252,  les  bâti  mens 
croient  achevés  ,  comme  il  paroît  par  les  Chartres  rap- 
portées dans  la  Fiance  Chrétienne  de  Sainte-Marthe. 
C'elt  Jean  I ,  duc  de  Bretagne  ,  qui  en  fut  le  fondateur; 
&  l'acte  de  fondation  elt  du  mois  de  Novembre  12;  2. 
L'abbé  jouit  de  18000  liv.  *  Figaniol ,  Defc.  de  la 
France ,  t.  ç.  p.  148. 

FRIETZWALCK  ,  cercle  ou  contrée  de  la  Marche 
de  Priegnitz  ,  dans  le  Brandebourg.  Il  eft  fur  la  Docm- 
nitz. 

PRILAPUM ,  lieu  fortifié .  dans  la  Thrace  ,  ou  dans 
la  Bulgarie ,  félon  Ortelius  ,  qui  cite  Glycas  ,  Grego- 
ras  ik  Cédrene.  Il  ajoute ,  que  dans  la  carte  de  la  Grèce 
par  Caftald  ,  ce  lieu  elt  appelle  Prileppo. 

PRILIS ,  lac  d'Italie ,  dans  la  Toscane  ,  appelle  au- 
jourd'hui il  Lago  de  Caftiglione.  Voyez,  au  mot  Cas- 
tiglione  ,  l'article  Lago  di-Castiglione.  C'elt  le 
même  lac  que  l'itinéraire  d'Antonin  appelle  Aprilis- 
Lacus,  Cicéron,  dans  fon  oraifon  pour  Milon  ,  nom- 
me ce  lac  Lcicus  Frelius.  Quelques  exemplaires  néan- 
moins portent  Lacu  Prctio;&c  d'autres  Lacu  Perelio; 
mais  Cluvier ,  îtul.  Amiq.  I.  1.  p.  474.  dit  que  Cicé- 
ron a  écrit  Lacu  Prelio ,  &c  que  de  fon  tems  les  Ro- 
mains donnoient  a  ce  lac  le  nom  de  Lacas  Preliuf, 
Du  tems  de  Pline ,  /.  3.  c.  y.  on  difoit  Prillis  ou  Pri- 
lis  \  depuis  quelqu'un  s'étant  fans  doute  imaginé  quel- 
que rapport  entre  ce  lac  Se  le  mois  d'Avril  ,  on  a  écrit 
Aprilis ,  à  moins  que  ce  changement  ne  foit  venu  de 
l'ignorance  ou  de  la  négligence  des  copiftes.  Voyez,  la 
remarque  de  Cluvier ,  hal.  Antia.  I.  2.  p.  474.  fur  le 
nom  Prille  ,  que  Pline  donne  à  ce  lac.  Je  me  conten- 
terai de  remarquer  ici  que  l'ifle  que  Cicéron, pro  Mi- 
lone  ,  dit  être  dans  le  lac  Prelius  ou  Prillis  ,  s'y  trouve 
encore  aujourd'hui.  Elle  elt  vis-à-vis  la  ville  de  Calli- 
glione. 

1.  PRIMA,  ville  d'Egypte ,  dans  la  ihébaïde,  fé- 
lon Ortelius ,  qui  cite  les  extraits  d'Olympiodore ,  faits 
par  Foiîîus,  C>d.  8. 

z.  PRIMA.  Kokc  Prote. 

PRIMA-JUSTINIANA  ,  nom  que  donna  l'empcs 
pereur  Juftinien  à  une  ville  appellée  auparavant  Achry- 
dus  ,  félon  Nicéphore  Callilte  ,  /.  17.  c.  28. 

PRIMAR.O  Voyez,  au  mot  Porto,  l'article  Por- 
to Primaro. 

PRIMASS'JS  ,  ville  de  l'Afie  Mineure.  Polybe  ,  /.  i£. 
chap.  10.  dit  que  le  roi  Philippe  la  prit  par  ltrara- 
gêrne. 

PRIMAUDIERE  (  La  )  ,  Fr'mauderia  ,  prieuré 
d'hommes  en  France,  de  l'ordre  de  Grammont,  dans 
l'Anjou  ,  an  diocèfe  d  Angers ,  à  une  lieue  au  levant  de 
Châteaubrianr ,  fur  les  confins  de  la  Bretagne  ,  dans  la 
forêt  de  Juvigné.  Il  fut  fondé  l'an  1 207 ,  par  Geofroi , 
feigneur  de  Châteaubriant  ,  &  par  Guillaume  de  la 
Guerche ,  feigneur  de  Pouancé.  Ce  prieuré  vaut  2000 
liv. 

PRIMEL ,  paroi.Te  de  France,  dans  le  Berri ,  éle- 
ction d'Iffoudun.  Un  gentilhomme,  de  la  province  de 
Berri  ,  donna  la  feigneurie  de  cette  paroiffe  à  fainte 
Bertoard  ,  abbeffe  de  Notre  Dame  des  Sales,  dans  le 
tems  que  cette  abbaye  étoit  encore  occupée  par  àes 
filles ,  la  dixième  année  du  règne  du  roi  Gontran. 

PRIMIS.  Voyez,  Primnis. 

PRIMKENÀU,  ou  Primnikau,  dans  le  duché  de 
Glogau  ,  en  Siléfie.  Il  y  a  beaucoup  de  papeteries  &C 
de  forges. 

PRIMLAU.  Voyez.  Primuliacum. 

PRIMNIS,  ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte  ,  félon 
Pline  ,  /.  6.  c.  29.  qui  dans  un  autre  endroit  écrit  Pri- 
mis.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  7.  écrit  aum  Primis  ,  lui  don- 
ne le  furnom  de  Grande  ,  Se  la  met  fur  le  bord  orien- 
ralduNU, après  Pfelcis.  Il  y  a  apparence  que  c'elt  la  mê- 
me ville  que  Strabon ,  /.  17.  p-  820.  appelle  Premnis  ; 
Sr  c'elt,  félon  le  père  Hardouin  ,  la  Prima  d'Olympio- 
dore. 


IO97 

PRIMNESIENSES.  Voyez,  Prymnesia" 
PR1MOPOL1S,  fiége  épiscopal ,  dont  fait  mention 
le  concile  de  Chalcédoine.  Il  paroit  que  ce  iiége  érois 
dans  l'Afie  Mineure.  C'elt  du  moins  le  fentiment  d'Or-» 
telius.  Le  père  Hardouin  donne  cet  éveché  à  la  féconde 
Pamphylie  ,  &  cite  Triboniaruts  ,qui  aflilta  en  qualité 
d  evéque  de  cette  ville  au  concile  d'Ephèfe  ,  tenu 
l'an  431.  *  Hardu'm.  Collect.  conc.  tom.  1.  pag. 
1426. 

PRIMORIA-INFERIORE  ,  contrée  de  la  Dalma- 
tie,  fous  l'obéiflance  des  Vénitiens.  Elle  s'étend  le  long 
de  la  rivière  Cettina  ,  qui  la  borne  à  l'orient  Se  au 
nord.  Elle  a  au  midi  le  canal  de  Brazza,  Se  a  locci- 
dent  la  terre  de  Clilla.  *  Coronelli ,  Carte  de  la  Dal- 
matie. 

PRIMORIA-SUPERIORE,  contrée  de  la  Dalma- 
tie.  Elle  eft  fituée  le  long  du  canal  de  Brazza,  Se  de 
celui  de  Liesma,  depuis  la  rivière  Cettina  jusqu'auprès 
de.  Pono  Tolaro  ;  mais  elle  n'avance  pas  beaucoup 
dans  les  terres ,  étant  bornée  par  les  provinces  Radobi- 
glia  Se  Zagold.  *  Coronelli ,  Carte  de  la  Dalmatie. 

PRIMULIACUM,  lieu  de  la  Gaule,  ou  faint  Sul- 
pice  Severe  avoit  bâti  une  églile  ,  félon  faint  Paulin  , 
dans  fa  onzième  lettre  aii  même  Sulpice  Severe.  Bail- 
let,  dans  fa  Topographie  des  Saints ,  p.  649.  dit  que 
Primuliacum  eft  le  mont  Primlau  ,  en  Aquitaine. 

PRINCESSE  (  La)  ,  petite  rivière  de  l'Amérique 
feptentrionale.  Elle  elt  remplie  de  rofeaux,  &  fe  jette 
dans  la  rivière  aux  Vaches. 

PRINCIPAUTË-CITERIEURE,  province  d'Italie  » 
au  royaume  de  Naples.  Elle  faifoit  autrefois  partie  de 
la  principauté  de  Capoue  ,  &  aujourd'hui  elle  fait  par- 
tie de  la  Terre  de  Labour.  Elle  elt  fituée  le  long  de 
la  mer  ,qui  la  borne  au  midi  Se  à  l'occident  ;  entre  la 
Principauté -Ultérieure  au  nord  ,  &  la  Bafilicate  à 
l'orient.  Sa  largeur  du  nord  au  fud-eft  d'environ  cin- 
quante milles ,  8c  fa  longueur  du  nord-eft  au  fud-eft 
de  foixante  Se  quinze  milles.  Ses  principaux  lieux 
font  : 

Saierne,  Capaccia, 

Cava ,  Campagna , 

Minuri  ou  Minori ,  Evoli , 

Amalfi ,  Caggiano, 

Scala,  Satriano , 

Ravello  ,  Marfico,  ou  Marfio  Nuovo  » 

Lettere ,  Policaltro , 

Nocera,  Le  cap  de  Palinurc, 

Sarno ,  Caltellamaie-della-BrucCa 

Acerno ,  Cafiellaraare  di  Stabia. 


PRINCIPAUTÉ -ULTERIEURE  ,  province  d'Ita- 
lie, au  royaume  de  Naples.  Elle  faifoir  autrefois, 
comme  la  Principauté  Citérieure ,  partie  de  la  princi- 
pauté de  Capoue.  Elle  peut  avoir  du  nord  au  fud  en- 
viron trente  milles ,  Se  près  de  cinquante  milles  de  l'eft 
à  l'ouclt.  Ses  bornes  font  au  feptentrion  le  comté  de 
Moliffe  &  la  Capitanate  ;  la  Principauté-Citérieure  au 
midi  ;  la  même  Capitanate  ôc  la  Bafilicate  à  l'orient, 
ce  la  Terre  de  Labour  propre  à  l'occident.  Ses  prin- 
cipaux lieux  font: 


Bénevent , 

Monte*  Foscolo  , 

Ariano  , 

Trevico  ou  Vico  ,  della- 

Baronia, 
Cedogna , 
Bifaccia  , 
Santa  Agatha  de  Goti  , 


Monte-Verde  - 
San   Angelo    de 

Lombardi , 
Fricenti , 
Nusco , 
Conza , 
Volturara,  ' 
Tripaldi  ouTripaîda. 


PRINCIPIS-INSULA  ,  ifle  de  la  Propontide.  II  en 
elt  parlé  dans  les  conflit  ruions  de  l'empereur  Emma- 
nuel Comnéne ,  Se  Ortelius  ,  qui  cite  Niceras ,  dit 
qu'elle  étoit  voifinc  de  Conltantinople. 

PRINISTA,  ville  dont  il  elt  fait  mention  dans  les 
conftitutions  des  empereurs  d'Orient.  Ne  feroit-cs 
point ,  dit  Ortelius,  la  même  que  Pronifta  ? 

-PRINISTUM.  Voyez.  PRyENEsrE. 

Tom.  IV.  Zzzzzz 


PRÏ 


î  098 

PR1NON  ,  lieu  de  l'Arcadie  ,  félon  Paufanias ,  /.  8. 
c.  6. 

PRINOESSA,  ine  fur  la  côte  de  l'Epire,  Pline, 
/.  4.  c.  1 2.  la  met  au-devant  de  l'ifle  Leucade. 

PRIOLA  ,  ville  qu'Etienne  le  géographe  place  au 
voifinage  d'Héraclée  j  mais  il  y  a  eu  bien  des  villes 
nommées  Béiac-lées  j  c'eft-là  l'embarras. 

1 .  PRION  ,  fleuve  del'Arabie-Heureufe.  Ptolomée  , 
/.  6.  c.  7.  le  place  dans  le  pays  des  Adramites  ,  an 
voifinage  du  mont  Prionoius,  Quelques  cartes  moder- 
nes nomment  ce  fleuve  Prim. 

1.  PRION  ,  fleuve  de  l'Inde,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe ,  qui  le  met  dans  le  pays  des  Chadramoti- 
tes. 

3.  PRION,  nom  d'une  montagne  que  Pline,  /.  ;. 
r.  5*1  dit  être  dans  l'ifle  de  Ceos. 

4.  PRION,  colline  au  voifinage  de  la  ville  d'Ephè- 
fe.  Scrabon,  /.  14.  p.  634»  dit  qu'on  la  nommoit  aulii 
Lepreacta.  Elle  commandoit  la  ville,  félon  la  remar- 
que de  Cafaubon  fur  cet  endroit  de  Strabon. 

5.  PRION  ,  lieu  d'Afrique,  au  voifinage  de  Car- 
thage  ,  fclon  Polybe ,  /.  1 .  n.  85. 

6.  PRION  ,  lieu  de  l'Afie  propre,  près  de  la  ville 
de  Sardis.  Polybe,/. 7.  n.  4.  nous  apprend  que  c  étoit 
une  colline  qui  joignoit  la  citadelle  avec  la  ville. 

1.  PRIONOTUS,  montagne  d'Ethiopie,  fous  l'E- 
gypte. Elle  étoit,  fclon  Ptolomée,/.  4.  c.  7.  au  voi- 
finage du  promontoire  Bazium. 

2.  PRIONOTUS,  montagne  de  l'Arabie  Heureufe. 
Ptolomée ,  /.  6.  c.  7.  la  place  au  pays  des  Adramites  , 
entre  le  village  Mœtbath,  ik.  l'embouchure  du  fleuve 
Prion. 

PRIOR  (Cap de) ,  en  Espagne,  dans  la  Galice  ,  en- 
tre les  caps  de  Finiftere  &  d'Ortegal.  *  Carte  de  Bellin, 
Atlas,  Robert  de  Vaiigondy. 

PRIOTISSA,  Castel  Priotisa  ou  Priotiza  » 
bourgade  de  l'ifle  de  Candie ,  fur  la  côte  méridionale 
de  l'iAc  ,  entre  le  cap  de  Pirono,&  celui  de  Malata , 
à  l'embouchure  du  fleuve  Malogniti  à  la  gauche.  Quel- 
ques-uns croient  que  c'eft  l'ancienne  Pblychium.  *  Cor- 
neille ,  Carte  de  l'ifle  de  Candie. 

On  attribue  mal  à  propos  cet  article  à  Corneille 
qui  parle  bien  autrement  :  Pi iotifla  ,  dit-il,  petite  ville 
(  il  fe  trompe  ,  c'efl  une  bourgade)  au  midi  de  Can- 
die, fur  la  côte  méridionale  ,  près  du  cap  de  Matala, 
&  non  pas  Malata  qui  eft  une  faute.  11  ne  parle  pas 
de  l'ancien  nom.  C'efl  Niger  qui  prétend  que  les  an- 
ciens ont  connu  ce  lieu  fous  le  nom  de  Pfychium , 
&  non  pas  Phlychium ,  mot  inconnu  à  toute  l'anti- 
quité. Corneille  croit  au  contraire  qnc'PJychium  eft 
l'ancien  nom  de  Castel  Sfachta. 

PRIPET.  Voyez.  Przypietz. 

PRISCILLE  (  Le  Cimetière  de)  ,  PriscilU  Cœmcte- 
r'uim  ,  près  de  Rome. 

1.  PRISCINIACUM,  aujourd'hui  Pressigny,  ou 
plutôt  Persieu,  lieu  dans  le  Lyonnois ,  fur  les  limi- 
tes du  Mâconnois ,  ou  plutôt  de  la  Erefle  &  de  la 
Souveraineté  de  Dombes  ,  près  de  la  rivière  de  Chala- 
rine ,  &  du  ruifleau  de  Bief  ou  Bieu.  C'eft  le  lieu  de 
ï'aflaflinat  de  faint  Didier  de  Vienne.  D'autres  préten- 
dent que  le  Friscimacum  eft  préfenrement  Biiniais, 
fur  la  rivière  de  Garon  ,  au-delà  de  Lyon  ,  mais  l'hi- 
ftoire  du  faint  y  eft  contraire.  *  Baillet ,  Topogr.  des 
Sr.inr   .  p.  649. 

1.  PRISCINIACUM,  aujourd'hui  Prescignv,  village 
«Se  folitude  en  France  ,  dans  le  Berri ,  fur  le  Cher, 
près  du  confinent  de  la  Saudre.  C'eft  le  lieu  de  la  re- 
traite de  faint  Eufice.  *  Baillet ,  Topog.  des  Saints,  p. 
64c. 

3.  PRISCINIACUM  ,  lieu  de  France,  dans  la Tou- 
raine ,  fclon  Ortelius ,  qui  cite  la  vie  de  faint  Ni- 
cot. 

4.  PRISCINIACUM  AD  CALARONAM.  Voyez. 

PRISCINIACUM  ,  -,!.    I. 

1.  PRISDENP.  Covneillc,  qui  citeDavity  ,  dit  que 
Frisdcr.e  eft  une  ville  de  Servie  ,  fur  le  lac  d'Eizire  , 
cV  que  c'efl  le  pays  de  Pcinr-ercur  Juftinien.  Autant  de 
fautes  que  de  mors  On  voit  bien  que  par  Prisdcnc  Cor- 
neille, ou  plutôt Davity,  fon  guide  ,  entend  Fiincrid  , 
ville  qui  porta  le  nom  de  l'empereur  Juftinien,  &  par 


PRI 


le  lac  d'Eizire ,  il  veut  parler  du  lac  d'Ocrida.  Mais 
Prisrend  n'eft  point  fur  un  lac ,  &  le  lac  d'Ocrida  n'eft 
point  dans  la  Servie  -,  d'ailleurs  Prisrend  n'étoit  point 
la  patrie  de  Juftinien.  Voilà  l'affaire.  Davity  voyant 
une  ville  de  la  Servie ,  qui  portoit  le  nom  de  l'empe- 
reur Jnltinien,  a  jugé  fans  autre  examen  que  c'étoit  la 
patrie  de  ce  prince  \  &  comme  il  favoit  que  la  patrie 
de  Juftinien  étoit  proche  du  lac  d'Ocrida ,  autrefois 
Lychnidus  ,  il  a  transporté  ce   lac  dans  la  Servie,   &C 
ainfi  de  deux  lieux  bien  différens ,  il  n'en  a  fait  qu'un. 
Corneille  a  fait  pis  -,  car  après  avoir  adopté  les  fautes 
de  Davity  ,   il   va    prendre    encore    dans  Maty  une 
ville  de   Prisrendi ,  &  en  fait  un  article  diftérenr  de 
celle  de  Prisdene.  Voici  ce  qu'il  falloir  dire  pour  parler 
jufle. 

2.  PRISDENE  ,  Prisrend  ,  ou  Prisrendi  ,  ville 
des  états  du  Turc ,  en  Europe  ,  aux  confins  de  la 
Servie  ,  de  la  Macédoine ,  &  de  la  Haute-Albanie  , 
dans  l'endroit  où  le  Drin  Blanc  reçoir  une  petite  ri- 
vière, qui  vient  des  montagnes  voifines  du  côté  de 
l'orient.  Les  anciens  la  nommoient  Ulpianum ,  ou  Ul- 
piana-Urbs ,  &  quand  l'empereur  Juftinien  l'eut  réta- 
blie ,  il  lui  donna  fon  nom  ,  &  l'appella  Jujiiniana 
fecunda.  Voyez.  Ulpianum.  A  l'égard  de  la  patrie  de 
l'empereur  Juftinien ,  ce  n'eft  pas  à  Ulpianum ,  Jufti» 
Hiciint  féconde ,  ou  Prisrend  ,  qu'il  faut  la  chercher  j 
mais  plus  bas  fur  le  Driilo  ,  aujourd'hui  le  Drin-Noir, 
dans  l'endroit  où  étoit  la  ville  nommée  Taurefîum. 
C'eft  de  cette  ville  Taurefîum  que  ce  prince  tiroit  fa 
naiflance,  comme  nous  l'apprend  Procope  ,  c.  ï.  au 
quatrième  livre  des  édifices.  Voyez,  Tauresium.  * 
Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PRISDRIANA,  ville  aux  environs  de  la  Bulgarie, 
félon  Ortelius ,  qui  cite  Curopalate.  Je  ferois  fort  ten- 
té de  croire  que  Prisdiana  eft  la  ville  de  Servie,  qu'on 
appelle  aujourd'hui  Prisrend.  La  Bulgarie  s'eft  éten- 
due autrefois  jusques-là,  &  même  bien  au-delà. 

PRISREND.  Voyez.  Prisdene  &  Prisdriana. 

PRISSEY  ,  village  de  France  ,  dans  la  Bourgogne  $ 
c'eft  une  châtellcnie  royale  du  bailliage  de  Mâcon  : 
elle  eft  aufli  du  diocèfe.  Cette  paroifle  eft  fituée  par- 
tie en  montagnes  ;  la  petite  rivière  de  Grosne  y  pafle. 
Il  y  a  beaucoup  de  vignes  ■■,  les  hameaux  de  Chevi- 
gnes ,  Collonges ,  Montagni  ,  Mouy  ,  Bouteanx ,  8c 
Saumeré  en  dépendent.  Ce  dernier  eft  alternativement 
de  Prifley  ,  Se  de  Saint  Sorlin.  L'évêque  de  Mâcon  eft 
gros  décimateur  de  Prifley.  On  tient  par  tradition  dans 
ce  pays  que  ce  lieu  s'appelloit  autrefois  Jerico.  L'égli* 
fe  paroiifiale  d'aujourd'hui  étoit  autrefois  celle  d'un 
monaftere  de  religieufes.  Au  couchant  de  cette  paroiffe 
eft  la  montagne  du  Tillet,  fur  laquelle  eft  l'hermita- 
ge  de  Saint  Claude ,  auquel  il  y  a  concours  le  jour  de 
la  fête.  *  Mémoire  drcjfé  fur  les  lieux. 

PRISTA  ,  ville  de  la  féconde  Mœfie.  Il  en  eft  parlé 
dans  la  notice  des  dignités  de  l'Empire  ,fetl.  19.  Voyez. 
l'article  Tirista. 

PRISTINA  ,  ou  Prestina  ,  ville  des  étas  du  Turc  , 
en  Europe  ,  dans  la  partie  orientale  de  la  Servie ,  aux 
confins  de  la  Bulgarie.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugon- 
dy. ' 

PRISTHLABA.  Voyez-OcvciA. 

FRITZWALCK  ,  ou  Preutzwalcjc  ,  bourgade 
d'Allemagne,  dans  la  marche  de  Brandebourg  ,  au 
comté  de  Pricgnitz,  environ  à  quatre  milles  d'Allo- 
magne  à  l'orient  de  Parlberg. 

PRIVAS,  Privatum,  petite  ville  de  France ,  dans 
le  Vivarais ,  environ  à  trois  lieues  au  nord  du  Pas  Da- 
leyrou  ,  près  de  la  jonction  de  deux  petites  rivières  , 
qui  à  trois  lieues  delà  vont  fe  jetter  dans  le  Rhône.  Elle 
s'eft  rendu  fameufe  ,  par  la  hardieffe  qu'elle  eut  le 
fiécle  pafle  de  foutenir  un  fiége  où  le  roi  Louis  XIII 
étoit  en  perfonne.  C'étoit  la  retraite  des  Huguenots  du 
Vivarais.  Cette  ville  qui  avoit  été  donnée  à  la  fa- 
meufe Diane  de  Poitiers  ,  eft  pofledée  avec  fon  do- 
maine par  des  feigneurs  particuliers  ,  qui  onr  la  juftice 
du  lieu.  Il  s'y  fait  un  grand  commerce  de  cuirs,  &  il 
v    a  quelques    manufactures   de    laine.   *  Corneille  , 

Dict. 

PRIVATUM  ,  ou  Privatensis  ,  fiége  épiscopal  d'A  - 
frique,  dans  la  Mauritanie  Sitifenfe.  La  notice  épis- 


PRO 


PRO 


oopale  d'Afrique  nomme  l'évcque  de  ee    lie»  Adeo- 
datas. 

PRIVERNUM,  ville  d'Italie,  dans  le  Latium  ,  au 
pays  des  Volsques ,  au  voifinage  des  Palus  Ponrines , 
à  quelques  lieues  de  la  mer  ,  fur  Je  bord  du  fleuve 
Amifenus.  Virgile  parle  de  cette  ville  ,  dans  fon  Enéi- 
de ,  /.  9.  v.  576.  Se  il  nous  apprend  qu'elle  étoit  an- 
cienne ,  /.   1 1.  v.  5  3  9. 

Pulfus  ob  invidiam  regno ,  vires  que  [uperbaft 
Prïverno  antïqua  Metabits  ckm  excederet  Urbe. 

Tire-Live,  /.  8.  c.  21.  appelle  les  habitans  Priver- 
rates;  Se  Pline,  /.  14.  c.  6.  nomme  les  vins  quicrois- 
foient  aux  enviions  Privcmutia  Vina.  Privenium  eft 
mife  par  Frontin  au  nombre  des  colonies  Romaines. 
Cetre  ville,  appellée  aujourd'hui  Prïverno,  Se  fituée 
à  fepr  milles  de  Tenacine ,  a  été  éveché  ;  mais  le 
mauvais  air  qu'on  y  respire  Se  ia  pauvreté  de  cet  éve- 
ché a  fait  qu'on  l'a  uni  à  celui  de  Tenacine.  Cette 
ville  compofée  de  cinq  mille  âmes,  contient  cinq  pa- 
roifles  Se  quatre  maifons  religieufes. 

PKIZl ,  petire  \  die  de  Sicile ,  dans  le  val  de  Maz- 
zara ,  au  milieu  des  terres ,  fur  une  hauteur  ,  à  la  fource 
du  fleuve  Termini,  a  l'occident  de  Cuflro-Novo.  Elle 
a  titre  de  baronnie.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugotidy. 

PROANA  ,  ville  de  Theiïalie ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

i  ROBAC  ,  ville  d'Allemagne,  la  dernière  des  états 
du  landgrave  de  Heiïe  ,  pour  ceux  qui  y  viennent  de 
Mayence.  On  y  voit  un  adéz  bon  château  qu'on  ap- 
pelle MalleSourg ,  &  qui  ell  bon  feulement  pour  le 
coup  de  main.  *  Corn.  Dict.  fur  les  Mém.  Se  Plans 
Géogr.    1698. 

PROBALINTHUS  ,  lieu  de  l'Atuque  ,  félon  Pline  , 
/.  4.  c.  7.  Se  Srrabon,  /.  8.  p.  383.  Se  /.  9.  p.  389. 
Etienne  le  géographe  en  fait  un  municipe  de  la  tribu 
Pandionide;  Se  c'étoit ,  félon  Spon  ,  une  ville  mariti- 
me de  cette  même  tribu  du  côté  de  Marathon  ,  Se  une 
des  quatre  plus  anciennes  villes  de  l'Attique.  Celui  qui 
étoit  de  ce  lieu  ,  ajoute-t-il ,  fe  nommoit  aum-bien 
Probalifios  que  Probalinthios  ,  quoique  veuille  pro- 
noncer là  dedus  le  favant  Meurfius  ;  car  les  marbres 
nous  en  font  foi.  Hors  d'Athènes ,  dans  une  chapelle 
de  Saint  George  ,  proche  du  monaftere  Afomato  ,  on 
voit  l'infcription  fuivante  : 

EPMOKAHS 
EPMOrENOY 
nPOBAAISIOS 

Et  à  Salamine  ,  dans  l'églife  Panagia  d'Ampelaki  on 
lit  celle-ci  : 

©EO*IAOS  «MAISTIAOY  nPOBAAISIOS 
AIOKAEIA     APXEBIOY 
SKAMBONIAOY   0YrATHP 
OIAI2TIAHS  0EO<I>IAOY    nPOBAAISIOS 

C'eft-à-dire  :  Théophile  ,  fils  de  Philiflides  de  Pro- 
h.dinthus ,  Diocleia,  fille  d'Archcb'uts  d.e  Scambonide  , 
Philifiides  ,  fils  de  Théophile  de  l'robalimhus. 

PROBALISUS.  Voyez.  Probalinthus. 

PROBATIA  ,  rivière  de  Bœotie.  Elle  venoit  de  Le- 
badia,  félon  Théophrafte  ,  Hift.  Plant.  I.  4.  qui  ajoute 
qu'on  y  cueilloit  les  meilleurs  rofeaux. 

1.  PROBATUM,  lieu  fortifié,  danslaThrace,  fur 
le  bord  de  la  rivière  de  Saint  Grégoire,  félon  One- 
lius,  qui  cite  l'hiftoire  Miscellanée,  /.  2  3.  &  24. 

2,  PROBATUM.  C'étoit  un  fiége  épiscopal ,  félon 
Léon  le  Sage. 

PROCAVUS,  montagne  d'Italie,  dans  la  Ligu- 
rie  ,  aux  environs  de  Gènes.  Ortelius  cite  en  preuve 
une  ancienne  infeription  ,  que  l'on  conferve  dans  la 
ville  de  Gcnes.  Baudrand  afTurc  que  cette  montagne 
s'appelle  Casselio. 

PROCER ASTIS,  nom  que  Pline,  A  y.  c.  32.  dit 
qu'on  donnoit  anciennement  à  la  ville  de  Chalcé- 
doine. 


î   0*?9 

PROCHONE.  Voyez,  Proconnesus. 
PROCHON1XUS.  Voyez.  Gordum. 
PROCHYTA  .  ifle  de  la  mer  de  Tyrrhene  ,  dans  le 
golfe  de  Naples,  près  de  l'ifle  ^£naria,  dont  Pline, 
/.  2.  c.  88.  dit  qu'elle  avoit  été  féparée  ,  fans  doute 
par  un  tremblement  de  terre.  Quelques-uns  écrivent 
Porchyte  au  lieu  de  l'orchyta.  Ovide,  Silius  ItaJicus, 
Pomponius  Méia,  Sirabu»,  Ptolomée ,  Se  la  plupart 
des  autres  anciens  font  mention  de  cette  ifle.  Elle  con- 
ferve encore  fon  ancien  nom  j  car  on  l'appelle  aujour- 
d'hui Procita.  Voyez,  ce  mot. 

1.  PROCITA  ,  Prochyta  ,  ou  Procida  ,  ifle  fut 
la  côte  d'Italie,  dans  le  golfe  de   Naples,    environ  à 
une   bonne  demi-lieue  vers  l'eft  nord-efl  du  château 
d'Ischia  ,  Se  à  moitié  chemin  de  l'ifle  d'Ischia  ,  au  cap 
de  la  Mefa ,  qui  fait  le  commencement  du  golfe  de 
Naples.  Cette  ifle  efl  de  moyennehauteur.  Le  terreinen 
eft  très-fertile  ,  &  on  y  voit  de  fuperbes  palais  avec 
beaucoup  de   maifons  de  plaifance ,  Se  plusieurs  an- 
tiquités remarquables.  On  lui  donne  huk  à  neuf  milles 
de  circuit ,  Se  l'on  y  trouve  un  certain  nombre  de  ca- 
langues ,  où   l'on  pourroit  mouiller  dans  un  befoin. 
Du  côté   de  l'ifle   d'Ischia  ,    il  y  a  une  petite  ifle  fort 
haute ,  fur  laquelle  eft  une  tour  de  garde.  Cette  ifla 
n'efl  féparée  de  celle  de  Procita  ,  que  de  l'espace  qu'oc* 
cupe  un  bateau.  On  peut  palier  avec  des  vaideaux  Se 
des  galeies,  entre  le  château  d  Ischia  &  cette  petite  ifle. 
11  y  a  douze,  quinze  Se  vingt  brades   d'eau  ;  mais  il 
faut  ranger  le  château  ,  y  ayant  fept  à  huit  brades  roue 
auprès.  On  évite  auiîi  un  petit  banc  de  roches  fous 
l'eau  ,  environ  à  fix  cens  toiles  au  nordoueft  de  cette 
petite  ifle ,  Se   fur  lequel  il  n'y   a  que  quatre  à  cinq 
pieds  d'eau.  On  pourroit  dans  un  befoin  pafl'er  entre  ce 
banc  de    roches    Se    l'ifle  où  eft    la   tour  de    garde  » 
rangeant  du  côté  de  l'ifle ,  où  l'on  trouve  cinq  à  fix 
brades  ;  mais  le  plus  fur  eft  de  palier  à  un  tiers  de  che- 
min du  château  a  cetteifle  ,  n'y  ayant  rien  à  craindre» 
Entre  cette  ide  Se  celle  de  Procita ,   il  y  a  un   grand 
espace ,   au  milieu  duquel  on    pourroit   mouiller  pair 
quatre  à  cinq  brades  d'eau,  fond  de  fable  &  d'heibe.' 
On  y  ell   à  couvert  de  pluficurs  vents  le  long  de  la 
plage-,  il  n'y   a  que  le  fud  Se  le  fud-eft,  qui  y  don- 
nent à  plein.    Depuis  cette  ifle  ,  venant   du  coté  du 
nord ,  jusqu'à  la  pointe  de  Chiopatre  ,  qui  eft  celle  du 
nord-oueft  de  Procita,  il  y  a  environ  trois  milles  :  en- 
tre les  deux  on  trouve  un  peu  d'enfoncement ,  &  une 
plage  qu'on  api%-lle  la  Queolle,  dans  laquelle  on  peut 
aufli  mouiller  ,  Se  où  l'on  eft  à  couvert  des  vents  de 
nord-eft  ,  fud  Se  fud-oueft.  11  y  a  quatre  à  cinq  brades 
d'eau  fond  d'herbe  vafeux.   Mais ,    depuis  cette  plage 
jusqu'à  la  pointe  de  Chiopatre  ,    il  y  a  plufieurs  ro- 
ches fous  l'eau  ,  à  plus  de  trois  longueurs  de  cable  au 
large.   Du   côté  du   fud  eft  de  l'ide  de  Procita,  il  y  a 
aulïi  plufieurs   anees    &    calangues  de  fable,  où  l'on 
pourroit  mouiller  dans  un  befoin  avec  les  vents  d'oued- 
nord-oueft  &  nord.  On  ne  doit  pas  craindre  de  ranger 
la  côte  de  ce  côté-là  -,  car  il  y  a  une  grande  profon- 
deur d'eau,  même  près  déterre.  *  Michelot ,  Port.dc 
la  Médit,  p.  1 1  j- 

De  la  pointe  du  nord-oueft  de  l'ifle  de  Procita  à  la 
pointe  du  fud-eft  ,  il  y  a  environ  une  demi  lieue:  en- 
tre deux  on  a  un  peu  d'enfoncement,  Se  une  plage 
où  l'on  peut  mouiller  par  quatre  ,  cinq  ,  à  fix  brades 
d'eau ,  fond  d'herbe  vafeux.  Tout  le  long  de  cette  plage  il 
a  phifieurs  grandes  maifons ,  des  palais  à  l'antique ,  Se 
une  églife  ,  avec  un  grand  nombre  de  villages  le  long 
de  la  mer.  Cette  ide  eft  extrêmement  peuplée.  Il  y  a 
plufieurs  villages  au-dedbus  de  la  ville  de  Èrocira,  Se 
du  côté  du  fud-eft  fur-tout,  il  y  en  a  un  fort  confi- 
dérable  fur  le  bord  d'une  plage. 

2.  PROCITA  ,  ville  d'Italie ,  dans  ÎTfle  qui  lui  donne 
fon  nom.  Elle  eft  fituée  fur  l'extrémité  de  la  pointe  du 
fud-eft  de  l'ide  de  Procita,  au  -}i  degré  33  min.  de 
longitude  Se  au  40  deg.  50  min.  de  latitude.  C'eft  une 
perite  place  entourée  de  fortifications  adez  bonnes  , 
quoique  antiques  ;  mais  ce  qui  fait  fâ  plus  grande  force  , 
c'eft  fa  fituation  avantageufe  fur  une  pointe  haute , 
ëc  fort  escarpée  vers  la  mer.  Au  pied  de  la  pointe  fur 
laquelle  la  ville  de  Procita  eft  bâtie  ,  Se  qu'on  ap- 
pelle pointe  d'Alemc  ,  il  y  a  quelques  rochers  hors  de 
Tom,  IV.  Z  z  z  z  z  z  ij 


PRO 


i  ioo 

l'eau  à  deux  longueurs  de  cable  loin  de  terre  -,  mais 
tout  auprès  il  y  a  trois  braftes  d'eau.  Lorsqu'on  veut 
mouiller  du  côté  du  nord-eft  de  cette  ifle  ious  la  vil- 
le, il  ne  faut  pas  s'approcher  à  plus  d'un  quart  de 
lieue  de' la  plage,  parce  qu'il  n'y  a  pas  beaucoup  d'eau. 
On  doit  relier  fur  une  ancre  ,  à  moins  qu'on  ne  veuille 
s'afïouichcr  fur  deux.  On  y  eft  fort  bien  pour  les 
vents  depuis  le  fud-eft-fud  jusqu'au  fud-oueft.  11  y  a 
à  craindre  du  nord  Se  du  nord-eit ,  qui  y  donnent  à 
plein.  *  Mîchelot ,  Port,  de  la  Médit,  p.  115. 

FROCLAIS,  félon  Ptolomée,  /.  7.  c.  1.  Se  Pro- 
■clis  ,  fclon  Arrien  ,  dans  fon  Périple  de  la  mer 
Rouge  ,  p.  27  Se  28.  C'eft  une  ville  de  l'Inde ,  en-deçà 
du  Gange. 

PROCLÉ ,  ville  de  Lydie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

'  PROCLI  VALLUM.  Vbyez.V atrocu. 
PROCL1AN.  Voyez.  Scardonius-Lacus. 
PROCLIS.  Voyez  Procxais. 
PROCLONIUM  ,  lieu  de  la  TheiTalie ,  félon  Orte- 
lius ,  qui  cite  Héfyche. 

PROCOBERA.  Voyez.  Porcifera. 
PROCOL1TIA  ,  ville  de  la  Grande-Bretagne.  11  en 
eft  parlé  dans  la  notice  des  dignités  de  l'Empire  ,  Sect. 
63.  &    Cambden  juge  que  c'eft  préfentement  Cole- 
CESTER,dans  le  Northumberland. 

1 .  PROCONNESUS  ,  ifle  de  la  Propontide  ,  vis  à-vis 
de  Cyzique.  Pline,  /.  5.  c.  32.  dit  qu'on  fappelloit 
au/fi  Elaphonnefus  Sc-Neuris.  Le  périple  de  Scylax , 
p.  33.  paroît  d'abord  contredire  ce  témoignage  s  en  ce 
qu'il  fait  de  Proconnefus  une  ifle  différente  de  celle 
d'Elaphonnefus -,  mais  Strabon  ,  /.  13  p.  5 88.  levé  la 
difficulté ,  en  nous  apprenant  qu'il  y  avoit  deux  ifles 
Proconnefus  ,  l'une  furnommée  la  nouvelle  ,  &  l'autre 
l'ancienne  ,  Se  féparées  fans  doute  par  un  petit  canal. 
C'eft  de  ces  ifles  qu'on  tiroit  le  marbre  appelle  le  mar- 
bre de  Cyzique. 

2.  PROCONNESUS.  Il  y  avoit  un  fiége  épisco- 
pal  -,  car  parmi  les  évêquesqui  fouferivirent  au  concile 
d'Ephefe.  tenu  l'an  431  ,  on  trouve  Joannes  Procon- 
nefi.  *  Harduïa.  Colleét.  conc.  t.  1.  p.  I426. 

PROCOPIA.  Busbec  donne  ce  nom  à  la  Cherfon- 
nèfe  Taurique  ;  mais  je  crains,  dit  Ortelius,  qu'il  n'y 
ait  dans  ce  mot  quelque  faute  de  copifte.  Peut-être, 
ajoute-t  il  ,  faut-il  lire  Precopia  de  Precop,  nom  que 
l'on  a  donné  à  l'iflhme  de  la  Cherfonnèfe  Taurique , 
&  à  la  ville  qui  y  eft  fituée.  Hcrbcfftein ,  de  rebus 
Moscovu.  eft.  de  même  fentimenr. 

PROCOPIAS ,  nom  de  lieu  ,  dont  il  eft  fait  men- 
tion fur  une  médaille  de  l'empereur  Adrien  ,  rappor- 
tée dans  le  tréfor  de  Goltzius ,  Se  Ortelius  remarque 
que  Félix  Petancius  fait  mention  d'un  lieu  qu'il  appelle 
Magna  Villa  Propopiana  ,  qui  pourrait  être  la  même 
chofe. 

1.  PROCRUSTES,  lieu  qu'il  femble  que  Plutar- 
que  »  in  Romalo  ,  met  au  voifmage  d'Athènes. 

2.  PROCRUSTES,  peuples  barbares,  dont  parle 
Sidonius  Apollinaris  dans  le  panégyrique  de  Majo- 
ranus. 

PROCUR1  CIVITAS  ,  ville  de  rifle  de  Taproba- 
ne.  Ptolomée  ,  /.  7.  c.  4.  la  place  fur  le  grand  ri- 
vage, Se  dit  qu'elle  étoit  fituée  fur  un  promon- 
toire. 

PRODANO  ,  Prodeno  ,  Prodino  ,  ou  Prote  , 
ifle  fur  la  côte  occidentale  de  la  Morée ,  dans  le  golfe 
de  Zonchio.  Elle  s'étend  du  nord  au  fud,  depuis  l'em- 
bouchure du  fleuve  Gatdia  ou  Selas ,  jusqu'à  la  hau- 
teur du  vieux  Navarin. 

PROECONNESUS.  Voyez.  Proconnesus. 

PROERN  A  ,  ville  de  Phthiotide  ,  félon  Strabon  ,  /. 
c.  p.  434.  Il  paroît  par  un  partage  de  Tite-Live  ,  /.  36. 
c.  14.  qu'elle  étoit  aux  environs  des  Thermopyles.  Voyez. 
Proana. 

PROFASIA  ,  ville  de  l' Ane-Mineure ,  dans  la  Lydie, 
félon  Etienne  le  géographe. 

PROFUNDUS-PORTUS.  Diodorede  Sicile,/.  i«. 
donne  ce  nom  à  un  port  voifin  de  la  Bœotie. 

PROGNE,  ifle  que  Pline,/,  j.  c.  31.  met  aux  en- 
virons de  celle  de  Rhodes.  Le  nom  de  Progné  lui  avoit 


PRO 


été  donné  ,  à  caufe  de  la  quantité  d'hirondelles  qu'on  y 
voyoit. 

PROJECTION  ,  fubft.  fera.  Projection  en  géogra- 
phie eft  la  courbure  des  méridiens,  félon  laquelle  ces 
lignes  fe  rapprochent  l'une  de  l'autre ,  à  mefure  qu'elles 
s'écartent  de  l'équateur ,  pour  s'approcher  de  l'un  ou  de 
l'autre  des  deux  pôles.  Ceux  qui  auront  lu  avec  attention 
ce  que  jai  dit  aux  mots  Equateur  ,  Méridien  Se 
Parallèle  ,  comprendront  que  l'équateur  eft  un  cercle 
perpendiculaire  à  un  axe,  que  l'on  fuppofe  pafler  par 
le  centre  de  la  terre ,  Se  par  les  deux  pôles.  Par  con- 
féquent  chaque  point  de  l'équateur  eft  à  égale  diftance 
du  point  central  de  chaque  pôle.  Donc  toutes  les  li- 
gnes droites  que  l'on  peut  tirer  de  l'équateur  à  ce  poinc 
central  font  égales.  Cela  eft  exactement  vrai  fur  un 
globe  fait  avec  une  extrême  juftefie.  Il  n'en  eft  pas  de 
même  de  la  mappemonde  ,  Se  des  cartes  tant  générales 
que  particulières ,  pour  peu  qu'elles  contiennent  un  pays 
un  peu  gi  and.  C'eft  l'ufage  que  dans  les  cartes  le  mé- 
ridien du  milieu  tlt  droit.  Les  autres  ont  unej  inclinaifoft 
vers  lui ,  à  proportion  de  leur  éloignement  de  l'équa- 
teur. L'optique  demande  ce  changement  ;  comme  toutes 
ces  lignes  font  terminées  par  deux  parallèles ,  il  s'enfuit 
que  la  ligne  droite ,  qui  eft  celle  du  milieu  ,  eft  plus 
courte  que  toutes  celles  qui  font  des  deux  autres  cô- 
tés ,  puisqu'elles  font  courbes. 

Sur  l'équateur,  qui  eft  de  360  deg.  il  eft  libre  de 
marquer  chacun  de  ces  dcg.  féparément ,  ou  de  ne  les 
marquer  que  de  dix  en  dix,  pour  ne  pas  faire  v\n  hé- 
misphère trop  noir  Se  trop  confus.  Or  que  du  point 
final  de  chaque  dixième  degré  de  l'équateur ,  on  tire 
une  ligne  jusqu'au  point  central  du  pôle ,  il  arrivera 
que  chaque  espace,  enfermé  entre  ces  lignes,  fera  un 
triangle  ,  dont  le  côté  commun  avec  l'équateur  fera  de 
dix  degrés,  &  les  deux  autres  ,  chacun  de  90  degrés, 
fe  termineront  à  un  point  qui  eft  le  pôle ,  félon  la  fup- 
pofition  faite.  11  y  a  donc  depuis  l'équateur  jusqu'au 
pôle  une  diminution  progreflive  dans  chacun  de  ces 
triangles.  Ce  rapprochement  des  deux  méridiens,  comme 
je  viens  de  dire,  eft  égal  dans  la  réalité  &  fur  le  globe; 
mais  l'optique  demande  que  le  méridien  du  milieu  d'une 
carte,  étant  une  ligne  droite,  le  rapprochement  des 
autres  lignes  ne  fe  farte  que  par  une  courbure  ,  que  l'œil 
leur  prête  en  cette  occarton  ,  Se  c'eft  ce  rapproche- 
ment que  nous  appelions  ici  projection. 

Si  la  projection  n'eft  pas  très-exacte  ,  la  carte  efè 
très-vicieufe.  Pour  entendre  la  proportion  que  cette 
diminution  doit  avoir  depuis  l'équateur  jusqu'au  pôle, 
il  faut  fe  fouvenir  de  ce  que  nous  avons  dit  ailleurs, 
que  chaque  cercle,  grand  ou  petit,  fe  divife  en  360 
degrés.  Cela  eft  commun  à  tous  les  cercles  quelconques. 
11  s'enfuit  delà  que ,  fi  un  grand  cercle  Se  un  petit  font 
également  divifés  ,  les  divifions  du  petit ,  à  proportion 
de  la  différence  totale  qu'il  y  a  entre  les  deux  cercles, 
quoique  l'équateur  foit  plus  grand  que  tous  les  parallè- 
les qui  font  entre  lui  Se  les  pôles,  on  les  divife  cepen-» 
dant  tous  également,  chacun  en  360  degrés.  Il  faut 
donc  qu'un  degré  de  l'équateur  foit  plus  grand  que 
celui  du  parallèle  qui  fuit ,  Se  celui-ci  plus  grand  que 
celui  qui  le  fuit  immédiatement,  Se  ainfi  à  proportion 
jusqu'au  pôle ,  où  les  360  deg.  font  réduits  à  un  feul 
point. 

Pour  trouver  cette  proportion  ,  on  divife  chaque 
degré  de  l'équateur  en  60  min.  chaque  minutes  en  60 
fécondes  ,  Se  chaque  féconde  en  60  autres  parties;  mais 
cette  extrême  précifion  ne  feroit  presque  d'aucune  uti- 
lité ,  Se  l'attention  qu'on  y  feroit  ne  produiroit  qu'une 
exactitude  embarraflante,  dont  l'effet  ne  feroit  presque 
pas  fenflble  dans  la  pratique.  Cependant ,  pour  la  fa- 
tisfaélion  de  ceux  qui  aiment  ces  calculs  rigouteux, 
je  les  mettrai  dans  la  table  qui  fuit  dans  cet  article. 

J'ai  dit  qu'un  petit  cercle  a  autant  de  degrés  qu'un 
grand  :  &  que  chacun  de  fes  degrés  a  le  même  nom- 
bre de  minutes,  que  chacune  de  fes  minutes  contient 
foixante  fécondes ,  Se  ainfi  du  refte.  Pour  avoir  une 
quantité  qui  ferve  de  mefure  à  routes  les  autres,  on 
prend  un  degré  de  l'équateur  ,  qui  a ,  comme  on  vient 
dédire,  foixante  parties  appellées  minutes,  &  on  ap- 
plique ces  minutes  fur  le  parallèle  fuivant  de  degré  en 
degré  ;  il  fe  trouve  alors  que  ces  minutes  ou  foixantié« 


PRO 


mes  parties ,  fuppofées  toujours  d'une  grandeur  connue 
&  toujours  la  même,  ne  fe  trouvent    plus  en  même 
quantité  dans  chaque  parallèle  à  mefure  qu'on  s'éloigne 
de  l'équateur.  Mais ,  comme  les  minutes  ne  fuffiroient 
pas  pour  exprimer  cette  diminution  au  jufte  ,  on  ap- 
pelle au  fecours  les  fécondes,  &  même  les  fécondes  de 
fécondes.  Il  faut  fe   fouvenir  en  étudiant  cette  table , 
que  les  minutes ,  les  fécondes  ,  &  les  fécondes  de  fé- 
condes font  par  tout  telles  qu'elles  font  dans  un  degré 
de  l'équateur ,  qui  vaut  foixante  minutes  ;  car  hors  le  cas 
pour  lequel  cette  table  eit  faite ,  chaque  parallèle  a 
360  deg.  Se  chacun  de  fes  degrés  a  60  min.  Il  faut  re- 
marquer auflî  que   cette  table  commence  au  premier 
degré  de  latitude  ,  jusqu'au  50  qui  eft  fous  le  pôle. 

TABLE  oh  l'on  voit  les  rapports  d'un  degré  du  plus 

grand  cercle  ,  avec  les  degrés  de  chaque  parallèle , 

depuis  l'équateur  jusqu'au  pôle. 


Degrés 


x 
2 
3 
4 
5 


11 
12 

ij 

»4 
*5 


16 

17 
28 

20 


11 

11 
23 
24 
25 


16 

27 
18 

*9 

3° 


3i 
3* 
33 
34 
35 


36 

37 
38 

39 

40 


41 

4i 
43 
44 
45 


Minutes 


59' 

59 

59 

59 

59 


Secondes         S. de  S. 


59 
58 

55 

5i 

46 


27* 
48 

4 
*9 


6 

59 

7 

59 

8 

59 

9 

59 

10 

59 

40 

33 
*S 

»5 

5 


16 

3i 
58 
51 
19 


58 

;8 

*8 
J8 

57 


33 

'27 
57 


5° 
20 

44 

3 
21 


57 

57 
57 
5^ 
5* 


40 

11 

3 

43 

22 


32 

43 

49 

5* 

53 


5<î 

J4 
54 


o 

37 
13 

48 

22 


J3 
Ji 

59 
49 


53 
53 

52 
52 
5i 


55 
29 
58 
38 

57 


28 
28 

37 
38 
49 


PRO 


1  ÏOI 


Degrés 

46 

47 
48 

49 
5° 


Minutes        Secondes    S.  de  Sk 


5i 

53 

54 

55 


5l 
50 

5° 
49 
49 


25 

52 

*9 

44 
8 


55 

59 
13 
33 
57 


48 
47 
47 
47 
47 


32 

55 
16 

38 
57 


28 
6 

5° 
3<* 
45 


45 

44 
43 
43 
42 


17 

35 

52 
10 

24 


5 

20 

51 
1 

35 


56 

57 
58 

59 
60 


6"l 
62 

64 
65 


66 

67 
68 
69 

70 


76 
77 
78 

79 
80 


81 
82 

83 
84 

85 


86 

87 
88 
89 
90 


41' 

40 

40 

39 
38 


37 
3* 
3<î 
35 
34 


33 
32 
3i 
3° 
3° 


29 
28 

27 
26 

25 


24 
23 
22 
21 
20 


71 

19 

72 

18 

73 

17 

74 

16 

75 

15 

H 

13 
12 
1 1 
10 


9 
8 

7 
6 


4 

3 

2 

1 
o 


40" 

45 

8 

21 

34 


45 

5<5 

6 

16 

24 


33 
40 

47 

54 
o 


5 
10 

15 
18 

21 


24 
26 

28 

30 

3i 


32 
32 
32 
32 
31 


3° 
29 

28 
26 

25 


25 
21 
18 
16 

17 


11 
8 

5 

2 
o 


4^ 

12 

52 

39 

3 


33 

23 

33 

3 

53 


5 
43 
43 

9 

o 


19 
5 

24 

39 
26 


*5 
27 
3< 
8 
16 


3i 
28 

18 

45 


55 
49 

29 

55 

9 


9 
1 

44 
18 

7 


8 

4 

39 

51 

o 


La  table  commence  au  premier  degré  de  1  cquâ- 
teur  ,  où  commence  la  diminution  ,  laquelle  aug- 
mente fon  progrès  jusqu'au  pôle  ,  où  la  valeur  d'un 
degré  eft  zéro.  La  différence  d'un  degré  de  l'équa- 
teur à  un  degré  d'un  parallèle  pris  à  un  degré  de  dis- 
tance de  ce  grand  cercle  ,  n'ell  que  de  33'".  au  lieu 
que  la  différence  du  pénultième  degré  au  dernier  , 
efti\2".ji"\ 

Il  faut  remarquer  que  plus  une  carte  contient  de  de- 
grés de  latitude  ,  plus  la  projection  y  devient  fenilble. 
Elle  ne  l'eiî  presque  pas  dans  une  carte  quia  moins  de 
cinq  de  ces  degrés. 

La  géographie  de  Ptolomée  n'étant  que  de  carres  ,  il  a 
eu  foin ,  dans  fon  huitième  Livre,  de  marquer  le  rapport 
qui  fe  trouve  entre  les  d.  du  parallèle  ,  qui ,  comme 
on  vient  de  voir ,  font  d'une  grandeur  inégale  ,  avec  les 
d.  du  méridien ,  qui  font  tous  égaux  &  de  même  gran- 
deur que  les  d.  de  l'équateur.  Si  l'on  fupofe  ,  comme 
il  a  été  dit,  que  le  méridien  a  des  d.  toujours  égaux  , 
&  que  le  parallèle  les  a  toujours  plus  petits  ,  à  mefurg 


PRO 


1102 

qu'il  approche  de  l'un  des  pôles  ,  par  cette  propor- 
tion qui  elt  entre  les  d.  d'un  parallèle  &  ceux  du  mé- 
ridien ,  on  peut  juger  du  voifinage  ,  ou  de  l'éloigne- 
ment  du  pôle  ,  à  l'égard  du  pays  que  la  carte  repré- 
fente.  C'elt  ce  que  veulent  dire  ces  mots  fi  fouvent 
employés  dans  le  8.  iiv.  de  la  géographie  de  Ptolo- 
lomcc  :  Médius  ipfius  par  atteins  ratioiiem  habet  ad  Me- 
ridiamtm  qaam  duo  ad  tria  ,  ou  quam  tria  ad  quinque. 
On  voit  bien  que  cet  auteur  ne  prend  cette  proportion 
que  d'une  manière  générale  (ans  fraction»,  cv  par  con- 
séquent l'on  calcul  e/t  bien  éloigné  de  la  précifion  des 
modernes  \  mais  ce  n'eft  point  dans  ce  8.  iiv.  que  les 
géographes  iront  prendre  les  proportions  de  leurs  car- 
tes \  quoiqu'il  contienne  d'ailleurs  des  remarques  fort 
utiles  &  bien  précieufes. 

PROLAQUE  ,  ou  Prolaqueum  ,  lieu  d'Italie.  L'iti- 
néraire d'Antonin  le  met  fur  la  route  de  Rome  à  Anco- 
ne,  ex:  delà  à  Brindes,  en  pafiantpar  le  Picenum  :  il  écoit 
entre  Dubii  Se  Septtmpeda ,  à  huit  milles  du  premier  de 
ces  lieux ,  Se  à  quinze  milles  du  fécond. 

PRO  M  ,  ville  des  Indes  ,  au  royaume  d'Ava  ,  fur  le 
bord  oriental  de  la  rivieie  de  Menamkiou ,  autrement  la 
rivière  d'Ava.  Elle  a  été  ci-devant  la  capitale  d'un 
royaume  ■■,  mais  le  roi  d'Ava  l'a  foumife  à  fon  obeiflance. 
*  Arias ,  Robert  de  Vaugondy. 

PROMALEUM  ,  promontoire  de  la  Laifonie,  félon 
©rtelius ,  qui  cite  Hefyche.  Voya.  M  a  de  a. 

PROMENTEAU  ,  bourg  ou  village  de  la  Touraine , 
félon  Corneille  ,  D'Ut.  C'eit  une  faute.  On  dit  Fromen- 
teau  ,  Se  non  Promenteau. 

PROMETHEI-ANTRUM  ,  caverne  au  milieu  du 
mont  Caucafe  ,  appelléc  Paropamifus  ,  félon  Diodore 
de  Sicile  ,  /.  17. 

PROMETHEI-JUGA  ,  ou  Promethei-Cubile. 
Voyez.  Caucase. 

PRQM1UM,  village  d'Italie,  félon  l'itinéraire  d'Anto- 
nin, qui  le  place  fur  la  route  de  Milan  à  la  Colonne  ,  en 
partant  par  le  Picenum  :  il  étoit  entre  Aternum  Se  Sulmo , 
à  vingt-cinq  milles  de  !a  première  de  ces  villes,  &  à  vingt- 
neuf  milles  de  la  féconde. 

PROMONA  ,  ville  de  la  Liburnie  ,  félon  Appien  ,  de 
Bel.  I.liyr.  p.  762.  qui  dit  que  les  DalmateS  la  lui  enlevè- 
rent. Ortelius  veut  que  ce  foit  la  ville  Priamum  de 
Strabon. 

PROMONTOIRE.  Voyez,  l'article  Cap. 
PRONML,  ville  de  la  Thefialie.  Démétriusla  réduifit 
fous  fa  puiflanee  ,  félon  Diodore  de  Sicile ,  /.  20. 
PRONAI.  Voyez.  Promus. 

PRON  AST/E  ,  peuples  de  la  Bœotie  ,  félon  Etienne 
le  géographe. 
PRONEA.  Voyez.  NemesA. 

PRONECTOS,  ville  de  Bithynie,  auprès  de  Drépa- 
ne  ,  félon  Etienne  le  géographe.  Ortelius  croit  que  ce 
pourroit  être  la  même  ville  que  Pr^înetum.  Voyez,  ce 
mot. 

PRONESUS.  Voyez.  Pronus. 
PRONETUM.  Voyez.VKJtm.1vy1. 
PRONII.  K^^Pronus. 

PRONISTA  ■  nom  que  quelques-uns  ont  donné  à  la 
montagne  Brochotus.  Voyez.  Brochotus. 

PRONOS  ,  montagne  du  Peloponnèfe  ,  dans  l'Ar- 
gie.  Paufanias  ,  /.  2.  c.  34.  la  met  près  d'Hermio- 
ne. 

PRONUS  ,  lieu  fortifié  ,  dans  l'ifle  de  Céphalénie  , 
félon  Polybe  ,  /.  y.  Ortelius  foupçonne  que  c'eft  le  Pro- 
riefits  de  Strabon  ,  Se  que  les  habitans  font  les  Pronii 
de  Lycophron  :  outre  qu'Ifacius  dit  que  ces  Pronii  , 
font  des  peuples  de  l'ifle  de  Céphaiénie,  Thucydide, 
/.  2.  p.  119.  fait  de  Pronii  une  des  quatre  villes  de 
cette ifle.  11  écrit  pourtant  Prond  pour  Pronii. 

PROPALA,  ville  de  la  Sicile,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PROPAXOS,  iïle  que  l'itinéraire  d'Antonin  ,  Itin. 
Marit.  met  entre  la  Sicile  Se  l'Afrique. 

PROPESINTHUS  ,  ifle  de  Grèce  entre  celles  de 
Siphnus  Se  Melos.  Elle  peut  avoir  environ  4  milles 
de  tour.  Artcmidore  &  Strabon  en  font  mention.  Hifi. 
zmiverf.  faite  par  une  (oc: été  de  gens  de  le; très. 

PROPHETES  (Rivière  des),  rivière  de  l'Amérique 
Septentrionale ,  au  pays  ries  Sioux, 


PRO 


PROPO  ,  ifle  d'Italie  ,  dont  l'itinéraire  d'Antonin 
parle  en  ces  termes  ;  Infula  Propo  circa  à  Mije- 
donne  de  Campania  ,  Sutdia  XXX.  Ortelius  avertit 
qu'au  lieu  de  Propo  il  faut  lire  Porcbyta ,  Se  il  donne 
l'honneur  de  cette  remarque  à  Simler ,  qui  l'a  faite 
avant  lui. 

PROrONTIS,  enfrançois  Propontide  ,grandgolfe 
de  la  mer  ,  en  l'Hellespont  Se  le  Pont-Euxin  ,  Se  qui 
communique  à  ces  deux  mers  par  deux  détroits ,  l'un  ap- 
pelle le  détroit  de  l'Hellespont ,  &  l'autre  le  Bosphore  de 
Thrace.  Jean  Tzetzès ,  in  Varia  Hifi.  donne  à  la  Pro- 
pontide le  nom  de  Bebrycium-Mare  ,  fans  doute  parce 
qu'elle  baigne  une  partie  confidérable  des  côtes  de  la  Bi- 
thynie ,  qui  eil  la  Bébrycie  :  elle  elt  nommée  Thra- 
cicum  Mare  par  Antigonus.  Ce  nom  de  Propontide  lui 
vient  de  ce  qu'elle  efi  devant  la  met  Noire,  autrement 
le  Pont  ,  ou  le  Pont-Euxin.  On  l'a  encore  appellée  Mer 
Blanche  ,  ou  Mer  de  Marmara.  Le  nom  de  Mer  Blan- 
che lui  a  été  donné  par  comparaifon  avec  la  Mer  Noire , 
à  qui  l'on  prétendoit  que  les  fréquens  naufrages  6V  un 
ciel  prefque  toujours  couvert  avoient  acquis  le  titre 
de  mer  Noire.  Enfin  les  ifles  de  Marmara  ,  qui  font  en- 
viron neuf  ou  dix  lieues  avant  dans  cette  mer  ,  lui  font 
porter  leur  nom  *  Grelot  ,  Voyage  de  Conflantino- 
ple,p.  33. 

Tout  le  circuit  de  la  Propontide  ,  qui  elt  d'environ 
cent  foixante  lieues  ,  fe  trouve  renfermé  entre  le  38  &  le 
41  d.  de  lat.  feptent.  Se  entre  le  55  &  le  y  8.  d.  de  lon- 
git.  ou  environ.  On  peut  juger  par  cette  fituation  que  la 
Propontide  eft  dans  un  climat  fort  tempéré ,  qui  ne  fe 
reffent  en  rien  des  glaces  cruelles  du  feptentrion  ,  ni  àcs 
chaleurs  étouffantes  du  midi.  Auffi  voit-on  bien  peu 
d'endroits  dans  l'univers ,  où  dans  un  fi  petit  espace 
il  y  ait  eu  autant  de  villes  bâties  qu'il  y  en  a  eu  au- 
tour de  ce  grand  baffin.  Cyzique  ,  Nicée  ,  Apamée, 
Nicomédie  ,  Chalcédoine ,  Se  piufieurs  autres ,  en  font 
des  preuves.  Toutes  ces  villes  font  à  la  droite  des  vais-^ 
féaux  qui  vont  de  Gallipoli  à  Conltantinoplci  Se  l'Eu- 
rope ,  qu'ils  ont  à  la  gauche  ,  montre  encore  fur  fes 
bords  les  villes  de  Rodofto  ,  l'ancienne  Se  la  nouvelle 
Périnthe  ,  ou  Héracîée  ,  Sélivrée  ,  Bévado ,  Grand- 
Pont  ,  Se  diverfes  autres ,  qui  ne  font  pas  moins  rc- 
commendables. 

Les  ifles  les  plus  confidérables  ,  8c  que  l'on  ren- 
contre les  premières ,  font  celles  de  Marmara  ,  qui 
donnent  leur  nom  à  toute  cette  mer.  Voyez.  Mar- 
mara. 

PROPHTHASIA.  Voyez.  Phrada. 
PROSACUM.  Voyez.  Prosiacum. 
PROSANCTIUM ,  fleuve  de  l'Afie  Mineure.  Il  tom- 
be ,  félon  Arrien,  du  mont  Ida  ,  Se  a  fon  embouchure 
entre  l'Hellespont  Se  le  Pont-Euxin. 
PROSCHIUM.  Voyez.  Pylene. 
PROSCINA  .ville  de  Grèce  ,  dans  la  Bœotie, fur  une 
montagne.  Elle  elt  compofée  d'environ  cent  familles 
chrétiennes  pour  la  plupart  5  Se  elle  paroît  une  place 
ancienne  ,  étant  vraifemblablement  celle  que  Strabon 
Se  Paufanias  appellent  Ar^ephium  ,  ou  Acr^ephnium, 
fituée  fur  le  mont  Ptoos.  On  trouve  fur  la  montagne 
un  pays  bien  cultivé  ,  ce  qui  fait   croire  que  c'eft  la 
plaine  d'ATHAMAs.  Les  montagnes  voifines  ,  qui  font 
couvertes   de    bois  ,    ne   manquent    pas  plus  de  gi- 
bier qu'autrefois.  *  Wehler ,  Voyage  d'Athènes  ,  t.  2. 
p.  293. 

PROSDA,  ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte  ,  félon 
Pline,  /.  6.c.  19. 

PROSECHO  ,  bourg  d'Italie  ,  dans  l'Iflrie  ,  fui 
la  côte  feprentrionale  du  golfe  de  Triefle,  environ  à 
fix  milles  au  nord  occidental  de  la  ville  de  Triefle. 
Quelques-uns  écrivent  Profecio  pour  Profecbo.  Les  vins 
de  fon  territoire  ont  de  la  réputation.  *  Magin  ,  carte 
del'Iltrie. 

PROSELEMMENITvE  ,  peuples  de  la  Galatie.  Pto- 
lomée ,  /.  t .  c.  4.  les  place  au-deflbus  des  Trœmi ,  Se  au 
nord  des  Byccni. 

PROSELENE,  ville  de  l'Afie  Mineure,  dans  la  petite 
Phrvgie ,  félon  Ptoloméc,  /.  y .  c.  2.  Il  la  place  fur  la  côte, 
entre  Adramittium  Se  Titane. 

PROSENSES  ,  peuples  de  l'Arcadie,  felonPaufanias, 
/.  8.  c.  27. 


PRO 


PPvO 


PROSIACUM  ,  petite  ville  ,  que  Giégoras  femble 
placer  quelque  part  dans  ia  Grèce.  Au  lieu  de  Projîacum* 
Cedrene  6c  Nicétas  écrivent  Projacum  ;  6c  ce  dernier  la 
nier  fur  le  bord  du  fleuve  Axius.  Curopalate  lit  Projus- 
cum.  *  Ortel,  Thefaur. 

PROSLAVIZA,ouProstaviza.  Corneille,  Dicl. 
dit,  fur  l'autorité  de  Maty  :  Ville  de  la  Bulgarie,  ancien- 
nement ljhopolis.  Il  ajoute  qu  elle  cil  dans  le  pays  des 
Tartares  de  Dobruce  ,  fur  la  branche  méridionale  du  Da- 
nube ,  à  deux  lieues  de  la  mer  Noire,  6c  environ  a  neuf 
de  Teme/war  ,  vers  le  nord.  Cependant  il  eit  certain 
qu'une  ville,  qui  feroit  a  deux  lieues  de  la  mer  Noire  , 
fe  irouveroit  éloignée  de  Temeswar  de  plus  de  trente 
lieuei  d'Allemagne. 

PROè»NA  ,  rivière  de  Pologne  ,  dans  le  palatinat  de 
Siradie  ,  où  elle  prend  fa  fource  fur  les  confins  de  la 
Siléfie.  Son  cours  eft  du  midi  au  nord-ouelt  ,  pafTe 
au  fort  de  Boleslau  ,  à  Kalisch ,  dont  elle  traverfe  le 
palatinat  ,  6c  va  fe  joindre  à  la  Warta  ,  au-deflus  de 
Posnanie  ,&  à  l'entrée  du  palatinat  de  ce  nom.*  Atlas, 
Rouen  de  V,  ,■  i  <  çro  ncly. 

PRi\SODlT/£,  peuples  de  la  Marmarique  de  Libye, 
félon  Pcolomée  ,  /.  4.  c.  j.  qui  les  place  dans  les  terres 
avec  les  Goniates. 

PROSOP1T1S.  Voyez.  Aprosopitica-Pr,£fectu- 
RA. 

PROSOPUM  ,  ifle  au  voifinage  de  Carthage  ,  fé- 
lon Etienne  le  téographe.  Ottelius  dit  qu'une  mé- 
daille de  l'empereur  Hadrien  porte  cette  infeription  : 
npocnniAc. 

PRO;>PALEA  ,  village  de  la  Tribu  Acamantide  ,  fé- 
lon Etienne  le  géographe.  Les  autres  géographes  écri- 
vent ProfpjL.1,61  c'elt  l'orthographe  que  fuit  Spondans 
la  lifte  des  peuples  de  l'Attique.  Prospalta,  dit-il ,  avoit 
nu  temple  dédié  à  Cérès  6c  à  Proferpine.  Ses  habitans 
pafToient  pour  des  critiques  ;  6c  un  ancien  poète  , 
nommé  Eupolis  ,  avoit  fait  une  comédie  contre  eux, 
intitulée  Profpzltii.  Ariflophane  ,  Athénée  6c  Suidas  en 
font  fouvenr  mention. 

PROSPALTA.  P^^Prospalea. 

PPvOSPATROS,  lieu  de  la  tribu  Acamantide  ,  félon 
Phavoiinus,  Lexîc. 

PROSPHORIUM.  Voyez.  Phosphorium. 

PROSPHTHASIA.  K^Phrada. 

PROSTAMA  ,  ville  de  la  Pifidie  ,  félon  Ptolomée  , 
iiv.  y.  ebap.  j.  Cette  ville  étoit  épiscopale  ;  car  on 
trouve  dans  le  concile  de  Conltantinople ,  tenu  l'an 
381  ,  la  foufeription  d'un  de  tes  évêques  ,  nommé 
Attalus  ProflamenCh.  *  Harduin.  collect.  conc.  t.  I. 
p.  816. 

PROSTROPjEA,  ville  de  Sicile.  Celt  Etienne  le 
géographe  qui  en  parle.  Voyez.  Postrop>ea. 

PROSYUNA  .  canton  de  l'Argie,  félon  Paufanias , 
l.i.c.  <>.6c  Etienne  le  géographe.  S^rabon.  /.S.  p.  373. 
fait  de  Profv  nui  une  ville  ,  où  il  dit  qu'il  y  avoit  un 
temple  de  Ju  non.  S. ace,  Thébuidc ,  1.  r.  v.  383.  a  parlé 
de  ce  temple. 


Hlnc  celfe  Jiinon'ia Templa  Profymn& 
TjAVUS  habens 

PROTA  ,ifle  du  Bosphore  de  Thrace.  Eticnnelegéo- 
graphe  en  parle  ,  ainfi  qu'Emmanuel  Comnène  ,  dans 
fes  Conititutions.  Pierre  Gilles  dit  que  les  Grecs  la 
nomment  préfenrement  Trou.  Elle  elt  nppellée  Proten 
par  Cédrcne  &  par  Paul  Diacre  ,  6c  Prima  dans  l'hi- 
itoire  MiscePanée.  On  la  met  à  quarante  ftades  de  Tille 
de  Chalci.s.  *  Ortel.  Thefaur. 

1 .  PROTE ,  ifle  de  la  mer  Ionienne  ,  proche  de  la 
côte  de  la  MefTenie  ,  félon  Ptolomée,  /.  3.  c.  17.  Le 
manuferir  de  la  bibliothèque  Palatine  porte  Frima-ln- 
fula  au  lieu  de  Prote  ,  ce  qui  fignifie  la  même  chofe.  Pli- 
ne ,  /.  4.  c.  1 2.  fait  auffi  mention  de  cette  ifle.  On  la 
nomme  préfentement  Prodeno.  Voyez  Prodano. 

2.  PROTE.  Voyez.  Porquerolles  ,  6c  Stoecha- 
ufs. 

PKOTE-JUSTINIAN/E.  Voyez.  Tauresium. 
PROTEI-COLUMN/E.  On  trouve  ce  nom  dans  le 
©n/iéme  livre  de  l'Enéide  ,  vers  261 ,  où  on  lit  î 


I  I03 


Atrides  Protêt  Menel.nts  adufque  Colitmn  is 
Exulat 

Menelaiis ,  roi  de  Sparte  6c  fils  d'Atrée  ,  fut  jette  par 
la  tempête  fur  la  côte  d'Egypte  ,  où  il  demeura  huit  ans 
avant  que  de  retourner  dans  Ces  états.  Protée  regnoit 
dans  ce  tems-la  en  Egypte.  C'ert  ce  qui  fait  que  Vir- 
gile donne  a  la  partie  de  ce  pays ,  où  Menelaiis  aborda  , 
le  nom  de  Colonnes  de  Protée  ,  pour  lignifier  l'extrémité 
de  fes  états.  On  entend  communément  parles  Colomnes 
de  Protée  le  port  d'Alexandrie.  En  effet  Homère ,  Odyjf. 
I.  4.  v.  3;;.  dit  que  Menelaiis  aborda  à  lifle  de  Pharos. 
*  Turneb.  Adverfar.  /.  t. 

PROTERIATE,  ou  Proteriato, rivière  d'Italie,  au 
royaume  de  Naples ,  dans  la  Calabre  Ultérieure.  Elle  a 
fa  fource  au  mont  Apennin  ;  6c  après  avoir  paflfé  à  Grot- 
raria ,  où  elle  fe  groflit  des  eaux  d'une  autre  rivière  ,  elle 
va  fe  jetter  dans  la  mer  Ionienne  ,  entre  l'embou- 
chure du  Turbelo  au  nord,  6c  celle  du  Novito  au  midi. 
Quelques-uns  veulent  que  ce  foit  le  Locanus  de  Ptolo- 
mée. Voyez.  Locanus.  *  Magin  ,  Carte  de  la  Calabre 
Ultérieure. 

PROTESILA-DELUBRUM.  Vovez.  Protesileûm. 

PROTESILAITURRIS.  Voyez.  Protesileûm. 

PROTESILEUM  ,  ville  du  Querfonnèfe ,  félon  Stra- 
bon  ,  /.  1 3.  p.  ^g.  qui  la  place  à  l'oppofite  du  promon- 
toire Sigée.  Ceit  ce  que  Pline,/.  4.  c.  il.  entend  par 
Turris  6c  Delubrum  PROTtSILAI. 

PROTHINGI ,  peuples  Scythes,  qui  paflerent  le  Da- 
nube du  tems  des  empereurs  Gratien  &  Théodofe,  félon 
■Zofime,  Hifl.  l.^.c.  58.  Sur  quoi  Lindebrog  remarque 
que  ces  peuples  font  appelles  Gruthungi  par  Ammien 
Marcellin  .  /.  27.  c.  1 1.  6c  par  Claudien  ,de 4.C&/7/.  Ho- 
nor.  Gautunni,  par  Flavius  Vopiscus  ,  in  Probo  ,  c.  8. 
TRUTUNGi,parPollion,/»0'^«^w)c.  6.  6c  ViTHUNGipar 
Sidonius  Apollinaris,Gzr??z.  7.  v.  233.  Il  ajoute  que  les 
Juthungi  ,  dont  fait  mention  Ammien  Marcellin  au  dou- 
zième chapitre  du  dix-feptiéme  livre  ,  paroiflent  être  les 
mêmes  que  les  Gruthungi  6c  les  Prothingi. 

PROTOMACRjE,  ville  de  Bithynie.  Ptolomée ,  /.;. 
c.  1.  la  place  dans  les  terres  entre  Dedacana  6e  Claudio- 
polis  ou  Bukyhium. 

PROVENÇAY  ,  prieuré  de  France  ,  dans  l'Anjou.  Il 
dépend  de  l'abbaye  de  Marmoutier ,  6c  on  lui  a  uni  le 
prieuré  de  Saint  Vincent. 

PROVENCE ,  province  de  France  ,  dans  fa  partie 
méridionale.  Du  côté  du  feptentrion  elle  aie  Dauphiné  j 
au  midi  elle  elt  bornée  par  la  mer  Méditerranée  ;  à  l'o- 
rient elle  elt  féparée  des  états  de  la  maifon  de  Savoye  par 
les  Alpes  &  la  rivière  du  Varj  au  couchant  elle  em- 
balle l'état  d'Avignon  ,  6c  de  ce  même  côté  le  Rhône  la 
fépare  du  Languedoc.  *  Longuerue ,  Defc.  de  la  France  , 
part.  1.  p.  341.  &  filiv. 

Le  nom  de  Provence  vient  àtProv'wcia ,  que  les  Ro- 
mains donnèrent  à  cette  partie  des  Gaules  qu'ils  conqui- 
rent la  première  :  elle  étoit  de  plus  grandeétendue  que  la 
Provence  d'aujourd'hui  ;  car  outre  le  Languedoc  ,  elle 
contenoit  encore  le  Dauphiné  &  la  Savoye  jusqu'à  Ge- 
nève; néanmoins  on  voit  que  communément  dans  le  neu- 
vième ,  le  dixième  &  le  onzième  ficelés  le  nom  de  Pro- 
vence étoit  donné  au  pays  qui  eft  à  l'orient  du  Rhône, 
&  l'on  n'a  appelle  en  particulier  le  comté  de  Provence  , 
que  ce  qui  elt  enfermé  entre  la  mer  Méditerranée  ,  le 
Rhône  ,  la  Durancecx:  les  Alpes. 

Ce  pays  étoit  autrefois  habité  par  les  Salyes  ou  Sa- 
lues ,  que  quelques-uns  écrivent  Salvi,  6c  d'autres  Salu- 
v'ù  6c  Salluvii ,  qui  étoient  Liguriens  d'origine.  LesMar- 
feillois ,  venus  des  Grecs  de  Phocée  en  Ionie  ,  s'éteient 
établis  fur  les  côtes  de  ce  pays-là  ,  où  ils  avoient  fondé 
plusieurs  villes.  Lc^  anciens  habitans  ,  qui  haïflbient  ces- 
nouveaux  venus,  les  incommodoient  par  de  fréquentes 
hoftilités ,  de  forte  que  les  Marfeillois  furent  contraints 
d'implorer  le  fecours  des  Romains  leurs  alliés.  Fitlvius  , 
conful  Romain  ,  fut  envoyé  contre  les  Salves  l'an  629  de 
la  ville  de  Rome  ,6c  11$  ans  avant  Jesus-Christ.  L'an- 
née fuivante  ,  il  les  battit  dans  quelques  combats  ;  mais  il 
ne  les  fubjugua  point  ;  ce  fut  le  confulaire  Sextuts  qui 
acheva  cette  conquête  ,  &  chaffa  le  roi  Teutomale  de  ce 
pays ,  qu'il  abandonna  pour  fe  retirerchez  les  Allobroges 


PRO 


ï  104 

Van  6  3 1  de  Rome ,  ôc  1  z$  ans  avant  J.  C.  Ainfi  les  Ro- 
mains commencèrent  alors  à  avoir  le  pied  dans  la  Gaule 
Transalpine ,  Ôc  ils  ne  perdirent  ce  pays  qu'après  la  prife 
de  Rome  par  Odoacre. 

Eu  rie  r  roi  des  Vifigoths»  s'empara  de  la  Provence  ,  & 
fon  fils  Alaiic  en  jouit  jusqu'à  ce  qu'il  fut  vaincu  ôc  tué 
.par  Clovis.  Les  Oitrogoths  partagèrent  ce  pays  avec  les 
lianes  ;  ôc  ces  derniers  en  relièrent  entièrement  maî- 
tres, lorsque  Belifaire  eut  défait  les  Oitrogoths. 

Sous  les  Carlovingiens  ,  la  Provence  fut  poffédée  par 
1  empereur  Lothaire  ,  ôc  par  fes  fils  Charles  Se  Lothaire, 
Se  enfuite  par  Charles  le  Chauve  ôc  fon  fils  Louis  le  Bè- 
gue ,  après  la  mort  duquel  Bofon  fe  fit  couronner  roi,  & 
fut  détrôné  par  Carloman  ,  puis  rétabli  par  Charles  le 
Gros.  Bofon  étant  mort ,  ôc  Charles  le  Gros  ayant  été 
détrôné  ,  le  Viennois  ôe  la  Provence  demeurèrent  quel- 
que tems  dans  i'anarchie  ôc  la  confufion  j  ce  qui  donna 
lieu  aux  Sarrazins  de  faire  descente  à  la  côte  voifine  de 
Fréjus  ,  à  un  lieu  nommé  Fraxïnet  ou  Fraijjinet  >  dans 
lequel  ils  fe  fortifièrent ,  &  delà  ils  ravagèrent  la  Proven- 
ce, pénétrant  jusque  dans  les  Alpes. 

Les  fujets  de  Bofon  élurent  enfin  roi  fon  fils  Louis,  qui 
eut  l'ambition  de  fe  faire  empereur  &  roi  d'Italie  ,  ce 
qui  lui  lénifie  mal.  Après  qu'on  lui  eût  crevé  les  yeux  ,  il 
fut  contraint  de  fe  retirer  dans  fon  premier  royaume ,  où 
un  feigneur  ,  nommé  Hugues ,  avoit  ufurpé  toute  l'au- 
torité ;  c'eft  lui  qui  le  premier  s'empar^u  comté  d'Ar- 
les ,  ôc  après  la  mort  du  roi  Louis  fon  fouverain,  il  fe  ren- 
*dit  maître  abfolu  de  totlt  fon  royaume  ,  fans  prendre 
néanmoins  la  qualité  de  roi  ;  car  il  ne  l'eut  qu'après  avoir 
été  couronné  roi  d'Italie  l'an  926.  Alors  il  céda  le  royau- 
me de  Bourgogne  à  Rodolphe  ,  roi  de  la  Bourgogne 
Transjurane ,  qui  avoit  quitté  l'Italie  ,  ôe  Hugues  ne 
ie  réferva  dans  le  pays  ,  qui  eft  à  l'occident  des  Al- 
pes ,  que  le  comté  d'Arles  ,  qui  eft  le  même  que  celui 
de  Provence.  Hugues  craignant  le  retour  de  Rodolphe 
en  Italie,  lui  céda  l'an  930,  ce  qui  lui  reftoit  entre  les 
Alpes  ôc  le  Rhône  >  en  forte  que  Rodolphe  fe  vit  roi  de 
toutes  les  provinces,  qui  s'étendent  depuisle  haut  Rhin  , 
jusqu'à  la  mer  Méditerranée.  Il  fouffrir  néanmoins  qu'un 
feigneur ,  nommé  Bofon.  qui  avoit  époufé  Berthe, nièce 
de  Hugues,  fût  reconnu  comte  d'Arles.  Bofon  joiiiffoit  de 
ce  comté,  comme  vaffal  de  Rodolphe  l'an  934,  &  ce  roi 
mourut  l'an  937. 

Conrad  le  Pacifique  ,  fils  ôc  fucceffeur  de  Rodolphe  , 
donna  le  comté  d'Arles  à  un  autre  Bofon ,  après  la  mort 
du  premier  Bofon  ,  qui  n'avoit  point  laiiïé  d'enfans, 
Enfuite  le  roi  Hugues  ,  avant  été  chaffé  d'Italie ,  fe 
jetta  dans  le  monallere  de  Saint  Pierre  de  Vienne ,  où 
il  mourut. 

Bofon  II  >  qu'on  croit  n'être  pas  parent  du  premier,eut 
pour  fucceffeur  fon  fils  Guillaume.  Celui-ci  chaffa  les 
Sarrazins  de  Fraxinet ,  ôc  rétablit  les  villes  maritimes  de 
Provence  qui  avoient  été  détruites  par  les  Barbares. 
C'eft  de  ce  Guillaume  que  font  descendus  par  mâles  les 
premiers  comtes  de  Provence  jusqu'à  Bertrand,  qui  étant 
mort  vers  l'an  1070  ne  laiffa  qu'une  fille  nommée  Giber- 
ge ,  ouTiburge  félon  quelques-uns,  qui  époufa  Gilbert , 
comte  de  Millau  en  Rouergue.  Raymond  de  Saint 
Gilles  lui  fit  la  guerre  pour  le  dépouiller  de  fes  états  , 
c\r  ilne  le  laiiïa  en  repos  que  pouralleràla  premierecroi- 
fade. 

Gilbert  n'eut  de  la  comteffe  fa  femme  ,  qu'une  fille 
nommée  Douce  ouDouIce,  qui  époufa  RaimondBéren- 
ger,  comte  de  Barcelone.  Ce  fut  ce  prince  qui  accom- 
moda les  difTérens  que  les  comtes  de  Toulouiè  avoient 
eus  avec  ceux  de  Provence.  Pluficurs  modernes  ont  pré- 
tendu que  Douce,  comtefie  de  Provence  ,  ôe  Faydide  , 
comtefie  deTouloufe,  étoient  foeurs^  mais  cette  opi- 
nion n'eft  appuyée  fur  aucun  témoignage  certain. 
Le  comté  de  Provence  après  avoir  paffé  dans  diffé- 
rentes maifons  ,  fut  donné  à  Louis  XI ,  roi  de  France 
&  à  fes  fuccefieurs  par  Charles ,  roi  de  Sicile ,  l'an  148 1 . 
Le  roi  de  France  prit  en  conféquence  poffeifion  de 
Ja  Provence  après  la  mort  de  Charles  :  mais  il  pro- 
mit aux  Provençaux  qu'on  leur  conferveroit  leurs  loix 
particulières  Ôe  leurs  privilèges ,  fans  que  par  l'union  à  la 
couronne  leur  pays  pût  devenirprovincede  France.  C'ell 
pour  cela  que  dans  les  arrêts  rendus  au  parlement d'Aix, 
«m  met ,  Par  le  roi ,  comte  de  Provence i  Ôe  les  rois,  dans 


PRO 


leurs  lettres  adréffées  a  ce  pays-là,  prennent  la  qualité  de 
comtes  de  Provence. 

Après  la  mort  de  Louis  XI ,  pendant  la  minorité  de 
Charles  VIII  ,  René  ,  duc  de  Lorraine  ,  profitant  de 
la  foibleffe  du  gouvernement ,  voulut  faire  valoir  fes 
droits  fur  la  Provence  j  mais  il  fut  débouté  de  fes  préten- 
tions par  une  îcntencc  aibitrale,  après  quoi  le  roi  Char- 
les unitou  annexa  à  peipétuitélaProvenceà  la  couronne 
l'an  1487 ,  a  la  prière  des  trois  états  du  pays. 

Les  Provençaux  prétendent  que  l'églife  de  Marfeille 
&  celles  d'Aix  font  des  premières  des  Gaules.  Ils  difenc 
que  les  juifs  chafferent  de  Jerufalem  Lazare  ,  avec  Mar- 
the ,  ôc  Marie  Magdeléne  fes  fœurs ,  Marcelle  leur  fer- 
vante  ,  Maximin  ,  S.Célidoine  qu'on  croit  être  l'aveugle 
né  ,  Jofeph  d'Arimathie  ,  disciple  de  Jefus-Chrift  ,  Se 
qu'ils  les  expoferent  dans  un  vaiffeau  fans  gouvernail, 
fans  voiles  ôc  fans  armes  ;  mais  qu'ils  arrivèrent  heu- 
reufement  à  Marfeille.  Delà  ils  allèrent  prêcher  l'évan- 
gile dans  la  Provence.  Maximin  &  Célidoine  planterenc 
la  foi  dans  la  ville  d'Aix ,  dont  ils  ont  été  les  premiersévê- 
ques.  Marthe  ôc  Marcelle  ,  allèrent  faire  la  même  cho- 
fe  à  Tarascon  ,  ôc  Madelaine  ôc  Lazare  demeurèrent  à 
Marfeille  ,  dont  Lazare  fut  le  premier  évêque.  Il  y  a 
de  fort  bonnes  raifons  pour  prouver  le  contraire  de  ces 
traditions ,  mais  il  ne  faut  pas  les  contredire.  Les  Proven- 
çaux font  fi  peu  traitablcs  fur  cet  article  ,  que  le  parle- 
ment d'Aix  condamna  au  feu  un  livre  de  de  Launoy  ,  où 
ce  fameux  critique  combattoit  ces  traditions.  *  Piganiol, 
Defcr.  de  la  France  ,  t.  4.  p.  84.  ôc  fuiv. 

Il  y  a  en  Provence  deux  archevêchés ,  ôe  onze  évê- 
chés  favoir , 


Archevêché 
d'A  1  x. 


rApt, 
:  3  Frejus 
£Riez, 


Archevêché 

d'ARLES. 


Evêchés  fuf- 
fragans  d'AM- 
erun  qui  eft  en 
Daupbiné, 


*  Sifteron. 
1  Gap. 

Marfeille , 
[Toulon  , 
.Saint  Paul  trois 
Châteaux, 

Orange. 

Digne , 
jGlandeves, 

Graffe , 
jSenez  , 

Vcnce. 


En  Provence. 
En  Daitplriné. 

En  Daitphiné. 


En  Provence. 


La  Provence  n'ayant  point  été  comprife  ,  dans  le 
concordat ,  le  roi  ne  nomme  aux  évêchés  ôc  aux  abbayes 
qui  font  dans  cette  province  qu'en  vertu  d'un  induit  du 
pape. 

La  religion  de  Malthe  poffede  de  grands  biens  dans 
cette  Province  :  aufTi  l'auberge  de  Provence  eft-elle  la 
première  de  cette  religion.  Elle  a  deux  grands  prieurés  , 
qui  font  celui  de  S.  Gilles,  ôc  celui  de  Touloufe.  Cin- 
quanre  commenderics  dépendent  du  grand  prieuré  de  S. 
Gilles ,  ôc  vingt-une  ou  vingt-deux  de  celui  deTouloufe. 
Parmi  toutes  cescommenderies  il  y  en  a  huit  d'affectées 
aux  chevaliers  fervans ,  ôc  aux  diacots  ou  d'églife.  Le 
plus confidérable  de  ces  huit  bénéfices,  eft  le  prieuré 
de  S.  Jean  d'Aix. 

On  a  établi  en  différens  tems  douze  lièges  ou  féné- 
chauffées  royales  en  Provence.  Elles  ont  chacune  un  (enfi- 
chai d'épée  ,  dont  la  charge  étoit  héréditaire,  ôc  rappor- 
toit  cent  cinquante  liv.  dégages  ôc  unminot  de  felj  mais 
l'hérédité  a  été  fupprimée  par  les  arrêts  du  confeil  d'étac 
du  roi  desi6ocT:obre&  16  décembre  17 19. Il  fut  dit  qife 
lorsque  ces  charges  viendroient  à  vaquer  ,  S.  M.  y  pour- 
voirait conformément  aux  ordonnances  des  années  1560 
ôc  1579-  Quand  ces  fénéchaux  vont  dans  leurs  féné- 
chauffées ,  ils  y  fiégent  l'épée  au  côté  ,  &  ont  la  place  la 
plus  honorable.  S'ils  affilient  aux  jugemens,  ils  y  ont  voix 
délibérative  ,  ôc  leurs  lieurenans  généraux  prononcent 
ainfi  :  Alonfïeur  lefénéchal  dit ,  &c.  au  lieu  que  quand  ils 
n'y  font  pas  préfens,  on  ne  parle  point  d'eux.  Il  n'y  a  que 
le  fénéchal  d'Aix  qui  porte  la  qualité  de  grand  féné- 
chal  dç  Provence. 

Les 


PRO 


1 


j 


1  I  0$ 


Les  autres  ne  font  fénéchaux  que  dans  leur  refibrt.  Ces 
(é  nechauflees  ont  été  établies  à 


Aix, 

Marfeille , 
Arles, 

Forcalquier  , 
Grade, 
Brignoles , 


Toulon  , 
Draguignan , 
Digne  , 
Sifteron , 
Caltelane, 
Hieres. 


Outre  ces  junsdictions  fubalternes,  il  y  a  encore  dans  les 
principales  villes  un  officier  royal  de  robe  courte  ,  qu'on 
appelle  Viguier.  11  marche  avec  les  confuls  ou  échevins 
dans  les  cérémonies  publiques ,  affilie  aux  aflemblées  de 
la  ville ,  Se  a  toujours  la  préléance.  11  y  a  auffi  des  juges 
de  police  établis  depuis  peu ,  des  juges  pour  les  mar- 
chands, des  fiéges  d'amirauté  dans  tous  les  ports  de  mer , 
Se  un  tribunal  qu'on  appelle  Prud'hommie  ,  parce  que  ce 
font  quatre  pêcheurs  qu'on  nomme  Prud'hommes ,  qui 
y  adminiflrent  la  juftice  en  dernier  redore  Ces  quatre 
juges  font  élus  tous  les  ans ,  Se  prêtent  leur  ferment  entre 
les  mains  du  viguier  Se  des  confuls.  Ils  connoiflent  des 
différens  qui  furviennent  entre  eux  pour  la  pêche  ,  &  de 
ce  qui  y  a  du  rapport.  Presque  toutes  ces  juridictions 
reflbrtiflent  au  parlement  d'Aix  ,  établi  par  Louis  Xll , 
le  iode  Juillet  1 501.  Ce  parlement  efl  aujourdhuicom- 
pofé  de  la  grand'chambre  ,  de  la  rournelle  ,  Se  d'une 
chambre  des  enquêtes.  Il  y  a  huit  préfidens  à  mortier , 
trois  aux  enquêtes ,  Se  cinquante  un  confeillers ,  dont  il 
y  en  a  un  qui  eft  d'églife.  Le  parquet  confilte  en  deux 
avocats  Se  deux  procureurs  généraux.  On  juge  les  pro- 
cès dans  toute  cette  province ,  félon  les  ordonnances  des 
rois,  Se  félon  les  loix  romaines. 

Quanta  \z  finance,  on  affemble  en  Provence  les  princi- 
paux des  trois  ordres, pour  impofer  les  fommes  que  chacun 
doit  payer ,  Se  que  la  province  donne  au  roi.  Par  ces  trois 
erdres,on  entend  le  clergé,  la  noblefle  ,  &  les  députés  des 
communautés  les  plus  confidérables.  Sous  l'ordre  du 
clergé  *  on  entend  les  archevêques  ,  les  éveques  ,  les 
abbés  croffés,  le  prévôt  de  Pign.m,  les  prévôts  des  cathé- 
drales ,  Se  quelques  autres  ecclédafliques ,  qui  pofledent 
des  bénéfices  confiftoriaux.  Sous  l'ordre  de  la  noblefle 
font  comprisles  nobles  d'oiigine&  les  roturiers  qui  pofie- 
dent  des  fiefs  en  toute  juftice  Se  à  fouage.  Il  y  eut 
autrefois  un  règlement  qui  excluoit  les  roturiers  qui  ne 
poflédoient  que  des  arriere-fiefs  ;  mais  ce  règlement  n'a 
jamais  été  obfervé.  Sous  le  troifiéme  ordre  ou  tiers  état , 
on  met  les  députés  detrente-fept  communautés ,  Se  ceux 
de  vingt  vigueries.  Depuis  l'afïcmblée  des  états ,  qui  fe 
tint  à  Aix  en  1659 ,  il  ne  leur  a  pas  été  permis  de  s'as- 
fembler  ;  mais  on  y  a  fuppléé  par  des  aflemblées  généra- 
les qu'on  convoque  tous  les  ans  par  ordre  du  roi. 
C'eft  l'archevêque  d'Aix  qui  y  préfide,  Se  en  fon  abfence 
leplus  ancien  prélat.  Il  y  a  toujours  un  commiflaire  du 
roi  -,  c'eft  ordinairement  l'intendant.  Celui  qui  commande 
dans  la  province  fait  l'ouverture  de  l'affemblée  par  une 
harangue  qui  eit  fuiviede  celle  que  fait  le  commiiïaire, 
après  quoi  celui  qui  commande  ,  foit  gouverneur  ,  foit 
lieutenant-général  de  la  province  n'entre  plus  dans  l'as- 
fcmblée.  Le  commiflaire ,  fuivi  des  dépurés ,  qui  font  les 
principaux  de  la  noblefle ,  vont  à  l'iffue  de  chaque  féance 
chez  le  commandant  pour  l'informer  de  tout  ce  qui 
s'y  eft  paffé.  Ces  aflemblées  générales  fe  tiennent  depuis 
quelque  tems  dans  la  petite  ville  de  Lambesc. 
'  Quant  aux  Jurisdictiohs  qui  concernent  les  finances , 
il  y  a  à  Aix  un  bureau  de  vingt-trois  tréforiers  généraux , 
dont  le  doyen  efl  préfidenr.  Outre  ce  nombre  ,  il  y  a  un 
avocat  &  un  procureur  du  roi,  Se  deux  greffiers,  l'un  pour 
la  finance  ,  Se  l'autre  pour  le  domaine.  Dans  toute  la  Pro- 
vence ,  il  n'y  a  eu  qu'un  tréforier  général  des  finances 
jusqu'en  1 55  z.  La'chambre  des  comptes  aides  cofinances, 
exiftoit  dès  le  tems  des  comtes  de  Provence.  Ce  ne 
fut  néanmoins  que  fous  Henri  II ,  qu'elle  fut  érigée  fur 
le  pied  qu'elle  eft  aujourd'hui.  On  y  compte  quatre 
préfidens,  vingt-trois  confeillers,  deux  avocats  généraux  , 
un  procureur  général  ,  huit  auditeurs  ,  Se  cinq  corre- 
cteurs. L'édit  d'Henri  II ,  fut  donné  à  Anet  en  1 5-  ç  j  II 
porte  établijfement  de  la  chambre  dei  comptes,  &  création 
de  la  cour  des  aides  au  yays  de  Provence.  Les  tailles  font 


réelles  en  Provence  ,  Se  il  y  a  deux  chambres  des  inoir^ 
noies ,  l'une  Se  l  autre  à  Marfeille. 

La  mai  échauffée  de  cette  province  étoit  compoféc  d'un 
prévôt  en  chef,  de  deux  lkutcnans ,  d'un  aiieiiéur ,  d'un 
greffier  ,  Se  de  deux  archets  entretenus.  Le  roi  par  fon» 
edit  du  mois  de  mars  1 710 ,  ayant  fupprimé  tous  les  offi- 
ciers Se  archers  des  maréchauflces ,  a  établi  de  nouvelles 
compagnies  de  marethaufiees  dans  toute   l'étendue  du 
royaume.  Par  fon  édit ,  le  roi  crée ,  forme  Se   établie 
en  chaque  généralité  ou  département  du  royaume  une 
compagnie  de  maréchauflee ,  qui  doit  être  ce  mpofee  d'un 
prévôt  général  ,   d'un  nombre  de    lieutenans  ,   aiTcs" 
feurs  ,  greffiers  ,  exempts  ,  brigadiers  ,  foubiigadicrs  , 
archers  Se  trompettes ,  fixé  pat  l'état  qui  en  â  été  arrêté. 
C'eft  en  conféquence  de  cet  édit  que  le  roi  a  établi  un 
prévôt  général  a  Aix  ,  un  lieutenant  ,  un  afleffeur  ,  un 
Procureur  du  roi  &  un  greffier  ;  Se  à  Digne  un  lieutenant , 
un  afleffeur  ,  un   procureur  du    Roi    &    un  greffier,, 
Outre  les  collèges  où  difterens  ordres  de  religieux  en- 
feignent  les  humanités  Se  la  philofophic  ,  il  y  a  à  Aix  une 
univerfité  fondée  par  le  pape  Alexandre  V,  en  1409.  Les 
étudians  doivent  jouir  des  mêmes  privilèges  que  ceux  de 
l'univerfiréde  i  aris ,  ainfi  que  les  rois  de  Fiance  l'ont 
ordonné ,  Se  fur  tout  Louis  le  Grand  en  1 660.  On  a 
auffi    établi    à  Arles    une    accadémie    des    belks-let- 
tres  ,   qui  doit  être  compofée  de  quarante  académi- 
ciens. Les  lettres  patentes  en  furent  expédiées  en  \CG%  , 
Se  vérifiées  au  parlement  d'Aix  le  3  du  mois  de  juin 
1669, 

Le  commerce  de  Provence  eft  tiès-confidérable  ;  car 
presque  tout  le  commeice  que  la  France  fait  avec  l'Italie 
Se  1  Espagne,  Se  tout  celui  qu'elle  a  dans  les  échelles  dti 
Levant ,  fe  fait  à  Marfeille. 

On  porte  tous  les  ans  de  Marfeille  en  Italie  pour 
environ  trois  millions  cinquante  mille  livies  de  mari 
chandifes  ;  qui  confident  en  draps  ,  ferges ,  amendes , 
miel  ,  prunes ,  figues  ,  anguilles  falées  5  câpres  ■  olives  » 
anchois ,  huile,  giaine  Se  fleur  d'aspic  ,  toiles  cottomdcs 
à  voile,  eau  dévie  ,chemifettes  pour  hommes,  femmes 
Se  enfans  ,  bas  de  fil  &  de  laine  travaillés  à  l'aiguille.  En 
retour ,  on  rapporte  du  chanvre  Se  du  riz  de  Piémont 
Se  de  Lombardie  ,  du  bled  de  Venife ,  d'Ancone  ,  de 
Sardaigne  ,  de  Sicile  ,  Se  de  Civita-Vccchia;  du  foufre» 
de  Civita-Vecchia  Se  d'Ancone  ;  de  l'anis  des  états  de 
Rome  ,  de  la  manne  qu'on  prend  en  Sicile ,  dans  les 
états  de  Rome  ,  Se  au  mont  Saint- Ange  en  Calabre  ,  de 
la  foie  fine  du  crû  de  Savoye  ,  de  Piémont ,  du  Mila- 
nez  ,  de  Lombardie  ,  de  Bologne  ,  de  Ferrare  Se  de  Sicile* 
Le  commerce  de  Marfeille  avec  l'Italie  produit  envi- 
ron trois  millions  rrois  cens  trente- cinq  mille  trois 
cens  cinquante  livres. 

Le  commerce  qu'on  fait  de  Marfeille  en  Espagne  eft 
beaucoup  plus  confidérable  que  celui  qu'on  fait  avec  l'I- 
talie. 11  confifle  en  toiles ,  en  étoffes  de  Tours ,  brocards 
Se  tafetas  de  foie  ,  galons  d'or  Se  d'argent ,  en  dentelles 
d'or  Se  d'argent  ,  en  dentelles  Se  galons  faux  ,  en 
épingles ,  en  peignes  de  buis  Se  de  figuier  qui  fe 
font  à  Marfeille  Se  aux  environs.  On  envoie  en 
outre  une  prodigieufe  quantité  d'étoffes  de  Lyon  3 
brocards  Se  foie  ,  or  Se  argent  ,  des  rubans  Se  den- 
telles de  Saint  Chaumont ,  des  tafetas  d'Avignon  ,  des 
clinquailleries  de  S.  Etienne  ,  des  dentelles  de  fil  du 
Puy  ,  des  toiles  de  Bretagne  ,  Rouen  ,  &  autres  en- 
droits ,  des  camelots  Se  bouracans  de  Lille  en  Flandre , 
des  cadis ,  burailles  Se  ferges  de  Nîmes  ,  des  burai- 
les  d'Auvergne,  des  pièces  de  futaines  Se  des  bafins ,  des 
chapeaux  ,  galles  légères  du  pays ,  papier  à  la  cloche  , 
enftors  à  l'Espagnole  ,  tabac  de  Ckrac  ,  prunes  de 
Brignoles,  toiles  delin  crues  ,  bufles  ,  è\'c.  des  cotons  fi- 
lés de  .Térufalem  ,  encens  ,  gomme  arabique  ,  galles 
d'Alep  ,  drogueries  de  toutes  fortes  ,  fafrans  &  autres! 
enfin  le  produit  du  commerce  de  Marfeille  avec  l'Espaj 
gneeftd'environneufmillionscentfoixanre  dix  mille  li- 
vres On  retire  d'Espagne  pour  huit  millions  cent  quatre* 
vingr  cinq  mille  livres  en  cochenille ,  quinquina ,  indigo, 
boisdeCampêche,  laines  de Segovie,ÏYautres,faliépareil* 
le  ,  fucre  en  cabas ,  grain  de  vermillon  ,  foes ,  regliflc  » 
piadres  ,  huiles  ,  raifins  fecs  ,  Se  autres  effets.  # 

Le  commerce  de  Marfeille  au  Levant  eft  très-vif.  Les 
Vénitiens  &  les  Génois  ont  été  les  premiers  qui  ont 
Tom.lV.  Aaaa  aaa. 


no6        PRO 

commence  ce  commerce.  Les  François  n'y  penferent 
férieufement  que  vers  l'an  1550.  Us  firent  alors  des 
établi ffemens  a  Conftantinoplc  ,  dans  l'ifle  de  Chypre  , 
à  la  côte  de  Syrie ,  Se  à  Alexandrie  en  Egypte.  Dans  ces 
comiïicnccmens  ,  le  plus  ancien  marchand  faifoit  la 
fonction  de  conful ,  Se  il  n'y  en  eue  point  en  titre  jus- 
qu'au tegne  de  Charles  ÎX,  Voici  en  gros  l'état  ordinaire 
de  ce  commerce.  J'avertirai  pounanr  que  je  donnerai 
le  nom  d' Echelle  à  des  lieux  qui  dans  la  dernière  exactitu- 
de ne  le  doivent  pas  porter  ;  car  on  n'a  appelle  propre- 
ment échelle  qu'un  endroit  pour  lequel  on  deftine  les 
bâtimens  ,  au  lieu  que  conformément  à  l'ufagc  je  le  don- 
nerai à  quelques  lieux  où  les  bâtimens  touchent  ,  Se  où 
ils  ne  chargent  que  par  occafion. 

Il  part  tous  les  ans  de  Marfcille  pour  l'Echelle  de  Cou 
ftantinople  douze  ou  quinze  voiles-,  ravoir  quatre  ou  cinq 
vaiffeanx  cv  huit  ou  dix  barques  d'environ  deux  mille 
cinq  cens  quintaux  chacune.  Pour  Y  Echelle  de  Smyrne 
il  part  fept  ou  huit  vaifleanx  de  fix  ou  huit  mille  quin- 
taux ,  Se  quatre  ou  cinq  barques.  U Echelle  de  Salonique 
eft  nouvelle  ,  Se  les  Juifs  y  font  le  plus  grand  commerce. 
Il  ne  part  aucun  bâtiment  de  deiiem  prémédité  pour  l'E- 
chelle d' Athènes  ,&  ce  n'eft  que  par  occafion  qu'on  y  char- 
ge quelques  efftts.On  ne  peut  pas  fixer  le  nombre  des  bâ- 
timens qui  vont  dans  l'Echelle  de  la  Canée  en  Candiejc'eft 
la  récolte  de  l'huile  ou  du  bled  qui  en  décide.  Il  y  a  dans 
quelques  ifles  de  l'Archipel  des  confuls  François ,  ôe  les 
Provençaux  y  font  quelque  commerce.  Par  exemple,  il  y 
a  un  conful  François  dans  l'ifle  de  Tines ,  qui  eft  la  feule 
de  l'Archipel  qui  foit  reftée  aux  Vénitiens, qui  y  font  un 
grand  commerce  de  foie.  Mais  jusqu'à  préfent  le  com- 
merce de  Marfcille  n'a  pas  eu  beaucoup  de  fuccès  de  ce 
côté  là.  L'ifle  de  Malthe  ne  produit  rien  ;  mais  les  Pro- 
vençaux y  vont  quelquefois  pour  acheter  des  marchan» 
difes  provenantes  des  prifes.  En  tems  de  guerre   il  va 
plufieurs  bâtimens  de   Marfeille    à    l'ifle  de  Naxe  , 
pour  charger  de  l'huile  ,  du  vin  &  du  fromage  ,  qu'ils 
portent  d'une  ifle  à  l'autre  aux  armées  chrétienne  Se 
ottomane  -,  .mais  ,  comme  en  tems  de  paix  ce  commer- 
ce eft  entièrement  libre ,  il  n'y  va  point  pour  lors  de  bâti- 
mens françois.    L'Echelle  de  Satalie  eft    particulière  à 
une  feule  compagnie  de  marchands  de  Marfeille  ,  qui  y 
font  un  commerce  d'environ  cinquante  quatre  mille  fix 
cens  quatre-vingt-neuf  livres  par  an.  Le  commerce  que 
l'on  fait  dans  l'Echelle  de  Larneca  eft  fort  borné,  à  caiife 
de  la  mifere  des  habitans  de  l'ifle  ,  qui  font  opprimés  par- 
les officiers  de  la  Porte.  Les  bâtimens  de  Provence  ,  qui 
vont  à  Seyde  &  à  Alexandrette  ,  pafient  à  Larncca  ,  Se 
mou  lient  dans  la  rade  des  Salines.  Le  commerce  de  1  E- 
c hellc  d'Altp  ,  ou  à' Alexandrette  ,  qui  en  eft  le  port  , 
étoit  autrefois  très-confidérable  ;  mais  les  droits  exces- 
fifs  que  les  bâchas  levoient  fur  lescaravanes  qui  venoient 
dePerfe  Se  des  Indes, firent  qu'on  fe  détourna  pou rpaffcr 
àSmvrne,  où  la  proximité  de  la  Porte  empêche  qu'on 
ne  levé  rien  au-delà  de  ce  qui  eft  dû.  Il  va  tous  les  ans  à 
Alexandrette  deux  ou  trois  vaifleanx  de  Provence  de  fix 
à  fept  mille  quintaux  chacun  ,  &  autant  de  barques  de 
deux  mille  cinq  cens  quintaux  chacune.  On  ne  peut 
rien  dire    de  précis  fur  le  nombre  des   bâtimens  qui 
vont  dans  l'Echelle  de  Tripoli  ,  parce  qu'ils  n'y  touchent 
qu'en  partant,  aprè*  avoir  chargé  à  Alep  ou  à  Seyde. 
Le  commerce  de  l'Echelle  de  Seyde  eft  fort  diminué 
par  les  mêmes  raifons  que  celui  de  Tripoli.  Ily  va  tous  les 
ans  fix  ou  fept  vaiffeaux  du  port  de  fix  ou  fept  mille 
quintaux ,  Se  quatre  ou  cinq  barques  de  deux  mille  ou 
deux  mille  cinq  cens  quintaux  chacune.  On  débarque  à 
Alexandrie  lesmarchandifes  qu'on  deftinepourle  Caire, 
qui  eft  à  quarante  lieues  au-delà.  On  les  porte  à  Rofet- 
te  ,  qui  eft  à  l'entrée  du  Nil,  Se  de  là  onlestransporte  fur 
ce  fleuve  jusqu'au  Boulac  ,  bourg  à  une  demi-lieue  du 
Caire.  On  envoie  tous  les  ans,  dans  cette  Echelle  du  Caire 
Se  a' Alexandrie ,  dix  ou  douze  vaiffeaux  ,  ôe  quatre  ou 
cinq  barques. 

Cet  état  de  commerce  fut  dreffé  dans  le  tems  que  le 
négoce  étoit  fur  un  pied  floriflànt  :  il  peut  maintenant  y 
avoir  quelque  diminution.  Ceux  qui  voudront  favoii :  l'es- 
pèce Se  la  quantité  des  marchandifes  qu'on  porre  dans 
ces  échelles,  Se  de  celle?  qu'on  en  rapporte  ,  peuvent 
avoir  recours  à  'a  nouvelle  defeription  do  la  France  par 
'Tiganiol.r.  4. p.  109.  &  Jiitv. 


PRO 


Dans  la  Provence  l'air  Se  le  terroir  ne  font  pas  partout 
les  mêmes.  La  haute  Provence  eft  un  pays  aflez  tempéré , 
riche  en  pâturages  &  en  beftiaux  ,  qui  produit  du  bled  , 
des  pommes ,  des  poires ,  Se  un  peu  de  vin:  celui  de  Riez 
reifemble  au  vin  de  Volnai.  Dans  la  baffe  Provence  l'air 
eft  exceffivement  chaud, Se  il  leferoit  encore  davantage  le 
long  de  la  mer ,  fans  un  petit  vent,  qu'on  appelle  la  bife , 
qui  règne  ordinairement  depuis  neuf  ou  dix  heures  du 
matin  jusqu'au  loir.  Le  vent  de  nord-oueft  rafraîchit  en- 
core beaucoup  ce  pays ,  quelquefois  même  un  peu  trop, 
c'eft  ordinairement  quand  il  a  plu.  Outre  cet  inconvénient 
il  defiéche  tellement  le  terroir  ,  qui  l'eu  déjà  beaucoup  , 
qu'on  dit  en  proverbe  :  £hie  le  myftrau  ,  le  parlement  & 
la  Durance  ,forn  les  trou  fléaux  de  la  Provence,  Godeau 
a  eu  raifon  d'appeller  la  baffe  Provence  une gueufe  parfu- 
mée ,  car  on  n'y  recueille  pas  la  moitié  des  grains  qu'il 
faut  pour  nourrir  les  habitans,&  fon  terroir  fec  Se  fablon- 
neuxeft  couvert  de  grenadiers, d'orangers,de  citronniers, 
d'oliviers  ,  de  lentisques,  de  cyprès,  de  palmiers  ,  de  fi- 
guiers ,  d'acacias  d'Afrique,  Se  de  plufieurs  arbrifieaux  , 
tels  que  le  bruc  ,  l'arbouzier  Se  l'azerollier.  Le  bruc  res- 
femble  affez  au  buis ,  mais  (es  feuilles  font  plus  longues 
Se  plus  aiguës  :  fon  fruit  eft  petit  Se  rouge  -,  il  fe  conferve 
toute  l'année ,  Se  il  a  cela  de  fingulier  qu'il  naît  du  milieu 
de  la  feuille.  L'arbouzier  a  les  feuilles  comme  celles  du 
kermès  ,  Se  fon  fruit  eft  de  la  groffeur  &  de  la  couleur 
d'une  groffe  cerife.  Il  a  un  goût  de  ftipticité.  L'azerollier 
produit  un  petit  fruit  rouge  qui  a  trois  ou  quatre  noyaux, 
Se  eft  d'un  goût  aigrelet  Se  agréable.  Garidel ,  dans  fon 
hiftoire  des  plantes  ,  qui  naiffent  aux  environs  d'Aix  , 
affure  qu'on  élevé  en  Provence  de  vingt  Se  une  efpé- 
ces  de  figuiers ,  Se  de  quarante  -  fept  fortes  de  feps  de 
vignes  &  de  raifins.  On  y  cultive  encore  de  belles  fleurs  -y 
on  vante  fur  tout  fes  tubéreufes  Se  fes  narciffes  de  diffé- 
rentes espèces ,  fans  parler  des  œillets  d'Avignon  ,  qui 
font  beaucoup  plus  grands  que  ceux  des  autrespays;  mais 
néanmoins  fort  au-deffous  de  ceux  de  Flandre  Se  de  Pi- 
cardie pour  la  fineffe  des  couleurs.  La  baffe  Provence  pro- 
duit affez  de  vin  ;  mais  communément  il  eft  gros,  fumeux 
&  doux.  Les  muscats  de  Provence  font  excellent,  6c  les 
truffes  fe  trouvent  en  quantité;  mais  elles  ne  valent  rien, 
non  plus  que  le  gibier ,  à  l'exception  des  becafigues.  Le 
poiffon  de  la  Méditerranée  n'eft  pas  non  plus,  à  beaucoup 
près ,  auffi  bon  que  celui  de  l'Océan. 

Le  favant  botanifte  Garidel  remarque  que  le  terroir 
de  Provence  eft  fi  avantageulement  dispofé,  qu'il  produit 
la  plupart  des  plantes  particulières  aux  autres  pays.  Cel- 
les des  Alpes  &  des  Pyrénées  fe  trouvent  fur  les  monta- 
gnes de  Seine ,  de  Colmars  Se  autres  :  les  marines  Se  les 
maritimes  fe  trouvent  le  long  de  la  côte  :  les  marécageu- 
fes  du  côté  d'Arles  Se  de  Tarascon  ;  les  fauvages  dans 
les  forêts  de  l'Efterel ,  d'Oulieres,  de  la  Sainte  Baume , 
Se  autres  :  celles  de  l'Espagne  ,  de  l'Italie,  de  la  Grèce ,  Se 
même  de  l'Egypte ,  dans  les  ifles  de  Porquerolles,  Se  dans 
les  autres  ifles  voifines.  On  trouve  auffi  dans  cette  pro- 
vince des  plantes  qui  font  fort  rares  dans  le  refte  du 
royaume  ,  telles  que  le  petit  aconit ,  l'alo'ês  vulgaire ,  les 
efpécesde  fer-à-cheval  ,1e  bec  de  grue  à  aiguilles  fort  lon- 
gues ,  le  lis  asphodèle  à  fleur  ponceau  ,  l'arbre  du  ftorax 
à  feuilles  de  coignaffier ,  &  autres.  Il  affure  que  Palocs 
croît  en  haie  dans  le  terroir  de  Cagne,  Se  rapporte  com- 
me un  fait  certain  l'hiftoire  fameufe  de  raccroiflement ha- 
bit de  cette  plante  ,  jusqu'à  cinq  ou  fix  pieds. 

Pour  les  mines  ,  on  dit  qu'il  y  en  a  de  fer  à  Barles ,  & 
près  de  Trans ,  d'or ,  le  long  des  côtes  de  la  mer ,  près 
de  la  ville  d'Hieres  Se  du  village  de  la  Garde-Freynet. 
Paul  de  Rochas,  fieur  d'Aiglun  ,  dans  le  chapitre  où  il 
traitedes  eaux  enfoufrées , rapporte  qu'un  potier  de  terre 
étant  allé  chercher  du  bois  fur  une  montagne  affez  près  rie 
Toulon  ,  appellée  Quarqueyrane  ,  ou  Colenegre  , 
entendit  dans  une  foffe  un  agneau  ,  Se  qtfy  étant  descen- 
du il  y  trouva  un  lingot  d'or.  Aux  Maures  du  Luc  , 
terre  appartenante  aux  marquis  du  Luc,  on  prétend  qu'il 
y  a  des  mines  d'or  ,  d'argent ,  de  cuivre  ,  d'étain  Se  de 
plomb  On  y  afaitconftruireen  1720  un  grand  bâtiment 
renfermant  plufieurs  fourneaux  ,  les  logemens  des  offi- 
ciers ,  fondeurs  ,  mineurs  &  commis  -,  les  magafins  pour 
les  mines  Se  matières ,  &  une  forge  pour  forger  les  gros 
fers  &  les  outils  néceffaires.  Le  22  de  feprembre  de  cette 
même  année,  on  fit  les  premières  fontes,  Se  l'on  eut  trois 


PRO 


PRO 


faiimons  de  plomb,  l'un  de  6$  livres ,  le  fécond  de  87 
ik  le  troifiéme  de  8;  ,  ce  qui  elt  furprenant;  car  la  plu- 
paie  des  fourneaux  neufs  ne  rendent  rien  ,  ou  du  moins 
très- peu  dechofe  à  la  piemiere  fonce,  A  la  Sainte-Baume 
&ailleurs,ilyades  mines  dejayet;  mais  les  unes  8c  les  au- 
tres font  fort  négligées.  On  trouve  des  filons  d'une  mine 
de  favon  à  Marfeille  ,  près  de  Nôtre  Dame  de  la  Garde. 
La  matière  de  cette  mine  diflbute  dans  l'eau  ,  la  rend 
blanche ,  8c  blanchit  le  linge  8c  les  étoffes  comme  le 
favon  artificiel ,  dont  elle  a  auffi  la  marbrure.  Elle  eft 
graffe  8c  limoneufe  ,  &  il  fcmble  que  la  nature  ait 
afiemblé  les  mêmes  chofes  que  l'on  emploie  pour 
faire  le  favon. 

Quoique  les  chaleurs  exceiîîves  de  la  Provence  em- 
pêchent qu  il  n'y  ait  autant  de  forêrs&  de  bois,  que  dans 
les  autres  Provinces  limitrophes,  il  ne  laide  pas  néan- 
moins d  v  avoir  une  allez  grande  quantité  de  bois  qui  eft 
d'une  utilité  confîderable  pour  la  marine  &  pour  d  autres 
ufages.  Dans  le  bois  du  comté  de  Saule ,  il  y  a  un  grand 
nombre  de  verreries.  Le  bois  de  Coniols,  fur  le  chemin 
d'Aix  à  Toulon  ,  rapportent  beaucoup  aux  propriétai- 
res ,  par  4a  quan  ifé  de  rai  fine  qui  decouloit  de  fes 
pins  ;  mais  le  froid  exceiîif  de  l'hiver  de  1709  fit  mourir 
tous  ces  arbres.  Le  bois  de  Me  ail  les  »au  diocèfedeGlan- 
dèves ,  a  été  plus  utile  que  tous  Ils  autres ,  à  caufe  de  la 
bonté  8c  de  la  quantité  de  fes  fa  pins ,  dont  on  s'elt  fervi 
affez  long-rems  pour  les  mâts  des  vaiffeaux.Cefurungen 
tilhomme  Normand  nommé  la  Londe  ,  qui  ,  dans  le  fei- 
ziéme  fiécle  ,  trouva  une  route  pour  les  faire  conduire 
jusqu'au  Var  ,  &  del  1  jusqu'à  la  mer.  Ourre  ces  bois  ,  il 
y  a  encore  celui  des  Maures,  près  du  golfe  de  Grimauld; 
•celui  de  Crompati  fur  le  chemin  de  Forcalquier  aSiite- 
ron  i  celui  d'AuBE-> ,  au  voifinage  de  celui  de  Meail- 
ies  ;  celui  de  Beauvezet  ,  près  de  Colmars  ;  celui 
de  Bertaud  ,  près  de  Saint  Tropez  ,  8c  quelques  au- 
tres. 

Les  rivières  de  Provence  font  peu  confidérables  pour 
la  plupart.  Celles  qui  méritent  quelque  confédération 
font: 


I    107 

ne  ,  a  quatre  ou  cinq  lieues  ue  largeur  :  ceux  de  Meyran, 
d'Eutrecens,du  Fort,  de  Galejon,de  Valduech,&  autres, 
quoique  moins  connus ,  ne  laifïcnt  pas  d'être  fort  grands. 
Le  golfe  de  Grimauld ,  entre  Frejus  8c  Hieres  ,  a  quatre 
lieues  de  long ,  8c  une  de  large  ;  celui  de  Toulon  eft  à  peu 
près  auffi  grand  que  celui  de  Grimauld. 

Les  ports  de  la  Provence  les  plus  renommés  font  : 

Le  port  de  Bouc ,  Le  Mouillage  appelle  Cana- 

Le  port  de  Marfeille  ,  tiers 

Le  port  de  Toulon  ,         Le  Goujan  , 
Le  port  ou  golfe  de  Saint  Les  ifies  d'Hieres  , 
Tropez  ,  Le  Biusq. 


Les  caps  les  plus  connus  font  : 


Le  cap  Nègre , 
Le  cap  de  Garoupe  , 
Le  cap  de  Théoulé  , 
Le  cap  Roux , 
Le  cap  des  Portes, 
Le  cap  Taillât , 


Le  cap  Ardier  de  Benat , 
Le  cap  de  Silîié  , 
Le  cap  de  l'Aigle, 
Le  cap  de  la  Croifette , 
Le  cap  de  Colonne. 


La  Durance , 
La  Sorgue , 
L'Argens, 
L'Arc , 


Le  Verdon , 
L'Hubaye , 

Le  Banne,  ou  heaume , 
Le  Var. 


Par  lettres  patentes  du  4  mai  1 7 1 8 ,  fur  arrêt  du  confeil 
d'état  du  roi ,  rendu  le  25  avril  de  la  même  année  ,  fa 
inajefté  homologue  1  acte  de  délibération  paffé  à  Paris 
pardevant  Richard  ,  notaire  8c  fon  confrère ,  le  1 3  mars 
précédent  >  entre  S.  A.  S.  Louis  Henri  de  Bourbon,  8c  les 
perfonnes  fondées  en  procuration  de  Louis- Antoine  de 
Pardaillan  de  Gondrin ,  duc  d'Antin  ,  de  Louis ,  mar- 
quis de  Brancas ,  8c  de  Jean-Baptifte-Henri  de  Forbin  , 
marquis  d'Oppede ,  tousaffociés  au  droit  de  dériver  les 
eaux  de  la  rivière  de  Durance ,  pour  en  faire  un  canal  na- 
vigable ,  qui  fera  tiré  depuis  la  Méditerranée  au  lieu  de 
Saint  Chaînas  en  Provence,  8c  conduira  d'un  côté  à  Avi- 
gnon ,  &  de  l'autre  à  Donzère  en  Dauphiné.  Le  roi  per- 
met en  conféquence  auxditsafTociés  d'établir  un  bureau  à 
Paris  ,  8c  ailleurs  ,  où  il  leur  conviendra  ,  8c  d'y 
faire  des  regiftres  fous  la  direction  des  perfonnes  qu'ils 
choifiront  &  commettront,  pour  y  inférer  8c  recevoir 
les  foumiffions  des  particuliers  qui  voudront  participer 
au  produit  des  droits  dudit  canal  ,  8c  prendre  des  actions 
en  la  forme  &  aux  claufes  &  conditions  énoncées  dans 
ledit  acte  de  délibération.  Ce  canal  doit  traverfer  qua- 
rante lieues  de  pays  ,  où  il  ne  manque  que  de  l'eau  , 
pour  qu'il  foit  le  plus  beau  &  le  plus  fertile  de  l'Europe. 
On  a  fupputé ,  que  moyennant  quatre  millions  ,  on  met- 
troit  cet  ouvrage  dans  fa  dernière  perfection  ,  &  en  une 
année  &  demie  de  tems.  Cependant  on  crut  devoir  faire 
un  fonds  de  cinq  millions.  On  doit  prendre  fur  ce  canal 
les  mêmes  droits  qu'au  canal  de  Languedoc  ;  c'eft-à-diie 
fix  deniers  par  lieue  pour  chaque  quintal  ,  &  trois  fols 
par  lieue  pour  chaque  voyageur.  Quelques  difficultés  fur- 
venues  ont  empêché  que  ce  canal  n'ait  été  exécuté  auffi 
promptement  que  le  portoit  le  projet. 

Il  y  a  en  Provence  des  étangs  8c  plufieurs  golfes  d'u- 
ne grande  étendue.  L'étang  ou  golfe  de  Berres  ,  ou  de 
Manigues,aubord  de  la  mer, entre  Marfeille  8c  le  Rhô- 


Les  ifles  les  plus  connues  font  : 

Les  ifies  d'Or  ou  d'Hieres,  L'ifledeTêre  de  Can  , 
L'ifle  de  Martigue  ,  L'ifle  de  Ribaudas , 

L'ifie  de  Pomegue ,  L'ifle  du  Langoultier  , 

L'ifle  de  Lerins ,  Li/le  de  Saint  FerreoL 

L'ifle  des  Lions, 

Parmi  les  fontaines  de  cette  province  ,  qui  paroifient 
dignes  de  la  curiofité  du  public  ,  une  des  plus  remarqua- 
bles elt  celle  de  Digne.  Ses  eaux  font  chaudes,  un  peu  pi- 
quantes &  fentant  la  boue.  Elles  ont  beaucoup  de  fel  al- 
kali  ,  beaucoup  de  foufre,  8c  purgent  par  les /elles.  Avec 
la  noix  de  Galles  elles  ne  prennent  aucune  teinture  :  avec 
le  fuede  tourne- fol  elles  font  devenues  de  couleur  ama- 
ranthe  un  peu  foncée  :  la  difîblution  du  vitriol  blanc  les 
rend  jaunes;  8c  le  fel  de  tartre  les  rend  laiteufes,  puantes 
8c  d'une  faveur  desagréable.  Par  évaporation  on  a  eu  d'u* 
ne  livre  8c  demie  d'eau  trente  cinq  grains  d'une  réfidence 
grisâtre  &  extrêmement  filée.  Non-feulement  l'eau  en 
elt  bonne  à  boire  ;  mais  elle  eft  encore  excellente  pour 
fe  baigner.  Au  mois  de  Mai  8c  de  Juin  il  rombe  des  ro- 
chers, d'où  fortent  ces  eaux,  des  ferpens  qui  ue  font  point 
de  mal.  Les  enfans  les  prennent  fans  crainte  ,  8c  s'en 
jouent  de  même  ,  pendant  que  les  ferpens ,  qu'on  trouve 
à  une  portée  de  mousquet  au-delà  ,font  fort  dangereux. 
Ce  trait  d'hiftoire  naturelle  parut  fi  curieux  au  fameux 
Gaflcndi ,  qu'il  a  tâché  d'en  rendre  raifon  dans  la  vie  de 
Peu  esc,  pag.  102. 

On  découvrit  en  1704  dans  le  fauxbourg  d'Aix,  où  eft 
le  couvent  des  peresde  l'Obfervance ,  une  fontaine  miné- 
rale ,  qui  eut  d'abord  beaucoup  de  réputation.  La  décou- 
verte fe  fit  en  démolilTant  une  maifon  qui  menaçoit 
ruine.  On  trouva  des  reftes  de  chapiteaux  ,  de  corni- 
ches 8c  d'autres  ornemens.  Les  ouvriers ,  en  cherchant 
trouvèrent  dans  ces  précieux  décombres  une  foiirce  d'eau 
chaude  ,  qui  forrit  de  la  terre  à  gros  bouillons.  Les  anti- 
quaires opinèrent  auffi-tôt  que  c'étoit  l'endroit  oùétoient 
fitués  les  Bains  de  Sextius.  Leur  opinion  fut  confirmée 
par  les  médailles ,  les  inferiptions  8c  autres  monumens 
qu'on  y  trouva.  En  170J  l'on  en  tira  une  pierre  d'envi- 
ron trois  pieds  de  long,  8c  d'un  pied  8c  demi  de  large. 
On  voit  fur  cette  pierre  un  autel  ,  au-defïus  duquel  elt 
un  priape  ou  Mentula  d'une  groffeur  extraordinaire  , 
8c  fur  cette  figure  font  ces  trois  lettres  I.  H.  C.  dont  on 
donna  auffi-tôt  plufieurs  explicationsdifférentes.  Voiciles 
deux  qui  feinblent  les  plus  naturelles  :  In  Hortorum  Cu- 
/hdiam,ou  Juatndo  Hortorum  Cuftodi.  Du  relie  ces  eaux 
minérales  font  très-claires  &  auffi  légères  que  l'eau  de 
pluie.  Elles  n'ont  aucune  odeur  ni  faveur,  8c  ne  Com  point 
extrêmement  chaudes.  Quand  on  les  mêle  avec  la  diflb- 
lution  de  couperofe  ,  il  fe  fait  au  fond  de  la  bouteille  untf 
précipitation  de  quelque  matière  roufle;  8c  avec  de  l'eau 
de  chaux  ,  il  fe  fait  une  précipitation  de  matière  blanchâ- 
tre. Avec  la  poudre  de  noix  de  Galles ,  elles  ne  prennent 
d'autre  couleurque  celle  de  la  poudre  même,  que  l'esprit 
de  vitriol  &  l'huile  de  rartre  ne  font  point  changer.  Ce3 
Tem.  IV.  A  a  a  a  a  a  a  ij 


1 1  o8 


PPvO 


eaux  mêlées  avec  l'esprit  de  fel  commun,n'otit  reçu  aucun 
changement ,  ni  dans  leur  couleur  ,  ni  dans  leur  chaleur , 
non  plus  qu'avec  le  fublimé  corrofif  &  le  fel  armoniac. 
Par  l'évaporation,  on  en  tire  une  réfidence  roufie  ,  qui 
pique  les  fibres  de  la  langue,  comme  le  falpêtre. 

A  Tartone,  à  deux  lieues  de  Digne  ,  on  voit  une  fon- 
taine dont  les  eaux  font  falées,  ôc  les  habitansont  la  per- 
mifiion  de  s'en  fervir  pour  leurs  ufages.  On  n'a  qu'à  met- 
tre de  cette  eau  dans  un  chauderon  qui  foit  fur  du  feu,  ôc 
on  en  tire  du  fel  qui  eft  affez  bon ,  mais  pourtant  infé- 
rieur à  celui  de  Moriez, 

Dans  le  territoire  de  Moriez  ,  à  deux  lieues  deSenez  , 
il  y  a  une  autre  fontaine  falée  ,  de  l'eau  de  laquelle  on 
fait  du  fel ,  non-feulement  par  le  moyen  du  feu  ,  mais 
encore  en  en  verfant  fur  du  drap ,  ou  fur  une  table.  Sur 
le  champ  elle  fe  congelé  ôc  fe  convertit  en  fel  beaucoup 
plus  fàlé  que  celui  de  la  mer.  Gaffendi  a  remarqué  qu'il 
falloir  une  plus  grande  quantité  d'eau  commune  pour 
diffoudre  le  fel  de  Moriez  ,  que  pour  diffoudre  une  pa- 
reille quantité  de  celui  de  la  mer.  Cette  fontaine  fut  dé- 
couverte en  1656  ,  à  l'occafion  d'une  augmentation  du 
prix  du  fel. 

A  un  petit  quart  de  lieue  de  Caftelane,  il  y  a  aufîi  une 
fontaine  falée  ,  qui  eft  fi  abondante  ,  qu'à  fa  fourceelle 
fait  moudre  un  moulin  ,  ôc  puis  fes  eaux  fe  perdent  dans 
le  Verdon. 

La  fontaine  de  Levant  eft  près  de  la  ville  de  Colmars. 
Elle  a  cela  de  particulier,  que  fes  eaux  imitent  le  flux  ôc 
le  reflux  de  la  mer. 

Dans  la  paroiffe  de  Peyresc  ,  au  diocèfe  de  Glandeve  , 
il  y  a  une  caverne  merveilleufe.  Voyez,  Peyresc.  On 
appelle  Mer  de  Provence  la  partie  de  la  mer  Méditerra- 
née ,  qui  eft  au  midi  de  cette  province.  Elle  comprend 
les  mers  de  Marfeille  ,  de  Martegues ,  ôc  le  golfe  de 
Grimauld. 

PROVIDENCE  ,  ifle  de  l'Amérique  ,  ôc  une  des  Lu- 
cayes  ,  fur  le  canal  de  Bahama.  Elle  eft  aux  Anglois ,  qui 
y  ont  un  petir  établiffement.  *  Le  Père  deCharlevoix  , 
Mém.  manufe. 

PROUILLAN  ,  prieuré  de  France  ,  au  diocèfe  de 
Condom  ,  ôc  près  de  cette  ville.  C'eft  un  prieuré  de  filles 
de  l'ordre  de  Saint  Dominique.  Le  roi  nomme  la 
prieure. 

Le  prieuré  de  ProuilJan  s'appelle  Prouille  ,  Pnd- 
liacum.  Il  eft  au  diocèfe  de  Saint  Papou! ,  dans  le  Lan- 
guedoc &  non  pas  de  Condom.  Il  eft  fur  les  frontières  du 
diocèfe  de  Mirepoix  ,  près  de  Fanjaux.  Saint  Domini- 
que elt  le  fondateur  de  ce  monaftere  de  filles. 

PROVINCIA  ,  mot  latin ,  dont  les  François  ôc  les 
Anglois  ont  fait  leur  mot  Province.  On  entend  par  ce 
mot  une  étendue  confidérable  de  pays ,  qui  fait  partie 
d'un  grand  étar  ,  &  dans  laquelle  on  comprend  plufieurs 
villes ,  bourgs ,  villages,  ôc  autres  lieux,  fous  un  même 
gouvernement.  C'eft  ce  que  les  Grecs,  ôc  particulière- 
ment Ptolomée  ,  appellent  EVap^/a  :  les  Allemands 
ont  le  mot  Landschafft  :  les  Italiens  &  les  Espagnols  ont 
confervé  fans  aucune  altération  l'ancien  nom  Provincia. 
Originairement  les  Romains  donnèrent  le  nom  de  Pro- 
vince aux  contrées  qu'ils  avoient  acquifes  hors  de  l'Italie: 
ce  qui  a  fait  dire  à  Hégéfipe  que  les  Romains ,  cum  in 
jus  fitum  viucendo  rédigèrent  proculpofitas  regiones  ,  ap- 
pcllavijje  Provincias.  Il  dit  proculpofitas ;  car  d'abord 
aucune  contrée  d'Italie  n'eut  le  nom  de  province.  Auffi 
Dion-Caflius ,  /.  53.?.  103.  en  donnant  la  divifion  de 
l'empire  romain  fous  Augufte,  ne  met  point  l'Italie  par- 
mi les  provinces  de  l'empire.  Cependant  fous  Adrien, 
l'Italie  paroît  avoir  été  divifée  en  deux  pairies  princi- 
pales ,  dont  l'une  comprenoir  les  pays  d'au-deçà  &  d'au- 
delà  du  Pô,  qui ,  avec  les  contrées  voifines ,  furent  fous 
Conftantin  le  Grand  appellées  province  d'Italie,  dont 
Milan  étoit  la  métropole.  Les  autres  pays  d'Italie  demeu- 
roient  pendant  ce  tems  fous  le  vicaire  de  la  ville.  *  Scbcl- 
ftrate  ,  Antiq.  Ecclefue  ,  p.  49;. 

Lorsque  les  Romains  avoient  érigé  quelque  contrée  en 
province ,  ils  y  envoyoient  tous  les  ans  un  homme  ,  qui , 
s'il  avoir  été  confiai,  faifoit  prendre  à  cette  province  le 
nom  deConfulaire,  ôc  s'il  avoir  été  préteur,  lui  faifoit 
prendre  celui  ds  Prétorienne.  La  charge  de  ceconfulaire 


ou  préteur  étoit  de  gouverner  la  province  félon  les  loix 
romaines.  11  établifibit  ion  tribunal  dans  la  principale 
viile  ,  où  il  rendoit  là  juftice  aux  peuples,  ce  qui  avoir 
quelque  rapport  à  ce  qu'on  appelle  prefentement  en 
Fiance  Gouvernement.  Le  père  Lubin  auroit  fouhaité 
que  quelqu'un  fe  fût  donné  la  peine  de  faire  des  car- 
tes de  tout  l'empire  romain  ,  bien  divifé  par  ces  pro- 
vinces :  ce  que  nous  avons ,  dit-il ,  dans  la  notice  de 
l'un  ôc  l'autre  empire  y  pourroir  fervir.  Mais  il  faut 
encore  lire  avec  une  grande  attention  l'hiftoire  ro- 
maine ,  &  les  écrivains  eccléfiaftiques  ôc  profanes ,  y 
chercher  les  matériaux  qui  font  disperfés  de  côté  ôc  d'au- 
tre ,  ce  qui  demande  un  travail  immenfe.  *  Schdflrate , 
p.  258. 

Onuphre  nous  apprend  que  fous  Augufle  les  pro- 
vinces de  l'empire  romain  furent  partagées  en  vingt-fix 
diocèfes,  dont  ce  prince,  du  confentement  du  fénar, 
en  réferva  quatorze ,  où  il  fe  chargea  d'envoyer  des 
commandans  fous  le  nom  de  recteurs  ou  de  procu- 
reurs ,  Se  il  laiffa  les  autres  à  la  dispofition  du  fénar. 
Sous  les  fucceffeurs  d'Augufte  le  nombre  des  provinces 
accrut ,  ôc  on  les  divifa  en  différentes  manières ,  comme 
on  en  divife  encore  quelques-unes  de  notre  tems.  On  les 
diftingua  en  grande  ôc  petite ,  en  première ,  féconde  ,  ôc 
iroifiéme.  Quelques-unes,  a  caufe  des  eaux  médecinales  , 
fuient  nommées  Salutaires  -,  d'autres  furent  partagées 
en  Orientale  ôc  Occidentale  ,  en  Majeure  ôc  Mineure  , 
ôc  quelques-unes  prirent  le  nom  de  leur  capitale.  Les 
Grecs  ont  diftingué  quelques  provinces,  compofées  de 
montagnes  &  de  plaines ,  en  Trachcia ,  en  latin  Aspera  , 
c'eft- à-dire ,  rude  ôc  raboieufe  ,  &  en  Cale  ,  qui  veut 
dire  creufe  ou  pleine.  On  a  divifé  encore  les  provinces 
en  Citérieure  ôc  Ultérieure,  quelquefois  à  caufe  de  la  fi- 
ruation  de  quelque  montagne  qui  fe  trouve  entre-deux. 
Le  cours  d'un  fleuve  a  quelquefois  aufli  le  même  effet. 
On  trouve  encore  chez  les  anciens  une  divifion  de  pro- 
vince en  Intérieure  ôc  Extérieure  ,  par  rapport  à  la  fi- 
tuation  d'une  montagne  ,  comme  par  rapport  au  cours 
d'un  fleuve  on  divife  une  province  en  Province  en-deçà 
ôc  Province  au-delà.  La  domination  met  quelquefois 
aufli  de  la  diftinciion  dans  une  même  province  ,  comme 
on  a  dit  le  Bradant- Espagnol  ôc  le  Brabant- Hollandais, 
*  Scbelflrate  ,  p.  223. 

Aujourd'hui  la  plus  commune  divifion  d'une  province 
eft  en  Haute  ôc  BaJJe.  Le  cours  des  rivières  donne 
quelquefois  ce  nom  -,  mais  il  faut  prendre  garde  que  quoi- 
que ces  deux  mots  foient  toujours  relatifs ,  il  y  a  ce- 
pendant des  pays  qui  font  appelles  Pays-Bas,  fans  que 
l'on  en  trouve  qui  aient  le  nom  de  Haut  à  leur  égard. 
En  Auvergne  il  y  a  feulement  le  mot  de  Haute-Au- 
vergne ,  qui  eft  là  partie  montagneufe;  ôc  l'autre  partie 
n'elt  point  ordinairement  appellée  BaJJe. 

On  a  donné  à  des  provinces  du  nouveau  monde  les 
noms  de  provinces  de  notre  hémisphère  ,  avec  l'addition 
du  mot  de  nouvelle. 

Ce  mot  de  Province  a  encore  été  employé  à  divers 
autres  ufages.  On  dit  aller  en  Province  ,  pour  dire  aller 
en  quelque  endroit  éloigné  de  Paris ,  ôc  celui  qui  en  elt , 
eft  appelle  à  Paris  Provincial. 

Les  ordres  religieux  ont  commencé  depuis  environ  le 
treizième  fiécle  à  fe  divifer  en  provinces  ,  auxquelles  ils 
ont  donné  ,  pour  ritre  ,  ou  le  nom  d'un  faint  qu'ils  en 
élifoient  pour  patron  ,  ou  le  nom  de  la  province  fécu- 
liere  ,  en  laquelle  la  plupart  des  couvens  étoient  fitués  , 
ou  le  nom  du  principal  couvent. 

Le  mot  de  Province  eft  enfin  devenu  fi  commun ,  que 
l'on  s'en  fert  indifféremment  pour  fignifier  toute  forte 
de  pays.  Un  feul  en  a  retenu  le  nom  avec  un  très-lé- 
ger changement.  On  l'appelle  aujourd'hui  la  Provence  > 
mais  encore  en  latin ,  fans  changement ,  Provincia.  Voyez. 
Provence. 

J'ai  parlé,  à  l'article  Diocèse,  des  PROvtNCES  Ecclé- 
siastiques. Il  ne  me  relie  plus  qu'à  donner  ici  la  no- 
tice des  provinces  la  plus  complette  qui  nous  ait  été 
confervée.  Le  manuferit  de  cette  notice  eft  gardé  dans 
la  bibliothèque  du  Vatican ,  &  il  a  plus  de  fept  cens  ans 
d'ancienneté.  Il  commence  ainfi  : 


PRO 


PRO 


1 109 


Incipiunt  Nomina  XI.  Regïonum  continentiumintrafe 
Provincial  CXI1I. 


In  Afia  Provimu  XII. 


Iralia , 

Thracia  » 

Gallia , 

Afia, 

Africa, 

Oriens , 

Hispania, 

Poncus , 

lllyricus  , 

ytgyptus , 

Britannia. 

Nomina  Provinciaritm  &  Civhatum  quarumdam 
Pramijfarum  Regiotium. 


In  Italia  funt  Provincu  XII. 


Afia  ipfa ,  înqiia  efi  Ilium , 

id  efi  Troia  t 
Lycia, 
Galatia , 
Lydia , 
Caria, 
Hellespontus , 


Pamphilia , 
Pifidia , 
Phrygia  prima, 
Phrygia  fecunda, 
Phrygia  lalutaris , 
Lycaonia  , 
Cyclades. 


Campania  >  in  qua  efi  Ca» 

pua  , 
Tuscia   cum    Umbria    & 

y£milia  , 
Flaminia ,  in  qua  efi  Ra- 

venna  , 
Picenum  ,  Liguria ,  in  qua 

efi  Mediolanum , 


Venetia  cum  Hiftris  ,  in 
qua  efi  Aquileia, 

Alpes  Cottia? ,  Samnium  , 
Apulia  cum  Calabria ,  in 
qua  efi  Tarentum. 

Bruttium  cum  Lucania  , 
Rccia  prima  ,  Recia  fe- 
cunda,  Sicilia,  Sardinia, 
Corfica ,  Alpes  Graiaj. 


In  Oriente  funt  Provincu  X. 

Syria  Ciliciae ,   in  qua  efi     Cyprus, 

Antiochïa ,  Mefoporamia  inter  Ortum 

Syria  Palaefiinje,  &  Euphratem , 

Syria  Phœniciae  >  Euphratefia , 

Ifauria,  Hosdroene , 
Cilicia  jiixta  montera  Tau-    Sophanee. 

rumt 

In  Ponto  funt  Provincu  VIIL 


Galliarum  Provincu  funt  XVII. 


Viennenfis, 
Narbonenfis  prima , 
Narbonenfis  fecunda , 
Aquiranica  prima  , 
Aquitanica  fecunda , 
Novempopulana , 
Alpes  Maritima?, 
Belgica  prima ,  in  qua  efi 

Treveris , 
Belgica  fecunda  ,  in  qua  efi 

Tranfitus    ad    Britan- 

niam. 


Germania  prima  fuper  Re- 

num. 
Germania  fecunda. 
Lugdunenfis  prima. 
Lugdunenfis  kcunda,fuper 

Oceamtm. 
Lugdunenfis  tertia. 
Senonia. 

Maxima  Sequanorum. 
Alpes  Graiae. 


Pontus  Polemaicus  , 
Pontus  Amafia, 
Honorida , 
Birania , 


Paflagonia , 
Armenia  minor, 
Armenia  major  , 
Cappadocia. 


In  JEgypto  Provincu  VI. 


/tgyptus  ipfa  ,  in  qua 
efi  Alexandria , 
Augufiamnis, 
Thebaida  , 


Libya  Sicca , 
Libya  Pe.uapolis , 
Arcadia. 


In  Africa  funt  Provincu  VI. 


In  Britannia  Provincu  V. 


Proconfularis,   in  qua  efi 

Cartbago. 
Numidia. 
Byz.antium ,  Byzacium. 


Tripolis. 

Britannia  prima  ,                  Flavia  , 

Maurirania  Sitifenfis. 

Britannia  fecunda  ,                Maxima , 

Mauritania  Caefarienfis. 

Valenciana. 

In  Hispania Junt  Provincu  VII. 


Tarraconenfis. 

Carthaginenfis. 

Betica. 

Lufitania  ,  in  qua  efi  Eme- 

rita. 
Gallicia. 


Infula:  Baléares. 

Tingitana  trans  fretum  , 
quodab  Oceano  infufum 
trans  intrat  inter  Caluen 
vel  Albinam  ,  inter  Ai- 
pem  &  Apennimtm. 


In  Illyrico  funt  Provincu  XIX. 


Dalmatiay«pn*  mare. 
Pannonia  prima,  in  qua  efi 

Sirmtum. 
Pannonia  fecunda , 
Valefia  ,  Prévales, 
Myfia  fuperior. 
Epirus  vêtus. 
Pampica. 
Noricus    Ripenfis  fuper 

Danubium. 


Noricus  Mediterranea. 

Favia. 

Dardania. 

Hermemontis. 
Dacia , 
Scythia  , 
Creta  Infula , 
Achaia, 
Macedonia , 
Theflalia. 


In  Thracia  Provincu  VI. 


Thracia  prima, 
Thracia  fecunda , 
Myfia  inferior , 
Scythia  inferior , 


Europa,  in  qua  efi  Con- 
fiaminopolis  ,  qiu  prias 
fie  dlïïa  ,  five  Byz.an- 
tium. 

Rodopa. 


PROVINCES  LIBRES.  Voyez.  Frey-/£mpter. 

PROVINCES  UNIES,  provinces  des  Pays-Bas, 
ainfiappellées  à  caufe  de  l'union  ou  confédération  qu'el- 
les firent  entre  elles  àUtrecht.aumois  de  Janvier  1  579  , 
pour  la  défenfe  de  leur  liberté  contre  Philippe  II  ,  roi 
d'Espagne.  Les  provinces  quicompofenreette  république 
font  au  nombre  de  fept,  favoir  le  Duché  de  Gueldres, 
dans  lequel  eft  compris  le  comté  de  Zutphen,!es  Comtés 
de  Hollande  ôc  de  Zelande  ;  les  Seigneuries  d'U- 
TRECHT.de  Frise,  d'OvERissiL  &  de  Groningue. 
Outre  ces  fept  provinces  qui  compofent  l'état ,  la  répu- 
blique poflede  plufieurs  villes  conquifes  depuis  l'union 
d'Utrecht ,  ou  qui  fe  font  incorporées  dans  les  Provin- 
ces-Unies ,  &  que  l'on  appelle  le  pavs  de  la  Généralité  , 
parce  qu'elles  dépendent  immédiatement  des  Etats  Gé- 
néraux, &  non  d'aucune  province  particulière.  Ces  pla- 
ces font  fituées  dans  le  Brabant ,  dans  le  pays  de  Lim- 
bourg ,  en  Flandres  ,  &  dans  le  haut  quartier  de  Guel- 
dres. Le  pays  de  Drenthe  ,  qui  efi  une  province  fouverai- 
ne  ,  fituée  entre  la  Wefiphalie ,  Groningue ,  Frife  & 
OverifTel  fait  auffi  partie  de  la  république ,  &  contribue 
un  peur  cent  aux  frais  de  la  généralité:  auffi  cette  pro- 
vince prétend-elle  avoir  droit  d'entrée  dans  l'aflemblée 
des  Etats  Généraux  ;  mais  on  lui  a  roujours  donné  l'ex- 
clufion.  Les  deux  Compagnies  des  Indes  Orientales 
&  Occidentales,  ÔV  la  Société  de  Surinam  ,  pos- 
feo'ent  auffi  ,  fous  la  prote&ion  des  Etats  Généraux  ,  de 
valtes  états  en  Afie ,  en  Afrique  &  en  Amérique.  Outre 
tous  ces  pays  ,  la  république ,  depuis  la  paix  d'Utrecht , 
en  exécution  du   traité  de  Barrière  ,  entretient    des 


PRO 


PRO 


ï  I  1  o 

garnifonsjusqu'au  nombre  de  douze  mille  hommes  dans     Se  des  villages ,  ni  une  fi  grande  quantité  d'habitans.  La 
les  places  d'Ipre's-,  Fumes,  Menin,Deiidermonde,  Tout-    liberté  y  fait  fleurir  les  iciences  &  les  arts  :  on  y  entre- 


nay  Se  Namur.  *  Jariiçon  ,  Etat  préfent  des  Provinces- 
Unies  ,t.  î.  p.  î.  &  fuiv. 

Les  Provinces-Unies ,  Se  les  pays  de  leur  domination  , 
font  fitués  entre  le  21  &  le  ij  deg,  de  longic.  &  entie  le 
5  1  deg.  20  min.  Se  le  53  deg.  30  min.  de  latit.  fepten- 
rrionale.  Ces  pays  font  contigus  les  uns  aux  autres,  Se 


tient  plufieurs  univerfités,  Se  un  nombre  infini  d'écoles 
dans  les  villes ,  Se  jusque  dans  les  moindres  villages  où 
leshabitans  font  inftruire  leurs  enfans. 

La  langue  du  pays  eft  la  flamande  ;  mais  on  la  pro- 
nonce différemment  dans  chaque  province ,  Se  même 
dans  chaque  ville.  La  langue  françoife  y  eft  aufli  fort  en 


bornés  au  midi  par  la  Flandre  ,    le  Rrabant ,    l'évêché  ufage  par  le  grand  nombre  des  François  proreftans  qui 

de  Liège,  la  Gueldres  PruiTienne  Se  Autrichienne  ;  au  s'y  font  réfugiés  depuis  la  révocation  de  ledit  de  Nantes, 

levant,  par  les  duchés  de  Clevesck  de  Juiiers,  l'évêché  en  1685.  Et,  comme  presque  toutes  les  négociations 

de  Muni  ter  ,  le  eomté  de  Bentheim  ,  Se  par  le  pays  entre  la  république  Se  les  autres  puiffances  de  l'Europe , 

d'Ooft-Friiê-,  la  mer  du  Nord  ou  d'Allemagne  les  baigne  fe  font  aujourd  hui  en  françois ,  il  n'y  a  point  de  mem- 

au  leprentrioh  Se  au  couchant.  On  donne  à  toutes  ces  bre  de  la  régence,  qui  ne  fe  pique  de  favoir  cette  langue, 

provinces  environ  quarante-huit  lieues  de  longueur  de-  Se  de  la  faire  apprendre  à  fes  enfans  :  les  négocians  Se  les 

puis  l'extrémité  du  Limbourg-Hollandois,  jusqu'à  celle  autres  bourgeois  ont  la  même  ambition, 
de  la  feigôeurie  de  Groninguè.  Leur  largeur  depuis  i'ex-        L'union  conclue  à  Utrecht  en  1579  ,  laiffoit  à  chaque 

ïrémite  de  la  Hollande  méridionale  jusqu'à  celle  de  l'O-  -province  la  liberté  de  religion  :  mais  en  1583  ,  il  fut 

veriflel  eft  d'environ  quarante  lieues.  réfolu  ,  du  confentement  unanime  des  Provinces  ,  que 

L'air  de  ces  provinces  en  général  eft  plus  humide  que  la  feule  religion  Réformée  y  feroit  exercéepubliquement, 

fec  -,  par  conféquer.t  plus  froid  que  chaud  ,  Se  cependant  Se  qu'elle  feroit  la  dominante  dans  toute  la  république, 

affez  fain.  Les  hivers  font  un  peu  longs  ,  mais  fupporta-  Depuis  ce  tems ,  il  n'y  a  que  ceux  qui  en  font  profeflion 

blés;  &  les  étés  font  très-agréables.  Il  eft  vrai  que  quel-  ouverte  ,  qui  foient    admis  au  gouvernement  Se  aux 

quefois  l'on  y  voit  les  quatre  faifons  de  l'année  dans  un  emplois,  excepté  les  militaires.  Cependant  on  a  laiflé  aux 

même  jour.  catholiques  une  entière  liberté  deconfeience,  excepté 

Le  terroir  dans  quelques  provinces  eft  affez  fertile  en  dans  le  pays  de  Drenthe  ,  où  il  n'eft  permis  à  aucim  prê- 

grains-,  mais  dans  les  autres  il  abonde  en  pâturages  qui  trede  refter  plus  d'une  nuit  dans  un  même  endroit.  Les 


nourriflent  une  quantité  prodigieufe  de  bêtes  à  corne.  Il 
y  a  des  vaches  qui  donnent  juqu'à  trois  grands  fceaux  de 
lait  par  jour  en  été  :  aufli  n'y  a-t-il  point  de  pays  où  l'on 
voye  une  fi  grande  abondance  de  beurre  Se  de  fromage. 
Quoiqu'il  n'y  croiffe  point  de  vin ,  Se  que  le  pays  ne 
prodi-iife  pas  affez  de  bled  pour  la  fubfiltance  des  habi- 


catholiques  ont  dans  toutes  les  villes  &  à  la  campagne 
un  nombre  infini  de  chapelles,  où  ils  font  le  fervice 
divin  ,  au  fon  des  orgues ,  des  voix  Se  des  inftrumens. 
Mais  ces  chapelles  ne  font  que  des  chambres  renfermées 
dans  des  maifons  particulières  où  les  prêtres  ont  leur  lo- 
gement; ils  y  entrent  Se  en  fortent  en  foule,  auflï  pu- 


tans  ,  cependant  par  le  moyen  de  ia  mer  Se  des  rivières,    bliquement  &  aufli  librement  que  les  proteftans  fortent 


on  y  trouve  une  abondance  extraordinaire  de  tout  ce  qui 
eft  utile  ou  agréable  à  la  vie.  Les  peuples  ont  eu  l'art 
de  réparer  la  ïtérilité  de  leur  pays,  dé  le  rendre  un  des 
plus  nbondaj'is  qu'il  y  ait  au  monde,  Se  d'y  apporter  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  rare  Se  de  meilleur  dans  les  quatre 
parties  de  la  terre.  Ils  tirent  tous  les  ans  du  Holftein  Se 
du  Jutland  une  grande  quantité  de  bœufs  qu'ils  engrais- 
fent  Se  vendent  au  mois  d'Octobre  Se  de  Novembre.  Us 
élèvent  aufli  une  grande  quantité  de  chevaux  qui  font 
fort  recherchés  pour  en  faire  des  attelages  decaroffe ,  Se 
pour  la  cavalerie.  On  voit  dans  ce  pays  beaucoup  de  ci- 
gognes qui  fe  nichent  fur  les  maifons  ,  où  on  les  biffe 
tranquillement ,  parce  qu'elles  dévorent  les  grenouilles 
dont  les  prairies  regorgent.  Vers  la  fin  d'Août ,  elles  fe 
retirent  en  Afrique,  Se  reviennent  vers  Je  commence- 
ment de  Mars.  Les  canaux  Se  les  marais  font  couverts 
de  canards  faavages  qui  viennent  Vêts  la  fin  de  l'autom- 
ne de  Norwege  Se  des  environs  de  la  mer  Baltique.  On 
voit  aufli  dans  ce  tems  une  grande  quantité  d'oies  fau- 
vages,  de  hérons  Se  d'autres  oifeaux  étrangers.  Il  y  a  fort 
peu  de  loups  ;  mais  on  y  voit  des  renards  en  quantité. 

Deux  principales  rivières  arrofent  ce  pays:  le  Rhin  Se 
la  Meufe.  Il  y  en  a  quelques  autres  moins  confidérables  , 
comme  une  branche  de  l'Escaut ,  l'Ems ,  le  vieux  Se  le 
petit  Iffbl.  Il  y  a  en  outre  une  infinité  de  canaux  capa- 
bles de  porter  de  grands  bateaux,  Se  que  leterrein  bas 
Se  mou  a  permis  de  faire  fans  beaucoup  de  peine.  Us 
font  d'une  grande  commodité  pour  les  voyageurs  Se 
pour  transporter  les  marchandifes  d'une  ville  à  l'autre. 
Les  barques  dont  on  fe  fert  fur  ces  canaux ,  font  tirées 
par  des  chevaux,  partent  Se  arrivent  régulièrement  à 
une  certaine  heure.  En  hiver  toutes  les  prairies  font 
inondées ,  Se  au  printems  on  les  defieche  par  le  moyen 
des  moulins  à  vent ,  qui  jettent  l'eau  dans  les  canaux  , 


de  leurs  églifes.  Il  eft  vrai  encore  que  cette  liberté  n'eft 
proprement  qu'une  tolérance ,  limitée  par  divers  pla- 
cards qui  les  retiennent  dans  les  bornes  d'une  entière 
foumiflion  aux  ordres  de  l'état ,  tant  pour  le  fpirituel 
que  pour  le  temporel.  Du  relie  ils  jouiffent  des  mêmes 
droits  Se  des  mêmes  prérogatives  que  les  proteftans  par 
rapport  à  lajuftice,  au  commerce  Se  aux  impôts.  Quoi- 
que privés  des  emplois  publics  ,  il  leur  eft  permis  d'exer- 
cer toutes  fortes  de  profeflions.  On  trouve  parmi  eux  un 
grand  nombre  d'avocats  Se  de  médecins  qui  font  indif- 
féremment employés  par  les  proteftans  Se  les  catholi- 
ques. Ils  peuvent  parvenir  à  tous  les  emplois  militaires, 
excepté  celui  de  velt-maréchal.  Il  faut  qu'ils  foient  con- 
tens  de  la  douceur  du  gouvernement  à  leur  égard  ,  puis- 
qu'on compte  qu'ils  font  le  tiers  des  habitans  du  pays. 
Il  y  a  un  grand  nombre  d'autres  religions  ou  fecles 
qui  font  tolérées  dans  l'étendue  des  terres  de  la  répu- 
blique. De  ce  nombre  font  les  Arminiens  ou  Remon- 
trans ,  les  Luthériens  ,  les  Anabaptiftes ,  les  Quakers  ou 
Trembleurs  ,  les  Labadiftes.  Il  y  a  aufli  des    collèges 
particuliers  ou  conventicules  de  certaines  perfonnes , 
qui  fans  s'attacher  à  aucune  communion  chrétienne  fe 
contentent  de  lire  Se  de  méditer  l'écriture  fainte.  Dans 
ces  collèges  ,  on  raifonne  par  forme  d'entretien  fur 
ce  qu'on    a  lu  Se  médité.  Outre  ces  fecles  ,  il  y  en 
a  une  autre  qu'on  nomme   Prophètes  Collégiens  ,   ou 
Rhinsbourgeois.  Ils  tiennent  quelque    chofe  des  Ar- 
miniens ,  des  Anabaptiftes  Se  des  Quakers.  On  prétend 
qu'il  y  a  parmi  eux  des  Sociniens    Se   des  Deïftes  , 
qui  fe  font  bannis  de  toutes  les  autres  communautés 
chrétiennes ,  Se  qui  font  en  affez  grand  nombre  dans  les 
Provinces-Unies  ?  mais  ils  n'ofent  fe  déclarer  ouver- 
tement. Les  Grecs  Se  autres  Chrétiens  Orientaux  ont 
le  libre  exercice  de  leur  religion  à  Amfterdam.  Enfin 


d'où  elles  fe  déchargent  dans  les  rivières  par  diverfes  les  Juifs  exercent  publiquement  la  leur  ,  Se  ont  des 

eclufes.  fynagogues  dans  toutes  les  villes  où  ils  fe  font  habi* 

La  mer&  les  rivières  nourriflent  à  la  vérité  les  Pro-  tués. 

vinces- Unies  ;  mais  elles  les  défolcnt  par  leurs  inonda-  Pour  revenir  à  la  religion  dominante  ,  l'ordre  ec- 

tions.  Pour  s'en  garantir  on  a  par  tout  oppofé  des  di-  cléfiaftique  eft  partagé  en  différentes  claffes ,  qui  font 

gués  à  la  fureur  de  l'Océan    &    à  l'impétuofité  des  ri-  les   docteurs  ou  profeffeurs   en  théologie  ,  les  mini- 


vicies.  Ces  digues  ont  coûté  des  fommes  immenfes ,  Se 
l'on  prérend  que  leur  entretien  monte  tous  les  ans  à 
d'aufli  grandes  fommes  qu'il  en  faudroit  pour  maintenir 
fur  pied  une  armée  de  quarante  mille  hommes. 


ftres  on  pafteurs  des  églifes  ,  les  anciens  Se  les  dia- 
cres. Les  profeffeurs  ,  dont  quelques  uns  font  en  mê- 
me tems  miniftres ,  enfeignent  la  théologie ,  la  motale , 
Se    l'hiftoire   eccléfiaffique.  La  charge  de  miniftre  ou 


Il  n'y  a  point  de  pays  de  pareille  étendue  à  celui-ci ,  où     pafteur  eft  une  des  plus  pénibles  Se  des  moins  lucratives, 
i'on  voye  un  fi  grand  nombre  de  belles  villes ,  de  bourgs     Ils  font  chargés  de  prêcher  deux  ou  trois  fois  par  f«- 


PRO 


fruîne  ,  fans  parler  des  catéchismes  qu'ils  font  obli- 
gés de  faire  ,  8c  des  autres  fonctions  pallorales.  Us  font 
tous  égaux  ,  8c  l'on  ne  connoîc  point  dans  les  Pro- 
vinces-Unies les  noms  cfévêque  ,  de  furintendant  , 
d  inspecteur  général  ,  quoique  ces  dignités  eccléfia- 
ftiques  foient  reconnues  en  d'autres  pays  proteftans.  Les 
anciens  font  des  perfonnes  distinguées  par  leur  âge  ,  leur 
rang  8c  leurs  mœurs  ,  choifiespar  le  confiftoire  ,  pour 
avoir  ,  conjointement  avec  les  paltcurs  ,  inspection 
fur  la  conduite  de  tous  les  membres  de  l'Eglife ,  pour 
faire  obferver  la  discipline  eccléfialtique  ,  &  pour  ré- 
primer les  fcandales.  Les  diacres  élus  comme  les  an- 
ciens ,  ont  foin  de  recueillir  les  aumônes  ,  de  rece- 
voir les  autres  deniers  des  pauvres  ,  d'en  faire  la  di- 
stribution ,  &  de  rendre  compte  tous  les  ans  au  con- 
fiiloire de  la  recette  8c  de  la  depenfe. 

Il  y  a  quatre  différentes  fortes  d'affcmblées  eedé- 
fiaftiques  :  les  confiltoires  ,  les  dalles  ,  les  fynodes 
provinciaux  ,  8c  le  fynode  national.  Dans  chaque  égli- 
ïe  ,  il  y  a  un  confiiloire  où  l'on  délibère  des  affaires 
eccléfiaffiques.  Les  claffes  font  des  affemblées  des  égli- 
fes voifines  ,  qui  y  députent  chacune  un  minifire  8c 
un  ancien.  Elles  fe  tiennent  ordinairement  tous  les 
trois  mois.  Les  fynodes  provinciaux  s'alTemblent  une  ou 
deux  fois  par  an  dans  chaque  province  ;  chaque  claffe  y 
envoie  deux  minifircs  8c  deux  anciens.  Les  érats  de  la 
province  y  envoient  aufli  deux  députés  ou  commiffaires 
politiques, pour  être  informés  de  toutes  les  affaires  qui  s'y 
traitent.  Chaque  fynode  entretient  une  correspondance 
avec  ceux  des  autres  provinces ,  8c  toutes  les  fois  qu'il  fe 
fépare  ,  on  convient  du  lieu  &  du  tems  auquel  il  doit  fe 
raffembler.  Depuis  le  fynode  de  Dordrecht  ,  tenu  en 
1 6 1 8  &  1 6 1 9  ,  il  n'y  a  point  eu  de  fynode  national.  Ce- 
pendant un  des  articles  de  cette  fameufe  aiïemblée  porte, 
qu'on  convoqueront  le  fynode  national  dans  trois  ans  ; 
niais  avec  l'agrément  8c  la  permilfion  desEtats  Généraux. 

Le  fynode  de  Dordiecht,avant  que  de  fe  féparer ,  réfo- 
lut  de  remettre  fous  la  garde  des  Etats  Généraux  l'original 
des  actes  de  cette  affemblée  ,  8c  de  confier  aux  magiitrats 
de  la  ville  de  Leyde  la  verfion  de  la  bible  qu'il  avoir  fait 
faire.  Pour  s'affurer  deleur  confervation  ,  on  députe  tous 
les  trois  ans  un  minifire  de  chaque  fynode  provincial. 
Ces  miniftres  ,  qui  font  au  nombre  de  neuf,  parce  qu'il  y 
a  deux  fynodes  en  Hollande  ,  un  en  Sud-Hollande  ,  8c 
l'autre  en  Nord-Hollande,  &  que  le  fynode  Wallon  joint 
aufli  une  députation  :  ces  miniftres ,  dis-je  ,  fe  rendent  à 
la  Haye  ,  8c  forment  ce  qu'on  appelle  le  Cœtus  ,  c'eft-à- 
dire  l'affemblée.  Ils  s'adreffent  au  président  des  états  , 
pour  voir  les  actes  du  fynode  de  Dordrecht  ;  ce  qui  leur 
cft  auiîi-tôt  accordé.  Delà  ils  fe  rendent  à  Leyde ,  pour 
examiner  de  même  l'original  de  la  verfion  hollandoife  de 
la  bible  ,  «Se  ils  font  accompagnés  dans  ce  voyage  de  deux 
députés  des  Etats  Généraux. 

Voici  la  fubordination  qu'il  y  a  dans  le  gouvernement  ec- 
cléfiaitique  des  Provinces-Unies.  Les  conilftoires  font 
fubordonnés  aux  claffes,  les  claffes  aux  fynodes  provin- 
ciaux ,  &  ceux  ci  au  fynode  national.  On  compte  dans 
route  l'étendue  de  la  république  quatorze  cens  qua- 
rante fept  miniftres  Hollandois  ,  outre  foixante  &  un 
aux  Indes  orientales  ,  &  huit  aux  Indes  occidentales.  Il 
y  a  à  Londres  quatre  minifires  Hollandois ,  un  à  Nor- 
wich  ,  &  un  autre  à  Colchefier:  dans  les  colonies  Angloi- 
Ces  en  Amérique  ,  il  y  en  a  fept.  L'état  en  entretient  feize 
en  diverfes  villes  d'Allemagne  ,  un  en  Espagne ,  un  à 
Paris ,  trois  en  Ruffie  ,  deux  en  Turquie  ,  un  à  Lis- 
bonne ,  un  à  Coppenhague  ,  un  à  Stockholm  ,  un  à 
Bruxelles,  un  autre  à  Sreveiuward  ,  outre  fix  dans  les 
places  de  la  Barrière. 

Le  fynode  Wallon  eft  le  plus  ancien  corps  eccléfia- 
ftique.  Il  commença  en  15-633  s'affembler  fecretement  à 
Tournai  8c  à  Anvers  ,  où  il  continua  fes  alTemblées  jus- 
qu'en 1 J77  ,  qu'il  fe  tint  un  fynode  national  à  Enibden  , 
où  les  églifes  flamandes  envoyèrent  leurs  députés.  Mais 
dans  un  fynode  tenu  à  Dordrecht,  en  1577,  la  compagnie 
confidéraqu'ily  avoit  desinconvéniensà  réunit  dans  une 
même  affemblée  les  minifires  des  églifes  flamandes  avec 
ceuxdes  églifes  wallones.  Depuis  ce  tems  ces  miniftres  fe 
font  affemblés  féparément.  Les  égli  fes  walonnes  ou  françoi- 
fes'répandues  dans  les  fept  Provinces  Unies, &  dans  les  pays 
âp  la  Généralité  ,  forment  une  espèce  de  fynode  na- 


PRO       m  ï 

rional ,  qui  s'afisanble  deux  fois  par  an  ,  aux  mois  de 
Mai ,  8c  de  Septembre  ,  tantôt  dans  une  province  tan- 
tôt dans  une  autre.  Quand  ,  dans  cet  intervalle  ,  il 
furvient  des  affaires  qui  doivent  être  examinées  8c  dé- 
cidées ,  le  fynode  nomme  quatre  ou  cinq  églifes ,  qui 
par  leurs  députés  forment  ce  quon  appelle  une  claffe  , 
dont  les  décifions  doivent  être  confirmées  par  le  fy- 
node fuivant.  Ce  fynode  entretient  une  correspondan- 
ce fraternelle  avec  les  fynodes  flamands  ,  8c  fe  gou- 
verne par  la  même  discipline.  On  compte  environ  cin- 
quante églifes  ,  qui  compofent  ce  fynode  ,  &  plus  de 
cenr  miniftres  ,  qui  les  deffervent. 

Il  y  a  des  églifes  angloilês  à  Dordrecht  ,  a  Leyde  , 
à  Amilerdam,  a  Rotterdam  ,  à  la  Haye ,  a  Middelbourg, 
à  Fleffîngue,  à  Veere,  a  Utrecht.  Ces  églifes  l'ont  mem- 
bres des  fynodes  flamands,  &  leurs  miniftres  font  entre- 
tenus par  l'état.  On  trouve  aufli  des  églifes  épiscopa- 
les  angloifes  à  Amilerdam  ,  8c  à  Rotterdam  ;  mais  le 
fervice  ne  fe  fait  que  dans  des  chapelles  particulières. 

La  plupart  des  Provinces  ont  chacune  une  cour  de 
jufiiee ,  à  laquelle  il  eft  permis  d'appeller  des  villes  parti- 
culières ,  8c  des  tribunaux  du  plat-pays  ,  excepté  dans 
les  eau  fes  criminelles.  Si  la  partie  condamnée  veut  voir 
la  révifion  du  procès ,  elle  peut  la  demander  aux  états 
de  fa  province ,  qui  alors  nomment  un  certain  nom- 
bre de  perfonnes  verfées  dans  les  loix ,  8c  dans  les  coutu- 
mes du  pays ,  pour  revoir  la  fentence;  8c  leur  jugement 
eft  fans  appel.  La  juftice  eft  fondée  fur  les  loix  municipa- 
les de  chaque  province  8c  de  chaque  ville  ,  fur  les  pla- 
cards des  états ,  8c  fur  le  droit  romain. 

Il  n'y  a  point  de  pays  au  mondc.où  les  habitans  foient 
plus  chargés  d'impôts ,  que  ceux  des  Provinces-Unies.  Ils 
fe  lèvent  fur  le  pain  ,  le  vin,  la  bière  ,  la  viande ,  le  beur- 
re ,  le  poiffon  ,  le  chauffage  ,  les  fruits ,  8c  fur  tout  ce  qui 
fert  à  l'entretien  de  la  vie.  On  les  appelle  Accifes  -,  &  ils 
font  fi  confidérables  qu'ils  font  le  tiers  de  la  valeur  du 
pain ,  du  vin ,  de  la  bière ,  &c.  Ce  qui  fait  que  la  vie  ani- 
male elt  fort  chère  dans  les  Pays-Bas.  Perfonne  n'ett 
exempt  de  ces  accifes  ,  8c  ceux  qui  les  fraudent  font 
févérement  punis.  Outre  ces  impôts  ,  on  en  levé  une 
infinité  d'autres  ,  comme  fur  le  fel  ,  le  favon  ,  le 
café  ,  le  thé  ,  le  tabac  ,  8c  enfin  fur  toutes  les  den- 
rées qui  fe  confument  dans  le  pays.  Il  y  a  une  taxe 
annuelle  fur  chaque  domeffique  ;  fur  les  chevaux ,  les 
carofies  ,  les  chaifes  ,  8c  autres  voitures  ,  8c  fur  Jes 
bêtes  à  corne.  Une  autre  taxe  confidérable  eft  celle  qu'on 
appelle  Vtr^onding  ,  ou  la  taille  fur  les  maifons  8c 
fur  les  terres.  Dans  des  befoins  preffans  ,  on  double , 
on  triple  çeVcrponding.  Dans  ces  mêmes  cas ,  on  levé 
le  centième  ,  8c  >e  deux-centième  denier  de  la  valeur 
de  tous  les  biens  des  habitans ,  tant  en  fonds  de  ter- 
re qu'en  obligations  fur  l'état.  On  levé  aulfi  une  taxe 
fur  toutes  les  terres  enfemencées.  On  la  nomme  Be- 
zaay  geld  ;  mais  elle  n'a  lieu  que  dans  les  pays  de  la 
généralité  ,  8c  dans  les  provinces  qui  produifent  du 
grain  Le  quarantième  denier ,  qu'on  tire  de  la  vente 
de  tous  les  biens  en  fonds  de  terre  ,  des  vaiffeaux  8c  des 
fuccelfions  collatérales  ,  eft  un  revenu  confidérable  , 
aufli  bien  que  le  papier  timbré.  Les  droits  d'entrée  8c 
de  fortie  font  fort  tolérables.  Ils  font  perçus  par  les 
cinq  collèges  de  l'amirauté  ,  qui  en  ont  fait  un  fonds 
pour  l'entretien  de  la  marine. 

Les  revenus  ordinaires  de  la  république  confiffent 
en  ce  qui  fe  levé  dans  les  pays  de  la  généralité  ,  dont 
le  confeil  d'état  a  feul  l'adminifirarion  ,  ou  bien  dans 
les  fommes  ordinaires  &  extraordinaires  que  les  fept 
Provinces  8c  le  pays  de  Drenthe  fournirent  tous  les  ans , 
fuivant  leur  contingent  ,  fur  la  pétition  ou  la  deman- 
de que  le  confeil  d'état  en  fait  aux  Etats  Généraux  , 
pour  la  dépenfe  qu'il  juge  que  la  république  fera  ob- 
ligée de  faire  l'année  fuivante. 

Les  forces  de  l'état  confiftent  ,  premièrement  en 
un  grand  nombre  de  places  de  guerre  fur  les  frontiè- 
res :  en  fécond  lieu  ,  la  république  paye  près  de  cin- 
quante-quatre mille  hommes  de  troupes  réglées ,  qui  fe 
réduifent  à  cinquante  mille  combatrans  effectifs ,  à  caufe 
d'un  homme  par  compagnie  pour  le  fervice  de  la  fo- 
ciété  de  Surinam  ,  un  autre  pour  les  follickeurs ,  deux 
cens  hommes  accordés  à  la  compagnie  des  Indes  orien- 
tales ,  &  les  valets  pour  les  olficiers  d'infanterie.  En 


î  I  I  z 


nio 


PRO 


troifiéme  lieu  ,  l'amirauté  entretient  en  tems  de  paix 
trente  à  quarante  vaifleaux  de  guerre  ,  donc  quelques- 
uns  font  employés  à  escorter  les  flottes  marchandes  , 
&  d'autres  à  former  une  escadre  de  neuf  ou  dix  vais- 
feaux  ,  pour  aller  en  courfe  contre  les  corfaires  de  Bar- 
barie ,  ou  pour  d'autres  ufages.  Une  quatrième  force 
de  la  république  confifte  dans  cette  multitude  de  riviè- 
res ,  dont  on  peut  fe  fervir  pour  inonder  la  plupart 
des  provinces  ,  ôc  les  garantir  de  l'approche  de  l'en- 
nemi. D'ailleurs  il  eft  presque  impoflîble  à  une  flotte  en- 
nemie d'encrer  dans  les  ports  du  pays ,  qui  font  tous 
dangereux  ,  excepté  ceux  de  Helvoct-Sluis ,  &  de  FlcJJïn- 
gue. 

Toutes  les  troupes  de  l'état  étoient  autrefois  com- 
mandées par  u"n  capitaine  général  ,  qui  avoir  fous  lui 
un  velt-maréchal  ;  mais  depuis  la  more  de  Guillaume 
III  ,  roi  de  la  Grande-Bretagne  >  il  n'y  a  point  eu 
de  capitaine  général  ,  ni  de  velt-maréchal ,  depuis  la 
mort  de  d'Auverkerque  ;  6c  l'armée  de  l'état  a  été 
commandée  par  le  plus  ancien  général  de  la  cavale- 
rie ,  afiifté  des  confeils  des  députés  des  Etats  Généraux. 

Il  y  a  onze  gouvernemens  de  places  de  guerre ,  ôc 
dans  chacun  de  ces  gouvernemens  il  y  a  des  comman- 
dans ,  qu'on  nommeroit  en  France  lieutenans  de  roi ,  ôc 
en  Angleterre  fougouverneurs.  Outre  ces  onze  gouver- 
nemens, il  y  a  quarante-un  commandemens.  L'état  entre- 
tient des  magafins  dans  tous  ces  lieux ,  avec  des  commis 
pour  en  avoir  foin. 

Quoique  les  ports  de  mer  dans  les  Provinces-Unies 
foient  dangereux  ,  il  n'y  a  cependant  point  de  pays  au 
monde  ,  où  l'on  voye  un  fi  grand  nombre  de  navires  , 
&  où  il  le  falTe  un  plus  grand  commerce.  La  pre- 
mière fource  du  commerce  eft  la  pêche  du  hareng  , 
fur  les  côtes  de  la  Grande-Bretagne  ,  depuis  qu'un 
nommé  Guillaume  Biervliet  inventa  dans  le  quatorzième 
fiécle  la  manière  de  les  faler  Ôc  de  les  encaquer.  On 
l'appelloit  autrefois  la  Mine  d'Or  -,  aujourd'hui  on  la 
nomme  la  grande  Pêche  ,  pour  la  diftinguer  de  la 
petite  pêche  ,  qui  eft  celle  des  baleines  qu'on  prend 
fur  les  côtes  de  Groenland  ôc  de  Spitzberg  ,  ôc  dans 
le  détroit  de  Davis.  Ces  deux  pêches  rapporcenc  un 
profit  immenfe  à  l'état.  Les  manufactures  n'occupent  pas 
une  moindre  quantité  de  monde  ;  mais  quelque  con- 
fidérables  que  foient  ces  deux  branches  de  commerce , 
elles  ne  font  presque  rien  en  comparaifon  de  celui  de 
la  compagnie  des  Indes  orientales  ,  qui  s'eft  comme 
rendue  maîtrefie  abfolue  de  tout  le  commerce  de  l'O- 
rient.. Les  Hollandois  ôc  les  Zelandois ,  par  le  moyen 
des  marchandifes  qu'ils  apportent  de  ce  pays ,  font  un 
commerce  très-avantageux  en  France  ,  en  Espagne  , 
en  Italie  ,  dans  la  mer  Méditerranée  ,  &  en  Alle- 
magne ,  ôc  font  maîtres  de  celui  qui  fe  fait  dans  le 
nord  en  Moscovie  ,  en  Pologne  ,  &  dans  toute  la  mer 
Baltique  ,  où  les  épiceries  leur  procurent  toutes  les 
denrées  de  ces  quartiers-là. 

Les  Etats  Généraux  reprefentent  les  fept  Provinces- 
Unies  ;  mais  ils  n'en  font  point  les  fouverains  ,  com- 
me la  plupart  des  étrangers  fe  l'imaginent  :  ôc  leur 
alTemblée  a  quelque  rapport  à  la  diète  de  Ratiloon- 
ne  ,  qui  repréfente  tout  le  Corps  Germanique.  Quoi- 
qu'ils paroiflent  revêtus  du  pouvoir  fouverain  ,  ils  ne 
font  que  les  députés  ou  plénipotentiaires  de  chaque 
Province  ,  chargés  des  ordres  des  Etats  leurs  princi- 
paux ,  ôc  ils  ne  peuvent  prendre  de  réfolution  fur  aucune 
affaire  importante,  fans  avoireu  leuravis&  leur  confen- 
temenr.  D'ailleurs  on  peut  confidéter  l'union  des  fept 
Provinces  comme  celle  de  plufieurs  princes  quife  liguent 
pour  leur  fureté  commune  ,  fans  perdre  leur  fouve- 
raineté  ni  leurs  droits  en  entrant  dans  cette  confédé- 
ration. Ces  Provinces  forment  enfemble  un  même 
corps  ;  il  n'y  en  a  pas  une  feule  qui  ne  foit  fouve- 
raine  ôc  indépendante  des  autres  ,  &  qui  ne  puifle 
faire  de  nouvelles  loix  pour  fa  confervation  ,  mais 
fans  pouvoir  en  impofer  aux  autres.  Voilà  l'idée  qu'il 
faut  avoir  des  Provinces-Unies. 

L'aflemblée  des  Etats  Généraux  eft  compoféc  de  dé- 
purés des  fept  Provinces.  On  leur  donne  le  titre  de 
Hauts  &  PmJJans  Seigneurs  à  la  tête  des  lettres  qui  leur 
font  écrites  ,  des  mémoires  &  des  requêtes  qui  leur 
firnr  préfentés  j  ôc  on  les    qualifie   dans   ces  mêmes 


écrits  de  leurs  Haines  Pitijjances.  Tous  les  fouverains 
leur  donnent  ce  titre  ,  excepté  le  roi  d'Espagne  ,  qui 
les  nomme  feulement  Meffieurs  tes  Etats  Généraux  , 
ôc  leur  donne  le  fimple  titre  de  vos  Seigneuries.  Louis 
XV  eft  le  premier  roi  de  France  ,  qui  leur  ait  don- 
né te  citte   de  Hauts  &  Puijfans  Seigneurs.  Ce    fut 
après  la  conclufion   du  traité  de  la  triple  alliance  en 
171 7.  Le  nombre  des  députés  n'eft  point  fixé  :  cha- 
que province  en  envoie  autant  qu'elle  juge  à  propos  , 
ôc  fe  charge  de  les  payer.  On  ne  compte  pas  les  fuf- 
frages  des  députés  s    mais   ceux   des  provinces   ■■,   de 
forte  qu'il  n'y  a  que  fept  voix  ,  quoique  le  nombre 
des  députés  de   toutes  les  provinces  ,  préfens  ou  ab- 
fens  ,  monte  environ  à  cinquante  perfonnes  ,  dont  il 
y  en  a  entre  autres  dix-huit  de  Gueldres.  Chaque  pro- 
vince préfide  à  fon  tour  ,  &  fa  préfidence  dure  une 
femaine  entière  ,  depuis  le  dimanche  à  minuit  jusqu'à 
la  même,  heure  de  la  femaine  fuivante.  Tous  les  dé- 
putés font  aflîs  fuivant  le  rang  de  leur  province ,  an- 
tour  d'une  longue  table  ,  au  milieu  de  laquelle  eft  le 
fauteuil  du    préfident.  A  fa    dtoite  font  affis   les  dé- 
putés de  Gueldres ,   à  fa  gauche  ceux  de   Hollande  , 
ôc  ainfi  àcs  autres  ,  fuivant  le  rang  des   provinces  , 
qui  eft  tel. 


Gueldres , 
Hollande  , 
Zelande , 


Groningue. 


Utrecht  , 
Frife  , 
Overifiel , 


Tous  ceux  qui  pofTedent  des  charges  militaires  ne 
peuvent  prendre  féance  dans  l'aflemblée  des  Etats  Gé- 
néraux. Le  capitaine  général  n'eft  pas  même  exempt 
de  cette  loi  j  il  peut  feulement  entrer  dans  l'aiTem- 
blée,  pour  y  faire  des  propofitions ,  ôc  il  eft  obligé  de 
fe  retirer  ,  lorsqu'il  s'agic  de  délibérer  fur  ce  qu  il  a 
propofé.  Quelque  grand  que  puifle  être  le  nombre  des 
députés  ,  il  n'y  a  que  fix  chaifes  pour  chaque  pro- 
vince .  &  tous  les  furnuméraires  fe  tiennent  debout. 
La  plupart  des  députés  ne  font  que  pour  trois  ou  fix 
ans  dans  l'aflemblée  des  Etats  Généraux  ,  à  moins  que 
leur  commifiion  ne  foit  renouvellée.  11  en  faut  excep- 
ter la  province  de  Hollande  ,  qui  y  députe  un  mem- 
bre de  fes  nobles  pour  toute  fa  vie  ,  ôc  celle  d'U- 
trecht  »  qui  envtic  un  député  du  corps  eccléfiaftique, 
&  un  autre  du  corps  de  la  noblefle  ,  qui  y  font  aus- 
fi  à  vie.  Il  en  eft  encore  de  même  des  députés  de 
Zelande  qui  font  ordinairement  au  nombre  de  quatre. 

Outre  les  députés  ordinaires  ,  tous  ceux  qui  font 
chargés  d'une  ambaflade  ,  ou  de  quelque  négociation 
importante  dans  les  pays  étrangers  ,  ont  une  commis- 
fion  pour  entrer  dans  l'aflemblée  des  Etats  Généraux  : 
le  confeiller  penfionmire  de  Hollande  aififte  tous  les 
jours  à  cette  aflemblée  en  qualité  de  député  ordinai- 
re ;  ôc  c'eft  lui  qui  y  fait  les  propofitions  de  la  parc 
de  cette  province.  Il  eft  le  feul  avec  le  député  de  la 
noblefle  d'Hollande  »  qui  ait  l'avantage  de  paioître 
tous  les  jours  dans  cette  aflemblée.  Tous  les  autres 
députés  de  cette  province  font  obligés  ,  par  une  réfo- 
lution de  l'an  1653  ,  d'avoir  une  commifiion  pour  y 
aiîifter.  Deux  confeillers  députés  de  Hollande  y  pren- 
nent aufli  féance  tous  les  jours  tour  à  tour.  Le  pays 
de  Drenthe  ,  qui  fait  une  petite  province  à  part ,  a  faic 
diverfes  inftances  pour  obtenir  le  droit  d'envoyer  des 
députés  aux  Etats  Généraux  ,  fans  avoir  jamais  pu  l'ob- 
tenir. Quelques  villes  de  Brabant ,  entre  autres  celle  de 
Bois  le-Duc  ,  prétendoient  aufli  y  être  admiflïbles  par 
l'union  d'Utrecht  ;  mais  on  leur  a  toujours  donné 
l'exclufion. 

La  charge  de  greffier  ou  fecrétaire  des  Etats  Géné- 
raux eft  une  des  plus  importantes  ôc  des  plus  ohé- 
r  eu  fes  de  l'état.  Il  eft  obligé  d'affilier  tous  les  jours  à 
l'aflemblée  des  Etats  Généraux  ,  décrire  toutes  les  réfo- 
lutions  qu'ils  prennent,  toutes  les  lettres  &  les  inftmétions 
qu'on  adrefle  aux  miniftres  de  l'état,  dans  les  pays 
étrangers  i  il  affilie  aufli  aux  conférences  qu'on  tient  avec 
les  miniftres  étrangers  ,  ôc  y  donne  fa  voix.  C'eft  lui  qui 
expédie  ôc  fcelle  toutes  les  commiffions  des  officiers 
généraux  ,  des  gouverneurs  &  commandans  des  pla- 
ces ,  les  placards ,  les  ordonnances  des  Etats  généraux  , 


PRO 


PRO     ii  ï  ? 


&  autres  actes.  Il  efl  nommé  à  cette  charge  par  les 
Etats  Généraux.  Il  a  fous  lui  un  premier  commis  ôc 
deux  premiers  clercs  qu'on  nomme  auffi  commis  , 
avec  un  grand  nombre  de  clercs  ou  d'écrivains  qui 
travaillent  tous  les  jours  au  greffe  ,  qui  eft  propre- 
ment ce  qu'on  appelle  dans  d'autres  pays  la  fecrétai- 
rerie  d'érat. 

Du  nombre  des  députés  qui  compofent  l'afiemblée 
des  Etats  Généraux  ,  on  en  nomme  de  toutes  les  pro- 
vinces ,  qui  font  chargés  de  diverfes  commiffions.  Il 
y  a  ,  par  exemple  ,  les  députés  pour  les  affaires  des 
finances  ,  pour  celles  de  la  marine  ôc  autres.  Chacune 
de  ces  commiffions  eft  compofée  de  huir  membres  ; 
favoir  d'un  député  de  chaque  province  ôc  du  p'enfion- 
naire  d'Hollande  qui  fait  le  huitième.  Il  affifle  à  tou- 
tes les  diffétentes  commiffions  ,  dans  lesquelles  le  dé- 
puté de  Gueldics  piéride  toujours.  Le  greffier  des  Etats 
Généraux  y  a  auffi  fa  voix.  Ces  députés  s'affemblent 
ordinairement  dans  la  chambre  de  Trêve  :  ôc  lors- 
qu'ils ont  pris  une  conclufion  fur  quelque  affaire  ,  ils 
en  font  rapport  a  l'afiemblée  des  Etats  Généraux ,  qui 
en  forme  une  réfolution. 

Il  y  a  des  députés  des  Etats  Généraux  ,  qui  font  en- 
voyés en  commifiîon  ,  pour  changer  ou  renouveller  les 
magiftrats  ,  ou  pour  quelqn'autre  affaire.  Ils  ont  dix  flo- 
rins par  jour  pendant  tout  le  tems  de  leur  commifiîon  , 
outre  les  frais  de  leurs  voyages.  Les  Etats  Généraux  en- 
voient auffi  tous  les  deux  ou  tous  les  trois  ans  deux  dé- 
putés à  Maefiricht ,  avec  le  titre  de  commifiaires  déci- 
feurs,  pour  terminer ,  avec  les  commifiaires  du  prince  de 
Liège ,  les  procès  ôc  autres  affaires ,  ôc  leur  jugement  eft 
fans  appel.  Le  confeil  d  état  a  fou  tour  pour  nommer  les 
commifiaires  décifeurs ,  qui  font  aufii  chargés  du  renou- 
vellement des  magifirarsdela  ville  de  Maeltricht  &  des 
juges  des  environs.  En  tems  de  guerre ,  les  Etats  Géné- 
raux envoient  des  députés  à  l'armée  .  Ôc  le  confeil  d'état 
en  envoie  un  autre.  Ils  ont  chacun  foixante  dix  florins 
par  jour.  Le  général  en  chef  ne  peut  livrer  bataille  ,  for- 
mer un  fiége ,  ni  faire  aucune  entreprife  d'éclat ,  fans 
leur  avis  5c  confentement. 

La  falle ,  où  les  Etats  Généraux  s'affemblent  ,  e(ï  dans 
l'enceinte  de  la  cour  ,  qui  eft  le  palais  des  anciens  com- 
tes de  Hollande.  La  chambre  de  Trêve  efl  ainfi  nommée , 
parce  que  la  trêve  de  douze  ans  y  fut  conclue  en  1609  > 
entre  l'Espagne  ôc  la  République.  C'efl  dans  cette  falle 
que  s'affemblent  les  députés  chargésde  quelques  affaires , 
6c  que  fe  tiennent  les  conférences  entre  les  députés  de 
l'état  &  les  minilhes  étrangers. 

Comme  ,  par  l'union  d'Utrecht ,  les  fept  Provinces  fe 
font  réfervé  l'autorité  fouveraine ,  leurs  députés ,  qui 
forment  l'afiemblée  des  Etats  Généraux  ,  ne  peuvent  rien 
conclure  dans  les  affaires  importantes.  Ils  ne  peuvent 
faire  la  guerre  ou  la  paix  ,  fans  un  confentement  unani- 
me detoures  les  provinces,  que  l'on  confulte  auparavant. 
Le  même  confentement  efl  néceffaire  pour  lever  des  trou- 
pes :  leurs  loix  doivent  être  approuvées  par  les  provin- 
ces :  ils  ne  peuvent  révoquer  les  anciens  réglemens ,  ni 
élire  un  fladhouder  ;  ôc  chaque  province  a  même  la  dis- 
pofition  de  tous  les  régimens  ôc  des  officiers  de  fon  res- 
fott. 

La  neceflîté  de  ce  confentement  des  provinces  canfe 
un  grand  retardement  à  la  conclufion  des  affaires,  ôc 
quelquefois  un  préjudice  confidérable  aux  intérêts  de 
l'état.  Toutes  ces  refirictions  n'empêchent  pas  que  les 
états  Généraux  ne  foient  revêtus  d'une  grande  autorité  ; 
ôc  leur  réfolution  ont  généralement  beaucoup  d'influen- 
ce fur  celles  des  provinces.  C'efl  dans  cette  affemblée  que 
Ton  reçoit  toutes  les  propofitionsdespuifiances  étrangè- 
res ôc  le  ferment  des  généraux  ,  des  gouverneurs  ,  des 
commandans  de  places.  Elle  confère  tous  les  gouverne- 
mens  ,  &  nomme  les  généraux.  Son  pouvoir  s'étend  fur 
toutes  les  villes  de  la  généralité ,  dont  ils  nomment  les 
magiftrars. 

Outre  l'afiemblée  ordinaire  des  Etats  Généraux,  ils  en 
efl:  tenu  quelquefois  une  extraordinaire,  qu'on  nomme 
la  grande  affemblée,  parce  qu'elle  eft  compofée  d'un  plus 
grand  nombre  de  députés  de  toutes  les  provinces ,  que  la 
première.  Cette  affemblée  n'efi  jamais  convoquée  que 
du  confentement  unanime  de  toutes  les  provinces ,  pour 
délibérer  fur  des  affaires  de  la  dernière  importance  pour 


la  république.  Elle  eft  fupérieurc  à  celle  des  Etats  Géné- 
raux. Cependant  les  députés  qui  la  compofent ,  ne  peu- 
vent rien  conclure  fans  l'avis  Se  le  confentement  de  leurs 
provinces. 

Après  le  départ  du  ducd'Alençon  ,  qui  avoit  été  ap- 
pelle par  les  confédérés  à  la  place  de  l'archiduc  Matthias, 
au  gouvernement  des  Pays-Bas  ,  quelques  provinces  de 
concert  avec  Guillaume  I ,  prince  d'Orange  ,  fondateur 
de  cette  république ,  drefierent  un  plan  de  gouverne- 
ment pour  remédier  à  une  espèce  d'anarchie  ,  qui  fe  glis- 
foit  infenfiblement  dans  les  provinces  ,  qui  avoient  pris 
le  parti  de  s'unir  contre  l'Espagne.  Ce  plan  formé  en 
1^84,  par  les  provinces  de  Hollande,  de  Zelande  ôc 
d'Utrecht ,  fut  approuvé  par  celles  de  Brabant ,  de  Flan- 
dre ,  de  Malines  &  de  Frife.  C'efl  fur  ce  plan  que  le  con- 
feil d'état  fut  inflitué  au  mois  d'Août  de  la  même  année; 
ôc  les  fept  Provinces  qui  relièrent  attachées  à  l'union 
d  Utrecht  lui  confièrent  le  foin  de  la  guerre,  des  finan- 
ces ,  ôc  de  tout  ce  qui  regardoit  la  conl'ervation  ôc  la  dc- 
fenfe  de  la  république  naiflante.  Ce  confeil  fe  trouva  par- 
là  chargé  du  gouvernement  général  de  la  république,  à 
certaines  conditions  ftipulées  dans  l'acte  de  fon  établis- 
fement  ;  ôc  il  étoit  obligé  entre  autres  par  l'article  2  c  de 
convoquer  les  Etats  Généraux  au  moins  deux  fois  par 
an. 

Le  confeil  d'état  ne  conferva  pas  long-tems  cette  auto- 
rité. Environ  un  an  après ,  les  Provinces-Unies  furent 
obligées  de  déférer  le  gouvernement  général  de  la  répu- 
blique au  comte  de  Leyceflcr,  que  la  reine  Elizabcrh, 
avoit  envoyé  pout  commander  le  fecours ,  dont  les  Etats 
étoient  convenus  avec  elle  parle  traire  du  10  Août  1  y  8f. 
Ce  traire  portoit  entre  autres  articles,  que  le  capitaine 
général  du  fecours  auroit  féance  au  confeil  d'état  j  & 
c  eft  en  conféquence  de  cette  condition  ,  que  le  gouver- 
nement de  la  république  fut  déféré  au  comte  de  Leyce- 
fter.  Deux  feigneurs  Anglois  avoient  aufii  féance  au  con- 
feil d'état  au  nom  de  la  reine,  qui  fe  conferva  ce  droit 
jusqu'à  ce  qu'on  lui  eût  rembourfé  les  fommes  qu'elle 
avoir  prêtées,  &  que  les  villes  de  Fleflîngue ,  Veere  ,  ôc 
Ramekcns,  qui  lui  étoient  hypothéquées,  fufient  refti- 
tuées  a  la  république  ;  ce  qui  arriva  en  161 6. 

Le  comte  de  Leycefter  ayant  été  rappelle  en  1587  ,  le 
confeil  rentra  dans  fa  première  autorité ,  qui  lui  fut  con- 
firmée par  une  réfolution  des  Etats  Généraux  du  7  Fé- 
vrier 1588  ,  ôc  ,  par  un  édit  du  1 1  Avril  de  la  même  an- 
née ,  le  gouvernement  général  des  Provinces  Unies  fut 
rendu  au  confeil  d'état.  Mais  ce  confeil  fut  bientôt  prive 
de  ce  pouvoir,  parla  réfolution  qui  fut  pri'è  de  rendre 
l'afiemblée  des  Etats  Généraux  fédentaire  à  la  Haye.  De- 
puis ce  tems ,  le  confeil  d'état  ne  s'efl  étendu  que  fur  les 
affaires  militaires  ôc  fur  celles  des  finances.  Celles  qui 
regardent  le  gouvernement  de  la  république,  Se  parti- 
culièrement les  affaires  étrangères ,  ont  paffé  infenfible- 
ment de  ce  confeil  à  l'affembléedes  Etats  Généraux.  Ainfi 
le  confeil  d'érat  ne  fe  mêle  aujourd'hui  que  des  affaires 
militaires  &  de  l'adminifirationdes  finances.  11  efl  com- 
pofé  de  douze  confeillers  ou  députés  des  provinces , 
dont  un  de  Gueldres ,  trois  de  Hollande  ,  deux  de  Ze- 
lande ,  un  d'Utrecht ,  deux  de  Frife  ,  un  d'Overiffel ,  & 
deux  de  Groningue  ôc  des  Otnmelandes.  De  ces  douze 
députés  ,  il  n'y  en  a  que  trois  qui  foient  à  vie  ;  celui  qui 
eft  nommé  par  le  corps  des  nobles  de  Hollande  ,  ôc  les 
deux  deZélande.  Les  autres  n'y  font  ordinairement  que 
pour  trois  ans.  Après  avoir  été  nommés  par  leurs  pro- 
vinces ,  ils  prêtent  le  ferment  aux  Etats  Généraux ,  ôc  re- 
çoivent leurs  commiffions  de  leurs  Hautes-Puifiances. 
11  n'en  efl.  pas  de  même  du  confeil  d'état,  que  de  l'as— 
femblée  des  Etats  Généraux  ;  on  y  compte  les  fuffrages 
des  députés  ,  non  ceux  des  provinces  ;  ôc  la  préfidence  ,' 
qui  eft  d'une  femaine ,  roule  tour  à  tour  entre  les  douze 
députés,  fuivant  leur  rang.  Outre  ces  députés,  le  tréfo- 
rier  général  a  le  titre  de  confeiller  d'état.  C'efl  un  officier 
à  vie  ,  ôc  il  a  féance  au  confeil  d'état.  Il  efl  en  quelque 
manière  le  contrôleur  général  des  finances  :  il  a  l'inspe- 
ction fur  la  conduite  du  confeil  d'état  ;  mais  plus  particu- 
lièrement fur  I'adminiftration  du  receveur  général  ôc  des 
autres  receveurs  fubal ternes  de  la  généralité.  Il  ne  peut 
s'abfenter  de  la  Haye,  fans  la  permiffion  des  Etats  Gé- 
néraux. 

La  chambres  descomores  de  la  généralité  fut  établie  en 
Tom.  /K.'Bbbbbbb 


ï  I  14 


PPvO 


PRO 


1607  ,  du  contentement  des  fept  provinces,  pour  fou- 
lagcr  le  confeil  d  etatdans  la  dirediondes  finances.  Cette 
chambre  eft  compofée  de  deux  députés  de  chaque  pro- 
vince, qui  font  le  nombre  de  quatorze  ,  Se  qui  ordinaire- 
ment changent  de  trois  en  trois  ans ,  fuivant  le  bon  plai- 
fir  des  provinces.  Les  fondions  de  ce  collège  confiftent  à 
examiner  &  arrêter  les  comptes  du  receveur  général,  des 
autres  receveurs  de  lagénéralité&  de  touslescomptables. 
On  donne  aux  députés  qui  compofent  cette  chambre ,  les 
titres  de  nobles  Se.  puiiïans  feigneurs. 

La  chambre  des  finances  de  la  généralité  a  été  établie 
avant  celle  des  comptes  ;  elle  eiï  compofée  de  quatre 
commis Se  d'un  fecrétaire,qui  font  nommés  par  les  Etats 
Généraux.  11  y  a  un  clerc  ou  écrivain.  Cette  chambre  eft 
chargée  de  régler  tous  les  comptes  qui  regardent  les  frais 
de  l'armée  ,  de  tous  les  hauts  Si.  bas  officiers ,  de  ceux  de 
l'artillerie ,  des  bateaux  ,  des  chariots  ,  des  chevaux  ,  &c. 
aufîï  bien  que  de  ceux  qui  ont  foin  des  munitions ,  des  vi- 
vres de  l'armée ,  Se  de  tout  ce  qui  fert  à  fon  entretien  Se 
à  fa  fubfiftance. 

Toutes  les  provinces,  en  s'uniffant  pour  former  entre 
elles  une  feule  république ,  fefont  réfervé  le  droit  de  bat- 
tre monnoie  ,  comme  une  marque  de  leur  fomeraineté  ; 
mais  elles  font  convenues  en  même  tems  que  la  monnoie 
de  chaque  province  ,  qui  anroit  cours  dans  toute  l'éten- 
due de  la  république ,  feroit  d'une  même  valeur  intrin- 
feque.  Pour  l'obfcrvation  d'un  fi  jufte  règlement ,  on 
établit  à  la  Haye  une  chambre  des  monnoies  de  la  géné- 
ralité ,  compofée  de  trois  confeillers  ,  inspecteurs  géné- 
raux ,  d'un  fecrétaire  Se  d'un  effayeur  général.  11  y  avoir 
autrefois  un  plus  grand  nombre  de  confeillers  dans  ce 
collège  :  on  appelloit  les  uns  confeillers  ordinaires,  Se 
les  autres  confeillersextraordinahes.  Les  premiers  étoient 
nommés  par  les  Etats  Généraux  ,  ck  les  autres  par  lesétats 
de  Hollande  >  mais  depuis  environ  cent  ans ,  il  n'y  en  a 
pointd'extraordinaiies.Tous  les  membres  de  cettecham- 
bre  font  encore  aujourd'hui  à  la  nomination  des  Etats 
Généraux.  Cette  chambre  a  une  inspedion  générale  fur 
toute  la  monnoie  frapée  au  nom  des  Etats- Généraux , 
ou  des  états  des  provinces  particulières ,  de  même  que 
fut  toutes  les  espèces  étrangères.  Elle  a  foin  que  la  mon- 
noie foit  de  la  valeur  intrinfeque,  ordonnée  par  leurs 
Hautes  Puiffances  -,  &  elle  procède  coït re  les  maîtres  de 
la  monnoie  qui  contreviennent  aux  réglemens  de  l'état 
fur  ce  fujer.  Sa  jurisdidion  s'étend  aufiî  fur  les  jouailliers , 
les  orfèvres  ,  les  effayeurs ,  les  changeurs  Se  autres.  Ses 
jugemens  font  fans  appel.  Cependant  tout  ce  qui  eft  cri- 
minel eft  du  reffort  du  confeil  d'état  i&  le  jugement  des 
faux  monnoyeurs  appartient  aux  juges  des  provinces  ou 
des  villes  où  le  crime  s'elt  commis. 

Par  l'article  21  du  traité  de  paix  conclu  à  Munfter  le 
30  Janvier  1649  ,  entre  Philippe  IV  ,  roi  d'Espagne  Se 
les  Etats  Généraux  des  Provinces-Unies ,  il  fut  fiipulé 
qu'on  nommeroit  des  juges  en  nombre  égal  de  part  Se 
d'autre,  pour  former  une  chambre  mi-partie,  Se  qui 
s'affembleroit  alternativement  dans  les  états  de  l'une  Se 
l'autre  puiffance.  Ces  juges  étoient  chargés  de  décider  les 
différens  entre  les  fujets  de  part  Se  d'autre  ,  à  l'occafion 
du  commerce  Se  des  droits  fur  les  marchandifes,  de  mê- 
me que  des  contraventions  faites  au  traité  de  paix ,  Se 
enfin  de  toute  autre  dispute  entre  les  fujets  des  deux 
puiffances.  Cette  chambre  étoir  compofée  de  huit  juges 
fubdélégués  de  la  part  du  roi  d'Espagne  &  de  huit  au- 
tres de  la  part  des  Etats  Généraux.  Elle  réfidoit  la  pre- 
mière année  à  Malines ,  la  fuivante  à  Dordrecht,  Se 
ainfi  d'année  en  année.  Cette  chambre  ne  fubfifte  plus 
depuis  un  grand  nombre  d'années  ;  Se  il  n'en  eft  fait  au- 
cune mention  dans  le  traité  de  Barrière  ,  conclu  à  An- 
vers entre  l'empereur  &  les  Etats  Généraux  en  1715. 

Il  y  avoir  autrefois  un  haut  confeil  de  guerre  établi  à  la 
Haye ,  Si  à  ce  confeil  étoit  un  préfident  perpétuel ,  un 
fiscal  Se  un  greffier ,  qui  connoiffoient  de  toutes  les  af- 
faires militaires  ;  mais,  depuis  la  mort  du  lieutenant 
général  Unkel,  qui  en  étoit  préfident,  cette  place  eft 
reftéc  vacante,  év  le  confeil  d'état  fait  les  fondions  de 
ce  fuprême  confeil  de  guerre.  La  charge  de  fiscal  fubfifte 
pourtant  encore:  on  le  nomme  fiscal  de  la  généralité. 
Cependant  les  régimens  des  gnrdcsà  pied,  &  celui  des 
gardes  à  cheval ,  forment  chacun  un  confeil  de  guerre  , 
lorsqu'il  s'agit  de  juger  des  officiers,  des  cavaliers  ou 


des  foldats  de  leur  corps.  Dans  routes  les  places  fortes 
de  la  république  il  fe  tient  de  pareils  confeils  de  guerre , 
dans  lesquels  l'auditeur  de  la  garnifon  fait  les  fondions  de 
fiscal ,  excepté  quelques  régimens  qui  ont  leurs  auditeurs 
particuliers.  Le  préfident  d'un  de  ces  confeils  de  guerre 
doit  être  un  haut  officier  ,  comme  colonel ,  lieutenant- 
colonel,  ou  major.  On  en  ufe  de  même  en  campagne. 
Le  brigadier  ordonne  le  nombre  d'officiers  des  régi- 
mens de  fa  brigade  ,  dont  le  confeil  de  guerre  doit  être 
compofé,  Se  nomme  un  des  hauts  officiers  pour  en  être 
le  préfident.  Le  jugement  de  ce  confeil  de  guerre  doit 
être  approuvé  par  le  général  en  chef  de  l'armée.  Aujour- 
d'hui tous  ces  confeils  de  guerre  font  fubordonnés  au 
confeil  d'état ,  auquel  il  eft  permis  d'en  appeller ,  tanc 
pour  le  civil  que  pour  le  criminel. 

Autrefois  chaque  province  avoit  fon  amirauté  parti- 
culière ;  mais  un  règlement  que  firent  les  Etats  Généraux 
en  1597,  l'amirauté  de  la  république  fut  partagée  en 
cinq  collèges  ;  trois  en  Hollande,  qui  font  ceux  de  Rot- 
terdam, d'Amfterdam  ,  Horn  &  Enkhuifen  alternative- 
ment ;  un  à  Middelbourg  en  Zclande ,  un  à  Harlingue  en 
Frife  ■-,  Se  les  droits  d'entrée  Se  de  fortie  font  levés  au 
profit  du  corps  entier  de  la  république  pour  l'entretien 
des  vaiffeaux  de  guerre  Se  autres  frais  de  la  marine.  Cha- 
cun de  ces  collèges  eft  compofé  de  plufieurs  députés  ti- 
rés partie  des  provinces  où  les  collèges  font  établis ,  Se 
partie  des  provinces  voifmes.  11  n'y  a  point  d'appel  de 
leurs  fentences  pour  les  fraudes  des  droits  d'entrée  Se  de 
fonie,  &  les  différens  fur  les  prifes  faites  par  mer  aufli 
bien  que  dans  les  caufes  criminelles  ;  mais  dans  les  eau- 
fes  civiles  où  il  s'agit  d'une  fomme  au-delà  de  fix  cens 
flotins ,  on  peut  demander  revifion  de  la  fentence  aux 
Etats  Généraux.  Lorsque  les  Etats  Généraux  ,  de  l'avis 
du  confeil  d  état,  ont  réfolu  de  faire  un  armement  naval , 
Se  qu'ils  fe  font  déterminés  fur  le  nombre  Se  la  qua- 
lité des  vaiffeaux,  le  confeil  d'état  en  expédie  les  ordres 
à  tous  ces  collèges ,  qui  aiment  féparément  à  propor- 
tion de  leur  contingent.  Celui  d'Amfterdam  fait  toujours 
la  troifiéme  partie  de  tous  les  arméniens  ,  Se  les  autres 
une  fixiéme  partie  chacun.  La  charge  d'amiral  général  a 
été  ordinairement  unie  à  celle  de  ftadhouderunais depuis 
la  mort  de  Guillaume  III ,  prince  d'Orange ,  il  n'y  a  point 
eu  d'amiral  général ,  Se  aujourd'hui  tous  les  collèges  de 
l'amirauré  ont  leurs  officiers  particuliers ,  dont  le  pre- 
mier a  le  titre  de  lieutenant  amiral.  Cependant  la  pro- 
vince de  Gueldies  a  conféré  le  titre  d'amiral  général  au 
prince  de  Naffau-Orange  ,  avec  la  dignité  de  ftadhou- 
der  Se  de  capitaine  général. 

Lorsque  les  Provinces-Unies  formèrent  la  réfolution 
de  fe  révolter  ,  Guillaume  I  de  Naffau ,  prince  d'Oran- 
ge ,  de  la  branche  de  Dillembourg  ,  parut  le  plus  pro- 
pre à  jetter  le  premiers  fondemens  de  la  république.  Il 
étoit  déjà  gouverneur  des  provinces  de  Hollande ,  de 
Zelande  &  d'Utrecht.  Les  états  de  Hollande  Se  de  Zé- 
lande  affemblés  à  Delft,le  premier  d'Avril  1576,  lui 
conférèrent  la  dignité  deftadhouder  :  quelque  tems  après 
les  provinces  de  Gueldres ,  d'Utrecht  &  d'Overiffel  le 
reconnurent  en  la  même  qualité, &  celles  de  Frife  Se  de 
Groningue  nommèrent  pour  leur  ftadhouder  le  comte 
de  Naffau ,  fon  coufin ,  qui  étoit  alots  gouverneur  de 
ces  deux  provinces.  Les  provinces  accordèrent  à  ces 
deux  ftadhouders  les  mêmes  droits  Se  le  même  pou- 
voir ,  dont  ils  avoient  été  revêtus  par  le  roi  d'Espagne  ; 
mais  elles  fe  réferverent  le  pouvoir  de  conclure  la  paix 
ou  la  guerre,  de  faire  des  alliances,  de  battre  mon- 
noie ,  Se  de  lever  des  fubfides. 

Guillaume  1  ayant  été  affaffiné  à  Delft  en  1584,  les 
provinces  élurent  pour  fon  fucceffeur,  le  prince  Mau- 
rice, fon  fils  ,  qui  n'étoit  que  dans  la  dix-feptiéme  année 
de  ton  âge.  Ce  prince  étant  mort  en  161$  ,  fans  avoie 
été  marié,  Frédéric-Henri  fon  frère  lui  fuccéda  le  14 
de  Mai  de  la  même  année.  11  mourut  en  1647  ,laiffant 
un  fils  nommé  Guillaume,  qui  fut  fon  fucceffeur.  Il  fe 
livra  aux  mouvemens  d'une  jeuneffe  ambitieufe  Se  bouil- 
lante ,  Se  donna  de  grands  ombrages  aux  cinq  provinces 
qui  l'avoient  élu  pour  leur  ftadhouder.  Après  fa  mort 
arrivée  en  1650  ,  les  états  de  ces  provinces  prirent  des 
menues  pour  donner  des  bornes  plus  érroites  au  pou- 
voir du  ftadhouder.  La  Hollande  forma  même  le  deflein 
d'exclure  Guillaume  III ,  fils  pofthume  de  Guillaume  II , 


PRO 


PRU 


i  ï  i  y 


de  toutes  les  charges  que  fon  père  avoit  poffédées  ;  Se  la  qu'à  ce  que  les  comtés  devinflent  héréditaires.  Alors 

faction  des  de  Wit  obtint  en  1667  ,  des  états  de  Hollan-  Provins  fut  ufurpée  par  Ces  comtes ,  dont  il  y  a  eu  deux 

de  l'édit  perpétuel,  par  lequel  ce  jeune  prince  &  fes  races.  La  première  étoit  de  l'ancienne  maiibn  de  Ver- 

descendans  'écoient  exclus  pour  jamais  de  la  charge  de  mandois  ,  Se  l'ancre  de  la  maifon  de  Blois  Se  de  Chat- 

ftadhouder,  que  fes  ancêtres  avoient  poflédée  depuis  la  très.  Les  uns  &  Jes  autres  l'ont  poffédée  pendant  trois 

fondation  de  la  république.  cens  vingt  ans,  après  lesquels  elle  a  été  réunie  à  la 

Cependant  l'autorité  des  de  Wit  ne  put  empêcher  en  couronne.  Ces  comtes  accordèrent  de   grands  privilé- 

1670  ,  que  le  prince  d'Orange  ,  qui  n'avoit  qu'environ  ges  à  cette  ville  ,   &  y  fondèrent  diverfes  églifes  Se 

vingt  ans ,  ne  prît  féance  au  confeil  d'état,  ôc  qu'il  ne  monafteres.  On  voit  plufieurs  monnoies  des  descendans 

fût  déclaré  en   1672,  ltadhouder  cv  capitaine  général  de  Charlemagne,   fabriquées  à  Provins,  Se   fur  lcs- 

des  armées  de  la  république  ,  qui  fe  trouvoit  alors  en  quelles  on  lit  cette  légende  :  Caftns  Pruvinis  ,  ou  cel- 

gtand  danger  par  les  conquêtes  rapides  de  Louis  XIV.  le-ci   Fruvwo  ,   ou  enfin  celle  ci  Moneta-l'ruvirioifis- 

Les  habitans  de  Dordrecht  aceuferent   hautement  les  Dans  les  auteurs  Se  dans  les  titres   du  commencement 

de  Wit  de  trahifon  ,  le  fouleverent.  Se  obligèrent  les  Se  du  milieu  de  la  troifiéme  race,  il  eft  fouvent  fait 

magiftrats  à  déclarer  le  prince  pour  ltadhouder  ;  Se  quel-  mention  des  fols  Se  des  livres  de  Provins.  *  Piganiol , 

ques  autres  villes  ayant  fuivi  leur  exemple  ,  les  états  de  Defc.  de  la  France,  t.  3.  p.  3S7. 

Hollande  ne  purent  fe  dispenser  d'abolir  l'édit  perpé-         Provins  ne  fut  d'abord  compofée  quede  la  ville  hau- 

tuel  d'élire  le  prince  pour  ftadhouder  ,  Se  de  le  îevêtir  te ,  qui  étoit  une  place  forte  ;  mais  les  comtes  hérédi- 

du  même  pouvoir  dont  fes  ancêtres  avoient  joui.  D'au-  faites  l'augmentèrent  de  la   ville  balle.  Les  comtes  ce 

tres  provinces  fuivirent  bientôt  l'exemple  de  la  Hol-  Champagne  Se  de  Brie  y  rirent  bâtir  un  palais ,  dans 

lande.  L'émotion  fut  fi  grande  à  la  Haye,  que  la  popu-  lequel    ils    tenoient  quelquefois   leur  cour  ;  Se  ce  fut 


lace  immola  à  fa  rage  les  deux  de  Wit.  Les  affaires  ayant 
changé  de  face  après  la  nomination  du  lladhouder  ,  les 
états  de  Hollande  en  cette  confidération  accordèrent 
le   z  de  Février    1674,  aux  héritiers  mâles  du  prince 


dans  la  grande  falc  de  ce  palais  que  Thibaud  IV  du 
nom,  comte  de  Champagne  &  de  Brie  ,  fit  écrire  avec 
le  pinceau  les  chanfons  qu'il  avoit  compofées  pour  la 
reine  Blanche,  mère  de  faint  Louis.  *  André  dit  Chêne , 


d'Orange,  nés  en  légitime   mariage,  la  furvivance  de     Antiq.  des  villes  de  France ,  p.  354.  Bangier  ,  Mém.  de 
toutes  le$  charges  qu'il   poffédoit  ;  Se  la  province  de     Champagne,  p.  369. 


Gueldrcs  a\ant enfin  pris  la  même  refolmion  ,  le  prince 
fe  trouva  reconnu  lladhouder  par  cinq  provinces,  les 
deux  autres  étant  toujours  refiées  fous  le  gouvernement 
des  ftadhouders  de  l'autre  branche  de  Naffau. 

La  race    des    princes  de   Naffau-Oiange  fe  trouva 
éteinte  à  la  mort  de  Guillaume  III,  roi  d'Angleterre, 
&   lladhouder    de   Gueldres  ,    Hollande  ,    Zélande , 
Ucrecht  Se  Overiffel.  Ce  monarque  par  fon  tefiament 
avoit  infiitué  fon  héritier  univeifel  le  prince  de  Naffau- 
Dietz  ,  descendu  de  Guillaume  Louis  de  Naflau  ,  cou- 
fin  de  Guillaume  I  ,   Se    lladhouder  dss  provinces  de 
Frife  Se  de  Groningue.  Ce  Jeune  prince  d'Orange  prit 
le  titre  de  prince  d'Orange  ;  mais  ce  titre  Se  la  fucceiîîon 
de  Guillaume  III  ,  lui  furent  conrellées  par  le  roi  de 
PrulTe  ,  comme  descendu  de  Louile-Henriette,  fille  de 
Frédéric- Henri ,  Se  mariée  à  Frédéric-Guillaume  ,  éle- 
cteur de  Brandebourg.  Le  roi  de  PrulTe  s'empara  par 
provifion  d'une  partie  de  cette  fuccefiion  ,  Se  une  au- 
tre fut  adjugée  au  prince    de  Naflau-Orange ,  en  at- 
tendant que  leurs  différens  fu fient  terminés.  Ils  ne  pu- 
lent  l'être,  parce  que  le  prince  d'Orange  fut  malheu- 
reufement  noyé  au  paffage  de  Moetdyk,  le  14  Juillet 
171 1.  Ce  ttifte  accident  auroit  éteint  la  race  de  la  fé- 
conde branche  de  la  maifon  de  Naffau  dans  les  Pays-Bas , 
fans  la  naiffance  d'un  prince  qui  vint  au  monde  le  3 
Septembre  171 1  -,  trois  mois  après  la  mort  de  fon  père , 
&   qui  eft   aujourd'hui  lladhouder   des  provinces  de 
Gueldres ,  Frife  Se  Groningue. 

Après  avoir  décrit  la  forme  effcntielle  du  gouver- 
nement des  Provinces  Unies ,  il  ne  relie  plus  qu'à  par- 
ler de  fa  fouveraineté  dans  les  pays  qui  ont  été  conquis 
par  les  armes  de  la  république,  ou  qui  fe  font  fou- 
rnis d'eux-mêmes  à  fa  domination.  Ces  pays  font  une 
partie  confidérable  de  l'état.  On  les  nomme  les  pays 
de  la  Généralité,  parce  qu'ils  dépendent  immédiate- 
ment des  Etats-Généraux  ,  Se  non  d'aucune  province 
particulière.  On  les  divife  en  quatre ,  qui  font  : 

Le  Brabant-Hollandois ,       La  Flandre-Hollandoife  , 
Le  pays  d'Outre-Meufe  ,       Le  quartier  de  Venlo. 
ouïe  Limbourg-Hollandois, 

Quant  aux  compagnies  des  Indes  orientales  &  occi- 
dentales ,  Se  la  fociété  de  Surinam  ,  voyez,  l'article  Com» 
pagnie. 

PROVINS  ,  Vruvinum  ,  Trov'inum  ,  ou  Trov'igmim- 
Cuftrum  ,  ville  de  France ,  dans  la  Baffe  Brie  ,  à  quatre 
lieues  de  la  Seine  ,  fur  la  rivière  de  Vouzye  ,  qui  fe 
rend  dans  la  Seine,  au-deffousde  Bray.  Elle  étoit  con- 
nue du  tems  de  Charlemagne ,  Se  il  en  elt  fait  men- 
tion dans  les  anciennes  chroniques  Se  dans  les  vieux 
cartulaircs.  Elle  a  appartenu  aux  rois  de  France,  jus- 


On  compte  à  Provins  quatre  paroiffes ,  huit  maifons 
religieufes,  quatre  d'hommes  &  quatre  de  filles.  L'ab- 
baye de  Saint  Jacques  elt  poflédée  par  les  chanoines 
réguliers  de  Saint  Augufiin ,  de  la  Congrégation  de 
France.  M.  d'Aligre  qui  l'a  gouvernée  pendant  66  ans , 
y  a  fait  beaucoup  de  bien.  Le  prieuré  de  Saint  Ayon , 
poffédé  par  les  Bénédictins  de  la  congrégation  de  Saine 
Vanne ,  dont  S.  Robert  a  été  autrefois  prieur  ,  a  été 
fondé  fous  le  règne  du  roi  Robert,  oud'Henti  I.fon 
fils. 

Le  préfidial  de  Provins  eft  de  la  première  création 
des  préfid-iaux  ,  Se  l'on  y  juge  félon  la  coutume  de 
Meaux.  Le  feul  commerce  de  l'élection  ,  dont  cette 
ville  eft  le  fiége  ,  confifie  en  bleds  qu'on  transporte  à 
Paris  par  le  moyen  de  la  Seine ,  qui  paffe  à  deux 
lieues  de  Provins.  Il  y  avoit  autrefois  dans  cette  ville 
une  manufacture  de  draps  qui  s'eft  anéantie.  La  tradi- 
tion du  pays  veut  que  lorsque  les  Anglois  fe  retirè- 
rent du  royaume,  ils  emmenèrent  de  Provins  plufieurs 
ouvriers  en  laine ,  qui  leur  ont  donné  le  fecret  des  draps 
d'Angleterre.  On  faifoit  autrefois  dans  cette  ville  de  la 
conferve  de  rofes ,  qui  avoit  de  la  réputation  ,  Se  qui 
y  apportoit  de  l'argent  ;  mais  ce  petit  commerce  eft 
presque  tombé. 

PROU  AT,  ou  Prowad  ,  ville  des  états  du  Turc  , 
dans  la  Bulgarie,  allez  près  de  la  mer  Noire,  entre 
Varna  Se  Marcenopoli  ,  au  confluent  de  deux  petites 
rivières,  au  midi  du  lac  Devina.  *  Atlas,  Robert  de 
Vaugondy. 

1.  PRUCK  ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  l'Autriche  ,  fur 
la  rivière  de  Leita ,  éloignée  de  Prefbourg  de  trois 
grandes  lieues.  Elle  eft  de  médiocre  grandeur ,  8t  for- 
tifiée d'un  bon  fofié  Se  d'une  muraille:  le  pays  d'alen- 
tour eft  excellent ,  0%:  très -abondant  en  toutes  choies  né- 
ceffaircs  à  la  vie.  Il  y  a  même  plufieurs  belles  maifons 
Se  châteaux,  fur-tout  celui  de  Rarcev ,  qui  n'en  eft 
qu'à  un  quart  de  lieue.  Il  eft  de  forme  carrée ,  envi- 
ronné de  foffes  très-larges  ,  remplis  d'eau,  Se  il  a 
toutes  les  commodités  d'une  tette  de  plaifance  &  de 
grand  revenu.  Quelques  géographes  prennent  cette  ville 
pour  l'ancienne  Rhispia. 

z.  PRUCK,  ou  Pruck  an  den  Muer  ,  ville  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Haute-Styrie ,  fur  la  Muer,  dans 
l'endroit  où  cette  rivière  reçoit  les  eaux  du  Murez,  Cette 
ville  n'eft  pas  mal  bâtie.  Elle  a  une  fort  belle  place  pu- 
blique. *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

3.  PRUCK,  ville  d'Allemagne ,  dans  la  Haute  Ba- 
vière ,  fur  la  rivière  d'Amber  ,  entre  Furfienfelr  Se  Da- 
chaw,  mais  bien  plus  éloignée  de  cette  dernière  que 
de  la  première.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

PRUEL  ,  prieuré  de  France  ,  au  diocèfe  de  Tarbes.  Il 
eft  de  l'ordre  de  Grammont. 

Tom.  IV.  Bbbbbbb  jj 


îi  ié      PRU 


PRU 


PRUILLÉ ,  bourg  de  Fiance ,  dans  l'Anjou  ,  élection 
d'Angers. 

PRUILLÉ-LE-CHETIF  ,  bourg  de  France,  dans  le 
Maine. 

PRUILLY.  Voyez.  Priuilly. 
i.  PRU1M,  Prum  ,  ou  Irom,  abbaye  d'Allema- 
gne ,    au  diocèfe  de  Trêves ,  à  douze  lieues  de  cette 
ville  ,  dans  la  forêt  d'Ardenne  ,  fur  une  rivière  de  mê- 
me nom.  Elle  eut  pour  fondateur  Pépin  ,  qui  fit  con- 
ftiuire  le  monafteie  à  la  prière  de  la  reine  Berte  ou 
Bertrade  ,  fa  femme  ;  &  il  y  mit  pour  premier  abbé 
Ailier ,  dont  il  eftimoit  fort  la  vertu  ,  &  à  qui  il  donna 
enfuite  l'hermitage  de  Saint  Goar.  Pépin,  filsdeChar- 
lemagne  &   d'Himiltrude ,  s'étant  laiiTé  furprendre  à 
la  flaterie  8c  aux  mauvais  confeils  de  quelquesgrands  , 
fe  révolta  contre  le  roi  fon  père,  qui  étoit  alors  dans 
la  Bavière  occupé  à  faire  la  guerre  aux  Huns.  La  con- 
fpiration   fut  découverte  par  Fardulphe ,  depuis  abbé 
de  S.  Denis ,  8c  réprimée  par  la  mort  de  la  plupart 
des  coupables  i  mais  le  roi  ne  voulut  point  que  l'on 
ôtât  la  vie  à  Pépin  qui  étoit  fon  fils  aîné.  11  lui  fit 
feulement  couper  les  cheveux  ,  8c  le  rélégua  dans  le 
monafteie  de  Prom.  Selon  Eginard,  le  jeune  prince  y 
entra  volontiers ,  8c  dans  le  deffein  de  pratiquer  les 
exercices  de  la    vie  religieufe.  L'empereur   Lothaire , 
fils  de  Louis  le  Débonnaire  ,  aima  fingulierement  cette 
abbaye  :  il  s'y  fit  religieux  8c  y  mourut  :  fon  tombeau 
s'y  voit  au  milieu  du  chœur  ;  il  eft  de  marbre  noir  affez 
fimple.  Les  empereurs  fes  fucceffeurs  honorèrent  les 
abbés  de  Pruim  du  titre  de  prince  du  S.  Empire  :  les 
biens  en  étant  devenus  fort  confidérables  ,  ils  devinrent 
l'objet  des  archevêques  de  Trêves.  Ils  effayerent  de  fe 
les  faire  réunir  par  des  bulles  que  les  mêmes  papes , 
qui  les  avoient  données ,    révoquèrent   enfuite.  Jac- 
ques de  Ekz  s'en  empara  enfin  fur  le  fondement  d'une 
femblable  bulle  obtenue  de  Grégoire  XIII.  Dom  Mar- 
tenne  ,  qui  s'exprime  ainfi,  ajoute  qu'en  conféquence 
ces  archevêques  en  tirent  trente-fix  mille  écus  de  rente. 
Cette  abbaye  eft  une  des  plus  régulières  de  l'Allema- 
gne. L'églife  eft  ancienne  8c  fort  fimple.  On  y  montre 
la  femelle  d'un  des  fouliers ,  qu'on  dit  être  de  Notre- 
Seigneur  J.  C.  donnée  au  roi  Pépin ,  par  le  pape  Za- 
charie  ,  8c  il  en  eft  fait  mention  dans  le  titre  de  la  fon- 
dation du  monafteie. 

On  doit  encore  regarder  comme  une  autre  fingula- 
rité  de  ce  monaftere  ,  la  fondation  d'un  oratoire  fou- 
terrein  l'an  1097  ,  in  honore, .  .  Santtorum  viginti  qua- 
tuor Seniorum.  *  Abrégé  de  l'Hift.  de  l'ordre  de  S.  Be- 
noît,  /.  4.  c.  25.  Voyage  littéraire  de  Martenne, 
Com.  2. 

2.  PRUIM  ,  Pruym  ,  ou  Prom,  rivière  d'Allema- 
gne ,  dans  la  partie  occidentale  de  l'éledtorat  de  Trê- 
ves. Elle  a  fa  fource  dans  lYffel,  au  nord  occiden- 
tal de  Neuwenftein.  Elle  coule  du  nord  au  midi  ;  8c 
après  avoir  arrofé  divers  petits  lieux ,  elle  fe  joint  à 
la  Nyms ,  avec  laquelle  elle  va  fe  jetter  dans  la  Mo- 
felle  ,  près  de  Wafferbillich.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PRUNAY  ,  bourg  de  France,  dans  la  Beauce  ,  éle- 
ction de  Vendôme. 

PRUR/ESUS ,  montagne  de  la  Mauritanie  Céfarien- 
fe  ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  2. 

1.  PRUSA ,  ou  Prusias  ,  ville  de  Bithynie.  Stra- 
bon  ,  /.  •  1 2.  p.  563.  dit  :  Il  y  a  un  golfe  contigu  à  celui 
d'Aftacene  ,  &  qui  entre  dans  les  terres  du  côté  de 
l'orient.  C'eft  fur  le  premier  de  ces  golfes  qu'eft  la 
ville  Prusa,  qu'on  nommoit  autrefois  Cius. 

2.  PRUSA,  ville  de  Bithynie,  félon  Ptolomée,  /. 
$•  c.  1.  qui  la  place  dans  les  terres,  fur  le  fleuve 
Hippius ,  dans  le  pays  des  Héracléotes.  Memnon  dit 
qu'on  Tappelloit  autrefois  Cierof.  Il  y  en  a  qui  ont 
confondu  cette  ville  avec  la  précédente  ,  8c  qui  , 
trompés  par  la  refiemblance  des  noms  anciens  8c  mo- 
dernes,  n'ont  fait  qu'une  feule  ville  de  ces  deux  Prufes. 
*  Excerpt.  p.  94.  éd.  H.  Step.  1557. 

3.  PRUSA  ,  en  fiançois  Pruse  ,  ville  capitale  de 
l'ancienne  Bithynie.  C'eft  la  plus  grande  8c  la  plus  belle 
ville  dAfie.  Du  côté  du  levant  &  du  couchant  elle  eft 
au  pied  des  premières  collines  du  mont  Olympe  ,  dont 
}■'.  verdure  eft  admirable.  Ces  collines  font  ,   pour 


ainfi  dire  ,  autant  de  degrés  pour  aller  fur  cette  fameufe 
montagne.  Du  côté  du  nord  la  ville  fe  trouve  à  l'en- 
trée d'une  grande  8c  belle  plaine,  où  l'on,  ne  voit  que 
mûriers  8c  arbres  fruitiers.  Il  femble  que  Prufe  ait  été 
faite  exprès  pour  les  Turcs  ;  car  le  mont  Olympe  lui 
fournit  tant  de  fources,  que  chaque  maifon  a  fes  fon- 
taines -,  8c  on  ne  voit  guère  de  ville  qui  en  ait  autant , 
fi  ce  n'eft  Grenade  en  Espagne.  La  plus  confidérable 
des  fources  de  Prufe  eft  au  fud-oueft ,  auprès  d'une 
petite  mosquée.  Cette  fource ,  qui  fournit  de  l'eau  de 
la  grofleur  du  corps  d'un  homme,  coule  dans  un  canal 
de  marbre,  8c  vafe  distribuer  dans  la  ville.  On  aflure 
qu'on  y  compte  plus  de  trois  cens  minarets.  Les  mos- 
quées font  très  belles,  la  plupart  font  couvertes  de 
plomb  ,  embellies  de  dômes ,  de  même  que  le  cara- 
vanferais.  Au-delà  delà  rue  des  Juifs,  à  main  gauche 
en  allant  aux  bains ,  eft  une  mosquée  royale  ,  dans  la 
cour  de  laquelle  font  les  maufolées  de  quelques  ful- 
tans  ,  dans  des  chapelles  folidement  bâties  8c  fépaiées 
les  unes  des  autres.  On  peut  confulter  Lcunclaw ,  qui 
a  fait  un  fort  beau  traité  des  tombeaux  des  fultans.  * 
Tourmfort ,  Voyage  du  Levant ,  lett.  21.  p.  187. 

Le  nouveau  ferrail  eft  fur  une  colline  escarpée  dans 
le  même  quartier  ;  c'eft  l'ouvrage  de  Mahomet  IV.  Les 
caravanferais  de  la  ville  font  beaux  &  commodes.  Le 
befeftein  eft  une  grande  maifon  bien  bâtie,  où  font 
plufieurs  magafins  8c  boutiques  femblables  à  celles  du 
palais  de  Paris,  &  l'on  y  trouve  toutes  les  marchan- 
difes  du  Levant ,  outre  celles  que  l'on  travaille  dans 
cette  ville.  Non-feulement  on  y  confomme  la  foie  du 
pays ,  qui  paffe  pour  la  plus  belle  de  Turquie  ;  mais 
encore  celle  de  Perfe  »  qui  n'eft  ni  fi  chère  ni  fi  efti- 
mée.  La  foie  de  Prufe  vaut  jusqu'à  14  ou  15  piaftres 
loque  8c  demi.  Toutes  ces  foies  y  font  bien  employées, 
car  les  meilleurs  ouvriers  de  Turquie  font  à  Prufe  ,  8c 
ils  exécutent  admirablement  les  deffeins  de  tapiffe- 
ries  qu'on  y  envoie  de  France  ou  d'Italie. 

La  ville  d'ailleurs  eft  agréable  &  bien  pavée ,  pro- 
pre, fur-tout  dans  le  quartier    du   Bazar.   On  y    boit 
d'affez  bons  vins  à  trois  patars  loque.  Le  pain  8c  le 
fel  y  font  à  bon  marché.  La  viande  de   boucherie  y 
eft  fort  bonne.  On  y    mange  d'excellentes  truites  & 
de  bons  barbeaux  ;  les  carpes  y  font  d'une  grandeur 
8c  d'une  beauté  furprenante ,  mais  fades  8c  mollaffes. 
En  venant  d'Angora  à  Prufe  ,  on  palTe  un  beau  ruis- 
feau  fur  un  pont  affez  bien  bâti  ;  ce  ruiffeau  coule  en- 
fuite  dans  des  vallées  de  chênes ,  du  côté  du  midi.  Je 
croit  que  c'eft  le  Loufer  qui  va  paffer  vers  Montama. 
Il  y  a  dix  ou  douze  mille  familles  de  Turcs  dans  Pru- 
fe ,  lesquelles  font  plus  de  quarante  mille  âmes  ,  à  ne 
compter  que  quatre  perfonnes  par  famille.  On  compte 
quatre  cens  cafés  ou  familles  de  Juifs ,  cinq  cens  ca- 
fés d'Arméniens ,  8c  trois  cens  familles  de  Grecs.  Néan- 
moins cette  ville  ne  nous  parut  pas  fort  peuplée  ,  & 
fon  enceinte  n'a  pas  plus  de  trois  milles  de  tour.  Les 
murailles  font  à  moitié  ruinées  ,  8c   n'ont    jamais  été 
belles  ,  quoique  fortifiées  par  des  tours  carrées.  On  n'y 
remarque  ni  vieux  marbres  ,   ni   inferiptions.  On  ne 
voit  même  que  peu  de    marques   d'antiquité  dans  la 
ville  ,  parce  qu'elle  a  été  rebâtie  plufieurs  fois.  Sa  fi- 
tuation  n'eft  pas  fi  avantageufe  qu'elle    paroît  ,  puis- 
qu'elle eft  dominée  par  des  collines  du  côté  du  mont 
Olympe.  Il  n'eft  permis  qu'aux  Mufulmans    de  loger 
dans  la  ville.   Les  fauxbourgs  ,    qui  font  incompara- 
blement plus  grands  ,  plus  beaux  8c  mieux   peuplés , 
font  remplis  de  Juifs ,    d'Arméniens  8c  de  Grecs.   Les 
platanes  y   font  d'une  beauté  furprenante  ,  &  font  un 
payfage  admitable  ,   entremêlés    avec   des  maifons  , 
dont  les  terraffes  ont  une  vue  charmante. 

Les  tombeaux  d'Orcan ,  de  fa  femme  8c  de  Ces  en- 
fans  ,  font  dans  une  églife  grecque  couverte  en  mos- 
quée ,  qui  n'eft  ni  grande  ni  belle.  A  l'entrée  font  deux 
groffes  colonnes  de  marbre ,  8c  tout  au  bord  quatre 
petites  qui  ferment  le  chœur  ,  auquel  les  Turcs  n'ont 
pas  touché  i  ainfi  leurs  bafes  ne  font  pas  à  la  place  de 
leurs  chapiteaux  ,  ni  les  chapiteaux  à  la  place  des  ba- 
fes ,  comme  Spon  8c  Wheler  l'ont  écrit.  Le  chœur  . 
quoique  revêtu  de  marbre  ,  n'a  jamais  été  beau  :  la 
pierte  eft  d'un  blanc  fale  ,  fombre  ,  8c  jaspée  en 
quelques  endroits.  Le  fan&uaire  y  fubfiftc  encore  avec 


PRU 


PRU 


nn  perron  à  quatre  marches.  On  fait  voir  aux  étran- 
gers ,  dans  le  veitibule  de  la  mosquée ,  le  prétendu 
tambour  d'Orcan  ,  lequel  elt  trois  fuis  plus  grand  que 
les  tambours  ordinaires.  Quand  on  le  remue  il  fuie 
beaucoup  de  bruit ,  par  le  moyen  de  quelques  boules 
de  bois  ou  d'autres  matières  qui  le  font  réfonner  , 
au  grand  étonnement  des  gens  du  pays.  Le  chapelec 
de  ce  fultan  ell  aulTx  dans  le  même  lieu  ,  les  grains 
en  font  de  jai  ,  Ôc  gros  comme  tks  noix.  Il  relie  en- 
core à  la  porte  de  cette  mosquée  une  pièce  de  mar- 
bre fur  laquelle  on  lifoit  autrefois  une  infeription  grec- 
que ;  mais  aujourd'hui  on  n'y  connoît  plus  tien.  Ou- 
tre les  mosquées  dont  j'ai  parlé  ,  il  y  a  dans  Prufe 
plufieurs  collèges  d'inltitution  royale  ,  où  les  écoliers 
font  nourris  Se  inllruits  gratuitement  dans  la  langue 
arabe  ,  Se  dans  la  connoiflance  de  l'alcoran.  On  les  di- 
ftingue  par  la  fefle  blanche  de  leurs  turbans ,  laquelle 
forme  des  nœuds  gros  comme  le  poing ,  dispofés 
en  étoiles.  On  garde  dans  une  chapelle  turque  »  au- 
près de  la  ville  ,  une  ancienne  épée  fort  large  ,  que 
l'on  prétend  être  l'épée  de  Roland.  La  chapelle  ell 
fur  une  éminence  ,  du  côté  du  fud-ouert. 

Il  y  a  un  bâcha  dans  Prufe  ,  un  janiflaire  aga  ,  qui 
commande  environ  ijo  janiiîaires  ,  ôc  un  moula  ou 
grand  cadi  ,  qui  eil  le  plus  puiHant  officier  de  la  vil- 
le. Dan1;  les  tems  que  nous  y  étions  ,  c'etoit  le  fils  du 
moufti  de  Conllantinoplequi  occupoit  cette  place  ,  Se 
même  il  avoit  la  furvivance  de  la  charge  de  moufti , 
qui  eft  une  chofe  fans  exemple  en  Turquie  ;  mais  il 
fut  mis  à  mort  dans  le  tems  que  fon  père  fut  traîné 
fur  une  claie  a  Andrinople. 

Les  Arméniens  n'ont  qu'une  églife  dans  Prufe.  Les 
Grecs  en  ont  trois.  Les  Juifs  y  ont  quatre  fynagogues. 
On  ell  furpris ,  en  fe  promenant  dans  cette  ville  ,  d'y 
entendre  parler  auffi  bon  espagnol  que  dans  Madrid. 
Les  Juifs  ont  toujours  confervé  leur  langue  naturelle  , 
depuis  que  leurs  pères  s'étoienr  rétirés  de  Grenade  en 
Afie.  Il  ell  vrai  qu'ils  choifirent  la  ville  du  monde  , 
qui  par  fa  fituation  &  par  fes  fontaines ,  reflemble  le 
plus  à  Grenade  ,  comme  je  l'ai  dit  ci-devant. 

Le  nom  de  Prufe  Se  fa  fituation  ,  au  pied  du  mont 
Olympe ,  ne  permettent  pas  de  douter  que  cette  ville 
ne  foit  l'ancienne  Prusa.  bâtie  par  Annibal  ,  s'il  s'en 
faut  rapporter  à  Pline  ,  ou  plutôt  par  Pruftas  ,  roi  de 
Birhynic  ,    qui    fit  la  guerre  à  Crœfits  Se  à  Cyrus  , 
comme  l'afTurent  Strabon  ,  Se  fon  finge  Etienne  de  By- 
zance.  Elle  feroit  même  plus  ancienne  ,  s'il  croit  vrai 
qu'Ajax  s'y  fût  percé  la  poitrine  avec  fonépée,  comme 
il  ell  réprefenté  fur  une  médaille  de  Caracalla.  Il  elt 
furprenant  que  Tite  Live  ,  qui  a  11  bien  décrit  les  envi- 
rons du  mont  Olvmpe  ,  où  les  Gaulois  furent  défaits  par 
Manlius ,  n'ait  point  parlé  de  cette  place.  Après  que  Lu- 
cullus  eut  battu  Mithridateà  Cyzj.que,  Triarius  affiégea 
Prufe  Se  la  prit.  Les  médailles  de    cette  ville  ,    fra- 
pées  aux  têtes  des    empereurs   Romains  ,    montrent 
qu'elle  leur  fut  attachée  fidèlement.  Les  Mahométans 
la  pillèrent    &    la    ruinèrent  fous    Alexis   Comnéne. 
L'empereur  Andronic  Comnéne  ,  félon  Nicétas ,  la  fit 
faccager  à  l'occafion  d'une  révolte  qui  s'y  étoit  excitée. 
Après  la   prife  de   Conltantinople  par  le   comte   de 
Flandre  ,  Théodore  Lascaris  ,  despote    de  Romanie  , 
s'empara  de  Prufe  à  l'aide  du  Sultan  d'Iconium,  fous 
prétexte  de  conferver  les  places  d'Afie  à  fon  beau-pe- 
re  Alexis  Comnéne  ,  furnommé   Andronic.  Prufe  fut 
afïiégée  par  Bem  de  Bracheux,  qui  avoit  mis  en  fuite 
lès  troupes  de  Théodore  Lascaris.  Lescitovens  firent  une 
fi  belle  réfillance  ,    que  les    Latins  furent  contraints 
d'abandonner  le  fiége  ,  Se  la  place  relia  à  Lascaris  , 
par  la  paix  qu'il  fit  en    1114    avec  Henri  II  ,  empe- 
reur de  Conltantinople  ,  Se  frère  de  Baudouin. 

Prufe  fut  le  fécond  fiége  de  l'Empire  Ottoman  en 
Afie  ;  car  il  faut  convenir  qu' 'Angora  fut  la  premiè- 
re place  où  les  Turcs  s'établirent.  Ils  fe  rendirent  les 
maîtres  de  Prufe  par  famine  Se  par  la  négligence  des 
empereurs  Grecs ,  vers  l'an  1 3 17. 

Après  la  défaite  de  Bajazet ,  Tamerlan  fe  rendit  à  Pru- 
fe ,  où  il  trouva  les  tréfors  que  cet  empereur  y  avoit 
nmafles,  &  dont  il  avoit  dépouillé  les  princes  voifins. 
On  y  mefuroic  ,  à  ce  que  dit  Ducas  ,  les  pierres  pré- 
«ieufes  Se  les  perles  par  boiffeaux.  Mais  quand  Tamer- 


II  17 

lan  fut  descendu  du  côté  de  Babvlonc ,  le  lultan  Maho- 
met ,  fils  de  Bajazet ,  Se  qui  régna  dans  la  fuite  fous  le 
nom  de  Mahomet  I  ,  prit  polïefnon  de  Prufe  quoi- 
qu'il eût  établi  le  fiége  de  fes  états  à  Tocat.  Ifa-Bcg 
un  de  fes  frères  ,  fe  préfenta  devant  la  ville  ;  mais 
les  habitans  l'abandonnèrent  pour  fe  retirer  dans  le  ch.i 
teau  ,  Se  s'y  défendirent  avec  tant  de  fermeté  ,  qu'Ifa- 
Beg  ne  pouvant  l'emporter  ,  fit  brûler  Se  rater  la  vil- 
le. Elle  fur  rétablie  quelque  tems  après  par  Mahomet 
qui  battit  les  troupes  de  fon  frère.  Il  femble  que  cette 
place  étoit  deltinée  à  fervir  de   jouet  aux  Ottomans. 
Soliman  ,   qui  étoit  un  autre  fils  de  Bajazet ,  fe  faifit 
du  château  de  Prufe  par  une  faulic  lettre  qu'il  lit  don- 
ner au  gouverneur    de  la  part  ,  de  fon    frère  fultan 
Mahomet ,  par  laquelle  il  lui  ordonnoit  de  remettre 
ce  château  à  Soliman  ;  mais   Mahomet  le    recouvra 
par  le   moyen  du  même  gouverneur  ,  qui  la  livra  à 
fon  premier  maître  ,  lorsque  Soliman  parut  en  Eu- 
rope pour    défendre   fes  états.  Peu  après  cette  place 
fut  encore  expoféc  aux  infultes  de  Caraman  ,  fultan 
d'Iconium  ,  qui  la  prir  Se  la   pilla  en  1413.  Il  fit  dé- 
terrer les  os  de  Bajazet     Se  les  fit  brûler  ,    po.ir  fe 
venger  de  ce  que  cet  c  mpereur  avoit    fait  couper  la 
tête  à  fon  père.  Leunclaw  ajoute  que  Caraman  fit  brû- 
ler Prufe  en  1415. 

Après  la  mort  de  Mahomet  I,  fon  fils  Mourat  ou 
Amurat  II  ,  qui  fe  tenoit  à  Amafia  ,  vint  à  Prufe  pour 
fe  faire  déclarer  empereur.  On  lit  dans  les  annales  des 
fultans  qu'il  y  eut  un  fi  grand  incendie  à  Prufe  en 
1490  ,  que  les  vingt-cinq  régions  en  furent  cou  fu- 
mées ;  ce  qui  apprend  que  la  ville  étoit  divifée  en 
plufieurs  régions.  Zizime  ,  cet  illuftre  prince ,  Otto- 
man ,  fils  de  Mahomet  II  ,  disputant  l'empire  à  fon 
frère  Bajazet ,  faifit  la  ville  de  Prufe  pour  s'aflurer  de 
l'Anarolie  ;  mis  ayant  été  battu  deux  fois  par  Acoma- 
the  ,  général  de  Bajazet ,  il  fut  obligé  de  fe  retirer  chez; 
le  grand-Maître  de  Rhodes. 

PRUSENUM  ,  heu  fortifié  ,  dans  la  Thrace  ,  félon 
Ortelius,  qui  cite  Nicetas. 
PRUSIAS.K^«.  Prusa. 

PRUSIO  ,  ville  de  l'iflc  d'/Egine  ,  félon  Diodore  de 
Sicile ,  /.  20. 

PRUSSE,  pays  d'Europe,  entre  la  mer  Baltique  au 
nord  ,  la  Samogiue  Se  la  Lithuanie  à  l'orient ,  la  Polo- 
gne au  midi ,  le  Brandebourg  ,  la  Poméranie  Brande- 
bourgeoife ,  Se  la  Caffubie  au  couchanr ,  depuis  le  y  3 
jusqu'au  j6  degré  de  latit.  Se  depuis  le  34  d.  30  rnin« 
jusqu'au  41  d.  30  min.  de  longit. 

On  ne  fait  comment  on  appelloit  anciennement  les 
Pruflîens.  Ils  ne  le  favent  pas  eux-mêmes.  Tantôt  on 
les  confond  avec  les  Allemands  ,  tantôt  avec  les  Po!o- 
nois.  Ils   font   aujourd'hui  mêlés  des  uns  Se  des  au- 
nes; mais  autrefois  ils  n'avoient  aucun  commerce  avec 
ces  peuples  :   auffi  ne  font-ils  presque  point  connus* 
On  rapporte  comme  une  merveille  que  ,    fous  l'em- 
pire de  Néron  ,  un  chevalier  Romain  pafTa  de  Hon- 
grie jusque  dans  ce  pays  pour  y  acheter  de  l'ambre. 
Ils  ont  tiré  leur  nom  des  Borufficns  ,  qui  étant  partis 
de  la  Scythie  Se  des  extrémités  de  l'Europe  »  où  elt  la 
fource  du  Tanaïs  ,  s'arrêtèrent  dans  ce  lieu  ,  qui  avoic 
été  ravagé  Se  abandonné  par  les  Goths.  Ils  y  vécurent  à 
la  manière  de  leur  pays.  Ils  n'avoient  point  de  mai- 
fons  ,  Se  ne  connoiffoient  d'autres  fruits  que  ceux  que 
la  nature  produit  fans  culture.  Us  n'avoient  point  de 
religion  ,  vivoient  fans  loi  Se  fans  forme  de   gouver- 
nement. Ils  fe  nourriffoîent  de  miel  fauvagë  ,  qu'ils  re- 
cueilloient  dans  les  forêts  ,  ou  de  fang  de  cheval  Se 
de  chair  de  bêtes  fauves.  Ils  étoient  fi  fauvages,  qu'ils 
ignoroient  toutes  les  formalités  Se  le  nom   même  du 
mariage  ,  habitant  avec  les  femmes  fans  nul  choix  Se 
fans  nulle  diitinclion  ,  félon  que  le  hazard  ou  leurs  pâs- 
fions  les  y  engageoient.  Les  femmes  étoient  fécondes, 
Se  le  peuple  fe  multiplia  de  telle  forre ,  &  en  (i  peu 
de  tems  ,  que  leur  grand  nombre  leur  fut  a  charge. 
Dans  l'appréhenfion  d'en  être  trop  incommodés  ,  ils 
firent  mourir   toutes    les  filles   qui   nailîoient ,  &  ne    ' 
conferverent  que  les    mâles.    Ils  donnoient  beaucoup 
de  peine  à  leurs  voifins;  car  ils  faifotent  tous  les  jours 
des  courfes  fur  eux  ,  Se  ravageoieut  toute  la  campa- 
gne :  Se  il  étoit  difficile  de  régler  de  jeunes  gens  ,  qus 


iii8       PRU 


PRU 


n 'avoient  aucune  politeffe  ,  ôc  qui  vivoient  fans  loix 
ôc  fans  magiffrats.  *  Flechier ,  Vie  du  card.  Commen- 
don  ,  /.  w.p,  i6ç). 

Ils  s'affemblerent  un  jour  pour  fe  régler  entr'eux  , 
Se  pour  y  établir  quelque  forme  de  république  ;  Ôc  un 
de  ces  barbares  ,  nommé  Vidvut  ,  qui  n'avoir  pas  l'es- 
prit fi  gi  orner  que  les  autres  ,  ôc  qui  par  Ces  pira- 
teries avoir  amaffé  quelques  Biens  ,  leur  tint  ce  lan- 
gage :  Pourquoi  nous  contentons  -nous  de  tirer  des 
abeilles  de  quoi  nourrir  nos  corps  tous  les  jours  ?  Qjte 
ne  prenons-nous  des  inftruttions  &  des  exemples  dél- 
ies 


î 


',s  pour  régler  aujfi  notre  vie  ?  Ne  voyons-nous  pas 
ji  elles  ont  un  roi  à  qui  elles  obéiffem?  Elles  font  gou- 
vernées avec  équité.  Celles  qui  jont  oifeitjes  font  for' 
cces  de  travailler  ;  celles  qui  Jont  plus  ménagères  ,  plus 
induflrieufes  O"  plus  occupées  ,  font  dans  les  places  les 
plu*  honorables  de  leurs  ruches. 

Ce  discours  plut  à  l'affemblée  ,  ôc  d'un  commun  con- 
fentement  ,  ils  élurent  ce  fage  barbare  pour  leurbro- 
ter  ;  c'eit  ainfi  qu'ils  no.nmenc  en  leur  langue  le  roi 
des  abeilles.  Cet  homme  eut  un  esprit  ôc  un  cœur  de 
roi.  Il  régla  les  maiiages  ôc  la  différence  des  enfans, 
&  il  abolit  cette  confufion  ôc  ce  mélange  de  bruta- 
lités palfees.  Il  donna  quelques  loix  a  les  fujets.  La 
première  choie  qu'il  rit  fut  de  leur  imprimer  quelque 
opinion  ôc  quelque  crainte  des  dieux,  &  de  leur  faire 
une  espèce  de  religion  ;  ce  qui  relient  les  peuples  dans 
leur  devoir  plus  que  toutes  les  loix  enfemble.  Il  leur 
apprit  à  adorer  des  ferpens ,  qui  font  fort  rares  dans 
ces  régions  froides  ,  ôc  leur  donna  l'exemple  des  Sa- 
mogites  ôc  des  peuples  de  Lithuanie.  Quelque  tems 
après  ,  afin  qu'on  ne  dépeuplât  point  les  forêts  de 
bêtes ,  qu'on  alloit  chaffer  tous  les  jours  ,  il  leur  per- 
fuada  que  les  bêtes  étoient  les  divinités  des  bois  & 
des  forêts.  Il  confacra  même  quelques  forêts ,  ôc  par- 
tagea la  campagne  à  fes  fujets ,  les  obligeant  à  la  cul- 
tiver. Ces  Barbares  fe  rendirent  d'autant  plus  redou- 
tables à  leurs  voifins  ,  que  vivant  fous  un  roi  ,  ils 
avoient  ajouté  à  leur  force  ôc  à  leur  valeur  de  l'or- 
dre ôc  de  la  discipline.  Ils  ravagèrent  la  province  des 
Mazoviens ,  peuples  de  la  Pologne  ;  ils  défirent  plu- 
fleurs  fois  leurs  armées  ,  ôc  leur  firent  appréhender 
leur  entière  ruine  :  ce  qui  obligea  Conrad  ,  qui  étoit 
leur  roi  ,  d'aller  à  Rome  pour  obtenir  du  pape  quel- 
ques fecours  ,  ôc  pour  le  folliciter  en  fon  nom  ôc  au 
nom  des  Allemands  &  des  Saxons  ,  qui  avoient  auffi 
de  la  peine  à  fe  défendre  des  irruptions  fréquentes  de 
ces  barbares. 

Comme  c'étoient  des  Chrétiens  qui  demandoient 
du  fecours  contre  des  infidèles,  le  pape  envoya  dans  la 
Pruffe  les  chevaliers  Teutoniques,  qui  ayant  été  chas- 
fés  de  Syrie  par  les  Sarazins,  demandoient  à  fa  fainreté 
une  retraite  ôc  un  afyle  pour  leur  ordre.  Ils  étoient 
au  nombre  de  trente  mille ,  tous  Allemans  de  nation, 
félon  les  régies  de  leur  inftitut  ,  qui  n'admettoit  au- 
cun étranger.  Ils  fe  rendirent  dans  la  Pruffe  ,  fe  cam- 
pèrent au-delà  de  la  Viitule  ,  dans  le  Territoire  de 
Culm,  ôc  combattirent  ces  peuples  ,  durant  plu-Heurs 
années .  fans  aucun  avantage.  Enfin  ,  ils  les  défirent 
en  quelques  batailles ,  en  tuèrent  une  multitude  pro- 
digieufe  ,  &  fe  rendirent  maîtres  de  toute  la  Prune. 
On  obligea  ceux  qui  relièrent  de  ces  infidèles  à  rece- 
voir la  foi  ôc  la  religion  chrétienne.  Le  pape  leur 
envoya  des  perfonnes  de  grande  piété  &  fort  zélées 
pour  les  inffruire  ;  mais  ils  eurent  tant  d'averfion  pour 
leurs  maîtres  ,  qu'ils  attaquèrent  même  l'archevêque 
Audebert  ,  que  fa  vie  innocente  ôc  fes  miracles  ont 
rendu  vénérable  à  toure  l'églife  ,  &  lui  coupèrent  la 
tête  ,  comme  il  offroit  à  Dieu  le  faint  facrifice  de  la 
mefle.  Ils  ont  fouvenr  quitté  la  religion  ,  qu'ils  n'a- 
voient embraffée  que  par  contrainte.  Mais  les  papes 
ayant  divifé  cette  province  en  évêchés  ,  ces  hommes 
cruels  ôc  greffiers  fe  font  enfin  adoucis  par  les  foins  ôc 
par  les  intimerions  de  leurs  évêques  ,  qui  les  ont  ré- 
duits à  abolir  leurs  forêts  facrées  ,  à  tuer  leurs  ferpens 
leurs  idoles  ,  ôc  à  recevoir  la  foi. 

La  Pruffe  demeura   donc   fous   la    domination  des 

chevaliers  Teutoniques,  Ôc  fous  l'autorité  du  faint  fié- 

ge  ,    jusqu'à    ces    derniers    fiécles.    Cet    ordre    étoit 

devenu  fi  puiffant ,  qu'on  avoit  vu  un  corps  d'armée 


de  foîxante  mille  de  ces  chevaliers.  Des  princes  du 
fang  royal  Ôc  des  fouverains  ,  fe  tenoieut  fort  hono- 
rés de  les  commander,  ôc  croyoient  avoir  ajouté  une 
gtande  gloire  &  un  grand  titre  dans  leurs  familles  , 
lorsqu'ils  avoient  été  élus  chefs  d'une  fi  vaillante  ôc 
fi  nombreufe  nobleffe.  Celui  qui  les  gouvernoit  s'ap- 
pelloit  grand-Maître.  Il  avoit  une  autorité  fouveraine  , 
ôc  on  lui  rendoit  les  mêmes  honneurs  que  l'on  rend  aux 
rois.  Tant  qu'ils  eurent  a  s'exercer  contre  les  Prus- 
fiens  ,  ils  obièrverent  leurs  loix  ôc  leur  discipline  par 
une  crainte  raifonnable  ôc  par  une  honnête  émulation. 
Mais  après  qu'ils  les  eurent  fournis,  ils  tombèrent  dans 
de  grands  dcréglemens  ôc  dans  une  licence  extrême. 
Enfles  de  leur  profpérité  ôc  de  leurs  victoires  ,  ils 
ne  fe  con;enterent  pas  de  la  Truffe  ,  ils  poiterent  plus 
loin  leur  vue  ,  ôc  firent  plufieurs  efforts  pour  s'em- 
parer des  terres  des  Samogitcs  ôc  de  la  Lithuanie.  Us 
firent  une  très-longue  ôc  cruelle  guerre  aux  Polonois, 
qui  leur  avoient  obtenu  cette  retraite  ,  lorsqu'ils  étoient 
errans  ,-  &  durant  plus  de  cinquante  ans  ,  ils  dispu- 
tèrent enfemble  la  gloire  de  vaincre  ôc  de  comman- 
der. Enfin  ils  fe  révoltèrent  contre  l'églife ,  ôc  per- 
dirent leur  fouverainetc  en  perdant  la  foi  catholi- 
que. 

La  doctrine  de  Luther  s'étant  répandue  dans  toute 
les  parties  de  l'Allemagne  ,  ces  chevaliers  ,  qui  étoient 
dans  la  Pruffe  ôc  dans  la  Livonie  où  ils  avoient  auffi 
été  envoyés  pour  s'oppofer  à'ia  fureur  de  quelques 
peuples  bai  bai  es  j  s'engagèrent  dans  la  nouvelle  doc- 
trine ,  ufurptrent  les  commenderies  qu'ils  poffédoient , 
ôc  les  rendirent  héréditaires.  Ils  ne  fe  contentèrent  pas 
de  quitter  toutes  les  marques  de  leur  profeflîon  ,  ils 
devinrent  eux  mêmes  ennemis  de  la  religion  qu'ils 
étoienr  obligés  de  défendre. 

Alors  Albert  ,  margrave  de  Brandebourg ,  qui  étoit 
grand  maître  de  l'ordre  ,  fous  prétexte  de  finir  les  dif- 
férens  qu'il  avoit  avec  la  Pologne  ,  ôc  de  terminer  une 
guerre  qu'il  ne  pouvoit  plus  foutenir  ,  ayant  détruit 
tous  les  droits  ôc  tous  les  privilèges  de  la  fociété  , 
qui  l'avoit  élevé  à  cette  dignité  par  fes  fuffrages  , 
s'appropria  toutes  les  richefles  communes  de  l'ordre , 
&  méprifant  l'autorité  du  pape  ôc  celle  de  l'empereur, 
il  partagea  la  Pruffe  avec  les  Polonois ,  Ôc  fe  mit  fous 
leur  protection  ,  à  condition  qu'il  porteroit  la  qua4- 
lité  de  duc  de  Pruffe  ,  Ôc  que  fes  héritiers  ôc  fes  descen- 
dais fuccéderoient  au  duché.  Pour  lui  ,  il  renonça  à 
l'églife  ôc  à  tous  les  vœux  qu'il  avoit  faits  :  il  cm- 
brafià  la  doctrine  de  Luther  ,  fe  maria  ,  ôc  eut  un 
enfant  à  l'âge  de  foixante  Ôc  dix  ans.  La  partie  de  la 
Pruffe  qui  demeura  aux  Polonois  ,  fut  appellée  Prusse 
Royale, &  celle  que  garda  le  margrave  de  Brandebourg 
fut  nommée  Prusse-Ducale. 

L'empereur  Léopold  ,  voulant  fe  faire  un  parti  puis- 
fant  en  Europe  ;  pour  faire  caffer  le  teftament  de 
Charles  II  ,  roi  d'Espagne  ,  jetta  les  yeux  fur  Frédé- 
ric III ,  électeur  de  Brandebourg  ,  dont  il  connoiffoit 
l'ambition  ,  ôc  érigea  le  duché  de  Pruffe  en  royaume 
héréditaire.  Frédéric,  en  conféquence  fut  couronné  le 
15  Janvier  1701  >  &  fut  reconnu  en  cette  qualité 
par  tous  les  alliés  de  l'empereur  ,  ôc  dans  la  fuite 
par  les  puiffances  contractantes  au  traité  d'Utrecht.  De- 
puis ce  tems  on  appelle  Pruffe  Polonoife  celle  qui 
étoit  connue  fous  le  nom  de  Pruffe  Royale.  *  Introduc- 
tion à  l'Hiftoire  de  l'Univers  ,  t.  3 .  p.  z  3 1 . 

La  Pruffe  efi  plus  agréable  que  la  Pologne.  Les 
peuples  qui  l'habirenr  font  presque  tous  venus  d'Al- 
lemagne ;  aufil  y  garde-t-on  toutes  les  coutumes  des 
Allemans.  Il  n'y  a  que  les  bergers  &  les  gens  de  la 
campagne  qui  vivent  d'une  façon  particulière  ,  ôc  qui 
n'entendent  pas  même  la  langue  allemande.  On  dit 
que  ce  font  les  refies  des  anciens  peuples  de  la  Prus- 
fe  j  qui  n'ont  pas  fuivi  comme  les  autres  la  doctrine 
de  Luther.  *  Vie  du  Cardinal  Commendon  ,  1.  2. 
p.   168. 

Les  foins  ôc  la  prudence  du  cardinal  Hofius  empê- 
chèrent que  toute  la  province  ne  fe  jettât  dans  les 
nouvelles  fectes  \  ôc  quoique  fon  diocèfe  fût  de  gran- 
de étendue  ,  il  n'y  laiffa  point  entrer  l'héréfie  qui  s'é- 
toit  répandue  dans  tout  le  voifin.ige.  Il  fonda  à  Bruns- 
berg  un  collège  ,  où  il  établit  le«  pères  Jéfuites  pour 


PPvU 


PRU 


veiller  far  fon  troupeau  Se  pour  le  défendre  contre 
les  hérétiques.  La  fainteté  Se  le  foin  paftoral  de  ce 
grand  prélat  retinrent  plufieurs  perfonnes  dans  l'obéis- 
fanec  de  l'églife  ;  Se  il  fe  trouve  des  familles  confi- 
dérables  parmi  la  noble fle  qui  font  demeurées  dans  la 
foi. 

On  voit  dans  la  PrulTe  deux  espèces  de  bœufs  fau- 
vages  »  que  l'on  appelle  des  ures  Se  des  bufles  ;  le 
naturel  en  eft  presque  le  même  ;  mais  l'espèce  en 
eft  diverfe.  La  force  ,  la  vitefle ,  la  férocité  ,  la  gran- 
deur font  presque  femblables  dans  les  uns  Se  dans  les 
autres  ,  Se  la  forme  a  beaucoup  de  rapport  avec 
nos  bœufs  otdinaires  ,  fi  l'on  n'en  excepte  que  le  poil 
en  eft  un  peu  hériffé  ,  plus  noir  ,  &  que  la  maffe  en 
eft  plus  grande.  Jules  Céfar  la  met  un  peu  au  des- 
fous de  celle  des  éléphans.  *  Vie  du  Card.  Commen- 
don  ,  t.  2.  p.   176. 

On  en  ttouve  des  troupes  dans  les  forêts  de  Ma- 
zovie  ,  Se  ce  n'eft  qu'aux  environs  de  Rava  qu'on 
prend  des  ures.  Les  Polonois  fe  nourriffent  de  leur 
chair ,  &  l'on  en  fert  aux  meilleures  tables  ,  après  qu'on 
les  a  laiffé  mortifier  quelque  tems  au  froid.  Le  goût 
cependant  n'en  diffère  guère  de  celui  des  bœufs  ordi- 
naires. On  rapporte  que  ces  animaux  fauvages  s'ac- 
couplent quelquefois  avec  des  vaches  qui  paillent  à 
la  campagne  ;  mais  outre  que  les  veaux  qui  en  viennent 
ne  vivent  pas  ,  ceux  qui  fe  font  ainfi  mêlés  à  des 
bêtes  étrangères,  font  chafTés  de  leurs  troupeaux. On 
coupe  leur  cuir  ,  Se  l'on  en  fait  des  ceintures  ,  qu'on 
dit  être  d'un  grand  fecours  pour  les  femmes  qui  font 
en  travail. 

Les  bufles  ont  plus  de  force  ,  Se  leur  figure  eft  plus 
terrible.  Ils  ont  la  tête  large  Se  courbée  ,  des  cornes 
longues  ,  plus  grandes  que  celles  des  ures  ,  tortues 
comme  celles  des  taureaux  ,  drefTées  Se  prêtes  à  fra- 
per  ,  aiguës  Se  de  couleur  noire  ,  fort  polies  Se  creu- 
fes  au  dedans  ,  les  oreilles  petites  ,  les  yeux  grands  , 
rouges  Se  pleins  de  feu  ;  le  regard  farouche  Se  mena- 
çant. Lorsque  cet  anima!  eft  irrité  ,  il  foufTle  d'une 
.manière  horrible.  Une  touffe  de  poil  lui  prend  au  men- 
ton en  façon  de  barbe  ,  un  crin  noir  Se  hériffé  lui 
couvre  le  cou  ,  les  flancs  Se  les  jambes  de  devant  ; 
fon  dos  va  en  penchant  depuis  le  cou  jusqu'aux  épau- 
les ;  le  derrière  en;  fort  menu  ,  Se  dune  peau  fort  lè- 
che Se  fort  ridée  ;  fa  queue  eft  comme  celle  d'un 
taureau  ,  il  la  d:effe  ,  il  la  fecoue  en  courant  ,  lors- 
qu'il eft  en  colère.  Les  bufles  font  plus  rares  que  les 
ures. 

On  afïïire  que  le  b.ifle  eft  fi  fort  ,  que  d'un  coup 
de  corne  il  renverfe  le  cheval  &  le  cavalier,  &  qu'il 
eft  fi  vue  ,  que  lorsqu'il  pourfuit  quelqu'un  avec  ar- 
deur ,  le  cheval  le  plus  léger  ne  fauroit  le  fauver. 
Ceux  qui  veulent  les  prendre  en  vie  ,  les  font  tom- 
ber dans  des  creux  qu'ils  font  exprès  ,  Se  qu'ils  cou- 
vrent adroitement  ;  mais  on  ne  les  pouffe  y  pas  comme 
on  veut. 

Il  y  a  deux  manières  de  les  attaquer  ,  tout  furieux 
qu'ils  font.  On  met  en  des  endroits  commodes  des 
hommes  à  cheval  fort  adroits  à  titer  l'arc  ,  qui ,  fuyant 
à  toute  bride  ,  favent  tirer  des  flèches  derrière  eux  à 
la  manière  des  Scvthes.  On  lâche  des  chiens  qui  re- 
lancent la  bête  ;  elle  trouve  les  chaffeurs  qui  l'atten- 
dent ;  le  premier  ,  fur  qui  elle  s'élance  ,  lui  tire  fa 
flèche  ,  Se  prend  la  fuite.  Comme  il  le  pourfuit  ,  un 
autre  cavalier  l'arrête  ,  Se  lui  tire  fon  coup  tout  de 
même  :  ce  qui  fait  qu'elle  abandonne  le  premier  , 
pour  fe  jetter  fur  le  dernier  qui  l'a  bleflee.  Ainfi  plu- 
fieurs viennent  à  la  charge  fucceffivement  ,  Se  la  bê- 
te ,  attaquant  toujours  celui  qui  vient  de  la  fraper  , 
elle  tombe  enfin  fatiguée  Se  percée  de  coups. 

Il  y  a  une  autre  adreffe  pour  les  attaquer  Se  les 
prendre.  Les  chaffeurs  choififlënt  des  arbres  qui  ne 
(oient  pas  d'une  groffeur  extraordinaire  >  mais  propres 
à  couvrir  leurs  corps  contre  la  fureur  de  cet  animal 
irrité.  Ils  fe  portent  donc  affez  près  les  uns  des  au- 
tres. Le  bufle  preffé  des  chiens  ,  &  animé  par  les 
flèches  qu'on  lui  tire  ,  fe  jette  fur  le  premier  qu'il 
rencontre.  Celui  ci  fe  couvre  de  l'arbre  ,  Se  tournant 
agilement  j  félon  la  néceffiré  ,  évite  le  coup  Se  l'at- 
taque avec  fon  épieu,  La  bête  s'acharne  contre  J'ai- 


II19 

bre  comme  contre  un  ennemi  ,  Se  dans  l'excès  de 
fa  rage  ,  baillant  les  cornes  ,  comme  fi  elle  vouloit 
arracher  l'arbre  pat"  fes  racines ,  elle  devient  d'autant 
plus  furieufe  ,  qu'elle  eft  frapée  plus  rudement  par  le 
chaffeur.  L'on  allure  que  dans  cette  chaleur  du  com- 
bat ,  les  cornes  ne  font  pas  plus  a  craindre  que  fa  langue, 
Se  que  fa  queue  ,  qu'elle  dreffe  Se  qu'elle  lance  de 
tems  en  tems ,  Se  qui  eft  Ci  rude  ,  que  fi  elle  touche 
l'habit  du  chaffeur  ,  elle  l'accroche  Se  l'entraîne  infail- 
liblement. Ceux  qui  fe  trouvent  fatigués  d'un  exer- 
cice fi  violent  Se  fi  dangereux  ,  &  qui  veulent  fe  re- 
tirer ou  écarter  cette  bête'  d'auprès  de  l'arbre  ,  pour 
prendre  un  peu  de  repos  ,  n'ont  qu'à  jetter  un  bon- 
net rouge  qu'ils  portent  fur  leur  tête.  D'abord  elle 
s'élance  Se  fe  jette  deffus  avec  une  impétuofué  in- 
croyable. On  l'attire  par  des  cris  ,  Se  par  des  flèches 
qu'on  lui  tire  d'un  arbre  à  l'autre  ,  jusqu'à  ce  qu'el- 
le tombe  accablée  de  laffitude  ou  des  bleffures  qu'elle 
a  reçues. 

On  prend  dans  les  mêmes  forêts  une  autre  bête  , 
qui  eft  femblable  à  un  cerf ,  excepté  qu'elle  eft  un 
peu  plus  puiflante.  Ses  cornes  font  grandes  Se  rameu- 
tes ;  elles  ne  font  ni  élevées  ni  droites  ,  mais  tortues 
Se  recourbées  par  derrière.  Leurs  branches  ne  font  ni 
polies  ,  ni  arondies  ,  mais  larges  Se  jointes  enfcmble, 
Se  d'une  forme  à  peu  près  femblable  a  une  pâte  d'oie  : 
auffi  ne  s'en  fert-elle  point  pour  fa  défenlè  contre 
les  chiens  qui  la  pourfuivenr.  Toute  fa  force  eft  dans 
fes  pieds  ;  dont  les  coups  font  fouvent  mortels.  On 
la  prend  dans  des  filets  très-forts  ,  dans  lesquels  elle 
fe  précipite  ,  Se  s'embarraffe  elle-même,  lorsqu'elle  eft 
preiTés  par  les  chiens  qui  l'attaquent ,  5c  par  les  chas- 
feurs  qui  l'épouvantent  avec  leurs  cris.  Quand  on  a 
foin  d'élever  fes  faons  ,  ils  deviennent  privés  ,  Se 
s'accoutument  avec  les  hommes  comme  les  biches. 

Ceft  une  opinion  commune  que  la  corne  de  fon 
pied  guérit  de  l'épilepfie.  On  dit  qu'il  fuffit  d'appli- 
quer une  partie  de  cette  corne  ,  quelque  petite  qu'el- 
le foit  ,  fur  le  corps  du  malade  ,  lorsqu'il  eft  dans 
le  fort  de  fon  accès  ,  hors  de  tout  fenriment  ,  pour 
le  faire  revenir  Se  pour  lui  faire  reprendre  fes  esprits. 
On  en  fait  communément  des  bagues  ,  Se  l'on  tient 
pour  certain  que  ceux  qui  en  portent  ne  font  jamais 
atteints  de  ce  mal.  Quoi  qu'il  en  foit ,  les  Italiens  ap- 
pellent cet  animal  la  grande  bête  à  caufe  de  la  gran- 
deur de  fon  corps.  Les  Polonois  lui  donnent  le  nom 
d'âne  fauvage  ,  Se  les  écrivains  modernes  celui  d'élan. 
Les  ânes  fauvages  d'7\fie  &  d'Afrique  ,  particulière- 
ment ceux  de  Phrygie  Se  de  Lycaonie  ,  ne  lui  reffem- 
blent  pourtant  en  rien. 

Jules  Céfar  attribue  aux  élans  la  forme  Se  la  va- 
riété des  chèvres.  Il  dit  qu'ils  ont  des  cornes  tron- 
quées Se  des  jambes  fans  jointure  ,  Se  qu'ils  ne  fe 
couchent  jamais  pour  dormir  ,  mais  qu'ils  s'appuient 
contre  des  arbres  que  les  chaffeurs  ont  accoutumé  de 
déraciner  ,  afin  de  les  faire  tomber  tout  d'un  coup 
avec  ces  arbes  à  demi- coupés  ,  lorsqu'ils  fe  jettent 
contre  un  peu  rudement  ,  pour  s'y  appuyer.  Mais 
toutes  ces  particularités  ne  conviennent  point  à  l'élan 
de  Pruffe.  Pline  rapporte  que  l'élan  fe  nourrit  dans 
les  terres  feptentrionales  ,  Se  qu'il  reffemble  aux  ju- 
mens ,  honnis  qu'il  a  le  cou  plus  étendu ,  Se  les  oreil- 
les plus  longues. 

On  trouve  encore  dans  les  forêts  des  chevaux  fau- 
vages ;  mais  ils  ne  font  d'aucun  ufage.  Car  outre  qu'ils 
font  petits  Se  difformes ,  ils  ne  peuvent  être  donnés , 
Se  ne  portent  point  de  fardeaux  à  caufe  de  la  foibles- 
fe  de  leurs  jambes.  Ils  fuient  des  qu'ils  apperçoivent 
un  homme.  Les  habitans  fe  nourriffent  de  leur  chair , 
comme  de  celle  des  autres  bêtes. 

Parmi  les  impuretés  que  la  mer  jette  fur  les  côtes 
de  la  Pruffe  ,  on  recueille  de  l'ambre.  Ceux  qui  onc 
cette  paflîon  le  vont  chercher  dans  les  flots  Se  dans 
les  fables  ,  Se  le  titent  même  des  bourbiers.  On  vend 
la  permiffron  de  le  recueillir  ,  Se  fouvent  ceux  qui 
en  font  trafic  l'achètent  fort  cher  ,  parce  qu'ils  en- 
cheriffent  les  uns  fur  les  autres.  Le  profit  en  eft  affez 
confidérable  ,  mais  il  n'eft  pas  fi  grand  qu'autrefois. 
Il  étoit  fi  eftimé  dans  le  tems  du  luxe  Se  de  la  mag- 
nificence des  Romains  ,  qu'on  a  écrit  que  l'empereur 


ii2,o       PR  U 


PRY 


Domitien  voulut  faire  la  guerre  à  ces  peuples  ,  par 
cette  feule  raifon  qu'ils  avoient  de  l'ambre  ,  Se  que 
ces  barbares  furpris  de  ce  que  les  Romains  faifoient 
tant  d'état  d'une  chofe  de  nul  ufage  ,  leur  omirent 
affez  plaifamment  de  leur  donner  fans  peine ,  ce  qu'ils 
étoient  réfolus  de  venit  chercher  fi  loin  avec  tant  de 
bruit  ,  Se  qu'ils  achetèrent  leur  repos  à  ce  prix.  Là 
compofnion  leur  parut  très  avantageufe,  &  jamais  traité 
de  paix  ne  fut  conclu  plus  volontiers.  Mine  rapporte 
que  la  plus  petite  figure  d'homme  faite  d'ambre  étoit 
plus  ellimée  que  des  hommes  vivans ,  Se  qui  avoient 
même  du  mérite. 

Le  peu  d'empreffement  que  l'on  a  eu  dans  ces  der- 
niers fiécles  pour  les  figures  de  Jésus  Christ  Se  des 
Saints  ,  faites  d'ambre  ,  que  des  perfonnes  pieufes 
achetaient  autrefois  très-cher  ,  en  a  fort  diminué  le 
prix.  On  ne  débite  plus  ce  grand  nombre  de  chapelets 
Se  de  couronnes  ,  dont  les  dames  fe  fervoient  pour 
leurs  prières  ,  Se  même  pour  leur  ornement ,  faifant 
ainfi  d'une  même  chofe  une  matière  de  luxe  Se  de 
pieté  tout  enfemble  Aujourd'hui  l'on  ne  fe  fert  plus 
de  cette  précieufe  matière  que  pour  des  Ufages  pro- 
fanes :  mais  en  général  on  n'en  eft  plus  fi  curieux  qu'au- 
trefois ,  &  l'ambre  ne  fe  vend  plus  fi  cher. 

Plufieurs  ont  recherché  avec  beaucoup  de  foin  Se  d'é- 
tude la  nature  Se  les  caufes  de  l'ambre  :  perfonne  ne 
les  a  encore  bien  connues  ,  les  anciens  Se  les  modernes 
ont  des  fentimens  fort  différais  là-deflus.  Il  eft  ctoya- 
ble  que  dans  les  ifles  du  feptentrion ,  il  fe  forme  fin- 
ies arbres  ,  ou  fur  les  rochers ,  une  certaine  liqueur , 
comme  cetre  gomme  qu'on  voit  quelquefois  fur  les 
cerifiers  ;  que  cetre  liqueur  fe  congelé  en  coulant ,  Se 
que  tombant  dans  la  mer ,  elle  fe  durcit  dans  les  eaux  , 
Se  eft  entraînée  par  les  flots  ,  &  rejettée  fur  les  riva- 
ges oppofés. 

L'on  conjecture  qu'il  fe  forme  ainfi ,  par  des  pail- 
les ,  Se  par  de  petits  animaux  qui  fe  trouvent  quel- 
quefois, comme  enchaffés  dans  cette  matière  transpa- 
rente. On  y  a  vu  des  moucherons,  des  abeilles,  des 
mouches  Se  des  araignées. 

La  Prusse  ,  comme  je  l'ai  déjà  remarqué ,  eft  diviféc 
en  deux  parties ,  qui  font  la  Prusse-Polonoise  Se  le 
Royaume  de  Prusse. 

La  Prusse  Polonoise  eft  compofée  de  quatre  pro- 
vinces ,  dans  lesquelles  les  trois  religions ,  la  catholi- 
que, la  luthérienne  &  la  réformée ,  ont  un  libre  exer- 
cice. Ces  quatre  provinces  font  : 


Le  territoire  f  Marienbourg  j 
de  Ma  rien-  <  Elbing, 
bourg.  tStum. 


Le  territoire 
de  Cul  m. 


Le  W  f.  R  m- 

UND,  TErM- 
LAND  ,    OU    la 

Warmie. 


LaPoMEREL- 
LE. 


'Culm  , 
|Thorn , 
'Strafbourg, 
JGraudentz , 
Michalow ,  petit  Paj/f. 


Heilsberg , 

Brunsberg  ou  Braunsberg , 
Frauenburg  , 
bWartenburg. 


.Danrzig , 

Wiexelmunde , 
(Oliva, 
iBromberg, 

Mewe , 
•Dirschaw. 


*  Hithncr ,  Geog.  p.  725. 

Le  Royaume  de  Prusse  eft  partagé  en  trois  provin- 
ces ,  où  les  trois  religions ,  la  catholique  ,  la  luthérien- 
ne Se  h  réformée,  ont  aulli  un  libre  exercice.  Ces  trois 
provinces  font: 


ÇKœnigsberg, 
\Pilau, 
Le  Samiand.<  Welau  , 

ischhaufen  , 
Memel. 


JFis 


Le  Natan- 

GEN. 


L'HOCKER- 
IAND. 


'Brandenburg  , 
.Heilgenbeil, 
.Bartenftein, 
Kaftenburg  , 
.Johannesburg. 


Marienwerder ,' 
'Holland, 
iGilgenburg , 
.Chriftburg  , 
"Reifenburg  , 
.Ofterode.  , 


PRUTH  ,  rivière  qui  a  fa  fource  au  royaume  de  Po- 
logne ,  dans  les  montagnes  de  la  Pocutie.  Elle  traverfc 
la  Moldavie ,  &  va  fe  jetter  dans  le  Danube ,  un  peu 
avant  qu'il  fe  jette  dans  la  mer  Noire ,  Se  au-deffous 
de  l'endroit  où  il  reçoit  le  Seret ,  autrement  la  Molda- 
va.  Les  principaux  lieux  que  le  Pruth  baigne  ,  font 
Snyatin  ,  Pruth  ou  Czudnow ,  Stephanefie  ou  Sepeta- 
nofee  ,  Hus,  Felxinou  Falczyn.  La  rivière  la  pluscon- 
fidérable  qu'il  reçoit  ell  la  Scifia.  *  Atlas ,  Robert  dt  Vau~ 
gondy. 

PRYBUS  ,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Siléfie,  fur  la 
rivière  de  Neiff,  dans  la  principauté  de  Sagan. 

1.  PRYMNESIA,  ville  de  l'Afie  Mineure,  dans  la 
grande  Phrygie,  félon  Ptolomée,  /.  5.  c.  1.  qui  la  place 
entre  Eucarpia  Se  Tocim&wn.  Paufanias,  /.  5.  c.  il. 
la  nomme  Prymnessus  ;  Se  elle  fut  dans  la  fuite  une 
ville  épiscopale.  La  notice  d'Hiéroclès  qui  écrit  Pryrn- 
nefus ,  la  met  parmi  les  évechés  de  la  Phrygie  Salu- 
taire. Il  eft  aufïi  fait  mention  de  ce  fiége  dans  le  pre- 
mier concile  de  Conftantinople  ,  où  il  eft  appelle  Frim- 
nefienfis. 

2.  PRYMNESIA  ,  ville  de  la  Carie ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

1 .  PRYTANEUM  ,  lieu  de  la  ville  d'Athènes ,  félon 
Paufanias,  /.  I.  c.  18.  &  28.  La  Guilletiere  ,  dans  fon 
Athènes  ancienne  Se  nouvelle ,  p.  iy6.  dit  qu'on  voie 
près  du  palais  de  l'archevêque  les  ruines  du  Prytanée  , 
ce  tribunal  où  s'afTembloient  les  cinquante  fénateurs, 
qui  avoient  l'adminifhation  des  affaires  de  la  républi- 
que ,  Se  auxquels  donnoit  le  nom  de  Prytanes.  C'étoit 
dans  le  Prytanée  qu'on  faifoit  le  procès  aux  flèches, 
javelots ,  épées ,  pierres  &  aurres  chofes  inanimées  qui 
avoient  contribué  à  l'exécution  d'un  crime.  On  en  ufoit 
ainfi  lorsque  le  coupable  s'éroit  fauve  ;  Se  nous  gardons 
encore  parmi  nous  quelque  chofe  de  cet  ufage  ,  lors- 
que pour  faire  plus  d'horreur  d'un  parricide  Se  d'un 
afTaffmat  énorme  ,  on  comprend  dans  les  fuites  du  fup- 
plice  l'anéantiffement  des  poignards  ou  des  couteaux 
qui  ont  été  les  inftrumens  du  crime.  Le  Prytanée  étoit 
proprement  la  maifon  de  Ville  d'Athènes  ;  Se  il  y  avoit 
des  Prytanées  à  Mégare  ,  à  Olympia  dans  l'Elide  ,  à 
Lacédémone  Se  dans  beaucoup  d'autres  villes  de  la 
Grèce.  Dans  le  Prytanée  d'Athènes  on  confervoit  le 
feu  perpétuel  :  les  loix  de  Solon  y  étoient  en  dépôt, 
Se  les  hommes  illuftres  ,  qui  avoient  rendu  des  fer- 
vices  fignalés  à  l'état ,  y  étoient  nourris ,  eux  Se  leur 
poftérité  ,  aux  dépens  du  public. 

2.  PRYTANEUM.  Ortelius,  qui  cite  Julius  Pollux  , 
dit  qu'on  appelloit  de  ce  nom  tous  les  lieux  où  l'on 
confervoit  le  feu  perpétuel. 

PRYTANIS,  fleuve  de  la  Colchide ,  félon  le  pé- 
riple d'Anien ,  Pcripl.  1.  p.  7  qui  place  fon  embou- 
chure à  quarante  ftades  d'Athènes  -,  il  ajoute  qu'on  y 
voyoit  le  palais  d'Anchialus  ,  &  que  ce  lieu  étoit  éloi- 
gné de  quatre-vingt-dix  ftades  du  fleuve  Pyxites.  On 
croit  que  c'eft  le  même  fleuve  que  le  périple  de  Scy- 
lax  ,p.  3 1. appelle  TïûTctjucç  no/xTctcîç ,  Se  qu'il  place  dans 
le  pays  des  Eccchiries. 

PRZEMISL1E , 


PSA 


PSE 


i  i 


PRZEMISLIE  ,  Premislia ,  ville  épiscopale  de  Po- 
logne ,  capitale  du  diftricl  de  même  nom  ,  dans  le  pa- 
latinat  de  Ruilîe,  fur  la  rivière  de  San.  Cette  ville 
dès  l'onzième  fiécle  étoic  confidérable  ,  Se  une  des 
mieux  fortifiées  de  ce  tems.  Boleflas  II ,  roi  de  Polo- 
gne ,  ne  s'en  rendit  le  maître  qu'après  un  long  fiége 
l'an  1070.  Cette  ville  aujourd'hui  n'eft  pas  grande  , 
fon  château  eft  allez  fort.  Son  évéché  eft  fuffragant  de 
Leopol.  *  Baitdrand  ,  édit.   170c.  DlugoJfi.p.  l6j, 

PRZEWORSK,  petite  ville  de  Pologne  ,  au  palati- 
nat  de  Ruilîe  ,  dans  le  diftricft  de  Przemiflie  ,  au  con- 
fluent du  San  Se  du  Wiflock.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PRZYPIETZ  ,  Pripet  ,  ou  Pripecz,  rivière  de 
Pologne.  Elle  commence  à  fe  former  dans  le  grand 
duché  de  Lithuanie,  au  palatinat  de  Brzescie  ,  où  tout 
d'un  coup  elle  devient  une  rivière  conûdérable  par  le 
concours  des  rivières  Jaflolda  ,  Pinsk,  Strumien,  Ster 
Se  autres  qu'elle  reçoit  dans  fon  lit.  Son  cours  eft  d'a- 
bord de  l'oueft  à  l'eft  jusque  vers  Babica,  où  elle  fait 
un  coude  pour  courir  du  côté  de  l'orient  méridional. 
Elle  traverfe  ainfi  une  partie  de  la  Rulïie  Polonoife, 
oc  va  fe  jetter  enfin  dans  leBoryfthene.  Elle  mouille 
dans  fa  courfc  divers  lieux  ,  dont  les  principaux  font 
DavidoW  ,  Horodak  ,  d.  Turow  ,  g.  Mozyr  ,  g.  Ba- 
bica ,  d.  Biela  Soroka  ,  d.'  Czernobel  ,  d.  Outre  les 
rivières  qui  la  forment,  elle  reçoit  dans  fon  lit  l'Ho- 
rin  ,  d.  l'O'cwsko,  d.  la  Pcznie ,  g.  l'Usza  ,  d.  le 
Brachin  ,  g.  le  Ciecieref,  d.  On  croit  que  c'eft  l'an- 
cien Panticapes. 

PRZYTUKA.ou  Przyi.uk  a,  petite  ville  de  l'U- 
kraine ,  fur  la  rive  droite  d'une  petite  rivière  qui  fe  jette 
dans  la  Sula.  Elle  eft  environ  à  quinze  lieues  au  nord 
oriental  de  Pereaflaw. 

P  S. 

PSACUM ,  promontoire  de  lifle  de  Crète.  Ptolo- 
rhée  ,  /.  3.  c.  17.  le  place  fur  la  côte  feptentrîonale, 
entre  Ditlamitm  Se  Qfamus.  Niger  dit  que  le  nom 
moderne  eft  Spada. 

PSALMODIE,  Pfalmodium ,  lieu  de  France,  dans 
le  Bas-Languedoc,  diocèfe  &  élection  de  Nîmes.  C'é- 
toit  ci-devant  une  abbaye  d'une  fondation  ancienne  Se 
célèbre  du  tems  de  Louis  le  Débonnaire.  Elle  fut  fé- 
cularifée  fous  François  I  ,  qui  transféra  les  religieux  à 
Aiguës-Mortes  ,  avec  titre  de  chapitre.  Depuis ,  ce 
chapitre  a  été  transféré  à  Alais,  cv  eft  devenu  le  cha- 
pitre de  cette  nouvelle  cathédrale.  La  menfe  abbatiale 
qui  eft  unie  à  l'évêché  d'Alais,  eft  de  dix  mille  livres 
de  rente. 

PSALYCHIAD^  ,  bourgade  de  la  tribu  £gine  ,  fé- 
lon Ortelius  ,  qui  cite  Pindare. 

1.  PSAMATH/E  ,  fontaine  de  la  Laconie  ,  félon 
Pline,  /.  4.  c.  $.  Valerius  Flaccus  ,  /.  1.  Argon,  fait 
iiullï  mention  de  cette  fontaine. 

2.  PSAMATH/E,  ou  Psamathe  ,  fontaine  de  la 
Bœotie.  Elle  cil  connue  de  Pline  ,  liv.  4.  chap.  7.  & 
du  fcholiafte  de  Nicander,  in  Tkeriac.p.40. 

PSAMATHIA  ,  nom  que  l'on  donnoit  à  un  faux- 
bourg  de  Nicomédie  ,  félon  Ortelius,  qui  cite  Socrate 
Se  Niccphore  Callifte  ,  /.  8.  c.  48. 

PSAMATHUS.  Voyez.  Psammathus. 

PSAMMATHUS,  ville  de  la  Laconie  ,  félon  Pline, 
/.  4.  c.  5.  Se  Etienne  le  géographe.  Paufanias ,  /.  3.  c. 
2f.  Se  le  périple  de  Scylax  en  font  un  port  ;  mais  ils 
écrivent  Psamathus.  L'orthographe  de  Strabon  eft 
encore  plus  altérée  ,  car  on  convient  que  fa  ville 
Amathus  eft  la  même  chofe  que  Psammathus.  La 
Guilletiere  dit  ,  dans  fon  Athènes  ancienne  Se  nou- 
velle,  p.  56.  qu'au  pied  du  cap  de  Matapan  ,  en  ti- 
rant au  nord-eft  ,  on  voir  un  vieux  château,  Se  que  ce 
font  les  ruines  de  Pfamathus* 

PSAMMIT^.  Voyez.  Hecates. 
PSAMMIUS,  mot  grec  qui  veut  dire  Fabuleux.  On 
le  donna  ,  félon  Hérodote  ,  à  une  montagne  d'Egypte. 
*  Ortel.  Thef. 

PSAPHARA.  Voyez  Antigona  Psaphara. 
ISAPHID/E.  Spon,p.  398.  dans  fa  lifte  de  l'Atti- 
que  ,  dit:  Pfaphidœ,  que  le  marbre  des  treize  tribus  ran- 


ge fous  l'^Eantide  eft  inconnu  à  Meurfius.  Il  fe  trouve 
pourtant  dans  Strabon,  qui  le  met  près  d'Oropus,& 
dit  que  c'étoit  là  pioche  qu'étoit  l'oracle  d'Amphiaraùs: 
E«t«  4*<P'?  n  "rav  O'poxiw.  Sur  quoi  Cafaubon,  qui  n'a* 
voit  point  vu  ailleurs  ce  nom  de  Pfaphis,  doutoit  s'il 
n'y  falloit  rien  changer  ;  mais  le  marbre  des  treize 
tribus  de  l'Attique  levé  tout  fcrupule.  Au  lieu  de  Psa- 
phis,  Etienne  le  géographe  écrit  Psophis. 

PSAPIS  ,  fleuve  de  la  Sarmatie  Afiatique,  félon 
Ptolomée,  /.  5.  c.  9.  Il  étoit  entre  l'embouchure  du 
Tanaïs  Se  le  Bosphore  Cimmérien  ,  près  de  la  ville 
Gernfa.  Le  manuferit  de  la  bibliothèque  Palatine  Pfa- 
tis  pour  Pfapis  ;  Se  Ortelius  foupçonne  que  ce  pour- 
roit  être  le  Thapfîs  de  Diodore  de  Sicile. 

PSARA.Koyex.Ps  Y  RA. 

PSAROS.  Voyez.  Phakos. 

PSEAUME,  ou  Seaume,  Pfalmodii  Abbaùa  ,  ab- 
baye de  France,  dans  le  Velay,  au  diocèfe  &  à  cinq 
lieues  du  Puy  ,  vers  le  couchant.  C'eft  une  abbaye  de 
filles. 

PSEB/EI.  Voyez.  Pseso. 

PSEBARAS  ,  montagne  ,  dans  le  pays  des  Troglody- 
tes ,  félon  Diodore  de  Sicile ,  /.  1 3 . 

PSEBO  ,  contrée  de  l'Afrique.  Etienne  le  géographe 
dit  qu'elle  étoit  plus  avant  dans  les  terres  que  l'Ethio- 
pie., dont  elle  étoit  éloignée  de  cinq  journées  de  che- 
min. 11  ajoute  qu'il  y  avoit  un  lac  de  même  nom.  C'eft 
peut-être  le  lac  Pjeboa  que  Strabon,  /.  17.  p.  822. 
place  au-defïus  de  l'iflc  de  Meroé  ,  &  dans  lequel  il 
met  une  ifle  qui  étoit  allez  peuplée.  Cette  ifle  pourroit 
être  Sembobitii  de  Pline.  Les  montagnes  Pfeb&i  d'Aga- 
tharchis  Se  de  Diodore  de  Sicile  étoient  auiTî  dans  ces 
quartiers. 

PSEBOA.Koy^PsEBO. 

PSECIUM  ,  montagne  de  l'Ethiopie.  Diodore  de  Si- 
cile ,  /.  3.  la  met  fur  le  golfe  Arabique. 

PSELCHA,  ville  de  l'Ethiopie,  fous  l'Egypte.  Elle 
étoit  fur  le  bord  du  Nil ,  félon  Strabon,  /.  17.  p.  820. 
Pline»  /.  6.  c.  29.  &  Ptolomée,/.  4.  c.  7.  la  nomment 
Pselcis.  C'eft  la  même  ville  que  l'itinéraire  d'Anro- 
nin  appelle  Pselcis  ;  Se  peut-être  eft-ce  auflî  la  même 
qui  eft  nommée  Pescêa  dans  la  notice  des  dignités 
de  l'Empire,  fect.  20.  Jean  ,  évêque  de  Pfelcis  ,  fou- 
ferivit  au  concile  de  Chalcédoine. 

PSELCIS.  Voyez  Pselcha. 

PSEMITHUS  ,  fleuve  de  Sicile  ,  au  voifinage  de  Ca- 
tane  ,  félon  Siméon  le  Métaphrafte  ,  dans  la  vie  de  Ste. 
Agathe  ;  mais  peut-être  faut-il  lireSYMETHUs  au  lieu 
de  Psemmithus. 

PSENACO,  village  d'Egypte,  dans  le  nome  Arhri- 
bitide.  C'eft  Etienne  le  géographe  qui  en  parle  d'après 
Arremidore. 

PSENERITES-NOMUS,  nome  d'Egypte,  félon 
Etienne  le  géographe. 

PSENERUS,  village  d'Egvpte.  Etienne  le  géogra- 
phe ,  qui  fait  mention  de  ce  village  ,  le  nomme  Pfe- 
nuriis  dans  un  autre  endroit.  Il  donnoit  fans  doute  le 
nom  au  nome  Pfenerite. 

PSENTRIS  .village  d'Egypte  ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. C'étoit  apparemment  le  chef-lieu  du  nome  Pferi- 
tritc,  qui  en  prenoit  le  nom. 

PSENTRITES-NOMUS  ,  nome  d'Egypte,  fclon 
Etienne  le  géographe.  Voyez  Psentris. 

PSENYRUS  ou  PsENURUs.Koy«.Ps£NERus. 

PSEPHIS,  lieu  de  Tille  /Egvlium  ,  aujourd'hui  Gi- 
glio  ,  fur  la  côte  de  la  Toscane.  C'eft  Ariftore ,  in  Mi- 
rabil.  qui  fait  mention  de  ce  lieu.  Ses  interprètes  ren- 
dent ce  mot  Psephts  par  ad  Calculos.  Voyez  au  mot 
Ad  ,  l'article  Ad  Calculos. 

PSERMO  ,  ifle  de  la  mer  Egée  ,  félon  Davity ,  Etats 
du  Turc  en  Afie  ,  p.  54.  qui  la  place  vis-à-vis  de  Smyr- 
ne.  Il  ajoute  qu'elle  eft  habitée  par  des  Chrétiens  Grecs, 
Se  qu'on  y  voit  deux  ou  trois  villes  Se  plusieurs  vil- 
lages. 

PSESSII ,  peuples  de  la  Sarmatie  Européenne.  Ils 
habitoient  la  même  contrée  que  les  Tauri  ;  car  Etienne 
le  géographe  dit  que  leur  pays  fe  nommoit  Taurime, 

Voyez  Tau  ri. 

PSEUDARTACE  ,  colline   de   Scythie  ,    derrière 
Tom,  IV.  Ce  ecc  ce 


PSI 


1122 

la  montagne  appellée  Sainte ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PSEUDOCELIS ,  ville  de  l'Arabie-Hcurcufc.  Pto- 
lomée ,  /.  6.  c.  7.  la  place  dans  le  pays  des  EHJari ,  en- 
tre Sofippi-Portns  8c  Occlis. 

PSEUDOCORASIUM,  grand  espace  de  côte,  en 
Afie,  dans  la  Cilicie,  entre  Corycus  &  Séleucie,  fé- 
lon Etienne  le  géographe.  Il  ajoute  fur  le  témoigna- 
ge d'Artemidore,  /.  9.  Géograph.  que  la  côte  for- 
moit  un  enfoncement  où  les  vaifleaux  pouvoient 
mouiller. 

PSEUDOPEN1AS,  promontoire  d'Afrique ,  dans  la 
Cyrénaïque.  Strabon  ,  /.  17.  p.  836.  dit  que  la  ville  Bé- 
rénice étoit  bâtie  fur  ce  promontoire. 

PSEUDOPOLIS ,  ville  de  la  Drangiane  ,  félon  Mar- 
cellinus  Cornes ,  de  la  manière  dont  lifoit  Accurfe  , 
cité  par  Ortelius,  qui  ajoute  que  le  manuferit  de  Froben 
ne  la  connoiffoit  pas. 

PSEUDOPYLtE.  Voyez.  Vylje. 

1.  PSEUDOSTOMUM,  Pseudostcmon,  ou  Pseu- 
dostoma.  Pline  ,  /.  4.  c.  11.  8c  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  10. 
donnent  ce  nom  à  la  quatrième  embouchure  du  Da- 
nube, dans  le  Pont-Euxin.  Solin  ,  c.  13.con.no1t  aiiffi 
cette  embouchure  nommée  PJeitdoflomum. 

1.  PSEUDOSTOMUM,  nom  que  Ptolomée  ,/.  7. 
c.  1.  donne  à  la  quatrième  embouchure  du  Gange. 

3.  PSEUDOSTOMUM,  fleuve  de  l'Inde,  en-deçà 
du  Gange.  Ptolomée  ,  l.y.c.i.  place  fon  embouchure 
dans  le  pays  des  Limyrices,  entre  Calccaria  extrema  8c 
Podoperura. 

PSILE ,  ifle  que  Pline,  l.  $.c.  31.  met  quelque  part 
vers  la  côte  de  l'Ionie. 

PSILIS.  Voyez.  Psitus. 

PSILIUM,  fleuve  de  Bithynie.  Etienne  le  géographe 
le  place  entre  Thynias  &  Bithynias ,  huer  Thynïam  8c 
Bithyniam,  8c  avertit  que  ce  fleuve  eft  différent  de  ce- 
lui qu'on  appelle  Psius,  quoique  l'ufage  fût  d'appel- 
ler  indifféremment  Pijîliani  les  peuples  qui  habitoient 
fur  les  bords  de  ces  fleuves. 

PSILLI  ,  peuples  aux  environs  delà  Colchide,  fé- 
lon Ortelius,  qui  cite  Aeathias,  /.  4.  mais  il  croit 
qu'il  faut  lire  Apfi'di ,  8c  il  a  raifon.  Ce  font  les  Ab- 
fiU  d'Arrien  &  les  Abfiliens  de  Procope.  Voyez.  Absi- 
liens. 

PSILLIS,  fleuve  de  Bithynie,  félon  Pline,  /.  6.  c. 
1.  &  Ptolomée.  Strabon,  /.  12.  p.  543.  écrit  T filles  , 
8c  les  autres  géographes  Pfillis.  Apollonius  même, 
à  ce  q'ie  dit  Ortelius ,  lit  Phylis,  8c  Pinec  le  rend  par 
Foie  fia. 

PSILOCASTRUM.  Voyez.  Xylocastrum. 

PSILON.  Arrien  ,  dans  fon  périple  du  Pont-Euxin  , 
p.  2  1  &  23.  donne  ce  nom  à  l'embouchure  la  plus 
feptentrionale  du  Danube.  111a  met  à  douze  cens  fta- 
des  du  port  des  Isiaci  ,  8c  à  foixante  ftades  de  la  fé- 
conde embouchure  du  fleuve.  11  ajoute  qu'à  l'em- 
bouchure du  Pfilon,  il  y  avoit  une  ifle  appellée  par 
quelques-uns  Pifle  d'Achille  ,  par  d'autres  la  courfe 
d'Achille,  8c  Leuca  par  d'autres. 

PSILORITI ,  nom  que  quelques-uns  donnent  à  la 
montagne  de  l'ifle  de  Candie ,  anciennement  appellée 
Ida  ou  Iria-us-Mons  -,  mais  on  la  nomme  aujourd'hui 
communément  Monte  Giove.  Voyez.  Ida  ,  ».  1. 

PSILTUCIS  ,  ou  Sillustis,  ifle  de  la  mer  des  In- 
des. Plutarque  en  parle  dans  la  vie  d'Alexandre.  Elle 
eft  appellée  Cilluta,  par  Arrien,  de  Exped.  Alex. 
I.  6.  h.  19.  8c  Quinte-Curfe  qui  ne  la  nomme  pas, 
dit  qu'elle  étoic  à  quarante  ftades  de  l'embouchure 
du  fleuve  Indus ,  en  pleine  mer. 

PSIMADA  ,  contrée  de  l'Ifaurie ,  félon  Etienne  le 
géographe  ,  qui  cite  Capiton. 

PSIMORUM  ,  fiége  épiscopal  que  le  père  Haidouin 
croit  avoir  été  dans  la  Cappadoce.  Athanafius ,  fon 
évéque,  fouferivit  au  concile  d'Epliefe  ,  tenu  l'an  431. 
*  JJœrduin.  Colled:.  conc.  1. 1.  p.  1352. 

PSIN APHUS ,  petite  ville  d'Egypte.  C'eft  Etienne  le 
géographe  qui  en  paile  d'après  Alexandre  ,1.1.  JEgyp- 
tïacor. 

PSINAULA,  ville  d'Egypte  ,  félon  la  notice  des 
dignités  de  l'Empire  ,  fect.  2.0.  Ortelius  croit  que  c'eft 


M 


SY 


la  même  que  faim  Athanafe  met  dans  la  Thébaïde. 

PSINCHUS,  ville  d'Egypte.  Il  en  eft  fait  mention 
dans  le  troifiéme  concile  d'Ephefe,  auquel  affilia  Thco- 
nas  Pfinchis  ,  episcopus. 

PSINECTAB1S  ,  village  d'Egypte,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PSINOUNATON,  c'efl-à-dire ,  Nation  de  la 
Folle  Avoine,  nation  de  l'Amérique  feptentrionale, 
8c  l'une  de  celles  des  Sioux  de  l'eft.  Elle  erre  entre  le 
Miffffipi  &  les  lacs  de  Buade  8c  des  Affmibouels ,  ne 
s'embarrauant  pas  beaucoup  de  leur  nourriture  que 
leur  procure  la  folle  avoine  ,  d'où  ils  prennent  leur  nom. 

PS1PHAUM  MARE.  Paufanias ,  /.  3.  c.  32.  place 
cette  mer  au  voifinage  de  l'Argie. 

PS1TARAS,  fleuve  d'Afie,  dans  le  pays  des  Seres  , 
félon  Pline  ,  /.  6.  c.  17. 

PSITTACE,  ville  qu'Etienne  le  géographe  place 
fur  le  bord  du  Tigre ,  8c  il  cite  Damophilus. 

PSITTACHEMNIS ,  village  d'Egypte  ,  félon  Etien- 
ne le  géographe. 

PSITTACINA,  contrée  de  la  Perfide ,  félon  Arifto- 
te,  in  Mirabil.  Ortelius  croit  que  c'eft  la  même  que  la 
Sîttacene. 

PSITTALIA.  Voyez.  Psyttalia. 

PSITTANICA,  contrée  de  la  Perfide.  Ariftote,  in 
Mirabil.  dit  qu'on  y  voyoit  très-fouvent  fortir  des  feux 
de  la  terre. 

PSOA  ,  contrée  quelque  part  vers  le  Pont-Euxin  ,  fé- 
lon Diodoie  de  Sicile  ,  /.  20. 

PSOCHEMMIS  ,  petite  ville  d'Egypte.  Etienne  le 
géographe  en  parle  d'après  Artemidore. 

PSOPHILII ,  peuples  du  Péloponnèfe  ,  à  ce  que  ju- 
ge Ortelius  ,  qui  cite  Elien  ;  mais  il  prétend  qu'il  fau- 
droit  lire  Pfophidii.  Ce  feroit  alors  les  habitans  de  la 
ville  Pfophis. 

1.  PSOPHIS,  ville  du  Péloponnèfe  ,  près  de  l'Ery- 
manthe.  On  la  nomma  d'abord  Erymanthus  ;  enfuite 
Fbegia  ,  félon  Paufanias  ,  in  Arcad.  c.  24.  8c  Etienne 
le  géographe  le  premier  en  marque  la  fituation.  Elle 
eft,  dit-il,  à  30  ftades  deSirœ,  le  fleuve  Aroanius  paffe 
au  travers,  8c  l'Erymanthe  coule  à  un  petit  espace  de 
la  ville.  Cette  defeription  eft  plus  claire  que  celle  que 
donne  Polybe ,  /.  4.  ».  70.  Il  dit  que  la  ville  de  Pfophis , 
fi  on  la  regarde  par  rapport  à  tout  le  Péloponnèfe , 
eft  fituée  au  milieu  du  pays  :  8c  que  fi  on  confidere  feu- 
lement l'Arcadie  ,  elle  eft  à  l'occident  de  cette  contrée  , 
du  côté  qu'elle  touche  l'extrémité  occidentale  du  pays 
des  Achéens.  11  eft  aifé  de  comprendre  qu'elle  ait  été 
dans  la  partie  occidentale  de  l'Arcadie  ;  mais  qu'elle 
ait  été  en  même  tems  au  milieu  du  Péloponnèfe  ,  c'eft 
ce  qui  eft  difficile  à  concilier.  Voyez  Dimizana  ,  ».  3. 
8c  ErvmAnthe. 

2.  PSOPHIS  ,  forterefle  de  l'ifle  de  Zazinthus  ou  Za- 
cinthus  ,  félon  Paufanias ,  /.  8.  c.  24. 

3.  PSOPHIS,  ville  de  l'Acamanie  ,  félon  Etienne  le 
géographe,  qui  la  furnomme  PaUa  ;  c'eft-à-dire  ,  la 
vieille. 

4.  PSOPHIS  ,  ville  de  l'Achaïe  ;  c'eft  Etienne  le  géo- 
graphe qui  en  parle. 

;.  PSOPHIS  ,  ville  de  la  Libye  ;  c'eft  encore  Etienne 
le  géographe  qui  en  fait  mention. 

PSYCHIA.  Voyez  Amorgos. 

PSYCHIUM,  ville  de  l'ifle  de  Crète,  félon  Pto- 
lomée,/. 3.  <r.  17.  8c  Etienne  le  géographe.  Le  pre- 
mier la  place  fur  la  côte  méridionale ,  entre  les  em- 
bouchures des  fleuves  Mafalia  8c  Eletlras.  Elle  eft 
appellée  Sichino  par  Ger.  Mercator,  8c  Priotizaput 
Niger. 

1 .  PSYCHRUS ,  •tvxpos,  c'eft-à-dire  Froid.  On  don- 
na anciennement  ce  nom  à  un  fleuve  de  la  Thrace  ,  à 
caufe  de  l'extrême  fraîcheur  de  fes  eaux.  Il  couloit 
dans  l'Affyritide ,  au  territoire  de  Chalcis.  Ariftote , 
de  Animal.  I.  3.  dit  que  fi  les  brebis  viennent  à  être 
couvertes  après  avoir  bu  de  l'eau  de  ce  fleuve,  les  agneaux 
qu'elles  feront  ,  feront  noirs. 

2.  PSYCHRUS ,  fleuve  de  la  Colchide.  Arrien  ,  p.  6. 
8c  7.  dans  fon  périple  du  Pont-Euxin ,  dit  que  ce  fleuve 
écoit  environ  à  trente  ftades  d'Ophis,  8c  à  peu  près  à 
égale  diftance  du  fleuve  Calus. 


PSY 


3.  PSYCHRUS ,  fleuve  de  la  Sartnatie  Afiatique,  fé- 
lon Ptolomée ,  /.  j.  c.  9. 

4.  PSYCHRUS  ,  montagne  aux  environs  de  la 
Cilicie ,  à  ce  que  croit  Ortelius ,  qui  cite  Porphyroge- 
néte. 

PSYCTERIUS ,  lieu  de  la  Thrace ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

PSYGMUM  ,  grand  port  de  l'Ethiopie ,  fous  l'Egyp- 
te. Strabon  ,  /.  16.  p.  774.  le  met  près  du  mont  Ele- 
phas. 

PSYLACENSES,  peuples  de  l'Arcadie.  Cétoit,  fé- 
lon Panfanias ,  /.  8.  c.  45.  une  tribu  desTégéates  ;  mais 
Sylburge  prétend  qu'il  faut  lire  Pylacenfes ,  au  lieu  de 
Ffylacenjes. 

PSYLLA.  Voyez.  Psyluum. 

1.  PSYLLI ,  peuples  d'Afrique  ,  dans  la  Cyrénaïque. 
Strabon  ,  l.  17.  p.  8 14.  femble  feulement  les  mettre  au 
voifinage  de  cette  contrée  ;  mais  Ptolomée,  /.  4.  c.  4.  les 
place  dans  la  Cyrénaïque  même  ,  &  Pline  ,  /.  7.  c.  11. 
confirme  en  quelque  manière  ce  fentiment.  Il  dit  qu'il 
y  avoir  eu  en  Afrique  une  nation ,  nommée  Pfylii ,  & 
qu'elle  tiroit  fon  origine  du  roi  Pfyllus  ,  dont  le  tom- 
beau fe   voyoit  dans  un  quartier  de  la  grande  Syrte  ; 
mais  que  cette  nation  avoit  presque  entièrement  été 
exterminée  par  les  Nafamons  ,  qui  s'étoient  établis  dans 
le  pays.  On  ptétendoit  que  la  nature  avoit  mis  dans 
leurs  corps  un  poifon  contre  les  ferpens ,  &c  que  l'o- 
deur feule  de    leurs  corps   fufrifoit  pour  affoupir  ces 
animaux.  On  lit  même  dans  Dion-Caflîus  &  dans  Sué- 
tone ,  qu'Auguffe  cherchant  par  toutes  fortes  de  moyens 
à  conferver  Cléopatre  pour  la  mener  en  triomphe  , 
fit  fucer  par  des  Pfylles  le  venin  qu'elle  avoit  tiré  de 
la   piquure  d'un  aspic.  Mais  Corn.  Celfe ,  /.  y.  c.  27. 
fetï.  3.  ne  convient  pas  de  cette  vertu  des  Pfylles  con- 
tre les  ferpens. 

2.  PSYLLI  ,  peuples  de  l'Inde  ,  félon  Ortelius ,  qui 
cite  Elien.  11  ajoute  que  dans  le  pays  des  Pfylles  ,  les  bé- 
liers ,  les  brebis ,  les  ânes ,  les  mulets  &  les  bœufs  étoient 
extraordinai renient  petits. 

PSYLLICI-CANES.  Jul.  Pollux  fait  l'éloge  d'une 
race  de  chiens ,  ainfi  appelles  du  nom  d'une  ville  de 
l'Achaïe. 

PSYLLICUS-SINUS  ,  golfe  fur  la  côte  de  la  Libye , 
félon  Etienne  le  géographe  ,  qui  dit  que  ce  golfe 
étoit  grand  ,  profond ,  &  de  trois  jours  de  naviga- 
tion. 

PSYLLIUM ,  ville  de  Bithynie,  félon  Ptolomée,  /.  y. 
c.  1.  Elle  çtoit  fur  la  côte  feptentrionale ,  entre  fiera- 
clea  Ponte  ScTion.  C'efl:  la  même  ville  qu'Arrien ,  Pcripl. 
1.  p.  14.  &  Etienne  le  géographe  appellent  Pfylla.  Voyez. 

PlCELLO. 

1.  PSYRA  ,  ifle  voifine  de  celle  de  Chios ,  félon 
Etienne  le  géographe.  Strabon  la  met  vis-à-vis  d'un 
promontoire  de  cette  ifle  ,  appelle  MeUna.  Il  dit 
qu'elle  en  étoit  éloignée  de  cinquante  ftades ,  que  fon 
circuit  étoit  de  quarante  flades,  &  qu'elle  avoit  une 
ville  de  même  nom.  Cicéron ,  ad  Âtticum  la  nom- 
me PJyria  ;  8c  le  nom  moderne,  félon  Ortelius,  eft 
Ffara. 

2.  PSYRA ,  ifle  fur  la  côte  de  la  Doride ,  dans  le 
golfe  Céramique,  félon  Pline,/.  y.  c.  31.  Homère, 
Odyf,  lib.  3.  verf.  171.  en  parle,  &  la  nomme 
Pfyria  :  elle  a  aufli  été  connue  d'Hefyche  ,  qui  l'appelle 
PJyriœ. 

PSYTHIUM-VINUM.  Ortelius  croit  que  le  vin,  au- 
quel Athénée  donne  ce  nom  ,  étoit  ainfi  appelle  du  nom 
du  lieu  qui  le  produifoit. 

PSYTTALIA,  petite  ifle  du  golfe  Saronique ,  félon 
Etienne  le  géographe  ,  qui  la  met  près  de  celle  de  Sa- 
lamine ,  dont  elle  étoit  éloignée  de  cent  vingt  flades. 
Strabon,  /.  9.  p.  395.  après  avoir  dit  que  cette  ifle 
étoittoute  déferte  &c  pleine  de  rochers ,  ajoure  que  quel- 
ques-uns l'avoient  appellée  le  port  de  Pirée  Xi/xUa.  tS 
Uitfuiiuiç  ;  c'efl  ce  que  je  ne  puis  comprendre ,  dit  Ca- 
faubon,  Se  ce  que  perfonne  ,  je  pente,  ne  comprend 
non  plus.  Pourquoi  auroit-on  appelle  cette  ifle  le 
port  de  Pirée  ?  Ce  n'efl  pas  parce  qu'elle  étoit  défer- 
te &  pleine  de  rochers  ,  ni  parce  qu'elle  étoit  proche 
du  Pirée.  J'aimerois  mieux  dire  qu'au  lieu  de  Xifxîm 
il  faut  lire  i.\y.w  ,   alors  on  fera  fondé  à    dire  que 


PTE       1125 

cette  ifle  déferte  8c  pleine  de  rochers  étoit  x^w  T« 
nupxUuç ,  c'eft-à-dire  qu'elle  nuifoit  autant  au  port  de 
Pirée,  qu'une  taie  porte  de  préjudice  à  un  œil.  En 
effet  elle  étoit  tellement  fituée ,  que  les  vents  y  pous- 
foient  quelquefois  les  vaifleaux  qui  vouloienr  entrer 
dans  le  porr  d'Athènes  ;  ce  qui  les  expofoit  à  fe  per- 
dre. Il  ne  faut  que  lire  Eschyle ,  pour  fe  perfuadec 
combien  cette  ifle  étoit  dangereufe  pour  les  vaifleaux 
qui  cherchoient  à  entrer  dans  le  port  de  Pirée.  Voici 
la  defeription  qu'il  en  donne ,  Perfis ,  v.  447. 

Infula  qmdam  eft  è  reghne  Salaminiî 

Parva,  Statio  carïms  malefida  ,  quam  chorus 

gaudens 
Pan  incolit  ,fitper  lit  tore  maris. 

Spon,p.  399.  dans  fa  lifle  de  l'Attique,  ajoute  :  Je 
ne  mets  pas  l'ifle  de  Pfyttalée  entre  les  peuples  de  l'At- 
tique; parce  que  félon  le  témoignage  de  Strabon,  c'é- 
toit  une  ifle  déferte  :  fuppofé  même  qu'elle  ait  été  ha- 
bitée en  certains  tems ,  elle  étoit  plutôt  de  la  dépen- 
dance de  l'ifle  de  Salamine ,  dont  elle  eft  voifine , 
que  du  reflbrt  de  l'Attique. 

P  T. 

PTANDARUM.  F^Tanadaris. 

PTARENUS  Se  Saparnus  ,  noms  de  deux  fleuves, 
qui ,  à  ce  que  dit  Arrien  ,  in  Indic.  p.  3  17.  fe  jettent 
dans  l'Indus. 

PTEGOUADEBA  ,  rivière  de  l'Amérique  feptentrio- 
nale, au  pays  des  Sioux  ,  ou  Nadouefli.  Elle  tombe 
dans  celle  de  Ste  Croix ,  à  la  bande  du  nord  ,  à  qua- 
tre ou  cinq  lieues  au  -  deflus  du  faut  qui  interrompt 
le  cours  de  cette  dernière.  La  rivière  de  Ptegouadeba 
eft  de  peu  de  conféquence  ,  Si  ne  fert  qu'à  écouler  les 
eaux  des  prairies  voifines  ,  qui  font  fouvent  inon- 
dées. 

1.  PTELEA  ,  bourgade  de  l'Attique,  dans  la  tribu 
Oeneïde ,  félon  Etienne  le  géographe.  Elle  fe  trouve 
aufll  dans  la  lifle  des  bourgs  de  l'Attique,  publiée  par 
Spon. 

2.  PTELEA ,  nom  d'un  lieu  de  l'ifle  de  Cos.  II  y 
croiflbit  un  vin  excellent ,  félon  Ortelius,  qui  cite  Win- 
femius,  in  fuo  Theocrito. 

PTELEASLMUM,  lieu  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Eli- 
de  ,  félon  Strabon  ,  /.  8.  p.  551.  qui  le  place  au  voifi- 
nage d'Helos.  Ce  lieu  étoit  champêtre  8c  inhabitable 

1.  PTELEON,  ville  de  Theflalie.  Elle  a  été  connue 
d'Homère  ,  verf.  697.  qui  dit  dans  le  fécond  livre  de 
l'Iliade  : 

Herbofam  Pteleum ,  P  on  toque  Antrona  propinquam. 

Tite-Live ,  /.  42.  c.  Gj.  nous  apprend  que  le  con- 
ful  P.  Licinius  ,  ayant  trouvé  que  les  habitans  avoient 
abandonné  Pteleum  ,  ruina  cette  ville  de  fond  en 
comble. 

2.  PTELEON,  lieu  vers  les  confins  de  la  Cherfon- 
nèfe  de  Thrace  ,  félon  Ortelius ,  qui  cite  Demofthene 
in  Halonefo.  ' 

3.  PTELEON  ,  ville  de  l'Ionie.  Ceft  Etienne  le 
géographe  qui  en  fait  mention ,  8c  elle  eft  aufli  con- 
nue de  Quintus  Calaber,  cité  par  Orrclius,  Tbe- 
faur. 

4.  PTELEON,  ville   de  la    Troade,  fclon  Quin- 
tus Calaber  Se  Etienne  le  géographe.  *  Ortelius    Thp 
faur. 

5.  PTELEON,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  l'Elide 
Srrabon  ,  /.  8. p.  349.  dit  que  c'étoit  une  colonie  dp  /** 
ville  Pteleon  en  Theflalie. 
de  cetre  ville. 


Pline ,  /. 


:olonie  de  h 
e.  y.  parle  aufli 


6.  PTELEON  ,  ville  de  la  Bœotie.  Pline ,  /.  4.  c.  7. 
la  place  fur  la  côte. 

7.  PTELEON  ,  forêt  de  la  Theflalie  ,  félon  Pline ,  /. 
4.  c.  8.  Elle  étoit  au  voifinage  d'une  ville  de  même  nom! 
Voyez.  Pteleon  ,  n.  t. 

PTELEOS  ,  lac  de  l'Afie  Mineure,  dans  la  Troade. 
Strabon  ,  /.  1 3.  p.  y9y.  ]a  place  au  voifinage  à'Opbry'- 
nium  Se  de  Rboeteium. 

Tom.  IV.  C  c  c  c  c  c  c  ij 


PTO 


1 124 

PTEMENGYRIS-DOMIC1LIUM ,  lieu  d'Egypte , 
dans  le  nome  Antéopolite.  Saint  Athanafe  en  parie  dans 
fa  lettre  à  Jean   Pûmes ,   prêtre  de  ce  lieu.  +  Orul. 

Thef. 

PTENETHU  ,  nome  d'Egypte,  félon  Pline,  /.  5. 
c.  9.  C'eft  le  même  nome  que  Ptolomée  appelle  Phthe- 
noti  ,  Se  dont  Butos  étoit  la  métropole.  Ortelius  en 
fait  mal  à  propos  deux  nomes  différens.  On  trouve 
dans  le  concile  de  Chalcédoine  la  foufcripcion  d'Hera- 
clius  Ptenethenfis. 

1.  PTERA  ,  mot  grec  qui  lignifie  des  Ailes.  Oite- 
lins dit  que  Procope  le  donne  à  un  lieu  fortifié  ,  au 
voifinage  de  Zénobie  ;  mais  Ortelius  a  lu  Procope  un 
peu  à  la  hâte  ,  ou  ne  l'a  pas  bien  compris.  Ce  dernier 
ne  dit  pas  que  Ptera  ,  n-repa  ,  foit  un  lieu  fortifié,  mais 
des  fortifications  même  :  Voici  le  partage  en  queftion  , 
JEdif.  I.  2.  c.  8.  Juftinien  ne  fe  contenta  pas  des  idées 
de  ceux  qui  avoient  bâti  la  ville  de  Zénobie  dans  le 
commencement.  Il  en  chercha  d'autres  pour  la  rendre 
plus  forte  qu'elle  n'avoit  jamais  été.  Comme  les  ro- 
chers qui  Penvironnbient  pouvoient  donner  moyen  à 
des  aiîiégeans  de  tirer  fur  ceux  qui  défendoicnt  les 
murailles,  il  inventa  certains  ouvrages,  qu'on  appelle 
des  ailes ,  parce  qu'ils  font  étendus  pour  couvrir  les 
foldats. 

2.  PTERA.  Quelques-uns ,  dit  Etienne  le  géographe  , 
donnent  ce  nom  à  la  citadelle  de  Babylone. 

PTERIA,  contrée  Se  ville  de  la  Cappadoce  ,  près 
du  Pont-Euxin,  &  au  voifinage  de  la  ville  de  Sinope. 
Hérodote,/.  1.  ».  76.  &  Etienne  le  géographe  en  font 
mention. 

PTERIUM  ,  ville  des  Medes ,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PTERON  ,  promontoire  de  la  Bafle-Myfie.  Ptolomée 
le  place  entre  l'embouchure  du  Danube  ,  nommée  Sa- 
crum Ojlium  ,  &  la  ville  Iftropolis. 

PTEROPHORES  ,  contrée  de  la  Scythie  ,  vers  les 
monts  Riphées.  Ce  nom  ,  qui  veut  dire  qui  produit 
des  plumes  ,  lui  avoit  été  donné,  félon  Pline,  A4,  c. 
12.  à  caufe  de  la  neige  qui  y  tombe  continuellement 
en  gros  flocons  comme  des  plumes.  Le  père  Hnrdouin 
remarque  que  c'eft  ce  qui  avoit  donné  occafion  à  la 
fable  qu'Ovide  rapporte  dans  le  quinzième  livre  de  fes 
métamorphofes,  vers  3/6. 

EJfe  virosfama  cft  in  Hyperborea  V aliène  , 
Ouifoleant  Uvibus  velari  corpora  plumis , 
Cum  Tritoniacam  novies  fubiere  paludem. 

PTEROS ,  ifle  de  l'Arabie  Heureufe,  dans  la  mer  des 
Indes  ,  félon  Pline  ,  1.6.  c.  z8. 

PTEROTON-STRATOPEDON.  Voyez.  Edim- 
bourg. 

PTIMYNIS.  Voyez,  Delta. 

PTiSCIAN  A  ,  ville  de  la  Mauritanie  Tingitane.  Pto- 
lomée ,  /.  4.  c.  1.  la  place  dans  les  terres ,  entre  Baba  Se 
Vobrix.  Ortelius  croit  que  ce  pourroit  être  la  ville  Vï- 
potianx  d'Anronin  ;  Se  il  ajoute  que  le  nom  moderne 
Ftuciana  eft  Dar-el-Hamara' ,  félon  Marmol. 

PTOEMBARI ,  peuples  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egyp- 
te ,  félon  Pline  ,  /.  6.  c.  30. 

PTOEMPHAN^E,  peuples  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'E- 
gypte. Pline,  /.  G.  c.  30.  dit  qu'ils  avoient  un  chien 
pour  roi  ,  Se  qu'ils  lui  obéifibient  félon  lesmouvemens 
qu'il  faifoit ,  Se  qu'ils  prenoient  pour  des  comman- 
demens. 

PTOLEDERM  A ,  ville  de  l'Arcadie.C'eflPaufanias , 
/.  8.c.  27.  qui  en  parle. 

PTOLEM^I-FOSSA.  Voyez,  au  mot  Canal  ,  l'arti- 
cle Canal  de  Ptolomée. 
PTOLEMAIDE.  Voyez.  Acre. 
1.  PTOLEMAIS  ,  ville  d'Egypte  ,  dans  la  Thebaïde. 
Strabon  ,  /.  17.  p.  813.  dit  qu'elle  étoir  la  plus  gran- 
de ville  de  la  Thebaïde  ,  qu'elle  ne  le  cédoit  pas  mê- 
me à  Mcmphis  pour  la  grandeur ,  &  que  fon  gou- 
vernement avoit  été  établi  fur  le  modèle  des  républi- 
ques de  la  Grèce.  Pline,  /.  $.c.  9.  place  cette  Ptole- 
maïs  entre  Abydus  Se  Panopolis.  Zozime ,  /.  1.  ç.  71. 
l'appelle  Ptolemaïs  de  la  Thebaïde  \  Theodorct,  /.  1. 
t.   7.  de  Nicxr.o  Concilia ,  fait  mention  de  fon  évêque 


PTO 


qu'il  nomme  Secundus  (  episcopus)  Ftolemaidis  JEgyp- 
ti&  ;  Se  les  notices  eccléfiaftiques  font  cette  ville  la  mé- 
tropole de  la  féconde  Thebaïde.  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  j. 
qui  la  iurnomme  Herrnii ,  dit  qu'elle  étoit  la  métro- 
pole du  nome  Thinite.  Sur  quoi  Cellarius  ,  gcoçr. 
ant.l.  4.  ci.  remarque  que  le  furnom  d'Hermh  pou- 
voir lui  avoir  été  donné  à  caufe  de  quelque  culte 
particulier  qu'on  y  rendoit  peut-être  à  Mercure  ;  Se  il 
foupçonne  qu'elle  n'avoit  eu  le  titre  de  métropole  qu'a- 
près la  deftructïon  de  la  première  métropole  qui  avoit 
donné  le  nom  au  nome,  à  moins  qu'il  n'y  ait  faute  dans 
le  paflage  de  Ptolomée. 

2.  PTOLEMAIS,  ville  d'Afrique  ,  dans  la  Cyrenaï- 
que.  On  la  nommoit  anciennement  Barce  ,  félon  Stra- 
bon ,  /.  17.  p.  837.  Pline  ,  /.  $.c.  j.Sc  Etienne  le  géo- 
graphe difent  la  même  chofe  ;  mais  Ptolomée ,  /.  4. 
c.  4.  diflingue  Barce  de  Ptolemaïs  :  il  marque  la  pre- 
mière dans  les  terres ,  &  la  féconde  fur  le  bord  de  la 
mer.  Le  périple  de  Scylax  donne  pourtant  le  moyen 
d'accorder  Ptolomée  avec  les  autres  géographes.  Du 
port  de  Cyrene,  dit  le  périple  de  Scylax,  p.  109.  au 
port  de  Barce ,  on  compte  cinq  cens  ftades  ;  mais  la 
ville  de  Barce  eft  éloignée  de  la  mer  de  cent  ftades  \ 
de  forte  que  Ptolemaïs  ne  fut  pas  bâtie  précifémenc 
fur  les  ruines  de  Barce ,  mais  dans  l'endroit  où  étoit 
fon  port.  Le  nom  moderne  eft  Tolometa. 

3.  PTOLEMAIS,  ville  d'Ethiopie  ,  félon  Pompo- 
nius  Mêla,  /.  3.  c.  8.  qui  la  place  fur  le  golfe  Arabi- 
que. Elle  eft  furnommée  Epitberas  par  Pline ,  /.  6. 
c.  29.  &  Theron  par  Strabon,  /.  2.  Jub  finem.  On  la 
furnommoit  auflr  Troglodytica  :  ce  dernier  furnom  avoit 
été  occafionné  par  les  pays  des  Troglodytes ,  où  on 
l'avoir  bâtie  ;  Se.  le  premier  Se  le  fécond,  dont  l'un 
fignifie  pour  la  chajje  ,  Se  l'autre  des  bêtes  farouches , 
avoient  rapport  au  deflein  du  fondateur ,  qui  avoit  eu 
en  vue  la  commodité  de  la  chafle  des  éléphans.  Pto- 
lemaïs ,  dit  Strabon  ,  /.  16.  fut  bâtie  dans  le  lieu  de 
la  chafle  des  éléphans  par  Eumede ,  à  qui  Philadel- 
phe  avoit  ordonné  d'aller  prendre  de  ces  animaux. 
Pline,  I.6.C.  29.  qui  la  met  fur  le  bord  du  lacMo- 
noleus  ,  dit  qu'elle  fut  bâtie  par  Philadelphe.  Il  ajoute  , 
/.  2.  c,  7J.  qu'elle  étoit  à  quatre  mille  huit  cens  vingt 
ftades  de  Bérénice  ,  fur  le  bord  de  la  mer  Rouge. 

4.  PTOLEMAIS,  Voyez.  Acre. 

5.  PTOLEMAIS,  ville  de  la  Pamphylie ,  félon  Stra- 
bon, /.  14.  p.  66y.  Ortelius,  qui  cite  ce  même  au- 
teur, dit  que  cette  Prolemaïs,  étoit  dans  la  Sicile.  Il 
fc  trompe  ;  Srrabon  dit  pofitivement  le  contraire.  Voici 
le  partage  qui  décide.  Mêlas  Flitvhis  ac  Siatio ,  &  Vrbs 
Ptolemaïs.  Inde  fines  Pam^bylu. 

6.  PTOLEMAIS  ,  port  d'Egyte  ,  dans  le  nome  Arfe- 
noïte.  C'etoit ,  félon  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  5.  le  port  de  la 
ville  Arfinoé. 

7.  PTOLEMAIS  ,  grande  ville  maritime  de  la  Sy- 
rie. Son  port  étoit  fermé  par  une  chaîne  de  fer.  Elle 
étoit  fituée  à  douze  milles  de  Tyr.  Les  Turcs  la  re- 
prirent fur  les  François  l'an  690  de  l'hégire,  &  la  dé- 
truifirenr  enrieremenr.  *  Abulfeda ,  Manufcrits  de  la 
Biblior.  du  Roi. 

PTOLIS  ,  lieu  d'Arcadie.  On  y  voyoit  du  tems 
de  Paufanias,  /.  8.  c.  12.  les  ruines  de  la  vieille  Man- 
tinée. 

PTOON.  JVcPtous. 

PTOSON  ,  lieu  quelque  part  dans  l'Afie  Mineure, 
aux  environs  de  la  contrée  Lalacaum  ,  félon  Ortelius , 
qui  cite  Cedrene,  Zonare  &  Curopalatc. 

PTOUS,  montagne  de  la  Bceotie,  dont  Plutarque 
parle  dans  la  vie  de  Pélopidas.  Paufanias ,  /.  9.  c.  23. 
dit  que  la  ville  d'AcrcCpbnit/m  étoit  bâtie  fur  cette 
montagne  ,  Se  que  presque  à  quinze  ftades  de  cette 
ville,  fur  la  droite,  on  trouvoit  le  temple  d'Apollon 
Ptous.  Apollon ,  félon  Plutarque  ,  in  Pelopide  ,  étoit  né 
dans  ce  lieu. 

PTUA  ,  ville  de  la  petite  Arménie.  Ptolomée  ,  /.  j. 
c.   13,  la  marque  entre  Diz.aca,Se  Glisma. 

PTUCCI ,  ville  d'Espagne  ,  dans  la  Bétique  ,  aux 
confins  de  la  Lufitanie.  Ptolomée  ,  /.  2.  r.  4.  la  donne 
aux  Turditains ,  Se  la  place  entre  Setida  Se  Sala.  Ceft 
la  même  que  la  ville  Tncci  d'Anronin,  Itiner. 

PTYCHIA,  ville  de  l'ifle  de  Corcyre  ,  félon  Orre- 


PUC 


lins ,   qui    cite  Ptolomée  ,  Pline  &   Thucydide  ;  mais 
de  ces  crois  anciens  géographes  il  n'y  a  que  Ptolomée 
qui  mette  PcyChia  dans  l'ifle  de  Corcyre.  Pline ,  /.  4. 
c.   12.  fait  de  Prychia  une  ifle  féparéc  de  Corfou  ,  mais 
dans  Ton  voifinagc.  Thucydide,  /.  4.    p.    283.  le  dit 
auflî  pofitivcmcnt ,  8c  on  peut  joindre  à  ces  deux  té- 
moignages celui  d'Etienne  le  géographe ,  où  on  lit  Pty- 
chia ,  infttla  juxta  Corcyram,  Elle  étoit  à  l'orient  de 
l'ifle  de  Corcyre ,  &  fi  près  de  celle-ci ,  que  c'efl  ce 
qui  a  fait  croire  à  Ptolomée  que  la  ville  de  Ptychia  n'é- 
toit  pas  dans  une  ifle  réparée.   Niger  qui  a  fuivi   Pto- 
lomée 8c  Orteliùs ,  dit  que  la  ville  de  Pcychia  n'eft  plus 
préfentement  qu'un  village  nommé  Paleopoli. 


P  U. 


1.  P'U,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province  de 
Channfi  ,  au  département  de  Pingyang,  féconde  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  6  deg.  40  min, 
plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  37  deg.  2j  min. 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis, 

2.  P'U  ,  ville  8c  forterefle  de  la  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince de  Channfi  ,  au  département  de  Pingyang ,  fé- 
conde métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  7  deg. 
28  min.  plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  3 6 
deg.  27  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Si- 
ncnfis. 

PUANI  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolomée, 
/.  6.  c.  7.  la  donne  aux  Elefari.  Le  manuferit  de  la  bi- 
bliothèque Palatine  ne  connoît  point  cette  ville. 

PUANTS  (la  baie  des),  ou  Baie  Salée.  Voyez. 
au  mot  Baie,  l'article  Baie  des  Puants. 

PUBL1CANI.  Voyez,  au  mot  Ad,  l'article  Ad  Pu- 

BLICANOS. 

PUBLlUS  ,  nom  d'une  montagne  ,  près  du  mont 
Sinaï,  félon  Métaphrafte,  dans  la  vie  de  faine  Gala- 
ction. 

PUCARA  ,  ville  ou  bourgade  de  l'Amérique  mé- 
ridionale, au  Pérou  ,  dans  la  province  de  los  Charcas, 
à  quatre  lieues  d'Ayavire  ,  en  fuivant  le  chemin  royal. 
Le  nom  Fucara  fignifie  une  place  forte  y  mais  aujour- 
d'hui on  n'y  voit  que  les  ruines  de  plufieurs  grands 
bàtimens ,  avec  des  images  d'hommes  taillées  de  pierre. 
II  y  a  eu  anciennement  un  grand  nombre  d'habitans. 
Ce  fut  en  ce  lieu  que  fe  donna  une  fameufe  bataille, 
dans  laquelle  don  Francisco  Hernandez  de  Giron  fut 
vaincu.  Les  hiftoires  espagnoles  en  font  mention.  *  De 
Lae't  ,  Defcription  des  Indes  occidentales,  1.  11, 
c  3. 

PUCHEY  ,  bourg  de  Fiance ,  dans  la  Normandie , 
au  diocèfe  de  Rouen  ,  dans  l'élection  de  Lions.  Il 
dépend  de  l'abbaye  de  Poilïy  ;  mais  Labbefle  de  Saint 
Amand  préfente  à  la  cure. 

1.  P'UCHING,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province 
de  Xenfi  ,  au  département  de  Sigan  ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  de  7  deg.  46  min. 
plus  occidentale  que  Péking,  fous  les  36  deg.  o  min. 
de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

1.  P'UCHING ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  pro- 
vince de  Fokien,  au  département  de  Kicnning,  qua- 
trième métropole  de  la  province ,  fur  la  rivière  de 
Min.  Elle  eft  d'un  deg.  1 2  min.  plus  orientale  que  Pé- 
king, fous  les  27  deg.  47  min.  de  latitude  feptentrio- 
nale. *  Atlas  Sinenfis. 

PUCHOR  i  ville  de  Hongrie  ,  fur  la  Dravc.  Elle 
eft  fituée  dans  un  endroit  où  cette  rivière  continue  à 
s'élargir,  &  où  les  montagnes  s'applaniflent  pour  faire 
des  vallons  fertiles.  Cette  ville  elt  affez  jolie,  &:  tous 
fes  habitans  travaillent  en  ferges  &  en  laines.  Elle  étoit 
du  patrimoine  de  George  Ragotski,  duc  de  Tranfil- 
vanie,  qui  avoir  près  delà  un  fort  château  appelle 
Lednice.  *  Corn.  Dict.  Le  Laboureur  ,  retour  de  la 
maréchale  de  Guebriant  en  France. 

PUCIALIA  ,  viile  d'Espagne.  Ptolomée,  liv.  2. 
chap.  6.  la  donne  aux  Baftitans  >  8c  la  place  dans  les 
terres. 

PUCINUM,  château  que  Pline,  /.  3.  c.  18.  met 
dans  le  pays  des  Carniens  ,  près  du  Timave.  Il  ajoute 
qu'il  étoit  célèbre  par  le  vin  qui  croiflbit  aux  environs  , 
&  qu'on  nemmoit  Fueinum  Vinurn.  Pcolomée ,  /.  3. 


PUE       1  11$ 

c.  1.  fait  de  Fueinum  une  ville  de  l'Iflrie.  Le  noir, 
moderne  de  ce  lieu  eft  Cafiel-Duino  ;  8c  Ces  vins  fonc 
connus  fous  le  nom  de  Reinfall. 

PUDAIA  ,  ou  Puclata,  ville  de  la  Macédoine. 
L'itinéraire  d'Antonin  la  marque  dans  la  route  de  la 
côte  de  l'Epire,  de  la  Thcffalie  &  de  Macédoine,  en- 
tre Dium  &  Bœrea,  à  dix-neuf  milles  de  la  première 
de  ces  places,  &à  dix-fept  milles  de  la  féconde.  Quel- 
ques manuferits  écrivent  Pudna;8c  Surita  foupçonne 
que  ce  pourroir  être  la  Pautalia  de  Ptolomée. 

PUDENTIANENSIS  ,  flége  épiscopal  d'Afrique, 
dans  la  Numidie.  11  en  eu  fait  mention  dans  la  con- 
férence de  Carthage,  c.  201,  où  Cresconius  efl  qua- 
lifié episcopus  Fudentïanenfis.  S.  Grégoire  le  Grand 
ï-pift.  }}.  /.  2.  indifi.  10.  appelle  l'évéque  de  ce  fiége 
Maximianus  Ecclefi*  Fudemian*  in  Numidia  confli- 
tuu  episcopus.  La  notice  des  évêchés  d'Afrique  diffère 
en  quelque  chofe  pour  l'orthographe  de  ce  mot.  On 
y  trouve  Percgrinus  nommé  episcopus  Pitnetianenfis 
pour  Fudentïanenfis. 

PUDNI  ,  ville  de  l'Arabie  Heureufe.  Ptolomée,  A  6. 
c.  7.  la  donne  aux  Elefari. 

1.  PUEBLA,  mot  de  la  langue  espagnole.  Il  peut 
fe  rapporter  au  mot  Vicus  des  Latins  ;  8c  il  fignifie 
un  bourg  ou  une  bourgade.  Il  veut  dire  un  lieu  plus 
petit  que  Litgar. 

2.  PUEBLA  (  la  ) ,  petite  ville  d'Espagne  ,  au  royau- 
me d'Aragon.  De  Saragoffc  en  allant  à  Léfida  en  Ca- 
talogne ,  on  pafle  la  rivière  du  Gallego  ,  8c  l'on  fait 
deux  lieues  de  chemin  jusqu'à  la  Pucbla  ,  dans  un  pays 
agréable ,  planté  de  jardins,  &  embelli  de  maifons  de 
plaifance.  *  Délices  d'Espagne ,  p.  6^3. 

PUEBLA.-DE-ALFINGÈN  (la)  ,  petite  ville  d'Es- 
pagne ,  au  royaume  d'Aragon  ,  à  quelques  centai- 
nes de  pas  de  l'Ebre.  C'efl  une  jolie  ville ,  dans  une 
campagne  très-fertile  &  bien  cultivée.  Elle  a  un  châ- 
teau bâti  fur  une  hauteur.  *  Délices  d  Espagne  ,    pag. 

PUEBLA-DE  LOS-ANGELOS  ,  ou  Viiie-bes-An- 
ges  ,  ville  de  l'Amérique  feptentrionale  ;  dans  la  Nou- 
velle-Espagne ,  dans  l'audience  de  Mexico ,  au  gou- 
vernement de  Tlascala  ,  à  l'orient  de  la  ville  de  Me- 
xique ,  qui  en  efl  éloignée  d'environ  vingt  lieues.  La. 
Puebla  de  los  Angelos  efl  fituée  dans  une  vallée  agréa- 
ble ,  nommée  Atlisca  ,  à  dix  lieues  d'une  haute  mon- 
tagne ,  qui  eft  toujours  couverte  de  neige.  Elle  fut 
bâtie  en  1530,  félon  Thomas  Gage,  Relat.  des  In- 
des occident,  part.  1.  c.  12.  Gemelli  Careri ,  Voyage, 
t.  6.  p.  228.  cependant  en  met  la  fondation  au  xG 
Avril  153 1.  Elle  fut  appellée  Ville  des  Anges ,  parce 
que,  dit-on  ,  pendant  qu'on  la  bâtiffoit,  la  reine  Ifa- 
belle  vit  en  fonge  plufieurs  anges  qui  en  rraçoient  le 
pian  au  cordeau.  Quoi  qu'il  en  foie  ,  on  partage  la 
gloire  de  fa  fondation  entre  don  Antoine  de  Mendo- 
za  ,  viccroi  de  Mexique,  8c  Sébaflien  Ramirez  3  qui 
avoir  été  auparavant  préfidênt  à  S.  Domingue  ,  8c 
qui  exerçoit  en  1530  la  charge  de  préfidênt  de  la 
chancellerie  du  Mexique.  Ce  prélat  eut,  à  ce  qu'on 
dit  ,  la  plus  grande  part  à  cette  fondation.  A  flirté  de 
quatre  confeillers,  qu'il  eut  p  ur  adjoints,  il  gouverna 
le  pays  avec  beaucoup  de  fageffe,  8c  peupla  la  nou- 
velle ville  ,  en  mettant  en  liberté  les  Indiens ,  que  le 
mauvais  traitement  avoit  fait  fuir  ,  les  uns  à  Xalisco  , 
8c  ks  autres  à  Honduras ,  à  Guatimala  &  en  d'au- 
tres endroits,  où  il  y  avoit  guerre  entre  les  Espa- 
nols  8c  les  Indiens.  Les  gens  du  pays  nommèrent  cette 
ville  Cuetlax  Compan  ;  c'efl-  à-dire  couleuvre  d'eau, 
à  caufe  qu'il  y  a  deux  fontaines  ,  dont  l'une  donne 
de  l'eau  mauvaife  à  boire,  &  l'autre  de  bonne  eau. 
Tous  les  bàtimens  de  Puebla  de  los  Angelos  font  de 
pierre,  &  ne  le  cèdent  pas  à  ceux  de  Mexico.  Les 
rues  font  même  plus  propres ,  quoiqu'elles  ne  foient 
pas  pavées.  Elles  font  bien  formées  &  droites ,  fe 
croifanr  les  unes  les  autres  vers  les  quatre  vents  prin- 
cipaux ,  au  lieu  que  celles  de  Mexico  font  fi  fales , 
qu'on  efl  obligé  de  s'y  fervir  de  bottes.  La  place  pu- 
blique eft  renfermée  de  trois  côtés ,  par  de  bons  por- 
tiques uniformes,  8c  ornés  de  riches  ^boutiques  de 
toutes  fortes  de  marchandifes.  L'autre  côté  fait  face  à 
l'églife  cathédraje,  dont  le  magnifique  portail  eft  or- 


î  12.6       PUE 


PUE 


né  d'une  tour  fort    élevée,    vis-à-vis   de  laquelle  on  PUENTE-DE-NEBOA  ,  bourgade  d'Espagne,  dans 

doit  en  bâtir  une  autre.  L'églife  eft  fur  le  modèle  de  la  Galice,  fur  la  rivière  de  Neboa ,  au  couchant  fep- 

celle  de  Mexico  ,  mais  un  peu  plus  petite.  Elle  a  fepe  tentrional    de  Mome-Furado.   Quelques-uns  la  pren- 

pilliers  de  chaque  côté  ,  qui   forment   trois  nefs.  Le  nent  pour  l'ancienne  Pons-Nebius.  *  Atlas ,  Robert  de 

chœur  Se  l'autel  font  comme  ceux  de  Mexico ,  mais  Vaugondy. 

plus  bas.  En   général  cette  églife  eft  allez  propre  &  PUENTE-DE-NEYRA,  bourgade  d'Espagne ,  dans 

fort   bien  entretenue.  Cet    évêché  rend  quatre-vingt  la  Galice ,  fur  la  rivière  de  Nêyra ,  à  quelques  lieues 

mille  pièces  de  huit,  outre  deux  cens  mille  pièces  de  au  midi  de  Lugo.  *  Atlas,  Robert  de Vaugondy. 


huit ,  qui  font  diftribuées  aux  chanoines  Se  aux  offi- 
ciers de  cette  cathédrale  ,  qui  jouit  en  tout  de  trois 
cens  mille  pièces  de  huit  par  an.  Il  y  a  dix  chanoi- 
nes qui  onc  chacun  huit  mille  pièces  de  revenu,  L'éco- 


PUENTE-DE-LA-REYNA  ,  petite  ville  dEspagne  , 
au  royaume  d'Aragon  ,  fur  la  rivière  d'Arga.  En  pre- 
nant le  chemin  de  Pampelune  pour  aller  dans  la  Bis- 
caye, on  paffeà  Puente  de  la  Reyna.  Son  terroir  le 


lâtre  en  a  fept  mille  ,  l'archidiacre  Se  le  tréforier  un  long  de  l'Arga  rapporte  d'excellent  vin  rouge.  *  Délices 

peu  moins.  Les  fix  chapelains  >  les  fix  demi-chapelains  d'Espagne  ,  p.  680. 

Se  les  autres  officiers  inférieurs  à  proportion.  PUENTE  DE  LA  REINE  ,  bourgade  d'Espagne  , 

La  bonté  de  l'air  fait  que  le  nombre  des  habitaris  au  royaume  de  Léon,  fur  la  route  de  Léon  à  Aftorga. 

s'accroît  tous  les  jours.  Lorsque  la  ville  de  Mexico  fut  Elle  eft  bâtie  au  bord  de  la  rivière  Orbega.  *  Atlas, 

à  la  veille   d'être  fubmergée  par  l'inondation  du  lac  ,  Robert  de  Vaugondy. 

plufieurs  perfonnes  qui  en  fortirent  vinrent  demeurer  PUENTE    DE    SEGOVIA.   Voyez,   l'article    Ma- 

avec  leurs  familles  à  la  Tueblade  lof  sîngelos.Ceue  drid. 

ville  eft  renommée  pour  les  bons  draps  qu'on  y  fait  PUENTE-SEGOVIANA.  Voyez,  Segovie. 

Se  qu'on  transporte  en  divers  pays.  On   y  fait  auffi  PUENTE  DE  SORO  ,  bourgade  de  Portugal,  dans 

de  fort  bons  chapeaux,  &  il  y  a  une  verrerie.  Ce  qui  l'Eftramadure ,  fur  la  rivière  de  Soro  ,  environ  à  dix 

l'enrichit  le  plus  ,  c'eft  la  monnoie  où  l'on  fabrique  lieues  de  Portalegre ,  vers  le  couchant.  Quelques-uns 

la  moitié   de  l'argent  qui  vient  des  mines  de  Sacate-  la  prennent  pour  l'ancienne  Matufarum. 

cas.  On    y   voit  des    Dominicains  ,    des  Carmes  Dé-  PUENTE  DE  SUAÇO,  ou  PontdeSuAço.  Voyez. 


chauffés  Se  quatre  maifons  de  filles.  Il  y  a  cinquan- 
te ou  foixante  religieux  dans  la  feule  maifon  des  Domi- 
nicains. 

On  trouve  beaucoup  d'eaux  minérales  autour  de  la 
ville.  Elles  font  pleines  de  foufre  du  côté  de  l'occi- 
dent ,  &  d'alun  vers  le  nord  ;  Se  elles  font  douces  du 
côté  de  l'orient  Se  du  midi.  Aux  environs  de  la  ville 
on  voit  plufieurs  jardins ,  qui  fourniffent  les  marchés 
d'herbages.  Le  terrein  abonde  en  froment  ;  Se  il  y  a 
quantité  de  fermes  où  l'on  cultive  des  cannes  de  fu- 
cre. 


Cadix. 

PUENTE-VEDRA.K^ai  mot  Ponte,  l'article 
Ponte  Vedra. 

PUERORUMSEPULCHRUM,  lieu  de  l'Eubée, 
au  voifinage  de  la  ville  de  Chalcis,  fur  le  chemin  qui 
conduifoit  de  cette  ville  au  détroit  de  l'Euripe ,  félon 
Plutarque  ,  in  qu&flion.  Grœcis. 

PUERTO.  Voyez,  l'article  Portus. 

PUERTO  DI-BASTIMENTOS.   Voyez.    Nombre 

DE   DlOS. 

PUERTO-BUENO.  Chriftophe  Colomb  ,  en  reve- 


PUEBLO  ,  mot  de  la  langue  espagnole.  Il  a  ,  félon  nant  de  fon  quatrième  voyage  en  1505  ,  fut  jette  par 
le  père  Lubin  ,  la  même  fignification  que  Puebla.  une  tempe  e  à  la  Jamaïque,  où  il  arriva  le  23  de 
Voyez  ce  mot,  n.  î.ll  veut  dire  auffi  nation  Se  peu-     Juin.  Il  entra  d'abord  dans   un  port,  que  fes  gens  fe 


pie,  comme  nous  difons  le  peuple  d'un  tel  lieu.  Son 
diminutif  eft  Tueblezuelo  ,  qui  veut  dire  un  petit  vil- 

PUEBLO  BARBANÇON  ,  bourgade  d'Espagne, 
dans  la  pe  !.e  province  d'Avala,  fur  la  route  de  Vit- 
roria  a  Miranda  de-Ebro.  C'eft  un  lieu  formé  ,  &  dont 


hâtèrent  trop  tôt  de  nommer  Puerto  Bueno;  car  ils 
n'y  trouvèrent  ni  eau  douce ,  ni  rivière ,  ni  habitation. 
Ce  port  eft  à  la  côte  feptentrionale ,  Se  à  dix  lieues 
de  la  pointe  orientale  de  l'ifle.  C'eft  tout  ce  qu'on  en 
fait  ;  car  il  n'a  pas  confervé  fon  premier  nom.  Il  ne 
devoit  pas  être  loin  de  Saint-George  ,  qui  eft  peut-être 


les  environs  font  affez  cultivés.  *  Délices  d'Espagne,    celui,  où  Chriftophe  Colomb  arrêta,  &  qu'il  nomma 


p.  98. 

PUECH.  Voyez  Podium. 

PUECH  -  D'USSELOU  ,  Puech  d'Issoudun,  ou 
Pueche  d'Usselou  ,  montagne  de  France,  dans  le 
Quercy  ,  aux  contins  de  ce  pays  &  du  Limoufïn.  Sur 
cette  montagne  ,  qui  eft  escarpée  ,  il  y  a  un  lieu  nom- 
mé Ujfcldun  ,  qui  doit  être  YUxellodunum  des  anciens  , 
comme  non-feulement  le  nom  le  porte  ,  mais  comme 
plufieurs  hommes  fort  habiles  l'ont  foutenu,  ex  parti- 
culièrement le  favant  Adrien  de  Valois,  qui  a  fi  foli- 
dcîucnt  réfuté  Sanfon.  *  Longuerue ,  Defc.  delà  Fran- 
ce ,  part.  1.  p.  180. 

PUELLE.  Voyez  Peule. 

PUENTE  DEL  ARÇOBISPO  ,  ville  d'Espagne , 
dans  l'Eftramadure.  C'eft  la  première  place  que  l'on 
trouve  au  feptentrion  du  Tage  ,  en  venant  de  la  Ca- 
ftille  nouvelle.  Elle  eft  à  fix  lieues  de  la  Talavera  la 
Reyna.  Cette  ville ,  qui  eft  fort  belle ,  appartient  à 
l'archevêque  de  Tolède,  ce  qui  a  occafionné  fon  nom, 


Santa  Gloria. 

PUERTO  DE  LOS  CAVALLEROS ,  Porta  d» 
los  Hidalgos  ,    entrée  d'un  détroit  de  montagne , 
dans  l'ifle   de  Saint  Domingue.  Il  eft  à  huit   ou  dix 
lieues  au  fud  de  l'ancienne  Ifabelle ,  la  première  ville 
des  Espagnols  ,    Se    qui  étoit  fituée  à  la  côte  fepten- 
trionale de  l'ifle  de  Saint  Domingue.  Chriflophe  Co- 
lomb ayant  fu    par  Ojeda  qui,  en  1493  ,    avoit  dé- 
couvert cet  endroit,  qui  conduifoit  à    un  pays  char- 
mant  Se  aux  mines  d'or   de  Cibao ,  l'envoya  recon- 
noître  plus  exactement  par  quelques  gentilshommes , 
avec  des   pionniers,  pour  y  faire  un  chemin  ,  où  on 
pût  aller  à  cheval ,  Se  c'eft  ce  qui  lui  fit  donner  le  nom 
de  Puerto  de  los   Hidalgos  ,  qui  a  été  depuis  changé 
en  celui  de  Puerto  ou  Porta  da  los  Cavalleros.  Les  Fran- 
çois l'appellent  la  Porte  ,  Se  les  montagnes  qui  fer- 
ment ce  détroit  font  auffi  connues  fous   le   nom  de 
montagnes  de  la  Porte.  Le  Bonnet  à  l'Evéque  ,  qui  eft 
à  la  vue  du  Cap  François  ,  vers  le  fud-eft  ,  eft  une 


qui  veut  dire  le  pont  de  l'Archevêque.  Elle  eft  fituée    de  leurs  extrémités.  L'autre  eft  au  cap  Saint  Raphaël, 


au  bord  du  Tage ,  qu'on  y  pafle  fur  un  beau  pont , 
qui  eft  bâti  d'une  pierre  fort  dure  ,  taillée  en  gros  car- 
reaux. On  trouve  aux  environs  de  Puente  dcl  Arço- 
b'ispo  des  verreries  qui  font  d'un  grand  revenu.  *  Dé- 
lices d'Fitp.içrie,  p.  362. 

PUENTE  DE  GARAY,  ou  Amplement  Garay  , 
bourgade  d'Espagne,  dans  la  Vieille- Caftille  ,  vers  la 
fource  du  Doueio ,  un  peu  plus  haut  que  Soda.  Ce 


à  la  pointe  orientale  de  l'ifle  ;  ainfi  cette  chaîne  de 
montagnes  traverfe  presque  toute  l'ifle  dans  fa  lon- 
gueur. *  Le  Père  de  Cbarlevoix  ,  hift.  de  Saint  Do- 
mingue ,  t.  2. 

PUERTO  DE  CAVALLOS  ,  port  de  l'Amérique 
feptentrionale  ,  dans  la  nouvelle  Espagne  ,  au  gou- 
vernement de  Honduras  ,  à  1;  d.  de  latitude  nord, 
félon  Herrera  ,  à  onze  lieues  de  San  Pedro .  Se  à  qua- 


lieu  eft  remarquable  ,  parce  que  c'eft  l'endroit  où  étoit  rame  de  Valladolid.  On  y  avoit  bâti  autrefois  une  vil- 

Tancicnne  Numance,  dont  on  voit  encore  lesmafures.  le  ,  à  caufe  de  la  bonté  Se  de  la  grandeur  du  port, 

*  Délices  d'Espagne  ,  p.   188.  qui  eft  proprement  une  baie  ,  Se  on  y  voyoit  des  mar- 

PUENTE-DE-LIMA.  Voyez  au  mot  Tonte,  l'ai  ti-  chauds  Se  des  Nègres.  Mais  comme  le  lieu  eft  mal 

«le  Ponte-de-Ljma,  fain  ,  l'établiflement  s'eft  en  partie  disperfé.  Les  offi- 


PUE 


PUI 


ciers  charges  de  recevoir  les  droits  du  roi  ,  fe  tien- 
nent ordinairement  à  San  Pedro  :  ils  vont  feulement 
à  Puerto  de  Cavallos  ,  quand  il  y  a  des  vaiueaux.  * 
De  Laët  ,  defe.  des  Indes  occid.  /.  7.  c.  16.  &  17. 
PUERTO  GUASCO.  Voyez,  l'article  Guasco. 
PUERTO-DE  LA-MADALENA  ,  port  ou  baie  de 
la  nier  du  fud  ,  fur  la  côte  occidentale  de  la  Califor- 
nie ,  près  de  la  baie  de  Saint  Martin ,  en  tirant  vers 
le  midi.  On  nomme  afîéz  communément  ce  port  la 
Baie  de  la  Magdelene.  Les  Espagnols  y  touchent 
ordinairement  en  venant  des1  ifles  Philippines  à  la 
nouvelle  Espagne. 

PUERTO  DE-LA -NATIV1DAD  ,  c'eft-à-dire  , 
port  de  la  Nativité  ,  port  de  l'Amérique  fepten- 
trionale ,  dans  la  nouvelle  Espagne  ,  fur  la  côte  de 
la  mer  du  Sud  ,  d3ns  la  partie  méridionale  du  gou- 
vernement de  Xahsco  ,  entre  les  villes  Milta  Se  Co- 
lima.  *   Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PUERTO  DI-PLATA  ,  port  del'ifle  de  Saint  Do- 
mingue ,  à  la  bande  du  nord.  Au    fortir    du    port  de 
Grâce  ,  une  montagne  fort  haute  fe  préfente  à  la  vue. 
Chriftophe  Colomb  ,    en  découvrant  les  côtes  de  l'i- 
fle  ,  crut  d'abord  voir  le  fomrnet  de  cette  montagne 
couvert  de  neiges  ;  mais  il   reconnut   bientôt  que  la 
blancheur  qui  l'avoit  trompé  ,  venoit  d'une  pierre  qui 
couvrait  toute  la  cime  de  la  montagne,  laquelle  pour 
cette  raifon  fut  appellée  Mont-di-Plata.  C'eft  au  bas 
de  cette    montagne   qu'eft  le  Port-di-1'lata  ,  qui  fut 
auflï  nommé  Puerto-di-Plata.    Les    François  l'appel- 
lent par  corruption  Porto  P  latte.  Colomb  &  fon  frère 
formèrent  le  defiein  de  faire  unérabliflement  à  Puerto- 
di  Plata  ,  qu'ils  trotivoient  commode  ;  mais  ce  des- 
fein  ne  fut  point  exécuté  alors.  Ce  ne  fut  qu'en  r  J02 
qu'Ovando  ,  gouverneur  général  de  lifle  ,    voyant  la 
ville  Ifabelle    fe  dépeupler  rous  les  jours  ,  longea   à 
l'établiflement  d'un  autre  port   fur  cette  côte  ,  fur  la- 
quelle il  étoit  d'une    extrême  conféquence   aux   Espa- 
gnols   d'avoir  un    abri  en  cas  de  befoin.  11   Ce  déter- 
mina pour  Paerto-di- Plata.  Ce  port  avoir  encore  d'au- 
tres avantages  très  confidérables  fur  celui  de  San-Do- 
mingo.  11  abrégeoit  beaucoup  le  chemin  des  navires  , 
qui  étoient  encore  plus  aflurés  d'y  trouver  toutes  for- 
tes de  rafraichïflerr.ens  II  n'elt  qu'a  dix  ou  douze  lieues 
au  plus  des  mines  de  Cibao  ,   qui    étoient  regardées 
comme  les  plus  abondm  e.  du  Pays  ,  Se    celles  dont 
l'or  étoit  le  plus  pur.  San-Yngo  n'en  etoit  guère  plus 
éloigné  :  la  Conception  de  la  Vega  n'en  elt  qu'à  dix 
lieues ,  &  il  pouvoit  fervir  d'échelle  à  ces  deux  villes. 
D'ailleurs  il  falloir  s'aflurer  des  habitans  de  ces  quar- 
tiers-là qui  étoient  encore  affez  peuplés.  Ainfi  un  tel 
établiiTement  étoit  très  avantageux.  Ovando  arma  une 
caravelle  à  San- Domingo  ,  &  il  y  fit  embarquer  tous 
ceux  qu'il   deftinoit   à    peupler  la  nouvelle   ville.    En 
1521  ,  Puerto-di  Plata  étoir  un  port  très-floriflanr  ; 
il  y  alloit  un  grand  nombre  de   vaifleaux    de    Camil- 
le ,  qui  tous  y  trouvoient  leur  charge  de  fucre.  Mais 
ce  port  étant  devenu  le  rendez-vous  des  Interlopes  , 
/.  6.  p.  33  c.  la  cour  d'Espagne  fit  rafer  la  ville    en 
1606  ,  8c  ordonna  aux  habitans  de  fe  retirer  dans  les 
terres.  Us   s'approchèrent  de  la  capitale  ,    8c   bâtirent 
Monte-di-Plata  ,  auprès  de  Boya.  *  Le   P.  Charlev. 
Hift.  de  l'ifle  de  Saint  Domingue  ,  /.  2.  p.  13  t.  &  l.  3. 
p.  282. 

PUERTO-QUEMADO  ,  ou  le  port  Brulh  ,  port 
de  l'Amérique  feptentrionale  ,  fur  la  côte  de  la  mer 
du  Sud ,  dans  l'audience  de  Panama  ,  au  nord  de  los 
Affogados. 

1.  PUERTO-REAL  ,  petite  ville  d'Espagne  ,  dans 
l'Andaloune^  En  allant  de  Medina-Sidonia  à  Gibral- 
tar ,  on  laiffe  à  l'occident  cette  petite  ville  ,  qui  elt 
fituéefur  le  rivage  de  l'Océan  ,  Se  ornée  de  plufieurs 
beaux  privilèges  qu'elle  a  reçus  des  rois  catholiques,  les 
fondateurs. 

2.  PUERTO-REAL  ,  petit  port  de  l'ifle  Espagno- 
le  ,  dans  l'Amérique  ,  fur  la  côte  du  nord  ,  à  trois 
lieues  à  l'eft  du  Cap  François.  Chriftophe  Colomb  y 
brifa  fon  navire  ,  par  la  négligence  de  fon  pilote  ,  à 
fon  premier  voyage  en  1492  :  c'eft  dans  ce  port  qu'il 
bâtit  fon  port  de  la  Navedad  ,  qu'il  trouva  ruiné  l'an- 
née d'après.  Dans  la  fuite ,  le  grand  commandant  Ni- 


ï    I    27/ 

colas  Ovando  y  bâtit  une  ville.  Ou  cuit  'en  1506 
avoir  découvert  dans  fon  voiiîuage  une  mine  de  cui- 
vre ;  mais  on  la  négligea  ,  ou  faure  d'ouvriers  ,  ou 
parce  qu'on  ne  la  trouva  pas  allez  aboudanre.  On  croit 
que  cette  mine  ell  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  li 
morue  rouge  ,  où  les  habitans  croient  qu'il  y  a  du 
cuivre  auffi  beau  que  celui  du  Japon.  La  ville  espa- 
gnole de  Puerto  Real  n'a  pas  fublifté  long-tems.  Les 
François  nomment  aujourd'hui  ce  port  la  baie  de  Ca- 
racal.  Elle  ell  dans  le  quartier  deUmonadc  ,  qui  dé- 
pend du  Cap  François.  *  Le  /'.  de  Charlevoix ,  Hilt. 
de  Saint  Domingue  ,  t.    2. 

PUERTO-DE-SAN-ANTONIO  ,  pbrt  de  l'Amé- 
rique feptentrionale  ,  fur  la  côte  de  la  mer  du  Sud  , 
entre  le  cap  Corrientes  8c  le  port  de  San-Jago.  Le 
nom  de  P  uerto-San-  Antonio  ne  paroit  pas  s'être  con- 
fervé.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy, 

PUEPvTO-DE-SAN-JUAN  ,  port  de  l'Amérique  , 
fur  la  côte  orientale  de  l'Ultime  de  Panama  ,  dans 
l'audience  de  Guatimala  ,  entre  la  foufricre  &c  le  golfe 
du  Papa  Gallio.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PUERTO  DE-SAN-PEDRO ,  ou  Barra-de-Rio- 
Grande-de-Alagoa  ,  port  de  l'Amérique  méridio- 
nale, fur  la  côte  du  Brefil  ,  dans  la  capitainerie  del 
R?y  ,  entre  Rio  Taramandahu  Se  Rio  de  Martin 
Alfonço  de  Soufa.  Ce  port  avance  tellement  dans  les 
terres  qu'on  lui  donne  le  nom  de  rivière  du  Saint  Es- 
prit. Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 
.  PUERTO-SANTA-MARIA.  Voyez,  au  mot  Fort  , 
l'article  Port  Sainte-Marie. 

PUERTO-VEYO  ,  ville  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  au  Pérou  ,  dans  l'audience  de  Quito.  Oi^  la 
nomme  aujourd'hui  plus  communément  San  -  Jago. 
Voyez,  au  mot  San  ,  l'article  San- Jago. 

PUERTO  LAS ,  vallée  d'Espagne ,  au  royaume  d'A- 
ragon. C'eft  une  de  celles  que  comprend  la  principauté  de 
Sobrarve.  *   DHices  d'Espagne  ,   p.  661. 

P'UGAN  ,  cité  Se  forterefie  de  la  Chine  ,  dans  la 
province  de  Queicheu  ,  où  elle  a  le  rang  de  pre- 
mière grande  cité.  Elle  eft  de  1 3  d.  5  min.  plus  oc- 
cidentale que  Pcking  ,  fous  les  2;  d.  25  min.  de  lati- 
tude feptentrionale.  On  dit  communément  que  P'u- 
gan  eft  la  clef  de  trois  provinces  ,  parce  qu'elle  eft  aux 
confins  des  provinces  de  Queicheu  ,  d'Iunnan  Se  de 
Quangfi.  Son  territoire  eft  un  peu  mieux  cultivé  que 
celui  des  ifles  voiiînes ,  Se  les  habitans  des  montagnes 
four  paflablement  civilifés.  Mais  ils  ne  fe  fient  point 
du  tout  aux  Chinois.  Ils  s'appliquent  beaucoup  au 
commerce.  Ils  adorent  les  idoles  ,  croient  la  metem- 
pfycofe  ,  &  ont  une  vénération  particulière  pour  îc 
auteur  de  cette  doctrine.  Us  ont  bâti  la  ville  de  P'u- 
gan  ,  dans  le  paflage  même  par  lequel  entrèrent  les 
Tartares  de  la  famille  Juena.  *  Atlas  Sinenfis. 

PUGET  ,  en  latin  Cajlrum  de  Pugeto  ,  bourg  de 
France ,  dans  la  Provence  ,  au  diocèfe  d'Aix. 

PUGLIENZA  ,  petite  ville  d'Espagne  ,  fur  la  côte  de 
l'ifle  de  Majorque  ,  près  du  cap  Lapedra.  On  la  nom- 
moit  anciennement  Pollentia.  C  etoit  une  colonie  ro- 
maine -,  mais  aujourd'hui  à  peine  mérire-t-elle  le  v.ov.\ 
de  ville  ,  quoiqu'elle  ait  un  allez  bon  porr.  On  ap- 
pelle auifi  Pogange. 

PUGNIARAN  ,  ou  Tugniatan  ,  ifie  de  la  mer- 
des Indes,  au-devant  du  détroit  de  la  Sonde  ,  par  les 
j  d.  Se  demi  de  latir.  fud  ,  Se  non  de  latir.  nord  ,  comme 
le  marque  faufiement  Davity  ,  Ife  de  Pugniaran  ,  Se 
après  lui  Corneille  ,  Dicl.  Les  Portugais  donnent  à  cette 
ifle  le  nom  d'ENGANO.  Elle  eft  à  feize  lieues  en  deçà  de 
la  grande  ifle  de  Sumarra  De  trois  lieues  en -deçà  on  fent 
la  bonne  odeur  des  épiceries  qui  y  croiflenr.  Les  Ha- 
bitans de  cette  ifle  font  de  grande  taille  ,  8e  d'un  teint 
jaune  ,  comme  celui  des  Brefiliens.  Ils  ont  de  longs 
cheveux  qui  leur  tombent  jusque  fur  les  épaules.  Ils 
vont  tout  nuds  fans  avoir  la  inoindre  chofe  fur  le  corps. 
1.  Voyage  des  Hollandais  aux  Indes  orient,  p.  263. 

PUHO  ,  petite  Ville  de  la  Chine  ,  dans  le  pays  de 
Leaotung,  au  département  de  Tieling.  Elle  eft  de4d. 
5  min.  plus  orientale  que  Peking  ,  fous  les  39  d. 
48m.de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PU1CELEY  ,  Podium  celfum  ,  petite  ville  de  Fran- 
ce ,    dans   le   Haut-Languedoc  ,  au   diocèfe  d'Albi. 


ÏI2-8      PUK 


PUL 


Cette  petite  ville  e£l  très-forte  pat  fa  fituation.  Elle 
eft  bâtie  fur  un  lieu  élevé  ,  peu  éloigné  de  la  Verc  , 
ôc  elle  eit  le  fiége  d'un  bailliage. 

Cette  petite  ville  s'appelle  Puycelfy.  C'en;  une  ancien- 
ne ehâtellenie  qui  a  eu  un  château  très-fort* 
PUICERDA.  V.yez.  Puycerda. 
PU  IDES  ,  village  de  Fiance  ,  dans  la  Bourgogne  , 
rat  bailliage  de  Semur  ,  fur  une  montagne.  11  eft  de 
la.  paroiffe  d'Etaye ,  &  il  y  a  un  prieuré  à  fimple  ton-1 
fure. 

PUIGAILLARD  ,  bourg  de  France  dans  le  Quer- 
cy  ,  diocèfe  de  Cahors  ,  parlement  de  Touloufe  ,  in- 
tendance &  élection  de  Montauban.  Il  y  a  enviton 
500  habitans. 

PUILEVES  ,  petite  ville  de  France  ,  félon  Corneil- 
le ,  Ditt.  qui  cite  Atlas  \  mais  il  vouloit  ,  ou  devoit 
éctite  Puv-l'Eveque  ,  non  Puileves.  Voyez,  au  mot 
Puy  ,  l'article  Puy-l'Eveque. 

PUIL1A-SAXA  ,  lieu  d'Italie  ,  félon  Feftus  ,  qui  cite 
Fabius  Piitor  ;  mais  ni  l'un  ni  l'autre  ne  nous  don- 
nent de  grandes  lumières.  Voici  le  paffage  :]  Puilia  fw 
xa  cjfe  ad  Portum  qui  fit  jicnndkm  Tiberim  ,  ait  Fa- 
bius Pif  or  ,  quem  locum  putat  Labeo  dici  ,  ubi  fuerit 
Fie, in  a  via  O/lienfî  ad  lapident  undteimum. 

PUIPEROUX  ,  bourg  de  France,  dans  TAngou- 
mois  ,  diocèfe  de  Saintes  ,  parlement  de  Paris  ,  inten- 
dance de  la  Rochelle  ,  élection  de  Cognac.  Il  y  a 
environ  1000  habitans.  *  Dit},  univerjel  de  la  France. 

PU1RAVAUX  ,  bourg  de  France ,  dans  le  pays  d'Au- 
nis ,  élection  de  la  Rochelle. 

PUIMOISSON.  Voyez. ,  au  mot  Puy  ,  l'article  Puy- 
Moisson. 

PUlSAYE(La),  petit  pays  de  Fiance  ,  qui  a  l'Au- 
xerrois  à  l'orient,  le  Gâtinois  au  nord  ,  le  Berri  au  cou- 
chant ,  &  le  Nivernois  au  midi.  Ce  pays  cil  entière- 
ment du  diocèfe  d'Auxerre  ,  ôc  donne  même  fon  nom 
au  fécond  archidiaconné  de  l'églife  d'Auxerre  ,  inftitué 
au  treizéme  fiécle.  Ce  nom  ,  qui  eft  Pitteacia  ou  Podia- 
cia  ,  fignifie  également  un  pays  de  montagnes  >  parce 
que  dans  le  diocèfe  d'Auxerre  ,  qu'on  appelloit  primiti- 
vement Pagiif  Auiiffiodorcnfis,  il  y  avoit  la  partie  arrofée 
par  les  rivières  d'Ionne  &  de  Cure ,  &  la  partie  où  l'on 
ne  voyoit  que  des  étangs  ôc  de  petits  ruifièaux.  Cette 
dernière  étoit  la  Puilâye  ,  dont  l'étymologie  Podium 
ou  Putcus  ,  fignifie  un  lieu  élevé.  Ce  pays  a  été  il- 
luftré  dès  le  troilléme  fiécle  ,  par  le  martyre  de  faint 
Prix  &  de  fes  compagnons  chrétiens  ,  qui  furent  mis 
à  mort  fous  Aurélien  ,  le  26  de  Mai ,  dans  un  lieu  alors 
nommé  Cociacum  ,  ôc  qui  depuis  fut  appelle  Saints 
en  Pidfaye.  C'étoit  alors  une  contrée  couverte  d'épais- 
fes  forêts ,  dont  les  plus  hautes  ont  fubfifté  long-tems 
proche  Saint  Sauveur.  Les  arbres  y  étoient  d'une  telle 
élévation  ,  que  lorsqu'on  voulut  rebâtir  l'églife  de  faint 
Denis  en  France  ,  fous  l'abbé  Suger ,  on  fongea  d'a- 
bord à  recourir  aux  chênes  du  pays  Auxerrois.  Le- 
beuf  ,  auteur  de  ces  remarques,  a  inftitué  dans  fa  dis- 
fertation  fur  Genabum  ,  que  la  Puifaye  a  dû  être  le 
centre  des  Gaules  où  les  Druides  tenoient  leur  affem- 
blée  annuelle  ,  dont  parle  Céfar  ,  &  que  cette  con- 
trée étoit  à  l'extrémité  des  Carnutes,  comme  elle  e(l  en 
effet  encore  de  la  généralité  d'Orléans  ,  ville  renfer- 
mée dans  cet  ancien  diftriét  des  Carnutes.  Dans  les 
bas  fiécles  on  a  latinifé  Puifaye  ,  fur  le  mot  vulgaire, 
ôc  on  a  dit  Puifaya  ou  Pujeya.  Les  principaux  lieux 
qui  y  font  renfermés ,  font  Saint  Fargeau  ,  Saint  Arnaud , 
Saint  Sauveur  ,  Toucv  ôc  Blencau. 

PU1SEAUX  ,  Puteohts  ,  ville  de  France  ,  dans 
l'Orléanors  ,  élection  de  Pithiviers  ,  aux  confins  du 
Dunois  &  de  la  Beauce  propre.  Elle  fut  presque  en- 
tièrement ruinée  la  nuit  du  19  de  Juin  1698  par  un 
torrent  d'eau  ,  qui  s'étaur  engouffré  dans  la  ville  ,  ôc  fe 
trouvant  reflerré  par  les  rues  qui  font  étroites  .  renverfa 
plus  de  cent  cinquante  maifons  ,  entraîna  une  grande 
quantité  de  chevaux  ôc  de  bétail ,  Se  fit  périr  plus  de 
cent  perfonnes. 

PUKI  ,  fortereffe  de  la  Chine  ,  dam  la  Province 
de  Huquang  ,  au  département  de  Vuch'ang  ,  première 
métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  3  d.  42  m.  plus 
occidentale  que  Peking,  fous  les  29  ci.  5  m.  de  latit.fcp- 
tentrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 


î .  PUKIANG ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Chekiang  ,  au  département  de  Kinhoa, cinquième  métro- 
pole de  la  province.  Elle  eft  de  z  d.   31  m.  plus  orien- 
tale  que  Peking  ,  fous  les  29  d.  20  min.  de    latitude 
feptentiionale.    '    Atlas  Sïnenfs. 
1.  PU1KIANG  ,  cité  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Suchuen,  au  département  de  Kiung  ,  quatrième  grande 
cité  de  la  province.  Elle  eft  de  1 3    d.    10    min.  plus 
occidentale  que  Peking  ,   fous  les  30  d.   17  min.   de 
latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinenjis. 

PUKIVE  ,  forteteffe  delà  Chine,  dans  la  province 
de  Xenfï  ,  au  dépaitement  d'Junchang  ,  première  for- 
tereffe  de  la  province.  Elle  eft  de  10  d.  10  min.  plus 
occidentale  que  Peking  ,  fous  les  38  d.  ij  min.  de 
latitude  feptentiionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PULAON  ,  ifte  de  la  mer  des  Indes,  vers  l'oueft  des 
Philippines ,  à  neuf  degrés  ôc  demi  de  latitude  nord.  On 
la  prend  ,  dit  Davity  ,  pour  Bazacate  de  Ptolomée.  On 
y  trouve  du  riz  ,  de  fort  bonnes  figues  longues  de  demi- 
brafie  ,  ôc  grottes  comme  le  bras ,  &  d'autres  qui  n'ont 
qu'une  paume  de  longueur  ,  ôc  qui  font  encoie  meil- 
leures que  les  premières.  11  y  a  auffi  des  cocos  ,  des 
patates,  des  cannes  de  fucre  ,  certaines  racines  fem- 
blables  à  des  raves  ,  ôc  fort  bonnes  à  manger  ,  du 
gingembre  \  de  diverfes  fortes  d'animaux ,  comme  pour- 
ceaux ,  chèvres,  poulets  >  ôc  de  fort  grands  coqs.  Cette 
ifle  a  fon  roi  ,  qui  eft  vaffal  de  celui  de  Botneo.  La 
plupart  des  habitans  labourent  la  terre  ,  ôc  vent  pres- 
que nuds.  Ils  font  grand  état  des  anneaux  ôc'~  des 
chaînes  de  laiton  ,  des  fonnettes,  des  patenôtres  ,  ôc 
des  fils  de  cuivre  >  dont  ils  fe  fervent  pour  attacher 
leurs  hameçons  à  pêcher.  Us  ont  des  farbacanes  &  des 
flèches  de  bois  ,  longues  de  plus  d'une  paume  ,  &c 
ornées  au  bout  d'épines  empoifonnées.  Us  ont  auflî 
des  cannes  pointues  ,  avec  des  crochets  envenimés;  ôc 
quand  ils  veulent  demander  la  paix  ,  ils  fe  frapent 
avec  un  couteau  à  l'eftomac  ,  ce  mettent  fur  leur 
langue  ôc  fur  leur  front  le  fang  qu'ils  font  fortir  de  la 
plaie.  Ces  infulaires  boivent  un  certain  vin  diftillé  qu'ils 
nomment  Arach.  Ce  vin  eft  tiré  du  riz  ,  ôc  pafle  pour 
être  meilleur  que  celui  des  palmes.  *  Davity  ,  ifles 
Philippines,  p.  778.  Magin  ,  géogr.  Mercatcr  Pigaf. 
Viag. 

PULCHER-PORTUS  ,  c'en;  à-dire  Beau-Port.  Il 
eft  dit  dans  les  actes  des  Apôtres,  Ail.  Apcftol,  c.  27 
que  le  vaifleau  qui  portoit  S.  Paul  à  Rome  ,  avec 
d'autres  prifonniers  ,  ayant  pris  au-defl'ous  de  l'ifle  de 
Crète  ,  ôc  rangeant  l'jfie  ,  fe  vit  en  un  certain  lieu 
nommé  Beau-Port  ,  autrement  Bons-Ports ,  &  que  près 
de  ce  lieu  étoit  la  ville  Thalaffe. 

PULCHRA-SILVA  ,  ville  de  Lombardie  ,  félon 
Taul  Diacre.  On  l'a  nommée  Mortaria ,  à  caufe  que 
ce  fut  près  delà  que  fut  vaincu  Didier ,  roi  des  Lom- 
bards ,  par  Charlemagne.  Voyez.  Mortaria. 

PULCF1RUM  LITTUS  ,  ville  de  Sicile,  fur  la  côte 
feptentiionale.  C'eft  la  Galeate  d'Antonin  ,  Itirur.  qui 
écrit  Galeate  ,  par  corruption  Galeaïle  ,  qui  veut  dire 
la  même  chofe  que  Pulchrum  Littus. 

PULCHRUM-PROMONTORIUM ,  promontoire 
d'Afrique,  félon  Tite-Live  ,  /.  29.  c.  27  Ce  promonroire 
étoit  à  l'orient  d'été  d'Alexandrie.  C'eft  le  Calon-Acro- 
teriitm  de  Polybe  ,  ôc  le  Mtrciirii-Promontorium  de 
Ptolomée  ,  fuivant  Ortelius  ,  qui  cite  Xylander. 

PULENDENA  ,  ôc  Pulpudena.  Voyez.  Philippo- 
polis. 

PULlCljOti  Terra  deili  Putici ,  lieu  de  la  Sicile, 
dans  le  val  de  Mazzara  ,  fur  la  côte  méridionale  ,  non  à 
l'embouchure  du  Belice  ,  comme  le  difent  Maty  ôc 
Corneille  -,  mais  à  quelques  milles  plus  à  l'occident. 
Il  y  a  apparence  que  c'eft  le  Set  in  us  des  anciens.  * 
Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULIND/E,  peuples  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange, 
félon  Ptolomée ,  /.  7.  c.  1 . 

PULPULA  ,  ville  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange  : 
Ptolomée, /.  7.  c.  1.  la  marque  dans  le  golfe  Barigazene. 

PULLARIA  ,  ifle  que  Pline  ,  /.  3.  c.  16  met  au- 
près de  la  côre  de  l'Iftrie. 

PULLIGNY  ,  paroifie  du  duché  de  Lorraine  ,  au 
diocèfe  de  Toul.  Les  feigneurs  de  ce  lieu  qui  font  au 
nombre  de  feize  ,    font  Patrons    de  la   cure  &  par- 


PUL 


ragent  les  dixmes.  L'églïfe  paroiffiale  eft dédiée  à  S.  Piètre 
aux  liens.  Il  y  a  un  hôpital  8c  l'hermitage  de  S.  Sa- 
vignon  ,  outre  treize  chapelles  en  titre.  La  plus  con- 
fidérablc  eft  la  haute  chapelle  de  S.  Jacques  8c  S.  Phi- 
lippe ,  qui  eft  de  neuf  cens  livres  de  revenu ,  8c  dont 
les  feize  fcigneurs  font  patrons.  Les  autres  font  bien 
moins  confidérables. 

PULO  ,  ou  Poulo  ;  ce  mot  veut -dire  Isle:  Pulo 
Condor,  Pulo  W  a  y  ,  c'eft-à-dire  l'ifle  de  Condor, 
l'ifle  de  Way. 

PULO  BARD1A  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  dans 
le  golfe  de  Siam  ,  près  de  la  côte  orientale  de  la 
presqu'ifle  de  Malaca  ,  au  midi  delà  ville  deCouïr,  & 
au  nord  de  Pulo  Sangori.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 
PULO  BOUTON,  ifledelamerdes  Indes,  à  l'entrée 
du  détroit  de  Malaca ,  près  la  côte  du  royaume  de  Queda, 
au  voifinage  de  l'ifle  au  Poivre  ,  &  au  midi  de  l'ifle  de 
Junfalan.  '  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  CAMBIR  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  fur 
la  côte  orientale  di>  royaume  de  Cochincbine  ,  entre 
ce  royaume  8c  le  Pracel  ,  à  quelques  lieues  au  nord 
de  Quinin.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  CANTON  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  fur  la 
côte  orientale  du  royaume  de  Cochinchine  ,  entre  cet- 
te côte  8c  le  Pracel  ,  mais  bien  plus  près  de  la  côte 
de  Cochinchine  ,  vis  à-vis  de  Falin.  *  Atlas ,  Robert 
de  Vaugondy. 

PULO  CAPAS  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  dans  le 
golfe  de  Siam  ,  près  de  la  côte  orientale  de  la  pres- 
qu'ifle de  Malaca  ,  au  midi  de  Pulo  Ridang.  *  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

PULO  CARÀ  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  dans  le 
golfe  de  Siam  ,  près  de  la  côte  orientale  de  la  pres- 
qu'isle  de  Malaca  ,  presque  vis-à-vis  de  la  ville  de 
Ligor  ,  8c  au  nord  de  l'ifle  de  ce  nom.  *  Atlas ,  Ro- 
bert de  Vaugondy. 

PULO  CECIR  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  fur  la 
côte  du  royaume  de  Ciampa  ,  à  quelques  milles  au  midi 
de  la  baie  de  Comorin.  On  appelle  cette  ifle  Fulo- 
Cecir-da-Tierra  ,  ou  P  ulo-Cecïr-de-terre  ,  pour  la  di- 
ftinguer  d'une  autre  ifle  ,  nommée  auflî  Pulo-Cecir. 
Vo\cz  l'article  fuivant.  *  Atlas ,  RoBert  de  Vaugondy. 
PULO  CECIR  DO  MAR  ,  ou  Pulo  Cecir  de 
Mer  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  à  l'entrée  du  golte 
de  Siam  ,  à  l'orient  de  la  bouche  de  l'eft  de  la  ri- 
vière de  Camboge  ,  près  de  l'ifle  de  Capato  ,  qui  lui 
demeure  à  l'orient.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  CHAMPELO  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  fur 
la  côte  orientale  du  royaume  de  Cochinchine  ,  entre 
la  baie  de  Tonran  au  nord  occidental ,  8c  Pulo  Can- 
ton ,  vers  le  midi.  *  Allas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  COFFIN  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  dans 
le  golfe  de  Siam  ,  à  quelques  lieues  à  l'orient  du  cap 
de  Patane.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  CONDOR  ,  ifle  ou  plutôt  petit  Archipel 
de  la  mer  des  Indes  ,  environ  à  quinze  lieues  ,  au 
midi  ,  du  royaume  de  Camboge.  Il  eft  formé  de  huit 
ou  dix ,  tant  ifles  que  rochers.  La  plus  grande  de  ces 
ifles  n'a  pas  plus  de  quatre  lieues  en  longueur.  C'elt 
la  feule  qui  (bit  habitée  ,  encore  n'y  a-t-il  qu'un  vil- 
lage dans  presque  l'unique  plaine  qu'on  y  trouve.  Il 
eft  au  fond  d'une  grande  baie  ,  dans  laquelle  on  en- 
tre par  trois  grandes  paffes  ,  &  il  eft  entre  plufieurs 
petites  rivières.  La  plaine  où  il  fe  trouve  fitué  a  la 
figure  d'un  demi-cercle  ,  dont  le  demi-diametre  eft 
d'un  quart  de  lieue  du  fud-eft  au  nord-oueft,  8c  au- 
tant du  fud-oueft  au  nord-eft.  Les  maifons  ne  font 
qu'un  affemblage  affez  informe  de  bambous  ,  couvert 
d'une  herbe  fort  longue  ,  qu'on  coupe  fur  le  bord  des 
ruiffeaux.  Il  n'y  a  dans  ces  cabanes  ni  portes  ni  fenê- 
tres ;  pour  y  entrer  8c  pour  avoir  du  jour  ,  on  laide 
un  des  côtés  de  la  cabane  ouvert  ,  &  on  y  fait  dé- 
border le  toit  de  la  cabane.  On  les  élevé  de  terre  de 
quelques  pieds  :  par  là  on  évite  l'humidité  ,  &  on 
a  où  loger  les  animaux  domeftiques  pendant  la  nuit. 
La  mauvaife  odeur  n'eft  pas  une  chofe  dont  on 
s'embarraffe  beaucoup.  Le  plancher  de  diftance  en 
diftance  eft  rehauffé  de  quatre  ou  cinq  pouces.  On 
reçoit  les  étrangers  dans  le  fond  fur  des  nattes.  Leur 
réception  eft  douce  &  affable ,  oc  on  ne  manque  pas 


PUL     1 12,9 


de  leur  préfenter  de  l'aréque  ,  du  bétel  &  une  pipe* 
Ces  infulaires  font  bafanés  ,  presque  entièrement 
nuds,  excepté  dans  les  cérémonies  où  ils  s'habillent  , 
cV  quelques-uns  même  affez  proprement.  Le*  dents 
les  plus  noires  font  chez  eux  les  plus  belles  :  auffi 
n'oublient-ils  rien  pour  fe  les  noircir.  Ils  portent  les 
cheveux  fort  longs.  *  Lettres  édif.  t.  16.  p.  22.  8c  23. 
Souciet,  Obfervations ,  p.   118. 

Comme  les  infulaires  de  Pulo  Condor  ne  font  la 
plupart  que  des  réfugiés  de  la  terre- ferme  où  il  y  a 
des  miffionnaires  ,   plufieurs  paroiffent  avoir   été  in- 
ftruits  des  myiteres   de   la  religion  chrétienne.  Il  ne 
croit  dans  leur  ifle  que  très- peu  de  riz,  des  patates  , 
8c  quelques  ananas  affez  bons.  Les    montagnes  font 
presque  par-tout  couvertes  de  beaux  arbres  propres  à 
toutes  fortes  d'ouvrages  ,  &  même  à  mater  des  vais- 
feaux.  Il  y    en   a  un  fort  commun  ,   qui   eft  gros  , 
droit ,  8c  dont  le  bois  eft  dur  ;  les  feuilles  &  l'écorce 
approchent  de  celles  du  châtaignier.  11  découle  de  cet 
arbre    une  réfine  que  les  habitans  emploient   à  faire 
leurs  flambeaux.  Pour  ramaffer  cette  réfine  ,  8c  même 
pour  la  faire  découler  ,  ils  creufent  le  tronc  de  l'ar- 
bre ,  à  trois  ou  quatre  pieds  au-deffus    de   terre  ,   8c 
ils  y  font  une  profonde  8c  large  ouverture  ,  dont  le 
bas  repréfente  une  espèce  de   récipient.  En  certaine 
faifon  de  l'année  ,  ils  allument  du  feu  dans  cette  con- 
cavité :  la  chaleur  détermine  la  liqueur  à  couler  ,  &  à 
remplir  le  récipient.  De  cette   réfine  ,    ils  enduifent 
des  coupeaux  de  bois  fort  minces  ,   8c   ils  les    enve- 
loppent de  longues  feuilles  d'arbre.  Quand  le  tout  eft 
fec  ,  ces  coupeaux  enduits  de  réfine  éclairent  parfaite- 
ment une  chambre;  mais  auffi  ils  la  rempliffent  bien- 
tôt de  fumée.  Dampier  donne  à  cette  réfine  le  nom 
de  goudron  :  d'autres  l'appellent  huile  ,  parce  que  la 
matière  eft  d'abord  liquide  ,  8c  a  la  couleur  de  L'huile 
de  noix  :  enfuite  elle  eft  blanchâtre  ,  &  dans  fa  con- 
fiftance  elle  eft  rouffatre.  Elle  a  la   même   confiftanec 
que  le  beurre  ,  8c  elle  eft   d'une  odeur  très-agréable. 
Rien  n'eft  plus  commun  à  Pulo  Condor  que  la  noix: 
d'aréque,  8c  la  feuille  de  bétel.  Les  Infulaires  en  portent 
toujours  dans  des  petits  paquets, &  en  mâchent  continuel- 
lement.* Journal  littéraire  ,  172^.  t.  14.  2.  part.p.465. 
On  ne  trouve  dans  cette  ifle  que  des  poules  fauva- 
ges  &  des  ramiers.  11  y  a  beaucoup  de  ferpens  8c  de 
lézards  d'une  grandeur  monurueufe.  On  en  a  tué  de  la 
longueur  de  vingt-deux  pieds  ,   8c  plufieurs  lézards  , 
que  quelques-uns  appellent  Govcnos  ,  qui  avoient  fepr 
à  huit  pieds  de  longueur.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  curieux 
dans  cette  ifle ,  c'elt  le  lézard  8c  l'écureuil  volant.  Le 
lézard  volant  cil  petit ,  8c  n'a  pas  plus  de  fept  à  huit 
pouces  de  longueur.  L'écureuil  elt  de  la  grandeur  de 
ceux  qu'on  voit  en   France.  L'un  8c   l'autre   ont  des 
ailes  fort  courtes  qui  leur  prennent  le  long  du  dos  , 
depuis  les  pâtes  de  devant  jusqu'à  celles  de  derrière  ; 
l'écureuil  les  a  couvertes  d'un  poil  fort  ras  &  fort  fin  r 
celles  du  lézard  ne  font  qu'une  pellicule  toute  unie.  On 
les  voit  voler  d'arbre  en  arbre  à  la  diftance  de  vingt  à 
trente  pas.  On  ne  fait  s'ils  pourraient  voler  plus  loin. 
Le  lézard  a  au-deffus  de  la  tête  une  bourfe  affez  lon- 
gue 8c  pointue  par  le   bas.   Elle  s'enfle  de   tems  en 
tems,  fur-tout  lorsqu'il  vole.  *  Leur.  édif.  t.  16.  p.  28. 
L'ifle  de  Pulo  Condor  eft  foumife  au  roi  de  Cam- 
boge. Les  Anglois  l'avoient  achetée  dans  le  fiécle  pré- 
cédent ,  8c  avoient  bâti  un  fort  à  la  tête  du  village. 
Us   avoient   recherché  cette  ifle  ,   parce  que  ,  quoi- 
qu'elle ne  vaille  pas  grand'chofe  ,  elle  avoir  un  port 
affez  bon  ,  8c  dont  la  fituation  fur  la  route  de  la  Chine 
leur  étoit  avantageufe.  Mais  comme  ils  étoient  en  pe- 
tit   nombre    dans  le  fort  ,    8c    obligés    de  fe  fervir 
de  foldats   Malais  ,    ils  furent  tous   égorgés  il    y    a 
environ  trente  ans.   Leur  fort  fut  démoli  ,  8c   on  en 
voit  encore   aujourd'hui  les  ruines.   Depuis  ce  tems- 
là  l'ifle  eft  rentrée  fous  la  domination  des  Cambogiens. 
Quelquefois  1  ifle  eit  entièrement  déferre.  Les  habitans, 
qui  font  des   réfigiés  de  la  terre  ferme ,  s'en   retour- 
nent à  la  Cochinchine.  Quand  ils  font  dans  cette  ifle, 
i!s  s'occupent  a  la  pêche  ,  à  faire  de  l'huile  de  tortue, 
des  flambeaux  ,  des  cordages  8c  de  la  faumure  ,  pour 
faler  de  petits  poiffons  ,  femblables  aux  anchois,  que 
la  mer  y  fournit  en  abondance. 
Tom.  IV.  D  d  d  d  d  d  d 


o 


PUL 


PUt 


On  place  1  ifle  de  Pulo  Condor  a  8  d.  36  min.  de 
latit.  feptent.  &  on  la  met  à  un  degré  plus  à  l'o- 
rient que  Batavia.  La  dcclinaifon  de  l'aimant  y  elt 
d'un  degré  vers  l'oueft.  Les  jours  de  la  nouvelle  Se 
de  la  pleine  lune  ,  il  eft  haute  mer  à  deux  heures 
trois  quarts  après  midi  ,  Se  la  mer  hauffe  Se  baille 
ordinairement  de  neuf  pieds.  La  mouflon  du  fud-oueft 
y  commence  fix  à  fept  femaines  après  l'équinoxe  de 
Mars,  &  celle  de  nord  eft  environ  cinq  femaines  après 
l'équinoxe  de  Septembie,  des  intervalles  de  quinze  jours 
ou  trois  femaines  de  vents  variables  Se  violens  feparant 
les  mouflons.  La  lai  l'on  des  pluies  commence  vers  le  mois 
de  Mai ,  Se  dure  jusqu'au  milieu  de  Novembre. 

Le  plan  que  Dampier  donne  du  port  de  Pulo  Con- 
dor eft  fautif  en  bien  des  chofes.  Il  met  le  nord  où 
il  faut  placer  le  nord-eft ,  Se  ne  dit  rien  de  la  grande 
paiTe.  Voici  de  quoi  le  rectifier.  Il  faut  diftinguer  le 
port  &  le  village.  J'ai  déjà  marqué  la  fituation  de  ce 
dernier.  J'ajouterai  feulement  qu'entre  deux  rivières  on 
voit  vers  le  fud-oueft  un  magafin  ,  un  four  Se  les  ma- 
fures  du  fort  que  les  Anglois  avoient  conftruit.  Dans 
un  endroit  du  village  eft  un  lieu  où  l'on  voit  plu- 
fieurs  oratoires  dispofés  en  demi-rond  ;  au  milieu  eft 
un  grand  arbre,  où  l'on  met  le  pavillon  les  jours  de 
fêtes.  Ce  lieu  s'appelle  Tour  ,  qui  veut  dire  feigneur. 
C'eft-la  que  les  infulaires  rendent  beaucoup  d'honneur 
aux  âmes  des  héros  ,  des  princes  Se  des  lettrés  morts. 
Ils  ont  presque  tous  dans  leurs  cabanes  de  petits  ora- 
toires ,  qu'ils  appellent  Tlan  ;  c'eft  là  qu'ils  honorent 
leurs  ancêtres.  Le  fond  delà  baie  eft  admirable  ;  mais 
les  vents  d'été  y  font  terribles.  Le  pott  eft  petit ,  mais 
beau.  L'eau  y  eft  pleine  de  vers  qui  ruinent  les  ca- 
nots Se  les  chaloupes.  Les  montagnes  aboutiffent  pres- 
que au  bord  des  rivages.  Les  vaifleaux  y  font  à  l'abri , 
mais  en  tems  de  pluie  l'endroit  eft  affreux.  On  en- 
tre Se  on  fort  par  deux  endroits  ,  félon  la  mouflon  : 
entre  la  terre  de  la  grande  ide  Se  un  iflot  ,  il  y  a 
un  paffage  ;  on  y  trouve  huit  brades  d'eau  ;  mais  il 
eft  dangereux  d'y  pader.  C'eft  l'endroit  où  les  Fran- 
çois,  en  172 1  ,  ont  beaucoup  fouffert.  Le  village  Se  la 
plaine  font  remplis  de  marécages  ,  mais  avec  de  la 
dépenfe  on  pourroit  pratiquer  au  moins  dans  le  vil- 
lage des  jardins  ,  des  allées  ,  &c.  On  pourroit  femer 
du  riz  ,  des  légumes ,  planter  des  arbres  fruitiers ,  nour- 
rir de  la  volaille  ,  des  cochons  ,  des  brebis  ,  &c.  Le 
terrein  en  bien  des  endroits  ,  plus  détaillés  dans  l'au- 
teur cité,  eft  fablonneux  ;  par- tout  ailleurs  ce  n'eft 
que  rochers ,  précipices  ,  montagnes  escarpées  ,  cou- 
vertes à  la  vérité  de  beaux  arbres  ,  mais  coupées  par 
milles  ravines  ,  remplies  d'infeétes  ,  de  ferpens  ,  fans 
fruits  ,  fans  fleurs  ,  &c.  Tout  cela  ,  fut-tout  en  tems 
de  pluie  ,  c'eft-à-dire  ,  près  des  deux  tiers  de  l'année  , 
fait  de  Pulo  Condor  un  des  plus  mauvais  endroits  du 
monde.  Les  infulaires  font  tout  venir  de  la  terre- 
ferme-  L'eau  des  rivières  du  village  Se  des  fontaines , 
tarit  vers  les  mois  de  Mars  &  d'Avril  ,  Se  alors  les 
infulaires  ont  recours  à  dallez  mauvais  puits.  *  Sou- 
ciet  ,  Obfcrvar.  p.  1  ii>. 

PULO-CORNAN  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  dans 
le  golfe  de  Siam  ,  près  de  la  côte  orientale  de  ce 
royaume  ,  au  midi  de  Pulo  Sangori.  *  Atlas  >  Robert 
de  Vaugondy. 

PULO  D1NDING  ,  petite  ifle  des  Indes  orienta- 
les ,  fur  la  côte  de  Malaca.  Elle  eft  fi  proche  du 
continent  ,  que  les  vaifleaux  qui  paflent  ne  fauroient 
diftinguer  fi  elle  y  eft  attachée  ou  non.  Le  pays  eft 
affez  haut  Se  bien  arrofé  par  des  ruiiïeaux.  Le  terroir 
eft  noirâtre  ,  Se  aux  endroits  bas  il  eft  gras  Se  pro- 
fond -,  mais  les  collines  font  affez  pierreufes  ,  quoiqu'en 
général  couvertes  de  bois.  Il  y  a  diverfes  fortes  d'ar- 
bres j  la  plupart  font  ces  bois  de  charpente,  Se  aifez 
gros  pour  toutes  fortes  d'ufages.  11  y  en  a  aufli  quel- 
ques-uns fort  propres  pour  des  mâts  Se  pour  des  ver- 
gues. Le  bois  en  eft  léger ,  quoique  dur  ;  la  rade  eft 
bonne  du  côté  de  l'eft  ,  entre  l'ifle  Se  le  continent.  On 
peut  y  entrer  avec  une  brife  de  mer  ,  Se  en  fortir 
avec  un  vent  de  terre.  L'eau  y  eft  affez  profonde ,  Se 
le  havre  eft  fur.  Les  Hollandois,  qui  l'habitent  feuls  , 
y  ont  un  fort  du  côté  de  l'eft  ,  proche  de  la  mer  , 
dans  une  courbure  de  l'ifle.  Cela  fait  une  petite  ance 


ou  les  vaifleaux    peuvent  monter.  Le  fort  eft  Carré, 
fans  être  flanqué  ni  revêtu  de  baftions.  Chaque  face 
peut  avoir  dix  ou  douze  verges  en  earré.  Les  murait* 
les  font  d'une  épaifieur  confidérable  ,  bâties  de  pier- 
res ,  hautes  d'environ  trente  pieds ,  Se  au-defius  cou- 
vertes d'un  toit.   H  peut  y  avoir  douze  ou  quatorze 
canons  braqués  tout  à  l'entour  aux  diverfes  faces.  Ils 
font  montés  fur  une  bonne  plate-forme  ,  qui  eft  mé- 
nagée dans  la  muraille .  &  haute  à  peu  près  de  feize 
pieds.  Il  y    a  des  marches  en  dehors  pour  monter  à 
la  porte  qui  donne  fur  la  plate-forme ,  Se  ce  chemin 
eft  le  feul  qui  eonduife  dans  le  port.  On  y  tient  un 
gouverneur    Se  vingt   ou  trente  foldats  qui  y  logent 
tous.    Les    foldats   ont  leurs  cafernes    fur    la   plate- 
forme ,   parmi    les  canons ,  Se   au-deffus  eft  une  as- 
fez    belle  chambre  où   couche  le  gouverneur ,   avec 
quelques  officiers.    A  cent  verges  ou  environ  de   ce 
fort,  fur  la  baie  Se  près  de  la  mer,  eft   une  maifon 
baffe,  bâtie   de  charpente,  où   le    gouverneur    paffe 
tout  le  jour.  Elle  eft  compofée  de  quelques  chambres  ; 
la  principale  où  il  mange  ,  fait  face  à  la  mer  ,  &  fon 
extrémité  regarde    le   fort.  L'on  y  voit  deux  grandes 
fenêtres   de  fept  ou  huit  pieds  en  carré ,  Se  dont  le 
bas  eft  à  quatre  ou  cinq  pieds  de  terre.  On  les  laide 
ordinairement  ouvertes  le  jour  ,  pour  donner  entrée 
aux  brifes  rafraîchiffantesi  la  nuit  on  les  ferme  avec 
de  bons  volets  ,  ainiï  que  les  portes,  quand  le  gou- 
verneur fe  retire  dans  le  fort.   Le  continent  de  Malaca  , 
à  l'oppofite  de  cette  ifle,  eft  une  affez  belle  campa; 
gne ,  un  peu  baffe  ,  revêtue  de  grands  bois  ;  &  dire- 
ctement vis-à-vis  de  la  baie,  où  eft  le  fort  des  Hol- 
landois, il  y  a  une  rivière  navigable  pour  les  petits 
bâtimens.  Outre  le  riz  Se  les  autres  chofes  qui  fervent 
à  la  nourriture,  le  pays  d'alentour  produit  le  tutang, 
qui  eft  une    espèce  d'étaim   plus  grodier   que   celui 
d'Angleterre.  Les  habitans  font  Malayens ,  Se   reffem- 
blent   aux  autres  Malayens  ,  tant  dans  leur  religion  , 
que  pour  leurs  coutumes  Se  manière  de  vivre.  Ils  ont 
des  canots  &  des  barques ,  dont  ils  fe  fervent    pour 
pêcher  ,  Se  pour  trafiquer  les  uns  avec  les  autres.  Ce 
fut  le  négoce  de«J'étaim,  qui  attira  d'abord  les  mar- 
chands en  ce  pays.   Quoiqu'il  s'y  trouve  une  grande 
quantité  de    ce  métal,  &  que  les  naturels  fouhairent 
avec  padion  de  négocier  avec  les  étrangers ,  ils  en  font 
exclus  par  les  Hollandois  qui  fe  font  emparés  de  roue 
ce  commerce.  Il  eft  à  croire  qu'ils  y  bâtirent  leur  fort 
pour  fe  l'affurer  à  eux  feuls  ;  mais  comme  ils  n'en  peu- 
vent tout-à  fait    venir  à  bout  par  ce  moyen,  à  caufe 
de  la  diftance  qui  fe  trouve  entre  ce  fort  Se  l'embou- 
chure de  la  rivière  qui  eft  de  quatre  ou  cinq  milles , 
ils  ont  un  gai  de  côte  qui  fe  tient  là,  Se  un  petit  bâ- 
timent ,  avec  vingt  ou  trente  hommes  armés  deffus , 
afin  d'empêcher  les  autres  nations    d'entreprendre  ce 
négoce.  *  Dampier ,  Supplément,  1.  part.  c.  9. 

PULO  GOMEZ  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  Se 
l'une  de  celles  qui  forment  le  canal  d'Achem ,  autre- 
ment le  détroit  de  Malaca ,  Se  qui  font  au  nord-oueft 
de  Sumatra.  De  l'ifle  la  marque  fur  fa  carte  des  In- 
des Se  de  la  Chine  ;  mais  il  ne  la  nomme  pas.  Elle  eft 
affez  grande  ,  Se  fituée  à  vingt  milles  ou  environ  à 
l'oued  de  Pulo  Way  ,  Se  à  près  de  cinq  lieues  du  nord- 
oueft  de  Sumatra.  Il  y  a  trois  ou  quatre  autres  petites 
ffles  entre  Pulo  Gomez  Se  la  haute  mer. 

PULO  JAQUA,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  Se  l'une 
des  Moluques.  Elle  eft  fituée   à   l'orient  de  l'ifle  des 
Célcbes  ,  au  nord  de   l'ifle    Bouton  ,   Se  au  midi  de 
celle  de  Tabuco.  C'eft  un  royaume.  *  Atlas,  Robert  de 
Vaugondy. 

PULO  JARA ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  dans  le 
détroit  de  Malaca ,  aflez  près  de  la  côte  du  royaume 
d'Achem  ,  vis-à-vis  de  la  ville  de  Dely,  Se  au  nord  de 
Pulo  Sanbila.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  LAOR,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  près  de 
la  côte  orientale  de  la  presqu'ifle  de  Malaca  ,  entre 
Pulo  Pifang  ,  au  nord  ,  Se  Pulo  Tingi  au  midi.  *  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

PULO  LEPOCK  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  près 
de  la  côte  feptentrijnale  de  l'ifle  de  Java,  vis-à-vis  la 
ville  de  Tu  ban.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  LOUT,  ou  Landa  ,  ifle  de  la  mer  des  In- 


PUL 


P  U  L 


des,  entre  l'ifle  de  Bornéo  &  celle  des  Célébes ,  mais 
beaucoup  plus  près  de  la  première.  Elle  elt  fituée  à 
l'embouchure  méridionale  du  détroit  de  Macaflar,  au 
midi  de  Matapura.  Elle  a  la  figure  d'un  fer  à  cheval. 
*  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  MINTON  ,  ou  Nouvelle  Zelande  ,  iflc 
de  la  mer  des  Indes ,  aflez  près  Se  au  couchant  de  l'ifle 
de  Sumaaa,  au  nord  de  1  ifle  Mantabey  ou  de  Bonne 
Foitune.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  NEERO  ,  ou  Polo  Nera.  Voyez,  l'article 
Banda  ,  n.  i. 

PULO  NIAS  ,  ou  Pullo  Nias,  ifle  de  la  mer  des 
Indes,  allez  près  Se  au  couchant  de  l'ifle  de  Sumacra. 
Elle  gît  presque  nord-ouelt  Se  fud-eit,  entre  l'ifle  de 
Baniaoc  ,  au  nord  ,  Se  celle  de  Pulo  Minto  au  midi. 
Cette  ifle  eil  très-peuplée.  L'ifle  de  Baby  lui  demeure 
au  fud  eil.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  IANJANG,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  dans 
le  golfe  de  Siam,  à  quelques  lieues  de  la  côte  occiden- 
tale du  royaume  de  Camboge,  au  midi  oriental  de 
Pulo  Wav.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  PENJOCHA  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  & 
l'une  des  Moluques.  Elle  elt  fituée  à  l'orient  de  la 
pointe  la  plus  méridionale  de  l'ifle  des  Célébes ,  au 
midi  oriental  de  l'ifle  Bouton  ,  au  nord  occidental  de 
Terralte.  C'eft  un  royaume.  *  Atlas,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PÙLO  PIFAG  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  dans  le 
détroit  de  Malaca ,  fur  la  côte  orientale  de  l'ifle  de 
Sumatra,  au  nord  de  la  ville  Siaqua,  vis-à-vis  la  poin- 
te occidentale  de  la  presqu'ifle  de  Malaca.  Les  autres 
cartes  ne  font  aucune  mention  de  cette  ifle.  *  Atlas, 
Robert  de  Vaugondy. 

i.  PULO  PlSANG,iflede  la  mer  des  Indes,  fur 
la  côte  orientale  de  la  presqu'ifle  de  Malaca  ,  entre 
l'ifle  Timon  au  nord  occidental ,  Se  Pulo  Laor  au  mi- 
di. '  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

2.  PULO  PISANG,  ifle  de  la  merdes  Indes,  dans  le 
détroit  de  Malaca  ,  fut  la  côte  occidentale  de  la  pres- 
qu'ifle de  Malaca ,  au  midi  oriental  de  l'ifle  au  Poi- 
vre ,  Se  vis-à-vis  de  Queda.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

PULORIDANG,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  dans 
le  golfe  de  Siam ,  à  quelques  milles  de  la  côte  orien- 
tale delà  presqu'ifle  de  Malaca,  presque  vis-à-vis  l'em- 
bouchure de  la  rivière  de  Calanta ,  Se  au  nord  de 
Pulo  Capas.  Il  y  a  plufieurs  petites  ifles  dans  le  voi- 
finage.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 

PULO  RON,ou  Pulo  Rin.  Voyez,  l'article  Banda, 
v.  i. 

PULO  RONDO  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  dans  la 
jurisdiction  du  royaume  d'Achem.  C'ell  la  principale 
de  celles  qui  font  entre  Pulo  Gomez  &  Pulo  Way  , 
dans  la  courbure  du  cercle.  Elle  eft  ronde  Se  haute  , 
&  n'a  guère  plus  de  deux  ou  trois  milles  de  circuit. 
Sa  fituation  elt  presque  à  l'extrémité  de  la  courbure 
du  cercle  au  nord-eft  ,  quoique  plus  proche  de  Pulo 
Way,  que  de  Pulo  Gomez.  Il  y  a  de  grands  canaux  fort 
profonds  des  deux  côtés  ;  mais  le  canal  le  plus  fréquenté 
cft  celui  du  côté  de  rouelt  qu'on  nomme  le  canal  de 
Bengale,  à  caufe  qu'il  va  vers  cette  baie,  Se  que  les 
vaifleaux  qui  viennent  de  la  côte  de  Coromandel  pas- 
fent  Se  repartent  par  là.  *  Dampier ,  Suppl.  des  voy. 
autour  du  monde,  part.  i.  c.  7. 

PULO  ROSSA  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes  ,  au  fad- 
efl  de  celle  de  Baly  ,  qui  eil  à  l'orient  de  la  grande 
Java.  Ces  mots  Pulo  Rojfa  fignifient  ifle  Sauvage.  On  y 
envoie  ceux  qui  font  condamnés  au  banniflement.  Elle 
elt  à  préfent  bien  cultivée  Se  peuplée ,  parce  que  ces 
exilés  y  ont  mené  quantité  d'esclaves,  qui  labourent 
la  terre.  Ils  y  ont  aufll  conduit  du  bétail  qui  s'eft  fort 
multiplié.  *  Davity  ,  ifle  de  Baly. 

PULO  SANBILA  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  dans  le 
détroit  de  Malaca ,  aflez  près  de  la  côte  orientale  du 
royaume  d'Achem  ,  au  nord  oriental  de  la  ville  de  De- 
ly&  au  midi  de  Pulo  Jara.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy. 
PULO  SANGORI ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  dans  le 
golfe  de  Siam ,  fur  la  côte  orientale  de  ce  royaume , 
au  nord  Se  près  de  Pulo  Cornsn.  *  Atlas ,  Robert  de 
Vaugondy. 


I  I  3  I 

PULO  TIMON ,  ou  Timon  ,  ifle  de  la  mer  des  In- 
des ,  dans  le  golfe  de  Siam ,  fur  la  côte  orientale  de 
la  presqu'ifle  de  Malaca ,  à  quelques  lieues  à  l'orient 
méridional  de  Ja  ville  de  Paha,  &  près  de  Pulo  Pi- 
fang.  Cette  ifle,  qui  elt  fort  agréable  ,  elt  à  huit  jour- 
nées de  Batavia,  en  faifant  route  de  cette  ville  vers 
le  royaume  de  Camboge.  Elle  eil  fort  élevée  &  pa- 
roit  grande.  Ses  montagnes  font  toutes  couvertes  d'ar- 
bres, Se  Ces  vallées ,  qui  forment  le  plus  bel  aspeét  du 
monde,  font arrofées  de  quantité  d'eaux  claires  &  fraî- 
ches. Devanr  la  pointe  qui  regarde  le  nord-elt,  il  y  a 
une  petite  ifle ,  entre  laquelle  &  celle  de  Timon  on 
peut  pafifer  fans  danger,  y  ayant  même  de  quoi  des- 
cendre fans  peine.  Cette  ifle  produit  cette  herbe  fi  re- 
nommée ,  qu'on  appelle  Bétel.  Il  n'y  a  presque  poinr 
d'homme  ni  de  femme  aux  Indes  qui  n'en  mâche  le 
matin  en  fe  levant,  après  le  repas  Se  dans  les  rues. 
Elle  rend  l'haleine  douce,  fortifie  les  gencives  &  aide 
à  la  digellion.  Le  meilleur  betei  cft  celui  qu'on  tire 
des  pays  les  plus  tempérés.  Les  feuilles  fe  confervenc 
aflez  long-tems,  pourvu  qu'on  ne  les  manie  pas  fou- 
vent.  Les  Javans  en  vont  chercher  des  barques  toutes 
pleines  à  Pulo  Timon.  Elles  font  à  bon  marché  fur  la 
côte  Se  fort  chères  dans  le  pays.  *  Atlas ,  Robert  de  Van. 
gondy.  Corn.  Didt. 

PULO  TINGI,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  près  dé 
la  côte  orientale  de  la  presqu'ifle  de  Malaca,  au  midi 
de  Pulo  Laor  ,  Se  presque  vis-à-vis  de  la  ville  de  Ihor» 
*  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

i.PULO  UBI,  ifle  des'lndes,  dans  le  golfe  de  Siam, 
aflez  près  Se  au  midi  de  la  pointe  la  plus  méridionale 
du  royaume  de  Camboge.  Pulo  Panjang  lui  relie  au 
nord-ouelt.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

,  2.  PULO  UBI ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  fur  la 
côte  feptentrionale  de  l'ifle  de  Java,  à  quelques  lieues 
à  l'occident  fcptentrion.il  de  Batavia  ,  près  de  l'entrée 
du  détroit  de  la  Sonde.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugon- 
dy. 

PULO  VERELLA,ifle  de  la  mer  des  Indes,  dans 
le  golfe  de  Siam ,  fur  la  côte  orientale  de  la  presqu'ifle 
de  Malaca,  vis-à-vis  de  la  ville  de  Paha ,  Se  au  nord 
de  Pulo  Timon.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

1.  PULO  WAY,  ifle  de  la  mer  des  Indes,  dans 
l'archipel  des  Moluques  ,  au  fud  -  ouelt  de  l'ifle  de 
Banda,  à  l'occident  de  Pulo  Nera  Se  au  midi  de  l'ifle 
de  Pulo  Ron,  ou  Pulo  Rin.  De  1  Ifle  &  les  cartes 
les  plus  modernes  ne  font  aucune  mention  de  cette 
ifle.  *  II.  Voyage  des  Hollandais ,  aux  Indes  orient,  p. 
486. 

2.  PULO  WAY  ,  ifle  de  la  mer  des  Indes ,  près  de 
Sumatra.  C'eft  la  plus  orientale  d'une  rangée  d'ifles  qui 
font  fituées  au  nord-one/t  de  l'ifle  de  Sumatra,  & 
qui  forment  l'entrée  du  canal  d'Achem.  Avec  la  rangée 
des  autres  ifles  elle  fait  un  demi-cercle  d'environ  fept 
lieues  de  diamètre.  Cette  ifle  eil  la  plus  grande  de 
toutes  ,  quoiqu'elle  ne  foit  habitée  que  par  des  mal- 
heureux que  leurs  crimes  ont  fait  exiler  d'Achem.  On 
les  y  envoie  avec  une  main  coupée  ,  Se  quelquefois 
même  toutes  les  deux ,  félon  la  grandeur  du  crime. 
Ils  nclaiiïent  pas,  quoique  fans  mains,  de  ramer  très- 
bien  &  de  travailler  à  diverfes  autres  chofes  avec  une 
adrefle  merveillcufe  ;  ce  qui  leur  fournit  les  moyens  de 
gagner  leur  vie.  S'ils  n'ont  point  de  mains ,  ils  trou- 
vent quelqu'un  qui  attache  des  cordes  ou  des  ofiers 
à  leurs  rames  ,  enforte  qu'ils  y  puiflent  pafler  le  tronc 
de  leurs  bras  avec  quoi  ils  tirent  vigoureufement  la 
rame.  Ceux  qui  ont  une  main  peuvent  encore  aflez 
bien  pourvoir  à  leur  fubfiftance  ,  «Se  on  en  voit  un  grand 
nombre  dans  cette  ifle. 

PULO  RIN.  Voyez,  l'article  Banda  ,  n.  1. 

PULPUD,  lieu  d'Afrique,  à  ce  que  croit  Ortelius, 
T'hefaiir,  qui  cite  Priscien  ,  où  on  lit  ces  mots:  Et  ipf& 
circà  Pulpud  oram  tuebatur.  Cepaflage  de  Priscien  étoit 
tiré  du  cent  treizième  livre  de  Tite-Live  que  nous 
n'avons  plus. 

PULTAUSK,  petite  ville  de  la  Grande  Pologne, 
dans  le  palatinar  de  Mazovie,  fur  la  rivière  de  Na- 
reu  ,  environ  trois  lieues  au-defl"us  de  l'endroit  oit 
elle  fe  jette  dans  le  Boug.  *  Atlas ,  Robert  de  Vau- 
gondy. 

Tom.  IV.  D  d  d  d  d  d  d  i> 


PUN 


1 1  32, 

PÙLTAWA,  place  fortifiée  dans  l'Ukraine ,  fur  la 
rive  droite  du  Worsklo.  Cette  place  pafie  pour  être 
ancienne.  Elle  eft  devenue  fameufe  dans  ces  derniers 
tems  par  la  victoire  fignalée  que  Pierre  le  Grand , 
empereur  des  Ruiîîes  ,  y  remporta  fur  Charles  XII» 
roi  de  Suéde.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugonây. 

PUMENTUM,  ville  d'Italie,  chez  les  Lucaniens, 
dans  les  terres,  félon  Strabon,  /.  6.  p.  254.  mais  les 
meilleurs  interprètes  lifent  Grumemtum.  Ortelius, 
Tbef.  qui  cite  Gab.  Barri  ,  met  cette  ville  dans  laCalabre  , 
8c  dit  qu'on  la  nomme  préfeiuemenr  Gerentio. 

PUM1CAEL  ,  grande  bourgade  des  Indes  ,  fur  la 
côte  de  la  Pêcherie,  8c  que  les  Indiens  appellent  Poun- 
neicaycl,  entre  Manapar  8c  Tutucurin.  Long.  97 
deg.   30  min.  lat.  8  dig.  38  min. 

PUMILONES.  Voyez.  Pygmées. 

P'UMUEN,  fortereffe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Fokien  ,  où  elie  a  le  premier  rang  entre  les 
forterefles  de  la  piovince.  Elle  eft  de  4  deg.  2;  min. 
plus  orientale  que  Pékmg,  fous  les  27  deg.  o  min. 
de  latitude  feptencrionale.  *  Atlas  Sinenfis. 

PUNA,  ille  de  la  mer  du  Sud,  dont  la  pointe  la 
plus  occidentale  ,  appellée  Punta  Arena  ,  ou  Pointe 
de  Subie ,  eft  à  fept  lieues  de  l'ifle  de  Sainte  Claire. 
Tous  les  vaifleaux  ,  qui  viennent  de  la  rivière  de  Guia- 
quil ,  mouilleur  a  cette  pointe ,  pour  y  attendre  un 
pilote,  à  caufe  que  l'entrée  en elt  fort  dangereufe pour 
les  étrangers.  L:ifle  de  Puna  eft  afiez  grande ,  mais 
plate  &  balle  -,  elle  a  quatorze  lieues  à  peu  près  de 
long  de  left  a  l'oueft  ,  8c  quatre  ou  cinq  de  large. 
Le  flux  8c  reflux  font  violens  tout  à  l'entour  ;  mais 
ils  coulent  par  tant  d'endroits  différens  à  raifon  des 
branches ,  des  bras  de  mer  8c  des  rivières  qui  le  jet- 
tent dans  la  mer,  près  de  cette  ifle ,  qu'ils  laiflenc  de 
tous  côtés  des  fonds  bas  fort  dangereux.  11  n'y  a 
dans  cette  ifle  qu'une  ville  d'Indiens  ,  qui  porte  le 
nom  de  Puna  ,  8c  qui  eft  fituée  an  midi ,  près  de  la 
mer ,  à  fept  lieues  de  la  pointe  de  fable.  Ses  habitans 
font  tous  matelots,  8c  les  feuls  pilotes  qu'il  y  ait  fur 
ces  mers  ,  principalement  pour  la  rivière  de  Guiaquil. 
Quand  ils  ne  font  point  en  mer ,  la  pêche  leur  fert 
d'occupation  ,  &,  lorsqu'il  vient  des  vaifleaux  qui 
mouillent  à  la  pointe  de  fable,  les  Espagnols  les  obli- 
gent à  faire  garde.Le  lien  où  ils  la  font ,  ell  une  pointe 
de  terre  de  l'ifle  qui  s'avance  en  mer ,  8c  d'où  ils  dé- 
couvrent tous  les  vaifleaux  qui  mouillent  à  la  pointe 
de  fable ,  laquelle  ell  éloignée  de  celle  de  terre  de 
quatre  lieues  ,  tout  pays-bas  8c  rempli  de  mangles. 
Entre  ces  deux  pointes ,  à  moitié  chemin  de  l'une  à 
l'autre ,  il  y  en  a  une  troifiéme  fort  petite  où  les  In- 
diens font  obligés  de  tenir  une  autre  garde  ,  lorsqu'ils 
onr  quelques  ennemis  à  craindre.  La  fentinelie  y  va  le 
matin  dans  un  canot ,  8c  revient  le  foir  ;  car  il  n'y  a 
pas  moyen  d'y  aller  par  terre ,  à  caufe  des  racines  de 
mangles.  Le  milieu  de  l'ifle  eft  favanas  ou  pacage.  11  y 
a  quelque  morceau  de  pays  boifé  ,  qui  eft  une  terre 
jaunâtre  ou  fablonneufe  ,  produifanr  de  grands  arbres, 
la  plupart  inconnus  aux  voyageurs.  On  y  en  voit  quan- 
tité qu'on  appelle  Palmeto  en  langage  du  pays.  Cet  ar- 
bre eft  à  peu  près  de  la  grandeur  d'un  frêne  ordinaire, 
8c  a  trente  pieds  de  haut.  Le  corps  en  eft  droit  fans 
feuilles  ni  branches ,  mais  il  s'en  rrouve  beaucoup  à 
la  tête.  Dans  les  ifles  de  Bermudes  8c  ailleurs  ces  feuil- 
les fervent  à  faire  des  chapeaux  ,  des  paniers ,  des  ba- 
lais, des  vans  à  fouffler  le  feu,  8c  divers  autres  meu- 
bles de  ménage.  Dans  les  espaces  vuides  où  croifïent 
ces  arbres ,  les  Indiens  ent  des  plantations  de  mahis , 
d'yanas  8c  de  patates.  La  ville  de  Puna  n'a  guère  que 
vingt  maifons  avec  une  églife.  Ces  mai  fous  font  bâties 
fur  des  pilotis  élevés  à  dix  ou  douze  pieds  de  terre, 
8c  on  y  monte  par  des  échelles  qui  font  en  dehors. 
Elles  font  couvertes  de  feuilles  de  Palmeto,  8c  les 
chambres  bien  plancheyées.  Le  meilleur  pour  mouiller 
eft  contre  le  milieu  de  la  ville.  Il  y  a  cinq  brades 
d'eau  à  la  longueur  d'un  cable  de  la  côte ,  &  un  fond 
marécageux  8c  profond  ,  où  les  vaifleaux  peuvent  être 
carénés.  La  mer  monte  à  la  hauteur  de  quatorze  à 
quinze  pieds.  On  compte  fept  lieues  de  Puna  à  Guia- 
quil. *  Dampïer  ,  Voyage  autour  du  monde. 


PUN 


LaëC  ,  parlant  de  cette  ifle ,  dans  fa  defeription  des 
Indes  occidentales,  /.  10.  c.  18.  dit  qu'elle  étoit  fort 
renommée  parmi  les  fauvages  du  continent ,  comme 
abondante  en  toutes  choies  néceflaires  à  la  vie ,  que 
les  habitans  favoient  le  trafic  -,  qu'ils  étoient  vaillans 
&  fort  courageux;  8c  qu'ils  eurent  une  longue  guerre 
avec  leurs  voifins  de  la  rivière  de  Tumbez  ,  qui  n'eft 
éloignée  de  l'ifle  de  Puna  que  de  douze  lieues.  Les 
rois  du  Pérou  les  mirent  enfin  d'accord.  Us  étoient  de 
moyenne  taille ,  de  couleur  brune  ,  vêtus  d'étoffe  de 
coton  ,  8c  ornes ,  tant  hommes  que  femmes ,  de  chaînes 
d'or  &  autres  joyaux.  L'ifle  eft  pleine  de  toutes  for- 
tes d'oifeaux ,  principalement  de  perroquets  :  il  y  a  aufli 
beaucoup  de  guenons ,  de  renards  8c  d'autres  bêtes  fau- 
vages. La  terre  y  produit  de  la  falfepareille  ,  du  maïs, 
&  plufieurs  racines  bonnes  à  manger  \  mais  il  faut  aller 
chercher  de  l'eau  douce  dans  le  continent ,  dont  elle 
n'eft  féparée  que  d'un  canal  fort  étroit  \  le  porr  en  eft 
pourtant  à  deux  lieues.  On  y  fait  des  navites ,  dont 
les  habitans  fe  fervent  pour  voyager  dans  la  mer  du 
Sud  ;  car  il  y  descend  le  long  de  la  rivière  de  Guia- 
quil ,  grande  abondance  de  bois  que  l'on  transporte 
à  Lima,  8c  dans  les  autres  ports  du  Pérou.  Thomas 
Candife  furprit  cette  ifle  en  1587  ,  la  pilla,  8c  brûla 
plufieurs  maifons.  Celle  du  cacique  étoit  près  du  port, 
fort  bien  bâtie ,  avec  les  galeries  Si  un  magafin  où 
l'on  trouva  beaucoup  de  poix  &  de  cordes  faites  d'écor- 
ce  d'arbres.  Il  y  avoit  tout  proche  environ  deux  cens 
maifons  du  commun  peuple,  8c  un  temple  avec  fon 
clocher  garni  de  cloches.  Au  milieu  de  l'ifle  étoient 
deux  autres  bourgades.  Les  habitans  de  Puna  poi- 
toient  anciennement  leurs  morts  ,  dans  l'ifle  que  les 
Espagnols  appellent  de  Sainte  Claire,  qui  eft  en  pleine 
mer.  Elle  eft  déferte  ,  8c  n'a  ni  bois  ni  eau  douce. 
PUNDA.  Voyez.  Gunda. 

PUNGCIO,  montagne  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Péking ,  au  voifinage  de  la  ville  de  Nui- 
kieu.  On  y  trouve  beaucoup  defimplcs,  dont  les  mé- 
decins font  beaucoup  de  cas.*  Atlas  Sinenfis. 

PUNGLAI  ,  forterefïe  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Channton ,  au  département  de  Ningc'ing , 
première  forterefïe  de  la  province.  Elle  eft  de  3  deg. 
jo  min.  plus  orientale  que  Téking,  fous  les  37  deg. 
10  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  Sinen- 
fis. 

PUNHETE ,  bourg  de  Portugal  ,  dans  l'Eftrama- 
dure ,  au  confluent  du  Zezere  8c  du  Tage,  à  l'occi- 
dent d'Abtantes.  Ce  lieu  eft  défendu  par  un  châ- 
teau. 

PUNING ,  ville  de  la  Chine,  dans  la  province 
de  Quantung ,  au  département  de  Chaocheu ,  cinquiè- 
me métropole  de  la  province.  Elle  eft  de  o  deg.  30 
min.  plus  occidentale  que  Péking  ,  fous  les  23  deg. 
40  min.  de  latitude  feptentrionale.  *  Atlas  S'inen- 
fis. 

PUNNATA.  Voyez.  Purata. 
PUNSA  ,  ville  de  la  Libye  intérieure.  Ptolomée ,  /. 
4.  c.  6.  la  marque  fur  la  rive  méridionale  du  Niger ,  en- 
tre Tbitpœ  8c  Saluée. 

PUNTA.  Voyez.  Promontorium. 
PUNTA  DE  CARNERO ,  montagne   d'Espagne  , 
dans  l'Andaloufie ,  à  trois  lieues  de  Gibraltar ,  du  côté 
de  l'Océan.  *  Délices  de  Portugal ,  p.  476. 

PUNTA  DEL  EMPER  ADOR ,  cap  fur  la  côte  d'Es- 
pagne ,  au  royaume  de  Valence.  Entre  Dénia  8c  Altea  , 
la  terre  forme  un  cap  fort  avancé,  à  trois  lieues  de 
la  première  de  ces  places.  Les  anciens  appelloient  ce 
cap  Artemifuim ,  du  nom  de  la  ville  la  plus  célèbre 
du  voifinage.  Ils  le  nommèrent  auiïi  Tunebrium  8c 
Ferraria ,  à  caufe  des  mines  de  fer  qui  s'y  trouvoient. 
Ce  nom  d'Artemifium  lui  eft  encore  demeuré  en 
quelque  manière  ;  car  on  appelle  quelquefois  ce  cap 
Artemus  ;  d'autres  lui  donnent  le  nom  de  Cap-Mar- 
tin ;  8c  d'autres  l'appellent  Puma  del  Emperador.  * 
Déliées  d'Espagne,  p.  555. 

PUNTA  DELLA  FRASCHIA  ,  ou  Fraschea;  Ceft 
le  nom  moderne  du  promonfoireDion  des  anciens.  Voyez. 
Dion. 
PUNTA  DEL  GUDA  ,  ville  capitale  de  1  ifle  de 


PUP 


Saint  Michel  ,  l'une  des  Açores.  Il  y  a  un  château  où 
les  Portugais  entretiennent  une  garuifoii.  *  i .  Voyage 
des  Hollandois  aux  Indes  orientales  ,  p.  438. 

PUNTA  DE  H1LO  ,  ou  de  Ylo  ,  pointe  fur  la  côte 
de  la  mer  du  Sud  ,  au  1  érou  ,  dans  l'audience  de  los 
Charcas  ,  entre  la  rivière  de  Nombre  de  Dios  8c  celle 
de  Juan  de  Dias.  Le  port  ,  qui  elt  au  pied  de  cette 
pointe  du  côté  du  noid,  étoit  autrefois  le  port  de  Po- 
tofi.  Il  y  a  encore  quelques  habitations ,  Se  l'on  y  va 
toujours  chercher  de  la  farine  8c  d'autres  vivres.  * 
Voyage  d'Olivier  de  Noort,   p.  )  2. 

PUNTA  DELL\  SAlTTA,  pointe  fur  la  côte  d'I- 
talie,  dans  la  Caiabie  Ultérieure.  C'elt  la  partie  la 
plus  méridionale  de  l'Italie,  à  l'occident  de  l'embou- 
chure du  fleuve  Tuccio.  *  Magin  ,  Carte  de  la  Caiabie 
Ultérieure. 

Cluvier  croit  que  Puma  délia  Sa.ua  eft  le  cap  ap- 
pelle par  Pomponius  Mé  a  Brutium   Promtntorium. 

PUNTA  DE  SAN  SE13ASTIANO  ,  pointe  fur  la 
côte  d  Espagne  ,  dans  la  b.ue  de  Cadix. 

PUNTA  L.  (  El)  *>>•*«.  l'O  NT  AL. 

PUOLA  ,   ville  d'Italie  ,   dans  l'Iilrie.  Voyez.  Po- 

PUONCHANG,  montagne  de  la  Chine,  dans  la 
province  dïunnan  ,  au  midi  de  la  ville  de  Lingan. 
Cette  montagne  ed  très-haute.  *  Atlas  Sinen/is. 

PUONQUEN,  montagne  delà  Chine  ,  dans  la  pro- 
vince d  Iuunan  ,  au  voilînage  de  la  ville  de  Kiang- 
chuen.  Elle  elt  hériffée  de  rochers ,  &  remplie  de  ca- 
vernes. L'horreur  de  cette  folnude  n'a  pas  empêché 
qu'on  y  bâtît  un  temple  8c  un  monaltere  de  Bonzes. 
*  Atlas  Site  ri  fis. 

PUONTUM,  forterefle  de  la  Chine,  dans  la  pro- 
vince de  Chekiang  ,  au  département  de  Chinxan  , 
première  forterefle  de  la  province.  Elle  elt  plusorien- 
tale  que  Péking  de  j  deg.  6  min.  par  les  28  deg.  10 
min.de  latitude.  *  Arias  Sinenfis. 
PUPIANENSIS.  Voyez.  PuppiANENsts. 
PUPINIA ,  contrée  d'Italie,  dont  Vairon,  /.  1.  de 
'A^ricultitra ,  parle  en  ces  termes  :  la  Puptnia  neqite 
arbores  prolixas  ,  neque  vies  fer  aces  ,  neque  fl  rament  a 
erajfa  videre  poteris.  Valere  Maxime  ,  /.  4.  c  4.  qui 
appelle  ce  canton  Pupsnu  Solum  Se-  Puptnia  ,  dit  qu'il 
étoit  ftéiïle  8c  brûlant  ,  8c  que  le  bien  de  campagne 
de  Q.  Fabius  y  étoit  fitué.  fite-Live  met  Pupimenj'is 
Ager  dans  le  Latuun  -,  8c  Feltus  nous  lailTe  entrevoir 
qu'il  étoit  au  voifinage  du  Tiisculum  ;  c'elt  du  moins 
où  il  place  la  tribu  Pupiniennè,  Pupinia  Tribus. 

PUPPIANENMS  ,  fiege  épiscopal  d'Afrique  ,  félon 
la  notice  des  évéchés ,  où  Reparatus  eft  dit  Puppia- 
nenfis  episcopus.  Victor  Senex  Puppianenfis  affilia  au 
concile  de  Carthage  en  390,  Se  Gaitdiojus  epucopus 
Puppianenfis  affilia  au  concile  tenu  dans  la  même  ville 
en  525  ,  &  parmi  les  fou  c.iptions  des  évêques  delà 
province  proconfulaire  ,  qui  le  trouvèrent  au  concile 
de  Latran  fous  le  pape  Martin ,  on  voit  celle  de  Bo- 
nifacius  episcopus  fanctœ  ccclefi<&  Puppianenfis. 
PUPPINIUM.  Voyez.  Populonia. 
PUPPITANA,  ville  épiscopale  d'Afrique  ,  dans  la 
province  Proconfulaire.  Elle  elt  nommée  Putput  par 
Antonin,  Itin,  Pudput  dans  la  table  de  Peutinger  ;  Pid- 
pu  par  l'anonyme  de  Ravenne  ,  &  Pulpud  par  faint 
Cyprien  &  par  Tite-Live.  Fortunat  afllfta  au  concile 
de  Carthage  en  52;  :  il  y  eft  qualifié  episcopus  pltbis 
Puppitanœ  ;  8c  on  trouve  que  Gulofus  episcopus  Pup- 
■pitanus  fouferivit  le  premier  la  lettre  fynodale  des 
évêques  de  la  province  proconfulaire  ,  lettre  qui  fut 
lue  dans  le  concile  de  Latran.  La  conférence  de  Car- 
thage, ».  126.  nomme  Vzsmomus  episcopus  plebis  Pup- 
pitanœ. 

PUPPUT ,  Pudput  ,  Putpud.  Voyez,  l'article  pré- 
cédent. 

PUPULA  ,  pays  ou  lieu  dont  parle  Frontin ,  de 
Aquxd.  I.  1.  Voici  le  partage:  Digiti  in  Campania  ,  & 
in  plerisque  ItalU  locis  :  itncia  in  Pupula. 

PUPULUM,  ville  de  l'ifle  de  Sardaigne.  Ptolomée, 
/.  $.  c.  3.  la  marque  fur  la  côte  méridionale. 

PURA.  Arrien  ,  de  Exped.  Alex.  I.  6.  n.  ±4.  dit 
qu'on  appelloit  ainfi  le  lieu  où  étoit  bâti  le  palais  du 
roi  des  Gsdrofiens. 


PUR     1  i  3  2 


PUR  ATA  ,  ville  de  l'Inde,  en-deçà  du  Gange.  Pto- 
lomce  ,  /.  7.  c.  î.  la  place  entre  i  feudoftome  8c  le 
fleuve  Baris,  près  du  Curellur  &  d'Haloe.  Le  manu- 
ferit  de  la  bibliothèque  Palatine  porte  Punnata  ,  au  lieu 
de  Purata. 

PURCKEIM,  bourg  d'Allemagne  ,  dans  la  Bavière» 
à  l'embouchure  du  Lech  dans  le  Danube  ,  entre  Do- 
nawert  8c  Neubourg.  *  Atlas,  Robert  de  Vaugondy.  Bau- 
Urand ,   1682. 

PUREMEES  ou  Epuremées,  peuples  de  l'Amérique 
méridionale,  dans  la  Guiane,  félon  Corneille  ,  D  cl  » 
qui  ne  cire  aucun  garant.  Il  ajoute  que  ces  peuples 
haouent  fort  avant  dans  les  terres  ,  du  côté  de  la  pro- 
vince d'Apanta.  Robert  de  Vaugondy  ,  Atlas  »  ne  con- 
noit  point  ces  peuples. 

PURIFICATION  (La),  ville  de  l'Amérique  fep- 
tentrionale  ,  dans  la  Nouvelle  Espagne.  Elle  elt  fuuée 
dans  les  terres ,  8c  dans  la  province  de  Xahsco  ,  aux 
confins  du  Mechoacan  ,  presque  au  nord  de  Co- 
lima. 

PURLOCK  , bourg  d'Angleterre,  dans  la  province 
de  Sommerfet.  Il  a  droic  de  tenir  marché  public.  *  Etat 
préfent  de  la  Grande  Bretagne  ,  t.  I. 

PURMEREND,  ou  Purmerende»  Purmerenda , 
petite  ville  de  Nord-Hollande ,  au  midi  du  Beemffer, 
BlaeW  ,  Tbeatr.  Lirb.  Reg.  Foed.  &c  Janfon ,  Urbwm 
totius  Belgn  Tab.  dans  leurs  deferiptions  des  v  i  i  les  des 
Pays-Bas  ,  dilènt  que  fon  nom  vient  de  ce  qu'elle  eft 
au  bout  delà  rivière  de  Purmer  ;  &  ils  ont  été  copiés 
par  d'autres  écrivains  ;  mais  des  perfonnes  qui  connois- 
fent  tiès-bien  l'état  prélent  de  ce  pays ,  nient  l'exiltence 
de  Purmerend.  11  elt  poflîble  qu'elle  fe  perd  a  prefent 
dans  les  canaux  qu'on  a  creufes  pour  deflécher  les 
marais.  On  attribue  les  premiers  commencemens  de 
Purmerend  à  Guillaume  Eggard  ,  tiélbrier  de  Guillau- 
me le  Bavarois,  qui  lui  donna  la  feigneurie  de  Purme-1 
rend  ,  8c  y  joignit  les  deux  villages  Neek  8c  Upendam  , 
en  récompcnle  de  ce  que  ,  lorsque  ce  prince  étoit  dans 
la  disgrâce  du  vivant  de  fon  père,  Eggard  lui  avoit 
fouvent  ouvert  fa  bourfe.  Il  y  fit  bârir  un  bon  château 
vers  l'an  1410.  Jean  Eggard  ,  fon  fils,  fe  voyant  in- 
quiété par  les  guerres  civiles  ,  vendit  Purmerend 
à  Gérard  de  Zyl,  qui  le  revendit  à  Jean  ,  Burgrave  de 
Mootford.  Un  des  fucceffeurs  de  ce  dernier  ayant  eu 
part  à  une  révolte  ,  Maximilien  d'Autriche  confisqua 
Purmerend  8c  le  donna  vers  l'an  i486  ,  à  Balthalar 
de  Volckenltein  ,  l'un  de  fes  officiers;  celui-ci  le  vendit 
à  Jean  ,  comte  d'Egmond.  Cette  ville  demeura  à  cette 
famille  jusqu'à  l'année  1590 ,  que  les  états  de  Hollande 
l'achetèrent  8c  l'unirent  à  leur  domaine  ,  avec  trois 
villages  qui  en  dépendoient  alors ,  favoir ,  Purmer- 
land ,  Upendam  8c  Ncck.  ;  les  deux  premières  ont  à 
préfent  des  feigneurs  particuliers  ,  8c  il  n'y  a  que  le 
dernier  qui  appartient  encore  à  la  ville  de  Purmerend» 
*  Mêm.  partie. 

Elle  a  féance  8c  voix  dans  l'afTemblée  des  états  de 
Hollande  depuis  l'an  1572,6^  l'année  fuivante  on  l'en- 
toura de  remparts  à  l'occafion  des  guerres  contre  l'Espa- 
gne. E'.le  envoie  tous  les  trois  ans  alternativement  avec 
la  ville  de  Schoonhoven  ,  un  député  à  l'amirauté  de 
Frife.  Le  magiltrat  de  Purmerend  confifte  préfentement 
en  quatre  bourguemeflres.. .  échevins ,  un  Sihout  ou. 
Bailli,  8C  quinze  confeillers:  le  bailli  peut  être  l'un 
des  bourguemeflres  en  même  rems.  L'églife  paroifliale 
étoit  fous  1  invocation  de  faint  Nicolas  8c  de  iainte  Ca- 
therine. Lés  armes  de  cette  ville  font  de  fable  à  trois 
crochets  d'argent.  *  Janfon  ,  Uibium  totius  Belgii 
Tabula. 

PURPURARI/EINSUL/E,  iflesdeîamer  Atlanti- 
que ,  félon  Pline,  /.  6.  c.  32.  qui  les  met  à  fix  cens 
vingt-cinq  milles  au  midi  occidental  des  ifles  Fortu- 
nées. Ce  font,  dit  le  père  Hardouin  ,  les  ifles  de  Ma- 
dère 8c  de  PortoSanto. 

PUR.US,  rivière  de  l'Amérique  méridionale ,  appelîée 
autrefois  Cuchivara  ,  du  nom  d'un  village  voilîn  de 
fon  embouchure  dans  l'Amazone  ,  vers  le  fud  ,  entre 
celles  de  Coari  &  de  Madère.  Cette  rivière  n'eft  pas 
inférieure  aux  plus  grandes  qui  groflïflcnr  FAmazon?, 
De  la  Condaminc  conjecture  que  c'elt  la  même  qui  fe 


PUS 


i  ï  34 

nomme  Béni  ,  dans  le  Haut-Pérou  ,  ou  plutôt  dans  les 
millions  des  Moxes. 

ï.  PUSCHIAVO  ,  en  allemand  Pesclaf  ,  commu- 
nauté du  pays  des  Grifons,  dans  la  ligue  de  la  Cad- 
dee,  où  elle  aie  huitième  rang.  C'eit  une  belle  vallée  , 
voifine  de  celle  de  Prégel ,  ôc  qui  eft  environnée  de 
la  Valteline  de  trois  côtés.  Elle  fait  une  feule  com- 
munauté générale,  qui  comprend  deux  petites  vallées  , 
f.ivoit  celle  de  Piachiavo  ,  ôc  celle  de  Pisciadel.  Son 
terroir  efi  afiéz  fertile.  *  Etat  &  Délices  de  la  Suij/e,  t. 
4.  p.; 6. 

2.  PUSCHIAVO,  ou  Pesclaf,  Pesclavium  ,  bourg 
du  pays  des  Grifons ,  dans  la  ligue  de  la  Caddée ,  cv 
le  chef- lieu  de  la  communauté  générale  de  Puschiavo  , 
à  laquelle  il  donne  le  nom.  Ceft  un  gros  bourg  ,  bien 
peuplé,  Ôc  aflcz  agréable,  au  bord  d'une  rivière,  qui 
porte  le  même  nom  ,  ôc  près  d'un  petit  lac  qui  abonde 
en  poiflbn.  C'eft  dans  ce  lieu  que  fe  tiennent  la  régence 
ôc  la  communauté.  Le  juge ,  qu'on  nomme  Podejlà , 
décide  feul  les  affaires  civiles.  Les  appels  de  fes  juge- 
mens  fe  portent  pardcvant  cinq  juges ,  qu'on  nomme 
Alcolliteri.  Il  y  a  un  doyen  ôc  deux  orrîciaux  ,  qui  font 
les  intendans  des  finances:  Ils  font  élus  par  le  fort, 
ôc  choififfent  à  leur  tour  les  douze  confeillers  ôc  les 
cinq  Alcollateri.  Les  douze  confeillers  élifent  le  podeftà 
ôc  le  chancelier.  Ils  décident ,  fous  la  préfidence  du  po- 
deftà ,  les  affaires  criminelles  ôc  matrimoniales.  *  Etat 
&  Délices  de  la  S'iljfe  ,  t.  4.  p.  j6. 

PUSGUSA  PALUS  ,  matais  d'une  fi  grande  étendue, 
qu'il  reffemble  à  une  mer,  &  dans  lequel  il  y  a  un 
grand  nombre  d  i/les ,  félon  Oitelius,  qui  cite  Nicé- 
tas ,  ôc  juge  que  ce  marais  pouvoit  être  aux  environs 
de  la  ville  Iconium  de  Phrygie,  Il  foupçoune  même  que 
ce  pourroit  être  le  fleuve  Ascanius. 

PUSIANO  ,  petit  lac  d'Italie  ,  dans  leMilanez,  au 
territoire  de  Como ,  environ  à  fix  milles  de  la  ville 
de  ce  nom ,  en  tirant  du  côté  de  l'orient.  Ce  lac  prend 
fon  nom  du  village  de  Pufiano ,  qu'on  trouve  fur  fon 
bord  feptentrional.  Le  lac  de  Pufiano  eft  une  des  fources 
du  Lambro.  Les  anciens  ont  connu  ce  lac  fous  le  nom 
d'E  upiiis.  *  Magin ,  Carte  du  territoire  de  Co- 
mo. 

PUSIGNAN  ,  petite  ville  de  France  ,  dans  le  Dau- 
phiné  ,  élection  de  Vienne. 

PUSIO.ou  Rusium,  noms  modernes  de  l'ancienne 
Tqpiris.  VoyezToviKis. 

PUSSEY ,  bourg  de  France ,  dans  la  Beauce ,  à  qua- 
tre lieues  ou  environ  d'Etampes ,  au  fud-oueft.  Cette 
paroiflè  eft  du  diocèfe  de  Chartres ,  l'églife  eft  fous 
le  titre  de  faint  Vincent ,  à  la  préfentation  de  l'archi- 
diacre de  Chartres  i  le  village  eft  de  l'élection  de  Dour- 
dan.  Le  feigneur  de  ce  lieu  eft  tenu  en  plein  fief 
du  château  d'Etampes.  11  y  en  a  un  aveu  donné  au  roi , 
par  Guillaume  de  Longuejoue  ,  le  premier  Juillet 
148;.  *  Pcuillé  de  Chartres  ,  Hiftoire  d'Etam- 
pes. 

PUSTO  OZERO  ,  qu'on  trouve  écrit  dans  quelques 
cartes  Pustozerskoy  ,  ville  de  l'empire  Ruflien,dans 
la  province  de  Pctzora  ,  fur  la  rive  droite  du  fleuve  de 
même  nom  ,  pioche  fon  embouchure  dans  la  mer  Gla- 
ciale. Elle  eft  petite.  *  De  l'Ifle ,  Carte  de  Mosco- 
vie. 

P'UTAt ,  ville  de  la  Chine ,  dans  la  province  de 
Channton,  au  département  de  Cinan ,  première  mé- 
tropole de  la  province.  Elle  eft  d'un  deg.  30  min.  plus 
orientale  que  Péking ,  fous  les  37  deg.  32  min.  de  la- 
titude feptentrionale.  *  Atlas  S'menfis. 

PUTBUS ,  ville  d'Allemagne  ,  dans  la  Poméranie 
Suédoife ,  fur  la  côte  méridionale  de  l'ifle  de  Rugen  , 
au  fend  d'un  grand  golfe,  ôc  au  midi  de  la  ville  de 
Berghem. 

ï.  PUTEA  ,  ville  de  l'Afrique  propre  ,  félon  Pro- 
longée, /.  4.  c.  3.  qui  Ja  met  au  midi  d'Adrumcntum  , 
entre  Campfa  ôc  Cc.raga. 

2.  PUTEA,  ville"  de  Syrie,  dans  la  Palmirène , 
entre  Oriza  ôc  Adada  ,  félon  Ptolomée,  liv.  ç.  chap, 
*S- 

>  PUTEOLANA  MOLES.  Voyez  au  mot  Pont, 
l'article  Pont  de  Caligui  a.  Voyez,  auïïi  Pouzzot. 
PUTEOLI ,   ville  d'Italie,  dans  la  Campanie  Heu- 


PUT 


reufe  ,  aujourd'hui  Pozzuolo  ou  Pouzzol.  Voyez  Pouz- 
zol. Les  Grecs  nommèrent  cette  ville  AiKo.iapxî» ,  ou 
AiKoud-px*"*  »  ôc  c'eft  le  plus  ancien  nom  de  cette  ville  : 
Dic&arcbia  ,  dit  Etienne  le  géographe ,  Urbs  Itali* 
quant  Puteolos  vocan  aiunt.  Feitus  ôc  lui  rendent  raifon 
du  nom  latin  :  ils  difent  que  le  nom  de  Puteoh  vienc 
de  la  puanteur  des  eaux  chaudes ,  qui  font  aux  envi- 
rons, ab  aqiu  calidœ  ptttore.  Feitus  ajoute  pourtant 
que  ,  félon  quelques-uns,  ce  nom  a  été  occafionné  par 
la  grande  quantité  de  puits  qu'on  avoit  creufés  à  caufe 
de  ces  eaux  ,  à  multitudine  Putcorum  earitmdem  aqtta- 
rum  caujja  faélorum.  Dès  le  tems  de  la  guerre  d'An- 
nibal ,  Puieeii  étoit  une  place  forte  ,  où  les  Romains 
tenoient  une  garnifon  de  fix  mille  hommes ,  qui  refi- 
fterent  aux  efforts  d'Annibal.  Titc-Live,  /.  34.  c.  45-. 
ôc  Velleïus  Paterculus  ,  /.  1.  c.  ij.  nous  apprennent 
qu'après  que  cette  guerre  fut  finie,  les  Romains  fi- 
rent de  Putcoli  une  colonie  Romaine.  Comme  Taci- 
te ,  /.  14.  c.  27.  dit  qu'elle  acquit  le  droit  ôc  le  nom 
de  colonie  fous  l'empereur  Néron,  il  ne  faut  pas  l'en- 
tendre du  fimple  droit  de  colonie,  dont  elle  jouifToit 
il  y  avoit  déjà  long -tems,  mais  du  droit  de  colonie 
augu fte  ,  qui  étoit  plus  confidérable  que  le  premier. 
Frontin  ,  de  Colon  lis  ,  appelle  Puteoli  Colonia  Augufta 
ôc  ajoute  Auguftus  deduxit  ;  mais  peut-être,  dit  Cel- 
larius,  Géogr.  ant.  I.  i.c.  9.  faut-il  lire,  Nero  Augiw 
fius  deduxit.*  Tite-IJve ,  1.  24.  c.  13. 

PUTEUS.  Voyez  l'article  Puy. 

PUTEUS  B1TUMIN1S.  Voyez  Jiddxn. 

PUTEUS  V1VENT1S  ôc  VIDENTIS.  Voyez  au  mot 
Puy. 

i.PUTlENSIS,  fiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Numidie,  félon  la  notice  d'Afrique,  qui  fournit  Gau- 
dentius  Futicnfis.  La  conférence  de  Cartilage  fait  men- 
tion de  Félix  ,  évêque  donatifte.  *  Harduin.  Colleék 
conc. 

2.PUTIENSIS  jfiége  épiscopal  d'Afrique  ,  dans  la 
Byzacene.On  trouve  dans  la  notice  d'Afrique, Servandus 
Pwienfis  episcopus.  *  Harduin.  Collect.  conc. 

PUTIGLIANO,  petite  ville  d'Italie,  au  royaume 
de  Naples,  dans  la  terte  de  Barri.  Elle  eft  fituée  dans 
l'intérieur  du  pays ,  près  de  Lugo  Ritondo  ;  ôc  il  y  a 
un  beau  château  qui  appartient  aux  chevaliers  de  Mal- 
the.  *  Leander ,  Defc.  de  Barri ,  p.  245. 

P'UTING ,  ville  de  la  Chine  ,  dans  la  province  de 
Queicheu  ,  où  elle  a  le  rang  de  première  ville  militaire. 
Elle  eft  de  12  deg.  7  min.  plus  occidentale  que  Pé- 
king ,  fous  les  26  deg.  4  min.  de  latitude  feptentrionale. 
Cette  ville  eft  indépendante  de  toute  autre.  Elle  doit  fa 
fondation  à  la  famille  Juena,  On  prétend  qu'ancienne- 
ment une  nation  ,  appellée  Lotie»,  habita  le  territoire 
de  cette  ville.  Les  habitans  des  montagnes  du  côté  du 
midi  font  fauvages  :  ils  ne  connoiflent  ni  lettres  ni  loix  ■> 
chacun  parmi  eux  fait  tout  ce  qu'il  veut.  *  Atlas  Sinen- 

fis* 

PUTIZIENSIS ,  fiége  épiscopal  d'Afrique ,  on  ne  fait 
dans  quelle  province  5  mais  on  trouve  Florinus ,  évêque 
de  ce  lieu,  dans  la  conférence  de  Carthage.  *  Harduin. 
Colleit.  conc.  t.  1.  p.  1094. 

PUTTANS,  peuples  des  Indes  ,  qu'on  appelle  auiîî 
Bottantes.  Leur  pays  eft  fitué  près  du  royaume  de  La- 
hor ,  en  tirant  vers  le  fleuve  de  l'Inde ,  &  au  mont 
Cumae  ou  Imac.  11  a  d'un  côté  le  pays  des  Bolloches , 
ou  Bulloques  ,  voifin  de  la  ville  de  Norry  ,  ôc  de  l'autre 
la  Perfe ,  dont  il  eft  féparé  par  la  rivière ,  qui  fert  de 
limites  aux  états  du  roi  de  Perfe  ,  Ôc  du  grand  Mogol.  La 
ville  capitale  de  ce  pays  eft  Candabara  :  les  autres  font 
Dados  jVagefton  &  Langora.  Il  y  a  environ  cent  courfes 
ou  cinquante  lieues  de  pays  raboteux  ôc  plein  de  mon- 
tagnes, entre  les  villes  de  Dados  ôc  de  Vagefton.  Ces 
peuples  font  blancs,  ôc  pour  la  plupart  rouges  de  vifage. 
Leurs  cheveux  font  blonds ,  ôc  leurs  membres  renfor- 
cés. Ils  portent  la  barbe  fort  longue ,  &  font  de  moyenne 
taille.  Leurs  habits  font  des  fultanes  à  la  turque ,  fi  bien 
ajustées  au  corps ,  qu'on  n'y  voit  pas  un  feul  pli.  Us  ne  les 
quittent  ni  nuit  ni  jour  ,  jusqu'à  ce  qu'elles  foient  tout  à- 
fait  déchirées  ou  pourries.  Leurs  bonnets  font  faits  en 
forme  de  pyramide.  Ils  ne  fc  lavent  jamais  \cs  mains, 
fou5   prétexte  qu'ils  ne  doivent  pas  fouiller  de  leurs 
ordures  un  élément  aufli  pur  que  l'eau ,  Us  ne  prennent 


PUY 


PUY 


qu'une  femme  ;  Se  lorsqu'ils  en  ont  eu  deux  ou  trois  en- 
fans ,  ils  gardent  le  célibat  quoiqu'ils  demeurent  enfem- 
ble.  Quand  l'un  des  deux  meurt ,  l'autre  ne  fe  peuc  rema- 
rier. Ils  mangent  &  boivent  dans  des  crânes  ou  têtes  de 
morts ,  ôc  fe  conduifent  par  augures, ayant  des  maîtres  Se 
des  devins  expérimentés  dans  cet  art.  Lorsqu'un  de  leurs 
parens  ou  de  leurs  amis  eft  mort ,  ils  vont  demander  à 
ces  devins  ce  qu'ils  doivent  faire  de  fon  corps.  Ils  en  dis- 
pofent  enfuite  fttivant  le  confeil  qui  leur  a  été  donné  :  fi 
le  devin  trouve  à  propos  qu'ils  le  mangent ,  ils  s'en  re- 
paifient,  quoique  d'ailleurs  ils  ne  vivent  pas  de  chair  hu- 
maine. Ils  font  courageux  &  fort  portés  à  la  guerre ,  qu'ils 
font  d'ordinaire  à  pied.  Ils  fc  fervent  dans  les  combats  de 
l'arc  ou  de  l'épée.  Vers  l'an  1590,  que  Peruschi  écri- 
voit ,  ce  peuple  éroit  libre  ôc  n'obéiflbit  à  aucun  roi  ;  mais 
le  Mogol ,  s'écant  emparé  de  leur  pays  depuis  ce  tems  ,  a 
mis  un  gouverneur  à  Candabara ,  qui  tenoit  quarante 
mille  chevaux  dans  cette  province  ,  prêts  à  marcher  s'il 
y  avoir  quelque  révolte.  Les  P 'un ans  font  charitables,  & 
fort  enclins  à  fecourir  ceux  qui  font  dans  lanéceflîté.  Ils 
n'ont  point  d  idoles,  &c  ne  permettent  pas  volontiers  que 
les  Mahométans  ou  les  Maures  demeurent  dans  leurs 
pays  ;  parce  qu'ils  adorent  le  grand  Dieu  du  ciel  &  mé- 
prifent  Mahomet.  Leurs  prêtres  portent  la  haire  ou  le 
cilice  ,  avec  de  grandes  chaînes  très -pelantes ,  dont  ils  fe 
ferrent  le  ventre  ;  Se  quand  ils  veulent  prier  ils  fe  met- 
tent à  genoux  ,  ôc  fe  veautrent  dans  la  cendre.  La  rivière 
de  Salbana  ,  éloignée  de  quinze  iieues  de  la  ville  de  Lan- 
gora ,  fert  de  bornes  à  leur  pays.  C'eft  où  l'on  paye  le  péa- 
ge pour  les  chameaux.  *  Corn.  Dict.  Davity,  Etats  du 
grand  Mogol. 

Ce  récit  de  Corneille  &c  de  Davity  pouvoir  être  exact 
autrefois.  Aujourd'hui ,  du  moins  à  en  juger  par  les  cartes 
de  de  l'Ifle  ,  les  chofes  paroifient  un  peu  changées. 
On  ne  connoît  plus  les  Puttans.  Leurs  pays  eft  ce 
qu'on  appelle  Patane  ,  ou  le  royaume  de  Patan.  Voyez. 
Patan. 

PUTTE  ,  beau  village  des  Pays-Bas  >  dans  le  Bra- 
bant  Espagnol.  Il  eft  fitué  à  deux  lieues  de  Mati- 
nes. Sa  jurisdiction  eft  d'une  grande  étendue.  *  Ditl. 
Géogr.  des  Pays-Bas. 

1.  PUTTEN  ,  village  des  Pays-Bas ,  dans  le  Weluwe, 
à  deux  lieues  de  HarderW/ck.  *  Dicl.  Géographique  des 
Payf-B  is. 

2.  PUTTEN  ,  ifle  des  Pays  Bas  ,  dans  la  partie 
méridionnale  de  la  Hollande  ,  entre  les  ifles  de 
Beyerland  ôc  de  Voorn.  *  Dictionnaire  Géog.  des  Pays- 
Bas. 

PUTUM  AYO  ,  ou  Iza  ,  rivière  de  l'Amérique  méri- 
dionale ,  dans  la  province  de  Popayan.  Elle  a  fa  fource 
dans  les  montagnes  de  la  Cordelière  ,  aflez  près  de 
la  ville  de  Pafto.  Sa  navigation  eft  confidérable  ,  à 
caufe  du  grand  nombre  de  nations  qu'elle  arrofe  ,  Se 
des  diverses  rivières  qui  mêlent  leurs  eaux  avec  les 
fiennes.  Elle  pafle  fous  la  ligne  beaucoup  au -defllis 
de  la  moitié  de  fon  cours  ,  ôc  rend  fertiles  quantité 
de  grandes  campagnes  ,  dans  un  espace  de  plus  de 
trois  cens  cinquante  lieues.  Son  embouchure  dans 
la  grande  rivière  des  Amazones  ,  eft  à  quatre  cens 
cinquante  trois  lieues  des  fources  de  ce  fleuve,  au 
côté  du  nord,  à  deux  deg.  30  min.  de  latitude  mé- 
ridionale. *  Corn.  Dict.  Le  Comte  de  Pagan ,  Relat.  du 
fleuve  des  Amazones. 

1.  PUY,  ou  Puits  ,  mot  françois ,  qui  fignifïe  un 
trou  profond  ereufé  de  main  d'hommes  ,  Ôc  ordi- 
nairement revêtu  de  pierre ,  pour  avoir  de  l'eau.  Ce 
mot  vient  du  latin  Puteus  ,  ôc  il  répond  au  Poz.z.0 
des  Italiens,  ôc  au  Pozo  des  Espagnols. 

On  appelle  Pu  y- Commun  celui  qui  eft  dans 
une  rue,  ou  dans  une  place,  pour  la  commodité  du 
public. 

Le  Puy  -  Perdu  eft  un  puits  qui  ne  retient  pas 
fon  eau  ,  tant  il  a  le  fond  d'un  fable  mouvant.  Il 
n'a  pas  ordinairement  deux  pieds  d'eau  pendant 
l'été. 

On  rapporte  qu'il  y  a  une  province  de  la  Chi- 
ne,  où  il  fe  ttouve  des  puits  de  feu  ,  comme  nous 
en  avons  d'eau.  On  met  des  vaifleaux  fur  leur  ou- 
verture ,    pour  y  faire  cuire  tout  ce  qu'on  veut. 

Oa  appelle  Puy  l'ouverture  d'une  mine  ,  Se  Puj 


I  13^ 

de  Carrière ,  une  ouverture  ronde  &  creufée  à  plomb  , 
par  laquelle  on  tire  les  pierres  d'une  carrière  avec 
une  roue.  Elle  doit  avoir  douze  à  quinze  pieds 
de  diamètre ,  Se  l'on  y  descend  par  un  escalier. 

Le    nom  de    Puy    fe  donne   à  certaines   grandes 
protondeurs ,  qui  fe  trouvenc  à  la  mer  dans  un  fond 


uni. 


Il  eft  fouvent  parlé  de  Puy  dans  l'écriture  fain- 
te,  Ôc  fous  ce  nom,  dit  dom  Calmet ,  Ditl.  on  en- 
tend quelquefois  des  fontaines  dont  la  fource  fortoit 
de  terre  ,  ôc  bouillonnoit  comme  du  fond  d'un  puits. 
Tel  eft  ce  puits  dont  parle  l'époufe  du  Cantique  des 
Cantiques,  c.  4  15.  Puteus  aquarum  vïvenûum 
qu£  fliiunt  impetu  de  Libano.  On  montre  à  une  lieue 
de  Tyr  un  puits  d'eau  vive  ,  que  l'on  prétend  être 
celui  dont  parle  ici  l'époufe.  Le  Puy  de  Jacob, près 
de  Sichem ,  eft  auflî  quelquefois  appelle  la  Fontaine 
de  Jacob.  *  Jean.  4.  6. 

Il  y  a  voit  autrefois  dans  la  plaine  de  Sodome,  c'eft-à- 
dire ,  dans  la  plaine  qu'occupe  à  préfent  le  lac  de  So- 
dome ,  quantité  de  Puits  de  Bitume  ,  d'où  l'on  tiroir  le 
bitume  qui  fe  trouve  à  préfent  dans  les  eaux  même  du 
lac  Asphaltire.  *  Genef.  14,  10. 

Moïfe  parle  auflî  du  Puy  du  Vivant  ôc  du  Voyant  > 
qui  eft  entre  Cadès  ôc  Barad  ,  ôc  que  l'ange  montra  à 
Agardansle  défert,  pour  desaltérer  fon  fils  Isma'el,  qui 
étoit  en  danger  de  mourir  de  foif.  Dans  ce  pays  où  l'eau 
eft  très- rare ,  on  cache  les  puits  en  couvrant  leur  bouche 
avec  du  fable  ,  afin  que  les  étrangers  ne  les  voient  point, 
ôc  n'en  tirent  point  d'eau.  Quelquefois  il  fe  donne  de 
grofles  batailles  entre  les  pafteurs  &  les  gens  de  la  cam- 
pagne pour  un  puits.  Voyez,  dans  la  Genèfe  les  disputes 
qu'il  y  eut  entre  les  gens  d'Abimelech,  roi  de  Gerare,& 
ceuxd'Ifaac,  pour  des  puits.  *  Genef.  16,  13.  Genef.  16 , 
1  5  ,  20  ,  2 1 ,  32.  Origen.  I.  3.  contra  Celfum.  Eufeb.  aâ 
vocem  <ppiap. 

On  montre  aux  voyageurs  des  puits  d'une  ftructure 
admirable  à  Ascalon,  ëc  que  l'on  prétend  avoit  été  bâtis 
par  Abraham  ôc  Ifaac.  Et  le  puy  de  Jacob  près  de  la 
ville  de  Sichem ,  où  Notre-Seigneur  eut  un  entretien  avec 
la  Samaritaine.  On  bâtit  dans  la  fuite  une  églife  fur  cet- 
te fontaine ,  ôc  S.  Jérôme  en  patle  dans  fa  lettre  in- 
titulée l'épitaphe  de  fainte  Paule.  Antonin,  martyr,  la 
vit  encore  au  fixiéme  fiécle  ;  Adamnanus.au  fepciéme, 
&  S.  Villibaldc,au  huitième  fiécle.  *  Antonin.  Martyr. 
Itincr.  Vide  Reland.  I.  3.  PaUft.  p.  ^89.  1007.  ôc 
1008. 

Les  Hébreux  appellent  un  puits  Béer,  d'où  vient  que 
ce  nom  fe  trouve  aflez  fouvent  dans  la  compofition  des 
noms  propres  :  par  exemple  dans  Beer-Sabé ,  dans  Bec- 
roth-Bene-Jacan  ,  Beeroth  ,  Béera  ,  Se  autres. 

2.  PUY  ,  ville  de  France,  dans  le  Languedoc,  ôc  la 
capitale  du  Velay.  Elle  eft  iîtuée  près  de  la  Borne  ôc  dr  la 
Loire ,  fur  la  montagne  d'Ams  ,  d'où  elle  a  ptis  les  n<  ms 
à'Anicium  ôc  de  Podium  ;  car  le  mot  Pttig  ou  /'  ech 
lignifie,  en  langue  aquitanique,  une  montagne.  Vyez. 
Ruessium.  Le  Puy  eft  aujourd'hui  une  ville  confidérable, 
ôc  auflî  peuplée  qu'aucune  autre  du  Languedoc  .excepté 
Touloufe.  L'églife  cathédrale  eft  renommée  par  la  dé- 
votion à  la  Vierge.  Elle  conferve  quantité  de  reliques 
ôc  d'ornemens  magnifiques.  Il  a  dans  la  ville  plufieurs 
maifons  religieufes  de  l'un  Se  de  l'autre  fexe.  On  trouve 
hors  de  la  porte  de  S.  Géron  la  prairie  du  Breuil  , 
qui  eft  la  plus  belle  promenade  de  la  ville  *  Lon* 
guérite,  Description  de  la  France  ,  part.  I,  p.  277. 
Piganiol  ,    Description  de  la  France  ,    tom.  4.  pag4 

4°7\ 

L'évêché  du  Puy  ,  fi  l'on  en  veut  croire  la  tradi- 
tion ,  reconnok  faint  Geotge  pour  fon  premier  évê- 
que.  On  dit  qu'il  fur  envoyé  par  faint  Pierre,  avec  faint 
Front ,  premier  évêque  de  Périgueux.  On  prétend  que 
Raoul  ,  roi  de  France  ,  donna  à  l'évêque  du  Puy  la 
feigneurie  de  cette  ville  en  923.  D'autres  difent  que 
cette  donation  fut  faite  par  Louis  le  Gros  en  11 34.  Le 
Velay  ayant  été  atribué  à  la  première  Aquitaine ,  les 
évêques  ont  toujours  reconnu  l'archevêque  de  Bourges 
pour  leur  métropolitain,  jusqu'au  milieu  du  onzième 
fiécle  ,  que  le  pape  Léon  IX  »  voulant  favorifer  Etienne 
de  Met-cœur ,  évêque  d'Anis ,  Se  neveu  de  faint  Qdilon  . 
abbé  de  Clngny, exempta  l'évêque  du  Puy  de  la  fourni  (fion 


î  i  ao 


^ 


PUY 


au  métropolitain  de  Bourges ,  L'affujeuir  immédiatement 
au  fiege  de  Rome  ,  Ôc  donna  même  a  1  évéque  Etien- 
ne le  jfallium,  dont  lesévêques  du  Puy  ne  jouilient  plus, 
il  eft  fuffragant  de  Bourges.  Jean  de  Cumenis ,  éyêque 
du  Puy,  appeïla  en  1304,  le  toi  Philippe  le  Bel  en 
pariage  de  la  feigneu lie  de  cette  ville.  La  transaction  , 
pafiée  entre  ce  ro;-  Ôc  l'évêque  ,  contient  les  caufes  de 
cette  affociation.  Le  pape  Clément  IV  ,  avoit  été  évé- 
que du  Puy.  L'évêché  vaut  26000  liv.  ôc  n'a  que  cent 
vingt-neuf  paroifïes.  Le  diocèfc  eft  renfermé  dans  une 
petite  contrée  appeliée  le  Vf.lay.  Voyez,  ce  mot.  Le 
Chapitre  de  la  cathédrale  eft  compofé  d'un  prévôt ,  d'un 
chantre  ,  d'un  rréforier ,  d'un  facriftain,  de  l'abbé  de 
Saint  Pierre ,  ôc  de  quarante-trois  chanoines.  *  Figa- 
fliol ,  Defc.  de  la  Fiance  ,  t.  4.  p.  258. 

La  fénéchauffée  du  Puy  a  été  érigée  en  préfidial 
par  édit  du  mois  d'Octobre  1689,  ôc  l'on  y  a  incor- 
poré les  deux  bailliages  du  Puy  &  de  Montfaucon. 
Le  fénéchal  eit  dépée.  La  juftice  fe  rend  en  fonnom, 
&  il  a  droit  de  préfider  à  la  fénéchauffée  ôc  au  pré- 
fidial fans  voix  délibérative.  Il  jouit  de  232  liv.  10 
fols  de  gages ,  qui  font  payés  fur  la  recette  générale 
des  finances.  Il  y  a  encore  au  Puy  une  cour  commune, 
qui  eft  en  pariage  entre  le  roi  ôc  l'évêque. 

3.  PUY  ,  bourg  de  France  ,  dans  la  Gascogne,  éle- 
ction des  Lannes. 

4.  PUY  ,  bourg  de  France,  dans  le  Bas-Armagnac , 
élection  de  Lomagne. 

PUY  EN  ANJOU.  Voyez,  plus  bas  Pur  Notre- 
Dame. 

PUY  BELIARD  ,  lieu  de  France ,  dans  le  Poitou , 
éleétion  de  Fontenay.  C'eft  un  entrepôt  pour  le  com- 
merce du  fel ,  qui  vient  des  marais  falans  d'Olonne  , 
Jars  ôc  autres  lieux. 

PUY  BRISSON  ,  lieu  de  France,  dans  la  Proven- 
ce au  diocèfe  de  Frejus.  Il  y  a  aux  environs  plu- 
fieiïrs  bois  taillis,  où  l'on  a  établi  une  verrerie.  Ce 
lieu  eft  presque  tout  détruit  à  préfent. 

PUY  BRUN  ,  bourg  de  France  ,  dans  le  Haut- 
Quercy  ,  élection  de  Figeac ,  fur  la  Dordogne  ,  un 
peu  au  -  defius  de  l'endroit  où  elle  reçoit  la  rivière 
de  Sere.  Il  y  a  dans  ce  bourg  un  prieuré  de  ijeo 
livres  de  rente.  *  Atlas ,  Robert  de  Vaugondy. 

PUY  CASQUIER,  ville  de  France,  dans  la  Gas- 
cogne, au  comté  d'Armagnac,  félon  Corneille ,  Dicl. 
qui  cite  Davity.  Ou  cette  prétendue  ville  a  un  autre 
nom  ,  on  ce  n'eft  pas  même  un  village  ;  car  ce  nom 
ne  fe  trouve  point  fur  la  carte  de  l'Armagnac,  par 
de  l'Ifle  ,  quelque  détaillée  qu'elle  foit.  Les  autres  in- 
dications que  nous  donne  Corneille  ne  nous  avancent 
pas  beaucoup.  Il  dit  que  Puy  Casquier  appartient  à 
Mauvefin  ,  ville  principale  de  la  vicomte  de  Fezcn- 
fagues.  Mais  on  fait  que  Mauvefin  eft  un  méchant 
boutg ,  ôc  que  bien  loin  d'être  la  ville  principale  de 
la  vicomte  de  Fezenfagues,  il  ne  fe  trouve  feulement 
pas  dans  l'étendue  de  cette  vicomte  ,  ou  plutôt  de  ce 
comré. 

PUY  DE  DOME  ,  montagne  de  France,  en  Auver- 
gne ,  en  latin  Mans  -  Dominant.  C'eft  la  plus  haute  mon- 
tagne de  la  province  .  ôc  celle  fur  laquelle  M.  Pascal  fit 
fes  expériences  fur  la  pefanteur  de  l'air.  Elle  a  huit  cens 
dix  toi  fes  d'élévation  fur  la  fur  fa  ce  de  la  terre  ,  ôc  l'on  y 
trouve  des  plantes  très-curieufes.  *  Figaniol,  Defc.  de  la 
France  ,  t.  6.  p.  281. 

PUY  L'EVESQUE  ,  petite  ville  de  France ,  dans  le 
Quercy  ,  élection  de  Cahots. 

PUY  FERRAND,  Podium  Ferrandi,  abbaye  d'hom- 
mes ,  en  France  ,  de  l'ordre  de  faint  Augultin  ,  dans  le 
Berry,au  diocèfe  de  Bourges ,  archidiaconé  de  la  Châtre, 
fur  l'Arnon,  entre  le  Châtelet  au  nord,  ôc  le  Château- 
meillan  au  midi ,  fondée  par  un  feigneur  de  Château- 
roux  ,  mais  on  ignore  quelle  année.  L'abbé  jouitde  2000 
livres. 

I  UY  DE  FROTE' ,  autrement  Pur  Frais  ,  puits  fin- 
gulicr  en  France  ,  dans  la  Franche-Cormé  ,  près  du  vil- 
lage de  Froté  ,  à  une  lieue  de  Vefoul.  Sa  largeur  d'en- 
haut  eft  d'environ  quinze  toifes ,  fur  vingt  de  profon- 
deur. Dans  le  fond  il  ell  fort  rétréci  ,  &  on  y  trouve  une 
petite  fontaine  dans  une  fente  de  rocher.  Lorsqu'il  a  plu 
deux  jours  de  fuite  ,  on  voit  monter  l'eau  ,  remplir  ce 


puits,  s'élever  quatre  ou  cinq  toifes  au  dciïus  >  cV comme 
une  montagne  d'eau  ,  venir  fe  répandre  dans  les  campa- 
gnes voifines ,  qui  en  font  inondées.  Ce  regorgement 
d  eau  fauva  la  ville  de  Vefoui  du  pillage  de  1  armée  du 
baron  Polvilliers ,  lorsque  revenant  de  Brefie,  il  l'aiîiégea 
en  1 S 57'  Le  Puy  de  Froté  commença  le  15  de  Novem- 
bre à  vomir  tant  d'eau  ,  quoiqu'il  n'eût  plu  que  vingt- 
quatre  heures  ,  qu'en  moins  de  cinq  ou  fix  heures  de 
tems  toute  la  campagne  ,  qui  eit  aux  environs  de  la  ville 
de  Vefoul ,  en  fut  inondée.  Les  afliégeans ,  croyant  pour 
lors  que  les  afTiégés  avoient  quelque  grand  réfervoir 
d'eau,  par  le  moyen  duquel  ils  alloient  fubmerger  l'ar- 
mée ,  gagnèrent  les  montagnes  avec  tant  de  hâte  &  tant 
de  frayeur,  qu'ils  abandonnèrent  non  feulement  leur 
artillerie,  mais  encore  leurs  flacons  ôc  leurs  barils,  chofe 
remarquable  dans  les  Allemands.  Cette  hiftoire  eft  très- 
infidèlement  rapportée  par  Corneille  à  l'article  de  Ve- 
scul.  *  Figaniol ,  Defc.  de  la  France,  t.  7.  p.  478. 

PUY  DE  LA  GARDE ,  bourg  Ôc  maifon  d'Augu- 
ftins ,  en  France ,  dans  l'Anjou  ,  élection  de  Montreuil- 
Bellay.  C'eft  un  pèlerinage  de  grande  réputation  dans 
ces  quartiers-là.  On  y  voit  un  grand  concours  de  peuple, 
qui  y  eft  attiré  par  la  dévotion  des  gens  du  pays  pour  une 
image  de  Notre-Dame.  Cette  dévotion  eft  établie  depuis 
long-tems  dans  ce  lieu. 

PUY  GAILLARD,  bourg  de  France,dans  le  Quercy, 
élection  de  Montauban. 

PUY  DE  LA  GARDE  VIALARS,  ville  de  France, 
dans  le  Quercy  ,  élection  de  Montauban. 

PUY  DE  CONAGOBI,  bourg  de-France  ,  dans  la 
Provence.  Il  y  a  un  prieuré  conventuel  de  l'otdre  de 
Clugny. 

PUY  GUILLAUME  ,  bourg  de  France ,  dans  la 
Baffe-Auvergne  ,  près  du  confluent  de  la  Dore  Ôc  de 
l'Allier.  11  dépend  de  la  paroiffe  de  Saint  Hilaire,  ôc  eft 
fituc  partie  en  plaines,  parrie  en  montagnes ,  proche  de 
la  rivière  de  Dore.  Les  terres  rapportent  de  bons  grains, 
ôc  beaucoup  de  voituriers  par  eau  y  conduifent  différen- 
tes marchandifes. 

PUY  JAUDRAN  ,  bourg  de  France ,  dans  le  Bas- 
Armagnac  ,  élection  de  Lomagne. 

PUY  LA  ROQUE,  petite  ville  de  France ,  dans  le 
Quercy  ,  éleétion  de  Montauban. 

PUY  LAURENS ,  petite  ville  de  France ,  dans  le 
Lauraguais  ,  du  diocèfe  de  Lavaur.  Cette  ville  a  eu  au- 
trefois fes  feigneurs  particuliers ,  qui  relevoient  des 
comtes  de  Toutoufe,  &  tenoient  leur  parti.  Pierre  des 
Vaux  de  Cernay  fait  mention  de  cette  place  ,  qui  avoit 
le  titre  de  Château  noble,  nobile  Caftrum  ,  durant  la 
guerre  des  Albigeois.  Elle  avoit  dans  ce  tcms-là  un  fei- 
gneur, nommé  Sicard  ,  qui  avoit  deux  fils ,  lfarn  &  Jour- 
dain ,  qui  donnèrent  en  123 1  la  moitié  de  la  ville  ,  du 
château  ôc  de  la  feigneur ie  de  Puy  Laurcns ,  à  Raymond 
le  Jeune,  comte  de  Touloufe,  ôc  ils  lui  firent  en  1237 
hommage  de  la  part  qui  leur  reftoit.  Cette  ville  fut  éri- 
gée en  duché  fous  le  Roi  Louis  XIII ,  en  faveur  de  la 
nièce  du  cardinal  de  Richelieu.  Les  Calviniftes  en  ont  été 
long-tems  les  maîtres  :  ils  y  avoient  érigé  une  académie  , 
qui  a  fubfifté  jusqu'à  la  révocation  de  Ledit  de  Nantes. 
*  Longueru c  ,  Defc.  de  la  France,  part.  1.  p.  23  3. 

PUY  MAGO  ■  bourg  d'Espagne  ,  dans  l'Andaloufie  , 
fur  les  confins  du  Portugal,  ôc  dans  la  petite  contrée 
d'Andevallo.  *  Atlas  ,  Robert  de  Vaugondy. 

FUY  MAURIN  ,  bourg  de  France,  dans  le  comté  de 
Comminges.  Il  y  a  une  juftice  royale. 

PUY  MOISSON  ,  Caftrum  de  Fodio  Moijforio  , 
commenderie  de  l'ordre  de  Malte ,  en  France ,  dans 
la  Provence  ,  au  diocèfe  de  Riez.  Elle  fut  donnée  à 
l'ordre  en  1  ifo  ,  par  Raymond  de  Bélanger,  comte  de 
Barcelone  ôc  de  Provence.  Ce  lieu  eft  la  patrie  de  Guil- 
laume Durand. 

PUY  NOTRE-DAME,  ou  Puy  en  Anjou,  petite 
ville  de  France,  en  Anjou, éleétion  de  Monttcuil  Bellai, 
environ  à  une  lieue  de  Montreuil  Bellai ,  en  tirant  vers 
l'occident  méridional.  Elle  appartient  au  comte  de  Ga~ 
ravas  Gouffier.  11  n'y  a  rien  de  remarquable  dans  cette 
petite  ville  qu'une  églife,  bâtie  par  Guillaume  ,  duc  d'A- 
quitaine ,  &  dans  laquelle  Louis  XI  fonda  un  chapitre, 
compofé  d'un  doyen  ôc  de  douze  chanoines,  qui  ont 
chacun  deux  cens  livres,  ôc  de  douze  femiprébendes ,  de 

cent 


PUY 


cent  livres  chacune.  11  y  a  de  plus  dans  cette  ville  un 
prieuré  fimple  ,  de  Cix  cens  livres  de  revenu  ,  ôc  un  cou- 
vent de  filles  Cordelières.  *  Piganiol,  Defc.  de  la  France, 
tom.  3.  p.  291. 

PUY  D'ORBE  ,  abbaye  de  France ,  au  dioccfe  de 
Langres  >  à  cinq  lieues  de  Chàtillon  fur  Seine ,  vers  le 
couchant  d'hiver  ,  ôc  à  deux  ou  environ  de  Mombard  , 
vers  le  nord.  C'eft  une  abbaye  de  filles  ,  de  l'ordre  de 
faint  Benoît ,  fondée  par  Raynard  ,  feigneur  de  Mont- 
bard  ,  ôc  dont  la  fondation  fut  confirmée  par  Guilene, 
évêque  de  Langres  ,  l'an  1 1  29.  Ce  prélat  fit  alors  la  dé- 
dicace de  l'églife.  La  première  abbeiïe  fut  une  nommée 
Agnès.  L  acte  de  ce  rems-là  déclare  ce  monallere  fitué 
in  ta  mono  Reomaenfi.  Le  père  Vignier  ,  Jéfuite  ,  a  cru 
qu'il  avoir  d'abord  été  fondé  dès  le  huitième  fiécle.  Quoi 
qu'il  en  foit ,  c'eft  une  rrïaifon  où  faint  François  de  Sales 
vint  fou  vent  :  on  monrre  encore  aujourd'hui  fa  chaire, 
fon  confeffionnal ,  plufieurs  chofes  qui  ontétéà  fonufage, 
&  d'autres  originaux.  Aux  follickations  de  ce  faint  éve- 
que ,  ces  religieufes  fe  transportèrent  à  Chàtillon  fur 
Seine.  Elles  y  admirent  depuis  la  réforme  ,  par  les  foins 
de  la  reine  mère  Anne  d'Autriche  ,  qui  y  envoya  trois 
religienfes  du  Val  de  Grâce.  La  reine  avoit  commencé 
à  les  bâtir  -,  mais  elle  ne  vécur  pas  affez  long-tems  pour 
leur  faire  tour  le  bien  qu'elle  s'étoit  propofé.  Dom  Mar- 
tene  raconte  ,  dans  fon  premier  voyage  littéraire,  plu- 
fieurs événemens  miraculeux  arrivés  en  ce  lieu ,  concer- 
nant faint  François  de  Sales. 

PUY  D'OKNANS  ,  puy  fingulier ,  en  France  ,  dans 
la  Franche-Comré  ,  près  d'Ornans.  Il  croît  tellement 
aux  grandes  plaies ,  que  ,  quoiqu'il  foir  très-profond  , 
il  regorge  d'une  manière  prodigiaife ,  ôc  jette  une  fi 
grande  quantité  d'ambre  ,  qu'elle  empoifonne  la 
rivière  de  Louve.  *  Piganiol ,  Defc.  de  la  France  ,  t.  7. 
p.  478. 

PUY  PEROUX  ,  bourg  de  France  ,  dans  l'Angou- 
mois    élection  de  Cognac. 

PUY  DE  PLOUGASTEL,  puy  fingulier,  en  France, 
dans  la  Bretagne.  11  eft  dans  la  cour  de  l'hôtellerie  du 
paffage  de  Plougaltcl  ,  entre  Brelt  ôc  Landernau.  L'eau 
de  ce  puy  monte  quand  la  mer ,  qui  elt  fort  proche,  des- 
cend i  Ôc  au  contraire  l'eau  descend  quand  la  mer  monte. 
M.  Robelin  ,  habile  mathématicien ,  examina  ce  pro- 
dige, ôc  en  envoya  à  l'académie  royale  des  feiences  à 
Paris  une  relation  ,  avec  une  explication  fort  fimple.  Le 
fond  du  puy  elt  un  peu  plus  haut  que  le  niveau  de  la  balle 
mer ,  en  quelque  manière  que  ce  foit  :  de  la  il  arrive  que 
l'eau  du  puy  qui  peur  s'écouler,  s'écoule  ,  &c  que  le  puy 
descend  tandis  que  la  mer  commence  à  monter ,  ce  qui 
dure  jusqu'à  ce  qu'elle  foit  arrivée  au  niveau  du  fond  du 
puy  ;  après  cela,  tant  que  la  mer  continue  à  monter  ,  le 
puy  monte  avec  elle.  Quand  la  mer  fe  retire  ,  il  y  a  en- 
core un  rems  confidéiabie  ,  pendant  lequel  un  refie  de 
l'eau  de  la  mer ,  qui  eft  entré  dans  les  terres,  les  pénètre 
lentement  -,  Ôc  tombe  fucceffivement  dans  le  puy  ,  qui 
monte  encore  ,  quoique  la  mer  descende.  Cette  eau  fe 
filtre  fi  bien  dans  les  terres  ,  qu'elle  y  perd  fa  falure. 
Quand  elle  eft  épuifée ,  le  puy  commence  à  descendre  , 
&  la  mer  achevé.  Comme  ce  puy  ,  qui  n'a  pas  été  creufé 
jusqu'à  l'eau  vive  ,  ôc  qui  n'eft  revêtu  que  d'un  mur  de 
pierre  feche  ,  reçoit  auffi  des  eaux  d'une  montagne  voi- 
fine,  quand  la  pluie  a  été  abondante ,  il  faut  avoir  égard 
aux  changemens  que  ces  eaux  peuvent  apporter  à  ce  qui 
ne  dépend  que  de  la  mer.  Elles  l'empêchent  de  tarir  en- 
tièrement en  hiver ,  quand  la  mer  eft  bue  par  une  terre 
trop  aride.  *  Hift.  de  l'académie  royale  des  feiences  , 
ann.  17 17.  p.  11. 

PUY  SALGUIER  ,  château  de  France  ,  dans  le  Bas- 
Languedoc  ,  à  deux  lieues  de  Beziers.  11  elt  fait  men- 
tion de  ce  château  dans  l'hiitoire  de  la  guerre  des  Albi- 
geois ,  par  Pierre ,  moine  des  Vaux  de  Cernay  ,  fous  le 
nom  de  Caflnim  Podii  Soriguer  in  territorio  Êuerrenfï. 

PUY  VALADOR  ,  lieu  de  France ,  dans  le  Rouffil- 
lon  ,  viguerie  de  Conflans.  C'eft  le  lieu  principal  du  pays 
de  Capfir,  qui  faifoit  autrefois  partie  de  la  Cerdaigne. 
Ce  lieu  eft  fortifié. 

PUY  DE  VESSON  ,  bois  de  France  ,  dans  la  Bour- 
gogne ,  châtellenie  de  Vergy  ,  maîtrife  des  eaux  ôc  forêts 
de  Dijon.  11  contient  cinq  cens  quatre-vingt-neuf  arpens 
trois  quarts. 


PYG       #137 

PUYCERDA  ,  Puteus  ,  ou  Pvdius-Ctretanus , 
ville  d'Espagne  ,  le  long  des  Pyrénées  ,  dans  la  Cer- 
daigne ,  entre  le  Carol  ôc  la  Segre.  C'eft  une  grande 
ville  fituée  dans  une  belle  plaine ,  au  pied  des  mon- 
tagnes ,  fermée  de  bonnes  murailles,  très-bien  forti 
fiée  a  la  moderne ,  ôc  habitée  par  des  gens  qui  paflent 
pour  de  forts  ôc  de  vaillans  hommes.  On  a  fait  encore  ait 
dehors  quelques  ouvrages  avancés ,  comme  un  ouvrage  à 
corne ,  &  un  autre  à  couronne,  pour  la  mettre  en  meil- 
leur état  de  défenfe.  Le  terroir  des  environs  ett  fertile  en 
fruics  :  la  chaffe  y  elt  abondante,  &  l'on  y  prend  entre 
autres  des  perdrix  blanches  très  -délicates.  On  y  voit 
diverfes  fortes  d'herbes  médicinales  ,  ôc  deux  fources 
d'eau  minérale ,  l'une  froide ,  ôc  l'autre  chaude. *  Délices 
d'Espagne. 

PUZANE ,  lieu  fortifié  aux  environs  de  Conltantino* 
pie,  à  ce  qu'il  paroît  par  l'hifloire  Miscellance, /.  12» 
que  cite  Ortelius,  ïbçfœitr. 

P  Y. 

PYCATA  ,  nom  d'un  lieu  dont  Strabon,/.  1  3. p. 5  88. 
Fait  mention.  Il  devoir  être  dans  la  Troade  ;  mais  les 
commentateurs  de  Strabon  foupçonnent  qu'il  pourroic 
y  avoir  faute  dans  cet  endroit. 

PICNA  ,  lieu  quelque  part  dans  la  Grèce.  C'eft 
Thucydide  ,  /.  8.  p.  6  2;.  qui  en  parle  dans  fon  huitième 
livre.  Quelques-uns  ont  voulu  lire  Pnix  ,  ou  Pnycb 
pour  Pycna  ,  ôç  Ortelius ,  Thefaur.  approuve  cette 
leçon. 

PYCNUS  ,  fleuve  de  l'ifle  de  Crète  :  Ptolomée  ,1.$. 
c.  17.  place  fon  embouchure  fur  la  côte  feptenuionalc  » 
entre  Mlnoa  ôc  Cydonis. 

PYDARAS  :  Pline,  /.  4.  c.  11.  dit  qu'on  donnoic 
quelquefois  ce  nom  au  fleuve  Athvras.  Voyez  Athyras* 

PYDES  ,  ville  ôc  fleuve  de  laPifidie ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

PYDIUS  ,  fleuve  de  la  Troade ,  à  ce  qu'il  paroît  par 
un  paffage  de  Thucydide  ,  /.  8.  p.  629. 

1 .  PYDN  A ,  ville  de  Macédoine,  dans  la  Pierie ,  félon 
Ptolomée,  L%.  c..i$,  &  Etienne  le  géographe  qui  dit 
qu'on  la  nommoit  auffi  Cydna.  Cette  ville  étoit  fur  la 
côte  du  golfe  Thermaus ,  à  quelques  milles  au  nord  de 
l'embouchure  de  l'Aliacrrton.  Ce  fut  auprès  de  cette  ville 
que  les  Romains  gagnèrent  fur  Perfée  la  bataille  qui  mis 
fin  au  royaume  de  Macédoine. Diodore  de  Sicile,/.  19, 
f.44.Tite-Live,  /.  44.  <r.  43.  &  Jullin  ,  /.  14.  c.  6.  font 
auffi  mention  de  cette  ville.  Les  habitans  font  nommés 
ilt/cTjDaîo/  par  Etienne  le  géographe ,  ôc  Pydnan  par1 
Tite-Live  ,  /.  44.  c.  4;.  *  Strabo  ,  excerp.  1.  7.  Son  nom 
moderne  eft  Chitro.  Strabon  appelle  cette  ville  Cithron, 
nom  approchant  du  moderne. 

2.  PYDN  A,  ville  des  Rhodiens,  Félon  Strabon,  /.ioa 
p.  472. 

3.  PYDNA,  montagne  de  l'ifle  de  Crète.  C'ert  Stra- 
bon ,  /.  10.  p.  472.  qui  en  fait  mention. 

4.  PYDNA,  ou  Pytna  ,  ville  ôc  colline  de  Phrygie  ;. 
Strabon,  /.  io.p.472.1esplaceauvoifinagedumonthii. 

PYENIS  ,  ville  de  la  Colchide,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. 

PYGELA  ,  ville  de  l'Afîc  mineure  ,  dans  l'Ionie. 
Stiabon  dit  que  c'étoit  une  petite  ville  où  il  y  avoir  un 
temple  de  Dianc-Munychicnne.  Etienne  le  géographe  lie 
auffi  niytXa.  ,  Pygela  ;  mais  Pomponius  Mêla,  /.  \4 
c.  17.  ôc  Pline  ,  /.  ;.  c.  29.  écrivent  Phygela  ,  ôc  déri- 
vent ce  mot  du  grec  4>t;>>7  ,  qui  lignifie  fuite ,  comme  fi 
elle  avoit  été  bâtie  par  des  gens  fugitifs.  Strabon  ,  /.  14. 
p.  539,  néanmoins  donne  à  cette  ville  une  autre  origine. 
Selon  Suidas,  Pygela  étoit  fur  la  côte  ôc  dans  le  lieu  oà 
l'on  s'embarquoit  pour  palier  dans  l'ifle  de  Crète;  mais 
au  lieu  de  Pygela,  décrit  Phygella. 

PYGME'ES,  peuples  fabuleux  :  les  anciens  ont  fuppofé 
qu'ils  habitoient  différens  endroits  de  la  terre,  &  qu'ils* 
n'avoient  pas  plus  d'une  coudée  de  hauteur,  lis  en  ont 
mis  dans  l'Inde,  dans  l'Ethiopie  &  à  l'extrémité  de  la 
Scythic.  Cette  fable  fubfilte  encore  préfentement.  Com- 
bien de  gens  mettent  des  Pigmées  dans  les  parties  les  plus 
feptentrionales  de  la  terre?  Cependant  il  n'eft  pas  plus 
poffible  de  trouver  des  nations  entières  de  Pygmées  ,  que 
d'eu  trouver  qui  ne  foient  compofées  que  de  Géa.us  H 
Tom>  IV*  E  e  e  e  e  e  e 


iî58       PYL 


PYN 


efi  vrai  que  la  plupart  cks  nations  qui  habitent  les  terres 
arctiques,  comme  les  Lapons  8c  les  Samoyedes ,  font 
d'une  petite  taille  ;  ce  qui  provient  du  froid  exceffif  8c  de 
la  qualité  des  alimens, comme  je  l'ai  remarqué  à  l'article 
Laponie.  Voyez  ce  mot.  Mais  ces  peuples  ont  commu- 
nément trois  coudées  de  hauteur  ,  8c  quelquefois  davan- 
tage. On  en  a  vu  même  qui  avoient  jusqu'à  quatre  cou- 
dées ,  &  qui  égaloient  ainfi  la  raille  commune  des  autres 
hommes. 

Bien  des  anciens  n'ont  pas  ajouté  foi  aux  Pygmées. 
Pline,  /.  6  c.  30.  dit  Amplement  que  quelques-uns 
avoient  rapporté  que  la  nation  des  Pygmées  habitoit  dans 
les  marais  où  le  Nil  prenoir  fa  fource  ;  &  Strabon ,  /.  17. 
les  regarde  abfoluincnt  comme  un  peuple  imaginaire. 
Cependant  il  femble  qu'il  eft  parlé  des  Pygmées  dans  le 
texte  latin  d'Ezéchiel ,  c.  zj.v.  11.  8c  même  le  terme 
hébreu  Gamadim  a  quelque  rapport  à  Pygm&i ,  puisqu'à 
la  lettre  il  peut  lignifier  des  hommes  d'une  coudée.  Mais , 
comme  le  remarque  Dom  Calmet ,  Dict.  qu'au roient fait 
des  Pygmées  fur  les  murailles  deTyr, pour  les  défendre  ;  car 
c'eft  là  où  Ezéchiel  les  place ,  comme  de  bons  guerriers  ? 
Les  Septante  ont  rendu  Gamadim  par  des  G unies,  comme 
s'ils  avoient  lu  Somerim.  Symmaque  a  mis  les  Medes  , 
comme  ayant  lu  Gam-Madaï,  &les  Medes;  le  Chaldéen 
lit  les  C'ppadociens.  On  pourroit ,  par  un  léger  change- 
ment ,  lire  Gomerïm  au  lieu  de  Gamadim.  Or  les  Gorne- 
rims  font  fort  connus  dans  la  Genèfe  parmi  les  enfans  de 
Japher  ,  8c  dans  Ezéchiel  ,  qui  en  parle  comme  d'un 
peuple  belliqueux.  Pline  ,  /.  2.  c.  91.  fait  mention  d'une 
ville  de  Phénicie.  nommée  Gamade  ;  à  moins  qu'il  n'y  ait 
faute  dans  fon  texte ,  8c  que  Gamade  n'y  foie  mile  pour 
Gam  île. 

PYL  ,  ouPeal  ,  bourg  d'Angleterre,  dans  l'ifle  de 
Man.  Il  eh  fitué  fur  la  côte  occidentale  ,  avec  un 
bon  château.  *  Délices  de  la  Grande-Bretagne .  De  l'ifle, 
Atlas. 

PYLACiEUM  ,  ville  de  la  grande  Phrygie  :  Ptolo- 
niée  ,  /.  5  c.  2.  la  place  entre  Themifoniitm  8c  Sala. 

1  PYL^E  ,  ce  mot  latin  vient  du  grec  ïIvà»  ,  qui  figni- 
fie  une  porte ,  ou  une  colonne  ,  foie  de  pierre  de  taille , 
foit  de  brique.  On  entend  communément  dans  l'ancienne 
géographie ,  par  le  mot  Pyl,£,  des  partages  étroits  entre 
des  montagnes  ;  8c  on  appelle  aufli  ces  partages  Portée, 
des  portes  ,  parce  qu'elles  font  comme  les  portes  d'un 
logis,  par  lesquelles  il  faut  néceffairement  entrer  8c  fortir. 
Quelquefois  ces  partages  font  l'ouvrage  de  la  nature  ; 
quelquefois  ils  font  faits  de  main  d'hommes  dans  des 
montagnes  que  l'on  a  coupées  •,  ce  qui  répond  au  mot 
Ci  auctra  des  anciens ,  8c  à  ce  que  nous  appelions  pré- 
fcntèment  un  Pas  ,  un  Port  ,  un  Col.  Voyezces  mots. 

2.  PYL/£,lieu  de  l'Arcadie,  félon  Etienne  le  géo- 
graphe. Pline,  /.  4.  c.  6.  écrit  Pyl^e  ;  peut-être  eft-ce  une 
faute  de  copifte. 

3.  PIL/E  >  6V  Pseudopyl,e  ,  i/les  du  golfe  Arabique  : 
Pline,  /.  6.  c.  29.  dit  que  les  deux  ifles  appelléesPsEU- 
DoPYLyE,  étoient  au  devant  du  port  d'Irts  ,  chez  les 
Troglodytes ,  &  que  les  ifles  Pyl^  ,  qui  étoient  en 
pareil  nombre  }  fe  trouvoient  au  dedans  du  même 
port. 

4.  PYLj£  ,  montagnes  d'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte , 
felo.i  Proloméc,  /.  4.  c.  8. 

5.  PYL^E  ,  lieu  de  la  Bithynie  ,  aux  environs  du  golfe 
Aftacène  ,  félon  Oïtelius,  Tbefaur.  qui  cite  Porphyro- 
gentre. 

PYL^  ALBANIE.  Vovez  Pil*  Sarmatioe. 
PYL.E  AMANIGffi,  ou  Amanides.  Voyez.  Ama- 

NUS. 

PYL/E  CILICI/E.  Voyez.  Amanus. 

PYL/E  GETHIC/E  ,  nom  que  les  anciens  ont  donné 
à  un  lieu  de  la  Tranfylvanie  ,  appelle  aujourd'hui 
Va  capu ,  par  les  Hongrois  ,  8c  Eysnthor ,  par  les  Al- 
lemands. Ce  dernier  mot  veut  dire  Parte  de  fer.*  One!. 
Tbef. 

VYLJE  PERSIDES  ,  ou  Susiades  ,  détroit  célèbre, 
entre  la  Perfide  &  la  Snrtane  ,  ce  qui  fait  qu'on  l'appelle 
iiK^fléremmcnr  du  nom  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  con- 
trées. Diodore  de  Sicile,  /.  17.  -.  iS.  fe  ferrdu  mot  Per- 
sides,&  Amen,/.  z.c.  18.  de  celui  de  Susiades.  Srra- 
bon ,  /.  1  f  .en  parlant  de  cet  endroit,  le  nomme  Portve- 
Persic*,  ce  qui  revient  au  même. 


PYL£  SARMATICE  ;  le  mont  Caucafe  borne  la 
Sarmatie  au  midi  ,  8c  la  féparc  des  contrées  voifines: 
Ptolomée,/.  $.  c.  9.  diftingue  dans  cette  fameufe  montagne 
deux  partages  étroits ,  dont  l'un  qui  donnoit  entrée  dans 
l'iberie ,  s'appelloit  Port-e  Caucasie  ,  8c  l'autre  qui 
donnoit  entrée  dans  l'Albanie,  s'appelloit  Pyl^e  Alba- 
nie. 

PYL/E  SUSIADES.  Voyez  Pil^  Persides. 

PYL^EA  ,  ville  de  la  Macédoine  ,  dans  la  Trachinie  , 
à  ce  qu'il  paroît  par  un  partage  d'Hérodote ,  /.  7.  n.  213. 
Elle  étoit  au  pied  du  mont  Oé'ta,  félon  Philoftrate, 
/.  4.  8c  Théoph tarte  ,  Hift.  Plant ar.  I.  9.  Elle  donnoit 
le  nom  au  golfe  Pylaïque ,  dont  parle  Strabon ,  /.  9. 
p.  450. 

PYL/EMENIA.  Voyez  Paphlagonie. 

PYL/EUS  MON  S  ,  montagne  de  l'ifle  de  Lclbos, 
félon  Stiabon,  /.  13.  p.  621. 

PYLAICUS  SINUS.  VoyezVrimA. 

PYLARTES  ,  montagne  de  l'Illyrie  ,  dans  la  contrée 
appellée  Dynachium  ,  félon  Vibius  Sequefter.  *  Urtel. 
Thcfaur. 

PYLENE  ,  ville  de  l'Etdie  ,  félon  Homère ,  Ca- 
talog.  v.  1 46.  Pline  ,  /.  4.  c.  2.  la  place  fur  le  golfe 
de  Corihthe;  8c  Strabon  nous  apprend  qu'elle  chan- 
gea de  nom ,  &piit  celui  de  Proschium  ,  quand  on 
la  changea  de  place  pour  la  bâtir  fur  les  hauteurs  du 
voifinage. 

PYLLEON  ,  ville  de  Thertalie  ,  à  ce  qu'il  paroît  par 
un  partage  de  Tite-Live ,  /.  42.  c,  42. 

PYLORA,  ifle  de  la  Carmanic ,  félon  Arrien,/» 
Indic.  n.  37. 

PYLOROS  ,  ville  de  l'ifle  de  Crète.  Pline ,  î.  4.  c .  1 2. 
la  met  dans  les  terres  ;  mais  comme  il  eh  le  feul  qui  en 
farte  mention,  le  Père  Hardouin  foupçcnne  qu'il  faut  lire 
Elyros  ,  parce  qu'Etienne  le  géographe  marque  une 
ville  de  ce  nom  dans  l'ifle  de  Crète.  Peut-être  aufli  , 
ajoute  le  Pcre  Hardouin,  Pline  a-t  il  écrit  Pyloros  pour 
Oleros,  qu'Etienne  le  géographe  met  pareillement  dans 
la  même  irte ,  ou  pour  Alloros  ,  ville  dont  il  eft  parlé 
dans  Gtuter  ,  p.  joy.  Cependant ,  non-feulement  les 
exemplaires  imprimés ,  mais  encore  tous  les  manuferus 
de  Pline   portent  Pyloros. 

PYLUM  ,  ou  Pylon,  ville  de  Macédoine.  Ortelius 
dit  que  Strabon  femble  la  placer  aux  confins  de  l'Illyrie. 
Mais  Strabon ,  /.  7.  p.  3  2  5 .  ne  dit  point  que  Pylon  fût  une 
ville  :  il  en  fait  un  lieu  qui  étoit  la  borne  entre  la  Ma- 
cédoine &  l'Illyrie. 

PYLUS  ,  ville  du  Péloponnèfe ,  dans  la  Mertenie  ,  Ôc 
que  Ptolomée  ,  /.  3.  c.  16.  marque  entre  l'embouchure 
du  fleuve  Sela  &  le  promontoire  Coryphartum.  Mais 
Strabon  ,  /.  8.p.  $  39.  connoît  trois  villes  appellées  Pylus 
dans  le  Péloponnèfe  :  l'une  fe  trouvoit  dans  l'Elide,  près 
du  mont  Scollis ,  l'autre  dans  la  Mertenie ,  près  du  pro- 
montoire Coryphartum  ,  8c  la  troifiéme  dans  la  Triphy- 
Iie  ,  aux  confins  de  l'Arcadie.  Les  habitans  de  chacune  de 
ces  villes  fourenoient  que  c'étoit  la  leur  qui  avoir  ancien- 
nement été  nommée  Emathœntus,  8c  qui  avoit  été  la 
patrie  deNertor  -,  mais  Strabon  juge  que  la  ville  Pylus  de 
laTriphylie  étoit  la  patrie  de  Neftor,  parce  que  le  fleuve 
Alphée  couloir  dans  la  contrée  où  elle  étoit  bâtie.  II 
donne  à  cette  Pylus ,  les  furnoms  de  Lepreaticus ,  Tri- 
phyliacus  ,  8c  Arcadius ,  quoique  Paufanias ,  Eliac.  1. 
c.  11.  dife  pofitivement  qu'il  ne  connoirtbit  dans  l'Arca- 
die aucune  ville  nommée  Pylus.  La  ville  Pylus  de  Merte- 
nie eft  la  même  que  la  Nelea  d'Homère ,  félon  Paufa- 
nias :  la  même  ville  eft  nommée  Pylus  8c  Abarmus  dms 
les  exemplaires  latins  de  Ptolomée  ;  mais  Ortelius 
croit  qu'au  lieu  ôi  Abarmus  il  faut  lire  Abarinus ,comme 
lifent  Gémirte  8c  Sophien.  Etienne  le  géographe  donne 
à  la  ville  Pylus  de  Mertenie  le  nom  de  Coryphaftiim , 
quoique  Pylus  8c  Coryphartum  flirtent  deux  lieux  di- 
ftincts  ,  mais  pourtant  voifins.  On  croit  que  Pylus  eft 
Navarin.  Voyez  ce  mot. 

PYLUS  ÀBARMUS.  Voyez  Pylus. 

PYLUS  ARCACIUS.  Voyez.  Pylus. 
PYLUS  LEPREATICUS.  Voyez  Pylus. 
PYLUS  MESSENIACUS.^Vkc  Pylus. 
PYLUS  TRlPHYLIACUS.Fç^  Pylus. 
PYNDIS,  ville  de  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte ,  félon 
Pline ,  /.  6.  e.  29. 


PYR 


PYR 


ï.PYRA  :Tire-Live  ,  /.  36.  c.  30.  donne  ce  nom  à  la 
partie  du  mont  Oe'ta ,  où  fut  brûlé  le  corps  d'Hercule. 
Cet  endroit  produifoit  beaucoup  d'ellébore ,  feion  Pline 
&  Théophrafte. 

2.  PYRA.  Voyez.  Pyrrha. 

PYR  ACI .  nom  d'un  peuple ,  félon  Ortelius ,  qui  cite 
Antigonus  ,  in  Mirabil.  Il  y  avoit  dans  le  pays  qu'ha- 
bitoit  ce  peuple  un  marais  qui  prenoit  feu,quand  il  écoir 
fec. 

1 .  PYR/E  ,  ville  d'Italie  dans  le  Latium  ,  au-delà  de  la 
ville  de  Formies.  Il  femble  qu'elle  ne  fubîiftoit  plus  du 
teins  de  Pline,  /.  3.  c.  6.  car  il  dit  :  Ultra  fuit  oppidum 
Pyrx. 

2.  PYKJE  ,  ville  d'Egypte  :  Pline  ,  /.  30.  c.  10.  qui  en 
fait  mention,  dit  que  la  pierre  Àromariies  s'y  produifoir , 
ôc  que  cette  pierre  avoit  une  odeur  de  myrrhe.  Quel- 
ques-uns croient  que  c'eft  l'ambre  gris. 

1.  PYR/EA  ,  contrée  de  la  Thellalie ,  félon  Etienne 
le  géographe. 

2.  PYRy£A  ,  bois  du  Péloponnèfe:  Paufanias ,  /.  i. 
C.  1 1.  fe  marque  entre  Sïcyon  ôc  Phlywite. 

PYR.El ,  peuples  de  la  Dalmatie ,  félon  Pline,  /.  3. 
€.  22.  Pomponius  Mêla  ,  /.  2.  c.  3 .  les  connoit  aufli ,  ôc 
dit  :  Tum  Pyr<£i,&  Libarni,  &  Iftria. 

PYR/ETFII ,  peuples  de  laCappadoce.  Ortelius,  qui 
cite  Euftathe  ,  ad  Dionyf.  dit  que  ces  peuples  allumoient 
des  feux  pour  tirer  des  préiages  de  l'avenir. 

PYRALAON  ,  ou  Pyralaorum  Insul/£,  irtes  près 
de  la  côte  de  l'Ethiopie.  A rrien, p.  9.  dans  l'on  périple  de 
la  mer  Erythrée ,  les  place  près  du  lieu  nommé  la  Nou- 
velle Fosse. 

PYRAMIA,  lieu  du  Péloponnèfe,  dans  le  canton 
appelle  Thyréatide.  Plutarque  en  parle  dans  la  vie  de 
Pyrrhus. 

PYRAMIDE  ,  corps  folide  qui  a  trois  ou  quatre 
côtés  ,  ôc  va  toujours  en  diminuant ,  s'élève  &fetermine 
en  pointe.  Les  plus  fameufes  font  celles  d'Egypte.  Ces 
Pyramides ,  que  les  anciens  ont  mifes  au  nombre  des 
merveilles  du  monde ,  ne  doivent  pas  être  omifes  ici. 
Nous  en  donnons  la  defeription  d'après  celle  des  An- 
glois  :  elle  parte  pour  la  plus  exacte.  Il  y  a  plufieurs  Py- 
ramides dans  diflréreives  parties  de  l'Egypte  ,  particuliè- 
rement dans  la  haute-,  mais  celles  dont  les  voyageurs 
parlent  le  plus ,  font  à  l'occident  du  Nil ,  pas  loin  du 
Jiz.ah  ,  au  même  endroit  où  étoit  autrefois  Memphis.  Il 
y  en  a  environ  vingt ,  dont  trois  fort  peu  éloignées  les 
unes  des  autres ,  font  les  plus  remarquables  ,  ôc  précifé- 
ment  celles  dont  nous  avons  tant  de  deicriptions.  Les 
autres  font  répandues  dans  le  défère  de  la  Libye ,  ôc  ne 
font  que  des  espèces  de  modèles  de  celles  dont  nous  ve- 
nons de  parler  ,  quoiqu'il  y  en  ait  parmi  elles  d'âffez 
confidérables ,  particulièrement  une  qui  efl  au  fud-oueft 
des  premières ,  environ  vingt  milles  plus  avant  dans  le 
défert ,  ôc  à  laquelle  les  écrivains ,  tant  anciens  que  mo- 
dernes ,  n'ont  pas  paru  faire,attcntion  ,  quoiqu'elle  n'en 
foit  pas  moins  digne  que  toutes  celles  qu'ils  ont  vantées. 
Les  favans  ont  fait  d'inutiles  recherches  pour  favoir  en 
quel  tems  ôc  par  qui  ces  Pyramides  ont  été  conftruites , 
il  paroît  reniement  qu'elles  exiftent  depuis  près  de 
trois  mille  ans.  Presque  tous  les  auteurs  conviennent  que 
ces  monumens  n'ont  été  élevés  que  pour  fervir  de  tom- 
beaux aux  rois  de  ce  pays  :  il  paroît  qu'ils  n'ont  une 
forme  pyramidale  que  parce  que  c'eft  la  plus  durable  -, 
comme  elle  s'élève  toujours  en  diminuant  jusqu'au  fom- 
met ,  l'ouvrage  ne  s'affaiffe  point  fous  fon  propre  poids , 
ôc  ne  fouffre  pas  tant  des  injures  de  l'air  que  d'autres  bâ- 
timens.  Quelques-uns  prétendent  que  les  Egyptiens  ont , 
voulu  repréfenrer  par-là  quelques-unes  de  leurs  divinités. 

La  première  ôc  la  plus  belle  de  ces  Pyramides  eft  fi- 
tuée  fur  une  espèce  de  rocher  dans  le  défert  fablonneux 
de  Libye  ,  environ  à  un  quart  de  mille  des  plaines  d'E- 
gypte ,  au-deffus  desquelles  le  roc  s'élève  de  cent  pieds. 
Le  côté  fettrentrional  près  de  la  bafe  a  fix  cens  quatre- 
ving-treize  pieds  d'Angleterre.  La  hauteur,  déterminée 
par  fa  perpendiculaire  ,  eft  de  quatre  cens  quatre-vingt- 
un  pieds  ;  mais  fi  on  la  mefure  par  la  ligne  que  la  Pyra- 
mide décrit  en  s'élevant ,  elle  eft  égale  à  caufe  des  fou- 
tendantes  des  différens  angles,  à  la  largeur  de  la  bafe,  par 
où  il  paroît  que  la  plus  haute  des  Pyramides  n'eft  pas  fi 
élevée  que  l'églife  de  Saint  Paul  de  Londres.  Pour  fe  for- 


mer  une  jufte  idée  de  la  figure  &  des  dimenfions  de  cette 
Pyramide  ,  il  faut  fe  préfenter  fur  la  bafe  qui  eft  car- 
rée, quatre  triangles  équilatéraux ,  également  inclinés 
les  uns  vers  les  autres ,  jusqu'à  ce  qu'ils  viennent  à  fe 
rencontrer  dans  un  point ,  car  c'eft  ainfi  que  le  fommet: 
paroît  à  ceux  qui  font  en  bas.  L'aire  de  la  bafe  de  cette 
Pyramide  contient  480249  pieds  en  quarré  ,  ou  un  peu 
plus  que  onze  acres  angloifes  ;    proportion  fi  mon- 
ftrneufe ,  relativement  à  la  hauteur,  que  la  chofe  paroît 
presqu'incroyable.  On  monte  au  fommet  de  la  Pyramide 
par  des  espèces  de  degrés ,  dont  le  plus  bas  a  près  de 
quatre  pieds  en  hauteur ,  ôc  trois  en  largeur.  Ce  degré  , 
lorsque  les  pierres  étoient  entières ,  formoit  une  étroite 
promenade ,  puisqu'il  faifoit  le  tour  de  la  Pyramide.  Le 
fécond  degré  eft  femblable  au  premier ,  avec  cette  diffé- 
rence feulement  que  dans  l'endroit  où  il  eft,  la  bafe  de 
la  Pyramide  fe  rétrécit  de  trois  pieds.  La  même  propor- 
tion  eft  toujours  obfervée  jusqu'au  fommet ,  qui  eft  ter- 
miné par  une  furface  plare  d'environ  treize  pieds  d'An- 
gleterre en  quarré  ,  ôc  compofée  de  neuf  pierres,  dont 
deux  manquent  aux  coin  s.  On  ne  peut  parvenir  à  ce  fom- 
met que  du  côté  méridional  ,  ou  par  l'angle  du  nord"€ft  , 
parce  que  les  pierres  font  ufées  dans  les  autres  endroits. 
Les  degrés  font  faits  de  pierres  maffives  ôc  polies.  On 
prétend  qu'elles  ont  été  tirées  des  montagnes  d'Arabie, 
qui  borne  la  Haute  Egypte  à  l'orient.  Une  feule  de  ces 
pierres  forme  la  largeur  &  l'épailFeur  de  chaque  degré. 
Hérodote ,  /.  2.  artîire  que  la  plus  petite  pierre  eft  de 
trente  pieds,  ce  qui  peur  être  vrai  de  quelques-unes, 
mais  non  pas  de  toutes  ,  à  moins  qu'il  n'ait  voulu  parler* 
des  pieds  cubes.  Il  faut  encore  obfervef  que  tous  les 
degrés  ne  font  pas  de  la  même  épaifléur;  les  uns  ont  près 
de  quatre  pieds  ,  les  autres  n'en  ont  pas  même  trois  ;  il* 
vont  toujours  en  diminuant ,  à  mefure  que  l'on  monte  , 
&  la  largeur  eft  toujours  proportionnée  à  l'épaiffeur. 
Tellement  qu'une  ligne  droite  ,  étendue  depuis  la  bafe 
jusqu'au  fommet,  touchera  également  l'angle  externe  de 
chaque  degré.  Le  nombre  de  ces  degrés  fe  monte  à  deux 
cens  fept. 

On  entre  dans  cette  Pyramide  par  un  partage  étroit  ÔC 
Carré ,  qui  s'ouvre  vers  le  milieu  du  côté  feptentrional, 
en  montant  trente-huit  pieds  fur  une  hauteur  artificielle  , 
faite  de  terre.  La  pierre  qui  eft  par-deffus  a  près  de  douze 
pieds  de  longueur  ,  ôc  plus  de  huit  de  largeur.  Cette  en- 
trée forme, en  déclinant,  un  angle  de  vingt-fix degrés  , 
&  a  en  largeur  près  de  trois  pieds  &  demi  d'Angleterre  , 
ôc  en  longueur  quatre-vingt-douze  ôc  demi  :  les  pierres 
en  font  jointes  enfemble  avec  beaucoup  d'art.  Au  bout  de 
ce  partage  il  y  en  a  un  autre  tout  femblable  ,  mais  qui 
va  un  peu  en  s'élevant.  Dans  l'endroit  où  ces  deux  pas- 
fages  fe  joignent,  l'un  en  descendant,  l'autre  en  mon- 
tant ,  la  pierre  la  plus  baffe  de  la  voûte  forme  un  fommec 
aiguifé  ôc  pointu  ,  entre  lequel  ôc  le  fable  il  n'y  a  quel- 
quefois pas  l'espace  d'un  pied  pour  paffer ,  tellement, 
qu'un  homme ,  à  moins  qu'il  ne  foit  bien  mince  ,  eft 
obligé  de  lé  traîner  fur  îe  ventre  ,  ôc  de  fe  frotter  encore 
le  dos  contre  la  pierre  dont  il  s'agit.  C'eft  cependant  le 
fable  feul  qui  rétrécit  ce  partage; car, fi  on  le  nettoyoit,  il 
feroit  aufli  large  que  l'entrée.  Comme  il  n'y  a  ni  fenêtre 
ni  entrée  dans  cette  Pyramide  ,  on  eft  obligé  d'y  porter 
de  la  lumière. 

Après  avoir  parte  ce  détroit  ,  on  trouve  une  espèce 
d'allée  quia  quatre-vingt-neuf  pieds  de  longueur ,  ôc  qui 
ne  mérite  pas  la  moindre  attention.  On  ne  fait  fi  cette 
allée  doit  fon  origine  aux  injures  du  tems ,  à  la  cutiofité 
ou  à  l'espérance  de  découvrir  quelque  tréfor.  A  la  gau- 
che ,  joignant  l'entrée  étroite  ,  en  montant  un  degré 
formé  par  une  pierre  maflive  de  huit  ou  neuf  pieds 
de  hauteur  ,  on  entre  par  le  bout  le  plus  bas  de  la 
première  galerie ,  dont  le  pavé ,  qui  eft  d'un  matbte 
blanc  poli,  &: nullement  gâté  par  la  pouflîere  ,  s'élève 
imperceptiblement.  Les  côtés  ôc  le  haut  font  d'une  pierre 
moins  unie  ôc  moins  dure  que  le  pavé.  La  largeur  de 
cette  galerie  eft  d'environ  cinq  pieds  ,  la  hauteur  à 
peu  près  autant ,  ôc  la  longueur  de  cent  dix  pieds.  Au 
bord  il  y  a  deux  partages ,  l'un  bas  ôc  horizontal  ,  ou  de 
niveau  avec  le  pavé  ,  ôc  l'autre  haut  ôc  s'élevant  comme 
le  premier.  A  l'entrée  de  ce  partage  qui  eft  bas,  à  la  droite 
eft  le  puits  dont  Pline  fait  mention.  Ce  puits  eft  rond  Se 
a  un  peu  plus  de  trois  pieds  de  diamètre  :  les  côtés  en  font 
TsmAV.  Eceecee  ij 


PYR 


1 140 

garnis  de  marbre  blanc ,  &  on  y  descend  en  mettant  les 
mains  &  les  pieds  dans  des  petites  ouvertures  faites  inté- 
rieurement dans  le  puits  ,  Se  qui  font  vis-à-vis  les  unes 
des  autres  :  ce  qui  eft  la  manière  de  descendre  dans  la 
plupart  des  citernes  ôc  des  puits  à  Alexandrie.  11  y  a  peur- 
être  communication  entre  la  voûte  dont  on  a  parlé  Se  ce 
puits  i  mais  il  eft  à  préfent  presque  bouché  par  des  ruines 
Se  n'a  pas  plus  de  vingt  pieds  de  profondeur.  En  allant 
tout  droit     Se  quittant  le  puits  ,  on  trouve  ,  à  la  di- 
itance  de  quinze  pieds ,  un  autre  partage  qui  a  les  mêmes 
dimenfions  que  le  premier ,  Se  dont  les  pierres  font  fort 
«îartives  &  très-bien  jointes  enfemble.  Ce  partage  va  tou- 
jours de  niveau  pendant  l'espace  de  cent  dix  pieds ,  Se 
conduit  à  une  chambre  à  moitié  remplie  de  débris ,  Se 
dans  laquelle  on  fnet  une  odeur  cadavereufe.  La  lon- 
gueur n'en  cft  pas  tout  à  fait  de  vingt  pieds ,  la  largeur 
d'environ  dix-fept ,  ôe  la  hauteur  de  moins  de  quinze. 
Les  murailles  en  font  entières-,  le  haut  eft  couvert  de 
plufieurs  grandes  pierres  unies  qui  font  feparées  les  unes 
des  autres  par  le  bas ,  mais  dont  les  parties  fuperieures 
forment  un  angle  en  fe  rencontrant.  Greaves ,  dont  ce 
détail  eft  tiré,  dit  qu'au  côté  oriental  de  cet  apparte- 
ment ,  vers  le  milieu  ,  il  femble  y  avoir  eu  un  partage 
conduifant  vers  un  autre  endroit  ;  mais  ni  Thevenot ,  ni 
le  Brun  n'ont  pu  découvrir  rien  de  pareil. 

Si  l'on  retourne  en  arrière  à  travers  le  partage  hori- 
zontal ,  on  monte  par  dertus  ôe  on  entre  dans  l'autre  ga- 
lerie à  la  gauche,  féparée  de  la  première  par  la  muraille 
dans  laquelle  eft  l'entrée  qui  mené  au  partage  dont  on 
vient  de  parler.  Cette  féconde  galerie  eft  très-belle  :  elle 
seleve  en  formant  un  angle  de  vingt-fix  degrés ,  &  a  en 
longueur  cent  cinquante-quatre  pieds  depuis  le  puits, 
mais  un  peu  moins ,  fi  on  la  mefure  depuis  le  pavé  ,  à 
caufe  d'un  petit  vuide  d'environ  quinze  pieds  qui  eft  dé- 
crit ci  dertus  ,  Se  qui  fe  trouve  entre  le  puits  Se  le  trou 
carré.  La  hauteur  en  eft  de  vingt-fix  pieds ,  ôc  la  largeur 
d'environ  fix,  dont  une  moitié  fert  pour  le  chemin  du 
milieu  ,  y  ayant  un  banc  de  pierres  de  chaque  côté  de  la 
muraille  de  plus  d'un  pied  de  largeur ,  ôe  d'autant  d'é- 
pairtcur.  Vers  le  fommet  de  ces  bancs ,  près  de  l'angle 
où  ils  fe  joignent  à  la  muraille  ,  il  y  a  de  petits  espaces 
taillés  en  r<  ^"rine;les  parallèles ,  Se  placés  de  chaque  côté 
vis-à-vis  les  uns  les  autres,  fans  doute  pour  un  autre 
objet  que  pour  celui  de  fervir  d'ornement.  La  pierre 
dont  cette  galerie  eft  bâtie  eft  un  marbre  blanc  Se  poli, 
taillé  en  grandes  tables ,  qui  font  fi  bien  unies  enfemble  , 
qu'il  faut  avoir  la  vue  très-bonne  pour  appercevoir  l'en- 
droit où  elles  fe  joignent.  Ce  qui  augmente  la  beauté  de 
cet  Ouvrage ,  c'eft  qu'il  faut  y  aller  en  montant,  quoiqu'il 
en  foit  plus  difficile  Se  plus  glirtant.  Cependant  il  y  a  , 
pour  la  commodité, certains  trous  dans  le  pavé,  éloignés 
les  uns  des  autres  d'environ  fix  fois  la  largeur  de  la  main  : 
on  y  peut  mettre  les  pieds  ,  pendant  qu'on  fe  tient  aux 
bancs  d'une  main,  La  manière  dont  ces  tables  de  mar- 
bre font  rangées  des  deux  côtés  de  la  muraille ,  forme 
un  beau  morceau  d'architecture.  Tous  les  rangs  ,  qui  ne 
font  qu'au  nombre  de  fept ,  avancent  l'un  par  dertus 
l'autre  de  la  valeur  d'environ  trois  pouces,  le  bas  du 
rang  fupérieur  furpaflant  la  partie  fupérieure  du  rang 
qui  eft  immédiatement  au-dertous ,  ôc  ainfi  de  fuite  en 
descendant. 

Quand  on  a  parte  par  cette  admirable  galerie ,  on 
entre  dans  une  autre  ouverture  quarrée ,  qui  a  les  mêmes 
dimenfions  que  les  précédentes ,  ôc  qui  mené  à  deux  pe- 
tites antichambres  ou  cabinets  ,  couverts  d'une  espèce 
de  marbre  de  Thébaïde  ,  tacheté  Se  très-riche.  Ces  ca- 
binets font  l'un  ôc  l'autre  d'une  figure  oblongue  ,  dont 
l'un  des  côtés  a  fept  pieds,  ôc  l'autre  trois  ôc  demi  :  la 
hauteur  eft  de  dix  ôc  le  pavé  uni.  Aux  côtés  ils  font  à 
l'orient  ôc  à  l'occident ,  à  deux  pieds  Se  demi  du  pla- 
fond ,  qui  eft  un  peu  plus  large  que  le  bas  :  il  y  a  trois 
enfoncemens  ou  petits  fiéges ,  donc  les  bancs  font  faits 
en  demi  cercle. 

L'antichambre  intérieure  eft  féparée  de  la  première 
par  une  pierre  de  marbre  rouge  &  racheté ,  qui  tient 
dans  deux  mortaifes  entre  deux  murailles  plus  de  trois 
pieds  au-deffus  du  pavé  ,  ôc  à  la  diftance  de  deux  pieds 
du  pla  fond.  De  ce  fécond  cabinet  on  entre  dans  une 
autre  ouverture  carrée,  au-deffus  de  laquelle  on  ap- 
perçoit  cinq  lignes  parallèles  Se  perpendiculaires  :  c'eft 


PYR 


là  tout  ce  qu'on  voit  de  fculpture  dans  la  Pyramide. 
Ce  partage  carré  a  environ  la  même  longueur  que  les 
autres  ,  qui  eft  environ  de  neuf  pieds.  11  eft  par-tout  cou- 
vert de  marbre  de  Thébaïde  ,  admirablement  bien  mis 
en  oeuvre ,  Se  conduit  au  bout  feptentrional  d'un  appar- 
tement magnifique  ôc  bien  proportionné.  La  diitance 
depuis  le  bout  de  la  féconde  galerie  jusqu'à  cette  en- 
trée va  toujours  de  niveau ,  ôc  eft  de  vinge  -  quatre 
pièces. 

Cette  magnifique  &  vafte  chambre ,  que  l'art  Se  la  na- 
ture ont  embellie ,  la  beauté  de  l'ouvrage  n'étant  pas  in- 
férieure à  celle  des  matériaux ,  eft  environ  le  centre  de  la 
Pyramide.  Le  pavé ,  les  côtés  Se  le  haut  font  faits  de 
gtandes  &  très-belles  tables  de  marbre  de  Thébaïde  ;  fi 
elles  n'étoient  pas  noircies ,  elles  paroîtroient  luifantes. 
Depuis  le  hauc  jusqu'au  bas  de  cet  appartement,  il  y  a 
environ  fix  rangs  de  pierres  qui  en  fonr  le  tour ,  Se  tous 
ces  rangs  fonr  égaux ,  ce  qui  produit  un  très-bel  effet. 
Les  pierres  dont  cette  chambre  eft  couverte  ,  font  d'une 
prodigieufe  longueur.  Neuf  fuffifent  pour  couvrir  le 
haut  ;  Se  il  y  en  a  deux  ,  l'une  au  bout  oriental ,  & 
l'autre  à  l'occidental ,  qui  font  à  peu  près  de  la  moitié 
moins  larges  que  les  autres.  La  longueur  du  côté  méri- 
dional de  la  chambre  ,  exactement  mefuré  à  l'endroit  où 
le  premier  &  le  fécond  rang  de  pierres  fe  joignent,  eft 
d'environ  trente-quatre  pieds  d'Angleterre  :  Ja  largeur 
du  côté  occidental ,  où  les  rangs  ,  dont  nous  venons  de 
parler ,  s'unifient ,  eft  d'environ  dix-fept  pieds ,  &  la 
hauteur  de  dix-neuf  Se  demi. 

Dans  ce  fuperbe  appartement  eft  le  tombeau  de  Céopst 
ou  Chemmis  ,  d'une  pièce  de  marbre  ,  creufe  en  dedans , 
ouverte  par  le  haut ,  Se  qui ,  lorsqu'on  frape  contre, 
rend  un  fou  pareil  à  celui  d'une  cloche.  Ce  monument 
eft  de  marbre  tacheté ,  fur  lequel  on  voit  un  mélange  à 
peu  près  égal  de  marques  noires ,  blanches  Se  rouges  : 
quelques-uns  croient  que  c'eft  du  marbre  de  Thébaïde  i 
mais  Greaves  croit  que  c'eft  une  espèce  de  porphyre. 

Le  tombeau  repréfente  un  autel  ou  deux  cubes  appli- 
qués l'un  fur  l'aurre  :  les  furfaces  en  font  fort  unies  ,  Se 
l'on  n'y  trouve  aucune  marque  de  fculpture.  La  fuperficic 
extérieure  a  en  longueur  fept  pieds  trois  pouces  Se  demi, 
Se  en  largeur  trois  pieds,  trois  pouces  Se  trois  quarts.  La 
longueur  interne  du  côté  occidental  eft  d'environ  fix ,  Se 
la  largeur  au  bout  feptentrional  d'environ  deux ,  Se  la 
profondeur  de  deux  pieds  Se  quelque  chofe.  Comme  ce 
tombeau  n'auroit  pu  paffer  par  les  partages  étroits  dont 
on  a  parlé  ,  il  y  a  apparence  qu'il  a  été  conftruit  là  avant 
que  l'appartement  fût  fermé  par  le  haut.  Il  s'étend  du 
feptentrion  au  midi  ,  Se  eft  également  éloigné  de  tous 
les  côtés  de  la  chambre ,  excepté  qu'il  eft  plus  éloigné  de 
moitié  du  côté  oriental  que  du  côté  occidental.  Au-des- 
fous  de  ce  monument  on  a  creufé  une  petite  profondeur  , 
ôc  ôté  une  large  pierre  du  pavé  :  ouverture  qui,  félon  les 
apparences ,  n'a  été  faite  que  pour  voir  s'il  n'y  avoir  point 
de  tréfor  caché.  Dans  les  côtés  delà  chambre  qui  font  au 
midi  &  au  feptentrion,  il  y  a  deux  petites  niches  l'une 
vis-à-vis  de  l'autre ,  taillées  uniment ,  Se  avançant  dans  la 
profondeur  de  la  muraille  fix  pieds  ôc  même  davantage 
en  ligne  droite.  La  niche  du  côté  méridional  eft  plus 
grande  que  l'autre ,  ôc  d'une  forme  ronde  ;  elle  n'eft  pas 
fi  longue.  La  noirceur  de  ces  enfoncemens  femble  annon- 
cer qu'on  y  a  mis  autrefois  des  lampes.  Il  y  a  un  écho  que 
Plutarque  dit  répéter  le  même  fon  quatre  ou  cinq  fois  : 
Lucas,  voyages,  t.  i.p.  45.  dit  qu'il  le  répète  dix  ou  douze 
fois ,  ce  qui  n'eft  pas  incroyable,  vu  la  manière  dont  l'in- 
térieur de  cette  Pyramide  eft  conftruit. 

11  y  a  encore  une  chofe  qui  mérite  attention  dans  cette 
Pyramide ,  c'eft  que  fes  côtés  font  tournés  vers  les  quatre 
parties  du  monde  ,  ôc  marquenr  par  conféquent  le  vrai 
méridien  de  l'endroit  ;  pofition  qui ,  fuivant  toutes  les 
apparences,  n'eft  pas  l'effet  du  hazard  :  preuve  inconte-' 
fiable  que  les  Egyptiens  ont  fait  de  bonne  heute  de 
grands  progrès  dans  l'artronomie. 

La  féconde  Pyramide ,  qui  n'eft  qu'à  un  trait  d'arbalète 
de  la  première ,  eft  aurtî  haute  ôc  aurti  étendue  dans  fa 
bafeque  l'autre  :  elle  eft  bâtie  de  pierres  blanches  ,  qui  ne 
font  pas  fi  grandes  que  celles  de  la  première.  D'ailleurs 
les  côtés  font  fans  degrés  &  unis  par-tout.  Tout  l'ouvrage, 
à  l'exception  de  ce  qui  eft  oppofé  au  midi ,  ne  paioît  pas 
avoir  été  endommagé  par  le  tems. 


PYR 


I  Î4.I 


On  voit  au  feptentrion  Se  au  midi  de  cette  féconde 
Pyramide  deux  morceaux  d'architecture  très-bien  tra- 
vaillés ,  d'environ  trenre  pieds  de  profondeur ,  &  de 
plus  de  mille  quatre  cens  de  largeur  ,  taillés  perpendicu- 
lairement dans  le  roc  ,  Se  qui  femblent  avoir  été  deftinés 
à  fervir  de  demeure  aux  prêtres  Egyptiens.  Ces  bâtimens 
font  parallèles  aux  deux  côtés  de  la  Pyramide  «jne  nous 
venons  d'indiquer  ,  à  une  diftance  convenable  ,  Se  for- 
ment un  angle  droit  enfejoignant,cequi  fait  un  très-bel 
effet.  On  y  entre  par  des  ouvertures  carrées  faites  dans 
le  roc ,  dont  plufieurs  font  de  la  même  grandeur  que  les 
paffages  étroits  de  la  première  Pyramide ,  Se  dunr  cha- 
cun conduit  dans  une  chambre  carrée  ,  à  laquelle  le 
rocher  naturel  fert  de  voûte.  Dans  la  plupart  de  ces 
chambres ,  il  y  a  un  palTage  par  où  l'on  entre  dans  quel» 
qu'autre  appartement  ;  mais  ces  partages  font  obfcurs 
Se  pleins  de  ruines.  Au  côté  feptentrional  par  dehors, 
on  voit  une  ligne  gravée  en  caractères  facrés ,  tels  qu'ils 
étoient  en  ufage  chez  les  Egyptiens. 

La  troifiéme  Pyramide  eft  à  la  diftance  d'environ  un 
ftade  de  la  féconde  ,  fur  une  espèce  de  rocher  ;  ce  qui  de 
loin  la  fait  paroître  égale  à  celle  ci,  quoiqu'elle  foit 
beaucoup  moins  grande  &  moins  haute.  Hérodote  dit 
que  cette  Pyramide  a  de  chaque  côté  trois  cens  pieds,  Se 
que  jusqu'au  milieu  elle  eft  bâtie  de  marbre  d'Ethiopie. 
Diodore  donne  les  mêmes  dimenfions  de  la  bafe,  Se 
ajoute  que  les  murailles  ont  été  bâties  jusqu'au  feiziéme 
étage  de  pierre  noire,  femblable  au  marbre  de  Thébaïde , 
&  que ,  pour  achever  le  refte ,  on  s'eft  fervi  de  maté- 
riaux pareils  à  ceux  qui  font  employés  à  la  conftruction 
des  autres  Pyramides  ;  que  ce  bâtiment ,  inférieur  aux 
autres  en  grandeur  ,  les  furpaffe  par  la  beauté  de  la  con- 
ffruction  Se  du  marbre  -,  Se  que  fur  le  côté,  qui  eft  vers 
le  feptentrion  ,  eft  gravé  le  nom  de  Mycerinus ,  qui  en  a 
été  le  fondateur.  Pline  dit  la  même  chofe,fmon  qu'il  fait 
la  longueur  de  cette  Pyramide  de  trois  cens  foixante-trois 
pieds.  Les  deferiptions  que  les  modernes  nous  donnent 
de  cette  Pyramide  ,  ne  font  que  des  copies  de  celles  des 
anciens ,  ce  qui  femble  prouver  qu'ils  ne  l'ont  pas  exami- 
née par  eux-mêmes.  Belon  &  fes  copiftes  prétendent 
qu'elle  n'eit  qu'un  tiers  plus  grande  que  celle  de  C.  Cxftius 
à  Rome  :  mais  c'eft  une  erreur ,  puisque  la  troifiéme  Py- 
ramide d'Egypte  eft  de  deux  cens  pieds ,  fur  le  nombre 
d'environ  trois  cens.  Car  ,  félon  Hérodote  &  Diodore  , 
c'eft  la  l'étendue  qu'a  chacun  de  fes  côtés ,  Se  elle  cil 
haute  à  proportion.  Le  nom  de  Mycerinus  a  été  effacé 
par  le  tems. 

On  voit  une  quatrième  Pyramide  près  des  Momies  : 
il  eft  certain  qu'elle  auroit  égalé  la  première  en  beauté  , 
fi  elle  avoir  été  achevée  ;  elle  a  cent  quarante-huit  de- 
gt es, faits  d'auflï  grandes  pierres  que  la  première  dont  on 
a  parlé.  La  plate-forme  n'en  eft  pas  unie  ,  parce  que  les 
pierres  y  font  reftées  fans  aucun  ordre  ;  mais ,  comme 
elles  font  toutes  ufées  Se  presque  réduites  en  fable  ,  il 
paroît  qu'elle  eft  plus  ancienne  que  l'autre.  Cette  qua- 
trième Pyramide  a  fix  cens  quarante-trois  pieds  en  carré , 
&  fon  entrée  eft  à  la  quatrième  partie  de  fa  hauteur ,  au 
côté  feptentrional ,  comme  la  première  ,  étant  éloignée 
du  côté  oriental  de  trois  cens  feize  pieds  ,  Se  par  con- 
féquent  de  trois  cens  vingt-fcpt  pieds  du  côté  occiden- 
tal. Pout  y  entrer ,  il  n'y  a  qu'un  paffage  de  la  largeur  de 
trois  pieds  Se  demi ,  Se  de  la  hauteur  de  quatre  ,  lequel 
«'étendant  en  bas  jusqu'à  la  diftance  de  deux  cens  foi- 
xante-fept ,  fe  termine  dans  une  fale  qui  a  vingt-cinq 
pieds  Se  demi  en  longueur  ,  Se  onze  en  largeur.  Dans  le 
coin  de  la  fale  il  y  a  un  autre  paffage  ou  galerie  parallèle 
à  l'horizon  ,  ayant  en  dedans  trois  pieds  en  carré  ,  Se 
neuf  5c  demi  en  longueur.  Cette  galerie  mené  à  une 
Chambre  de  vingt-un  pieds  de  long ,  Se  de  la  largeur 
d'onze  :  elle  a  au  bout  occidental  une  fenêtre  élevée  à 
l'égard  du  pavé  de  la  hauteur  de  vingt-quatre  pieds  & 
deux  tiers.  On  peut  entrer  par  cette  fenêtre  dans  un  pas- 
fage  raifonnablement  large ,  Se  de  la  hauteur  d'un  hom- 
me ;  il  eft  parallèle  à  l'horizon,  &  a  en  longueur  treize 
pieds  deux  pouces.  11  y  a  une  grande  fale  au  bout  de  ce 
paffage  ,  dont  le  haut  eft  fait  en  voûte  :  il  a  vingt-fix  pieds 
huit  pouces  en  longueur ,  Se  vingt-quatre  pieds  un  pouce 
en  largeur.  Le  pavé  eft  formé  par  le  rocher  même,  qui 
eft  par  tout  rude  Se  inégal ,  ayant  feulement  un  petit  es- 


PYR 

pace  uni  au  milieu ,  lequel  eft  beaucoup  plus  b  ~  que 
l'entrée  de  la  fale ,  ou  que  les  fondemens  de  h  mu- 
raille. 

Quelque  peu  de  cas  que  plufieurs  écrivains  modernes 
faffent  des  Pyramides  d'Egypte,  il  eft  toujours  inconte- 
itable  que  ces  monumens  prouvent  que  les  arts  ont  été 
cultivés  de  bonne  heure  dans  ce  pays.  Pour  ce  qui  re- 
garde les  autres  Pyramides  qu'on  trouve  encore  dans 
différentes  parties  de  l'Egypte  ,  on  fe  contentera  de  dire 
que  toutes  n'ont  pas  la  même  figure  :  les  unes  font  ron- 
des Se  reffemblent  à  un  pain  de  fucre  ;  d'autres  font  plates 
au  fommet.  Lucas  affure  qu'il  y  a  jusqu'à  douze  Pyrami- 
des près  des  cataractes ,  Se  deux  dans  le  Fwv.me  ,  qui  ne 
font  inférieures  en  rien  à  celles  d'Alkahira. 

Cette  coutume  des  Egyptiens  d'ériger  des  Pyramides 
pour  fervir  de  fépulcres ,  a  été  imitée  quelquefois  par 
d'autres  nations.  Porfenna,  roi  d' Etrurie ,  en  fit  bâtir  une 
près  de  Clufmmen  Italie,-  elle  paffuit  potir  un  ouvrage 
merveilleux.  Le  monument  de  C.  Cceitius,  qu'on  voit 
encore  préfentement  à  Rome  près  de  Monte  leftaceo , 
cR  bâti  fur  le  modèle  de  ceux  d'Egypte  ;  mais  il  eft  beau- 
coup plus  petit.  *  Hifloire  uriwerj  elle ,  par  imefociété  de 
gens  de  lettres  de  Londres  ,  t.  i.  p.  329.  Se  fuiv. 

Au  devant  de  chacune  de  ces  Pyramides ,  on  voit  en- 
core quelques  veftiges  de  certains  bâtimens  carrés ,  qui 
femblent  avoir  été  autant  de  temples  ,  &  à  la  fin  du 
temple  de  la  féconde  Pyramide  ,  il  y  a  un  ttou  par  lequel 
quelques-uns  croient  qu'on  descendoit  du  temple  pour 
entrer  dans  l'idole  ,  qui  eft  éloignée  de  quelques  pas  de 
ce  trou.  Les  Arabes  appellent  cette  idole  Abou-el-haoul% 
ce  qui  veut  dire  père  de  la  terreur  ;  on  Pappelloit  autre- 
fois Balaheis.  Le  peuple  dit  que  c'eft  un  talisman  contre 
les  fables.  Sa  face  eft  fatdée ,  Se  fa  figure  a  l'air  agréable. 
Ahaued-Bendius  ,  géographe  Arabe.  Pline  l'appelle 
Sphinx.  On  dit  qu'il  rendoit  réponfe  de  ce  qu'on  lui  de- 
mandoit,  dès  que  le  foleil  étoit  levé.  C'eft  un  bufte  taillé 
fur  le  même  lieu  dans  le  roc  vif.  Ce  bufte  repréfente  un 
vifage  de  femme  avec  fon  fein.  11  a  vingt-fix  pieds  de 
haut ,  Se  depuis  fon  oreille  jusqu'à  fon  menton  il  y  a 
quinze  pieds  5  cependant  toutes  les  proportions  y  font 
fort  bien  obfeivées.  Il  y  a  un  trou  au  haut  de  la  tête  qui 
descend  toujours  en  retréciffant  jusqu'au  fein  où  il  finir. 
C'étoit  là  fans  doute  que  fe  plaçoit  celui  qui  rendoit  les 
réponfes.  *  Thevemt. 

PYRAMIDE  D'HAVARA,Pyramideen  Egypte.dans 
la  province  de  Fium  ,  Se  l'une  des  deux  qui  fe  trouvent 
entre  les  villes  de  Fium  Se  de  Benefuef.  Cette  Pyramide 
s'appelle  dans  la  langue  du  pays  Haram-Havara ,  c'eft- 
à-dire  la  Pyramide  d'fJavara,Sc  ce  nom  lui  a  été  donné 
parce  qu'elle  eft  près  du  village  d'Havara.  Elle  eft  à  une 
heure  Se  demie  du  village  de  Fium ,  du  côté  du  fud ,  bâtie 
dans  un  détroit  fablonneux  ,  &  entièrement  femblable  à 
celui  qui  eft  vis-à-vis  du  Caire  ,  &  où  four  les  plus  fa- 
meufes  Pyramides.  Celle  d'Havara  ,  dans  fa  hauteur  3c 
dans  fa  largeur ,  approche  fort  de  la  féconde  des  Pyrami- 
des de  Gizé  ;  mais  la  longueur  du  tems  l'ayant  presque 
réduite  en  pouffiere,  elle  reffemble  plutôt  à  une  mon- 
tagne aiguë"  de  fable  ,  qu'à  une  Pyramide  faite  de  la  main 
d'hommes. 

PYRAMIDE  D'ILAHUN ,  Pyramide  d'Egypte,  dans 
la  province  de  Fium  ,  au  Cascieflick  de  Benefuef.  Les 
hiftoriens  Arabes  difenr  que  c'eft  Jofeph ,  fils  du  Patriar- 
che Jacob  ,  qui  la  fit  bâtir.  On  l'a  appellée  Ilahun,à 
caufe  du  village  Ilahun  dont  elle  eft  voifinc.  Voyez  ce 
qu'en  dit  Macrizi. 

PYRAMIDE  DE  PORSENNA  ,  ancien  monu- 
ment en  Italie  ,  dans  l'Etrurie  ,  près  de  la  ville  de  Clu- 
funn.  Porfenna  ,  roi  d  Etrurie  ,  fut ,  félon  Varron ,  en- 
terré hors  de  la  ville  de  Cluûum.  On  lui  dreffa  un  mo- 
nument de  pierres  carrées.  Chaque  côté  étoit  de  trois  cens 
pieds ,  Se  la  hauteur  de  cinquante.  Au  deffous  de  la  bafe 
il  y  avoit  un  labyrinthe  ,  dont  on  ne  pouvoir  fortir.  Au 
haut  on  voyoit  cinq  Pyramides ,  quatre  fur  les  angles , 
Se  une  au  milieu  :  elles  avoient  foixante  Se  quinze  pieds 
par  en  bas  ,  cent  cinquante  de  hauteur  ,  Se  finiffoient  en 
pointe.  Sur  le  fommet  étoit  un  cercle  de  bronze  ,  auquel 
on  avoit  attaché  une  chaîne  qui  portoit  des  fonnettes 
qu'on  entendoit  au  moindre  vent ,  ce  qui  reffembîoit  au 
bruit  que  faifoientles  ebauderons  de  la  forêt  de  Dodonç. 


PYR 


1 142» 

Enfin  Vairon  ajoute  que  fur  chacune  de  ces  plaques  de 
bronze,  il  y  avoir  quatre  autres  Pyramides  de  quatre 
cens  pieds  de  hauteur  ,  lesquelles  portoient  à  leur  tour 
Un  fécond  plan  ,  fur  lequel  étoient  cinq  Pyramides ,  dont 
il  ne  dit  pas  la  hauteur. 

PYRAMIDE  DE  RHODOPE,  Pyramide  d'Egypte , 
dans  le  champ  des  Momies.  C  eft;  la  plus  confidérable  de 
celles  qui  font  dans  ce  champ ,  le  tems  ayant  presque  en- 
tièrement détruit  les  autres  ,  qui  ne  font  plus  que  des 
monceaux  de  fable  ,  Se  n'ont  que  la  figure  de  ce  qu'elles 
ont  été  autrefois.  Elle  eft  bâtie  en  forme  de  pavillon  ,  Se 
les  François  difent  que  ce  fut  Rhodope,  fameufe  courti- 
fane  ,  qui  la  fit  élever  de  l'argent  qu'elle  avoir  gagné  aux 
dépens  de  Ion  honneur.  Mais  c'eft  fans  doute  une  erreur, 
du  moins  fi  ce  que  Pline  dit  eft  vrai ,  que  la  Pyramide  de 
Rhodope  étoit  petite  ,  quoique  d'ailleurs  très-belle  ,  ce 
qui  ne  peut  convenir  à  celle-ci,  puisqu'elle  eft  une  des 
plus  grandes  qui  foient  en  Egypte.  Si  elle  avoit  été  ache- 
vée.clle  ne  céderoit  point  en  beauté  aux  trois  principales. 
En  montant  au  haut ,  on  compte  cent  quarante-huit  de- 
grés de  fort  grandes  pierres ,  tels  que  font  ceux  de  la  plus 
grande  Pyramide.  La  plate-forme  qui  eft  au  fommet  n'eft 
pas  unie  ,  les  pierres  y  étant  pofées  fans  aucun  ordre  , 
d'où  il  eft  aifé  de  juger  qu'elle  n'a  point  été  achevée  ;  8c 
cependant  elle  paroît  beaucoup  plus  ancienne  que  les 
autres  :  car  les  pierres  font  presque  touces  mangées,  8c 
tombent , pour  ainfi  dire, en  poudre.  Elle  a  de  chaque 
côté  fix  cens  quarante-trois  pieds.  Son  entrée  eft  au  quart 
de  fa  hauteur  ,  8c  tournée  vers  le  nord  ,  comme  celle  de 
la  grande.  Elle  eft  à  trois  cens  feize  pieds  de  l'extrémité 
orientale  ,  5c  par  confequent  à  trois  cens  vingt-fept  pieds 
de  l'extrémité  occidentale.  11  n'y  a  qu'une  feule  allée ,  qui 
a  de  largeur  trois  pieds  &  demi,  &  quatre  pieds  de  hau- 
teur. Elle  va  en  descendant  l'espace  de  deux  cens  foi- 
xante-fept  pieds ,  8c  aboutit  à  une  fale,  dont  la  voûte  eft 
faite  en  dos  d'àne.  Sa  longueur  eft  de  vingt-fept  pieds  8c 
demi ,  8c  fa  largeur  d'onze  pieds.  Au  coin  de  la  fale  il  y  a 
une  aune  allée  parallèle  à  l'horizon  de  trois  de  largeur , 
d'égale  hauteur,  8c  de  neuf  pieds  8c  demi  de  longueur. 
Elle  conduit  à  une  autre  chambre  ,  qui  a  vingt-un  pieds 
de  longueur ,  onze  de  largeur  ,  8c  dont  la  voûte ,  qui  eft 
faite  en  dos  d'âne  ,  elt  extrêmement  haute.  Cette  chambre 
a  du  côté  d'occident ,  où  s'érend  fa  longueur ,  une  fenêtre 
carrée  à  vingt-quatre  pieds  &  un  tiers  au-deffus  du  pavé  : 
par  cette  fenêrre  on  entre  dans  une  allée  aflez  large, à  hau- 
teur d'homme ,  qui  eft  parallèle  à  l'horizon ,  8c  qui  a  treize 
pieds  &  deux  pouces  de  longueur.  Au  bout  de  cette  allée 
eft  une  grande  fale  ,  dont  la  voûte  eft  auiîi  faite  endos 
d'àne.  Sa  longueur  eft  de  vingt-fix  pieds  huit  pouces,  & 
fa  largeur  de  vingt-quatre  pieds  un  pouce.  Le  fond  ou 
pavé  eft  de  roche  vive  ,  qui  avance  de  tous  côtés  inégale- 
ment ,  8c  laiiTe  feulement  un  peu  d'espace  uni  dans  le 
milieu  ,  qui  eft  entouré  de  tous  côtés  du  rocher ,  8c 
beaucoup  plus  bas  que  ne  font  l'entrée  de  la  fale  & 
le  bas  de  la  muraille.  *  Le  P.  Vanjleb ,  relat.  d'Egypte , 

jp.iji. 

PYRAMUS,  fleuve  de  la  Cilicie  ,  félon  Ptolomee, 
/.  5.  c.  8.  8c  Pline,  /.  $.  c,  27.  Etienne  le  géographe  dit 
qu'on  l'appclloit  anciennement  Leucofyrus.  Le  nom  mo- 
derne ,  fclon  Niger ,  eft  Malmiflra.  Le  nom  de  ce  fleuve 
eft  corrompu  dans  Polybe  ,  /.  1 1.  &  dans  Plutarque,  in 
Alexanâro  ,-  car  le  premier  écrit  Pydus ,  8c  le  fécond 
Pwdarus. 

PYRANTHUS  :  Etienne  le  géographe  donne  ce 
nom  à  un  lieu  de  l'ifle  de  Crète  ,  qu'il  ne  fait  s'il  doit 
appeller  ville  ou  village.  Ce  lieu  étoit  au  voiftnage  de 
Gortyna. 

PYR  ASUS,  ville  de  Grèce ,  dans  la  Theffalie.  Strabon, 
l-  9  p.  435.  dit  qu'elle  avoit  un  port  commode, 8c  qu'elle 
étoit  à  vingt  ftades  de  la  ville  de  Thébes.  On  croit  com- 
munément que  c'eft  la  même  que  Demetriade.  Voyez. 
Demetriade  ,  n°    1. 

PYREN/EA,  ville  de  la  Locride,  félon  Etienne  le 
géographe.  Voyez.  Pyron^.A. 

PYREN.EA  VENUS.  Voyez.  Aphrodisium  ,  »°  3. 

PYREN^/E  ALPES  ,  nom  qu'Ortelius ,  qui  cite 
Gellius  ,  ex  Varrcne  ,  donne  aux  monts  Pyrénées.  L'au- 
teur de  la  vie  de  Louis  le  Débonnaire  donne  le  même  nom 
à  ces  montagnes ,  félon  un  paffage  de  cet  auteur ,  cité 


PYR 


par  M.  de  Marca ,  Hisp.  I.  38.  c.  1.  Voyez.  Pyré- 
nées. 

PYREN^UM  SUMMUM  ,  lieu  d'Espagne  ,  dans 
les  Pyrénées  :  l'itinéraire  d'Antonin  le  met  fur  la  route 
de  Nîmes  à  Caftulo,  entre  le  lieu  adCemuriones  8c  Jun~ 
caria  ,  à  cinq  milles  du  premier  de  ces  lieux  ,  &  à  feizs 
milles  du  fécond. 

PYREN^US  MONS  ,  montagne  de  la  Germanie  , 
8c  qui  fait  partie  des  Alpes  ,  félon  Ortelius.  Il  cite  pour 
garans  Appien,  le  panégyrique  de  Pline,  Séneque, 
Denis  le  Périégete,  8c  une  épigramme  de  Baffus.  Mais 
ce  qu'il  y  a  d'étonnant ,  c'eft  qu'aucun  de  ces  auteurs  ne 
peut  appuyer  le  fentiment  d'Ortelius.  Voici  ce  qui  l'a 
trompé.  Appien,  de  Bellis  Hisp.  p.  t$$.  s'eft  fervi  de 
termes  peu  précis  dans  fa  defeription  des  Pyrénées  , 
qu'il  étend  depuis  la  mer  de  Tyrrhène  jusqu'à  l'Océan 
feptentrional  ;  Ortelius  a  cru  fans  doute  que  par  cet 
Océan  feptentrional ,  Appien  vouloir  parler  de  J'Océan 
germanique ,  ou  mer  du  Nord ,  au  lieu  qu'il  entend 
la  mer  qui  eft  au  nord  de  l'Océan  atlantique.  Cette 
méprife  une  fois  faite  ,  Ortelius  s'eft  perfuadé  qu« 
toutes  les  autres  autorités  confirmoient  ce  qu'Appien 
fembloit  avoir  dit  -,  mais  dans  le  fond ,  à  les  exami- 
ner toutes  féparément ,  il  n'y  en  a  pas  une  qui  mette 
un  mont  Pyrenée  dans  les  Alpes.  Voici  entre  autres  le 
paffage  de  Séneque ,  Confolat.  ad  Hdviam.  c.  6.  Pyre- 
naus  Germanorum  tranfuus  non  inbibuit.  Or  étoit-il 
plus  difficile  aux  Germains  de  paffer  les  Pyrénées ,  8c 
de  pénétrer  en  Espagne ,  que  de  transporter  les  Py- 
rénées dans  la  Germanie  ? 

PYREN^US  SALTUS.  Cornélius  Nepos,/»  Han*- 
mbal.  donne  ces  noms  aux  monts  Pyrénées  ,  ou  plu- 
tôt à  cette  partie  des  monts  Pyrénées  que  traverfa 
Annibal ,  lorsqu'il  paffa  d'Espagne  dans  la  Gaule  ,  pour 
fe  rendre  en  Italie.  Tite-Live,  /.  21.  c.  23.  en  rap- 
portant ce  même  trait  de  l'hiftoire ,  fe  fert  auffi  du 
même  mot  Pyrenms  Saints ,  pour  défigner  cette  mçi> 
tagne. 

1.  PYRENE.  Voyez.  Pyrénées. 

2.  PYRENE ,  ville  de  la  Gaule  Celtique  :  Héro- 
dote, /.  i.n.  23.  dit  que  le  Danube  prenoit  fa  fourec 
auprès  de  cette  ville. 

PYRÉNÉES  ,  montagnes  d'Europe  ,  aux  frontières 
de  la  France  8c  de  l'Espagne  ,  dont  elles  font  la  fépara- 
tion.  Elles  ont  toujours  été  réputées  la  borne  natu- 
relle de  ces  deux  états.  Mons  ille  ,  dit  Strabon,  /.  3. 
commet  ur  ab  Auflro  ver  fus  Boream  por  retins  Gal- 
ïiam  ab  Hispania  dirirnit.  Ce  que  Silius  Italicus  ex- 
prime dans  ces  vers  : 

Pyrene  celfa  Nimbrofî  verticis  arce 
Divifos  Celtis  longé  prospellat  lberos , 
Atque  Aterna  tenet  magnis  divortia  terris. 

Pline ,  /.  3.  c .  3.  dit  la  même  chofe  ,  &  nous  marque 
les  bornes  précifes  de  cette  féparation  ;  Pyrend  Mon- 
tes ,  dit- il,  Hispamas  Galliasque  difterminant >  pro- 
montoriis  in  duo  diverfa  maria  projeclis.  Il  veut  par- 
ler du  promontoire  de  Venus ,  ou  Aphrodifwm ,  qui 
s'avance  dans  la  mer  Méditerranée  ,  8c  du  promon- 
toire Olearfo  ou  Oeafo  ,  qui  avance  dans  l'Océan* 
On  donne  deux  origines  différentes  du  nom  de  ces 
montagnes  :  l'une  eft  fabuleufe.  Les  poëtes  ont  feint 
qu'Hercule  paftant ,  leur  donna  le  nom  de  Pynene  en 
1  honneur  de  la  fille  du  roi  des  Bebrices  qu'il  avoir 
aimée.  L'autre  eft  fondée  fur  le  témoignage  de  Dio- 
dore  de  Sicile ,  8c  de  divers  autres  anciens  écrivains. 
Us  dérivent  le  nom  Pyrame  du  grec  Uvfcç  qui  fignifie 
du  feu  ,  8c  ils  prétendent  qu'il  a  été  occafionné  par 
un  fameux  embrafement  caufé  par  des  bergers  ,  qui 
mirent  le  feu  aux  forêts  qui  couvrent  ces  montagnes. 
Ariftote ,  de  Mirandis  Auscultât,  parle  de  cet  embra- 
fement. Silius  Italie.  Punicor.  1.  3.  v. 420.  8c  fuiv. 

Les  monts  Pyrénées  s'étendent  depuis  la  mer  Mé- 
diterranée jusqu'à  l'Océan  ,  l'espace  de  quatre-vingt- 
cinq  lieues  en  longueur  :  la  largeur  eft  différente  félon 
les  lieux  ,  8c  la  plus  grande  eft  de  quarante  lieues. 
Us  commencent  au  porc  de  Vendre* ,  daus  le  Rous- 


PYR 


PYR 


fîllon  ,  fur  la  Méditerranée ,  Se  à  Saint  Jean  de  Luz  , 
dans  la  Biscaye  françoife  »  fur  l'Océan ,  d'où  elles  s'é- 
tendent jusqu'à  Saint  Sébaftien  ,  fameux  port  de  mer , 
dans  la  Biscaye  espagnole  ;  à  Pampclune  ,  dans  la  Na- 
varre ;  à  Venasca,  dans  l'Aragon  ;  à  Lerida  Se  à  Tui- 
tofe  ,  dans  la  Catalogne.  Tout  le  terrein  que  ces  mon- 
tagnes occupent  ell  partagé  aujourd'hui  entre  la  France 
Se  l'Espagne.  La  France  y  a  cinq  petits  pays ,  qui  font 
une  partie  de  la  Biscaye  ,  la  principauté  de  Bearn ,  Se  les 
comtés  de  Bigorre  ,  de  Comminges  Se  de  Rouflillon. 
L'Espagne  y  pofl'ede  quatre  provinces ,  qui  font  l'autre 
partie  de  la  Biscaye  ,  la  Navarre  ,  l'Aragon  Se  la  Cata- 
logne. *  Délices  d'Espagne. 

Ces  montagnes  ont  divers  noms  ,  félon  les  divers 
lieux  qu'elles  avoifinent.  Vers  le  Roulïillon  elles  fe 
partagent  en  deux  branches,  dont  celle  qui  fepare  ce 
comté  du  Languedoc, s'appelle  Anti-Pyrenée,  Se  celle 
qui  le  fépare  de  la  Catalogne  fe  nomme  Col  de  Per- 
tuis,  quoique  ce  mot  de  Col  fignifie  proprement  les 
paflages  étroits  qui  font  dans  ces  montagnes.  11  y  a  du 
même  côté  Monte  -  Canigo  ,  Sierra  de  Guara, 
Cor.  de  la  Prexa  ,  Col  de  l'Argentiere  ,  Se 
Porto  de  Viella.  Celles  qu'on  voit  entre  la  Gas- 
cogne cv  l'Aragon,  font  les  montagnes  de  Jacca  Se 
de  Sainte  Christine.  Enfin  celles  qui  s'étendent 
dans  la  Navarre  ,  s'appellent  les  montagnes  d'Adula  Se 
de  Roncevaux. 

Toutes  les  montagnes  de  l'Espagne  ne  font  que  des 
rameaux  des  Pyrénées  qui  font  très-hautes ,  Se  fi  fer- 
rées, qu'elles  laiiïent  à  peine  cinq  routes  étroites  pour 
pafïér  de  France  en  Espagne.  On  n'y  peut  même  aller 
qu'à  pied  ,  ou  bien  avec  des  mulets  accoutumés  à 
grimper  fur  ces  hauteurs  ,  où  un  cavalier  peu  expéri- 
menté courroit  risque  mille  fois  de  fe  rompre  le  cou 
avec  fa  monture.  Toutes  ces  montagnes  font  coupées 
par  un  grand  nombre  de  vallées  ,  Se  couvertes  de  hautes 
forêts  ,  la  plupart  de  pins.  La  Sierra  d'Occa,  autre- 
Fois  Idubeda  ,  eft  une  autre  branche  de  montagnes  qui 
fort  des  Pyrénées. 

PYRETON.  Voyez  Vouât  a. 
PYREUM  MAGNUM  3  lieu  delà  Pet  fe- Arménie, 
félon  Procope  ,  Perjïcor.  I.  i.  c.  24.  qui  dit  que  les 
Mages  y  gardoient  un  feu  perpétuel  ,  y  ofiroient  des 
facrirîces,  Se  y  conlultoient  l'oracle.  Les  Perfes  ado- 
roient  ce  feu  comme  leur  Dieu.  Cétoit  le  plus  grand 
de  leurs  dieux  ,  Se  c'étoit  le  même  feu  que  les  Ro- 
mains révéroient  fous  le  nom  de  Veita.  Strabon  ,  /.  1  j. 
p.  733.  qui  nomme  ce  feu  Pyratheia  ,  dit  que  c'étoit 
une  grande  enceinte  ,  au  milieu  de  laquelle  il  y  avoit 
un  autel  où  les  Mages  confervoient  le  feu  perpétuel 
dont  parle  Procope.  Ortelius  foupçonne  que  ce  Py- 
reum  pourroit  être  la  même  chofe  qu'ORCHOA  Se  Ur. 
Voyez  Orchoa  Se  Ur. 

PYRGANUM  ,  lieu  maritime  de  la  Toscane  ,  félon 
Ortelius,  qui  cite  l'itinéraire  d'Antonin.  Il  ajoute  que 
ce  lieu  étoit  entre  Rome  Se  Gravisca? ,  &  qu'Antonin 
le  nommoit  auflï  Pyrgi.  Ce  dernier  nom  eft  connu 
dans  l'édition  des  Aides ,  dans  celle  des  Juntes ,  dans 
celle  de  Surita,  Se  dans  celle  qu'a  publié  Schelltrate; 
mais  dans  aucune  on  ne  trouve  Pyrganum.  Comme 
Ortelius  fe  fervoit  d'un  manuferit  de  l'itinéraire  d'An- 
tonin, il  pourroit  fort  bien  fe  faire  que  Pyrganim 
feroit  une  faute  de  copifle.  Voyez  Pyrgi. 

PYRGENSES  ,  peuples  du  Péloponnèfe,  dans  l'A- 
chaïe  propre  ,  félon  Pline  ,  /.  4.  c.  6.  Leur  ville  fe 
nommoit  Pyrgos.  Hérodote,  /.  4.  n.  148.  en  parle, 
Se  la  met  dans  l'Arcadie. 

PYRGESSA ,  bourgade  d'Italie  ,  félon  Etienne  le 
géographe. 

1.  PYRGI,  ville  d'Italie,  dans  la  Toscane  ,  fur  la 
côte  ,  félon  Pline,  /.  3.  c.  j.  Virgile,  JEneïd.  I.  10. 
v.   184.  donne  à  cette  ville  le  furnom  de  Veteres  : 

Et  Pyrgi  veteres ,  intempefîœque  Gravis  ce. 

Tite-Live,  /.  36.  c.  3.  nous  apprend  que  c'étoit  une 
colonie  Romaine.  Ptolomée,  /.  3.  c.  1.  la  place  entre 
Caflrum  Novitm  Se  Alfiumi  Se  dans  l'itinéraire  d'An- 
tonin elle  eft  marquée  fur  la  route  Aurélicntie  ,  entre 


ad  Jarres  Se  Giftrum  Novum ,  à  douze  milles  tic  la 
première  de  ces  places  ,  Se  à  huit  milles  de  la  fécondes, 
Quelques-uns  croient  que  le  nom  moderne  ell  Santa 
Marinella,  parce  que  l'églife  de  ce  lieu  s'appelle 
Sta.  Maria  de  Terri  torio  PUtgarto. 

1.  PYRGI,  ville  de  la  Meilcnie,  félon  Etienne  tê 
géographe.  Ortelius  croit  que  c'eit  la  ville  de  Pyi* 
gos  qu'Hérodote  met  dans  l'Arcadie  ,  Se  dont  Pline 
appelle  les  habitans  Pyrgenfes.  Tite-Live  ,  /.  27.  t.^u 
met  dans  l'Elide  un  heu  fortifié  ,  nommé  Pyrgus  ;  Se 
Polybe,/.  3.  n.  77.  connoît  une  ville  de  même  nom 
dans  la  Triphylie.  Peut-être,  ajoute  Orttlius ,  elt-iî 
queftion  dans  tous  ces  auteurs  du  même  lieu  •  car 
toutes  ces  contrées  étoient  voilines. 

PYRGUS.  Mercator ,  dans  fa  carte  de  l'Europe  , 
nomme  une  ville  de  la  Marmarique  Pyrgus,  &  dit 
que  le  nom  moderne  eit  Barda.  Je  ne  connois  pour- 
tant, dit  Ortelius  ,  aucun  écrivain  où  fe  trouve  le 
nom  ancien  que  Mercator  donne  à  cette  ville. 

PYRI.    Voyez  Tapyri. 

PYRI  MÔNS  ,  montagne  de  la  Germanie,  félon 
Ammien  Marcellin , /.  28.  c.  2.  Quelques-uns  préten- 
dent que  c'efl  la  ville  de  Spire  :  d'autres  dii'ent  que 
c'eft  Knytlinger  -  Staig  ;  mais  François  Junitis  l'entend 
de  la  montagne  Heyligberg,  au  voifinage  de  la  ville  de 
Heydelberg.  Si  quelqu'une  de  ces  opinions  eft  vérita- 
ble ,  c'eft  celle  de  Junius  ;  du  moins  c'eft  cel'é  qui 
s'accorde  le  mieux  avec  Ammien  Marceiliu ,  qui  dit 
que  Pyri-Mons  étoit  au-delà  du  Rhin.  De  Val- 
lois,  dans  l'on  édition  d' Ammien  Marcellin,  écrit  in 
Monte  Piri ,  au  lieu  de  in  Pyri  Monte. 

PYRINTHUS,  ville  de  la  Carie.  C'eft  Etienne  le 
géographe  qui  la  connoît;  l'édition  des  Aides  lit  Py- 
rindus  pour  Pyrinthus. 

PYRIPHLEGETON,  fleuve  d  Italie,  félon  Orre» 
lius,  qui  cite  Lycophron.  Arilîote  ,  in  Mirabil.  femble 
mettre  un  fleuve  de  même  nom  au  voifinage  de  PH» 
pire  ;  mais  dans  cet  endroit  d'Ariftote  fartlpo  n'eft  pas 
un  nom  propre  :  il  veut  dire  Continent.  Car  puis- 
qu'il ajoute  que  ce  fleuve  étoit  près  de  Cumes  ,  il 
ne  pouvoit  être  au  voifinage  de  l'Epire.  Strabon,  /.  y, 
p.  244.  place  auiïï  le  Pyriphlegeton  au  voifinage  de 
Cumes.  Ainfi  il  n'y  a  pas  de  doute  que  ce  ne  foit  le 
même  fleuve.  Ortelius  croit  que  par  ce  fleuve  on  en- 
tend les  eaux  fulfureufes  de  Pouzzol. 

PYRISABORA.  Voyez  Bersabora. 

PYRISS^I.    Voyez  PlRUSTyE. 

PYRITZ ,  ville  d'Allemagne,  dans  la  Poméraiiie  , 
au  duché  de  Stettin ,  au  midi  du  lac  de  Maldui ,  dont 
elle  n'eft  guère  qu'à  une  lieue.  *  Jaillot,  Atlas. 

PYRMARAAS,  village  de  Perfe,  à  trois  lieues  dé- 
Scamachie.  Olearius ,  dans  fon  voyage  de  Perfe  t  i.  4. 
p.  377.  dit  que  ce  lieu  eft  fort  cclèbre,  à  càufe  d'un 
prérendu  faint  du  pays ,  nommé  Seid-Ibrahim  ,  donc 
on  voit  la  fépulture.  Les  Perfes  difent  que  ce  faine 
eft  fort  ancien,  Se  qu'il  a  toujours  été  tellement  ré- 
véré ,  queTamerkn  ,  qui  rte  refpectoit  rien  ,  ne  vou- 
lut point  toucher  à  fon  fépulcre  ,  quoiqu'il  ruinât 
tout  ce  qui  fe  rencontroit  en  fon  chemin.  Ce  bâti- 
ment a  des  murailles  Se  deux  cours  comme  un  châ- 
teau. Quelque  envie  qu'eût  Oîéarius  de  le  voir  ,  0:1 
ne  lui  permit  que  l'entrée  de  la  première  cour ,  oui 
étoit  remplie  de  pierres  carrées  ,  dreiTées  debout  » 
pour  diftinguer  les  fofics  des  particuliers.  Il  ajoute 
qu'ayant  trouvé  le  moyen  d'y  retourner  fans  qu'on 
Fobfervât ,  il  fe  glifTa  dans  la  féconde  cour  ,  où  il 
copia  plufieurs  inferiptions  arabes.  Il  fe  hazarda  en- 
fuite  d'ouvrir  la  porte  qui  menoit  dans  le  bâtiment , 
Se  qui  n'étoit  fermée  que  d'une  cheville.  Ce  bâtiment 
étoit  compofé  de  plufieurs  appartemens  voûtés ,  qui 
ne  recevoient  le  jour  que  par  quelques  petites  fe- 
nêtres. Il  y  avoit  dans  le  premier  un  tombeau  élevé 
de  deux  pieds ,  vis-à-vis  de  la  porte  ,  avec  deux  de- 
grés pour  y  monter.  Ce  tombeau  étoit  fermé  d'une 
baluftrade  en  grillé  de  fer.  A  main  gauche  on  en- 
troit  par  une  porte  dans  une  grande  galerie  bien 
claire  ,  dont  les  murailles  étoient  blanchies ,  S.:  lé 
plancher  couvert  de  beaux  tapis.  A  la  droite  il  y 
avoit  dans  un  autre  appartement  voûté  huit  tombe"! 


PYR 


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élevées  ,  ce  ceft  par  cette  dernière  voûte  que  l'on 
pane  dans  une  troifiéme,  où  eft  le  tombeau  de  Seid- 
Ibrahim.  Ce  tombeau  eft  élevé  de  deux  pieds  de 
terre  ,  &  couvert  d'un  tapis  de  damas  jaune.  A  la  tête 
&  aux  pieds,  de  même  qu'aux  deux  côtés  ,  il  y  avoit 
pluiieurs  cierges  8c  quantité  de  lanternes  ,  fur  de 
grand ,  chandeliers  de  cuivre  ,  avec  quelques  lampes 
pendues  à  la  voûte. 

A  deux  portées  de  mousquet  de  ce  village  ,  du  côté 
du  levant ,  on  voit  dans  un  roc  le  fépulcre  d'un  aurre 
faine,  nomme  Tiribabba ,  &  qui,  a  ce  que  dilent  les 
Perfans,  étoit  précepteur  de  Seid"  Ibrahim.  Ils  ajou- 
tent que  celui-ci  avoir  une  vénération  fi  particulière 
pour  fon  mairre,  qu'il  pria  Dieu  de  lui  accorder  que 
même  après  fa  mon  on  ne  le  pût  voir  dans  la  po- 
fture  en  laquelle  1  avoit  accoutumé  de  fe  mettre , 
lorsqu'il  faif'oir  fes  dévotions.  En  effet  on  le  voit  en- 
core aujourd'hui  habillé  d'une  robe  grife  ,  Se  à  ge- 
noux. D'après  cela  Olearius,  s'appuyaiu  fur  le  témoi- 
gnage d'Ammien  M'aicellin  ,  de  Camerarius  8c  de 
Vairon,  prétend  que  les  corps  des  Perfes  qui  font 
vieux  &  qu'on  n'enterre  point  ,  ne  font  pas  fuscep- 
tibles  de  corruption.  Les  bâtimens  qui  accompagnent 
le  tombeau  de  Tiribabba  font  beaux.  Sur  la  porte  il 
y  a  cette  mfeription  en  lettres  arabesques  :  Alla  ,  Mu~ 
fe'hi  btl  ebitaà  ,  c'eii-à-dire  :  ô  Dieu  !  ouvre  cette  porte. 
On  a  taillé  dans  le  roc  plufieurs  chambres  ,  niches 
8c  cavernes  où  les  pèlerins  logent ,  8c  font  leurs  dé- 
votions ;  8c  il  y  en  a  de  fi  hautes  ,  qu'il  faut  des 
échelles  de  douze  ou  quinze  pieds  pour  y  monter. 
Nous  fumes  trois  ,  dit  Olearius ,  qui  montâmes  jus- 
que fur  le  haut  du  roc  ,  par  des  précipices  effroya- 
bles ,  nous  aidant  les  uns  les  autres.  Notis  y  trou- 
vâmes quatre  grandes  chambres  ,  &  au  dedans  plu- 
fieurs niches  taillées  dans  le  roc  pour  fervir  de  lit. 
On  rrouve  dans  cetre  voûte  ,  fur  le  haut  de  cette 
montagne,  des  coquilles  de  moules,  &  on  en  voit 
en  quelques  endroits  une  fi  grande  quantité  ?  qu'il 
femole  que  route  cette  roche  ne  foit  compofée  que 
de  fable  Se  de  coquilles. 

Ces  deux  tombeaux  font  fort  célèbres ,  à  caufe  des 
pèlerinages  que  les  payfans  y  font ,  particulièrement 
vers  le  rems  où  l'on  couvre  Tiribabba  d'une  robe 
neuve  ,  .&  que  l'on  met  la  vieille  en  pièces  pour  la 
diftrir.ner  aux  pèlerins. 

Les  habitans  du  village  de  Pyrmaraas  ne  boivent 
jamais  de  vin  ,  de  peur  ,  difent-ils ,  qu'en  violant  les 
loix  de  Mahomet  ,  &  les  ordonnances  de  l'aicoran  , 
la  fainteté  du  lieu  ne  foit  profanée.  A  l'entrée  de  ce 
vil'age ,  auprès  du  fépulcre  de  Seid-lbrahim ,  on  voit 
une  grande  voûte  ou  citerne  de  cinquante-deux  pieds 
de  longueur ,  fur  vingt  pieds  de  largeur.  Elle  elt  re- 
vêtue de  pierres  de  raille  ,  8c  en  hiver  on  la  remplit 
d'eiu  de  neige  &  de  glace  ,  pour  s'en  fervir  pendant 
les  chaleurs  de  l'été.  Les  hommes  8c  le  bétail  en  boi- 
vent. 

PYRMONT  ,  bourg  ,  montagne  8c  château  d'Al- 
lemagne ,  dans  la  Weftphalie ,  à   deux  lieues  de  Ha- 
melin  ,  ville  du  duché  de  Brunswick.  Jean  Rideritius 
dit ,  dans  fa  chronique  du  comté  de  Lippe  ,  que  le 
château  de  Pyrmonr ,  préfentemenr  ruiné  ,   a  été  un 
lieu  fortifié  ,    fur   le   haut  de   la   montagne  de  Pyr- 
mont ,  où  les  anciens  habitans   d'Emmerlande  confer- 
voienr  le  feu  facré  qu'ils  adoroient  ,  8c  où  ils  fe  ré- 
fugioient  dans  la  néceiîïré.  Le  dernier  comte .  Philippe 
de   Spigelberg  8c   de   Pyrmont  ,  fut  tué  à  la  bataille 
de  Saint-Quentin  en  1557,  &  fa  fœur  Urfule  le  maria 
avec  Herman  Simon ,  comte  de  Lippe  ,  dont  le  fils 
unique  Philippe  ,  comte  de  Lippe ,  de  Spigelberg  8c  de 
Pyrmonr  ,  mourut  en   1^81,  fans  avoir  été  marié  ,  8c 
fa  merc  étant  auflî  décédée  après  lui ,  fa  fœur ,  ma- 
riée au  comte  de  Gleichen  &  de  Tonna  en  Thuringe , 
née  comtefle  de  Pyrmont ,  héi  ira    des    meubles,  bi- 
joux ,  8c  autres  bien?  ,  8c  le  duc  de  Brunswick  Eric 
le  jeune  rendit  à  fes  fils  en  fief  le  comré  de  Spigel- 
berg ,  dont  il  s'étoit  faifi  ,  avec  la  maifon  de  Coppen- 
burg.  Quant  au  comté  de  Pyrmont  ,    il  leur  fur  dis- 
puté par  1  évêque  de  Munfier ,  qui  prétendoir  que  ce 
comté  lui  appartenoit  comme  un  fief  masculin  échu, 


PYR 


quoique  fes  fucceflèurs  en  eurient  laiiTé  tranquillement, 
jouir  la  comtefle  de  Gleichen.  La  fucceiTion  mâle  des 
comtes  de  Gleichen  étant  entièrement  éteinte  ,  l'ar- 
chevêque de  Cologne,  comme  eveque  de  l'aderborne  » 
fit  prendre  polTeflion  du  comté  de  Pyrmont ,  pai  fon 
envoyé  à  la  diète  de  l'empire  en  IJ41  ;  mais  depuis 
il  a  été  cédé  aux  comtes  de  Waldeck  ,  qui  le  poiie- 
dent  en  vertu  d'uie  transaction  pafiée  entre  Ferdinand 
de  FurUenbeig  ,  évêque  de  Paderborne  ,  8c  le  con.re 
de  Waldeck  alors  régnant.  *  Zeykr ,  Topog.  Wenph. 
p.  69. 

Le  comté  de  Pyrmont  n'eft  pas  loin  de  Corvey, 
fur  le  Weler.  Il  elt  fore  petit ,  mais  allez  fameux  par 
fes  eaux  minérales. 

I-YRN  ,  ville  d  Allemagne  ,  au  marquifat  de  Mis- 
nie ,  dans  le  cercle  de  ce  nom.  Elle  elt  fituée  a  deux 
lieues  de  Dresde,  vers  la  Bohême,  fur  l'Elbe.  Il  y  a 
un  château  très  bien  fortifié,  &  que  l'on  appelle  Son- 
nenftein.  Il  y  a  aulfi  de  très  -  beaux  ponts  de  pierre. 
*  Hubner  ,  Géogr. 

PYRNOS  ,  ville  de  la  Carie  ,  félon  Pline ,  /.  j. 
c.  28.  8c  Etienne  le  géographe. 

PYROGERI ,  peuples  de  la  Thrace.  Tous  les  exem- 
plaires imprimés  8c  manuferits  de  Pline,  /.  4.  c.  11. 
portent  généralement  Pyrogeri  ;  aulfi  le  père  Har- 
douin  n'a-t-il  pas  cru  devoir  corriger  ce  mot  dans  le 
texte  ;  mais  il  avertit  qu'il  eft  fort  tenté  de  foupçon- 
ner  qu'il  faut  lire  Pyrgoceri  ,  ou  ,  en  changeant  les 
ordres  des  lettres  ,  Cereopyrgis  ,  ce  qui  reviendroir  au 
même.  La  notice  d'Hieroclès  ,  qui  met  Cereopyrgus 
dans  la  province  de  Rhodope  ,  autorife  fon  foupçon. 

PYRON^EA  ,  ville  de  la  Locride  ,  félon  Etienne 
le  géographe.  Ne  feroit-ce  point ,  dit  Ortclius  ,  la 
même  ville  que  Pyrena?a? 

PYRPILE  ,  ou  Pyrpyle.  Pline  ,  /.  4.  c.  11.  dit 
que  c'eft  un  des  noms  que  l'on  donna  à  l'ifle  de  De- 
los ,  parce  que  le  feu  y  avoit  été  trouvé.  Solin ,  c.  11. 
p.  30.  ajoute  que  non-feulemenr  le  feu  y  fut  trouvé, 
mais  encore  la  manière  de  le  produire.  Il  écrit  Pyr- 
pole,  8c  c'eft  ainfi  qu'il  faut  écrire  :  car  ce  nom  dé-  * 
rive  du  grec  nupAw  ,  qui  veut  dire  allumer  du  feu. 

i.PYRRHA,ville  de  Fille  de  Lefbos.  Prolomée, 
/.  5.  c.  2.  la  marque  entre  le  promontoire  Sigrium 
8c  la  ville  Ereflus.  Pomponius  Mêla  ,  /.  i\,  c.  7.  Thu- 
cydide ,  /.  3.  p.  183.  8c  Etienne  le  géographe,  par- 
lent de  cette  ville  ;  mais  les  deux  premiers  écrivent 
Pyrra  pour  Pyrrha.  Elle  donna  le  nom  au  détroit 
qui  eft  entre  l'Afie  mineure  8c  l'ifle  de  Lefbos,  qu'A- 
riftote  appelle  en  plus  d'un  endroit  Pyrrhaus  Eimr- 
pus.  Elle  donna  auiTi  le  nom  à  une  forêt  de  la  même 
ifle ,  &  qui  eft  nommée  Pyrrh^eum  Nemus  par  Pline, 
/.  16.  c.  10. 

2.  PYRRHA  ,  montagne  de  l'ifle  de  Lefbos,  félon 
Ortelius  ,  qui  cite  Théophraftc ,  8c  ajoute  qu'il  cou- 
loit  de  la  poix  de  cette  montagne.  C'étoit  peut-être 
cette  montagne  qui  donnoit  le  nom  à  la  ville  de  Pyr- 
rha. Voyez,  ce  mot,  n°  1. 

3.  PYRRHA,  village  de  la  Ligurie.  C'eft  Etienne 
le  géographe  qui  en  fait  mention. 

4.  PYRRHA.  Voyez,  AstypaljeA,  n°  1. 

5.  PYRRHA  ,  ville  de  l'Eubée ,  félon  Pomponius 
Mêla,  /.  2.  c.  7.  8c  Pline,  /.  4.  c.  12. 

6.  PYRRHA,  promontoire  de  la  Theflalie ,  fur  la 
cote  de  la  Phthiotide.  Strabon  ,  A  9.  p.  435.  dit  qu'au 
devant  de  ce  promontoire  il  y  avoit  deux  ifles ,  dont 
l'une  étoit  auiTi  appellée  Pyrrha  ,  &  l'autre  Deuca- 
lion. 

7.  PYRRHA  ,  ville  de  l'Ionie.  Il  y  avoit ,  dit  Stra- 
bon ,  /.  14.  p.  636.  environ  cent  ftades  par  mer  d'Hé- 
raclée  à  Pyrrha  ,  8c  un  peu  plus  bas  il  ajoute  que  de 
Pyrrha  à  l'embouchure  du.  Méandre  on  comptoir  cin- 
quante fiades. 

8.  PYRRHA  ,  ville  de  la  Phocide  ,  félon  Pline, 
/.  4.  c.  3. 

9.  PYRRHA,  ville  de  la  Magnéfie.  C'eft  Pline, 
/.  4.  c.  9.  qui  la  nomme.  Le  père  Hardouin  doute 
fi  ce  ne  feroir  point  la  ville  rh/pes-uu ,  que  le  Scho- 
liafte  d'Apollonius ,  ad  /.  2.  Argon,  v.  584.  dit  être  une 
ville  de  la  Magnéfie. 

19.  PYRRHA  , 


PYT 


PYT 


jo.  PYRRHA,  ville  de  la  Lycie, félon  Pline,/.  y. 

C.  27. 

ii.  PYRRHA,  ville  de  la  Carie.  Pline,  l.$.c.  29. 
Se  Ptolomée  ,  l.  $.c.  1.  en  font  mention. 

1 2.  PYRRHA ,  ville  des  environs  du  Palus  Méotide. 
Elle  ne  fubfiftoit  plus  du  tems  de  Pline,  qui  dit ,  /.  2. 
e.  93.  qu'elle  avoit  été  fubmergée,  de  même  que  la 
ville  d'Antifla. 

PYRRH^A.  Voyez.  Thessalie. 

PYRRH.EI  ,  peuples  d'Ethiopie  ,  dans  la  Libye  in- 
térieure. Ptolomée,  /.  4.  c.  G.  les  place  au  midi  du 
fleuve  Gir. 

PYRRHASAS,  ville  de  la  Grèce.  Homère,  Iliad.  B. 
lui  donne  le  nom  de  Florida. 

PYRRHE  ,  ifle  de  la  Doride  ,  dans  le  golfe  Céra- 
mique ,  félon  Pline,  /.  y.  f.  31.  Le  père  Hardouin 
remarque  que  des  manuferirs  portent  l'yrrhœitfa. 

PYRRHENES.  Voyez.  Pyren^us. 

PYRRHEUM.  Tite-Live,  /.  38.  c.  y.  donne  ce 
nom  à  une  partie  de  la  ville  Ambracia  dans  l'Epire. 

PYRRHI  VALLUM,  ou  Pyrrhi  Castra,  lieu 
de  la  Laconie.  Polybe  ,  /.  ;.  n.  19.  &  Tite-Live,  /.  35. 
c.  27.  en  font  mention. 

PYRRHIAS  CYON  ,  lieu  au  voifinage  de  Conrtan- 
tinople  ,  félon  Pierre  Gilles  ,  dans  fa  defeription  du 
Bosphore  de  Thrace. 

PYRRHICHUS  ,  ville  de  la  Laconie.  Paufmias , 
/.  3.  c.  21.  la  met  au  nombre  des  dix-huit  villes  libres 
de  la  Laconie.  Elle  étoit  à  quelque  diftance  de  la. mer, 
Se  à  quarante  ftades  du  fleuve  Scyras.  Les  uns  vou- 
loient  que  Pyrrhus  fils  d'Achille  ,  lui  eût  donné  fon 
nom  ;  mais  d'autres  foutenoient  qu'elle  avoit  pris  celui 
de  Pyrrhichus  ,  l'un  des  dieux  des  Curetés.  Dans  la 
place  publique  de  cette  ville  il  y  avoit  un  puits  ,  fi 
néceflaire  aux  habitans  ,  qu'ils  fouffroient  beaucoup 
delà  foif ,  lorsqu'il  venoit  à  tarir.  La  ville  de  Pyrrhi- 
chus avoit  dans  fon  territoire  un  temple  de  Diane 
Afiratée.  *  Paufanias  ,  1.  3.  c.  2y. 

PYRRHIDifc.  Juftin  ,  /.  17.  c.  3.  dit  qu'on  donnoit 
anciennement  ce  nom  aux  habitans  de  l'Epire  ,  qui 
furent  depuis  nommés  Epirotes.  Voyez.  Epire. 

PYRRHITES.  Voyez.  Phyrites. 

PYPvRHUM  ,  ville  de  la  Pannonîe.  L'itinéraire  d'An- 
tonin  la  marque  fur  la  route  de  Pœtovio  à  Sifcia  ,  entre 
jjqitaviva  Se  Daittona  ,  à  trente  milles  de  la  pre- 
mière de  ces  places ,  Se  à  vingt-quatre  milles  de  la 
féconde. 

PYRRHUS  MONS ,  c'eft-à-dire  la  montagne  Ronge, 
lieu  de  l'Inde  ,  en-deçà  du  Gange.  Le  périple  d'Ar- 
rien ,  p.  33.  place  ce  lieu  fur  le  bord  de  la  mer. 

1.  PYRRHUS  CAMPUS  ,  ou  Pyrrhon  Pedium  , 
canton  de  la  Mauritanie  Tingitane.  Ptolomée,  /.  4. 
c.  1.  le  place  après  le  pays  des  Nedtiberes. 

2.  PYRRHUS  CAMPUS ,  canton  de  la  Libye  in- 
térieure. Il  eil  marqué  par  Ptolomée  ,  /.  4.  c.  6.  entre 
le  pays  des  Leuc&tbiopes  Se  celui  de  Ptrorfï. 

PYRUS.  Voyez.  Pyramus. 

PYRUSTjE.  Kcjet  Pirust*. 

PYRON^A  ,  ville  de  la  Locride.  Ceft  Etienne  le 
géographe  qui  en  fait  mention. 

PYSECK  >  ville  royale  du  royaume  de  Bohême , 
dans  le  cercle  de  Prachin  ,  fitnée  au  midi  de  la  ville 
de  Prague ,  vers  les  confins  de  l'évêché  de  Paflau  ,  aflez 
près  du  Muldaw  ,  fut  la  rivière  d'Ottawa.  En  16 19, 
le  comte  de  Bucquoy  ,  général  de  l'empereur  ,  brûla 
les  fauxbourgs  de  cette  ville ,  Se  la  fomma  de  fe  rendre. 
Sur  le  refus  qu'en  fit  le  commandant ,  nommé  Hack  , 
le  comte  de  Bucquoy  donna  aflaut  en  quatre  endroits 
•différens  tout  à  la  fois  ,  Se  ayant  pris  la  ville  ,  il  fit 
p  a  fier  les  habitans  au  fil  de  l'épée  ,  fit  pendre  le 
•commandant ,  pilla  &  brûla  la  ville.  *  Zeyler ,  Topo- 
graph.  Bohem.  p.  55. 

PYSTIRA  ,  ifle  fur  la  côte  de  l'Afie  Mineure  ,  vis-à- 
vis  de  Smyrne  ,  félon  Pline  ,  /.  5.  c .  31. 

PYSTUS.  *W.Physcus. 

PYTHANGELI  KK&  Se  COLUMNLE  ,  autels  & 
colonnes  que  Strabon  ,  /.  16.  p.  773.  &  774.  place 
dans  l'Ethiopie  ,  fous  l'Egypte.  Il  fait  mention  auflî 
au  même  endroit  d'un  port  ,  qu'il  nomme  Pythan- 
c-eli  Portus  ,  6c  d'un  lieu  appelle  Pethangelus, 


I  145- 

où  fe  faifoir  la  chafle  des  éléphans,  fur  le  golie  Ara- 
bique. 

PYTHECUSA.  Voyez,  Ischia. 

PYTHEUM  ,  ville  de  la  Macédoine.  Ptolomée  la 
donne  aux  Pelasgiotcs ,  Se  la  place  entre  Azorium  Se 
Gonmis. 

PYTHIA  ,  lieu  de  Bithynie  ,  où  il  y  avoit  des  four- 
ces  d'eau  chaude.  Procope  ,  au  cinquième  livre  des 
édifices  de  Juftinien  ,  c.  3.  dit  que  plulîcurs  perfon- 
ncs ,  &  principalement  les  habitans  de  Conltantino- 
ple  ,  trouvoient  dans  ces  eaux  un  foulagement  no- 
table à  leurs  maladies.  L'empereur  Juitinien  laifla  dans 
cet  endroit  des  marques  d'une  magnificence  toute 
royale  ,  en  y  faifant  bâtir  un  fuperbe  palais  ,  Se  un 
bain  pour  l'ufage  du  public.  De  plus  il  y  fit  conduire  par 
un  canal  tout  neuf  des  eaux  fraîches  ,  afin  de  tempérer 
la  chaleur  des  autres. 

PYTHIAS.  Elien  ,  au  troifiéme  livre  de  fon  hi- 
ftoire  diverfe ,  c.  1.  dit  qu'on  appelloit  ainfi  un  che- 
min de  Theflalie,  qui  traverfoit  la  Pélagonie,  le  mont 
Oè'ta,  la  contrée  Liliane  ,  la  Méliade  ,  la  Doride  ,  le 
prîys  des  Locres  Hespériens ,  Se  conduifoit  à  Tempe 
de  Theflalie.  Au  lieu  de  dire  que  ce  chemin  traver- 
foit la  Pélagonie  ,  Ortelius  voudroit  dire  la  Pelasgie  , 
Se  la  carte  de  Ptolomée  ,  ajoute- t-il  ,  me  confirme 
dans  ce  fentiment. 

PYTHICUS  ,  fleuve  de  l'Afie  Mineure.  Il  vient 
de  la  Lydie  ,  Se  fe  jette  dans  le  golfe  que  les  an- 
ciens nommoient  Eleates  Sinus.  A  fon  embouchure 
é  oit  bâtie  la  ville  Myrrina  ,  patrie  d'Agathias ,  comme 
il  le  témoigne  lui-même  dans  le  commencement  de 
fon  hiitoire. 

1.  PYTHIUM  ,  ville  de  Macédoine,  félon  Tite- 
Live  ,  /.  42.  c.  y  3.  &  l.  44.  c.  2.  Plutarque  ,  in  JEmi- 
l\o  ,  Se  Etienne  le  géographe ,  parlent  auflî  de  cette 
ville.  Ortelius  croit  que  c'elt  la  même  ville  que  Ptc 
loméc  nomme  Pytheum. 

2.  PYTHIUM  ,  lieu  de  l'ifle  de  Crète.  Etienne  le 
géographe  le  place  près  de  Conina. 

j.  PYTHIUM  ,  lieu  de  Bithynie.  Etienne  le  géo- 
graphe  dit  que  ce  lieu  étoit  fur  le  golfe  Aftacène. 

PYTHIS,  promontoire  de  la  Marmarique.  Ptolo- 
mée, /.  4.  c.  y.  le  marque  fur  la  côte  du  Nome  de 
Lib'.  e. 

PYTHO.  Voyez.  Delphes. 

PYTHOLA1  PROMONTORIUM,  AR/E  Se  CO- 
LUMN/E,  promontoire  ,  autels  Se  colonnes  dans 
l'Ethiopie,  fous  l'Egypte  ,  félon  Strabon  ,  /.  16.  p.  774. 

PYTHON,  ville  dont  il  eft  parlé  dans  les  oracles 
des  Sibylles,  f.  180.  Ortelius  croit  qu'elle  étoit  en 
Egypte. 

PYTHONOS-COME.  On  appelât  ainfi  ,  dit  Pline, 
/.  10.  c.  3.  un  lieu  de  l'Afie  en  pleine  campagne, 
où  les  cigognes  s'étant  aflemblées  .  murmuroient  entre 
elles  ,  déchiroient  la  dernière  arrivée  ,  Se  fe  fépa- 
roient  enfuite.  Voici  le  paflage  :  Pythonos  Comen ,  va- 
cant in  patentions  empis  ,  nbi  ciconU  congregats.  inter 
fe  commnrmurant ,  eamque  ,  quœ.  mviffimè  advenu  ,  la- 
cérant atque  ita  abewn.  Solin  met  ce  lieu  d'aflem- 
blée  dans  l'Afie  Mineure  ;  mais  il  écrit  Pythomos 
pour  Pythonos. 

1.  PYTHOPOLIS,  ville  de  Bithynie,  fur  le  fleuve 
Soloonte.  Théfée  en  fut  le  fondateur ,  félon  Plutarque, 
in  Thefeo  ,  tradition  de  Dacier. 

2.  PYTHOPOLIS  ,  ville  de  la  Carie.  Etienne  le 
géographe  dit  qu'on  l'appella  enfuite  Nyiïa  ;  Se  com- 
me au  mot  A)'T/'o%*;« ,  Amiochia  ,  il  remarque  que  la 
onzième  Antioche  ,  ville  de  la  Carie  ,  avoit  été  autre- 
fois nommée  Pytbnpolis  ;  cela  donne  à  penfer  que 
Pythopolis ,  Nyfl'a  ôc  Antiochia,  font  la  même  ville. 
Plutarque ,  dans  fon  livre  des  vertus  des  femmes ,  dit 
que  le  fleuve  Pyihopolites  mouilloit  la  ville  de  Pytho- 
polis. 

3 .  PYTHOPOLIS  ,  ville  de  la  Myfie  Afiatique ,  félon 
Etienne  le  géographe. 

PYTHÔPOLITES.  Voyez,  Pythopolis  ,  n°  2. 

PYTIONIA,  ou  Pythionia  ,  ifle  que  Pline  ,  /.  4. 
c.  12.  nomme  parmi  celles  qui  font  autour  de  celle 
de  Corcyre. 

PYTIQVITA.  Voyez.  Petovio. 

tom.  IV.  ïîîîîîî 


ïi46       PYX 


i.  PYTNA.  V<yez.  au  mot  Hiera,  l'article  Hiera- 
Petra. 

i.  PYTNA  ,  colline  du  mont  Ida,  dans  l'ifle  de 
Crète.  Voyez»  au  mot  Hiera,  l'article  Hiera  Pitna. 

PYXA  ,  ville  dont  parle  Théocrire.  Elle  étoit  dans 
l'ifle  de  Cos ,  félon  fon  interprète  Winfemius.  *  Ortel. 
Thefaur. 

PYXIRATES.  Pline ,  /.  5.  c,  24.  donne  ce  nom  à 
l'Euphrate,  vers  fa  lburce. 

PYXIS,  Voyez,  Buxentum. 

PYX1TES  ,  fleuve  de  la  Cappadoce.  Il  avoir  fon 
embouchure  dans  le  Pont-Euxin  ,  près  de  la  ville  de 
Trapezunce ,  félon  Pline ,  /.  6.  c.  4.  Le  périple  d'Ar- 


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rien ,  p.  7.  marque  le  Pyxites  entre  le  Prytarris  &! 
lAichabis  ,  à  quatre- vingt -dix  llades  de  l'un  îk  de 
l'autre. 

PYXUS.  Voyez  Pisciotta. 

TYZDRI ,  ville  de  la  grande  Pologne ,  dans  le  PaJ 
latinat  de  Kalisch  ,  fur  la  rive  feptcntrionale  de  1$ 
Warta  ,  au  midi  de  Gnesne.  Cette  petite  ville ,  qui  a 
un  châceau  ,  fut  prife  l'an  1331  par  les  Teuîoniques. 
Cafimir ,  fils  d'Uladiflas ,  roi  de  Pologne ,  eut  à  peine 
le  tems  d'en  fortir ,  n'ayant  point  de  troupes  pour 
la  défenfe  de  fes  remparts.  $  And.  Cillar.  Defcriptu 
Pol.  p.  224.  De  l'IJle, 


FIN    D£    LA    LETTRE    & 


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